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1
p. 279-288
Suplement aux Nouvelles d'Allemagne, d'Espagne & d'Angleterre.
Début :
On tient souvent à la Cour de Vienne, Conseil de [...]
Mots clefs :
Cour de Vienne, Conseil de guerre, Diligence, Blocus de Gironne, Siège de Barcelone, Valence, Portugal
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texteReconnaissance textuelle : Suplement aux Nouvelles d'Allemagne, d'Espagne & d'Angleterre.
Suplement aux Nouvelles
d'Allemagne,d'Espagne
& d'Angleterre.
On tient souvent à la
Cour de Vienne,Conseilde
guerre touchant les grands
preparatifs que fait le Grand
Seigneur. On parle d'envoyer
de nouvelles Troupes
en Hongrie On assure que
le Roy de Suede est en marche,
que son armée compofée
de ses propres Troupes,
de Polonais, de Valaques,
de Cosaques qu'il avoit fdit.
lever & de quarante mil
Tartares, serait de soixante
mil hommes, qu'il avoir refusé
de l'Infanterie que le
Grand Seigneur avoit offert
àcause qu1')elle n'aurait pas
pû le suivre dans sa marche,
qu'ilprétendait faire avec
toute la diligence possible.
Un Courrier arrivé de Barcelonne
a apporté des Lettres
du Comte de Staremberg,
par lesquellesil mande
que les Troupes Angloises
5t Portugaises s'estant retirées
,
& voyant avancer deux
armées l'une Françoise par
le Roussillon & le Lampourdan
, l'autre Espagnole du
costé de Tortose & de Tarragone,
il avaitestéobligé
de lever le Blocus de Gironpe
: qu'il ne luy restait au
plus que seize mille hommes
avec lesquelsil ne feroit pas
en estarau Printemps de deffendre
la Caralogne, ny même
d'empêcher le Siege de
Barcelonne ; le Courrier a
esté renvoyé avec avis de
l'estat où se trouvait à ITtrecht
le Traité de Paix;qu'-
onétaiten négociationavec
la Reine de la Grande Bretagne
pour faire amener en Italie, l'Archiduchesse avec
les troupes, & qu'ainsi on luirecommandoit de lesconserver.
-
Les lettres de Gratz portenr
que le Prince Electoral
de Baviere, qui y est
retenu avec les Princes ses
frères avoit été malade de
la petite verole, mais qu'il
en étoit gueri & que ion fiere
en avoit été attaqué.
On écrit de Saragosse que
le Prince Tserclas de Tilly
y était arrivé de Torrose
aprèsavoirdistribué les troupes
en quartier d'hyver , à
causequelles avaient été
tellement fatiguées par le
mauvais tems & par de lonques
marches, qu'il y avait
peu d'apparence de les engager
à de nouvelles entreprises
: ayant appris que
le blocus de Gironcétoit levé&
queles ennemis craignant
l'approche de l'armée
avoient eux-mêmesconsommé
tous les fourages de la
campagne de Tarragone.
Les lettres de Valence portent
que huit Armateurs
Hollandois étoient arrivez
le 4. Février dans ces mers
avec ordre de croiser sur les
côtes de ce Royaume-là, &,
d'Andalousie
, que neanmoins
un VaisseauFrançois,
chargé d'avoine était arrivé
à Cartagene, &que des convais
chaigez de farine &
d'orge partis de Valence, &
d'autres ports de ce païs là,
étaient arrivez àVinaros.
Les dernieres Lettres de
Londres confirment que le
General Cadogan a été privé
de tous ses emplois, &
que le sieur Haston Compton
a été fait à sa place
Lieutenant Gouverneur de
la Tour, que sa Charge de
Maréchal des Logisdel'Armée
de Flandres a été donnée
au Colonelle Sceille. Elles
ajoûtent encore que le General
Cadogan a ordre de
vendre Ion(5 Régiment de
Cavalerie à son Lieutenant
Colonel, & qu'on parle de
plusieursautreschangemens
& reformes dans lesTroupes.
Plusieurs Officiers sont arrivez
d'Espagne & dePortugal,
le Comte d'Oxfort leur a
fait payer huit mille livres,
sterlin en deduction des arrcrages
qui leur sont dus.
Le 6. Février dans le
temps que leDuc d'Aumont
donnaitàdiner au Marquis
de Monteleon, &à d'autres
Ministres&Seigneurs de k.
Cour, le feu prit par accident
à sonHostel avec tant de
violence, qu'il fut enmoins
de deux heures entièrement
brûlé, & deù* maisons voisines,
fort endommagées,
de manière qu'on eut beaucoup
de peine à sauver les..
papiers, la vaisselle & une
partie des principaux meubles;
on fait monter la perte
à douze ou quinze mille
livres fterlin*
La Reine luy a donné un
appartement dans le Palais de
Sommerset, oùil a fait porter
ses meubles, en attendant
qu'il aie prit une autre
mailoritik
d'Allemagne,d'Espagne
& d'Angleterre.
On tient souvent à la
Cour de Vienne,Conseilde
guerre touchant les grands
preparatifs que fait le Grand
Seigneur. On parle d'envoyer
de nouvelles Troupes
en Hongrie On assure que
le Roy de Suede est en marche,
que son armée compofée
de ses propres Troupes,
de Polonais, de Valaques,
de Cosaques qu'il avoit fdit.
lever & de quarante mil
Tartares, serait de soixante
mil hommes, qu'il avoir refusé
de l'Infanterie que le
Grand Seigneur avoit offert
àcause qu1')elle n'aurait pas
pû le suivre dans sa marche,
qu'ilprétendait faire avec
toute la diligence possible.
Un Courrier arrivé de Barcelonne
a apporté des Lettres
du Comte de Staremberg,
par lesquellesil mande
que les Troupes Angloises
5t Portugaises s'estant retirées
,
& voyant avancer deux
armées l'une Françoise par
le Roussillon & le Lampourdan
, l'autre Espagnole du
costé de Tortose & de Tarragone,
il avaitestéobligé
de lever le Blocus de Gironpe
: qu'il ne luy restait au
plus que seize mille hommes
avec lesquelsil ne feroit pas
en estarau Printemps de deffendre
la Caralogne, ny même
d'empêcher le Siege de
Barcelonne ; le Courrier a
esté renvoyé avec avis de
l'estat où se trouvait à ITtrecht
le Traité de Paix;qu'-
onétaiten négociationavec
la Reine de la Grande Bretagne
pour faire amener en Italie, l'Archiduchesse avec
les troupes, & qu'ainsi on luirecommandoit de lesconserver.
-
Les lettres de Gratz portenr
que le Prince Electoral
de Baviere, qui y est
retenu avec les Princes ses
frères avoit été malade de
la petite verole, mais qu'il
en étoit gueri & que ion fiere
en avoit été attaqué.
On écrit de Saragosse que
le Prince Tserclas de Tilly
y était arrivé de Torrose
aprèsavoirdistribué les troupes
en quartier d'hyver , à
causequelles avaient été
tellement fatiguées par le
mauvais tems & par de lonques
marches, qu'il y avait
peu d'apparence de les engager
à de nouvelles entreprises
: ayant appris que
le blocus de Gironcétoit levé&
queles ennemis craignant
l'approche de l'armée
avoient eux-mêmesconsommé
tous les fourages de la
campagne de Tarragone.
Les lettres de Valence portent
que huit Armateurs
Hollandois étoient arrivez
le 4. Février dans ces mers
avec ordre de croiser sur les
côtes de ce Royaume-là, &,
d'Andalousie
, que neanmoins
un VaisseauFrançois,
chargé d'avoine était arrivé
à Cartagene, &que des convais
chaigez de farine &
d'orge partis de Valence, &
d'autres ports de ce païs là,
étaient arrivez àVinaros.
Les dernieres Lettres de
Londres confirment que le
General Cadogan a été privé
de tous ses emplois, &
que le sieur Haston Compton
a été fait à sa place
Lieutenant Gouverneur de
la Tour, que sa Charge de
Maréchal des Logisdel'Armée
de Flandres a été donnée
au Colonelle Sceille. Elles
ajoûtent encore que le General
Cadogan a ordre de
vendre Ion(5 Régiment de
Cavalerie à son Lieutenant
Colonel, & qu'on parle de
plusieursautreschangemens
& reformes dans lesTroupes.
Plusieurs Officiers sont arrivez
d'Espagne & dePortugal,
le Comte d'Oxfort leur a
fait payer huit mille livres,
sterlin en deduction des arrcrages
qui leur sont dus.
Le 6. Février dans le
temps que leDuc d'Aumont
donnaitàdiner au Marquis
de Monteleon, &à d'autres
Ministres&Seigneurs de k.
Cour, le feu prit par accident
à sonHostel avec tant de
violence, qu'il fut enmoins
de deux heures entièrement
brûlé, & deù* maisons voisines,
fort endommagées,
de manière qu'on eut beaucoup
de peine à sauver les..
papiers, la vaisselle & une
partie des principaux meubles;
on fait monter la perte
à douze ou quinze mille
livres fterlin*
La Reine luy a donné un
appartement dans le Palais de
Sommerset, oùil a fait porter
ses meubles, en attendant
qu'il aie prit une autre
mailoritik
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Résumé : Suplement aux Nouvelles d'Allemagne, d'Espagne & d'Angleterre.
Le document présente diverses nouvelles militaires et politiques en Europe. À Vienne, des préparatifs militaires du Grand Seigneur sont signalés, avec des troupes envoyées en Hongrie et une armée suédoise en marche, composée de Suédois, Polonais, Valaques, Cosaques et Tartares, totalisant soixante mille hommes. Le roi de Suède a décliné l'infanterie offerte par le Grand Seigneur, privilégiant une avancée rapide. En Espagne, le comte de Staremberg a levé le blocus de Girone face à l'avance des armées française et espagnole. Il dispose désormais de seize mille hommes pour défendre la Catalogne au printemps. Des négociations de paix sont en cours avec la reine de Grande-Bretagne pour amener l'archiduchesse en Italie avec des troupes. À Gratz, le prince électoral de Bavière a été malade de la petite vérole mais en est guéri, tandis que son frère en est atteint. À Saragosse, le prince Tserclas de Tilly a distribué les troupes en quartiers d'hiver en raison de leur fatigue. À Valence, huit armateurs hollandais sont arrivés pour croiser sur les côtes du royaume et de l'Andalousie. À Londres, le général Cadogan a été démis de ses fonctions, remplacé par le sieur Haston Compton. Plusieurs changements et réformes dans les troupes sont annoncés. Des officiers arrivés d'Espagne et du Portugal ont reçu des paiements du comte d'Oxfort. Le 6 février, un incendie a détruit l'hôtel du duc d'Aumont à Londres, causant des pertes évaluées à douze ou quinze mille livres sterling. La reine lui a fourni un appartement au palais de Somerset en attendant qu'il trouve une autre résidence.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 198-202
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Selon les lettres de Gibraltar, l'Amiral Byng y est arrivé le 21 du mois dernier, [...]
Mots clefs :
Londres, Amiral Byng, Gibraltar, Combats sur mer, Vaisseaux français, Conseil de guerre, Difficultés, Mécontentement du peuple
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 12 Juillet.
Selon les lettres de Gibraltar , l'Amiral Byng
y est arrivé le 21 du mois dernier , & fe difpofoit
à en repartir pour l'Ile Minorque. L'Amiral
ADUST. 1756. 199
Hawke eften route fur la Frégate l'Antelope ,
de cinquante canons , pour prendre le commandement
de l'Efcadre à la place de l'Amiral Byng.
Al auta fous fes ordres les Contre-Amiraux Weft
& Saunders. On a appris que le Chef d'Eſcadre
Howe étoit arrivé à l'Ifle de Garneſey avec ſon
Efcadre , & avec les Bâtimens de tranfport fur
lefquels le Régiment de Bockland s'eft embarqué.
Plufieurs Navires ayant à bord deux Régimens
deftinés à renforcer la Garnifon de Gibraltar ,
font partis de Plymouth le 25 du mois dernier ,
fous l'escorte de quelques Vaiffeaux de guerre.
Quatre Vaiffeaux de l'Efcadre de l'Amiral Boſcawen
, qui ont été endommagés dans leurs mâts
& dans leurs agrets , font rentrés dans ce dernier
Port , afin de s'y radouber. Ils feront remplacés
par cinq Vaiffeaux , qui feront voile aux
ordres de l'Amiral Moſtyn.
Les Commiffaires de l'Amirauté ont fait publier
la Lettre , par laquelle l'Amiral Byng leur a
rendu compte du combat naval du 20 Mai , &
dont voici le contenu : « Ayant appareillé le 8 ,
» de Gibraltar j'arrivai le 19 à la hauteur de Port-
Mahon. Le Vaiffeau le Phoenix m'avoit joint
deux jours auparavant. Le vent étoit calme , &
j'eus d'abord connoiffance de la Flotte Françoife.
Il étoit cinq heures du foir avant que j'euffe
pu former ma ligne , & eftimer la manoeuvre
» de l'ennemi , dont je ne pus apprécier la force.
Les François s'approcherent de nous en ligne
» formée ; mais fur les fept heures ils revirerent ,
» ce qui me fit juger qu'ils avoient intention de
> gagner le vent fur moi dans la nuit. Comme il
étoit tard , je revirai auffi pour conferver le
-> vent de terre. Le temps s'étant enfuite brouillé ,
nous fumes forcés de nous éloigner à près de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
» cinq lieues de la côte. Vers les onze heures nous
» avançâmes de nouveau ; mais nous ne découvrî-
» mes rien de l'ennemi , à l'exception de deux
» Tartanes , qui étoient à peu de diftance de no-
» tre arriere-garde. J'ordonnai au Vaiffeau la
» Princeffe Louise de courir fur l'une , & je fis au
» Contre-Amiral un fignal de détacher quelques
» Bâtimens , pour donner la chaffe à l'autre . Les
Vaiffeaux la Princeſſe Louiſe , la Défiance & le
Capitaine , s'éloignerent beaucoup de nous , &
la Défiance s'empara d'une de ces Tartanes , à
» bord de laquelle étoient deux des treize Piquets ,
» que le Maréchal Duc de Richelieu avoit envoyés
la veille au Marquis de la Galiffoniere. Le
» Phénix s'offrit à fervir de brulot . Le lendemain
» 20 , nous découvrîmes du haut des mâts la Flotte
Françoife. Je fis revenir les Vaiffeaux que j'avois
» détachés. Quand ils furent à moi , je virai l'en-
» nemi , & je formai ma ligne. Je remarquai que
>> les François faifoient tous leurs efforts pour
» gagner le vent. Ils le gagnerent effectivements
» mais le vent ayant changé prefqu'auffi tôt , ils
» perdirent cet avantage. Ils avoient douze Vaiffeaux
de ligne & quatre Frégates. Dès que j'eus
remarqué que notre arriere-garde étoit de la
» longueur de notre avant -garde , nous virâmes
» enſemble , & je fis fortir de la ligne le Vaiffeau
» le Deptfort , afin que nous fuffions égaux en
» nombre. A deux heures je donnai le fignal du
>> combat , & fuivant, une méthode que j'ai tou-
» jours reconnue fort jufte , j'ordonnai que chaque
Vaiffeau s'attachât à combattre celui qui
» lui tomberoit en partage. Je dois témoigner la
» parfaite fatisfaction que j'ai de la valeur avec
» laquelle le Contre- Amiral Weſt donna l'exemple
, en fondant fur le Vaiffeau qu'il devoit
A O UST. 1756. 201
attaquer. Le combat fut engagé par l'avant-
» garde de l'Eſcadre Françoife , qui attaqua notre
>> arriere garde. Je fis force de voiles contre le
» Vaiffeau qui étoit vis- a - vis de moi , & j'en ef-
» fuyai un feu très -violent . Dès le commencement
» l'Intrépide eut fon grand mâts entiérement brifé
» & fes cordages coupés ; ce qui le mit hors d'état
» de fe gouverner , & le fit donner contre le Vaiffeau
le plus proche , qui fut , ainfi que quelques-
>> autres , dans la néceffité de fe retirer. J'en fis
» de même pour quelques minutes , afin qu'ils ne
>> tombaffent pas fur moi. Je ne le fis cependant
» qu'après avoir fait quitter la ligne à l'ennemi.
» Son centre ne fut plus attaqué , & pendant un
» peu de temps la divifion du Contre- Amiral refta
» à découvert . Pendant cet intervalle les ennemis.
» nous cauferent un grand dommage dans nos
» manoeuvres. Quoique je ferraffe de près le Con-
» tre- Amiral , je trouvai que je ne pouvois plus
» ferrer l'Eſcadre Françoiſe . Il étoit alors fix heu-
>> res du foir. Par le mouvement que fit cette Ef-
» cadre , je jugeai qu'elle vouloit former une nou
» velle ligne. Je fis un fignal pour manoeuvrer ,
» deforte que je puffe me mettre entre la division
du Contre -Amiral & l'ennemi , & couvrir l'Intrépide
, dont j'avois apperçu le mauvais état.
» A huit heures du foir , après avoir fait d'inutiles
>> tentatives pour entamer l'arriere- garde de l'Ef-
» cadre du Roi Très -Chrétien , & après avoir raf-
>> femb.é les Vaiffeaux de l'Efcadre Anglo :fe le
» plus promptement que je pus , je pris le parti
» de me retirer. Nous étions pour lors à dix ou
>> onze lieues de Port - Mahon , & il fe trouvoit à
» notre N. N. Oueft. J'envoyai des Vaiffeaux àla
» découverte de l'Intrépide & du Chesterfield , qui
» vinrent me rejoindre le lendemain . Les Vaif-
>
1
Iv
202 MERCURE DE FRANCE..
feaux le Capitaine & la Défiance n'ayant pas été
» moins maltraités que l'Intrépide , je jugeai à
» propos dans une pareille fituation de tenir un
>> Confeil de guerre , avant d'aller de nouveau
chercher l'ennemi . Je fis inviter le Générał
>> Stuart , le Lord Effingham , le Lord Robert
>> Bertie , & le Colonel Cornwallis , de fe rendre fur
» mon bord. Le parti de la retraite fut unanime
ment jugé indifpenfable Les Vaiffeaux le Ramillies
, le Culloden , la Revenche , le Trident , le
» Kingften & le Deptford , n'ont fait aucune perte.
Il y a eu trois hommes tués & fept bleffés , fur
» le Buckingham ; fix tués & trente bleffés , fur
» le Capitaine ; un tué & quatorze bleffés , fur
» le Lancaftre ; neuf tués & trente - neuf bleffés ,
»fur l'Intrépide ; quatre tués & treize bleffés , fur
ע
la Princeffe- Louife , fix tués & vingt bleffés ,
» fur le Portland ; quatorze tués & quarante-cinq
» bleffés , fur la Défiance. Le Sr Andrews, qui com-
» mandoit ce dern er Bâtiment , a été tué , & j'ai
» confié le commandement dudit Vaiffeau au
» Capitaine Hervey , qui montoit le Phoenix »
Quoiqu'il ne paroiffe point que la conduite de
P'Amiral Bing foit répréhenfible , le peuple eft
fort irrité contre lui . Cet Amiral a été brûlé en
effigie dans quelques Bourgs. Un magnifique
Château , qu'il a fait conftruire , a couru rifque
d'être pillé & réduit en cendres.
DE LONDRES , le 12 Juillet.
Selon les lettres de Gibraltar , l'Amiral Byng
y est arrivé le 21 du mois dernier , & fe difpofoit
à en repartir pour l'Ile Minorque. L'Amiral
ADUST. 1756. 199
Hawke eften route fur la Frégate l'Antelope ,
de cinquante canons , pour prendre le commandement
de l'Efcadre à la place de l'Amiral Byng.
Al auta fous fes ordres les Contre-Amiraux Weft
& Saunders. On a appris que le Chef d'Eſcadre
Howe étoit arrivé à l'Ifle de Garneſey avec ſon
Efcadre , & avec les Bâtimens de tranfport fur
lefquels le Régiment de Bockland s'eft embarqué.
Plufieurs Navires ayant à bord deux Régimens
deftinés à renforcer la Garnifon de Gibraltar ,
font partis de Plymouth le 25 du mois dernier ,
fous l'escorte de quelques Vaiffeaux de guerre.
Quatre Vaiffeaux de l'Efcadre de l'Amiral Boſcawen
, qui ont été endommagés dans leurs mâts
& dans leurs agrets , font rentrés dans ce dernier
Port , afin de s'y radouber. Ils feront remplacés
par cinq Vaiffeaux , qui feront voile aux
ordres de l'Amiral Moſtyn.
Les Commiffaires de l'Amirauté ont fait publier
la Lettre , par laquelle l'Amiral Byng leur a
rendu compte du combat naval du 20 Mai , &
dont voici le contenu : « Ayant appareillé le 8 ,
» de Gibraltar j'arrivai le 19 à la hauteur de Port-
Mahon. Le Vaiffeau le Phoenix m'avoit joint
deux jours auparavant. Le vent étoit calme , &
j'eus d'abord connoiffance de la Flotte Françoife.
Il étoit cinq heures du foir avant que j'euffe
pu former ma ligne , & eftimer la manoeuvre
» de l'ennemi , dont je ne pus apprécier la force.
Les François s'approcherent de nous en ligne
» formée ; mais fur les fept heures ils revirerent ,
» ce qui me fit juger qu'ils avoient intention de
> gagner le vent fur moi dans la nuit. Comme il
étoit tard , je revirai auffi pour conferver le
-> vent de terre. Le temps s'étant enfuite brouillé ,
nous fumes forcés de nous éloigner à près de
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
» cinq lieues de la côte. Vers les onze heures nous
» avançâmes de nouveau ; mais nous ne découvrî-
» mes rien de l'ennemi , à l'exception de deux
» Tartanes , qui étoient à peu de diftance de no-
» tre arriere-garde. J'ordonnai au Vaiffeau la
» Princeffe Louise de courir fur l'une , & je fis au
» Contre-Amiral un fignal de détacher quelques
» Bâtimens , pour donner la chaffe à l'autre . Les
Vaiffeaux la Princeſſe Louiſe , la Défiance & le
Capitaine , s'éloignerent beaucoup de nous , &
la Défiance s'empara d'une de ces Tartanes , à
» bord de laquelle étoient deux des treize Piquets ,
» que le Maréchal Duc de Richelieu avoit envoyés
la veille au Marquis de la Galiffoniere. Le
» Phénix s'offrit à fervir de brulot . Le lendemain
» 20 , nous découvrîmes du haut des mâts la Flotte
Françoife. Je fis revenir les Vaiffeaux que j'avois
» détachés. Quand ils furent à moi , je virai l'en-
» nemi , & je formai ma ligne. Je remarquai que
>> les François faifoient tous leurs efforts pour
» gagner le vent. Ils le gagnerent effectivements
» mais le vent ayant changé prefqu'auffi tôt , ils
» perdirent cet avantage. Ils avoient douze Vaiffeaux
de ligne & quatre Frégates. Dès que j'eus
remarqué que notre arriere-garde étoit de la
» longueur de notre avant -garde , nous virâmes
» enſemble , & je fis fortir de la ligne le Vaiffeau
» le Deptfort , afin que nous fuffions égaux en
» nombre. A deux heures je donnai le fignal du
>> combat , & fuivant, une méthode que j'ai tou-
» jours reconnue fort jufte , j'ordonnai que chaque
Vaiffeau s'attachât à combattre celui qui
» lui tomberoit en partage. Je dois témoigner la
» parfaite fatisfaction que j'ai de la valeur avec
» laquelle le Contre- Amiral Weſt donna l'exemple
, en fondant fur le Vaiffeau qu'il devoit
A O UST. 1756. 201
attaquer. Le combat fut engagé par l'avant-
» garde de l'Eſcadre Françoife , qui attaqua notre
>> arriere garde. Je fis force de voiles contre le
» Vaiffeau qui étoit vis- a - vis de moi , & j'en ef-
» fuyai un feu très -violent . Dès le commencement
» l'Intrépide eut fon grand mâts entiérement brifé
» & fes cordages coupés ; ce qui le mit hors d'état
» de fe gouverner , & le fit donner contre le Vaiffeau
le plus proche , qui fut , ainfi que quelques-
>> autres , dans la néceffité de fe retirer. J'en fis
» de même pour quelques minutes , afin qu'ils ne
>> tombaffent pas fur moi. Je ne le fis cependant
» qu'après avoir fait quitter la ligne à l'ennemi.
» Son centre ne fut plus attaqué , & pendant un
» peu de temps la divifion du Contre- Amiral refta
» à découvert . Pendant cet intervalle les ennemis.
» nous cauferent un grand dommage dans nos
» manoeuvres. Quoique je ferraffe de près le Con-
» tre- Amiral , je trouvai que je ne pouvois plus
» ferrer l'Eſcadre Françoiſe . Il étoit alors fix heu-
>> res du foir. Par le mouvement que fit cette Ef-
» cadre , je jugeai qu'elle vouloit former une nou
» velle ligne. Je fis un fignal pour manoeuvrer ,
» deforte que je puffe me mettre entre la division
du Contre -Amiral & l'ennemi , & couvrir l'Intrépide
, dont j'avois apperçu le mauvais état.
» A huit heures du foir , après avoir fait d'inutiles
>> tentatives pour entamer l'arriere- garde de l'Ef-
» cadre du Roi Très -Chrétien , & après avoir raf-
>> femb.é les Vaiffeaux de l'Efcadre Anglo :fe le
» plus promptement que je pus , je pris le parti
» de me retirer. Nous étions pour lors à dix ou
>> onze lieues de Port - Mahon , & il fe trouvoit à
» notre N. N. Oueft. J'envoyai des Vaiffeaux àla
» découverte de l'Intrépide & du Chesterfield , qui
» vinrent me rejoindre le lendemain . Les Vaif-
>
1
Iv
202 MERCURE DE FRANCE..
feaux le Capitaine & la Défiance n'ayant pas été
» moins maltraités que l'Intrépide , je jugeai à
» propos dans une pareille fituation de tenir un
>> Confeil de guerre , avant d'aller de nouveau
chercher l'ennemi . Je fis inviter le Générał
>> Stuart , le Lord Effingham , le Lord Robert
>> Bertie , & le Colonel Cornwallis , de fe rendre fur
» mon bord. Le parti de la retraite fut unanime
ment jugé indifpenfable Les Vaiffeaux le Ramillies
, le Culloden , la Revenche , le Trident , le
» Kingften & le Deptford , n'ont fait aucune perte.
Il y a eu trois hommes tués & fept bleffés , fur
» le Buckingham ; fix tués & trente bleffés , fur
» le Capitaine ; un tué & quatorze bleffés , fur
» le Lancaftre ; neuf tués & trente - neuf bleffés ,
»fur l'Intrépide ; quatre tués & treize bleffés , fur
ע
la Princeffe- Louife , fix tués & vingt bleffés ,
» fur le Portland ; quatorze tués & quarante-cinq
» bleffés , fur la Défiance. Le Sr Andrews, qui com-
» mandoit ce dern er Bâtiment , a été tué , & j'ai
» confié le commandement dudit Vaiffeau au
» Capitaine Hervey , qui montoit le Phoenix »
Quoiqu'il ne paroiffe point que la conduite de
P'Amiral Bing foit répréhenfible , le peuple eft
fort irrité contre lui . Cet Amiral a été brûlé en
effigie dans quelques Bourgs. Un magnifique
Château , qu'il a fait conftruire , a couru rifque
d'être pillé & réduit en cendres.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
En juillet 1756, plusieurs mouvements navals et événements militaires impliquant la Grande-Bretagne ont eu lieu. L'Amiral Byng est arrivé à Gibraltar le 21 juin et se préparait à partir pour l'île de Minorque. L'Amiral Hawke a pris le commandement de l'escadre à la place de Byng, avec les Contre-Amiraux West et Saunders sous ses ordres. Le Chef d'Escadre Howe est arrivé à l'île de Guernesey avec son escadre et des bâtiments de transport transportant le Régiment de Bockland. Plusieurs navires, escortés par des vaisseaux de guerre, ont quitté Plymouth pour renforcer la garnison de Gibraltar. Quatre vaisseaux de l'escadre de l'Amiral Boscawen, endommagés, sont rentrés à Plymouth pour réparations et seront remplacés par cinq autres vaisseaux sous les ordres de l'Amiral Mostyn. Les Commissaires de l'Amirauté ont publié la lettre de l'Amiral Byng décrivant le combat naval du 20 mai. Byng a appareillé de Gibraltar le 8 mai et a rencontré la flotte française près de Port-Mahon. Le combat a eu lieu le 20 mai, avec des pertes notables sur plusieurs vaisseaux britanniques. Byng a décidé de se retirer après des tentatives infructueuses pour engager l'arrière-garde de la flotte française. Un conseil de guerre a été tenu à bord de son vaisseau, et la retraite a été jugée indispensable. Malgré une conduite jugée non répréhensible, Byng a été brûlé en effigie dans certains bourgs, et son château a failli être pillé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 203-220
ALLEMAGNE.
Début :
Depuis quelques jours, la Cour a publié sa Réponse à [...]
Mots clefs :
Vienne, Réponse, Exposé des motifs du Roi de Prusse, Attaque, Royaume de Bohême, Déclaration de guerre, Impératrice-Reine, Manifeste, Traité, Impératrice de Russie, Cour de Vienne, Prince Picolomini, Troupes, Détachement de la cavalerie, Lieutenants, Camps militaires, Ratisbonne, Diète, Conseil aulique, Déclaration, Hambourg, Comte de Browne, Combats, Armée saxonne, Obstacles naturels, Roi de Pologne, Capitulation, Leipzig, Conseil de guerre, Dresde, Feld-Maréchal de Browne, Témoignage, Mémoire
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 17 Octobre.
DEpuis quelques jours , la Cour a publié fa
Réponse à l'Expofé des Motifs du Roi de Pruffe.
Cette piece commence ainfi. « L'Electorat de Saxe
ayant été inondé de troupes Prufliennes , & ayant
»été arraché à fon légitime Poffeffeur ; le droit
»des gens y ayant été violé ; tous les égards
»dûs à une keine ayant été foulés aux pieds ;
»un deftin affreux menaçant encore le Roi de
>>Pologne ; l'efprit de domination & d'agrandif
»fement , qui guide le Roi de Prufle , l'a porté
»à attaquer enfuite le Royaume de Boheme , & à
»y ouvrir de nouveau le théâtre de fes hoftilités .
»Les circonftances & les fuites de cette double
infraction de la paix , de la part de la Cour de
>>Berlin , étant tout à fait extraordinaires , le public
impartial n'a pu que fouhaiter avec une impa
>>tience extrême de voir paroître les motifs fonda-
>> mentaux d'un procédé auffi étrange , & a cru de
»voir s'attendre à voir révéler les myfteres les plus
profonds de cabinets . Jamais attente n'a été
plus mal remplie . Le manifefte de la Pruffe n'a
été remplie que d'expreffions qui fe contredi-
»foient palpablement les unes les autres , & l'om
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204 MERCURE DE FRANCE.
n'y a étalé que des motifs qui , malgré toute
» l'étude de l'invention , n'ont pu être revêtus da
moindre air de vraisemblance . Le Roi de Fruffe ,
»dans l'impoffibilité de trouver matiere à motiver
pune Déclaration de Guerre , eft tombé ſur l'idée
stare & finguliere , qu'il pourroit , fon invafion
men Saxe déja faite , déterrer dans les papiers
fecrets , qu'il a fait enlever à Drefde du Cabinet
du Roi de Pologne , des preuves qui pourroient
confirmer ce qu'il avançoit d'un Traité offenfif
entre l'Impératrice Reine & l'Impératrice de
»Ruffie , & démentir ainfi les aſſurances données
par l'Impératrice Reine , que cette imputation
»étoit fauffe & controuvée. La Cour de Vienne ,
obfervant fcrupuleufement les loix de la vérité ,
n'avoit rien à appréhender de toutes ces recher-
»ches. Elle a elle - même les indices les plus
»démonftratifs , que , fi l'on pouvoit expofer auf
»yeux du public ce que renferme le Cabinet de
>>Potſdam , on y découvriroit avec un étonne-
»ment indicible des projets tendans à corrompre
»de fideles ferviteurs , liés à leurs maîtres par la
>>foi du ferment ; à opprimer des Co- Etats confidérables
de l'Empire ; à réchauffer des pré-
»tention illégales fur des Provinces entieres , &
» à ourdir des rébellions affreuſes dans de puiffans
>>Royaumes.»>
Voici plufieurs autres principaux traits de la
Réponse de la Cour. « On a déja vu dans le Ref
»crits de S. M. Imp. & Royale à fes Miniftres
>> dans les Cours Etrangeres , comment le Roi de
>> Pruffe s'eft émancipé à prendre itérativement
» Impératrice Reine à partie fur fes difpofitions
»défenfives........ Dans fon Manifefte , il avane
>>ce également des chofes peu fondées. Il foutient
qu'à peine le Traité de Drefde avoit été conclu ,
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Da
DECEMBRE. 1756. 20
>>la Cour de Vienne s'étoit étudié à l'éluder &
»à l'infirmer. Cependant on n'allegue à notre
>> charge que ce feul grief , fçavoir que fept ans
» après la conclufion du Traité , c'est - à-dire en
» 1753 , Pimpôt fur les marchandifes fabriquées
dans la Silefie Pruffienne a été augmenté. Il
» eft étonnant que de la part de la Pruffe on
»faffe quelque reproche fur cet article , com-
>>me fi S. M. Pr. n'avoit pas été la premiere à
»augmenter les droits de douane , & comme fi
Delle n'avoit pas commis diverſes autres contra
»ventions , tant contre ce Traité que contre celui
» de Breflau ; & cela au point que fi S. M. Imp.
»& Royale n'étoit pas en poffeffion de facrifier
»fes plus juftes motifs de reffentiment à fon amour
»pour la paix , Elle auroit été en droit depuis
long- temps , furtout après les repréſentations
Dinutiles qu'Elle avoit faites , de recourir , pour
»fe venger, aux armes dont Elle ne fe fert au-
»jourd'hui que pour fon unique défenſe......
>> Dans le niême Manifefte , on releve encore
»d'autres plaintes contre la Cour de Vienne. Elle
»a conçu , dit- on , des projets d'une extrême
»conféquence ; Elle a des vues dangereufes , &
» du côté de la Pruffe on s'étudie à les dévelop
per.... Mais la Maiſon Archiducale d'Autriche
»ne balance pas à foutenir , que dans toutes les
» Annales de fa Monarchie on ne trouvera pas
»le moindre veftige d'entrepriſes de fa part , ten
»dantes à renverfer les premieres loix de l'Em-
»pire ; à opprimer fes membres ; à s'emparer
de leurs Etats par droits de convenance ; à perfé
cuter par les oppreffions les plus inouies route
»une Famille Royale fous les affurances d'une
pamitié fimulée ; à boulverfer le repos de l'Alle-
»magne ;... à vouloir impoſer à tous le Corps
206 MERCURE DE FRANCE.
»Germanique des loix arbitraires , aux dépens de
»fes Conftitutions ......
Au fujet du Traité que l'Impératrice Reine a
conclu en 1746 avec l'Impératrice de Ruffie ,
la Cour fait les obfervations fuivantes . « Pour
s'affurer de plus en plus contre une quatrieme
winfraction de la paix de la part de la Pruffe ,
>> on conclut entre les deux Cours Impériales ,
Davant le Traité d'Aix - la- Chapelle , un Traité
» d'Amitié & de Défenſe , ne tendant au préjudice
» d'aucune Puiflance . La Cour de Vienne n'a
»pas eu befoin d'exciter la fenfibilité de celle
» de Ruffie fur les procédés méprifans de la Pruffe ,
>>attendu que S. M. Pruf. fe contient ſi peu vis-àvis
de fes voisins , qu'ils comprennent facilement
» qu'il n'y a pas d'autre moyen de le fouftraire
aux défagrémens que la Pruffe caufe continuelle-
» ment , qu'en rompant toute communication avec
elle...... Le public n'aura pas encore oublié ,
>>comment le Comte de Beftuchef, Grand Char-
>> celier de Ruffie , ne balança pas en 1750 d'expo-
>>fer aux yeux de l'Europe , d'une maniere convain-
»cante, les procédés extraordinaires des Pruffiens......
C'eft une nouvelle illufion de la
»part du Roi de Pruffe , de vouloir , par des
vues faciles à deviner , faire paffer nos innocens
Dengagemens défenfifs pour un Traité offenfif
>>contre la Porte. » La Cour ajoute : « Le Roi
»de Pruffe fait affez connoître à la Couronne
>>de France , fans ménagement & par fon infrac-
>tion de paix , que l'Union du Roi T. C. avee
»l'impératrice Reine l'a animé à faire exifter
d'autant plus vite par fon aggreffion ennemie
le Cafus Foederis. Tout ce que S. M. Pruf
permet de mettre à la charge de la Cour
de Vienne & d'autres Cours fur le pied de
>> fe
DECEMBRE. 1756. 207
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conſpiration , eft une imputation déplacée , qui
»n'a jamais lieu de Souverain à Souverain , &
>>qui ne peut s'appliquer qu'à des Sujets rébelles.
» Ces confpirations doivent être mifes au rang
»des projets de ceux qui dans leur plan d'a-
»grandiffement ne font aucune diftinction des
>>moyens d'affouvir leur ambition. S. M. l'Impéra-
» trice Reine déclare pareillement fauffe & controuvée
l'imputation , qu'elle ait voulu porter
» la Cour d'Angleterre à entrer dans des projets
»qui puffent troubler le repos général . On en
>appelle au propre témoignage de ladite Cour ,
»& l'on ne fera jamais aucune difficulté de ren-
» dre publique la négociation dont il s'eft agi
avec S. M. Brit.... Le Roi de Pruffe accufe la
>>Cour de Vienne , d'avoir voulu puifer dans les
» troubles de l'Amérique les moyens d'allumer
Dune guerre générale . La Cour Britannique peut
»rendre elle - même juftice fur ce point à la vérité,
& dire combien l'Impératrice Reine s'eft
» efforcée d'étouffer ces divifions dès leur naiffan-
» ce. En général tout ce que la Cour de Pruffe
»avance , relativement à celles de France & de
» la Grande - Bretagne , aboutit à infinuer que la
»premiere n'a point affez réfléchi far la nature
»des chofes & fur fes propres intérêts , & que
»la feconde n'a pas approfondi les vues du Minif-
»tere de Vienne , & a manqué de pénétration
» à cet égard , ( expreffions qui ne touchent pas peu
>> l'honneur de ces deux Cours ) . Au refte le Roi
»de Pruffe auroit pu fe paffer de parler de recon-
»noiffance , lui qui a oublié fur cet article
»tout ce qu'il doit à la Maiſon Archiducale d'Autriche
, à qui il eft redevable de fa Dignité
>>Royale ....>>
Selon la lifte que le Feld-Maréchal de Browne
208 MERCURE DE FRANCE.
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a envoyé de la perte faite par les Autrichiens
dans la bataille du premier de ce mois , il y a
eu dix- neuf Officiers tués & cent cinq de bleffés ;
quatre cens vingt Soldats tués , dix-fept cens vingtneuf
bleffés; & fept cens onze qui ont difparu.
On ne compte que quatre cens foixante -quinze
chevaux tués ou bleffés.
On mande de Conftantinople , que fur la nouvelle
de l'invafion des troupes Pruffiennes en Boheme
, le Grand Vifir a voulu fçavoir du Sr de Schwachenheim
, Miniftres de Leurs Majeftés Impériales
à la Porte , toutes les circonstances de cer
événement. Selon les mêmes lettres , le Grand
Seigneur a fait affurerie fieur de Schwachenheim ,
que fa Hauteffe continueroit d'obſerver religieufement
le Traité conclu par le Sultan fon prédéceffeur
avec la Cour de Vienne , & que fi l'Impératrice
Reine , pour foutenir la guerre contre
le Roi de Pruffe , avoit befoin d'employer les
Troupes qu'Elle avoit en Hongrie , Elle pouvoit
avec confiance les faire marcher , fans craindre
que Sa Hauteffe profitât de leur éloignement ,
pour enfreindre la paix qui fubfifte entre les deux
Puiffances.
Du Quartier Général du Prince Picolomini à
Spalena-Lhotka , le 20 Octobre 1756.
Un Corps de troupes paffa l'Elbe les , fous
les ordres du Général Comte de Trautmansdorff ,
pour empêcher le Feld - Maréchal de Schwerin
d'étendre fi loin fes fourrages . On fit avancer le
7 dans la même vue un Détachement de Cavalerie .
Par- là , le général ennemie eft refferré de plus
en plus , tant fur la droite que fur fa gauche,
& l'on efpere de le gêner confidérablement fur
Particle des fubfiftances. La premiere Colonne des
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Efclavons entra le 2 de ce mois dans notre camp.
Le Colonel Simbfchon , qui la commande , infor
ma le Prince Picolomini , qu'un Détachement de
Huffards de l'Impératrice Reine avoit enlevé une
des caiffes militaires des Pruffiens , & qu'elle avoit
été conduite à Troppau.
On apprit le 13 de ce mois , que le Comte
Rodolphe de Palfi avoit pénétré jufqu'à Lévin ,
& qu'il avoit tiré des contributions de plufieurs
Diſtricts du Comté de Glatz. Le Capitaine Roskovanny
du Régiment de Spleni a fait une courfe
jufqu'à Franckenftein en Siléfie . Il est revenu
avec beaucoup de butin , & fans avoir perdu un
feul homme. Un Détachement commandé par
le Baron de Gerfdorff , Lieutenant - Colonel du
Régiment de Birckenfeld , en vint aux mains le
16 au matin avec un Détachement Pruffien . Los
ennemis ont été mis en fuite. On leur a tué
un Capitaine de Cavalerie , deux Lieutenans , &
cinquante hommes , & on leur a fait quinze
prifonniers. La veille de cette rencontre , le même
Détachement Pruffien étant dans un bois , il s'éleva
un vent fi furieux , que les chevaux épouvantés
prirent le mors aux dents , & quarantecinq
s'échapperent . La plupart font tombés entre
les mains de nos Huffards.
DE RATISBONNE , le 14 Octobre .
Par une Proteftation que le Roi de Pruffe a
adreffée à la Diette contre le Decret Commifforial
du Confeil Aulique de l'Empire , ce Prince
déclare Que n'ayant fait , en entrant dans l'Electorat
de Saxe & dans le Royaume de Boheme
, que ce qu'il étoit autorifé de faire en
vertu de toutes les Loix , pour repouffer le dan-
:
210 MERCURE DE FRANCE .
ger dont il étoit menacé , il ſe réſerve de pourfuivre
la fatisfaction , qu'il prétend lui être dûe
par rapport à la maniere , dont le Confeil Aulique
s'eft cru en droit d'agir à fon égard. Sa
Majefté Pruffienne dit être en état de prouver ,
que fi le paffage pour l'armée Pruffienne par
P'Electorat de Saxe avoit été accepté fur le pied
que la Cour de Drefde propofoit , à peine
cette armée auroit - elle pénétré dans les Etats
de l'Impératrice Reine , que les Saxons en liberté
d'agir , auroient fait une irruption dans les
Etats de la Maifon de Brandebourg , afin de
s'emparer des dépouilles que les circonftances
lui auroient permis de s'approprier . Elle renouvelle
les affurances données dans fa premiere
Déclaration , que , malgré les fujets qu'Elle
croit avoir de fe plaindre , elle remettra toutes
chofes dans l'Electorat de Saxe fur l'ancien pied ,
dès que l'animofité fera place aux voies de conciliation
, auxquelles Elle fera toujours prête
de donner les mains , lorfqu'on aura lieu d'efpérer
le rétabliffement de la paix fur des fondemens
folides & conftans . Pour combattre les
argumens du Confeil Aulique , & pour montrer
que les hoftilités d'un Etat de l'Empire
contre quelques - uns de fes Co - Etats ne font
point un cas extraordinaire , le Roi de Pruffe
allegue plufieurs exemples antérieurs. Il cite entre
autres la guerre de l'Impératrice Reine contre
le feu Empereur Charles VII , & l'invaſion
des troupes de cette Princeffe dans l'Electorat
de Baviere & dans d'autres Etats de l'Empire ,
avec lefquels Elle étoit en défunion , Ce Prince
ajoute que la conduite tenue dans ces conjonc
tures par l'Impératrice Reine , ne fut point
alors confidérée du même oeil , dont la Cour
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de Vienne voudroit aujourd'hui faire enviſager
les démarches de la Cour de Berlin.
DE HAMBOURG , le 22 Octobre.
Le Feld -Maréchal Comte de Browne , dans
le deffein de dégager l'armée Saxonne , s'étoit
avancé le 12 avec un Corps de troupes jufqu'à
Mitteldorff , à peu de diftance de Schandau. Les
Saxons devoient paffer l'Elbe la nuit du 11 au
12 mais quelque dommage arrivé au pont
que S. M. Polonoife avoit fait jetter près de
Konigstein , les en empêcha. La nuit fuivante , le
dominage étant réparé , ils pafferent la riviere.
Un grand bruit de canon & de moufqueterie ,
qu'on entendit le 13 au matin , & qui paroiffoit
venir du côté de Schandau , fit foupçonner
que le Feld- Maréchal de Browne avoit attaqué
le Corps de Pruffiens , qui fe trouvoit
dans ce pofte. La Garnifon que le koi de
Pruffe a mife dans Drefde , en parut même
fort inquiete. Deux jours s'écoulerent , fans
qu'on eût aucunes nouvelles pofitives de l'armée
Saxonne . Il fe répandoit feulement un bruit
vague qu'elle avoit fait la jonction avec les
Autrichiens. A la fin la vérité le développa.
Le délai , qui avoit fufpendu le départ des Saxons ,
avoit donné le temps aux Pruffiens de fe renforcer
à Schandau , & de faire des abattis d'arbres
dans les défilés . Le Feld- Maréchal de Browne
ne voyant aucun figne de la part des premiers ,
& craignant d'être enveloppé , avoit été dans
la néceffité de quitter Mitteldorff le 13. Pendant
la nuit du 13 au 14 , il étoit tombé une
grande abondance de pluie. Les chemins creux ,
par lefquels l'armée Saxonne devoit paffer près de
212 MERCURE DE FRANCE.
Lilienſtein , étoient entiérement inondés , & ce
contretemps retarda beaucoup la marche des
troupes & le tranſport de l'artillerie . Les Pruffiens
avoient pris poffeffion du camp de Pirna . Ils
attaquerent l'arriere- garde , qui fit une très- belie
défenfe , & qui ne perdit que très - peu de monde
& une vingtaine de charriots . A la pluie fuccéda
un brouillard épais. Lorfque les troupes
Saxonnes voulurent entrer le matin dans les
gorges du défilé qui conduifoit vers Ulletfdorff ,
où elles devoient fe joindre aux Autrichiens ,
elles trouverent ces gorges bouchées , & les Pruf-
Giens Maîtres de toutes les hauteurs. La diftance
à laquelle étoient les Autrichiens , la direction
du vent , un grand ouragan qui s'éleva la nuit ,
& qui continua le lendemain , furent caufe que
les Autrichiens ne purent entendre les coups
de canon , qui devoient leur fervir de fignaux
pour attaquer les Pruffiens. Ainfi la journée du
14 fe paffa fans coup ferir. Les Autrichiens ,
qui avoient attendu l'armée Saxonne deux fois
vingt- quatre heures , & qui n'avoient avec eux
ni tentes , ni provifions fuffifantes de vivres &
de fourrages , furent enfin contraints d'aller rejoindre
le gros de leur armée. Ils avoient fait
trois marches forcées , & il falloit en faire autant
pour exécuter leur retraite , & pour éviter
d'être coupés par le Corps de troupes Pruffiennes
pofté entre Auffig & Lowolis. Le 15 ,
les Saxons tenterent de gagner les fommets
des montagnes , ou de percer à travers les forêts
; mais ils rencontrerent partout des obftacles
infurmontables. Entourés de tous côtés par
les Pruffiens , dénués de fecours & de fubfif-
Lances , privés de toutes reffources , ils étoient
arrêtés entre les rochers inacceffibles , qui bor-
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dent les deux feuls débouchés praticables que
les Pruffiens avoient occupés . Les Saxons ont
paffé trois jours dans cette affreuſe pofition ,
expofés à toutes les injures de la faifon , fans
pain & fans fourrage. Alors le Roi de Pologne
& les Princes Xavier & Charles , obligés de pourvoir
à la fûreté de leurs perfonnes , le font
retirés à Konigstein . En tâchant de fauver leur
liberté , ils ont couru plus d'une fois rifque de
perdre la vie. L'unique defir des Saxons , dans
la fituation déplorable à laquelle ils étoient réduits
, étoit de périr les armes à la main . Ils
n'ont pas même eu cette confolation , & il ne
leur eft refté que la cruelle extrêmité de compofer
avec les Pruffiens. Par la Capitulation ,
les Généraux ont ftipulé pour S. M. Polonoiſe
& pour les Princes fes fils la liberté de fe retirer
où bon leur fembleroit. Les troupes fe
font rendues prifonnieres de guerre . Pendant
deux jours qu'on a employés à convenir des
articles de la Capitulation , toutes les troupes
Saxonnes depuis le Feld- Maréchal jufqu'au
Tambour , déclarerent conftamment qu'elles fe
feroient plutôt hacher en pieces , que de prendre
parti dans l'armée du Roi de Pruffe. Mais
la plupart des foldats n'ont eu enfuite que cette
reffource . A l'égard des Officiers , il a été réglé
qu'ils ne feroient point forcés de prendre
fervice. La Reine de Pologne Electrice de Saxe
étant allée de Drefde joindre le Roi fon époux ,
Leurs Majeftés Polonoifes font parties le 19
pour Warfovie avec les Princes Xavier & Charles
, & avec le Comte de Bruhl . Les Miniftres
Etrangers ont été invités de la part du Roi de
Pologne , de l'y fuivre. S. M. Polonoife n'a
point voulufe mêler de la Capitulation fignée par
1
214 MERCURE DE FRANCE.
fes Généraux. Le Roi de Pruffe occupe à Struppen
le même logement , qu'y occupoit le Roi
de Pologne Il y a de fréquentes allées & venues
de cet endroit à Ko. igſtein , qui par la
capitulation eft tefté aux Saxons , mais dont les
Pruffiens défireroient d'être mis en poffeffion ,
ainfi que de Pirna , & de toutes les Places
des Etats Héréditaires de Saxe , dont S. M.
Pruffienne fe réſerve l'adminiſtration , jufqu'à
ce qu'une paix folide faffe rentrer les chofes
dans leur premier état .
DE LEIPSICK , le 24 Octobre.
Depuis la premiere Relation qu'on a reçue
du malheur des troupes Saxonnes , on a été informé
des particularités fuivantes . Lorsque ces troupes
eurent perdu toute efpérance de forcer les
paffages , le Feld - Maréchal Comte Rutowski
écrivit au Roi , pour lui donner part d'une fi
trifte nouvelle . Sa Majefté fit cette réponfe . « J'ap-
>>prends avec une extrême douleur la déplorable
»fituation , où , par un enchaînement de difgraces
»difficiles à exprimer , vous êtes réduits , vous ,
» mes Généraux & toute mon armée . Il faut fe
>>foumettre à la Divine Providence . Dieu connoit
>>ma droiture. Voilà ma reflource & ma confola-
>>tion. On veut , comme vous me le faites enten-
»dre par le Baron de Dygera , me forcer de
»foufcrire à des conditions que l'on a rendues
»plus dures à mesure que les circonftances font
»devenues plus fâcheufes. Ne me connoît - on
»plus Je fuis toujours Souverain & toujours
»libre. Heureux ou malheureux , je vivrai avec
>>honneur , & je mourrai de même. Je vous aban.
>>donne , Monfieur , le fort de mon armée. Que
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>>votre Confeil de guerre décide lui - même , fi
>>vous devez vous rendre prifonnier , ou s'il vous
>>faut mourir par le fer ou par la difette. Que
l'humanité dicte , s'il eft poffible , vos réfolutions
. Quelles qu'elles puiffent être , elle ne me
>> regardent plus , & je vous déclare que je ne
>> vous tiendrai refponfable que d'une feule chofe ,
fçavoir de porter les armes contre moi & contre
» mes amis. >>
Sur la lettre du Roi le Confeil de guerre s'affembla
, & le réfultat des délibérations fut :
Qu'on tenteroit inutilement de vaincre les obftacles
qui empêchoient l'armée de pénétrer plus
avant ; que quand même on parviendroit à les
furmonter , ce feroit fans fruit , dès qu'on n'étoit
pas à portée de joindre une autre armée qui pût
non feulement aider à repouffer les efforts de
l'ennemi , mais encore fournir aux Saxons toutes
les chofes dont ils manquoient ; qu'ils avoient
été obligés de laiffer la moitié de leur artillerie
& de leurs charriots de munitions à bord de l'Elbe ;
qu'on avoit eu avis que le Feld- Maréchal Comte
de Browne avoit rétrogradé à Lychtenhain ; que
vraifemblablement il étoit retourné encore plus
en arriere , puifqu'il n'avoit point entendu les
coups de canon qu'on avoit tirés pour fignaux ;
que de plus la Cavalerie , vu la foiblefle des
chevaux , ne pouvoit entreprendre de combattre
contre la Cavalerie ennemie ; que dans un tel
concours d'événemens finiftres , il n'y avoit point
d'autre parti à prendre que de capituler , & qu'on
fe foumettoit là- deffus au jugement de tous les
gens de guerre; que toutes les troupes étoient
prêtes à verfer leur fang , fi le Roi l'ordonnoit ;
mais que ce feroit les facrifier gratuitement , &
que leur destruction ne pourroit qu'expofer à de
216 MERCURE DE FRANCE.
juftes reproches d'ignorance & de témérité un
corps d'Officiers Généraux qui croyoient avoir
fervi jufques là avec honneur & avec diſtinction.
Il a été réglé par la Capitulation , que le Roi
demeureroit en poffeffion de Konigstein , & que
les Pruffiens n'inquiéteroient en aucune maniere
la garnifon Saxonne , qui a été laiffée par Sa Majefté
dans cette Fortereffe. On attend avec impatience
la nouvelle de l'arrivée du Roi à Warfovic.
DE DRESDE , le 4 Novembre.
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Par un Mémoire intitulé , Exposé des motifs
de la Capitulation fignée le 15 Octobre 1756 ,
entre l'armée du Roi de Pologne Electeur de
Saxe , & Sa Majesté Pruffienne , on voit le plan ad
des opérations que le Confeil du Roi avoit concertées
avec le Feld- Maréchal de Browne . Une
colonne des troupes Saxonnes devoit marcher
vers Proffen , laiffant la montagne de Lilienf
tein à fa gauche . Une autre Colonne devoit
foutenir fix Bataillons de Grenadiers , deſtinés
à attaquer les abattis du bois de Lilienftein,
Elle auroit enfuite continué fa marche , laif
fant cette montagne à fa droite ; & les fix Ba
taillons de Grenadiers fe feroient portés fur le
Village de Walterdorff. Après l'avoir emporté
ils devoient s'y défendre contre l'ennemi , jufquà
ce que l'armée für engagée dans les défilés.
Ils avoient ordre , lorfqu'elle y feroit entrée
, de faire l'arriere-garde. On étoit convenu
avec le Feld- Maréchal de Browne , que les
Saxons le trouveroient à la tête d'un Corps de
douze mille hommes fur les hauteurs de Ratmanfdorff
& de Schandau. Enfuite ils fe feroient
xéunis avec lui au gros de l'armée Autrichienne
campće
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campée à Budin. L'exécution de ce projet avoit
été fixée à la nuit du 11 au 12 du mois dernier ,
pour le plus tard. On fe flattoit avec raifon , que
la conftance & le zele des troupes leur feroient
fupporter patiemment la difette de vivres à laquelle
elles feroient réduites pendant un intervalle
fi confidérable. Les rations de pain furent diminuées
, & l'on mit les chevaux à la pâture . Bien
loin d'être rebutés par ces épreuves , les foldats
n'afpiroient qu'au moment de s'ouvrir généreufement
un paffage à travers l'armée Pruſſienne
qui les tenoit bloqués dans leur camp . Le Feld-
Maréchal de Browne inftruit de ce qu'ils avoient
à fouffrir , voulut avancer de quelques jours le
terme de leur délivrance. Il fe porta du camp de
Budin à Lowofitz , afin de donner de l'inquiétude
au Roi de Pruffe du côté de Brix & de Bylin ,
tandis que les Saxons par de fauffes attaques fur
Hennerfdorff & fur Marckerfbach , feindroient de
vouloir fe dégager par feur gauche . Ce mouvement
engagea le premier Octobre le combat de
Lowofitz ou de Welmina entre l'avant- garde des
Autrichiens & l'armée Pruffienne. Le furlendemain
de cette action , le Feld- Maréchal de Browne
fit affurer le Roi que cette action n'avoit rien
dérangé au projet concerté , & qu'il auroit toujours
lieu la nuit du 11 au 12.
Le même Mémoire détaille enfuite tous les
obftacles qui fe font oppofés à la réuffite de ce
projet. « Divers contretemps , dit - on dans cet
Décrit , empêcherent que le pont ne fût établi
auffi-tôt que l'on s'en étoit flatté , & il ne fut
»pas poffible de décamper avant la nuit du 12 au
13. Cette nuit , la plus cruelle qu'on ait jamais
»paffée , l'armée défila fur le pont par une pluie
» affreufe , qui acheva de mettre fur les dents les
K
218 MERCURE DE FRANCE.
»chevaux déja excédés de faim & de fatigue . Le
feul débouché par lequel l'armée pouvoit par-
»venir à la hauteur d'Ebenheit s'étant trouvé
>>engorgé par
le canon que les chevaux n'avoient
»plus la force de traîner , non feulement les
>> Grenadiers & le refte de l'Infanterie , mais même
>>la Cavalerie entreprirent de gravir fucceffive-
»ment contre une montagne preſque inacceffible.
>> Les troupes ne purent arriver fur la hauteur
» d'Ebenheit que vers les quatre heures après-
»midi. Elles s'y formerent fur plufieurs lignes ,
autant que le terrein refferré pouvoit le per-
>>mettre. Le vent prodigieux qu'il faifoit fut cauſe
>>que le Feld-Maréchal de Browne ne put entendre
la violente canonnade & la moufqueterie
>> continuelle dont notre arriere-garde avoit été
»accompagnée depuis dix heures du matin , &
»par cette raifon il n'exécuta point l'attaque qu'il
» s'étoit propofé de faire. Alors nos Généraux
»perfuadés qu'il étoit hors de portée de les fe-
>>courir , ne crurent pas devoir prendre fur eux
>>de facrifier les troupes dans une attaque que
toute la bravoure imaginable ne pouvoit rendre
»utile , dès qu'elle ne fe feroit point en même
>>temps par les Autrichiens & par les Saxons.
»Dans une pofition fi critique , il fut réſolu que
»l'armée demeureroit fous les armes & en état
»de combattre , jufqu'à ce qu'on fçût pofitive-
»ment fi le Feld-Maréchal de Browne avoit pu
wfe porter & fe maintenir fur les hauteurs de
Schandau. Toute la journée du 14 fe paffa dans
>> l'inquiétude & dans le trouble. Malgré les fati-
» gues d'une marche également longue & péni-
»ble , malgré la difette abfolue que le foldat
» éprouvoit depuis quarante-huit heures , le cou-
Drage des troupes n'étoit point ralenti . Elles
13
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DECEMBRE . 1756. 219
»attendoient avec impatience l'inftant de fe fa-
» crifier fous les yeux d'un Maître qui avoit voulu
»les commander en perfonne , & à qui l'on ne
perfuada qu'avec beaucoup de peine de fe ren-
» fermer dans la Fortereffe de Konigstein , lorfque
» la multiplicité des obftacles nous eût ôté toute
»efpérance de pouvoir nous dégager. »
>>
Ĉe Mémoire finit par ces mots remarquables :
« Le témoignage que l'armée Saxonne fe doit à
» elle- même de fon courage & de fa fidélité , l'o-
» blige d'expofer aux yeux de toute la terre les
>>motifs invincibles qui l'ont déterminée à une
»démarche auffi accablante que celle à laquelle
» elle a été contrainte. Il n'y a aucun Officier ni
»foldat qui ne fcellât de tout fon ſang la vérité
» des faits contenus dans cet expofé. C'eſt à l'uni-
>vers à prononcer fur ce que l'armée Saxonne a
»fait , & fur ce qu'elle a dû faire . »
Les Régimens Saxons qui ont été forcés de fe'
rendre au Roi de Pruffe , n'ont pas été incorporés
dans les troupes de ce Prince. On leur a donné
des Officiers Pruffiens pour les commander , les
Officiers Saxons ayant conftamment refufé de
fervir contre leur Roi & leur Patrie. Deux de ces
Régimens avoient été conduits à Léipfick , pour
être mis en quartiers dans les environs. Ils ont
pris les armes contre les Officiers Pruffiens qui
ont voulu s'opposer à leur deffein , & ils en ont
tué deux. Les autres Officiers fe font retirés' , &
ccs deux Régimens ayant pris la route du Royaume
de Boheme , font arrivés à Prague.
Cent cinquante foldats des mêmes troupes
s'étant réunis après avoir quitté l'armée Pruffien-¨
ne , ont été atteints dans leur marche par trois
cens Cavaliers qu'on avoit envoyés après eux. Ils
fe font mis en état de défenfe , & ils ont forcé les
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
trois cens Cavaliers Pruffiens de rendre les armes ,
& de les fuivre en Boheme où ils font auffi arrivés.
Ces actions de courage de la part des troupes
Saxonnes , prouvent bien qu'elles ne fe font rendues
qu'y étant forcées par leur pofition. Tous
les foldats qui peuvent s'échapper volent au fervice
des Alliés de leur Monarque.
DE VIENNE , le 17 Octobre.
DEpuis quelques jours , la Cour a publié fa
Réponse à l'Expofé des Motifs du Roi de Pruffe.
Cette piece commence ainfi. « L'Electorat de Saxe
ayant été inondé de troupes Prufliennes , & ayant
»été arraché à fon légitime Poffeffeur ; le droit
»des gens y ayant été violé ; tous les égards
»dûs à une keine ayant été foulés aux pieds ;
»un deftin affreux menaçant encore le Roi de
>>Pologne ; l'efprit de domination & d'agrandif
»fement , qui guide le Roi de Prufle , l'a porté
»à attaquer enfuite le Royaume de Boheme , & à
»y ouvrir de nouveau le théâtre de fes hoftilités .
»Les circonftances & les fuites de cette double
infraction de la paix , de la part de la Cour de
>>Berlin , étant tout à fait extraordinaires , le public
impartial n'a pu que fouhaiter avec une impa
>>tience extrême de voir paroître les motifs fonda-
>> mentaux d'un procédé auffi étrange , & a cru de
»voir s'attendre à voir révéler les myfteres les plus
profonds de cabinets . Jamais attente n'a été
plus mal remplie . Le manifefte de la Pruffe n'a
été remplie que d'expreffions qui fe contredi-
»foient palpablement les unes les autres , & l'om
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
n'y a étalé que des motifs qui , malgré toute
» l'étude de l'invention , n'ont pu être revêtus da
moindre air de vraisemblance . Le Roi de Fruffe ,
»dans l'impoffibilité de trouver matiere à motiver
pune Déclaration de Guerre , eft tombé ſur l'idée
stare & finguliere , qu'il pourroit , fon invafion
men Saxe déja faite , déterrer dans les papiers
fecrets , qu'il a fait enlever à Drefde du Cabinet
du Roi de Pologne , des preuves qui pourroient
confirmer ce qu'il avançoit d'un Traité offenfif
entre l'Impératrice Reine & l'Impératrice de
»Ruffie , & démentir ainfi les aſſurances données
par l'Impératrice Reine , que cette imputation
»étoit fauffe & controuvée. La Cour de Vienne ,
obfervant fcrupuleufement les loix de la vérité ,
n'avoit rien à appréhender de toutes ces recher-
»ches. Elle a elle - même les indices les plus
»démonftratifs , que , fi l'on pouvoit expofer auf
»yeux du public ce que renferme le Cabinet de
>>Potſdam , on y découvriroit avec un étonne-
»ment indicible des projets tendans à corrompre
»de fideles ferviteurs , liés à leurs maîtres par la
>>foi du ferment ; à opprimer des Co- Etats confidérables
de l'Empire ; à réchauffer des pré-
»tention illégales fur des Provinces entieres , &
» à ourdir des rébellions affreuſes dans de puiffans
>>Royaumes.»>
Voici plufieurs autres principaux traits de la
Réponse de la Cour. « On a déja vu dans le Ref
»crits de S. M. Imp. & Royale à fes Miniftres
>> dans les Cours Etrangeres , comment le Roi de
>> Pruffe s'eft émancipé à prendre itérativement
» Impératrice Reine à partie fur fes difpofitions
»défenfives........ Dans fon Manifefte , il avane
>>ce également des chofes peu fondées. Il foutient
qu'à peine le Traité de Drefde avoit été conclu ,
Σ
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Da
DECEMBRE. 1756. 20
>>la Cour de Vienne s'étoit étudié à l'éluder &
»à l'infirmer. Cependant on n'allegue à notre
>> charge que ce feul grief , fçavoir que fept ans
» après la conclufion du Traité , c'est - à-dire en
» 1753 , Pimpôt fur les marchandifes fabriquées
dans la Silefie Pruffienne a été augmenté. Il
» eft étonnant que de la part de la Pruffe on
»faffe quelque reproche fur cet article , com-
>>me fi S. M. Pr. n'avoit pas été la premiere à
»augmenter les droits de douane , & comme fi
Delle n'avoit pas commis diverſes autres contra
»ventions , tant contre ce Traité que contre celui
» de Breflau ; & cela au point que fi S. M. Imp.
»& Royale n'étoit pas en poffeffion de facrifier
»fes plus juftes motifs de reffentiment à fon amour
»pour la paix , Elle auroit été en droit depuis
long- temps , furtout après les repréſentations
Dinutiles qu'Elle avoit faites , de recourir , pour
»fe venger, aux armes dont Elle ne fe fert au-
»jourd'hui que pour fon unique défenſe......
>> Dans le niême Manifefte , on releve encore
»d'autres plaintes contre la Cour de Vienne. Elle
»a conçu , dit- on , des projets d'une extrême
»conféquence ; Elle a des vues dangereufes , &
» du côté de la Pruffe on s'étudie à les dévelop
per.... Mais la Maiſon Archiducale d'Autriche
»ne balance pas à foutenir , que dans toutes les
» Annales de fa Monarchie on ne trouvera pas
»le moindre veftige d'entrepriſes de fa part , ten
»dantes à renverfer les premieres loix de l'Em-
»pire ; à opprimer fes membres ; à s'emparer
de leurs Etats par droits de convenance ; à perfé
cuter par les oppreffions les plus inouies route
»une Famille Royale fous les affurances d'une
pamitié fimulée ; à boulverfer le repos de l'Alle-
»magne ;... à vouloir impoſer à tous le Corps
206 MERCURE DE FRANCE.
»Germanique des loix arbitraires , aux dépens de
»fes Conftitutions ......
Au fujet du Traité que l'Impératrice Reine a
conclu en 1746 avec l'Impératrice de Ruffie ,
la Cour fait les obfervations fuivantes . « Pour
s'affurer de plus en plus contre une quatrieme
winfraction de la paix de la part de la Pruffe ,
>> on conclut entre les deux Cours Impériales ,
Davant le Traité d'Aix - la- Chapelle , un Traité
» d'Amitié & de Défenſe , ne tendant au préjudice
» d'aucune Puiflance . La Cour de Vienne n'a
»pas eu befoin d'exciter la fenfibilité de celle
» de Ruffie fur les procédés méprifans de la Pruffe ,
>>attendu que S. M. Pruf. fe contient ſi peu vis-àvis
de fes voisins , qu'ils comprennent facilement
» qu'il n'y a pas d'autre moyen de le fouftraire
aux défagrémens que la Pruffe caufe continuelle-
» ment , qu'en rompant toute communication avec
elle...... Le public n'aura pas encore oublié ,
>>comment le Comte de Beftuchef, Grand Char-
>> celier de Ruffie , ne balança pas en 1750 d'expo-
>>fer aux yeux de l'Europe , d'une maniere convain-
»cante, les procédés extraordinaires des Pruffiens......
C'eft une nouvelle illufion de la
»part du Roi de Pruffe , de vouloir , par des
vues faciles à deviner , faire paffer nos innocens
Dengagemens défenfifs pour un Traité offenfif
>>contre la Porte. » La Cour ajoute : « Le Roi
»de Pruffe fait affez connoître à la Couronne
>>de France , fans ménagement & par fon infrac-
>tion de paix , que l'Union du Roi T. C. avee
»l'impératrice Reine l'a animé à faire exifter
d'autant plus vite par fon aggreffion ennemie
le Cafus Foederis. Tout ce que S. M. Pruf
permet de mettre à la charge de la Cour
de Vienne & d'autres Cours fur le pied de
>> fe
DECEMBRE. 1756. 207
T
conſpiration , eft une imputation déplacée , qui
»n'a jamais lieu de Souverain à Souverain , &
>>qui ne peut s'appliquer qu'à des Sujets rébelles.
» Ces confpirations doivent être mifes au rang
»des projets de ceux qui dans leur plan d'a-
»grandiffement ne font aucune diftinction des
>>moyens d'affouvir leur ambition. S. M. l'Impéra-
» trice Reine déclare pareillement fauffe & controuvée
l'imputation , qu'elle ait voulu porter
» la Cour d'Angleterre à entrer dans des projets
»qui puffent troubler le repos général . On en
>appelle au propre témoignage de ladite Cour ,
»& l'on ne fera jamais aucune difficulté de ren-
» dre publique la négociation dont il s'eft agi
avec S. M. Brit.... Le Roi de Pruffe accufe la
>>Cour de Vienne , d'avoir voulu puifer dans les
» troubles de l'Amérique les moyens d'allumer
Dune guerre générale . La Cour Britannique peut
»rendre elle - même juftice fur ce point à la vérité,
& dire combien l'Impératrice Reine s'eft
» efforcée d'étouffer ces divifions dès leur naiffan-
» ce. En général tout ce que la Cour de Pruffe
»avance , relativement à celles de France & de
» la Grande - Bretagne , aboutit à infinuer que la
»premiere n'a point affez réfléchi far la nature
»des chofes & fur fes propres intérêts , & que
»la feconde n'a pas approfondi les vues du Minif-
»tere de Vienne , & a manqué de pénétration
» à cet égard , ( expreffions qui ne touchent pas peu
>> l'honneur de ces deux Cours ) . Au refte le Roi
»de Pruffe auroit pu fe paffer de parler de recon-
»noiffance , lui qui a oublié fur cet article
»tout ce qu'il doit à la Maiſon Archiducale d'Autriche
, à qui il eft redevable de fa Dignité
>>Royale ....>>
Selon la lifte que le Feld-Maréchal de Browne
208 MERCURE DE FRANCE.
E
a envoyé de la perte faite par les Autrichiens
dans la bataille du premier de ce mois , il y a
eu dix- neuf Officiers tués & cent cinq de bleffés ;
quatre cens vingt Soldats tués , dix-fept cens vingtneuf
bleffés; & fept cens onze qui ont difparu.
On ne compte que quatre cens foixante -quinze
chevaux tués ou bleffés.
On mande de Conftantinople , que fur la nouvelle
de l'invafion des troupes Pruffiennes en Boheme
, le Grand Vifir a voulu fçavoir du Sr de Schwachenheim
, Miniftres de Leurs Majeftés Impériales
à la Porte , toutes les circonstances de cer
événement. Selon les mêmes lettres , le Grand
Seigneur a fait affurerie fieur de Schwachenheim ,
que fa Hauteffe continueroit d'obſerver religieufement
le Traité conclu par le Sultan fon prédéceffeur
avec la Cour de Vienne , & que fi l'Impératrice
Reine , pour foutenir la guerre contre
le Roi de Pruffe , avoit befoin d'employer les
Troupes qu'Elle avoit en Hongrie , Elle pouvoit
avec confiance les faire marcher , fans craindre
que Sa Hauteffe profitât de leur éloignement ,
pour enfreindre la paix qui fubfifte entre les deux
Puiffances.
Du Quartier Général du Prince Picolomini à
Spalena-Lhotka , le 20 Octobre 1756.
Un Corps de troupes paffa l'Elbe les , fous
les ordres du Général Comte de Trautmansdorff ,
pour empêcher le Feld - Maréchal de Schwerin
d'étendre fi loin fes fourrages . On fit avancer le
7 dans la même vue un Détachement de Cavalerie .
Par- là , le général ennemie eft refferré de plus
en plus , tant fur la droite que fur fa gauche,
& l'on efpere de le gêner confidérablement fur
Particle des fubfiftances. La premiere Colonne des
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DECEMBRE. 1756. 209
Efclavons entra le 2 de ce mois dans notre camp.
Le Colonel Simbfchon , qui la commande , infor
ma le Prince Picolomini , qu'un Détachement de
Huffards de l'Impératrice Reine avoit enlevé une
des caiffes militaires des Pruffiens , & qu'elle avoit
été conduite à Troppau.
On apprit le 13 de ce mois , que le Comte
Rodolphe de Palfi avoit pénétré jufqu'à Lévin ,
& qu'il avoit tiré des contributions de plufieurs
Diſtricts du Comté de Glatz. Le Capitaine Roskovanny
du Régiment de Spleni a fait une courfe
jufqu'à Franckenftein en Siléfie . Il est revenu
avec beaucoup de butin , & fans avoir perdu un
feul homme. Un Détachement commandé par
le Baron de Gerfdorff , Lieutenant - Colonel du
Régiment de Birckenfeld , en vint aux mains le
16 au matin avec un Détachement Pruffien . Los
ennemis ont été mis en fuite. On leur a tué
un Capitaine de Cavalerie , deux Lieutenans , &
cinquante hommes , & on leur a fait quinze
prifonniers. La veille de cette rencontre , le même
Détachement Pruffien étant dans un bois , il s'éleva
un vent fi furieux , que les chevaux épouvantés
prirent le mors aux dents , & quarantecinq
s'échapperent . La plupart font tombés entre
les mains de nos Huffards.
DE RATISBONNE , le 14 Octobre .
Par une Proteftation que le Roi de Pruffe a
adreffée à la Diette contre le Decret Commifforial
du Confeil Aulique de l'Empire , ce Prince
déclare Que n'ayant fait , en entrant dans l'Electorat
de Saxe & dans le Royaume de Boheme
, que ce qu'il étoit autorifé de faire en
vertu de toutes les Loix , pour repouffer le dan-
:
210 MERCURE DE FRANCE .
ger dont il étoit menacé , il ſe réſerve de pourfuivre
la fatisfaction , qu'il prétend lui être dûe
par rapport à la maniere , dont le Confeil Aulique
s'eft cru en droit d'agir à fon égard. Sa
Majefté Pruffienne dit être en état de prouver ,
que fi le paffage pour l'armée Pruffienne par
P'Electorat de Saxe avoit été accepté fur le pied
que la Cour de Drefde propofoit , à peine
cette armée auroit - elle pénétré dans les Etats
de l'Impératrice Reine , que les Saxons en liberté
d'agir , auroient fait une irruption dans les
Etats de la Maifon de Brandebourg , afin de
s'emparer des dépouilles que les circonftances
lui auroient permis de s'approprier . Elle renouvelle
les affurances données dans fa premiere
Déclaration , que , malgré les fujets qu'Elle
croit avoir de fe plaindre , elle remettra toutes
chofes dans l'Electorat de Saxe fur l'ancien pied ,
dès que l'animofité fera place aux voies de conciliation
, auxquelles Elle fera toujours prête
de donner les mains , lorfqu'on aura lieu d'efpérer
le rétabliffement de la paix fur des fondemens
folides & conftans . Pour combattre les
argumens du Confeil Aulique , & pour montrer
que les hoftilités d'un Etat de l'Empire
contre quelques - uns de fes Co - Etats ne font
point un cas extraordinaire , le Roi de Pruffe
allegue plufieurs exemples antérieurs. Il cite entre
autres la guerre de l'Impératrice Reine contre
le feu Empereur Charles VII , & l'invaſion
des troupes de cette Princeffe dans l'Electorat
de Baviere & dans d'autres Etats de l'Empire ,
avec lefquels Elle étoit en défunion , Ce Prince
ajoute que la conduite tenue dans ces conjonc
tures par l'Impératrice Reine , ne fut point
alors confidérée du même oeil , dont la Cour
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n
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DECEMBRE. 1756. 211
de Vienne voudroit aujourd'hui faire enviſager
les démarches de la Cour de Berlin.
DE HAMBOURG , le 22 Octobre.
Le Feld -Maréchal Comte de Browne , dans
le deffein de dégager l'armée Saxonne , s'étoit
avancé le 12 avec un Corps de troupes jufqu'à
Mitteldorff , à peu de diftance de Schandau. Les
Saxons devoient paffer l'Elbe la nuit du 11 au
12 mais quelque dommage arrivé au pont
que S. M. Polonoife avoit fait jetter près de
Konigstein , les en empêcha. La nuit fuivante , le
dominage étant réparé , ils pafferent la riviere.
Un grand bruit de canon & de moufqueterie ,
qu'on entendit le 13 au matin , & qui paroiffoit
venir du côté de Schandau , fit foupçonner
que le Feld- Maréchal de Browne avoit attaqué
le Corps de Pruffiens , qui fe trouvoit
dans ce pofte. La Garnifon que le koi de
Pruffe a mife dans Drefde , en parut même
fort inquiete. Deux jours s'écoulerent , fans
qu'on eût aucunes nouvelles pofitives de l'armée
Saxonne . Il fe répandoit feulement un bruit
vague qu'elle avoit fait la jonction avec les
Autrichiens. A la fin la vérité le développa.
Le délai , qui avoit fufpendu le départ des Saxons ,
avoit donné le temps aux Pruffiens de fe renforcer
à Schandau , & de faire des abattis d'arbres
dans les défilés . Le Feld- Maréchal de Browne
ne voyant aucun figne de la part des premiers ,
& craignant d'être enveloppé , avoit été dans
la néceffité de quitter Mitteldorff le 13. Pendant
la nuit du 13 au 14 , il étoit tombé une
grande abondance de pluie. Les chemins creux ,
par lefquels l'armée Saxonne devoit paffer près de
212 MERCURE DE FRANCE.
Lilienſtein , étoient entiérement inondés , & ce
contretemps retarda beaucoup la marche des
troupes & le tranſport de l'artillerie . Les Pruffiens
avoient pris poffeffion du camp de Pirna . Ils
attaquerent l'arriere- garde , qui fit une très- belie
défenfe , & qui ne perdit que très - peu de monde
& une vingtaine de charriots . A la pluie fuccéda
un brouillard épais. Lorfque les troupes
Saxonnes voulurent entrer le matin dans les
gorges du défilé qui conduifoit vers Ulletfdorff ,
où elles devoient fe joindre aux Autrichiens ,
elles trouverent ces gorges bouchées , & les Pruf-
Giens Maîtres de toutes les hauteurs. La diftance
à laquelle étoient les Autrichiens , la direction
du vent , un grand ouragan qui s'éleva la nuit ,
& qui continua le lendemain , furent caufe que
les Autrichiens ne purent entendre les coups
de canon , qui devoient leur fervir de fignaux
pour attaquer les Pruffiens. Ainfi la journée du
14 fe paffa fans coup ferir. Les Autrichiens ,
qui avoient attendu l'armée Saxonne deux fois
vingt- quatre heures , & qui n'avoient avec eux
ni tentes , ni provifions fuffifantes de vivres &
de fourrages , furent enfin contraints d'aller rejoindre
le gros de leur armée. Ils avoient fait
trois marches forcées , & il falloit en faire autant
pour exécuter leur retraite , & pour éviter
d'être coupés par le Corps de troupes Pruffiennes
pofté entre Auffig & Lowolis. Le 15 ,
les Saxons tenterent de gagner les fommets
des montagnes , ou de percer à travers les forêts
; mais ils rencontrerent partout des obftacles
infurmontables. Entourés de tous côtés par
les Pruffiens , dénués de fecours & de fubfif-
Lances , privés de toutes reffources , ils étoient
arrêtés entre les rochers inacceffibles , qui bor-
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le
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DECEMBRE , 1756. 213
dent les deux feuls débouchés praticables que
les Pruffiens avoient occupés . Les Saxons ont
paffé trois jours dans cette affreuſe pofition ,
expofés à toutes les injures de la faifon , fans
pain & fans fourrage. Alors le Roi de Pologne
& les Princes Xavier & Charles , obligés de pourvoir
à la fûreté de leurs perfonnes , le font
retirés à Konigstein . En tâchant de fauver leur
liberté , ils ont couru plus d'une fois rifque de
perdre la vie. L'unique defir des Saxons , dans
la fituation déplorable à laquelle ils étoient réduits
, étoit de périr les armes à la main . Ils
n'ont pas même eu cette confolation , & il ne
leur eft refté que la cruelle extrêmité de compofer
avec les Pruffiens. Par la Capitulation ,
les Généraux ont ftipulé pour S. M. Polonoiſe
& pour les Princes fes fils la liberté de fe retirer
où bon leur fembleroit. Les troupes fe
font rendues prifonnieres de guerre . Pendant
deux jours qu'on a employés à convenir des
articles de la Capitulation , toutes les troupes
Saxonnes depuis le Feld- Maréchal jufqu'au
Tambour , déclarerent conftamment qu'elles fe
feroient plutôt hacher en pieces , que de prendre
parti dans l'armée du Roi de Pruffe. Mais
la plupart des foldats n'ont eu enfuite que cette
reffource . A l'égard des Officiers , il a été réglé
qu'ils ne feroient point forcés de prendre
fervice. La Reine de Pologne Electrice de Saxe
étant allée de Drefde joindre le Roi fon époux ,
Leurs Majeftés Polonoifes font parties le 19
pour Warfovie avec les Princes Xavier & Charles
, & avec le Comte de Bruhl . Les Miniftres
Etrangers ont été invités de la part du Roi de
Pologne , de l'y fuivre. S. M. Polonoife n'a
point voulufe mêler de la Capitulation fignée par
1
214 MERCURE DE FRANCE.
fes Généraux. Le Roi de Pruffe occupe à Struppen
le même logement , qu'y occupoit le Roi
de Pologne Il y a de fréquentes allées & venues
de cet endroit à Ko. igſtein , qui par la
capitulation eft tefté aux Saxons , mais dont les
Pruffiens défireroient d'être mis en poffeffion ,
ainfi que de Pirna , & de toutes les Places
des Etats Héréditaires de Saxe , dont S. M.
Pruffienne fe réſerve l'adminiſtration , jufqu'à
ce qu'une paix folide faffe rentrer les chofes
dans leur premier état .
DE LEIPSICK , le 24 Octobre.
Depuis la premiere Relation qu'on a reçue
du malheur des troupes Saxonnes , on a été informé
des particularités fuivantes . Lorsque ces troupes
eurent perdu toute efpérance de forcer les
paffages , le Feld - Maréchal Comte Rutowski
écrivit au Roi , pour lui donner part d'une fi
trifte nouvelle . Sa Majefté fit cette réponfe . « J'ap-
>>prends avec une extrême douleur la déplorable
»fituation , où , par un enchaînement de difgraces
»difficiles à exprimer , vous êtes réduits , vous ,
» mes Généraux & toute mon armée . Il faut fe
>>foumettre à la Divine Providence . Dieu connoit
>>ma droiture. Voilà ma reflource & ma confola-
>>tion. On veut , comme vous me le faites enten-
»dre par le Baron de Dygera , me forcer de
»foufcrire à des conditions que l'on a rendues
»plus dures à mesure que les circonftances font
»devenues plus fâcheufes. Ne me connoît - on
»plus Je fuis toujours Souverain & toujours
»libre. Heureux ou malheureux , je vivrai avec
>>honneur , & je mourrai de même. Je vous aban.
>>donne , Monfieur , le fort de mon armée. Que
t
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C
C
C
DECEMBRE. 1756. 215
>>votre Confeil de guerre décide lui - même , fi
>>vous devez vous rendre prifonnier , ou s'il vous
>>faut mourir par le fer ou par la difette. Que
l'humanité dicte , s'il eft poffible , vos réfolutions
. Quelles qu'elles puiffent être , elle ne me
>> regardent plus , & je vous déclare que je ne
>> vous tiendrai refponfable que d'une feule chofe ,
fçavoir de porter les armes contre moi & contre
» mes amis. >>
Sur la lettre du Roi le Confeil de guerre s'affembla
, & le réfultat des délibérations fut :
Qu'on tenteroit inutilement de vaincre les obftacles
qui empêchoient l'armée de pénétrer plus
avant ; que quand même on parviendroit à les
furmonter , ce feroit fans fruit , dès qu'on n'étoit
pas à portée de joindre une autre armée qui pût
non feulement aider à repouffer les efforts de
l'ennemi , mais encore fournir aux Saxons toutes
les chofes dont ils manquoient ; qu'ils avoient
été obligés de laiffer la moitié de leur artillerie
& de leurs charriots de munitions à bord de l'Elbe ;
qu'on avoit eu avis que le Feld- Maréchal Comte
de Browne avoit rétrogradé à Lychtenhain ; que
vraifemblablement il étoit retourné encore plus
en arriere , puifqu'il n'avoit point entendu les
coups de canon qu'on avoit tirés pour fignaux ;
que de plus la Cavalerie , vu la foiblefle des
chevaux , ne pouvoit entreprendre de combattre
contre la Cavalerie ennemie ; que dans un tel
concours d'événemens finiftres , il n'y avoit point
d'autre parti à prendre que de capituler , & qu'on
fe foumettoit là- deffus au jugement de tous les
gens de guerre; que toutes les troupes étoient
prêtes à verfer leur fang , fi le Roi l'ordonnoit ;
mais que ce feroit les facrifier gratuitement , &
que leur destruction ne pourroit qu'expofer à de
216 MERCURE DE FRANCE.
juftes reproches d'ignorance & de témérité un
corps d'Officiers Généraux qui croyoient avoir
fervi jufques là avec honneur & avec diſtinction.
Il a été réglé par la Capitulation , que le Roi
demeureroit en poffeffion de Konigstein , & que
les Pruffiens n'inquiéteroient en aucune maniere
la garnifon Saxonne , qui a été laiffée par Sa Majefté
dans cette Fortereffe. On attend avec impatience
la nouvelle de l'arrivée du Roi à Warfovic.
DE DRESDE , le 4 Novembre.
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Par un Mémoire intitulé , Exposé des motifs
de la Capitulation fignée le 15 Octobre 1756 ,
entre l'armée du Roi de Pologne Electeur de
Saxe , & Sa Majesté Pruffienne , on voit le plan ad
des opérations que le Confeil du Roi avoit concertées
avec le Feld- Maréchal de Browne . Une
colonne des troupes Saxonnes devoit marcher
vers Proffen , laiffant la montagne de Lilienf
tein à fa gauche . Une autre Colonne devoit
foutenir fix Bataillons de Grenadiers , deſtinés
à attaquer les abattis du bois de Lilienftein,
Elle auroit enfuite continué fa marche , laif
fant cette montagne à fa droite ; & les fix Ba
taillons de Grenadiers fe feroient portés fur le
Village de Walterdorff. Après l'avoir emporté
ils devoient s'y défendre contre l'ennemi , jufquà
ce que l'armée für engagée dans les défilés.
Ils avoient ordre , lorfqu'elle y feroit entrée
, de faire l'arriere-garde. On étoit convenu
avec le Feld- Maréchal de Browne , que les
Saxons le trouveroient à la tête d'un Corps de
douze mille hommes fur les hauteurs de Ratmanfdorff
& de Schandau. Enfuite ils fe feroient
xéunis avec lui au gros de l'armée Autrichienne
campće
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DECEMBRE. 1756. 217
5
campée à Budin. L'exécution de ce projet avoit
été fixée à la nuit du 11 au 12 du mois dernier ,
pour le plus tard. On fe flattoit avec raifon , que
la conftance & le zele des troupes leur feroient
fupporter patiemment la difette de vivres à laquelle
elles feroient réduites pendant un intervalle
fi confidérable. Les rations de pain furent diminuées
, & l'on mit les chevaux à la pâture . Bien
loin d'être rebutés par ces épreuves , les foldats
n'afpiroient qu'au moment de s'ouvrir généreufement
un paffage à travers l'armée Pruſſienne
qui les tenoit bloqués dans leur camp . Le Feld-
Maréchal de Browne inftruit de ce qu'ils avoient
à fouffrir , voulut avancer de quelques jours le
terme de leur délivrance. Il fe porta du camp de
Budin à Lowofitz , afin de donner de l'inquiétude
au Roi de Pruffe du côté de Brix & de Bylin ,
tandis que les Saxons par de fauffes attaques fur
Hennerfdorff & fur Marckerfbach , feindroient de
vouloir fe dégager par feur gauche . Ce mouvement
engagea le premier Octobre le combat de
Lowofitz ou de Welmina entre l'avant- garde des
Autrichiens & l'armée Pruffienne. Le furlendemain
de cette action , le Feld- Maréchal de Browne
fit affurer le Roi que cette action n'avoit rien
dérangé au projet concerté , & qu'il auroit toujours
lieu la nuit du 11 au 12.
Le même Mémoire détaille enfuite tous les
obftacles qui fe font oppofés à la réuffite de ce
projet. « Divers contretemps , dit - on dans cet
Décrit , empêcherent que le pont ne fût établi
auffi-tôt que l'on s'en étoit flatté , & il ne fut
»pas poffible de décamper avant la nuit du 12 au
13. Cette nuit , la plus cruelle qu'on ait jamais
»paffée , l'armée défila fur le pont par une pluie
» affreufe , qui acheva de mettre fur les dents les
K
218 MERCURE DE FRANCE.
»chevaux déja excédés de faim & de fatigue . Le
feul débouché par lequel l'armée pouvoit par-
»venir à la hauteur d'Ebenheit s'étant trouvé
>>engorgé par
le canon que les chevaux n'avoient
»plus la force de traîner , non feulement les
>> Grenadiers & le refte de l'Infanterie , mais même
>>la Cavalerie entreprirent de gravir fucceffive-
»ment contre une montagne preſque inacceffible.
>> Les troupes ne purent arriver fur la hauteur
» d'Ebenheit que vers les quatre heures après-
»midi. Elles s'y formerent fur plufieurs lignes ,
autant que le terrein refferré pouvoit le per-
>>mettre. Le vent prodigieux qu'il faifoit fut cauſe
>>que le Feld-Maréchal de Browne ne put entendre
la violente canonnade & la moufqueterie
>> continuelle dont notre arriere-garde avoit été
»accompagnée depuis dix heures du matin , &
»par cette raifon il n'exécuta point l'attaque qu'il
» s'étoit propofé de faire. Alors nos Généraux
»perfuadés qu'il étoit hors de portée de les fe-
>>courir , ne crurent pas devoir prendre fur eux
>>de facrifier les troupes dans une attaque que
toute la bravoure imaginable ne pouvoit rendre
»utile , dès qu'elle ne fe feroit point en même
>>temps par les Autrichiens & par les Saxons.
»Dans une pofition fi critique , il fut réſolu que
»l'armée demeureroit fous les armes & en état
»de combattre , jufqu'à ce qu'on fçût pofitive-
»ment fi le Feld-Maréchal de Browne avoit pu
wfe porter & fe maintenir fur les hauteurs de
Schandau. Toute la journée du 14 fe paffa dans
>> l'inquiétude & dans le trouble. Malgré les fati-
» gues d'une marche également longue & péni-
»ble , malgré la difette abfolue que le foldat
» éprouvoit depuis quarante-huit heures , le cou-
Drage des troupes n'étoit point ralenti . Elles
13
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3
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DECEMBRE . 1756. 219
»attendoient avec impatience l'inftant de fe fa-
» crifier fous les yeux d'un Maître qui avoit voulu
»les commander en perfonne , & à qui l'on ne
perfuada qu'avec beaucoup de peine de fe ren-
» fermer dans la Fortereffe de Konigstein , lorfque
» la multiplicité des obftacles nous eût ôté toute
»efpérance de pouvoir nous dégager. »
>>
Ĉe Mémoire finit par ces mots remarquables :
« Le témoignage que l'armée Saxonne fe doit à
» elle- même de fon courage & de fa fidélité , l'o-
» blige d'expofer aux yeux de toute la terre les
>>motifs invincibles qui l'ont déterminée à une
»démarche auffi accablante que celle à laquelle
» elle a été contrainte. Il n'y a aucun Officier ni
»foldat qui ne fcellât de tout fon ſang la vérité
» des faits contenus dans cet expofé. C'eſt à l'uni-
>vers à prononcer fur ce que l'armée Saxonne a
»fait , & fur ce qu'elle a dû faire . »
Les Régimens Saxons qui ont été forcés de fe'
rendre au Roi de Pruffe , n'ont pas été incorporés
dans les troupes de ce Prince. On leur a donné
des Officiers Pruffiens pour les commander , les
Officiers Saxons ayant conftamment refufé de
fervir contre leur Roi & leur Patrie. Deux de ces
Régimens avoient été conduits à Léipfick , pour
être mis en quartiers dans les environs. Ils ont
pris les armes contre les Officiers Pruffiens qui
ont voulu s'opposer à leur deffein , & ils en ont
tué deux. Les autres Officiers fe font retirés' , &
ccs deux Régimens ayant pris la route du Royaume
de Boheme , font arrivés à Prague.
Cent cinquante foldats des mêmes troupes
s'étant réunis après avoir quitté l'armée Pruffien-¨
ne , ont été atteints dans leur marche par trois
cens Cavaliers qu'on avoit envoyés après eux. Ils
fe font mis en état de défenfe , & ils ont forcé les
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
trois cens Cavaliers Pruffiens de rendre les armes ,
& de les fuivre en Boheme où ils font auffi arrivés.
Ces actions de courage de la part des troupes
Saxonnes , prouvent bien qu'elles ne fe font rendues
qu'y étant forcées par leur pofition. Tous
les foldats qui peuvent s'échapper volent au fervice
des Alliés de leur Monarque.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En 1756, les tensions entre la Prusse et l'Autriche s'intensifièrent. La Cour de Vienne accusa la Prusse d'avoir envahi l'Électorat de Saxe et le Royaume de Bohême, violant ainsi la paix et les droits des peuples. La Prusse justifia son invasion par des accusations de trahison et des allégations de traités secrets entre l'Autriche et la Russie. L'Autriche réfuta ces accusations, affirmant que des recherches dans les archives prussiennes révéleraient des projets de corruption et d'oppression. Les deux parties s'accusèrent mutuellement de violations de traités et de projets d'agrandissement territorial. La Prusse dénonça les projets dangereux de l'Autriche et son désir d'imposer des lois arbitraires, tandis que l'Autriche condamna les agressions prussiennes et les violations des traités. Des combats et des escarmouches entre les troupes autrichiennes et prussiennes furent rapportés, ainsi que des déclarations diplomatiques et des protestations auprès de la Diète de l'Empire. La Prusse affirma agir en légitime défense et se réserva le droit de poursuivre des satisfactions, tout en exprimant sa volonté de rétablir la paix. En octobre 1756, le Feld-Maréchal Comte de Browne tenta de dégager l'armée saxonne près de Schandau, mais des dommages au pont retardèrent les Saxons. Le 13 octobre, un bruit de canon suggéra une attaque contre les Prussiens, mais les Saxons ne reçurent aucune confirmation. Craignant d'être enveloppés, les Saxons quittèrent Mitteldorff. Des conditions météorologiques défavorables retardèrent leur marche. Les Prussiens, ayant renforcé leurs positions, attaquèrent l'arrière-garde saxonne, qui se défendit vaillamment. Bloqués et privés de secours, les Saxons capitulèrent le 15 octobre. La capitulation stipula la liberté du Roi de Pologne et des Princes Xavier et Charles, tandis que les troupes saxonnes furent faites prisonnières de guerre. Les Prussiens occupèrent plusieurs places fortes saxonnes en attendant une paix solide. En décembre 1756, les troupes saxonnes refusèrent de lancer une attaque sans le soutien des Autrichiens. Le 14 décembre, l'armée resta en état de combat, attendant des nouvelles du Feld-Maréchal de Browne. Malgré la fatigue et la disette, les troupes restèrent prêtes à se sacrifier. Le mémoire saxon souligna le courage et la fidélité de l'armée, contrainte à des démarches accablantes. Les régiments saxons, forcés de se rendre au roi de Prusse, refusèrent de servir contre leur roi et leur patrie. Deux régiments se rebellèrent à Leipzig, tuant deux officiers prussiens et se dirigeant vers Prague. Cent cinquante soldats résistèrent à trois cents cavaliers prussiens et les forcèrent à se rendre, rejoignant ensuite la Bohême. Ces actions démontrèrent que les troupes saxonnes ne se rendirent que contraintes par leur situation.
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4
p. 205
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Le 4 Janvier la Chambre des Communes résolut d'accorder deux cens [...]
Mots clefs :
Londres, Chambre des communes, Flotte royale, Financement, Amiral Byng, Condamnation , Conseil de guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
DE LONDRES , le 8 Février.
Le 14 Janvier la Chambre des Communes réfolut
d'accorder deux cens vingt-trois mille neuf
cens trente-neuf livres pour la dépenſe ordinaire
de la Flotte royale pendant cette année ; cent
foixante-deux mille cinq cens cinquante - fept
pour l'artillerie employée au fervice de terre ;
dix mille pour l'entretien de l'Hôpital de Greenwich
; une pareille fomme pour la conftruction
d'un nouvel Hôpital à Plymouth , & trente mille
pour la Maifon des Enfans trouvés.
A l'exception du Lord Blackeney & d'un petit
nombre d'Officiers , tous les témoins qui ont été
entendus dans l'affaire de l'Amiral Byng , one
dépofé que la conduite de cet Amiral n'étoit
fufceptible d'aucun reproche. Cependant le Confeil
de guerre affemblé à Portſmouth pour juger
cet Amiral , a prononcé que conféquemment à
Particle XII du Code Militaire , il ne pouvoit fe
difpenfer de condamner cet Amiral à perdre la
vie ; mais qu'en même temps il fe croyoit obligé
d'implorer la clémence du Roi en faveur de cet
Officier. On affure que le Vice- Amiral Bofcawen
, qui eft parti en pofte pour Portſmouth , y
porte la grace de l'Amiral Byng , avec des ordres
pour garantir cet Officier de la fureur de la populace
, qui perfifte à vouloir qu'on en faffe une
victime publique.
DE LONDRES , le 8 Février.
Le 14 Janvier la Chambre des Communes réfolut
d'accorder deux cens vingt-trois mille neuf
cens trente-neuf livres pour la dépenſe ordinaire
de la Flotte royale pendant cette année ; cent
foixante-deux mille cinq cens cinquante - fept
pour l'artillerie employée au fervice de terre ;
dix mille pour l'entretien de l'Hôpital de Greenwich
; une pareille fomme pour la conftruction
d'un nouvel Hôpital à Plymouth , & trente mille
pour la Maifon des Enfans trouvés.
A l'exception du Lord Blackeney & d'un petit
nombre d'Officiers , tous les témoins qui ont été
entendus dans l'affaire de l'Amiral Byng , one
dépofé que la conduite de cet Amiral n'étoit
fufceptible d'aucun reproche. Cependant le Confeil
de guerre affemblé à Portſmouth pour juger
cet Amiral , a prononcé que conféquemment à
Particle XII du Code Militaire , il ne pouvoit fe
difpenfer de condamner cet Amiral à perdre la
vie ; mais qu'en même temps il fe croyoit obligé
d'implorer la clémence du Roi en faveur de cet
Officier. On affure que le Vice- Amiral Bofcawen
, qui eft parti en pofte pour Portſmouth , y
porte la grace de l'Amiral Byng , avec des ordres
pour garantir cet Officier de la fureur de la populace
, qui perfifte à vouloir qu'on en faffe une
victime publique.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 14 janvier, la Chambre des Communes a approuvé plusieurs allocations financières : 223 939 livres pour les dépenses de la Flotte royale, 62 557 livres pour l'artillerie terrestre, 10 000 livres pour l'entretien de l'Hôpital de Greenwich, une somme équivalente pour la construction d'un nouvel hôpital à Plymouth, et 30 000 livres pour la Maison des Enfants trouvés. Dans l'affaire de l'Amiral Byng, la plupart des témoins, à l'exception du Lord Blackeney et de quelques officiers, ont déclaré que la conduite de l'Amiral n'était pas répréhensible. Néanmoins, le conseil de guerre à Portsmouth a condamné l'Amiral Byng à mort selon l'Article XII du Code Militaire, tout en sollicitant la clémence du Roi. Le Vice-Amiral Boscawen s'est rendu à Portsmouth avec la grâce de l'Amiral Byng et des instructions pour le protéger de la colère du public.
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5
p. 173-176
DU NORD.
Début :
L'Impératrice a fait arrêter à Nerwa le Maréchal Apraxin, & des Commissaires [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Impératrice, Feld-Maréchal Apraxin, Détention, Officiers, Lettre, Batailles, Armées, Victoire, Conseil de guerre, Régiments d'infanterie, Démission
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE PETERSBOURG , le 15 Décembre.
L'IMPERATRICE a fait arrêter à Nerwa le Maréchal
Apraxin , & des Commiffaires font nomme
pour aller l'interroger fur plufieurs chefs d'accufation
produits à la Cour contre lui.
Depuis la détention de ce Maréchal , on a rendu
publique une Lettre très - forte , adreffée directe-
-ment à Sa Majesté Impériale le 14 Novembre dernier
, par le Général Sibilsky , Officier Polonois ,
qui commandoit un corps de troupes dans l'armée
Ruffienne . Cette Lettre s'exprime en ces termes :
a Très Séréniffime Impératrice , Votre Majefté
» Impériale , en me confiant le commandement
-» d'an corps de troupes de l'armée qu'Elle a fait
» marcher en Pruffe , m'a donné une marque
• ·
de fa bienveillance fi diftinguée & fi précieuſe ,
» que je n'ai point de termes affez forts pour ex-
> primer la reconnoiffance dont je fuis pénétré.
» Il m'eût été bien glorieux de vous facrifier ma
» vie au lit d'honneur : c'étoit-là l'objet de mon
» zele , le terme de mon ambition , & le moyen
» de m'acquitter envers V. M. I. Mais mon deſtin
» veut que je fois encore redevable à cet égard .
» Peut- être aurai-je même le regret d'emporter
Hiij
174 MERCURE DE FRANCE.
» cette dette au tombeau. Quoi qu'il en foit , je
ne puis , Très-Séréniffime Impératrice , diffimuler
» l'étonnement dont je fus faifi à mon arrivée fur
» le territoire ennemi , lorfque je vis les Cofaques
>> brûler , faccager & commettre les plus cruels
» excès , au mépris de toutes les loix de la guerre
» reçues chez les Nations policées . Dès-lors il me
» fut aifé de prévoir la difette de fubfiftances , où,
par une fuite naturelle de cet abus , ſe trouve-
» roit l'armée de V. M. I. Mais ma furpriſe & ma
» douleur augmenterent bien davantage , lorf-
» qu'après cette victoire complette , où les trou-
» pes de V. M. I. mirent l'ennemi en fuite , & dans
>> un défordre dont il étoit facile de profiter , pour
achever fa ruine , & lui porter un coup dont il
» n'eût pu fe relever , je vis négliger tous ces
» avantages , & que j'eus même la mortification
» de ne pouvoir obtenir trois Régimens d'Infante-
Drie , avec lefquels j'aurois moi - même entrepris
» d'aller à la pourfuite des vaincus . Mes propofi-
» tions étoient fondées fur l'expérience & fur la
→
nature des circonftances actuelles : j'y faifois
» enviſager une continuation de fuccès nullement
» douteux , mes raifons étoient appuyées fur des
» certitudes , plutôt que fur des probabilités ; enfin
j'offrois de garantir de ma perfonne l'exécu-
» tion de tout ce que je propofois. Mais j'eus le
» malheur de n'être pas écouté , & j'eus lieu bientôt
après de déplorer le réfultat inopiné, du
» Confeil de Guerre , où la retraite de l'armée de
» V. M. I. fut réfolue ; retraite auffi prématurée
» que précipitée , & qui s'exécuta par une armée
» victorieufe , pleine de courage & d'ardeur , brû-
» lant du defir de retourner au combat , encore
» fuffifamment pourvue de vivres & de munitions
» de guerre, & dont la moitié eût fuffi pour détruire
FEVRIER. 1758. 175
» entiérement un ennemi faifi de crainte & d'ef-
» froi . Je n'adhérai point au réſultat de ce Confeil
, parce que j'aurois été obligé d'agir contre
» mon devoir ; je ne le fignai pas non plus , parce
» que j'aurois bleffé ma confcience. Ainfi voyant
» que les opérations militaires étoient finies pour
» cette année , qu'on laiffoit là Konifberg ( quoi-
» que cette Ville qui n'attendoit que le moment
» de fe foumettre à V. M. I. eût déja dreffé une
» capitulation ) ; qu'enfin il n'étoit plus queftion
» que d'anticiper le temps des quartiers d'hyver' ;
>> par toutes ces confidérations , je jugeai que ma
» préſence ne pouvoit plus être d'aucune utilité à
» l'armée , & je priai le Feld- Maréchal Comte
» d'Apraxin de m'accorder ma démiffion ,
» vertu du plein pouvoir dont il étoit muni , & de
» permettre que je m'en retournaffe à Warfovie.
» Il y confentit , & fe chargea même d'en répon-
» dre à V. M. I , comme le prouve l'écrit figné de
» fa main dont je joins ici la copie.
en
» J'efpere donc que V. M. I. ne défaprouvera
» point mon départ de l'armée , & qu'Elle voudra
» bien me permettre de lui renouveller très - hum-
» blement l'offre de mes fervices . Quelque mé-
» diocres qu'ils foient , je la fupplie de les agréer ,
» fielle trouve à propos de faire reprendre le fil
>> des opérations militaires. Entiérement, foumis
>> aux volontés de V. M. I. je n'afpire qu'à la fer-
» vir utilement , & à faire connoître , au prix
» même de ma vie , le profond refpect dont je
» fuis pénétré pour fon augufte perfonne ». A
Warfovie , le 14 Novembre 1757. Signé , Sibilsky,
Baron de Wolfsberg.
On fait toutes les difpofitions néceffaires pour
faire rentrer inceffamment une armée de quatrevingts
mille hommes de troupes Ruffiennes dans
H iv
176 MERCURE DE FRANCE.
le Royaume de Pruffe. Quatorze Régimens tirés
de l'intérieur de l'Empire font déja en marche ,
pour en remplacer quelques autres , & furtout les
troupes irrégulieres.
DE PETERSBOURG , le 15 Décembre.
L'IMPERATRICE a fait arrêter à Nerwa le Maréchal
Apraxin , & des Commiffaires font nomme
pour aller l'interroger fur plufieurs chefs d'accufation
produits à la Cour contre lui.
Depuis la détention de ce Maréchal , on a rendu
publique une Lettre très - forte , adreffée directe-
-ment à Sa Majesté Impériale le 14 Novembre dernier
, par le Général Sibilsky , Officier Polonois ,
qui commandoit un corps de troupes dans l'armée
Ruffienne . Cette Lettre s'exprime en ces termes :
a Très Séréniffime Impératrice , Votre Majefté
» Impériale , en me confiant le commandement
-» d'an corps de troupes de l'armée qu'Elle a fait
» marcher en Pruffe , m'a donné une marque
• ·
de fa bienveillance fi diftinguée & fi précieuſe ,
» que je n'ai point de termes affez forts pour ex-
> primer la reconnoiffance dont je fuis pénétré.
» Il m'eût été bien glorieux de vous facrifier ma
» vie au lit d'honneur : c'étoit-là l'objet de mon
» zele , le terme de mon ambition , & le moyen
» de m'acquitter envers V. M. I. Mais mon deſtin
» veut que je fois encore redevable à cet égard .
» Peut- être aurai-je même le regret d'emporter
Hiij
174 MERCURE DE FRANCE.
» cette dette au tombeau. Quoi qu'il en foit , je
ne puis , Très-Séréniffime Impératrice , diffimuler
» l'étonnement dont je fus faifi à mon arrivée fur
» le territoire ennemi , lorfque je vis les Cofaques
>> brûler , faccager & commettre les plus cruels
» excès , au mépris de toutes les loix de la guerre
» reçues chez les Nations policées . Dès-lors il me
» fut aifé de prévoir la difette de fubfiftances , où,
par une fuite naturelle de cet abus , ſe trouve-
» roit l'armée de V. M. I. Mais ma furpriſe & ma
» douleur augmenterent bien davantage , lorf-
» qu'après cette victoire complette , où les trou-
» pes de V. M. I. mirent l'ennemi en fuite , & dans
>> un défordre dont il étoit facile de profiter , pour
achever fa ruine , & lui porter un coup dont il
» n'eût pu fe relever , je vis négliger tous ces
» avantages , & que j'eus même la mortification
» de ne pouvoir obtenir trois Régimens d'Infante-
Drie , avec lefquels j'aurois moi - même entrepris
» d'aller à la pourfuite des vaincus . Mes propofi-
» tions étoient fondées fur l'expérience & fur la
→
nature des circonftances actuelles : j'y faifois
» enviſager une continuation de fuccès nullement
» douteux , mes raifons étoient appuyées fur des
» certitudes , plutôt que fur des probabilités ; enfin
j'offrois de garantir de ma perfonne l'exécu-
» tion de tout ce que je propofois. Mais j'eus le
» malheur de n'être pas écouté , & j'eus lieu bientôt
après de déplorer le réfultat inopiné, du
» Confeil de Guerre , où la retraite de l'armée de
» V. M. I. fut réfolue ; retraite auffi prématurée
» que précipitée , & qui s'exécuta par une armée
» victorieufe , pleine de courage & d'ardeur , brû-
» lant du defir de retourner au combat , encore
» fuffifamment pourvue de vivres & de munitions
» de guerre, & dont la moitié eût fuffi pour détruire
FEVRIER. 1758. 175
» entiérement un ennemi faifi de crainte & d'ef-
» froi . Je n'adhérai point au réſultat de ce Confeil
, parce que j'aurois été obligé d'agir contre
» mon devoir ; je ne le fignai pas non plus , parce
» que j'aurois bleffé ma confcience. Ainfi voyant
» que les opérations militaires étoient finies pour
» cette année , qu'on laiffoit là Konifberg ( quoi-
» que cette Ville qui n'attendoit que le moment
» de fe foumettre à V. M. I. eût déja dreffé une
» capitulation ) ; qu'enfin il n'étoit plus queftion
» que d'anticiper le temps des quartiers d'hyver' ;
>> par toutes ces confidérations , je jugeai que ma
» préſence ne pouvoit plus être d'aucune utilité à
» l'armée , & je priai le Feld- Maréchal Comte
» d'Apraxin de m'accorder ma démiffion ,
» vertu du plein pouvoir dont il étoit muni , & de
» permettre que je m'en retournaffe à Warfovie.
» Il y confentit , & fe chargea même d'en répon-
» dre à V. M. I , comme le prouve l'écrit figné de
» fa main dont je joins ici la copie.
en
» J'efpere donc que V. M. I. ne défaprouvera
» point mon départ de l'armée , & qu'Elle voudra
» bien me permettre de lui renouveller très - hum-
» blement l'offre de mes fervices . Quelque mé-
» diocres qu'ils foient , je la fupplie de les agréer ,
» fielle trouve à propos de faire reprendre le fil
>> des opérations militaires. Entiérement, foumis
>> aux volontés de V. M. I. je n'afpire qu'à la fer-
» vir utilement , & à faire connoître , au prix
» même de ma vie , le profond refpect dont je
» fuis pénétré pour fon augufte perfonne ». A
Warfovie , le 14 Novembre 1757. Signé , Sibilsky,
Baron de Wolfsberg.
On fait toutes les difpofitions néceffaires pour
faire rentrer inceffamment une armée de quatrevingts
mille hommes de troupes Ruffiennes dans
H iv
176 MERCURE DE FRANCE.
le Royaume de Pruffe. Quatorze Régimens tirés
de l'intérieur de l'Empire font déja en marche ,
pour en remplacer quelques autres , & furtout les
troupes irrégulieres.
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Résumé : DU NORD.
Le 15 décembre, l'impératrice a ordonné l'arrestation du maréchal Apraxin à Nerwa. Des commissaires ont été désignés pour l'interroger sur plusieurs accusations portées contre lui. Parallèlement, une lettre du général Sibilsky, officier polonais commandant un corps de troupes dans l'armée russe, a été rendue publique. Datée du 14 novembre, cette lettre exprime la gratitude de Sibilsky envers l'impératrice pour lui avoir confié le commandement des troupes en Prusse. Il regrette de n'avoir pu sacrifier sa vie pour elle et critique les actions des Cosaques, qui ont brûlé, pillé et commis des excès sur le territoire ennemi, compromettant ainsi les approvisionnements de l'armée. Sibilsky déplore également la négligence des avantages militaires après une victoire, notamment le refus de poursuivre l'ennemi malgré ses propositions fondées sur l'expérience et les circonstances. Il mentionne sa démission et son retour à Varsovie, espérant que l'impératrice acceptera ses services pour les futures opérations militaires. En outre, des préparatifs sont en cours pour faire entrer 80 000 hommes de troupes russes en Prusse, avec des régiments de l'intérieur de l'Empire en marche pour les remplacer.
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6
p. 197-198
DE LONDRES, le 4 Février.
Début :
Le Roi a nommé Gouverneur de Gibraltar le Général-major Robert Leighton, [...]
Mots clefs :
Roi, Gouverneur, Nation, Amérique, Conquête, Canada, Lords, Conseil de guerre, Froid, Températures extrêmes
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texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 4 Février.
De LONDRES , le 4 Février.
Le Roi a nommé Gouverneur de Gibraltar le
Général -major Robert Leighton, qui partira dans
peu pour s'y rendre .
Quelque fujet qu'ait la Nation de s'applaudir
de fes fuccès en Amérique , dans les deux dernieres
années , on prétend aujourd'hui qu'ils ont été
trop lents. La conquête du Canada n'eût été ,
dit-on , que l'ouvrage d'une ou de deux campagnes
, fi nos Généraux fe fuffent comportés avec
l'intelligence & le défintéreffement convenabies.
En conféquence , la conduite des Lords Loudon
& Charles Hay , qui commandoient en 1756 &
1757 , doit être exaininée dans un Confeil de
guerre que Sa Majefté vient de nommer.
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Il a fait un froid exceffif ici , depuis environ le
milieu de Décembre jufqu'à la fin du mois dernier.
Pendant tout en temps, on a trouvé, preſque chaque
jour, des perfonnes mortes de froid dans les
rues ou fur les chemins. La Tamile a été gelée ,
& plufieurs vaiffeaux ont été entraînés & brifés
par le choc des glaçons.
Le Roi a nommé Gouverneur de Gibraltar le
Général -major Robert Leighton, qui partira dans
peu pour s'y rendre .
Quelque fujet qu'ait la Nation de s'applaudir
de fes fuccès en Amérique , dans les deux dernieres
années , on prétend aujourd'hui qu'ils ont été
trop lents. La conquête du Canada n'eût été ,
dit-on , que l'ouvrage d'une ou de deux campagnes
, fi nos Généraux fe fuffent comportés avec
l'intelligence & le défintéreffement convenabies.
En conféquence , la conduite des Lords Loudon
& Charles Hay , qui commandoient en 1756 &
1757 , doit être exaininée dans un Confeil de
guerre que Sa Majefté vient de nommer.
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
Il a fait un froid exceffif ici , depuis environ le
milieu de Décembre jufqu'à la fin du mois dernier.
Pendant tout en temps, on a trouvé, preſque chaque
jour, des perfonnes mortes de froid dans les
rues ou fur les chemins. La Tamile a été gelée ,
& plufieurs vaiffeaux ont été entraînés & brifés
par le choc des glaçons.
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Résumé : DE LONDRES, le 4 Février.
Le 4 février, le roi a nommé le général-major Robert Leighton gouverneur de Gibraltar. Ce dernier doit bientôt partir pour prendre ses fonctions. Malgré les succès récents de la Nation en Amérique au cours des deux dernières années, leur lenteur est critiquée. La conquête du Canada aurait pu être réalisée en une ou deux campagnes si les généraux avaient fait preuve d'intelligence et de détermination. Par conséquent, la conduite des lords Loudon et Charles Hay, qui commandaient respectivement en 1756 et 1757, sera examinée par un conseil de guerre nommé par Sa Majesté. Par ailleurs, Londres a connu un froid exceptionnel depuis mi-décembre jusqu'à la fin du mois dernier. Durant cette période, plusieurs personnes sont mortes de froid dans les rues ou sur les chemins. La Tamise a gelé, entraînant la destruction de plusieurs vaisseaux par les glaçons.
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7
p. 212-213
DE LONDRES, le 20 Mars.
Début :
Les troupes destinées pour l'Allemagne, s'embarquent actuellement en différens ports [...]
Mots clefs :
Troupes, Flotte, Escadre, Conseil de guerre, Mer baltique, Seigneur, Témoins
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texteReconnaissance textuelle : DE LONDRES, le 20 Mars.
De LONDRES , le 20 Mars.
Les troupes deftinées pour l'Allemagne , s'em
barquent actuellement en différens ports du
Royaume. On les fait monter à vingt-un mille
cinq cens hommes. La grande flotte qu'on deftine
à agir contre les côtes de France , eft à la rade
de Spithead , prête à mettre à la voile . Elle attend
les troupes qui doivent s'y embarquer .
L'efcadre deftinée pour la mer Baltique , n'eft
pas encore formée. On affure , que les Puiffances
du Nord ont témoigné , qu'elles ne verroient pas
avec indifférence une efcadre Angloife dans cette
mer.
Le Confeil de guerre , chargé de l'affaire du
Lord Georges Sackeville , a été occupé , depuis
le 6 jufqu'au 12 , à entendre les témoins venus
d'Allemagne , pour dépofer contre lui . Les
fieurs de Vilingerode & de Derenthal , Adjudans
généraux du Prince Ferdinand , font les deuxpincipaux.
On dit qu'ils l'ont beaucoup chargé.
AVRIL. 1760. 215
Ce Seigneur a produit , le 15 & les jours fuivans
, les témoins qui lui font favorables. La
décifion de ce Procès ne fçauroit tarder.
Les troupes deftinées pour l'Allemagne , s'em
barquent actuellement en différens ports du
Royaume. On les fait monter à vingt-un mille
cinq cens hommes. La grande flotte qu'on deftine
à agir contre les côtes de France , eft à la rade
de Spithead , prête à mettre à la voile . Elle attend
les troupes qui doivent s'y embarquer .
L'efcadre deftinée pour la mer Baltique , n'eft
pas encore formée. On affure , que les Puiffances
du Nord ont témoigné , qu'elles ne verroient pas
avec indifférence une efcadre Angloife dans cette
mer.
Le Confeil de guerre , chargé de l'affaire du
Lord Georges Sackeville , a été occupé , depuis
le 6 jufqu'au 12 , à entendre les témoins venus
d'Allemagne , pour dépofer contre lui . Les
fieurs de Vilingerode & de Derenthal , Adjudans
généraux du Prince Ferdinand , font les deuxpincipaux.
On dit qu'ils l'ont beaucoup chargé.
AVRIL. 1760. 215
Ce Seigneur a produit , le 15 & les jours fuivans
, les témoins qui lui font favorables. La
décifion de ce Procès ne fçauroit tarder.
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Résumé : DE LONDRES, le 20 Mars.
Le 20 mars, environ 21 500 soldats britanniques se préparent à embarquer vers l'Allemagne depuis divers ports du Royaume-Uni. Une flotte importante, destinée à opérer contre les côtes françaises, est prête à appareiller depuis Spithead et attend l'embarquement des troupes. L'escadre prévue pour la mer Baltique n'est pas encore constituée, en raison de la désapprobation des puissances du Nord face à une éventuelle présence navale britannique dans cette région. Parallèlement, le Conseil de guerre a auditionné du 6 au 12 mars des témoins allemands contre Lord Georges Sackeville. Les principaux témoins à charge sont les adjudants généraux du Prince Ferdinand, Vilingerode et Derenthal. Lord Georges Sackeville a présenté ses propres témoins favorables le 15 avril et les jours suivants. La décision de ce procès est imminente.
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