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Détail
Liste
1351
p. 225-229
« Le Roi a donné à M. le Marquis de Conflans-Brienne, Lieutenant-Général [...] »
Début :
Le Roi a donné à M. le Marquis de Conflans-Brienne, Lieutenant-Général [...]
Mots clefs :
Sa Majesté, Marquis de Conflans-Brienne, Comte de Vaudreuil, Nominations, Frégates, Canada, Seigneur de Chousy, Fête, Lettres de noblesse, Capitaines, Navires, Marchandises, Corsaires
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texteReconnaissance textuelle : « Le Roi a donné à M. le Marquis de Conflans-Brienne, Lieutenant-Général [...] »
Le Roi a donné à M. le Marquis de Conflans-
Brienne , Lieutenant - Général de fes Armées Navales
, la place de Vice- Amiral , vacante par la
mort de M. de Macnemara , le 27 Novembre le
Marquis de Conflans prêta ferment en cette qualité
entre les mains de Sa Majesté.
Sa Majefté a accordé à M. le Comte de Vaudreuil
, auffi Lieutenant- Général des Armées Navales
, la Grand'Croix de l'Ordre Royal & Militaire
de Saint Louis , qui vaquoit par la même
mort.
Selon des lettres de Toulon , les Frégates la
Gracieufe & la Topafe y revinrent le 8 Novembre
de Corfe , & la Frégate la Junon le 13. Elles
ont conduit à cette Ifle les troupes Françoifes ,
commandées pour y paffer. Les mêmes lettres
marquent , que le 2 la Gracieuſe a fait à Calvi
le débarquement de la partie du Convoi , deſtinée
pour ce Port. La Topafe fit le 3 à San Fiorenzo
le débarquement , dont elle étoit chargée , & la
Junon , qui n'a pu arriver que le 6 à Ajaccio
, y a fait ce jour là & le lendemain , le débarquement
des troupes quí étoient fous fon
convoi.
La Flûte du Roi l'Outarde eft arrivé le 15 Novembre
dans le Port de Breft. Elle avoit été expédiée
de Rochefort au mois d'Avril , pour porter
des recrues en Canada. Elle eft repartie de
de Quebec le 7 Octobre , & a débarqué à Brest
Ky
226 MERCURE DE FRANCE.
180 prifonniers Anglois , provenans de la Garnifon
des Forts de Choueguen. On n'apprend point
par les lettres venues par ce Bâtiment , qu'il fe
foit paffé rien d'intéreffant dans ce pays- là depuis
la prife de ces Forts .
Meffire Didier-François- René Mefnard, Seigneur
de Choufy , Contrôleur Général de la maifon du
Roi , procureur Général du Confeil de la Reine ,
en furvivance , fils de Meffire François - Didier
Mefnard , Me des Comptes à Paris , & Procureur
Général du Confeil de la Reine , & de Dame
Anne- Marie Pean , époufa le 22 du mois de
Novembre , dans la Chapelle de la Bibliotheque
du Roi , Damoiſelle Marie-Roze Vaffal , fille de
Meffire Jean Vaffal , Ecuyer, Confeiller , Secretaire
du Roi , Maiſon , Couronne de France, fucceffivement
à feu , N.... Vaffale fon Pere , & de feue
Dame Julie du Weils .
Le 25 Novembre, les Penfionnaires de l'Abbaye
Royale de Panthemont donnerent une grande
Mufique pour la fête de Madame l'Abbeffe
Catherine de Béthify. Mademoifelle Sixte , dont
on connoît le talent , chanta le Motet Ufquequò ,
de M. Mouret. M. Balbaftre fit exécuter pendant
la Meffe plufieurs de fes Concerto- d'Orgue avec
fymphonie , que l'on entend toujours avec de
nouveaux fentimens de plaifir & d'admiration.
Sa réputation y avoit attiré la compagnie la plus
brillante.
Le Roi a accordé des Lettres de Nobleffe à
M. Guerin, Chirurgien-Major de la feconde Compagnie
des Moufquetaires.
M. de Saldanha , Principal de la Patriarchale
de Lifbonne , arrivé depuis quelques jours à Paris
, pour réfider auprès du Roi en qualité d'Ambaffadeur
du Roi de Portugal , eut le 7 Novembre
JANVIER. 1757. 227
fa premiere audience particuliere du Roi & de la
Famille royale .
Le Roi a accordé un Brevet de Confeiller d'Etat
à M. Blondel , ci - devant fon Miniftre en différentes
Cours .
Le Capitaine Dominique Lauga , commandant
le Corfaire la Junon , de Bayonne , y a fait conduire
le Navire Anglois l'Eftandre , de Lancaftre ,
dont il s'eft emparé , & qui alloit à la Jamaïque
avec un chargement compofé de cinquante- cinq
futailles de diverfes marchandiſes , de centfoixante
barriques de boeuf , de mille barriques de beurre ,
& de trois cens quatre-vingt- dix caiffes de chandelle
.
Le Capitaine Jean Mare , commandant le Corfaire
le Levrier , de Dunkerque , y eft rentré avec
deux rançons montant enſemble à ſept cens livres
fterlings .
Le Capitaine Pierre le Maître , dit Rondel ,
qui commande le Corfaire la Nanon , de Calais ,
y a conduit le Navire Anglois la Providence,
de Sunderland, de 120 tonneaux , chargé de charbon
de terre.
Il eft arrivé dans la Rade de Lomariaquer un
Navire Anglois , appellé le Jofeph , de Cork , de
140 tonneaux , dont la cargaifon eft compofée
de vin , de fel & de citrons ; il a été pris par
le Capitaine Moleres , commandant le Corfaire
le Glorieux , de la Rochelle.
M. de la Touraudais , Capitaine du Corfaire
le Port-Mahon , de Saint - Malo , a fait conduire
à Breft le Navire Anglois la Lady , de 160 ton →
neaux , dont il s'eft rendu maitre Ce Bâtiment
alloit de Londres à Philadelphie , avec un chargement
de marchandifes féches . On a trouvé dans
la calle douze canons & des armes bianches ,
K vi
228 MERCURE DE FRANCE.
deftinés pour un Corfaire qu'on arme à la Nouvelle
York .
Le Navire Anglois l'Aventure , de 160 tonneaux
, chargé de 47 milliers de merrain , a été
pris par le Corfaire l'Espérance , de Bayonne
dont eft Capitaine M. Souhaignet , & il a été
conduit en ce Port.
M. Fuftel de la Villehoux , Enſeigne de Vaiffeau ,
commandant la Corvette du Roi la Mouche , a pris
& a conduit le 2 Novembre , à Breft , le Corſaire le
Millford , de Garnezey , armé de fix canons , &
de 30 hommes d'équipage.
D'autres lettres écrites du même Port annoncent
qu'il y eft arrivé un Navire Anglois , appellé la
Sufanne , d'environ trois cens tonneaux qui revenoit
d'Antigues avec un chargement compofé
de fucre , de coton , de taffia & de bois pour
teinture. Cette prife , qu'on eftime plus de trois
cens mille livres , a été faite par le Corfaire le
Volcan , de Saint- Malo , dont eſt Capitaine M.
Nicolas Rogerie.
Le Capitaine Peltier , qui commande le Corfaire
le Surprenant , de ce dernier Port , y a conduit
le Navire Anglois la Princeffe Auguste , de 150
tonneaux , dont il s'eft emparé , & qui alloit de
Peterſbourgà Cork avec un chargement confiftant
en chanvre & en fer.
Le fieur Mathieu Dumont , commandant le Corfaire
le Hardi Mendiant , de Dunkerque , a rançonné
pour huit cens livres fterlings le Navire
Anglois l'Expédition , de Buravoc , dont il s'étoit
rendu maître.
On mande de Cherbourg , que le Capitaine
de Ferne , qui commande le Corfaire l'Infernal
, du Havre , a fait conduire dans ce premier,
Port un Navire Anglois , de 140 tonneaux , dont
JANVIER. 1757. 229
il s'eft emparé , & qui eft chargé de morue féche &
d'huile.
Les Navires Anglois , l'Annabelle , de 200 tonneaux
, chargé de pelleteries , de goudron & de
thérébentine , & le Belveder , de 80 tonneaux
n'ayant que fon left , ont été pris par le Corfaire
le Lys , d'Audierne , & conduits à Morlaix.
Des lettres écrites de Bayonne marquent que
le Navire Anglois , appellé le Beaver , de Londres ,
de 150 tonneaux , chargé de marchandiſes féches,
a été conduit dans ce premier Port , & qu'il
a été pris par le Capitaine de Cock , commandant
le Corfaire le Comte de Maurepas , de Bordeaux.
Nous donnerons dans le Mercure prochain , le
détail de la tenue du Lit de Juftice , avec les Edit
Déclarations qui y ont été enregistrés.
Brienne , Lieutenant - Général de fes Armées Navales
, la place de Vice- Amiral , vacante par la
mort de M. de Macnemara , le 27 Novembre le
Marquis de Conflans prêta ferment en cette qualité
entre les mains de Sa Majesté.
Sa Majefté a accordé à M. le Comte de Vaudreuil
, auffi Lieutenant- Général des Armées Navales
, la Grand'Croix de l'Ordre Royal & Militaire
de Saint Louis , qui vaquoit par la même
mort.
Selon des lettres de Toulon , les Frégates la
Gracieufe & la Topafe y revinrent le 8 Novembre
de Corfe , & la Frégate la Junon le 13. Elles
ont conduit à cette Ifle les troupes Françoifes ,
commandées pour y paffer. Les mêmes lettres
marquent , que le 2 la Gracieuſe a fait à Calvi
le débarquement de la partie du Convoi , deſtinée
pour ce Port. La Topafe fit le 3 à San Fiorenzo
le débarquement , dont elle étoit chargée , & la
Junon , qui n'a pu arriver que le 6 à Ajaccio
, y a fait ce jour là & le lendemain , le débarquement
des troupes quí étoient fous fon
convoi.
La Flûte du Roi l'Outarde eft arrivé le 15 Novembre
dans le Port de Breft. Elle avoit été expédiée
de Rochefort au mois d'Avril , pour porter
des recrues en Canada. Elle eft repartie de
de Quebec le 7 Octobre , & a débarqué à Brest
Ky
226 MERCURE DE FRANCE.
180 prifonniers Anglois , provenans de la Garnifon
des Forts de Choueguen. On n'apprend point
par les lettres venues par ce Bâtiment , qu'il fe
foit paffé rien d'intéreffant dans ce pays- là depuis
la prife de ces Forts .
Meffire Didier-François- René Mefnard, Seigneur
de Choufy , Contrôleur Général de la maifon du
Roi , procureur Général du Confeil de la Reine ,
en furvivance , fils de Meffire François - Didier
Mefnard , Me des Comptes à Paris , & Procureur
Général du Confeil de la Reine , & de Dame
Anne- Marie Pean , époufa le 22 du mois de
Novembre , dans la Chapelle de la Bibliotheque
du Roi , Damoiſelle Marie-Roze Vaffal , fille de
Meffire Jean Vaffal , Ecuyer, Confeiller , Secretaire
du Roi , Maiſon , Couronne de France, fucceffivement
à feu , N.... Vaffale fon Pere , & de feue
Dame Julie du Weils .
Le 25 Novembre, les Penfionnaires de l'Abbaye
Royale de Panthemont donnerent une grande
Mufique pour la fête de Madame l'Abbeffe
Catherine de Béthify. Mademoifelle Sixte , dont
on connoît le talent , chanta le Motet Ufquequò ,
de M. Mouret. M. Balbaftre fit exécuter pendant
la Meffe plufieurs de fes Concerto- d'Orgue avec
fymphonie , que l'on entend toujours avec de
nouveaux fentimens de plaifir & d'admiration.
Sa réputation y avoit attiré la compagnie la plus
brillante.
Le Roi a accordé des Lettres de Nobleffe à
M. Guerin, Chirurgien-Major de la feconde Compagnie
des Moufquetaires.
M. de Saldanha , Principal de la Patriarchale
de Lifbonne , arrivé depuis quelques jours à Paris
, pour réfider auprès du Roi en qualité d'Ambaffadeur
du Roi de Portugal , eut le 7 Novembre
JANVIER. 1757. 227
fa premiere audience particuliere du Roi & de la
Famille royale .
Le Roi a accordé un Brevet de Confeiller d'Etat
à M. Blondel , ci - devant fon Miniftre en différentes
Cours .
Le Capitaine Dominique Lauga , commandant
le Corfaire la Junon , de Bayonne , y a fait conduire
le Navire Anglois l'Eftandre , de Lancaftre ,
dont il s'eft emparé , & qui alloit à la Jamaïque
avec un chargement compofé de cinquante- cinq
futailles de diverfes marchandiſes , de centfoixante
barriques de boeuf , de mille barriques de beurre ,
& de trois cens quatre-vingt- dix caiffes de chandelle
.
Le Capitaine Jean Mare , commandant le Corfaire
le Levrier , de Dunkerque , y eft rentré avec
deux rançons montant enſemble à ſept cens livres
fterlings .
Le Capitaine Pierre le Maître , dit Rondel ,
qui commande le Corfaire la Nanon , de Calais ,
y a conduit le Navire Anglois la Providence,
de Sunderland, de 120 tonneaux , chargé de charbon
de terre.
Il eft arrivé dans la Rade de Lomariaquer un
Navire Anglois , appellé le Jofeph , de Cork , de
140 tonneaux , dont la cargaifon eft compofée
de vin , de fel & de citrons ; il a été pris par
le Capitaine Moleres , commandant le Corfaire
le Glorieux , de la Rochelle.
M. de la Touraudais , Capitaine du Corfaire
le Port-Mahon , de Saint - Malo , a fait conduire
à Breft le Navire Anglois la Lady , de 160 ton →
neaux , dont il s'eft rendu maitre Ce Bâtiment
alloit de Londres à Philadelphie , avec un chargement
de marchandifes féches . On a trouvé dans
la calle douze canons & des armes bianches ,
K vi
228 MERCURE DE FRANCE.
deftinés pour un Corfaire qu'on arme à la Nouvelle
York .
Le Navire Anglois l'Aventure , de 160 tonneaux
, chargé de 47 milliers de merrain , a été
pris par le Corfaire l'Espérance , de Bayonne
dont eft Capitaine M. Souhaignet , & il a été
conduit en ce Port.
M. Fuftel de la Villehoux , Enſeigne de Vaiffeau ,
commandant la Corvette du Roi la Mouche , a pris
& a conduit le 2 Novembre , à Breft , le Corſaire le
Millford , de Garnezey , armé de fix canons , &
de 30 hommes d'équipage.
D'autres lettres écrites du même Port annoncent
qu'il y eft arrivé un Navire Anglois , appellé la
Sufanne , d'environ trois cens tonneaux qui revenoit
d'Antigues avec un chargement compofé
de fucre , de coton , de taffia & de bois pour
teinture. Cette prife , qu'on eftime plus de trois
cens mille livres , a été faite par le Corfaire le
Volcan , de Saint- Malo , dont eſt Capitaine M.
Nicolas Rogerie.
Le Capitaine Peltier , qui commande le Corfaire
le Surprenant , de ce dernier Port , y a conduit
le Navire Anglois la Princeffe Auguste , de 150
tonneaux , dont il s'eft emparé , & qui alloit de
Peterſbourgà Cork avec un chargement confiftant
en chanvre & en fer.
Le fieur Mathieu Dumont , commandant le Corfaire
le Hardi Mendiant , de Dunkerque , a rançonné
pour huit cens livres fterlings le Navire
Anglois l'Expédition , de Buravoc , dont il s'étoit
rendu maître.
On mande de Cherbourg , que le Capitaine
de Ferne , qui commande le Corfaire l'Infernal
, du Havre , a fait conduire dans ce premier,
Port un Navire Anglois , de 140 tonneaux , dont
JANVIER. 1757. 229
il s'eft emparé , & qui eft chargé de morue féche &
d'huile.
Les Navires Anglois , l'Annabelle , de 200 tonneaux
, chargé de pelleteries , de goudron & de
thérébentine , & le Belveder , de 80 tonneaux
n'ayant que fon left , ont été pris par le Corfaire
le Lys , d'Audierne , & conduits à Morlaix.
Des lettres écrites de Bayonne marquent que
le Navire Anglois , appellé le Beaver , de Londres ,
de 150 tonneaux , chargé de marchandiſes féches,
a été conduit dans ce premier Port , & qu'il
a été pris par le Capitaine de Cock , commandant
le Corfaire le Comte de Maurepas , de Bordeaux.
Nous donnerons dans le Mercure prochain , le
détail de la tenue du Lit de Juftice , avec les Edit
Déclarations qui y ont été enregistrés.
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Résumé : « Le Roi a donné à M. le Marquis de Conflans-Brienne, Lieutenant-Général [...] »
En novembre 1756, plusieurs événements militaires et nobles ont marqué le mois. Le Roi a nommé le Marquis de Conflans-Brienne Vice-Amiral, succédant à M. de Macnemara, décédé le 27 novembre. Le Comte de Vaudreuil a été décoré de la Grand'Croix de l'Ordre Royal & Militaire de Saint Louis. Les frégates françaises la Gracieuse, la Topaze et la Junon ont transporté des troupes en Corse, effectuant des débarquements à Calvi, San Fiorenzo et Ajaccio. La flûte royale l'Outarde est revenue à Brest avec 180 prisonniers anglais capturés aux forts de Choueguen. Didier-François-René Mesnard a épousé Marie-Roze Vassal le 22 novembre. Les pensionnaires de l'Abbaye Royale de Panthemont ont célébré la fête de Madame l'Abbesse Catherine de Béthisy par une grande musique. Le Roi a accordé des lettres de noblesse à M. Guerin et un brevet de conseiller d'État à M. Blondel. M. de Saldanha, ambassadeur du Roi de Portugal, a eu sa première audience privée avec le Roi et la famille royale. Plusieurs navires anglais ont été capturés par des corsaires français, notamment par les capitaines Dominique Lauga, Jean Mare et Pierre le Maître. Ces prises incluaient des navires chargés de diverses marchandises, de bétail, de charbon et d'armes destinées à des corsaires en construction à New York.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1352
p. 207-210
DU NORD.
Début :
Le temps s'étant remis au beau, on ne doute pas que les troupes [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Mouvements des troupes, Subsistances, Reine de Pologne, Varsovie, Sénateurs, Grand Chancelier de Russie, Lettre circulaire, Roi de Prusse, Souverains, Feld-Maréchal Apraxin, Paix, Comte de Bestuchef, Stockholm, Paix de Westphalie, Suède, Électeurs, Commissaires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE PETERSBOURG , le 24 Novembre.
L temps s'étant remis au beau , on ne doute
pasque les troupes commandées par le Feld-Maréchal
Apraxin , ne continuent inceſſamment leur
marche. Selon les nouvelles qu'on a de ces troupes
, il n'y regne ni maladie , ni déſertion. On a
donné les ordres néceſſaires pour que dans tous les
lieuxde leur paſſage , elles trouvaſſent abondammentdes
ſubſiſtances . Le dernier convoi des munitions
de guerre , deſtinées pour cette armée ,
eftarrivéàRiga.
S.M. Impériale a envoyé pluſieurs préfens à la
Reinede Pologne, Electrice de Saxe, & a ordonné
qu'on fit à Dreſde une remiſe de cent mille rowbles,
pour le foulagement des habitans de la campagne
, qui ont le plus fouffert de l'invaſion des
troupes Pruffiennes.
DE WARSOVIE , le 13 Décembre.
Tous lesSénateurs ont reçu du Comte de Beftuchef,
Grand Chancelier de Ruſſie , une Lettre
circulaire , par laquelle ce Miniſtre leur marque
que le fortdéplorable de Sa Majesté , auquel Elle
208 MERCURE DE FRANCE.
n'a pas donné le moindre lieu , mérite une compaſſion
égale à la gloire que Sa Majesté s'eſt acquiſe
par fa noble conſtance. Qu'il doit en même
temps exciter toutes les Puiſſances , ſurtout les
Puiſſances alliées du Roi & de la République , à
prendre à un événement de cette nature une part
ſenſible. Que les ſuites funeſtes qui pourroient
réſulter de la démarche du Roi de Pruſſe , tant
pour le repos commun de l'Europe , que pour
chaque Puiſſance en particulier , & furtout pour
les pays voiſins des Etats de S. M. Pruffienne, font
évidentes. Que chaque Souverain a intérêt , pour
ſa propre fûreté , en faiſant cauſe commune avec
l'Impératrice Reine de Hongrie & avec le Roi , de
prendre les meſures convenables , non ſeulement
pour procurer à deux Puiſſances injuftement attaquées
, la fatisfaction qui leur eſt dûe , mais auſſi
pour preſcrire au pouvoir trop étendu du Roi de
Pruſſe des bornes qui puiſſent à l'avenir ſervir
d'abri contre les infultes d'un tel voiſin. Le Comte
de Beſtuchef ajoute que l'Impératrice de Ruſſie ,
vivement touchée de l'infortune du Roi , & ne
pouvant voir avec indifférence les entrepriſes de
S. M. Prufſienne , a pris la réſolution d'aſſiſter
efficacement & promptement le Roi , & d'envoyer
un corps conſidérable de ſes troupes au ſecours
de Sa Majeſté. Que ce corps eſt actuellement
en marche ſous les ordres du Feld-Maréchal
Apraxin , & qu'une néceſſité indiſpenſable l'obli
gera de traverſer une partie du territoire de la Pologne.
Que toutes les perſonnes qui jugeront fans
prévention , rendront juſtice à un projet qui ne
tend qu'à défendre les Alliés de la Ruffie , &à rétablir
la paix en Allemagne , en y remettant les
choſes dans unjuſte équilibre. Que fans doute
les Polonois faciliteront , autant qu'il dépendra
JANVIER . 17576 205
d'eux, lamarche des troupes Ruſſiennes , & s'empreſſferont
de concourir à venger le Roi leur maî
tre , & à faire échouer les vaſtes deſſeins du Roi
de Prufſfe. « Rien , continue le Comte de Beſtu-
>>chef, n'eſt plus propre pour cet effet , que de
>>rétablir en Pologne l'harmonie& la tranquillité
>>qui y font troublées depuis ſi long-temps , &de
>>prendre unanimement à coeur les circonstances
>>>préſentes. Ma très - gracieuſe Souveraine a déja
>>donné tant de preuves convaincantes de l'amitié
>fincere qu'Elle conſerve pour la République , &
>>de l'intérêt ſenſible qu'elle prend, tant au bien
>>de la Pologne en général , qu'à celui de chaque
>>P>olonois en particulier , que je ne doute nulle-
>>ment que Votre Excellence ne foit tout-à-fais
>>p>erfuadée des ſentimens de S. M. Impériale. Je
>me flatte pareillement que Votre Excellence ſe
>>fera un plaiſir d'engager ſes compatriotes ani-
>>més du point d'honneur &de l'amour qu'ils ont
>>pour leur Roi , à faire prévaloir le malheur de
>>ce Prince fur des débats domestiques , & fur des
>>haines particulieres..... Le moyen le plus fûr
>>de vous attirer l'approbation de S. M. Impériale,
>>>eſt de gagner les bonnes graces du Roi votre
>> maître , & de donner à ce Prince , ainſi qu'à la
>>République , des preuves inconteſtables de votre
>>>zele & de votre attachement. >>>> :
Le bruit court que le Roi & la République , à
l'exemple des autres Puiſſances de l'Europe , accorderont
inceſſamment le titre d'Impératrice à
cette Princeſſe, à qui la Pologne n'a donné juſqu'à
préſent que celui d'Autocratrice. Alors le fieur
Wolkonskoy prendra le caractere d'Ambaſſadeur.
Ces jours derniers le Poſtillon chargé des lettres
de Cracovie , a été aſſaſſiné entré Rodoſzice &
Konskie. On a retrouvé ſa malle dans un endrois
210 MERCURE DE FRANCE.
écarté du grand chemin; mais les paquets de let
tres qu'elle contenoit , avoient étéenlevés.
DE STOCKOLM , le 15 Décembre.
1
1
La Suede étant garante de la paix deWestphalie,
leComte deGoes , Miniſtre Plénipotentiaire de
la Cour de Vienne , & le Baron de Sack , Envoyé.
Extraordinaire de celle de Dreſde , après avoir
repréſenté au Roi la triſte ſituation de la Saxe, ont
réclamé pour cet Electorat les ſecours de la Couronne.
Sa Majesté a répondu qu'Elle voyoit avec
plaiſir la confiance que lui témoignoient ces deux
Cours; qu'Elle n'ignoroit pas les obligations que
la Suede avoit contractées par le Traité de Weftphalie;
qu'on la verroit toujours diſpoſée à les
remplir exactement : mais qu'avant de prendre
une réſolution définitive fur la réquiſition faite
par l'Impératrice Reine de Hongrie , & par le
Roi de Pologne , Electeur de Saxe , il étoit indiſpenſable
de ſe concerter avec la Couronne de
France , garante du même Traité. レイ
Cette Cour a renouvellé ſon Traité avec la
France pour douze ans, à compter du 12 Juillet
1756.
LesCommiſſaires établis par lesEtats du royaume,
pour inſtruire le procès des auteurs de la derniereconſpiration
, ont condamné le Comte de
Hardt& le Baron Eric deWrangel , à perdre la
tête.
DE PETERSBOURG , le 24 Novembre.
L temps s'étant remis au beau , on ne doute
pasque les troupes commandées par le Feld-Maréchal
Apraxin , ne continuent inceſſamment leur
marche. Selon les nouvelles qu'on a de ces troupes
, il n'y regne ni maladie , ni déſertion. On a
donné les ordres néceſſaires pour que dans tous les
lieuxde leur paſſage , elles trouvaſſent abondammentdes
ſubſiſtances . Le dernier convoi des munitions
de guerre , deſtinées pour cette armée ,
eftarrivéàRiga.
S.M. Impériale a envoyé pluſieurs préfens à la
Reinede Pologne, Electrice de Saxe, & a ordonné
qu'on fit à Dreſde une remiſe de cent mille rowbles,
pour le foulagement des habitans de la campagne
, qui ont le plus fouffert de l'invaſion des
troupes Pruffiennes.
DE WARSOVIE , le 13 Décembre.
Tous lesSénateurs ont reçu du Comte de Beftuchef,
Grand Chancelier de Ruſſie , une Lettre
circulaire , par laquelle ce Miniſtre leur marque
que le fortdéplorable de Sa Majesté , auquel Elle
208 MERCURE DE FRANCE.
n'a pas donné le moindre lieu , mérite une compaſſion
égale à la gloire que Sa Majesté s'eſt acquiſe
par fa noble conſtance. Qu'il doit en même
temps exciter toutes les Puiſſances , ſurtout les
Puiſſances alliées du Roi & de la République , à
prendre à un événement de cette nature une part
ſenſible. Que les ſuites funeſtes qui pourroient
réſulter de la démarche du Roi de Pruſſe , tant
pour le repos commun de l'Europe , que pour
chaque Puiſſance en particulier , & furtout pour
les pays voiſins des Etats de S. M. Pruffienne, font
évidentes. Que chaque Souverain a intérêt , pour
ſa propre fûreté , en faiſant cauſe commune avec
l'Impératrice Reine de Hongrie & avec le Roi , de
prendre les meſures convenables , non ſeulement
pour procurer à deux Puiſſances injuftement attaquées
, la fatisfaction qui leur eſt dûe , mais auſſi
pour preſcrire au pouvoir trop étendu du Roi de
Pruſſe des bornes qui puiſſent à l'avenir ſervir
d'abri contre les infultes d'un tel voiſin. Le Comte
de Beſtuchef ajoute que l'Impératrice de Ruſſie ,
vivement touchée de l'infortune du Roi , & ne
pouvant voir avec indifférence les entrepriſes de
S. M. Prufſienne , a pris la réſolution d'aſſiſter
efficacement & promptement le Roi , & d'envoyer
un corps conſidérable de ſes troupes au ſecours
de Sa Majeſté. Que ce corps eſt actuellement
en marche ſous les ordres du Feld-Maréchal
Apraxin , & qu'une néceſſité indiſpenſable l'obli
gera de traverſer une partie du territoire de la Pologne.
Que toutes les perſonnes qui jugeront fans
prévention , rendront juſtice à un projet qui ne
tend qu'à défendre les Alliés de la Ruffie , &à rétablir
la paix en Allemagne , en y remettant les
choſes dans unjuſte équilibre. Que fans doute
les Polonois faciliteront , autant qu'il dépendra
JANVIER . 17576 205
d'eux, lamarche des troupes Ruſſiennes , & s'empreſſferont
de concourir à venger le Roi leur maî
tre , & à faire échouer les vaſtes deſſeins du Roi
de Prufſfe. « Rien , continue le Comte de Beſtu-
>>chef, n'eſt plus propre pour cet effet , que de
>>rétablir en Pologne l'harmonie& la tranquillité
>>qui y font troublées depuis ſi long-temps , &de
>>prendre unanimement à coeur les circonstances
>>>préſentes. Ma très - gracieuſe Souveraine a déja
>>donné tant de preuves convaincantes de l'amitié
>fincere qu'Elle conſerve pour la République , &
>>de l'intérêt ſenſible qu'elle prend, tant au bien
>>de la Pologne en général , qu'à celui de chaque
>>P>olonois en particulier , que je ne doute nulle-
>>ment que Votre Excellence ne foit tout-à-fais
>>p>erfuadée des ſentimens de S. M. Impériale. Je
>me flatte pareillement que Votre Excellence ſe
>>fera un plaiſir d'engager ſes compatriotes ani-
>>més du point d'honneur &de l'amour qu'ils ont
>>pour leur Roi , à faire prévaloir le malheur de
>>ce Prince fur des débats domestiques , & fur des
>>haines particulieres..... Le moyen le plus fûr
>>de vous attirer l'approbation de S. M. Impériale,
>>>eſt de gagner les bonnes graces du Roi votre
>> maître , & de donner à ce Prince , ainſi qu'à la
>>République , des preuves inconteſtables de votre
>>>zele & de votre attachement. >>>> :
Le bruit court que le Roi & la République , à
l'exemple des autres Puiſſances de l'Europe , accorderont
inceſſamment le titre d'Impératrice à
cette Princeſſe, à qui la Pologne n'a donné juſqu'à
préſent que celui d'Autocratrice. Alors le fieur
Wolkonskoy prendra le caractere d'Ambaſſadeur.
Ces jours derniers le Poſtillon chargé des lettres
de Cracovie , a été aſſaſſiné entré Rodoſzice &
Konskie. On a retrouvé ſa malle dans un endrois
210 MERCURE DE FRANCE.
écarté du grand chemin; mais les paquets de let
tres qu'elle contenoit , avoient étéenlevés.
DE STOCKOLM , le 15 Décembre.
1
1
La Suede étant garante de la paix deWestphalie,
leComte deGoes , Miniſtre Plénipotentiaire de
la Cour de Vienne , & le Baron de Sack , Envoyé.
Extraordinaire de celle de Dreſde , après avoir
repréſenté au Roi la triſte ſituation de la Saxe, ont
réclamé pour cet Electorat les ſecours de la Couronne.
Sa Majesté a répondu qu'Elle voyoit avec
plaiſir la confiance que lui témoignoient ces deux
Cours; qu'Elle n'ignoroit pas les obligations que
la Suede avoit contractées par le Traité de Weftphalie;
qu'on la verroit toujours diſpoſée à les
remplir exactement : mais qu'avant de prendre
une réſolution définitive fur la réquiſition faite
par l'Impératrice Reine de Hongrie , & par le
Roi de Pologne , Electeur de Saxe , il étoit indiſpenſable
de ſe concerter avec la Couronne de
France , garante du même Traité. レイ
Cette Cour a renouvellé ſon Traité avec la
France pour douze ans, à compter du 12 Juillet
1756.
LesCommiſſaires établis par lesEtats du royaume,
pour inſtruire le procès des auteurs de la derniereconſpiration
, ont condamné le Comte de
Hardt& le Baron Eric deWrangel , à perdre la
tête.
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Résumé : DU NORD.
En 1756-1757, plusieurs événements militaires et diplomatiques marquent l'Europe. En Russie, les troupes commandées par le Feld-Maréchal Apraxin avancent sans rencontrer de maladies ni de désertions, grâce aux subsistances fournies le long de leur trajet. L'Impératrice de Russie a également envoyé des fonds à la Reine de Pologne pour aider les habitants affectés par l'invasion prussienne. À Varsovie, le Comte de Bestuchef, Grand Chancelier de Russie, adresse une lettre circulaire aux Sénateurs polonais, exprimant la compassion de l'Impératrice pour le roi de Pologne et condamnant les actions du roi de Prusse. La Russie prévoit d'envoyer des troupes sous le commandement d'Apraxin pour secourir le roi de Pologne, traversant une partie du territoire polonais. Le Comte de Bestuchef appelle à l'unité et à la tranquillité en Pologne pour soutenir le roi. En Suède, le Comte de Goes et le Baron de Sack réclament des secours pour la Saxe, mais la Suède doit se concerter avec la France avant de prendre une décision. La Suède renouvelle son traité avec la France pour douze ans. Par ailleurs, en Suède, les auteurs d'une conspiration sont condamnés à mort.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1353
p. 210-213
ALLEMAGNE.
Début :
On célébra le 8 de ce mois l'anniversaire de la naissance de l'Empereur, [...]
Mots clefs :
Vienne, Anniversaire de l'Empereur, Fête, Campagnes militaires, Transylvanie, Görlitz, Pillages, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Troupes, Prussiens, Attaque, Dresde, Enrôlement, Baron de Wyllich, Francfort, Levée de soldats
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 18 Décembre.
On célébra le 8 de ce mois l'anniverſaire de la
naiſſance de l'Empereur, qui eft entré dans la quaJANVIER.
1757 . 1
211
rante-neuvieme année de ſon âge. S. M. Impésiale
, après avoir entendu la meſſe à l'égliſe métropolitaine
, alloit ſe mettre à table pour dîner en
public , lorſqu'on annonça que l'Impératrice
Reine reflentoit quelques douleurs. Une heure
après cette Princeſſe accoucha d'un cinquieme
Archiduc , qui fat baptisé le même jour à ſept
heures du ſoir par le ſieur Crivelli , Nonce du
Pape. Le jeune Prince a été tenu ſur les Fonts de
baptême par l'Archiduc Jofeph , & par l'Archiducheſſe
Marie-Anne , au nom de l'Electeur & de
l'Electrice de Baviere , & il a été nommé Maximilien
-François -Xavier- Joſeph-Jean-Antoine-Vinceflas.
Il ſe porte , ainſi que l'Impératrice Reine ,
auſſi bien qu'on puiſſe ledeſirer.
Il ſe tient de fréquentes conférences à la Cour ,
pour régler les opérations de laccaammppagneprochaine.
On prépare à l'arcenal un train confidérable
d'artillerie. Le neuf on fit partir pour la
Moravie un grand nombre de recrues. Les Knès
Galitzin&Perloſeski furent préſentés hier à l'Empereur.
Le Comte d'Aſpremont , Capitaine au
régiment de Linden , a épousé une fille du Comte
de Wolkenstein. Cette cérémonie s'est faite au
château de Wahringen , appartenant à la Comteſſe
de Vaſquez , d'où les nouveaux mariés partirent
le lendemain pour aller paſſer quelque temps
à la terre du Comte de Wolkenstein , dans le
Tirol. A
Dès que les Etats de Tranfilvanie ont été informés
des actes d'hoſtilité du Roi de Pruſſe contre
l'Impératrice Reine , ils ont réſolu de donner à
Sa Majesté des preuves de leur zele& de leur refpectueux
attachement. En conféquence ils ſe ſont
engagés à fournir deux mille hommes de recrues ,
pour compléter les régimens d'infanterie Hon
212 MERCURE DE FRANCE .
groiſe. LaNobleſſe & le Clergé, tant Catholique
que Luthérien , Réformé & Grec de la même
province , ont offert en même temps de lever &
d'entretenir à leurs dépens un régiment de cavalerie
, de quatre cens cinquante maîtres. Les régimens
Saxons , qui viennent de Pologne , ont
employé à leur marche toute la diligence poſſible.
Celui des Cuiraſſiers du Prince Albert est déja entré
en Boheme. Il a pris ſes quartiers entre Hohenmault
& Konigfgratz .
DE GORLITZ , le 12 Décembre.
Sept ou huit cens hommes des troupes irrégu
lieres de l'Impératrice Reine pillerent il y a quel
ques jours pluſieurs villages. Auffitôt que le ſieur
de Leſchevitz , qui commande à Zittau , en fut
averti , il fit marcher un détachement pour couper
la retraite aux Autrichiens. Les Pruſſiens ne purenty
réuffir. Les troupes de l'Impératrice Reine
s'étant partagées en deux corps, l'un fit face tandis
que l'autre ſe retira avec le butin. Celui qui foutint
le chocdes Pruſſiens , ne tint ferme qu'autant
detemps qu'il étoit néceſſaire pour mettre en ſûreté
les effets enlevés. Il ſe diſperſa enſuite , & il
reprit par pelotons la route de Boheme.
Un corps de cinq mille Pruffiens tenta hier de
furprendre le Bourg de Paſberg , ſitué à fix lieues
de Leitmeritz . Ils attaquerent avec une vigueur
extraordinaire ce poſte , qui fut défendu de même
parun bataillon du régiment de Harſch. Les Officiers
de ce bataillon ont montré autant d'habileté
que de valeur. L'action a duré ſept heures , & les
ennemis ſe ſont retirés après avoir perdu cinq cens
vingt-huit hommes. On leur a pris quatre canons.
Du côté des troupes de l'Impératrice Reine, il n'y
JANVIER. 1757 . 213
4.
aeu que quatre-vingt-trois hommes tués ou bleffés
.
DE DRESDE , le 21 Décembre.
Depuis quelques jours le Roi de Pruſſe a ordonnéde
prendre une note de tous les habitans de
cette ville , en état de porter les armes. Les artifans
, à l'exception des maçons , ne ſont pas compris
dans ce dénombrement.
On arrêta derniérement à la porte de cette ville
un courier qui venoit de Warſovie , & on lui ôta
des dépêches qu'il apportoit à la Reine. Sur les
plaintes que cette Princeſſe en a portées, le Baron
de Wyllich a répondu que S. M. Pruffienne ne
vouloit plus permettre d'autre correſpondance entre
Dreſde & Warſovie , que celle de la poſte ordinaire.
DE FRANCFORT , le Is Décembre.
Sur les Monitoires réitérés de l'Empereur , la
Régence s'eſt enfin déterminée à défendre formellement
toutes levées de ſoldats pour le ſervice
du Roi de Pruſſe. Cette ville, pour n'avoir pas fatisfait
plutôt ſur cet article à la réquisition de
S. M. Impériale , & pour avoir différé de publier
les Reſcrits à l'occaſion de l'entrée des Pruffiens
dans la Saxe , a été condamnée à une amende.
DE VIENNE , le 18 Décembre.
On célébra le 8 de ce mois l'anniverſaire de la
naiſſance de l'Empereur, qui eft entré dans la quaJANVIER.
1757 . 1
211
rante-neuvieme année de ſon âge. S. M. Impésiale
, après avoir entendu la meſſe à l'égliſe métropolitaine
, alloit ſe mettre à table pour dîner en
public , lorſqu'on annonça que l'Impératrice
Reine reflentoit quelques douleurs. Une heure
après cette Princeſſe accoucha d'un cinquieme
Archiduc , qui fat baptisé le même jour à ſept
heures du ſoir par le ſieur Crivelli , Nonce du
Pape. Le jeune Prince a été tenu ſur les Fonts de
baptême par l'Archiduc Jofeph , & par l'Archiducheſſe
Marie-Anne , au nom de l'Electeur & de
l'Electrice de Baviere , & il a été nommé Maximilien
-François -Xavier- Joſeph-Jean-Antoine-Vinceflas.
Il ſe porte , ainſi que l'Impératrice Reine ,
auſſi bien qu'on puiſſe ledeſirer.
Il ſe tient de fréquentes conférences à la Cour ,
pour régler les opérations de laccaammppagneprochaine.
On prépare à l'arcenal un train confidérable
d'artillerie. Le neuf on fit partir pour la
Moravie un grand nombre de recrues. Les Knès
Galitzin&Perloſeski furent préſentés hier à l'Empereur.
Le Comte d'Aſpremont , Capitaine au
régiment de Linden , a épousé une fille du Comte
de Wolkenstein. Cette cérémonie s'est faite au
château de Wahringen , appartenant à la Comteſſe
de Vaſquez , d'où les nouveaux mariés partirent
le lendemain pour aller paſſer quelque temps
à la terre du Comte de Wolkenstein , dans le
Tirol. A
Dès que les Etats de Tranfilvanie ont été informés
des actes d'hoſtilité du Roi de Pruſſe contre
l'Impératrice Reine , ils ont réſolu de donner à
Sa Majesté des preuves de leur zele& de leur refpectueux
attachement. En conféquence ils ſe ſont
engagés à fournir deux mille hommes de recrues ,
pour compléter les régimens d'infanterie Hon
212 MERCURE DE FRANCE .
groiſe. LaNobleſſe & le Clergé, tant Catholique
que Luthérien , Réformé & Grec de la même
province , ont offert en même temps de lever &
d'entretenir à leurs dépens un régiment de cavalerie
, de quatre cens cinquante maîtres. Les régimens
Saxons , qui viennent de Pologne , ont
employé à leur marche toute la diligence poſſible.
Celui des Cuiraſſiers du Prince Albert est déja entré
en Boheme. Il a pris ſes quartiers entre Hohenmault
& Konigfgratz .
DE GORLITZ , le 12 Décembre.
Sept ou huit cens hommes des troupes irrégu
lieres de l'Impératrice Reine pillerent il y a quel
ques jours pluſieurs villages. Auffitôt que le ſieur
de Leſchevitz , qui commande à Zittau , en fut
averti , il fit marcher un détachement pour couper
la retraite aux Autrichiens. Les Pruſſiens ne purenty
réuffir. Les troupes de l'Impératrice Reine
s'étant partagées en deux corps, l'un fit face tandis
que l'autre ſe retira avec le butin. Celui qui foutint
le chocdes Pruſſiens , ne tint ferme qu'autant
detemps qu'il étoit néceſſaire pour mettre en ſûreté
les effets enlevés. Il ſe diſperſa enſuite , & il
reprit par pelotons la route de Boheme.
Un corps de cinq mille Pruffiens tenta hier de
furprendre le Bourg de Paſberg , ſitué à fix lieues
de Leitmeritz . Ils attaquerent avec une vigueur
extraordinaire ce poſte , qui fut défendu de même
parun bataillon du régiment de Harſch. Les Officiers
de ce bataillon ont montré autant d'habileté
que de valeur. L'action a duré ſept heures , & les
ennemis ſe ſont retirés après avoir perdu cinq cens
vingt-huit hommes. On leur a pris quatre canons.
Du côté des troupes de l'Impératrice Reine, il n'y
JANVIER. 1757 . 213
4.
aeu que quatre-vingt-trois hommes tués ou bleffés
.
DE DRESDE , le 21 Décembre.
Depuis quelques jours le Roi de Pruſſe a ordonnéde
prendre une note de tous les habitans de
cette ville , en état de porter les armes. Les artifans
, à l'exception des maçons , ne ſont pas compris
dans ce dénombrement.
On arrêta derniérement à la porte de cette ville
un courier qui venoit de Warſovie , & on lui ôta
des dépêches qu'il apportoit à la Reine. Sur les
plaintes que cette Princeſſe en a portées, le Baron
de Wyllich a répondu que S. M. Pruffienne ne
vouloit plus permettre d'autre correſpondance entre
Dreſde & Warſovie , que celle de la poſte ordinaire.
DE FRANCFORT , le Is Décembre.
Sur les Monitoires réitérés de l'Empereur , la
Régence s'eſt enfin déterminée à défendre formellement
toutes levées de ſoldats pour le ſervice
du Roi de Pruſſe. Cette ville, pour n'avoir pas fatisfait
plutôt ſur cet article à la réquisition de
S. M. Impériale , & pour avoir différé de publier
les Reſcrits à l'occaſion de l'entrée des Pruffiens
dans la Saxe , a été condamnée à une amende.
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le 8 décembre, l'anniversaire de l'Empereur a été célébré à Vienne. Lors de cette journée, l'Empereur a assisté à la messe et s'apprêtait à dîner en public lorsque l'Impératrice Reine a ressenti des douleurs. Elle a donné naissance à un cinquième archiduc, baptisé Maximilien-François-Xavier-Joseph-Jean-Antoine-Vincent, par le Nonce du Pape. Le jeune prince et l'Impératrice se portent bien. Des conférences se tiennent à la Cour pour préparer la campagne prochaine, et des recrues sont envoyées en Moravie. Les États de Transylvanie ont exprimé leur soutien à l'Impératrice Reine en fournissant des recrues et en levant un régiment de cavalerie. Les régiments saxons, venant de Pologne, ont rejoint la Bohême. En Prusse, des troupes irrégulières de l'Impératrice Reine ont pillé des villages, mais ont été repoussées par les Prussiens. Un corps de Prussiens a tenté de surprendre le bourg de Pasberg, mais a été repoussé après une bataille de sept heures. À Dresde, le Roi de Prusse a ordonné un recensement des habitants aptes au combat. Un courrier venant de Varsovie a été arrêté et ses dépêches confisquées. À Francfort, la Régence a été condamnée à une amende pour ne pas avoir défendu les levées de soldats pour le Roi de Prusse.
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1354
p. 214-215
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Le 15 la Chambre des Communes accorda cinquante-cinq mille Matelots pour [...]
Mots clefs :
Londres, Chambre des communes, Equipage, Mines de Redbrook, Ouvriers, Pillages, Financement militaire, Troupes, Amérique
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 28 Décembre.
Le 1s la Chambre des Communes accorda cinquante-
cinq mille Matelots pour le ſervice de la
Flotte Royale , en ycomprenant onze mille quatre
cens dix-neufSoldats de Marine, Elle réſolut
enmême temps qu'il ſeroit alloué quatre livres
ſterlings par mois pour chaque homme, ladépenſe
de l'artillerie étant compriſe dans cet article. Le
17 elle décida qu'une taxe de quatre ſchelings par
livre ſterling , ſeroit levée ſur les terres.
Les ouvriers des mines de Redbrook , & les
charbonniers de la forêt de Déan , s'attrouperent
tumultueuſement ily a quinze jours , &pillerent
pluſieurs navires chargés de grains.
Le Baron Théodore de Neuhoff , qui après
avoir tant fait parler de lui , étoit preſque entiérement
oublié , vient de terminer ſes joursdans la
JANVIER. 1757. 215
!
prifondu Fleet , où il a éprouvé , pendant les deux
dernieres années de ſa vie , la plus affreuſe miſere.
La Chambre des Communes accorda le 22 au Roi
douze cens treize mille ſept cens quarante-fix livres
ſterlings pour l'entretien de quarante - neuf mille
ſept cens quarante-neuf hommes de troupes de
terre , en y comprenant quatre mille huit invalides
; quatre cens vingt- trois mille neuf cens
ſoixante-trois livres ſterlings pour les garniſons de
Gibraltar & des Colonies de l'Amérique ; quarante-
ſept mille ſoixante pour les Officiers Genéraux
, & pour l'Etat Major ; vingt-trois mille trois
censtrente- cinq pour les troupes Heſſoiſſes , &
quatre cens trente-trois mille vingt-cinq pour les
troupes Hanovériennes. Les troupes Heſſoiſſes
ont enfin quitté leur camp pour prendre les quartiers
d'hyver que le Parlement leur a aſſigné dans
les villes de Salisbury , de Winchester & de Southampton.
On ſe propoſe de lever inceſſamment
deux nouveaux régimens de Montagnards Ecoffois.
Les nouvelles de l'Amérique continuent d'être
défagréables. On a appris que les Chiroquois ,
qui venoient de renouveller leur alliance avec les
Anglois , s'étoient ſaiſis par ſurpriſe d'un Fort
qu'ils avoient permis de conſtruire ſur leur terri
toire,
DE LONDRES , le 28 Décembre.
Le 1s la Chambre des Communes accorda cinquante-
cinq mille Matelots pour le ſervice de la
Flotte Royale , en ycomprenant onze mille quatre
cens dix-neufSoldats de Marine, Elle réſolut
enmême temps qu'il ſeroit alloué quatre livres
ſterlings par mois pour chaque homme, ladépenſe
de l'artillerie étant compriſe dans cet article. Le
17 elle décida qu'une taxe de quatre ſchelings par
livre ſterling , ſeroit levée ſur les terres.
Les ouvriers des mines de Redbrook , & les
charbonniers de la forêt de Déan , s'attrouperent
tumultueuſement ily a quinze jours , &pillerent
pluſieurs navires chargés de grains.
Le Baron Théodore de Neuhoff , qui après
avoir tant fait parler de lui , étoit preſque entiérement
oublié , vient de terminer ſes joursdans la
JANVIER. 1757. 215
!
prifondu Fleet , où il a éprouvé , pendant les deux
dernieres années de ſa vie , la plus affreuſe miſere.
La Chambre des Communes accorda le 22 au Roi
douze cens treize mille ſept cens quarante-fix livres
ſterlings pour l'entretien de quarante - neuf mille
ſept cens quarante-neuf hommes de troupes de
terre , en y comprenant quatre mille huit invalides
; quatre cens vingt- trois mille neuf cens
ſoixante-trois livres ſterlings pour les garniſons de
Gibraltar & des Colonies de l'Amérique ; quarante-
ſept mille ſoixante pour les Officiers Genéraux
, & pour l'Etat Major ; vingt-trois mille trois
censtrente- cinq pour les troupes Heſſoiſſes , &
quatre cens trente-trois mille vingt-cinq pour les
troupes Hanovériennes. Les troupes Heſſoiſſes
ont enfin quitté leur camp pour prendre les quartiers
d'hyver que le Parlement leur a aſſigné dans
les villes de Salisbury , de Winchester & de Southampton.
On ſe propoſe de lever inceſſamment
deux nouveaux régimens de Montagnards Ecoffois.
Les nouvelles de l'Amérique continuent d'être
défagréables. On a appris que les Chiroquois ,
qui venoient de renouveller leur alliance avec les
Anglois , s'étoient ſaiſis par ſurpriſe d'un Fort
qu'ils avoient permis de conſtruire ſur leur terri
toire,
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
En décembre, la Chambre des Communes britannique a approuvé l'allocation de 55 000 matelots pour la Flotte Royale, incluant 11 419 soldats de marine, et a décidé d'allouer quatre livres sterling par mois pour chaque homme, couvrant les dépenses d'artillerie. Le 17 décembre, elle a décidé de lever une taxe de quatre schellings par livre sterling sur les terres. Quinze jours auparavant, des ouvriers des mines de Redbrook et des charbonniers de la forêt de Déan avaient pillé plusieurs navires chargés de grains. Le Baron Théodore de Neuhoff est décédé dans la prison de Fleet après deux années de misère. Le 22 janvier 1757, la Chambre a alloué 1 213 746 livres sterling pour l'entretien de 49 749 hommes de troupes terrestres, incluant 4 008 invalides. Elle a également alloué 423 963 livres pour les garnisons de Gibraltar et des colonies américaines, 47 060 livres pour les officiers généraux, 23 335 livres pour les troupes hessoises, et 433 025 livres pour les troupes hanovriennes. Les troupes hessoises ont pris leurs quartiers d'hiver à Salisbury, Winchester et Southampton. Deux nouveaux régiments de montagnards écossais doivent être levés. Les nouvelles d'Amérique sont défavorables, avec des Chiroquois ayant pris un fort anglais par surprise.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1355
p. 215-218
« Le 13 Décembre, le Parlement qui avoit reçu les ordres du Roi [...] »
Début :
Le 13 Décembre, le Parlement qui avoit reçu les ordres du Roi [...]
Mots clefs :
Lit de justice, Conseillers, Maréchaux, Chancelier de France, Sa Majesté, Gouverneurs, Comtes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 13 Décembre, le Parlement qui avoit reçu les ordres du Roi [...] »
LE 13 Décembre , le Parlement qui avoit reçu
les ordres du Roi par M. le Marquis de Dreux ,
Grand Maître de Cérémonies , s'aſſembla pour
le Lit de Justice , que Sa Majesté avoit réſolu
1
216 MERCURE DE FRANCE .
detenir. M. de Lamoignon , Chancelier de France
, accompagné d'un grand nombre de Confeillers
d'Etat & de Maîtres des Requêtes , ſe
rendit au Palais. Les Maréchaux de France , s'y
rendirent en corps avec toute la Connétablie.
Vers les neuf heures & demie du matin , le Roi ,
qui avoit couché à la Meute partit de ce Château ,
ayant dans fon carroſſe Monſeigneur leDauphin,
LeDucd'Orléans , le Prince deCondé & le Comte
de Clermont. Sa Majefté étoit accompagnée d'un
nombreux détachement de ſes Gardes du Corps ,
d'un détachement de cinquante Gendarmes de ſa
Garde, de pareils Détachemens de la Compagnie
des Chevaux- Legers , & des deux Compagnies
desMouſquetaires . Devant le carroffe de Sa Majeſté
étoit le vol du Cabinet. Le Roi arriva ſur les
dix heures & un quart à la Sainte Chapelle ,
où les Maréchaux de France , les Chevaliers des
Ordres , les Gouverneurs & Lieutenans- Généraux
de Provinces , s'étoient aſſemblés pour l'attendre.
Le Prince de Conty & le Comte de la Marche
y avoient auſſi devancé Sa Majeſté. Elle monta
les degrés , précédée de ſa Cour , au ſon des
Trompettes , Hautbois , Fifres & Tambours de
la Chambre. Deux Huiſſiers de la Chambre portoient
leurs Maſſes devant le Roi. L'Abbé de
Vichy-Chamron, Tréſorier de la Sainte Chapelle ,
à la tête des Chanoines , préſenta au Roi la vraie
Croix à baifer , & le complimenta. Le Roi enrendit
la Meſſe , qui fut célébrée par l'Abbé
Châtelain , Chapelain de Sa Majesté , & pendant
laquelle on exécuta le Motet , Laudate Dominum
in Sanctis ejus , de la compoſition du ſieur Bréval ,
Maître de Muſique de la Sainte Chapelle. Lorſque
le Roi eut entendu la Meſſe, quatre Préſidens
& fix Conſeillers , députés par le Parlement , vinrent
JANVIER . 1757. 217
rent recevoir Sa Majefté , & la conduifirent à
la Grand Chambre. Le Roi s'étant affis fur fon
Trône , & toutes les ſéances ayant été priſes en la
maniere accoutumée , dont on peut voir le détail
dans le Mercure du mois d'Octobre de l'année
derniere , Sa Majesté dit : Je viens vous apporter
mes volontés . Mon Chancelier vous les annoncera.
Le Chancelier expliqua les intentions du Roi , &
les motifs qui avoient déterminé Sa Majesté à
tenir ſon Lit de Juſtice. Après que le Chancelier
eut ceffé de parler , M. de Maupeou , premier
Préſident , parla au nom du Parlement. Le Chancelier
monta enſuite vers le Roi , pour prendre ſes
ordres , un genou en terre. Remis en ſa place ,
affis & découvert , il fit ouvrir les portes , & il
ordonna au ſieur Dufranc , Secretaire de la Cour ,
faiſant les fonctions de Greffier en Chef, de lire
deux Déclarations & un Edit. Cette lecture finie ,
les Gens du Roi , M. Joly-de Fleury , Premier
Avocat Général , portant la parole , donnerent
leurs conclufions. Le Chancelier prit les avis ,
& après qu'il en eut rendu compte au Roi , il
prononça l'enregistrement . Ce qui ayant été exécuté,
le Roi fortit dans le même ordre qu'il étoit
entré. Sa Majesté trouva , ainſi qu'à fon arrivée ,
les deux Régimens des Gardes Françoiſes & Suifſes
, qui formoient une double haie dans les
rues , ſur le Pont-Neuf, & fur les Quais , depuis
le Palais juſqu'à l'extrémité du Quai des Tuileries.
Partout , ſur le paſſage du Roi , le peuple
eft accouru en foule , pourjouir de la préſence de
Sa Majefté.
Les Pairs , qui ont aſſiſté à ce Lit de Juſtice ,
font l'Evêque Duc de Laon , les Ducs d'Uzés ,
de Luines ,de Briſſac , Maréchal Duc de Richelieu ,
de la Force , de Rohan , de Luxembourg , de Ville-
II . Vol. K
21S MERCURE DE FRANCE.
roy , de Saint -Aignan, Maréchal Ducde Noailles ,
de Fitz - James , d'Antin , de Chaulnes , de Rohan-
Soubize , de Villars- Brancas , de Lauraguais , de
Biron , de la Valliere , de Fleury , Maréchal
Duc de Belle- Ifle. Les Maréchaux de Coigny ,
de Balincourt & de Clermont-Tonnerre , y ont
eu ſéance , étant entrés avec le Roi.
Voici les deux Déclarations , dont l'enrégiftrement
a été ordonné dans le Lit de Juftice.
les ordres du Roi par M. le Marquis de Dreux ,
Grand Maître de Cérémonies , s'aſſembla pour
le Lit de Justice , que Sa Majesté avoit réſolu
1
216 MERCURE DE FRANCE .
detenir. M. de Lamoignon , Chancelier de France
, accompagné d'un grand nombre de Confeillers
d'Etat & de Maîtres des Requêtes , ſe
rendit au Palais. Les Maréchaux de France , s'y
rendirent en corps avec toute la Connétablie.
Vers les neuf heures & demie du matin , le Roi ,
qui avoit couché à la Meute partit de ce Château ,
ayant dans fon carroſſe Monſeigneur leDauphin,
LeDucd'Orléans , le Prince deCondé & le Comte
de Clermont. Sa Majefté étoit accompagnée d'un
nombreux détachement de ſes Gardes du Corps ,
d'un détachement de cinquante Gendarmes de ſa
Garde, de pareils Détachemens de la Compagnie
des Chevaux- Legers , & des deux Compagnies
desMouſquetaires . Devant le carroffe de Sa Majeſté
étoit le vol du Cabinet. Le Roi arriva ſur les
dix heures & un quart à la Sainte Chapelle ,
où les Maréchaux de France , les Chevaliers des
Ordres , les Gouverneurs & Lieutenans- Généraux
de Provinces , s'étoient aſſemblés pour l'attendre.
Le Prince de Conty & le Comte de la Marche
y avoient auſſi devancé Sa Majeſté. Elle monta
les degrés , précédée de ſa Cour , au ſon des
Trompettes , Hautbois , Fifres & Tambours de
la Chambre. Deux Huiſſiers de la Chambre portoient
leurs Maſſes devant le Roi. L'Abbé de
Vichy-Chamron, Tréſorier de la Sainte Chapelle ,
à la tête des Chanoines , préſenta au Roi la vraie
Croix à baifer , & le complimenta. Le Roi enrendit
la Meſſe , qui fut célébrée par l'Abbé
Châtelain , Chapelain de Sa Majesté , & pendant
laquelle on exécuta le Motet , Laudate Dominum
in Sanctis ejus , de la compoſition du ſieur Bréval ,
Maître de Muſique de la Sainte Chapelle. Lorſque
le Roi eut entendu la Meſſe, quatre Préſidens
& fix Conſeillers , députés par le Parlement , vinrent
JANVIER . 1757. 217
rent recevoir Sa Majefté , & la conduifirent à
la Grand Chambre. Le Roi s'étant affis fur fon
Trône , & toutes les ſéances ayant été priſes en la
maniere accoutumée , dont on peut voir le détail
dans le Mercure du mois d'Octobre de l'année
derniere , Sa Majesté dit : Je viens vous apporter
mes volontés . Mon Chancelier vous les annoncera.
Le Chancelier expliqua les intentions du Roi , &
les motifs qui avoient déterminé Sa Majesté à
tenir ſon Lit de Juſtice. Après que le Chancelier
eut ceffé de parler , M. de Maupeou , premier
Préſident , parla au nom du Parlement. Le Chancelier
monta enſuite vers le Roi , pour prendre ſes
ordres , un genou en terre. Remis en ſa place ,
affis & découvert , il fit ouvrir les portes , & il
ordonna au ſieur Dufranc , Secretaire de la Cour ,
faiſant les fonctions de Greffier en Chef, de lire
deux Déclarations & un Edit. Cette lecture finie ,
les Gens du Roi , M. Joly-de Fleury , Premier
Avocat Général , portant la parole , donnerent
leurs conclufions. Le Chancelier prit les avis ,
& après qu'il en eut rendu compte au Roi , il
prononça l'enregistrement . Ce qui ayant été exécuté,
le Roi fortit dans le même ordre qu'il étoit
entré. Sa Majesté trouva , ainſi qu'à fon arrivée ,
les deux Régimens des Gardes Françoiſes & Suifſes
, qui formoient une double haie dans les
rues , ſur le Pont-Neuf, & fur les Quais , depuis
le Palais juſqu'à l'extrémité du Quai des Tuileries.
Partout , ſur le paſſage du Roi , le peuple
eft accouru en foule , pourjouir de la préſence de
Sa Majefté.
Les Pairs , qui ont aſſiſté à ce Lit de Juſtice ,
font l'Evêque Duc de Laon , les Ducs d'Uzés ,
de Luines ,de Briſſac , Maréchal Duc de Richelieu ,
de la Force , de Rohan , de Luxembourg , de Ville-
II . Vol. K
21S MERCURE DE FRANCE.
roy , de Saint -Aignan, Maréchal Ducde Noailles ,
de Fitz - James , d'Antin , de Chaulnes , de Rohan-
Soubize , de Villars- Brancas , de Lauraguais , de
Biron , de la Valliere , de Fleury , Maréchal
Duc de Belle- Ifle. Les Maréchaux de Coigny ,
de Balincourt & de Clermont-Tonnerre , y ont
eu ſéance , étant entrés avec le Roi.
Voici les deux Déclarations , dont l'enrégiftrement
a été ordonné dans le Lit de Juftice.
Fermer
Résumé : « Le 13 Décembre, le Parlement qui avoit reçu les ordres du Roi [...] »
Le 13 décembre, le Parlement se réunit pour un Lit de Justice sur ordre du Roi, transmis par le Marquis de Dreux, Grand Maître de Cérémonies. Le Chancelier de France, M. de Lamoignon, accompagné de conseillers d'État et de maîtres des requêtes, se rendit au Palais avec les Maréchaux de France et la Connétablie. Le Roi, accompagné du Dauphin, du Duc d'Orléans, du Prince de Condé et du Comte de Clermont, arriva à la Sainte-Chapelle vers dix heures et un quart. Il y fut accueilli par les Maréchaux de France, les Chevaliers des Ordres et les Gouverneurs de Provinces. Après la messe, célébrée par l'Abbé Châtelain, le Roi se dirigea vers la Grand Chambre où il annonça ses volontés, expliquées par le Chancelier. M. de Maupeou, premier Président, prit la parole au nom du Parlement. Le Chancelier fit ensuite lire deux Déclarations et un Édit par le secrétaire de la Cour. Les Gens du Roi donnèrent leurs conclusions, et le Chancelier prononça l'enregistrement. Le Roi quitta le Parlement dans le même ordre qu'à son arrivée, sous les acclamations du peuple. Plusieurs Ducs et Maréchaux étaient présents parmi les Pairs. Les deux Déclarations enregistrées lors du Lit de Justice furent lues publiquement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1356
p. 218-222
Premiere Déclaration.
Début :
Louis, par la grace de Dieu, Roi de France & de Navare : [...]
Mots clefs :
Royaume de France, Troubles, Pape, Bien de l'État, Articles, Constitution Unigenitus, Déclarations, Tranquillité publique
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Premiere Déclaration.
Premiere Déclaration.
Louis , par la grace de Dieu , Roi de France &
de Navare : A tous ceux qui ces préſentes lettres
verront , Salut. Nous nous sommes propoſé dans
tous les temps , de faire ceffer les troubles qui
ſe ſont élevés dans notre Royaume , à l'occaſion
de la Conſtitution Unigenitus , en employant également
notre autorité à lui faire rendre le refpect
&la ſoumifſion qui lui ſont dûs , & à empêcher
l'abus qu'on en voudroit faire , en lui attribuant
un caractere & des effets qu'elle ne peut
avoir par ſa nature. Il nous a paru ſurtout , qu'il
étoit important de preſcrire un filence abfolu fur
des queſtions qui ne peuvent tendre qu'à troubler
la tranquillité publique. Nous avons eu la fatisfaction
de voir Notre Saint Fere le Pape , en rendant
justice à notreamour pour la Religion , donner
ſes éloges aux vues qui nous ont conduit pour
faire rendre à l'autorité de l'Egliſe Pobéiſſance
qui lui eſt dûe , entretenir la paix , & réprimer
ceux qui cherchent à la troubler ; & nous avons
reçu avec reconnoiſſance les témoignages que la
bonté paternelle de ce ſaint Pontife , qui remplit
fi dignement la chaire de faint Pierre , nous en
• donnés par les lettres qu'il nous a adrefiés,
JANVIER. 1757 . 219
Animés du même eſprit & du deſir de conſommer
un ouvrage ſi néceſſaire au bien de notre
Etat, nous avons cru devoir encore, en maintenant
l'éxécution des loix précédemment rendues , ſtatuer
ſur différens points qui ont donné lieu à
de nouvelles conteſtations , & abolir en même
temps tout ce qui s'est fait de part & d'autre
à l'occaſion de ces diſputes , pour en effacer ,
s'il eſt poſſible , juſqu'au ſouvenir. A ces cauſes ,
& autres à ce nous mouvant,de l'avis de notre Conſeil
, de notre certaine ſcience , pleine puiſſance
& autorité royale , Nous avons dit , déclaré &
ordonné , & par ces Préſentes ſignées de notre
main , diſons , déclarons & ordonnons , voulons &
Nous plaît :
ART. I. Que les Lettres Patentes & Déclarations
données , tant par le feu Roi notre très-honoré
Seigneur & Bifaïeul , que par nous , & régiſtrées
ennos Cours au ſujet de la Conſtitution Unigenitus
, ſoient exécutées ſelon leur forme& teneur ;
&qu'en conféquence , tous nos ſujets ayent pour
laditeConſtitution le reſpect & la foumiffion qui
Hui ſont dûs ; fans néanmoins qu'on puiſſe lui
attribuer la dénomination, le caractere, ni les effets
de Regle de Foi.
II . N'entendons que le filence abſolu preſcrit
par noſdites Déclarations , & que nous voulons
être inviolablement obſervé , puiſſe préjudicier
au droit qu'ont les Archevêques & Evêques , d'enſeigner
les Eccléſiaſtiques & les peuples confiés
à leurs foins. Exhortons& néanmoins enjoignons
auxdits Archevêques & Evêques , de ſe renfermer ,
pour l'exercice de leurs fonctions , dans les bornes
de la charité & de la modération chrétienne , &
d'éviter tout ce qui pourroit troubler la tranquillité
-publique.
Kij
220 MERCURE DE FRANCE .
III . L'article XXXIV de l'Edit du mois d'Avril
1695 ſera exécuté ſelon ſa forme & teneur ; &
en conféquence , toutes cauſes & actions civiles ,
concernant l'adminiſtration & le refus des Sacremens
, feront portées devant les Juges d'Eglife ,
excluſivement à tous Juges & Tribunaux ſéculiers ,
auxquels nous enjoignonsde leur en faire le renvoi,
fauf & ſans préjudice de l'appel comme d'abus.
Et à l'égard des plaintes & pourſuites criminelles
en cette matiere , elles feront portées , tant devant
nos Juges ayant la connoiſſance des cas royaux ,
&par appel en nos Cours , que devant les Juges
d'Eglife , chacun en ce qui les concerne & eſt
de leur compétence ; ſçavoir , pardevant nos
Juges pour raiſon du cas privilégié , & pardevant
les Juges d'Eglife pour le délit commun , le tout
conformément aux Ordonnances ; fans néanmoins
que nos cours & Juges puiffent ordonner , en
quelque maniere & fous quelque expreſſion que
ce ſoit , que les Sacremens feront adminiſtrés ;
fauf à nofdites Cours & Juges à prononcer telle
peine qu'il appartiendra , contre ceux qui ſe ſeroient
rendus coupables , lors de l'adminiſtration
ou du refus des Sacremens .
IV. Ne pourront néanmoins les Curés & autres
Eccléſiaſtiques , chargés de l'adminiſtration des
Sacremens , être pourſuivis pour raiſon des refus
de Sacremens par eux faits à ceux contre lefquels
il ſubſiſteroit des condamnations & cenfures
juridiquement & perſonnellement prononcées
contre eux , & actuellement exécutoires pour
leur déſobéiſſance à l'autorité & aux déciſions
de l'Eglife , & notamment à la Conftitution
Unigenitus ; ou à ceux qui dans le tems même
qu'ils demanderoient à être admis à la participation
des Sacremens , auroient fait connoître d'eux
JANVIER. 1757 . 221
mêmes publiquement leur défobéiſſance à ladite
Conftitution. Exhortons & néanmoins enjoignons
aux Archevêques & Evêques , de veiller à ce que
leſdits Curés & autres Prêtres ne faſſent à ceux
à qui ils adminiſtreront les Sacremens , aucunes
interrogations indifcretes qui puiſſent tendre à
troubler la paix.
Et voulons que tout ce qui s'eſt fait à l'occaſion
des derniers troubles, ſoit enſeveli dans l'oubli ;
ordonnons que le tout ſoit réputé & demeure comme
non avenu. Voulons pareillement que toutes
pourfuites , décrets & procédures qui pourroient
avoir été faits , & tous Arrêts , Sentences ou
Jugemens , qui pourroient avoir été rendus au
même ſujet , demeurent ſans aucune fuite & fans
aucun effet; & , en conféquence , que ceux contre
leſquels leſdites procédures auroient été faites ,
& leſdits Arrêts , Sentences ou Jugemens rendus ,
rentrent , en vertu des préſentes , en leur état &
fonctions. Si donnons en Mandement à nos amés
& féaux Confeillers les Gens tenant notre Cour de
Parlement à Paris , que ces préſentes ils ayent à
faire lire , publier & enregistrer , & le contenu
en icelles garder & obſerver de point en point , ſelon
leur forme & teneur : Car tel eſt notre plaifir.
En temoin de quoi nous avons fait mettre notre
ſcel à ceſdites préſentes. Donné à Versailles le
dixieme jour de Décembre , l'an de grace mil
ſeptcent cinquante- fix , & de notre regne le quarante-
deuxieme. Signé Louis. Et plus bas. Par le
Roi . M. P. de Voyer d'Argenson . Et ſcellé du grand
ſceau de cire jaune.
Lue &publiée , le Roi féant en ſon Lit de Juftice
, & régistrée , oui , & ce requérant le Procureur
Général du Roi , pour être exécutée selon ſa
forme& teneur ; & copies collationnées d'icelle en- .
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
voyées aux Baillages & Sénéchauſſées du réſſort ,
pour y être pareillement lue , publiée to enregistrée :
Enjoint aux Subſtituts deſon Procureur Général d'y
tenir la main , & d'en certifier la Cour dans un
mois . A Paris , en Parlement , le Roi tenant fon
Son Lit de Justice , le treize Décembre milſept cent
cinquante-fix. Signé Dufranc.
Louis , par la grace de Dieu , Roi de France &
de Navare : A tous ceux qui ces préſentes lettres
verront , Salut. Nous nous sommes propoſé dans
tous les temps , de faire ceffer les troubles qui
ſe ſont élevés dans notre Royaume , à l'occaſion
de la Conſtitution Unigenitus , en employant également
notre autorité à lui faire rendre le refpect
&la ſoumifſion qui lui ſont dûs , & à empêcher
l'abus qu'on en voudroit faire , en lui attribuant
un caractere & des effets qu'elle ne peut
avoir par ſa nature. Il nous a paru ſurtout , qu'il
étoit important de preſcrire un filence abfolu fur
des queſtions qui ne peuvent tendre qu'à troubler
la tranquillité publique. Nous avons eu la fatisfaction
de voir Notre Saint Fere le Pape , en rendant
justice à notreamour pour la Religion , donner
ſes éloges aux vues qui nous ont conduit pour
faire rendre à l'autorité de l'Egliſe Pobéiſſance
qui lui eſt dûe , entretenir la paix , & réprimer
ceux qui cherchent à la troubler ; & nous avons
reçu avec reconnoiſſance les témoignages que la
bonté paternelle de ce ſaint Pontife , qui remplit
fi dignement la chaire de faint Pierre , nous en
• donnés par les lettres qu'il nous a adrefiés,
JANVIER. 1757 . 219
Animés du même eſprit & du deſir de conſommer
un ouvrage ſi néceſſaire au bien de notre
Etat, nous avons cru devoir encore, en maintenant
l'éxécution des loix précédemment rendues , ſtatuer
ſur différens points qui ont donné lieu à
de nouvelles conteſtations , & abolir en même
temps tout ce qui s'est fait de part & d'autre
à l'occaſion de ces diſputes , pour en effacer ,
s'il eſt poſſible , juſqu'au ſouvenir. A ces cauſes ,
& autres à ce nous mouvant,de l'avis de notre Conſeil
, de notre certaine ſcience , pleine puiſſance
& autorité royale , Nous avons dit , déclaré &
ordonné , & par ces Préſentes ſignées de notre
main , diſons , déclarons & ordonnons , voulons &
Nous plaît :
ART. I. Que les Lettres Patentes & Déclarations
données , tant par le feu Roi notre très-honoré
Seigneur & Bifaïeul , que par nous , & régiſtrées
ennos Cours au ſujet de la Conſtitution Unigenitus
, ſoient exécutées ſelon leur forme& teneur ;
&qu'en conféquence , tous nos ſujets ayent pour
laditeConſtitution le reſpect & la foumiffion qui
Hui ſont dûs ; fans néanmoins qu'on puiſſe lui
attribuer la dénomination, le caractere, ni les effets
de Regle de Foi.
II . N'entendons que le filence abſolu preſcrit
par noſdites Déclarations , & que nous voulons
être inviolablement obſervé , puiſſe préjudicier
au droit qu'ont les Archevêques & Evêques , d'enſeigner
les Eccléſiaſtiques & les peuples confiés
à leurs foins. Exhortons& néanmoins enjoignons
auxdits Archevêques & Evêques , de ſe renfermer ,
pour l'exercice de leurs fonctions , dans les bornes
de la charité & de la modération chrétienne , &
d'éviter tout ce qui pourroit troubler la tranquillité
-publique.
Kij
220 MERCURE DE FRANCE .
III . L'article XXXIV de l'Edit du mois d'Avril
1695 ſera exécuté ſelon ſa forme & teneur ; &
en conféquence , toutes cauſes & actions civiles ,
concernant l'adminiſtration & le refus des Sacremens
, feront portées devant les Juges d'Eglife ,
excluſivement à tous Juges & Tribunaux ſéculiers ,
auxquels nous enjoignonsde leur en faire le renvoi,
fauf & ſans préjudice de l'appel comme d'abus.
Et à l'égard des plaintes & pourſuites criminelles
en cette matiere , elles feront portées , tant devant
nos Juges ayant la connoiſſance des cas royaux ,
&par appel en nos Cours , que devant les Juges
d'Eglife , chacun en ce qui les concerne & eſt
de leur compétence ; ſçavoir , pardevant nos
Juges pour raiſon du cas privilégié , & pardevant
les Juges d'Eglife pour le délit commun , le tout
conformément aux Ordonnances ; fans néanmoins
que nos cours & Juges puiffent ordonner , en
quelque maniere & fous quelque expreſſion que
ce ſoit , que les Sacremens feront adminiſtrés ;
fauf à nofdites Cours & Juges à prononcer telle
peine qu'il appartiendra , contre ceux qui ſe ſeroient
rendus coupables , lors de l'adminiſtration
ou du refus des Sacremens .
IV. Ne pourront néanmoins les Curés & autres
Eccléſiaſtiques , chargés de l'adminiſtration des
Sacremens , être pourſuivis pour raiſon des refus
de Sacremens par eux faits à ceux contre lefquels
il ſubſiſteroit des condamnations & cenfures
juridiquement & perſonnellement prononcées
contre eux , & actuellement exécutoires pour
leur déſobéiſſance à l'autorité & aux déciſions
de l'Eglife , & notamment à la Conftitution
Unigenitus ; ou à ceux qui dans le tems même
qu'ils demanderoient à être admis à la participation
des Sacremens , auroient fait connoître d'eux
JANVIER. 1757 . 221
mêmes publiquement leur défobéiſſance à ladite
Conftitution. Exhortons & néanmoins enjoignons
aux Archevêques & Evêques , de veiller à ce que
leſdits Curés & autres Prêtres ne faſſent à ceux
à qui ils adminiſtreront les Sacremens , aucunes
interrogations indifcretes qui puiſſent tendre à
troubler la paix.
Et voulons que tout ce qui s'eſt fait à l'occaſion
des derniers troubles, ſoit enſeveli dans l'oubli ;
ordonnons que le tout ſoit réputé & demeure comme
non avenu. Voulons pareillement que toutes
pourfuites , décrets & procédures qui pourroient
avoir été faits , & tous Arrêts , Sentences ou
Jugemens , qui pourroient avoir été rendus au
même ſujet , demeurent ſans aucune fuite & fans
aucun effet; & , en conféquence , que ceux contre
leſquels leſdites procédures auroient été faites ,
& leſdits Arrêts , Sentences ou Jugemens rendus ,
rentrent , en vertu des préſentes , en leur état &
fonctions. Si donnons en Mandement à nos amés
& féaux Confeillers les Gens tenant notre Cour de
Parlement à Paris , que ces préſentes ils ayent à
faire lire , publier & enregistrer , & le contenu
en icelles garder & obſerver de point en point , ſelon
leur forme & teneur : Car tel eſt notre plaifir.
En temoin de quoi nous avons fait mettre notre
ſcel à ceſdites préſentes. Donné à Versailles le
dixieme jour de Décembre , l'an de grace mil
ſeptcent cinquante- fix , & de notre regne le quarante-
deuxieme. Signé Louis. Et plus bas. Par le
Roi . M. P. de Voyer d'Argenson . Et ſcellé du grand
ſceau de cire jaune.
Lue &publiée , le Roi féant en ſon Lit de Juftice
, & régistrée , oui , & ce requérant le Procureur
Général du Roi , pour être exécutée selon ſa
forme& teneur ; & copies collationnées d'icelle en- .
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
voyées aux Baillages & Sénéchauſſées du réſſort ,
pour y être pareillement lue , publiée to enregistrée :
Enjoint aux Subſtituts deſon Procureur Général d'y
tenir la main , & d'en certifier la Cour dans un
mois . A Paris , en Parlement , le Roi tenant fon
Son Lit de Justice , le treize Décembre milſept cent
cinquante-fix. Signé Dufranc.
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Résumé : Premiere Déclaration.
En janvier 1757, Louis, Roi de France et de Navarre, a émis une déclaration visant à mettre fin aux troubles causés par la Constitution Unigenitus en France. Le roi insiste sur l'importance de respecter cette constitution tout en évitant d'en abuser, soulignant l'approbation du Pape pour ses efforts en faveur de la paix et de l'ordre. La déclaration royale comprend plusieurs articles clés. Premièrement, les lettres patentes et déclarations concernant la Constitution Unigenitus doivent être exécutées, mais sans lui attribuer un caractère de règle de foi. Deuxièmement, le silence absolu prescrit par les déclarations précédentes doit être observé, tout en permettant aux archevêques et évêques d'enseigner avec modération. Troisièmement, l'article XXXIV de l'édit d'avril 1695 doit être appliqué, et les affaires civiles concernant les sacrements doivent être portées devant les juges d'Église. Enfin, les curés et ecclésiastiques ne peuvent être poursuivis pour refus de sacrements si des condamnations ou censures existent contre les demandeurs. Le roi ordonne également que tous les troubles passés soient oubliés et que les procédures et jugements relatifs à ces troubles soient annulés. La déclaration a été signée à Versailles le 10 décembre 1756 et enregistrée au Parlement de Paris le 13 décembre 1756.
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1357
p. 222-228
Seconde Déclaration du Roi, pour la Discipline du Parlement.
Début :
Louis, &c. la réduction que nous avons ordonnée du nombre des Officiers de notre [...]
Mots clefs :
Parlement, Discipline, Déclaration du roi, Fonctions, Magistratures, Assemblées, Chambres, Articles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Seconde Déclaration du Roi, pour la Discipline du Parlement.
Seconde Déclaration du Roi , pour la Discipline du
Parlement .
Louis , &c. la réduction que nous avons ordonnée
du nombre des Officiers de notre Parlement
de Paris , en nous procurant l'avantage de
choiſir parmi ceux qui ſe préfenteront pour y entrer
, les Sujets qui nous paroîtront les plus propres
à remplir les fonctions de la Magiftrature , ne
fera qu'aſſurer de plus en plus l'adminiſtration la
plus exacte de la Juſtice dans ce Tribunal : mais
ayant reconnu que le défaut de la difcipline qui
s'obſerve dans l'intérieur de cette Compagnie , en
ce qui concerne ſingulièrement les matieres d'ordre
public , nuit le plus ſouvent à l'expédition des
affaires qui y font relatives , ſoit en confondant
les objets qui peuvent ou qui doivent être traités
dans l'aſſemblée des Chambres , ſoit en multipliant
ces aſſemblées , au préjudice de l'expédition
des affaires des particuliers ; nous avons en
même temps conſidéré que ſi la nature des affaires
ordinaires a exigé que la décifion n'en fût confiée
qu'à des Magiſtrats d'un expérience reconnue ,
ces mêmes conſidérations devenoient encore plus
effentielles & plus néceffaires pour les affaires
d'un ordre fupérieur , qui ne ſe déliberent que
dans les Chambres aſſemblées , & que le poids &
la dignité des délibérations qui doivent s'y prendre
, demandoient que les nouveaux Magiſtrats ne
JANVIER. 1757 . 22.3
puſſent déſormais y être admis , qu'après s'être
formes par le ſervice d'un certain nombre d'années
; nous avons donc jugé que l'admiſſion à l'afſemblée
des Chambres , la convocation de ces afſemblées
& la diſcuſſion des matieres qui y font
portées, doivent être ſoumiſes à des regles ,& nous
ne pouvons mieux veiller à leur obſervation , qu'en
nous repoſant du ſoin d'une partie de ces objets ,
fur les perſonnes mêmes de notre Parlement , dont
la maturité , la capacité & l'expérience , ſont propres
à leur concilier la vénération de nos peuples ,
&à leur mériter notre confiance & la leur. C'eſt
par une ſuite de cette même confiance , que nous
ferons toujours diſpoſés à écouter favorablement
les remontrances que le zele de notre Parlement
pour le bien de notre Etat pourra lui inſpirer :
mais ſi l'uſagede ces remontrances n'étoit lui -même
réglé par la prudence & le reſpect pour nos
ordres , il dégénéreroit dans un abus contraire à
notre autorité. Le droit législatif qui réſide en notre
Couronne ſeule , ne s'étend pas moins ſur les
Magiftrats que ſur les peuples auxquels nous les
avons chargés de rendre la juſtice en notre nom ;
& le premier de leurs devoirs eſt de donner à nos
Sujets l'exemple de la ſoumiſſion & de l'obéifſance.
Aces cauſes , & autres à ce nous mouvant , de
l'avis de notre Conſeil , &de notre certaine ſcience
, pleine puiſſance & autorité royale , nous
avons dit , déclaré & ordonné , & par ces préſentes
ſignées de notre main , diſons , déclarons &
ordonnons , voulons & nous plaît ce qui fuit :
ART. I. Tout ce qui concerne la police générale
dans les matieres civiles ou eccléſiaſtiques , ſera &
demeurera ſpécialement attribué à la Grand Chambre
de notre Parlement , qui ſeule en pourra
connoître , foit par appel ſimple ou comme d'a-1
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
bus , foit en premiere instance , ſans que fous
aucun prétexte , les Officiers des Chambres des
Enquêtes & Requêtes de notredit Parlement puifſent
en prendre connoiſſance , fi ce n'eſt dans les
cas où l'affemblée des Chambres auroit été jugée
néceſſaire , ainſi qu'il fera dit ci-après ; n'entendons
néanmoins empêcher que les appels comme
d'abus incident aux procès qui ſeroient pendans
en l'une des trois Chambres des Enquêtes , ne
puiffent y être jugés en la maniere accoutumée.
II. Pour lejugement des cauſes &matieres énoncées
dans l'article précédent , tous les Préfidens
de notre Parlement , & les Confeillers ayant féance
en la Grand Chambre pourront y affifter , encore
qu'aucunsd'eux fufſent de ſervice en laChambre
de la Tournelle , & généralement tous ceux
qui ont le droit de fiéger en la Grand Chambre.
III. Les Chambres ne pourront être aſſemblées
pour le jugement deſdites cauſes & matieres
qu'au préalable le Premier Préſident , ou celui
qui, en ſon abſence , préſidera la Compagnie ,
n'ait été inſtruit des motifs pour leſquels ſera demandée
ladite aſſemblée , & des objets ſur lefquels
on ſe propoſe de délibérer.
IV. Le Premier Préſident , ou celui qui , en fon
abfence , préſidera , communiquera aux Préfidens
du Parlement & à la Grand Chambre aſſemblée ,
la demande qui lui ſera faite de l'aſſemblée des
Chambres & les motifs d'icelle , pour , fur le
tout , être par toute ladite Chambre délibéré s'il
y a lieu à aſſembler les Chambres ; & dans le cas
où à la pluralité des ſuffrages il auroit été arrêté
d'aſſembler leſdites Chambres , il y ſera procédé
en la forme ordinaire & accoutumée.
V. Dans le cas où il auroit été délibéré qu'il n'y a
lieu à affembler les Chambres , défendons à tous
JANVIER . 1757 . 225
& chacun des Officiers des Enquêtes & Requêtes ,
de venir prendre place en la Grand Chambre , &
de troubler & interrompre les audiences & fervices
ordinaires; le toutà peine de deſobéiſſance ,
même de privation d'office .
VI. Ne pourront dans aucun cas être faites aucunes
dénonciations à notre Parlement que par le
miniftere de notre Procureur général , Lauf néanmoins
à ceux qui ſeroient inſtruits de quelques
faits qu'ils regarderoient comme ſujets à dénonciation
, d'en informer le Premier Préſident , ou
celui qui en fon abſence , préſidera , pour ,
ſur le compte qu'il en rendra en la Grand Chambre
, être enjoint au Procureur général de faire
ladite dénonciation , s'il y a lieu , ſans même que
ſous prétexte d'aſſemblée pour la réception d'aucuns
officiers ayant féance en ladite Cour , il puifſe
en être ufé autrement.
,
VII. La délibération preſcrite par l'article IV
de notre préſente declaration , pour déterminer
par ladite Grand Chambre aſſemblée les cas efquels
il conviendra d'aſſembler les Chambres , aura
lieu en toute matiere , ſauf néanmoins à l'égard
de nos ordonnances , édits , déclarations ou lettres
patentes concernant Padminiſtration général
de la justice , les impoſitions nouvelles , les créations
de rentes & d'office , à l'enregiſtrement defquelles
il ne pourra être procédé qu'aux Chambres
aſſemblées , comme par le paſſe .
VIII . En procédant à l'enregiſtrement deſdites
ordonnances , édits , déclarations ou lettres patentes
, pourra notredite Cour de Parlement arrêter
qu'il nous foit fait telles remontrances& repréſentations
qu'elle eſtimera convenables au bien
de notre ſervice & à l'intérêt public .
Kv :
226 MERCURE DE FRANCE.
IX. Notredite Cour de Parlement ſera tenue
de vaquer à la confection deſdites remontrances
ou repréſentations , auffi-tôt qu'elles auront été
arrêtées , en ſorte qu'elles puiſſent nous être préſentées
dans la quinzaine , au plus tard , du jour
que leſdites ordonnances , édits , déclarations ou
lettres patentes auront été remiſes à ladite Cour
par nos Avocats & Procureur généraux , lequel
delà ne pourra être prorogé ſans notre congé &
permiſſion ſpéciale.
,
X. Lorſqu'il nous aura plu de répondre auxdites
remontrances ou repréſentations , notre Parlement
ſera tenu d'enregiſtrer dans le lendemain duz
jour de notre réponſe lefdites ordonnances ,
édits , déclarations ou lettres patentes , ſaufànotredite
Cour , après ledit enregiſtrement , à nous
repréſenter ce qu'elle aviſera bon être ſur l'exécu
tion d'icelles , poury être par nous pourvu ainfi
que nous le jugerons à propos , ſans néanmoins
queleſdites repréſentations puiſſent ſuſpendre l'éxécutionde
noſdites ordonnances , édits , déclarations
ou lettres patentes , juſqu'à ce que nous
ayons de nouveau expliqué nos intentions.
XI. Faute par notre Cour de Parlement de procéder
à l'enregistrement preſcrit par l'article précédent
deſdites ordonnances , édits , déclarations
ou lettres patentes , dans le jour qui ſuivra celui
de la réponſeque nous aurons faite à ces remontrances
ou répréſentations , voulons & ordonnons
que nofdites ordonnances , édits , déclarations
ou lettres patentes foient tenues pour publiées &
enrégiſtrées , qu'elles ſoient gardées & obfervées ,
&qu'elles foient envoyées par notre Procureur
général aux Bailliages , Sénéchauffées & Sieges
du reffort , pour y être pareillement gardées &
obſervées.
JANVIER. 1757. 227
XII. Les Conſeillers en notre Cour de Parle-
,
ment , foit clercs ou lais , qui y feront reçus à
l'avenir , à compter du jour de l'enregiſtrement
de notre préſente déclaration ne pourront
avoir entrée , féance & voix délibérative en l'afſemblée
des Chambres dudit Parlement , qu'après
qu'ils auront ſervi dix ans dans ladite Compagnie
a compter du jour de leurs réceptions , dont ſera
fait mention expreſſe dans les provifions qu'ils
obtiendront deſdits offices: exceptons néanmoins
les aſſemblées qui fe tiennent pour la lecture des
ordonnances , pour les mercuriales & la réception
des officiers , en ce qui concerne ſeulement
l'objet ordinaire de la lecture deſdites ordonnances
, deſdites mercuriales & réceptions des Officiers
ayant féance audit Parlement.
XIII. Voulons pareillement qu'il ne ſoit accordé
aucunes lettres de diſpenſe , ſous quelque prétexte
que ce puiſſe être , à l'effet de donner voix
délibérative avant l'âge de vingt- cinq ans ; n'entendons
néanmoins abroger l'uſage dans lequel eſt
notredit Parlement de Paris de compter la voix
des Rapporteurs dans les affaires dont ils font le
rapport , encore qu'ils n'ayent pas l'âge de vingtcinq
ans.
XIV. Faifons très-expreſſes inhibitions & dé
fenfes à tous & chacun des officiers de notredite
Cour de Parlement de Paris , de ceſſer , fufpendre
ou interrompre , pour quelque caufe & fous
quelque prétexte que ce ſoit, leurs fonctions &
le ſervice ordinaire & accoutumé , auquel ils font
obligés , tant envers nous qu'envers nos fujers ,
ni de former ou propoſer ſous aucun prétexte ,
aucune délibération contraire au préſent art ce ,
fous peine de deſobéiflance & de privation de
leurs offices.
Kvj
228 MERCURE DE FRANCE.
XV. Ordonnons que tout le contenu en la pré
ſente déclaration , ſoit à toujours gardé & obfervé
dans notredite Cour de Parlement. Défendons
au Premier Préſident & aux autres Préfidens de
notre Parlement , de permettre aucune affemblée
ou déliberation à ce ſujet , d'y préſider , même
d'y affifter , à peine de deſobéiffance ; déclarons
nulles toute aſſemblée & délibération contraires à
la préſente diſpoſition. Si donnons en Mandement
à nos amés & féaux Conſeillers les Gens tenant
notre Cour de Parlement à Paris , que ces
préſentes ils aient à faire lire & régiſtrer , & le
contenu en icelles garder & obſerver ſelon leur
forme &teneur : Car tel eſt notre plaiſir. En témoin
de quoi nous avons fait mettre notre ſcelàceſdites
préſentes. Donné à Verſailles le dixieme jour de
Décembre , l'an de grace mil ſept cent cinquantefix
,& de notre regne le quarante-deuxieme. Signé
LOUIS . Et plus bas , par le Roi , M. P. de Voyer
d'Argenſon. Et ſcellé du grand ſceau de cire jaune.
Lue publiée , le Roiféant enſon Lit dejustice,
de régistrée , oui , & ce requérant le Procureur
général du Roi , pour être exécutée selonsaforme
teneur . A Paris , en Parlement , le Roi tenant
Son Lit de Justice , le treize Décembre milſept cent
cinquante-fix. Signé Dufranc.
Nous donnerons l'Edit, portant fuppreffion
de deux Chambres des Enquêtes
dans le Mercure prochain .
Parlement .
Louis , &c. la réduction que nous avons ordonnée
du nombre des Officiers de notre Parlement
de Paris , en nous procurant l'avantage de
choiſir parmi ceux qui ſe préfenteront pour y entrer
, les Sujets qui nous paroîtront les plus propres
à remplir les fonctions de la Magiftrature , ne
fera qu'aſſurer de plus en plus l'adminiſtration la
plus exacte de la Juſtice dans ce Tribunal : mais
ayant reconnu que le défaut de la difcipline qui
s'obſerve dans l'intérieur de cette Compagnie , en
ce qui concerne ſingulièrement les matieres d'ordre
public , nuit le plus ſouvent à l'expédition des
affaires qui y font relatives , ſoit en confondant
les objets qui peuvent ou qui doivent être traités
dans l'aſſemblée des Chambres , ſoit en multipliant
ces aſſemblées , au préjudice de l'expédition
des affaires des particuliers ; nous avons en
même temps conſidéré que ſi la nature des affaires
ordinaires a exigé que la décifion n'en fût confiée
qu'à des Magiſtrats d'un expérience reconnue ,
ces mêmes conſidérations devenoient encore plus
effentielles & plus néceffaires pour les affaires
d'un ordre fupérieur , qui ne ſe déliberent que
dans les Chambres aſſemblées , & que le poids &
la dignité des délibérations qui doivent s'y prendre
, demandoient que les nouveaux Magiſtrats ne
JANVIER. 1757 . 22.3
puſſent déſormais y être admis , qu'après s'être
formes par le ſervice d'un certain nombre d'années
; nous avons donc jugé que l'admiſſion à l'afſemblée
des Chambres , la convocation de ces afſemblées
& la diſcuſſion des matieres qui y font
portées, doivent être ſoumiſes à des regles ,& nous
ne pouvons mieux veiller à leur obſervation , qu'en
nous repoſant du ſoin d'une partie de ces objets ,
fur les perſonnes mêmes de notre Parlement , dont
la maturité , la capacité & l'expérience , ſont propres
à leur concilier la vénération de nos peuples ,
&à leur mériter notre confiance & la leur. C'eſt
par une ſuite de cette même confiance , que nous
ferons toujours diſpoſés à écouter favorablement
les remontrances que le zele de notre Parlement
pour le bien de notre Etat pourra lui inſpirer :
mais ſi l'uſagede ces remontrances n'étoit lui -même
réglé par la prudence & le reſpect pour nos
ordres , il dégénéreroit dans un abus contraire à
notre autorité. Le droit législatif qui réſide en notre
Couronne ſeule , ne s'étend pas moins ſur les
Magiftrats que ſur les peuples auxquels nous les
avons chargés de rendre la juſtice en notre nom ;
& le premier de leurs devoirs eſt de donner à nos
Sujets l'exemple de la ſoumiſſion & de l'obéifſance.
Aces cauſes , & autres à ce nous mouvant , de
l'avis de notre Conſeil , &de notre certaine ſcience
, pleine puiſſance & autorité royale , nous
avons dit , déclaré & ordonné , & par ces préſentes
ſignées de notre main , diſons , déclarons &
ordonnons , voulons & nous plaît ce qui fuit :
ART. I. Tout ce qui concerne la police générale
dans les matieres civiles ou eccléſiaſtiques , ſera &
demeurera ſpécialement attribué à la Grand Chambre
de notre Parlement , qui ſeule en pourra
connoître , foit par appel ſimple ou comme d'a-1
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
bus , foit en premiere instance , ſans que fous
aucun prétexte , les Officiers des Chambres des
Enquêtes & Requêtes de notredit Parlement puifſent
en prendre connoiſſance , fi ce n'eſt dans les
cas où l'affemblée des Chambres auroit été jugée
néceſſaire , ainſi qu'il fera dit ci-après ; n'entendons
néanmoins empêcher que les appels comme
d'abus incident aux procès qui ſeroient pendans
en l'une des trois Chambres des Enquêtes , ne
puiffent y être jugés en la maniere accoutumée.
II. Pour lejugement des cauſes &matieres énoncées
dans l'article précédent , tous les Préfidens
de notre Parlement , & les Confeillers ayant féance
en la Grand Chambre pourront y affifter , encore
qu'aucunsd'eux fufſent de ſervice en laChambre
de la Tournelle , & généralement tous ceux
qui ont le droit de fiéger en la Grand Chambre.
III. Les Chambres ne pourront être aſſemblées
pour le jugement deſdites cauſes & matieres
qu'au préalable le Premier Préſident , ou celui
qui, en ſon abſence , préſidera la Compagnie ,
n'ait été inſtruit des motifs pour leſquels ſera demandée
ladite aſſemblée , & des objets ſur lefquels
on ſe propoſe de délibérer.
IV. Le Premier Préſident , ou celui qui , en fon
abfence , préſidera , communiquera aux Préfidens
du Parlement & à la Grand Chambre aſſemblée ,
la demande qui lui ſera faite de l'aſſemblée des
Chambres & les motifs d'icelle , pour , fur le
tout , être par toute ladite Chambre délibéré s'il
y a lieu à aſſembler les Chambres ; & dans le cas
où à la pluralité des ſuffrages il auroit été arrêté
d'aſſembler leſdites Chambres , il y ſera procédé
en la forme ordinaire & accoutumée.
V. Dans le cas où il auroit été délibéré qu'il n'y a
lieu à affembler les Chambres , défendons à tous
JANVIER . 1757 . 225
& chacun des Officiers des Enquêtes & Requêtes ,
de venir prendre place en la Grand Chambre , &
de troubler & interrompre les audiences & fervices
ordinaires; le toutà peine de deſobéiſſance ,
même de privation d'office .
VI. Ne pourront dans aucun cas être faites aucunes
dénonciations à notre Parlement que par le
miniftere de notre Procureur général , Lauf néanmoins
à ceux qui ſeroient inſtruits de quelques
faits qu'ils regarderoient comme ſujets à dénonciation
, d'en informer le Premier Préſident , ou
celui qui en fon abſence , préſidera , pour ,
ſur le compte qu'il en rendra en la Grand Chambre
, être enjoint au Procureur général de faire
ladite dénonciation , s'il y a lieu , ſans même que
ſous prétexte d'aſſemblée pour la réception d'aucuns
officiers ayant féance en ladite Cour , il puifſe
en être ufé autrement.
,
VII. La délibération preſcrite par l'article IV
de notre préſente declaration , pour déterminer
par ladite Grand Chambre aſſemblée les cas efquels
il conviendra d'aſſembler les Chambres , aura
lieu en toute matiere , ſauf néanmoins à l'égard
de nos ordonnances , édits , déclarations ou lettres
patentes concernant Padminiſtration général
de la justice , les impoſitions nouvelles , les créations
de rentes & d'office , à l'enregiſtrement defquelles
il ne pourra être procédé qu'aux Chambres
aſſemblées , comme par le paſſe .
VIII . En procédant à l'enregiſtrement deſdites
ordonnances , édits , déclarations ou lettres patentes
, pourra notredite Cour de Parlement arrêter
qu'il nous foit fait telles remontrances& repréſentations
qu'elle eſtimera convenables au bien
de notre ſervice & à l'intérêt public .
Kv :
226 MERCURE DE FRANCE.
IX. Notredite Cour de Parlement ſera tenue
de vaquer à la confection deſdites remontrances
ou repréſentations , auffi-tôt qu'elles auront été
arrêtées , en ſorte qu'elles puiſſent nous être préſentées
dans la quinzaine , au plus tard , du jour
que leſdites ordonnances , édits , déclarations ou
lettres patentes auront été remiſes à ladite Cour
par nos Avocats & Procureur généraux , lequel
delà ne pourra être prorogé ſans notre congé &
permiſſion ſpéciale.
,
X. Lorſqu'il nous aura plu de répondre auxdites
remontrances ou repréſentations , notre Parlement
ſera tenu d'enregiſtrer dans le lendemain duz
jour de notre réponſe lefdites ordonnances ,
édits , déclarations ou lettres patentes , ſaufànotredite
Cour , après ledit enregiſtrement , à nous
repréſenter ce qu'elle aviſera bon être ſur l'exécu
tion d'icelles , poury être par nous pourvu ainfi
que nous le jugerons à propos , ſans néanmoins
queleſdites repréſentations puiſſent ſuſpendre l'éxécutionde
noſdites ordonnances , édits , déclarations
ou lettres patentes , juſqu'à ce que nous
ayons de nouveau expliqué nos intentions.
XI. Faute par notre Cour de Parlement de procéder
à l'enregistrement preſcrit par l'article précédent
deſdites ordonnances , édits , déclarations
ou lettres patentes , dans le jour qui ſuivra celui
de la réponſeque nous aurons faite à ces remontrances
ou répréſentations , voulons & ordonnons
que nofdites ordonnances , édits , déclarations
ou lettres patentes foient tenues pour publiées &
enrégiſtrées , qu'elles ſoient gardées & obfervées ,
&qu'elles foient envoyées par notre Procureur
général aux Bailliages , Sénéchauffées & Sieges
du reffort , pour y être pareillement gardées &
obſervées.
JANVIER. 1757. 227
XII. Les Conſeillers en notre Cour de Parle-
,
ment , foit clercs ou lais , qui y feront reçus à
l'avenir , à compter du jour de l'enregiſtrement
de notre préſente déclaration ne pourront
avoir entrée , féance & voix délibérative en l'afſemblée
des Chambres dudit Parlement , qu'après
qu'ils auront ſervi dix ans dans ladite Compagnie
a compter du jour de leurs réceptions , dont ſera
fait mention expreſſe dans les provifions qu'ils
obtiendront deſdits offices: exceptons néanmoins
les aſſemblées qui fe tiennent pour la lecture des
ordonnances , pour les mercuriales & la réception
des officiers , en ce qui concerne ſeulement
l'objet ordinaire de la lecture deſdites ordonnances
, deſdites mercuriales & réceptions des Officiers
ayant féance audit Parlement.
XIII. Voulons pareillement qu'il ne ſoit accordé
aucunes lettres de diſpenſe , ſous quelque prétexte
que ce puiſſe être , à l'effet de donner voix
délibérative avant l'âge de vingt- cinq ans ; n'entendons
néanmoins abroger l'uſage dans lequel eſt
notredit Parlement de Paris de compter la voix
des Rapporteurs dans les affaires dont ils font le
rapport , encore qu'ils n'ayent pas l'âge de vingtcinq
ans.
XIV. Faifons très-expreſſes inhibitions & dé
fenfes à tous & chacun des officiers de notredite
Cour de Parlement de Paris , de ceſſer , fufpendre
ou interrompre , pour quelque caufe & fous
quelque prétexte que ce ſoit, leurs fonctions &
le ſervice ordinaire & accoutumé , auquel ils font
obligés , tant envers nous qu'envers nos fujers ,
ni de former ou propoſer ſous aucun prétexte ,
aucune délibération contraire au préſent art ce ,
fous peine de deſobéiflance & de privation de
leurs offices.
Kvj
228 MERCURE DE FRANCE.
XV. Ordonnons que tout le contenu en la pré
ſente déclaration , ſoit à toujours gardé & obfervé
dans notredite Cour de Parlement. Défendons
au Premier Préſident & aux autres Préfidens de
notre Parlement , de permettre aucune affemblée
ou déliberation à ce ſujet , d'y préſider , même
d'y affifter , à peine de deſobéiffance ; déclarons
nulles toute aſſemblée & délibération contraires à
la préſente diſpoſition. Si donnons en Mandement
à nos amés & féaux Conſeillers les Gens tenant
notre Cour de Parlement à Paris , que ces
préſentes ils aient à faire lire & régiſtrer , & le
contenu en icelles garder & obſerver ſelon leur
forme &teneur : Car tel eſt notre plaiſir. En témoin
de quoi nous avons fait mettre notre ſcelàceſdites
préſentes. Donné à Verſailles le dixieme jour de
Décembre , l'an de grace mil ſept cent cinquantefix
,& de notre regne le quarante-deuxieme. Signé
LOUIS . Et plus bas , par le Roi , M. P. de Voyer
d'Argenſon. Et ſcellé du grand ſceau de cire jaune.
Lue publiée , le Roiféant enſon Lit dejustice,
de régistrée , oui , & ce requérant le Procureur
général du Roi , pour être exécutée selonsaforme
teneur . A Paris , en Parlement , le Roi tenant
Son Lit de Justice , le treize Décembre milſept cent
cinquante-fix. Signé Dufranc.
Nous donnerons l'Edit, portant fuppreffion
de deux Chambres des Enquêtes
dans le Mercure prochain .
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Résumé : Seconde Déclaration du Roi, pour la Discipline du Parlement.
En janvier 1757, Louis XV émit une déclaration royale visant à réformer et discipliner le Parlement de Paris. Le roi ordonna la réduction du nombre d'officiers pour ne conserver que les plus aptes à administrer la justice. Il souligna que le manque de discipline au sein du Parlement entravait l'expédition des affaires publiques et privées. Pour remédier à cette situation, il imposa des règles strictes pour l'admission des nouveaux magistrats aux assemblées des Chambres, stipulant qu'ils ne pourraient y participer qu'après dix années de service. La déclaration attribua la police générale des matières civiles et ecclésiastiques à la Grand Chambre, interdisant aux officiers des Chambres des Enquêtes et Requêtes de s'en occuper sauf en cas d'assemblée nécessaire. Le Premier Président ou son remplaçant devait être informé des motifs des assemblées et des objets de délibération. La déclaration interdit également toute dénonciation au Parlement sans passer par le Procureur général. Elle régula les remontrances du Parlement concernant les ordonnances royales, imposant un délai de quinzaine pour leur présentation après leur remise. En cas de non-respect de ces règles, les ordonnances seraient considérées comme publiées et enregistrées. Les conseillers ne pourraient avoir voix délibérative en assemblée des Chambres qu'après dix années de service et ne pourraient obtenir de dispense avant l'âge de vingt-cinq ans. Enfin, le roi interdit aux officiers du Parlement d'interrompre leurs fonctions et de proposer des délibérations contraires à la déclaration.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1358
p. 228-232
« Le premier jour de l'an les Princes & les Princesses, [...] »
Début :
Le premier jour de l'an les Princes & les Princesses, [...]
Mots clefs :
Princes, Princesses, Chevaliers, Chancelier, Nominations, Comtes, Marquis, Attaque au couteau, Roi de France, Tentative de meurtre, Corsaires , Marchandises, Capitaine Dumont, Dunkerque, Capitaine Dupont
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le premier jour de l'an les Princes & les Princesses, [...] »
Le premierjour de l'an les Princes & les Prin -
ceſſes , ainſi que les Seigneurs & Dames de la
Cour , eurent l'honneur de complimenter le Roi
fur la nouvelle année.
Les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint Eſprit , s'étant aſſemblés , vers
JANVIER. 1757. 229
les onze heures du matin , dans le cabinet du Roi,
Sa Majesté tint un Chapitre. Conformément à une
deciſion de Louis XIV , qui a réglé que les preuves
du Chancelier des Ordres ſeroient examinées
par deux Chevaliers , le Duc de Villeroy & le Marquis
de Beringhen avoient été nommés Commiffaires
pour l'examen de celles du Comte de Saint-
Florentin, qui a été pourvu de cette charge. Elles.
furent admiſes. Le Roi nomma Chevaliers de ſes
Ordres le Prince de Beauvau , Maréchal de ſes
Camps & Armées , le Marquis de Gontaut , Lieutenant-
Général , le Comte de Maillebois , auffi
Lieutenant-Général ; le Marquis de Bethune
Maréchal de Camp , Mestre de Camp Général de
la Cavalerie ; le Marquis d'Aubeterre , Maréchal
de Camp , Ambaſſadeur du Roi auprès de Sa Majeſté
Catholique ; le Marquis d'Oſſun , Brigadier
de Cavalerie , Ambaſſadeur de Sa Majesté auprès
du Roi des deux Siciles , & le Comte de Broglie ,
Brigadier d'Infanterie , Ambaſſadeur auprès du
Roi de Pologne , Electeur de Saxe. Le Comte de
Baſchi , dont les preuves , ainſi que l'information
des vie & moeurs , & laprofeffion de foi , avoient
été admiſes dans le Chapitre du premier Février de
l'année derniere , fut introduit , en habit de novice,
dans le cabinet du Roi , & reçu Chevalier de l'Ordre
de Saint Michel. Le Roi fortit enſuite de ſon
appartement pour aller à la chapelle. Sa Majesté ,
devant laquelle les deux Huiſſiers de la Chambre
portoient leurs maffes, étoit en manteau, le collier
de l'Ordre par deſſus , ainſi que celui de l'Ordre
de la Toiſon d'Or. Elle étoit précédée de
Monſeigneur le Dauphin , du Duc d'Orléans , du
Prince de Condé , du Comte de Clermont , du
Prince de Conty , du Comte de la Marche , du
Comte d'Eu , du Duc de Penthievre , & des Che230
MERCURE DE FRANCE.
valiers , Commandeurs & Officiers de l'Ordre.
Le nouveau Chevalier marchoit entre les Cheva--
liers & les Officiers. La grand'Meſſe ayant été
célébrée par le Prince Conſtantin , Evêque de
Strasbourg , Premier Aumônier du Roi , & Prélat
Commandeur de l'Ordre du Saint Eſprit , le Roi
monta à ſon trône , & revêtit des marques de
l'Ordre le Comte de Baſchi , qui eut pour parreins
le Maréchal de Clermont Tonnerre & le Marquis
de Beringhen. Lorſque cette cérémonie fut
finie , Sa Majesté fut reconduite à ſon appartement
en la maniere accoutumée.
Le Roi a admis dans ſon Conſeil d'Etat M.
PAbbé Comte de Bernis , nommé Ambaſſadeur
près de Leurs Majeſtés Impériales .
Les Janvier , à cinq heures trois quarts du foir,
le Roi fortit de chez Mesdames de France pour
monter dans ſon carroffe , & fe rendre à Trianon .
Un malheureux trouva alors le moyen d'approcher
Sa Majesté au milieu de fa garde , fans être apperçu.
Il étoit armé d'un couteau à deux lames ,
dont l'une étoit une lame ordinaire ; l'autre avoit
la forme d'un canif , & étoit large de cinq à fix
lignes , & longue d'environ quatre pouces. C'eſt
avec la derniere lame que le coup a été porté. II
eſt tombéfurla partie latérale inférieure & un peu
poſtérieure de la poitrine ; c'est- à dire entre la
quatrieme& la cinquieme des côtes inférieures du
côté droit. Le coup a été dirigé de bas en haut ,
&a pénétré environ quatre travers de doigt. Le
Roi, en le recevant, crut ſeulement qu'il étoit frappé
d'un coup de poing. Il ſertit enfuite un peu de
chaleur , & il ne s'apperçut qu'il étroit bleſſe , que
par l'effufion du ſang. Sa majesté fut laignée à fix
heures un quart ; & quoique cette fargrée eût
produit ungrand foulagement , on la réitéra qua
,
JANVIER. 1757 . 231
tre heures après , pour plus grande fûreté. Sa Majeſté
, quoiqu'elle ait peu dormi , a paffé la nuit
aflez tranquillement. Il eſt ſurvenu ce matin une
légere moteur , après un ſommeil d'une heure.
On a levé l'appareil à dix heures ; on a trouvé le
gonflement conſidérablement diminué ; & au
moment qu'on écrit ce détail , Sa Majesté eſt auſſi
Dien qu'Elle puiſſe êtredans une telle circonstance .
Tout juſqu'à preſent paroît indiquer que le coup
n'a pas pénétré dans la poitrine . On a arrêté ſur
le champ l'affaffin , & on travaille à inſtruire ſon
procès.
Le Saint Sacrement a été expoſé dans toutes les
égliſes de Versailles , & M. le Comte de Saint-
Florentin a écrit , par l'ordre du Roi , à l'Archevêque
de Paris , pour qu'on fit des prieres publiques
, afin d'obtenir de Dieu la prompte guériſon
de Sa Majesté . ( 1 )
On mande de Dunkerque , que le Corſaire
le Prince de Soubize , commandé par le Capitaine
Canon , eſt rentré en ce Port , & qu'il
s'eſt rendu maître des Navires. Anglois la Marguerite
, de Leith , & les Deux Freres , de Yarmouth
, de 150 tonneaux chacun chargés , le
premier de plomb, en ſaumon ,l'autre de fer &
de planches.
Le Capitaine Dumont , commandant le Hardi
Mendiant , autre Corfaire de Dunkerque , y a fait
conduire le Navire Anglois la Marie de Bantf ,
de so tonneaux , dont la cargaiſon confifte en
208 tonnes de ſaumon. Il s'eſt auffi emparé du
Navire Anglois la Sara , de Berwick , de 100
tonneaux armé de 4 canons , &chargé de 560
tonnes de ſaumons.
(1 ) Elle est heureusement rétablie , &lajoye a
Succédé aux plus vives allarmes.
232 MERCURE DE FRANCE.
Le Corfaire la Favorite , du Havre , Capitaine
Mouchel , y a fait conduire le Navire Anglois
le Tobie , chargé de vin de Malaga ; & il eſt
entré à Cherbourg avec un autre Bâtiment Anglois
, de 130 tonneaux , ayant un chargement
compoſé de vin , d'huile & de raiſins ſecs .
Un autre Corfaire de Dunkerque , appellé le
Comte de Saint- Germain , y a conduit le Brigantin
Anglois l'Unité , de Yarmouth , de 90 tonneux
, armé de 4 canons , & dont la cargaifon
confitte en grains .
Le Capitaine Dupont , commandant le Corſaire
le Danger , de Boulogne , qui a repris ſur les
Anglois le Corfaire l'Intrépide , de Nantes , a pris ,
& a conduit à Quimper le Paquebot le Dieppe ,
de Londres , chargé d'oranges , de citrons , de
grenades & de limons .
Il eſt arrivé à Bayonne un Brigantin Anglois ,
appellé l'Aventure , de Poole , de 80 tonneaux ,
chargé de morue & d'huile , qui a été pris par
le Corfaite l'Amiral , dont eſt Capitaine M. Jean
Samfon.
Le Corſaire l'Aigle de Marseille , y a fait conduire
les Navires le Dolly , de 120 tonneaux
chargé de raiſins ſecs , & le Sally , de Gibraltar ,
dont la cargaiſon conſiſte en biſcuit , en vin &
autres proviſions ; & le Berton & le John ,
autres Bâtimens Anglois chargés de morue & de
fardines , ont été pris & conduits en ce Port
par le Capitaine Louis-Augustin Icard qui commande
le Navire la Marie.
Le Corſaire le Duc d'Aumont , de Boulogne ,
dont eſt Capitaine Louis Libert fils , s'eſt rendu
maître du Navire Anglois le Saint-Michel , de
300 tonneaux , armé de 15 canons , & chargé
de raiſins de Corinthe , & l'a fait conduire à
Dieppe.
ceſſes , ainſi que les Seigneurs & Dames de la
Cour , eurent l'honneur de complimenter le Roi
fur la nouvelle année.
Les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint Eſprit , s'étant aſſemblés , vers
JANVIER. 1757. 229
les onze heures du matin , dans le cabinet du Roi,
Sa Majesté tint un Chapitre. Conformément à une
deciſion de Louis XIV , qui a réglé que les preuves
du Chancelier des Ordres ſeroient examinées
par deux Chevaliers , le Duc de Villeroy & le Marquis
de Beringhen avoient été nommés Commiffaires
pour l'examen de celles du Comte de Saint-
Florentin, qui a été pourvu de cette charge. Elles.
furent admiſes. Le Roi nomma Chevaliers de ſes
Ordres le Prince de Beauvau , Maréchal de ſes
Camps & Armées , le Marquis de Gontaut , Lieutenant-
Général , le Comte de Maillebois , auffi
Lieutenant-Général ; le Marquis de Bethune
Maréchal de Camp , Mestre de Camp Général de
la Cavalerie ; le Marquis d'Aubeterre , Maréchal
de Camp , Ambaſſadeur du Roi auprès de Sa Majeſté
Catholique ; le Marquis d'Oſſun , Brigadier
de Cavalerie , Ambaſſadeur de Sa Majesté auprès
du Roi des deux Siciles , & le Comte de Broglie ,
Brigadier d'Infanterie , Ambaſſadeur auprès du
Roi de Pologne , Electeur de Saxe. Le Comte de
Baſchi , dont les preuves , ainſi que l'information
des vie & moeurs , & laprofeffion de foi , avoient
été admiſes dans le Chapitre du premier Février de
l'année derniere , fut introduit , en habit de novice,
dans le cabinet du Roi , & reçu Chevalier de l'Ordre
de Saint Michel. Le Roi fortit enſuite de ſon
appartement pour aller à la chapelle. Sa Majesté ,
devant laquelle les deux Huiſſiers de la Chambre
portoient leurs maffes, étoit en manteau, le collier
de l'Ordre par deſſus , ainſi que celui de l'Ordre
de la Toiſon d'Or. Elle étoit précédée de
Monſeigneur le Dauphin , du Duc d'Orléans , du
Prince de Condé , du Comte de Clermont , du
Prince de Conty , du Comte de la Marche , du
Comte d'Eu , du Duc de Penthievre , & des Che230
MERCURE DE FRANCE.
valiers , Commandeurs & Officiers de l'Ordre.
Le nouveau Chevalier marchoit entre les Cheva--
liers & les Officiers. La grand'Meſſe ayant été
célébrée par le Prince Conſtantin , Evêque de
Strasbourg , Premier Aumônier du Roi , & Prélat
Commandeur de l'Ordre du Saint Eſprit , le Roi
monta à ſon trône , & revêtit des marques de
l'Ordre le Comte de Baſchi , qui eut pour parreins
le Maréchal de Clermont Tonnerre & le Marquis
de Beringhen. Lorſque cette cérémonie fut
finie , Sa Majesté fut reconduite à ſon appartement
en la maniere accoutumée.
Le Roi a admis dans ſon Conſeil d'Etat M.
PAbbé Comte de Bernis , nommé Ambaſſadeur
près de Leurs Majeſtés Impériales .
Les Janvier , à cinq heures trois quarts du foir,
le Roi fortit de chez Mesdames de France pour
monter dans ſon carroffe , & fe rendre à Trianon .
Un malheureux trouva alors le moyen d'approcher
Sa Majesté au milieu de fa garde , fans être apperçu.
Il étoit armé d'un couteau à deux lames ,
dont l'une étoit une lame ordinaire ; l'autre avoit
la forme d'un canif , & étoit large de cinq à fix
lignes , & longue d'environ quatre pouces. C'eſt
avec la derniere lame que le coup a été porté. II
eſt tombéfurla partie latérale inférieure & un peu
poſtérieure de la poitrine ; c'est- à dire entre la
quatrieme& la cinquieme des côtes inférieures du
côté droit. Le coup a été dirigé de bas en haut ,
&a pénétré environ quatre travers de doigt. Le
Roi, en le recevant, crut ſeulement qu'il étoit frappé
d'un coup de poing. Il ſertit enfuite un peu de
chaleur , & il ne s'apperçut qu'il étroit bleſſe , que
par l'effufion du ſang. Sa majesté fut laignée à fix
heures un quart ; & quoique cette fargrée eût
produit ungrand foulagement , on la réitéra qua
,
JANVIER. 1757 . 231
tre heures après , pour plus grande fûreté. Sa Majeſté
, quoiqu'elle ait peu dormi , a paffé la nuit
aflez tranquillement. Il eſt ſurvenu ce matin une
légere moteur , après un ſommeil d'une heure.
On a levé l'appareil à dix heures ; on a trouvé le
gonflement conſidérablement diminué ; & au
moment qu'on écrit ce détail , Sa Majesté eſt auſſi
Dien qu'Elle puiſſe êtredans une telle circonstance .
Tout juſqu'à preſent paroît indiquer que le coup
n'a pas pénétré dans la poitrine . On a arrêté ſur
le champ l'affaffin , & on travaille à inſtruire ſon
procès.
Le Saint Sacrement a été expoſé dans toutes les
égliſes de Versailles , & M. le Comte de Saint-
Florentin a écrit , par l'ordre du Roi , à l'Archevêque
de Paris , pour qu'on fit des prieres publiques
, afin d'obtenir de Dieu la prompte guériſon
de Sa Majesté . ( 1 )
On mande de Dunkerque , que le Corſaire
le Prince de Soubize , commandé par le Capitaine
Canon , eſt rentré en ce Port , & qu'il
s'eſt rendu maître des Navires. Anglois la Marguerite
, de Leith , & les Deux Freres , de Yarmouth
, de 150 tonneaux chacun chargés , le
premier de plomb, en ſaumon ,l'autre de fer &
de planches.
Le Capitaine Dumont , commandant le Hardi
Mendiant , autre Corfaire de Dunkerque , y a fait
conduire le Navire Anglois la Marie de Bantf ,
de so tonneaux , dont la cargaiſon confifte en
208 tonnes de ſaumon. Il s'eſt auffi emparé du
Navire Anglois la Sara , de Berwick , de 100
tonneaux armé de 4 canons , &chargé de 560
tonnes de ſaumons.
(1 ) Elle est heureusement rétablie , &lajoye a
Succédé aux plus vives allarmes.
232 MERCURE DE FRANCE.
Le Corfaire la Favorite , du Havre , Capitaine
Mouchel , y a fait conduire le Navire Anglois
le Tobie , chargé de vin de Malaga ; & il eſt
entré à Cherbourg avec un autre Bâtiment Anglois
, de 130 tonneaux , ayant un chargement
compoſé de vin , d'huile & de raiſins ſecs .
Un autre Corfaire de Dunkerque , appellé le
Comte de Saint- Germain , y a conduit le Brigantin
Anglois l'Unité , de Yarmouth , de 90 tonneux
, armé de 4 canons , & dont la cargaifon
confitte en grains .
Le Capitaine Dupont , commandant le Corſaire
le Danger , de Boulogne , qui a repris ſur les
Anglois le Corfaire l'Intrépide , de Nantes , a pris ,
& a conduit à Quimper le Paquebot le Dieppe ,
de Londres , chargé d'oranges , de citrons , de
grenades & de limons .
Il eſt arrivé à Bayonne un Brigantin Anglois ,
appellé l'Aventure , de Poole , de 80 tonneaux ,
chargé de morue & d'huile , qui a été pris par
le Corfaite l'Amiral , dont eſt Capitaine M. Jean
Samfon.
Le Corſaire l'Aigle de Marseille , y a fait conduire
les Navires le Dolly , de 120 tonneaux
chargé de raiſins ſecs , & le Sally , de Gibraltar ,
dont la cargaiſon conſiſte en biſcuit , en vin &
autres proviſions ; & le Berton & le John ,
autres Bâtimens Anglois chargés de morue & de
fardines , ont été pris & conduits en ce Port
par le Capitaine Louis-Augustin Icard qui commande
le Navire la Marie.
Le Corſaire le Duc d'Aumont , de Boulogne ,
dont eſt Capitaine Louis Libert fils , s'eſt rendu
maître du Navire Anglois le Saint-Michel , de
300 tonneaux , armé de 15 canons , & chargé
de raiſins de Corinthe , & l'a fait conduire à
Dieppe.
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Résumé : « Le premier jour de l'an les Princes & les Princesses, [...] »
Le 1er janvier 1757, la cour française célébra la nouvelle année en complimentant le roi. À onze heures du matin, les membres de l'Ordre du Saint Esprit se réunirent dans le cabinet royal pour un chapitre. Conformément à une décision de Louis XIV, les preuves du Chancelier des Ordres furent examinées par deux Chevaliers, le Duc de Villeroy et le Marquis de Beringhen, qui approuvèrent le Comte de Saint-Florentin. Le roi nomma plusieurs nouveaux Chevaliers, dont le Prince de Beauvau, le Marquis de Gontaut, le Comte de Maillebois, le Marquis de Bethune, le Marquis d'Aubeterre, le Marquis d'Ossun et le Comte de Broglie. Le Comte de Baschi, dont les preuves avaient été admises lors du chapitre précédent, fut introduit en habit de novice et reçu Chevalier de l'Ordre de Saint Michel. Le roi se rendit ensuite à la chapelle pour la grand'Messe, célébrée par le Prince Constantin, Evêque de Strasbourg. Le roi admit l'Abbé Comte de Bernis, nommé Ambassadeur auprès des Majestés Impériales, dans son Conseil d'État. Le 5 janvier, alors que le roi se rendait à Trianon, un individu armé d'un couteau à deux lames le blessa légèrement. Le roi fut soigné et passa la nuit tranquillement. Le 6 janvier, une légère fièvre apparut après une heure de sommeil, mais l'état du roi s'améliora. L'agresseur fut arrêté et son procès instruit. Le Saint Sacrement fut exposé dans toutes les églises de Versailles, et des prières publiques furent organisées pour la guérison du roi. Des nouvelles de Dunkerque rapportèrent que plusieurs corsaires français avaient capturé des navires anglais chargés de diverses marchandises. Parmi ces corsaires figuraient le Prince de Soubize, le Hardi Mendiant, la Favorite, le Comte de Saint-Germain, le Danger, l'Amiral, l'Aigle de Marseille et le Duc d'Aumont. Ces corsaires avaient pris des navires anglais dans la Manche et les avaient conduits dans divers ports français.
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1359
p. 195-198
DU NORD
Début :
Le Roi de Grande-Bretagne ayant demandé que l'Impératrice employât ses bons [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Roi de Grande-Bretagne, Comtes, Marquis, Impératrice Reine, Mémoire, Varsovie, Lettre à l'Empereur, Roi de Prusse, Guerre
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE PETERSBOURG , le 20 Décembre.
LB
B Roi de la Grande- Bretagne ayant demandé
que l'impératrice employât fes bons offices pour
ménager un accommodement entre les Cours de
Vienne & de Drefde , & celle de Berlin , S. M.
Impériale n'a pas cru devoir ſe prêter au defir de
S. M. Britannique . Le Comte de Beftuchef ,
Grand Chancelier , a fait remettre au Chevalier
Hambury- Williams , Ambaffadeur d'Angleterre ,
un Mémoire contenant les motifs du refus de l'Impératrice
: il eft conçu en ces termes . « Après la
premiere Réponse à S. E. M. l'Ambaſſadeur de
>> la Grande- Bretagne , lorfqu'il demanda il y a
» deux mois la médiation de S. M. l'Impératrice.
mentre la Cour de Vienne & celle de Berlin , fçavoir
, que S. M. Imperiale ne s'étoit point attenndue
à une pareille démarche de la part de S. M.
Britannique , M. l'Ambaffadeur comprendra fa-
»cilement , dans la fituation où font les affaires
»que le vifempreflement , avec lequel il vient de
»réitérer la même demande au Miniftere de cette
>> Cour , a dû étonner d'autant plus S. M. Impé
»riale , qu'Elle avoit cru pouvoir avec juftice at
wtendre plus d'égard pour ce qui avoit été déja dé
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
claré une fois au fujet de fes difpofitions. L'Im-
» pératrice ordonne donc de faire connoître à Son
>> Excellence , que les intentions de S. M. Impé-
»riale , énoncées dans fa premiere réponse , demeu-
Drant invariablement les mêmes , elle n'écoutera
»plus aucune propofition ultérieure de médiation .
>> Quant aux menaces dont M. l'Ambaſſadeur s'eft
»fervi , & notamment à celle que le Roi de Pruffe
»attaqueroit bientôt lui-même les troupes de l'Impé-
»ratrice , elles ne fervent qu'à diminuer le poids
» de la demande de M. l'Ambaffadeur , & à forti-
»fier S. M. Impériale dans fes réfolutions . >>
Quoique la guerre dans laquelle l'Impératrice
s'engage , autorife la Ruffie à ne point dégarnir
fes magafins , S. M. Impériale , informée de la
difette qui régné en Suede , a permis qu'on ytranfportât
de Nerva & de Riga foixante mille muids
de bled. En même temps elle a ajouté en pur don
dix mille tonneaux de farine , qui feront fournis
du Port de Wibourg.
DE WARSOVIE , le 20 Décembre.
Il s'eft répandu dans le public plufieurs copies
d'une Lettre que le Roi a écrite à l'Empereur ,
& dont voici la fubftance .
« Votre Majeſté s'eft couverte d'une gloire im-
»mortelle , par les Décrets qu'elle a envoyés à la
» Diete générale de l'Empire , fur la premiere nou-
»velle que le Roi de Pruffe avoit envahi nos Etats
» Héréd taires . Arrivés maintenant ici , & pouvant
reprendre librement nos correfpondances ,
>> nous ne devons point différer de vous témoi-
»gner combien nous fommes fenfibles au procé
»dé généreux de Votre Majefté. Nous ne doutons
wpoint que l'Empire de fon côté ne prenne les
FEVRIER. 1757. 197
réfolutions les plus vigoureufes , & ne les exécu
»te , ainfi que l'exige indifpenfablement la fûreté
»de chaque Prince & Etat du Corps Germanique.
»Les hoftilités des Pruffiens contre nos Sujets s'ac
>> cumulent de jour en jour , & elles font déja par-
>>venues à un tel point , que , fi l'on ne nous ac-
»corde au plutôt des fecours , nous fommes mé-
»nacés de la ruine totale de notre Electorat . Notre
»armée que les ennemis avoient bloquée dans fon
»camp de Pirna , forcée par la difette de vivres
»de quitter ce pofte , s'eft vue réduite par une
>>fuite de circonftances défaftreufes , à fe rendre
»prifonniere de guerre. Quelque durs qu'aient
»été les articles de la Capitulation , on ne les a
>> pas même obſervés. Contre le droit de la guer,
»re , on a contraint les Soldats par toute forte
»de mauvais traitemens , d'entrer au fervice dụ
»Roi de Pruffe . Ce Prince continue de s'appro-
>>prier tous nos revenus . Il fe fait payer même des
>>fommes que nous avions remifes aux Débiteurs ,
Dou pour l'acquit defquelles nous leur avions ac-
» cordé des délais. Les Membres des Etats de nos
>> Provinces , & les Officiers de nos Bailliages ,
>> ont eu ordre de fournir un nombre exorbitant de
>>recrues , & d'armer ainfi contre nous- mêmes
>>nos propres Sujets , fous peine d'être condamnés
»à la brouette. A la vue de tant de calamités , il
» ne nous refte qu'à avoir de nouveau recours à
»Votre Majefté , en fa qualité de Chef & Juge
>>Suprême de l'Empire , & à la requérir de réité-
>> rer fes remontrances à nos Co- Etats , afin qu'on
>> s'oppoſe fans délai à des violences qui entraî-
»nent après elles l'anéantiffement des Conftitu-
>>tions & des Loix les plus facrées. Nous nous
»promettons de l'amour reconnu de Votre Majef-
»té pour la juftice , qu'elle ufera des moyens les
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
»plus efficaces , pour que nous foyons remis en
»poffeffion de nos pays Héréditaires , & pour que
>>nous obtenions non feulement une fatisfaction
>>convenable pour le paffé , mais des fûretés fuffifantes
pour l'avenir. »
DE PETERSBOURG , le 20 Décembre.
LB
B Roi de la Grande- Bretagne ayant demandé
que l'impératrice employât fes bons offices pour
ménager un accommodement entre les Cours de
Vienne & de Drefde , & celle de Berlin , S. M.
Impériale n'a pas cru devoir ſe prêter au defir de
S. M. Britannique . Le Comte de Beftuchef ,
Grand Chancelier , a fait remettre au Chevalier
Hambury- Williams , Ambaffadeur d'Angleterre ,
un Mémoire contenant les motifs du refus de l'Impératrice
: il eft conçu en ces termes . « Après la
premiere Réponse à S. E. M. l'Ambaſſadeur de
>> la Grande- Bretagne , lorfqu'il demanda il y a
» deux mois la médiation de S. M. l'Impératrice.
mentre la Cour de Vienne & celle de Berlin , fçavoir
, que S. M. Imperiale ne s'étoit point attenndue
à une pareille démarche de la part de S. M.
Britannique , M. l'Ambaffadeur comprendra fa-
»cilement , dans la fituation où font les affaires
»que le vifempreflement , avec lequel il vient de
»réitérer la même demande au Miniftere de cette
>> Cour , a dû étonner d'autant plus S. M. Impé
»riale , qu'Elle avoit cru pouvoir avec juftice at
wtendre plus d'égard pour ce qui avoit été déja dé
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
claré une fois au fujet de fes difpofitions. L'Im-
» pératrice ordonne donc de faire connoître à Son
>> Excellence , que les intentions de S. M. Impé-
»riale , énoncées dans fa premiere réponse , demeu-
Drant invariablement les mêmes , elle n'écoutera
»plus aucune propofition ultérieure de médiation .
>> Quant aux menaces dont M. l'Ambaſſadeur s'eft
»fervi , & notamment à celle que le Roi de Pruffe
»attaqueroit bientôt lui-même les troupes de l'Impé-
»ratrice , elles ne fervent qu'à diminuer le poids
» de la demande de M. l'Ambaffadeur , & à forti-
»fier S. M. Impériale dans fes réfolutions . >>
Quoique la guerre dans laquelle l'Impératrice
s'engage , autorife la Ruffie à ne point dégarnir
fes magafins , S. M. Impériale , informée de la
difette qui régné en Suede , a permis qu'on ytranfportât
de Nerva & de Riga foixante mille muids
de bled. En même temps elle a ajouté en pur don
dix mille tonneaux de farine , qui feront fournis
du Port de Wibourg.
DE WARSOVIE , le 20 Décembre.
Il s'eft répandu dans le public plufieurs copies
d'une Lettre que le Roi a écrite à l'Empereur ,
& dont voici la fubftance .
« Votre Majeſté s'eft couverte d'une gloire im-
»mortelle , par les Décrets qu'elle a envoyés à la
» Diete générale de l'Empire , fur la premiere nou-
»velle que le Roi de Pruffe avoit envahi nos Etats
» Héréd taires . Arrivés maintenant ici , & pouvant
reprendre librement nos correfpondances ,
>> nous ne devons point différer de vous témoi-
»gner combien nous fommes fenfibles au procé
»dé généreux de Votre Majefté. Nous ne doutons
wpoint que l'Empire de fon côté ne prenne les
FEVRIER. 1757. 197
réfolutions les plus vigoureufes , & ne les exécu
»te , ainfi que l'exige indifpenfablement la fûreté
»de chaque Prince & Etat du Corps Germanique.
»Les hoftilités des Pruffiens contre nos Sujets s'ac
>> cumulent de jour en jour , & elles font déja par-
>>venues à un tel point , que , fi l'on ne nous ac-
»corde au plutôt des fecours , nous fommes mé-
»nacés de la ruine totale de notre Electorat . Notre
»armée que les ennemis avoient bloquée dans fon
»camp de Pirna , forcée par la difette de vivres
»de quitter ce pofte , s'eft vue réduite par une
>>fuite de circonftances défaftreufes , à fe rendre
»prifonniere de guerre. Quelque durs qu'aient
»été les articles de la Capitulation , on ne les a
>> pas même obſervés. Contre le droit de la guer,
»re , on a contraint les Soldats par toute forte
»de mauvais traitemens , d'entrer au fervice dụ
»Roi de Pruffe . Ce Prince continue de s'appro-
>>prier tous nos revenus . Il fe fait payer même des
>>fommes que nous avions remifes aux Débiteurs ,
Dou pour l'acquit defquelles nous leur avions ac-
» cordé des délais. Les Membres des Etats de nos
>> Provinces , & les Officiers de nos Bailliages ,
>> ont eu ordre de fournir un nombre exorbitant de
>>recrues , & d'armer ainfi contre nous- mêmes
>>nos propres Sujets , fous peine d'être condamnés
»à la brouette. A la vue de tant de calamités , il
» ne nous refte qu'à avoir de nouveau recours à
»Votre Majefté , en fa qualité de Chef & Juge
>>Suprême de l'Empire , & à la requérir de réité-
>> rer fes remontrances à nos Co- Etats , afin qu'on
>> s'oppoſe fans délai à des violences qui entraî-
»nent après elles l'anéantiffement des Conftitu-
>>tions & des Loix les plus facrées. Nous nous
»promettons de l'amour reconnu de Votre Majef-
»té pour la juftice , qu'elle ufera des moyens les
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
»plus efficaces , pour que nous foyons remis en
»poffeffion de nos pays Héréditaires , & pour que
>>nous obtenions non feulement une fatisfaction
>>convenable pour le paffé , mais des fûretés fuffifantes
pour l'avenir. »
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Résumé : DU NORD
Le 20 décembre, depuis Pétersbourg, il a été rapporté que le roi de Grande-Bretagne avait demandé à l'impératrice de Russie d'intervenir en tant que médiatrice entre les cours de Vienne, Dresde et Berlin. L'impératrice a refusé cette demande. Le comte Bestuchef, Grand Chancelier, a remis un mémoire au chevalier Hambury-Williams, ambassadeur d'Angleterre, expliquant les motifs du refus. L'impératrice a souligné qu'elle n'avait pas anticipé une telle demande et qu'elle ne changerait pas d'avis. Elle a également mentionné que les menaces de la Prusse, notamment celle d'attaquer ses troupes, ne faisaient que renforcer sa décision. Malgré la guerre, l'impératrice a autorisé l'envoi de soixante mille muids de blé et dix mille tonneaux de farine en Suède, où une disette régnait. Le même jour, depuis Varsovie, une lettre du roi à l'empereur a été diffusée. Le roi exprime sa gratitude pour les décrets envoyés à la Diète générale de l'Empire concernant l'invasion de la Prusse dans ses États héréditaires. Il décrit les hostilités croissantes et les difficultés de son armée, bloquée à Pirna, qui a dû se rendre en raison de la disette. Le roi demande à l'empereur d'intervenir pour stopper les violences et restaurer les constitutions et lois sacrées.
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1360
p. 204-216
Edit du Roi, portant suppression de deux Chambres des Enquêtes, & de plusieurs Offices dans le Parlement de Paris.
Début :
Louis, &c. A tous présens & à venir ; Salut. Nous avons toujours regardé [...]
Mots clefs :
Édit du roi, Offices, Enquêtes, Chambres, Parlement, Conseillers, Présidents, Commissaires, Prix, Justice
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texteReconnaissance textuelle : Edit du Roi, portant suppression de deux Chambres des Enquêtes, & de plusieurs Offices dans le Parlement de Paris.
Edit du Roi , portantfuppreſſion de deux Chambres
des Enquêtes , & de plusieurs Offices dans le
Parlement de Paris.
LOUIS , &c. A tous préſens & à venir ; Salut.
Nous avons toujours régardé l'adminiſtration de
la justice comme la fonction la plus auguſte de
notre puiſſance ſouveraine , &la plus importante
pour le bonheur & la tranquillité de nos ſujets.
Nous fentons tout ce qu'elle exige de notre attentiondans
le choix des Magiſtrats auxquels nous
confions le ſoinde la rendre , & qui deviennent
en cette partie , dépositaires de notre autorité.
Rien ne nous a jamais paru plus contraire au bien
de la justice , que le relâchement dans ce choix ,
&riende plus propre à l'introduire , que la multiplicité
desoffices dejudicature : auſſi nous avons
dans tous les temps envisagé la réduction de leur
nombre comme un véritable bien , & comme
unmoyen de conferver l'honneur & la dignité
de la Magiftrature , que nous avons à coeur
de maintenir. Ces mêmes ſentimens ont animé
les Rois nos prédéceſſeurs ; & fi la difficulté
des circonstances les a quelquefois obligés de
multiplier le nombre des offices, les édits mêmes
de leur création ſont autant de monumens qui
conferveront à jamais le regret qu'ils ont eude
faire uſage de ces reſſources , & qui rappelleront
fans ceſſe la néceflité de le réduire. Nous avons
FEVRIER. 1757 . 205
déja , dans cette vue , ſupprimé un grand nombre
de juridictions inférieures; & quoique les circonftances
actuelles euſſent pu nous engager à ſuſpendre
un ouvrage ſi utile , nous n'avons pu nous
refuſer plus long-temps au voeu des anciennes ordonnances
, & au defir que nous avons de procurer
cet avantage à notre Parlement de Paris.
Nous avons été également touché des viciffitudes
qu'ont éprouvé les prix des offices de notredit
Parlement; elles font ſentir la ſageſſe des ordonnances
, qui avoient pourvu à la fixation du prix
de ces offices , & la néceſſité d'en renouveller les
diſpoſitions. Enfin , ayant reconnu que le droit de
préſider appartient detoute anciennetéà nos Préſidens
du Parlement , dans tous les ſervices ou bureaux
denotredit Parlement , & que les offices de
Préſidens aux Enquêtes , qui n'étoient dans leur
origine que des commiſſions , n'ont été crées en
titre d'office que par l'édit du mois de Mai 1704 ,
Nous voulons rétablir nos Préſidens du Parlement
danslaplénitude des fonctions qui appartiennent
à leurs offices , avec d'autant plus de raiſon ,
que leur nombre , tel qu'il eſt fixé actuellement
&qu'il le demeure irrevocablement, nous femble
ſuffifant pour remplir avec exactitude toutes
les fonctions de la préſidence dans les différens fervices
de notredit Parlement. A ces cauſes , & autres
conſidérations à ce nous mouvant, de l'avis de
notre Conſeil, &de notre certaine ſcience , pleine
puiffance & autorité royale , Nous avons ,
par notre préſent édit perpétuel & irrévocable ,
dit, ſtatué & ordonné , diſons , ſtatuons & ordonnons
, voulons & nous plaît ce qui ſuit.
ART. I. Notre Cour de Parlement ſera com
poſée à l'avenir , & à comptes de ce jour , des
Grand-Chambre & Tournelle , de trois Chambres
206 MERCURE DE FRANCE .
des Enquêtes , &de deux Chambres des Requêtes
du Palais . Avons éteint & fupprimé , éteignons
& fupprimons , à compter pareillement de ce
jour , la quatrieme &lacinquieme Chambre des
Enquêtes; en conféquence , défendons à tous les
Prétidens & Confeillers ſervant actuellement dans
lefdites quatrieme & cinquieme Chambres des
Enquêtes , de s'y aſſembler ſous quelque prétexte
que ce puifle être , déclarant nuls toute délibération
, jugemens , arrêts & procédures qui
pourroient y intervenir , comme contraires à la
preſente diſpoſitions ſaufà être par Nous ſtatué
ci-après ſur le ſervice & la diſtribution des Préfidens&
Confeillers deſdites quatrieme & cinquieme
Chambres des Enquêtes.
II. Nous avons pareillement éteint &fupprimé,
éteignons & fupprimons par le préſent édit , à
compter de ce jour , deux offices de Préſidens
aux Enquêtes actuellement vacans par le décès des
titulaires. Eteignons pareillement & fupprimons
par le préſent édit , & fans qu'il en ſoit beſoin
d'autre, le ſurplus des offices de Préſidens aux
Enquêtes , créés par l'édit du mois de Mai 1604 ,
lorſque leſdits offices viendront à vaquer par mort
ou par démiſſion.
III. Nous avons auſſi éteint & fupprimé , éteignons
& fupprimons foixante offices de Confeillers
laïcs ,& quatre offices de Confeillers clercs en
notredit Parlement de Paris , & une Commiflion
aux Requêtes du Palais ; laquelle fuppreffion aura
lieu dès-à-préſent &à compter de ce jour pour
ceux deſdits offices de Conſeillers laïcs & Conſeillers
cleres , & pour ladite Commiffion , qui
vaquent actuellement; & ne fera effectuée pour
leſurplus que dans les cas de vacance deſdits offi
ees, par mortou par démiſſion ; Nous réſervam
FEVRIER. 1757 . 207
!
1
1
:
1
F
néanmoins la liberté de pourvoir alternativement
àun de deux deſdits offices de Conſeillers laïcs ou
clercs qui viendront à vaquer dans la fuite , & ce ,
juſqu'à ce que la ſuppreſſion par Nous ordonnée
ait eu fon plein&entier effet. :
IV. La Grand-Chambre ſera compoſée du Premier
Préſident , des neufPréfidens du Parlement ,
auquel nombre nous avons fixé irrévocablement
leurs offices , ſans que , ſous prétexte des diſpoſitions
du préſent édit , ou de tout autre , le
nombre deſdits offices puiſſe être augmenté: de
vingt-cinq Conſeillers laïcs , &de douze Conſeillers
clercs ; àl'effet de quoi les quatre plus anciensConſeillers
laïcs des Enquêtes , pafferont actuellement
au ſervice de la Grand-Chambre ; &
pourront leſdits quatre Conſeillers rapporter pendant
une année les procès qui leur auroient été
diftribués dans la Chambre où ils étoientde fervice
, conformément à l'uſage obſervé dans notredit
Parlement de Paris , ſi ce n'est qu'ils fortiffent
de la quatrieme ou cinquieme Chambre des Enquêtes
, ſupprimées par notre préſent édit : au
quel cas ils pourront rapporter leſdits procès pendant
ledit temps d'une année dans l'une des trois
Chambres deſdites Enquêtes.
V. Le Premier Préſident & trois des Préſidens
du Parlement feront toujours de ſervice à la
Grand Chambre , trois deſdits Préfidens du Parlement
ſerviront dans laChambre de la Tournelle,
avec douze Conſeillers laïcs de ladite Grand
Chambre, quatre Confeillers auffi laïcs de chacunedes
trois Chambres des Enquêtes qui y feront
le ſervice pendant les temps accoutumés ; & les
trois autres Préſidens du Parlement préſideront
à chacune deſdites trois Chambres des Enquêtes.
Autoriſons à cet effet lefdits neuf Préſidens du Par
208 MERCURE DE FRANCE.
lement à faire entr'eux, de concert avec le premier
Préſident , tous les ans à la Saint-Martin , la diftribution
de leur ſervice dans lesdites Grand-
Chambre , Tournelle & Chambres des Enquêtes ,
*ainſi qu'ils aviſeront bon être ; & néanmoins ,
voulons & ordonnons que , pour le temps ſeulement
qui reſte à expirer de la tenue actuelle de
notredit Parlement , le Premier Préſident , le ſecond,
le ſeptieme & le huitieme deſdits Préſidens
denotre Parlement , en ordre de réception , fervent
en laGrand-Chambre ; que le troiſieme préfide
en la Tournelle , & que les deux derniers ,
aufli en ordre de réception , y faſſent le ſervice ;
que le quatrieme , dans le même ordre , préſide
enlapremiere Chambre des Enquêtes, le cinquie
me en la ſeconde Chambre des Enquêtes , & le
fixieme en la troiſieme Chambre des Enquêtes :
leur enjoignons de ſe conformer à la diſpotion du
préſent article , à compter de ce jour.
: VI. LesConſeillersde la quatrieme &de la cinquieme
Chambre des Enquêtes paſſeront en nombre
égal dans la premiere , deuxieme & troifieme
Chambre des enquêtes , à l'effet d'y continuer
leurs fonctions , d'y prendre ſéance ſuivant
P'ordre de leur réception , d'y avoir voix & opinion
délibérative , même d'y rapporter les procès
qui leur auroient été diſtribuésdans les Chambres
dans leſquelles ils étoient de ſervice , & d'avoir
part à la diſtribution des procès qui feront échus
auxdites Chambres. Voulons que les Doyens des
Conſeillers deſdites quatrieme & cinquieme
Chambres des Enquêtes continuent dejouirchacunde
la penſion de mille livres dont ilsjouiffoient
, juſqu'a ce qu'ils ſoient en tour de monter
en la Grand-Chambre.
VII. Après que la ſuppreſſion ordonnée par no
FEVRIER. 1757. 209
1
f
f
tre préſent édit , de ſoixante offices deConſeillers
laïcs , de quatre de Conſeillers clercs, &d'une
commiſſion aux Requêtes du Palais , aura eu
ſa pleine& entiere exécution , chacune des trois
Chambres des Enquêtes , préſidées par l'un des
Préſidens du Parlement , ainſi qu'il eſt porté par
l'article V du préſent édit , ſera compoſée detrente-
quatre Conſeillers tant laïcs que clercs , & les
deux Chambres des Requêtes du Palais feront
compoſées chacune de trois Préſidens auxdites
Requêtes , & de quatorze Conſeillers-Commiſſaires
aux Requêtes du Palais.
VIII. Voulons , en conféquence de la diſpoſitiondes
articles V & VII du préſent édit , que les
Préſidens de la premiere , ſeconde & troiſieme
Chambre des Enquêtes , ſoient tenus , à compter
de ce jour , de céder la préſidence dans lesdites
Chambres à nos Préſidens de notredit Parlement
, tant aux audiences , qu'aux jugemens des
procès derapport & viſite des procés de petit ou de
grand Commiſſaire , auxquels néanmoins ils
continueront , fi bon leur ſemble , d'aſſiſter ,
ſans toutefois faire partie du nombre deſdits
Commiffaires, lequel ,pour la viſite des procès de
petit Commiſſaire, ſera compoſé de notredit Préfident
du Parlement , & des quatre plus anciens
Conſeillers deſdites trois Chambres des Enquêtes
&pour ceux des procès qui ſe jugent par Commiſſaires
, le nombre deſdits Commiſſaires ſera
rempli par les dix anciens Conſeillers de chacune
deſdites Chambres & notredit Préſident ; en telle
forte que noſdits Préſidens des Enquêtes ne puiſſent
dorénavant qu'aſſiſter & intervenir dans les
-jugemens eſdites Chambres , ſans y exercer aucune
préſidence , mais ſeulement y conſerver la
ſéance qu'ils y ont eue juſqu'à ce jour. Mainte
210 MERCURE DE FRANCE.
nons & gardons au ſurplus noſdits Préſidens des
Enquêtes dans le rang & féance qui leur ont été
attribués par leur édit de création , du mois de
Mai 1704 , tant aux affemblées de Chambres ,
qu'aux cérémonies publiques & accoutumées.
IX. Les Préfidens de la quatrieme & cinquieme
Chambre des Enquêtes , fupprimées par l'article
premier du préſent édit , pourront choiſir celle
defdites Chambres des Enquêtes qui leur agréera
le plus , pour ycontinuer leur ſervice , conformément
à la diſpoſition de l'article précédent : Et
voulant traiter favorablement tous les Préſidens
des Enquêtes , & les dédommager des droits d'affiſtance&
de la viſite des procès de grand & petit
Commiſſaire, attribuons à tous leſdits Préſidens les
mêmes gages qui avoient été fixés par ledit édit du
mois de Mai 1704 , pour le troiſieme Préſident
ſeulement de chacune des Chambres deſdites Enquêtes.
Ordonnons en conféquence qu'ils foient
tous employés pour leſdits gages dans l'état an.
nuel des gages de notredit Parlement de Paris ;
defquels néanmoins feront retranchés dudit état,
avenant le cas de vacance de chacun deſdits offices
par mort ou par démiſſion : confervons pareillement
aux deux anciens Préſidens des Enquêtes ,
leur vie durant , la penſion de quinze cens livres
que nous leur avons ci-devant accordée .
X. Et dans le cas où aucuns deſdits Préſidens
préféreroient de ſe démettre actuellement de leurs
offices , ordonnons qu'ils en ſoient remboursés ,
fuivant qu'il fera dit ci - après ; & dans ledit cas ſeront
expédiées auxdits Préſidens des Lettres d'Honoraires
, encore même qu'ils n'euſſent exercé
leurs offices pendant l'eſpace de vingt années ,
dont nous les difpenfons , pour , en vertu defdites
lettres , jouir pareux , leurs veuves & eй-
FEVRIER. 1757. : 211
1
E
1
1
$
fans des honneurs , féances & privileges y attachés.
XI . Les Conſeillers qui , après avoir ſervi dans la
quatrieme & cinquieme Chambre des Enquêtes ,
auront obtenu des lettres d'Honoraires pour continuer
d'y prendre place , feront tenus d'opter de
la premiere , de la ſeconde ou de la troiſfieme
Chambre des enquêtes , pour continuer leur fervice
dans l'une deſdites trois Chambres , juſqu'à
ce qu'ils foient en tour de monter à la Grand-
Chambre, fans qu'après ladite option ils puiffent
paffer dans une autre deſdites trois Chambres.
XII . Nous avons éteint & fupprimé , éteignons
& fupprimons les offices de Commis aux
greffes & de Buvetiers des quatrieme & cinquteme
Chambres des Enquêtes , enſemble les offices
des huiffiers ſervans près leſdites Chambres ;
maintenons néanmoins leſditsCommis aux greffes ,
Huiffiers & Buvetiers deſdites quatrieme & cinquieme
Chambres des Enquêtes dans tous les
privileges attribués à leurs offices , deſquels privileges
voulons qu'ils jouiffent pendant leur vie :
autoriſons notre Cour de Parlement à faire tel
reglement qu'elle jugera convenable pour la ſûreté
& conſervation des minutes , pieces , effets
ou deniers qui pourroient ſe trouver dans les
greffes deſdites deux Chambres fupprimées.
XIII. Au cas que leſdites quatrieme & cinquieme
Chambres des Enquêtes aient contracté
quelques dettes , par conſtitution de rente ou
autre ſemblable emprunt; deſquelles rentes ou
dettes les créanciers auroient coutume de percevoir
les arrérages ſur les deniers communs appartenans
auxdites Chambres ; nous déclarons que
nous entendons nous charger de l'acquittement
defdites rentes& dettes; à l'effet de quoi ſera par
212 MERCURE DE FRANCE .
l'ancien Préſident actuel deſdites Chambres , &
les Doyens des Conſeillers d'icelles , remis ès
mains du fieur Contrôleur général de nos finances
un état ſigné d'eux , contenant la qualité &
quotité deſdites dettes , & le nom deſdits créanciers
, pour , ſur ledit état ainſi ſigné&certifié
véritable , être fait fonds ès mains du Payeur des
gages de notredit Parlement , du montant annuel
des arrérages deſdites rentes ou dettes , lefquels
feront par ledit payeur délivrés aux créanciers
ſur leurs quittances, en la forme accoutumée,
tant& fi longuement que leſdites rentes auront
cours , &juſqu'à ce qu'il nous ait plu d'en ordonner
le rembourſement : voulons en outreque tous
les Préſidens & Conſeillers deſdites deux Chambres
demeurent déchargés , comme nous les déchargeons
par notre préſent édit , de tout acquittement
deſdites dettes ; faiſons défenſes de faire à ce
ſujet aucune demande & pourſuite contr'eux ,
àpeine nullité.
XIV. Les offices de Préſidens aux Enquêtes actuellement
vacans , enſemble ceux qui vaqueront
foit par mort ou par démiſſion , feront rembourfés
, ledit cas avenant , ſur le pied de deux cens
mille livres pour chacun deſdits offices , conformément
au prix porté par l'édit de création d'iceux
du mois de Mai 1704 , ou ſur le prix porté
par le contrat d'acquifition , pour ceux qui les auront
acquis àun prix inférieur à celui de ladite
fixation& création. Les offices de Conſeillers laïcs
& clercs , & commiſſions aux Requêtes du Palais
qui vaquent actuellement , & qui ſont ſupprimés
par notre préſent édit, feront rembourſés ſur le
pieddu prix du dernier contrat de vente de ſemblables
offices & commiffions ; & pour ceux qui
viendront à vaquer dans la ſuite , juſqu'à ce que
FEVRIER . 1757 . 213
ladite ſuppreſſion ſoit entièrement effectuée ,
-voulons qu'ils foient rembourſés ſur le pied du prix
du contrat d'acquiſition de chacun d'iceux, pourvu
- que ledit prix n'excede pas la ſomme de cinquante
mille livres. Les offices de Commis aux greffes ,
d'Huiſſiers & de Buvetiers deſdites quatrieme, cinquieme
Chambres des Enquêtes , ſupprimés par
notre préſent édit , feront remboursés aux titulaires
ou repréſentans , ſur le pied du prix des con
trats d'acquifition d'iceux ; même leur ferontpa
reillement rembourſés les frais de réception , à
l'effet de quoi les titulaires ou propriétaires defdits
offices ſupprimés feront tenus de remettre
leurs quittances de finance , contrats d'acquiſition
&autres titres de propriété de leurs offices
entre les mains du ſieur Contrôleur général de nos
finances , pour par eux recevoir leur rembourſement
des deniers qui ſeront par nous deſtinés à cet
effet.
Che
تا
de
XV. Ordonnons que les gages , augmenta
tions de gages attachés aux offices , fi aucuny
a, franc- falés& autres droits attribués aux offices
ſupprimés par notre édit , feront rejettés de nos
états à compter de ce jour ; ce qui n'aura lieu
toutefois à l'égard deſdits offices de Préſidens aux
Enquêtes, de Conſeillers laïes & clercs qui ne font
pas actuellement vacans , que lors de la vacance
d'iceux , juſqu'à la réductiondu nombre fixé par
le préſent édit pour leſdits officesde Conſeillers.
XVI. Defirant de fixer le prix des offices de notre
Parlement de Paris , nous avons ordonné &
ordonnons que le prix des offices de Préſidens de
notredit Parlement, demeurera fixé à la ſomme
de cinq cens mille livres , ſans que , ſous quelque
prétexte que ce ſoit , le prix deſdits offices puiffe
tre augmenté ; celui des offices dePréſidens aux
214 MERCURE DE FRANCE.
Requêtes du Palais , à celle de deux cens mille lilivres;
le prix des offices de Conſeillers laïcs , à la
ſomme de cinquante mille livres ; celui des offices
de Confeillers clercs , à la ſomme de quarante
mille livres ; celui des commiſſions aux Requêtes
du Palais , àcellede vingt mille livres; & le prix
des offices de nos Avocats généraux , à la ſomme
detrois cens mille livres ; révoquant à cet effet
les fixations faites deſdits offices , tant par nous
que par les Rois nos prédéceſſeurs .
,
XVII. Ceux qui defireront être pourvus d'offices
de Préfidens du Parlement Préſidens ès
Chambres des Requêtes du Palais , Conſeillers
laïcs ou clercs , de commiſſions aux Requêtes du
Palais , & d'offices d'Avocats généraux en notre
Parlement de Paris , après en avoir de nous obtenu
l'agrément , ſeront tenus , pour obtenir des
proviſions , de remettre ès mains de notre trèscher
& féal Chevalier Chancelier de France , une
copie en forme du contrat d'acquiſition qu'ils auroient
fait deſdits offices , avec une déclaration
également en forme , ſignée tant de l'acquéreur
que du vendeur deſdits offices , contenant que
le prix porté audit contrat eſt ſincere& véritable ,
qu'il n'y a enaucune façon été contrevenu au préſent
édit , & qu'il n'eſt ni excédant ni au deſſous
de celui porté par la préſente fixation , le tout à
peine de nullité des contrats d'acquifition , & d'êtredéchus
de notre agrément pour leſdits offices ;
en conféquence, défendons à tous Notaires & Tabellions
de paſſer aucun contrat deſdits offices , ni
ftipuler aucun autre prix que celui fixé par le préfent
édit, comme auſſi de recevoir aucune déclaration
ou contre- lettre tendante à diminuer ou augmenter
ledit prix , à peine de nullité deſdits actes
, & d'interdictions contre leſdits Notaires&
Tabellions.
FEVRIER . 1757 . 215
!
XVIII . Voulons & ordonnons que les Conſeillers.
Commiſſaires aux Requêtes du Palais , puiffent à
l'avenir , & à compter de ce jour , monter à la
Grand-Chambre , en ſuivant la date de leur réception
, & ce concurremment avec les Confeillers
des trois Chambres des Enquêtes ; à la charge
néanmoins par ceux deſdits Confeillers- Commiffaires
aux Requêtes du Palais qui voudront monter
à la Grand-Chambre , de ſe démettre de leur
commiſſion trois années avant qu'ils puiſſent
monter à ladite Grand-Chambre , & de venir pendant
leſdites trois années ſervir en l'une des
Chambres des Enquêtes , ou ils ſeront diftribués
en la maniere ordinaire ; & au cas que celui des
Conſeillers Commiſſaires aux Requêtes du Palais ,
qui, par ſon rangde réception, ſeroit naturellement
endroitdemonter à la Grand Chambre, ſe trouvât,
avenant la vacance d'une place en ladite Chambre,
poſſéder encore ſa commiſſion aux Requêtes du
Palais , il perdra pour cette fois ſon rang , ſauf
à le reprendre quand il aura ſervi , comme dit eſt ,
trois années en une Chambre des Enquêtes. Si donnons
en Mandement à nos amés & féaux Conſeillers
les Gens tenant notre Cour de Parlement à
Paris ; que notre préſent édit ils aient à faire lire ,
publier & régiſtrer , & le contenu en icelui garder,
obſerver& exécuter ſelon ſa forme&teneur.
Cartel eſt notre plaiſir. Et afin que ce ſoit choſe
ferme & ſtable àtoujours, nousy avons fait mettre
notre ſcel . Donné à Versailles au mois de Décembre
, l'an de grace mil ſept cent cinquante- fix ,
&de notre regne le quarante-deuxieme. Signé
Louis. Et plus bas , par le Roi , M.P. De Voyer
d'Argenſon. Visa Machault. Vu au Conſeil ,
Peirenc de Moras. Et ſcellé du grand ſceau de cise
verte , en lacs de foie rouge & verte .
?
>
216 MERCURE DE FRANCE.
:
Lu & publié , le Roiſéant enſon Lit de Justice,
& registré , oui , & ce requérant le Procureurgénéral
du Roi , pour être exécuté ſelonsa forme&
teneur. A Paris , en Parlement , le Roi tenantfon
Lit de Justice , le treize Décembre mil ſept cent
cinquante-fix. Signé Dufranc.
des Enquêtes , & de plusieurs Offices dans le
Parlement de Paris.
LOUIS , &c. A tous préſens & à venir ; Salut.
Nous avons toujours régardé l'adminiſtration de
la justice comme la fonction la plus auguſte de
notre puiſſance ſouveraine , &la plus importante
pour le bonheur & la tranquillité de nos ſujets.
Nous fentons tout ce qu'elle exige de notre attentiondans
le choix des Magiſtrats auxquels nous
confions le ſoinde la rendre , & qui deviennent
en cette partie , dépositaires de notre autorité.
Rien ne nous a jamais paru plus contraire au bien
de la justice , que le relâchement dans ce choix ,
&riende plus propre à l'introduire , que la multiplicité
desoffices dejudicature : auſſi nous avons
dans tous les temps envisagé la réduction de leur
nombre comme un véritable bien , & comme
unmoyen de conferver l'honneur & la dignité
de la Magiftrature , que nous avons à coeur
de maintenir. Ces mêmes ſentimens ont animé
les Rois nos prédéceſſeurs ; & fi la difficulté
des circonstances les a quelquefois obligés de
multiplier le nombre des offices, les édits mêmes
de leur création ſont autant de monumens qui
conferveront à jamais le regret qu'ils ont eude
faire uſage de ces reſſources , & qui rappelleront
fans ceſſe la néceflité de le réduire. Nous avons
FEVRIER. 1757 . 205
déja , dans cette vue , ſupprimé un grand nombre
de juridictions inférieures; & quoique les circonftances
actuelles euſſent pu nous engager à ſuſpendre
un ouvrage ſi utile , nous n'avons pu nous
refuſer plus long-temps au voeu des anciennes ordonnances
, & au defir que nous avons de procurer
cet avantage à notre Parlement de Paris.
Nous avons été également touché des viciffitudes
qu'ont éprouvé les prix des offices de notredit
Parlement; elles font ſentir la ſageſſe des ordonnances
, qui avoient pourvu à la fixation du prix
de ces offices , & la néceſſité d'en renouveller les
diſpoſitions. Enfin , ayant reconnu que le droit de
préſider appartient detoute anciennetéà nos Préſidens
du Parlement , dans tous les ſervices ou bureaux
denotredit Parlement , & que les offices de
Préſidens aux Enquêtes , qui n'étoient dans leur
origine que des commiſſions , n'ont été crées en
titre d'office que par l'édit du mois de Mai 1704 ,
Nous voulons rétablir nos Préſidens du Parlement
danslaplénitude des fonctions qui appartiennent
à leurs offices , avec d'autant plus de raiſon ,
que leur nombre , tel qu'il eſt fixé actuellement
&qu'il le demeure irrevocablement, nous femble
ſuffifant pour remplir avec exactitude toutes
les fonctions de la préſidence dans les différens fervices
de notredit Parlement. A ces cauſes , & autres
conſidérations à ce nous mouvant, de l'avis de
notre Conſeil, &de notre certaine ſcience , pleine
puiffance & autorité royale , Nous avons ,
par notre préſent édit perpétuel & irrévocable ,
dit, ſtatué & ordonné , diſons , ſtatuons & ordonnons
, voulons & nous plaît ce qui ſuit.
ART. I. Notre Cour de Parlement ſera com
poſée à l'avenir , & à comptes de ce jour , des
Grand-Chambre & Tournelle , de trois Chambres
206 MERCURE DE FRANCE .
des Enquêtes , &de deux Chambres des Requêtes
du Palais . Avons éteint & fupprimé , éteignons
& fupprimons , à compter pareillement de ce
jour , la quatrieme &lacinquieme Chambre des
Enquêtes; en conféquence , défendons à tous les
Prétidens & Confeillers ſervant actuellement dans
lefdites quatrieme & cinquieme Chambres des
Enquêtes , de s'y aſſembler ſous quelque prétexte
que ce puifle être , déclarant nuls toute délibération
, jugemens , arrêts & procédures qui
pourroient y intervenir , comme contraires à la
preſente diſpoſitions ſaufà être par Nous ſtatué
ci-après ſur le ſervice & la diſtribution des Préfidens&
Confeillers deſdites quatrieme & cinquieme
Chambres des Enquêtes.
II. Nous avons pareillement éteint &fupprimé,
éteignons & fupprimons par le préſent édit , à
compter de ce jour , deux offices de Préſidens
aux Enquêtes actuellement vacans par le décès des
titulaires. Eteignons pareillement & fupprimons
par le préſent édit , & fans qu'il en ſoit beſoin
d'autre, le ſurplus des offices de Préſidens aux
Enquêtes , créés par l'édit du mois de Mai 1604 ,
lorſque leſdits offices viendront à vaquer par mort
ou par démiſſion.
III. Nous avons auſſi éteint & fupprimé , éteignons
& fupprimons foixante offices de Confeillers
laïcs ,& quatre offices de Confeillers clercs en
notredit Parlement de Paris , & une Commiflion
aux Requêtes du Palais ; laquelle fuppreffion aura
lieu dès-à-préſent &à compter de ce jour pour
ceux deſdits offices de Conſeillers laïcs & Conſeillers
cleres , & pour ladite Commiffion , qui
vaquent actuellement; & ne fera effectuée pour
leſurplus que dans les cas de vacance deſdits offi
ees, par mortou par démiſſion ; Nous réſervam
FEVRIER. 1757 . 207
!
1
1
:
1
F
néanmoins la liberté de pourvoir alternativement
àun de deux deſdits offices de Conſeillers laïcs ou
clercs qui viendront à vaquer dans la fuite , & ce ,
juſqu'à ce que la ſuppreſſion par Nous ordonnée
ait eu fon plein&entier effet. :
IV. La Grand-Chambre ſera compoſée du Premier
Préſident , des neufPréfidens du Parlement ,
auquel nombre nous avons fixé irrévocablement
leurs offices , ſans que , ſous prétexte des diſpoſitions
du préſent édit , ou de tout autre , le
nombre deſdits offices puiſſe être augmenté: de
vingt-cinq Conſeillers laïcs , &de douze Conſeillers
clercs ; àl'effet de quoi les quatre plus anciensConſeillers
laïcs des Enquêtes , pafferont actuellement
au ſervice de la Grand-Chambre ; &
pourront leſdits quatre Conſeillers rapporter pendant
une année les procès qui leur auroient été
diftribués dans la Chambre où ils étoientde fervice
, conformément à l'uſage obſervé dans notredit
Parlement de Paris , ſi ce n'est qu'ils fortiffent
de la quatrieme ou cinquieme Chambre des Enquêtes
, ſupprimées par notre préſent édit : au
quel cas ils pourront rapporter leſdits procès pendant
ledit temps d'une année dans l'une des trois
Chambres deſdites Enquêtes.
V. Le Premier Préſident & trois des Préſidens
du Parlement feront toujours de ſervice à la
Grand Chambre , trois deſdits Préfidens du Parlement
ſerviront dans laChambre de la Tournelle,
avec douze Conſeillers laïcs de ladite Grand
Chambre, quatre Confeillers auffi laïcs de chacunedes
trois Chambres des Enquêtes qui y feront
le ſervice pendant les temps accoutumés ; & les
trois autres Préſidens du Parlement préſideront
à chacune deſdites trois Chambres des Enquêtes.
Autoriſons à cet effet lefdits neuf Préſidens du Par
208 MERCURE DE FRANCE.
lement à faire entr'eux, de concert avec le premier
Préſident , tous les ans à la Saint-Martin , la diftribution
de leur ſervice dans lesdites Grand-
Chambre , Tournelle & Chambres des Enquêtes ,
*ainſi qu'ils aviſeront bon être ; & néanmoins ,
voulons & ordonnons que , pour le temps ſeulement
qui reſte à expirer de la tenue actuelle de
notredit Parlement , le Premier Préſident , le ſecond,
le ſeptieme & le huitieme deſdits Préſidens
denotre Parlement , en ordre de réception , fervent
en laGrand-Chambre ; que le troiſieme préfide
en la Tournelle , & que les deux derniers ,
aufli en ordre de réception , y faſſent le ſervice ;
que le quatrieme , dans le même ordre , préſide
enlapremiere Chambre des Enquêtes, le cinquie
me en la ſeconde Chambre des Enquêtes , & le
fixieme en la troiſieme Chambre des Enquêtes :
leur enjoignons de ſe conformer à la diſpotion du
préſent article , à compter de ce jour.
: VI. LesConſeillersde la quatrieme &de la cinquieme
Chambre des Enquêtes paſſeront en nombre
égal dans la premiere , deuxieme & troifieme
Chambre des enquêtes , à l'effet d'y continuer
leurs fonctions , d'y prendre ſéance ſuivant
P'ordre de leur réception , d'y avoir voix & opinion
délibérative , même d'y rapporter les procès
qui leur auroient été diſtribuésdans les Chambres
dans leſquelles ils étoient de ſervice , & d'avoir
part à la diſtribution des procès qui feront échus
auxdites Chambres. Voulons que les Doyens des
Conſeillers deſdites quatrieme & cinquieme
Chambres des Enquêtes continuent dejouirchacunde
la penſion de mille livres dont ilsjouiffoient
, juſqu'a ce qu'ils ſoient en tour de monter
en la Grand-Chambre.
VII. Après que la ſuppreſſion ordonnée par no
FEVRIER. 1757. 209
1
f
f
tre préſent édit , de ſoixante offices deConſeillers
laïcs , de quatre de Conſeillers clercs, &d'une
commiſſion aux Requêtes du Palais , aura eu
ſa pleine& entiere exécution , chacune des trois
Chambres des Enquêtes , préſidées par l'un des
Préſidens du Parlement , ainſi qu'il eſt porté par
l'article V du préſent édit , ſera compoſée detrente-
quatre Conſeillers tant laïcs que clercs , & les
deux Chambres des Requêtes du Palais feront
compoſées chacune de trois Préſidens auxdites
Requêtes , & de quatorze Conſeillers-Commiſſaires
aux Requêtes du Palais.
VIII. Voulons , en conféquence de la diſpoſitiondes
articles V & VII du préſent édit , que les
Préſidens de la premiere , ſeconde & troiſieme
Chambre des Enquêtes , ſoient tenus , à compter
de ce jour , de céder la préſidence dans lesdites
Chambres à nos Préſidens de notredit Parlement
, tant aux audiences , qu'aux jugemens des
procès derapport & viſite des procés de petit ou de
grand Commiſſaire , auxquels néanmoins ils
continueront , fi bon leur ſemble , d'aſſiſter ,
ſans toutefois faire partie du nombre deſdits
Commiffaires, lequel ,pour la viſite des procès de
petit Commiſſaire, ſera compoſé de notredit Préfident
du Parlement , & des quatre plus anciens
Conſeillers deſdites trois Chambres des Enquêtes
&pour ceux des procès qui ſe jugent par Commiſſaires
, le nombre deſdits Commiſſaires ſera
rempli par les dix anciens Conſeillers de chacune
deſdites Chambres & notredit Préſident ; en telle
forte que noſdits Préſidens des Enquêtes ne puiſſent
dorénavant qu'aſſiſter & intervenir dans les
-jugemens eſdites Chambres , ſans y exercer aucune
préſidence , mais ſeulement y conſerver la
ſéance qu'ils y ont eue juſqu'à ce jour. Mainte
210 MERCURE DE FRANCE.
nons & gardons au ſurplus noſdits Préſidens des
Enquêtes dans le rang & féance qui leur ont été
attribués par leur édit de création , du mois de
Mai 1704 , tant aux affemblées de Chambres ,
qu'aux cérémonies publiques & accoutumées.
IX. Les Préfidens de la quatrieme & cinquieme
Chambre des Enquêtes , fupprimées par l'article
premier du préſent édit , pourront choiſir celle
defdites Chambres des Enquêtes qui leur agréera
le plus , pour ycontinuer leur ſervice , conformément
à la diſpoſition de l'article précédent : Et
voulant traiter favorablement tous les Préſidens
des Enquêtes , & les dédommager des droits d'affiſtance&
de la viſite des procès de grand & petit
Commiſſaire, attribuons à tous leſdits Préſidens les
mêmes gages qui avoient été fixés par ledit édit du
mois de Mai 1704 , pour le troiſieme Préſident
ſeulement de chacune des Chambres deſdites Enquêtes.
Ordonnons en conféquence qu'ils foient
tous employés pour leſdits gages dans l'état an.
nuel des gages de notredit Parlement de Paris ;
defquels néanmoins feront retranchés dudit état,
avenant le cas de vacance de chacun deſdits offices
par mort ou par démiſſion : confervons pareillement
aux deux anciens Préſidens des Enquêtes ,
leur vie durant , la penſion de quinze cens livres
que nous leur avons ci-devant accordée .
X. Et dans le cas où aucuns deſdits Préſidens
préféreroient de ſe démettre actuellement de leurs
offices , ordonnons qu'ils en ſoient remboursés ,
fuivant qu'il fera dit ci - après ; & dans ledit cas ſeront
expédiées auxdits Préſidens des Lettres d'Honoraires
, encore même qu'ils n'euſſent exercé
leurs offices pendant l'eſpace de vingt années ,
dont nous les difpenfons , pour , en vertu defdites
lettres , jouir pareux , leurs veuves & eй-
FEVRIER. 1757. : 211
1
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fans des honneurs , féances & privileges y attachés.
XI . Les Conſeillers qui , après avoir ſervi dans la
quatrieme & cinquieme Chambre des Enquêtes ,
auront obtenu des lettres d'Honoraires pour continuer
d'y prendre place , feront tenus d'opter de
la premiere , de la ſeconde ou de la troiſfieme
Chambre des enquêtes , pour continuer leur fervice
dans l'une deſdites trois Chambres , juſqu'à
ce qu'ils foient en tour de monter à la Grand-
Chambre, fans qu'après ladite option ils puiffent
paffer dans une autre deſdites trois Chambres.
XII . Nous avons éteint & fupprimé , éteignons
& fupprimons les offices de Commis aux
greffes & de Buvetiers des quatrieme & cinquteme
Chambres des Enquêtes , enſemble les offices
des huiffiers ſervans près leſdites Chambres ;
maintenons néanmoins leſditsCommis aux greffes ,
Huiffiers & Buvetiers deſdites quatrieme & cinquieme
Chambres des Enquêtes dans tous les
privileges attribués à leurs offices , deſquels privileges
voulons qu'ils jouiffent pendant leur vie :
autoriſons notre Cour de Parlement à faire tel
reglement qu'elle jugera convenable pour la ſûreté
& conſervation des minutes , pieces , effets
ou deniers qui pourroient ſe trouver dans les
greffes deſdites deux Chambres fupprimées.
XIII. Au cas que leſdites quatrieme & cinquieme
Chambres des Enquêtes aient contracté
quelques dettes , par conſtitution de rente ou
autre ſemblable emprunt; deſquelles rentes ou
dettes les créanciers auroient coutume de percevoir
les arrérages ſur les deniers communs appartenans
auxdites Chambres ; nous déclarons que
nous entendons nous charger de l'acquittement
defdites rentes& dettes; à l'effet de quoi ſera par
212 MERCURE DE FRANCE .
l'ancien Préſident actuel deſdites Chambres , &
les Doyens des Conſeillers d'icelles , remis ès
mains du fieur Contrôleur général de nos finances
un état ſigné d'eux , contenant la qualité &
quotité deſdites dettes , & le nom deſdits créanciers
, pour , ſur ledit état ainſi ſigné&certifié
véritable , être fait fonds ès mains du Payeur des
gages de notredit Parlement , du montant annuel
des arrérages deſdites rentes ou dettes , lefquels
feront par ledit payeur délivrés aux créanciers
ſur leurs quittances, en la forme accoutumée,
tant& fi longuement que leſdites rentes auront
cours , &juſqu'à ce qu'il nous ait plu d'en ordonner
le rembourſement : voulons en outreque tous
les Préſidens & Conſeillers deſdites deux Chambres
demeurent déchargés , comme nous les déchargeons
par notre préſent édit , de tout acquittement
deſdites dettes ; faiſons défenſes de faire à ce
ſujet aucune demande & pourſuite contr'eux ,
àpeine nullité.
XIV. Les offices de Préſidens aux Enquêtes actuellement
vacans , enſemble ceux qui vaqueront
foit par mort ou par démiſſion , feront rembourfés
, ledit cas avenant , ſur le pied de deux cens
mille livres pour chacun deſdits offices , conformément
au prix porté par l'édit de création d'iceux
du mois de Mai 1704 , ou ſur le prix porté
par le contrat d'acquifition , pour ceux qui les auront
acquis àun prix inférieur à celui de ladite
fixation& création. Les offices de Conſeillers laïcs
& clercs , & commiſſions aux Requêtes du Palais
qui vaquent actuellement , & qui ſont ſupprimés
par notre préſent édit, feront rembourſés ſur le
pieddu prix du dernier contrat de vente de ſemblables
offices & commiffions ; & pour ceux qui
viendront à vaquer dans la ſuite , juſqu'à ce que
FEVRIER . 1757 . 213
ladite ſuppreſſion ſoit entièrement effectuée ,
-voulons qu'ils foient rembourſés ſur le pied du prix
du contrat d'acquiſition de chacun d'iceux, pourvu
- que ledit prix n'excede pas la ſomme de cinquante
mille livres. Les offices de Commis aux greffes ,
d'Huiſſiers & de Buvetiers deſdites quatrieme, cinquieme
Chambres des Enquêtes , ſupprimés par
notre préſent édit , feront remboursés aux titulaires
ou repréſentans , ſur le pied du prix des con
trats d'acquifition d'iceux ; même leur ferontpa
reillement rembourſés les frais de réception , à
l'effet de quoi les titulaires ou propriétaires defdits
offices ſupprimés feront tenus de remettre
leurs quittances de finance , contrats d'acquiſition
&autres titres de propriété de leurs offices
entre les mains du ſieur Contrôleur général de nos
finances , pour par eux recevoir leur rembourſement
des deniers qui ſeront par nous deſtinés à cet
effet.
Che
تا
de
XV. Ordonnons que les gages , augmenta
tions de gages attachés aux offices , fi aucuny
a, franc- falés& autres droits attribués aux offices
ſupprimés par notre édit , feront rejettés de nos
états à compter de ce jour ; ce qui n'aura lieu
toutefois à l'égard deſdits offices de Préſidens aux
Enquêtes, de Conſeillers laïes & clercs qui ne font
pas actuellement vacans , que lors de la vacance
d'iceux , juſqu'à la réductiondu nombre fixé par
le préſent édit pour leſdits officesde Conſeillers.
XVI. Defirant de fixer le prix des offices de notre
Parlement de Paris , nous avons ordonné &
ordonnons que le prix des offices de Préſidens de
notredit Parlement, demeurera fixé à la ſomme
de cinq cens mille livres , ſans que , ſous quelque
prétexte que ce ſoit , le prix deſdits offices puiffe
tre augmenté ; celui des offices dePréſidens aux
214 MERCURE DE FRANCE.
Requêtes du Palais , à celle de deux cens mille lilivres;
le prix des offices de Conſeillers laïcs , à la
ſomme de cinquante mille livres ; celui des offices
de Confeillers clercs , à la ſomme de quarante
mille livres ; celui des commiſſions aux Requêtes
du Palais , àcellede vingt mille livres; & le prix
des offices de nos Avocats généraux , à la ſomme
detrois cens mille livres ; révoquant à cet effet
les fixations faites deſdits offices , tant par nous
que par les Rois nos prédéceſſeurs .
,
XVII. Ceux qui defireront être pourvus d'offices
de Préfidens du Parlement Préſidens ès
Chambres des Requêtes du Palais , Conſeillers
laïcs ou clercs , de commiſſions aux Requêtes du
Palais , & d'offices d'Avocats généraux en notre
Parlement de Paris , après en avoir de nous obtenu
l'agrément , ſeront tenus , pour obtenir des
proviſions , de remettre ès mains de notre trèscher
& féal Chevalier Chancelier de France , une
copie en forme du contrat d'acquiſition qu'ils auroient
fait deſdits offices , avec une déclaration
également en forme , ſignée tant de l'acquéreur
que du vendeur deſdits offices , contenant que
le prix porté audit contrat eſt ſincere& véritable ,
qu'il n'y a enaucune façon été contrevenu au préſent
édit , & qu'il n'eſt ni excédant ni au deſſous
de celui porté par la préſente fixation , le tout à
peine de nullité des contrats d'acquifition , & d'êtredéchus
de notre agrément pour leſdits offices ;
en conféquence, défendons à tous Notaires & Tabellions
de paſſer aucun contrat deſdits offices , ni
ftipuler aucun autre prix que celui fixé par le préfent
édit, comme auſſi de recevoir aucune déclaration
ou contre- lettre tendante à diminuer ou augmenter
ledit prix , à peine de nullité deſdits actes
, & d'interdictions contre leſdits Notaires&
Tabellions.
FEVRIER . 1757 . 215
!
XVIII . Voulons & ordonnons que les Conſeillers.
Commiſſaires aux Requêtes du Palais , puiffent à
l'avenir , & à compter de ce jour , monter à la
Grand-Chambre , en ſuivant la date de leur réception
, & ce concurremment avec les Confeillers
des trois Chambres des Enquêtes ; à la charge
néanmoins par ceux deſdits Confeillers- Commiffaires
aux Requêtes du Palais qui voudront monter
à la Grand-Chambre , de ſe démettre de leur
commiſſion trois années avant qu'ils puiſſent
monter à ladite Grand-Chambre , & de venir pendant
leſdites trois années ſervir en l'une des
Chambres des Enquêtes , ou ils ſeront diftribués
en la maniere ordinaire ; & au cas que celui des
Conſeillers Commiſſaires aux Requêtes du Palais ,
qui, par ſon rangde réception, ſeroit naturellement
endroitdemonter à la Grand Chambre, ſe trouvât,
avenant la vacance d'une place en ladite Chambre,
poſſéder encore ſa commiſſion aux Requêtes du
Palais , il perdra pour cette fois ſon rang , ſauf
à le reprendre quand il aura ſervi , comme dit eſt ,
trois années en une Chambre des Enquêtes. Si donnons
en Mandement à nos amés & féaux Conſeillers
les Gens tenant notre Cour de Parlement à
Paris ; que notre préſent édit ils aient à faire lire ,
publier & régiſtrer , & le contenu en icelui garder,
obſerver& exécuter ſelon ſa forme&teneur.
Cartel eſt notre plaiſir. Et afin que ce ſoit choſe
ferme & ſtable àtoujours, nousy avons fait mettre
notre ſcel . Donné à Versailles au mois de Décembre
, l'an de grace mil ſept cent cinquante- fix ,
&de notre regne le quarante-deuxieme. Signé
Louis. Et plus bas , par le Roi , M.P. De Voyer
d'Argenſon. Visa Machault. Vu au Conſeil ,
Peirenc de Moras. Et ſcellé du grand ſceau de cise
verte , en lacs de foie rouge & verte .
?
>
216 MERCURE DE FRANCE.
:
Lu & publié , le Roiſéant enſon Lit de Justice,
& registré , oui , & ce requérant le Procureurgénéral
du Roi , pour être exécuté ſelonsa forme&
teneur. A Paris , en Parlement , le Roi tenantfon
Lit de Justice , le treize Décembre mil ſept cent
cinquante-fix. Signé Dufranc.
Fermer
Résumé : Edit du Roi, portant suppression de deux Chambres des Enquêtes, & de plusieurs Offices dans le Parlement de Paris.
En février 1757, le roi Louis promulgue un édit visant à réformer l'administration de la justice en supprimant deux Chambres des Enquêtes et plusieurs offices au Parlement de Paris. Le roi considère la justice comme une fonction souveraine essentielle pour le bonheur et la tranquillité de ses sujets. Il souligne l'importance de la sélection rigoureuse des magistrats et la nécessité de réduire le nombre d'offices pour maintenir l'honneur et la dignité de la magistrature. L'édit supprime la quatrième et la cinquième Chambre des Enquêtes, ainsi que deux offices de Présidents aux Enquêtes vacants. Il supprime également soixante offices de Conseillers laïcs, quatre offices de Conseillers clercs, et une commission aux Requêtes du Palais. Les Conseillers et Présidents des Chambres supprimées sont redistribués dans les Chambres restantes. Le Premier Président et les Présidents du Parlement sont rétablis dans leurs fonctions de présidence, avec une répartition annuelle de leurs services. Les Conseillers des Chambres supprimées intègrent les Chambres restantes en conservant leurs droits et pensions. Les offices de Commis aux greffes, huissiers et buvetiers des Chambres supprimées sont également supprimés, mais leurs titulaires conservent leurs privilèges. L'édit est présenté comme perpétuel et irrévocable, visant à améliorer l'efficacité et la dignité de l'administration judiciaire. Le roi prend en charge le remboursement des dettes contractées par les Chambres supprimées, via un état signé par l'ancien Président et les Doyens des Conseillers, remis au Contrôleur général des finances. Les créanciers recevront les arrérages annuels jusqu'à ce que le roi ordonne le remboursement complet. Les Présidents et Conseillers sont déchargés de toute responsabilité concernant ces dettes. Les modalités de remboursement des offices vacants ou supprimés sont précisées. Les offices de Présidents aux Enquêtes seront remboursés à 200 000 livres, conformément à l'édit de mai 1704 ou au prix d'acquisition. Les offices de Conseillers laïcs et clercs, ainsi que les commissions aux Requêtes du Palais, seront remboursés au prix du dernier contrat de vente, avec une limite de 50 000 livres. Les offices de Commis aux greffes, d'Huissiers et de Buvetiers seront remboursés au prix d'acquisition, incluant les frais de réception. Les gages et autres droits attachés aux offices supprimés seront rejetés des états à compter de la date de l'édit, sauf pour les offices non vacants, qui le seront lors de leur vacance. Le prix des différents offices du Parlement de Paris est fixé, notamment ceux de Présidents, Conseillers laïcs et clercs, et Avocats généraux, avec interdiction d'augmenter ces prix. Enfin, les Conseillers Commissaires aux Requêtes du Palais pourront monter à la Grand-Chambre en suivant la date de leur réception, à condition de se démettre de leur commission trois années auparavant et de servir dans une Chambre des Enquêtes pendant cette période. L'édit est signé par le roi Louis et enregistré au Parlement de Paris le 13 décembre 1756.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1361
p. 224
BÉNÉFICES DONNÉS.
Début :
Sa Majesté a donné l'Abbaye d'Humblieres, Ordre de Saint Benoît, Diocèse [...]
Mots clefs :
Abbaye, Diocèse, Ordre, Religieux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : BÉNÉFICES DONNÉS.
BÉNÉFICES DONNÉS.
Sa Majesté a donné l'Abbaye d'Humblieres ,
Ordre de Saint Benoît , Diocèse de Noyon , au
Prince Camille de Rohan , & l'Abbaye de la Chalade
, Ordre de Citeaux , Diocèſe de Verdun ,
à M. l'Abbé de Broglie.
Le Roi a donné l'Abbaye Réguliere de Corneux
, Ordre de Prémontré , Diocèſe de Beſançon
, à Dom de Belloy , Religieux du même Ordre
, & Prieur de Belloſane , & celle de Puy
d'Orbe , Ordre de Saint Benoît , Diocèse de Langres
, à la Dame Caillet , Prieure de cette Maifon .
Sa Majesté a donné l'Abbaye d'Humblieres ,
Ordre de Saint Benoît , Diocèse de Noyon , au
Prince Camille de Rohan , & l'Abbaye de la Chalade
, Ordre de Citeaux , Diocèſe de Verdun ,
à M. l'Abbé de Broglie.
Le Roi a donné l'Abbaye Réguliere de Corneux
, Ordre de Prémontré , Diocèſe de Beſançon
, à Dom de Belloy , Religieux du même Ordre
, & Prieur de Belloſane , & celle de Puy
d'Orbe , Ordre de Saint Benoît , Diocèse de Langres
, à la Dame Caillet , Prieure de cette Maifon .
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1362
p. 195-203
ALLEMAGNE.
Début :
Un Courier, arrivé le 13 Janvier de Versailles ; a apporté l'effrayante [...]
Mots clefs :
Impératrice Reine, Vienne, Prières publiques, Roi de France, Convention sur les déserteurs, Général Lascy, Attaque du poste d'Ostritz, Litoměřice, Dresde, Monnaie, Saxe, Roi de Prusse, Ratisbonne, Écrit, Remarques au sujet des écrits du roi de Prusse, Diète générale de l'Empire, Liège, Surveillance des étrangers, Prières, Discours
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 29 Janvier.
UN Courier , arrivé le 13 Janvier de Verfailles ;
a apporté l'effrayante nouvelle du danger auquel
a été exposé le Roi Très - Chrétien. Auffitôt l'Impératrice
Reine manda au Cardinal de Trautſon ,
Archevêque de cette Ville , d'ordonner des prieres
publiques , pour obtenir du Ciel la confervation
d'un Prince , dont les jours font fi précieux à l'Europe
. Les Eglifes font remplies d'une affluence extraordinaire
de perfonnes de tous les Ordres , qui
demandent à Dieu le rétabliſſement de la fanté de
ce Monarque .
Notre Cour vient de conclure avec celle de France
une convention , par laquelle elles s'engagent à
Le rendre réciproquement les déferteurs de leurs
troupes. Cette convention commencera le premier
du mois prochain à avoir ſon effet .
DE LEITMERITZ , le 7 Janvier.
Le premier de ce mois , le Général Lafcy fit attaquer
par cinq cens Croates le poſte d'Óftritz ,
où il y avoit trois cens Pruffiens . Le Major Blumenthal
, qui y commandoit , fut tué. Les enne,
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
mis perdirent deux autres Officiers & trente - huit
Soldats. On fit neuf prifonniers. Le refte fut difper.
fé. De notre côté , il y eut un Capitaine tué , un
Lieutenant & fix Soldats bleffés . Le lendemain, les
Pruffiens reprirent ce pofte. Ils l'ont fait occuper
par mille hommes , & ils y ont mis quatre pieces
de canon.
DE DRESDE , le premier Février.
Le fieur Frege , Directeur de la Monnoie de
Leipfick , a eu ordre du Directoire Général de
Guerre du Roi de Pruffe , de délivrer , fous peine
d'être mis aux fers , les coins , les inftrumens néceffaires
à frapper des efpeces , & même les matieres
d'or & d'argent qu'il avoit fous fa garde.
Les exécutions militaires contre les Bailliages
qui n'ont pas fourni le nombre de recrues exigé ,
s'effectuent avec rigueur.
Malgré les circonftances où se trouve la Saxe ,
la Reine , le Prince Royal , la Princeffe fon épouse ,
& les Princes Albert & Clement, envoyerent complimenter
le Roi de Pruffe le jour anniverſaire de
fa naiffance. S. M. Pruffienne fit l'accueil le plus
gracieux aux Seigneurs chargés de s'acquitter de
ce cérémonial. Elle les affura qu'Elle ne defiroit
rien avec plus d'ardeur , que de pouvoir délivrer la
Saxe du Séjour des troupes étrangeres. Le 28 du
mois dernier , ce Prince partit pour la Siléfie.
Plufieurs des Régimens Pruffiens qui font en cette
Ville , ont reçu ordre de fe tenir prêts à marcher.
Plufieurs remifes confidérables , que la Reine a
reçues , ont mis cette Princefle en état , non feulement
d'acquitter une partie des dettes que de
malheureufes circonftances l'ont obligée de contracter
, mais encore de faire fentir les effets de fa
générosité aux Officiers Saxons , qui ont beſoin
MAR S. 1757. 197
de fecours , On a diſtribué ici clandeftinement divers
exemplaires d'un Ecrit anonyme , intitulé ,
Démonftrationfuccincte que le Royaume de Boheme
appartient au Roi de Pruffe. L'Auteur , pour établir
le prétendu droit de S. M. Pruffienne , remonte à
Marguerite , Princeffe de Boheme , qui dans le
quinzieme fiecle fut mariée à Jean III , Margrave
de Brandebourg. Le Roi de Pruffe , indigné qu'on
lui prêtât des vues contraires à celles qu'il a annoncées
dans fes Déclarations , a ordonné que
l'ouvrage fût brûlé par la main du Bourreau . Ce
Prince fait faire d'exactes perquifitions , pour découvrir
l'Auteur & l'Imprimeur.
9
En différens endroits , les Officiers Pruffiens
ont fait ouvrir les prifons , & ont enrôlé toutes les
perfonnes qu'ils y ont trouvées propres à porter
les armes. Depuis quelque temps ils engagent indiftinctement
tous les jeunes gens , foit artifans
foit domeftiques , fans avoir égard ni à la profeffion
, ni à la livrée. Le Roi de Pruffe a fait publier
une Ordonnance , par laquelle il enjoint à tous les
Saxons qui font à fon fervice , & qui poffedent
des biens fonds , de les vendre , & de dépofer à la
caiffe du Directoire militaire les fommes qui pro .
viendront de la vente. S'ils ont quelques préten
tions à faire valoir , les Bailliages refpectifs font
tenus de leur rendre prompte juftice , & les deniers
provenans de ces prétentions feront portés
pareillement à ladite caiffe.
DE RATISBONNE , le 25 Janvier.
On a reçu ici plufieurs exemplaires d'un Ecrit
que la Cour de Vienne vient de faire publier. , &
qui eft intitulé , Remarques fur les Manifeftes , Lettres
Circulaires autres Mémoires , donnés de la
I iij
198 MERCURE DE FRANCE .
part du Roi de Pruffe. Cette Piece contient trentefept
pages in-4° . Voici quelques-uns des principaux
traits qu'elle renferme . « Le Roi de Pruffe
prétend avoir feul le droit de tenir en tout tems
» de grandes armées prêtes à marcher , & d'aug-
» menter fucceffivement , fans aucun danger ap-
» parent , le nombre de fes troupes . Il s'arroge
» même le privilege de faire enlever , tantôt par
» rufe , tantôt par violence , les Sujets aux Souve-
» rains , les Miniftres aux Eglifes , les enfans aux
» peres , les peres aux enfans. En même temps , il
» ne veut pas qu'une Puiffance voifine puiffe le
»foupçonner d'un deffein offenfif, & qu'elle fe
» concerte avec d'autres Puiffances pour Le défen-
» dre en cas d'attaque..... Lorſqu'une Puiffance
» fonge à completter fes troupes , & à pourvoir
» d'artillerie & de munitions fes places frontieres ,
>> il croit pouvoir lui demander fierement , l'épée
» à la main , le motifde telles précautions. Si elle
» ne s'explique pas d'abord dans les termes qu'il
» lui preferit , & fi elle ne promet formellement
» de fufpendre les préparatifs qu'elle a commen-
» cés pour fa défenfe , il va jufqu'à la menacer
» de l'attaquer inceffamment avec une armée for-
» midable...... L'article ſecret du Traité de Pé-
» terfbourg devoit-il caufer quelque ombrage au
» Roi de Prufle ? Au devant de cet article , on avoit
> eu foin de mettre ces paroles remarquables : ( Si
contre toute attente , & contre les voeux communs
» S. M. Pruffienne eft la premiere à fe départir de
les
la Paix de Drefde. ) On avoit ajouté , que
» deux Parties Contractantes mettroient tout en
» ufage pour prévenir un tel inconvénient . Ces clau-
» fes ne prouvoient- elles pas évidemment que , fi
» l'Impératrice Reine fe réfervoit le droit de re-
» vendiquer la Siléfie , & d'employer le fecours
MAR S. 1757. 199
de fes Alliés pour la recouvrer , c'étoit feule-
» ment dans le cas où , malgré les voeux com-
» muns de l'Impératrice Reine & de l'Impératrice
» de Ruffie , & malgré toutes les peines qu'Elles
>> emploieroient pour le maintien de la paix , le
» Roi de Pruffe tenteroit une nouvelle aggref-
» fion ? .... Pour ce qui regarde la découverte de
» cet article , S. M. Pruffienne pouvoit s'épargner
» un expédient auffi illicite que celui de forcer un
» Cabinet Royal dans un pays neutre , puifque la
» Cour de Vienne n'auroit fait aucune difficulté
» difficulté d'avouer qu'elle a porté toujours fa plus
» grande attention fur les préparatifs de guerre
» des Pruffiens & fur leurs vexations , & qu'elle
» s'eft fervie de tous les moyens néceffaires & juf-
» tes , pour donner à l'auteur des troubles , s'il eft
» poffible , lieu de ſe repentir de ſes violences &
» de fes injuftices. >>
Le 17 de ce mois , la Diete générale de l'Empire
donna le Conclufum fuivant. « De la part des
Electeurs , Princes & Etats de l'Empire , on dé-
» clare à M. le Prince de la Tour - Taxis , Princi-
» pal Commiffaire de l'Empereur , qu'on a due-
» ment propofé aux trois Colleges de l'Empire ,
» & mis en délibération les Décrets de Commif-
» fion Impériale , portés les 20 Septembre & 18
» Octobre de l'année derniere , à la Dictature , au
» fujet de l'invaſion hoftile du Roi de Pruffe Elec-
>> teur de Brandebourg , dans la Saxe & dans la
>> Boheme ; ainfi que la Lettre de S. M. l'Impéra-
» trice Reine , du 21 Octobre , & les Mémoires
» préſentés par les Miniftres de Saxe & de Brande-
» bourg les 23 Septembre & 20 Décembre der-
» niers : qu'on a vu , par leur contenu , toutes les
» circonftances de l'irruption faite par les troupes
» Pruffiennes dans les Etats de l'Impératrice Rei-
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
>> ne & du Roi de Pologne Electeur de Saxe , la
>> maniere dont l'Electorat de Saxe & autres Etats
» ont été faifis & font encore détenus , & enfin les
» Mandemens émanés du Juge Suprême de l'Em-
» pire contre ces entreprifes : qu'après une mûre
» délibération , telle que l'importance de l'affaire
» l'exigeoit , il a été conclu & arrêté que S. M.
» Impériale feroit très-refpectueufement remer-
» ciée de fes foins paternels pour le rétabliſſement
» de la tranquillité publique : qu'en même temps
» Elle feroit très - humblement requife de conti-
>> nuer d'agir , comme Elle a commencé , fui-
» vant les Loix & Conftitutions de la Patrie , ( en
particulier felon l'ordonnance d'exécution , la
» paix de Weftphalie & la Capitulation Impéria-
» le ) , afin que par les moyens déja mis en oeuvre
» & ceux qu'on emploiera , non feulement S. M.
» le Roi de Pologne foit remis en poffeffion de fes
Etats avec le dédommagement le plus complet ,
>> mais auffi que S. M. l'Impératrice , comme
» Reine & Electrice de Boheme , obtienne la ſatisfaction
qui lui eft dûe : qu'en conféquence
» des Excicatoires de S. M. Impériale , tous les
» Co-Etats de l'Empire , qui ont à coeur le main-
» tien de la Conftitution fondamentale du Corps
» Germanique , concourront de tout leur pou-
» voir aux moyens de parvenir au but propofé par
» Sadite Majefté : que pour fecourir tant les Etats
opprimés que ceux qui pourroient dans la fuite
» éprouver le même fort , tous les Cercles porte-
» ront fans délai leurs contingens au triple , & les
tiendront prêts à marcher avec tout ce qui eft
» néceffaire au fervice. On fe réſerve une expli-
» cation ultérieure fur les autres points des Décrets
de Commiſſion. »
MARS . 1757 . 201
DE LIEGE , le 31 Janvier.
Dès qu'on eut reçu
ici la nouvelle de l'attentat
commis contre la Perfonne de Louis XV , on donna
ordre d'arrêter & d'examiner , fans diſtinction
de rang , tous les étrangers qui arriveroient
en cet-
Ville. Les Etats de l'Evêché , étant actuellement
affemblés , députerent à M. Durand d'Aubigny ,
Réfident de France , pour lui témoigner le vif intérêt
qu'ils prennent àla confervation
de Sa Majefté
Très- Chrétienne. Le 14 , les Chanoines de l'Eglife
Collégiale de Saint Martin , dont le Roi de
France eft protecteur , firent chanter une grande
Meffe en mufique , en action de graces de ce qu'il
a plu à Dieu de fauver les jours de ce Monarque.
Les Chanoines Réguliers de l'Abbaye du Val
des Ecoliers de cette Ville , coururent fe profterner
au pied des Autels , pour obtenir du Ciel la
confervation de ce Monarque. Pendant neufjours,
ils ont continué leurs prieres. Lorsqu'ils eurent
appris la guérifon de S. M. Très - Chrétienne , ils
réfolurent de rendre de folemnelles actions de
graces au Tout-Puiffant. Le 27 de ce mois , jour
fixé pour cette cérémonie , elle fut annoncée le
matin par une falve de boîtes , qui fut répétée à
midi. M. d'Aubigny , Réfident de France , s'étant
rendu à l'Abbaye , l'Abbé à la tête des Chanoines
, & en habits pontificaux , le reçut à la porte
de l'Eglife , & lui adreffa ce difcours : « Mon-
» fieur , effuyons nos larmes , & oublions , s'il
» fe peut , les horreurs qui les ont fait couler ,
» pour ne penfer qu'aux miféricordes de l'Eternel ,
» qui vient d'arracher à la mort un Prince dont la
» perte eût été pour nous le comble des malheurs..
Qu'il vive ce grand Roi , la gloire & les délices
1 v
202 MERCURE DE FRANCE.
» de la France ! Qu'il vive ce Prince Bien- Aimé !
>> Qu'il jouiffe longtemps des douceurs d'un nom
>> plus cher pour lui , que ceux qu'il s'eft acquis
9.
par les victoires ! C'eft en ne laiffant échapper
>> aucune occafion de mériter le nom de Bien-Ai-
» mé, de la part de l'Etranger même , que ce
» Roi pacifique étend chaque jour les bornes de
>> fon Empire au- delà des pays de fa domination .
» Nous en fommes témoins , Monfieur , & nous
» le publions avec joie. Louis eft pour les Voifins
» comme pour les François , Louis le Bien - Aimé.
>> C'eft un hommage & un tribut que la recon-
>> noiffance ne peut refufer à la générofité de ce
>> Prince bienfaifant . Que ne puis - je , Monfieur
» répandre dans le fein du Miniftre d'un fi grand
» Roi tous les fentimens que le devoir & l'amour
» le plus refpectueux m'infpirent ! ... Mais la
» Religion nous appelle dans le Sanctuaire. Al-
» lons , Monfieur , rendre gloire à Dieu du pro-
» dige éclatant qu'il a opéré pour la confervation
» du Fils Aîné de fon Eglife. Demandons en mê-
» me temps que fa main bienfaifante demeure
» étendue fur l'homme de fa droite , pour le protéger
& pour le défendre . Qu'il ajoute long-
» temps des jours à des jours fi précieux ! Le Ciel
attend nos voeux , pour les exaucer , & pour
>> nous prouver que Louis eft autant le Bien-Aimé
» de Dieu que des hommes . >>
On conduifit M. d'Aubigny dans le Choeur , &
le Te Deum fut chanté en Mufique . L'Eglife étoit
ornée avec la plus grande magnificence. Une tenture
, enrichie de fleurs de lys d'or , entouroit le
Choeur , jufqu'à la naiffance de la voute , & le
Chiffre de Louis XV étoit placé d'efpace en efpace
dans des cartouches. Des girandoles chargées de
bougies formoient un triple cordon de lumieres.
MARS. 1757. 203
Plufieurs luftres , qui defcendoient de la voûte ,
augmentoient le brillant de l'illumination . Vis - àvis
du fauteuil du Célébrant , on avoit élevé un
trône où étoit le Portrait de S. M. Très- Chrétienne
, auquel on a rendu les mêmes honneurs
que fi Elle avoit été préfente. Le Portrait étoit
couronné de cette Infcription : Dilectus Deo &
hominibus. On lifoit à la droite du trône ces
rots : Obducam cicatricem tibi , & à vulneribus
tuis fanabo te ; & à la gauche ceux - ci : Sanavi
Ludovicum reduxi , & reddidi confolationes
lugentibus eum. L'illumination de la Nef répondoit
à celle du Choeur. L'architecture de la tribune
dans laquelle eft l'Orgue , étoit deffinée avec.
des pots à feu. Des deux côtés de l'Orgue s'élevoient
deux pyramides de lampions. Un cordon
de flambeaux de cire blanche régnoit tout le long
de la corniche . Le portail de l'Eglife & les bâtimens
qui l'environnent , étoient entiérement illuminés.
DE VIENNE , le 29 Janvier.
UN Courier , arrivé le 13 Janvier de Verfailles ;
a apporté l'effrayante nouvelle du danger auquel
a été exposé le Roi Très - Chrétien. Auffitôt l'Impératrice
Reine manda au Cardinal de Trautſon ,
Archevêque de cette Ville , d'ordonner des prieres
publiques , pour obtenir du Ciel la confervation
d'un Prince , dont les jours font fi précieux à l'Europe
. Les Eglifes font remplies d'une affluence extraordinaire
de perfonnes de tous les Ordres , qui
demandent à Dieu le rétabliſſement de la fanté de
ce Monarque .
Notre Cour vient de conclure avec celle de France
une convention , par laquelle elles s'engagent à
Le rendre réciproquement les déferteurs de leurs
troupes. Cette convention commencera le premier
du mois prochain à avoir ſon effet .
DE LEITMERITZ , le 7 Janvier.
Le premier de ce mois , le Général Lafcy fit attaquer
par cinq cens Croates le poſte d'Óftritz ,
où il y avoit trois cens Pruffiens . Le Major Blumenthal
, qui y commandoit , fut tué. Les enne,
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
mis perdirent deux autres Officiers & trente - huit
Soldats. On fit neuf prifonniers. Le refte fut difper.
fé. De notre côté , il y eut un Capitaine tué , un
Lieutenant & fix Soldats bleffés . Le lendemain, les
Pruffiens reprirent ce pofte. Ils l'ont fait occuper
par mille hommes , & ils y ont mis quatre pieces
de canon.
DE DRESDE , le premier Février.
Le fieur Frege , Directeur de la Monnoie de
Leipfick , a eu ordre du Directoire Général de
Guerre du Roi de Pruffe , de délivrer , fous peine
d'être mis aux fers , les coins , les inftrumens néceffaires
à frapper des efpeces , & même les matieres
d'or & d'argent qu'il avoit fous fa garde.
Les exécutions militaires contre les Bailliages
qui n'ont pas fourni le nombre de recrues exigé ,
s'effectuent avec rigueur.
Malgré les circonftances où se trouve la Saxe ,
la Reine , le Prince Royal , la Princeffe fon épouse ,
& les Princes Albert & Clement, envoyerent complimenter
le Roi de Pruffe le jour anniverſaire de
fa naiffance. S. M. Pruffienne fit l'accueil le plus
gracieux aux Seigneurs chargés de s'acquitter de
ce cérémonial. Elle les affura qu'Elle ne defiroit
rien avec plus d'ardeur , que de pouvoir délivrer la
Saxe du Séjour des troupes étrangeres. Le 28 du
mois dernier , ce Prince partit pour la Siléfie.
Plufieurs des Régimens Pruffiens qui font en cette
Ville , ont reçu ordre de fe tenir prêts à marcher.
Plufieurs remifes confidérables , que la Reine a
reçues , ont mis cette Princefle en état , non feulement
d'acquitter une partie des dettes que de
malheureufes circonftances l'ont obligée de contracter
, mais encore de faire fentir les effets de fa
générosité aux Officiers Saxons , qui ont beſoin
MAR S. 1757. 197
de fecours , On a diſtribué ici clandeftinement divers
exemplaires d'un Ecrit anonyme , intitulé ,
Démonftrationfuccincte que le Royaume de Boheme
appartient au Roi de Pruffe. L'Auteur , pour établir
le prétendu droit de S. M. Pruffienne , remonte à
Marguerite , Princeffe de Boheme , qui dans le
quinzieme fiecle fut mariée à Jean III , Margrave
de Brandebourg. Le Roi de Pruffe , indigné qu'on
lui prêtât des vues contraires à celles qu'il a annoncées
dans fes Déclarations , a ordonné que
l'ouvrage fût brûlé par la main du Bourreau . Ce
Prince fait faire d'exactes perquifitions , pour découvrir
l'Auteur & l'Imprimeur.
9
En différens endroits , les Officiers Pruffiens
ont fait ouvrir les prifons , & ont enrôlé toutes les
perfonnes qu'ils y ont trouvées propres à porter
les armes. Depuis quelque temps ils engagent indiftinctement
tous les jeunes gens , foit artifans
foit domeftiques , fans avoir égard ni à la profeffion
, ni à la livrée. Le Roi de Pruffe a fait publier
une Ordonnance , par laquelle il enjoint à tous les
Saxons qui font à fon fervice , & qui poffedent
des biens fonds , de les vendre , & de dépofer à la
caiffe du Directoire militaire les fommes qui pro .
viendront de la vente. S'ils ont quelques préten
tions à faire valoir , les Bailliages refpectifs font
tenus de leur rendre prompte juftice , & les deniers
provenans de ces prétentions feront portés
pareillement à ladite caiffe.
DE RATISBONNE , le 25 Janvier.
On a reçu ici plufieurs exemplaires d'un Ecrit
que la Cour de Vienne vient de faire publier. , &
qui eft intitulé , Remarques fur les Manifeftes , Lettres
Circulaires autres Mémoires , donnés de la
I iij
198 MERCURE DE FRANCE .
part du Roi de Pruffe. Cette Piece contient trentefept
pages in-4° . Voici quelques-uns des principaux
traits qu'elle renferme . « Le Roi de Pruffe
prétend avoir feul le droit de tenir en tout tems
» de grandes armées prêtes à marcher , & d'aug-
» menter fucceffivement , fans aucun danger ap-
» parent , le nombre de fes troupes . Il s'arroge
» même le privilege de faire enlever , tantôt par
» rufe , tantôt par violence , les Sujets aux Souve-
» rains , les Miniftres aux Eglifes , les enfans aux
» peres , les peres aux enfans. En même temps , il
» ne veut pas qu'une Puiffance voifine puiffe le
»foupçonner d'un deffein offenfif, & qu'elle fe
» concerte avec d'autres Puiffances pour Le défen-
» dre en cas d'attaque..... Lorſqu'une Puiffance
» fonge à completter fes troupes , & à pourvoir
» d'artillerie & de munitions fes places frontieres ,
>> il croit pouvoir lui demander fierement , l'épée
» à la main , le motifde telles précautions. Si elle
» ne s'explique pas d'abord dans les termes qu'il
» lui preferit , & fi elle ne promet formellement
» de fufpendre les préparatifs qu'elle a commen-
» cés pour fa défenfe , il va jufqu'à la menacer
» de l'attaquer inceffamment avec une armée for-
» midable...... L'article ſecret du Traité de Pé-
» terfbourg devoit-il caufer quelque ombrage au
» Roi de Prufle ? Au devant de cet article , on avoit
> eu foin de mettre ces paroles remarquables : ( Si
contre toute attente , & contre les voeux communs
» S. M. Pruffienne eft la premiere à fe départir de
les
la Paix de Drefde. ) On avoit ajouté , que
» deux Parties Contractantes mettroient tout en
» ufage pour prévenir un tel inconvénient . Ces clau-
» fes ne prouvoient- elles pas évidemment que , fi
» l'Impératrice Reine fe réfervoit le droit de re-
» vendiquer la Siléfie , & d'employer le fecours
MAR S. 1757. 199
de fes Alliés pour la recouvrer , c'étoit feule-
» ment dans le cas où , malgré les voeux com-
» muns de l'Impératrice Reine & de l'Impératrice
» de Ruffie , & malgré toutes les peines qu'Elles
>> emploieroient pour le maintien de la paix , le
» Roi de Pruffe tenteroit une nouvelle aggref-
» fion ? .... Pour ce qui regarde la découverte de
» cet article , S. M. Pruffienne pouvoit s'épargner
» un expédient auffi illicite que celui de forcer un
» Cabinet Royal dans un pays neutre , puifque la
» Cour de Vienne n'auroit fait aucune difficulté
» difficulté d'avouer qu'elle a porté toujours fa plus
» grande attention fur les préparatifs de guerre
» des Pruffiens & fur leurs vexations , & qu'elle
» s'eft fervie de tous les moyens néceffaires & juf-
» tes , pour donner à l'auteur des troubles , s'il eft
» poffible , lieu de ſe repentir de ſes violences &
» de fes injuftices. >>
Le 17 de ce mois , la Diete générale de l'Empire
donna le Conclufum fuivant. « De la part des
Electeurs , Princes & Etats de l'Empire , on dé-
» clare à M. le Prince de la Tour - Taxis , Princi-
» pal Commiffaire de l'Empereur , qu'on a due-
» ment propofé aux trois Colleges de l'Empire ,
» & mis en délibération les Décrets de Commif-
» fion Impériale , portés les 20 Septembre & 18
» Octobre de l'année derniere , à la Dictature , au
» fujet de l'invaſion hoftile du Roi de Pruffe Elec-
>> teur de Brandebourg , dans la Saxe & dans la
>> Boheme ; ainfi que la Lettre de S. M. l'Impéra-
» trice Reine , du 21 Octobre , & les Mémoires
» préſentés par les Miniftres de Saxe & de Brande-
» bourg les 23 Septembre & 20 Décembre der-
» niers : qu'on a vu , par leur contenu , toutes les
» circonftances de l'irruption faite par les troupes
» Pruffiennes dans les Etats de l'Impératrice Rei-
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
>> ne & du Roi de Pologne Electeur de Saxe , la
>> maniere dont l'Electorat de Saxe & autres Etats
» ont été faifis & font encore détenus , & enfin les
» Mandemens émanés du Juge Suprême de l'Em-
» pire contre ces entreprifes : qu'après une mûre
» délibération , telle que l'importance de l'affaire
» l'exigeoit , il a été conclu & arrêté que S. M.
» Impériale feroit très-refpectueufement remer-
» ciée de fes foins paternels pour le rétabliſſement
» de la tranquillité publique : qu'en même temps
» Elle feroit très - humblement requife de conti-
>> nuer d'agir , comme Elle a commencé , fui-
» vant les Loix & Conftitutions de la Patrie , ( en
particulier felon l'ordonnance d'exécution , la
» paix de Weftphalie & la Capitulation Impéria-
» le ) , afin que par les moyens déja mis en oeuvre
» & ceux qu'on emploiera , non feulement S. M.
» le Roi de Pologne foit remis en poffeffion de fes
Etats avec le dédommagement le plus complet ,
>> mais auffi que S. M. l'Impératrice , comme
» Reine & Electrice de Boheme , obtienne la ſatisfaction
qui lui eft dûe : qu'en conféquence
» des Excicatoires de S. M. Impériale , tous les
» Co-Etats de l'Empire , qui ont à coeur le main-
» tien de la Conftitution fondamentale du Corps
» Germanique , concourront de tout leur pou-
» voir aux moyens de parvenir au but propofé par
» Sadite Majefté : que pour fecourir tant les Etats
opprimés que ceux qui pourroient dans la fuite
» éprouver le même fort , tous les Cercles porte-
» ront fans délai leurs contingens au triple , & les
tiendront prêts à marcher avec tout ce qui eft
» néceffaire au fervice. On fe réſerve une expli-
» cation ultérieure fur les autres points des Décrets
de Commiſſion. »
MARS . 1757 . 201
DE LIEGE , le 31 Janvier.
Dès qu'on eut reçu
ici la nouvelle de l'attentat
commis contre la Perfonne de Louis XV , on donna
ordre d'arrêter & d'examiner , fans diſtinction
de rang , tous les étrangers qui arriveroient
en cet-
Ville. Les Etats de l'Evêché , étant actuellement
affemblés , députerent à M. Durand d'Aubigny ,
Réfident de France , pour lui témoigner le vif intérêt
qu'ils prennent àla confervation
de Sa Majefté
Très- Chrétienne. Le 14 , les Chanoines de l'Eglife
Collégiale de Saint Martin , dont le Roi de
France eft protecteur , firent chanter une grande
Meffe en mufique , en action de graces de ce qu'il
a plu à Dieu de fauver les jours de ce Monarque.
Les Chanoines Réguliers de l'Abbaye du Val
des Ecoliers de cette Ville , coururent fe profterner
au pied des Autels , pour obtenir du Ciel la
confervation de ce Monarque. Pendant neufjours,
ils ont continué leurs prieres. Lorsqu'ils eurent
appris la guérifon de S. M. Très - Chrétienne , ils
réfolurent de rendre de folemnelles actions de
graces au Tout-Puiffant. Le 27 de ce mois , jour
fixé pour cette cérémonie , elle fut annoncée le
matin par une falve de boîtes , qui fut répétée à
midi. M. d'Aubigny , Réfident de France , s'étant
rendu à l'Abbaye , l'Abbé à la tête des Chanoines
, & en habits pontificaux , le reçut à la porte
de l'Eglife , & lui adreffa ce difcours : « Mon-
» fieur , effuyons nos larmes , & oublions , s'il
» fe peut , les horreurs qui les ont fait couler ,
» pour ne penfer qu'aux miféricordes de l'Eternel ,
» qui vient d'arracher à la mort un Prince dont la
» perte eût été pour nous le comble des malheurs..
Qu'il vive ce grand Roi , la gloire & les délices
1 v
202 MERCURE DE FRANCE.
» de la France ! Qu'il vive ce Prince Bien- Aimé !
>> Qu'il jouiffe longtemps des douceurs d'un nom
>> plus cher pour lui , que ceux qu'il s'eft acquis
9.
par les victoires ! C'eft en ne laiffant échapper
>> aucune occafion de mériter le nom de Bien-Ai-
» mé, de la part de l'Etranger même , que ce
» Roi pacifique étend chaque jour les bornes de
>> fon Empire au- delà des pays de fa domination .
» Nous en fommes témoins , Monfieur , & nous
» le publions avec joie. Louis eft pour les Voifins
» comme pour les François , Louis le Bien - Aimé.
>> C'eft un hommage & un tribut que la recon-
>> noiffance ne peut refufer à la générofité de ce
>> Prince bienfaifant . Que ne puis - je , Monfieur
» répandre dans le fein du Miniftre d'un fi grand
» Roi tous les fentimens que le devoir & l'amour
» le plus refpectueux m'infpirent ! ... Mais la
» Religion nous appelle dans le Sanctuaire. Al-
» lons , Monfieur , rendre gloire à Dieu du pro-
» dige éclatant qu'il a opéré pour la confervation
» du Fils Aîné de fon Eglife. Demandons en mê-
» me temps que fa main bienfaifante demeure
» étendue fur l'homme de fa droite , pour le protéger
& pour le défendre . Qu'il ajoute long-
» temps des jours à des jours fi précieux ! Le Ciel
attend nos voeux , pour les exaucer , & pour
>> nous prouver que Louis eft autant le Bien-Aimé
» de Dieu que des hommes . >>
On conduifit M. d'Aubigny dans le Choeur , &
le Te Deum fut chanté en Mufique . L'Eglife étoit
ornée avec la plus grande magnificence. Une tenture
, enrichie de fleurs de lys d'or , entouroit le
Choeur , jufqu'à la naiffance de la voute , & le
Chiffre de Louis XV étoit placé d'efpace en efpace
dans des cartouches. Des girandoles chargées de
bougies formoient un triple cordon de lumieres.
MARS. 1757. 203
Plufieurs luftres , qui defcendoient de la voûte ,
augmentoient le brillant de l'illumination . Vis - àvis
du fauteuil du Célébrant , on avoit élevé un
trône où étoit le Portrait de S. M. Très- Chrétienne
, auquel on a rendu les mêmes honneurs
que fi Elle avoit été préfente. Le Portrait étoit
couronné de cette Infcription : Dilectus Deo &
hominibus. On lifoit à la droite du trône ces
rots : Obducam cicatricem tibi , & à vulneribus
tuis fanabo te ; & à la gauche ceux - ci : Sanavi
Ludovicum reduxi , & reddidi confolationes
lugentibus eum. L'illumination de la Nef répondoit
à celle du Choeur. L'architecture de la tribune
dans laquelle eft l'Orgue , étoit deffinée avec.
des pots à feu. Des deux côtés de l'Orgue s'élevoient
deux pyramides de lampions. Un cordon
de flambeaux de cire blanche régnoit tout le long
de la corniche . Le portail de l'Eglife & les bâtimens
qui l'environnent , étoient entiérement illuminés.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En janvier 1757, des rumeurs alarmantes sur la santé du roi de France, Louis XV, ont circulé, incitant l'impératrice reine à ordonner des prières publiques à Vienne pour sa guérison. Les églises se sont remplies de fidèles de tous milieux sociaux. Une convention entre les cours d'Allemagne et de France a été conclue pour échanger les déserteurs de leurs troupes, effective à partir du 1er février. Sur le front militaire, le 1er janvier à Leitmeritz, le général Laffy a attaqué un poste prussien à Óstritz, tuant le major Blumenthal et faisant plusieurs prisonniers. Les Prussiens ont repris le poste le lendemain et l'ont renforcé. À Dresde, le directeur de la monnaie de Leipzig a reçu l'ordre de fournir les outils et matières nécessaires à la frappe des espèces au Directoire Général de Guerre du roi de Prusse. Les exécutions militaires contre les bailliages n'ayant pas fourni le nombre requis de recrues se poursuivaient avec rigueur. Malgré les difficultés, la reine de Saxe et les princes saxons ont complimenté le roi de Prusse à l'occasion de son anniversaire, exprimant leur espoir de voir les troupes étrangères quitter la Saxe. Plusieurs régiments prussiens se préparaient à partir, et la reine de Saxe a distribué des aides financières aux officiers saxons dans le besoin. Un écrit anonyme prétendant que la Bohême appartenait au roi de Prusse a été distribué clandestinement. Le roi de Prusse a ordonné la destruction de cet écrit et a lancé des enquêtes pour identifier l'auteur et l'imprimeur. Les officiers prussiens ont enrôlé de force des prisonniers et des jeunes gens pour renforcer leurs troupes. Une ordonnance prussienne a également contraint les Saxons au service prussien à vendre leurs biens fonciers. À Ratisbonne, la cour de Vienne a publié un document répondant aux manifestes du roi de Prusse, critiquant ses actions militaires et ses exigences. La Diète générale de l'Empire a conclu que l'impératrice reine devait continuer à agir selon les lois et constitutions pour rétablir la tranquillité et aider le roi de Saxe à récupérer ses États. À Liège, après un attentat contre Louis XV, des mesures de sécurité ont été prises pour arrêter et examiner les étrangers arrivants. Les États de l'Évêché ont exprimé leur soutien au roi de France. Des messes et des prières ont été organisées pour sa guérison, suivies de cérémonies de remerciement après sa récupération. Le résident de France a été accueilli à l'abbaye du Val des Écoliers pour une cérémonie de Te Deum en l'honneur du roi. En mars 1757, une illumination somptueuse a été réalisée dans une église. Le chiffre de Louis XV était placé dans des cartouches à intervalles réguliers. Des girandoles chargées de bougies formaient un triple cordon de lumières, et plusieurs lustres descendant de la voûte augmentaient l'éclat de l'illumination. En face du fauteuil du célébrant, un trône accueillait le portrait du roi Louis XV, auquel on rendait les mêmes honneurs qu'à sa présence. Le portrait était couronné de l'inscription 'Dilectus Deo & hominibus'. À droite du trône, on lisait 'Obducam cicatricem tibi, & vulneribus tuis sanabo te', et à gauche 'Sanavi Ludovicum reduxi, & reddidi consolationes lugentibus eum'. L'illumination de la nef répondait à celle du chœur. L'architecture de la tribune de l'orgue était ornée de pots à feu, et deux pyramides de lampions s'élevaient de chaque côté de l'orgue. Un cordon de flambeaux de cire blanche courait le long de la corniche. Le portail de l'église et les bâtiments environnants étaient entièrement illuminés.
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1363
p. 205
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Le 4 Janvier la Chambre des Communes résolut d'accorder deux cens [...]
Mots clefs :
Londres, Chambre des communes, Flotte royale, Financement, Amiral Byng, Condamnation , Conseil de guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 8 Février.
Le 14 Janvier la Chambre des Communes réfolut
d'accorder deux cens vingt-trois mille neuf
cens trente-neuf livres pour la dépenſe ordinaire
de la Flotte royale pendant cette année ; cent
foixante-deux mille cinq cens cinquante - fept
pour l'artillerie employée au fervice de terre ;
dix mille pour l'entretien de l'Hôpital de Greenwich
; une pareille fomme pour la conftruction
d'un nouvel Hôpital à Plymouth , & trente mille
pour la Maifon des Enfans trouvés.
A l'exception du Lord Blackeney & d'un petit
nombre d'Officiers , tous les témoins qui ont été
entendus dans l'affaire de l'Amiral Byng , one
dépofé que la conduite de cet Amiral n'étoit
fufceptible d'aucun reproche. Cependant le Confeil
de guerre affemblé à Portſmouth pour juger
cet Amiral , a prononcé que conféquemment à
Particle XII du Code Militaire , il ne pouvoit fe
difpenfer de condamner cet Amiral à perdre la
vie ; mais qu'en même temps il fe croyoit obligé
d'implorer la clémence du Roi en faveur de cet
Officier. On affure que le Vice- Amiral Bofcawen
, qui eft parti en pofte pour Portſmouth , y
porte la grace de l'Amiral Byng , avec des ordres
pour garantir cet Officier de la fureur de la populace
, qui perfifte à vouloir qu'on en faffe une
victime publique.
DE LONDRES , le 8 Février.
Le 14 Janvier la Chambre des Communes réfolut
d'accorder deux cens vingt-trois mille neuf
cens trente-neuf livres pour la dépenſe ordinaire
de la Flotte royale pendant cette année ; cent
foixante-deux mille cinq cens cinquante - fept
pour l'artillerie employée au fervice de terre ;
dix mille pour l'entretien de l'Hôpital de Greenwich
; une pareille fomme pour la conftruction
d'un nouvel Hôpital à Plymouth , & trente mille
pour la Maifon des Enfans trouvés.
A l'exception du Lord Blackeney & d'un petit
nombre d'Officiers , tous les témoins qui ont été
entendus dans l'affaire de l'Amiral Byng , one
dépofé que la conduite de cet Amiral n'étoit
fufceptible d'aucun reproche. Cependant le Confeil
de guerre affemblé à Portſmouth pour juger
cet Amiral , a prononcé que conféquemment à
Particle XII du Code Militaire , il ne pouvoit fe
difpenfer de condamner cet Amiral à perdre la
vie ; mais qu'en même temps il fe croyoit obligé
d'implorer la clémence du Roi en faveur de cet
Officier. On affure que le Vice- Amiral Bofcawen
, qui eft parti en pofte pour Portſmouth , y
porte la grace de l'Amiral Byng , avec des ordres
pour garantir cet Officier de la fureur de la populace
, qui perfifte à vouloir qu'on en faffe une
victime publique.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 14 janvier, la Chambre des Communes a approuvé plusieurs allocations financières : 223 939 livres pour les dépenses de la Flotte royale, 62 557 livres pour l'artillerie terrestre, 10 000 livres pour l'entretien de l'Hôpital de Greenwich, une somme équivalente pour la construction d'un nouvel hôpital à Plymouth, et 30 000 livres pour la Maison des Enfants trouvés. Dans l'affaire de l'Amiral Byng, la plupart des témoins, à l'exception du Lord Blackeney et de quelques officiers, ont déclaré que la conduite de l'Amiral n'était pas répréhensible. Néanmoins, le conseil de guerre à Portsmouth a condamné l'Amiral Byng à mort selon l'Article XII du Code Militaire, tout en sollicitant la clémence du Roi. Le Vice-Amiral Boscawen s'est rendu à Portsmouth avec la grâce de l'Amiral Byng et des instructions pour le protéger de la colère du public.
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1364
p. 208-217
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Il n'est point d'image assez expressive, pour bien peindre la douleur, [...]
Mots clefs :
Blessure du roi, Prières, Lettres innombrables, Attentat contre le roi, Saumur, Régiment de Poitou, Régiment du roi, Célébrations, Te Deum, Royaume, Voeux de santé, Fêtes, Nominations, Fête de la Purification de la Sainte Vierge, Comtes, Princes, Ducs, Marquis, Princes, Vaisseaux, Marchandises, Corsaires , Capitaines, Navires anglais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
Il n'eft point d'image affez expreffive , pour
bien peindre la douleur , la confternation & les
allarmes , que la bleffure du Roi a caufées dans
tout le Royaume . Partout , dans les Villes &
dans les campagnes , les habitans ont fufpendu
leurs travaux ont oublié même le foin de leurs
maifons & de leurs enfans , pour courir aux Eglifes
demander la guériſon de Sa Majefté. Les bornes
de cet article ne nous permettent pas d'inférer
les Relations que nous avons reçues à ce fujet de
divers endroits du Royaume. D'ailleurs , il feroit
difficile de faire ufage de ces Relations , fans
fe répéter. Toutes préfentent le même tableau.
On voit dans toutes , le Clergé , la Nobleffe , les
Magiftrats , les troupes & le peuple , adreffer
avec la même ferveur les mêmes voeux au Ciel , &
s'efforcer de le fléchir par les mêmes actes de
MARS. 1757: 209
piété & de charité. La Ville de Saumur s'eft principalement
diftinguée . Auffitôt après l'horrible
attentat commis contre la Perfonne Sacrée du
Roi , Mefdames de France dépêcherent le fieur
Primois , Officier de leur Chambre , pour porter
à l'Abbaye de Fontevrault cette fatale nouvelle.
Ces Princeffes , pendant le féjour qu'elles ont fait
dans cette Abbaye où elles ont été élevées , fe
font concilié généralement le reſpect & l'amour de
toute la Province. C'étoit , pour les peuples qui
l'habitent , un nouveau motif de donner des
preuves éclatantes de leur zele. Outre les prieres
ordonnées par l'Evêque d'Angers dans toute l'étendue
de fon Dioceſe , le Clergé & les habitans
de la Ville de Saumur & de tous les lieux voiſins
ont fait des proceffions pendant neufjours confécutifs.
Ils ont terminé la neuvaine par une proceffion
générale , à laquelle la Nobleffe , la Magiftrature
& le Corps de Ville , ont affifté. Les aumônes
ont été fi abondantes , qu'elles ont fuffi
pour fecourir cinq cens pauvres familles .
comman-
Le 16 Janvier , le Régiment de Poitou , qui
eft en garnifon à Bethune , y fit chanter une
Meffe folemnelle dans l'Eglife paroiffiale de
Saint Waft , en action de grace du prompt
rétabliffement du Roi. M. de Fais ,
dant ce Régiment , donna un magnifique dîner
à toute la Nobleffe. L'après- midi , le Te Deum
fut chanté en mufique. On alluma enfuite un bu
cher , que le Régiment avoit fait dreffer fur la
principale Place , & auquel M. de Grimaldi ,
Lieutenant de Roi , mit le feu . Le Régiment fit
trois falves de moufqueterie , entremêlées de fix
falves de canon. Sur les dix heures du foir , commença
un bal , qui dura toute la nuit .
Les Officiers du Régiment du Roi , Cavalerie ,
210 MERCURE DE FRANCE.
célébrerent le 19 à Saint - Dizier , par une fête magnifique,
la convalefcence de Sa Majeſté. Ils firent
diftribuer des cocardes à tout le Régiment , &
trente fols à chaque Cavalier. Après le Te Deum ,
qui fut chanté au bruit de plufieurs falves d'artillerie
& de moufqueterie , il y eut feu d'artifice ,
illumination , fouper & bal. Quatre fontaines de
vin coulerent pour le peuple.
On écrit d'Avelnes , qu'à la même occafion le
Régiment de Cavalerie de Beauvillier a fait éclater
fon zele. M. de Chouppes , Major de ce
Régiment , s'eft diftingué en particulier par un re
pas fplendide , qu'il a donné à tous les Militaires
qui fe font trouvés dans la Ville .
res ,
Les lettres de la Ville d'Eu marquent que le 30
le Régiment d'Artois y a fait auffi chanter le Te
Deum. Ce Régiment , non content de témoigner
fon attachement à la Perfonne du Roi par des priea
donné des marques de fa charité , en faifant
diftribuer abondamment du pain à tous les
pauvres de la Ville & des Paroiffes voisines . Monfear
Jourdain , qui commande le Régiment , à
fait inviter au Te Deum toutes les perfonnes de
diftinction.
Les Juifs Portugais de Bordeaux & de Bayonne
fe font empreffés à l'envi d'adreffer des voeux aut
Ciel pour la guérifon du Roi , & de célébrer la
convalefcence de Sa Majefté. Leurs prieres pour
la confervation du Monarque & pour la profpérité
du Royaume font marquées au coin de la fidélité
& de la reconnoiffance. A Bayonne , ainfi qu'à
Bordeaux , les jours de leurs prieres & de leurs
actions de graces , ils ont fermé leurs Comptoirs
& leurs Boutiques , fe font abftenus de toute
forte d'affaires , ont obfervé un jeûne 24 heures ,
& ont diftribué d'abondantes aumônes.
MAR S. 1757 217
Le 3 Février , les Régimens de Royal Ecoffois
& d'Ogilvy , qui font partie de la Garniſon de
Berg- Saint-Vinox , firent chanter à cinq heures.
du foir , dans l'Abbaye de Saint-Vinox, un TeDeum
en mufique , en action de graces de la confervation
du Roi. L'Abbé de Saint - Vinox y officia en habits
pontificaux. Le Gouverneur & les Magiftrats de la
Ville , ainfi que tous les Officiers du Régiment de
l'Ile de France & des Dragons de la Reine , y
avoient été invités , & y affifterent . Au fortir de
P'Eglife , la compagnie fe rendit à l'Hôtel de Ville
, où le bal s'ouvrit dans une Salle extrêmement
décorée. Ce bal fut interrompu à neuf heures
& l'on paffa dans une autre Salle , où un magnifique
ambigu fut fervi fur plufieurs tables. Après
le repas , on rentra dans la Salle du bal ; il dura
jufqu'à fept heures du matin , & l'on y diftribua en
abondance toute forte de rafraîchiffemens. Cette
fête , qui a été complette en tous points , s'eft
faite aux dépens des Officiers des deux Régimens
Etrangers.
Selon les lettres écrites de Saint -Sauveur- le Vicomte
, le Régiment de Cavalerie de Caraman ,
& en particulier M. du Verger , Lieutenant - Colonel
de ce Corps , ont fignalé auffi leur zele par
une fête très- brillante .
Le Régiment des Cuiraffiers & celui de Royal
Rouffillon , à Haguenau ; la feconde Brigade du
Corps des Volontaires Etrangers , à Avranches
& les Officiers du Bataillon de Senlis , à Rocroy ,
n'ont pas célébré avec moins d'éclat le rétabliffe.
ment de la fanté de Sa Majeſté.
La nuit du 21 au 22 Janvier , à Provins en
Brie , toute la Ville Baſſe ſe trouva fubitement
inondée par la fonte des neiges . En plufieurs endroits
, il y avoit jufqu'à ſept pieds d'eau . Par
212 MERCURE DE FRANCE .
malheur , on avoit amaffé une grande quantité de
chaux dans quatre tanneries du quartier des Bénédictines.
L'eau a allumé cette chaux ; & cet accident
a produit un affreux incendie . Il y a eu plufieurs
maifons de brûlées. Le refte de la Ville ne
doit fon falut qu'à l'activité des Maire & Echevins
, & au zele avec lequel le Régiment de Vatan
a porté du fecours partout où il étoit nécef
faire.
Diverſes lettres annoncent que le 18 on a
fenti quelques fecouffes de tremblement de terre
en Franche-Comté & dans une partie de l'Alface.
Madame la Ducheffe de Coffé- Briffac fut préfentée
le 30 Janvier à Leurs Majeftés , & prit le
tabouret.
Le Roi a mis Madame la Vicomteffe de Choifeul
au nombre des Dames nommées pour ac
compagner Madame la Dauphine.
Le premier Février , M. le Comte de Saint -Florentin
, Miniftre & Secrétaire d'Etat , alla de la
part du Roi redemander les Sceaux à M. de Machault
, avec la démiffion de ſa Charge de Secretaire
d'Etat de la Marine. M. le Comte de Saint-
Florentin a reporté les Sceaux au Roi . M. de M.
de Machault s'eſt retiré à ſa terre d'Arnouville.
Le même jour , M. Rouillé , Miniftre & Secretaire
d'Etat , alla auffi de la part du Roi demander
au Comte d'Argenfon , Miniftre & Secretaire
d'Etat de la Guerre , la démiffion de fa charge.
Le Comte d'Argenfon eft parti pour fa terre des
Ormes- Saint -Martin , fituée en Touraine.
Le 31 Janvier , le Roi affifta au Service qui fut
célébré dans la Chapelle pour le repos des ames
des Chevaliers de l'Ordre du Saint-Elprit , morts
dans le cours de l'année derniere. L'Evêque de
Strafbourg , Prélat - Commandeur , officia à la
MARS. 1757. 213
Meffe , & elle fut chantée par la Mufique.
Le jour de la Purification de la Sainte Vierge ,
les Chevaliers Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint- Efprit , s'étant affemblés vers les
onze heures du matin dans le cabinet du Roi , Sa
Majeſté tint un Chapitre . La profeffion de Foi ,
& l'information des vie & moeurs du Prince de
Beauvau , du Marquis de Gontaut , du Comte de
Maillebois , du Marquis de Bethune , du Marquis
d'Aubeterre & du Comte de Broglie , qui avoient
été proposés le premier Janvier pour être Chevaliers
ayant été admifes , ils furent introduits dans
le cabinet de Sa Majeſté , & reçus Chevaliers de
l'Ordre de Saint Michel. Le Roi fortit enfuite de
fon appartement pour aller à la Chapelle . Sa Majefté
devant laquelle les deux Huiffiers de la
Chambre portoient leurs Maffes , étoit en manteau
, le collier de l'Ordre pardeffus , ainfi que
celui de l'Ordre de la Toifon d'or. Elle étoit
précédée de Monſeigneur le Dauphin , du Prince
de Condé , du Comte de Charolois , du Comte
de Clermont , du Prince de Conty , du Comte de
la Marche , du Comte d'Eu , du Duc de Penthievre
, & des Chevaliers , Commandeurs & Officiers
de l'Ordre. Les nouveaux Chevaliers en
habits de Novices , marchoient entre les Chevaliers
& les Officiers . Le Roi affifta à la Bénédic
tion des Cierges & à la Proceffion qui fe fit dans
la Chapelle. Après la grand'Meffe , célébrée par
l'Evêque Duc de Langres , Prélat- Commandeur ,
Sa Majesté monta à fon trône , & revêtit des
marques de l'Ordre du Saint- Efprit les nouveaux
Chevaliers . Le Prince de Beauvau , le Marquis de
Gontaut & le Comte de Maillebois , eurent pour
Farreins le Duc d'Ayen & le Maréchal Duc de
Belle-Ifle. Les parreins du Marquis de Béthune ,
214 MERCURE DE FRANCE.
du Marquis d'Aubeterre & du Comte de Broglie ,
furent le Comte de Lautrec & le Marquis de
Montal. Cette cérémonie étant finie , le Roi fut
reconduit à fon appartement en la maniere accoutumée.
Le 6 , le Roi admit à fon Confeil d'Etat , en
qualité de Miniftres , M. le Marquis de Paulmy ,
Secretaire d'Etat ayant le Département de la
Guerre , & M. de Moras , Contrôleur Général
des Finances.
Sa Majefté a donné à M. le Comte de Saint-
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , le Département
de Paris , dont étoit chargé M. le
Comte d'Argenſon.
Elle a difpofé de la charge de Secretaire d'Etat
au Département de la Marine , en faveur de M.
de Moras , à qui Elle conferve en même temps la
place de Contrôleur Général des Finances.
Le Roi a confervé par un brevet à M. de Machault
tous les honneurs attachés à la Dignité de
Garde des Sceaux de France.
On a célébré le 10 Février dans l'Eglife de la
Paroiffe du Château , pour le repos de l'ame de
Madame Henriette de France , le Service fondé
par Monfeigneur le Dauphin. Ce Prince , Madame
la Dauphine , Madame , & Mefdames Victoire
, Sophie & Louife , y ont affifté.
Le 12 , M. le Duc de Duras fut reçu & prit
féance au Parlement , en qualité de Pair de France.
M. le Duc d'Orléans , M. le Prince de Condé
, M. le Comte de Clermont , M. le Prince de
Conty , le Comte de la Marche , Prince du Sang ,
& MM. les Ducs d'Uzés , de Luynes , Maréchal
Duc de Richelieu , de la Force , de Luxembourg ,
de Villeroi , de Saint- Aignan , Maréchal Duc de
Noialles , d'Aumont , de Fitz -James , d'Antin ,
1
MARS. 1757. 215
de Chaulnes , Prince de Soubize , Duc de Rohan-
Rohan , de Villars - Brancas Lauraguais , Prince
de Monaco , Duc de Valentinois , de Biron , de
la Valliere , de Fleury , Maréchal de Belle - Ifle
Duc de Gifors , fe trouverent à fa réception.
On a reçu avis que les Vaiffeaux le Lys & le Neptune
, de la Compagnie des Indes , étoient arrivés
l'un le 7,
l'autre le ro de Février , au Port de
P'Orient ; & que le Vaiffeau le Duc d'Aquitaine ,
appartenant à la même Compagnie , avoit rélâché
le 10 du mois dernier à Liſbonne. Ainfi la
nouvelle de la prife de ce dernier Bâtiment
Anglois étoit fans fondement.
par les
Ŏn mande de Dunkerque , que le Capitaine
Dhondt , commandant le Corfaire le Comte de
Saint Germain , de ce Port , y a conduit les Navires
Anglois la Penelope , de 180 tonneaux , chargé
de cacao , de bois pour teinture , de vin & de
fruits , & l'Anne- Elifabeth , de 120 tonneaux
chargé de beurre & de biere,
Le même Corfaire s'eft emparé de deux autres
Bâtimens Anglois , appellés l'un le Triton , de
120 tonneaux ; l'autre le Hennefey , de 100 tonneaux
, qui ont été conduits au Havre , & qui
font tous deux chargés de bled , d'orge & d'autres
grains.
Le Corfaire le Duc de Penthievre , de Dunker
que , commandé par le Capitaine de Lifle , s'eft
rendu maître du Brigantin Anglois le Jean &
Jeanne , de 70 tonneaux , chargé de farine & de
couperofe , & l'a fait conduire à Calais,
Le Capitaine Louis Bray , commandant le Cor
faire le Marquis de Villequier , de Boulogne , a
auffi conduit à Calais les Navires Anglois le
Hampfire , de so tonneaux , chargé de vin , &
PEléonore , de 120 tonneaux , dont le charge
216 MERCURE DE FRANCE.
ment confifte en 126 boucauts de tabac.
On apprend encore par des lettres écrites de
Calais , que le Corfaire le Danglemont , de ce
Port, y eft rentré avec le Navire Anglois le Jean
Anne, de 70 tonneaux , chargé de 252 barrils de
faumon falé .
Les Navires Anglois le Mindhede , de 140 tonneaux
, chargé de fucre , & l'Amitié , de 100 tonneaux
, dont le chargement eft compofé de beurre
, de cuirs & de morue feche , ont été pris par
le Corfaire le Machault , de Granville , dont eft
Capitaine le fieur Magnonnet ; & ils font arrivés ,
le premier à Granville , & l'autre au Havre.
>
Il est arrivé à Dieppe deux Bâtimens Anglois
appellés , l'un le Démontant , de Londres , de 80
tonneaux ; l'autre l'Eliſabeth , de so tonneaux
ayant chacun un chargement compofé de grains.
Ils ont été pris par les Corfaires le Gros Thomas ,
de Boulogne , & le Hardi Mendiant , de Dunkerque.
Le Capitaine Canon , commandant le Corfaire
le Prince de Soubize , de ce Port , s'eft rendu maî .
tre du Navire le Williams de Cork , de 180 tonneaux
, chargé de beurre & de boeuf , qui a été
conduit àSaint- Vallery fur Somme.
à
Le Navire Anglois le Prince de Galles , de 200
tonneaux , richement chargé , a fait naufrage
deux lieues de Boulogne. L'équipage compofé de
treize hommes a été fauvé , & l'on efpere que la
cargaiſon fera recouvrée en entier .
Le Petit Jean , autre Navire Anglois , chargé
de foude , de raifins , d'anil & d'amandes , a été
conduit à la Rochelle par le Corfaite le Mentrofier ,
de de Port.
On a été informé que le Capitaine Gautier , qui
commande le Corfaire le Furet , de Bordeaux ,
s'eft
MARS. 1757. 217
s'eft emparé d'un Navire Anglois de 3 50 tonneaux,
armé de 10 canons , chargé d'indigo , de fucre ,
de bois de campeche & de coton.
Il n'eft point d'image affez expreffive , pour
bien peindre la douleur , la confternation & les
allarmes , que la bleffure du Roi a caufées dans
tout le Royaume . Partout , dans les Villes &
dans les campagnes , les habitans ont fufpendu
leurs travaux ont oublié même le foin de leurs
maifons & de leurs enfans , pour courir aux Eglifes
demander la guériſon de Sa Majefté. Les bornes
de cet article ne nous permettent pas d'inférer
les Relations que nous avons reçues à ce fujet de
divers endroits du Royaume. D'ailleurs , il feroit
difficile de faire ufage de ces Relations , fans
fe répéter. Toutes préfentent le même tableau.
On voit dans toutes , le Clergé , la Nobleffe , les
Magiftrats , les troupes & le peuple , adreffer
avec la même ferveur les mêmes voeux au Ciel , &
s'efforcer de le fléchir par les mêmes actes de
MARS. 1757: 209
piété & de charité. La Ville de Saumur s'eft principalement
diftinguée . Auffitôt après l'horrible
attentat commis contre la Perfonne Sacrée du
Roi , Mefdames de France dépêcherent le fieur
Primois , Officier de leur Chambre , pour porter
à l'Abbaye de Fontevrault cette fatale nouvelle.
Ces Princeffes , pendant le féjour qu'elles ont fait
dans cette Abbaye où elles ont été élevées , fe
font concilié généralement le reſpect & l'amour de
toute la Province. C'étoit , pour les peuples qui
l'habitent , un nouveau motif de donner des
preuves éclatantes de leur zele. Outre les prieres
ordonnées par l'Evêque d'Angers dans toute l'étendue
de fon Dioceſe , le Clergé & les habitans
de la Ville de Saumur & de tous les lieux voiſins
ont fait des proceffions pendant neufjours confécutifs.
Ils ont terminé la neuvaine par une proceffion
générale , à laquelle la Nobleffe , la Magiftrature
& le Corps de Ville , ont affifté. Les aumônes
ont été fi abondantes , qu'elles ont fuffi
pour fecourir cinq cens pauvres familles .
comman-
Le 16 Janvier , le Régiment de Poitou , qui
eft en garnifon à Bethune , y fit chanter une
Meffe folemnelle dans l'Eglife paroiffiale de
Saint Waft , en action de grace du prompt
rétabliffement du Roi. M. de Fais ,
dant ce Régiment , donna un magnifique dîner
à toute la Nobleffe. L'après- midi , le Te Deum
fut chanté en mufique. On alluma enfuite un bu
cher , que le Régiment avoit fait dreffer fur la
principale Place , & auquel M. de Grimaldi ,
Lieutenant de Roi , mit le feu . Le Régiment fit
trois falves de moufqueterie , entremêlées de fix
falves de canon. Sur les dix heures du foir , commença
un bal , qui dura toute la nuit .
Les Officiers du Régiment du Roi , Cavalerie ,
210 MERCURE DE FRANCE.
célébrerent le 19 à Saint - Dizier , par une fête magnifique,
la convalefcence de Sa Majeſté. Ils firent
diftribuer des cocardes à tout le Régiment , &
trente fols à chaque Cavalier. Après le Te Deum ,
qui fut chanté au bruit de plufieurs falves d'artillerie
& de moufqueterie , il y eut feu d'artifice ,
illumination , fouper & bal. Quatre fontaines de
vin coulerent pour le peuple.
On écrit d'Avelnes , qu'à la même occafion le
Régiment de Cavalerie de Beauvillier a fait éclater
fon zele. M. de Chouppes , Major de ce
Régiment , s'eft diftingué en particulier par un re
pas fplendide , qu'il a donné à tous les Militaires
qui fe font trouvés dans la Ville .
res ,
Les lettres de la Ville d'Eu marquent que le 30
le Régiment d'Artois y a fait auffi chanter le Te
Deum. Ce Régiment , non content de témoigner
fon attachement à la Perfonne du Roi par des priea
donné des marques de fa charité , en faifant
diftribuer abondamment du pain à tous les
pauvres de la Ville & des Paroiffes voisines . Monfear
Jourdain , qui commande le Régiment , à
fait inviter au Te Deum toutes les perfonnes de
diftinction.
Les Juifs Portugais de Bordeaux & de Bayonne
fe font empreffés à l'envi d'adreffer des voeux aut
Ciel pour la guérifon du Roi , & de célébrer la
convalefcence de Sa Majefté. Leurs prieres pour
la confervation du Monarque & pour la profpérité
du Royaume font marquées au coin de la fidélité
& de la reconnoiffance. A Bayonne , ainfi qu'à
Bordeaux , les jours de leurs prieres & de leurs
actions de graces , ils ont fermé leurs Comptoirs
& leurs Boutiques , fe font abftenus de toute
forte d'affaires , ont obfervé un jeûne 24 heures ,
& ont diftribué d'abondantes aumônes.
MAR S. 1757 217
Le 3 Février , les Régimens de Royal Ecoffois
& d'Ogilvy , qui font partie de la Garniſon de
Berg- Saint-Vinox , firent chanter à cinq heures.
du foir , dans l'Abbaye de Saint-Vinox, un TeDeum
en mufique , en action de graces de la confervation
du Roi. L'Abbé de Saint - Vinox y officia en habits
pontificaux. Le Gouverneur & les Magiftrats de la
Ville , ainfi que tous les Officiers du Régiment de
l'Ile de France & des Dragons de la Reine , y
avoient été invités , & y affifterent . Au fortir de
P'Eglife , la compagnie fe rendit à l'Hôtel de Ville
, où le bal s'ouvrit dans une Salle extrêmement
décorée. Ce bal fut interrompu à neuf heures
& l'on paffa dans une autre Salle , où un magnifique
ambigu fut fervi fur plufieurs tables. Après
le repas , on rentra dans la Salle du bal ; il dura
jufqu'à fept heures du matin , & l'on y diftribua en
abondance toute forte de rafraîchiffemens. Cette
fête , qui a été complette en tous points , s'eft
faite aux dépens des Officiers des deux Régimens
Etrangers.
Selon les lettres écrites de Saint -Sauveur- le Vicomte
, le Régiment de Cavalerie de Caraman ,
& en particulier M. du Verger , Lieutenant - Colonel
de ce Corps , ont fignalé auffi leur zele par
une fête très- brillante .
Le Régiment des Cuiraffiers & celui de Royal
Rouffillon , à Haguenau ; la feconde Brigade du
Corps des Volontaires Etrangers , à Avranches
& les Officiers du Bataillon de Senlis , à Rocroy ,
n'ont pas célébré avec moins d'éclat le rétabliffe.
ment de la fanté de Sa Majeſté.
La nuit du 21 au 22 Janvier , à Provins en
Brie , toute la Ville Baſſe ſe trouva fubitement
inondée par la fonte des neiges . En plufieurs endroits
, il y avoit jufqu'à ſept pieds d'eau . Par
212 MERCURE DE FRANCE .
malheur , on avoit amaffé une grande quantité de
chaux dans quatre tanneries du quartier des Bénédictines.
L'eau a allumé cette chaux ; & cet accident
a produit un affreux incendie . Il y a eu plufieurs
maifons de brûlées. Le refte de la Ville ne
doit fon falut qu'à l'activité des Maire & Echevins
, & au zele avec lequel le Régiment de Vatan
a porté du fecours partout où il étoit nécef
faire.
Diverſes lettres annoncent que le 18 on a
fenti quelques fecouffes de tremblement de terre
en Franche-Comté & dans une partie de l'Alface.
Madame la Ducheffe de Coffé- Briffac fut préfentée
le 30 Janvier à Leurs Majeftés , & prit le
tabouret.
Le Roi a mis Madame la Vicomteffe de Choifeul
au nombre des Dames nommées pour ac
compagner Madame la Dauphine.
Le premier Février , M. le Comte de Saint -Florentin
, Miniftre & Secrétaire d'Etat , alla de la
part du Roi redemander les Sceaux à M. de Machault
, avec la démiffion de ſa Charge de Secretaire
d'Etat de la Marine. M. le Comte de Saint-
Florentin a reporté les Sceaux au Roi . M. de M.
de Machault s'eſt retiré à ſa terre d'Arnouville.
Le même jour , M. Rouillé , Miniftre & Secretaire
d'Etat , alla auffi de la part du Roi demander
au Comte d'Argenfon , Miniftre & Secretaire
d'Etat de la Guerre , la démiffion de fa charge.
Le Comte d'Argenfon eft parti pour fa terre des
Ormes- Saint -Martin , fituée en Touraine.
Le 31 Janvier , le Roi affifta au Service qui fut
célébré dans la Chapelle pour le repos des ames
des Chevaliers de l'Ordre du Saint-Elprit , morts
dans le cours de l'année derniere. L'Evêque de
Strafbourg , Prélat - Commandeur , officia à la
MARS. 1757. 213
Meffe , & elle fut chantée par la Mufique.
Le jour de la Purification de la Sainte Vierge ,
les Chevaliers Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint- Efprit , s'étant affemblés vers les
onze heures du matin dans le cabinet du Roi , Sa
Majeſté tint un Chapitre . La profeffion de Foi ,
& l'information des vie & moeurs du Prince de
Beauvau , du Marquis de Gontaut , du Comte de
Maillebois , du Marquis de Bethune , du Marquis
d'Aubeterre & du Comte de Broglie , qui avoient
été proposés le premier Janvier pour être Chevaliers
ayant été admifes , ils furent introduits dans
le cabinet de Sa Majeſté , & reçus Chevaliers de
l'Ordre de Saint Michel. Le Roi fortit enfuite de
fon appartement pour aller à la Chapelle . Sa Majefté
devant laquelle les deux Huiffiers de la
Chambre portoient leurs Maffes , étoit en manteau
, le collier de l'Ordre pardeffus , ainfi que
celui de l'Ordre de la Toifon d'or. Elle étoit
précédée de Monſeigneur le Dauphin , du Prince
de Condé , du Comte de Charolois , du Comte
de Clermont , du Prince de Conty , du Comte de
la Marche , du Comte d'Eu , du Duc de Penthievre
, & des Chevaliers , Commandeurs & Officiers
de l'Ordre. Les nouveaux Chevaliers en
habits de Novices , marchoient entre les Chevaliers
& les Officiers . Le Roi affifta à la Bénédic
tion des Cierges & à la Proceffion qui fe fit dans
la Chapelle. Après la grand'Meffe , célébrée par
l'Evêque Duc de Langres , Prélat- Commandeur ,
Sa Majesté monta à fon trône , & revêtit des
marques de l'Ordre du Saint- Efprit les nouveaux
Chevaliers . Le Prince de Beauvau , le Marquis de
Gontaut & le Comte de Maillebois , eurent pour
Farreins le Duc d'Ayen & le Maréchal Duc de
Belle-Ifle. Les parreins du Marquis de Béthune ,
214 MERCURE DE FRANCE.
du Marquis d'Aubeterre & du Comte de Broglie ,
furent le Comte de Lautrec & le Marquis de
Montal. Cette cérémonie étant finie , le Roi fut
reconduit à fon appartement en la maniere accoutumée.
Le 6 , le Roi admit à fon Confeil d'Etat , en
qualité de Miniftres , M. le Marquis de Paulmy ,
Secretaire d'Etat ayant le Département de la
Guerre , & M. de Moras , Contrôleur Général
des Finances.
Sa Majefté a donné à M. le Comte de Saint-
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , le Département
de Paris , dont étoit chargé M. le
Comte d'Argenſon.
Elle a difpofé de la charge de Secretaire d'Etat
au Département de la Marine , en faveur de M.
de Moras , à qui Elle conferve en même temps la
place de Contrôleur Général des Finances.
Le Roi a confervé par un brevet à M. de Machault
tous les honneurs attachés à la Dignité de
Garde des Sceaux de France.
On a célébré le 10 Février dans l'Eglife de la
Paroiffe du Château , pour le repos de l'ame de
Madame Henriette de France , le Service fondé
par Monfeigneur le Dauphin. Ce Prince , Madame
la Dauphine , Madame , & Mefdames Victoire
, Sophie & Louife , y ont affifté.
Le 12 , M. le Duc de Duras fut reçu & prit
féance au Parlement , en qualité de Pair de France.
M. le Duc d'Orléans , M. le Prince de Condé
, M. le Comte de Clermont , M. le Prince de
Conty , le Comte de la Marche , Prince du Sang ,
& MM. les Ducs d'Uzés , de Luynes , Maréchal
Duc de Richelieu , de la Force , de Luxembourg ,
de Villeroi , de Saint- Aignan , Maréchal Duc de
Noialles , d'Aumont , de Fitz -James , d'Antin ,
1
MARS. 1757. 215
de Chaulnes , Prince de Soubize , Duc de Rohan-
Rohan , de Villars - Brancas Lauraguais , Prince
de Monaco , Duc de Valentinois , de Biron , de
la Valliere , de Fleury , Maréchal de Belle - Ifle
Duc de Gifors , fe trouverent à fa réception.
On a reçu avis que les Vaiffeaux le Lys & le Neptune
, de la Compagnie des Indes , étoient arrivés
l'un le 7,
l'autre le ro de Février , au Port de
P'Orient ; & que le Vaiffeau le Duc d'Aquitaine ,
appartenant à la même Compagnie , avoit rélâché
le 10 du mois dernier à Liſbonne. Ainfi la
nouvelle de la prife de ce dernier Bâtiment
Anglois étoit fans fondement.
par les
Ŏn mande de Dunkerque , que le Capitaine
Dhondt , commandant le Corfaire le Comte de
Saint Germain , de ce Port , y a conduit les Navires
Anglois la Penelope , de 180 tonneaux , chargé
de cacao , de bois pour teinture , de vin & de
fruits , & l'Anne- Elifabeth , de 120 tonneaux
chargé de beurre & de biere,
Le même Corfaire s'eft emparé de deux autres
Bâtimens Anglois , appellés l'un le Triton , de
120 tonneaux ; l'autre le Hennefey , de 100 tonneaux
, qui ont été conduits au Havre , & qui
font tous deux chargés de bled , d'orge & d'autres
grains.
Le Corfaire le Duc de Penthievre , de Dunker
que , commandé par le Capitaine de Lifle , s'eft
rendu maître du Brigantin Anglois le Jean &
Jeanne , de 70 tonneaux , chargé de farine & de
couperofe , & l'a fait conduire à Calais,
Le Capitaine Louis Bray , commandant le Cor
faire le Marquis de Villequier , de Boulogne , a
auffi conduit à Calais les Navires Anglois le
Hampfire , de so tonneaux , chargé de vin , &
PEléonore , de 120 tonneaux , dont le charge
216 MERCURE DE FRANCE.
ment confifte en 126 boucauts de tabac.
On apprend encore par des lettres écrites de
Calais , que le Corfaire le Danglemont , de ce
Port, y eft rentré avec le Navire Anglois le Jean
Anne, de 70 tonneaux , chargé de 252 barrils de
faumon falé .
Les Navires Anglois le Mindhede , de 140 tonneaux
, chargé de fucre , & l'Amitié , de 100 tonneaux
, dont le chargement eft compofé de beurre
, de cuirs & de morue feche , ont été pris par
le Corfaire le Machault , de Granville , dont eft
Capitaine le fieur Magnonnet ; & ils font arrivés ,
le premier à Granville , & l'autre au Havre.
>
Il est arrivé à Dieppe deux Bâtimens Anglois
appellés , l'un le Démontant , de Londres , de 80
tonneaux ; l'autre l'Eliſabeth , de so tonneaux
ayant chacun un chargement compofé de grains.
Ils ont été pris par les Corfaires le Gros Thomas ,
de Boulogne , & le Hardi Mendiant , de Dunkerque.
Le Capitaine Canon , commandant le Corfaire
le Prince de Soubize , de ce Port , s'eft rendu maî .
tre du Navire le Williams de Cork , de 180 tonneaux
, chargé de beurre & de boeuf , qui a été
conduit àSaint- Vallery fur Somme.
à
Le Navire Anglois le Prince de Galles , de 200
tonneaux , richement chargé , a fait naufrage
deux lieues de Boulogne. L'équipage compofé de
treize hommes a été fauvé , & l'on efpere que la
cargaiſon fera recouvrée en entier .
Le Petit Jean , autre Navire Anglois , chargé
de foude , de raifins , d'anil & d'amandes , a été
conduit à la Rochelle par le Corfaite le Mentrofier ,
de de Port.
On a été informé que le Capitaine Gautier , qui
commande le Corfaire le Furet , de Bordeaux ,
s'eft
MARS. 1757. 217
s'eft emparé d'un Navire Anglois de 3 50 tonneaux,
armé de 10 canons , chargé d'indigo , de fucre ,
de bois de campeche & de coton.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
La blessure du Roi a suscité une grande inquiétude à travers le Royaume. Les habitants, qu'ils soient en ville ou à la campagne, ont suspendu leurs activités pour prier dans les églises pour sa guérison. La ville de Saumur s'est particulièrement distinguée en organisant des processions et des prières pendant neuf jours consécutifs, terminées par une procession générale à laquelle ont assisté la noblesse, la magistrature et le corps de ville. Des aumônes abondantes ont été distribuées pour secourir cinq cents pauvres familles. Plusieurs régiments ont célébré la convalescence du Roi par des messes solennelles, des Te Deum, des feux d'artifice et des bals. Le Régiment de Poitou à Béthune, le Régiment du Roi à Saint-Dizier, et d'autres régiments à Avranches, Rocroy et Haguenau ont participé à ces célébrations. Les Juifs Portugais de Bordeaux et de Bayonne ont également prié pour la guérison du Roi et ont distribué des aumônes. À Berg-Saint-Vincent, les régiments de Royal Écossais et d'Ogilvy ont chanté un Te Deum, suivi d'un bal et d'un repas. Le Régiment de Cavalerie de Caraman et d'autres unités ont également célébré le rétablissement du Roi par des fêtes brillantes. À Provins, une inondation et un incendie ont causé des dégâts, mais l'intervention rapide des autorités et du Régiment de Vatan a limité les pertes. Des tremblements de terre ont été ressentis en Franche-Comté et en Alsace. La Duchesse de Cossé-Brissac a été présentée au Roi, et plusieurs changements ministériels ont eu lieu, notamment la démission de Machault et d'Argenson, remplacés par Saint-Florentin et Moras. Le Roi a assisté à une messe pour les âmes des Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit décédés et a reçu de nouveaux Chevaliers. Il a également admis Paulmy et Moras au Conseil d'État. Un service a été célébré pour l'âme de Madame Henriette de France, et le Duc de Duras a été reçu au Parlement en tant que Pair de France. En mars 1757, plusieurs événements maritimes notables ont été rapportés. Deux bâtiments anglais, le Démontant et l'Elisabeth, chargés de grains, ont été capturés par les corsaires français le Gros Thomas et le Hardi Mendiant. Le capitaine Canon, à bord du corsaire le Prince de Soubize, a pris le contrôle du navire Williams de Cork, chargé de beurre et de bœuf, et l'a conduit à Saint-Valery-sur-Somme. Le navire anglais le Prince de Galles, richement chargé, a fait naufrage à deux lieues de Boulogne, mais son équipage de treize hommes a été sauvé et la cargaison est espérée récupérée en entier. Le Petit Jean, un autre navire anglais chargé de soude, de raisins, d'anil et d'amandes, a été conduit à La Rochelle par le corsaire le Mentorier. De plus, le capitaine Gautier, commandant le corsaire le Furet de Bordeaux, s'est emparé d'un navire anglais de 350 tonneaux, armé de 10 canons et chargé d'indigo, de sucre, de bois de Campeche et de coton.
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1365
p. 217
BÉNÉFICES DONNÉS.
Début :
Sa Majesté a donné l'Abbaye Réguliere & Elective de Sainte [...]
Mots clefs :
Abbayes, Ordre de Saint Augustin, Diocèses, Religieux, Religieuses, Cardinal
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texteReconnaissance textuelle : BÉNÉFICES DONNÉS.
BÉNÉFICES DONNÉS.
7 }
SA Majefté a donné l'Abbaye Réguliere & Elective
de Sainte Elifabeth-du Quefnoy , Ordre de
Saint Auguſtin , Dioceſe de Cambray , à la Dame
Biache , Religieufe de cette Abbaye ; l'Abbaye de
Signy , Ordre de Câteaux , Dioceſe de Rheims ,
au Cardinal de Tavannes ; l'Abbaye Réguliere &
Elective de Mareuil Ordre de Saint Auguftin , à
Dom Blanchart , Religieux de cette Abbaye ;
l'Abbaye Réguliere & Elective des Dames Chanoineffes
d'Ottmarsheim en Alface , Dioceſe de
Bafle , à la Dame Fraxland , Chanoineffe de ladite
Abbaye ; & l'Abbaye Réguliere & Elective de
Saint Jean des Choux , Dioceſe de Strasbourg , à
la Dame Bender.
7 }
SA Majefté a donné l'Abbaye Réguliere & Elective
de Sainte Elifabeth-du Quefnoy , Ordre de
Saint Auguſtin , Dioceſe de Cambray , à la Dame
Biache , Religieufe de cette Abbaye ; l'Abbaye de
Signy , Ordre de Câteaux , Dioceſe de Rheims ,
au Cardinal de Tavannes ; l'Abbaye Réguliere &
Elective de Mareuil Ordre de Saint Auguftin , à
Dom Blanchart , Religieux de cette Abbaye ;
l'Abbaye Réguliere & Elective des Dames Chanoineffes
d'Ottmarsheim en Alface , Dioceſe de
Bafle , à la Dame Fraxland , Chanoineffe de ladite
Abbaye ; & l'Abbaye Réguliere & Elective de
Saint Jean des Choux , Dioceſe de Strasbourg , à
la Dame Bender.
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Résumé : BÉNÉFICES DONNÉS.
Sa Majesté attribue des abbayes à divers religieux. Sainte Élisabeth-du-Quesnoy à la Dame Biache, Signy au Cardinal de Tavannes, Mareuil à Dom Blanchart, Ottmarsheim à la Dame Fraxland et Saint Jean des Choux à la Dame Bender.
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1366
p. 180-182
ALLEMAGNE.
Début :
Tous les Régimens de Hussards doivent être augmentés chacun de cinq cens [...]
Mots clefs :
Vienne, Régiments, Augmentation des effectifs, Ordonnance, Corps de troupes, Officiers, Dresde, Surveillance, Frontières, Leipzig, Monnaies, Fabrication, Change
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
*
L
DE VIENNE , le 21 Février.
Tous les Régimens de Huffards doivent être
augmentés chacun de cinq cens vingt hommes.
Plufieurs Prélats & Seigneurs Hongrois ont offert
à l'Impératrice Reine , de faire la plus grande
partie de cette augmentation à leurs dépens.
On a reçu la confirmation que le magafin établi à
Glatz par les Pruffiens , a été réduit en cendre ,
&qu'ils ont perdu par cet incendie vingt mille
..
AVRIL 1757. 181
fufils , douze mille uniformes , & dix - huit mille
feptiers de bled.
L'Impératrice Reine , par une Ordonnance
qu'Elle a envoyée à chaque Corps de fes troupes ,
accorde la Nobleffe à tout Officier , foit national ,
foit étranger , qui aura fervi dans les armées pendant
trente ans.
( Un Courier arrivé ces jours - ci de Conftantinople
, a apporté la nouvelle que le Grand Seigneur
avoit accordé la permiffion d'acheter fix
mille boeufs dans la Moldavie & dans la Valachie
pour le compte de l'Impératrice Reine.
DE DRESDE , le 8 Février.
S. M. Pruffienne a fat: publier une Ordonnanee ,
dont voici la teneur : « Il eft enjoint par la pré-
» fente , de la maniere la plus expreffe , aux habi-
> tans des Villes , Bourgs & Villages de la Saxe ,
» fitués le long des frontieres de la Boheme ,
» qu'en cas de mouvemens de la part des troupes
» Autrichiennes ils ne manquent point d'en.
>> donner connoiffance aux poftes avancés , dont
» ils feront le plus près : au défaut de quoi , & fi
» l'ennemi venoit à paffer outre , ils devront s'at-
» tendre immanquablement & fans rémiffion à
» être enlevés de chez eux , & gardés dans une
» détention des plus rigoureufes , auffi long-
» temps que les troupes Pruffiennes demeureront
» dans ce pays. Au contraire ceux qui feront
>> exactes à fe conformer à ce que la préfente leur
prefcrit , en feront récompenfés. On leur don-
» nera depuis trois jufqu'à dix écus , felon la nas
» ture & les circonftances de l'avis » ..
182 MERCURE DE FRANCE.
DE LEIPSICK , le 17 Février.
Depuis que les Pruffiens fe font emparés de l'Hôtel
des Monnoies, on y frappe jour & nuit de nouveaux
gros & de nouvelles pieces de huit gros , à la
marque des années 1753 & 1756 , & avec le nom
de l'ancien Directeur , afin qu'on ne puiffe pas
diftinguer les nouvelles efpeces des anciennes. Ĉependant
la différence entre les unes & les autres
pour la valeur intrinfeque eft confidérable. Suivant
l'évaluation qui a été faite , il y a un déchet
de vingt pour cent fur les gros , & plus de vingtneuf
fur les doubles. Le ducat revient à trois écus
fept gros ; & le louis.d'or à fix écus . Pour pouvoir
fabriquer une plus grande quantité de nouvelles
efpeces , le Juif Ephraim , qui a cette entreprife ,
a obtenu du Directoire de Torgau le renouvellement
des Edits , qui ordonnent de porter tout l'or
& l'argent à la monnoie. Il a obtenu auffi une
permiffion de fe faire remettre fur fes quittances
les deniers qui font dans la Caiffe de la Steur.
*
L
DE VIENNE , le 21 Février.
Tous les Régimens de Huffards doivent être
augmentés chacun de cinq cens vingt hommes.
Plufieurs Prélats & Seigneurs Hongrois ont offert
à l'Impératrice Reine , de faire la plus grande
partie de cette augmentation à leurs dépens.
On a reçu la confirmation que le magafin établi à
Glatz par les Pruffiens , a été réduit en cendre ,
&qu'ils ont perdu par cet incendie vingt mille
..
AVRIL 1757. 181
fufils , douze mille uniformes , & dix - huit mille
feptiers de bled.
L'Impératrice Reine , par une Ordonnance
qu'Elle a envoyée à chaque Corps de fes troupes ,
accorde la Nobleffe à tout Officier , foit national ,
foit étranger , qui aura fervi dans les armées pendant
trente ans.
( Un Courier arrivé ces jours - ci de Conftantinople
, a apporté la nouvelle que le Grand Seigneur
avoit accordé la permiffion d'acheter fix
mille boeufs dans la Moldavie & dans la Valachie
pour le compte de l'Impératrice Reine.
DE DRESDE , le 8 Février.
S. M. Pruffienne a fat: publier une Ordonnanee ,
dont voici la teneur : « Il eft enjoint par la pré-
» fente , de la maniere la plus expreffe , aux habi-
> tans des Villes , Bourgs & Villages de la Saxe ,
» fitués le long des frontieres de la Boheme ,
» qu'en cas de mouvemens de la part des troupes
» Autrichiennes ils ne manquent point d'en.
>> donner connoiffance aux poftes avancés , dont
» ils feront le plus près : au défaut de quoi , & fi
» l'ennemi venoit à paffer outre , ils devront s'at-
» tendre immanquablement & fans rémiffion à
» être enlevés de chez eux , & gardés dans une
» détention des plus rigoureufes , auffi long-
» temps que les troupes Pruffiennes demeureront
» dans ce pays. Au contraire ceux qui feront
>> exactes à fe conformer à ce que la préfente leur
prefcrit , en feront récompenfés. On leur don-
» nera depuis trois jufqu'à dix écus , felon la nas
» ture & les circonftances de l'avis » ..
182 MERCURE DE FRANCE.
DE LEIPSICK , le 17 Février.
Depuis que les Pruffiens fe font emparés de l'Hôtel
des Monnoies, on y frappe jour & nuit de nouveaux
gros & de nouvelles pieces de huit gros , à la
marque des années 1753 & 1756 , & avec le nom
de l'ancien Directeur , afin qu'on ne puiffe pas
diftinguer les nouvelles efpeces des anciennes. Ĉependant
la différence entre les unes & les autres
pour la valeur intrinfeque eft confidérable. Suivant
l'évaluation qui a été faite , il y a un déchet
de vingt pour cent fur les gros , & plus de vingtneuf
fur les doubles. Le ducat revient à trois écus
fept gros ; & le louis.d'or à fix écus . Pour pouvoir
fabriquer une plus grande quantité de nouvelles
efpeces , le Juif Ephraim , qui a cette entreprife ,
a obtenu du Directoire de Torgau le renouvellement
des Edits , qui ordonnent de porter tout l'or
& l'argent à la monnoie. Il a obtenu auffi une
permiffion de fe faire remettre fur fes quittances
les deniers qui font dans la Caiffe de la Steur.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En février 1757, l'Impératrice Reine d'Allemagne a ordonné l'augmentation des régiments de hussards à cinq cent vingt hommes chacun, financée par des prélats et seigneurs hongrois. Les Prussiens ont subi des pertes à Glatz, où un incendie a détruit un magasin contenant vingt mille fusils, douze mille uniformes et dix-huit mille septiers de blé. L'Impératrice Reine a accordé la noblesse aux officiers ayant servi trente ans dans les armées. Un courrier de Constantinople a annoncé l'achat de six mille bœufs en Moldavie et en Valachie pour le compte de l'Impératrice Reine. En Saxe, le roi de Prusse a exigé que les habitants des zones frontalières signalent les mouvements des troupes autrichiennes, sous peine de détention. Les Prussiens ont pris le contrôle de l'hôtel des monnaies à Leipzig et frappent de nouvelles pièces imitant les anciennes, avec une différence de valeur significative. Le Juif Ephraim a obtenu des permis pour la collecte de l'or et de l'argent, ainsi que pour récupérer les fonds de la caisse de la Steur.
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1367
p. 185-186
PAYS-BAS.
Début :
Les Etats Généraux ont envoyé au Prince Stadhouder le présent [...]
Mots clefs :
La Haye, Comte d'Affry, Mémoire, Armée, Camps militaires, Roi, États électoraux, Protection, Rhin, Düsseldorf
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texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS- BAS.
DE LA HAYE , le 4 Mars.
Les Etats Généraux ont envoyé au Prince Stadhouder
le préfent qu'ils ont reçu du Bey de Tripoli
. Le 28 du mois dernier , le Comte d'Affry ,
Miniftre Plénipotentiaire de Sa Majesté Très-
Chrétienne , remit aux Etats Généraux le Mémoire
fuivant : « Hauts & Puiffans Seigneurs ,.
» le Roi mon Maître , indépendamment des en-
» gagemens défenfifs qu'il a contractés avec l'Im-
» pératrice Reine de Hongrie & de Boheme , par
» le traité de Verſailles du premier Mai de l'année
>> derniere , doit en qualité de Garant de la paix
» de Weftphalie , des Conftitutions & des Liber-
» tés Germaniques , fecourir les Princes , qui
» étant injuſtement opprimés , ou ménacés d'une
» oppreffion prochaine , réclament la preftation
» de cette garantie. En conféquence de la réqui-
» fition de plufieurs Etats de l'Empire , Sa Ma-
» jeftéfe propofe d'affembler fur le Bas - Rhin une
» armée qui fera plus ou moins confidérable , & .
>> divifée en un où plufieurs Corps , felon que la
>> fituation & les intérêts de fes Alliés pourront
D
l'exiger. Le Roi ayant pour objet la fûreté &
» la tranquillité de fes Amis & de ſes Voifins , ne
» defire rien plus fincérement que de contribuer
» à rétablir le plutôt qu'il fera poffible le repos
» public fur des fondemens équitables & folides.
» Les troupes de Sa Majefté ſe mettront en mar-
>> che du 14 au 30 du mois prochain , pour cam-
» per entre le Rhin & la Meufe , à la hauteur de
» Duffeldorp . Elles auront attention à ne donner
>> aucun fujet de plainte à quelque Puiffance que
186 MERCURE DE FRANCE.
•
» ce foit , & furtout aux Etats Géneraux . Le Roi
>> comptant fur la fidélité inviolable de Leurs
» Hautes Puiffances à la neutralité qu'Elles ont
>> promis d'obferver , continuera de fon côté à
>> leur donner , dans toutes les occafions , les
» preuves les moins équivoques du véritable inté-
» rêt qu'il prend à leur profpé rité . Les troupes du
>> Roi , bien loin d'entreprendre rien qui puiffe
» être un fujet d'inquiétude pour Leurs Hautes
» Puiffances , feront employées à leur défenſe , ſi
>> en haine de leur neutralité , on attentoit à leur
>> repos , à leur liberté ou à leur commerce. Le
>> Roi mon Maître confiera volontiers aux Etats
» Généraux les réfolutions ultérieures , que les
» conjonctures pourront exiger de fa prévoyance
» & de fes engagemens. Sa Majefté attend de l'é-
>> quité & de l'amitié de Leurs Hautes Puiffances,
» qu'Elles feront en garde contre les fauffes nou-
» velles , par lefquelles on tâchera de leur faire
» illufion , & qu'elles s'en rapporteront avec une
>> confiance entiere aux affurances qu'Elle leur
» donne des fentimens auffi finceres que conftańs
» & évidens de fon eftime & de fon affection pour
leur République. »
Le Roi de la Grande -Bretagne & le Roi de
Pruffe ont auffi informé Leurs Hautes Puiffances ,
qu'ils feront dans la néceffité d'affembler une
armée d'obfervation dans les Provinces de leur
domination , voifines des Etats de la République ,
afin de mettre leurs Etats Electoraux à l'abri des
entrepriſes dont ils font ménacés.
DE LA HAYE , le 4 Mars.
Les Etats Généraux ont envoyé au Prince Stadhouder
le préfent qu'ils ont reçu du Bey de Tripoli
. Le 28 du mois dernier , le Comte d'Affry ,
Miniftre Plénipotentiaire de Sa Majesté Très-
Chrétienne , remit aux Etats Généraux le Mémoire
fuivant : « Hauts & Puiffans Seigneurs ,.
» le Roi mon Maître , indépendamment des en-
» gagemens défenfifs qu'il a contractés avec l'Im-
» pératrice Reine de Hongrie & de Boheme , par
» le traité de Verſailles du premier Mai de l'année
>> derniere , doit en qualité de Garant de la paix
» de Weftphalie , des Conftitutions & des Liber-
» tés Germaniques , fecourir les Princes , qui
» étant injuſtement opprimés , ou ménacés d'une
» oppreffion prochaine , réclament la preftation
» de cette garantie. En conféquence de la réqui-
» fition de plufieurs Etats de l'Empire , Sa Ma-
» jeftéfe propofe d'affembler fur le Bas - Rhin une
» armée qui fera plus ou moins confidérable , & .
>> divifée en un où plufieurs Corps , felon que la
>> fituation & les intérêts de fes Alliés pourront
D
l'exiger. Le Roi ayant pour objet la fûreté &
» la tranquillité de fes Amis & de ſes Voifins , ne
» defire rien plus fincérement que de contribuer
» à rétablir le plutôt qu'il fera poffible le repos
» public fur des fondemens équitables & folides.
» Les troupes de Sa Majefté ſe mettront en mar-
>> che du 14 au 30 du mois prochain , pour cam-
» per entre le Rhin & la Meufe , à la hauteur de
» Duffeldorp . Elles auront attention à ne donner
>> aucun fujet de plainte à quelque Puiffance que
186 MERCURE DE FRANCE.
•
» ce foit , & furtout aux Etats Géneraux . Le Roi
>> comptant fur la fidélité inviolable de Leurs
» Hautes Puiffances à la neutralité qu'Elles ont
>> promis d'obferver , continuera de fon côté à
>> leur donner , dans toutes les occafions , les
» preuves les moins équivoques du véritable inté-
» rêt qu'il prend à leur profpé rité . Les troupes du
>> Roi , bien loin d'entreprendre rien qui puiffe
» être un fujet d'inquiétude pour Leurs Hautes
» Puiffances , feront employées à leur défenſe , ſi
>> en haine de leur neutralité , on attentoit à leur
>> repos , à leur liberté ou à leur commerce. Le
>> Roi mon Maître confiera volontiers aux Etats
» Généraux les réfolutions ultérieures , que les
» conjonctures pourront exiger de fa prévoyance
» & de fes engagemens. Sa Majefté attend de l'é-
>> quité & de l'amitié de Leurs Hautes Puiffances,
» qu'Elles feront en garde contre les fauffes nou-
» velles , par lefquelles on tâchera de leur faire
» illufion , & qu'elles s'en rapporteront avec une
>> confiance entiere aux affurances qu'Elle leur
» donne des fentimens auffi finceres que conftańs
» & évidens de fon eftime & de fon affection pour
leur République. »
Le Roi de la Grande -Bretagne & le Roi de
Pruffe ont auffi informé Leurs Hautes Puiffances ,
qu'ils feront dans la néceffité d'affembler une
armée d'obfervation dans les Provinces de leur
domination , voifines des Etats de la République ,
afin de mettre leurs Etats Electoraux à l'abri des
entrepriſes dont ils font ménacés.
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Résumé : PAYS-BAS.
Le 4 mars, les États Généraux des Pays-Bas ont transmis au Prince Stadhouder un message du Bey de Tripoli. Le 28 février, le Comte d'Affry, ministre plénipotentiaire du roi de France, a remis aux États Généraux un mémoire. Ce document stipule que le roi de France, en tant que garant de la paix de Westphalie et des libertés germaniques, doit secourir les princes injustement opprimés ou menacés. En réponse à des requêtes de plusieurs États de l'Empire, le roi propose de rassembler une armée sur le Bas-Rhin, dont la taille et la division dépendront des besoins des alliés. Cette armée, visant à rétablir la paix, se mettra en marche entre le 14 et le 30 du mois suivant pour camper entre le Rhin et la Meuse, près de Duffeldorp. Le roi assure qu'il respectera la neutralité des États Généraux et que ses troupes seront employées à leur défense si nécessaire. Les rois de Grande-Bretagne et de Prusse ont également informé les États Généraux de leur intention de rassembler des armées d'observation dans leurs provinces voisines des États de la République pour protéger leurs États électoraux contre les menaces.
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1368
p. 187-200
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 15 Février, jour anniversaire de la naissance du Roi, on chanta le [...]
Mots clefs :
Cérémonie, Anniversaire du roi, Honneurs, Régiments, Bataillons, Gendarmerie, Évêque, Mandement, Te Deum, Duc, Bal, Règlement, Maréchal, Sceaux, Corsaires , Navires anglais, Marchandises, Compagnies
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE 15 Février , jour anniverfaire de la naiffance
du Roi , on chanta le Te Deum dans l'Eglife Notre-
Dame , Paroiffe du Château . M. le Comte de
Noailles , Gouverneur de Verfailles , y affitta ,
étant accompagné des Officiers du Bailliage,
Après la cérémonie , il alluma le feu , qui avoit
été préparé vis- à- vis de l'Eglife. Les Invalides ,
chargés de la garde de cette Ville , firent une triple
falve de moufqueterie. Il y eut expofition du
Saint-Sacrement Salut & Te Deum , dans les
autres Eglifes , ainfi que dans celle de Notre-
Dame. Le foir on fit des feux dans les rues , &
toutes les maifons furent illuminées.
>
Le Roi a accordé les honneurs de Grand-
Croix de l'Ordre Royal & Militaire de Saint Louis ,
à M. de Crémille , Commandeur de cet Ordre ,
Lieutenant- Général des Armées de Sa Majesté ,
Gouverneur d'Aire , & Infpecteur Général de
l'Infanterie , de la Cavalerie & des Dragons.
Le Roi a ordonné que chacun des Bataillons de
fon Infanterie , tant Françoife qu'Etrangere , fûr
pourvu d'une piece de canon à la Suédoife. Il fera
employé dans chaque Bataillon , pour la manoeu
vre de ces pieces de campagne , un Sergent &
feize Soldats , qui auront une haute paie,
Sa Majesté a réfolu de porter à douze cens quarante
hommes le Corps de fa Gendarmerie , aulieu
de huit cens huit , à quoi il eft actuellement.
188 MERCURE DE FRANCE.
Pour cet effet , les feize Compagnies qui compofent
ce Corps , feront mifes , de quarante- huit
Gendarmes ou Chevaux - Legers , dont elles font
formées , à foixante- quinze non compris les
deux Trompettes de chacune defdites Compagnies
, & indépendamment des huit Timbaliers
attachés aux huit Eſcadrons du Corps. Des vingtfept
hommes ordonnées d'augmentation par compagnie
, il y en aura quatorze à la premiere Brigade
, & treize à la feconde.
M. le Comte de Saint - Florentin , Miniftre &
Secretaire d'Etat , a été élu par l'Académie Royale
des Belles-Lettres , pour remplir la place d'Académicien
Honoraire , qui vaquoit par la mort de
M. le Marquis d'Argenfon.
Sa Majeſté a nommé Confeiller d'Etat M. Bertier
de Sauvigny , Intendant de la Généralité de
Paris.
Les Evêques de Bretagne , affemblés à Rennes
pour les Etats de la Province , ont donné le 11 de
ce , mois un Mandement , par lequel ils inftituent
à perpétuité une Fête à l'honneur des Saints Anges
Gardiens , pour remercier Dieu d'avoir ſauvé
le Roi de l'horrible attentat commis contre fa
Perfonne. Cette Fête fera célébrée tous les ans le
5 Janvier , mais cependant fans être chomée.
M. l'Evêque de Caftres a fait éclater fon zele, en
faifant chanter un Te Deum en mufique dans fa
Cathédrale & en donnant à toutes les perfonnes
de marque , qui fe trouvoient dans la Ville , un
fplendide repas , pendant lequel vingt- quatre
Muficiens exécuterent un très- beau Concert. Au
fortir de table , ce Prélat diftribua deux cens médailles
, & fit tirer une Loterie , dont chaque
billet portoit un lot . En même temps , par ordre
des Officiers Municipaux de la Ville , plufieurs
AVRIL. 1757 . 189
fontaines de vin coulerent , & l'on diſtribua au
peuple un boeuf & plufieurs moutons.
Le 20 Février , M. le Duc de Mirepoix , Commandant
en chef dans le Languedoc , célébra à
Montpellier , par une fête des plus éclatantes , la
convalefcence du Roi . On chanta dans l'Eglife Cathédrale
un Te Deum en mufique, auquel l'Evêque
de cette Ville officia. M. le Duc de Mirepoix y
affifta , accompagné de toute la Nobleffe , & des
Officiers de la Garnifon. La Cour des Comptes ,
Aides & Finances , s'y rendit en robes de cérémonie
, & elle donna l'exemple à tous les autres
Corps , de concourir à la folemnité d'un acte de
piété , dans lequel tout étoit fi intéreflant. Après
le Te Deum , il y eut une triple falve de l'artille
rie de la Ville & de la Citadelle , ainfi que de la
moufqueterie de la Garniſon , qui étoit en bataille
fur le rempart, Dès que la nuit fut venue , on tira
un très-beau feu d'artifice dans la Place de l'Hôtel
de Ville , dont les avenues depuis l'Hôtel du
Gouvernement étoient ornées d'Arcs de Triomphe
éclairés par une prodigieufe quantité de pots
afeu. Toutes les façades de l'Hôtel du Gouverment
étoient illuminées, depuis le rez -de- chauffée
jufqu'au toit , par des lampions qui en deffinoient
l'architecture , & qui dans les divers maffifs formoient
alternativement le Chiffre & les Armes de
Sa Majefté. M. le Duc de Mirepoix fit fervir un
fouper fplendide. La principale table qui étoit de
cinquante couverts , & en fer à cheval , ne fut
remplie que par les Dames les plus qualifiées. Il y
eut plufieurs autres tables , & outre cela on avoit
dreffé dans diverfes Salles des Buffets , où l'on
trouvoit abondamment en mets chauds & froids
tout ce qu'on pouvoit defirer. Un Bal qui dura
jufqu'au jour , termina cette brillante fête , à lag
190 MERCURE DE FRANCE.
quelle tous les habitans de cette Ville s'emprefferent
d'ajouter un nouvel éclat , en illuminant entiérement
les façades de leurs maifons , la plupart
en flambeaux de cire blanche. Des fontaines de
vin coulerent dans différens quartiers pour le
peuple qui , par fes danfes & par les acclamations
réitérées , témoigna la vivacité de fon amour pour
fon Souverain M. le Duc de Mirepoix devoit
partir hier pour retourner à la Cour ; mais il a
différé fon voyage , afin d'affifter au Te Deum
que la Cour des Comptes , Aides & Finances , doit
faire chanter demain avec beaucoup de pompe
dans la Chapelle du Palais .
Le Roi ayant jugé à propos de retenir les Sceaux,
& de faire fceller en fa préſence , Sa Majeſté donna
le 26 Février un Réglement , par lequel Elle a
déclaré fes intentions fur ce qu'Elle vouloit être
obfervé en cette occafion. Par ce Réglement ,
Elle a fait choix de MM. Feydeau -de Brou
Dagueffeau , de Bernage , Dagueffeau - de Frefne,
Trudaine & Poulletier , Confeillers d'Etat ordinaires
, pour avoir féance & voix délibérativedans
ce Confeil , avec fix Maîtres des Requêtes ,
que Sa Majefté choifira au commencement de
chaque quartier , & avec le Confeiller du Grand
Confeil, grand Rapporteur, qui fe trouvera de fervice.
Le 4 Mars , le Roi tint le Sceau dans la piece qui
précede la Chambre de Sa Majesté , & qui avoit
été préparée à cet effet. En conféquence de ce que
Sa Majesté a réglé , les fix Confeillers d'Eta: ordinaires
, ci - deffus nommés y affifterent , étant
affis des deux côtés du Bureau fur des tabourets ;
fçavoir , à droite , MM. Feydeau- de Brou , de
Bernage & Trudaine ; à gauche , MM . Dagueffeau
, Dagueffeau- de Frefne & Poulletier. MM.
Gagnat de Longay , Bignon , Mérault-de VilleAVRIL
1757. 191
fit
ron , Pouyvet de la Bliniere , de Gourgues &
Turgot , Maîtres des Requêtes choifis par le Roi
pour rapporter au Sceau pendant ce trimestre , &
M. de Baraffy , Grand Rapporteur de Service
étoient debout autour du fauteuil de Sa Majeſté .
Les Huiffiers de la Chancellerie ont tenu les portes.
M. le Maréchal - Duc de Richelieu , premier
Gentilhomme de la Chambre du Roi , & M. le
Duc d'Ayen , Capitaine des Gardes du Corps ,
étoient derriere le fauteuil de Sa Majesté. M. Sauvage
, Grand Audiencier de France en quartier
qui étoit debout à droite après M. Trudaine ,
la préfentation des lettres dont il étoit chargé.
Les Maîtres des Requêtes & le Grand Rapporteur,
firent le rapport de celles qui les concernent.
M. Chupin , Garde des Rôles , & M. Brillon-
Duperon , Confervateur des Hypotheques , préfenterent
; le premier , les provifions pour charges
& offices , le fecond les lettres de ratification de
rentes fur les revenus du Roi. Puis les Secretaires du
Roi firent lecture des lettres de grace , lefquelles furent
délibérées par les Confeillers d'Etat & Maîtres
des Requêtes préfens au Sceau , & réfolues par le
Roi. Après les rapports faits , le Roi indiqua le
premier Sceau à la quinzaine. Les Sceaux ayant
été remis dans leur boete , M. de Champcenetz ,
premier Valet de Chambre du Roi , qui les avoit
apportés , les reprit fur le Bureau pour les remporter.
Sa Majefté fe leva , & fut reconduit à la
porte de fa chambre par les Confeillers d'Etat
Maîtres des Requêtes & Grands Officiers de la
Chancellerie . Ce Sceau eft le premier que le Roi
ait tenu depuis fon avénement à la Couronne.
Louis XIV en tint onze en 1672 , après la mort
du Chancelier Seguier.
Le 28 Février , M. Seguier , Avocat, Général
192 MERCURE DE FRANCE.
au Parlement de Paris , fut élu , pour remplir la
place vacante dans l'Académie Françoiſe par la
mort de M. de Fontenelle .
+ Le Roi a nommé Maréchaux de France MM . le
Marquis de Senecterre , le Marquis de la Tour- '
Maubourg , le Comte de Lautrec , le Duc de
Biron , le Duc de Luxembourg, le Comte d'Eſtrées,
le Lord Clare Comte de Thomond , & le Duc de
Mirepoix.
Le 10 Mars , pendant la Meffe du Roi , M. le
Prince Conftantin de Rohan , Premier Aumônier
de Sa Majefté , a prêté ferment , comme Evêque
de Strasbourg , entre les mains du Roi.
"
Le 6 Mars , l'Académie royale des Belles - Lettres
, conduite par M. le Comte de Saint - Florentin
, préſenta au Roi trois volumes de fes Mémoires.
M. de Guignes & M. d'Anville de cette Académie
, préfenterent en même temps à Sa Majeſté
, l'un, trois volumes de l'Hiftoire des Huns &
autres Nations Tartares ; l'autre , une nouvelle
Carte des côtes de la Grece & de l'Archipel , avec
un Mémoire relatif à cette Carte mis fouspreffe
à l'Imprimerie royale , & dans lequel l'Auteur
rend compte des moyens qui ont principalement
contribué à la compofition de l'Ouvrage .
>
Sa Majesté a accordé le Régiment d'Infanterie
royal Comtois , vacant par la promotion de M.
le Marquis de Roquépine au grade de Maréchal
de Camp , à M. le Comte de Puységur , Colonel
du Régiment de Forez ; le Régiment de Forez , à
M. le Marquis de Chaumont- Bernage , Colonel
dans les Grenadiers de France ; le Régiment de
Trainel , vacant par la promotion de M. le Marquis
de Trainel au grade de Maréchal de Camp ,
à M. le Comte de Brancas , Colonel dans les Grenadiers
de France ; le Régiment de Cavalerie
vacant
AVRIL. 1757. 193
vacant par la promotion de M. le Comte d'Egmont
au grade de Maréchal de Camp , à M. le Duc
de Charoft ; & les deux places de Colonels que
M. le Marquis de Chaumont-Bernage & M. le
Comte de Brancas rempliffoient dans les Grenadiers
de France , à M. Rouillé-de Roiffy & à M.'
le Comte de la Luzerne.
La Compagnie , qui vaquoit dans le Régiment
des Gardes Suiffes par la mort de M. de Caftella ,
a été donnée à M. de Caftella fon frere , Capitaine
au Régiment de Planta . MM. de Caſtella ont été
fept freres au ſervice de Sa Majefté , & trois y font
morts.
Le 6 du même mois , en action de graces de la
conſervation du Roi, on a chanté dans l'Eglife Mé,
tropolitaine , conformément au Mandement donné
par l'Archevêque de Paris , une Meffe folemnelle
, & enfuite le Te Deum, en mufique. M. l'Ab
bé de Saint-Exupery , Doyen , a officié. Le lendemain
, le Chapitre a fait remettre des aumônes
pour les pauvres aux Curés des huit Paroiffes de la
Cité , & de celles de ces Eglifes fujetes.
M. le Prince Conftantin-de Rohan , Evêque de
Strasbourg , fut facré le même jour dans la Chapelle
du Séminaire de Saint Sulpice , par M. le
Cardinal de la Rochefoucaud , affifté des Evêques
de Digne & de Saint - Omer.
Le 14, M. l'Evêque d'Autun fut reçu dans l'A
cadémie Françoiſe à la place de M. le Cardinal de
Soubife , & il prononça fon Difcours de remer
ciement , auquel M. Dupré-de S. Maur répondit
au nom de l'Académie. Après cette réponſe ,
M. d'Alembert lut des Réflexions fur l'ufage & fur
l'abus de la Philofophie dans les matieres de goût.
Nous donnerons un extrait des deux Diſcours
'dans le fecond Volume,
I.Vol, I
194 MERCURE DE FRANCE.
Le Corfaire le Don de Dieu , de Calais , y a
fait conduire le Brigantin Anglais les Trois Freres
, de Sunderland , chargé de charbon de terre ,
dont il s'eft emparé.
Un Navire Anglois , de 220 tonneaux , armé
de fix petits canons , ayant pour cargaison 1400
barrils de goudron , 4 barrils de thérébentine , des
merrains & quelques cuirs , a été pris par le Corfaire
le Saint - Louis , de Dunkerque , qui l'a conduit
à Boulogne.
Il eft arrivé dans le même Port un Bateau de
so tonneaux , chargé de fel , dont le Corfaire
le Marquis -de Vilequier s'eft rendu maître .
Le Capitaine Lamy , qui commande le Procu
veur , autre Corfaire de Boulogne , s'eft emparé
des Navires l'Espérance , de Yarmouth ; le Change
& la Chriftine , de Dyfant en Ecoffe ; & il les
a rançonnés pour $ 60 livres fterlings.
Les Navires Anglois le Comte d'Holderneſs ,
de
120 tonneaux , chargé de vin & de quelques autres
marchandifes ; la Bonne Intention , dont le
chargement confifte en orange & citrons ; & un
Bateau de 30 tonneaux , chargé de cidre & de
quelques paquets de poiffon fec , ont été conduits
au Havre par les Corſaires la Favorite &
l'Entreprenante , de ce Port.
Le Navire la France , d'Irlande , de 70 tonneaux
, chargé d'huile d'olive , d'oranges & de
citrons , a été pris par le Corfaire le Machault
de Granville , qui l'a conduit à Morlaix . Le même
Corfaire s'eft rendu maître d'un autre Navire,
Anglois de 100 tonneaux , chargé d'indigo , de
café , de bois pour teinture , & de drogues pour
la Médecine , qui eft arrivé à Roscoff,
Il a été conduit à Saint-Malo deux Bâtimens
Anglois , l'un chargé de citrons & d'oranges ,
AVRIL. 1757. 195
J
pris par le Corfaire la Sauterelle , de Breft ; &
Pautre chargé de fel , pris par les Corfaires la
Vengeance & la Comteffe de Bentheim.
Le Corfaire le Bart , de Calais , Capitaine
François Potier, s'eft emparé de deux petits Brigantins
Anglois , qu'il a rançonnés pour la fomme
de quatorze mille livres.
>
Le Corfaire le Machault , de Granville , ya'
envoyé le Navire la Providence , de Darmouth
de 100 tonneaux , venant de la Jamaïque avec
une cargaison qui confifte en 160 barrils de brai
250 barriques de ris , 14 boucauts de cafcarille
so planches & 8000 livres de bois des Indes.
>
Le Navire Anglois la Marie , de la Nouvelle
Yorck , de 150 tonneaux , chargé de café , d'indigo
, de dents d'élephant , de bois de Campeche,
&c. pris par le Corfaire le Scot , de Saint-Ma
lo , s'eft échoué le 23 du mois dernier à la côte de
Barfleur. On a fauvé fa cargaiſon.
Le même Corſaire a enlevé aux Anglois le Bateau
la Marguerite , de Cherbourg , chargé de
glaces brutes : ce Bateau s'étoit auffi échoué ,
mais il a été relevé & conduit à Barfleur.
Le fieur de Breville , commandant le Corfaire
la Vengeance, de Saint-Malo , s'eſt rendu maître
d'un Navire Anglois dont la cargaison , qui eft
eftimée deux cens mille livres , confifte en ballots
de foyeries, caiffes de drogues , & autres marchandifes
propres pour la traite des Negres.
On mande de Breft , que le Corfaire la Comteffe
de Bentheim, de Saint-Malo , a relâché dans ce pre
mier Port , où il a conduit le Navire Anglois
Affomption , allant de la Jamaïque à Londres
chargé de fucre & de café.
Le Navire l'Afrique , de Plymouth , chargé
dessobarriques de fardines , & de 130 barrils d'é
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
tain , a été pris par le Corfaire l'Intrépide , de
Bayonne , où il a été conduit.
Les lettres écrites de Bayonne , marquent que
le Corfaire l'Aurore , de ce port , Capitaine le
fieur Lavernis , a pris & y a conduit les Navires
Anglois la Rebecca , de Hul , de 200 tonneaux
armé de fix canons, chargé de 1400 barrils de goudron
; l'Entreprise , deLondres , de 160 tonneaux,
chargé de tabac en feuilles , & le Planter , de
Montfarrat , de 200 tonneaux , ayant pour
chargement
340 boucauts de fucre.
Le même Corfaire a fait conduire à Saint-Jeande-
Luz un autre Bâtiment Anglois , dont la cargaifon
eft compofée de 600 quintaux de morue
verte & féche.
Le Capitaine Jean Vergez , commandant le
Diligent , autre Corfaire de Bayonne , y a fait
conduire le Navire Anglois l'Edouard & Susanne,
de 160 tonneaux , chargé de fucre.
Le Capitaine Potier , commandant le Corfaire
l'Amiral Bart , de Calais , étant fur fa croifiere
près des côtes d'Angleterre découvrit un Brigantin
Anglois de cent cinquante tonneaux . A la vue du
Corfaire , ce Brigantin fe réfugia ſous le canon
des trois Forts de Haftings. Quoique le Capitaine
Potier n'eût que quatre canons , il attaqua le Bâtiment
ennemi , & il alloit l'aborder , lorſque l'équipage
Anglois prit le parti d'échouer . Sur ces
entrefaites parut un autre Navire que le Corfaire
enleva , & qu'il amena à Calais . Ce dernier Bâtiment
, qui fe nomme le Waterborn , eft de Boſton
dans la Nouvelle Angleterre. Il venoit de la Jamaïque
, & alloit à Londres. Sa charge eft eftimée
deux cens mille livres. C'eft la quatorzieme
prife qui ait été conduite à Calais depuis trois
mois , &la feptieme depuis le 18 jufqu'au 30 du
mois dernier.
AVRIL. 1757.
197
Ön mande de Marfeille , que le Corfaire le Colibry
, de 12 canons , & de 120 hommes d'équipage
, commandé par le Capitaine Georges-René
de Pleville-le Pelley , s'eft emparé des Navires Anglois
la Reine de Naples , allant de Gallipoly å
Londres , avec un chargement d'huile & de foie ;
le Guillaume , allant de Falmouth à Civita-Vecchia
, chargé d'étaim & de harengs , & la Marie
allant d'Yarmouth à Naples , & dont la charge
confiftoit en harengs & en plomb.
Selon des lettres de Toulon , un Grec établi depuis
quelques années en Provence s'embarqua der.
niérement fur une Tartane , dont l'équipage con
fiftoit feulement en trois François & trois Gênois.
Ce Bâtiment ayant été enlevé par un Corſaire Anglois
, monté de douze hommes ; le Capitaine du
Vaiffeau ennemi fit paffer le Grec & les trois Gênois
fur fon bord ; & y ayant laiffé trois Anglois ,
il monta fur la Tartane avec le refte de fon équipage.
Le Grec faifit une occafion favorable , qui
fe préfenta. Il tua lui feul les trois Anglois , à qui
leur Commandant avoit confié la garde du Corfaire.
Ayant abordé enſuite la Tartanne , il la reprit
avec le fecours des trois François & des trois Gênois.
Il a conduit à Toulon le Bâtiment , dont il
s'eft emparé.
On mande de Calais , que le Corfaire le Bart ;
de ce Port ' , commandé par le Capitaine Potier ,
y a conduit le Navire Anglois le Winterborn , de
130 tonneaux , chargé de fucre & d'autres marchandifes.
200
Le Corfaire le Duc d'Aumont , de Boulogne ,
s'eft rendu maître d'un Navire Anglois , de
tonneaux , qui revenoit de la Jamaïque avec une
cargaifon compofée de fucre , de tafia & de bois
d'Acajou.
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Le Corfaire le Gros Thomas , du même Port , a
conduit à Calais le Navire l'Elifabeth & Catherine,
de 70 tonneaux , chargé de beurre & de
cuirs.
Le Tapageur & le Procureur , autres Corfaires
de Boulogne , fe font emparés , le premier de
deux Bâteaux Anglois , chargés l'un de bled ,
Pautre de charbon de terre , & le fecond du Navire
la Comteffe de Murray , de 90 tonneaux , chargé
de faumon falé .
Les Corfaires le Comte de Saint- Germain , de
Dunkerque , & le Don de Dieu , de Calais , ont
fait conduire à Boulogne un Bâteau de 70 tonneaux
, chargé d'oranges & de citrons , & le Brigantin
le Thomas David , de 120 tonneaux ,
chargé de grains.
Il eft arrivé à Fécamp un Navire Anglois de 220
tonneaux , armé de 8 canons , & de 37 hommes
d'équipage. Sa cargaiſon confifte en 1123 barrils
de poudre de guerre , en armes à feu de toutes
efpeces , en foyeries , clincailleries , & c. Ce Navire
a été pris par le Capitaine Canon , commandant
le Corfaire le Prince de Soubise , de Dunkerque.
Une prife Angloiſe faite par le Corſaire le Machault
, de Grandville , a échoué à la côte de
Langrune en Baffe Normandie ; mais on a fauvé
la cargaifon , compofée de 300 cuirs , de 2000
barrils de beurre , & de 1960 morues féches.
Le Corfaire le Comte de Clermont , de Saint-
Malo , commandé par le Capitaine Colin-de la
Brifelaine , s'eft emparé le troifieme jour de fa
croifiere , d'un Navire Anglois , de 240 tonneaux
, venant de la Jamaïque , & dont la charge
eft eftimée deux cens mille livres . Cette prife
que le Capitaine Brifelaine a conduite lui- même à
AVRIL. 1757. 199
k
Saint-Malo , avoit été faite d'abord par un Cor
faire de Bayonne , & lui avoit été enlevée par un
Armateur Anglois , fur qui le Corfaire le Comte
de Clermont l'a repriſe.
> Le Scott , autre Corfaire de Saint - Malo Capitaine
Pattard, s'eft auffi rendu maître du Navire
Anglois le Hardi , de 180 tonneaux , chargé de
fucre , de café , de coton & d'autres marchandifes
qu'il avoit prifes à la Nouvelle York .
On apprend par des lettres écrites de Bayonne,
que les Corfaires la Levrette & le Dauphin , de
ce Port , fe font emparés des Navires Anglois la
Suverne & le Louis , de Londres , de 250 tonneaux
chacun , & l'Owaftel , de Holt . Ces Bâtimens
font chargés , le premier de tabac & de fer ,
le fecond de fucre , de café & de tafia , & le troifieme
de tabac & de merrains.
de 70
Les Navires Anglois le Robert , de la Virginie ,
de 130 tonneaux , chargé de tabac , de fucre & de
pelleteries , & l'Endeavour , de Briſtol ,
tonneaux , dont la cargaifon eft composée d'hui
le , de poiffon & de morue verte , ont été pris
par les Corfaires l'Aimable Dauphin , de Ciboure
& l'Espérance , de Louisbourg , qui les ont
fait conduire à Bayonne.
>
Les Corfaires le Toulousain , le Faucon , le Té
lémaque & le Saint-Antoine , dit le Colibri , de
Marſeille , y ont conduit les Navires Anglois
l'Aigle , de Yarmouth , de 160 tonneaux , armé
de 2 canons , chargé de plomb & de harengs ; la
Vierge , de Bristol , de 130 tonneaux , chargé
de faumon & de morue ; le Harril , de Liverpool
, de 120 tonneaux , armé de 6 petits canons ,
chargé d'eau-de- vie & d'huile ; la Diane , de
Lynn , de 150 tonneaux , chargé de fromage , de
plomb & de harangs , & la Marie , qui a auffi
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
un chargement de harengs & de plomb.
On mande de Marfeille , que M. Pigache ;
Lieutenant de Vaiffeau , commandant le Vaiffeau
du Roi l'Hippopotame , armé en courfe , s'eft rendu
maître , à la hauteur de l'Ile Fromentiere
du Corfaire Anglois le Conftantin , de 18 canons ,
& de 130 hommes d'équipage.
>
Le Capitaine Macquet , qui commande le Corle
Don de Dieu , de Calais , a fait conduire à faire
Dunkerque le Navire Anglois les Trois Freres , de
110 tonneaux , chargé de charbon de terre , dont
il s'eft emparé.
Un Brigantin de 100 tonneaux , chargé d'eaude-
vie , de vin du Rhin , & de plufieurs autres
marchandiſes , a été pris par le Corfaire l'Epervier
, de Calais , & y a été conduit .
Le 17 Mars , les Actions de la Compagnie des
Indes étoient à quinze cens dix livres : les Billets
de la premiere Loterie Royal , à neuf cens quarante,
Ceux de la feconde & de la troisieme Loterie
n'avoient point de prix fixe.
LE 15 Février , jour anniverfaire de la naiffance
du Roi , on chanta le Te Deum dans l'Eglife Notre-
Dame , Paroiffe du Château . M. le Comte de
Noailles , Gouverneur de Verfailles , y affitta ,
étant accompagné des Officiers du Bailliage,
Après la cérémonie , il alluma le feu , qui avoit
été préparé vis- à- vis de l'Eglife. Les Invalides ,
chargés de la garde de cette Ville , firent une triple
falve de moufqueterie. Il y eut expofition du
Saint-Sacrement Salut & Te Deum , dans les
autres Eglifes , ainfi que dans celle de Notre-
Dame. Le foir on fit des feux dans les rues , &
toutes les maifons furent illuminées.
>
Le Roi a accordé les honneurs de Grand-
Croix de l'Ordre Royal & Militaire de Saint Louis ,
à M. de Crémille , Commandeur de cet Ordre ,
Lieutenant- Général des Armées de Sa Majesté ,
Gouverneur d'Aire , & Infpecteur Général de
l'Infanterie , de la Cavalerie & des Dragons.
Le Roi a ordonné que chacun des Bataillons de
fon Infanterie , tant Françoife qu'Etrangere , fûr
pourvu d'une piece de canon à la Suédoife. Il fera
employé dans chaque Bataillon , pour la manoeu
vre de ces pieces de campagne , un Sergent &
feize Soldats , qui auront une haute paie,
Sa Majesté a réfolu de porter à douze cens quarante
hommes le Corps de fa Gendarmerie , aulieu
de huit cens huit , à quoi il eft actuellement.
188 MERCURE DE FRANCE.
Pour cet effet , les feize Compagnies qui compofent
ce Corps , feront mifes , de quarante- huit
Gendarmes ou Chevaux - Legers , dont elles font
formées , à foixante- quinze non compris les
deux Trompettes de chacune defdites Compagnies
, & indépendamment des huit Timbaliers
attachés aux huit Eſcadrons du Corps. Des vingtfept
hommes ordonnées d'augmentation par compagnie
, il y en aura quatorze à la premiere Brigade
, & treize à la feconde.
M. le Comte de Saint - Florentin , Miniftre &
Secretaire d'Etat , a été élu par l'Académie Royale
des Belles-Lettres , pour remplir la place d'Académicien
Honoraire , qui vaquoit par la mort de
M. le Marquis d'Argenfon.
Sa Majeſté a nommé Confeiller d'Etat M. Bertier
de Sauvigny , Intendant de la Généralité de
Paris.
Les Evêques de Bretagne , affemblés à Rennes
pour les Etats de la Province , ont donné le 11 de
ce , mois un Mandement , par lequel ils inftituent
à perpétuité une Fête à l'honneur des Saints Anges
Gardiens , pour remercier Dieu d'avoir ſauvé
le Roi de l'horrible attentat commis contre fa
Perfonne. Cette Fête fera célébrée tous les ans le
5 Janvier , mais cependant fans être chomée.
M. l'Evêque de Caftres a fait éclater fon zele, en
faifant chanter un Te Deum en mufique dans fa
Cathédrale & en donnant à toutes les perfonnes
de marque , qui fe trouvoient dans la Ville , un
fplendide repas , pendant lequel vingt- quatre
Muficiens exécuterent un très- beau Concert. Au
fortir de table , ce Prélat diftribua deux cens médailles
, & fit tirer une Loterie , dont chaque
billet portoit un lot . En même temps , par ordre
des Officiers Municipaux de la Ville , plufieurs
AVRIL. 1757 . 189
fontaines de vin coulerent , & l'on diſtribua au
peuple un boeuf & plufieurs moutons.
Le 20 Février , M. le Duc de Mirepoix , Commandant
en chef dans le Languedoc , célébra à
Montpellier , par une fête des plus éclatantes , la
convalefcence du Roi . On chanta dans l'Eglife Cathédrale
un Te Deum en mufique, auquel l'Evêque
de cette Ville officia. M. le Duc de Mirepoix y
affifta , accompagné de toute la Nobleffe , & des
Officiers de la Garnifon. La Cour des Comptes ,
Aides & Finances , s'y rendit en robes de cérémonie
, & elle donna l'exemple à tous les autres
Corps , de concourir à la folemnité d'un acte de
piété , dans lequel tout étoit fi intéreflant. Après
le Te Deum , il y eut une triple falve de l'artille
rie de la Ville & de la Citadelle , ainfi que de la
moufqueterie de la Garniſon , qui étoit en bataille
fur le rempart, Dès que la nuit fut venue , on tira
un très-beau feu d'artifice dans la Place de l'Hôtel
de Ville , dont les avenues depuis l'Hôtel du
Gouvernement étoient ornées d'Arcs de Triomphe
éclairés par une prodigieufe quantité de pots
afeu. Toutes les façades de l'Hôtel du Gouverment
étoient illuminées, depuis le rez -de- chauffée
jufqu'au toit , par des lampions qui en deffinoient
l'architecture , & qui dans les divers maffifs formoient
alternativement le Chiffre & les Armes de
Sa Majefté. M. le Duc de Mirepoix fit fervir un
fouper fplendide. La principale table qui étoit de
cinquante couverts , & en fer à cheval , ne fut
remplie que par les Dames les plus qualifiées. Il y
eut plufieurs autres tables , & outre cela on avoit
dreffé dans diverfes Salles des Buffets , où l'on
trouvoit abondamment en mets chauds & froids
tout ce qu'on pouvoit defirer. Un Bal qui dura
jufqu'au jour , termina cette brillante fête , à lag
190 MERCURE DE FRANCE.
quelle tous les habitans de cette Ville s'emprefferent
d'ajouter un nouvel éclat , en illuminant entiérement
les façades de leurs maifons , la plupart
en flambeaux de cire blanche. Des fontaines de
vin coulerent dans différens quartiers pour le
peuple qui , par fes danfes & par les acclamations
réitérées , témoigna la vivacité de fon amour pour
fon Souverain M. le Duc de Mirepoix devoit
partir hier pour retourner à la Cour ; mais il a
différé fon voyage , afin d'affifter au Te Deum
que la Cour des Comptes , Aides & Finances , doit
faire chanter demain avec beaucoup de pompe
dans la Chapelle du Palais .
Le Roi ayant jugé à propos de retenir les Sceaux,
& de faire fceller en fa préſence , Sa Majeſté donna
le 26 Février un Réglement , par lequel Elle a
déclaré fes intentions fur ce qu'Elle vouloit être
obfervé en cette occafion. Par ce Réglement ,
Elle a fait choix de MM. Feydeau -de Brou
Dagueffeau , de Bernage , Dagueffeau - de Frefne,
Trudaine & Poulletier , Confeillers d'Etat ordinaires
, pour avoir féance & voix délibérativedans
ce Confeil , avec fix Maîtres des Requêtes ,
que Sa Majefté choifira au commencement de
chaque quartier , & avec le Confeiller du Grand
Confeil, grand Rapporteur, qui fe trouvera de fervice.
Le 4 Mars , le Roi tint le Sceau dans la piece qui
précede la Chambre de Sa Majesté , & qui avoit
été préparée à cet effet. En conféquence de ce que
Sa Majesté a réglé , les fix Confeillers d'Eta: ordinaires
, ci - deffus nommés y affifterent , étant
affis des deux côtés du Bureau fur des tabourets ;
fçavoir , à droite , MM. Feydeau- de Brou , de
Bernage & Trudaine ; à gauche , MM . Dagueffeau
, Dagueffeau- de Frefne & Poulletier. MM.
Gagnat de Longay , Bignon , Mérault-de VilleAVRIL
1757. 191
fit
ron , Pouyvet de la Bliniere , de Gourgues &
Turgot , Maîtres des Requêtes choifis par le Roi
pour rapporter au Sceau pendant ce trimestre , &
M. de Baraffy , Grand Rapporteur de Service
étoient debout autour du fauteuil de Sa Majeſté .
Les Huiffiers de la Chancellerie ont tenu les portes.
M. le Maréchal - Duc de Richelieu , premier
Gentilhomme de la Chambre du Roi , & M. le
Duc d'Ayen , Capitaine des Gardes du Corps ,
étoient derriere le fauteuil de Sa Majesté. M. Sauvage
, Grand Audiencier de France en quartier
qui étoit debout à droite après M. Trudaine ,
la préfentation des lettres dont il étoit chargé.
Les Maîtres des Requêtes & le Grand Rapporteur,
firent le rapport de celles qui les concernent.
M. Chupin , Garde des Rôles , & M. Brillon-
Duperon , Confervateur des Hypotheques , préfenterent
; le premier , les provifions pour charges
& offices , le fecond les lettres de ratification de
rentes fur les revenus du Roi. Puis les Secretaires du
Roi firent lecture des lettres de grace , lefquelles furent
délibérées par les Confeillers d'Etat & Maîtres
des Requêtes préfens au Sceau , & réfolues par le
Roi. Après les rapports faits , le Roi indiqua le
premier Sceau à la quinzaine. Les Sceaux ayant
été remis dans leur boete , M. de Champcenetz ,
premier Valet de Chambre du Roi , qui les avoit
apportés , les reprit fur le Bureau pour les remporter.
Sa Majefté fe leva , & fut reconduit à la
porte de fa chambre par les Confeillers d'Etat
Maîtres des Requêtes & Grands Officiers de la
Chancellerie . Ce Sceau eft le premier que le Roi
ait tenu depuis fon avénement à la Couronne.
Louis XIV en tint onze en 1672 , après la mort
du Chancelier Seguier.
Le 28 Février , M. Seguier , Avocat, Général
192 MERCURE DE FRANCE.
au Parlement de Paris , fut élu , pour remplir la
place vacante dans l'Académie Françoiſe par la
mort de M. de Fontenelle .
+ Le Roi a nommé Maréchaux de France MM . le
Marquis de Senecterre , le Marquis de la Tour- '
Maubourg , le Comte de Lautrec , le Duc de
Biron , le Duc de Luxembourg, le Comte d'Eſtrées,
le Lord Clare Comte de Thomond , & le Duc de
Mirepoix.
Le 10 Mars , pendant la Meffe du Roi , M. le
Prince Conftantin de Rohan , Premier Aumônier
de Sa Majefté , a prêté ferment , comme Evêque
de Strasbourg , entre les mains du Roi.
"
Le 6 Mars , l'Académie royale des Belles - Lettres
, conduite par M. le Comte de Saint - Florentin
, préſenta au Roi trois volumes de fes Mémoires.
M. de Guignes & M. d'Anville de cette Académie
, préfenterent en même temps à Sa Majeſté
, l'un, trois volumes de l'Hiftoire des Huns &
autres Nations Tartares ; l'autre , une nouvelle
Carte des côtes de la Grece & de l'Archipel , avec
un Mémoire relatif à cette Carte mis fouspreffe
à l'Imprimerie royale , & dans lequel l'Auteur
rend compte des moyens qui ont principalement
contribué à la compofition de l'Ouvrage .
>
Sa Majesté a accordé le Régiment d'Infanterie
royal Comtois , vacant par la promotion de M.
le Marquis de Roquépine au grade de Maréchal
de Camp , à M. le Comte de Puységur , Colonel
du Régiment de Forez ; le Régiment de Forez , à
M. le Marquis de Chaumont- Bernage , Colonel
dans les Grenadiers de France ; le Régiment de
Trainel , vacant par la promotion de M. le Marquis
de Trainel au grade de Maréchal de Camp ,
à M. le Comte de Brancas , Colonel dans les Grenadiers
de France ; le Régiment de Cavalerie
vacant
AVRIL. 1757. 193
vacant par la promotion de M. le Comte d'Egmont
au grade de Maréchal de Camp , à M. le Duc
de Charoft ; & les deux places de Colonels que
M. le Marquis de Chaumont-Bernage & M. le
Comte de Brancas rempliffoient dans les Grenadiers
de France , à M. Rouillé-de Roiffy & à M.'
le Comte de la Luzerne.
La Compagnie , qui vaquoit dans le Régiment
des Gardes Suiffes par la mort de M. de Caftella ,
a été donnée à M. de Caftella fon frere , Capitaine
au Régiment de Planta . MM. de Caſtella ont été
fept freres au ſervice de Sa Majefté , & trois y font
morts.
Le 6 du même mois , en action de graces de la
conſervation du Roi, on a chanté dans l'Eglife Mé,
tropolitaine , conformément au Mandement donné
par l'Archevêque de Paris , une Meffe folemnelle
, & enfuite le Te Deum, en mufique. M. l'Ab
bé de Saint-Exupery , Doyen , a officié. Le lendemain
, le Chapitre a fait remettre des aumônes
pour les pauvres aux Curés des huit Paroiffes de la
Cité , & de celles de ces Eglifes fujetes.
M. le Prince Conftantin-de Rohan , Evêque de
Strasbourg , fut facré le même jour dans la Chapelle
du Séminaire de Saint Sulpice , par M. le
Cardinal de la Rochefoucaud , affifté des Evêques
de Digne & de Saint - Omer.
Le 14, M. l'Evêque d'Autun fut reçu dans l'A
cadémie Françoiſe à la place de M. le Cardinal de
Soubife , & il prononça fon Difcours de remer
ciement , auquel M. Dupré-de S. Maur répondit
au nom de l'Académie. Après cette réponſe ,
M. d'Alembert lut des Réflexions fur l'ufage & fur
l'abus de la Philofophie dans les matieres de goût.
Nous donnerons un extrait des deux Diſcours
'dans le fecond Volume,
I.Vol, I
194 MERCURE DE FRANCE.
Le Corfaire le Don de Dieu , de Calais , y a
fait conduire le Brigantin Anglais les Trois Freres
, de Sunderland , chargé de charbon de terre ,
dont il s'eft emparé.
Un Navire Anglois , de 220 tonneaux , armé
de fix petits canons , ayant pour cargaison 1400
barrils de goudron , 4 barrils de thérébentine , des
merrains & quelques cuirs , a été pris par le Corfaire
le Saint - Louis , de Dunkerque , qui l'a conduit
à Boulogne.
Il eft arrivé dans le même Port un Bateau de
so tonneaux , chargé de fel , dont le Corfaire
le Marquis -de Vilequier s'eft rendu maître .
Le Capitaine Lamy , qui commande le Procu
veur , autre Corfaire de Boulogne , s'eft emparé
des Navires l'Espérance , de Yarmouth ; le Change
& la Chriftine , de Dyfant en Ecoffe ; & il les
a rançonnés pour $ 60 livres fterlings.
Les Navires Anglois le Comte d'Holderneſs ,
de
120 tonneaux , chargé de vin & de quelques autres
marchandifes ; la Bonne Intention , dont le
chargement confifte en orange & citrons ; & un
Bateau de 30 tonneaux , chargé de cidre & de
quelques paquets de poiffon fec , ont été conduits
au Havre par les Corſaires la Favorite &
l'Entreprenante , de ce Port.
Le Navire la France , d'Irlande , de 70 tonneaux
, chargé d'huile d'olive , d'oranges & de
citrons , a été pris par le Corfaire le Machault
de Granville , qui l'a conduit à Morlaix . Le même
Corfaire s'eft rendu maître d'un autre Navire,
Anglois de 100 tonneaux , chargé d'indigo , de
café , de bois pour teinture , & de drogues pour
la Médecine , qui eft arrivé à Roscoff,
Il a été conduit à Saint-Malo deux Bâtimens
Anglois , l'un chargé de citrons & d'oranges ,
AVRIL. 1757. 195
J
pris par le Corfaire la Sauterelle , de Breft ; &
Pautre chargé de fel , pris par les Corfaires la
Vengeance & la Comteffe de Bentheim.
Le Corfaire le Bart , de Calais , Capitaine
François Potier, s'eft emparé de deux petits Brigantins
Anglois , qu'il a rançonnés pour la fomme
de quatorze mille livres.
>
Le Corfaire le Machault , de Granville , ya'
envoyé le Navire la Providence , de Darmouth
de 100 tonneaux , venant de la Jamaïque avec
une cargaison qui confifte en 160 barrils de brai
250 barriques de ris , 14 boucauts de cafcarille
so planches & 8000 livres de bois des Indes.
>
Le Navire Anglois la Marie , de la Nouvelle
Yorck , de 150 tonneaux , chargé de café , d'indigo
, de dents d'élephant , de bois de Campeche,
&c. pris par le Corfaire le Scot , de Saint-Ma
lo , s'eft échoué le 23 du mois dernier à la côte de
Barfleur. On a fauvé fa cargaiſon.
Le même Corſaire a enlevé aux Anglois le Bateau
la Marguerite , de Cherbourg , chargé de
glaces brutes : ce Bateau s'étoit auffi échoué ,
mais il a été relevé & conduit à Barfleur.
Le fieur de Breville , commandant le Corfaire
la Vengeance, de Saint-Malo , s'eſt rendu maître
d'un Navire Anglois dont la cargaison , qui eft
eftimée deux cens mille livres , confifte en ballots
de foyeries, caiffes de drogues , & autres marchandifes
propres pour la traite des Negres.
On mande de Breft , que le Corfaire la Comteffe
de Bentheim, de Saint-Malo , a relâché dans ce pre
mier Port , où il a conduit le Navire Anglois
Affomption , allant de la Jamaïque à Londres
chargé de fucre & de café.
Le Navire l'Afrique , de Plymouth , chargé
dessobarriques de fardines , & de 130 barrils d'é
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
tain , a été pris par le Corfaire l'Intrépide , de
Bayonne , où il a été conduit.
Les lettres écrites de Bayonne , marquent que
le Corfaire l'Aurore , de ce port , Capitaine le
fieur Lavernis , a pris & y a conduit les Navires
Anglois la Rebecca , de Hul , de 200 tonneaux
armé de fix canons, chargé de 1400 barrils de goudron
; l'Entreprise , deLondres , de 160 tonneaux,
chargé de tabac en feuilles , & le Planter , de
Montfarrat , de 200 tonneaux , ayant pour
chargement
340 boucauts de fucre.
Le même Corfaire a fait conduire à Saint-Jeande-
Luz un autre Bâtiment Anglois , dont la cargaifon
eft compofée de 600 quintaux de morue
verte & féche.
Le Capitaine Jean Vergez , commandant le
Diligent , autre Corfaire de Bayonne , y a fait
conduire le Navire Anglois l'Edouard & Susanne,
de 160 tonneaux , chargé de fucre.
Le Capitaine Potier , commandant le Corfaire
l'Amiral Bart , de Calais , étant fur fa croifiere
près des côtes d'Angleterre découvrit un Brigantin
Anglois de cent cinquante tonneaux . A la vue du
Corfaire , ce Brigantin fe réfugia ſous le canon
des trois Forts de Haftings. Quoique le Capitaine
Potier n'eût que quatre canons , il attaqua le Bâtiment
ennemi , & il alloit l'aborder , lorſque l'équipage
Anglois prit le parti d'échouer . Sur ces
entrefaites parut un autre Navire que le Corfaire
enleva , & qu'il amena à Calais . Ce dernier Bâtiment
, qui fe nomme le Waterborn , eft de Boſton
dans la Nouvelle Angleterre. Il venoit de la Jamaïque
, & alloit à Londres. Sa charge eft eftimée
deux cens mille livres. C'eft la quatorzieme
prife qui ait été conduite à Calais depuis trois
mois , &la feptieme depuis le 18 jufqu'au 30 du
mois dernier.
AVRIL. 1757.
197
Ön mande de Marfeille , que le Corfaire le Colibry
, de 12 canons , & de 120 hommes d'équipage
, commandé par le Capitaine Georges-René
de Pleville-le Pelley , s'eft emparé des Navires Anglois
la Reine de Naples , allant de Gallipoly å
Londres , avec un chargement d'huile & de foie ;
le Guillaume , allant de Falmouth à Civita-Vecchia
, chargé d'étaim & de harengs , & la Marie
allant d'Yarmouth à Naples , & dont la charge
confiftoit en harengs & en plomb.
Selon des lettres de Toulon , un Grec établi depuis
quelques années en Provence s'embarqua der.
niérement fur une Tartane , dont l'équipage con
fiftoit feulement en trois François & trois Gênois.
Ce Bâtiment ayant été enlevé par un Corſaire Anglois
, monté de douze hommes ; le Capitaine du
Vaiffeau ennemi fit paffer le Grec & les trois Gênois
fur fon bord ; & y ayant laiffé trois Anglois ,
il monta fur la Tartane avec le refte de fon équipage.
Le Grec faifit une occafion favorable , qui
fe préfenta. Il tua lui feul les trois Anglois , à qui
leur Commandant avoit confié la garde du Corfaire.
Ayant abordé enſuite la Tartanne , il la reprit
avec le fecours des trois François & des trois Gênois.
Il a conduit à Toulon le Bâtiment , dont il
s'eft emparé.
On mande de Calais , que le Corfaire le Bart ;
de ce Port ' , commandé par le Capitaine Potier ,
y a conduit le Navire Anglois le Winterborn , de
130 tonneaux , chargé de fucre & d'autres marchandifes.
200
Le Corfaire le Duc d'Aumont , de Boulogne ,
s'eft rendu maître d'un Navire Anglois , de
tonneaux , qui revenoit de la Jamaïque avec une
cargaifon compofée de fucre , de tafia & de bois
d'Acajou.
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Le Corfaire le Gros Thomas , du même Port , a
conduit à Calais le Navire l'Elifabeth & Catherine,
de 70 tonneaux , chargé de beurre & de
cuirs.
Le Tapageur & le Procureur , autres Corfaires
de Boulogne , fe font emparés , le premier de
deux Bâteaux Anglois , chargés l'un de bled ,
Pautre de charbon de terre , & le fecond du Navire
la Comteffe de Murray , de 90 tonneaux , chargé
de faumon falé .
Les Corfaires le Comte de Saint- Germain , de
Dunkerque , & le Don de Dieu , de Calais , ont
fait conduire à Boulogne un Bâteau de 70 tonneaux
, chargé d'oranges & de citrons , & le Brigantin
le Thomas David , de 120 tonneaux ,
chargé de grains.
Il eft arrivé à Fécamp un Navire Anglois de 220
tonneaux , armé de 8 canons , & de 37 hommes
d'équipage. Sa cargaiſon confifte en 1123 barrils
de poudre de guerre , en armes à feu de toutes
efpeces , en foyeries , clincailleries , & c. Ce Navire
a été pris par le Capitaine Canon , commandant
le Corfaire le Prince de Soubise , de Dunkerque.
Une prife Angloiſe faite par le Corſaire le Machault
, de Grandville , a échoué à la côte de
Langrune en Baffe Normandie ; mais on a fauvé
la cargaifon , compofée de 300 cuirs , de 2000
barrils de beurre , & de 1960 morues féches.
Le Corfaire le Comte de Clermont , de Saint-
Malo , commandé par le Capitaine Colin-de la
Brifelaine , s'eft emparé le troifieme jour de fa
croifiere , d'un Navire Anglois , de 240 tonneaux
, venant de la Jamaïque , & dont la charge
eft eftimée deux cens mille livres . Cette prife
que le Capitaine Brifelaine a conduite lui- même à
AVRIL. 1757. 199
k
Saint-Malo , avoit été faite d'abord par un Cor
faire de Bayonne , & lui avoit été enlevée par un
Armateur Anglois , fur qui le Corfaire le Comte
de Clermont l'a repriſe.
> Le Scott , autre Corfaire de Saint - Malo Capitaine
Pattard, s'eft auffi rendu maître du Navire
Anglois le Hardi , de 180 tonneaux , chargé de
fucre , de café , de coton & d'autres marchandifes
qu'il avoit prifes à la Nouvelle York .
On apprend par des lettres écrites de Bayonne,
que les Corfaires la Levrette & le Dauphin , de
ce Port , fe font emparés des Navires Anglois la
Suverne & le Louis , de Londres , de 250 tonneaux
chacun , & l'Owaftel , de Holt . Ces Bâtimens
font chargés , le premier de tabac & de fer ,
le fecond de fucre , de café & de tafia , & le troifieme
de tabac & de merrains.
de 70
Les Navires Anglois le Robert , de la Virginie ,
de 130 tonneaux , chargé de tabac , de fucre & de
pelleteries , & l'Endeavour , de Briſtol ,
tonneaux , dont la cargaifon eft composée d'hui
le , de poiffon & de morue verte , ont été pris
par les Corfaires l'Aimable Dauphin , de Ciboure
& l'Espérance , de Louisbourg , qui les ont
fait conduire à Bayonne.
>
Les Corfaires le Toulousain , le Faucon , le Té
lémaque & le Saint-Antoine , dit le Colibri , de
Marſeille , y ont conduit les Navires Anglois
l'Aigle , de Yarmouth , de 160 tonneaux , armé
de 2 canons , chargé de plomb & de harengs ; la
Vierge , de Bristol , de 130 tonneaux , chargé
de faumon & de morue ; le Harril , de Liverpool
, de 120 tonneaux , armé de 6 petits canons ,
chargé d'eau-de- vie & d'huile ; la Diane , de
Lynn , de 150 tonneaux , chargé de fromage , de
plomb & de harangs , & la Marie , qui a auffi
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
un chargement de harengs & de plomb.
On mande de Marfeille , que M. Pigache ;
Lieutenant de Vaiffeau , commandant le Vaiffeau
du Roi l'Hippopotame , armé en courfe , s'eft rendu
maître , à la hauteur de l'Ile Fromentiere
du Corfaire Anglois le Conftantin , de 18 canons ,
& de 130 hommes d'équipage.
>
Le Capitaine Macquet , qui commande le Corle
Don de Dieu , de Calais , a fait conduire à faire
Dunkerque le Navire Anglois les Trois Freres , de
110 tonneaux , chargé de charbon de terre , dont
il s'eft emparé.
Un Brigantin de 100 tonneaux , chargé d'eaude-
vie , de vin du Rhin , & de plufieurs autres
marchandiſes , a été pris par le Corfaire l'Epervier
, de Calais , & y a été conduit .
Le 17 Mars , les Actions de la Compagnie des
Indes étoient à quinze cens dix livres : les Billets
de la premiere Loterie Royal , à neuf cens quarante,
Ceux de la feconde & de la troisieme Loterie
n'avoient point de prix fixe.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le 15 février, à l'occasion de l'anniversaire du Roi, un Te Deum fut chanté à Notre-Dame et dans d'autres églises de Paris. Le Comte de Noailles, Gouverneur de Versailles, y assista avec les officiers du bailliage. Des feux et des salves de mousqueterie furent tirés par les Invalides, et les maisons furent illuminées. Le Roi accorda les honneurs de Grand-Croix de l'Ordre de Saint-Louis à M. de Crémille et ordonna l'équipement de chaque bataillon d'infanterie avec une pièce de canon suédoise. Le corps de la gendarmerie fut augmenté à 1240 hommes. M. le Comte de Saint-Florentin fut élu académicien honoraire à l'Académie Royale des Belles-Lettres, et M. Bertier de Sauvigny fut nommé Conseiller d'État et Intendant de la Généralité de Paris. Les évêques de Bretagne instituèrent une fête perpétuelle en l'honneur des Saints Anges Gardiens pour remercier Dieu d'avoir sauvé le Roi d'un attentat. Le Duc de Mirepoix célébra la convalescence du Roi à Montpellier par une fête incluant un Te Deum, des salves d'artillerie, un feu d'artifice et un bal. Le Roi régla les modalités de la tenue des Sceaux, nommant six Conseillers d'État et six Maîtres des Requêtes. Plusieurs Maréchaux de France furent nommés, dont le Duc de Mirepoix. L'Académie Royale des Belles-Lettres présenta au Roi des volumes de ses Mémoires et des ouvrages sur l'histoire des Huns et une carte des côtes de la Grèce. Divers régiments d'infanterie et de cavalerie furent accordés à plusieurs officiers promus. Des actions de grâce pour la conservation du Roi furent organisées, incluant une messe solennelle et le Te Deum à l'église métropolitaine. Le Prince Constantin de Rohan fut sacré évêque de Strasbourg. Plusieurs navires anglais furent capturés par des corsaires français. En avril 1757, plusieurs actions de corsaires français furent rapportées. À Roscoff, un navire de médecine arriva. Deux bâtiments anglais furent conduits à Saint-Malo, l'un chargé de citrons et d'oranges, l'autre de sel. Divers corsaires capturèrent des navires anglais chargés de marchandises variées, telles que du café, du sucre, du riz, du bois, et des produits pour la traite des nègres. À Marseille, plusieurs corsaires conduisirent des navires anglais chargés de plomb, de harengs, de saumon, de morue, d'eau-de-vie, d'huile et de fromage. Le 14 mars, M. l'Évêque d'Autun fut reçu à l'Académie Française, prononçant un discours de remerciement. Des réflexions sur l'usage et l'abus de la philosophie furent lues par M. d'Alembert.
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1369
p. 200
BÉNÉFICE DONNÉ.
Début :
Sa Majesté a donné à M. l'Abbé de Boismon, Grand-Vicaire [...]
Mots clefs :
Abbé de Boismon, Grand-vicaire, Diocèses, Académie française
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : BÉNÉFICE DONNÉ.
BÉNÉFICE DONNÉ.
Sa Majefté a donné à M. l'Abbé de Boifmon ,
Grand- Vicaire du Dioceſe d'Amiens , de l'Académie
Françoiſe , l'Abbaye de Greftain , Dioceſe
de Lizieux , vacante par la démiffion de M. de
Renty.
Sa Majefté a donné à M. l'Abbé de Boifmon ,
Grand- Vicaire du Dioceſe d'Amiens , de l'Académie
Françoiſe , l'Abbaye de Greftain , Dioceſe
de Lizieux , vacante par la démiffion de M. de
Renty.
Fermer
1370
p. 205-210
MORTS.
Début :
Dame Susanne de Damas, Doyenne des Chanoinesses, & Comtesse de [...]
Mots clefs :
Morts, Comtesse, Chanoine, Comte, Maison de Wignacours, Chevalier, Maison d'Archeries
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
DAME Sufanne de Damas , Doyenne des Cha
noineffes , & Comteffe de Neuville , en Breffe ,
Dioceſe de Lyon , mourut à Neuville le 17 Septembre
1756. Le Chapitre ayant été tenu par
Madame de Broffes , Grand- Chantre , le 26 Octobre
fuivant , Dame Françoiſe de Tenay- de Saint-
Chriftophe fut élue unaniment pour lui fuccéder ,
& le 16 Novembre , elle a prêté ferment pour
fa
nouvelle Dignité entre les mains de S. E. M. le
Cardinal de Tencin , Archevêque & Comte de
Lyon. Les tente , & grande tente de Madame de
Saint- Chryftophe , ont été à la tête de ce Chapitre.
Elle eft fille du Marquis de Saint - Chryftophe
, ci devant Capitaine , Lieutenant des
Gendarmes d'Orleans.
Meffire Emé-Claude- François Gagne- de Perigny
, Chanoine honoraire de l'Eglife Métropolitaine
de Paris , & Abbé de l'Abbaye de Châtillonfur-
Seine , Ordre de Saint Auguftin , Congréga
tion de France , Diocefe de Langres , & de l'Abbaye
de Livry , même Ordre & même Congrégation
, Dioceſe de Paris , eft mort à Paris le 4 Oc¬
tobre dans fa foixante-onzieme année .
Robert Antoine , Comte de Wignacours , Ba
ron de Saint- Loup , Seigneur des terres & fiefs
nobles de Warnecourt , Charbogne , Chevenie ,
Verrieres , Briquemaux , les Auches , les Crelles ,
Maiſonnettes , les grand & petit Vivier , Toulie ,
le Griffon -Bromville , la Hamelle , Evignie ,
Mondignie , Sanglie , Sufanne , Ecordal , Bruncha
mel , &c, eft mort en fon château de Charbogne en
206 MERGURE DE FRANCE.
Champagne le 30 Octobre 1756 , âgé de 18 ans
trois mois & quinze jours. Il étoit Chef de l'ancienne
Maiſon de fon nom , qui tient rang entre
les plus grandes & les plus illuftres , & qui a donné
dans le dernier fiecle deux grands maîtres à
l'Ordre de Malte ( Alof de Wignacourt , élu
avec le concours général & unanime de tout
l'Ordre , & l'applaudiffement univerfel , en 1601,
& Adrien de Wignacourt en 1690 , ) & fils d'Antoine
, Marquis de Wignacourt , Seigneur de
Warnecourt , Evignie , Charbogne , &c. Gouverneur
de la ville de Donchery , & de Marie- Heleine-
Magdeleine de Villelongue , Dame de Brumehamel
, morts tous deux en 1736. Il avoit été
marié à Marie-Louiſe de Goujon Condé , morte le
jour de Pâques 1729 , de laquelle il a laiffé pour
fils unique Charles - Antoine - François Marie ,
Marquis de Wignacourt , Baron de Saint-Loup ,
Seigneur de Warnecourt , Brunehamel , Charbogne
, Evignie , Ecordal , &c. Chef actuel de la
maifon de Wignacourt , né le 30 Juillet 1727 ,
veuf du 7 Décembre 1754 , de Conftance Françoiſe
Duffon-de Bonnac , petite fille du feu Maréchal-
Duc de Biron , Pair de France , dont il a
une fille , Marie- Charlotte-Antoinette- Conftance-
Louife-Françoiſe de Wignacourt , née le 30 Octobre
1750.
Dame Marie-Jofephe- Charlotte - Henriette de
Gironde-de Buron , époufe d'Antoine de Chabannes
, Marquis de Curton , ancien Colonel d'Infanterie
, mourut le 12 Novembre au château du
Palais en Forez.
Le 22 Novembre 1756 , eft décédé au Château
d'Archeries en Normandie , dans la 91º année de
fon âge , Meffire François- Céfar -Augufte Charlemagne
, Comte d'Archeries, Chevalier , Barom
AVRIL. 1757. 207
F
d'Affre , Chevalier de Saint Louis , ancien Lieurenant
Colonel du Régiment de Champagne. Il
laiffe de fon mariage , fait en 1702 avec Dame
Claude-Françoife - Luce- Ingelberte de Vauché ,
d'une très-illuftre Maifon de l'Ile de France , trois
enfans : 1. Louis- Charles-Dagobert Célar , Comte
d'Archeries , né en 1711 , Capitaine de Cavalerie
dans le Régiment de Touraine , marié en
1751 avec Claude- Françoife- Etiennette d'Albes ,
de laquelle il a deux garçons ; 2 ° . Charles-Lothaire-
Claude d'Archeries , Chevalier de Malte , né en
1720 , Lieutenant dans le Régiment de fon frere :
3°. Mélanie - Pierrette - Jeanne - Amable Marie ,
marié en 1730 avec Claude-François-Etienne de
Villermot , Préfident au Parlement de Besançon ,
mort en 1741 .
La Maifon d'Archeries l'une des plus anciennes
& des plus illuftres de Normandie ( dont une branche
étoit établie en Bugey en 1590 , fuivant Guichenon
dans fon Hiftoire de Breffe de Bugey,
t. I ) , tire fon nom de la terre d'Archeries , fituée
dans l'élection d'Alençon à fix lieues de cette
Ville , qu'elle poffede dès le commencement du
enzieme fiecle qu'elle commence à paroître dans
l'hiftoire . On voit un Philippe , Chevalier , Seigneur
d'Archeries , qui en 1035 accompagne Robert
fecond , Duc de Normandie , dans fon Pélerinage
de Jérufalem. On trouve un autre Philippe
, Chevalier , Seigneur d'Archeries , qui commande
un corps de troupes dans la guerre que
Guillaume le Conquérant , Duc de Normandie ,
entreprit contre Philippe premier , Roi de France ,
vers l'an 1076. Mais la filiation n'eft exactement
fuivie que depuis Charles , Chevalier , Seigneur
d'Archeries , Capitaine de mille hommes de pied
en 1190 , pour le fervice de Richard Coeur - de208
MERCURE DE FRANCE.
Lion , Duc de Normandie. Ce Seigneur avoit
époufé une femme nommé Richilde , dont il eut
pour fils Charles , fecond du nom , Chevalier ,
Seigneur d'Archeries , dont le nom de la femme
eft inconnu , ainfi que celui de celle de fon fils
Guillaume , Seigneur d'Archeries , Gouverneur
de la ville de Rouen pour le Roi Philippe le
Hardi , qui le fit Chevalier en 1280. Jean , premier
du nom , Chevalier , Seigneur d'Archeries ,
fils de Guillaume , fut Capitaine d'une Compagnie
de trois cens Lances , fous Philippe le Bel en
1295 : celui-ci époufa Marguerite d'Ifles , qui fut
mere de Jean fecond , Chevalier , Seigneur d'Ascheries
, Capitaine de cent Lances , & Gouverneur
du Pont de l'Arche , fous Philippe de Valois en
1330 & 1350, marié en 1341 , à Ide Dame de Breches
, fille de Guillaume , Seigneur de Breches , &
de Jeanne de Malleville . De ce mariage il eur
entr'autres enfans Jean , troifieme du nom , Chevalier
, Seigneur d'Archeries , auquel le Roi Charles
VI en 1390 , fit don de mille livres tournois
en confidération de la belle défenfe qu'il fit au
fiege de la ville d'Alençon dont il étoit Gouverneur
; il avoit époufé dès le 8 Janvier 1381 ( vieux
ftyle ) Perrette de Stainville, Dame de Liville-Sanville
, &c. Il fut tué à la bataille d'Azincourt en
1415 , & fut pere de Jacques , Chevalier , Seigneur
d'Archeries-Brechen , Sanville , & c. Capitaine de
fix cens Lances pour le fervice du Roi , mort le
s Février 1460 ( vieux ftyle ) laiffant de fa femme
Jeannette de Boudeville , morte en 1463 , pour fils
aîné Charles , troifieme du nom , Chevalier , Seigneur
d'Archeries , &c. Gouverneur pour le Roi
Louis XI , du Pontau-de-Mer , mort en 1f08 ,
ayant épousé en 1464 Louife de Pontette , qui le
rendit pere de François , Chevalier , Seigneur
AVRIL 1757. 200
d'Archeries , Capitaine de cinquante hommes
d'Armes pour le Roi François premier , marié en
1500 à Claudine de Mandreville , dont le fils
Charles , quatrieme du nom , fut fait Chevalier
de l'Ordre du Roi en 1547. Il avoit épousé le 6
Juillet 1540 Jeanne de Mailli , fille de Louis ,
Seigneur d'Haucourt & de Saint- Léger , & d'Alphonfe
du Quefnoy ; ils eurent pour fils Louis ,
Chevalier , Seigneur d'Archeries , en faveur duquel
le Roi Henri quatre érigea la terre d'Archeries
en Comté , avec union des terres de Breche
& de Sanville , par Lettres Patentes du 10 Janvier
1596. Il époufa en 1590 Jeanne de Bifthelles ,
qui le rendit pere de François Philippe , Comte
d'Archeries , tué à la bataille de Caffel en 1677.
Il avoit épousé en 1630 le 10 Janvier , Claudine-
Charlotte de Bonneries , qui le rendit pere de
deux enfans ; à fçavoir , Louis -Jacques qui fuit ,
& Charles Augufte , dont la postérité a fini en
1730.
Louis- Jacques , Comte d'Archeries , Chevalier ,
Capitaine de Cavalerie dans le Régiment d'Enghien
, époufa en 1649 Charlotte de Solleville ,
& en eut Jacques - Charles , Comte d'Archeries ,
Colonel d'un Régiment d'Infanterie , mort en
1689 , ayant époufé en 1660 Jeanne-Claude
d'Eftinfec , qui fut mere de deux filles , & du
Comte d'Archeries qui donne lieu à cet article.
Dame Louife des Marets , époufe de Louis-
Pierre - Maximilien de Bethune , Duc de Sully ,
Pair de France , Chevalier de l'Ordre de la Toifon
d'Or , ci - devant premier Gentilhomme de la
chambre de feu Monfeigneur le Duc de Berry ,
& Colonel - Lieutenant du Regiment de la Reine
Infanterie , mourut à Paris le 28 Novembre , dans
fa foixante- douzieme année.
110 MERCURE DE FRANCE.
"
Henriette-Agathe de Lorraine , appellée Mile
de Brionne , mourut à Paris le 30 Novembre
âgée de vingt- cinq ans , quatre mois & dix- huit
jours. Elle étoit fille de feu Louis de Lorraine ,
Prince de Lambeſc , Comte de Brionne & de
Braine , Brigadier de Cavalerie , grand Sénéchal
héréditaire de Bourgogne , Gouverneur d'Anjou ,
des Ville & Château d'Anjeſt & de Pont-de-Cé , &
de feue Jeanne-Henriette-Marguerite de Durfors.
DAME Sufanne de Damas , Doyenne des Cha
noineffes , & Comteffe de Neuville , en Breffe ,
Dioceſe de Lyon , mourut à Neuville le 17 Septembre
1756. Le Chapitre ayant été tenu par
Madame de Broffes , Grand- Chantre , le 26 Octobre
fuivant , Dame Françoiſe de Tenay- de Saint-
Chriftophe fut élue unaniment pour lui fuccéder ,
& le 16 Novembre , elle a prêté ferment pour
fa
nouvelle Dignité entre les mains de S. E. M. le
Cardinal de Tencin , Archevêque & Comte de
Lyon. Les tente , & grande tente de Madame de
Saint- Chryftophe , ont été à la tête de ce Chapitre.
Elle eft fille du Marquis de Saint - Chryftophe
, ci devant Capitaine , Lieutenant des
Gendarmes d'Orleans.
Meffire Emé-Claude- François Gagne- de Perigny
, Chanoine honoraire de l'Eglife Métropolitaine
de Paris , & Abbé de l'Abbaye de Châtillonfur-
Seine , Ordre de Saint Auguftin , Congréga
tion de France , Diocefe de Langres , & de l'Abbaye
de Livry , même Ordre & même Congrégation
, Dioceſe de Paris , eft mort à Paris le 4 Oc¬
tobre dans fa foixante-onzieme année .
Robert Antoine , Comte de Wignacours , Ba
ron de Saint- Loup , Seigneur des terres & fiefs
nobles de Warnecourt , Charbogne , Chevenie ,
Verrieres , Briquemaux , les Auches , les Crelles ,
Maiſonnettes , les grand & petit Vivier , Toulie ,
le Griffon -Bromville , la Hamelle , Evignie ,
Mondignie , Sanglie , Sufanne , Ecordal , Bruncha
mel , &c, eft mort en fon château de Charbogne en
206 MERGURE DE FRANCE.
Champagne le 30 Octobre 1756 , âgé de 18 ans
trois mois & quinze jours. Il étoit Chef de l'ancienne
Maiſon de fon nom , qui tient rang entre
les plus grandes & les plus illuftres , & qui a donné
dans le dernier fiecle deux grands maîtres à
l'Ordre de Malte ( Alof de Wignacourt , élu
avec le concours général & unanime de tout
l'Ordre , & l'applaudiffement univerfel , en 1601,
& Adrien de Wignacourt en 1690 , ) & fils d'Antoine
, Marquis de Wignacourt , Seigneur de
Warnecourt , Evignie , Charbogne , &c. Gouverneur
de la ville de Donchery , & de Marie- Heleine-
Magdeleine de Villelongue , Dame de Brumehamel
, morts tous deux en 1736. Il avoit été
marié à Marie-Louiſe de Goujon Condé , morte le
jour de Pâques 1729 , de laquelle il a laiffé pour
fils unique Charles - Antoine - François Marie ,
Marquis de Wignacourt , Baron de Saint-Loup ,
Seigneur de Warnecourt , Brunehamel , Charbogne
, Evignie , Ecordal , &c. Chef actuel de la
maifon de Wignacourt , né le 30 Juillet 1727 ,
veuf du 7 Décembre 1754 , de Conftance Françoiſe
Duffon-de Bonnac , petite fille du feu Maréchal-
Duc de Biron , Pair de France , dont il a
une fille , Marie- Charlotte-Antoinette- Conftance-
Louife-Françoiſe de Wignacourt , née le 30 Octobre
1750.
Dame Marie-Jofephe- Charlotte - Henriette de
Gironde-de Buron , époufe d'Antoine de Chabannes
, Marquis de Curton , ancien Colonel d'Infanterie
, mourut le 12 Novembre au château du
Palais en Forez.
Le 22 Novembre 1756 , eft décédé au Château
d'Archeries en Normandie , dans la 91º année de
fon âge , Meffire François- Céfar -Augufte Charlemagne
, Comte d'Archeries, Chevalier , Barom
AVRIL. 1757. 207
F
d'Affre , Chevalier de Saint Louis , ancien Lieurenant
Colonel du Régiment de Champagne. Il
laiffe de fon mariage , fait en 1702 avec Dame
Claude-Françoife - Luce- Ingelberte de Vauché ,
d'une très-illuftre Maifon de l'Ile de France , trois
enfans : 1. Louis- Charles-Dagobert Célar , Comte
d'Archeries , né en 1711 , Capitaine de Cavalerie
dans le Régiment de Touraine , marié en
1751 avec Claude- Françoife- Etiennette d'Albes ,
de laquelle il a deux garçons ; 2 ° . Charles-Lothaire-
Claude d'Archeries , Chevalier de Malte , né en
1720 , Lieutenant dans le Régiment de fon frere :
3°. Mélanie - Pierrette - Jeanne - Amable Marie ,
marié en 1730 avec Claude-François-Etienne de
Villermot , Préfident au Parlement de Besançon ,
mort en 1741 .
La Maifon d'Archeries l'une des plus anciennes
& des plus illuftres de Normandie ( dont une branche
étoit établie en Bugey en 1590 , fuivant Guichenon
dans fon Hiftoire de Breffe de Bugey,
t. I ) , tire fon nom de la terre d'Archeries , fituée
dans l'élection d'Alençon à fix lieues de cette
Ville , qu'elle poffede dès le commencement du
enzieme fiecle qu'elle commence à paroître dans
l'hiftoire . On voit un Philippe , Chevalier , Seigneur
d'Archeries , qui en 1035 accompagne Robert
fecond , Duc de Normandie , dans fon Pélerinage
de Jérufalem. On trouve un autre Philippe
, Chevalier , Seigneur d'Archeries , qui commande
un corps de troupes dans la guerre que
Guillaume le Conquérant , Duc de Normandie ,
entreprit contre Philippe premier , Roi de France ,
vers l'an 1076. Mais la filiation n'eft exactement
fuivie que depuis Charles , Chevalier , Seigneur
d'Archeries , Capitaine de mille hommes de pied
en 1190 , pour le fervice de Richard Coeur - de208
MERCURE DE FRANCE.
Lion , Duc de Normandie. Ce Seigneur avoit
époufé une femme nommé Richilde , dont il eut
pour fils Charles , fecond du nom , Chevalier ,
Seigneur d'Archeries , dont le nom de la femme
eft inconnu , ainfi que celui de celle de fon fils
Guillaume , Seigneur d'Archeries , Gouverneur
de la ville de Rouen pour le Roi Philippe le
Hardi , qui le fit Chevalier en 1280. Jean , premier
du nom , Chevalier , Seigneur d'Archeries ,
fils de Guillaume , fut Capitaine d'une Compagnie
de trois cens Lances , fous Philippe le Bel en
1295 : celui-ci époufa Marguerite d'Ifles , qui fut
mere de Jean fecond , Chevalier , Seigneur d'Ascheries
, Capitaine de cent Lances , & Gouverneur
du Pont de l'Arche , fous Philippe de Valois en
1330 & 1350, marié en 1341 , à Ide Dame de Breches
, fille de Guillaume , Seigneur de Breches , &
de Jeanne de Malleville . De ce mariage il eur
entr'autres enfans Jean , troifieme du nom , Chevalier
, Seigneur d'Archeries , auquel le Roi Charles
VI en 1390 , fit don de mille livres tournois
en confidération de la belle défenfe qu'il fit au
fiege de la ville d'Alençon dont il étoit Gouverneur
; il avoit époufé dès le 8 Janvier 1381 ( vieux
ftyle ) Perrette de Stainville, Dame de Liville-Sanville
, &c. Il fut tué à la bataille d'Azincourt en
1415 , & fut pere de Jacques , Chevalier , Seigneur
d'Archeries-Brechen , Sanville , & c. Capitaine de
fix cens Lances pour le fervice du Roi , mort le
s Février 1460 ( vieux ftyle ) laiffant de fa femme
Jeannette de Boudeville , morte en 1463 , pour fils
aîné Charles , troifieme du nom , Chevalier , Seigneur
d'Archeries , &c. Gouverneur pour le Roi
Louis XI , du Pontau-de-Mer , mort en 1f08 ,
ayant épousé en 1464 Louife de Pontette , qui le
rendit pere de François , Chevalier , Seigneur
AVRIL 1757. 200
d'Archeries , Capitaine de cinquante hommes
d'Armes pour le Roi François premier , marié en
1500 à Claudine de Mandreville , dont le fils
Charles , quatrieme du nom , fut fait Chevalier
de l'Ordre du Roi en 1547. Il avoit épousé le 6
Juillet 1540 Jeanne de Mailli , fille de Louis ,
Seigneur d'Haucourt & de Saint- Léger , & d'Alphonfe
du Quefnoy ; ils eurent pour fils Louis ,
Chevalier , Seigneur d'Archeries , en faveur duquel
le Roi Henri quatre érigea la terre d'Archeries
en Comté , avec union des terres de Breche
& de Sanville , par Lettres Patentes du 10 Janvier
1596. Il époufa en 1590 Jeanne de Bifthelles ,
qui le rendit pere de François Philippe , Comte
d'Archeries , tué à la bataille de Caffel en 1677.
Il avoit épousé en 1630 le 10 Janvier , Claudine-
Charlotte de Bonneries , qui le rendit pere de
deux enfans ; à fçavoir , Louis -Jacques qui fuit ,
& Charles Augufte , dont la postérité a fini en
1730.
Louis- Jacques , Comte d'Archeries , Chevalier ,
Capitaine de Cavalerie dans le Régiment d'Enghien
, époufa en 1649 Charlotte de Solleville ,
& en eut Jacques - Charles , Comte d'Archeries ,
Colonel d'un Régiment d'Infanterie , mort en
1689 , ayant époufé en 1660 Jeanne-Claude
d'Eftinfec , qui fut mere de deux filles , & du
Comte d'Archeries qui donne lieu à cet article.
Dame Louife des Marets , époufe de Louis-
Pierre - Maximilien de Bethune , Duc de Sully ,
Pair de France , Chevalier de l'Ordre de la Toifon
d'Or , ci - devant premier Gentilhomme de la
chambre de feu Monfeigneur le Duc de Berry ,
& Colonel - Lieutenant du Regiment de la Reine
Infanterie , mourut à Paris le 28 Novembre , dans
fa foixante- douzieme année.
110 MERCURE DE FRANCE.
"
Henriette-Agathe de Lorraine , appellée Mile
de Brionne , mourut à Paris le 30 Novembre
âgée de vingt- cinq ans , quatre mois & dix- huit
jours. Elle étoit fille de feu Louis de Lorraine ,
Prince de Lambeſc , Comte de Brionne & de
Braine , Brigadier de Cavalerie , grand Sénéchal
héréditaire de Bourgogne , Gouverneur d'Anjou ,
des Ville & Château d'Anjeſt & de Pont-de-Cé , &
de feue Jeanne-Henriette-Marguerite de Durfors.
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Résumé : MORTS.
En 1756 et au début de 1757, plusieurs décès notables ont été enregistrés. Dame Suzanne de Damas, Doyenne des Chanoinesses et Comtesse de Neuville, est décédée à Neuville le 17 septembre 1756. Dame Françoise de Tenay-Saint-Christophe a été élue pour lui succéder et a prêté serment le 16 novembre devant le Cardinal de Tencin. Messire Emé-Claude-François Gagne de Perigny, Chanoine honoraire de l'Église Métropolitaine de Paris et Abbé de l'Abbaye de Châtillon-sur-Seine, est mort à Paris le 4 octobre à l'âge de 61 ans. Robert Antoine, Comte de Wignacourt, est décédé le 30 octobre 1756 à l'âge de 18 ans et trois mois. Il était Chef de la Maison de Wignacourt et fils d'Antoine, Marquis de Wignacourt, et de Marie-Hélène-Madeleine de Villelongue. Dame Marie-Josèphe-Charlotte-Henriette de Gironde-de Buron, épouse d'Antoine de Chabannes, Marquis de Curton, est morte le 12 novembre au château du Palais en Forez. Messire François-César-Auguste Charlemagne, Comte d'Archeries, est décédé le 22 novembre 1756 à l'âge de 91 ans. Il laisse trois enfants de son mariage avec Dame Claude-Françoise-Luce-Ingelberte de Vauché. Dame Louise des Marets, épouse de Louis-Pierre-Maximilien de Béthune, Duc de Sully, est morte à Paris le 28 novembre à l'âge de 62 ans. Henriette-Agathe de Lorraine, appelée Mlle de Brionne, est décédée à Paris le 30 novembre à l'âge de 25 ans, 4 mois et 18 jours. Elle était fille de Louis de Lorraine, Prince de Lambesc, et de Jeanne-Henriette-Marguerite de Durfort.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1371
p. 179-184
DU NORD
Début :
Le 15 de ce mois, le Chevalier Douglas, Ministre du Roi de France, [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Prières pour le Roi de France, Copenhague, Inoculation de la petite vérole sur des enfants, Varsovie, Réponse au Mémoire raisonné de la Cour de Berlin, Roi de Prusse, Cour de Berlin, Mémoire, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE PETERSBOURG , le 26 Février.
Le 15 de ce mois , le Chevalier Douglas , Miniftre
du Roi de France , fit chanter le Te Deum
dans l'Eglife des Miffionnaires Catholiques Romains
, en action de graces de la confervation des
jours de Sa Majefté Très- Chrétienne. La Mufique
de l'Impératrice exécuta le Motet . Prefque tous les
Miniftres Etrangers & les Seigneurs y affifterent.
Le Chevalier Douglas donna le même jour une
fête des plus brillantes dans l'Hôtel loué pour le
Marquis de l'Hopital , qui vient réfider ici en qualité
d'Ambaffadeur de France. Cette Cour a partagé
la joie que le rétabliffement de la fanté du
Roi Très-Chrétien a caufée aux François établis
en cette Ville. Plufieurs Seigneurs Ruffiens ont
fait éclater leurs fentimens à cet égard , par de
fplendides repas & par des bals magnifiques.
DE COPENHAGUE , le 12 Mars.
Afin que le peuple puiffe profiter des avantages
de l'infertion de la petite vérole, le Gouvernement
a établi dans la mailon de Bonftræd , fix lits pour
pauvres enfans que leurs parens voudront les
faire inoculer.
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
Une tempête a jetté derniérement fur la côte de
Wefterhever dans l'Eiderftad , un poiffon dont on
ne connoît pas l'efpece , & qui a so pieds de longueur.
DE WARSOVIE , le 22 Février.
Dans l'écrit intitulé , Les preuves évidentes : réponse
au Mémoire raisonné de la Cour de Berlin ,
on compare la conduite du Roi à celle de Sa Majefté
Pruffienne. Au fujet de l'enlevement de plufieurs
papiers du Cabinet de Drefde , on fait les
obfervations fuivantes . « Il falloit , avant toutes
» chofes , que la Cour de Berlin fongeât à pallier
l'infraction qu'elle méditoit contre le droit
» des Gens. Pour cet effet , elle commença par
» débiter que le hazard avoit fait tomber les co-
» pies de diverfes pieces entre les mains du Roi de
» Pruffe , & que ces copies donnoient de juftes
» foupçons contre la Cour de Saxe. On parla de
» négociations fecrettes ; & fous le pretexte des
» inquiétudes qu'elles caufoient , on allégua la
» néceffité de s'emparer des actes originaux , de
crainte , difoit - on que le Miniftere Saxon ne
pût nier leur exiftence. Mais fi ces prétendues
copies font parvenues au Roi de Pruffe
» avant fon invafion en Saxe , comment ce Prince
» a-t'il déclaré formellement à la face de l'Euro-
» pe , qu'il n'avoit rien à la charge du Roi ? En
» même temps , fi Sa Majesté Pruffienne a eu
» quelques foupçons , n'étoit- il pas dans l'ordre
» de s'éclaircir s'ils étoient fondés ? Un Prince ,
» qui exalte fi fort fon amour pour le genre hune
devoit -il pas attendre qu'il n'y eût
» plus d'espérance à la réconciliation , avant que
» de fe permettre des hoftilités , qui entraînent la
» ruine de tant de milliers de Sujets innocens ?
» main
AVRIL 1757 1S1
» Le Roi de Pruffe a reconnu lui - même la juſtice
» de cette loi , en faisant demander trois fois à
» l'Impératrice Reine de Hongrie & de Bohême
» les intentions de cette Princeffe , quoiqu'il pré-
» tendît que les motifs de fon mécontentement
» contre Elle étoient fuffifans pour lui déclarer la
» guerre....... Les raifonnemens de la Cour de
> Berlin , ajoute-t'on , ne font pas plus confé-
» quens que les procédés . Qu'on examine toutes
» les pieces , qu'elle produit comme des témoins
>> non équivoques des dangereux projets de la
» Cour de Saxe , on trouvera qu'elles prouvent
>> feulement que
les Cours de Vienne & de Lon-
» dres ont follicité le Roi d'accéder au Traité de
» Petersbourg. Certainement cette acceffion au-
>> roit été auffi exempre de blâme , que le Traité
» même. Mais de plus , quoique l'Impératrice
» Reine de Ho grie , & le Roi de la Grande- Bretagne
aient pouffé très - vivement certe affaire
» depuis la premiere propofition qui en fut faite
» il y a dix ans , cette négociation n'est jamais
» parvenue à fa conclufion . Reconnoît-on à cela,
» cela ce defir ardent , que l'Auteur du mémoire
» raisonné , en faifant mention de la premiere
» inftruction donnée au Miniftre du Roi à Peters-
>> bourg , impure à la Cour de Saxe pour l'accef-
>> fion ? Etoit - ce à rechercher avidement l'occa-
» fion favorable de remettre fur le rapis le traité
» de partage projetté pour la ruine totale du Roi
» de Proffe , ainsi que S. M. Praffienne en accufe
» cette Cour dans le Mémoire préfenté le 4 Oc-
» tobre à Rat bonne de la part de ce Prince ? ..
» Que deviendroient les liens les plus facrés de la
» Société Quelle fûreté refteroit - il aux Nations
» pour u repos , fi pour juftifier l'attentat d'une
» invaſion hoſtile , entrepriſe contre un Voisin au
182 MERCURE DE FRANCE.
» fein de la paix , & fans avertiffement, il ne falloir
J
que le rendre fufpect de mauvaiſe volonté , &
» donner de fimples fuppofitions pour des preu-
» ves ? ... Les Miniftres de S. M. Polonoife , eft-
» il dit dans un autre endroit de cette réponſe
» ont le malheur d'être des objets marqués de difgrace
aux yeux de S. M. Pruffienne , & de fe
voir traités par fon ordre avec les expreffions les
» plus dures , & d'une maniere dont il eft difficile
de trouver des exemples. Quoique pénétrés de
» douleur d'avoir déplu à un fi grand Monarque ,
» ils ont cependant cette confolation , que faire
» éclater fa haine contre les Miniftres d'un Souve
>> rain , dont on fe déclare l'ennemi , c'eft ren-
» dre un témoignage authentique à la vigilance &
» à la fidélité de ces mêmes Miniftres pour le fer-
» vice de leur Maître. »
Ce Mémoire eſt ſuivi de quarante- quatre pieces
Juftificatives. Une des plus remarquables eft une
Lettre écrite de Strupen par le Roi au Roi de
Pruffe le 12 du mois de Septembre dernier. Elle eſt
conçue en ces termes.
"
« Monfieur mon Frere . Le Comte de Bellegarde
m'ayant rendu hier au foir , à fon retour
» la réponſe par laquelle Votre Majefté me donne
» encore à connoître , qu'il lui faut des précau-
» tions fuffifantes pour le libre cours de l'Elbe
» pendant la guerre qui s'allume entre Elle &
I'Impératrice Reine , & pour que mes troupes
» n'entreprennent rien contre Votre Majefté pen-
» dant cette même guerre , qui puiffe arrêter la
» Marche de fes troupes , je m'empreffe d'y faire
une autre réponſe , pour lever s'il eft poffi-
» ble , l'obftacle des défiances que Votre Majeſté
» femble avoir. Prêt à accorder l'un , & à promettre
l'autre , je fouhaiterois que Votre Ma-
>
AVRIL. 1757 . 183
30
» jefté voulût fe confier à ma parole royale ,
qu'aucun Miniftre n'a jamais tenté ni n'oferoit
» tenter de me faire violer. Cependant , fi Votre
» Majefté croit devoir infifter fur des fûretés en-
» core plus réelles , quoique ma parole pourroit
» fuffire , j'offre à Votre Majefté , pour lui affu-
» rer le libre cours de l'Elbe , qu'Elle tienne ,
>> pendant tout le temps de la guerre , des Garni-
»fons à Wittemberg & à Torgau , & je confenti-
>> rai même qu'Elle en mette une à Pyrna. Quant
» à la fûreté par rapport à l'armée , je ne vois
» d'autre expédient , que de lui donner des ôta-
» ges. Ces offres , à ce que j'efpere , fatisferont
» entiérement Votre Majefté , & la convaincront
» de la pureté de mes fentimens .
» Les conditions que j'ai à lui demander en
» échange , font , que Votre Majefté faffe éva-
» cuer tout le refte de mes Etats. Qu'Elle remette
» toutes les chofes dans la fituation où elles
» étoient avant l'entrée de fes troupes en Saxe ,
» & qu'Elle facilite & affure également le retour
>> des miennes dans leurs quartiers , avec les pré-
» cautions requiſes en pareille circonftance , aux
Places près que j'accorde , ainfi qu'il eft dit ci-
>> deffus , aux troupes de Votre Majeſté , lef-
» quelles y vivront pour leur argent , & ne s'y
» mêleront point du Gouvernement Civil . Pour
» abréger le détail de ces arrangemens , il dépen-
» dra de Votre Majefté de nommer quelqu'un
» comme je ferai de ma part , pour en convenir
» enſemble jufqu'à notre ratification . Votre Majefté
voit , combien je prends fur moi par les
> offres que je lui fais . Il me feroit impoffible de
» rien faire davantage , & j'aimerois mieux at-
» tendre toutes les extrêmités , que de manquer
» à ce que je dois à moi -même , à mes états & à
184 MERCURE DE FRANCE.
» mon armée. Remerciant au refte Votre Majeſté
» de tout ce qu'elle me dit d'obligeant pour moi &
» pour toute ma Famille Royale , je la prie d'être
» perfuadée des fentimens pleins de confidération
» d'eftime , avec lefquels je fuis , & c. »
DE PETERSBOURG , le 26 Février.
Le 15 de ce mois , le Chevalier Douglas , Miniftre
du Roi de France , fit chanter le Te Deum
dans l'Eglife des Miffionnaires Catholiques Romains
, en action de graces de la confervation des
jours de Sa Majefté Très- Chrétienne. La Mufique
de l'Impératrice exécuta le Motet . Prefque tous les
Miniftres Etrangers & les Seigneurs y affifterent.
Le Chevalier Douglas donna le même jour une
fête des plus brillantes dans l'Hôtel loué pour le
Marquis de l'Hopital , qui vient réfider ici en qualité
d'Ambaffadeur de France. Cette Cour a partagé
la joie que le rétabliffement de la fanté du
Roi Très-Chrétien a caufée aux François établis
en cette Ville. Plufieurs Seigneurs Ruffiens ont
fait éclater leurs fentimens à cet égard , par de
fplendides repas & par des bals magnifiques.
DE COPENHAGUE , le 12 Mars.
Afin que le peuple puiffe profiter des avantages
de l'infertion de la petite vérole, le Gouvernement
a établi dans la mailon de Bonftræd , fix lits pour
pauvres enfans que leurs parens voudront les
faire inoculer.
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
Une tempête a jetté derniérement fur la côte de
Wefterhever dans l'Eiderftad , un poiffon dont on
ne connoît pas l'efpece , & qui a so pieds de longueur.
DE WARSOVIE , le 22 Février.
Dans l'écrit intitulé , Les preuves évidentes : réponse
au Mémoire raisonné de la Cour de Berlin ,
on compare la conduite du Roi à celle de Sa Majefté
Pruffienne. Au fujet de l'enlevement de plufieurs
papiers du Cabinet de Drefde , on fait les
obfervations fuivantes . « Il falloit , avant toutes
» chofes , que la Cour de Berlin fongeât à pallier
l'infraction qu'elle méditoit contre le droit
» des Gens. Pour cet effet , elle commença par
» débiter que le hazard avoit fait tomber les co-
» pies de diverfes pieces entre les mains du Roi de
» Pruffe , & que ces copies donnoient de juftes
» foupçons contre la Cour de Saxe. On parla de
» négociations fecrettes ; & fous le pretexte des
» inquiétudes qu'elles caufoient , on allégua la
» néceffité de s'emparer des actes originaux , de
crainte , difoit - on que le Miniftere Saxon ne
pût nier leur exiftence. Mais fi ces prétendues
copies font parvenues au Roi de Pruffe
» avant fon invafion en Saxe , comment ce Prince
» a-t'il déclaré formellement à la face de l'Euro-
» pe , qu'il n'avoit rien à la charge du Roi ? En
» même temps , fi Sa Majesté Pruffienne a eu
» quelques foupçons , n'étoit- il pas dans l'ordre
» de s'éclaircir s'ils étoient fondés ? Un Prince ,
» qui exalte fi fort fon amour pour le genre hune
devoit -il pas attendre qu'il n'y eût
» plus d'espérance à la réconciliation , avant que
» de fe permettre des hoftilités , qui entraînent la
» ruine de tant de milliers de Sujets innocens ?
» main
AVRIL 1757 1S1
» Le Roi de Pruffe a reconnu lui - même la juſtice
» de cette loi , en faisant demander trois fois à
» l'Impératrice Reine de Hongrie & de Bohême
» les intentions de cette Princeffe , quoiqu'il pré-
» tendît que les motifs de fon mécontentement
» contre Elle étoient fuffifans pour lui déclarer la
» guerre....... Les raifonnemens de la Cour de
> Berlin , ajoute-t'on , ne font pas plus confé-
» quens que les procédés . Qu'on examine toutes
» les pieces , qu'elle produit comme des témoins
>> non équivoques des dangereux projets de la
» Cour de Saxe , on trouvera qu'elles prouvent
>> feulement que
les Cours de Vienne & de Lon-
» dres ont follicité le Roi d'accéder au Traité de
» Petersbourg. Certainement cette acceffion au-
>> roit été auffi exempre de blâme , que le Traité
» même. Mais de plus , quoique l'Impératrice
» Reine de Ho grie , & le Roi de la Grande- Bretagne
aient pouffé très - vivement certe affaire
» depuis la premiere propofition qui en fut faite
» il y a dix ans , cette négociation n'est jamais
» parvenue à fa conclufion . Reconnoît-on à cela,
» cela ce defir ardent , que l'Auteur du mémoire
» raisonné , en faifant mention de la premiere
» inftruction donnée au Miniftre du Roi à Peters-
>> bourg , impure à la Cour de Saxe pour l'accef-
>> fion ? Etoit - ce à rechercher avidement l'occa-
» fion favorable de remettre fur le rapis le traité
» de partage projetté pour la ruine totale du Roi
» de Proffe , ainsi que S. M. Praffienne en accufe
» cette Cour dans le Mémoire préfenté le 4 Oc-
» tobre à Rat bonne de la part de ce Prince ? ..
» Que deviendroient les liens les plus facrés de la
» Société Quelle fûreté refteroit - il aux Nations
» pour u repos , fi pour juftifier l'attentat d'une
» invaſion hoſtile , entrepriſe contre un Voisin au
182 MERCURE DE FRANCE.
» fein de la paix , & fans avertiffement, il ne falloir
J
que le rendre fufpect de mauvaiſe volonté , &
» donner de fimples fuppofitions pour des preu-
» ves ? ... Les Miniftres de S. M. Polonoife , eft-
» il dit dans un autre endroit de cette réponſe
» ont le malheur d'être des objets marqués de difgrace
aux yeux de S. M. Pruffienne , & de fe
voir traités par fon ordre avec les expreffions les
» plus dures , & d'une maniere dont il eft difficile
de trouver des exemples. Quoique pénétrés de
» douleur d'avoir déplu à un fi grand Monarque ,
» ils ont cependant cette confolation , que faire
» éclater fa haine contre les Miniftres d'un Souve
>> rain , dont on fe déclare l'ennemi , c'eft ren-
» dre un témoignage authentique à la vigilance &
» à la fidélité de ces mêmes Miniftres pour le fer-
» vice de leur Maître. »
Ce Mémoire eſt ſuivi de quarante- quatre pieces
Juftificatives. Une des plus remarquables eft une
Lettre écrite de Strupen par le Roi au Roi de
Pruffe le 12 du mois de Septembre dernier. Elle eſt
conçue en ces termes.
"
« Monfieur mon Frere . Le Comte de Bellegarde
m'ayant rendu hier au foir , à fon retour
» la réponſe par laquelle Votre Majefté me donne
» encore à connoître , qu'il lui faut des précau-
» tions fuffifantes pour le libre cours de l'Elbe
» pendant la guerre qui s'allume entre Elle &
I'Impératrice Reine , & pour que mes troupes
» n'entreprennent rien contre Votre Majefté pen-
» dant cette même guerre , qui puiffe arrêter la
» Marche de fes troupes , je m'empreffe d'y faire
une autre réponſe , pour lever s'il eft poffi-
» ble , l'obftacle des défiances que Votre Majeſté
» femble avoir. Prêt à accorder l'un , & à promettre
l'autre , je fouhaiterois que Votre Ma-
>
AVRIL. 1757 . 183
30
» jefté voulût fe confier à ma parole royale ,
qu'aucun Miniftre n'a jamais tenté ni n'oferoit
» tenter de me faire violer. Cependant , fi Votre
» Majefté croit devoir infifter fur des fûretés en-
» core plus réelles , quoique ma parole pourroit
» fuffire , j'offre à Votre Majefté , pour lui affu-
» rer le libre cours de l'Elbe , qu'Elle tienne ,
>> pendant tout le temps de la guerre , des Garni-
»fons à Wittemberg & à Torgau , & je confenti-
>> rai même qu'Elle en mette une à Pyrna. Quant
» à la fûreté par rapport à l'armée , je ne vois
» d'autre expédient , que de lui donner des ôta-
» ges. Ces offres , à ce que j'efpere , fatisferont
» entiérement Votre Majefté , & la convaincront
» de la pureté de mes fentimens .
» Les conditions que j'ai à lui demander en
» échange , font , que Votre Majefté faffe éva-
» cuer tout le refte de mes Etats. Qu'Elle remette
» toutes les chofes dans la fituation où elles
» étoient avant l'entrée de fes troupes en Saxe ,
» & qu'Elle facilite & affure également le retour
>> des miennes dans leurs quartiers , avec les pré-
» cautions requiſes en pareille circonftance , aux
Places près que j'accorde , ainfi qu'il eft dit ci-
>> deffus , aux troupes de Votre Majeſté , lef-
» quelles y vivront pour leur argent , & ne s'y
» mêleront point du Gouvernement Civil . Pour
» abréger le détail de ces arrangemens , il dépen-
» dra de Votre Majefté de nommer quelqu'un
» comme je ferai de ma part , pour en convenir
» enſemble jufqu'à notre ratification . Votre Majefté
voit , combien je prends fur moi par les
> offres que je lui fais . Il me feroit impoffible de
» rien faire davantage , & j'aimerois mieux at-
» tendre toutes les extrêmités , que de manquer
» à ce que je dois à moi -même , à mes états & à
184 MERCURE DE FRANCE.
» mon armée. Remerciant au refte Votre Majeſté
» de tout ce qu'elle me dit d'obligeant pour moi &
» pour toute ma Famille Royale , je la prie d'être
» perfuadée des fentimens pleins de confidération
» d'eftime , avec lefquels je fuis , & c. »
Fermer
Résumé : DU NORD
Le 15 février, le Chevalier Douglas, ministre du Roi de France, a organisé un Te Deum dans l'église des Missionnaires Catholiques Romains à Saint-Pétersbourg pour célébrer la récupération de la santé du Roi de France. La musique de l'Impératrice a interprété un motet, et presque tous les ministres étrangers et les seigneurs y ont assisté. Le même jour, Douglas a donné une fête somptueuse dans l'hôtel loué pour le Marquis de l'Hôpital, nouvel ambassadeur de France. La cour russe a partagé la joie des Français établis en ville, et plusieurs seigneurs russes ont exprimé leurs sentiments par des repas somptueux et des bals magnifiques. À Copenhague, le gouvernement a établi des lits pour les enfants pauvres dans la maison de Bonftræd afin qu'ils puissent être inoculés contre la petite vérole. Une tempête a jeté sur la côte de Westerhever un poisson inconnu de six pieds de longueur. À Varsovie, un écrit intitulé 'Les preuves évidentes' compare la conduite du Roi de Pologne à celle du Roi de Prusse concernant l'enlèvement de documents du Cabinet de Dresde. Le texte critique la Prusse pour avoir justifié son invasion en Saxe par des soupçons non fondés et des copies de documents. Il souligne l'injustice de déclarer la guerre sans preuve solide et sans tentative de réconciliation. Le Roi de Prusse a reconnu la nécessité de clarifier ses soupçons avant d'agir. Le mémoire est suivi de quarante-quatre pièces justificatives, dont une lettre du Roi de Pologne au Roi de Prusse datée du 12 septembre. Cette lettre propose des garanties pour assurer la libre navigation de l'Elbe et la sécurité des troupes pendant la guerre. Le Roi de Pologne offre également de retirer ses troupes des territoires prussiens en échange de la restitution de ses États et de la sécurité de ses armées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1372
p. 189-197
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Il paroît une Ordonnance du Roi pour régler l'uniforme des Officiers de [...]
Mots clefs :
Habillement des soldats, Officier, Croix de Malte, Ducs, Maréchal de camp, Sceau, Ordonnances, Abbé, Chancelier, Chanoine, Nominations, Comte, Procès, Robert-François Damiens, Parricide, Suplice, Corsaires , Marchandises, Navires, Capitaines
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
L paroît une Ordonnance du Roi pour régler
P'uniforme des Officiers de l'Etat Major des Armées
de Sa Majeſté , & de ceux employés en qualité
d'Aides de Camp. Les uns & les autres porteront
des habits non croifés , de couleur vulgaire
ment appellée bleu de Roi , doublés d'une étoffe
de même couleur , lefquels habits feront garnis
de boutons de cuivre doré. Les Officiers de l'Etat
Major auront des boutonnieres en broderie de
fil d'or , huit de chaque côté jufqu'à la hauteur de
la poche , trois à chaque poche , & deux fur chaque
manche. Ceux de ces Officiers qui feront en
190 MERCURE DE FRANCE.
chef , pourront porter fur leurs habits un bordé
en borderie , dans le même goût que leurs boutonnieres.
S'ils font Officiers Généraux , ils
porteront
l'uniforme attaché à leur grade .
Le Grand Maître & le Confeil de l'Ordre de
Malte ont accordé à M. le Marquis & àMadame la
Marquife de Bauffrem.ont la permiffion de porter
la Croix de Malte. La Marquife de Bauffremont
tient des Ducs d'Atri , fes ancêtres maternels , de
la branche aînée defquels elle eft héritiere & repréfentante
, le droit de nommer une Commanderie
de l'Ordre dans la Tofcane , en qualité de Fondatrice.
Ce droit s'étend à fa poftérité de l'un &
Pautre fexe. र
M. de la Serre , Maréchal de Camp , Grand
Croix Honoraire de l'Ordre de Saint Louis , &
Gouverneur de l'Hôtel Royal des Invalides , a
obtenu la place d'Infpecteur Général de l'Infanterie
, qu'avoit le Maréchal de Thomond.
Le 18 Mars , le Roi tint le Sceau pour la feconde
fois , dans la même Piece de fon Appartement,
où Sa Majesté l'avoit déja tenu , & avec les mêmes
formalités qui avoient été obfervées le 4.
Il vient de fortir de deffous preffe trois nou
velles Ordonnances ; la premiere , portant création
d'un Régiment d'Infanterie Allemande , fous
le titre de Royal Deux Ponts ; la feconde , concernant
le ſervice du Corps Royal de l'Artillerie
& du Génie ; la troifieme , pour régler les équipages
& les tables dans les armées.
Le Roi a fait conftruire un Pavillon à l'extrê→
mité du Jardin du Château de la Meute , pour y
placer le Télescope de huit pieds , que le Pere
Noël , de la congrégation de Saint Maur , a fait
pour Sa Majesté fous les confeils du Duc de
Chaulnes. Sa Majesté y vit ce Télescope pour la
AVRIL. 1757.
191
premiere fois le 14 du mois de Décembre dernier.
Le 18 de ce mois , le Roi étant venu à ce
Château , le Pere Noel eut l'honneur de lui préfenter
une Machine Pneumatique
à deux corps
de pompe , d'une conftruction nouvelle . Sa Majefté
parut fatisfaite des expériences , que M. de
Lor fit avec cette Machine , & Elle prit auffi beaucoup
de plaifir à voir fouffler le verre, par M. Capidont
l'habileté dans cette partie eft reconnue de
tous les Phyficiens. M. de Fouchy , Secretaire
Perpétuel de l'Académie Royale des Sciences ,
traça en préſence du Roi une Meridienne,
M. l'Abbé de Breteuil a été nommé Chancelier-
Garde des Sceaux , Chef du Confeil , & Sur - Intendant
des Maiſon , Finances & Bâtimens du
Duc d'Orléans , à la place de M. de Silhouette ,
qui a donné ſa démiſſion.
"
M. l'Abbé de Foy , Chanoine de l'Eglife Cathédrale
de Maux a eu l'honneur de préfenter
au Roi le profpectus d'une defcription Hiftorique
, Géographique & Diplomatique , de la
France. M. le Comte de Saint- Florentin , Minif
tre & Secretaire d'Etat , qui conduifoit l'Auteur ,
rendit compte à Sa Majesté de l'état où eft cet
ouvrage important , dont feu M. Secouffe , penfionnaire
de l'Académie Royale des Belles- Lettres,
avoit conçu le projet, & que d'autres occupations
ont empêché cet Académicien d'entreprendre.
Encouragé par les exhortations de M. Secouffe.
M. l'Abbé de Foy s'eft chargé de l'exécution , en
adoptant pour la plus grande partie le plan de ce
Sçavant. La nouvelle defcription de la France fera
en fix Volumes in-folio. M. le Préfident Henault &
M. de Foncemagne ont confenti d'aider de leurs
confeils , l'Auteur dans fon travail. Peut-il être
mieux guidé?
1
C
192 MERCURE DE FRANCE.
Le Duc d'Orléans , le Prince de Condé , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le
Comte de la Marche, Princes du Sang, & les Ducs
& Pairs , fe font rendus le 12 , le r9 , le 26 Février
, le S le 9 , le 21 , le 23 , le 24 & le 26
Mars , à la Grande Chambre , pour affifter à l'inftruction
du procés de Robert- François Damiens.
Le 21 & le 23 Mars , ils s'y font affemblés le matin
& l'après- midi . Ils y fiégerent le 26 depuis
huit heures du matin jufqu'à fept heures du foir.
Ce même jour , le coupable fut jugé . La Cour ordonna
que ce déteftable affaffin feroit amende
honorable devant la principale porte de l'Eglife
Métropolitaine , où il feroit conduit dans un
tombereau , nu en chemiſe , tenant une torche
de cire ardente , du poids de deux livres ; que delà
il feroit mené dans le même tombereau à la Place
de Greve ; que , fur un échafaud , il y ferroit
tenaillé aux mammelles , aux bras , aux cuiffes
, & aux gras de jambes , tenant de la main
droite le couteau dont il a commis fon affreux parricide
; qu'on lui brûleroit cette main avec du feu
de foufre ; que fur les endroits où il auroit été
tenaillé , on jetteroit du plomb fondu , de l'huile
bouillante , de la poix réfine , avec de la cire &
du foufre fondus enfemble ; qu'enfuite il feroit
tiré à quatre chevaux & écartelé , & ſes membres
& corps jettés dans un bucher , pour y être
confumés par le feu , & fes cendres jettées au vent.
Le 28 du mois dernier au matin , ce malheureux
fut appliqué à la queſtion ordinaire & extraordinaire
, & on le tint plus de deux heures dans les
tortures. Sur les deux heures après-midi , on le
fit fortir de la Conciergerie , pour le conduire au
fupplice. Lorfqu'il fut arrivé à la Place de Gréve ,
il demanda de monter à l'Hôtel de Ville. Il y a
déclaré
AVRIL. 1757. 193
déclaré qu'il n'y avoit ni complots , ni complices .
Ce monftre a fubi enfuite la punition dûe à fon
exécrable forfait. Ses tourmens ont duré trois
heures. Il étoit encore en vie ayant deux cuiffes
& le bras droit féparés du corps ; & il n'eft mort
qu'après que fon bras gauche a été détaché. Il
étoit né le 9 Janvier 1715 , au lieu de Thieulloy ,
en la Paroiffe de Monchi -Breton dans l'Artois.
Sa famille eft auffi obfcure que pauvre , & il a
paflé la plus grande partie de fa vie dans la plus
baffe domefticité . Il avoit déja commis plufieurs
crimes , avant de former l'abominable deffein qui
a achevé de le rendre l'objet de l'exécration publique
, & il avoit été obligé de s'enfuir de Paris
pour éviter les pourfuites de la Juftice . La maifon
où il a reçu le jour doit être démolie , & l'on ne
pourra à l'avenir élever fur le terrein de cere
maiſon aucun autre bâtiment.
Nous nous fommes reftraints jufqu'ici
à ne rien inférer fur cet article que d'après
la Gazette de France . Nous prions en conféquence
les Auteurs de ne plus nous envoyer
de Pieces qui y foient relatives : nous
perfiftons conftamment à ne faire ufage
d'aucune. Nous nous conformons en cela
aux premieres intentions de la Cour , qui
nous avoit ordonné le filence . Eh ! plût au
Ciel qu'il pût être gardé partout avec le
même fcrupule, & que pour la gloire de la
Nation, un fi noir attentat fût à jamais exclu
de l'hiftoire comme de notre Recueil !
M. le Comte de Biffy , Brigadier de Cavalerie ,
II. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
& premier Enfeigne de la feconde Compagnie
des Moufquetaires de la Garde du Roi , ayant
donné fa démiffion , Sa Majefté a difpofé de la
Cornette vacante , en faveur de M. le Comte de
Monteynard , Sous - Lieutenant au Régiment d'Infanterie
du Roi.
C Le Corfaire le Bart , de Calais , commandé
par le Capitaine Etienne- François Potier , a rançonné
deux Bâtimens Anglois pour 594 guinées.
Des Lettres écrites de Dieppe marquent que le
Corfaire le Baftien , de Boulogne , s'eft rendu
maître du Navise Anglois le Dally & Nancy , de
200 tonneaux , qui revenoit de la Jamaïque avec
un chargement qu'on eftime environ 300000 livres
, & qui confifte en 141 barriques de fucre ,
63 barriques de taffia , foo facs & 15 barriques
de poivre , 9 facs de coton , un fac de carret de
tortue , 570 cuirs , & 19 tonneaux de bois pour
teinture.
Le fieur de Breville , commandant le Corfaire la
Vengeance, de Saint - Malo , s'eft emparé d'un Senaw
Anglois, armé de 8 canons & de fix pierriers.
La Comteffe de Bentheim , autre Corfaire de
Saint Malo , a fait conduire à Breft le Paquebot
Anglois le Hanovre , armé de 14 canons , & de
62 hommes d'équipage , qui alloit de Falmouth à
Liſbonne.
Le Navire Anglois la Profpérité , de Darmouth
, a été pris & conduit dans la riviere de
Landerneau par le Corfaire le Cabriolet , du Conquet.
Il eft arrivé à la Rochelle un Brigantin Anglois
de 60 tonneaux , chargé de vin de Malaga , qui
a été pris par le Navire le Tavignon , de S. Malo .
Le Navire Anglois le Duc de Tofcane , de 300°
tonneaux , armé de 18 canons , de 4 pierriers 2
AVRIL. 1757. 195
& de 60 hommes d'équipage , a été pris par le
Corfaire le Grand Alexandre , de Marfeille ,
commandé par le Capitaine Martiche. La cargai
fon de ce Bâtiment , qui eft arrivé à Marſeille ,
confifte en 600 barrils de harengs , 500 quintaux
de plomb, 65 caiffes de tabac , &c .
La Marie défiée , autre Corfaire de Marſeille ,'
Capitaine le fieur Poulhariez , a conduit en ce
Port le Senaw Anglois l'Aventure , de 140 ton
neaux , chargé de morue & de faumon.
Le Capitaine Defbois , qui commande le Corfaire
le Puyzieulx , de Saint -Malo , s'eft emparé
des Navires Anglois le Howmiton , de 70 tonneaux
, chargé de charbon de terre ; & le Triwbreton
, de 100 tonneaux , chargé de mine de fer
Ces deux Bâtimens ont été conduits à Granville .
Le même Corfaire a fait conduire à Saint Malo
le Navire Anglois la Marie- Anne , de 80 tonneaux
, venant de la Caroline avec un chargement
d'indigo & de ris , & un Brigantin dont la cargaifon
confifte en oranges & en citrons.
On mande de Marſeille , que le Corſaire le
Roi Gafpard , de ce Port , dont eft Capitaine
François Roudeng , y a fait conduire le Senaw
Anglois la Catherine , n'ayant que fon left , & un
'Brigantin chargé d'huile & de limons.
Le Capitaine Sauvé , commandant le Corſaire
le Général Lally, de Boulogne , s'eft rendu maître
du Paquebot Anglois le Dauphin , armé de fix
' canons , de quatre pierriers & de vingt hommes
d'équipage. Outre plufieurs caiffes & coffres dont
ce Paquebot étoit chargé , on a trouvé à bord une
caiffe de lingots d'or pefant 238 livres . Cette
priſe a été conduite à Calais.
Le même Corſaire a rançonné fix Bâtimens Anglois
, pour la fomme de 975 guinées , & il en a
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
remis les ôtages dans le même Port.
Le Brigantin Anglois le Nancy, de 90 tonneaux,'
chargé de 90 barrils de graine de lin & de merrains
, a été pris par le Corfaire le Caincy , de
Dieppe , & eft arrivé à Dunkerque.
Le Capitaine Feray , qui commande le Corſaire
Le Comte d'Argenfon , de Dieppe , y a conduit un
Bâtiment dont le chargement eft composé de
canons , de boulets , de poudre , de fabres , de
chanvre , de toiles à voiles , & d'autres munitions
& marchandiſes.
Le Corfaire le Machault , de Granville , Capitaine
Magnonnet , a pris & conduit en ce Port le
Navire Anglois le Jean & Georges , de 300 tonneaux
, chargé de 1500 barrils de goudron , & de
2500 livres d'indigo.
Le Corfaire le Puyzieulx s'eft emparé des Navires
Anglois la Flore , de Bofton , de 90 tonneaux
, chargé d'huile de baleine & de goudron ,
& la Minerve , de Londres , de so tonneaux ,
armé de fix canons & quatre pierriers , dont la
cargaifon confifte en ris & en indigo. Ces deux
Bâtimens font arrivés à Saint-Malo .
Le Corfaire le Duc d'Aiguillon a fait conduire
en ce Port le Navire le Meffager de Bordeaux , de
60 tonneaux , chargé de vin & de fruits , & un
autre Bâtiment de 200 tonneaux , chargé de ris ,
d'indigo , de taffia , de bois de Campeche , &
d'autres marchandiſes .
11 eſt auſſi arrivé à Saint-Malo un autre Navire
Anglois de 150 tonneaux , appellé le Bofton- Galley,
de Bofton , qui a pour chargement 1300 barrils
de goudron , & 201 futailles d'indigo . Il a été
pris par le Corfaire la Comteffe de Bentheim.
Le Corfaire la Nouvelle Saxonne , de Bordeaux ,
y a conduit le Navire Anglois l'Ofgoot , venant de
AVRIL. 1757.
197
la Virginie , avec un chargement qui confifte en
250 boucauts de tabac , huit quarts d'indigo , 20
tonneaux de fer roulé , & autres marchandifes .
Le Navire Anglois le Duché de Beaufort , de
Bristol , chargé de fucre , de coton , de café , de
gingembre , & de bois de Campeche , a été pris
par le Corfaire la Repréfaille , de Bayonne.
La Cybelle , autre Corfaire de ce Port , y a fair
conduire le Navire le Molly , de Londres , de 300
tonneaux , ayant pour chargement 428 boucauts
de tabac , onze barrils & vingt- trois paquets de
pelleteries , & 25 barrils d'indigo.
Le Navire le Blackeney , de Londres , de roo
tonneaux , chargé de 208 barriques d'huile , &
autres marchandiſes , qui a été pris par le Corfaire
P'Espérance , de Bayonne , eft auffi arrivé en ce
Port.
On eftinformé que le Navire Anglois le Duc de
Scarborough , pris par le Navire la Marquise d'Amou
, de Bayonne , eft arrivé par relâche à Saint-
Ogne , & que fa cargaifon eft compofée de 600
barrils de faumon , vingt tonneaux de ftocfich
un boucaut d'indigo, une caiffe de caftors , & une
balle de toile.
L paroît une Ordonnance du Roi pour régler
P'uniforme des Officiers de l'Etat Major des Armées
de Sa Majeſté , & de ceux employés en qualité
d'Aides de Camp. Les uns & les autres porteront
des habits non croifés , de couleur vulgaire
ment appellée bleu de Roi , doublés d'une étoffe
de même couleur , lefquels habits feront garnis
de boutons de cuivre doré. Les Officiers de l'Etat
Major auront des boutonnieres en broderie de
fil d'or , huit de chaque côté jufqu'à la hauteur de
la poche , trois à chaque poche , & deux fur chaque
manche. Ceux de ces Officiers qui feront en
190 MERCURE DE FRANCE.
chef , pourront porter fur leurs habits un bordé
en borderie , dans le même goût que leurs boutonnieres.
S'ils font Officiers Généraux , ils
porteront
l'uniforme attaché à leur grade .
Le Grand Maître & le Confeil de l'Ordre de
Malte ont accordé à M. le Marquis & àMadame la
Marquife de Bauffrem.ont la permiffion de porter
la Croix de Malte. La Marquife de Bauffremont
tient des Ducs d'Atri , fes ancêtres maternels , de
la branche aînée defquels elle eft héritiere & repréfentante
, le droit de nommer une Commanderie
de l'Ordre dans la Tofcane , en qualité de Fondatrice.
Ce droit s'étend à fa poftérité de l'un &
Pautre fexe. र
M. de la Serre , Maréchal de Camp , Grand
Croix Honoraire de l'Ordre de Saint Louis , &
Gouverneur de l'Hôtel Royal des Invalides , a
obtenu la place d'Infpecteur Général de l'Infanterie
, qu'avoit le Maréchal de Thomond.
Le 18 Mars , le Roi tint le Sceau pour la feconde
fois , dans la même Piece de fon Appartement,
où Sa Majesté l'avoit déja tenu , & avec les mêmes
formalités qui avoient été obfervées le 4.
Il vient de fortir de deffous preffe trois nou
velles Ordonnances ; la premiere , portant création
d'un Régiment d'Infanterie Allemande , fous
le titre de Royal Deux Ponts ; la feconde , concernant
le ſervice du Corps Royal de l'Artillerie
& du Génie ; la troifieme , pour régler les équipages
& les tables dans les armées.
Le Roi a fait conftruire un Pavillon à l'extrê→
mité du Jardin du Château de la Meute , pour y
placer le Télescope de huit pieds , que le Pere
Noël , de la congrégation de Saint Maur , a fait
pour Sa Majesté fous les confeils du Duc de
Chaulnes. Sa Majesté y vit ce Télescope pour la
AVRIL. 1757.
191
premiere fois le 14 du mois de Décembre dernier.
Le 18 de ce mois , le Roi étant venu à ce
Château , le Pere Noel eut l'honneur de lui préfenter
une Machine Pneumatique
à deux corps
de pompe , d'une conftruction nouvelle . Sa Majefté
parut fatisfaite des expériences , que M. de
Lor fit avec cette Machine , & Elle prit auffi beaucoup
de plaifir à voir fouffler le verre, par M. Capidont
l'habileté dans cette partie eft reconnue de
tous les Phyficiens. M. de Fouchy , Secretaire
Perpétuel de l'Académie Royale des Sciences ,
traça en préſence du Roi une Meridienne,
M. l'Abbé de Breteuil a été nommé Chancelier-
Garde des Sceaux , Chef du Confeil , & Sur - Intendant
des Maiſon , Finances & Bâtimens du
Duc d'Orléans , à la place de M. de Silhouette ,
qui a donné ſa démiſſion.
"
M. l'Abbé de Foy , Chanoine de l'Eglife Cathédrale
de Maux a eu l'honneur de préfenter
au Roi le profpectus d'une defcription Hiftorique
, Géographique & Diplomatique , de la
France. M. le Comte de Saint- Florentin , Minif
tre & Secretaire d'Etat , qui conduifoit l'Auteur ,
rendit compte à Sa Majesté de l'état où eft cet
ouvrage important , dont feu M. Secouffe , penfionnaire
de l'Académie Royale des Belles- Lettres,
avoit conçu le projet, & que d'autres occupations
ont empêché cet Académicien d'entreprendre.
Encouragé par les exhortations de M. Secouffe.
M. l'Abbé de Foy s'eft chargé de l'exécution , en
adoptant pour la plus grande partie le plan de ce
Sçavant. La nouvelle defcription de la France fera
en fix Volumes in-folio. M. le Préfident Henault &
M. de Foncemagne ont confenti d'aider de leurs
confeils , l'Auteur dans fon travail. Peut-il être
mieux guidé?
1
C
192 MERCURE DE FRANCE.
Le Duc d'Orléans , le Prince de Condé , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le
Comte de la Marche, Princes du Sang, & les Ducs
& Pairs , fe font rendus le 12 , le r9 , le 26 Février
, le S le 9 , le 21 , le 23 , le 24 & le 26
Mars , à la Grande Chambre , pour affifter à l'inftruction
du procés de Robert- François Damiens.
Le 21 & le 23 Mars , ils s'y font affemblés le matin
& l'après- midi . Ils y fiégerent le 26 depuis
huit heures du matin jufqu'à fept heures du foir.
Ce même jour , le coupable fut jugé . La Cour ordonna
que ce déteftable affaffin feroit amende
honorable devant la principale porte de l'Eglife
Métropolitaine , où il feroit conduit dans un
tombereau , nu en chemiſe , tenant une torche
de cire ardente , du poids de deux livres ; que delà
il feroit mené dans le même tombereau à la Place
de Greve ; que , fur un échafaud , il y ferroit
tenaillé aux mammelles , aux bras , aux cuiffes
, & aux gras de jambes , tenant de la main
droite le couteau dont il a commis fon affreux parricide
; qu'on lui brûleroit cette main avec du feu
de foufre ; que fur les endroits où il auroit été
tenaillé , on jetteroit du plomb fondu , de l'huile
bouillante , de la poix réfine , avec de la cire &
du foufre fondus enfemble ; qu'enfuite il feroit
tiré à quatre chevaux & écartelé , & ſes membres
& corps jettés dans un bucher , pour y être
confumés par le feu , & fes cendres jettées au vent.
Le 28 du mois dernier au matin , ce malheureux
fut appliqué à la queſtion ordinaire & extraordinaire
, & on le tint plus de deux heures dans les
tortures. Sur les deux heures après-midi , on le
fit fortir de la Conciergerie , pour le conduire au
fupplice. Lorfqu'il fut arrivé à la Place de Gréve ,
il demanda de monter à l'Hôtel de Ville. Il y a
déclaré
AVRIL. 1757. 193
déclaré qu'il n'y avoit ni complots , ni complices .
Ce monftre a fubi enfuite la punition dûe à fon
exécrable forfait. Ses tourmens ont duré trois
heures. Il étoit encore en vie ayant deux cuiffes
& le bras droit féparés du corps ; & il n'eft mort
qu'après que fon bras gauche a été détaché. Il
étoit né le 9 Janvier 1715 , au lieu de Thieulloy ,
en la Paroiffe de Monchi -Breton dans l'Artois.
Sa famille eft auffi obfcure que pauvre , & il a
paflé la plus grande partie de fa vie dans la plus
baffe domefticité . Il avoit déja commis plufieurs
crimes , avant de former l'abominable deffein qui
a achevé de le rendre l'objet de l'exécration publique
, & il avoit été obligé de s'enfuir de Paris
pour éviter les pourfuites de la Juftice . La maifon
où il a reçu le jour doit être démolie , & l'on ne
pourra à l'avenir élever fur le terrein de cere
maiſon aucun autre bâtiment.
Nous nous fommes reftraints jufqu'ici
à ne rien inférer fur cet article que d'après
la Gazette de France . Nous prions en conféquence
les Auteurs de ne plus nous envoyer
de Pieces qui y foient relatives : nous
perfiftons conftamment à ne faire ufage
d'aucune. Nous nous conformons en cela
aux premieres intentions de la Cour , qui
nous avoit ordonné le filence . Eh ! plût au
Ciel qu'il pût être gardé partout avec le
même fcrupule, & que pour la gloire de la
Nation, un fi noir attentat fût à jamais exclu
de l'hiftoire comme de notre Recueil !
M. le Comte de Biffy , Brigadier de Cavalerie ,
II. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
& premier Enfeigne de la feconde Compagnie
des Moufquetaires de la Garde du Roi , ayant
donné fa démiffion , Sa Majefté a difpofé de la
Cornette vacante , en faveur de M. le Comte de
Monteynard , Sous - Lieutenant au Régiment d'Infanterie
du Roi.
C Le Corfaire le Bart , de Calais , commandé
par le Capitaine Etienne- François Potier , a rançonné
deux Bâtimens Anglois pour 594 guinées.
Des Lettres écrites de Dieppe marquent que le
Corfaire le Baftien , de Boulogne , s'eft rendu
maître du Navise Anglois le Dally & Nancy , de
200 tonneaux , qui revenoit de la Jamaïque avec
un chargement qu'on eftime environ 300000 livres
, & qui confifte en 141 barriques de fucre ,
63 barriques de taffia , foo facs & 15 barriques
de poivre , 9 facs de coton , un fac de carret de
tortue , 570 cuirs , & 19 tonneaux de bois pour
teinture.
Le fieur de Breville , commandant le Corfaire la
Vengeance, de Saint - Malo , s'eft emparé d'un Senaw
Anglois, armé de 8 canons & de fix pierriers.
La Comteffe de Bentheim , autre Corfaire de
Saint Malo , a fait conduire à Breft le Paquebot
Anglois le Hanovre , armé de 14 canons , & de
62 hommes d'équipage , qui alloit de Falmouth à
Liſbonne.
Le Navire Anglois la Profpérité , de Darmouth
, a été pris & conduit dans la riviere de
Landerneau par le Corfaire le Cabriolet , du Conquet.
Il eft arrivé à la Rochelle un Brigantin Anglois
de 60 tonneaux , chargé de vin de Malaga , qui
a été pris par le Navire le Tavignon , de S. Malo .
Le Navire Anglois le Duc de Tofcane , de 300°
tonneaux , armé de 18 canons , de 4 pierriers 2
AVRIL. 1757. 195
& de 60 hommes d'équipage , a été pris par le
Corfaire le Grand Alexandre , de Marfeille ,
commandé par le Capitaine Martiche. La cargai
fon de ce Bâtiment , qui eft arrivé à Marſeille ,
confifte en 600 barrils de harengs , 500 quintaux
de plomb, 65 caiffes de tabac , &c .
La Marie défiée , autre Corfaire de Marſeille ,'
Capitaine le fieur Poulhariez , a conduit en ce
Port le Senaw Anglois l'Aventure , de 140 ton
neaux , chargé de morue & de faumon.
Le Capitaine Defbois , qui commande le Corfaire
le Puyzieulx , de Saint -Malo , s'eft emparé
des Navires Anglois le Howmiton , de 70 tonneaux
, chargé de charbon de terre ; & le Triwbreton
, de 100 tonneaux , chargé de mine de fer
Ces deux Bâtimens ont été conduits à Granville .
Le même Corfaire a fait conduire à Saint Malo
le Navire Anglois la Marie- Anne , de 80 tonneaux
, venant de la Caroline avec un chargement
d'indigo & de ris , & un Brigantin dont la cargaifon
confifte en oranges & en citrons.
On mande de Marſeille , que le Corſaire le
Roi Gafpard , de ce Port , dont eft Capitaine
François Roudeng , y a fait conduire le Senaw
Anglois la Catherine , n'ayant que fon left , & un
'Brigantin chargé d'huile & de limons.
Le Capitaine Sauvé , commandant le Corſaire
le Général Lally, de Boulogne , s'eft rendu maître
du Paquebot Anglois le Dauphin , armé de fix
' canons , de quatre pierriers & de vingt hommes
d'équipage. Outre plufieurs caiffes & coffres dont
ce Paquebot étoit chargé , on a trouvé à bord une
caiffe de lingots d'or pefant 238 livres . Cette
priſe a été conduite à Calais.
Le même Corſaire a rançonné fix Bâtimens Anglois
, pour la fomme de 975 guinées , & il en a
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
remis les ôtages dans le même Port.
Le Brigantin Anglois le Nancy, de 90 tonneaux,'
chargé de 90 barrils de graine de lin & de merrains
, a été pris par le Corfaire le Caincy , de
Dieppe , & eft arrivé à Dunkerque.
Le Capitaine Feray , qui commande le Corſaire
Le Comte d'Argenfon , de Dieppe , y a conduit un
Bâtiment dont le chargement eft composé de
canons , de boulets , de poudre , de fabres , de
chanvre , de toiles à voiles , & d'autres munitions
& marchandiſes.
Le Corfaire le Machault , de Granville , Capitaine
Magnonnet , a pris & conduit en ce Port le
Navire Anglois le Jean & Georges , de 300 tonneaux
, chargé de 1500 barrils de goudron , & de
2500 livres d'indigo.
Le Corfaire le Puyzieulx s'eft emparé des Navires
Anglois la Flore , de Bofton , de 90 tonneaux
, chargé d'huile de baleine & de goudron ,
& la Minerve , de Londres , de so tonneaux ,
armé de fix canons & quatre pierriers , dont la
cargaifon confifte en ris & en indigo. Ces deux
Bâtimens font arrivés à Saint-Malo .
Le Corfaire le Duc d'Aiguillon a fait conduire
en ce Port le Navire le Meffager de Bordeaux , de
60 tonneaux , chargé de vin & de fruits , & un
autre Bâtiment de 200 tonneaux , chargé de ris ,
d'indigo , de taffia , de bois de Campeche , &
d'autres marchandiſes .
11 eſt auſſi arrivé à Saint-Malo un autre Navire
Anglois de 150 tonneaux , appellé le Bofton- Galley,
de Bofton , qui a pour chargement 1300 barrils
de goudron , & 201 futailles d'indigo . Il a été
pris par le Corfaire la Comteffe de Bentheim.
Le Corfaire la Nouvelle Saxonne , de Bordeaux ,
y a conduit le Navire Anglois l'Ofgoot , venant de
AVRIL. 1757.
197
la Virginie , avec un chargement qui confifte en
250 boucauts de tabac , huit quarts d'indigo , 20
tonneaux de fer roulé , & autres marchandifes .
Le Navire Anglois le Duché de Beaufort , de
Bristol , chargé de fucre , de coton , de café , de
gingembre , & de bois de Campeche , a été pris
par le Corfaire la Repréfaille , de Bayonne.
La Cybelle , autre Corfaire de ce Port , y a fair
conduire le Navire le Molly , de Londres , de 300
tonneaux , ayant pour chargement 428 boucauts
de tabac , onze barrils & vingt- trois paquets de
pelleteries , & 25 barrils d'indigo.
Le Navire le Blackeney , de Londres , de roo
tonneaux , chargé de 208 barriques d'huile , &
autres marchandiſes , qui a été pris par le Corfaire
P'Espérance , de Bayonne , eft auffi arrivé en ce
Port.
On eftinformé que le Navire Anglois le Duc de
Scarborough , pris par le Navire la Marquise d'Amou
, de Bayonne , eft arrivé par relâche à Saint-
Ogne , & que fa cargaifon eft compofée de 600
barrils de faumon , vingt tonneaux de ftocfich
un boucaut d'indigo, une caiffe de caftors , & une
balle de toile.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En 1757, plusieurs ordonnances royales et événements marquants ont été enregistrés en France. Une ordonnance royale a réglementé l'uniforme des officiers de l'État-Major et des aides-de-camp, qui devaient porter des habits bleus doublés de la même couleur, avec des boutons de cuivre doré et des broderies en fil d'or. Les officiers généraux devaient porter un uniforme correspondant à leur grade. Le Grand Maître et le Conseil de l'Ordre de Malte ont accordé au Marquis et à la Marquise de Bauffremont la permission de porter la Croix de Malte. La Marquise de Bauffremont, héritière des Ducs d'Atri, détenait le droit de nommer une commanderie de l'Ordre en Toscane. M. de la Serre, Maréchal de Camp et Grand Croix Honoraire de l'Ordre de Saint Louis, a été nommé Inspecteur Général de l'Infanterie. Le Roi a signé plusieurs ordonnances, dont la création d'un régiment d'infanterie allemande sous le titre de Royal Deux Ponts, et des règlements concernant le service de l'artillerie et du génie, ainsi que les équipages et les tables dans les armées. Le Roi a fait construire un pavillon pour y placer un télescope de huit pieds, présenté par le Père Noël. Il a également été satisfait des expériences réalisées avec une machine pneumatique et a assisté à la soufflerie du verre. L'Abbé de Breteuil a été nommé Chancelier-Garde des Sceaux et Chef du Conseil. L'Abbé de Foy a présenté au Roi un prospectus pour une description historique, géographique et diplomatique de la France, un projet initialement conçu par M. Secouffe. Plusieurs princes du sang et ducs ont assisté à l'instruction du procès de Robert-François Damiens, condamné pour avoir attenté à la vie du Roi. Damiens a été soumis à la question ordinaire et extraordinaire avant d'être exécuté par écartèlement. Des nouvelles de la marine rapportent plusieurs prises de navires anglais par des corsaires français, avec des cargaisons variées telles que du sucre, du tabac, du coton, et des bois de teinture. Le document décrit également la composition d'un navire nommé 'Ogne' et sa cargaison, qui se composait de 600 barils de saumon, 20 tonneaux de stockfish, un boucaut d'indigo, une caiffe de castors et une balle de toile.
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1373
p. 197
BÉNÉFICE DONNÉ.
Début :
Sa Majesté a donné l'Abbaye de Saint-Quentin en Isle, [...]
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texteReconnaissance textuelle : BÉNÉFICE DONNÉ.
BÉNÉFICE DONNÉ.
Sa Majesté a donné l'Abbaye de Saint-Quentin
en Ifle , Ordre de S. Benoît , Dioceſe de Noyon ,
au Prince de Salm - Salm.
Sa Majesté a donné l'Abbaye de Saint-Quentin
en Ifle , Ordre de S. Benoît , Dioceſe de Noyon ,
au Prince de Salm - Salm.
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1374
p. 201-203
DU NORD
Début :
Par ordre du Roi, le Comte de Brulh a fait dresser, pour être insérée dans [...]
Mots clefs :
Varsovie, Comte de Brulh, Note, Gazette de Berlin, Monnaies, Frappe, Différentes sortes, Valeur
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE WARSOVIE , le 22 Mars.
PAR ordre du Roi , le Comte de Brulh a fait
dreffer , pour être inférée dans les papiers publics
, une note dont voici l'extrait. « Cette
» Cour a vu avec étonnement l'article inféré dans
» la Gazette de Berlin , N° 31 , en date du 12,
» Mars , où l'on prétend démentir , comme
❤faux très-calomnieux , les avis donnés d'ici ,
au fujet des monnoies que les Juifs Ephraim
» font frapper actuellement à Leipfick.... La fa-
» çon , dont l'Auteur de cet article s'y prend
» pour éblouir le public , eft des plus fingulieres.
» Il met en queftion ce qui n'y eft pas. Au
» contraire , il paffe fous filence ce dont il s'agit.
Il protefte qu'on ne frappe point à Drefde d'au-
» tres efpeces que fous la date de 1757 , & fur
» le pied ordinaire , & qu'à Leipfick on n'a
point fabriqué de pieces de deux gros , de
» quatre gros , & d'un tiers d'écu. Les avis de
» Saxe n'ont rien dit d'oppofé à ces deux affer-
>> tions. S'ils ont nommé les différentes efpeces,
» ci-deffus mentionnées , ce n'a été qu'en com-
» paraifon avec les feules dont il s'agit , fçavoir
les pieces de huit gros , qu'il ne faut pas con-
Iv
202 MERCURE DE FRANCE:
fondre avec les tiers d'écu & avec les fimples
gros.... On a affirmé feulement , que celles qui
» fe frappoient actuellement à Leipfick , fous les
» dates de 1753 , & des trois années fuivantes ,
» avec les anciens coins extorqués , étoient debeaucoup
inférieures aux mêmes pieces que l'Entre-
» preneur Frege avoit fait battre de fon temps.
» Voilà ce que portent les avis de Saxe ; & l'arti-
» cle de Berlin , fe taifant fur ce point , en fait
» l'aveu tacite ..... Quoique l'Ecrivain Pruffien
» avance en termes généraux , que les efpeces ,
» qui fe frappent actuellement à Leipfick , font
» égales à celles de Frege , fi même elles ne les
» excédent pas en valeur intrinfeque ; il n'en eft
>> pas moins certain ( & c'eft une vérité incon-
» teftable , fondée fur une évaluation faite , dont
>> tous les monnoyeurs impartiaux peuvent at-
»
22
413
tefter l'exactitude ) que les nouveaux gros de la
» fabrique des Juffs Ephraïm à Leipfick , ne va-
» lent que fennins , & leurs nouvelles pieces
» de huit gros , que 6 gros o fennins , c'eft-à-
» dire , que les gros font de 18 écus , is gros ,
69 fennins , & les pieces de huit gros , de 18
» écus , 14 gros , 1 fennins , au marc fin d'ar-
» gent , qui n'étoit auparavant monnoyé en gros
» qu'à 15 écus , & en pieces de huit gros , qu'à
» 14 écus , 2 gros , 25, fennins , ce qui fait
ainfi , pour cent , un déchet de 19 écus , 13
gros , fenpins ', fur les gros , & de 24
écus , gros , 3 fennins , fur les pieces de
» huit gros.... On a cru devoir en avertir le public
, afin que chacun puiffe fe garantir de préjudice
: attendu que les Juifs Ephraïm réfon-
>> dant поп feulement toutes les monnoies de
Saxe , mais encore une partie de celles de
» Pruffe , le dommage , qui en réfulteroit à l'ag
MIA 1.17570 203
» venir , feroit immenfe , fi ces nouvelles efpe-
>> ces continuoient d'avoir un libre cours dans le
» commerce.... »
DE WARSOVIE , le 22 Mars.
PAR ordre du Roi , le Comte de Brulh a fait
dreffer , pour être inférée dans les papiers publics
, une note dont voici l'extrait. « Cette
» Cour a vu avec étonnement l'article inféré dans
» la Gazette de Berlin , N° 31 , en date du 12,
» Mars , où l'on prétend démentir , comme
❤faux très-calomnieux , les avis donnés d'ici ,
au fujet des monnoies que les Juifs Ephraim
» font frapper actuellement à Leipfick.... La fa-
» çon , dont l'Auteur de cet article s'y prend
» pour éblouir le public , eft des plus fingulieres.
» Il met en queftion ce qui n'y eft pas. Au
» contraire , il paffe fous filence ce dont il s'agit.
Il protefte qu'on ne frappe point à Drefde d'au-
» tres efpeces que fous la date de 1757 , & fur
» le pied ordinaire , & qu'à Leipfick on n'a
point fabriqué de pieces de deux gros , de
» quatre gros , & d'un tiers d'écu. Les avis de
» Saxe n'ont rien dit d'oppofé à ces deux affer-
>> tions. S'ils ont nommé les différentes efpeces,
» ci-deffus mentionnées , ce n'a été qu'en com-
» paraifon avec les feules dont il s'agit , fçavoir
les pieces de huit gros , qu'il ne faut pas con-
Iv
202 MERCURE DE FRANCE:
fondre avec les tiers d'écu & avec les fimples
gros.... On a affirmé feulement , que celles qui
» fe frappoient actuellement à Leipfick , fous les
» dates de 1753 , & des trois années fuivantes ,
» avec les anciens coins extorqués , étoient debeaucoup
inférieures aux mêmes pieces que l'Entre-
» preneur Frege avoit fait battre de fon temps.
» Voilà ce que portent les avis de Saxe ; & l'arti-
» cle de Berlin , fe taifant fur ce point , en fait
» l'aveu tacite ..... Quoique l'Ecrivain Pruffien
» avance en termes généraux , que les efpeces ,
» qui fe frappent actuellement à Leipfick , font
» égales à celles de Frege , fi même elles ne les
» excédent pas en valeur intrinfeque ; il n'en eft
>> pas moins certain ( & c'eft une vérité incon-
» teftable , fondée fur une évaluation faite , dont
>> tous les monnoyeurs impartiaux peuvent at-
»
22
413
tefter l'exactitude ) que les nouveaux gros de la
» fabrique des Juffs Ephraïm à Leipfick , ne va-
» lent que fennins , & leurs nouvelles pieces
» de huit gros , que 6 gros o fennins , c'eft-à-
» dire , que les gros font de 18 écus , is gros ,
69 fennins , & les pieces de huit gros , de 18
» écus , 14 gros , 1 fennins , au marc fin d'ar-
» gent , qui n'étoit auparavant monnoyé en gros
» qu'à 15 écus , & en pieces de huit gros , qu'à
» 14 écus , 2 gros , 25, fennins , ce qui fait
ainfi , pour cent , un déchet de 19 écus , 13
gros , fenpins ', fur les gros , & de 24
écus , gros , 3 fennins , fur les pieces de
» huit gros.... On a cru devoir en avertir le public
, afin que chacun puiffe fe garantir de préjudice
: attendu que les Juifs Ephraïm réfon-
>> dant поп feulement toutes les monnoies de
Saxe , mais encore une partie de celles de
» Pruffe , le dommage , qui en réfulteroit à l'ag
MIA 1.17570 203
» venir , feroit immenfe , fi ces nouvelles efpe-
>> ces continuoient d'avoir un libre cours dans le
» commerce.... »
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Résumé : DU NORD
Le 22 mars, le Comte de Brulh, par ordre du Roi, a publié une note en réponse à un article de la Gazette de Berlin. Cet article démentait les informations sur les monnaies frappées par les Juifs Ephraim à Leipzig. La Cour de Saxe exprime son étonnement face à la méthode utilisée par l'auteur de l'article pour éblouir le public, en passant sous silence les faits importants. L'article de Berlin affirme que seules les monnaies datées de 1757 sont frappées à Dresde et que Leipzig n'a pas fabriqué certaines pièces spécifiques. Les avis de Saxe mentionnent uniquement les pièces de huit gros, distinctes des tiers d'écu et des simples gros. Les avis de Saxe affirment que les pièces frappées à Leipzig entre 1753 et 1756, avec les anciens coins, sont de moindre valeur que celles frappées par l'Entrepreneur Frege. L'article de Berlin, en ne contestant pas ce point, en fait tacitement l'aveu. Bien que l'auteur prussien affirme que les nouvelles pièces de Leipzig sont égales ou supérieures à celles de Frege, il est prouvé que les nouveaux gros valent seulement 18 écus, 1 gros, 69 fennins, et les pièces de huit gros, 18 écus, 14 gros, 1 fennin, au marc fin d'argent. Cela représente un déchet de 19 écus, 13 gros, 69 fennins pour les gros, et de 24 écus, 1 gros, 3 fennins pour les pièces de huit gros. La Cour de Saxe avertit le public pour éviter des préjudices, car les Juifs Ephraim résident non seulement en Saxe mais aussi en Prusse, et le dommage serait immense si ces nouvelles pièces continuaient à circuler librement dans le commerce.
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1375
p. 211-214
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le Roi ayant jugé à propos de faire une promotion dans les différens grades [...]
Mots clefs :
Promotions, Officiers de la marine, Lieutenant, Chef d'escadre, Chevalier, Capitaine, Enseigne, Commandeurs
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
1
I E Roi ayant jugé à propos de faire une promotion
dans les différens grades des Officiers de la
Marine , Sa Majefté a nommé deux Lieutenans
Généraux des Armées Navales, cinq Chefs d'Efcadre
, cinquante- neuf Capitaines de Vaiffeaux , un
Capitaine d'Artillerie , foixante-quinze Lieutenans
de Vaiffeaux , cent vingt-fept Enfeignes.
Lieutenans-Généraux , MM. Perrier & le Com
te du Guay.
Chefs d'Efcadre. MM. de Courbon-Blenac ,
Saint- André du Verger , de Guefbriant de Budes ,
d'Aubigny, & de Bompar. Capitaines de Vaiffeaux. MM, Chevalier de
Beaudouvin , Defroches du Drefnay , du Rofel
de Beaumanoir , Belle- Ifle Pepin , de Flotte-Seillans
, Marchainville , Chevalier des Gouttes , de
l'Ile Taulanes , Chevalier de Ricoux , la Croix
de Mairargues , de Chierre , de Rambures , Cher
valier de Maillé-Brezé , la Guarigue - Savigny ,
Foucault , Caftellanne Saint-Jeurs , de Plas , lą
Monneraye , Chevalier de Graffe du Bar , Macarty
, Chevalier de Ségur- Cabanac , Fulconis ,
Chevalier d'Herlye , de Lyle- Calian , Saint - Vic,
toret , Rofmadec Saint- Allouarn , Mablan d'Ai,
miny , Blotfier , Braguemont , Jouffelin de Marigny
, Meyronnet Saint -Marc , Montcalm Saint-
Veran , Chevalier de Villeblanche , Chevalier de
Blois , Dandanne de Lincourt , de Fabreguesi
de Breugnon , Laccary , la Comté-Pigache , Dubois
de la Motte , Deshayes de Cry , Chevalier
212 MERCURE DE FRANCE.
de Courferac , Chevalier de Ruis, Chevalier de Lor.
geril , du Lefcoet , Cofte de Champeron , Fancher ,
d'Ile-Beauchaine , Bremoy , Bory , Chevalier du
Drefnay des Roches , Chevalier de Crefnay , Boulainvilliers
, Chevalier de Laugier- Beaucoufe , de
Moy, Lizardais , Chevalier de Forbin d'Oppede ,
Chevalier de Fabry & Vicomte de Rochechouart.
Capitaine d'Artillerie. M. Herpin.
Lieutenans de Vaiſſeaux. MM. Chevalier de
Monteclair , Maupin , Kervenkerfullec , Chevalier
de Landemont , Gourfelas , Valmenier-
Caqueray , Geraldin , Villers- Franffure de Briffaucourt
, Chevalier de Raymondis , Chevalier
de Veriffey , Chevalier de Village de Villevieille ,
Chevalier de Cobios-Dandiran, Chevalier de Cours
Luffaignet , Beaupoil Saint-Aulaire , de Grieu ,
Bonnefoi de Bretauville , Kerjankerjan , de Proiſfy
, de la Grandiere , Bois de la Motte- Rabeau
Chevalier de Villeneuve- Source , Janvry de Verneuil
, Chevalier de Coataudon , Kerguifiau de
Treleon , Keroullas de Cohars , Brue de Clerey ,
Giraud-Dagay , de Boades , la Porte-Vezins ,
Chevalier de Sobiratz , Guyonnet de Montbalen ,
Luppé de la Motte , Maffol de Vergy , Sorel
Freziers , la Garde- Payan , le Cardonie , de Vialis
, de Gantes , Chevalier de Cicé , Chevalier
de Novarin , Dumenez-Lezurec du Broffey-
Dumas , de la Clue , Chevalier de Douville , Neveu
, Marquis de Nieul- Ponte , Chevalier de
Goympy-Feuquieres , Villers de Graffy , Reynach
de Barre , Chevalier de Boisgelin , Chevalier
Diziers- Guyon , d'Erchigny de Clieu , Rouffel
de Preville , Comte de Châteaumorant , Duvergier-
Kerhorlay , Chevalier Bellot la Houffaye
, de Damas , Clapier Saint - Tropez ,, Penfentenyo
, le Foreftier , Longueval , Dampierre-
Cugnac , Marquis de Jons , Chevalier de Lordat,
MA I. 1757 . 213
Guinot de Lugeons , de Peynier , de Forefta-
Collongue , Defmeneuft- de Boisbriand , Framont
d'Ayron , Chevalier de Grimaldy , Beauffier- Châ
teauvert ; Lieutenans de Port , Tremigon & Val
menier.
·
Enfeignes, MM. Coyffier de Breuil , Cheva
lier de Glandevez - Caftellet , Kerfaufon de Goaf
melquin , la Borye Guittard , du Lac , Marquis
de la Maifonfort , Chevalier de Thierfanville
, Chevalier de Carcaradec , Darbaud , Cha
deau de la Clocheterie , Raymond d'Eaux, Marquis
de Treffemanes Brunet , Adhemar , Boisboiffel
, Kermorvant de Gouzillon , Dupin de
Bellugard , Froger de la Rigaudiere , Marin de
Saint- Palais , Bonneval la Farre , Chevalier de
Pontevez - Gien , Ma-Carty , Gourzelas , Chevalier
du Menez- Lezurec , Chevalier de la Salle
Saint-Got , Chevalier de Damas de Dantlezy ,
Defmoulins de Rochefort , de Malide , de Francheville
, Dagoult -Montmaur , Chappedelaine ,
Chevalier de la Tude , de Saliou de Chef- de-
Bois , de Coetilleau , Chevalier de Medine , Bidée
de Chavagne , Chevalier de Bournaud , Duhaffon,
Penanrun Geflin , Kerven Kerfullec , Chevalier
de Grezes , Girardin , Chevalier de Montalet ,
la Borde la Salle , Gayot de Cramahé , le Normant
de Champfley , Frottier du Perey , Chevalier
de la Voyrie , Defmeneuft de Boisbriant ;
Chevalier de Bernard de Marigny , Kergariou
de Rofconette , Sous.Lieutenant d'Artillerie ; du
Chilleau de la Roche , Desfarges de la Voltieres,
Chambona , Chevalier de la Pommeraye de Kerambar
, Duchefne Ferron , Chevalier de Vibraye
, le Moenne de Launay , Vidal de Lirac ,
Savignon de Saumaty , Chevalier de Ravenel ,
Boisbilly de Beaumanoir , Chevalier de Goyon
Taumatz , Bruny d'Entre-Cafteau , Chevalier de
214 MERCURE DE FRANCE.
Langan - Boisfevrier , la Salle Lezardiere , Vicomre
de Robien , Montgrand , de Gonidec , Brunet
de Guillier , Chevalier de Riviere , Chevalier de
la Briffolliere , Chambertran , Barbezieres , Ma-
Carty de Mortaigne , Chevalier Deſcars , Roffel,
Trogoff , Chevalier de Ligondés d'Avrilly , Du-.
pleffis Quelen , Marquis d'Aiguieres , l'Etang
Ery , de Cogolin , Duhaffon de l'Eftrediagot ,
Gignac Thaumas , Boisberthelot , d'Eftel d'Aren
, Pineau , Chevalier de Turique , de Chabanes
, Chevalier de Bonnes , Chevalier de Macnemara
, Chevalier de Ligniville , Chevalier de
Souvré , du Vignau , Braguemont , de Bonnal
Deftoures , Coetnempren Kerfaint , du Vivier
de Gourville , le Gardeur de Tilly , Sibon , la
Villeon , Macnemara l'aîné , Chevalier de Puyberneau
, Deydier de Pierre- Feu , Griffolet de
Roffy , Barlatier du Mas , Loëmaria , Chevalier
de Village , du Parc de Coatrefcar , Juchereau
de Saint- Denis , Dandlau , le Borgne de Villemeur
, d'Albertas de Jouques , Creflier Defapois
, Chevalier de Senneville , de Baudran
Villeneuve d'Efclapon , Chevalier d'Hautefeuil ,
Colbert de Poligny , Lammerville l'aîné , de
Siochant , Byhan de Goariva , de Moulon , Pic
de la Mirandolle , Chevalier de Lyrot , & Chevalier
de Fine.
Sa Majefté a difpofé en même temps de deux
Places de Commandeurs , à trois mille livres de
penfion , de l'Ordre Royal & Militaire de Saint-
Louis , qui étoient vacantes dans la Marine , en
faveur de M. le Chevalier de Folligny , Chef
Efcadre , qui étoit déja Commandeur Honoraire
de cet Ordre ; & M. de Montlouet , Chef d'Elcadre
. Sa Majefté a auffi nommé Chevaliers du mê
me Ordre trente-cing Lieutenans de Vaiſſeaux.
1
I E Roi ayant jugé à propos de faire une promotion
dans les différens grades des Officiers de la
Marine , Sa Majefté a nommé deux Lieutenans
Généraux des Armées Navales, cinq Chefs d'Efcadre
, cinquante- neuf Capitaines de Vaiffeaux , un
Capitaine d'Artillerie , foixante-quinze Lieutenans
de Vaiffeaux , cent vingt-fept Enfeignes.
Lieutenans-Généraux , MM. Perrier & le Com
te du Guay.
Chefs d'Efcadre. MM. de Courbon-Blenac ,
Saint- André du Verger , de Guefbriant de Budes ,
d'Aubigny, & de Bompar. Capitaines de Vaiffeaux. MM, Chevalier de
Beaudouvin , Defroches du Drefnay , du Rofel
de Beaumanoir , Belle- Ifle Pepin , de Flotte-Seillans
, Marchainville , Chevalier des Gouttes , de
l'Ile Taulanes , Chevalier de Ricoux , la Croix
de Mairargues , de Chierre , de Rambures , Cher
valier de Maillé-Brezé , la Guarigue - Savigny ,
Foucault , Caftellanne Saint-Jeurs , de Plas , lą
Monneraye , Chevalier de Graffe du Bar , Macarty
, Chevalier de Ségur- Cabanac , Fulconis ,
Chevalier d'Herlye , de Lyle- Calian , Saint - Vic,
toret , Rofmadec Saint- Allouarn , Mablan d'Ai,
miny , Blotfier , Braguemont , Jouffelin de Marigny
, Meyronnet Saint -Marc , Montcalm Saint-
Veran , Chevalier de Villeblanche , Chevalier de
Blois , Dandanne de Lincourt , de Fabreguesi
de Breugnon , Laccary , la Comté-Pigache , Dubois
de la Motte , Deshayes de Cry , Chevalier
212 MERCURE DE FRANCE.
de Courferac , Chevalier de Ruis, Chevalier de Lor.
geril , du Lefcoet , Cofte de Champeron , Fancher ,
d'Ile-Beauchaine , Bremoy , Bory , Chevalier du
Drefnay des Roches , Chevalier de Crefnay , Boulainvilliers
, Chevalier de Laugier- Beaucoufe , de
Moy, Lizardais , Chevalier de Forbin d'Oppede ,
Chevalier de Fabry & Vicomte de Rochechouart.
Capitaine d'Artillerie. M. Herpin.
Lieutenans de Vaiſſeaux. MM. Chevalier de
Monteclair , Maupin , Kervenkerfullec , Chevalier
de Landemont , Gourfelas , Valmenier-
Caqueray , Geraldin , Villers- Franffure de Briffaucourt
, Chevalier de Raymondis , Chevalier
de Veriffey , Chevalier de Village de Villevieille ,
Chevalier de Cobios-Dandiran, Chevalier de Cours
Luffaignet , Beaupoil Saint-Aulaire , de Grieu ,
Bonnefoi de Bretauville , Kerjankerjan , de Proiſfy
, de la Grandiere , Bois de la Motte- Rabeau
Chevalier de Villeneuve- Source , Janvry de Verneuil
, Chevalier de Coataudon , Kerguifiau de
Treleon , Keroullas de Cohars , Brue de Clerey ,
Giraud-Dagay , de Boades , la Porte-Vezins ,
Chevalier de Sobiratz , Guyonnet de Montbalen ,
Luppé de la Motte , Maffol de Vergy , Sorel
Freziers , la Garde- Payan , le Cardonie , de Vialis
, de Gantes , Chevalier de Cicé , Chevalier
de Novarin , Dumenez-Lezurec du Broffey-
Dumas , de la Clue , Chevalier de Douville , Neveu
, Marquis de Nieul- Ponte , Chevalier de
Goympy-Feuquieres , Villers de Graffy , Reynach
de Barre , Chevalier de Boisgelin , Chevalier
Diziers- Guyon , d'Erchigny de Clieu , Rouffel
de Preville , Comte de Châteaumorant , Duvergier-
Kerhorlay , Chevalier Bellot la Houffaye
, de Damas , Clapier Saint - Tropez ,, Penfentenyo
, le Foreftier , Longueval , Dampierre-
Cugnac , Marquis de Jons , Chevalier de Lordat,
MA I. 1757 . 213
Guinot de Lugeons , de Peynier , de Forefta-
Collongue , Defmeneuft- de Boisbriand , Framont
d'Ayron , Chevalier de Grimaldy , Beauffier- Châ
teauvert ; Lieutenans de Port , Tremigon & Val
menier.
·
Enfeignes, MM. Coyffier de Breuil , Cheva
lier de Glandevez - Caftellet , Kerfaufon de Goaf
melquin , la Borye Guittard , du Lac , Marquis
de la Maifonfort , Chevalier de Thierfanville
, Chevalier de Carcaradec , Darbaud , Cha
deau de la Clocheterie , Raymond d'Eaux, Marquis
de Treffemanes Brunet , Adhemar , Boisboiffel
, Kermorvant de Gouzillon , Dupin de
Bellugard , Froger de la Rigaudiere , Marin de
Saint- Palais , Bonneval la Farre , Chevalier de
Pontevez - Gien , Ma-Carty , Gourzelas , Chevalier
du Menez- Lezurec , Chevalier de la Salle
Saint-Got , Chevalier de Damas de Dantlezy ,
Defmoulins de Rochefort , de Malide , de Francheville
, Dagoult -Montmaur , Chappedelaine ,
Chevalier de la Tude , de Saliou de Chef- de-
Bois , de Coetilleau , Chevalier de Medine , Bidée
de Chavagne , Chevalier de Bournaud , Duhaffon,
Penanrun Geflin , Kerven Kerfullec , Chevalier
de Grezes , Girardin , Chevalier de Montalet ,
la Borde la Salle , Gayot de Cramahé , le Normant
de Champfley , Frottier du Perey , Chevalier
de la Voyrie , Defmeneuft de Boisbriant ;
Chevalier de Bernard de Marigny , Kergariou
de Rofconette , Sous.Lieutenant d'Artillerie ; du
Chilleau de la Roche , Desfarges de la Voltieres,
Chambona , Chevalier de la Pommeraye de Kerambar
, Duchefne Ferron , Chevalier de Vibraye
, le Moenne de Launay , Vidal de Lirac ,
Savignon de Saumaty , Chevalier de Ravenel ,
Boisbilly de Beaumanoir , Chevalier de Goyon
Taumatz , Bruny d'Entre-Cafteau , Chevalier de
214 MERCURE DE FRANCE.
Langan - Boisfevrier , la Salle Lezardiere , Vicomre
de Robien , Montgrand , de Gonidec , Brunet
de Guillier , Chevalier de Riviere , Chevalier de
la Briffolliere , Chambertran , Barbezieres , Ma-
Carty de Mortaigne , Chevalier Deſcars , Roffel,
Trogoff , Chevalier de Ligondés d'Avrilly , Du-.
pleffis Quelen , Marquis d'Aiguieres , l'Etang
Ery , de Cogolin , Duhaffon de l'Eftrediagot ,
Gignac Thaumas , Boisberthelot , d'Eftel d'Aren
, Pineau , Chevalier de Turique , de Chabanes
, Chevalier de Bonnes , Chevalier de Macnemara
, Chevalier de Ligniville , Chevalier de
Souvré , du Vignau , Braguemont , de Bonnal
Deftoures , Coetnempren Kerfaint , du Vivier
de Gourville , le Gardeur de Tilly , Sibon , la
Villeon , Macnemara l'aîné , Chevalier de Puyberneau
, Deydier de Pierre- Feu , Griffolet de
Roffy , Barlatier du Mas , Loëmaria , Chevalier
de Village , du Parc de Coatrefcar , Juchereau
de Saint- Denis , Dandlau , le Borgne de Villemeur
, d'Albertas de Jouques , Creflier Defapois
, Chevalier de Senneville , de Baudran
Villeneuve d'Efclapon , Chevalier d'Hautefeuil ,
Colbert de Poligny , Lammerville l'aîné , de
Siochant , Byhan de Goariva , de Moulon , Pic
de la Mirandolle , Chevalier de Lyrot , & Chevalier
de Fine.
Sa Majefté a difpofé en même temps de deux
Places de Commandeurs , à trois mille livres de
penfion , de l'Ordre Royal & Militaire de Saint-
Louis , qui étoient vacantes dans la Marine , en
faveur de M. le Chevalier de Folligny , Chef
Efcadre , qui étoit déja Commandeur Honoraire
de cet Ordre ; & M. de Montlouet , Chef d'Elcadre
. Sa Majefté a auffi nommé Chevaliers du mê
me Ordre trente-cing Lieutenans de Vaiſſeaux.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le roi a pris plusieurs décisions concernant des promotions au sein de la Marine. Il a nommé deux lieutenants généraux des armées navales : MM. Perrier et le comte du Guay. Cinq chefs d'escadre ont également été désignés : MM. de Courbon-Blenac, Saint-André du Verger, de Guébriant de Budes, d'Aubigny et de Bompar. Cinquante-neuf capitaines de vaisseaux ont été promus, parmi lesquels figurent MM. Chevalier de Beaudouvin, Desroches du Drefnay et du Rosel de Beaumanoir. Un capitaine d'artillerie, M. Herpin, a également été nommé. Cent vingt-sept enseignes ont été promus. Divers lieutenants de vaisseaux ont été nommés, dont MM. Chevalier de Monteclair, Maupin et Kervenkerfullec. Deux places de commandeurs de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis ont été attribuées à MM. le Chevalier de Folligny et de Montlouet. Trente-cinq lieutenants de vaisseaux ont été nommés chevaliers du même ordre. Ces promotions reflètent une restructuration significative au sein de la Marine, visant à renforcer et à honorer les officiers méritants.
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1376
p. 193-195
ESPAGNE.
Début :
Il y eut le 23 du mois dernier à Oporto une violente émeute. [...]
Mots clefs :
Lisbonne, Porto, Sédition, Émeute, Commerce des vins, Compagnie, Mécontentement du peuple, Saccages, Gouverneur, Tremblement de terre, Corsaire anglais
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DE LISBONNE , le 29 Mars.
Il y eut le 23 du mois dernier à Oporto une
violente émeute. Entre les neuf & dix heures du
matin , on vit defcendre de la Cordoaria une trou
pe d'hommes , ayant une femme à leur tête , &
criant Vive le Peuple. S'étant rendus chez l'Elu ,
qui étoit malade au lit , ils le contraignirent de
s'habiller , le mirent dans une chaiſe à porteurs ,
& l'emmenerent avec eux. En même temps quelques
féditieux monterent fur les tours de l'Eglife
de la Miféricorde , & fonnerent le tocfin , au bruit
duquel plufieurs milliers d'habitans s'affemblerent.
Cette nouvelle troupe joignit la premiere ,
& elles allerent enfemble demander à l'Intendant
de la Ville la fuppreffion de la Compagnie , qui
vient d'y être établie pour le commerce des vins.
Une autre bande de mutins inveſtit cependant la
maiſon du Provéditeur de la Compagnie. Ilfe mit
en défenſe , & fit tirer plufieurs coups de fufil ,
dont quelques perfonnes furent bleffées. Auffitôt la
populace en fureur força les portes , pénétra dans
les appartemens , brifa les meubles , & déchira
les livres & les papiers. Le Gouverneur d'Oporto
ayant fait prendre les armes à la garniſon , mar
cha vers le lieu où le défordre étoit le plus grand.
L'Intendant de fon côté envoya ordre aux Cordeliers
de commencer la Proceffion qu'ils ont
coutume de faire le Mercredi des Cendres , afin
d'opérer par ce pieux fpectacle une diverfion dans
l'efprit du peuple. Effectivement , dès que la
I
194 MERCURE DE FRANCE.
Proceffion parut , l'orage fe calma. Il est à re
marquer que pendant toute la fédition il n'échappa
à la plus vile canaille aucun mot contre le
refpect du au Roi & à fes Miniftres. Pendant le
pillage de la maifon du Provéditeur de la Compagnie,
quelques jeunes gens vouloient enlever un
fac , dans lequel il y avoit plus de vingt mille
crufades . Un Grenadier leur dit que cet argent
appartenoit au Roi , & ils fe retirerent , fans y
toucher. Comme il étoit à craindre que le trouble
ne recommençât après la Proceffion , le Gouverneur
, pour fatisfaire les habitans , promit de
leur faire rendre juftice fur les griefs dont ils fe
plaignoient, Ils infifterent pour que la nouvelle
Compagnie fût fupprimée , ou qu'elle achetâr
leurs vins dans les temps fixés , & les payât argent
Comptant , ainfi que faifoient les Anglois. La
Garnifon 'd'Oporto a été renforcée de trois Régimens
, & la Cour y a envoyé un Commiffaire
avec ordre d'informer contre les auteurs de la ré,
volte.
Don Antoine-de Villena s'étant rendu à Oporto
avec le Régiment de Cavalerie de Chaves ,
pour faire arrêter & punir les auteurs de la révolte;
la populace de la Ville s'eft attroupée de nouveau
tumultueufement. Il a fallu charger les mu
tins , pour les difperfer. On en a tué plufieurs ,
& le Régiment de Chaves a perdu auffi quelques
Cavaliers.
Trois fecouffes de tremblement de terre ont
jetté ici de nouveau l'allarme . On fentit la premiere
le 16 à onze heures & demie du foir ; la
feconde à quatre heures après- midi , & la troifeme
le 18 à cinq heures & demie du matin,
Elles ont été accompagnées de plafieurs bruits
fouterreins. La premiere & la troifieme ant agi
JUI N. 1757.
195
par ondulations. Quelques maifons ont été ébranlées
à Caſcaës. On n'a point de nouvelles , qu'il
foit arrivé ailleurs aucun dommage.
Un Corfaire Anglois ayant pillé un Navire qui
portoit Pavillon de Portugal , & qui avoit à bord
une riche cargaifon , le Roi a demandé à Sa Majefté
Britannique une fatisfaction convenable.
DE LISBONNE , le 29 Mars.
Il y eut le 23 du mois dernier à Oporto une
violente émeute. Entre les neuf & dix heures du
matin , on vit defcendre de la Cordoaria une trou
pe d'hommes , ayant une femme à leur tête , &
criant Vive le Peuple. S'étant rendus chez l'Elu ,
qui étoit malade au lit , ils le contraignirent de
s'habiller , le mirent dans une chaiſe à porteurs ,
& l'emmenerent avec eux. En même temps quelques
féditieux monterent fur les tours de l'Eglife
de la Miféricorde , & fonnerent le tocfin , au bruit
duquel plufieurs milliers d'habitans s'affemblerent.
Cette nouvelle troupe joignit la premiere ,
& elles allerent enfemble demander à l'Intendant
de la Ville la fuppreffion de la Compagnie , qui
vient d'y être établie pour le commerce des vins.
Une autre bande de mutins inveſtit cependant la
maiſon du Provéditeur de la Compagnie. Ilfe mit
en défenſe , & fit tirer plufieurs coups de fufil ,
dont quelques perfonnes furent bleffées. Auffitôt la
populace en fureur força les portes , pénétra dans
les appartemens , brifa les meubles , & déchira
les livres & les papiers. Le Gouverneur d'Oporto
ayant fait prendre les armes à la garniſon , mar
cha vers le lieu où le défordre étoit le plus grand.
L'Intendant de fon côté envoya ordre aux Cordeliers
de commencer la Proceffion qu'ils ont
coutume de faire le Mercredi des Cendres , afin
d'opérer par ce pieux fpectacle une diverfion dans
l'efprit du peuple. Effectivement , dès que la
I
194 MERCURE DE FRANCE.
Proceffion parut , l'orage fe calma. Il est à re
marquer que pendant toute la fédition il n'échappa
à la plus vile canaille aucun mot contre le
refpect du au Roi & à fes Miniftres. Pendant le
pillage de la maifon du Provéditeur de la Compagnie,
quelques jeunes gens vouloient enlever un
fac , dans lequel il y avoit plus de vingt mille
crufades . Un Grenadier leur dit que cet argent
appartenoit au Roi , & ils fe retirerent , fans y
toucher. Comme il étoit à craindre que le trouble
ne recommençât après la Proceffion , le Gouverneur
, pour fatisfaire les habitans , promit de
leur faire rendre juftice fur les griefs dont ils fe
plaignoient, Ils infifterent pour que la nouvelle
Compagnie fût fupprimée , ou qu'elle achetâr
leurs vins dans les temps fixés , & les payât argent
Comptant , ainfi que faifoient les Anglois. La
Garnifon 'd'Oporto a été renforcée de trois Régimens
, & la Cour y a envoyé un Commiffaire
avec ordre d'informer contre les auteurs de la ré,
volte.
Don Antoine-de Villena s'étant rendu à Oporto
avec le Régiment de Cavalerie de Chaves ,
pour faire arrêter & punir les auteurs de la révolte;
la populace de la Ville s'eft attroupée de nouveau
tumultueufement. Il a fallu charger les mu
tins , pour les difperfer. On en a tué plufieurs ,
& le Régiment de Chaves a perdu auffi quelques
Cavaliers.
Trois fecouffes de tremblement de terre ont
jetté ici de nouveau l'allarme . On fentit la premiere
le 16 à onze heures & demie du foir ; la
feconde à quatre heures après- midi , & la troifeme
le 18 à cinq heures & demie du matin,
Elles ont été accompagnées de plafieurs bruits
fouterreins. La premiere & la troifieme ant agi
JUI N. 1757.
195
par ondulations. Quelques maifons ont été ébranlées
à Caſcaës. On n'a point de nouvelles , qu'il
foit arrivé ailleurs aucun dommage.
Un Corfaire Anglois ayant pillé un Navire qui
portoit Pavillon de Portugal , & qui avoit à bord
une riche cargaifon , le Roi a demandé à Sa Majefté
Britannique une fatisfaction convenable.
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Résumé : ESPAGNE.
Le 23 février, une émeute violente a éclaté à Oporto. Vers neuf heures du matin, un groupe d'hommes, dirigé par une femme, a forcé l'Elu, malade, à les suivre. Simultanément, des individus ont sonné le tocsin à l'église de la Miséricorde, rassemblant plusieurs milliers de personnes. Ces groupes ont demandé à l'Intendant de la Ville la suppression d'une nouvelle compagnie de commerce des vins. Une autre bande a attaqué la maison du Provéditeur de la Compagnie, provoquant des échanges de tirs et des pillages. Le Gouverneur d'Oporto a déployé la garnison pour rétablir l'ordre, tandis que l'Intendant a organisé une procession pour apaiser la foule. Pendant l'émeute, aucun mot contre le Roi ou ses ministres n'a été prononcé, et un grenadier a empêché le vol d'une somme d'argent appartenant au Roi. Pour éviter une reprise des troubles, le Gouverneur a promis de traiter les griefs des habitants, notamment la suppression de la compagnie ou l'achat de leurs vins en espèces. La garnison d'Oporto a été renforcée, et un commissaire a été envoyé pour enquêter sur la révolte. Plus tard, la population s'est de nouveau soulevée à l'arrivée de Don Antoine-de Villena avec le Régiment de Cavalerie de Chaves, entraînant des affrontements et des pertes des deux côtés.
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1377
p. 202-212
Ordonnance sur les Corvées [titre d'après la table]
Début :
L'Ordonnance suivante au sujet des corvées nous a paru si [...]
Mots clefs :
Ordonnance, Corvées, Changements, Progrès, Articles, Tâches, Paroisses, Syndic, Mandement, Punitions, Récompenses
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ordonnance sur les Corvées [titre d'après la table]
L'Ordonnance faivante au fujet des corvées
nous a paru fi conforme à lajuftice ,
& fi précieuſe à l'humanité , que nous
avons cru devoir la confacrer dans nos faftes
. Des amis de M. de Brou avoient refu
fé de nous la communiquer par ménagement
pour fa modeftie ; mais heureufement
il s'en eft répandu dans Paris tant
d'Exemplaires , que nous avons été obligés
de céder aux inftances du plus grand nombre
qui nous a follicités de la rendre publique
, comme un modele de fageffe &
d'équité.
DE PAR LE ROT, Antoine- Paul Jofeph
Feydeau-de Bron , Chevalier , Confeiller
du Roi enfes Confeils , Maître des Requêtes
ordinaires de fon Hôtel , Intendant de
Juftice , Police & Finances , en la Généralité
de Rouen.
Nous étant fait remettre fous les yeux
les états de fituation des différentes routes
de la généralité , Nous n'avons pu voir
qu'avec peine le peu de progrès du travail
des corvées qui Nous a mis dans le cas d'être
obligés , ou de laiffer imparfaits plufieurs
ouvrages dont le Public auroit dû
JUIN. 1757. 203
profiter , ou d'éxiger des habitans un nouveau
travail , dans un temps que Nous
aurions voulu laiffer tout entier à la culture
de leurs terres & au foin de leurs femences.
Dans la vue de remédier à de fi grands inconvéniens
, Nous avons réfolu de don
ner une nouvelle forme à l'adminiſtration
des corvées , & d'en accélérer , s'il eft
poffible , les progrès , non par une charge
plus forte que Nous n'impoferions qu'à regret
aux habitans , mais par une meilleure
diftribution de leurs forces , & par un
emploi plus affuré de leurs travaux , & èn
conféquence Nous avons ordonné ce qui
fuit.:
ART. I. Il ne fera plus à l'avenir impofé
aux Paroiffes un nombre de jours de corvées
déterminé ; mais fuivant le même
nombre de jours que Nous avons accoutumé
de leur prefcrire , il leur fera impofé
des tâches proportionnées à leurs forces ,
à l'éloignement de l'attelier , à la diſtance
des lieux d'où il faudra extraire les matériaux
, aux difficultés de l'extraction ; en
un mot , à toutes les différentes confidérations
qui pourront contribuer à la juftice
que nous fommes obligés de leur rendre..
ART. II. Il Nous fera remis à cet effet
par l'Ingénieur de la province , dans le
courant du mois de Décembre au plus tard,
Ivja
204 MERCURE DE FRANCE.
un plan & devis de toutes les routes auxquelles
il aura été réfolu de faire travailler,
enfemble l'état des Paroiffes divifé par attelier
qu'il conviendra d'y employer ,
lefquelles ne pourront être diftantes de
plus de deux lieues & demie , foit des carrieres
, foit de l'attelier .
>
ART. III . Auffi - tôt que ledit état Nous
aura été remis , il fera par Nous envoyé
Ordre à tous les Syndics des Paroiffes de
remettre dans quinzaine un état des voitures
, chevaux , harnois, journaliers defdites
Paroiffes , & afin de leur faciliter ladite
opération , il fera par Nous adreffé des modeles
defdits états, divifés par colonnes , lefquel's
contiendront les noms des laboureurs
& journaliers , le nombre des voitures ,
celui des chevaux de trait ou de fomme
les noms des exempts , leurs titres d'exemption
. Seront tenus lefdits Syndics d'y comprendre
leurs propres voitures & leurs
chevaux , & de faire certifier lesdits états
par quatre des principaux habitans les
plus hauts impofés à la taille ; & en cas de
fauffe déclaration de leur part , feront lefdits
Syndics & les quatre habitans qui
auront certifié ledit état , condamnés en
vingt livres d'amende.
ART. IV. Auffi - tôt que les états contenant
la force de chaque Paroiffe Nous auzont
été envoyés par le Syndic , ils ferant
JUI N. 1757. 205
par Nous remis entre les mains de l'Ingénieur
, lequel dreffera en conféquence fon
état de répartition , contenant la tâche de
chaque Paroiffe , pour être enfuite envoyé
des Mandemens , lefquels contiendront
non -feulement la tâche de chaque
Paroiffe mais encore celle de chaque
cheval de trait ou de fomme , & de chaque
journalier demeurant dans ladite Paroiffe ,
laquelle ne fera eftimée que fur ce que
peut faire un homme de moyenne force.
->
ART. V. Seront lefdits Mandemens par
Nous envoyés aux Syndics des différentes
Paroiffes , lefquels feront tenus de les lire
& publier dans une affemblée générale des
habitans , qui fera convoquée à cet effet
le premier Dimanche d'après , à l'iffue de
la Meffe Paroiffiale , afin que chaque Pa
roiffe , & même chaque habitant , puiffe
connoître, autant qu'il fera poffible, la tâche
dont il demeurera chargé.
ART. VI. Il fera accordé quinzaine aux
habitans & aux Paroiffes après la publication
defdits Mandemens , pour Nous
adreffer leurs plaintes & repréfentations an
fujet des tâches qui leur auront été impo
fées feront les repréfentations des Paroiffes
communiquées à l'Ingénieur , &
celles des Habitans de chaque Paroiffe à
leurs Syndics , lefquels feront tenus d'y
répondre dans quinzaine , pour , fur leur.
:
206 MERCURE DE FRANCE.
réponſe & l'avis de nos Subdélégués , être
par Nous ordonné ce qu'il appartiendra.
ART. VII . Il fera auffi par Nous envoyé
des Ordres au bas defdits Mandemens aux
Syndics de fe rendre à un jour marqué ,
dans le village le plus prochain de l'attelier
, pour , en préfence & fous les ordres
du Sous - Ingénieur , régler fur l'attelier
même le travail de la corvée , de la maniere
& dans l'ordre qui va être preſcrit
ci -après.
T
ART. VIII. Il ne fera commandé à la
fois fur l'attelier que le tiers des Paroiffes
qui devront travailler à la corvée, & chaque
tiers fera commandé deux jours de fuite .
.
ART.IX. Ilnepourra auffi être commandé
à la fois que la moitié de chaque Paroiffe
employée à la corvée , & afin de mettre autant
d'ordre & de facilité qu'il eft poffible
dans cette diftribution feront lefdites
Paroiffes divifées en deux ou en quatre
Brigades , fuivant le nombre d'habitans
qu''elles contiennent , lefquelles feront tenues
de fe rendre alternativement fur l'at
telier les jours que leur Paroiffe fera employée.
ART. X. Et afin de ne pas enlever aux
Habitans , par l'exécution trop févere de
ces Ordres , des jours quelquefois néceffaires
à la culture de leurs terres & au bien
de leurs recoltes , pourront lefdits habi
JUI N. 1757. 207
tans , foit laboureurs , foir journaliers ,
compris dans les différentes Brigades , en
prévenant leurs Syndics , fe fuppléer les
uns aux autres , & faire acquitter leurs tâches
par d'autres , à condition qu'il fe
trouve toujours le même nombre dejournaliers
, de chevaux & de voitures fur
l'attelier , comme aufli à condition que
lefdites tâches demeureront toujours fouts
le nom & à la charge de ceux auxquels elles
auront été impofées , lefquels feront
feuls connus fur les états qui Nous feront
remis par les Syndics du travail de la córvée.
ART. XI. Seront toujours les brigades
commandées toutes entieres , & elles pour
ront n'être que de trois ou quatre journáliers
dans les Paroiffes les plus foibles ,
afin qu'il y en ait toujours au moins deux ,
& que la moitié de la Paroiffe demeure libre
, chaque brigade n'étant commandée
qu'alternativement .
ART. XII. Seront tenus les habitans des
Paroiffes d'obéir à leurs Syndics , & les
Syndics aux Piqueurs , en tout ce qu'il
leur fera prefcrit pour le bon ordre de la
corvée , fous l'infpection & les ordres du
Sous- Ingénieur qui , en cas de défobéiffance
, fera tenu de Nous en rendre compte ,
ou à nos Subdélégués , lefquels pourront
donner tous les ordres provifoires ; & fe208
MERCURE DE FRANCE.
t
ront tenus néanmoins de Nous en rendre
compte , pour y être par Nous pourvu définitivement
, fuivant l'exigence des cas.
ART. XIII : Sera la tâche de chaque Paroiffe
diftinguée fur l'attelier par des po
teaux , & celle de chaque brigade par des
piquets.
ART. XIV. Seront tenus les Syndics de
fe trouver avec leurs Paroiffes fur l'attelier
, pour veiller à ce que la tâche qui
leur fera preferite foit faite ; de remettre
chaque jour entre les mains du Piqueur
un état des défaillans dans chaque Briga
de , qu'ils feront tenus de figner , & dans
lequel ils auront foin d'inférer les cauſes
d'abfence qui pourroient être parvenues
à leur connoiffance.
ART. XV. Seront lefdits états remis par
les Piqueurs entre les mains du Sous- Ingénieur
, lequel Nous rendra compte tous
les quinze jours des progrès des corvées.
ART. XVI . Seront les défaillans condamnés
en une amende ; fçavoir , les laboureurs
de dix livres , & les journaliers
de trois livres pour la premiere fois , &
du double pour la feconde , & feront même
punis fuivant l'exigence des cas , s'ile
continuoient à mériter des peines plus féveres
, par une plus longue défobéiffance ;
& afin de parvenir au payement defdites
amendes, il fera joint aux états qui Nour
JUI N. 1757.
209
feront envoyés par le Sous- Ingénieur , un
rôle des défaillans , lequel fera par Nous
rendu éxécutoire , & dont le Syndic de
chaque Paroiffe fera tenu de fe charger ,
& de faire le recouvrement ; à l'effet de
quoi il pourra contraindre les redevables ,
pour être enfuite les deniers par lui diftribués
au marc la livre , de là taille à chacun
de ceux qui compofent la brigade de
corvéables , dans laquelle les défaillans
auront manqué , auxquelles amendes ne
pourront néanmoins participer mutuellement
aucuns defdits défaillans ; & il appartiendra
un quart defdites amendes au
Syndic , pour le dédommager des peines
& des frais qui lui auront été occafionnés
par le recouvrement .
pu-
ART. XVII . Mais afin de rendre les
nitions les plus rares qu'il fera poffible , &
de hâter d'ailleurs l'avantage que le Public
doit retirer des travaux des corvées , Nous
avons cherché à exciter l'émulation , & à
encourager par des récompenfes , le zele
& la bonne volonté de tous ceux qui y feront
employés , & Nous avons à cet effet
divifé le travail de la corvée en deux
temps , fçavoir trois mois auparavant les
récoltes , à commencer depuis le quinze
d'Avril jufqu'au quinze de Juillet , pendant
lefquels les Paroiffes qui auront fini le
plus diligemment leurs tâches , auront
210 MERCURE DE FRANCE.
droit aux récompenfes ; & deux mois
après les récoltes , depuis le premier Sep
tembre jufqu'au quinze de Novembre ,
qui leur feront donnés pour achever leurs
tâches , faute de quoi elles y feront contraintes
; & feront lefdites récompenfes
diftribuées de la maniere qui va être indiquée
ci - après.
ART. XVIII. Il fera accordé trente livres
de gratification fur les fonds des ponts
& chauffées , au Piqueur qui fe fera le
plus diftingué fur la route dans la conduite
de l'attelier qui lui aura été confié , &
quinze livres à chacun des deux Syndics ,
qui fur le rapport du Sous-Ingénieur , auront
marqué le plus d'intelligence & d'affiduité.
ART. XIX . A l'égard des Paroiffes , il
fera accordé une diminution fur la taille ,
aux trois Paroiffes qui fur chaque attelier
auront fait le plus diligemment la tâche
dont elles auront été chargées, pourvu toutefois
que ce foit dans les trois mois avant
la récolte ; & fera ladite diminution de quatre
-vingts livres pour les Paroiffes dont la
taille eft de douze cens livres , & au deffus ;
foixante livres pour celles dont la taille
fera depuis huit cens livres jufqu'à douze
cens livres , & quarante livres à toutes
celles dont la taille fera au deffous de huis
cens livres.
JUIN. 1757.
211
ART. XX. Si cependant aucune Paroiffe
de l'attelier n'avoit achevé la tâche qui lui
auroit été preſcrite avant la récolte , la
peine que Nous aurions de n'avoir plus que
des punitions à propoſer lors de la repriſe
du travail des corvées , pourra Nous faire
prendre le parti d'accorder encore par grace
, des récompenfes aux trois Paroiffes
qui auront fini le plus diligemment leurs
corvées , même après la récolte , pourvu
toutefois que ce foit avant le premier Octobre
, mais alors lefdites récompenſes ſeront
réduites à moitié.
ART. XXI. Comme il eft jufte de récompenfer
non-feulement l'activité , mais
la foumiffion & l'exactitude , fi dans les
trois Paroiffes qui auront fini le plus diligemment
leur tâche avant la récolte , il
n'y avoit aucun défaillant , enforte que
l'on n'eût été dans le cas d'éxercer aucune
contrainte contre les habitans , alors la diminution
fur la taille fera augmentée d'un
tiers , & fera portée ; fçavoir , celle de
quatre-vingts livres à cent vingt livres ,
celle de foixante livres à quatre-vint- dix livres
, & celle de quarante livres à foixante
livres ; fera auffi la même faveur accordée
même aux Paroiffes qui n'auront fini
leur tâche qu'avant le premier Octobre ,
dans la même proportion.
212 MERCURE DE FRANCE.
ART. XXII . Si quelques Paroiffes , dans
la vue d'obtenir la récompenfe promiſe ,
ou de ſe débarraffer plutôt de la tâche qui
leur aura été impofée , ſe rendent volontairement
pour travailler fur l'attelier , indépendamment
des jours qui leur auront
été prefcrits , alors la récompenfe fera donnée
à celle qui aura fini fa tâche la premiere
; mais fi toutes ne fe rendent fur l'attelier
que les jours prefcrits , feront alors lefdites
récompenfes données à celle qui aura fini
fa tâche en moins de temps.
ART. XXIII . Et afin qu'il ne puiffe y
avoir ni doutes ni furpriſes à ce fujet , feront
tenus les Syndics defdites Paroiffes , à
la fin des travaux de leur corvée , de retirer
du Piqueur un certificat du jour & de
l'heure auxquels lefdites Paroiffes auront
fini leurs tâches , pour le remettre auffitôt
entre les mains du Sous-Ingénieur ,
lequel fera tenu de Nous envoyer leſdits
certificats dans les huit premiers jours
d'Octobre , pour pouvoir y avoir égard
lors de nos départemens.
Fait en notre Hôtel le 15 Novembre 17 56.
nous a paru fi conforme à lajuftice ,
& fi précieuſe à l'humanité , que nous
avons cru devoir la confacrer dans nos faftes
. Des amis de M. de Brou avoient refu
fé de nous la communiquer par ménagement
pour fa modeftie ; mais heureufement
il s'en eft répandu dans Paris tant
d'Exemplaires , que nous avons été obligés
de céder aux inftances du plus grand nombre
qui nous a follicités de la rendre publique
, comme un modele de fageffe &
d'équité.
DE PAR LE ROT, Antoine- Paul Jofeph
Feydeau-de Bron , Chevalier , Confeiller
du Roi enfes Confeils , Maître des Requêtes
ordinaires de fon Hôtel , Intendant de
Juftice , Police & Finances , en la Généralité
de Rouen.
Nous étant fait remettre fous les yeux
les états de fituation des différentes routes
de la généralité , Nous n'avons pu voir
qu'avec peine le peu de progrès du travail
des corvées qui Nous a mis dans le cas d'être
obligés , ou de laiffer imparfaits plufieurs
ouvrages dont le Public auroit dû
JUIN. 1757. 203
profiter , ou d'éxiger des habitans un nouveau
travail , dans un temps que Nous
aurions voulu laiffer tout entier à la culture
de leurs terres & au foin de leurs femences.
Dans la vue de remédier à de fi grands inconvéniens
, Nous avons réfolu de don
ner une nouvelle forme à l'adminiſtration
des corvées , & d'en accélérer , s'il eft
poffible , les progrès , non par une charge
plus forte que Nous n'impoferions qu'à regret
aux habitans , mais par une meilleure
diftribution de leurs forces , & par un
emploi plus affuré de leurs travaux , & èn
conféquence Nous avons ordonné ce qui
fuit.:
ART. I. Il ne fera plus à l'avenir impofé
aux Paroiffes un nombre de jours de corvées
déterminé ; mais fuivant le même
nombre de jours que Nous avons accoutumé
de leur prefcrire , il leur fera impofé
des tâches proportionnées à leurs forces ,
à l'éloignement de l'attelier , à la diſtance
des lieux d'où il faudra extraire les matériaux
, aux difficultés de l'extraction ; en
un mot , à toutes les différentes confidérations
qui pourront contribuer à la juftice
que nous fommes obligés de leur rendre..
ART. II. Il Nous fera remis à cet effet
par l'Ingénieur de la province , dans le
courant du mois de Décembre au plus tard,
Ivja
204 MERCURE DE FRANCE.
un plan & devis de toutes les routes auxquelles
il aura été réfolu de faire travailler,
enfemble l'état des Paroiffes divifé par attelier
qu'il conviendra d'y employer ,
lefquelles ne pourront être diftantes de
plus de deux lieues & demie , foit des carrieres
, foit de l'attelier .
>
ART. III . Auffi - tôt que ledit état Nous
aura été remis , il fera par Nous envoyé
Ordre à tous les Syndics des Paroiffes de
remettre dans quinzaine un état des voitures
, chevaux , harnois, journaliers defdites
Paroiffes , & afin de leur faciliter ladite
opération , il fera par Nous adreffé des modeles
defdits états, divifés par colonnes , lefquel's
contiendront les noms des laboureurs
& journaliers , le nombre des voitures ,
celui des chevaux de trait ou de fomme
les noms des exempts , leurs titres d'exemption
. Seront tenus lefdits Syndics d'y comprendre
leurs propres voitures & leurs
chevaux , & de faire certifier lesdits états
par quatre des principaux habitans les
plus hauts impofés à la taille ; & en cas de
fauffe déclaration de leur part , feront lefdits
Syndics & les quatre habitans qui
auront certifié ledit état , condamnés en
vingt livres d'amende.
ART. IV. Auffi - tôt que les états contenant
la force de chaque Paroiffe Nous auzont
été envoyés par le Syndic , ils ferant
JUI N. 1757. 205
par Nous remis entre les mains de l'Ingénieur
, lequel dreffera en conféquence fon
état de répartition , contenant la tâche de
chaque Paroiffe , pour être enfuite envoyé
des Mandemens , lefquels contiendront
non -feulement la tâche de chaque
Paroiffe mais encore celle de chaque
cheval de trait ou de fomme , & de chaque
journalier demeurant dans ladite Paroiffe ,
laquelle ne fera eftimée que fur ce que
peut faire un homme de moyenne force.
->
ART. V. Seront lefdits Mandemens par
Nous envoyés aux Syndics des différentes
Paroiffes , lefquels feront tenus de les lire
& publier dans une affemblée générale des
habitans , qui fera convoquée à cet effet
le premier Dimanche d'après , à l'iffue de
la Meffe Paroiffiale , afin que chaque Pa
roiffe , & même chaque habitant , puiffe
connoître, autant qu'il fera poffible, la tâche
dont il demeurera chargé.
ART. VI. Il fera accordé quinzaine aux
habitans & aux Paroiffes après la publication
defdits Mandemens , pour Nous
adreffer leurs plaintes & repréfentations an
fujet des tâches qui leur auront été impo
fées feront les repréfentations des Paroiffes
communiquées à l'Ingénieur , &
celles des Habitans de chaque Paroiffe à
leurs Syndics , lefquels feront tenus d'y
répondre dans quinzaine , pour , fur leur.
:
206 MERCURE DE FRANCE.
réponſe & l'avis de nos Subdélégués , être
par Nous ordonné ce qu'il appartiendra.
ART. VII . Il fera auffi par Nous envoyé
des Ordres au bas defdits Mandemens aux
Syndics de fe rendre à un jour marqué ,
dans le village le plus prochain de l'attelier
, pour , en préfence & fous les ordres
du Sous - Ingénieur , régler fur l'attelier
même le travail de la corvée , de la maniere
& dans l'ordre qui va être preſcrit
ci -après.
T
ART. VIII. Il ne fera commandé à la
fois fur l'attelier que le tiers des Paroiffes
qui devront travailler à la corvée, & chaque
tiers fera commandé deux jours de fuite .
.
ART.IX. Ilnepourra auffi être commandé
à la fois que la moitié de chaque Paroiffe
employée à la corvée , & afin de mettre autant
d'ordre & de facilité qu'il eft poffible
dans cette diftribution feront lefdites
Paroiffes divifées en deux ou en quatre
Brigades , fuivant le nombre d'habitans
qu''elles contiennent , lefquelles feront tenues
de fe rendre alternativement fur l'at
telier les jours que leur Paroiffe fera employée.
ART. X. Et afin de ne pas enlever aux
Habitans , par l'exécution trop févere de
ces Ordres , des jours quelquefois néceffaires
à la culture de leurs terres & au bien
de leurs recoltes , pourront lefdits habi
JUI N. 1757. 207
tans , foit laboureurs , foir journaliers ,
compris dans les différentes Brigades , en
prévenant leurs Syndics , fe fuppléer les
uns aux autres , & faire acquitter leurs tâches
par d'autres , à condition qu'il fe
trouve toujours le même nombre dejournaliers
, de chevaux & de voitures fur
l'attelier , comme aufli à condition que
lefdites tâches demeureront toujours fouts
le nom & à la charge de ceux auxquels elles
auront été impofées , lefquels feront
feuls connus fur les états qui Nous feront
remis par les Syndics du travail de la córvée.
ART. XI. Seront toujours les brigades
commandées toutes entieres , & elles pour
ront n'être que de trois ou quatre journáliers
dans les Paroiffes les plus foibles ,
afin qu'il y en ait toujours au moins deux ,
& que la moitié de la Paroiffe demeure libre
, chaque brigade n'étant commandée
qu'alternativement .
ART. XII. Seront tenus les habitans des
Paroiffes d'obéir à leurs Syndics , & les
Syndics aux Piqueurs , en tout ce qu'il
leur fera prefcrit pour le bon ordre de la
corvée , fous l'infpection & les ordres du
Sous- Ingénieur qui , en cas de défobéiffance
, fera tenu de Nous en rendre compte ,
ou à nos Subdélégués , lefquels pourront
donner tous les ordres provifoires ; & fe208
MERCURE DE FRANCE.
t
ront tenus néanmoins de Nous en rendre
compte , pour y être par Nous pourvu définitivement
, fuivant l'exigence des cas.
ART. XIII : Sera la tâche de chaque Paroiffe
diftinguée fur l'attelier par des po
teaux , & celle de chaque brigade par des
piquets.
ART. XIV. Seront tenus les Syndics de
fe trouver avec leurs Paroiffes fur l'attelier
, pour veiller à ce que la tâche qui
leur fera preferite foit faite ; de remettre
chaque jour entre les mains du Piqueur
un état des défaillans dans chaque Briga
de , qu'ils feront tenus de figner , & dans
lequel ils auront foin d'inférer les cauſes
d'abfence qui pourroient être parvenues
à leur connoiffance.
ART. XV. Seront lefdits états remis par
les Piqueurs entre les mains du Sous- Ingénieur
, lequel Nous rendra compte tous
les quinze jours des progrès des corvées.
ART. XVI . Seront les défaillans condamnés
en une amende ; fçavoir , les laboureurs
de dix livres , & les journaliers
de trois livres pour la premiere fois , &
du double pour la feconde , & feront même
punis fuivant l'exigence des cas , s'ile
continuoient à mériter des peines plus féveres
, par une plus longue défobéiffance ;
& afin de parvenir au payement defdites
amendes, il fera joint aux états qui Nour
JUI N. 1757.
209
feront envoyés par le Sous- Ingénieur , un
rôle des défaillans , lequel fera par Nous
rendu éxécutoire , & dont le Syndic de
chaque Paroiffe fera tenu de fe charger ,
& de faire le recouvrement ; à l'effet de
quoi il pourra contraindre les redevables ,
pour être enfuite les deniers par lui diftribués
au marc la livre , de là taille à chacun
de ceux qui compofent la brigade de
corvéables , dans laquelle les défaillans
auront manqué , auxquelles amendes ne
pourront néanmoins participer mutuellement
aucuns defdits défaillans ; & il appartiendra
un quart defdites amendes au
Syndic , pour le dédommager des peines
& des frais qui lui auront été occafionnés
par le recouvrement .
pu-
ART. XVII . Mais afin de rendre les
nitions les plus rares qu'il fera poffible , &
de hâter d'ailleurs l'avantage que le Public
doit retirer des travaux des corvées , Nous
avons cherché à exciter l'émulation , & à
encourager par des récompenfes , le zele
& la bonne volonté de tous ceux qui y feront
employés , & Nous avons à cet effet
divifé le travail de la corvée en deux
temps , fçavoir trois mois auparavant les
récoltes , à commencer depuis le quinze
d'Avril jufqu'au quinze de Juillet , pendant
lefquels les Paroiffes qui auront fini le
plus diligemment leurs tâches , auront
210 MERCURE DE FRANCE.
droit aux récompenfes ; & deux mois
après les récoltes , depuis le premier Sep
tembre jufqu'au quinze de Novembre ,
qui leur feront donnés pour achever leurs
tâches , faute de quoi elles y feront contraintes
; & feront lefdites récompenfes
diftribuées de la maniere qui va être indiquée
ci - après.
ART. XVIII. Il fera accordé trente livres
de gratification fur les fonds des ponts
& chauffées , au Piqueur qui fe fera le
plus diftingué fur la route dans la conduite
de l'attelier qui lui aura été confié , &
quinze livres à chacun des deux Syndics ,
qui fur le rapport du Sous-Ingénieur , auront
marqué le plus d'intelligence & d'affiduité.
ART. XIX . A l'égard des Paroiffes , il
fera accordé une diminution fur la taille ,
aux trois Paroiffes qui fur chaque attelier
auront fait le plus diligemment la tâche
dont elles auront été chargées, pourvu toutefois
que ce foit dans les trois mois avant
la récolte ; & fera ladite diminution de quatre
-vingts livres pour les Paroiffes dont la
taille eft de douze cens livres , & au deffus ;
foixante livres pour celles dont la taille
fera depuis huit cens livres jufqu'à douze
cens livres , & quarante livres à toutes
celles dont la taille fera au deffous de huis
cens livres.
JUIN. 1757.
211
ART. XX. Si cependant aucune Paroiffe
de l'attelier n'avoit achevé la tâche qui lui
auroit été preſcrite avant la récolte , la
peine que Nous aurions de n'avoir plus que
des punitions à propoſer lors de la repriſe
du travail des corvées , pourra Nous faire
prendre le parti d'accorder encore par grace
, des récompenfes aux trois Paroiffes
qui auront fini le plus diligemment leurs
corvées , même après la récolte , pourvu
toutefois que ce foit avant le premier Octobre
, mais alors lefdites récompenſes ſeront
réduites à moitié.
ART. XXI. Comme il eft jufte de récompenfer
non-feulement l'activité , mais
la foumiffion & l'exactitude , fi dans les
trois Paroiffes qui auront fini le plus diligemment
leur tâche avant la récolte , il
n'y avoit aucun défaillant , enforte que
l'on n'eût été dans le cas d'éxercer aucune
contrainte contre les habitans , alors la diminution
fur la taille fera augmentée d'un
tiers , & fera portée ; fçavoir , celle de
quatre-vingts livres à cent vingt livres ,
celle de foixante livres à quatre-vint- dix livres
, & celle de quarante livres à foixante
livres ; fera auffi la même faveur accordée
même aux Paroiffes qui n'auront fini
leur tâche qu'avant le premier Octobre ,
dans la même proportion.
212 MERCURE DE FRANCE.
ART. XXII . Si quelques Paroiffes , dans
la vue d'obtenir la récompenfe promiſe ,
ou de ſe débarraffer plutôt de la tâche qui
leur aura été impofée , ſe rendent volontairement
pour travailler fur l'attelier , indépendamment
des jours qui leur auront
été prefcrits , alors la récompenfe fera donnée
à celle qui aura fini fa tâche la premiere
; mais fi toutes ne fe rendent fur l'attelier
que les jours prefcrits , feront alors lefdites
récompenfes données à celle qui aura fini
fa tâche en moins de temps.
ART. XXIII . Et afin qu'il ne puiffe y
avoir ni doutes ni furpriſes à ce fujet , feront
tenus les Syndics defdites Paroiffes , à
la fin des travaux de leur corvée , de retirer
du Piqueur un certificat du jour & de
l'heure auxquels lefdites Paroiffes auront
fini leurs tâches , pour le remettre auffitôt
entre les mains du Sous-Ingénieur ,
lequel fera tenu de Nous envoyer leſdits
certificats dans les huit premiers jours
d'Octobre , pour pouvoir y avoir égard
lors de nos départemens.
Fait en notre Hôtel le 15 Novembre 17 56.
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Résumé : Ordonnance sur les Corvées [titre d'après la table]
L'Ordonnance concernant les corvées, jugée conforme à la justice et précieuse pour l'humanité, a été publiée à la demande de nombreuses personnes. Antoine-Paul-Joseph Feydeau-de Brou, Chevalier et Intendant de Justice, Police et Finances à Rouen, a noté le peu de progrès des travaux de corvées et a décidé de réformer leur administration pour accélérer les progrès sans augmenter la charge des habitants. Les points essentiels de l'ordonnance sont les suivants : 1. **Suppression des jours de corvées déterminés** : Les paroisses doivent accomplir des tâches proportionnées à leurs forces et aux difficultés des travaux. 2. **Plan et devis des routes** : Un plan et devis des routes doivent être remis par l'ingénieur de la province avant la fin du mois de décembre. 3. **États des paroisses** : Les syndics des paroisses doivent fournir des états des voitures, chevaux, harnois et journaliers dans les quinze jours suivant la réception de l'ordre. 4. **Répartition des tâches** : L'ingénieur établit un état de répartition des tâches pour chaque paroisse, cheval et journalier. 5. **Publication des mandements** : Les mandements contenant les tâches sont lus et publiés lors d'une assemblée générale des habitants. 6. **Plaintes et représentations** : Les habitants et paroisses peuvent adresser des plaintes dans les quinze jours suivant la publication des mandements. 7. **Organisation des brigades** : Les paroisses sont divisées en brigades qui travaillent alternativement sur l'atelier. 8. **Substitution des tâches** : Les habitants peuvent se suppléer mutuellement pour accomplir les tâches, à condition que le nombre de journaliers, chevaux et voitures reste constant. 9. **Sanctions et récompenses** : Les défaillants sont condamnés à une amende, tandis que les paroisses et individus diligents reçoivent des récompenses sous forme de diminution de la taille ou de gratifications. 10. **Émulation et encouragement** : Des récompenses sont accordées aux paroisses et individus qui terminent leurs tâches le plus diligemment, avant ou après la récolte. Les syndics des paroisses doivent obtenir un certificat du piqueur à la fin de leurs travaux de corvée, indiquant la date et l'heure de la fin de leurs tâches. Ce certificat doit être remis au sous-ingénieur, qui l'envoie ensuite aux autorités compétentes dans les huit premiers jours d'octobre. Cette procédure permet de prendre en compte les informations lors des départements. Le document est daté du 15 novembre 1756 et a été rédigé à l'Hôtel.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1378
p. 186-187
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Les Vaisseaux du Roi, & nos Armateurs, se sont emparés depuis peu de [...]
Mots clefs :
Londres, Vaisseaux, Navires français, Chambres du parlement, Message du roi, Amérique, Amiral Holbourne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 24 Mai.
Les Vaiffeaux du Roi , & nos Armateurs , fe
font emparés depuis peu de fept Navires François
partis de Bordeaux . Selon les Lettres de la Jamaïque
, le Chevalier de Bauffremont , avec quatre
Vaiffeaux & trois Frégates , bloque le Port-
Royal. Les mêmes nouvelles ajoutent , que ce
Chef d'Efcadre s'eft rendu maître du Vaiffeau de
guerre le Greenwich , de so canons , qui étoit
employé à eſcorter les Navires Marchands au paſfage
du vent.
•
On remit le 17 de ce mois aux deux Chambres
du Parlement un Meffage du Roi , portant que ,
comme il pourroit furvenir des événemens de la
derniere importance , qui auroient les fuites les plus
funeftes fi l'on ne recouroit promptement aux
moyens de les prévenir ; Sa Majesté défiroit quefon
Parlement la miten état de fournir aux dépenses extraordinaires
, faites ou à faire pour la guerre
pendant cette année , & de prendre toutes les mefures
que les circonstances exigeront pour s'opposer aux
entreprises des ennemis. La Chambre des Communes
prit le lendemain en confidération le Meffage
du Roi , & elle réfolut d'accorder à Sa Majesté un
million fterling. Le 20 , elle décida que ce million
fe leveroit par emprunt ou par des billets de
l'Echiquier , payables fur le fubfide de l'année
1758. On affure que l'Amiral Holbourne eft
chargée de faire , à fon arrivée en Amérique ,
des
JUI N. 1757 .
187
recherches pour découvrir deux Corfaires , l'un
d'Hallifax , l'autre de la nouvelle Angleterre
qui ont exercé diverfes déprédations contre les Efpagnols.
DE LONDRES , le 24 Mai.
Les Vaiffeaux du Roi , & nos Armateurs , fe
font emparés depuis peu de fept Navires François
partis de Bordeaux . Selon les Lettres de la Jamaïque
, le Chevalier de Bauffremont , avec quatre
Vaiffeaux & trois Frégates , bloque le Port-
Royal. Les mêmes nouvelles ajoutent , que ce
Chef d'Efcadre s'eft rendu maître du Vaiffeau de
guerre le Greenwich , de so canons , qui étoit
employé à eſcorter les Navires Marchands au paſfage
du vent.
•
On remit le 17 de ce mois aux deux Chambres
du Parlement un Meffage du Roi , portant que ,
comme il pourroit furvenir des événemens de la
derniere importance , qui auroient les fuites les plus
funeftes fi l'on ne recouroit promptement aux
moyens de les prévenir ; Sa Majesté défiroit quefon
Parlement la miten état de fournir aux dépenses extraordinaires
, faites ou à faire pour la guerre
pendant cette année , & de prendre toutes les mefures
que les circonstances exigeront pour s'opposer aux
entreprises des ennemis. La Chambre des Communes
prit le lendemain en confidération le Meffage
du Roi , & elle réfolut d'accorder à Sa Majesté un
million fterling. Le 20 , elle décida que ce million
fe leveroit par emprunt ou par des billets de
l'Echiquier , payables fur le fubfide de l'année
1758. On affure que l'Amiral Holbourne eft
chargée de faire , à fon arrivée en Amérique ,
des
JUI N. 1757 .
187
recherches pour découvrir deux Corfaires , l'un
d'Hallifax , l'autre de la nouvelle Angleterre
qui ont exercé diverfes déprédations contre les Efpagnols.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 24 mai, des navires britanniques ont capturé sept navires français à Bordeaux. Parallèlement, le Chevalier de Bauffremont, à la tête d'une flotte de quatre vaisseaux et trois frégates, bloque le Port-Royal et s'empare du vaisseau britannique Greenwich, armé de 50 canons. Le 17 mai, le roi a adressé un message aux deux Chambres du Parlement, soulignant la nécessité de prévenir des événements graves et de se préparer à couvrir les dépenses extraordinaires liées à la guerre. La Chambre des Communes a examiné ce message le lendemain et a décidé d'accorder un million de sterling au roi. Le 20 mai, elle a décidé que ce montant serait levé par emprunt ou par des billets de l'Échiquier, payables sur le subside de l'année 1758. Par ailleurs, l'amiral Holbourne est chargé de rechercher deux corsaires, l'un d'Halifax et l'autre de la Nouvelle-Angleterre, ayant commis des déprédations contre les Espagnols.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1379
p. 187-203
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 2 Avril, le Roi tint le Sceau pour la troisieme fois dans la même [...]
Mots clefs :
Sceau, Maîtres des requêtes, Ouragan, Dégâts, Duc, Comtesse, Évêque, Compagnie des Mousquetaires, Convention, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Articles, Troupes, Hiérarchie, Brigadiers, Officiers, Commandant, Campement, Chevaliers, Académie royale des sciences, Corsaires , Marchandises, Capitaines
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , & c.
LE 2 Avril , le Roi tint le Sceau pour la troifieme
fois dans la même piece de fon appartement ,
où Sa Majesté l'avoit tenu le 4 & le 18 du mois
de Mars. Les fix Maîtres des Requêtes , nommés par le Roi pour affifter
au Sceau pendant
ce trimeftre
, font Mrs. de Bercy , de Villeneuve ,
d'Argouges de Fleury , Bernard de Balinvilliers ,
le Nain , & Amelot de Chaillou . Après que M.
Jolly , Grand Audiencier de France , eut préfenté
les Lettres dont il étoit chargé ; ils firent
ainfi que le Confeiller du Grand Confeil , Grand
Rapporteur , le rapport de celles qui les concernent.
M. Charpentier , Contrôleur Général de
la Chancellerie , a rempli les fonctions de cette
charge. Elles avoient été remplies dans le trimeftre
de Janvier par M. Chazelle , alors en
exercice . Les trois jours que Sa Majeſté a tenu le
Sceau , M. de la Haye , Procureur du Roi des
Requêtes de l'Hôtel , & Général des grande &
petite Chancelleries , a occupé la place qui lui
eft marquée derriere les Maîtres des Requêtes.
On effuya à Paris , le même jour au foir , un ouragan
des plus terribles . Cette tempête a embraf
fé une grande étendue de pays , & a caufé des
188 MERCURE DE FRANCE.
dommages confidérables en plufieurs endroits
Elle a été , particuliérement au Havre , l'occafion
d'un finiftre événement. L'impétuofité du
vent ayant emporté une partie du comble de la
falle de la Comédie , une autre partie de ce
comble eft tombée fur les luftres & fur les lampions
du théâtre. Le feu a pris aux décorations ,
& bientôt à toute la falle . Il y avoit près de
cinq cens perfonnes au fpectacle. Onze ont été ,
les unes écrasées , les autres brûlées ou étouffées .
Vingt autres ont été bleffées . Toute la falle a
été réduite en cendres. L'incendie a duré trois
heures. Il auroit confumé la ville entiere , fi les
fecours qu'on apporta n'euffent arrêté le progrès
des Aammes.
Le Jeudi-Saint , l'Evêque de Saint - Omer ayant
fait l'Abfoute , & le Roi ayant entendu le Sermon
de la Cene de M. Frefneau , Vicaire de la Paroiffe
Royale de Saint Germain l'Auxerrois à
Paris ; Sa Majesté a lavé les pieds à douze pauvres
, & les a fervis à table. Le Prince de Condé ,
Grand-Maître de la Maifon du Roi , étoit à la
tête des Maîtres d'Hôtel , & il précédoit le Service
, dont les plats ont été portés par Monfeigneur
le Dauphin , le Duc d'Orléans , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le
Comte de la Marche , le Comte d'Eu , le Duc
de Penthievre , & par les principaux Officiers
de Sa Majesté . Après cette cérémonie , le Roi
& la Reine fe font rendus à la Chapelle , où
Leurs Majeftés ont entendu la grande Meffe , &
ont affifté enfuite à la Proceffion.
Le 11 , Madame la Comteffe de Giſors , à qui le
Roi a accordé un Brevet d'Honneur, eut l'honneur
de faluer Leurs Majeftés , & prit le tabouret .
Le Roi a choifi l'Evêque , Duc de Laon , pour
JUIN. 1757. 189
remplacer en qualité d'Ambaſſadeur de Sa Majeſté
auprès du Saint Siege, le Comte de Stainville , qui
doit aller réfider avec le même caractere auprès de
l'Impératrice Reine de Hongrie & de Boheme.
Le 17 Avril , les Députés des Etats d'Artois
eurent audience du Roi , étant préſentés par M.
le Duc de Chaulnes , Gouverneur de la Province >
& par M. le Marquis de Paulmy, Miniftre & Secre
taire d'Etat , & conduits par M. Defgranges , Maître
des Cérémonies. La députation étoit compofée,
pour le Clergé , de l'Evêque de Saint- Omer , qui
porta la parole ; du Marquis de Creny , pour la
Nobleffe , & de M. de Canchy , Maire d'Arras
pour le Tiers Etat.
"
Le Roi a accordé la Cornette vacante dans la
feconde compagnie des Moufquetaires par la mort
de M. le Marquis de Villegagnon , à M. de Keret
de Keravel , premier Maréchal des Logis de cette
Compagnie. Sa Majefté en cette occaſion a bien
voulu rappeller un ufage long-temps fuivi par
rapport aux deux compagnies de Moufquetaires.
Toute la Nobleffe apprendra fans doute avec
plaifir une nouvelle qui intéreffe un Corps ,
dans lequel elle a toujours tenu à honneur de faire
au moins fes premieres campagnes.
Le 10 Mai , le Roi tint le Sceau , pour la cinquieme
fois. Avant le Sceau , les Secretaires du
Roi eurent l'honneur de préfenter à Sa Majeſté
dans fon Cabinet la bourfe de jettons , que cette
Compagnie donne ordinairement au Garde des
Sceaux le jour de S. Jean Porte-Latine. M. Carpot,
comme l'ancien des Secretaires du Roi préfens ,
porta la parole. La bourfe fut préſentée par
M. Hemart , Tréſorier de la Compagnie.
Le 11 Mai , le Roi , accompagné de Monſei
gneur le Dauphin , fit dans la plaine des Sablons ,
190 MERCURE DE FRANCE.
la revue des Régimens des Gardes Françoiſes &
Suiffes. Ces deux Régimens , après avoir fait
l'exercice , défilerent en préfence de Sa Majesté.
Madame & Mefdames Victoires & Sophie , af
fifterent à cette revue. Le peuple exprima par fes
acclamations réitérées la joie que lui inſpiroit la
préfence de Sa Majesté.
Le Roi a agréé , pour la place de Colonel-
Lieutenant du Régiment d'Infanterie d'Orléans ,
vacante par la démiffion du Comte de Balleroy ,
le Marquis Saujon , Colonel dans les Grenadiers
de France. Sa Majefté a nommé le Comte de
Guines de Souaftre , & le Chevalier de Durfort ,
Colonels dans le Corps des mêmes Grenadiers.
La convention conclue entre le Roi & l'impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme , fur le
fervice de leurs armées combinées , étant d'une trop
grande étendue pour pouvoir être inférée ici en
entier , on fe contentera d'en extraire les principaux
articles :
« Les troupes de S. M.Très- Chrétienne n'étant
» qu'auxiliaires des troupes de S. M. l'Impératrice
» Reine, celles - ci auront toujours la droite en quel
» que nombre qu'elles fe trouvent avec les trou-
» pes Françoifes , excepté dans le cas où la difpo-
» fition militaire ne pourroit pas permettre aux
» troupes de former la totalité de l'aîle droite ,
>> premiere & feconde ligne : en ce cas , l'Infan-
» terie de Sa Majesté l'Impératrice aura la totalité
» de la droite de l'infanterie , premiere & fecon-
» de ligne ; le Corps de la Cavalerie , premiere
» & feconde ligne , fera placé & joint à la droite
» de l'Infanterie , & le furplus de la Cavalerie ,
>> néceffaire pour former l'aîle droite , fera fourni
» par les troupes Françoifes. Dans le même cas
où les troupes Françoifes feront auxiliaires , &
JUIN. 1757. 191
où elles feront en moindre nombre que les trou
» pes de l'Impératrice Reine , elles feront mifes
» en bataille fur l'aîle gauche dans le même or→
» dre , qui vient d'être expliqué pour l'aîle droite
» en parlant des troupes de l'Impératrice Reine..
>> Mais fi au contraire , par quelque cas impré-
» vu , les troupes de l'Impératrice Reine devien
» nent auxiliaires du Corps des troupes Françoi-
» fes , elles prendront pofte à la gauche , fuivant
» les difpofitions prefcrites ci - deffus pour les trou-
» pes Françoifes , lorfqu'elles étoient dans le cas
» d'être auxiliaires .
» Quelque grade militaire que puiffe avoir l'Of-
>> ficier qui commandera en chef les troupes de l'u-
» ne ou de l'autre Nation , qui feront en moindre
» nombre dans une armée combinée , il fera tou-
» jours la feconde perfonne de l'armée , fans pouvoir
devenir la premiere , quand même le com-
» mandement tomberoit entre les mains d'un
» Officier Général des troupes de l'autre Nation ,
» qui feroit d'un grade inférieur au fien.
La préférence pour le commandement entre
» les Officiers Généraux des deux Nations , Officiers
Supérieurs , & autres , fera toujours réglée
» par la date des pouvoirs , brevets & commiffions
defdits Officiers , auxquels , à grade égal ,
» l'ancienneté donnera toujours le droit de com-
> mander.
» Comme il y a dans les troupes des deux Puiffances
, des grades différens les uns des autres ,
» tels que ceux de Brigadiers d'Infanterie , de
» Cavalerie & de Dragons , dans les troupes de
» S. M. T. Chrétienne , & ceux de Généraux d'Infanterie
& de Cavalerie dans les armécs de l'Impératrice
Reine ; & comme il eft néceffaire d'égalifer
le fervice par quelque expédient , qui
5
192 MERCURE DE FRANCE.
»fatisfaffe également aux ufages des deux Nations ?
l'Impératrice Reine défignera autant de Colonels
de fes troupes , qu'Elle le jugera à propos ,
» pour faire le ſervice de Brigadiers dans les ar-
» mées combinées ; & de fon côté S. M. T. C.
défignera le nombre qu'Elle jugera à propos de
Lieutenans-Généraux de ſes armées , pour faire
» le fervice de Généraux de Cavalerie & d'Infante.
» rie dans lefdites armées combinées .
>> Tous les Généraux de Cavalerie ou d'Infante-
» rie de l'une ou de l'autre Nation , foit qu'ils
>> aient réellement le grade , foit qu'ils foient
» fimplément défignés & admis à en remplir les
>> fonctions , prendront rang entr'eux pour le
> commandement , du jour de la date de leurs
» pouvoirs , ou commiffions de Lieutenans - Gé-
» néraux.
» De même les Brigadiers de l'une & l'autre
» Nation , ou poffédant réellement ce titre , ou en
>> étant revêtus occafionnellement , prendront rang
» entr'eux , pour le commandement & le fervice ,
» du jour de la date de leurs commiffions reſpecti
» ves de Colonels. Quant aux Lieutenans- Colo-
» nels François , employés en leur qualité de Brigadiers
, ils prendront rang avec les Officiers
» Autrichiens défignés pour faire ledit fervice de
Brigadiers , fuivant la date de leurs brevets de
» Brigadiers ; & les mêmes Colonels Autrichiens ,
» défignés pour tenir rang avec les Brigadiers , fe
» régleront en conféquence , fuivant la date de
» leurs commiffions de Colonels , avec lefdits
Lieutenans -Colonels des troupes Françoiſes ,
» du jour que lesdits Lieutenans-Colonels auront
» été nommés au grade de Brigadier .
» L'ufage étant parmi les troupes Françoifes ,
que dans les détachemens l'Officier de Cava-
» lerię
JUIN. 1757.
193
» lerie commande en plaine , & que lorsque le
» même détachement ſe trouve dans les Places ou
» dans des lieux fermés , le commandement appartient
, à grade égal , à l'Officier d'Infante
» rie : au contraire , parmi les troupes Autri
» chiennes , le commandement ne variant jamais ,
foit en plaine , foit dans les lieux fermés , cha
» que Nation fuivra fes regles à cet égard. Et
toutes les fois qu'il y aura variation entre les
» Commandans des troupes Françoiſes en confé
» quence de leurs Ordonnances , le nouveau Com.
» mandant fera toujours en droit de fe régler avec
» les Commandans des troupes Autrichiennes par
n la date de leurs commiffions refpectives. Mais
» l'Officier Autrichien commandera , foit en plai
» ne , foit dans les lieux fermés , s'il eft ancien
» ou fuivant fon ancienneté fur celui des deux
» qui appartiendra de droit le commandement
» fur les troupes Françoifes.
- >> Le Commandant en chefdu Corps de troupes
>> des deux Nations , qui fera en moindre nomwbre
dans une armée combinée , fera appellé à
> tous les Confeils de guerre , & à fon défaure
l'Officier Général , ou autre à qui le comman~
» dement des troupes de fa Nation fera échu...
7
Il ne pourra rien diminuer ni changer aux
»-bans que les Général de Parmée fera publier :
» cependant comme il peut y avoir dans les ufa-
» ges de l'une des deux Nations , des punitions
plus féveres pour certains crimesque dans l'au
>>>- tre , chaque Nation, fuivra fes uſages à cet
» égard ; & le Commandant des troupes qui fe
» ront en moindre nombre à l'armée pourra tou
»jours ajouter au ban du Général de l'armée , ce
» qu'il croira néceffaire pour la plus févere punition «
» des délits , & pour l'entière exécution des Or- e
• II. Vol b anellinred I
194 MERCURE DE FRANCE.
I
» donnances de fon Souverain , auxquelles il aura
> attention de fe conformer ; mais il ne pourra
jamais rien diminuer à l'efpece des punitions qui
» feront ordonnées par lefdits bans du Général
» de l'armée , quand même les uſages de få Nay
tion feroient différens. .....
» Il pourra faire grace aux criminels des trou-
» pes de fa Nation pour les cas de fa juftice parti-
>> culiere , mais non pas pour les délits commis
> contre les défenfes portées dans les bans publiés
» par l'ordre du Général de l'armée , à qui feul ce
droit appartiendra ; mais de fon côté le Général
» de l'armée ne pourra pas faire grace à un crimi-
>> nel qui auroit été condamné par le Confeil de
guerre de l'autre Nation , fur les fujets de laquelle
le droit de vie & de mort appartient à
» fon feul Souverain , ou à celui qui le repréfente.
» Le feul Général de l'armée combinée aura
» droit de donner des fauve -gardes ; mais lorfqu'il
en enverra , il en fera fourni proportion-
»> nellement par les troupes des deux Nations.
» On fuivra , pour la façon de camper , & pour
» les détails du campement , les ufages de chaque
» Nation . Elles fuivront de même leurs ufages
» pour leur ordre de bataille particulier.
A l'égard des marches générales de l'armée ;
» quoique l'on convienne que les troupes belligé
Drantes doivent toujours avoir la droite & Pa-
>>. vant-garde , cependant il eft des occafions , où,
» en corps d'armée , cette difpofition ne peut pas
» avoir lieu militairement , & le Général de l'ar-
» mée fera le maître de faire , à ce ſujet , les dif
p.pofitions telles qu'il le jugera à propos.
ม
En détachement , les troupes de la Nation
belligérante auront toujours l'avant- garde en
pallant à l'ennemi, & l'arriére- garde dans les cas
» de retraite ; les bataillons de la même Nation ,
JUIN. 1757. 195
la droite dans la tranchée ; & leurs Compagnies
» de Grenadiers , la tête de la ſappe.
» Les Gardes & détachemens feront fournis par
proportion réciproque du nombre complet des
» troupes de chaque Nation , qui formeront l'armée
combinée . Chaque garde ne fera jamais
» compofée que de troupes de la même Nation .
» Les détachemens de cinquante hommes , & au
» deffous , ne feront de même jamais compofés
» que de troupes de la même Nation . Les déta-
*
chemens plus confidérables feront compofés de
» plufieurs troupes de cinquante hommes des
» troupes des deux Nations , en proportion de
» leurs forces. Et comme les Officiers particuliers
» des troupes Autrichiennes font en moindre
» nombre que ceux des troupes Françoifes , ils
» n'enfourniront que la moitié de ceux qui feront
» commandés pour les détachemens des troupes
>> Françoiſes , à moins que pour des raifons par-
❤ticulieres le Commandant Général de leur Na-
» tion ne jugeât à propos d'y faire marcher un
plus grand nombre d'Officiers.
» Dans les difpofitions qui feront faites pour
» l'emplacement des troupes des deux Nations
dans des cantonnemens ou des quartiers d'hywwer
, on obfervera , autant qu'il fera poffible
» de les placer fuivant l'ordre de bataille que les
troupes des deux Nations tiennent entr'elles à
l'armée.
» Si les circonstances , la nature du pays , les
objets militaires , ou autre raiſons , ne permet-
>> toient pas de fuivre cet ordre , on obfervera de
ne point entremêler les troupes d'une Nation
» avec celles de l'autre , & de leur former un ar-
» rondiffement , de façon que le corps qui fera
» en moindre nombre , de même que celui qui
Î ij
196 MERCURE DE FRANCE.
» fera en plus grand nombre , foient placés , fans
» interruption , en premiere , feconde & troifie-
» me ligne.
Il en fera de même pour les fourrages ; &
» dans ceux qui feront faits , foit au verd , ſoit au
» fec , on obfervera d'affigner, à chaque Nation
» un terrein marqué , ou un arrondiffement de
» Villages , qui faffe que chaque Nation puiſſe
» fourrager fans le mêler avec l'autre.
Cette convention , qui contient trente-huit articles
, fut fignée à Vienne le 25 du mois de Février
dernier , au nom du Roi , par le Maréchal
d'Eftrées , Plénipotentiaire de Sa Majefté , & au
nom de l'Impératrice Reine de Hongrie & de
Boheme , par le Feld- Maréchal Comte de Neipperg,
chargé des pouvoirs de cette Princeffe. La
ratification du Roi eft datée du 19 Mars , & celle<<
de l'Impératrice Reine , du 25 du même mois.
Le 11 Mai , les Chevaliers de l'Ordre de Saint-
Michel tinrent un Chapitre dans le grand Gouvent
des Religieux de l'Obſervance . M. le Duc de Vil
leroy, Chevalier des Ordres du Roi , y préfida en..
qualité de Commiffaire de Sa Majesté. H reçut
Chevaliers M. Dupleix , ci-devant Gouverneur de
Pondichery , & Commandant en chef dans les établillemens
François aux Indes Orientales ; M, Faucher,
Commiffaire des Guerres , qui a été emploié ‹
pour les affaires du Roi à Genes, & à Turin , &
M. Laurent , Ingénieur célebre par l'invention de
plufieurs machines auffi utiles qu'ingénieuſes. Le
Baron d'Olne , Liégeois M. Olivieri , premier
Sculpteur du Roi d'Efpagne , &@M. Zabielo
, Gentilhomme de Lithuanie , que le Roi a
nommés Chevaliers , furent préconisés dans les
mêmeChapitre Sa Majefté a mis auffi au nombre
des Chevaliers de l'Ordre de Saint Michel M.
L
197
$
JUIN
. 1757.
Haufer , Bailli du canton de Glaris , & M. Freuler,
Banneret & Brigadier du même Canton.
Le 12,le Roi & Madame furent parrein & marreine
de M. Bontemps , un des quatre Valets de
Chambre de Sa Majefté , & dont la famille depuis
quatre générations poffede cette charge. Il a éte
nommé Louis Pierre- Dominique. Les cérémonies
du Baptême lui furent fuppléées.dans la Chapelle
du Château , en préfence du Curé de la Paroiffe de
Notre-Dame , par l'Abbé de Sainte Aldegonde ,
Aumonier du Roi.
Leurs Majeftés fignerent le 15 le contrat de
mariage de M. Bontemps avec Mlle. Teiffier , fille
de l'ancien Maître de la Chambre aux Deniers ,
& celui de M. Teiffier fils avec Dlle. Bontemps.
Sur la démiffion de M. de Pontcarré , de Roi a
nommé premier Préfident du Parlement de Nor.
mandie M. Hue de Miromefnil , Maître des Requêtes.
M. Buache , de l'Académie Royale des Sciences
, a eu l'honneur de préfenter au Roi un rẻ-
ceuil de cartes & de tables , approuvées par cette
compagnies : elles établiffent un fyftême de géographie
phyfique fur la ftructure du globe , conconfidérée
par les grandes chaînes de montagnes,
qui traverfent les continens , comme les mers
d'un pôle à l'autre , & d'Occident en Orient.
Pour rendre fon fyftême complet fur l'enchaînement
des continens connus avec celui des terres
Antarctiques dont on connoît trois points principaux
, l'Auteur a examiné l'existence de ces terres.
Il en fixe l'étendue & la figure , dans un mémoire
que le temps ne lui a pas permis de life à la
derniere rentrée publique de l'Académie des
Sciences .
"
M. Hardouin Manfard-de Lévy- de Sagonne ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
de l'Académie Royale d'Architecture , & ancien
Architecte du Roi , prêta ferment le 22 entre les
mains de Sa Majefté , pour la charge de Lieutemant
de Roi de la Province de Bourbonnois.
Le Roi a accordé le brevet de Lieutenant de Frégate
, avec une gratification de quatre cens livres ,
a M. Rozier , commandant le Navire le Robufte ,
qui foutint le & du mois dernier , & les deux jours
fuivans trois combats très- vifs contre une Frégate
Angloife , fort fupérieure en forces , & le 11 du
même mois un autre combat contre un Corfaire
de 200 hommes d'équipage. Sa Majéſté a donné
une épée au Lieutenant de M. Rozier , une gratification
de trois mille livres pour l'équipage du
Navire le Robufte , & pour les Volontaires étrangers
embarqués fur ce Bâtiment , une de quatre
cens livres au Chevalier de Saint - Rome qui commande
ces derniers , & une de trois cens à M. de
Gaignerau fon Lieutenant.
Le fieur Martel , commandant la Frégate du
Roi la Valeur , s'eft emparé le 28 du mois de
Mars , à la vue de Belle -Iffe , d'un Corſaire Anglois
armé de 10 canons , 10 pierriers , & 70
hommes d'équipage .
*
Le Corfaire le Duc d'Aumont , de Boulogne
a relâché à Dunkerque , où le Capitaine Libert
qui le commande , a remis les ôtages des fept
rançons qu'il a faites , & qui montent enfemble
$ 3000 liv.
On mande de Saint -Malo , que le Capitaine
Thomas Donat , qui commande le Corfaire la
Duc d'Aiguillon , de ce Port , y a conduit le Corfaire
Anglois le Blackeney , armé de 16 canons
& de 12 pierriers. Il s'en eft emparé à la vue des
Sept-Ifles.
>
Le Corfaire l'Aurore ,, de Bayonne , dont eft
JUIN. 1757.
1994 :
Gapitaine le fieur Lavernis , s'eft rendu maitre des
Navires Anglois l'Induftrie & l'Ami , venant de
la Caroline . Ils font chargés , l'un de 25441 livres
d'indigo , de 25 barrils de riz , de 135 barrils de
goudron , & de 86 barrils de brai ; l'autre de 36341
livres d'indigo , de 1-32 barriques de café , de 3
boucauts de fucre , de pelleteries , & d'autres
marchandiſes.
Le Capitaine Saubat- Balanqué , commandant
la Marquise d'Amon , autre Corfaire de Bayonne,
s'eft emparé du Navire Anglois le Duc de Scarbo
rough , de 160 tonneaux , chargé de faumon falé
& d'autres marchandiſes. Cette prife a été conduite
en ce Port .
Le Vaiffeau du Roi l'Hippopotame , armé en
courſe , & commandé par le fieur de Pigache
Lieutenant de Vaiffeau , a pris & fait conduire à
Marſeille le Navire Anglois l'Elifabeth , qui alloit,
d'Yarmouth à Venife avec un chargement
compofé de plomb & de falaiſons .
On a été informé par des lettres écrites de Mahon
, que le nommé François Nufa , Minorcain ,
qui commande un des quatorze Corfaires armés
en ce Port , a pris à l'abordage deux Navires An
glois , l'un de 14 canons l'autre de 2 , & qu'il les
a conduits à Cartagene . Ces deux priſes font d'une
valeur affez conſidérable .
Le Capitaine Martin la Fargue , commandant
Le Corfaire l'Aigle , de Bayonne , y eft rentré le
4 Avril , avec deux Navires Anglois , dont il
s'eft rendu maître. Ces deux Navires , appellés
Pun la Charmante Nancy , l'autre la Charmante
Marthe , font très- richement chargés. La cargai
fon du premier confifte en 87577 livres d'indigo ,
189 futailles de fucre , 223 futailles de café , 75
futailles de riz , 25 furons de kina , 6 furons de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
tabac d'Efpagne , 62 madriers de bois d'Acajou ,
1 pipe de vin de Madere , 36 cuirs de boeuf en
poil , a barriques de cortera , 5 tonneaux de bois
de Bréfil , & 13 tonneaux de bois de Campe
che. Le fecond a pour chargement 103000 li
vres d'indigo , 37 futailles de fucre , une pipe
de vin de Madere , 151 futailles de riz , 100
furons de tabac d'Eſpagne , 10 tonneaux de bois
de Campeche , to furons de kina , 30 futailles de
café , 27 futailles de peaux de chevreuil 1 barril
&6 paquets de pelleteries , 29 paux d'ours , 186
barrils de goudron , & une caiffe contenant 10 li
vres d'ambre gris.
>
L'Espérance , autre Corfaire de Bayonne , commandé
par le Capitaine Dotatce , a pris & a fait
conduire à Bordeaux le Navire le Marchand , de
80 tonneaux , chargé de vin de Malvoiſie , & de
fruits.
Le Corfaire le Comte de Saint-Germain , de
Dunkerque , s'eft emparé des Navires Anglois le
Flot , de 180 tonneaux , venant de la Caroline
avec un chargement de 325 boucauts de tabac ;
l'Anne , de 170 tonneaux , n'ayant que fon left ,
& d'un autre Bâtiment qu'il a rançonné pour 100
livres sterlings.
Le Capitaine Jalineau , commandant le Corfaire
la Comteffe de Noailles , de Bordeaux , s'eft
zendu maître du Corfaire Anglois la Molley , de
de Jerzey , de 18 Canons , 14 pierriers & 93
hommes d'équipage , & il l'a conduit à Breft.
On mande de Bayonne , que le Corfaire la Repréfaille
, de ce Port , a pris & y a fait conduire
le Navire Anglois la Ducheffe de Blewford , de
Briſtol , de 166 tonneaux , chargé de fucre , girofle
, poivre , gingembre , & autres marchandifes.
Des lettres écrites de Marfeille marquent que
JUI N. 1757.
201
le Corfaire le Bien- Aimé , de ce Port , y á conduit
le Navire Anglois le Faffi , dont il s'eft emparé
, & dont le chargement confifte principalement
en huile .
Le Capitaine Libert , commandant le Corfairé
le Duc d'Aumont , de Boulogne , eft entré à
Dunkerque , où il a remis les otages de fept
rançons montant enſemble à 1000os livres.
Les Corfaires la Difficulté & l'Hyver , du Havre
, y ont fait conduire le petit Corfaire Anglois
le Héros , armé de 2 canons , 8 pierriers , & 25
hommes d'équipage. Ils s'en font emparés à l'embouchure
de la riviere de Caén .
On mande de Saint-Malo , que le Corfaire
le Marquis de Puyzieulx , de ce Port , s'eft rendu
maître du Corfaire Anglois le Tartare , de
Guernezey , ( ci- devant la Baftienne , de Boulo.
gne ) de huit canons , 8 pierriers , & 56 hom
mes d'équipage.
a
Le Capitaine Magnonet qui commande le Corfaire
le Machault , de Granville , a pris & à fait
conduire à Rofcoff deux Bâtimens Anglois : l'un
eft un Corſaire de Guernezey , de 8 canons , 10
pierriers , & 53 hommes d'équipage ; l'autre eft
un Navire armé de 4 petits canons , ayant pour
chargement 245 futailles de fucre , & 46 milliers
de café .
Un autre Corfaire du même nom , armé à
Saint-Malo , s'eft rendu maître de la Corvette du
Roi d'Angleterre le Merlin , de 12 canons , &
107 hommes d'équipage. On a trouvé fur cette
Corvette , qui eft arrivée à Breft , une grande
quantité de munitions de guerre. Le même Cor
faire s'eft emparé d'un autre Bâtiment armé en
guerre avec 16 canons , 16 pierries , & 85 hommes
d'équipage.
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Il est arrivé à Bayonne un Navire Anglois aps.
pellé le Spitwel , de Londres. Il a été pris par le
Capitaine Fau , commandant le Corfaire la Repré
Jaille. Son chargement confifte en 658 futailles
de riz , 70 barrils de café , 53 barrils ou caiffes .
d'indigo , 11 barriques de pelleteries , 9 barriques
de bois de canelle , & is tonneaux de bois
de campeche.
On eft informé qu'un Corfaire François s'eft
emparé , dans les Mers du Nord , d'un Navire
Anglois richement chargé , & qu'il l'a conduit à
Bergue en Norwege..
Le Capitaine Olivier-Jean Bellanger , com
mandant le Corfaire le Caincy , de Dieppe , a remis
à Dunkerque les ôtages dedeux rançons qu'ik
a faites , & qui montent enſemble à 450 guinées.
Il eft arrivé à Dunkerque un Navire Anglois ,
appellé le Janet & Bety , de 60 tonneaux ,, char
gé de vin , d'eau-de-vie , de riz , & d'autres mar
chandifes. Il a été pris par le Corfaire le Duc d'Aumont
de Boulogne,
Les Corfaires la Difficulté & l'Hiver , du Havre,
ont pris & conduit à la Hougue le petit Corfaire
l'Aventure- Galley , de Jezey , armé de 4
pierriers , & de 17 hommes d'équipage.
Le Corfaire la Philippine , de Calais , y eft,
rentré avec les ôtages de cinq rançons qu'il a fai
tes, & qui montent enfemble à 795 guinées.
Les Bateaux Anglois le Jean & Marie & ls,
Thomas & Guillaume , l'un chargé d'huîtres
l'autre n'ayant que fon left , ont été, pris par les
Corfaires le Marquis de Villequier , la Princeffe,
de Condé & la Bonne Foy , qui les ont conduits à
Boulogne.
On mande du Havre , qu'il y eft arrivé trois,
Navires Anglois , appellés, l'un le Marchandde
y I
"
1
JUIN. 1757. 203.
Schiedam de 220 tonneaux , l'autre la Dame
Fortune , de 200 tonneaux ; & le troifieme le
Saint-Georges , de 140 tonneaux. Ces trois Bâtimens
, qui font chargés de charbon de terre , ont
été pris par le Corfaire la Victoire , de Saint-
Malo.
Le Puyzieulx , autre Corfaire de ce port , y a
conduit le Navire Anglois le Tigre , .de 230 ton--
neau , allant de la Virginie à Londres avec un char--
gement de 433 boucauts de tabac , 34. tonneaux
de fer , & autres marchandiſes.
Le même Corfaire , & un autre nommé l'In--
vincible , fe font emparés du Corfaire l'Amazone ,,
de Grenezey , armé de 16 canons , 10 pierriers ,,
& 94 hommes d'équipage.
On apprend par des lettres écrites de la Ro--
chelle , que le Corfaire le Maréchal de Richelieu ,
de Nantes , a conduit dans ce premier Port le:
Corfaire le Grenezey , de Grenezey , armé de 200
canons & de 180 hommes d'équipage. Il s'en eft
emparé après un combat de trois heures..
LE 2 Avril , le Roi tint le Sceau pour la troifieme
fois dans la même piece de fon appartement ,
où Sa Majesté l'avoit tenu le 4 & le 18 du mois
de Mars. Les fix Maîtres des Requêtes , nommés par le Roi pour affifter
au Sceau pendant
ce trimeftre
, font Mrs. de Bercy , de Villeneuve ,
d'Argouges de Fleury , Bernard de Balinvilliers ,
le Nain , & Amelot de Chaillou . Après que M.
Jolly , Grand Audiencier de France , eut préfenté
les Lettres dont il étoit chargé ; ils firent
ainfi que le Confeiller du Grand Confeil , Grand
Rapporteur , le rapport de celles qui les concernent.
M. Charpentier , Contrôleur Général de
la Chancellerie , a rempli les fonctions de cette
charge. Elles avoient été remplies dans le trimeftre
de Janvier par M. Chazelle , alors en
exercice . Les trois jours que Sa Majeſté a tenu le
Sceau , M. de la Haye , Procureur du Roi des
Requêtes de l'Hôtel , & Général des grande &
petite Chancelleries , a occupé la place qui lui
eft marquée derriere les Maîtres des Requêtes.
On effuya à Paris , le même jour au foir , un ouragan
des plus terribles . Cette tempête a embraf
fé une grande étendue de pays , & a caufé des
188 MERCURE DE FRANCE.
dommages confidérables en plufieurs endroits
Elle a été , particuliérement au Havre , l'occafion
d'un finiftre événement. L'impétuofité du
vent ayant emporté une partie du comble de la
falle de la Comédie , une autre partie de ce
comble eft tombée fur les luftres & fur les lampions
du théâtre. Le feu a pris aux décorations ,
& bientôt à toute la falle . Il y avoit près de
cinq cens perfonnes au fpectacle. Onze ont été ,
les unes écrasées , les autres brûlées ou étouffées .
Vingt autres ont été bleffées . Toute la falle a
été réduite en cendres. L'incendie a duré trois
heures. Il auroit confumé la ville entiere , fi les
fecours qu'on apporta n'euffent arrêté le progrès
des Aammes.
Le Jeudi-Saint , l'Evêque de Saint - Omer ayant
fait l'Abfoute , & le Roi ayant entendu le Sermon
de la Cene de M. Frefneau , Vicaire de la Paroiffe
Royale de Saint Germain l'Auxerrois à
Paris ; Sa Majesté a lavé les pieds à douze pauvres
, & les a fervis à table. Le Prince de Condé ,
Grand-Maître de la Maifon du Roi , étoit à la
tête des Maîtres d'Hôtel , & il précédoit le Service
, dont les plats ont été portés par Monfeigneur
le Dauphin , le Duc d'Orléans , le
Comte de Clermont , le Prince de Conty , le
Comte de la Marche , le Comte d'Eu , le Duc
de Penthievre , & par les principaux Officiers
de Sa Majesté . Après cette cérémonie , le Roi
& la Reine fe font rendus à la Chapelle , où
Leurs Majeftés ont entendu la grande Meffe , &
ont affifté enfuite à la Proceffion.
Le 11 , Madame la Comteffe de Giſors , à qui le
Roi a accordé un Brevet d'Honneur, eut l'honneur
de faluer Leurs Majeftés , & prit le tabouret .
Le Roi a choifi l'Evêque , Duc de Laon , pour
JUIN. 1757. 189
remplacer en qualité d'Ambaſſadeur de Sa Majeſté
auprès du Saint Siege, le Comte de Stainville , qui
doit aller réfider avec le même caractere auprès de
l'Impératrice Reine de Hongrie & de Boheme.
Le 17 Avril , les Députés des Etats d'Artois
eurent audience du Roi , étant préſentés par M.
le Duc de Chaulnes , Gouverneur de la Province >
& par M. le Marquis de Paulmy, Miniftre & Secre
taire d'Etat , & conduits par M. Defgranges , Maître
des Cérémonies. La députation étoit compofée,
pour le Clergé , de l'Evêque de Saint- Omer , qui
porta la parole ; du Marquis de Creny , pour la
Nobleffe , & de M. de Canchy , Maire d'Arras
pour le Tiers Etat.
"
Le Roi a accordé la Cornette vacante dans la
feconde compagnie des Moufquetaires par la mort
de M. le Marquis de Villegagnon , à M. de Keret
de Keravel , premier Maréchal des Logis de cette
Compagnie. Sa Majefté en cette occaſion a bien
voulu rappeller un ufage long-temps fuivi par
rapport aux deux compagnies de Moufquetaires.
Toute la Nobleffe apprendra fans doute avec
plaifir une nouvelle qui intéreffe un Corps ,
dans lequel elle a toujours tenu à honneur de faire
au moins fes premieres campagnes.
Le 10 Mai , le Roi tint le Sceau , pour la cinquieme
fois. Avant le Sceau , les Secretaires du
Roi eurent l'honneur de préfenter à Sa Majeſté
dans fon Cabinet la bourfe de jettons , que cette
Compagnie donne ordinairement au Garde des
Sceaux le jour de S. Jean Porte-Latine. M. Carpot,
comme l'ancien des Secretaires du Roi préfens ,
porta la parole. La bourfe fut préſentée par
M. Hemart , Tréſorier de la Compagnie.
Le 11 Mai , le Roi , accompagné de Monſei
gneur le Dauphin , fit dans la plaine des Sablons ,
190 MERCURE DE FRANCE.
la revue des Régimens des Gardes Françoiſes &
Suiffes. Ces deux Régimens , après avoir fait
l'exercice , défilerent en préfence de Sa Majesté.
Madame & Mefdames Victoires & Sophie , af
fifterent à cette revue. Le peuple exprima par fes
acclamations réitérées la joie que lui inſpiroit la
préfence de Sa Majesté.
Le Roi a agréé , pour la place de Colonel-
Lieutenant du Régiment d'Infanterie d'Orléans ,
vacante par la démiffion du Comte de Balleroy ,
le Marquis Saujon , Colonel dans les Grenadiers
de France. Sa Majefté a nommé le Comte de
Guines de Souaftre , & le Chevalier de Durfort ,
Colonels dans le Corps des mêmes Grenadiers.
La convention conclue entre le Roi & l'impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme , fur le
fervice de leurs armées combinées , étant d'une trop
grande étendue pour pouvoir être inférée ici en
entier , on fe contentera d'en extraire les principaux
articles :
« Les troupes de S. M.Très- Chrétienne n'étant
» qu'auxiliaires des troupes de S. M. l'Impératrice
» Reine, celles - ci auront toujours la droite en quel
» que nombre qu'elles fe trouvent avec les trou-
» pes Françoifes , excepté dans le cas où la difpo-
» fition militaire ne pourroit pas permettre aux
» troupes de former la totalité de l'aîle droite ,
>> premiere & feconde ligne : en ce cas , l'Infan-
» terie de Sa Majesté l'Impératrice aura la totalité
» de la droite de l'infanterie , premiere & fecon-
» de ligne ; le Corps de la Cavalerie , premiere
» & feconde ligne , fera placé & joint à la droite
» de l'Infanterie , & le furplus de la Cavalerie ,
>> néceffaire pour former l'aîle droite , fera fourni
» par les troupes Françoifes. Dans le même cas
où les troupes Françoifes feront auxiliaires , &
JUIN. 1757. 191
où elles feront en moindre nombre que les trou
» pes de l'Impératrice Reine , elles feront mifes
» en bataille fur l'aîle gauche dans le même or→
» dre , qui vient d'être expliqué pour l'aîle droite
» en parlant des troupes de l'Impératrice Reine..
>> Mais fi au contraire , par quelque cas impré-
» vu , les troupes de l'Impératrice Reine devien
» nent auxiliaires du Corps des troupes Françoi-
» fes , elles prendront pofte à la gauche , fuivant
» les difpofitions prefcrites ci - deffus pour les trou-
» pes Françoifes , lorfqu'elles étoient dans le cas
» d'être auxiliaires .
» Quelque grade militaire que puiffe avoir l'Of-
>> ficier qui commandera en chef les troupes de l'u-
» ne ou de l'autre Nation , qui feront en moindre
» nombre dans une armée combinée , il fera tou-
» jours la feconde perfonne de l'armée , fans pouvoir
devenir la premiere , quand même le com-
» mandement tomberoit entre les mains d'un
» Officier Général des troupes de l'autre Nation ,
» qui feroit d'un grade inférieur au fien.
La préférence pour le commandement entre
» les Officiers Généraux des deux Nations , Officiers
Supérieurs , & autres , fera toujours réglée
» par la date des pouvoirs , brevets & commiffions
defdits Officiers , auxquels , à grade égal ,
» l'ancienneté donnera toujours le droit de com-
> mander.
» Comme il y a dans les troupes des deux Puiffances
, des grades différens les uns des autres ,
» tels que ceux de Brigadiers d'Infanterie , de
» Cavalerie & de Dragons , dans les troupes de
» S. M. T. Chrétienne , & ceux de Généraux d'Infanterie
& de Cavalerie dans les armécs de l'Impératrice
Reine ; & comme il eft néceffaire d'égalifer
le fervice par quelque expédient , qui
5
192 MERCURE DE FRANCE.
»fatisfaffe également aux ufages des deux Nations ?
l'Impératrice Reine défignera autant de Colonels
de fes troupes , qu'Elle le jugera à propos ,
» pour faire le ſervice de Brigadiers dans les ar-
» mées combinées ; & de fon côté S. M. T. C.
défignera le nombre qu'Elle jugera à propos de
Lieutenans-Généraux de ſes armées , pour faire
» le fervice de Généraux de Cavalerie & d'Infante.
» rie dans lefdites armées combinées .
>> Tous les Généraux de Cavalerie ou d'Infante-
» rie de l'une ou de l'autre Nation , foit qu'ils
>> aient réellement le grade , foit qu'ils foient
» fimplément défignés & admis à en remplir les
>> fonctions , prendront rang entr'eux pour le
> commandement , du jour de la date de leurs
» pouvoirs , ou commiffions de Lieutenans - Gé-
» néraux.
» De même les Brigadiers de l'une & l'autre
» Nation , ou poffédant réellement ce titre , ou en
>> étant revêtus occafionnellement , prendront rang
» entr'eux , pour le commandement & le fervice ,
» du jour de la date de leurs commiffions reſpecti
» ves de Colonels. Quant aux Lieutenans- Colo-
» nels François , employés en leur qualité de Brigadiers
, ils prendront rang avec les Officiers
» Autrichiens défignés pour faire ledit fervice de
Brigadiers , fuivant la date de leurs brevets de
» Brigadiers ; & les mêmes Colonels Autrichiens ,
» défignés pour tenir rang avec les Brigadiers , fe
» régleront en conféquence , fuivant la date de
» leurs commiffions de Colonels , avec lefdits
Lieutenans -Colonels des troupes Françoiſes ,
» du jour que lesdits Lieutenans-Colonels auront
» été nommés au grade de Brigadier .
» L'ufage étant parmi les troupes Françoifes ,
que dans les détachemens l'Officier de Cava-
» lerię
JUIN. 1757.
193
» lerie commande en plaine , & que lorsque le
» même détachement ſe trouve dans les Places ou
» dans des lieux fermés , le commandement appartient
, à grade égal , à l'Officier d'Infante
» rie : au contraire , parmi les troupes Autri
» chiennes , le commandement ne variant jamais ,
foit en plaine , foit dans les lieux fermés , cha
» que Nation fuivra fes regles à cet égard. Et
toutes les fois qu'il y aura variation entre les
» Commandans des troupes Françoiſes en confé
» quence de leurs Ordonnances , le nouveau Com.
» mandant fera toujours en droit de fe régler avec
» les Commandans des troupes Autrichiennes par
n la date de leurs commiffions refpectives. Mais
» l'Officier Autrichien commandera , foit en plai
» ne , foit dans les lieux fermés , s'il eft ancien
» ou fuivant fon ancienneté fur celui des deux
» qui appartiendra de droit le commandement
» fur les troupes Françoifes.
- >> Le Commandant en chefdu Corps de troupes
>> des deux Nations , qui fera en moindre nomwbre
dans une armée combinée , fera appellé à
> tous les Confeils de guerre , & à fon défaure
l'Officier Général , ou autre à qui le comman~
» dement des troupes de fa Nation fera échu...
7
Il ne pourra rien diminuer ni changer aux
»-bans que les Général de Parmée fera publier :
» cependant comme il peut y avoir dans les ufa-
» ges de l'une des deux Nations , des punitions
plus féveres pour certains crimesque dans l'au
>>>- tre , chaque Nation, fuivra fes uſages à cet
» égard ; & le Commandant des troupes qui fe
» ront en moindre nombre à l'armée pourra tou
»jours ajouter au ban du Général de l'armée , ce
» qu'il croira néceffaire pour la plus févere punition «
» des délits , & pour l'entière exécution des Or- e
• II. Vol b anellinred I
194 MERCURE DE FRANCE.
I
» donnances de fon Souverain , auxquelles il aura
> attention de fe conformer ; mais il ne pourra
jamais rien diminuer à l'efpece des punitions qui
» feront ordonnées par lefdits bans du Général
» de l'armée , quand même les uſages de få Nay
tion feroient différens. .....
» Il pourra faire grace aux criminels des trou-
» pes de fa Nation pour les cas de fa juftice parti-
>> culiere , mais non pas pour les délits commis
> contre les défenfes portées dans les bans publiés
» par l'ordre du Général de l'armée , à qui feul ce
droit appartiendra ; mais de fon côté le Général
» de l'armée ne pourra pas faire grace à un crimi-
>> nel qui auroit été condamné par le Confeil de
guerre de l'autre Nation , fur les fujets de laquelle
le droit de vie & de mort appartient à
» fon feul Souverain , ou à celui qui le repréfente.
» Le feul Général de l'armée combinée aura
» droit de donner des fauve -gardes ; mais lorfqu'il
en enverra , il en fera fourni proportion-
»> nellement par les troupes des deux Nations.
» On fuivra , pour la façon de camper , & pour
» les détails du campement , les ufages de chaque
» Nation . Elles fuivront de même leurs ufages
» pour leur ordre de bataille particulier.
A l'égard des marches générales de l'armée ;
» quoique l'on convienne que les troupes belligé
Drantes doivent toujours avoir la droite & Pa-
>>. vant-garde , cependant il eft des occafions , où,
» en corps d'armée , cette difpofition ne peut pas
» avoir lieu militairement , & le Général de l'ar-
» mée fera le maître de faire , à ce ſujet , les dif
p.pofitions telles qu'il le jugera à propos.
ม
En détachement , les troupes de la Nation
belligérante auront toujours l'avant- garde en
pallant à l'ennemi, & l'arriére- garde dans les cas
» de retraite ; les bataillons de la même Nation ,
JUIN. 1757. 195
la droite dans la tranchée ; & leurs Compagnies
» de Grenadiers , la tête de la ſappe.
» Les Gardes & détachemens feront fournis par
proportion réciproque du nombre complet des
» troupes de chaque Nation , qui formeront l'armée
combinée . Chaque garde ne fera jamais
» compofée que de troupes de la même Nation .
» Les détachemens de cinquante hommes , & au
» deffous , ne feront de même jamais compofés
» que de troupes de la même Nation . Les déta-
*
chemens plus confidérables feront compofés de
» plufieurs troupes de cinquante hommes des
» troupes des deux Nations , en proportion de
» leurs forces. Et comme les Officiers particuliers
» des troupes Autrichiennes font en moindre
» nombre que ceux des troupes Françoifes , ils
» n'enfourniront que la moitié de ceux qui feront
» commandés pour les détachemens des troupes
>> Françoiſes , à moins que pour des raifons par-
❤ticulieres le Commandant Général de leur Na-
» tion ne jugeât à propos d'y faire marcher un
plus grand nombre d'Officiers.
» Dans les difpofitions qui feront faites pour
» l'emplacement des troupes des deux Nations
dans des cantonnemens ou des quartiers d'hywwer
, on obfervera , autant qu'il fera poffible
» de les placer fuivant l'ordre de bataille que les
troupes des deux Nations tiennent entr'elles à
l'armée.
» Si les circonstances , la nature du pays , les
objets militaires , ou autre raiſons , ne permet-
>> toient pas de fuivre cet ordre , on obfervera de
ne point entremêler les troupes d'une Nation
» avec celles de l'autre , & de leur former un ar-
» rondiffement , de façon que le corps qui fera
» en moindre nombre , de même que celui qui
Î ij
196 MERCURE DE FRANCE.
» fera en plus grand nombre , foient placés , fans
» interruption , en premiere , feconde & troifie-
» me ligne.
Il en fera de même pour les fourrages ; &
» dans ceux qui feront faits , foit au verd , ſoit au
» fec , on obfervera d'affigner, à chaque Nation
» un terrein marqué , ou un arrondiffement de
» Villages , qui faffe que chaque Nation puiſſe
» fourrager fans le mêler avec l'autre.
Cette convention , qui contient trente-huit articles
, fut fignée à Vienne le 25 du mois de Février
dernier , au nom du Roi , par le Maréchal
d'Eftrées , Plénipotentiaire de Sa Majefté , & au
nom de l'Impératrice Reine de Hongrie & de
Boheme , par le Feld- Maréchal Comte de Neipperg,
chargé des pouvoirs de cette Princeffe. La
ratification du Roi eft datée du 19 Mars , & celle<<
de l'Impératrice Reine , du 25 du même mois.
Le 11 Mai , les Chevaliers de l'Ordre de Saint-
Michel tinrent un Chapitre dans le grand Gouvent
des Religieux de l'Obſervance . M. le Duc de Vil
leroy, Chevalier des Ordres du Roi , y préfida en..
qualité de Commiffaire de Sa Majesté. H reçut
Chevaliers M. Dupleix , ci-devant Gouverneur de
Pondichery , & Commandant en chef dans les établillemens
François aux Indes Orientales ; M, Faucher,
Commiffaire des Guerres , qui a été emploié ‹
pour les affaires du Roi à Genes, & à Turin , &
M. Laurent , Ingénieur célebre par l'invention de
plufieurs machines auffi utiles qu'ingénieuſes. Le
Baron d'Olne , Liégeois M. Olivieri , premier
Sculpteur du Roi d'Efpagne , &@M. Zabielo
, Gentilhomme de Lithuanie , que le Roi a
nommés Chevaliers , furent préconisés dans les
mêmeChapitre Sa Majefté a mis auffi au nombre
des Chevaliers de l'Ordre de Saint Michel M.
L
197
$
JUIN
. 1757.
Haufer , Bailli du canton de Glaris , & M. Freuler,
Banneret & Brigadier du même Canton.
Le 12,le Roi & Madame furent parrein & marreine
de M. Bontemps , un des quatre Valets de
Chambre de Sa Majefté , & dont la famille depuis
quatre générations poffede cette charge. Il a éte
nommé Louis Pierre- Dominique. Les cérémonies
du Baptême lui furent fuppléées.dans la Chapelle
du Château , en préfence du Curé de la Paroiffe de
Notre-Dame , par l'Abbé de Sainte Aldegonde ,
Aumonier du Roi.
Leurs Majeftés fignerent le 15 le contrat de
mariage de M. Bontemps avec Mlle. Teiffier , fille
de l'ancien Maître de la Chambre aux Deniers ,
& celui de M. Teiffier fils avec Dlle. Bontemps.
Sur la démiffion de M. de Pontcarré , de Roi a
nommé premier Préfident du Parlement de Nor.
mandie M. Hue de Miromefnil , Maître des Requêtes.
M. Buache , de l'Académie Royale des Sciences
, a eu l'honneur de préfenter au Roi un rẻ-
ceuil de cartes & de tables , approuvées par cette
compagnies : elles établiffent un fyftême de géographie
phyfique fur la ftructure du globe , conconfidérée
par les grandes chaînes de montagnes,
qui traverfent les continens , comme les mers
d'un pôle à l'autre , & d'Occident en Orient.
Pour rendre fon fyftême complet fur l'enchaînement
des continens connus avec celui des terres
Antarctiques dont on connoît trois points principaux
, l'Auteur a examiné l'existence de ces terres.
Il en fixe l'étendue & la figure , dans un mémoire
que le temps ne lui a pas permis de life à la
derniere rentrée publique de l'Académie des
Sciences .
"
M. Hardouin Manfard-de Lévy- de Sagonne ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
de l'Académie Royale d'Architecture , & ancien
Architecte du Roi , prêta ferment le 22 entre les
mains de Sa Majefté , pour la charge de Lieutemant
de Roi de la Province de Bourbonnois.
Le Roi a accordé le brevet de Lieutenant de Frégate
, avec une gratification de quatre cens livres ,
a M. Rozier , commandant le Navire le Robufte ,
qui foutint le & du mois dernier , & les deux jours
fuivans trois combats très- vifs contre une Frégate
Angloife , fort fupérieure en forces , & le 11 du
même mois un autre combat contre un Corfaire
de 200 hommes d'équipage. Sa Majéſté a donné
une épée au Lieutenant de M. Rozier , une gratification
de trois mille livres pour l'équipage du
Navire le Robufte , & pour les Volontaires étrangers
embarqués fur ce Bâtiment , une de quatre
cens livres au Chevalier de Saint - Rome qui commande
ces derniers , & une de trois cens à M. de
Gaignerau fon Lieutenant.
Le fieur Martel , commandant la Frégate du
Roi la Valeur , s'eft emparé le 28 du mois de
Mars , à la vue de Belle -Iffe , d'un Corſaire Anglois
armé de 10 canons , 10 pierriers , & 70
hommes d'équipage .
*
Le Corfaire le Duc d'Aumont , de Boulogne
a relâché à Dunkerque , où le Capitaine Libert
qui le commande , a remis les ôtages des fept
rançons qu'il a faites , & qui montent enfemble
$ 3000 liv.
On mande de Saint -Malo , que le Capitaine
Thomas Donat , qui commande le Corfaire la
Duc d'Aiguillon , de ce Port , y a conduit le Corfaire
Anglois le Blackeney , armé de 16 canons
& de 12 pierriers. Il s'en eft emparé à la vue des
Sept-Ifles.
>
Le Corfaire l'Aurore ,, de Bayonne , dont eft
JUIN. 1757.
1994 :
Gapitaine le fieur Lavernis , s'eft rendu maitre des
Navires Anglois l'Induftrie & l'Ami , venant de
la Caroline . Ils font chargés , l'un de 25441 livres
d'indigo , de 25 barrils de riz , de 135 barrils de
goudron , & de 86 barrils de brai ; l'autre de 36341
livres d'indigo , de 1-32 barriques de café , de 3
boucauts de fucre , de pelleteries , & d'autres
marchandiſes.
Le Capitaine Saubat- Balanqué , commandant
la Marquise d'Amon , autre Corfaire de Bayonne,
s'eft emparé du Navire Anglois le Duc de Scarbo
rough , de 160 tonneaux , chargé de faumon falé
& d'autres marchandiſes. Cette prife a été conduite
en ce Port .
Le Vaiffeau du Roi l'Hippopotame , armé en
courſe , & commandé par le fieur de Pigache
Lieutenant de Vaiffeau , a pris & fait conduire à
Marſeille le Navire Anglois l'Elifabeth , qui alloit,
d'Yarmouth à Venife avec un chargement
compofé de plomb & de falaiſons .
On a été informé par des lettres écrites de Mahon
, que le nommé François Nufa , Minorcain ,
qui commande un des quatorze Corfaires armés
en ce Port , a pris à l'abordage deux Navires An
glois , l'un de 14 canons l'autre de 2 , & qu'il les
a conduits à Cartagene . Ces deux priſes font d'une
valeur affez conſidérable .
Le Capitaine Martin la Fargue , commandant
Le Corfaire l'Aigle , de Bayonne , y eft rentré le
4 Avril , avec deux Navires Anglois , dont il
s'eft rendu maître. Ces deux Navires , appellés
Pun la Charmante Nancy , l'autre la Charmante
Marthe , font très- richement chargés. La cargai
fon du premier confifte en 87577 livres d'indigo ,
189 futailles de fucre , 223 futailles de café , 75
futailles de riz , 25 furons de kina , 6 furons de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
tabac d'Efpagne , 62 madriers de bois d'Acajou ,
1 pipe de vin de Madere , 36 cuirs de boeuf en
poil , a barriques de cortera , 5 tonneaux de bois
de Bréfil , & 13 tonneaux de bois de Campe
che. Le fecond a pour chargement 103000 li
vres d'indigo , 37 futailles de fucre , une pipe
de vin de Madere , 151 futailles de riz , 100
furons de tabac d'Eſpagne , 10 tonneaux de bois
de Campeche , to furons de kina , 30 futailles de
café , 27 futailles de peaux de chevreuil 1 barril
&6 paquets de pelleteries , 29 paux d'ours , 186
barrils de goudron , & une caiffe contenant 10 li
vres d'ambre gris.
>
L'Espérance , autre Corfaire de Bayonne , commandé
par le Capitaine Dotatce , a pris & a fait
conduire à Bordeaux le Navire le Marchand , de
80 tonneaux , chargé de vin de Malvoiſie , & de
fruits.
Le Corfaire le Comte de Saint-Germain , de
Dunkerque , s'eft emparé des Navires Anglois le
Flot , de 180 tonneaux , venant de la Caroline
avec un chargement de 325 boucauts de tabac ;
l'Anne , de 170 tonneaux , n'ayant que fon left ,
& d'un autre Bâtiment qu'il a rançonné pour 100
livres sterlings.
Le Capitaine Jalineau , commandant le Corfaire
la Comteffe de Noailles , de Bordeaux , s'eft
zendu maître du Corfaire Anglois la Molley , de
de Jerzey , de 18 Canons , 14 pierriers & 93
hommes d'équipage , & il l'a conduit à Breft.
On mande de Bayonne , que le Corfaire la Repréfaille
, de ce Port , a pris & y a fait conduire
le Navire Anglois la Ducheffe de Blewford , de
Briſtol , de 166 tonneaux , chargé de fucre , girofle
, poivre , gingembre , & autres marchandifes.
Des lettres écrites de Marfeille marquent que
JUI N. 1757.
201
le Corfaire le Bien- Aimé , de ce Port , y á conduit
le Navire Anglois le Faffi , dont il s'eft emparé
, & dont le chargement confifte principalement
en huile .
Le Capitaine Libert , commandant le Corfairé
le Duc d'Aumont , de Boulogne , eft entré à
Dunkerque , où il a remis les otages de fept
rançons montant enſemble à 1000os livres.
Les Corfaires la Difficulté & l'Hyver , du Havre
, y ont fait conduire le petit Corfaire Anglois
le Héros , armé de 2 canons , 8 pierriers , & 25
hommes d'équipage. Ils s'en font emparés à l'embouchure
de la riviere de Caén .
On mande de Saint-Malo , que le Corfaire
le Marquis de Puyzieulx , de ce Port , s'eft rendu
maître du Corfaire Anglois le Tartare , de
Guernezey , ( ci- devant la Baftienne , de Boulo.
gne ) de huit canons , 8 pierriers , & 56 hom
mes d'équipage.
a
Le Capitaine Magnonet qui commande le Corfaire
le Machault , de Granville , a pris & à fait
conduire à Rofcoff deux Bâtimens Anglois : l'un
eft un Corſaire de Guernezey , de 8 canons , 10
pierriers , & 53 hommes d'équipage ; l'autre eft
un Navire armé de 4 petits canons , ayant pour
chargement 245 futailles de fucre , & 46 milliers
de café .
Un autre Corfaire du même nom , armé à
Saint-Malo , s'eft rendu maître de la Corvette du
Roi d'Angleterre le Merlin , de 12 canons , &
107 hommes d'équipage. On a trouvé fur cette
Corvette , qui eft arrivée à Breft , une grande
quantité de munitions de guerre. Le même Cor
faire s'eft emparé d'un autre Bâtiment armé en
guerre avec 16 canons , 16 pierries , & 85 hommes
d'équipage.
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Il est arrivé à Bayonne un Navire Anglois aps.
pellé le Spitwel , de Londres. Il a été pris par le
Capitaine Fau , commandant le Corfaire la Repré
Jaille. Son chargement confifte en 658 futailles
de riz , 70 barrils de café , 53 barrils ou caiffes .
d'indigo , 11 barriques de pelleteries , 9 barriques
de bois de canelle , & is tonneaux de bois
de campeche.
On eft informé qu'un Corfaire François s'eft
emparé , dans les Mers du Nord , d'un Navire
Anglois richement chargé , & qu'il l'a conduit à
Bergue en Norwege..
Le Capitaine Olivier-Jean Bellanger , com
mandant le Corfaire le Caincy , de Dieppe , a remis
à Dunkerque les ôtages dedeux rançons qu'ik
a faites , & qui montent enſemble à 450 guinées.
Il eft arrivé à Dunkerque un Navire Anglois ,
appellé le Janet & Bety , de 60 tonneaux ,, char
gé de vin , d'eau-de-vie , de riz , & d'autres mar
chandifes. Il a été pris par le Corfaire le Duc d'Aumont
de Boulogne,
Les Corfaires la Difficulté & l'Hiver , du Havre,
ont pris & conduit à la Hougue le petit Corfaire
l'Aventure- Galley , de Jezey , armé de 4
pierriers , & de 17 hommes d'équipage.
Le Corfaire la Philippine , de Calais , y eft,
rentré avec les ôtages de cinq rançons qu'il a fai
tes, & qui montent enfemble à 795 guinées.
Les Bateaux Anglois le Jean & Marie & ls,
Thomas & Guillaume , l'un chargé d'huîtres
l'autre n'ayant que fon left , ont été, pris par les
Corfaires le Marquis de Villequier , la Princeffe,
de Condé & la Bonne Foy , qui les ont conduits à
Boulogne.
On mande du Havre , qu'il y eft arrivé trois,
Navires Anglois , appellés, l'un le Marchandde
y I
"
1
JUIN. 1757. 203.
Schiedam de 220 tonneaux , l'autre la Dame
Fortune , de 200 tonneaux ; & le troifieme le
Saint-Georges , de 140 tonneaux. Ces trois Bâtimens
, qui font chargés de charbon de terre , ont
été pris par le Corfaire la Victoire , de Saint-
Malo.
Le Puyzieulx , autre Corfaire de ce port , y a
conduit le Navire Anglois le Tigre , .de 230 ton--
neau , allant de la Virginie à Londres avec un char--
gement de 433 boucauts de tabac , 34. tonneaux
de fer , & autres marchandiſes.
Le même Corfaire , & un autre nommé l'In--
vincible , fe font emparés du Corfaire l'Amazone ,,
de Grenezey , armé de 16 canons , 10 pierriers ,,
& 94 hommes d'équipage.
On apprend par des lettres écrites de la Ro--
chelle , que le Corfaire le Maréchal de Richelieu ,
de Nantes , a conduit dans ce premier Port le:
Corfaire le Grenezey , de Grenezey , armé de 200
canons & de 180 hommes d'équipage. Il s'en eft
emparé après un combat de trois heures..
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En avril 1757, plusieurs événements marquants eurent lieu à la cour du roi de France. Le 2 avril, le roi tint le Sceau pour la troisième fois du mois en présence de six Maîtres des Requêtes. Ce même jour, un ouragan dévastateur à Paris causa des dommages importants, notamment au Havre où la salle de la Comédie fut détruite, entraînant la mort de onze personnes et blessant vingt autres. Le 10 avril, le roi lava les pieds de douze pauvres lors du Jeudi-Saint. Le 11 avril, la comtesse de Gisors fut reçue par le roi et prit le tabouret. Le roi nomma également l'évêque de Laon comme ambassadeur auprès du Saint-Siège et le comte de Stainville auprès de l'impératrice Reine de Hongrie. Le 17 avril, les députés des États d'Artois furent reçus par le roi. Le 10 mai, le roi tint le Sceau pour la cinquième fois et reçut une bourse de jettons des Secretaires du Roi. Le 11 mai, il passa en revue les régiments des Gardes Françaises et Suisses. Plusieurs nominations d'officiers furent effectuées, dont le marquis de Saujon comme Colonel-Lieutenant du régiment d'Orléans et le comte de Guines de Souastre comme Colonel des Grenadiers de France. Une convention entre le roi et l'impératrice Reine de Hongrie régla les détails du service des armées combinées, notamment les positions et les grades des officiers des deux nations. Le texte mentionne également une convention militaire entre la France et l'Autriche, signée à Vienne le 25 février 1757. Composée de trente-huit articles, elle régit la disposition et l'organisation des troupes des deux nations en cas de combat ou de cantonnement. Les troupes en détachement doivent avoir une avant-garde et une arrière-garde de la même nation, et les bataillons et compagnies de grenadiers doivent également être de la même nation. Les gardes et détachements doivent être formés proportionnellement au nombre de troupes de chaque nation, sauf pour les détachements de cinquante hommes ou moins, qui doivent être composés de troupes d'une seule nation. Le 1er juin 1757, plusieurs navires anglais furent capturés par des corsaires français. À Boulogne, deux navires furent pris par les corsaires Marquis de Villequier, la Princesse de Condé et la Bonne Foy. Au Havre, trois navires anglais furent capturés par le corsaire la Victoire de Saint-Malo. À Saint-Malo, le corsaire le Puyzieulx conduisit le navire anglais le Tigre, transportant du tabac et du fer. Les corsaires le Puyzieulx et l'Invincible capturèrent également le corsaire l'Amazone de Grenesey. À La Rochelle, le corsaire le Maréchal de Richelieu de Nantes conduisit le corsaire le Grenesey de Grenesey après un combat de trois heures.
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1380
p. 203-204
BÉNÉFICES DONNÉS.
Début :
Sa Majesté a donnà l'Abbaye Réguliere de Soyon ; Ordre de Saint-Benoît, [...]
Mots clefs :
Abbaye, Ordre, Diocèse, Vicaire, Évêché
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texteReconnaissance textuelle : BÉNÉFICES DONNÉS.
BÉNÉFICES DONNÉS.
Sa Majefté a donné l'Abbaye Réguliere de Soyor;,
Ordre de Saint - Benoît , Ville & Diocefé de Valence
, à la Dame de Maugiron , Religieufe de
cette Abbaye. L'Evêché de Coutances à M. l'Ab--
bé dú Quefnoy , qui en étoit Vicaire Général
depuis 20 ans; & l'Evêché de Senez à M; l'Abbé
de Woeles , Vicaire Général de l'Archevêché
d'Arles. L'Abbaye de Leffay , Ordre de Saint
Benoît , Diocefe de Coutances , à M. l'Abbé des
a Villé , un des Quarante de l'Académie Fran--
spife , premier Commis des affaires étrangeres ,
My
Ivjj
204 MERCURE DE FRANCE :
& ci-devant Miniftre de Sa Majefté auprès des
Etats Généraux des Provinces- Unies ; & celle de
Noaillé , même Ordre , Dioceſe de Poitiers , à M.
l'Abbé de la Ville Mirmont , frere de M. l'Abbé de
la Ville , & Vicaire Général de l'Evêché d'Arras .
Sa Majefté a donné l'Abbaye Réguliere de Soyor;,
Ordre de Saint - Benoît , Ville & Diocefé de Valence
, à la Dame de Maugiron , Religieufe de
cette Abbaye. L'Evêché de Coutances à M. l'Ab--
bé dú Quefnoy , qui en étoit Vicaire Général
depuis 20 ans; & l'Evêché de Senez à M; l'Abbé
de Woeles , Vicaire Général de l'Archevêché
d'Arles. L'Abbaye de Leffay , Ordre de Saint
Benoît , Diocefe de Coutances , à M. l'Abbé des
a Villé , un des Quarante de l'Académie Fran--
spife , premier Commis des affaires étrangeres ,
My
Ivjj
204 MERCURE DE FRANCE :
& ci-devant Miniftre de Sa Majefté auprès des
Etats Généraux des Provinces- Unies ; & celle de
Noaillé , même Ordre , Dioceſe de Poitiers , à M.
l'Abbé de la Ville Mirmont , frere de M. l'Abbé de
la Ville , & Vicaire Général de l'Evêché d'Arras .
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Résumé : BÉNÉFICES DONNÉS.
Sa Majesté a attribué plusieurs bénéfices ecclésiastiques. L'Abbaye de Soyor à la Dame de Maugiron. L'Évêché de Coutances à l'Abbé du Quesnoy. L'Évêché de Senez à l'Abbé de Woeles. L'Abbaye de Lessay à l'Abbé des Ays de Villé. L'Abbaye de Noaillé à l'Abbé de la Ville Mirmont.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1381
p. 204-211
MARIAGES ET MORTS.
Début :
Messire Louis-Auguste de Rohan-Chabot ; Comte de Maillé-la Marche, [...]
Mots clefs :
Mariages, Morts, Marquis, Comte, Dame, Maison de Villelume, Commandeur, Rochefoucauld, Cardinal de la Rochefoucauld
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texteReconnaissance textuelle : MARIAGES ET MORTS.
MARIAGES ET MORTS.
MESSIRE Louis-Augufte de Rohan - Chabot ; -
Comte de Maillé -la Marche , fils de Meffire Guy-
Augufte de Rohan -Chabot , Lieutenant- Général
des Armées du Roi , & de feue DameYvonne- Silvie
du Breil de Rays , fut marié le 12 Avril à Demoifelle
Elifabeth Louife de la Rochefoucauld , fille
de feu Jean- Baptifte - Louis- Frédéric de la Rochefoucauld
, Duc d'Anville Lieutenant Général
des Armées Navales de Sa Majefté , & de
Louife-Elifabeth de la Rochefoucauld . La bénédiction
nuptiale leur a été donnée par le Cardinal
de la Rochefoucauld dans la Chapelle de l'Hôtel
de la Rochefoucauld.
Meffire Jacques- François de Carvoifin , Marquis
d'Achy , Enfeigne de la Compagnie des
Gendarmes de Bourgogne , fut marié le trois
de Mai , dans l'Eglife de Saint Sulpice , à Demoifelle
Marie Catherine -Jeanne Jubert de Bouville.
M. L'Abbé de Bouville , Vicaire Général du Diocèfe
de Chartres, leur donna la Bénédiction Nuptiale.
Leur contrat de mariage avoit été figné le
premier par Leurs Majeftés & par la Famille
Royale.
Demoiſelle Marie-Anne de Villelume-de Bar-"
montel , Dame de Châteaubrun , la Roche , Fref
fanges , le Mas de Voing & autres terres , eft morte
à Paris le 6 Mars , âgée de 82 ans.
JUIN. 1757. 205
Mademoiſelle de Villelume étoit l'unique refte
de l'illuftre Maiſon de Villelume en Auvergne ,
& defcendoit au treizieme degré de Guillaume de
Villelume , Chevalier , qui en 1196 jura pour le
Roi Philippe Augufte la paix avec le Dauphin
Comte d'Auvergne , & Guillaume fon fils , ainfi
qu'on l'apprend d'un extrait du tréfor des chartes ,
n°. 86 , regiftre de S. Louis , rapporté dans les
preuves de l'hiftoire de la Maiſon d'Auvergne par
Juftel.
Guillaume de Villelume eut pour fils W. de
Villelume , & pour petit-fils autre Guillaume de
Villelume , Seigneur de Villelume , Barmontel &
Montbardon , qui époufa par contrat du 12 Jan❤
1322 , Alexine de Tignieres. Ils eurent pour fils
Joffelin de Villelume , qui en 1374 fut avec dix
hommes d'armes au fervice du Duc de Berry , en
la guerre contre les Anglois. Il époufa Marguerite
de Saint- Nectaire , fille de Cafto feconde , de
Saint-Nectaire & d'Odine d'Alegre. De ce mariage
fortirent Hague de Villelume , Seigneur de
Villelume & de Barmontel , & Guy de Villelume
, Seigneur de Montbardon auteur de la
branche de ce nom , établie en Berry & Bourbonnois
, & dont l'on peut voir la généalogie en
l'hiftoire de Berry , par M. de la Thaumaffiere,
Hugue de Villelume époufa Claudine Duvernet
, fille de Bertrand , Chevalier , Seigneur Du
verner & de Beaulieu , & de laquelle il eut Claude
premier de Villume , qui fut tué au ſervice du Roi
Charles VII , étant avec le Duc de Bourbon. Il
avoit épousé par contrat du zo ·Janvier 1466 ,
Marguerite Maurine de Maflaurent, fille deJacques
Marin , Chevalier Seigneur de Maßlaurent, le Theil
& Saillant. Ils eurent pour fils Claude II de Villelume,
qui par contrat du 10 Mars 1486 , s'allialaves
306 MERCURE DE FRANCE.
Françoise de Rochefort , fille de Guillaume de
Rochefort , Baron de Châteauvert.
Leur fils Pierre de Villelume , époufa par contrat
du 7 Juillet 1515 , Charlotte de Saint-Georges,
fille de Jacques , Chevalier Seigneur de Saint-
George , l'Efpinas & la Buffiere , Sénéchal de la
Marche. Ils eurent pour fils Guillaume III de
Villelume , Chevalier de l'Ordre du Roi. Il fut à
toutes les occafions mémorables de fon temps ,
telles qu'à la bataille de Cerifoles , à la prife de.
Boulogne , au fiego de Metz , à la bataille de Ren--
ty & à celle de Saint- Quentin , où il fut fait pri
fonnier par les Anglois avec le Maréchal de Saint-
André. Il épousa le 18 Février 1537 , Louiſe det
Saint-Marfaut, fille de Brandelis , Seigneur de
Saint-Marfaut & du Verdier , Chevalier de l'Ordre
du Roi , dont naquit en 1543 Jacques de Vil--
lelume , Chevalier de l'Ordre du Roi , & Syndic:
de la Nobleffe d'Auvergne , qui mourut en 1646..
Il fut aux fieges de S. Jean d'Angely & de la Ro-.
chelle , ayant charge de cinquante hommes d'armes.
Il fut un des fix de la Nobleffe d'Auvergnequi
fe joignir à ceux de la ville de Clermont ,-
pour jurer & figner de fervir le Roi Henri III , aus
commencement des guerres de la Ligue , & fut :
député trois fois vers ce Prince de la part des Etats
d'Auvergne. Il époufa par contrat du 18 Juillet
1578 , Magdeleine de Vaffé , héritiere de fon
nom . Jean-François de Villelume fon frere , fut .
reçu Chevalier de Malte le 20 Juin 1572.,
Jacques de Villelume & Magdeleine de Vaffé ,
eurent pour fils Antoine de Villelume , fubftitué ,.
ainfi que fes defcendans , aux nom & armes de:
Vaffé. Il eut deux chevaux tués fous lui au combat:
de Caftelnaudarry , & fut tué en une autre occa-,
Lon. Il avoit époufé le 26 Février 1614 , Catherine:
JUI N. 1757. 207
'de Châlus , fille de François de Châlus , Baron de
Cordes , & de Jeanne de la Roche-Aimon . Ils eurent
pour enfans Gilbert.de Villelume ,, reça Chevalier
de Malte , le s Mars 1645. Jacques de Villelume
auffi reçu Chevalier de Malte le 26 Janvier
1650 , puis pourvu des Commanderies de Maifonnis
& de Montchamp , & Commandant le
vaiffeau là Sainte Anne , pour le fervice de fa Religion
. Charlotte de Villelume , Abbeffe de Saint
Geneft , & Jean-Charles de Villelume , Seigneur
de Villelume , Barmontel , Vaffé , Châteaubrun
le Theil , & c . Colonel du Régiment de Mercoeur
puis Maréchal de Camp. Il époufa par contrat du
10 Février 1642 , Marie de Moneftay , fille de
Gilbert de Moneftai , Baron des Farges , & da
Claude Dechazeron.
Maximilien.de Villelume leur fils , étoit le pere.
de Marie- Anne de Villelume qui donne lieu à cet
article , & de Marie- Pétronille de Villelume , qui
époufa par contrat du .... Septembre 1710 , Jean
Hautier , Comte de Villemontée , & dont les
enfans qui font Jean-François- Marien Hautierde
Villemontée , Seigneur . de Villemontée , Barmontel
; Jean-Marien Hautier- de Villemontée ,:
Seigneur de Chezelle & des Herards ; Antoine-.
Marien Hautier-de Villemontée , Abbé , Bachelier
de Sorbonne , Nicolas-Marien , Chevalier de Mal-.
te , & Marie-Françoiſe de Villemontée , veuve du
Seigneur de Viry , en Bourbonnois ., font héritiers
des biens de la maifon de Villelume , & fubftituést
aux nom & armes de cette Maiſon aux termes du
contrat de mariage de leur mere. >
La Maiſon de Villelume a pour Armes d'argents
à'dix-befans d'argent 4 , 3 , 2. & 1 , qu'elle écar--
tele de celles de Vaffé.
Meffire. Léonor de Goyon-de Matignon , Eyê.
208 MERCURE DE FRANCE.
que de Coutance , & Abbé de l'Abbaye de Leffay
, Ordre de Saint Benoit , même Dioceſe , eft
mort le 3 Avril en fon Palais Epifcopal , ágé
de quatre- vingts ans.
M, Perrier de Salvert , Commandeur de l'Ordre
Royal & Militaire de Saint-Louis , & Chef
d'Eſcadre des Armées Navales de Sa Majesté , eft
mort à Verſailles le 6 , dans ſa ſoixante-feptieme
année.
44 Meffire Charles - Théophile de Befiade , Marquis
d'Avary , Grand Bailli d'Orléans , & Colonel
dans les Grenadiers de France , mourut à Paris le
17 Avril , dans la vingt-unieme année de fon âge.
Dame Marie-Corneille Guy , veuve de Meffire
Jean- Claude Roffignol , Ecuyer Sieur de Villeplanne
, l'un des cent Gentilshommes ordinaires
de la Maifon du Roi , & Gentilhomme de feu
Monfieur , frere unique du Roi , mourut à Paris
le 27 Avril . Elle étoit fille unique de feu Jacques
Guy, Ecuyer, Confeiller Secretaire du Roi, Maiſon
Couronne de France & de fes Finances , & de
Dame Jeanne Fabre , fon époufe.
Claude Roffignol , Ecuyer , Seigneur de Villeplanne
, pere de Jean- Claude , fut auffi pourva
d'une place de l'un des cent Gentilshommes ordinaires
, dans le commencement que Louis XIV
rétablit cette Compagnie par fa Déclaration du
4 Septembre 1643 .
Les feurs Roffignol , de Boifmeans & de la
Broffe , font les petits- fils de cette Dame.
Frédéric-Jérôme de Roye de la Rochefoucauld ,
Cardinal de la Sainte Egliſe Romaine , Archevêque
de Bourges , Primat des deux Aquitaines
Abbé de l'Abbaye de Beaulieu en Argonne , Congrégation
de Saint Vannes , Diocefe de Verdun ;
de celle de Saint Vandrille , Congrégation de
+
JUIN. 1757: 209
>
de
Saint Maur , Diocefe de Rouen ; de l'Abbaye
Sécularifeé d'Aifnay Dioceſe & Ville
Lyon ; Abbé , Chef Supérieur de tout l'Ordre de
Cluny ; Commandeur de l'Ordre du Saint- Eſprit,
Grand Aumônier de France , & ci- devant Ambaffadeur
du Roi auprès du Saint Siege , mourut à
Paris le 29 Avril , âgé de cinquante- fix ans , neuf
mois & treize jours. La régularité de les moeurs ,
fon efprit de modération , fon application à gouverner
fon Dioceſe & à y maintenir la paix, lapru
dence avec laquelle il s'eft conduit dans des circonftances
également importantes & délicatesį,
le zele qu'il a toujours montré pour concilier les
intérêts de l'Etat avec ceux de l'Eglife , lui avoient
attiré la vénération & l'amour , non-feulement
de fes Diocéfains , mais encore de toute la Nation
. A la mort de l'ancien Evêque de Mirepoix
le Roi chargea le Cardinal de la Rochefoucauld
du Département concernant la nomination aux
Bénéfices. Sa Majeſté crut ne pouvoir remettre en
de meilleur mains le foin de lui préfenter les Sujets
pour les Evêchés , qu'en celles d'un Prélat
qui connoiffoit & rempliffoit fi parfaitement tous
les devoirs de l'Epiſcopat.
Le 30 Avril , le Cardinal de la Rochefoucauld
fut inhumé dans l'Eglife Paroiffiale de Saint Sulpice.
Ayant toujours confervé au milieu des plus
éminentes dignités toute la fimplicité Chrétienne ,
il avoit recommendé dans fes derniers momens
aux dépofitaires de fes volontés , de n'obſerver
dans fes funérailles que ce qu'on faifoit ordinairement
pour les particuliers du fecond ordre de l'Eglife
. On s'eft conformé , autant qu'il a été poffible
, à des intentions fi refpectables & fi édifian→
tes. Mais le concours prodigieux de perfonnes de
tout rang , qui ont accompagné le convoi , a ré
zro MERCURE DE FRANCE.
pandu für cette cérémonie lugubre beaucoup plus.
d'eclat que n'auroit pu faire la plus grande pompe.
Après que l'inhumation du corps eut été faite
dans l'endroit deftiné pour la fépulture des Prêtres
de la Paroiffe , le coeur , qui avoit été donné
au Prieuré de Saint Martin des Champs , y fut
transporté par les Bénédictins Réformés de l'Ordre
de Cluny , qui occupent cette Maiſon . Sur
un Mandement du Supérieur Vicaire Général de
l'étro te obſervance , ces Religieux_firent le 7 de
ce mois dans leur Eglife un Service folemnel pour
le repos de l'ame de l'illuftre Cardinal , qu'ils regrettent
fi fincérement avec toute la France. M. le
Cardinal de Gefvres , & plufieurs Prélats y affifte.
sent , ainfr que M. le Maréchal Duc de Biron , &
un grand nombre de Seigneurs .
Meffire Marie- André- Louis Del Puech-de Laloubiere
, fils unique de Meffire Jean - Pierre-
Louis Del Puech , Seigneur de Laloubiere , & de
Dame Marie-Jeanne Moreau , eft mort à Paffy ,
près Paris , le 4 Mai , âgé de 27 mois quatre
jours ; fa naiffance avoit été annoncée dans le
Mercure de Mars 1755. Il étoit petit -fils de feu
Meffire Louis Del Puech , Seigneur de Laloubiere
, Major du Régiment de Montalet , dénommé
dans le Mercure de Janvier 1755 , à l'article du
mariage de Meffire Jean-François Del Puech -de
Comeïras , Chevalier de l'Ordre Militaire de S.
Louis , Capitaine au Régiment de Cavalerie de
Saluces..
Le Chevalier de Mailly mourut en cette Ville
le S Mai , âgé de 8 ans. Il étoit Chevalier
de l'Ordre de Saint Jean de Jérufalem , & avoit
été Meftre de Camp d'un Régiment de Dragons.
Le Chevalier de Mailly étoit frere du Compte de
Mailly , Chevalier des Ordres du Roi , Lieute
JUIN. 1757.
217
nant- Général des Armées de Sa Majefté , Premier
Ecuyer de Madame la Dauphine ..
Meffire Claude- François le Tellier , Brigadier
d'Infanterie , & ci -devant Capitaine d'une Compagnie
dans le Régiment des Gardes Françoifes ,
mourut en cette Ville le 9 , âgé de foixante-douze
ans.
2
Meffire Nicolas Pajot de Dampierre , Doyen
des Chanoines Honoraires de l'Eglife Métropolitaine
de Paris & Abbé de l'Abbaye de Saint
Loup , Ordre de Saint Auguftin , Dioceſe de
Troyes , eft mort le 11 , dans la foixante-neuvieme
année de fon âge.
Dame Antoinette de Villers-de Rouffeville ,
époufe d'Aane Gédeon , Comte de Joyeuse & de
Grandpré , Lieutenant Général des Provinces de
Champagne & de Brie , mourut à Amiens le 14
Mai 1757 , âgée de 61 ans.
Le fieur Pierre de Coulon , ancien Garde de la
Porte du Roi , eft mort au Château de Monplaifirprès
de Mars-fous-Bourg , âgé d'environ cent
douze ans. Il étoit auffi droit qu'un jeune homme
, & il lifoit encore fans lunettes.
MESSIRE Louis-Augufte de Rohan - Chabot ; -
Comte de Maillé -la Marche , fils de Meffire Guy-
Augufte de Rohan -Chabot , Lieutenant- Général
des Armées du Roi , & de feue DameYvonne- Silvie
du Breil de Rays , fut marié le 12 Avril à Demoifelle
Elifabeth Louife de la Rochefoucauld , fille
de feu Jean- Baptifte - Louis- Frédéric de la Rochefoucauld
, Duc d'Anville Lieutenant Général
des Armées Navales de Sa Majefté , & de
Louife-Elifabeth de la Rochefoucauld . La bénédiction
nuptiale leur a été donnée par le Cardinal
de la Rochefoucauld dans la Chapelle de l'Hôtel
de la Rochefoucauld.
Meffire Jacques- François de Carvoifin , Marquis
d'Achy , Enfeigne de la Compagnie des
Gendarmes de Bourgogne , fut marié le trois
de Mai , dans l'Eglife de Saint Sulpice , à Demoifelle
Marie Catherine -Jeanne Jubert de Bouville.
M. L'Abbé de Bouville , Vicaire Général du Diocèfe
de Chartres, leur donna la Bénédiction Nuptiale.
Leur contrat de mariage avoit été figné le
premier par Leurs Majeftés & par la Famille
Royale.
Demoiſelle Marie-Anne de Villelume-de Bar-"
montel , Dame de Châteaubrun , la Roche , Fref
fanges , le Mas de Voing & autres terres , eft morte
à Paris le 6 Mars , âgée de 82 ans.
JUIN. 1757. 205
Mademoiſelle de Villelume étoit l'unique refte
de l'illuftre Maiſon de Villelume en Auvergne ,
& defcendoit au treizieme degré de Guillaume de
Villelume , Chevalier , qui en 1196 jura pour le
Roi Philippe Augufte la paix avec le Dauphin
Comte d'Auvergne , & Guillaume fon fils , ainfi
qu'on l'apprend d'un extrait du tréfor des chartes ,
n°. 86 , regiftre de S. Louis , rapporté dans les
preuves de l'hiftoire de la Maiſon d'Auvergne par
Juftel.
Guillaume de Villelume eut pour fils W. de
Villelume , & pour petit-fils autre Guillaume de
Villelume , Seigneur de Villelume , Barmontel &
Montbardon , qui époufa par contrat du 12 Jan❤
1322 , Alexine de Tignieres. Ils eurent pour fils
Joffelin de Villelume , qui en 1374 fut avec dix
hommes d'armes au fervice du Duc de Berry , en
la guerre contre les Anglois. Il époufa Marguerite
de Saint- Nectaire , fille de Cafto feconde , de
Saint-Nectaire & d'Odine d'Alegre. De ce mariage
fortirent Hague de Villelume , Seigneur de
Villelume & de Barmontel , & Guy de Villelume
, Seigneur de Montbardon auteur de la
branche de ce nom , établie en Berry & Bourbonnois
, & dont l'on peut voir la généalogie en
l'hiftoire de Berry , par M. de la Thaumaffiere,
Hugue de Villelume époufa Claudine Duvernet
, fille de Bertrand , Chevalier , Seigneur Du
verner & de Beaulieu , & de laquelle il eut Claude
premier de Villume , qui fut tué au ſervice du Roi
Charles VII , étant avec le Duc de Bourbon. Il
avoit épousé par contrat du zo ·Janvier 1466 ,
Marguerite Maurine de Maflaurent, fille deJacques
Marin , Chevalier Seigneur de Maßlaurent, le Theil
& Saillant. Ils eurent pour fils Claude II de Villelume,
qui par contrat du 10 Mars 1486 , s'allialaves
306 MERCURE DE FRANCE.
Françoise de Rochefort , fille de Guillaume de
Rochefort , Baron de Châteauvert.
Leur fils Pierre de Villelume , époufa par contrat
du 7 Juillet 1515 , Charlotte de Saint-Georges,
fille de Jacques , Chevalier Seigneur de Saint-
George , l'Efpinas & la Buffiere , Sénéchal de la
Marche. Ils eurent pour fils Guillaume III de
Villelume , Chevalier de l'Ordre du Roi. Il fut à
toutes les occafions mémorables de fon temps ,
telles qu'à la bataille de Cerifoles , à la prife de.
Boulogne , au fiego de Metz , à la bataille de Ren--
ty & à celle de Saint- Quentin , où il fut fait pri
fonnier par les Anglois avec le Maréchal de Saint-
André. Il épousa le 18 Février 1537 , Louiſe det
Saint-Marfaut, fille de Brandelis , Seigneur de
Saint-Marfaut & du Verdier , Chevalier de l'Ordre
du Roi , dont naquit en 1543 Jacques de Vil--
lelume , Chevalier de l'Ordre du Roi , & Syndic:
de la Nobleffe d'Auvergne , qui mourut en 1646..
Il fut aux fieges de S. Jean d'Angely & de la Ro-.
chelle , ayant charge de cinquante hommes d'armes.
Il fut un des fix de la Nobleffe d'Auvergnequi
fe joignir à ceux de la ville de Clermont ,-
pour jurer & figner de fervir le Roi Henri III , aus
commencement des guerres de la Ligue , & fut :
député trois fois vers ce Prince de la part des Etats
d'Auvergne. Il époufa par contrat du 18 Juillet
1578 , Magdeleine de Vaffé , héritiere de fon
nom . Jean-François de Villelume fon frere , fut .
reçu Chevalier de Malte le 20 Juin 1572.,
Jacques de Villelume & Magdeleine de Vaffé ,
eurent pour fils Antoine de Villelume , fubftitué ,.
ainfi que fes defcendans , aux nom & armes de:
Vaffé. Il eut deux chevaux tués fous lui au combat:
de Caftelnaudarry , & fut tué en une autre occa-,
Lon. Il avoit époufé le 26 Février 1614 , Catherine:
JUI N. 1757. 207
'de Châlus , fille de François de Châlus , Baron de
Cordes , & de Jeanne de la Roche-Aimon . Ils eurent
pour enfans Gilbert.de Villelume ,, reça Chevalier
de Malte , le s Mars 1645. Jacques de Villelume
auffi reçu Chevalier de Malte le 26 Janvier
1650 , puis pourvu des Commanderies de Maifonnis
& de Montchamp , & Commandant le
vaiffeau là Sainte Anne , pour le fervice de fa Religion
. Charlotte de Villelume , Abbeffe de Saint
Geneft , & Jean-Charles de Villelume , Seigneur
de Villelume , Barmontel , Vaffé , Châteaubrun
le Theil , & c . Colonel du Régiment de Mercoeur
puis Maréchal de Camp. Il époufa par contrat du
10 Février 1642 , Marie de Moneftay , fille de
Gilbert de Moneftai , Baron des Farges , & da
Claude Dechazeron.
Maximilien.de Villelume leur fils , étoit le pere.
de Marie- Anne de Villelume qui donne lieu à cet
article , & de Marie- Pétronille de Villelume , qui
époufa par contrat du .... Septembre 1710 , Jean
Hautier , Comte de Villemontée , & dont les
enfans qui font Jean-François- Marien Hautierde
Villemontée , Seigneur . de Villemontée , Barmontel
; Jean-Marien Hautier- de Villemontée ,:
Seigneur de Chezelle & des Herards ; Antoine-.
Marien Hautier-de Villemontée , Abbé , Bachelier
de Sorbonne , Nicolas-Marien , Chevalier de Mal-.
te , & Marie-Françoiſe de Villemontée , veuve du
Seigneur de Viry , en Bourbonnois ., font héritiers
des biens de la maifon de Villelume , & fubftituést
aux nom & armes de cette Maiſon aux termes du
contrat de mariage de leur mere. >
La Maiſon de Villelume a pour Armes d'argents
à'dix-befans d'argent 4 , 3 , 2. & 1 , qu'elle écar--
tele de celles de Vaffé.
Meffire. Léonor de Goyon-de Matignon , Eyê.
208 MERCURE DE FRANCE.
que de Coutance , & Abbé de l'Abbaye de Leffay
, Ordre de Saint Benoit , même Dioceſe , eft
mort le 3 Avril en fon Palais Epifcopal , ágé
de quatre- vingts ans.
M, Perrier de Salvert , Commandeur de l'Ordre
Royal & Militaire de Saint-Louis , & Chef
d'Eſcadre des Armées Navales de Sa Majesté , eft
mort à Verſailles le 6 , dans ſa ſoixante-feptieme
année.
44 Meffire Charles - Théophile de Befiade , Marquis
d'Avary , Grand Bailli d'Orléans , & Colonel
dans les Grenadiers de France , mourut à Paris le
17 Avril , dans la vingt-unieme année de fon âge.
Dame Marie-Corneille Guy , veuve de Meffire
Jean- Claude Roffignol , Ecuyer Sieur de Villeplanne
, l'un des cent Gentilshommes ordinaires
de la Maifon du Roi , & Gentilhomme de feu
Monfieur , frere unique du Roi , mourut à Paris
le 27 Avril . Elle étoit fille unique de feu Jacques
Guy, Ecuyer, Confeiller Secretaire du Roi, Maiſon
Couronne de France & de fes Finances , & de
Dame Jeanne Fabre , fon époufe.
Claude Roffignol , Ecuyer , Seigneur de Villeplanne
, pere de Jean- Claude , fut auffi pourva
d'une place de l'un des cent Gentilshommes ordinaires
, dans le commencement que Louis XIV
rétablit cette Compagnie par fa Déclaration du
4 Septembre 1643 .
Les feurs Roffignol , de Boifmeans & de la
Broffe , font les petits- fils de cette Dame.
Frédéric-Jérôme de Roye de la Rochefoucauld ,
Cardinal de la Sainte Egliſe Romaine , Archevêque
de Bourges , Primat des deux Aquitaines
Abbé de l'Abbaye de Beaulieu en Argonne , Congrégation
de Saint Vannes , Diocefe de Verdun ;
de celle de Saint Vandrille , Congrégation de
+
JUIN. 1757: 209
>
de
Saint Maur , Diocefe de Rouen ; de l'Abbaye
Sécularifeé d'Aifnay Dioceſe & Ville
Lyon ; Abbé , Chef Supérieur de tout l'Ordre de
Cluny ; Commandeur de l'Ordre du Saint- Eſprit,
Grand Aumônier de France , & ci- devant Ambaffadeur
du Roi auprès du Saint Siege , mourut à
Paris le 29 Avril , âgé de cinquante- fix ans , neuf
mois & treize jours. La régularité de les moeurs ,
fon efprit de modération , fon application à gouverner
fon Dioceſe & à y maintenir la paix, lapru
dence avec laquelle il s'eft conduit dans des circonftances
également importantes & délicatesį,
le zele qu'il a toujours montré pour concilier les
intérêts de l'Etat avec ceux de l'Eglife , lui avoient
attiré la vénération & l'amour , non-feulement
de fes Diocéfains , mais encore de toute la Nation
. A la mort de l'ancien Evêque de Mirepoix
le Roi chargea le Cardinal de la Rochefoucauld
du Département concernant la nomination aux
Bénéfices. Sa Majeſté crut ne pouvoir remettre en
de meilleur mains le foin de lui préfenter les Sujets
pour les Evêchés , qu'en celles d'un Prélat
qui connoiffoit & rempliffoit fi parfaitement tous
les devoirs de l'Epiſcopat.
Le 30 Avril , le Cardinal de la Rochefoucauld
fut inhumé dans l'Eglife Paroiffiale de Saint Sulpice.
Ayant toujours confervé au milieu des plus
éminentes dignités toute la fimplicité Chrétienne ,
il avoit recommendé dans fes derniers momens
aux dépofitaires de fes volontés , de n'obſerver
dans fes funérailles que ce qu'on faifoit ordinairement
pour les particuliers du fecond ordre de l'Eglife
. On s'eft conformé , autant qu'il a été poffible
, à des intentions fi refpectables & fi édifian→
tes. Mais le concours prodigieux de perfonnes de
tout rang , qui ont accompagné le convoi , a ré
zro MERCURE DE FRANCE.
pandu für cette cérémonie lugubre beaucoup plus.
d'eclat que n'auroit pu faire la plus grande pompe.
Après que l'inhumation du corps eut été faite
dans l'endroit deftiné pour la fépulture des Prêtres
de la Paroiffe , le coeur , qui avoit été donné
au Prieuré de Saint Martin des Champs , y fut
transporté par les Bénédictins Réformés de l'Ordre
de Cluny , qui occupent cette Maiſon . Sur
un Mandement du Supérieur Vicaire Général de
l'étro te obſervance , ces Religieux_firent le 7 de
ce mois dans leur Eglife un Service folemnel pour
le repos de l'ame de l'illuftre Cardinal , qu'ils regrettent
fi fincérement avec toute la France. M. le
Cardinal de Gefvres , & plufieurs Prélats y affifte.
sent , ainfr que M. le Maréchal Duc de Biron , &
un grand nombre de Seigneurs .
Meffire Marie- André- Louis Del Puech-de Laloubiere
, fils unique de Meffire Jean - Pierre-
Louis Del Puech , Seigneur de Laloubiere , & de
Dame Marie-Jeanne Moreau , eft mort à Paffy ,
près Paris , le 4 Mai , âgé de 27 mois quatre
jours ; fa naiffance avoit été annoncée dans le
Mercure de Mars 1755. Il étoit petit -fils de feu
Meffire Louis Del Puech , Seigneur de Laloubiere
, Major du Régiment de Montalet , dénommé
dans le Mercure de Janvier 1755 , à l'article du
mariage de Meffire Jean-François Del Puech -de
Comeïras , Chevalier de l'Ordre Militaire de S.
Louis , Capitaine au Régiment de Cavalerie de
Saluces..
Le Chevalier de Mailly mourut en cette Ville
le S Mai , âgé de 8 ans. Il étoit Chevalier
de l'Ordre de Saint Jean de Jérufalem , & avoit
été Meftre de Camp d'un Régiment de Dragons.
Le Chevalier de Mailly étoit frere du Compte de
Mailly , Chevalier des Ordres du Roi , Lieute
JUIN. 1757.
217
nant- Général des Armées de Sa Majefté , Premier
Ecuyer de Madame la Dauphine ..
Meffire Claude- François le Tellier , Brigadier
d'Infanterie , & ci -devant Capitaine d'une Compagnie
dans le Régiment des Gardes Françoifes ,
mourut en cette Ville le 9 , âgé de foixante-douze
ans.
2
Meffire Nicolas Pajot de Dampierre , Doyen
des Chanoines Honoraires de l'Eglife Métropolitaine
de Paris & Abbé de l'Abbaye de Saint
Loup , Ordre de Saint Auguftin , Dioceſe de
Troyes , eft mort le 11 , dans la foixante-neuvieme
année de fon âge.
Dame Antoinette de Villers-de Rouffeville ,
époufe d'Aane Gédeon , Comte de Joyeuse & de
Grandpré , Lieutenant Général des Provinces de
Champagne & de Brie , mourut à Amiens le 14
Mai 1757 , âgée de 61 ans.
Le fieur Pierre de Coulon , ancien Garde de la
Porte du Roi , eft mort au Château de Monplaifirprès
de Mars-fous-Bourg , âgé d'environ cent
douze ans. Il étoit auffi droit qu'un jeune homme
, & il lifoit encore fans lunettes.
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Résumé : MARIAGES ET MORTS.
En 1757, plusieurs mariages et décès de personnalités notables ont été enregistrés. Le 12 avril, Louis-Auguste de Rohan-Chabot, Comte de Maillé-la-Marche, épousa Élisabeth Louise de La Rochefoucauld. La bénédiction nuptiale fut donnée par le Cardinal de La Rochefoucauld. Le 3 mai, Jacques-François de Carvoisin, Marquis d'Achy, épousa Marie Catherine Jeanne Jubert de Bouville. Leur contrat de mariage avait été signé par Leurs Majestés et la Famille Royale. Parmi les décès notables, Marie-Anne de Villelume-de Bar-montel, Dame de Châteaubrun, décéda à Paris le 6 mars à l'âge de 82 ans. Elle était l'unique descendante de la Maison de Villelume en Auvergne. Léonor de Goyon-de Matignon, Évêque de Coutance, mourut le 3 avril à l'âge de 80 ans. Perrier de Salvert, Commandeur de l'Ordre de Saint-Louis et Chef d'Escadre, décéda à Versailles le 6 juin à 76 ans. Charles-Théophile de Béziade, Marquis d'Avary, mourut à Paris le 17 avril à 21 ans. Marie-Corneille Guy, veuve de Jean-Claude Roffignol, décéda à Paris le 27 avril. Frédéric-Jérôme de La Rochefoucauld, Cardinal et Archevêque de Bourges, mourut à Paris le 29 avril à 56 ans. Marie-André-Louis Del Puech-de Laloubiere décéda à Passy le 4 mai à l'âge de 27 mois. Le Chevalier de Mailly, Chevalier de l'Ordre de Saint Jean de Jérusalem, mourut à 8 ans. Claude-François Le Tellier, Brigadier d'Infanterie, décéda à 72 ans. Nicolas Pajot de Dampierre, Doyen des Chanoines Honoraires de Paris, mourut à 69 ans. Antoinette de Villers-de Rouffeville, épouse de Gédéon de Joyeuse, décéda à Amiens le 14 mai à 61 ans. Pierre de Coulon, ancien Garde de la Porte du Roi, décéda à environ 112 ans.
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1382
p. 207-210
ALLEMAGNE.
Début :
L'Impératrice de Russie a envoyé à tous ses Ministres dans les [...]
Mots clefs :
Dantzig, Impératrice de Russie, Ministres, Roi de Prusse, Attaques, Riposte, Vaisseaux, Dresde, Ordonnance, Recrues, Ordonnances du roi de Prusse, Francfort, Haut-Palatinat, Prise de la ville, Fuite des habitants, Warendorf, Maréchal d'Estrées, Camps militaires, Ennemis
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE DANTZICK , le 24 Mai.
L'IMPERATRICE de Ruffie a envoyé à tous fes
Miniftres dans les Cours Etrangeres le refcrit fuivant
. « Ayant déja témoigné fuffisamment par
» plufieurs Déclarations à toutes les Cours , com-
» bien Nous fommes mécontente de la maniere
» dont le Roi de Pruffe attaque nos Alliés , & que
» Nous fommes réfolue de faire une puiffante di-
» verfion pour leur fecours ; Nous ne le répéteront
point ici. Mais comme on ne peut aider
» nofdits Alliés ni détourner de chez eux le
» fléau de la guerre , qu'en attaquant pareille-
>> ment le Roi de Pruffe dans fes poffeffions ,
» Nous avons ordonné de bloquer d'abord tous
» les Ports de fon Royaume , afin d'y empêcher
» toute entrée & fortie de provifions , & même
» tout commerce , fuivant Pufage de la guerre.
» Ainfi S. M. Imp. charge tous fes Miniftres dans
» les Cours Etrangeres , de communiquer ceci ,
» en ajoutant que nonn--ffeulement on ne permettra
» à aucun Bâtiment d'entrer dans les Ports Pruf-
» fiens ; mais que même , fi quelque Maître de
Navire fe laiffoit employer pour y tranfporter
» des troupes Pruffiennes , de l'artillerie ou des
munitions de guerre, le Bâtiment fera , felon les
208 MERCURE DE FRANCE.
» loix de la guerre , déclaré de bonne prife , fans
» autre formalité. Et l'on a donné en conféquence
>> une note à tous les Miniftres Etrangers , qui
» réfident à Petersbourg. »
Conformement à ce recit , plufieurs Vaiffaux
de l'Impératrice de Ruffie croifent depuis quelques
jours devant les Ports de Memel & de Pillau
, & dans les environs de l'Ile de Hela , fituée
à l'embouchure de la Viftule. Ils fe font emparés
de quatre Navires Pruffiens , dont deux alloient de
Konifberg à Stettin. Les équipages de quelques
Bâtimens ont rapporté qu'ils avoient rencontré
dix-huit Galeres chargées de troupes Ruffiennes ,
faifant route vers la Poméranie .
DE DRESDE , le 2 Juin.
Par une nouvelle Ordonnance , qui vient d'être
fignifiée aux différens cercles de cet Electorat ,
le Directoire Général de Torgau leur demande
une nouvelle fourniture de recrues , montant à
quatre mille deux cens hommes. Il exige que chaque
homme ait au moins cinq preds cing pouces
de hauteur , & qu'aucun ne foit au-deffous de
vingt ans , ni au-deffus de trente ; & qu'ils foient
tout- prêts à être livrés dans trois ſemaines.
On affure que la nuit du 27 au 28 du mois dernier
les troupes Autrichiennes , qui font dans
Prague , ont fait une feconde fortie. Divers avis
confirment que dans celle du 24 elles ont tué
beaucoup de monde aux Pruffiens.
Il paroît deux nouvelles Ordonnances du Roi
de Pruffe. Par la premiere , ce Prince demande
à la Nobleffe de l'Electorat de Saxe une avance de
fix cens mille écus , qu'il promet de rembourfer
après la guerre. La feconde porte que , fi léshaJUILLET.
1757. 209
bitans de Léipfick ne fourniffent pas fans délai la
fomme qui leur a été impofée , on arrêtera dix
d'entr'eux , pris en partie parmi les Magiftrats ,
en partie dans le Corps des Négocians , & que
ces dix perfonnes feront détenues en priſon jufqu'à
l'entier paiement de cette fomme.
DE FRANC FORT , les Juin .
Par les lettres reçues du haut- Palatinat , on a
appris qu'un Corps de 1500 Pruffiens s'eft emparé
de la petite ville de Scwabach , appartenante au
Margrave d'Anfpach , & qu'enfuite ce Corps s'étant
préfenté aux portes de Nuremberg , il a demandé
que les habitans de cette derniere Ville
euffent à déclarer s'ils étoient amis ou ennemis ,
& au cas qu'ils priffent le premier parti , qu'ils
remiffent toute l'artillerie de la Place , finon
qu'on agiroit hoftilement contr'eux. Les villes
de Bamberg & d'Aichfted font dans la derniere
frayeur. Prefque tous les habitans prennent la
fuite. Cependant le bruit vient de fe répandre que
ce détachement Pruffien s'étoit retiré . pour fe
porter dans la Principauté d'Anſpach.
DE WAREN DORFF , le 7 Juin.
9
Le Maréchal d'Eftrées a porté l'armée du Roi
fur l'Embs où elle eft campée en différens
Corps , dont les mouvemens ont été fucceffifs . Il
a laiffé à Tellight une réſerve de huit Bataillons de
Grenadiers Royaux , & d'un Régiment de Dragons.
L'abondance des pluies a tellement gâté les
chemins , que ce Géneral n'a pu encore être joint
par le Corps féparé , que commande le Prince de
Soubize.
Les ennemis fe font raffemblés à Brackwede . Ils
campent fur deux lignes , ayant devant leur cen210
MERCURE DE FRANCE.
tré ce village , & en avant un ruiffeau & des ma→ :
rais. Le Duc de Cumberland a laiffé douze cens
hommes dans Rittberg , dont les abords font
aufà très marécageux.
DE DANTZICK , le 24 Mai.
L'IMPERATRICE de Ruffie a envoyé à tous fes
Miniftres dans les Cours Etrangeres le refcrit fuivant
. « Ayant déja témoigné fuffisamment par
» plufieurs Déclarations à toutes les Cours , com-
» bien Nous fommes mécontente de la maniere
» dont le Roi de Pruffe attaque nos Alliés , & que
» Nous fommes réfolue de faire une puiffante di-
» verfion pour leur fecours ; Nous ne le répéteront
point ici. Mais comme on ne peut aider
» nofdits Alliés ni détourner de chez eux le
» fléau de la guerre , qu'en attaquant pareille-
>> ment le Roi de Pruffe dans fes poffeffions ,
» Nous avons ordonné de bloquer d'abord tous
» les Ports de fon Royaume , afin d'y empêcher
» toute entrée & fortie de provifions , & même
» tout commerce , fuivant Pufage de la guerre.
» Ainfi S. M. Imp. charge tous fes Miniftres dans
» les Cours Etrangeres , de communiquer ceci ,
» en ajoutant que nonn--ffeulement on ne permettra
» à aucun Bâtiment d'entrer dans les Ports Pruf-
» fiens ; mais que même , fi quelque Maître de
Navire fe laiffoit employer pour y tranfporter
» des troupes Pruffiennes , de l'artillerie ou des
munitions de guerre, le Bâtiment fera , felon les
208 MERCURE DE FRANCE.
» loix de la guerre , déclaré de bonne prife , fans
» autre formalité. Et l'on a donné en conféquence
>> une note à tous les Miniftres Etrangers , qui
» réfident à Petersbourg. »
Conformement à ce recit , plufieurs Vaiffaux
de l'Impératrice de Ruffie croifent depuis quelques
jours devant les Ports de Memel & de Pillau
, & dans les environs de l'Ile de Hela , fituée
à l'embouchure de la Viftule. Ils fe font emparés
de quatre Navires Pruffiens , dont deux alloient de
Konifberg à Stettin. Les équipages de quelques
Bâtimens ont rapporté qu'ils avoient rencontré
dix-huit Galeres chargées de troupes Ruffiennes ,
faifant route vers la Poméranie .
DE DRESDE , le 2 Juin.
Par une nouvelle Ordonnance , qui vient d'être
fignifiée aux différens cercles de cet Electorat ,
le Directoire Général de Torgau leur demande
une nouvelle fourniture de recrues , montant à
quatre mille deux cens hommes. Il exige que chaque
homme ait au moins cinq preds cing pouces
de hauteur , & qu'aucun ne foit au-deffous de
vingt ans , ni au-deffus de trente ; & qu'ils foient
tout- prêts à être livrés dans trois ſemaines.
On affure que la nuit du 27 au 28 du mois dernier
les troupes Autrichiennes , qui font dans
Prague , ont fait une feconde fortie. Divers avis
confirment que dans celle du 24 elles ont tué
beaucoup de monde aux Pruffiens.
Il paroît deux nouvelles Ordonnances du Roi
de Pruffe. Par la premiere , ce Prince demande
à la Nobleffe de l'Electorat de Saxe une avance de
fix cens mille écus , qu'il promet de rembourfer
après la guerre. La feconde porte que , fi léshaJUILLET.
1757. 209
bitans de Léipfick ne fourniffent pas fans délai la
fomme qui leur a été impofée , on arrêtera dix
d'entr'eux , pris en partie parmi les Magiftrats ,
en partie dans le Corps des Négocians , & que
ces dix perfonnes feront détenues en priſon jufqu'à
l'entier paiement de cette fomme.
DE FRANC FORT , les Juin .
Par les lettres reçues du haut- Palatinat , on a
appris qu'un Corps de 1500 Pruffiens s'eft emparé
de la petite ville de Scwabach , appartenante au
Margrave d'Anfpach , & qu'enfuite ce Corps s'étant
préfenté aux portes de Nuremberg , il a demandé
que les habitans de cette derniere Ville
euffent à déclarer s'ils étoient amis ou ennemis ,
& au cas qu'ils priffent le premier parti , qu'ils
remiffent toute l'artillerie de la Place , finon
qu'on agiroit hoftilement contr'eux. Les villes
de Bamberg & d'Aichfted font dans la derniere
frayeur. Prefque tous les habitans prennent la
fuite. Cependant le bruit vient de fe répandre que
ce détachement Pruffien s'étoit retiré . pour fe
porter dans la Principauté d'Anſpach.
DE WAREN DORFF , le 7 Juin.
9
Le Maréchal d'Eftrées a porté l'armée du Roi
fur l'Embs où elle eft campée en différens
Corps , dont les mouvemens ont été fucceffifs . Il
a laiffé à Tellight une réſerve de huit Bataillons de
Grenadiers Royaux , & d'un Régiment de Dragons.
L'abondance des pluies a tellement gâté les
chemins , que ce Géneral n'a pu encore être joint
par le Corps féparé , que commande le Prince de
Soubize.
Les ennemis fe font raffemblés à Brackwede . Ils
campent fur deux lignes , ayant devant leur cen210
MERCURE DE FRANCE.
tré ce village , & en avant un ruiffeau & des ma→ :
rais. Le Duc de Cumberland a laiffé douze cens
hommes dans Rittberg , dont les abords font
aufà très marécageux.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En 1757, l'impératrice de Russie a exprimé son mécontentement face aux attaques du roi de Prusse contre ses alliés. Elle a ordonné le blocus des ports prussiens, empêchant toute entrée ou sortie de provisions et de commerce. Des vaisseaux russes patrouillaient devant Memel, Pillau et l'île de Hela, capturant quatre navires prussiens. Des troupes russes se dirigeaient vers la Poméranie. À Dresde, le Directoire Général de Torgau a réclamé 4 200 nouvelles recrues, âgées de 20 à 30 ans et mesurant au moins cinq pieds cinq pouces. Les troupes autrichiennes à Prague avaient lancé des sorties contre les Prussiens. Le roi de Prusse a exigé des avances financières de la noblesse saxonne et des habitants de Leipzig, menaçant d'arrestations en cas de refus. À Francfort, un corps de 1 500 Prussiens avait pris la ville de Schwabach et menacé Nuremberg, avant de se retirer vers la Principauté d'Anspach. À Waren Dorff, le maréchal d'Estrées a déplacé l'armée du roi sur l'Embs, malgré des conditions météorologiques défavorables. Les ennemis étaient rassemblés à Brackwede, et le duc de Cumberland avait laissé 1 200 hommes à Rittberg.
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1383
p. 210
ESPAGNE.
Début :
Les habitants d'Oporto, en punition de leur révolte, sont condamnés à avoir chez [...]
Mots clefs :
Lisbonne, Porto, Punition, Troupes, Emprisonnement, Pendaison, Madrid, Corsaire anglais, Tirs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
DE LISBONNE , le 7 Mai.
Les habitans d'Oporto , en punition de leur révolte
, font condamnés à avoir chez eux , pendant
un temps illimité , un nombre confidérable de
troupes entretenus à leurs dépens. On a ôté au
peuple la prérogative d'avoir voix dans le Sénat.
Les Procureurs de la Ville , & les Corps de métiers
, font fupprimés à perpétuité . Plus de trois
cens perfonnes de tout rang ont été renfermées
dans diverfes prifons. Quoique le Juge du peuple
n'ait préſenté la requête des Bourgeois , qu'après
y avoir été contraint par les féditieux , la Sentence
prononcée contre lui , porte qu'il fera
amende honorable , la corde au col , & qu'il
fera conduit ainfi dans les principales rues par le
Bourreau.
DE MADRID , le 31 Mai.
Un Corfaire Anglois , ayant rencontré un
Vaiffeau des Caraques , a voulu le vifiter . Sur le
refus que ce dernier Bâtiment a fait d'amener
l'Anglois lui a tiré fa bordée , qui a tué deux Eſpagnols
, & en a bleffé plufieurs.
DE LISBONNE , le 7 Mai.
Les habitans d'Oporto , en punition de leur révolte
, font condamnés à avoir chez eux , pendant
un temps illimité , un nombre confidérable de
troupes entretenus à leurs dépens. On a ôté au
peuple la prérogative d'avoir voix dans le Sénat.
Les Procureurs de la Ville , & les Corps de métiers
, font fupprimés à perpétuité . Plus de trois
cens perfonnes de tout rang ont été renfermées
dans diverfes prifons. Quoique le Juge du peuple
n'ait préſenté la requête des Bourgeois , qu'après
y avoir été contraint par les féditieux , la Sentence
prononcée contre lui , porte qu'il fera
amende honorable , la corde au col , & qu'il
fera conduit ainfi dans les principales rues par le
Bourreau.
DE MADRID , le 31 Mai.
Un Corfaire Anglois , ayant rencontré un
Vaiffeau des Caraques , a voulu le vifiter . Sur le
refus que ce dernier Bâtiment a fait d'amener
l'Anglois lui a tiré fa bordée , qui a tué deux Eſpagnols
, & en a bleffé plufieurs.
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Résumé : ESPAGNE.
En Espagne et au Portugal, des mesures sévères sont prises contre les révoltés. À Oporto, les habitants doivent héberger des troupes à leurs frais, perdent leur droit de vote et voient leurs institutions supprimées. Plus de trois cents personnes sont emprisonnées. À Madrid, un corsaire anglais tue deux Espagnols après un refus de visite.
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1384
p. 213
A L'AUTEUR DU MERCURE.
Début :
Monsieur, vous avez consacré dans vos fastes, comme un monument précieux [...]
Mots clefs :
Ordonnance, M. Brou, Corvées, Nouvelles ordonnance
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A L'AUTEUR DU MERCURE.
A L'AUTEUR DU MERCURE.
MONSIEUR, ONSIEUR , VOUS avez confacré dans vos faſtes,
comme un monument précieux de fageffe & d'humanité
, l'Ordonnance de M. de Brou , qui a réglé
& adouci les opérations de la corvée. Voici
une autre Ordonnance du même Magiftrat , qui
enchérit encore fur la premiere , en réduisant à
moitié la tâche impoſée aux Corvéables de cette
Généralité. Je crois , Monfieur , que vous dépoferez
avec plaifir ce nouveau tréfor dans le prochain
Mercure , & que vous me fçaurez gré de
vous l'avoir mis entre les mains. M. de Brou me
fournira fouvent , à ce que je penſe , l'occaſion
dé vous faire de femblables préfens . Il n'eft pas
homme à fe laffer de bien faire. Jamais Intendant
n'a joint à l'efprit & aux talens , autant d'envie de
foulager les peuples & de les rendre heureux .
C'est une juftice que toute la Province lui rend , &
dont je vous prie de publier ce témoignage.
J'ai l'honneur d'être , &c.
De Magny , ce 13 Juin 1757.
MONSIEUR, ONSIEUR , VOUS avez confacré dans vos faſtes,
comme un monument précieux de fageffe & d'humanité
, l'Ordonnance de M. de Brou , qui a réglé
& adouci les opérations de la corvée. Voici
une autre Ordonnance du même Magiftrat , qui
enchérit encore fur la premiere , en réduisant à
moitié la tâche impoſée aux Corvéables de cette
Généralité. Je crois , Monfieur , que vous dépoferez
avec plaifir ce nouveau tréfor dans le prochain
Mercure , & que vous me fçaurez gré de
vous l'avoir mis entre les mains. M. de Brou me
fournira fouvent , à ce que je penſe , l'occaſion
dé vous faire de femblables préfens . Il n'eft pas
homme à fe laffer de bien faire. Jamais Intendant
n'a joint à l'efprit & aux talens , autant d'envie de
foulager les peuples & de les rendre heureux .
C'est une juftice que toute la Province lui rend , &
dont je vous prie de publier ce témoignage.
J'ai l'honneur d'être , &c.
De Magny , ce 13 Juin 1757.
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Résumé : A L'AUTEUR DU MERCURE.
L'auteur félicite le Mercure pour la publication d'une ordonnance de M. de Brou, adoucissant les opérations de la corvée. Il présente une nouvelle ordonnance réduisant de moitié la tâche des corvéables. Il espère sa publication et loue M. de Brou pour son désir de soulager les peuples. La lettre est datée du 13 juin 1757.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1385
p. 213-215
ORDONNANCE de M. l'Intendant de la Généralité de Rouen, qui réduit à moitié la tâche qui avoit été imposée à tous les Corvéables de cette Généralité. Du 12 Mai 1757.
Début :
Antoine-Paul-Joseph Feydeau-de Brou, &c. Etant informés des maux que la [...]
Mots clefs :
Ordonnance, Corvées, Cherté, Articles, Déductions
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texteReconnaissance textuelle : ORDONNANCE de M. l'Intendant de la Généralité de Rouen, qui réduit à moitié la tâche qui avoit été imposée à tous les Corvéables de cette Généralité. Du 12 Mai 1757.
ORDONNANCE de M. l'Intendant de
La Généralité de Rouen , qui réduit à moitié
la tâche qui avoit été impofée à tous les Corvéables
de cette Généralité. Du 12 Mai 1757.
ANTOINE-PAUL- JOSEPH FEYDEAU - DE BROU, &c.
Etant informés des maux que la cherté des bleds ,
occafionnée par la mauvaiſe récolte de l'année
derniere , a produit dans un grand nombre de
Paroiffes de notre Généralité employées aux
travaux de la corvée , quoique les approches de
la récolte , les ordres que nous avons donnés
>
214 MERCURE DE FRANCE.
pour empêcher l'exportation des grains à l'Etran
ger , la liberté & la protection que nous avons
promife & que nous ne cefferons d'accorder au
commerce des bleds dans l'étendue de notre Département
, les mefures même que nous avons
prifes pour l'exciter par des encouragemens , &
engager par des récompenfes à en faire venir , foit
d'autres Provinces , foit des pays étrangers , doivent
nous faire eſpérer une diminution prochaine ;
Nous n'avons pas cru devoir cependant différer
plus long-temps de donner aux habitans de notre
Généralité , les foulagemens que nous chercherons
toujours à leur procurer. Nous avons voulu
aller au devant de leurs befoins , & prévenir par
une diminution générale fur les travaux de la
corvée , les repréſentations qu'ils auroient été
dans le cas de nous adreffer. A ces cauſes , Nous
avons ordonné ce qui fuit :
ART. I. La tâche de tous les Corvéables , tant
Laboureurs que Journaliers de toutes les Paroiffes
de notre Généralité , demeurera réduite à la moitié
de celle qui leur avoit été impolée par les
Mandemens que Nous leur avons ci-devant envoyés.
•
ART. II. Il fera à cet effet par Nous adreffé des
ordres à tous les fous- Ingénieurs , chargés de
l'inſpection des différentes routes pour faire ladite
déduction fur les Mandemens qui ont été remis
entre les mains des Syndics des Paroiffes employées
aux travaux defdites routes .
ART. III. Nonobftant ladite déduction, pourront
néanmoins les Syndics & les Paroiffes , qui auront
rempli les conditions prefcrites par les articles.
XVIII , XIX , XXI & XXII de notre Ordonnance
du 15 Novembre dernier , au fujet des corvées ,
prétendre aux récompenfes qui leur ont été par
Nous promifes , notre intention étant que lesdites
JUILLET. 1757. 215
récompenfes leur foient accordées pour la moitié
de leur tâche , comme fi elles avoient rempli leurdite
tâche en entier ; & fera au furplus notre pré- :
cédente Ordonnance exécutée felon fa forme &
teneur. Sera auffi notre préſente Ordonnance imprimée
, lue , publiée & affichée partout où beſoin
fera dans l'étendue de notre Généralité.
La Généralité de Rouen , qui réduit à moitié
la tâche qui avoit été impofée à tous les Corvéables
de cette Généralité. Du 12 Mai 1757.
ANTOINE-PAUL- JOSEPH FEYDEAU - DE BROU, &c.
Etant informés des maux que la cherté des bleds ,
occafionnée par la mauvaiſe récolte de l'année
derniere , a produit dans un grand nombre de
Paroiffes de notre Généralité employées aux
travaux de la corvée , quoique les approches de
la récolte , les ordres que nous avons donnés
>
214 MERCURE DE FRANCE.
pour empêcher l'exportation des grains à l'Etran
ger , la liberté & la protection que nous avons
promife & que nous ne cefferons d'accorder au
commerce des bleds dans l'étendue de notre Département
, les mefures même que nous avons
prifes pour l'exciter par des encouragemens , &
engager par des récompenfes à en faire venir , foit
d'autres Provinces , foit des pays étrangers , doivent
nous faire eſpérer une diminution prochaine ;
Nous n'avons pas cru devoir cependant différer
plus long-temps de donner aux habitans de notre
Généralité , les foulagemens que nous chercherons
toujours à leur procurer. Nous avons voulu
aller au devant de leurs befoins , & prévenir par
une diminution générale fur les travaux de la
corvée , les repréſentations qu'ils auroient été
dans le cas de nous adreffer. A ces cauſes , Nous
avons ordonné ce qui fuit :
ART. I. La tâche de tous les Corvéables , tant
Laboureurs que Journaliers de toutes les Paroiffes
de notre Généralité , demeurera réduite à la moitié
de celle qui leur avoit été impolée par les
Mandemens que Nous leur avons ci-devant envoyés.
•
ART. II. Il fera à cet effet par Nous adreffé des
ordres à tous les fous- Ingénieurs , chargés de
l'inſpection des différentes routes pour faire ladite
déduction fur les Mandemens qui ont été remis
entre les mains des Syndics des Paroiffes employées
aux travaux defdites routes .
ART. III. Nonobftant ladite déduction, pourront
néanmoins les Syndics & les Paroiffes , qui auront
rempli les conditions prefcrites par les articles.
XVIII , XIX , XXI & XXII de notre Ordonnance
du 15 Novembre dernier , au fujet des corvées ,
prétendre aux récompenfes qui leur ont été par
Nous promifes , notre intention étant que lesdites
JUILLET. 1757. 215
récompenfes leur foient accordées pour la moitié
de leur tâche , comme fi elles avoient rempli leurdite
tâche en entier ; & fera au furplus notre pré- :
cédente Ordonnance exécutée felon fa forme &
teneur. Sera auffi notre préſente Ordonnance imprimée
, lue , publiée & affichée partout où beſoin
fera dans l'étendue de notre Généralité.
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Résumé : ORDONNANCE de M. l'Intendant de la Généralité de Rouen, qui réduit à moitié la tâche qui avoit été imposée à tous les Corvéables de cette Généralité. Du 12 Mai 1757.
L'ordonnance de l'Intendant de la Généralité de Rouen, datée du 12 mai 1757, réduit de moitié la tâche imposée aux corvéables de cette région en raison de la cherté des blés causée par la mauvaise récolte de l'année précédente. Cette décision vise à soulager les habitants malgré les mesures prises pour réguler le commerce des blés et encourager l'importation de grains. L'ordonnance stipule que la tâche des corvéables, qu'ils soient laboureurs ou journaliers, sera réduite à moitié. Des ordres seront adressés aux sous-ingénieurs pour appliquer cette réduction sur les mandements déjà remis aux syndics des paroisses. Les paroisses ayant rempli certaines conditions pourront toujours prétendre aux récompenses promises, mais celles-ci seront accordées pour la moitié de la tâche accomplie. L'ordonnance doit être imprimée, lue, publiée et affichée dans toute l'étendue de la Généralité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1386
p. 197-220
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 5 Juin, Leurs Majestés & la Famille Royale signerent le contrat de mariage [...]
Mots clefs :
Contrats de mariage, Maison de Sorbonne, Portrait, Pape, Roi de France, Famille royale, Compagnie des Mousquetaires, Déserteurs, Électeur palatin, Convention, Articles, Soldats, Officiers, Nouvelle frégate, Armée, Commandement, Ducs, Marquis, Comtes, Madame la Dauphine, Canada, Ennemis, Colonies, Approvisionnement, Bataillons, Forts, Mouvements des troupes, Combats, Français et Anglais, Marquis de Vaudreuil, Expéditions, Maréchal, Victoire, Hamelin, Capitulation, Corsaires , Marchandises, Voyages, Capitaines, Navires
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE
B5 Juin , Leurs Majeftés & la Famille Royale
fignerent le contrat de mariage de M. le Marquis de
Caumont , feul héritier de la maiſon de la Force ,
avec Mademoiſelle Galard de Braffac de Bearn ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
petite- fille du Duc de la Force ; & celui de M. le
Comte de Lorda avec Mademoiſelle de Seignelay.
La maison de Sorbonne fit le 6 une députation
folemnelle au Nonce du Pape , à l'occafion du
préfent que Sa Sainteté a fait de fon Portrait à
cette Maiſon. Le Curé de la Paroiffe de Saint
Paul porta la parole Le Portrait du Pape eft l'original
fait en 1741 par Subleiras , célebre Peintre
François , mort à Rome. Ce préſent eſt d'autant
plus flatteur pour la Maifon de Sorbonne ,
que les Souverains Pontifes ne font point dans l'u
fage de donner leurs Portraits à qui que ce foit.
Sa Sainteté , dans le bref qu'elle a adreflé à la
maiſon , dit « qu'Elle veut bien lui accorder certe
» marque de diftinction , comme un témoignage
» extraordinaire & nouveau de fa bienveillance
» & comme un gage affuré de fon eſtime , afin ,
ajoute-t'elle , que placé au milieu de vous à
côté du Roi Très -Chrétien , Nous foyons con-
» tinuellement fous vos yeux , comme vous êtes
» toujours préfens à notre coeur » . On voit ce tableau
en Sorbonne dans la grande falle des actes,
Il a été mis entre le Portrait du Roi & celui du
Roi de Pologne , Duc de Lorraine & de Bar. Sa
Sainteté avoit envoyé précédemment à la Sorbonne
toutes les éditions de fes ouvrages , & en
particulier le Recueil complet de fes Euvres en
15 vol. in fol.
Le 12 Juin Leurs Majeftés & la Famille
Royale fignerent le contrat de mariage de M. le
Marquis de Marbeuf, Meftre de Camp d'un Régiment
de Dragons de fon nom , avec Mademoifelle
Michel , fille de M. Michel , Directeur de la
Compagnie des Indes .
Le Roi fit le 14 dans la cour du Château la
revue des deux Compagnies des Moufquetaires de
SEPTEMBRE. 1757. 199
fa Garde ordinaire. Sa Majefté paffa dans les
rangs , & après que les deux Compagnies eurent
fait l'exercice , Elle les vit défiler tant à pied qu'à
cheval . Monfeigneur le Dauphin accompagna le
Roi à cette revue .
Le temps fixé par la convention du 4 Juillet
1746 , entre le Roi & l'Electeur Palatin , pour la
reftitution réciproque des Déferteurs , étant expiré
le 3 Juillet de l'année derniere : Sa Majefté vient
de conclure pour le même objet avec Son Alteffe
Electorale Palatine une nouvelle convention >
portant ce qui fuit : « ART. I. Les Cavaliers , Dra-
» gons & Fantaffins , qui déferteront des troupes
>> Françoiſes ou Palatines , & qui pafferont des
» pays ou places d'une domination dans les pays
» ou places de l'autre , feront refpectivement ar-
» rêtés pour être rendus , auquel effet il fera
» donné avis de leur détention , le plutôt que
faire fe pourra , au Gouverneur ou Comman-
» dant de la plus prochaine place de guerre de la
» domination d'où ils auront déferté , afin qu'on
» envoie les chercher . ART. II. Le Gouverneur
≫ou Commandant d'une place , qui aura été averti
» de la détention de quelque déferteur , l'enverra
>> auffi-tôt chercher , & fera payer les frais de la
» prifon & la fimple fubfiftance du prifonnier , à
>> raifon de deux livres de pain par jour pour cha-
» que Cavalier , Dragon ou Fantaffin au prix
» courant de la place où le déferteur fera retenu .
» ART. III . Les déferteurs feront rendus dans le
» même état qu'ils auront été arrêtés , c'eſt- à-
» dire avec leurs chevaux , équipages , habits &
» armes ; & le fourrage qui aura été fourni à leurs
>> chevaux , fera payé de gré à gré fuivant le prix
>> courant des lieux . ART. IV. Les Officiers de
part & d'autre ne pourront pourfuivre ni enle-
>
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
» ver lesdits déſerteurs hors des terres de l'obéif-
» fance de leur Souverain : pourront cependant
» requérir en ce cas les Officiers & habitans des
» terres de la domination du Roi ou de S. A. Elec-
» torale Palatine , où lesdits déferteurs fe trouve-
>> ront , de les arrêter & conduire dans la place
» la plus prochaine de la domination fur laquelle
» ils auront été arrêtés. ART. V. Après la ratification
& publication de la préfente convention ,
» il fera fait très - expreffe défenſe aux habitans du
» plat- pays dans l'étendue des gouvernemens qui
>font fur les frontieres des deux dominations , &
» à tous autres, d'acheter les chevaux , armes , équi-
» pages , habits , & généralement quelque chofe
» que ce puiffe être defdits défetteurs , & même
» de leur donner aucun afyle ou fecours , ni de les
» receler ou de faciliter leur évafion , à peine
» contre les contrevenans de trente livres , mon-
> noie de France , d'amende pour un déferteur à
pied , & de foixante livres pour un Cavalier ou
» Dragon qui défertera à cheval. ART. VI. Pour
» engager les habitans & fujets de part & d'autre
» d'arrêter les déferteurs , & de les conduire dans
la place la plus prochaine de la domination fur
» laquelle ils auront été arrêtés , on eft convenu
» qu'il fera donné trente livres de récompenfe à
» celui ou ceux qui auront arrêté & conduit dans
ladite place un déferteur à pied , & foixante li-
» vres pour un déferteur à cheval , lefquelles
» fommes leur feront payées fur le champ par le
» Gouverneur ou Commandant de ladite place
» lequel fera remboursé par l'Officier qui viendra
» chercher le déferteur. ART. VII. Il est en outre
» convenu que les criminels , qui auront commis
» quelque crime dans l'une des deux dominations ,
» & qui chercheront à fe réfugier dans l'autre
SEPTEMBRE. 1757. 201
» feront arrêtés & rendus à la premiere réquifi-
» tion , moyennant la reftitution des frais qu'ils
>> auront caufés pendant le temps de leur déten-
» tion , fuppofé qu'ils aient été mis en priſon .
» ART. VIII. La préſente convention durera dix
» années , à commencer du 26 Avril de cette an-
» née , & fera publiée & obſervée immédiatement
après l'échange des ratifications dans l'Alface ,
» les trois Evêchés , à Sarre- Louis & autres lieux
» de la Sarre , & dans toute l'étendue des Villes &
» Bailliages de l'Electorat Palatin , & des deux
» Duchés de Bergues & de Juliers , & leurs dépendances
jufqu'au Rhin , & à dix lieues au delà
» de ce fleuve. »
Cette Convention a été fignée le 26 Avril , an
nom du Roi, parM.le Marquis de Paulmy , Miniftre
& Secretaire d'Etat ayant le département de la
guerre , & au nom de l'Electeur Palatin , par M.
le Baron de Grevenbroch , Confeiller d'Etat de ce
Prince , & fon Miniftre Plénipotentiaire à la Cour
de France.
Le Roi étant informé qu'il y a plufieurs Déferteurs
de fes troupes qui ont pris parti dans
celles qui font actuellement dans le Royaume
fans être connus pour tels , & qui par conféquent
ne pourroient , fans commettre une nouvelle défertion
, fatisfaire à l'obligation impofée par
l'Ordonnance d'amniftie , rendue le 20 Avril dernier
, de s'engager dans l'armée que Sa Majeſté a
fait paffer en Allemagne ; Sa Majesté ordonne
tous Soldats , Cavaliers & Dragons qui , aiant déferté
de fes troupes avant le premier Février dernier
, auront pris parti dans d'autres Compagnies
avant le 20 Avril dernier , ne pourront être pour
fuivis pour ladite défertion : Voulant Sa Majeſté ,
qu'ils foient compris dans l'amnistie qu'Elle a
que
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
accordée par fon Ordonnance dudit jour 20 Avril
dernier , à condition qu'ils continueront de fervir
dans lefdites troupes où ils fe trouvent actuellement
engagés , jufqu'à ce que Sa Majefté ayant
rétabli la diftribution des congés d'ancienneté , ils
foient dans le cas d'être renvoyés à leur tour.
Sa Majesté a fait expédier un brevet de Lieutenant
de Frégate au Capitaine Canon .
afin
Selon les avis reçus de Marfeille , M. Couturier
, Echevin de la Ville , y fait conftruire dans
l'Arcenal du Roi une Frégate fur les proportions.
d'un vaiffeau de de Elle eft 54 canons.. guerre
percée fur fon pont pour 26 canons de 18 livres
de balle , & elle aura un entre- deux ponts volant
pour y placer la vogue de 60 avirons , que
dans un temps calme elle puiffe au befoin faire
ufage de fes avirons auffi légérement qu'une galere
. On compte que ce fera le bâtiment le plus
fort , le plus léger & le meilleur voilier , qui ait
été conftruit dans les proportions qu'on lui a
données .
* Le 16 & le 19 Juillet , le Roi tint à Compiegne
le Sceau pour la dixieme & onzième fois .
le
Le même jour 16 , M. le Maréchal Duc de Richelieu
prit congé du Roi , & le lendemain il partit
pour fe rendre à l'armée qu'il va commander fur le
Mein. Les Lieutenans - Généraux , qui feront employés
fous les ordres de ce Général , font le
Comte de Noailles , le Marquis du Mefnil ,
Baron de Montmorency , le Chevalier de Muy ,
le Duc de Duras , le Comte d'Andlau , le Comte
de la Vauguyon , & le Duc d'Havré. Les Maréchaux
de Camp , qui ferviront dans la même
armée , font MM. le Chevalier du Châtelet , de
Planta , le Marquis de Laſtic , le Comte de Lutzelbourg,
le Comte du Luc , le Comte de Vence
SEPTEMBRE. 1757. 203
le Marquis de Voyer , le Marquis de Laval , le
Prince de Beauvau , le Comte de la Guiche , le
Marquis de Béthune , le Marquis de Roquépine ,
le Marquis de Traifnel & le Comte d'Egmond.
Le Marquis de Monteynard eft nommé Maréchal
Général des Logis de cette armée. Le Chevalier
de Redmond fera les fonctions de Maréchal des
Logis de la Cavalerie , & le Comte de Rochambeau
celles de Major Général de l'Infanterie.
Madame la Dauphine apprit le 31 Juillet , par
un Courier que lui dépêcha le Roi , la victoire
Haftembecke. L'émotion que caufe une pareille
nouvelle , fit voir toute fa bonté & ſon humanité.
Cette Princeffe ne s'occupa , dans ce moment critique
, que des inquiétudes des perſonnes de fa
cour , qui ayant de proches parens à cette affaire
pouvoient craindre pour eux quelqu'accident ;
aucune de celles qu'elle pût tranquillifer ou confoler
n'échappa à fon attention.
Le lendemain Madame la Dauphine envoya a
Compiegne M. de Goy- de Didogne , fon Ecuyer
de main en quartier , porter au Roi des lettres de
complimens fur cet heureux événement , & à fon
retour M. de Didogne fut chargé des lettres de
Sa Majefté & de la Famille Royale pour Madame
Ja Dauphine.
T
Le Roi a fait préfent d'une épée au Capitaine la
Fargue , commandant le Corfaire l'Aigle , de
Bayonne en confidération de la prife que ce Capitaine
a faite d'un Corfaire Anglois après un combat
des plus opiniâtres , dans lequel M. la Fargue
a été griévement bleffé . Sa Majesté a accordé
la même marque de diftinction à M. Forestier ,
qui après la bleffure de M. la Fargue a pris le commandement
, & a continué le combat .
On a reçu des lettres du Canada , qui contien-
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
nent le détail de ce qui s'eft paffé dans ce Pays- l
durant l'hyver , relativement à la guerre.
Indépendamment des Partis de Canadiens & de
Sauvages , qui ont été continuellement en campagne
durant l'hyver , & qui , dans les incurfions
qu'ils ont faites fur les ennemis , leur ont tué
beaucoup de monde , & donné l'allarme dans les
Colonies Angloifes , le Marquis de Vaudreuil a
exécuté une expédition , dont l'objet étoit trèsimportant..
Il avoit été informé au mois de Janvier , que
les ennemis avoient raffemblé au Fort Georges ,
fitué fur le Lac Saint - Sacrement , une quantité
très- confidérable d'approvifionnemens de toutes
les efpeces , & qu'ils avoient fait conftruire fous.
le canon de ce Fort un grand nombre de Barques ,
de Bateaux , & d'autres Bâtimens , non feulement
pour le tranfport de ces approvifionnemens
mais encore pour s'affurer la navigation de ce Lac.
Jugeant que tous ces préparatifs étoient deſtinés .
pour les entreprifes que les ennemis fe propo-.
foient d'exécuter au printemps , il forma le projet
de leur en ôter les moyens.
Dans cette vue , il fit un détachement de 1500
hommes , compofé des Piquets des Bataillons
des troupes de terre , dont un de Grenadiers ,
300 Soldats des troupes de la Colonie , 150 Miliciens
, dont une Compagnie de so Volontaires,
& 300 Sauvages. Ce détachement
ayant été
promptement
raffemblé au Fort Saint -Jean , M.
de Rigaud de Vaudreuil , Gouverneur des Trois
Rivieres , qui le commandoit , le fit marcher en
quatre divifions. La premiere partit le 20 Février::
elle étoit compofée de 6 Compagnies mêlées dés
troupes & des Milices de la Colonie avec quelques.
Sauvages Abenakis , & elle étoit commandée par
SEPTEMBRE. 1757. 205
M. de Saint-Martin , Lieutenant de ces troupes.
La feconde que commandoit M. du Chat , Capitaine
au Régiment de Languedoc , étoit compofée
de deux Piquets de troupes de terre , de trois
Compagnies mêlées de la Colonie & de quelques
Sauvages , & elle fe mit en marche le 21. Elle fut
fuivie le lendemain par la troifieme , qui étoit
commandée par M. Coni , Capitaine au Régiment
de Royal Rouffillon , & qui étoit compofée,
comme la feconde. M. de Rigaud devoit partit
le 23 avec le Piquet de Grenadiers , la Compagnie
des Volontaires Canadiens , & le reste des
Sauvages , qui compofoient la quatrieme Divifion;
mais fon départ fut retardé par le dégel
juſqu'au 2 s .
Les quatre Divifions s'étant réunies au Fort de
Carillon , toute la troupe en partit le 15 de Mars ,
la Compagnie de Volontaires Canadiens faifant
l'avant-garde ; & le 17 à fept heures du foir, on fe
trouva à une lieue & demie du Fort Georges.
Le 18 , M. de Rigaud détacha M. Poullariez
Capitaine de Grenadiers du Régiment de Royal
Rouffillon , avec deux autres Officiers , pour aller
reconnoître le Fort , d'une hauteur qui le domine
à environ une demi-lieue de diftance . Quoique
fur le rapport que lui fit M. Poullariez , il ne
pût pas douter que les ennemis ne fuffent informés
defa marche, il fit fes difpofitions pour l'exécution.
des ordres dont il étoit chargé..
Il fe mit en mouvement avec toute fa troupe
l'entrée de la nuit du 18 au 19. Il détacha M. Dumas
, Capitaine , avec deux autres Officiers &
quelques Grenadiers , pour aller reconnoître les
approches du Fort . Le bruit qu'ils ne pouvoient
s'empêcher de faire , en marchant fur la glace ,,
les fit bientôt découvrir ; & ils furent obligés de
206 MERCURE DE FRANCE
rejoindre la troupe. M. de Rigaud prit cependant
le parti de faire mettre le feu aux Bateaux qui
étoient fous le Fort ; mais il n'y en eut qu'un petit
nombre de brûlés . Les ennemis tuerent deux
hommes , & en bleſſerent un autre. Le 20 , M.
de Rigaud fit inveftir le Fort , afin d'en impoſer à
la Garnifon , qu'il fçavoit être de 5 à 6co hommes
d'élite ; & il envoya un détachement de Sauvages
fur le chemin du Fort Lidius , pour en couper
la communication . Il fit même fommer le
Commandant de fe rendre . Cette fommation fixa
l'attention du Commandant aux difpofitions relatives
à la défenſe du Fort ; enforte que la nuit fuivante
il ne fit tirer que quelques coups de canon &
quelques bombes , qui n'empêcherest pas qu'on
ne brûlât beaucoup d'effers.
Le Fort refta encore inveſti le 21 , fans que les
ennemis oſaflent faire aucune fortie . Ils demeurerent
également tranquilles toute la nuit , mais il
tomba en même temps une fi prodigieufe quantité
de neige fondue, qu'il ne fut pas poſſible de mettre
le feu aux dehors . Le temps fut plus favorable la
nuit ſuivante , & l'on en profita pour biûler tout
ce qui étoit dans le Lac & aux environs du Fort ,
malgré le feu d'artillerie & de moufqueterie que
les ennemis firent de leur côté , & qui tua trois
Soldats , & bleſſa un Officier .
Les ennemis ont perdu par cet incendie quatre
Brigantins de 10 à 14 canons , & deux Galeres à
so rames , qu'ils deftinoient pour la navigation
des Lacs ; plus de trois cens cinquante Bateaux de
tranfport ; une quantité confidérable de bois de
conſtruction ; beaucoup d'affûts de campagne ;
un moulin à fcier des planches ; les hangards &
les magafins qui étoient entourés d'un Fort de
pieux , & où il y avoit plus de 4 mille quarts de
SEPTEMBRE . 1757. 207
farine , & d'autres vivres de toute espece à proportion
, des armes , des habillemens , & génétalement
toutes fortes d'uftenciles de campagne ;
les hôpitaux ; plus de 20 maiſons qui étoient tant
en dedans qu'en dehors du Fort de pieux ; & enfin
toute leur provifion de bois de chauffage. Le
Fort eft refté ifolé ; il n'a même été préfervé du
feu , que parce qu'il n'a point fait de vent durant
tout l'incendie .
Dans cette expédition , qui eft une des plus importantes
qu'on pût entreprendre en Canada durant
l'hyver , il n'y a eu que 5 François tués , un
Officier & un Sauvage bleffés , quoiqu'elle ait
été exécutée fous le feu de l'artillerie & de la
moufqueterie du Fort Georges. On ignore lenombre
d'hommes que les ennemis y ont perdu
mais les Canadiens & les Sauvages avoient été pla
cés , de maniere que par le feu de leur moufquete
rie , ils faifoient fouvent ceffer celui des ennemis ..
Ce fuccès eft principalement dû à la fageffe des
difpofitions que M. de Rigaud a faites , à l'attention
avec laquelle il en a fuivi l'exécution , & à la conftance
avec laquelle il a fupporté les fatigues exceffives
du voyage dans une faifon fi rigoureuſe.
Les différens Corps des troupes & des Milices s'y
font également diftingués à tous égards ; & M. de
Rigaud a été infiniment content de la conduite des
Sauvages qui y étoient employés..
On a lieu de l'être pareillement des difpofitions
de toutes les Nations Sauvages de la Colonie . Celles
qui ont de tout temps été fes alliées , donnent
tous les jours de nouvelles preuves de leur fidélité ,
& font continuellement en parti contre les ennemis.
Il y a d'ailleurs quelques Nations affez nombreufes
, & entr'autres les Tétes-plates , qui font X
208 MERCURE DE FRANCE.
entrées nouvellement dans cette alliance , & quí
ont pris part à la guerre. Les Cinq Nations Iroquoifes
ont envoyé une députation des plus folemnelles
au Marquis de Vaudreuil , pour renouveller
leurs anciens engagemens avec la France. Ils ont
promis non feulement de renoncer à tout commerce
avec les ennemis , mais même de fe joindre aux
autres Nations amies de la France pour agir contr'eux.
Les ennemis de leur côté n'ont tenté qu'une expédition
durant l'hyver. Ayant été informés qu'on
devoit faire paffer du Fort Saint-Frédéric au Fort
de Carillon quelques provifions fous l'eſcorte
d'un petit détachement , ils en envoyerent un de
80 hommes , qui enleva les premieres traînes de
ce convoi , & 7 Soldats . Mais le Commandant
du Fort Saint -Frédéric fit marcher un nouveau
détachement , pour couper celui des ennemis
dans fon chemin . Ils tomberent effectivement
dans l'embuſcade . Le combat fut des plus vifs &
des plus opiniâtres. Il refta du côté des ennemis ,
fur le champ de bataille , 40 hommes dont 3 Offi
ciers . On fit & prifonniers , & le refte du détachement
fe fauva dans les bois , où il a péri de
fes bleffures , de maniere qu'il n'en rentra que 3
hommes dans le Fort Georges. Les François en
eurent 11 de tués , & 26 de bleffés . Ils reprirent
les traînes dont les ennemis s'étoient emparés ; &
à l'égard des 7 Soldats que les ennemis avoient
enlevés , il ne s'en trouva que 3 , les 4 autres ayant
été tués. Cette action s'eſt paſſée le 22 Janvier.
M. le Comte de Gifors qui eft arrivé ici le 31 de
Juillet , a apporté au Roi la nouvelle d'une victoire
, que les troupes de Sa Majefté , commandées
par M. le Maréchal d'Eftrées, ont remportée le 26
de ce mois fur l'armée du Duc de Cumberland. M
SEPTEMBRE. 1757. 209
le Maréchal d'Eftrées ayant fait reconnoître le 25
au foir la poſition des ennemis , réfolut de les attaquer
le lendemain. Ils avoient leur droite vers
Hamelen. Devant leur front étoit un marais impraticable.
Leur gauche étoit appuyée à des montagnes
très- hautes , couvertes de bois , & traverfées
par fept ou huits ravins de vingt pieds de
profondeur. Elle avoit à gauche une redoute , &
droite le village de Haftembecke. Dans cette
fituation , les ennemis ne pouvoient être attaqués
que par leur flanc gauche fur un front de
deux cens toifes ou environ , & après que nous
aurions tourné les fommités des montagnes. M.
de Chevert fut détaché pour cet effet le 25 avant
minuit , avec quatre Brigades d'Infanterie. Mais
ayant quatre lieues à faire , il ne put arriver que
le lendemain 26 à neuf heures du matin. Le canon
de l'ennemi commença à tirer dès fix heures. On
y répondit de notre part jufqu'à huit que fe fit la
véritable attaque , & les batteries des ennemis
furent détruites fucceffivement. M. le Marquis
d'Armentieres & M. de Chevert , chacun avec un
corps féparé , chafferent l'ennemi de la montagne
après un feu très-vif. M. le Comte de Montmorency-
Laval , Colonel du Régiment de Guyenne ,
& qui fervoit dans l'armée en qualité d'Aide-
Maréchal Général des Logis , y fut tué. M. le Marquis
du Châtelet , Colonel du Régiment de Navarre
, y fut dangereufement bleffé d'un coup de
fufil au travers du corps , & M. le Marquis de
Belfunce eut le bras percé d'une balle . Cette attaque
ouvrit le chemin aux troupes de notre aîle
droite , compofée de la brigade Autrichienne ; de
celles de Picardie , de Champagne , de Navarre &
de la Marine ; du Régiment du Roi , & des Grenadiers
de France. Ces troupes ont montré la plus
210 MERCURE DE FRANCE..
οι
grande valeur , & particuliérement celles de l'Impératrice
Reine fe font diftinguées dans l'action .
La Cavalerie & la plus grande partie de l'Infanterie
n'ont pu aborder l'ennemi. La brigade de
Champagne a forcé une batterie retranchée ,
il y avoit huit pieces de canon & deux haubits ,
dont elle s'eft emparé ; & l'ennemi , après avoir
eu plus de trois mille hommes tués ou bleffés , a
été obligé d'abandonner fucceffivement tous fes
poftes , pour gagner les gorges qui menent vers
Hanovre. Sa perte auroit été beaucoup plus confidérable
fans un accident qui a mis quelque interruption
dans l'attaque , & qui a retardé la
pourfuite des fuyards. Plufieurs de nos bataillons
marchant dans la montagne à travers des bois , fe
font fufiliés fans fe reconnoître , & c'eft où nous
avons le plus perdu , ayant environ quinze cens
bleffés , quoique le nombre des morts ne monte
pas à cinq cens .
On attend un plus grand détail de cette action .
L'armée du Roi , lorfque M. le Comte de Gifors
en eft parti , étoit établie fort au-delà de l'ancien
camp des ennemis.
Le même jour que le Roi reçut la nouvelle de
cette victoire , Leurs Majeftés affifterent dans la
Chapelle , au Te Deum qui y fut chanté en action
de graces. M. l'Abbé de Gandras , Chapelain du
Roi , y officia. Le Motet étoit de la compofition ,
& fut exécuté ſous la directión de M. Colin- de
Blamont , Surintendant de la Mufique de la Chambre.
Il y eut le foir trois décharges d'artillerie ,
& toute la ville fut illuminée .
Le 7 Août , la Cour a pris le deuil pour trois
femaines , à l'occaſion de la mort de la Reine
Douairiere de Pruffe.
Le même jour , Sa Majefté reçut M. le Comte
SEPTEMBRE. 1757 . 211
de Gifors Chevalier de l'Ordre de S. Louis.
La ville de Hamelen s'étant rendue le 28 Juil
let , il a été ftipulé par la Capitulation , que la
garnifon , compofée de fept cens Heffois , fortiroit
le 30 avec les honneurs de la guerre , mais
fans canon , & qu'elle feroit conduite à Hanovre
avec tous les chevaux & équipages , fans pouvoir
néanmoins emmener ceux appartenans au refte
de l'armée ennemie ; que les Invalides & les Miliciens
, faifant partie de la garniſon , feroient
renvoyés chez eux , & ne pourroient fervir pendant
tout le temps de la guerre ; que le Major
Général Hodemberg , & tous les autres bleflés &
malades renfermés dans la place , feroient prifonniers
de guerre. Ils font au nombre de huit
cens. Les articles de cette Capitulation ont été
réglés entre M. le Maréchal d'Eftrées & le fieur
Brunck , Major Général des troupes Hanovrien-
- nes .
On a trouvé à Hamelen cinquante- quatre canons
de fonte , & dix- neuf de fer ; dix mortiers
de fonte , trois haubits , vingt - huit mille boulets
, & quatre mille bombes ; deux mille fufils ,
cent cinquante - cinq milliers de poudre , deux
cens mille livres de plomb , & des bateaux qui
étoient deftinés à former un pont fur le Wefer .
Selon l'état que le Roi a reçu de la perte faite
par les troupes à la bataille de Haftembecke , il
y a eu dix -fept Officiers tués & cent dix -huit
bleffés. Le nombre des foldats tués monte à mille
trente-huit , & celui des bleffés à onze cens cinquante-
neuf.
L'armée eft demeurée dans fon camp près de
Hamelen, jufqu'au 31 Juillet : l'ennemi étoit alors
à Minden , qui eft à neuf lieuès de cette place . Le
31 , l'armée s'étant miſe en marche paſſa la ri212
MERCURE DE FRANCE.
viere de Hamel ; la referve du Duc de Randan ſe
tenant à Bifphrode , & le corps du Duc de Broglie
à la hauteur de Hamelen. On fut informé le premier
de ce mois , que le Duc de Cumberland
avoit quitté Minden , pour fe retirer à Niembourg
Les Magiftrats de Minden envoyerent des
Députés offrir les clefs de leur Ville. Le 3 Août , le
Duc de Broglie , après avoir fait occuper cette place
par un détachement , repaffa le Wefer avec
fon corps , & fe dirigea fur Remen. Le corps du
Marquis d'Armentieres s'avança vers Harienbourg
à trois lieues de Minden , & celui du Duc
de Randan fe porta près de Hallerfprinck fur le
grand chemin de Hanovre. Le 4 , jour du départ
du courier qui a apporté ces détails , les habitans
de cette derniere Ville n'attendoient que les troùpes
du Roi pour ouvrir leurs portes . M. le Comte
de Platen étoit chargé de venir traiter des contributions
de l'Electorat. M. le Maréchal- Duc de Richelieu
eft arrivé le 3 au foir au quartier général
d'Oldendorff, &, comme l'ancien de M. le Maréchal
d'Eftrées , il a pris le commandement de l'armée.
Il y eut le 27 Juillet à Saint-Dié , en Lorraine ,
un incendie , qui a réduit en cendres l'Hôtel de
Ville , le Couvent des Capucins , les prifons , &
cent feize maifons , dans lefquelles on comptoir
près de trois cens ménages.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , comman
dé par le Capitaine Jacques Bonvarlet , s'eft emparé
du Brigantin le Molley , de Linn , de 120
tonneaux , chargé de fer & de planches ; & il l'a
ranconné pour 630 livres fterlings.
Le même Corfaire s'eft rendu maître des Navires
Anglois le Samuel & le Thomas : le premier ,
armé de 6 canons , a pour cargaiſon 6 12 facs de
SEPTEMBRE. 1757. 213
farine , & des légumes ; le fecond eft chargé de
charbon de terre.
Le Bateau la Princeffe de Galles , de Carmar
then , de 70 tonneaux , chargé d'avoine & de
quelques barrils de beurre , dont le Corfaire le
+ Prince de Condé , de Boulogne , s'eft emparé ,
a été conduit à Calais.
La Corvette la Diligente a pris & conduit à la
Hougue , le petit Corfaire Anglois le Duc de
Marlborough , de Grenezey , armé de 4 canons
10 pierriers , & de 23 hommes d'équipage.
•
Il eft arrivé à Cherbourg un Navire d'environ
300 tonneaux , chargé d'huile fine , que le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , de Saint-Malo ,
enlevé aux Anglois qui s'en étoient emparés.
Par des lettres écrites de Marfeille , on a été
informé de l'arrivée en ce port des Navires Anglois
la Tofcane , de 350 tonneaux , chargé de
faie & de raifins de Corinthe ; la Sirene & le
Guillaume Elizabeth , n'ayant pour cargaifon
que des raifins de Corinthe. Ces priſes ont été faites
, les deux premieres par le Capitaine Megy
commandant le Corfaire la Marie Défirée , la
troifieme par le Corfaire l'Heureufe Therefe.
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau , commandant la Frégate du Roi la Thétis
, ayant avec lui la Frégate la Pomone , commandée
par le fieur Hector , s'eft rendu maître du
Corfaire Anglois le Boscawen , ( ci- devant le
Mefnil- Montant , de Nantes , ) armé de 22 ca
nons , & de 102 hommes déquipages ; il l'a fait
conduire à Saint- Nazaire au bas de la riviere de
Nantes .
Le Corfaire la Comteffe de Bentheim , de Saints
Malo , y eft rentré avec deux Navires Anglois ,
l'un de 200 tonneaux , qui venoit de la Caroling
214 MERCURE DE FRANCE.
avec une cargaifon d'indigo , de café , de peau
de caftor , de riz & de bois de Campeche ; l'au
tre de 150 tonneaux , chargé de falaiſons . Le même
Corfaire a fait une autre priſe de 120 tonneaux
, qui a été conduite à Perros , & dont le
chargement confifte en huile de Baleine , & en
taffia.
Le Tavignon , autre Corfaire de Saint -Malo ,
a pris & fait conduire au Port Louis le Navire Anglois
le Baal , de Londres , de 160 tonneaux ,
chargé de fucre , de coton , de gingembre , &
de taffia.
Le Navire Anglois le Gorges , chargé de riz , a
été pris par le Corfaire la Nouvelle Saxonne , de
Bordeaux , & conduit à Breft.
Le Corfaire la Bafquaife , de Saint-Jean- de-
Luz , y a conduit le Navire Anglois le Falmouth ,
de Glafcow , dont le chargement confifte en ballots
, & en une caifle contenant diveries marchandifes
.
Le Capitaine Louis Simon , commandant le
Corfaire le Bien -Aimé , de Marſeille , s'eft rendu :
maître du Corſaire Anglois le Blackney , de 16
canons , 24 pierriers , & 71 hommes d'équipa
ge. Il s'eft auffi emparé du Navire la Jeanne Sara,
chargé d'huile & de raifins .
La Sainte-Barbe , le Jefus Maria , Sainte-An=
ne , & la Junon , autres Corfaires de Marſeille
y ont auffi fait conduire les Navires Anglois le
Patfey chargé de bled , le Préfervé , ayant pour
chargement des raifins de Corinthe & d'autres
marchandifes , & la Galere Stapleton , qui n'a
fon left.
que
Le Capitaine Morel , qui commande le Cor
faire l'Actif, de Dunkerque , s'eft emparé des
Bateaux Anglois la Sufanne , de Montroff , le
SEPTEMBRE. 1757. 215
Bon Accord , de Petershead , la Catherine , de
Montroff , & l'Elizabeth , d'Airth en Ecoffe , &
il les a rançonnés pour 12720 livres . Il s'eft auffi
rendu maître des Navires le Dodgfon , de 120 tonneaux
, chargé d'indigo , de fucre , de café , de
quinquina , de tabac & de riz ; la Jeanne , de
Leith , dont la cargaifon eft compofée de fucre ,
de cuirs & de laine ; & l'Escap , de Portfoy , chargé
de charbon de terre & de fel.
Le Saint-Louis , autre Corfaire de Dunkerque ,
dont eft Capitaine le fieur Bachelier , a rançonné
pour 9600 livres les Navires Anglois le Thomus
Elizabeth & le Guillaume , dont il s'étoit emparé.
Les Navires Anglois , la Charmante Marthe
chargé de 30 futailles d'indigo , d'un boucaut &
onze paquets de pelleteries , de riz , &c. & le
Jean-Jofeph , chargé de falaifons , ont été pris
par le Corfaire le Comte de Grammont , & font arrivés
à Bayonne.
Le même Corfaire a fait , conjointement avec
le Corfaire le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
une autre prife chargée de fucre & de tabac , qui
a été conduite à Guetaris près de Saint- Sébaſtien.
Le Corfaire la Comteſſe de Grammont a fait conduire
à Bayonne les Navires Anglois le Grampes,
de Liverpool , fur lequel on a trouvé 8000 livres
en piaftres , & dont la cargaiſon confiſte en diverfes
marchandiſes propres pour la traite des Negres
, & le Triton , de Rodyland , armé de 6 canons
& 6 pierriers , qui a pour chargement des
balloteries.
Il eft auffi arrivê à Bayonne un Navire Anglois,
appellé l'Antelope , qui a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de ce Port , & qui eft chargé de
viandes falées.
La Goëlette la Surpriſe a pris un Brigantin Ang
216 MERCURE DE FRANCE.
glois de 100 tonneaux , dont la cargaiſon eſt com .
pofé de balloteries , & de deux rangs de futailles
dont on ignoroit encore le contenu .
>
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi la
Thétis , ayant avec lui la Frégate la Pomone ,
commandée par le fieur Hector , s'eft emparé le
26 du mois dernier des Corfaires Anglois le Volcan
, de Londres , & le Bofcawen , de Jerzey ,
armés , l'un de 20 canons , 10 pierriers , & 59
hommes ; l'autre de 4 canons , 8 pierriers , &
32 hommes d'équipage. Ces deux Corfaires , pris
à 4 lieues au Nord- Ouest des Glenans , ont été
conduits au Port - Louis .
Le Corfaire le Prince de Condé , de Boulogne ,
a pris & conduit à Calais un Brigantin Anglois ,
de 70 tonneaux , chargé d'avoine.
Le Capitaine Papin , qui commande le Corfaire
l'Hyver , du Havre , a rançonné pour 26000
livres le Navire le Molly , dont il s'étoit rendu
maître ; & il a conduit à Breft un Bâtiment chargé
de chandelle & de falaifons.
Le Corfaire le Machault , de Granville , a pris
& fait conduire dans la Rade de l'Ile de Bas un
Brigantin Anglois , qui eft auffi chargé de falaifons
& de chandelle .
On mande de Nantes , que le Corfaire le Maréchal
de Richelieu , de ce port , y eft rentré avec
un Navire Anglois dont il s'eft emparé , & dont
la cargaiſon confifte en 250 barriques de fucre.
Le Corfaire le Machault , de Saint - Malo , a enlevé
au Corfaire Anglois le Duc de Bedfort , de
Dublin , une Barque Efpagnole , chargée de 150
balles de café de moka , 100 demi - balles de café
de Bourbon , 16 balles de marchandiſes des Indes
, & de quelques bois de teinture,
Le
1
+
SEPTEMBRE . 1757. 217
Le Saint - Florentin & le Puyzieulx , autres
Corfaires de Saint- Malo , fe font emparé , l'un
d'un Navire Anglois venant de la Caroline , avec
un chargement compofé de 900 barriques de riz ,
& de quelques dents d'Eléphant ; l'autre du Corfaire
la Mary-Galley , de Guernezey , armé de 4
canons , 6 pierriers , & 41 hommes d'équipage.
Les Navires Anglois le Dehel , de 70 tonneaux,
chargé de charbon de terre , & le Falmouth , dont
la cargaifon confifte en fel & autres marchandifes
, ont été pris par le Corfaire le Comte d'Hé
rouville, de Bordeaux , & conduits à Breft.
Le Corfaire l'aimable Françoife , de Bayonne ,
s'eft rendu maître des Navires Anglois la Marthe
Anne , chargé de boeuf , petit- falé , beurre &
fromage ; & la Charmante Nancy , de la nouvelle
Yorck , qui a pour cargaifon des toiles , du
fil de carret , & autres marchandiſes . Ces deux
priſes font arrivées , l'une à Saint - Sébaſtien , l'au
tre à Saint- Jean - de- Luz.
Le Navire Anglois le Dauphin , de Juingmouth
, allant à Terre - Neuve , avec 150 hommes
d'équipage , & une partie affez confidérable
de boeuf, de tan & de fuif, a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de Saint -Jean-de - Luz.
On apprend par des lettres écrites de Marſeille ,
que le Corfaire le Tigre , de ce Port , a pris & y
a fait conduire le Navire Anglois le Guillaume,
chargé d'huile.
On a été informé que M. du Reveft , commandant
une des Efcadres que le Roi a fait armer à
Toulon , s'eft rendu maître du Navire Anglois
Les deux Freres , armé de 16 canons , 25 hommes
d'équipage , & chargé de fucre , de café &
d'indigo . Le conducteur de cette priſe , qui eft
arrivée à Cadix , a rapporté que M. du Revest
K
218 MERCURE DE FRANCE.
s'eft emparé d'un autre Bâtiment Anglois , appellé
le Dobbs- Galley , de 190 tonneaux , dont la
cargaifon confiftoit en goudron , tabac & quelques
paquets de pelleteries , & qu'on a mis le feu
à ce dernier Navire , qui n'étoit pas en état de naviger.
Les Corfaires le Machault de Dunkerque , &
L'Amaranthe , de Dieppe , fe font emparé de huit
Bâtimens Anglois , chargés de charbon de terre
& de meules de moulin . Une de ces prifes eft arri
vée à Dunkerque quatre autres ont relâché à
Oftende , & l'on a eu avis de Terveer , qu'il en
eft entré deux dans ce Port.
Le Corfaire la Princeſſe de Soubize a pris un Ba
teau Anglois , chargé de boeuf falé , & il l'a fait
conduire à Breft..
Le Senaw Anglois l'Edward , qui alloit de la
Caroline à Londres avec une cargaiſon compofée
d'indigo , de café , de fucre , de brai & de pelleteries
, a été pris par le Coifaire le Vainqueur ,
de Bayonne. de çe
Les Corfaires le Comte de Grammont ,
Port , & le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
ont enlevé au Corfaire Anglois la Défiance , de
Briſtol , un Navire dont il s'étoit emparé , & qui
a pour chargement du fucre , du tabac & du bois
de bréfil .
" Le Capitaine Marfans-Haraneder , qui commande
le Corfaire la Bafquaife , de Saint Jeande
Luz , a rançonné pour 290 livres sterlings un
Navire Anglois , dont il s'étoit rendu maître , &
il a conduit dans ce Port un autre Bâtiment Anglois
nommé le Lady - Strauge , de Liverpool ,
chargé de balloteries.
Le Navire le Mari , de Waterford , chargé de
fel , de beurre , de lard & de farine , a été pris
SEPTEMBRE . 1757. 219
par le Corfaire le Mars , & conduit à Bayonne.
Le Capitaine Danglade , commandant le Corfaire
la Françoife , de ce Port , s'eft rendu maître
du Navire Anglois l'Industrie , chargé de 300
boucauts de tabac. Ce Bâtiment eft arrivé par relâche
à Saint- Sébastien .
Le Corfaire le Comte de Maurepas , commandé
par le Capitaine Jean- Baptifte de Cock , a rançonné
quinze Bâtimens ennemis pendant les deux
mois de fa feconde courſe. Le fieur de Cock a
conduit dans le port de Dunkerque les ôtages, qui
lui ont été remis pour la fûreté de ces différentes
rançons. Ce Capitaine eft le même , qui dans le
mois d'Octobre de l'année derniere n'ayant que
16 canons , foutint un combat devant Calais , contre
un Vaiffeau Anglois de 36 , & qui à la fin de
Décembre fe défendit près d'Oftende contre qua
tre Corfaires , dont un de 16 canons , un de 12 ,
& les deux autres de 8. Dans ces deux actions , il
montoit le même Corfaire le Comte de Mau-.
repas.
Le fieur de Kerfaint & le fieur de Caumont ,
Capitaines de Vaiffeaux , qui étoient partis de
Breft à la fin du mois de Novembre dernier , avec
trois Vaiffeaux & trois Frégates , font arrivés à la
Martinique le 17 & le 20 Mai , après avoir croisé
féparément fur différentes parties de la côte d'Afrique
. Il fe font emparés fur cette côte de plufieurs
Navires Anglois, qui y faifoient la traite des
Negres , & le fieur de Kerfaint avoit pris dans fa
route au Cap Verd le Corfaire le Boscawen , de
Londres , & les Navires le Sphinx & le Wilkinton
Il a conduit à la Martinique , tant fur les Vaiffeaux
de Sa Majefté , que fur trois Bâtimens qu'il a confervés
des prifes qu'il a faites , onze cens Negres ,
indépendamment de ceux que le fieur de Cau
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
mont a enlevés , & qu'il y a conduits également.
A l'égard des prifonniers , le fieur de Kerfaint en
a débarqué 94 à l'Ile de Bonneviſte , & 71 au
grand Jonk , fur les inftances que les uns & les
autres lui en ont faites , & il a mené le ſurplus à
la Martinique .
Le fieur de l'Ile de Beauchefne , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi le
Zéphyr , s'eft rendu maître du Corfaire Anglois le
Roi de Pruffe , de Briſtol , armé de 20 canons
16 pierriers , 90 hommes d'équipage , & il l'a fait
conduire à Rochefort .
Un autre Corſaire Anglois , appellé le Saint-
Olive , de Londres , de 18 canons , 20 pierriers
& 97 hommes d'équipage , a été pris & conduit
à Breft par le fieur de Longueval , Lieutenant de
Vaiffeau , commandant la Corvette du Roi l'EScarboucle.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , s'eft emparé
du Brigantin Anglois le Dauphin , chargé de
bois de campêche , & il l'a rançonné pour 19200
livres.
Le Corfaire la Marquise de Beringhen a auffi
rançonné pour 45 livres fterlings un petit Bâtiment
Anglois,
LE
B5 Juin , Leurs Majeftés & la Famille Royale
fignerent le contrat de mariage de M. le Marquis de
Caumont , feul héritier de la maiſon de la Force ,
avec Mademoiſelle Galard de Braffac de Bearn ,
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
petite- fille du Duc de la Force ; & celui de M. le
Comte de Lorda avec Mademoiſelle de Seignelay.
La maison de Sorbonne fit le 6 une députation
folemnelle au Nonce du Pape , à l'occafion du
préfent que Sa Sainteté a fait de fon Portrait à
cette Maiſon. Le Curé de la Paroiffe de Saint
Paul porta la parole Le Portrait du Pape eft l'original
fait en 1741 par Subleiras , célebre Peintre
François , mort à Rome. Ce préſent eſt d'autant
plus flatteur pour la Maifon de Sorbonne ,
que les Souverains Pontifes ne font point dans l'u
fage de donner leurs Portraits à qui que ce foit.
Sa Sainteté , dans le bref qu'elle a adreflé à la
maiſon , dit « qu'Elle veut bien lui accorder certe
» marque de diftinction , comme un témoignage
» extraordinaire & nouveau de fa bienveillance
» & comme un gage affuré de fon eſtime , afin ,
ajoute-t'elle , que placé au milieu de vous à
côté du Roi Très -Chrétien , Nous foyons con-
» tinuellement fous vos yeux , comme vous êtes
» toujours préfens à notre coeur » . On voit ce tableau
en Sorbonne dans la grande falle des actes,
Il a été mis entre le Portrait du Roi & celui du
Roi de Pologne , Duc de Lorraine & de Bar. Sa
Sainteté avoit envoyé précédemment à la Sorbonne
toutes les éditions de fes ouvrages , & en
particulier le Recueil complet de fes Euvres en
15 vol. in fol.
Le 12 Juin Leurs Majeftés & la Famille
Royale fignerent le contrat de mariage de M. le
Marquis de Marbeuf, Meftre de Camp d'un Régiment
de Dragons de fon nom , avec Mademoifelle
Michel , fille de M. Michel , Directeur de la
Compagnie des Indes .
Le Roi fit le 14 dans la cour du Château la
revue des deux Compagnies des Moufquetaires de
SEPTEMBRE. 1757. 199
fa Garde ordinaire. Sa Majefté paffa dans les
rangs , & après que les deux Compagnies eurent
fait l'exercice , Elle les vit défiler tant à pied qu'à
cheval . Monfeigneur le Dauphin accompagna le
Roi à cette revue .
Le temps fixé par la convention du 4 Juillet
1746 , entre le Roi & l'Electeur Palatin , pour la
reftitution réciproque des Déferteurs , étant expiré
le 3 Juillet de l'année derniere : Sa Majefté vient
de conclure pour le même objet avec Son Alteffe
Electorale Palatine une nouvelle convention >
portant ce qui fuit : « ART. I. Les Cavaliers , Dra-
» gons & Fantaffins , qui déferteront des troupes
>> Françoiſes ou Palatines , & qui pafferont des
» pays ou places d'une domination dans les pays
» ou places de l'autre , feront refpectivement ar-
» rêtés pour être rendus , auquel effet il fera
» donné avis de leur détention , le plutôt que
faire fe pourra , au Gouverneur ou Comman-
» dant de la plus prochaine place de guerre de la
» domination d'où ils auront déferté , afin qu'on
» envoie les chercher . ART. II. Le Gouverneur
≫ou Commandant d'une place , qui aura été averti
» de la détention de quelque déferteur , l'enverra
>> auffi-tôt chercher , & fera payer les frais de la
» prifon & la fimple fubfiftance du prifonnier , à
>> raifon de deux livres de pain par jour pour cha-
» que Cavalier , Dragon ou Fantaffin au prix
» courant de la place où le déferteur fera retenu .
» ART. III . Les déferteurs feront rendus dans le
» même état qu'ils auront été arrêtés , c'eſt- à-
» dire avec leurs chevaux , équipages , habits &
» armes ; & le fourrage qui aura été fourni à leurs
>> chevaux , fera payé de gré à gré fuivant le prix
>> courant des lieux . ART. IV. Les Officiers de
part & d'autre ne pourront pourfuivre ni enle-
>
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
» ver lesdits déſerteurs hors des terres de l'obéif-
» fance de leur Souverain : pourront cependant
» requérir en ce cas les Officiers & habitans des
» terres de la domination du Roi ou de S. A. Elec-
» torale Palatine , où lesdits déferteurs fe trouve-
>> ront , de les arrêter & conduire dans la place
» la plus prochaine de la domination fur laquelle
» ils auront été arrêtés. ART. V. Après la ratification
& publication de la préfente convention ,
» il fera fait très - expreffe défenſe aux habitans du
» plat- pays dans l'étendue des gouvernemens qui
>font fur les frontieres des deux dominations , &
» à tous autres, d'acheter les chevaux , armes , équi-
» pages , habits , & généralement quelque chofe
» que ce puiffe être defdits défetteurs , & même
» de leur donner aucun afyle ou fecours , ni de les
» receler ou de faciliter leur évafion , à peine
» contre les contrevenans de trente livres , mon-
> noie de France , d'amende pour un déferteur à
pied , & de foixante livres pour un Cavalier ou
» Dragon qui défertera à cheval. ART. VI. Pour
» engager les habitans & fujets de part & d'autre
» d'arrêter les déferteurs , & de les conduire dans
la place la plus prochaine de la domination fur
» laquelle ils auront été arrêtés , on eft convenu
» qu'il fera donné trente livres de récompenfe à
» celui ou ceux qui auront arrêté & conduit dans
ladite place un déferteur à pied , & foixante li-
» vres pour un déferteur à cheval , lefquelles
» fommes leur feront payées fur le champ par le
» Gouverneur ou Commandant de ladite place
» lequel fera remboursé par l'Officier qui viendra
» chercher le déferteur. ART. VII. Il est en outre
» convenu que les criminels , qui auront commis
» quelque crime dans l'une des deux dominations ,
» & qui chercheront à fe réfugier dans l'autre
SEPTEMBRE. 1757. 201
» feront arrêtés & rendus à la premiere réquifi-
» tion , moyennant la reftitution des frais qu'ils
>> auront caufés pendant le temps de leur déten-
» tion , fuppofé qu'ils aient été mis en priſon .
» ART. VIII. La préſente convention durera dix
» années , à commencer du 26 Avril de cette an-
» née , & fera publiée & obſervée immédiatement
après l'échange des ratifications dans l'Alface ,
» les trois Evêchés , à Sarre- Louis & autres lieux
» de la Sarre , & dans toute l'étendue des Villes &
» Bailliages de l'Electorat Palatin , & des deux
» Duchés de Bergues & de Juliers , & leurs dépendances
jufqu'au Rhin , & à dix lieues au delà
» de ce fleuve. »
Cette Convention a été fignée le 26 Avril , an
nom du Roi, parM.le Marquis de Paulmy , Miniftre
& Secretaire d'Etat ayant le département de la
guerre , & au nom de l'Electeur Palatin , par M.
le Baron de Grevenbroch , Confeiller d'Etat de ce
Prince , & fon Miniftre Plénipotentiaire à la Cour
de France.
Le Roi étant informé qu'il y a plufieurs Déferteurs
de fes troupes qui ont pris parti dans
celles qui font actuellement dans le Royaume
fans être connus pour tels , & qui par conféquent
ne pourroient , fans commettre une nouvelle défertion
, fatisfaire à l'obligation impofée par
l'Ordonnance d'amniftie , rendue le 20 Avril dernier
, de s'engager dans l'armée que Sa Majeſté a
fait paffer en Allemagne ; Sa Majesté ordonne
tous Soldats , Cavaliers & Dragons qui , aiant déferté
de fes troupes avant le premier Février dernier
, auront pris parti dans d'autres Compagnies
avant le 20 Avril dernier , ne pourront être pour
fuivis pour ladite défertion : Voulant Sa Majeſté ,
qu'ils foient compris dans l'amnistie qu'Elle a
que
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
accordée par fon Ordonnance dudit jour 20 Avril
dernier , à condition qu'ils continueront de fervir
dans lefdites troupes où ils fe trouvent actuellement
engagés , jufqu'à ce que Sa Majefté ayant
rétabli la diftribution des congés d'ancienneté , ils
foient dans le cas d'être renvoyés à leur tour.
Sa Majesté a fait expédier un brevet de Lieutenant
de Frégate au Capitaine Canon .
afin
Selon les avis reçus de Marfeille , M. Couturier
, Echevin de la Ville , y fait conftruire dans
l'Arcenal du Roi une Frégate fur les proportions.
d'un vaiffeau de de Elle eft 54 canons.. guerre
percée fur fon pont pour 26 canons de 18 livres
de balle , & elle aura un entre- deux ponts volant
pour y placer la vogue de 60 avirons , que
dans un temps calme elle puiffe au befoin faire
ufage de fes avirons auffi légérement qu'une galere
. On compte que ce fera le bâtiment le plus
fort , le plus léger & le meilleur voilier , qui ait
été conftruit dans les proportions qu'on lui a
données .
* Le 16 & le 19 Juillet , le Roi tint à Compiegne
le Sceau pour la dixieme & onzième fois .
le
Le même jour 16 , M. le Maréchal Duc de Richelieu
prit congé du Roi , & le lendemain il partit
pour fe rendre à l'armée qu'il va commander fur le
Mein. Les Lieutenans - Généraux , qui feront employés
fous les ordres de ce Général , font le
Comte de Noailles , le Marquis du Mefnil ,
Baron de Montmorency , le Chevalier de Muy ,
le Duc de Duras , le Comte d'Andlau , le Comte
de la Vauguyon , & le Duc d'Havré. Les Maréchaux
de Camp , qui ferviront dans la même
armée , font MM. le Chevalier du Châtelet , de
Planta , le Marquis de Laſtic , le Comte de Lutzelbourg,
le Comte du Luc , le Comte de Vence
SEPTEMBRE. 1757. 203
le Marquis de Voyer , le Marquis de Laval , le
Prince de Beauvau , le Comte de la Guiche , le
Marquis de Béthune , le Marquis de Roquépine ,
le Marquis de Traifnel & le Comte d'Egmond.
Le Marquis de Monteynard eft nommé Maréchal
Général des Logis de cette armée. Le Chevalier
de Redmond fera les fonctions de Maréchal des
Logis de la Cavalerie , & le Comte de Rochambeau
celles de Major Général de l'Infanterie.
Madame la Dauphine apprit le 31 Juillet , par
un Courier que lui dépêcha le Roi , la victoire
Haftembecke. L'émotion que caufe une pareille
nouvelle , fit voir toute fa bonté & ſon humanité.
Cette Princeffe ne s'occupa , dans ce moment critique
, que des inquiétudes des perſonnes de fa
cour , qui ayant de proches parens à cette affaire
pouvoient craindre pour eux quelqu'accident ;
aucune de celles qu'elle pût tranquillifer ou confoler
n'échappa à fon attention.
Le lendemain Madame la Dauphine envoya a
Compiegne M. de Goy- de Didogne , fon Ecuyer
de main en quartier , porter au Roi des lettres de
complimens fur cet heureux événement , & à fon
retour M. de Didogne fut chargé des lettres de
Sa Majefté & de la Famille Royale pour Madame
Ja Dauphine.
T
Le Roi a fait préfent d'une épée au Capitaine la
Fargue , commandant le Corfaire l'Aigle , de
Bayonne en confidération de la prife que ce Capitaine
a faite d'un Corfaire Anglois après un combat
des plus opiniâtres , dans lequel M. la Fargue
a été griévement bleffé . Sa Majesté a accordé
la même marque de diftinction à M. Forestier ,
qui après la bleffure de M. la Fargue a pris le commandement
, & a continué le combat .
On a reçu des lettres du Canada , qui contien-
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
nent le détail de ce qui s'eft paffé dans ce Pays- l
durant l'hyver , relativement à la guerre.
Indépendamment des Partis de Canadiens & de
Sauvages , qui ont été continuellement en campagne
durant l'hyver , & qui , dans les incurfions
qu'ils ont faites fur les ennemis , leur ont tué
beaucoup de monde , & donné l'allarme dans les
Colonies Angloifes , le Marquis de Vaudreuil a
exécuté une expédition , dont l'objet étoit trèsimportant..
Il avoit été informé au mois de Janvier , que
les ennemis avoient raffemblé au Fort Georges ,
fitué fur le Lac Saint - Sacrement , une quantité
très- confidérable d'approvifionnemens de toutes
les efpeces , & qu'ils avoient fait conftruire fous.
le canon de ce Fort un grand nombre de Barques ,
de Bateaux , & d'autres Bâtimens , non feulement
pour le tranfport de ces approvifionnemens
mais encore pour s'affurer la navigation de ce Lac.
Jugeant que tous ces préparatifs étoient deſtinés .
pour les entreprifes que les ennemis fe propo-.
foient d'exécuter au printemps , il forma le projet
de leur en ôter les moyens.
Dans cette vue , il fit un détachement de 1500
hommes , compofé des Piquets des Bataillons
des troupes de terre , dont un de Grenadiers ,
300 Soldats des troupes de la Colonie , 150 Miliciens
, dont une Compagnie de so Volontaires,
& 300 Sauvages. Ce détachement
ayant été
promptement
raffemblé au Fort Saint -Jean , M.
de Rigaud de Vaudreuil , Gouverneur des Trois
Rivieres , qui le commandoit , le fit marcher en
quatre divifions. La premiere partit le 20 Février::
elle étoit compofée de 6 Compagnies mêlées dés
troupes & des Milices de la Colonie avec quelques.
Sauvages Abenakis , & elle étoit commandée par
SEPTEMBRE. 1757. 205
M. de Saint-Martin , Lieutenant de ces troupes.
La feconde que commandoit M. du Chat , Capitaine
au Régiment de Languedoc , étoit compofée
de deux Piquets de troupes de terre , de trois
Compagnies mêlées de la Colonie & de quelques
Sauvages , & elle fe mit en marche le 21. Elle fut
fuivie le lendemain par la troifieme , qui étoit
commandée par M. Coni , Capitaine au Régiment
de Royal Rouffillon , & qui étoit compofée,
comme la feconde. M. de Rigaud devoit partit
le 23 avec le Piquet de Grenadiers , la Compagnie
des Volontaires Canadiens , & le reste des
Sauvages , qui compofoient la quatrieme Divifion;
mais fon départ fut retardé par le dégel
juſqu'au 2 s .
Les quatre Divifions s'étant réunies au Fort de
Carillon , toute la troupe en partit le 15 de Mars ,
la Compagnie de Volontaires Canadiens faifant
l'avant-garde ; & le 17 à fept heures du foir, on fe
trouva à une lieue & demie du Fort Georges.
Le 18 , M. de Rigaud détacha M. Poullariez
Capitaine de Grenadiers du Régiment de Royal
Rouffillon , avec deux autres Officiers , pour aller
reconnoître le Fort , d'une hauteur qui le domine
à environ une demi-lieue de diftance . Quoique
fur le rapport que lui fit M. Poullariez , il ne
pût pas douter que les ennemis ne fuffent informés
defa marche, il fit fes difpofitions pour l'exécution.
des ordres dont il étoit chargé..
Il fe mit en mouvement avec toute fa troupe
l'entrée de la nuit du 18 au 19. Il détacha M. Dumas
, Capitaine , avec deux autres Officiers &
quelques Grenadiers , pour aller reconnoître les
approches du Fort . Le bruit qu'ils ne pouvoient
s'empêcher de faire , en marchant fur la glace ,,
les fit bientôt découvrir ; & ils furent obligés de
206 MERCURE DE FRANCE
rejoindre la troupe. M. de Rigaud prit cependant
le parti de faire mettre le feu aux Bateaux qui
étoient fous le Fort ; mais il n'y en eut qu'un petit
nombre de brûlés . Les ennemis tuerent deux
hommes , & en bleſſerent un autre. Le 20 , M.
de Rigaud fit inveftir le Fort , afin d'en impoſer à
la Garnifon , qu'il fçavoit être de 5 à 6co hommes
d'élite ; & il envoya un détachement de Sauvages
fur le chemin du Fort Lidius , pour en couper
la communication . Il fit même fommer le
Commandant de fe rendre . Cette fommation fixa
l'attention du Commandant aux difpofitions relatives
à la défenſe du Fort ; enforte que la nuit fuivante
il ne fit tirer que quelques coups de canon &
quelques bombes , qui n'empêcherest pas qu'on
ne brûlât beaucoup d'effers.
Le Fort refta encore inveſti le 21 , fans que les
ennemis oſaflent faire aucune fortie . Ils demeurerent
également tranquilles toute la nuit , mais il
tomba en même temps une fi prodigieufe quantité
de neige fondue, qu'il ne fut pas poſſible de mettre
le feu aux dehors . Le temps fut plus favorable la
nuit ſuivante , & l'on en profita pour biûler tout
ce qui étoit dans le Lac & aux environs du Fort ,
malgré le feu d'artillerie & de moufqueterie que
les ennemis firent de leur côté , & qui tua trois
Soldats , & bleſſa un Officier .
Les ennemis ont perdu par cet incendie quatre
Brigantins de 10 à 14 canons , & deux Galeres à
so rames , qu'ils deftinoient pour la navigation
des Lacs ; plus de trois cens cinquante Bateaux de
tranfport ; une quantité confidérable de bois de
conſtruction ; beaucoup d'affûts de campagne ;
un moulin à fcier des planches ; les hangards &
les magafins qui étoient entourés d'un Fort de
pieux , & où il y avoit plus de 4 mille quarts de
SEPTEMBRE . 1757. 207
farine , & d'autres vivres de toute espece à proportion
, des armes , des habillemens , & génétalement
toutes fortes d'uftenciles de campagne ;
les hôpitaux ; plus de 20 maiſons qui étoient tant
en dedans qu'en dehors du Fort de pieux ; & enfin
toute leur provifion de bois de chauffage. Le
Fort eft refté ifolé ; il n'a même été préfervé du
feu , que parce qu'il n'a point fait de vent durant
tout l'incendie .
Dans cette expédition , qui eft une des plus importantes
qu'on pût entreprendre en Canada durant
l'hyver , il n'y a eu que 5 François tués , un
Officier & un Sauvage bleffés , quoiqu'elle ait
été exécutée fous le feu de l'artillerie & de la
moufqueterie du Fort Georges. On ignore lenombre
d'hommes que les ennemis y ont perdu
mais les Canadiens & les Sauvages avoient été pla
cés , de maniere que par le feu de leur moufquete
rie , ils faifoient fouvent ceffer celui des ennemis ..
Ce fuccès eft principalement dû à la fageffe des
difpofitions que M. de Rigaud a faites , à l'attention
avec laquelle il en a fuivi l'exécution , & à la conftance
avec laquelle il a fupporté les fatigues exceffives
du voyage dans une faifon fi rigoureuſe.
Les différens Corps des troupes & des Milices s'y
font également diftingués à tous égards ; & M. de
Rigaud a été infiniment content de la conduite des
Sauvages qui y étoient employés..
On a lieu de l'être pareillement des difpofitions
de toutes les Nations Sauvages de la Colonie . Celles
qui ont de tout temps été fes alliées , donnent
tous les jours de nouvelles preuves de leur fidélité ,
& font continuellement en parti contre les ennemis.
Il y a d'ailleurs quelques Nations affez nombreufes
, & entr'autres les Tétes-plates , qui font X
208 MERCURE DE FRANCE.
entrées nouvellement dans cette alliance , & quí
ont pris part à la guerre. Les Cinq Nations Iroquoifes
ont envoyé une députation des plus folemnelles
au Marquis de Vaudreuil , pour renouveller
leurs anciens engagemens avec la France. Ils ont
promis non feulement de renoncer à tout commerce
avec les ennemis , mais même de fe joindre aux
autres Nations amies de la France pour agir contr'eux.
Les ennemis de leur côté n'ont tenté qu'une expédition
durant l'hyver. Ayant été informés qu'on
devoit faire paffer du Fort Saint-Frédéric au Fort
de Carillon quelques provifions fous l'eſcorte
d'un petit détachement , ils en envoyerent un de
80 hommes , qui enleva les premieres traînes de
ce convoi , & 7 Soldats . Mais le Commandant
du Fort Saint -Frédéric fit marcher un nouveau
détachement , pour couper celui des ennemis
dans fon chemin . Ils tomberent effectivement
dans l'embuſcade . Le combat fut des plus vifs &
des plus opiniâtres. Il refta du côté des ennemis ,
fur le champ de bataille , 40 hommes dont 3 Offi
ciers . On fit & prifonniers , & le refte du détachement
fe fauva dans les bois , où il a péri de
fes bleffures , de maniere qu'il n'en rentra que 3
hommes dans le Fort Georges. Les François en
eurent 11 de tués , & 26 de bleffés . Ils reprirent
les traînes dont les ennemis s'étoient emparés ; &
à l'égard des 7 Soldats que les ennemis avoient
enlevés , il ne s'en trouva que 3 , les 4 autres ayant
été tués. Cette action s'eſt paſſée le 22 Janvier.
M. le Comte de Gifors qui eft arrivé ici le 31 de
Juillet , a apporté au Roi la nouvelle d'une victoire
, que les troupes de Sa Majefté , commandées
par M. le Maréchal d'Eftrées, ont remportée le 26
de ce mois fur l'armée du Duc de Cumberland. M
SEPTEMBRE. 1757. 209
le Maréchal d'Eftrées ayant fait reconnoître le 25
au foir la poſition des ennemis , réfolut de les attaquer
le lendemain. Ils avoient leur droite vers
Hamelen. Devant leur front étoit un marais impraticable.
Leur gauche étoit appuyée à des montagnes
très- hautes , couvertes de bois , & traverfées
par fept ou huits ravins de vingt pieds de
profondeur. Elle avoit à gauche une redoute , &
droite le village de Haftembecke. Dans cette
fituation , les ennemis ne pouvoient être attaqués
que par leur flanc gauche fur un front de
deux cens toifes ou environ , & après que nous
aurions tourné les fommités des montagnes. M.
de Chevert fut détaché pour cet effet le 25 avant
minuit , avec quatre Brigades d'Infanterie. Mais
ayant quatre lieues à faire , il ne put arriver que
le lendemain 26 à neuf heures du matin. Le canon
de l'ennemi commença à tirer dès fix heures. On
y répondit de notre part jufqu'à huit que fe fit la
véritable attaque , & les batteries des ennemis
furent détruites fucceffivement. M. le Marquis
d'Armentieres & M. de Chevert , chacun avec un
corps féparé , chafferent l'ennemi de la montagne
après un feu très-vif. M. le Comte de Montmorency-
Laval , Colonel du Régiment de Guyenne ,
& qui fervoit dans l'armée en qualité d'Aide-
Maréchal Général des Logis , y fut tué. M. le Marquis
du Châtelet , Colonel du Régiment de Navarre
, y fut dangereufement bleffé d'un coup de
fufil au travers du corps , & M. le Marquis de
Belfunce eut le bras percé d'une balle . Cette attaque
ouvrit le chemin aux troupes de notre aîle
droite , compofée de la brigade Autrichienne ; de
celles de Picardie , de Champagne , de Navarre &
de la Marine ; du Régiment du Roi , & des Grenadiers
de France. Ces troupes ont montré la plus
210 MERCURE DE FRANCE..
οι
grande valeur , & particuliérement celles de l'Impératrice
Reine fe font diftinguées dans l'action .
La Cavalerie & la plus grande partie de l'Infanterie
n'ont pu aborder l'ennemi. La brigade de
Champagne a forcé une batterie retranchée ,
il y avoit huit pieces de canon & deux haubits ,
dont elle s'eft emparé ; & l'ennemi , après avoir
eu plus de trois mille hommes tués ou bleffés , a
été obligé d'abandonner fucceffivement tous fes
poftes , pour gagner les gorges qui menent vers
Hanovre. Sa perte auroit été beaucoup plus confidérable
fans un accident qui a mis quelque interruption
dans l'attaque , & qui a retardé la
pourfuite des fuyards. Plufieurs de nos bataillons
marchant dans la montagne à travers des bois , fe
font fufiliés fans fe reconnoître , & c'eft où nous
avons le plus perdu , ayant environ quinze cens
bleffés , quoique le nombre des morts ne monte
pas à cinq cens .
On attend un plus grand détail de cette action .
L'armée du Roi , lorfque M. le Comte de Gifors
en eft parti , étoit établie fort au-delà de l'ancien
camp des ennemis.
Le même jour que le Roi reçut la nouvelle de
cette victoire , Leurs Majeftés affifterent dans la
Chapelle , au Te Deum qui y fut chanté en action
de graces. M. l'Abbé de Gandras , Chapelain du
Roi , y officia. Le Motet étoit de la compofition ,
& fut exécuté ſous la directión de M. Colin- de
Blamont , Surintendant de la Mufique de la Chambre.
Il y eut le foir trois décharges d'artillerie ,
& toute la ville fut illuminée .
Le 7 Août , la Cour a pris le deuil pour trois
femaines , à l'occaſion de la mort de la Reine
Douairiere de Pruffe.
Le même jour , Sa Majefté reçut M. le Comte
SEPTEMBRE. 1757 . 211
de Gifors Chevalier de l'Ordre de S. Louis.
La ville de Hamelen s'étant rendue le 28 Juil
let , il a été ftipulé par la Capitulation , que la
garnifon , compofée de fept cens Heffois , fortiroit
le 30 avec les honneurs de la guerre , mais
fans canon , & qu'elle feroit conduite à Hanovre
avec tous les chevaux & équipages , fans pouvoir
néanmoins emmener ceux appartenans au refte
de l'armée ennemie ; que les Invalides & les Miliciens
, faifant partie de la garniſon , feroient
renvoyés chez eux , & ne pourroient fervir pendant
tout le temps de la guerre ; que le Major
Général Hodemberg , & tous les autres bleflés &
malades renfermés dans la place , feroient prifonniers
de guerre. Ils font au nombre de huit
cens. Les articles de cette Capitulation ont été
réglés entre M. le Maréchal d'Eftrées & le fieur
Brunck , Major Général des troupes Hanovrien-
- nes .
On a trouvé à Hamelen cinquante- quatre canons
de fonte , & dix- neuf de fer ; dix mortiers
de fonte , trois haubits , vingt - huit mille boulets
, & quatre mille bombes ; deux mille fufils ,
cent cinquante - cinq milliers de poudre , deux
cens mille livres de plomb , & des bateaux qui
étoient deftinés à former un pont fur le Wefer .
Selon l'état que le Roi a reçu de la perte faite
par les troupes à la bataille de Haftembecke , il
y a eu dix -fept Officiers tués & cent dix -huit
bleffés. Le nombre des foldats tués monte à mille
trente-huit , & celui des bleffés à onze cens cinquante-
neuf.
L'armée eft demeurée dans fon camp près de
Hamelen, jufqu'au 31 Juillet : l'ennemi étoit alors
à Minden , qui eft à neuf lieuès de cette place . Le
31 , l'armée s'étant miſe en marche paſſa la ri212
MERCURE DE FRANCE.
viere de Hamel ; la referve du Duc de Randan ſe
tenant à Bifphrode , & le corps du Duc de Broglie
à la hauteur de Hamelen. On fut informé le premier
de ce mois , que le Duc de Cumberland
avoit quitté Minden , pour fe retirer à Niembourg
Les Magiftrats de Minden envoyerent des
Députés offrir les clefs de leur Ville. Le 3 Août , le
Duc de Broglie , après avoir fait occuper cette place
par un détachement , repaffa le Wefer avec
fon corps , & fe dirigea fur Remen. Le corps du
Marquis d'Armentieres s'avança vers Harienbourg
à trois lieues de Minden , & celui du Duc
de Randan fe porta près de Hallerfprinck fur le
grand chemin de Hanovre. Le 4 , jour du départ
du courier qui a apporté ces détails , les habitans
de cette derniere Ville n'attendoient que les troùpes
du Roi pour ouvrir leurs portes . M. le Comte
de Platen étoit chargé de venir traiter des contributions
de l'Electorat. M. le Maréchal- Duc de Richelieu
eft arrivé le 3 au foir au quartier général
d'Oldendorff, &, comme l'ancien de M. le Maréchal
d'Eftrées , il a pris le commandement de l'armée.
Il y eut le 27 Juillet à Saint-Dié , en Lorraine ,
un incendie , qui a réduit en cendres l'Hôtel de
Ville , le Couvent des Capucins , les prifons , &
cent feize maifons , dans lefquelles on comptoir
près de trois cens ménages.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , comman
dé par le Capitaine Jacques Bonvarlet , s'eft emparé
du Brigantin le Molley , de Linn , de 120
tonneaux , chargé de fer & de planches ; & il l'a
ranconné pour 630 livres fterlings.
Le même Corfaire s'eft rendu maître des Navires
Anglois le Samuel & le Thomas : le premier ,
armé de 6 canons , a pour cargaiſon 6 12 facs de
SEPTEMBRE. 1757. 213
farine , & des légumes ; le fecond eft chargé de
charbon de terre.
Le Bateau la Princeffe de Galles , de Carmar
then , de 70 tonneaux , chargé d'avoine & de
quelques barrils de beurre , dont le Corfaire le
+ Prince de Condé , de Boulogne , s'eft emparé ,
a été conduit à Calais.
La Corvette la Diligente a pris & conduit à la
Hougue , le petit Corfaire Anglois le Duc de
Marlborough , de Grenezey , armé de 4 canons
10 pierriers , & de 23 hommes d'équipage.
•
Il eft arrivé à Cherbourg un Navire d'environ
300 tonneaux , chargé d'huile fine , que le Corfaire
la Comteffe de Bentheim , de Saint-Malo ,
enlevé aux Anglois qui s'en étoient emparés.
Par des lettres écrites de Marfeille , on a été
informé de l'arrivée en ce port des Navires Anglois
la Tofcane , de 350 tonneaux , chargé de
faie & de raifins de Corinthe ; la Sirene & le
Guillaume Elizabeth , n'ayant pour cargaifon
que des raifins de Corinthe. Ces priſes ont été faites
, les deux premieres par le Capitaine Megy
commandant le Corfaire la Marie Défirée , la
troifieme par le Corfaire l'Heureufe Therefe.
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau , commandant la Frégate du Roi la Thétis
, ayant avec lui la Frégate la Pomone , commandée
par le fieur Hector , s'eft rendu maître du
Corfaire Anglois le Boscawen , ( ci- devant le
Mefnil- Montant , de Nantes , ) armé de 22 ca
nons , & de 102 hommes déquipages ; il l'a fait
conduire à Saint- Nazaire au bas de la riviere de
Nantes .
Le Corfaire la Comteffe de Bentheim , de Saints
Malo , y eft rentré avec deux Navires Anglois ,
l'un de 200 tonneaux , qui venoit de la Caroling
214 MERCURE DE FRANCE.
avec une cargaifon d'indigo , de café , de peau
de caftor , de riz & de bois de Campeche ; l'au
tre de 150 tonneaux , chargé de falaiſons . Le même
Corfaire a fait une autre priſe de 120 tonneaux
, qui a été conduite à Perros , & dont le
chargement confifte en huile de Baleine , & en
taffia.
Le Tavignon , autre Corfaire de Saint -Malo ,
a pris & fait conduire au Port Louis le Navire Anglois
le Baal , de Londres , de 160 tonneaux ,
chargé de fucre , de coton , de gingembre , &
de taffia.
Le Navire Anglois le Gorges , chargé de riz , a
été pris par le Corfaire la Nouvelle Saxonne , de
Bordeaux , & conduit à Breft.
Le Corfaire la Bafquaife , de Saint-Jean- de-
Luz , y a conduit le Navire Anglois le Falmouth ,
de Glafcow , dont le chargement confifte en ballots
, & en une caifle contenant diveries marchandifes
.
Le Capitaine Louis Simon , commandant le
Corfaire le Bien -Aimé , de Marſeille , s'eft rendu :
maître du Corſaire Anglois le Blackney , de 16
canons , 24 pierriers , & 71 hommes d'équipa
ge. Il s'eft auffi emparé du Navire la Jeanne Sara,
chargé d'huile & de raifins .
La Sainte-Barbe , le Jefus Maria , Sainte-An=
ne , & la Junon , autres Corfaires de Marſeille
y ont auffi fait conduire les Navires Anglois le
Patfey chargé de bled , le Préfervé , ayant pour
chargement des raifins de Corinthe & d'autres
marchandifes , & la Galere Stapleton , qui n'a
fon left.
que
Le Capitaine Morel , qui commande le Cor
faire l'Actif, de Dunkerque , s'eft emparé des
Bateaux Anglois la Sufanne , de Montroff , le
SEPTEMBRE. 1757. 215
Bon Accord , de Petershead , la Catherine , de
Montroff , & l'Elizabeth , d'Airth en Ecoffe , &
il les a rançonnés pour 12720 livres . Il s'eft auffi
rendu maître des Navires le Dodgfon , de 120 tonneaux
, chargé d'indigo , de fucre , de café , de
quinquina , de tabac & de riz ; la Jeanne , de
Leith , dont la cargaifon eft compofée de fucre ,
de cuirs & de laine ; & l'Escap , de Portfoy , chargé
de charbon de terre & de fel.
Le Saint-Louis , autre Corfaire de Dunkerque ,
dont eft Capitaine le fieur Bachelier , a rançonné
pour 9600 livres les Navires Anglois le Thomus
Elizabeth & le Guillaume , dont il s'étoit emparé.
Les Navires Anglois , la Charmante Marthe
chargé de 30 futailles d'indigo , d'un boucaut &
onze paquets de pelleteries , de riz , &c. & le
Jean-Jofeph , chargé de falaifons , ont été pris
par le Corfaire le Comte de Grammont , & font arrivés
à Bayonne.
Le même Corfaire a fait , conjointement avec
le Corfaire le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
une autre prife chargée de fucre & de tabac , qui
a été conduite à Guetaris près de Saint- Sébaſtien.
Le Corfaire la Comteſſe de Grammont a fait conduire
à Bayonne les Navires Anglois le Grampes,
de Liverpool , fur lequel on a trouvé 8000 livres
en piaftres , & dont la cargaiſon confiſte en diverfes
marchandiſes propres pour la traite des Negres
, & le Triton , de Rodyland , armé de 6 canons
& 6 pierriers , qui a pour chargement des
balloteries.
Il eft auffi arrivê à Bayonne un Navire Anglois,
appellé l'Antelope , qui a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de ce Port , & qui eft chargé de
viandes falées.
La Goëlette la Surpriſe a pris un Brigantin Ang
216 MERCURE DE FRANCE.
glois de 100 tonneaux , dont la cargaiſon eſt com .
pofé de balloteries , & de deux rangs de futailles
dont on ignoroit encore le contenu .
>
Le Vicomte de Rochechouart , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi la
Thétis , ayant avec lui la Frégate la Pomone ,
commandée par le fieur Hector , s'eft emparé le
26 du mois dernier des Corfaires Anglois le Volcan
, de Londres , & le Bofcawen , de Jerzey ,
armés , l'un de 20 canons , 10 pierriers , & 59
hommes ; l'autre de 4 canons , 8 pierriers , &
32 hommes d'équipage. Ces deux Corfaires , pris
à 4 lieues au Nord- Ouest des Glenans , ont été
conduits au Port - Louis .
Le Corfaire le Prince de Condé , de Boulogne ,
a pris & conduit à Calais un Brigantin Anglois ,
de 70 tonneaux , chargé d'avoine.
Le Capitaine Papin , qui commande le Corfaire
l'Hyver , du Havre , a rançonné pour 26000
livres le Navire le Molly , dont il s'étoit rendu
maître ; & il a conduit à Breft un Bâtiment chargé
de chandelle & de falaifons.
Le Corfaire le Machault , de Granville , a pris
& fait conduire dans la Rade de l'Ile de Bas un
Brigantin Anglois , qui eft auffi chargé de falaifons
& de chandelle .
On mande de Nantes , que le Corfaire le Maréchal
de Richelieu , de ce port , y eft rentré avec
un Navire Anglois dont il s'eft emparé , & dont
la cargaiſon confifte en 250 barriques de fucre.
Le Corfaire le Machault , de Saint - Malo , a enlevé
au Corfaire Anglois le Duc de Bedfort , de
Dublin , une Barque Efpagnole , chargée de 150
balles de café de moka , 100 demi - balles de café
de Bourbon , 16 balles de marchandiſes des Indes
, & de quelques bois de teinture,
Le
1
+
SEPTEMBRE . 1757. 217
Le Saint - Florentin & le Puyzieulx , autres
Corfaires de Saint- Malo , fe font emparé , l'un
d'un Navire Anglois venant de la Caroline , avec
un chargement compofé de 900 barriques de riz ,
& de quelques dents d'Eléphant ; l'autre du Corfaire
la Mary-Galley , de Guernezey , armé de 4
canons , 6 pierriers , & 41 hommes d'équipage.
Les Navires Anglois le Dehel , de 70 tonneaux,
chargé de charbon de terre , & le Falmouth , dont
la cargaifon confifte en fel & autres marchandifes
, ont été pris par le Corfaire le Comte d'Hé
rouville, de Bordeaux , & conduits à Breft.
Le Corfaire l'aimable Françoife , de Bayonne ,
s'eft rendu maître des Navires Anglois la Marthe
Anne , chargé de boeuf , petit- falé , beurre &
fromage ; & la Charmante Nancy , de la nouvelle
Yorck , qui a pour cargaifon des toiles , du
fil de carret , & autres marchandiſes . Ces deux
priſes font arrivées , l'une à Saint - Sébaſtien , l'au
tre à Saint- Jean - de- Luz.
Le Navire Anglois le Dauphin , de Juingmouth
, allant à Terre - Neuve , avec 150 hommes
d'équipage , & une partie affez confidérable
de boeuf, de tan & de fuif, a été pris par le Corfaire
la Bafquaife , de Saint -Jean-de - Luz.
On apprend par des lettres écrites de Marſeille ,
que le Corfaire le Tigre , de ce Port , a pris & y
a fait conduire le Navire Anglois le Guillaume,
chargé d'huile.
On a été informé que M. du Reveft , commandant
une des Efcadres que le Roi a fait armer à
Toulon , s'eft rendu maître du Navire Anglois
Les deux Freres , armé de 16 canons , 25 hommes
d'équipage , & chargé de fucre , de café &
d'indigo . Le conducteur de cette priſe , qui eft
arrivée à Cadix , a rapporté que M. du Revest
K
218 MERCURE DE FRANCE.
s'eft emparé d'un autre Bâtiment Anglois , appellé
le Dobbs- Galley , de 190 tonneaux , dont la
cargaifon confiftoit en goudron , tabac & quelques
paquets de pelleteries , & qu'on a mis le feu
à ce dernier Navire , qui n'étoit pas en état de naviger.
Les Corfaires le Machault de Dunkerque , &
L'Amaranthe , de Dieppe , fe font emparé de huit
Bâtimens Anglois , chargés de charbon de terre
& de meules de moulin . Une de ces prifes eft arri
vée à Dunkerque quatre autres ont relâché à
Oftende , & l'on a eu avis de Terveer , qu'il en
eft entré deux dans ce Port.
Le Corfaire la Princeſſe de Soubize a pris un Ba
teau Anglois , chargé de boeuf falé , & il l'a fait
conduire à Breft..
Le Senaw Anglois l'Edward , qui alloit de la
Caroline à Londres avec une cargaiſon compofée
d'indigo , de café , de fucre , de brai & de pelleteries
, a été pris par le Coifaire le Vainqueur ,
de Bayonne. de çe
Les Corfaires le Comte de Grammont ,
Port , & le Maréchal de Richelieu , de Nantes ,
ont enlevé au Corfaire Anglois la Défiance , de
Briſtol , un Navire dont il s'étoit emparé , & qui
a pour chargement du fucre , du tabac & du bois
de bréfil .
" Le Capitaine Marfans-Haraneder , qui commande
le Corfaire la Bafquaife , de Saint Jeande
Luz , a rançonné pour 290 livres sterlings un
Navire Anglois , dont il s'étoit rendu maître , &
il a conduit dans ce Port un autre Bâtiment Anglois
nommé le Lady - Strauge , de Liverpool ,
chargé de balloteries.
Le Navire le Mari , de Waterford , chargé de
fel , de beurre , de lard & de farine , a été pris
SEPTEMBRE . 1757. 219
par le Corfaire le Mars , & conduit à Bayonne.
Le Capitaine Danglade , commandant le Corfaire
la Françoife , de ce Port , s'eft rendu maître
du Navire Anglois l'Industrie , chargé de 300
boucauts de tabac. Ce Bâtiment eft arrivé par relâche
à Saint- Sébastien .
Le Corfaire le Comte de Maurepas , commandé
par le Capitaine Jean- Baptifte de Cock , a rançonné
quinze Bâtimens ennemis pendant les deux
mois de fa feconde courſe. Le fieur de Cock a
conduit dans le port de Dunkerque les ôtages, qui
lui ont été remis pour la fûreté de ces différentes
rançons. Ce Capitaine eft le même , qui dans le
mois d'Octobre de l'année derniere n'ayant que
16 canons , foutint un combat devant Calais , contre
un Vaiffeau Anglois de 36 , & qui à la fin de
Décembre fe défendit près d'Oftende contre qua
tre Corfaires , dont un de 16 canons , un de 12 ,
& les deux autres de 8. Dans ces deux actions , il
montoit le même Corfaire le Comte de Mau-.
repas.
Le fieur de Kerfaint & le fieur de Caumont ,
Capitaines de Vaiffeaux , qui étoient partis de
Breft à la fin du mois de Novembre dernier , avec
trois Vaiffeaux & trois Frégates , font arrivés à la
Martinique le 17 & le 20 Mai , après avoir croisé
féparément fur différentes parties de la côte d'Afrique
. Il fe font emparés fur cette côte de plufieurs
Navires Anglois, qui y faifoient la traite des
Negres , & le fieur de Kerfaint avoit pris dans fa
route au Cap Verd le Corfaire le Boscawen , de
Londres , & les Navires le Sphinx & le Wilkinton
Il a conduit à la Martinique , tant fur les Vaiffeaux
de Sa Majefté , que fur trois Bâtimens qu'il a confervés
des prifes qu'il a faites , onze cens Negres ,
indépendamment de ceux que le fieur de Cau
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
mont a enlevés , & qu'il y a conduits également.
A l'égard des prifonniers , le fieur de Kerfaint en
a débarqué 94 à l'Ile de Bonneviſte , & 71 au
grand Jonk , fur les inftances que les uns & les
autres lui en ont faites , & il a mené le ſurplus à
la Martinique .
Le fieur de l'Ile de Beauchefne , Capitaine de
Vaiffeau commandant la Frégate du Roi le
Zéphyr , s'eft rendu maître du Corfaire Anglois le
Roi de Pruffe , de Briſtol , armé de 20 canons
16 pierriers , 90 hommes d'équipage , & il l'a fait
conduire à Rochefort .
Un autre Corſaire Anglois , appellé le Saint-
Olive , de Londres , de 18 canons , 20 pierriers
& 97 hommes d'équipage , a été pris & conduit
à Breft par le fieur de Longueval , Lieutenant de
Vaiffeau , commandant la Corvette du Roi l'EScarboucle.
Le Corfaire l'Hobereau , de Calais , s'eft emparé
du Brigantin Anglois le Dauphin , chargé de
bois de campêche , & il l'a rançonné pour 19200
livres.
Le Corfaire la Marquise de Beringhen a auffi
rançonné pour 45 livres fterlings un petit Bâtiment
Anglois,
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En juin 1757, plusieurs contrats de mariage furent signés par la Famille Royale, notamment ceux du Marquis de Caumont, du Comte de Lorda et du Marquis de Marbeuf. Le 6 juin, la Sorbonne reçut une députation du Nonce du Pape, offrant un portrait du Pape et toutes les éditions de ses ouvrages. Le 14 juin, le Roi passa en revue les Mousquetaires de sa Garde. Le 26 avril, une convention fut signée entre le Roi et l'Électeur Palatin concernant la restitution des déserteurs. Le Roi ordonna également une amnistie pour les déserteurs ayant rejoint d'autres troupes avant le 20 avril. À Marseille, une frégate de 54 canons fut construite. Le 16 et 19 juillet, le Roi tint le Sceau à Compiègne, et le Maréchal Duc de Richelieu prit congé pour commander une armée. Madame la Dauphine apprit la victoire d'Hastembecke et envoya des lettres de compliments au Roi, qui décerna des épées pour bravoure. En Amérique du Nord, des opérations militaires furent menées contre les ennemis au Fort Georges sur le Lac Saint-Sacrement. Une troupe dirigée par M. de Rigaud attaqua le fort, détruisant des bateaux et des provisions ennemis. Les troupes françaises et alliées autochtones montrèrent discipline et efficacité. Une expédition ennemie contre un convoi français fut repoussée. En Allemagne, le Maréchal d'Estrées remporta une victoire. Des lettres détaillèrent les mouvements et les pertes des armées. En septembre 1757, des corsaires français capturèrent plusieurs navires anglais. Parmi les prises notables, le Prince de Condé captura un brigantin anglais à Calais, et la Diligente prit le Duc de Marlborough à la Hougue. La Comtesse de Bentheim reprit un navire chargé d'huile et ramena deux navires anglais à Saint-Malo. D'autres corsaires capturèrent des navires chargés de diverses marchandises, telles que du sucre, du coton, du riz, du café, et des pelleteries. Les prises furent conduites dans différents ports français, certaines étant rançonnées.
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1387
p. 220-221
BÉNÉFICES DONNÉS.
Début :
Sa Majesté a donné l'Abbaye de S. Eloi-Fontaine, Ordre de S. Augustin, Diocèse de [...]
Mots clefs :
Abbayes, Ordres, Abbé, Diocèses, Aumônier
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texteReconnaissance textuelle : BÉNÉFICES DONNÉS.
BÉNÉFICES DONNÉS.
A Majefté a donné l'Abbaye de S. Eloi -Fontaine ,
Ordre de S. Auguftin , Diocefe de Noyon , à M.
P'Abbé Tudert , Confeiller de Grand'Chambre au
Parlement de Paris ; celle de Livry, même Ordre ,
Dioceſe de Paris , à M. l'Abbé de Malherbe ; celle
de S. Acheuil , même Ordre , Dioceſe d'Amiens ,
à M. l'Abbé Girard , premier Aumonier de Mar
SEPTEMBRE . 1757. 221
dame Infante , Ducheffe de Parme ; l'Abbaye Réguliere
de Beaumont , Ordre de S. Benoît , Diocefe
de Clermont , à la Dame d'Uffel , Religieufe
du même Ordre ; & le Prieuré de Lanville , Ordre
de Saint Auguftin , Diocefe d'Angoulême , à M.
l'Abbé de la Rochefoucauld- de Momont ; l'Abbaye
de Saint Vandrille , Ordre de Saint Benoît ,
Dioceft de Rouen , à M. l'Evêque de Digne .
A Majefté a donné l'Abbaye de S. Eloi -Fontaine ,
Ordre de S. Auguftin , Diocefe de Noyon , à M.
P'Abbé Tudert , Confeiller de Grand'Chambre au
Parlement de Paris ; celle de Livry, même Ordre ,
Dioceſe de Paris , à M. l'Abbé de Malherbe ; celle
de S. Acheuil , même Ordre , Dioceſe d'Amiens ,
à M. l'Abbé Girard , premier Aumonier de Mar
SEPTEMBRE . 1757. 221
dame Infante , Ducheffe de Parme ; l'Abbaye Réguliere
de Beaumont , Ordre de S. Benoît , Diocefe
de Clermont , à la Dame d'Uffel , Religieufe
du même Ordre ; & le Prieuré de Lanville , Ordre
de Saint Auguftin , Diocefe d'Angoulême , à M.
l'Abbé de la Rochefoucauld- de Momont ; l'Abbaye
de Saint Vandrille , Ordre de Saint Benoît ,
Dioceft de Rouen , à M. l'Evêque de Digne .
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Résumé : BÉNÉFICES DONNÉS.
En septembre 1757, Sa Majesté a attribué plusieurs abbayes et prieurés. L'Abbaye de Saint-Éloi-Fontaine à M. l'Abbé Tudert, celle de Livry à M. l'Abbé de Malherbe, et celle de Saint-Acheuil à M. l'Abbé Girard. L'Abbaye de Beaumont à la Dame d'Uffel, le Prieuré de Lanville à M. l'Abbé de la Rochefoucauld-de Momont, et celle de Saint-Vandrille à M. l'Évêque de Digne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1388
p. 190-200
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 16 Août, M. le Comte de Bestuchef, Ambassadeur Extraordinaire de l'Impératrice [...]
Mots clefs :
Comtes, Corsaires , Roi, Charges, Magistrats, Conseillers, Cérémonies, Florentin, Soumission, Chambre, Famille royale, Ducs, Finances, Marchandises, Tonneaux
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LB16 B 16 d'Août , M. le Comte de Beftuchef , Amballadeur
Extraordinaire de l'Impératrice de Ruffie
, eut audience de Madame la Dauphine , de
Monfeigneur le Duc de Bourgogne , de Monfeigneur
le Duc de Berry , de Monfeigneur le
Comte de Provence . Il y fut conduit par le fieur
de la Live , Introducteur des Ambaffadeurs.
Le Roi alla le même jour ſouper à Montrouge
chez M. le Duc de la Valliere.
Le Roi ayant écrit à M. l'Archevêque de Paris ,
pour faire rendre à Dieu de folemnelles actions
de graces , à l'occafion de la victoire remportée
à Haftembecke , on chanta le 14 du même mois
dans l'Eglife Métropolitaine de cette Ville le Te
Deum, auquel M. l'Abbé de Saint- Exupery, Doyen
du Chapitre , officia. M. le Chancelier de France ,
accompagné de plufieurs Confeillers d'Etat &
Maîtres des Requêtes , y affifta , ainfi que le Cler
gé , le Parlement , la Chambre des Comptes ,
La Cour des Aides , & le Corps de Ville , qui y
OCTOBRE. 1757. 191
avoient été invités de la part
du Roi par M. de
Gifeux , Maître des Cérémonies .
On tira le même jour dans la Place de l'Hôtel
de Ville , par ordre de MM. Ics Prevôt des Marchands
& Echevins , un feu d'artifice , dont l'exé
cution ne laiffa rien à defirer.
Au feu d'artifice fuccéda une magnifique illu
mination , tant à la façade de l'Hôtel de Ville ,
que dans l'enceinte de la Place. Il y eut auffi de
très-belles illuminations aux hôtels de M. le Duc de
Gefvres & du Prevôt des Marchands , & des maifons
des Echevins & des principaux Officiers de
l'Hôtel de Ville. Des fontaines de vin coulerent
dans la Place de cet Hôtel , de même que dans
celle de Louis XV , & l'on y diftribua du pain
& des viandes au peuple. On y avoit mis des orcheftres
, & le peuple témoigna fon alégreffe
par fes danfes pendant la plus grande partie de
la nuit.
Le 15 Août , Fête de l'Affomption de la Sainte
Vierge , la Proceffion folemnelle qui ſe fait tous
les ans à pareil jour en exécution du voeu de
Louis XIII , fe fit avec les cérémonies accoutumées.
M. l'Abbé de Saint-Exupery y officia. Le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aides , & le Corps de Ville , y affifterent.
Dans l'affemblée générale que le Corps de
Ville tint le 16 , MM. Brallet & Vernay y ont
été élus Echevins.
Un Paylan , travaillant dans fon champ , à
deux lieues de Toulon , a découvert une cavité ,
par laquelle à la faveur d'une corde il eft defcendu
dans une grotte extrêmement profonde . Plufieurs
perfonnes depuis ont vifité cette grotte. On
y voit diverfes fortes de plantes & de fruits pétrifiés
, & des pierres tranfparentes de toutes cou192
MERCURE DE FRANCE.
leurs. L'extrême fraîcheur qu'on y éprouve , ne
permet pas de s'y arrêter longtemps.
On mande de Manfeille , que le 21 Août un
Navire François , venant de Smirne , ayant été
chaffé pendant deux jours par un Vaiffeau de
guerre Anglois , de 74 canons , a été obligé de
fe jetter fur la côte de Sardaigne , où il s'eft
amarré à terre. Les ennemis fans égard pour une
côte neutre , ont continué de canonner le bâtiment
, dans la vue de le couler à fond. Impatiens
de le détruire , ils ont envoyé leurs Chaloupes
avec cent cinquante hommes , pour y
mettre le feu ; ce qu'ayant exécuté , ils ont affailli
l'équipage François qui n'avoit ofé s'éloigner du
rivage. Ils ont tué cinq hommes , en ont bleffé
plufieurs , & ont dépouillé fans aucune diſtinction
matelots & paffagers.
Le Comte de Starhenberg , Confeiller d'Etat ,
Chambellan de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme , & Ambaſſadeur
de Leurs Majeftés Impériales , a eu fa premiere
audience particuliere du Roi , dans laquelle
il a préfenté à Sa Majefté fes Lettres de Créance.
Il a été conduit à cette audience , ainfi qu'à
celles de la Reine , de Monfeigneur le Dauphin ,
de Madame la Dauphine , de Monseigneur le
Duc de Bourgogne , de Monfeigneur le Duc de ;
Berry , de Monfeigneur le Comte de Provence ,
de Madame & de Mefdames Victoire , Sophie &
Louife , par M. de la Live , Introducteur des
Ambaffadeurs.
Le 24 d'Août , les Députés des Etats de Langue
doc eurent audience du Roi . Ils furent préfentés
par M. le Comte d'Eu , Gouverneur de la Province ,
& par M. le Comte de Saint- Florentin , Miniftre &
Secretaire d'Etat , & conduits par M. de Gizeux
Maître de Cérémonie en furvivance, La
OCTOBRE . 1757. 193
Le 21 d'Août , M. le Marquis de Paulmy , Miniftre
& Secretaire d'Etat ayant le Département
de la Guerre , & Grand Croix Chancelier Garde
des Sceaux de l'Ordre de Saint Louis , fut reçu
Chevalier des Ordres Royaux , Militaires & Hofpitaliers
de Notre - Dame du Mont - Carmel , & de
Saint Lazare de Jérufalem. M. le Comte de Saint
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , Gérent
& Adminiftrateur de ces Ordres , fit la cérémonie
dans l'appartement & en préfence de Monfeigneur
le Duc de Berry , Grand- Maître. Enfuite
M. le Marquis de Paulmy prêta ferment pour la
dignité de Chancelier Garde des Sceaux desdits
Ordres . Les Grands Officiers & plufieurs Chevaliers
affifterent à cette cérémonie .
Le Corps de Ville alla le 25 d'Août à Verſailles
, & il eut audience du Roi . Il fut préſenté à
Sa Majefté par M. le Comte de Saint-Florentin ,
Miniftre & Secretaire d'Etat , & conduit par le
fieur de Gizeux , Maître des Cérémonies , en
furvivance. Les fieurs Brallet & Vernay , nouveaux
Echevins , prêterent entre les mains du
Roi le ferment de fidélité , dont M. le Comte de
Saint- Florentin fit la lecture , ainfi que du Scrutin
, qui fut préſenté par le fieur de Pomereu ,
Confeiller au grand Confeil.
Après cette audience , le Corps de Ville eut
l'honneur de rendre fes refpects à la Reine & à la
Famille Royale.
Le jour de la Fête de Saint Louis , la Procef
fion des Carmes du Grand Couvent , à laquelle
le Corps de Ville aflifta , fe rendit , felon la coutume
, à la Chapelle du Palais des Tuilerics ,
où ces Religieux chanterent la Meffe .
L'Académie Françoife célébra cette Fête dans
la Chapelle du Louvre. On exécuta un Motet
I.Vol. 1
194 MERCURE DE FRANCE.
pendant la Meffe , après laquelle le Panégyrique
du Saint fut prononcé par l'Abbé Rouveyre- Duplan
, Chanoine de l'Eglife de Valence.
La même Fête fut célébrée par l'Académie
Royale des Belles - Lettres , & par celle des Sciences
, dans l'Eglife des Prêtres de l'Oratoire . Le
Pere de Neufville , de la Compagnie de Jeſus ,
prononça le Panégyrique du Saint.
On célébra le de Septembre , dans l'Eglife de
l'Abbaye royale de Saint Denis , le Service folemnel
, qui s'y fait tous les ans pour le repos de
l'ame de Louis XIV. L'Evêque de Dol y officia
pontificalement. Le Comte d'Eu & le Duc de
Penthievre y affifterent , ainfi que plufieurs perfonnes
de diftinction .
Sur la démiffion que le fieur Peyrene de Moras
, Miniftre & Secretaire d'Etat ayant le Département
de la Marine , a donnée de la place
de Contrôleur Général des Finances , le Roi en
a difpofé en faveur du ficar de Boullongne. La
charge d'Intendant des Finances , qu'avoit le fieur
de Boullongne , paffe au fieur de Boullongne fon
fils , qui en avoir la furvivance .
Le Roi ayant jugé à propos de raſſembler fon
Parlement le premier Septembre , les Gens du Roi
entrerent aux Chambres affemblées , & y apporterent
l'ordre de Sa Majefté aux Préfidens du Parlement
aux quatorze anciens Confeillers de la
Grand'Chambre , & aux quatorze anciens Confeillers
des Enquêtes & Requêtes , de fe rendre
fur le champ à Verfailles pour recevoir les ordres ;
ce qui fut exécuté. Le Roi donna audience aux
Députés du Parlement , qui furent préfentés par
M.le Comte de Saint- Florentin , Secretaire d'Etat
ayant le Département de Paris , & conduits à l'ordinaire
par les Officiers des Cérémonies. Le Roi
OCTOBRE. 1757 195
lear dit que fon Chancelier alloit leur expliquer
fes intentions. Sur quoi M. de Lamoignon , Chancelier
de France , prit la parole , & dit :
« Les fentimens qui animoient vos prédécel
» feurs ne leur auroient pas permis de faire la dé-
» marche à laquelle s'eft portée la plus grande
» partie des Officiers du Parlement.
» Le Roi vous ordonne d'avoir toujours préfentes
les obligations que votre ferment vous impo-
» fe : nul motifne peut vous difpenfer de rendre la
» juftice que vous devez aux Sujets de Sa Majeſté.
Les Magiftrats , prépofés pour l'adminiftrer ,
» ne peuvent la refufer , fans être refponfables de
» tous les maux qui font la fuite néceſſaire de ce
> refus.
» Sur les témoignages répétés qui ont été don-
» nés à Sa Majesté de votre foumiffion & de votre
fidélité , Elle veut bien n'interroger aujourd'hui
D que vos coeurs , & chercher dans vos fenti-
> mens des motifs de confiance pour l'avenir .
>> Elle efface donc pour jamais le fouvenir de
» ce qui lui a déplu dans votre conduite paflée
> en regardant comme non-avenues toutes les démiffions
qui lui ont été données. Sa Majeſté vous
» a appris Elle-même par les Lettres qui vous ont
» été adreffées , qu'Elle veut bien conferver dans
>> leurs Offices tous ceux qui s'en étoient démis.
A l'égard de ceux de vos Confreres qu'Elle a
crudevoir éloigner pour des raifons particulieres,
» Sa Majefté , en les confervant dans leur état ,
»n'a pas encore fixé le temps de leur rappel .
» Quand le Roi fera obéi , quand vous aurez
» repris l'exercice entier de vos fonctions ordinaires
, & que Sa Majeſté ſera fatisfaite de la fa-
» geffe de votre conduite , Elle écoutera favorablement
vos inftances à cet égard.
I ij
196 MERCURE DE FRANCE .
» Pour ce qui concerne la feconde déclaration ,
»le Roi defire que l'ufage en devienne auffi inutile,
qu'il l'avoit jugé néceflaire ; mais avant tout ,
» Sa Majefté ne refufera point d'écouter ce que
» fon Parlement croira devoir lui repréſenter fur
» cet objet . Elle veut que la fuppreffion ordonnée
» par fon édit du mois de Décembre dernier foit
» exécutée & Elle enverra à fon Parlement
>> une déclaration interprétative , à l'enrégiftre-
» ment de laquelle Elle vous ordonne de procéder
>> fans délai .
» Le Roi vous ordonne de reprendre vos foncntions
ordinaires : conformez - vous à les inten-
» tions.
» Sa Majeſté n'a rien tant à coeur que de faire
» régner dans fon Royaume le filence qu'Elle a
» préferit de part & d'autre ; & la paix qu'Elle
» defire depuis fi long-temps de voir rétablie.
Si Sa Majefté , par des raifons fupérieures , &
» dans la vue du bien général , a cru devoir s'éle-
» ver au deffus de regles ordinaires , fon Parle-
>> ment ne doit point en appréhender lesfuites pour
> l'avenir.
» Le Roi vous ordonne donc de faire exécuter
conformément aux
» fa premiere déclaration ,
>> Canons reçus dans le Royaume , aux Loix & aux
» Ordonnances.
» C'eſt en entrant dans ces vues , que vous de-
» vez toujours vous fouvenir qu'il eft des confidérations
de fagefle & de modération , ſur leſ-
» quelles vous devez régler vos démarches.
» Donnez vous - mêmes l'exemple du refpect que
» Sa Majefté veut qui foit rendu à la Religion & à
» fes Miniftres. C'eſt ainfi que vous ferez un ufa-
» ge légitime de l'autorité que le Roi a bien vou-
>> lu vous confier,
OCTOBRE . 1757. 197
» Que ces fentimens demeurent toujours gra-
» vés dans vos coeurs , & fouvenez - vous que
» votre Souverain vous traite en ce moment en
>> Pere » .
" Le lendemain 2 les Dépurés de retour rendirent
compte aux Chambres affemblées de ce qui
s'étoit paſſé à Verſailles ; & les Officiers du Parlement
, qui avoient donné l'année derniere la démiffion
de leurs Offices , ayant déclaré qu'ils en
reprenoient les fonctions , le Parlement procéda
à l'enrégiftrement de la déclaration interprétative
de l'Edit du mois de Décembre dernier , & arrêta
une députation pour remercier le Roi , & pour
lui demander le retour de fes Confreres , qui font
éloignés par des ordres particuliers.
Le Roi a reçu le 3 Septembre cette députation ,
& a fait aux Députés la réponſe fuivante.
« Je reçois avec fatisfaction les témoignages que
> vous venez de me donner de votre zele , de votre
» fidélité & de votre foumiffion à mes volontés.
>> Jouiffez du bonheur de plaire à un Maître qui
» vous aime , & de l'avantage de contribuer au
>> bien de mes sujets , en rempliffant vos devoirs.
» Achevez de répondre aux vues & aux inten-
» tions que je vous ai fait connoître pour le ré-
» tabliffement de la Paix , & je ne tarderai pas à
» réaliſer les espérances que je vous ai données
par rapport à ceux de vos Confrères , dont vous
» follicitez le retour . ,
» Ayez une entiere confiance en més bontés :
> fi vous pouviez en douter , vous cefferiez d'en
» être dignes ».
Le 5 Septembre , les Chambres affemblées ont
rendu un Arrêt , pour faire exécuter la Déclarátion
du 10 Décembre dernier , concernant les affaires
de l'Eglife , & ce conformément aux explica
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
tions portées aux réponses du Roi.
Elles ont auffi chargé le premier Préfident , &
deux Préfidens , de fe rendre à Choify , pour remercier
de nouveau le Roi , & l'affurer de l'entiere
confiance du Parlement dans les bontés de Sa
Majesté .
Le Roi a répondu en ces termes à cette derniere
députation : « Je crois que je puis compter fur les
» nouvelles affurances que vous donnez de votre
foumiffion & de votre zele , par la promptitude
» avec laquelle vous m'avez obéi , par la reconnoiffance
refpectueufe dont vous êtes pénétrés ,
»& par votre confiance dans ma Pertonne.
» Continuez à remplir vos fonctions avec cet
» eſprit de paix , de fageſſe & de modération , que
» je vous ai fi ſouvent & très - expreffément recom-
> mandé.
Vos Confreres vous feront rendus pour la
Saint-Martin ; & je vous difpenfe de me donner
à leur égard de nouveaux témoignages de
la reconnoiffance que vous devez à mes bontés .»
On avoit, dès le sau matin, enrégiftré la commiffion
pour la Chambre des Vacations , qui fera
tenwe par quatorze Conſeillers de la Grand Chambre
, & douze Confeillers des Enquêtes. M. Turgot
, Préfident du Parlement , eft nommé par le
Roi poury préfider.
Le Roi a tenu le Sceau pour la douzieme &
treizieme fois.
Madame Ducheffe de Parme arriva d'Italie à
Choify le 3 de Septembre , & à Versailles le 4.
Leurs Majeftés & la Famille Royale ont reçu cette.
Princeffe avec les démonftrations de la plus vive
endreffe. 1
Le Roi fe rendit le 4 à Choify , avec Madame
Ducheffe de Parme & Mefdames de France.
OCTOBRE . 1757. 199
Le même jour , la Reine eft arrivée de Verſailles .
Les , le Roi de Pologne Duc de Lorraine &
de Bar eft parti de ce dernier Château , pour retourner
à Luneville .
On mande de Fécamp , que le Corfaire l'Hirondelle
, de Dunkerque , a fait conduire dans ce
premier port un quatrieme Navire Anglois , appellé
le Lyon , de Liverpool , de 250 tonneaux
armé de 4 canons , 25 efpingolles , & chargé de
bled & de ballotteries.
Le Brigantin Anglois le Marmaid, chargé d'hui
le , pris par le Corfaire le Vainqueur , de Marfeille
, est arrivé en ce port .
Les fieurs Chevalier de Glandevez & de Graſſe ,
qui commandent les Galeres la Brave & la Du→
cheffe , fe font rendus maîtres d'un Corfaire Anglois
, armé de 16 canons & de 110 hommes d'équipage
, qu'ils ont fait conduire à Cette .
Il est arrivé à Boulogne un Brigantin Anglois ,
de 120 tonneaux , chargé d'avoine , de cidre ,
de brai , & de plufieurs ballots de marchandifes.
Cette prife a été faite par le Corſaire la Marquife
de Beringhen.
Le Corfaire la Princeffe de Soubize a pris &
conduit à Brest le Navire Anglois le Duc d'Argile ,
de 250 tonneaux , armé de 4 canons & 4 pierriers
, allant de Liverpool à la Caroline avec un
chargement compofé de draps , d'étoffes , de toiles
& de quincaillerie .
Le Navire Anglois le Pacquet de Porto , de 80
tonneaux , chargé de fel , & qui a été pris par le
Corfaire la Mutine , de S. Jean -de-Luz , eft arrivé.
par relâche à Vigo en Galice.
Le Corfaire le Comte de Saint -Germain , de
Dunkerque , s'eft emparé des Navires Anglois le
Crownpoint chargé de toiles , de fucre en pain , &.
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
d'autres marchandiſes , & l'Arlequin dont le chargement
eft compofé de fucre , de café , de thubarbe
, de cacao , de bois de Campeche. Ces
deux prifes ont été conduites , l'une à Eggrefund ,
l'autre à Bergues en Norwege.
Le même Corfaire a rançonné pour 15240 livres
trois autres Bâtimens Anglois , dont il s'étoit
rendu maître ; & il en a remis les ôtages à
Dunkerque.
Le Navire Anglois l'Ofgood , de 300 tonneaux ,
armé de 12 canons , allant de la Jamaïque à Londres
avec une cargaifon compofée de fucre , de
taffia , de maniguette & de bois rouge , a été pris
par le Corfaire la Victoire , de Saint - Malo , où
il a été conduit.
Il est arrivé dans la rade de l'Ile de Bas un Navire
de 450 tonneaux , pris par le Corfaire le
Comte d'Herouville , de Bordeaux , & qui eft
chargé de fix cens milliers de poudre à tirer , de
boulets , d'armes , & d'autres munitions de guerre.
LB16 B 16 d'Août , M. le Comte de Beftuchef , Amballadeur
Extraordinaire de l'Impératrice de Ruffie
, eut audience de Madame la Dauphine , de
Monfeigneur le Duc de Bourgogne , de Monfeigneur
le Duc de Berry , de Monfeigneur le
Comte de Provence . Il y fut conduit par le fieur
de la Live , Introducteur des Ambaffadeurs.
Le Roi alla le même jour ſouper à Montrouge
chez M. le Duc de la Valliere.
Le Roi ayant écrit à M. l'Archevêque de Paris ,
pour faire rendre à Dieu de folemnelles actions
de graces , à l'occafion de la victoire remportée
à Haftembecke , on chanta le 14 du même mois
dans l'Eglife Métropolitaine de cette Ville le Te
Deum, auquel M. l'Abbé de Saint- Exupery, Doyen
du Chapitre , officia. M. le Chancelier de France ,
accompagné de plufieurs Confeillers d'Etat &
Maîtres des Requêtes , y affifta , ainfi que le Cler
gé , le Parlement , la Chambre des Comptes ,
La Cour des Aides , & le Corps de Ville , qui y
OCTOBRE. 1757. 191
avoient été invités de la part
du Roi par M. de
Gifeux , Maître des Cérémonies .
On tira le même jour dans la Place de l'Hôtel
de Ville , par ordre de MM. Ics Prevôt des Marchands
& Echevins , un feu d'artifice , dont l'exé
cution ne laiffa rien à defirer.
Au feu d'artifice fuccéda une magnifique illu
mination , tant à la façade de l'Hôtel de Ville ,
que dans l'enceinte de la Place. Il y eut auffi de
très-belles illuminations aux hôtels de M. le Duc de
Gefvres & du Prevôt des Marchands , & des maifons
des Echevins & des principaux Officiers de
l'Hôtel de Ville. Des fontaines de vin coulerent
dans la Place de cet Hôtel , de même que dans
celle de Louis XV , & l'on y diftribua du pain
& des viandes au peuple. On y avoit mis des orcheftres
, & le peuple témoigna fon alégreffe
par fes danfes pendant la plus grande partie de
la nuit.
Le 15 Août , Fête de l'Affomption de la Sainte
Vierge , la Proceffion folemnelle qui ſe fait tous
les ans à pareil jour en exécution du voeu de
Louis XIII , fe fit avec les cérémonies accoutumées.
M. l'Abbé de Saint-Exupery y officia. Le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aides , & le Corps de Ville , y affifterent.
Dans l'affemblée générale que le Corps de
Ville tint le 16 , MM. Brallet & Vernay y ont
été élus Echevins.
Un Paylan , travaillant dans fon champ , à
deux lieues de Toulon , a découvert une cavité ,
par laquelle à la faveur d'une corde il eft defcendu
dans une grotte extrêmement profonde . Plufieurs
perfonnes depuis ont vifité cette grotte. On
y voit diverfes fortes de plantes & de fruits pétrifiés
, & des pierres tranfparentes de toutes cou192
MERCURE DE FRANCE.
leurs. L'extrême fraîcheur qu'on y éprouve , ne
permet pas de s'y arrêter longtemps.
On mande de Manfeille , que le 21 Août un
Navire François , venant de Smirne , ayant été
chaffé pendant deux jours par un Vaiffeau de
guerre Anglois , de 74 canons , a été obligé de
fe jetter fur la côte de Sardaigne , où il s'eft
amarré à terre. Les ennemis fans égard pour une
côte neutre , ont continué de canonner le bâtiment
, dans la vue de le couler à fond. Impatiens
de le détruire , ils ont envoyé leurs Chaloupes
avec cent cinquante hommes , pour y
mettre le feu ; ce qu'ayant exécuté , ils ont affailli
l'équipage François qui n'avoit ofé s'éloigner du
rivage. Ils ont tué cinq hommes , en ont bleffé
plufieurs , & ont dépouillé fans aucune diſtinction
matelots & paffagers.
Le Comte de Starhenberg , Confeiller d'Etat ,
Chambellan de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme , & Ambaſſadeur
de Leurs Majeftés Impériales , a eu fa premiere
audience particuliere du Roi , dans laquelle
il a préfenté à Sa Majefté fes Lettres de Créance.
Il a été conduit à cette audience , ainfi qu'à
celles de la Reine , de Monfeigneur le Dauphin ,
de Madame la Dauphine , de Monseigneur le
Duc de Bourgogne , de Monfeigneur le Duc de ;
Berry , de Monfeigneur le Comte de Provence ,
de Madame & de Mefdames Victoire , Sophie &
Louife , par M. de la Live , Introducteur des
Ambaffadeurs.
Le 24 d'Août , les Députés des Etats de Langue
doc eurent audience du Roi . Ils furent préfentés
par M. le Comte d'Eu , Gouverneur de la Province ,
& par M. le Comte de Saint- Florentin , Miniftre &
Secretaire d'Etat , & conduits par M. de Gizeux
Maître de Cérémonie en furvivance, La
OCTOBRE . 1757. 193
Le 21 d'Août , M. le Marquis de Paulmy , Miniftre
& Secretaire d'Etat ayant le Département
de la Guerre , & Grand Croix Chancelier Garde
des Sceaux de l'Ordre de Saint Louis , fut reçu
Chevalier des Ordres Royaux , Militaires & Hofpitaliers
de Notre - Dame du Mont - Carmel , & de
Saint Lazare de Jérufalem. M. le Comte de Saint
Florentin , Miniftre & Secretaire d'Etat , Gérent
& Adminiftrateur de ces Ordres , fit la cérémonie
dans l'appartement & en préfence de Monfeigneur
le Duc de Berry , Grand- Maître. Enfuite
M. le Marquis de Paulmy prêta ferment pour la
dignité de Chancelier Garde des Sceaux desdits
Ordres . Les Grands Officiers & plufieurs Chevaliers
affifterent à cette cérémonie .
Le Corps de Ville alla le 25 d'Août à Verſailles
, & il eut audience du Roi . Il fut préſenté à
Sa Majefté par M. le Comte de Saint-Florentin ,
Miniftre & Secretaire d'Etat , & conduit par le
fieur de Gizeux , Maître des Cérémonies , en
furvivance. Les fieurs Brallet & Vernay , nouveaux
Echevins , prêterent entre les mains du
Roi le ferment de fidélité , dont M. le Comte de
Saint- Florentin fit la lecture , ainfi que du Scrutin
, qui fut préſenté par le fieur de Pomereu ,
Confeiller au grand Confeil.
Après cette audience , le Corps de Ville eut
l'honneur de rendre fes refpects à la Reine & à la
Famille Royale.
Le jour de la Fête de Saint Louis , la Procef
fion des Carmes du Grand Couvent , à laquelle
le Corps de Ville aflifta , fe rendit , felon la coutume
, à la Chapelle du Palais des Tuilerics ,
où ces Religieux chanterent la Meffe .
L'Académie Françoife célébra cette Fête dans
la Chapelle du Louvre. On exécuta un Motet
I.Vol. 1
194 MERCURE DE FRANCE.
pendant la Meffe , après laquelle le Panégyrique
du Saint fut prononcé par l'Abbé Rouveyre- Duplan
, Chanoine de l'Eglife de Valence.
La même Fête fut célébrée par l'Académie
Royale des Belles - Lettres , & par celle des Sciences
, dans l'Eglife des Prêtres de l'Oratoire . Le
Pere de Neufville , de la Compagnie de Jeſus ,
prononça le Panégyrique du Saint.
On célébra le de Septembre , dans l'Eglife de
l'Abbaye royale de Saint Denis , le Service folemnel
, qui s'y fait tous les ans pour le repos de
l'ame de Louis XIV. L'Evêque de Dol y officia
pontificalement. Le Comte d'Eu & le Duc de
Penthievre y affifterent , ainfi que plufieurs perfonnes
de diftinction .
Sur la démiffion que le fieur Peyrene de Moras
, Miniftre & Secretaire d'Etat ayant le Département
de la Marine , a donnée de la place
de Contrôleur Général des Finances , le Roi en
a difpofé en faveur du ficar de Boullongne. La
charge d'Intendant des Finances , qu'avoit le fieur
de Boullongne , paffe au fieur de Boullongne fon
fils , qui en avoir la furvivance .
Le Roi ayant jugé à propos de raſſembler fon
Parlement le premier Septembre , les Gens du Roi
entrerent aux Chambres affemblées , & y apporterent
l'ordre de Sa Majefté aux Préfidens du Parlement
aux quatorze anciens Confeillers de la
Grand'Chambre , & aux quatorze anciens Confeillers
des Enquêtes & Requêtes , de fe rendre
fur le champ à Verfailles pour recevoir les ordres ;
ce qui fut exécuté. Le Roi donna audience aux
Députés du Parlement , qui furent préfentés par
M.le Comte de Saint- Florentin , Secretaire d'Etat
ayant le Département de Paris , & conduits à l'ordinaire
par les Officiers des Cérémonies. Le Roi
OCTOBRE. 1757 195
lear dit que fon Chancelier alloit leur expliquer
fes intentions. Sur quoi M. de Lamoignon , Chancelier
de France , prit la parole , & dit :
« Les fentimens qui animoient vos prédécel
» feurs ne leur auroient pas permis de faire la dé-
» marche à laquelle s'eft portée la plus grande
» partie des Officiers du Parlement.
» Le Roi vous ordonne d'avoir toujours préfentes
les obligations que votre ferment vous impo-
» fe : nul motifne peut vous difpenfer de rendre la
» juftice que vous devez aux Sujets de Sa Majeſté.
Les Magiftrats , prépofés pour l'adminiftrer ,
» ne peuvent la refufer , fans être refponfables de
» tous les maux qui font la fuite néceſſaire de ce
> refus.
» Sur les témoignages répétés qui ont été don-
» nés à Sa Majesté de votre foumiffion & de votre
fidélité , Elle veut bien n'interroger aujourd'hui
D que vos coeurs , & chercher dans vos fenti-
> mens des motifs de confiance pour l'avenir .
>> Elle efface donc pour jamais le fouvenir de
» ce qui lui a déplu dans votre conduite paflée
> en regardant comme non-avenues toutes les démiffions
qui lui ont été données. Sa Majeſté vous
» a appris Elle-même par les Lettres qui vous ont
» été adreffées , qu'Elle veut bien conferver dans
>> leurs Offices tous ceux qui s'en étoient démis.
A l'égard de ceux de vos Confreres qu'Elle a
crudevoir éloigner pour des raifons particulieres,
» Sa Majefté , en les confervant dans leur état ,
»n'a pas encore fixé le temps de leur rappel .
» Quand le Roi fera obéi , quand vous aurez
» repris l'exercice entier de vos fonctions ordinaires
, & que Sa Majeſté ſera fatisfaite de la fa-
» geffe de votre conduite , Elle écoutera favorablement
vos inftances à cet égard.
I ij
196 MERCURE DE FRANCE .
» Pour ce qui concerne la feconde déclaration ,
»le Roi defire que l'ufage en devienne auffi inutile,
qu'il l'avoit jugé néceflaire ; mais avant tout ,
» Sa Majefté ne refufera point d'écouter ce que
» fon Parlement croira devoir lui repréſenter fur
» cet objet . Elle veut que la fuppreffion ordonnée
» par fon édit du mois de Décembre dernier foit
» exécutée & Elle enverra à fon Parlement
>> une déclaration interprétative , à l'enrégiftre-
» ment de laquelle Elle vous ordonne de procéder
>> fans délai .
» Le Roi vous ordonne de reprendre vos foncntions
ordinaires : conformez - vous à les inten-
» tions.
» Sa Majeſté n'a rien tant à coeur que de faire
» régner dans fon Royaume le filence qu'Elle a
» préferit de part & d'autre ; & la paix qu'Elle
» defire depuis fi long-temps de voir rétablie.
Si Sa Majefté , par des raifons fupérieures , &
» dans la vue du bien général , a cru devoir s'éle-
» ver au deffus de regles ordinaires , fon Parle-
>> ment ne doit point en appréhender lesfuites pour
> l'avenir.
» Le Roi vous ordonne donc de faire exécuter
conformément aux
» fa premiere déclaration ,
>> Canons reçus dans le Royaume , aux Loix & aux
» Ordonnances.
» C'eſt en entrant dans ces vues , que vous de-
» vez toujours vous fouvenir qu'il eft des confidérations
de fagefle & de modération , ſur leſ-
» quelles vous devez régler vos démarches.
» Donnez vous - mêmes l'exemple du refpect que
» Sa Majefté veut qui foit rendu à la Religion & à
» fes Miniftres. C'eſt ainfi que vous ferez un ufa-
» ge légitime de l'autorité que le Roi a bien vou-
>> lu vous confier,
OCTOBRE . 1757. 197
» Que ces fentimens demeurent toujours gra-
» vés dans vos coeurs , & fouvenez - vous que
» votre Souverain vous traite en ce moment en
>> Pere » .
" Le lendemain 2 les Dépurés de retour rendirent
compte aux Chambres affemblées de ce qui
s'étoit paſſé à Verſailles ; & les Officiers du Parlement
, qui avoient donné l'année derniere la démiffion
de leurs Offices , ayant déclaré qu'ils en
reprenoient les fonctions , le Parlement procéda
à l'enrégiftrement de la déclaration interprétative
de l'Edit du mois de Décembre dernier , & arrêta
une députation pour remercier le Roi , & pour
lui demander le retour de fes Confreres , qui font
éloignés par des ordres particuliers.
Le Roi a reçu le 3 Septembre cette députation ,
& a fait aux Députés la réponſe fuivante.
« Je reçois avec fatisfaction les témoignages que
> vous venez de me donner de votre zele , de votre
» fidélité & de votre foumiffion à mes volontés.
>> Jouiffez du bonheur de plaire à un Maître qui
» vous aime , & de l'avantage de contribuer au
>> bien de mes sujets , en rempliffant vos devoirs.
» Achevez de répondre aux vues & aux inten-
» tions que je vous ai fait connoître pour le ré-
» tabliffement de la Paix , & je ne tarderai pas à
» réaliſer les espérances que je vous ai données
par rapport à ceux de vos Confrères , dont vous
» follicitez le retour . ,
» Ayez une entiere confiance en més bontés :
> fi vous pouviez en douter , vous cefferiez d'en
» être dignes ».
Le 5 Septembre , les Chambres affemblées ont
rendu un Arrêt , pour faire exécuter la Déclarátion
du 10 Décembre dernier , concernant les affaires
de l'Eglife , & ce conformément aux explica
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
tions portées aux réponses du Roi.
Elles ont auffi chargé le premier Préfident , &
deux Préfidens , de fe rendre à Choify , pour remercier
de nouveau le Roi , & l'affurer de l'entiere
confiance du Parlement dans les bontés de Sa
Majesté .
Le Roi a répondu en ces termes à cette derniere
députation : « Je crois que je puis compter fur les
» nouvelles affurances que vous donnez de votre
foumiffion & de votre zele , par la promptitude
» avec laquelle vous m'avez obéi , par la reconnoiffance
refpectueufe dont vous êtes pénétrés ,
»& par votre confiance dans ma Pertonne.
» Continuez à remplir vos fonctions avec cet
» eſprit de paix , de fageſſe & de modération , que
» je vous ai fi ſouvent & très - expreffément recom-
> mandé.
Vos Confreres vous feront rendus pour la
Saint-Martin ; & je vous difpenfe de me donner
à leur égard de nouveaux témoignages de
la reconnoiffance que vous devez à mes bontés .»
On avoit, dès le sau matin, enrégiftré la commiffion
pour la Chambre des Vacations , qui fera
tenwe par quatorze Conſeillers de la Grand Chambre
, & douze Confeillers des Enquêtes. M. Turgot
, Préfident du Parlement , eft nommé par le
Roi poury préfider.
Le Roi a tenu le Sceau pour la douzieme &
treizieme fois.
Madame Ducheffe de Parme arriva d'Italie à
Choify le 3 de Septembre , & à Versailles le 4.
Leurs Majeftés & la Famille Royale ont reçu cette.
Princeffe avec les démonftrations de la plus vive
endreffe. 1
Le Roi fe rendit le 4 à Choify , avec Madame
Ducheffe de Parme & Mefdames de France.
OCTOBRE . 1757. 199
Le même jour , la Reine eft arrivée de Verſailles .
Les , le Roi de Pologne Duc de Lorraine &
de Bar eft parti de ce dernier Château , pour retourner
à Luneville .
On mande de Fécamp , que le Corfaire l'Hirondelle
, de Dunkerque , a fait conduire dans ce
premier port un quatrieme Navire Anglois , appellé
le Lyon , de Liverpool , de 250 tonneaux
armé de 4 canons , 25 efpingolles , & chargé de
bled & de ballotteries.
Le Brigantin Anglois le Marmaid, chargé d'hui
le , pris par le Corfaire le Vainqueur , de Marfeille
, est arrivé en ce port .
Les fieurs Chevalier de Glandevez & de Graſſe ,
qui commandent les Galeres la Brave & la Du→
cheffe , fe font rendus maîtres d'un Corfaire Anglois
, armé de 16 canons & de 110 hommes d'équipage
, qu'ils ont fait conduire à Cette .
Il est arrivé à Boulogne un Brigantin Anglois ,
de 120 tonneaux , chargé d'avoine , de cidre ,
de brai , & de plufieurs ballots de marchandifes.
Cette prife a été faite par le Corſaire la Marquife
de Beringhen.
Le Corfaire la Princeffe de Soubize a pris &
conduit à Brest le Navire Anglois le Duc d'Argile ,
de 250 tonneaux , armé de 4 canons & 4 pierriers
, allant de Liverpool à la Caroline avec un
chargement compofé de draps , d'étoffes , de toiles
& de quincaillerie .
Le Navire Anglois le Pacquet de Porto , de 80
tonneaux , chargé de fel , & qui a été pris par le
Corfaire la Mutine , de S. Jean -de-Luz , eft arrivé.
par relâche à Vigo en Galice.
Le Corfaire le Comte de Saint -Germain , de
Dunkerque , s'eft emparé des Navires Anglois le
Crownpoint chargé de toiles , de fucre en pain , &.
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
d'autres marchandiſes , & l'Arlequin dont le chargement
eft compofé de fucre , de café , de thubarbe
, de cacao , de bois de Campeche. Ces
deux prifes ont été conduites , l'une à Eggrefund ,
l'autre à Bergues en Norwege.
Le même Corfaire a rançonné pour 15240 livres
trois autres Bâtimens Anglois , dont il s'étoit
rendu maître ; & il en a remis les ôtages à
Dunkerque.
Le Navire Anglois l'Ofgood , de 300 tonneaux ,
armé de 12 canons , allant de la Jamaïque à Londres
avec une cargaifon compofée de fucre , de
taffia , de maniguette & de bois rouge , a été pris
par le Corfaire la Victoire , de Saint - Malo , où
il a été conduit.
Il est arrivé dans la rade de l'Ile de Bas un Navire
de 450 tonneaux , pris par le Corfaire le
Comte d'Herouville , de Bordeaux , & qui eft
chargé de fix cens milliers de poudre à tirer , de
boulets , d'armes , & d'autres munitions de guerre.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En août 1757, plusieurs événements significatifs se déroulèrent à la cour de France. Le comte de Bestuchef, ambassadeur extraordinaire de l'impératrice de Russie, fut reçu par la dauphine et divers princes français. Le roi se rendit à Montrouge chez le duc de La Vallière. À la suite de la victoire à Hastenbeck, un Te Deum fut chanté à la cathédrale de Paris en présence du chancelier de France et de diverses autorités. Des feux d'artifice et des illuminations furent organisés à l'Hôtel de Ville et dans d'autres lieux emblématiques de Paris. Le 15 août, la procession solennelle de l'Assomption de la Sainte Vierge eut lieu avec les cérémonies habituelles. En Provence, un paysan découvrit une grotte contenant des plantes et des fruits pétrifiés. À Manille, un navire français fut attaqué et incendié par un vaisseau anglais malgré la neutralité de la côte. Le comte de Starhemberg, ambassadeur des empereurs d'Autriche, présenta ses lettres de créance au roi et à la famille royale. Les députés des États de Languedoc furent reçus par le roi, et le marquis de Paulmy fut nommé chevalier des Ordres royaux militaires et hospitaliers. Le corps de ville de Paris se rendit à Versailles pour prêter serment de fidélité au roi, et le 25 août, il rendit hommage à la reine et à la famille royale. À la fête de Saint Louis, des processions et des cérémonies religieuses furent organisées par diverses académies et ordres religieux. Le 1er septembre, le roi rassembla le Parlement et lui ordonna de reprendre ses fonctions, effaçant les démissions précédentes et promettant de réintégrer les magistrats éloignés. Le Parlement enregistra une déclaration interprétative concernant les affaires de l'Église et envoya une députation pour remercier le roi. Le roi exprima sa satisfaction et sa confiance dans le Parlement, promettant de réintégrer les magistrats éloignés. Le 5 septembre, le Parlement rendit un arrêt pour exécuter la déclaration du 10 décembre précédent et envoya une nouvelle députation à Choisy pour remercier le roi. En septembre et octobre 1757, divers événements et communications officielles eurent lieu. Un message royal exprima la satisfaction du roi envers un destinataire pour son zèle et sa promptitude, l'encourageant à continuer ses fonctions avec esprit de paix, sagesse et modération. Le roi tint le Sceau pour la douzième et treizième fois, et une commission pour la Chambre des Vacations fut enregistrée, composée de conseillers de la Grand Chambre et des Enquêtes, présidée par M. Turgot. La Duchesse de Parme arriva d'Italie et fut accueillie avec enthousiasme par la famille royale. Plusieurs prises de navires anglais par des corsaires français furent également mentionnées, incluant des détails sur les navires capturés, leurs cargaisons et leurs destinations.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1389
p. 200-201
BÉNÉFICES DONNÉS.
Début :
Sa Majesté a nommé à l'Archevêché de Bourges, vacant par la mort [...]
Mots clefs :
Abbaye, Archevêché, Ordres, Diocèses, Religieuses, Vicaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : BÉNÉFICES DONNÉS.
BÉNÉFICES DONNÉS.
A Majefté a nommé à l'Archevêché de Bourges ,
vacant par la mort du Cardinal de la Rochefoucauld
, M. l'Abbé de Phelypeaux , Vicaire Général
de cet Archevêché ; l'Abbaye de Notre- Dame
de Châtillon- fur - Seine , Ordre de S. Auguftin ,
Dioceſe de Langres , à M. l'Abbé d'Argenteuil
Vicaire Général du Dioceſe de Tours ; le Prieuré
du Pleffis - Grimault , même Ordre , Diocefe de
Bayeux , à M. l'Abbé Mercier , Chanoine de la
Sainte Chapelle de Paris ; & l'Abbaye réguliere
de Flines , Ordre de Câteaux , Dioceſe d'Arras , à
la Dame de Berchiny : l'Abbaye de Sainte Trinité
OCTOBRE. 1757. 201
de Beaulieu , Ordre de Saint Benoît , Dioceſe de
Tours , à M. l'Abbé Parchappe de Vinay , Prevot
de l'Eglife Métropolitaine , & Vicaire Général de
l'Archevêché de Rheims ; celle de Saint Cheron ,
Ordre de S. Auguftin , Dioceſe de Chartres , à
M. l'Abbé Matherot de Pregny , Prêtre du Diocefe
de Langres ; celle de Notre Dame de Flaran ,
Ordre de Citeaux , "Dioceſe d'Auch , à M. l'Abbé
de Beauffet- Roquefort , Vicaire Général de l’Evêché
de Béziers ; celle de Notre - Dame de Fontguillem
, même Ordre , Dioceſe de Bazas , à M.
P'Abbé Calture , Vicaire Général de ce Dioceſe ;
celle de S. Jean de Falaife , Ordre de Prémontré
réformé , Dioceſe de Seez , à M. l'Abbé de Gauchat
, Directeur des Carmelites de Saint - Denis ;
P'Abbaye réguliere de Barberie , Ordre de Ci
teaux , Diocese de Bayeux , à Dom Bernard du
Cayron , Prieur de cette Abbaye ; celle de Notre-
Dame du Lys , même Ordre , Diocefe de Sens , à
la Dame de Siougeat , Religieufe de l'Eclaches ,
ville & Dioceſe de Clermont ; celle de Bertaucourt
, Ordre de S. Benoît , Dioceſe d'Amiens , à
Dame Françoife de Montmorency , Religieufe
du même Ordre dans l'Abbaye d'Avefnes ; & celle
de Lieu- Dieu , Ordre de Cîteaux , Dioceſe d'Autún
, à la Dame de Pignerol , Prieure de ladite
maiſon.
A Majefté a nommé à l'Archevêché de Bourges ,
vacant par la mort du Cardinal de la Rochefoucauld
, M. l'Abbé de Phelypeaux , Vicaire Général
de cet Archevêché ; l'Abbaye de Notre- Dame
de Châtillon- fur - Seine , Ordre de S. Auguftin ,
Dioceſe de Langres , à M. l'Abbé d'Argenteuil
Vicaire Général du Dioceſe de Tours ; le Prieuré
du Pleffis - Grimault , même Ordre , Diocefe de
Bayeux , à M. l'Abbé Mercier , Chanoine de la
Sainte Chapelle de Paris ; & l'Abbaye réguliere
de Flines , Ordre de Câteaux , Dioceſe d'Arras , à
la Dame de Berchiny : l'Abbaye de Sainte Trinité
OCTOBRE. 1757. 201
de Beaulieu , Ordre de Saint Benoît , Dioceſe de
Tours , à M. l'Abbé Parchappe de Vinay , Prevot
de l'Eglife Métropolitaine , & Vicaire Général de
l'Archevêché de Rheims ; celle de Saint Cheron ,
Ordre de S. Auguftin , Dioceſe de Chartres , à
M. l'Abbé Matherot de Pregny , Prêtre du Diocefe
de Langres ; celle de Notre Dame de Flaran ,
Ordre de Citeaux , "Dioceſe d'Auch , à M. l'Abbé
de Beauffet- Roquefort , Vicaire Général de l’Evêché
de Béziers ; celle de Notre - Dame de Fontguillem
, même Ordre , Dioceſe de Bazas , à M.
P'Abbé Calture , Vicaire Général de ce Dioceſe ;
celle de S. Jean de Falaife , Ordre de Prémontré
réformé , Dioceſe de Seez , à M. l'Abbé de Gauchat
, Directeur des Carmelites de Saint - Denis ;
P'Abbaye réguliere de Barberie , Ordre de Ci
teaux , Diocese de Bayeux , à Dom Bernard du
Cayron , Prieur de cette Abbaye ; celle de Notre-
Dame du Lys , même Ordre , Diocefe de Sens , à
la Dame de Siougeat , Religieufe de l'Eclaches ,
ville & Dioceſe de Clermont ; celle de Bertaucourt
, Ordre de S. Benoît , Dioceſe d'Amiens , à
Dame Françoife de Montmorency , Religieufe
du même Ordre dans l'Abbaye d'Avefnes ; & celle
de Lieu- Dieu , Ordre de Cîteaux , Dioceſe d'Autún
, à la Dame de Pignerol , Prieure de ladite
maiſon.
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Résumé : BÉNÉFICES DONNÉS.
En octobre 1757, Sa Majesté a attribué plusieurs bénéfices ecclésiastiques. L'Archevêché de Bourges, vacant après le décès du Cardinal de la Rochefoucauld, a été confié à M. l'Abbé de Phelypeaux, Vicaire Général de cet Archevêché. L'Abbaye de Notre-Dame de Châtillon-sur-Seine a été donnée à M. l'Abbé d'Argenteuil, Vicaire Général du Diocèse de Tours. Le Prieuré du Plessis-Grimault a été attribué à M. l'Abbé Mercier, Chanoine de la Sainte Chapelle de Paris. L'Abbaye régulière de Flines a été confiée à la Dame de Berchiny. D'autres bénéfices ont été accordés à des abbés et des dames religieuses dans divers diocèses, incluant Tours, Chartres, Auch, Bazas, Seez, Sens, Amiens et Autun. Ces nominations concernent des Vicaires Généraux, des Prévôts, des Chanoines et des Religieuses de différents ordres, tels que les Augustins, les Bénédictins, les Cisterciens et les Prémontrés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1390
p. 205-209
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 17 Septembre, M. le Baron de Lichtenstein, Ministre Plénipotentiaire du Duc de [...]
Mots clefs :
Roi, Capitaine, Frégate, Corsaires , Troupes, Bataillons, Audience, Duc de Gesvres, Maréchal de Richelieu, Marchandises
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c .
E 17 Septembre , M. le Baron de Lichtenftein ,
Miniftre Plénipotentiaire du Duc de Saxe- Gotha ,
eut une audience particuliere du Roi , dans
laquelle it a préfenté à Sa Majefté fes Lettres de
Créance . Il a été conduit à cette audience , ainfi
qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur le Dauphin
, de Madame Infante , de Madame & de
Mefdames Victoire , Sophie & Louife , par le
même Introducteur .
Le Roi a difpofé de la charge de Premier Gentilhomme
de la Chambre , vacante par la mort
de M. le Duc de Gefvres , en faveur de M. le Duc
de Duras , & du Gouvernement de Paris , qui
vaquoit par la même mort , en faveur de M. le
Duc de Chevreuse.
206 MERCURE DE FRANCE.
Le Gouvernement de la Province de Piñe de
France , dont M. le Duc de Gefvres étoit pourvu
, paffe à M. le Comte de Trêmes qui , depuis
la mort de M. le Duc fon frere , a pris le titre de
Duc de Trêmes.
La place de Dame du Palais de la Reine , va~
cante par la mort de la Princeffe de Montauban,
a été donnée à Madame la Marquife d'Efcars.
M. le Duc de Duras arriva ici le 16 , & remit
au Roi une Convention , qui a été conclue le 10
entre le Maréchal Duc de Richelieu , Général des
armées de Sa Majefté en Allemagne , & le Duc
de Cumberland , Général de l'armée du Roi d'Angleterre
Electeur d'Hanovre. Cette convention
porte en fubftance : Que les hoftilités cefferont
de part & d'autre . Que les troupes auxiliaires ,
fçavoir , celles de Heffe , de Brunfwick , de Saxe-
Gotha , & même celles du Comte de la Lippe-
Buckemberg , feront renvoyées , & le rendront ,
avec des paffe ports de M. le Maréchal de Richelieu
, dans leurs pays refpectifs , où elles feront
placées & difperfées fuivant ce qui fera ultérieurement
réglé. Que le Duc de Cumberland paſſera
l'Elbe avec la partie de fon armée , qu'il ne pour
ra pas placer dans la Ville de Stade ou aux environs.
Que les troupes , qui formeront la Garnifon
de Stade , ou feront placées aux environs ,
& qui confifteront en 10 Bataillons & 18 Efcadrons
, ne pourront faire aucun acte d'hoftilité ,
ni être recrutées fous aucun prétexte , ou augmentées
dans aucun cas. Que ces troupes ne
pourront point fortir des limites qui leur feront
affignées , & qui feront marquées avec des poreaux.
Que les troupes Françoifes demeureront
dans le refte des Duchés de Bremen & de Verden,
jufques à une conciliation définitive des deux
OCTOBRE. 1757- 20
Souverains. Que le Maréchal de Richelieu accordera
les paffeports & les fûretés néceffaires
aux troupes Hanoveriennes , qui fe retireront au
delà de l'Elbe , & qui confiftent en 15 Bataillons
, 6 Efcadrons , & tout le Corps des Chaf
feurs. Il a été ftipulé auffi , que le Roi de Danemarck
, fous la garantie de qui cette Conventions
a été faite , s'obligera d'en affurer l'exécution:
pleine & entiere.
On a reçu avis que la flotte Angloife , qui a fait
voile de Portſmouth le 8 de Septembre , s'étoit
préfentée fucceffivement devant les Illes d'Oleron
& de Ré , & que le 23 elle avoit fait une
defcente dans l'Ifle Daix. Quoiqu'on ne croye
point avoir rien à craindre pour les côtes , vu les
meſures qui ont été priſes pour leur défenſe ; le
Roi , pour plus grande fûreté , a jugé à propos de
faire partir pour la Rochelle quatre bataillons des
Gardes Françoifes , deux Bataillons des Gardes
Suiffes , & un détachement de la Cavalerie de fa
Maiſon. Sa Majesté a envoyé ordre auffi à quelques-
uns des Régimens , dont les quartiers font
le plus à portée du pays d'Aunis , de fe rendre
dans cette Province.
M. de Maupeou , premier Préfident du Parle
ment ayant demandé la permiffion de fe demettre
de fa place , le Roi en a difpofé en faveur de M.
le Préfident Molé. Sa Majefté a gratifié M. de
Maupeou d'une penfion de quarante mille livres .
Le Roi a accordé à l'Abbé Salabery , Confeiller
de la Grand-Chambre , l'expectative d'une des
trois places de Confeillers d'Etat d'Eglife.
Le 6 Octobre, M. le Comte de Sartiranne , Am--
baffadeur du Roi de Sardaigne , eut une audience
particuliere du Roi , à laquelle il fut conduit par
M. de la Live, Introducteur des Ambaffadeurs..
208 MERCURE DE FRANCE.
Le même jour , le Roi a tenu le Sceau pour la
quatorzieme & la quinzieme fois.
Le 2 , M. le Préſident Molé prêta ferment entre
les mains du Roi pour la place de premier Préfident
du Parlement..
L'Archevêque de Paris arriva de Conflans enfon
palais archiepifcopal le premier d'octobre au foir.
Ce Prélat fe rendit le 2 à Verfailles , où il eut
l'honneur de préfenter fes refpects au Roi , à la
Reine , & à la Famille Royale.
Le Capitaine Berrade , commandant le Corfaire
la Marquise de Salba , a pris le navire Anglois le
Prince d'Orange , allant de Rhode- Iſland à Lon
dres avec un chargement de bois de Campeche . Il
s'eft auffi rendu maitre d'un Senaw , qui portoit de
Dublin à Antigoa fept cens & quelques barrils de
boeuf d'Irlande.
Le Corfaire l'Etigny s'eft emparé du Senaw le
Mélange , dont la charge confiftoit principalement
en grains & en falaifons , & du Senaw la
Méditerranée , chargé de fel.
Deux navires Anglois ont été enlevés par le
corfaire la Favorite , que commande le Capitaine
Sopite. Il y avoit fur l'un de ces bâtimens deux
mille trois cens quintaux de morue. L'autre en
portoit quatorze cens quintaux. Ce dernier a été
conduit dans un port d'Espagne.
De trois prifes qu'a faites le Corfaire l'Amiral ,
aucune n'a eu le bonheur d'arriver à bon port.
Le fieur la Fuente , commandant ci- devant la
frégate la Bohémienne , écrit de Falmouth , qu'il a
été obligé de fe rendre au corfaire la Défiance , de
Londres.
Le fieur de l'Ile - Beauchefne , Capitaine de vailfeau
, commandant la frégate du Roi le Zéphyr
s'eft rendu maître de deux corfaires Anglois , qui
!
OCTOBRE . 1757. 209
tous deux font armés de 10 canons , 8 pierriers ,
& ont l'un 72 hommes d'équipage , l'autre 48 .
Selon les avis reçus de Dunkerque , la frégate
la Comteffe de la Serre , de ce port , commandée
par le Capitaine Robert , & montée de 18 canons
de 8 livres de balle , s'empara le 20 fept. de 3 navires
Anglois à la hauteur d'Edimbourg . Deux de
ces bâtimens étoient partis de Kiga , chargés de
lin , de chanvre , de planches & de poutres . Le
troifieme venoit de Petersbourg avec un chargement
de fer & de chanvre. On eſtime que ces trois
prifes montent à cent cinquante mille livres . La
frégate la Comteffe de la Serre étoit partie le 16 de
Dunkerque. Le lendemain elle eut à l'entrée de la
Tamife , un combat avec une frégate Angloiſe de
24 canons de huit livres de balle . Le Capitaine
Robert auroit enlevé la frégate ennemie , fi la vue
de plufieurs navires de force , qui venoient la fecourir
, ne l'eût obligé de fe retirer.
Le Capitaine de Cock , qui commande le corfaite
le Comte de Maurepas , de Dunkerque , s'eft
emparé des navires Anglois le Bon Marchand &
la Concorde , & d'un brigantin , dont étoit maître
Jofeph Forceſter, & il les a rançonnés pour 26640
livres. Il a fait une autre prife chargée de fucre ,
de café , de cuirs fecs & de bois de Campeche ,
qui a coulé bas en arrivant à Dunkerque , mais
on en a ſauvé la cargaiſon .
E 17 Septembre , M. le Baron de Lichtenftein ,
Miniftre Plénipotentiaire du Duc de Saxe- Gotha ,
eut une audience particuliere du Roi , dans
laquelle it a préfenté à Sa Majefté fes Lettres de
Créance . Il a été conduit à cette audience , ainfi
qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur le Dauphin
, de Madame Infante , de Madame & de
Mefdames Victoire , Sophie & Louife , par le
même Introducteur .
Le Roi a difpofé de la charge de Premier Gentilhomme
de la Chambre , vacante par la mort
de M. le Duc de Gefvres , en faveur de M. le Duc
de Duras , & du Gouvernement de Paris , qui
vaquoit par la même mort , en faveur de M. le
Duc de Chevreuse.
206 MERCURE DE FRANCE.
Le Gouvernement de la Province de Piñe de
France , dont M. le Duc de Gefvres étoit pourvu
, paffe à M. le Comte de Trêmes qui , depuis
la mort de M. le Duc fon frere , a pris le titre de
Duc de Trêmes.
La place de Dame du Palais de la Reine , va~
cante par la mort de la Princeffe de Montauban,
a été donnée à Madame la Marquife d'Efcars.
M. le Duc de Duras arriva ici le 16 , & remit
au Roi une Convention , qui a été conclue le 10
entre le Maréchal Duc de Richelieu , Général des
armées de Sa Majefté en Allemagne , & le Duc
de Cumberland , Général de l'armée du Roi d'Angleterre
Electeur d'Hanovre. Cette convention
porte en fubftance : Que les hoftilités cefferont
de part & d'autre . Que les troupes auxiliaires ,
fçavoir , celles de Heffe , de Brunfwick , de Saxe-
Gotha , & même celles du Comte de la Lippe-
Buckemberg , feront renvoyées , & le rendront ,
avec des paffe ports de M. le Maréchal de Richelieu
, dans leurs pays refpectifs , où elles feront
placées & difperfées fuivant ce qui fera ultérieurement
réglé. Que le Duc de Cumberland paſſera
l'Elbe avec la partie de fon armée , qu'il ne pour
ra pas placer dans la Ville de Stade ou aux environs.
Que les troupes , qui formeront la Garnifon
de Stade , ou feront placées aux environs ,
& qui confifteront en 10 Bataillons & 18 Efcadrons
, ne pourront faire aucun acte d'hoftilité ,
ni être recrutées fous aucun prétexte , ou augmentées
dans aucun cas. Que ces troupes ne
pourront point fortir des limites qui leur feront
affignées , & qui feront marquées avec des poreaux.
Que les troupes Françoifes demeureront
dans le refte des Duchés de Bremen & de Verden,
jufques à une conciliation définitive des deux
OCTOBRE. 1757- 20
Souverains. Que le Maréchal de Richelieu accordera
les paffeports & les fûretés néceffaires
aux troupes Hanoveriennes , qui fe retireront au
delà de l'Elbe , & qui confiftent en 15 Bataillons
, 6 Efcadrons , & tout le Corps des Chaf
feurs. Il a été ftipulé auffi , que le Roi de Danemarck
, fous la garantie de qui cette Conventions
a été faite , s'obligera d'en affurer l'exécution:
pleine & entiere.
On a reçu avis que la flotte Angloife , qui a fait
voile de Portſmouth le 8 de Septembre , s'étoit
préfentée fucceffivement devant les Illes d'Oleron
& de Ré , & que le 23 elle avoit fait une
defcente dans l'Ifle Daix. Quoiqu'on ne croye
point avoir rien à craindre pour les côtes , vu les
meſures qui ont été priſes pour leur défenſe ; le
Roi , pour plus grande fûreté , a jugé à propos de
faire partir pour la Rochelle quatre bataillons des
Gardes Françoifes , deux Bataillons des Gardes
Suiffes , & un détachement de la Cavalerie de fa
Maiſon. Sa Majesté a envoyé ordre auffi à quelques-
uns des Régimens , dont les quartiers font
le plus à portée du pays d'Aunis , de fe rendre
dans cette Province.
M. de Maupeou , premier Préfident du Parle
ment ayant demandé la permiffion de fe demettre
de fa place , le Roi en a difpofé en faveur de M.
le Préfident Molé. Sa Majefté a gratifié M. de
Maupeou d'une penfion de quarante mille livres .
Le Roi a accordé à l'Abbé Salabery , Confeiller
de la Grand-Chambre , l'expectative d'une des
trois places de Confeillers d'Etat d'Eglife.
Le 6 Octobre, M. le Comte de Sartiranne , Am--
baffadeur du Roi de Sardaigne , eut une audience
particuliere du Roi , à laquelle il fut conduit par
M. de la Live, Introducteur des Ambaffadeurs..
208 MERCURE DE FRANCE.
Le même jour , le Roi a tenu le Sceau pour la
quatorzieme & la quinzieme fois.
Le 2 , M. le Préſident Molé prêta ferment entre
les mains du Roi pour la place de premier Préfident
du Parlement..
L'Archevêque de Paris arriva de Conflans enfon
palais archiepifcopal le premier d'octobre au foir.
Ce Prélat fe rendit le 2 à Verfailles , où il eut
l'honneur de préfenter fes refpects au Roi , à la
Reine , & à la Famille Royale.
Le Capitaine Berrade , commandant le Corfaire
la Marquise de Salba , a pris le navire Anglois le
Prince d'Orange , allant de Rhode- Iſland à Lon
dres avec un chargement de bois de Campeche . Il
s'eft auffi rendu maitre d'un Senaw , qui portoit de
Dublin à Antigoa fept cens & quelques barrils de
boeuf d'Irlande.
Le Corfaire l'Etigny s'eft emparé du Senaw le
Mélange , dont la charge confiftoit principalement
en grains & en falaifons , & du Senaw la
Méditerranée , chargé de fel.
Deux navires Anglois ont été enlevés par le
corfaire la Favorite , que commande le Capitaine
Sopite. Il y avoit fur l'un de ces bâtimens deux
mille trois cens quintaux de morue. L'autre en
portoit quatorze cens quintaux. Ce dernier a été
conduit dans un port d'Espagne.
De trois prifes qu'a faites le Corfaire l'Amiral ,
aucune n'a eu le bonheur d'arriver à bon port.
Le fieur la Fuente , commandant ci- devant la
frégate la Bohémienne , écrit de Falmouth , qu'il a
été obligé de fe rendre au corfaire la Défiance , de
Londres.
Le fieur de l'Ile - Beauchefne , Capitaine de vailfeau
, commandant la frégate du Roi le Zéphyr
s'eft rendu maître de deux corfaires Anglois , qui
!
OCTOBRE . 1757. 209
tous deux font armés de 10 canons , 8 pierriers ,
& ont l'un 72 hommes d'équipage , l'autre 48 .
Selon les avis reçus de Dunkerque , la frégate
la Comteffe de la Serre , de ce port , commandée
par le Capitaine Robert , & montée de 18 canons
de 8 livres de balle , s'empara le 20 fept. de 3 navires
Anglois à la hauteur d'Edimbourg . Deux de
ces bâtimens étoient partis de Kiga , chargés de
lin , de chanvre , de planches & de poutres . Le
troifieme venoit de Petersbourg avec un chargement
de fer & de chanvre. On eſtime que ces trois
prifes montent à cent cinquante mille livres . La
frégate la Comteffe de la Serre étoit partie le 16 de
Dunkerque. Le lendemain elle eut à l'entrée de la
Tamife , un combat avec une frégate Angloiſe de
24 canons de huit livres de balle . Le Capitaine
Robert auroit enlevé la frégate ennemie , fi la vue
de plufieurs navires de force , qui venoient la fecourir
, ne l'eût obligé de fe retirer.
Le Capitaine de Cock , qui commande le corfaite
le Comte de Maurepas , de Dunkerque , s'eft
emparé des navires Anglois le Bon Marchand &
la Concorde , & d'un brigantin , dont étoit maître
Jofeph Forceſter, & il les a rançonnés pour 26640
livres. Il a fait une autre prife chargée de fucre ,
de café , de cuirs fecs & de bois de Campeche ,
qui a coulé bas en arrivant à Dunkerque , mais
on en a ſauvé la cargaiſon .
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le 17 septembre, le Baron de Lichtenstein, ministre plénipotentiaire du Duc de Saxe-Gotha, a été reçu en audience privée par le Roi, qui a accepté ses lettres de créance. Le Roi a procédé à plusieurs nominations : le Duc de Duras a été nommé Premier Gentilhomme de la Chambre, le Duc de Chevreuse Gouverneur de Paris, et le Comte de Trêmes, devenu Duc de Trêmes, Gouverneur de la Province de Pîne de France. La Marquise d'Escars a été désignée Dame du Palais de la Reine. Le Duc de Duras a présenté au Roi une convention signée le 10 septembre entre le Maréchal Duc de Richelieu et le Duc de Cumberland, prévoyant la cessation des hostilités et le retrait des troupes auxiliaires. Les troupes françaises resteront dans les Duchés de Bremen et de Verden jusqu'à une conciliation définitive. La flotte anglaise a été repérée devant les îles d'Oléron et de Ré, et a effectué une descente dans l'île Daix. En réponse, le Roi a renforcé les défenses des côtes en envoyant des troupes à La Rochelle et dans la province d'Aunis. M. de Maupeou a démissionné de son poste de Premier Président du Parlement, remplacé par M. le Président Molé, qui a prêté serment le 2 octobre. Le Roi a accordé une pension à M. de Maupeou et une place de Conseiller d'État d'Église à l'Abbé Salabery. Le 6 octobre, l'ambassadeur du Roi de Sardaigne, le Comte de Sartiranne, a été reçu en audience privée. Le Roi a tenu le Sceau pour la quatorzième et la quinzième fois. L'Archevêque de Paris est arrivé à Versailles le 2 octobre. Des corsaires français ont réalisé plusieurs prises maritimes, notamment des navires anglais chargés de bois de Campeche, de grains, de morue et de sel. La frégate la Comtesse de la Serre a capturé trois navires anglais près d'Édimbourg.
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1391
p. 210
BÉNÉFICES DONNÉS.
Début :
Sa Majesté a donné l'Abbaye de Septfons, Ordre de Cîteaux, Diocèse d'Autun, [...]
Mots clefs :
Abbaye, Ordre, Diocèse, Vicaire, Abbé, Paroisse
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texteReconnaissance textuelle : BÉNÉFICES DONNÉS.
BÉNÉFICES DONNÉS.
SA Majefté a donné l'Abbaye de Septfons , Or
dre de Cîteaux , Dioceſe d'Autun , vacante par le
décès de Dom Jofeph Alpheron , àDom Dorothée
Jaloutz , Religieux de cette Abbaye ; l'Abbaye
de Longpont , Ordre de Câteaux , Dioceſe
de Soiffons , à M. l'Abbé de Friſchmann , ci- devant
chargé des affaires de France à la Cour d'Efpagne
; celle de la Creft , même Ordre , Diocefe
de Langres , à M. l'Abbé de Chabannes , Aumonier
du Roi , & Vicaire Général de l'Evêché de
Clermont ; celle de Saint Crefpin en Chaye , Ordre
de Saint Auguftin , Diocefe de Soiffons , à M.
l'Abbé d'Heffelin , Vicaire Général de l'Archevêché
de Sens ; celle de Saint Urbain , Ordre de
Saint Benoît , Dioceſe de Châlons - fur - Marne ;
à M. l'Abbé du Quéilard , Archidiacre de l'Eglife
Cathédrale , & Vicaire Général de l'Evêché de
Digne ; celle de Maymac , même Ordre , Diocefe
de Limoges , à M. l'Abbé Barc , Chapelain
du Roi , & Chanoine de la Cathédrale de Noyon ;
& le Prieuré de Saint Rambert en Forez , Dioe
cefe de Lyon , à M. l'Abbé de Montjouvent ,
Comte de Lyon , & Vicaire Général du même
Diocefe ; l'Abbaye de Fonfroide , Ordre de Ci
teaux , Dioceſe de Narbonne , à M. l'Evêque de
Venca ; l'Abbaye Réguliere de Beaumont ,
dre de Saint Benoît , Dioceſe de Clermont , à la
Dame de Lentilhac , Religieufe de la même Abbaye
; & le Prieuré de Sainte Marie de Quingac
nevend , Dioceſe de Nantes , à M. le Loup de
la Biliais , Recteur de la Paroiffe de Blain , & Député
de la Chambre Eccléfiaftique du même Diocele.
SA Majefté a donné l'Abbaye de Septfons , Or
dre de Cîteaux , Dioceſe d'Autun , vacante par le
décès de Dom Jofeph Alpheron , àDom Dorothée
Jaloutz , Religieux de cette Abbaye ; l'Abbaye
de Longpont , Ordre de Câteaux , Dioceſe
de Soiffons , à M. l'Abbé de Friſchmann , ci- devant
chargé des affaires de France à la Cour d'Efpagne
; celle de la Creft , même Ordre , Diocefe
de Langres , à M. l'Abbé de Chabannes , Aumonier
du Roi , & Vicaire Général de l'Evêché de
Clermont ; celle de Saint Crefpin en Chaye , Ordre
de Saint Auguftin , Diocefe de Soiffons , à M.
l'Abbé d'Heffelin , Vicaire Général de l'Archevêché
de Sens ; celle de Saint Urbain , Ordre de
Saint Benoît , Dioceſe de Châlons - fur - Marne ;
à M. l'Abbé du Quéilard , Archidiacre de l'Eglife
Cathédrale , & Vicaire Général de l'Evêché de
Digne ; celle de Maymac , même Ordre , Diocefe
de Limoges , à M. l'Abbé Barc , Chapelain
du Roi , & Chanoine de la Cathédrale de Noyon ;
& le Prieuré de Saint Rambert en Forez , Dioe
cefe de Lyon , à M. l'Abbé de Montjouvent ,
Comte de Lyon , & Vicaire Général du même
Diocefe ; l'Abbaye de Fonfroide , Ordre de Ci
teaux , Dioceſe de Narbonne , à M. l'Evêque de
Venca ; l'Abbaye Réguliere de Beaumont ,
dre de Saint Benoît , Dioceſe de Clermont , à la
Dame de Lentilhac , Religieufe de la même Abbaye
; & le Prieuré de Sainte Marie de Quingac
nevend , Dioceſe de Nantes , à M. le Loup de
la Biliais , Recteur de la Paroiffe de Blain , & Député
de la Chambre Eccléfiaftique du même Diocele.
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Résumé : BÉNÉFICES DONNÉS.
Le texte énumère les bénéfices ecclésiastiques accordés par Sa Majesté à divers religieux et ecclésiastiques. L'Abbaye de Septfons, dans le diocèse d'Autun, est attribuée à Dom Dorothée Jaloutz. L'Abbaye de Longpont, dans le diocèse de Soissons, est donnée à M. l'Abbé de Frischmann. L'Abbaye de la Creft, dans le diocèse de Langres, est attribuée à M. l'Abbé de Chabannes. L'Abbaye de Saint Crespin en Chaye, dans le diocèse de Soissons, est donnée à M. l'Abbé d'Heffelin. L'Abbaye de Saint Urbain, dans le diocèse de Châlons-sur-Marne, est attribuée à M. l'Abbé du Quéilard. L'Abbaye de Maymac, dans le diocèse de Limoges, est donnée à M. l'Abbé Barc. Le Prieuré de Saint Rambert en Forez, dans le diocèse de Lyon, est attribué à M. l'Abbé de Montjouvent. L'Abbaye de Fonfroide, dans le diocèse de Narbonne, est donnée à M. l'Évêque de Venca. L'Abbaye Régulière de Beaumont, dans le diocèse de Clermont, est attribuée à la Dame de Lentilhac. Enfin, le Prieuré de Sainte Marie de Quingacnevend, dans le diocèse de Nantes, est attribué à M. le Loup de la Biliais.
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1392
p. 177-201
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 9 Octobre, sur les cinq heures de l'après-midi, Madame la Dauphine commença à sentir [...]
Mots clefs :
Naissance du Prince, Comte d'Artois, Famille royale, Cérémonie, Madame la Dauphine, Accession à des charges, Serment, Troupes, Actes de piété et démonstrations de joies, Députés, Canada, Anglais, Nouvelle France, Campagne militaire, Ennemis, Marquis de Vaudreuil, Forts, Expéditions, Batailles, Lieutenant, Colonel, Marquis de Montcalm, Capitaine, Soldats, Chevalier, Milices, Défense, Les sauvages, Camps, Protections, Artillerie, Siège, Victoire, M. Passemant, Miroir, Corsaires , Navires, Marchandises
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
I
E 9 Octobre , fur les cinq heures de l'aprèsmidi
, Madame la Dauphine commença à fentir
Hv
178 MERCURE DE FRANCE.
des douleurs. Vers les fept heures du foir , cette
Princeffe accoucha d'un Prince , que le Roi a nom.
mé Comte d'Artois. M. l'Abbé de Bouillé , Comtede
Lyon , & premier Aumônier de Sa Majeſté ,
fit , à fept heures un quart , la cérémonie de l'ondoyement
, en préfence du Curé de la Paroiffe da
Château . Monfieur Rouillé , Miniftre d'Etat , Sur
Intendant général des Poftes , & grand Tréforier
de l'Ordre du S. Elprit , ayant apporté le Cordon
de cet Ordre , eut l'honneur de le paffer au col
du Prince . Monfeigneur le Comte d'Artois fut enfuite
remis à la Comteffe de Marfan , Gouvernante.
des Enfans de France ; & elle le porta à l'appartement
qui lui étoit deſtiné . Ce Prince y fut conduit
par le Maréchal Duc de Luxembourg , Capitaine
des Gardes du Corps.
Le Roi & la Reine , accompagnés de la Famille
Royale , ainfi que des Princes & Princeffes du
Sang , des grands Officiers de la Couronne , des.
Miniftres , des Seigneurs & Dames de la Cour
& précédés des deux Huiffiers de la Chambre quis
portoient leurs maffes , fe rendirent le lendemain
à la Chapelle. Leurs Majeftés y entendirent la
Meffe , pendant laquelle M. Colin de Blamont ,
Chevalier de l'Ordre de S. Michel , & Sur- Intendant
de la Mufique de la Chambre , fit exécuter le
Te Deum en mufique , de fa compofition . Cette
Hymne fut entonnée par M. l'Abbé Gergois, Chapelain
ordinaire de la Chapelle- Mufique.
Après la Meffe , le Roi & la Reine , Monfeigneur
le Dauphin , Monfeigneur le Duc de Bourgogne ,
Monfeigneur le Duc de Berry , Monfeigneur le
Comte de Provence , Madame Infante Duchellede
Parme , Madame ,. & Mefdames Victoire , Sophie
& Louife , reçurent dans leurs appartemens
les révérences des Dames de la Cour , à l'occafion
NOVEMBRE. 1757 179
des couches de Madame la Dauphine , & de la
naiffance du Prince.
On tira le foir un bouquet d'artifice devant les
fenêtres du Roi.
Sa Majefté a fait partir Monfieur Pernot- du
Buat , un de fes Gentilshommes ordinaires
pour aller à Luneville donner part de la naiffance
de Monfeigneur le Comte d'Artois au Roi de Pologne
, Duc de Lorraine & de Bar.
Madame la Dauphine & le jeune Prince fe por--
tent auffi bien qu'on puiffe le défirer.
9"
Sur le premier avis que Madame la Dauphine:
avoit reffenti quelques douleurs , le Corps - de-Ville
s'étoit affemblé. A huit heures & demie du foir
le fieur d'Amfreville , Chefde Brigade des Gardes.
du Corps , vint lui apprendre , de la part du Roi,.
la naiffance d'un Prince. Auffi -tôt les Prevôt des
Marchands & Echevins firent annoncer à toute la
Ville , par une falve générale de l'artillerie , & par
la cloche de l'Hôtel- de-Ville , qui a fonné jufqu'au
lendemain minuit , la nouvelle faveur qu'il
a plu à Dieu d'accorder au Roi & à la Nation. On
tira le même foir dans la place de l'Hôtel - de-Ville :
un grand nombre de fufées volantes,
Le ro , les officiers des cérémonies étant ab--
fens , le fieur Ourfin de Soligny , Maître d'hôtel
du Roi , remit au Corps - de- Ville une lettre de Sa
Majefté. Il fut fait deux falves générales de l'artil
lerie , l'une dès le matin , l'autre vers les fix heu--
res du foir , après laquelle les Prevôt des Marchands
& Echevins allumerent,avec les cérémonies
accoutumées , le bucher qui avoit été dreffé dans
la place devant l'Hôtel- de- Villé . Ce feu fut accom.-
pagné d'une grande quantité d'artifice : On fit couler
dans la place plufieurs fontaines de vin , & l'on
diftribua du pain &. des. viandes au peuple . Des.
H.vj.
180 MERCURE DE FRANCE.
orcheftres remplis de muficiens , mêlerent le foa
de leurs inftrumens aux acclamations dictées paa
Palégretle publique. La façade de l'Hôtel- de-
Ville fut illuminée par plufieurs filets de terrines ,
ainfi que l'hotel du Prevôt des Marchands , & les
mailons des Echevins & Officiers du Bureau de la
Ville.
Le Roi a accordé à M. le Marquis de la Tour-
Dupin de Paulin le régiment de Guyenne , vacant
par la mort de M. le Conte de Montmorenci-
Laval , tué à la bataille de Haftembecke .
a
Le Roi ayant admis dans fon Confeil des Dépêches
les fieurs Gilber de Voyfins & Berryer , Confeillers
d'Etat , le 16 octobre ils eurent l'honneur
de faire leurs remerciemens à Sa Majeſté.
Sa Majesté a donné le gouvernement général de
l'Orléanois , vacant par la mort de M. le Duc d'Antin
, au Comte de Rochecouart , fon Miniftre
Plénipotentiaire à la Cour de Parme.
Le 19 , M. le Duc de Duras prêta ferment entre
les mains du Roi pour la charge de premier Gentilhomme
de la Chambre , vacante par la mort du
Duc de Gefvres.
Le même jour, M. le Marquis de Gontaut prêta
ferment entre les mains de Sa Majeſté , pour la
Lieutenance générale du Languedoc , vacante par
la mort de M. le Maréchal Duc de Mirepoix.
Le Roi a difpofé en faveur du Prince de Beauveau
, de la charge de Capitaine des Gardes du
Corps , qu'avoit auffi le feu Maréchal Duc de Mirepoix
Sa Majesté a accordé au Vicomte de Noë,
Chambellan du Duc d'Orléans , & Capitaine de
vaiffeau , un brevet de Colonel à la ſuite du régiment
d'Orléans cavalerie.
M. de Lamoignon de Bafville a obteau da
A
a.
I
fo
P
ve
G
M
G:
NOVEMBRE . 1757. 181
Roi l'agrément de la charge de Préſident du Par
lement , dont le fieur Molé , premier Préfident ,
étoit revêtu.
Le Roi a nommé M. le Comte des Salles, Capitaine
de Cavalerie dans le régiment d'Harcourt ,
à la place deColoneldans lesGrenadiers de France,
vacante par la nomination de M. le Marquis de la
Tour - Dupin de Paulin au régiment de Guyenne.
Les troupes de la Maiſon du Roi , qui avoient
été détachées pour la défenſe de nos côtes , ne
font point arrivées à leur deftination , par la
prompte retraite des Anglois , & ont eu ordre de
revenir. Les Gardes Françoifes & les Gardes Suiffes
qui étoient reftées à Tours , à Saumur & à
Blois , doivent fe rendre ici fucceffivement dans
Fla fin d'octobre , & au commencement de novembre.
Les détachemens des Gardes du Corps ,
Gendarmes de la Garde , Chevaux- Légers , &
Moufquetaires de la premiere Compagnie , font
tous partis le 19 octobre , d'Orléans , d'Eftampes ,
d'Arpajon & de Chartres , où ils étoient reftés. La
feconde Compagnie des Moufquetaires , & les
Grenadiers à cheval , qui avoient reçu des contreordres
à temps , n'ont point quitté leurs quartiers.
Madame la Dauphine étant accouchée d'un
Prince le 9 d'octobre , M. le Marquis de Paulmy ,
Miniftre & Sécretaire d'Etat , expédia fur le champ.
un courier aux Députés des Etats de la Province
d'Artois
, pour leur faire fçavoir que le Roi avoit
nommé le nouveau Prince , Comte de cette Pro-,
vince. Auffitôt que cette nouvelle fut portée à
Arras , Capitale de l'Artois , toutes les cloches de
la Ville fonnerent , les habitans fermerent d'euxmêmes
leurs boutiques , & coururent en foule à
P'Eglife , pour y rendre à Dieu des actions.de.gra
182 MERCURE DE FRANCE.
ees de l'heureuſe délivrance de Madame la Dau
phine , & lui demander la conſervation d'un
Prince qui leur eft d'autant plus cher , que la
Province , depuis cinq hecles , a été privée de
Phonneur de voir fon nom porté par un Prince
de la Maiſon Royale. Ces actes de piété furent
fuivis des démonftrations de la joie la plus vive.
La nouvelle fut bientôt répandue jufqu'aux extrê
mités de l'Artois ; & tous les peuples , à l'envi de
la Capitale , s'emprefferent de faire éclater lear
reconnoiffance & leur alegreffe . Les Etats de la
province s'affemblerent extraordinairement , &
éfolurent de nommer une députation folemnelle,
formée de trois perfonnes de chaque ordre , pour
aller , conjointement avec les députés ordinaires
qui réfident cette année à la fuite de la Cour , remercier
le Roi de lafaveur fignalée que Sa Majesté
vient d'accorder à l'Artois , & pour la féliciter ,
ainfi que la Famille royale , fur cet heureux évé
nement. Cette députation s'étant rendue à Verfailles
le Dimanche 16 d'octobre , elle fut admife
à l'audience du Roi , de la Reine , de Monseigneur
le Dauphin , de Monfeigneur le Duc de Bourgogne
, de Monfeigneur le Duc de Berry , de Mon
feigneur le Comte de Provence , de Monfeigneur
le Comte d'Artois , de Madame Infante Ducheffe
de Parme , de Madame , & de Meſdames Victoire ,
Sophie & Louife. Les Députés furent préfentés
par M. le Marquis de Paulmy , Miniftre & Secresaire
d'Etat , ayant le département de la Province,
& conduits par M. Defgranges , Maître des Céré
monies. La députation étoit compofée de MM. les
Evêques d'Arras , de Saint - Omer , l'Abbé de
Saint-Waak & l'Abbé de Cry , Chanoine de is
Cathédrale d'Arras , pour le Clergé ; de MM. le
Marquis de Creny , le Comte d'Houchin , k
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4
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NOVEMBRE . 1757. 183:
Baron de Wifmes , & le Baron d'Haynin , pour la
Nobleffe ; de MM. de Canchy , Echevin de la ville
de Saint - Omer ; Cornuel & Goffes , Echevins de
la ville d'Arras , & de Gouves , Procureur du Roi
de la même ville , pour le Tiers - Etat. Elle étoit
accompagnée de M. le Premier Préfident & du .
Confeil Provincial d'Artois . M. l'Evêque de Saint-
Omer porta la parole , & exprima d'une maniere:
touchante les fentimens de joie , d'amour , de
refpect & de reconnoiffance, communs à tous les
habitans de l'Artois. Cette Province fut réunie à
la Couronne en 1199 , par Philippe Augufte. Il
Périgea en Comté , & la donna à fon fils aîné , depuis
Louis VIII . Ce Comté paffa enfuite à Robert,.
fecond fils de Louis , qui porta le nom de Comte:
d'Artois , & fut tué à la bataille de la Maffoure,
Philippe le Bel en 1297 érigea l'Artois en Comté
Pairie.
La Princeffe de Condé eft accouchée heureufe--
ment les d'Octobre d'une Princeffe.
Les mauvais fuccès que les Anglois ont éprouvés
dans les entreprifes qu'ils ont tentées , foit dans le
fein de la paix , foit depuis la déclaration de la
guerre , pour envahir le Canada , ne les ont point
rebutés . Perfonne n'ignore les préparatifs im
menfes qu'ils avoient faits pour l'attaquer cette
année tout à la fois par mer & du côté des
terres. Les forces navales , que le Roi a deſtinées
pour la défenſe de cette colonie , ont fait échouer
leur projet du côté de la mer; & les difpofitions:
qui ont été faites dans le pays , les ont mis éga
lement hors d'état de faire aucune tentative fur les
frontieres.
Dès la fin de la campagne de l'année derniere ,,
M. le Marquis de Vaudreuil, Gouverneur & Lieute
pant-Général de la Nouvelle France , s'occupa de
184 MERCURE DE FRANCE.
tous les arrangemens qu'il pouvoit y avoir à pren
dre pour le mettre en état de les repouffer de toutes
parts.
Il prit des mefures pour avoir des partis de Canadiens
& de Sauvages continuellement en cam.
pagne durant l'hyver. Les incurfions que ces détachemens
ont faites fur les ennemis leur ont ré
beaucoup de monde , & donné l'alarme à leurs
colonies, où ils ont fait beaucoup de ravages.
M. le Marquis de Vaudreuil s'eft appliqué authà
ménager les bonnes difpofitions des Nations Sauvages
, qui en général font foulevées contre l'iajuftice
des prétentions & la violence des procédés
des Anglois. Celles qui font anciennement alliées
de la France n'ont point ceffé de donner de nouvelles
preuves de leur fidélité , & ont été continuellement
en parti contre les ennemis. D'autres
Nations nombreuſes font entrées dans cette alliance
, & ont pris part à la guerre. Les Iroquois
eux-mêmes , ces Nations que les Anglois repréſen
tent à l'Europe comme leurs fujettes , animés des
mêmes motifs que les autres Sauvages , ont pris le
même parti , malgré les efforts de toute espece
que les Gouverneurs Anglois ont faits pour obtenir
d'eux qu'ils s'en tinffent à la neutralité qu'ils
avoient obfervée dans les guerres précédentes
d'entre la France & l'Angleterre.
C'eſt relativement aux avantages que M. le Marquis
de Vaudreuil s'eft vu en état de tirer des difpofitions
de toutes ces Nations , qu'il a réglé fes
opérations.
Il avoit jugé que les ennemis tourneroient leurs
principaux efforts du côté du Lac Saint- Sacrearent
& du Lac Champlain ; & il a donné une
attention particuliere à munir les Forts qui défendent
cette frontiere. Les ennemis ayant été infor
NOVEMBRE. 1757 . 185
més qu'on devoit faire pafler du Fort Saint-Fre
déric au Fort de Carillon quelques provifions fous
l'escorte d'un petit détachement , en envoyere t
un de quatre-vingts hommes d'élite , qui enleva les
premieres traînes de ce convoi & fept Soldats ;
mais le Commandant du Fort Saint- Frédéric fit
marcher un nouveau détachement qui coupa celui
des ennemis dans fon chemin , le défit entiérerement
, à l'exception de trois hommes qui fe
fauverent , & reprit les traînes dont les ennemis
s'étoient emparés , & trois Soldats qui reftoient
de ceux qui avoient été enlevés . Cette action fe
pafla au mois de Janvier. MM . de Bafferode & de
la Grandville , Capitaines aux Régimens de Languedoc
& de la Reine , y eurent la principale
part.
M. le Marquis de Vaudreuil apprit dans le même
temps que les ennemis avoient raflemblé au
Fort Georges fitué fur le Lac Saint -Sacrement ,
des approvifionnemens confidérables de toures
les efpeces , & qu'ils avoient fait conftruire fous
le canon de ce Fort un très -grand nombre de barques
, de bateaux & d'autres bâtimens , non-feulement
pour le tranfport de ces approvifionnemens
, mais encore pour s'affurer la navigation de
ce Lac. Il jugea que tous ces préparatifs étoient
deftinés pour des entreprifes que les ennemis fe
propofoient d'exécuter au printems. Pour leur en
ôter les moyens , il fit , matcher au mois de Mars
un détachement de quinze cens hommes de troupes
réglées , Canadiens & Sauvages , fous les ordres
de M. Rigaud- de Vaudreuil , Gouverneur
des Trois - Rivieres , qui réuffit fi bien dans fon
expédition , qu'il parvint à brûler tous les bâtimens
de mer , tous les magafins qui étoient rem➡
plis de toutes fortes de munitions & d'uftenfiles
186 MERCURE DE FRANCE.
pour une armée de quinze mille hommes , & généralement
tout ce que les ennemis avoient raſ◄
femblé fous le Fort , lequel refta ifolé.
M. le Marquis de Vaudreuil ne fe contenta
pas des obftacles qu'il oppofoit par- là à l'exécution
des projets des ennemis du côté du Lac Saint-Sacrement
, il fortifia de nouveau les garnifons des
poftes qui font fur cette frontiere ; & au moyen
du renfort de troupes & des autres fecours que le
Roi a fait paffer en Canada , ce Gouverneur s'eft
trouvé en état d'agir offenfivement contre les ennemis.
Du côté de la Belle Riviere , il a fait détruire
plufieurs petits Forts qu'ils y avoient établis .
Pour profiter efficacement des avantages de
Pexpédition de M. Rigaud , & de ceux de la fituation
où le trouvoit la colonie du côté de la mer ,
il a formé le projet de s'emparer du Fort Georges.
L'établiffement de ce Fort , qui n'avoit été fait
que depuis peu de temps, étoit une de ces invaſions
que les Anglois font dans l'ufage de faire en tems
de paix fur les poffeflions de leurs voisins ; & il
leur donnoit les plus grandes facilités pour atta
quer le Canada par fon centre.
M. le Marquis de Vaudreuil a chargé de cette
importante expédition M. le Marquis de Montcalm
, Maréchal de Camp. Le corps de troupes
qu'il y a deftiné , étoit compofé de fix bataillons
de troupes de terre , d'un détachement des
troupes réglées de la colonie , de plufieurs détachemens
de milices , & de plufieurs partis de
Sauvages. Toutes ces troupes ont été raſſemblées
le 20 Juillet à Carrillon , où M. de Bourlamaque
, Colonel d'Infanterie , avoit déja fait les dif
pofitions préliminaires pour la marche de l'armée.
M. le Marquis de Montcalm s'y étoit rende
Σ
&
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f
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་
NOVEMBRE. 1757. 187
quelque temps auparavant. En attendant que l'armée
pût le mettre en marche , il avoit détaché
M. de Rigaud- de Vaudreuil , pour s'emparer de
la tête du portage du Lac Saint- Sacrement , avec
un corps de troupes de la colonie , de Canadiens
& de Sauvages.
M. Kigaud- de Vaudreuil s'étant établi dans ce
pofte , il envoya trois détachemens à la découverte.
Le premier , qui n'étoit que de dix hommes ,
fut attaqué fur le Lac Saint- Saciement par plufieurs
canots , dans lefquels il y avoit cent vinge
à cent trente Anglois . Quoique M. de Saint-
Ours , Lieutenant des troupes de la Colonie ,
qui le commandoit , fût bleffé à la premiere décharge
, il fe défendit avec tant de fermeté , qu'il
obligea les ennemis à fe retirer.
Le fecond , qui étoit affez confidérable , fut
commandé par M. Marin , autre Lieutenant , quis
fe fit précéder par huit Sauvages qui faifoient fon
avant-garde , lefquels fe trouverent vis - àvis quarante
Anglois. Dès le premier abord , ils firent :
leur décharge fur les ennemis , tuerent leur Com
mandant , & mirent le refte en fuite. M. Marin ,,
ayant rejoint fon avant-garde , réduifit fon détachement
à cent cinquante hommes d'élite . Il fe
porta près du Fort Edouard , éloigné de quelques.
lieues du Fort Georges , fans être découvert. Il défit
d'abord une patrouille de dix hommes , enfuite
une garde ordinaire de cinquante hommes ,
& plufieurs travailleurs. Il fe préfenta à la vue da
camp des ennemis , qui fortirent au nombre de
trois mille hommes faifant feu fur lui . Il le foutine
pendant deux heures. Ce ne fut même qu'avec
peine qu'il obligea les Sauvages qui étoient avec
ui , à fe retirer, Il tua dans certe action plus de
"
H
188 MERCURE DE FRANCE. Re
*
cent cinquante hommes , à quarante defquels les
Sauvages leverent la chevelure. Il n'en perdit pas
un feul & il n'y eut de bleffés que deux Sauvages.
Le troifieme détachement , commandé par M.
Corbiere , autre Officier de la Colonie , fe tint
embufqué pendant une journée. Au commencement
de la nuit , il apperçut fur le Lac vingt Berges
& deux Efquifs , dans lefquels il y avoit plus
de trois cens cinquante Anglois , commandés par
le Colonel Parker , cinq Capitaines , & fix autres
Officiers. Les Sauvages qui étoient avec lui firent
leur cri & leur décharge en même temps. Les
ennemis firent une foible réſiſtance. Deux feules
Berges fe fauverent , les autres furent prifes ou
coulées à fond. M. Corbier revint avec ceat
foixante-un prifonniers . Il y eut plus de cent cinquante
Anglois tués ou noyés ; & dans le détachement
François , il n'y eut qu'un Sauvage blee
affez légèrement .
M. le Marquis de Montcalm s'occupoit cependant
des difpofitions de fa marche . Il diftribua les
miliciens en plufieurs bataillons , dont il donnale
commandement à des Officiers des troupes de la
Colonie ; & des compagnies détachées de ces treapes
, il compofa un bataillon pour rouler avec
ceux des troupes de terre . H donna auffi à M. de
Villiers , Capitaine de celles de la Colonie , &
connu par plufieurs expéditions qu'il a exécutées
dans cette guerre , un corps de trois cens volontaires
Canadiens ; de maniere que l'armée le
trouva compofée de trois brigades de troupes ré-
'glées , qui étoient la brigade de la Reine , formée
des bataillons de la Reine & Languedoc , &
de celui des troupes de la Colonie ; la Brigade de
Sarre , des bataillons de la Sarre & de Guyen
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NOVEMBRE . 1757. 189
celle de Royal- Rouffillon , des bataillons de
Royal- Rouffillon & Bearn ; de fix brigades de
milices , des trois cens volontaires de Villiers , &
d'un détachement d'artillerie & de génie , compofé
de fept Officiers , & d'environ cent vingt
canonniers , bombardiers ou ouvriers . Tous ces
corps ne faifoient cependant enſemble que cinq
mille cinq cens combattans , non compris les
Sauvages qui étoient au nombre d'environ dixhuit
cens , parce que M. le Marquis de Montcalm
fut obligé de prendre dans les troupes quelques
détachemens , tant pour la garnifon du Fort de
Carillon , que pour quelques autres poftes .
Il étoit queftion de tranfporter par terre & à
bras d'hommes , depuis Carillon jufqu'au Lac
Saint-Sacrement , non feulement l'artillerie & les
munitions de guerre & de bouche de toute espece,
mais encore plus de quatre cens bateaux & canots ;
& cette opération fut fuivie avec tant de foin ,
qu'elle fut achevée la nuit du 31 Juillet au premier
Août.
Dès le 30 Juillet M. le Marquis de Montcalm
avoit fait partir M. le Chevalier de Levis , Brigadier
, à la tête d'un corps de deux mille cinq cens
hommes compofé de fix compagnies de Grenadiers
, huit piquets des volontaires de Villiers ,
d'environ mille Canadiens , & cinq cens Sauvages
, pour marcher au travers des bois , affurer
la navigation de l'armée , reconnoître & couvrir
fes débarquemens. Malgré les difficultés & les
fatigues de cette marche , cet Officier prit pofte
dès le lendemain au foir à la Baie de Ganaouské ,
qui n'eft qu'à quatre lieues du Fort Georges.
Le premier Août l'armée s'embarqua , & arriva
le 2 à trois heures du matin dans cette même
Baic. M. le Chevalier de Levis en repartit avec
190 MERCURE DE FRANCE.
fon détachement à dix heures , fe porta à une anfe
éloignée du Fort Anglois d'environ une lieue , &
fut reconnoître le Fort , la pofition des ennemis ,
& le débarquement propre à l'artillerie L'armée
arriva fur les onze heures du foir à cette même
anfe , & tout le monde reſta au bivouac .
Des prifonniers , qui furent faits pendant la
nuit des Canadiens & des Sauvages , rappor
par
terent que le nombre des ennemis pouvoit monter
à trois mille hommes , dont cinq cens étoient actuellement
dans le Fort , & le refte dans un camp
retranché qui étoit placé fur une hauteur à deux
cens toiles du Fort & à portée d'en rafraîchir continuellement
la garnifon. Ils ajouterent qu'au fignal
d'un coup de canon , toutes les troupes devoient
prendre les armes.
Sur ce rapport , qui s'accordoit avec les connoiffances
que M. le Chevalier de Levis avoit pri
fes fur la polition des ennemis , M. le Marquis de
Montcalm donna fur le champ l'ordre de marche
de l'armée , dont la difpofition fut faite pour recevoir
les ennemis , en cas qu'ils vinfſent à fa rencontre
, & pour , dans le cas où ils ne viendroient
pas , inveftir la place , & même attaquer le camp
retranché , s'il étoit jugé fufceptible d'une attaque
de vive force .
Le 3 à la pointe du jour , l'armée ſe mit en
marche.
M. le Chevalier de Levis faifoit l'avant-garde
avec fon corps , une partie des milices & tous les
Sauvages. Les bataillons & le refte des milices
marchoient enfuite en colonne , M. Rigaud-de
Vaudreuil à la droite , M. de Bourlamaque à la
gauche , & M. le Marquis de Montcalm dans le
centre. M. de Privat , Lieutenant- Colonel , avoit
été placé avec cinq cens hommes de troupes &
NOVEMBRE. 1757. 198
ane brigade de milices à la garde des bateaux &
de l'artillerie.
A midi , l'inveſtiſſement fut entierement formé
M. le Marquis de Montcalm , qui s'étoit porté à
l'avant -garde , ayant reconnu qu'il ne pouvoit at
taquer les retranchemens des ennemis , fans trop
compromettte fes forces , envoya ordre à M. de
Bourlamaque d'affeoir le camp de l'armée , la
gauche au Lac , la droite à des ravines preſque
inacceffibles , & d'y conduire fur le champ les
brigades de la Sarre & de Royal- Rouffillon . Pour
lui , avec la brigade de la Reine & une brigade de
milices , il paffa la nuit au bivouac , à portée de
foutenir le camp que M. le Chevalier de Levis occupoit
avec l'avant-garde fur le chemin du Forg
Gorges au Fort Edouard.
Comme ce pofte de l'avant -garde étoit trop
éloigné du ſiege , des bateaux & des vivres , elle
fe rapprocha le 4 au matin. M. le Marquis de
Montcalm ramena les deux brigades qu'il avoit
avec lui , prendre leur place dans le camp. L'ar
mée deſtinée à faire le fiege fe trouva alors poſtée ,
& compofée de fept bataillons de troupes , & de
deux brigades de milices. M. le Chevalier de Le
vis & M. Rigaud- de Vaudreuil , avec le refte des
milices , les volontaires de Villiers , & tous les
Sauvages , furent chargés de couvrir la droite du
camp , d'obferver les mouvemens des ennemis du
côté du chemin du Fort Edouard , & de leur don
ner à croire , par des mouvemens continuels , que
cette communication étoit encore occupée.
Dans l'après- midi du même jour 4 , on mar
qua le dépot de la tranchée. On fit le chemin de
ce dépôt au camp , les fafcines , gabions & fauciffons
néceffaires pour le travail de cette premiere
nuit ; & l'on mit en état une anfe , à laquelle le
192 MERCURE DE FRANCE.
dépôt aboutifloit , pour y pouvoir débarquer dans
la nuit l'artillerie à mesure qu'on en auroit befoin.
La nuit du 4 aus , on ouvrit la tranchée à 350
toiles du Fort d'attaque , embraffant le front du
Nord-Oueſt : cette tranchée étoit une espece de
premiere parallele. On commença auffi deux batteries
avec leur communication à la parallele.
Dans la journée dus , les travailleurs de jour
perfectionnerent les ouvrages de la nuit. Mais on
fut obligé de retirer un peu plus en arriere la gauche
du camp de l'armée , laquelle fe trouvoit trop
expofée au feu de la Place.
Le même jour , les Sauvages intercepterent
une lettre du Général Webb , écrite du Fort
Edquard en date du 4 à minuit . Il mandoit au
Commandant du Fort Georges , qu'auffitôt après
J'arrivée des milices des provinces auxquelles il
avoit envoyéordre devenir le joindre fur le champ,
il s'avanceroir pour combattre l'armée Françoife ;
que cependant , fi ces milices arrivoient trop tard
le Commandant fît enforte d'obtenir les meilleures
conditions qu'il pourroit. Cette lettre détermina
M. le Marquis de Montcalm à accélérer encore
la construction des batteries ; & le nombre
des travailleurs fut augmenté.
La nuit dus au6 , on acheva la batterie de la
gauche qui fut en état de tirer à la pointe du jour ;
elle étoit de huit pieces de canon & d'un mortier,
& elle battoit le front d'attaque & la rade des barques.
On acheva auſſi la communication de la batterie
de la droite avec la parallele , & l'on avança
confidérablement cette batterie.
La nuit du 6 au7 , on conduifit un boyau de
Iso toifes en avant fur la capitale du Baftion de
P'Ouest , & l'on acheva la batterie de la droite.
Elle étoit de huit pieces de canon , d'un mortier
&
te
fe
NOVEMBRE . 1757. 193
& de deux obufiers : elle battoit en écharpant le
front d'attaque , & à ricochet le camp retranché.
Elle fut démafquée à fept heures du matin ; &
après une double falve des deux batteries , M. le
Marquis de Montcalm jugea à propos de faire porter
au Commandant de la Place la lettre du Général
Webb , par M. de Bougainville un de fes Aides
de camp.
La nuit du 7 au 8 , les travailleurs cheminant
fur la Place , en continuant le boyau commencé
la veille , lequel fut conduit à 100 toifes du foffé,
ouvrirent auffi à l'extrêmité de ce boyau , un cro
chet pour y établir une troifieme batterie , & y
loger de la moufqueterie . Vers minuit , les enne
mis firent fortir trois cens hommes du camp retranché
. M. de Villiers tomba fur eux avec un
petit nombre de Canadiens & de Sauvages , leur
tua foixante hommes , fit deux prifonniers , &
força le refte à rentrer dans le camp.
Le travail de la nuit avoit conduit à un marais
P'environ so toifes de paffage , qu'un côteau qui
e bordoit mettoit à couvert des batteries de la
Place , à l'exception de 10 toifes de longueur ,
bendant lefquelles on étoit expoſé au feu de ces
batteries. Quoiqu'en plein jour , M. le Marquis
le Montcalm fit faire ce paffage comme celui
l'un foffé de place rempli d'eau , les fappeurs s'y
orterent avec tant de vivacité , que , malgré le
eu du canon & de la moufqueterie des ennemis ,
I fut achevé dans la matinée même , & qu'avant
a nuit une chauffée capable de fupporter l'artilleie
fe trouva pratiquée dans le marais. La moufueterie
des Canadiens & des Sauvages , qui tisient
aux embrafures du Fort , diminua beauoup
durant cette journée le feu des ennemis .
A quatre heures du foir , les Sauvages- Décou
I
194 MERCURE DE FRANCE.
vreurs rapporterent qu'un gros corps d'armée
marchoit au fecours de la place par le chemin du
Fort Edouard . M. le Chevalier de Levis s'y por
fur le champ avec la plus grande partie des Canadiens
& tous les Sauvages. M. le Marquis de
Montcalm ne tarda pas à le joindre avec la brigade
de la Reine & une brigade de milices . Il s'avançoit
en bataille prêt à recevoir l'ennemi ; les
bataillons en colone fur le grand chemin , les
Canadiens & les Sauvages fur les aîles dans les
bois , lorfqu'il apprit que la nouvelle étoit faufle.
Il fit rentrer les troupes dans leur camp . Ce mor
vement ne caufa aucun dérangement aux travar
du fiege ; & la promptitude avec laquelle il f
exécuté , fit un très -bon effet dans l'efprit des
Sauvages.
La nuit du 8 au 9 , on déboucha du marais pur
un boyau fervant de communication à la feconde
parallele qui fut ouverte fur la crête du côteau, &
fort avancée dans la nuit. C'eft de cette parallele
qu'on devoit partir pour établir les batteries de
breche , & en la prolongeant , envelopper le Fort
& couper la communication avec le retranche
ment , laquelle jufqu'alors avoit été libre. L
affiégés n'en donnerent pas le temps à huit he
res du matin ils arborerent pavillon blanc .
201
tro
le
fet
M. le Marquis de Montcalm dit au Colonel Co
Yong , envoyé par le Commandant pour trait
de la capitulation , qu'il ne pouvoit en fignera
cune fans en avoir auparavant communiqué les
ticles aux Sauvages. Deux motifs l'engageoiesti
ce ménagement pour eux : il croyoit le devoir
confiance & à la foumiffion avec lesquelles ils s
toient prêtés depuis le commencement de l'exp
dition à l'exécution des ordres qu'il leur avoit do
nés , & de toutes les propofitions qu'il leur apo
la
M
NOVEMBRE. 1757. 195
faites ; & il vouloit les mettre par -là dans l'obli
gation de ne rien faire de contraire à la capitulation
qui feroit arrêtée. Il convoqua donc fur le
champ un Confeil Général de tous les Sauvages.
Il expofa aux Chefs les conditions auxquelles les
Anglois offroient de fe rendre , & celles qu'il
étoit réfolu de leur accorder. Les Chefs s'en rapporterent
à tout ce qu'il feroit , & lui promirent
de s'y conformer , & d'empêcher que leurs jeunes
gens n'y contrevinffent directement ni indirectement.
M. le Marquis de Montcalm envoya immédia
tement après ce confeil , M. de Bougainville ,
pour rédiger la capitulation avec le Colonel Monro
, Commandant de la Place & du camp retran,
ché. Les principaux articles furent :
Que les troupes , tant de la garniſon que du
retranchement , fortiroient avec leurs bagages &
les honneurs de la guerre , & qu'elles fe retiroient
au Fort Edouard .
Que pour les garantir contre les Sauvages ,
elles feroient eſcortées par un détachement de
troupes Françoifes , & par les principaux Officiers
& interprêtes attachés aux Sauvages .
Qu'elles ne pourroient fervir de 18 mois , ni
contre le Roi , ni contre fes Alliés ;
Et que , dans l'efpace de trois mois , tous les
prifonniers François , Canadiens & Sauvages , faits
par terre dans l'Amérique feptentrionale , depuis
le commencement de la guerre par les Anglois ,
feroient conduits aux forts François de la frontiere.
Cette capitulation fut fignée à midi , & auffitôt
la garnifon fortit du fort pour joindre les troupes
du retranchement ; & M. de Bourlamaque prit
poffeffion du fort avec les troupes de la tranchée.
M. le Marquis de Montcalm envoya en même
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
temps au camp retranché , une garde que le Colo:
nel Monro lui avoit demandée , & il ordonna aux
Officiers & Interprêtes attachés aux Sauvages , dy
demeurer jufqu'au départ des Anglois , qui fe
trouvoient au nombre de 2264 hommes effectifs.
Malgré toutes ces précautions , & malgré les affu
rances que les Chefs Sauvages avoient données ,
lorfqu'il fut queftion de la capitulation , les Sauvages
firent du défordre dans le camp des Anglois.
M. le Marquis de Montcalm y accourut avec un
détachement de fes troupes. Les Sauvages avoient
déja fait un affez grand nombre de prifonniers ,&
en avoient même amené quelques-uns. Il fit rea
dre ceux qui reftoient , & M. le Marquis de Vaudreuil
a fait renvoyer les autres .
M. le Marquis de Montcalm a fait rafer le fort,
& détruire tout ce qui en dépendoit , conformé
ment aux inftructions qui lui avoient été données
par M. le Marquis de Vaudreuil. Il s'eft trouvé ,
tant dans le fort que dans le camp retranché , 23
pieces de canon , dont plufieurs de 32 livres , quatre
mortiers , un obufier , dix- fept pierriers , en
viron trente- fix milliers de poudre , beaucoup de
boulets , bombes , grenades , balles , avec tou
tes fortes de munitions & uftenfúles d'artillerie . On
y a trouvé auffi une provifion affez confidérable de
vivres , malgré le pillage que les Sauvages en ont
fait.
Les François n'ont eu que treize hommes de
tués & quarante de bleffés dans ce fiege. M. le
Febvre , Lieutenant des Grenadiers du régiment
Royal Rouflillon , eft du nombre des derniers par
un éclat de bombe : fa bleffure eft à la main. liby
point eu d'autres officiers tués ni bleſſés. Les enne .
mis y ont perdu cent huit hommes , & en ont eu
deux cens cinquante de blefiés,
Επ
le
C
tre
Aqde
B
NOVEMBRE. 1757. 197
"
Durant tout le fiége , l'armée a été prefque toute
entiere jour & nuit de fervice , foit à la tranchée ,
foit au camp , foit dans les bois , pour faire les
fafcines , gabions & fauciffons néceflaires . On a
fait avec la pioche , la hache & la fcie fix cens toifes
de tranchée aflez large pour y charroyer de
front deux pieces de canon les abattis , dont
tout le terrein étoit embarraffé, empêchant de les
faire paffer fur les revers. C'eſt à la fageffe des
difpofitions que M. le Marquis de Montcalm a
faites , & à l'activité avec laquelle il en a fuivi
l'exécution , que le fuccès de cette expédition eft
principalement dû. Il a été parfaitement fecondé
dans toutes les opérations par M. le Chevalier de
Levis , par M. Rigaud- de Vaudreuil , & par M,
de Bourlamaque. Les détails particuliers de l'artillerie
& du génie ont été très -bien remplis par M.
le Chevalier le Mercier , qui commandoit l'artillerie
, & par MM . Defaidouin & Lotbiniere ,
Ingénieur . Les Officiers & Soldats des troupes de
terre & de la colonie , ainfi que les milices & les
Officiers qui les commandoient , ont donné les
plus grandes marques de valeur & de bonne volonté
; & jamais les Sauvages n'avoient fait paroître
tant de fermeté & de conftance : ils avoient demandé
à monter à l'affaut avec les grenadiers , &
ils en attendoient le moment avec impatience.
Ce nouveau fuccès , qui a répandu une joie
générale dans la colonie de Canada , a animé
de plus en plus le zele avec lequel les habitans
s'efforcent de répondre aux mefures dont le Roi a
la bonté de s'occuper pour la défenfe de cette colonie
, & de feconder les foins que M. le Marquis
de Vaudreuil ne ceffe point de fe donner pour tout
ce qui peut y avoir rapport.
·
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
vent
trol
de
L
des
Le Roi ayant été informé que les paroiffesel
de Piriac & de Mefquer au Diocefe de Nantes
avoient été prefque entiérement ravagées le
27 juin dernier , par un orage mêlé de grêle
d'une groffeur extraordinaire , a fait toucher
aux Recteurs de ces deux paroiffes , la fomme de
fix mille livres pour être par eux employées en
achat de grains , & diftribuées fous l'inſpection
de M. le Comte de la Bourdonnaye- du Bois- Hullin
, Procureur- Général , Syndic des Etats de Bre- pe
tagne , tant pour enfemencer les terres , que pour
la nourriture des habitans dont les recoltes ont
été défolées par ce fléau . Cette nouvelle caracterife
notre Monarque plus glorieux encore par
fon humanité que par les victoires.
Co
I
M. Paffemant Ingénieur du Roi au Louvre ,
étoit déja connu pour Auteur de la fameufe
pendule couronnée d'une fphere mouvante , pla
cée en 1753 dans le cabinet du Roi à Verfailles
; fphere dont les révolutions font fi juftes , ue
qu'au jugement de l'Académie où l'on voit l'ertrait
page 183 de l'année 1749 de fes mémoires
, il n'y a pas en trois mil ans un feul degré
de différence avee les tables aftronomiques.
11 vient encore de finir pour le Roi deur
piéces uniques qu'on peut regarder comme chefd'oeuvres
, c'eft premiérement un grand miroir
de 45 pouces
de diametre qu'il a eu l'honneur
de préfenter au Roi le 13 août dernier , avec M.
de Bernieres , dans le pavillon conftruit par ordre
de Sa Majesté à la meute , pour le télescope ,
les ouvrages & les obfervations du pere Noël.
La glace de ce miroir a été courbée , par les
foins de M. de Buffon , dans un fourneau qu'i
avoit fait conftruire au Jardin Royal. M , Palle
mant l'a fait travailler au Louvre fous les yeur ,
M
174
Le
les
NOVEMBRE . 1757 . 199
& elle a été étamée d'une façon nouvelle , inventée
par M. de Bernieres , un des quatre Controlleurs
des ponts & chauflées.
Le Roi parut très - content des grands effets
de ce miroir. Si on y préfente des tableaux
même de fix pieds de grandeur , repréfentans
des vues de Paris , de Venife , des ports de
mer , des bâtimens , on croit voir de véritables
objets de grandeur naturelle : ainfi avec un fimple
deflein , on voit un bâtiment dans toute
la grandeur où il fera , & on juge de fon apparence
future. Un Peintre qui travaille à une
petite miniature , quelque petite qu'elle foit ,
peut la voir de grandeur naturelle , & peut par
conféquent fentir & corriger les moindres dé
fauts.
A
La chimie n'en tirera pas de moindres avantages.
On peut juger des grands effets de ce miroir
fur les métaux par la promptitude avec laquelle
il agit , l'argent a été fondu en trois fecondes.
M. Paffemant eut encore l'honneur de préfenter
au Roi un télescope aftéroftatique de fon invention
, dont il avoit lu un projet à l'Académie en
1746 , & qui avoit mérité fon approbation. Ce
télescope eft garni d'un midiometre : il fuit le
mouvement du ciel . Si on le met fur la lune , il
femble qu'elle foit fans mouvement ; fi on veut
voir enfuite une autre planete , il y a un ajuftement
qui le regle dans le moment pour cet aftre.
Il eft conduit par une mécanique toute nouvelle ,
fans aucun tremblement , ni agitation . Comme
les aftres paroiffent fixes , on peut obferver avec
une grande facilité : on peut placer les fils du midiometre
fur fes objets avec toute l'exactitude
poffible. Il eft propre à prendre la parallaxe de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
Mars en fecondes de degrés au lieu de fecondes
de temps ainfi au lieu de deux fecondes , on
aura trente fecondes de degrés ; on obfervera facilement
la route des cometes : il fera d'une
grande utilité pour les paffages de Mercure fut
le difque du foleil, en l'année 1761 ; obſervation
qui n'a été faite qu'une feule fois , & par un
feul Obfervateur en l'année 1639.
Le Pere Noël repéta devant Sa Majefté les erpériences
d'une machine pneumatique nouvelle ,
& de plufieurs autres inftrumens qu'il avoit eu
P'honneur de lui préfenter au mois de mars dernier.
Le Roi parut fatisfait de tous ces ouvrages ,
qu'il examina pendant une heure .
Mefdames de France vinrent enfuite , & paffe
rent près de trois heures pendant lefquelles les
mêmes chofes furent répétées en leur préfence *
à leur fatisfaction .
Le corfaire le Romieu , de Saint - Malo , com
mandé par le Capitaine Morel , a conduit en ce
port le navire Anglois la Pensilvanie de 250 ton
neaux , qui alloit de Philadelphie à Londres, avec
une cargaifon de bois de Campêche , de pellete
zies , de café & d'autres marchandiſes.
Un navire Anglois de 300 tonneaux , chargé de
tabac , a été pris par le corfaire Entreprenant ,
qui l'a fait conduire å Morlaix.
Le Capitaine la Lande , commandant un corfaire
de Bordeaux , appellé le Prevêt de Paris , s'eft
rendu maître du corfaire le Hazard de Grenezey,
ayant 6 canons , 8 pierriers & 37 hommes d'équi
page , & il a repris le navire l'Aimable Jolie de
Bordeaux , & un autre bâtiment du même port ,
dont les Anglois s'étoient emparés.
Les navires Anglois le Prince d'Orange , chargé
de bois de Campeche , & le Saint - Eustache , de
NOVEMBRE . 1757. 201
Saint-Eustache , dont la cargaifon confifte en fucre
& en café , ont été pris par les corfaires la
Marquise de Salba & le d'Etigny de Bayonne , ou
ils font arrivés .
Les corfaires la Favorite & la Providence , de
Saint-Jean -de-Luz , fe font rendus maîtres , Pun
du navire Anglois la Sufanne , de Malblebard ,
chargé de 2200 quintaux de morue , l'autre d'un
Senaw , qui a pour cargaifon 334 barriques de
fardines.
Le Capitaine Papin , commandant le corfaire
la Marquise de Beringhen , de Boulogne , s'eft
emparé à la côte d'Angleterre du navire Anglois
l'Endeavour , de 100 tonneaux , deftiné pour la
Barbade , où il portoit un chargement compofé
de cire blanche , de farine , de boeuf falé & de
fromage.
Le même corfaire a pris un bateau de 25 à 39
tonneaux , chargé de caffonnade , de poudre à
canon , de chanvre & de fuif.
Le corfaire Anglois l'Epervier , armé de 10 canons
, 12 pierriers , & so hommes d'équipage , a
été pris par le Capitaine Berlamont , commandant
le corfaire l'Afie , de Dunkerque , & il a été conduit
au Havre.
On mande de Nantes , qu'il y eft arrivé un
fenaw Anglois appellé le Caton , de Vhul , armé
de 6 canons & de 4 pierriers , & chargé pour la
Jamaïque de munitions de guerre & de bouche ,
d'armes & de marchandifes feches . Ce bâtiment
a été pris par le Capitaine Poitevin , commandant
le navire la France.
I
E 9 Octobre , fur les cinq heures de l'aprèsmidi
, Madame la Dauphine commença à fentir
Hv
178 MERCURE DE FRANCE.
des douleurs. Vers les fept heures du foir , cette
Princeffe accoucha d'un Prince , que le Roi a nom.
mé Comte d'Artois. M. l'Abbé de Bouillé , Comtede
Lyon , & premier Aumônier de Sa Majeſté ,
fit , à fept heures un quart , la cérémonie de l'ondoyement
, en préfence du Curé de la Paroiffe da
Château . Monfieur Rouillé , Miniftre d'Etat , Sur
Intendant général des Poftes , & grand Tréforier
de l'Ordre du S. Elprit , ayant apporté le Cordon
de cet Ordre , eut l'honneur de le paffer au col
du Prince . Monfeigneur le Comte d'Artois fut enfuite
remis à la Comteffe de Marfan , Gouvernante.
des Enfans de France ; & elle le porta à l'appartement
qui lui étoit deſtiné . Ce Prince y fut conduit
par le Maréchal Duc de Luxembourg , Capitaine
des Gardes du Corps.
Le Roi & la Reine , accompagnés de la Famille
Royale , ainfi que des Princes & Princeffes du
Sang , des grands Officiers de la Couronne , des.
Miniftres , des Seigneurs & Dames de la Cour
& précédés des deux Huiffiers de la Chambre quis
portoient leurs maffes , fe rendirent le lendemain
à la Chapelle. Leurs Majeftés y entendirent la
Meffe , pendant laquelle M. Colin de Blamont ,
Chevalier de l'Ordre de S. Michel , & Sur- Intendant
de la Mufique de la Chambre , fit exécuter le
Te Deum en mufique , de fa compofition . Cette
Hymne fut entonnée par M. l'Abbé Gergois, Chapelain
ordinaire de la Chapelle- Mufique.
Après la Meffe , le Roi & la Reine , Monfeigneur
le Dauphin , Monfeigneur le Duc de Bourgogne ,
Monfeigneur le Duc de Berry , Monfeigneur le
Comte de Provence , Madame Infante Duchellede
Parme , Madame ,. & Mefdames Victoire , Sophie
& Louife , reçurent dans leurs appartemens
les révérences des Dames de la Cour , à l'occafion
NOVEMBRE. 1757 179
des couches de Madame la Dauphine , & de la
naiffance du Prince.
On tira le foir un bouquet d'artifice devant les
fenêtres du Roi.
Sa Majefté a fait partir Monfieur Pernot- du
Buat , un de fes Gentilshommes ordinaires
pour aller à Luneville donner part de la naiffance
de Monfeigneur le Comte d'Artois au Roi de Pologne
, Duc de Lorraine & de Bar.
Madame la Dauphine & le jeune Prince fe por--
tent auffi bien qu'on puiffe le défirer.
9"
Sur le premier avis que Madame la Dauphine:
avoit reffenti quelques douleurs , le Corps - de-Ville
s'étoit affemblé. A huit heures & demie du foir
le fieur d'Amfreville , Chefde Brigade des Gardes.
du Corps , vint lui apprendre , de la part du Roi,.
la naiffance d'un Prince. Auffi -tôt les Prevôt des
Marchands & Echevins firent annoncer à toute la
Ville , par une falve générale de l'artillerie , & par
la cloche de l'Hôtel- de-Ville , qui a fonné jufqu'au
lendemain minuit , la nouvelle faveur qu'il
a plu à Dieu d'accorder au Roi & à la Nation. On
tira le même foir dans la place de l'Hôtel - de-Ville :
un grand nombre de fufées volantes,
Le ro , les officiers des cérémonies étant ab--
fens , le fieur Ourfin de Soligny , Maître d'hôtel
du Roi , remit au Corps - de- Ville une lettre de Sa
Majefté. Il fut fait deux falves générales de l'artil
lerie , l'une dès le matin , l'autre vers les fix heu--
res du foir , après laquelle les Prevôt des Marchands
& Echevins allumerent,avec les cérémonies
accoutumées , le bucher qui avoit été dreffé dans
la place devant l'Hôtel- de- Villé . Ce feu fut accom.-
pagné d'une grande quantité d'artifice : On fit couler
dans la place plufieurs fontaines de vin , & l'on
diftribua du pain &. des. viandes au peuple . Des.
H.vj.
180 MERCURE DE FRANCE.
orcheftres remplis de muficiens , mêlerent le foa
de leurs inftrumens aux acclamations dictées paa
Palégretle publique. La façade de l'Hôtel- de-
Ville fut illuminée par plufieurs filets de terrines ,
ainfi que l'hotel du Prevôt des Marchands , & les
mailons des Echevins & Officiers du Bureau de la
Ville.
Le Roi a accordé à M. le Marquis de la Tour-
Dupin de Paulin le régiment de Guyenne , vacant
par la mort de M. le Conte de Montmorenci-
Laval , tué à la bataille de Haftembecke .
a
Le Roi ayant admis dans fon Confeil des Dépêches
les fieurs Gilber de Voyfins & Berryer , Confeillers
d'Etat , le 16 octobre ils eurent l'honneur
de faire leurs remerciemens à Sa Majeſté.
Sa Majesté a donné le gouvernement général de
l'Orléanois , vacant par la mort de M. le Duc d'Antin
, au Comte de Rochecouart , fon Miniftre
Plénipotentiaire à la Cour de Parme.
Le 19 , M. le Duc de Duras prêta ferment entre
les mains du Roi pour la charge de premier Gentilhomme
de la Chambre , vacante par la mort du
Duc de Gefvres.
Le même jour, M. le Marquis de Gontaut prêta
ferment entre les mains de Sa Majeſté , pour la
Lieutenance générale du Languedoc , vacante par
la mort de M. le Maréchal Duc de Mirepoix.
Le Roi a difpofé en faveur du Prince de Beauveau
, de la charge de Capitaine des Gardes du
Corps , qu'avoit auffi le feu Maréchal Duc de Mirepoix
Sa Majesté a accordé au Vicomte de Noë,
Chambellan du Duc d'Orléans , & Capitaine de
vaiffeau , un brevet de Colonel à la ſuite du régiment
d'Orléans cavalerie.
M. de Lamoignon de Bafville a obteau da
A
a.
I
fo
P
ve
G
M
G:
NOVEMBRE . 1757. 181
Roi l'agrément de la charge de Préſident du Par
lement , dont le fieur Molé , premier Préfident ,
étoit revêtu.
Le Roi a nommé M. le Comte des Salles, Capitaine
de Cavalerie dans le régiment d'Harcourt ,
à la place deColoneldans lesGrenadiers de France,
vacante par la nomination de M. le Marquis de la
Tour - Dupin de Paulin au régiment de Guyenne.
Les troupes de la Maiſon du Roi , qui avoient
été détachées pour la défenſe de nos côtes , ne
font point arrivées à leur deftination , par la
prompte retraite des Anglois , & ont eu ordre de
revenir. Les Gardes Françoifes & les Gardes Suiffes
qui étoient reftées à Tours , à Saumur & à
Blois , doivent fe rendre ici fucceffivement dans
Fla fin d'octobre , & au commencement de novembre.
Les détachemens des Gardes du Corps ,
Gendarmes de la Garde , Chevaux- Légers , &
Moufquetaires de la premiere Compagnie , font
tous partis le 19 octobre , d'Orléans , d'Eftampes ,
d'Arpajon & de Chartres , où ils étoient reftés. La
feconde Compagnie des Moufquetaires , & les
Grenadiers à cheval , qui avoient reçu des contreordres
à temps , n'ont point quitté leurs quartiers.
Madame la Dauphine étant accouchée d'un
Prince le 9 d'octobre , M. le Marquis de Paulmy ,
Miniftre & Sécretaire d'Etat , expédia fur le champ.
un courier aux Députés des Etats de la Province
d'Artois
, pour leur faire fçavoir que le Roi avoit
nommé le nouveau Prince , Comte de cette Pro-,
vince. Auffitôt que cette nouvelle fut portée à
Arras , Capitale de l'Artois , toutes les cloches de
la Ville fonnerent , les habitans fermerent d'euxmêmes
leurs boutiques , & coururent en foule à
P'Eglife , pour y rendre à Dieu des actions.de.gra
182 MERCURE DE FRANCE.
ees de l'heureuſe délivrance de Madame la Dau
phine , & lui demander la conſervation d'un
Prince qui leur eft d'autant plus cher , que la
Province , depuis cinq hecles , a été privée de
Phonneur de voir fon nom porté par un Prince
de la Maiſon Royale. Ces actes de piété furent
fuivis des démonftrations de la joie la plus vive.
La nouvelle fut bientôt répandue jufqu'aux extrê
mités de l'Artois ; & tous les peuples , à l'envi de
la Capitale , s'emprefferent de faire éclater lear
reconnoiffance & leur alegreffe . Les Etats de la
province s'affemblerent extraordinairement , &
éfolurent de nommer une députation folemnelle,
formée de trois perfonnes de chaque ordre , pour
aller , conjointement avec les députés ordinaires
qui réfident cette année à la fuite de la Cour , remercier
le Roi de lafaveur fignalée que Sa Majesté
vient d'accorder à l'Artois , & pour la féliciter ,
ainfi que la Famille royale , fur cet heureux évé
nement. Cette députation s'étant rendue à Verfailles
le Dimanche 16 d'octobre , elle fut admife
à l'audience du Roi , de la Reine , de Monseigneur
le Dauphin , de Monfeigneur le Duc de Bourgogne
, de Monfeigneur le Duc de Berry , de Mon
feigneur le Comte de Provence , de Monfeigneur
le Comte d'Artois , de Madame Infante Ducheffe
de Parme , de Madame , & de Meſdames Victoire ,
Sophie & Louife. Les Députés furent préfentés
par M. le Marquis de Paulmy , Miniftre & Secresaire
d'Etat , ayant le département de la Province,
& conduits par M. Defgranges , Maître des Céré
monies. La députation étoit compofée de MM. les
Evêques d'Arras , de Saint - Omer , l'Abbé de
Saint-Waak & l'Abbé de Cry , Chanoine de is
Cathédrale d'Arras , pour le Clergé ; de MM. le
Marquis de Creny , le Comte d'Houchin , k
Bar
記
acc
Co
On
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Pa
4
#1
NOVEMBRE . 1757. 183:
Baron de Wifmes , & le Baron d'Haynin , pour la
Nobleffe ; de MM. de Canchy , Echevin de la ville
de Saint - Omer ; Cornuel & Goffes , Echevins de
la ville d'Arras , & de Gouves , Procureur du Roi
de la même ville , pour le Tiers - Etat. Elle étoit
accompagnée de M. le Premier Préfident & du .
Confeil Provincial d'Artois . M. l'Evêque de Saint-
Omer porta la parole , & exprima d'une maniere:
touchante les fentimens de joie , d'amour , de
refpect & de reconnoiffance, communs à tous les
habitans de l'Artois. Cette Province fut réunie à
la Couronne en 1199 , par Philippe Augufte. Il
Périgea en Comté , & la donna à fon fils aîné , depuis
Louis VIII . Ce Comté paffa enfuite à Robert,.
fecond fils de Louis , qui porta le nom de Comte:
d'Artois , & fut tué à la bataille de la Maffoure,
Philippe le Bel en 1297 érigea l'Artois en Comté
Pairie.
La Princeffe de Condé eft accouchée heureufe--
ment les d'Octobre d'une Princeffe.
Les mauvais fuccès que les Anglois ont éprouvés
dans les entreprifes qu'ils ont tentées , foit dans le
fein de la paix , foit depuis la déclaration de la
guerre , pour envahir le Canada , ne les ont point
rebutés . Perfonne n'ignore les préparatifs im
menfes qu'ils avoient faits pour l'attaquer cette
année tout à la fois par mer & du côté des
terres. Les forces navales , que le Roi a deſtinées
pour la défenſe de cette colonie , ont fait échouer
leur projet du côté de la mer; & les difpofitions:
qui ont été faites dans le pays , les ont mis éga
lement hors d'état de faire aucune tentative fur les
frontieres.
Dès la fin de la campagne de l'année derniere ,,
M. le Marquis de Vaudreuil, Gouverneur & Lieute
pant-Général de la Nouvelle France , s'occupa de
184 MERCURE DE FRANCE.
tous les arrangemens qu'il pouvoit y avoir à pren
dre pour le mettre en état de les repouffer de toutes
parts.
Il prit des mefures pour avoir des partis de Canadiens
& de Sauvages continuellement en cam.
pagne durant l'hyver. Les incurfions que ces détachemens
ont faites fur les ennemis leur ont ré
beaucoup de monde , & donné l'alarme à leurs
colonies, où ils ont fait beaucoup de ravages.
M. le Marquis de Vaudreuil s'eft appliqué authà
ménager les bonnes difpofitions des Nations Sauvages
, qui en général font foulevées contre l'iajuftice
des prétentions & la violence des procédés
des Anglois. Celles qui font anciennement alliées
de la France n'ont point ceffé de donner de nouvelles
preuves de leur fidélité , & ont été continuellement
en parti contre les ennemis. D'autres
Nations nombreuſes font entrées dans cette alliance
, & ont pris part à la guerre. Les Iroquois
eux-mêmes , ces Nations que les Anglois repréſen
tent à l'Europe comme leurs fujettes , animés des
mêmes motifs que les autres Sauvages , ont pris le
même parti , malgré les efforts de toute espece
que les Gouverneurs Anglois ont faits pour obtenir
d'eux qu'ils s'en tinffent à la neutralité qu'ils
avoient obfervée dans les guerres précédentes
d'entre la France & l'Angleterre.
C'eſt relativement aux avantages que M. le Marquis
de Vaudreuil s'eft vu en état de tirer des difpofitions
de toutes ces Nations , qu'il a réglé fes
opérations.
Il avoit jugé que les ennemis tourneroient leurs
principaux efforts du côté du Lac Saint- Sacrearent
& du Lac Champlain ; & il a donné une
attention particuliere à munir les Forts qui défendent
cette frontiere. Les ennemis ayant été infor
NOVEMBRE. 1757 . 185
més qu'on devoit faire pafler du Fort Saint-Fre
déric au Fort de Carillon quelques provifions fous
l'escorte d'un petit détachement , en envoyere t
un de quatre-vingts hommes d'élite , qui enleva les
premieres traînes de ce convoi & fept Soldats ;
mais le Commandant du Fort Saint- Frédéric fit
marcher un nouveau détachement qui coupa celui
des ennemis dans fon chemin , le défit entiérerement
, à l'exception de trois hommes qui fe
fauverent , & reprit les traînes dont les ennemis
s'étoient emparés , & trois Soldats qui reftoient
de ceux qui avoient été enlevés . Cette action fe
pafla au mois de Janvier. MM . de Bafferode & de
la Grandville , Capitaines aux Régimens de Languedoc
& de la Reine , y eurent la principale
part.
M. le Marquis de Vaudreuil apprit dans le même
temps que les ennemis avoient raflemblé au
Fort Georges fitué fur le Lac Saint -Sacrement ,
des approvifionnemens confidérables de toures
les efpeces , & qu'ils avoient fait conftruire fous
le canon de ce Fort un très -grand nombre de barques
, de bateaux & d'autres bâtimens , non-feulement
pour le tranfport de ces approvifionnemens
, mais encore pour s'affurer la navigation de
ce Lac. Il jugea que tous ces préparatifs étoient
deftinés pour des entreprifes que les ennemis fe
propofoient d'exécuter au printems. Pour leur en
ôter les moyens , il fit , matcher au mois de Mars
un détachement de quinze cens hommes de troupes
réglées , Canadiens & Sauvages , fous les ordres
de M. Rigaud- de Vaudreuil , Gouverneur
des Trois - Rivieres , qui réuffit fi bien dans fon
expédition , qu'il parvint à brûler tous les bâtimens
de mer , tous les magafins qui étoient rem➡
plis de toutes fortes de munitions & d'uftenfiles
186 MERCURE DE FRANCE.
pour une armée de quinze mille hommes , & généralement
tout ce que les ennemis avoient raſ◄
femblé fous le Fort , lequel refta ifolé.
M. le Marquis de Vaudreuil ne fe contenta
pas des obftacles qu'il oppofoit par- là à l'exécution
des projets des ennemis du côté du Lac Saint-Sacrement
, il fortifia de nouveau les garnifons des
poftes qui font fur cette frontiere ; & au moyen
du renfort de troupes & des autres fecours que le
Roi a fait paffer en Canada , ce Gouverneur s'eft
trouvé en état d'agir offenfivement contre les ennemis.
Du côté de la Belle Riviere , il a fait détruire
plufieurs petits Forts qu'ils y avoient établis .
Pour profiter efficacement des avantages de
Pexpédition de M. Rigaud , & de ceux de la fituation
où le trouvoit la colonie du côté de la mer ,
il a formé le projet de s'emparer du Fort Georges.
L'établiffement de ce Fort , qui n'avoit été fait
que depuis peu de temps, étoit une de ces invaſions
que les Anglois font dans l'ufage de faire en tems
de paix fur les poffeflions de leurs voisins ; & il
leur donnoit les plus grandes facilités pour atta
quer le Canada par fon centre.
M. le Marquis de Vaudreuil a chargé de cette
importante expédition M. le Marquis de Montcalm
, Maréchal de Camp. Le corps de troupes
qu'il y a deftiné , étoit compofé de fix bataillons
de troupes de terre , d'un détachement des
troupes réglées de la colonie , de plufieurs détachemens
de milices , & de plufieurs partis de
Sauvages. Toutes ces troupes ont été raſſemblées
le 20 Juillet à Carrillon , où M. de Bourlamaque
, Colonel d'Infanterie , avoit déja fait les dif
pofitions préliminaires pour la marche de l'armée.
M. le Marquis de Montcalm s'y étoit rende
Σ
&
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C
f
C
་
NOVEMBRE. 1757. 187
quelque temps auparavant. En attendant que l'armée
pût le mettre en marche , il avoit détaché
M. de Rigaud- de Vaudreuil , pour s'emparer de
la tête du portage du Lac Saint- Sacrement , avec
un corps de troupes de la colonie , de Canadiens
& de Sauvages.
M. Kigaud- de Vaudreuil s'étant établi dans ce
pofte , il envoya trois détachemens à la découverte.
Le premier , qui n'étoit que de dix hommes ,
fut attaqué fur le Lac Saint- Saciement par plufieurs
canots , dans lefquels il y avoit cent vinge
à cent trente Anglois . Quoique M. de Saint-
Ours , Lieutenant des troupes de la Colonie ,
qui le commandoit , fût bleffé à la premiere décharge
, il fe défendit avec tant de fermeté , qu'il
obligea les ennemis à fe retirer.
Le fecond , qui étoit affez confidérable , fut
commandé par M. Marin , autre Lieutenant , quis
fe fit précéder par huit Sauvages qui faifoient fon
avant-garde , lefquels fe trouverent vis - àvis quarante
Anglois. Dès le premier abord , ils firent :
leur décharge fur les ennemis , tuerent leur Com
mandant , & mirent le refte en fuite. M. Marin ,,
ayant rejoint fon avant-garde , réduifit fon détachement
à cent cinquante hommes d'élite . Il fe
porta près du Fort Edouard , éloigné de quelques.
lieues du Fort Georges , fans être découvert. Il défit
d'abord une patrouille de dix hommes , enfuite
une garde ordinaire de cinquante hommes ,
& plufieurs travailleurs. Il fe préfenta à la vue da
camp des ennemis , qui fortirent au nombre de
trois mille hommes faifant feu fur lui . Il le foutine
pendant deux heures. Ce ne fut même qu'avec
peine qu'il obligea les Sauvages qui étoient avec
ui , à fe retirer, Il tua dans certe action plus de
"
H
188 MERCURE DE FRANCE. Re
*
cent cinquante hommes , à quarante defquels les
Sauvages leverent la chevelure. Il n'en perdit pas
un feul & il n'y eut de bleffés que deux Sauvages.
Le troifieme détachement , commandé par M.
Corbiere , autre Officier de la Colonie , fe tint
embufqué pendant une journée. Au commencement
de la nuit , il apperçut fur le Lac vingt Berges
& deux Efquifs , dans lefquels il y avoit plus
de trois cens cinquante Anglois , commandés par
le Colonel Parker , cinq Capitaines , & fix autres
Officiers. Les Sauvages qui étoient avec lui firent
leur cri & leur décharge en même temps. Les
ennemis firent une foible réſiſtance. Deux feules
Berges fe fauverent , les autres furent prifes ou
coulées à fond. M. Corbier revint avec ceat
foixante-un prifonniers . Il y eut plus de cent cinquante
Anglois tués ou noyés ; & dans le détachement
François , il n'y eut qu'un Sauvage blee
affez légèrement .
M. le Marquis de Montcalm s'occupoit cependant
des difpofitions de fa marche . Il diftribua les
miliciens en plufieurs bataillons , dont il donnale
commandement à des Officiers des troupes de la
Colonie ; & des compagnies détachées de ces treapes
, il compofa un bataillon pour rouler avec
ceux des troupes de terre . H donna auffi à M. de
Villiers , Capitaine de celles de la Colonie , &
connu par plufieurs expéditions qu'il a exécutées
dans cette guerre , un corps de trois cens volontaires
Canadiens ; de maniere que l'armée le
trouva compofée de trois brigades de troupes ré-
'glées , qui étoient la brigade de la Reine , formée
des bataillons de la Reine & Languedoc , &
de celui des troupes de la Colonie ; la Brigade de
Sarre , des bataillons de la Sarre & de Guyen
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Ca
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སྒོ་
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9-
E
NOVEMBRE . 1757. 189
celle de Royal- Rouffillon , des bataillons de
Royal- Rouffillon & Bearn ; de fix brigades de
milices , des trois cens volontaires de Villiers , &
d'un détachement d'artillerie & de génie , compofé
de fept Officiers , & d'environ cent vingt
canonniers , bombardiers ou ouvriers . Tous ces
corps ne faifoient cependant enſemble que cinq
mille cinq cens combattans , non compris les
Sauvages qui étoient au nombre d'environ dixhuit
cens , parce que M. le Marquis de Montcalm
fut obligé de prendre dans les troupes quelques
détachemens , tant pour la garnifon du Fort de
Carillon , que pour quelques autres poftes .
Il étoit queftion de tranfporter par terre & à
bras d'hommes , depuis Carillon jufqu'au Lac
Saint-Sacrement , non feulement l'artillerie & les
munitions de guerre & de bouche de toute espece,
mais encore plus de quatre cens bateaux & canots ;
& cette opération fut fuivie avec tant de foin ,
qu'elle fut achevée la nuit du 31 Juillet au premier
Août.
Dès le 30 Juillet M. le Marquis de Montcalm
avoit fait partir M. le Chevalier de Levis , Brigadier
, à la tête d'un corps de deux mille cinq cens
hommes compofé de fix compagnies de Grenadiers
, huit piquets des volontaires de Villiers ,
d'environ mille Canadiens , & cinq cens Sauvages
, pour marcher au travers des bois , affurer
la navigation de l'armée , reconnoître & couvrir
fes débarquemens. Malgré les difficultés & les
fatigues de cette marche , cet Officier prit pofte
dès le lendemain au foir à la Baie de Ganaouské ,
qui n'eft qu'à quatre lieues du Fort Georges.
Le premier Août l'armée s'embarqua , & arriva
le 2 à trois heures du matin dans cette même
Baic. M. le Chevalier de Levis en repartit avec
190 MERCURE DE FRANCE.
fon détachement à dix heures , fe porta à une anfe
éloignée du Fort Anglois d'environ une lieue , &
fut reconnoître le Fort , la pofition des ennemis ,
& le débarquement propre à l'artillerie L'armée
arriva fur les onze heures du foir à cette même
anfe , & tout le monde reſta au bivouac .
Des prifonniers , qui furent faits pendant la
nuit des Canadiens & des Sauvages , rappor
par
terent que le nombre des ennemis pouvoit monter
à trois mille hommes , dont cinq cens étoient actuellement
dans le Fort , & le refte dans un camp
retranché qui étoit placé fur une hauteur à deux
cens toiles du Fort & à portée d'en rafraîchir continuellement
la garnifon. Ils ajouterent qu'au fignal
d'un coup de canon , toutes les troupes devoient
prendre les armes.
Sur ce rapport , qui s'accordoit avec les connoiffances
que M. le Chevalier de Levis avoit pri
fes fur la polition des ennemis , M. le Marquis de
Montcalm donna fur le champ l'ordre de marche
de l'armée , dont la difpofition fut faite pour recevoir
les ennemis , en cas qu'ils vinfſent à fa rencontre
, & pour , dans le cas où ils ne viendroient
pas , inveftir la place , & même attaquer le camp
retranché , s'il étoit jugé fufceptible d'une attaque
de vive force .
Le 3 à la pointe du jour , l'armée ſe mit en
marche.
M. le Chevalier de Levis faifoit l'avant-garde
avec fon corps , une partie des milices & tous les
Sauvages. Les bataillons & le refte des milices
marchoient enfuite en colonne , M. Rigaud-de
Vaudreuil à la droite , M. de Bourlamaque à la
gauche , & M. le Marquis de Montcalm dans le
centre. M. de Privat , Lieutenant- Colonel , avoit
été placé avec cinq cens hommes de troupes &
NOVEMBRE. 1757. 198
ane brigade de milices à la garde des bateaux &
de l'artillerie.
A midi , l'inveſtiſſement fut entierement formé
M. le Marquis de Montcalm , qui s'étoit porté à
l'avant -garde , ayant reconnu qu'il ne pouvoit at
taquer les retranchemens des ennemis , fans trop
compromettte fes forces , envoya ordre à M. de
Bourlamaque d'affeoir le camp de l'armée , la
gauche au Lac , la droite à des ravines preſque
inacceffibles , & d'y conduire fur le champ les
brigades de la Sarre & de Royal- Rouffillon . Pour
lui , avec la brigade de la Reine & une brigade de
milices , il paffa la nuit au bivouac , à portée de
foutenir le camp que M. le Chevalier de Levis occupoit
avec l'avant-garde fur le chemin du Forg
Gorges au Fort Edouard.
Comme ce pofte de l'avant -garde étoit trop
éloigné du ſiege , des bateaux & des vivres , elle
fe rapprocha le 4 au matin. M. le Marquis de
Montcalm ramena les deux brigades qu'il avoit
avec lui , prendre leur place dans le camp. L'ar
mée deſtinée à faire le fiege fe trouva alors poſtée ,
& compofée de fept bataillons de troupes , & de
deux brigades de milices. M. le Chevalier de Le
vis & M. Rigaud- de Vaudreuil , avec le refte des
milices , les volontaires de Villiers , & tous les
Sauvages , furent chargés de couvrir la droite du
camp , d'obferver les mouvemens des ennemis du
côté du chemin du Fort Edouard , & de leur don
ner à croire , par des mouvemens continuels , que
cette communication étoit encore occupée.
Dans l'après- midi du même jour 4 , on mar
qua le dépot de la tranchée. On fit le chemin de
ce dépôt au camp , les fafcines , gabions & fauciffons
néceffaires pour le travail de cette premiere
nuit ; & l'on mit en état une anfe , à laquelle le
192 MERCURE DE FRANCE.
dépôt aboutifloit , pour y pouvoir débarquer dans
la nuit l'artillerie à mesure qu'on en auroit befoin.
La nuit du 4 aus , on ouvrit la tranchée à 350
toiles du Fort d'attaque , embraffant le front du
Nord-Oueſt : cette tranchée étoit une espece de
premiere parallele. On commença auffi deux batteries
avec leur communication à la parallele.
Dans la journée dus , les travailleurs de jour
perfectionnerent les ouvrages de la nuit. Mais on
fut obligé de retirer un peu plus en arriere la gauche
du camp de l'armée , laquelle fe trouvoit trop
expofée au feu de la Place.
Le même jour , les Sauvages intercepterent
une lettre du Général Webb , écrite du Fort
Edquard en date du 4 à minuit . Il mandoit au
Commandant du Fort Georges , qu'auffitôt après
J'arrivée des milices des provinces auxquelles il
avoit envoyéordre devenir le joindre fur le champ,
il s'avanceroir pour combattre l'armée Françoife ;
que cependant , fi ces milices arrivoient trop tard
le Commandant fît enforte d'obtenir les meilleures
conditions qu'il pourroit. Cette lettre détermina
M. le Marquis de Montcalm à accélérer encore
la construction des batteries ; & le nombre
des travailleurs fut augmenté.
La nuit dus au6 , on acheva la batterie de la
gauche qui fut en état de tirer à la pointe du jour ;
elle étoit de huit pieces de canon & d'un mortier,
& elle battoit le front d'attaque & la rade des barques.
On acheva auſſi la communication de la batterie
de la droite avec la parallele , & l'on avança
confidérablement cette batterie.
La nuit du 6 au7 , on conduifit un boyau de
Iso toifes en avant fur la capitale du Baftion de
P'Ouest , & l'on acheva la batterie de la droite.
Elle étoit de huit pieces de canon , d'un mortier
&
te
fe
NOVEMBRE . 1757. 193
& de deux obufiers : elle battoit en écharpant le
front d'attaque , & à ricochet le camp retranché.
Elle fut démafquée à fept heures du matin ; &
après une double falve des deux batteries , M. le
Marquis de Montcalm jugea à propos de faire porter
au Commandant de la Place la lettre du Général
Webb , par M. de Bougainville un de fes Aides
de camp.
La nuit du 7 au 8 , les travailleurs cheminant
fur la Place , en continuant le boyau commencé
la veille , lequel fut conduit à 100 toifes du foffé,
ouvrirent auffi à l'extrêmité de ce boyau , un cro
chet pour y établir une troifieme batterie , & y
loger de la moufqueterie . Vers minuit , les enne
mis firent fortir trois cens hommes du camp retranché
. M. de Villiers tomba fur eux avec un
petit nombre de Canadiens & de Sauvages , leur
tua foixante hommes , fit deux prifonniers , &
força le refte à rentrer dans le camp.
Le travail de la nuit avoit conduit à un marais
P'environ so toifes de paffage , qu'un côteau qui
e bordoit mettoit à couvert des batteries de la
Place , à l'exception de 10 toifes de longueur ,
bendant lefquelles on étoit expoſé au feu de ces
batteries. Quoiqu'en plein jour , M. le Marquis
le Montcalm fit faire ce paffage comme celui
l'un foffé de place rempli d'eau , les fappeurs s'y
orterent avec tant de vivacité , que , malgré le
eu du canon & de la moufqueterie des ennemis ,
I fut achevé dans la matinée même , & qu'avant
a nuit une chauffée capable de fupporter l'artilleie
fe trouva pratiquée dans le marais. La moufueterie
des Canadiens & des Sauvages , qui tisient
aux embrafures du Fort , diminua beauoup
durant cette journée le feu des ennemis .
A quatre heures du foir , les Sauvages- Décou
I
194 MERCURE DE FRANCE.
vreurs rapporterent qu'un gros corps d'armée
marchoit au fecours de la place par le chemin du
Fort Edouard . M. le Chevalier de Levis s'y por
fur le champ avec la plus grande partie des Canadiens
& tous les Sauvages. M. le Marquis de
Montcalm ne tarda pas à le joindre avec la brigade
de la Reine & une brigade de milices . Il s'avançoit
en bataille prêt à recevoir l'ennemi ; les
bataillons en colone fur le grand chemin , les
Canadiens & les Sauvages fur les aîles dans les
bois , lorfqu'il apprit que la nouvelle étoit faufle.
Il fit rentrer les troupes dans leur camp . Ce mor
vement ne caufa aucun dérangement aux travar
du fiege ; & la promptitude avec laquelle il f
exécuté , fit un très -bon effet dans l'efprit des
Sauvages.
La nuit du 8 au 9 , on déboucha du marais pur
un boyau fervant de communication à la feconde
parallele qui fut ouverte fur la crête du côteau, &
fort avancée dans la nuit. C'eft de cette parallele
qu'on devoit partir pour établir les batteries de
breche , & en la prolongeant , envelopper le Fort
& couper la communication avec le retranche
ment , laquelle jufqu'alors avoit été libre. L
affiégés n'en donnerent pas le temps à huit he
res du matin ils arborerent pavillon blanc .
201
tro
le
fet
M. le Marquis de Montcalm dit au Colonel Co
Yong , envoyé par le Commandant pour trait
de la capitulation , qu'il ne pouvoit en fignera
cune fans en avoir auparavant communiqué les
ticles aux Sauvages. Deux motifs l'engageoiesti
ce ménagement pour eux : il croyoit le devoir
confiance & à la foumiffion avec lesquelles ils s
toient prêtés depuis le commencement de l'exp
dition à l'exécution des ordres qu'il leur avoit do
nés , & de toutes les propofitions qu'il leur apo
la
M
NOVEMBRE. 1757. 195
faites ; & il vouloit les mettre par -là dans l'obli
gation de ne rien faire de contraire à la capitulation
qui feroit arrêtée. Il convoqua donc fur le
champ un Confeil Général de tous les Sauvages.
Il expofa aux Chefs les conditions auxquelles les
Anglois offroient de fe rendre , & celles qu'il
étoit réfolu de leur accorder. Les Chefs s'en rapporterent
à tout ce qu'il feroit , & lui promirent
de s'y conformer , & d'empêcher que leurs jeunes
gens n'y contrevinffent directement ni indirectement.
M. le Marquis de Montcalm envoya immédia
tement après ce confeil , M. de Bougainville ,
pour rédiger la capitulation avec le Colonel Monro
, Commandant de la Place & du camp retran,
ché. Les principaux articles furent :
Que les troupes , tant de la garniſon que du
retranchement , fortiroient avec leurs bagages &
les honneurs de la guerre , & qu'elles fe retiroient
au Fort Edouard .
Que pour les garantir contre les Sauvages ,
elles feroient eſcortées par un détachement de
troupes Françoifes , & par les principaux Officiers
& interprêtes attachés aux Sauvages .
Qu'elles ne pourroient fervir de 18 mois , ni
contre le Roi , ni contre fes Alliés ;
Et que , dans l'efpace de trois mois , tous les
prifonniers François , Canadiens & Sauvages , faits
par terre dans l'Amérique feptentrionale , depuis
le commencement de la guerre par les Anglois ,
feroient conduits aux forts François de la frontiere.
Cette capitulation fut fignée à midi , & auffitôt
la garnifon fortit du fort pour joindre les troupes
du retranchement ; & M. de Bourlamaque prit
poffeffion du fort avec les troupes de la tranchée.
M. le Marquis de Montcalm envoya en même
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
temps au camp retranché , une garde que le Colo:
nel Monro lui avoit demandée , & il ordonna aux
Officiers & Interprêtes attachés aux Sauvages , dy
demeurer jufqu'au départ des Anglois , qui fe
trouvoient au nombre de 2264 hommes effectifs.
Malgré toutes ces précautions , & malgré les affu
rances que les Chefs Sauvages avoient données ,
lorfqu'il fut queftion de la capitulation , les Sauvages
firent du défordre dans le camp des Anglois.
M. le Marquis de Montcalm y accourut avec un
détachement de fes troupes. Les Sauvages avoient
déja fait un affez grand nombre de prifonniers ,&
en avoient même amené quelques-uns. Il fit rea
dre ceux qui reftoient , & M. le Marquis de Vaudreuil
a fait renvoyer les autres .
M. le Marquis de Montcalm a fait rafer le fort,
& détruire tout ce qui en dépendoit , conformé
ment aux inftructions qui lui avoient été données
par M. le Marquis de Vaudreuil. Il s'eft trouvé ,
tant dans le fort que dans le camp retranché , 23
pieces de canon , dont plufieurs de 32 livres , quatre
mortiers , un obufier , dix- fept pierriers , en
viron trente- fix milliers de poudre , beaucoup de
boulets , bombes , grenades , balles , avec tou
tes fortes de munitions & uftenfúles d'artillerie . On
y a trouvé auffi une provifion affez confidérable de
vivres , malgré le pillage que les Sauvages en ont
fait.
Les François n'ont eu que treize hommes de
tués & quarante de bleffés dans ce fiege. M. le
Febvre , Lieutenant des Grenadiers du régiment
Royal Rouflillon , eft du nombre des derniers par
un éclat de bombe : fa bleffure eft à la main. liby
point eu d'autres officiers tués ni bleſſés. Les enne .
mis y ont perdu cent huit hommes , & en ont eu
deux cens cinquante de blefiés,
Επ
le
C
tre
Aqde
B
NOVEMBRE. 1757. 197
"
Durant tout le fiége , l'armée a été prefque toute
entiere jour & nuit de fervice , foit à la tranchée ,
foit au camp , foit dans les bois , pour faire les
fafcines , gabions & fauciffons néceflaires . On a
fait avec la pioche , la hache & la fcie fix cens toifes
de tranchée aflez large pour y charroyer de
front deux pieces de canon les abattis , dont
tout le terrein étoit embarraffé, empêchant de les
faire paffer fur les revers. C'eſt à la fageffe des
difpofitions que M. le Marquis de Montcalm a
faites , & à l'activité avec laquelle il en a fuivi
l'exécution , que le fuccès de cette expédition eft
principalement dû. Il a été parfaitement fecondé
dans toutes les opérations par M. le Chevalier de
Levis , par M. Rigaud- de Vaudreuil , & par M,
de Bourlamaque. Les détails particuliers de l'artillerie
& du génie ont été très -bien remplis par M.
le Chevalier le Mercier , qui commandoit l'artillerie
, & par MM . Defaidouin & Lotbiniere ,
Ingénieur . Les Officiers & Soldats des troupes de
terre & de la colonie , ainfi que les milices & les
Officiers qui les commandoient , ont donné les
plus grandes marques de valeur & de bonne volonté
; & jamais les Sauvages n'avoient fait paroître
tant de fermeté & de conftance : ils avoient demandé
à monter à l'affaut avec les grenadiers , &
ils en attendoient le moment avec impatience.
Ce nouveau fuccès , qui a répandu une joie
générale dans la colonie de Canada , a animé
de plus en plus le zele avec lequel les habitans
s'efforcent de répondre aux mefures dont le Roi a
la bonté de s'occuper pour la défenfe de cette colonie
, & de feconder les foins que M. le Marquis
de Vaudreuil ne ceffe point de fe donner pour tout
ce qui peut y avoir rapport.
·
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
vent
trol
de
L
des
Le Roi ayant été informé que les paroiffesel
de Piriac & de Mefquer au Diocefe de Nantes
avoient été prefque entiérement ravagées le
27 juin dernier , par un orage mêlé de grêle
d'une groffeur extraordinaire , a fait toucher
aux Recteurs de ces deux paroiffes , la fomme de
fix mille livres pour être par eux employées en
achat de grains , & diftribuées fous l'inſpection
de M. le Comte de la Bourdonnaye- du Bois- Hullin
, Procureur- Général , Syndic des Etats de Bre- pe
tagne , tant pour enfemencer les terres , que pour
la nourriture des habitans dont les recoltes ont
été défolées par ce fléau . Cette nouvelle caracterife
notre Monarque plus glorieux encore par
fon humanité que par les victoires.
Co
I
M. Paffemant Ingénieur du Roi au Louvre ,
étoit déja connu pour Auteur de la fameufe
pendule couronnée d'une fphere mouvante , pla
cée en 1753 dans le cabinet du Roi à Verfailles
; fphere dont les révolutions font fi juftes , ue
qu'au jugement de l'Académie où l'on voit l'ertrait
page 183 de l'année 1749 de fes mémoires
, il n'y a pas en trois mil ans un feul degré
de différence avee les tables aftronomiques.
11 vient encore de finir pour le Roi deur
piéces uniques qu'on peut regarder comme chefd'oeuvres
, c'eft premiérement un grand miroir
de 45 pouces
de diametre qu'il a eu l'honneur
de préfenter au Roi le 13 août dernier , avec M.
de Bernieres , dans le pavillon conftruit par ordre
de Sa Majesté à la meute , pour le télescope ,
les ouvrages & les obfervations du pere Noël.
La glace de ce miroir a été courbée , par les
foins de M. de Buffon , dans un fourneau qu'i
avoit fait conftruire au Jardin Royal. M , Palle
mant l'a fait travailler au Louvre fous les yeur ,
M
174
Le
les
NOVEMBRE . 1757 . 199
& elle a été étamée d'une façon nouvelle , inventée
par M. de Bernieres , un des quatre Controlleurs
des ponts & chauflées.
Le Roi parut très - content des grands effets
de ce miroir. Si on y préfente des tableaux
même de fix pieds de grandeur , repréfentans
des vues de Paris , de Venife , des ports de
mer , des bâtimens , on croit voir de véritables
objets de grandeur naturelle : ainfi avec un fimple
deflein , on voit un bâtiment dans toute
la grandeur où il fera , & on juge de fon apparence
future. Un Peintre qui travaille à une
petite miniature , quelque petite qu'elle foit ,
peut la voir de grandeur naturelle , & peut par
conféquent fentir & corriger les moindres dé
fauts.
A
La chimie n'en tirera pas de moindres avantages.
On peut juger des grands effets de ce miroir
fur les métaux par la promptitude avec laquelle
il agit , l'argent a été fondu en trois fecondes.
M. Paffemant eut encore l'honneur de préfenter
au Roi un télescope aftéroftatique de fon invention
, dont il avoit lu un projet à l'Académie en
1746 , & qui avoit mérité fon approbation. Ce
télescope eft garni d'un midiometre : il fuit le
mouvement du ciel . Si on le met fur la lune , il
femble qu'elle foit fans mouvement ; fi on veut
voir enfuite une autre planete , il y a un ajuftement
qui le regle dans le moment pour cet aftre.
Il eft conduit par une mécanique toute nouvelle ,
fans aucun tremblement , ni agitation . Comme
les aftres paroiffent fixes , on peut obferver avec
une grande facilité : on peut placer les fils du midiometre
fur fes objets avec toute l'exactitude
poffible. Il eft propre à prendre la parallaxe de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
Mars en fecondes de degrés au lieu de fecondes
de temps ainfi au lieu de deux fecondes , on
aura trente fecondes de degrés ; on obfervera facilement
la route des cometes : il fera d'une
grande utilité pour les paffages de Mercure fut
le difque du foleil, en l'année 1761 ; obſervation
qui n'a été faite qu'une feule fois , & par un
feul Obfervateur en l'année 1639.
Le Pere Noël repéta devant Sa Majefté les erpériences
d'une machine pneumatique nouvelle ,
& de plufieurs autres inftrumens qu'il avoit eu
P'honneur de lui préfenter au mois de mars dernier.
Le Roi parut fatisfait de tous ces ouvrages ,
qu'il examina pendant une heure .
Mefdames de France vinrent enfuite , & paffe
rent près de trois heures pendant lefquelles les
mêmes chofes furent répétées en leur préfence *
à leur fatisfaction .
Le corfaire le Romieu , de Saint - Malo , com
mandé par le Capitaine Morel , a conduit en ce
port le navire Anglois la Pensilvanie de 250 ton
neaux , qui alloit de Philadelphie à Londres, avec
une cargaifon de bois de Campêche , de pellete
zies , de café & d'autres marchandiſes.
Un navire Anglois de 300 tonneaux , chargé de
tabac , a été pris par le corfaire Entreprenant ,
qui l'a fait conduire å Morlaix.
Le Capitaine la Lande , commandant un corfaire
de Bordeaux , appellé le Prevêt de Paris , s'eft
rendu maître du corfaire le Hazard de Grenezey,
ayant 6 canons , 8 pierriers & 37 hommes d'équi
page , & il a repris le navire l'Aimable Jolie de
Bordeaux , & un autre bâtiment du même port ,
dont les Anglois s'étoient emparés.
Les navires Anglois le Prince d'Orange , chargé
de bois de Campeche , & le Saint - Eustache , de
NOVEMBRE . 1757. 201
Saint-Eustache , dont la cargaifon confifte en fucre
& en café , ont été pris par les corfaires la
Marquise de Salba & le d'Etigny de Bayonne , ou
ils font arrivés .
Les corfaires la Favorite & la Providence , de
Saint-Jean -de-Luz , fe font rendus maîtres , Pun
du navire Anglois la Sufanne , de Malblebard ,
chargé de 2200 quintaux de morue , l'autre d'un
Senaw , qui a pour cargaifon 334 barriques de
fardines.
Le Capitaine Papin , commandant le corfaire
la Marquise de Beringhen , de Boulogne , s'eft
emparé à la côte d'Angleterre du navire Anglois
l'Endeavour , de 100 tonneaux , deftiné pour la
Barbade , où il portoit un chargement compofé
de cire blanche , de farine , de boeuf falé & de
fromage.
Le même corfaire a pris un bateau de 25 à 39
tonneaux , chargé de caffonnade , de poudre à
canon , de chanvre & de fuif.
Le corfaire Anglois l'Epervier , armé de 10 canons
, 12 pierriers , & so hommes d'équipage , a
été pris par le Capitaine Berlamont , commandant
le corfaire l'Afie , de Dunkerque , & il a été conduit
au Havre.
On mande de Nantes , qu'il y eft arrivé un
fenaw Anglois appellé le Caton , de Vhul , armé
de 6 canons & de 4 pierriers , & chargé pour la
Jamaïque de munitions de guerre & de bouche ,
d'armes & de marchandifes feches . Ce bâtiment
a été pris par le Capitaine Poitevin , commandant
le navire la France.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le 9 octobre, la Dauphine donna naissance à un prince, nommé Comte d'Artois par le roi. L'abbé de Bouillé, comte de Lyon et premier aumônier du roi, procéda à l'ondoyement du prince en présence du curé de la paroisse du Château. Monsieur Rouillé, ministre d'État, apporta le cordon de l'Ordre du Saint-Esprit que le prince reçut. Le comte d'Artois fut ensuite confié à la comtesse de Marsan, gouvernante des enfants de France, et conduit à ses appartements par le maréchal duc de Luxembourg. Le lendemain, le roi, la reine et la famille royale assistèrent à une messe à la chapelle, durant laquelle le Te Deum fut chanté. Des festivités, incluant des feux d'artifice et des distributions de vin et de nourriture, furent organisées à Paris et dans la province d'Artois pour célébrer la naissance du prince. Le roi nomma également plusieurs personnes à des postes vacants et envoya des courriers pour annoncer la nouvelle à divers dignitaires. Les troupes de la Maison du Roi furent rappelées de la défense des côtes en raison du retrait des Anglais. La province d'Artois exprima sa joie et sa reconnaissance par des cérémonies religieuses et des démonstrations publiques. La princesse de Condé accoucha également d'une princesse le 10 octobre. En Amérique du Nord, le marquis de Vaudreuil, gouverneur de la Nouvelle-France, prit des mesures pour défendre le Canada contre les attaques anglaises, en s'appuyant sur les alliances avec les nations amérindiennes et en renforçant les fortifications. En mars, Vaudreuil envoya un détachement dirigé par Rigaud de Vaudreuil pour détruire les bâtiments ennemis autour du Lac Saint-Sacrement et du Fort Georges. Il renforça également les garnisons frontalières et détruisit des forts ennemis sur la Belle Rivière. Vaudreuil planifia ensuite la prise du Fort Georges, récemment construit par les Britanniques. Montcalm fut chargé de diriger un corps de troupes composé de bataillons réguliers, de milices et de Sauvages. Avant l'attaque principale, Rigaud de Vaudreuil mena plusieurs raids réussis contre les Britanniques, détruisant des bateaux et capturant des prisonniers. Le 3 août, l'armée française, dirigée par Montcalm, investit le Fort Georges. Malgré les préparatifs britanniques, les Français commencèrent le siège en ouvrant une tranchée et en construisant des batteries. Une lettre interceptée du Général Webb accéléra les travaux de siège. Les batteries furent prêtes à tirer dès le 7 août, marquant le début des hostilités. Entre le 7 et le 9 novembre 1757, les forces françaises, dirigées par le Marquis de Montcalm, assiégèrent une place forte. La nuit du 7 au 8 novembre, les travailleurs français creusèrent un boyau et établirent une batterie. Vers minuit, les ennemis tentèrent une sortie, mais furent repoussés par M. de Villiers, qui tua soixante hommes et fit deux prisonniers. Le travail nocturne permit de créer un passage à travers un marais, malgré le feu ennemi. Les Sauvages et les Canadiens réduisirent le feu ennemi durant la journée. Le 8 novembre, les Sauvages signalèrent l'approche d'une armée ennemie, mais l'alerte se révéla fausse. La nuit suivante, les Français ouvrirent une seconde parallèle et avancèrent leurs positions. Le matin du 9 novembre, les assiégés hissèrent un pavillon blanc, indiquant leur volonté de capituler. Montcalm consulta les chefs des Sauvages avant de signer la capitulation, qui permit aux troupes ennemies de se retirer avec les honneurs de la guerre et d'être escortées par des troupes françaises pour les protéger des Sauvages. Malgré les précautions, des Sauvages firent des prisonniers parmi les ennemis avant d'être arrêtés par Montcalm. Le siège se solda par la prise de 23 pièces de canon, des munitions et des vivres. Les Français perdirent 13 hommes et en blessèrent 40, tandis que les ennemis perdirent 108 hommes et en blessèrent 250. Le texte souligne la discipline et la bravoure des troupes françaises, des milices et des Sauvages, ainsi que l'efficacité des stratégies de Montcalm et de ses officiers. En novembre 1757, plusieurs actions navales notables furent rapportées. Le corsaire Hazard de Grenezey captura deux navires bordelais repris aux Anglais.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1393
p. 195-202
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
La Cornette des Chevaux-Légers de la Garde ordinaire du Roi, revint ici [...]
Mots clefs :
Roi, Comte, Duc, Audience, Madame la Dauphine, Comte d'Artois, Officier, Corsaires , Marchandises, Officiers, Accouchement, Nominations, Serment
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LAJA Cornette des Chevaux- Légers de la Garde
ordinaire du Roi , revint ici d'Arpajon le 19
d'Octobre. Comme la Compagnie , qui ne fert
que par quartiers , eft rarement raffembleé , les
Chevaux- Légers ont faifi le moment de leur réu
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
nion , pour célébrer en corps l'augufte naiſſance
de Monfeigneur le Comte d'Artois . Le Duc de
Chaulnes , leur Commandant , eft Gouverneur
de cette Province nouveau motif pour faire éclater
leur joie dans cette heureufe occafion. Ils devoient
fe féparer , après avoir porté leurs étendards
au Roi ; ils n'ont eu par conféquent que deux
fois vingt-quatre heures , pour faire leurs prépa
ratifs , ainfi que pour inviter la Cour , la Ville ,
& tous les corps de la maiſon du Roi.
Le fête commença le 21 , à dix heures du foir,
par un feu d'artifice , qui fut tiré dans l'avenue de
Sceaux , vis-à- vis de l'Hôtel des Chevaux-Légers ,
& dont l'exécution fut parfaite. Toutes les perfonnes
invitées le rendirent enfuite au bal , paré
& malqué. La façade & la cour de l'Hôtel étolent
très-bien illuminées. La falle où l'on danſoit , a
105 pieds de longueur fur 36 de large. Elle étoit
ornée richement , & avec autant d'art que de
goût : elle étoit éclairée par un grand nombre de
luftres & de girandoles. Les fonds oppofés de cette
falle , qui dans toute leur étendue , étoient gare
nis de grandes glaces , en multipliant les objets ,
formoient un fpectacle charmant. La Comteffe
de Marfan , Gouvernante des Enfans de France ,
s'étant excufée d'ouvrir le bal , la jeune Princeffe
de Soubife , fa niece , danfa le premier menuer
avec le Marquis d'Efquelbec , premier Enfeigne
de la compagnie. Le Bal dura jufqu'à huit heures
du matin. Il y eut la plus nombreuſe affemblée ,
& l'on y diftribua avec profufion toutes fortes de
rafraîchiffemens. Le bon ordre qui a régné dans
cette fête , joint à la politeffe & aux attentions
des Chevaux- Légers , n'en a pas fait le moindre
agrément.
La naifance de Monfeigneur le Comte d'Are
DECEMBRE. 1757: 197
tois exigeant des peuples , dont elle affure le
bonheur , un nouveau tribut de reconnoiffance ,
le Roi écrivit le 9 d'Octobre à M. l'Archevêque de
Paris , pour faire rendre à Dieu dans la Capitale
de folemnelles actions de graces. En conféquence,
le Dimanche 13 , le Te Deum fut chanté dans
P'Eglife Métropolitaine , & M. l'Archevêque de
Paris y officia . M. le Chancelier accompagné de
plufieurs Confeillers d'etat & Maîtres des Requê
tes , le parlement , la Chambre des Comptes , la
Cour des Aydes & le Corps de Ville , y affifterent
après y avoir été invités de la part du Roi par M.
Defgranges , Maîtres des Cérémonies .
Le même jour , M. le Prevôt des Marchands
& les Echevins firent tirer dans la place de l'Hôtel
de Ville un feu d'artifice , décoré relativement à
l'objet de l'alegreffe publique. La façade de
l'Hôtel de Ville fut enfuite illuminée par des filets
de terrines, qui régnoient le long des entablemens,
& par des luftres formés de lanternes de verre.
Des ifs portant chacun plus de cent cinquante lu
mieres , entouroient la place .
L'Hôtel du Duc de Chevreufe , nommé au Gou
vernement de Paris , fut orné d'une magnifique
décoration en architecture , éclairée avec un
goût infini. Il y eut auffi des illuminations à l'Hôtel
du Prevôt des Marchands , aux maiſons des
Echevins , & à celles des principaux Officiers du
corps de Ville.
Aux quatre coins de la place de l'Hôtel de
Ville , ainfi qu'à celle de Louis XV , étoient des
fontaines de vin , qui coulerent une partie de la
nuit. On y diftribuoit du pain & des viandes au
peuple , & on avoit placé des orqueftres dans tous
les endroits où fe faifoient ces diftributions .
La cloche de l'Hôtel de ville fonna pendan
I iij
498 MERCURE DE FRANCE.
Toute la journée en tocfin . Il y eut quatre falves
d'artillerie ; la premiere à cinq heures du matin ,
la feconde à midi , la troifieme pendant le Te
Deum , & la derniere avant le feu d'artifice.
Le 24 , le corps de Ville alla à l'Eglife paroif-
Hale de Saint Jeanen Greve , pour rendre les actions
de graces particulieres , & il affifta au Te
Deam qu'il fit chanter en mufique. Ce même
jour , l'Hôtel de Ville , P'Hôtel du Prevôt des
Marchands , les maiſons des Echevins & des principaux
Officiers du corps de Ville , furent illuminés
de nouveau .
Le Roi a difpofé du commandement en Chef
de la province de Languedoc , vacant par la mort
de M. le Maréchal Duc de Mirepoix , en faveur
de M. le Maréchal de Thomond .
Le 3 Novembre , M. le Comte de Sartirane ,
'Ambaffadeur du Roi de Sardaigne , eut une audience
particuliere du Roi , dans laquelle il complimenta
Sa Majefté , au nom du Roi fon Maître,
fur l'heureux accouchement de Madame la Dauphine
, & fur l'heureufe naiffance de Monftigneur
le Comte d'Artois. Cet Ambafladeur fut
enfuite admis à l'audience de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin , & de Madame la Dauphine.
M. Bertin , latendant de Lyon , a été nommé
Lieutenant-Général de Police , à la place de M.
Berryer.
Le Roi a nommé M. le Marquis du Mefnil ,
Lieutenant Général de fes armées , Infpecteur Général
de la Cavalerie & des Dragons , au Gouver
nement de Brouage , vacant par la mort de M. le
Maréchal Duc de Mirepoix.
Sa Majesté a auffi accordé à M. le Comte de
Montazet , Brigadier de fes armées , Mestre de
Camp réformé à la fuite du Régiment de Dragons
DECEMBRE. 1757. 199
d'Orléans , & Gouverneur du Fort de Scarpe ,
l'Expectative d'une place de Commandeur dans
P'Ordre Militaire de Saint Louis , avec la permiffion
d'en porter dès - à - préfent les honneurs.
Les 27 & 28 d'Octobre , on a reffenti au Havre
deux fecouffes de tremblemens de terre. La
premiere a duré trois minutes , & l'autre deux.
Les habitans effrayés, font fortis de leurs maiſons
pour fe retirer fur la place, Ces mêmes ſecouffes
Te font auffi fait fentir à la même heure au Pontl'Evêque
, fur la rive gauche de la Seine.
Le 6 de Novembre , M. le Chevalier Archinto
arriva ici de Parme , pour complimenter le Roi ,
de la part de l'Infant Duc de Parme , fur la naiffance
de Monfeigneur le Comte d'Artois.
Le Roi a nommé à l'Intendance de Lyon M. de
la Michodiere , Intendant d'Auvergne ; & M.
Bernard de Ballainvilliers , Maître des Requêtes ,
à celle d'Auvergne.
Sa Majefté a tenu le Sceau pour la feizieme &
dix-feptieme fois.
Le même jour , M. le Prince de Beauvau prêta
ferment entre les mains du Roi pour la charge
de Capitaine des Gardes , & Sa Majefté reçut celui
de l'Evêque de Senez.
Le Roi accorda ce même jour un brevet d'honneur
à Madame la Comteffe de Lillebonne , &
elle prit en conféquence le Tabouret chez la
Reine.
Sa Majesté a donné à M. le Comte de Talaru ,
Sous-Lieutenant des Gendarmes de Flandres ,
l'Aide-Majorité de la Gendarmerie , vacante par
la promotion du Vicomte de Sabran , à la Majo
rité de ce corps,
Les entrées de la Chambre ont été accordées
par le Roi à M. le Chevalier Archinto , Gentil-
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
homme de la Chambre de l'infant Duc de Parme
Le is , M. Erizzo , Ambaſſadeur de la Répu
blique de Venife , eut une audience particuliere
du Roi,dans laquelle il complimenta Sa Majesté au
nom de la République , fur l'heureux accouchement
de Madame la Dauphine , & fur la naiſſance
de Monfeigneur le Comte d'Artois . Cet Ambaffadeur
fut conduit à cette audience par M. de la
Live , introducteur des Ambafladeurs .
M. le Baron de Lichtinſtein , Miniftre Plénipotentiaire
du Duc de Saxe- Gotha , eut le même
jour une audience de Madame la Dauphine. Il y
fut conduit ainfi qu'à celles de Monfeigneur le
Duc de Bourgogne , de Monfeigneur le Duc de
Berry , & de Monſeigneur le Comte de Provence
, par le même Introducteur .
M. de Bompar , Chefd'Eſcadre des Armées Navales
, à fon retour de la Martinique , où il a réfidé
pendant fept ans en qualité de Gouverneur
Général des Inles du Vent , a été préfenté au Roi,
Sa Majefté lui a accordé une penfion de trois mille
livres fur le Tréfor Royal , avec le Cordon rouge
honoraire.
L'ouverture du Parlement fe fit le r2 de ce
mois avec les cérémonies ordinaires , par une
Mefle folemnelle . Elle fut célébrée par M. l'Abbé
de Sailly , Chantre de la Sainte Chapelle , & Aumônier
de Madame la Dauphine . M. Mollé ,
premier Préfident , ayant été reçu & inftallé par
M. Pelletier de Rofambo , Préfident du Parlement
, y affifta avec toutes les Chambres.
Il y a eu le 5 Novembre une action entre l'armés
commandée par M. le Prince de Soubife & celle
du Roi de Pruffe : la premiere ayant été obligée de
faire fa retraite , elle s'eft retirée à Freyburg ,
d'où elle a repaffé l'Unftrutt , & ſe raffemble der
DECEMBRE. 1757 : 201
riere cette riviere . M. le Maréchal Duc de Richelieu
, à qui M. le Prince de Soubife avoit dépêché
un Officier après l'action , s'eft mis en marche à
la tête de foixante bataillons & de foixante- quatre
efcadrons , pour fe porter fur Duderſtatt , où il
fera à portée de recevoir & de foutenir l'armée de
M. le Prince de Soubife , s'il eft néceffaire.
Nous retardons la lifte des Officiers tués ou
bleffés , pour la donner plus exacte le mois pro
chain.
Le Corfaire Anglois le Hancelot , de Jerzey ;
armé de 10 canons , & de 70 hommes d'équipage ,
a été pris par les Vaiffeaux du Roi l'Entreprenant
& le Dragon , qui l'ont fait conduire à Brest.
Les fieurs Bart , Capitaine de Brûlot , & Juin ,
Lieutenant de Frégate , commandant les Frégates
du Roi la Valeur & la Mignonne , fe font rendus
maîtres des Navires Anglois l'Induftrie , l'Eclair
la Marie-Sara & la Satisfaction. Ces quatre bâtimens
, qui alloient de Sunderland à Rotterdam ,
chacun avec un chargement de charbon de terre
étoient tous armés de quelques canons , & ils font
arrivés à Dunkerque.
Le Corfaire le Vengeur , de ce Port , ya remis
Pôtage d'une rançon de 290 guinées , moyennant
laquelle il a relâché un Navire Anglois ,
dont il s'étoit emparé .
On mande de la Rochelle , que le Navire le Titon
l'Africain , de Bordeaux , venant de Saint-
Domingue , a enlevé le Navire Anglois le Thos
mas , de Londres dont la cargaiſon eft compo
fée de 500 barrils de poudre , de so caiffes d'armes
, de toiles , de foieries , & d'autres muni
tions & marchandiſes.
Une Lettre du Capitaine Robert , comman
1 v
202 MERCURE DE FRANCE.
dant la Frégate la Comteffe de la Serre , datée de
20 Octobre dernier , marque qu'il eft arrivé à
Bergue en Norwege, & qu'il y a conduit fept prifes
Angloifes ; que fix de ces prifes font chargés
de chanvre , de lin & de fer , la feptieme , d'uce
petite partie de chanvre & de bois , & qu'il en
attendoit une huitieme qu'il a laiffée au Nord
d'Ifland , le mauvais temps l'ayant obligé de s'en
féparer. Cette derniere eft un Senaw du port de
220 tonneaux , armé de 14 canons , & de 36
hommes d'équipage , qui vient de la Virginie , fa
cargaison confifte en 380 boucauts de tabac.
LAJA Cornette des Chevaux- Légers de la Garde
ordinaire du Roi , revint ici d'Arpajon le 19
d'Octobre. Comme la Compagnie , qui ne fert
que par quartiers , eft rarement raffembleé , les
Chevaux- Légers ont faifi le moment de leur réu
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
nion , pour célébrer en corps l'augufte naiſſance
de Monfeigneur le Comte d'Artois . Le Duc de
Chaulnes , leur Commandant , eft Gouverneur
de cette Province nouveau motif pour faire éclater
leur joie dans cette heureufe occafion. Ils devoient
fe féparer , après avoir porté leurs étendards
au Roi ; ils n'ont eu par conféquent que deux
fois vingt-quatre heures , pour faire leurs prépa
ratifs , ainfi que pour inviter la Cour , la Ville ,
& tous les corps de la maiſon du Roi.
Le fête commença le 21 , à dix heures du foir,
par un feu d'artifice , qui fut tiré dans l'avenue de
Sceaux , vis-à- vis de l'Hôtel des Chevaux-Légers ,
& dont l'exécution fut parfaite. Toutes les perfonnes
invitées le rendirent enfuite au bal , paré
& malqué. La façade & la cour de l'Hôtel étolent
très-bien illuminées. La falle où l'on danſoit , a
105 pieds de longueur fur 36 de large. Elle étoit
ornée richement , & avec autant d'art que de
goût : elle étoit éclairée par un grand nombre de
luftres & de girandoles. Les fonds oppofés de cette
falle , qui dans toute leur étendue , étoient gare
nis de grandes glaces , en multipliant les objets ,
formoient un fpectacle charmant. La Comteffe
de Marfan , Gouvernante des Enfans de France ,
s'étant excufée d'ouvrir le bal , la jeune Princeffe
de Soubife , fa niece , danfa le premier menuer
avec le Marquis d'Efquelbec , premier Enfeigne
de la compagnie. Le Bal dura jufqu'à huit heures
du matin. Il y eut la plus nombreuſe affemblée ,
& l'on y diftribua avec profufion toutes fortes de
rafraîchiffemens. Le bon ordre qui a régné dans
cette fête , joint à la politeffe & aux attentions
des Chevaux- Légers , n'en a pas fait le moindre
agrément.
La naifance de Monfeigneur le Comte d'Are
DECEMBRE. 1757: 197
tois exigeant des peuples , dont elle affure le
bonheur , un nouveau tribut de reconnoiffance ,
le Roi écrivit le 9 d'Octobre à M. l'Archevêque de
Paris , pour faire rendre à Dieu dans la Capitale
de folemnelles actions de graces. En conféquence,
le Dimanche 13 , le Te Deum fut chanté dans
P'Eglife Métropolitaine , & M. l'Archevêque de
Paris y officia . M. le Chancelier accompagné de
plufieurs Confeillers d'etat & Maîtres des Requê
tes , le parlement , la Chambre des Comptes , la
Cour des Aydes & le Corps de Ville , y affifterent
après y avoir été invités de la part du Roi par M.
Defgranges , Maîtres des Cérémonies .
Le même jour , M. le Prevôt des Marchands
& les Echevins firent tirer dans la place de l'Hôtel
de Ville un feu d'artifice , décoré relativement à
l'objet de l'alegreffe publique. La façade de
l'Hôtel de Ville fut enfuite illuminée par des filets
de terrines, qui régnoient le long des entablemens,
& par des luftres formés de lanternes de verre.
Des ifs portant chacun plus de cent cinquante lu
mieres , entouroient la place .
L'Hôtel du Duc de Chevreufe , nommé au Gou
vernement de Paris , fut orné d'une magnifique
décoration en architecture , éclairée avec un
goût infini. Il y eut auffi des illuminations à l'Hôtel
du Prevôt des Marchands , aux maiſons des
Echevins , & à celles des principaux Officiers du
corps de Ville.
Aux quatre coins de la place de l'Hôtel de
Ville , ainfi qu'à celle de Louis XV , étoient des
fontaines de vin , qui coulerent une partie de la
nuit. On y diftribuoit du pain & des viandes au
peuple , & on avoit placé des orqueftres dans tous
les endroits où fe faifoient ces diftributions .
La cloche de l'Hôtel de ville fonna pendan
I iij
498 MERCURE DE FRANCE.
Toute la journée en tocfin . Il y eut quatre falves
d'artillerie ; la premiere à cinq heures du matin ,
la feconde à midi , la troifieme pendant le Te
Deum , & la derniere avant le feu d'artifice.
Le 24 , le corps de Ville alla à l'Eglife paroif-
Hale de Saint Jeanen Greve , pour rendre les actions
de graces particulieres , & il affifta au Te
Deam qu'il fit chanter en mufique. Ce même
jour , l'Hôtel de Ville , P'Hôtel du Prevôt des
Marchands , les maiſons des Echevins & des principaux
Officiers du corps de Ville , furent illuminés
de nouveau .
Le Roi a difpofé du commandement en Chef
de la province de Languedoc , vacant par la mort
de M. le Maréchal Duc de Mirepoix , en faveur
de M. le Maréchal de Thomond .
Le 3 Novembre , M. le Comte de Sartirane ,
'Ambaffadeur du Roi de Sardaigne , eut une audience
particuliere du Roi , dans laquelle il complimenta
Sa Majefté , au nom du Roi fon Maître,
fur l'heureux accouchement de Madame la Dauphine
, & fur l'heureufe naiffance de Monftigneur
le Comte d'Artois. Cet Ambafladeur fut
enfuite admis à l'audience de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin , & de Madame la Dauphine.
M. Bertin , latendant de Lyon , a été nommé
Lieutenant-Général de Police , à la place de M.
Berryer.
Le Roi a nommé M. le Marquis du Mefnil ,
Lieutenant Général de fes armées , Infpecteur Général
de la Cavalerie & des Dragons , au Gouver
nement de Brouage , vacant par la mort de M. le
Maréchal Duc de Mirepoix.
Sa Majesté a auffi accordé à M. le Comte de
Montazet , Brigadier de fes armées , Mestre de
Camp réformé à la fuite du Régiment de Dragons
DECEMBRE. 1757. 199
d'Orléans , & Gouverneur du Fort de Scarpe ,
l'Expectative d'une place de Commandeur dans
P'Ordre Militaire de Saint Louis , avec la permiffion
d'en porter dès - à - préfent les honneurs.
Les 27 & 28 d'Octobre , on a reffenti au Havre
deux fecouffes de tremblemens de terre. La
premiere a duré trois minutes , & l'autre deux.
Les habitans effrayés, font fortis de leurs maiſons
pour fe retirer fur la place, Ces mêmes ſecouffes
Te font auffi fait fentir à la même heure au Pontl'Evêque
, fur la rive gauche de la Seine.
Le 6 de Novembre , M. le Chevalier Archinto
arriva ici de Parme , pour complimenter le Roi ,
de la part de l'Infant Duc de Parme , fur la naiffance
de Monfeigneur le Comte d'Artois.
Le Roi a nommé à l'Intendance de Lyon M. de
la Michodiere , Intendant d'Auvergne ; & M.
Bernard de Ballainvilliers , Maître des Requêtes ,
à celle d'Auvergne.
Sa Majefté a tenu le Sceau pour la feizieme &
dix-feptieme fois.
Le même jour , M. le Prince de Beauvau prêta
ferment entre les mains du Roi pour la charge
de Capitaine des Gardes , & Sa Majefté reçut celui
de l'Evêque de Senez.
Le Roi accorda ce même jour un brevet d'honneur
à Madame la Comteffe de Lillebonne , &
elle prit en conféquence le Tabouret chez la
Reine.
Sa Majesté a donné à M. le Comte de Talaru ,
Sous-Lieutenant des Gendarmes de Flandres ,
l'Aide-Majorité de la Gendarmerie , vacante par
la promotion du Vicomte de Sabran , à la Majo
rité de ce corps,
Les entrées de la Chambre ont été accordées
par le Roi à M. le Chevalier Archinto , Gentil-
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
homme de la Chambre de l'infant Duc de Parme
Le is , M. Erizzo , Ambaſſadeur de la Répu
blique de Venife , eut une audience particuliere
du Roi,dans laquelle il complimenta Sa Majesté au
nom de la République , fur l'heureux accouchement
de Madame la Dauphine , & fur la naiſſance
de Monfeigneur le Comte d'Artois . Cet Ambaffadeur
fut conduit à cette audience par M. de la
Live , introducteur des Ambafladeurs .
M. le Baron de Lichtinſtein , Miniftre Plénipotentiaire
du Duc de Saxe- Gotha , eut le même
jour une audience de Madame la Dauphine. Il y
fut conduit ainfi qu'à celles de Monfeigneur le
Duc de Bourgogne , de Monfeigneur le Duc de
Berry , & de Monſeigneur le Comte de Provence
, par le même Introducteur .
M. de Bompar , Chefd'Eſcadre des Armées Navales
, à fon retour de la Martinique , où il a réfidé
pendant fept ans en qualité de Gouverneur
Général des Inles du Vent , a été préfenté au Roi,
Sa Majefté lui a accordé une penfion de trois mille
livres fur le Tréfor Royal , avec le Cordon rouge
honoraire.
L'ouverture du Parlement fe fit le r2 de ce
mois avec les cérémonies ordinaires , par une
Mefle folemnelle . Elle fut célébrée par M. l'Abbé
de Sailly , Chantre de la Sainte Chapelle , & Aumônier
de Madame la Dauphine . M. Mollé ,
premier Préfident , ayant été reçu & inftallé par
M. Pelletier de Rofambo , Préfident du Parlement
, y affifta avec toutes les Chambres.
Il y a eu le 5 Novembre une action entre l'armés
commandée par M. le Prince de Soubife & celle
du Roi de Pruffe : la premiere ayant été obligée de
faire fa retraite , elle s'eft retirée à Freyburg ,
d'où elle a repaffé l'Unftrutt , & ſe raffemble der
DECEMBRE. 1757 : 201
riere cette riviere . M. le Maréchal Duc de Richelieu
, à qui M. le Prince de Soubife avoit dépêché
un Officier après l'action , s'eft mis en marche à
la tête de foixante bataillons & de foixante- quatre
efcadrons , pour fe porter fur Duderſtatt , où il
fera à portée de recevoir & de foutenir l'armée de
M. le Prince de Soubife , s'il eft néceffaire.
Nous retardons la lifte des Officiers tués ou
bleffés , pour la donner plus exacte le mois pro
chain.
Le Corfaire Anglois le Hancelot , de Jerzey ;
armé de 10 canons , & de 70 hommes d'équipage ,
a été pris par les Vaiffeaux du Roi l'Entreprenant
& le Dragon , qui l'ont fait conduire à Brest.
Les fieurs Bart , Capitaine de Brûlot , & Juin ,
Lieutenant de Frégate , commandant les Frégates
du Roi la Valeur & la Mignonne , fe font rendus
maîtres des Navires Anglois l'Induftrie , l'Eclair
la Marie-Sara & la Satisfaction. Ces quatre bâtimens
, qui alloient de Sunderland à Rotterdam ,
chacun avec un chargement de charbon de terre
étoient tous armés de quelques canons , & ils font
arrivés à Dunkerque.
Le Corfaire le Vengeur , de ce Port , ya remis
Pôtage d'une rançon de 290 guinées , moyennant
laquelle il a relâché un Navire Anglois ,
dont il s'étoit emparé .
On mande de la Rochelle , que le Navire le Titon
l'Africain , de Bordeaux , venant de Saint-
Domingue , a enlevé le Navire Anglois le Thos
mas , de Londres dont la cargaiſon eft compo
fée de 500 barrils de poudre , de so caiffes d'armes
, de toiles , de foieries , & d'autres muni
tions & marchandiſes.
Une Lettre du Capitaine Robert , comman
1 v
202 MERCURE DE FRANCE.
dant la Frégate la Comteffe de la Serre , datée de
20 Octobre dernier , marque qu'il eft arrivé à
Bergue en Norwege, & qu'il y a conduit fept prifes
Angloifes ; que fix de ces prifes font chargés
de chanvre , de lin & de fer , la feptieme , d'uce
petite partie de chanvre & de bois , & qu'il en
attendoit une huitieme qu'il a laiffée au Nord
d'Ifland , le mauvais temps l'ayant obligé de s'en
féparer. Cette derniere eft un Senaw du port de
220 tonneaux , armé de 14 canons , & de 36
hommes d'équipage , qui vient de la Virginie , fa
cargaison confifte en 380 boucauts de tabac.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En octobre et novembre 1757, plusieurs événements marquants ont eu lieu à la cour de France. Le 21 octobre, la Compagnie des Chevaux-Légers de la Garde du Roi a célébré la naissance du Comte d'Artois par une fête organisée par le Duc de Chaulnes, commandant de la compagnie et nouvellement nommé gouverneur de province. Cette célébration, qui a réuni une nombreuse assemblée, comprenait un feu d'artifice et un bal, et s'est déroulée dans un ordre exemplaire. Le Roi a également ordonné des actions de grâce pour la naissance du Comte d'Artois. Le 13 octobre, un Te Deum a été chanté à la cathédrale de Paris en présence de hautes autorités, suivi d'un feu d'artifice et d'illuminations à l'Hôtel de Ville. Des distributions de nourriture et de boissons ont été faites au peuple, et des salves d'artillerie ont marqué les moments clés de la journée. Plusieurs nominations et promotions ont été annoncées, notamment celle de M. Bertin comme Lieutenant-Général de Police et de M. le Marquis du Mésnil comme Lieutenant Général des armées et Inspecteur Général de la Cavalerie. Le Roi a également accordé des distinctions honorifiques à plusieurs personnes, dont le Comte de Montazet et la Comtesse de Lillebonne. Sur le plan diplomatique et militaire, des audiences ont été accordées à des ambassadeurs étrangers pour féliciter le Roi sur la naissance du Comte d'Artois. Des actions militaires en Allemagne impliquant le Prince de Soubise et le Roi de Prusse ont été rapportées, ainsi que des prises maritimes par des navires français contre des corsaires anglais.
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1394
p. 202
BÉNÉFICES DONNÉS.
Début :
Sa Majesté a donné l'Abbaye de Bonnefond, Ordre de Cîteaux, Diocese [...]
Mots clefs :
Abbaye, Diocèse, Ordre, Abbé, Vicaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : BÉNÉFICES DONNÉS.
BÉNÉFICES DONNÉS.
SA Majefté a donné l'Abbaye de Bonnefond ,
Ordre de Cîteaux , Diocefe de Comminges , à
M. l'Abbé Marquet - de Villefond , chargé des
affaires de Sa Majesté à Venife ; l'Abbaye de
Meymac , Ordre de S. Benoît , Diocefe de Limoges
, à M. l'Abbé de Saint - Val ; celle de Sainte
Aufonne , même Ordre , Dioceſe d'Angoulême ,
à la Dame de Durfort de Civerac , Religieufe de
Saint Emilion , Dioceſe de Bordeaux ; & le
Prieuré de Saint Pierre de Langon , Dioceſe de
la Rochelle , à M. l'Abbé Jalouts , Vicaire Général
de l'Archevêché de Cambray.
SA Majefté a donné l'Abbaye de Bonnefond ,
Ordre de Cîteaux , Diocefe de Comminges , à
M. l'Abbé Marquet - de Villefond , chargé des
affaires de Sa Majesté à Venife ; l'Abbaye de
Meymac , Ordre de S. Benoît , Diocefe de Limoges
, à M. l'Abbé de Saint - Val ; celle de Sainte
Aufonne , même Ordre , Dioceſe d'Angoulême ,
à la Dame de Durfort de Civerac , Religieufe de
Saint Emilion , Dioceſe de Bordeaux ; & le
Prieuré de Saint Pierre de Langon , Dioceſe de
la Rochelle , à M. l'Abbé Jalouts , Vicaire Général
de l'Archevêché de Cambray.
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Résumé : BÉNÉFICES DONNÉS.
Sa Majesté a attribué plusieurs bénéfices ecclésiastiques. L'Abbaye de Bonnefond, relevant de Cîteaux et du Diocèse de Comminges, a été donnée à M. l'Abbé Marquet de Villefond. L'Abbaye de Meymac, de l'Ordre de Saint-Benoît et du Diocèse de Limoges, a été confiée à M. l'Abbé de Saint-Val. L'Abbaye de Sainte-Auffonne, du Diocèse d'Angoulême, a été attribuée à la Dame de Durfort de Civerac. Le Prieuré de Saint-Pierre de Langon, du Diocèse de La Rochelle, a été donné à M. l'Abbé Jalouts.
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1395
p. 205-210
Mémoire sur la Maison du Chastel.
Début :
La Maison du Chastel est d'ancienne Chevalerie. L'histoire de Bretagne [...]
Mots clefs :
Maison du Chastel, Généalogie, Alliances, Militaire, Chevalier, Seigneur de Coetangars
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texteReconnaissance textuelle : Mémoire sur la Maison du Chastel.
Mémoire fur la Maison du Chaftel.
A Maifon du Chaftel eft d'ancienne Chevale
rie. L'hiftoire de Bretagne eft remplie de monumens
qui conftatent ſon ancienneté , fes fervices
militaires , & fes grandes alliances,
206 MERCURE DE FRANCE.
Bernard du Chaftel , Chevalier , fcella de fon
fceau un acte de l'an 1174. Il y eft repréſenté à
cheval , tenant l'épée haute de la main droite , &
foutenant de la gauche un écu chargé de fafces ;
le cheval caparaçonné aux mêmes armes. Il époufa
Anne de Léon de grande lignée , dont il eut Hervé
du Chaſtel , Chevalier , vivant en 1296 .
Bernard II , du nom , fire du Chaſtel , fils de
celui- ci , époufa Eléonore de Rofmadec , & en eut
Tanneguy, premier du nom , fire du Chaſtel ,
Lieutenant général des armées du Comte de
Montfort , contre CHARLES de Blois , fur lequel
il gagna la bataille de la Roche - de Rien en 1347 ,
& qui gagna encore celle de Mauron en 1352 .
Ce Tanneguyfut pere, entr'autres enfans , de Guillaume
, fire du Chaftel , qui fuit ; de Tanneguy,
Seigneur de la Roche- Dronion , chef de la branche
des Seigneurs de Melle , éteinte ; de Garfin
ou Garfis du Chaftel , Seigneur du Bois , appellé ,
à caufe de lui , le Bois de Garfis ( en Breton Coetangars
) Maréchal & Général d'armée du Duc d'An.
jou , mort fans alliance ; & Marguerite , femme
de Guillaume , fire de Rofmadec.
Guillaume , fire du Chaftel , de Leſlein ( & de
Coetangars , par la mort de fon frere Garfin )
rendit de grands fervices à JBAN , dit le vaillant ,
Duc de Bretagne , pour lequel il demeura prifonnier
en une rencontre , & paya 6000 écus d'or
pour fa rançon ; il mourut en 1370 , laiſſant pour
fils & héritier, Hervé , qui porta les armes pour le
Roi CHARLES V. Celui - ci fut pere de quatre fils ;
fçavoir :
1º. Guillaume du Chaftel , Chambellan du Roi
CHARLES V , & du Duc d'Orléans , qui fut l'un
des fept Champions du. Seigneur de Barbazan ,
contre fept Anglois en 1402 , gagna un combatDECEMBRE
. 1757. 207
naval contre les Anglois en 1403 ; pilla l'Ile de
Gerzé , où il fut tué l'année ſuivante , fans laiffer
de postérité .
2º. Olivier, fire du Chaſtel , &c. qui fuit .
3°. Hervé du Chaftel , tige des Seigneurs de
Coetelez , éteinte.
4°. Tanneguy , Chevalier , Confeiller & Cham
bellan du Roi , Grand Maître de fa Maifon , Prevôt
de Paris , Gouverneur & Sénéchal de Provence
, fi renommé dans l'hiftoire de France par fon
attachement à la perfonne du Dauphin depuis
Charles VII . Il mourut en Provence en 1449 ,
fans postérité.
Olivier , fire ou Seigneur du Chaftel , de Leſlein
, Chevalier Banneret , Chambellan du Duc de
Bretagne , Capitaine de Dinan & de Breft , Sénéchal
de Saintonge , donna quittance de fes gages.
comme Chevalier Banneret , le 20 Novembre.
1415 , & la fcella de fon fceau qui eft fafcé de
fix pieces d'or & de gueules . Il mourut en 1455 ,
ayant eu pour fils :
1° François , fire du Chaftel , qui continua la
poftérité.
2. Guillaume du Chaftel , Pannetier du Roi ,
& Ecuyer du Dauphin , depuis Louis XI , tué en
1441 au fiege de Pontoife en préſence du Roi
qui , pour récompenfer fa valeur & fes fervices, le
fit enterrer dans l'Eglife de Saint Denis , avec les
Rois ( Hift. de S. Denis , par Eelibien , pages 3.52.
562.)
3. Jean du Chaftel , Evêque de Carcaffonne ,
en 1457.
4°. Tanneguy du Chaſtel , Vicomte de la Belliere
, Confeiller & Chambellan du Roi CHARLES
VII, Grand Ecuyer de France , Grand Maître
'Hôtel du Duc de Bretagne , Gouverneur du
108 MERCURE DE FRANCE.
Rouffillon & de Cerdagne , Chevalier de l'Ordre
de S. Michel , lequel fut bleffé d'un coup de fauconneau
, au siege de Bouchain , en 1477, & mourut
de cette bleffure , au grand regret du Roi , qui
envoya offrir cent marcs d'argent à l'Eglife de
Notre-Dame de la Victoire , qu'il avoit voué pour
be falut de l'ame de ce Seigneur ( compte de Pierre
de Lailly ) . Il avoit marqué fon zele & ſa fidélité
au fervice du Roi CHARLES VII , en ſe tenant auprès
de lui jufqu'au dernier foupir , avoit fait faire
fes funérailles , & y avoit employé une fomme de
30 mille écus. Il ne laiffa de Jeanne de Raguenel ,
Vicomteffe de la Belliere & de Combour , fa
femme , qu'une fille nommée Jeanne , mariée à
Louis , Seigneur de Montejan.
François , fire du Chaftel , de Leſlein , de Le
zourny , &c. fut fait Chevalier Banneret ( Baron )
aux Etats de Bretagne de l'année 1495. Il eut de
Jeanne de Kerman , Olivier, fire du Chaftel , de
Leflein , de Lezourny & de Lefcoet. Celui- ci fut
pere de trois fils , Tanneguy , fire du Chaftel , qui
continua la branche aînée ; Gabriel , Seigneur de
Coetangars , dont la poftérité fera rapportée ciaprès
, & Olivier , Evêque de Saint- Brieu , mort
en 1523 .
Tanneguy , fire du Chaftel , de Poulmie , &c
époufa 1 ° . en 1492 , Louife du Pont , fille de
Pierre , Seigneur du Pont-l'Abbé , & d'Helene de
Rohan ; 20. en 1901 , Marie , Dame de Juch.
Du premier mariage vint Gillette du Chaftel ,
Dame du Pont-l'Abbé , de Roftrenen , &c. qu'elle
porta en dotte à Charles du Guellenée , Vicomte
du Fou; & du fecond , François , fire du Chaftel ,
de Lefcoet & du Jueh : celui- ci eut pour fils & héritier
Claude , Baron du Chaftel , &c. qui ne laisa
de Claude d'Acigné , Vicomteffe de la Belliere
DECEMBRE . 1757. 209
fa femme , que deux filles , nommées Anne &
Jeanne: la premiere héritiere de la Baronie du
Chaftel , épousa Guy de Rieux , Seigneur de Châteauneuf
, & l'autre , Charles Goyon , Baron de la
Mouffaye.
Branche des Seigneurs de Coetangars.
Gabriel du Chaftel , fecond fils d'Olivier , fire
du Chaftel , comme il a été dit ci - devant , eut en
partage la terre de Coetangars ; il fut pere de
Tanneguy du Chaftel , Seigneur de Coetangars ,
qui de Marie de Kerguiziau , fille & héritiere du
Seigneur de Kerguiziau , eut un fils nommé Guillaume
, qui fut auffi Seigneur de Coetangars & de
Kerivant , & époufa Léventze de Kermeno , qui
le rendit pere de Jean qui fuit :
Jean du Chaftel , Seigneur de Coetangars , de
Kerivant & de Bruillac , Chevalier de l'Ordre du
Roi , dit de S. Michel , Gentilhomme ordinaire
de fa chambre , fe qualifia chef du nom & d'armes
de la maifon du Chaftel , qualification que
fes fucceffeurs ont prife jufqu'aujourd'hui. Il
époufa 1 °. Marguerite de Cofquier , dont il n'eut
que des filles ; 2. en 1625 , Marie le Long- de
Keranroux , Dame de Mefaurun , qui le rendit
pere entr'autres de trois fils ; fçavoir 1 ° . Ignace-
François , appellé le Marquis du Chaſtel , dont la
petite-fille époufa en 1716 Hugues Humbert Huchet
, Comte de la Bedoyere ; 2 °. Marc-Antoine
du Chaftel , Seigneur de Kéranroux , mort fans
postérité ; 3 °. Tanneguy du Chaftel , Baron de
Bruillac , qui fuit :
Tannegny du Chaftel , Baron de Bruillac ,
époufa en 1659 Françoise de Kerprijan , Dame de
Parcaric , & en eut trois fils & une fille ; fçavoir
MERCURE DE FRANCE.
DE
acques-Claude du Chaftel , Baron de Braila
qui fuit ; 2 °. Tanneguy- Querian du Chaſtel ,
eur de Parcaric , mort fans poftérité ; 3 °,
-Jonathas du Chaftel , Infpecteur général
oupes du Roi en Amérique , Chevalier de
ais , Lieutenant de Roi de Marie- Galante ,
a laiffé des enfans établis en Amérique , &
le petit- fils nommé Claude Tanneguy eft
gne des Vaiffeaux du Roi ; & 4° . Mariee
du Chaftel , mariée en 1680 , àFrançois
Fer de Locrift , Seigneur de Kergariou.
ques - Claude du Chaftel , Chevalier , Sei-
Baron de Bruillac , de Parcarie , de Coal
i , & c . Maréchal des Logis de la compaolonelle
des Gentilshommes de l'Evêché de
Her , épouſa en 1691 , Marguerite de la Por
me de Guerdevollée ; de ce mariage font
plufieurs enfans , dont les trois ci deffous
és font vivans ; fçavoir , Hyacinthe-Marie du Chaftel , Chevalier ,
ar de Parcaric , Guerdevollée
, &c. chefde
d'armes , Chevalier de S. Louis ; il époufa
Françoife-Mauricette de Kergariou , Da-
Keruegant , dont deux filles.
arques-Thomas du Chaftel , Chevalier de
s , Lieutenant des Vaiffeaux du Roi.
Tanneguy du Chaftel , Aumonier du Roi ,
de l'Abbaye de Samer aux Bois.
armes , fafcé d'or & de gueules de fix
A Maifon du Chaftel eft d'ancienne Chevale
rie. L'hiftoire de Bretagne eft remplie de monumens
qui conftatent ſon ancienneté , fes fervices
militaires , & fes grandes alliances,
206 MERCURE DE FRANCE.
Bernard du Chaftel , Chevalier , fcella de fon
fceau un acte de l'an 1174. Il y eft repréſenté à
cheval , tenant l'épée haute de la main droite , &
foutenant de la gauche un écu chargé de fafces ;
le cheval caparaçonné aux mêmes armes. Il époufa
Anne de Léon de grande lignée , dont il eut Hervé
du Chaſtel , Chevalier , vivant en 1296 .
Bernard II , du nom , fire du Chaſtel , fils de
celui- ci , époufa Eléonore de Rofmadec , & en eut
Tanneguy, premier du nom , fire du Chaſtel ,
Lieutenant général des armées du Comte de
Montfort , contre CHARLES de Blois , fur lequel
il gagna la bataille de la Roche - de Rien en 1347 ,
& qui gagna encore celle de Mauron en 1352 .
Ce Tanneguyfut pere, entr'autres enfans , de Guillaume
, fire du Chaftel , qui fuit ; de Tanneguy,
Seigneur de la Roche- Dronion , chef de la branche
des Seigneurs de Melle , éteinte ; de Garfin
ou Garfis du Chaftel , Seigneur du Bois , appellé ,
à caufe de lui , le Bois de Garfis ( en Breton Coetangars
) Maréchal & Général d'armée du Duc d'An.
jou , mort fans alliance ; & Marguerite , femme
de Guillaume , fire de Rofmadec.
Guillaume , fire du Chaftel , de Leſlein ( & de
Coetangars , par la mort de fon frere Garfin )
rendit de grands fervices à JBAN , dit le vaillant ,
Duc de Bretagne , pour lequel il demeura prifonnier
en une rencontre , & paya 6000 écus d'or
pour fa rançon ; il mourut en 1370 , laiſſant pour
fils & héritier, Hervé , qui porta les armes pour le
Roi CHARLES V. Celui - ci fut pere de quatre fils ;
fçavoir :
1º. Guillaume du Chaftel , Chambellan du Roi
CHARLES V , & du Duc d'Orléans , qui fut l'un
des fept Champions du. Seigneur de Barbazan ,
contre fept Anglois en 1402 , gagna un combatDECEMBRE
. 1757. 207
naval contre les Anglois en 1403 ; pilla l'Ile de
Gerzé , où il fut tué l'année ſuivante , fans laiffer
de postérité .
2º. Olivier, fire du Chaſtel , &c. qui fuit .
3°. Hervé du Chaftel , tige des Seigneurs de
Coetelez , éteinte.
4°. Tanneguy , Chevalier , Confeiller & Cham
bellan du Roi , Grand Maître de fa Maifon , Prevôt
de Paris , Gouverneur & Sénéchal de Provence
, fi renommé dans l'hiftoire de France par fon
attachement à la perfonne du Dauphin depuis
Charles VII . Il mourut en Provence en 1449 ,
fans postérité.
Olivier , fire ou Seigneur du Chaftel , de Leſlein
, Chevalier Banneret , Chambellan du Duc de
Bretagne , Capitaine de Dinan & de Breft , Sénéchal
de Saintonge , donna quittance de fes gages.
comme Chevalier Banneret , le 20 Novembre.
1415 , & la fcella de fon fceau qui eft fafcé de
fix pieces d'or & de gueules . Il mourut en 1455 ,
ayant eu pour fils :
1° François , fire du Chaftel , qui continua la
poftérité.
2. Guillaume du Chaftel , Pannetier du Roi ,
& Ecuyer du Dauphin , depuis Louis XI , tué en
1441 au fiege de Pontoife en préſence du Roi
qui , pour récompenfer fa valeur & fes fervices, le
fit enterrer dans l'Eglife de Saint Denis , avec les
Rois ( Hift. de S. Denis , par Eelibien , pages 3.52.
562.)
3. Jean du Chaftel , Evêque de Carcaffonne ,
en 1457.
4°. Tanneguy du Chaſtel , Vicomte de la Belliere
, Confeiller & Chambellan du Roi CHARLES
VII, Grand Ecuyer de France , Grand Maître
'Hôtel du Duc de Bretagne , Gouverneur du
108 MERCURE DE FRANCE.
Rouffillon & de Cerdagne , Chevalier de l'Ordre
de S. Michel , lequel fut bleffé d'un coup de fauconneau
, au siege de Bouchain , en 1477, & mourut
de cette bleffure , au grand regret du Roi , qui
envoya offrir cent marcs d'argent à l'Eglife de
Notre-Dame de la Victoire , qu'il avoit voué pour
be falut de l'ame de ce Seigneur ( compte de Pierre
de Lailly ) . Il avoit marqué fon zele & ſa fidélité
au fervice du Roi CHARLES VII , en ſe tenant auprès
de lui jufqu'au dernier foupir , avoit fait faire
fes funérailles , & y avoit employé une fomme de
30 mille écus. Il ne laiffa de Jeanne de Raguenel ,
Vicomteffe de la Belliere & de Combour , fa
femme , qu'une fille nommée Jeanne , mariée à
Louis , Seigneur de Montejan.
François , fire du Chaftel , de Leſlein , de Le
zourny , &c. fut fait Chevalier Banneret ( Baron )
aux Etats de Bretagne de l'année 1495. Il eut de
Jeanne de Kerman , Olivier, fire du Chaftel , de
Leflein , de Lezourny & de Lefcoet. Celui- ci fut
pere de trois fils , Tanneguy , fire du Chaftel , qui
continua la branche aînée ; Gabriel , Seigneur de
Coetangars , dont la poftérité fera rapportée ciaprès
, & Olivier , Evêque de Saint- Brieu , mort
en 1523 .
Tanneguy , fire du Chaftel , de Poulmie , &c
époufa 1 ° . en 1492 , Louife du Pont , fille de
Pierre , Seigneur du Pont-l'Abbé , & d'Helene de
Rohan ; 20. en 1901 , Marie , Dame de Juch.
Du premier mariage vint Gillette du Chaftel ,
Dame du Pont-l'Abbé , de Roftrenen , &c. qu'elle
porta en dotte à Charles du Guellenée , Vicomte
du Fou; & du fecond , François , fire du Chaftel ,
de Lefcoet & du Jueh : celui- ci eut pour fils & héritier
Claude , Baron du Chaftel , &c. qui ne laisa
de Claude d'Acigné , Vicomteffe de la Belliere
DECEMBRE . 1757. 209
fa femme , que deux filles , nommées Anne &
Jeanne: la premiere héritiere de la Baronie du
Chaftel , épousa Guy de Rieux , Seigneur de Châteauneuf
, & l'autre , Charles Goyon , Baron de la
Mouffaye.
Branche des Seigneurs de Coetangars.
Gabriel du Chaftel , fecond fils d'Olivier , fire
du Chaftel , comme il a été dit ci - devant , eut en
partage la terre de Coetangars ; il fut pere de
Tanneguy du Chaftel , Seigneur de Coetangars ,
qui de Marie de Kerguiziau , fille & héritiere du
Seigneur de Kerguiziau , eut un fils nommé Guillaume
, qui fut auffi Seigneur de Coetangars & de
Kerivant , & époufa Léventze de Kermeno , qui
le rendit pere de Jean qui fuit :
Jean du Chaftel , Seigneur de Coetangars , de
Kerivant & de Bruillac , Chevalier de l'Ordre du
Roi , dit de S. Michel , Gentilhomme ordinaire
de fa chambre , fe qualifia chef du nom & d'armes
de la maifon du Chaftel , qualification que
fes fucceffeurs ont prife jufqu'aujourd'hui. Il
époufa 1 °. Marguerite de Cofquier , dont il n'eut
que des filles ; 2. en 1625 , Marie le Long- de
Keranroux , Dame de Mefaurun , qui le rendit
pere entr'autres de trois fils ; fçavoir 1 ° . Ignace-
François , appellé le Marquis du Chaſtel , dont la
petite-fille époufa en 1716 Hugues Humbert Huchet
, Comte de la Bedoyere ; 2 °. Marc-Antoine
du Chaftel , Seigneur de Kéranroux , mort fans
postérité ; 3 °. Tanneguy du Chaftel , Baron de
Bruillac , qui fuit :
Tannegny du Chaftel , Baron de Bruillac ,
époufa en 1659 Françoise de Kerprijan , Dame de
Parcaric , & en eut trois fils & une fille ; fçavoir
MERCURE DE FRANCE.
DE
acques-Claude du Chaftel , Baron de Braila
qui fuit ; 2 °. Tanneguy- Querian du Chaſtel ,
eur de Parcaric , mort fans poftérité ; 3 °,
-Jonathas du Chaftel , Infpecteur général
oupes du Roi en Amérique , Chevalier de
ais , Lieutenant de Roi de Marie- Galante ,
a laiffé des enfans établis en Amérique , &
le petit- fils nommé Claude Tanneguy eft
gne des Vaiffeaux du Roi ; & 4° . Mariee
du Chaftel , mariée en 1680 , àFrançois
Fer de Locrift , Seigneur de Kergariou.
ques - Claude du Chaftel , Chevalier , Sei-
Baron de Bruillac , de Parcarie , de Coal
i , & c . Maréchal des Logis de la compaolonelle
des Gentilshommes de l'Evêché de
Her , épouſa en 1691 , Marguerite de la Por
me de Guerdevollée ; de ce mariage font
plufieurs enfans , dont les trois ci deffous
és font vivans ; fçavoir , Hyacinthe-Marie du Chaftel , Chevalier ,
ar de Parcaric , Guerdevollée
, &c. chefde
d'armes , Chevalier de S. Louis ; il époufa
Françoife-Mauricette de Kergariou , Da-
Keruegant , dont deux filles.
arques-Thomas du Chaftel , Chevalier de
s , Lieutenant des Vaiffeaux du Roi.
Tanneguy du Chaftel , Aumonier du Roi ,
de l'Abbaye de Samer aux Bois.
armes , fafcé d'or & de gueules de fix
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Résumé : Mémoire sur la Maison du Chastel.
Le texte relate l'histoire de la Maison du Chastel, une ancienne chevalerie bretonne. Bernard du Chastel, un chevalier mentionné dans un acte de 1174, épousa Anne de Léon et eut un fils nommé Hervé du Chastel, également chevalier en 1296. Hervé eut à son tour un fils, Bernard II du Chastel, qui épousa Eléonore de Rosmadec. Leur fils, Tanneguy du Chastel, fut Lieutenant général des armées du Comte de Montfort et remporta des victoires notables lors des batailles de la Roche-Derrien en 1347 et de Mauron en 1352. Tanneguy eut plusieurs enfants, dont Guillaume du Chastel, qui servit Jean IV, Duc de Bretagne, et fut prisonnier de guerre. Guillaume mourut en 1370, laissant Hervé comme héritier. Hervé eut quatre fils, parmi lesquels Guillaume du Chastel, Chambellan du Roi Charles V, et Tanneguy du Chastel, conseiller du Roi Charles VII. Olivier du Chastel, Chevalier Banneret, fut Capitaine de Dinan et Sénéchal de Saintonge. Il eut plusieurs fils, dont François du Chastel, Chevalier Banneret, et Jean du Chastel, Évêque de Carcassonne. Tanneguy du Chastel, Vicomte de la Bellière, fut Grand Écuyer de France et mourut en 1477. François du Chastel eut Olivier du Chastel, père de Tanneguy du Chastel, Gabriel du Chastel, et Olivier, Évêque de Saint-Brieuc. La branche des Seigneurs de Coetangars inclut Gabriel du Chastel, père de Tanneguy du Chastel, Seigneur de Coetangars. Jean du Chastel, Chevalier de l'Ordre du Roi, épousa Marguerite de Cosquier et Marie le Long de Keranroux, ayant plusieurs descendants notables. Jacques-Claude du Chastel, Baron de Bruillac, eut plusieurs enfants, dont Hyacinthe-Marie du Chastel, Chevalier de Saint-Louis, et Tanneguy du Chastel, Aumonier du Roi.
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1396
p. 161
DU LEVANT.
Début :
Le 29 Octobre à quatre heures du matin, la mort du Sultan Osman III, [...]
Mots clefs :
Constantinople, Mort, Sultan, Empereur, Proclamation, Prince, Succession
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU LEVANT.
DU LEVANT.
DE CONSTANTINOPLE , le 30 Octobre.
LE 29 E 29 Octobre à quatre heures du matin , la
mort du Sultan Ofman III , arrivéc la nuit du 28
au 29 , après une maladie qui a duré environ trois
femaines , fut annoncée par le canon du Port ,
& bientôt répandue par toute la Ville. Les Grands
furent fur le champ mandés au Serrail , & le Sultan
Muftapha fut déclaré Empereur. Tout s'eft
paffé jufqu'ici fort tranquillement , & après la
proclamation du nouveau Sultan , on procédera
aux obfeques du Grand Seigneur. Le Sultan Muf
tapha ; qui eft le premier Prince de la Maiſon
Ottomane , a quarante - un ans ; on affure qu'il
eft d'un caractere auffi pacifique que fon prédé- ,
ceffeur.
DE CONSTANTINOPLE , le 30 Octobre.
LE 29 E 29 Octobre à quatre heures du matin , la
mort du Sultan Ofman III , arrivéc la nuit du 28
au 29 , après une maladie qui a duré environ trois
femaines , fut annoncée par le canon du Port ,
& bientôt répandue par toute la Ville. Les Grands
furent fur le champ mandés au Serrail , & le Sultan
Muftapha fut déclaré Empereur. Tout s'eft
paffé jufqu'ici fort tranquillement , & après la
proclamation du nouveau Sultan , on procédera
aux obfeques du Grand Seigneur. Le Sultan Muf
tapha ; qui eft le premier Prince de la Maiſon
Ottomane , a quarante - un ans ; on affure qu'il
eft d'un caractere auffi pacifique que fon prédé- ,
ceffeur.
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Résumé : DU LEVANT.
Le 29 octobre, la mort d'Osman III est annoncée. Mustafa IV, 41 ans, est proclamé sultan. La transition est paisible. Les funérailles d'Osman III auront lieu après la proclamation. Mustafa IV est décrit comme pacifique, comme son prédécesseur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1397
p. 165-181
Description des Fêtes données en la ville d'Arras, à l'occasion de la Naissance de Monseigneur le Comte d'Artois.
Début :
La joie que cet évènement a répandue dans l'Artois, ne s'est [...]
Mots clefs :
Fêtes, Arras, Monseigneur le Comte d'Artois, Naissance, Évêque d'Arras, Te Deum, Mandement, Heureux, Prince, Royaume, Secrétaire, Lettre du roi, Bonheur, Voeux, Providence, Banquets, Conseillers, Militaires, Religieux, Peuple, Vers d'un citoyen d'Arras, Représentations, Feux d'artifice, Destruction d'édifices, Chronographes, Peinture, Médaillons, Symboles, Histoire de l'Artois, Armes, Inscriptions latines, Arts et sciences, Royauté, Bal, Comtes, Comtesses, Marquis, Cérémonies, Sentiments, Vertus, Architecture, Décors, Concert de musique, Jésuites, Capitale, Villes de France
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texteReconnaissance textuelle : Description des Fêtes données en la ville d'Arras, à l'occasion de la Naissance de Monseigneur le Comte d'Artois.
Defcription des Fêtes données en la ville d'Arras ,
à l'occafion de la Naiffance de Monseigneur le
Comte d'Artois.
LA joie que cet événement a répandue dans
l'Artois , ne s'eft pas bornée aux fentimens de
refpect , d'amour & de reconnoiffance que les
Etats de cette Province ont portés jufqu'au pied
du trône , par la députation nombreufe dont le
Mercure de Novembre a fait mention . Cette joie
a encore éclaté par des fêtes qui méritent qu'on
en conferve le fouvenir ; & nous allons détailler
ce qui s'eft paffé en cette conjoncture dans la
Capitale du pays,
Dès le 11 Octobre , jour auquel un Courier du
cabinet vint apporter aux Députés ordinaires des
Etats ( 1 ) , la nouvelle de l'heureux accouchement
de Madame la Dauphine , & du nom donné par
le Roi au Prince nouveau-né , il y eut des illuminations
& autres démonftrations publiques d'alégreffe
, tant aux Etats & à l'Hôtel de Ville , qu'au
Confeil d'Artois , à l'Evêché , à l'Abbaye de Saint-
Vaaft , &c. mais elles ne furent que le prélude
des réjouiffances brillantes qui devoient les fuivre,
M. l'Evêque fixa au Dimanche 6 Novembre , lé
(1 ) Ce font trois perfonnes choifies dans les trois
Corps des Etats , qui réfident à Arras , & font
chargées de l'adminiftration , hors du temps dés
Affemblées,
166 MERCURE DE FRANCE.
"
Te Deum ordonné par le Roi , & publia à ce fujet
un Mandement conçu en ces terines :
Jean de Bonneguize , par la grace de Dien
» & du S. Siège Apoftolique , Evêque d'Arras : à
tous Abbés , Abbeffes , Chapitres , Doyens ,
Paſteurs , Supérieurs & Supérieures des Eglifes
» & Monafteres exempts & non exempts, & à tous
» fideles de notre Dioceſe , falut & bénédiction.
» Le Seigneur , Mes Très- Chers Freres , tient
dans , fes mains , & la deftinée des Maîtres de
» la terre & le fort des Empires. Heureux les Rois
» & les Peuples , quand ils ne l'apprennent qué
par les preuves qu'il leur donne de fon amour
» & de fa protection !
» Tel eft l'avantage dont nous jouiffons , Mes
Très Chers Freres, furtout depuis que l'heureuſe
fécondité de Madame la Dauphine ajoute à tant
» d'autres faveurs du ciel , les bénédictions dont
≫ il comble par elle le Roi & le Royaume . Cha-
» que année nous ramene au pied des Autels pour
» y rendre graces d'un préſent nouveau à un Dieu
» qui véille au repos & à la profpérité de l'Etar.
» Il donne encore aujourd'hui dans le Prince qui
» vient de naître un nouvel appui au trône déjà le
» mieux affermi , & à la Nation la plus heureufe
un gage de plus de la durée de fon bonheur.
i » Mais fi la naiffance de Monfeigneur le Comté
» d'Artois doit être pour toute la France un fujer
» de joié & un objet de reconnoiffance , vous le
fçavez , M. T. C. F. cet événement intéreffe
» particuliérement cette Province ; & le nom de
ce Prince doit lui feul vous rappeller tout ce que
vous devez dans cette circonftance aux bontés
du Roi , ou plutôt aux miféricordes du Seigneur
qui , après avoir mis dans l'ame du Monarque
, l'amour de tous fes Peuples , daigné
JANVIER. 1758. 167
aujourd'hui fixer finguliérement fur nous les regards
de fa tendrefle.
>> Province heureuſe & préférée , hâtons- nous
» de faire éclater notre joie , & de fignaler notre
» reconnoiffance pour un Dieu qui nous diftingue .
» Mais joignons à nos actions de graces pour ce
préfent ineftimable de fa bonté , les prieres les
plus ferventes , pour qu'il daigne nous le con-
>> ferver. Ce Prince eſt , en naiſſant , le fondement
» & l'appui de nos efpérances : qu'il foit pendant
» le cours d'une longue vie , le gage de notre fé-
» licité , & le lien qui refferre de plus en plus les
>> noeuds de cette tendreffe paternelle , dont le Roi
»> nous donne aujourd'hui dans fa perfonne , la
preuve la plus éclatante.
» Demandons au Seigneur de graver de bonne
>> heure dans fon ame les principes inaltérables de
» de bonté & d'humanité qui nous font trouver
» le meilleur des Peres dans le plus grand des
Rois qu'il lui infpire le goût de cette piété tendre
& folide qui fait de la Reine l'exemple de la
Cour & la gloire de la Religion ; qu'il mette
» dans fon coeur le germe des vertus de Monſeigneur
le Dauphin , & de Madame la Dauphine,
»fi dignes l'un & l'autre des bénédictions multipliées
que le Ciel répand fur leur union , & fi
propres à attirer fur le Royaume celles qui peuvent
en perpétuer la gloire , le répos & la
» profpérité.
Puiffe cet augufte Enfant fi précieux à cette
» Province en particulier , devenit , pour notre
bonheur, tous les jours de fa vie , plus parfait, en
fe formant fur de pareils modeles puiffent
> nos neveux avoir des raifons de renouveller fans
» ceffe au Seigneur pour fa confervation les ac-
» tions de graces que nous allons lui rendre pour
fa naiflance,
16S MERCURE DE FRANCE.
» A ces cauſes , après avoir pris l'avis de nos
» Vénérables Freres les Prévôt , Doyen , Cha-
» noines & Chapitre de notre Eglife Cathédrale ,
» nous ordonnons de faire chanter le Te Deum,
>> chacun dans vos Eglifes , avec les folemnités
>> requifes , le premier Dimanche ou jour de
Fête , après que vous aurez reçu notre préſent
>> Mandement , les Officiers , Magiftrats des
>> lieux , & tous autres qu'il appartiendra , invités
» d'y aſſiſter .
» Donné à Arras , en notre Palais Epiſcopal ,
fous notre feing & la fignature de notre Secre-
D taire , le trois Novembre mil fept cens cinquan-
» te-fept » .
JEAN , Evêque d'Arras.
Par Monfeigneur ,
PECHENA , Secrétaire.
Lettre du Roi , à M. l'Evêque d'Arras .
Monfieur l'Evêque d'Arras , la durée du bonheur
de mes fujets étant l'objet de mes voeux les plus
ardens , tous les événemens capables de le perpétuef,
excitent en moi les fentimens que mérite
un peuple toujours empreffé à me donner des
marques de fon zele , de fa fidélité & de fon
amour. Les princes dont il a plu à Dieu de combler
mes fouhaits , affurent la tranquillité dans
mes états. Celui dont matrès chere Fille la Dauphine
vient d'être heureuſement délivrée , eſt un
nouveau don de la providence , & c'eft pour lui
rendre les actions de graces qui lui font dûes , que
je vous fais cette lettre , pour vous dire que mon
intention eft que vous faffiez chanter le Te Deum
dans votre Eglife Cathédrale , & dans toutes les
autres
JANVIERL
169
. 1758.
autres de votre Dioceſe , avec la folemnité requife
, & que vous invitiez d'y affifter tous ceux qu'il
conviendra ; ce que me promettant de votre zele
je ne vous ferai la préfente plus longue , que pour
prier Dieu qu'il vous ait , Mons. l'Evêque d'Arras
, en fa fainte garde. Ecrit à Versailles le 9 Octobre
1757. Signé , LOUIS . Et plus bas , R. de
Voyer. Etfur le repli : à Mons. l'Evêque d'Arras,
Confeiller en mes Confeils .
La fête fut annoncée le au foir par toutes les
cloches de la Ville , que l'on fonna encore le 6 ,
de grand matin. En même temps des falves d'artillerie
& de boîte fe firent entendre , & recommencerent
à différentes reptiles dans le cours de
la journée. Il y eut ce même jour à l'Hôtel de
Ville un dîner fomptueux de plus de quatre-vingts
couverts , où le trouva M. de Caumartin , Intendant
de la Province . On y avoit auffi invité l'Evêque
, l'Abbé de Saint- Vaaft , le Commandant
de la Place , le premier Préfident du Confeil d'Artois
, & la Nobleffe , ainfi qu'un certain nombre
des Officiers de la garnifon , & des autres principaux
Corps , ecclefiaftiques , civils & militaires.
Pendant ce repas , on jetta de l'argent au peuple
& les Magiftrats lui firent diftribuer du pain , des
viandes & du vin. Immédiatement après que la
fanté de Monfeigneur le Comte d'Artois eût été
bue au fon des inftrumens , on préfenta à tous les
convives des exemplaires de la piece fuivante ,
compofée par M Harduin , Avocat , ancien Député
des Etats d'Artois à la Cour , & Secretaire
perpétuel de la Société Littéraire d'Arras.
L. Vol. H
170 MERCURE DE FRANCE .
Sentimens d'un Citoyen d'Arras , fur la Naiffance
de Monfeigneur le Comte d'Artois .
It fort donc aujourd'hui de fon obſcurité ,
Ce Titre qu'autrefois des Héros ont porté ( 1 ).
D'un Enfant de Louis il devient le partage :
Louis , pour couronner notre fidélité ,
Daigne de fon amour nous accorder ce gage .
Vous reprenez enfin votre antique fplendeur ,
Lieux où de Pharamond le brave Succeffeur (1 )
Jetta les fondemens du floriffant Empire
Qui commande à l'Europe , & que le monde admire.
Monarque triomphant , que le Ciel a formé
Pour les vertus & pour la gloire ,
Ton peuple réuni , d'un beau zele animé ,
T'a placé dès long-temps au Temple de mémoire ,
Sous le nom de Roi Bien - Aimé.
Mais lorfque furpaffant toute notre eſpérance ,
Tu veux nous diftinguer de tes autres Sujets ,
Lorfque tu mets pour nous le comble à tes bienfaits
,
Quel nom te donnera notre reconnoiffance !
Plaifirs , volez ici fous mille traits divers :
Que Polymnie & Terpsichore
Célebrent à l'envi le Maître qu'on adore.
(1) Robert I & Robert II, Comtes d'Artois.
(2) Clodion.2
JANVIER.
1758.
171
Qu'un bruit guerrier fe mêle aux plus tendres
concerts :
Que la fiere trompette fonne :
Sur nos murs que la foudre tonne :
Que le falpêtre éclate dans les airs.
Que mille bouche enflammées
Annoncent les tranfports de nos ames charmées
Au bout de ce vafte Univers.
Je vois juſques à
l'Empyrée
S'élevér de rapides feux :
Ainfi vers la voûte azurée
S'élance l'ardeur de nos voeux.
Tels que ces
brillantes étoiles ,
Qui de la nuit perçant les voiles ,
Retombent en foule à nos yeux ,
Sur l'Enfant fi cher à la France
Puiffent
defcendre en
abondance
Les plus riches préfens des Cieux.
Dans le
raviffement où mon ame fe livre ,
En lui déja je vois revivre
Ce Frere vertueux du plus faint de nos Rois ( 1).
A nos ayeux il fit chérir fes loix :
Des cruels
Sarrafins il
confondit la rage :
Prince , lis fes exploits , & deviens fon image ...
Mais pourquoi de l'hiftoire
emprunter le fecours ▸
(1) Robert I, frere de Saint Louis , furnommé
le Bon & le
Vaillant, ‹
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
Pour acquérir une gloire immortelle ,
Il ne te faut d'autre modele
Que ton augufte Ayeul , ou l'Auteur de tes jours.
Illuftre Enfant , auprès du trône
Tu feras de l'Artois le plus ferme foutien :
De Louis & du peuple à qui fa main te donne ,
Tu refferres encor le fortuné lien .
Si tu pouvois juger de notre amour extrêmê
Si tu lifois au fond de notre coeur ,
Ah ! tu t'applaudirois toi- même
Du nom qui fait notre bonheur .
.
On avoit élevé , vis- à-vis de l'Hôtel de Ville ,
un Feu d'artifice , pour lequel on n'avoit épargné
ni foins , ni dépenfe , non plus que pour les illuminations
de cet hôtel , de la haute & admirable
tour qui l'accompagne , & des autres édifices publics
. Tous les particuliers s'étoient auffi empreffés
à illuminer leurs maiſons , d'une maniere qui
répondît à la folemnité du jour ; mais une pluie
continuelle empêcha l'effet de ces préparatifs. On
ne put faire jouer qu'une petite partie de l'artifice
; & le refte fut remis au furlendemain.
L'édifice conftruit pour le feu , fur les deffeins
du fieur Beffara , Architecte de la Ville , étoit
feint de marbre blanc , & avoit s 2 pieds d'élévation
en deux étages , furmontés d'une pyramide
de 33 pieds . Le premier étage ou rez - de - chauffée
étoit un quarré d'ordre dorique , ayant 44 pieds
de face , dont le côté principal offroit un portique
, avec fronton & baluftrade , orné des Armes
du Roi , de Monfeigneur le Dauphin , & de Mon.
feigneur le Comte d'Artois , Une colonnade ioniJANVIER.
1758. 173
que formoit le fecond étage , qui étoit circulaire.
Vingt-quatre vafes à fleurs & trophées d'armes
ou de mufique , fervoient d'amortiffemens aux
deux ordres d'architecture . Cette décoration étoit
femée de chronogrammes ou chronographes
forte d'infcription fort en ufage aux Pays Bas ,
dans laquelle on trouve , en chiffre Romain , par
la réunion de toutes les lettres numérales qu'elle
contient , l'année de l'événement qui en eſt l'objet.
Voici quelques- uns de ces chronographes :
nasCItVŕ CoMes , spLenDor artesIx.
DonVM CLI aC, regIs.
PVLChra FIDel MerCes .
LætVs aMor aCCenDIt Ignes,
Entre les différentes illuminations qui avoient
été préparées , on remarquoit aux croifées de
Pappartement que la Société Littéraire occupe à
l'hôtel du Gouverneur , trois tranfparens , fur
lefquels étoient peints autant de médaillons , imaginés
par M. Camp , Avocat , Membre de cette
Société , & actuellement Député des Etats à lạ
Cour. On croit devoir donner ici la defcription
de ces morceaux de peinture.
Premier Médaillon.
L'hiftoire de l'Artois caractérisée fpécifiquement
par une femme vêtue d'une faie blanche
rayée de pourpre ( 1 ) . Elle a fur la tête une couronne
de laurier , & une plume à la main . Devant
(1 ) Cette espece d'étoffe fe fabriquoit autrefois
par les habitans d'Arras , nommés Atrebates, avec
tant de réputation que les Romains en faifoient
leurs plus magniques habillemens.
Hiij
74 MERCURE DE FRANCE.
elle eft un grand livre ouvert , fur la couverture
duquel fe voyent les Armes de la province . Elle
tient de la main gauche un médaillon portant
celles de Monfeigneur le Comte d'Artois , qu'elle
regarde avec un étonnement mêlé de joie. Une
pile de volumes imprimés & manuſcrits , fur laquelle
font les aîles & autres attributs du Temps ,
fert d'appui au livre que cette femme tient ouvert.
Elle a un pied pofé fur un débris de monument
antique , dont les reftes font épars. Auprès eft
une urne renverfée , d'où fe répand un grand
nombre de médailles .
Légende.
QUANTA FASTORUM GLORIA !
Exergue.
COMES DATUS IXA. OCT. M. DCC. LVII .
Second médaillon ,
Minerve affife , ferrant de fon bras gauche un
vafe aux Armes d'Artois , dans lequel eft planté
un rejetton de lys , qu'elle prend foin de cultiver.
A fes pieds font des trophées relatifs aux Arts &
aux Sciences.
Légende.
CURAT NOBISQUE COLIT.
Exergue.
SOC. LITT . ATR. SPES ET VOT.
Troisieme médaillon.
Les chiffres des Rois Louis VIII & Louis XV,
figurés par deux doubles IL , placés fous une
même couronne , & accompagnées refpectivement
JANVIER. 1758 . 175
des nombres VIII & XV . Un cordon bleu fort de
la couronne , entrelace les deux chiffres , & ſe
termine par un noeud , d'où pendent les Armes de
Monfeigneur le Comte d'Artois ( 1 ) .
Légende.
AB EVO IN ÆVUM.
Exergue.
DECUS FUNDATUM ET RESTITUTUM.
Le même jour 6 Novembre , vers les dix heures
du foir , il y eut dans la grande falle de l'Hôtel
de Ville , qu'on avoit fuperbement décorée , un
bal qui fut ouvert par M. l'Intendant avec Madame
la Comteffe de Houchin , épouse du Député
ordinaire de la Nobleffe des Etats . On y fervit
fur des buffets en gradins , un ambigu fuffifant
pour fatisfaire les goûts divers de deux mille perfonnes
au moins qui fe trouverent à ce bal .
Les Etats d'Artois différerent jufqu'à l'ouverture
de leur Affemblée générale , la folemnité de
leurs actions de graces & de leurs réjouiflances ,
afin que tous les Membres des trois Ordres fuflent
à portée d'y participer. Ce fut le lundi 21 Novembre
que le fit cette ouverture ; & après la
féance , qui fe tint dans la forme ordinaire fur les
dix heures du matin , on chanta dans l'Eglife des
Récollets un Te Deum en mufique , auquel M.
(1) Louis VIII , par fon Teftament du mois de
Juin 1225 , affigna l'Artois en partage à Robert
fon fecond fils , frere de S. Louis , de qui defcend la
branche de Bourbon. Depuis ce Robert , premier
Comte d'Artois , aucun fils de France n'en avoit
porté le titre.
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE .
l'Evêque d'Arras officia pontificalement. M. fe
Duc de Chaulnes , Gouverneur de la Province ;
M. l'Intendant , & M. Briois , Premier Préfident
du Confeil Provincial , Commiffaires du Roi pour
la tenue des Etats , affifterent à cette cérémonie ,
accompagnés de tous les Membres de l'Affemblée.
Il y eut enfuite un magnifique dîner de deux cens
vingt-cinq couverts, auquel tous les Corps avoient
été invités. Sur la fin du repas , on but avec appareil
les fantés du Roi , de Monfeigneur le Dauphin
& du nouveau Prince , qui furent annoncées
fucceffivement par des falves de boîtes & d'artillerie
; & les Députés ordinaires jetterent de l'argent
au peuple. Dès que la nuit fut venue , on tira
avec toute la réuffite poffible , un très- beau Feu
d'artifice au milieu de la grande place.
Ce feu avoit la forme d'un temple , dont le
premier
étage , quarré & élevé d'environ fept pieds
au deffus du pavé , fervoit de focle à tout l'édifice.
Quatre grandes rampes de dix marches occupoient
le milieu de chaque face , & conduifoient
à une galerie fermée de panneaux & d'acroteres
enrichis d'Armes du Roi , de Monfeigneur le Dauphin
, & de Monfeigneur le Comte d'Artois , ainfi
que des Chiffres de la province.
Le principal corps établi fur le premier étage
avoit huit côtés , dont quatre plus larges que les
autres , faifant faillie & avant- corps , formoient
des portiques , & répondoient aux rampes. Aux
entrées de ces portiques étoient les figures fymboliques
de la fincérité & de la fidélité , qui caractérifent
les Artéfiens , & celles de la reconnoiffance
& de l'espérance , fentimens dont ce peuple eft
particuliérement affecté dans la circonftance préfente.
Les quatre côtés enfoncés étoient ornés de
iches , avec d'autres figures qui défignoient les
JANVIER. 1758. 177
Vertus protectrices du jeune Prince ; fçavoir , la
Religion , la Bonté , la Valeur & la Prudence.
Des emblêmes relatifs à ces vertus rempliffoient
le deffus des niches. La décoration générale de
toute cette partie étoit un ordre Ionique régulier ,
dont l'entablement faillant foutenoit une baluftrade
mêlée d'acroteres , fur chacun defquels on
voyoit des grouppes d'enfans , qui fembloient , en
exprimant leur joie , difputer à qui porteroit les
Armes du Roi , & celles des autres perfonnes de
la Famille Royale.
Sur le deuxieme étage étoit pofé un attique à
quatre faces , dont trois préfentoient des tableaux
emblématiques , & l'autre contenoir cette infcription
:
NOVO ARTESIA COMITI
Il y avoit des pilaftres aux angles de ce corps
d'architecture avec un entablement en faillie ,
lequel étoit couronné de quatre vafes de ronde
bolle. Une pyramide en mofaïque évidée , s'élevoit
fur l'attique qui lui fervoit de baſe , & portoit
fur fa cime les Armes d'Artois , furmontées
d'un foleil .
Aux quatre coins du temple , & à une diſtance
convenable , étoient de grands obéliſques décorés,
de chiffres , de médaillons , &c.
Toutes les parties de l'édifice étoient peintes
en grifaille , à l'exception des tableaux & des
emblêmes , qui l'étoient en camayeu de couleur
bleue. Mais cette fimplicité étoit relevée par l'éclat
de l'or répandu fur les armoiries , les infcriptions
, les cartouches , les guirlandes ; fur la pyramide
, fur les vafes , & fur tous les ornemens
où l'on avoit pu l'employer avec goût.
Cet ouvrage fut exécuté par les foins & fur les
Hy
178 MERCURE DE FRANCE.
deffeins du fieur Linque , Architecte , natif & hæ
bitant d'Arras.
Les Commiffaires de Sa Majesté & les Etats
virent jouer l'artifice d'un amphithéâtre dreffé à
l'un des bouts de la place , qui eft une des plus
vaftes du Royaume. Des fanfares de cors , trompettes
& timbales , animerent ce fpectacle , aprèslequel
plufieurs fontaines de vin coulerent pour
le peuple.
Les deux façades de l'Hôtel des Etats furent
illuminés par une quantité immenfe de lamprons
, dont l'arrangement deffinoit , fans confufion
, toute la belle architecture de cet hôtel Dans
un grand tableau tranfparent placé au deffus de
la porte d'entrée , on voyoit Lucine defcendant
du Ciel , & tenant dans fes bras le Prince nouveau-
né. Le Roi montroit à cette Déeffe la Province
d'Artois perſonnifiée qui , d'un air empreffé
, tendoit les mains pour recevoir l'augufte Enfant.
Un rayon de lumiere partant du vifage de
ce nouveau Comte , fe répandoit fur celui de la
Province ; & on lifoit fur une banderole ce chronographe
:
novo spLenDes CIt CoMIte.
A neuf heures du foir commença un concert ,
dans lequel on exécuta plufieurs pieces de mufique
Françoife & Italienne . A ce concert fuccéda
un ambigu pour les Dames , fervi fur deux tables
de foixante perfonnes chacune . La fête fut terminée
par un grand bal , que M. le Duc de
Chaulnes ouvrit avec Madame la Comteffe de
Houchin , & qui dura jufqu'au jour. Rien n'y
fut oublié , foit pour la décoration des trois falles
où l'on danfa , foit pour la maniere dont elles
furent éclairées , foit pour la fymphonie & les
rafraîchiffemens de toute efpece.
JANVIER . 1758. 179
M. l'Evêque d'Arras donna de grands foupers
la veille de l'ouverture & le jour de la clôture
des Etats. Pendant la fête du 21 , on diftribua
abondamment dans fon palais du pain , des viandes
, de la biere , du bois & de Pargent à cinq
cens perfonnes au moins . La maison du Bon
Pafteur , qui renferme plus de cent pauvres filles ,
a éprouvé les mêmes libéralités de la part de ce
Prélat.
Le 6 & le 21 , M. de Briois , Abbé de S. Vaaſt ,
fit tirer beaucoup d'artifice. Il a pareillement
fignalé fa charité , en faisant délivrer aux pauvres
quatre mille pains , du poids de trois livres &
demie:
M. de Caumartin qui , depuis le commencement
de l'Affemblée des Etats avoit donné des
preuves de fa magnificence ordinaire , y ajouta
le Dimanche 27 Novembre un dîner de cent trente
couverts. Ce feftin ne fut que pour les hommes ;
mais environ quatre- vingts Dames fouperent le
même jour à l'intendance , où il y eut audi un
bal qui ne laiffa rien à défirer . M. le premier
Préſident du Confeil d'Artois s'étoit diftingué de
fon côté le jeudi précédent , par un dîner fuivi
d'un bal , qui fut interrompu pour voir un bouquet
d'artifice & une illumination terreftre , formée
avec goût dans le parterre du jardin de ce
Magiftrat. Il fit fervir fur les neuf heures un ambigu
; après lequel il y eut concert , & l'on reprit
le bal qui ne finit qu'avec la nuit.
Enfin le 30 Novembre , les RR. PP. Jéfuites
du College d'Arras firent chanter dans leur Eglife
le Te Deum & l'Exaudiat , par toute la mufique
de la Cathédrale . M. l'Evêque d'Arra y officia ,
& les Etats qu'on avoit invités à la cérémonie ,
affifterent en corps ; après quoi ils pafferent dans
y
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
la falle des Actes , où le R. P. Dubuiffon , Profeffeur
de Rhétorique , leur adreffa une harangue
latine , dont l'objet étoit de féliciter la province
d'Artois fur la naiffance du nouveau Comte.
L'Orateur s'attacha à prouver dans la premiere
partie de fon difcours , qu'il ne pouvoit rien arriver
de plus avantageux à la Province , que de
voir fon nom porté par un Prince de la Maifon de
Bourbon ; & dans la feconde , qu'aucune Province
n'étoit plus digne de cette grace.
Les PP. Jéfuites ont fourni ce jour là de quoi
dîner à douze pauvres familles de chacune des
onze Paroiffes de la Ville. Les écoliers , tant externes
que penfionnaires , qui font de la Congré
gation de la Vierge , ont donné le même jour à
dîner & à fouper aux malheureux détenus dans
les prifons royales , lefquels étoient au nombre
de quarante , les ont fervis eux- mêmes , & leur ont
encore diftribué des aumônes.
Les autres Villes de l'Artois n'ont pas témoi
gné moins d'ardeur que la Capitale à célébrer
une époque fi glorieufe pour la Province ; & de
fimples Bourgades ont donné en cette occafion
les marques les plus éclatantes de leur zele & de
leur alégreffe.
Le Roi a nommé le Maréchal de Tomond ,
pour commander fur les côtes de la Méditerranée .
Sa Majefté a auffi difpofé du commandement de
la Guyenne en faveur du Comte de Langeron
Lieutenant-Général de fes armées , & Elle a donné
au Comte de Gramont , Brigadier d'Infanterie,
& Menin de Monfeigneur le Dauphin , le Commandement
des troupes , dans la partie du Gouvernement
de la Guyenne , qui dépend de la Généralité
d'Aufch.
Sur la démiffion de Madame la Ducheffe d'Antin,
JANVIER. 1758.
181
de la place de Dame du Palais de la Reine , le Roi a
nommé le 25 Novembre Madame la Comteffe de
Clermont-Tonnere pour la remplacer.
Le 27, M. le Comte de Rochechouart prêta ferment
entre les mains du Roi , pour le Gouvernement
de l'Orléannois.
M. Le Duc de Chaulnes étant revenu de l'armée
du Maréchal Duc de Richelieu , pour tenir les
Etats d'Artois , en fit l'ouverture à Arras le 21
Novembre.
à l'occafion de la Naiffance de Monseigneur le
Comte d'Artois.
LA joie que cet événement a répandue dans
l'Artois , ne s'eft pas bornée aux fentimens de
refpect , d'amour & de reconnoiffance que les
Etats de cette Province ont portés jufqu'au pied
du trône , par la députation nombreufe dont le
Mercure de Novembre a fait mention . Cette joie
a encore éclaté par des fêtes qui méritent qu'on
en conferve le fouvenir ; & nous allons détailler
ce qui s'eft paffé en cette conjoncture dans la
Capitale du pays,
Dès le 11 Octobre , jour auquel un Courier du
cabinet vint apporter aux Députés ordinaires des
Etats ( 1 ) , la nouvelle de l'heureux accouchement
de Madame la Dauphine , & du nom donné par
le Roi au Prince nouveau-né , il y eut des illuminations
& autres démonftrations publiques d'alégreffe
, tant aux Etats & à l'Hôtel de Ville , qu'au
Confeil d'Artois , à l'Evêché , à l'Abbaye de Saint-
Vaaft , &c. mais elles ne furent que le prélude
des réjouiffances brillantes qui devoient les fuivre,
M. l'Evêque fixa au Dimanche 6 Novembre , lé
(1 ) Ce font trois perfonnes choifies dans les trois
Corps des Etats , qui réfident à Arras , & font
chargées de l'adminiftration , hors du temps dés
Affemblées,
166 MERCURE DE FRANCE.
"
Te Deum ordonné par le Roi , & publia à ce fujet
un Mandement conçu en ces terines :
Jean de Bonneguize , par la grace de Dien
» & du S. Siège Apoftolique , Evêque d'Arras : à
tous Abbés , Abbeffes , Chapitres , Doyens ,
Paſteurs , Supérieurs & Supérieures des Eglifes
» & Monafteres exempts & non exempts, & à tous
» fideles de notre Dioceſe , falut & bénédiction.
» Le Seigneur , Mes Très- Chers Freres , tient
dans , fes mains , & la deftinée des Maîtres de
» la terre & le fort des Empires. Heureux les Rois
» & les Peuples , quand ils ne l'apprennent qué
par les preuves qu'il leur donne de fon amour
» & de fa protection !
» Tel eft l'avantage dont nous jouiffons , Mes
Très Chers Freres, furtout depuis que l'heureuſe
fécondité de Madame la Dauphine ajoute à tant
» d'autres faveurs du ciel , les bénédictions dont
≫ il comble par elle le Roi & le Royaume . Cha-
» que année nous ramene au pied des Autels pour
» y rendre graces d'un préſent nouveau à un Dieu
» qui véille au repos & à la profpérité de l'Etar.
» Il donne encore aujourd'hui dans le Prince qui
» vient de naître un nouvel appui au trône déjà le
» mieux affermi , & à la Nation la plus heureufe
un gage de plus de la durée de fon bonheur.
i » Mais fi la naiffance de Monfeigneur le Comté
» d'Artois doit être pour toute la France un fujer
» de joié & un objet de reconnoiffance , vous le
fçavez , M. T. C. F. cet événement intéreffe
» particuliérement cette Province ; & le nom de
ce Prince doit lui feul vous rappeller tout ce que
vous devez dans cette circonftance aux bontés
du Roi , ou plutôt aux miféricordes du Seigneur
qui , après avoir mis dans l'ame du Monarque
, l'amour de tous fes Peuples , daigné
JANVIER. 1758. 167
aujourd'hui fixer finguliérement fur nous les regards
de fa tendrefle.
>> Province heureuſe & préférée , hâtons- nous
» de faire éclater notre joie , & de fignaler notre
» reconnoiffance pour un Dieu qui nous diftingue .
» Mais joignons à nos actions de graces pour ce
préfent ineftimable de fa bonté , les prieres les
plus ferventes , pour qu'il daigne nous le con-
>> ferver. Ce Prince eſt , en naiſſant , le fondement
» & l'appui de nos efpérances : qu'il foit pendant
» le cours d'une longue vie , le gage de notre fé-
» licité , & le lien qui refferre de plus en plus les
>> noeuds de cette tendreffe paternelle , dont le Roi
»> nous donne aujourd'hui dans fa perfonne , la
preuve la plus éclatante.
» Demandons au Seigneur de graver de bonne
>> heure dans fon ame les principes inaltérables de
» de bonté & d'humanité qui nous font trouver
» le meilleur des Peres dans le plus grand des
Rois qu'il lui infpire le goût de cette piété tendre
& folide qui fait de la Reine l'exemple de la
Cour & la gloire de la Religion ; qu'il mette
» dans fon coeur le germe des vertus de Monſeigneur
le Dauphin , & de Madame la Dauphine,
»fi dignes l'un & l'autre des bénédictions multipliées
que le Ciel répand fur leur union , & fi
propres à attirer fur le Royaume celles qui peuvent
en perpétuer la gloire , le répos & la
» profpérité.
Puiffe cet augufte Enfant fi précieux à cette
» Province en particulier , devenit , pour notre
bonheur, tous les jours de fa vie , plus parfait, en
fe formant fur de pareils modeles puiffent
> nos neveux avoir des raifons de renouveller fans
» ceffe au Seigneur pour fa confervation les ac-
» tions de graces que nous allons lui rendre pour
fa naiflance,
16S MERCURE DE FRANCE.
» A ces cauſes , après avoir pris l'avis de nos
» Vénérables Freres les Prévôt , Doyen , Cha-
» noines & Chapitre de notre Eglife Cathédrale ,
» nous ordonnons de faire chanter le Te Deum,
>> chacun dans vos Eglifes , avec les folemnités
>> requifes , le premier Dimanche ou jour de
Fête , après que vous aurez reçu notre préſent
>> Mandement , les Officiers , Magiftrats des
>> lieux , & tous autres qu'il appartiendra , invités
» d'y aſſiſter .
» Donné à Arras , en notre Palais Epiſcopal ,
fous notre feing & la fignature de notre Secre-
D taire , le trois Novembre mil fept cens cinquan-
» te-fept » .
JEAN , Evêque d'Arras.
Par Monfeigneur ,
PECHENA , Secrétaire.
Lettre du Roi , à M. l'Evêque d'Arras .
Monfieur l'Evêque d'Arras , la durée du bonheur
de mes fujets étant l'objet de mes voeux les plus
ardens , tous les événemens capables de le perpétuef,
excitent en moi les fentimens que mérite
un peuple toujours empreffé à me donner des
marques de fon zele , de fa fidélité & de fon
amour. Les princes dont il a plu à Dieu de combler
mes fouhaits , affurent la tranquillité dans
mes états. Celui dont matrès chere Fille la Dauphine
vient d'être heureuſement délivrée , eſt un
nouveau don de la providence , & c'eft pour lui
rendre les actions de graces qui lui font dûes , que
je vous fais cette lettre , pour vous dire que mon
intention eft que vous faffiez chanter le Te Deum
dans votre Eglife Cathédrale , & dans toutes les
autres
JANVIERL
169
. 1758.
autres de votre Dioceſe , avec la folemnité requife
, & que vous invitiez d'y affifter tous ceux qu'il
conviendra ; ce que me promettant de votre zele
je ne vous ferai la préfente plus longue , que pour
prier Dieu qu'il vous ait , Mons. l'Evêque d'Arras
, en fa fainte garde. Ecrit à Versailles le 9 Octobre
1757. Signé , LOUIS . Et plus bas , R. de
Voyer. Etfur le repli : à Mons. l'Evêque d'Arras,
Confeiller en mes Confeils .
La fête fut annoncée le au foir par toutes les
cloches de la Ville , que l'on fonna encore le 6 ,
de grand matin. En même temps des falves d'artillerie
& de boîte fe firent entendre , & recommencerent
à différentes reptiles dans le cours de
la journée. Il y eut ce même jour à l'Hôtel de
Ville un dîner fomptueux de plus de quatre-vingts
couverts , où le trouva M. de Caumartin , Intendant
de la Province . On y avoit auffi invité l'Evêque
, l'Abbé de Saint- Vaaft , le Commandant
de la Place , le premier Préfident du Confeil d'Artois
, & la Nobleffe , ainfi qu'un certain nombre
des Officiers de la garnifon , & des autres principaux
Corps , ecclefiaftiques , civils & militaires.
Pendant ce repas , on jetta de l'argent au peuple
& les Magiftrats lui firent diftribuer du pain , des
viandes & du vin. Immédiatement après que la
fanté de Monfeigneur le Comte d'Artois eût été
bue au fon des inftrumens , on préfenta à tous les
convives des exemplaires de la piece fuivante ,
compofée par M Harduin , Avocat , ancien Député
des Etats d'Artois à la Cour , & Secretaire
perpétuel de la Société Littéraire d'Arras.
L. Vol. H
170 MERCURE DE FRANCE .
Sentimens d'un Citoyen d'Arras , fur la Naiffance
de Monfeigneur le Comte d'Artois .
It fort donc aujourd'hui de fon obſcurité ,
Ce Titre qu'autrefois des Héros ont porté ( 1 ).
D'un Enfant de Louis il devient le partage :
Louis , pour couronner notre fidélité ,
Daigne de fon amour nous accorder ce gage .
Vous reprenez enfin votre antique fplendeur ,
Lieux où de Pharamond le brave Succeffeur (1 )
Jetta les fondemens du floriffant Empire
Qui commande à l'Europe , & que le monde admire.
Monarque triomphant , que le Ciel a formé
Pour les vertus & pour la gloire ,
Ton peuple réuni , d'un beau zele animé ,
T'a placé dès long-temps au Temple de mémoire ,
Sous le nom de Roi Bien - Aimé.
Mais lorfque furpaffant toute notre eſpérance ,
Tu veux nous diftinguer de tes autres Sujets ,
Lorfque tu mets pour nous le comble à tes bienfaits
,
Quel nom te donnera notre reconnoiffance !
Plaifirs , volez ici fous mille traits divers :
Que Polymnie & Terpsichore
Célebrent à l'envi le Maître qu'on adore.
(1) Robert I & Robert II, Comtes d'Artois.
(2) Clodion.2
JANVIER.
1758.
171
Qu'un bruit guerrier fe mêle aux plus tendres
concerts :
Que la fiere trompette fonne :
Sur nos murs que la foudre tonne :
Que le falpêtre éclate dans les airs.
Que mille bouche enflammées
Annoncent les tranfports de nos ames charmées
Au bout de ce vafte Univers.
Je vois juſques à
l'Empyrée
S'élevér de rapides feux :
Ainfi vers la voûte azurée
S'élance l'ardeur de nos voeux.
Tels que ces
brillantes étoiles ,
Qui de la nuit perçant les voiles ,
Retombent en foule à nos yeux ,
Sur l'Enfant fi cher à la France
Puiffent
defcendre en
abondance
Les plus riches préfens des Cieux.
Dans le
raviffement où mon ame fe livre ,
En lui déja je vois revivre
Ce Frere vertueux du plus faint de nos Rois ( 1).
A nos ayeux il fit chérir fes loix :
Des cruels
Sarrafins il
confondit la rage :
Prince , lis fes exploits , & deviens fon image ...
Mais pourquoi de l'hiftoire
emprunter le fecours ▸
(1) Robert I, frere de Saint Louis , furnommé
le Bon & le
Vaillant, ‹
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
Pour acquérir une gloire immortelle ,
Il ne te faut d'autre modele
Que ton augufte Ayeul , ou l'Auteur de tes jours.
Illuftre Enfant , auprès du trône
Tu feras de l'Artois le plus ferme foutien :
De Louis & du peuple à qui fa main te donne ,
Tu refferres encor le fortuné lien .
Si tu pouvois juger de notre amour extrêmê
Si tu lifois au fond de notre coeur ,
Ah ! tu t'applaudirois toi- même
Du nom qui fait notre bonheur .
.
On avoit élevé , vis- à-vis de l'Hôtel de Ville ,
un Feu d'artifice , pour lequel on n'avoit épargné
ni foins , ni dépenfe , non plus que pour les illuminations
de cet hôtel , de la haute & admirable
tour qui l'accompagne , & des autres édifices publics
. Tous les particuliers s'étoient auffi empreffés
à illuminer leurs maiſons , d'une maniere qui
répondît à la folemnité du jour ; mais une pluie
continuelle empêcha l'effet de ces préparatifs. On
ne put faire jouer qu'une petite partie de l'artifice
; & le refte fut remis au furlendemain.
L'édifice conftruit pour le feu , fur les deffeins
du fieur Beffara , Architecte de la Ville , étoit
feint de marbre blanc , & avoit s 2 pieds d'élévation
en deux étages , furmontés d'une pyramide
de 33 pieds . Le premier étage ou rez - de - chauffée
étoit un quarré d'ordre dorique , ayant 44 pieds
de face , dont le côté principal offroit un portique
, avec fronton & baluftrade , orné des Armes
du Roi , de Monfeigneur le Dauphin , & de Mon.
feigneur le Comte d'Artois , Une colonnade ioniJANVIER.
1758. 173
que formoit le fecond étage , qui étoit circulaire.
Vingt-quatre vafes à fleurs & trophées d'armes
ou de mufique , fervoient d'amortiffemens aux
deux ordres d'architecture . Cette décoration étoit
femée de chronogrammes ou chronographes
forte d'infcription fort en ufage aux Pays Bas ,
dans laquelle on trouve , en chiffre Romain , par
la réunion de toutes les lettres numérales qu'elle
contient , l'année de l'événement qui en eſt l'objet.
Voici quelques- uns de ces chronographes :
nasCItVŕ CoMes , spLenDor artesIx.
DonVM CLI aC, regIs.
PVLChra FIDel MerCes .
LætVs aMor aCCenDIt Ignes,
Entre les différentes illuminations qui avoient
été préparées , on remarquoit aux croifées de
Pappartement que la Société Littéraire occupe à
l'hôtel du Gouverneur , trois tranfparens , fur
lefquels étoient peints autant de médaillons , imaginés
par M. Camp , Avocat , Membre de cette
Société , & actuellement Député des Etats à lạ
Cour. On croit devoir donner ici la defcription
de ces morceaux de peinture.
Premier Médaillon.
L'hiftoire de l'Artois caractérisée fpécifiquement
par une femme vêtue d'une faie blanche
rayée de pourpre ( 1 ) . Elle a fur la tête une couronne
de laurier , & une plume à la main . Devant
(1 ) Cette espece d'étoffe fe fabriquoit autrefois
par les habitans d'Arras , nommés Atrebates, avec
tant de réputation que les Romains en faifoient
leurs plus magniques habillemens.
Hiij
74 MERCURE DE FRANCE.
elle eft un grand livre ouvert , fur la couverture
duquel fe voyent les Armes de la province . Elle
tient de la main gauche un médaillon portant
celles de Monfeigneur le Comte d'Artois , qu'elle
regarde avec un étonnement mêlé de joie. Une
pile de volumes imprimés & manuſcrits , fur laquelle
font les aîles & autres attributs du Temps ,
fert d'appui au livre que cette femme tient ouvert.
Elle a un pied pofé fur un débris de monument
antique , dont les reftes font épars. Auprès eft
une urne renverfée , d'où fe répand un grand
nombre de médailles .
Légende.
QUANTA FASTORUM GLORIA !
Exergue.
COMES DATUS IXA. OCT. M. DCC. LVII .
Second médaillon ,
Minerve affife , ferrant de fon bras gauche un
vafe aux Armes d'Artois , dans lequel eft planté
un rejetton de lys , qu'elle prend foin de cultiver.
A fes pieds font des trophées relatifs aux Arts &
aux Sciences.
Légende.
CURAT NOBISQUE COLIT.
Exergue.
SOC. LITT . ATR. SPES ET VOT.
Troisieme médaillon.
Les chiffres des Rois Louis VIII & Louis XV,
figurés par deux doubles IL , placés fous une
même couronne , & accompagnées refpectivement
JANVIER. 1758 . 175
des nombres VIII & XV . Un cordon bleu fort de
la couronne , entrelace les deux chiffres , & ſe
termine par un noeud , d'où pendent les Armes de
Monfeigneur le Comte d'Artois ( 1 ) .
Légende.
AB EVO IN ÆVUM.
Exergue.
DECUS FUNDATUM ET RESTITUTUM.
Le même jour 6 Novembre , vers les dix heures
du foir , il y eut dans la grande falle de l'Hôtel
de Ville , qu'on avoit fuperbement décorée , un
bal qui fut ouvert par M. l'Intendant avec Madame
la Comteffe de Houchin , épouse du Député
ordinaire de la Nobleffe des Etats . On y fervit
fur des buffets en gradins , un ambigu fuffifant
pour fatisfaire les goûts divers de deux mille perfonnes
au moins qui fe trouverent à ce bal .
Les Etats d'Artois différerent jufqu'à l'ouverture
de leur Affemblée générale , la folemnité de
leurs actions de graces & de leurs réjouiflances ,
afin que tous les Membres des trois Ordres fuflent
à portée d'y participer. Ce fut le lundi 21 Novembre
que le fit cette ouverture ; & après la
féance , qui fe tint dans la forme ordinaire fur les
dix heures du matin , on chanta dans l'Eglife des
Récollets un Te Deum en mufique , auquel M.
(1) Louis VIII , par fon Teftament du mois de
Juin 1225 , affigna l'Artois en partage à Robert
fon fecond fils , frere de S. Louis , de qui defcend la
branche de Bourbon. Depuis ce Robert , premier
Comte d'Artois , aucun fils de France n'en avoit
porté le titre.
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE .
l'Evêque d'Arras officia pontificalement. M. fe
Duc de Chaulnes , Gouverneur de la Province ;
M. l'Intendant , & M. Briois , Premier Préfident
du Confeil Provincial , Commiffaires du Roi pour
la tenue des Etats , affifterent à cette cérémonie ,
accompagnés de tous les Membres de l'Affemblée.
Il y eut enfuite un magnifique dîner de deux cens
vingt-cinq couverts, auquel tous les Corps avoient
été invités. Sur la fin du repas , on but avec appareil
les fantés du Roi , de Monfeigneur le Dauphin
& du nouveau Prince , qui furent annoncées
fucceffivement par des falves de boîtes & d'artillerie
; & les Députés ordinaires jetterent de l'argent
au peuple. Dès que la nuit fut venue , on tira
avec toute la réuffite poffible , un très- beau Feu
d'artifice au milieu de la grande place.
Ce feu avoit la forme d'un temple , dont le
premier
étage , quarré & élevé d'environ fept pieds
au deffus du pavé , fervoit de focle à tout l'édifice.
Quatre grandes rampes de dix marches occupoient
le milieu de chaque face , & conduifoient
à une galerie fermée de panneaux & d'acroteres
enrichis d'Armes du Roi , de Monfeigneur le Dauphin
, & de Monfeigneur le Comte d'Artois , ainfi
que des Chiffres de la province.
Le principal corps établi fur le premier étage
avoit huit côtés , dont quatre plus larges que les
autres , faifant faillie & avant- corps , formoient
des portiques , & répondoient aux rampes. Aux
entrées de ces portiques étoient les figures fymboliques
de la fincérité & de la fidélité , qui caractérifent
les Artéfiens , & celles de la reconnoiffance
& de l'espérance , fentimens dont ce peuple eft
particuliérement affecté dans la circonftance préfente.
Les quatre côtés enfoncés étoient ornés de
iches , avec d'autres figures qui défignoient les
JANVIER. 1758. 177
Vertus protectrices du jeune Prince ; fçavoir , la
Religion , la Bonté , la Valeur & la Prudence.
Des emblêmes relatifs à ces vertus rempliffoient
le deffus des niches. La décoration générale de
toute cette partie étoit un ordre Ionique régulier ,
dont l'entablement faillant foutenoit une baluftrade
mêlée d'acroteres , fur chacun defquels on
voyoit des grouppes d'enfans , qui fembloient , en
exprimant leur joie , difputer à qui porteroit les
Armes du Roi , & celles des autres perfonnes de
la Famille Royale.
Sur le deuxieme étage étoit pofé un attique à
quatre faces , dont trois préfentoient des tableaux
emblématiques , & l'autre contenoir cette infcription
:
NOVO ARTESIA COMITI
Il y avoit des pilaftres aux angles de ce corps
d'architecture avec un entablement en faillie ,
lequel étoit couronné de quatre vafes de ronde
bolle. Une pyramide en mofaïque évidée , s'élevoit
fur l'attique qui lui fervoit de baſe , & portoit
fur fa cime les Armes d'Artois , furmontées
d'un foleil .
Aux quatre coins du temple , & à une diſtance
convenable , étoient de grands obéliſques décorés,
de chiffres , de médaillons , &c.
Toutes les parties de l'édifice étoient peintes
en grifaille , à l'exception des tableaux & des
emblêmes , qui l'étoient en camayeu de couleur
bleue. Mais cette fimplicité étoit relevée par l'éclat
de l'or répandu fur les armoiries , les infcriptions
, les cartouches , les guirlandes ; fur la pyramide
, fur les vafes , & fur tous les ornemens
où l'on avoit pu l'employer avec goût.
Cet ouvrage fut exécuté par les foins & fur les
Hy
178 MERCURE DE FRANCE.
deffeins du fieur Linque , Architecte , natif & hæ
bitant d'Arras.
Les Commiffaires de Sa Majesté & les Etats
virent jouer l'artifice d'un amphithéâtre dreffé à
l'un des bouts de la place , qui eft une des plus
vaftes du Royaume. Des fanfares de cors , trompettes
& timbales , animerent ce fpectacle , aprèslequel
plufieurs fontaines de vin coulerent pour
le peuple.
Les deux façades de l'Hôtel des Etats furent
illuminés par une quantité immenfe de lamprons
, dont l'arrangement deffinoit , fans confufion
, toute la belle architecture de cet hôtel Dans
un grand tableau tranfparent placé au deffus de
la porte d'entrée , on voyoit Lucine defcendant
du Ciel , & tenant dans fes bras le Prince nouveau-
né. Le Roi montroit à cette Déeffe la Province
d'Artois perſonnifiée qui , d'un air empreffé
, tendoit les mains pour recevoir l'augufte Enfant.
Un rayon de lumiere partant du vifage de
ce nouveau Comte , fe répandoit fur celui de la
Province ; & on lifoit fur une banderole ce chronographe
:
novo spLenDes CIt CoMIte.
A neuf heures du foir commença un concert ,
dans lequel on exécuta plufieurs pieces de mufique
Françoife & Italienne . A ce concert fuccéda
un ambigu pour les Dames , fervi fur deux tables
de foixante perfonnes chacune . La fête fut terminée
par un grand bal , que M. le Duc de
Chaulnes ouvrit avec Madame la Comteffe de
Houchin , & qui dura jufqu'au jour. Rien n'y
fut oublié , foit pour la décoration des trois falles
où l'on danfa , foit pour la maniere dont elles
furent éclairées , foit pour la fymphonie & les
rafraîchiffemens de toute efpece.
JANVIER . 1758. 179
M. l'Evêque d'Arras donna de grands foupers
la veille de l'ouverture & le jour de la clôture
des Etats. Pendant la fête du 21 , on diftribua
abondamment dans fon palais du pain , des viandes
, de la biere , du bois & de Pargent à cinq
cens perfonnes au moins . La maison du Bon
Pafteur , qui renferme plus de cent pauvres filles ,
a éprouvé les mêmes libéralités de la part de ce
Prélat.
Le 6 & le 21 , M. de Briois , Abbé de S. Vaaſt ,
fit tirer beaucoup d'artifice. Il a pareillement
fignalé fa charité , en faisant délivrer aux pauvres
quatre mille pains , du poids de trois livres &
demie:
M. de Caumartin qui , depuis le commencement
de l'Affemblée des Etats avoit donné des
preuves de fa magnificence ordinaire , y ajouta
le Dimanche 27 Novembre un dîner de cent trente
couverts. Ce feftin ne fut que pour les hommes ;
mais environ quatre- vingts Dames fouperent le
même jour à l'intendance , où il y eut audi un
bal qui ne laiffa rien à défirer . M. le premier
Préſident du Confeil d'Artois s'étoit diftingué de
fon côté le jeudi précédent , par un dîner fuivi
d'un bal , qui fut interrompu pour voir un bouquet
d'artifice & une illumination terreftre , formée
avec goût dans le parterre du jardin de ce
Magiftrat. Il fit fervir fur les neuf heures un ambigu
; après lequel il y eut concert , & l'on reprit
le bal qui ne finit qu'avec la nuit.
Enfin le 30 Novembre , les RR. PP. Jéfuites
du College d'Arras firent chanter dans leur Eglife
le Te Deum & l'Exaudiat , par toute la mufique
de la Cathédrale . M. l'Evêque d'Arra y officia ,
& les Etats qu'on avoit invités à la cérémonie ,
affifterent en corps ; après quoi ils pafferent dans
y
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
la falle des Actes , où le R. P. Dubuiffon , Profeffeur
de Rhétorique , leur adreffa une harangue
latine , dont l'objet étoit de féliciter la province
d'Artois fur la naiffance du nouveau Comte.
L'Orateur s'attacha à prouver dans la premiere
partie de fon difcours , qu'il ne pouvoit rien arriver
de plus avantageux à la Province , que de
voir fon nom porté par un Prince de la Maifon de
Bourbon ; & dans la feconde , qu'aucune Province
n'étoit plus digne de cette grace.
Les PP. Jéfuites ont fourni ce jour là de quoi
dîner à douze pauvres familles de chacune des
onze Paroiffes de la Ville. Les écoliers , tant externes
que penfionnaires , qui font de la Congré
gation de la Vierge , ont donné le même jour à
dîner & à fouper aux malheureux détenus dans
les prifons royales , lefquels étoient au nombre
de quarante , les ont fervis eux- mêmes , & leur ont
encore diftribué des aumônes.
Les autres Villes de l'Artois n'ont pas témoi
gné moins d'ardeur que la Capitale à célébrer
une époque fi glorieufe pour la Province ; & de
fimples Bourgades ont donné en cette occafion
les marques les plus éclatantes de leur zele & de
leur alégreffe.
Le Roi a nommé le Maréchal de Tomond ,
pour commander fur les côtes de la Méditerranée .
Sa Majefté a auffi difpofé du commandement de
la Guyenne en faveur du Comte de Langeron
Lieutenant-Général de fes armées , & Elle a donné
au Comte de Gramont , Brigadier d'Infanterie,
& Menin de Monfeigneur le Dauphin , le Commandement
des troupes , dans la partie du Gouvernement
de la Guyenne , qui dépend de la Généralité
d'Aufch.
Sur la démiffion de Madame la Ducheffe d'Antin,
JANVIER. 1758.
181
de la place de Dame du Palais de la Reine , le Roi a
nommé le 25 Novembre Madame la Comteffe de
Clermont-Tonnere pour la remplacer.
Le 27, M. le Comte de Rochechouart prêta ferment
entre les mains du Roi , pour le Gouvernement
de l'Orléannois.
M. Le Duc de Chaulnes étant revenu de l'armée
du Maréchal Duc de Richelieu , pour tenir les
Etats d'Artois , en fit l'ouverture à Arras le 21
Novembre.
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Résumé : Description des Fêtes données en la ville d'Arras, à l'occasion de la Naissance de Monseigneur le Comte d'Artois.
À l'occasion de la naissance du Comte d'Artois, Arras a organisé des festivités marquantes. Dès l'annonce de la nouvelle le 11 octobre, des illuminations et des salves d'artillerie ont exprimé la joie publique. L'évêque d'Arras a ordonné un Te Deum le 6 novembre, accompagné d'un mandement célébrant la naissance du prince et appelant à la prière pour sa conservation. Le roi a demandé la célébration du Te Deum dans toutes les églises du diocèse. Le jour de la fête, des cloches ont sonné, des salves d'artillerie ont retenti, et un dîner somptueux a été organisé à l'Hôtel de Ville, avec la présence de personnalités locales. Pendant le repas, de l'argent et des vivres ont été distribués au peuple. Une pièce poétique de M. Harduin a été lue, exprimant la joie et la reconnaissance des citoyens d'Arras. Un feu d'artifice et des illuminations étaient prévus, mais la pluie a perturbé leur réalisation. L'édifice pour le feu d'artifice, conçu par l'architecte Beffara, était orné des armes royales et de chronogrammes. La Société Littéraire a exposé des transparents avec des médaillons imaginés par M. Camp, dont le premier représentait l'histoire de l'Artois symbolisée par une femme tenant un médaillon aux armes du Comte d'Artois. Le 6 novembre, un bal a été organisé à l'Hôtel de Ville, décoré somptueusement, avec un buffet pour deux mille personnes. Les États d'Artois ont reporté leurs actions de grâce pour permettre à tous les membres de participer. Le 21 novembre, après une séance solennelle, un Te Deum a été chanté à l'église des Récollets, suivi d'un dîner pour deux cent vingt-cinq personnes. Des salves d'artillerie ont annoncé les santés du Roi, du Dauphin et du nouveau prince, et des pièces d'argent ont été jetées au peuple. Un feu d'artifice en forme de temple a été tiré sur la grande place, illustrant diverses vertus et emblèmes. Les façades de l'Hôtel des États ont été illuminées, et un concert ainsi qu'un bal ont clôturé la fête. Des soupers et distributions de vivres aux pauvres ont été organisés par l'évêque d'Arras et d'autres dignitaires. Le 30 novembre, les Jésuites ont chanté un Te Deum, et une harangue latine a félicité la province pour la naissance du nouveau Comte. D'autres villes de l'Artois ont également célébré cet événement. Par ailleurs, le Roi a nommé de nouveaux commandants pour les côtes de la Méditerranée, la Guyenne, et le Gouvernement de l'Orléannois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1398
p. 189-196
« Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...] »
Début :
Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...]
Mots clefs :
Princes, Princesses, Sa Majesté, Armée prussienne, Armée de l'Impératrice, Combats, Camps militaires, Fortifications, Attaques, Troupes, Maréchaux, Ennemis, Comtes, Artillerie, Canons, Vaisseaux, Marchandises, Corsaires , Navires anglais
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texteReconnaissance textuelle : « Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...] »
Le 11 Décembre , les Princes & les Princeffes
du Sang rendirent , en cérémonie , à l'occafion
190 MERCURE DE FRANCE.
de la mort de la Reine de Pologne , Electrice de
Saxe , leurs refpects à Monfeigneur le Dauphin
& à Madame la Dauphine. Les Seigneurs & Dames
de la Cour , en habits de grand deuil , s'acquitterent
du même devoir.
Le Roi a tenu le Sceau pour la dix-huitieme &
dix-neuvieme fois.
Sa Majefté a difpofé du régiment de Cavalerie ,
vacant par la mort de M. le Duc de Beauvillier
en faveur de M. le Chevalier de Saint -Aignan fon
frere , Colonel dans le régiment des Grenadiers de
France ; & d'une place de Colonel dans le regiment
des mêmes Grenadiers , en faveur de M. le
Marquis d'Eftampes , Lieutenant en ſecond dans
le régiment du Roi , Infanterie.
On a été informé que le Prince Charles a dépêché
au Roi le sieur de Boifgeflin , pour faire part à
Sa Majefté de la prife de Schweidnitz qui a capitulé
le 12 Novembre.
Les Pruffiens ont perdu , pendant le cours de ce
fiege , environ dix-huit cens hommes. La garnifon
qui étoit encore forte de quatre mille fept
cens hommes , eft prifonniere de guerre , & fera
conduite où l'Impératrice Reine jugera à propos
de l'envoyer.
Les Autrichiens ont trouvé dans la place cent
foixante quatre pieces de canon , quatorze mortiers
, beaucoup de munitions , des vivres , du fourage
en abondance , & un million d'écus d'Allemagne
, dans la caiffe militaire .
On a reçu avis que l'armée Pruffienne arrivée
fous Breflau depuis fept femaines entieres , y occupoit
un camp très -fort par lui même qu'elle
avoit encore fortifié de toutes parts & avec le plus
grand foin ; il n'avoit que le défaut d'être trop
étendu, pour le nombre de troupes qui devoient le
JANVIER. 1758. 191
défendre ; fans cela il cût été impoffible d'y pénétrer
.
S. A. R. ayant reconnu ce défaut , & voulant à
quelque prix que ce fût attaquer l'ennemi , fit une
difpofition qui fait l'éloge de fes talens militaires .
Elle jugea que la façon la plus fûre de pénétrer
dans cette Fortereffe , étoit d'attaquer vivement
l'ennemi par le centre & par les extrêmités . Elle
ajouta même à cette difpofition d'autres attaques
intermédiaires , afin de faire une plus grande diverfion
, & de mettre plus fûrement la confufion
dans les manoeuvres de l'ennemi.
Le camp retranché avoit fa droite appuyée visà-
vis le village de Pilnitz , dont les ennemis
avoient fait une citadelle ; il falloit même paffer
la riviere de l'Oh , avant que d'arriver à fes retranchemens.
Son flanc étoit couvert par des bois
immenfes & par la riviere de l'Oder. Sa gauche
étoit appuyée à une hauteur qui eft à cinq cens
pas ou environ des Fauxbours de Breſlau . Elle étoit
fortifiée d'une excellente redoute garnie de fon
plus gros canon. Il avoit dans l'étendue du fronr
de fon camp , les villages de Smidfeld , d'Effichen
, & de Klein - morberg , également bien
fortifiés. La riviere de l'Oh bordoit le front de fa
pofition dans prefque toute fon étendue. Heureufement
pour Parmée Impériale , il s'en étoit un
peu trop éloigné vers le centre , & c'eſt- là où
S. A. R. fit le plan de porter les coups qu'elle devoit
frapper de la main .
La difpofition de l'attaque fe borna donc à quatre
point effentiels ; l'un entre les fauxbourgs de
Breau & le village de Klein- burg , l'autre vis-à
vis de Klein- morberg ; le troifieme entre Smidfeld
& Effichen , & le quatrieme à Pilnitz , fans
compter une divifion qui fut faite de l'autre côté
192 MERCURE DE FRANCE :
de la riviere de l'Oder par un corps de cinq à fix
mille hommes qui menaçoit la retraite de l'ennemi
, en cas qu'il fût forcé par fa droite , & qu'on
pût couper la communication avec Breĺau,
Les ordres ayant été donnés le 21 pour attaquer
l'ennemi le lendemain , l'armée de l'impératrice
qui étoit campée en ligne fe divifa à la pointe du
jour ; chaque troupe le rendit à la deftination
& dès que tout fut prêt , on commença à dix heures
une canonnade terrible , qui dura juſqu'à midi;
alors le fignal fut donné pour que chacun fît fes
pents fur la riviere , & pour attaquer en même
temps. Les ponts du centre furent les premiers
conftruits , c'étoit l'attaque où étoit placés S. A. R.
& le Feld- Maréchal Comte de Daun ; il y en eut
fept jettés en moins d'une demi - heure , malgré le
feu de l'ennemi ; à peine furent - ils finis , que
treate compagnies de Grenadiers pafferent , foutenues
de deux mille chevaux d'élite , des bataillons
de l'aîle droite de l'armée , & de plufieurs
efcadrons.
Ces troupes fe formerent , malgré le feu le plus
vif, avec une viteffe fi finguliere , que l'ennemi ne
put porter des troupes pour nous charger, que dans
l'inftant où nous commencions, à être formés.
S- A. R. s'étant apperçue du deffein qu'il avoit de
nous charger en flanc , fit avancer fort vîte quatre
pieces de canon chargées à cartouche , foutenues
de quatre bataillons qui prirent en flanc l'ennemi
lui-même , & l'obligerent de s'arrêter . Les retranchemens
qui étoient alors devant nous , & qui enveloppoient
le village de Klein- morberg étoient
redoutables. Nous avions d'ailleurs fur notre flanc
droit le corps de troupes dont on vient de parler ,
fans compter celui qui faifoit face à notre attaque de
la droite. Nous reftâmes ainfi pendant plus d'une
heure
JANVIER 1758. 195'
heure entiere à effuyer & à rendre le feu le plus
vif.Les ennemis chercherent plus d'une fois à nous
attaquer de front & de flanc ; mais les troupes &
P'artillerie firent de tels prodiges , que les Pruffiens
, malgré leurs efforts , ne nous firent pas
perdre un pouce de terrein . Nous enlevâmes au
contraire les retranchemens de Klein-morberg ,
& pendant que nous combattions ainfi , celles de
nos troupes qui attaquoient Pilnitz & Neikirck
faifoient de leur côté des merveilles ; mais ayant
trouvé plus de difficultés que nous dans le paffage
de la riviere , elles ne purent dépofter l'ennemi
auffi promptement que nous l'avions fait .
La nuit qui farvint fit finit le combat. C'eft une
journée qui comble d'honneur l'armée de l'Impératrice,
& qui n'en fait pas moins à S. A. R. & au
Feld- Maréchal Comte de Daun.
L'armée Impériale a eu quatre mille hommes
tués ou bleffés , dans le nombre defquels ſont fix
Généraux , dont un de tué.
Les ennemis ont perdu beaucoup plus du double
, & ont eu plus de trois mille prifonniers ou
déferteurs. Prefque tous leurs Généraux ont été
tués , bleffés , ou faits prifonniers. Le Prince de
Beverne , qui commandoit l'armée , eft du nombre
de ces derniers. Le Prince Ferdinand , frere
du Roi de Pruffe , a reçu une légere bleffure. Le
Prince de Brunſwick & celui de Wirtemberg font
auffi bleffés. Nous avons pris trente - neuf pieces
de canon , trois mortiers , & huit drapeaux , & la
ville de Breſlau s'eft rendue au vainqueur. En un
mot , l'action du 22 eft moins une bataille qu'une
défaite ; mais ce qui doit plaire le plus à Sa Majefté
Impériale , eft l'ardeur que fon armée entiere
a montré pour combattre fes ennemis. S, A. R.
& le Feld-Maréchal Comte de Daun , ne doivent
I.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
pas être moins flattés de la confiance des troupes ,
qui fe nourrit dans le foldat par la bonne opinion
qu'il a de fes chefs.
Les Princes de Saxe fe font diftingués par leur
valeur , comme ils le font dans toutes les occafions,
Lorfque la ville de Breflau s'eft rendue , & que
la garnifon de neuf Bataillons eft fortie avec les
honneurs de la guerre , il n'y a eu que trois cens
hommes en tout qui ayent accompagné les drapeaux
: tout le refte , Officiers & Soldats , a déferté
ouvertement ou fécretement. Il en eft venu
mille quatre-vingts dans une feule journée au quartier
de S. A. R. fans compter ceux qui auront été
à celui du Comte de Nadafty , ou ceux encore que
ramènera le Général Beck , qui eft à la pourfuite
du refte de l'armée Pruffienne. Cette armée étoit
plus forte que nous ne l'avions cru. On nous a
affuré que les ennemis montoient à plus de quarante
mille hommes : ils en ont perdu fûrement
vingt mille , y compris les déferteurs. Le nombre
des bleffés eft auffi plus grand que nous ne penfions.
Les Vaiffeaux du Roi le Célebre & le Bizarre ,
fe font rendus maîtres du Corfaire Anglois ci-devant
la Grande - Biche , de Saint -Malo , armé de
28 canons , de 14 pierriers , & de 109 hommes
d'équipage , ainsi que d'un autre bâtiment armé
de 6 canons , 10 pierriers , & de 39 hommes d'é- `
quipage.
-neaux ,
Le Navire Anglois le Matthy , de 350 tonvenant
de Saint- Chriftophe, avec une cargaifon
compofée de différentes marchandiſes , a
été pris par la Frégate du Roi la Calypfo , & eft arrivé
à Breft .
On a été informé par des lettres écrites de Bergue
en Norwege de l'arrivée en çe Port des NaviJANVIER.
1758.
195 .
res Anglois le Rolland & Jeanne , de Neufchâtel,
PHelene , la Marie - Betty , la Dorothée , de Witthaven
, la Marianne de Dublin , & le Hamkinfon
de Lancaftre. Ces fix Bâtimens qui revenoient,
les uns de Riga , les autres de Petersbourg , chacun
avec un chargement de chanvre , de lin , de
fer , de toiles à voiles , & d'autres marchandiſes
ont été pris par le capitaine Charles- François Robert
, commandant le Corfaire la Comteffe de la
Serre , de Dunkerque .
>
L'Actif, autre Corfaire de ce Port , s'eft emparé
d'un navire Anglois d'environ 100 tonneaux,
armé de 12 canons & de 80 hommes d'équipage,
dont la cargaifon eft compofée de différentes marchandifes
du cru de la Jamaïque , d'où il revenoit.
Ce Bâtiment a été conduit à Breft.
Le Capitaine Monnier, commandant le Corfaire
la Revanche , de Dunkerque , a pris & conduit
en ce port les navires Anglois l'Ardent , la Providence
& le Norwich , chargés de charbon de
terre..Il a rançonné pour 620 guinées deux autres
bâtimens Anglois , dont il s'eft rendu maître.
L'Hyrondelle , Corfaire du même port , a relâ–
ché, moyennant une rançon de 100 livres fterlings
, un bateau Anglois qu'il avoit pris .
Les navires Anglois le Nancy, de Bofton , chargé
de 600 barrils de goudron , & la Marie , dont
la cargaifon eft compofée de bois de conftruction
, ont été pris par le Corfaire le Voltigeur ,
de Boulogne, & font arrivés, l'un à Calais , & l'autre
au Havre.
On mande de Cherbourg que le Corfaire le
Conquérant de ce port , a pris & y a conduit un bâtiment
Anglois de 80 tonneaux , ayant pour chargement
du fel , de l'avoine , quelques ballots , &
autres marchandiſes.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
Les Corfaires les Deux-Freres & le Faucon , de
Marſeille , fe font emparés des navires Anglois le
Ligny , le Lottéa & le Nelly , de Cork , qui ont
été conduits à Cadix. Ils font chargés , le premier
de diverfes marchandiſes , le fecond de morue
, & le troifieme de beurre , de viandes falées
& de chandelle.
Trois autres navires Anglois , fçavoir le Nancy,
dont le chargement confifte en falaifons , en
cuirs & en chandelle , le Charmeng-Betty , chargé
de charbon de terre , & le Royal - Georges , chargé
de fardines , ont auffi été conduits à Cadix , &
ont été pris par les Corfaires François la Bagatelle
, la Jacqueline , le Saint- Antoine, & les Ames,
de Mahon.
du Sang rendirent , en cérémonie , à l'occafion
190 MERCURE DE FRANCE.
de la mort de la Reine de Pologne , Electrice de
Saxe , leurs refpects à Monfeigneur le Dauphin
& à Madame la Dauphine. Les Seigneurs & Dames
de la Cour , en habits de grand deuil , s'acquitterent
du même devoir.
Le Roi a tenu le Sceau pour la dix-huitieme &
dix-neuvieme fois.
Sa Majefté a difpofé du régiment de Cavalerie ,
vacant par la mort de M. le Duc de Beauvillier
en faveur de M. le Chevalier de Saint -Aignan fon
frere , Colonel dans le régiment des Grenadiers de
France ; & d'une place de Colonel dans le regiment
des mêmes Grenadiers , en faveur de M. le
Marquis d'Eftampes , Lieutenant en ſecond dans
le régiment du Roi , Infanterie.
On a été informé que le Prince Charles a dépêché
au Roi le sieur de Boifgeflin , pour faire part à
Sa Majefté de la prife de Schweidnitz qui a capitulé
le 12 Novembre.
Les Pruffiens ont perdu , pendant le cours de ce
fiege , environ dix-huit cens hommes. La garnifon
qui étoit encore forte de quatre mille fept
cens hommes , eft prifonniere de guerre , & fera
conduite où l'Impératrice Reine jugera à propos
de l'envoyer.
Les Autrichiens ont trouvé dans la place cent
foixante quatre pieces de canon , quatorze mortiers
, beaucoup de munitions , des vivres , du fourage
en abondance , & un million d'écus d'Allemagne
, dans la caiffe militaire .
On a reçu avis que l'armée Pruffienne arrivée
fous Breflau depuis fept femaines entieres , y occupoit
un camp très -fort par lui même qu'elle
avoit encore fortifié de toutes parts & avec le plus
grand foin ; il n'avoit que le défaut d'être trop
étendu, pour le nombre de troupes qui devoient le
JANVIER. 1758. 191
défendre ; fans cela il cût été impoffible d'y pénétrer
.
S. A. R. ayant reconnu ce défaut , & voulant à
quelque prix que ce fût attaquer l'ennemi , fit une
difpofition qui fait l'éloge de fes talens militaires .
Elle jugea que la façon la plus fûre de pénétrer
dans cette Fortereffe , étoit d'attaquer vivement
l'ennemi par le centre & par les extrêmités . Elle
ajouta même à cette difpofition d'autres attaques
intermédiaires , afin de faire une plus grande diverfion
, & de mettre plus fûrement la confufion
dans les manoeuvres de l'ennemi.
Le camp retranché avoit fa droite appuyée visà-
vis le village de Pilnitz , dont les ennemis
avoient fait une citadelle ; il falloit même paffer
la riviere de l'Oh , avant que d'arriver à fes retranchemens.
Son flanc étoit couvert par des bois
immenfes & par la riviere de l'Oder. Sa gauche
étoit appuyée à une hauteur qui eft à cinq cens
pas ou environ des Fauxbours de Breſlau . Elle étoit
fortifiée d'une excellente redoute garnie de fon
plus gros canon. Il avoit dans l'étendue du fronr
de fon camp , les villages de Smidfeld , d'Effichen
, & de Klein - morberg , également bien
fortifiés. La riviere de l'Oh bordoit le front de fa
pofition dans prefque toute fon étendue. Heureufement
pour Parmée Impériale , il s'en étoit un
peu trop éloigné vers le centre , & c'eſt- là où
S. A. R. fit le plan de porter les coups qu'elle devoit
frapper de la main .
La difpofition de l'attaque fe borna donc à quatre
point effentiels ; l'un entre les fauxbourgs de
Breau & le village de Klein- burg , l'autre vis-à
vis de Klein- morberg ; le troifieme entre Smidfeld
& Effichen , & le quatrieme à Pilnitz , fans
compter une divifion qui fut faite de l'autre côté
192 MERCURE DE FRANCE :
de la riviere de l'Oder par un corps de cinq à fix
mille hommes qui menaçoit la retraite de l'ennemi
, en cas qu'il fût forcé par fa droite , & qu'on
pût couper la communication avec Breĺau,
Les ordres ayant été donnés le 21 pour attaquer
l'ennemi le lendemain , l'armée de l'impératrice
qui étoit campée en ligne fe divifa à la pointe du
jour ; chaque troupe le rendit à la deftination
& dès que tout fut prêt , on commença à dix heures
une canonnade terrible , qui dura juſqu'à midi;
alors le fignal fut donné pour que chacun fît fes
pents fur la riviere , & pour attaquer en même
temps. Les ponts du centre furent les premiers
conftruits , c'étoit l'attaque où étoit placés S. A. R.
& le Feld- Maréchal Comte de Daun ; il y en eut
fept jettés en moins d'une demi - heure , malgré le
feu de l'ennemi ; à peine furent - ils finis , que
treate compagnies de Grenadiers pafferent , foutenues
de deux mille chevaux d'élite , des bataillons
de l'aîle droite de l'armée , & de plufieurs
efcadrons.
Ces troupes fe formerent , malgré le feu le plus
vif, avec une viteffe fi finguliere , que l'ennemi ne
put porter des troupes pour nous charger, que dans
l'inftant où nous commencions, à être formés.
S- A. R. s'étant apperçue du deffein qu'il avoit de
nous charger en flanc , fit avancer fort vîte quatre
pieces de canon chargées à cartouche , foutenues
de quatre bataillons qui prirent en flanc l'ennemi
lui-même , & l'obligerent de s'arrêter . Les retranchemens
qui étoient alors devant nous , & qui enveloppoient
le village de Klein- morberg étoient
redoutables. Nous avions d'ailleurs fur notre flanc
droit le corps de troupes dont on vient de parler ,
fans compter celui qui faifoit face à notre attaque de
la droite. Nous reftâmes ainfi pendant plus d'une
heure
JANVIER 1758. 195'
heure entiere à effuyer & à rendre le feu le plus
vif.Les ennemis chercherent plus d'une fois à nous
attaquer de front & de flanc ; mais les troupes &
P'artillerie firent de tels prodiges , que les Pruffiens
, malgré leurs efforts , ne nous firent pas
perdre un pouce de terrein . Nous enlevâmes au
contraire les retranchemens de Klein-morberg ,
& pendant que nous combattions ainfi , celles de
nos troupes qui attaquoient Pilnitz & Neikirck
faifoient de leur côté des merveilles ; mais ayant
trouvé plus de difficultés que nous dans le paffage
de la riviere , elles ne purent dépofter l'ennemi
auffi promptement que nous l'avions fait .
La nuit qui farvint fit finit le combat. C'eft une
journée qui comble d'honneur l'armée de l'Impératrice,
& qui n'en fait pas moins à S. A. R. & au
Feld- Maréchal Comte de Daun.
L'armée Impériale a eu quatre mille hommes
tués ou bleffés , dans le nombre defquels ſont fix
Généraux , dont un de tué.
Les ennemis ont perdu beaucoup plus du double
, & ont eu plus de trois mille prifonniers ou
déferteurs. Prefque tous leurs Généraux ont été
tués , bleffés , ou faits prifonniers. Le Prince de
Beverne , qui commandoit l'armée , eft du nombre
de ces derniers. Le Prince Ferdinand , frere
du Roi de Pruffe , a reçu une légere bleffure. Le
Prince de Brunſwick & celui de Wirtemberg font
auffi bleffés. Nous avons pris trente - neuf pieces
de canon , trois mortiers , & huit drapeaux , & la
ville de Breſlau s'eft rendue au vainqueur. En un
mot , l'action du 22 eft moins une bataille qu'une
défaite ; mais ce qui doit plaire le plus à Sa Majefté
Impériale , eft l'ardeur que fon armée entiere
a montré pour combattre fes ennemis. S, A. R.
& le Feld-Maréchal Comte de Daun , ne doivent
I.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
pas être moins flattés de la confiance des troupes ,
qui fe nourrit dans le foldat par la bonne opinion
qu'il a de fes chefs.
Les Princes de Saxe fe font diftingués par leur
valeur , comme ils le font dans toutes les occafions,
Lorfque la ville de Breflau s'eft rendue , & que
la garnifon de neuf Bataillons eft fortie avec les
honneurs de la guerre , il n'y a eu que trois cens
hommes en tout qui ayent accompagné les drapeaux
: tout le refte , Officiers & Soldats , a déferté
ouvertement ou fécretement. Il en eft venu
mille quatre-vingts dans une feule journée au quartier
de S. A. R. fans compter ceux qui auront été
à celui du Comte de Nadafty , ou ceux encore que
ramènera le Général Beck , qui eft à la pourfuite
du refte de l'armée Pruffienne. Cette armée étoit
plus forte que nous ne l'avions cru. On nous a
affuré que les ennemis montoient à plus de quarante
mille hommes : ils en ont perdu fûrement
vingt mille , y compris les déferteurs. Le nombre
des bleffés eft auffi plus grand que nous ne penfions.
Les Vaiffeaux du Roi le Célebre & le Bizarre ,
fe font rendus maîtres du Corfaire Anglois ci-devant
la Grande - Biche , de Saint -Malo , armé de
28 canons , de 14 pierriers , & de 109 hommes
d'équipage , ainsi que d'un autre bâtiment armé
de 6 canons , 10 pierriers , & de 39 hommes d'é- `
quipage.
-neaux ,
Le Navire Anglois le Matthy , de 350 tonvenant
de Saint- Chriftophe, avec une cargaifon
compofée de différentes marchandiſes , a
été pris par la Frégate du Roi la Calypfo , & eft arrivé
à Breft .
On a été informé par des lettres écrites de Bergue
en Norwege de l'arrivée en çe Port des NaviJANVIER.
1758.
195 .
res Anglois le Rolland & Jeanne , de Neufchâtel,
PHelene , la Marie - Betty , la Dorothée , de Witthaven
, la Marianne de Dublin , & le Hamkinfon
de Lancaftre. Ces fix Bâtimens qui revenoient,
les uns de Riga , les autres de Petersbourg , chacun
avec un chargement de chanvre , de lin , de
fer , de toiles à voiles , & d'autres marchandiſes
ont été pris par le capitaine Charles- François Robert
, commandant le Corfaire la Comteffe de la
Serre , de Dunkerque .
>
L'Actif, autre Corfaire de ce Port , s'eft emparé
d'un navire Anglois d'environ 100 tonneaux,
armé de 12 canons & de 80 hommes d'équipage,
dont la cargaifon eft compofée de différentes marchandifes
du cru de la Jamaïque , d'où il revenoit.
Ce Bâtiment a été conduit à Breft.
Le Capitaine Monnier, commandant le Corfaire
la Revanche , de Dunkerque , a pris & conduit
en ce port les navires Anglois l'Ardent , la Providence
& le Norwich , chargés de charbon de
terre..Il a rançonné pour 620 guinées deux autres
bâtimens Anglois , dont il s'eft rendu maître.
L'Hyrondelle , Corfaire du même port , a relâ–
ché, moyennant une rançon de 100 livres fterlings
, un bateau Anglois qu'il avoit pris .
Les navires Anglois le Nancy, de Bofton , chargé
de 600 barrils de goudron , & la Marie , dont
la cargaifon eft compofée de bois de conftruction
, ont été pris par le Corfaire le Voltigeur ,
de Boulogne, & font arrivés, l'un à Calais , & l'autre
au Havre.
On mande de Cherbourg que le Corfaire le
Conquérant de ce port , a pris & y a conduit un bâtiment
Anglois de 80 tonneaux , ayant pour chargement
du fel , de l'avoine , quelques ballots , &
autres marchandiſes.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
Les Corfaires les Deux-Freres & le Faucon , de
Marſeille , fe font emparés des navires Anglois le
Ligny , le Lottéa & le Nelly , de Cork , qui ont
été conduits à Cadix. Ils font chargés , le premier
de diverfes marchandiſes , le fecond de morue
, & le troifieme de beurre , de viandes falées
& de chandelle.
Trois autres navires Anglois , fçavoir le Nancy,
dont le chargement confifte en falaifons , en
cuirs & en chandelle , le Charmeng-Betty , chargé
de charbon de terre , & le Royal - Georges , chargé
de fardines , ont auffi été conduits à Cadix , &
ont été pris par les Corfaires François la Bagatelle
, la Jacqueline , le Saint- Antoine, & les Ames,
de Mahon.
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Résumé : « Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...] »
Le 11 décembre, les Princes et Princesses du Sang ont rendu hommage au Dauphin et à la Dauphine à l'occasion du décès de la Reine de Pologne, Electrice de Saxe. Les membres de la Cour ont également exprimé leurs respects en habits de grand deuil. Le Roi a exercé ses prérogatives en tenant le Sceau pour la dix-huitième et dix-neuvième fois. Il a attribué le régiment de Cavalerie vacant après la mort du Duc de Beauvillier au Chevalier de Saint-Aignan et une place de Colonel dans le régiment des Grenadiers de France au Marquis d'Estampes. Le Prince Charles a envoyé le sieur de Boisfgelin au Roi pour annoncer la prise de Schweidnitz, qui a capitulé le 12 novembre. Lors de ce siège, les Prussiens ont perdu environ 1800 hommes, et la garnison, composée de 4700 hommes, est devenue prisonnière de guerre. Les Autrichiens ont trouvé dans la place 164 pièces de canon, 14 mortiers, des munitions, des vivres, du fourrage et un million d'écus. L'armée prussienne, installée à Breslau depuis sept semaines, occupait un camp fortifié. L'armée impériale, sous le commandement de Son Altesse Royale, a attaqué ce camp le 22 décembre en exploitant ses faiblesses. L'attaque a été menée sur quatre points essentiels, avec une division supplémentaire menaçant la retraite ennemie. Malgré une résistance acharnée, les Prussiens ont subi de lourdes pertes, avec plus de 3000 prisonniers ou déserteurs. L'armée impériale a capturé 39 pièces de canon, 3 mortiers et 8 drapeaux, et la ville de Breslau s'est rendue. Par ailleurs, les navires français ont capturé plusieurs bâtiments anglais, notamment le corsaire la Grande-Biche et le navire le Matthy, ainsi que d'autres navires chargés de diverses marchandises. Plusieurs corsaires français ont également pris des navires anglais dans différentes régions, comme Brest, Calais, Le Havre et Cadix.
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1399
p. 196-197
BÉNÉFICES DONNÉS.
Début :
Sa Majesté a donné l'Abbaye de Hautvilliers, Ordre de Saint Benoît, [...]
Mots clefs :
Abbayes, Ordres, Diocèses, Abbé, Prêtre, Bénéfices donnés
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texteReconnaissance textuelle : BÉNÉFICES DONNÉS.
BÉNÉFICES DONNÉS.
Sa Majefté a donné l'Abbaye de Hautvilliers ,
Ordre de Saint Benoît , Dioceſe de Rheims ,
M. l'Abbé de Bouillé , Doyen des Comtes de
Lyon , premier Aumônier de Sa Majefté ; l'Abbaye
de Bonlieu , Ordre de Câteaux , Dioceſe de
Bordeaux , à M. Guerin , Prêtre du Dioceſe d'Avranches
; celle de Béniffons-Dieu , même Ordre ,
Dioceſe de Lyon , à la Dame de Jarenre - Senas ,
Religieufe Bénédictine de S. Laurent d'Avignon ;
1'Abbaye de Boquien , Ordre de Câteaux , Diocefe
de Saint Brieux , à M. l'Abbé le Mintier , Prêtre
du même Diocefe ; le Prieuré de S. Denis d'Amboife
, Congrégation de Saint Maur , Dioceſe de
Tours , à M. Fermay , Prêtre du même Dioceſe';
le Prieuré de la Haye aux Bons- Hommes , Diocefe
d'Angers , vacant par la mort de M. l'Abbé
de Plancy, à M. l'Abbé Bare , Chapelain du Roi,
JANVIER. 1758. 197
Chanoine de Noyon , & nommé ci - devant à
PAbbaye de Maymac , dont il a remis le Brevet.
Sa Majefté a donné l'Abbaye de Hautvilliers ,
Ordre de Saint Benoît , Dioceſe de Rheims ,
M. l'Abbé de Bouillé , Doyen des Comtes de
Lyon , premier Aumônier de Sa Majefté ; l'Abbaye
de Bonlieu , Ordre de Câteaux , Dioceſe de
Bordeaux , à M. Guerin , Prêtre du Dioceſe d'Avranches
; celle de Béniffons-Dieu , même Ordre ,
Dioceſe de Lyon , à la Dame de Jarenre - Senas ,
Religieufe Bénédictine de S. Laurent d'Avignon ;
1'Abbaye de Boquien , Ordre de Câteaux , Diocefe
de Saint Brieux , à M. l'Abbé le Mintier , Prêtre
du même Diocefe ; le Prieuré de S. Denis d'Amboife
, Congrégation de Saint Maur , Dioceſe de
Tours , à M. Fermay , Prêtre du même Dioceſe';
le Prieuré de la Haye aux Bons- Hommes , Diocefe
d'Angers , vacant par la mort de M. l'Abbé
de Plancy, à M. l'Abbé Bare , Chapelain du Roi,
JANVIER. 1758. 197
Chanoine de Noyon , & nommé ci - devant à
PAbbaye de Maymac , dont il a remis le Brevet.
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Résumé : BÉNÉFICES DONNÉS.
En janvier 1758, Sa Majesté a attribué plusieurs abbayes et prieurés. L'Abbaye de Hautvilliers a été donnée à l'Abbé de Bouillé. L'Abbaye de Bonlieu a été attribuée à M. Guerin. L'Abbaye de Bénissons-Dieu a été octroyée à la Dame de Jarenre-Senas. L'Abbaye de Boquien a été confiée à l'Abbé le Mintier. Le Prieuré de Saint-Denis d'Amboise a été attribué à M. Fermay. Le Prieuré de la Haye aux Bons-Hommes a été donné à l'Abbé Bare.
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1400
p. 193-194
DU LEVANT.
Début :
Le Sultan, à son avénement au Trône, a fait distribuer aux Janissaires [...]
Mots clefs :
Constantinople, Sultan, Grand vizir, Fonctions, Nominations, Magistrats
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texteReconnaissance textuelle : DU LEVANT.
DU LEVAN T.
DE CONSTANTINOPLE , le 20 Novembre.
L'E Sultan , à fon avénement au Trône , a fait
diftribuer aux Janniflaires dix - ſept cens bourses ,
ce qui fait une femme plus confidérable qu'aucun
Empereur , avant lui , n'en a diſtribuée à ce
Corps , pour s'attacher ſon affection . Racheb- Pacha
, Grand Vizir , a été confirmé par un Diplome
, dans cette importante place. Ce Miniſtre
paroît pofféder toute la confiance du Grand Seigneur.
Il a obtenu pour fon gendre l'emploi d'Im-
Brohos-Bafchi , où Grand Ecuyer . On lui attribue
la dépofition du Capitan Pacha , & le rétabliffement
de Soliman-Pacha dans ce pofte , qu'il
avoit déja occupé. Le Selictar - Aga , ou Porte-
Cimeterre , le Chiaoux - Baſchi , ou Grand- Chambellan
, & quelques autres Officiers , ont auffi
perdu leurs emplois & font exilés .
a Sa Hauteffe à nommé le gendre du Kiahia ou
Secrétaire d'Etat , pour aller notifier fon avénement
à la Cour de Vienne , & confirmer la bonne
intelligence qui fubfifte depuis longtemps entre
cette Cour & la Porte. Ofman Effendi , ci devant
Chiaufſar -Chatibi , ou Secrétaire des Janniffaires
, & Salem-Agafi , font auffi nommés pour
11.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
exécuter la même commiflion à Petersbourg & à
Varfowie.
DE CONSTANTINOPLE , le 20 Novembre.
L'E Sultan , à fon avénement au Trône , a fait
diftribuer aux Janniflaires dix - ſept cens bourses ,
ce qui fait une femme plus confidérable qu'aucun
Empereur , avant lui , n'en a diſtribuée à ce
Corps , pour s'attacher ſon affection . Racheb- Pacha
, Grand Vizir , a été confirmé par un Diplome
, dans cette importante place. Ce Miniſtre
paroît pofféder toute la confiance du Grand Seigneur.
Il a obtenu pour fon gendre l'emploi d'Im-
Brohos-Bafchi , où Grand Ecuyer . On lui attribue
la dépofition du Capitan Pacha , & le rétabliffement
de Soliman-Pacha dans ce pofte , qu'il
avoit déja occupé. Le Selictar - Aga , ou Porte-
Cimeterre , le Chiaoux - Baſchi , ou Grand- Chambellan
, & quelques autres Officiers , ont auffi
perdu leurs emplois & font exilés .
a Sa Hauteffe à nommé le gendre du Kiahia ou
Secrétaire d'Etat , pour aller notifier fon avénement
à la Cour de Vienne , & confirmer la bonne
intelligence qui fubfifte depuis longtemps entre
cette Cour & la Porte. Ofman Effendi , ci devant
Chiaufſar -Chatibi , ou Secrétaire des Janniffaires
, & Salem-Agafi , font auffi nommés pour
11.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
exécuter la même commiflion à Petersbourg & à
Varfowie.
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Résumé : DU LEVANT.
Le 20 novembre, depuis Constantinople, il est rapporté que le nouvel Sultan a distribué dix-sept cents bourses aux Janissaires pour assurer leur loyauté. Rachèb-Pacha a été confirmé comme Grand Vizir et a obtenu pour son gendre le poste d'Imbrohos-Bafchi. Il est également à l'origine de la destitution du Capitan Pacha et du rétablissement de Soliman-Pacha dans ce poste. Plusieurs officiers, dont le Selictar-Aga et le Chiaoux-Baschi, ont été révoqués et exilés. Le Sultan a nommé le gendre du Kiahia pour annoncer son avènement à la Cour de Vienne et confirmer les bonnes relations entre les deux cours. Osman Effendi et Salem-Agafi ont été désignés pour accomplir la même mission à Petersbourg et Varsovie.
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