Résultats : 1 texte(s)
Accéder à la liste des mots clefs.
Détail
Liste
1
p. 189-196
« Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...] »
Début :
Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...]
Mots clefs :
Princes, Princesses, Sa Majesté, Armée prussienne, Armée de l'Impératrice, Combats, Camps militaires, Fortifications, Attaques, Troupes, Maréchaux, Ennemis, Comtes, Artillerie, Canons, Vaisseaux, Marchandises, Corsaires , Navires anglais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...] »
Le 11 Décembre , les Princes & les Princeffes
du Sang rendirent , en cérémonie , à l'occafion
190 MERCURE DE FRANCE.
de la mort de la Reine de Pologne , Electrice de
Saxe , leurs refpects à Monfeigneur le Dauphin
& à Madame la Dauphine. Les Seigneurs & Dames
de la Cour , en habits de grand deuil , s'acquitterent
du même devoir.
Le Roi a tenu le Sceau pour la dix-huitieme &
dix-neuvieme fois.
Sa Majefté a difpofé du régiment de Cavalerie ,
vacant par la mort de M. le Duc de Beauvillier
en faveur de M. le Chevalier de Saint -Aignan fon
frere , Colonel dans le régiment des Grenadiers de
France ; & d'une place de Colonel dans le regiment
des mêmes Grenadiers , en faveur de M. le
Marquis d'Eftampes , Lieutenant en ſecond dans
le régiment du Roi , Infanterie.
On a été informé que le Prince Charles a dépêché
au Roi le sieur de Boifgeflin , pour faire part à
Sa Majefté de la prife de Schweidnitz qui a capitulé
le 12 Novembre.
Les Pruffiens ont perdu , pendant le cours de ce
fiege , environ dix-huit cens hommes. La garnifon
qui étoit encore forte de quatre mille fept
cens hommes , eft prifonniere de guerre , & fera
conduite où l'Impératrice Reine jugera à propos
de l'envoyer.
Les Autrichiens ont trouvé dans la place cent
foixante quatre pieces de canon , quatorze mortiers
, beaucoup de munitions , des vivres , du fourage
en abondance , & un million d'écus d'Allemagne
, dans la caiffe militaire .
On a reçu avis que l'armée Pruffienne arrivée
fous Breflau depuis fept femaines entieres , y occupoit
un camp très -fort par lui même qu'elle
avoit encore fortifié de toutes parts & avec le plus
grand foin ; il n'avoit que le défaut d'être trop
étendu, pour le nombre de troupes qui devoient le
JANVIER. 1758. 191
défendre ; fans cela il cût été impoffible d'y pénétrer
.
S. A. R. ayant reconnu ce défaut , & voulant à
quelque prix que ce fût attaquer l'ennemi , fit une
difpofition qui fait l'éloge de fes talens militaires .
Elle jugea que la façon la plus fûre de pénétrer
dans cette Fortereffe , étoit d'attaquer vivement
l'ennemi par le centre & par les extrêmités . Elle
ajouta même à cette difpofition d'autres attaques
intermédiaires , afin de faire une plus grande diverfion
, & de mettre plus fûrement la confufion
dans les manoeuvres de l'ennemi.
Le camp retranché avoit fa droite appuyée visà-
vis le village de Pilnitz , dont les ennemis
avoient fait une citadelle ; il falloit même paffer
la riviere de l'Oh , avant que d'arriver à fes retranchemens.
Son flanc étoit couvert par des bois
immenfes & par la riviere de l'Oder. Sa gauche
étoit appuyée à une hauteur qui eft à cinq cens
pas ou environ des Fauxbours de Breſlau . Elle étoit
fortifiée d'une excellente redoute garnie de fon
plus gros canon. Il avoit dans l'étendue du fronr
de fon camp , les villages de Smidfeld , d'Effichen
, & de Klein - morberg , également bien
fortifiés. La riviere de l'Oh bordoit le front de fa
pofition dans prefque toute fon étendue. Heureufement
pour Parmée Impériale , il s'en étoit un
peu trop éloigné vers le centre , & c'eſt- là où
S. A. R. fit le plan de porter les coups qu'elle devoit
frapper de la main .
La difpofition de l'attaque fe borna donc à quatre
point effentiels ; l'un entre les fauxbourgs de
Breau & le village de Klein- burg , l'autre vis-à
vis de Klein- morberg ; le troifieme entre Smidfeld
& Effichen , & le quatrieme à Pilnitz , fans
compter une divifion qui fut faite de l'autre côté
192 MERCURE DE FRANCE :
de la riviere de l'Oder par un corps de cinq à fix
mille hommes qui menaçoit la retraite de l'ennemi
, en cas qu'il fût forcé par fa droite , & qu'on
pût couper la communication avec Breĺau,
Les ordres ayant été donnés le 21 pour attaquer
l'ennemi le lendemain , l'armée de l'impératrice
qui étoit campée en ligne fe divifa à la pointe du
jour ; chaque troupe le rendit à la deftination
& dès que tout fut prêt , on commença à dix heures
une canonnade terrible , qui dura juſqu'à midi;
alors le fignal fut donné pour que chacun fît fes
pents fur la riviere , & pour attaquer en même
temps. Les ponts du centre furent les premiers
conftruits , c'étoit l'attaque où étoit placés S. A. R.
& le Feld- Maréchal Comte de Daun ; il y en eut
fept jettés en moins d'une demi - heure , malgré le
feu de l'ennemi ; à peine furent - ils finis , que
treate compagnies de Grenadiers pafferent , foutenues
de deux mille chevaux d'élite , des bataillons
de l'aîle droite de l'armée , & de plufieurs
efcadrons.
Ces troupes fe formerent , malgré le feu le plus
vif, avec une viteffe fi finguliere , que l'ennemi ne
put porter des troupes pour nous charger, que dans
l'inftant où nous commencions, à être formés.
S- A. R. s'étant apperçue du deffein qu'il avoit de
nous charger en flanc , fit avancer fort vîte quatre
pieces de canon chargées à cartouche , foutenues
de quatre bataillons qui prirent en flanc l'ennemi
lui-même , & l'obligerent de s'arrêter . Les retranchemens
qui étoient alors devant nous , & qui enveloppoient
le village de Klein- morberg étoient
redoutables. Nous avions d'ailleurs fur notre flanc
droit le corps de troupes dont on vient de parler ,
fans compter celui qui faifoit face à notre attaque de
la droite. Nous reftâmes ainfi pendant plus d'une
heure
JANVIER 1758. 195'
heure entiere à effuyer & à rendre le feu le plus
vif.Les ennemis chercherent plus d'une fois à nous
attaquer de front & de flanc ; mais les troupes &
P'artillerie firent de tels prodiges , que les Pruffiens
, malgré leurs efforts , ne nous firent pas
perdre un pouce de terrein . Nous enlevâmes au
contraire les retranchemens de Klein-morberg ,
& pendant que nous combattions ainfi , celles de
nos troupes qui attaquoient Pilnitz & Neikirck
faifoient de leur côté des merveilles ; mais ayant
trouvé plus de difficultés que nous dans le paffage
de la riviere , elles ne purent dépofter l'ennemi
auffi promptement que nous l'avions fait .
La nuit qui farvint fit finit le combat. C'eft une
journée qui comble d'honneur l'armée de l'Impératrice,
& qui n'en fait pas moins à S. A. R. & au
Feld- Maréchal Comte de Daun.
L'armée Impériale a eu quatre mille hommes
tués ou bleffés , dans le nombre defquels ſont fix
Généraux , dont un de tué.
Les ennemis ont perdu beaucoup plus du double
, & ont eu plus de trois mille prifonniers ou
déferteurs. Prefque tous leurs Généraux ont été
tués , bleffés , ou faits prifonniers. Le Prince de
Beverne , qui commandoit l'armée , eft du nombre
de ces derniers. Le Prince Ferdinand , frere
du Roi de Pruffe , a reçu une légere bleffure. Le
Prince de Brunſwick & celui de Wirtemberg font
auffi bleffés. Nous avons pris trente - neuf pieces
de canon , trois mortiers , & huit drapeaux , & la
ville de Breſlau s'eft rendue au vainqueur. En un
mot , l'action du 22 eft moins une bataille qu'une
défaite ; mais ce qui doit plaire le plus à Sa Majefté
Impériale , eft l'ardeur que fon armée entiere
a montré pour combattre fes ennemis. S, A. R.
& le Feld-Maréchal Comte de Daun , ne doivent
I.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
pas être moins flattés de la confiance des troupes ,
qui fe nourrit dans le foldat par la bonne opinion
qu'il a de fes chefs.
Les Princes de Saxe fe font diftingués par leur
valeur , comme ils le font dans toutes les occafions,
Lorfque la ville de Breflau s'eft rendue , & que
la garnifon de neuf Bataillons eft fortie avec les
honneurs de la guerre , il n'y a eu que trois cens
hommes en tout qui ayent accompagné les drapeaux
: tout le refte , Officiers & Soldats , a déferté
ouvertement ou fécretement. Il en eft venu
mille quatre-vingts dans une feule journée au quartier
de S. A. R. fans compter ceux qui auront été
à celui du Comte de Nadafty , ou ceux encore que
ramènera le Général Beck , qui eft à la pourfuite
du refte de l'armée Pruffienne. Cette armée étoit
plus forte que nous ne l'avions cru. On nous a
affuré que les ennemis montoient à plus de quarante
mille hommes : ils en ont perdu fûrement
vingt mille , y compris les déferteurs. Le nombre
des bleffés eft auffi plus grand que nous ne penfions.
Les Vaiffeaux du Roi le Célebre & le Bizarre ,
fe font rendus maîtres du Corfaire Anglois ci-devant
la Grande - Biche , de Saint -Malo , armé de
28 canons , de 14 pierriers , & de 109 hommes
d'équipage , ainsi que d'un autre bâtiment armé
de 6 canons , 10 pierriers , & de 39 hommes d'é- `
quipage.
-neaux ,
Le Navire Anglois le Matthy , de 350 tonvenant
de Saint- Chriftophe, avec une cargaifon
compofée de différentes marchandiſes , a
été pris par la Frégate du Roi la Calypfo , & eft arrivé
à Breft .
On a été informé par des lettres écrites de Bergue
en Norwege de l'arrivée en çe Port des NaviJANVIER.
1758.
195 .
res Anglois le Rolland & Jeanne , de Neufchâtel,
PHelene , la Marie - Betty , la Dorothée , de Witthaven
, la Marianne de Dublin , & le Hamkinfon
de Lancaftre. Ces fix Bâtimens qui revenoient,
les uns de Riga , les autres de Petersbourg , chacun
avec un chargement de chanvre , de lin , de
fer , de toiles à voiles , & d'autres marchandiſes
ont été pris par le capitaine Charles- François Robert
, commandant le Corfaire la Comteffe de la
Serre , de Dunkerque .
>
L'Actif, autre Corfaire de ce Port , s'eft emparé
d'un navire Anglois d'environ 100 tonneaux,
armé de 12 canons & de 80 hommes d'équipage,
dont la cargaifon eft compofée de différentes marchandifes
du cru de la Jamaïque , d'où il revenoit.
Ce Bâtiment a été conduit à Breft.
Le Capitaine Monnier, commandant le Corfaire
la Revanche , de Dunkerque , a pris & conduit
en ce port les navires Anglois l'Ardent , la Providence
& le Norwich , chargés de charbon de
terre..Il a rançonné pour 620 guinées deux autres
bâtimens Anglois , dont il s'eft rendu maître.
L'Hyrondelle , Corfaire du même port , a relâ–
ché, moyennant une rançon de 100 livres fterlings
, un bateau Anglois qu'il avoit pris .
Les navires Anglois le Nancy, de Bofton , chargé
de 600 barrils de goudron , & la Marie , dont
la cargaifon eft compofée de bois de conftruction
, ont été pris par le Corfaire le Voltigeur ,
de Boulogne, & font arrivés, l'un à Calais , & l'autre
au Havre.
On mande de Cherbourg que le Corfaire le
Conquérant de ce port , a pris & y a conduit un bâtiment
Anglois de 80 tonneaux , ayant pour chargement
du fel , de l'avoine , quelques ballots , &
autres marchandiſes.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
Les Corfaires les Deux-Freres & le Faucon , de
Marſeille , fe font emparés des navires Anglois le
Ligny , le Lottéa & le Nelly , de Cork , qui ont
été conduits à Cadix. Ils font chargés , le premier
de diverfes marchandiſes , le fecond de morue
, & le troifieme de beurre , de viandes falées
& de chandelle.
Trois autres navires Anglois , fçavoir le Nancy,
dont le chargement confifte en falaifons , en
cuirs & en chandelle , le Charmeng-Betty , chargé
de charbon de terre , & le Royal - Georges , chargé
de fardines , ont auffi été conduits à Cadix , &
ont été pris par les Corfaires François la Bagatelle
, la Jacqueline , le Saint- Antoine, & les Ames,
de Mahon.
du Sang rendirent , en cérémonie , à l'occafion
190 MERCURE DE FRANCE.
de la mort de la Reine de Pologne , Electrice de
Saxe , leurs refpects à Monfeigneur le Dauphin
& à Madame la Dauphine. Les Seigneurs & Dames
de la Cour , en habits de grand deuil , s'acquitterent
du même devoir.
Le Roi a tenu le Sceau pour la dix-huitieme &
dix-neuvieme fois.
Sa Majefté a difpofé du régiment de Cavalerie ,
vacant par la mort de M. le Duc de Beauvillier
en faveur de M. le Chevalier de Saint -Aignan fon
frere , Colonel dans le régiment des Grenadiers de
France ; & d'une place de Colonel dans le regiment
des mêmes Grenadiers , en faveur de M. le
Marquis d'Eftampes , Lieutenant en ſecond dans
le régiment du Roi , Infanterie.
On a été informé que le Prince Charles a dépêché
au Roi le sieur de Boifgeflin , pour faire part à
Sa Majefté de la prife de Schweidnitz qui a capitulé
le 12 Novembre.
Les Pruffiens ont perdu , pendant le cours de ce
fiege , environ dix-huit cens hommes. La garnifon
qui étoit encore forte de quatre mille fept
cens hommes , eft prifonniere de guerre , & fera
conduite où l'Impératrice Reine jugera à propos
de l'envoyer.
Les Autrichiens ont trouvé dans la place cent
foixante quatre pieces de canon , quatorze mortiers
, beaucoup de munitions , des vivres , du fourage
en abondance , & un million d'écus d'Allemagne
, dans la caiffe militaire .
On a reçu avis que l'armée Pruffienne arrivée
fous Breflau depuis fept femaines entieres , y occupoit
un camp très -fort par lui même qu'elle
avoit encore fortifié de toutes parts & avec le plus
grand foin ; il n'avoit que le défaut d'être trop
étendu, pour le nombre de troupes qui devoient le
JANVIER. 1758. 191
défendre ; fans cela il cût été impoffible d'y pénétrer
.
S. A. R. ayant reconnu ce défaut , & voulant à
quelque prix que ce fût attaquer l'ennemi , fit une
difpofition qui fait l'éloge de fes talens militaires .
Elle jugea que la façon la plus fûre de pénétrer
dans cette Fortereffe , étoit d'attaquer vivement
l'ennemi par le centre & par les extrêmités . Elle
ajouta même à cette difpofition d'autres attaques
intermédiaires , afin de faire une plus grande diverfion
, & de mettre plus fûrement la confufion
dans les manoeuvres de l'ennemi.
Le camp retranché avoit fa droite appuyée visà-
vis le village de Pilnitz , dont les ennemis
avoient fait une citadelle ; il falloit même paffer
la riviere de l'Oh , avant que d'arriver à fes retranchemens.
Son flanc étoit couvert par des bois
immenfes & par la riviere de l'Oder. Sa gauche
étoit appuyée à une hauteur qui eft à cinq cens
pas ou environ des Fauxbours de Breſlau . Elle étoit
fortifiée d'une excellente redoute garnie de fon
plus gros canon. Il avoit dans l'étendue du fronr
de fon camp , les villages de Smidfeld , d'Effichen
, & de Klein - morberg , également bien
fortifiés. La riviere de l'Oh bordoit le front de fa
pofition dans prefque toute fon étendue. Heureufement
pour Parmée Impériale , il s'en étoit un
peu trop éloigné vers le centre , & c'eſt- là où
S. A. R. fit le plan de porter les coups qu'elle devoit
frapper de la main .
La difpofition de l'attaque fe borna donc à quatre
point effentiels ; l'un entre les fauxbourgs de
Breau & le village de Klein- burg , l'autre vis-à
vis de Klein- morberg ; le troifieme entre Smidfeld
& Effichen , & le quatrieme à Pilnitz , fans
compter une divifion qui fut faite de l'autre côté
192 MERCURE DE FRANCE :
de la riviere de l'Oder par un corps de cinq à fix
mille hommes qui menaçoit la retraite de l'ennemi
, en cas qu'il fût forcé par fa droite , & qu'on
pût couper la communication avec Breĺau,
Les ordres ayant été donnés le 21 pour attaquer
l'ennemi le lendemain , l'armée de l'impératrice
qui étoit campée en ligne fe divifa à la pointe du
jour ; chaque troupe le rendit à la deftination
& dès que tout fut prêt , on commença à dix heures
une canonnade terrible , qui dura juſqu'à midi;
alors le fignal fut donné pour que chacun fît fes
pents fur la riviere , & pour attaquer en même
temps. Les ponts du centre furent les premiers
conftruits , c'étoit l'attaque où étoit placés S. A. R.
& le Feld- Maréchal Comte de Daun ; il y en eut
fept jettés en moins d'une demi - heure , malgré le
feu de l'ennemi ; à peine furent - ils finis , que
treate compagnies de Grenadiers pafferent , foutenues
de deux mille chevaux d'élite , des bataillons
de l'aîle droite de l'armée , & de plufieurs
efcadrons.
Ces troupes fe formerent , malgré le feu le plus
vif, avec une viteffe fi finguliere , que l'ennemi ne
put porter des troupes pour nous charger, que dans
l'inftant où nous commencions, à être formés.
S- A. R. s'étant apperçue du deffein qu'il avoit de
nous charger en flanc , fit avancer fort vîte quatre
pieces de canon chargées à cartouche , foutenues
de quatre bataillons qui prirent en flanc l'ennemi
lui-même , & l'obligerent de s'arrêter . Les retranchemens
qui étoient alors devant nous , & qui enveloppoient
le village de Klein- morberg étoient
redoutables. Nous avions d'ailleurs fur notre flanc
droit le corps de troupes dont on vient de parler ,
fans compter celui qui faifoit face à notre attaque de
la droite. Nous reftâmes ainfi pendant plus d'une
heure
JANVIER 1758. 195'
heure entiere à effuyer & à rendre le feu le plus
vif.Les ennemis chercherent plus d'une fois à nous
attaquer de front & de flanc ; mais les troupes &
P'artillerie firent de tels prodiges , que les Pruffiens
, malgré leurs efforts , ne nous firent pas
perdre un pouce de terrein . Nous enlevâmes au
contraire les retranchemens de Klein-morberg ,
& pendant que nous combattions ainfi , celles de
nos troupes qui attaquoient Pilnitz & Neikirck
faifoient de leur côté des merveilles ; mais ayant
trouvé plus de difficultés que nous dans le paffage
de la riviere , elles ne purent dépofter l'ennemi
auffi promptement que nous l'avions fait .
La nuit qui farvint fit finit le combat. C'eft une
journée qui comble d'honneur l'armée de l'Impératrice,
& qui n'en fait pas moins à S. A. R. & au
Feld- Maréchal Comte de Daun.
L'armée Impériale a eu quatre mille hommes
tués ou bleffés , dans le nombre defquels ſont fix
Généraux , dont un de tué.
Les ennemis ont perdu beaucoup plus du double
, & ont eu plus de trois mille prifonniers ou
déferteurs. Prefque tous leurs Généraux ont été
tués , bleffés , ou faits prifonniers. Le Prince de
Beverne , qui commandoit l'armée , eft du nombre
de ces derniers. Le Prince Ferdinand , frere
du Roi de Pruffe , a reçu une légere bleffure. Le
Prince de Brunſwick & celui de Wirtemberg font
auffi bleffés. Nous avons pris trente - neuf pieces
de canon , trois mortiers , & huit drapeaux , & la
ville de Breſlau s'eft rendue au vainqueur. En un
mot , l'action du 22 eft moins une bataille qu'une
défaite ; mais ce qui doit plaire le plus à Sa Majefté
Impériale , eft l'ardeur que fon armée entiere
a montré pour combattre fes ennemis. S, A. R.
& le Feld-Maréchal Comte de Daun , ne doivent
I.Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
pas être moins flattés de la confiance des troupes ,
qui fe nourrit dans le foldat par la bonne opinion
qu'il a de fes chefs.
Les Princes de Saxe fe font diftingués par leur
valeur , comme ils le font dans toutes les occafions,
Lorfque la ville de Breflau s'eft rendue , & que
la garnifon de neuf Bataillons eft fortie avec les
honneurs de la guerre , il n'y a eu que trois cens
hommes en tout qui ayent accompagné les drapeaux
: tout le refte , Officiers & Soldats , a déferté
ouvertement ou fécretement. Il en eft venu
mille quatre-vingts dans une feule journée au quartier
de S. A. R. fans compter ceux qui auront été
à celui du Comte de Nadafty , ou ceux encore que
ramènera le Général Beck , qui eft à la pourfuite
du refte de l'armée Pruffienne. Cette armée étoit
plus forte que nous ne l'avions cru. On nous a
affuré que les ennemis montoient à plus de quarante
mille hommes : ils en ont perdu fûrement
vingt mille , y compris les déferteurs. Le nombre
des bleffés eft auffi plus grand que nous ne penfions.
Les Vaiffeaux du Roi le Célebre & le Bizarre ,
fe font rendus maîtres du Corfaire Anglois ci-devant
la Grande - Biche , de Saint -Malo , armé de
28 canons , de 14 pierriers , & de 109 hommes
d'équipage , ainsi que d'un autre bâtiment armé
de 6 canons , 10 pierriers , & de 39 hommes d'é- `
quipage.
-neaux ,
Le Navire Anglois le Matthy , de 350 tonvenant
de Saint- Chriftophe, avec une cargaifon
compofée de différentes marchandiſes , a
été pris par la Frégate du Roi la Calypfo , & eft arrivé
à Breft .
On a été informé par des lettres écrites de Bergue
en Norwege de l'arrivée en çe Port des NaviJANVIER.
1758.
195 .
res Anglois le Rolland & Jeanne , de Neufchâtel,
PHelene , la Marie - Betty , la Dorothée , de Witthaven
, la Marianne de Dublin , & le Hamkinfon
de Lancaftre. Ces fix Bâtimens qui revenoient,
les uns de Riga , les autres de Petersbourg , chacun
avec un chargement de chanvre , de lin , de
fer , de toiles à voiles , & d'autres marchandiſes
ont été pris par le capitaine Charles- François Robert
, commandant le Corfaire la Comteffe de la
Serre , de Dunkerque .
>
L'Actif, autre Corfaire de ce Port , s'eft emparé
d'un navire Anglois d'environ 100 tonneaux,
armé de 12 canons & de 80 hommes d'équipage,
dont la cargaifon eft compofée de différentes marchandifes
du cru de la Jamaïque , d'où il revenoit.
Ce Bâtiment a été conduit à Breft.
Le Capitaine Monnier, commandant le Corfaire
la Revanche , de Dunkerque , a pris & conduit
en ce port les navires Anglois l'Ardent , la Providence
& le Norwich , chargés de charbon de
terre..Il a rançonné pour 620 guinées deux autres
bâtimens Anglois , dont il s'eft rendu maître.
L'Hyrondelle , Corfaire du même port , a relâ–
ché, moyennant une rançon de 100 livres fterlings
, un bateau Anglois qu'il avoit pris .
Les navires Anglois le Nancy, de Bofton , chargé
de 600 barrils de goudron , & la Marie , dont
la cargaifon eft compofée de bois de conftruction
, ont été pris par le Corfaire le Voltigeur ,
de Boulogne, & font arrivés, l'un à Calais , & l'autre
au Havre.
On mande de Cherbourg que le Corfaire le
Conquérant de ce port , a pris & y a conduit un bâtiment
Anglois de 80 tonneaux , ayant pour chargement
du fel , de l'avoine , quelques ballots , &
autres marchandiſes.
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
Les Corfaires les Deux-Freres & le Faucon , de
Marſeille , fe font emparés des navires Anglois le
Ligny , le Lottéa & le Nelly , de Cork , qui ont
été conduits à Cadix. Ils font chargés , le premier
de diverfes marchandiſes , le fecond de morue
, & le troifieme de beurre , de viandes falées
& de chandelle.
Trois autres navires Anglois , fçavoir le Nancy,
dont le chargement confifte en falaifons , en
cuirs & en chandelle , le Charmeng-Betty , chargé
de charbon de terre , & le Royal - Georges , chargé
de fardines , ont auffi été conduits à Cadix , &
ont été pris par les Corfaires François la Bagatelle
, la Jacqueline , le Saint- Antoine, & les Ames,
de Mahon.
Fermer
Résumé : « Le 11 Décembre, les Princes & les Princesses du Sang rendirent, en cérémonie, [...] »
Le 11 décembre, les Princes et Princesses du Sang ont rendu hommage au Dauphin et à la Dauphine à l'occasion du décès de la Reine de Pologne, Electrice de Saxe. Les membres de la Cour ont également exprimé leurs respects en habits de grand deuil. Le Roi a exercé ses prérogatives en tenant le Sceau pour la dix-huitième et dix-neuvième fois. Il a attribué le régiment de Cavalerie vacant après la mort du Duc de Beauvillier au Chevalier de Saint-Aignan et une place de Colonel dans le régiment des Grenadiers de France au Marquis d'Estampes. Le Prince Charles a envoyé le sieur de Boisfgelin au Roi pour annoncer la prise de Schweidnitz, qui a capitulé le 12 novembre. Lors de ce siège, les Prussiens ont perdu environ 1800 hommes, et la garnison, composée de 4700 hommes, est devenue prisonnière de guerre. Les Autrichiens ont trouvé dans la place 164 pièces de canon, 14 mortiers, des munitions, des vivres, du fourrage et un million d'écus. L'armée prussienne, installée à Breslau depuis sept semaines, occupait un camp fortifié. L'armée impériale, sous le commandement de Son Altesse Royale, a attaqué ce camp le 22 décembre en exploitant ses faiblesses. L'attaque a été menée sur quatre points essentiels, avec une division supplémentaire menaçant la retraite ennemie. Malgré une résistance acharnée, les Prussiens ont subi de lourdes pertes, avec plus de 3000 prisonniers ou déserteurs. L'armée impériale a capturé 39 pièces de canon, 3 mortiers et 8 drapeaux, et la ville de Breslau s'est rendue. Par ailleurs, les navires français ont capturé plusieurs bâtiments anglais, notamment le corsaire la Grande-Biche et le navire le Matthy, ainsi que d'autres navires chargés de diverses marchandises. Plusieurs corsaires français ont également pris des navires anglais dans différentes régions, comme Brest, Calais, Le Havre et Cadix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer