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1
p. 172-174
Mademoiselle de Vaillac prend l'Habit de Carmelite. [titre d'après la table]
Début :
Comme on invente tous les jours quelque chose de nouveau [...]
Mots clefs :
Mademoiselle de Vaillac, Carmelites, Cérémonie
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texteReconnaissance textuelle : Mademoiselle de Vaillac prend l'Habit de Carmelite. [titre d'après la table]
Comme on invente tous les
joursquelque choſe de nouveau dans lemonde, on renonce auffi tous le jours à ce qu'il y a de plus engageant. C'eſt ce que fit encordernierement Mademoifelle de Vaillac , en prenant
Habit aux grandes Carmelites,
en preſence de Leurs Alteſſes Royales Monfieur & Madame,
qui luy firent l'honneur d'af- fifter à cette Ceremonie , accompagnez de quantité de Per- ſonnes des plus qualifiéesde la Cour. Elle eſt cadette de cette
belle Mademoiselle de Vaillac,
dont le merite fait tant de bruit,
&dont on ne peutdire trop de bien. Si l'une fait fon bonheur
de la Retraite , l'autre peut faire
GALAN Τ. 109
e
1
S
1
celuy d'un des plus honneſtes Hommes du Royaume. Elle eft auſſi bien faite que belle , ſa tail- le eſt grande &dégagée , on ne peut avoir de plus beaux yeux,
&ce qui eſt un fort grand char- me, ſa bonté va audelà de tous
ceux de fa Perſonne .
joursquelque choſe de nouveau dans lemonde, on renonce auffi tous le jours à ce qu'il y a de plus engageant. C'eſt ce que fit encordernierement Mademoifelle de Vaillac , en prenant
Habit aux grandes Carmelites,
en preſence de Leurs Alteſſes Royales Monfieur & Madame,
qui luy firent l'honneur d'af- fifter à cette Ceremonie , accompagnez de quantité de Per- ſonnes des plus qualifiéesde la Cour. Elle eſt cadette de cette
belle Mademoiselle de Vaillac,
dont le merite fait tant de bruit,
&dont on ne peutdire trop de bien. Si l'une fait fon bonheur
de la Retraite , l'autre peut faire
GALAN Τ. 109
e
1
S
1
celuy d'un des plus honneſtes Hommes du Royaume. Elle eft auſſi bien faite que belle , ſa tail- le eſt grande &dégagée , on ne peut avoir de plus beaux yeux,
&ce qui eſt un fort grand char- me, ſa bonté va audelà de tous
ceux de fa Perſonne .
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Résumé : Mademoiselle de Vaillac prend l'Habit de Carmelite. [titre d'après la table]
Mademoiselle de Vaillac, cadette de la célèbre Mademoiselle de Vaillac, a rejoint les grandes Carmélites. La cérémonie a eu lieu en présence de Leurs Altesses Royales et de nombreuses personnalités de la cour. Elle est décrite comme belle, bien faite, avec une taille élancée et des yeux remarquables, et surtout dotée d'une bonté exceptionnelle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 37-40
« Après vous avoir parlé fort amplement dans deux de mes [...] »
Début :
Après vous avoir parlé fort amplement dans deux de mes [...]
Mots clefs :
Lettres, Campagne, Armes, Conversion, Religion prétendue réformée, Honneur, Cérémonie
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texteReconnaissance textuelle : « Après vous avoir parlé fort amplement dans deux de mes [...] »
Apres vous avoir parlé fore
amplement dans deux de mes
Lettres , des avantages que les
Vénitiens ont remporté fur les
Turcs cette derniere Campagne,
38
MERCURE
je vous envoye le Plan de Sainte
Maure , & de Prévefa , qui font
les deux principales Places que
leurs Armes ont foûmiſes . Vous
levez d'autant plus eftimer ce
Plan , que je l'ay reçû d'un illuftre
Commandeur de Malte , qui
l'a fait dreffer fur les Lieux mêmes
. Ainfi il eft tres- fidelle ,
ayant efté gravé fur un Original,
& non fur ces Deffeins , qui à
force de paffer de main en main ,
& d'eftre copiez par diférentes
Perfonnes, font presque toûjours
défectueux . Si je vous l'envoye
un peu tard ,fongez que ces fortes
de chofes , fur tout quand elles
viennent de loin , ne peuvent
eftre données dans le même
temps qu'on en donne le détail ;
& mefme je mefouviens de vous
en avoir envoyé quelquefois
apres une annéeentiere. J'ay acGALANT.
39
coûtumé de faire graver les Jettons
nouveaux dans ce mois . le
les remets cependant jufqu'au
mois prochain , afin d'avoir plus
de temps à m'informer des Deviles.
Je vous promis la derniere fois ,
de vous entretenir de la Converfion
de Monfieur Alexandre Vignes
, fameux Miniftre de la Religion
Prétenduë Reformée de la
Ville de Grenoble . Ie ne puis
mieux m'acquiter de ma promeffe
, qu'en vous envoyant deux
Lettres qu'on m'a fait l'honneur
de m'adreffer fur ce fujet . Ie les
ay reçues imprimées; & on ne les
auroit pas rendues publiques.
dans le Lieu meſme où cet ancien
& fçavant Miniftre a fait Abjuration
, fielles contenoient autre
choſe que des veritez. Le Parlement
& la Chambre des Comp40
MERCURE
tes , qui ont affifté en Corps à
cette Cerémonie , en font une
particularité fort remarquable.
amplement dans deux de mes
Lettres , des avantages que les
Vénitiens ont remporté fur les
Turcs cette derniere Campagne,
38
MERCURE
je vous envoye le Plan de Sainte
Maure , & de Prévefa , qui font
les deux principales Places que
leurs Armes ont foûmiſes . Vous
levez d'autant plus eftimer ce
Plan , que je l'ay reçû d'un illuftre
Commandeur de Malte , qui
l'a fait dreffer fur les Lieux mêmes
. Ainfi il eft tres- fidelle ,
ayant efté gravé fur un Original,
& non fur ces Deffeins , qui à
force de paffer de main en main ,
& d'eftre copiez par diférentes
Perfonnes, font presque toûjours
défectueux . Si je vous l'envoye
un peu tard ,fongez que ces fortes
de chofes , fur tout quand elles
viennent de loin , ne peuvent
eftre données dans le même
temps qu'on en donne le détail ;
& mefme je mefouviens de vous
en avoir envoyé quelquefois
apres une annéeentiere. J'ay acGALANT.
39
coûtumé de faire graver les Jettons
nouveaux dans ce mois . le
les remets cependant jufqu'au
mois prochain , afin d'avoir plus
de temps à m'informer des Deviles.
Je vous promis la derniere fois ,
de vous entretenir de la Converfion
de Monfieur Alexandre Vignes
, fameux Miniftre de la Religion
Prétenduë Reformée de la
Ville de Grenoble . Ie ne puis
mieux m'acquiter de ma promeffe
, qu'en vous envoyant deux
Lettres qu'on m'a fait l'honneur
de m'adreffer fur ce fujet . Ie les
ay reçues imprimées; & on ne les
auroit pas rendues publiques.
dans le Lieu meſme où cet ancien
& fçavant Miniftre a fait Abjuration
, fielles contenoient autre
choſe que des veritez. Le Parlement
& la Chambre des Comp40
MERCURE
tes , qui ont affifté en Corps à
cette Cerémonie , en font une
particularité fort remarquable.
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3
p. 74-76
Benédiction de la Chapelle du Seminaire des Irlandois. [titre d'après la table]
Début :
En vous parlant de Benediction & d'Abbaïe, je ne dois pas oublier [...]
Mots clefs :
Abbé, Chapelle, Séminaire, Prêtre, Cérémonie
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texteReconnaissance textuelle : Benédiction de la Chapelle du Seminaire des Irlandois. [titre d'après la table]
En vous parlant de Benediction
& d'Abbaïe , je ne dois
GALAN T. 7.5
pas oublier à vous dire , que le
Dimanche 31. de l'autre mois
Monfieur l'Abbé Cheron , Chanoine
de l'Eglife de Paris , &
Official de Monfieur l'Archevefque
,
fit par fon ordre la Bene →
diction de la Chappelle du Séminaire
des Preftres Irlandois , Ruë
des Vignes , Fauxbourg faint
Marceau. La Benédiction eftant
faite , ce même Abbé celebra
la Meffe , affifté de Monfieur Fils
Patrick , Abbé de Leix , Supérieur
de ce Seminaire , & de tous
les Preftres qui le compofent. Il
y eut un fort grand concours de
Peuple. Monfieur le Duc de Richelieu
, & Monfieur le marquis
de Chandenier , furent prefens
àcette Ceremonie, auffi bien que
Meffieurs les Prefidens de meſmes
& de Bailleul , & autres Perſonnes
de rang. Le Roy voulant
23
D 2
76 MERCURE
donner retraite à tant de pauvres
Preftres & Ecoliers que la
Religión Catholique oblige à fortir
d'Angleterre , d'Ecoffe & d'Irlande
, établit ce Seminaire
en 1672 .
& d'Abbaïe , je ne dois
GALAN T. 7.5
pas oublier à vous dire , que le
Dimanche 31. de l'autre mois
Monfieur l'Abbé Cheron , Chanoine
de l'Eglife de Paris , &
Official de Monfieur l'Archevefque
,
fit par fon ordre la Bene →
diction de la Chappelle du Séminaire
des Preftres Irlandois , Ruë
des Vignes , Fauxbourg faint
Marceau. La Benédiction eftant
faite , ce même Abbé celebra
la Meffe , affifté de Monfieur Fils
Patrick , Abbé de Leix , Supérieur
de ce Seminaire , & de tous
les Preftres qui le compofent. Il
y eut un fort grand concours de
Peuple. Monfieur le Duc de Richelieu
, & Monfieur le marquis
de Chandenier , furent prefens
àcette Ceremonie, auffi bien que
Meffieurs les Prefidens de meſmes
& de Bailleul , & autres Perſonnes
de rang. Le Roy voulant
23
D 2
76 MERCURE
donner retraite à tant de pauvres
Preftres & Ecoliers que la
Religión Catholique oblige à fortir
d'Angleterre , d'Ecoffe & d'Irlande
, établit ce Seminaire
en 1672 .
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Résumé : Benédiction de la Chapelle du Seminaire des Irlandois. [titre d'après la table]
Le 31 du mois précédent, la chapelle du Séminaire des Prêtres Irlandois a été bénie par l'Abbé Cheron. L'Abbé Patrick et les prêtres du séminaire ont assisté à la messe. Le Duc de Richelieu et d'autres personnalités étaient présents. Le roi avait fondé ce séminaire en 1672 pour accueillir les catholiques d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 208-225
Suite de l'Article de Siam. [titre d'après la table]
Début :
Je n'ay point douté que vous ne fussiez contente du second Article [...]
Mots clefs :
Royaume de Siam, Roi, Ambassadeurs, Versailles, Officiers, Repas, Marquis, Audience, Prince, Galeries, Compliments, Conquêtes, Carrosses, Saint-Cloud, Jardins, Réception, Cérémonie, Peuple, Amitié, Discours, Admiration, Bénédictions du ciel, Sa Majesté, Bonté, Adoration, Opéra, Jean-Baptiste Colbert de Seignelay
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texteReconnaissance textuelle : Suite de l'Article de Siam. [titre d'après la table]
Je n'ay point douté que vous
ne fuffiez
contente
du fecond
Article
de Siam que je vous ay
envoyé
dans ma Lettre de Decembre
. Outre
qu'il contient
quantité
de chofes curieufes
, il
fait connoître
combien
la reputation
du Roy eft établie
dans
les Païs les plus éloignez
; & c'étoit
affez pour vous obliger
à le
lire avec plaifir. En voicy la fuite
. Ces deux Mandarins
Envoyez
de Siam , accompagnez
de fix
Domestiques
, étant arrivez
le 6.
d'Octobre
dernier
à Calais
, fur
un Yach du Roy d'Angleterre
, y
furent reçeus par le Major de la
Place , fuivy de fes Officiers
, en
l'abfence
de Monfieur
de Courtebonne
, Lieutenant
de Roy.
GALANT. 109
Toute la Garniſon étoit fous les
Armes , & la Ville les alla complimenter
, & leur porta les Prefens
accoûtumez. Ils en partirent
le lendemain , & prirent la route
de Paris, où ils fe rendirent le 13 .
La Langue Siamoife étant extrêmement
difficile , ils avoient pour
leur Interprete le Fils d'un Portugais
qui eft habitué à Siam , où
ce Fils eft né. Des Officiers qui
les attendoient à Calais , eurent
foin de leur Voiture & de leur
Table fur tout le chemin. Quoy
qu'ils foient fort fobres , comme
le font tous les Siamois , qui ne
mangent le plus fouvent que du
Ris , ce qu'ils appellent du Pilau,
leur Table a efté toûjours tresbien
fervie , & de Viandes fort
delicates,avec des Couverts pour
les Perfonnes de confideration
qui les venoient voir. Ils les fer210
MERCURE
voient , & je leur ay vû couper
des aîles de Perdrix fort proprement.
Ils fumoient quelquefois
aprés le repas . Leur Tabac eft
fort doux ; & lors qu'il leur a
manqué , ils n'ont pu s'accoûtumer
à celuy de ce Païs - cy , qui
les enteftoit . Aprés leur arrivée
ils ont efté long temps fans fortir;
& quoy que la Saifon ne fuft pas
rude , l'exceffive chaleur de leur
Païs leur faifoit fupporter nos
premiers froids avec peine . Monfieur
le Marquis de Seignelay
étant venu icy de Fontainebleau ,
un peu aprés qu'ils y furent arriils
en eurent audience . Je
vous ay marqué exactement dans
quelqu'une de mes Lettres , ce
qui s'y étoit paffé . Le 28.d'Octo
bre, ils allerent falüer Monfieur ;
mais ils n'eurent pas de ce Prince
une audience dans les formes ,
vez ,
GALANT. 211
parce qu'ils ne font envoyez
qu'aux Miniftres de France , pour
s'informer , comme je vous l'ay
déja marqué , des Ambaffadeurs
que le Roy de Siam avoit envoyez
à Sa Majesté , & que l'on
croit qui ont péry dans ce long
Voyage. Monfieur fe promenoit
dans la Galerie du Palais Royal;
& lors qu'on leur eut montré ce
Prince , ils firent couler le long
du Plancher un grand morceau
d'Etofe , qui fait partie de leur
habillement , & qui leur fert en
de pareilles occafions . Ils s'éten
dirent deffus , d'une maniere treshumiliée
, & firent compliment
à Monfieur fur le gain de la Bataille
de Caffel , & fur la Prife de
plufieurs Places conquifes par
luy , dont le bruit s'eftoit répandu
jufques à Siam. Monfieur leur
dit qu'ils fe relevaffent , ce qu'ils
212
MERCURE
ne firent pas d'abord , de forte
que ce Prince fut obligé de le dire
juſques à quatre fois , & mefme
de le commander . Ils pafférent
enfuite fur la Galerie découverte,
qui a veüe fur le lardin &
fur la Court , & virent Son Alteffe
Royale monter en Carroffe
au bruit des Trompettes, pour aller
à S. Clou . Elle eftoit fuivie d'un
grand nombre de Gardes à cheval
, & de plufieurs Carroffes à
fix Chevaux ; & avoit ordonné
que l'on en donnaft auffi à ces
deux Mandarins , ainſi qu'aux
Perfonnes de leur fuite. On les
conduifit à S. Cloud , où ils furent
régalez par les ordres de
Monfieur. Ils virent la fuperbe
Galerie , & les deux magnifiques
Sallons de cette délicieufe Maifon,
auffi bien que tous les Apartemens;
& ils furent charmez de
GALANT. 213
ོ་
la beauté des lardins , dont on fit
jouer toutes les Eaux. Ils fe retirérent
charmez , moins encore
de tout ce qu'ils avoient veu , que
de la Perfonne de ce Prince ,
qu'ils admirérent , & dont ils ont
fouvent parlé depuis ce tempslà.
Ils ont auffi efté voir le Iardin
& les Apartemens des Thuileries
, & furent furpris de l'éclat
& de la richeffe de la grande Salle
des Machines . Quelque temps
apres ils allérent à Chantilly.
Monfieur Vachet les entretint en
chemin des belles qualitez de
Monfieur le Prince , & de fa grande
valeur ; & ce fut pourquoy
auffi toft que ces Mandarins le
virent , le plus vieux dit , Que le
brillant qui fortoit des yeux
de ce
Prince , le perfuadoit mieux de fon
efprit & de fa valeur , que tout ce
qu'on luy en avoit dit.Vous remar214
MERCURE
querez que ce Mandarin eft non
feulement Chiromancien , mais
encore fort bon Phifionomifte ;
& que c'eft la Science à laquelle
s'appliquent les plus grands Seigneurs
Siamois. L'obligeante reception
que Monfieur le Prince
fit à ces deux Envoyez , leur fut fi
agreable , qu'ils prièrent plufieurs
fois Monfieur Vachet , de luy
faire entendre qu'ils n'eftoient
que fimples Envoyez , & non
pas Ambaffadeurs , craignant
que Son Alteffe Seréniffime ne
cruft qu'ils eftoient , revestus
de ce caractere . Ils répondirent
à ce Prince , lors qu'il leur fit demander
ce qu'il leur ſembloit de
fa Maifon , qu'on avoit pris foin
de leur montrer fort exactement
,
Qu'ils n'avoient pas de paroles
pouren pouvoir exprimer la beauté;
mais qu'ils ne s'étonnoient plus de
GALANT.
215
=
ce que Son Alteffe preferoit lefejour
de Chantilly à celuy de Paris. Ils
ont efté trois ou quatre fois à la
Comédie , & ils ont fur tout esté
furpris de la grande quantité de
monde qu'ils y ont vu. Ils avoient
crû d'abord , qu'on faifoit ces
grandes , Affemblées exprés pour
eux , & pour leur faire voir la
prodigieufe quantité de Peuple
qui remplit Paris , & on les furprit
extrémement en les détrompant.
On leur a fait entendre
une grande Meffe à Noftre-
Dame , un jour que Monfieur
l'Archevefque officioit , afin de
leur faire voir nos Cerémonies
* Eccléfiaftiques dans tout leur
éclat ; ils ont auffi vû celles de
l'Ouverture du Parlement. L'af-
Aluence du Peuple eftoit fi grande
en l'une & en l'autre , qu'ils
dirent , Que Paris n'eftoit pas une
116 MERCURE
Ville , mais un Monde. Le 27 .
Novembre , ayant efté amenez
à Versailles , ils defcendirent à
l'Apartement de Monfieur de
Croiffy , Miniftre & Secretaire
d'Etat , qui les reçût dans fon
Cabinet. Il y avoit un Tapis tendu
depuis la porte jufqu'à un
Fauteuil qui étoit au fond , &
dans lequel ce Miniftre étoit affis .
Ils fe profternérent fur ce Tapis,
& s'étant relevez quelque temps
apres , & mis fur leurs talons , le
plus jeune de ces Envoyez luy
dit , Que le Roy de Siam , fon Maitre
, avoit voulu rechercher l'amitié
du Roy , par la connoiffance qu'il
avoit defes Conqueftes , de la profpéritédefes
Armes , du bonheur de
Ses Sujets , & de fa fage conduite,
& que pour cela il avoit envoyé des
Ambaffadeurs , qui avoient , ordre
de prier Sa Majesté de vouloir bien
GALANT. 217
e
0
luy en envoyer auffi de fa part , afin
de mieux établir la correspondance
qu'il fouhaitoit qui ſefift entr'eux;
mais
que n'en ayant point entendu
e parler depuis leur départ , il les
avoit choifis pour remplir fa place,
afin de luy faire une pareille décla
ration , & luy temoigner la joye
& qu'il avoit de la naiffance de Monfeigneur
le Duc de Bourgogne . Ce
Difcours eftant finy ,l'autre Mandarin
fe leva , & porta à Monfieur
de Croiffy une Lettre que le Barcalon
luy écrivoit. C'est le nom
qu'on donne au Premier Miniftre
du Roy de Siam. Monfieur de
il Croiffy receut cette Lettre debout
, & le Mandarin s'étant remis
en fa place , il leur répondit ,
que la perte des Ambaffadeurs
du Roy leur Maiftre l'avoit d'autant
plus touché , qu'il avoit cfté
émoin du deplaifir qu'elle avoit
Fanvier 1685. K
218 MERCURE
caufé à Sa Majefté ; Que file
bruit de la gloire qu ' Elle s'étoit
acquife par le nombre furprenant
de fes Conqueftes , & de fes
Actions plus qu'humaines , qui
font l'admiration de toute la terre ,
avoit infpiré au Roy de Siam , le
defir de contracter une amitié
fincére avec Elle , noftre Grand
Monarque n'étoit pas moins difpofé
à témoigner au Roy leur
Maiftre , par toute forte de moyens
, la haute eftime qu'il avoit
pour luy , qu'il avoit même déja
voulu malgré la vaſte étenduë
des Mers , qui féparent les deux
Empires , de luy envoyer le plus
promptement qu'il fe pourroit un
Ambaffadeur , pour luy marquer
le cas qu'il faifoit de fon amitié ,
& l'exorter d'autant plus à reconnoître
le vray Dieu , que Sà Majefté
ne doutoit point qu'Elle ne
GALANT.* 219
X
S
1
duft aux Benedictions du Ciel ,
toutes les profperitez de fon
Regne , & que la pureté de fa
Croyance pourroit le plus folidement
établir entr'eux l'union
qu'il fouhaitoit, comme elle avoit
toûjours fait la régle des Allian-
& amitiez de Sa Majesté.
Ce Miniftre affura auffi ces Envoyez
du plaifir ,
, que faifoit au
Roy la protection que celuy de
Siam donne à Monfieur l'Evef
que d'Heliopolis , & à tous les
autres Miffionnaires .
ces ,
Comme ils n'étoient , ny Ambaffadeurs
, ny Envoyez vers le
Roy , ils ne devoient point voir
Sa Majesté. Cependant ce Monarque
ne voulut pas que des
Gens qui étoient venus de fix mille
lieuës , s'en retournaffent fans
recevoir cet honneur . D'ailleurs
il crut leur devoir donner cette.
K 2
220 MERCURE
fatisfaction en
confideration du
Roy de Siam , qui le premier avoit
envoyé une auffi celebre Ambaffade
que
celle dont je vous ay
parlé , avec des Prefens compofez
de tout ce qu'il avoit pû trouver
de plus riche dans fes Trefors . Il
fut done refolu que ces deux
Mandarins verroient le Roy , lors
que Sa Majesté traverseroit
la
Galerie de Verfailles pour aller
entendre la Meffe .
Ainfi apres l'Audience qu'ils
avoient cuë de Monfieur de
Croiffy , ils furent conduits dans
cette Galerie , où ils fe profternérent
quand le Roy parut. Sa
Majefté les voyant demeurer en
cet état , demanda s'ils ne fe releveroient
point , à quoy Monfieur
Vachet répondit , qu'ayant
accoûtumé d'étre toûjours dans
cette poſture devant le Roy leur
GALANT. 221
Maiftre , ils s'y tiendroient auffi
devant Elle . Le Roy demanda
cncore s'ils avoient quelque chofe
à luy dire , & l'un des Mandarins
répondit, Qu'ils étoient extré
mement obligez au Roy , qui avoit
bien voulu leur permettre de voir fon
Augufte Majesté. Le Roy leur dit
qu'il eftoit bien aiſe de voir des
Sujets d'un Prince qu'il confidéroit
, & Sa Majesté fe retira apres
avoir donné ordre à Monfieur
Vachet de les faire relever. Comme
la Cour de France eft fort
groffe , & que le Roy eſt toûjours
environné de la plupart des Officiers
de la Couronne , & d'un
grand nombre de Princes & Seigneurs
, ils furent d'autant plus
furpris de voir une fi grande foule
auprés de fa Perfonne qu'aucun
n'aproche de celle des Roys
d'Orient , qu'on ne regarde qu'a-
K
3
222 MERCURE
avec adoration ; & ils dirent en
même temps , Qu'ils admiroient
un fi grand Monarque , qui pouvant
d'une parole ou d'un clin d'oeil
écarter cettefoulé, avoit néanmoins
la bonté de la fouffrir auprés de luy ,
& qui vivoit avecfes Sujets , comme
ils faifoient dans leur Domestique
avec leurs Enfans. Monfieur Vachet
leur dit , Que la bonté du Roy
ne rendoit pas fes Suiets moins refpectueux
, & qu'il n'en étoit pas
moins abfolu dans fes Etats ; Il leur
dit encor , que tous ces grands Seigneurs
qui étoient auprés defa Per-
Jonne , étoient encore plus empreffe
à l'environner , quand ce Prince
s'expofoit au peril de la Guerre , ce
qu'il luy arrivoit fouvent , ce Monarque
voulant aller reconnoistre
luy- méme tontes les Places qu'il attaquoit.
Le 16. de ce mois , ils
retournérent à Versailles , virent
1
GALANT. 223
l'Opera de Roland où le Roy
étoit , & ils eurent prefque toûjours
les yeux attachez fur Sa
Majefté , parce que lors qu'ils fe
profternérent dans la Galerie ,
leur profonde humiliation les
avoit empechez de regarder ce
Monarque. le dois vous dire icy
que ces Envoyez font un Iournal
de leur Voyage , pour en rendre
compte au Roy de Siam , & qu'aprés
avoir vu les Apartemens &
les Eaux de Verfailles : ils dirent
à Monfieur Vachet , Qu'il leur
étoit impoffible d'exprimer ce qu'ils
avoient vû , qu'il pouvoit en faire
• Luy- méme la defcription , & y mettre
tout ce qu'ils voudroit , & qu'ils
le figneroient , parce qu'ils étoient
affure que l'on n'en pouvoit trop
aſſure
dire. Pendant leur féjour à Paris,
ils ont peu forty à cauſe du grand
froid qu'il a fait , ils ont efté la
K
4
224
MERCURE
plupart du temps au lit , & on
ne les a vûs qu'à dîner : La premiére
Neige de cet Hyver étant
tombée la nuit, ce qu'ils en virent
le lendemain , les furprit beaucoup
, & ils croyoient qu'on l'euft
mife au lieux où ils l'apperçurent
, ils s'en firent apporter dans
un plat , & ne pouvoient concevoir
ce que c'étoit . Comme ils
font accoûtumez au filence , &
qu'il régne dans leur Cour , où
tout eft en adoration pour leur
Roy , rien ne leur a plû davantage
icy , que de voir cinquante
Miffionnaires manger fans par-
Jer. Le 17. ils prirent leur Au-.
dience de congé de Monfieur
Colbert de Croiffy , & de Monfieur
le Marquis de Seignelay . Je
vous parleray dans ma Lettre de
Février des Prefens qu'ils ont &
faits & reçus , de leur départ , &
GALANT . 225
de celuy de Monfieur le Chevalier
de Chaumont
ne fuffiez
contente
du fecond
Article
de Siam que je vous ay
envoyé
dans ma Lettre de Decembre
. Outre
qu'il contient
quantité
de chofes curieufes
, il
fait connoître
combien
la reputation
du Roy eft établie
dans
les Païs les plus éloignez
; & c'étoit
affez pour vous obliger
à le
lire avec plaifir. En voicy la fuite
. Ces deux Mandarins
Envoyez
de Siam , accompagnez
de fix
Domestiques
, étant arrivez
le 6.
d'Octobre
dernier
à Calais
, fur
un Yach du Roy d'Angleterre
, y
furent reçeus par le Major de la
Place , fuivy de fes Officiers
, en
l'abfence
de Monfieur
de Courtebonne
, Lieutenant
de Roy.
GALANT. 109
Toute la Garniſon étoit fous les
Armes , & la Ville les alla complimenter
, & leur porta les Prefens
accoûtumez. Ils en partirent
le lendemain , & prirent la route
de Paris, où ils fe rendirent le 13 .
La Langue Siamoife étant extrêmement
difficile , ils avoient pour
leur Interprete le Fils d'un Portugais
qui eft habitué à Siam , où
ce Fils eft né. Des Officiers qui
les attendoient à Calais , eurent
foin de leur Voiture & de leur
Table fur tout le chemin. Quoy
qu'ils foient fort fobres , comme
le font tous les Siamois , qui ne
mangent le plus fouvent que du
Ris , ce qu'ils appellent du Pilau,
leur Table a efté toûjours tresbien
fervie , & de Viandes fort
delicates,avec des Couverts pour
les Perfonnes de confideration
qui les venoient voir. Ils les fer210
MERCURE
voient , & je leur ay vû couper
des aîles de Perdrix fort proprement.
Ils fumoient quelquefois
aprés le repas . Leur Tabac eft
fort doux ; & lors qu'il leur a
manqué , ils n'ont pu s'accoûtumer
à celuy de ce Païs - cy , qui
les enteftoit . Aprés leur arrivée
ils ont efté long temps fans fortir;
& quoy que la Saifon ne fuft pas
rude , l'exceffive chaleur de leur
Païs leur faifoit fupporter nos
premiers froids avec peine . Monfieur
le Marquis de Seignelay
étant venu icy de Fontainebleau ,
un peu aprés qu'ils y furent arriils
en eurent audience . Je
vous ay marqué exactement dans
quelqu'une de mes Lettres , ce
qui s'y étoit paffé . Le 28.d'Octo
bre, ils allerent falüer Monfieur ;
mais ils n'eurent pas de ce Prince
une audience dans les formes ,
vez ,
GALANT. 211
parce qu'ils ne font envoyez
qu'aux Miniftres de France , pour
s'informer , comme je vous l'ay
déja marqué , des Ambaffadeurs
que le Roy de Siam avoit envoyez
à Sa Majesté , & que l'on
croit qui ont péry dans ce long
Voyage. Monfieur fe promenoit
dans la Galerie du Palais Royal;
& lors qu'on leur eut montré ce
Prince , ils firent couler le long
du Plancher un grand morceau
d'Etofe , qui fait partie de leur
habillement , & qui leur fert en
de pareilles occafions . Ils s'éten
dirent deffus , d'une maniere treshumiliée
, & firent compliment
à Monfieur fur le gain de la Bataille
de Caffel , & fur la Prife de
plufieurs Places conquifes par
luy , dont le bruit s'eftoit répandu
jufques à Siam. Monfieur leur
dit qu'ils fe relevaffent , ce qu'ils
212
MERCURE
ne firent pas d'abord , de forte
que ce Prince fut obligé de le dire
juſques à quatre fois , & mefme
de le commander . Ils pafférent
enfuite fur la Galerie découverte,
qui a veüe fur le lardin &
fur la Court , & virent Son Alteffe
Royale monter en Carroffe
au bruit des Trompettes, pour aller
à S. Clou . Elle eftoit fuivie d'un
grand nombre de Gardes à cheval
, & de plufieurs Carroffes à
fix Chevaux ; & avoit ordonné
que l'on en donnaft auffi à ces
deux Mandarins , ainſi qu'aux
Perfonnes de leur fuite. On les
conduifit à S. Cloud , où ils furent
régalez par les ordres de
Monfieur. Ils virent la fuperbe
Galerie , & les deux magnifiques
Sallons de cette délicieufe Maifon,
auffi bien que tous les Apartemens;
& ils furent charmez de
GALANT. 213
ོ་
la beauté des lardins , dont on fit
jouer toutes les Eaux. Ils fe retirérent
charmez , moins encore
de tout ce qu'ils avoient veu , que
de la Perfonne de ce Prince ,
qu'ils admirérent , & dont ils ont
fouvent parlé depuis ce tempslà.
Ils ont auffi efté voir le Iardin
& les Apartemens des Thuileries
, & furent furpris de l'éclat
& de la richeffe de la grande Salle
des Machines . Quelque temps
apres ils allérent à Chantilly.
Monfieur Vachet les entretint en
chemin des belles qualitez de
Monfieur le Prince , & de fa grande
valeur ; & ce fut pourquoy
auffi toft que ces Mandarins le
virent , le plus vieux dit , Que le
brillant qui fortoit des yeux
de ce
Prince , le perfuadoit mieux de fon
efprit & de fa valeur , que tout ce
qu'on luy en avoit dit.Vous remar214
MERCURE
querez que ce Mandarin eft non
feulement Chiromancien , mais
encore fort bon Phifionomifte ;
& que c'eft la Science à laquelle
s'appliquent les plus grands Seigneurs
Siamois. L'obligeante reception
que Monfieur le Prince
fit à ces deux Envoyez , leur fut fi
agreable , qu'ils prièrent plufieurs
fois Monfieur Vachet , de luy
faire entendre qu'ils n'eftoient
que fimples Envoyez , & non
pas Ambaffadeurs , craignant
que Son Alteffe Seréniffime ne
cruft qu'ils eftoient , revestus
de ce caractere . Ils répondirent
à ce Prince , lors qu'il leur fit demander
ce qu'il leur ſembloit de
fa Maifon , qu'on avoit pris foin
de leur montrer fort exactement
,
Qu'ils n'avoient pas de paroles
pouren pouvoir exprimer la beauté;
mais qu'ils ne s'étonnoient plus de
GALANT.
215
=
ce que Son Alteffe preferoit lefejour
de Chantilly à celuy de Paris. Ils
ont efté trois ou quatre fois à la
Comédie , & ils ont fur tout esté
furpris de la grande quantité de
monde qu'ils y ont vu. Ils avoient
crû d'abord , qu'on faifoit ces
grandes , Affemblées exprés pour
eux , & pour leur faire voir la
prodigieufe quantité de Peuple
qui remplit Paris , & on les furprit
extrémement en les détrompant.
On leur a fait entendre
une grande Meffe à Noftre-
Dame , un jour que Monfieur
l'Archevefque officioit , afin de
leur faire voir nos Cerémonies
* Eccléfiaftiques dans tout leur
éclat ; ils ont auffi vû celles de
l'Ouverture du Parlement. L'af-
Aluence du Peuple eftoit fi grande
en l'une & en l'autre , qu'ils
dirent , Que Paris n'eftoit pas une
116 MERCURE
Ville , mais un Monde. Le 27 .
Novembre , ayant efté amenez
à Versailles , ils defcendirent à
l'Apartement de Monfieur de
Croiffy , Miniftre & Secretaire
d'Etat , qui les reçût dans fon
Cabinet. Il y avoit un Tapis tendu
depuis la porte jufqu'à un
Fauteuil qui étoit au fond , &
dans lequel ce Miniftre étoit affis .
Ils fe profternérent fur ce Tapis,
& s'étant relevez quelque temps
apres , & mis fur leurs talons , le
plus jeune de ces Envoyez luy
dit , Que le Roy de Siam , fon Maitre
, avoit voulu rechercher l'amitié
du Roy , par la connoiffance qu'il
avoit defes Conqueftes , de la profpéritédefes
Armes , du bonheur de
Ses Sujets , & de fa fage conduite,
& que pour cela il avoit envoyé des
Ambaffadeurs , qui avoient , ordre
de prier Sa Majesté de vouloir bien
GALANT. 217
e
0
luy en envoyer auffi de fa part , afin
de mieux établir la correspondance
qu'il fouhaitoit qui ſefift entr'eux;
mais
que n'en ayant point entendu
e parler depuis leur départ , il les
avoit choifis pour remplir fa place,
afin de luy faire une pareille décla
ration , & luy temoigner la joye
& qu'il avoit de la naiffance de Monfeigneur
le Duc de Bourgogne . Ce
Difcours eftant finy ,l'autre Mandarin
fe leva , & porta à Monfieur
de Croiffy une Lettre que le Barcalon
luy écrivoit. C'est le nom
qu'on donne au Premier Miniftre
du Roy de Siam. Monfieur de
il Croiffy receut cette Lettre debout
, & le Mandarin s'étant remis
en fa place , il leur répondit ,
que la perte des Ambaffadeurs
du Roy leur Maiftre l'avoit d'autant
plus touché , qu'il avoit cfté
émoin du deplaifir qu'elle avoit
Fanvier 1685. K
218 MERCURE
caufé à Sa Majefté ; Que file
bruit de la gloire qu ' Elle s'étoit
acquife par le nombre furprenant
de fes Conqueftes , & de fes
Actions plus qu'humaines , qui
font l'admiration de toute la terre ,
avoit infpiré au Roy de Siam , le
defir de contracter une amitié
fincére avec Elle , noftre Grand
Monarque n'étoit pas moins difpofé
à témoigner au Roy leur
Maiftre , par toute forte de moyens
, la haute eftime qu'il avoit
pour luy , qu'il avoit même déja
voulu malgré la vaſte étenduë
des Mers , qui féparent les deux
Empires , de luy envoyer le plus
promptement qu'il fe pourroit un
Ambaffadeur , pour luy marquer
le cas qu'il faifoit de fon amitié ,
& l'exorter d'autant plus à reconnoître
le vray Dieu , que Sà Majefté
ne doutoit point qu'Elle ne
GALANT.* 219
X
S
1
duft aux Benedictions du Ciel ,
toutes les profperitez de fon
Regne , & que la pureté de fa
Croyance pourroit le plus folidement
établir entr'eux l'union
qu'il fouhaitoit, comme elle avoit
toûjours fait la régle des Allian-
& amitiez de Sa Majesté.
Ce Miniftre affura auffi ces Envoyez
du plaifir ,
, que faifoit au
Roy la protection que celuy de
Siam donne à Monfieur l'Evef
que d'Heliopolis , & à tous les
autres Miffionnaires .
ces ,
Comme ils n'étoient , ny Ambaffadeurs
, ny Envoyez vers le
Roy , ils ne devoient point voir
Sa Majesté. Cependant ce Monarque
ne voulut pas que des
Gens qui étoient venus de fix mille
lieuës , s'en retournaffent fans
recevoir cet honneur . D'ailleurs
il crut leur devoir donner cette.
K 2
220 MERCURE
fatisfaction en
confideration du
Roy de Siam , qui le premier avoit
envoyé une auffi celebre Ambaffade
que
celle dont je vous ay
parlé , avec des Prefens compofez
de tout ce qu'il avoit pû trouver
de plus riche dans fes Trefors . Il
fut done refolu que ces deux
Mandarins verroient le Roy , lors
que Sa Majesté traverseroit
la
Galerie de Verfailles pour aller
entendre la Meffe .
Ainfi apres l'Audience qu'ils
avoient cuë de Monfieur de
Croiffy , ils furent conduits dans
cette Galerie , où ils fe profternérent
quand le Roy parut. Sa
Majefté les voyant demeurer en
cet état , demanda s'ils ne fe releveroient
point , à quoy Monfieur
Vachet répondit , qu'ayant
accoûtumé d'étre toûjours dans
cette poſture devant le Roy leur
GALANT. 221
Maiftre , ils s'y tiendroient auffi
devant Elle . Le Roy demanda
cncore s'ils avoient quelque chofe
à luy dire , & l'un des Mandarins
répondit, Qu'ils étoient extré
mement obligez au Roy , qui avoit
bien voulu leur permettre de voir fon
Augufte Majesté. Le Roy leur dit
qu'il eftoit bien aiſe de voir des
Sujets d'un Prince qu'il confidéroit
, & Sa Majesté fe retira apres
avoir donné ordre à Monfieur
Vachet de les faire relever. Comme
la Cour de France eft fort
groffe , & que le Roy eſt toûjours
environné de la plupart des Officiers
de la Couronne , & d'un
grand nombre de Princes & Seigneurs
, ils furent d'autant plus
furpris de voir une fi grande foule
auprés de fa Perfonne qu'aucun
n'aproche de celle des Roys
d'Orient , qu'on ne regarde qu'a-
K
3
222 MERCURE
avec adoration ; & ils dirent en
même temps , Qu'ils admiroient
un fi grand Monarque , qui pouvant
d'une parole ou d'un clin d'oeil
écarter cettefoulé, avoit néanmoins
la bonté de la fouffrir auprés de luy ,
& qui vivoit avecfes Sujets , comme
ils faifoient dans leur Domestique
avec leurs Enfans. Monfieur Vachet
leur dit , Que la bonté du Roy
ne rendoit pas fes Suiets moins refpectueux
, & qu'il n'en étoit pas
moins abfolu dans fes Etats ; Il leur
dit encor , que tous ces grands Seigneurs
qui étoient auprés defa Per-
Jonne , étoient encore plus empreffe
à l'environner , quand ce Prince
s'expofoit au peril de la Guerre , ce
qu'il luy arrivoit fouvent , ce Monarque
voulant aller reconnoistre
luy- méme tontes les Places qu'il attaquoit.
Le 16. de ce mois , ils
retournérent à Versailles , virent
1
GALANT. 223
l'Opera de Roland où le Roy
étoit , & ils eurent prefque toûjours
les yeux attachez fur Sa
Majefté , parce que lors qu'ils fe
profternérent dans la Galerie ,
leur profonde humiliation les
avoit empechez de regarder ce
Monarque. le dois vous dire icy
que ces Envoyez font un Iournal
de leur Voyage , pour en rendre
compte au Roy de Siam , & qu'aprés
avoir vu les Apartemens &
les Eaux de Verfailles : ils dirent
à Monfieur Vachet , Qu'il leur
étoit impoffible d'exprimer ce qu'ils
avoient vû , qu'il pouvoit en faire
• Luy- méme la defcription , & y mettre
tout ce qu'ils voudroit , & qu'ils
le figneroient , parce qu'ils étoient
affure que l'on n'en pouvoit trop
aſſure
dire. Pendant leur féjour à Paris,
ils ont peu forty à cauſe du grand
froid qu'il a fait , ils ont efté la
K
4
224
MERCURE
plupart du temps au lit , & on
ne les a vûs qu'à dîner : La premiére
Neige de cet Hyver étant
tombée la nuit, ce qu'ils en virent
le lendemain , les furprit beaucoup
, & ils croyoient qu'on l'euft
mife au lieux où ils l'apperçurent
, ils s'en firent apporter dans
un plat , & ne pouvoient concevoir
ce que c'étoit . Comme ils
font accoûtumez au filence , &
qu'il régne dans leur Cour , où
tout eft en adoration pour leur
Roy , rien ne leur a plû davantage
icy , que de voir cinquante
Miffionnaires manger fans par-
Jer. Le 17. ils prirent leur Au-.
dience de congé de Monfieur
Colbert de Croiffy , & de Monfieur
le Marquis de Seignelay . Je
vous parleray dans ma Lettre de
Février des Prefens qu'ils ont &
faits & reçus , de leur départ , &
GALANT . 225
de celuy de Monfieur le Chevalier
de Chaumont
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Résumé : Suite de l'Article de Siam. [titre d'après la table]
En octobre, deux mandarins envoyés par le roi de Siam sont arrivés à Calais avec six domestiques. Ils ont été accueillis par le major de la place et ont ensuite voyagé jusqu'à Paris, où ils ont reçu des honneurs militaires et civils. Leur interprète était le fils d'un Portugais né à Siam. Malgré leur sobriété alimentaire, ils ont été bien traités et ont pu observer diverses cérémonies et lieux prestigieux. À Paris, les mandarins ont rencontré plusieurs personnalités françaises, dont les marquis de Seignelay et de Vachet. Ils ont exprimé leur admiration pour la France et ont été impressionnés par la grandeur et la richesse des lieux visités, tels que le Palais-Royal, Chantilly et Versailles. Ils ont également assisté à des représentations théâtrales et à des cérémonies religieuses. La mission des mandarins était de s'informer sur les ambassadeurs envoyés par le roi de Siam à la cour française, présumés perdus. Ils ont rencontré le ministre Colbert de Croissy, qui leur a transmis les condoléances du roi de France et a exprimé le désir de renforcer les liens entre les deux royaumes. Ils ont également été reçus par le roi de France, qui les a honorés malgré leur statut non officiel d'ambassadeurs. Pendant leur séjour, les mandarins ont été surpris par le froid et la neige, éléments inconnus dans leur pays. Ils ont également été impressionnés par la liberté de parole et la diversité des gens en France. Avant leur départ, ils ont pris congé des ministres Colbert de Croissy et Seignelay. Une lettre sera envoyée en février pour discuter des préfets, des actions qu'ils ont entreprises et reçues, ainsi que de leur départ. Cette lettre mentionnera également le départ de Monsieur le Chevalier de Chaumont.
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5
p. 160-163
Arivée de la Statuë du Roy au Havre, [titre d'après la table]
Début :
Le Samedy 17. de ce mois, on déchargea au Havre de Grace [...]
Mots clefs :
Statue, Cavalier, Statue du roi, Transport, Louis le Grand, Officiers, Cérémonie, Honneurs, Monarque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Arivée de la Statuë du Roy au Havre, [titre d'après la table]
LeSamedy 17. de ce mois,
on déchargea au Havre de
Grace la Statue Equeftre du
Roy , faite par le Cavalier
Bernin , dont je vous ay parlé
plufieurs fois . Elle y a efté
conduite de Civita Vecchia ,
GALANT 161
par M Barbaut , Capitaine
de Marine , für la Flute du
Roy , nommée le Tardif. Ort
Fa mife dans un Smak Hollandois
, qui doit la porter
à Rouen , & peut- eftre jufqu'à
Paris fans la décharger,
ce qui ne s'eftoit point encore
vû , mais rien n'eft im
poffible aux François fous le
Regne , & pour le fervice de
Louis LE GRAND . M' de
Montmor, Intendant de Ma
rine au Havre , a celébré
l'heureuſe arrivée de cette
Statue , par la décharge ' du
Canon & de la Moufquete-
Février 1685.
162 MERCURE
>
rie , & par le bruit des Bombes
& des Carcaffes . Cela
s'eft paffé en préſence de
tous les Officiers & des
Dames mefme , dont beaucoup
eftoient venues des
Environs , fur ce qu'elles
avoient fçû que l'on préparoit
pour cette Cerémonie.
Chacun à l'envy a marqué
fa joye par des cris reïtérez
de Vive le Roy , & par quantité
de Muids de Vin qui
ont efté défoncez au bruit
des Tambours & des Trompetes
. On peut connoiftre
là combien noftre aupar
GALANT. 163
guſte Monarque eft aimé de
fes Sujets , puis qu'ils ren-,
dent à la Statue les honneurs
qu'on n'avoit accoûtumé de
rendre qu'aux feules Perfonnes
des Roys .
on déchargea au Havre de
Grace la Statue Equeftre du
Roy , faite par le Cavalier
Bernin , dont je vous ay parlé
plufieurs fois . Elle y a efté
conduite de Civita Vecchia ,
GALANT 161
par M Barbaut , Capitaine
de Marine , für la Flute du
Roy , nommée le Tardif. Ort
Fa mife dans un Smak Hollandois
, qui doit la porter
à Rouen , & peut- eftre jufqu'à
Paris fans la décharger,
ce qui ne s'eftoit point encore
vû , mais rien n'eft im
poffible aux François fous le
Regne , & pour le fervice de
Louis LE GRAND . M' de
Montmor, Intendant de Ma
rine au Havre , a celébré
l'heureuſe arrivée de cette
Statue , par la décharge ' du
Canon & de la Moufquete-
Février 1685.
162 MERCURE
>
rie , & par le bruit des Bombes
& des Carcaffes . Cela
s'eft paffé en préſence de
tous les Officiers & des
Dames mefme , dont beaucoup
eftoient venues des
Environs , fur ce qu'elles
avoient fçû que l'on préparoit
pour cette Cerémonie.
Chacun à l'envy a marqué
fa joye par des cris reïtérez
de Vive le Roy , & par quantité
de Muids de Vin qui
ont efté défoncez au bruit
des Tambours & des Trompetes
. On peut connoiftre
là combien noftre aupar
GALANT. 163
guſte Monarque eft aimé de
fes Sujets , puis qu'ils ren-,
dent à la Statue les honneurs
qu'on n'avoit accoûtumé de
rendre qu'aux feules Perfonnes
des Roys .
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Résumé : Arivée de la Statuë du Roy au Havre, [titre d'après la table]
Le 17 février 1685, la statue équestre du roi, sculptée par le Cavalier Bernin, a été débarquée au Havre de Grâce après un transport depuis Civita Vecchia à bord de la flûte royale 'Le Tardif', sous la direction de M. Barbaut. Elle a ensuite été transférée dans un smack hollandais pour être acheminée jusqu'à Rouen et potentiellement Paris sans être déchargée, une première en France. Cet exploit a eu lieu sous le règne de Louis XIV. M. de Montmor, intendant de marine, a marqué l'événement par des salves de canon et de mousqueterie, ainsi que par des explosions de bombes et de carcasses. La cérémonie, en présence des officiers et de nombreuses dames, a été célébrée par la population avec des cris de 'Vive le Roy' et en défonçant des muids de vin au son des tambours et des trompettes, exprimant ainsi leur loyauté envers le monarque.
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6
p. 265-272
Proclamation du nouveau Roy, [titre d'après la table]
Début :
Les Seigneurs du Conseil prièrent humblement le Roy, [...]
Mots clefs :
Seigneur, Serment, Conseil privé, Proclamation, Charge, Gouvernement, Cérémonie, Baron, Duc, Comte, Milord, Chevalier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Proclamation du nouveau Roy, [titre d'après la table]
Les Seigneurs du Confeil
priérent humblement le Roy,
que les obligeantes expref
fions fuffent rendües publi-
Fevrier 1685.
Z
266 MERCURE
ques ; ce qui fut accordé
par Sa Majesté
. Elle ordonna
auffi , apres qu'Elle
cut fair
prefter
Serment
à tous ces
Seigneurs
, & autres du Confeil
Privé du feu Roy
, pour
eftre de fon Confeil
Privé, que
l'on publiaft
une Proclamafaire
fçavoir
que
tion ,
pour
fon plaifir
eftoit , que tous
ceux qui avoientCharge
dans
le Gouvernement
à la mort
du Roy Charles
II. continuaf
fent dans l'exercice
de leurs
Charges
jufqu'à
nouvel
ordre
de Sa Majesté
. Cette
Proclamation
fe fit l'aprefdînée
GALANT. 267
en ces termes , devant la
Porte de Witheall , à la Porte
deTemple- Barr, & à la Bourſe,
Royale, avec les Cerémonies.
accoûtumées.
Cremer dans
Omme il a plû à Dieu de
es mic
noftre fouverain Seigneur Char
les II, du
nom ,
nom
, de glorieuſe
mémoire
→ par la mort de qui les
Couronnes Impériales d'Angleterre,
d'Ecoffe & d'Irlande,font.
uniquement & légitimement dé
voluës à Haut & Puiffant Prince
Jacques Duc dYork & d Ah
banie, Frere Unique , &feul
Z ij
268 MERCURE
Héritier du feu Roy ; Nous les
Seigneurs Eccléfiaftiques & Sé
culiers de ce Royaume , eftant fe
condez de ceux du Confeil Privé
de Sa Majefté , & d'un grand
nombre des Principaux de la Nobleſſe,
comme aufſfidu LordMaire,
des Echevins , & de quantité
de Bourgeois de Londres , Pu
blions & Proclamons par ces
Préfentes , d'une commune voix
& d'un confentement , tant de
coeur que de bouche , que le Haut
& Puiffant Prince Facques 11.
est préfentement, par La mort de
noftre Souverain de glorieufe mé
moire , devenu nostre feul & lé
1
GALANT 269
gitime Prince , felon l'ordre de
la Succeffion , & le Droit du
Royaume , facques II. par la
grace de Dieu Roy d'Angleterre,
d'Ecoffe & d'Irlande , Défenfeur
de la Foy, &c, à qui nous
promettons toute fidélité & conftante
obeiffance de toutes les affe-
Etions de nos ames ; priant Dieu
par qui les Roys régnent , de benir
le Roy Jacques II. & de le
faire regner long- temps & heureuſementfur
nous.
Dieuconferve le Roy Jacques II.
La Proclamation fut fignée
de ceux dont yoicy les noms .
Z
iij
270 MERCURE
Guillaume Archevefque, de
Cantorbéry,
Le Baron de Guilford , Garde
"des Seaux .
Le Marquis Halyfax , Garde
du Seau Privé.
Le Comte de Rocheſter, Préfi'ent
du Confeil .
Le Duc de Norfolke.
Le Duc de Sommerfet.
Le Duc d'Albemarle.
Le Duc de Beaufort
Le Comte de Shravvdbury,
Le Comte de Kent.
Le Comte de Huntingdon ,
Le Comte de Pembroke .
Le Comte de Salisbury .
Le Comte de Brigvvater.
Le Comte de Vvoftmorland.
Le Comte de Mancheſter . ”
Le Comte de Peterborovv.
GALANT 271
Le Comte de Chefterfield..
Le Comte de Sunderland .
Le Comte de Scarfdale.
Le Comte de Clarendon .
Le Comte de Bath .
Le Comte de Craven.
Le Comte d'Ailesbury.
Le Comte de Lieckfield .
Le Comte de Feversham .
Le Comte de Berkeley.
Le Comte de Morray.
Le Comte de Mideleton .
Le Vicomte Faucomberg
.
Le Vicomte Nevvport
.
Le Vicomte de Veymouth.
Le Vicomte Lumley.
Le Vicomte Clifford .
1
Henry, Evefque de Londres .
Nathanaël , Evêque d'Arbam,
Thomas , Evefque de Rochefter.
Z iiij
272 MERCURE
Milord Nort & Gray.
Milord Maynard .
Milord Cornvvalis .
Milord Arundel .
Milord Godolphin.
Milord Drunimond.
Le Chevalier Jean Ernée.
Le Chevalier Thomas Chicheley.
Le Chevalier Lionel Jenkins.
priérent humblement le Roy,
que les obligeantes expref
fions fuffent rendües publi-
Fevrier 1685.
Z
266 MERCURE
ques ; ce qui fut accordé
par Sa Majesté
. Elle ordonna
auffi , apres qu'Elle
cut fair
prefter
Serment
à tous ces
Seigneurs
, & autres du Confeil
Privé du feu Roy
, pour
eftre de fon Confeil
Privé, que
l'on publiaft
une Proclamafaire
fçavoir
que
tion ,
pour
fon plaifir
eftoit , que tous
ceux qui avoientCharge
dans
le Gouvernement
à la mort
du Roy Charles
II. continuaf
fent dans l'exercice
de leurs
Charges
jufqu'à
nouvel
ordre
de Sa Majesté
. Cette
Proclamation
fe fit l'aprefdînée
GALANT. 267
en ces termes , devant la
Porte de Witheall , à la Porte
deTemple- Barr, & à la Bourſe,
Royale, avec les Cerémonies.
accoûtumées.
Cremer dans
Omme il a plû à Dieu de
es mic
noftre fouverain Seigneur Char
les II, du
nom ,
nom
, de glorieuſe
mémoire
→ par la mort de qui les
Couronnes Impériales d'Angleterre,
d'Ecoffe & d'Irlande,font.
uniquement & légitimement dé
voluës à Haut & Puiffant Prince
Jacques Duc dYork & d Ah
banie, Frere Unique , &feul
Z ij
268 MERCURE
Héritier du feu Roy ; Nous les
Seigneurs Eccléfiaftiques & Sé
culiers de ce Royaume , eftant fe
condez de ceux du Confeil Privé
de Sa Majefté , & d'un grand
nombre des Principaux de la Nobleſſe,
comme aufſfidu LordMaire,
des Echevins , & de quantité
de Bourgeois de Londres , Pu
blions & Proclamons par ces
Préfentes , d'une commune voix
& d'un confentement , tant de
coeur que de bouche , que le Haut
& Puiffant Prince Facques 11.
est préfentement, par La mort de
noftre Souverain de glorieufe mé
moire , devenu nostre feul & lé
1
GALANT 269
gitime Prince , felon l'ordre de
la Succeffion , & le Droit du
Royaume , facques II. par la
grace de Dieu Roy d'Angleterre,
d'Ecoffe & d'Irlande , Défenfeur
de la Foy, &c, à qui nous
promettons toute fidélité & conftante
obeiffance de toutes les affe-
Etions de nos ames ; priant Dieu
par qui les Roys régnent , de benir
le Roy Jacques II. & de le
faire regner long- temps & heureuſementfur
nous.
Dieuconferve le Roy Jacques II.
La Proclamation fut fignée
de ceux dont yoicy les noms .
Z
iij
270 MERCURE
Guillaume Archevefque, de
Cantorbéry,
Le Baron de Guilford , Garde
"des Seaux .
Le Marquis Halyfax , Garde
du Seau Privé.
Le Comte de Rocheſter, Préfi'ent
du Confeil .
Le Duc de Norfolke.
Le Duc de Sommerfet.
Le Duc d'Albemarle.
Le Duc de Beaufort
Le Comte de Shravvdbury,
Le Comte de Kent.
Le Comte de Huntingdon ,
Le Comte de Pembroke .
Le Comte de Salisbury .
Le Comte de Brigvvater.
Le Comte de Vvoftmorland.
Le Comte de Mancheſter . ”
Le Comte de Peterborovv.
GALANT 271
Le Comte de Chefterfield..
Le Comte de Sunderland .
Le Comte de Scarfdale.
Le Comte de Clarendon .
Le Comte de Bath .
Le Comte de Craven.
Le Comte d'Ailesbury.
Le Comte de Lieckfield .
Le Comte de Feversham .
Le Comte de Berkeley.
Le Comte de Morray.
Le Comte de Mideleton .
Le Vicomte Faucomberg
.
Le Vicomte Nevvport
.
Le Vicomte de Veymouth.
Le Vicomte Lumley.
Le Vicomte Clifford .
1
Henry, Evefque de Londres .
Nathanaël , Evêque d'Arbam,
Thomas , Evefque de Rochefter.
Z iiij
272 MERCURE
Milord Nort & Gray.
Milord Maynard .
Milord Cornvvalis .
Milord Arundel .
Milord Godolphin.
Milord Drunimond.
Le Chevalier Jean Ernée.
Le Chevalier Thomas Chicheley.
Le Chevalier Lionel Jenkins.
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Résumé : Proclamation du nouveau Roy, [titre d'après la table]
En février 1685, les Seigneurs du Conseil demandèrent au Roi de rendre publiques les expressions obligatoires. Le Roi accepta et ordonna que les membres du Conseil Privé du défunt Roi Charles II prêtent serment pour rejoindre son propre Conseil Privé. Une proclamation fut publiée, confirmant que les fonctionnaires en poste à la mort de Charles II continuaient leurs fonctions jusqu'à nouvel ordre. Cette proclamation fut lue à Whitehall, Temple-Barr et la Bourse Royale. La proclamation annonça également que les couronnes d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande étaient transmises au Prince Jacques, Duc d'York et d'Albanie, frère et héritier du défunt Roi. Les dignitaires ecclésiastiques et séculiers, ainsi que la noblesse et les représentants de Londres, proclamèrent Jacques II comme leur souverain légitime et lui jurèrent fidélité. La proclamation fut signée par divers dignitaires, incluant des archevêques, barons, marquis, comtes, vicomtes et chevaliers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 299-301
Benédiction de la premiere Pierre d'une Eglise des Capucins à Montelimar, [titre d'après la table]
Début :
Les Peres Capucins de Montelimar en Dauphiné, voulant avoir une Eglise [...]
Mots clefs :
Père capucins, Église, Couvent, Bénédiction, Abbé, Cérémonie, Gouverneur de Montelimar
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Benédiction de la premiere Pierre d'une Eglise des Capucins à Montelimar, [titre d'après la table]
Les Peres Capucins de
Montelimar en Dauphiné,
voulant avoir une Eglife proportionnée
à leur Convent,
& au zéle qu'ils ont pour le
fervice du Public , en firent
benir la premiere Pierre le 7.
de ce mois , avec autant de
Solemnité que l'on en pouvoit
atendre dans une pareille
occafion . Ml'Abbé Colombet
, Doyen du Chapitre, accompagné
de tout le Cler
300 MERCURE
gé , fit la Ceremonie au bruit
des Tambours & des déchar
ges du Regiment de Poitou,
qui eftoit en Quartier d'hyver
dans la Ville , & rangé
alors en Bataille aux avenuës
du lieu deftiné pour 'cette
Eglife . Elle fera dédiée fous le
nom de S. Iofeph , M' le Comte
de Virreville , Gouverneur
de Montelimar , & Madame
la
Comteffe de Vogne ,mirent
cette premiere Pierre , apres
qu'elle eut efté portée proceffionnellement
par toute la
Ville . Ils eftoient fuivis des
Confuls.en Chaperon , avec
GALANT. 301
la Maiſon de Ville , de la Nobleffe
, & de la Bourgeoisie,
de l'un & de l'autre fexe.
Montelimar en Dauphiné,
voulant avoir une Eglife proportionnée
à leur Convent,
& au zéle qu'ils ont pour le
fervice du Public , en firent
benir la premiere Pierre le 7.
de ce mois , avec autant de
Solemnité que l'on en pouvoit
atendre dans une pareille
occafion . Ml'Abbé Colombet
, Doyen du Chapitre, accompagné
de tout le Cler
300 MERCURE
gé , fit la Ceremonie au bruit
des Tambours & des déchar
ges du Regiment de Poitou,
qui eftoit en Quartier d'hyver
dans la Ville , & rangé
alors en Bataille aux avenuës
du lieu deftiné pour 'cette
Eglife . Elle fera dédiée fous le
nom de S. Iofeph , M' le Comte
de Virreville , Gouverneur
de Montelimar , & Madame
la
Comteffe de Vogne ,mirent
cette premiere Pierre , apres
qu'elle eut efté portée proceffionnellement
par toute la
Ville . Ils eftoient fuivis des
Confuls.en Chaperon , avec
GALANT. 301
la Maiſon de Ville , de la Nobleffe
, & de la Bourgeoisie,
de l'un & de l'autre fexe.
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Résumé : Benédiction de la premiere Pierre d'une Eglise des Capucins à Montelimar, [titre d'après la table]
Les Pères Capucins de Montélimar ont décidé de construire une église dédiée à saint Joseph. La première pierre a été bénie le 7 du mois lors d'une cérémonie présidée par l'abbé Colombet, doyen du chapitre. Le comte de Virrevile et la comtesse de Vogne ont posé la pierre, accompagnés par le clergé, la noblesse et la bourgeoisie. Le régiment de Poitou a participé à la solennité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 213-232
Affaires d'Angleterre, [titre d'après la table]
Début :
Tant de Personnes m'ont témoigné avoir leu avec plaisir les [...]
Mots clefs :
Angleterre, Roi, Malheurs, Apoplexie, Décès, Trône, Vengeance, Héritier, Joies, Peuple, Confiance, Grandeur, Tranquilité, Couronnement, Cérémonie, Westminster, Fonctions, Titres, Élections, Assemblées, Liste des élus, Duc, Serment, Conseiller, Royaume, Désordres, Voleurs, Proclamation, Sureté publique, Larron, Récompenses, Guillaume Bridgeman
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Affaires d'Angleterre, [titre d'après la table]
Tant de Perſonnes m'ont
témoigné avoir leu avec plai.
fir les Nouvelles d'Angleterre
, qui font des Articles importans
dans mes deux dernieres
Lettres , que je puis
croire que vous me parlez
fincerement quand vous
m'aſſeurez que vous en eſtes
contente . L'Hiſtoire des malheurs
du Roy , dont je vous
ay fait un abregé , pouvoit ſe
trouver ſéparément en plu
ſieurs Volumes , mais peuteſtre
toutes les Relations qui
ont couru ne vous auroient
pas fourny le triſte Journal
و
ال
214 MERCURE
de ce qui s'eſtoit paſſé dans
le peu de temps qu'a duré ſa
maladie , ſi je n'avois eu le
foin d'en ramaffer les plus remarquables
circonstances.
Elle a commencé par une attaque
d'Apoplexie , contre
laquelle l'Art des Medecins 2.
efté ſans force. Il ſemble que
comme ſa vie avoit eſté extraordinaire
, il falloit auffi
que ſa mort le fuft. Je vous
envoye un Sonnet qui a esté
fait ſur cette penſée..
GALANT. 215
SUR LA MORT
DU ROY D'ANGLETERRE.
Q
Vinesçait de ceRoy l'étonnan-.
temifere!
Ses malheurs purent-ils abairefon.
grand coeur?
Un Trônequi fumoit encor dufang
d'un Pere
Poury monterfi- 10ft luyfaisoit trop
d'horreur.
Ledefirdevangeruneteftesi chere
Al'Univers entier exprimafa dou-
Ieur.
Qu'ily fatisfitbien quandle Cicl 業
moins contraire
Enfindansfes Etatsle ramena vainqueur!
Mais belas ! iln'estplus ; l'impitoyable
Parque
216 MERCURE
Vientde trancher lefildesjours de ce
..... Monarque..
C'auroit estétrop peu cependant pour
lefort
Qui d'abord lefoûmit aux fureurs
de l'envie,
D'avoirpar de grands traits voulu
marquersaviesa :
S'il n'eust faitremarquer le genre de
Samort.
Je vous ay appris avec
quelle fermeté fon Auguste
Succeffeur s'eſt déclaré Ca
tholique. Sa fincerité a efte
heureuſe. Les Peuples ont
eu de la joye de voir qu'il ne
cherchoit point à les trom
per , & qu'il s'en croyoit affez
aimé,
GALANT. 217
aimé , pour leur confier un
fecret de cette importance,
ſans qu'il en deuſt rien apprehender
de fâcheux. La
confiance qu'il a cuë dans l'amour
de ſes Sujets , a produit
l'effet qu'il en avoit attendu.
L'intrepidité en toutes chofes
leur paroiffant digne d'un
Monarque né pour leur donner
des Loix , ils ont eſtimé
en luy cette grandeur d'ame
✓ qui l'engage à foûtenir l'indépendance
du rang ou le
Ciel l'a élevé. Puis qu'il leur
laiſſe une entiere liberté de
confcience , il la doit avoir
Avril 1685. T
218 MERCURE
comme eux , & il feroit bien
injuſte qu'il ne joüiſt pas
d'un Privilege qu'il veut bien
leur accorder. Toutes les
Lettres qui viennent de ce
Pays là ne parlent que de la
tranquilité où tout le monde
s'y trouve , des Adreſſes pleines
de ſoûmiffion & de ref
pect , qu'on préſente de toutes
partsau nouveau Roy , &
du choix des Députez pour
le prochain Parlement. Le
16. du dernier mois on expedia
un ordre pour fignifier à
tous les Pairs du Royaume &
à leurs Femmes , de ſe trou
GALANT. 219
ver au Couronnement du
Royavec leurs Robes deCe
remonies & leurs Couron
nes. Les Barons & leurs Femmestauront
des Robes de
Velours Cramoiſy , de meſ
me que les Vicomtes & les
autres Pairs d'une dignité
plus relevée. On a nommé
le Docteur Turner Eveſque
d'Ely , pour preſcher en préſence
de leurs Majeſtez le
jourde cette ceremonie. Les
circonstances en ont eſté ré
ſoluës devant le Roy par le
Conſeil Privé qui s'eſt aſſemblépour
les regler. Les Com-
Tij
220 MERCURE
miſſaires que l'on a choiſis
pour citer tous ceux que le
devoir de leurs Charges , ou
les redevances de leurs Fiefs
obligent à faire quelques
fonctions auCouronnement,
s'affemblerent le 3. de ce
mois dans la Chambre Peinte
du Palais de Westminster,
&commencerent à recevoir
les Requeſtes de ceux qui
prétendent avoir droit de faire
ces fonctions. Ils s'occupentà
verifier lesTitres qu'on
leur préſente , pour accorder
àchacun la fonction qui luy
appartient. Sa Majeſté a fait
GALANT. 221
donner de nouvelles Lettres
à tous les Lords Lieutenans,
ou Gouverneurs des Provinces
que le feu Roy avoit établis.
Les Affemblées pour
les Elections des Députez
qui doivent entrer au Parlement,
ſe font par tout avec
beaucoup de tranquilité.
Ces Elections ont déja eſté
faites par l'Univerſité de
Cambridge , par celle d'OK--
ford , par les Comtez de Bedford
, de Brecon , de Kenr,
deHamp , de Middleſer , de
Durban , de Glocefter , de
Hereford, de Sommerſet, de
Tiij
222 MERCURE
Cambridge , de Suffer , de
Leiceſter , de Hartford , de
Chefter , de Lincoln , de
Huntington , de Darby,
de Radnor , & par les Villes
de Cantorbury , de Darby,
de Shaftsbury , de Wood.
ſtocke , de Midhurst de
Steyning , de Bedvvyn , d'Amodesham
, d'Aileſbury , de
Ludgerſtall , d'Andover , de
Durham , de Warvvicke , de
Leiceſter , de Reading , de
Devvntom , de Heddon , de
Corfe , de Shoreham , de
Stamford , de Brecon , de
Winchester , de Chippin
GALANT. 223
Wicomb , de Chippenham,
d'Ipſvvich , de Hindon , de
Peterboroug , de Southamptom
, de Limmington ,
Westminster , d'Yorc , de
Neſtingham , de Wendover
, d'Eaft-Grimſtead ,
de
d'Abington
,, ddee LLyymm ,, de Covventry
, d'Orford , de Tornes
, de Poole , de Warcham
, de Sbareham , de
Weoby , de Petersfield , de
Nevvcastle , de Borróbridge,
d'Albroug , de Thirske , du
Grand Yarmouth , de Colcheſter
, d'Huſlemere , de
Hereford , de Lempſter , do
T iiij.
224 MERCURE
1
Cardiffe , de Marleboroug,
d'Ilcheſter , de Nevv- Sarum,
de Castle- Rifing , de Tavi
ſtocke , de Chriſt Church,
de Rygate , de Windfor , de
Malton , deNorthallerten,
Nevvarke, de Richmond, de
de
Beverley , de Pontefract, de
Leaverpoole , de Stafford, de
Sandvvick de Cirenceſter, de
Weymouth, de Melcomb, de
Devices , de Hasting , de
Norfolk , de Higham-Ferfars
, de Hetsbury , de Thet
ford & de Dunvvich. Tous
ceux que l'on a choiſis font
Gens d'une grande probité,
GALANT. 225
&dont la pluſpart ont fair
paroiſtre un attachement in
violable au feu Roy dans
les temps les plus difficiles .
Le 6. de ce mois le Duc de
Queenſborouhg grand Trefo
rier , & préſentement grand
Commiſſaire de Sa Majesté
au Royaume d'Ecoffe , & le
Comte de Perth , grand
Chacelier du meſme Royaume
, preſtérent les Sermens
accoûtumez , en qualité de
Conſeillers d'Etat du Conseil
Privé du Roy , & prirent
ſeance au Conſeil ſelon leur
rang . Peu de jours aprés le
226 MERCURE
Duc d'Ormond arriva d'Irlande.
Plus de quarante Carroſſes
à fix Chevaux allerent
au devant de luy, avec quantitéde
Nobleſſe à Cheval. Il alla
auſſi-toſt ſaluer le Roy,& il en
receut un accueil tres -favorable.
Ce Monarque luy donna
en meſme temps le Bâton
de la Charge de Lord Stevvard
, ou Grand Maiſtre de ſa
Maiſon,qu'il poſſedoit ſous le
Roy Charles II. Comme il
employe tous ſes ſoins à éta.
blir la tranquilité de fon
Royaume , & à reprimer tous
les defordres qu'y pourGALANT.
227
}
C
roient commettre lesVoleurs
de grand chemin , il fit publier
le mois paſſe la Proclamation
dont voicy les termes.
A la Courde VVitheal.
DE PAR LE ROY,
& les Seigneurs de ſon Confeil
Privé.
TERoy voulant pourvoir à
lafeureté de fes Sujets dans
les Voyages qu'ils font en ce
Royaume , pour vaquer à leurs
affaires , a ordonné aujourd'huy
228 MERCURE
eſtant en fon Confeil , & il est
ordonné par ces Preſentes à tous
fes Officiers de Justice , &à tous
ſes autres amez Sujets de faire
leurs efforts , & d'user de dili
gence , pour apprehender tous
Larrons & Voleurs de grand
chemin , afin qu'on puiſſe proceceder
contr'eux felon les Loix; &
pour encourager ceux qui appre
benderont lesdits Voleurs , il est
de plus ordonné par Sa Majesté,
que l'on donnera une récompense
de dix livres sterling pour chaque
Voleur arreſté , à celuy ou à ceux
qui en quelque temps que ce ſoit,
depuis le jour de la date des pré
> GALANT. 229
fentes , jusqu'à ce qu'il plaiſe à
Sa Majesté de rappeller cét ordre
par proclamation , ou par un autre
ordre fait en ſon Confeil,
prendront ou apprehenderont aucun
Larron ou Voleur de grand
chemin , & le feront mettre en
lieu de ſeureté. Laquelle ſomme
de dix livres sterling leur fera
payée quinze jours aprés que ledit
Voleur aura esté convaincu ou
prouvé eſtre tel. Et il est enjoint
par ces Préfentes à tous les Sherifs
des Comtez , or autres dans
L'étenduë de leur Jurisdiction ou
telle conviction aura estéfaite ,de
payer à celuy ou à ceux qui ap-
い
230 MERCURE
ON
prehenderont de tels Malfai-
Eteurs,la recompenſeſuſdite dans
le temps cy-deſſus ſpecifié , pour
chaque Voleur ainſi pris &convaincu
,furle Certificat dufuge
ou de deux , ou davantage defuges
de Paix , devant lequel,
lesquels tel Voleur aura efté convaincu.
Laquelle ſomme d'argent
ils prendront des deniers de
Sa Majesté , par eux receus dans
leComté ou telle conviction aura
eſté faite , & laquelle leur fera
paffée encompte, lors qu'ils viendront
rendre leurs comptes à l'Echiquier,
ou Chambre des Finances.
Et le GrandTreforierd'An
GALANT. 231
:
gleterre est autorisé par ces Préſentes
, & a pouvoir de donner
des ordres aux Officiers de l'Echi
quier , de paffer lesdits deniers en
compte aufdits Sherifs selon le
préſent ordre. Il est encore ordonné
àtous Gouverneurs, Lientenans
Gouverneurs , Fuges de
Paix, Maires , Sherifs , Baillis,
&autres Officiers & Perſonnes
de quelque qualité & condition
qu'elles foient , de prendre cond
- noiſſance du préfent ordre &y
obeïr , comme auffi de prefter fecours
& affistance en tout ce qui
regardera l'execution , ſur peine
d'encourir le déplaisir de SaMa
232 MERCURE
jesté,&d'estre poursuivis comme
contempteurs defon Autorité
Royale.
GUILLAUME BRIDGEMAN.
témoigné avoir leu avec plai.
fir les Nouvelles d'Angleterre
, qui font des Articles importans
dans mes deux dernieres
Lettres , que je puis
croire que vous me parlez
fincerement quand vous
m'aſſeurez que vous en eſtes
contente . L'Hiſtoire des malheurs
du Roy , dont je vous
ay fait un abregé , pouvoit ſe
trouver ſéparément en plu
ſieurs Volumes , mais peuteſtre
toutes les Relations qui
ont couru ne vous auroient
pas fourny le triſte Journal
و
ال
214 MERCURE
de ce qui s'eſtoit paſſé dans
le peu de temps qu'a duré ſa
maladie , ſi je n'avois eu le
foin d'en ramaffer les plus remarquables
circonstances.
Elle a commencé par une attaque
d'Apoplexie , contre
laquelle l'Art des Medecins 2.
efté ſans force. Il ſemble que
comme ſa vie avoit eſté extraordinaire
, il falloit auffi
que ſa mort le fuft. Je vous
envoye un Sonnet qui a esté
fait ſur cette penſée..
GALANT. 215
SUR LA MORT
DU ROY D'ANGLETERRE.
Q
Vinesçait de ceRoy l'étonnan-.
temifere!
Ses malheurs purent-ils abairefon.
grand coeur?
Un Trônequi fumoit encor dufang
d'un Pere
Poury monterfi- 10ft luyfaisoit trop
d'horreur.
Ledefirdevangeruneteftesi chere
Al'Univers entier exprimafa dou-
Ieur.
Qu'ily fatisfitbien quandle Cicl 業
moins contraire
Enfindansfes Etatsle ramena vainqueur!
Mais belas ! iln'estplus ; l'impitoyable
Parque
216 MERCURE
Vientde trancher lefildesjours de ce
..... Monarque..
C'auroit estétrop peu cependant pour
lefort
Qui d'abord lefoûmit aux fureurs
de l'envie,
D'avoirpar de grands traits voulu
marquersaviesa :
S'il n'eust faitremarquer le genre de
Samort.
Je vous ay appris avec
quelle fermeté fon Auguste
Succeffeur s'eſt déclaré Ca
tholique. Sa fincerité a efte
heureuſe. Les Peuples ont
eu de la joye de voir qu'il ne
cherchoit point à les trom
per , & qu'il s'en croyoit affez
aimé,
GALANT. 217
aimé , pour leur confier un
fecret de cette importance,
ſans qu'il en deuſt rien apprehender
de fâcheux. La
confiance qu'il a cuë dans l'amour
de ſes Sujets , a produit
l'effet qu'il en avoit attendu.
L'intrepidité en toutes chofes
leur paroiffant digne d'un
Monarque né pour leur donner
des Loix , ils ont eſtimé
en luy cette grandeur d'ame
✓ qui l'engage à foûtenir l'indépendance
du rang ou le
Ciel l'a élevé. Puis qu'il leur
laiſſe une entiere liberté de
confcience , il la doit avoir
Avril 1685. T
218 MERCURE
comme eux , & il feroit bien
injuſte qu'il ne joüiſt pas
d'un Privilege qu'il veut bien
leur accorder. Toutes les
Lettres qui viennent de ce
Pays là ne parlent que de la
tranquilité où tout le monde
s'y trouve , des Adreſſes pleines
de ſoûmiffion & de ref
pect , qu'on préſente de toutes
partsau nouveau Roy , &
du choix des Députez pour
le prochain Parlement. Le
16. du dernier mois on expedia
un ordre pour fignifier à
tous les Pairs du Royaume &
à leurs Femmes , de ſe trou
GALANT. 219
ver au Couronnement du
Royavec leurs Robes deCe
remonies & leurs Couron
nes. Les Barons & leurs Femmestauront
des Robes de
Velours Cramoiſy , de meſ
me que les Vicomtes & les
autres Pairs d'une dignité
plus relevée. On a nommé
le Docteur Turner Eveſque
d'Ely , pour preſcher en préſence
de leurs Majeſtez le
jourde cette ceremonie. Les
circonstances en ont eſté ré
ſoluës devant le Roy par le
Conſeil Privé qui s'eſt aſſemblépour
les regler. Les Com-
Tij
220 MERCURE
miſſaires que l'on a choiſis
pour citer tous ceux que le
devoir de leurs Charges , ou
les redevances de leurs Fiefs
obligent à faire quelques
fonctions auCouronnement,
s'affemblerent le 3. de ce
mois dans la Chambre Peinte
du Palais de Westminster,
&commencerent à recevoir
les Requeſtes de ceux qui
prétendent avoir droit de faire
ces fonctions. Ils s'occupentà
verifier lesTitres qu'on
leur préſente , pour accorder
àchacun la fonction qui luy
appartient. Sa Majeſté a fait
GALANT. 221
donner de nouvelles Lettres
à tous les Lords Lieutenans,
ou Gouverneurs des Provinces
que le feu Roy avoit établis.
Les Affemblées pour
les Elections des Députez
qui doivent entrer au Parlement,
ſe font par tout avec
beaucoup de tranquilité.
Ces Elections ont déja eſté
faites par l'Univerſité de
Cambridge , par celle d'OK--
ford , par les Comtez de Bedford
, de Brecon , de Kenr,
deHamp , de Middleſer , de
Durban , de Glocefter , de
Hereford, de Sommerſet, de
Tiij
222 MERCURE
Cambridge , de Suffer , de
Leiceſter , de Hartford , de
Chefter , de Lincoln , de
Huntington , de Darby,
de Radnor , & par les Villes
de Cantorbury , de Darby,
de Shaftsbury , de Wood.
ſtocke , de Midhurst de
Steyning , de Bedvvyn , d'Amodesham
, d'Aileſbury , de
Ludgerſtall , d'Andover , de
Durham , de Warvvicke , de
Leiceſter , de Reading , de
Devvntom , de Heddon , de
Corfe , de Shoreham , de
Stamford , de Brecon , de
Winchester , de Chippin
GALANT. 223
Wicomb , de Chippenham,
d'Ipſvvich , de Hindon , de
Peterboroug , de Southamptom
, de Limmington ,
Westminster , d'Yorc , de
Neſtingham , de Wendover
, d'Eaft-Grimſtead ,
de
d'Abington
,, ddee LLyymm ,, de Covventry
, d'Orford , de Tornes
, de Poole , de Warcham
, de Sbareham , de
Weoby , de Petersfield , de
Nevvcastle , de Borróbridge,
d'Albroug , de Thirske , du
Grand Yarmouth , de Colcheſter
, d'Huſlemere , de
Hereford , de Lempſter , do
T iiij.
224 MERCURE
1
Cardiffe , de Marleboroug,
d'Ilcheſter , de Nevv- Sarum,
de Castle- Rifing , de Tavi
ſtocke , de Chriſt Church,
de Rygate , de Windfor , de
Malton , deNorthallerten,
Nevvarke, de Richmond, de
de
Beverley , de Pontefract, de
Leaverpoole , de Stafford, de
Sandvvick de Cirenceſter, de
Weymouth, de Melcomb, de
Devices , de Hasting , de
Norfolk , de Higham-Ferfars
, de Hetsbury , de Thet
ford & de Dunvvich. Tous
ceux que l'on a choiſis font
Gens d'une grande probité,
GALANT. 225
&dont la pluſpart ont fair
paroiſtre un attachement in
violable au feu Roy dans
les temps les plus difficiles .
Le 6. de ce mois le Duc de
Queenſborouhg grand Trefo
rier , & préſentement grand
Commiſſaire de Sa Majesté
au Royaume d'Ecoffe , & le
Comte de Perth , grand
Chacelier du meſme Royaume
, preſtérent les Sermens
accoûtumez , en qualité de
Conſeillers d'Etat du Conseil
Privé du Roy , & prirent
ſeance au Conſeil ſelon leur
rang . Peu de jours aprés le
226 MERCURE
Duc d'Ormond arriva d'Irlande.
Plus de quarante Carroſſes
à fix Chevaux allerent
au devant de luy, avec quantitéde
Nobleſſe à Cheval. Il alla
auſſi-toſt ſaluer le Roy,& il en
receut un accueil tres -favorable.
Ce Monarque luy donna
en meſme temps le Bâton
de la Charge de Lord Stevvard
, ou Grand Maiſtre de ſa
Maiſon,qu'il poſſedoit ſous le
Roy Charles II. Comme il
employe tous ſes ſoins à éta.
blir la tranquilité de fon
Royaume , & à reprimer tous
les defordres qu'y pourGALANT.
227
}
C
roient commettre lesVoleurs
de grand chemin , il fit publier
le mois paſſe la Proclamation
dont voicy les termes.
A la Courde VVitheal.
DE PAR LE ROY,
& les Seigneurs de ſon Confeil
Privé.
TERoy voulant pourvoir à
lafeureté de fes Sujets dans
les Voyages qu'ils font en ce
Royaume , pour vaquer à leurs
affaires , a ordonné aujourd'huy
228 MERCURE
eſtant en fon Confeil , & il est
ordonné par ces Preſentes à tous
fes Officiers de Justice , &à tous
ſes autres amez Sujets de faire
leurs efforts , & d'user de dili
gence , pour apprehender tous
Larrons & Voleurs de grand
chemin , afin qu'on puiſſe proceceder
contr'eux felon les Loix; &
pour encourager ceux qui appre
benderont lesdits Voleurs , il est
de plus ordonné par Sa Majesté,
que l'on donnera une récompense
de dix livres sterling pour chaque
Voleur arreſté , à celuy ou à ceux
qui en quelque temps que ce ſoit,
depuis le jour de la date des pré
> GALANT. 229
fentes , jusqu'à ce qu'il plaiſe à
Sa Majesté de rappeller cét ordre
par proclamation , ou par un autre
ordre fait en ſon Confeil,
prendront ou apprehenderont aucun
Larron ou Voleur de grand
chemin , & le feront mettre en
lieu de ſeureté. Laquelle ſomme
de dix livres sterling leur fera
payée quinze jours aprés que ledit
Voleur aura esté convaincu ou
prouvé eſtre tel. Et il est enjoint
par ces Préfentes à tous les Sherifs
des Comtez , or autres dans
L'étenduë de leur Jurisdiction ou
telle conviction aura estéfaite ,de
payer à celuy ou à ceux qui ap-
い
230 MERCURE
ON
prehenderont de tels Malfai-
Eteurs,la recompenſeſuſdite dans
le temps cy-deſſus ſpecifié , pour
chaque Voleur ainſi pris &convaincu
,furle Certificat dufuge
ou de deux , ou davantage defuges
de Paix , devant lequel,
lesquels tel Voleur aura efté convaincu.
Laquelle ſomme d'argent
ils prendront des deniers de
Sa Majesté , par eux receus dans
leComté ou telle conviction aura
eſté faite , & laquelle leur fera
paffée encompte, lors qu'ils viendront
rendre leurs comptes à l'Echiquier,
ou Chambre des Finances.
Et le GrandTreforierd'An
GALANT. 231
:
gleterre est autorisé par ces Préſentes
, & a pouvoir de donner
des ordres aux Officiers de l'Echi
quier , de paffer lesdits deniers en
compte aufdits Sherifs selon le
préſent ordre. Il est encore ordonné
àtous Gouverneurs, Lientenans
Gouverneurs , Fuges de
Paix, Maires , Sherifs , Baillis,
&autres Officiers & Perſonnes
de quelque qualité & condition
qu'elles foient , de prendre cond
- noiſſance du préfent ordre &y
obeïr , comme auffi de prefter fecours
& affistance en tout ce qui
regardera l'execution , ſur peine
d'encourir le déplaisir de SaMa
232 MERCURE
jesté,&d'estre poursuivis comme
contempteurs defon Autorité
Royale.
GUILLAUME BRIDGEMAN.
Fermer
9
p. 235-239
Mariage de M. de Miroménil, [titre d'après la table]
Début :
Mr de Miromesnil Maistre des Requestes, President au [...]
Mots clefs :
M. Miromesnil, Président du conseil, Intendant, Mademoiselle , M. de Saint-Martin, Cérémonie, Évêque, Invités, Maison de Miromesnil, Nobles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mariage de M. de Miroménil, [titre d'après la table]
Mª de Miromeſnil Maiſtre
des Requeſtes , Prefident au
GrandConſeil , Intendant en
la Province de Champagne,
&dont les Anceſtres ont poffedé
depuis pluſieurs fiecles
Vij
236 MERCURE :
les premieres dignitez du
Parlement de Roüen , a
épousé Mademoiselle Blan
che de Bar de Saint Martin,.
Fille de M de Saint Martin,
ancien Préſident au Préfidial
de Chalons . La Ceremonie
du Mariage fut faite le 14. de
ce mois par Meffire Loüis
Antoine de Noailles Pair de
France , Evefque & Comte
de Châlons , dans la Chapel
lede ſon Chaſteau de Sarry,
en préſence de Madame la
Ducheffe & Mademoiselle
de Noailles , & de pluſieurs
autres Perſonnes de qualité.
GALANT. 237
La Maiſon de M. de Miro
meſnilreſt des meilleures &
des plus anciennes de la Ro
be , diftinguée par des Am
baſſades , & par d'autres
grands emplois , & alliée aux
Maiſons de Chanvalon , du
Chaſteler , de Clermont, de
du Perron , de Briçonnet,
Courtin , de Mefmes ,Beau
molet, &pluſieurs autres du
Conſeil , & du Parlements
tant de Paris que de Norman
die. Celle de la Mariée eft
auſſi des plus anciennes &
des plus confiderables de la
Province. Jean de Bar fon fi
)
238 MERCURE
xiéme ou ſeptiéme Ayeul,s'é
tant trouvé avec les autres
Nobles de Champagne à la
Bataille d'Azincour , où l'Arriereban
eſtoit convoqué , fut
un de ceux qui s'y diftinguérent.
La Maiſon de Bar eft
alliée à celles de Neuville,
Lambeſſon, Godet, Ramcou,
Cochon - Verſanay
coſté maternel à celles de
Talon, Voifin, Perigny,Ponchartrain
, Dagueffeau ,Tu.
beuf& Hebert. Cette nouvelle
Mariée est belle & bien
faite. Elle a de l'eſprit,& ſçait
joindre à la Science de la
د
& du
Je
GALANT. 239
Cour l'innocence de la Province.
des Requeſtes , Prefident au
GrandConſeil , Intendant en
la Province de Champagne,
&dont les Anceſtres ont poffedé
depuis pluſieurs fiecles
Vij
236 MERCURE :
les premieres dignitez du
Parlement de Roüen , a
épousé Mademoiselle Blan
che de Bar de Saint Martin,.
Fille de M de Saint Martin,
ancien Préſident au Préfidial
de Chalons . La Ceremonie
du Mariage fut faite le 14. de
ce mois par Meffire Loüis
Antoine de Noailles Pair de
France , Evefque & Comte
de Châlons , dans la Chapel
lede ſon Chaſteau de Sarry,
en préſence de Madame la
Ducheffe & Mademoiselle
de Noailles , & de pluſieurs
autres Perſonnes de qualité.
GALANT. 237
La Maiſon de M. de Miro
meſnilreſt des meilleures &
des plus anciennes de la Ro
be , diftinguée par des Am
baſſades , & par d'autres
grands emplois , & alliée aux
Maiſons de Chanvalon , du
Chaſteler , de Clermont, de
du Perron , de Briçonnet,
Courtin , de Mefmes ,Beau
molet, &pluſieurs autres du
Conſeil , & du Parlements
tant de Paris que de Norman
die. Celle de la Mariée eft
auſſi des plus anciennes &
des plus confiderables de la
Province. Jean de Bar fon fi
)
238 MERCURE
xiéme ou ſeptiéme Ayeul,s'é
tant trouvé avec les autres
Nobles de Champagne à la
Bataille d'Azincour , où l'Arriereban
eſtoit convoqué , fut
un de ceux qui s'y diftinguérent.
La Maiſon de Bar eft
alliée à celles de Neuville,
Lambeſſon, Godet, Ramcou,
Cochon - Verſanay
coſté maternel à celles de
Talon, Voifin, Perigny,Ponchartrain
, Dagueffeau ,Tu.
beuf& Hebert. Cette nouvelle
Mariée est belle & bien
faite. Elle a de l'eſprit,& ſçait
joindre à la Science de la
د
& du
Je
GALANT. 239
Cour l'innocence de la Province.
Fermer
10
p. 239-241
Madame de Villers-Canivet est benie Abbesse de ce Monastere, [titre d'après la table]
Début :
Sa Majesté ayant permis il y a quelque temps que [...]
Mots clefs :
Abbesse, Sa Majesté, Prieuré, Religieuses Bernardines, Abbaye, Nomination, Cérémonie, Noblesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Madame de Villers-Canivet est benie Abbesse de ce Monastere, [titre d'après la table]
Sa Majeſté ayant permis il
y a quelque temps que le
Prieuré des Religieuſes Bernardines
de Villers- Canivet,
du Dioceſe de Sez en Normandie
, fuſt érigé en Abbaye
à la confideration de
Dame Anne de Souvré, dont
l'Illuſtre Maiſon eft connuë
de toute la France , & l'ayant
nommée pour en eſtre la premiere
Abbeffe , M' l'Evefque
de Bayeux aſſiſté d'un grand
nombre d'Eccleſiaſtiques, fit
le 4. de ce mois la Cerémo
240 MERCURE
nie de la benir dans l'Eglife
de cette Abbaye. Elle estoie
accompagnée des Dames
Abbeffes d'Almeneſche &
de Vignats.Tout ſe pafla dans
cette action avec unepompe
& une magnificence extraordinaire
, & quoy que la
plus confiderable Nobleſſe
du Pays ſe fuſt rendue dans
l'Eglife , & qu'ily fuſtaccouru
un Peuple innombrable,
ily eut un fi bon ordre , que
la grande foule n'apporta aucune
confufion. La Ceremo
nie fut terminée par un ſçavant
& fort beau Difcours
que
GALANT. 241
que prononça ce Prélat , ſur
les obligations & les devoirs
d'une Abbeſſe à l'égard de
ſes Religieuſes , aprés quoy
il fut régalé ſplendidement
avec toutes les Perſonnes de
marque qui estoient venuës
des environs.
y a quelque temps que le
Prieuré des Religieuſes Bernardines
de Villers- Canivet,
du Dioceſe de Sez en Normandie
, fuſt érigé en Abbaye
à la confideration de
Dame Anne de Souvré, dont
l'Illuſtre Maiſon eft connuë
de toute la France , & l'ayant
nommée pour en eſtre la premiere
Abbeffe , M' l'Evefque
de Bayeux aſſiſté d'un grand
nombre d'Eccleſiaſtiques, fit
le 4. de ce mois la Cerémo
240 MERCURE
nie de la benir dans l'Eglife
de cette Abbaye. Elle estoie
accompagnée des Dames
Abbeffes d'Almeneſche &
de Vignats.Tout ſe pafla dans
cette action avec unepompe
& une magnificence extraordinaire
, & quoy que la
plus confiderable Nobleſſe
du Pays ſe fuſt rendue dans
l'Eglife , & qu'ily fuſtaccouru
un Peuple innombrable,
ily eut un fi bon ordre , que
la grande foule n'apporta aucune
confufion. La Ceremo
nie fut terminée par un ſçavant
& fort beau Difcours
que
GALANT. 241
que prononça ce Prélat , ſur
les obligations & les devoirs
d'une Abbeſſe à l'égard de
ſes Religieuſes , aprés quoy
il fut régalé ſplendidement
avec toutes les Perſonnes de
marque qui estoient venuës
des environs.
Fermer
11
p. 132-151
Harangues faites à Dunkerque, à Gravelines, & à l'Isle, qui avoient esté oubliées dans la premiere Partie du Voyage de Flandres, avec quelques nouvelles particularités. [titre d'après la table]
Début :
Je croyois ne devoir plus vous parler d'aucune des Villes [...]
Mots clefs :
Dunkerque, Gravelines, Lille, Ville, Harangues, Roi, Ambassadeurs, Lieutenant, Compliment, Joie, Invincible monarque, Magistrat, Échevins, Amitié, Vin, Seigneurs, Troupes, Fortifications, Cérémonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Harangues faites à Dunkerque, à Gravelines, & à l'Isle, qui avoient esté oubliées dans la premiere Partie du Voyage de Flandres, avec quelques nouvelles particularités. [titre d'après la table]
Je croyois ne devoir plus
vous parler d'aucune des Vil
les de Flandre où les Ambaſ
fadeurs ont eſté ; cependant
je ne puis me difpenferdevous
entretenir encore de Gravelines
, de Dunquerque & de
l'Iſle , dont il me reſte pluſieurs
chofes à vous dire, &
les harangues àvous envoyer,
le defir que j'ay eu de fatisfaire
voſtre curioſité , ayant
eſté cauſe que je vous ay écrit
avant que tous mes me-
1
des Amb de Siam. 133
moires ſuſſent arrivez . Ainfi
pour rendre juſtice à tous
ceux qui le meritent , je vais
encore vous apprendre quelques
particularitez de ce qui
s'eſt fait dans ces troisVilles,
mais ſans vous rien repeter
de ce que je vous ay déja dit.
Quoique Gravelines ne fuft
point du nombre de celles
que les Ambaſſadeurs devoient
voir , & qu'elle n'ait
fçû qu'ils y devoient dîner
que deux heures avant qu'ils
y arrivaſſent, comme on n'eſt
jamais ſurpris dans lesPlaces
duRoy, tout s'eſt paffé dans
134 IV. P. du Voyage
د
cette Ville là de la même ma
niere que dans les autres.
M Benoist Lieutenant
de Roy , reçût les Ambafſadeurs
avec l'Etat Major.
Les Troupes qui eſtoient en
haye eſtoient le Regimentde
Foreft, commandé parMde
Cleran , & les Compagnies
de Meuſnier & de Manuel ,
du Regiment d'Erlac. M. de
la Puiſade avec un Lieutenant
, & so hommes eſtoit
de garde au logis qui leur
avoit eſté preparé . M.le Prevoſt
Bailly à la teſte de Mles
Mayeur & Eſchevins , leur
A
des Amb. de Siam. 135
offrit les Vins de Ville, & leur
fit le compliment que je vous
envoye , auquel il avoit eſté
obligé de ſe preparer pref
que fur le champ.
MESSEIGNEVRS ,
Les Magistrats , aussi bien que
tout le Peuplede Graveline, reffentant
une joye extrême de ce qu'il
a plû à vos Excellences , d'honorer
cette ville de leurs illuftres presences
,
vous viennent en donner
des marques, en vous afſeurant qu'-
ils en auront une eternelle reconnoiffance
. Ils souhaiteroient avec
paffion, pouvoirpar un difcours accomply,
&par des Presens magnifiques,
témoigner les respects qu'ils
136 IV. P. du Voyage
ont pour vos Excellences, qui com
me Ambassadeurs reprefentent la
Majesté d'un grand Roy , pourlequel
ils auront toûjours toute la
veneration , qui est deuë à un Allié
de nostre Auguste &Invincible
Monarque ; mais n'ayant rien quż
Soit digne de vos Excellences , ils
leur offrent leurs coeurs pour leur
faire voir combien ils fontſenſibles
à la grace qu'ils reçoivent & ces
Vins de Ville , pour un effet de
leur Zele.
Mrs du Clergé les haranguerent
enſuite. Tous ces
compliments eftant finis , les
Ambaſſadeurs dirent , qu'ils
avoient trouvé les Troupes fi
desAmb. de Siam. 137
leftes &fi belles , qu'ilsfouhaitoient
de les revoir. On ordonna
à Mª de Cleran , Lieutenant
Colonel de Foreft , de
les faire défiler. Tous les OfficiersFrançois&
Suiffes,faluerent
de la Pique avec beaucoup
de grace, & un air qui
furprit les Ambaſſadeurs ,
quoiqu'ils fuſſent accoûtumez
à recevoir tous les jours
de pareils faluts. Comme
le temps eſtoit fort vilain, &
que d'ailleurs ils eſtoient preffez
de partir , ils ne purent
viſiter les Fortifications de la
Place; mais ils en demande-
M
138 IV. P. du Voyage
rent le Plan, qu'ils regarde
rent avec beaucoup de plaifir
& d'attention , juſqu'à ce
qu'ils ſe miſſent à table. Ils
dirent en l'examinant , que
s'estoit avecjustice que cettePlace
avoit une fi grande reputation.
ParmylesDames deBourbourg
qui estoient venues
pour les voir dîner, & celles
de Gravelines qui eurent la
même curiofité, ils en trouverent
de trés-belles , du
nombre deſquelles furent
Meſdemoiselles Charpentier
& de Seine ; auffi reçûrentelles
de grandes honeſtere,z
des Amb. de Siam. 139
des Ambaſſadeurs , qui leur
donnerent des fruits.
J'adjoûteray peu de choſes
à ce que je vous ay déja
dit de leur séjour àDunkerque.
Ils furent conduits dans
la grande Chambre deJuſtice
de l'Hôtel de Ville , où Mrs
du Magiftrat les vinrent
complimenter . A la teſte
anarchoient les quatre Sergens
du Baillage , vêtus de
leurs Caſaques de ceremonie,
& ayant leurs Halebardes fur
leurs épaules. Aprés eux entrerent
leBailly , le Bourguemeſtre,
les Echevins, les trois
міj
140 IV. P. du Voyage
t
Penſionnaires de la Ville , le
Greffier , le Treforier & les
Conſeillers; ceux qui compofent
le Corps du Magiſtrat les
fuivoient en robbes &
avoient aprés eux les quatre
Huiffiers de la Chambre du
Magiftrat , reveſtus auſſi de
leurs Manteaux de ceremonie.
Aprés que le Magiftrat
eut fait les reverences ordinaires
, le ſieur Alonſe Laurent
de Briſe , l'un des trois
Penſionnaires , prononça ce
compliment par ordre de M
Coppens,Bourguemeſtre, fuivant
l'ancien uſage du Païs,
r
desAmb. de Siam. 141
MESSEIGNEVRS ,
Les Bailly , Bourguemestre , Echevins
& Conseillers de cette ville
de Dunkerque ,sçachant aussi bien
que tous les Peuples de l'Europe,
avec combien de joye le Roy Louis
le Grand noftre trés-Auguste &Invincible
Monarque, vous a recens
enſesEtats, &l'eftime trés-particuliere
qu'il fait de l'amitié du puiffant
Royde Siam voſtre Souverain,
ont voulu s'aquiter de leur devoir,
en presentant à vos Excellences
leurs trés-humbles respects &fervices,
avec offre de Vin de Ville.
1
L'Ambaſſadeur répondit ,
qu'ils estoient fort obligez à
Ms du Magistrat , de leurs
142 IV. P. du Voyage
civilitez, &que leur Present
leur feroit fort agreable. Ils
fouperent en public , & M*
Coppens leur députa MSOmair
& Blomme , Echevins
qui leur preſenterent de la
part duMagiſtrat fix douzai
nes de bouteilles du plus excellent
Vin de Champagne,
qu'on euſt pû trouver , pour
Preſent du Vin de Ville.
Les Ambaſſadeurs ayant veu
les Ouvrages de la Marine
qui font àDunkerque, le Fort
du Rifban , & les Fortifications
de la Ville, come je vous
l'ay marqué dans la troifié
desAmb. de Siam. 143
me partie de cette Relation ,
partirent le 31. Octobre au
bruit du Canon , & au fon
des Cloches qui carrillonnerent
tant qu'ils les purent entendre.
Ils prirent leur route
par le Canal de Bergues pour
aller à Ypres, & l'on fit marcher
leurs Carroſſes vuides
par la Digue le long du Canal.
Le Magiſtrat avoit commandé
la Barque ou Yack de
laVille, pour les conduire par
caujuſqu'àlaVilledeBergues.
Cette Barque eft fort propre
&baſtie en forme de Fregate.
Je vous aydéja parlé fi am
144 IV. P.du Voyage
plement de la reception qui
leur a eſté faite à Lifle , que
ne retouchant cet article
que pour la harangue , tout
ce que j'y puis adjouter, c'eſt
que les principaux Officiers
de la Garniſon allerent environ
une lieuë au devant d'eux
avec les Gardes de M.le Marêchal
de Humiere , le reſte
ſe paſſa.comme je vous l'ay
déja maqué à l'égard de la
Gendarmerie. Voicy le compliment
que leur fit au nom
de la VilleM de Broide, Seigneur
de Gondecourt, & pre
mierConfeiller Penſionnaire.
ILLVS
des Amb. de Siam. 145
ILLYSTRES SEIGNEURS,
Les augustes qualitez , & les
triomphes de nôtre trés Haut, trés-
Magnanime & trés - Invincible Monarque
, ne vous avoient parû que
par ce que vous en avoit appris lakenommée
en publiant ses heroïques
exploits ; mais depuis que vous avez
eu l'honneur de ſes Audiences , que
vous avez veu la magnificence de
Sa Cour, la grandeur desa Puiſſance
& l'étendue de ſon Empire, &deſes
glorieuses conquêtes , vous aurez reconnu
au dessus de cette reputation
tout ce que vous aviezconceu de la
personne de cet Auguste Conquerant,
unegrandeurdAme incomparable une
Sageſſe ſurprenante en toutes choses,
& une prudence qui na pono d'é
N
146 IV. P. du Voyage
gale dons le Gouvernement de fes
Etats. Les penibles fatigues & les
travaux que vous avez effuyez dans
ce long trajet de vastes Mers ; l'inconstance
des vents &le dangerdes
écueils où vous vous estes exposez
pour luy rendre les honneurs qui luy
font dûs , & pour rechercher Son
amitié, nous font connoître l'admiration
où vous eſtes de le voir comblé
de gloire. Le commandement que
SaMajesténous afaitde vous recevoir
avec tous leshonneurs qu'on doit aux
personnes de vôtre caractere, marque
l'estime qu'Elle fait de la persoune
des merites du très- Puiſſant & tres-
Excellent Prince le Roy de Siam.
Nous ne doutons point, Illuftres Seigneurs
, que vous n'ayez receu tous
les temoignages que vous attendiez
du Zele de la France, pour la réuffite
des Amb. de Siam. 147
de l'union que vous désirez . Ce zele
n'est point particulier; il est commun
à tous les bons&fideles Suiets do
Roy , & principalement aux Magistrats
& au Peuple de cette ville de
Lifle, qui ne peuvent affez exprimer
la joye qu'ils reçoiventde l'honneur
de vôtre presence. Ils admirent
estiment , Meffeigneurs, vôtre generositéde
paſſer des extrêmitez de l'Ovient
dans ces contrées au peril de
vôtre vie, & ils tiennentcettefera
veur pour une preuve aſſurée de la
finceritéde vos affections. Cette inf
piration de l'Auguste Roy de Siam,
à rechercher l'amitié de ſa Majesté,
preferablement à tous autres , leur
paroit un effet de la Divine Provi
dence , qui leur preſage que cette
union perfuadera plus fortement le
Roy votre Maitre , d'embrasfer la
Nij
148 IV.P du Voyage
même creance, &de sefaire instruire
de la veritéde laReligion Chreftienne.
Noussouhaitons , Meſſeigneurs, que
cette penséefuit lafin heureuse &le
fruit de vôtre Voyage & de vosglorieux
travaux , à l'exemple de ce
Roy très- Pieux&très- Chieſtien, qui
apres avoir heureusement foûtenu la
Guerre ,& donné glorieusement la
Paix à l'Europe , s'applique avec
tous les soins imaginables , à faire
regnersouverainementla Loy du vray
Dieu. Enfin nous souhaitons au Roy
de Siam fous les auspices de cette
Divinité infinie & éternelle , l'accroiſſement
de sa grandeur &prof
perité, & que vous soyez auffi heureux
sous son Regne, que nous le
Sommes fous celuy du plus Sage , du
plus luſte & du plus parfait de tous
les Rois. Aggreez, Illustres Seigneurs,
des Amb. de Siam. 149
tes voeux de vos très-humbles &
três- obeiſſans Serviteurs ."
Pendant le ſéjour que les
Ambaffadeurs firent à Lifle,
ils eurent cent Hommes de
garde à leur logis , & les ruës
furent éclairées le ſoir & toute
la nuit. Ils allerent viſiter
l'Eglife Collegiale de S. Pierre
, & celle des Dominicains,
qui eſt une des plus belles
Eglifes de la Ville , & qu'ils
examinerent avec beaucoup
de ſoin. Je vous ay déja par- .
lé de l'Hôpital Comteſſe, où
ces Ambaſſadeurs allerent
Ninj
150 IV. P. du Voyage
auſſi ; mais je ne vous ay pas
dit qu'il eft ainſi nommé
parcequ'il a eſté fondé par
une Comteffe de Flandres .
Lorſque la Prieure leur preſenta
des Bouquets de Fleurs
de ſoye , comme je vous l'ay
marqué dans ma Relation
précedente , elle leur dit que
la couleur n'en changeroit ja
mais , & garderoit toûjours le
mesme éclat ; & les pria en
meſme temps de ſe ſouvenir
d'elle. Aquoy l'Ambaſſadeur
répondit qu'il s'enfſouviendroit
auſſi longtemps que les Fleurs
qu'elle leur avoit preſentées
des Amb de Siam. 151
garderoient leur couleur.
vous parler d'aucune des Vil
les de Flandre où les Ambaſ
fadeurs ont eſté ; cependant
je ne puis me difpenferdevous
entretenir encore de Gravelines
, de Dunquerque & de
l'Iſle , dont il me reſte pluſieurs
chofes à vous dire, &
les harangues àvous envoyer,
le defir que j'ay eu de fatisfaire
voſtre curioſité , ayant
eſté cauſe que je vous ay écrit
avant que tous mes me-
1
des Amb de Siam. 133
moires ſuſſent arrivez . Ainfi
pour rendre juſtice à tous
ceux qui le meritent , je vais
encore vous apprendre quelques
particularitez de ce qui
s'eſt fait dans ces troisVilles,
mais ſans vous rien repeter
de ce que je vous ay déja dit.
Quoique Gravelines ne fuft
point du nombre de celles
que les Ambaſſadeurs devoient
voir , & qu'elle n'ait
fçû qu'ils y devoient dîner
que deux heures avant qu'ils
y arrivaſſent, comme on n'eſt
jamais ſurpris dans lesPlaces
duRoy, tout s'eſt paffé dans
134 IV. P. du Voyage
د
cette Ville là de la même ma
niere que dans les autres.
M Benoist Lieutenant
de Roy , reçût les Ambafſadeurs
avec l'Etat Major.
Les Troupes qui eſtoient en
haye eſtoient le Regimentde
Foreft, commandé parMde
Cleran , & les Compagnies
de Meuſnier & de Manuel ,
du Regiment d'Erlac. M. de
la Puiſade avec un Lieutenant
, & so hommes eſtoit
de garde au logis qui leur
avoit eſté preparé . M.le Prevoſt
Bailly à la teſte de Mles
Mayeur & Eſchevins , leur
A
des Amb. de Siam. 135
offrit les Vins de Ville, & leur
fit le compliment que je vous
envoye , auquel il avoit eſté
obligé de ſe preparer pref
que fur le champ.
MESSEIGNEVRS ,
Les Magistrats , aussi bien que
tout le Peuplede Graveline, reffentant
une joye extrême de ce qu'il
a plû à vos Excellences , d'honorer
cette ville de leurs illuftres presences
,
vous viennent en donner
des marques, en vous afſeurant qu'-
ils en auront une eternelle reconnoiffance
. Ils souhaiteroient avec
paffion, pouvoirpar un difcours accomply,
&par des Presens magnifiques,
témoigner les respects qu'ils
136 IV. P. du Voyage
ont pour vos Excellences, qui com
me Ambassadeurs reprefentent la
Majesté d'un grand Roy , pourlequel
ils auront toûjours toute la
veneration , qui est deuë à un Allié
de nostre Auguste &Invincible
Monarque ; mais n'ayant rien quż
Soit digne de vos Excellences , ils
leur offrent leurs coeurs pour leur
faire voir combien ils fontſenſibles
à la grace qu'ils reçoivent & ces
Vins de Ville , pour un effet de
leur Zele.
Mrs du Clergé les haranguerent
enſuite. Tous ces
compliments eftant finis , les
Ambaſſadeurs dirent , qu'ils
avoient trouvé les Troupes fi
desAmb. de Siam. 137
leftes &fi belles , qu'ilsfouhaitoient
de les revoir. On ordonna
à Mª de Cleran , Lieutenant
Colonel de Foreft , de
les faire défiler. Tous les OfficiersFrançois&
Suiffes,faluerent
de la Pique avec beaucoup
de grace, & un air qui
furprit les Ambaſſadeurs ,
quoiqu'ils fuſſent accoûtumez
à recevoir tous les jours
de pareils faluts. Comme
le temps eſtoit fort vilain, &
que d'ailleurs ils eſtoient preffez
de partir , ils ne purent
viſiter les Fortifications de la
Place; mais ils en demande-
M
138 IV. P. du Voyage
rent le Plan, qu'ils regarde
rent avec beaucoup de plaifir
& d'attention , juſqu'à ce
qu'ils ſe miſſent à table. Ils
dirent en l'examinant , que
s'estoit avecjustice que cettePlace
avoit une fi grande reputation.
ParmylesDames deBourbourg
qui estoient venues
pour les voir dîner, & celles
de Gravelines qui eurent la
même curiofité, ils en trouverent
de trés-belles , du
nombre deſquelles furent
Meſdemoiselles Charpentier
& de Seine ; auffi reçûrentelles
de grandes honeſtere,z
des Amb. de Siam. 139
des Ambaſſadeurs , qui leur
donnerent des fruits.
J'adjoûteray peu de choſes
à ce que je vous ay déja
dit de leur séjour àDunkerque.
Ils furent conduits dans
la grande Chambre deJuſtice
de l'Hôtel de Ville , où Mrs
du Magiftrat les vinrent
complimenter . A la teſte
anarchoient les quatre Sergens
du Baillage , vêtus de
leurs Caſaques de ceremonie,
& ayant leurs Halebardes fur
leurs épaules. Aprés eux entrerent
leBailly , le Bourguemeſtre,
les Echevins, les trois
міj
140 IV. P. du Voyage
t
Penſionnaires de la Ville , le
Greffier , le Treforier & les
Conſeillers; ceux qui compofent
le Corps du Magiſtrat les
fuivoient en robbes &
avoient aprés eux les quatre
Huiffiers de la Chambre du
Magiftrat , reveſtus auſſi de
leurs Manteaux de ceremonie.
Aprés que le Magiftrat
eut fait les reverences ordinaires
, le ſieur Alonſe Laurent
de Briſe , l'un des trois
Penſionnaires , prononça ce
compliment par ordre de M
Coppens,Bourguemeſtre, fuivant
l'ancien uſage du Païs,
r
desAmb. de Siam. 141
MESSEIGNEVRS ,
Les Bailly , Bourguemestre , Echevins
& Conseillers de cette ville
de Dunkerque ,sçachant aussi bien
que tous les Peuples de l'Europe,
avec combien de joye le Roy Louis
le Grand noftre trés-Auguste &Invincible
Monarque, vous a recens
enſesEtats, &l'eftime trés-particuliere
qu'il fait de l'amitié du puiffant
Royde Siam voſtre Souverain,
ont voulu s'aquiter de leur devoir,
en presentant à vos Excellences
leurs trés-humbles respects &fervices,
avec offre de Vin de Ville.
1
L'Ambaſſadeur répondit ,
qu'ils estoient fort obligez à
Ms du Magistrat , de leurs
142 IV. P. du Voyage
civilitez, &que leur Present
leur feroit fort agreable. Ils
fouperent en public , & M*
Coppens leur députa MSOmair
& Blomme , Echevins
qui leur preſenterent de la
part duMagiſtrat fix douzai
nes de bouteilles du plus excellent
Vin de Champagne,
qu'on euſt pû trouver , pour
Preſent du Vin de Ville.
Les Ambaſſadeurs ayant veu
les Ouvrages de la Marine
qui font àDunkerque, le Fort
du Rifban , & les Fortifications
de la Ville, come je vous
l'ay marqué dans la troifié
desAmb. de Siam. 143
me partie de cette Relation ,
partirent le 31. Octobre au
bruit du Canon , & au fon
des Cloches qui carrillonnerent
tant qu'ils les purent entendre.
Ils prirent leur route
par le Canal de Bergues pour
aller à Ypres, & l'on fit marcher
leurs Carroſſes vuides
par la Digue le long du Canal.
Le Magiſtrat avoit commandé
la Barque ou Yack de
laVille, pour les conduire par
caujuſqu'àlaVilledeBergues.
Cette Barque eft fort propre
&baſtie en forme de Fregate.
Je vous aydéja parlé fi am
144 IV. P.du Voyage
plement de la reception qui
leur a eſté faite à Lifle , que
ne retouchant cet article
que pour la harangue , tout
ce que j'y puis adjouter, c'eſt
que les principaux Officiers
de la Garniſon allerent environ
une lieuë au devant d'eux
avec les Gardes de M.le Marêchal
de Humiere , le reſte
ſe paſſa.comme je vous l'ay
déja maqué à l'égard de la
Gendarmerie. Voicy le compliment
que leur fit au nom
de la VilleM de Broide, Seigneur
de Gondecourt, & pre
mierConfeiller Penſionnaire.
ILLVS
des Amb. de Siam. 145
ILLYSTRES SEIGNEURS,
Les augustes qualitez , & les
triomphes de nôtre trés Haut, trés-
Magnanime & trés - Invincible Monarque
, ne vous avoient parû que
par ce que vous en avoit appris lakenommée
en publiant ses heroïques
exploits ; mais depuis que vous avez
eu l'honneur de ſes Audiences , que
vous avez veu la magnificence de
Sa Cour, la grandeur desa Puiſſance
& l'étendue de ſon Empire, &deſes
glorieuses conquêtes , vous aurez reconnu
au dessus de cette reputation
tout ce que vous aviezconceu de la
personne de cet Auguste Conquerant,
unegrandeurdAme incomparable une
Sageſſe ſurprenante en toutes choses,
& une prudence qui na pono d'é
N
146 IV. P. du Voyage
gale dons le Gouvernement de fes
Etats. Les penibles fatigues & les
travaux que vous avez effuyez dans
ce long trajet de vastes Mers ; l'inconstance
des vents &le dangerdes
écueils où vous vous estes exposez
pour luy rendre les honneurs qui luy
font dûs , & pour rechercher Son
amitié, nous font connoître l'admiration
où vous eſtes de le voir comblé
de gloire. Le commandement que
SaMajesténous afaitde vous recevoir
avec tous leshonneurs qu'on doit aux
personnes de vôtre caractere, marque
l'estime qu'Elle fait de la persoune
des merites du très- Puiſſant & tres-
Excellent Prince le Roy de Siam.
Nous ne doutons point, Illuftres Seigneurs
, que vous n'ayez receu tous
les temoignages que vous attendiez
du Zele de la France, pour la réuffite
des Amb. de Siam. 147
de l'union que vous désirez . Ce zele
n'est point particulier; il est commun
à tous les bons&fideles Suiets do
Roy , & principalement aux Magistrats
& au Peuple de cette ville de
Lifle, qui ne peuvent affez exprimer
la joye qu'ils reçoiventde l'honneur
de vôtre presence. Ils admirent
estiment , Meffeigneurs, vôtre generositéde
paſſer des extrêmitez de l'Ovient
dans ces contrées au peril de
vôtre vie, & ils tiennentcettefera
veur pour une preuve aſſurée de la
finceritéde vos affections. Cette inf
piration de l'Auguste Roy de Siam,
à rechercher l'amitié de ſa Majesté,
preferablement à tous autres , leur
paroit un effet de la Divine Provi
dence , qui leur preſage que cette
union perfuadera plus fortement le
Roy votre Maitre , d'embrasfer la
Nij
148 IV.P du Voyage
même creance, &de sefaire instruire
de la veritéde laReligion Chreftienne.
Noussouhaitons , Meſſeigneurs, que
cette penséefuit lafin heureuse &le
fruit de vôtre Voyage & de vosglorieux
travaux , à l'exemple de ce
Roy très- Pieux&très- Chieſtien, qui
apres avoir heureusement foûtenu la
Guerre ,& donné glorieusement la
Paix à l'Europe , s'applique avec
tous les soins imaginables , à faire
regnersouverainementla Loy du vray
Dieu. Enfin nous souhaitons au Roy
de Siam fous les auspices de cette
Divinité infinie & éternelle , l'accroiſſement
de sa grandeur &prof
perité, & que vous soyez auffi heureux
sous son Regne, que nous le
Sommes fous celuy du plus Sage , du
plus luſte & du plus parfait de tous
les Rois. Aggreez, Illustres Seigneurs,
des Amb. de Siam. 149
tes voeux de vos très-humbles &
três- obeiſſans Serviteurs ."
Pendant le ſéjour que les
Ambaffadeurs firent à Lifle,
ils eurent cent Hommes de
garde à leur logis , & les ruës
furent éclairées le ſoir & toute
la nuit. Ils allerent viſiter
l'Eglife Collegiale de S. Pierre
, & celle des Dominicains,
qui eſt une des plus belles
Eglifes de la Ville , & qu'ils
examinerent avec beaucoup
de ſoin. Je vous ay déja par- .
lé de l'Hôpital Comteſſe, où
ces Ambaſſadeurs allerent
Ninj
150 IV. P. du Voyage
auſſi ; mais je ne vous ay pas
dit qu'il eft ainſi nommé
parcequ'il a eſté fondé par
une Comteffe de Flandres .
Lorſque la Prieure leur preſenta
des Bouquets de Fleurs
de ſoye , comme je vous l'ay
marqué dans ma Relation
précedente , elle leur dit que
la couleur n'en changeroit ja
mais , & garderoit toûjours le
mesme éclat ; & les pria en
meſme temps de ſe ſouvenir
d'elle. Aquoy l'Ambaſſadeur
répondit qu'il s'enfſouviendroit
auſſi longtemps que les Fleurs
qu'elle leur avoit preſentées
des Amb de Siam. 151
garderoient leur couleur.
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Résumé : Harangues faites à Dunkerque, à Gravelines, & à l'Isle, qui avoient esté oubliées dans la premiere Partie du Voyage de Flandres, avec quelques nouvelles particularités. [titre d'après la table]
Le texte décrit la visite des ambassadeurs de Siam dans plusieurs villes de Flandre. À Gravelines, les ambassadeurs furent accueillis par M. Benoist, lieutenant du roi. Les troupes présentes comprenaient le régiment de Forezt, commandé par M. de Cleran, ainsi que les compagnies de Meusnier et de Manuel du régiment d'Erlac. Les magistrats et le peuple exprimèrent leur joie et leur reconnaissance. Les ambassadeurs admirèrent les troupes et demandèrent à voir les fortifications, mais en raison du mauvais temps, ils se contentèrent d'examiner le plan de la place. Ils furent également impressionnés par les dames présentes. À Dunkerque, les ambassadeurs furent conduits à l'Hôtel de Ville où ils reçurent les compliments du magistrat. Ils visitèrent les ouvrages de la marine et les fortifications avant de partir pour Ypres via le canal de Bergues. Le magistrat de Dunkerque leur offrit du vin de Champagne. À Lille, les ambassadeurs furent accueillis par les principaux officiers de la garnison et reçurent une harangue de M. de Broide, seigneur de Gondecourt. La ville fut illuminée pendant leur séjour. Ils visitèrent plusieurs églises et l'hôpital Comtesse, fondé par une comtesse de Flandres. La prieure de l'hôpital leur offrit des bouquets de fleurs en soie et leur demanda de se souvenir d'elle.
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12
p. 249-[2]59
Ce qu'ils ont fait & dit aux Feuillants le jour qu'ils y ont esté au Te Deum, de la composition de Mr de Lully. [titre d'après la table]
Début :
Vous avez oüy parler du Te Deum de la composition [...]
Mots clefs :
Jean-Baptiste Lully, Te Deum, Pères, France, Cérémonie, Ambassadeur, Personnes, Prince, Musique, Couvent des Feuillants
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ce qu'ils ont fait & dit aux Feuillants le jour qu'ils y ont esté au Te Deum, de la composition de Mr de Lully. [titre d'après la table]
Vous avez oüy parler du
Te Deum de la compofition
de Me de Lully , qui s'eſt
chanté aux Feüillans , pour
rendre graces à Dieu du retour
de la ſanté de Sa Majefté.
Six de ces Peres ayant
efté députez pour prier les
250 IV. P. du Vovaze
Ambaſſadeurs d'aſſiſter àa
cette Ceremonie , fe rendirent
à l'Hoſtel où ils eftoient
logez ; & aprés qu'ils eurent
fait leur compliment, &marqué
le ſujet qui les amenoit,
l'Ambaſſadeur leur répondit
Qu'ils avoient de fi grands
defi justes sujets de s'informer
de laſantéduRoy, qu ils avoient
fçû que Sa Majesté ſe portoit
bien ; mais qu'ils estoient ravis
de l'apprendre par des perſonnes
ne diſoient jamais que la
verité;Qu'ils iroient avec plaifir
chez eux, afin que cettefan
té leurfustconfirméepar la voix
desAmb. de Siam. 251
des Peuples, pour avoir le plaifir
de voir ces Peres , &pour entendre
la Muſique de Mr de
Lully, dont ils avoient déja efté
charmez en d'autres occafions.
Le jour de la Ceremonie, les
Ambafladeurs furent receus
la premiere Porte des Feüil
lans par pluſieurs de ces Religieux
qui les conduifirent
dans une Sale fort propre ,
auprés d'un grand feu, où les
Peres les plus diftinguez du
Convent par leur merite &
par leur employ , les attendoient.
Aprés les premiers
complimens de part & d'au252
IV. P. du Voyage
tre , les Ambaſſfadeurs le leverent
pour voir lesTableaux
qui estoient autour de la Salle,
parmy leſquels on voyoit
ceux de Henry III. de Henry
IV. de Loüis XIII . & de Loüis
le Grand, peints de leur hauteur;
& ce fur à ces Tableaux
qu'ils s'arreſterent, auffi bien
qu'à celuy de Monfieur, qu'ils
reconnurent d'abord , quoyqu'il
fuſt peint il y a plus de
vingt ans. Comme ils s'attacherent
à regarder le Portrait
de Henty III . on leur
dit, qu'il avoit eſté Roy de Pologne
; ce qui ſurprit fort
des Amb . de Siam. 253
l'Ambaſſadeur , qui répondit
Qu'il ne pouvoit concevoir ce
qu'on luy difoit , puiſqu'il n'eftoit
pas vray -femblable qu'on
quittaſt un Royaume comme la
France , pour quelque Royaume
que ce fuft ; deforte qu'il falut
luy expliquer que Henry
IHI. n'eſtoit pas encore Roy
de France, lorſqu'il fut nommé
à la Couronne de Pologne
, qui ſe donne par élection
; mais qu'il revint prendre
celle de France , fi- toft
qu'il y fut appellé par droit
de fucceflion. Une perſonne
de la compagnie luy ayant
254 IV. P. du Voyage
dit lorſqu'il eſtoit attaché a
confiderer le Portrait deHenry
IV. Que s'il n'avoit pas cefsé
d'eftre Huguenot, il n'auroit
pas esté Roy de France , ilrépondit
que c'estoit le Sang, &
non la Religion , qui donnoit la
Couronne de France. Il demanda
par quelle raiſon les quatre
Rois dont il voyoit les
Portraits , avoient des habits
fi differens les uns des autres;
& quelqu'un ayant reparty,
que les François aimoient un peu
le changement en habits , il répondit,
que c'estoit moins une
marque d'inconstance que parcedesAmb.
de Siam. 255
qu'ils cherchoient la perfection
en toutes choses, &que ces changemens
estoient des effais pour la
trouver ; mais quependant qu'on
les voyoit avec tant de fortes
d'habillemens, on ne devoit point
trouver à redire à ceux dont les
autres Nations ſe ſervoient. Ils
retournerent enſuite auprés
du feu , où M le Prince&
Mela Princeſſe de Mekelbourg
eſtant arrivez , ils eurent
une affez longue converſation
, cette Princeſſe
leur ayant fait diverſes
queſtions pleines d'eſprit.
Pluſieurs Perſonnes de la
256 IV. P. du Voyage
premiere qualité qui vinrent
dans cette Sale pour ſe chaufer,
entrerent auſſi en converſation
avec eux ,& ils la foûtinrent
avec beaucoup d'efprit.
Me l'Envoyé de Mantouë
leur parla long-temps .
Monfieur le Prince deConty
qui vouloit voir la Ceremonie
ſans ſe faire connoître ,
parût dans le meſme lieu ainſi
que Ma le grand Prieur ,& fe
fit diftinguer par ſon grand
air. L'Ambaſſadeur marqua
qu'il auroit ſouhaitté de luy parler,
mais qu'il n'ofoit par respect
commencer la conversation avec
des Amb. de Siam . 257
un grand Prince , àmoins qu'il
ne luy parlaſt le premier. Elle ſe
lia neantmoins , mais elle ne
fut pas particuliere. Peu de
temps aprés , chacun fut conduit
aux places qui avoient
elté refervées pour tant d'Illuftres
Perſonnes , les Princes
en bas , & les Ambaſſadeurs
aux feneſtres de la Galerie qui
donnent dans l'Eglife. Ils regarderent,
& écouterent avec
une extréme attention , ils remarquerent
les differentes expreffions
de la Muſique , &
pendantle Domine falvum fac
Regem , qu'on leur expliqua ,
Y
258 IV.P.du Voyage
il ſembloit qu'ils priaffent
auſſi pour le Roy. La Ceremonie
eſtant achevée , ils furent
reconduits dans la même
Sale , où on les avoit d'abord
amenés pour ſe chauffer
, & l'Ambaſſadeur pour
montrer aux Peres l'effet que
ce qu'il venoit de voir avoit
fait fur luy , porta fa main à
ſes yeux , à ſes oreilles ,& fur
fon coeur , & dit queses yeux
avoient efté enchantés , ſes oreilles
charmées , &fon coeur touché.
Il répondit avec une prefence
, & une vivacité d'efprit
inconcevable àbeaucoup
:
des Amb. de Siam. 159
de perſonnes qui luy parle.
rent. Les Peres les firent en
fuite paffer dans une Salle où
ils trouverent une Collation
ſervie. On les pria de ſi bonne
grace de ſe mettre à table,
qu'ils fe crurent obligez d'avoir
cette complaifance pour
ceux qui les en prefferent. Ils
fortirent quelque temps aprés,
& furent reconduits par les
Peres juſques à la porte de la
ruë.
Te Deum de la compofition
de Me de Lully , qui s'eſt
chanté aux Feüillans , pour
rendre graces à Dieu du retour
de la ſanté de Sa Majefté.
Six de ces Peres ayant
efté députez pour prier les
250 IV. P. du Vovaze
Ambaſſadeurs d'aſſiſter àa
cette Ceremonie , fe rendirent
à l'Hoſtel où ils eftoient
logez ; & aprés qu'ils eurent
fait leur compliment, &marqué
le ſujet qui les amenoit,
l'Ambaſſadeur leur répondit
Qu'ils avoient de fi grands
defi justes sujets de s'informer
de laſantéduRoy, qu ils avoient
fçû que Sa Majesté ſe portoit
bien ; mais qu'ils estoient ravis
de l'apprendre par des perſonnes
ne diſoient jamais que la
verité;Qu'ils iroient avec plaifir
chez eux, afin que cettefan
té leurfustconfirméepar la voix
desAmb. de Siam. 251
des Peuples, pour avoir le plaifir
de voir ces Peres , &pour entendre
la Muſique de Mr de
Lully, dont ils avoient déja efté
charmez en d'autres occafions.
Le jour de la Ceremonie, les
Ambafladeurs furent receus
la premiere Porte des Feüil
lans par pluſieurs de ces Religieux
qui les conduifirent
dans une Sale fort propre ,
auprés d'un grand feu, où les
Peres les plus diftinguez du
Convent par leur merite &
par leur employ , les attendoient.
Aprés les premiers
complimens de part & d'au252
IV. P. du Voyage
tre , les Ambaſſfadeurs le leverent
pour voir lesTableaux
qui estoient autour de la Salle,
parmy leſquels on voyoit
ceux de Henry III. de Henry
IV. de Loüis XIII . & de Loüis
le Grand, peints de leur hauteur;
& ce fur à ces Tableaux
qu'ils s'arreſterent, auffi bien
qu'à celuy de Monfieur, qu'ils
reconnurent d'abord , quoyqu'il
fuſt peint il y a plus de
vingt ans. Comme ils s'attacherent
à regarder le Portrait
de Henty III . on leur
dit, qu'il avoit eſté Roy de Pologne
; ce qui ſurprit fort
des Amb . de Siam. 253
l'Ambaſſadeur , qui répondit
Qu'il ne pouvoit concevoir ce
qu'on luy difoit , puiſqu'il n'eftoit
pas vray -femblable qu'on
quittaſt un Royaume comme la
France , pour quelque Royaume
que ce fuft ; deforte qu'il falut
luy expliquer que Henry
IHI. n'eſtoit pas encore Roy
de France, lorſqu'il fut nommé
à la Couronne de Pologne
, qui ſe donne par élection
; mais qu'il revint prendre
celle de France , fi- toft
qu'il y fut appellé par droit
de fucceflion. Une perſonne
de la compagnie luy ayant
254 IV. P. du Voyage
dit lorſqu'il eſtoit attaché a
confiderer le Portrait deHenry
IV. Que s'il n'avoit pas cefsé
d'eftre Huguenot, il n'auroit
pas esté Roy de France , ilrépondit
que c'estoit le Sang, &
non la Religion , qui donnoit la
Couronne de France. Il demanda
par quelle raiſon les quatre
Rois dont il voyoit les
Portraits , avoient des habits
fi differens les uns des autres;
& quelqu'un ayant reparty,
que les François aimoient un peu
le changement en habits , il répondit,
que c'estoit moins une
marque d'inconstance que parcedesAmb.
de Siam. 255
qu'ils cherchoient la perfection
en toutes choses, &que ces changemens
estoient des effais pour la
trouver ; mais quependant qu'on
les voyoit avec tant de fortes
d'habillemens, on ne devoit point
trouver à redire à ceux dont les
autres Nations ſe ſervoient. Ils
retournerent enſuite auprés
du feu , où M le Prince&
Mela Princeſſe de Mekelbourg
eſtant arrivez , ils eurent
une affez longue converſation
, cette Princeſſe
leur ayant fait diverſes
queſtions pleines d'eſprit.
Pluſieurs Perſonnes de la
256 IV. P. du Voyage
premiere qualité qui vinrent
dans cette Sale pour ſe chaufer,
entrerent auſſi en converſation
avec eux ,& ils la foûtinrent
avec beaucoup d'efprit.
Me l'Envoyé de Mantouë
leur parla long-temps .
Monfieur le Prince deConty
qui vouloit voir la Ceremonie
ſans ſe faire connoître ,
parût dans le meſme lieu ainſi
que Ma le grand Prieur ,& fe
fit diftinguer par ſon grand
air. L'Ambaſſadeur marqua
qu'il auroit ſouhaitté de luy parler,
mais qu'il n'ofoit par respect
commencer la conversation avec
des Amb. de Siam . 257
un grand Prince , àmoins qu'il
ne luy parlaſt le premier. Elle ſe
lia neantmoins , mais elle ne
fut pas particuliere. Peu de
temps aprés , chacun fut conduit
aux places qui avoient
elté refervées pour tant d'Illuftres
Perſonnes , les Princes
en bas , & les Ambaſſadeurs
aux feneſtres de la Galerie qui
donnent dans l'Eglife. Ils regarderent,
& écouterent avec
une extréme attention , ils remarquerent
les differentes expreffions
de la Muſique , &
pendantle Domine falvum fac
Regem , qu'on leur expliqua ,
Y
258 IV.P.du Voyage
il ſembloit qu'ils priaffent
auſſi pour le Roy. La Ceremonie
eſtant achevée , ils furent
reconduits dans la même
Sale , où on les avoit d'abord
amenés pour ſe chauffer
, & l'Ambaſſadeur pour
montrer aux Peres l'effet que
ce qu'il venoit de voir avoit
fait fur luy , porta fa main à
ſes yeux , à ſes oreilles ,& fur
fon coeur , & dit queses yeux
avoient efté enchantés , ſes oreilles
charmées , &fon coeur touché.
Il répondit avec une prefence
, & une vivacité d'efprit
inconcevable àbeaucoup
:
des Amb. de Siam. 159
de perſonnes qui luy parle.
rent. Les Peres les firent en
fuite paffer dans une Salle où
ils trouverent une Collation
ſervie. On les pria de ſi bonne
grace de ſe mettre à table,
qu'ils fe crurent obligez d'avoir
cette complaifance pour
ceux qui les en prefferent. Ils
fortirent quelque temps aprés,
& furent reconduits par les
Peres juſques à la porte de la
ruë.
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Résumé : Ce qu'ils ont fait & dit aux Feuillants le jour qu'ils y ont esté au Te Deum, de la composition de Mr de Lully. [titre d'après la table]
Le texte décrit une cérémonie organisée pour célébrer le rétablissement de la santé du roi, au cours de laquelle fut chanté le Te Deum composé par Jean-Baptiste Lully. Six pères Feuillants furent chargés d'inviter les ambassadeurs de Siam à cette cérémonie. L'ambassadeur siamois manifesta sa joie d'apprendre la bonne santé du roi et son désir de participer à la cérémonie pour apprécier la musique de Lully. Le jour de la cérémonie, les ambassadeurs furent accueillis par les pères Feuillants et conduits dans une salle où ils admirèrent des portraits de rois français, notamment Henri III, Henri IV, Louis XIII et Louis XIV. Les ambassadeurs posèrent des questions sur ces portraits, s'intéressant particulièrement au fait qu'Henri III ait été roi de Pologne. Ils discutèrent également des différences dans les habits royaux, soulignant la recherche de perfection dans les changements de mode. Pendant la cérémonie, les ambassadeurs observèrent attentivement et prièrent pour le roi. Après la cérémonie, ils furent reconduits dans une salle où une collation leur fut offerte. L'ambassadeur siamois exprima son enchantement en portant la main à ses yeux, ses oreilles et son cœur, indiquant qu'il avait été profondément touché par l'expérience. Les ambassadeurs quittèrent ensuite les lieux, reconduits par les pères Feuillants jusqu'à la porte de la rue.
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13
p. 254-255
Mariage avec Mr le Dux de Luynes, avec Me la Princesse de Neufchastel, [titre d'après la table]
Début :
Mc la Princesse de Neufchastel, fille de Louis-Henry de [...]
Mots clefs :
Mariage, Cérémonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mariage avec Mr le Dux de Luynes, avec Me la Princesse de Neufchastel, [titre d'après la table]
54 MERCURE
M la Princeffe de Neufchaftel , fille de Louis - Henry
de Soiffons , ci - devant Abbé
de la Couture , fils naturel de
Louis Comte de Soiffons , qui
fut tué à la Marfée prés de Sedan l'an 1641. lequel Henry
Louis fut legitimé par Lettres
du Roy en 1643. Il eftoit neveu de Madame la Ducheffe de
Nemours , & Prince de Neufchaftel, & il avoit époufé Cunegonde de Luxembourg , fœur
de Mr le Duc de Luxembourg
aujourd'huy Gouverneur de
Normandie. Il eft forti de ce
mariage une fille qui porte le
GALANT 255
A
nom de Princeffe de Neuf.
chaftel , qui vient d'époufer
Mrle Duc de Luynes fils de
Mrle Ducde Montfort , & petit fils de Mr le Duc de Chcvreuſe. S'il eſt vraycommel'on
affure que Mr le Duc de Luynes n'ait que quinze ans , &
Me la Princefle de Neuf- chaf
tel treize , ils ont lieu d'efperer
une longue Pofterité . Le Roy
avoit figné leur Contrat de
Mariage prés de trois ſemaines
avant la Ceremonie de leurs
époufailles.
M la Princeffe de Neufchaftel , fille de Louis - Henry
de Soiffons , ci - devant Abbé
de la Couture , fils naturel de
Louis Comte de Soiffons , qui
fut tué à la Marfée prés de Sedan l'an 1641. lequel Henry
Louis fut legitimé par Lettres
du Roy en 1643. Il eftoit neveu de Madame la Ducheffe de
Nemours , & Prince de Neufchaftel, & il avoit époufé Cunegonde de Luxembourg , fœur
de Mr le Duc de Luxembourg
aujourd'huy Gouverneur de
Normandie. Il eft forti de ce
mariage une fille qui porte le
GALANT 255
A
nom de Princeffe de Neuf.
chaftel , qui vient d'époufer
Mrle Duc de Luynes fils de
Mrle Ducde Montfort , & petit fils de Mr le Duc de Chcvreuſe. S'il eſt vraycommel'on
affure que Mr le Duc de Luynes n'ait que quinze ans , &
Me la Princefle de Neuf- chaf
tel treize , ils ont lieu d'efperer
une longue Pofterité . Le Roy
avoit figné leur Contrat de
Mariage prés de trois ſemaines
avant la Ceremonie de leurs
époufailles.
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Résumé : Mariage avec Mr le Dux de Luynes, avec Me la Princesse de Neufchastel, [titre d'après la table]
La Princesse de Neufchâtel est la fille de Louis-Henry de Soiffons, légitimé en 1643, et de Cunégonde de Luxembourg. Louis-Henry était neveu de la Duchesse de Nemours et Prince de Neufchâtel. La princesse a épousé le Duc de Luynes, âgé de 15 ans, trois semaines après la signature du contrat de mariage par le Roi. La princesse avait 13 ans.
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14
p. 159-167
Ouverture de l'Assemblée generale du Clergé, faite aux grands Augustins, avec les Ceremonies observées à la Messe du S. Esprit, & un extrait du Sermon prêché le même jour, [titre d'après la table]
Début :
Le Samedy quinziéme de ce mois l'ouverture de l'Assemblée [...]
Mots clefs :
Assemblée générale du Clergé de France, Communauté, Église des grands Augustins, Cérémonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ouverture de l'Assemblée generale du Clergé, faite aux grands Augustins, avec les Ceremonies observées à la Messe du S. Esprit, & un extrait du Sermon prêché le même jour, [titre d'après la table]
LeSamedy quinziéme de ce
amois l'ouverture de l'Allemblée Generale du Clergé de
France fe fit dans l'Eglife des
Grands Auguftins par la Mef-
>fe folemnelle du faint Efprit ,
chantée par les Religieux du
Convent , & à laquelle Monfieur le Cardinal de Noailles
officia pontificalement en qualité de Prefident de cette augufte Affemblée. LePere Raft,
Prieur du Convent alla le re-
160 MERCURE
ཝཱ ཚིན , ཏི ཡཱ
cevoir à la Porte de l'Eglife à
la tefte de toute fa Communauté , avec la Croix , l'EauBenite , & l'Encens. Tous les
Archevêques & Evêques & les
Abbez qui compofent le fecond Ordre , communierent
de la main de ce Cardinal , avec cette diftinction toutefois , que quand il donnoit la
Communion à un Archevêque ou à un Evêque , il l'embraffoit auparavant & luy
donnoit le baifer de paix à la
joüe , au lieu que les Abbez
communierent à l'ordinaire
ce qu'il y eut encore de fingu-
GALANT 161
L
lier dans cette Ceremonie
&donttout le monde fut tre
édifié, c'eſt qu'aprés s'être tous
embrafiez les uns les autres &
donné le baifer de paix , ils al
ferent tous à la Communion
portant des Ecoles pendantes
& qu'ils en revinrent avec une
modeſtie exemplaire, Mon.
fieur l'Evêque de Langres y
prêcha immediatement aprés
l'Evangile. Il prit pour rexte de
fon difcours ces paroles du
Pleaume 109. Tu es Sacerdos
in æternum. Vous êtes un Prê
tre éternel. Dans fon Exorde ,
il fir voir l'éternitédu Sacerdo
Mars 1710.
2
O
162 MERCURE
ee de Jefus Chrift , qu'il pro
pofa aux Evêques, comme de
vant être unmodele parfait de
leur Etat , & de leur conduite.
H divifa fon Difcours en deux
points , & leur dit dans le premier:Qu'il faloit que la fainteté
de leur vie , répondit à la fublimité de leur Etat. Et dans lefe
cond: Que leurs foins infatiga
bles devoient répondre aux travaux auxfouffrances de ce
divin Sauveur.
Il fit voir dans ces deux
points , comme faint Paul avoit parfaitement imité JeſusChriſt , & pour le prouver , il
"GALANT 163
rapporta les mêmes parolds de
cet Apôtre , quand il fait le
dénombrement destouthce
qu'il a fouffert fur la mer &
fur la terre, des prifons où il
aefté mis chargé de chaînes ,
& generallement de tout ce
qu'il a fair pour foûtenir la
gloire de fon Divin Maiftre.
• Enfuite ayant donné ce grand
Apôtre aux Evêques pour un
Modele fur lequel ils devoient
regler leur vie, il fie un détail
particulier de tout ce qu'ils devoient faire. Enfuite dequoy,
-il parla de la calamité publique, & il les exhorta à fe ferO ij
164 MERCURE
vir pour foulager les pauvres ,
du bien qui leur avoir efte
donné en partiepource fujer
Enfin étant tombé infenfible
ment fur ce quele Clergé de
France fe prepare à donner au
Royby , ilil fe fervit d'un Exemple
fi jufte & qui venoit fià proposp
à fonfujet que toute l'Affemblée l'admira & en fut char
mée. Ce fut de celuy du Royb
David , tiré de l'Ancien Teftan
ment , du fecond Livre des
Rois , où il est écrit , que cen
Prince fe trouvant un jour
dans une preffante faim , il eut
recours au Grand Prêtre Achi
?
GALANT 165
melech, à qui il dit , Si vous
avez quelque chose à manger"
quand ce neferoitque dupain , ou
quoique cefoit, donnez le moy. Le
Grand Prêtre luy répondit :
Je n'aypoint icy de pain pour les
Peuples , autrement pour les Lazz
queso NON HABEO LAICOS
PANES AD MANUM. Je n'ay que
du pain qui eft faint. Et il loy
donna le pain fanctifié qu'il
mangea , quoiqu'il ne fût permis qu'aux Prêtres feuls de le
manger, elaga feve
Le Roy le trouve de mê
me à prefent , dans une préf
fanteneceffité contre les Enne
166 MERCURE
mis de l'Eglife , qui luy font
une injufte guerre. Il a recours
au grand Prêtre , c'eſt à dire
à vous Meffeigneurs qui com
pofez le Clergé de France , &
vous fuivez aujourd'huy Ve
xemple du grand Prêtre Achimelech Vous luy accordez
ce fecours. Puiffe donc ce He
ros Chrêtien faire fervir des
biens que l'Eglife luy vient
offrir ; moins à foûtenir une
guerrejufte, qu'à procurer u
ne Paix folide , afin que les
Peuples éloignez du tumulte de
la guerre puiffent avec plus de
tranquilité écouter vos Inf
GALANT 167
tructions , profiter de vos lumieres , fe former fur vos verrus , & meriter la récompenſe
dans la gloire
amois l'ouverture de l'Allemblée Generale du Clergé de
France fe fit dans l'Eglife des
Grands Auguftins par la Mef-
>fe folemnelle du faint Efprit ,
chantée par les Religieux du
Convent , & à laquelle Monfieur le Cardinal de Noailles
officia pontificalement en qualité de Prefident de cette augufte Affemblée. LePere Raft,
Prieur du Convent alla le re-
160 MERCURE
ཝཱ ཚིན , ཏི ཡཱ
cevoir à la Porte de l'Eglife à
la tefte de toute fa Communauté , avec la Croix , l'EauBenite , & l'Encens. Tous les
Archevêques & Evêques & les
Abbez qui compofent le fecond Ordre , communierent
de la main de ce Cardinal , avec cette diftinction toutefois , que quand il donnoit la
Communion à un Archevêque ou à un Evêque , il l'embraffoit auparavant & luy
donnoit le baifer de paix à la
joüe , au lieu que les Abbez
communierent à l'ordinaire
ce qu'il y eut encore de fingu-
GALANT 161
L
lier dans cette Ceremonie
&donttout le monde fut tre
édifié, c'eſt qu'aprés s'être tous
embrafiez les uns les autres &
donné le baifer de paix , ils al
ferent tous à la Communion
portant des Ecoles pendantes
& qu'ils en revinrent avec une
modeſtie exemplaire, Mon.
fieur l'Evêque de Langres y
prêcha immediatement aprés
l'Evangile. Il prit pour rexte de
fon difcours ces paroles du
Pleaume 109. Tu es Sacerdos
in æternum. Vous êtes un Prê
tre éternel. Dans fon Exorde ,
il fir voir l'éternitédu Sacerdo
Mars 1710.
2
O
162 MERCURE
ee de Jefus Chrift , qu'il pro
pofa aux Evêques, comme de
vant être unmodele parfait de
leur Etat , & de leur conduite.
H divifa fon Difcours en deux
points , & leur dit dans le premier:Qu'il faloit que la fainteté
de leur vie , répondit à la fublimité de leur Etat. Et dans lefe
cond: Que leurs foins infatiga
bles devoient répondre aux travaux auxfouffrances de ce
divin Sauveur.
Il fit voir dans ces deux
points , comme faint Paul avoit parfaitement imité JeſusChriſt , & pour le prouver , il
"GALANT 163
rapporta les mêmes parolds de
cet Apôtre , quand il fait le
dénombrement destouthce
qu'il a fouffert fur la mer &
fur la terre, des prifons où il
aefté mis chargé de chaînes ,
& generallement de tout ce
qu'il a fair pour foûtenir la
gloire de fon Divin Maiftre.
• Enfuite ayant donné ce grand
Apôtre aux Evêques pour un
Modele fur lequel ils devoient
regler leur vie, il fie un détail
particulier de tout ce qu'ils devoient faire. Enfuite dequoy,
-il parla de la calamité publique, & il les exhorta à fe ferO ij
164 MERCURE
vir pour foulager les pauvres ,
du bien qui leur avoir efte
donné en partiepource fujer
Enfin étant tombé infenfible
ment fur ce quele Clergé de
France fe prepare à donner au
Royby , ilil fe fervit d'un Exemple
fi jufte & qui venoit fià proposp
à fonfujet que toute l'Affemblée l'admira & en fut char
mée. Ce fut de celuy du Royb
David , tiré de l'Ancien Teftan
ment , du fecond Livre des
Rois , où il est écrit , que cen
Prince fe trouvant un jour
dans une preffante faim , il eut
recours au Grand Prêtre Achi
?
GALANT 165
melech, à qui il dit , Si vous
avez quelque chose à manger"
quand ce neferoitque dupain , ou
quoique cefoit, donnez le moy. Le
Grand Prêtre luy répondit :
Je n'aypoint icy de pain pour les
Peuples , autrement pour les Lazz
queso NON HABEO LAICOS
PANES AD MANUM. Je n'ay que
du pain qui eft faint. Et il loy
donna le pain fanctifié qu'il
mangea , quoiqu'il ne fût permis qu'aux Prêtres feuls de le
manger, elaga feve
Le Roy le trouve de mê
me à prefent , dans une préf
fanteneceffité contre les Enne
166 MERCURE
mis de l'Eglife , qui luy font
une injufte guerre. Il a recours
au grand Prêtre , c'eſt à dire
à vous Meffeigneurs qui com
pofez le Clergé de France , &
vous fuivez aujourd'huy Ve
xemple du grand Prêtre Achimelech Vous luy accordez
ce fecours. Puiffe donc ce He
ros Chrêtien faire fervir des
biens que l'Eglife luy vient
offrir ; moins à foûtenir une
guerrejufte, qu'à procurer u
ne Paix folide , afin que les
Peuples éloignez du tumulte de
la guerre puiffent avec plus de
tranquilité écouter vos Inf
GALANT 167
tructions , profiter de vos lumieres , fe former fur vos verrus , & meriter la récompenſe
dans la gloire
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Résumé : Ouverture de l'Assemblée generale du Clergé, faite aux grands Augustins, avec les Ceremonies observées à la Messe du S. Esprit, & un extrait du Sermon prêché le même jour, [titre d'après la table]
Le 15 mars 1710, l'Assemblée Générale du Clergé de France a débuté dans l'église des Grands Augustins. La messe solennelle du Saint-Esprit a été célébrée par les religieux du couvent, avec le Cardinal de Noailles en tant que président. Le Père Rast, prieur du couvent, a accueilli le cardinal à l'entrée de l'église avec la croix, l'eau bénite et l'encens. Tous les archevêques, évêques et abbés ont communié de la main du cardinal, qui a embrassé et donné le baiser de paix aux archevêques et évêques. Les abbés ont communié de manière ordinaire. Après avoir échangé le baiser de paix, ils se sont rendus à la communion en portant des écharpes pendantes, revenant avec modestie. L'évêque de Langres a prononcé un discours après l'Évangile, utilisant le texte du Psaume 109, 'Tu es Sacerdos in æternum'. Il a mis en avant l'éternité du sacerdoce de Jésus-Christ comme modèle pour les évêques. Le discours était structuré en deux points : la sainteté de leur vie doit correspondre à la sublimité de leur état, et leurs soins infatigables doivent répondre aux travaux et souffrances du divin Sauveur. L'évêque a également rappelé les souffrances de saint Paul et a exhorté les évêques à se servir pour soulager les pauvres. Il a conclu en comparant le roi à David, qui avait demandé du pain au grand prêtre Achimélech, et a encouragé le clergé à soutenir le roi dans sa guerre contre les ennemis de l'Église. Cet appui visait à procurer une paix solide et à permettre aux peuples de bénéficier des instructions et lumières du clergé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 207-214
Cloche baptisée à Rennes, & tenuë par Mr le Maréchal de Chasteau-renault, & par Me de Brillac, premiere presidente du Parlement, [titre d'après la table]
Début :
Je passe d'une Ceremonie qui se vient de faire à Paris, à [...]
Mots clefs :
Église des grands Carmes de Renne, Cloche, Baptême, Cérémonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Cloche baptisée à Rennes, & tenuë par Mr le Maréchal de Chasteau-renault, & par Me de Brillac, premiere presidente du Parlement, [titre d'après la table]
Je paffe d'une Ceremonie
qui fe vient de faire à Paris , à
une autre qui s'eft faite dans
l'Eglife des grands Carmes de
de Rennes , où Mr Enon
208 MERCURE
grand Vicaire de Mr l'Evê
que de Rennes, a baptifé une
Cloche qui a efté tenue par
Mr le Maréchal de Chateaurenault , & par M de Brillac ,
premiere Prefidente du Parlement. Ils furent reçus à la
porte de l'Eglife au bruit des
Tambours &des Trompettes,
&le Pere Superieur leur fit le
Compliment fuivant.
MONSEIGNEUR,
Qu'il eft édifiant de voir un
des plus illuftres Heros du
Royaume , aprés avoir foutenu
GALANT 209
1
par fa valeur la gloire de fon
Prince , venir au pieds des faints
Autels prefter fon nom , fes
armes & fa perfonne , pour
concourir à la gloire defon Dieu.
Que cent fois le Bronze
&
foudroyant ait fait ployerfous la
force de voftre bras vainqueur ,
Affrique , l'Amerique , l'Angleterre , la Hollande.
Qu'on vous ait vú abbattre la
fierté barbare de cefameux Mouley Ifmael Empereurde Maroc
de Sa ésenleverfes Corfaires & le
forcer d'envoyerfes Ambaffadeurs
rendre hommage à la Souveraine
Mars 1710.
S
210 MERCURE
puiffance de noftre grand Monar
que.
Qu'animé d'uneprudence Mar
tiale vous ayez trouvé lefecret de
faire àVigo par une veritablejuftice ce qui fe lit dans une Satyre
de nosjours , oùl'on voit l'avidité
de la Justice , qui avala l'huiftre
&ne laiffa aux concurrens que
des écailles. Que vous ayez, dis -je,
Monfeigneur, enlevé les millions
d'or & d'argent , que vous aviez
heureufement conduits au Port, &
quervous n'ayés laifféà nos ennemis
cocques & les écailles dont que les
ils firent unfeu de fureur & de
defefpoir , tandis que nousfaiſions
TGALANT 201
unfeu de joye , de voir que vous
leurs aviez enlevé cette huiftre
précieuſe qu'ils recherchoient avec
avidité.
Qu'enfin tous nos ennemis ayent
dit de Voftre Grandeur ce que par
une conjoncture affez heureuſe les
Peuples difent de Jesus - Chrift
dans l'Evangile d'aujourd'huy -
Qualis eft hic quia Venti &
Mare obediunt ei : qui eft donc
celuy à qui les vents &lesflots
dela mer obéiffent.
Pournous , Monseigneur , nous
› admirerons aujourd'huy voftre pieté, vous voyant donner voftre
Nom à ce Bronze confacré qui
Sij
212 MERCURE
portera fans doute l'éclat de vos
vertus jufques dans les Cieux
aprés que par tant d'actions heron
ques vous avez répandu le bruit
de voftre valeur par toute la
terre. Latinine show.ab somone
Et pour vous , Madame
il ne nous eft point étranger de
Vous voir aux
de
pieds des faints
Autels , & à la tefte des œuvres
de pieté brillante par tant d'émiss
nantes qualitez d'esprit
corps , encore plus brillante par la
folidité de vostre vertu , vous
vous conciliez tous les efprits , es
jous engagez tous les cœurs yo
auffi n'appartenoit-ilqu'à vous zb
IGALANT 213€
&
Madame de fixer toutes les
attentions d'une des premieress
teftes du Royaume ; la fuperiorité
de fon genie , & la fineffe de
fongouft justifie fans doute l'émi
nance de vostre merite.
C Que nous fommes heureux
Madame , qu'avec tant d'éleva
tion vous daigniez vous abaiffer
jufqu'à nous ne pas refufer
voftre nom ny vos armes ànce
Bronze confacré , qui ne nous
frapera jamais les oreilles fans.
rappeller nos obligations
nousengager à former des vœux
au Gielpour voftre confervationà
de langues d'heurenfes années.
214 MERCURE
←
La Ceremonie eftant finie ,
le Parain , & la Maraine firent
de grandes Aumônesmaux
Pauvres & ད་ donnerent au
Convent des marques de
leurs liberalitez.
qui fe vient de faire à Paris , à
une autre qui s'eft faite dans
l'Eglife des grands Carmes de
de Rennes , où Mr Enon
208 MERCURE
grand Vicaire de Mr l'Evê
que de Rennes, a baptifé une
Cloche qui a efté tenue par
Mr le Maréchal de Chateaurenault , & par M de Brillac ,
premiere Prefidente du Parlement. Ils furent reçus à la
porte de l'Eglife au bruit des
Tambours &des Trompettes,
&le Pere Superieur leur fit le
Compliment fuivant.
MONSEIGNEUR,
Qu'il eft édifiant de voir un
des plus illuftres Heros du
Royaume , aprés avoir foutenu
GALANT 209
1
par fa valeur la gloire de fon
Prince , venir au pieds des faints
Autels prefter fon nom , fes
armes & fa perfonne , pour
concourir à la gloire defon Dieu.
Que cent fois le Bronze
&
foudroyant ait fait ployerfous la
force de voftre bras vainqueur ,
Affrique , l'Amerique , l'Angleterre , la Hollande.
Qu'on vous ait vú abbattre la
fierté barbare de cefameux Mouley Ifmael Empereurde Maroc
de Sa ésenleverfes Corfaires & le
forcer d'envoyerfes Ambaffadeurs
rendre hommage à la Souveraine
Mars 1710.
S
210 MERCURE
puiffance de noftre grand Monar
que.
Qu'animé d'uneprudence Mar
tiale vous ayez trouvé lefecret de
faire àVigo par une veritablejuftice ce qui fe lit dans une Satyre
de nosjours , oùl'on voit l'avidité
de la Justice , qui avala l'huiftre
&ne laiffa aux concurrens que
des écailles. Que vous ayez, dis -je,
Monfeigneur, enlevé les millions
d'or & d'argent , que vous aviez
heureufement conduits au Port, &
quervous n'ayés laifféà nos ennemis
cocques & les écailles dont que les
ils firent unfeu de fureur & de
defefpoir , tandis que nousfaiſions
TGALANT 201
unfeu de joye , de voir que vous
leurs aviez enlevé cette huiftre
précieuſe qu'ils recherchoient avec
avidité.
Qu'enfin tous nos ennemis ayent
dit de Voftre Grandeur ce que par
une conjoncture affez heureuſe les
Peuples difent de Jesus - Chrift
dans l'Evangile d'aujourd'huy -
Qualis eft hic quia Venti &
Mare obediunt ei : qui eft donc
celuy à qui les vents &lesflots
dela mer obéiffent.
Pournous , Monseigneur , nous
› admirerons aujourd'huy voftre pieté, vous voyant donner voftre
Nom à ce Bronze confacré qui
Sij
212 MERCURE
portera fans doute l'éclat de vos
vertus jufques dans les Cieux
aprés que par tant d'actions heron
ques vous avez répandu le bruit
de voftre valeur par toute la
terre. Latinine show.ab somone
Et pour vous , Madame
il ne nous eft point étranger de
Vous voir aux
de
pieds des faints
Autels , & à la tefte des œuvres
de pieté brillante par tant d'émiss
nantes qualitez d'esprit
corps , encore plus brillante par la
folidité de vostre vertu , vous
vous conciliez tous les efprits , es
jous engagez tous les cœurs yo
auffi n'appartenoit-ilqu'à vous zb
IGALANT 213€
&
Madame de fixer toutes les
attentions d'une des premieress
teftes du Royaume ; la fuperiorité
de fon genie , & la fineffe de
fongouft justifie fans doute l'émi
nance de vostre merite.
C Que nous fommes heureux
Madame , qu'avec tant d'éleva
tion vous daigniez vous abaiffer
jufqu'à nous ne pas refufer
voftre nom ny vos armes ànce
Bronze confacré , qui ne nous
frapera jamais les oreilles fans.
rappeller nos obligations
nousengager à former des vœux
au Gielpour voftre confervationà
de langues d'heurenfes années.
214 MERCURE
←
La Ceremonie eftant finie ,
le Parain , & la Maraine firent
de grandes Aumônesmaux
Pauvres & ད་ donnerent au
Convent des marques de
leurs liberalitez.
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Résumé : Cloche baptisée à Rennes, & tenuë par Mr le Maréchal de Chasteau-renault, & par Me de Brillac, premiere presidente du Parlement, [titre d'après la table]
Le texte relate deux cérémonies distinctes : l'une à Paris et l'autre à l'église des grands Carmes de Rennes. À Rennes, le grand vicaire de l'évêque a baptisé une cloche en présence du maréchal de Châteaurenault et de Madame de Brillac, première présidente du Parlement. Ils ont été accueillis par des tambours et des trompettes, et le supérieur leur a adressé un compliment. Le discours du supérieur a souligné les exploits militaires du maréchal, mentionnant ses victoires en Afrique, en Amérique, contre l'Angleterre et la Hollande, ainsi que sa défaite de Moulay Ismaël, empereur du Maroc. Il a également évoqué la prudence martiale du maréchal lors de la bataille de Vigo, où il a capturé des millions d'or et d'argent. Le texte met en avant la piété et les vertus du maréchal, comparant son autorité à celle de Jésus-Christ. Madame de Brillac a été louée pour ses qualités d'esprit et de corps, ainsi que pour sa solidarité. Après la cérémonie, le parrain et la marraine ont fait des aumônes aux pauvres et ont offert des marques de libéralité au couvent.
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16
p. 290-298
Prise de Possession de l'Abbaye de S. Pierre de Lyon, par Me de Brissac, [titre d'après la table]
Début :
Le Jeuy 27 Février Me l'Abbesse de S. Pierre de Lyon, [...]
Mots clefs :
Abbaye de Saint Pierre de Lyon, Bulles, Cérémonie, Chapitres, Me de Brissac
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Prise de Possession de l'Abbaye de S. Pierre de Lyon, par Me de Brissac, [titre d'après la table]
Le Jeudy 27 Février M
l'Abbeffe de S. Pierre de Lyon ,
foeur de feu Mr le Duc de Brif
fac & tante de celuy qui porte
aujourd'huy cette qualité , prit
poffeffion defon Abbaye ; elle
avoit reçu quelque jours au
paravant les Bulles qui avoient
efté adreffées à Mrl Abbé Terraffon Official de Lyon , & fecond Cuftode de l'Eglife Paroiffiale de Sainte Croix de la
même Ville. LaCeremoniefe
&&
GALANT 291
fit l'apréfdinée. M' le Comte
de Saint Georges Precenteur
de l'Eglife de Lyon , & neveu
de M' l'Archevêque , alla prendre M. l'Abbeffe dans fon appartement & la conduifit au
Chapitre où toutes les Religieufes eftoient affemblées. Mr
Official yy prononça un Dif
€
響
Cours tres éloquent fur le fujec
de cette Ceremonie & fur
Thonneurqu'il avoit en ce jour
de mettre en poffeffion une
Abbeffe d'un nom fi illuftre,
& dont le merite eftoit fi univerfellement connu. Toute la
Communauté fortit en ProBb ij
292 MERCURE
ceffion du Chapitre, la Croix
eftant à la tefte , & M° FAbbeffe terminoit ce Cortege ,
precedée de tous fes Officiers
& de tout fon Clergé , conduite par Mr de S. Georges
& ayant à la droite Mr l'Offi
cial , &accompagnée de toute
fa livrée ; en cet eftat elle fit le
tour du Cloiftre , la Commu
nauté chantant des Répons.
La Proceffion fit le tour fur les
Terreaux , & entra par la grande porte de l'Eglife Paroiffiale
de Saint Pierre , dont M l'Ab..
beffe prit poffeffion. Deretour
enfon appartement elle fit fer
GALANY: 293
DI vir une magnifique collation
baux Meffieurs & aux Dames
qui avoient affifté à cette Ceremonie & à ceux qui eftoient
entrez en cette Maifon , dont
les portes furent ouvertes pendant tout le jour à ceux qui
eurent la curiofité de voir une
des plus belles Maifons Religieufes du Royaume. On tira
quantité de fufées & plufieurs
boettes dehors, & dedans le
Convent devant & aprés la
Ceremonie; il y eut le foir de
grandes illuminations, des fanfares , & un concert de Trompettes , Hautbois & autres Inf
Bb iij
294 MERCURE
trumens qui fervent à rendr
une Ceremonie plus pompeu
fe. Le Lundy 17. Mars fuivant
Mr l'Archevêque de Lyon be
nit la même Abbeffe dans l'Eglife de Saint Pierre qui eftoit
magnifiquement ornée de tentures de velours cramoifi vio
let , avec quantité de feftons
chargez d'écuffons aux Armés
de la Maiſon de Coffe, de mê
me que l'Autel , où l'on voyoic
auffi les Armes de Mr l'Archevêque. Ce Prelat celebra une
grande Meffe qui fut chantée
par les Religieufes . Il avoit
pour Diacre & Sous- Diacre ,
*
GALANT 295
Ս.
E
5
5
Mr le Comte d'Albon Archi
diacre de Lyon , & Mr le Com,
te de Chantelau-la- Chaife , &
chacun de ces deux Meffieurs
eftoit accompagné de huit Miniftres inferieurs , c'est - à- dire
de quatre autres Diacres & de
quatreSoûdiacres. Mr le Com,
tede Genitines frere aînéde Mr
l'Evêque de Limoges & grand
Cuftode de l'Eglife de S. Jean,
& Mr le Comte de Chemé laValette neveu de Mr l'Arche
vêque & fon grand Preftre ,
accompagnez de Mrs Terraft
fon , & Chazeneuve Chevaliers de Saint Jean , eftorent les
Bb iiij
296 MERCURE
>
quatre Chapitres. Il y avoit
plufieurs autres Miniftres inferieurs. L'Abbeffe qu'on alloit
benir eftoit accompagnée de
M de Roftaing Abbeffe de
Chazaur , & de M de Châtil
lon Abbeffe de la Deferte ( ces
deux Abbayes font fituées
dans la Ville de Lyon ) & de
quantité de Religieuſes qui
avoient accompagné ces deux
Abbeffes. Mrs les Comtes de
Saint Jeanyvinrent en Corps ,
de même que Mrs du Confu
lat. Mr Trudaine alors Inten
dant de Lyon , & Mr le Prin.
ce d'Harcourt Y affifterent,
*
GALANT 297
it
it
锡
Mr de Pompone , ci-devand
Ambaffadeur de Venife , qui
eftoit à Lyon depuis quelques
jours , y affifta , mais incognito
de même que Mela Comteffe
de Soiffons , quifait fon féjour
dans cette Abbaye. Cette Cel
remonic une des plus brillan
tes qu'onait vûës depuis longtemps , fut fuivie d'un magni
fique repas que l'Abbcffc nous
vellement benite donna à cet
illuftre Clergé. Rien de ce que
la Saifon peut fournir de plus
délicat & de plus délicieux n'y
fur oublié. Ony admira une
profufion de toutes chofes
298 MERCURE
mais bien entendue. Le Deffert
fur tout fut magnifique. Aprés
le dîner on ouvrit les portes du
Convent à tous ceux qui voulurent y entrer
l'Abbeffe de S. Pierre de Lyon ,
foeur de feu Mr le Duc de Brif
fac & tante de celuy qui porte
aujourd'huy cette qualité , prit
poffeffion defon Abbaye ; elle
avoit reçu quelque jours au
paravant les Bulles qui avoient
efté adreffées à Mrl Abbé Terraffon Official de Lyon , & fecond Cuftode de l'Eglife Paroiffiale de Sainte Croix de la
même Ville. LaCeremoniefe
&&
GALANT 291
fit l'apréfdinée. M' le Comte
de Saint Georges Precenteur
de l'Eglife de Lyon , & neveu
de M' l'Archevêque , alla prendre M. l'Abbeffe dans fon appartement & la conduifit au
Chapitre où toutes les Religieufes eftoient affemblées. Mr
Official yy prononça un Dif
€
響
Cours tres éloquent fur le fujec
de cette Ceremonie & fur
Thonneurqu'il avoit en ce jour
de mettre en poffeffion une
Abbeffe d'un nom fi illuftre,
& dont le merite eftoit fi univerfellement connu. Toute la
Communauté fortit en ProBb ij
292 MERCURE
ceffion du Chapitre, la Croix
eftant à la tefte , & M° FAbbeffe terminoit ce Cortege ,
precedée de tous fes Officiers
& de tout fon Clergé , conduite par Mr de S. Georges
& ayant à la droite Mr l'Offi
cial , &accompagnée de toute
fa livrée ; en cet eftat elle fit le
tour du Cloiftre , la Commu
nauté chantant des Répons.
La Proceffion fit le tour fur les
Terreaux , & entra par la grande porte de l'Eglife Paroiffiale
de Saint Pierre , dont M l'Ab..
beffe prit poffeffion. Deretour
enfon appartement elle fit fer
GALANY: 293
DI vir une magnifique collation
baux Meffieurs & aux Dames
qui avoient affifté à cette Ceremonie & à ceux qui eftoient
entrez en cette Maifon , dont
les portes furent ouvertes pendant tout le jour à ceux qui
eurent la curiofité de voir une
des plus belles Maifons Religieufes du Royaume. On tira
quantité de fufées & plufieurs
boettes dehors, & dedans le
Convent devant & aprés la
Ceremonie; il y eut le foir de
grandes illuminations, des fanfares , & un concert de Trompettes , Hautbois & autres Inf
Bb iij
294 MERCURE
trumens qui fervent à rendr
une Ceremonie plus pompeu
fe. Le Lundy 17. Mars fuivant
Mr l'Archevêque de Lyon be
nit la même Abbeffe dans l'Eglife de Saint Pierre qui eftoit
magnifiquement ornée de tentures de velours cramoifi vio
let , avec quantité de feftons
chargez d'écuffons aux Armés
de la Maiſon de Coffe, de mê
me que l'Autel , où l'on voyoic
auffi les Armes de Mr l'Archevêque. Ce Prelat celebra une
grande Meffe qui fut chantée
par les Religieufes . Il avoit
pour Diacre & Sous- Diacre ,
*
GALANT 295
Ս.
E
5
5
Mr le Comte d'Albon Archi
diacre de Lyon , & Mr le Com,
te de Chantelau-la- Chaife , &
chacun de ces deux Meffieurs
eftoit accompagné de huit Miniftres inferieurs , c'est - à- dire
de quatre autres Diacres & de
quatreSoûdiacres. Mr le Com,
tede Genitines frere aînéde Mr
l'Evêque de Limoges & grand
Cuftode de l'Eglife de S. Jean,
& Mr le Comte de Chemé laValette neveu de Mr l'Arche
vêque & fon grand Preftre ,
accompagnez de Mrs Terraft
fon , & Chazeneuve Chevaliers de Saint Jean , eftorent les
Bb iiij
296 MERCURE
>
quatre Chapitres. Il y avoit
plufieurs autres Miniftres inferieurs. L'Abbeffe qu'on alloit
benir eftoit accompagnée de
M de Roftaing Abbeffe de
Chazaur , & de M de Châtil
lon Abbeffe de la Deferte ( ces
deux Abbayes font fituées
dans la Ville de Lyon ) & de
quantité de Religieuſes qui
avoient accompagné ces deux
Abbeffes. Mrs les Comtes de
Saint Jeanyvinrent en Corps ,
de même que Mrs du Confu
lat. Mr Trudaine alors Inten
dant de Lyon , & Mr le Prin.
ce d'Harcourt Y affifterent,
*
GALANT 297
it
it
锡
Mr de Pompone , ci-devand
Ambaffadeur de Venife , qui
eftoit à Lyon depuis quelques
jours , y affifta , mais incognito
de même que Mela Comteffe
de Soiffons , quifait fon féjour
dans cette Abbaye. Cette Cel
remonic une des plus brillan
tes qu'onait vûës depuis longtemps , fut fuivie d'un magni
fique repas que l'Abbcffc nous
vellement benite donna à cet
illuftre Clergé. Rien de ce que
la Saifon peut fournir de plus
délicat & de plus délicieux n'y
fur oublié. Ony admira une
profufion de toutes chofes
298 MERCURE
mais bien entendue. Le Deffert
fur tout fut magnifique. Aprés
le dîner on ouvrit les portes du
Convent à tous ceux qui voulurent y entrer
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Résumé : Prise de Possession de l'Abbaye de S. Pierre de Lyon, par Me de Brissac, [titre d'après la table]
Le 27 février, l'abbesse de Saint-Pierre de Lyon, tante du duc de Brissac, prit possession de l'abbaye. Quelques jours auparavant, elle avait reçu les bulles destinées à l'abbé Terrafson, official de Lyon et second custode de l'église paroissiale de Sainte-Croix. La cérémonie se déroula l'après-midi. Monsieur le comte de Saint-Georges, précenteur de l'église de Lyon et neveu de l'archevêque, conduisit l'abbesse au chapitre où toutes les religieuses étaient réunies. Monsieur l'official prononça un discours sur l'honneur de mettre en possession une abbesse d'un nom illustre et dont le mérite était universellement reconnu. La communauté fit procession du chapitre, suivie par l'abbesse accompagnée de ses officiers et de son clergé, conduite par Monsieur de Saint-Georges et ayant à sa droite Monsieur l'official. Elles firent le tour du cloître et des terreaux avant d'entrer par la grande porte de l'église paroissiale de Saint-Pierre. De retour dans ses appartements, l'abbesse offrit une collation aux invités. Les portes du couvent restèrent ouvertes toute la journée pour permettre aux visiteurs de voir la maison religieuse. Des feux d'artifice et des illuminations furent tirés avant et après la cérémonie, accompagnés de fanfares et d'un concert de trompettes et de hautbois. Le 17 mars suivant, l'archevêque de Lyon bénit l'abbesse dans l'église de Saint-Pierre, magnifiquement ornée de tentures de velours cramoisi violet et d'écussons aux armes de la maison de Cosse. Une grande messe fut chantée par les religieuses, avec Monsieur le comte d'Albon comme diacre et Monsieur le comte de Chantelau-la-Chaise comme sous-diacre. Plusieurs autres ministres inférieurs étaient présents. L'abbesse bénite fut accompagnée de Madame de Roffaing, abbesse de Chazaur, et de Madame de Châtillon, abbesse de la Déserte, ainsi que de nombreuses religieuses. Monsieur Trudaine, intendant de Lyon, et Monsieur le prince d'Harcourt assistèrent également à la cérémonie, ainsi que Monsieur de Pompone, ancien ambassadeur de Venise, et Madame la comtesse de Soissons. Cette cérémonie, l'une des plus brillantes vues depuis longtemps, fut suivie d'un magnifique repas offert par l'abbesse nouvellement bénite.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 311-314
Addition à l'Article du Sacre de Mr l'Evêque de Marseille. [titre d'après la table]
Début :
Quoy que je vous aye déja parlé dans cette Lettre du [...]
Mots clefs :
Sacre, Evêque de Marseille, Abbé de Belzunce, Cérémonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Addition à l'Article du Sacre de Mr l'Evêque de Marseille. [titre d'après la table]
Quoy que je vous aye dé-
CALANT 311
ja parlé dans cette Lettre du
Sacre de Mr l'Evêque de Marfeille , il me vient de tomber
entre les mains un nouveau
Memoire touchant ce Sacre ,
dont jay crû vous devoir faire
part , à cauſe quil contient
beaucoup de circonftances
dont je n'ay point parlé dans
l'Article que j'en ay déja mis
dans cette Lettre.
.
91 Mr l'Abbé de Belzunce
grand Vicaire d'Agen , a efté
Sacré Evefque de Marseille
dans l'Eglife de la Maiſon Profeffe des Jefuites. La ceremo
nie a cfté faite par Monfieur
312 MERCURE
Le Cardinal de Noailles, auquel
le nouvel Evêque a l'honneur
d'eftre allié ; les Affiftans ont
efté Mr l'Evêque de Troyes &
Mr l'Evêque de Digne. Il y a
tres-long-temps que l'on n'a
veu une pareille Ceremonie
faite avec plus de dignité , &
avec plus d'ordre ; tout y répondit à la magnificence de
l'Eglife. Tous les Deputez de
l'Affemblée du Clergé , tant
dupremier que du fecond Ordre y affifterent , & ony compta jufques à trente Evêques,
& prefque autant d'Abbez de
qualité. Il y cut un grand nombre
GALANT 313
bre de Ducs , de Ducheffes &
prefque tout ce qu'il y a de plus
confiderable à la Cour , &l'on
doit remarquer quetout ce qui
s'y trouva eftoit parent ou allié
à Mr l'Evefque de Marſeille.
Mrs les Ducs de Laufun & de
Foix yfirent les honneurs pour
les hommes, & Me la Ducheffe
de Laufun & Me la Marquife
de Biron en habit de ceremonie , les firent pour les Dames.
Aprés la Ceremonie Monfieur
le Cardinal de Noailles donna
un magnifique repas au nouvel
Evefque de Marseille , où fe
trouverent Mrs les ArchevêAvril 1710. Dd
314 MERCURE
ques d'Alby & d'Aix , & Mrs
les Evefques de Troyes , de
Tournay &de Digne, ainfi que
Mrle Duc de Laufun , Mrs les
Marquis de Biron , d'Ambres,
de Caftelmoron , & de Gontaut & Mr le Chevalier de Belfunce.
CALANT 311
ja parlé dans cette Lettre du
Sacre de Mr l'Evêque de Marfeille , il me vient de tomber
entre les mains un nouveau
Memoire touchant ce Sacre ,
dont jay crû vous devoir faire
part , à cauſe quil contient
beaucoup de circonftances
dont je n'ay point parlé dans
l'Article que j'en ay déja mis
dans cette Lettre.
.
91 Mr l'Abbé de Belzunce
grand Vicaire d'Agen , a efté
Sacré Evefque de Marseille
dans l'Eglife de la Maiſon Profeffe des Jefuites. La ceremo
nie a cfté faite par Monfieur
312 MERCURE
Le Cardinal de Noailles, auquel
le nouvel Evêque a l'honneur
d'eftre allié ; les Affiftans ont
efté Mr l'Evêque de Troyes &
Mr l'Evêque de Digne. Il y a
tres-long-temps que l'on n'a
veu une pareille Ceremonie
faite avec plus de dignité , &
avec plus d'ordre ; tout y répondit à la magnificence de
l'Eglife. Tous les Deputez de
l'Affemblée du Clergé , tant
dupremier que du fecond Ordre y affifterent , & ony compta jufques à trente Evêques,
& prefque autant d'Abbez de
qualité. Il y cut un grand nombre
GALANT 313
bre de Ducs , de Ducheffes &
prefque tout ce qu'il y a de plus
confiderable à la Cour , &l'on
doit remarquer quetout ce qui
s'y trouva eftoit parent ou allié
à Mr l'Evefque de Marſeille.
Mrs les Ducs de Laufun & de
Foix yfirent les honneurs pour
les hommes, & Me la Ducheffe
de Laufun & Me la Marquife
de Biron en habit de ceremonie , les firent pour les Dames.
Aprés la Ceremonie Monfieur
le Cardinal de Noailles donna
un magnifique repas au nouvel
Evefque de Marseille , où fe
trouverent Mrs les ArchevêAvril 1710. Dd
314 MERCURE
ques d'Alby & d'Aix , & Mrs
les Evefques de Troyes , de
Tournay &de Digne, ainfi que
Mrle Duc de Laufun , Mrs les
Marquis de Biron , d'Ambres,
de Caftelmoron , & de Gontaut & Mr le Chevalier de Belfunce.
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Résumé : Addition à l'Article du Sacre de Mr l'Evêque de Marseille. [titre d'après la table]
Le texte décrit le sacre de l'abbé de Belzunce comme évêque de Marseille. La cérémonie a eu lieu dans l'église de la Maison Professe des Jésuites et a été présidée par le cardinal de Noailles, parent du nouvel évêque. Les évêques de Troyes et de Digne ont assisté à la cérémonie, qui s'est déroulée avec une grande dignité et un ordre impeccable. Trente évêques et presque autant d'abbés de qualité étaient présents, ainsi que des ducs, des duchesses et des personnalités influentes de la cour, parentes ou alliées de l'évêque de Marseille. Les ducs de Launay et de Foix, ainsi que la duchesse de Launay et la marquise de Biron, ont assuré les honneurs. Après la cérémonie, le cardinal de Noailles a offert un somptueux repas au nouvel évêque, auquel ont participé plusieurs archevêques, évêques et nobles, dont le duc de Launay, les marquis de Biron, d'Ambrès, de Castelmoron et de Gontaut, ainsi que le chevalier de Belfunce.
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18
p. 103
Profession faite par Mlle de Noailles, fille de Me la Maréchale de ce nom, [titre d'après la table]
Début :
Mlle de Noailles, fille de Me la Maréchale de ce nom, [...]
Mots clefs :
Mlle de Noailles, Profession, Cérémonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Profession faite par Mlle de Noailles, fille de Me la Maréchale de ce nom, [titre d'après la table]
Mlle de Noailles, fille de
Me la Maréchale de ce non1,
& niéce de Mrl'Archevêque
-
de Paris, a
fait Profession aux
Filles de la Visitation de Sainte
Marie de la ruë du Bacq. S. E.
a
fait la Ceremonie, & le Pere
Gaillard Jesuite, a
prêché, & il
a
rcçû les applaudissemens qui
luy sont ordinaires, & tout s'est
passé dans cette Ceremonie avec beaucoup d'édification, &
un grand zele delanouvelle
Religieuse. L'Assembléeaesté
nombreuse
,
& Mc la Maréchale de Noailles a
donné un
grand Repas à toute la Communaut
Me la Maréchale de ce non1,
& niéce de Mrl'Archevêque
-
de Paris, a
fait Profession aux
Filles de la Visitation de Sainte
Marie de la ruë du Bacq. S. E.
a
fait la Ceremonie, & le Pere
Gaillard Jesuite, a
prêché, & il
a
rcçû les applaudissemens qui
luy sont ordinaires, & tout s'est
passé dans cette Ceremonie avec beaucoup d'édification, &
un grand zele delanouvelle
Religieuse. L'Assembléeaesté
nombreuse
,
& Mc la Maréchale de Noailles a
donné un
grand Repas à toute la Communaut
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Résumé : Profession faite par Mlle de Noailles, fille de Me la Maréchale de ce nom, [titre d'après la table]
Mlle de Noailles, fille de la Maréchale de Noailles et nièce de l'Archevêque de Paris, a prononcé ses vœux religieux chez les Filles de la Visitation. La cérémonie, présidée par Son Éminence, a été marquée par un sermon du Père Gaillard. La nouvelle religieuse a montré un grand zèle. La Maréchale de Noailles a offert un repas à la communauté.
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19
p. 21-25
CEREMONIE pratiquée lorsque les Archiducs reçoivent l'hommage & le serment de fidelité de la Province de Carinthie.
Début :
Le jour marqué pour cette Cérémonie, les Peuples s'assemblent [...]
Mots clefs :
Province de Carinthie, Archiduc, Cérémonie, Prince, Paysans, Peuple
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texteReconnaissance textuelle : CEREMONIE pratiquée lorsque les Archiducs reçoivent l'hommage & le serment de fidelité de la Province de Carinthie.
CEREMONIE
pratiquée 10r(rte les Archiducsreçoivent
l'hommac
hiducs re ul
ge & le ferment defidelité
de la Province de Carinthie.
Le jour marqué pour
cette Cérémonie)les Peuples
s'assemblent dans une
,
Vallée proche de laVille
de saint Veit
,
qui en efi:
la Capitale; Un Païsan
monte sur une grande
pierre de marbrequ'il y a
dans une Prairie , ayant
à sa main droite une vache
noire, & une mechante
cavale à sa gauche: l'Archiduc
vertu en Paysan
,"t
une houlette de Berger lèi
la main, precédé de quantiré
de Gentilshommesri- - chement vestus
,
de ses2
Officiers & de ses Gardes
tous à pied, s'avance vers
cette pierre;Alors le Pay--
san demande ,Qjûeft celuy.'{
qui marcheiffièrement ? Et les
Peuple répondant quecVy?ï\
leur nouveau Prince; illeur
demande s'il est justeJuge,
s'il cherche le bien du Pays x..
s'ilestNoble, méritant, Chrétien,~&
Protecteurde la Fois?
Et sur ce qu'on luy répond
qu'ill'est & le lera, il dit
aux Officiers du Prince "z
Qui pourra me chasserde cette
place? Sur-quoy le Maistre
d'Hostel lui promet soixante
deniers, les deux
bestes qui sontàses cassez,
les habits que porte le
Duc
,
& qu'il fera franc de
toute forte d'Im positions.
Sur cette promesse le Payfan
descend
,
touche doucement
avec la main la
joüe du Prince, à qui il recommande
la Juflice.Cela
fait, le Prince monte sur
la pierre,ayant changé
sa houlette en une épée
nuë;& ayant promis bonne
Justice au Peuple,il va àl'Eglise Nostre-Dame,
qui n'en est pasesloignée;
où s'estant revestu de ses
plus riches habits, retourne
dans le mesme endroit,
& y reçoit l'Hommage &
leSerment defidélité. On
dit que la raison pour laquelle
les Pay sans ont ce
droit au dessus de la Noblesse
,
c'est parce qu'ils
ont
ont esté les premiers à etïu
braderle Christianisme,
pendant que lesGentilshommes
crou pirent dans
le Paganisme juiqu'au regné
de Charlemagne.
CER EMONIE
pratiquée 10r(rte les Archiducsreçoivent
l'hommac
hiducs re ul
ge & le ferment defidelité
de la Province de Carinthie.
Le jour marqué pour
cette Cérémonie)les Peuples
s'assemblent dans une
,
Vallée proche de laVille
de saint Veit
,
qui en efi:
la Capitale; Un Païsan
monte sur une grande
pierre de marbrequ'il y a
dans une Prairie , ayant
à sa main droite une vache
noire, & une mechante
cavale à sa gauche: l'Archiduc
vertu en Paysan
,"t
une houlette de Berger lèi
la main, precédé de quantiré
de Gentilshommesri- - chement vestus
,
de ses2
Officiers & de ses Gardes
tous à pied, s'avance vers
cette pierre;Alors le Pay--
san demande ,Qjûeft celuy.'{
qui marcheiffièrement ? Et les
Peuple répondant quecVy?ï\
leur nouveau Prince; illeur
demande s'il est justeJuge,
s'il cherche le bien du Pays x..
s'ilestNoble, méritant, Chrétien,~&
Protecteurde la Fois?
Et sur ce qu'on luy répond
qu'ill'est & le lera, il dit
aux Officiers du Prince "z
Qui pourra me chasserde cette
place? Sur-quoy le Maistre
d'Hostel lui promet soixante
deniers, les deux
bestes qui sontàses cassez,
les habits que porte le
Duc
,
& qu'il fera franc de
toute forte d'Im positions.
Sur cette promesse le Payfan
descend
,
touche doucement
avec la main la
joüe du Prince, à qui il recommande
la Juflice.Cela
fait, le Prince monte sur
la pierre,ayant changé
sa houlette en une épée
nuë;& ayant promis bonne
Justice au Peuple,il va àl'Eglise Nostre-Dame,
qui n'en est pasesloignée;
où s'estant revestu de ses
plus riches habits, retourne
dans le mesme endroit,
& y reçoit l'Hommage &
leSerment defidélité. On
dit que la raison pour laquelle
les Pay sans ont ce
droit au dessus de la Noblesse
,
c'est parce qu'ils
ont
ont esté les premiers à etïu
braderle Christianisme,
pendant que lesGentilshommes
crou pirent dans
le Paganisme juiqu'au regné
de Charlemagne.
CER EMONIE
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Résumé : CEREMONIE pratiquée lorsque les Archiducs reçoivent l'hommage & le serment de fidelité de la Province de Carinthie.
En Carinthie, les Archiducs reçoivent l'hommage et le serment de fidélité de la province lors d'une cérémonie se déroulant dans une vallée près de Saint Veit. Un paysan, accompagné d'une vache noire et d'un cheval, monte sur une pierre de marbre. L'Archiduc, déguisé en paysan, s'avance vers la pierre, escorté de gentilshommes, d'officiers et de gardes. Le paysan interroge l'Archiduc sur sa justice, son désir de bien pour le pays, sa noblesse, son mérite, sa foi chrétienne et sa protection de la foi. Après des réponses affirmatives, le paysan demande qui pourrait chasser l'Archiduc de cette place. Le maître d'hôtel promet soixante deniers, les deux bêtes et les habits du duc, ainsi que la franchise de toute forte d'impositions. Le paysan touche doucement la joue de l'Archiduc en lui recommandant la justice. L'Archiduc monte sur la pierre, change sa houlette en une épée nue et promet bonne justice au peuple. Il se rend ensuite à l'église Notre-Dame, se revêt de ses plus riches habits et retourne pour recevoir l'hommage et le serment de fidélité. Les paysans possèdent ce droit au-dessus de la noblesse car ils ont été les premiers à embrasser le christianisme, tandis que les gentilshommes restaient païens jusqu'au règne de Charlemagne.
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20
p. 25-28
CEREMONIE de la Diete.
Début :
Le jour marqué pour faire l'ouverture des Etats, l'Empereur [...]
Mots clefs :
Cérémonie, Empereur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CEREMONIE de la Diete.
CER EMONIE
de la Diete.
Le jour marqué pour
faire l'ouverture desEtats,
l'Empereur s'y rend en
Personneou par Députez,
lorsque l'Empereurestassissurson
Trofne, les Electeurs
se placent à sa droite
&à sa gauche,suivant
leur rang, sur des bans tapissez
d'écarlate & élevez
de deux marches: ceux
des autres Princes ne sont
ellevez que d'une, & tapissez
de drap vert. Lorsquechacun
est placé selon
son rang, Sa Majestéfait
faire par un Prince,les
proportions qu'il souhaite
à l'Assemblée; l'Electeur
de Tréves au nom detous
les Etatsremercie SaMajestédes
soins qu'Elle se
donne, en l'assurant qu'ils
travailleront incessammentàluy
donneruneentieresatisfactionsur
ses
demandes. On donnepar
écrità chaque Collége
les propositions de l'Em-,
sereur,qui les examinent
a part;& ayantensuite pris
leur resolution
,
ils conviennent
du jour qu'ils
doivent se joindre tous les
troIS, pour s'entrecommuniquer
leurs Centi-
: ments: &s'ils demeurent
d'accord du Resultat
,
ils
l'envoyent à l'Empereur,
qui l'ay antapprouvé
,
est
misaunombredesConstitutions
Impérial es : Mais
s'il yaquelqu'undes Collèges
dont les avis ne
soient pas conformes aux
autres & aux sentiments
du Commissaire de l'Empereur
,
la Constitution
Impériale n'a point force
de Loi, & est entierement
nulle.
de la Diete.
Le jour marqué pour
faire l'ouverture desEtats,
l'Empereur s'y rend en
Personneou par Députez,
lorsque l'Empereurestassissurson
Trofne, les Electeurs
se placent à sa droite
&à sa gauche,suivant
leur rang, sur des bans tapissez
d'écarlate & élevez
de deux marches: ceux
des autres Princes ne sont
ellevez que d'une, & tapissez
de drap vert. Lorsquechacun
est placé selon
son rang, Sa Majestéfait
faire par un Prince,les
proportions qu'il souhaite
à l'Assemblée; l'Electeur
de Tréves au nom detous
les Etatsremercie SaMajestédes
soins qu'Elle se
donne, en l'assurant qu'ils
travailleront incessammentàluy
donneruneentieresatisfactionsur
ses
demandes. On donnepar
écrità chaque Collége
les propositions de l'Em-,
sereur,qui les examinent
a part;& ayantensuite pris
leur resolution
,
ils conviennent
du jour qu'ils
doivent se joindre tous les
troIS, pour s'entrecommuniquer
leurs Centi-
: ments: &s'ils demeurent
d'accord du Resultat
,
ils
l'envoyent à l'Empereur,
qui l'ay antapprouvé
,
est
misaunombredesConstitutions
Impérial es : Mais
s'il yaquelqu'undes Collèges
dont les avis ne
soient pas conformes aux
autres & aux sentiments
du Commissaire de l'Empereur
,
la Constitution
Impériale n'a point force
de Loi, & est entierement
nulle.
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Résumé : CEREMONIE de la Diete.
Le texte décrit la cérémonie d'ouverture de la Diète, une assemblée politique du Saint-Empire romain germanique. L'Empereur ouvre la session en personne ou par députés et prend place sur son trône. Les Électeurs s'assoient à sa droite et à sa gauche selon leur rang, sur des sièges tapissés d'écarlate et surélevés de deux marches. Les autres princes sont assis sur des sièges tapissés de drap vert et surélevés d'une seule marche. L'Empereur présente ses propositions par l'intermédiaire d'un prince. L'Électeur de Trèves remercie l'Empereur au nom de tous les États et assure qu'ils travailleront à satisfaire ses demandes. Les propositions sont ensuite examinées par chaque collège séparément. Les collèges se réunissent tous les trois jours pour discuter de leurs avis. Si un accord est atteint, le résultat est envoyé à l'Empereur, qui l'approuve et le transforme en constitutions impériales. Cependant, si un collège ne partage pas les avis des autres ou ceux du commissaire de l'Empereur, la constitution impériale n'a pas force de loi et est nulle.
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21
p. 103-110
CEREMONIES Funebres.
Début :
L'origine des Ceremonies est aussi ancienne que celle des [...]
Mots clefs :
Cérémonies funèbres, Corps, Honneur, Cérémonie, Convoi, Funérailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CEREMONIES Funebres.
CEREMONIES
Funebm.
L'origine des Ceremonies
est auffi ancienne que celle
des Loix. rlJes en font au
moins l'ornement si elles n'en
font pas le soutien. Ellesfont
aussivariables que les temps,
&. aussivariées que les moeurs
& les usages des peuples, &
ce qui est regardé comme un
honneur dans un temps ou
dans un Pays, est quelquefois
envisagé comme un opprobre
dans un autre;
L'ancienne Chevalerie à
introduit beaucoup de Ceremonies
extraordinaires,dans
lesPompes funebres. Lors
que les Rois ne nommoient
personne pour conduire la
Ceremonie
,
le foin en estoit
donné en partieaux Herauts
d'Armes qui estoient de Vice-
Chevaliers instruits de toutes
les Loix de la Chevalerie, &
qui par leurs belles actions
meritoientl'estime du Publics
& à qui leur valeur avoit acquis
une authorité qu'ils conservoient
avec l'âge.
Depuis le regne de Charles
VI. la qualité de Heraut s'est
fortavilie. Les Rois ont toujours
nommé à chaque Ceremonie
quelque Seigneur de
distinctionpour la regler suivant
l'ancien usage. i ,'of'
Lors que Henry III. passa
par l'Italie il prit dugoust
aux manieres de ces Peuples
qui aimoient beaucoup les
Ceremonies, il crea plusieurs
Charges. Et entr'autres en
l'année1585. il fit un Maistre
des Ceremonies, & un Mai
stre pour servir en son absence.
Le Titre de Grand Maistren'a
esté donné an premier
que long-temps depuis. IlsembleroitparlesCharges
que toutes les Ceremonies
devroient estre reglées
, ÔC
qu'il n'y auroit rien àinnover.
Cependant elle sontrarement
lesmesmes ,ilarrivesouvent
quelqueincident,
chacun voul ant s'elever &
empieter sur les droits des autres.
Les Rois se sont trouvez
quelquefois fort embarrassez
pour decideravec juihee sur
ces affaires de point d'hon.
neur , ne sçachant précisement
à qui il doit appartenir,
-
Aux Funerailles dePhilippe
Auguste le Cardinal Legat
& l'Archevêque de
Reims vouloient officier pori..
tificalement. La dispute fut
grande, & pour les accorder
on dressa deux Autels sur lesquels
chacun celebra en mesme
temps & de mesme voix
afin qu'un seul Choeur respondistaux
deux Officians. 1
Aux Obseques de S. Louis,
le Roy Philippe III. fortfils
porta sur ses épaules le Corps
ou plutost les os de son Pere
depuis Notre-Dame jusqu'à
S. Denis. Les Croix que l'on
trouve sur le chemin furent
élevées dans les endroits OU il
se reposa. On assure qu'il se
fit plusieurs Miracles en ces
melmesendroits ,plusieurs
Malades. y ayant reçu du
soulagement à leurs maux. La
foule du Peuple qui suivoit le
Convoy estoit grande. Tous
les Seigneurs les plus distinguez
s'y trouverent ; tous les
Prelats qui estoient alors à la
Cour, s'y trouverent en habits
Pontificaux. LesReligieux
crurent que les Archevesques
& Evesques avec
leurs habits Ponti ficaux entreprenoient
sur leurs droits.
JIs; sermerent les portes de
leur Eglise& ne voulurent
point souffrir qu'on yentrast
jusqu'à ce qu'il eustestéresolu
que les Prelats quitteroient
leurs ornemens pour y entrer
sans pompe & sans marque
d'authorité ni de Jurisdiction
sur eux. -
j¡ Aux Convois où les Rois
se trouvoient
,
ils suivoient
le Corps à Cheval dans les
Champs: dans les Villes &
les Villages de leur passage
, ils metroient pied à terre. Cette
coutume s'estabolie entierement
depuis Charles V.
Tous les Enterremens des
Princesne se sont pas toujours
faits avec pompe en France.
Aux Fenerailles d'isabeau
de Bavieree veuve du Roy
Charles VI. son Corps fut
porcé du Chasteau des Tournelles
où elle mourut, jusqu'à
l'Eglise de S. Denis sans au.
cune Pompe. Les Registresdu
Parlement portent qu'il s'y
fit quelques Ceremonies ;
mais aucun Autheur contemporain
n'en parle Au contraire
ils, disent tous qu'on le mit
sans, pompe dansun Batteau
avec lui Prestre, deux Cierges,
& trois Officiers de sa Mai.
son qui le conduisirent par
eau à S. Denis où les Religieuxqu'elle
avoit comblez
de bienfaits luv firent à leurs
frais un Servicele plus hono*
rable qu'ils purent. Ils attribuent
la faute de ce manque
d'honneur qu'on luy devoit
aux Anglois qui estoient maistres
du Pays, & qui lahaïfsoient.
Aux Obseques de Charles
VIII. vingt Gentils hommes
de sa Maison porterent son. Corps. 4 1
- A celles de Loüis XII.
les hanouars ou porteurs de
sel pretendirent que cet honneur
leurappartenoit,les Rois
le leur ayant concédé dans
leurs Privilcges. Les Gentilshommes
le leur cederent, &
depuis ce temps là ils se font
conservez dans ce Droit.
Funebm.
L'origine des Ceremonies
est auffi ancienne que celle
des Loix. rlJes en font au
moins l'ornement si elles n'en
font pas le soutien. Ellesfont
aussivariables que les temps,
&. aussivariées que les moeurs
& les usages des peuples, &
ce qui est regardé comme un
honneur dans un temps ou
dans un Pays, est quelquefois
envisagé comme un opprobre
dans un autre;
L'ancienne Chevalerie à
introduit beaucoup de Ceremonies
extraordinaires,dans
lesPompes funebres. Lors
que les Rois ne nommoient
personne pour conduire la
Ceremonie
,
le foin en estoit
donné en partieaux Herauts
d'Armes qui estoient de Vice-
Chevaliers instruits de toutes
les Loix de la Chevalerie, &
qui par leurs belles actions
meritoientl'estime du Publics
& à qui leur valeur avoit acquis
une authorité qu'ils conservoient
avec l'âge.
Depuis le regne de Charles
VI. la qualité de Heraut s'est
fortavilie. Les Rois ont toujours
nommé à chaque Ceremonie
quelque Seigneur de
distinctionpour la regler suivant
l'ancien usage. i ,'of'
Lors que Henry III. passa
par l'Italie il prit dugoust
aux manieres de ces Peuples
qui aimoient beaucoup les
Ceremonies, il crea plusieurs
Charges. Et entr'autres en
l'année1585. il fit un Maistre
des Ceremonies, & un Mai
stre pour servir en son absence.
Le Titre de Grand Maistren'a
esté donné an premier
que long-temps depuis. IlsembleroitparlesCharges
que toutes les Ceremonies
devroient estre reglées
, ÔC
qu'il n'y auroit rien àinnover.
Cependant elle sontrarement
lesmesmes ,ilarrivesouvent
quelqueincident,
chacun voul ant s'elever &
empieter sur les droits des autres.
Les Rois se sont trouvez
quelquefois fort embarrassez
pour decideravec juihee sur
ces affaires de point d'hon.
neur , ne sçachant précisement
à qui il doit appartenir,
-
Aux Funerailles dePhilippe
Auguste le Cardinal Legat
& l'Archevêque de
Reims vouloient officier pori..
tificalement. La dispute fut
grande, & pour les accorder
on dressa deux Autels sur lesquels
chacun celebra en mesme
temps & de mesme voix
afin qu'un seul Choeur respondistaux
deux Officians. 1
Aux Obseques de S. Louis,
le Roy Philippe III. fortfils
porta sur ses épaules le Corps
ou plutost les os de son Pere
depuis Notre-Dame jusqu'à
S. Denis. Les Croix que l'on
trouve sur le chemin furent
élevées dans les endroits OU il
se reposa. On assure qu'il se
fit plusieurs Miracles en ces
melmesendroits ,plusieurs
Malades. y ayant reçu du
soulagement à leurs maux. La
foule du Peuple qui suivoit le
Convoy estoit grande. Tous
les Seigneurs les plus distinguez
s'y trouverent ; tous les
Prelats qui estoient alors à la
Cour, s'y trouverent en habits
Pontificaux. LesReligieux
crurent que les Archevesques
& Evesques avec
leurs habits Ponti ficaux entreprenoient
sur leurs droits.
JIs; sermerent les portes de
leur Eglise& ne voulurent
point souffrir qu'on yentrast
jusqu'à ce qu'il eustestéresolu
que les Prelats quitteroient
leurs ornemens pour y entrer
sans pompe & sans marque
d'authorité ni de Jurisdiction
sur eux. -
j¡ Aux Convois où les Rois
se trouvoient
,
ils suivoient
le Corps à Cheval dans les
Champs: dans les Villes &
les Villages de leur passage
, ils metroient pied à terre. Cette
coutume s'estabolie entierement
depuis Charles V.
Tous les Enterremens des
Princesne se sont pas toujours
faits avec pompe en France.
Aux Fenerailles d'isabeau
de Bavieree veuve du Roy
Charles VI. son Corps fut
porcé du Chasteau des Tournelles
où elle mourut, jusqu'à
l'Eglise de S. Denis sans au.
cune Pompe. Les Registresdu
Parlement portent qu'il s'y
fit quelques Ceremonies ;
mais aucun Autheur contemporain
n'en parle Au contraire
ils, disent tous qu'on le mit
sans, pompe dansun Batteau
avec lui Prestre, deux Cierges,
& trois Officiers de sa Mai.
son qui le conduisirent par
eau à S. Denis où les Religieuxqu'elle
avoit comblez
de bienfaits luv firent à leurs
frais un Servicele plus hono*
rable qu'ils purent. Ils attribuent
la faute de ce manque
d'honneur qu'on luy devoit
aux Anglois qui estoient maistres
du Pays, & qui lahaïfsoient.
Aux Obseques de Charles
VIII. vingt Gentils hommes
de sa Maison porterent son. Corps. 4 1
- A celles de Loüis XII.
les hanouars ou porteurs de
sel pretendirent que cet honneur
leurappartenoit,les Rois
le leur ayant concédé dans
leurs Privilcges. Les Gentilshommes
le leur cederent, &
depuis ce temps là ils se font
conservez dans ce Droit.
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Résumé : CEREMONIES Funebres.
Le texte examine l'origine et l'évolution des cérémonies funéraires, mettant en lumière leur ancienneté et leur diversité à travers les époques et les cultures. Les cérémonies funéraires ont été influencées par l'ancienne chevalerie, qui a introduit des rites spécifiques. Les hérauts d'armes, en tant que vice-chevaliers, jouaient un rôle crucial dans l'organisation de ces cérémonies. Sous le règne de Charles VI, la qualité des hérauts d'armes déclina, et les rois commencèrent à nommer des seigneurs de distinction pour régler les cérémonies. Henri III, impressionné par les cérémonies italiennes, créa plusieurs charges, dont celle de maître des cérémonies en 1585. Les cérémonies funéraires royales étaient souvent marquées par des disputes sur les droits et les honneurs. Par exemple, lors des funérailles de Philippe Auguste, un compromis fut trouvé pour éviter un conflit entre le cardinal légat et l'archevêque de Reims. Lors des obsèques de Saint Louis, Philippe III porta le corps de son père, et des miracles furent rapportés. Les coutumes variaient également : les rois suivaient le corps à cheval dans les champs et à pied dans les villes. Cependant, certaines funérailles, comme celles d'Isabeau de Bavière, se déroulèrent sans pompe en raison de la présence des Anglais. Les funérailles des princes ne se faisaient pas toujours avec pompe. Par exemple, celles de Charles VIII furent organisées par vingt gentilshommes, tandis que celles de Louis XII furent portées par les hanovars, porteurs de sel, après une dispute sur les privilèges.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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22
p. 1-2
« Quoy qu'on ait parlé le mois dernier du Mariage du [...] »
Début :
Quoy qu'on ait parlé le mois dernier du Mariage du [...]
Mots clefs :
Nouvelle, Cérémonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Quoy qu'on ait parlé le mois dernier du Mariage du [...] »
Quoy qu'on ait parlé le
mois dernier du Mariage du
Prince de Moscovie avec la
Princesse de Wo,st:nbutteI
,
on a cru devoir donner ce
mois-cy plusieurs particularitez
concernant cette Ceremonie,
donc on n'avait
pas elle instruit; ainsi la
lettre suivante qui a esté écriteà
une grande Princesse,
quoy que d'ancienne datte,
peut estre regardée comme
nouvelle: On commencera
toujours à l'avenir, la partie
des nouvelles, par d'anciens
détails qu'on aura reçus depuis
l'impression duVolume
precedent.
mois dernier du Mariage du
Prince de Moscovie avec la
Princesse de Wo,st:nbutteI
,
on a cru devoir donner ce
mois-cy plusieurs particularitez
concernant cette Ceremonie,
donc on n'avait
pas elle instruit; ainsi la
lettre suivante qui a esté écriteà
une grande Princesse,
quoy que d'ancienne datte,
peut estre regardée comme
nouvelle: On commencera
toujours à l'avenir, la partie
des nouvelles, par d'anciens
détails qu'on aura reçus depuis
l'impression duVolume
precedent.
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Résumé : « Quoy qu'on ait parlé le mois dernier du Mariage du [...] »
Le texte révèle des détails sur le mariage entre le Prince de Moscovie et la Princesse de Wo,st:nbutteI. Une lettre ancienne, adressée à une grande Princesse, apporte des informations nouvelles. À l'avenir, les nouvelles commenceront par des détails anciens reçus après la publication du précédent volume.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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23
p. 265-286
REJOUISSANCES ET CEREMONIES FAITES A L'INAUGURATION DE S.A.S.E. DE BAVIERE. Prince Souverain des Pays-Bas.
Début :
L'Avenement de S. A. S. E. à la souveraineté des Païs Bas [...]
Mots clefs :
Cérémonie, Inauguration, Marche, Pays-Bas, Députés, Musiciens, Clergé, Bavière, Bénédiction, Assemblée, Serment, Namur, Ordre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REJOUISSANCES ET CEREMONIES FAITES A L'INAUGURATION DE S.A.S.E. DE BAVIERE. Prince Souverain des Pays-Bas.
REJOUISSANCES,
ET CEREMONIES,
FAITES
A L'INAUGURATION 13
CORDES, A. S. E..
་་
DE BAVIERE.
Prince Souverain les
For pr 7Pays
- Bas,
L
༢
2
¡Avenement de S. A
S. E. à la fouveraineté
des Païs Bas avoit comblé
de joye tous les Peuples du
Ꮓ
Juillet 1712.
266 MERCURE
Comté de Namur. Heureux d'obéir à un fi grand
Prince, & devenir fes Sujets,
ils attendoient avec impatience le jour qu'Elle voudroit bien marquer , pour
avoir l'honneur de luy preter le Serment de fidelité
& dans cette eſperance ils
préparoient à rendre ce
jourundes plusmagnifiques
& des plus pompeux.
En effet , S. A. S. E. ayant
fixé cette Augufte Ceremonic au 17. de May les Peuples n'ont rien oublié pour
la rendre folemnelle &
Le
GALANT. 267
témoigner leur zele & leur
ardeur.
Meffieurs les Etats qui
avoient été convoquez à ce
fujet s'affemblerent la veille ,
& le concours des Ecclefiaf
tiques & des Nobles fut tresnombreux. Le lendemain
ils fe rendirent en Corps au
Palais de S. A. S. E. & fur
les dix heures du matin la
Marche commença.
ORDRE DE LA MARCHE.
Meffieurs les Magiftrats.
Mr le Mayeur, M" les
Zij
268 MERCURE 15 1
Efchevins , M les Jurez
& autres du même Corps.
2
*
Meffieurs les Etats Nobles,
Mr le Baron de Spontin
de Freyr , &c. & Mr le
Comte de Groefbeck
&c. Députez. Accompa
gnez d'un grand nombre de
Gentilhommes de la Pro .
vince qui à l'envi s'étoient
proprement & richement
habillez.
Meffieurs les Etats
Ecclefiaftiques.
Mr l'Abbé de Moulin ,
GALANT. 269
& Mr l'Abbé de Geronfart
Députez. Accompagnez de
fix autres Abbez de la
Province & Comté, de
Namur.
Les deux Herauts d'Armes
Reveftus de la Cote d'Armes avec la Couronne ,
Toque , Panaches , Aigrettes , émaillez fur la poitrine
aux , Armes de S. A. S. E. &
celles du Comté de Namur,
& le Caducée à la main.
Ziij
270 MERCURE
Son Alteße Sereniffime.
Sous un Dais magnifique ,
de velours bleu , orné de
crépines , franges & galons
d'argent avec les Armes
entieres de S. A. S. E. proprement brodées dans le
le fonds, & les Armes de la
Province aux quatre coins ;
preparé & prefenté par M
les Etats Nobles , & porté
par fix Gentils hommes des
plus qualifiez de la Province.
Sçavoir , Mr le Comte de
Frezin , Mr le Comte de
GALANT. 271
Corfuarem Lontchamps ,
Colonel , Mr de Glimes
Marquis de Courcelles , Mr
de Liede Kerke Baron
d'Arc , Mr le Comte de
Berlo de Sainte Gertrude ,
& Mr Claude de Namur
Vicomte Delzée.
Auxdeux coftez du Dais.
M. le Capitaine des Archers
Nobles gardes du Corps de
S. A. S. E. avec les Officiers.
Immediatement aprés
S. A. S. E. marchoient S. E.
Mr le Comte de Terring
Ziiij
272 MERCURE
& Seefelde grand Marêchal
de la Cour, Lieutenant Ge
neral, Chevalier de la Toifon
d'or faifant la fonction de
grand Maiftre de la Maifon
de S. A. SE, & Mrle Baron
de Dobelſtein & d'Eynem
bourg Gentilhomme de la
Chambre de S. A. S. E. de
Cologne, Marefchal de
Camp & Colonel d'un Rement de Cavalerie , Envoyé
Extraordinaire de S. A. S. E.
વે
de Cologne pour affifter
de la part à cette Auguſte
Ceremonie. ar 72A2
7 2 A2
Enfuite marchoient tous
GALANT. 273
les Seigneurs , Miniftres ,
Gentilhommes & autres
Officiers en grand nombre
de S A.S. E. felon le rang
qui leur cft dû
20
Les Archers Nobles Gardes du Corps marchoient
fur les coftez de cette Augufte Affemblée On continua ainfi la marche depuis
le Palais de S A.S. E. juf
qu'à l'Eglife Cathedrale de
S. Aubain. Plus de douze
ou quinze cent Bourgeois le
flambeau de cire blanche à
la main s'étoient rangez
pour former le paffage de
274 MERGURE
cette Noble Affemblée ; La
Garniſon étoit fous les Armes , & le Regiment des
Gardes à pied de S. A. S. E.
étoit pofté depuis le Palais
jufqu'aux environs de l'Eglife de S. Aubain. Mr de
Mercy Brigadier & Commandant de ce Regiment
étoit à la tefte avec tous les
Officiers nouvellement &
proprement habillez uniforme , de drap bleu galonné
d'argent.
Lorfque l'Electeur arriva
devant l'Evefché , un Bourgeois s'avança devant S A.
GALANT. 275
S. E. étendit fon manteau
par terre,le couvrit de fleurs,
& s'écria dans la joye de fon
cœear , Benedictus qui venit
in nomine Domini , &c.
Mr le Comte de Berlo
tres- Illuftre & tres-Digne
Evefque de Namur avoit
affemblé tout fon Clergé.
Le Chapitre de S. Aubain ,
le Chapitre de Nôtre Dame,
tous les Curez & les Prêtres
des Paroiffes , & tous les Ordres Religieux de la Ville. Il
attendoit S. A. S. E avec
tout ce Clergé devant fa
Cathedrale. Onavoit placé
276 MERGURE
*
rs
ún priédicu où S. A. S. E. fe
mit à genoux , & adora la
vraye Croix que Mr l'Eve.
que luy prefenta. On entra
enfuite dans Eglife , où
toutes les places étoient
marquées. Onytrouva déja
placez dans le Chour, M
du Confeil des Finances de
S. A. S. E. M's du Confeil
Provincial , & M du Souverain Baillage.
L'Eglife Cathedrale de S.
Aubain étoit proprement
ornée de verdure naiffante
& de riches Tapifleries.
rs
IS
On avoit élevé un Dais
magnifiquedevelours rouge
GALANT. 277
galonné d'or du cofté de
' Evangile où S. A. S. E. fe
plaça. SE Mr le grand
Maiêchal, faifant la fonction du grand Maiftre , étoit
placé à coté de S. A. S. E,
avec le Capitaine des Gardes
du Corps Archers Nobles ,
& les autres Seigneurs , Miniftres , & Gentilhommes
étoient placez felon l'ordre
que l'on avoit marqué.
Mr Marefchal Fourier de
de la Chambre de S. A. S. E
avoit fait conftruire une ef
pece de Galerie au- deſſus des
formes de M les Chanoi-
278 MERCURE
nes , fort pacieuſe pour
gagner de la place & y
mettre les Dames de la premiere qualité , & autres
caractere , & avoit poſté
un certain nombre d'Officiers qui avoient l'honneur
de placer les Dames felon
leur qualité & leur rang.
M's les Muficiens de la
Chambre de S. A. S. E.
étoient placez dans la Tribune proche de l'Orgue
avec les Trompettes & les
Timbales de S.A.S. E. &
plufieurs autres Muficiens.
Toute cette Augufte Af-
GALANT. 279
femblée étant ainfi placée ,
Mr l'Eveſque aſſiſté d'un
grand nombre de Preftres
officians , celebra pontificalement la Meffe. Aprés la
Meffe on chanta le Pfalme
Exaudiaten mufique. Auffitoſt qu'il fut fini”, M" les
Députez des Etats s'avancerent devant le Trône de
S.A. S. E.
L'Acte quiles authoriſoit
曩
pour recevoir & prefter le
ferment les nomme ainfi.
Les Reverends Abbez ,
Dom Maximilien Abbé de
Moulin, & Frere Auguftin
180 MERCURE
Illuftre
Abbé de Geronfart, de la part
du Clergé ; Noble
Seigneur Meffire Facques Baron de Spontin de Freyr , Vicomte d'Efclaye & 'dAudembourg; Noble & Illuftre Seis
gneur MeffireJacques François
Comte de Groesbeck , Wemelin
& du S. Empire , Vicomte
d'Aublin, Confeiller d'Etat
de S. A.S. E. de la part de la
Nobleß ; Noble & Illuſtre
Seigneur Adrien Charles de
Glimes de Brabant Seigneur dè
S.Martin , Noble Homme ,
Albert Ignace de Kffel de lå
part du Tiers Etat,
GALANT. 281
En préfence de ces M
Députez & de toute l'Af
femblée S. A. S. E. tenant
majestueufement les mains
fur les faints Evangiles , &
devant les faintes Reliques ,
prononça le ferment en ces
termes :
Je MAXIMILIEN
EMANUEL-par la grace
de Dieu , Ducde la Haute&
Baße Baviere , du Haut Pa
latinat , de Brabant , de Limbourg, de Luxembourg, &
de Gueldres , Comte Palatin
du Rhin , Archi- Dapifer
Electeur Vicaire du S
Juillet 1712 Aa
282 MERCURE
"Empire Romain , Landigrave
de Leichtenberg, Comte de
Flandres , de Hainaut & de
Namur, Marquis du S.
Empire , Seigneur de Malines,
&c.
Fure devant les faintes Reliques, &par les faints Evangiles de Dieu,quejegarderayles
Eglifes & Suppors d'icelles , les
Nobles, Feodeaux, Oppidains,
Communautez , Veuves &
Orphelins , des Villes , Pays
Comtéde Namur, en leurs
Droits, Ufages , Loix, &
Coûtumes loüables & anciennes; AINSI M'AIDE DIEU
GALANT. 283
ET TOUS SES SAINTS.
Cette formule de ferment avoit été préſentée par
le fieur Marefchal en qualité
de Greffier du fouverain
Baillage , à Mr le grand
Marefchal qui la pofa devant
S. A. S. E. & qui luy rendit
aprés que S. A. S. E. cut fini.
Le Nom du Seigneur & celuy de S. A. S. E. étoient
écrits en lettres d'or.
Mr Lardenois Confeiller
Penfionnaire lût enfuite la
Procuration qui authoriſoit
les Députez à prefter le fer.
ment. Et Mr l'Abbé de
Aaij
284 MERCURE
Moulin le lûc au nom de
tous en ces termes :
* NousFurons à vous treshaut& tres puiffant Prince
Seigneur MAXIMILIEN
EMANUEL par la grace
de Dieu Duc de la Haute &
Baffe Baviere, du Haut Palatinar , Comte Palatin du
Rhin , Archi-Dapifer, Elec
teur Vicaire du S. Empire
Romain , Landtgrave de Leichrenberg, Comte dudit Namur, que les Prélats , Nobles ,
Feodeaux, Oppidains &Com·
munautez d'iceluy Comie &
Pays de Namur, vousferont
GALANT. 283
Lons , vrais & loyaux Sujets
ferviteurs , comme its
doivent, font tenus d'estre
leur Prince & Seigneur.
M's les Députez levant
les doigt , prononcerent la
force du ferment felon
l'ordre fuivant.
Les deux Députez de
Etat Ecclefiaftique.
Ainfi nous aide Dieu &
rous fés Saints.
Les deux Députez de
l'Etat Noble.
Ainfi nous aide Dieu &
tous fes Saints.
Les deux Députez du
Tiers Etat.
286 MERCURE
Ainfi nous aide Dicu &
tous fes Saints,
Alors un bruit éclatant
ſe fit entendre dans l'Eglife ,
toute l'Affemblée s'écria ,
Vive l'Electeur , Vive le
Comte de Namur Noftre
Souverain.
On chanta enfuite le
TE DEUM, & aprés la
Benediction du Tres- Saint
Sacrement on recommença
la marche dans le mefme
ordre qu'on étoit venu.
ET CEREMONIES,
FAITES
A L'INAUGURATION 13
CORDES, A. S. E..
་་
DE BAVIERE.
Prince Souverain les
For pr 7Pays
- Bas,
L
༢
2
¡Avenement de S. A
S. E. à la fouveraineté
des Païs Bas avoit comblé
de joye tous les Peuples du
Ꮓ
Juillet 1712.
266 MERCURE
Comté de Namur. Heureux d'obéir à un fi grand
Prince, & devenir fes Sujets,
ils attendoient avec impatience le jour qu'Elle voudroit bien marquer , pour
avoir l'honneur de luy preter le Serment de fidelité
& dans cette eſperance ils
préparoient à rendre ce
jourundes plusmagnifiques
& des plus pompeux.
En effet , S. A. S. E. ayant
fixé cette Augufte Ceremonic au 17. de May les Peuples n'ont rien oublié pour
la rendre folemnelle &
Le
GALANT. 267
témoigner leur zele & leur
ardeur.
Meffieurs les Etats qui
avoient été convoquez à ce
fujet s'affemblerent la veille ,
& le concours des Ecclefiaf
tiques & des Nobles fut tresnombreux. Le lendemain
ils fe rendirent en Corps au
Palais de S. A. S. E. & fur
les dix heures du matin la
Marche commença.
ORDRE DE LA MARCHE.
Meffieurs les Magiftrats.
Mr le Mayeur, M" les
Zij
268 MERCURE 15 1
Efchevins , M les Jurez
& autres du même Corps.
2
*
Meffieurs les Etats Nobles,
Mr le Baron de Spontin
de Freyr , &c. & Mr le
Comte de Groefbeck
&c. Députez. Accompa
gnez d'un grand nombre de
Gentilhommes de la Pro .
vince qui à l'envi s'étoient
proprement & richement
habillez.
Meffieurs les Etats
Ecclefiaftiques.
Mr l'Abbé de Moulin ,
GALANT. 269
& Mr l'Abbé de Geronfart
Députez. Accompagnez de
fix autres Abbez de la
Province & Comté, de
Namur.
Les deux Herauts d'Armes
Reveftus de la Cote d'Armes avec la Couronne ,
Toque , Panaches , Aigrettes , émaillez fur la poitrine
aux , Armes de S. A. S. E. &
celles du Comté de Namur,
& le Caducée à la main.
Ziij
270 MERCURE
Son Alteße Sereniffime.
Sous un Dais magnifique ,
de velours bleu , orné de
crépines , franges & galons
d'argent avec les Armes
entieres de S. A. S. E. proprement brodées dans le
le fonds, & les Armes de la
Province aux quatre coins ;
preparé & prefenté par M
les Etats Nobles , & porté
par fix Gentils hommes des
plus qualifiez de la Province.
Sçavoir , Mr le Comte de
Frezin , Mr le Comte de
GALANT. 271
Corfuarem Lontchamps ,
Colonel , Mr de Glimes
Marquis de Courcelles , Mr
de Liede Kerke Baron
d'Arc , Mr le Comte de
Berlo de Sainte Gertrude ,
& Mr Claude de Namur
Vicomte Delzée.
Auxdeux coftez du Dais.
M. le Capitaine des Archers
Nobles gardes du Corps de
S. A. S. E. avec les Officiers.
Immediatement aprés
S. A. S. E. marchoient S. E.
Mr le Comte de Terring
Ziiij
272 MERCURE
& Seefelde grand Marêchal
de la Cour, Lieutenant Ge
neral, Chevalier de la Toifon
d'or faifant la fonction de
grand Maiftre de la Maifon
de S. A. SE, & Mrle Baron
de Dobelſtein & d'Eynem
bourg Gentilhomme de la
Chambre de S. A. S. E. de
Cologne, Marefchal de
Camp & Colonel d'un Rement de Cavalerie , Envoyé
Extraordinaire de S. A. S. E.
વે
de Cologne pour affifter
de la part à cette Auguſte
Ceremonie. ar 72A2
7 2 A2
Enfuite marchoient tous
GALANT. 273
les Seigneurs , Miniftres ,
Gentilhommes & autres
Officiers en grand nombre
de S A.S. E. felon le rang
qui leur cft dû
20
Les Archers Nobles Gardes du Corps marchoient
fur les coftez de cette Augufte Affemblée On continua ainfi la marche depuis
le Palais de S A.S. E. juf
qu'à l'Eglife Cathedrale de
S. Aubain. Plus de douze
ou quinze cent Bourgeois le
flambeau de cire blanche à
la main s'étoient rangez
pour former le paffage de
274 MERGURE
cette Noble Affemblée ; La
Garniſon étoit fous les Armes , & le Regiment des
Gardes à pied de S. A. S. E.
étoit pofté depuis le Palais
jufqu'aux environs de l'Eglife de S. Aubain. Mr de
Mercy Brigadier & Commandant de ce Regiment
étoit à la tefte avec tous les
Officiers nouvellement &
proprement habillez uniforme , de drap bleu galonné
d'argent.
Lorfque l'Electeur arriva
devant l'Evefché , un Bourgeois s'avança devant S A.
GALANT. 275
S. E. étendit fon manteau
par terre,le couvrit de fleurs,
& s'écria dans la joye de fon
cœear , Benedictus qui venit
in nomine Domini , &c.
Mr le Comte de Berlo
tres- Illuftre & tres-Digne
Evefque de Namur avoit
affemblé tout fon Clergé.
Le Chapitre de S. Aubain ,
le Chapitre de Nôtre Dame,
tous les Curez & les Prêtres
des Paroiffes , & tous les Ordres Religieux de la Ville. Il
attendoit S. A. S. E avec
tout ce Clergé devant fa
Cathedrale. Onavoit placé
276 MERGURE
*
rs
ún priédicu où S. A. S. E. fe
mit à genoux , & adora la
vraye Croix que Mr l'Eve.
que luy prefenta. On entra
enfuite dans Eglife , où
toutes les places étoient
marquées. Onytrouva déja
placez dans le Chour, M
du Confeil des Finances de
S. A. S. E. M's du Confeil
Provincial , & M du Souverain Baillage.
L'Eglife Cathedrale de S.
Aubain étoit proprement
ornée de verdure naiffante
& de riches Tapifleries.
rs
IS
On avoit élevé un Dais
magnifiquedevelours rouge
GALANT. 277
galonné d'or du cofté de
' Evangile où S. A. S. E. fe
plaça. SE Mr le grand
Maiêchal, faifant la fonction du grand Maiftre , étoit
placé à coté de S. A. S. E,
avec le Capitaine des Gardes
du Corps Archers Nobles ,
& les autres Seigneurs , Miniftres , & Gentilhommes
étoient placez felon l'ordre
que l'on avoit marqué.
Mr Marefchal Fourier de
de la Chambre de S. A. S. E
avoit fait conftruire une ef
pece de Galerie au- deſſus des
formes de M les Chanoi-
278 MERCURE
nes , fort pacieuſe pour
gagner de la place & y
mettre les Dames de la premiere qualité , & autres
caractere , & avoit poſté
un certain nombre d'Officiers qui avoient l'honneur
de placer les Dames felon
leur qualité & leur rang.
M's les Muficiens de la
Chambre de S. A. S. E.
étoient placez dans la Tribune proche de l'Orgue
avec les Trompettes & les
Timbales de S.A.S. E. &
plufieurs autres Muficiens.
Toute cette Augufte Af-
GALANT. 279
femblée étant ainfi placée ,
Mr l'Eveſque aſſiſté d'un
grand nombre de Preftres
officians , celebra pontificalement la Meffe. Aprés la
Meffe on chanta le Pfalme
Exaudiaten mufique. Auffitoſt qu'il fut fini”, M" les
Députez des Etats s'avancerent devant le Trône de
S.A. S. E.
L'Acte quiles authoriſoit
曩
pour recevoir & prefter le
ferment les nomme ainfi.
Les Reverends Abbez ,
Dom Maximilien Abbé de
Moulin, & Frere Auguftin
180 MERCURE
Illuftre
Abbé de Geronfart, de la part
du Clergé ; Noble
Seigneur Meffire Facques Baron de Spontin de Freyr , Vicomte d'Efclaye & 'dAudembourg; Noble & Illuftre Seis
gneur MeffireJacques François
Comte de Groesbeck , Wemelin
& du S. Empire , Vicomte
d'Aublin, Confeiller d'Etat
de S. A.S. E. de la part de la
Nobleß ; Noble & Illuſtre
Seigneur Adrien Charles de
Glimes de Brabant Seigneur dè
S.Martin , Noble Homme ,
Albert Ignace de Kffel de lå
part du Tiers Etat,
GALANT. 281
En préfence de ces M
Députez & de toute l'Af
femblée S. A. S. E. tenant
majestueufement les mains
fur les faints Evangiles , &
devant les faintes Reliques ,
prononça le ferment en ces
termes :
Je MAXIMILIEN
EMANUEL-par la grace
de Dieu , Ducde la Haute&
Baße Baviere , du Haut Pa
latinat , de Brabant , de Limbourg, de Luxembourg, &
de Gueldres , Comte Palatin
du Rhin , Archi- Dapifer
Electeur Vicaire du S
Juillet 1712 Aa
282 MERCURE
"Empire Romain , Landigrave
de Leichtenberg, Comte de
Flandres , de Hainaut & de
Namur, Marquis du S.
Empire , Seigneur de Malines,
&c.
Fure devant les faintes Reliques, &par les faints Evangiles de Dieu,quejegarderayles
Eglifes & Suppors d'icelles , les
Nobles, Feodeaux, Oppidains,
Communautez , Veuves &
Orphelins , des Villes , Pays
Comtéde Namur, en leurs
Droits, Ufages , Loix, &
Coûtumes loüables & anciennes; AINSI M'AIDE DIEU
GALANT. 283
ET TOUS SES SAINTS.
Cette formule de ferment avoit été préſentée par
le fieur Marefchal en qualité
de Greffier du fouverain
Baillage , à Mr le grand
Marefchal qui la pofa devant
S. A. S. E. & qui luy rendit
aprés que S. A. S. E. cut fini.
Le Nom du Seigneur & celuy de S. A. S. E. étoient
écrits en lettres d'or.
Mr Lardenois Confeiller
Penfionnaire lût enfuite la
Procuration qui authoriſoit
les Députez à prefter le fer.
ment. Et Mr l'Abbé de
Aaij
284 MERCURE
Moulin le lûc au nom de
tous en ces termes :
* NousFurons à vous treshaut& tres puiffant Prince
Seigneur MAXIMILIEN
EMANUEL par la grace
de Dieu Duc de la Haute &
Baffe Baviere, du Haut Palatinar , Comte Palatin du
Rhin , Archi-Dapifer, Elec
teur Vicaire du S. Empire
Romain , Landtgrave de Leichrenberg, Comte dudit Namur, que les Prélats , Nobles ,
Feodeaux, Oppidains &Com·
munautez d'iceluy Comie &
Pays de Namur, vousferont
GALANT. 283
Lons , vrais & loyaux Sujets
ferviteurs , comme its
doivent, font tenus d'estre
leur Prince & Seigneur.
M's les Députez levant
les doigt , prononcerent la
force du ferment felon
l'ordre fuivant.
Les deux Députez de
Etat Ecclefiaftique.
Ainfi nous aide Dieu &
rous fés Saints.
Les deux Députez de
l'Etat Noble.
Ainfi nous aide Dieu &
tous fes Saints.
Les deux Députez du
Tiers Etat.
286 MERCURE
Ainfi nous aide Dicu &
tous fes Saints,
Alors un bruit éclatant
ſe fit entendre dans l'Eglife ,
toute l'Affemblée s'écria ,
Vive l'Electeur , Vive le
Comte de Namur Noftre
Souverain.
On chanta enfuite le
TE DEUM, & aprés la
Benediction du Tres- Saint
Sacrement on recommença
la marche dans le mefme
ordre qu'on étoit venu.
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Résumé : REJOUISSANCES ET CEREMONIES FAITES A L'INAUGURATION DE S.A.S.E. DE BAVIERE. Prince Souverain des Pays-Bas.
Le texte relate les cérémonies d'inauguration de l'avènement de Son Altesse Sérénissime (S.A.S.E.) à la souveraineté des Pays-Bas en juillet 1712. Cet événement a suscité une grande joie parmi les peuples, qui se préparaient à prêter serment de fidélité. La cérémonie officielle a été fixée au 17 mai et a été marquée par une grande solennité et un zèle ardent des populations. Les États, les ecclésiastiques et les nobles se sont rassemblés la veille et ont participé à une marche ordonnée le lendemain. La procession, dirigée par les magistrats, les États nobles et ecclésiastiques, a conduit S.A.S.E. sous un dais magnifique jusqu'à la cathédrale Saint-Aubin. La garnison et les gardes étaient présents, et un bourgeois a accueilli l'Électeur avec des fleurs et des bénédictions. À la cathédrale, S.A.S.E. a adoré la vraie Croix et a pris place sur un dais orné. La messe a été célébrée par l'évêque de Namur, assisté de nombreux prêtres. Après la messe, les députés des États ont prêté serment de fidélité à S.A.S.E., qui a prononcé un serment solennel de protéger les églises, les nobles, les veuves et les orphelins. Le Te Deum a été chanté, suivi d'une bénédiction, et la procession est revenue au palais dans le même ordre.
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24
p. 280-283
Nouvelles d'Allemagne.
Début :
On fait de grands preparatifs pour la ceremonie de l'hommage [...]
Mots clefs :
Cérémonie, Basse-Autriche, Hongrie, Pologne, Grand vizir, Tsar
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Allemagne.
ouvellesd'Allemagne
On fait cjcgrands,prepa*
ratifs pour la'.ccrernow de
l'hommage que les Etats de
de la Basse Autriche doivent
rendre le 2 Novembre à
l'Archiduc qui doit ensuite
aller à Presbourg pour tcrminer la Diete. Les lettres
de Vrnne portent que le
Conseilcontinue à delibe-
Ter lui les moyens de trouver les fonds n affaires
pour lacontinuation dela
guerre. Les ordres oftt eRi
envoyez à
tous les Régira, ns
defournir un état des recrues dont ils ont besoin.
afin d'en faire la repartition
sur les Provinces hereditaires, qui seront obligées de
les lever & de les fournir
-d'armes &
d'habitsàleur
dépens. On mandedeHon
-
grie qu'il y a encore plusieurs Mtcontens quitra-
.Naillérit à exciter un nouveau
C-fittaUvirent*qii'ertïyî&
arresté depuis quelque temps
une Dame accusée d'entretenir correspondance avec
le Prince Ragotzi, & que
le valet de Chambre d'un
grand Seigneuravoit esté mis
en prison pourle mêmesujet.
Les lettres de Constantinople portent que l'Ambasfadeur du Czar étoit arrivé,
&qu'il avoit eu audiance du
GrandVifir, mais qu'il n'avoit pas encore obtenu celle
du grand Seigneur; que le
Grand Visir n'avoir pas vou- lurecevoirde luy la ratification de Paix avant l'arrivée
d'Achmct Aga qu'on attendoit de Pologne, afind'estre
informé, si les Moscovites
étoient entièrement sortis
du Royaume, &s'ilsavoient
exactement observé les
autres articles du Traité.
On assure pourtant' à
Vienne que le Grand Visir
avoit déclaré que le Grand
Seigneur étoit resolu d'observer la Paix avec le Czar
pourveu qu'on donnât au
Roy de Suede un psfljge
libre pour retourner dans
ses Etats
On fait cjcgrands,prepa*
ratifs pour la'.ccrernow de
l'hommage que les Etats de
de la Basse Autriche doivent
rendre le 2 Novembre à
l'Archiduc qui doit ensuite
aller à Presbourg pour tcrminer la Diete. Les lettres
de Vrnne portent que le
Conseilcontinue à delibe-
Ter lui les moyens de trouver les fonds n affaires
pour lacontinuation dela
guerre. Les ordres oftt eRi
envoyez à
tous les Régira, ns
defournir un état des recrues dont ils ont besoin.
afin d'en faire la repartition
sur les Provinces hereditaires, qui seront obligées de
les lever & de les fournir
-d'armes &
d'habitsàleur
dépens. On mandedeHon
-
grie qu'il y a encore plusieurs Mtcontens quitra-
.Naillérit à exciter un nouveau
C-fittaUvirent*qii'ertïyî&
arresté depuis quelque temps
une Dame accusée d'entretenir correspondance avec
le Prince Ragotzi, & que
le valet de Chambre d'un
grand Seigneuravoit esté mis
en prison pourle mêmesujet.
Les lettres de Constantinople portent que l'Ambasfadeur du Czar étoit arrivé,
&qu'il avoit eu audiance du
GrandVifir, mais qu'il n'avoit pas encore obtenu celle
du grand Seigneur; que le
Grand Visir n'avoir pas vou- lurecevoirde luy la ratification de Paix avant l'arrivée
d'Achmct Aga qu'on attendoit de Pologne, afind'estre
informé, si les Moscovites
étoient entièrement sortis
du Royaume, &s'ilsavoient
exactement observé les
autres articles du Traité.
On assure pourtant' à
Vienne que le Grand Visir
avoit déclaré que le Grand
Seigneur étoit resolu d'observer la Paix avec le Czar
pourveu qu'on donnât au
Roy de Suede un psfljge
libre pour retourner dans
ses Etats
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Résumé : Nouvelles d'Allemagne.
Le texte décrit les préparatifs en Autriche pour un hommage à l'Archiduc le 2 novembre, suivi de son départ pour Presbourg afin de conclure la Diète. Le Conseil autrichien délibère sur le financement de la guerre et a ordonné aux régiments de fournir un état des recrues nécessaires, à lever et équiper par les provinces héréditaires. En Hongrie, des arrestations ont eu lieu, notamment celle d'une dame et d'un valet de chambre accusés de correspondre avec le Prince Ragotzi, en raison de craintes de soulèvement. À Constantinople, l'ambassadeur du Czar a été reçu par le Grand Vizir mais n'a pas encore obtenu audience du Grand Seigneur. Le Grand Vizir attend Achmet Aga de Pologne pour vérifier le retrait des Moscovites du royaume et le respect des termes du traité. À Vienne, il est affirmé que le Grand Vizir a déclaré que le Grand Seigneur est résolu à observer la paix avec le Czar, à condition que le roi de Suède reçoive un passage libre pour retourner dans ses États.
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25
p. 150-156
CEREMONIE de la Renonciation.
Début :
Le quinz Mars Monseigneur le Duc de Berry estant venu [...]
Mots clefs :
Renonciation, Chapelle, Lettres patentes, Cérémonie, Roi d'Espagne, Couronne d'Espagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CEREMONIE de la Renonciation.
CEREMONIE
de la Renonciation.
LE quinze Mars Monfeiigneur
le Duc de Berry cf..
tant venu en cette VilIe"fc
rendit au Palais, accompagné
de Monsieur le Duc
d'Orléans, &ils allerent
entendre la Mesle à la-fainte
Chapelle. Deux Présidents
à Mortier & deux
Conseillers députez par le
Parlement, pour le recevoir
, vinrent l'y prendre,
& le conduisirent à la grande
Chambfe, où il prit fà
place. Ensuite Monsieur le
Duc d'Orléans, prie aulïi
la sienne, de mesme que le
Duc d'Anguien, le Prince
de Conti, le Duc du Maine
& le Comte de Toulouse.
Les Pairs Ecclesiastiques
qui s'y trouverent, estoient rArcheveCque Duc de
Reims, l'E vesque Duc de
Laon
3
l'Evesque Ducde
Langres, l'Evefaue Comre
de Chaalons, & rEvetauc
Comte de Noyon. Puisles
Ducs de laTremorille., de
Sully, de Richelieu
,
de
Saint Simon, de la Force,
de Rohan, d'Estre'es, de
la Meilleraye, de Villeroy,
de Saint Aignan, de Tret
mes, rEvefque de Metz
Duc de Coislin
,
de Villars
, de Berwik, d'Antin,
& de Chaulnes. Comme
il s'agissoit de faire registrer
les Lettres Patentes
données par le Roy, sur la
Renonciation du Roy d'EC
pagne , aux Droits de sa
naiÍfance & à ceux de ses
descendants sur la Couronne
de France, de mesme
que la Renonciation de
Monseigneur le Duc de
Berry, & celle de Monsieur
le Duc d'Orleans à
leurs Droits & à ceux de
leurs defeendants ,sur la
Couronne d'Espagne
,
ôc
de faire tirer des Registres
les Lettres par lesquelles les
Droits du Roy d'Espagne à
la Couronne de France luy
avoient esté conservez,
lorsqu'il partit pour Madrid
,
le sieur de Mesmes
PremierPrésident
, ayant
expliqué les intentions du
Roy, le sieur Joly de Fleury
Advocat General présensa
les Lettres Parentes.
de Sa Majelté;, qui furent
leues,aussi bien que tous
les autres Adtes qui y ef.
toient joints. L'Arrest
d'Enregistrement fut ensuite
prononcé suivant les
Conclusions du Procureur
General.
Le Duc de Shrewsbury
Ambassadeur de la Reine
de la grande Bretagne & le
sieur Prior l'un des Plenipotentiaires
de Sa Majeslé
Britannique
,
furent tesmoins
de cette fonaion qui
doit faire une condition essentielle
des Traittez de
paixyle Duc d'Ossone nommé
par le Roy d'Espagne
pour la traitter,& la signer
en son nom aux Conférences
d'Utrecht, se trouvant
encore à Paris
J
le sieur
DonCornejo Secretaire de
l'ambassade pourSaMajesté
Catholique en cette
Ville & Royaume, a asfifié
à cette ceremonie qui
s'eil faite trèssolemnellemène,
& où il s'esttrouvé
un grand nombre de personnes
distingueés , d'Estrangers
& de peuple. Le
Duc d'Ossonne, & le sieur
Don Felix Cornejo, le Duc
de S hrewsbury & le sieur
Prior estoient placez dans
la mesme Lanterne. Ces
AmbaÍfadeurs avoient demandé
d'efire mis dans le
mesmelieu.Cette Ceremonie
fera memorable par la
réunion des trois Nations
qui ont eIlé si long
- temps
opposées.
de la Renonciation.
LE quinze Mars Monfeiigneur
le Duc de Berry cf..
tant venu en cette VilIe"fc
rendit au Palais, accompagné
de Monsieur le Duc
d'Orléans, &ils allerent
entendre la Mesle à la-fainte
Chapelle. Deux Présidents
à Mortier & deux
Conseillers députez par le
Parlement, pour le recevoir
, vinrent l'y prendre,
& le conduisirent à la grande
Chambfe, où il prit fà
place. Ensuite Monsieur le
Duc d'Orléans, prie aulïi
la sienne, de mesme que le
Duc d'Anguien, le Prince
de Conti, le Duc du Maine
& le Comte de Toulouse.
Les Pairs Ecclesiastiques
qui s'y trouverent, estoient rArcheveCque Duc de
Reims, l'E vesque Duc de
Laon
3
l'Evesque Ducde
Langres, l'Evefaue Comre
de Chaalons, & rEvetauc
Comte de Noyon. Puisles
Ducs de laTremorille., de
Sully, de Richelieu
,
de
Saint Simon, de la Force,
de Rohan, d'Estre'es, de
la Meilleraye, de Villeroy,
de Saint Aignan, de Tret
mes, rEvefque de Metz
Duc de Coislin
,
de Villars
, de Berwik, d'Antin,
& de Chaulnes. Comme
il s'agissoit de faire registrer
les Lettres Patentes
données par le Roy, sur la
Renonciation du Roy d'EC
pagne , aux Droits de sa
naiÍfance & à ceux de ses
descendants sur la Couronne
de France, de mesme
que la Renonciation de
Monseigneur le Duc de
Berry, & celle de Monsieur
le Duc d'Orleans à
leurs Droits & à ceux de
leurs defeendants ,sur la
Couronne d'Espagne
,
ôc
de faire tirer des Registres
les Lettres par lesquelles les
Droits du Roy d'Espagne à
la Couronne de France luy
avoient esté conservez,
lorsqu'il partit pour Madrid
,
le sieur de Mesmes
PremierPrésident
, ayant
expliqué les intentions du
Roy, le sieur Joly de Fleury
Advocat General présensa
les Lettres Parentes.
de Sa Majelté;, qui furent
leues,aussi bien que tous
les autres Adtes qui y ef.
toient joints. L'Arrest
d'Enregistrement fut ensuite
prononcé suivant les
Conclusions du Procureur
General.
Le Duc de Shrewsbury
Ambassadeur de la Reine
de la grande Bretagne & le
sieur Prior l'un des Plenipotentiaires
de Sa Majeslé
Britannique
,
furent tesmoins
de cette fonaion qui
doit faire une condition essentielle
des Traittez de
paixyle Duc d'Ossone nommé
par le Roy d'Espagne
pour la traitter,& la signer
en son nom aux Conférences
d'Utrecht, se trouvant
encore à Paris
J
le sieur
DonCornejo Secretaire de
l'ambassade pourSaMajesté
Catholique en cette
Ville & Royaume, a asfifié
à cette ceremonie qui
s'eil faite trèssolemnellemène,
& où il s'esttrouvé
un grand nombre de personnes
distingueés , d'Estrangers
& de peuple. Le
Duc d'Ossonne, & le sieur
Don Felix Cornejo, le Duc
de S hrewsbury & le sieur
Prior estoient placez dans
la mesme Lanterne. Ces
AmbaÍfadeurs avoient demandé
d'efire mis dans le
mesmelieu.Cette Ceremonie
fera memorable par la
réunion des trois Nations
qui ont eIlé si long
- temps
opposées.
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Résumé : CEREMONIE de la Renonciation.
Le 15 mars, le Duc de Berry et le Duc d'Orléans arrivèrent en ville et assistèrent à la messe à la Sainte Chapelle. Ils furent ensuite conduits à la grande Chambre du Parlement par des représentants. Divers pairs ecclésiastiques et laïcs, dont l'Archevêque Duc de Reims et le Duc de La Trémoille, étaient présents. La cérémonie concernait l'enregistrement des Lettres Patentes du Roi sur la renonciation du Roi d'Espagne et des Ducs de Berry et d'Orléans à leurs droits sur la Couronne de France. Le Premier Président, sieur de Mesmes, expliqua les intentions du Roi, et l'Avocat Général, sieur Joly de Fleury, présenta les documents, qui furent lus et enregistrés. Le Duc de Shrewsbury, Ambassadeur de la Reine de Grande-Bretagne, et le Duc d'Ossone, représentant le Roi d'Espagne, témoignèrent de la cérémonie. Un grand nombre de personnes distinguées et d'étrangers assistèrent à cette réunion solennelle des trois nations autrefois opposées.
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26
p. 79-87
Entrée de Milord Duc de Shrewsbury, Ambassadeur Extraordinaire de la Reine de la Grande Bretagne.
Début :
Mylord Duc de Shrewsbury, Ambassadeur Extraordinaire, et Grand Chambellan de la Maison [...]
Mots clefs :
Duc de Shrewsbury, Ambassadeur, Versailles, Cérémonie, Audience, Gardes du corps, Carrosse du roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Entrée de Milord Duc de Shrewsbury, Ambassadeur Extraordinaire de la Reine de la Grande Bretagne.
Entrée de Milord Duc de
Shrewsbury
,
Ambassadeur
Extraordinaire de la Freine
de la Grandt Bretagne.
Mylord DucShrewfbury,
Ambassadeur Extraordinaire,
&Grand Chambellan
de ta Maison de la Reine de
la Grande Bretagne fit son
Entrée publique e*n cettc
Ville le 11 May.
Le Maréchal d'Estrées &
le Chevalier de Sainctot,lntroducteur
des Ambassadeurs,
furent le prendre dans
les Carosses du Roy, à la
Raquette.
Ordre de la Marche.
Le Carosse de l'Introducteur.
Le Carosse du Maréchal
d'Estrées,précédé de ses
Ecuyers & de quatre Pages
àcheval.
Deux Couriers de la Reine
de la Grande Bretagne à
cheval.
Ving t- quatre Valets de
pieds de l'Ambassadeur.
Son Escuyer, & six Pages
à cheval.
Le Carosse du Roy, dans lequel
étoient l' Ambassadeur,
le Maréchal d'Estrées & le
Chevalier de Saincto)t.
Ccluy de Monseigneur le
Duc de Berry.
Ccluy de Madame la
Duchesse de Berry.
Celuy de M~mc.
Ceux de Monsieur la
Duc d'Orleans & de Madame
la Duchesse d'Orleans.
Celuy de la Princesse de
Condé.
LeCarosse de la Duchesse
de Bourbon.
Celuy de la Princesse de
Conti Douairiere,
Ceux de la Princesse de
Conti &duPrince de Conti.
Ceux du Duc du Mayne
& de la Duchesse du Maync
Celuy de la Duchesse de
Vendôme.
Celuy du Gonut de Toulouse,
Ensuite fuivoiert les Carosses
de l'Ambassadeur qui
étoient des plus magnifiques,
suivis de ceux de plusieurs
SeigneursAnglois, & de
celuy du sieur Prior, Plenipotentiaire
de la Reine de la
Grande Bretagne.
Sitost qu'il fut arrivé à
l'Hostel des Ambassadeurs
Extraordinaires, il sur complimenté
de la part du Roy
parle Duc dela Tremoille,
premier Gentil-hommedela
Chambre de Sa Majesté.
De la part deMonseigneur
le Duc de Berry par le Marquis
de Bethune premier
Gentil-homme de sa Chambre.
De la part de Madame
la Duchesse de Berry par le
Comte de Sautnery son premier
Maistre d'Hostel.
De la part de Madame,
par le Marquis de Mortagnc
son premier Ecuyer.
De la part de Monsieur le
Duc d'Orleans par le Marquis
de Simianne son premier
Gentil-homme de la
Chambre.
1
-
De 1« part de Madame la
Duchesse d Oi leans, par le
Marquis de Saint Pierre son
premier Escuyer.
Le 13. le Prince Charles
de Lorraine, & le Chevalier
de Sainctot, allcrcnt prendreMylord
Duc de Shrewfbury
à l'Hostel des Ambassadeurs
Extraordinaires dans
le Carosse du Roy, & le conduisirent
à Verfailles à sa première
Audiance publique.
Il trouva à son arr ivée les
compagnies des Gardes Françoises
& Suisses fous les armes,
& lesGardes dela
porte & ceux de laPrevoisité.
Il fut reçû par le Marquis
de Dreux Grand Maistre
des Ccrémonies & par le
sieur des GrangesMaistre des Cérémonies, >
Les Cent
-
Suisses étoient
en habit de cérémonie, la
Hallebarde à la main, & par
le DJC de Charost Capitaine
des Gardes du Corps qui
étoient en haye & fous les
armes, à la porte & en dedans
de la Sallc des Gardes.
Apres quoyil fut conduit
aux Audiances de Monseigncur
le Dauphin, de Monseigneur
le Ducde Berry, de
Madame la Dchcftcdc Berry
,
de Madame, & de Monifcur
& Madame la Duchesse
d'Orléans,
Il fut traité magnifiquement
avec tous les Seigneurs
& Gentils-hommes de sa
fuite, pur les Officiers du
Roy, &reconduitàl'Hostel
des Ambassadeurs Extraordinaires
par le Chevalier de
Sainctot, dans le Carosse de
Sa Majesté.
Shrewsbury
,
Ambassadeur
Extraordinaire de la Freine
de la Grandt Bretagne.
Mylord DucShrewfbury,
Ambassadeur Extraordinaire,
&Grand Chambellan
de ta Maison de la Reine de
la Grande Bretagne fit son
Entrée publique e*n cettc
Ville le 11 May.
Le Maréchal d'Estrées &
le Chevalier de Sainctot,lntroducteur
des Ambassadeurs,
furent le prendre dans
les Carosses du Roy, à la
Raquette.
Ordre de la Marche.
Le Carosse de l'Introducteur.
Le Carosse du Maréchal
d'Estrées,précédé de ses
Ecuyers & de quatre Pages
àcheval.
Deux Couriers de la Reine
de la Grande Bretagne à
cheval.
Ving t- quatre Valets de
pieds de l'Ambassadeur.
Son Escuyer, & six Pages
à cheval.
Le Carosse du Roy, dans lequel
étoient l' Ambassadeur,
le Maréchal d'Estrées & le
Chevalier de Saincto)t.
Ccluy de Monseigneur le
Duc de Berry.
Ccluy de Madame la
Duchesse de Berry.
Celuy de M~mc.
Ceux de Monsieur la
Duc d'Orleans & de Madame
la Duchesse d'Orleans.
Celuy de la Princesse de
Condé.
LeCarosse de la Duchesse
de Bourbon.
Celuy de la Princesse de
Conti Douairiere,
Ceux de la Princesse de
Conti &duPrince de Conti.
Ceux du Duc du Mayne
& de la Duchesse du Maync
Celuy de la Duchesse de
Vendôme.
Celuy du Gonut de Toulouse,
Ensuite fuivoiert les Carosses
de l'Ambassadeur qui
étoient des plus magnifiques,
suivis de ceux de plusieurs
SeigneursAnglois, & de
celuy du sieur Prior, Plenipotentiaire
de la Reine de la
Grande Bretagne.
Sitost qu'il fut arrivé à
l'Hostel des Ambassadeurs
Extraordinaires, il sur complimenté
de la part du Roy
parle Duc dela Tremoille,
premier Gentil-hommedela
Chambre de Sa Majesté.
De la part deMonseigneur
le Duc de Berry par le Marquis
de Bethune premier
Gentil-homme de sa Chambre.
De la part de Madame
la Duchesse de Berry par le
Comte de Sautnery son premier
Maistre d'Hostel.
De la part de Madame,
par le Marquis de Mortagnc
son premier Ecuyer.
De la part de Monsieur le
Duc d'Orleans par le Marquis
de Simianne son premier
Gentil-homme de la
Chambre.
1
-
De 1« part de Madame la
Duchesse d Oi leans, par le
Marquis de Saint Pierre son
premier Escuyer.
Le 13. le Prince Charles
de Lorraine, & le Chevalier
de Sainctot, allcrcnt prendreMylord
Duc de Shrewfbury
à l'Hostel des Ambassadeurs
Extraordinaires dans
le Carosse du Roy, & le conduisirent
à Verfailles à sa première
Audiance publique.
Il trouva à son arr ivée les
compagnies des Gardes Françoises
& Suisses fous les armes,
& lesGardes dela
porte & ceux de laPrevoisité.
Il fut reçû par le Marquis
de Dreux Grand Maistre
des Ccrémonies & par le
sieur des GrangesMaistre des Cérémonies, >
Les Cent
-
Suisses étoient
en habit de cérémonie, la
Hallebarde à la main, & par
le DJC de Charost Capitaine
des Gardes du Corps qui
étoient en haye & fous les
armes, à la porte & en dedans
de la Sallc des Gardes.
Apres quoyil fut conduit
aux Audiances de Monseigncur
le Dauphin, de Monseigneur
le Ducde Berry, de
Madame la Dchcftcdc Berry
,
de Madame, & de Monifcur
& Madame la Duchesse
d'Orléans,
Il fut traité magnifiquement
avec tous les Seigneurs
& Gentils-hommes de sa
fuite, pur les Officiers du
Roy, &reconduitàl'Hostel
des Ambassadeurs Extraordinaires
par le Chevalier de
Sainctot, dans le Carosse de
Sa Majesté.
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Résumé : Entrée de Milord Duc de Shrewsbury, Ambassadeur Extraordinaire de la Reine de la Grande Bretagne.
Le 11 mai, le duc de Shrewsbury, ambassadeur extraordinaire de la reine de Grande-Bretagne, fit son entrée publique dans une ville française. Il fut accueilli par le maréchal d'Estrées et le chevalier de Sainctot, qui le conduisirent dans les carrosses du roi. La procession inclut des carrosses de divers nobles français, ainsi que ceux de l'ambassadeur et des seigneurs anglais. À l'hôtel des ambassadeurs, il fut complimenté par plusieurs représentants de la cour. Le 13 mai, le prince Charles de Lorraine et le chevalier de Sainctot accompagnèrent l'ambassadeur à Versailles pour sa première audience publique. Il fut accueilli par les Gardes Françaises et Suisses, ainsi que par les Gardes de la porte et de la prévôté. L'ambassadeur fut reçu par le marquis de Dreux et le sieur des Granges, et il rencontra plusieurs membres de la famille royale. Il fut ensuite reconduit à son hôtel par le chevalier de Sainctot dans le carrosse du roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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27
p. 268-272
Entrée du Duc d'Aumont, Ambassadeur Extraordinaire à la Cour de Londres.
Début :
Mercredy 12. Juillet le Duc d'Aumont, Ambassadeur Extraordinaire de France [...]
Mots clefs :
Duc d'Aumont, Londres, Ambassadeur extraordinaire, Cérémonie, Reine, Cavalcade, Carrosse, Acclamations, Audience Royale
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texteReconnaissance textuelle : Entrée du Duc d'Aumont, Ambassadeur Extraordinaire à la Cour de Londres.
Entrée du DHCijiumont,
dmbdfiadur Extraordinare
à la Cour de Londres.
Mercredy12. Juillet 1c
Duc d'Aumont, Ambassadeur
Extraordinaire de France
fit son Entrée publique à
Londres. Il fût recju à Greenvich
par le Comte dc;
Scarfdale que la Reine de la
Grande Breragne avoit nom
mé pour faire les honneurs
Il par le Maistrede Ceremonies;
ensuite il fut conduit
dans la Barge de la
Reine à la Tour,reçû &
complimenté par le Gouverneur.
& salué par une déchar
ge detoute l Artillerie.
La Cavalcade commença
vers les quatre heures aprés
midy a la Tour, & traver sa
la Ville. Le Ministre estoit
dans un Carosse de la Reine
avec le sieur Nadal, Secretaire
de l'Ambassade & lc
Ministre des Ceremonies.
Le Carosse estoit precedé
de huit Officiers de son Excellence
à cheval, de quatre
Suisses à Cheval, de trente
Valets de pieds, douze
Pages à Cheval, & d'un
grand nombrc de Gentilshommes
Cheval. l estoit suivi d'un autre
Carosse de la Reine aussi à
six chevaux, par cinq autres
tres-magnifiques de ce Ministre,
attelez chacun de
huit chevaux richement harnachez
, & par plus de cinquante,
à six chevaux, des
principaux Seigneurs.
II y avoir pres de cent:
hommes habillez d'une magnifiquc
livrec: Ccrrc En- ;
treeest une des plus belles
gp'on aic jamais vue.
Son Excellence arriva sur
les six heures au Palais de
Sommerset aux acclamations
d'un nombreindini de peuple
à qui il fit de grandes
largesses.
II fut reçû par le Capitaine
à la teste de la Garde
qui ettoit sous les armes, &
conduit dans l'appartement
par le Maistre des Ceremonies
où il fut complimenté
par Lord Windsor de la
part de la Reine, & regale
magnifiqucmcnt avec toute
sa suire pendant trois jours
aux dépens de sa Majesté.
Le 1 5 Sa Majeste la Reine
de la Grande Bretagne luy
donna Audiance au Palais
de S. James.
dmbdfiadur Extraordinare
à la Cour de Londres.
Mercredy12. Juillet 1c
Duc d'Aumont, Ambassadeur
Extraordinaire de France
fit son Entrée publique à
Londres. Il fût recju à Greenvich
par le Comte dc;
Scarfdale que la Reine de la
Grande Breragne avoit nom
mé pour faire les honneurs
Il par le Maistrede Ceremonies;
ensuite il fut conduit
dans la Barge de la
Reine à la Tour,reçû &
complimenté par le Gouverneur.
& salué par une déchar
ge detoute l Artillerie.
La Cavalcade commença
vers les quatre heures aprés
midy a la Tour, & traver sa
la Ville. Le Ministre estoit
dans un Carosse de la Reine
avec le sieur Nadal, Secretaire
de l'Ambassade & lc
Ministre des Ceremonies.
Le Carosse estoit precedé
de huit Officiers de son Excellence
à cheval, de quatre
Suisses à Cheval, de trente
Valets de pieds, douze
Pages à Cheval, & d'un
grand nombrc de Gentilshommes
Cheval. l estoit suivi d'un autre
Carosse de la Reine aussi à
six chevaux, par cinq autres
tres-magnifiques de ce Ministre,
attelez chacun de
huit chevaux richement harnachez
, & par plus de cinquante,
à six chevaux, des
principaux Seigneurs.
II y avoir pres de cent:
hommes habillez d'une magnifiquc
livrec: Ccrrc En- ;
treeest une des plus belles
gp'on aic jamais vue.
Son Excellence arriva sur
les six heures au Palais de
Sommerset aux acclamations
d'un nombreindini de peuple
à qui il fit de grandes
largesses.
II fut reçû par le Capitaine
à la teste de la Garde
qui ettoit sous les armes, &
conduit dans l'appartement
par le Maistre des Ceremonies
où il fut complimenté
par Lord Windsor de la
part de la Reine, & regale
magnifiqucmcnt avec toute
sa suire pendant trois jours
aux dépens de sa Majesté.
Le 1 5 Sa Majeste la Reine
de la Grande Bretagne luy
donna Audiance au Palais
de S. James.
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Résumé : Entrée du Duc d'Aumont, Ambassadeur Extraordinaire à la Cour de Londres.
Le 12 juillet, le Duc d'Aumont, Ambassadeur Extraordinaire de France, fit son entrée publique à Londres. Il fut d'abord reçu à Greenwich par le Comte de Scarfdale, nommé par la Reine de Grande-Bretagne. Ensuite, il fut conduit à la Tour de Londres, où il fut accueilli par le Gouverneur et salué par une décharge d'artillerie. Vers seize heures, la cavalcade débuta, traversant la ville. Le Duc d'Aumont voyageait dans un carrosse de la Reine, accompagné du sieur Nadal et du ministre des cérémonies. Le cortège comprenait huit officiers à cheval, quatre Suisses, trente valets de pied, douze pages à cheval, et de nombreux gentilshommes. Près de cent hommes étaient vêtus de livrées magnifiques. Le Duc arriva au Palais de Somerset vers dix-huit heures, acclamé par une foule à qui il fit de grandes largesses. Il fut reçu par le capitaine de la garde et complimenté par Lord Windsor au nom de la Reine. Il fut régalé magnifiquement pendant trois jours aux dépens de Sa Majesté. Le 15 juillet, la Reine de Grande-Bretagne accorda une audience au Duc d'Aumont au Palais de Saint James.
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28
p. 272-280
SUPPLEMENT aux Nouvelles.
Début :
Les Lettres de Londres du 16. Juillet portent que la [...]
Mots clefs :
Reine, Chevalier, Parlement, Gouverneur, Cérémonie, Élection, Troupes, Adresse, Fête
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUPPLEMENT aux Nouvelles.
SUPPLEMENT
aux Nouvelles.
Les Lettres de Londres
du 16. Juillet portent que
la Reine a honoré du Tirrc
de Chevalier Baronnec le
sieur Thomas Cross, Brasseur
fort riche, un des De- 1
putez au Parlement pour Jar
Ville de Westminster, ^ue
le sieur Huggins grand
Bailly de la même Ville a
esté fair Gouverneur de la
Prison de la Flore à la place
du Colonel Leigthon more
depuis peu. Que lc
1 3.
JailleclesMiniltrcs Ecrangers
surent invitez par la
Cour & par lc Lord-Maire,
a la Ceremonie de Taftion
de grace à S Paul, y ayanc
des places reservees pour cux,
& que les quatre Compagnies
de Gardes du Corps
de la Reine & la Compagnie
des Grenadiers à cheval
avec deux bataillons de Gar*
des a pied lone QUlII commandez
pour ce sujet
D'autres Lettres marquent
qu'on avoic presence uneadresse
a la Reine pour
la prier qu'il luy plur pour
plus grande seureté, demeurer
en possession des Villes
de Flandres qu'ellc occupe
jusqu'a ce que ceux qui auront
taSouveraincre des Paisb.
is Espagnols ayant approuvclcs
Articles du Commerce
& confcnci qu'ilfoitegaI3 à
ccluy detouce autre Nation;
qu'on avoit fait l'Election des
Shcrifs pour la Ville de
Londres, & lc Comté de
Míddesex, qu'il y avoit
quatre concurrents qui faisoient
de grandes brigues,
sçavoir, les sieurs Francois
For bes,MarchandChapelier,.
& Josue Sharpe, Marc hand
de Cuir, du partis desToris,
le Chevalier Rodolphe Kinpe
Hodogeur,& Jean Chad.
wick Tailleur, du partis des
Whigs; mais que les deux
premiers l'avoient emporte
d'un grand nombre de voix ;
& que lesWhigs avoient demandé
le scrutin qu'on leur
accolda, que le 4. de ce
mois le Due d' Aumont avoitM
donne une
magnifiqueFecc^
sur la Riviere, à un
grand
nombre de Seigneurs & de
Dames, qui eltoiencdans
une Berger dans deux autres j
qui la joignirent, outre deux:
aucres où estoient la Mufiquc
& les aucres Instrumens.
Les dernieres Lettres de
Londres portent que les
Seigneurs avoient presence
une adresse à la Reine pour
la prier de faire instance aupres
Duc de Lorraire & de
ses autres Alliez, de ne point
donner dans leurs Etats de
retraite au Prétendant, afin
de reconnoistre ceux qui luy
estoient contraires ou favorables,
& cette adresse fut
approuvée, aprés quel ques
contestations. La Chambre
basse presenta une pareille
adresse à Sa Majesté.
On écrit de Madrid du 10.
Juillet que les Troupes de
Sa MajestéCatholique doivent
entrer le 12. à Barcelonne
commandées par le
Duc de Popoli pour en prendre
possession, & que dans
un Conseil tenu par les trois
Etats de la Principauté, on
avoit résolu de le mettre à
la clemence du Roy pour
en obtenir le pardon & marquer
leur attachement à sa
MajestéCatholique.
Des Lettres de Catalognc
du 8. portent que le Comte
de Staremberg avoir fait
embarquer son Infanterie au
nombre de 8000 hommes,
& que sa Cavalerie devoit
s'embarquer du costé de
Tarragonne & faire voile le
Ij.
On ajoûte que les Miquelets
s'étoient jettez dans
Cardone dans la Seu d'Urgel,
& dans quelques autres
postes à mesure que les Allemans
en sortoient; mais
qu'il y avoit des divisions
entr'eux, les uns voulant se
soumettre, & les autres le
refu sant, en forte que dans
quelques combats deux de
leurs Chefs avoient esté
tucz.
On voit par les Lettres
de Girone du17. Juilletque
le Comte de Ruallis veut
rendre de bonne foy aux
Espagnols Tarragone &
Ostalrick. Le sieur Nobot
s'étant presenté devant Tarragone
avec mille Miquelets
& Paysans & deux ou trois
cent chevaux, on luy a fait
dire ques'il ne se retiroit on
le recevroit à coup de canon
& le sieur Basset estant venu
à Ostalrick avec neuf cent
hommes & environ quatrevingt
chevaux; on luy a
fait dire de ne point approcher.
aux Nouvelles.
Les Lettres de Londres
du 16. Juillet portent que
la Reine a honoré du Tirrc
de Chevalier Baronnec le
sieur Thomas Cross, Brasseur
fort riche, un des De- 1
putez au Parlement pour Jar
Ville de Westminster, ^ue
le sieur Huggins grand
Bailly de la même Ville a
esté fair Gouverneur de la
Prison de la Flore à la place
du Colonel Leigthon more
depuis peu. Que lc
1 3.
JailleclesMiniltrcs Ecrangers
surent invitez par la
Cour & par lc Lord-Maire,
a la Ceremonie de Taftion
de grace à S Paul, y ayanc
des places reservees pour cux,
& que les quatre Compagnies
de Gardes du Corps
de la Reine & la Compagnie
des Grenadiers à cheval
avec deux bataillons de Gar*
des a pied lone QUlII commandez
pour ce sujet
D'autres Lettres marquent
qu'on avoic presence uneadresse
a la Reine pour
la prier qu'il luy plur pour
plus grande seureté, demeurer
en possession des Villes
de Flandres qu'ellc occupe
jusqu'a ce que ceux qui auront
taSouveraincre des Paisb.
is Espagnols ayant approuvclcs
Articles du Commerce
& confcnci qu'ilfoitegaI3 à
ccluy detouce autre Nation;
qu'on avoit fait l'Election des
Shcrifs pour la Ville de
Londres, & lc Comté de
Míddesex, qu'il y avoit
quatre concurrents qui faisoient
de grandes brigues,
sçavoir, les sieurs Francois
For bes,MarchandChapelier,.
& Josue Sharpe, Marc hand
de Cuir, du partis desToris,
le Chevalier Rodolphe Kinpe
Hodogeur,& Jean Chad.
wick Tailleur, du partis des
Whigs; mais que les deux
premiers l'avoient emporte
d'un grand nombre de voix ;
& que lesWhigs avoient demandé
le scrutin qu'on leur
accolda, que le 4. de ce
mois le Due d' Aumont avoitM
donne une
magnifiqueFecc^
sur la Riviere, à un
grand
nombre de Seigneurs & de
Dames, qui eltoiencdans
une Berger dans deux autres j
qui la joignirent, outre deux:
aucres où estoient la Mufiquc
& les aucres Instrumens.
Les dernieres Lettres de
Londres portent que les
Seigneurs avoient presence
une adresse à la Reine pour
la prier de faire instance aupres
Duc de Lorraire & de
ses autres Alliez, de ne point
donner dans leurs Etats de
retraite au Prétendant, afin
de reconnoistre ceux qui luy
estoient contraires ou favorables,
& cette adresse fut
approuvée, aprés quel ques
contestations. La Chambre
basse presenta une pareille
adresse à Sa Majesté.
On écrit de Madrid du 10.
Juillet que les Troupes de
Sa MajestéCatholique doivent
entrer le 12. à Barcelonne
commandées par le
Duc de Popoli pour en prendre
possession, & que dans
un Conseil tenu par les trois
Etats de la Principauté, on
avoit résolu de le mettre à
la clemence du Roy pour
en obtenir le pardon & marquer
leur attachement à sa
MajestéCatholique.
Des Lettres de Catalognc
du 8. portent que le Comte
de Staremberg avoir fait
embarquer son Infanterie au
nombre de 8000 hommes,
& que sa Cavalerie devoit
s'embarquer du costé de
Tarragonne & faire voile le
Ij.
On ajoûte que les Miquelets
s'étoient jettez dans
Cardone dans la Seu d'Urgel,
& dans quelques autres
postes à mesure que les Allemans
en sortoient; mais
qu'il y avoit des divisions
entr'eux, les uns voulant se
soumettre, & les autres le
refu sant, en forte que dans
quelques combats deux de
leurs Chefs avoient esté
tucz.
On voit par les Lettres
de Girone du17. Juilletque
le Comte de Ruallis veut
rendre de bonne foy aux
Espagnols Tarragone &
Ostalrick. Le sieur Nobot
s'étant presenté devant Tarragone
avec mille Miquelets
& Paysans & deux ou trois
cent chevaux, on luy a fait
dire ques'il ne se retiroit on
le recevroit à coup de canon
& le sieur Basset estant venu
à Ostalrick avec neuf cent
hommes & environ quatrevingt
chevaux; on luy a
fait dire de ne point approcher.
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Résumé : SUPPLEMENT aux Nouvelles.
Le document, supplément aux Nouvelles, contient des lettres de Londres datées du 16 juillet. La Reine a anobli Thomas Cross, un brasseur et député de Westminster. Huggins a été nommé gouverneur de la prison de la Flore. Les ministres étrangers ont été invités à la cérémonie de l'Ascension à Saint-Paul, avec la participation des gardes du corps de la Reine et des bataillons de gardes à pied. Une adresse à la Reine demande de conserver les villes de Flandres jusqu'à l'approbation des articles du commerce par les Pays-Bas espagnols. François Forbes et Josue Sharpe ont remporté les élections des shérifs pour Londres et Middlesex. Le duc d'Aumont a organisé une fête somptueuse sur la rivière. Une autre adresse à la Reine demande au duc de Lorraine et à ses alliés de ne pas soutenir le prétendant. Les troupes du roi catholique doivent entrer à Barcelone sous le commandement du duc de Popoli. En Catalogne, le comte de Starhemberg a embarqué 8 000 hommes d'infanterie, et des divisions existent parmi les Miquelets. À Girone, le comte de Rualis souhaite rendre Tarragone et Ostalrick aux Espagnols, mais les tentatives de Nobot et Basset ont été repoussées.
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29
p. 10-19
MARIAGE.
Début :
Le 31. Juillet 1713. le Comte de Pontchartrain, Secretaire d'Etat [...]
Mots clefs :
Mariage, Noblesse, Héritage, Titres, Alliances, Service, Généalogie, Chancellerie, Cérémonie, Patrimoine
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texteReconnaissance textuelle : MARIAGE.
MARIAGE.
Le 31. Juillet 1713. le Comte
de Ponrchartrain, Secretaice
d'Etat, & Commandeur
des Ordres du
Roy, épousa à Pontchartrain
Mademoifclle deLau
befpine de Verderonne;
M. l'Evêque de Chartres
les a mariez.
M. de Pontcharrrain est
fils unique de M. le Chancelier-
Garde des Sceaux de
France, Commandeur des
Ordres du Roy, Ministre
d'Etat
; & de Madame la
Chanceliere, qui est de la
Maison de Maupeou.
M. leChancelier est
fils de Louis Phelypeaux,
Seigneur de Pontchartrain
, Conseiller d'Ecir^
& President des Comités
, qui ccoic fils de
Paul Phelypeaux, Seigneur
de Pontchartrain
y
fait Secretaire
d'Etat par Henry:
le Grand.
PaulPhielypeaux fut en..
voyé à Londres, y traita ôc
conc lut la paix avec les
Prices. & sur Plenipotentiaire
du Ray au Trai-té de
Lou dun.
Il ya eu dans cette Maison
huit Secrétaires dera-t.
& cinq Commandeurs des
Ordres du Roy.
Leur genealogie se trouve
dans tant d'ouvrages &
d'archives de differens Orr
-
dres de Chevalerie
,
& est
si connue aussi bien que
leurs grandes alliances de
les services qu'ils ont rendus
à l'Etat, qu'il est inutile
d'en parler ici: de plus en
leur donnant les éloges qui
leur dont dûs, je craindrois
de blesser la modedtie attachée
à leur Maidon.
Mademoiselle de Verderonne
s'appelle Helene Angélique-
Rosalie de Laubedpine.
Elle est fille de
Claude-Estienne de Laubespine,
Comte de Verderonne,
tué à labataille de
Fleurus;& de Marie-Anne
de Festard
,
heritiere de
Beaucourt, d'une ancienne
noblesse de Picardie, qui a
pris des alliances dans les
Maisons de Rubempré, de
Rivery, de Carvoisin-d'Achy,
ôc plusieurs autres des
plus anciennes de cette
Province.
Quant à la Maison de
Laubespine, elle est fort
ancienne
J
ôc illustrée depuis
prés de deux cens ans
des premieres & principales
dignitez de l'Etat. Elle
a donné à l'Eglise plusieurs
v
Prelats considerables, un
Garde des Sceaux de France
)
deux Chanceliers des
Ordres du Roy, quatre
Commandeurs des mêmes
Ordres, deux Secretaires
d'Etat sous les Rois FrançoisPremier,
Henry II. &
sous François II. & Charles
IX. plusieurs Conseillers
d'Etat,& des Ambassadeurs
dans les principales Cours
de l'Europe : & sans encrer
dans le détail des degrez au
dessus de l'an r> 1500. on remarquera
feulement que
Claude de Laubespine, Seigneur
d'Erouville, épousa
l'an 1507. Marguerite le Ber
ruyer, Dame de la Corbiliere,
& que de cette alliance
sortirent, entr'autres
enfans, Claude de Laubespine,
Baron deChâteauneuf,
premier Secretaire
d'Etat, qui a fait la branche
des Marquis de Châteauneuf-
Surcher, alliée dans
les Maisons de la Châtre,
de Neufville-Villeroy, de
S. Chaumont, de Volvire,
Russec, de Cochesilet-Vaucelas
J
de Rouvroy-faint-
Simone de Beauvillier; ôc
se Gilles de Laubespine,
qui a faitla branche des
Marquis de Verderonne. Il
fut pere de Claude de Laubespine,
Seigneur de Verderonne
,
Commandeur &
Secretaire des Ordres du
Roy,marié l'an 1593. avec
Loüise Pot, fille de Claude
Seigneur de Rodes & de
Chemaut, Commandeur ôc
Prevôt des Ordres du Roy,
Grand Maîtredes Ceremonies
de France; 6c de Jacqueline
de la Châtre, de
laquelle il eut Loüise de
Laubespine, mariée à Jean
de Montberon, Comte de
Fontaines-Chalendray
; &
Charles de Laubespine,
Seigneur de Verderonne,
Ambassadeur en Suisse,
Chancelier de Gaston Duc
d'Orleans, & marié avec
Marie le Bray de Flacourt.
Il en eut Claude de Laubespine,
Marquis de Verderonne
, qui épousa Helene
d'Aligre, fille d'Etienne
d'Aligre Chancelier de
France, & petite-fille d'autre
Etienne d'Aligre, aussï
Chancelier de France. De
ce mariage sortit lepere de
Madame la Comtesse de
Pontchartrain, comme il
aété remarqué ci-devant.
Ceux qui voudront en
être instruits plus amplement,
pourront avoir recours
à l'histoire des Chanceliers
&Gardes des Sceaux
de France, par Antoine du
Chesne
; & à l'histoire des
grands Officiers de la Couronne
& de la Maison du
Roy, par le Pere Anselme
de l'édition de 1712.
Le 31. Juillet 1713. le Comte
de Ponrchartrain, Secretaice
d'Etat, & Commandeur
des Ordres du
Roy, épousa à Pontchartrain
Mademoifclle deLau
befpine de Verderonne;
M. l'Evêque de Chartres
les a mariez.
M. de Pontcharrrain est
fils unique de M. le Chancelier-
Garde des Sceaux de
France, Commandeur des
Ordres du Roy, Ministre
d'Etat
; & de Madame la
Chanceliere, qui est de la
Maison de Maupeou.
M. leChancelier est
fils de Louis Phelypeaux,
Seigneur de Pontchartrain
, Conseiller d'Ecir^
& President des Comités
, qui ccoic fils de
Paul Phelypeaux, Seigneur
de Pontchartrain
y
fait Secretaire
d'Etat par Henry:
le Grand.
PaulPhielypeaux fut en..
voyé à Londres, y traita ôc
conc lut la paix avec les
Prices. & sur Plenipotentiaire
du Ray au Trai-té de
Lou dun.
Il ya eu dans cette Maison
huit Secrétaires dera-t.
& cinq Commandeurs des
Ordres du Roy.
Leur genealogie se trouve
dans tant d'ouvrages &
d'archives de differens Orr
-
dres de Chevalerie
,
& est
si connue aussi bien que
leurs grandes alliances de
les services qu'ils ont rendus
à l'Etat, qu'il est inutile
d'en parler ici: de plus en
leur donnant les éloges qui
leur dont dûs, je craindrois
de blesser la modedtie attachée
à leur Maidon.
Mademoiselle de Verderonne
s'appelle Helene Angélique-
Rosalie de Laubedpine.
Elle est fille de
Claude-Estienne de Laubespine,
Comte de Verderonne,
tué à labataille de
Fleurus;& de Marie-Anne
de Festard
,
heritiere de
Beaucourt, d'une ancienne
noblesse de Picardie, qui a
pris des alliances dans les
Maisons de Rubempré, de
Rivery, de Carvoisin-d'Achy,
ôc plusieurs autres des
plus anciennes de cette
Province.
Quant à la Maison de
Laubespine, elle est fort
ancienne
J
ôc illustrée depuis
prés de deux cens ans
des premieres & principales
dignitez de l'Etat. Elle
a donné à l'Eglise plusieurs
v
Prelats considerables, un
Garde des Sceaux de France
)
deux Chanceliers des
Ordres du Roy, quatre
Commandeurs des mêmes
Ordres, deux Secretaires
d'Etat sous les Rois FrançoisPremier,
Henry II. &
sous François II. & Charles
IX. plusieurs Conseillers
d'Etat,& des Ambassadeurs
dans les principales Cours
de l'Europe : & sans encrer
dans le détail des degrez au
dessus de l'an r> 1500. on remarquera
feulement que
Claude de Laubespine, Seigneur
d'Erouville, épousa
l'an 1507. Marguerite le Ber
ruyer, Dame de la Corbiliere,
& que de cette alliance
sortirent, entr'autres
enfans, Claude de Laubespine,
Baron deChâteauneuf,
premier Secretaire
d'Etat, qui a fait la branche
des Marquis de Châteauneuf-
Surcher, alliée dans
les Maisons de la Châtre,
de Neufville-Villeroy, de
S. Chaumont, de Volvire,
Russec, de Cochesilet-Vaucelas
J
de Rouvroy-faint-
Simone de Beauvillier; ôc
se Gilles de Laubespine,
qui a faitla branche des
Marquis de Verderonne. Il
fut pere de Claude de Laubespine,
Seigneur de Verderonne
,
Commandeur &
Secretaire des Ordres du
Roy,marié l'an 1593. avec
Loüise Pot, fille de Claude
Seigneur de Rodes & de
Chemaut, Commandeur ôc
Prevôt des Ordres du Roy,
Grand Maîtredes Ceremonies
de France; 6c de Jacqueline
de la Châtre, de
laquelle il eut Loüise de
Laubespine, mariée à Jean
de Montberon, Comte de
Fontaines-Chalendray
; &
Charles de Laubespine,
Seigneur de Verderonne,
Ambassadeur en Suisse,
Chancelier de Gaston Duc
d'Orleans, & marié avec
Marie le Bray de Flacourt.
Il en eut Claude de Laubespine,
Marquis de Verderonne
, qui épousa Helene
d'Aligre, fille d'Etienne
d'Aligre Chancelier de
France, & petite-fille d'autre
Etienne d'Aligre, aussï
Chancelier de France. De
ce mariage sortit lepere de
Madame la Comtesse de
Pontchartrain, comme il
aété remarqué ci-devant.
Ceux qui voudront en
être instruits plus amplement,
pourront avoir recours
à l'histoire des Chanceliers
&Gardes des Sceaux
de France, par Antoine du
Chesne
; & à l'histoire des
grands Officiers de la Couronne
& de la Maison du
Roy, par le Pere Anselme
de l'édition de 1712.
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Résumé : MARIAGE.
Le 31 juillet 1713, le Comte de Pontchartrain, Secrétaire d'État et Commandeur des Ordres du Roi, épousa Mademoiselle de Laubespine de Verderonne. La cérémonie fut dirigée par l'Évêque de Chartres. Le Comte de Pontchartrain est le fils unique de M. le Chancelier-Garde des Sceaux de France et de Madame la Chancelière, issue de la Maison de Maupeou. La famille Pontchartrain compte huit Secrétaires d'État et cinq Commandeurs des Ordres du Roi, et leur généalogie est bien documentée dans divers ouvrages et archives. Mademoiselle de Verderonne, de son nom complet Hélène Angélique-Rosalie de Laubespine, est la fille de Claude-Estienne de Laubespine, Comte de Verderonne, tué à la bataille de Fleurus, et de Marie-Anne de Festard, héritière de Beaucourt, issue d'une ancienne noblesse de Picardie. La Maison de Laubespine est illustre depuis près de deux cents ans et a occupé de hautes fonctions dans l'État, notamment des prélats, des Gardes des Sceaux, des Chanceliers des Ordres du Roi, des Secrétaires d'État, et des ambassadeurs dans les principales cours d'Europe. La généalogie détaillée de la famille peut être trouvée dans des ouvrages tels que l'histoire des Chanceliers et Gardes des Sceaux de France par Antoine du Chesne et l'histoire des grands Officiers de la Couronne et de la Maison du Roi par le Père Anselme.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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30
p. 7-26
ERUDITION SUR LES Etrenes. Par M. l'Abbé Ros***
Début :
Les anciens auteurs ne sont pas d'accord entre eux de [...]
Mots clefs :
Étrennes, Superstition, Romains, Coutumes, Strena, Tradition, Symbolisme, Dons, Nouvel an, Cérémonie
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texteReconnaissance textuelle : ERUDITION SUR LES Etrenes. Par M. l'Abbé Ros***
ERUDITION SUR LES
Etrenes.
Par M. ÏAbbèROF* * *
LEs anciens auteurs
ne
sont pas d'accord entre
eux de l'origine du nom
d'étrenes. Lesunsappellentétrenes
ce qu'on
donnedansunjourconsacré
pour souhaiter
quelque bonheur,& la
superstition des autres
tire ce bonheur de la su.
perstition des nombres.
Quetcjues-uns ne souhaitoientd'heureux
que le
troisiéme jour, &c ce
nombre de trois comprenait,
selon eux, tous
les jours su i vans. Âinsi
écrenes, selon eux,c'est
troisiémes,comme si tous
les jours de l'année dépendoient
du troisième.
Ainsi troisièmes c'est trenæ-'
auquel motajoûtant
la,lettreS,selon un ufa~
geancïcn, cela faitfirc-
D'autres font deriver
ce mot de la Déesse Stretinie
ou Strenuë. De la
forêt consacrée à cette
Décile sont venuës les
vervenes qui servoient
de présages à la nouvelle
année.Plusîeursauteurs
doutent que cette vervene
fût la même chose
que le gui chez nos Gaulois,
appelle le gui-l'anneuf.
Les Gentils ont fait
cette DeClle, qu'on as
adorée enfuire à Rome
fous le nom de Strenna,
après luy avoir élevé un
Temple dans lavoye sacrée
, vers le quarriéme
quartier de la ville, qui
regardoit la citadelle,
c'est à dire à peu prés ou
font situez à present les
Carmes,assez proche de
l'Amphiteatre Flavien
& du Temple de Vesta
, à côté de la colinc
du Mont Palatin.
On invoquoit Strenna
pour rendre la jeunesse
Romainecourageuse
; comme la Déesse
Agenorie pour l'exciter
à agir, & Stimule pour
lui inspirer la ruse &
ladresse : & en même
temps ils bannirent hors
-de la ville la Déesse du
repos, de peur quelle
n'inspirât la paresse aux
habitans.
Ils appelloicntceux
qur donnent des êtrenés
muneraires, comme
ceux qui faisoient represencer
& donnoient
des spectacles aux peupte:;.
Quintilien fait Augure
auteur de ce mot.
Les muneraires s'appelloient
avant lui les maîtres
des Jeux.
Ce qui distingue furtout
les presens consacrez
à Strenna, & qui
leur rend propre le nom
d'étrenes, c'cft quand on
se fait réciproquement
ces presens : cependant
on se donnoit en quelques
autres temps de
l'année des presens de
part & d'autre.
Ces étrenes commencerent
fous l'Empire des
Rois & des Consuls Romains.
Rome leur a donné
l'origine; & l'on donne
mal à propos le nom
d'étrenesaux dons des
Indiens, des Mages, des
Xemis, des Grecs, &Cc:
On a donne dans tous
les temps : mais l'idée
etrenes a commence
chez les Romains.
En Perse on appelle
les presens qu'on faisoit
aux Grands,saluts, parce
qu'en allant au devant
des Rois on leur
portoit de l'argent à pleines
mains. On honoroit
les Princes à force d'argent
en Judée, en Egypte
, &c. & on leur en
porto.it aussi à la nai-fsance
de leurs enfans,
sans que cela portât l'idée
detrenes.
Polidore écrit, parlant
des Romains &C des
Italiens, que les grands
Seigneurs ont coûtume
de donner au menu peuple
, les Papes auxPrinces
, aux Cardinaux &
auxEvesques. Peculus
Marius témoigne que
dans toutes les villes de
l'Italie, le premier de
Janvier les jeunes gens
faisoient de petits ouvrages
d'esprit par émulation,
comme nos écoliers,
à la loüange de
leurs parens, maîtres, protecteurs, &c. & leur
souhaitant la bonne année
en recevoient des
presens.
Marcellien, Donatus ,
& d'autres auteurs parlant
de Ferdinand Roy
deSicile &C deNaples,
dit qu'il dispensa au peuple
,aux jeunes étudians (
8C1
&.auxapprentifs lesmesmes
étrenes que ses predecesssurs
donnoient &
aux Princes & aux
Grands de la Cour, Se
que par cette nouvelle
manière de distribuer les
étrenes il s'acquit l'amitié
de ses peuples, qui
auparavant étoient furchargez
par les exactions
qu'on levoit sur
eux,pour donner des
étrenes magnifiques aux
grands Seigneurs..
Fjbrice de Padouë)
Philosophe & Medecin,
rapporte aussi que tous
les Italiens donnoient
les étrenes à leurs ensans
, les Medecins à
leurs malades, les Maîtres
à leursécoliers, 5C
tous à leurs domestiques,
en leur souhaitant la
bonne année,&qu'ily
avoit une autre sortede
presens quis'appelloient
la mancia ; d'où est venu
puut-estre ce que
nous appellons donner lamance.
Popinia parlant des
Suisses, dit qu'ils donnent
pour étrenes a leurs
enfans des gâteaux &
des pains molets, qu'ils
appellent hersetton ÔC
helsscggen, & que les
Paroissiens en font à
leurs Pasteurs qu'ils appellentlestuchin.
En Allemagne les superieurs
donnent les étrenes
à leurs inferieurs,
les inférieurs aux Cupe:
rieurs, & leségaux à
leurs égaux,& ils ont
entr'eux en ce temps-là
un grand commerce de
liberalitez 6c de reconnaissances.
Le peuple
fait ces fortes de presens
d'ordinaire precisément
au premier jour de l'an.
Au second ce font les
Magistrats, les Princes,
les Pasteurs, les Precepteurs
qui donnent les
étrenes aux parens de
ceux qu'ils élevent.
Au troisiéme jour ce
font les collegues qui
donnent à leurs collegnes
les étrenes, lesépoux
les donnent à leurs
épouses, les amis à leurs
amis;& ilsemble qu'ils
fassent attention à l'excellence
du troisiéme
jour, quisondoitlasuperstition
ancienne sur
les étrenes, pour le celebrer
par les étrenes du
coeur marquées dans les
societez, le mariage 6c
1l» 'a•ml itié.
La solemnité des étrenes
étoit commune aux
grands, aux moyens &
aux petits: mais lanature
des dons étoit differente
par rapport à la
difference des personnes
& à celle des temps. Elles
consistoient en quelqucs
fruits & herbages,
comme Emmach nous
le montre dans son dixiémelivre,
où il estdit
que T. Tabruz en donna
auxbraves Romains
&. Sabins; & c'étoit
alors une simple branche
de verveine, qui se
donnoient d'abord commeherbages
simples,
&qui devinrent un symbole
de la valeur & de
la victoire. Ensuite on fit succeder aux fruits
cruds les friandises &
fruitsconfits;ce qui subllifta
long-temps aprés sa
premiere institution: &
quand ils joignirent à
cela des palmes & du
miel, ils les donnoient
comme un symbole de
la paix publique & de
la paix, pour ainsidire,
privée, marquant par
le miel la douceur des
moeurs, qui cfl le plus
grand present que les
Dieux nous puissent faire
pour la societé.
L'usage del'or & de
l'argent, qui a succedé
à mesure que l'avarice
&
& l'ambition a gagné le
coeur des hommes, a
duré jusquànous. Cette
coûtume commence à
s'abolir parmi nous, non
pas par la diminution
de ces deux passions
mais , par la négligence
& la paresse où nous
sommes tombez sur tous
les devoirs gênans; & ce
ceremonial de la societé
en devient à la verité
plus aisé,plus commode,
mais aussi moins
affectueux &c moins
tendre; car ces petits
presens ne laissoient pas
de faire souvenir de l'amitié,
durespect &: de
l'attention que les hommes
doivent avoir les
uns pour les autres.
Article des Enigmes.
Etrenes.
Par M. ÏAbbèROF* * *
LEs anciens auteurs
ne
sont pas d'accord entre
eux de l'origine du nom
d'étrenes. Lesunsappellentétrenes
ce qu'on
donnedansunjourconsacré
pour souhaiter
quelque bonheur,& la
superstition des autres
tire ce bonheur de la su.
perstition des nombres.
Quetcjues-uns ne souhaitoientd'heureux
que le
troisiéme jour, &c ce
nombre de trois comprenait,
selon eux, tous
les jours su i vans. Âinsi
écrenes, selon eux,c'est
troisiémes,comme si tous
les jours de l'année dépendoient
du troisième.
Ainsi troisièmes c'est trenæ-'
auquel motajoûtant
la,lettreS,selon un ufa~
geancïcn, cela faitfirc-
D'autres font deriver
ce mot de la Déesse Stretinie
ou Strenuë. De la
forêt consacrée à cette
Décile sont venuës les
vervenes qui servoient
de présages à la nouvelle
année.Plusîeursauteurs
doutent que cette vervene
fût la même chose
que le gui chez nos Gaulois,
appelle le gui-l'anneuf.
Les Gentils ont fait
cette DeClle, qu'on as
adorée enfuire à Rome
fous le nom de Strenna,
après luy avoir élevé un
Temple dans lavoye sacrée
, vers le quarriéme
quartier de la ville, qui
regardoit la citadelle,
c'est à dire à peu prés ou
font situez à present les
Carmes,assez proche de
l'Amphiteatre Flavien
& du Temple de Vesta
, à côté de la colinc
du Mont Palatin.
On invoquoit Strenna
pour rendre la jeunesse
Romainecourageuse
; comme la Déesse
Agenorie pour l'exciter
à agir, & Stimule pour
lui inspirer la ruse &
ladresse : & en même
temps ils bannirent hors
-de la ville la Déesse du
repos, de peur quelle
n'inspirât la paresse aux
habitans.
Ils appelloicntceux
qur donnent des êtrenés
muneraires, comme
ceux qui faisoient represencer
& donnoient
des spectacles aux peupte:;.
Quintilien fait Augure
auteur de ce mot.
Les muneraires s'appelloient
avant lui les maîtres
des Jeux.
Ce qui distingue furtout
les presens consacrez
à Strenna, & qui
leur rend propre le nom
d'étrenes, c'cft quand on
se fait réciproquement
ces presens : cependant
on se donnoit en quelques
autres temps de
l'année des presens de
part & d'autre.
Ces étrenes commencerent
fous l'Empire des
Rois & des Consuls Romains.
Rome leur a donné
l'origine; & l'on donne
mal à propos le nom
d'étrenesaux dons des
Indiens, des Mages, des
Xemis, des Grecs, &Cc:
On a donne dans tous
les temps : mais l'idée
etrenes a commence
chez les Romains.
En Perse on appelle
les presens qu'on faisoit
aux Grands,saluts, parce
qu'en allant au devant
des Rois on leur
portoit de l'argent à pleines
mains. On honoroit
les Princes à force d'argent
en Judée, en Egypte
, &c. & on leur en
porto.it aussi à la nai-fsance
de leurs enfans,
sans que cela portât l'idée
detrenes.
Polidore écrit, parlant
des Romains &C des
Italiens, que les grands
Seigneurs ont coûtume
de donner au menu peuple
, les Papes auxPrinces
, aux Cardinaux &
auxEvesques. Peculus
Marius témoigne que
dans toutes les villes de
l'Italie, le premier de
Janvier les jeunes gens
faisoient de petits ouvrages
d'esprit par émulation,
comme nos écoliers,
à la loüange de
leurs parens, maîtres, protecteurs, &c. & leur
souhaitant la bonne année
en recevoient des
presens.
Marcellien, Donatus ,
& d'autres auteurs parlant
de Ferdinand Roy
deSicile &C deNaples,
dit qu'il dispensa au peuple
,aux jeunes étudians (
8C1
&.auxapprentifs lesmesmes
étrenes que ses predecesssurs
donnoient &
aux Princes & aux
Grands de la Cour, Se
que par cette nouvelle
manière de distribuer les
étrenes il s'acquit l'amitié
de ses peuples, qui
auparavant étoient furchargez
par les exactions
qu'on levoit sur
eux,pour donner des
étrenes magnifiques aux
grands Seigneurs..
Fjbrice de Padouë)
Philosophe & Medecin,
rapporte aussi que tous
les Italiens donnoient
les étrenes à leurs ensans
, les Medecins à
leurs malades, les Maîtres
à leursécoliers, 5C
tous à leurs domestiques,
en leur souhaitant la
bonne année,&qu'ily
avoit une autre sortede
presens quis'appelloient
la mancia ; d'où est venu
puut-estre ce que
nous appellons donner lamance.
Popinia parlant des
Suisses, dit qu'ils donnent
pour étrenes a leurs
enfans des gâteaux &
des pains molets, qu'ils
appellent hersetton ÔC
helsscggen, & que les
Paroissiens en font à
leurs Pasteurs qu'ils appellentlestuchin.
En Allemagne les superieurs
donnent les étrenes
à leurs inferieurs,
les inférieurs aux Cupe:
rieurs, & leségaux à
leurs égaux,& ils ont
entr'eux en ce temps-là
un grand commerce de
liberalitez 6c de reconnaissances.
Le peuple
fait ces fortes de presens
d'ordinaire precisément
au premier jour de l'an.
Au second ce font les
Magistrats, les Princes,
les Pasteurs, les Precepteurs
qui donnent les
étrenes aux parens de
ceux qu'ils élevent.
Au troisiéme jour ce
font les collegues qui
donnent à leurs collegnes
les étrenes, lesépoux
les donnent à leurs
épouses, les amis à leurs
amis;& ilsemble qu'ils
fassent attention à l'excellence
du troisiéme
jour, quisondoitlasuperstition
ancienne sur
les étrenes, pour le celebrer
par les étrenes du
coeur marquées dans les
societez, le mariage 6c
1l» 'a•ml itié.
La solemnité des étrenes
étoit commune aux
grands, aux moyens &
aux petits: mais lanature
des dons étoit differente
par rapport à la
difference des personnes
& à celle des temps. Elles
consistoient en quelqucs
fruits & herbages,
comme Emmach nous
le montre dans son dixiémelivre,
où il estdit
que T. Tabruz en donna
auxbraves Romains
&. Sabins; & c'étoit
alors une simple branche
de verveine, qui se
donnoient d'abord commeherbages
simples,
&qui devinrent un symbole
de la valeur & de
la victoire. Ensuite on fit succeder aux fruits
cruds les friandises &
fruitsconfits;ce qui subllifta
long-temps aprés sa
premiere institution: &
quand ils joignirent à
cela des palmes & du
miel, ils les donnoient
comme un symbole de
la paix publique & de
la paix, pour ainsidire,
privée, marquant par
le miel la douceur des
moeurs, qui cfl le plus
grand present que les
Dieux nous puissent faire
pour la societé.
L'usage del'or & de
l'argent, qui a succedé
à mesure que l'avarice
&
& l'ambition a gagné le
coeur des hommes, a
duré jusquànous. Cette
coûtume commence à
s'abolir parmi nous, non
pas par la diminution
de ces deux passions
mais , par la négligence
& la paresse où nous
sommes tombez sur tous
les devoirs gênans; & ce
ceremonial de la societé
en devient à la verité
plus aisé,plus commode,
mais aussi moins
affectueux &c moins
tendre; car ces petits
presens ne laissoient pas
de faire souvenir de l'amitié,
durespect &: de
l'attention que les hommes
doivent avoir les
uns pour les autres.
Article des Enigmes.
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Résumé : ERUDITION SUR LES Etrenes. Par M. l'Abbé Ros***
Le texte explore l'origine et les pratiques des étrennes, des cadeaux échangés principalement au début de l'année. L'étymologie du mot 'étrennes' est débattue parmi les anciens auteurs. Certains la lient à des jours consacrés pour souhaiter du bonheur, d'autres à des superstitions numériques, notamment le troisième jour de l'année, et d'autres encore à la déesse Strennua, associée aux présages de la nouvelle année. Les étrennes étaient des présents réciproques échangés le premier jour de l'année ou les jours suivants, selon des traditions spécifiques. Cette pratique débuta sous l'Empire des Rois et des Consuls Romains et différait des dons observés dans d'autres cultures, comme les Indiens, les Mages ou les Grecs. En Perse, ces présents étaient appelés 'saluts', tandis qu'en Judée ou en Égypte, ils consistaient en offrandes d'argent aux princes. En Italie, les jeunes gens offraient des œuvres littéraires en échange de présents. En Allemagne, les étrennes étaient échangées entre supérieurs et inférieurs, ainsi qu'entre égaux, impliquant un grand commerce de libéralités. Initialement, les étrennes consistaient en fruits, herbes, et symboles de valeur et de victoire, comme la verveine. Avec le temps, elles évoluèrent vers des friandises, des fruits confits, du miel, et des palmes, symbolisant la paix publique et privée. L'usage de l'or et de l'argent succéda à ces pratiques, mais cette coutume tend à disparaître en raison de la négligence et de la paresse modernes.
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31
p. 330-345
Suite des Nouvelles de Paris.
Début :
L'Edit du Roy qui appelle à la succession de la Couronne [...]
Mots clefs :
Duc du Maine, Comte de Toulouse, Roi, Parlement, Archevêque de Canterbury, Batterie, Armées, Cérémonie, Notre-Dame de la Merci, Messe
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texteReconnaissance textuelle : Suite des Nouvelles de Paris.
Suite des Nouvelles de Paris. 4. L'Edit du Roy qui appelle
-1 la succession de la Couronne
M. le Duc du Maine, &
M. le Comte de Toulouse Se
leurs descendans masses., au
deffaut de tous les Princes du
Sang Royal, & qui ordonne
qu'ils jouiront des mêmes
rangs, honneurs,& préféances
que lesdits Princes duSang,
après tous lesdits Princes) fut
presente le deux de ce mois au
Parlement
,
M. le Duc d'Enguien
,M.le Princede Conty,
M. le Duc du Maine,&M. le
Comte de Toulouse s'estams
rendus au Palais. Les Pairs qui
,sîy trouvèrent, furent L' Archevêque
Duc deReims, l'Evêque
Comte de Noyon, Ecclesiastiques
;le Duc d'I^zés,
ole Dnuc de Sully, le Duc de S. ie Duc dela Force, le
Duc de Rohanle Duc de Luxembourg
,te Ducd'Estrées,
le Duc deGrammont, le Duc
Mazarin ,le DucdeTresmes,
le Duc deNoailles, leDuc de
Charost,leDuc d'Albrer,le
Duc deChaulnes, le Ducde
Vittars le Duc Dantin.m
>• M. de Mesmes, Premier
Président ayant : expliqué les
intentions du Roy, M. Joly
de Fleury, Avocat General
presenta l'Editde Sa Majesté)
qui fut lû: les Chambresas-
-fcn^lpes, l'Arrest d'eregistremcnt
fut ensuite prononcé
suivant lesconclusions duProcureur
Général. u M.leMatéchal deVillars
partis le n- de sa Terre de
Veaux,alla coucherà Troyes,
& le 12.à Langres,d'oùil alla
continuersa route vers Baden.
Le Prince Eugène doit
arriverezmême temps,,&on
croit que dans huit ou dix
jours ils auront terminé tout
ce quiresteàregler-, "i-.
Les Lettres du Camp devant
Barcelonnc du7portent
que le 3. lesAssiegezenleverent
quatreMineursEspagnols
&en tuerentdeux par ia faute
de ceux qui les soutenoient »
& qui s'estoient posté trop
loin. Aprésmidy 400. hommes
sortirent pourenlever les
Mineurs François du Bastion
de la Porte Neuve.,,, & ils firent
marcher devant eux soixante&
dixhommes ;mais ils
furent toustuez par les Grenadiers
,
excepté un qu'ils firent
prifennier. Le 4. on avançaune
partie des Batteries.Le j.milnommesfirent une fol'.
tie du cofté des Capucins,
surprirent une Redoute où à
019liolunm >dom
dix- huit furent tuez;on y accourut
,on les repoussà,&on
entua un grand nombre, sans
autre perte que de deux Soldats
tuez. Le6. une Batterie
de dix Canonstira tout le jour
contre le Bastion de Sainte
Claire. Le 7. quatre autres
Batteries tirèrent de fort prés.
Monsieur Dupuys Vauban
reçut un coup de Mousquet
audessous de l'épaule qui sort
à costé de la mammelle, mais
sans danger parce quil n'y a
aucune fraction,&qu'iln'entre
pas dans la capacité. On
dévoie Ic 11. oule 12. faire
jouer les Mines, & donner
J'assaut pour fc loger sur la
brêchcoà l'on meneradu Canonafinde
ruiner les Retranchements.
Les Barcelonnois firent le
50, répandre un écrit dans la
Catalogne pourexhorter tous
les peuples à les secourir dans
le danger oùils sont, &daller
joindre Armangoll'un de
leurs;Chefs qui tientla Campagne
:plusieurs lieux ont envoyez
cet écrit & les ordres
d'Armangol ànos Généraux;
d'autres l'alloientjoindrevers
Ostalerie ,.' Les
Les Lettres de Londres du
vingt de ce mois portentque
tout y estoitfort tranquille,
ainsi que danstoute la Grande
Bretagne ,
où jusques alors il
n'y avait. pas eu le moindre
mouvementLaRégence continuoit
à donner les ordres, au
dedans & au dehors; elle est
composée des Regents nommezparle
Parlement
,
qui
sont, l'Archevêque de Cantorbery
,
le Duc de Bukinhan
Président duConseil, leGrand
Tresorier,le Chancelier .&
Garde des Sceaux, Pierre le
Lord
,
Chef de Justice particulipr,&
le Comte cieStraf-|
lf'oArtmpirreamuietré.Commissaire de
Le Duc de Hanower en
avoit ajouté dix neufautres
par des Listes écrites de sa
main qu'ilavoit envëez à l'Archevêque
de Cantorbery ,au
Chancelier,&
- au lieur
Creyemberg son Résident.Le
Duc Schresbury que la feuë
Reinedéclarale 10. Grand
Tresorier, prit le2.possession.
de cette Charge, & commença
à en faire lafonction;commelaLoterie
dequatorze cens
; mil livresSterlin nese rem-
,', 4
plissoit pas, les 26. Regents y
ont souscrit pour des grandes
sommes
,
& on croit que le
reste fera bientôt remply par
la Banque Royale
, & par les
Marchands. Le 16. leChancelierfit
au nom des Regents
un Discours aux deux Chambres
du Parlement pour leurs
recommander l'union & la si'.
dclité pour le nouveau Roy
Georges, & il exhorta les
Communes à suppléer aux
Subsides qui cessoient par le
decés de la Reine,ce qu'elles
accordèrent le même jour.
Il y a environ un mois que
quatre ou cinq deMessieurs les
Mousquetaires ayant elleà li
chasse, sur la Terre deChamp
qui appartient à.M. de Bourvallais,
son Concierge alla les
prierde se retirer,a, moins
qu'ils n'eussent permission de
luy de chasser.En ayant elle
averty ,il en porta sa,p1aintc
à M. le Marquis de Vains qui
commande la Compagnie ;
depuis, ayant appris que l'on
avoit, répandu dans le Public
qu'il avoit dit qu'illes avoit
fait dcfarmer ,il a cru devoir
aller à l'Hostel des Mou(quc-I.
taires,lorsque la Compagnie I
fèroit assemblée,certifier que
ces bruits estoient faux, ce
qu'il a fait en termes forthonneftes,#
dônt M.le Marquis de
Vains, Mssieurs les Officiers'
&U Compagnie ont essé tresfetisfaits.
Le premier Dimanche déf
cé moisla Fetic-dc Nostre.
DDaamtneed-edlc.aI Mercy fut solem- 48
c-rcy fol tn«i--
m(ee dans l'Eglisede son Ordre
au Maraisprés l'Hostel dc"
Soubjzc. La grande Messe y
fut chantée en plein-chant&
au goût Italien
,
& Madame
la Princesse de Rohan yrenditkPain-
Bcni qui fut presenté
pourelle par son Aumônier
14 y en eut quatre ornez de
Cierges &de Banderolles, pre-
Cedez desSuisses de sa Maisons
des Timballes, des Trompettes
des Gendarmes de la Garde,
& autres de la Maison du
Roy. Le Sermon fut prononcé
,avant lesVêpres,«par M
l'Abbé le Paige
,
Docteur de
Sorbonne. Il fit connoistre
d'une manière fort éloquente
la grandeur & la qualité de
l'Ordre de la Mercy dans fork
établissement, & sa charité
dans le quatrièmevoeu que ces
Religieux font de rester en
- 'k 1 i
otage pour laredemption des.
Captifs. Les Vespres furent
suivies d'une Procession dont
la magnificence, l'ordre & la
pieté firent une des plus belles
cer1emonbie que leur Eglise ait célébré.
Messire Loüis de Bouchez,
Chevalier
y
Seigneur, Comte
de Montsoreau
,
Marquis de
Souches,& du Belley
,
Baron
d'Abondant, Lieutenant General
des Armées du Roy,
prêtaferment de fidelité entre
les mains du Roy, de la
Charge de Grand Prevost, le
jour de la Feste du Roy, dont
ilest filleul. Ffiiij
Son pere Louis
-
François
de Bouchez exerçât cette.
Charge avec dignité pendant
48. ou 49. ans. Il avoitesté:
reçu en survivance. de cette.
Charge de Jean de Bouchez,.
ayeul de Loüis, qu'il avoit eu.
de Mle Maréchal d'Hoquincourt.
Monsieur le Marquis de.
Lignerac
,
Brigadier des Armées
du Roy, a esté pourveu.
de la Charge de Lieutenant.
General de la Province du..
Haut Auvergne, dont il a prêté
le ferment entre les mains,
de Sa Majesté. Le premier de.
ccmoiil à (Hé aussi pourveu.
de celle de Grand Bailly du
Haut Auvergne
,
doncil doit
p/êter serment auParlement.
-1 la succession de la Couronne
M. le Duc du Maine, &
M. le Comte de Toulouse Se
leurs descendans masses., au
deffaut de tous les Princes du
Sang Royal, & qui ordonne
qu'ils jouiront des mêmes
rangs, honneurs,& préféances
que lesdits Princes duSang,
après tous lesdits Princes) fut
presente le deux de ce mois au
Parlement
,
M. le Duc d'Enguien
,M.le Princede Conty,
M. le Duc du Maine,&M. le
Comte de Toulouse s'estams
rendus au Palais. Les Pairs qui
,sîy trouvèrent, furent L' Archevêque
Duc deReims, l'Evêque
Comte de Noyon, Ecclesiastiques
;le Duc d'I^zés,
ole Dnuc de Sully, le Duc de S. ie Duc dela Force, le
Duc de Rohanle Duc de Luxembourg
,te Ducd'Estrées,
le Duc deGrammont, le Duc
Mazarin ,le DucdeTresmes,
le Duc deNoailles, leDuc de
Charost,leDuc d'Albrer,le
Duc deChaulnes, le Ducde
Vittars le Duc Dantin.m
>• M. de Mesmes, Premier
Président ayant : expliqué les
intentions du Roy, M. Joly
de Fleury, Avocat General
presenta l'Editde Sa Majesté)
qui fut lû: les Chambresas-
-fcn^lpes, l'Arrest d'eregistremcnt
fut ensuite prononcé
suivant lesconclusions duProcureur
Général. u M.leMatéchal deVillars
partis le n- de sa Terre de
Veaux,alla coucherà Troyes,
& le 12.à Langres,d'oùil alla
continuersa route vers Baden.
Le Prince Eugène doit
arriverezmême temps,,&on
croit que dans huit ou dix
jours ils auront terminé tout
ce quiresteàregler-, "i-.
Les Lettres du Camp devant
Barcelonnc du7portent
que le 3. lesAssiegezenleverent
quatreMineursEspagnols
&en tuerentdeux par ia faute
de ceux qui les soutenoient »
& qui s'estoient posté trop
loin. Aprésmidy 400. hommes
sortirent pourenlever les
Mineurs François du Bastion
de la Porte Neuve.,,, & ils firent
marcher devant eux soixante&
dixhommes ;mais ils
furent toustuez par les Grenadiers
,
excepté un qu'ils firent
prifennier. Le 4. on avançaune
partie des Batteries.Le j.milnommesfirent une fol'.
tie du cofté des Capucins,
surprirent une Redoute où à
019liolunm >dom
dix- huit furent tuez;on y accourut
,on les repoussà,&on
entua un grand nombre, sans
autre perte que de deux Soldats
tuez. Le6. une Batterie
de dix Canonstira tout le jour
contre le Bastion de Sainte
Claire. Le 7. quatre autres
Batteries tirèrent de fort prés.
Monsieur Dupuys Vauban
reçut un coup de Mousquet
audessous de l'épaule qui sort
à costé de la mammelle, mais
sans danger parce quil n'y a
aucune fraction,&qu'iln'entre
pas dans la capacité. On
dévoie Ic 11. oule 12. faire
jouer les Mines, & donner
J'assaut pour fc loger sur la
brêchcoà l'on meneradu Canonafinde
ruiner les Retranchements.
Les Barcelonnois firent le
50, répandre un écrit dans la
Catalogne pourexhorter tous
les peuples à les secourir dans
le danger oùils sont, &daller
joindre Armangoll'un de
leurs;Chefs qui tientla Campagne
:plusieurs lieux ont envoyez
cet écrit & les ordres
d'Armangol ànos Généraux;
d'autres l'alloientjoindrevers
Ostalerie ,.' Les
Les Lettres de Londres du
vingt de ce mois portentque
tout y estoitfort tranquille,
ainsi que danstoute la Grande
Bretagne ,
où jusques alors il
n'y avait. pas eu le moindre
mouvementLaRégence continuoit
à donner les ordres, au
dedans & au dehors; elle est
composée des Regents nommezparle
Parlement
,
qui
sont, l'Archevêque de Cantorbery
,
le Duc de Bukinhan
Président duConseil, leGrand
Tresorier,le Chancelier .&
Garde des Sceaux, Pierre le
Lord
,
Chef de Justice particulipr,&
le Comte cieStraf-|
lf'oArtmpirreamuietré.Commissaire de
Le Duc de Hanower en
avoit ajouté dix neufautres
par des Listes écrites de sa
main qu'ilavoit envëez à l'Archevêque
de Cantorbery ,au
Chancelier,&
- au lieur
Creyemberg son Résident.Le
Duc Schresbury que la feuë
Reinedéclarale 10. Grand
Tresorier, prit le2.possession.
de cette Charge, & commença
à en faire lafonction;commelaLoterie
dequatorze cens
; mil livresSterlin nese rem-
,', 4
plissoit pas, les 26. Regents y
ont souscrit pour des grandes
sommes
,
& on croit que le
reste fera bientôt remply par
la Banque Royale
, & par les
Marchands. Le 16. leChancelierfit
au nom des Regents
un Discours aux deux Chambres
du Parlement pour leurs
recommander l'union & la si'.
dclité pour le nouveau Roy
Georges, & il exhorta les
Communes à suppléer aux
Subsides qui cessoient par le
decés de la Reine,ce qu'elles
accordèrent le même jour.
Il y a environ un mois que
quatre ou cinq deMessieurs les
Mousquetaires ayant elleà li
chasse, sur la Terre deChamp
qui appartient à.M. de Bourvallais,
son Concierge alla les
prierde se retirer,a, moins
qu'ils n'eussent permission de
luy de chasser.En ayant elle
averty ,il en porta sa,p1aintc
à M. le Marquis de Vains qui
commande la Compagnie ;
depuis, ayant appris que l'on
avoit, répandu dans le Public
qu'il avoit dit qu'illes avoit
fait dcfarmer ,il a cru devoir
aller à l'Hostel des Mou(quc-I.
taires,lorsque la Compagnie I
fèroit assemblée,certifier que
ces bruits estoient faux, ce
qu'il a fait en termes forthonneftes,#
dônt M.le Marquis de
Vains, Mssieurs les Officiers'
&U Compagnie ont essé tresfetisfaits.
Le premier Dimanche déf
cé moisla Fetic-dc Nostre.
DDaamtneed-edlc.aI Mercy fut solem- 48
c-rcy fol tn«i--
m(ee dans l'Eglisede son Ordre
au Maraisprés l'Hostel dc"
Soubjzc. La grande Messe y
fut chantée en plein-chant&
au goût Italien
,
& Madame
la Princesse de Rohan yrenditkPain-
Bcni qui fut presenté
pourelle par son Aumônier
14 y en eut quatre ornez de
Cierges &de Banderolles, pre-
Cedez desSuisses de sa Maisons
des Timballes, des Trompettes
des Gendarmes de la Garde,
& autres de la Maison du
Roy. Le Sermon fut prononcé
,avant lesVêpres,«par M
l'Abbé le Paige
,
Docteur de
Sorbonne. Il fit connoistre
d'une manière fort éloquente
la grandeur & la qualité de
l'Ordre de la Mercy dans fork
établissement, & sa charité
dans le quatrièmevoeu que ces
Religieux font de rester en
- 'k 1 i
otage pour laredemption des.
Captifs. Les Vespres furent
suivies d'une Procession dont
la magnificence, l'ordre & la
pieté firent une des plus belles
cer1emonbie que leur Eglise ait célébré.
Messire Loüis de Bouchez,
Chevalier
y
Seigneur, Comte
de Montsoreau
,
Marquis de
Souches,& du Belley
,
Baron
d'Abondant, Lieutenant General
des Armées du Roy,
prêtaferment de fidelité entre
les mains du Roy, de la
Charge de Grand Prevost, le
jour de la Feste du Roy, dont
ilest filleul. Ffiiij
Son pere Louis
-
François
de Bouchez exerçât cette.
Charge avec dignité pendant
48. ou 49. ans. Il avoitesté:
reçu en survivance. de cette.
Charge de Jean de Bouchez,.
ayeul de Loüis, qu'il avoit eu.
de Mle Maréchal d'Hoquincourt.
Monsieur le Marquis de.
Lignerac
,
Brigadier des Armées
du Roy, a esté pourveu.
de la Charge de Lieutenant.
General de la Province du..
Haut Auvergne, dont il a prêté
le ferment entre les mains,
de Sa Majesté. Le premier de.
ccmoiil à (Hé aussi pourveu.
de celle de Grand Bailly du
Haut Auvergne
,
doncil doit
p/êter serment auParlement.
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Résumé : Suite des Nouvelles de Paris.
Le texte décrit plusieurs événements politiques et militaires. Le 2 du mois, un édit royal a été présenté au Parlement, désignant le Duc du Maine et le Comte de Toulouse comme successeurs à la couronne, après tous les Princes du Sang. Les pairs présents incluaient l'Archevêque Duc de Reims, le Duc d'Izé, le Duc de Sully, et plusieurs autres. L'édit a été lu et enregistré après les conclusions du Procureur Général. Le Maréchal de Villars a quitté sa terre de Veaux pour se rendre à Baden afin de rencontrer le Prince Eugène et régler des affaires militaires. À Barcelone, les assiégés ont tenté des opérations contre les mineurs français, mais ont subi des pertes. Les Barcelonnois ont également appelé à l'aide dans la Catalogne. À Londres, la Régence continue de fonctionner tranquillement, composée de régents nommés par le Parlement, incluant l'Archevêque de Cantorbery et le Duc de Buckingham. Le Duc de Schresbury a pris possession de la charge de Grand Trésorier. Les régents ont souscrit à une loterie pour lever des fonds. En France, un incident impliquant des Mousquetaires et le Concierge de M. de Bourvallais a été résolu par le Marquis de Vains. Une fête solennelle de l'Ordre de la Mercy a été célébrée à l'église du Marais, avec une messe en plein-chant et un sermon prononcé par l'Abbé le Paige. Enfin, Louis de Bouchez a prêté serment pour la charge de Grand Prévost, succédant à son père. Le Marquis de Lignerac a été nommé Lieutenant Général de la Province du Haut Auvergne et Grand Bailly du Haut Auvergne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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32
p. 126-128
Russie.
Début :
Le Grand Chancelier a fait dire aux Ministres Etrangers, que le Czar [...]
Mots clefs :
Tsar, Moscou, Ordres, Cérémonie, Troupes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Russie.
LE Grand Chancelier a fait dire aux
Ministres Étrangers , que le Czar
ayant dessein de se faire couronner inces
samment à.Moscou , il croyoit qu'aucun
, d'eux ne refuscroit de se trouver à cette
céremonie. . On
JANVIER 1724. il?
. .On a envoyé à Revel des ordres du
College de l'Amirauté pour faire équi
per les trois Vaisseaux de Guerre , & les
quatre Fregates qui avoient été destinées
pour l'Ocean , Ôc qu'on avoit fait desar
mer depuis environ deux "mois.
Les Metropolitains du pays se sont
rendus à Moscou pour se trouver à la
ceremonie du Couronnement de leurs.
Majestez Czariennes i les principaux Ge
neraux des Gofaques s'y font aussi ren
dus pour recevoir les ordres du Czar à
fen arrivée , & delà rejoindre leurs
troupes qui font campées du côté de
Pultova , où les Tartares íônt venus
camper à six lieues , au nombre de vingt
mille hommes. Oh a posté un corps
de dix mille Cosaques , & de quatre
mille Moscovites dans les environs de
cette Forteresse pour observer la conte-.
hance & les démarches de ces Tartares.
Les douze Riegimens qui devoient pasfer
en revue à Moscou , ont reçu de nou
veaux ordres de se mettre en marche ;
neuf de ces Regimens ont pris la route
de Pultova , Se trois , celle d'Astracan.
Oh apprend de Turquie que le Grand
Visir avoit fait assurer M. Dierling , Ré
sident de l'Empereur à. Constantinople,
que fa Hauteife ne feroit rien contre les
Traitez conclus avec Sa Majesté Impe
riale ,
. MERCURE DE FRANCE:
riale, qu'avec le Roy & la Républiques
de Pologne , & qu'il n'avoit raslèmblé
ses troupes que pour s'opposer aux en-:
treprisci du Czar sur la Perse.
Ministres Étrangers , que le Czar
ayant dessein de se faire couronner inces
samment à.Moscou , il croyoit qu'aucun
, d'eux ne refuscroit de se trouver à cette
céremonie. . On
JANVIER 1724. il?
. .On a envoyé à Revel des ordres du
College de l'Amirauté pour faire équi
per les trois Vaisseaux de Guerre , & les
quatre Fregates qui avoient été destinées
pour l'Ocean , Ôc qu'on avoit fait desar
mer depuis environ deux "mois.
Les Metropolitains du pays se sont
rendus à Moscou pour se trouver à la
ceremonie du Couronnement de leurs.
Majestez Czariennes i les principaux Ge
neraux des Gofaques s'y font aussi ren
dus pour recevoir les ordres du Czar à
fen arrivée , & delà rejoindre leurs
troupes qui font campées du côté de
Pultova , où les Tartares íônt venus
camper à six lieues , au nombre de vingt
mille hommes. Oh a posté un corps
de dix mille Cosaques , & de quatre
mille Moscovites dans les environs de
cette Forteresse pour observer la conte-.
hance & les démarches de ces Tartares.
Les douze Riegimens qui devoient pasfer
en revue à Moscou , ont reçu de nou
veaux ordres de se mettre en marche ;
neuf de ces Regimens ont pris la route
de Pultova , Se trois , celle d'Astracan.
Oh apprend de Turquie que le Grand
Visir avoit fait assurer M. Dierling , Ré
sident de l'Empereur à. Constantinople,
que fa Hauteife ne feroit rien contre les
Traitez conclus avec Sa Majesté Impe
riale ,
. MERCURE DE FRANCE:
riale, qu'avec le Roy & la Républiques
de Pologne , & qu'il n'avoit raslèmblé
ses troupes que pour s'opposer aux en-:
treprisci du Czar sur la Perse.
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Résumé : Russie.
En janvier 1724, le Grand Chancelier a annoncé que le tsar prévoyait de se faire couronner à Moscou et a invité les ministres étrangers à y assister. Des ordres ont été donnés pour équiper trois vaisseaux de guerre et quatre frégates à Revel. Les métropolites et les principaux généraux des Gofaques se sont rendus à Moscou pour la cérémonie. Après le couronnement, les Gofaques devaient rejoindre leurs troupes près de Pultova, où vingt mille Tartares étaient présents. Un corps de dix mille Cosaques et quatre mille Moscovites a été déployé pour surveiller les Tartares. Douze régiments ont reçu de nouveaux ordres : neuf se sont dirigés vers Pultova et trois vers Astracan. Par ailleurs, la Turquie a assuré qu'elle respecterait les traités avec l'empereur, mais se préparait à contrer les initiatives du tsar en Perse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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33
p. 1012-1025
RÉJOUISSANCES faites au Palais de France, & au Quartier de l'Ambassadeur du Roi à Constantinople. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 19. Mars 1730.
Début :
Sur les premiers avis qu'on eut à Constantinople que le Ciel avoit accordé un Dauphin aux [...]
Mots clefs :
Ambassadeur, Constantinople, Dauphin, Cérémonie, Fête, Ministres, Danse, Vizir, Palais, Ornements
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RÉJOUISSANCES faites au Palais de France, & au Quartier de l'Ambassadeur du Roi à Constantinople. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 19. Mars 1730.
REJOUISSANCES faites au Pa-
:
C
lais de France , & au Quartier de l'Ambaffadeur
du Roi à Conftantinople. Extrait
d'une Lettre écrite de cette Ville le
19. Mars 1730.
Ur les premiers avis qu'on eut à Conftantinople
que le Ciel avoit accordé un Dauphin aux
voeux ardens de toute la France , M. le Marquis
de Villeneuve , Ambaffadeur du Roi à la Porte ,
fe prépara à faire éclater fa joye par une
Fête qui devoit durer trois jours. Il fit d'abord
mettre en mouvement ce qu'on pût trouver
d'Ouvriers pour l'execution du Plan qu'il avoit
formé pour celebrer cette augufte Naiffance. Il
ne reçût les ordres de la Cour que le 15. Novembre.
Le 17. au matin , M. l'Ambaffadeur envoya
fon premier Secretaire au Sérrail,pour donner part
de cette nouvelle au Grand- Vizir , & le prévenir
en même - tems fur les Réjouiflances & les lluminations
qu'il fe propofoit de faire , ce premier
Miniftre parut s'inter fler véritablement au bonheur
de la France. Delà , on alla chez le Kiaya
ou Lieutenant du Vizir & chez le Reis - Efendi , ou
Chancelier , qui reçûrent cette nouvelle avec de
grandes démonftrations de joye ; ce dernier répondit
que la Porte prenoit autant de part
évenement que s'il étoit né un fucceffeur à l'Empire
Ottoman.
à cer
L'après-diné , on alla chez les Ambaffadeurs
d'Angleterre & de Hollande pour leur annoncer
cette Naiffance , auffi -bien que chez les Réfidens
de l'Empereur & de Mofcovie , & chez M. Bartolini
, Secretaire chargé des affaires de la République
MAY. 1730. 1013
publique de Venife , depuis la mort du Bayle
Delphino. Dès le même jour tous ces Miniftre
envoyerent complimenter le Marquis de Villeneuve.
>
Le lendemain , le Grand- Seigneur lui fit faire
des complimens de félicitation par le neveu du
Prince de Valachie , accompagné d'un des principaux
Drogmans du Sérail. Quelques jours après
l'Ambaffadeur d'Angleterre alla , en cerémonie
avec toute fa Maiſon,féliciter S. E; l'Ambaffadeur
d'Hollande y alla le lendemain ; les jours fuivans
furent employés à recevoir de femblables
vifites des Réfidens d'Allemagne & de Mofcovie,
ou à les rendre à ces Miniftres. M. Bartolini fir
auffi la fienne , que le Marquis de Villeneuve lui
rendit , mais fans cerémonie.
Tout ce Cerémonial rempli ; c'eut été le veritable
tems de donner la fête projettée ; mais malgré
tous les foins du S. Vaumour , Peintre du
Roi , qui en avoit la conduite , & qui étoit chargé
d'executer lui-même le plus effentiel en matiere
de décorations & de peinture , M. l'Ambaffadeur
fut obligé de renvoyer au 9. de Janvier le
commencement des réjouiffances ; on craignoit
même qu'elles ne fuffent encore retardées par la
grande quantité de neige qui tomba le 7 & le
8. cependant par un bonheur inefperé , le 9. au
matin , le Ciel s'éclaircit , le tems devint calme
& ce qui eft encore plus remarquable , il n'y eut
précisément de beaux jours que les trois dont on
avoit befoin , la pluye & la neige ayant recom→
mencé à tomber avec abondance dès le lendemain.
On avoit conſtruit un Edifice de charpente dans
la rue de Pera , appuyé d'un côté contre les montans
de la Porte du Palais de France , & de l'autre
contre la muraille de la Maiſon oppofée , ce
H qui
>
1014 MERCURE DE FRANCE
qui formoit une espece de Pavillon quarré, élevé
fur quatre Arcades , dont deux laiffoient le paffage
de la rue libre , & une autre conduifoit au
Palais . Toute cette charpente étoit couverte de
branches de Laurier , & ornée à la Turque , c'eſt-
-à- dire , éclairée de quantité de lampes de verre ,
peint de diverfes couleurs , & enjolivée de cent
fortes de colifichets dans le goût du Païs , faits de
bois fort mince , couvert de coton , de bandes
de papier de toutes couleurs & de clinquant d'or
en lame & découpé , la plupart de ces ornemens
repréfentoient des Fleurs de Lys & des Dauphins.
Il pendoit du milieu du fommet de ce Pavillon
un Dôme à jour , appuyé fur deux grands Triangles
, qui fe coupant à Angles droits , formoient
une Etoile à fix pointes , dont le milieu étoit occupé
par une Lanterne mouvante , fort éclairée ,
d'environ trois piés de hauteur.
Pour relever par quelque morceau de goût ,
ces petits ornemens , fi agréables aux yeux des
Turcs , on avoit placé fur la frife de chacune des
deux Arcades un tableau ceintré , dans lequel étoit
peinte une Renommée de grandeur naturelle ,
fendant les airs , fonnant de la Trompette , garnie
de fa banderole fleurdelifée , & tenant l'Ecu
des Armes du Dauphin, avec ces mots autour
du ceintre :
Nunc ortus , mox gefta.
L'Allée qui conduit de cette Porte exterieure à
l'interieure du Palais , longue de plus de cent
piés , fur douze de largeur , étoit divifée de part
& d'autre en 32. Arcades de fept piés de haut
ornées comme le Pavillón ; & outre les Lampes
mêlées par compartimens, qui pendoient du haut
de chaque Arcade , il y avoit des Pots à feu fur
chacun de leur montant , & de chaque côté deux
filets de Gobelets , peints de Fleurs de Lys , de
Dauphins
MAY 1730. IOI'S
و ا
Dauphins couronnés, & des Armes de France le
premier de ces filets étoit fur la Balustrade d'apui
de l'Allée , & le fecond regnoit fur les Arcades.
Un Frontifpice d'Ordre Dorique de 26. piés de
haut cachoit entierement la Porte interieure du
Palais , & celle de la Décoration faite en ceintre
avoit les montans feints de lapis jufqu'à l'impofte;
les panneaux de chaque côté étoient de differens
marbres , ornés de Feftons & dans les angles
-du ceintre il y avoit des Dauphins auffi de lapis
fur un fond d'or. La Frife chargée de Trigliffes,
à l'ordinaire, portoit dans fes Métopes des Fleurs
de Lys & des Dauphins , & au- deffus de la Corniche
, ornée de denticules , étoit un Socle qui
portoit un tableau allegorique de fept piés de
-hauteur,& chantourné dans une proportion convenable
au tout ; on y voyoit la France qui préfentoit
à l'Europe le Dauphin en maillot , avec le
-Cordon Bleu & la Paix à côté avec divers attributs
; on lifoit au deffous Eterna pignora
pacis. Au-deffus on voyoit les Armes de France,
dans le tympan d'un Fronton circulaire.
Au delà de cette premiere Porte , tout étoit en
décorations , fur tout une infinité d'Arcades plus
ou moins élevées felon la fituation du Terrain .
La Terraffe appellée le Boulingrin de 180. piés
d'étendue , fur 55. de largeur , fe préſentoit d'abord
à la vûë ; le fond de cet efpace étoit occupé
par un autre Portail , feint de differens marbres
& du même Ordre que le premier ; il avoit 24.
piés de hauteur & 20 de largeur , fon ouverture
ceintrée étoit fermée par une toile fort claire ,
fur laquelle brilloit un Soleil , dardant fes rayons
de toutes parts ; au deffus , & à quelque diſtance
du corps du Soleil , s'élevoit un Dauphin couronné
, & au moyen de certains Fanaux du Pays
qu'on avoit mis derriere la toile , elle paroiffoit.
Hij toute
1016 MERCURE DE FRANCE
>
toute penetrée de lumière. Aux deux côtés de la
Porte du Frontifpice étoient des Pilaftres , & dans
l'Arriere-corps une niche ceintrée avec une
grande figure , peinte en camayeu. Celle de la
gauche repréfentoit Cerès , tenant une Corne
d'abondance , avec cette infcription : Redeunt
Saturnia R‹gna. Et celle de la droite , repréfentant
la Paix , tenoit d'une main un Flambeau
renverfé , & de l'autre une branche d'Olivier ;
on voyoit à côté un Olivier , du pied duquel fortoit
un rejetton , avec ces paroles : Factura nepotibus
umbram.
Au-deffus de la Corniche de ce Portail , regnoit
un Attique , furmonté d'un Fronton triangulaire,
avec les Armes de France , environné de Trophées
&c. Sur la pointe du Fronton , & aux extremités
du Bâtiment étoient de grands Vafes qui
fervoient de Pots à feu , & à chaque côté de cette
repréſentation , il y avoit une Piramide triangulaire
un peu plus élevée , peinte en rouge , qui
formoit comme un Grouppe d'échelles de Jardin
dont les échelons étoient illuminés du haut en
bas , & ayant un grand Pot à feu à ſon ſommet.
Les deux côtés de la longueur de ce Boulingrin
étoient bordés d'une continuité d'Arcades de
charpente , couvertes & ornées de la même maniere
que celles dont on a déja parlé. Vers le
milieu de ces Arcades ,à droite , il y a un Berceau,
vers le milieu duquel on avoit élevé un mât d'environ
40. piés de hauteur , terminé par une Fleur
de Lys dorée , de la pointe de ce mat tomboient
tout autour des cordes chargées de lampes , lefquelles
s'écartant circulairement les unes des
autres jufques fur le berceau où elles étoient tendues
& attachées , repréfentoient un cône lumineux.
Au deffous il y avoit en faillie fur le Jardin
june rouë à jour , de fix piés de diamettre , autour
MAY. 1730 . 1017
tour de laquelle étoient neuf boetes fufpendues ,
& percées par le fond , d'où fortoient plufieurs
lampes , & par une manivelle on faifoit tourner
cette roue , qui dans fon mouvement paroiffoit
tout en feu.
De ce Berceau , la fuite des Arcades étoit prolongée
à droite & à gauche jufqu'au Veftibule
du Palais . Mais avant que de parler de fon interieur
, il eft à propos de décrire fuccinctement
les embelliffemens qui avoient été faits dans le
Jardin.
En face de l'Escalier eft une petite Allée d'Arbres
, taillés en charmille ; on en avoit décoré
l'entrée par une Porte d'environ 20. piés de haut,
du fommet de laquelle pendoient des ornemens
dans le goût du Païs & fur l'entablement de
cette porte étoient pofées trois petites Piramides;
celles des extrémités portant une Fleur de Lys ,
& celle du milieu un Soleil , le tout doré & très
bien illuminé.
'
Dé cette Allée dont le refte étoit auffi en Arcades
, on entroit dans la grande , celle-ci bordée
comme la précedente, à droite & à gauche,par
des buis taillés à hauteur d'apui , à près de so.
roifes de longueur , fur plus de 4. de largeur , les
ornemens à la Turque qu'on y avoit mis dans
42. Arcades de chaque côté étoient à peu près
dans le même goût que les précedens. On ne
parlera que de la décoration principale , placée à
fon haut bout.
´¨ C'étoit un mur revêtu d'une espece de placage
compofé de panneaux de differens marbres , or
nés de Feftons &c. Ce mur avoit 20. piés de hauteur
,fur 24. de largeur , & à chaque extremité
s'élevoit une Piramide femblable à celles du Boufingrin.
Au milieu s'élevoit un Pavillon , formé
d'une Coupole & d'un Manteau Royal , dont les
Hiij extre
fo18 MERCURE DE FRANCE
extremités relevées & nouées en Feftons de chaque
côté , laiffoient voir un Perée qui offroit dans le
lointain le fameux Bofphore de Thrace , à l'alignement
de la pointe du Sérail.
On voyoit fortir du fein de la Mer , fur la furface
de laquelle fe jouoient plufieurs Dauphins
un Soleil levant , & dans les rayons de cet Aftre
paroiffoit une Etoile. Sur le devant du Tableau,
une Renommmée en l'air embraffoit d'une main'
l'Ecuffon de France , & de l'autre tenoit la trompette
dont la banderole étoit ornée d'un Dauphin
couronné. Au-deffus du Pavillon étoit un Fronton
triangulaire , rempli de Trophées , & audeffous
du lointain on lifoit ces paroles : Novo
colluftrat lumine Terras , faifant allufion à la
découverte des Aftronomes de l'Obfervatoire du
Roi , qui quelques jours avant la Naiffance du
Dauphin remarquerent une Etoile près du Dif→
que du Soleil qu'ils n'avoient point encore apperçûë.
En revenant ſur ſes pas , après être forti des
deux Allées , on voyoit devant l'Orangerie qui
eft au fond du Jardin une Illumination à la Turque
tout à fait finguliere ; auffi les Mufulmans
qui l'entreprirent voulurent - ils fe rendre le Ciel
propice par le facrifice d'un mouton qu'ils égorǝ
gerent fur le lieu même. Ils avoient planté en
terre deux gros Mâts de plus de cent piés de
haut , à 20. pas de diſtance l'un de l'autre , & par
moyen d'une poulie , vers la pointe de chacun
de ces Mâts , ils en élevoient un troifiéme horizontalement
, d'où pendoit une infinité de cordes
fur lefquelles ils avoient deffiné les Armes de
France avec des Lampes attachées à des noeuds
qui marquoient le trait des figures , comme on
feroit avecdes points fur du papier ; bien entendu
qu'ils attachoient & allumoient ces Lampes avant
le
>
que
MA Y. 1019 1730 .
que de guinder le Mât de traverſe.
Le dernier jour de la Fête , pour varier le fpec
tacle , ils repréfenterent un Vaiffeau avec fes
agrets, qui réuffit à merveille ; de forte que dans
Pobfcurité de la nuit , les Mâts & les cordes difparoiffant
totalement à la vûe , c'étoit un objet
auffi agréable que furprenant, de voir en l'air des
figures qui fembloient ne tenir à rien , & n'être
formées que par des Etoiles.
En fe retournant , les yeux n'étoient pas moins
éblouis par l'Illumination du Palais. Le corps
de ce Bâtiment eft un grand quarré , iſolé de
trois côtés ; à chaque angle de la Gallerie qui les
entoure , il. y avoit une roue pareille à celle du
Boulingrin , & de cette Galerie jufqu'au toit , a
la hauteur de ro. piés , tout étoit fi orné de Fleurs
de Lys,de Lozanges & d'autres figures entremêlées
de Gobelets & de Lampes diverfement colorées que
dans de certains points de vue , comme du Sérail
& de Top-hana ou de l'Arcenal , cela produifoit
un effet admirable.
Etant remonté du Jardin , ce qui s'appercevoit
d'abord étoit le Veftibule ; fur fa principale face,
longue de 32. piés étoit un Tableau de plus de
6. piés de hauteur , repréfentant un Pavillon d'ou
fortoit un Manteau Royal , relevé de part &
d'autre , & formant plufieurs Feftons ; au milieu,
fous la Coupole du Pavillon , les Armes de Fran
ce étoient en grand , avec deux Anges affis pour
Supports , & à chaque côté celles du Dauphin.
Dans la grande Salle à plain pied , qui n'eft
confiderée que comme une Anti - chambre , il n'y
avoit rien de plus qu'à l'ordinaire , finon beau
coup de bougies qui l'éclairoient tout autour
vers la moitié de cette Salle , on moste par un
petit Perron dans celle où devoit fe donner le Repas
& le Bal. Cette derniere a plus de 46. piés de
Hij lon1020
MERCURE DE FRANCE
longueur , & plus de 20. de largeur ; elle étois
ornée d'un grand nombre de Glaces , de Luftres,
de Girandoles & de Bras qui formoient un coup
d'oeil très-brillant , & les fix ou fept chambres
qui l'environnent étoient pareillement décorées
la plupart de fophas à la Turque , pour recevoir
les Dames du Pays , qui ne font pas accoutumées
à fe fervir de chaifes .
:
Toutes chofes ainfi préparées , & M. l'Ambaffadeur
ayant fait inviter les Miniftres Etrangers
, leurs Maifons & leurs Nations , S. E. pour
raffembler à fa Fête tous les plaifirs qui pouvoient
contribuer à la rendre plus agréable , fir
venir au Palais la troupe des Comédiens du Grand-
Seigneur , au nombre de 45. mais en même tems,
voulant prévenir la confufion & le défordre, qu'elle
avoit lieu de craindre , du concours de gens de
tant de Nations , elle fit demander à la Porte un
Vifir- Aga , & un Chorbagi , avec 100. Janiffaires
le Grand - Vifir les accorda de bonne
grace : il pria en même tems , qu'on ne fit point
couler de Fontaines de vin pour le Peuple , comme
cela fe pratique ailleurs : le Marquis de Villeneuve
entrant dans les vûës de ce Miniftre , fubftitua
à la place d'une liqueur fi dangereuſe dans
ce païs , & d'ailleurs interdite aux Mahometans
du Sorbet , du Café , des Pipes & du Tabac
qu'on fit largement diftribuer à la porte de la
rue , dans l'interieur du Palais * à la Chambre
où l'on avoit logé le Chorbagi & fes gens ,
fur le Boulingrin , à tous les allans & venans ,
faveur defquels on ne put même s'empêcher de
vuider quelques tonneaux de vin , mais avec de fi
grandes précautions , que cela ne produifit que
plus de gayeté , fans aucune mauvaiſe fuite.
&
*
en
"
Le 8. Janvier,le Chorbagi & fes Janiffaires , marchant
dansles rues de Conftantinople, en bon ordre,
vinrent
MAY. 173.0. 1021
vinrent s'établir au Palais : ils avoient fur la tête
leur grand bonnet de cérémonie , & portoient
leur Turban à la main : trois chevaux chargez de
leur baterie de cuifine , les précédoient , ainfi que
leur Saka ou porteur d'eau , en culotte & en
pourpoint de cuir noir , garni de boutons d'ar
gent , gros comme des bales de jeu de paume ,
de leur Cuifinier , qui avoit auffi un ample Tablier
de cuir pareil , fi couvert de chaînes , de
plaques , & d'autres ornemens d'argent maſſif ,
qu'à peine pouvoit- il marcher.
&
Le 9. dès la pointe du jour M. l'Ambaffadeur
ne crut pas pouvoir commencer plus dignement
une Fête , qui avoit pour objet principal un acte
de reconnoiffance envers Dieu , qu'en exerçant fa
charité fur environ deux mille Efclaves Chrétiens
de toutes Nations , qui gémiffent dans les fers au
Bagne ou Darce , & fur les Galeres du Grand--
Seigneur , S. E. leur fit diftribuer par ſon Au→
mônier , de la viande , du ris , & du pain ,
quoi ces pauvres infortunez furent fi fenfibles
qu'oubliant la dureté de l'Efclavage , ils adrefferent
leurs voeux au Ciel , pour la profperité du
Roi,de la Famille Royalle , & de toute la France.
Vers les huit heures du matin , cinq Bâtimens
François pavoifez & mouillez dans le Port , annoncerent
cette Fête par une décharge de tous
leurs Canons ; ils repéterent la même falve à
midi , lorfqu'on chanta le Te Deum , & un peu
avant le coucher du Soleil : & les deux jours fui
vans
ils tirerent feulement , le matin , à midiy
& avant la nuit.
L'après - dîné , la Nation Françoife , étant montée
à Pera , par ordre , M. l'Ambaffadeur , &
Madame l'Ambaffadrice allerent en grand cor-
* Pera eft le quartier de l'Ambaßadeur de
France .
1022 MERCURE DE FRANCE
tege à l'Eglife des Capucins , où l'on chanta le
Te Deum , en action de graces. Le pere Cuftode
ou Superieur General , y prononça un Diſcours.
Ces Peres fignalerent leur zele & leur pieté , en
décorant leurs Eglifes d'une infinité de devifes ,
& d'emblêmes , qui retraçoient les principaux
évenemens de l'heureux Regne de Sa Majesté.
λ
Après cette pieuſe cérémonie , Leurs Excellences
avec tous ceux qui y avoient aſſiſté ,
rentrerent au Palais , où les Miniftres fe rendirent
fucceffivement , accompagnez de leurs Maifons
& de leurs Nations. On s'amuſa juſqu'à
l'heure du fouper , les uns à jouer , & le plus
grand nombre à voir les danfes , & les farces
Turques , qui plurent infiniment aux gens du
païs..
A neuf heures , on fervit le fouper , il y avoit
cing tables principales : La premiere étoit en fera-
cheval , & de 130. Couverts ; M. l'Ambaſſadeur
& Madame l'Ambaffadrice ,, les Miniftres
Etrangers , l'Archevêque de Cartage & quel--
ques autres perfonnes de confideration , en occuperent
le haut bout : les côtés , tant en dedans
qu'en dehors , furent remplis par les Dames , &
par une partie des hommes des Nations invitées..
L'étendue & la décoration de la Sale , la magnificence
du repas , la varieté des habits , furtout
d'environ 60. femmes ; leur coëfure finguliere
chargée d'or & de pierreries , tout cela formoit
un coup d'oeil auffi fingulier qu'admirable , &
dont quelques Turcs diftinguez qui étoient venus :
incognito , furent fi frappez , qu'ils ne pouvoient
fe laffer d'en marquer leur étonnement.
L'Ambaffadeur d'Angleterre porta la fanté du
Dauphin , l'Ambaffadeur de Hollande , celle du
Roi , de la Reine , & de la Famille Royale
qui furent bues avec les cérémonies ordinaires.
M..
M A Y. 1730 . 1023
M. l'Ambaffadeur , après les en avoir remerciez ,
but, fuivant l'uſage, à la fanté de la Patronance,
enfuite l'Ambaffadeur d'Angleterre
fanté de M. le Cardinal de Fleury.
› porta la
Le premier Drogman de la Porte, & le neveu
du Prince de Valachie , que le Marquis de Ville
neuve avoit auffi conviez , ayant fouhaité de fouper
en particulier avec quelques Grecs , qu'ils
avoient amenez , on leur fervit une table , dans
une des Chambres à côté de la Sale.
à
Les trois autres tables , dreffées dans la premiere
Sale , de 30. 40. Couverts chacune , furent
remplies par des perfonnes de toutes les Nations
qui n'avoient pú trouver place à la grande ,
& par les Marchands François qui répondant aux
intentions de S. E. furent chargez d'avoir atten
tion que rien ne manquât.
On fortit de table à onze heures ; le bal commença
peu après , & dura jufqu'à cinq heures du
matin. Les Turcs ne furent pas moins étonnez de
nos danfes , mêlées d'hommes & de femmes , fi
contraires à leurs ufages . Madame l'Ambaffadrice
ouvrit le Bal avec M. l'Ambaffadeur d'Angleterre,
& danfa tour de fuite avec les autres Miniftres ,
après quoi chacun fe prit indifferemment fans cé--
rémonie de cette maniere , & par le fecours des
contre-danfes , & des danfes grecques , tout
le monde eut part à ce plaifir , fans compter
qu'on danfoit auffi , & qu'on jouoit alternativement
la Comédie dans d'autres appar--
témens.
Le lendemain , les chofes fe pafferent de la
même maniere , fi ce n'eft que n'y ayant eu que
les Miniftres , quelques perfonnes étrangeres ,
& la Nation Françoife d'invitées , on ne fervit
que la Table de 130. Couverts , avec quelques
autres moindres dans les Chambres voifines. La
H vj foirée
1024 MERCURE DE FRANCE
foirée fut encore plus calme que la précédente ,
& très-favorable àl'illumination.
Le onze , troifiéme jour des réjoüiffances , fut
fi beau , que les Comédiens donnerent fur le Boulingrin
plufieurs de leurs Scenes comiques , accompagnées
de danfes devant une grande multitude
de Turcs , de Grecs , d'Armeniens & de
Juifs.
Outre les perfonnes invitées la veille, M. l'Ambaffadeur
fit auffi convier la Nation Genevoife ,
qui eft ici fous la protection de France on lui
dreffa dans la premierė Sale , une Table de 60,
Couverts , dont quelques Secretaires de S. E. firent
les honneurs .
Cette derniere nuit feconda fi bien les nouveaux
foins , qu'on avoit pris de perfectionner l'illumination
, que non- feulement il ne s'en eft jamais
vû de fi magnifique à Conftantinople , mais
qu'elle auroit été admirée par tout ailleurs . On
le concevra fans peine , fi on fe reprefente l'effet
que devoient produire plus de vingt mille lumieres
, qui fortoient des Pots -à-feu , des Lampes
, & des Gobelets de diverfes couleurs , diftribuez
avec art fur des Tetraffes fpacieuſes , difpofées
en amphitheatre , & ornées de differentes
décorations.
Ce narré deviendroit trop long , fi on vouloir
entrer dans le détail de tous les divertiffemens qui
furent donnez à cinq ou fix mille perfonnes de
tous Etats , & de toutes Nations , qui fe trouverent
dans le Palais de France pendant trois jours ,
fans qu'il foit arrivé le moindre défordre , ce que
l'on doit attribuer à la fage conduite de l'Aga
du Grand- Vifir , auquel ce premier Miniftre pour
le recompenfer de fa vigilance , & pour donner
en même tems à M. l'Ambaffadeur une marque
particuliere de confideration, envoya le lendemain
dans
2
MAY. 1730 1025
dans le Palais même , un Brevet , par lequel , lè
Grand - Seigneur accordoit à cet Aga un Taun
-confiderable , avec ordre à cet Aga d'en remercier
M. l'Ambaffadeur.
* Territoire Fief dont le G. S. gratifie
qui il lui plait.
:
C
lais de France , & au Quartier de l'Ambaffadeur
du Roi à Conftantinople. Extrait
d'une Lettre écrite de cette Ville le
19. Mars 1730.
Ur les premiers avis qu'on eut à Conftantinople
que le Ciel avoit accordé un Dauphin aux
voeux ardens de toute la France , M. le Marquis
de Villeneuve , Ambaffadeur du Roi à la Porte ,
fe prépara à faire éclater fa joye par une
Fête qui devoit durer trois jours. Il fit d'abord
mettre en mouvement ce qu'on pût trouver
d'Ouvriers pour l'execution du Plan qu'il avoit
formé pour celebrer cette augufte Naiffance. Il
ne reçût les ordres de la Cour que le 15. Novembre.
Le 17. au matin , M. l'Ambaffadeur envoya
fon premier Secretaire au Sérrail,pour donner part
de cette nouvelle au Grand- Vizir , & le prévenir
en même - tems fur les Réjouiflances & les lluminations
qu'il fe propofoit de faire , ce premier
Miniftre parut s'inter fler véritablement au bonheur
de la France. Delà , on alla chez le Kiaya
ou Lieutenant du Vizir & chez le Reis - Efendi , ou
Chancelier , qui reçûrent cette nouvelle avec de
grandes démonftrations de joye ; ce dernier répondit
que la Porte prenoit autant de part
évenement que s'il étoit né un fucceffeur à l'Empire
Ottoman.
à cer
L'après-diné , on alla chez les Ambaffadeurs
d'Angleterre & de Hollande pour leur annoncer
cette Naiffance , auffi -bien que chez les Réfidens
de l'Empereur & de Mofcovie , & chez M. Bartolini
, Secretaire chargé des affaires de la République
MAY. 1730. 1013
publique de Venife , depuis la mort du Bayle
Delphino. Dès le même jour tous ces Miniftre
envoyerent complimenter le Marquis de Villeneuve.
>
Le lendemain , le Grand- Seigneur lui fit faire
des complimens de félicitation par le neveu du
Prince de Valachie , accompagné d'un des principaux
Drogmans du Sérail. Quelques jours après
l'Ambaffadeur d'Angleterre alla , en cerémonie
avec toute fa Maiſon,féliciter S. E; l'Ambaffadeur
d'Hollande y alla le lendemain ; les jours fuivans
furent employés à recevoir de femblables
vifites des Réfidens d'Allemagne & de Mofcovie,
ou à les rendre à ces Miniftres. M. Bartolini fir
auffi la fienne , que le Marquis de Villeneuve lui
rendit , mais fans cerémonie.
Tout ce Cerémonial rempli ; c'eut été le veritable
tems de donner la fête projettée ; mais malgré
tous les foins du S. Vaumour , Peintre du
Roi , qui en avoit la conduite , & qui étoit chargé
d'executer lui-même le plus effentiel en matiere
de décorations & de peinture , M. l'Ambaffadeur
fut obligé de renvoyer au 9. de Janvier le
commencement des réjouiffances ; on craignoit
même qu'elles ne fuffent encore retardées par la
grande quantité de neige qui tomba le 7 & le
8. cependant par un bonheur inefperé , le 9. au
matin , le Ciel s'éclaircit , le tems devint calme
& ce qui eft encore plus remarquable , il n'y eut
précisément de beaux jours que les trois dont on
avoit befoin , la pluye & la neige ayant recom→
mencé à tomber avec abondance dès le lendemain.
On avoit conſtruit un Edifice de charpente dans
la rue de Pera , appuyé d'un côté contre les montans
de la Porte du Palais de France , & de l'autre
contre la muraille de la Maiſon oppofée , ce
H qui
>
1014 MERCURE DE FRANCE
qui formoit une espece de Pavillon quarré, élevé
fur quatre Arcades , dont deux laiffoient le paffage
de la rue libre , & une autre conduifoit au
Palais . Toute cette charpente étoit couverte de
branches de Laurier , & ornée à la Turque , c'eſt-
-à- dire , éclairée de quantité de lampes de verre ,
peint de diverfes couleurs , & enjolivée de cent
fortes de colifichets dans le goût du Païs , faits de
bois fort mince , couvert de coton , de bandes
de papier de toutes couleurs & de clinquant d'or
en lame & découpé , la plupart de ces ornemens
repréfentoient des Fleurs de Lys & des Dauphins.
Il pendoit du milieu du fommet de ce Pavillon
un Dôme à jour , appuyé fur deux grands Triangles
, qui fe coupant à Angles droits , formoient
une Etoile à fix pointes , dont le milieu étoit occupé
par une Lanterne mouvante , fort éclairée ,
d'environ trois piés de hauteur.
Pour relever par quelque morceau de goût ,
ces petits ornemens , fi agréables aux yeux des
Turcs , on avoit placé fur la frife de chacune des
deux Arcades un tableau ceintré , dans lequel étoit
peinte une Renommée de grandeur naturelle ,
fendant les airs , fonnant de la Trompette , garnie
de fa banderole fleurdelifée , & tenant l'Ecu
des Armes du Dauphin, avec ces mots autour
du ceintre :
Nunc ortus , mox gefta.
L'Allée qui conduit de cette Porte exterieure à
l'interieure du Palais , longue de plus de cent
piés , fur douze de largeur , étoit divifée de part
& d'autre en 32. Arcades de fept piés de haut
ornées comme le Pavillón ; & outre les Lampes
mêlées par compartimens, qui pendoient du haut
de chaque Arcade , il y avoit des Pots à feu fur
chacun de leur montant , & de chaque côté deux
filets de Gobelets , peints de Fleurs de Lys , de
Dauphins
MAY 1730. IOI'S
و ا
Dauphins couronnés, & des Armes de France le
premier de ces filets étoit fur la Balustrade d'apui
de l'Allée , & le fecond regnoit fur les Arcades.
Un Frontifpice d'Ordre Dorique de 26. piés de
haut cachoit entierement la Porte interieure du
Palais , & celle de la Décoration faite en ceintre
avoit les montans feints de lapis jufqu'à l'impofte;
les panneaux de chaque côté étoient de differens
marbres , ornés de Feftons & dans les angles
-du ceintre il y avoit des Dauphins auffi de lapis
fur un fond d'or. La Frife chargée de Trigliffes,
à l'ordinaire, portoit dans fes Métopes des Fleurs
de Lys & des Dauphins , & au- deffus de la Corniche
, ornée de denticules , étoit un Socle qui
portoit un tableau allegorique de fept piés de
-hauteur,& chantourné dans une proportion convenable
au tout ; on y voyoit la France qui préfentoit
à l'Europe le Dauphin en maillot , avec le
-Cordon Bleu & la Paix à côté avec divers attributs
; on lifoit au deffous Eterna pignora
pacis. Au-deffus on voyoit les Armes de France,
dans le tympan d'un Fronton circulaire.
Au delà de cette premiere Porte , tout étoit en
décorations , fur tout une infinité d'Arcades plus
ou moins élevées felon la fituation du Terrain .
La Terraffe appellée le Boulingrin de 180. piés
d'étendue , fur 55. de largeur , fe préſentoit d'abord
à la vûë ; le fond de cet efpace étoit occupé
par un autre Portail , feint de differens marbres
& du même Ordre que le premier ; il avoit 24.
piés de hauteur & 20 de largeur , fon ouverture
ceintrée étoit fermée par une toile fort claire ,
fur laquelle brilloit un Soleil , dardant fes rayons
de toutes parts ; au deffus , & à quelque diſtance
du corps du Soleil , s'élevoit un Dauphin couronné
, & au moyen de certains Fanaux du Pays
qu'on avoit mis derriere la toile , elle paroiffoit.
Hij toute
1016 MERCURE DE FRANCE
>
toute penetrée de lumière. Aux deux côtés de la
Porte du Frontifpice étoient des Pilaftres , & dans
l'Arriere-corps une niche ceintrée avec une
grande figure , peinte en camayeu. Celle de la
gauche repréfentoit Cerès , tenant une Corne
d'abondance , avec cette infcription : Redeunt
Saturnia R‹gna. Et celle de la droite , repréfentant
la Paix , tenoit d'une main un Flambeau
renverfé , & de l'autre une branche d'Olivier ;
on voyoit à côté un Olivier , du pied duquel fortoit
un rejetton , avec ces paroles : Factura nepotibus
umbram.
Au-deffus de la Corniche de ce Portail , regnoit
un Attique , furmonté d'un Fronton triangulaire,
avec les Armes de France , environné de Trophées
&c. Sur la pointe du Fronton , & aux extremités
du Bâtiment étoient de grands Vafes qui
fervoient de Pots à feu , & à chaque côté de cette
repréſentation , il y avoit une Piramide triangulaire
un peu plus élevée , peinte en rouge , qui
formoit comme un Grouppe d'échelles de Jardin
dont les échelons étoient illuminés du haut en
bas , & ayant un grand Pot à feu à ſon ſommet.
Les deux côtés de la longueur de ce Boulingrin
étoient bordés d'une continuité d'Arcades de
charpente , couvertes & ornées de la même maniere
que celles dont on a déja parlé. Vers le
milieu de ces Arcades ,à droite , il y a un Berceau,
vers le milieu duquel on avoit élevé un mât d'environ
40. piés de hauteur , terminé par une Fleur
de Lys dorée , de la pointe de ce mat tomboient
tout autour des cordes chargées de lampes , lefquelles
s'écartant circulairement les unes des
autres jufques fur le berceau où elles étoient tendues
& attachées , repréfentoient un cône lumineux.
Au deffous il y avoit en faillie fur le Jardin
june rouë à jour , de fix piés de diamettre , autour
MAY. 1730 . 1017
tour de laquelle étoient neuf boetes fufpendues ,
& percées par le fond , d'où fortoient plufieurs
lampes , & par une manivelle on faifoit tourner
cette roue , qui dans fon mouvement paroiffoit
tout en feu.
De ce Berceau , la fuite des Arcades étoit prolongée
à droite & à gauche jufqu'au Veftibule
du Palais . Mais avant que de parler de fon interieur
, il eft à propos de décrire fuccinctement
les embelliffemens qui avoient été faits dans le
Jardin.
En face de l'Escalier eft une petite Allée d'Arbres
, taillés en charmille ; on en avoit décoré
l'entrée par une Porte d'environ 20. piés de haut,
du fommet de laquelle pendoient des ornemens
dans le goût du Païs & fur l'entablement de
cette porte étoient pofées trois petites Piramides;
celles des extrémités portant une Fleur de Lys ,
& celle du milieu un Soleil , le tout doré & très
bien illuminé.
'
Dé cette Allée dont le refte étoit auffi en Arcades
, on entroit dans la grande , celle-ci bordée
comme la précedente, à droite & à gauche,par
des buis taillés à hauteur d'apui , à près de so.
roifes de longueur , fur plus de 4. de largeur , les
ornemens à la Turque qu'on y avoit mis dans
42. Arcades de chaque côté étoient à peu près
dans le même goût que les précedens. On ne
parlera que de la décoration principale , placée à
fon haut bout.
´¨ C'étoit un mur revêtu d'une espece de placage
compofé de panneaux de differens marbres , or
nés de Feftons &c. Ce mur avoit 20. piés de hauteur
,fur 24. de largeur , & à chaque extremité
s'élevoit une Piramide femblable à celles du Boufingrin.
Au milieu s'élevoit un Pavillon , formé
d'une Coupole & d'un Manteau Royal , dont les
Hiij extre
fo18 MERCURE DE FRANCE
extremités relevées & nouées en Feftons de chaque
côté , laiffoient voir un Perée qui offroit dans le
lointain le fameux Bofphore de Thrace , à l'alignement
de la pointe du Sérail.
On voyoit fortir du fein de la Mer , fur la furface
de laquelle fe jouoient plufieurs Dauphins
un Soleil levant , & dans les rayons de cet Aftre
paroiffoit une Etoile. Sur le devant du Tableau,
une Renommmée en l'air embraffoit d'une main'
l'Ecuffon de France , & de l'autre tenoit la trompette
dont la banderole étoit ornée d'un Dauphin
couronné. Au-deffus du Pavillon étoit un Fronton
triangulaire , rempli de Trophées , & audeffous
du lointain on lifoit ces paroles : Novo
colluftrat lumine Terras , faifant allufion à la
découverte des Aftronomes de l'Obfervatoire du
Roi , qui quelques jours avant la Naiffance du
Dauphin remarquerent une Etoile près du Dif→
que du Soleil qu'ils n'avoient point encore apperçûë.
En revenant ſur ſes pas , après être forti des
deux Allées , on voyoit devant l'Orangerie qui
eft au fond du Jardin une Illumination à la Turque
tout à fait finguliere ; auffi les Mufulmans
qui l'entreprirent voulurent - ils fe rendre le Ciel
propice par le facrifice d'un mouton qu'ils égorǝ
gerent fur le lieu même. Ils avoient planté en
terre deux gros Mâts de plus de cent piés de
haut , à 20. pas de diſtance l'un de l'autre , & par
moyen d'une poulie , vers la pointe de chacun
de ces Mâts , ils en élevoient un troifiéme horizontalement
, d'où pendoit une infinité de cordes
fur lefquelles ils avoient deffiné les Armes de
France avec des Lampes attachées à des noeuds
qui marquoient le trait des figures , comme on
feroit avecdes points fur du papier ; bien entendu
qu'ils attachoient & allumoient ces Lampes avant
le
>
que
MA Y. 1019 1730 .
que de guinder le Mât de traverſe.
Le dernier jour de la Fête , pour varier le fpec
tacle , ils repréfenterent un Vaiffeau avec fes
agrets, qui réuffit à merveille ; de forte que dans
Pobfcurité de la nuit , les Mâts & les cordes difparoiffant
totalement à la vûe , c'étoit un objet
auffi agréable que furprenant, de voir en l'air des
figures qui fembloient ne tenir à rien , & n'être
formées que par des Etoiles.
En fe retournant , les yeux n'étoient pas moins
éblouis par l'Illumination du Palais. Le corps
de ce Bâtiment eft un grand quarré , iſolé de
trois côtés ; à chaque angle de la Gallerie qui les
entoure , il. y avoit une roue pareille à celle du
Boulingrin , & de cette Galerie jufqu'au toit , a
la hauteur de ro. piés , tout étoit fi orné de Fleurs
de Lys,de Lozanges & d'autres figures entremêlées
de Gobelets & de Lampes diverfement colorées que
dans de certains points de vue , comme du Sérail
& de Top-hana ou de l'Arcenal , cela produifoit
un effet admirable.
Etant remonté du Jardin , ce qui s'appercevoit
d'abord étoit le Veftibule ; fur fa principale face,
longue de 32. piés étoit un Tableau de plus de
6. piés de hauteur , repréfentant un Pavillon d'ou
fortoit un Manteau Royal , relevé de part &
d'autre , & formant plufieurs Feftons ; au milieu,
fous la Coupole du Pavillon , les Armes de Fran
ce étoient en grand , avec deux Anges affis pour
Supports , & à chaque côté celles du Dauphin.
Dans la grande Salle à plain pied , qui n'eft
confiderée que comme une Anti - chambre , il n'y
avoit rien de plus qu'à l'ordinaire , finon beau
coup de bougies qui l'éclairoient tout autour
vers la moitié de cette Salle , on moste par un
petit Perron dans celle où devoit fe donner le Repas
& le Bal. Cette derniere a plus de 46. piés de
Hij lon1020
MERCURE DE FRANCE
longueur , & plus de 20. de largeur ; elle étois
ornée d'un grand nombre de Glaces , de Luftres,
de Girandoles & de Bras qui formoient un coup
d'oeil très-brillant , & les fix ou fept chambres
qui l'environnent étoient pareillement décorées
la plupart de fophas à la Turque , pour recevoir
les Dames du Pays , qui ne font pas accoutumées
à fe fervir de chaifes .
:
Toutes chofes ainfi préparées , & M. l'Ambaffadeur
ayant fait inviter les Miniftres Etrangers
, leurs Maifons & leurs Nations , S. E. pour
raffembler à fa Fête tous les plaifirs qui pouvoient
contribuer à la rendre plus agréable , fir
venir au Palais la troupe des Comédiens du Grand-
Seigneur , au nombre de 45. mais en même tems,
voulant prévenir la confufion & le défordre, qu'elle
avoit lieu de craindre , du concours de gens de
tant de Nations , elle fit demander à la Porte un
Vifir- Aga , & un Chorbagi , avec 100. Janiffaires
le Grand - Vifir les accorda de bonne
grace : il pria en même tems , qu'on ne fit point
couler de Fontaines de vin pour le Peuple , comme
cela fe pratique ailleurs : le Marquis de Villeneuve
entrant dans les vûës de ce Miniftre , fubftitua
à la place d'une liqueur fi dangereuſe dans
ce païs , & d'ailleurs interdite aux Mahometans
du Sorbet , du Café , des Pipes & du Tabac
qu'on fit largement diftribuer à la porte de la
rue , dans l'interieur du Palais * à la Chambre
où l'on avoit logé le Chorbagi & fes gens ,
fur le Boulingrin , à tous les allans & venans ,
faveur defquels on ne put même s'empêcher de
vuider quelques tonneaux de vin , mais avec de fi
grandes précautions , que cela ne produifit que
plus de gayeté , fans aucune mauvaiſe fuite.
&
*
en
"
Le 8. Janvier,le Chorbagi & fes Janiffaires , marchant
dansles rues de Conftantinople, en bon ordre,
vinrent
MAY. 173.0. 1021
vinrent s'établir au Palais : ils avoient fur la tête
leur grand bonnet de cérémonie , & portoient
leur Turban à la main : trois chevaux chargez de
leur baterie de cuifine , les précédoient , ainfi que
leur Saka ou porteur d'eau , en culotte & en
pourpoint de cuir noir , garni de boutons d'ar
gent , gros comme des bales de jeu de paume ,
de leur Cuifinier , qui avoit auffi un ample Tablier
de cuir pareil , fi couvert de chaînes , de
plaques , & d'autres ornemens d'argent maſſif ,
qu'à peine pouvoit- il marcher.
&
Le 9. dès la pointe du jour M. l'Ambaffadeur
ne crut pas pouvoir commencer plus dignement
une Fête , qui avoit pour objet principal un acte
de reconnoiffance envers Dieu , qu'en exerçant fa
charité fur environ deux mille Efclaves Chrétiens
de toutes Nations , qui gémiffent dans les fers au
Bagne ou Darce , & fur les Galeres du Grand--
Seigneur , S. E. leur fit diftribuer par ſon Au→
mônier , de la viande , du ris , & du pain ,
quoi ces pauvres infortunez furent fi fenfibles
qu'oubliant la dureté de l'Efclavage , ils adrefferent
leurs voeux au Ciel , pour la profperité du
Roi,de la Famille Royalle , & de toute la France.
Vers les huit heures du matin , cinq Bâtimens
François pavoifez & mouillez dans le Port , annoncerent
cette Fête par une décharge de tous
leurs Canons ; ils repéterent la même falve à
midi , lorfqu'on chanta le Te Deum , & un peu
avant le coucher du Soleil : & les deux jours fui
vans
ils tirerent feulement , le matin , à midiy
& avant la nuit.
L'après - dîné , la Nation Françoife , étant montée
à Pera , par ordre , M. l'Ambaffadeur , &
Madame l'Ambaffadrice allerent en grand cor-
* Pera eft le quartier de l'Ambaßadeur de
France .
1022 MERCURE DE FRANCE
tege à l'Eglife des Capucins , où l'on chanta le
Te Deum , en action de graces. Le pere Cuftode
ou Superieur General , y prononça un Diſcours.
Ces Peres fignalerent leur zele & leur pieté , en
décorant leurs Eglifes d'une infinité de devifes ,
& d'emblêmes , qui retraçoient les principaux
évenemens de l'heureux Regne de Sa Majesté.
λ
Après cette pieuſe cérémonie , Leurs Excellences
avec tous ceux qui y avoient aſſiſté ,
rentrerent au Palais , où les Miniftres fe rendirent
fucceffivement , accompagnez de leurs Maifons
& de leurs Nations. On s'amuſa juſqu'à
l'heure du fouper , les uns à jouer , & le plus
grand nombre à voir les danfes , & les farces
Turques , qui plurent infiniment aux gens du
païs..
A neuf heures , on fervit le fouper , il y avoit
cing tables principales : La premiere étoit en fera-
cheval , & de 130. Couverts ; M. l'Ambaſſadeur
& Madame l'Ambaffadrice ,, les Miniftres
Etrangers , l'Archevêque de Cartage & quel--
ques autres perfonnes de confideration , en occuperent
le haut bout : les côtés , tant en dedans
qu'en dehors , furent remplis par les Dames , &
par une partie des hommes des Nations invitées..
L'étendue & la décoration de la Sale , la magnificence
du repas , la varieté des habits , furtout
d'environ 60. femmes ; leur coëfure finguliere
chargée d'or & de pierreries , tout cela formoit
un coup d'oeil auffi fingulier qu'admirable , &
dont quelques Turcs diftinguez qui étoient venus :
incognito , furent fi frappez , qu'ils ne pouvoient
fe laffer d'en marquer leur étonnement.
L'Ambaffadeur d'Angleterre porta la fanté du
Dauphin , l'Ambaffadeur de Hollande , celle du
Roi , de la Reine , & de la Famille Royale
qui furent bues avec les cérémonies ordinaires.
M..
M A Y. 1730 . 1023
M. l'Ambaffadeur , après les en avoir remerciez ,
but, fuivant l'uſage, à la fanté de la Patronance,
enfuite l'Ambaffadeur d'Angleterre
fanté de M. le Cardinal de Fleury.
› porta la
Le premier Drogman de la Porte, & le neveu
du Prince de Valachie , que le Marquis de Ville
neuve avoit auffi conviez , ayant fouhaité de fouper
en particulier avec quelques Grecs , qu'ils
avoient amenez , on leur fervit une table , dans
une des Chambres à côté de la Sale.
à
Les trois autres tables , dreffées dans la premiere
Sale , de 30. 40. Couverts chacune , furent
remplies par des perfonnes de toutes les Nations
qui n'avoient pú trouver place à la grande ,
& par les Marchands François qui répondant aux
intentions de S. E. furent chargez d'avoir atten
tion que rien ne manquât.
On fortit de table à onze heures ; le bal commença
peu après , & dura jufqu'à cinq heures du
matin. Les Turcs ne furent pas moins étonnez de
nos danfes , mêlées d'hommes & de femmes , fi
contraires à leurs ufages . Madame l'Ambaffadrice
ouvrit le Bal avec M. l'Ambaffadeur d'Angleterre,
& danfa tour de fuite avec les autres Miniftres ,
après quoi chacun fe prit indifferemment fans cé--
rémonie de cette maniere , & par le fecours des
contre-danfes , & des danfes grecques , tout
le monde eut part à ce plaifir , fans compter
qu'on danfoit auffi , & qu'on jouoit alternativement
la Comédie dans d'autres appar--
témens.
Le lendemain , les chofes fe pafferent de la
même maniere , fi ce n'eft que n'y ayant eu que
les Miniftres , quelques perfonnes étrangeres ,
& la Nation Françoife d'invitées , on ne fervit
que la Table de 130. Couverts , avec quelques
autres moindres dans les Chambres voifines. La
H vj foirée
1024 MERCURE DE FRANCE
foirée fut encore plus calme que la précédente ,
& très-favorable àl'illumination.
Le onze , troifiéme jour des réjoüiffances , fut
fi beau , que les Comédiens donnerent fur le Boulingrin
plufieurs de leurs Scenes comiques , accompagnées
de danfes devant une grande multitude
de Turcs , de Grecs , d'Armeniens & de
Juifs.
Outre les perfonnes invitées la veille, M. l'Ambaffadeur
fit auffi convier la Nation Genevoife ,
qui eft ici fous la protection de France on lui
dreffa dans la premierė Sale , une Table de 60,
Couverts , dont quelques Secretaires de S. E. firent
les honneurs .
Cette derniere nuit feconda fi bien les nouveaux
foins , qu'on avoit pris de perfectionner l'illumination
, que non- feulement il ne s'en eft jamais
vû de fi magnifique à Conftantinople , mais
qu'elle auroit été admirée par tout ailleurs . On
le concevra fans peine , fi on fe reprefente l'effet
que devoient produire plus de vingt mille lumieres
, qui fortoient des Pots -à-feu , des Lampes
, & des Gobelets de diverfes couleurs , diftribuez
avec art fur des Tetraffes fpacieuſes , difpofées
en amphitheatre , & ornées de differentes
décorations.
Ce narré deviendroit trop long , fi on vouloir
entrer dans le détail de tous les divertiffemens qui
furent donnez à cinq ou fix mille perfonnes de
tous Etats , & de toutes Nations , qui fe trouverent
dans le Palais de France pendant trois jours ,
fans qu'il foit arrivé le moindre défordre , ce que
l'on doit attribuer à la fage conduite de l'Aga
du Grand- Vifir , auquel ce premier Miniftre pour
le recompenfer de fa vigilance , & pour donner
en même tems à M. l'Ambaffadeur une marque
particuliere de confideration, envoya le lendemain
dans
2
MAY. 1730 1025
dans le Palais même , un Brevet , par lequel , lè
Grand - Seigneur accordoit à cet Aga un Taun
-confiderable , avec ordre à cet Aga d'en remercier
M. l'Ambaffadeur.
* Territoire Fief dont le G. S. gratifie
qui il lui plait.
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Résumé : RÉJOUISSANCES faites au Palais de France, & au Quartier de l'Ambassadeur du Roi à Constantinople. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 19. Mars 1730.
Le 19 mars 1730, à Constantinople, M. le Marquis de Villeneuve, ambassadeur de France, reçut la nouvelle de la naissance d'un Dauphin en France. Il organisa une fête de trois jours, initialement prévue pour le 17 novembre, mais reportée au 9 janvier en raison des conditions météorologiques. La nouvelle fut annoncée aux dignitaires turcs et aux ambassadeurs étrangers. Pour la fête, un édifice temporaire fut construit dans la rue de Pera, décoré de lauriers, de Fleurs de Lys et de Dauphins. L'allée menant au palais était ornée de lampes et de pots à feu, et un frontispice d'ordre dorique cachait la porte intérieure, avec des tableaux allégoriques et des inscriptions latines. La terrasse et le jardin étaient également décorés de manière somptueuse. La fête débuta le 8 janvier avec l'invitation de Janissaires et d'officiers turcs pour maintenir l'ordre. Le 9 janvier, l'ambassadeur fit distribuer de la nourriture aux esclaves chrétiens et des salves de canons furent tirées depuis des bâtiments français. L'après-midi, l'ambassadeur et son épouse assistèrent à un Te Deum à l'église des Capucins, suivi d'un souper avec cinq tables principales, dont une de 130 couverts pour les dignitaires. Les invités admirèrent les décorations et les danses turques, et un bal débuta à onze heures, se prolongeant jusqu'au matin. Les jours suivants, les festivités se poursuivirent avec des danses, des comédies et une illumination spectaculaire. La fête se conclut sans incident, grâce à la gestion ordonnée par l'Aga du Grand Vizir, qui reçut une récompense pour sa vigilance.
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34
p. 1149-1154
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Sainte-Menehould en Champagne.
Début :
Vous sçavez, M. qu'on travaille à la réédification de notre Ville de Sainte-Menehould [...]
Mots clefs :
Sainte-Menehould, Hôtel de ville, Incendie, Architecte, Clergé, Cérémonie
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Sainte-Menehould en Champagne.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de
Sainte- Menehould en Champagne.
V
Ous fçavez , M. qu'on travaille à la
réédification de notreVille de Sainte-
Menehould , qui fut prefque totalement
brulée le 7 Aouft 1719. par un accident
imprévu.
Le 2 du mois ( May dernier ) M. Þ’Efcalopier
Confeiller au Parlement , fils
aîné de M.l'Escalopier Confeiller d'Etat ,
Intendant de Champagne , reprefentant
M. fon pere , pofa la premiere Pierre du
Bâtiment de l'Hôtel de Ville , avec toute
la folemnité convenable en pareille occaſion.
I. Vol
A
1150 MERCURE DE FRANCE
A neuf heures du matin les Officiers
de l'Hôtel de Ville & ceux des autres Jurifdictions
, en Corps , précedez de trois
cens hommes de Milice Bourgeoife , fous
les armes , ayant à leur tête cinquante
Chevaliers de l'Arquebuze , uniformement
habillez , & foûtenus d'une Troupe
de Cavaliers de la Maréchauffée , marchant
fur deux Colonnes , au bruit des
Trompettes & des Tambours , allerent à
l'Eglife audevant de M. le Doyen de la
Paroiffe, avec lequel , accompagné de plufieurs
Ecclefiaftiques, tant de la Ville que
des environs , on fut prendre M. l'Efca
lopier , pour fe rendre au lieu de l'Edifice
, où la Pierre fut pofée dans le fondement
du gros mur de l'encognure Septentrionale
du côté de la place ; & dans
cette Pierre fut enchaffée une Lame de
cuivre , fur laquelle eft gravée cette Infcription.
LUDOVICO XV. REGNANTE,
CASARE- CAROLO L'ESCALOPIER
Sacri Confiftorii Comite
Campaniaque Prafecto.
Urbs Santa- Menechildis
Die v 1 1. Augufti M. DCC. XIX.
Infelici quodam fato exufta ,
Munificentia Principis
I. Vol. RaadiJUIN.
1730 . 1151
Readificata
Curifque ejufdem Prafecti
Qui
Forenfis Bafilica ac Municipalis
Primarium lapidem ,
Die 11. Maii M. DC C. XXX
Pofuit.
Ex orthographia
Philippi D E LA FORCE.
Militaris Provincia Architecti.
Le Doyen ayant enfuite complimenté
M. l'Escalopier avec beaucoup de dignité
& d'onction,il fit la ceremonie de benir
la Pierre , & pendant que l'on chantoit
les Prieres de la benediction , il y eut plufeurs
décharges du Canon du Château &
de la Moufqueterie. Après quoi le fieur
de la Force , Architecte & Ingenieur du
Roy en ladite Province , pofa une autre
Pierre à l'encogneure Méridionale du
Bâtiment , dans laquelle fut miſe cette
Infcription Françoife , gravée comme la
premiere fur une Lame de cuivre.
DU REGNE DE LOUIS XV.
Le 2 May 1730.
Cette Pierre a été pofée
par
PHILIPPE DE LA FORCE , Ingenieur
1. Vol.
ordi1152
MERCURE DE FRANCE
ordinaire du Roy
Lors de la Conftruction
de ce Bâtiment
&
du rétabliffement de la Ville
de Sainte-Menehould ,
'Incendiée le 7 Aouft 171.9.
Réédifiée
Par les foins & fous les Ordres
De
M. I'ESCALO PIER , Confeiller d'Etat ;
Intendant de Champagne ;
Sur
Les deffeins dudit fieur
DI L A FORCE
La Céremonie achevée , on reconduifit
le Clergé à l'Eglife dans le même ordre
qu'on étoit venu , en chantant le Te
Deum & des Hymnes pour le Roy.
Il y eut enfuite un grand Dîné , où ſe
trouverent M. le Lieutenant de Roy &
les principaux Officiers de la Ville & des
autres Jurifdictions ; après le repas il y
eut Bal , qui dura jufqu'au lendemain
matin , & le foir les Magiftrats de l'Hôtel
de Ville donnerent un magnifique
Souper. On a remarqué durant toutes ces
Fêtes , que la Bourgeoifie & le Peuple
touchez des politeffes & des liberalitez
I. Vol. de
JUI N. 1730 .
1153
de M. l'Escalopier , qui ne laiffa échaper
aucune occafion de faire fentir les bontez
& les bienfaits du Roy , firent éclater
leur joye , leur reconnoiffance & leur
zele de la façon du monde la plus expreffive
.
Le deffein de cet Hôtel de Ville , qui
contiendra tous les Tribunaux des differentes
Jurifdictions de la Ville, reprefente
une décoration fuperbe , quoique formé
fur les principes d'une architecture
fimple.Les Maifons , dont il y en a déja plus
de cent de bâties , feront toutes conftruites
en Manfardes , couvertes d'Ardoifes
& les Façades élevées uniformement en
Pierre & en Brique , mais d'un goût moderne
, & dont le coup d'oeil plaît infiniment;
de forte que lorfque cette Ville
fera achevée , elle pourra paffer pour une
des plus jolies du Royaume , foit par l'exterieur
de fes Maiſons , foit par la diftribution
du dedans , dont ledit fieur de la
Force continue de prendre foin , fur les
demandes qui en ont été faites par les
habitans à M. l'Intendant , aux foins duquel
la Ville eft redevable de fon rétabliſfement.
On tâchera d'engager ledit fieur de la
Force , qui eft un des meilleurs - Architectes
de ce temps , & fils de Philippe
de la Force , premier Architecte de feu
I, Vol. E MON1154
MERCURE DE FRANCE
MONSIEUR , a faire graver les deffeins
qu'il a inventez , tant pour les Façades des
Maifons , que pour les Bâtimens publics
& autres Ouvrages de diftinction , en faveur
des Amateurs de l'Architecture , &
pour faire connoître l'aggrandiffement &
les commoditez procurées à cette Ville
qui, avant l'incendie , étoit tres - mal conftruite
& tres - confuſement diftribuée .
Sainte- Menehould en Champagne.
V
Ous fçavez , M. qu'on travaille à la
réédification de notreVille de Sainte-
Menehould , qui fut prefque totalement
brulée le 7 Aouft 1719. par un accident
imprévu.
Le 2 du mois ( May dernier ) M. Þ’Efcalopier
Confeiller au Parlement , fils
aîné de M.l'Escalopier Confeiller d'Etat ,
Intendant de Champagne , reprefentant
M. fon pere , pofa la premiere Pierre du
Bâtiment de l'Hôtel de Ville , avec toute
la folemnité convenable en pareille occaſion.
I. Vol
A
1150 MERCURE DE FRANCE
A neuf heures du matin les Officiers
de l'Hôtel de Ville & ceux des autres Jurifdictions
, en Corps , précedez de trois
cens hommes de Milice Bourgeoife , fous
les armes , ayant à leur tête cinquante
Chevaliers de l'Arquebuze , uniformement
habillez , & foûtenus d'une Troupe
de Cavaliers de la Maréchauffée , marchant
fur deux Colonnes , au bruit des
Trompettes & des Tambours , allerent à
l'Eglife audevant de M. le Doyen de la
Paroiffe, avec lequel , accompagné de plufieurs
Ecclefiaftiques, tant de la Ville que
des environs , on fut prendre M. l'Efca
lopier , pour fe rendre au lieu de l'Edifice
, où la Pierre fut pofée dans le fondement
du gros mur de l'encognure Septentrionale
du côté de la place ; & dans
cette Pierre fut enchaffée une Lame de
cuivre , fur laquelle eft gravée cette Infcription.
LUDOVICO XV. REGNANTE,
CASARE- CAROLO L'ESCALOPIER
Sacri Confiftorii Comite
Campaniaque Prafecto.
Urbs Santa- Menechildis
Die v 1 1. Augufti M. DCC. XIX.
Infelici quodam fato exufta ,
Munificentia Principis
I. Vol. RaadiJUIN.
1730 . 1151
Readificata
Curifque ejufdem Prafecti
Qui
Forenfis Bafilica ac Municipalis
Primarium lapidem ,
Die 11. Maii M. DC C. XXX
Pofuit.
Ex orthographia
Philippi D E LA FORCE.
Militaris Provincia Architecti.
Le Doyen ayant enfuite complimenté
M. l'Escalopier avec beaucoup de dignité
& d'onction,il fit la ceremonie de benir
la Pierre , & pendant que l'on chantoit
les Prieres de la benediction , il y eut plufeurs
décharges du Canon du Château &
de la Moufqueterie. Après quoi le fieur
de la Force , Architecte & Ingenieur du
Roy en ladite Province , pofa une autre
Pierre à l'encogneure Méridionale du
Bâtiment , dans laquelle fut miſe cette
Infcription Françoife , gravée comme la
premiere fur une Lame de cuivre.
DU REGNE DE LOUIS XV.
Le 2 May 1730.
Cette Pierre a été pofée
par
PHILIPPE DE LA FORCE , Ingenieur
1. Vol.
ordi1152
MERCURE DE FRANCE
ordinaire du Roy
Lors de la Conftruction
de ce Bâtiment
&
du rétabliffement de la Ville
de Sainte-Menehould ,
'Incendiée le 7 Aouft 171.9.
Réédifiée
Par les foins & fous les Ordres
De
M. I'ESCALO PIER , Confeiller d'Etat ;
Intendant de Champagne ;
Sur
Les deffeins dudit fieur
DI L A FORCE
La Céremonie achevée , on reconduifit
le Clergé à l'Eglife dans le même ordre
qu'on étoit venu , en chantant le Te
Deum & des Hymnes pour le Roy.
Il y eut enfuite un grand Dîné , où ſe
trouverent M. le Lieutenant de Roy &
les principaux Officiers de la Ville & des
autres Jurifdictions ; après le repas il y
eut Bal , qui dura jufqu'au lendemain
matin , & le foir les Magiftrats de l'Hôtel
de Ville donnerent un magnifique
Souper. On a remarqué durant toutes ces
Fêtes , que la Bourgeoifie & le Peuple
touchez des politeffes & des liberalitez
I. Vol. de
JUI N. 1730 .
1153
de M. l'Escalopier , qui ne laiffa échaper
aucune occafion de faire fentir les bontez
& les bienfaits du Roy , firent éclater
leur joye , leur reconnoiffance & leur
zele de la façon du monde la plus expreffive
.
Le deffein de cet Hôtel de Ville , qui
contiendra tous les Tribunaux des differentes
Jurifdictions de la Ville, reprefente
une décoration fuperbe , quoique formé
fur les principes d'une architecture
fimple.Les Maifons , dont il y en a déja plus
de cent de bâties , feront toutes conftruites
en Manfardes , couvertes d'Ardoifes
& les Façades élevées uniformement en
Pierre & en Brique , mais d'un goût moderne
, & dont le coup d'oeil plaît infiniment;
de forte que lorfque cette Ville
fera achevée , elle pourra paffer pour une
des plus jolies du Royaume , foit par l'exterieur
de fes Maiſons , foit par la diftribution
du dedans , dont ledit fieur de la
Force continue de prendre foin , fur les
demandes qui en ont été faites par les
habitans à M. l'Intendant , aux foins duquel
la Ville eft redevable de fon rétabliſfement.
On tâchera d'engager ledit fieur de la
Force , qui eft un des meilleurs - Architectes
de ce temps , & fils de Philippe
de la Force , premier Architecte de feu
I, Vol. E MON1154
MERCURE DE FRANCE
MONSIEUR , a faire graver les deffeins
qu'il a inventez , tant pour les Façades des
Maifons , que pour les Bâtimens publics
& autres Ouvrages de diftinction , en faveur
des Amateurs de l'Architecture , &
pour faire connoître l'aggrandiffement &
les commoditez procurées à cette Ville
qui, avant l'incendie , étoit tres - mal conftruite
& tres - confuſement diftribuée .
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Sainte-Menehould en Champagne.
Le texte décrit la reconstruction de la ville de Sainte-Menehould en Champagne, après un incendie dévastateur le 7 août 1719. Le 2 mai 1730, M. l'Escalopier, conseiller au Parlement et fils de l'intendant de Champagne, a posé la première pierre du nouvel Hôtel de Ville. Cette cérémonie solennelle a réuni divers dignitaires, dont les officiers de l'Hôtel de Ville, les milices bourgeoises, les chevaliers de l'Arquebuse et les cavaliers de la maréchaussée. La pierre fondatrice, placée dans le mur septentrional, portait une inscription latine gravée sur une lame de cuivre. Une seconde pierre, avec une inscription en français, a été posée par Philippe de la Force, architecte et ingénieur du roi. Après la cérémonie, le clergé a été reconduit à l'église, et des festivités, incluant un dîner, un bal et un souper, ont été organisées. La ville est reconstruite selon des plans modernes et simples, visant à devenir l'une des plus belles du royaume. Philippe de la Force, architecte renommé, a supervisé les travaux, et les habitants expriment leur gratitude pour les bienfaits du roi et de l'intendant.
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35
p. 1653-1659
INSTALLATION du Duc de Cumberland & des Comtes de Chesterfield & de Burlington, Chevaliers de l'Ordre de la Jarretiere, faite à Windsor, le 29 Juin dernier.
Début :
Les Chevaliers qui étoient presens à cette Installation étoient LE ROY, Souverain de [...]
Mots clefs :
Duc de Cumberland, Comte de Chesterfield, Chevaliers, Roi d'Angleterre, Chancelier, Comte, Roi, Chanoines, Cérémonie, Chapelle
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texteReconnaissance textuelle : INSTALLATION du Duc de Cumberland & des Comtes de Chesterfield & de Burlington, Chevaliers de l'Ordre de la Jarretiere, faite à Windsor, le 29 Juin dernier.
INSTALLATION du Duc de
Cumberland & des Comtes de Chefter
field & de Burlington , Chevaliers de
l'Ordre de la Jarretiere, faite à windfor, le
29 Juin dernier.
Lalla
Es Chevaliers qui étoient prefens à cette Inf
tallation étoient LE ROY , Souverain de
l'Ordre , le Pr. de Galles , les Ducs de Somerset ,
d'Argyle , de Kent , de Dorfet , de Montagu , de
Newcaſtle , de Grafton , de Bolton,de Richmond;
les Comtes de S :rafford , de Peterborough & de
Scarborough ; & le Chevalier Robert Walpole
Après que les Chevaliers, les Officiers de l'Ordre,
les pauvres Chevaliers , les Chanoines de la Cha
pelle de S. George, & les autres perfonnes qui ont
droit d'affifter a l'Installation , eurent pris leurs
places dans cette Chapelle , le Roy y entra, & fut
reçu par les Chevaliers. Il fe rendit enfuite en
Proceffion dans la Chambre du Chapitre . Le Duc
de Cumberland & les Comtes de Cheſterfield &
de Burlington refterent à l'entrée de cette Chambre
fur des Chaifes qu'on y avoit placées pour
eux .
Le Roy ayant nommé M. Anftis pour exercer
la charge de Garter, ou premier Heraut d'Armes
d'Angleterre. S. M. lui ordonna d'introduire dans
la Chambre le Duc de Cumberland. S. A. R. füt
reçue à la porte par les deux plus anciens Chevaliers
, qui font les Ducs de Somerfet & d'Argyle,
lefquels conduifirent le Duc de Cumberland au
haut bout de la Chambre. Garter prefenta la Robe
de S.A.R. aux Chevaliers, qui l'en revêtirent ,
Hy pendant
1654 MERCURE DE FRANCE
pendant que le Chancelier de l'Ordre lifoit l'Admonition.
Prenez cette Robe , &c. Les mêmes
Chevaliers mirent enfuite à S. A. R. fa Ceinture
& fon Epée.Garter introduifit auffi les deux Comtes
, qui furent reçûs avec les mêmes ceremonies
par les deux plus jeunes Chevaliers ; fçavoir le
Duc de Richmond & le Chevalier Robert Walpole
, après quoi on fe rendit en Proceffion dans
le Choeur de la Chapelle. Cette Proceffion fe fit
avec beaucoup de ceremonie.
Les pauvres Chevaliers & les Chanoines de la
Chapelle y entrerent deux à deux , firent le tour
du Choeur, & ayant fait la révérence devant l'Autel
& l'Eftrade deftinée pour le Roy , ils fe mirent
à leurs places. Les Chevaliers de l'Ordre entrerent
enfuite, & après avoir fait de pareilles révérences
, ils fe mirent fous leurs Bannieres. Les
Officiers & les Prélats de l'Ordre y entrerent avec
les mêmes cérémonles ; & après eux vint le Roy,
précédé du Duc de S.Albans , portant l'Epée d'Etat.
La queue de la Robe de S.M. étoit portée par
les Fils ainez des Ducs de Grafton & de Dorfet, &
par le Maître de la Garde- Robe. Le Roy après
avoir fait la révérence devant l'Autel , fe mit fur
fon Eftrade. Enfuite Garter vint au milieu du
Choeur , y fit fes révérences , tenant le Sceptre
dans la main , & fe tourna vers le Pr, de Galles ,
qui là - deffus quitta fa Banniere ; & après avoir
fait la révérence devant l'Autel & le Roy , il alla
s'affeoir fur fa place , les autres Chevaliers refterent
debout fous leurs Bannieres.
L'Evêque de Winchefter , Prélat de l'Ordre ,
ayant été conduit à l'Autel avec deux Chanoines
de la Chapelle, Garter prit la Banniere du feu Duc
d'York , qu'il remit aux deux plus anciens Chevaliers
, & ceux-cy, après les révérences ordinaires,
la porterent au Prélat de l'Ordre, qui la donna
JUILLET . 1730. 1655
na aux deux Chanoines , pour la placer à côté de
l'Autel. Garter remit enfuite l'Epée du feu Duc
d'York au Duc de Kent & au Comte de Stafford,
& le Cafque avec le Cimier au Comte de Peterborough
& au Duc de Dorfet , qui porterent pareillement
ces Enfeignes au Prélat de l'Ordre, La
même cérémonie fut obfervée touchant la Banniere
, l'Epée & le Cafque des feus Ducs de Devonshire
& Comte de Lincoln .
Aprés cette cérémonie,Garter fe rendit au milieu
du Choeur , fit fes révérences ordinaires ; 86
s'étant tourné vers le plus ancien Chevalier , il lui
fit un figne de fa Verge. Le Chevalier quitta làdeffus
fa Banniere & alla fe mettre à fa place fur
l'Eftrade. Garter fit la même chofe aux autres
Chevaliers,à chacun fuivant fon ancienneté.Après
que tous les Chevaliers eurent pris leurs places ,
Garder appella les deux plus anciens Chevaliers
nommez.par le Roy ,, pour inſtaller le Duc de
Cumberland.
2
Ces deux Chevaliers defcendirent de leur Eftrade,'
& s'étant remis fous leurs Bannieres , les pauvres
Chevaliers & les Hérauts d'Armes fortirent de la
Chapelle , marcherent proceffionellement vers la
Chambre du Chapitre , & fe rangerent aux deux
côtez de la Porte.
Les deux plus anciens Chevaliers , accompagnez
des Officiers de l'Ordre , entrerent enfuite
dans la chambre du Chapitre , d'où ils conduifirent
le Duc de Cumberland au Choeur. S. A. R.
marchant entre les deux Chevaliers , fut menée
directement à fon Eftrade , le Roy l'ayant , à
caufe de fon grand âge , difpenfé du ferment
que les Chevaliers doivent prêter avant que d'y
entrer.
-Les deux Chevaliers ayant reçu des mains de
Garter, affifté du Chancelier de l'Ordre , le Man-
H vj
teau,
1656 MERCURE DE FRANCE
teau , le Chaperon , & le grand Collier de l'Ordre
, en revêtirent le Duc de Cumberland , &
après avoir préfenté à S. A. R. le Livre des Statuts
de l'Ordre , ils luy mirent fur la tête le Bonnet
de l'Ordre , & la firent affeoir . Le Duc de
Cumberland fe leva auffi -tôt ; & après qu'il eût
fait fes revérences , les deux Chevaliers l'embraf
ferent , & fe rendirent enfuite à leur place.
On obferva les mêmes Cerémonies pour l'Inallation
des Comtes de Cheſterfield & de Burlington
, avec cette difference que les deux nouveaux
Chevaliers prêterent ferment à leur en
trée dans le Choeur , ce qui fe fait de la maniere
fuivante. Garter ayant à ſa droite le Greffier de
l'Ordre , porta le Nouveau Teftament & la forme
du Serment , & à fa gauche l'Huiffier à la
verge noire , s'approche du Chevalier ; l'Huiffier
prend enfuite le Nouveau Teftament , le tient
ouvert , & le Chevalier met la main droite fur
ce Livre , pendant que le Greffier lit tout haut le
Serment ordinaire , après quoy le Chevalier baife
le Livre.
Après que les deux Comtes eurent été inſtalez
, le Comte de Chefterfield par le Duc de Kent
& par le Comte de Strafford , & le Comte de
Burlington par le Comte de Peterboroug & par
le Duc de Dorfet , an commença le Service Divin
, qui fut interrompu pour faire les Offrandes
ordinaires ; ce qui fe fit de la maniere fuivante :
Les Chevaliers ayant été fommez par Garter de
defcendre de leurs Eftradęs , allerent , après les
revérences ordinaires , fe mettre fous leurs Bannieres
, le Prince de Calles & le Duc de Cumberland
firent la même chofe. Le Prelat de l'Ordre
accompagné de deux Chanoines , fe mit devant
l'Autel , tenant le Baffin d'or deſtiné pour
recevoir les Offrandes des Chevaliers.
Enfuite
JUILLET . 1730. 1657.
Enfuite le Roy proceffionellement alla à l'Autel :
Sa M. étoit précedée par Garter , le Greffier &
le Chancelier de l'Ordre , & par le Duc de Saint
Albans , portant l'Epée d'Etat : le Duc de Somerset
, nommé par le Roy pour luy préfenter
l'Offrande , & le Duc de Grafton , en qualité de
Chambellan de la Maifon de S. M. fe mirent
derriere le Roy , le premier à la droite , & l'autre
à la gauche. S. M. en fe levant de fa place
pour aller à l'Offrande , fit une revérence vers
' Autel ; elle en fit une ſeconde vers le milieu da
Choeur , & une troifiéme en approchant de la
balustrade de l'Autel . Le Roy y étant arrivé , fe
mit à genoux fur deux carreaux placez fur un
riche tapis , ôta fon bonnet , & mit dans le baffin
P'Offrande qui luy avoit été préfentée par le Duc
de Somerfet ; après quoy S. M. fit en fe levant
une reverence , une feconde au bas du degré ,
une troifiéme au milieu du Choeur , & une quatriéme
lorfqu'elle fut retournée à fa place , toutes
vers l'Autel.
.
Ceux qui avoient accompagné le Roy firent
de pareilles revérences , & retournerent , les deux
Chevaliers fous leur Banniere , & les autres à
leurs places refpectives .
t
On avoit pendant ce temps- là ôté le riche Tapis
& les deux Carreaux , fur lesquels le Roy
s'étoit mis à genoux , & on en avoit mis d'autres
pour les Chevaliers qui furent conduits á
PAutel par
deux Heraults d'armes , & ils firent
leurs Offrandes. Le Prince de Galles y alla le premiet
, enfuite le Duc de Cumberland , & enfuite
les autres Chevaliers , chacun fuivant "fon ancienneté.
Les Chevaliers & les Officiers de l'Or
dre ayant repris leurs places , on continua le
Service Divin , après lequel les pauvres Chevaliers
& les Chanoines fortirent en proceffion de
la
1658 MERCURE DE FRANCE.
la Chapelle , & allerent fe ranger dans la Sale
des Gardes.
Les Heraults d'armes , les Chevaliers & les
. Officiers de l'Ordre fortirent de la même maniere
, & allerent dans la Sale de Prefence ; ils
furent fuivis par le Roy , précedé du Vice-
Chambellan , portant l'Epée d'Etat , du Chancelier
& du Prelat de l'Ordre , du Duc de Cum →
berland , & du Prince de Galles. S. M. paffa par
la Salle de Prefence , y falua les Chevaliers en
ôtant fon Bonnet , & fe retira dans fon Appartement.
Le Dîner étant prêt , le Roy fe rendit en proceffion
, précedé des Heraults d'armes , des Chevaliers
, du Duc de Cumberland , du Prince de
Galles , & du Prelat de l'Ordre , dans la Sale de
S. George. S. M. y étant arrivée , fe mit à table,
ayan à fa droite le Prince de Galles , & à fa
gauche le Duc de Cumberland . Les Chevaliers
fe mirent à une autre table ; ils étoient rangez
fur une même ligne , & avoient le Bonnet fur la
tête. Après le premier Service , on porta au Roy
une Coupe d'or , & S. M. but aux Chevaliers
qui fe tinrent debout & découverts , & après
qu'on eût porté à chaque Chevalier un verre de
ils firent raiſon au Roy , & ſe remirent à
leurs places.
vin ,
Le fecond Service étant fini , Garter s'étant
approché de la Table du Roy avec les ceremo
nies ordinaires , cria trois fois Largeffe , & pro
nonça les Titres du Roy en Latin , en François
& en Anglois. S'étant enfuite tourné vers le Duc
de Cumberland , il cria deux fois Largeffe , &
prononça pareillement les Titres de S. A. R. en
Anglois feulement ; ce qui étant fait , il s'approcha
de la Table des Chevaliers , & cria une fois
Largeffe pour le Comte de Chesterfield , & une
autre
JUILLET . 1730. 165s
autre fois pour le Comte de Burlington , & pro
nonça auffi leurs Titres en Anglois, Après qu'on
eût dîné les Chevaliers fe leverent , & fe rangerent
dans la Sale ; le Prelat de l'Ordre dit enfuite
Graces , après quoy les Chevaliers firent
une revérence au Roy , qui ôta fon Bonnet & les
falua. S. M. précedée des Chevaliers & des Officiers
de l'Ordre , fe rendit enfuite dans la Sale
de S George , dans celle de Prefence , d'où après
les avoir encore faluez , il fe retira dans fon Appartement.
Cumberland & des Comtes de Chefter
field & de Burlington , Chevaliers de
l'Ordre de la Jarretiere, faite à windfor, le
29 Juin dernier.
Lalla
Es Chevaliers qui étoient prefens à cette Inf
tallation étoient LE ROY , Souverain de
l'Ordre , le Pr. de Galles , les Ducs de Somerset ,
d'Argyle , de Kent , de Dorfet , de Montagu , de
Newcaſtle , de Grafton , de Bolton,de Richmond;
les Comtes de S :rafford , de Peterborough & de
Scarborough ; & le Chevalier Robert Walpole
Après que les Chevaliers, les Officiers de l'Ordre,
les pauvres Chevaliers , les Chanoines de la Cha
pelle de S. George, & les autres perfonnes qui ont
droit d'affifter a l'Installation , eurent pris leurs
places dans cette Chapelle , le Roy y entra, & fut
reçu par les Chevaliers. Il fe rendit enfuite en
Proceffion dans la Chambre du Chapitre . Le Duc
de Cumberland & les Comtes de Cheſterfield &
de Burlington refterent à l'entrée de cette Chambre
fur des Chaifes qu'on y avoit placées pour
eux .
Le Roy ayant nommé M. Anftis pour exercer
la charge de Garter, ou premier Heraut d'Armes
d'Angleterre. S. M. lui ordonna d'introduire dans
la Chambre le Duc de Cumberland. S. A. R. füt
reçue à la porte par les deux plus anciens Chevaliers
, qui font les Ducs de Somerfet & d'Argyle,
lefquels conduifirent le Duc de Cumberland au
haut bout de la Chambre. Garter prefenta la Robe
de S.A.R. aux Chevaliers, qui l'en revêtirent ,
Hy pendant
1654 MERCURE DE FRANCE
pendant que le Chancelier de l'Ordre lifoit l'Admonition.
Prenez cette Robe , &c. Les mêmes
Chevaliers mirent enfuite à S. A. R. fa Ceinture
& fon Epée.Garter introduifit auffi les deux Comtes
, qui furent reçûs avec les mêmes ceremonies
par les deux plus jeunes Chevaliers ; fçavoir le
Duc de Richmond & le Chevalier Robert Walpole
, après quoi on fe rendit en Proceffion dans
le Choeur de la Chapelle. Cette Proceffion fe fit
avec beaucoup de ceremonie.
Les pauvres Chevaliers & les Chanoines de la
Chapelle y entrerent deux à deux , firent le tour
du Choeur, & ayant fait la révérence devant l'Autel
& l'Eftrade deftinée pour le Roy , ils fe mirent
à leurs places. Les Chevaliers de l'Ordre entrerent
enfuite, & après avoir fait de pareilles révérences
, ils fe mirent fous leurs Bannieres. Les
Officiers & les Prélats de l'Ordre y entrerent avec
les mêmes cérémonles ; & après eux vint le Roy,
précédé du Duc de S.Albans , portant l'Epée d'Etat.
La queue de la Robe de S.M. étoit portée par
les Fils ainez des Ducs de Grafton & de Dorfet, &
par le Maître de la Garde- Robe. Le Roy après
avoir fait la révérence devant l'Autel , fe mit fur
fon Eftrade. Enfuite Garter vint au milieu du
Choeur , y fit fes révérences , tenant le Sceptre
dans la main , & fe tourna vers le Pr, de Galles ,
qui là - deffus quitta fa Banniere ; & après avoir
fait la révérence devant l'Autel & le Roy , il alla
s'affeoir fur fa place , les autres Chevaliers refterent
debout fous leurs Bannieres.
L'Evêque de Winchefter , Prélat de l'Ordre ,
ayant été conduit à l'Autel avec deux Chanoines
de la Chapelle, Garter prit la Banniere du feu Duc
d'York , qu'il remit aux deux plus anciens Chevaliers
, & ceux-cy, après les révérences ordinaires,
la porterent au Prélat de l'Ordre, qui la donna
JUILLET . 1730. 1655
na aux deux Chanoines , pour la placer à côté de
l'Autel. Garter remit enfuite l'Epée du feu Duc
d'York au Duc de Kent & au Comte de Stafford,
& le Cafque avec le Cimier au Comte de Peterborough
& au Duc de Dorfet , qui porterent pareillement
ces Enfeignes au Prélat de l'Ordre, La
même cérémonie fut obfervée touchant la Banniere
, l'Epée & le Cafque des feus Ducs de Devonshire
& Comte de Lincoln .
Aprés cette cérémonie,Garter fe rendit au milieu
du Choeur , fit fes révérences ordinaires ; 86
s'étant tourné vers le plus ancien Chevalier , il lui
fit un figne de fa Verge. Le Chevalier quitta làdeffus
fa Banniere & alla fe mettre à fa place fur
l'Eftrade. Garter fit la même chofe aux autres
Chevaliers,à chacun fuivant fon ancienneté.Après
que tous les Chevaliers eurent pris leurs places ,
Garder appella les deux plus anciens Chevaliers
nommez.par le Roy ,, pour inſtaller le Duc de
Cumberland.
2
Ces deux Chevaliers defcendirent de leur Eftrade,'
& s'étant remis fous leurs Bannieres , les pauvres
Chevaliers & les Hérauts d'Armes fortirent de la
Chapelle , marcherent proceffionellement vers la
Chambre du Chapitre , & fe rangerent aux deux
côtez de la Porte.
Les deux plus anciens Chevaliers , accompagnez
des Officiers de l'Ordre , entrerent enfuite
dans la chambre du Chapitre , d'où ils conduifirent
le Duc de Cumberland au Choeur. S. A. R.
marchant entre les deux Chevaliers , fut menée
directement à fon Eftrade , le Roy l'ayant , à
caufe de fon grand âge , difpenfé du ferment
que les Chevaliers doivent prêter avant que d'y
entrer.
-Les deux Chevaliers ayant reçu des mains de
Garter, affifté du Chancelier de l'Ordre , le Man-
H vj
teau,
1656 MERCURE DE FRANCE
teau , le Chaperon , & le grand Collier de l'Ordre
, en revêtirent le Duc de Cumberland , &
après avoir préfenté à S. A. R. le Livre des Statuts
de l'Ordre , ils luy mirent fur la tête le Bonnet
de l'Ordre , & la firent affeoir . Le Duc de
Cumberland fe leva auffi -tôt ; & après qu'il eût
fait fes revérences , les deux Chevaliers l'embraf
ferent , & fe rendirent enfuite à leur place.
On obferva les mêmes Cerémonies pour l'Inallation
des Comtes de Cheſterfield & de Burlington
, avec cette difference que les deux nouveaux
Chevaliers prêterent ferment à leur en
trée dans le Choeur , ce qui fe fait de la maniere
fuivante. Garter ayant à ſa droite le Greffier de
l'Ordre , porta le Nouveau Teftament & la forme
du Serment , & à fa gauche l'Huiffier à la
verge noire , s'approche du Chevalier ; l'Huiffier
prend enfuite le Nouveau Teftament , le tient
ouvert , & le Chevalier met la main droite fur
ce Livre , pendant que le Greffier lit tout haut le
Serment ordinaire , après quoy le Chevalier baife
le Livre.
Après que les deux Comtes eurent été inſtalez
, le Comte de Chefterfield par le Duc de Kent
& par le Comte de Strafford , & le Comte de
Burlington par le Comte de Peterboroug & par
le Duc de Dorfet , an commença le Service Divin
, qui fut interrompu pour faire les Offrandes
ordinaires ; ce qui fe fit de la maniere fuivante :
Les Chevaliers ayant été fommez par Garter de
defcendre de leurs Eftradęs , allerent , après les
revérences ordinaires , fe mettre fous leurs Bannieres
, le Prince de Calles & le Duc de Cumberland
firent la même chofe. Le Prelat de l'Ordre
accompagné de deux Chanoines , fe mit devant
l'Autel , tenant le Baffin d'or deſtiné pour
recevoir les Offrandes des Chevaliers.
Enfuite
JUILLET . 1730. 1657.
Enfuite le Roy proceffionellement alla à l'Autel :
Sa M. étoit précedée par Garter , le Greffier &
le Chancelier de l'Ordre , & par le Duc de Saint
Albans , portant l'Epée d'Etat : le Duc de Somerset
, nommé par le Roy pour luy préfenter
l'Offrande , & le Duc de Grafton , en qualité de
Chambellan de la Maifon de S. M. fe mirent
derriere le Roy , le premier à la droite , & l'autre
à la gauche. S. M. en fe levant de fa place
pour aller à l'Offrande , fit une revérence vers
' Autel ; elle en fit une ſeconde vers le milieu da
Choeur , & une troifiéme en approchant de la
balustrade de l'Autel . Le Roy y étant arrivé , fe
mit à genoux fur deux carreaux placez fur un
riche tapis , ôta fon bonnet , & mit dans le baffin
P'Offrande qui luy avoit été préfentée par le Duc
de Somerfet ; après quoy S. M. fit en fe levant
une reverence , une feconde au bas du degré ,
une troifiéme au milieu du Choeur , & une quatriéme
lorfqu'elle fut retournée à fa place , toutes
vers l'Autel.
.
Ceux qui avoient accompagné le Roy firent
de pareilles revérences , & retournerent , les deux
Chevaliers fous leur Banniere , & les autres à
leurs places refpectives .
t
On avoit pendant ce temps- là ôté le riche Tapis
& les deux Carreaux , fur lesquels le Roy
s'étoit mis à genoux , & on en avoit mis d'autres
pour les Chevaliers qui furent conduits á
PAutel par
deux Heraults d'armes , & ils firent
leurs Offrandes. Le Prince de Galles y alla le premiet
, enfuite le Duc de Cumberland , & enfuite
les autres Chevaliers , chacun fuivant "fon ancienneté.
Les Chevaliers & les Officiers de l'Or
dre ayant repris leurs places , on continua le
Service Divin , après lequel les pauvres Chevaliers
& les Chanoines fortirent en proceffion de
la
1658 MERCURE DE FRANCE.
la Chapelle , & allerent fe ranger dans la Sale
des Gardes.
Les Heraults d'armes , les Chevaliers & les
. Officiers de l'Ordre fortirent de la même maniere
, & allerent dans la Sale de Prefence ; ils
furent fuivis par le Roy , précedé du Vice-
Chambellan , portant l'Epée d'Etat , du Chancelier
& du Prelat de l'Ordre , du Duc de Cum →
berland , & du Prince de Galles. S. M. paffa par
la Salle de Prefence , y falua les Chevaliers en
ôtant fon Bonnet , & fe retira dans fon Appartement.
Le Dîner étant prêt , le Roy fe rendit en proceffion
, précedé des Heraults d'armes , des Chevaliers
, du Duc de Cumberland , du Prince de
Galles , & du Prelat de l'Ordre , dans la Sale de
S. George. S. M. y étant arrivée , fe mit à table,
ayan à fa droite le Prince de Galles , & à fa
gauche le Duc de Cumberland . Les Chevaliers
fe mirent à une autre table ; ils étoient rangez
fur une même ligne , & avoient le Bonnet fur la
tête. Après le premier Service , on porta au Roy
une Coupe d'or , & S. M. but aux Chevaliers
qui fe tinrent debout & découverts , & après
qu'on eût porté à chaque Chevalier un verre de
ils firent raiſon au Roy , & ſe remirent à
leurs places.
vin ,
Le fecond Service étant fini , Garter s'étant
approché de la Table du Roy avec les ceremo
nies ordinaires , cria trois fois Largeffe , & pro
nonça les Titres du Roy en Latin , en François
& en Anglois. S'étant enfuite tourné vers le Duc
de Cumberland , il cria deux fois Largeffe , &
prononça pareillement les Titres de S. A. R. en
Anglois feulement ; ce qui étant fait , il s'approcha
de la Table des Chevaliers , & cria une fois
Largeffe pour le Comte de Chesterfield , & une
autre
JUILLET . 1730. 165s
autre fois pour le Comte de Burlington , & pro
nonça auffi leurs Titres en Anglois, Après qu'on
eût dîné les Chevaliers fe leverent , & fe rangerent
dans la Sale ; le Prelat de l'Ordre dit enfuite
Graces , après quoy les Chevaliers firent
une revérence au Roy , qui ôta fon Bonnet & les
falua. S. M. précedée des Chevaliers & des Officiers
de l'Ordre , fe rendit enfuite dans la Sale
de S George , dans celle de Prefence , d'où après
les avoir encore faluez , il fe retira dans fon Appartement.
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Résumé : INSTALLATION du Duc de Cumberland & des Comtes de Chesterfield & de Burlington, Chevaliers de l'Ordre de la Jarretiere, faite à Windsor, le 29 Juin dernier.
Le 29 juin, le Duc de Cumberland et les Comtes de Chesterfield et de Burlington ont été installés comme Chevaliers de l'Ordre de la Jarretière à Windsor. La cérémonie, présidée par le Roi, Souverain de l'Ordre, a réuni plusieurs dignitaires, dont le Prince de Galles et divers Ducs et Comtes. La procession a débuté dans la Chapelle de Saint-Georges, où les participants ont pris leurs places respectives. Le Duc de Cumberland a été introduit par le Garter, ou premier Héraut d'Armes, et revêtu de la robe de l'Ordre par les Ducs de Somerset et d'Argyle. Les Comtes de Chesterfield et de Burlington ont été introduits de manière similaire par les Ducs de Richmond et Robert Walpole. Après les cérémonies d'investiture, les nouveaux Chevaliers ont prêté serment et ont été conduits à leurs places. La cérémonie s'est poursuivie par un service divin, des offrandes à l'autel, et un dîner où le Roi a porté un toast aux nouveaux Chevaliers. Les titres des nouveaux Chevaliers ont été proclamés par le Garter, et la cérémonie s'est conclue par des salutations et des prières.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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36
p. 1678-1682
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rouen, le 1 Juin 1730. au sujet de la Cérémonie de la FIERTE.
Début :
La Cérémonie de la FIERTE s'est faite icy le jour de l'Ascension comme à l'ordinaire [...]
Mots clefs :
Criminels, Absolution, Cérémonie, Rouen, Église, Prison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rouen, le 1 Juin 1730. au sujet de la Cérémonie de la FIERTE.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rouen,
le 1 Juin 1730.anfujet de la Cérémonie de
la FIERTE.
A Cérémonie de la FIERTE s'eft faite
Licy lejeme det de la FUERTE s'eft
LA
dinaire , avec un grand concours de Peuple
& d'Etrangers , que cette curiofité attire
tous les ans , pour voir ce qui fe paffe
au fujet du Prifonnier qu'on y délivre.
C'eſt un des plus anciens monumens de
la piété de nos Rois , & une conceffion des.
plus authentiques qu'ils ayent jamais faite
aucune Eglife de leur Royaume.
Ca
JUILLET. 1730. 1679
Ce Privilege de la ( a ) Fierte, ou Châſſe
de S. Romain , confifte dans l'abfolution
d'un Criminel & de fes complices , à la
Fête de l'Afcenfion ; pourvu qu'il ne foit
pas accufé de crime de Léze- Majefté, d'Héréfie
, de Faufle monnoye,de Viol ou d'Aſfaffinat
de guet-à-pens . Dans le choix que
le Chapitre de l'Eglife Métropolitaine &
Primatialle de Rouen , fait de celui qui
doit jouir de ce Privilege , il obſerve tresreligieufement
la forme ancienne de cette
ceremonie.
"
Le Lundy quinziéme jour avant les Rogations
, il députe au Parlement,à la Cour
des Aydes & au Préfidial quatre Chanoines
pour vérifier & infinuer le Privilege
afin que depuis ce jour- là jufqu'à ce qu'il
ait eu fon effet , aucun Criminel des Prifons
de la Ville & des Faubourgs ne foit
transféré , mis à la queſtion , ni exécuté.
Pendant les trois jours des Rogations, le
Chapitre nomme deux Chanoines Prêtres,
qui le tranfportent dans les Prifons avec
fe Greffier , pour y entendre les confeſfions
des Criminels qui prétendent au Privilege,
& pour recevoir leurs déclarations
fur les cas dont on les accufe.
Le jour de l'Afcenfion , le Chapitre
compofé feulement des Chanoines- Prê
( a ) Flerte , mot corrompu du Latin , Feretrum
, Cereneil , &cg
Tres
1680 MERCURE DE FRANCE
tres , s'affemble
pour
l'élection
du criminel
qui doit
être
délivré
. Après
avoir
invoqué
le S. Efprit
, & fait
ferment
de
garder
le fecret
, on fait
la lecture
des
confeffions
des
prifonniers
, qui
font
brûlées
dans
le même
lieu
, fi - tôt
que
la
Grace
du criminel
eft admife
.
L'Election faite , le nom du criminel
eft porté au Parlement , qui ordonne à
deux Huiffiers d'aller avec le Chapelain
de S. Romain , le prendre dans la prifone
Ils le conduifent au Parlement , où il eft
mis fur la fellette. Après qu'il a été
interrogé , & que fes informations ont été
rapportées , fa remiffion eft admife fur les
Conclufions du Procureur General . Enfuite
le Premier Préfident luy fait une
correction ; & l'ayant déclaré abſous , il
le renvoye au Chapitre , pour le faire
joüir du Privilege de S. Romain ..
L'Eglife Metropolitaine va enfuite proceffionnellement
à la vieille Tour , ancien
Palais des Ducs de Normandie . On y
conduit le prifonnier , & il y reçoit une
feconde correction du Celebrant , qui luifait
porter la Fierte ou Châffe de S. Romain
jufqu'à la grande Eglife, où il feprof
terne aux pieds de chaque Chanoine ; il
quitte fes fers à la Chappelle de S. Romain
; & après avoir entendu la Meffe
qui eft quelquefois differée jufqu'à fix
heures
و
JUILLET . 1730. 1687
heures du foir , à caufe des conteftations
qui furviennent touchant fon élection
il va à la Vicomté de l'Eau , où le Prieur
du Monaftere de Bonnes - Nouvelles , Ordre
de S. Benoît , luy fait encore une remontrance
.
Le lendemain il reçoit une derniere
correction en plein Chapitre , devant tout
le peuple , tête nue , & à genoux . Delà il
eft conduit au Confeffionnal du Grand-
Penitencier qui entend fa confeffion .
Après cette efpece d'amende honorable il
eft renvoyé.
,
Ce qui a donné lieu à ce Privilege , ſelon
la tradition , c'eft que Saint Romain,
Archevêque de Rouen , ayant été averti
que dans la forêt de Rouvray , près des
faubourgs de la Ville , un ferpent d'une
grandeur monstrueufe faifoit des dégats
horribles , il réfolut de l'aller chaffer , &
demanda pour l'accompagner deux hommes
retenus dans les prifons , l'un con
vaincu de meurtre , & l'autre de vol. Le
voleur s'enfuit fi-tôt qu'il vit le ferpent,
le meurtrier demeura & ne quitta point
le faint Prélat , qui jetta fon Etole au cou
de la bête , la fit conduire par ce prifonnier
jufqu'à la Place publique de la Ville,
où elle fe laiffa attacher , & fut brûlée ;
après quoy on fit grace au meurtrier qui
ne s'étoit point épouventé. S. Ouen, fucceffeur
1682 MERCURE DE FRANCE
3
,
ceffeur de S. Romain , pour conferver la
memoire de ce miracle , obtint du Roy ,
Dagobert , dont il étoit Chancelier , le
Privilege en queftion , tel qu'il s'obferve
encore aujourd'huy.
le 1 Juin 1730.anfujet de la Cérémonie de
la FIERTE.
A Cérémonie de la FIERTE s'eft faite
Licy lejeme det de la FUERTE s'eft
LA
dinaire , avec un grand concours de Peuple
& d'Etrangers , que cette curiofité attire
tous les ans , pour voir ce qui fe paffe
au fujet du Prifonnier qu'on y délivre.
C'eſt un des plus anciens monumens de
la piété de nos Rois , & une conceffion des.
plus authentiques qu'ils ayent jamais faite
aucune Eglife de leur Royaume.
Ca
JUILLET. 1730. 1679
Ce Privilege de la ( a ) Fierte, ou Châſſe
de S. Romain , confifte dans l'abfolution
d'un Criminel & de fes complices , à la
Fête de l'Afcenfion ; pourvu qu'il ne foit
pas accufé de crime de Léze- Majefté, d'Héréfie
, de Faufle monnoye,de Viol ou d'Aſfaffinat
de guet-à-pens . Dans le choix que
le Chapitre de l'Eglife Métropolitaine &
Primatialle de Rouen , fait de celui qui
doit jouir de ce Privilege , il obſerve tresreligieufement
la forme ancienne de cette
ceremonie.
"
Le Lundy quinziéme jour avant les Rogations
, il députe au Parlement,à la Cour
des Aydes & au Préfidial quatre Chanoines
pour vérifier & infinuer le Privilege
afin que depuis ce jour- là jufqu'à ce qu'il
ait eu fon effet , aucun Criminel des Prifons
de la Ville & des Faubourgs ne foit
transféré , mis à la queſtion , ni exécuté.
Pendant les trois jours des Rogations, le
Chapitre nomme deux Chanoines Prêtres,
qui le tranfportent dans les Prifons avec
fe Greffier , pour y entendre les confeſfions
des Criminels qui prétendent au Privilege,
& pour recevoir leurs déclarations
fur les cas dont on les accufe.
Le jour de l'Afcenfion , le Chapitre
compofé feulement des Chanoines- Prê
( a ) Flerte , mot corrompu du Latin , Feretrum
, Cereneil , &cg
Tres
1680 MERCURE DE FRANCE
tres , s'affemble
pour
l'élection
du criminel
qui doit
être
délivré
. Après
avoir
invoqué
le S. Efprit
, & fait
ferment
de
garder
le fecret
, on fait
la lecture
des
confeffions
des
prifonniers
, qui
font
brûlées
dans
le même
lieu
, fi - tôt
que
la
Grace
du criminel
eft admife
.
L'Election faite , le nom du criminel
eft porté au Parlement , qui ordonne à
deux Huiffiers d'aller avec le Chapelain
de S. Romain , le prendre dans la prifone
Ils le conduifent au Parlement , où il eft
mis fur la fellette. Après qu'il a été
interrogé , & que fes informations ont été
rapportées , fa remiffion eft admife fur les
Conclufions du Procureur General . Enfuite
le Premier Préfident luy fait une
correction ; & l'ayant déclaré abſous , il
le renvoye au Chapitre , pour le faire
joüir du Privilege de S. Romain ..
L'Eglife Metropolitaine va enfuite proceffionnellement
à la vieille Tour , ancien
Palais des Ducs de Normandie . On y
conduit le prifonnier , & il y reçoit une
feconde correction du Celebrant , qui luifait
porter la Fierte ou Châffe de S. Romain
jufqu'à la grande Eglife, où il feprof
terne aux pieds de chaque Chanoine ; il
quitte fes fers à la Chappelle de S. Romain
; & après avoir entendu la Meffe
qui eft quelquefois differée jufqu'à fix
heures
و
JUILLET . 1730. 1687
heures du foir , à caufe des conteftations
qui furviennent touchant fon élection
il va à la Vicomté de l'Eau , où le Prieur
du Monaftere de Bonnes - Nouvelles , Ordre
de S. Benoît , luy fait encore une remontrance
.
Le lendemain il reçoit une derniere
correction en plein Chapitre , devant tout
le peuple , tête nue , & à genoux . Delà il
eft conduit au Confeffionnal du Grand-
Penitencier qui entend fa confeffion .
Après cette efpece d'amende honorable il
eft renvoyé.
,
Ce qui a donné lieu à ce Privilege , ſelon
la tradition , c'eft que Saint Romain,
Archevêque de Rouen , ayant été averti
que dans la forêt de Rouvray , près des
faubourgs de la Ville , un ferpent d'une
grandeur monstrueufe faifoit des dégats
horribles , il réfolut de l'aller chaffer , &
demanda pour l'accompagner deux hommes
retenus dans les prifons , l'un con
vaincu de meurtre , & l'autre de vol. Le
voleur s'enfuit fi-tôt qu'il vit le ferpent,
le meurtrier demeura & ne quitta point
le faint Prélat , qui jetta fon Etole au cou
de la bête , la fit conduire par ce prifonnier
jufqu'à la Place publique de la Ville,
où elle fe laiffa attacher , & fut brûlée ;
après quoy on fit grace au meurtrier qui
ne s'étoit point épouventé. S. Ouen, fucceffeur
1682 MERCURE DE FRANCE
3
,
ceffeur de S. Romain , pour conferver la
memoire de ce miracle , obtint du Roy ,
Dagobert , dont il étoit Chancelier , le
Privilege en queftion , tel qu'il s'obferve
encore aujourd'huy.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Rouen, le 1 Juin 1730. au sujet de la Cérémonie de la FIERTE.
La cérémonie de la FIERTE, ou Châsse de Saint Romain, se tient annuellement à Rouen et rassemble un grand nombre de participants. Ce privilège, l'un des plus anciens monuments de la piété des rois de France, permet l'absolution d'un criminel et de ses complices lors de la fête de l'Ascension. Cependant, cette grâce n'est pas accordée aux criminels accusés de lèse-majesté, d'hérésie, de fausse monnaie, de viol ou d'assassinat de guet-à-pens. La procédure débute le lundi quinzième jour avant les Rogations, lorsque quatre chanoines sont envoyés au Parlement, à la Cour des Aydes et au Présidial pour vérifier et insérer le privilège. Pendant les trois jours des Rogations, deux chanoines et un greffier recueillent les confessions des criminels prétendant au privilège. Le jour de l'Ascension, les chanoines se réunissent pour élire le criminel à délivrer. Après lecture des confessions, le nom du criminel est porté au Parlement, qui ordonne son transfert et son interrogatoire. Une fois sa rémission admise, il est conduit en procession à la vieille Tour, où il reçoit une correction et porte la châsse de Saint Romain jusqu'à la grande église. Il y reçoit une messe et est finalement renvoyé après une confession et une amende honorable. Selon la tradition, ce privilège trouve son origine dans un miracle attribué à Saint Romain, archevêque de Rouen, qui délivra un prisonnier ayant fait preuve de courage face à un serpent monstrueux. Son successeur, Saint Ouen, obtint du roi Dagobert le privilège qui est encore observé de nos jours.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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37
p. 2740-2741
Prise de possession de S. Jean de Latran.
Début :
Le 19. Novembre, le Pape se rendit le matin du Palais du Quirinal à celui du Vatican [...]
Mots clefs :
Pape, Cardinaux, Cérémonie, Officiers, Chevaux, Trône, Vatican
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Prise de possession de S. Jean de Latran.
Prife de poffeffion de S. Jean de Latran.
L
E 19. Novembre , le Pape fe rendit le matin
du Palais du Quirinal à celui du Vatican,
où fa S. dîna. L'après midi , les Cardinaux , les
Prélats & les Seigneurs Romains qui avoient rang
dans la Cerémonie , s'y étant rendus , la marche
fe fit dans l'ordre fuivant, Un détachement des.
chevaux Legers de la Garde , habillés de drap
écarlatte galonné d'or , fortit du Palais , ayant à
fa tête le Marquis Caponi , Grand - Maréchal
des Logis du Pape . Il fut fuivi des Officiers de
la Chambre & de la livrée des Cardinaux , de
leurs Maffiers à cheval , de leurs Gentilshommes
& de la principale Nobleffe à cheval , ayant
livriée à fes cûtés .
fa
A quelque distance marchoient les bas Officiers
du Palais Apoftolique , la Haquenée du Pape couverte
d'un magnifique caparaçon , les litières de
S. S. fon Grand-Ecuyer , les Trompettes des Cheyaux
Legers de la Garde , les Cameriers extraor-
1. Vol dinaires
DECEMBRE. 1730 : 2741
dinaires , les Adjudans de la Chambre , les Avocats
Confiftoriaux , les Chapelains ordinaires , les
Chapelains Secrets , les Cameriers d'honneur de
Cape & d'Epée , les Cameriers d'honneur Ecclefiaftiques
, les Cameriers fecrets de Cape &
d'Epée , les Cameriers fecrets Écclefiaftiques , les
Abreviateurs , les Votans de la fignature 2. les
Clercs de la Chambre , les Auditeurs de Rote , le
Religieux Dominicain qui eft Maître du Palais
-Apoftolique, l'Ambaffadeur de laVille de Bologne,
le Prieur & les Confervateurs des Privileges du
Peuple Romain , le Connétable Colonne , Prince
du Soglio , le Gouverneur de Rome , les Maîtres
des Cerémonies Pontificales , M. Befonico , qui
étant le dernier des Auditeurs de Rote, portoit la
Croix au milieu de deux Acolites & marchoit
-immediatement devant le Pape , lequel étoit dans
un fauteuil de velours cramoifi , galonné d'or
porté fur un brancart par deux chevaux blancs ,
magnifiquement caparaçonnés . S.S. étoit entourée
de la Garde Suiffe , du refte de fa Compagnie,des
Chevaux Legers , de fes Pages , Coureurs, Palfre-
-niers , de deux Officiers portant des Ombrelles
-ou Parafols & de fes deux Maffiers à cheval. M.
Doria , Archevêque de Patraffo , Maître de la
Chambre du Pape , marchoit après S. S. au mi-
-lieu de deux Cameriers Secrets Affiftans. Il étoit
fuivi du Medecin , du Caudataire & du Maître de
la Garderobe du Pape , de deux Officiers de la
-bouche , avec leurs Cantines , du cheval que le
-Pape devoit monter , d'une chaife à porteurs , & de la Litière du Corps. Après ce Cortege marchoient
les Cardinaux
Barberin , Sous - Doyen du
Sacré College , Albani de S. Clement , Zondodari
, Belluga de S. Mathieu , Querini , Lercari , Caraffe , Borghefe , Cibo , Altieri , Alexandre
Albani, del Giudice & Rufpoli ; ils étoient fuivis
1. Vol.
I dés
2742 MERCURE DE FRANCE
des Patriarches, Archevêques &Evêques affiftans du
Trône, de l'Auditeur de S. S. & du Tréforier de
la Chambre Apoftolique. M.NeriCorfini, neveu du
Pape , marchoit au milieu des deux plus anciens
Protonotaires Apoftoliques , qui étoient fuivis des
autres Protonotaires , des Evêques non affiftans
des Referendaires des deux fignatures , des chevaux
de main & du Caroffe de S. S. devant lequel
étoient deux Trompettes de la Garde , de la Com.
pagnie des Cuiraffiers , de huit Compagnies d'Infanterie
, Enfeignes déployées , qui fe rangerent
en bataille dans la Place de S. Jean de Latran.
Le Pape étant arrivé au Capitole qui étoit tapiffé
de Velours cramoifi , avec des Crépines &
Galons d'or , le Marquis Marie Franchipani ,
en longue robbe de Sénateur , de toile d'or , accompagné
de fes Collegues , des Officiers du Capitole
, & affifté de deux Maîtres de cérémonies,
vint recevoir le Pape & lui rendre l'obédience au
nom du Sénat & du Peuple Romain. Son Difcours
fut reçû tres - favorablement de S. S. qui y
répondit en peu de mots.
>
Elle continua fa marche vers l'Arc de Triomphe
de Septime Severe, & quand on fût à une petite
diftance de celui de Tité, on trouva un autre
Arc de Triomphe , nouvellement érigé , fuivant
qu'il fe pratique en pareille cérémonie, par les Ordres
du Sereniff. Duc de Parme & de Plaiſance.
Cet Arc dont l'élevation, le gout, les riches ornemens
attirerent les regards de tous les connoiffeurs
, fut applaudi du Pape même , qui en marqua
une particuliere fatisfaction. On voyoit fur
la principale face deux grandes Statues dans des
Niches , l'une à droite, reprefentant la Charité
avec cette Infcription : Videant Pauperes &
latentur ; l'autre à gauche , fymbole de la Juftice
, avec ces mots : Juftitia ejus manet . Sur le
>
1. Velo milieu
DECEMBRE. 1730. 2743
milieu du comble de tout l'Edifice étoit pofé
entre deux Renommées , un grand Cartouche ,
contenant les Armes du Pape : avec cette Infcri
ption : CLEMENTI XII . P. O. M. genere virtutibus
praftantiffimo , Magno, Chriftiana Reipublica
bono & gaudio. Antonius Farnefius
Parma & Plac, Dux P. On lifoit cette autre Inf
cription fur la face oppofée , où les Armes du
Pape , foutenues par deux Renommées , étoient
encore répétées : AD ECCLESIAM OMNIUM
MATREM exoptatiffimi Principis iter , urbe
borbe plaudentibus , obfequentiffimè veneratur
Antonius Farnefius Parma & Plac. Dux. Il
feroit trop long de rapporter icy les autres Emblêmes
& Devifes qui ornoient toutes les parties
de ce Monument. Elles étoient toutes d'une heureufe
application & tirées pour la plupart de l'E
criture.Nous fommes auffi obligez de paffer fous
filence les autres magnificences du Duc de Parme
dans cette grande Fête. Elles brillerent fur tout
à la Façade du Jardin Farneſe , qui étoit fur la
même route , ainfi que l'Arc de Tite , à travers
duquel le Pape paffa,& le quartier des Juifs .L'Arc
de Tite étoit décoré de plufieurs Emblêmes, Devifes
, Infcriptions , &c. & on y lifoit fur divers
Rouleaux des Elegies latines à la gloire de S. S.
Le Pape fut reçû à l'entrée du Portail de l'Eglife
de S. Jean de Latran par le Card. Ottoboni
qui en eft Archiprêtre, à la tête du Chapitre.Etant
entré dans l'Eglife , ce Cardinal lui apporta la
Croix à baifer ; après quoi S. S. alla s'affeoir
fur fon Trône , préparé fous le Portique , qui
étoit tapiffé de brocard d'or & de damas. Elle y
prit les habits Pontificaux blancs & fa Mitre; alors
le Card. Ottoboni lui prefenta dans un Baffin
d'or deux Cefs , l'une d'or & l'autre d'argent.
Cette Cérémonie fut fuivie d'un Difcours latin
1. Vol. I ij très2744
MERCURE DE FRANCE
tres - éloquent que lui fit le même Cardinal ; après.
lequel les Cardinaux , les Patriarches , les Archevêques
& les Evêques qui s'étoient revêtus de
leurs habits Pontificaux dans une Salle à côté dụ
Portique , vinrent baifer les pieds du Pape ; cérémonie
qui fut enfuite obfervée par tous les Chanoines
, à chacun defquels le Tréforier de la
Chambre Apoftolique donna une Médaille d'argent.
Le Pape defcendit de fon Trône , précédé
de la Croix , des Cardinaux & des differens Or- .
dres de Prélature . Il entra dans l'Eglife donnant
l'Eau-benite à tous les affiftans. On lifoit deux
Infcriptions , l'une en dedans de la principale
Porte , & l'autre en dehors. La premiere contenoit
ce qui fuit , Ingredere, Sanctiffime Pater ,
exultantem adventu tuo comple&ere fponfam
Ecclefiarum Matrem que virtutis tua fulgoribus
illuftrata depofuit viduitatis infigne ut
novo tuorum latetur meritorum triumpho . Induit
fe veftimentis jucunditatis fua , Clementia
tua prafidio fulta nullos post hac fecura
pavebit incurfus . Pontifex pietate &munificentia
Optime , Maxime , diù vivas foelix aterno
Ecclefia decori , Corfinorum gloria perpe ,
tuo augmento. Publicè Urbis & Orbis Patri.
L'autre Infcription étoit en ces termes : Vox po
puli de Civitate , vox de Templo . Ecce venit defideratus
Gentibus fructus honoris quem dede-.
runtflores. CLEMENS XII. PONT. MAX.
occurrere latanti & facienti juftitiam . Lateranenfis
Ecclefia exultans clama magnum principium
, femita jufti recta eft , ofculate pedes ;
attolle portas ingredietur cuftodiens veritatem;
implebit Templum Majeftate nova. Parafii folium
, videbis Regem in decore fuc. Lorfque S.S.
fut arrivée dans le Choeur , elle y entonna le Te
Deum , après lequel elle fe rendit à fon Trône
I. Vol. élevé
DECEMBRE . 1730. 2743
élevé à côté du Grand Autel , où elle reçut l'obé
dience des Cardinaux qui lui baiferent la main, &
qui reçurent chacun une Médaille d'or & une
d'argent. Enfuite le Pape fut porté proceffionellement
à la grande Loge du Portail , où il donna
fa Benediction au peuple au fon des Timbales &
des Trompettes & au bruit d'une décharge gene
tale des Boëtes qui étoient rangées dans la Place.
Après la cérémonie , le Pape retourna en Chaife
à Porteurs au Palais du Quirinal.
Le foir , toute la Façade du Capitole fut ma
gnifiquement illuminée , ainfi que tous les Palais
de la Ville, & Pon fit plufieurs décharges de l'Ar
tillerie du Château S. Ange. A l'occafion de cette
cérémonie , le Pape a fait diftribuer du pain
toutes les pauvres familles , & diminuer confidérablement
le prix de la viande .
L
E 19. Novembre , le Pape fe rendit le matin
du Palais du Quirinal à celui du Vatican,
où fa S. dîna. L'après midi , les Cardinaux , les
Prélats & les Seigneurs Romains qui avoient rang
dans la Cerémonie , s'y étant rendus , la marche
fe fit dans l'ordre fuivant, Un détachement des.
chevaux Legers de la Garde , habillés de drap
écarlatte galonné d'or , fortit du Palais , ayant à
fa tête le Marquis Caponi , Grand - Maréchal
des Logis du Pape . Il fut fuivi des Officiers de
la Chambre & de la livrée des Cardinaux , de
leurs Maffiers à cheval , de leurs Gentilshommes
& de la principale Nobleffe à cheval , ayant
livriée à fes cûtés .
fa
A quelque distance marchoient les bas Officiers
du Palais Apoftolique , la Haquenée du Pape couverte
d'un magnifique caparaçon , les litières de
S. S. fon Grand-Ecuyer , les Trompettes des Cheyaux
Legers de la Garde , les Cameriers extraor-
1. Vol dinaires
DECEMBRE. 1730 : 2741
dinaires , les Adjudans de la Chambre , les Avocats
Confiftoriaux , les Chapelains ordinaires , les
Chapelains Secrets , les Cameriers d'honneur de
Cape & d'Epée , les Cameriers d'honneur Ecclefiaftiques
, les Cameriers fecrets de Cape &
d'Epée , les Cameriers fecrets Écclefiaftiques , les
Abreviateurs , les Votans de la fignature 2. les
Clercs de la Chambre , les Auditeurs de Rote , le
Religieux Dominicain qui eft Maître du Palais
-Apoftolique, l'Ambaffadeur de laVille de Bologne,
le Prieur & les Confervateurs des Privileges du
Peuple Romain , le Connétable Colonne , Prince
du Soglio , le Gouverneur de Rome , les Maîtres
des Cerémonies Pontificales , M. Befonico , qui
étant le dernier des Auditeurs de Rote, portoit la
Croix au milieu de deux Acolites & marchoit
-immediatement devant le Pape , lequel étoit dans
un fauteuil de velours cramoifi , galonné d'or
porté fur un brancart par deux chevaux blancs ,
magnifiquement caparaçonnés . S.S. étoit entourée
de la Garde Suiffe , du refte de fa Compagnie,des
Chevaux Legers , de fes Pages , Coureurs, Palfre-
-niers , de deux Officiers portant des Ombrelles
-ou Parafols & de fes deux Maffiers à cheval. M.
Doria , Archevêque de Patraffo , Maître de la
Chambre du Pape , marchoit après S. S. au mi-
-lieu de deux Cameriers Secrets Affiftans. Il étoit
fuivi du Medecin , du Caudataire & du Maître de
la Garderobe du Pape , de deux Officiers de la
-bouche , avec leurs Cantines , du cheval que le
-Pape devoit monter , d'une chaife à porteurs , & de la Litière du Corps. Après ce Cortege marchoient
les Cardinaux
Barberin , Sous - Doyen du
Sacré College , Albani de S. Clement , Zondodari
, Belluga de S. Mathieu , Querini , Lercari , Caraffe , Borghefe , Cibo , Altieri , Alexandre
Albani, del Giudice & Rufpoli ; ils étoient fuivis
1. Vol.
I dés
2742 MERCURE DE FRANCE
des Patriarches, Archevêques &Evêques affiftans du
Trône, de l'Auditeur de S. S. & du Tréforier de
la Chambre Apoftolique. M.NeriCorfini, neveu du
Pape , marchoit au milieu des deux plus anciens
Protonotaires Apoftoliques , qui étoient fuivis des
autres Protonotaires , des Evêques non affiftans
des Referendaires des deux fignatures , des chevaux
de main & du Caroffe de S. S. devant lequel
étoient deux Trompettes de la Garde , de la Com.
pagnie des Cuiraffiers , de huit Compagnies d'Infanterie
, Enfeignes déployées , qui fe rangerent
en bataille dans la Place de S. Jean de Latran.
Le Pape étant arrivé au Capitole qui étoit tapiffé
de Velours cramoifi , avec des Crépines &
Galons d'or , le Marquis Marie Franchipani ,
en longue robbe de Sénateur , de toile d'or , accompagné
de fes Collegues , des Officiers du Capitole
, & affifté de deux Maîtres de cérémonies,
vint recevoir le Pape & lui rendre l'obédience au
nom du Sénat & du Peuple Romain. Son Difcours
fut reçû tres - favorablement de S. S. qui y
répondit en peu de mots.
>
Elle continua fa marche vers l'Arc de Triomphe
de Septime Severe, & quand on fût à une petite
diftance de celui de Tité, on trouva un autre
Arc de Triomphe , nouvellement érigé , fuivant
qu'il fe pratique en pareille cérémonie, par les Ordres
du Sereniff. Duc de Parme & de Plaiſance.
Cet Arc dont l'élevation, le gout, les riches ornemens
attirerent les regards de tous les connoiffeurs
, fut applaudi du Pape même , qui en marqua
une particuliere fatisfaction. On voyoit fur
la principale face deux grandes Statues dans des
Niches , l'une à droite, reprefentant la Charité
avec cette Infcription : Videant Pauperes &
latentur ; l'autre à gauche , fymbole de la Juftice
, avec ces mots : Juftitia ejus manet . Sur le
>
1. Velo milieu
DECEMBRE. 1730. 2743
milieu du comble de tout l'Edifice étoit pofé
entre deux Renommées , un grand Cartouche ,
contenant les Armes du Pape : avec cette Infcri
ption : CLEMENTI XII . P. O. M. genere virtutibus
praftantiffimo , Magno, Chriftiana Reipublica
bono & gaudio. Antonius Farnefius
Parma & Plac, Dux P. On lifoit cette autre Inf
cription fur la face oppofée , où les Armes du
Pape , foutenues par deux Renommées , étoient
encore répétées : AD ECCLESIAM OMNIUM
MATREM exoptatiffimi Principis iter , urbe
borbe plaudentibus , obfequentiffimè veneratur
Antonius Farnefius Parma & Plac. Dux. Il
feroit trop long de rapporter icy les autres Emblêmes
& Devifes qui ornoient toutes les parties
de ce Monument. Elles étoient toutes d'une heureufe
application & tirées pour la plupart de l'E
criture.Nous fommes auffi obligez de paffer fous
filence les autres magnificences du Duc de Parme
dans cette grande Fête. Elles brillerent fur tout
à la Façade du Jardin Farneſe , qui étoit fur la
même route , ainfi que l'Arc de Tite , à travers
duquel le Pape paffa,& le quartier des Juifs .L'Arc
de Tite étoit décoré de plufieurs Emblêmes, Devifes
, Infcriptions , &c. & on y lifoit fur divers
Rouleaux des Elegies latines à la gloire de S. S.
Le Pape fut reçû à l'entrée du Portail de l'Eglife
de S. Jean de Latran par le Card. Ottoboni
qui en eft Archiprêtre, à la tête du Chapitre.Etant
entré dans l'Eglife , ce Cardinal lui apporta la
Croix à baifer ; après quoi S. S. alla s'affeoir
fur fon Trône , préparé fous le Portique , qui
étoit tapiffé de brocard d'or & de damas. Elle y
prit les habits Pontificaux blancs & fa Mitre; alors
le Card. Ottoboni lui prefenta dans un Baffin
d'or deux Cefs , l'une d'or & l'autre d'argent.
Cette Cérémonie fut fuivie d'un Difcours latin
1. Vol. I ij très2744
MERCURE DE FRANCE
tres - éloquent que lui fit le même Cardinal ; après.
lequel les Cardinaux , les Patriarches , les Archevêques
& les Evêques qui s'étoient revêtus de
leurs habits Pontificaux dans une Salle à côté dụ
Portique , vinrent baifer les pieds du Pape ; cérémonie
qui fut enfuite obfervée par tous les Chanoines
, à chacun defquels le Tréforier de la
Chambre Apoftolique donna une Médaille d'argent.
Le Pape defcendit de fon Trône , précédé
de la Croix , des Cardinaux & des differens Or- .
dres de Prélature . Il entra dans l'Eglife donnant
l'Eau-benite à tous les affiftans. On lifoit deux
Infcriptions , l'une en dedans de la principale
Porte , & l'autre en dehors. La premiere contenoit
ce qui fuit , Ingredere, Sanctiffime Pater ,
exultantem adventu tuo comple&ere fponfam
Ecclefiarum Matrem que virtutis tua fulgoribus
illuftrata depofuit viduitatis infigne ut
novo tuorum latetur meritorum triumpho . Induit
fe veftimentis jucunditatis fua , Clementia
tua prafidio fulta nullos post hac fecura
pavebit incurfus . Pontifex pietate &munificentia
Optime , Maxime , diù vivas foelix aterno
Ecclefia decori , Corfinorum gloria perpe ,
tuo augmento. Publicè Urbis & Orbis Patri.
L'autre Infcription étoit en ces termes : Vox po
puli de Civitate , vox de Templo . Ecce venit defideratus
Gentibus fructus honoris quem dede-.
runtflores. CLEMENS XII. PONT. MAX.
occurrere latanti & facienti juftitiam . Lateranenfis
Ecclefia exultans clama magnum principium
, femita jufti recta eft , ofculate pedes ;
attolle portas ingredietur cuftodiens veritatem;
implebit Templum Majeftate nova. Parafii folium
, videbis Regem in decore fuc. Lorfque S.S.
fut arrivée dans le Choeur , elle y entonna le Te
Deum , après lequel elle fe rendit à fon Trône
I. Vol. élevé
DECEMBRE . 1730. 2743
élevé à côté du Grand Autel , où elle reçut l'obé
dience des Cardinaux qui lui baiferent la main, &
qui reçurent chacun une Médaille d'or & une
d'argent. Enfuite le Pape fut porté proceffionellement
à la grande Loge du Portail , où il donna
fa Benediction au peuple au fon des Timbales &
des Trompettes & au bruit d'une décharge gene
tale des Boëtes qui étoient rangées dans la Place.
Après la cérémonie , le Pape retourna en Chaife
à Porteurs au Palais du Quirinal.
Le foir , toute la Façade du Capitole fut ma
gnifiquement illuminée , ainfi que tous les Palais
de la Ville, & Pon fit plufieurs décharges de l'Ar
tillerie du Château S. Ange. A l'occafion de cette
cérémonie , le Pape a fait diftribuer du pain
toutes les pauvres familles , & diminuer confidérablement
le prix de la viande .
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Résumé : Prise de possession de S. Jean de Latran.
Le 19 novembre, le Pape effectua un déplacement du Palais du Quirinal au Palais du Vatican. L'après-midi, une procession cérémonielle fut organisée, incluant divers dignitaires et membres de la cour pontificale. Le cortège comprenait des détachements de la Garde, des officiers de la Chambre, des gentilshommes et des nobles. Le Pape était transporté dans un fauteuil de velours cramoisi sur un brancard tiré par deux chevaux blancs, entouré par la Garde suisse, des pages et des trompettes. Les cardinaux, patriarches, archevêques et évêques suivaient derrière. La procession traversa plusieurs arcs de triomphe, dont un nouvellement érigé par le Duc de Parme, orné de statues et d'inscriptions. Au Capitole, le Pape fut accueilli par le Marquis Franchipani, qui lui rendit hommage au nom du Sénat et du peuple romain. La procession continua jusqu'à l'église Saint-Jean-de-Latran, où le Pape fut reçu par le Cardinal Ottoboni. Après avoir revêtu les habits pontificaux et écouté un discours en latin, le Pape donna la bénédiction au peuple. La cérémonie se conclut par des illuminations et des salves d'artillerie. Le lendemain, le Pape distribua du pain aux pauvres familles et réduisit le prix de la viande.
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38
p. 1693-1704
CEREMONIE faite à Metz , au sujet des nouvelles Cazernes, et de la Place de Coislin. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville, le 25. Juin 1731.
Début :
Le 6. Juin les Magistrats à cette Ville invitez par M. l'Evêque, à se rendre [...]
Mots clefs :
Metz, Cérémonie, Casernes, Architecture symétrisée, Bataillons, Officiers, Symphonie, Capitaines, Procureur-Syndic de la Ville
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texteReconnaissance textuelle : CEREMONIE faite à Metz , au sujet des nouvelles Cazernes, et de la Place de Coislin. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville, le 25. Juin 1731.
CEREMONIE faite à Metz , an
sujet des nouvelles Cazernes , et de la
Place de Coiflin . Extrait d'une Lettre
écrite de cette Ville , le 25. Juin 1731 .
L
E 6. Juin les Magistrats à cette Ville
invitez par M. l'Evêque , à se rendre
aux nouvelles Cazernes , que ce Prélat
a fait construire,et dont il vouloit faire
don à la Ville , s'y transporterent pour
en reconnoître l'état , et accepter cette
donation au nom de la Ville. Ce somptueux
Edifice élevé dans la Place du
Champ-à- Seille , consiste en deux grands
Corps de Cazernes et en un pareil nombre
de Pavillons couverts d'Ardoises , ornez
d'Architecture simétrisée , et propres à y
loger commodément trois Bataillons complets
avec tous leurs Officiers.
Là,en presence de M.de Creil, Intendant
de la Province et d'un grand nombre
d'Officiers et de personnes de consideration
, ce Prélat fit entre les mains des Magistrats
la donation de cet Edifice , et
augmenta le mérite de Présent par les
termes gracieux dont il les accompagna.
On dressa du tout un Procès verbal autentique
,
24 MERCURE DE FRANCE
16
tentique , signé des Parties interressées et
déposé dans les Archives de la Ville pour
éterniser la memoire de la liberalité de ce
Prélat. Les Officiers de Ville . persuadez
qu'il étoit de leur devoir et de leur reconnoissance
d'en informer la Cour , envoyerent
aux Ministres des copies du Procès
verbal , et eurent la satisfaction de
trouver dans la Réponse dont Son Eminence
les à honorez , des Eloges conformes
à leurs idées , et qui donnent un`nouveau
lustre et à la dignité du bienfait ,
et à la magnificence du Bienfaicteur ,
Le Projet de la Dédicace de la Place que
forment les quatre Corps de l'Edifice
ayant été proposé à M. l'Evêque , et les
Magistrats ayant obtenu de lui la permission
de le suivre et de l'executer , ils en
désignerent la Ceremonie au 20. du même
mois de Juin ; ce jour- là elle fut annoncée
au Peuple dès six heures du ma
tin par le son de la grosse Cloche , qui
fut réïteré à midy. A trois heures et demie
du soir M. le Comte de Bellille .
Commandant pour le Roi dans la Province
, ayant ordonné à la Compagnie
des Archers des Bandes et à celles des Gardes
et des Suisses du Gouvernement , de
se rendre à l'Hôtel de Ville , pour grossir
et honorer le Cortege ; l'on se mit en
marche dans l'ordre suivant :
JUILLE T. 1731 . 1695
Tous les Tambours de la Ville , au nombre
de 24. précedez du Tambour Major,
commencerent la marche; ils étoient suivis
de la Compagnie des Archers des Bandes
avec leurs Armes et leurs Hoquetons ,
ayant leurs Officiers à leur tête. Les Suisses
du Gouvernement , la Hallebarde sur
l'épaule , marchoient ensuite : les Trompettes
et les Timbales de la Garnison ,
précedoient la Compagnie des Gardes du
Gouvernement.
Les Messagers , deux à deux , avec leurs'
Casaques aux Livrées de la Ville , les suivoient
immédiatement. Après eux les 16.
Bannerots en Habits et Manteaux noirs et
l'épée au côté. Ensuite les Sergens de Ville
avec leurs Casaques de Livrée et l'épéc
au côté.
La Symphonie marchoit après , composée
de plusieurs Violons , Hautbois et
autres Instrumens,
A quelque distance marchoit le Héraut
d'Armes , superbement vétu à la Romaine
, tenant en main la Verge Magistrale,
monté sur un cheval richement harnaché,
et précedé par deux Estafiers. Le Secretaire
de la Ville seul en Toque de Velours
et en Robbe de ceremonie , précedoit
Mrsles Maîtres Echevins, aussi en Toques
de Velours avec les Cordons d'or
couverts
1696 MERCURE DE FRANCE
couverts de leurs Manteaux de Parade
accompagnez du Major et Ayde -Major
de la Milice Bourgeoise , ayant de part et
d'autre les six Hallebardiers de la Ville ,
en Casaque , la Pertuisanne sur l'épaule .
Après eux marchoient les Echevins, deux
à deux , aussi en habit de ceremonie ; ils
étoient suivis immédiatement
par M. le
Procureur -Syndic de la Ville , seul en
Robbe my-partie , le Chaperon bordé
d'Hermine sur l'épaule et leBonnet quarré.
Tous les Capitaines marchoient ensuite
et derriere eux deux Sergens et deux
Messagers de Ville fermoient la Marche.
Les Sergens Bourgeois avec leurs Hallebarde
formoient des hayes pour empêcher
le desordre et la confusion .
On se rendit dans cet ordre au Palais
Episcopal , et M " d'Augny et d'Aubustin
de Bionville , Maîtres Echevins à la tête
des Magistrats , ayant trouvé M. de Metz
dans sa grand'Salle , où il étoit accompagné
d'une Cour très - nombreuse , M. de
Bionville lui adressa la parole en ces
termes :
MONSEIGNEUR ,
Après vous avoir rendu nos très - humbles
actions de graces du Présent magnifique dont
la
JUILLET. 1731. 1.697
la Ville vient encore d'être redevable à
votre zèle et à votre liberalité, nous allons au
pied des Autels joindre nos voeux à ceux
de tous nos Habitans , et les coeurs les plus
penetrez de la plus vive reconnoissance
prier le Seigneur de verser sur les jours de
son premier Ministre , les benedictions les
plus précieuses sfasse le Ciel, MONSEIGNEUR,
et pour notre avantage et pour sa gloire , que
ces mêmes jours soient une suite de prospe
ritez et durent autant que nos desirs. C'est
le bienfait le plus flateur et le plus signalé
que nos prieres puissent obtenir de sa bonté
et de sa misericorde.
M. l'Evêque ayant répondu à ce Discours
dans les termes les plus obligeans ,
les Magistrats , precedez de leur Cortége
se rendirent à la Cathédrale , dont les
Chanoines qui y occupoient leurs Places
ordinaires , avoient agréé que le Service
se fit dans le Choeur et au grand Autel ,
M. de Pagny , Grand - Chantre , entonna
le Te Deum , qui fut chanté par une excellente
Musique , et suivi d'un Motet
dont voici les paroles tirées de l'Ecriture
Sainte . Elles expriment parfaitement le
bien et l'avantage que ce nouvel Etablis
sement procure au Peuple de Metz.
Cantemus Domino, quoniam magnificè fecit.
D Dedit.
1698 MERCURE DE FRANCE
Dedit requiem populo suo .
Pauper et inops laudabunt nomen ejus :
Quoniam magnificè fecit.
Pupillus et vidua exultabunt in domibus
suis Quoniam, &c.
Juvenes et Virgines senes cum junioribus lau»
dabunt nomen Domini. Quoniam , &c.
Cantemus Domino, quoniam magnificè fecit.
• La Musique de ce Motet , composée i
par M. Maillard , Maître de Musique de
la Cathédrale , fut très bien exécutée.
+
Après le Te Deum , les Officiers de Ville
se mirent en marche ; ils traverserent la
Place d'Armes, au son de la grosse Cloche
et de toutes celles des Paroisses de la
Ville et au bruit des Fanfares ; ils passerent
ensuite par la Place S. Louis , où ils
trouverent un Détachement de Cavalerie
de la Garnison à cheval , l'épée haute
d'où ils se rendirent enfin à la principale
Entrée des Cazernes , dont les Pilastres à
la face exterieure , servoient de soutien à
un Portique élevé en Arc de Triomphe ,
orné au Frontispice des Armes du Roi ,
de celles du Maréchal d'Alégre , Gouver
de celles de la Ville , placées de
l'un et de l'autre côté , et de celles de
M l'Evêque de Metz , peintes en grand ,
au dessous d'un Cartouche pratiqué dans
neur ,
le
JUILLET. 1731. 1699
le centre de la Décoration , et dans lequel
on lisoit cette Inscription .
ILLUSTRISSIMO
ECCLESIE PRINCIPI
HEN,CAR . DUCAMBOUT, DUCI DE COISLIN,
PRESULI MUNIFICENTISSIMO ,
IMMORTALES AGIT GRATIAS
SENATUS POPULUSQUE
METENSI S.
Les Pilastres étoient ornez de Guirlan
des de fleurs et de verdure , soutenant
quatre Cartouches , dans lesquels étoient
des Emblêmes avec leurs Devises , qui exprimoient
d'une maniere sensible que
M. l'Evêque n'accumule ses revenus que
pour les distribuer en faveur des Pauvres
et des Aurels , que la vûë du Ciel est le
premier mobile de toutes ses actions , et
que ses charitez sont d'autant plus méritoires
,qu'il tâche de les rendre secretes.
La premiere Emblême répré entoit un
Soleil attirant des vapeurs , avec cette
Devise :
Colligit ut spargat.
La seconde , une Mouche à miel sur des
feurs , avec ces mots:
Quod sugit , serviet aris.
880168
Dij La
1700 MERCURE DE FRANCE
La troisiéme , un Tournesol qui suit
toûjours le mouvement du Soleil , avec
cette Devise :
Colestes sequitur motus.
La quatrième , réprésentoit un Ver à
Soye , avec cette Inscription :
Operitur dum operatur.
La face interieure de cette Entrée et
de cet Arc de Triomphe , étoit pareillement
ornée , quoique dans un ordre
different , des mêmes Armes et des mêmes
Décorations. Dans le Cartouche du Frontispice
étoient écrits ces deux Vers d'Ovide
, qui s'appliquoient naturellement à
la reconnoissance de la Ville , et à la Place
dont elle celebroit la Dédicace.
Semper inoblità repetam tua munera mente ,
Et mea me tellus audiet esse tuum.
Les Pilastres de cette Face interieure
étoient aussi décorez de Guirlandes et de
Festons de feuillages et de fleurs , soutenant
quatre Cartouches , dans lesquels
étoient copiez ces Passages tirez de l'Ecriture
Sainte.
Desiderium Pauperum exaudivit Dominus.
Ps. 9.
Dispersit dedit Pauperibus . Ps. 111 .
Jucundus
JUILLET. 1731 . 1701
す
Jucundus homo qui miseretur. Ibid .
Non est inventus similis illi. Ecclesiast.
Les Balustres des deux côtez de l'Arc
de Triomphe , étoient encore chargez de
Caisses d'Orangers , garnies de Festons
et de Guirlandes , de même que les autres
Pieces de la Décoration .
La Comtesse de Bellifle voulut bien
être présente à cette Ceremonie. Elle
fut placée avec les Dames qui l'accompagnoient
, dans l'une des Chambres les
plus apparentes des Cazernes , dont les
fenêtres étoient ornées de Tapis.Toutes les
autres Chambres des quatre Faces qui regardent
la Place, et qui sont en très- grand
nombre , furent entierement occupées par
les Dames de la Ville , ce qui faisoit un beau
coup d'oeil , et formoit le Spectacle le plus
brillant et le plus magnifique qui ait encore
paru dans la Province.
Les Troupes étant sous les Armes et
en haye , aux quatre Faces de la Place ,
le Comte de Bellifle , Commandant
dans la Province , et le Comte de Baviere
, Commandant des Camps , s'y étant
rendus , de même que M. de Creil , Intendant
, et tous les Officiers de la Garnison
, et des deux Camps , et une infinité
de personnes de consideration , Ms de
Diij Ville ,
1702 MERCURE DE FRANCE
Ville , précedez de leur Cortege , en fi
rent le tour ; et étant parvenus au centre
de la Place , le bruit des Tambours , des
Timbales et des Trompettes cessant , ils:
ordonnerent au Herault d'Armes de publier
à haute voix l'Ordonnance de la
Ville , dont voici la teneur :
DE PAR LE ROY
Et Messieurs les Maître-Echevin , Conseillers-
Echevins et Magistrats de la
Ville et Cité de Metz.
La construction des Cazernes et des Pavillons
, que le zele , la pieté et la munifi-
Bence de Monseigneur Du CAMBOUT, DUC
DE COISLIN , EVESQUE DE METZ ,
ont fait éleverpar augmentation dans la Place
du Camp- à- Seille , pour le soulagement des
Peuples , la tranquillité desFamilles etla gloire
de la Religion , en devant être un Monument
éternel; et la Ville qui dans ce somptueux
Edifice, outre l'avantage et l'utilité publique,
trouve encore son plus bel ornement , ne pouvantdonner
des marques plus éclatantes de sa
reconnoissance, qu'en faisant passer à la posterité
la plus reculée , le souvenir de cegrand
Evenement ; il a été arrêté que la Place
formée actuellement par la construction des
Cazernes dans celle du Camp - à- Seille
portera
JUILLET. 1731. 1703
1
portera dorénavant le nom de Place DB
COISLIN ; que dans les Actes , tant publics
que particuliers , elle sera désignée sous
cette denomination; que les quatre Faces desdites
Cazernes formant un pareil nombre de
ruës differentes, celle qui conduit du Cartean
aux Celestins , sera pareillement nommée
rue de SAINT HENRY; celle qui conduit
de l'Hôpital S. Nicolas à la Haute- Seille ,
rue DU CAMBOUT ; celle qui conduit
de la Haute- Seille au Cheval Rouge , ruë
de S. CHARLES ; et celle qui conduit du
Cheval Rouge au Carteau , rue DE COISLINS
lesquels noms seront gravez en Lettres d'or
sur des Marbres incrustez dans chacune des
Faces desdites Ruës; et afin que personne n'en
prétende cause d'ignorance , sera la présente
Ordonnance solemnellement publiée dans ladite
Place , et affichée aux Carrefours et autres
lieux ordinaires et accoutumez . Fait à
PHôtel de Ville de Metz le 8. Juin 1731.
Aussi-tôt après la Publication , on entendit
un grand bruit de Tambours
Trompettes , Timbales , de Canons et de
cris de VIVE LE ROY , VIVE MONSEIGNEUR
LE DUC DE COISLIN.
I Les Comtes de Bellifle et de Baviere
assisterent à la Céremonie , accompagnez
de 7 à 800. Officiers , tant de la Garnison
que des deux Camps. Diiij Tous
1704 MERCURE DE FRANCE
Tous les Marchands et Corps de Mé
tiers tinrent leurs Boutiques fermées , de
leur plein gré toute la journée ; et le soir
il y eut de grandes Illuminations et des
Feux sur les Places et dans les ruës , où l'on
entendit de tous côtez les mêmes cris de
VIVE LE ROY , VIVE MONSEIGNEUR
LE DUC DE COISLIN.
sujet des nouvelles Cazernes , et de la
Place de Coiflin . Extrait d'une Lettre
écrite de cette Ville , le 25. Juin 1731 .
L
E 6. Juin les Magistrats à cette Ville
invitez par M. l'Evêque , à se rendre
aux nouvelles Cazernes , que ce Prélat
a fait construire,et dont il vouloit faire
don à la Ville , s'y transporterent pour
en reconnoître l'état , et accepter cette
donation au nom de la Ville. Ce somptueux
Edifice élevé dans la Place du
Champ-à- Seille , consiste en deux grands
Corps de Cazernes et en un pareil nombre
de Pavillons couverts d'Ardoises , ornez
d'Architecture simétrisée , et propres à y
loger commodément trois Bataillons complets
avec tous leurs Officiers.
Là,en presence de M.de Creil, Intendant
de la Province et d'un grand nombre
d'Officiers et de personnes de consideration
, ce Prélat fit entre les mains des Magistrats
la donation de cet Edifice , et
augmenta le mérite de Présent par les
termes gracieux dont il les accompagna.
On dressa du tout un Procès verbal autentique
,
24 MERCURE DE FRANCE
16
tentique , signé des Parties interressées et
déposé dans les Archives de la Ville pour
éterniser la memoire de la liberalité de ce
Prélat. Les Officiers de Ville . persuadez
qu'il étoit de leur devoir et de leur reconnoissance
d'en informer la Cour , envoyerent
aux Ministres des copies du Procès
verbal , et eurent la satisfaction de
trouver dans la Réponse dont Son Eminence
les à honorez , des Eloges conformes
à leurs idées , et qui donnent un`nouveau
lustre et à la dignité du bienfait ,
et à la magnificence du Bienfaicteur ,
Le Projet de la Dédicace de la Place que
forment les quatre Corps de l'Edifice
ayant été proposé à M. l'Evêque , et les
Magistrats ayant obtenu de lui la permission
de le suivre et de l'executer , ils en
désignerent la Ceremonie au 20. du même
mois de Juin ; ce jour- là elle fut annoncée
au Peuple dès six heures du ma
tin par le son de la grosse Cloche , qui
fut réïteré à midy. A trois heures et demie
du soir M. le Comte de Bellille .
Commandant pour le Roi dans la Province
, ayant ordonné à la Compagnie
des Archers des Bandes et à celles des Gardes
et des Suisses du Gouvernement , de
se rendre à l'Hôtel de Ville , pour grossir
et honorer le Cortege ; l'on se mit en
marche dans l'ordre suivant :
JUILLE T. 1731 . 1695
Tous les Tambours de la Ville , au nombre
de 24. précedez du Tambour Major,
commencerent la marche; ils étoient suivis
de la Compagnie des Archers des Bandes
avec leurs Armes et leurs Hoquetons ,
ayant leurs Officiers à leur tête. Les Suisses
du Gouvernement , la Hallebarde sur
l'épaule , marchoient ensuite : les Trompettes
et les Timbales de la Garnison ,
précedoient la Compagnie des Gardes du
Gouvernement.
Les Messagers , deux à deux , avec leurs'
Casaques aux Livrées de la Ville , les suivoient
immédiatement. Après eux les 16.
Bannerots en Habits et Manteaux noirs et
l'épée au côté. Ensuite les Sergens de Ville
avec leurs Casaques de Livrée et l'épéc
au côté.
La Symphonie marchoit après , composée
de plusieurs Violons , Hautbois et
autres Instrumens,
A quelque distance marchoit le Héraut
d'Armes , superbement vétu à la Romaine
, tenant en main la Verge Magistrale,
monté sur un cheval richement harnaché,
et précedé par deux Estafiers. Le Secretaire
de la Ville seul en Toque de Velours
et en Robbe de ceremonie , précedoit
Mrsles Maîtres Echevins, aussi en Toques
de Velours avec les Cordons d'or
couverts
1696 MERCURE DE FRANCE
couverts de leurs Manteaux de Parade
accompagnez du Major et Ayde -Major
de la Milice Bourgeoise , ayant de part et
d'autre les six Hallebardiers de la Ville ,
en Casaque , la Pertuisanne sur l'épaule .
Après eux marchoient les Echevins, deux
à deux , aussi en habit de ceremonie ; ils
étoient suivis immédiatement
par M. le
Procureur -Syndic de la Ville , seul en
Robbe my-partie , le Chaperon bordé
d'Hermine sur l'épaule et leBonnet quarré.
Tous les Capitaines marchoient ensuite
et derriere eux deux Sergens et deux
Messagers de Ville fermoient la Marche.
Les Sergens Bourgeois avec leurs Hallebarde
formoient des hayes pour empêcher
le desordre et la confusion .
On se rendit dans cet ordre au Palais
Episcopal , et M " d'Augny et d'Aubustin
de Bionville , Maîtres Echevins à la tête
des Magistrats , ayant trouvé M. de Metz
dans sa grand'Salle , où il étoit accompagné
d'une Cour très - nombreuse , M. de
Bionville lui adressa la parole en ces
termes :
MONSEIGNEUR ,
Après vous avoir rendu nos très - humbles
actions de graces du Présent magnifique dont
la
JUILLET. 1731. 1.697
la Ville vient encore d'être redevable à
votre zèle et à votre liberalité, nous allons au
pied des Autels joindre nos voeux à ceux
de tous nos Habitans , et les coeurs les plus
penetrez de la plus vive reconnoissance
prier le Seigneur de verser sur les jours de
son premier Ministre , les benedictions les
plus précieuses sfasse le Ciel, MONSEIGNEUR,
et pour notre avantage et pour sa gloire , que
ces mêmes jours soient une suite de prospe
ritez et durent autant que nos desirs. C'est
le bienfait le plus flateur et le plus signalé
que nos prieres puissent obtenir de sa bonté
et de sa misericorde.
M. l'Evêque ayant répondu à ce Discours
dans les termes les plus obligeans ,
les Magistrats , precedez de leur Cortége
se rendirent à la Cathédrale , dont les
Chanoines qui y occupoient leurs Places
ordinaires , avoient agréé que le Service
se fit dans le Choeur et au grand Autel ,
M. de Pagny , Grand - Chantre , entonna
le Te Deum , qui fut chanté par une excellente
Musique , et suivi d'un Motet
dont voici les paroles tirées de l'Ecriture
Sainte . Elles expriment parfaitement le
bien et l'avantage que ce nouvel Etablis
sement procure au Peuple de Metz.
Cantemus Domino, quoniam magnificè fecit.
D Dedit.
1698 MERCURE DE FRANCE
Dedit requiem populo suo .
Pauper et inops laudabunt nomen ejus :
Quoniam magnificè fecit.
Pupillus et vidua exultabunt in domibus
suis Quoniam, &c.
Juvenes et Virgines senes cum junioribus lau»
dabunt nomen Domini. Quoniam , &c.
Cantemus Domino, quoniam magnificè fecit.
• La Musique de ce Motet , composée i
par M. Maillard , Maître de Musique de
la Cathédrale , fut très bien exécutée.
+
Après le Te Deum , les Officiers de Ville
se mirent en marche ; ils traverserent la
Place d'Armes, au son de la grosse Cloche
et de toutes celles des Paroisses de la
Ville et au bruit des Fanfares ; ils passerent
ensuite par la Place S. Louis , où ils
trouverent un Détachement de Cavalerie
de la Garnison à cheval , l'épée haute
d'où ils se rendirent enfin à la principale
Entrée des Cazernes , dont les Pilastres à
la face exterieure , servoient de soutien à
un Portique élevé en Arc de Triomphe ,
orné au Frontispice des Armes du Roi ,
de celles du Maréchal d'Alégre , Gouver
de celles de la Ville , placées de
l'un et de l'autre côté , et de celles de
M l'Evêque de Metz , peintes en grand ,
au dessous d'un Cartouche pratiqué dans
neur ,
le
JUILLET. 1731. 1699
le centre de la Décoration , et dans lequel
on lisoit cette Inscription .
ILLUSTRISSIMO
ECCLESIE PRINCIPI
HEN,CAR . DUCAMBOUT, DUCI DE COISLIN,
PRESULI MUNIFICENTISSIMO ,
IMMORTALES AGIT GRATIAS
SENATUS POPULUSQUE
METENSI S.
Les Pilastres étoient ornez de Guirlan
des de fleurs et de verdure , soutenant
quatre Cartouches , dans lesquels étoient
des Emblêmes avec leurs Devises , qui exprimoient
d'une maniere sensible que
M. l'Evêque n'accumule ses revenus que
pour les distribuer en faveur des Pauvres
et des Aurels , que la vûë du Ciel est le
premier mobile de toutes ses actions , et
que ses charitez sont d'autant plus méritoires
,qu'il tâche de les rendre secretes.
La premiere Emblême répré entoit un
Soleil attirant des vapeurs , avec cette
Devise :
Colligit ut spargat.
La seconde , une Mouche à miel sur des
feurs , avec ces mots:
Quod sugit , serviet aris.
880168
Dij La
1700 MERCURE DE FRANCE
La troisiéme , un Tournesol qui suit
toûjours le mouvement du Soleil , avec
cette Devise :
Colestes sequitur motus.
La quatrième , réprésentoit un Ver à
Soye , avec cette Inscription :
Operitur dum operatur.
La face interieure de cette Entrée et
de cet Arc de Triomphe , étoit pareillement
ornée , quoique dans un ordre
different , des mêmes Armes et des mêmes
Décorations. Dans le Cartouche du Frontispice
étoient écrits ces deux Vers d'Ovide
, qui s'appliquoient naturellement à
la reconnoissance de la Ville , et à la Place
dont elle celebroit la Dédicace.
Semper inoblità repetam tua munera mente ,
Et mea me tellus audiet esse tuum.
Les Pilastres de cette Face interieure
étoient aussi décorez de Guirlandes et de
Festons de feuillages et de fleurs , soutenant
quatre Cartouches , dans lesquels
étoient copiez ces Passages tirez de l'Ecriture
Sainte.
Desiderium Pauperum exaudivit Dominus.
Ps. 9.
Dispersit dedit Pauperibus . Ps. 111 .
Jucundus
JUILLET. 1731 . 1701
す
Jucundus homo qui miseretur. Ibid .
Non est inventus similis illi. Ecclesiast.
Les Balustres des deux côtez de l'Arc
de Triomphe , étoient encore chargez de
Caisses d'Orangers , garnies de Festons
et de Guirlandes , de même que les autres
Pieces de la Décoration .
La Comtesse de Bellifle voulut bien
être présente à cette Ceremonie. Elle
fut placée avec les Dames qui l'accompagnoient
, dans l'une des Chambres les
plus apparentes des Cazernes , dont les
fenêtres étoient ornées de Tapis.Toutes les
autres Chambres des quatre Faces qui regardent
la Place, et qui sont en très- grand
nombre , furent entierement occupées par
les Dames de la Ville , ce qui faisoit un beau
coup d'oeil , et formoit le Spectacle le plus
brillant et le plus magnifique qui ait encore
paru dans la Province.
Les Troupes étant sous les Armes et
en haye , aux quatre Faces de la Place ,
le Comte de Bellifle , Commandant
dans la Province , et le Comte de Baviere
, Commandant des Camps , s'y étant
rendus , de même que M. de Creil , Intendant
, et tous les Officiers de la Garnison
, et des deux Camps , et une infinité
de personnes de consideration , Ms de
Diij Ville ,
1702 MERCURE DE FRANCE
Ville , précedez de leur Cortege , en fi
rent le tour ; et étant parvenus au centre
de la Place , le bruit des Tambours , des
Timbales et des Trompettes cessant , ils:
ordonnerent au Herault d'Armes de publier
à haute voix l'Ordonnance de la
Ville , dont voici la teneur :
DE PAR LE ROY
Et Messieurs les Maître-Echevin , Conseillers-
Echevins et Magistrats de la
Ville et Cité de Metz.
La construction des Cazernes et des Pavillons
, que le zele , la pieté et la munifi-
Bence de Monseigneur Du CAMBOUT, DUC
DE COISLIN , EVESQUE DE METZ ,
ont fait éleverpar augmentation dans la Place
du Camp- à- Seille , pour le soulagement des
Peuples , la tranquillité desFamilles etla gloire
de la Religion , en devant être un Monument
éternel; et la Ville qui dans ce somptueux
Edifice, outre l'avantage et l'utilité publique,
trouve encore son plus bel ornement , ne pouvantdonner
des marques plus éclatantes de sa
reconnoissance, qu'en faisant passer à la posterité
la plus reculée , le souvenir de cegrand
Evenement ; il a été arrêté que la Place
formée actuellement par la construction des
Cazernes dans celle du Camp - à- Seille
portera
JUILLET. 1731. 1703
1
portera dorénavant le nom de Place DB
COISLIN ; que dans les Actes , tant publics
que particuliers , elle sera désignée sous
cette denomination; que les quatre Faces desdites
Cazernes formant un pareil nombre de
ruës differentes, celle qui conduit du Cartean
aux Celestins , sera pareillement nommée
rue de SAINT HENRY; celle qui conduit
de l'Hôpital S. Nicolas à la Haute- Seille ,
rue DU CAMBOUT ; celle qui conduit
de la Haute- Seille au Cheval Rouge , ruë
de S. CHARLES ; et celle qui conduit du
Cheval Rouge au Carteau , rue DE COISLINS
lesquels noms seront gravez en Lettres d'or
sur des Marbres incrustez dans chacune des
Faces desdites Ruës; et afin que personne n'en
prétende cause d'ignorance , sera la présente
Ordonnance solemnellement publiée dans ladite
Place , et affichée aux Carrefours et autres
lieux ordinaires et accoutumez . Fait à
PHôtel de Ville de Metz le 8. Juin 1731.
Aussi-tôt après la Publication , on entendit
un grand bruit de Tambours
Trompettes , Timbales , de Canons et de
cris de VIVE LE ROY , VIVE MONSEIGNEUR
LE DUC DE COISLIN.
I Les Comtes de Bellifle et de Baviere
assisterent à la Céremonie , accompagnez
de 7 à 800. Officiers , tant de la Garnison
que des deux Camps. Diiij Tous
1704 MERCURE DE FRANCE
Tous les Marchands et Corps de Mé
tiers tinrent leurs Boutiques fermées , de
leur plein gré toute la journée ; et le soir
il y eut de grandes Illuminations et des
Feux sur les Places et dans les ruës , où l'on
entendit de tous côtez les mêmes cris de
VIVE LE ROY , VIVE MONSEIGNEUR
LE DUC DE COISLIN.
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Résumé : CEREMONIE faite à Metz , au sujet des nouvelles Cazernes, et de la Place de Coislin. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville, le 25. Juin 1731.
Le 6 juin 1731, les magistrats de Metz, invités par l'évêque, se rendirent aux nouvelles casernes construites par ce dernier pour en prendre possession au nom de la ville. Cet édifice, situé sur la place du Champ-à-Seille, comprend deux grands corps de casernes et quatre pavillons, pouvant loger trois bataillons complets avec leurs officiers. En présence de l'intendant de la province et de nombreuses personnalités, l'évêque fit don de cet édifice à la ville, augmentant ce geste par des paroles gracieuses. Un procès-verbal authentique fut dressé et déposé dans les archives de la ville. Les magistrats informèrent la cour de ce don et reçurent des éloges conformes à leurs attentes. La cérémonie de dédicace de la place, nommée place de Coislin, eut lieu le 20 juin. Elle débuta par l'annonce au peuple par le son de la grosse cloche, suivie d'un cortège ordonné incluant tambours, archers, Suisses, gardes, messagers, bannerots, sergents, et musiciens. Le cortège se rendit au palais épiscopal où les magistrats adressèrent des remerciements à l'évêque, qui répondit de manière obligeante. Ensuite, ils se dirigèrent à la cathédrale pour un Te Deum et un motet composés par le maître de musique de la cathédrale. La principale entrée des casernes était ornée d'un arc de triomphe avec les armes du roi, du maréchal d'Alègre, de la ville, et de l'évêque. Des emblèmes et devises soulignaient la générosité et la charité de l'évêque. La comtesse de Bellifle et de nombreuses dames assistèrent à la cérémonie depuis les fenêtres des casernes. Les troupes sous les armes et les personnalités présentes firent le tour de la place. L'ordonnance de la ville fut publiée, nommant la place place de Coislin et les rues adjacentes en l'honneur de l'évêque et de saints. La journée se termina par des illuminations et des feux de joie, accompagnés de cris de vive le roi et vive Monseigneur le duc de Coislin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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39
p. 2887-2890
Cérémonie Funebre à S. Germain l'Auxerrois.
Début :
Il y avoit long temps que les Musiciens de cette Capitale voyoient avec [...]
Mots clefs :
Musique, Église, Cérémonie
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texteReconnaissance textuelle : Cérémonie Funebre à S. Germain l'Auxerrois.
Cérémonie Funebre à S. Germain Anxerrois.
L y avoit long temps que les Musi-
Iciens
ciens de cette Capitale voyoient avec
peine tout ce qu'il y a de Communautez
et de Confreries faire un Service Annuel
pour le repos de l'Ame de leurs Confre
res décedez dans l'Année , sans observer
entr'eux cette religieuse pratique si convenable
à l'esprit de l'Eglise , et si propre
à entretenir l'union et la conformité de
I. Vol Lij Prieres
138 MERCURE DE FRANCE
Prieres
pour aider et soulager , après leur
mort par leurs suffrages , ceux avec
qui ils avoient été liés pat les mêmes talens
pendant leur vie.
J
Ce fut le 22 de Novembre dernier
jour de Ste. Cecile , leur Patrone , qu'ils
prirent cette résolution salutaire ; ils fixerent
le
temps de cette pieuse Cérémonie
u mois de Decembre , pour réunir au
même sacrifice la mémoire de ceux de
leurs Confreres qu'ils auroient perdus
dans le cours de l'Année. Ils se cottiserent
tous pour une somme legere dont ils convinrent
pour les frais de sonnerie , le luminaire
, les Billets , & c.
Ils choisirent pour faire chanter certe
Messe solemnelle , M. Guillery , Benefisier
, et Maître de Musique de S. Germain
l'Auxerrois , moins parce qu'il est
l'ancien des Maîtres de Musique , actuellement
en exercice à Paris , que pour son
mérite personnel , et la réputation qu'il
s'est acquise depuis plus de trente ans
qu'il est en place.
Mrs du Chapitre de S. Germain accorderent
volontiers le Choeur de leur Eglise
pour seconder les loüables intentions des
Musiciens . L'Abbé de Cosnac , Doyen
du Chapitre , et Vicaire general du Diosèse
, assista à la Cérémonie avec Mrs. les
I.Vol. Cha
DECEMBRE 1731. 2889
sang
Chanoines , les Beneficiers , le Clergé ,
er quantité de personnes de distinction
placés au Jubé. On peut dire ,
éxagerer , qu'il ne s'est , peut être , jamais
vû de Corps de Musique plus complet.
Les plus fameux et les plus habiles
s'y trouverent au nombre d'environ 200 ,
tous connus par leurs talens distinguez ,
soit pour la Musique vocale , soit pour
la Musique instrumentale. On ne parle
d'aucun en particulier , parce que tous
se signalerent également , et qu'il ne s'est
guere vû d'occasion où l'émulation aig
été plus generale , et l'harmonie plus ma▸
gnifique et plus précise.
3.
Ce Service solemnel fut chanté le 4. de
ce mois pour feus Mrs. Petouille , Prêtre ,
Beneficier et Maître de Musique de l'Eglise
de Paris , Laurent , Placet , Prêtres ,
et Crepin , Beneficiers de la même Eglises
Mrs. De la Lande Surintendant de la
Musique du Roy , Marais , Senaillé
Regnier , Gardinville , Mangot , Bandy
Reffié , Calus , et Ossus , Organiste .
Ön annoncera , l'année prochaine , par
les Billets qui seront distribués le jour du
Service , et l'Eglise où il sera célebré.
La vûë qu'on a euë en inserant ici cet
Article , est d'engager les familles des.
Maîtres de Musique ou Musiciens qui
La Vol.
Liij
dé
2890 MERCURE DE FRANCE
, décederont en Province d'en donner
avis à l'un des Maîtres de Musique de ,
Paris , afin qu'ils ayent part aux Prieres
et aux Suffrages de leurs Confreres. Sancta
et salubris est cogitatio pro Defunctis exorare
ut à peccatis solvantur , Machab .
lib. 2. chap. XII .
L y avoit long temps que les Musi-
Iciens
ciens de cette Capitale voyoient avec
peine tout ce qu'il y a de Communautez
et de Confreries faire un Service Annuel
pour le repos de l'Ame de leurs Confre
res décedez dans l'Année , sans observer
entr'eux cette religieuse pratique si convenable
à l'esprit de l'Eglise , et si propre
à entretenir l'union et la conformité de
I. Vol Lij Prieres
138 MERCURE DE FRANCE
Prieres
pour aider et soulager , après leur
mort par leurs suffrages , ceux avec
qui ils avoient été liés pat les mêmes talens
pendant leur vie.
J
Ce fut le 22 de Novembre dernier
jour de Ste. Cecile , leur Patrone , qu'ils
prirent cette résolution salutaire ; ils fixerent
le
temps de cette pieuse Cérémonie
u mois de Decembre , pour réunir au
même sacrifice la mémoire de ceux de
leurs Confreres qu'ils auroient perdus
dans le cours de l'Année. Ils se cottiserent
tous pour une somme legere dont ils convinrent
pour les frais de sonnerie , le luminaire
, les Billets , & c.
Ils choisirent pour faire chanter certe
Messe solemnelle , M. Guillery , Benefisier
, et Maître de Musique de S. Germain
l'Auxerrois , moins parce qu'il est
l'ancien des Maîtres de Musique , actuellement
en exercice à Paris , que pour son
mérite personnel , et la réputation qu'il
s'est acquise depuis plus de trente ans
qu'il est en place.
Mrs du Chapitre de S. Germain accorderent
volontiers le Choeur de leur Eglise
pour seconder les loüables intentions des
Musiciens . L'Abbé de Cosnac , Doyen
du Chapitre , et Vicaire general du Diosèse
, assista à la Cérémonie avec Mrs. les
I.Vol. Cha
DECEMBRE 1731. 2889
sang
Chanoines , les Beneficiers , le Clergé ,
er quantité de personnes de distinction
placés au Jubé. On peut dire ,
éxagerer , qu'il ne s'est , peut être , jamais
vû de Corps de Musique plus complet.
Les plus fameux et les plus habiles
s'y trouverent au nombre d'environ 200 ,
tous connus par leurs talens distinguez ,
soit pour la Musique vocale , soit pour
la Musique instrumentale. On ne parle
d'aucun en particulier , parce que tous
se signalerent également , et qu'il ne s'est
guere vû d'occasion où l'émulation aig
été plus generale , et l'harmonie plus ma▸
gnifique et plus précise.
3.
Ce Service solemnel fut chanté le 4. de
ce mois pour feus Mrs. Petouille , Prêtre ,
Beneficier et Maître de Musique de l'Eglise
de Paris , Laurent , Placet , Prêtres ,
et Crepin , Beneficiers de la même Eglises
Mrs. De la Lande Surintendant de la
Musique du Roy , Marais , Senaillé
Regnier , Gardinville , Mangot , Bandy
Reffié , Calus , et Ossus , Organiste .
Ön annoncera , l'année prochaine , par
les Billets qui seront distribués le jour du
Service , et l'Eglise où il sera célebré.
La vûë qu'on a euë en inserant ici cet
Article , est d'engager les familles des.
Maîtres de Musique ou Musiciens qui
La Vol.
Liij
dé
2890 MERCURE DE FRANCE
, décederont en Province d'en donner
avis à l'un des Maîtres de Musique de ,
Paris , afin qu'ils ayent part aux Prieres
et aux Suffrages de leurs Confreres. Sancta
et salubris est cogitatio pro Defunctis exorare
ut à peccatis solvantur , Machab .
lib. 2. chap. XII .
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Résumé : Cérémonie Funebre à S. Germain l'Auxerrois.
Les musiciens de Paris organisèrent une cérémonie funèbre à l'église Saint-Germain-l'Auxerrois pour honorer leurs confrères décédés. Inspirés par d'autres communautés, ils décidèrent de célébrer cette messe annuelle le 4 décembre, en l'honneur de la Sainte-Cécile. Ils cotisèrent pour couvrir les frais de sonnerie, de luminaire et de billets. La messe fut confiée à M. Guillery, bénéficié et maître de musique de Saint-Germain-l'Auxerrois, et le chœur de l'église fut mis à disposition par le chapitre. L'abbé de Cosnac, doyen du chapitre, assista à la cérémonie avec les chanoines, les bénéficiers, le clergé et de nombreuses personnes de distinction. Environ 200 musiciens participèrent, honorant des confrères tels que M. Petouille, Laurent, Placet, Crepin, De la Lande, Marais, Senaillé, Regnier, Gardinville, Mangot, Bandy, Reffié, Calus et Ossus. La cérémonie fut marquée par une émulation générale et une harmonie magnifique. Les organisateurs prévirent d'annoncer l'année suivante l'église où la cérémonie serait célébrée et invitèrent les familles des musiciens décédés en province à en informer un maître de musique de Paris.
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40
p. 1248-1251
CEREMONIE singuliere, faite dans l'Eglise Cathedrale d'Auxerre.
Début :
MR le Comte de Chastellux, Brigadier des Armées du Roy, [...]
Mots clefs :
Cérémonie, Auxerre, Chastellux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CEREMONIE singuliere, faite dans l'Eglise Cathedrale d'Auxerre.
CEREMONIE singuliere , faite
dans l'Eglise Cathedrale d'Auxerre.
Ma
R le Comte de Chastellux , Brigadier des Armées du Roy, Capitaine.
des Gens d'armes de Flandres , a pris possession le 2 de ce mois de Juin, de la Dignité de premier Chanoine héréditaire de
l'Eglise d'Auxerre , attachée à ceux de sa
Maison, qui sont Seigneurs Haut-Justiciers
de la Terre et Seigneurie de . Chastellux.
Cette Cérémonie fut faite avec beaucoup
d'éclat , et attira une foule prodigieuse
de monde dans la Cathedrale.
Il y avoit 84ans que M.son pere CesarPhilippe de Chastellux avoit été reçu .
On a commencé, suivant l'usage, par lä
faire prêter en Chapitre le serment en ces
termes: Nous,Guillaume - Antoine. Seigneur
Haut-Justicier de la Terre, Justice & Seigneurie de Chastellux , promettons vivre et
continuer en l'exercice de la Religion Catho-..
lique , Apostolique et Romaine , et que se...
rons bons et loyaux à l'Eglise et aux Duyen,
Changings , et Chapitre de l'Eglife Cathé 1. Vol.
drale
JUIN. 1732. 1249
drale de S. Etienne d'Auxerre , et aiderons
de tout notre pouvoir à garder et deffendre les
Droits, Terres , et Possessions et autres revenus appartenans à l'Eglise et ausdits
Doyen , Chanoines, et Chapitre , pourchasserons le bien , honneur et profit d'icelle Eglise, et desdits Doyen, Chanoines, et Chapitre,
et éviterons leur dommage de tout notre loyal
pouvoir. Ensuite il s'est présenté à la grande porte du Choeur, sous le Jubé,pendant
L'Office de Tierce , en habit Militaire
botté , éperonné , revétu d'un Surplis , le
Baudrier , avec l'Epée par dessus , Gánté
des deux mains , ayane sur le bras gauche
une Aumusse,et sur le Poing un Faucon,
tenant de la main droite un Chapeau bordé, couvert d'une plume blanche.Il a été
ainsi conduit en sa place , qui est dans les
hautes - Chaires , du côté droit , entre
celle du Pénitencier et celle du Sou- Chantre.
Cette ceremonie s'est trouvée convenir
avec l'Office des Fêtes de la Pentecôte.On
avoit depuis quelques temps destiné la 3ª
Fête pour la solemnité d'une Translation i
de Reliques de S. Prix et de ses Compagnons ; elle se fit après que M. l'Evêque
d'Auxerre eut prêché sur ce sujet. La
Grande Messe fut suivie de la Procession,
où M. l'Evêque officia . M. le Comte de
1. Vol. I vj Chas
1250 MERCURE DE FRANCE
Chastellux y assista à son rang de premier Chanoine, avec les mêmes véremens
que la veille d'après midi ; il parut à Vêpres en sa place , sans autre distinction du
reste des Laïques que son Aumusse Canoniale sur le bras , parce que selon le titre
il lui est loisible d'assister à l'Office sans
Surplis , ou avec un Surplis ; mais il doit
toûjours avoir une Aumusse , se confor
mer au surplus pour se découvrir et recouvrir , se lever et s'asseoir &c. au
reste du Clergé.
L'origine de ce droit est de l'année 1423.
pendant laquelle Claude de Beauvoir
Seigneur de Chastellux , à l'aide de ses
parens , alliez et amis , ainsi qu'il est rapporté dans les Chartes , ayant chassé des
Brigans qui occupoient la Ville de Cravan,
appartenante au Chapitre d'Auxerre ; il
y fut ensuite assiegé par des Troupes reglées ; il soutint le Siege pendant cinq
semaines , après lesquelles ayant été secouru il fit une sortie , aida à défaire les
Assiegeans, et fit prisonnier le Connétable
d'Ecosse , leur General. La Ville étant délivrée , il la remit sans aucun dédommagement entre les mains du Chapitre d'Auxerre , lequel , en reconnoissance , lui ac
corda et à ceux de sa posterité , posses
seurs de la Terre , Justice et Seigneuri
་
I. Vol. d
JUIN. 1732. 1251
de Chastellux, le droit dont il a été parlé,
et celui d'assister au Choeur avec ses habits de guerre et ceux d'Eglise.
Claude de Beauvoir est le même qui
avoit été fait Maréchal de France en 1418.
et qui prêta serment en cette qualité le
6 Juin de cette année. Il est enterré dans
l'Eglise d'Auxerre avec Georges de Beauvoir, son frere , Amiral de France. Ses
descendans, en droite ligne, ont joïi jusqu'à present de ce droit. En 1683. le Roy
Louis XIV. passant par Auxerre , y fut
reçû par M. l'Evêque et le Chapitre en
Corps. M.le Comte de Chastellux , pere,
étoit parmi les Chanoines avec l'habillement qui a été décrit. Sa Majesté fut trèsattentive à cette distinction. Elle témoigna qu'elle la trouvoit très-honorable.
Tout ce qui est ici rapporté est tiré des
Chartes du Chapitre de l'Eglise d'Auxerre,.
des Registres du Parlement de Paris , et de
Monstrelet , Historien.
On prie la Personne qui a envoyé ce Memoire, d'apprendre au Public s'il y a Jans
I'Histoire quelque vestiged'un pareil usageCEREMONIE singuliere , faite
dans l'Eglise Cathedrale d'Auxerre.
Ma
R le Comte de Chastellux , Brigadier des Armées du Roy, Capitaine.
des Gens d'armes de Flandres , a pris possession le 2 de ce mois de Juin, de la Dignité de premier Chanoine héréditaire de
l'Eglise d'Auxerre , attachée à ceux de sa
Maison, qui sont Seigneurs Haut-Justiciers
de la Terre et Seigneurie de . Chastellux.
Cette Cérémonie fut faite avec beaucoup
d'éclat , et attira une foule prodigieuse
de monde dans la Cathedrale.
Il y avoit 84ans que M.son pere CesarPhilippe de Chastellux avoit été reçu .
On a commencé, suivant l'usage, par lä
faire prêter en Chapitre le serment en ces
termes: Nous,Guillaume - Antoine. Seigneur
Haut-Justicier de la Terre, Justice & Seigneurie de Chastellux , promettons vivre et
continuer en l'exercice de la Religion Catho-..
lique , Apostolique et Romaine , et que se...
rons bons et loyaux à l'Eglise et aux Duyen,
Changings , et Chapitre de l'Eglife Cathé 1. Vol.
drale
JUIN. 1732. 1249
drale de S. Etienne d'Auxerre , et aiderons
de tout notre pouvoir à garder et deffendre les
Droits, Terres , et Possessions et autres revenus appartenans à l'Eglise et ausdits
Doyen , Chanoines, et Chapitre , pourchasserons le bien , honneur et profit d'icelle Eglise, et desdits Doyen, Chanoines, et Chapitre,
et éviterons leur dommage de tout notre loyal
pouvoir. Ensuite il s'est présenté à la grande porte du Choeur, sous le Jubé,pendant
L'Office de Tierce , en habit Militaire
botté , éperonné , revétu d'un Surplis , le
Baudrier , avec l'Epée par dessus , Gánté
des deux mains , ayane sur le bras gauche
une Aumusse,et sur le Poing un Faucon,
tenant de la main droite un Chapeau bordé, couvert d'une plume blanche.Il a été
ainsi conduit en sa place , qui est dans les
hautes - Chaires , du côté droit , entre
celle du Pénitencier et celle du Sou- Chantre.
Cette ceremonie s'est trouvée convenir
avec l'Office des Fêtes de la Pentecôte.On
avoit depuis quelques temps destiné la 3ª
Fête pour la solemnité d'une Translation i
de Reliques de S. Prix et de ses Compagnons ; elle se fit après que M. l'Evêque
d'Auxerre eut prêché sur ce sujet. La
Grande Messe fut suivie de la Procession,
où M. l'Evêque officia . M. le Comte de
1. Vol. I vj Chas
1250 MERCURE DE FRANCE
Chastellux y assista à son rang de premier Chanoine, avec les mêmes véremens
que la veille d'après midi ; il parut à Vêpres en sa place , sans autre distinction du
reste des Laïques que son Aumusse Canoniale sur le bras , parce que selon le titre
il lui est loisible d'assister à l'Office sans
Surplis , ou avec un Surplis ; mais il doit
toûjours avoir une Aumusse , se confor
mer au surplus pour se découvrir et recouvrir , se lever et s'asseoir &c. au
reste du Clergé.
L'origine de ce droit est de l'année 1423.
pendant laquelle Claude de Beauvoir
Seigneur de Chastellux , à l'aide de ses
parens , alliez et amis , ainsi qu'il est rapporté dans les Chartes , ayant chassé des
Brigans qui occupoient la Ville de Cravan,
appartenante au Chapitre d'Auxerre ; il
y fut ensuite assiegé par des Troupes reglées ; il soutint le Siege pendant cinq
semaines , après lesquelles ayant été secouru il fit une sortie , aida à défaire les
Assiegeans, et fit prisonnier le Connétable
d'Ecosse , leur General. La Ville étant délivrée , il la remit sans aucun dédommagement entre les mains du Chapitre d'Auxerre , lequel , en reconnoissance , lui ac
corda et à ceux de sa posterité , posses
seurs de la Terre , Justice et Seigneuri
་
I. Vol. d
JUIN. 1732. 1251
de Chastellux, le droit dont il a été parlé,
et celui d'assister au Choeur avec ses habits de guerre et ceux d'Eglise.
Claude de Beauvoir est le même qui
avoit été fait Maréchal de France en 1418.
et qui prêta serment en cette qualité le
6 Juin de cette année. Il est enterré dans
l'Eglise d'Auxerre avec Georges de Beauvoir, son frere , Amiral de France. Ses
descendans, en droite ligne, ont joïi jusqu'à present de ce droit. En 1683. le Roy
Louis XIV. passant par Auxerre , y fut
reçû par M. l'Evêque et le Chapitre en
Corps. M.le Comte de Chastellux , pere,
étoit parmi les Chanoines avec l'habillement qui a été décrit. Sa Majesté fut trèsattentive à cette distinction. Elle témoigna qu'elle la trouvoit très-honorable.
Tout ce qui est ici rapporté est tiré des
Chartes du Chapitre de l'Eglise d'Auxerre,.
des Registres du Parlement de Paris , et de
Monstrelet , Historien.
On prie la Personne qui a envoyé ce Memoire, d'apprendre au Public s'il y a Jans
I'Histoire quelque vestiged'un pareil usage
dans l'Eglise Cathedrale d'Auxerre.
Ma
R le Comte de Chastellux , Brigadier des Armées du Roy, Capitaine.
des Gens d'armes de Flandres , a pris possession le 2 de ce mois de Juin, de la Dignité de premier Chanoine héréditaire de
l'Eglise d'Auxerre , attachée à ceux de sa
Maison, qui sont Seigneurs Haut-Justiciers
de la Terre et Seigneurie de . Chastellux.
Cette Cérémonie fut faite avec beaucoup
d'éclat , et attira une foule prodigieuse
de monde dans la Cathedrale.
Il y avoit 84ans que M.son pere CesarPhilippe de Chastellux avoit été reçu .
On a commencé, suivant l'usage, par lä
faire prêter en Chapitre le serment en ces
termes: Nous,Guillaume - Antoine. Seigneur
Haut-Justicier de la Terre, Justice & Seigneurie de Chastellux , promettons vivre et
continuer en l'exercice de la Religion Catho-..
lique , Apostolique et Romaine , et que se...
rons bons et loyaux à l'Eglise et aux Duyen,
Changings , et Chapitre de l'Eglife Cathé 1. Vol.
drale
JUIN. 1732. 1249
drale de S. Etienne d'Auxerre , et aiderons
de tout notre pouvoir à garder et deffendre les
Droits, Terres , et Possessions et autres revenus appartenans à l'Eglise et ausdits
Doyen , Chanoines, et Chapitre , pourchasserons le bien , honneur et profit d'icelle Eglise, et desdits Doyen, Chanoines, et Chapitre,
et éviterons leur dommage de tout notre loyal
pouvoir. Ensuite il s'est présenté à la grande porte du Choeur, sous le Jubé,pendant
L'Office de Tierce , en habit Militaire
botté , éperonné , revétu d'un Surplis , le
Baudrier , avec l'Epée par dessus , Gánté
des deux mains , ayane sur le bras gauche
une Aumusse,et sur le Poing un Faucon,
tenant de la main droite un Chapeau bordé, couvert d'une plume blanche.Il a été
ainsi conduit en sa place , qui est dans les
hautes - Chaires , du côté droit , entre
celle du Pénitencier et celle du Sou- Chantre.
Cette ceremonie s'est trouvée convenir
avec l'Office des Fêtes de la Pentecôte.On
avoit depuis quelques temps destiné la 3ª
Fête pour la solemnité d'une Translation i
de Reliques de S. Prix et de ses Compagnons ; elle se fit après que M. l'Evêque
d'Auxerre eut prêché sur ce sujet. La
Grande Messe fut suivie de la Procession,
où M. l'Evêque officia . M. le Comte de
1. Vol. I vj Chas
1250 MERCURE DE FRANCE
Chastellux y assista à son rang de premier Chanoine, avec les mêmes véremens
que la veille d'après midi ; il parut à Vêpres en sa place , sans autre distinction du
reste des Laïques que son Aumusse Canoniale sur le bras , parce que selon le titre
il lui est loisible d'assister à l'Office sans
Surplis , ou avec un Surplis ; mais il doit
toûjours avoir une Aumusse , se confor
mer au surplus pour se découvrir et recouvrir , se lever et s'asseoir &c. au
reste du Clergé.
L'origine de ce droit est de l'année 1423.
pendant laquelle Claude de Beauvoir
Seigneur de Chastellux , à l'aide de ses
parens , alliez et amis , ainsi qu'il est rapporté dans les Chartes , ayant chassé des
Brigans qui occupoient la Ville de Cravan,
appartenante au Chapitre d'Auxerre ; il
y fut ensuite assiegé par des Troupes reglées ; il soutint le Siege pendant cinq
semaines , après lesquelles ayant été secouru il fit une sortie , aida à défaire les
Assiegeans, et fit prisonnier le Connétable
d'Ecosse , leur General. La Ville étant délivrée , il la remit sans aucun dédommagement entre les mains du Chapitre d'Auxerre , lequel , en reconnoissance , lui ac
corda et à ceux de sa posterité , posses
seurs de la Terre , Justice et Seigneuri
་
I. Vol. d
JUIN. 1732. 1251
de Chastellux, le droit dont il a été parlé,
et celui d'assister au Choeur avec ses habits de guerre et ceux d'Eglise.
Claude de Beauvoir est le même qui
avoit été fait Maréchal de France en 1418.
et qui prêta serment en cette qualité le
6 Juin de cette année. Il est enterré dans
l'Eglise d'Auxerre avec Georges de Beauvoir, son frere , Amiral de France. Ses
descendans, en droite ligne, ont joïi jusqu'à present de ce droit. En 1683. le Roy
Louis XIV. passant par Auxerre , y fut
reçû par M. l'Evêque et le Chapitre en
Corps. M.le Comte de Chastellux , pere,
étoit parmi les Chanoines avec l'habillement qui a été décrit. Sa Majesté fut trèsattentive à cette distinction. Elle témoigna qu'elle la trouvoit très-honorable.
Tout ce qui est ici rapporté est tiré des
Chartes du Chapitre de l'Eglise d'Auxerre,.
des Registres du Parlement de Paris , et de
Monstrelet , Historien.
On prie la Personne qui a envoyé ce Memoire, d'apprendre au Public s'il y a Jans
I'Histoire quelque vestiged'un pareil usageCEREMONIE singuliere , faite
dans l'Eglise Cathedrale d'Auxerre.
Ma
R le Comte de Chastellux , Brigadier des Armées du Roy, Capitaine.
des Gens d'armes de Flandres , a pris possession le 2 de ce mois de Juin, de la Dignité de premier Chanoine héréditaire de
l'Eglise d'Auxerre , attachée à ceux de sa
Maison, qui sont Seigneurs Haut-Justiciers
de la Terre et Seigneurie de . Chastellux.
Cette Cérémonie fut faite avec beaucoup
d'éclat , et attira une foule prodigieuse
de monde dans la Cathedrale.
Il y avoit 84ans que M.son pere CesarPhilippe de Chastellux avoit été reçu .
On a commencé, suivant l'usage, par lä
faire prêter en Chapitre le serment en ces
termes: Nous,Guillaume - Antoine. Seigneur
Haut-Justicier de la Terre, Justice & Seigneurie de Chastellux , promettons vivre et
continuer en l'exercice de la Religion Catho-..
lique , Apostolique et Romaine , et que se...
rons bons et loyaux à l'Eglise et aux Duyen,
Changings , et Chapitre de l'Eglife Cathé 1. Vol.
drale
JUIN. 1732. 1249
drale de S. Etienne d'Auxerre , et aiderons
de tout notre pouvoir à garder et deffendre les
Droits, Terres , et Possessions et autres revenus appartenans à l'Eglise et ausdits
Doyen , Chanoines, et Chapitre , pourchasserons le bien , honneur et profit d'icelle Eglise, et desdits Doyen, Chanoines, et Chapitre,
et éviterons leur dommage de tout notre loyal
pouvoir. Ensuite il s'est présenté à la grande porte du Choeur, sous le Jubé,pendant
L'Office de Tierce , en habit Militaire
botté , éperonné , revétu d'un Surplis , le
Baudrier , avec l'Epée par dessus , Gánté
des deux mains , ayane sur le bras gauche
une Aumusse,et sur le Poing un Faucon,
tenant de la main droite un Chapeau bordé, couvert d'une plume blanche.Il a été
ainsi conduit en sa place , qui est dans les
hautes - Chaires , du côté droit , entre
celle du Pénitencier et celle du Sou- Chantre.
Cette ceremonie s'est trouvée convenir
avec l'Office des Fêtes de la Pentecôte.On
avoit depuis quelques temps destiné la 3ª
Fête pour la solemnité d'une Translation i
de Reliques de S. Prix et de ses Compagnons ; elle se fit après que M. l'Evêque
d'Auxerre eut prêché sur ce sujet. La
Grande Messe fut suivie de la Procession,
où M. l'Evêque officia . M. le Comte de
1. Vol. I vj Chas
1250 MERCURE DE FRANCE
Chastellux y assista à son rang de premier Chanoine, avec les mêmes véremens
que la veille d'après midi ; il parut à Vêpres en sa place , sans autre distinction du
reste des Laïques que son Aumusse Canoniale sur le bras , parce que selon le titre
il lui est loisible d'assister à l'Office sans
Surplis , ou avec un Surplis ; mais il doit
toûjours avoir une Aumusse , se confor
mer au surplus pour se découvrir et recouvrir , se lever et s'asseoir &c. au
reste du Clergé.
L'origine de ce droit est de l'année 1423.
pendant laquelle Claude de Beauvoir
Seigneur de Chastellux , à l'aide de ses
parens , alliez et amis , ainsi qu'il est rapporté dans les Chartes , ayant chassé des
Brigans qui occupoient la Ville de Cravan,
appartenante au Chapitre d'Auxerre ; il
y fut ensuite assiegé par des Troupes reglées ; il soutint le Siege pendant cinq
semaines , après lesquelles ayant été secouru il fit une sortie , aida à défaire les
Assiegeans, et fit prisonnier le Connétable
d'Ecosse , leur General. La Ville étant délivrée , il la remit sans aucun dédommagement entre les mains du Chapitre d'Auxerre , lequel , en reconnoissance , lui ac
corda et à ceux de sa posterité , posses
seurs de la Terre , Justice et Seigneuri
་
I. Vol. d
JUIN. 1732. 1251
de Chastellux, le droit dont il a été parlé,
et celui d'assister au Choeur avec ses habits de guerre et ceux d'Eglise.
Claude de Beauvoir est le même qui
avoit été fait Maréchal de France en 1418.
et qui prêta serment en cette qualité le
6 Juin de cette année. Il est enterré dans
l'Eglise d'Auxerre avec Georges de Beauvoir, son frere , Amiral de France. Ses
descendans, en droite ligne, ont joïi jusqu'à present de ce droit. En 1683. le Roy
Louis XIV. passant par Auxerre , y fut
reçû par M. l'Evêque et le Chapitre en
Corps. M.le Comte de Chastellux , pere,
étoit parmi les Chanoines avec l'habillement qui a été décrit. Sa Majesté fut trèsattentive à cette distinction. Elle témoigna qu'elle la trouvoit très-honorable.
Tout ce qui est ici rapporté est tiré des
Chartes du Chapitre de l'Eglise d'Auxerre,.
des Registres du Parlement de Paris , et de
Monstrelet , Historien.
On prie la Personne qui a envoyé ce Memoire, d'apprendre au Public s'il y a Jans
I'Histoire quelque vestiged'un pareil usage
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Résumé : CEREMONIE singuliere, faite dans l'Eglise Cathedrale d'Auxerre.
Le 2 juin 1732, le Comte de Chastellux, Brigadier des Armées du Roy et Capitaine des Gens d'armes de Flandres, a pris possession de la dignité de premier Chanoine héréditaire de l'Église d'Auxerre. Cette cérémonie, qui a eu lieu 84 ans après celle de son père, César-Philippe de Chastellux, a été marquée par un grand éclat et une affluence considérable. Le Comte a prêté serment en Chapitre, promettant de vivre selon la Religion Catholique, Apostolique et Romaine, et de défendre les droits et possessions de l'Église d'Auxerre. Vêtu d'un habit militaire et d'un surplis, il a été conduit à sa place dans les hautes-chaires du chœur. Cette cérémonie coïncidait avec les fêtes de la Pentecôte et la translation des reliques de Saint Prix et de ses compagnons. Le Comte a assisté à la Grande Messe, à la procession et aux vêpres, conformément à ses privilèges héréditaires. Ces privilèges remontent à 1423, lorsque Claude de Beauvoir, Seigneur de Chastellux, avait libéré la ville de Cravan des brigands et avait été récompensé par le Chapitre d'Auxerre. Claude de Beauvoir, Maréchal de France en 1418, est enterré dans l'Église d'Auxerre avec son frère Georges, Amiral de France. En 1683, Louis XIV avait remarqué cette distinction lors de son passage à Auxerre. Les informations rapportées proviennent des chartes du Chapitre de l'Église d'Auxerre, des registres du Parlement de Paris et de l'historien Monstrelet.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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41
p. 1496-1501
ODE Sur le Mariage de M. le Prince de Conty.
Début :
N'est-ce point une image vaine, [...]
Mots clefs :
Mariage, Prince de Conti, Cérémonie, Bourbon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE Sur le Mariage de M. le Prince de Conty.
ODE
Sur le Mariage de M. le Prince de Conty
NE'Est-ce point une image vaine ?
Les Plaisirs sont-ils de retour ?
Se peut-il qu'au bord de la Seine ,
Tout ne respire que l'Amour ?
Dans l'affreuse saison des glaces ,
On y voit folâtrer les Graces ;
Amour y lance mille Traits :
On diroit que la jeune Flore ,
Devant Zephire qui l'adore ,
Etale déja ses attraits.
M
>
Mais , & l'agreable surprise !
Sont-ce deux Amans que je vois ,
Dont l'ame tendrement éprise ,
Du Dieu vainqueur reçoit les Loix ?
Que ces jeunes cœurs sont aimables ;
Tendres, gracieux , respectables !
Les Lys renaissent sous leurs pas :
Petit Dieu par qui tout respire ,
Vis-ta jamais sous ton Empire
Plus de grandeur et plus d'appas ?
粥 Non
JUILLET. 1732.
1497
Non , non , rien ne me peut séduire ;
Car ce Tableau n'a rien d'obscur :
Dans leurs yeux je le vois reluire ,
C'est de Bourbon le Sang très-pur :
Accourez donc, Nymphes fidelles
Cueillez des Palmes immortelles ,
Mêlez-y le Myrthe et les fleurs ;
Si la saison ne les ramene
Phebus à la féconde haleine ,
Hâte-les nous par tes douceurs«
Suivons , suivons ce Couple auguste;
Au Temple il va porter ses pas :
Rien ne sçauroit être plus justez
Des Dieux tout releve ici - bas ;
Sero. ce qu'en cette journée ,
Pour un doux et chaste Hymenée ;
Ces tendres cœurs fissent des vœux ?
Et que d'une foi mutuelle,
Aux yeux de la Troupe immortelle,
Ils allassent former des nœuds ?
Entrons dans ce Temple adorable ;
Aa ! que vois-je , sont- ce les Cieux ?
Majesté , splendeur ineffable ,
Jupiter réside en ces lieux
Q l'auguste Ceremonic !
;
Amans
1498 MERCURE DE FRANCE
Amans , sa puissance infinie ,
Vous unit aux pieds des Autels :
Quel bonheur , quelle préference ..
D'être honorez de la présence ,
Du plus puissant des Immortels!!
受
Fille du Ciel , chaste Diane ,
Secourable Divinité ,
Dont je vois , Mortel et Prophane ,
Briller la celeste Beauté ;
Flatez , comblez notre esperance ,
Par votre divine assistance ;
Départez vos dons précieux ;
Procurez , faites naître au monde
Une posterité féconde ,
De Bourbons et de demi Dieux.
O Ciel ! quel mouvement rapide !
'Apollon , où m'entraînes-tu ?
Soutiens- moi , m'assiste et me guide ;
Ah ! que mon cœur est abattu!
Où suis je è quelle nuit obscure ? *-
Non, non , jamais dans la Nature ,,
Il ne fut rien de plus affreux ;
Tel est ... Ah ! je vois l'Antre sombre
Prudens futuri temporis exitum ,
Caliginosa nocte premit Deus.
ой
JUILLET. 173.2. 1499,
Où du fier Destin l'épaisse ombre ,
Couvre l'avenir tenebreux.
讚
Beau rayon , charmante lumiere ,.
Qu'Apollon fait naître en ces lieux ,
Quels jours , quelle illustre carriere ,.
Viens-tu dévoiler à mes yeux !·
Que de valeur , que de prudence !
D'intrépidité , de constance !
De prodiges , d'exploits guerriers ?
Quels faits sur la Terre et sur l'Onde ; .
Dignes du plus beau Sang du monde !
Que de gloire ! que de Lauriers !
$12
Dans cette Terre heureuse et franche ,
Où la justice regnera ;
Du tronc de Capet , une Branche ,
Jusqu'aux Astres s'élevera ;
Du Monde elle aura le bel âge ;
L'éclat de son divin feuillage
Eblouira tout l'Univers ;
Des Rois , des Nations sans nombre ; ,
Cherchant le repos sous son ombre ,
Viendront de cent climats divers
L'outrage des ans si sensible
Ne ternira pas sa beauté ¿
Plus
835174
1500 MERCURE DE FRANCE
Plus que le Cedre incorruptible ,
Elle verra l'Eternité ?
En vain , Nations orgueilleuses •
De vos Pins , les têtes pompeuses ,
Se mêleront à ses Rameaux ;
La beauté d'un arbre est extrême ,
Lorsqu'étant greffé sur lui - même ,
Il fait des rejettons nouveaux.
Du Destin , telle est l'Ordonnance ;
Tels sont ses Decrets éternels ;
Telle est l'immuable assurance ,
Que nous donnent les Immortels :
Amans qu'un heureux Hymenée,
Même cœur , même destinée ,
Même nom , même sang unit :
Livrez , abandonnez votre ame,
Aux traits d'une innocente flâme ,
Tout est propice , tout vous rit.
Toi , que Bellone et la Victoire ;
Suivront bien- tôt au Champ de Mars ;
Qui vois au Temple de la Gloire,
Tes Ayeux au rang des Cesars ;
Trace-nous leur Portrait fidele ,
Forme un Prince sur leur modele ;
Du Ciel tu seras secondé ;
Donne-
JUILLET. ISO 1732.
Donne-lui leur guerriere audace ;
Si des traits le choix t'embarrasse ,
Fais qu'il ressemble au grand Condé.
Par M.Julien, Juge Royal de Monblanc:
Sur le Mariage de M. le Prince de Conty
NE'Est-ce point une image vaine ?
Les Plaisirs sont-ils de retour ?
Se peut-il qu'au bord de la Seine ,
Tout ne respire que l'Amour ?
Dans l'affreuse saison des glaces ,
On y voit folâtrer les Graces ;
Amour y lance mille Traits :
On diroit que la jeune Flore ,
Devant Zephire qui l'adore ,
Etale déja ses attraits.
M
>
Mais , & l'agreable surprise !
Sont-ce deux Amans que je vois ,
Dont l'ame tendrement éprise ,
Du Dieu vainqueur reçoit les Loix ?
Que ces jeunes cœurs sont aimables ;
Tendres, gracieux , respectables !
Les Lys renaissent sous leurs pas :
Petit Dieu par qui tout respire ,
Vis-ta jamais sous ton Empire
Plus de grandeur et plus d'appas ?
粥 Non
JUILLET. 1732.
1497
Non , non , rien ne me peut séduire ;
Car ce Tableau n'a rien d'obscur :
Dans leurs yeux je le vois reluire ,
C'est de Bourbon le Sang très-pur :
Accourez donc, Nymphes fidelles
Cueillez des Palmes immortelles ,
Mêlez-y le Myrthe et les fleurs ;
Si la saison ne les ramene
Phebus à la féconde haleine ,
Hâte-les nous par tes douceurs«
Suivons , suivons ce Couple auguste;
Au Temple il va porter ses pas :
Rien ne sçauroit être plus justez
Des Dieux tout releve ici - bas ;
Sero. ce qu'en cette journée ,
Pour un doux et chaste Hymenée ;
Ces tendres cœurs fissent des vœux ?
Et que d'une foi mutuelle,
Aux yeux de la Troupe immortelle,
Ils allassent former des nœuds ?
Entrons dans ce Temple adorable ;
Aa ! que vois-je , sont- ce les Cieux ?
Majesté , splendeur ineffable ,
Jupiter réside en ces lieux
Q l'auguste Ceremonic !
;
Amans
1498 MERCURE DE FRANCE
Amans , sa puissance infinie ,
Vous unit aux pieds des Autels :
Quel bonheur , quelle préference ..
D'être honorez de la présence ,
Du plus puissant des Immortels!!
受
Fille du Ciel , chaste Diane ,
Secourable Divinité ,
Dont je vois , Mortel et Prophane ,
Briller la celeste Beauté ;
Flatez , comblez notre esperance ,
Par votre divine assistance ;
Départez vos dons précieux ;
Procurez , faites naître au monde
Une posterité féconde ,
De Bourbons et de demi Dieux.
O Ciel ! quel mouvement rapide !
'Apollon , où m'entraînes-tu ?
Soutiens- moi , m'assiste et me guide ;
Ah ! que mon cœur est abattu!
Où suis je è quelle nuit obscure ? *-
Non, non , jamais dans la Nature ,,
Il ne fut rien de plus affreux ;
Tel est ... Ah ! je vois l'Antre sombre
Prudens futuri temporis exitum ,
Caliginosa nocte premit Deus.
ой
JUILLET. 173.2. 1499,
Où du fier Destin l'épaisse ombre ,
Couvre l'avenir tenebreux.
讚
Beau rayon , charmante lumiere ,.
Qu'Apollon fait naître en ces lieux ,
Quels jours , quelle illustre carriere ,.
Viens-tu dévoiler à mes yeux !·
Que de valeur , que de prudence !
D'intrépidité , de constance !
De prodiges , d'exploits guerriers ?
Quels faits sur la Terre et sur l'Onde ; .
Dignes du plus beau Sang du monde !
Que de gloire ! que de Lauriers !
$12
Dans cette Terre heureuse et franche ,
Où la justice regnera ;
Du tronc de Capet , une Branche ,
Jusqu'aux Astres s'élevera ;
Du Monde elle aura le bel âge ;
L'éclat de son divin feuillage
Eblouira tout l'Univers ;
Des Rois , des Nations sans nombre ; ,
Cherchant le repos sous son ombre ,
Viendront de cent climats divers
L'outrage des ans si sensible
Ne ternira pas sa beauté ¿
Plus
835174
1500 MERCURE DE FRANCE
Plus que le Cedre incorruptible ,
Elle verra l'Eternité ?
En vain , Nations orgueilleuses •
De vos Pins , les têtes pompeuses ,
Se mêleront à ses Rameaux ;
La beauté d'un arbre est extrême ,
Lorsqu'étant greffé sur lui - même ,
Il fait des rejettons nouveaux.
Du Destin , telle est l'Ordonnance ;
Tels sont ses Decrets éternels ;
Telle est l'immuable assurance ,
Que nous donnent les Immortels :
Amans qu'un heureux Hymenée,
Même cœur , même destinée ,
Même nom , même sang unit :
Livrez , abandonnez votre ame,
Aux traits d'une innocente flâme ,
Tout est propice , tout vous rit.
Toi , que Bellone et la Victoire ;
Suivront bien- tôt au Champ de Mars ;
Qui vois au Temple de la Gloire,
Tes Ayeux au rang des Cesars ;
Trace-nous leur Portrait fidele ,
Forme un Prince sur leur modele ;
Du Ciel tu seras secondé ;
Donne-
JUILLET. ISO 1732.
Donne-lui leur guerriere audace ;
Si des traits le choix t'embarrasse ,
Fais qu'il ressemble au grand Condé.
Par M.Julien, Juge Royal de Monblanc:
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Résumé : ODE Sur le Mariage de M. le Prince de Conty.
Le poème célèbre le mariage du Prince de Conty en juillet 1732. Il commence par une description idyllique de la saison, où les plaisirs et l'amour renaissent malgré le froid. Le poète exprime sa surprise en voyant un couple amoureux dont les cœurs purs rappellent la pureté du sang Bourbon. Il invite les nymphes à cueillir des palmes immortelles et des fleurs pour honorer ce couple auguste se dirigeant vers le temple pour leur mariage. Dans le temple, le poète admire la majesté et la splendeur des lieux, où réside Jupiter. Il prie les dieux, notamment Diane, pour qu'ils bénissent l'union et procurent une postérité féconde de Bourbons et de demi-dieux. Le texte évoque ensuite une vision sombre et obscure, contrastant avec les promesses de gloire et de valeur pour le couple. Le poète voit un rayon lumineux révélant une carrière illustre et des exploits guerriers dignes du plus beau sang du monde. Il prophétise qu'une branche du tronc de Capet s'élèvera jusqu'aux astres, apportant justice et éclat à l'univers. Les nations chercheront refuge sous son ombre, et sa beauté ne sera jamais ternie. Le poème conclut en affirmant que le destin unit les amants par un hymen heureux, leur donnant une même âme, destinée, nom et sang. Il les encourage à abandonner leur âme aux traits d'une flamme innocente, car tout leur est propice. Le poète prie Bellone et la Victoire de suivre le prince au champ de Mars et de lui donner l'audace guerrière du grand Condé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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42
p. 1654-1658
CEREMONIE Anniversaire, faite le jour de la Fête-Dieu à Vernon en Normandie. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 20. Juin 1732.
Début :
Voici, Monsieur, un narré fidele de la Cérémonie qui se fait [...]
Mots clefs :
Cérémonie, Fête-Dieu, Vernon, Notre-Dame de Grâce, Procession, Messe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CEREMONIE Anniversaire, faite le jour de la Fête-Dieu à Vernon en Normandie. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 20. Juin 1732.
CEREMONIE Anniversaire , faite le
jour de la Fête-Dieu à Vernon en Normandie. Extrait d'une Lettre écrite de
cette Ville le 20. Juin 1732.
V
oici , Monsieur , un narré fidele de
la Cérémonie qui se fait tous les ans
dans cette Ville , et dont vous n'avez entendu parler que confusément. Nous
avons ici , comme dans presque toutes les
Villes de cette Province , une Confrerie ,
dite de la Charité , dont les membres , au
nombre de treize , s'engagent à porter et
JUILLE 1. 1732. 1655
servent que
à enterrer les Morts gratuitement. Le Chef
de cette Societé est tiré au sort et nommé
le Roi ; il y a aussi deux Officiers nommez Senechaux , lesquels , avec le Roi , ne
durant une année , les autres
servent deux ans entiers ; ensorte qu'il
faut toutes les années proceder à une nouvelle Election , tant pour les trois personnes dont on vient de parler , que pour
remplir le nombre des Confreres qui peu
vent déceder pendant leur éxercice ; c'est
ce qui se fait dans l'Octave du S. Sacrement , ordinairement le Vendredy ; on
enregistre d'abord les noms de ceux qui
se présentent pour entrer dans la Confrerie , et le Lundi suivant ils vont tous en
Pélerinage à Notre- Dame de Grace , dévotion célebre à deux lieuës de 11 Ville :
c'est-là qu'après la Messe entenduë , le
Roi est tiré au sort : pour les Senechaux
c'est un Office qui s'achette au profit de
la Confrerie. Le jour suivant ils s'assemblent tous et le Curé de Notre - Dame, ou
son Vicaire , leur fait une Exhortation au
*sujet de leurs obligations , de leurs fonc- tions , & c.
Les Officiers en Charge vont tous les
ans en céremonie, la veille de la Fête- Dieu,
prendre un des anciens Confreres , selon
son tour et son rang , qu'on appelle l: Roj
I ij des
1656 MERCURE DE FRANCE
des Rois , ou le Roi des anciens Rois , et
ils le conduisent de son logis à l'Eglise de
Notre- Dame , où il assiste avec eux aux
premieres Vêpres , et à Matines , et le
tendemain à la Grand Messe , et tout de
suite à la Procession solemnelle du S. Sacrement , suivant immédiatement le Dais
et portant une couronne à la main. Ceux
qui l'accompagnent et les anciens Rois
c'est-à-dire , tous ceux qui ont porté le
Chapperon , marque de cette dignité ,
portent des flambeaux ornez de fleurs
et sont en habit ordinaire , il n'y a que
ceux qui servent actuellement qui portent
la Robe longue de la Confrerie.
La Procession finie et la Messe , qui se
célebre au retour , étant dite , on reconduit le Roi des Rois chez lui , où toute
la Confrerie dîne .
Mais avant que de se mettre à table , ils
sont obligez d'aller servir douze Pauvres ,
dont le couvert est mis sur une Table
dressée dans la rue , à la porte de la maison du Roi. Ce Repas consiste en un porage , en bouilli , en rôti , avec une bouteille de vin pour chaque Pauvre , qui
leur est versé par les Confreres. Ceux- ci
sont debout autour de la Table , et la serviette sur le bras , et le Roi est au bout
de la même Table , aussi debout , la Cou
tonne sur la tête.
JUILLET. 1732 1657
Le Jeudi , jour de l'Octave , on distribue encore un gros pain à douze autres
Pauvres , chacun le sien ; ce sont les Freres en exercice qui font cette derniere distribution , le tout aux dépens d'une fondation , dont je ne sçai ni l'époque , ni le
nom de l'Auteur.
Ne vous attendez pas non plus , Monsieur , que je vous dise ici quelque chose
sur la premiere institution de cette pieuse
Confrerie ; nous ne sommes pas si sçavans dans ce Canton. Je crois qu'on peut
la faire remonter aussi haut que l'on voudra , et lui donner même pour Instituteur,
du moins pour premier modele et pour
Patron le saint homme Tobie. Le Peintre
du grand Tableau , dont vous me parlez ,
qui se voit dans l'Eglise Paroissiale de Louviers , à quatre lieuës d'ici , étoit bien
persuadé de son antiquité , puisqu'il fait
assister des Confreres de la Charité , à ge
noux , en habit de céremonie , autour du
Lit de la Sainte Vierge , dont il a prétendu representer le Trépas et les Obseques ,
avec un Benitier aux pieds , &c.
,
J'ajoûterai à cela , puisque vous êtes curieux de nos Cérémonies , que les Cha→
noines de notre Collegiale ont choisi pour
leur Patron S. Barnabé. On chante le jour
de la Fête une Messe des plus solemnelI iij les ,
1658 MERCURE DE FRANCE
les , à laquelle assistent tous les Officiers ,
tant Ecclésiastiques , que Laïques. A l'Offertoire , les hauts Vicaires présentent à
chacun de ces Officiers une Couronne et
un Bouquet de fleurs. Le Diacre même et
le Soudiacre quittent l'Autel pour satisfaire à cette obligation. Je dis obligation ,
car ces Messieurs ayant voulu se dispenser
il y a quelquetems de la cérémonie
formé pour cela, une Instance au Parlement , les Officiers ont été maintenus dans
la possession de ce droit par un Arrêt contradictoire.
jour de la Fête-Dieu à Vernon en Normandie. Extrait d'une Lettre écrite de
cette Ville le 20. Juin 1732.
V
oici , Monsieur , un narré fidele de
la Cérémonie qui se fait tous les ans
dans cette Ville , et dont vous n'avez entendu parler que confusément. Nous
avons ici , comme dans presque toutes les
Villes de cette Province , une Confrerie ,
dite de la Charité , dont les membres , au
nombre de treize , s'engagent à porter et
JUILLE 1. 1732. 1655
servent que
à enterrer les Morts gratuitement. Le Chef
de cette Societé est tiré au sort et nommé
le Roi ; il y a aussi deux Officiers nommez Senechaux , lesquels , avec le Roi , ne
durant une année , les autres
servent deux ans entiers ; ensorte qu'il
faut toutes les années proceder à une nouvelle Election , tant pour les trois personnes dont on vient de parler , que pour
remplir le nombre des Confreres qui peu
vent déceder pendant leur éxercice ; c'est
ce qui se fait dans l'Octave du S. Sacrement , ordinairement le Vendredy ; on
enregistre d'abord les noms de ceux qui
se présentent pour entrer dans la Confrerie , et le Lundi suivant ils vont tous en
Pélerinage à Notre- Dame de Grace , dévotion célebre à deux lieuës de 11 Ville :
c'est-là qu'après la Messe entenduë , le
Roi est tiré au sort : pour les Senechaux
c'est un Office qui s'achette au profit de
la Confrerie. Le jour suivant ils s'assemblent tous et le Curé de Notre - Dame, ou
son Vicaire , leur fait une Exhortation au
*sujet de leurs obligations , de leurs fonc- tions , & c.
Les Officiers en Charge vont tous les
ans en céremonie, la veille de la Fête- Dieu,
prendre un des anciens Confreres , selon
son tour et son rang , qu'on appelle l: Roj
I ij des
1656 MERCURE DE FRANCE
des Rois , ou le Roi des anciens Rois , et
ils le conduisent de son logis à l'Eglise de
Notre- Dame , où il assiste avec eux aux
premieres Vêpres , et à Matines , et le
tendemain à la Grand Messe , et tout de
suite à la Procession solemnelle du S. Sacrement , suivant immédiatement le Dais
et portant une couronne à la main. Ceux
qui l'accompagnent et les anciens Rois
c'est-à-dire , tous ceux qui ont porté le
Chapperon , marque de cette dignité ,
portent des flambeaux ornez de fleurs
et sont en habit ordinaire , il n'y a que
ceux qui servent actuellement qui portent
la Robe longue de la Confrerie.
La Procession finie et la Messe , qui se
célebre au retour , étant dite , on reconduit le Roi des Rois chez lui , où toute
la Confrerie dîne .
Mais avant que de se mettre à table , ils
sont obligez d'aller servir douze Pauvres ,
dont le couvert est mis sur une Table
dressée dans la rue , à la porte de la maison du Roi. Ce Repas consiste en un porage , en bouilli , en rôti , avec une bouteille de vin pour chaque Pauvre , qui
leur est versé par les Confreres. Ceux- ci
sont debout autour de la Table , et la serviette sur le bras , et le Roi est au bout
de la même Table , aussi debout , la Cou
tonne sur la tête.
JUILLET. 1732 1657
Le Jeudi , jour de l'Octave , on distribue encore un gros pain à douze autres
Pauvres , chacun le sien ; ce sont les Freres en exercice qui font cette derniere distribution , le tout aux dépens d'une fondation , dont je ne sçai ni l'époque , ni le
nom de l'Auteur.
Ne vous attendez pas non plus , Monsieur , que je vous dise ici quelque chose
sur la premiere institution de cette pieuse
Confrerie ; nous ne sommes pas si sçavans dans ce Canton. Je crois qu'on peut
la faire remonter aussi haut que l'on voudra , et lui donner même pour Instituteur,
du moins pour premier modele et pour
Patron le saint homme Tobie. Le Peintre
du grand Tableau , dont vous me parlez ,
qui se voit dans l'Eglise Paroissiale de Louviers , à quatre lieuës d'ici , étoit bien
persuadé de son antiquité , puisqu'il fait
assister des Confreres de la Charité , à ge
noux , en habit de céremonie , autour du
Lit de la Sainte Vierge , dont il a prétendu representer le Trépas et les Obseques ,
avec un Benitier aux pieds , &c.
,
J'ajoûterai à cela , puisque vous êtes curieux de nos Cérémonies , que les Cha→
noines de notre Collegiale ont choisi pour
leur Patron S. Barnabé. On chante le jour
de la Fête une Messe des plus solemnelI iij les ,
1658 MERCURE DE FRANCE
les , à laquelle assistent tous les Officiers ,
tant Ecclésiastiques , que Laïques. A l'Offertoire , les hauts Vicaires présentent à
chacun de ces Officiers une Couronne et
un Bouquet de fleurs. Le Diacre même et
le Soudiacre quittent l'Autel pour satisfaire à cette obligation. Je dis obligation ,
car ces Messieurs ayant voulu se dispenser
il y a quelquetems de la cérémonie
formé pour cela, une Instance au Parlement , les Officiers ont été maintenus dans
la possession de ce droit par un Arrêt contradictoire.
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Résumé : CEREMONIE Anniversaire, faite le jour de la Fête-Dieu à Vernon en Normandie. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 20. Juin 1732.
Le texte relate une cérémonie annuelle célébrée à Vernon en Normandie à l'occasion de la Fête-Dieu, décrite dans une lettre datée du 20 juin 1732. Cette cérémonie est organisée par une confrérie de la Charité, composée de treize membres qui s'engagent à enterrer gratuitement les morts. Chaque année, un chef, appelé le Roi, et deux officiers, les Sénéchaux, sont élus par tirage au sort ou achat de charge. La cérémonie commence par un pèlerinage à Notre-Dame de Grace, suivi d'une exhortation par le curé ou son vicaire. La veille de la Fête-Dieu, les officiers accompagnent un ancien confrère, appelé le Roi des Rois, à l'église pour les vêpres, matines et la grand-messe, puis à la procession solennelle du Saint-Sacrement. Après la procession, ils reconduisent le Roi des Rois chez lui, où ils dînent ensemble après avoir servi douze pauvres dans la rue. Le jeudi suivant, douze autres pauvres reçoivent un pain, distribué par les frères en exercice. Le texte mentionne également que les chanoines de la collégiale de Vernon ont choisi saint Barnabé comme patron et célèbrent une messe solennelle à laquelle assistent divers officiers, qui reçoivent des couronnes et des bouquets de fleurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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43
p. 1877-1881
CEREMONIE faite dans l'Eglise Paroissiale de S. Sulpice , à l'occasion de la Premiere Pierre du grand Autel posée par M. le Nonce au nom du Pate Clement XII. le 21. de ce mois.
Début :
Cette Ceremonie a été des plus magnifiques, tant par le grand nombre de Seigneurs et de [...]
Mots clefs :
Cérémonie, Église paroissiale de Saint-Sulpice, Autel, Pierre, Nonce du Pape, Ambassadeur, Procession, Clergé, Messe, Inscription
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texteReconnaissance textuelle : CEREMONIE faite dans l'Eglise Paroissiale de S. Sulpice , à l'occasion de la Premiere Pierre du grand Autel posée par M. le Nonce au nom du Pate Clement XII. le 21. de ce mois.
CEREMONIE faite dans l'Eglise
Paroissiale de S. Sulpice , à l'occasion
de la Premiere Pierre du grand Autel
posée par M. le Nonce au nom du Pate
Clement XII. le 21. de ce mois.
Ette Ceremonie a été des plus magnifiques ,
stant par le grand nombre de Seigneurs et de
Dames qui y ont assisté , que par l'ordre qui a
été observé. Trois cent hommes du Guet à pied
étoient en armes au- dehors de l'Eglise , pour em pêcher les embarras des Carrosses , et il y avoit
dans l'interieur cent Cavaliers du Guet, comman
dez leurs Officiers , et cent. Suisses par tenir le bon ordre.
pour mainLe Nonce du Pape étoit attendu au Presbytere,
dans une Sale ornée et préparée pour le recevoin
Son Excellence arriva vers les dix heures , préce
dée de ses Valets de pied , accompagnée des Sci- greurs étrangers , et suivie de tous les Officiers
de sa Maison qui avoient servi à son Entrée pu
blique. Elle fut saluée d'une grande décharge de
Boetes, att son des Tambours, Timbales et Trompettes , et reçue à la descente de son Carosse par
M.le Curé et par les Marguilliers de la Paroisse,
à la tête desquels étoit le Comte de S. Florentia
Secretaire d'Etat , en l'absence de M. le Comte
de Maurepas , premier Marguillier d'honneur ,
qui s'étoit trouvé indisposé. M. le Nonce fut con
duit dans la Sale destinée à le recevoir ; il y étoit
attendu par l'Ambassadeur du Roy de Sardaigue,
par
1878 MERCURE DE FRANCE
par l'Ambassadeur de la République de Venise ,
par le Comte de Gergy's Ambassadeur de France
Venise , par plusieurs autres Ministres des Cours
Etrangeres et par un grand nombre de Selgneurs du Royaume , invitez à la Ceremonie.
Au moment de son arrivée , la Procession commença à sortir de l'Eglise par la porte collaterale,
située au Midy, pour rentrer par la grande porte.
Voici l'ordre qui s'y observa.
A la tête étoient les Timbales , Trompettes ,
Hautbois et Bassons ; on voyoit ensuite la grande
Baniere de la Paroisse , suivie de tous les Ouvriers 'servant à la construction du Bâtiment , en trèsgrand nombre , portant tous à la immain,la marque distinctive de leur Profession ; ils étoient conduits par les Maîtres , les Contre- Maitres er
les Appareilleurs. Le sieur Servandoni , des Académies Royales de Peinture, Sculpture et Architecture , premier Architecte de S. Sulpice , mar- choit à leur tête. e
Au milieu d'eux les Marbriers , avec des bricolles couvertes de rubans portoient sur un bran
card , orné d'un Tapis de velours , la Premiere
Pierre , parée de Guirlandes de fleurs , et de rubans; après eux marchoient les Congregations
et les Confrairies,avec leurs étendarts et Guidons.
Tout le Clergé en surplis venoit ensuite au nombre de plus de 300. chantant des Pseaumes à deux
Chœurs. ,,,
La Procession ayant passé dans cet ordre devant le Presbytere, M. le Curé en Etole et en Chape , en fit la clôture. Alors M. le Nonce, précedé de toute sa Livrée , suivi de tous ses Oraciers et
accompagné de M le Comte de S Florentin , des
Marguilliers , des Ambassadeurs de Sardaigne et
de Venise, du Comte de Gergy et des autres Mi mistres
A O UST. 1732 1879
nistres Etrangers et Seigneurs, sortit du Presby- tere pour suivre la Procession. On arriva ainsi à
l'Eglise qui avoit été disposée avec toute la noblesse et toute la magnificence possible , ce qui
offroit aux Spectateurs une décoration des plus
superbes , laquelle subsista sans aucun trouble ni
dérangement , malgré l'affluence et le concours
infini du Peuple empressé de voir cette auguste solemnité.
Les Confrairies allerent prendre les places qui
leur avoient été marquées , et les Congregations
placerent à l'entrée du Chœur leurs Bannieres, qui
furent admirées de toute l'Assemblée , plus encore par le goût que par la richesse de l'ouvrage.
Le Clergé se rangea sur deux lignes paralleles
dans la grand- Nef; M. le Curé se tenant au mi- fieu , présenta l'Eau-benite à M. le Nonce et en- suite lui offrit à baiser une Croix de Cristal de
Roche , d'un ouvrage parfait , dans laquelle on conserve une précieuse portion de la vraye Croix.
S. E. s'étant mise à genoux sur un riche Caradora le Crucifix ; puis s'étant relevée ,
M. le Curé lui fit un compliment dont elle pa- rut très-satisfaite.
reau ,
De-là elle fut conduite à un Prie-Dieu , couvert d'un superbe Tapis , placé devant un Autel
que l'on avoit dressé entre la Nef et le Chœur ,
il étoit orné d'un grand nombre de Chandeliers et de Girandoles de Cristal. Aux côtez du Nonçe
se placerent les Ambassadeurs , les Ministres
Etrangers , et les autres Seigneurs dans des Fauteuils préparez , avec des Carreaux de velours à
Galons d'or. M. le Comte de S. Florentin et les
Marguilliers prirent leurs places dans l'Euvre ,
qui étoit parée de Tapis de velours et de Carreaux chamarez d'or;toute la suite de S. E. et
des
1880 MERCURE DE FRANCE
des autres Ministres et Seigneurs,, se rangea dans lá Nef.
Des deux côtez de l'Autel on avoit disposé
une grande quantité de Chaises de Tapisserie , et
ce fut- là que l'on plaça les Personnes de distinction , de l'un et de l'autre sexe , qui s'y trouverent en grand nombre. Plus loin, dans le Sanctuaire , les Ecclesiastiques en Manteau, et les Religieux de différens Ordres.
Il y avoit en dehors de chaque Arcade de la
Nef une Barriere de Suisses , et en dedans un
rang de Cavaliers du Guet , pour empêcher le
peuple , qui remplissoit les bas côtez et la croisée
de ce grand et superbe Edifice , de causer de la
confusion , et cette double Barriere étoit continuće depuis la grande Porte jusques au Chœur.
Pendant que chacun prenoit la place qui lui
étoit destinée , on entendoit un Concert d'Ins
trumens, choisis de toute espece.
Le Clergé ayant défilé sur deux lignes , poar
se rendre dans le Choeur , dès qu'il y fut rangé ,
on commença la Messe ; pendant laquelle il fut
chanté un Motet de M. Campra , avec une Symphonie de M. Clerambault , Organiste et Maître
de Musique de S. Sulpice.
La Messe finie , M. le Nonce , précédé des -
Prêtres de la Paroisse , qui portoient dans des
Vases précieux les differens Instrumens qui de- voient servir à la Cérémonie , alla poser ia premiere Pierre. S. E. mit dans un Coffre de Marbre,
creusé exprès , des Médaillons d'or , d'argent et
de bronze, que le Pape avoit envoyez ; ils étoient
portez dans une Jatte d'Agathe , montée en for
d'un ouvrage exquis ; le Marbre fut ensuite sceité
er mis sous la premiere Pierre , sur laquelle est
gravée en Lettres d'or , l'Inscription qui suit :
CLE
A OUST 1732.
CLEMENS PAPA XII . PER RAINERIUM
COMITIBUS DE ILCIO ARCHIEPISCOPUM RнODIENSEM NUNCIUM APOSTOLICUM , LAPIDEM
HUNC ALTARIS SANCTI PRIMARIUM POSULT
XXI AUGUSTI. ANNO M. DCC. XXXII.
Pendant tout le temps de cette Cérémonie , les
Instrumens continuerent de donner une Symphonie qui fut generalement goutée. Lorsque la
Pierre fut posée , M. le Curé accompagna M. le
Nonce , M. le Comte de S. Florentin , et plusieurs autres Seigneurs dans la nouvelle Sacristie; ils y admirerent tous les Tableaux dont elle est ornée , qui sont des plus grands Maîtres , la.
Menuiserie qui est d'un gout achevé , et le Lavoir tout incrusté de Marbre , dont la Cuvette.
est un ancien Tombeau de Marbre d'Egypte ,
d'un grand prix.- -
Ensuite le Clergé s'étant rangé sur deux lignes dans la Nef, S. E. sortit de l'Eglise et fut conduite jusques à son Carosse , par M. le Curé ,
M. le Comte de S. Florentin , et Mrs les Marguilliers , au bruit des Tambours , Timballes et
Trompettes , et la Cérémonie fut terminée par
- des aumônes que M. le Curé fit distribuer abondament à tous les Pauvres , qui s'y trouvèrent en
tres- grand nombre.
Paroissiale de S. Sulpice , à l'occasion
de la Premiere Pierre du grand Autel
posée par M. le Nonce au nom du Pate
Clement XII. le 21. de ce mois.
Ette Ceremonie a été des plus magnifiques ,
stant par le grand nombre de Seigneurs et de
Dames qui y ont assisté , que par l'ordre qui a
été observé. Trois cent hommes du Guet à pied
étoient en armes au- dehors de l'Eglise , pour em pêcher les embarras des Carrosses , et il y avoit
dans l'interieur cent Cavaliers du Guet, comman
dez leurs Officiers , et cent. Suisses par tenir le bon ordre.
pour mainLe Nonce du Pape étoit attendu au Presbytere,
dans une Sale ornée et préparée pour le recevoin
Son Excellence arriva vers les dix heures , préce
dée de ses Valets de pied , accompagnée des Sci- greurs étrangers , et suivie de tous les Officiers
de sa Maison qui avoient servi à son Entrée pu
blique. Elle fut saluée d'une grande décharge de
Boetes, att son des Tambours, Timbales et Trompettes , et reçue à la descente de son Carosse par
M.le Curé et par les Marguilliers de la Paroisse,
à la tête desquels étoit le Comte de S. Florentia
Secretaire d'Etat , en l'absence de M. le Comte
de Maurepas , premier Marguillier d'honneur ,
qui s'étoit trouvé indisposé. M. le Nonce fut con
duit dans la Sale destinée à le recevoir ; il y étoit
attendu par l'Ambassadeur du Roy de Sardaigue,
par
1878 MERCURE DE FRANCE
par l'Ambassadeur de la République de Venise ,
par le Comte de Gergy's Ambassadeur de France
Venise , par plusieurs autres Ministres des Cours
Etrangeres et par un grand nombre de Selgneurs du Royaume , invitez à la Ceremonie.
Au moment de son arrivée , la Procession commença à sortir de l'Eglise par la porte collaterale,
située au Midy, pour rentrer par la grande porte.
Voici l'ordre qui s'y observa.
A la tête étoient les Timbales , Trompettes ,
Hautbois et Bassons ; on voyoit ensuite la grande
Baniere de la Paroisse , suivie de tous les Ouvriers 'servant à la construction du Bâtiment , en trèsgrand nombre , portant tous à la immain,la marque distinctive de leur Profession ; ils étoient conduits par les Maîtres , les Contre- Maitres er
les Appareilleurs. Le sieur Servandoni , des Académies Royales de Peinture, Sculpture et Architecture , premier Architecte de S. Sulpice , mar- choit à leur tête. e
Au milieu d'eux les Marbriers , avec des bricolles couvertes de rubans portoient sur un bran
card , orné d'un Tapis de velours , la Premiere
Pierre , parée de Guirlandes de fleurs , et de rubans; après eux marchoient les Congregations
et les Confrairies,avec leurs étendarts et Guidons.
Tout le Clergé en surplis venoit ensuite au nombre de plus de 300. chantant des Pseaumes à deux
Chœurs. ,,,
La Procession ayant passé dans cet ordre devant le Presbytere, M. le Curé en Etole et en Chape , en fit la clôture. Alors M. le Nonce, précedé de toute sa Livrée , suivi de tous ses Oraciers et
accompagné de M le Comte de S Florentin , des
Marguilliers , des Ambassadeurs de Sardaigne et
de Venise, du Comte de Gergy et des autres Mi mistres
A O UST. 1732 1879
nistres Etrangers et Seigneurs, sortit du Presby- tere pour suivre la Procession. On arriva ainsi à
l'Eglise qui avoit été disposée avec toute la noblesse et toute la magnificence possible , ce qui
offroit aux Spectateurs une décoration des plus
superbes , laquelle subsista sans aucun trouble ni
dérangement , malgré l'affluence et le concours
infini du Peuple empressé de voir cette auguste solemnité.
Les Confrairies allerent prendre les places qui
leur avoient été marquées , et les Congregations
placerent à l'entrée du Chœur leurs Bannieres, qui
furent admirées de toute l'Assemblée , plus encore par le goût que par la richesse de l'ouvrage.
Le Clergé se rangea sur deux lignes paralleles
dans la grand- Nef; M. le Curé se tenant au mi- fieu , présenta l'Eau-benite à M. le Nonce et en- suite lui offrit à baiser une Croix de Cristal de
Roche , d'un ouvrage parfait , dans laquelle on conserve une précieuse portion de la vraye Croix.
S. E. s'étant mise à genoux sur un riche Caradora le Crucifix ; puis s'étant relevée ,
M. le Curé lui fit un compliment dont elle pa- rut très-satisfaite.
reau ,
De-là elle fut conduite à un Prie-Dieu , couvert d'un superbe Tapis , placé devant un Autel
que l'on avoit dressé entre la Nef et le Chœur ,
il étoit orné d'un grand nombre de Chandeliers et de Girandoles de Cristal. Aux côtez du Nonçe
se placerent les Ambassadeurs , les Ministres
Etrangers , et les autres Seigneurs dans des Fauteuils préparez , avec des Carreaux de velours à
Galons d'or. M. le Comte de S. Florentin et les
Marguilliers prirent leurs places dans l'Euvre ,
qui étoit parée de Tapis de velours et de Carreaux chamarez d'or;toute la suite de S. E. et
des
1880 MERCURE DE FRANCE
des autres Ministres et Seigneurs,, se rangea dans lá Nef.
Des deux côtez de l'Autel on avoit disposé
une grande quantité de Chaises de Tapisserie , et
ce fut- là que l'on plaça les Personnes de distinction , de l'un et de l'autre sexe , qui s'y trouverent en grand nombre. Plus loin, dans le Sanctuaire , les Ecclesiastiques en Manteau, et les Religieux de différens Ordres.
Il y avoit en dehors de chaque Arcade de la
Nef une Barriere de Suisses , et en dedans un
rang de Cavaliers du Guet , pour empêcher le
peuple , qui remplissoit les bas côtez et la croisée
de ce grand et superbe Edifice , de causer de la
confusion , et cette double Barriere étoit continuće depuis la grande Porte jusques au Chœur.
Pendant que chacun prenoit la place qui lui
étoit destinée , on entendoit un Concert d'Ins
trumens, choisis de toute espece.
Le Clergé ayant défilé sur deux lignes , poar
se rendre dans le Choeur , dès qu'il y fut rangé ,
on commença la Messe ; pendant laquelle il fut
chanté un Motet de M. Campra , avec une Symphonie de M. Clerambault , Organiste et Maître
de Musique de S. Sulpice.
La Messe finie , M. le Nonce , précédé des -
Prêtres de la Paroisse , qui portoient dans des
Vases précieux les differens Instrumens qui de- voient servir à la Cérémonie , alla poser ia premiere Pierre. S. E. mit dans un Coffre de Marbre,
creusé exprès , des Médaillons d'or , d'argent et
de bronze, que le Pape avoit envoyez ; ils étoient
portez dans une Jatte d'Agathe , montée en for
d'un ouvrage exquis ; le Marbre fut ensuite sceité
er mis sous la premiere Pierre , sur laquelle est
gravée en Lettres d'or , l'Inscription qui suit :
CLE
A OUST 1732.
CLEMENS PAPA XII . PER RAINERIUM
COMITIBUS DE ILCIO ARCHIEPISCOPUM RнODIENSEM NUNCIUM APOSTOLICUM , LAPIDEM
HUNC ALTARIS SANCTI PRIMARIUM POSULT
XXI AUGUSTI. ANNO M. DCC. XXXII.
Pendant tout le temps de cette Cérémonie , les
Instrumens continuerent de donner une Symphonie qui fut generalement goutée. Lorsque la
Pierre fut posée , M. le Curé accompagna M. le
Nonce , M. le Comte de S. Florentin , et plusieurs autres Seigneurs dans la nouvelle Sacristie; ils y admirerent tous les Tableaux dont elle est ornée , qui sont des plus grands Maîtres , la.
Menuiserie qui est d'un gout achevé , et le Lavoir tout incrusté de Marbre , dont la Cuvette.
est un ancien Tombeau de Marbre d'Egypte ,
d'un grand prix.- -
Ensuite le Clergé s'étant rangé sur deux lignes dans la Nef, S. E. sortit de l'Eglise et fut conduite jusques à son Carosse , par M. le Curé ,
M. le Comte de S. Florentin , et Mrs les Marguilliers , au bruit des Tambours , Timballes et
Trompettes , et la Cérémonie fut terminée par
- des aumônes que M. le Curé fit distribuer abondament à tous les Pauvres , qui s'y trouvèrent en
tres- grand nombre.
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Résumé : CEREMONIE faite dans l'Eglise Paroissiale de S. Sulpice , à l'occasion de la Premiere Pierre du grand Autel posée par M. le Nonce au nom du Pate Clement XII. le 21. de ce mois.
Le 21 août 1732, une cérémonie solennelle a marqué la pose de la première pierre du grand autel de l'église paroissiale de Saint-Sulpice. Cette cérémonie, présidée par le Nonce du Pape au nom du Pape Clément XII, s'est déroulée avec une grande magnificence et un ordre rigoureux. Trois cents hommes du Guet à pied, cent cavaliers du Guet et cent Suisses étaient présents pour assurer la sécurité. Le Nonce, accompagné de dignitaires étrangers et de nombreux seigneurs, a été accueilli par le curé et les marguilliers de la paroisse, dont le Comte de Saint-Florentin. Une procession, incluant des ouvriers, des marbriers portant la première pierre et le clergé, a traversé l'église. La première pierre, ornée de guirlandes et de rubans, était placée dans un coffre de marbre contenant des médaillons envoyés par le Pape. La messe, accompagnée de musique par M. Campra et M. Clerambault, a précédé la pose de la pierre. Après la cérémonie, le Nonce et plusieurs seigneurs ont admiré les décorations de la nouvelle sacristie. La cérémonie s'est conclue par la distribution d'aumônes aux pauvres présents.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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44
p. 2282-2285
CÉREMONIE de la Bénédiction des nouvelles Cloches de l'Abbaye de Sainte Geneviéve.
Début :
Les Chanoines Réguliers de l'Abbaye Royale de sainte Geneviève ont été obligez de faire [...]
Mots clefs :
Cloches, Abbaye de Sainte Geneviève, Neffe, Cérémonie, Bénédiction
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texteReconnaissance textuelle : CÉREMONIE de la Bénédiction des nouvelles Cloches de l'Abbaye de Sainte Geneviéve.
CE'REMONIE de la Bénédiction des
nouvelles Cloches de l'Abbaye
de Sainte Geneviève.
Es Chanoines Réguliers de l'Abbaye Royale
Lde Sainte Geneviève ont été obligez de faire
refondre leurs Cloches. Celles qu'ils avoient
étoient déja anciennes ; il suffit de dire que la
plus récente étoit de 1611. et que des deux prin
cipales l'une étoit cassée , et l'autre fellée ; les
autres menaçoient d'un semblable accident. La difficulté de bien assortir des Cloches travaillées
en différens tems , les à déterminez à une refonte
entiere : et quoiqu'on fut assez content de la force et de l'harmonie de celles que l'on a entenduës
jusqu'ici , ils ont tâché d'avoir encore quelque
chose de plus fort et de plus mélodieux en ce
genre. Selon ce projet on a fondu six Cloches
qui dans leur total , vont,pour la pesanteur, à une
·
moiti
OCTOBRE. 1732. 2283
moitié aude-là des anciennes. L'harmonie y est
menagée à proportion : les sieurs Brocards et
Chauchards , habiles Fondeurs , déja connus par
le succès des Cloches de la Cathedrale de Chartres , y ont seuls travaillé , et l'entreprise heureusement finie , les jours ont été fixez pour la Bé- nédiction des nouvelles Cloches.
Le Mardi 16 Septembre , la Reine seconde
Douairiere d'Espagne , se rendit vers les dix heu- res du matin à sainte Geneviève en habit de cérémonie , accompagnée de toute sa Maison , pour
être Marraine de la premiere des grosses Cloches ;
Monseigneur le Duc d'Orleans , premier Prince
du Sang , arriva peu de tems après pour être Parrain.
La Reine fut reçûë à la porte de l'Eglise au son
des Tambours , Trompettes , Timbales et Haut- bois ; par l'Abbé en Habits pontificaux à la tête
de son Chapitre. Il lui présenta P'Eau benite , et
offrit la vraye Croix à baiser , Sa Majesté Catho- lique à genoux sur un riche carreau adora le
Crucifix , puis s'étant levée , l'Abbé l'encensa , lui
fit un compliment et la conduisit au son des Instrumens à son Prie-Dieu , placé du côté de l'Evangile sous un Dais de Velour cramoisi , brodé d'or.
M. le Duc d'Orleans se mit à la droite de la
Reine , qui avoit à sa gauche les Dames de sa Cour, et ses grands Officiers. Ceux de M. le
Duc d'Orleans et d'autres personnes de distinc- /
tion , formoient une assemblée brillante.
La cérémonie se fit dans la Nef de l'Eglise ,
décorée de plusieurs rangs de riches Tapisseries.
Au dessus d'un Autel , dressé au fond de la Nef,
s'élevoit un Dais de Velour Cramoisy , semé de
Fleurs de Lys d'or , orné de six Cartouches , reprem
2284 MERCURE DE FRANCE
presentant divers sujets de la vie de sainte Géné
viéve. Sur l'Autel , manifiquement paré, étoit un
grand nombre de Chandeliers d'argent , tres-bien
disposez , portant des Cierges aux Armoiries de
La Reine d'Espagne , et de M. le Duc d'Orleans.
Auprès de l'Autel , du côté de ' Epître , étoit pla- cé l'Abbé de sainte Géneviève , avec ses Officiers;
les uns en Tuniques , les autres en Chappes
magnifiques.
La Cloche suspendue au milieu de la Néf, attiroit par sa grosseur l'admiration des Spectateurs , et une Etoffe d'or , des plus riches , qui
la couvroit entierement , marquoit la libéralité
vraiment Royale de S. M. Cet de M. le Duc
d'Orleans. Tout l'appareil de cette Cloche , ornée
superbement , environnée de grands Flambeaux
aux mêmes Armes que les Cierges , et soutenuë
par un assemblage de Pieces de Charpente , cou--
vertes de Damas Cramoist, representoite me espece de riche Pavillon , qui étoit surmonté par
une grande Couronne de Fleurs artificielles.
2
2
La Reine et M. le Duc d'Orleans donnerent à
la Cloche le nom de MARIE LOUISE ELIZABETH , et la tinterenr chacun trois fois, im- médiatement après que l'Abbé l'eut tintée. Les
Connoisseurs sentirent dèslors la justesse de l'harmonie. On n'entrera pas icy dans le détail des
la Cérémonie Ecclésiastique qui est marquée dans
les Rituels , & c.. Entre les Antiennes et les autres Prieres on entendoit par intervalles , un Concert d'Instruments
choisis. Enfin le Pseaume CL. fut chanté alternavement avec l'Orgue , accompagné de Flutes Douces et Allemandes.
La Cérémonie finie , l'Abbé donna la Bénédiction Pontificale ; et alla ensuite , précédé detes
OCTOBRE. 1732 2285
ses Officiers , complimenter la Reine à son Trome , et la reconduisit au bruit d'une agréable
Symphonie , toute la Communauté étant rangée sur plusieurs lignes dans la Nef.
Le tout fut terminé par des liberalitez dont
S. M. C. et M. le Duc d'Orleans gratifierent
les Ouvriers ; une multitude de Pauvres reçut aussi des aumônes considérables.
·
Le lendemain Mercredy , 17 Septembre, M. le Duc et Madame la Duchesse de Noailles furent
Parrain et Marraine de la seconde Cloche, qu'ils nommérent GENEVIL'VE FRANCOISECHARLOTTE. Ils furent reçus à l'entrée de P'Eglise, vers les quatre heures du soir , au son
de's Trompettes et des Tambours , par le Prieur
de l'Abbaie et par plusieurs députez de la Com- munauté.
La Cloche étoit couverte d'un beau Velours
cramoisi, donné par M. le Duc et Madame la
Duchesse de Noailles. La Cérémonie se passa
peu près comme la veille. Il y eut grand concours de Peuple.L'Abbé de Ste Geneviève, après la
Benediction, remercia M. et Madame de Noailles , et retourna au Trésor , où M.le Duc et Madame la Duchesse vinrent lui faire compliment.
als firent pareillement distribuer des libéralite
aux Ouvriers , et des aumônes aux Pauvres.
La Bénédiction des quatre autres Cloches se
fera après la St Martin.
nouvelles Cloches de l'Abbaye
de Sainte Geneviève.
Es Chanoines Réguliers de l'Abbaye Royale
Lde Sainte Geneviève ont été obligez de faire
refondre leurs Cloches. Celles qu'ils avoient
étoient déja anciennes ; il suffit de dire que la
plus récente étoit de 1611. et que des deux prin
cipales l'une étoit cassée , et l'autre fellée ; les
autres menaçoient d'un semblable accident. La difficulté de bien assortir des Cloches travaillées
en différens tems , les à déterminez à une refonte
entiere : et quoiqu'on fut assez content de la force et de l'harmonie de celles que l'on a entenduës
jusqu'ici , ils ont tâché d'avoir encore quelque
chose de plus fort et de plus mélodieux en ce
genre. Selon ce projet on a fondu six Cloches
qui dans leur total , vont,pour la pesanteur, à une
·
moiti
OCTOBRE. 1732. 2283
moitié aude-là des anciennes. L'harmonie y est
menagée à proportion : les sieurs Brocards et
Chauchards , habiles Fondeurs , déja connus par
le succès des Cloches de la Cathedrale de Chartres , y ont seuls travaillé , et l'entreprise heureusement finie , les jours ont été fixez pour la Bé- nédiction des nouvelles Cloches.
Le Mardi 16 Septembre , la Reine seconde
Douairiere d'Espagne , se rendit vers les dix heu- res du matin à sainte Geneviève en habit de cérémonie , accompagnée de toute sa Maison , pour
être Marraine de la premiere des grosses Cloches ;
Monseigneur le Duc d'Orleans , premier Prince
du Sang , arriva peu de tems après pour être Parrain.
La Reine fut reçûë à la porte de l'Eglise au son
des Tambours , Trompettes , Timbales et Haut- bois ; par l'Abbé en Habits pontificaux à la tête
de son Chapitre. Il lui présenta P'Eau benite , et
offrit la vraye Croix à baiser , Sa Majesté Catho- lique à genoux sur un riche carreau adora le
Crucifix , puis s'étant levée , l'Abbé l'encensa , lui
fit un compliment et la conduisit au son des Instrumens à son Prie-Dieu , placé du côté de l'Evangile sous un Dais de Velour cramoisi , brodé d'or.
M. le Duc d'Orleans se mit à la droite de la
Reine , qui avoit à sa gauche les Dames de sa Cour, et ses grands Officiers. Ceux de M. le
Duc d'Orleans et d'autres personnes de distinc- /
tion , formoient une assemblée brillante.
La cérémonie se fit dans la Nef de l'Eglise ,
décorée de plusieurs rangs de riches Tapisseries.
Au dessus d'un Autel , dressé au fond de la Nef,
s'élevoit un Dais de Velour Cramoisy , semé de
Fleurs de Lys d'or , orné de six Cartouches , reprem
2284 MERCURE DE FRANCE
presentant divers sujets de la vie de sainte Géné
viéve. Sur l'Autel , manifiquement paré, étoit un
grand nombre de Chandeliers d'argent , tres-bien
disposez , portant des Cierges aux Armoiries de
La Reine d'Espagne , et de M. le Duc d'Orleans.
Auprès de l'Autel , du côté de ' Epître , étoit pla- cé l'Abbé de sainte Géneviève , avec ses Officiers;
les uns en Tuniques , les autres en Chappes
magnifiques.
La Cloche suspendue au milieu de la Néf, attiroit par sa grosseur l'admiration des Spectateurs , et une Etoffe d'or , des plus riches , qui
la couvroit entierement , marquoit la libéralité
vraiment Royale de S. M. Cet de M. le Duc
d'Orleans. Tout l'appareil de cette Cloche , ornée
superbement , environnée de grands Flambeaux
aux mêmes Armes que les Cierges , et soutenuë
par un assemblage de Pieces de Charpente , cou--
vertes de Damas Cramoist, representoite me espece de riche Pavillon , qui étoit surmonté par
une grande Couronne de Fleurs artificielles.
2
2
La Reine et M. le Duc d'Orleans donnerent à
la Cloche le nom de MARIE LOUISE ELIZABETH , et la tinterenr chacun trois fois, im- médiatement après que l'Abbé l'eut tintée. Les
Connoisseurs sentirent dèslors la justesse de l'harmonie. On n'entrera pas icy dans le détail des
la Cérémonie Ecclésiastique qui est marquée dans
les Rituels , & c.. Entre les Antiennes et les autres Prieres on entendoit par intervalles , un Concert d'Instruments
choisis. Enfin le Pseaume CL. fut chanté alternavement avec l'Orgue , accompagné de Flutes Douces et Allemandes.
La Cérémonie finie , l'Abbé donna la Bénédiction Pontificale ; et alla ensuite , précédé detes
OCTOBRE. 1732 2285
ses Officiers , complimenter la Reine à son Trome , et la reconduisit au bruit d'une agréable
Symphonie , toute la Communauté étant rangée sur plusieurs lignes dans la Nef.
Le tout fut terminé par des liberalitez dont
S. M. C. et M. le Duc d'Orleans gratifierent
les Ouvriers ; une multitude de Pauvres reçut aussi des aumônes considérables.
·
Le lendemain Mercredy , 17 Septembre, M. le Duc et Madame la Duchesse de Noailles furent
Parrain et Marraine de la seconde Cloche, qu'ils nommérent GENEVIL'VE FRANCOISECHARLOTTE. Ils furent reçus à l'entrée de P'Eglise, vers les quatre heures du soir , au son
de's Trompettes et des Tambours , par le Prieur
de l'Abbaie et par plusieurs députez de la Com- munauté.
La Cloche étoit couverte d'un beau Velours
cramoisi, donné par M. le Duc et Madame la
Duchesse de Noailles. La Cérémonie se passa
peu près comme la veille. Il y eut grand concours de Peuple.L'Abbé de Ste Geneviève, après la
Benediction, remercia M. et Madame de Noailles , et retourna au Trésor , où M.le Duc et Madame la Duchesse vinrent lui faire compliment.
als firent pareillement distribuer des libéralite
aux Ouvriers , et des aumônes aux Pauvres.
La Bénédiction des quatre autres Cloches se
fera après la St Martin.
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Résumé : CÉREMONIE de la Bénédiction des nouvelles Cloches de l'Abbaye de Sainte Geneviéve.
En septembre 1732, l'Abbaye de Sainte Geneviève a célébré la bénédiction de six nouvelles cloches. Les Chanoines Réguliers avaient décidé de refondre les anciennes cloches, certaines datant de 1611, en raison de leur état de délabrement. Les nouvelles cloches, fondues par les fondeurs Brocards et Chauchards, pesaient en total plus de la moitié des anciennes et offraient une meilleure harmonie. Le 16 septembre, la Reine douairière d'Espagne et le Duc d'Orléans ont été respectivement marraine et parrain de la première cloche, nommée Marie Louise Élisabeth. La cérémonie s'est déroulée dans la nef de l'église, décorée de tapisseries et d'un autel orné de chandeliers d'argent. La cloche, couverte d'une étoffe d'or, a été bénie et nommée par les parrains. Un concert d'instruments et des prières ont accompagné la cérémonie. Le lendemain, le Duc et la Duchesse de Noailles ont été parrain et marraine de la seconde cloche, nommée Geneviève Françoise-Charlotte. La cérémonie a suivi un protocole similaire, avec une réception solennelle et des libéralités distribuées aux ouvriers et aux pauvres. La bénédiction des quatre autres cloches était prévue après la Saint-Martin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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45
p. 2497-2501
MALADIE de Monseigneur le Duc d'Orleans, et Actions de Graces renduës pour son heureuse guérison.
Début :
Tout le monde sçait que la pieté de M. le Duc d'Orleans, Premier Prince du Sang, le [...]
Mots clefs :
Duc d'Orléans, Guérison, Maladie, Actions de grâce, Convalescence, Petite vérole, Te Deum, Église, Cérémonie
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texteReconnaissance textuelle : MALADIE de Monseigneur le Duc d'Orleans, et Actions de Graces renduës pour son heureuse guérison.
MALADIE de Monseigneur le Due
d'Orleans , et Actions de Gracès renduës
pourson heureuseguérison.
Out le monde sçait que la pieté de M. le TDucd'Orleans ,Fremier Prince du Sang , le
porte à faire des Retraites dans l'Abbaye Royale de Sainte Geneviève. Ce Prince venoit de finir
une de ces Retraites , qui avoit duré 17 jours ,
lorsque M. le Duc de Chartres fut attaqué de la
petite
2498 MERCURE DE FRANCE
à
petite verole. M. le Duc d'Orleans , en vrai Pere,
ne le quitta pas d'un moment. Aussi- tôt qu'il le vît en convalescence , il pensa se retirer de
nouveau à sainte Geneviève. Il y arriva le Jeudi
matin 30 Octobre , ayant déja eu un accès de
fiévre , une diete rigoureuse n'empêcha pas le
mal d'augmenter. Le vendredi 31. on conclut à
la saignée du bras , ce qui fut éxecuté par le
sieur Marsolan , premier Chirurgien de S. A.-S.
qui avoit été de cet avis
La petite verole déclarée , le Prince résolut de
rester à Sainte Geneviève. S. A. R. Madame la
Duchesse d'Orleans, accourut promptement : dans
Cette visite et dans celles qui suivirent , on la vûe des heures entieres devant le S. Sacrement. La
Reine d'Espagne vint le Samedi , Fête de la Toussaints , et les jours suivans , employant chaque
fois beaucoup de tems à la priere , pour implorer
le secours du Ciel. Ces Augustes et pieuses Prin-.
cesses faisoient distribuer en sortant des aumônes considérables.
Le Dimanche matin 2 Novembre , M. l'Arche◄
vêque de Paris vint à Sainte Geneviève , y celébra
la Messe , et salua M. le Duc d'Orleans, malgré
les instances réïterées de S. A. S. qui lui fit représenter poliment qu'un Archevêque , obligé de
communiquer avec toutes sortes de personnes, ne
pouvoit prendre à cet égard trop de précau tions.
Déja les grands Officiers de S. A. S. et les personnes qui en pareil cas deviennent absolument
necessaires , s'étoient rendues du Palais Royal à
Sainte Geneviève. Du nombre de ces derniers
sont le sieur Terre , premier Medecin , et le sieur
Vernage Medecin , le sieur Marsolan , premier
Chirurgien , et le sieur Imbert , Apotiquaire, qui
our
DE
LA
VILLE
NOVEMBRE HOTHEQUE
. 1732.
1732. 249 .
ent conduit la maladie avec prudence et tout
succès possible. On pourroit croire que ce concours auroit causé quelque dérangement dans la
Communauté , mais il n'y en a point eu par la
sagesse de tous ces Officiers.
ger
La maladie qui n'avoit eu aucun mauvais symp
tôme, n'a pas été sujette à des crises fâcheuses , il
n'y a eu de fiévre qu'autant qu'il en falloit pour
faciliter l'éruption , et la fiévre n'étoit pas même
accompagnée de mal de tête. La vie toute frugale
que mene S. A. S. a infiniment contribué à abrela maladie. L'unique attention des Medecins
étoit d'empêcher quele Prince ne s'appliquât trops
il ne voulut cependant pas interrompre ses lectures de pieté , il se faisoit lire assidûment quelques endroits choisis de l'Ecriture-Sainte et des
Peres , et comme on prit la liberté de lui représenter que cela lui pourroit nuire , l'ame , répon
dit-il, est préferable au corps. Accoûtumé à suivre
ce grand principe en santé , il l'a genereusement
suivi dans la maladie. Si- tôt qu'il pût aller à sa
Tribune , qui est de plein pied à son Appartement , et qui donne sur le Sanctuaire , il y assis
ta aux Offices divins. Le peuple en étant informé s'empressa de tourner les yeux vers cette
Tribune , et attira une foule qui ne cessoit d'applaudir et d'admirer.
Le Vendredi 14 Novembre › M. le Duc de
Chartres , à peine sorti de convalescence , vint rendre ses devoirs à S. A. S. son Pere , la conso❤
lation fut entiere de part et d'autre. Le jeune.
Prince marqua des sentimens superieurs à son
âge. Il monta ensuite à la Bibliotheque , et prit
plaisir à voir les curiositez qui s'y conser- vent.
LYON
$
1893
Les Chanoines Réguliers de sainte Genevieve chez
1
2500 MERCURE DE FRANCE
C
2
p
chez qui tout cela s'est passé , ont crû ne pou-"
voir trop faire éclater leur joye. Le Lundi 17
Novembre, ils chanterent une Messe Solemnelle
d'Actions de graces , celebrée pontificalement
par l'Abbé. Le Te Deum suivit la Messe. Dans
cette grande Cerémonie parurent pour la premiere fois les Ornemens faits de l'Etoffe prétieuse dont M. le Duc d'Orleans fit présent quand il nomma la premiere des nouvelles Cloches. Au
Chant on joignit l'Orgue , accompagnée d'Ins trumens.
L'Eglise ornée de Tapisseries magnifiques ,
comme dans là solemnité de sainte Genevieve ,
sembloit avoir perdu cet air de vetusté qui lui
est propre. Des Lustres disposez avec cimetrie ,
et garnis de Bougies , faisoient un fort bel effet :
mais ce qui frappoit davantage étoit la Châsse
de sainte Geneviève , qu'on avoit découverte par
devant , ce qui se fait très-rarement. La Châsse
devenue ainsi plus visible , étoit entourée d'une
quantité de Cierges avantageusement distribués
par differens étages , ce qui faisoit briller les riches pierreries du devant. M. le Duc d'Orleans
assista à la cerémonie dans sa Tribune. M. le
Duc de Chartres vint l'y joindre , et pendant le
Te Deum il-édifia extrêmement par sa pieté , qui
exprimoit une vive reconnoissance.
LaReine d'Espagne étoit dans sa Tribune ordinaire,parée deDamas cramoisi;unTapis deVelours
à Galons et Crepine d'or en paroit le dehors. Visà-vis on voyoit la Tribune de S. A. R. Madame
la Duchesse d'Orleans , et des Princesses de la Maison d'Orleans. Dans l'avant- Sanctuaire orné de Tapis , et dans le Chœur étoient placez
plusieurs Seigneurs et d'autres personnes de disTinc
NOVEMBRE. 1732. 2500
tinction Le Rondpoint et les Chapelles se remplirent également d'Ecclesiastiques , de Gentilshommes , d'Officiers , &c. La Nef le fût d'un
monde infini que la joye de la guérison du Prin- ee avoit attiré. L'Action de Graces fut terminée
par la Benediction pontificale de l'Abbé de sainte Geneviève.
Le soir de la veille de la cerémonie , la Tour
de sainte Geneviève qui par sa situation et par sa
hauteur est apperçue de tout Paris et de la Cam-
·pagne , fut illuminée d'une infinité de Lampions,
et les nouvelles Cloches récemment posées dans
la Tour se firent long- tems entendre. Pareilles illuminations et sonnerie se firent le Lundy au soir,
jour de la Cerémonie. 14
Le 12. de Novembre le Gouverneur du Château de S. Cloud , fit chanter dans la Chapelle du
Château un Te Deum en Musique, en Actions de
graces du parfait rétablissement de la santé de
M le Duc d'Orleans et de M. leDuc deChartres:
le Te Deum auquel M. le Duc de Chartres assis- "ta , fut suivi d'un grand Feu d'artifice et de quantité d'illuminations ; des Fontaines de vin et des
Violons attirerent tous les habitans de S. Cloud
et des environs qui passerent toute la nuit en réjouissances.
d'Orleans , et Actions de Gracès renduës
pourson heureuseguérison.
Out le monde sçait que la pieté de M. le TDucd'Orleans ,Fremier Prince du Sang , le
porte à faire des Retraites dans l'Abbaye Royale de Sainte Geneviève. Ce Prince venoit de finir
une de ces Retraites , qui avoit duré 17 jours ,
lorsque M. le Duc de Chartres fut attaqué de la
petite
2498 MERCURE DE FRANCE
à
petite verole. M. le Duc d'Orleans , en vrai Pere,
ne le quitta pas d'un moment. Aussi- tôt qu'il le vît en convalescence , il pensa se retirer de
nouveau à sainte Geneviève. Il y arriva le Jeudi
matin 30 Octobre , ayant déja eu un accès de
fiévre , une diete rigoureuse n'empêcha pas le
mal d'augmenter. Le vendredi 31. on conclut à
la saignée du bras , ce qui fut éxecuté par le
sieur Marsolan , premier Chirurgien de S. A.-S.
qui avoit été de cet avis
La petite verole déclarée , le Prince résolut de
rester à Sainte Geneviève. S. A. R. Madame la
Duchesse d'Orleans, accourut promptement : dans
Cette visite et dans celles qui suivirent , on la vûe des heures entieres devant le S. Sacrement. La
Reine d'Espagne vint le Samedi , Fête de la Toussaints , et les jours suivans , employant chaque
fois beaucoup de tems à la priere , pour implorer
le secours du Ciel. Ces Augustes et pieuses Prin-.
cesses faisoient distribuer en sortant des aumônes considérables.
Le Dimanche matin 2 Novembre , M. l'Arche◄
vêque de Paris vint à Sainte Geneviève , y celébra
la Messe , et salua M. le Duc d'Orleans, malgré
les instances réïterées de S. A. S. qui lui fit représenter poliment qu'un Archevêque , obligé de
communiquer avec toutes sortes de personnes, ne
pouvoit prendre à cet égard trop de précau tions.
Déja les grands Officiers de S. A. S. et les personnes qui en pareil cas deviennent absolument
necessaires , s'étoient rendues du Palais Royal à
Sainte Geneviève. Du nombre de ces derniers
sont le sieur Terre , premier Medecin , et le sieur
Vernage Medecin , le sieur Marsolan , premier
Chirurgien , et le sieur Imbert , Apotiquaire, qui
our
DE
LA
VILLE
NOVEMBRE HOTHEQUE
. 1732.
1732. 249 .
ent conduit la maladie avec prudence et tout
succès possible. On pourroit croire que ce concours auroit causé quelque dérangement dans la
Communauté , mais il n'y en a point eu par la
sagesse de tous ces Officiers.
ger
La maladie qui n'avoit eu aucun mauvais symp
tôme, n'a pas été sujette à des crises fâcheuses , il
n'y a eu de fiévre qu'autant qu'il en falloit pour
faciliter l'éruption , et la fiévre n'étoit pas même
accompagnée de mal de tête. La vie toute frugale
que mene S. A. S. a infiniment contribué à abrela maladie. L'unique attention des Medecins
étoit d'empêcher quele Prince ne s'appliquât trops
il ne voulut cependant pas interrompre ses lectures de pieté , il se faisoit lire assidûment quelques endroits choisis de l'Ecriture-Sainte et des
Peres , et comme on prit la liberté de lui représenter que cela lui pourroit nuire , l'ame , répon
dit-il, est préferable au corps. Accoûtumé à suivre
ce grand principe en santé , il l'a genereusement
suivi dans la maladie. Si- tôt qu'il pût aller à sa
Tribune , qui est de plein pied à son Appartement , et qui donne sur le Sanctuaire , il y assis
ta aux Offices divins. Le peuple en étant informé s'empressa de tourner les yeux vers cette
Tribune , et attira une foule qui ne cessoit d'applaudir et d'admirer.
Le Vendredi 14 Novembre › M. le Duc de
Chartres , à peine sorti de convalescence , vint rendre ses devoirs à S. A. S. son Pere , la conso❤
lation fut entiere de part et d'autre. Le jeune.
Prince marqua des sentimens superieurs à son
âge. Il monta ensuite à la Bibliotheque , et prit
plaisir à voir les curiositez qui s'y conser- vent.
LYON
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1893
Les Chanoines Réguliers de sainte Genevieve chez
1
2500 MERCURE DE FRANCE
C
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chez qui tout cela s'est passé , ont crû ne pou-"
voir trop faire éclater leur joye. Le Lundi 17
Novembre, ils chanterent une Messe Solemnelle
d'Actions de graces , celebrée pontificalement
par l'Abbé. Le Te Deum suivit la Messe. Dans
cette grande Cerémonie parurent pour la premiere fois les Ornemens faits de l'Etoffe prétieuse dont M. le Duc d'Orleans fit présent quand il nomma la premiere des nouvelles Cloches. Au
Chant on joignit l'Orgue , accompagnée d'Ins trumens.
L'Eglise ornée de Tapisseries magnifiques ,
comme dans là solemnité de sainte Genevieve ,
sembloit avoir perdu cet air de vetusté qui lui
est propre. Des Lustres disposez avec cimetrie ,
et garnis de Bougies , faisoient un fort bel effet :
mais ce qui frappoit davantage étoit la Châsse
de sainte Geneviève , qu'on avoit découverte par
devant , ce qui se fait très-rarement. La Châsse
devenue ainsi plus visible , étoit entourée d'une
quantité de Cierges avantageusement distribués
par differens étages , ce qui faisoit briller les riches pierreries du devant. M. le Duc d'Orleans
assista à la cerémonie dans sa Tribune. M. le
Duc de Chartres vint l'y joindre , et pendant le
Te Deum il-édifia extrêmement par sa pieté , qui
exprimoit une vive reconnoissance.
LaReine d'Espagne étoit dans sa Tribune ordinaire,parée deDamas cramoisi;unTapis deVelours
à Galons et Crepine d'or en paroit le dehors. Visà-vis on voyoit la Tribune de S. A. R. Madame
la Duchesse d'Orleans , et des Princesses de la Maison d'Orleans. Dans l'avant- Sanctuaire orné de Tapis , et dans le Chœur étoient placez
plusieurs Seigneurs et d'autres personnes de disTinc
NOVEMBRE. 1732. 2500
tinction Le Rondpoint et les Chapelles se remplirent également d'Ecclesiastiques , de Gentilshommes , d'Officiers , &c. La Nef le fût d'un
monde infini que la joye de la guérison du Prin- ee avoit attiré. L'Action de Graces fut terminée
par la Benediction pontificale de l'Abbé de sainte Geneviève.
Le soir de la veille de la cerémonie , la Tour
de sainte Geneviève qui par sa situation et par sa
hauteur est apperçue de tout Paris et de la Cam-
·pagne , fut illuminée d'une infinité de Lampions,
et les nouvelles Cloches récemment posées dans
la Tour se firent long- tems entendre. Pareilles illuminations et sonnerie se firent le Lundy au soir,
jour de la Cerémonie. 14
Le 12. de Novembre le Gouverneur du Château de S. Cloud , fit chanter dans la Chapelle du
Château un Te Deum en Musique, en Actions de
graces du parfait rétablissement de la santé de
M le Duc d'Orleans et de M. leDuc deChartres:
le Te Deum auquel M. le Duc de Chartres assis- "ta , fut suivi d'un grand Feu d'artifice et de quantité d'illuminations ; des Fontaines de vin et des
Violons attirerent tous les habitans de S. Cloud
et des environs qui passerent toute la nuit en réjouissances.
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Résumé : MALADIE de Monseigneur le Duc d'Orleans, et Actions de Graces renduës pour son heureuse guérison.
Le texte relate la maladie et la guérison du Duc d'Orléans, premier Prince du Sang, qui contracta la petite vérole après une retraite de 17 jours à l'Abbaye Royale de Sainte Geneviève. Son fils, le Duc de Chartres, fut également atteint. Malgré sa propre maladie, le Duc d'Orléans resta à Sainte Geneviève pour être auprès de son fils. La Duchesse d'Orléans et la Reine d'Espagne vinrent lui rendre visite, priant pour sa guérison et distribuant des aumônes. La maladie du Duc d'Orléans fut soignée avec prudence par ses médecins et chirurgiens, notamment le sieur Marsolan et le sieur Terre. La maladie évolua favorablement sans symptômes graves, facilitée par le mode de vie frugal du Duc. Il continua ses lectures de piété malgré les recommandations médicales. Le 2 novembre, l'Archevêque de Paris vint célébrer la messe à Sainte Geneviève. Le 14 novembre, le Duc de Chartres, convalescent, rendit visite à son père. Le 17 novembre, les Chanoines de Sainte Geneviève célébrèrent une messe solennelle d'actions de grâces, accompagnée d'un Te Deum et d'une illumination de la tour de Sainte Geneviève. La cérémonie fut marquée par la présence de nombreuses personnalités et l'ornementation somptueuse de l'église. Le soir du 17 novembre, des illuminations et des sonneries de cloches eurent lieu. Le 12 novembre, un Te Deum et un feu d'artifice furent organisés au Château de Saint-Cloud pour célébrer le rétablissement des deux Ducs.
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46
p. 730-732
ADDITION à la Lettre, inserée dans le Mercure de Mars dernier, sur l'usage des Habits Canoniaux et Militaires, &c.
Début :
Permettez, Monsieur, que je vous fasse part de ce que j'ai encore trouvé [...]
Mots clefs :
Orléans, Chastellux, Saint-Agnan, Éperons, Épée, Chapitre, Réception, Cérémonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ADDITION à la Lettre, inserée dans le Mercure de Mars dernier, sur l'usage des Habits Canoniaux et Militaires, &c.
ADDITION à la Lettre , inferée
dans le Mercure de Mars dernier , sur
P'usage des Habits Canoniaux et Militaires
, & c.
P
Ermettez , Monsieur , que je vous
fasse part de ce que j'ai encore trouvé
de ressemblant au droit de M. de
Chastellux , depuis que je vous ai envoyé
mes Observations sur l'habillement
des Chanoines Honoraires Laïques
M. Hubert rapporte parmi les Preuves de
son Histoire de l'Eglise Royale de Saint-
Agnan d'Orleans , à la page 142. la reception
de 2 Doyens de ce Chapitre. Le 1
nommé Louis de Villers , pourvu par
Madame la Duchesse d'Orleans , fut reçû.
le 31 May 1480. On lit que dans la
cérémonie de sa reception au Chapitre , on
lui donna une Ceinture dorée , une Epée
aussi dorée , une Gibeciere , des Eperons
dorez , et un Oiseau sur le poing. Cui
tradiderunt Zonam deauratam , enfem deauratum,
unam Gibessariam, et Calcaria deanrata
, et Avem fupra pugnum ut moris est ,
prastitisque folitis ... Juramentis , & c.
Ayant été fait Evêque de Beauvais au
bout de 17 ans , M. le Duc d'Orleans
conAVRIL.
1733 731
confera la même dignité à Jacques Hurault
, à la reception duquel furent pratiquées
les mêmes Ceremonies l'an 1497 .
le 20 Septembre. Vous appercevez , sans
doute , de la difference entre notre Chanoine
Honoraire , Hereditaire , qui est
Laïc ; et ce Doyen , qui est un homme
d'Eglise , et dont la dignité n'est point
héréditaire.Illy a encore cela de different,
que le Doyen de S. Agnan d'Orleans devoit
être revêtu de Robe longue, au lieu
que nos Messieurs de Chastellux sont en
habit court , quoique couvert du Surplis
. Mais quand la ressemblance seroit
plus grande , etet quand même elle seroit
entiere pour ce qui est de l'habillement , et
du droit successif , on ne pourroit de nos
jours , mettre ce Doyen en parallele avoc
M. de Chastellux , parce que les Doyens
de S. Agnan ne sont plus reçûs avec l'équipage
dont j'ai parlé. Le même M.Hubert
nous apprend qu'en l'an 1546.
Charles Guillard prit possession du
Doyenné , le 8 Octobre , avec le Surplis
et l'Aumusse seulement ; qu'il ne voulut
point être installé suivant l'ancienne
Cérémonie , et qu'il 'se contenta que le
Chapitre lui donnât une déclaration ,
comme le Doyen pouvoit être mis en
* Page tent onzième.
*
pos732
MERCURE DE FRANCE
possession avec l'Epée au côté , la Gibeciere
, les Eperons dorez et l'Oiseau sur le
poing. Il ajoute que depuis ce temps - là
cette maniere d'investiture a cessé d'être
en usage , et qu'il n'en paroît plus d'exemples
dans les Archives de S. Agnan.Quoiqu'elle
soit affez remarquable , je ne
la trouve point dans le grand nombre
d'exemples d'investiture , rapportez par
M. Ducange , ou par ses illustres Augmentateurs.
L'Epée et le Ceinturon ou la
Ceinture paroissent bien dans ces sortes
de ceremonie ; mais il n'y est fait aucu
ne mention de Gibeciere ni d'Oyseau , non
plus que d'Eperons .
dans le Mercure de Mars dernier , sur
P'usage des Habits Canoniaux et Militaires
, & c.
P
Ermettez , Monsieur , que je vous
fasse part de ce que j'ai encore trouvé
de ressemblant au droit de M. de
Chastellux , depuis que je vous ai envoyé
mes Observations sur l'habillement
des Chanoines Honoraires Laïques
M. Hubert rapporte parmi les Preuves de
son Histoire de l'Eglise Royale de Saint-
Agnan d'Orleans , à la page 142. la reception
de 2 Doyens de ce Chapitre. Le 1
nommé Louis de Villers , pourvu par
Madame la Duchesse d'Orleans , fut reçû.
le 31 May 1480. On lit que dans la
cérémonie de sa reception au Chapitre , on
lui donna une Ceinture dorée , une Epée
aussi dorée , une Gibeciere , des Eperons
dorez , et un Oiseau sur le poing. Cui
tradiderunt Zonam deauratam , enfem deauratum,
unam Gibessariam, et Calcaria deanrata
, et Avem fupra pugnum ut moris est ,
prastitisque folitis ... Juramentis , & c.
Ayant été fait Evêque de Beauvais au
bout de 17 ans , M. le Duc d'Orleans
conAVRIL.
1733 731
confera la même dignité à Jacques Hurault
, à la reception duquel furent pratiquées
les mêmes Ceremonies l'an 1497 .
le 20 Septembre. Vous appercevez , sans
doute , de la difference entre notre Chanoine
Honoraire , Hereditaire , qui est
Laïc ; et ce Doyen , qui est un homme
d'Eglise , et dont la dignité n'est point
héréditaire.Illy a encore cela de different,
que le Doyen de S. Agnan d'Orleans devoit
être revêtu de Robe longue, au lieu
que nos Messieurs de Chastellux sont en
habit court , quoique couvert du Surplis
. Mais quand la ressemblance seroit
plus grande , etet quand même elle seroit
entiere pour ce qui est de l'habillement , et
du droit successif , on ne pourroit de nos
jours , mettre ce Doyen en parallele avoc
M. de Chastellux , parce que les Doyens
de S. Agnan ne sont plus reçûs avec l'équipage
dont j'ai parlé. Le même M.Hubert
nous apprend qu'en l'an 1546.
Charles Guillard prit possession du
Doyenné , le 8 Octobre , avec le Surplis
et l'Aumusse seulement ; qu'il ne voulut
point être installé suivant l'ancienne
Cérémonie , et qu'il 'se contenta que le
Chapitre lui donnât une déclaration ,
comme le Doyen pouvoit être mis en
* Page tent onzième.
*
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MERCURE DE FRANCE
possession avec l'Epée au côté , la Gibeciere
, les Eperons dorez et l'Oiseau sur le
poing. Il ajoute que depuis ce temps - là
cette maniere d'investiture a cessé d'être
en usage , et qu'il n'en paroît plus d'exemples
dans les Archives de S. Agnan.Quoiqu'elle
soit affez remarquable , je ne
la trouve point dans le grand nombre
d'exemples d'investiture , rapportez par
M. Ducange , ou par ses illustres Augmentateurs.
L'Epée et le Ceinturon ou la
Ceinture paroissent bien dans ces sortes
de ceremonie ; mais il n'y est fait aucu
ne mention de Gibeciere ni d'Oyseau , non
plus que d'Eperons .
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Résumé : ADDITION à la Lettre, inserée dans le Mercure de Mars dernier, sur l'usage des Habits Canoniaux et Militaires, &c.
Le document complète une lettre antérieure publiée dans le Mercure de Mars, traitant de l'usage des habits canoniaux et militaires. L'auteur ajoute des observations sur l'habillement des chanoines honoraires laïques, en se basant sur l'œuvre de M. Hubert concernant l'Église Royale de Saint-Agnan d'Orléans. Hubert décrit la réception de deux doyens : Louis de Villers en 1480 et Jacques Hurault en 1497, qui reçurent une ceinture dorée, une épée, une gibecière, des éperons dorés et un oiseau sur le poing. Ces doyens étaient des hommes d'Église, à la différence des chanoines honoraires laïques de Chastellux, qui sont héréditaires et portent un habit court sous le surplis. En 1546, Charles Guillard prit possession du doyenné avec seulement le surplis et l'aumusse, mettant fin à l'ancienne cérémonie d'investiture. Depuis, cette pratique n'est plus en usage, et aucun exemple similaire n'est trouvé dans les archives ou les œuvres de M. Ducange et ses augmentateurs.
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47
p. 1192-1194
Grand Portail de saint Sulpice. CEREMONIE.
Début :
Le Public paroît trop attentif à tout ce qui regarde le vaste et superbe Edifice de l'Eglise de [...]
Mots clefs :
Servandoni, Église, Portail, Église de Saint-Sulpice, Cérémonie, Croix, Clergé, Architecte
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texteReconnaissance textuelle : Grand Portail de saint Sulpice. CEREMONIE.
Grand Portail de saint Sulpice.
CEREMONIE.
Le Public paroît trop attentif à tout ce qu
regarde le vaste ce superbe Edifice de l'Eglise de
S. Sulpice , pour ne pas lui faire part de la Cérémonie
qu'on fit le Lundy 11 May , jour
que l'on commença à creuser les fondemens du
grand Portail,
Elle commença par une Messe basse du S.Esprit,
célébrée à 8 heures du matin par M. le Curé ,
dont la piété et les grandes lumieres , sçavent sibien
allier le pieux et l'édifiant des Cérémonies
de l'Eglise , à ce qu'elles ont d'auguste et de
pompeux.
Le Clergé chanta pendant la Messe la Prose
du S. Esprit. Tous les Ouvriers du Bâtiment ỳ
assisterent , rangez sur deux lignes dans la Nef,
et il y eut un tres grand concours de Peuple .
Après la Messe , on fit une Procession en dehors
de l'Eglise , dans l'ordre suivant.
·
Tous les Massons et Ouvriers , au nombre de
I. Vol. près
JUIN. 1733. 1193
près de 200 , étoient précédez par une Banniere,
ornée de Festons de fleurs , d'un goût ingénieux
et tout-à-fait nouveau , chaque Artiste portoit
le principal Instrument de sa profession . La
Croix d'argent de la Paroisse venoit ensuite ,
portée par un Prêtre en Chape , et suivie de
tout le Clergé. M. le Curé marchoit le dernier ,
entre Mrs le Moine et Servandoni . Le premier a
peint le Plafond de la Chapelle de la Vierge,dont
nous avons donné la description dans le Mercure
de Mars , et le second est l'Architecte depuis
quelques années des travaux qu'on fait à
Saint Sulpice , et l'Auteur du dessein du Grand
Portail qu'on va construire . Le Dessein étoit attaché
à la Croix dont on vient de parler. Le
modele en relief a été exposé à la censure publique
pendant uri an, et admiré des plus grands
connoisseurs , comme un des plus beaux morceaux
d'Architecture qu'on puisse exécuter.
M. le Curé , accompagné de Mrs les Marguilliers,
s'arrêta avec tout le Clergé, à l'endroit
où la Fouille pour les fondations du Grand Portail
devoit se faire ; et ce digne Pasteur s'étant
tourné vers l'Eglise , entonna quelques Versets .
de l'Hymne de la Ste Vierge , ausquels le Peuple
qui étoit accouru en foule , répondit avec
beaucoup de zéle , de modestie et de religion.
Après l'Oraison , un Maître de Cérémonie en
Chape , présenta à M. le Curé une Pioche ,
avec laquelle il donna quelques coups , pour
commencer à ouvrir la terre et présenta le même
Outil à quelques personnes des plus distinguées
, ce qui termina cette Cérémonie. La Procession
rentra dans l'Eglise par la grande Porte,
en chantant le Te Deum , après quoi tous les
Travailleurs se mirent à l'Ouvrage.
I. Vol. Cc G iiij
1194 MERCURE DE FRANCE
Ce jour-là , le Chevalier Nicolas Servandoni ,
natif de Florence, Peintre et Architecte du Roy,
en ses Académies Royales de Peinture, Sculpture
et Architecture , étoit décoré du Colier de
POrdre de S. Jean de Latran , qu'il avoit reçu
des mains de Monsieur le Nonce . Le Pape a accordé
cette grace à cet habile Artiste, par sa Patente
, du 6 Mars 1732. qui le fait , crée et constituë
Chevalier du sacré Palais Apostolique et
Comte de S. Jean de Latran , en considération
de ses rares talens , de sa capacité et de ses Ouvrages
, et particulierement à l'occasion de la
premiere Pierre du Grand Autel de S. Sulpice ,
posée l'année derniere , au nom de Sa Sainteté ,
par son Excellence M. Delci , Nonce en France
; assisté du Chevalier Servandoni , faisant les
fonctions d'Architecte de ce grand Edifice. La
Croix qui pend au bas de son Cordon , enrichie
de Diamans brillans , est un présent de ce Prélat.
Le Koy a permis au Chevalier Servandoni de
porter cette marque d'honneur et de distinction ,
dont les plus celebres Artistes ont été décorez ,
comme le Cavalier Bernin , Carle Marat ,
et il a reçu à cette occasion une Lettre fort gracieuse
du Ministre , qui marque le cas que S.M.
fait du sieur Servandoni.
&c.
Nous donnerons incessamment une Description
exacte de cet Edifice , sur les Plans , les Coupes
, Profils , et Modéles en relief , exposez aux
yeux du Public , avec tous les dévelopemens et
ornemens de chaque Partie , qu'on exécute actuellement.
CEREMONIE.
Le Public paroît trop attentif à tout ce qu
regarde le vaste ce superbe Edifice de l'Eglise de
S. Sulpice , pour ne pas lui faire part de la Cérémonie
qu'on fit le Lundy 11 May , jour
que l'on commença à creuser les fondemens du
grand Portail,
Elle commença par une Messe basse du S.Esprit,
célébrée à 8 heures du matin par M. le Curé ,
dont la piété et les grandes lumieres , sçavent sibien
allier le pieux et l'édifiant des Cérémonies
de l'Eglise , à ce qu'elles ont d'auguste et de
pompeux.
Le Clergé chanta pendant la Messe la Prose
du S. Esprit. Tous les Ouvriers du Bâtiment ỳ
assisterent , rangez sur deux lignes dans la Nef,
et il y eut un tres grand concours de Peuple .
Après la Messe , on fit une Procession en dehors
de l'Eglise , dans l'ordre suivant.
·
Tous les Massons et Ouvriers , au nombre de
I. Vol. près
JUIN. 1733. 1193
près de 200 , étoient précédez par une Banniere,
ornée de Festons de fleurs , d'un goût ingénieux
et tout-à-fait nouveau , chaque Artiste portoit
le principal Instrument de sa profession . La
Croix d'argent de la Paroisse venoit ensuite ,
portée par un Prêtre en Chape , et suivie de
tout le Clergé. M. le Curé marchoit le dernier ,
entre Mrs le Moine et Servandoni . Le premier a
peint le Plafond de la Chapelle de la Vierge,dont
nous avons donné la description dans le Mercure
de Mars , et le second est l'Architecte depuis
quelques années des travaux qu'on fait à
Saint Sulpice , et l'Auteur du dessein du Grand
Portail qu'on va construire . Le Dessein étoit attaché
à la Croix dont on vient de parler. Le
modele en relief a été exposé à la censure publique
pendant uri an, et admiré des plus grands
connoisseurs , comme un des plus beaux morceaux
d'Architecture qu'on puisse exécuter.
M. le Curé , accompagné de Mrs les Marguilliers,
s'arrêta avec tout le Clergé, à l'endroit
où la Fouille pour les fondations du Grand Portail
devoit se faire ; et ce digne Pasteur s'étant
tourné vers l'Eglise , entonna quelques Versets .
de l'Hymne de la Ste Vierge , ausquels le Peuple
qui étoit accouru en foule , répondit avec
beaucoup de zéle , de modestie et de religion.
Après l'Oraison , un Maître de Cérémonie en
Chape , présenta à M. le Curé une Pioche ,
avec laquelle il donna quelques coups , pour
commencer à ouvrir la terre et présenta le même
Outil à quelques personnes des plus distinguées
, ce qui termina cette Cérémonie. La Procession
rentra dans l'Eglise par la grande Porte,
en chantant le Te Deum , après quoi tous les
Travailleurs se mirent à l'Ouvrage.
I. Vol. Cc G iiij
1194 MERCURE DE FRANCE
Ce jour-là , le Chevalier Nicolas Servandoni ,
natif de Florence, Peintre et Architecte du Roy,
en ses Académies Royales de Peinture, Sculpture
et Architecture , étoit décoré du Colier de
POrdre de S. Jean de Latran , qu'il avoit reçu
des mains de Monsieur le Nonce . Le Pape a accordé
cette grace à cet habile Artiste, par sa Patente
, du 6 Mars 1732. qui le fait , crée et constituë
Chevalier du sacré Palais Apostolique et
Comte de S. Jean de Latran , en considération
de ses rares talens , de sa capacité et de ses Ouvrages
, et particulierement à l'occasion de la
premiere Pierre du Grand Autel de S. Sulpice ,
posée l'année derniere , au nom de Sa Sainteté ,
par son Excellence M. Delci , Nonce en France
; assisté du Chevalier Servandoni , faisant les
fonctions d'Architecte de ce grand Edifice. La
Croix qui pend au bas de son Cordon , enrichie
de Diamans brillans , est un présent de ce Prélat.
Le Koy a permis au Chevalier Servandoni de
porter cette marque d'honneur et de distinction ,
dont les plus celebres Artistes ont été décorez ,
comme le Cavalier Bernin , Carle Marat ,
et il a reçu à cette occasion une Lettre fort gracieuse
du Ministre , qui marque le cas que S.M.
fait du sieur Servandoni.
&c.
Nous donnerons incessamment une Description
exacte de cet Edifice , sur les Plans , les Coupes
, Profils , et Modéles en relief , exposez aux
yeux du Public , avec tous les dévelopemens et
ornemens de chaque Partie , qu'on exécute actuellement.
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Résumé : Grand Portail de saint Sulpice. CEREMONIE.
Le 11 mai 1733, une cérémonie marqua le début des travaux de construction du grand portail de l'église Saint-Sulpice à Paris. La journée débuta par une messe basse du Saint-Esprit célébrée à 8 heures du matin par le curé, reconnu pour sa piété et ses grandes lumières. Pendant la messe, le clergé chanta la prose du Saint-Esprit, et les ouvriers du bâtiment assistèrent à la cérémonie, alignés dans la nef. Un grand nombre de fidèles participèrent également à l'événement. Après la messe, une procession eut lieu en dehors de l'église. Environ 200 maçons et ouvriers, précédés par une bannière ornée de festons de fleurs, portaient chacun l'instrument principal de leur profession. La croix d'argent de la paroisse, portée par un prêtre en chape, suivait, accompagnée de tout le clergé. Le curé marchait en dernier, entre les moines et Servandoni, l'architecte des travaux de Saint-Sulpice et auteur du dessein du grand portail. Le modèle en relief du portail avait été exposé et admiré pendant un an. Le curé, accompagné des marguilliers, s'arrêta à l'endroit où les fouilles pour les fondations devaient commencer. Il entonna des versets de l'hymne de la Sainte Vierge, auxquels le peuple répondit avec zèle et modestie. Après une oraison, un maître de cérémonie présenta une pioche au curé, qui donna quelques coups pour commencer les travaux. Quelques personnes distinguées firent de même. La procession rentra ensuite dans l'église en chantant le Te Deum, après quoi les travailleurs commencèrent leur ouvrage. Ce jour-là, le chevalier Nicolas Servandoni, peintre et architecte du roi, fut décoré du collier de l'Ordre de Saint-Jean de Latran par le nonce apostolique. Cette distinction, accordée par le pape, reconnaissait les talents et les œuvres de Servandoni, notamment sa contribution à la première pierre du grand autel de Saint-Sulpice posée l'année précédente. Le roi permit à Servandoni de porter cette marque d'honneur, déjà décernée à des artistes célèbres comme le Cavalier Bernin et Carle Marat.
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48
p. 2516-2519
Cérémonie remarquable. [titre d'après la table]
Début :
Le Mardi 10 Novembre, le R. P. D. Jean-Hilaire Tripret, Prieur du Monastere [...]
Mots clefs :
Religieux, Fondation, Parlement, Cérémonie, Président, Monastère, Bonnets, Saint-Martin-des-Champs
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texteReconnaissance textuelle : Cérémonie remarquable. [titre d'après la table]
Le Mardi 10 Novembre , le R. P. D.
Jean -Hilaire Tripret, Prieur du Monastere
de S. Martin des Champs de cetre
Ville ,se transporta à l'Hôtel de M. le
Premier Président du Parlement , et eut
l'honneur de lui présenter , selon la coûttume
, deux Bonnets de Palais , avec la
cérémonie et la formule usitées dans l'Acte
dont nous allons parler. Le méme ReliNOVEMBRE.
1733. 2517
ligieux alla tout de suite chez le Premier
Huissier du Parlement , et lui presenta
une paire de Gands et une Ecritoire.
Cette ceremonie se pratique annuellement
, pour satisfaire à l'Acte d'une Fondation
solemnelle , faite en faveur du
Monastere de S. Martin des Champs, par
Philippe , Seigneur de Morviller, de Clary
et de Charenton , Premier President
du Parlement , et par Dame Jeanne du
Drac , son Epouse , le 4 Decembre 1426.
confirmée et homologuée par Arrêt de la
Cour , du même jour , qui commence
ainsi : HENRICUS , Dei Gratia , Francorum
et Anglia Rex , & c.
Le premier article de cette Fondation
porte , que lesdits Fondateurs et chacun
d'eux pourront être ( si bon leur semble ) enserrez
et sépulturez en ladite Eglise et Monastere
de S. Martin des Champs , en la
Chapelle de S. Nicolas , & c.
Dans les 14 et 15 articles on lit ce qui
suit. Item : » Que chacun an , la veuille
» de la Fête Monsieur S. Martin d'Hy-
» ver , au matin avant midi , sera fait
présent à Monseigneur le Premier Pré-
» sident de Parlement, qui pour le temps
» sera , par le Maire desdits Religieux ,
» Prieur et Convent dudit S. Martin , et
»par un d'iceux Religieux , de deux
Bonnets
2518 MERCURE DE FRANCE
» Bonnets à oreilles , l'un double, et l'autre
sengle , en disant telles paroles :
Monseigneur , Messire PHILIPPE DE MORVILLER
, en son vivant , Premier Président
en Parlement , fonda en l'Eglise et Monas- :
tere Monsieur S. Martin des Champs , à
Paris , une Messe perpetuelle , et certain
autre Service divin ; et ordonna pour la mé«
moire et conservation de ladicte Fondation :
éue donné et présenté chacun an à ce jour,
à Monseigneur le Premier President de Par
lement, qui pour le temps seroit,par le Maire
desdits Religieux et un d'iceux Religieux , ce
don et present , lequel il vous plaise prendre.
en gré. » Et sera ledit don et présent desdits
Bonnets du prix de vingt sols Parisis
, eu égard à là monnoye de present ,
» ayant cours.
»
Item. » Et avec ce sera fait don et pré- .
sent audit jour , par ledict Maire desdits :
Religieux et un d'iceux Religieux , au
» premier Huissier de Parlement , qui
pour le temps sera , de ungs Gands et
>> une Escriptoire , en disant : Sire , Messire
PHILIPPE DE MORVILLER , en son vivant
, Premier Président en Parlement,fon
da en l'Eglise et Monastere de Monsieur ‹
S. Martin des Champs , uunnee Messe Messe perpetuelle
, et certain autre Service divin , et ore
denna pour la mémoire et conservation de
las
NOVEMBRE. 1733. 2519:
"
ladite Fondation, être donné et presenté chacun
an , à ce jour , au premier Huissier de
Parlement , qui pour le temps seroit ,, par le
Maire Religieux , et un d'iceux Religieux ,
ce don et présent , lequel vous plaise prendre
en gré. Lesquelles paroles seront
» baillées par escrit au dessus nommez
» Maire , et Religieux , et sera le don et
» present desdits Gands et Escriptoire , de
douze sols parisis , en regard à la mon-
» noye ayant cours de présent.
A la suite de l'Arrêt , dans lequel toute
la Fondation est rapportée , sont aussi
les Lettres d'approbation et de consentement
de l'Abbé de Cluny , Superieur
General , et plusieurs autres Actes qui
regardent cette Fondation , laquelle fut
faite pour la somme de seize cent livres
tournois , une fois payée , &c. Les Originaux
sont conservez dans les Archives
du Monastete , et exactement imprimez
dans un Ouvrage curieux , devenu rare ,
qui en contient l'Histoire. Il nous a été
tres obligeamment communiqué par les
Religieux de S. Martin des Champs. En
voici le titre : MARTINIANA, id est, Littera
Tituli , Carta , Privilegia , &c. Monasterii
seu Prioratûs Conventualis S. MARTINI
Campis, Parisiis, Ordin , Clun . & C. 1.vol,
8. Parisiis, 1606,
Jean -Hilaire Tripret, Prieur du Monastere
de S. Martin des Champs de cetre
Ville ,se transporta à l'Hôtel de M. le
Premier Président du Parlement , et eut
l'honneur de lui présenter , selon la coûttume
, deux Bonnets de Palais , avec la
cérémonie et la formule usitées dans l'Acte
dont nous allons parler. Le méme ReliNOVEMBRE.
1733. 2517
ligieux alla tout de suite chez le Premier
Huissier du Parlement , et lui presenta
une paire de Gands et une Ecritoire.
Cette ceremonie se pratique annuellement
, pour satisfaire à l'Acte d'une Fondation
solemnelle , faite en faveur du
Monastere de S. Martin des Champs, par
Philippe , Seigneur de Morviller, de Clary
et de Charenton , Premier President
du Parlement , et par Dame Jeanne du
Drac , son Epouse , le 4 Decembre 1426.
confirmée et homologuée par Arrêt de la
Cour , du même jour , qui commence
ainsi : HENRICUS , Dei Gratia , Francorum
et Anglia Rex , & c.
Le premier article de cette Fondation
porte , que lesdits Fondateurs et chacun
d'eux pourront être ( si bon leur semble ) enserrez
et sépulturez en ladite Eglise et Monastere
de S. Martin des Champs , en la
Chapelle de S. Nicolas , & c.
Dans les 14 et 15 articles on lit ce qui
suit. Item : » Que chacun an , la veuille
» de la Fête Monsieur S. Martin d'Hy-
» ver , au matin avant midi , sera fait
présent à Monseigneur le Premier Pré-
» sident de Parlement, qui pour le temps
» sera , par le Maire desdits Religieux ,
» Prieur et Convent dudit S. Martin , et
»par un d'iceux Religieux , de deux
Bonnets
2518 MERCURE DE FRANCE
» Bonnets à oreilles , l'un double, et l'autre
sengle , en disant telles paroles :
Monseigneur , Messire PHILIPPE DE MORVILLER
, en son vivant , Premier Président
en Parlement , fonda en l'Eglise et Monas- :
tere Monsieur S. Martin des Champs , à
Paris , une Messe perpetuelle , et certain
autre Service divin ; et ordonna pour la mé«
moire et conservation de ladicte Fondation :
éue donné et présenté chacun an à ce jour,
à Monseigneur le Premier President de Par
lement, qui pour le temps seroit,par le Maire
desdits Religieux et un d'iceux Religieux , ce
don et present , lequel il vous plaise prendre.
en gré. » Et sera ledit don et présent desdits
Bonnets du prix de vingt sols Parisis
, eu égard à là monnoye de present ,
» ayant cours.
»
Item. » Et avec ce sera fait don et pré- .
sent audit jour , par ledict Maire desdits :
Religieux et un d'iceux Religieux , au
» premier Huissier de Parlement , qui
pour le temps sera , de ungs Gands et
>> une Escriptoire , en disant : Sire , Messire
PHILIPPE DE MORVILLER , en son vivant
, Premier Président en Parlement,fon
da en l'Eglise et Monastere de Monsieur ‹
S. Martin des Champs , uunnee Messe Messe perpetuelle
, et certain autre Service divin , et ore
denna pour la mémoire et conservation de
las
NOVEMBRE. 1733. 2519:
"
ladite Fondation, être donné et presenté chacun
an , à ce jour , au premier Huissier de
Parlement , qui pour le temps seroit ,, par le
Maire Religieux , et un d'iceux Religieux ,
ce don et présent , lequel vous plaise prendre
en gré. Lesquelles paroles seront
» baillées par escrit au dessus nommez
» Maire , et Religieux , et sera le don et
» present desdits Gands et Escriptoire , de
douze sols parisis , en regard à la mon-
» noye ayant cours de présent.
A la suite de l'Arrêt , dans lequel toute
la Fondation est rapportée , sont aussi
les Lettres d'approbation et de consentement
de l'Abbé de Cluny , Superieur
General , et plusieurs autres Actes qui
regardent cette Fondation , laquelle fut
faite pour la somme de seize cent livres
tournois , une fois payée , &c. Les Originaux
sont conservez dans les Archives
du Monastete , et exactement imprimez
dans un Ouvrage curieux , devenu rare ,
qui en contient l'Histoire. Il nous a été
tres obligeamment communiqué par les
Religieux de S. Martin des Champs. En
voici le titre : MARTINIANA, id est, Littera
Tituli , Carta , Privilegia , &c. Monasterii
seu Prioratûs Conventualis S. MARTINI
Campis, Parisiis, Ordin , Clun . & C. 1.vol,
8. Parisiis, 1606,
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Résumé : Cérémonie remarquable. [titre d'après la table]
Le 10 novembre 1733, le Père Jean-Hilaire Tripret, Prieur du Monastère de Saint-Martin-des-Champs à Paris, effectua une cérémonie annuelle. Il se rendit d'abord à l'Hôtel du Premier Président du Parlement pour lui offrir deux Bonnets de Palais. Ensuite, il se dirigea chez le Premier Huissier du Parlement pour lui présenter une paire de gants et une écritoire. Cette tradition commémore une fondation solennelle établie le 4 décembre 1426 par Philippe, Seigneur de Morviller, et Dame Jeanne du Drac, son épouse, tous deux Premier Président du Parlement. Cette fondation, confirmée par un arrêt de la Cour le même jour, permet aux fondateurs d'être inhumés dans la Chapelle de Saint-Nicolas du Monastère. Les articles 14 et 15 de la fondation stipulent que chaque année, à la veille de la fête de Saint-Martin, le Prieur et un religieux doivent offrir les Bonnets au Premier Président et les gants ainsi que l'écriture à l'Huissier, accompagnés de formules spécifiques. Les dons sont évalués à vingt sols pour les Bonnets et douze sols pour les gants et l'écriture. Les documents originaux de cette fondation sont conservés dans les archives du Monastère et ont été imprimés dans un ouvrage intitulé 'Martiniana' publié en 1606.
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49
p. 2731-2736
RECEPTION de M. le Comte du Dognon, en la Charge de Lieutenant de Roy de la Province du Haut-Limousin. Extrait d'une Lettre écrite de Limoges le 25. Novembre 1733.
Début :
Mr. le Comte du Dognon, Colonnel d'Infanterie, Brigadier des Armées [...]
Mots clefs :
Comte du Dognon, Limoges, Officiers, Roi, Lieutenant général, Consuls, Département, Députés, Cérémonie, Présidial de Limoges
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texteReconnaissance textuelle : RECEPTION de M. le Comte du Dognon, en la Charge de Lieutenant de Roy de la Province du Haut-Limousin. Extrait d'une Lettre écrite de Limoges le 25. Novembre 1733.
RECEPTION de M. le Comte du
Dognon , en la Charge de Lieutenant
de Roy de la Province du Haut- Limousin.
Extrait d'une Lettre écrite de
Limoges le 25. Novembre 1733.
Mah
R. le Comte du Dognon , Colonel
.d'Infanterie , Brigadier des Armées
du Roy , Commandant des Villes et
Châteaux de Brest et dépendances, ayant
été pourvû en l'année 1731. de la Char
ge de Lieutenant General pour S. M.
de la Province du Haut- Limousin , il
L. Vol ... surving
1732 MERCURE DE FRANCE
survint quelques difficultez de la part
des Officiers du Présidial et de la Séne
chaussée de Limoges sur les honneurs
qui lui étoient dûs le jour de son installa
tion ; ces difficultez ont été levées par
une Ordonnance du Roy que j'insere ici
d'autant plus volontiers qu'elle est fort
sommaire et qu'elle pourra servir de Reglement
, s'il arrive jamais de contestations
en pareille maticre..
DE PAR LE Roy, Sa Majesté ayant
ié informée de la contestation qui s'est élevée
entre le Sieur Comte du Dognon et les Officiers
du Préfidial de Limoges , au sujet
&c. Sa Majesté a ordonné et ordonne ee
qui suit.
39
I. Que lorsque ledit Sieur Comte du
» Dognon sera arrivé dans la Ville de
Limoges , il fera sçavoir au Présidial le
» jour qu'il souhaitera être installé , que
» ce jour-là les Maire et Echevins le vien-
» dront prendre en sa maison pour l'ac-
» compagner au Présidial , et le recon-
» duire chez lui après son installation .
» II. Qu'à son passage , en allant et en
>> revenant chez lui , la Milice Bourgeoise
» sera sous les Armes en haye , et fera
» chaque fois une décharge de Mousqueterie
. III. Que le même jour le Prési-
1. Vol.
מ
>> dial
DECEMBRE. 1733- 2733
dialet autresCorps et Compagnies delad.
Ville et des autres de son département,
seront tenus et obligez d'envoyer des
» députez saluer et complimenter ledit
» Sr Comte du Dognon, er qu'ils se serviront
en lui parlant de termes respec-
> tueux. IV . Que dans la Ville de Limoges
>> et autres de son département , en l'ab-,
» sence du Gouverneur et du Lieutenant
» General de la Province , ledit Sieur
» Comte du Dognon aura le rang et la
» préseance au dessus de ceux desdits
» Corps et Compagnies , dans tous les
» endroits où ils se trouveront ensemble,
» même dans les Choeurs des Eglises indistinctement
de la Ville de Limoges ,
» et autres dudit département. V. Que
» les Maire et Echevins desdites Villes en
>> l'absence du Gouverneur et du Lieute-
» nant General , ne pourront faire, pren-
» dre les Armes aux Bourgeois ,sous quel
» que prérexte que ce soit, sans l'ordre du
>> Sieur Comte du Dognon . MANDE et
» ordonne Sa Majesté aux Officiers du
» Présidial &c . de faire enregistrer la
» presente Ordonnance &c. Fait à Versailles
le 30 May 1733. Signé Louis ,
» et plus bas Phelippeaux.
Les choses ainsi reglées , et le Jeudi
12 Novembre dernier ayant été pris
I. Vol.
I pour
2734 MERCURE DE FRANCE
pour cette Cérémonie , les Consuls de
Limoges vinrent la veille sçavoir les
Ordres de M. le Comte du Dognon , et
elle fut annoncée par une d charge des
Canons de la Ville , apportez dans la
grande Place audevant de sa Maison . A
L'entrée de la nuit on alluma uu grand
Bucher au milieu de cette Place , et on
vit des illuminations aux fenêtres, des
maisons qui durerent toute la nuit.
Le lendemain les Consuls, en habits de »
Cérémonie , accompagnez des Officiers
de Ville , vinrent avec leurs Gardes prendre
le Comte du Dognon dans sa maison ,
pour l'accompagner au Palais. Il étoit
précédé dans sa marche de tous les Officiers
militaires , des Gentilshommes et
autres personnes distinguées qui se trouverent
dans la Ville , après lesquelles
suivoit une Symphonie de violons et
d'autres instruments. Le Comte du
Dognon étoit précédé immédiatement
de ses Gardes , et avoit à ses côtez
les Consuls de la Ville. Cependant
toute la Bourgeoisie étoit sous les Armes
formant une double haye sur son passage,
les Tambours battants.
Il trouva dans la Salle d'Audiance ',
extraordinairement ornée un grand
nombre de Dames de la Ville et des en-
-L.Fol-
>
virons
DECEMBRE . 1733. 2735:
virons placées pour voir la Cérémonie
qu'il salua , la séance se tint en cet otdre.
Le Lieutenant General de la Séné
chaussée Président , ayant à sa droite.
tous les Officiers de cette Jurisdiction
et à sa gauche les députez du Chapitre
de la Cathedrale , de la Collegiale et de
l'Election. Au milieu du Parquet étoit
placé M. le Comte du Dognon assis dans
un grand Fauteuil , ayant à sa droite et:
à sa gauche les Consuls de Limoges , et
ies principaux Officiers de Ville , sur des
siéges ordinaires .
Le premier Huissier ayant fait son apel,
le Sieur de Voyon , Avocat, prononça un ,
fort beau Discours sur le sujet de la Séance
, s'étendant sur les Services militaires
du nouveau Lieutenant de Roy ; il re-.
marqua surtout l'intrépidité avec laquel
le il deffendit en 1708. le fameux Tenaillou
de l'Ille pendant l'espace de 37 jours,
ce qui lui attira des Eloges de nos Generaux
et des Generaux ennemis , et lui me-.
rita l'honneur d'être presenté au feu Roy,
dont il reçû des marques d'estime et de
bonté.
Ce Discours fût suivi de celui de M.
Muret, Avocat du Roy , qui parla avec
beaucoup d'éloquence et de dignité sur
le même sujet. Après quoi le Président
1. Vol.
$ I ij ayant
2736 MERCURE DE FRANCE
ayant pris les voix , prononça l'enregistre
ment des Lettres et de l'Acte d'installation
.
Le Comte du Dognon s'étant levé et
ayant salué la compagnie , il reprit sa
marche dans le même ordre au bruit de
la Mousqueterie & des Tambours , jettant
, comme il avoit fait en allant , des
piéces d'argent au peuple , qui fût encore
régalé de plusieurs Barriques de vin ,
coulant audevant de sa Maison . Il retint
à diner un grand nombre des personnes
qui l'avoient accompagné au Palais.
L'après diner se passa à recevoir les
députations et les compliments de tous
les Corps de la Ville , ausquels il répon
dit avec beaucoup d'esprit et de politesse.
Le soir il donna un grand et magnifique
soupé aux Consuls , à tous les députez des
Compagnies , au Colonel, aux Capitaines
, et à tous les Officiers dé la Bourgeoisie.
Il y avoit quatre Tables de 18
couverts chacune. Tout s'y passa dans un
grand ordre avec le plaisir d'entendre une
agréable Symphonie, et au bruit des Canons
qui tiroient sur la Place par intervalles.
Enfin chacun se retira charmé des
honneurs qu'il avoit rendus ou reçûs, à la
clarté des feux de joye , et des illumi
pations qui durerent toute la nuit,
Dognon , en la Charge de Lieutenant
de Roy de la Province du Haut- Limousin.
Extrait d'une Lettre écrite de
Limoges le 25. Novembre 1733.
Mah
R. le Comte du Dognon , Colonel
.d'Infanterie , Brigadier des Armées
du Roy , Commandant des Villes et
Châteaux de Brest et dépendances, ayant
été pourvû en l'année 1731. de la Char
ge de Lieutenant General pour S. M.
de la Province du Haut- Limousin , il
L. Vol ... surving
1732 MERCURE DE FRANCE
survint quelques difficultez de la part
des Officiers du Présidial et de la Séne
chaussée de Limoges sur les honneurs
qui lui étoient dûs le jour de son installa
tion ; ces difficultez ont été levées par
une Ordonnance du Roy que j'insere ici
d'autant plus volontiers qu'elle est fort
sommaire et qu'elle pourra servir de Reglement
, s'il arrive jamais de contestations
en pareille maticre..
DE PAR LE Roy, Sa Majesté ayant
ié informée de la contestation qui s'est élevée
entre le Sieur Comte du Dognon et les Officiers
du Préfidial de Limoges , au sujet
&c. Sa Majesté a ordonné et ordonne ee
qui suit.
39
I. Que lorsque ledit Sieur Comte du
» Dognon sera arrivé dans la Ville de
Limoges , il fera sçavoir au Présidial le
» jour qu'il souhaitera être installé , que
» ce jour-là les Maire et Echevins le vien-
» dront prendre en sa maison pour l'ac-
» compagner au Présidial , et le recon-
» duire chez lui après son installation .
» II. Qu'à son passage , en allant et en
>> revenant chez lui , la Milice Bourgeoise
» sera sous les Armes en haye , et fera
» chaque fois une décharge de Mousqueterie
. III. Que le même jour le Prési-
1. Vol.
מ
>> dial
DECEMBRE. 1733- 2733
dialet autresCorps et Compagnies delad.
Ville et des autres de son département,
seront tenus et obligez d'envoyer des
» députez saluer et complimenter ledit
» Sr Comte du Dognon, er qu'ils se serviront
en lui parlant de termes respec-
> tueux. IV . Que dans la Ville de Limoges
>> et autres de son département , en l'ab-,
» sence du Gouverneur et du Lieutenant
» General de la Province , ledit Sieur
» Comte du Dognon aura le rang et la
» préseance au dessus de ceux desdits
» Corps et Compagnies , dans tous les
» endroits où ils se trouveront ensemble,
» même dans les Choeurs des Eglises indistinctement
de la Ville de Limoges ,
» et autres dudit département. V. Que
» les Maire et Echevins desdites Villes en
>> l'absence du Gouverneur et du Lieute-
» nant General , ne pourront faire, pren-
» dre les Armes aux Bourgeois ,sous quel
» que prérexte que ce soit, sans l'ordre du
>> Sieur Comte du Dognon . MANDE et
» ordonne Sa Majesté aux Officiers du
» Présidial &c . de faire enregistrer la
» presente Ordonnance &c. Fait à Versailles
le 30 May 1733. Signé Louis ,
» et plus bas Phelippeaux.
Les choses ainsi reglées , et le Jeudi
12 Novembre dernier ayant été pris
I. Vol.
I pour
2734 MERCURE DE FRANCE
pour cette Cérémonie , les Consuls de
Limoges vinrent la veille sçavoir les
Ordres de M. le Comte du Dognon , et
elle fut annoncée par une d charge des
Canons de la Ville , apportez dans la
grande Place audevant de sa Maison . A
L'entrée de la nuit on alluma uu grand
Bucher au milieu de cette Place , et on
vit des illuminations aux fenêtres, des
maisons qui durerent toute la nuit.
Le lendemain les Consuls, en habits de »
Cérémonie , accompagnez des Officiers
de Ville , vinrent avec leurs Gardes prendre
le Comte du Dognon dans sa maison ,
pour l'accompagner au Palais. Il étoit
précédé dans sa marche de tous les Officiers
militaires , des Gentilshommes et
autres personnes distinguées qui se trouverent
dans la Ville , après lesquelles
suivoit une Symphonie de violons et
d'autres instruments. Le Comte du
Dognon étoit précédé immédiatement
de ses Gardes , et avoit à ses côtez
les Consuls de la Ville. Cependant
toute la Bourgeoisie étoit sous les Armes
formant une double haye sur son passage,
les Tambours battants.
Il trouva dans la Salle d'Audiance ',
extraordinairement ornée un grand
nombre de Dames de la Ville et des en-
-L.Fol-
>
virons
DECEMBRE . 1733. 2735:
virons placées pour voir la Cérémonie
qu'il salua , la séance se tint en cet otdre.
Le Lieutenant General de la Séné
chaussée Président , ayant à sa droite.
tous les Officiers de cette Jurisdiction
et à sa gauche les députez du Chapitre
de la Cathedrale , de la Collegiale et de
l'Election. Au milieu du Parquet étoit
placé M. le Comte du Dognon assis dans
un grand Fauteuil , ayant à sa droite et:
à sa gauche les Consuls de Limoges , et
ies principaux Officiers de Ville , sur des
siéges ordinaires .
Le premier Huissier ayant fait son apel,
le Sieur de Voyon , Avocat, prononça un ,
fort beau Discours sur le sujet de la Séance
, s'étendant sur les Services militaires
du nouveau Lieutenant de Roy ; il re-.
marqua surtout l'intrépidité avec laquel
le il deffendit en 1708. le fameux Tenaillou
de l'Ille pendant l'espace de 37 jours,
ce qui lui attira des Eloges de nos Generaux
et des Generaux ennemis , et lui me-.
rita l'honneur d'être presenté au feu Roy,
dont il reçû des marques d'estime et de
bonté.
Ce Discours fût suivi de celui de M.
Muret, Avocat du Roy , qui parla avec
beaucoup d'éloquence et de dignité sur
le même sujet. Après quoi le Président
1. Vol.
$ I ij ayant
2736 MERCURE DE FRANCE
ayant pris les voix , prononça l'enregistre
ment des Lettres et de l'Acte d'installation
.
Le Comte du Dognon s'étant levé et
ayant salué la compagnie , il reprit sa
marche dans le même ordre au bruit de
la Mousqueterie & des Tambours , jettant
, comme il avoit fait en allant , des
piéces d'argent au peuple , qui fût encore
régalé de plusieurs Barriques de vin ,
coulant audevant de sa Maison . Il retint
à diner un grand nombre des personnes
qui l'avoient accompagné au Palais.
L'après diner se passa à recevoir les
députations et les compliments de tous
les Corps de la Ville , ausquels il répon
dit avec beaucoup d'esprit et de politesse.
Le soir il donna un grand et magnifique
soupé aux Consuls , à tous les députez des
Compagnies , au Colonel, aux Capitaines
, et à tous les Officiers dé la Bourgeoisie.
Il y avoit quatre Tables de 18
couverts chacune. Tout s'y passa dans un
grand ordre avec le plaisir d'entendre une
agréable Symphonie, et au bruit des Canons
qui tiroient sur la Place par intervalles.
Enfin chacun se retira charmé des
honneurs qu'il avoit rendus ou reçûs, à la
clarté des feux de joye , et des illumi
pations qui durerent toute la nuit,
Fermer
Résumé : RECEPTION de M. le Comte du Dognon, en la Charge de Lieutenant de Roy de la Province du Haut-Limousin. Extrait d'une Lettre écrite de Limoges le 25. Novembre 1733.
En 1731, le Comte du Dognon, Colonel d'Infanterie et Brigadier des Armées du Roi, fut nommé Lieutenant Général pour Sa Majesté dans la Province du Haut-Limousin. Lors de son installation en 1732, des contestations surgirent avec les Officiers du Présidial et de la Sénéchaussée de Limoges concernant les honneurs qui lui étaient dus. Ces difficultés furent résolues par une ordonnance royale du 30 mai 1733, qui détaillait les protocoles pour son installation. L'ordonnance stipulait que le Comte du Dognon devait informer le Présidial du jour de son installation. Les Maire et Echevins devaient le chercher pour l'accompagner au Présidial et le reconduire chez lui. La Milice Bourgeoise devait être sous les armes et tirer des salves de mousqueterie à son passage. Les corps et compagnies de la ville devaient envoyer des députés pour le saluer, et il devait avoir la préséance sur eux en l'absence du Gouverneur et du Lieutenant Général. Les Maire et Echevins ne pouvaient prendre les armes aux Bourgeois sans l'ordre du Comte du Dognon. Le 12 novembre 1733, la cérémonie d'installation eut lieu. La veille, les Consuls de Limoges vinrent prendre les ordres du Comte du Dognon, et la cérémonie fut annoncée par une décharge de canons. La nuit fut illuminée par des feux et des illuminations. Le lendemain, les Consuls, accompagnés des Officiers de Ville, vinrent chercher le Comte du Dognon pour l'accompagner au Palais, précédés par des Officiers militaires, des Gentilshommes et une symphonie. La salle d'audience était ornée et remplie de Dames de la ville. Le discours de l'Avocat de Voyon souligna les services militaires du Comte du Dognon, notamment la défense du Tenaillou de l'Ille en 1708. Après l'enregistrement des lettres et de l'acte d'installation, le Comte du Dognon reprit sa marche au bruit de la mousqueterie et des tambours, jetant des pièces d'argent au peuple. Il offrit un dîner et un souper magnifiques aux Consuls et aux députés des compagnies, avec une symphonie et des salves de canons. La nuit se termina par des feux de joie et des illuminations.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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50
p. 1378-1384
CEREMONIE faite à Bordeaux, lors de la Position de la premiere Pierre du Piedestal, sur lequel doit être élevée une Statuë du Roy &c.
Début :
Nous avons été instruits un peu tard de cette cérémonie ; mais [...]
Mots clefs :
Cérémonie, Bordeaux, Statue du roi, Roi, Ville, Place royale, Écuyer, Statue, Sous-maire, Médailles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CEREMONIE faite à Bordeaux, lors de la Position de la premiere Pierre du Piedestal, sur lequel doit être élevée une Statuë du Roy &c.
CEREMONIE faite à Bordeaux ;
lors de la Position de la premiere Pierre
du Piedestal , sur lequel doit être élevée
une Statue du Roy &c.
Ntard de cette cérémonie ; mais
Ous avons été instruits un peu
nous l'avons été avec exactitude , puisque
c'est par
le Procès verbal qui en a été
dressé le même jour , et qui est conservé
dans les Archives de l'Hôtel de Ville, dont
une copie vient de nous être envoyée.
Personne n'ignore que la Ville de Bordeaux
est une des plus importantes et des
plus considerables Villes du Royaume, et
que son Port , situé sur l'embouchure de
la Garonne , est un des plus beaux de l'Europe
, formant par sa disposition un point
de veuë qui frape et un spectacle charmant
Cetre Ville , en profitant d'une si
heureuse situation , a voulu faire deux
choses dans ces derniers temps. Donner
au Roy une marque éclatante de son
zele , et se procurer en même tems un
surcroît d'embellissement , qui répondit
à celui qu'elle a receu de la nature. Elle
fait construire une grande Place Royale
ornée de Bâtimens magnifiques, prise dans
II. Vol. unc
JUIN. 1734 1379
ne bonne partie du terrain , occupé cydevant
par le Fauxbourg ,ou Quartier du
Chapeau Rouge . Et c'est au milieu de
cette grande Place que doit être érigéo
la Statue équestre du Roy , en bronze ,
de 14 à 15 pieds d'élevation , sans le
Piedestal , à laquelle travaille actuelle .
ment M. Lemoine de l'Académie Royale
de Peinture et Sculpture , dont tout le
monde connoît la capacité La Ville de
Bordeaux en fait aussi la dépense .
Lorsque cet auguste Monument sera
posé et que la Place Royale sera dans
son entiere perfection , nous ne manquerons
pas de donner la Description de l'un
et de l'autre , et d'apprendre au Public
tout ce qui se sera passé à cette occasion .
Nous nous bornons aujourd'hui à ce qui
concerne la cérémonie préliminaire contenuëdans
le Procès verbal dont nous avons
parlé , et dont voici les propres termes.
L'AN mil sept cent trente- trois et le
huitièmejour du mois d'Août , Mrs Joseph
deSegur Chevalier, Vicomte de Cabannac ,
Baron d'Arsac et de Belfort & c. Sous-
Maire :: François Joseph de Galatheau ,
Chevalier, Baron de l'Isle de la Lande &c.
Joseph Dupin , Ecuyer , Avocat en Parlement
, Seigneur de la Maison Noble
du Bauquet &c . Pierre Noël de Saincrit,
II. Vole Fij Ecuyer
1380 MERCURE DE FRANCE
Ecuyer , Seigneur de la Maison Noble de
Rouffiac: Pierre Borie , Ecuyer , Seigneur
des Maisons Nobles de Poumarede
Fleury & c. Ecuyer , Avocat en Parlement
, Pierre de Kater , Ecuyer , Jurats ,
Jean- Baptiste Maignol , Ecuyer Citoyen ,
Seigneur de la Maison Noble de Mataplane
, Procureur Syndic , et Guillaume
du Boscq , Ecuyer , Conseiller du Roy ,
Clerc et Sécretaire ordinaire de la Ville ,
revêtus d'une Robe de satin rouge et
blanc , celle de M. le Sous - Maire doublée
d'un drap d'argent , faites au sujet
de la présente Céremonie , étant partis
de l'Hôtel de Ville environ sur les six
heures du soir , M. Claude Boucher
Chevalier , Seigneur des Gouttes Hebecourt
& c. Conseiller d'Honneur au Par
lemont de Bourdeaux , Président Honoraire
en la Cour des Aydes de Paris , Intendant
de Justice , Police et Finances
de la Generalité de Guyenne , à leur tête ,
se sont rendus avec leur Cortége ordipaire
sur la Place Royale et dans le lieu
où se bâtit le Piedestal destiné pour
placer la Statuë équestre de Sa Majesté ,
que cette Ville doit faire élever à son
honneur et gloire ; comme un précieux
Monument de son amour , de son respect
et de sa soumission ; ayant fait leur mar-
II Vol, che
JUI N. 1734: 1381
the par la rue Saint James , par celles
des Ayres , Poisson Sallé , Saint Pojet ,
Sainte Catherine et par le Chapeau Rouges
les Troupes Bourgeoises au nombre de
12000 hommes , tous Chefs de Familles ,
étint sous les Armes , partie rangez en
haye sur lesdites rues , partie en Bataille
sur la Place Royale : et après plusieurs
décharges de Mousqueterie et de canon ,
tant de la Ville , que des Vaisseaux , qui
avoient reçu pour cela les ordres de
Mrs les Jurats , il a été placé au milieu du
fondement du Piedestal de la Statue, dans
une Pierre creusée exprès , un coffre de
plomb , dans lequel étoit un autre petit
coffre de bois de cedre , garri en dedans
de Satin bleu , orné d'un Galon d'or et
dans icelui on a mis six Médailles , l'une
d'or et les autres d'argent , représentant
d'un côté l'Edifice de la Place Royale
et de l'autre , la Statue équestre de S. M.
sur lesquelles Médailles il a été mis un
petit coussin de la même étoffe , aussi
orné de Galons d'or , et au- dessus on a
posé une Plaque de cuivre , sur laquelle
sont gravez les noms de M. Boucher ,
Intendant , ceux de Mrs les Sous- Maire ,
Jurats , Procureur Syndic , et Clerc de
Ville , et celui de M. Gabriël , Chevalier
de l'Ordre de Saint Michel , Contrôleur
II Vol.
,
Fiij
Ge382
MERCURE DE FRANCE
,
General des Bâtimens du Roy ,, son
Architecte ordinaire , et Premier Ingénieur
des Ponts et Chaussées de France ,
qui a donné les Desseins et conduit les
Travaux de la Place Royale , laquelle se
construit actuellement sur le Port de cette
Ville. M. Boucher , Mrs les Sous- Maire,
Jurats , Procureur Syndic et Clerc de
Ville , ayant mis , chacun selòn son rang,
un peu de mortier sut la premiere Pierre,
et donné quelques coups de marteau ,
tout cela au bruit des Tambours , des
Trompettes et des décharges deMousqueterie
et de canon , souvent réïterées , ils
ont mis le feu à un grand Bucher , qui
avoit été dressé sur la même Place , les
habitans ayant marqué une grande joye
et un contenrement parfait de ce premier
Monument , qui doit annoncer à la Posterité
la plus reculée les sinceres mouvements
de leur coeur , leur amour , et leur
respect pour S. M. Mrs les Sous- Maire ,
Jurats , Procureur Syndic et Clerc de
Ville ont pendant leur marche , et étant
sur ladite Place , fait jetter abondamment
de l'argent au Peuple , et ensuite ils ont
fait tirer avec beaucoup de succès un Feu
d'artifice pour la clôture de laCérémonie;
après quoi ils se sont retirez ayant laissé à
la Garde des Bourgeois de laVille, qui ont
II. Vol. SouTHE
NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND
TILDEN
FOUNDATIONS
.
MDCCXXXIII
OPTIMO
PRINCIPI
PRÆSID
ET
DECUS
BURDIGAL
CIVITAS
JUIN. 1734. 1383
souhaité chacun à leur tour de participer
à cethonneur,la conservation du précieux
Dépôt des Medailles jusques à ce que l'Edifice
fut assez élevé pour le mettre à cou
vert des atteintes qu'on pourroit y donner.
FAIT sur ladite Place Royale , lesdits
jour , mois , et an que dessus , ainsi
signé Boucher , Segur Sous- Maire , de Galatheau
Jurat , Dupin Jurat , Saincrit
Jurat, Poumarede Jurat , Dessudres Jurat,
de Kater Jurat , Maignol Procureur Syndic
de la Ville , de Boscq Clerc et Sécretaire
de la Ville , et Gabriël.
On nous sçaura , sans doute, bon gré
de trouver ici la gravure du Type des six
Médailles qui ont été mises dans les fondemens
du Piedestal, et qui est le même
sur chaque Médaille . D'un côté on voit
la Représentation de la nouvelle Place
Royale , avec tous les accompagnemens
qu'elle doit avoir , et cette Legende
PRESIDIUM, ET DECU s . Et de l'autre
la Statue Equestre du Roy sur son
Piedestal avec ces mots CIVITAS BURDIGAL
OPTIMO PRINCIPI , dans
l'Exergue M. DCC. XXXIII.
Cette Medaille qui est de la grandeur
du Dessein gravé a paru d'un grand gout
et d'une belle exécution à tous les connoisseurs
, c'est M. Duvivier , de l'Aca-
11 Vol. Fiiij démie
384 MERCURE DE FRANCE
démie Royale , qui en a gravé les coins
avec son habilité ordinaire.
་
Les accidents survenus à l'un de
ces coins , qui est celui de la figure
Equestre , ont été la cause qu'elle n'a
pas paru dans le tems.LeGraveur a été obligé
de le recommencer trois fois,le coin s'étant
cassé autant de fois, tant à la trempe
que sous le Balancier : ce dernier se ressent
encore beaucoup de l'effort du Balancier,
par le grand nombre de Medailles qu'on
a frappées , qui ont élargi les fentes , et
qui causent la confusion que l'on apperçoit
dans l'ouvrage.
Le Sr Duvivier grave actuellement an
nouveau coin de la Tête du Roy , pour les
Medailles dont il fit le modele en cire ,
dans les mois de Fevrier et Mars dernier ,
-S. M. ayant bien voulu se prêter à plusieurs
reprises. Ce modele a été trouvé
très ressemblant.
lors de la Position de la premiere Pierre
du Piedestal , sur lequel doit être élevée
une Statue du Roy &c.
Ntard de cette cérémonie ; mais
Ous avons été instruits un peu
nous l'avons été avec exactitude , puisque
c'est par
le Procès verbal qui en a été
dressé le même jour , et qui est conservé
dans les Archives de l'Hôtel de Ville, dont
une copie vient de nous être envoyée.
Personne n'ignore que la Ville de Bordeaux
est une des plus importantes et des
plus considerables Villes du Royaume, et
que son Port , situé sur l'embouchure de
la Garonne , est un des plus beaux de l'Europe
, formant par sa disposition un point
de veuë qui frape et un spectacle charmant
Cetre Ville , en profitant d'une si
heureuse situation , a voulu faire deux
choses dans ces derniers temps. Donner
au Roy une marque éclatante de son
zele , et se procurer en même tems un
surcroît d'embellissement , qui répondit
à celui qu'elle a receu de la nature. Elle
fait construire une grande Place Royale
ornée de Bâtimens magnifiques, prise dans
II. Vol. unc
JUIN. 1734 1379
ne bonne partie du terrain , occupé cydevant
par le Fauxbourg ,ou Quartier du
Chapeau Rouge . Et c'est au milieu de
cette grande Place que doit être érigéo
la Statue équestre du Roy , en bronze ,
de 14 à 15 pieds d'élevation , sans le
Piedestal , à laquelle travaille actuelle .
ment M. Lemoine de l'Académie Royale
de Peinture et Sculpture , dont tout le
monde connoît la capacité La Ville de
Bordeaux en fait aussi la dépense .
Lorsque cet auguste Monument sera
posé et que la Place Royale sera dans
son entiere perfection , nous ne manquerons
pas de donner la Description de l'un
et de l'autre , et d'apprendre au Public
tout ce qui se sera passé à cette occasion .
Nous nous bornons aujourd'hui à ce qui
concerne la cérémonie préliminaire contenuëdans
le Procès verbal dont nous avons
parlé , et dont voici les propres termes.
L'AN mil sept cent trente- trois et le
huitièmejour du mois d'Août , Mrs Joseph
deSegur Chevalier, Vicomte de Cabannac ,
Baron d'Arsac et de Belfort & c. Sous-
Maire :: François Joseph de Galatheau ,
Chevalier, Baron de l'Isle de la Lande &c.
Joseph Dupin , Ecuyer , Avocat en Parlement
, Seigneur de la Maison Noble
du Bauquet &c . Pierre Noël de Saincrit,
II. Vole Fij Ecuyer
1380 MERCURE DE FRANCE
Ecuyer , Seigneur de la Maison Noble de
Rouffiac: Pierre Borie , Ecuyer , Seigneur
des Maisons Nobles de Poumarede
Fleury & c. Ecuyer , Avocat en Parlement
, Pierre de Kater , Ecuyer , Jurats ,
Jean- Baptiste Maignol , Ecuyer Citoyen ,
Seigneur de la Maison Noble de Mataplane
, Procureur Syndic , et Guillaume
du Boscq , Ecuyer , Conseiller du Roy ,
Clerc et Sécretaire ordinaire de la Ville ,
revêtus d'une Robe de satin rouge et
blanc , celle de M. le Sous - Maire doublée
d'un drap d'argent , faites au sujet
de la présente Céremonie , étant partis
de l'Hôtel de Ville environ sur les six
heures du soir , M. Claude Boucher
Chevalier , Seigneur des Gouttes Hebecourt
& c. Conseiller d'Honneur au Par
lemont de Bourdeaux , Président Honoraire
en la Cour des Aydes de Paris , Intendant
de Justice , Police et Finances
de la Generalité de Guyenne , à leur tête ,
se sont rendus avec leur Cortége ordipaire
sur la Place Royale et dans le lieu
où se bâtit le Piedestal destiné pour
placer la Statuë équestre de Sa Majesté ,
que cette Ville doit faire élever à son
honneur et gloire ; comme un précieux
Monument de son amour , de son respect
et de sa soumission ; ayant fait leur mar-
II Vol, che
JUI N. 1734: 1381
the par la rue Saint James , par celles
des Ayres , Poisson Sallé , Saint Pojet ,
Sainte Catherine et par le Chapeau Rouges
les Troupes Bourgeoises au nombre de
12000 hommes , tous Chefs de Familles ,
étint sous les Armes , partie rangez en
haye sur lesdites rues , partie en Bataille
sur la Place Royale : et après plusieurs
décharges de Mousqueterie et de canon ,
tant de la Ville , que des Vaisseaux , qui
avoient reçu pour cela les ordres de
Mrs les Jurats , il a été placé au milieu du
fondement du Piedestal de la Statue, dans
une Pierre creusée exprès , un coffre de
plomb , dans lequel étoit un autre petit
coffre de bois de cedre , garri en dedans
de Satin bleu , orné d'un Galon d'or et
dans icelui on a mis six Médailles , l'une
d'or et les autres d'argent , représentant
d'un côté l'Edifice de la Place Royale
et de l'autre , la Statue équestre de S. M.
sur lesquelles Médailles il a été mis un
petit coussin de la même étoffe , aussi
orné de Galons d'or , et au- dessus on a
posé une Plaque de cuivre , sur laquelle
sont gravez les noms de M. Boucher ,
Intendant , ceux de Mrs les Sous- Maire ,
Jurats , Procureur Syndic , et Clerc de
Ville , et celui de M. Gabriël , Chevalier
de l'Ordre de Saint Michel , Contrôleur
II Vol.
,
Fiij
Ge382
MERCURE DE FRANCE
,
General des Bâtimens du Roy ,, son
Architecte ordinaire , et Premier Ingénieur
des Ponts et Chaussées de France ,
qui a donné les Desseins et conduit les
Travaux de la Place Royale , laquelle se
construit actuellement sur le Port de cette
Ville. M. Boucher , Mrs les Sous- Maire,
Jurats , Procureur Syndic et Clerc de
Ville , ayant mis , chacun selòn son rang,
un peu de mortier sut la premiere Pierre,
et donné quelques coups de marteau ,
tout cela au bruit des Tambours , des
Trompettes et des décharges deMousqueterie
et de canon , souvent réïterées , ils
ont mis le feu à un grand Bucher , qui
avoit été dressé sur la même Place , les
habitans ayant marqué une grande joye
et un contenrement parfait de ce premier
Monument , qui doit annoncer à la Posterité
la plus reculée les sinceres mouvements
de leur coeur , leur amour , et leur
respect pour S. M. Mrs les Sous- Maire ,
Jurats , Procureur Syndic et Clerc de
Ville ont pendant leur marche , et étant
sur ladite Place , fait jetter abondamment
de l'argent au Peuple , et ensuite ils ont
fait tirer avec beaucoup de succès un Feu
d'artifice pour la clôture de laCérémonie;
après quoi ils se sont retirez ayant laissé à
la Garde des Bourgeois de laVille, qui ont
II. Vol. SouTHE
NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND
TILDEN
FOUNDATIONS
.
MDCCXXXIII
OPTIMO
PRINCIPI
PRÆSID
ET
DECUS
BURDIGAL
CIVITAS
JUIN. 1734. 1383
souhaité chacun à leur tour de participer
à cethonneur,la conservation du précieux
Dépôt des Medailles jusques à ce que l'Edifice
fut assez élevé pour le mettre à cou
vert des atteintes qu'on pourroit y donner.
FAIT sur ladite Place Royale , lesdits
jour , mois , et an que dessus , ainsi
signé Boucher , Segur Sous- Maire , de Galatheau
Jurat , Dupin Jurat , Saincrit
Jurat, Poumarede Jurat , Dessudres Jurat,
de Kater Jurat , Maignol Procureur Syndic
de la Ville , de Boscq Clerc et Sécretaire
de la Ville , et Gabriël.
On nous sçaura , sans doute, bon gré
de trouver ici la gravure du Type des six
Médailles qui ont été mises dans les fondemens
du Piedestal, et qui est le même
sur chaque Médaille . D'un côté on voit
la Représentation de la nouvelle Place
Royale , avec tous les accompagnemens
qu'elle doit avoir , et cette Legende
PRESIDIUM, ET DECU s . Et de l'autre
la Statue Equestre du Roy sur son
Piedestal avec ces mots CIVITAS BURDIGAL
OPTIMO PRINCIPI , dans
l'Exergue M. DCC. XXXIII.
Cette Medaille qui est de la grandeur
du Dessein gravé a paru d'un grand gout
et d'une belle exécution à tous les connoisseurs
, c'est M. Duvivier , de l'Aca-
11 Vol. Fiiij démie
384 MERCURE DE FRANCE
démie Royale , qui en a gravé les coins
avec son habilité ordinaire.
་
Les accidents survenus à l'un de
ces coins , qui est celui de la figure
Equestre , ont été la cause qu'elle n'a
pas paru dans le tems.LeGraveur a été obligé
de le recommencer trois fois,le coin s'étant
cassé autant de fois, tant à la trempe
que sous le Balancier : ce dernier se ressent
encore beaucoup de l'effort du Balancier,
par le grand nombre de Medailles qu'on
a frappées , qui ont élargi les fentes , et
qui causent la confusion que l'on apperçoit
dans l'ouvrage.
Le Sr Duvivier grave actuellement an
nouveau coin de la Tête du Roy , pour les
Medailles dont il fit le modele en cire ,
dans les mois de Fevrier et Mars dernier ,
-S. M. ayant bien voulu se prêter à plusieurs
reprises. Ce modele a été trouvé
très ressemblant.
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Résumé : CEREMONIE faite à Bordeaux, lors de la Position de la premiere Pierre du Piedestal, sur lequel doit être élevée une Statuë du Roy &c.
En 1733, une cérémonie a été organisée à Bordeaux pour la pose de la première pierre du piédestal d'une statue équestre du roi. Cette cérémonie, dont le procès-verbal est conservé aux archives de l'Hôtel de Ville, a été orchestrée par plusieurs dignitaires, notamment le sous-maire Joseph de Segur et l'intendant Claude Boucher. La ville de Bordeaux, située à l'embouchure de la Garonne, a entrepris cette construction pour honorer le roi et embellir la ville. La statue, en bronze, a été réalisée par M. Lemoine de l'Académie Royale de Peinture et Sculpture. La cérémonie a commencé par une procession suivie de salves d'artillerie. Un coffre contenant des médailles commémoratives a été enterré sous la première pierre. Ces médailles, gravées par M. Duvivier, représentent la nouvelle Place Royale et la statue équestre du roi. La cérémonie s'est conclue par un feu d'artifice et des distributions d'argent au peuple. Cette initiative visait à célébrer la royauté et à marquer l'importance de Bordeaux dans le royaume.
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