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1
p. 59-62
Ce qui s'est passé à Monloüis le jour qu'ils y ont esté regalez par les Jesuites. [titre d'après la table]
Début :
Le lendemain ils allerent accompagnez des Mandarins, à la Maison [...]
Mots clefs :
Mont-Louis, Jésuites, Pères, Père de La Chaise, Roi, Plaisir, Évêque de Beauvais
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texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé à Monloüis le jour qu'ils y ont esté regalez par les Jesuites. [titre d'après la table]
Le lendemain ils allerent
accompagnez des Mandarins,
à la Maiſon des Peres Jeſuïtes,
dite Monloüis, ſituée ſur
une hauteur au de-là du Fau
60 III . P. du Voyage
bourg S.Antoine ; & aprés s'y
eſtre promenez pendant quelque
temps , on leur fervit un
dîner fi bien entendu & fi
magnifique, qu'ils dirent que
l'on ne pouvoit traiter avec
plus de magnificence & de
propreté. Le R. Pere de la
Chaife , Confefleur du Roy,
faifoit les honneurs de la
Maiſon. Il y eut concert de
Voix & d'Inftrumens pendant
le repas. Comme ils eftoient
dans un lieu fort élevé
au deſſus de Paris, ils prirent
beaucoup de plaifir à
regarder cette grande Ville,
des Amb. de Siam. 61
qui forme de ce coſté là un
des plus beaux aſpects qu'on
ſe puiffe imaginer ; & ayant
beaucoup de memoire, & l'imagination
tres-forte, ils remarquerent
la pluſpart des
lieux où ils avoient eſté . Mr
l'Eveſque de Beauvais, qui ſe
trouva ce jour là au ineſme
lieu , ſe fit un plaifir de leur
converſation. Ils remonterent
en carroſſe ſur les cinq
heures du ſoir , aprés avoir
fait au R. Pere de la Chaiſe,
&aux autres Peres qui l'accompagnoient,
beaucoup de
remercîmens de la reception
62 III. P. du Voyage
qu'ils leur avoient faite : &
ces Peres marquerent de leur
coſté, qu'il leur eſtoit impof
fible de faire affez de chofes
qui leur fuſſent agreables,
pour bien reconnoiftre les
bontez toutes fingulieres que
le Roy de Siam & fes Minif
tres ont pour les Miſſionnaires
de leur Compagnie.
accompagnez des Mandarins,
à la Maiſon des Peres Jeſuïtes,
dite Monloüis, ſituée ſur
une hauteur au de-là du Fau
60 III . P. du Voyage
bourg S.Antoine ; & aprés s'y
eſtre promenez pendant quelque
temps , on leur fervit un
dîner fi bien entendu & fi
magnifique, qu'ils dirent que
l'on ne pouvoit traiter avec
plus de magnificence & de
propreté. Le R. Pere de la
Chaife , Confefleur du Roy,
faifoit les honneurs de la
Maiſon. Il y eut concert de
Voix & d'Inftrumens pendant
le repas. Comme ils eftoient
dans un lieu fort élevé
au deſſus de Paris, ils prirent
beaucoup de plaifir à
regarder cette grande Ville,
des Amb. de Siam. 61
qui forme de ce coſté là un
des plus beaux aſpects qu'on
ſe puiffe imaginer ; & ayant
beaucoup de memoire, & l'imagination
tres-forte, ils remarquerent
la pluſpart des
lieux où ils avoient eſté . Mr
l'Eveſque de Beauvais, qui ſe
trouva ce jour là au ineſme
lieu , ſe fit un plaifir de leur
converſation. Ils remonterent
en carroſſe ſur les cinq
heures du ſoir , aprés avoir
fait au R. Pere de la Chaiſe,
&aux autres Peres qui l'accompagnoient,
beaucoup de
remercîmens de la reception
62 III. P. du Voyage
qu'ils leur avoient faite : &
ces Peres marquerent de leur
coſté, qu'il leur eſtoit impof
fible de faire affez de chofes
qui leur fuſſent agreables,
pour bien reconnoiftre les
bontez toutes fingulieres que
le Roy de Siam & fes Minif
tres ont pour les Miſſionnaires
de leur Compagnie.
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Résumé : Ce qui s'est passé à Monloüis le jour qu'ils y ont esté regalez par les Jesuites. [titre d'après la table]
Le lendemain, les ambassadeurs de Siam, accompagnés de mandarins, se rendirent à la Maison des Pères Jésuites, appelée Monloüis, située au-delà du bourg Saint-Antoine. Après une promenade, ils furent invités à un dîner somptueux, qu'ils jugèrent d'une magnificence et d'une propreté inégalables. Le Père de La Chaise, confesseur du roi, les accueillit et leur fit visiter les lieux. Un concert de voix et d'instruments anima le repas. Les ambassadeurs admirèrent Paris depuis la hauteur du lieu, appréciant sa beauté et ses aspects mémorables. L'évêque de Beauvais, présent ce jour-là, prit plaisir à converser avec eux. Vers cinq heures du soir, après avoir remercié le Père de La Chaise et les autres Pères pour leur accueil, les ambassadeurs remontèrent en carrosse. Les Pères Jésuites exprimèrent leur désir de faire plaisir aux ambassadeurs pour reconnaître les bonnes dispositions du roi de Siam et de ses ministres envers les missionnaires de leur Compagnie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 13-34
Entrée des Ambassadeurs dans la Ville de Doüay, les harangues qui leur ont esté faites, & ce qui s'est passé dans tous les lieux de la mesme Ville où ils ont esté, & particulierement aux Jesuites & à la Fonderie. [titre d'après la table]
Début :
Les Ambassadeurs estoient encore à deux lieuës de cette grande [...]
Mots clefs :
Douai, Roi, Ville, Ambassadeurs, Pièces, Repaire, Monsieur de Pommereuil, Alliance, Dames, Fonderie, Jésuites, Spectacle, Entrée, Canon, Renommée
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texteReconnaissance textuelle : Entrée des Ambassadeurs dans la Ville de Doüay, les harangues qui leur ont esté faites, & ce qui s'est passé dans tous les lieux de la mesme Ville où ils ont esté, & particulierement aux Jesuites & à la Fonderie. [titre d'après la table]
Les Ambaſſadeurs eſtoient
encore à deux lieuës de cette
grande Ville , lors qu'ils en
rencontrerent la Cavalerie ,
qui avoit fait tout ce chemin
pour leur faire plus d'honneur.
Ils entrerent par la porte
Nôtre- Dame qui eſt deſtinée
pour les Entrées folemnelles
que les Rois & les Princes
Souverains font en cette
Ville-là. Les Gardes à cheval
t
14 IV. P.du Voyage
de Made Pommereuil qui en
eſt Gouverneur , precedoient
leurs Carroffes , & les ruës étoient
de chaque côté bordées
de l'Infanterie de la Garnifon
, & d'un fort grand Peuple.
Les feneftres eſtoient auſſi
emplies des perſonnes les
plus diftinguées . Auſſi - tôt
qu'ils furent deſcendus à
l'Hôtel qui leur avoit eſté
preparé pour leur logement ,
Mª de Pommereuil alla leur
rendre viſite avee l'Estat Major.
Il leur preſenta les Magiftrats
, & tous les Corps , &
r
M Becquet premierConfeil,
desAmb. de Siam. 15
ler , Penſionnaire de la Ville,
leur parla en ces termes .
MESSEIGNEVRS,
Les ordres qui nous ont esté don
nez de la part du Roy, pour rendre
à vos Excellences les honneurs qui
font dûs aux Ambaſſadeurs d'un des
plus grands Monarques de l'Asie,
ont esté prévenus par nos defirs.
Nos volontez estoient déja diſposées
à nous acquitter de ces devoirs
, & nous pouvons dire avec
verité que jamais nous n'avons
executé aucun commandement avec
tant de zéle , que nous obéiſſons à
celuy qui nous a esté fait de venir
vous faire les offres de nos tréshumbles
services. Le bonheur que
16 IV. P. du Voyage
nous recevons aujourd'huy, ne s'efacera
jamais de nostre memoire ,
& l'agreable rencontre de voir en
nos jours les Ambaſſadeurs d'un fi
grand Roy honorer cette ville de
leur prefence, nous apporte une joye
incroyable , fur tout lors que nous
faiſons reflexion que le sujet qui
les amene en ce pays, estpour confirmer
l'alliance & l'amitié contraétée
entre deux fi puiſſans Princes,
Loüisle Grand & le Roy de Siam.
Ceseroit en vain que nous taſcherions
de faire icy leur éloge, puisque
nous sçavons que la Renommée a
publié dans toute la terre leurs heroiques
exploits. Mais comme elle
avoit des choses toutes merveilleu-
Ses à dire de nostre invincible Mo
narque, nous craignons qu'elle n'ait
oublié de faire connoistre que leRoy,
1
des Amb de Siam. 17
aprés avoir porté par toutses armes
victorieuses , en de-çà & au de-là
du Rhin , dans les Alpes & les Pyrenées
, & s'estre rendu maistre des
Villes & Fortereſſes que l'on croyoit
imprenables, aprés avoir vaincu les
Saiſons, porté par tout la terreur, &
foudroyé les plus belliqueuses Nations
de l'Univers, s'est enfin vaincusoy
-mesme, au milieu defes triomphes,
rendant àses ennemis des Places
qu'ils ne pouvoient esperer de
prendre par laforce de leurs armes,
pour donner la Paix à toute l'Europe.
C'est en cela principalement
qu'on le reconnoist digne du nom
de Grand , que d'un commun confentement
tout le monde luy a donné.
Vous avez vû , Meſſeigneurs,
ce grand Monarque, vous avez vi
fité une partie deses Conquestes
18 IV. P. du Voyage
la Renommée n'a- t- elle pas estéfidelle
enfes rapports ? Ne pouvezvous
pas dire ce que diſoit la Reine
de Saba , après avoir efté viſiter
le Roy Salomon , Verus eft fermo
quem audivi in terra mea ? Ne
jugez-vous pas que toutes les Puiffances
du monde doivent rechercherfon
alliance ? Nous ne doutons
point que le Roy voſtre Maistre ne
taſche de perpetuer dansses fucceffeurs
celle qui vient d'eftre contractée
avec ce grand Prince. Cefont,
Meſſeigneurs, les souhaits que font
vos trés-humbles & trés-obéiſſans
Serviteurs, qui vous prient d'agréer
les Vins de la Ville qui vous font
presentez
L'Ambaffadeur répondit que
des Amb. de Siam. 19
tout ce qu'ils avoient vû de la
grandeur de la puiſſance du
Roy , leur avoit fait connoître
la verité de ce qu'ils en avoient
oüy dire ; que ſi ſes Conquêtes
leur caufoient de l'étonnement ,
la magnificence de Versailles ,
leur avoit paru extraordinaire ;
qu'ils n'avoient rien vû de plus
beau , & qu'ils remercioient
Mrs de Ville de tous les honneurs
qu'ils leur faisoient ainfi
que de leurs prefens.
L'Univerſité les harangua
en Latin , & leur fit connoî--
tre ce que c'eſt que ce Corps,
celebre. L'Ambaſſadeur don-
Bij
20 IV. P. du Voyage
na ce foir-là pour mot , tant
qu'il triomphera je me réjoüiray.
Il ſemble que M de Pommereuil
ne parleroit pas autrement
luy-meſme , puiſqu'il
aime fort la Muſique & les
Violons, avec leſquels il ſemble
ſe rejoüir tous les jours
de la grandeur de Sa Majefté.
Comme la Ville eſt fort grande
, ils eurent le ſoir tant de
Dames à les voir fouper, qu'il
n'y eut point de place pour
les Hommes . MF de Por
mereüil leur envoya des Violons,
avec beaucoup d'autres
Inſtrumens , & pluſieursMu
des Amb . de Siam. 21
ſiciens , parmy leſquels il y
en avoit qui ont eſté Pages
de la Muſique du Roy. L'entretien
des Dames & cette
Muſique leur ſervit de divertiſſement
pendant le Repas .
Le lendemain à ſept heures
du matin , ils trouverent les
trois Carroffes de Mr de
Pommereuil qui les
doient. Ils allerent avec luy
à la fonderie , où M² Keller
avoit preparé une fonte, elle
eſtoit de quatre pieces de 24.
& de deux de 16. livres. En
attendant que le metal fuft
tout à fait preſt à couler , on
atten22
IV. P. du Voyage
leur fit voir la maniere dont
fe font les moules , que M
Fleury Controlleur de l'Artil
lerie leur expliqua. L'Ambaffadeur
examina longtemps la
partie du moule qui ſert à faire
une groffe Maffelette, au bout
de la culafſſe de la piece , comme
on les fait àDoüay , & fe
fit expliquer tout ce qui la
expliquer
regarde. Enfuite M, Fleury
les mena au Moulin à ſcier
les pieces. C'eſt une machine
fort curieuſe , pour faire voir
la maniere dont l'on forme
les boutons des pieces dans
cesMaſſelettes , cequ'ils trou
des Amb. de Siam. 23
verent fort extraordinaire. Ils
dirent qu'ils avoient du Canon
chez eux , mais qu'il n'estoit ny
fi beau nyde mesme , & que la
matiere dont on le faisoit , étoit
neantmoins meilleure. Ils demanderent
enfuite comment
on faiſoit des figures ſur les
culaſſes comme des Lions , &
pour le leur faire entendre, on
les mena aux pieces où les
Repareurs travaillent , dont
ils furent fort fatisfaits. Ils
firent prendre les meſures ,&
les proportions de toutes les
pieces , & apres avoir veu les
Allefoirs , ils demanderent à
24 IV. P. du Voyage
د
voir un noyau , ſe faiſant
auſſi expliquer comment il ſe
portoit dans le moule , &puis
ils allerent voir couler les fix
pieces dont je viens de parler.
De la Fonderie on les
mena voir l'Arsenal , où il y
a quantité d'équipages d'Artillerie
dans les Magazins
couverts , qu'ils examinerent
fort , mais ſur tout un Pont
de cuivre qu'ils admirerent ,
&dont ils ſe firent expliquer
l'uſage; puis ils entrerent dans
les Cours , leſquelles font toutes
pleines de Canons , de
Mortiers , & de Pierriers de
toutes
des Amb. de Siam. 25
toutes les manieres , dont ils
firent prendre auſſi les proportions.
On peut dire qu'ils ont
vû à Doüay , generalement
tout ce que l'on peut voir
dans les Arcenaux. Il y avoit
trois cens Canons , Mortiers
& Pierriers , & une ſi
grande quantité de Bombes,
qu'ils ne pouvoient ( dirent
- ils ) affez admirer leMiniſtre
qui a ſoin de la Guerre ,
voyant dans tant de Places non
feulement dequoy les deffendre ſi
elles estoient attaquées , & des
munitions pourſoûtenir les plus
C
26 IV. P.du Voyage
longs Sieges, mais encore dequoy
fournir des Armées entieres , qui
voudroient aller affieger les plus
fortes Villes , on soumettre
des Provinces. Ils ajoûterent
, que ce qui les ſurprenoit,
estoit qu'il falloit que ce Ministre
donnaſt ſes foins à toutes
ces choses dans ſes momens perdus
, puiſqu'il en avoit beaucoup
d'autres àfaire qui n'estoient pas
moins importantes. Comme
ils appliquoient tout au Roy,
&avec juſte raiſon , ils firent
tomber le bon état de tout
ce qu'ils avoient remarqué ,
fur le grand difcernement de
des Amb. de Siam. 27
Sa Majeſté dans le choix de
fes Miniſtres .
De l'Arcenal on les mena
dans la Baterie de l'école des
Cadets d'Artillerie & des Canonniers
où l'on tira. Ils virent
emporter pluſieurs blancs
par les uns & par les autres ,
ce qui leur donna beaucoup
de plaifir. Ils admirerent l'adreſſe
& la promptitude que
tous ces Cadets firent voir
dans cet Exercice , ainſi qu'à
charger & à nettoyer le Canon.
Ils virent jetter pluſieurs
Bombes qui creverent fort à
propos , & vifiterent enfuite
Cij
28 IV. P. du Voyage
les dehors de la Place. L'a
présdînée ils allerent voir le
Fort de l'Eſcarpe , où M, du
Repaire qui en eſt Gouverneur
, les reçût au bruit du
Canon, avec les Officiers Majors
de la Place. La Garniſon
étoit ſous les Armes. Lorfqu'ils
eurent fait le tourde ce
Fort ,M, du Repaire les pria
d'entrer chez lui pour ſe chaufer
, à cauſe que le temps
eſtoit affez froid ce jour- là.
Ils y trouverent Madame &
Mademoiselle du Repaire ,
Madame la Baronne deQuincy
, & pluſieurs autres Fem
desAmb. de Siam, 29
mes de qualité. Aprés un
moment de converſation auprés
du Feu , on fervit une
Collation magnifique , & les
Dames ſe mirent à table avec
les Ambaſſadeurs . M² du Repaire
dit, qu'à cause du froid,
il falloit commencer par les Vins
de Liqueur. Son avis fut ſuivi,
& l'on en bût de pluſieurs
fortes. L'Ambaffadeur ayant
trouvé mademoiselle du Repaire
fort belle , luy dit que
fi elle vouloit aller à Siam , il
avoit un Fils qui pourroit estre
un jour grand Seigneur,&que
fi elle l'épouſoit , elle ne devoit
Ciij
30 IV. P. du Voyage
point craindre la pluralité des
Femmes , parce qu'elle estoit affez
belle pour empêcher que fon
Fils ne vouluſt en avoir d'autres
. Comme les Jefuites de
Doüay les attendoient , ils
fortirent peu de temps aprés,
& ne parlerent pendant tout
le chemin que de l'agreable
Collation qu'ils venoient
de faire . Eſtant arrivez chez
ces Peres , ils furent conduits
dans une grande falle , où il
y avoit quantité de Voix &
d'Inſtrumens . Voicy le Spectacle
qui leur fut donné.
desAmb. de Siam. 31
PREMIERE ENTRE'E .
Le Genie de la France tâ
choit d'attirer le Genie de Siam
à faire une Alliance avec Loüis
leGrand.
SECONDE ENTRE'E .
L.. Renommée & la Gloire
Denoient étaler les grands exploits
de ce Heros, dont ils faisoient connoiſtre
la pieté , &la valeur qui
luy ont justement acquis le nom
de Grand.
TROISIEME ENTREE
1
Le Genie de Siam charmé de
Eiiij
32 IV. P. du Voyage
ce recit , témoignoit la paſſion
qu'il avoit de ſe voir entre les
Alliés d'un Monarque ſi puiffant,
dont l'amitié devoit eſtre ſi
honorable , & fi utile àſa Nation
.
QUATRIEME ENTREE.
LesGenies de ces deux grands
Royaumes applaudiſſoient à cette
Alliance , & invitoient les Peuples
à donner des marques de leur
joye.
Aprés ce divertiſſement, on
conduiſit les Ambaſſadeurs
dans le Refectoire , où il y a
T
des Amb. de Siam.
33
voit une grande collation preparée
, mais celle de Mdu
Repaire estoit ſi recente , qu'il
leur fut impoffible de manger
autant qu'ils l'auroient voulu
pour repondre à l'empreſſement
que ces Peres avoienr de
les regaler. Les Ambaſſadeurs
leur dirent en s'en retournant,
qu'ils avoient connu par le divertiffement
qu'ils leur venoient de
donner ce qu'ils n'ignoroient pas
déja , sçavoir qu'ily avoit peu de
perſonnes quifuſſent auffi capables
qu'eux de bien élever la jeuneſſe.
Lorſqu'ils furent arrivez chez
cux, on leur vint demander
34 IV. P. du Voyage
l'ordre , & ils donnerent pour
Mot , aux amis je fournis du
bruit , aux ennemis la mort,parce
que Doüay ayant des fonderies
de Canon , cette Villelà
en fournit aux autres . Aprés
trois grands Repas qu'ils avoient
faits ce jour-là , la
complaiſance les obligea encore
à ſe mettre à table pour
fouper , afin de ne pas renvoyer
les Dames qui estoient
venuës pour les voir.
encore à deux lieuës de cette
grande Ville , lors qu'ils en
rencontrerent la Cavalerie ,
qui avoit fait tout ce chemin
pour leur faire plus d'honneur.
Ils entrerent par la porte
Nôtre- Dame qui eſt deſtinée
pour les Entrées folemnelles
que les Rois & les Princes
Souverains font en cette
Ville-là. Les Gardes à cheval
t
14 IV. P.du Voyage
de Made Pommereuil qui en
eſt Gouverneur , precedoient
leurs Carroffes , & les ruës étoient
de chaque côté bordées
de l'Infanterie de la Garnifon
, & d'un fort grand Peuple.
Les feneftres eſtoient auſſi
emplies des perſonnes les
plus diftinguées . Auſſi - tôt
qu'ils furent deſcendus à
l'Hôtel qui leur avoit eſté
preparé pour leur logement ,
Mª de Pommereuil alla leur
rendre viſite avee l'Estat Major.
Il leur preſenta les Magiftrats
, & tous les Corps , &
r
M Becquet premierConfeil,
desAmb. de Siam. 15
ler , Penſionnaire de la Ville,
leur parla en ces termes .
MESSEIGNEVRS,
Les ordres qui nous ont esté don
nez de la part du Roy, pour rendre
à vos Excellences les honneurs qui
font dûs aux Ambaſſadeurs d'un des
plus grands Monarques de l'Asie,
ont esté prévenus par nos defirs.
Nos volontez estoient déja diſposées
à nous acquitter de ces devoirs
, & nous pouvons dire avec
verité que jamais nous n'avons
executé aucun commandement avec
tant de zéle , que nous obéiſſons à
celuy qui nous a esté fait de venir
vous faire les offres de nos tréshumbles
services. Le bonheur que
16 IV. P. du Voyage
nous recevons aujourd'huy, ne s'efacera
jamais de nostre memoire ,
& l'agreable rencontre de voir en
nos jours les Ambaſſadeurs d'un fi
grand Roy honorer cette ville de
leur prefence, nous apporte une joye
incroyable , fur tout lors que nous
faiſons reflexion que le sujet qui
les amene en ce pays, estpour confirmer
l'alliance & l'amitié contraétée
entre deux fi puiſſans Princes,
Loüisle Grand & le Roy de Siam.
Ceseroit en vain que nous taſcherions
de faire icy leur éloge, puisque
nous sçavons que la Renommée a
publié dans toute la terre leurs heroiques
exploits. Mais comme elle
avoit des choses toutes merveilleu-
Ses à dire de nostre invincible Mo
narque, nous craignons qu'elle n'ait
oublié de faire connoistre que leRoy,
1
des Amb de Siam. 17
aprés avoir porté par toutses armes
victorieuses , en de-çà & au de-là
du Rhin , dans les Alpes & les Pyrenées
, & s'estre rendu maistre des
Villes & Fortereſſes que l'on croyoit
imprenables, aprés avoir vaincu les
Saiſons, porté par tout la terreur, &
foudroyé les plus belliqueuses Nations
de l'Univers, s'est enfin vaincusoy
-mesme, au milieu defes triomphes,
rendant àses ennemis des Places
qu'ils ne pouvoient esperer de
prendre par laforce de leurs armes,
pour donner la Paix à toute l'Europe.
C'est en cela principalement
qu'on le reconnoist digne du nom
de Grand , que d'un commun confentement
tout le monde luy a donné.
Vous avez vû , Meſſeigneurs,
ce grand Monarque, vous avez vi
fité une partie deses Conquestes
18 IV. P. du Voyage
la Renommée n'a- t- elle pas estéfidelle
enfes rapports ? Ne pouvezvous
pas dire ce que diſoit la Reine
de Saba , après avoir efté viſiter
le Roy Salomon , Verus eft fermo
quem audivi in terra mea ? Ne
jugez-vous pas que toutes les Puiffances
du monde doivent rechercherfon
alliance ? Nous ne doutons
point que le Roy voſtre Maistre ne
taſche de perpetuer dansses fucceffeurs
celle qui vient d'eftre contractée
avec ce grand Prince. Cefont,
Meſſeigneurs, les souhaits que font
vos trés-humbles & trés-obéiſſans
Serviteurs, qui vous prient d'agréer
les Vins de la Ville qui vous font
presentez
L'Ambaffadeur répondit que
des Amb. de Siam. 19
tout ce qu'ils avoient vû de la
grandeur de la puiſſance du
Roy , leur avoit fait connoître
la verité de ce qu'ils en avoient
oüy dire ; que ſi ſes Conquêtes
leur caufoient de l'étonnement ,
la magnificence de Versailles ,
leur avoit paru extraordinaire ;
qu'ils n'avoient rien vû de plus
beau , & qu'ils remercioient
Mrs de Ville de tous les honneurs
qu'ils leur faisoient ainfi
que de leurs prefens.
L'Univerſité les harangua
en Latin , & leur fit connoî--
tre ce que c'eſt que ce Corps,
celebre. L'Ambaſſadeur don-
Bij
20 IV. P. du Voyage
na ce foir-là pour mot , tant
qu'il triomphera je me réjoüiray.
Il ſemble que M de Pommereuil
ne parleroit pas autrement
luy-meſme , puiſqu'il
aime fort la Muſique & les
Violons, avec leſquels il ſemble
ſe rejoüir tous les jours
de la grandeur de Sa Majefté.
Comme la Ville eſt fort grande
, ils eurent le ſoir tant de
Dames à les voir fouper, qu'il
n'y eut point de place pour
les Hommes . MF de Por
mereüil leur envoya des Violons,
avec beaucoup d'autres
Inſtrumens , & pluſieursMu
des Amb . de Siam. 21
ſiciens , parmy leſquels il y
en avoit qui ont eſté Pages
de la Muſique du Roy. L'entretien
des Dames & cette
Muſique leur ſervit de divertiſſement
pendant le Repas .
Le lendemain à ſept heures
du matin , ils trouverent les
trois Carroffes de Mr de
Pommereuil qui les
doient. Ils allerent avec luy
à la fonderie , où M² Keller
avoit preparé une fonte, elle
eſtoit de quatre pieces de 24.
& de deux de 16. livres. En
attendant que le metal fuft
tout à fait preſt à couler , on
atten22
IV. P. du Voyage
leur fit voir la maniere dont
fe font les moules , que M
Fleury Controlleur de l'Artil
lerie leur expliqua. L'Ambaffadeur
examina longtemps la
partie du moule qui ſert à faire
une groffe Maffelette, au bout
de la culafſſe de la piece , comme
on les fait àDoüay , & fe
fit expliquer tout ce qui la
expliquer
regarde. Enfuite M, Fleury
les mena au Moulin à ſcier
les pieces. C'eſt une machine
fort curieuſe , pour faire voir
la maniere dont l'on forme
les boutons des pieces dans
cesMaſſelettes , cequ'ils trou
des Amb. de Siam. 23
verent fort extraordinaire. Ils
dirent qu'ils avoient du Canon
chez eux , mais qu'il n'estoit ny
fi beau nyde mesme , & que la
matiere dont on le faisoit , étoit
neantmoins meilleure. Ils demanderent
enfuite comment
on faiſoit des figures ſur les
culaſſes comme des Lions , &
pour le leur faire entendre, on
les mena aux pieces où les
Repareurs travaillent , dont
ils furent fort fatisfaits. Ils
firent prendre les meſures ,&
les proportions de toutes les
pieces , & apres avoir veu les
Allefoirs , ils demanderent à
24 IV. P. du Voyage
د
voir un noyau , ſe faiſant
auſſi expliquer comment il ſe
portoit dans le moule , &puis
ils allerent voir couler les fix
pieces dont je viens de parler.
De la Fonderie on les
mena voir l'Arsenal , où il y
a quantité d'équipages d'Artillerie
dans les Magazins
couverts , qu'ils examinerent
fort , mais ſur tout un Pont
de cuivre qu'ils admirerent ,
&dont ils ſe firent expliquer
l'uſage; puis ils entrerent dans
les Cours , leſquelles font toutes
pleines de Canons , de
Mortiers , & de Pierriers de
toutes
des Amb. de Siam. 25
toutes les manieres , dont ils
firent prendre auſſi les proportions.
On peut dire qu'ils ont
vû à Doüay , generalement
tout ce que l'on peut voir
dans les Arcenaux. Il y avoit
trois cens Canons , Mortiers
& Pierriers , & une ſi
grande quantité de Bombes,
qu'ils ne pouvoient ( dirent
- ils ) affez admirer leMiniſtre
qui a ſoin de la Guerre ,
voyant dans tant de Places non
feulement dequoy les deffendre ſi
elles estoient attaquées , & des
munitions pourſoûtenir les plus
C
26 IV. P.du Voyage
longs Sieges, mais encore dequoy
fournir des Armées entieres , qui
voudroient aller affieger les plus
fortes Villes , on soumettre
des Provinces. Ils ajoûterent
, que ce qui les ſurprenoit,
estoit qu'il falloit que ce Ministre
donnaſt ſes foins à toutes
ces choses dans ſes momens perdus
, puiſqu'il en avoit beaucoup
d'autres àfaire qui n'estoient pas
moins importantes. Comme
ils appliquoient tout au Roy,
&avec juſte raiſon , ils firent
tomber le bon état de tout
ce qu'ils avoient remarqué ,
fur le grand difcernement de
des Amb. de Siam. 27
Sa Majeſté dans le choix de
fes Miniſtres .
De l'Arcenal on les mena
dans la Baterie de l'école des
Cadets d'Artillerie & des Canonniers
où l'on tira. Ils virent
emporter pluſieurs blancs
par les uns & par les autres ,
ce qui leur donna beaucoup
de plaifir. Ils admirerent l'adreſſe
& la promptitude que
tous ces Cadets firent voir
dans cet Exercice , ainſi qu'à
charger & à nettoyer le Canon.
Ils virent jetter pluſieurs
Bombes qui creverent fort à
propos , & vifiterent enfuite
Cij
28 IV. P. du Voyage
les dehors de la Place. L'a
présdînée ils allerent voir le
Fort de l'Eſcarpe , où M, du
Repaire qui en eſt Gouverneur
, les reçût au bruit du
Canon, avec les Officiers Majors
de la Place. La Garniſon
étoit ſous les Armes. Lorfqu'ils
eurent fait le tourde ce
Fort ,M, du Repaire les pria
d'entrer chez lui pour ſe chaufer
, à cauſe que le temps
eſtoit affez froid ce jour- là.
Ils y trouverent Madame &
Mademoiselle du Repaire ,
Madame la Baronne deQuincy
, & pluſieurs autres Fem
desAmb. de Siam, 29
mes de qualité. Aprés un
moment de converſation auprés
du Feu , on fervit une
Collation magnifique , & les
Dames ſe mirent à table avec
les Ambaſſadeurs . M² du Repaire
dit, qu'à cause du froid,
il falloit commencer par les Vins
de Liqueur. Son avis fut ſuivi,
& l'on en bût de pluſieurs
fortes. L'Ambaffadeur ayant
trouvé mademoiselle du Repaire
fort belle , luy dit que
fi elle vouloit aller à Siam , il
avoit un Fils qui pourroit estre
un jour grand Seigneur,&que
fi elle l'épouſoit , elle ne devoit
Ciij
30 IV. P. du Voyage
point craindre la pluralité des
Femmes , parce qu'elle estoit affez
belle pour empêcher que fon
Fils ne vouluſt en avoir d'autres
. Comme les Jefuites de
Doüay les attendoient , ils
fortirent peu de temps aprés,
& ne parlerent pendant tout
le chemin que de l'agreable
Collation qu'ils venoient
de faire . Eſtant arrivez chez
ces Peres , ils furent conduits
dans une grande falle , où il
y avoit quantité de Voix &
d'Inſtrumens . Voicy le Spectacle
qui leur fut donné.
desAmb. de Siam. 31
PREMIERE ENTRE'E .
Le Genie de la France tâ
choit d'attirer le Genie de Siam
à faire une Alliance avec Loüis
leGrand.
SECONDE ENTRE'E .
L.. Renommée & la Gloire
Denoient étaler les grands exploits
de ce Heros, dont ils faisoient connoiſtre
la pieté , &la valeur qui
luy ont justement acquis le nom
de Grand.
TROISIEME ENTREE
1
Le Genie de Siam charmé de
Eiiij
32 IV. P. du Voyage
ce recit , témoignoit la paſſion
qu'il avoit de ſe voir entre les
Alliés d'un Monarque ſi puiffant,
dont l'amitié devoit eſtre ſi
honorable , & fi utile àſa Nation
.
QUATRIEME ENTREE.
LesGenies de ces deux grands
Royaumes applaudiſſoient à cette
Alliance , & invitoient les Peuples
à donner des marques de leur
joye.
Aprés ce divertiſſement, on
conduiſit les Ambaſſadeurs
dans le Refectoire , où il y a
T
des Amb. de Siam.
33
voit une grande collation preparée
, mais celle de Mdu
Repaire estoit ſi recente , qu'il
leur fut impoffible de manger
autant qu'ils l'auroient voulu
pour repondre à l'empreſſement
que ces Peres avoienr de
les regaler. Les Ambaſſadeurs
leur dirent en s'en retournant,
qu'ils avoient connu par le divertiffement
qu'ils leur venoient de
donner ce qu'ils n'ignoroient pas
déja , sçavoir qu'ily avoit peu de
perſonnes quifuſſent auffi capables
qu'eux de bien élever la jeuneſſe.
Lorſqu'ils furent arrivez chez
cux, on leur vint demander
34 IV. P. du Voyage
l'ordre , & ils donnerent pour
Mot , aux amis je fournis du
bruit , aux ennemis la mort,parce
que Doüay ayant des fonderies
de Canon , cette Villelà
en fournit aux autres . Aprés
trois grands Repas qu'ils avoient
faits ce jour-là , la
complaiſance les obligea encore
à ſe mettre à table pour
fouper , afin de ne pas renvoyer
les Dames qui estoient
venuës pour les voir.
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Résumé : Entrée des Ambassadeurs dans la Ville de Doüay, les harangues qui leur ont esté faites, & ce qui s'est passé dans tous les lieux de la mesme Ville où ils ont esté, & particulierement aux Jesuites & à la Fonderie. [titre d'après la table]
Les ambassadeurs de Siam, escortés par la cavalerie et les gardes à cheval de Monsieur de Pommereuil, firent une entrée solennelle dans une grande ville par la porte Notre-Dame. Les rues étaient bordées de soldats et de spectateurs, tandis que les fenêtres étaient occupées par des notables. À leur arrivée à l'hôtel préparé pour leur logement, Monsieur de Pommereuil leur rendit visite avec son état-major et présenta les magistrats et divers corps, dont Monsieur Becquet, premier pensionnaire de la ville. Monsieur Becquet souligna les ordres du roi pour rendre les honneurs dus aux ambassadeurs d'un grand monarque asiatique et exprima la joie de la ville de les recevoir. Il rappela également les exploits héroïques du roi de France, notamment sa capacité à vaincre ses ennemis et à apporter la paix en Europe. L'ambassadeur de Siam répondit en affirmant que la grandeur et la puissance du roi de France, ainsi que la magnificence de Versailles, avaient confirmé les récits entendus. L'université les harangua en latin, et l'ambassadeur offrit un mot en latin sur la musique. Le soir, ils furent divertis par des dames et des musiciens envoyés par Monsieur de Pommereuil. Le lendemain, ils visitèrent la fonderie et l'arsenal, admirant les canons, mortiers et autres équipements militaires. Ils assistèrent également à une démonstration de tir à la batterie de l'école des cadets d'artillerie. Après une collation chez Monsieur du Repaire, ils furent invités par les Jésuites à un spectacle célébrant l'alliance entre la France et le Siam. Les ambassadeurs exprimèrent leur satisfaction et leur admiration pour l'éducation dispensée par les Jésuites.
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3
p. 330-335
Suite de leur Voyage avec les noms des Envoyez du Roy, des Officiers & des quinze Jesuites qui doivent s'embarquer avec eux, & ce qui s'est passé à Versailles à l'égard de ces Jesuites avant leur départ. [titre d'après la table]
Début :
Mr l'Abbé de Lionne que le Roy de Siam avoit prié [...]
Mots clefs :
Voyage, Envoyés du roi, Officiers, Jésuites, Artus de Lionne, Roi de Siam, Mission de Siam, Simon de La Loubère, Vaisseaux, Ambassadeurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite de leur Voyage avec les noms des Envoyez du Roy, des Officiers & des quinze Jesuites qui doivent s'embarquer avec eux, & ce qui s'est passé à Versailles à l'égard de ces Jesuites avant leur départ. [titre d'après la table]
Ma l'Abbé de Lionne que
le Roy de Siam avoit prie
d'accompagner ſes Ambaffadeurs
, retourne avec eux dans
les Eftats de ce Prince. Il a faits
voir en cette occafion la condes
Amb. de Siam. 331
ſtance de fon zele pour le falut
des ames , la tendreſſe de
ſa famille , & les charmes de
faPatrie n'ayant eu aucuns attraits
pour le retenir. Il mene
avec luy quatre Ecclefiaftiques
pour la Miſſion de Siam.
Jeſpere vous pouvoir appren--
dre ſouvent les fruits qu'elle
continuëra de faire , ce que
M Antoine jeune Siamois élevé
dans la Miffionde Sia'm ,
nous a fait voir en Sorbonne,
marque affez de quelle utilité
eft cette Miffion..
Le Roy de Siam ayant fou
haité de voir des Jefuîtes ef
Ecij
332 IV. P. du Voyage
tablis à Siam. Ceux qui ont
eſté choiſis pour s'embarquer
avec les Ambafladeurs , font:
les Peres le Royer , Richaud,
Rochette,Thionville,deBefe,
Corville, Coluiffon, duBouchet,
Ducha, Dolu, le Blanc,
de Saint-Martin , Deſpagrac
&du Breuil. Le Pere Tachard
doit eſtre leur Superieur. Le
Roy ayant dit au Pere de la
Chaife, qu'il vouloit les voir
avant qu'ils partiſſent ; ils ont
efté prendre congé de ſa Majefté,
qui les a receus avec
toute la bonté,& toute l'honeſteté
poſſible. Il leur dit
des Amb. de Siam: 333
entr'autres chofes obligean
tes , qu'il avoit une tres-grande
opinion de leur merite , puisqu'on
les avoit choisi parmy cent cinquante
Iefuites ſesſujets qui fe
preſentoient pour ce voyage. II
les fit enſuitte traiter avec
beaucoup de magnificence
dans l'appartement du Pere
de la Chaife .
Me de la Loubere Envoyé
extraordinaire du Roy de
Siam, partira en même temps.
C'eſt unhomme de qualité &
de merite , & qui a déja eſté
employé dans des Negotiations
importantes ,M: Sébrer
354 IV. P. du Voyage
eſt auſſi Envoyé,& fera Di
recteur general de laCompag--
nie desindes.Le choix qu'on a
faitde luy, marque affez qu'il
en eft capable. Me de Farges,
Lieutenant de Roy deBrifac,
homme de tefte & de coeur ,
fait auffi le meſme Voyage..
Il y aura s.Vaiſſeaux. Pluſieurs
perſonnes de toutes fortes de
profeffions, doivent s'embarquer
dans cesVaiſſeaux.Si tous
ceux qui feront le Voyage de
Siam , trouvent dans les Peuples
de ce Royaume-là beaucoup
de perſonnes du caratere
des Ambaſſadeurs , ils
des Amb. de Siam. 335
auront lieud'eftre fatisfaits.
le Roy de Siam avoit prie
d'accompagner ſes Ambaffadeurs
, retourne avec eux dans
les Eftats de ce Prince. Il a faits
voir en cette occafion la condes
Amb. de Siam. 331
ſtance de fon zele pour le falut
des ames , la tendreſſe de
ſa famille , & les charmes de
faPatrie n'ayant eu aucuns attraits
pour le retenir. Il mene
avec luy quatre Ecclefiaftiques
pour la Miſſion de Siam.
Jeſpere vous pouvoir appren--
dre ſouvent les fruits qu'elle
continuëra de faire , ce que
M Antoine jeune Siamois élevé
dans la Miffionde Sia'm ,
nous a fait voir en Sorbonne,
marque affez de quelle utilité
eft cette Miffion..
Le Roy de Siam ayant fou
haité de voir des Jefuîtes ef
Ecij
332 IV. P. du Voyage
tablis à Siam. Ceux qui ont
eſté choiſis pour s'embarquer
avec les Ambafladeurs , font:
les Peres le Royer , Richaud,
Rochette,Thionville,deBefe,
Corville, Coluiffon, duBouchet,
Ducha, Dolu, le Blanc,
de Saint-Martin , Deſpagrac
&du Breuil. Le Pere Tachard
doit eſtre leur Superieur. Le
Roy ayant dit au Pere de la
Chaife, qu'il vouloit les voir
avant qu'ils partiſſent ; ils ont
efté prendre congé de ſa Majefté,
qui les a receus avec
toute la bonté,& toute l'honeſteté
poſſible. Il leur dit
des Amb. de Siam: 333
entr'autres chofes obligean
tes , qu'il avoit une tres-grande
opinion de leur merite , puisqu'on
les avoit choisi parmy cent cinquante
Iefuites ſesſujets qui fe
preſentoient pour ce voyage. II
les fit enſuitte traiter avec
beaucoup de magnificence
dans l'appartement du Pere
de la Chaife .
Me de la Loubere Envoyé
extraordinaire du Roy de
Siam, partira en même temps.
C'eſt unhomme de qualité &
de merite , & qui a déja eſté
employé dans des Negotiations
importantes ,M: Sébrer
354 IV. P. du Voyage
eſt auſſi Envoyé,& fera Di
recteur general de laCompag--
nie desindes.Le choix qu'on a
faitde luy, marque affez qu'il
en eft capable. Me de Farges,
Lieutenant de Roy deBrifac,
homme de tefte & de coeur ,
fait auffi le meſme Voyage..
Il y aura s.Vaiſſeaux. Pluſieurs
perſonnes de toutes fortes de
profeffions, doivent s'embarquer
dans cesVaiſſeaux.Si tous
ceux qui feront le Voyage de
Siam , trouvent dans les Peuples
de ce Royaume-là beaucoup
de perſonnes du caratere
des Ambaſſadeurs , ils
des Amb. de Siam. 335
auront lieud'eftre fatisfaits.
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Résumé : Suite de leur Voyage avec les noms des Envoyez du Roy, des Officiers & des quinze Jesuites qui doivent s'embarquer avec eux, & ce qui s'est passé à Versailles à l'égard de ces Jesuites avant leur départ. [titre d'après la table]
L'Abbé de Lionne, à la demande du roi de Siam, retourne dans les États de ce prince avec quatre ecclésiastiques pour une mission au Siam. Le roi de Siam souhaite l'établissement de Jésuites dans son royaume. Douze Jésuites, dont les Pères Le Royer, Richaud, Rochette, Thionville, de Bese, Corville, Coluisson, du Bouchet, Ducha, Dolu, le Blanc, de Saint-Martin, Despagrac et du Breuil, sont choisis pour accompagner les ambassadeurs. Le Père Tachard est nommé leur supérieur. Le roi les reçoit avec honneur, soulignant leur mérite parmi cent cinquante candidats. Me de La Loubere, envoyé extraordinaire du roi de Siam, M. Sébrer, directeur général de la Compagnie des Indes, et Me de Farges, lieutenant du roi de Brefac, participent également au voyage. Cinq vaisseaux transportent diverses personnes de différentes professions.
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4
p. 9-17
Carte nouvelle de la Chine avec le dénombrement de tous ces Peuples, Province par Province. [titre d'après la table]
Début :
Rien n'est si à la mode aujourd'huy que de parler de [...]
Mots clefs :
Chine, Province, Villes, Familles, Temples, Résidences, Résidence, Oratoires, Missions, Siam, Carte, Dénombrement, Jésuites, Philippe Couplet
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Carte nouvelle de la Chine avec le dénombrement de tous ces Peuples, Province par Province. [titre d'après la table]
Rien n'est si à la mode
aujourd'huy que de parler de
la Chine) sur tout depuis que
nousavons veuen Francedes
Ambassadeurs du Roy de
Siam. Le Pere CoupletJcfuite,
qui a demeuré long-temps
à la Cour de l'Empereur des
Chinois, a fait une
-
Carte
npuvelle de ce grand Estat,
avecquelques Observations,
&ennousdonnantledénombrement
des Peuples de ce
grand Empire? il aéclaircy
ce qui causoit tous les jours
de grandes contestationsentre
lesSçavans, avant que
nous en eu ssions une intelligence
aussi claire qu'on la
peut avoir par ce qui est marqué
dans cette Carte (tir chaque
Province, ainsi que vous
l'allez lire.
La ProvincedePEKIM
contient huit Villes principales;
cent trente-cinq autres
Villes; 418989 Familles, &
deux Temples qui ont elle
élevez par la permissîon de
1 Empereur. Il y a quatre
Temples,& des Millions hors
de la Cour.
La Province de XANSl
contient cinqVilles principales
; quatre-vingt- douze
autres Villes; fîjCyj Familles;
cinq Temples; trois Residences
;vingt-neuf Oratoires
&Missions.
La Province de XENSI
contient huit Villes principales
; cent sept autres Villes;
831051 Familles; six Temples;
deux Residences; vingt-sept
Oratoires & Millions.
La Province deXANTUM
contient six Villes principales
; quatre-vingt-douze autresVilles;
770555Familles;
deux Temples; une Residence;
onze Oratoires & Missions.
La Province de HONAN
contient huit Villes principales
; cent autres Villes ;
)'892.96 Familles;un Temple,
& une Residence.
La Province de SUCHVEM.
contient huit Villes principales;
cent vingt-quatre autres
Villes;464129 Familles;
trois Temples
, & autrefois
deux Résidences.
La Province de HUQUAM
contient quinze Villes principales;
cent huit autres Villes;
531686 Familles; quatre
Temples;une Residence, &
huit Missions.
La Province de NANKIM
contient trente quatre Villes
principales, cent dix autres
Villes; 15)69816 Familles; un
College, & cinq Residences.
Dans les Villes principales, &
dans les autres il y a dix-huit
Temples, & il y en a cent
troisdans les Bourgs avec soizanter-
cijaqMiffiolu.-
La Province de CHEKIAM
contient onze Villes principales;
soixante-trois autres
Villes; 1242135. Familles, &
un College. Il y avoit autre-
- * fois cinqTemples & une Residence.
La Province de KIAM si
contient treize Villes principales;
soixante
-
sept autres
Villes;1363629Familles; sept
Temples; trois Residences,
& quinze Millions.»
La Province de FOKIEN
contient huit Villes principales;
quarante-huit autres
Villes^opiooFamilléS;vingtquatre
Temples; cinq Residericcs&
M.ssions.
La Province de Quamtum
contient dix Villes principales
: soixante- treize autres
Villes; 483360 Familles;sept
Temples, & autrefois trois
Residences & Millions.
La Province de QUAMSI
contient onze Villes principales
; quatre-vingt-dix-neuf
autres Villes; 186719. Famillles;&
autrefois un Temple &,.
une Residence.
La Province dytlNN.AN
contient vingt- deux Villes
principales; quatre-vingtquatre
autres Villes, & 1329JI
Familles.
La Province QUEYCHEU
contient huit Villes princiles;
dix autres Villes, &45303
Familles..
Ces quinze Provinces contiennent
ensemble 155. Villes
princi pales;1312.autresVilles,
outre 2357. Bourgs militaires;
10128789 Familles, qui font
58915783 hommes; environ
deux cens Temples que les
Jesuites ont fait élever; trois
Residences autorisées par le
Sceau public, trois Colleges
commencez >
sans les Oratoires
& les Missions. On ne
comprend point les femmes
dans lanombre qui est marquépour
les hommes, non
plusque les Enfansau dessous
de vingt années,nyles Gens
de Lettres & de Guerre, qui
font encore plusieurs millions.
aujourd'huy que de parler de
la Chine) sur tout depuis que
nousavons veuen Francedes
Ambassadeurs du Roy de
Siam. Le Pere CoupletJcfuite,
qui a demeuré long-temps
à la Cour de l'Empereur des
Chinois, a fait une
-
Carte
npuvelle de ce grand Estat,
avecquelques Observations,
&ennousdonnantledénombrement
des Peuples de ce
grand Empire? il aéclaircy
ce qui causoit tous les jours
de grandes contestationsentre
lesSçavans, avant que
nous en eu ssions une intelligence
aussi claire qu'on la
peut avoir par ce qui est marqué
dans cette Carte (tir chaque
Province, ainsi que vous
l'allez lire.
La ProvincedePEKIM
contient huit Villes principales;
cent trente-cinq autres
Villes; 418989 Familles, &
deux Temples qui ont elle
élevez par la permissîon de
1 Empereur. Il y a quatre
Temples,& des Millions hors
de la Cour.
La Province de XANSl
contient cinqVilles principales
; quatre-vingt- douze
autres Villes; fîjCyj Familles;
cinq Temples; trois Residences
;vingt-neuf Oratoires
&Missions.
La Province de XENSI
contient huit Villes principales
; cent sept autres Villes;
831051 Familles; six Temples;
deux Residences; vingt-sept
Oratoires & Millions.
La Province deXANTUM
contient six Villes principales
; quatre-vingt-douze autresVilles;
770555Familles;
deux Temples; une Residence;
onze Oratoires & Missions.
La Province de HONAN
contient huit Villes principales
; cent autres Villes ;
)'892.96 Familles;un Temple,
& une Residence.
La Province de SUCHVEM.
contient huit Villes principales;
cent vingt-quatre autres
Villes;464129 Familles;
trois Temples
, & autrefois
deux Résidences.
La Province de HUQUAM
contient quinze Villes principales;
cent huit autres Villes;
531686 Familles; quatre
Temples;une Residence, &
huit Missions.
La Province de NANKIM
contient trente quatre Villes
principales, cent dix autres
Villes; 15)69816 Familles; un
College, & cinq Residences.
Dans les Villes principales, &
dans les autres il y a dix-huit
Temples, & il y en a cent
troisdans les Bourgs avec soizanter-
cijaqMiffiolu.-
La Province de CHEKIAM
contient onze Villes principales;
soixante-trois autres
Villes; 1242135. Familles, &
un College. Il y avoit autre-
- * fois cinqTemples & une Residence.
La Province de KIAM si
contient treize Villes principales;
soixante
-
sept autres
Villes;1363629Familles; sept
Temples; trois Residences,
& quinze Millions.»
La Province de FOKIEN
contient huit Villes principales;
quarante-huit autres
Villes^opiooFamilléS;vingtquatre
Temples; cinq Residericcs&
M.ssions.
La Province de Quamtum
contient dix Villes principales
: soixante- treize autres
Villes; 483360 Familles;sept
Temples, & autrefois trois
Residences & Millions.
La Province de QUAMSI
contient onze Villes principales
; quatre-vingt-dix-neuf
autres Villes; 186719. Famillles;&
autrefois un Temple &,.
une Residence.
La Province dytlNN.AN
contient vingt- deux Villes
principales; quatre-vingtquatre
autres Villes, & 1329JI
Familles.
La Province QUEYCHEU
contient huit Villes princiles;
dix autres Villes, &45303
Familles..
Ces quinze Provinces contiennent
ensemble 155. Villes
princi pales;1312.autresVilles,
outre 2357. Bourgs militaires;
10128789 Familles, qui font
58915783 hommes; environ
deux cens Temples que les
Jesuites ont fait élever; trois
Residences autorisées par le
Sceau public, trois Colleges
commencez >
sans les Oratoires
& les Missions. On ne
comprend point les femmes
dans lanombre qui est marquépour
les hommes, non
plusque les Enfansau dessous
de vingt années,nyles Gens
de Lettres & de Guerre, qui
font encore plusieurs millions.
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5
p. 208-225
Particularitez touchant le Cap de Bonne-Esperance. [titre d'après la table]
Début :
Comme les Relations des mesmes endroits faites par divers Voyageurs [...]
Mots clefs :
Cap de Bonne-Espérance, Officiers, Montagne, Siam, Jésuites, Missionnaires, Le Cap, France, Lettre, Voile, Voyage, Dieu, Beau, Hollandais, Femmes, Animaux, Chemin, Soldats, Singes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Particularitez touchant le Cap de Bonne-Esperance. [titre d'après la table]
Comme les Relations des
mefmes endroits faites par
divers Voyageurs ont toûjours
quelque chofe de diffe
rent & que fouvent dans un
mefme Païs , les uns font des
remarques que les autres ne
fonr pas , & voyent des choles
pour lefquelles ces derniers
n'ont point de curiofité
, j'ay cru vous devoir encore
faire part d'une Lettre
qui eft tombée entre mes
GALANT. 2c9
mains , & qui eft fur le mefme
fujet que la precedente :
Quoy que la matiere n'en foit
pas nouvelles tout ne laiffera
pas d'en paroiftre nouveau .
Il ne vous fera pas difficile de
connoiftre qu'elle eſt d'un
des Peres Jefuites qui font
allez à Siam en qualité de
Miffionnaires..
ALABAYE DELA TABLE
au Cap de Bonne- Efpe--
rance , ce 24. Juin 1684
Uit jours aprés nostre départ
de Breft, ayant dou-
Hpar
blé le Cap de Finifterre , nous :
S
Novemb. 1687 .
210 MERCURE
effuyafmes une tempefte de deux
jours , qui nous mit en fi grand
danger, que noftre grand mast
eftant éclaté par le pied , on eut
recours auxprieres, en attachant
une Image de noftre Apoftre S.
Xavier , par l'interceffion du
quel nous fufmes garantis. J'a
voue que je me crus bien des fois
preft à perir. Aprés cet accident
nous eûmes une navigation affez
heureufe , & fans les Flûtes de
nostre Efcadre , Baftimens fort
difficiles à la voile , nous ferions
arrivez prés d'un mois plûtost ,
ronobftant quinze jours ou trois
femaines de calme ,fous la Ligne.
GALANT. 211
fait encore Ainfi nous aurions fait ·
plus de diligence qu'au premier
Voyage. Le retardement de nos
Fluftes , qui ne font point agreables
pour ces Voyages de long
cours , à caufe que pourfe conformer
à leur voilure on eft obligé
d'aller lentement, nousfaifoit
croire nofire voyage perdu pour
cette année; mais, graces à Dieu,
nous commençons à mieux efperer
, voila la moitié de noftre
courfe faite & mesme affez
doucement. Je fuis dans un bon
Vaiffeau , avec de tres - hon--
neftes gens. Dans le beau temps,
fur toutfous la Ligne , nous nous
Sij
212 MERCURE
rendifmes vifite de Bord à Bord.
M. desFarges eft venufouvent
nous voir. Nous avons beu
"
enfemble a vofire Santé fur
les Bords diftinguez , auffi bien
qu'avec M. Bruant. C'est un
homme de coeur , & qui paffe
pour une des meilleures Testes
que nous ayons parmy les Officiers
des Troupes . Le fejour du
Cap eft charmant , & l'établif
fement des Hollandois y eft parfaitement
beau. Tout y abende,
la chaffe , le poiffon , le bled , le
vin , les fruits , les legumes , les
beftiaux , belles eaux , beaux
Jardins, Habitans en fort grand
GALANT. 213
nombre, un Fort regulier de cing
Bions , & une quantité prodigieufe
de gibier . Mrs nos Officiers
en ont rapporté beaucoup
en quatre ou cinq fois qu'ils ont
efté à la Chaffe .Le Commandeur
du Fort,nomméVadeftes , amy des
François , leur fourniffoit quinze
on vingt Chevaux avec des
Chiens , & il y a eu une grande
déconfiture de Gibier. M du
Bruant qui a avancé dans les
terres , eft enchanté de ce Payslà.
La terre y eft admirable , les
moutons gros & grands comme
des Afnes & des Beufs , qui ont
cela de particulier qu'eftant at214
MERCURE
telez à des Chariots , ils vont
duffi vifte que les meilleurs chevaux
de Carroffe. Les Sauva
ges Outentos font les plus infames
& les plus laids de toute la
Terre habitable. On n'en a pas
affez dit dans toutes les Peintures
qu'on a faites d'eux.Ils vont tout
nuds ne fe couvrant que ce
que la nature apprend à cas
cher , & dans le froid ils fe fer
vent d'une peau de Mouton ou
d'Ours qu'ils mettent fur leurs
épaules comme un Manteau. Ils
fe frottent degraiffe huileufe
puante avec ducharbon pilé, &
ffoonntt.hhiiddeeuuxx à voir& àfenti
GALANT 215
·
Les Femmes ont dans leurs che
veux quifont comme de la laine
de Mouton , noirs & huileux
de leur vilaine graiffe puante ,
des coquillages & des jettons de
cuivre rouge. Elles entortillent
le gras de leursjambes de boyause
de toutes fortes d'Animaux, &
quand ils fontfecs , elles enfont
unregale à leurs Maris les bonnes
Feftes. Leurs Cazes font
baffes , couvertes de nattes de
jonc. Ellesfont fept ou buit femmes
avec un bomme dans ces
Cazes. Ils travaillent quelquefois
pour les Hollandois afin d'avoirdequoyfefaculer
, mais dés
216 MERCURE
qu'ilsfontfaouls , ils ne veulent
rienfaire. A douze ans les femmes
ont des enfans, & dés qu'ils
font nez, ils courent & grimpent
comme de plus grands enfans
. Je montay avant hier fur
la montagne de la Table , d'où
je vis omnia regna mundi .
Cette expedition est une folie ,
car il faut grimper de rocher en
rocher par des herbes ,
des herbes , par un
chemin le plus rode du monde .
Il fandroit eftre chevreau pour
bien monter fur cette affreuse.
montagne. Le chemin eft de
quatre ou cinq heures. Tout est
Rocplat fur la Table du cofté du
2
Nord.
GALANT
217
هللا
e font
Nord. Il y a furle Roc une ef
pece de
Marais , car ce ne
que joncs , & de l'eau . Le påffage
de la Mer du cofté du Nord
de l'Ifle
Robin , est
beaucoup
plus
grand que
l'autre par où
nous
fommes
entrez
dans la
Baye de la Table . Je vis une
plus belle Baye
plus
grande ,
paralelle
à celle de la Table . S'il
euft fait un plus beau jour , j'en
aurois tracé une Carte exacte ;
mais je ne pusfaire qu'un crayon
leger & à la haste . Dans de
certains momens je le
décriray
plus au net.
Ily auroit bien des chofes à
Novembre 1687 .
T
218 MERCURE
vous dire de ce Pays , fi le temps
me lepermettoit,auffi- bien que de
noftre occupation fur les Vaif
feaux. Nous y avons commencé
noftre Miffion par des Predications
frequentes aux Soldats &
aux Matelots. Les Officiers y
donnent un grand exemple, les
prieres y font reglées comme
dans un Seminaire . Tous les
jours au matin on fait la Priere,
& l'on dit plufieurs Mcffes.
Nous avons eu le bonheur de la
dire tous les jours , hors trois fois
le
que temps eftoit trop rude.
L'apréfmidy nous eftions trois à
faire le Catechisme dans trois
GALANT. 219
>
poftes differens. Sur les cing
heures l'on fait la Priere comme
dans tous les Vaiffeaux du Roy.
à huit heures on chante les
Litanies de la Sainte Vierge ,
l'on fait faire l'examen de
confcience ; aprés quoy nous
nous partageons par bandes pour
faire dire le Chapelet tout haut
aux Soldats & aux Matelots,
les Officiers fe mettent fouvent
de la partie, celafinit toujours
par un petit mot qui regarde le
falut. Le reste du temps eft employé
à l'Etude. Le Soir & le
matin nous avons fait une leçon
de Fortification & de Geometrie
Tij
220 MERCURE
&
aux Officiers aux Cadets qui
viennent écrire comme des Ecoliers.
On vient me demander
mes Lettres , car l'on met à la
Voile . Fauray l'honneur de
vous écrire dans quatre mois fi
Dieu nous continue un vent favorable.
L'on nous menace de
Mers fort rudes jufques à Bantam
; mais de Batavia à Siam ,
de fort belles. Dieu nousy conduife.
C'est par le Vaiffeau la Maligne
que l'on a trouvé à propos
de renvoyer en France , que je
vous écris. F'oubliois une circonftance
à vous remarquer affez
GALANT. 221
effentielle. C'eft que la Flûte le
Dromadaire qui dans la tem
pefte du Cap de Finisterre s'eftoit
Separée de noftre Efcadre fans
que nous l'avons pu réjoindre ,
arriva le 9. Juin au Cap deux
jours avant noftre Flotte. Les
Hollandois alarmez de cette
arrivée , avoient mis en déliberation
de ne leur point permettre
de mettre à terre leurs Malades ;
maispar le refpect qu'ils eurent
pour les Vaiffeaux de Sa Majefté
, la chofe fut accommodée
au contentement des uns & des
autres. L'on avoit befoin de
trouver un tel azile aprés une
Tiij
222 MERCURE
routefilongue, car les Equipages
& les Soldats eftoient malades »
l'air de la terre & les bonnes
nourritures les ont remis en
fort pett
de temps. Nous avons
laiffé le Pere de Chats au Cap
tombé malade depuis noftre dé
barquement. Il etoit defefpere
quand nous mifmes à la voile.
Ce feroit une grande perte que
ce faint Miffionnaire.
Je dois ajoûter icy qu'on
lit dans une autre Lettre écrite
par une perfonne qui a
auffi monté au haut de la
Montagne dont il eſt parlé
dans celle- cy , que ceux qui
GALANT. 223
,
avoient entrepris de monter
au fommer d'un lieu fi élevé ,
étant environ aux trois quarts
de la
Montagne entendirent
un fort grand bruit ;
& virent tomber des pier
res , qui paroiffoient plûtoft
être jettées,que tomber naturellement
. Ils s'arrefterent , &
demeurerent quelque temps
incertains s'ils acheveroient
leur voyage ; mais enfin la
fermeté Françoife l'emporta
fur la crainte , & ils pourfuivirent
leur chemin. Ils trouverent
au haut de ce lieu, un
fi grand nombre de Singes ,
Tiiij
224 MERCURE
qu'on peut dire qu'il y en
avoit une armée . Les Fran-:
çois commencerent â déliberer
s'ils tireroient fur
ces animaux , & peut- eftre
auroient-ils fait une décharge
fi l'un d'eux ne fe fuft
fouveņu , que quand les Singes
voyent leur fang , ils fe
jettent fur ceux qui les ont
bleffez , & que les autres , s'il
s'en trouve quelque nombre
, s'y jettent pareillement.
Les Singes fe retirerent en
faifant grand , bruit , & def
cendirent par un autre endroit
de la Montagne . On
GALANT. 225
trouva auffi fur le haut de
cette mefmeMontagne beaucoup
d'offemens de divers
Animaux .
mefmes endroits faites par
divers Voyageurs ont toûjours
quelque chofe de diffe
rent & que fouvent dans un
mefme Païs , les uns font des
remarques que les autres ne
fonr pas , & voyent des choles
pour lefquelles ces derniers
n'ont point de curiofité
, j'ay cru vous devoir encore
faire part d'une Lettre
qui eft tombée entre mes
GALANT. 2c9
mains , & qui eft fur le mefme
fujet que la precedente :
Quoy que la matiere n'en foit
pas nouvelles tout ne laiffera
pas d'en paroiftre nouveau .
Il ne vous fera pas difficile de
connoiftre qu'elle eſt d'un
des Peres Jefuites qui font
allez à Siam en qualité de
Miffionnaires..
ALABAYE DELA TABLE
au Cap de Bonne- Efpe--
rance , ce 24. Juin 1684
Uit jours aprés nostre départ
de Breft, ayant dou-
Hpar
blé le Cap de Finifterre , nous :
S
Novemb. 1687 .
210 MERCURE
effuyafmes une tempefte de deux
jours , qui nous mit en fi grand
danger, que noftre grand mast
eftant éclaté par le pied , on eut
recours auxprieres, en attachant
une Image de noftre Apoftre S.
Xavier , par l'interceffion du
quel nous fufmes garantis. J'a
voue que je me crus bien des fois
preft à perir. Aprés cet accident
nous eûmes une navigation affez
heureufe , & fans les Flûtes de
nostre Efcadre , Baftimens fort
difficiles à la voile , nous ferions
arrivez prés d'un mois plûtost ,
ronobftant quinze jours ou trois
femaines de calme ,fous la Ligne.
GALANT. 211
fait encore Ainfi nous aurions fait ·
plus de diligence qu'au premier
Voyage. Le retardement de nos
Fluftes , qui ne font point agreables
pour ces Voyages de long
cours , à caufe que pourfe conformer
à leur voilure on eft obligé
d'aller lentement, nousfaifoit
croire nofire voyage perdu pour
cette année; mais, graces à Dieu,
nous commençons à mieux efperer
, voila la moitié de noftre
courfe faite & mesme affez
doucement. Je fuis dans un bon
Vaiffeau , avec de tres - hon--
neftes gens. Dans le beau temps,
fur toutfous la Ligne , nous nous
Sij
212 MERCURE
rendifmes vifite de Bord à Bord.
M. desFarges eft venufouvent
nous voir. Nous avons beu
"
enfemble a vofire Santé fur
les Bords diftinguez , auffi bien
qu'avec M. Bruant. C'est un
homme de coeur , & qui paffe
pour une des meilleures Testes
que nous ayons parmy les Officiers
des Troupes . Le fejour du
Cap eft charmant , & l'établif
fement des Hollandois y eft parfaitement
beau. Tout y abende,
la chaffe , le poiffon , le bled , le
vin , les fruits , les legumes , les
beftiaux , belles eaux , beaux
Jardins, Habitans en fort grand
GALANT. 213
nombre, un Fort regulier de cing
Bions , & une quantité prodigieufe
de gibier . Mrs nos Officiers
en ont rapporté beaucoup
en quatre ou cinq fois qu'ils ont
efté à la Chaffe .Le Commandeur
du Fort,nomméVadeftes , amy des
François , leur fourniffoit quinze
on vingt Chevaux avec des
Chiens , & il y a eu une grande
déconfiture de Gibier. M du
Bruant qui a avancé dans les
terres , eft enchanté de ce Payslà.
La terre y eft admirable , les
moutons gros & grands comme
des Afnes & des Beufs , qui ont
cela de particulier qu'eftant at214
MERCURE
telez à des Chariots , ils vont
duffi vifte que les meilleurs chevaux
de Carroffe. Les Sauva
ges Outentos font les plus infames
& les plus laids de toute la
Terre habitable. On n'en a pas
affez dit dans toutes les Peintures
qu'on a faites d'eux.Ils vont tout
nuds ne fe couvrant que ce
que la nature apprend à cas
cher , & dans le froid ils fe fer
vent d'une peau de Mouton ou
d'Ours qu'ils mettent fur leurs
épaules comme un Manteau. Ils
fe frottent degraiffe huileufe
puante avec ducharbon pilé, &
ffoonntt.hhiiddeeuuxx à voir& àfenti
GALANT 215
·
Les Femmes ont dans leurs che
veux quifont comme de la laine
de Mouton , noirs & huileux
de leur vilaine graiffe puante ,
des coquillages & des jettons de
cuivre rouge. Elles entortillent
le gras de leursjambes de boyause
de toutes fortes d'Animaux, &
quand ils fontfecs , elles enfont
unregale à leurs Maris les bonnes
Feftes. Leurs Cazes font
baffes , couvertes de nattes de
jonc. Ellesfont fept ou buit femmes
avec un bomme dans ces
Cazes. Ils travaillent quelquefois
pour les Hollandois afin d'avoirdequoyfefaculer
, mais dés
216 MERCURE
qu'ilsfontfaouls , ils ne veulent
rienfaire. A douze ans les femmes
ont des enfans, & dés qu'ils
font nez, ils courent & grimpent
comme de plus grands enfans
. Je montay avant hier fur
la montagne de la Table , d'où
je vis omnia regna mundi .
Cette expedition est une folie ,
car il faut grimper de rocher en
rocher par des herbes ,
des herbes , par un
chemin le plus rode du monde .
Il fandroit eftre chevreau pour
bien monter fur cette affreuse.
montagne. Le chemin eft de
quatre ou cinq heures. Tout est
Rocplat fur la Table du cofté du
2
Nord.
GALANT
217
هللا
e font
Nord. Il y a furle Roc une ef
pece de
Marais , car ce ne
que joncs , & de l'eau . Le påffage
de la Mer du cofté du Nord
de l'Ifle
Robin , est
beaucoup
plus
grand que
l'autre par où
nous
fommes
entrez
dans la
Baye de la Table . Je vis une
plus belle Baye
plus
grande ,
paralelle
à celle de la Table . S'il
euft fait un plus beau jour , j'en
aurois tracé une Carte exacte ;
mais je ne pusfaire qu'un crayon
leger & à la haste . Dans de
certains momens je le
décriray
plus au net.
Ily auroit bien des chofes à
Novembre 1687 .
T
218 MERCURE
vous dire de ce Pays , fi le temps
me lepermettoit,auffi- bien que de
noftre occupation fur les Vaif
feaux. Nous y avons commencé
noftre Miffion par des Predications
frequentes aux Soldats &
aux Matelots. Les Officiers y
donnent un grand exemple, les
prieres y font reglées comme
dans un Seminaire . Tous les
jours au matin on fait la Priere,
& l'on dit plufieurs Mcffes.
Nous avons eu le bonheur de la
dire tous les jours , hors trois fois
le
que temps eftoit trop rude.
L'apréfmidy nous eftions trois à
faire le Catechisme dans trois
GALANT. 219
>
poftes differens. Sur les cing
heures l'on fait la Priere comme
dans tous les Vaiffeaux du Roy.
à huit heures on chante les
Litanies de la Sainte Vierge ,
l'on fait faire l'examen de
confcience ; aprés quoy nous
nous partageons par bandes pour
faire dire le Chapelet tout haut
aux Soldats & aux Matelots,
les Officiers fe mettent fouvent
de la partie, celafinit toujours
par un petit mot qui regarde le
falut. Le reste du temps eft employé
à l'Etude. Le Soir & le
matin nous avons fait une leçon
de Fortification & de Geometrie
Tij
220 MERCURE
&
aux Officiers aux Cadets qui
viennent écrire comme des Ecoliers.
On vient me demander
mes Lettres , car l'on met à la
Voile . Fauray l'honneur de
vous écrire dans quatre mois fi
Dieu nous continue un vent favorable.
L'on nous menace de
Mers fort rudes jufques à Bantam
; mais de Batavia à Siam ,
de fort belles. Dieu nousy conduife.
C'est par le Vaiffeau la Maligne
que l'on a trouvé à propos
de renvoyer en France , que je
vous écris. F'oubliois une circonftance
à vous remarquer affez
GALANT. 221
effentielle. C'eft que la Flûte le
Dromadaire qui dans la tem
pefte du Cap de Finisterre s'eftoit
Separée de noftre Efcadre fans
que nous l'avons pu réjoindre ,
arriva le 9. Juin au Cap deux
jours avant noftre Flotte. Les
Hollandois alarmez de cette
arrivée , avoient mis en déliberation
de ne leur point permettre
de mettre à terre leurs Malades ;
maispar le refpect qu'ils eurent
pour les Vaiffeaux de Sa Majefté
, la chofe fut accommodée
au contentement des uns & des
autres. L'on avoit befoin de
trouver un tel azile aprés une
Tiij
222 MERCURE
routefilongue, car les Equipages
& les Soldats eftoient malades »
l'air de la terre & les bonnes
nourritures les ont remis en
fort pett
de temps. Nous avons
laiffé le Pere de Chats au Cap
tombé malade depuis noftre dé
barquement. Il etoit defefpere
quand nous mifmes à la voile.
Ce feroit une grande perte que
ce faint Miffionnaire.
Je dois ajoûter icy qu'on
lit dans une autre Lettre écrite
par une perfonne qui a
auffi monté au haut de la
Montagne dont il eſt parlé
dans celle- cy , que ceux qui
GALANT. 223
,
avoient entrepris de monter
au fommer d'un lieu fi élevé ,
étant environ aux trois quarts
de la
Montagne entendirent
un fort grand bruit ;
& virent tomber des pier
res , qui paroiffoient plûtoft
être jettées,que tomber naturellement
. Ils s'arrefterent , &
demeurerent quelque temps
incertains s'ils acheveroient
leur voyage ; mais enfin la
fermeté Françoife l'emporta
fur la crainte , & ils pourfuivirent
leur chemin. Ils trouverent
au haut de ce lieu, un
fi grand nombre de Singes ,
Tiiij
224 MERCURE
qu'on peut dire qu'il y en
avoit une armée . Les Fran-:
çois commencerent â déliberer
s'ils tireroient fur
ces animaux , & peut- eftre
auroient-ils fait une décharge
fi l'un d'eux ne fe fuft
fouveņu , que quand les Singes
voyent leur fang , ils fe
jettent fur ceux qui les ont
bleffez , & que les autres , s'il
s'en trouve quelque nombre
, s'y jettent pareillement.
Les Singes fe retirerent en
faifant grand , bruit , & def
cendirent par un autre endroit
de la Montagne . On
GALANT. 225
trouva auffi fur le haut de
cette mefmeMontagne beaucoup
d'offemens de divers
Animaux .
Fermer
6
p. 287-288
Arrivée des Ambassadeurs de Siam à Bantam. [titre d'après la table]
Début :
Comme vous me marquez avoir leu avec plaisir toutes les [...]
Mots clefs :
Ambassadeurs de Siam, Siam, Jésuites, Flotte, Banten
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Arrivée des Ambassadeurs de Siam à Bantam. [titre d'après la table]
Comme vous me marquez
avarlen avec plaifir toutes
Nouvelles que je vous ay
mandées des Ambaffadeurs
de Siam , depuis leur départ
de France , jy dois ajoûter ,
que les Jefuites qui en ont
toujours de tres curieufes ,
& de tres-fidelles , en ont eu
depuis celles qui fontvenuës
du Cap de Bonne- Efperance,
& qu'ils ont receu des Lettres
qui marquent l'arrivée des
Ambaffadcurs , & de nostre
Flote devant Bantam. Je n'en
fçay pas encore bien le détail
; mais il me paroift par
288MERCURE
tout ce que j'en ay entendu
dire que le Gouverneur a lit
aux François un accueil beau
coup meilleur que la dernie
re fois qu'ils pafferent devant
cette Place . Ceux qui ont des
Parens ou des Amis.fur cette
Flote , ou qui par d'autres interefts
doivent fouhaiter qu
elle arrive heureufement à
Siam , ont lieu de fe réjouir
de ces nouvelle s .
avarlen avec plaifir toutes
Nouvelles que je vous ay
mandées des Ambaffadeurs
de Siam , depuis leur départ
de France , jy dois ajoûter ,
que les Jefuites qui en ont
toujours de tres curieufes ,
& de tres-fidelles , en ont eu
depuis celles qui fontvenuës
du Cap de Bonne- Efperance,
& qu'ils ont receu des Lettres
qui marquent l'arrivée des
Ambaffadcurs , & de nostre
Flote devant Bantam. Je n'en
fçay pas encore bien le détail
; mais il me paroift par
288MERCURE
tout ce que j'en ay entendu
dire que le Gouverneur a lit
aux François un accueil beau
coup meilleur que la dernie
re fois qu'ils pafferent devant
cette Place . Ceux qui ont des
Parens ou des Amis.fur cette
Flote , ou qui par d'autres interefts
doivent fouhaiter qu
elle arrive heureufement à
Siam , ont lieu de fe réjouir
de ces nouvelle s .
Fermer
7
p. 175-216
Eloge Funebre de feuë S. A. S. Monsieur le Prince, prononcé à Bourges, avec un appareil qui sert à faire voir toutes les vertus et toutes les grandes qualitez de ce Prince. [titre d'après la table]
Début :
Ce qui suit est bien digne de vostre curiosité, & à quelques [...]
Mots clefs :
Éloge funèbre, Jésuites, Collège de Bourges, Orateur, Henri-Jules de Bourbon-Condé, Héros, Auditeur, Oraison, Tableau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Eloge Funebre de feuë S. A. S. Monsieur le Prince, prononcé à Bourges, avec un appareil qui sert à faire voir toutes les vertus et toutes les grandes qualitez de ce Prince. [titre d'après la table]
Ce qui fuit eft bien digne
P iiij
176 MERCURE
de voftre curiofité , & à quel
ques mots prés , je vous
l'envoye de la maniere qu'il
eft tombé entre mes mains
ceux qui ont écrit cette Relation à la quelle j'ay fait ferupule de toucher , eftant mieux
inftruits que moy desc hofes
dont il s'agit.
Les Peres Jefuites , du College de Bourges qui ont des
obligations particulieres à la
Maifon de Condé , ne ſe contenterent pas de celebrer les
Sacrez Mifteres pour l'ame de
3
GALANT 177
S. A. S. Henry Julles de Bourbon , fi to
dose
appris la mort de ce Prince ; ils .
voulurent encore donner des
marques fingulieres de leur
reconnoiffance par quelque
action publique qui fût entierement confacrée à fa memoire ; mais comme ils vouloient rendre la Ceremonie
celebre & que les Membres
des principaux Corps de la
Ville de Bourges
voient alors difperfez à la
campagne , ils remirent à
executer leur deffein juſqu'au
mois de Decembre dernier ,
fe trou-
178 MERCURE
oùtout le monde à coûtume
de fe raffembler dans la Ville ;
ce fut le 19. du même mois
qu'ils choifirent pour cerre
folemnité.
Le matin fut employé à
offrir le Saint Sacrifice fur
tous les Autels de leur Eglife ;
l'aprêdinée le Pere de Blainville , un des Profeffeurs de l'Elo.
quenceprononça en latin l'O
raifon funebre du Prince. M'
de Foullé , Intendant de Berry,
quatres Facultez de l'Univerfité enhabit de Ceremonie,
le Corps de Ville , les Magif
trats , les Superieurs d'Ordre ;
les
GALANT 179.
t
& prefque toutes les autres
perfonnes de diftinction de la
Ville formoient une Affemblée également nombreuſe &
choifie.
Le deffein de l'Orateur fut
de reprefenter Henry Jules
de Bourbon , comme un Prince accomply & qui poffedoit
toutes les qualitez d'un veritable Heros. Il fit voir que
fon Heros ne cédoit à aucun
autrepour les vertus du cocur
& que prefque aucun ne l'avoit égalé pour les qualitez de
l'efprit. Les preuves de la
premiere partie confifterent à
180 MERCURE
faire connoiftre qu'Henry Ju
les de Bourbon remplit toû
jours & en tout lieu les dep
voirsd'un Grand Prince ; c'eftà dire , qu'il fut à la Guerre
valeureux & intrepide ; à la
Cour fage également foumis
& fidele ; à la Ville & dans fa
famille , humain , complaifant , équitable. Ainfi les
vertus Militaires , celles qui
font propres d'un Prince à
la Cour , les civiles & les domeftiques firent le partage de
cette partie.
L'Orateur en parlant des
vertus Militaires fit fur tout
GALANT 181
valoir le paffage du Rhin , où
le Prince ne ceffa de combatre
que lorsqu'il eut vangé par la
mort ou la prife de tous les
Ennemis , la bleffure que fon
Pere y reçeut. L'Affemblée
applaudit beaucoup à cette
endroit & ne prit pas moins
de plaifir à entendre le recit
de la Bataille de Seneff , où le
Prince quoyque bleſſé en deux
endroits , &aprés avoir perdu
fon cheval , vint au fecours
de fon Pere le fauva des
mains des Ennemis , & en le
fauvant fut caufe de la Victoire & du falut de la France.
>
182 MERCURE
La prife de Limbourg, &
de plufieurs autres Places où
Henry Jules de Bourbon ,
fignála fa valeur , ne furent
pas oubliées.
Lorfqu'il vint aux vertus
que Monfieur le Prince avoit
pratiquées à la Cour , il loüa
fur tout fa fincerité , fa droiture , fon attachement à tous
fes devoirs , fon affiduité auprés du Roy , & fon attention à fe regler en tout fur les
volontez & fur les inclinations de Sa Majefté ; ce qui
parut plus glorieux pour le
Prince , fut la remarque qu'il
GALANT 183
fit • que toutes fes démarches
& toutes les actions n'eurent
jamais d'autre principe que
fon zele , fon amour & fon
eftime pour Louis le Grand.
Al'égard des vertus domeftiques & civiles , il s'étendit
particulierement fur la reconnoiffance & la pieté de Henry
Jules de Bourbon envers le
le grand Condé fon Pere , fur
fon foin pour l'éducation &
l'établiffement des Princes fes
enfans ; fur la protection qu'il
accorda toujours conftamment à la Province dont il
avoit le Gouvernement ; fur
184 MERCURE
a
fa bienveillance , fa charité , fa
clemence , pour tous ceux qui
curent recours ou qui curent
affaire à luy. Je ferois trop
long fi je vous raportois en
détail ce que dit l'Orateur fur
les fommes immenfes que
Henry Jules de Bourbon , fit
diftribuer aux Pauvres , aprés
la mort du Prince fon Pere ;
les Paroiffes qu'il fonda ; les
dettes qu'il acquita ; fur l'abondance qu'il conferva dans
la Bourgogne dans un temps
de famine ; fur fa facilité à
pardonner les injures ; ſa compaffion pour les malheureux ,
GALANY 185
quand même ils auroient efté
fes ennemis & fur la bonté de
fon cœur , qui alloit juſqu'à
luy faire répandre des larmes
au feul récit de quelque action
de pieté.
Mais l'endroit ou l'Auditeur témoigna le plus de joye,
fut lorfque l'Orateur , en parlant de l'amour paternel , fit
remarquer avec verité , que le
Prince n'avoit en fait pour
fes enfans , qu'il ne leur fuc
dû ; qu'ils meritoient encore plus que la fortune qu'il leur
avoit laiffée , & qu'à confideFer leurs vertus , il fembloit
Fanvier 1710.
186 MERCURE
même n'en avoir pas affez fait
pour eux. Ce fut à cette occafion que l'Orateur fit un caractere auffi jufte qu'avantageux de Son Alteffe Sereniffime Madame la Princeffe , qui
par fes exemples encore plus
que par fes leçons , a entretenu
tant de vertus heroïques dans
fon Augufte Famille.
Dansla feconde Partie, l'Orateur après avoir fait entendre,qu'on n'eft point veritablement Heros , fi on nejointaux
vertusdu cœur, les qualitez d'un
genie éminent , diftingua trois
fortes de connoiffances qu'un
GALANT 187
Prince doit avoir pour meriter la réputation d'un excellentefprit ; il dit que les premieres fervoient à deffendre & àfoutenir un Etat ; que les fecondes
contribuoient àfan embelliffement
&
àfa gloire ; que les troifiémes
fontneceffairespouryconferverla
Religion dans fa fplendeur , &
qu'Henry Jules de Bourbon n'avoit prefque point eu d'égal dans
ces troisfortes de connoiffances.
Entre les Sciences qui procurent le bien d'un Royaume,
comme la Militaire eft une des
principales , l'Orateur fans rien
repeterde ce qu'il avoit dit de
Q ij
188 MERCURE
la valeur du Prince , montra
combien il eftoit entendu dans
le mêtier de la guerre. On ne
peut expofer d'une maniere
plus variée qu'il fit , les dix
Campagnes où fon Heros s'eſt
fait remarquer par mille actions éclatantes , dans tous les
Sieges & tous les Combats differens dont la France fortoit
alors toûjours victorieufe.
Il ajoûta que Mr le Prince
ne fut pas moins admirable
dans les autres connoiffances ,
foit des chofes qui concernent
le dedans du Royaume , commeles Loix del Etat, les mœurs
ALANT 189
& les ufages des Peuples ; les
Coutumes & les Privileges des
Provinces ; foit celles qui appartiennent aux affaires Politiques , comme le genie & les
interefts des Nations étrangeres , les vues & les projets des
Princes. Il s'attacha fur tout à
faire le caractere particulier du
Prince en marquant l'étenduë
de ſon eſprit également capable des plus grandes & des plus
petites chofes. Le détail infini
où Son Alteffe entroit , foit
qu'il fallut mettre l'ordre dans
la on
du
Roy
, foit
qu'il
fallut regler la fienne pro-
190 MERCURE
pre , ou preſider aux Etats de
Bourgogne fut un des beaux
morceaux de la Harangue. 18
Il fut aîfé de montrer combien Henry Jules de Bourbon
excella dans la connoiffance de
tous les Arts qui contribuënt
à l'ornement & à la gloire d'un
Royaume. Le Portrait que
l'Orateur en fit comme d'un
Prince autant élevé par fa capacité que par fa naiffance ,
eftoit vif & donnoit une belle
idée de la fuperiorité de genie
que perfonne n'a jamais refufée au Prince de Condé.
Cefut avec la mêmefacilité
GALANT 191
qu'il fit voir que jamais perfonneneconnutmieux faReligion
& nefut plus docile à la fuivre.
Aprés une espece de Recapitulation que l'Orateur fit de
tant de rares qualitez , foit du
scœur , foit de l'efprit , il ne
craignit pas d'avancer qu'il
eftoit en quelque maniere de
la gloire de Dieu qu'un Heros
fi accompli mourut en parfait
Chreftien il dit qu'Henry-fules de Bourbon mourut en effet
avec une entiere connoiſſance , &
une fermeté inébranlable , muni
de tous les Sacremens de l'Eglife ,
qu'il reçut avec une pieté exem-
192 MERCURE
plaire , laiffant aprés ſa mort la
memoire d'un Prince encore plus
grand qu'il n'avoit paru pendant
fa vie..
Le lieu où cette Oraifon funebrefut prononcée eftoit une
grande Salle toute tenduë de
noir depuis le haut jufqu'au
bas , avec un appareil funebre
qui répondoit parfaitement au
deffein de l'Oraifon.
Dans un des fonds de la
Salle , à la droite de l'Orateur ,
on avoit élevé, un Dais magn fique fous lequel on avoit
placé un grand Tableau où
eftoient les armes du Prince ;
il
GALANT 193
il eftoit accompagné de chaque
côté de deux trophées , dont
l'un par divers inftrumens de
guerre, & l'autre par tous les
fymboles des Sciences , & des
Arts , marquoient que HenryJules de Bourbon eftoit également grand & dans la guerre
& dans la Paix ; au deffous on
avoit dreffé une grande table
parée d'un riche tapis : fur cette table eftoit la Couronne à
fleurs de lis , couverte d'un crefpe fur un carreau de velours
noir ; avec tous les ornemens
qui convenoient aux dignitez
Janvier 1710.
R
194 MERCURE
dontfeu Monfieur le Prince a
efté revêtu.
Dans l'autre fond de la Salle
eftoit élevé un autre tableau
de même grandeur , qui contedoit le chiffre du Prince , accompagné de deux trophées
differens des deux premiers.
Au- deffus de la tefte de l'O
rateur ou avoit placé un grand
Cartouche, qui reprefentoit un
Mars & unApollon foûtenant
les armes de la Maifon de Condé ; deux autres eftoient unpeu
au- deffous ; dans l'un du cofté
où eftoit Apollon , on avoit
peint un Parnaffe , où l'on
GALANT 195
voyoit toutes les Mufes qui
prefident aux Sciences & aux
beaux Arts ; dans l'autre on
avoit peint les differens Dieux
de la Fable , qui paffent pour
prefider à l'Art Militaire &
pour eftre les Inventeurs des
Inftrumens qui fervent à la
Guerre.
Aces trois Cartolesré
pondoit de l'autre coſté de la
Salle une nouvelle decoration ,
qui confiftoit en diverfes Figures , qui repreſentoient & les
vertus du cœur & les qualitez
de l'efprit , avec cette feule
Infcription , qui renfermoit
Rij
196 MERCURE
tout le deffein de l'Oraifon
& qui fe trouvoit juſtement
au milieu de la Salle & vis- à vis
l'Orateur.
PRINCIPI PERFECTO.
Au Prince accompli,
Àla droite de cette Infcription regnoient autour de la
Salle jufqu'à la Chaire de l'Orateur , des Infcriptions , des
Peintures & des Devifes, qui exprimoient les vertus du cœur
qui faifoient le fujet de la premiere partie de l'Oraiſon.
D'abord une Infcription
generale marquoit les vertus
Militaires ,
GALANT, 197
VIRTUTES BELLICA.
Au- deffous eftoient en formedequarré trois Infcriptions
particulieres & trois Tableaux
qui fe rapportoient à l'Infcription generale.
Premiere Infcription particuliere.
PATRIS ULTORI.
Au Vengeur de fon Pere:
Elle eftoit accompagnée
d'un grand Tableau où l'on
avoit dépeint le Paffage du
Rhin , avec ces mots : ad Rhenum , pour marquer que Mr le
Prince n'avoit point quitté la
mêlée, que la mort où la prife
R iij
198 MERCURE
de tous les ennemis ne l'eut
fon vengé de la bleffure que
Pere avoit requë dans le ComSeconde Infcriprion partibat.
culiere.
PATRIS ET GALLIE
CONSERVATORL.
AuConfervateur defon Pere
de la France.
Le Tableau repreſentoit la
Bataille de Seneff , avec ces.
mots : AdSeneffum , pour marquer qu'enfecourant fon Pere,
tombé de cheval dans unfoffé,
& en le retirant des mains de
l'Ennemi , il avoit en même
порный
THEQUE DE
DA GALANT
temps fauvé la France.
Troifiéme Infcription par
ticuliere.
SUIS AUSPICIIS TRIUMPHANTI
Au Vainqueur qui ne doit qu'à
lui-même fa Victoire.
Le Tableau reprefentoit la
Villede Limbourg & plufieurs
Forts affiegez & pris par le
Prince , avec ces mots : Ad.
Limburgum , &c.
La feconde Infcription generale marquoit les vertus que
ce Prince a pratiquées à la
Cour.
VIRTUTES AULICE..
R iiij
200 MERCURE
Au - deffous eftoient trois
autres Infcriptions particulieres & trois Deviſes qui formoient une figure quarrée
femblable à la premiere.
Premiere Infcription particuliere.
REGIS OBSERVANTISSIMO.
Il fut toûjous attaché &foûmis
àfon Roy.
La Devile qui exprimoit ce
zele & cet amour pour Sa Majefté eftoit un Girafol penché
du cofté du Soleil , avec ces
mots :
HOC QUOCUNQUE SEQUOR.
Fe le fuis par tout.
GALANT 201
Seconde Infcription particu
liere.
RECTI TENACISSIMO.
Iln'eut pour regle que la droiture
&la vertu.
Devife : Une Bouffole toûjours tournée vers le Nord ,
avec ces mots :
DUCOR AMORE POLI.
Mon inclination mè porte vers
le Pole.
Troifiéme Infcription par.
ticuliere.
SUI SEMPER SIMILLIMO.
Ilfut toûjours égal à lui- même.
Devife : Un Laurier qui conferve en tout temps fa ver-
202 MERCURE
dure , avec ces mots :
NIL ESTAS ADDIT , NIL
TOLLIT HYEMS.
L'Efté ne medonne rien , l'Hyver
nem❜ofte rien.
La troifiéme Infcription
generale marquoit les vertus
civiles &
domeftiques ;
VIRTUTES DOMESTICE AC
CIVILES.
Premiere Infcription particuliere.
PATRIA INDOLIS EFFIGIEM
RENOVANTI.
Ilfuivit les belles inclinations
defon Pere.
Devife: Un nouveau Phc-
GALANT 203
nix qu'on voit fortir des cendres de celuy qui l'a precedé ,
avec ces mots :
ALTER AB ILLO SURGIT.
Il s'en éleve un fecond ſemblable·
au premier.
Seconde Infcription particuliere.
PARENTI PROVIDENTISSIMO.
Il remplit tous les devoirs d'un
bon Pere.
fes enLa Devife qui exprimoit cette vigilance & cet amour paternel du Prince pour
fans , eftoit un Aigle occupé
à conftruire fon aire , avec
mots :
204 MERCURE
NON MEOS SED PROLIS IN
USUS.
Cen'eftpaspourmoymaispour
les miens queje travaille.
Troifiéme Infcription particuliere.
GUBENATORUM EXEMPLO.
Il fut l'exemple le modele
des Gouverneurs.
b
Devife : Un Soleil qui par
fa chaleur benigne fait porter
des fleurs & des fruits à des arbres qui font au- deffous de lui,
avec ces mots :
UBI PRÆEST , PRODEST.
Où il prefide, ilfait du bien.
Pour fignifier que M' le
GALANT 205
Prince a toûjours maintenu la
Bourgogne dans fes Privileges,
& qu'il y a confervé l'abondance dans les temps les plus
fâcheux.
A la gauche de la grande Inf
cription qui renfermoit tout
le fujet de l'Oraifon exprimé
par ces mots : Principi perfecto.
On avoit diftribué de la même
maniere trois autres quarrez ,
qui aboutiffoient pareillement
à la Chaire de l'Orateur , & qui
en reprefentant par de nouvelles Infcriptions & Devifes , les
diverfes connoiffances , qu'on
admira toujours dans le Prin-
206 MERCURE
ce de Condé , marquoient les
éminentes qualitez de fon efprit ;ce qui faifoit le ſujet de la
feconde Partie de l'Oraifon.
La premiere Infeription ge
nerale marquoit la connoiflance des Arts qui fervent à la
défenſe & au foutien des Empires.
ARTES REIPUBLICE
TUTELARES.
Premiere Infcription particuliere..
BELLI SCIENTISS IMO.
Ilfut tres experimenté dans
la Guerre.
Devife : une main fur un
GALANT 207
jeu d'Echecs , avec les pieces ,
& ces mots :
MIHI PRÆLIA LUDUS.
Les Combats font un
pour moy.
Fen
Seconde Infcription particuliere.
NATIONUM CONSSILIA
PERVADENTI.
Il connut parfaitement les interefts & les projets des differentes
Nations.
Devife : UneFléche volante
qui perce les nuës , avec ces
mots :
LONGE VOLAT ET PENETRAT.
C'eft fon propre de voler loin
&de penetrer.
208 MERCURE
Troifiéme Inſcription particuliere.
UTILITATI REGIA
CONSULENTI.
Il eut toûjours en vûël'utilité
du Roy.
Deviſe : Un Cadran expoſe
au Soleil , & placé ſur le Frontifpice d'un Palais Royal , avec
ces mots:
SOLE REGENTE, DOMUM
ORDINE.
Le Soleil eft ma regle , &je fuis
celle de toute la Maifon.
Pour faire allufion à l'ordre
admirable .que M' le Prince
avoit établi dans la Maiſondu
GALANT 2c9
Roy , dont il eftoit GrandMailtre.
La feconde Infcription generale marquoit la connoiffandes beaux Arts , qui contribuent à la gloire & à l'ornement d'un Royaume :
ARTES IMPERIIS GLORIOSÆ.
Premiere Infcription particuliere.
IMA ET ALTA COMPREHENDENTI.
Il fut également ce qu'ily a de
pluscommune deplusfublime.
Devife : Un Arc - en - Ciel
qui paroift par le milieu élevé
Fanvier 1710.
S
210 MERCURE
au deffus des airs , & dont les
extremitez femblent toucher
la terre , avec ces mos :
ASTRATENET, NEC SPERNIT
HUMUM.
Elevéjufqu'aux Cieux il ne
méprife point la Terre.
Seconde Infcription particuliere.
RERUM SINGULARUM ÆSTIMATORI SACAGISSIMO.
Il eut undifcernement exquis pour
juger de toutes chofes.
Devife : Une Balance fuf
penduë en l'air par une main
qui la foutient
mots :
avec ces
GALANT 201
NON REI MOLES , SED
GRAVITAS MOVET.
Ce n'est point le volume mais
le poids des chofes qui me font
pencher.
Troifiéme Infcription particuliere.
ELEGANTIARUM PATRI .
Ilfutcomme le Pere de l'Elegance
&de la Politeffe.
fa
Devife : Un Parterre couvert de fleurs differentes , &
au deffus un Soleil , qui par
lumiere forme l'agreable varieté de leurs couleurs ; avec
ces mots :
Sij
212 MERCURE
CUNCTA COLORAT.
Ildonne de la couleur & de l'éclat
à
tout.
La troifiéme Infcription generale marquoit la connoiffance des chofes qui appartiennent à la Religion.
Artes Religioni fervientes.
Premiere Infcription particuliere.
RELIGIONIS MYSTERIA
PERNOSCENTI.
Il approfondit les Mysteres
de la Religion.
Devife : Un Aigle au- deſſus
des nuës, qui regarde fixement
le Ciel , avec ces mots :
GALANT 213
ALTIORA VI DET.
Ses regards percentjuſqu'au plus
baut des Cieux.
Seconde Infcription particuliere.
RELIGIONIS INSTITUTA
PROFITENTI .
Il fe fir gloire en tout temps defa
Mind Religion.
Devife: UnVaiffeau qui fuit
toûjours dans fa courfe l'Etoile Polaire avec ces mots :
UBI FULSIT, UNAM
SEQUITUR.
Dés qu'elle paroift , il ne fuit
qu'elle.
214 MERCURE
Troifiéme Infcription parriculiere.
RELIGIONI ULTIMA
CONSECRANTI.
Il confacra fes derniers foupirs
à la Religion.
Devife: Un Encenfoir fur
un Autel , duquel on voit for
tir la fumée de l'Encens qui fe
confume , avec ces mots :
SOLVITUR NUMINI.
Il eft confumé à l'honneur du
vray Dieu.
Autour de la Salle , regnoit
en haut une longue rangée
d'Armoiries entre- melées de
Chiffres & au- deffous d'ef
GALANT 215
fix
pace en efpace pour remplir les
vuides qui eftoient entre les
quarrez que formoient les
Infcriptions & les Devifes , on
avoit placé des Tableaux qui
reprefentoient par differentes
figures , ce qu'on avoit déja
exprimé par ces mêmes Infcriptions & Devifes.
ས
Tout brilloit des lumieres ,
qu'on avoit diftribuées , de
maniere que chaque piece de
la décoration eftoit éclairée de
toutes parts par le moyen d'un
grandnombredeLuftresqu'onavoit fufpendus & de Plaques
qu'on avoit appliquées fur
216 MERCURE
la Tenture ce qui donnoit un
tres grand éclat à tout l'appareil.
P iiij
176 MERCURE
de voftre curiofité , & à quel
ques mots prés , je vous
l'envoye de la maniere qu'il
eft tombé entre mes mains
ceux qui ont écrit cette Relation à la quelle j'ay fait ferupule de toucher , eftant mieux
inftruits que moy desc hofes
dont il s'agit.
Les Peres Jefuites , du College de Bourges qui ont des
obligations particulieres à la
Maifon de Condé , ne ſe contenterent pas de celebrer les
Sacrez Mifteres pour l'ame de
3
GALANT 177
S. A. S. Henry Julles de Bourbon , fi to
dose
appris la mort de ce Prince ; ils .
voulurent encore donner des
marques fingulieres de leur
reconnoiffance par quelque
action publique qui fût entierement confacrée à fa memoire ; mais comme ils vouloient rendre la Ceremonie
celebre & que les Membres
des principaux Corps de la
Ville de Bourges
voient alors difperfez à la
campagne , ils remirent à
executer leur deffein juſqu'au
mois de Decembre dernier ,
fe trou-
178 MERCURE
oùtout le monde à coûtume
de fe raffembler dans la Ville ;
ce fut le 19. du même mois
qu'ils choifirent pour cerre
folemnité.
Le matin fut employé à
offrir le Saint Sacrifice fur
tous les Autels de leur Eglife ;
l'aprêdinée le Pere de Blainville , un des Profeffeurs de l'Elo.
quenceprononça en latin l'O
raifon funebre du Prince. M'
de Foullé , Intendant de Berry,
quatres Facultez de l'Univerfité enhabit de Ceremonie,
le Corps de Ville , les Magif
trats , les Superieurs d'Ordre ;
les
GALANT 179.
t
& prefque toutes les autres
perfonnes de diftinction de la
Ville formoient une Affemblée également nombreuſe &
choifie.
Le deffein de l'Orateur fut
de reprefenter Henry Jules
de Bourbon , comme un Prince accomply & qui poffedoit
toutes les qualitez d'un veritable Heros. Il fit voir que
fon Heros ne cédoit à aucun
autrepour les vertus du cocur
& que prefque aucun ne l'avoit égalé pour les qualitez de
l'efprit. Les preuves de la
premiere partie confifterent à
180 MERCURE
faire connoiftre qu'Henry Ju
les de Bourbon remplit toû
jours & en tout lieu les dep
voirsd'un Grand Prince ; c'eftà dire , qu'il fut à la Guerre
valeureux & intrepide ; à la
Cour fage également foumis
& fidele ; à la Ville & dans fa
famille , humain , complaifant , équitable. Ainfi les
vertus Militaires , celles qui
font propres d'un Prince à
la Cour , les civiles & les domeftiques firent le partage de
cette partie.
L'Orateur en parlant des
vertus Militaires fit fur tout
GALANT 181
valoir le paffage du Rhin , où
le Prince ne ceffa de combatre
que lorsqu'il eut vangé par la
mort ou la prife de tous les
Ennemis , la bleffure que fon
Pere y reçeut. L'Affemblée
applaudit beaucoup à cette
endroit & ne prit pas moins
de plaifir à entendre le recit
de la Bataille de Seneff , où le
Prince quoyque bleſſé en deux
endroits , &aprés avoir perdu
fon cheval , vint au fecours
de fon Pere le fauva des
mains des Ennemis , & en le
fauvant fut caufe de la Victoire & du falut de la France.
>
182 MERCURE
La prife de Limbourg, &
de plufieurs autres Places où
Henry Jules de Bourbon ,
fignála fa valeur , ne furent
pas oubliées.
Lorfqu'il vint aux vertus
que Monfieur le Prince avoit
pratiquées à la Cour , il loüa
fur tout fa fincerité , fa droiture , fon attachement à tous
fes devoirs , fon affiduité auprés du Roy , & fon attention à fe regler en tout fur les
volontez & fur les inclinations de Sa Majefté ; ce qui
parut plus glorieux pour le
Prince , fut la remarque qu'il
GALANT 183
fit • que toutes fes démarches
& toutes les actions n'eurent
jamais d'autre principe que
fon zele , fon amour & fon
eftime pour Louis le Grand.
Al'égard des vertus domeftiques & civiles , il s'étendit
particulierement fur la reconnoiffance & la pieté de Henry
Jules de Bourbon envers le
le grand Condé fon Pere , fur
fon foin pour l'éducation &
l'établiffement des Princes fes
enfans ; fur la protection qu'il
accorda toujours conftamment à la Province dont il
avoit le Gouvernement ; fur
184 MERCURE
a
fa bienveillance , fa charité , fa
clemence , pour tous ceux qui
curent recours ou qui curent
affaire à luy. Je ferois trop
long fi je vous raportois en
détail ce que dit l'Orateur fur
les fommes immenfes que
Henry Jules de Bourbon , fit
diftribuer aux Pauvres , aprés
la mort du Prince fon Pere ;
les Paroiffes qu'il fonda ; les
dettes qu'il acquita ; fur l'abondance qu'il conferva dans
la Bourgogne dans un temps
de famine ; fur fa facilité à
pardonner les injures ; ſa compaffion pour les malheureux ,
GALANY 185
quand même ils auroient efté
fes ennemis & fur la bonté de
fon cœur , qui alloit juſqu'à
luy faire répandre des larmes
au feul récit de quelque action
de pieté.
Mais l'endroit ou l'Auditeur témoigna le plus de joye,
fut lorfque l'Orateur , en parlant de l'amour paternel , fit
remarquer avec verité , que le
Prince n'avoit en fait pour
fes enfans , qu'il ne leur fuc
dû ; qu'ils meritoient encore plus que la fortune qu'il leur
avoit laiffée , & qu'à confideFer leurs vertus , il fembloit
Fanvier 1710.
186 MERCURE
même n'en avoir pas affez fait
pour eux. Ce fut à cette occafion que l'Orateur fit un caractere auffi jufte qu'avantageux de Son Alteffe Sereniffime Madame la Princeffe , qui
par fes exemples encore plus
que par fes leçons , a entretenu
tant de vertus heroïques dans
fon Augufte Famille.
Dansla feconde Partie, l'Orateur après avoir fait entendre,qu'on n'eft point veritablement Heros , fi on nejointaux
vertusdu cœur, les qualitez d'un
genie éminent , diftingua trois
fortes de connoiffances qu'un
GALANT 187
Prince doit avoir pour meriter la réputation d'un excellentefprit ; il dit que les premieres fervoient à deffendre & àfoutenir un Etat ; que les fecondes
contribuoient àfan embelliffement
&
àfa gloire ; que les troifiémes
fontneceffairespouryconferverla
Religion dans fa fplendeur , &
qu'Henry Jules de Bourbon n'avoit prefque point eu d'égal dans
ces troisfortes de connoiffances.
Entre les Sciences qui procurent le bien d'un Royaume,
comme la Militaire eft une des
principales , l'Orateur fans rien
repeterde ce qu'il avoit dit de
Q ij
188 MERCURE
la valeur du Prince , montra
combien il eftoit entendu dans
le mêtier de la guerre. On ne
peut expofer d'une maniere
plus variée qu'il fit , les dix
Campagnes où fon Heros s'eſt
fait remarquer par mille actions éclatantes , dans tous les
Sieges & tous les Combats differens dont la France fortoit
alors toûjours victorieufe.
Il ajoûta que Mr le Prince
ne fut pas moins admirable
dans les autres connoiffances ,
foit des chofes qui concernent
le dedans du Royaume , commeles Loix del Etat, les mœurs
ALANT 189
& les ufages des Peuples ; les
Coutumes & les Privileges des
Provinces ; foit celles qui appartiennent aux affaires Politiques , comme le genie & les
interefts des Nations étrangeres , les vues & les projets des
Princes. Il s'attacha fur tout à
faire le caractere particulier du
Prince en marquant l'étenduë
de ſon eſprit également capable des plus grandes & des plus
petites chofes. Le détail infini
où Son Alteffe entroit , foit
qu'il fallut mettre l'ordre dans
la on
du
Roy
, foit
qu'il
fallut regler la fienne pro-
190 MERCURE
pre , ou preſider aux Etats de
Bourgogne fut un des beaux
morceaux de la Harangue. 18
Il fut aîfé de montrer combien Henry Jules de Bourbon
excella dans la connoiffance de
tous les Arts qui contribuënt
à l'ornement & à la gloire d'un
Royaume. Le Portrait que
l'Orateur en fit comme d'un
Prince autant élevé par fa capacité que par fa naiffance ,
eftoit vif & donnoit une belle
idée de la fuperiorité de genie
que perfonne n'a jamais refufée au Prince de Condé.
Cefut avec la mêmefacilité
GALANT 191
qu'il fit voir que jamais perfonneneconnutmieux faReligion
& nefut plus docile à la fuivre.
Aprés une espece de Recapitulation que l'Orateur fit de
tant de rares qualitez , foit du
scœur , foit de l'efprit , il ne
craignit pas d'avancer qu'il
eftoit en quelque maniere de
la gloire de Dieu qu'un Heros
fi accompli mourut en parfait
Chreftien il dit qu'Henry-fules de Bourbon mourut en effet
avec une entiere connoiſſance , &
une fermeté inébranlable , muni
de tous les Sacremens de l'Eglife ,
qu'il reçut avec une pieté exem-
192 MERCURE
plaire , laiffant aprés ſa mort la
memoire d'un Prince encore plus
grand qu'il n'avoit paru pendant
fa vie..
Le lieu où cette Oraifon funebrefut prononcée eftoit une
grande Salle toute tenduë de
noir depuis le haut jufqu'au
bas , avec un appareil funebre
qui répondoit parfaitement au
deffein de l'Oraifon.
Dans un des fonds de la
Salle , à la droite de l'Orateur ,
on avoit élevé, un Dais magn fique fous lequel on avoit
placé un grand Tableau où
eftoient les armes du Prince ;
il
GALANT 193
il eftoit accompagné de chaque
côté de deux trophées , dont
l'un par divers inftrumens de
guerre, & l'autre par tous les
fymboles des Sciences , & des
Arts , marquoient que HenryJules de Bourbon eftoit également grand & dans la guerre
& dans la Paix ; au deffous on
avoit dreffé une grande table
parée d'un riche tapis : fur cette table eftoit la Couronne à
fleurs de lis , couverte d'un crefpe fur un carreau de velours
noir ; avec tous les ornemens
qui convenoient aux dignitez
Janvier 1710.
R
194 MERCURE
dontfeu Monfieur le Prince a
efté revêtu.
Dans l'autre fond de la Salle
eftoit élevé un autre tableau
de même grandeur , qui contedoit le chiffre du Prince , accompagné de deux trophées
differens des deux premiers.
Au- deffus de la tefte de l'O
rateur ou avoit placé un grand
Cartouche, qui reprefentoit un
Mars & unApollon foûtenant
les armes de la Maifon de Condé ; deux autres eftoient unpeu
au- deffous ; dans l'un du cofté
où eftoit Apollon , on avoit
peint un Parnaffe , où l'on
GALANT 195
voyoit toutes les Mufes qui
prefident aux Sciences & aux
beaux Arts ; dans l'autre on
avoit peint les differens Dieux
de la Fable , qui paffent pour
prefider à l'Art Militaire &
pour eftre les Inventeurs des
Inftrumens qui fervent à la
Guerre.
Aces trois Cartolesré
pondoit de l'autre coſté de la
Salle une nouvelle decoration ,
qui confiftoit en diverfes Figures , qui repreſentoient & les
vertus du cœur & les qualitez
de l'efprit , avec cette feule
Infcription , qui renfermoit
Rij
196 MERCURE
tout le deffein de l'Oraifon
& qui fe trouvoit juſtement
au milieu de la Salle & vis- à vis
l'Orateur.
PRINCIPI PERFECTO.
Au Prince accompli,
Àla droite de cette Infcription regnoient autour de la
Salle jufqu'à la Chaire de l'Orateur , des Infcriptions , des
Peintures & des Devifes, qui exprimoient les vertus du cœur
qui faifoient le fujet de la premiere partie de l'Oraiſon.
D'abord une Infcription
generale marquoit les vertus
Militaires ,
GALANT, 197
VIRTUTES BELLICA.
Au- deffous eftoient en formedequarré trois Infcriptions
particulieres & trois Tableaux
qui fe rapportoient à l'Infcription generale.
Premiere Infcription particuliere.
PATRIS ULTORI.
Au Vengeur de fon Pere:
Elle eftoit accompagnée
d'un grand Tableau où l'on
avoit dépeint le Paffage du
Rhin , avec ces mots : ad Rhenum , pour marquer que Mr le
Prince n'avoit point quitté la
mêlée, que la mort où la prife
R iij
198 MERCURE
de tous les ennemis ne l'eut
fon vengé de la bleffure que
Pere avoit requë dans le ComSeconde Infcriprion partibat.
culiere.
PATRIS ET GALLIE
CONSERVATORL.
AuConfervateur defon Pere
de la France.
Le Tableau repreſentoit la
Bataille de Seneff , avec ces.
mots : AdSeneffum , pour marquer qu'enfecourant fon Pere,
tombé de cheval dans unfoffé,
& en le retirant des mains de
l'Ennemi , il avoit en même
порный
THEQUE DE
DA GALANT
temps fauvé la France.
Troifiéme Infcription par
ticuliere.
SUIS AUSPICIIS TRIUMPHANTI
Au Vainqueur qui ne doit qu'à
lui-même fa Victoire.
Le Tableau reprefentoit la
Villede Limbourg & plufieurs
Forts affiegez & pris par le
Prince , avec ces mots : Ad.
Limburgum , &c.
La feconde Infcription generale marquoit les vertus que
ce Prince a pratiquées à la
Cour.
VIRTUTES AULICE..
R iiij
200 MERCURE
Au - deffous eftoient trois
autres Infcriptions particulieres & trois Deviſes qui formoient une figure quarrée
femblable à la premiere.
Premiere Infcription particuliere.
REGIS OBSERVANTISSIMO.
Il fut toûjous attaché &foûmis
àfon Roy.
La Devile qui exprimoit ce
zele & cet amour pour Sa Majefté eftoit un Girafol penché
du cofté du Soleil , avec ces
mots :
HOC QUOCUNQUE SEQUOR.
Fe le fuis par tout.
GALANT 201
Seconde Infcription particu
liere.
RECTI TENACISSIMO.
Iln'eut pour regle que la droiture
&la vertu.
Devife : Une Bouffole toûjours tournée vers le Nord ,
avec ces mots :
DUCOR AMORE POLI.
Mon inclination mè porte vers
le Pole.
Troifiéme Infcription par.
ticuliere.
SUI SEMPER SIMILLIMO.
Ilfut toûjours égal à lui- même.
Devife : Un Laurier qui conferve en tout temps fa ver-
202 MERCURE
dure , avec ces mots :
NIL ESTAS ADDIT , NIL
TOLLIT HYEMS.
L'Efté ne medonne rien , l'Hyver
nem❜ofte rien.
La troifiéme Infcription
generale marquoit les vertus
civiles &
domeftiques ;
VIRTUTES DOMESTICE AC
CIVILES.
Premiere Infcription particuliere.
PATRIA INDOLIS EFFIGIEM
RENOVANTI.
Ilfuivit les belles inclinations
defon Pere.
Devife: Un nouveau Phc-
GALANT 203
nix qu'on voit fortir des cendres de celuy qui l'a precedé ,
avec ces mots :
ALTER AB ILLO SURGIT.
Il s'en éleve un fecond ſemblable·
au premier.
Seconde Infcription particuliere.
PARENTI PROVIDENTISSIMO.
Il remplit tous les devoirs d'un
bon Pere.
fes enLa Devife qui exprimoit cette vigilance & cet amour paternel du Prince pour
fans , eftoit un Aigle occupé
à conftruire fon aire , avec
mots :
204 MERCURE
NON MEOS SED PROLIS IN
USUS.
Cen'eftpaspourmoymaispour
les miens queje travaille.
Troifiéme Infcription particuliere.
GUBENATORUM EXEMPLO.
Il fut l'exemple le modele
des Gouverneurs.
b
Devife : Un Soleil qui par
fa chaleur benigne fait porter
des fleurs & des fruits à des arbres qui font au- deffous de lui,
avec ces mots :
UBI PRÆEST , PRODEST.
Où il prefide, ilfait du bien.
Pour fignifier que M' le
GALANT 205
Prince a toûjours maintenu la
Bourgogne dans fes Privileges,
& qu'il y a confervé l'abondance dans les temps les plus
fâcheux.
A la gauche de la grande Inf
cription qui renfermoit tout
le fujet de l'Oraifon exprimé
par ces mots : Principi perfecto.
On avoit diftribué de la même
maniere trois autres quarrez ,
qui aboutiffoient pareillement
à la Chaire de l'Orateur , & qui
en reprefentant par de nouvelles Infcriptions & Devifes , les
diverfes connoiffances , qu'on
admira toujours dans le Prin-
206 MERCURE
ce de Condé , marquoient les
éminentes qualitez de fon efprit ;ce qui faifoit le ſujet de la
feconde Partie de l'Oraifon.
La premiere Infeription ge
nerale marquoit la connoiflance des Arts qui fervent à la
défenſe & au foutien des Empires.
ARTES REIPUBLICE
TUTELARES.
Premiere Infcription particuliere..
BELLI SCIENTISS IMO.
Ilfut tres experimenté dans
la Guerre.
Devife : une main fur un
GALANT 207
jeu d'Echecs , avec les pieces ,
& ces mots :
MIHI PRÆLIA LUDUS.
Les Combats font un
pour moy.
Fen
Seconde Infcription particuliere.
NATIONUM CONSSILIA
PERVADENTI.
Il connut parfaitement les interefts & les projets des differentes
Nations.
Devife : UneFléche volante
qui perce les nuës , avec ces
mots :
LONGE VOLAT ET PENETRAT.
C'eft fon propre de voler loin
&de penetrer.
208 MERCURE
Troifiéme Inſcription particuliere.
UTILITATI REGIA
CONSULENTI.
Il eut toûjours en vûël'utilité
du Roy.
Deviſe : Un Cadran expoſe
au Soleil , & placé ſur le Frontifpice d'un Palais Royal , avec
ces mots:
SOLE REGENTE, DOMUM
ORDINE.
Le Soleil eft ma regle , &je fuis
celle de toute la Maifon.
Pour faire allufion à l'ordre
admirable .que M' le Prince
avoit établi dans la Maiſondu
GALANT 2c9
Roy , dont il eftoit GrandMailtre.
La feconde Infcription generale marquoit la connoiffandes beaux Arts , qui contribuent à la gloire & à l'ornement d'un Royaume :
ARTES IMPERIIS GLORIOSÆ.
Premiere Infcription particuliere.
IMA ET ALTA COMPREHENDENTI.
Il fut également ce qu'ily a de
pluscommune deplusfublime.
Devife : Un Arc - en - Ciel
qui paroift par le milieu élevé
Fanvier 1710.
S
210 MERCURE
au deffus des airs , & dont les
extremitez femblent toucher
la terre , avec ces mos :
ASTRATENET, NEC SPERNIT
HUMUM.
Elevéjufqu'aux Cieux il ne
méprife point la Terre.
Seconde Infcription particuliere.
RERUM SINGULARUM ÆSTIMATORI SACAGISSIMO.
Il eut undifcernement exquis pour
juger de toutes chofes.
Devife : Une Balance fuf
penduë en l'air par une main
qui la foutient
mots :
avec ces
GALANT 201
NON REI MOLES , SED
GRAVITAS MOVET.
Ce n'est point le volume mais
le poids des chofes qui me font
pencher.
Troifiéme Infcription particuliere.
ELEGANTIARUM PATRI .
Ilfutcomme le Pere de l'Elegance
&de la Politeffe.
fa
Devife : Un Parterre couvert de fleurs differentes , &
au deffus un Soleil , qui par
lumiere forme l'agreable varieté de leurs couleurs ; avec
ces mots :
Sij
212 MERCURE
CUNCTA COLORAT.
Ildonne de la couleur & de l'éclat
à
tout.
La troifiéme Infcription generale marquoit la connoiffance des chofes qui appartiennent à la Religion.
Artes Religioni fervientes.
Premiere Infcription particuliere.
RELIGIONIS MYSTERIA
PERNOSCENTI.
Il approfondit les Mysteres
de la Religion.
Devife : Un Aigle au- deſſus
des nuës, qui regarde fixement
le Ciel , avec ces mots :
GALANT 213
ALTIORA VI DET.
Ses regards percentjuſqu'au plus
baut des Cieux.
Seconde Infcription particuliere.
RELIGIONIS INSTITUTA
PROFITENTI .
Il fe fir gloire en tout temps defa
Mind Religion.
Devife: UnVaiffeau qui fuit
toûjours dans fa courfe l'Etoile Polaire avec ces mots :
UBI FULSIT, UNAM
SEQUITUR.
Dés qu'elle paroift , il ne fuit
qu'elle.
214 MERCURE
Troifiéme Infcription parriculiere.
RELIGIONI ULTIMA
CONSECRANTI.
Il confacra fes derniers foupirs
à la Religion.
Devife: Un Encenfoir fur
un Autel , duquel on voit for
tir la fumée de l'Encens qui fe
confume , avec ces mots :
SOLVITUR NUMINI.
Il eft confumé à l'honneur du
vray Dieu.
Autour de la Salle , regnoit
en haut une longue rangée
d'Armoiries entre- melées de
Chiffres & au- deffous d'ef
GALANT 215
fix
pace en efpace pour remplir les
vuides qui eftoient entre les
quarrez que formoient les
Infcriptions & les Devifes , on
avoit placé des Tableaux qui
reprefentoient par differentes
figures , ce qu'on avoit déja
exprimé par ces mêmes Infcriptions & Devifes.
ས
Tout brilloit des lumieres ,
qu'on avoit diftribuées , de
maniere que chaque piece de
la décoration eftoit éclairée de
toutes parts par le moyen d'un
grandnombredeLuftresqu'onavoit fufpendus & de Plaques
qu'on avoit appliquées fur
216 MERCURE
la Tenture ce qui donnoit un
tres grand éclat à tout l'appareil.
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Résumé : Eloge Funebre de feuë S. A. S. Monsieur le Prince, prononcé à Bourges, avec un appareil qui sert à faire voir toutes les vertus et toutes les grandes qualitez de ce Prince. [titre d'après la table]
Le texte relate une cérémonie organisée par les Pères Jésuites du Collège de Bourges en mémoire de Henry Jules de Bourbon, fils du Prince de Condé. Initialement prévue après l'annonce de la mort du prince, la cérémonie fut reportée au mois de décembre pour permettre la présence des membres des principaux corps de la ville de Bourges. Le 19 décembre, une messe fut célébrée dans l'église des Jésuites, suivie d'un discours funèbre en latin prononcé par le Père de Blainville. L'orateur loua les qualités militaires, civiles et domestiques du prince, soulignant notamment son courage lors du passage du Rhin et de la bataille de Seneff. Il mit également en avant sa droiture, sa fidélité et son dévouement envers le roi Louis XIV. Le discours insista sur les vertus du cœur et les qualités de l'esprit du prince, le présentant comme un héros accompli. La salle où se déroula l'oraison était décorée de manière solennelle, avec des tableaux, des trophées et des inscriptions célébrant les vertus et les exploits du prince. Les inscriptions étaient organisées en trois parties principales : les vertus civiles et domestiques, la connaissance des arts utiles à la défense et au soutien des empires, et la connaissance des beaux-arts contribuant à la gloire et à l'ornement d'un royaume. La première inscription générale mettait en avant les vertus civiles et domestiques du prince. Les inscriptions particulières soulignaient ses belles inclinations héritées de son père, sa vigilance et son amour paternel, et son rôle de modèle pour les gouverneurs. Les devises accompagnantes illustraient ces qualités par des métaphores, comme un aigle construisant son aire ou un soleil faisant pousser des fleurs et des fruits. La deuxième inscription générale se concentrait sur la connaissance des arts de défense. Les inscriptions particulières montraient son expertise en guerre, sa compréhension des intérêts des nations, et son dévouement à l'utilité du roi. Les devises utilisaient des images comme un jeu d'échecs, une flèche volante, et un cadran solaire pour symboliser ces compétences. La troisième inscription générale traitait des beaux-arts. Les inscriptions particulières soulignaient sa compréhension des aspects communs et sublimes, son discernement exquis, et son rôle de père de l'élégance et de la politesse. Les devises incluaient un arc-en-ciel, une balance, et un parterre de fleurs pour représenter ces qualités. Enfin, la dernière inscription générale abordait la connaissance des choses religieuses. Les inscriptions particulières montraient son approfondissement des mystères de la religion, son respect des institutions religieuses, et sa consécration finale à la religion. Les devises utilisaient des images comme un aigle regardant le ciel, un vaisseau suivant l'étoile polaire, et de l'encens se consumant sur un autel. La salle était décorée de manière à illustrer ces inscriptions et devises par des armoiries, des chiffres, des tableaux, et un éclairage abondant, créant ainsi une présentation éclatante et détaillée des qualités du prince.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 318-320
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rennes.
Début :
Les Jesuites de la Ville de Rennes furent assez heureux pour annoncer les premiers [...]
Mots clefs :
Église, Réjouissances, Naissance du Dauphin, Jésuites
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rennes.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rennes*
LEs Jésuites de la Ville de Rennes furent
assez heureux pour annoncer les premiers?
au Public la grande nouvelle de la Naissance
«lu. Dauphin- , plusieurs Lettres en avoient dé/ainstruit
les personnes les plus qualifiées , mais'
íé Peuple l'apprit par une décharg-e generale'
& réitérée des Canons conduits fur les bords*
dé la Villaine , qui arrose les: dehors du Col
lège. Le lendemain 8. de Septembre , on y
continua c?s éclatantes démonstrations d'allé
gresse , & le Pere Eo-n , ancien Prédicateur du1
Roi , parla éloquemment dans le Sermon de la
Fête au' noìn de la Compagnie, fur l'heureu*
présent que le Cîel venoit de faire à la France,-
& y joignit les voeux les plus tendres auprès*
du Seigneur pòur la conservation d'un si pré
cieux dépôt- ( ( .
Ces premiers témoignages furent simples.'
le peu de temps qu'on avoit ne permettoit pas
d'en faire davantage; mais ils ne surent que"
fes préludes de la Fête qui fe prépara pour Je
rhardy io. du même mois.- Elle commença fur
fes quatre heures du soir par une salve generafe
d'Artillerie , suivie des Fanfares, des Trom^
jettes 8e' du bruit des Tambours. Ùne multi
tude-
\
FEVRIER. Ï730. ^
I tàde incroyable de Peuple se rendit à l'Eglise
" des Jésuites , en assiégea les avenues , ne
Eouvant y entrer. Cette Eglise est un des plus
eaux morceaux d'Architecture qui soit dan?
le Royaume ; on en doit le dessein au famé u*
F. Martelange, cjui traça celui de l'Eglise du
ï^oviciat desjesuites deParis,& l'execution à la
liberalitédesNobles JSourgeois deRennes.Deux
Tours octogones accompagnent le Frontispice,
& le milieu de ce.superbeYaisseau est couronné
d'une Tourelle en forme de Lanterne, d'un)
travail exquis 5 ce fut là que fe dressa tout
ì'appareil d'une magnifique illumination.
Après que le Te Deummz été chanté avec
l'accompagnement des Flûtes , Hautbois Sc
Tambours , on fit une décharge generale da
Boëtes , on cria plusieus fois , Vive ie Ror ,
Vive ia Reine, Vi.ve Monseigneur is
Dauphin. La nuit cornmençoit lorsqu'on sortk
de l'Eglise; toute sa large façade parut char?
gée des plus brillantes lumières, aussi bien que
son Frontispice. Les Ceintres,le$ Entabletriens
les ouvertures étoient couvertes d'une infinité
de Lampions , difpoíez avec art &: assez mé
nagez pour y 1; ílìer appercevoir des caractè
res hyorogiyphiques à l'fconneur du Roi, de la
Reine & du Dauphin. Le sommet des Tours,
les Balustrades qui y règnent & la Lanterne
étoient chargez de Pots à feu, de Globes lu
mineux & entrelassez d'Ecufíons aux Armes
du Dauphin, qui étoient éclairez par des lu
mières postiches 5 les Trompettes, les Haujbois
& les Tambours fe faifoient entendre du
haut de ces Tours, & répandoient de toutes
parts leurs sons d'allégresses. Les Fusées par
tirent eh abondance , & se mêlant dans les
airs y dissipèrent de temps-en- temps les té
nèbres.
: •
3ìo MERCURE DE FRANCE,
«ebres de la mut. L'oeil n'e'toit pas seulement
frappé du spectacle , l'oreille étoit agréable
ment .flattée par les voix mélodieuses d'une
.troupe chokîé, qui repetoit à differens Choeurs
Aine Chanson fâite à l'occasion de l'heureux
jour.L'Illumination dura quatre jours; la Ville
ue fut pas la feule à en avoir I'agrement , les
lieux circonvoifins placez par la Nature en
differens Amphithéâtres , eurent l'avantage
d'avoir pendant plusieurs nuits ce charmant
point de vûë.
LEs Jésuites de la Ville de Rennes furent
assez heureux pour annoncer les premiers?
au Public la grande nouvelle de la Naissance
«lu. Dauphin- , plusieurs Lettres en avoient dé/ainstruit
les personnes les plus qualifiées , mais'
íé Peuple l'apprit par une décharg-e generale'
& réitérée des Canons conduits fur les bords*
dé la Villaine , qui arrose les: dehors du Col
lège. Le lendemain 8. de Septembre , on y
continua c?s éclatantes démonstrations d'allé
gresse , & le Pere Eo-n , ancien Prédicateur du1
Roi , parla éloquemment dans le Sermon de la
Fête au' noìn de la Compagnie, fur l'heureu*
présent que le Cîel venoit de faire à la France,-
& y joignit les voeux les plus tendres auprès*
du Seigneur pòur la conservation d'un si pré
cieux dépôt- ( ( .
Ces premiers témoignages furent simples.'
le peu de temps qu'on avoit ne permettoit pas
d'en faire davantage; mais ils ne surent que"
fes préludes de la Fête qui fe prépara pour Je
rhardy io. du même mois.- Elle commença fur
fes quatre heures du soir par une salve generafe
d'Artillerie , suivie des Fanfares, des Trom^
jettes 8e' du bruit des Tambours. Ùne multi
tude-
\
FEVRIER. Ï730. ^
I tàde incroyable de Peuple se rendit à l'Eglise
" des Jésuites , en assiégea les avenues , ne
Eouvant y entrer. Cette Eglise est un des plus
eaux morceaux d'Architecture qui soit dan?
le Royaume ; on en doit le dessein au famé u*
F. Martelange, cjui traça celui de l'Eglise du
ï^oviciat desjesuites deParis,& l'execution à la
liberalitédesNobles JSourgeois deRennes.Deux
Tours octogones accompagnent le Frontispice,
& le milieu de ce.superbeYaisseau est couronné
d'une Tourelle en forme de Lanterne, d'un)
travail exquis 5 ce fut là que fe dressa tout
ì'appareil d'une magnifique illumination.
Après que le Te Deummz été chanté avec
l'accompagnement des Flûtes , Hautbois Sc
Tambours , on fit une décharge generale da
Boëtes , on cria plusieus fois , Vive ie Ror ,
Vive ia Reine, Vi.ve Monseigneur is
Dauphin. La nuit cornmençoit lorsqu'on sortk
de l'Eglise; toute sa large façade parut char?
gée des plus brillantes lumières, aussi bien que
son Frontispice. Les Ceintres,le$ Entabletriens
les ouvertures étoient couvertes d'une infinité
de Lampions , difpoíez avec art &: assez mé
nagez pour y 1; ílìer appercevoir des caractè
res hyorogiyphiques à l'fconneur du Roi, de la
Reine & du Dauphin. Le sommet des Tours,
les Balustrades qui y règnent & la Lanterne
étoient chargez de Pots à feu, de Globes lu
mineux & entrelassez d'Ecufíons aux Armes
du Dauphin, qui étoient éclairez par des lu
mières postiches 5 les Trompettes, les Haujbois
& les Tambours fe faifoient entendre du
haut de ces Tours, & répandoient de toutes
parts leurs sons d'allégresses. Les Fusées par
tirent eh abondance , & se mêlant dans les
airs y dissipèrent de temps-en- temps les té
nèbres.
: •
3ìo MERCURE DE FRANCE,
«ebres de la mut. L'oeil n'e'toit pas seulement
frappé du spectacle , l'oreille étoit agréable
ment .flattée par les voix mélodieuses d'une
.troupe chokîé, qui repetoit à differens Choeurs
Aine Chanson fâite à l'occasion de l'heureux
jour.L'Illumination dura quatre jours; la Ville
ue fut pas la feule à en avoir I'agrement , les
lieux circonvoifins placez par la Nature en
differens Amphithéâtres , eurent l'avantage
d'avoir pendant plusieurs nuits ce charmant
point de vûë.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rennes.
À Rennes, les Jésuites ont annoncé la naissance du Dauphin par des salves de canons sur les bords de la Vilaine. Le 8 septembre, des démonstrations de joie ont continué, avec un sermon élogieux du Père Eon. Une fête plus grandiose a été organisée le 10 septembre. Elle a débuté à 16 heures par une salve d'artillerie et des fanfares. Une grande foule s'est rassemblée à l'église des Jésuites, un chef-d'œuvre architectural financé par les nobles et bourgeois de Rennes. L'église était magnifiquement illuminée avec des lampions et des hiéroglyphes en l'honneur du Roi, de la Reine et du Dauphin. Les tours et la lanterne étaient ornées de pots à feu et de globes lumineux, accompagnés de musique. Des fusées ont été lancées pour disperser les ténèbres. L'illumination a duré quatre jours, offrant un spectacle magnifique à la ville et aux environs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 320-322
CHANSON, Chantée à la Fête des Jesuites de Rennes,
Début :
Chantons du nouveau Dauphin, [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Gloire, Rennes, Fête des jésuites, Jésuites
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CHANSON, Chantée à la Fête des Jesuites de Rennes,
A l'ouverture des Classes, les Profefîeurj
célébrèrent à l'envi la glorieuse Naissance du
Dauphin j ils exprimèrent en Vers ou en Prose
tout ce que le coeur put leur inspirer de voeux.
& de présages à la gloire du Prince nouveau né,
Chantée a la Fête desjesìtitet de Rentes,
#">Hantons du nouveau Dauphin ,
Nous voyons s'accomplir enfin ,
Nos voeux, notre espérance ,
Que chacun d'un si beau destin S
Applaudislè à la France.
Aussi tôt qu'il a vû le jour «
Une vive allégresse,
Et de la Ville & de la Cour i
A banni la tristeííe ,
Tout François en cet heureux jour,,
fuit l'auâere sagesse
CHANSON,
De*
FEVRIER. 173e.
Des biens que nous en attendons ,
Quelle preuve éclatante ,
Déja dans la nuit des priions ,
Cette Aurore naifíante,
Porte de ses premiers rayons ,
La lueur bienfaisante.
II naît au milieu de la Paix,
Quel favorable augure !
Pour le bonheur de ses fuiets »
Qu'en pouvons- nous conclure ,
Que tous ses jours par des bienfaits 3
Seront conte? , j'en jure.
Il aura l'air , la majesté ,
De son auguste Père,
La .douceur & la pieté
De son aimable Mere :
. Dieux , pour notre félicité ,
En pouviesyous P^us
_
V Amour est , dit-on , en courroux^
Eh , qui pourroit le croire »
Au Piince > des attraits plus doux, -
Assurent la victoire :
Mars ne sera-t-il point jaloux ,
Quelque jour de fa gloire.
Les Jeux Si les Ris à l'iiistanr,
$î* MERCURE DE FRANCE.
iCette Troupe volage,
Au Berceau de ['illustre Ensanc ,
•Coururent faire hommage,
lis feropt son amusement*
Mais pendant 'ion bas âge.
Quand li raison éclairera
Ses premières années ,
A ses yeux on dévoilera ,
Ses hautes destinées ,
Son Pere seul le guidera,
Aux routes fortunées.
Pour faire couler dans son coeur ,
Une ardeur héroïque,
Qu'il ne Use jamais d'Auteur,
Ni de vieille Chronique,
Car dans fa maison la valeur ,
S'apprend par la pratique.
Mais s'il veut frapper l'Univers»
De l'éclat de fa gloire ,
/Voler chez cent Peuples divers ,
Qu'il lise bien l'Histoire
D'un Roi plus grand dans les revers f
Qu'au sein de la victoire.
D. R. J.
On trouvera l^ir noté avec la Chanson
sage 367.
célébrèrent à l'envi la glorieuse Naissance du
Dauphin j ils exprimèrent en Vers ou en Prose
tout ce que le coeur put leur inspirer de voeux.
& de présages à la gloire du Prince nouveau né,
Chantée a la Fête desjesìtitet de Rentes,
#">Hantons du nouveau Dauphin ,
Nous voyons s'accomplir enfin ,
Nos voeux, notre espérance ,
Que chacun d'un si beau destin S
Applaudislè à la France.
Aussi tôt qu'il a vû le jour «
Une vive allégresse,
Et de la Ville & de la Cour i
A banni la tristeííe ,
Tout François en cet heureux jour,,
fuit l'auâere sagesse
CHANSON,
De*
FEVRIER. 173e.
Des biens que nous en attendons ,
Quelle preuve éclatante ,
Déja dans la nuit des priions ,
Cette Aurore naifíante,
Porte de ses premiers rayons ,
La lueur bienfaisante.
II naît au milieu de la Paix,
Quel favorable augure !
Pour le bonheur de ses fuiets »
Qu'en pouvons- nous conclure ,
Que tous ses jours par des bienfaits 3
Seront conte? , j'en jure.
Il aura l'air , la majesté ,
De son auguste Père,
La .douceur & la pieté
De son aimable Mere :
. Dieux , pour notre félicité ,
En pouviesyous P^us
_
V Amour est , dit-on , en courroux^
Eh , qui pourroit le croire »
Au Piince > des attraits plus doux, -
Assurent la victoire :
Mars ne sera-t-il point jaloux ,
Quelque jour de fa gloire.
Les Jeux Si les Ris à l'iiistanr,
$î* MERCURE DE FRANCE.
iCette Troupe volage,
Au Berceau de ['illustre Ensanc ,
•Coururent faire hommage,
lis feropt son amusement*
Mais pendant 'ion bas âge.
Quand li raison éclairera
Ses premières années ,
A ses yeux on dévoilera ,
Ses hautes destinées ,
Son Pere seul le guidera,
Aux routes fortunées.
Pour faire couler dans son coeur ,
Une ardeur héroïque,
Qu'il ne Use jamais d'Auteur,
Ni de vieille Chronique,
Car dans fa maison la valeur ,
S'apprend par la pratique.
Mais s'il veut frapper l'Univers»
De l'éclat de fa gloire ,
/Voler chez cent Peuples divers ,
Qu'il lise bien l'Histoire
D'un Roi plus grand dans les revers f
Qu'au sein de la victoire.
D. R. J.
On trouvera l^ir noté avec la Chanson
sage 367.
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Résumé : CHANSON, Chantée à la Fête des Jesuites de Rennes,
Le texte célèbre la naissance du Dauphin, héritier du trône de France. À l'ouverture des Classes, les professeurs ont exprimé leurs vœux et leurs présages en faveur du nouveau prince. La naissance du Dauphin a suscité une grande allégresse tant à la cour qu'à la ville, mettant fin à la tristesse. Une chanson composée pour l'occasion souligne les bienfaits attendus de ce nouvel héritier, né en temps de paix, et prédit qu'il héritera de la majesté de son père et de la douceur de sa mère. Les dieux sont appelés à favoriser ce prince, dont les attraits doucereux pourraient même apaiser Mars, le dieu de la guerre. Les muses, représentées par la troupe volage de Mercure, rendent hommage au berceau du prince et promettent de l'amuser pendant son bas âge. Plus tard, son père le guidera vers des destinées héroïques, en lui inculquant la valeur par la pratique plutôt que par les livres. Pour briller par sa gloire, il est conseillé au Dauphin de lire l'histoire d'un roi qui a su triompher dans les revers autant que dans les victoires.
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10
p. 323-328
EXTRAIT d'un Discours prononcé à Rennes sur la Naissance du DAUPHIN.
Début :
Le Pere Coriou, Professeur de Rethorique au College des Jesuites de la Ville de Rennes [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Jésuites, Discours, Orateur, Vertus, Larmes, Princes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'un Discours prononcé à Rennes sur la Naissance du DAUPHIN.
E XTR AlT d'un Discours prononcé h
' Rennes fur la Naissance du Dauph i n.
LE Pere Coriou , Professeur de Rethorique
au Collège des Jésuites de la Ville de Rennés
, n'a semblé différer de célébrer I'heuteuse
Naissance d'un Dauphin, qu'afin de re
veiller la joye publique par les motifs les plus
interessans pouj la France.
Le Programme étoit conçu en ces termes.:
Telfhinum Varentìbus, Parentes Delphino gratulahìtur
Orator, Le dessein étoit naturel,
mais il fut traité d'une façon qui le rendit, fìnr
gulier à son ingénieux Auteur.
L'Orateur dans son Exorde , conduisoit Iei
ris & les grâces au berceau de l'Auguste En
fant, rien ne s'y offre que d'aimable & d«
propre à fixer les regards. L'amour des Pranr
çois se mêle à cette troupe badine. Les Zephirs
raccompagnent » re:pcctent & augmen
tent le sommeil du Dauphin. II viendra un
tems où la valeur & la gloire ne troubleront
.que trop son repos. L'Exorde étoit terminé
{>ar un Compliment à l'Illustre Chef du Par
ement de Bretagne, qui honoroit l'Oraceur
de fa présence.
L'Orateur entra dans fa première Partie, en
marquant que les Enfans des Rois naissent à &
yerité dans les larmes comme les autres , mais
que la Grandeur , la Majesté , 1 allégresse sui
vent de près les premiers instants de leur séjour
sur la terre. Nafcuxtur ut ateris ìmperent hotninil/
tts ìnter ques fe'dent ut Patres , t minent
Ht foles , coluntur ut numina.
. Ensuite il félicita le Roy & la Reine d'ayoir
un Dauphin, puisque cetoe Naissance* dis.
- - '■ 1 F sijpe
3a4 MERCURE DE FRANGE,
sipe toutes les inquiétudes du Roy, puisqu'elle
donne un nouvel accroissement à l'autorité de
la Reine.
i'9-, Qu'il est douloureux à un Grand Roy
de se voir privé d' un héritier de son Thrône! A
quoi même les Peuples rie sont-ils pas exposés
dans défi critiques conjonctures i L'áge de nos
'Pères ne nous -en est qu'un" trop fidèle garand.
les Guerres intestines ou Etrangères dont il?
furent les victimes , l'ambition , la perfidie >
qu'allumèrent les intérêts divisés , font sentir
Je déplorable état d'un Royaume dont le Mo
narque n'a point de Fils auquel il transmette
sa Couronne. La France n'a plus à redouter
de pareils malheurs. Le Dauphin , heureux
présage du calme . écarte en naisíant toutes les;
tempêtes que nous pouvions redotiter.
Les larmes que nous versâmes fur la perte
de "nos Princes, font taries dans un jour £
forrttné. L'Orateur exposa ici les justes dou
leurs qui saisirent tous les François à la mort
des Princes. Leurs caractères étoient maniés
4e plus délicatement. Celui du feu Roy plus
Çrand dans ses revers qu'au milieu de l'éclat
de ses prospérités , couronnoit ces magnifiques
-éloges.
Après tant d'alarmes , un Astre nouveau
s'élève, & nous fournit les plus heureux au
gures pour rendre la fortune tributaire à ses
armes , donner la loy aux Nations jalouses ,
faire trembler les Rois , affermir son Trône par
de nouvelles conquêtes . ce fera un "jour l'occupation
du Dauphin. Les Augustes , les Tites,
les Alexandres , les Henrys & les Louis , feront
ses modelés ; mais s'il se peut , il les surpas
sera.
- j>. L'autorité de la Reine s'accroît à la
• Náïflanc*
FEVRIER. 1730."
íîíaissance d'un Dauphin. II a été l'objet de ses
demandes & de ses soupirs. L'Orateur congra
tula la Bretagne, d'avoir trouvé dans sainte
Anne un de ses Anges turelaires , qui ait porté
au Trône de TEternel l'encens de ses prières »
pour obtenir un bien si précieux; quoiqu'ajottta
t il , il n'est aucun Temple dans la France
qui n'ait retenti des Voeux qu'on y a addressé,de
concert avec les désirs de la Reine. II prit à té
moin les aziles secrets où elle presentoit au
Tout- puissant ses prières les plus ferventes , '
les Vierges consacrées à Dieu , les pauvres qui
ont intcrrefle le Ciel à combler les Voeux de
leur Bienfaitrice. Il invita ses Auditeurs i
contempler cette Princesse aux pieds de sainte
iGenevieve > y répandant d'abord ses larmes
& ses désirs , Sc peu après > les tendres gages
de fa reconnoiffance.
Il fit voir par le détail de ses hautes qualitez,,
que la Reine leur doit Péclat du rang qu'elle
occupe. Aujourd'hui comme une autre Cor*
-nelie» elle montre dans son Dauphin le plus
précieux de ses Trésors. Ce fera aussi le Tré
sor de tous les malheureux. Le coeur de la
Reine compatira à toutes les misères , & le
Dauphin à qui elle ies postera , suffira pour les
bannir dans tous les Etats. C'est à cet usage,
que la Reine consacrera l'accroiilèment nou-
.Veau de son autorité.
De cette première Partie , l'Orateur conclut
que les François retrouvent à Ja 'Naissance du
Dauphin leur bonheur , uni à celui du Roy St
de la Reine.
L'Orateur commençoit la seconde Partie, en
disant que le Dauphin ne devoit •point enviée
aux anciens Héros la Noblesse de leur origine,
■wrexcellencc des Maîtres fous qui ils s'étoiene
F ij fuîmes.
■%*6 MERCURE DE FRANCE,
formez. Le Roy son Pere lui apprendra l'art de
régner . la Reine sa Mere sera son Modelé dans
ice qu'il doit à la Religion.
i°. C'est beaucoup de fournir le Sang des
Rois , c'est plus de former un Roy. C'est le
double bien que Louis XV. transporte à son
Dauphin. Autrefois il mit les délices à cultiver
des Fleurs ; il s'en présente une à ia culture
qui aura tous ses foins.
G'eít sous un tel Maître que le Dauphin ap
prendra à mériter l'amour des Peuples , à es
suyer leurs larmes , à procurer leur félicité >
à en devenir le Pere-
C'est fous un tel Maître qu'il apprendra à
donner des Batailles & à y vaincre. Les autres
n'apprennent à commander qu'à leurs dépens ,
pu par une longue expérience. Les Bourbons
naissent Héros & triomphateurs.
, C'est sous un tel Maîrre qu'il apprendra à
préférer les vertus pacifiques aux vertus GuerrieresL,
. . Déja la paix est née avec le Roy son
Pere, il s'emprefiera comme lui d'accroître
son Temple.
Ênfin , point de vertus héroïques dont le
Dauphin ne trouve en son Pere l'éclatant mo
delé ; Hector, Achille, César ou Alexandre
Îeuyent servir de Guides aux autres Princes ,
,oúis est le seul que le Dauphin doive consul
ter , puisqu'il a tout ce qui fait & les Grandi
Rois & les bons Rois.
i°. La tendre pieté de la Reine n'est pas une
leçon moins précieuse pour le Dauphin. Au
trefois Saùl demanda à David quelle étoit fa
Famille. A peine Peut- il fçu , qu'il connut que
le jeune David devoit être l'appui de la Reli
gion en Israël : II suffit de seavoir que le Dau
phin a pour Mere la plus religieuse Prineeiie,
FEVRIER. Ï730'. jl?
p«ur augurer quel sera son zele pour la Reli
gion de ies Pères.
L'Orateur exposa avec rout l'art possible les
exemples de pieté que la Reine fait briller aux
yeux de íës Sujets , & avec quelle ardeur elle
conservera pour le Ciel le Héros qu'elle en a
reçu.
Il marqua ensuite que les Nations Etrangères
préparent leurs Princes à l'exercice des vertus
par des Symboles qui leur en retracent la prati-
!^ue dès l'enfance j le Dauphin n'a besoin pour
è former à la prêté , que des foins d'une
Reine dont le coeur est l'Autel même de-la
Religion. II fit le parallèle d'Annibal présenté
aux Autels, & dont la consécration n'eut dèslors
rien que de funeste gux Romains , & ce
lui *du Dauphin offert au Seigneur , & en qui
la Religion dès ee moment a reconnu son ap
pui & son vengeur.
L'Orateur conclut cette seconde Partie, en
recueillant les avantages que l'éducatton pa
ternelle & maternelle vont Ini procurer. II la
termine par les Voeux les plus touchants pour
•la conservation d'un fi cher Dépôt. I! n'a rien
de plus grand à désirer à son Héros naiíìànt ,
que de ressembler à Louis & à Marie , vivat
dignus Pâtre , vivat digvus Matre , vivat
utrique fimilis.
L'accompagnement de la Harangue répon-.'
dok au sujet. La Salle étoit décorée de super*
bes Tapisseries , fur lesquelles éroient dans un
riche enfoncement les Portraits du Roy & de
la Reine , & l'Ecusson du Dauphin. Ils étoienc
couronnés d'un Dais , & éclairés par une in
finité de lumières. Plusieurs Lustres & Giran
doles éroient placés de distance en distance.
L' Assemblée étoit des plus choisies. M. de Bril-
F iij lac
fttt MERCURE'DE FRANCE.
lac, Premier Président , s'y trouva â la tête de?
plusieurs Presidens. à Mortier & Conseillers
du Parlement.
Le Discours fini , on donna à l'Orateur les
applaudillemens que déja plusieurs fois pen-' ^i
dant l'adtion , l'admiration unanime n'avoic
pû suspendre. On fut agréablement frappé en'
sortant-, de trouver toute la Cour du Collège'
illuminée } chaque Croisée étoic chargée de
Piramides de Lampions, ou chargée de Pots
à Feu , ou d'Ecuílons aux Armes du Roy , de'
là Reine & du Dauphin. Un grand Bûcher
étoit préparé au milieu de la Cour. Cent Ecoî
lîers richement habillés 7 & portant chacun un-
Drapeau j firent autour diverses évolutions ,
& deux des plus qualifiés y mirent le feu au
bruit des Tambours & dés Trompettes. Les<
Boëtes tirèrent avec un fracas qui n'avoit rien
que de superbe ; les Fusées se mêlèrent dans les
airs, 3i firent disparoître pendant quelques)
heures , les ténèbres de la nuit. Le Public pa*
nu charmés du Spectacle, & ranima à cette
nouvelle Fête les premiers sentimensde joye
tìjue la Naissance du Dauphin avoic causé 3 f
avoit quelques mois.
' Rennes fur la Naissance du Dauph i n.
LE Pere Coriou , Professeur de Rethorique
au Collège des Jésuites de la Ville de Rennés
, n'a semblé différer de célébrer I'heuteuse
Naissance d'un Dauphin, qu'afin de re
veiller la joye publique par les motifs les plus
interessans pouj la France.
Le Programme étoit conçu en ces termes.:
Telfhinum Varentìbus, Parentes Delphino gratulahìtur
Orator, Le dessein étoit naturel,
mais il fut traité d'une façon qui le rendit, fìnr
gulier à son ingénieux Auteur.
L'Orateur dans son Exorde , conduisoit Iei
ris & les grâces au berceau de l'Auguste En
fant, rien ne s'y offre que d'aimable & d«
propre à fixer les regards. L'amour des Pranr
çois se mêle à cette troupe badine. Les Zephirs
raccompagnent » re:pcctent & augmen
tent le sommeil du Dauphin. II viendra un
tems où la valeur & la gloire ne troubleront
.que trop son repos. L'Exorde étoit terminé
{>ar un Compliment à l'Illustre Chef du Par
ement de Bretagne, qui honoroit l'Oraceur
de fa présence.
L'Orateur entra dans fa première Partie, en
marquant que les Enfans des Rois naissent à &
yerité dans les larmes comme les autres , mais
que la Grandeur , la Majesté , 1 allégresse sui
vent de près les premiers instants de leur séjour
sur la terre. Nafcuxtur ut ateris ìmperent hotninil/
tts ìnter ques fe'dent ut Patres , t minent
Ht foles , coluntur ut numina.
. Ensuite il félicita le Roy & la Reine d'ayoir
un Dauphin, puisque cetoe Naissance* dis.
- - '■ 1 F sijpe
3a4 MERCURE DE FRANGE,
sipe toutes les inquiétudes du Roy, puisqu'elle
donne un nouvel accroissement à l'autorité de
la Reine.
i'9-, Qu'il est douloureux à un Grand Roy
de se voir privé d' un héritier de son Thrône! A
quoi même les Peuples rie sont-ils pas exposés
dans défi critiques conjonctures i L'áge de nos
'Pères ne nous -en est qu'un" trop fidèle garand.
les Guerres intestines ou Etrangères dont il?
furent les victimes , l'ambition , la perfidie >
qu'allumèrent les intérêts divisés , font sentir
Je déplorable état d'un Royaume dont le Mo
narque n'a point de Fils auquel il transmette
sa Couronne. La France n'a plus à redouter
de pareils malheurs. Le Dauphin , heureux
présage du calme . écarte en naisíant toutes les;
tempêtes que nous pouvions redotiter.
Les larmes que nous versâmes fur la perte
de "nos Princes, font taries dans un jour £
forrttné. L'Orateur exposa ici les justes dou
leurs qui saisirent tous les François à la mort
des Princes. Leurs caractères étoient maniés
4e plus délicatement. Celui du feu Roy plus
Çrand dans ses revers qu'au milieu de l'éclat
de ses prospérités , couronnoit ces magnifiques
-éloges.
Après tant d'alarmes , un Astre nouveau
s'élève, & nous fournit les plus heureux au
gures pour rendre la fortune tributaire à ses
armes , donner la loy aux Nations jalouses ,
faire trembler les Rois , affermir son Trône par
de nouvelles conquêtes . ce fera un "jour l'occupation
du Dauphin. Les Augustes , les Tites,
les Alexandres , les Henrys & les Louis , feront
ses modelés ; mais s'il se peut , il les surpas
sera.
- j>. L'autorité de la Reine s'accroît à la
• Náïflanc*
FEVRIER. 1730."
íîíaissance d'un Dauphin. II a été l'objet de ses
demandes & de ses soupirs. L'Orateur congra
tula la Bretagne, d'avoir trouvé dans sainte
Anne un de ses Anges turelaires , qui ait porté
au Trône de TEternel l'encens de ses prières »
pour obtenir un bien si précieux; quoiqu'ajottta
t il , il n'est aucun Temple dans la France
qui n'ait retenti des Voeux qu'on y a addressé,de
concert avec les désirs de la Reine. II prit à té
moin les aziles secrets où elle presentoit au
Tout- puissant ses prières les plus ferventes , '
les Vierges consacrées à Dieu , les pauvres qui
ont intcrrefle le Ciel à combler les Voeux de
leur Bienfaitrice. Il invita ses Auditeurs i
contempler cette Princesse aux pieds de sainte
iGenevieve > y répandant d'abord ses larmes
& ses désirs , Sc peu après > les tendres gages
de fa reconnoiffance.
Il fit voir par le détail de ses hautes qualitez,,
que la Reine leur doit Péclat du rang qu'elle
occupe. Aujourd'hui comme une autre Cor*
-nelie» elle montre dans son Dauphin le plus
précieux de ses Trésors. Ce fera aussi le Tré
sor de tous les malheureux. Le coeur de la
Reine compatira à toutes les misères , & le
Dauphin à qui elle ies postera , suffira pour les
bannir dans tous les Etats. C'est à cet usage,
que la Reine consacrera l'accroiilèment nou-
.Veau de son autorité.
De cette première Partie , l'Orateur conclut
que les François retrouvent à Ja 'Naissance du
Dauphin leur bonheur , uni à celui du Roy St
de la Reine.
L'Orateur commençoit la seconde Partie, en
disant que le Dauphin ne devoit •point enviée
aux anciens Héros la Noblesse de leur origine,
■wrexcellencc des Maîtres fous qui ils s'étoiene
F ij fuîmes.
■%*6 MERCURE DE FRANCE,
formez. Le Roy son Pere lui apprendra l'art de
régner . la Reine sa Mere sera son Modelé dans
ice qu'il doit à la Religion.
i°. C'est beaucoup de fournir le Sang des
Rois , c'est plus de former un Roy. C'est le
double bien que Louis XV. transporte à son
Dauphin. Autrefois il mit les délices à cultiver
des Fleurs ; il s'en présente une à ia culture
qui aura tous ses foins.
G'eít sous un tel Maître que le Dauphin ap
prendra à mériter l'amour des Peuples , à es
suyer leurs larmes , à procurer leur félicité >
à en devenir le Pere-
C'est fous un tel Maître qu'il apprendra à
donner des Batailles & à y vaincre. Les autres
n'apprennent à commander qu'à leurs dépens ,
pu par une longue expérience. Les Bourbons
naissent Héros & triomphateurs.
, C'est sous un tel Maîrre qu'il apprendra à
préférer les vertus pacifiques aux vertus GuerrieresL,
. . Déja la paix est née avec le Roy son
Pere, il s'emprefiera comme lui d'accroître
son Temple.
Ênfin , point de vertus héroïques dont le
Dauphin ne trouve en son Pere l'éclatant mo
delé ; Hector, Achille, César ou Alexandre
Îeuyent servir de Guides aux autres Princes ,
,oúis est le seul que le Dauphin doive consul
ter , puisqu'il a tout ce qui fait & les Grandi
Rois & les bons Rois.
i°. La tendre pieté de la Reine n'est pas une
leçon moins précieuse pour le Dauphin. Au
trefois Saùl demanda à David quelle étoit fa
Famille. A peine Peut- il fçu , qu'il connut que
le jeune David devoit être l'appui de la Reli
gion en Israël : II suffit de seavoir que le Dau
phin a pour Mere la plus religieuse Prineeiie,
FEVRIER. Ï730'. jl?
p«ur augurer quel sera son zele pour la Reli
gion de ies Pères.
L'Orateur exposa avec rout l'art possible les
exemples de pieté que la Reine fait briller aux
yeux de íës Sujets , & avec quelle ardeur elle
conservera pour le Ciel le Héros qu'elle en a
reçu.
Il marqua ensuite que les Nations Etrangères
préparent leurs Princes à l'exercice des vertus
par des Symboles qui leur en retracent la prati-
!^ue dès l'enfance j le Dauphin n'a besoin pour
è former à la prêté , que des foins d'une
Reine dont le coeur est l'Autel même de-la
Religion. II fit le parallèle d'Annibal présenté
aux Autels, & dont la consécration n'eut dèslors
rien que de funeste gux Romains , & ce
lui *du Dauphin offert au Seigneur , & en qui
la Religion dès ee moment a reconnu son ap
pui & son vengeur.
L'Orateur conclut cette seconde Partie, en
recueillant les avantages que l'éducatton pa
ternelle & maternelle vont Ini procurer. II la
termine par les Voeux les plus touchants pour
•la conservation d'un fi cher Dépôt. I! n'a rien
de plus grand à désirer à son Héros naiíìànt ,
que de ressembler à Louis & à Marie , vivat
dignus Pâtre , vivat digvus Matre , vivat
utrique fimilis.
L'accompagnement de la Harangue répon-.'
dok au sujet. La Salle étoit décorée de super*
bes Tapisseries , fur lesquelles éroient dans un
riche enfoncement les Portraits du Roy & de
la Reine , & l'Ecusson du Dauphin. Ils étoienc
couronnés d'un Dais , & éclairés par une in
finité de lumières. Plusieurs Lustres & Giran
doles éroient placés de distance en distance.
L' Assemblée étoit des plus choisies. M. de Bril-
F iij lac
fttt MERCURE'DE FRANCE.
lac, Premier Président , s'y trouva â la tête de?
plusieurs Presidens. à Mortier & Conseillers
du Parlement.
Le Discours fini , on donna à l'Orateur les
applaudillemens que déja plusieurs fois pen-' ^i
dant l'adtion , l'admiration unanime n'avoic
pû suspendre. On fut agréablement frappé en'
sortant-, de trouver toute la Cour du Collège'
illuminée } chaque Croisée étoic chargée de
Piramides de Lampions, ou chargée de Pots
à Feu , ou d'Ecuílons aux Armes du Roy , de'
là Reine & du Dauphin. Un grand Bûcher
étoit préparé au milieu de la Cour. Cent Ecoî
lîers richement habillés 7 & portant chacun un-
Drapeau j firent autour diverses évolutions ,
& deux des plus qualifiés y mirent le feu au
bruit des Tambours & dés Trompettes. Les<
Boëtes tirèrent avec un fracas qui n'avoit rien
que de superbe ; les Fusées se mêlèrent dans les
airs, 3i firent disparoître pendant quelques)
heures , les ténèbres de la nuit. Le Public pa*
nu charmés du Spectacle, & ranima à cette
nouvelle Fête les premiers sentimensde joye
tìjue la Naissance du Dauphin avoic causé 3 f
avoit quelques mois.
Fermer
Résumé : EXTRAIT d'un Discours prononcé à Rennes sur la Naissance du DAUPHIN.
Le texte relate un discours prononcé par le Père Coriou, professeur de rhétorique au Collège des Jésuites de Rennes, à l'occasion de la naissance du Dauphin. Le discours, intitulé 'Telfhinum Varentibus, Parentes Delphino gratulatur Orator', visait à célébrer cet événement joyeux pour la France. L'orateur commence par évoquer les grâces et les zéphyrs accompagnant le sommeil du Dauphin, contrastant avec les futurs défis de la valeur et de la gloire. Il adresse ensuite un compliment à l'Illustre Chef du Parlement de Bretagne présent. Dans la première partie, l'orateur souligne que les enfants des rois naissent dans les larmes mais sont rapidement entourés de grandeur et de majesté. Il félicite le roi et la reine pour la naissance du Dauphin, qui apaise les inquiétudes du roi et renforce l'autorité de la reine. Il rappelle les douleurs passées lors de la perte des princes et les dangers pour la France en l'absence d'héritier. La naissance du Dauphin est perçue comme un présage de calme et de prospérité. L'orateur exprime ensuite ses vœux pour que le Dauphin surpasse les grands souverains du passé et affermisse le trône par de nouvelles conquêtes. Il souligne l'augmentation de l'autorité de la reine et son rôle de protectrice des malheureux. Dans la seconde partie, l'orateur affirme que le Dauphin n'a pas besoin d'envier les héros anciens, car il sera formé par le roi son père et la reine sa mère. Il met en avant les vertus du roi et de la reine comme modèles pour le Dauphin, soulignant la piété et la religiosité de la reine. Il conclut en exprimant des vœux pour la conservation et l'éducation du Dauphin, afin qu'il ressemble à Louis XV et à Marie. Le discours est accompagné de décorations somptueuses et d'un spectacle pyrotechnique, illustrant la joie et l'enthousiasme suscités par la naissance du Dauphin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 2521-2528
« Le 23. Octobre, la Duchesse d'Orleans donna une petite Fête à Bagnolet pour le Divertissement [...] »
Début :
Le 23. Octobre, la Duchesse d'Orleans donna une petite Fête à Bagnolet pour le Divertissement [...]
Mots clefs :
Reine, Église, Roi, Messe, Musique, Princesse, Palais, Opéra, Cérémonies, Ambassadeurs, Jésuites, Église
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 23. Octobre, la Duchesse d'Orleans donna une petite Fête à Bagnolet pour le Divertissement [...] »
E 23. Octobre , la Ducheffe d'Orleans donna '
une petite Fête à Bagnolet pour le Divertiffe
ment des deux Princeffes fes filles , à laquelle toutès
les Dames du Palais Royal & plufieurs autres
attachées à S. A. R. & aux Princeffes , fe trouverent
, de même que plufieurs Seigneurs attachés
à la Maifon d'Orleans . S. A. R. fit donner aux
Princeffes & aux Dames qui étoient du Souper ,
à chacune un habit de Satin gaufré , d'une nouvelle
fabrique établie depuis peu au Village de
Bagnolet. Les Seigneurs qui étoient de la danfe ,
eurent auffi des habits & des veftes de même . Le
tout fut trouvé très - galant & d'un très - bon gout;il
y eut plufieurs danfes & contre- danfes qui furent
parfaitement bien executées par les jeunes Princeffes
& par les Dames & les Seigneurs qui eurent
l'honneur de danfer avec elles.
Le 25. du même mois , la jeune Princeſſe de
Bade , Niece du Duc d'Orleans , fe rendit au Palais
Royal pour rendre vifite à S. A. R. qui la
reçut très-gracieufement , & lui fit prefent d'une
magnifique Poupée, de la grandeur de cette jeune
Princeffe, ornée de Boucles d'oreilles de diamans,
de Papillons & autres ornemens de tête auffi en
brillans,avec plufieurs habits magnifiques pour la
Poupée. Les Princeffes d'Orleans ajoûterent à ce
Prefent plufieurs Bijoux très-galans , qui furent
mis dans les poches de la Poupée , laquelle étoit
accompagnée d'une Figure de Crocheteur en
I carton
2522 MERCURE DE FRANCE
carton , portant une Valife qui renfermoit diffe
rens habits & nipes pour l'ufage de la Poupée .
Le 7. le Marquis de Caftellar , nouvel Ambaffadeur
du Roi d'Efpagne, fe rendit aux Carmelites,
où il eut Audiance de la Reine Douairiere d'Efpagne
, qui le reçut très gracieufement . Ce Miniftre
témoigna à S. M. C. les affurances d'amitié
qu'il venoit lui faire de la part du Roi & de la
Reine d'Espagne.
Le 8.de ce mois , Madame d'Orleans , Abbeffe
de Chelles , alla à la Magdeleine de Trenel dîner
avec la Ducheffe d'Orleans fa mere & avec les
Princeffes fes Soeurs. L'après dîné , la Reine d'Eſpagne
s'y rendit auffi , & quelque tems après M. le.
Duc d'Orleans , accompagné du Duc de Chartres,
fon Fils , y arriva. Deforte que S. A. R. eut le
plaifir de voir dans la même journée preſque toure
fon augufte Famille raffemblée.
Le 25. Octobre , la jeune Princeffe de Bade ,
fille duMargrave de Bade Baden, & Niece du Duc
d'Orleans , partit de Paris pour s'en retourner
à Raftalt , en parfaite fanté. M. Petit , Chirurgien
Juré , Démonftrateur Royal & Membre
des Académies des Sciences de Paris & de Londres,
lui avoit extirpé à la joue une loupe d'une groffeur
prodigieufe, & avec tant de fuccès, que cette
Princeffe n'en fera pas même marquée ; auffi ar'elle
récompenfé noblement l'habile main qui a
fi bien operé, & a de plus fait preſent à M. Petit
d'un Neceffaire , c'est - à-dire , d'un affortiment
de tout ce qu'il convient pour faire & fervir du
Caffé , du Thé & du Chocolat , contenant differentes
pieces , comme Aiguére , Soucoupe , plufreurs
Pots , Taffes , Drageoires , Cuilliers , & c.
le tout en Vermeil doré , & Porcelaines de Drefde,
d'un prix confiderable & d'un travail exquis.
Cette Princeffe a donné à la Sacriſtie du Conyent
NOVEMBRE. 1730. 2523
went des Petites Cordelieres , où elle a occupé un
Appartement pendant fon féjour à Paris , un Baffin
& une Aiguiere d'argent , & a fait des préfens
à toutes les Religieafes , pour leur marquer fa
Latisfaction fur leurs foins & fur leurs attentions,
Le Roi a nommé le Duc de Saint- Aignan, Chevalier
des Ordres de S. M. Ambaffadeur à Rome.
Le 29. du mois dernier , le Marquis de Caſte-
Jar , Ambaffadeur Extraordinaire & Plenipotentiaire
du Roi d'Efpagne , eut fa premiere Audience
particuliere du Roi , de la Reine & de Monfeigneur
le Dauphin , étant conduit par le Chevalier
de Sainctot, Introducteur des Ambaſſadeurs.
Le 31. Octobre , veille de la Fête de tous les
Saints , le Roi revêtu du grand Collier de l'Ordre
du S. Efprit , fe rendit dans la Chapelle du
Château de Verſailles , où S. M. entendit la Meffe
& communia par les mains de l'Abbé de Choifeul
, fon Aumônier en quartier enfuite le Roi
toucha un grand nombre de Malades.
L'aprés midi , S. M. affifta dans la même Chapelle
aux premieres Vêpres chantées par la Mufique,
aufquelles l'Evêque d'Aire officla pontificalement.
Le premier de ce mois, jour de la Fête , le
Roi entendit la grande Meffe celebrée pontificalement
par l'Evêque d'Aire,& chantée par la Mufique.
L'aprés midi S. M. entendit le Sermon du
Pere Cotoner de la Compagnie de Jefus ; enfuite
les fecondes Vêpres qui furent chantéesS par la
Mufique , aufquelles le même Prélat officia. Le
Roi affitta aufli aux Vêpres des Morts.
Le même jour, la Reine entendit la Meffe dans la
même Chapelle, & S. M. communia par les mains
du Cardinal de Fleury , fon Grand- Aumônier .
Le 2. jour des Trépaffez , le Roi & la Reine entendirent
1 ij
2524 MERCURE DE FRANCE
tendirent la Meffe de Requiem , pendant laquelle
le De profundis fut chanté par la Mufique. Aprés
la Meffe , le Roi partit pour Rambouillet.
La Reine ayant voulu rendre à Dieu fes actions
de graces particulieres , de fon heureux
accouchement, & de la naiffarce de Monfeigneur
le Duc d'Anjou, S.M. vint le 6 de ce mois à l'Eglife
Métropolitaine de Paris . La Reine accompagnée
de Mademoiſelle de Clermont , Sur - Intendante
de Sa Maiſon , des Dames de fa Cour & de
fes principaux Officiers , arriva à midi à l'Eglife
Métropolitaine , où les détachemens des Régimens
des Gardes Françoifes & Suifles étoient en
haye & fous les armes. L'Archevêque de Paris ,
revêtu de fes habits Pontificaux & à la tête des
Chanoines , reçut la Reine à la porte de l'Eglife ,
avec les cérémonies accoutumées ; & après avoir
complimenté Sa Majefté , il la conduifit dans le
Choeur. La Reine y fit fa priere , & alla enfuite
à l'Autel de la Vierge entendre la Meffe , qui
fut dite par un de fes Chapelains.La Reine ayant
été reconduite à la porte de l'Eglife , avec les
mêmes cérémonies qui avoient été observées à
fon arrivée , S. M. partit pour retourner à Verfailles,
Le fi Novembre aprés midi, les RR.PP. de la
Compagnie de JESUS , firent avec beaucoup de
folemnité , dans leur Eglife de la Maiſon Profeffe
de Paris , qui étoit éclairée par un grand
nombre de lumieres , l'ouverture de l'Octave de
fa Fête de la Canonifation de S. Louis de Gonzague
& de S. Staniflas Koftka , de leur Compagnie.
Le lendemain l'Archevêque de Paris , à la
tête du Chapitre de l'Eglife Metropolitaine , fe
rendit à cette Eglife, & y célebra pontificalement
la Meffe , qui fut chantée à plufieurs choeurs de
mufique
NOVEMBRE . 1730. 2525
mufique. L'après midi , l'Evêque de Cifteron
prononça le Panegyrique de ces deux Saints avec
beaucoup d'éloquence , & l'Abbé de Gontault ,
Doyen du Chapitre , officia au Salut .
Les jours fuivans , differens Evêques y ont cé
lébré pontificalement la Meffe , & ont officié aux
Saluts .
Le 12 de ce mois , le Comte de Seefted , Ambaffadeur
Extraordinaire du Roy de Danemarc ,
eut , en long Manteau de deuil , une Audience
particuliere du Roy , dans laquelle il donna part
a S. M. de la mort du Roy de Danemarc , Frederic.
IV . Il fut conduit à cette Audience par le
Chevalier de Sainctot , Introducteur des Ambaf
fadeurs , qui le conduifit enfuite à l'Audience de
Ia Reine , & à celle de Monfeigneur le Dauphin.
Le 16. le Roy prit le deuil pour cette mort.
Le 19. le Roy & la Reine partirent de Verfailles
pour aller paffer quelques jours au Château
de Marly.
Le 13 , l'ouverture du Parlement fe fit avec les
céremonies accoutumées , par une Meffe folemnelle
, célébrée pontificalement dans la Grand'-
Salle du Palais , par l'Archevêque de Bourges , à
laquelle M. Portail , Pr. Préfident , & les Chambres
affifterent.
A la rentrée du Parlement de Dijon , à la faint
Martin , M. le Prefident de la Marche , qui eft
un jeune Magiftrat , né Orateur , s'étoit chargé
de faire le Difcours des Mercuriales & de l'Audience
publique , & il s'en acquitta parfaitement."
Le Difcours aux Chambres affemblées , fut pour
apprendre aux Officiers à ne pas juger par hu-
I. iij meur.
2526 MERCURE DE FRANCE
meur. Ce fujet parut nouveau & fut traité avec
toute la politeffe , la nobleffe & l'éloquence poffible,
ainfi que celui pour les Avocats , fur l'amour
de la verité ; & il finit par un éloge magnifique
du Roy & du Miniftere,
Le 14 , la Reine vint à Paris , & alla entendre
la Meffe dans l'Eglife de la Maiſon Profeffe des
Jefuites,à l'occafion de la Fête qu'on y célébroit.
S. M. accompagnée de Mademoiſelle de Clermont,
Sur- Intendante de Sa Maiſon , des Dames
de fa Cour , du Cardinal de Fleury , fon Grand
Aumônier , & de fes principaux Officiers , fut
reçûë à la porte de l'Eglife par le Pere Supérieur,
accompagné des Jefuites de la Maiſon , de ceux
du College de LoUIS LE GRAND , & de ceux du
Noviciat. Après que le P. Supérieur eut compli
menté la Reine par un Difcours auffi éloquent
que convenable à la piété de S. M. la Reine fut
Conduite dans le Sanctuaire , & elle y entendit la
Meffe , qui fut dite par un de fes Chapelains ;
pendant laquelle on chanta un Motet. S.M.ayant
été reconduite à la porte de l'Eglife avec les ceremonies
obfervées à ſon arrivée, elle ſe rendit au
Monaftere des Religieufes de l'Ave Maria , d'où
S. M. alla dîner au Palais des Thuilleries , après
avoir paflé par la Place Royale. La Reine trouva,
à l'Eglife des Jéfuites , à celle de l'Ave Maria
& au Palais des Thuilleries , les Gardes Françoifes
& Suiffes en haye & fous les Armes. L'après
midi , S. M. partit de Paris vers les quatre
heures , pour retourner à Verſailles , & s'arrêta
quelque temps au Couvent des Religieufes de
Sainte Marie de Chaillot.
> Le 22. de ce mois , la Fête de Sainte Cecile
fut celebrée avec éclat dans l'Eglife des Enfans.
Rouges
NOVEMBRE 1730. 2527
Rouges ; on y chanta une grande Meffe & les
Vêpres en Mufique & à grand choeur , de la.
compofition de l'Abbé Senefchal , qui fut genéralement
applaudie..
Le 25. là Lotterie de la Compagnie des Indes
pour le remboursement des Actions fut tirée en
la maniere accoutumée à l'Hôtel de la Compagnie.
On a publié la Lifte des Numero des Actions
& dixièmes d'Actions qui feront rembourfées
, failant en tout le nombre de 3.00. Actions..
Le premier de ce mois , Fête de la Touffaint ,
il y eut Concert fpirituel au Château des Thuil--
leries. M. Mouret fit chanter Exultate jufti ,
Motet de M. de la Lande , fuivi d'un autre Motet
à deux Baffes - Tailles qui fut très gouté. Les
Dile, Erremens & . Petitpas chanterent avec applaudiffement
un petit Motet nouveau à deux
Deffus , de la compofiiion de M. Le Máire. La
Dile le Maure chanta Ufquequò , petit Moter
de M. Mouret , avec une grande préciſion. Le
Concert fut terminé par le Dixit Dominus de
M. de la Lande.
Le 2. jour des Morts , on exécuta le Divertiffement
de la Chaffe du Cerf . & plufieurs
Piéces de fimphonie , après lefquelles on chanta
le De profundis de M. de la Lande.
Il y a eu Concert François tous les Mercredis
de ce mois , dans lefquels on a chanté plufieurs
Divertiffemens de différens Maîtres , & tous les
Concerts ont toujours été terminés par un Mo.
tet à grands choeurs , de M. de la Lânde.
Le 4. de ce mois , M. de Blamont, Sur- Intendant
de la Mufique du Roi , fit chanter chez la
Reine le 4 & 5e Acte de l'Opera d'Amadis de
L. iiij Gaule;
2528 MERCURE DE FRANCE
Gaule ; La Dile Pitron chanta le Rôle d'Arcabonne
la Dle Lenner celui d'Oriane , le St
d'Angerville celui d'Archelaus & le Sr Guedon
remplit celui d'Amadis .
>
Le 12. on chanta un Divertiffement intitulé
Les Plaisirs de l'Hyver , de la compofition de
M. Capuce , Maître de Mufique de l'Académie
de Dijon , qui fut fort applaudi. Cet Auteur vient
de donner au Public un Livre de Piéces de Viole
qui eft fort goûté .
Le 15. on chanta un Divertiffement de M. de
Blamont qui a pour titre Le Retour des Dieux.
fur la Terre , lequel avoit été chanté devant
L. M. le jour de leur mariage à Fontainebleau.
Le 20. on chanta à Marli le Prologue & le
premier Acte du Balet des Fêtes Grecques &
Romaines de M. de Blamont ; les Dies Antier &
Le Maure chanterent les Rôles de Clio & d'Erato
, & le S d'Angerville celui d'Apollon , &
dans la Piéce les Diles Le Maure , Barbier & le
Noir remplirent les principaux les . La D'e
Pitron chanta enfuite un Air détaché .
Le 22. on chanta la fuite du fecond & du troifiéme
Acte , dans lefquels les Diles Antier , Lenner
& Barbier chanterent les principaux Rôles ,
& le S le Prince fit celui de Tibule.
une petite Fête à Bagnolet pour le Divertiffe
ment des deux Princeffes fes filles , à laquelle toutès
les Dames du Palais Royal & plufieurs autres
attachées à S. A. R. & aux Princeffes , fe trouverent
, de même que plufieurs Seigneurs attachés
à la Maifon d'Orleans . S. A. R. fit donner aux
Princeffes & aux Dames qui étoient du Souper ,
à chacune un habit de Satin gaufré , d'une nouvelle
fabrique établie depuis peu au Village de
Bagnolet. Les Seigneurs qui étoient de la danfe ,
eurent auffi des habits & des veftes de même . Le
tout fut trouvé très - galant & d'un très - bon gout;il
y eut plufieurs danfes & contre- danfes qui furent
parfaitement bien executées par les jeunes Princeffes
& par les Dames & les Seigneurs qui eurent
l'honneur de danfer avec elles.
Le 25. du même mois , la jeune Princeſſe de
Bade , Niece du Duc d'Orleans , fe rendit au Palais
Royal pour rendre vifite à S. A. R. qui la
reçut très-gracieufement , & lui fit prefent d'une
magnifique Poupée, de la grandeur de cette jeune
Princeffe, ornée de Boucles d'oreilles de diamans,
de Papillons & autres ornemens de tête auffi en
brillans,avec plufieurs habits magnifiques pour la
Poupée. Les Princeffes d'Orleans ajoûterent à ce
Prefent plufieurs Bijoux très-galans , qui furent
mis dans les poches de la Poupée , laquelle étoit
accompagnée d'une Figure de Crocheteur en
I carton
2522 MERCURE DE FRANCE
carton , portant une Valife qui renfermoit diffe
rens habits & nipes pour l'ufage de la Poupée .
Le 7. le Marquis de Caftellar , nouvel Ambaffadeur
du Roi d'Efpagne, fe rendit aux Carmelites,
où il eut Audiance de la Reine Douairiere d'Efpagne
, qui le reçut très gracieufement . Ce Miniftre
témoigna à S. M. C. les affurances d'amitié
qu'il venoit lui faire de la part du Roi & de la
Reine d'Espagne.
Le 8.de ce mois , Madame d'Orleans , Abbeffe
de Chelles , alla à la Magdeleine de Trenel dîner
avec la Ducheffe d'Orleans fa mere & avec les
Princeffes fes Soeurs. L'après dîné , la Reine d'Eſpagne
s'y rendit auffi , & quelque tems après M. le.
Duc d'Orleans , accompagné du Duc de Chartres,
fon Fils , y arriva. Deforte que S. A. R. eut le
plaifir de voir dans la même journée preſque toure
fon augufte Famille raffemblée.
Le 25. Octobre , la jeune Princeffe de Bade ,
fille duMargrave de Bade Baden, & Niece du Duc
d'Orleans , partit de Paris pour s'en retourner
à Raftalt , en parfaite fanté. M. Petit , Chirurgien
Juré , Démonftrateur Royal & Membre
des Académies des Sciences de Paris & de Londres,
lui avoit extirpé à la joue une loupe d'une groffeur
prodigieufe, & avec tant de fuccès, que cette
Princeffe n'en fera pas même marquée ; auffi ar'elle
récompenfé noblement l'habile main qui a
fi bien operé, & a de plus fait preſent à M. Petit
d'un Neceffaire , c'est - à-dire , d'un affortiment
de tout ce qu'il convient pour faire & fervir du
Caffé , du Thé & du Chocolat , contenant differentes
pieces , comme Aiguére , Soucoupe , plufreurs
Pots , Taffes , Drageoires , Cuilliers , & c.
le tout en Vermeil doré , & Porcelaines de Drefde,
d'un prix confiderable & d'un travail exquis.
Cette Princeffe a donné à la Sacriſtie du Conyent
NOVEMBRE. 1730. 2523
went des Petites Cordelieres , où elle a occupé un
Appartement pendant fon féjour à Paris , un Baffin
& une Aiguiere d'argent , & a fait des préfens
à toutes les Religieafes , pour leur marquer fa
Latisfaction fur leurs foins & fur leurs attentions,
Le Roi a nommé le Duc de Saint- Aignan, Chevalier
des Ordres de S. M. Ambaffadeur à Rome.
Le 29. du mois dernier , le Marquis de Caſte-
Jar , Ambaffadeur Extraordinaire & Plenipotentiaire
du Roi d'Efpagne , eut fa premiere Audience
particuliere du Roi , de la Reine & de Monfeigneur
le Dauphin , étant conduit par le Chevalier
de Sainctot, Introducteur des Ambaſſadeurs.
Le 31. Octobre , veille de la Fête de tous les
Saints , le Roi revêtu du grand Collier de l'Ordre
du S. Efprit , fe rendit dans la Chapelle du
Château de Verſailles , où S. M. entendit la Meffe
& communia par les mains de l'Abbé de Choifeul
, fon Aumônier en quartier enfuite le Roi
toucha un grand nombre de Malades.
L'aprés midi , S. M. affifta dans la même Chapelle
aux premieres Vêpres chantées par la Mufique,
aufquelles l'Evêque d'Aire officla pontificalement.
Le premier de ce mois, jour de la Fête , le
Roi entendit la grande Meffe celebrée pontificalement
par l'Evêque d'Aire,& chantée par la Mufique.
L'aprés midi S. M. entendit le Sermon du
Pere Cotoner de la Compagnie de Jefus ; enfuite
les fecondes Vêpres qui furent chantéesS par la
Mufique , aufquelles le même Prélat officia. Le
Roi affitta aufli aux Vêpres des Morts.
Le même jour, la Reine entendit la Meffe dans la
même Chapelle, & S. M. communia par les mains
du Cardinal de Fleury , fon Grand- Aumônier .
Le 2. jour des Trépaffez , le Roi & la Reine entendirent
1 ij
2524 MERCURE DE FRANCE
tendirent la Meffe de Requiem , pendant laquelle
le De profundis fut chanté par la Mufique. Aprés
la Meffe , le Roi partit pour Rambouillet.
La Reine ayant voulu rendre à Dieu fes actions
de graces particulieres , de fon heureux
accouchement, & de la naiffarce de Monfeigneur
le Duc d'Anjou, S.M. vint le 6 de ce mois à l'Eglife
Métropolitaine de Paris . La Reine accompagnée
de Mademoiſelle de Clermont , Sur - Intendante
de Sa Maiſon , des Dames de fa Cour & de
fes principaux Officiers , arriva à midi à l'Eglife
Métropolitaine , où les détachemens des Régimens
des Gardes Françoifes & Suifles étoient en
haye & fous les armes. L'Archevêque de Paris ,
revêtu de fes habits Pontificaux & à la tête des
Chanoines , reçut la Reine à la porte de l'Eglife ,
avec les cérémonies accoutumées ; & après avoir
complimenté Sa Majefté , il la conduifit dans le
Choeur. La Reine y fit fa priere , & alla enfuite
à l'Autel de la Vierge entendre la Meffe , qui
fut dite par un de fes Chapelains.La Reine ayant
été reconduite à la porte de l'Eglife , avec les
mêmes cérémonies qui avoient été observées à
fon arrivée , S. M. partit pour retourner à Verfailles,
Le fi Novembre aprés midi, les RR.PP. de la
Compagnie de JESUS , firent avec beaucoup de
folemnité , dans leur Eglife de la Maiſon Profeffe
de Paris , qui étoit éclairée par un grand
nombre de lumieres , l'ouverture de l'Octave de
fa Fête de la Canonifation de S. Louis de Gonzague
& de S. Staniflas Koftka , de leur Compagnie.
Le lendemain l'Archevêque de Paris , à la
tête du Chapitre de l'Eglife Metropolitaine , fe
rendit à cette Eglife, & y célebra pontificalement
la Meffe , qui fut chantée à plufieurs choeurs de
mufique
NOVEMBRE . 1730. 2525
mufique. L'après midi , l'Evêque de Cifteron
prononça le Panegyrique de ces deux Saints avec
beaucoup d'éloquence , & l'Abbé de Gontault ,
Doyen du Chapitre , officia au Salut .
Les jours fuivans , differens Evêques y ont cé
lébré pontificalement la Meffe , & ont officié aux
Saluts .
Le 12 de ce mois , le Comte de Seefted , Ambaffadeur
Extraordinaire du Roy de Danemarc ,
eut , en long Manteau de deuil , une Audience
particuliere du Roy , dans laquelle il donna part
a S. M. de la mort du Roy de Danemarc , Frederic.
IV . Il fut conduit à cette Audience par le
Chevalier de Sainctot , Introducteur des Ambaf
fadeurs , qui le conduifit enfuite à l'Audience de
Ia Reine , & à celle de Monfeigneur le Dauphin.
Le 16. le Roy prit le deuil pour cette mort.
Le 19. le Roy & la Reine partirent de Verfailles
pour aller paffer quelques jours au Château
de Marly.
Le 13 , l'ouverture du Parlement fe fit avec les
céremonies accoutumées , par une Meffe folemnelle
, célébrée pontificalement dans la Grand'-
Salle du Palais , par l'Archevêque de Bourges , à
laquelle M. Portail , Pr. Préfident , & les Chambres
affifterent.
A la rentrée du Parlement de Dijon , à la faint
Martin , M. le Prefident de la Marche , qui eft
un jeune Magiftrat , né Orateur , s'étoit chargé
de faire le Difcours des Mercuriales & de l'Audience
publique , & il s'en acquitta parfaitement."
Le Difcours aux Chambres affemblées , fut pour
apprendre aux Officiers à ne pas juger par hu-
I. iij meur.
2526 MERCURE DE FRANCE
meur. Ce fujet parut nouveau & fut traité avec
toute la politeffe , la nobleffe & l'éloquence poffible,
ainfi que celui pour les Avocats , fur l'amour
de la verité ; & il finit par un éloge magnifique
du Roy & du Miniftere,
Le 14 , la Reine vint à Paris , & alla entendre
la Meffe dans l'Eglife de la Maiſon Profeffe des
Jefuites,à l'occafion de la Fête qu'on y célébroit.
S. M. accompagnée de Mademoiſelle de Clermont,
Sur- Intendante de Sa Maiſon , des Dames
de fa Cour , du Cardinal de Fleury , fon Grand
Aumônier , & de fes principaux Officiers , fut
reçûë à la porte de l'Eglife par le Pere Supérieur,
accompagné des Jefuites de la Maiſon , de ceux
du College de LoUIS LE GRAND , & de ceux du
Noviciat. Après que le P. Supérieur eut compli
menté la Reine par un Difcours auffi éloquent
que convenable à la piété de S. M. la Reine fut
Conduite dans le Sanctuaire , & elle y entendit la
Meffe , qui fut dite par un de fes Chapelains ;
pendant laquelle on chanta un Motet. S.M.ayant
été reconduite à la porte de l'Eglife avec les ceremonies
obfervées à ſon arrivée, elle ſe rendit au
Monaftere des Religieufes de l'Ave Maria , d'où
S. M. alla dîner au Palais des Thuilleries , après
avoir paflé par la Place Royale. La Reine trouva,
à l'Eglife des Jéfuites , à celle de l'Ave Maria
& au Palais des Thuilleries , les Gardes Françoifes
& Suiffes en haye & fous les Armes. L'après
midi , S. M. partit de Paris vers les quatre
heures , pour retourner à Verſailles , & s'arrêta
quelque temps au Couvent des Religieufes de
Sainte Marie de Chaillot.
> Le 22. de ce mois , la Fête de Sainte Cecile
fut celebrée avec éclat dans l'Eglife des Enfans.
Rouges
NOVEMBRE 1730. 2527
Rouges ; on y chanta une grande Meffe & les
Vêpres en Mufique & à grand choeur , de la.
compofition de l'Abbé Senefchal , qui fut genéralement
applaudie..
Le 25. là Lotterie de la Compagnie des Indes
pour le remboursement des Actions fut tirée en
la maniere accoutumée à l'Hôtel de la Compagnie.
On a publié la Lifte des Numero des Actions
& dixièmes d'Actions qui feront rembourfées
, failant en tout le nombre de 3.00. Actions..
Le premier de ce mois , Fête de la Touffaint ,
il y eut Concert fpirituel au Château des Thuil--
leries. M. Mouret fit chanter Exultate jufti ,
Motet de M. de la Lande , fuivi d'un autre Motet
à deux Baffes - Tailles qui fut très gouté. Les
Dile, Erremens & . Petitpas chanterent avec applaudiffement
un petit Motet nouveau à deux
Deffus , de la compofiiion de M. Le Máire. La
Dile le Maure chanta Ufquequò , petit Moter
de M. Mouret , avec une grande préciſion. Le
Concert fut terminé par le Dixit Dominus de
M. de la Lande.
Le 2. jour des Morts , on exécuta le Divertiffement
de la Chaffe du Cerf . & plufieurs
Piéces de fimphonie , après lefquelles on chanta
le De profundis de M. de la Lande.
Il y a eu Concert François tous les Mercredis
de ce mois , dans lefquels on a chanté plufieurs
Divertiffemens de différens Maîtres , & tous les
Concerts ont toujours été terminés par un Mo.
tet à grands choeurs , de M. de la Lânde.
Le 4. de ce mois , M. de Blamont, Sur- Intendant
de la Mufique du Roi , fit chanter chez la
Reine le 4 & 5e Acte de l'Opera d'Amadis de
L. iiij Gaule;
2528 MERCURE DE FRANCE
Gaule ; La Dile Pitron chanta le Rôle d'Arcabonne
la Dle Lenner celui d'Oriane , le St
d'Angerville celui d'Archelaus & le Sr Guedon
remplit celui d'Amadis .
>
Le 12. on chanta un Divertiffement intitulé
Les Plaisirs de l'Hyver , de la compofition de
M. Capuce , Maître de Mufique de l'Académie
de Dijon , qui fut fort applaudi. Cet Auteur vient
de donner au Public un Livre de Piéces de Viole
qui eft fort goûté .
Le 15. on chanta un Divertiffement de M. de
Blamont qui a pour titre Le Retour des Dieux.
fur la Terre , lequel avoit été chanté devant
L. M. le jour de leur mariage à Fontainebleau.
Le 20. on chanta à Marli le Prologue & le
premier Acte du Balet des Fêtes Grecques &
Romaines de M. de Blamont ; les Dies Antier &
Le Maure chanterent les Rôles de Clio & d'Erato
, & le S d'Angerville celui d'Apollon , &
dans la Piéce les Diles Le Maure , Barbier & le
Noir remplirent les principaux les . La D'e
Pitron chanta enfuite un Air détaché .
Le 22. on chanta la fuite du fecond & du troifiéme
Acte , dans lefquels les Diles Antier , Lenner
& Barbier chanterent les principaux Rôles ,
& le S le Prince fit celui de Tibule.
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Résumé : « Le 23. Octobre, la Duchesse d'Orleans donna une petite Fête à Bagnolet pour le Divertissement [...] »
En octobre 1730, plusieurs événements marquants eurent lieu à la cour de France. Le 7 octobre, le Marquis de Castellar, nouvel ambassadeur d'Espagne, fut reçu par la Reine douairière d'Espagne. Le 8 octobre, Madame d'Orléans, Abbesse de Chelles, dîna avec la Duchesse d'Orléans et les Princesses, rejointes plus tard par la Reine d'Espagne et le Duc d'Orléans. Le 25 octobre, la Princesse de Bade, nièce du Duc d'Orléans, rendit visite au Palais Royal et reçut une poupée ornée en cadeau. La même journée, elle quitta Paris pour Rastatt après une opération réussie pour enlever une loupe à sa joue, récompensant le chirurgien avec un nécessaire en vermeil doré et porcelaine de Dresde. Le Roi nomma le Duc de Saint-Aignan ambassadeur à Rome. Le 29 octobre, le Marquis de Castellar eut sa première audience privée avec le Roi, la Reine et le Dauphin. Le 31 octobre, le Roi assista à la messe et communia à Versailles, touchant ensuite un grand nombre de malades. Les 1er et 2 novembre, le Roi et la Reine assistèrent à des messes et sermons à Versailles, incluant une messe de Requiem. Le 6 novembre, la Reine rendit grâce pour son accouchement à l'église métropolitaine de Paris. Le 11 novembre, les Jésuites célébrèrent la canonisation de Saint Louis de Gonzague et Saint Stanislas Kostka. Le 12 novembre, l'ambassadeur du Danemark informa le Roi de la mort du Roi Frédéric IV. Le 16 novembre, le Roi prit le deuil. Le 19 novembre, le Roi et la Reine se rendirent au Château de Marly. Le 13 novembre, le Parlement ouvrit avec une messe solennelle à Dijon, où un jeune magistrat prononça un discours sur l'humilité des juges. Le 14 novembre, la Reine assista à une messe chez les Jésuites et visita le monastère des Religieuses de l'Ave Maria avant de retourner à Versailles. Le 22 novembre, la fête de Sainte Cécile fut célébrée avec une grande messe et des vêpres. Le 25 novembre, la loterie de la Compagnie des Indes eut lieu. Divers concerts et divertissements musicaux furent organisés au Château des Tuileries et à Marly, incluant des motets et des opéras.
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12
p. 2528-2529
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Caën le 21. Novembre 1730, sur la Fête celebrée dans l'Eglise des R R. P P. Jesuites.
Début :
Tout le monde sçait avec quel zele les R R. P P. Jesuites font éclater leur joye [...]
Mots clefs :
Église, Jésuites, Caen, Naissance du Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Caën le 21. Novembre 1730, sur la Fête celebrée dans l'Eglise des R R. P P. Jesuites.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Caën
le 21. Novembre 1730. fur la Fête celebrée
dans l'Eglife des RR. P P. Jeft ites .
TR
Out le monde fçait avec quel zele les
R R. P P. Jefuites font éclater leur joye
orfqu'il s'agit de l'interêt de la Religion & de
a gloire du Roi. , On vit à Caen l'année paffée
les Réjouiffances publiques qu'ils firent pour
la
NOVEMBRE. 1730. 2520
la Naiffance du Dauphin ; elles furent unanimement
applaudies.
Ils ont cette année fignalé leur piété par la
Fête de la Canonifation des Bienheureux S S.
Louis de Gonzague & Staniſlas Koſtka , de leur
Compagnie. L'ouverture s'en fit le Dimanche 12.
. Novembre. La veille de cette folemnité M. de
Luynes , Evêque de Bayeux , fulmina les Balles
de la Canonifation , & le Te Deum fut enfuite
chanté au bruit de l'Artillerie , laquelle fut placée
fur les Remparts qui donnent fur la Cour de
P'Eglife des Jeunes. On fit le Salut le foir ,
cette Eglife fut illuminée de plus de 6000. Lam
pions & de quantité de cierges & de bougies , Illumination
qui a été continuée pendant l'Octave
entiere.
&ta
Le lendemain Dimanche la Melle fut celebrée
par M. l'Evêque après une Proceffion genérale..
Les Vêpres furent dites de la même maniere , &
la même folemn. a été continuée pendant toute
l'Octave , avec un éclat & un concours extraor
dinaire ..
Le Dimanche 19. jour de l'Octave , on entene
dit dès le matin une falve des mêmes Canons.
M. Vicaire , Curé de S. Michel de Vaucelles
prononça le Panegyrique des deux Saints avec :
beaucoup d'éloquence & d'applaudiffement. Suc
fe foir on entendit encore le bruit du Canon ;:
c'étoit le fignal d'une illumination magnifique
& d'un feu d'artifice qui fut tiré avec un grand
fuccès devant l'Eglife des Jefuites..
le 21. Novembre 1730. fur la Fête celebrée
dans l'Eglife des RR. P P. Jeft ites .
TR
Out le monde fçait avec quel zele les
R R. P P. Jefuites font éclater leur joye
orfqu'il s'agit de l'interêt de la Religion & de
a gloire du Roi. , On vit à Caen l'année paffée
les Réjouiffances publiques qu'ils firent pour
la
NOVEMBRE. 1730. 2520
la Naiffance du Dauphin ; elles furent unanimement
applaudies.
Ils ont cette année fignalé leur piété par la
Fête de la Canonifation des Bienheureux S S.
Louis de Gonzague & Staniſlas Koſtka , de leur
Compagnie. L'ouverture s'en fit le Dimanche 12.
. Novembre. La veille de cette folemnité M. de
Luynes , Evêque de Bayeux , fulmina les Balles
de la Canonifation , & le Te Deum fut enfuite
chanté au bruit de l'Artillerie , laquelle fut placée
fur les Remparts qui donnent fur la Cour de
P'Eglife des Jeunes. On fit le Salut le foir ,
cette Eglife fut illuminée de plus de 6000. Lam
pions & de quantité de cierges & de bougies , Illumination
qui a été continuée pendant l'Octave
entiere.
&ta
Le lendemain Dimanche la Melle fut celebrée
par M. l'Evêque après une Proceffion genérale..
Les Vêpres furent dites de la même maniere , &
la même folemn. a été continuée pendant toute
l'Octave , avec un éclat & un concours extraor
dinaire ..
Le Dimanche 19. jour de l'Octave , on entene
dit dès le matin une falve des mêmes Canons.
M. Vicaire , Curé de S. Michel de Vaucelles
prononça le Panegyrique des deux Saints avec :
beaucoup d'éloquence & d'applaudiffement. Suc
fe foir on entendit encore le bruit du Canon ;:
c'étoit le fignal d'une illumination magnifique
& d'un feu d'artifice qui fut tiré avec un grand
fuccès devant l'Eglife des Jefuites..
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Caën le 21. Novembre 1730, sur la Fête celebrée dans l'Eglise des R R. P P. Jesuites.
Le 21 novembre 1730, une fête fut organisée dans l'église des Jésuites de Caen pour célébrer la canonisation des bienheureux Louis de Gonzague et Stanislas Kostka. Les festivités débutèrent le 12 novembre avec la publication des bulles de canonisation par l'évêque de Bayeux, M. de Luynes, et le chant du Te Deum, accompagné par l'artillerie. L'église fut illuminée avec plus de 6000 lampes, cierges et bougies, illumination maintenue durant toute l'octave. Le dimanche suivant, l'évêque célébra la messe après une procession générale, suivie de vêpres solennelles. Les célébrations se poursuivirent avec éclat et une grande affluence pendant toute l'octave. Le 19 novembre, une salve de canons annonça le panégyrique des deux saints, prononcé par M. Vicaire, curé de Saint-Michel de Vaucelles. La journée se conclut par une illumination et un feu d'artifice devant l'église des Jésuites.
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13
p. 2234-2236
TURQUIE ET PERSE.
Début :
On a appris par des Lettres de Constantinople, que la nuit du 19 au 20. Juillet le feu [...]
Mots clefs :
Jésuites, Janissaires, Constantinople, Gouverneur, Lettres
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texteReconnaissance textuelle : TURQUIE ET PERSE.
TURQUIE ET PERSE.
Na appris par des Lettres de Constantino-
Ople, appe pauitdu 19 au go. Juillet le feu
avoit pris au Faubourg de Tophana , que le vent
étoit si violent , qu'on n'avoit pû arrêter les suites
de l'Incendie , malgré les secours qu'y
firent apporter le Grand Seigneur , le G. Viz, et
le Capitan Pacha , qui s'y étoient rendus à cheval;
que le 20. à dix heures du matin , les flammes
qui s'étoient communiquées au Fauxbourg de
Galata , avoient réduit en cendres quantité de
maisons , l'Eglise et le Convent des Capucins ,
celui des Récolets , &c..
Les Lettres arrivées depuls , marquent que
PIncendie avoit commencé par la grande Fonderie
des Canons , et que le vent l'ayant communiqué
aux Magazins , Maisons et Boutiques qui:
sont contigues, il y en avoit eu près de sooo . de
brûlées en moins de trois heures , avec tous les
Meubles , Marchandises et autres Effets ; que les
Négocians François y avoient beaucoup perdu ,
mais que les Palais des Ambassadeurs n'avoient
point été endommagez.
Ces Lettres ajoûtent que le G. S. étoit malade
d'une fievre lente dont on craignoit les suites.
Par ces mêmes Lettres , on apprend que le Roy
de Perse , dont l'armée depuis sa derniere deffaite
avoit été renforcée jusqu'à 140 mille hommes
avoit attaqué le secours de 5000. hommes que
le G.. S..envoyoit du côté d'Erivan , pour obliger
les
SEPTEMBRE . 1731. 2235
tes Persans à en lever le Siege ; qu'après un combat
très-opiniâtré , les Turcs qui étoient fatiguer
d'une longue marche , avoient été forcez de se
retirer en désordre ; qu'ils avoient eu 16000 .
hommes de tuez sur la place ; qu'ils avoient perdu
20. Pieces de Canon et tous leurs Bagages ;
qu'on leur avoit fait 2000 Prisonniers ; et qu'après
cette Victoire le Roy de Perse étoit retourné
devant Erivan avec son armée , et qu'il avoit fait
sommer le Gouverneur de lui rendre la Place
dans trois jours , à peine d'être passé au fil de
l'épée , lui et toute sa Garnison. On ajoûte que
cette nouvelle avoit jetté toute la Ville de Constantinople
dans une grande consternation , et ranimé
les. Janissaires qui avoient demandé avec
hauteur que le G. S. fit la Paix avec le Roy de
Perse.
Par une autre Lettre de Constantinople du 30
Juillet , on apprend que le 21. du même mois
entre deux et trois heures du matin , le feu prit
à Topana , l'air étant alors assez calme. On travailla
d'abord dans le Palais de France à retirer
dans le Magazin vouté , ce qu'il y avoit de plus
précieux. Sur les cinq heures un vent du Nord
s'étant levé , porta l'Incendie du côté de Galata ,
où il a consumé les deux tiers de ce Quartier , et
toutes les Maisons que les François y habitoient ,
il n'en est resté que cinq ou six d'entieres ; à la
verité ils ont eû le loisir de transporter dans des.
Magazins de pierre ce qu'ils avoient de plus cònsiderable.
Les Jesuites ont perdu la maison qu'ils.
occupoient et toutes celles de leur enclos , qui
leur appartenoient ; on ne sçavoit même si le feu
n'auroit pas penetré jusqués dans l'Eglise où ils
ont mis tout ce qu'ils avoient ; les Capucins ont :
auffi perdu leur Maison, et leur Eglise est dans
la
2236 MERCURE DE FRANCE
le même état que celle des Jesuites ; à l'égard des
Dominiquains , le dommage qu'ils ont souffert
est beaucoup moins considerable.
Na appris par des Lettres de Constantino-
Ople, appe pauitdu 19 au go. Juillet le feu
avoit pris au Faubourg de Tophana , que le vent
étoit si violent , qu'on n'avoit pû arrêter les suites
de l'Incendie , malgré les secours qu'y
firent apporter le Grand Seigneur , le G. Viz, et
le Capitan Pacha , qui s'y étoient rendus à cheval;
que le 20. à dix heures du matin , les flammes
qui s'étoient communiquées au Fauxbourg de
Galata , avoient réduit en cendres quantité de
maisons , l'Eglise et le Convent des Capucins ,
celui des Récolets , &c..
Les Lettres arrivées depuls , marquent que
PIncendie avoit commencé par la grande Fonderie
des Canons , et que le vent l'ayant communiqué
aux Magazins , Maisons et Boutiques qui:
sont contigues, il y en avoit eu près de sooo . de
brûlées en moins de trois heures , avec tous les
Meubles , Marchandises et autres Effets ; que les
Négocians François y avoient beaucoup perdu ,
mais que les Palais des Ambassadeurs n'avoient
point été endommagez.
Ces Lettres ajoûtent que le G. S. étoit malade
d'une fievre lente dont on craignoit les suites.
Par ces mêmes Lettres , on apprend que le Roy
de Perse , dont l'armée depuis sa derniere deffaite
avoit été renforcée jusqu'à 140 mille hommes
avoit attaqué le secours de 5000. hommes que
le G.. S..envoyoit du côté d'Erivan , pour obliger
les
SEPTEMBRE . 1731. 2235
tes Persans à en lever le Siege ; qu'après un combat
très-opiniâtré , les Turcs qui étoient fatiguer
d'une longue marche , avoient été forcez de se
retirer en désordre ; qu'ils avoient eu 16000 .
hommes de tuez sur la place ; qu'ils avoient perdu
20. Pieces de Canon et tous leurs Bagages ;
qu'on leur avoit fait 2000 Prisonniers ; et qu'après
cette Victoire le Roy de Perse étoit retourné
devant Erivan avec son armée , et qu'il avoit fait
sommer le Gouverneur de lui rendre la Place
dans trois jours , à peine d'être passé au fil de
l'épée , lui et toute sa Garnison. On ajoûte que
cette nouvelle avoit jetté toute la Ville de Constantinople
dans une grande consternation , et ranimé
les. Janissaires qui avoient demandé avec
hauteur que le G. S. fit la Paix avec le Roy de
Perse.
Par une autre Lettre de Constantinople du 30
Juillet , on apprend que le 21. du même mois
entre deux et trois heures du matin , le feu prit
à Topana , l'air étant alors assez calme. On travailla
d'abord dans le Palais de France à retirer
dans le Magazin vouté , ce qu'il y avoit de plus
précieux. Sur les cinq heures un vent du Nord
s'étant levé , porta l'Incendie du côté de Galata ,
où il a consumé les deux tiers de ce Quartier , et
toutes les Maisons que les François y habitoient ,
il n'en est resté que cinq ou six d'entieres ; à la
verité ils ont eû le loisir de transporter dans des.
Magazins de pierre ce qu'ils avoient de plus cònsiderable.
Les Jesuites ont perdu la maison qu'ils.
occupoient et toutes celles de leur enclos , qui
leur appartenoient ; on ne sçavoit même si le feu
n'auroit pas penetré jusqués dans l'Eglise où ils
ont mis tout ce qu'ils avoient ; les Capucins ont :
auffi perdu leur Maison, et leur Eglise est dans
la
2236 MERCURE DE FRANCE
le même état que celle des Jesuites ; à l'égard des
Dominiquains , le dommage qu'ils ont souffert
est beaucoup moins considerable.
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Résumé : TURQUIE ET PERSE.
En juillet 1731, un incendie dévastateur a frappé Constantinople, débutant au faubourg de Tophana et se propageant à Galata. L'incendie, parti d'une fonderie de canons, a détruit près de 3000 bâtiments en trois heures, incluant des maisons, églises et couvents des Capucins et des Récolets. Les négociants français ont subi des pertes importantes, mais les palais des ambassadeurs ont été épargnés. Parallèlement, une bataille a opposé les forces turques et perses près d'Erivan. Le roi de Perse, à la tête de 140 000 hommes, a vaincu un contingent turc de 5 000 hommes, causant 16 000 morts, la perte de 20 pièces d'artillerie et 2 000 prisonniers. Le roi de Perse a ensuite assiégé Erivan. Cette défaite a provoqué une grande consternation à Constantinople, ranimant les Janissaires qui ont exigé la paix avec le roi de Perse. Un nouvel incendie à Tophana a détruit deux tiers du quartier de Galata et plusieurs maisons françaises, affectant également les Jésuites, Capucins et Dominicains.
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14
p. 2179-2183
LETTRE écrite de Dijon, à M. de T... sur le Cabinet de Médailles des RR. PP. Jesuites de Tournon.
Début :
MONSIEUR, Vou[s] auriez pû vous mieux adresser pour avoir l'analyse [...]
Mots clefs :
Médailles, Jésuites, Cabinet, Tournon, Revers, Bronze, Médaillon
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Dijon, à M. de T... sur le Cabinet de Médailles des RR. PP. Jesuites de Tournon.
LETTRE écrite de Dijon , à M. de
T... sur le Cabinet de Médailles des
RR. PP. Jesuites de Tournon.
MONSIEUR,
Vou auriez pû vous mieux adresser
pour avoir l'analyse des singularitez du
Médailler des P P. Jesuites de Tournon
dont on a depuis peu fait imprimer le
Catalogue à Avignon . Je n'ai eu ce Livre
que bien peu de temps
à ma disposition
, M. R. D. L. qui l'avoit apporté
de Paris , n'ayant fait ici qu'un
très petit séjour. Il auroit fallu n'être
pas si pressé pour examiner toutes les
karetez de ce Cabinet. Ce fut beaucoup
pour moi d'en remarquer une partie et
d'en faire à la hâte un Memoire. Ressouvenez-
vous- en bien , je vous prie , pour
que vous m'épargniez les justes reproches
que vous faites à ces demi - Sçavans
qui ont voulu vous faire connoître ce Médailler.
Vous ne trouverez pas du moins
dans mon Extrait ces grandes phrases
qui ne signifient rien , et qui laissent le
Lecteur aussipeu instruit qu'il l'étoit aųparavant.
Dans
2180 MERCURE DE FRANCE
Dans le Cabinet des Jesuites de Tournon
, il y a differentes suites de Médail
les ; 1 ° . de Rois , 2 ° . de Peuples et dé
Villes ; 3 ° . de Familles Romaines' ; 4º . de
l'As et de ses divisions ; 5. des Empereurs
Romains en or ; 6 ° . en argent ; 7 .
en grand ; 8 ° . moyen ; 9. et petit bronze
; 10° . de Medailles et de Monnoyes
modernes ; 11 ° . de Médailles contrefaites;
12 ° . de Pierres gravées , des Statuës , des
Urnes , &c. Il paroît qu'on ne s'est atë
taché à enrichir que les suites Imperiales
de bronze ; les autres , excepté celle
qui est en argent , sont peu nombreuses.
Dans le petit nombre on remarque cependant
des Médailles peu communes ;
il
y en a même qui n'ont pas été connues
jusques ici par les Antiquaires , et
qu'on peut avec eux appeller uniques.
Mon Mémoire me fournit une partie de
celles qui me parurent de ce genre dans
ce Cabinet. Peut-être vous feront- elles
naître le dessein de l'acheter ; on dit que
les Jésuites de Tournon veulent le vendre
pour rétablir leur Bibliotheque.
Une Chevre d'Afrique au Revers
ΠΤΟΛΕΜΑΙΟΥ ΒΑΣΙΛΕΩΣ , Une Aigle
tenant la foudre dans ses serres Æ. III.
La tête de Diane. ( BAZIAEQE DINTIAZ.
Un Sanglier. A II .
A
La
OCTOBRE . 1733. 2181 .
La tête d'Anthiochus , ornée d'un Diademe,
Ο ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΑΝΤΙΟΚΟΥ ΕΠΙ-
ΦΑΝΟΥΣ ΦΙΛΟΠΑΤΟΡΟΣ ΚΑΛΛΙΝΙΚΟΣ.
Une Victoire . Æ. 111.
Deux Médailles d'Homere.
La tête de Rome. ROMA RESTITVTA. X
Jupiter assis , la Foud e à la main : jv-
PITER LIBERATOR . Arg.
·
Parmi les Médailles Imperiales de
grand Bronze , une Contorniate d'Auguste
au revers de C. GALLVS
IIIVIRAA AFF ; dans le Champ, S. C.
Un Tibere , deux Vitellius , deux Antinous
, un Médaillon d'Aelius Caesar ,
au revers de la Concorde assise Con-
CORD . TR. POT. cos. 11. Un Antonin Pie,
qui a pour revers le Sphinx et l't poque
L. B. Un autre : EПI APXONTOC KA
ΕΝΤΙΛΙΟΥ ΧΥΖΙ ΝΕΩΚΟΡΩΝ , avec un
Temple. Pertinax , les deux Gordiens
Afriquains , un Médaillon de Gordien
Pie : L'Empereur avec Tranquilline , se
donnent la main , avec la Legende de
ΓΑΡ ΟΥ ΜΗΤΡΟΠΟΛΕΩΣ ΑΜΚ ΙΒ .
Trajan Dece au revers , LIBERTAS AVG La
ête de Q. Herennius : EPENN . ETPOYC .
MEC . AEKIOC KTINTOC KECAP ; au
vers , celle d'Hostilien ... OCTIAIAOC
KYINTOC KECAP . Deux Æmiliens.
Gallien au revers de AEQUITAS AVGG.
Un
2182 MERCURE DE FRANCE
Un autre : COL. TYRO . MET. Une Aigle
avec une Enseigne Militaire , dens laquelle
on lit ces mots : LEG. III. GAL.
Un Médaillon du même Prince : CONCORDIA
EXERCIT. La Déesse debout ,
avec une Patere à la main.
Dans le moyen Bronze , j'ai remarqué
un Othon , avec le revers d'une Tête
casquée , et l'Inscription POMH Vitellius
: IMP. VITEL. dans une contremarque
sans autre Legende 5 au revers : TPI-
ΠΟΛΕΙΤΩΝ. Les têtes accolées de Castor
et de Pollux . Hadrien : EITI COCOENOYC
APX. T. TIBEPIOHOA. Jupiter tenant
une Patere. M. Aurele : CONG. AVG. III,
TR.P. XX . IMP. 111. COS. 111. La Liberalité
debout ; elle tient une Tablette.
Un autre : MARTI VICTORI IM P. XI.
cos. 111. Le Dieu Mars , avec une Haste
et un Bouclier, Severe Alexandre : COL.
AVR. PIA. METR. SIO. au milieu d'une
Couronne, Gallien au revers de Salonine
et de Salonin. Diocletien avec cette Legende
: D. N. DIOCLETIANO AETER.
AVG. Val. Maximien : CONCORDIA FELIX
D D. N N. Val. Constantius : FORTVNAE
REDVCI AVGG NN. Deux autres Maximiens
: IMP. MAXIMIANVS JVN. AVG.
Maxence : SALVIS AVGG. Et Caess. FEL.
KART. Constantin : CONCORDIA PERPET.
DD.
NO
OCTOB
R E. 1733. 2183
Ci
DD. NN. Un autre : GENIO CAESARIS ,
un autre : TEMPORVM FELICITAS.
,
Dispensez moi , Monsieur , de m'étendre
davantage sur ces Médailles du
bas Empire. Les suites de moyen et de
petit Bronze de ces temps- là , sont trèsriches
par les têtes des Princes et par les
revers qu'elles contiennent . La plupart
sont rapportées dans le Numm sæculi
Constantiniani du P. Hardoüin , et par
le P. Bandury avec l'Etiquette , E.
Schedis D. Roman de Rives. Cet Abbé ,
à ce que m'a dit un de ses amis , a
vú plus d'une fois avec admiration ce
Cabinet. Sur l'avis qu'on en trouvoit le
Catalogue chez Bousquet , Libraire à
Geneve , j'ai pris des mesures pour en
faire venir deux Exemplaires ; il y en
aura un pour vous . La lecture que Vous
en ferez , sera plus agréable pour vous
que celle de ma Lettre. Je suis , & c.
T... sur le Cabinet de Médailles des
RR. PP. Jesuites de Tournon.
MONSIEUR,
Vou auriez pû vous mieux adresser
pour avoir l'analyse des singularitez du
Médailler des P P. Jesuites de Tournon
dont on a depuis peu fait imprimer le
Catalogue à Avignon . Je n'ai eu ce Livre
que bien peu de temps
à ma disposition
, M. R. D. L. qui l'avoit apporté
de Paris , n'ayant fait ici qu'un
très petit séjour. Il auroit fallu n'être
pas si pressé pour examiner toutes les
karetez de ce Cabinet. Ce fut beaucoup
pour moi d'en remarquer une partie et
d'en faire à la hâte un Memoire. Ressouvenez-
vous- en bien , je vous prie , pour
que vous m'épargniez les justes reproches
que vous faites à ces demi - Sçavans
qui ont voulu vous faire connoître ce Médailler.
Vous ne trouverez pas du moins
dans mon Extrait ces grandes phrases
qui ne signifient rien , et qui laissent le
Lecteur aussipeu instruit qu'il l'étoit aųparavant.
Dans
2180 MERCURE DE FRANCE
Dans le Cabinet des Jesuites de Tournon
, il y a differentes suites de Médail
les ; 1 ° . de Rois , 2 ° . de Peuples et dé
Villes ; 3 ° . de Familles Romaines' ; 4º . de
l'As et de ses divisions ; 5. des Empereurs
Romains en or ; 6 ° . en argent ; 7 .
en grand ; 8 ° . moyen ; 9. et petit bronze
; 10° . de Medailles et de Monnoyes
modernes ; 11 ° . de Médailles contrefaites;
12 ° . de Pierres gravées , des Statuës , des
Urnes , &c. Il paroît qu'on ne s'est atë
taché à enrichir que les suites Imperiales
de bronze ; les autres , excepté celle
qui est en argent , sont peu nombreuses.
Dans le petit nombre on remarque cependant
des Médailles peu communes ;
il
y en a même qui n'ont pas été connues
jusques ici par les Antiquaires , et
qu'on peut avec eux appeller uniques.
Mon Mémoire me fournit une partie de
celles qui me parurent de ce genre dans
ce Cabinet. Peut-être vous feront- elles
naître le dessein de l'acheter ; on dit que
les Jésuites de Tournon veulent le vendre
pour rétablir leur Bibliotheque.
Une Chevre d'Afrique au Revers
ΠΤΟΛΕΜΑΙΟΥ ΒΑΣΙΛΕΩΣ , Une Aigle
tenant la foudre dans ses serres Æ. III.
La tête de Diane. ( BAZIAEQE DINTIAZ.
Un Sanglier. A II .
A
La
OCTOBRE . 1733. 2181 .
La tête d'Anthiochus , ornée d'un Diademe,
Ο ΒΑΣΙΛΕΩΣ ΑΝΤΙΟΚΟΥ ΕΠΙ-
ΦΑΝΟΥΣ ΦΙΛΟΠΑΤΟΡΟΣ ΚΑΛΛΙΝΙΚΟΣ.
Une Victoire . Æ. 111.
Deux Médailles d'Homere.
La tête de Rome. ROMA RESTITVTA. X
Jupiter assis , la Foud e à la main : jv-
PITER LIBERATOR . Arg.
·
Parmi les Médailles Imperiales de
grand Bronze , une Contorniate d'Auguste
au revers de C. GALLVS
IIIVIRAA AFF ; dans le Champ, S. C.
Un Tibere , deux Vitellius , deux Antinous
, un Médaillon d'Aelius Caesar ,
au revers de la Concorde assise Con-
CORD . TR. POT. cos. 11. Un Antonin Pie,
qui a pour revers le Sphinx et l't poque
L. B. Un autre : EПI APXONTOC KA
ΕΝΤΙΛΙΟΥ ΧΥΖΙ ΝΕΩΚΟΡΩΝ , avec un
Temple. Pertinax , les deux Gordiens
Afriquains , un Médaillon de Gordien
Pie : L'Empereur avec Tranquilline , se
donnent la main , avec la Legende de
ΓΑΡ ΟΥ ΜΗΤΡΟΠΟΛΕΩΣ ΑΜΚ ΙΒ .
Trajan Dece au revers , LIBERTAS AVG La
ête de Q. Herennius : EPENN . ETPOYC .
MEC . AEKIOC KTINTOC KECAP ; au
vers , celle d'Hostilien ... OCTIAIAOC
KYINTOC KECAP . Deux Æmiliens.
Gallien au revers de AEQUITAS AVGG.
Un
2182 MERCURE DE FRANCE
Un autre : COL. TYRO . MET. Une Aigle
avec une Enseigne Militaire , dens laquelle
on lit ces mots : LEG. III. GAL.
Un Médaillon du même Prince : CONCORDIA
EXERCIT. La Déesse debout ,
avec une Patere à la main.
Dans le moyen Bronze , j'ai remarqué
un Othon , avec le revers d'une Tête
casquée , et l'Inscription POMH Vitellius
: IMP. VITEL. dans une contremarque
sans autre Legende 5 au revers : TPI-
ΠΟΛΕΙΤΩΝ. Les têtes accolées de Castor
et de Pollux . Hadrien : EITI COCOENOYC
APX. T. TIBEPIOHOA. Jupiter tenant
une Patere. M. Aurele : CONG. AVG. III,
TR.P. XX . IMP. 111. COS. 111. La Liberalité
debout ; elle tient une Tablette.
Un autre : MARTI VICTORI IM P. XI.
cos. 111. Le Dieu Mars , avec une Haste
et un Bouclier, Severe Alexandre : COL.
AVR. PIA. METR. SIO. au milieu d'une
Couronne, Gallien au revers de Salonine
et de Salonin. Diocletien avec cette Legende
: D. N. DIOCLETIANO AETER.
AVG. Val. Maximien : CONCORDIA FELIX
D D. N N. Val. Constantius : FORTVNAE
REDVCI AVGG NN. Deux autres Maximiens
: IMP. MAXIMIANVS JVN. AVG.
Maxence : SALVIS AVGG. Et Caess. FEL.
KART. Constantin : CONCORDIA PERPET.
DD.
NO
OCTOB
R E. 1733. 2183
Ci
DD. NN. Un autre : GENIO CAESARIS ,
un autre : TEMPORVM FELICITAS.
,
Dispensez moi , Monsieur , de m'étendre
davantage sur ces Médailles du
bas Empire. Les suites de moyen et de
petit Bronze de ces temps- là , sont trèsriches
par les têtes des Princes et par les
revers qu'elles contiennent . La plupart
sont rapportées dans le Numm sæculi
Constantiniani du P. Hardoüin , et par
le P. Bandury avec l'Etiquette , E.
Schedis D. Roman de Rives. Cet Abbé ,
à ce que m'a dit un de ses amis , a
vú plus d'une fois avec admiration ce
Cabinet. Sur l'avis qu'on en trouvoit le
Catalogue chez Bousquet , Libraire à
Geneve , j'ai pris des mesures pour en
faire venir deux Exemplaires ; il y en
aura un pour vous . La lecture que Vous
en ferez , sera plus agréable pour vous
que celle de ma Lettre. Je suis , & c.
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Résumé : LETTRE écrite de Dijon, à M. de T... sur le Cabinet de Médailles des RR. PP. Jesuites de Tournon.
La lettre, rédigée à Dijon, s'adresse à M. de T... et présente une analyse du Cabinet de Médailles des Jésuites de Tournon. L'auteur exprime son regret de n'avoir eu que peu de temps pour examiner le catalogue, récemment imprimé à Avignon. Il décrit diverses collections de médailles présentes dans le cabinet, incluant des séries de rois, de peuples et de villes, de familles romaines, de l'as et de ses divisions, ainsi que des médailles d'empereurs romains en or, argent et bronze. Le cabinet comprend également des médailles modernes et contrefaites. Certaines pièces sont particulièrement rares et uniques, jamais décrites par les antiquaires. L'auteur mentionne la présence de pierres gravées, statues et urnes. Parmi les médailles spécifiques notées figurent celles de Ptolémée, Antiochus, Homère, et plusieurs empereurs romains. Le cabinet possède aussi des médailles impériales de grand bronze, incluant des contorniates d'Auguste et des pièces de Tibère, Vitellius, Antonin le Pieux, et d'autres empereurs. L'auteur suggère que les Jésuites de Tournon envisagent de vendre le cabinet pour rétablir leur bibliothèque. Il conclut en précisant qu'il a commandé des exemplaires du catalogue pour M. de T... et pour lui-même.
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15
p. 2624-2628
ELOGE du R. P. SANADON, de la Compagnie de JESUS.
Début :
LE R. P. Noël-Etienne SANADON est mort au College de LOÜIS LE GRAND, [...]
Mots clefs :
P. Sanadon, Poésie, Goût, Latinité, Jésuites, Collège
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texteReconnaissance textuelle : ELOGE du R. P. SANADON, de la Compagnie de JESUS.
ELOGE du R. P SANADON , de la
Compagnie de JESUS..
LEB
ER . P. Noël- Etienne SANADON est
mort au College de Louis LE GRAND,
le 22 Octobre 1733. dans la 58 année de
son âge. Il étoit entré chez les Jésuites
avec un goût rare pour les Belles - Lettres
, et particulierement pour la Poësie
Latine. Il eut licu de cultiver ce goût naturel
, et il le cultiva en effet toujours
dans les différens emplois dont on le char
1. Vol.
gea
DECEMBRE. 1733. 26235
gea. Son Recueil de Poësies sent le beau
siécle des Maîtres du langage Romain ,
qu'il s'étoit fait une étude d'imiter. Il les
imitoit si heureusement dans chaque
genre de Poësie que ses Modeles ne l'auroient
point désavoué . Dans ses Odes on
reconnoit le feu et le génie d'Horace ';
dans ses Elégies la facilité et les graces
d'Ovide ; dans ses Vers héroïques la cadence
et la correction de Virgile. Il ne se
permettoit pas une expression , pas un
tour , pas même une pensée , qui ne fussent
propres du sujet et du caractere par
ticulier de Vers qu'il employoit ; exact
jusqu'au scrupule sur la Latinité ; il faisoit
passer dans sa Prose cette pureté de
style et de langage , qui fait en grande
partie le mérite des bons Auteurs Latins.
C'est sur tout durant les six années qu'il
a professé la Rhétorique à Paris , que
son application à ce genre d'étude lui a
donné la réputation d'excellent connoisseur
en fait de Latinité. Il a composé de
puis d'autres Ouvrages de Critique qui
lui ont fait honneur. La mort en a inters
rompu d'autres qu'il avoit commencez :
par exemple , un Traité de la Versifica→
tion latine qui devoit être sulyi d'un autre
sur la Poësie , un tres grand nombre
e Recherches Géographiques , quantité
1. Vol. de
2626 MERCURE DE FRANCE
de Remarques sur des expressions latines
, un Rudiment sçavant , des Notes
sur Phédre et sur plusieurs autres Poëtes,
sans compter de petites Poësies fugitives
qui échapoient quelquefois à sa vei
ne, desObservations manuscrites sur quelques
Livres à son usage , et sur le bel
Atlas de Géographie qu'il avoit formé
avec beaucoup de soin , aussi bien que sa
Bibliotheque , qui étoit tres choisie .
Monseigneur le Prince de Conti, dont
il a eu l'honneur de conduire les premieres
années au Collége des Jésuites , l'a honoré
de son estime et de ses bontez.
Voici l'Extrait d'une Lettre écrite depuis
peu à un autre Prince , et bien honorable
à la mémoire du P. Sanadon .
» C'est avec un sensible regret , Mon-
» seigneur , que je rappelle à V.A.le souvenir
du feu P. Sanadon , qui a été le
premier à vous recevoir au Tribunal de
» la Pénitence , et le seul à diriger votre
>>
» conscience à Paris. Il vous aimoit ten-
» drement , et il méritoit toute la tendresse
que vous vouliez bien avoir
» pour lui. La France perd en lui un de
ses plus beaux Esprits. L'Europe un de
ses plus habiles Critiques,et un des derniers
disciples du grand Huet. Pour le
» goût et la délicatesse , il sembloit être
1. Vol du
DECEMBRE . 1733. 2627
du siécle et de la Cour d'Auguste.
» Vous vous rappellez , Monseigneur
» cette douceur , ces graces , et cette mo-
» destie qui l'accompagnoient toujours ;
au milieu des occupations les plus sé-
» duisantes pour l'esprit , entouré d'amis
» qui le chérissoient , il quittoit tout au
» moment qu'il apprenoit qu'un mala-
» de de la lie du peuple souhaitoit de le
» voir , etil alloit loin pour lui porter les
»secours du corps et de l'ame. Pour adou-
» cir la douleur dont je suis pénétré , on
»a permis que je fisse faire son Portrait.
La mort avoit déja effacé quelques
» traits , mais la vive impression qui me
» restera toujours de ce cher ami , m'a-
» voit mis en état d'y suppléer , et de
rendre au Peintre ce qui avoit disparu .
Le caracrere du P. Sanadon étoit tel
qu'on le représente icy ; il étoit doux ,.
obligeant , poli , aussi s'étoit- il fait beaucoup
d'illustres et de vrais amis.Il joignoit
à un grand fonds de probité , une piété
solide , et la pratique constante des vertus
de son état. Son amour pour le bon
ordre se remarquoit dans toute sa conduite
.Occupé uniquement de ses devoirs ,
il ne songeoit qu'à les remplir. Sa charitésur
tout et son talent à gagner la confiance
des coeurs , se faisoient distinguer. En
1. Vola un
2628 MERCURE DE FRANCE
un mot , il étoit encore plus recommendable
par son Christianisme , que par sa
qualité d'Homme de Lettres .
Compagnie de JESUS..
LEB
ER . P. Noël- Etienne SANADON est
mort au College de Louis LE GRAND,
le 22 Octobre 1733. dans la 58 année de
son âge. Il étoit entré chez les Jésuites
avec un goût rare pour les Belles - Lettres
, et particulierement pour la Poësie
Latine. Il eut licu de cultiver ce goût naturel
, et il le cultiva en effet toujours
dans les différens emplois dont on le char
1. Vol.
gea
DECEMBRE. 1733. 26235
gea. Son Recueil de Poësies sent le beau
siécle des Maîtres du langage Romain ,
qu'il s'étoit fait une étude d'imiter. Il les
imitoit si heureusement dans chaque
genre de Poësie que ses Modeles ne l'auroient
point désavoué . Dans ses Odes on
reconnoit le feu et le génie d'Horace ';
dans ses Elégies la facilité et les graces
d'Ovide ; dans ses Vers héroïques la cadence
et la correction de Virgile. Il ne se
permettoit pas une expression , pas un
tour , pas même une pensée , qui ne fussent
propres du sujet et du caractere par
ticulier de Vers qu'il employoit ; exact
jusqu'au scrupule sur la Latinité ; il faisoit
passer dans sa Prose cette pureté de
style et de langage , qui fait en grande
partie le mérite des bons Auteurs Latins.
C'est sur tout durant les six années qu'il
a professé la Rhétorique à Paris , que
son application à ce genre d'étude lui a
donné la réputation d'excellent connoisseur
en fait de Latinité. Il a composé de
puis d'autres Ouvrages de Critique qui
lui ont fait honneur. La mort en a inters
rompu d'autres qu'il avoit commencez :
par exemple , un Traité de la Versifica→
tion latine qui devoit être sulyi d'un autre
sur la Poësie , un tres grand nombre
e Recherches Géographiques , quantité
1. Vol. de
2626 MERCURE DE FRANCE
de Remarques sur des expressions latines
, un Rudiment sçavant , des Notes
sur Phédre et sur plusieurs autres Poëtes,
sans compter de petites Poësies fugitives
qui échapoient quelquefois à sa vei
ne, desObservations manuscrites sur quelques
Livres à son usage , et sur le bel
Atlas de Géographie qu'il avoit formé
avec beaucoup de soin , aussi bien que sa
Bibliotheque , qui étoit tres choisie .
Monseigneur le Prince de Conti, dont
il a eu l'honneur de conduire les premieres
années au Collége des Jésuites , l'a honoré
de son estime et de ses bontez.
Voici l'Extrait d'une Lettre écrite depuis
peu à un autre Prince , et bien honorable
à la mémoire du P. Sanadon .
» C'est avec un sensible regret , Mon-
» seigneur , que je rappelle à V.A.le souvenir
du feu P. Sanadon , qui a été le
premier à vous recevoir au Tribunal de
» la Pénitence , et le seul à diriger votre
>>
» conscience à Paris. Il vous aimoit ten-
» drement , et il méritoit toute la tendresse
que vous vouliez bien avoir
» pour lui. La France perd en lui un de
ses plus beaux Esprits. L'Europe un de
ses plus habiles Critiques,et un des derniers
disciples du grand Huet. Pour le
» goût et la délicatesse , il sembloit être
1. Vol du
DECEMBRE . 1733. 2627
du siécle et de la Cour d'Auguste.
» Vous vous rappellez , Monseigneur
» cette douceur , ces graces , et cette mo-
» destie qui l'accompagnoient toujours ;
au milieu des occupations les plus sé-
» duisantes pour l'esprit , entouré d'amis
» qui le chérissoient , il quittoit tout au
» moment qu'il apprenoit qu'un mala-
» de de la lie du peuple souhaitoit de le
» voir , etil alloit loin pour lui porter les
»secours du corps et de l'ame. Pour adou-
» cir la douleur dont je suis pénétré , on
»a permis que je fisse faire son Portrait.
La mort avoit déja effacé quelques
» traits , mais la vive impression qui me
» restera toujours de ce cher ami , m'a-
» voit mis en état d'y suppléer , et de
rendre au Peintre ce qui avoit disparu .
Le caracrere du P. Sanadon étoit tel
qu'on le représente icy ; il étoit doux ,.
obligeant , poli , aussi s'étoit- il fait beaucoup
d'illustres et de vrais amis.Il joignoit
à un grand fonds de probité , une piété
solide , et la pratique constante des vertus
de son état. Son amour pour le bon
ordre se remarquoit dans toute sa conduite
.Occupé uniquement de ses devoirs ,
il ne songeoit qu'à les remplir. Sa charitésur
tout et son talent à gagner la confiance
des coeurs , se faisoient distinguer. En
1. Vola un
2628 MERCURE DE FRANCE
un mot , il étoit encore plus recommendable
par son Christianisme , que par sa
qualité d'Homme de Lettres .
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Résumé : ELOGE du R. P. SANADON, de la Compagnie de JESUS.
Le texte rend hommage au Père Noël-Étienne Sanadon, jésuite décédé au Collège de Louis-le-Grand le 22 octobre 1733 à l'âge de 58 ans. Sanadon était renommé pour son goût prononcé pour les Belles-Lettres et la poésie latine. Il a cultivé ce talent dans divers emplois et a produit un recueil de poésies imitant les maîtres du langage romain, tels qu'Horace, Ovide et Virgile. Son style se distinguait par une pureté de langage et une exactitude scrupuleuse en latinité. Sanadon a enseigné la rhétorique à Paris pendant six ans, acquérant ainsi une réputation d'expert en latinité. Il a également composé plusieurs ouvrages de critique et a entrepris divers projets, comme un traité de versification latine et des recherches géographiques, interrompus par sa mort. Sanadon a été honoré par le Prince de Conti, qu'il a éduqué, et par d'autres princes qui ont souligné sa douceur, ses grâces et sa modestie. Son caractère était marqué par la probité, la piété et une charité distinguée, le rendant recommandable autant pour son christianisme que pour ses qualités littéraires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 165-181
Description des Fêtes données en la ville d'Arras, à l'occasion de la Naissance de Monseigneur le Comte d'Artois.
Début :
La joie que cet évènement a répandue dans l'Artois, ne s'est [...]
Mots clefs :
Fêtes, Arras, Monseigneur le Comte d'Artois, Naissance, Évêque d'Arras, Te Deum, Mandement, Heureux, Prince, Royaume, Secrétaire, Lettre du roi, Bonheur, Voeux, Providence, Banquets, Conseillers, Militaires, Religieux, Peuple, Vers d'un citoyen d'Arras, Représentations, Feux d'artifice, Destruction d'édifices, Chronographes, Peinture, Médaillons, Symboles, Histoire de l'Artois, Armes, Inscriptions latines, Arts et sciences, Royauté, Bal, Comtes, Comtesses, Marquis, Cérémonies, Sentiments, Vertus, Architecture, Décors, Concert de musique, Jésuites, Capitale, Villes de France
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Description des Fêtes données en la ville d'Arras, à l'occasion de la Naissance de Monseigneur le Comte d'Artois.
Defcription des Fêtes données en la ville d'Arras ,
à l'occafion de la Naiffance de Monseigneur le
Comte d'Artois.
LA joie que cet événement a répandue dans
l'Artois , ne s'eft pas bornée aux fentimens de
refpect , d'amour & de reconnoiffance que les
Etats de cette Province ont portés jufqu'au pied
du trône , par la députation nombreufe dont le
Mercure de Novembre a fait mention . Cette joie
a encore éclaté par des fêtes qui méritent qu'on
en conferve le fouvenir ; & nous allons détailler
ce qui s'eft paffé en cette conjoncture dans la
Capitale du pays,
Dès le 11 Octobre , jour auquel un Courier du
cabinet vint apporter aux Députés ordinaires des
Etats ( 1 ) , la nouvelle de l'heureux accouchement
de Madame la Dauphine , & du nom donné par
le Roi au Prince nouveau-né , il y eut des illuminations
& autres démonftrations publiques d'alégreffe
, tant aux Etats & à l'Hôtel de Ville , qu'au
Confeil d'Artois , à l'Evêché , à l'Abbaye de Saint-
Vaaft , &c. mais elles ne furent que le prélude
des réjouiffances brillantes qui devoient les fuivre,
M. l'Evêque fixa au Dimanche 6 Novembre , lé
(1 ) Ce font trois perfonnes choifies dans les trois
Corps des Etats , qui réfident à Arras , & font
chargées de l'adminiftration , hors du temps dés
Affemblées,
166 MERCURE DE FRANCE.
"
Te Deum ordonné par le Roi , & publia à ce fujet
un Mandement conçu en ces terines :
Jean de Bonneguize , par la grace de Dien
» & du S. Siège Apoftolique , Evêque d'Arras : à
tous Abbés , Abbeffes , Chapitres , Doyens ,
Paſteurs , Supérieurs & Supérieures des Eglifes
» & Monafteres exempts & non exempts, & à tous
» fideles de notre Dioceſe , falut & bénédiction.
» Le Seigneur , Mes Très- Chers Freres , tient
dans , fes mains , & la deftinée des Maîtres de
» la terre & le fort des Empires. Heureux les Rois
» & les Peuples , quand ils ne l'apprennent qué
par les preuves qu'il leur donne de fon amour
» & de fa protection !
» Tel eft l'avantage dont nous jouiffons , Mes
Très Chers Freres, furtout depuis que l'heureuſe
fécondité de Madame la Dauphine ajoute à tant
» d'autres faveurs du ciel , les bénédictions dont
≫ il comble par elle le Roi & le Royaume . Cha-
» que année nous ramene au pied des Autels pour
» y rendre graces d'un préſent nouveau à un Dieu
» qui véille au repos & à la profpérité de l'Etar.
» Il donne encore aujourd'hui dans le Prince qui
» vient de naître un nouvel appui au trône déjà le
» mieux affermi , & à la Nation la plus heureufe
un gage de plus de la durée de fon bonheur.
i » Mais fi la naiffance de Monfeigneur le Comté
» d'Artois doit être pour toute la France un fujer
» de joié & un objet de reconnoiffance , vous le
fçavez , M. T. C. F. cet événement intéreffe
» particuliérement cette Province ; & le nom de
ce Prince doit lui feul vous rappeller tout ce que
vous devez dans cette circonftance aux bontés
du Roi , ou plutôt aux miféricordes du Seigneur
qui , après avoir mis dans l'ame du Monarque
, l'amour de tous fes Peuples , daigné
JANVIER. 1758. 167
aujourd'hui fixer finguliérement fur nous les regards
de fa tendrefle.
>> Province heureuſe & préférée , hâtons- nous
» de faire éclater notre joie , & de fignaler notre
» reconnoiffance pour un Dieu qui nous diftingue .
» Mais joignons à nos actions de graces pour ce
préfent ineftimable de fa bonté , les prieres les
plus ferventes , pour qu'il daigne nous le con-
>> ferver. Ce Prince eſt , en naiſſant , le fondement
» & l'appui de nos efpérances : qu'il foit pendant
» le cours d'une longue vie , le gage de notre fé-
» licité , & le lien qui refferre de plus en plus les
>> noeuds de cette tendreffe paternelle , dont le Roi
»> nous donne aujourd'hui dans fa perfonne , la
preuve la plus éclatante.
» Demandons au Seigneur de graver de bonne
>> heure dans fon ame les principes inaltérables de
» de bonté & d'humanité qui nous font trouver
» le meilleur des Peres dans le plus grand des
Rois qu'il lui infpire le goût de cette piété tendre
& folide qui fait de la Reine l'exemple de la
Cour & la gloire de la Religion ; qu'il mette
» dans fon coeur le germe des vertus de Monſeigneur
le Dauphin , & de Madame la Dauphine,
»fi dignes l'un & l'autre des bénédictions multipliées
que le Ciel répand fur leur union , & fi
propres à attirer fur le Royaume celles qui peuvent
en perpétuer la gloire , le répos & la
» profpérité.
Puiffe cet augufte Enfant fi précieux à cette
» Province en particulier , devenit , pour notre
bonheur, tous les jours de fa vie , plus parfait, en
fe formant fur de pareils modeles puiffent
> nos neveux avoir des raifons de renouveller fans
» ceffe au Seigneur pour fa confervation les ac-
» tions de graces que nous allons lui rendre pour
fa naiflance,
16S MERCURE DE FRANCE.
» A ces cauſes , après avoir pris l'avis de nos
» Vénérables Freres les Prévôt , Doyen , Cha-
» noines & Chapitre de notre Eglife Cathédrale ,
» nous ordonnons de faire chanter le Te Deum,
>> chacun dans vos Eglifes , avec les folemnités
>> requifes , le premier Dimanche ou jour de
Fête , après que vous aurez reçu notre préſent
>> Mandement , les Officiers , Magiftrats des
>> lieux , & tous autres qu'il appartiendra , invités
» d'y aſſiſter .
» Donné à Arras , en notre Palais Epiſcopal ,
fous notre feing & la fignature de notre Secre-
D taire , le trois Novembre mil fept cens cinquan-
» te-fept » .
JEAN , Evêque d'Arras.
Par Monfeigneur ,
PECHENA , Secrétaire.
Lettre du Roi , à M. l'Evêque d'Arras .
Monfieur l'Evêque d'Arras , la durée du bonheur
de mes fujets étant l'objet de mes voeux les plus
ardens , tous les événemens capables de le perpétuef,
excitent en moi les fentimens que mérite
un peuple toujours empreffé à me donner des
marques de fon zele , de fa fidélité & de fon
amour. Les princes dont il a plu à Dieu de combler
mes fouhaits , affurent la tranquillité dans
mes états. Celui dont matrès chere Fille la Dauphine
vient d'être heureuſement délivrée , eſt un
nouveau don de la providence , & c'eft pour lui
rendre les actions de graces qui lui font dûes , que
je vous fais cette lettre , pour vous dire que mon
intention eft que vous faffiez chanter le Te Deum
dans votre Eglife Cathédrale , & dans toutes les
autres
JANVIERL
169
. 1758.
autres de votre Dioceſe , avec la folemnité requife
, & que vous invitiez d'y affifter tous ceux qu'il
conviendra ; ce que me promettant de votre zele
je ne vous ferai la préfente plus longue , que pour
prier Dieu qu'il vous ait , Mons. l'Evêque d'Arras
, en fa fainte garde. Ecrit à Versailles le 9 Octobre
1757. Signé , LOUIS . Et plus bas , R. de
Voyer. Etfur le repli : à Mons. l'Evêque d'Arras,
Confeiller en mes Confeils .
La fête fut annoncée le au foir par toutes les
cloches de la Ville , que l'on fonna encore le 6 ,
de grand matin. En même temps des falves d'artillerie
& de boîte fe firent entendre , & recommencerent
à différentes reptiles dans le cours de
la journée. Il y eut ce même jour à l'Hôtel de
Ville un dîner fomptueux de plus de quatre-vingts
couverts , où le trouva M. de Caumartin , Intendant
de la Province . On y avoit auffi invité l'Evêque
, l'Abbé de Saint- Vaaft , le Commandant
de la Place , le premier Préfident du Confeil d'Artois
, & la Nobleffe , ainfi qu'un certain nombre
des Officiers de la garnifon , & des autres principaux
Corps , ecclefiaftiques , civils & militaires.
Pendant ce repas , on jetta de l'argent au peuple
& les Magiftrats lui firent diftribuer du pain , des
viandes & du vin. Immédiatement après que la
fanté de Monfeigneur le Comte d'Artois eût été
bue au fon des inftrumens , on préfenta à tous les
convives des exemplaires de la piece fuivante ,
compofée par M Harduin , Avocat , ancien Député
des Etats d'Artois à la Cour , & Secretaire
perpétuel de la Société Littéraire d'Arras.
L. Vol. H
170 MERCURE DE FRANCE .
Sentimens d'un Citoyen d'Arras , fur la Naiffance
de Monfeigneur le Comte d'Artois .
It fort donc aujourd'hui de fon obſcurité ,
Ce Titre qu'autrefois des Héros ont porté ( 1 ).
D'un Enfant de Louis il devient le partage :
Louis , pour couronner notre fidélité ,
Daigne de fon amour nous accorder ce gage .
Vous reprenez enfin votre antique fplendeur ,
Lieux où de Pharamond le brave Succeffeur (1 )
Jetta les fondemens du floriffant Empire
Qui commande à l'Europe , & que le monde admire.
Monarque triomphant , que le Ciel a formé
Pour les vertus & pour la gloire ,
Ton peuple réuni , d'un beau zele animé ,
T'a placé dès long-temps au Temple de mémoire ,
Sous le nom de Roi Bien - Aimé.
Mais lorfque furpaffant toute notre eſpérance ,
Tu veux nous diftinguer de tes autres Sujets ,
Lorfque tu mets pour nous le comble à tes bienfaits
,
Quel nom te donnera notre reconnoiffance !
Plaifirs , volez ici fous mille traits divers :
Que Polymnie & Terpsichore
Célebrent à l'envi le Maître qu'on adore.
(1) Robert I & Robert II, Comtes d'Artois.
(2) Clodion.2
JANVIER.
1758.
171
Qu'un bruit guerrier fe mêle aux plus tendres
concerts :
Que la fiere trompette fonne :
Sur nos murs que la foudre tonne :
Que le falpêtre éclate dans les airs.
Que mille bouche enflammées
Annoncent les tranfports de nos ames charmées
Au bout de ce vafte Univers.
Je vois juſques à
l'Empyrée
S'élevér de rapides feux :
Ainfi vers la voûte azurée
S'élance l'ardeur de nos voeux.
Tels que ces
brillantes étoiles ,
Qui de la nuit perçant les voiles ,
Retombent en foule à nos yeux ,
Sur l'Enfant fi cher à la France
Puiffent
defcendre en
abondance
Les plus riches préfens des Cieux.
Dans le
raviffement où mon ame fe livre ,
En lui déja je vois revivre
Ce Frere vertueux du plus faint de nos Rois ( 1).
A nos ayeux il fit chérir fes loix :
Des cruels
Sarrafins il
confondit la rage :
Prince , lis fes exploits , & deviens fon image ...
Mais pourquoi de l'hiftoire
emprunter le fecours ▸
(1) Robert I, frere de Saint Louis , furnommé
le Bon & le
Vaillant, ‹
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
Pour acquérir une gloire immortelle ,
Il ne te faut d'autre modele
Que ton augufte Ayeul , ou l'Auteur de tes jours.
Illuftre Enfant , auprès du trône
Tu feras de l'Artois le plus ferme foutien :
De Louis & du peuple à qui fa main te donne ,
Tu refferres encor le fortuné lien .
Si tu pouvois juger de notre amour extrêmê
Si tu lifois au fond de notre coeur ,
Ah ! tu t'applaudirois toi- même
Du nom qui fait notre bonheur .
.
On avoit élevé , vis- à-vis de l'Hôtel de Ville ,
un Feu d'artifice , pour lequel on n'avoit épargné
ni foins , ni dépenfe , non plus que pour les illuminations
de cet hôtel , de la haute & admirable
tour qui l'accompagne , & des autres édifices publics
. Tous les particuliers s'étoient auffi empreffés
à illuminer leurs maiſons , d'une maniere qui
répondît à la folemnité du jour ; mais une pluie
continuelle empêcha l'effet de ces préparatifs. On
ne put faire jouer qu'une petite partie de l'artifice
; & le refte fut remis au furlendemain.
L'édifice conftruit pour le feu , fur les deffeins
du fieur Beffara , Architecte de la Ville , étoit
feint de marbre blanc , & avoit s 2 pieds d'élévation
en deux étages , furmontés d'une pyramide
de 33 pieds . Le premier étage ou rez - de - chauffée
étoit un quarré d'ordre dorique , ayant 44 pieds
de face , dont le côté principal offroit un portique
, avec fronton & baluftrade , orné des Armes
du Roi , de Monfeigneur le Dauphin , & de Mon.
feigneur le Comte d'Artois , Une colonnade ioniJANVIER.
1758. 173
que formoit le fecond étage , qui étoit circulaire.
Vingt-quatre vafes à fleurs & trophées d'armes
ou de mufique , fervoient d'amortiffemens aux
deux ordres d'architecture . Cette décoration étoit
femée de chronogrammes ou chronographes
forte d'infcription fort en ufage aux Pays Bas ,
dans laquelle on trouve , en chiffre Romain , par
la réunion de toutes les lettres numérales qu'elle
contient , l'année de l'événement qui en eſt l'objet.
Voici quelques- uns de ces chronographes :
nasCItVŕ CoMes , spLenDor artesIx.
DonVM CLI aC, regIs.
PVLChra FIDel MerCes .
LætVs aMor aCCenDIt Ignes,
Entre les différentes illuminations qui avoient
été préparées , on remarquoit aux croifées de
Pappartement que la Société Littéraire occupe à
l'hôtel du Gouverneur , trois tranfparens , fur
lefquels étoient peints autant de médaillons , imaginés
par M. Camp , Avocat , Membre de cette
Société , & actuellement Député des Etats à lạ
Cour. On croit devoir donner ici la defcription
de ces morceaux de peinture.
Premier Médaillon.
L'hiftoire de l'Artois caractérisée fpécifiquement
par une femme vêtue d'une faie blanche
rayée de pourpre ( 1 ) . Elle a fur la tête une couronne
de laurier , & une plume à la main . Devant
(1 ) Cette espece d'étoffe fe fabriquoit autrefois
par les habitans d'Arras , nommés Atrebates, avec
tant de réputation que les Romains en faifoient
leurs plus magniques habillemens.
Hiij
74 MERCURE DE FRANCE.
elle eft un grand livre ouvert , fur la couverture
duquel fe voyent les Armes de la province . Elle
tient de la main gauche un médaillon portant
celles de Monfeigneur le Comte d'Artois , qu'elle
regarde avec un étonnement mêlé de joie. Une
pile de volumes imprimés & manuſcrits , fur laquelle
font les aîles & autres attributs du Temps ,
fert d'appui au livre que cette femme tient ouvert.
Elle a un pied pofé fur un débris de monument
antique , dont les reftes font épars. Auprès eft
une urne renverfée , d'où fe répand un grand
nombre de médailles .
Légende.
QUANTA FASTORUM GLORIA !
Exergue.
COMES DATUS IXA. OCT. M. DCC. LVII .
Second médaillon ,
Minerve affife , ferrant de fon bras gauche un
vafe aux Armes d'Artois , dans lequel eft planté
un rejetton de lys , qu'elle prend foin de cultiver.
A fes pieds font des trophées relatifs aux Arts &
aux Sciences.
Légende.
CURAT NOBISQUE COLIT.
Exergue.
SOC. LITT . ATR. SPES ET VOT.
Troisieme médaillon.
Les chiffres des Rois Louis VIII & Louis XV,
figurés par deux doubles IL , placés fous une
même couronne , & accompagnées refpectivement
JANVIER. 1758 . 175
des nombres VIII & XV . Un cordon bleu fort de
la couronne , entrelace les deux chiffres , & ſe
termine par un noeud , d'où pendent les Armes de
Monfeigneur le Comte d'Artois ( 1 ) .
Légende.
AB EVO IN ÆVUM.
Exergue.
DECUS FUNDATUM ET RESTITUTUM.
Le même jour 6 Novembre , vers les dix heures
du foir , il y eut dans la grande falle de l'Hôtel
de Ville , qu'on avoit fuperbement décorée , un
bal qui fut ouvert par M. l'Intendant avec Madame
la Comteffe de Houchin , épouse du Député
ordinaire de la Nobleffe des Etats . On y fervit
fur des buffets en gradins , un ambigu fuffifant
pour fatisfaire les goûts divers de deux mille perfonnes
au moins qui fe trouverent à ce bal .
Les Etats d'Artois différerent jufqu'à l'ouverture
de leur Affemblée générale , la folemnité de
leurs actions de graces & de leurs réjouiflances ,
afin que tous les Membres des trois Ordres fuflent
à portée d'y participer. Ce fut le lundi 21 Novembre
que le fit cette ouverture ; & après la
féance , qui fe tint dans la forme ordinaire fur les
dix heures du matin , on chanta dans l'Eglife des
Récollets un Te Deum en mufique , auquel M.
(1) Louis VIII , par fon Teftament du mois de
Juin 1225 , affigna l'Artois en partage à Robert
fon fecond fils , frere de S. Louis , de qui defcend la
branche de Bourbon. Depuis ce Robert , premier
Comte d'Artois , aucun fils de France n'en avoit
porté le titre.
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE .
l'Evêque d'Arras officia pontificalement. M. fe
Duc de Chaulnes , Gouverneur de la Province ;
M. l'Intendant , & M. Briois , Premier Préfident
du Confeil Provincial , Commiffaires du Roi pour
la tenue des Etats , affifterent à cette cérémonie ,
accompagnés de tous les Membres de l'Affemblée.
Il y eut enfuite un magnifique dîner de deux cens
vingt-cinq couverts, auquel tous les Corps avoient
été invités. Sur la fin du repas , on but avec appareil
les fantés du Roi , de Monfeigneur le Dauphin
& du nouveau Prince , qui furent annoncées
fucceffivement par des falves de boîtes & d'artillerie
; & les Députés ordinaires jetterent de l'argent
au peuple. Dès que la nuit fut venue , on tira
avec toute la réuffite poffible , un très- beau Feu
d'artifice au milieu de la grande place.
Ce feu avoit la forme d'un temple , dont le
premier
étage , quarré & élevé d'environ fept pieds
au deffus du pavé , fervoit de focle à tout l'édifice.
Quatre grandes rampes de dix marches occupoient
le milieu de chaque face , & conduifoient
à une galerie fermée de panneaux & d'acroteres
enrichis d'Armes du Roi , de Monfeigneur le Dauphin
, & de Monfeigneur le Comte d'Artois , ainfi
que des Chiffres de la province.
Le principal corps établi fur le premier étage
avoit huit côtés , dont quatre plus larges que les
autres , faifant faillie & avant- corps , formoient
des portiques , & répondoient aux rampes. Aux
entrées de ces portiques étoient les figures fymboliques
de la fincérité & de la fidélité , qui caractérifent
les Artéfiens , & celles de la reconnoiffance
& de l'espérance , fentimens dont ce peuple eft
particuliérement affecté dans la circonftance préfente.
Les quatre côtés enfoncés étoient ornés de
iches , avec d'autres figures qui défignoient les
JANVIER. 1758. 177
Vertus protectrices du jeune Prince ; fçavoir , la
Religion , la Bonté , la Valeur & la Prudence.
Des emblêmes relatifs à ces vertus rempliffoient
le deffus des niches. La décoration générale de
toute cette partie étoit un ordre Ionique régulier ,
dont l'entablement faillant foutenoit une baluftrade
mêlée d'acroteres , fur chacun defquels on
voyoit des grouppes d'enfans , qui fembloient , en
exprimant leur joie , difputer à qui porteroit les
Armes du Roi , & celles des autres perfonnes de
la Famille Royale.
Sur le deuxieme étage étoit pofé un attique à
quatre faces , dont trois préfentoient des tableaux
emblématiques , & l'autre contenoir cette infcription
:
NOVO ARTESIA COMITI
Il y avoit des pilaftres aux angles de ce corps
d'architecture avec un entablement en faillie ,
lequel étoit couronné de quatre vafes de ronde
bolle. Une pyramide en mofaïque évidée , s'élevoit
fur l'attique qui lui fervoit de baſe , & portoit
fur fa cime les Armes d'Artois , furmontées
d'un foleil .
Aux quatre coins du temple , & à une diſtance
convenable , étoient de grands obéliſques décorés,
de chiffres , de médaillons , &c.
Toutes les parties de l'édifice étoient peintes
en grifaille , à l'exception des tableaux & des
emblêmes , qui l'étoient en camayeu de couleur
bleue. Mais cette fimplicité étoit relevée par l'éclat
de l'or répandu fur les armoiries , les infcriptions
, les cartouches , les guirlandes ; fur la pyramide
, fur les vafes , & fur tous les ornemens
où l'on avoit pu l'employer avec goût.
Cet ouvrage fut exécuté par les foins & fur les
Hy
178 MERCURE DE FRANCE.
deffeins du fieur Linque , Architecte , natif & hæ
bitant d'Arras.
Les Commiffaires de Sa Majesté & les Etats
virent jouer l'artifice d'un amphithéâtre dreffé à
l'un des bouts de la place , qui eft une des plus
vaftes du Royaume. Des fanfares de cors , trompettes
& timbales , animerent ce fpectacle , aprèslequel
plufieurs fontaines de vin coulerent pour
le peuple.
Les deux façades de l'Hôtel des Etats furent
illuminés par une quantité immenfe de lamprons
, dont l'arrangement deffinoit , fans confufion
, toute la belle architecture de cet hôtel Dans
un grand tableau tranfparent placé au deffus de
la porte d'entrée , on voyoit Lucine defcendant
du Ciel , & tenant dans fes bras le Prince nouveau-
né. Le Roi montroit à cette Déeffe la Province
d'Artois perſonnifiée qui , d'un air empreffé
, tendoit les mains pour recevoir l'augufte Enfant.
Un rayon de lumiere partant du vifage de
ce nouveau Comte , fe répandoit fur celui de la
Province ; & on lifoit fur une banderole ce chronographe
:
novo spLenDes CIt CoMIte.
A neuf heures du foir commença un concert ,
dans lequel on exécuta plufieurs pieces de mufique
Françoife & Italienne . A ce concert fuccéda
un ambigu pour les Dames , fervi fur deux tables
de foixante perfonnes chacune . La fête fut terminée
par un grand bal , que M. le Duc de
Chaulnes ouvrit avec Madame la Comteffe de
Houchin , & qui dura jufqu'au jour. Rien n'y
fut oublié , foit pour la décoration des trois falles
où l'on danfa , foit pour la maniere dont elles
furent éclairées , foit pour la fymphonie & les
rafraîchiffemens de toute efpece.
JANVIER . 1758. 179
M. l'Evêque d'Arras donna de grands foupers
la veille de l'ouverture & le jour de la clôture
des Etats. Pendant la fête du 21 , on diftribua
abondamment dans fon palais du pain , des viandes
, de la biere , du bois & de Pargent à cinq
cens perfonnes au moins . La maison du Bon
Pafteur , qui renferme plus de cent pauvres filles ,
a éprouvé les mêmes libéralités de la part de ce
Prélat.
Le 6 & le 21 , M. de Briois , Abbé de S. Vaaſt ,
fit tirer beaucoup d'artifice. Il a pareillement
fignalé fa charité , en faisant délivrer aux pauvres
quatre mille pains , du poids de trois livres &
demie:
M. de Caumartin qui , depuis le commencement
de l'Affemblée des Etats avoit donné des
preuves de fa magnificence ordinaire , y ajouta
le Dimanche 27 Novembre un dîner de cent trente
couverts. Ce feftin ne fut que pour les hommes ;
mais environ quatre- vingts Dames fouperent le
même jour à l'intendance , où il y eut audi un
bal qui ne laiffa rien à défirer . M. le premier
Préſident du Confeil d'Artois s'étoit diftingué de
fon côté le jeudi précédent , par un dîner fuivi
d'un bal , qui fut interrompu pour voir un bouquet
d'artifice & une illumination terreftre , formée
avec goût dans le parterre du jardin de ce
Magiftrat. Il fit fervir fur les neuf heures un ambigu
; après lequel il y eut concert , & l'on reprit
le bal qui ne finit qu'avec la nuit.
Enfin le 30 Novembre , les RR. PP. Jéfuites
du College d'Arras firent chanter dans leur Eglife
le Te Deum & l'Exaudiat , par toute la mufique
de la Cathédrale . M. l'Evêque d'Arra y officia ,
& les Etats qu'on avoit invités à la cérémonie ,
affifterent en corps ; après quoi ils pafferent dans
y
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
la falle des Actes , où le R. P. Dubuiffon , Profeffeur
de Rhétorique , leur adreffa une harangue
latine , dont l'objet étoit de féliciter la province
d'Artois fur la naiffance du nouveau Comte.
L'Orateur s'attacha à prouver dans la premiere
partie de fon difcours , qu'il ne pouvoit rien arriver
de plus avantageux à la Province , que de
voir fon nom porté par un Prince de la Maifon de
Bourbon ; & dans la feconde , qu'aucune Province
n'étoit plus digne de cette grace.
Les PP. Jéfuites ont fourni ce jour là de quoi
dîner à douze pauvres familles de chacune des
onze Paroiffes de la Ville. Les écoliers , tant externes
que penfionnaires , qui font de la Congré
gation de la Vierge , ont donné le même jour à
dîner & à fouper aux malheureux détenus dans
les prifons royales , lefquels étoient au nombre
de quarante , les ont fervis eux- mêmes , & leur ont
encore diftribué des aumônes.
Les autres Villes de l'Artois n'ont pas témoi
gné moins d'ardeur que la Capitale à célébrer
une époque fi glorieufe pour la Province ; & de
fimples Bourgades ont donné en cette occafion
les marques les plus éclatantes de leur zele & de
leur alégreffe.
Le Roi a nommé le Maréchal de Tomond ,
pour commander fur les côtes de la Méditerranée .
Sa Majefté a auffi difpofé du commandement de
la Guyenne en faveur du Comte de Langeron
Lieutenant-Général de fes armées , & Elle a donné
au Comte de Gramont , Brigadier d'Infanterie,
& Menin de Monfeigneur le Dauphin , le Commandement
des troupes , dans la partie du Gouvernement
de la Guyenne , qui dépend de la Généralité
d'Aufch.
Sur la démiffion de Madame la Ducheffe d'Antin,
JANVIER. 1758.
181
de la place de Dame du Palais de la Reine , le Roi a
nommé le 25 Novembre Madame la Comteffe de
Clermont-Tonnere pour la remplacer.
Le 27, M. le Comte de Rochechouart prêta ferment
entre les mains du Roi , pour le Gouvernement
de l'Orléannois.
M. Le Duc de Chaulnes étant revenu de l'armée
du Maréchal Duc de Richelieu , pour tenir les
Etats d'Artois , en fit l'ouverture à Arras le 21
Novembre.
à l'occafion de la Naiffance de Monseigneur le
Comte d'Artois.
LA joie que cet événement a répandue dans
l'Artois , ne s'eft pas bornée aux fentimens de
refpect , d'amour & de reconnoiffance que les
Etats de cette Province ont portés jufqu'au pied
du trône , par la députation nombreufe dont le
Mercure de Novembre a fait mention . Cette joie
a encore éclaté par des fêtes qui méritent qu'on
en conferve le fouvenir ; & nous allons détailler
ce qui s'eft paffé en cette conjoncture dans la
Capitale du pays,
Dès le 11 Octobre , jour auquel un Courier du
cabinet vint apporter aux Députés ordinaires des
Etats ( 1 ) , la nouvelle de l'heureux accouchement
de Madame la Dauphine , & du nom donné par
le Roi au Prince nouveau-né , il y eut des illuminations
& autres démonftrations publiques d'alégreffe
, tant aux Etats & à l'Hôtel de Ville , qu'au
Confeil d'Artois , à l'Evêché , à l'Abbaye de Saint-
Vaaft , &c. mais elles ne furent que le prélude
des réjouiffances brillantes qui devoient les fuivre,
M. l'Evêque fixa au Dimanche 6 Novembre , lé
(1 ) Ce font trois perfonnes choifies dans les trois
Corps des Etats , qui réfident à Arras , & font
chargées de l'adminiftration , hors du temps dés
Affemblées,
166 MERCURE DE FRANCE.
"
Te Deum ordonné par le Roi , & publia à ce fujet
un Mandement conçu en ces terines :
Jean de Bonneguize , par la grace de Dien
» & du S. Siège Apoftolique , Evêque d'Arras : à
tous Abbés , Abbeffes , Chapitres , Doyens ,
Paſteurs , Supérieurs & Supérieures des Eglifes
» & Monafteres exempts & non exempts, & à tous
» fideles de notre Dioceſe , falut & bénédiction.
» Le Seigneur , Mes Très- Chers Freres , tient
dans , fes mains , & la deftinée des Maîtres de
» la terre & le fort des Empires. Heureux les Rois
» & les Peuples , quand ils ne l'apprennent qué
par les preuves qu'il leur donne de fon amour
» & de fa protection !
» Tel eft l'avantage dont nous jouiffons , Mes
Très Chers Freres, furtout depuis que l'heureuſe
fécondité de Madame la Dauphine ajoute à tant
» d'autres faveurs du ciel , les bénédictions dont
≫ il comble par elle le Roi & le Royaume . Cha-
» que année nous ramene au pied des Autels pour
» y rendre graces d'un préſent nouveau à un Dieu
» qui véille au repos & à la profpérité de l'Etar.
» Il donne encore aujourd'hui dans le Prince qui
» vient de naître un nouvel appui au trône déjà le
» mieux affermi , & à la Nation la plus heureufe
un gage de plus de la durée de fon bonheur.
i » Mais fi la naiffance de Monfeigneur le Comté
» d'Artois doit être pour toute la France un fujer
» de joié & un objet de reconnoiffance , vous le
fçavez , M. T. C. F. cet événement intéreffe
» particuliérement cette Province ; & le nom de
ce Prince doit lui feul vous rappeller tout ce que
vous devez dans cette circonftance aux bontés
du Roi , ou plutôt aux miféricordes du Seigneur
qui , après avoir mis dans l'ame du Monarque
, l'amour de tous fes Peuples , daigné
JANVIER. 1758. 167
aujourd'hui fixer finguliérement fur nous les regards
de fa tendrefle.
>> Province heureuſe & préférée , hâtons- nous
» de faire éclater notre joie , & de fignaler notre
» reconnoiffance pour un Dieu qui nous diftingue .
» Mais joignons à nos actions de graces pour ce
préfent ineftimable de fa bonté , les prieres les
plus ferventes , pour qu'il daigne nous le con-
>> ferver. Ce Prince eſt , en naiſſant , le fondement
» & l'appui de nos efpérances : qu'il foit pendant
» le cours d'une longue vie , le gage de notre fé-
» licité , & le lien qui refferre de plus en plus les
>> noeuds de cette tendreffe paternelle , dont le Roi
»> nous donne aujourd'hui dans fa perfonne , la
preuve la plus éclatante.
» Demandons au Seigneur de graver de bonne
>> heure dans fon ame les principes inaltérables de
» de bonté & d'humanité qui nous font trouver
» le meilleur des Peres dans le plus grand des
Rois qu'il lui infpire le goût de cette piété tendre
& folide qui fait de la Reine l'exemple de la
Cour & la gloire de la Religion ; qu'il mette
» dans fon coeur le germe des vertus de Monſeigneur
le Dauphin , & de Madame la Dauphine,
»fi dignes l'un & l'autre des bénédictions multipliées
que le Ciel répand fur leur union , & fi
propres à attirer fur le Royaume celles qui peuvent
en perpétuer la gloire , le répos & la
» profpérité.
Puiffe cet augufte Enfant fi précieux à cette
» Province en particulier , devenit , pour notre
bonheur, tous les jours de fa vie , plus parfait, en
fe formant fur de pareils modeles puiffent
> nos neveux avoir des raifons de renouveller fans
» ceffe au Seigneur pour fa confervation les ac-
» tions de graces que nous allons lui rendre pour
fa naiflance,
16S MERCURE DE FRANCE.
» A ces cauſes , après avoir pris l'avis de nos
» Vénérables Freres les Prévôt , Doyen , Cha-
» noines & Chapitre de notre Eglife Cathédrale ,
» nous ordonnons de faire chanter le Te Deum,
>> chacun dans vos Eglifes , avec les folemnités
>> requifes , le premier Dimanche ou jour de
Fête , après que vous aurez reçu notre préſent
>> Mandement , les Officiers , Magiftrats des
>> lieux , & tous autres qu'il appartiendra , invités
» d'y aſſiſter .
» Donné à Arras , en notre Palais Epiſcopal ,
fous notre feing & la fignature de notre Secre-
D taire , le trois Novembre mil fept cens cinquan-
» te-fept » .
JEAN , Evêque d'Arras.
Par Monfeigneur ,
PECHENA , Secrétaire.
Lettre du Roi , à M. l'Evêque d'Arras .
Monfieur l'Evêque d'Arras , la durée du bonheur
de mes fujets étant l'objet de mes voeux les plus
ardens , tous les événemens capables de le perpétuef,
excitent en moi les fentimens que mérite
un peuple toujours empreffé à me donner des
marques de fon zele , de fa fidélité & de fon
amour. Les princes dont il a plu à Dieu de combler
mes fouhaits , affurent la tranquillité dans
mes états. Celui dont matrès chere Fille la Dauphine
vient d'être heureuſement délivrée , eſt un
nouveau don de la providence , & c'eft pour lui
rendre les actions de graces qui lui font dûes , que
je vous fais cette lettre , pour vous dire que mon
intention eft que vous faffiez chanter le Te Deum
dans votre Eglife Cathédrale , & dans toutes les
autres
JANVIERL
169
. 1758.
autres de votre Dioceſe , avec la folemnité requife
, & que vous invitiez d'y affifter tous ceux qu'il
conviendra ; ce que me promettant de votre zele
je ne vous ferai la préfente plus longue , que pour
prier Dieu qu'il vous ait , Mons. l'Evêque d'Arras
, en fa fainte garde. Ecrit à Versailles le 9 Octobre
1757. Signé , LOUIS . Et plus bas , R. de
Voyer. Etfur le repli : à Mons. l'Evêque d'Arras,
Confeiller en mes Confeils .
La fête fut annoncée le au foir par toutes les
cloches de la Ville , que l'on fonna encore le 6 ,
de grand matin. En même temps des falves d'artillerie
& de boîte fe firent entendre , & recommencerent
à différentes reptiles dans le cours de
la journée. Il y eut ce même jour à l'Hôtel de
Ville un dîner fomptueux de plus de quatre-vingts
couverts , où le trouva M. de Caumartin , Intendant
de la Province . On y avoit auffi invité l'Evêque
, l'Abbé de Saint- Vaaft , le Commandant
de la Place , le premier Préfident du Confeil d'Artois
, & la Nobleffe , ainfi qu'un certain nombre
des Officiers de la garnifon , & des autres principaux
Corps , ecclefiaftiques , civils & militaires.
Pendant ce repas , on jetta de l'argent au peuple
& les Magiftrats lui firent diftribuer du pain , des
viandes & du vin. Immédiatement après que la
fanté de Monfeigneur le Comte d'Artois eût été
bue au fon des inftrumens , on préfenta à tous les
convives des exemplaires de la piece fuivante ,
compofée par M Harduin , Avocat , ancien Député
des Etats d'Artois à la Cour , & Secretaire
perpétuel de la Société Littéraire d'Arras.
L. Vol. H
170 MERCURE DE FRANCE .
Sentimens d'un Citoyen d'Arras , fur la Naiffance
de Monfeigneur le Comte d'Artois .
It fort donc aujourd'hui de fon obſcurité ,
Ce Titre qu'autrefois des Héros ont porté ( 1 ).
D'un Enfant de Louis il devient le partage :
Louis , pour couronner notre fidélité ,
Daigne de fon amour nous accorder ce gage .
Vous reprenez enfin votre antique fplendeur ,
Lieux où de Pharamond le brave Succeffeur (1 )
Jetta les fondemens du floriffant Empire
Qui commande à l'Europe , & que le monde admire.
Monarque triomphant , que le Ciel a formé
Pour les vertus & pour la gloire ,
Ton peuple réuni , d'un beau zele animé ,
T'a placé dès long-temps au Temple de mémoire ,
Sous le nom de Roi Bien - Aimé.
Mais lorfque furpaffant toute notre eſpérance ,
Tu veux nous diftinguer de tes autres Sujets ,
Lorfque tu mets pour nous le comble à tes bienfaits
,
Quel nom te donnera notre reconnoiffance !
Plaifirs , volez ici fous mille traits divers :
Que Polymnie & Terpsichore
Célebrent à l'envi le Maître qu'on adore.
(1) Robert I & Robert II, Comtes d'Artois.
(2) Clodion.2
JANVIER.
1758.
171
Qu'un bruit guerrier fe mêle aux plus tendres
concerts :
Que la fiere trompette fonne :
Sur nos murs que la foudre tonne :
Que le falpêtre éclate dans les airs.
Que mille bouche enflammées
Annoncent les tranfports de nos ames charmées
Au bout de ce vafte Univers.
Je vois juſques à
l'Empyrée
S'élevér de rapides feux :
Ainfi vers la voûte azurée
S'élance l'ardeur de nos voeux.
Tels que ces
brillantes étoiles ,
Qui de la nuit perçant les voiles ,
Retombent en foule à nos yeux ,
Sur l'Enfant fi cher à la France
Puiffent
defcendre en
abondance
Les plus riches préfens des Cieux.
Dans le
raviffement où mon ame fe livre ,
En lui déja je vois revivre
Ce Frere vertueux du plus faint de nos Rois ( 1).
A nos ayeux il fit chérir fes loix :
Des cruels
Sarrafins il
confondit la rage :
Prince , lis fes exploits , & deviens fon image ...
Mais pourquoi de l'hiftoire
emprunter le fecours ▸
(1) Robert I, frere de Saint Louis , furnommé
le Bon & le
Vaillant, ‹
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
Pour acquérir une gloire immortelle ,
Il ne te faut d'autre modele
Que ton augufte Ayeul , ou l'Auteur de tes jours.
Illuftre Enfant , auprès du trône
Tu feras de l'Artois le plus ferme foutien :
De Louis & du peuple à qui fa main te donne ,
Tu refferres encor le fortuné lien .
Si tu pouvois juger de notre amour extrêmê
Si tu lifois au fond de notre coeur ,
Ah ! tu t'applaudirois toi- même
Du nom qui fait notre bonheur .
.
On avoit élevé , vis- à-vis de l'Hôtel de Ville ,
un Feu d'artifice , pour lequel on n'avoit épargné
ni foins , ni dépenfe , non plus que pour les illuminations
de cet hôtel , de la haute & admirable
tour qui l'accompagne , & des autres édifices publics
. Tous les particuliers s'étoient auffi empreffés
à illuminer leurs maiſons , d'une maniere qui
répondît à la folemnité du jour ; mais une pluie
continuelle empêcha l'effet de ces préparatifs. On
ne put faire jouer qu'une petite partie de l'artifice
; & le refte fut remis au furlendemain.
L'édifice conftruit pour le feu , fur les deffeins
du fieur Beffara , Architecte de la Ville , étoit
feint de marbre blanc , & avoit s 2 pieds d'élévation
en deux étages , furmontés d'une pyramide
de 33 pieds . Le premier étage ou rez - de - chauffée
étoit un quarré d'ordre dorique , ayant 44 pieds
de face , dont le côté principal offroit un portique
, avec fronton & baluftrade , orné des Armes
du Roi , de Monfeigneur le Dauphin , & de Mon.
feigneur le Comte d'Artois , Une colonnade ioniJANVIER.
1758. 173
que formoit le fecond étage , qui étoit circulaire.
Vingt-quatre vafes à fleurs & trophées d'armes
ou de mufique , fervoient d'amortiffemens aux
deux ordres d'architecture . Cette décoration étoit
femée de chronogrammes ou chronographes
forte d'infcription fort en ufage aux Pays Bas ,
dans laquelle on trouve , en chiffre Romain , par
la réunion de toutes les lettres numérales qu'elle
contient , l'année de l'événement qui en eſt l'objet.
Voici quelques- uns de ces chronographes :
nasCItVŕ CoMes , spLenDor artesIx.
DonVM CLI aC, regIs.
PVLChra FIDel MerCes .
LætVs aMor aCCenDIt Ignes,
Entre les différentes illuminations qui avoient
été préparées , on remarquoit aux croifées de
Pappartement que la Société Littéraire occupe à
l'hôtel du Gouverneur , trois tranfparens , fur
lefquels étoient peints autant de médaillons , imaginés
par M. Camp , Avocat , Membre de cette
Société , & actuellement Député des Etats à lạ
Cour. On croit devoir donner ici la defcription
de ces morceaux de peinture.
Premier Médaillon.
L'hiftoire de l'Artois caractérisée fpécifiquement
par une femme vêtue d'une faie blanche
rayée de pourpre ( 1 ) . Elle a fur la tête une couronne
de laurier , & une plume à la main . Devant
(1 ) Cette espece d'étoffe fe fabriquoit autrefois
par les habitans d'Arras , nommés Atrebates, avec
tant de réputation que les Romains en faifoient
leurs plus magniques habillemens.
Hiij
74 MERCURE DE FRANCE.
elle eft un grand livre ouvert , fur la couverture
duquel fe voyent les Armes de la province . Elle
tient de la main gauche un médaillon portant
celles de Monfeigneur le Comte d'Artois , qu'elle
regarde avec un étonnement mêlé de joie. Une
pile de volumes imprimés & manuſcrits , fur laquelle
font les aîles & autres attributs du Temps ,
fert d'appui au livre que cette femme tient ouvert.
Elle a un pied pofé fur un débris de monument
antique , dont les reftes font épars. Auprès eft
une urne renverfée , d'où fe répand un grand
nombre de médailles .
Légende.
QUANTA FASTORUM GLORIA !
Exergue.
COMES DATUS IXA. OCT. M. DCC. LVII .
Second médaillon ,
Minerve affife , ferrant de fon bras gauche un
vafe aux Armes d'Artois , dans lequel eft planté
un rejetton de lys , qu'elle prend foin de cultiver.
A fes pieds font des trophées relatifs aux Arts &
aux Sciences.
Légende.
CURAT NOBISQUE COLIT.
Exergue.
SOC. LITT . ATR. SPES ET VOT.
Troisieme médaillon.
Les chiffres des Rois Louis VIII & Louis XV,
figurés par deux doubles IL , placés fous une
même couronne , & accompagnées refpectivement
JANVIER. 1758 . 175
des nombres VIII & XV . Un cordon bleu fort de
la couronne , entrelace les deux chiffres , & ſe
termine par un noeud , d'où pendent les Armes de
Monfeigneur le Comte d'Artois ( 1 ) .
Légende.
AB EVO IN ÆVUM.
Exergue.
DECUS FUNDATUM ET RESTITUTUM.
Le même jour 6 Novembre , vers les dix heures
du foir , il y eut dans la grande falle de l'Hôtel
de Ville , qu'on avoit fuperbement décorée , un
bal qui fut ouvert par M. l'Intendant avec Madame
la Comteffe de Houchin , épouse du Député
ordinaire de la Nobleffe des Etats . On y fervit
fur des buffets en gradins , un ambigu fuffifant
pour fatisfaire les goûts divers de deux mille perfonnes
au moins qui fe trouverent à ce bal .
Les Etats d'Artois différerent jufqu'à l'ouverture
de leur Affemblée générale , la folemnité de
leurs actions de graces & de leurs réjouiflances ,
afin que tous les Membres des trois Ordres fuflent
à portée d'y participer. Ce fut le lundi 21 Novembre
que le fit cette ouverture ; & après la
féance , qui fe tint dans la forme ordinaire fur les
dix heures du matin , on chanta dans l'Eglife des
Récollets un Te Deum en mufique , auquel M.
(1) Louis VIII , par fon Teftament du mois de
Juin 1225 , affigna l'Artois en partage à Robert
fon fecond fils , frere de S. Louis , de qui defcend la
branche de Bourbon. Depuis ce Robert , premier
Comte d'Artois , aucun fils de France n'en avoit
porté le titre.
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE .
l'Evêque d'Arras officia pontificalement. M. fe
Duc de Chaulnes , Gouverneur de la Province ;
M. l'Intendant , & M. Briois , Premier Préfident
du Confeil Provincial , Commiffaires du Roi pour
la tenue des Etats , affifterent à cette cérémonie ,
accompagnés de tous les Membres de l'Affemblée.
Il y eut enfuite un magnifique dîner de deux cens
vingt-cinq couverts, auquel tous les Corps avoient
été invités. Sur la fin du repas , on but avec appareil
les fantés du Roi , de Monfeigneur le Dauphin
& du nouveau Prince , qui furent annoncées
fucceffivement par des falves de boîtes & d'artillerie
; & les Députés ordinaires jetterent de l'argent
au peuple. Dès que la nuit fut venue , on tira
avec toute la réuffite poffible , un très- beau Feu
d'artifice au milieu de la grande place.
Ce feu avoit la forme d'un temple , dont le
premier
étage , quarré & élevé d'environ fept pieds
au deffus du pavé , fervoit de focle à tout l'édifice.
Quatre grandes rampes de dix marches occupoient
le milieu de chaque face , & conduifoient
à une galerie fermée de panneaux & d'acroteres
enrichis d'Armes du Roi , de Monfeigneur le Dauphin
, & de Monfeigneur le Comte d'Artois , ainfi
que des Chiffres de la province.
Le principal corps établi fur le premier étage
avoit huit côtés , dont quatre plus larges que les
autres , faifant faillie & avant- corps , formoient
des portiques , & répondoient aux rampes. Aux
entrées de ces portiques étoient les figures fymboliques
de la fincérité & de la fidélité , qui caractérifent
les Artéfiens , & celles de la reconnoiffance
& de l'espérance , fentimens dont ce peuple eft
particuliérement affecté dans la circonftance préfente.
Les quatre côtés enfoncés étoient ornés de
iches , avec d'autres figures qui défignoient les
JANVIER. 1758. 177
Vertus protectrices du jeune Prince ; fçavoir , la
Religion , la Bonté , la Valeur & la Prudence.
Des emblêmes relatifs à ces vertus rempliffoient
le deffus des niches. La décoration générale de
toute cette partie étoit un ordre Ionique régulier ,
dont l'entablement faillant foutenoit une baluftrade
mêlée d'acroteres , fur chacun defquels on
voyoit des grouppes d'enfans , qui fembloient , en
exprimant leur joie , difputer à qui porteroit les
Armes du Roi , & celles des autres perfonnes de
la Famille Royale.
Sur le deuxieme étage étoit pofé un attique à
quatre faces , dont trois préfentoient des tableaux
emblématiques , & l'autre contenoir cette infcription
:
NOVO ARTESIA COMITI
Il y avoit des pilaftres aux angles de ce corps
d'architecture avec un entablement en faillie ,
lequel étoit couronné de quatre vafes de ronde
bolle. Une pyramide en mofaïque évidée , s'élevoit
fur l'attique qui lui fervoit de baſe , & portoit
fur fa cime les Armes d'Artois , furmontées
d'un foleil .
Aux quatre coins du temple , & à une diſtance
convenable , étoient de grands obéliſques décorés,
de chiffres , de médaillons , &c.
Toutes les parties de l'édifice étoient peintes
en grifaille , à l'exception des tableaux & des
emblêmes , qui l'étoient en camayeu de couleur
bleue. Mais cette fimplicité étoit relevée par l'éclat
de l'or répandu fur les armoiries , les infcriptions
, les cartouches , les guirlandes ; fur la pyramide
, fur les vafes , & fur tous les ornemens
où l'on avoit pu l'employer avec goût.
Cet ouvrage fut exécuté par les foins & fur les
Hy
178 MERCURE DE FRANCE.
deffeins du fieur Linque , Architecte , natif & hæ
bitant d'Arras.
Les Commiffaires de Sa Majesté & les Etats
virent jouer l'artifice d'un amphithéâtre dreffé à
l'un des bouts de la place , qui eft une des plus
vaftes du Royaume. Des fanfares de cors , trompettes
& timbales , animerent ce fpectacle , aprèslequel
plufieurs fontaines de vin coulerent pour
le peuple.
Les deux façades de l'Hôtel des Etats furent
illuminés par une quantité immenfe de lamprons
, dont l'arrangement deffinoit , fans confufion
, toute la belle architecture de cet hôtel Dans
un grand tableau tranfparent placé au deffus de
la porte d'entrée , on voyoit Lucine defcendant
du Ciel , & tenant dans fes bras le Prince nouveau-
né. Le Roi montroit à cette Déeffe la Province
d'Artois perſonnifiée qui , d'un air empreffé
, tendoit les mains pour recevoir l'augufte Enfant.
Un rayon de lumiere partant du vifage de
ce nouveau Comte , fe répandoit fur celui de la
Province ; & on lifoit fur une banderole ce chronographe
:
novo spLenDes CIt CoMIte.
A neuf heures du foir commença un concert ,
dans lequel on exécuta plufieurs pieces de mufique
Françoife & Italienne . A ce concert fuccéda
un ambigu pour les Dames , fervi fur deux tables
de foixante perfonnes chacune . La fête fut terminée
par un grand bal , que M. le Duc de
Chaulnes ouvrit avec Madame la Comteffe de
Houchin , & qui dura jufqu'au jour. Rien n'y
fut oublié , foit pour la décoration des trois falles
où l'on danfa , foit pour la maniere dont elles
furent éclairées , foit pour la fymphonie & les
rafraîchiffemens de toute efpece.
JANVIER . 1758. 179
M. l'Evêque d'Arras donna de grands foupers
la veille de l'ouverture & le jour de la clôture
des Etats. Pendant la fête du 21 , on diftribua
abondamment dans fon palais du pain , des viandes
, de la biere , du bois & de Pargent à cinq
cens perfonnes au moins . La maison du Bon
Pafteur , qui renferme plus de cent pauvres filles ,
a éprouvé les mêmes libéralités de la part de ce
Prélat.
Le 6 & le 21 , M. de Briois , Abbé de S. Vaaſt ,
fit tirer beaucoup d'artifice. Il a pareillement
fignalé fa charité , en faisant délivrer aux pauvres
quatre mille pains , du poids de trois livres &
demie:
M. de Caumartin qui , depuis le commencement
de l'Affemblée des Etats avoit donné des
preuves de fa magnificence ordinaire , y ajouta
le Dimanche 27 Novembre un dîner de cent trente
couverts. Ce feftin ne fut que pour les hommes ;
mais environ quatre- vingts Dames fouperent le
même jour à l'intendance , où il y eut audi un
bal qui ne laiffa rien à défirer . M. le premier
Préſident du Confeil d'Artois s'étoit diftingué de
fon côté le jeudi précédent , par un dîner fuivi
d'un bal , qui fut interrompu pour voir un bouquet
d'artifice & une illumination terreftre , formée
avec goût dans le parterre du jardin de ce
Magiftrat. Il fit fervir fur les neuf heures un ambigu
; après lequel il y eut concert , & l'on reprit
le bal qui ne finit qu'avec la nuit.
Enfin le 30 Novembre , les RR. PP. Jéfuites
du College d'Arras firent chanter dans leur Eglife
le Te Deum & l'Exaudiat , par toute la mufique
de la Cathédrale . M. l'Evêque d'Arra y officia ,
& les Etats qu'on avoit invités à la cérémonie ,
affifterent en corps ; après quoi ils pafferent dans
y
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
la falle des Actes , où le R. P. Dubuiffon , Profeffeur
de Rhétorique , leur adreffa une harangue
latine , dont l'objet étoit de féliciter la province
d'Artois fur la naiffance du nouveau Comte.
L'Orateur s'attacha à prouver dans la premiere
partie de fon difcours , qu'il ne pouvoit rien arriver
de plus avantageux à la Province , que de
voir fon nom porté par un Prince de la Maifon de
Bourbon ; & dans la feconde , qu'aucune Province
n'étoit plus digne de cette grace.
Les PP. Jéfuites ont fourni ce jour là de quoi
dîner à douze pauvres familles de chacune des
onze Paroiffes de la Ville. Les écoliers , tant externes
que penfionnaires , qui font de la Congré
gation de la Vierge , ont donné le même jour à
dîner & à fouper aux malheureux détenus dans
les prifons royales , lefquels étoient au nombre
de quarante , les ont fervis eux- mêmes , & leur ont
encore diftribué des aumônes.
Les autres Villes de l'Artois n'ont pas témoi
gné moins d'ardeur que la Capitale à célébrer
une époque fi glorieufe pour la Province ; & de
fimples Bourgades ont donné en cette occafion
les marques les plus éclatantes de leur zele & de
leur alégreffe.
Le Roi a nommé le Maréchal de Tomond ,
pour commander fur les côtes de la Méditerranée .
Sa Majefté a auffi difpofé du commandement de
la Guyenne en faveur du Comte de Langeron
Lieutenant-Général de fes armées , & Elle a donné
au Comte de Gramont , Brigadier d'Infanterie,
& Menin de Monfeigneur le Dauphin , le Commandement
des troupes , dans la partie du Gouvernement
de la Guyenne , qui dépend de la Généralité
d'Aufch.
Sur la démiffion de Madame la Ducheffe d'Antin,
JANVIER. 1758.
181
de la place de Dame du Palais de la Reine , le Roi a
nommé le 25 Novembre Madame la Comteffe de
Clermont-Tonnere pour la remplacer.
Le 27, M. le Comte de Rochechouart prêta ferment
entre les mains du Roi , pour le Gouvernement
de l'Orléannois.
M. Le Duc de Chaulnes étant revenu de l'armée
du Maréchal Duc de Richelieu , pour tenir les
Etats d'Artois , en fit l'ouverture à Arras le 21
Novembre.
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Résumé : Description des Fêtes données en la ville d'Arras, à l'occasion de la Naissance de Monseigneur le Comte d'Artois.
À l'occasion de la naissance du Comte d'Artois, Arras a organisé des festivités marquantes. Dès l'annonce de la nouvelle le 11 octobre, des illuminations et des salves d'artillerie ont exprimé la joie publique. L'évêque d'Arras a ordonné un Te Deum le 6 novembre, accompagné d'un mandement célébrant la naissance du prince et appelant à la prière pour sa conservation. Le roi a demandé la célébration du Te Deum dans toutes les églises du diocèse. Le jour de la fête, des cloches ont sonné, des salves d'artillerie ont retenti, et un dîner somptueux a été organisé à l'Hôtel de Ville, avec la présence de personnalités locales. Pendant le repas, de l'argent et des vivres ont été distribués au peuple. Une pièce poétique de M. Harduin a été lue, exprimant la joie et la reconnaissance des citoyens d'Arras. Un feu d'artifice et des illuminations étaient prévus, mais la pluie a perturbé leur réalisation. L'édifice pour le feu d'artifice, conçu par l'architecte Beffara, était orné des armes royales et de chronogrammes. La Société Littéraire a exposé des transparents avec des médaillons imaginés par M. Camp, dont le premier représentait l'histoire de l'Artois symbolisée par une femme tenant un médaillon aux armes du Comte d'Artois. Le 6 novembre, un bal a été organisé à l'Hôtel de Ville, décoré somptueusement, avec un buffet pour deux mille personnes. Les États d'Artois ont reporté leurs actions de grâce pour permettre à tous les membres de participer. Le 21 novembre, après une séance solennelle, un Te Deum a été chanté à l'église des Récollets, suivi d'un dîner pour deux cent vingt-cinq personnes. Des salves d'artillerie ont annoncé les santés du Roi, du Dauphin et du nouveau prince, et des pièces d'argent ont été jetées au peuple. Un feu d'artifice en forme de temple a été tiré sur la grande place, illustrant diverses vertus et emblèmes. Les façades de l'Hôtel des États ont été illuminées, et un concert ainsi qu'un bal ont clôturé la fête. Des soupers et distributions de vivres aux pauvres ont été organisés par l'évêque d'Arras et d'autres dignitaires. Le 30 novembre, les Jésuites ont chanté un Te Deum, et une harangue latine a félicité la province pour la naissance du nouveau Comte. D'autres villes de l'Artois ont également célébré cet événement. Par ailleurs, le Roi a nommé de nouveaux commandants pour les côtes de la Méditerranée, la Guyenne, et le Gouvernement de l'Orléannois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 198-205
De PARIS, le 2 Avril 1764.
Début :
Sa Majesté, par des Lettres-Patentes, datées du 2 Septembre 1763, & enregistrées [...]
Mots clefs :
Lettres patentes, Sa Majesté, Règlements, Ordonnance, Recrues, Colonels, Lieutenants, Négociants, Navires, Commerce, Princes, Chambre des pairs, Assemblée, Arrêts, Registres, Parlement, Cour, Jésuites, Serment, Officiers, Remontrances, Procession
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texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 2 Avril 1764.
De PARIs, le 2 Avril 1764.
Sa Majeſté, par des Lettres-Patentes, datées du
2 Septembre 1763 , & enregiſtrées au Parlement
le 12 Décembre ſuivant, voulant contribuer à la
perfection de l'Ecole Royale de Chirurgie qu'Elle
a établie à Orléans, par Lettres-Patentes du 23
juin 1759 , fixe des Réglemens relatifs aux obli
gations de ceux qui prétendront à la Maîtriſe, &
aux droits & prérogatives attachés aux Places de
Profeſſeurs,
Par une Ordonnance du premier Septembre
dernier, Sa Majeſté crée & établit dans le Régi
ment des Recrues de la Ville de Paris, un Colonel,
un Lieutenant-Colonel & un Major, leſquels joui
ront de tous les droits & prérogatives dont jouiſ
ſent les autres Colonels, Lieutenans-Colonels &
Majors de ſon Infanterie Françoiſe. Sa Majeſté fixe
en même temps les appointemens du Colonel à
36oo liv. par an, ceux du Lieutenant-Colonel à
24oo liv. & ceux du Major à 18oo liv,
M A I. 1764. Iq
Les Négocians & Armateurs de Grandville,
ayant repréſenté au Roi que leur Port eſt aſſez
ſpacieux, pour y contenir beaucoup de Navires,
& qu'il eſt ſitué dans un pays où l'on peut ſe pro
curer aiſément tout ce qui eſt propre à l'avitaille
ment des Navires, & qui peut ſervir à étendre la
Navigation, par la facilité § l'on a de faire ve
' nir de Paris & de plufieurs autres Villes toutes ſor
tes ſortes de Marchandiſes; Sa Majeſté, par un
Arrêt de ſon Conſeil d'Etat, du 29 Décembre der
nier, leur permet de faire directement par le Port
de ladite Ville le Commerce des Iſles & Colonies
Françoiſes de l'Amérique, & ordonne en conſé
quence qu'ils jouiſſent du privilége de l'entrepôt &
des autres priviléges & exemptions portés par les
Lettres-Patentes du mois d'Avril 1717 , ainſi qu'en
jouiſſent les Négocians des Ports admis à Com
11162fC6º,
La Société Royale de Londres a reçu, le 26
Janvier dernier, au nombre de ſes Membres le
ſieur Camus, de l'Académie Royale des Sciences,
Examinateur des Ecoles du Corps Royal de l'Artit
lerie & du Génie, Profeſſeur & Secrétaire de l'Aca
démie Royale d'Architecture, & Honoraire de
celle de Marine. -
-
Les Princes & Pairs ayant reçu avis que les
Chambres ſeroient aſſemblées le Mercredi 22
pour fixer les objets des Remontrances arrêtées
le 23 Janvier à l'occaſion de l'exil de l'Archevêque
de Paris , ſe ſont rendus au Parlement ledit jour
22 & dans cette ſéance les objets ont été fixés, &
l'aſſemblée a été remiſe au Mercredi 29 du mois•
on a auſſi dénoncé à l'aſſemblée des Chambres
différens faits & pluſieurs Ecrits ſur le Réquiſitoire
I iv
2OO MERCURE DE FRANCE.
des Gens du Roi, les Ecrits ont été condamnés à
être lacérés & brûlés par l'Exécuteur de la Haute
Juſtice; & il a été rendu Arrêt dont l'Extrait vient
dêtre imprimé dans la forme ſuivante.
ExTRAIT DEs REGIsTREs DU PARLEMENT.
- Du 22 Février 1763.
» APPERT, entr'autres diſpoſitions, avoir été
» ordonné par Arrêt rendu ledit jour par la
-» Cour , toutes les Chambres aſſemblées, que
» dans huitaine, à compter du jour de la pu
» blication dudit Arrêt , même par l'extrait ,
» tous ceux qui étoient Membres de la Société
» ſe diſant de Jeſus, au 6 Août 1761 , étant
, » actuellement dans le reſſort de la Cour, prête
» ront ſerment , de ne point vivre déſormais en
» commun, ou ſéparément, ſous l'empire de l'Inſ
» titut & des Conſtitutions de la ci-devant So
» ciété ſe diſant de Jeſus, de n'entretenir aucune
» correſpondance directe ou indirecte , par lettres ,
, º ou par perſonnes interpoſées, ou autrement, en
• • quelques forme & maniere que ce puiſſe être ,
. » avec le Général, le Régime & les Supérieurs
, » de ladite ci-devant Société, ou autres perſon
* nes pas eux propoſées, ni avec aucuns Mem
* bres d'icelle réſidans en Pays étrangers, & de
:** tenir pour impie la Doctrine contenue dans le
* Recueil des Aſſertions, tendante à compromettre
, » la ſüreté de la Perſonne ſacrée des Rois ; leſ
» quels ſermens, à l'égard de tous ceux deſdits ci
» devant ſoi diſans Jéſuites, qui ſont actuelle
» ment dans la Ville, Prévôté & Vicomté de
. » Paris, ſeront reçus pardevant Me Joſeph-Marie
, ºº Terray, Conſeiller-Rapporteur , que la Cour
, » a commis à cet effet : & qu'à l'égard de tous les
2º autres ci devant ſoi-diſans Jéſuites demeurans
M A I. 1764. 2.OI
a» actuellement hors de la Ville , Prévôté &
» Vicomté de Paris & dans le reſſort de la Cour,
» leſdits ſermens ſeront reçus dans les Bailliages
» & Sénéchauſſées du reſſort, dans le diſtrict deſ
» quels ils ſe trouveront lors de la ſuſdite publica
» tion dudit Arrêt, par le Lieutenant-Général ou
» autre Officier , ſuivant l'ordre du Tableau ; deſ
2» quels ſermens ſera donné acte, qui ſera ſouſcrit
» par celui qui aura fait ledit ſerment, & dépoſé
» au Greffe de la Cour ou aux Greffes des Baillia -
» ges & Sénéchauſſées du Reſſort, dont expédition
» en forme ſera envoyée au Procureur-Général
» du Roi, pour être pareillement par lui dépoſée
» au Greffe de la Cour, pour, ſur le compte quî
» ſera par lui rendu, être par la Cour, toutes les
» Chambres aſſemblées, ftatué ce qu'il appartien
» dra , le tout ſans préjudice du ſerment preſcrit
» par l'Arrêt du 6 Août 1726 , à l'égard de ceux
» qui voudroient remplir des grades dans les
» Univerſités du Reſſort, poſſéder Canonicats ou
» Bénéfices à charge d'âmes, Vicariats, emplois
» ou fonctions ayant même charge, Chaires ou
» Enſeignement public, Offices de Judicature ou
» Municipaux, & généralement remplir aucunes
» fonctions publiques, comme auſſi ſans préjudice
» de l'exécution de l'Arrêt du 7 Septembre ſuivant
• rendu en conſéquence. Ordonne que ledit Arrêt
» ſera imprimé, lû, publié & affiché par-tout oû
» beſoin ſera , que l'Affiche d'icelui, même par
» Extrait , vaudra ſignification & injonction à
» chacun de ceux qui audit jour 6 Août 1761 ,
» étoient Membres de ladite ci-devant Société ,
» & qu'Extraits collationnés d'icelui ſerontenvoyés
» aux Bailliages & Sénéchauſſées du Reſſort, en
» ſemble aux Conſeil Provincial d'Artois, Baillia
» ges, Gouvernances & Officiers Municipaux de
L,v.
2 o2 MERCURE DE FRANCE.
» l'Artois, pour y être pareillement lû, publié &
» regiſtré. Enjoint aux Subſtituts du Procureur
» Général du Roi d'y tenir la main, & d'en certi
» fier la Cour. Collationné. REGNAULT.
» Signé, DUFRANC. »
Le 29, les Princes & les Pairs ſe ſont rendus au
Parlement ; il y a été fait lecture des Remontran
ces rédigées d'après les Articles qui avoient été
précédemment agrées ; les Gens du Roi ont été
chargés de ſe retirer pardevers Sa Majeſté pour
ſçavoir le lieu, le jour & l'heure où il lui plaira de .
recevoir ces Remontrances & de rendre compte le
Samedi 3 Mars, de l'éxécution de cette Miſſion.
Ils ont été chargés auſſi de prendre communica
tion du Procez-Verbal de la vérification des Aſſer
tions citées dans l'Inſtruction Paſtorale de l'Ar
chevêque de Paris, & de prendre leurs Conclu
fions ſur cet objet le 3 Mars. Enfin ils ont été char
gé ſde prendre communication d'un Imprimé in
titulé : Lettre Paſtorale de Monſeigneur l'Evêque de
Langres au Clergé Séculier & Régulier de ſon
Diocèſe, lequel a été dépoſé au Greffe, enſemble
du récit fait à ce ſujet par un de MM. & de prendre
des Concluſions ſur le tout le même jour 3 Mars.
Le 3 Mars, les Princes & les Pairs ſe ſont
rendus au Parlement, Les Gens du Roi, rendant
compte de la Miſſion dont ils avoient été chargés,
le 29 du mois dernier, ont dit que le Roi recevroit
à Verſailles, Dimanche 4 du même mois à midi ,
les Remontrances de ſon Parlement, & que ſon
* intention étoit qu'elles lui fuſſent préſentées par le
Premier Préſident & deux Préſidens. Le Prince de
Condé ayant propoſé de mettre en délibération ce
qu'il convenoit de faire au ſujet de ce qui ſe trouve
dans les Remontrances du Parlement de Bretagne
M A I. 1764. 2o3
concernant la Cour des Pairs, il a été arrêté qu'il
ſeroit nommé des Commiſſaires qui s'aſſemble
roient Jeudi 8 , à l'effet d'examiner ces Remon
trances & de recueillir les principes & les faits ſur
cette matiére, pour rendre compte du tout au
Parlement. Enſuite les Gens du Roi ont rendu
compte du Procès-Verbal de la vérification des Aſ
ſertions citées dans l'Inſtruction Paſtorale de l'Ar
chevêque de Paris, ainſi que de l'Imprimé intitulé;
Lettre Paſtorale de Monſeigneur l'Evêque de Lan
gres au Clergé Séculier & Régulier de ſon Diocèſe,
& ils ont laiſſé concernant ces deux objets leurs
concluſions par écrit, ſur leſquelles il a été rendu
deux Arrêts. Par le premier, il eſt ordonné que
pour remplir de plus en plus les vues que le Par
lement s'étoit propoſées par ſon Arrêt du 5 Mars
1762 , des copies collationnées du Procès-Verbal
dépoſé au Greffe par Arrêt du 29 Février dernier ,
feroient envoyées ſans délai par le Procureur-Gé
néral du Roi à tous les Archevêques & Evêques du
Reſſort & à tous les Bailliages & Sénéchauſſées ;il
a été arrêté de plus que le premier Préſident, en
préſentant au Roi les très-humbles & très-reſpec
tueuſes Remontrances de ſon Parlement arrêtées
le 23 Février dernier, remettra à Sa Majefté co
pie collationnée du Procès-Verbal de vérification,
& on a ordonné que, pour que le Procès-Verbal
foit plus promptement & plus facilement envoyé
aux Archevêques & Evêques & aux Bailliages &
Sénéchauſſées du Reſſort, il ſera imprimé & que le
préſent Arrêt ſera imprimé en tête du Procès-Ver
bal. Il a été fait enſuite un Arrêté portant qu'un
exemplaire imprimé du Procès-Verbal de la véri
fication des Extraits das Aſſertions, collationné
par un Secrétaire du Parlement, ſera envoyé aux
Parlemens & Conſeils Supérieurs auxquels ont été
I vj
2o4 MERCURE DE FRANCE.
adreſſés des exemplaires des Aſſertions. Dans le
cours des opinions, un des Membres du Parle
ment s'étant réſervé de faire mettre en délibéra
tion ce qu'il convenoit de faire au ſujet du nom
bre d'Evêques qui ſe trouvoient à Paris, il a été
arrêté qué le Procureur Général du Roi ſeroit
chargé de veiller à l'exécution des Ordonnances &
Arrêts en ce quiconcerne la réſidence des Archevê
, ques & Evêques dans leur Diocèſe , & qu'il ren
droit compte dans la quinzaine aux Chambres aſ
ſemblées des diligences qu'il aura faites. Il a été
rendu enfin au ſujet de l'Imprimé ayant pour titre :
Lettre Paſtorale de Monſeigneur l'Evêque de Lan
gres, & c. un ſecond Arrêt qui ordonne que cet
Imprimé ſera lacéré & brûlé par l'Exécuteur de
la Haute-Juſtice, & que l'Arrêt ſera imprimé &
affiché tant à Paris qu'a Langres & par-tout où
, beſoin ſera.
Le 9 les Princes & les Pairs ſe ſont rendus au
Parlement. Le Premier Préſident ayant rendu
compte de la réponſe faite par le Roi aux Remon
, trances de ſon Parlement , on a arrêté qu'il ſeroit
fait Procès-Verbal du récit fait par le Premier Pré
ſident; &, quant au fond de l'affaire de l'Archevê
que de Paris, il a été arrêté que la délibération
, ſeroit continuée au premier jour avec les Princes
& les Pairs, en vertu de la convocation du 2 1 Jan
vier dernier, & ſans qu'il en ſoit beſoin d'autre.
Les Gens du Roi ayant enſuite rendu compte des
Inform ations faites au ſujet de la diſtribution de
Il'nſtruction Paſtorale de l'Archevêque de Paris,
& des différens Actes de ſerment faits en exécution
de l'Arrêt du 21 Février, & ayant pris des conclu
· ſions ſur le tout, le Parlement a rendu un Arrêt
par lequel il eſt enjoint aux ci-devant ſoi-diſant
Jéſuites, qui n'ont pas prêté ſerment dans le terme
M A I. 1764. , 2o5
preſcrit par l'Arrêt du 22 Février, de ſe retirer du
Royaume dans un mois , à compter du jour de la
publication du préſent Arrêt, tant dans cette Ville
| que dans les Bailliages & Sénéchauſſées du Reſ
ſort, ſauf a ceux qui par leur grand âge ou pour
cauſe d'infirmité ne pourroient ſatisfaire au pré
· ſent Arrêt, à préſenter leurs requêtes en la Cour,
tontes les Chambres aſſemblées, dans le ſuſdit dé
lai, pour être ſur leſdites requêtes & ſur les con
, cluſions du Procureur-Général du Roi ſtatué ce
qu'il appartiendra. Les Gens du Roi étant rentrés
en l'aſſemblée des Chambres, ont rendu compte
d'un Ecrit intitulé Adhéſion de Monſeigneur l'Evê
que d'Amiens a l'Inſtruction Paſtorale de Mon
ſeigneur l'Archevêque de Paris, & ont pris leurs
concluſions tendantes a ce que cet Ecrit fût lacéré
& brûlé : ſur quoi eſt intervenu Arrêt conforme
aux concluſions. -
Le 22 du même mois , on fit la Proceſſion ſo
lemnelle qu'on a coutume de faire tous les ans
en mémoire de la ré*uction de cette Capitale
ſous l'obédience de HENRY IV. Le Corps de
Ville aſſiſta , ſelon l'uſage, a cette Cérémonie,
La Société Royale de Londres reçut, le 13
Janvier dernier, au nombre de ſes Membres,
le ſieur Ferdinand Berthoud, habile Horloger
de cette Capitale. Cet Artiſte fut choiſi l'année
dernière par l'Académie Royale des Sciences &
, envoyé a Londres par Sa Majeſté, pour aſſiſter,
- conjointement avec M le Camus, à l'examen
de l'Horloge de M. Harriſſon. Il eſt Auteur du
Livre de l'Art de régier les Pendules & les Mon
tres, de l'Eſſai ſur l'Horlogerie , & de pluſieurs
- ouvrages relatifs à ſon Art, qu'il a préſentés à
. l'Académie, entr'autres de trois différentes hor
: loges de Marine pour la découverte des longi2
tudes en mer,
Sa Majeſté, par des Lettres-Patentes, datées du
2 Septembre 1763 , & enregiſtrées au Parlement
le 12 Décembre ſuivant, voulant contribuer à la
perfection de l'Ecole Royale de Chirurgie qu'Elle
a établie à Orléans, par Lettres-Patentes du 23
juin 1759 , fixe des Réglemens relatifs aux obli
gations de ceux qui prétendront à la Maîtriſe, &
aux droits & prérogatives attachés aux Places de
Profeſſeurs,
Par une Ordonnance du premier Septembre
dernier, Sa Majeſté crée & établit dans le Régi
ment des Recrues de la Ville de Paris, un Colonel,
un Lieutenant-Colonel & un Major, leſquels joui
ront de tous les droits & prérogatives dont jouiſ
ſent les autres Colonels, Lieutenans-Colonels &
Majors de ſon Infanterie Françoiſe. Sa Majeſté fixe
en même temps les appointemens du Colonel à
36oo liv. par an, ceux du Lieutenant-Colonel à
24oo liv. & ceux du Major à 18oo liv,
M A I. 1764. Iq
Les Négocians & Armateurs de Grandville,
ayant repréſenté au Roi que leur Port eſt aſſez
ſpacieux, pour y contenir beaucoup de Navires,
& qu'il eſt ſitué dans un pays où l'on peut ſe pro
curer aiſément tout ce qui eſt propre à l'avitaille
ment des Navires, & qui peut ſervir à étendre la
Navigation, par la facilité § l'on a de faire ve
' nir de Paris & de plufieurs autres Villes toutes ſor
tes ſortes de Marchandiſes; Sa Majeſté, par un
Arrêt de ſon Conſeil d'Etat, du 29 Décembre der
nier, leur permet de faire directement par le Port
de ladite Ville le Commerce des Iſles & Colonies
Françoiſes de l'Amérique, & ordonne en conſé
quence qu'ils jouiſſent du privilége de l'entrepôt &
des autres priviléges & exemptions portés par les
Lettres-Patentes du mois d'Avril 1717 , ainſi qu'en
jouiſſent les Négocians des Ports admis à Com
11162fC6º,
La Société Royale de Londres a reçu, le 26
Janvier dernier, au nombre de ſes Membres le
ſieur Camus, de l'Académie Royale des Sciences,
Examinateur des Ecoles du Corps Royal de l'Artit
lerie & du Génie, Profeſſeur & Secrétaire de l'Aca
démie Royale d'Architecture, & Honoraire de
celle de Marine. -
-
Les Princes & Pairs ayant reçu avis que les
Chambres ſeroient aſſemblées le Mercredi 22
pour fixer les objets des Remontrances arrêtées
le 23 Janvier à l'occaſion de l'exil de l'Archevêque
de Paris , ſe ſont rendus au Parlement ledit jour
22 & dans cette ſéance les objets ont été fixés, &
l'aſſemblée a été remiſe au Mercredi 29 du mois•
on a auſſi dénoncé à l'aſſemblée des Chambres
différens faits & pluſieurs Ecrits ſur le Réquiſitoire
I iv
2OO MERCURE DE FRANCE.
des Gens du Roi, les Ecrits ont été condamnés à
être lacérés & brûlés par l'Exécuteur de la Haute
Juſtice; & il a été rendu Arrêt dont l'Extrait vient
dêtre imprimé dans la forme ſuivante.
ExTRAIT DEs REGIsTREs DU PARLEMENT.
- Du 22 Février 1763.
» APPERT, entr'autres diſpoſitions, avoir été
» ordonné par Arrêt rendu ledit jour par la
-» Cour , toutes les Chambres aſſemblées, que
» dans huitaine, à compter du jour de la pu
» blication dudit Arrêt , même par l'extrait ,
» tous ceux qui étoient Membres de la Société
» ſe diſant de Jeſus, au 6 Août 1761 , étant
, » actuellement dans le reſſort de la Cour, prête
» ront ſerment , de ne point vivre déſormais en
» commun, ou ſéparément, ſous l'empire de l'Inſ
» titut & des Conſtitutions de la ci-devant So
» ciété ſe diſant de Jeſus, de n'entretenir aucune
» correſpondance directe ou indirecte , par lettres ,
, º ou par perſonnes interpoſées, ou autrement, en
• • quelques forme & maniere que ce puiſſe être ,
. » avec le Général, le Régime & les Supérieurs
, » de ladite ci-devant Société, ou autres perſon
* nes pas eux propoſées, ni avec aucuns Mem
* bres d'icelle réſidans en Pays étrangers, & de
:** tenir pour impie la Doctrine contenue dans le
* Recueil des Aſſertions, tendante à compromettre
, » la ſüreté de la Perſonne ſacrée des Rois ; leſ
» quels ſermens, à l'égard de tous ceux deſdits ci
» devant ſoi diſans Jéſuites, qui ſont actuelle
» ment dans la Ville, Prévôté & Vicomté de
. » Paris, ſeront reçus pardevant Me Joſeph-Marie
, ºº Terray, Conſeiller-Rapporteur , que la Cour
, » a commis à cet effet : & qu'à l'égard de tous les
2º autres ci devant ſoi-diſans Jéſuites demeurans
M A I. 1764. 2.OI
a» actuellement hors de la Ville , Prévôté &
» Vicomté de Paris & dans le reſſort de la Cour,
» leſdits ſermens ſeront reçus dans les Bailliages
» & Sénéchauſſées du reſſort, dans le diſtrict deſ
» quels ils ſe trouveront lors de la ſuſdite publica
» tion dudit Arrêt, par le Lieutenant-Général ou
» autre Officier , ſuivant l'ordre du Tableau ; deſ
2» quels ſermens ſera donné acte, qui ſera ſouſcrit
» par celui qui aura fait ledit ſerment, & dépoſé
» au Greffe de la Cour ou aux Greffes des Baillia -
» ges & Sénéchauſſées du Reſſort, dont expédition
» en forme ſera envoyée au Procureur-Général
» du Roi, pour être pareillement par lui dépoſée
» au Greffe de la Cour, pour, ſur le compte quî
» ſera par lui rendu, être par la Cour, toutes les
» Chambres aſſemblées, ftatué ce qu'il appartien
» dra , le tout ſans préjudice du ſerment preſcrit
» par l'Arrêt du 6 Août 1726 , à l'égard de ceux
» qui voudroient remplir des grades dans les
» Univerſités du Reſſort, poſſéder Canonicats ou
» Bénéfices à charge d'âmes, Vicariats, emplois
» ou fonctions ayant même charge, Chaires ou
» Enſeignement public, Offices de Judicature ou
» Municipaux, & généralement remplir aucunes
» fonctions publiques, comme auſſi ſans préjudice
» de l'exécution de l'Arrêt du 7 Septembre ſuivant
• rendu en conſéquence. Ordonne que ledit Arrêt
» ſera imprimé, lû, publié & affiché par-tout oû
» beſoin ſera , que l'Affiche d'icelui, même par
» Extrait , vaudra ſignification & injonction à
» chacun de ceux qui audit jour 6 Août 1761 ,
» étoient Membres de ladite ci-devant Société ,
» & qu'Extraits collationnés d'icelui ſerontenvoyés
» aux Bailliages & Sénéchauſſées du Reſſort, en
» ſemble aux Conſeil Provincial d'Artois, Baillia
» ges, Gouvernances & Officiers Municipaux de
L,v.
2 o2 MERCURE DE FRANCE.
» l'Artois, pour y être pareillement lû, publié &
» regiſtré. Enjoint aux Subſtituts du Procureur
» Général du Roi d'y tenir la main, & d'en certi
» fier la Cour. Collationné. REGNAULT.
» Signé, DUFRANC. »
Le 29, les Princes & les Pairs ſe ſont rendus au
Parlement ; il y a été fait lecture des Remontran
ces rédigées d'après les Articles qui avoient été
précédemment agrées ; les Gens du Roi ont été
chargés de ſe retirer pardevers Sa Majeſté pour
ſçavoir le lieu, le jour & l'heure où il lui plaira de .
recevoir ces Remontrances & de rendre compte le
Samedi 3 Mars, de l'éxécution de cette Miſſion.
Ils ont été chargés auſſi de prendre communica
tion du Procez-Verbal de la vérification des Aſſer
tions citées dans l'Inſtruction Paſtorale de l'Ar
chevêque de Paris, & de prendre leurs Conclu
fions ſur cet objet le 3 Mars. Enfin ils ont été char
gé ſde prendre communication d'un Imprimé in
titulé : Lettre Paſtorale de Monſeigneur l'Evêque de
Langres au Clergé Séculier & Régulier de ſon
Diocèſe, lequel a été dépoſé au Greffe, enſemble
du récit fait à ce ſujet par un de MM. & de prendre
des Concluſions ſur le tout le même jour 3 Mars.
Le 3 Mars, les Princes & les Pairs ſe ſont
rendus au Parlement, Les Gens du Roi, rendant
compte de la Miſſion dont ils avoient été chargés,
le 29 du mois dernier, ont dit que le Roi recevroit
à Verſailles, Dimanche 4 du même mois à midi ,
les Remontrances de ſon Parlement, & que ſon
* intention étoit qu'elles lui fuſſent préſentées par le
Premier Préſident & deux Préſidens. Le Prince de
Condé ayant propoſé de mettre en délibération ce
qu'il convenoit de faire au ſujet de ce qui ſe trouve
dans les Remontrances du Parlement de Bretagne
M A I. 1764. 2o3
concernant la Cour des Pairs, il a été arrêté qu'il
ſeroit nommé des Commiſſaires qui s'aſſemble
roient Jeudi 8 , à l'effet d'examiner ces Remon
trances & de recueillir les principes & les faits ſur
cette matiére, pour rendre compte du tout au
Parlement. Enſuite les Gens du Roi ont rendu
compte du Procès-Verbal de la vérification des Aſ
ſertions citées dans l'Inſtruction Paſtorale de l'Ar
chevêque de Paris, ainſi que de l'Imprimé intitulé;
Lettre Paſtorale de Monſeigneur l'Evêque de Lan
gres au Clergé Séculier & Régulier de ſon Diocèſe,
& ils ont laiſſé concernant ces deux objets leurs
concluſions par écrit, ſur leſquelles il a été rendu
deux Arrêts. Par le premier, il eſt ordonné que
pour remplir de plus en plus les vues que le Par
lement s'étoit propoſées par ſon Arrêt du 5 Mars
1762 , des copies collationnées du Procès-Verbal
dépoſé au Greffe par Arrêt du 29 Février dernier ,
feroient envoyées ſans délai par le Procureur-Gé
néral du Roi à tous les Archevêques & Evêques du
Reſſort & à tous les Bailliages & Sénéchauſſées ;il
a été arrêté de plus que le premier Préſident, en
préſentant au Roi les très-humbles & très-reſpec
tueuſes Remontrances de ſon Parlement arrêtées
le 23 Février dernier, remettra à Sa Majefté co
pie collationnée du Procès-Verbal de vérification,
& on a ordonné que, pour que le Procès-Verbal
foit plus promptement & plus facilement envoyé
aux Archevêques & Evêques & aux Bailliages &
Sénéchauſſées du Reſſort, il ſera imprimé & que le
préſent Arrêt ſera imprimé en tête du Procès-Ver
bal. Il a été fait enſuite un Arrêté portant qu'un
exemplaire imprimé du Procès-Verbal de la véri
fication des Extraits das Aſſertions, collationné
par un Secrétaire du Parlement, ſera envoyé aux
Parlemens & Conſeils Supérieurs auxquels ont été
I vj
2o4 MERCURE DE FRANCE.
adreſſés des exemplaires des Aſſertions. Dans le
cours des opinions, un des Membres du Parle
ment s'étant réſervé de faire mettre en délibéra
tion ce qu'il convenoit de faire au ſujet du nom
bre d'Evêques qui ſe trouvoient à Paris, il a été
arrêté qué le Procureur Général du Roi ſeroit
chargé de veiller à l'exécution des Ordonnances &
Arrêts en ce quiconcerne la réſidence des Archevê
, ques & Evêques dans leur Diocèſe , & qu'il ren
droit compte dans la quinzaine aux Chambres aſ
ſemblées des diligences qu'il aura faites. Il a été
rendu enfin au ſujet de l'Imprimé ayant pour titre :
Lettre Paſtorale de Monſeigneur l'Evêque de Lan
gres, & c. un ſecond Arrêt qui ordonne que cet
Imprimé ſera lacéré & brûlé par l'Exécuteur de
la Haute-Juſtice, & que l'Arrêt ſera imprimé &
affiché tant à Paris qu'a Langres & par-tout où
, beſoin ſera.
Le 9 les Princes & les Pairs ſe ſont rendus au
Parlement. Le Premier Préſident ayant rendu
compte de la réponſe faite par le Roi aux Remon
, trances de ſon Parlement , on a arrêté qu'il ſeroit
fait Procès-Verbal du récit fait par le Premier Pré
ſident; &, quant au fond de l'affaire de l'Archevê
que de Paris, il a été arrêté que la délibération
, ſeroit continuée au premier jour avec les Princes
& les Pairs, en vertu de la convocation du 2 1 Jan
vier dernier, & ſans qu'il en ſoit beſoin d'autre.
Les Gens du Roi ayant enſuite rendu compte des
Inform ations faites au ſujet de la diſtribution de
Il'nſtruction Paſtorale de l'Archevêque de Paris,
& des différens Actes de ſerment faits en exécution
de l'Arrêt du 21 Février, & ayant pris des conclu
· ſions ſur le tout, le Parlement a rendu un Arrêt
par lequel il eſt enjoint aux ci-devant ſoi-diſant
Jéſuites, qui n'ont pas prêté ſerment dans le terme
M A I. 1764. , 2o5
preſcrit par l'Arrêt du 22 Février, de ſe retirer du
Royaume dans un mois , à compter du jour de la
publication du préſent Arrêt, tant dans cette Ville
| que dans les Bailliages & Sénéchauſſées du Reſ
ſort, ſauf a ceux qui par leur grand âge ou pour
cauſe d'infirmité ne pourroient ſatisfaire au pré
· ſent Arrêt, à préſenter leurs requêtes en la Cour,
tontes les Chambres aſſemblées, dans le ſuſdit dé
lai, pour être ſur leſdites requêtes & ſur les con
, cluſions du Procureur-Général du Roi ſtatué ce
qu'il appartiendra. Les Gens du Roi étant rentrés
en l'aſſemblée des Chambres, ont rendu compte
d'un Ecrit intitulé Adhéſion de Monſeigneur l'Evê
que d'Amiens a l'Inſtruction Paſtorale de Mon
ſeigneur l'Archevêque de Paris, & ont pris leurs
concluſions tendantes a ce que cet Ecrit fût lacéré
& brûlé : ſur quoi eſt intervenu Arrêt conforme
aux concluſions. -
Le 22 du même mois , on fit la Proceſſion ſo
lemnelle qu'on a coutume de faire tous les ans
en mémoire de la ré*uction de cette Capitale
ſous l'obédience de HENRY IV. Le Corps de
Ville aſſiſta , ſelon l'uſage, a cette Cérémonie,
La Société Royale de Londres reçut, le 13
Janvier dernier, au nombre de ſes Membres,
le ſieur Ferdinand Berthoud, habile Horloger
de cette Capitale. Cet Artiſte fut choiſi l'année
dernière par l'Académie Royale des Sciences &
, envoyé a Londres par Sa Majeſté, pour aſſiſter,
- conjointement avec M le Camus, à l'examen
de l'Horloge de M. Harriſſon. Il eſt Auteur du
Livre de l'Art de régier les Pendules & les Mon
tres, de l'Eſſai ſur l'Horlogerie , & de pluſieurs
- ouvrages relatifs à ſon Art, qu'il a préſentés à
. l'Académie, entr'autres de trois différentes hor
: loges de Marine pour la découverte des longi2
tudes en mer,
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Résumé : De PARIS, le 2 Avril 1764.
Le document du 2 avril 1764 relate plusieurs décisions royales et événements parlementaires. Le roi Louis XV a établi des règlements pour l'École Royale de Chirurgie à Orléans et créé des postes de Colonel, Lieutenant-Colonel et Major dans le régiment des recrues de Paris, avec des salaires annuels respectifs de 3600, 2400 et 1800 livres. Les négociants de Grandville ont reçu l'autorisation de commercer directement avec les colonies françaises d'Amérique via leur port. La Société Royale de Londres a accueilli deux nouveaux membres : le sieur Camus et Ferdinand Berthoud, un horloger. Au Parlement, les Princes et Pairs ont discuté des remontrances concernant l'exil de l'Archevêque de Paris et ont pris des mesures contre les Jésuites. Ces derniers ont été contraints de prêter serment de ne plus vivre sous les constitutions de leur ordre et de ne pas correspondre avec leurs supérieurs. Les écrits jugés contraires à ces décisions ont été condamnés à être lacérés et brûlés. Le Parlement a également ordonné la distribution d'un procès-verbal de vérification des assertions contenues dans l'instruction pastorale de l'Archevêque de Paris et a pris des mesures contre les évêques ne résidant pas dans leur diocèse. Par ailleurs, le texte mentionne l'existence de l'Académie, qui comprend trois types distincts de loges de Marine. Ces loges sont spécifiquement dédiées à la découverte des longitudes en mer.
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