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1
p. 60-66
Morts, [titre d'après la table]
Début :
Il y a eu depuis peu de temps plusieurs Morts considérables, [...]
Mots clefs :
Seigneur, Parlement, Madame, Duchesse, Capitaine, Maisons, Décès, Conseiller, Monsieur de Manicamp
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texteReconnaissance textuelle : Morts, [titre d'après la table]
Il y a eu depuis peu de temps
plufieurs Morts confidérables ,
dont voicy les noms .
Meffire lean Louis l'Etang de
Fromentieres , Evefque d'Aire.
Il eftoit d'une illuftre Maifon du
Maine , & digne de l'Epifcopat ,
par fa naiffance , par fa vertu , &
par fon érudition. Vous fçavez ,
Madame , qu'il avoit prefché
>
dans les meilleures Chaires de
Paris,& à la Cour, avec de grands
applaudiffement , & que le fuccés
qu'il Y avoit eu luy avoit
acquis le nom d'un des plus
grands Prédicateurs qu'on euft
entendus. Il eft mort dans fom
Diocéfe.
GALANT. 61
Monfieur de Manicamp . II
eftoit Frere de Madame la Maréchale
Ducheffe d'Eftrées , Fils
de Charles de Longueval , Seigneur
de Manicamp , Meftre de
Camp du Regiment de Normandie
, & Maréchal des Camps &
Armées du Roy , & Petit- fils de
Phillippe de Longueval , Seigneur
de Manicamp, & d'Ifabeau
de Tou . La Maifon de Longueval
, qui eft divifée en plufieurs
Branches , qui font celles de Buquoy
, Tenelles , Anaucourt ,
Creffy , & Manicamp , eft une
des plus anciennes & des plus
illuftres de Picardie. Elle a commencé
à paroiftre il y a quatre ou
cinq fiécles. Plufieurs Seigneurs
de ce nom ont efté à la Terre
Sainte, où ils ont fait des actions
mémorables . Quelques - uns fe
font diftinguez à des Batailles ,
62 MERCURE
comme à celles de Courtra , & ·
d'Azincourt . L'un d'eux qui étoit
Gouverneur de Luxembourg,en
foûtint le Siege en 1643. & fut
fait enfuite Gouverneur , Lieutenant
Genéral en Champagne.
Dela Branche de Buquoy , étoit
ce grand Capitaine le Comte de
Buquoy , qui fit tant de belles
chofes fous Charles- Quint dans
les Païs- Bas . Cette Branche de
Buquoy eft celebre en France ,
& fort attachée aux Princes du
Païs Bas Espagnol . La Maifon
de Longueval porte pour Armes ,
Bande de verd & de gueule de
fix pièces , & a pris Alliance dans
celles de Montmorency , Beaumart
, Auxis , Melun , Divion ,
Mailly, Lamdas , Flandres , Comte
, Eftourmel , Aumale , Mifcocq
, Vignancourt , Etrées ,
Bourbon , Maridor & autres
GALANT. 63
Monfieur de Manicamp eft mortavec
beaucoup de réfignation , &
apres avoir reçeu tous les Sacremens.
Meffire Jacques Defpériers ,
Preftre , Docteur en Theologie ,
de la Maiſon & Societé de Sor
bonne , mort le 28. du dernier
mois. Il eftoit Profeffeur du Roy
aux Ecoles de la méme Maiſon
de Sorbonne , & Principal du
Collège de Lifieux . Il a enfeigné
long temps la Philofophie , & l'on
s'empreffoit à faire fon Cours
fous luy.
>
Meffire Jacques Charton ;
Preftre Docteur en Theolo
gie , de la maifon & Societé de
Sorbonne , mort le premier jour
de cette année . Il eftoit Chanoine
& Grand Pénitentier de l'Eglife
de Paris. Monfieur l'Archevefque
a donné fa Chanoinie à
Monfieur l'Abbé Robert , Fils
64 MERCURE
d'un fameux Avocat , & Frere
de Monfieur Robert , Procureur
du Roy au Châtelet . Ie ne vous
dis point , Madame , que Mon-
Geur Robert , demeuré feul
Procureur du Roy , eft fage , intelligent
, & fort eftimé de Sa
Majefté , & dans fa Compagnie,
Ce font des chofes que tout le
monde connoift .
Meffire Louis de Faure , Baron
de Dampmard , Seigneur de
Puifieux , de Brumiers , & de Clamare
en partie , mort le 8. de ce
mois , âgé de foixante & douze
ans. Il eftoit de la Grand'Chambre
, & avoit efté receu Confeiller
au Parlement de Paris le 11.
May 1640. apres l'avoir efté au
Parlement de Grenoble. Meffire
lean de Faure , fon Pere , Seigneur
de Brumiers & d'Orme ,
eftoit Fils d'un autre lean de FauGALANT.
65
re , Secretaire du Roy , & proche
Parent de Meffieurs de Bezons
, Perrot , Malo , Doujat ,
Philippes de Gilly , Tronçon ,
Cognard , tous Confeillers au
parlement , & allié de Meffieurs
de Seve , Boulanger , Gobelin ,
Clapiffon , & de plufieurs autres
des premieres Familles de la Robe
. Monfieur de Faure, qui vient
de mourir , a laiffé cinq Enfans ,
trois Fils , & deux Filles & beaucoup
de Bien. Ses Armes font
fix Couronnes d'argent en champ de
gueules , qui traverſent l'Ecu
trois Cornets d'or en champ d'azur
, trois Grenades rouges auffi
en champ d'azur , un Chevron
d'or rompu , & une Couronne de
Baron au deffus, Monfieur de
Flos eft monté à la Grand'Chambre
en la place de Monfieur
Faure .
66 MERCURE
Jacques Pouffet, Ecuyer , Sieur
de Montaubau , mort le 16. de ce
mois . Il eftoit ancien Avocat au
Parlement , où il avoit paru avec
éclat , & ancien Echevin de Paris.
Son heureux génie ne l'avoit pas
feulement fait diftinguer dans les
chofes du Barreau , mais encore
dans ce qui regarde le Theatre.
Nous avons de luy plufieursTragédies
, qui ont efté reçues tresfavorablement
du Public .
On fait des Hyvers comme des
Printemps . En voicy un d'un
habile Maiftre . Les paroles font
de Monfieur Diéreville .
plufieurs Morts confidérables ,
dont voicy les noms .
Meffire lean Louis l'Etang de
Fromentieres , Evefque d'Aire.
Il eftoit d'une illuftre Maifon du
Maine , & digne de l'Epifcopat ,
par fa naiffance , par fa vertu , &
par fon érudition. Vous fçavez ,
Madame , qu'il avoit prefché
>
dans les meilleures Chaires de
Paris,& à la Cour, avec de grands
applaudiffement , & que le fuccés
qu'il Y avoit eu luy avoit
acquis le nom d'un des plus
grands Prédicateurs qu'on euft
entendus. Il eft mort dans fom
Diocéfe.
GALANT. 61
Monfieur de Manicamp . II
eftoit Frere de Madame la Maréchale
Ducheffe d'Eftrées , Fils
de Charles de Longueval , Seigneur
de Manicamp , Meftre de
Camp du Regiment de Normandie
, & Maréchal des Camps &
Armées du Roy , & Petit- fils de
Phillippe de Longueval , Seigneur
de Manicamp, & d'Ifabeau
de Tou . La Maifon de Longueval
, qui eft divifée en plufieurs
Branches , qui font celles de Buquoy
, Tenelles , Anaucourt ,
Creffy , & Manicamp , eft une
des plus anciennes & des plus
illuftres de Picardie. Elle a commencé
à paroiftre il y a quatre ou
cinq fiécles. Plufieurs Seigneurs
de ce nom ont efté à la Terre
Sainte, où ils ont fait des actions
mémorables . Quelques - uns fe
font diftinguez à des Batailles ,
62 MERCURE
comme à celles de Courtra , & ·
d'Azincourt . L'un d'eux qui étoit
Gouverneur de Luxembourg,en
foûtint le Siege en 1643. & fut
fait enfuite Gouverneur , Lieutenant
Genéral en Champagne.
Dela Branche de Buquoy , étoit
ce grand Capitaine le Comte de
Buquoy , qui fit tant de belles
chofes fous Charles- Quint dans
les Païs- Bas . Cette Branche de
Buquoy eft celebre en France ,
& fort attachée aux Princes du
Païs Bas Espagnol . La Maifon
de Longueval porte pour Armes ,
Bande de verd & de gueule de
fix pièces , & a pris Alliance dans
celles de Montmorency , Beaumart
, Auxis , Melun , Divion ,
Mailly, Lamdas , Flandres , Comte
, Eftourmel , Aumale , Mifcocq
, Vignancourt , Etrées ,
Bourbon , Maridor & autres
GALANT. 63
Monfieur de Manicamp eft mortavec
beaucoup de réfignation , &
apres avoir reçeu tous les Sacremens.
Meffire Jacques Defpériers ,
Preftre , Docteur en Theologie ,
de la Maiſon & Societé de Sor
bonne , mort le 28. du dernier
mois. Il eftoit Profeffeur du Roy
aux Ecoles de la méme Maiſon
de Sorbonne , & Principal du
Collège de Lifieux . Il a enfeigné
long temps la Philofophie , & l'on
s'empreffoit à faire fon Cours
fous luy.
>
Meffire Jacques Charton ;
Preftre Docteur en Theolo
gie , de la maifon & Societé de
Sorbonne , mort le premier jour
de cette année . Il eftoit Chanoine
& Grand Pénitentier de l'Eglife
de Paris. Monfieur l'Archevefque
a donné fa Chanoinie à
Monfieur l'Abbé Robert , Fils
64 MERCURE
d'un fameux Avocat , & Frere
de Monfieur Robert , Procureur
du Roy au Châtelet . Ie ne vous
dis point , Madame , que Mon-
Geur Robert , demeuré feul
Procureur du Roy , eft fage , intelligent
, & fort eftimé de Sa
Majefté , & dans fa Compagnie,
Ce font des chofes que tout le
monde connoift .
Meffire Louis de Faure , Baron
de Dampmard , Seigneur de
Puifieux , de Brumiers , & de Clamare
en partie , mort le 8. de ce
mois , âgé de foixante & douze
ans. Il eftoit de la Grand'Chambre
, & avoit efté receu Confeiller
au Parlement de Paris le 11.
May 1640. apres l'avoir efté au
Parlement de Grenoble. Meffire
lean de Faure , fon Pere , Seigneur
de Brumiers & d'Orme ,
eftoit Fils d'un autre lean de FauGALANT.
65
re , Secretaire du Roy , & proche
Parent de Meffieurs de Bezons
, Perrot , Malo , Doujat ,
Philippes de Gilly , Tronçon ,
Cognard , tous Confeillers au
parlement , & allié de Meffieurs
de Seve , Boulanger , Gobelin ,
Clapiffon , & de plufieurs autres
des premieres Familles de la Robe
. Monfieur de Faure, qui vient
de mourir , a laiffé cinq Enfans ,
trois Fils , & deux Filles & beaucoup
de Bien. Ses Armes font
fix Couronnes d'argent en champ de
gueules , qui traverſent l'Ecu
trois Cornets d'or en champ d'azur
, trois Grenades rouges auffi
en champ d'azur , un Chevron
d'or rompu , & une Couronne de
Baron au deffus, Monfieur de
Flos eft monté à la Grand'Chambre
en la place de Monfieur
Faure .
66 MERCURE
Jacques Pouffet, Ecuyer , Sieur
de Montaubau , mort le 16. de ce
mois . Il eftoit ancien Avocat au
Parlement , où il avoit paru avec
éclat , & ancien Echevin de Paris.
Son heureux génie ne l'avoit pas
feulement fait diftinguer dans les
chofes du Barreau , mais encore
dans ce qui regarde le Theatre.
Nous avons de luy plufieursTragédies
, qui ont efté reçues tresfavorablement
du Public .
On fait des Hyvers comme des
Printemps . En voicy un d'un
habile Maiftre . Les paroles font
de Monfieur Diéreville .
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Résumé : Morts, [titre d'après la table]
Le texte évoque plusieurs décès récents de personnalités notables. Jean Louis l'Etang de Fromentières, évêque d'Aire, provenait d'une famille illustre du Maine et était célèbre pour ses talents de prédicateur, ayant été acclamé à Paris et à la cour. Il est décédé dans son diocèse. Monsieur de Manicamp, frère de la maréchale d'Estrées, appartenait à la maison de Longueval, une des plus anciennes et prestigieuses de Picardie. Il est mort avec résignation après avoir reçu les sacrements. Jacques Despériers, professeur au Collège de Lisieux et docteur en théologie à la Sorbonne, est décédé le 28 du mois précédent. Jacques Charton, chanoine et grand pénitentier de l'église de Paris, est mort le premier jour de l'année. Louis de Faure, baron de Dampmard, conseiller au Parlement de Paris, est décédé à l'âge de soixante-douze ans, laissant cinq enfants et une importante fortune. Jacques Pouffet, ancien avocat au Parlement et échevin de Paris, est connu pour ses tragédies bien accueillies par le public. Le texte mentionne également des événements météorologiques et littéraires, comme une pièce de théâtre dont les paroles sont de Monsieur Diéreville.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 157-168
Abjurations, [titre d'après la table]
Début :
Si l'Abjuration de Monsieur Vignes, Ministre de Grenoble, a fait [...]
Mots clefs :
Abjuration, Monsieur Vignes, Seigneur, Noblesse, Dauphiné, Religion prétendue réformée, Roi de Navarre, Maison d'Arbaud, Charges, Église catholique, Archevêque, Duc de Noailles, Honnêteté, Conversation, Pasteur, Erreur, Compliments
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texteReconnaissance textuelle : Abjurations, [titre d'après la table]
Si l'Abjuration de Monfieur
Vignes , Miniftre de Grenoble,
a fait grand bruit dans le Dauphiné
, celle de Monfieur d'Ar
baud , Seigneur de Blanfac, originaire
d'Arles , n'en a pas moins
fait dans le Languedoc . Ce Gentilhomme
, qui eft d'une fort ancienne
Nobleffe , demeuroit à
Nifmes , à caufe qui faifoit profeffion
de la Religion Pretenduë
Réformée. Ses Prédeceffeurs qui
faifoient la mefme Profeffion , s'y
êtoient êtablis depuis cent ans.
Son Ayeul , né Catholique, avoit
changé de Religion , par l'engagement
qu'il avoit pris dans le
party du Roy de Navarre, qui fut
depois Roy de France , fous le
nom de Henry IV. Il fut honoré
par ce Monarque , de belles
& importantes Commiffions
, &
le fuivit en plufieurs Exploits.
158
MERCURE
Comme cette Maifon , fort confiderée
dans Arles , auffi bien
qu'en Languedoc , avoit toûjours
eû un zele ardent pour tout ce
qui regardoit le culte de Dieu ,
elle avoit laiffé des marques de
fa pieté dans les Eglifes fur les
Autels . Ainfi fes Armes paroiffoient
encore en beaucoup d'endroits
, jufque fur des Croix de
Marbre expofées en public , &
par des fondations de Chapelles ,
conftrutions de Tombeaux de
Marbre , & autres fondations
dans l'Eglife Cathedrale , & chez
les Dominicains. Ces objets qui
frapérent ce Gentilhomme dans
fajeuneffe , furent en quelque
maniére effacez par le fois,
qu'apportérent fes Parens & les
Miniftres de Nifmes , à le fortifier
dans les erreurs de Calvin . Il
étoit alors feul de fa maiſon , ayam
1
GALANT.
159
perdu un Frere aîné , mort au Service
du Roy en Italie , Capitaine
dans le Regiment de montpefat.
Il aimoit les belles Lettres , &
avoit acquis la plupart des Connoiffances
qui font recherchées
par les Perfonnes d'efprit . Cela
fut caufe que Meffieurs de l'Académie
Royale d'Arles , jetterent
les yeux fur luy , pour l'affocier
dans leur Compagnie . Cet engagement
ne fut pas un petit
motif, pour luy faire reprendre
les premiéres impreffions , qui
Juy avoient donné qulque penchant
pour l'Eglife Catholique ,
qui étoit la Religion de fes anceftres
& celle de quantité de
Parens qu'il avoit , & qu'il a encore
, parmy lefquels il y a des
Commandeurs de Malte , comme
il y a eû parmy fes Prédeceffeurs
plufieurs Evefques, & autres
160 MERCURE
que
Perſonnes reveftuës de Charges
confidérables dans Arles , telle
celle de Premiers Conful.
On compre dans cette Maiſon
jufqu'à quatre Confulats . On
peut joindre à tout cela le commerce
de devoir & d'honnefteté
qu'il avoit avec Monfieur
l'Archevefque d'Arles . Ce fçavant
Prélat , qui a toûjours efté
fi fidelle à fon Prince , & à la Religion
Catholique , ne perdoit
pas les occafions de l'exhorter à
ouvrir les yeux à la verité , & il
le faifoit d'une manière fi Apoftolique,&
fi remplie de douceur,
que Monfieur d'Arbaud a depuis
avoüé que fes follicitations , accompagnées
de fa pieté & de fon
exemple , avoient fort contribué
à le retirer de fes erreurs. Il eftoit
dans ces favorables difpofitions ,
lors qu'il alla à Montpellier auffiGALANT.
161
bien
que les autres Gentilshommes
du Languedoc , rendre fes
devoirs à Monfieur le Duc de
Noailles qui avoit eſté nommé
par le Roy pour commander en
Chef dans cette Province . Ce
Duc à qui l'on apprit la Religion
dont il eftoit , luy fit beaucoup
de careffes , & le pria de penfer
ferieufement au peril où l'avoit
mis le malheur de fa naiffance .
Cette entrevue fe paffa en complimens
; & lors que Monfieur
d'Arbaud prenoit congé de Mr
le Duc de Noailles , Monfieur
l'Evefque de Mirepoix qui eftoit
dans la Chambre avec plufieurs
autres Prélats , trouva moyen
d'engager avec luy une converfation
qui dura trois heures. Monfieur
le Comte du Roure , Monfieur
le Vicomte de Polignac ,
Monfieur le Comte de Luffan , &c
160
MERCURE
autres Perſonnes de qualité , y
affiftérent avec Meffieurs les Evêques.
On n'y agita que des matieres
de Controverfes , mais avec
beaucoup d'honnefteré & de
douceur. Cette converfation fut
fuivie de trois ou quatre autres ,
dans la Maiſon de Monfieur l'Evefque
de Mirepoix . Les raifons
que luy apporta ce Prélat furent
fi fortes, qu'ayant commencé dés
ce temps - là à eftre cenvaincu de
la verité, il le fut entierement par
les Lettres que Monfieur l'Evef
que de Mirepoix luy écrivit enfuite
fur fes doutes , & aufquelles
Monfieur d'Arbaud répondoit ,
foutenant toûjours fa Religion ,
fans pourtant fe déclarer Catholique
, quoy qu'il le fuft en effet ,
n'y ayant plus que le feul refpect
humain qui le retinſt . Il laiſſa páffer
encore deux ans ; & enfin ne
GALANT. 1161
pouvant plus résister à la Grace ,
il fit fçavoir à Monfieur de Mirepoix
, qui s'étoit rendu aux derniers
Etats de Languedoc
, qu'étant
incommodé
, il luy étoit impoffible
d'aller fi tofgle trouver à
Montpellier
; mais qu'avant la fin
des Etats , il auroit l'honneur de
le voir , pour recevoir fa Benediction
, en luy declarant qu'il vouloit
vivre & mourir Catholique.
Il fit part de cette nouvelle à
Monfieur le Cardinal de Bonfy &
à Monfieur l'Intendant
, & dés
qu'il eut un peu de ſanté , il alla
à Arles communiquer
ſon deſſein
à Monfieur l'Archevefque
, & à
Monfieur le Coadjuteur
. De là il
fe rendit à Montpellier
, où il
efperoit trouver Monfieur l'Evef
que de Nifmes , & Monfieur l'Evefque
d'Ufés , qui font fes Pafteurs
, auffi bien Monfieur
que
164
MERCURE
l'Archevefque d'Arles , puis qu'il
eft domicilié à Nifmes , & qu'il a
du Bien dans le Diocefe d'Ufés ;
mais Monfieur de Nifmes ne s'y
étant point rencontré , il n'y eut
que Monfieur d'Ufés qui reçeut
fon abjuration comme fon Pafteur
, en prefence de Monfieur
l'Evefque de Mirepoix , & de
Monfieur de Plantade Confeiller
à la Cour des Aydes , Oncle de
Madame d'Arbaud fa Femme. Le
lendemain de cette action qui fe
fit dans la Chapelle des Penitens
blancs , ce fut une réjouiffance
publique dans Montpellier du côté
des Catholiques , & une mortification
inexprimable pour tous
les Prétendus Réformez. La perte
qu'ils font enluy eft d'autant plus
grande , que connoiffant parfaitement
leur Religion , il connoiſt
préfentement toutes les erreurs
GALANT. 165
qui les devroient obliger à la
quitter. Il avoit paffé par toutes
les Claffes de ceux de fon party,
comme font Confiftoire , Deputations,
Synodes , & autres Affemblées
generales , particulieres &
fecretes qu'ils ont accoûtumé de
faire , quand le Roy le leur permet
, pour l'obfervation de leur
Difcipline . Il a paru dans toutes
avec beaucoup d'efprit & de fçavoir
, & fes grandes qualitez appuyées
du bien & de la naiffance ,
Je faifoient confiderer parmi eux
comme un Chefde leur Religion ,
dans les Villes de Nifmes d'Ufés,
& de Montpellier . Ce qui les afflige
davantage , c'est qu'outre la
crainte qu'ils ont de voir fuivre
fon exemple, il a dix Enfans qu'il
efpere ramener à l'Eglife , y en
ayant déja trois ou quatre , qui par
leur âge font devenus Catholi164
MERCURE
ques , fuivant la Declaration du
Roy. D'ailleurs l'exercice public
de la Religion Pretenduë Refor
mée , eft étably dans fa Terre de
Blanfae , où il fait fon plus ordinaire
fejour ; & comme il y a un
grand nombre de Vaffaux de
cette Religion, il pretend qu'avec
le fecours de Monfieur l'Evêque
d'Ulés,dans le Dioceſe duquel eft
cette Terre , fon exemple ne fera
pas fans fruit pour ces Devoyez .
L'accablement des vifites luy
ayant fait quitter Montpellier , il
alla à Nifmes rendre les refpects à
Monfieur l'Evêque. J'aurois peine
à exprimer les honneurs qu'il y
reçut. Meffieurs du Chapitre auffi
bien que Meffieurs du Prefidial ,
vinrent le complimenter
, ce que
firent auffi Meffieurs les Confuls
en Chaperon , avec le Corps de
Ville. On le reçut de la meſme
GALANT. 165
forte à Arles . Toute la Nobleffe,
Tous les Convens , tous les Religieux,
tous les Ordres, & prefque
tout le Peuple , allerent le vifiter.
Le Chapitre luy fit compliment
en Deputation , pour fe réjouir
avec luy de fon retour à l'Eglife ;
& Meffieurs de l'Academie Roya
le,aprés l'avoir vû chacun en particulier
, allerent en Corps luy
marquer leur joye de l'acquifition
que faifoit leur Compagnie,
d'un Confrere nouvellement converty.
Meffieurs les Confuls luy
firent le mefme honneur, en Chaperon
, & avec le Corps de Ville,
compofé d'une Nobleffe illuftre,
& l'affurérent de la fatisfaction
que le Public recevoit , de le voir
revenir enfin au fein de fa mere,
& reparer le fcandale que fes
Predeceffeurs avoient caufé à la
Ville d'Arles, & à l'Eglife Catho168
MERCURE
lique . La joye que tout le monde
a reçûë de cette Converfion , a
obligé Monfieur Sabatier,Gentilhomme
d'un merite fingulier , &
qui n'eft pas un des moindres ornemens
de l'Academie Royale
d'Arles , de faire éclater la fienne
par cette Epître .
Vignes , Miniftre de Grenoble,
a fait grand bruit dans le Dauphiné
, celle de Monfieur d'Ar
baud , Seigneur de Blanfac, originaire
d'Arles , n'en a pas moins
fait dans le Languedoc . Ce Gentilhomme
, qui eft d'une fort ancienne
Nobleffe , demeuroit à
Nifmes , à caufe qui faifoit profeffion
de la Religion Pretenduë
Réformée. Ses Prédeceffeurs qui
faifoient la mefme Profeffion , s'y
êtoient êtablis depuis cent ans.
Son Ayeul , né Catholique, avoit
changé de Religion , par l'engagement
qu'il avoit pris dans le
party du Roy de Navarre, qui fut
depois Roy de France , fous le
nom de Henry IV. Il fut honoré
par ce Monarque , de belles
& importantes Commiffions
, &
le fuivit en plufieurs Exploits.
158
MERCURE
Comme cette Maifon , fort confiderée
dans Arles , auffi bien
qu'en Languedoc , avoit toûjours
eû un zele ardent pour tout ce
qui regardoit le culte de Dieu ,
elle avoit laiffé des marques de
fa pieté dans les Eglifes fur les
Autels . Ainfi fes Armes paroiffoient
encore en beaucoup d'endroits
, jufque fur des Croix de
Marbre expofées en public , &
par des fondations de Chapelles ,
conftrutions de Tombeaux de
Marbre , & autres fondations
dans l'Eglife Cathedrale , & chez
les Dominicains. Ces objets qui
frapérent ce Gentilhomme dans
fajeuneffe , furent en quelque
maniére effacez par le fois,
qu'apportérent fes Parens & les
Miniftres de Nifmes , à le fortifier
dans les erreurs de Calvin . Il
étoit alors feul de fa maiſon , ayam
1
GALANT.
159
perdu un Frere aîné , mort au Service
du Roy en Italie , Capitaine
dans le Regiment de montpefat.
Il aimoit les belles Lettres , &
avoit acquis la plupart des Connoiffances
qui font recherchées
par les Perfonnes d'efprit . Cela
fut caufe que Meffieurs de l'Académie
Royale d'Arles , jetterent
les yeux fur luy , pour l'affocier
dans leur Compagnie . Cet engagement
ne fut pas un petit
motif, pour luy faire reprendre
les premiéres impreffions , qui
Juy avoient donné qulque penchant
pour l'Eglife Catholique ,
qui étoit la Religion de fes anceftres
& celle de quantité de
Parens qu'il avoit , & qu'il a encore
, parmy lefquels il y a des
Commandeurs de Malte , comme
il y a eû parmy fes Prédeceffeurs
plufieurs Evefques, & autres
160 MERCURE
que
Perſonnes reveftuës de Charges
confidérables dans Arles , telle
celle de Premiers Conful.
On compre dans cette Maiſon
jufqu'à quatre Confulats . On
peut joindre à tout cela le commerce
de devoir & d'honnefteté
qu'il avoit avec Monfieur
l'Archevefque d'Arles . Ce fçavant
Prélat , qui a toûjours efté
fi fidelle à fon Prince , & à la Religion
Catholique , ne perdoit
pas les occafions de l'exhorter à
ouvrir les yeux à la verité , & il
le faifoit d'une manière fi Apoftolique,&
fi remplie de douceur,
que Monfieur d'Arbaud a depuis
avoüé que fes follicitations , accompagnées
de fa pieté & de fon
exemple , avoient fort contribué
à le retirer de fes erreurs. Il eftoit
dans ces favorables difpofitions ,
lors qu'il alla à Montpellier auffiGALANT.
161
bien
que les autres Gentilshommes
du Languedoc , rendre fes
devoirs à Monfieur le Duc de
Noailles qui avoit eſté nommé
par le Roy pour commander en
Chef dans cette Province . Ce
Duc à qui l'on apprit la Religion
dont il eftoit , luy fit beaucoup
de careffes , & le pria de penfer
ferieufement au peril où l'avoit
mis le malheur de fa naiffance .
Cette entrevue fe paffa en complimens
; & lors que Monfieur
d'Arbaud prenoit congé de Mr
le Duc de Noailles , Monfieur
l'Evefque de Mirepoix qui eftoit
dans la Chambre avec plufieurs
autres Prélats , trouva moyen
d'engager avec luy une converfation
qui dura trois heures. Monfieur
le Comte du Roure , Monfieur
le Vicomte de Polignac ,
Monfieur le Comte de Luffan , &c
160
MERCURE
autres Perſonnes de qualité , y
affiftérent avec Meffieurs les Evêques.
On n'y agita que des matieres
de Controverfes , mais avec
beaucoup d'honnefteré & de
douceur. Cette converfation fut
fuivie de trois ou quatre autres ,
dans la Maiſon de Monfieur l'Evefque
de Mirepoix . Les raifons
que luy apporta ce Prélat furent
fi fortes, qu'ayant commencé dés
ce temps - là à eftre cenvaincu de
la verité, il le fut entierement par
les Lettres que Monfieur l'Evef
que de Mirepoix luy écrivit enfuite
fur fes doutes , & aufquelles
Monfieur d'Arbaud répondoit ,
foutenant toûjours fa Religion ,
fans pourtant fe déclarer Catholique
, quoy qu'il le fuft en effet ,
n'y ayant plus que le feul refpect
humain qui le retinſt . Il laiſſa páffer
encore deux ans ; & enfin ne
GALANT. 1161
pouvant plus résister à la Grace ,
il fit fçavoir à Monfieur de Mirepoix
, qui s'étoit rendu aux derniers
Etats de Languedoc
, qu'étant
incommodé
, il luy étoit impoffible
d'aller fi tofgle trouver à
Montpellier
; mais qu'avant la fin
des Etats , il auroit l'honneur de
le voir , pour recevoir fa Benediction
, en luy declarant qu'il vouloit
vivre & mourir Catholique.
Il fit part de cette nouvelle à
Monfieur le Cardinal de Bonfy &
à Monfieur l'Intendant
, & dés
qu'il eut un peu de ſanté , il alla
à Arles communiquer
ſon deſſein
à Monfieur l'Archevefque
, & à
Monfieur le Coadjuteur
. De là il
fe rendit à Montpellier
, où il
efperoit trouver Monfieur l'Evef
que de Nifmes , & Monfieur l'Evefque
d'Ufés , qui font fes Pafteurs
, auffi bien Monfieur
que
164
MERCURE
l'Archevefque d'Arles , puis qu'il
eft domicilié à Nifmes , & qu'il a
du Bien dans le Diocefe d'Ufés ;
mais Monfieur de Nifmes ne s'y
étant point rencontré , il n'y eut
que Monfieur d'Ufés qui reçeut
fon abjuration comme fon Pafteur
, en prefence de Monfieur
l'Evefque de Mirepoix , & de
Monfieur de Plantade Confeiller
à la Cour des Aydes , Oncle de
Madame d'Arbaud fa Femme. Le
lendemain de cette action qui fe
fit dans la Chapelle des Penitens
blancs , ce fut une réjouiffance
publique dans Montpellier du côté
des Catholiques , & une mortification
inexprimable pour tous
les Prétendus Réformez. La perte
qu'ils font enluy eft d'autant plus
grande , que connoiffant parfaitement
leur Religion , il connoiſt
préfentement toutes les erreurs
GALANT. 165
qui les devroient obliger à la
quitter. Il avoit paffé par toutes
les Claffes de ceux de fon party,
comme font Confiftoire , Deputations,
Synodes , & autres Affemblées
generales , particulieres &
fecretes qu'ils ont accoûtumé de
faire , quand le Roy le leur permet
, pour l'obfervation de leur
Difcipline . Il a paru dans toutes
avec beaucoup d'efprit & de fçavoir
, & fes grandes qualitez appuyées
du bien & de la naiffance ,
Je faifoient confiderer parmi eux
comme un Chefde leur Religion ,
dans les Villes de Nifmes d'Ufés,
& de Montpellier . Ce qui les afflige
davantage , c'est qu'outre la
crainte qu'ils ont de voir fuivre
fon exemple, il a dix Enfans qu'il
efpere ramener à l'Eglife , y en
ayant déja trois ou quatre , qui par
leur âge font devenus Catholi164
MERCURE
ques , fuivant la Declaration du
Roy. D'ailleurs l'exercice public
de la Religion Pretenduë Refor
mée , eft étably dans fa Terre de
Blanfae , où il fait fon plus ordinaire
fejour ; & comme il y a un
grand nombre de Vaffaux de
cette Religion, il pretend qu'avec
le fecours de Monfieur l'Evêque
d'Ulés,dans le Dioceſe duquel eft
cette Terre , fon exemple ne fera
pas fans fruit pour ces Devoyez .
L'accablement des vifites luy
ayant fait quitter Montpellier , il
alla à Nifmes rendre les refpects à
Monfieur l'Evêque. J'aurois peine
à exprimer les honneurs qu'il y
reçut. Meffieurs du Chapitre auffi
bien que Meffieurs du Prefidial ,
vinrent le complimenter
, ce que
firent auffi Meffieurs les Confuls
en Chaperon , avec le Corps de
Ville. On le reçut de la meſme
GALANT. 165
forte à Arles . Toute la Nobleffe,
Tous les Convens , tous les Religieux,
tous les Ordres, & prefque
tout le Peuple , allerent le vifiter.
Le Chapitre luy fit compliment
en Deputation , pour fe réjouir
avec luy de fon retour à l'Eglife ;
& Meffieurs de l'Academie Roya
le,aprés l'avoir vû chacun en particulier
, allerent en Corps luy
marquer leur joye de l'acquifition
que faifoit leur Compagnie,
d'un Confrere nouvellement converty.
Meffieurs les Confuls luy
firent le mefme honneur, en Chaperon
, & avec le Corps de Ville,
compofé d'une Nobleffe illuftre,
& l'affurérent de la fatisfaction
que le Public recevoit , de le voir
revenir enfin au fein de fa mere,
& reparer le fcandale que fes
Predeceffeurs avoient caufé à la
Ville d'Arles, & à l'Eglife Catho168
MERCURE
lique . La joye que tout le monde
a reçûë de cette Converfion , a
obligé Monfieur Sabatier,Gentilhomme
d'un merite fingulier , &
qui n'eft pas un des moindres ornemens
de l'Academie Royale
d'Arles , de faire éclater la fienne
par cette Epître .
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Résumé : Abjurations, [titre d'après la table]
Le texte relate l'abjuration de Monsieur d'Arbaud, Seigneur de Blanfac, originaire d'Arles, qui a marqué le Languedoc. Ce gentilhomme, issu d'une ancienne famille noble, résidait à Nîmes et pratiquait la Religion Prétendue Réformée, comme ses prédécesseurs établis dans la région depuis un siècle. Son aïeul, initialement catholique, avait changé de religion en rejoignant le parti du roi de Navarre, devenu Henri IV. La famille d'Arbaud, respectée à Arles et en Languedoc, avait laissé des marques de sa piété dans les églises locales. Monsieur d'Arbaud, unique survivant de sa maison après la mort de son frère aîné au service du roi, était épris de belles-lettres et avait acquis des connaissances appréciées par les membres de l'Académie Royale d'Arles, qui souhaitaient l'y associer. Cette perspective, ainsi que les encouragements de l'archevêque d'Arles et de l'évêque de Mirepoix, l'incitèrent à reconsidérer sa foi. Lors d'une visite à Montpellier pour rencontrer le duc de Noailles, il eut plusieurs conversations avec des prélats qui le convainquirent progressivement de la vérité de la foi catholique. Après deux années de réflexion, il annonça son intention d'abjurer sa foi réformée et de se convertir au catholicisme. Il informa l'évêque de Mirepoix, le cardinal de Bonzy et l'intendant de sa décision. Il se rendit ensuite à Arles pour en parler avec l'archevêque et le coadjuteur, avant de se rendre à Montpellier où il abjura publiquement en présence de l'évêque d'Uzès et de l'évêque de Mirepoix. Cette conversion fut accueillie avec joie par les catholiques et avec consternation par les réformés, qui voyaient en lui un leader respecté. Monsieur d'Arbaud espérait également convertir ses dix enfants, plusieurs d'entre eux étant déjà catholiques. Il reçut des honneurs à Nîmes et à Arles, où toute la noblesse et le peuple vinrent le féliciter pour son retour à l'Église catholique. L'Académie Royale d'Arles exprima également sa joie d'accueillir un nouveau converti parmi ses membres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 200-208
Autres Morts, [titre d'après la table]
Début :
On a eu icy avis de la mort de Monsieur le Commandeur [...]
Mots clefs :
Décès, Monsieur, Commandeur, Maison de Tressemanes Chasteuil, Siège, Distinction, Charges, Abbé, Chapitre, Obsèques, Seigneur, Conseiller au Parlement, Général, Lieutenant, Capitaine, Fils, Prêtre, Maison de Bruslard
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Autres Morts, [titre d'après la table]
On a eu icy avis de la mort
de Monfieur le Commandeur de
Treffemanes Chateüil , qui s'eſt
fignalé avec beaucoup de diftinction
dans les Siéges de Sainte
Maure , & de Preveza. Il est
mort fur les Galeres au retour du
Voyage , apres feize jours d'une
maladie caufée par les grandes.
incommoditez foufertes pendant
ces deux Siéges, & dans les Cour
fes que l'on avoit faites dans l'Epire
, où il s'eftoit rendu recommandable
par fa conduite , par
vertu , & par le mépris qu'il faifoit
de fa vie pour une ſi juſte caufe
. Il eftoit de l'Auberge de Provence
, & d'une des meilleuresfa
GALANT. 201
73.
Maifons de cette Province , &
des plus anciennes dans l'Ordre.
Deux de fes grands Oneles en
ont efté , avec quatre de fes Oncles
, du nombre defquels eftoiɛ
Monfieur de Treffemanes-Chateuil
, Bailly de Manofque , qui
mourut il y a deux ans dans fa
année . Trois de fes Freres font
encore Chevaliers , & ils ont tous
I trois l'honneur d'eftre dans le
fervice du Roy. L'un eft fur les
Galeres de Sa Majefté ; l'autre ,
Capitaine dans le Régiment de
Champagne , où il eft fort eftimé ,
ayant embraffé la Profeffion
des Armes dés l'âge de quinze
ans ; & le troifiéme eft fon Lieutenant
. le paffe à d'atres Articles
de mefme nature .
8
Le R. P. Erard Florior , mort
le de ce mois , âgé de 63. ans ,
apres avoir exercé les Charges
14.
IS
202 MERCURE
les plus confiderables de fon Orcre.
Il avoit efté élû pour la fecon.
de fois au mois de Septemere
dernier , Abbé de Sainte Geneviève
du Mont & Superieur
Genéral des Chanoines Réguliers
de S. Auguftin , de la Congrégation
de France . Quand on
remplit ces fortes de Poftes par
Election , il faut qu'on ait un
fort grand mérite , puis que toute
une Communauté ne fe trompe
pas. Cet Abbé eftoit Frere de Madame
le Pelletier Femme de
Monfieur le Contrôleur Genéral .
Si tot qu'il fut mort , le Pere
Vvatrée , Premier Affiftant , qui
eftoit en droit de luy fucceder,
fut reconnu par le Chapitre , légitime
Abbé , & Supérieur Ge
néral , & en cette qualité reveſtu
des marques de fa Dignité nouvelle
. Il fit deux jours apres la
>
GALANT. 203
e
,
Cerémonie des Obféques de fon
Prédeceffeur , qui eft univerfel.
lement regreté de tous ceux qui
ont connu la vertu , & fes grandes
qualitez. En vous parlant de
cet Ordre , je croy ne devoir pas
oublier à vous dire , que Monfieur
Gaftier , l'un des Chanoines
Réguliers de Sainte Geneviève ,
quoy que jeune encore , a déja
remply les meilleures Chaires de
Paris , & qu'il s'eſt fait admirer à
S. Nicolas des Champs ; pendant
le dernier Avent.
Meffire Louis le Tonnellier
Breteuil , Seigneur de Boeffetes,
de Ruvire , & autres Lieux , mort
le 19.de ce mois. Ila efté fucceffivement
Confeiller aux Parlemens
de Bretagne & de Paris , enfuite
Maître des Requeſtes , Intendant
de la Province de Languedoc ,
& de la Generalité de Paris , Con-
I 6
204 MERCURE
trôleur Genéral des Finances ,
pendant dix années , & eft mort
Confeiller d'Etat ordinaire . Il a eü
fept Enfans mâles , dont fix font
encore vivans . Monfieur de Bruteül
l'aîné a efté Intendant en
Picardie & en Flandres , & des
Armées du Roy , & eft à prefent
Intendant des Finances , & Confeiller
d'Etat. Les Trois autres
font Chevaliers de Malte , dont
le premier eft Chef d'Eſcadre de
Galeres ; le cinquième eft Evelque
de Boulogne , & le fixiéme à
efté Envoyé Extraordinaire vers
les Princes d'Italie. Il a laiffé auffi
une Fille qui eft mariée à Monfieur
le Marquis de Simblimont,
d'une des plus Illuftres Maiſons
de Picardie.
Meffire Florimond Bruflard ,
Marquis de Genlis , Confeiller
d'Etat , & Capitaine Lieutenant
GALANT .
205
des Gensd'armes de feu Monfieur
le Duc d'Orleans , mort
le 20. de ce mois , en fa Terre
de Beaumont en Picardie , âgé
de 83. ans. La Maifon de Bruflard
eft tres - ancienne , & doit
fon éclat à Nicolas Bruflard ,
Seigneur de Sillery , Chancelier
de France dont l'éloge feroit
trop long à faire. Elle eft divifée
en trois branches , de Sillery , de
la Borde , & de Genlis . Les Marquis
de Sillery ont pris Alliance
avec les Familles de Neufville-
Villeroy & d'Etampes . La feconde
branche de cette Maifon s'eft
alliée avec celles de la Rochefoucaut
, Belliévre , & Dauvet , &
les Marquis de Genlis , avec celles
de Robertet , de Maillet , de Halluin
, Piennes , de Sainte Marie
aux Epaules , & de Brunetel-
Bethencourt. Monfieur le Mar206
MERCURE
quis de Genlis qui vient de mourir
étoit l'aîné de cette troifiéme
branche.
Meffire Guillaume Ifac Aubourg,
Marquis de Boury , mort
le 23. de ce mois . Il eftoit Fils de
Monfieur Aubourg , Secretaire
du Roy , & Garde des Rôles des
Offices de France.
Meffire Pancrace Betille , Prê--
tre , Docteur en Theologie , de
la Faculté de Paris , Doyen de la
mefme Faculté , & Sénieur de la
Maifon & Societé de Sorbonne,
mort le mefme jour par un accident
tres- déplorable . Ses Valets
T'ayant laiffé feul auprés du feu,
envelopé de fourrures à cauſe de
fon grand âge, une fort méchante
odeur que l'on fentit dans l'apartement
d'enhaut , obligea celuy
qui l'occupoit d'envoyer fçavoir
ce qui fe paffoit en bas.
GALANTA 207
Quelqu'un entra dans fa chambre
, & le trouva étouffé du feu ,
qui ayant confumé une partie de
fes habits , luy avoit déja brûlé
les cuiffes .
Meffire Louis Defmê de la
Chenaye , Aumônier du Roy,
Abbé de Noftre- Dame de Corneville,
& de Noftre- Dame d'Angle
, mort le 24. de ce mois . 11 a
refigné fes Benefices à un de fes
Neveux , Fils de Monfieur de la
Chefnaye , Gentilhomme de la
Manche de Monfeigneur le Dauphin,&
qui l'a efté du Roy. Monfieur
de la Chefnaye fon Pere ,
qui eft le Grand- Pere de celuy à
qui l'on a refigné les Benefices,
étoit auffi au Service du feu Roy,
& en étoit eftimé . Sa Majefté a
bien voulu agreér cette Refignation
en faveur des Services de
l'un & de l'autre , les Refigna208
MERCURE
tions d'Abbayes n'ayant jamais
lieu , fi Elle n'accorde fon confentement
.
de Monfieur le Commandeur de
Treffemanes Chateüil , qui s'eſt
fignalé avec beaucoup de diftinction
dans les Siéges de Sainte
Maure , & de Preveza. Il est
mort fur les Galeres au retour du
Voyage , apres feize jours d'une
maladie caufée par les grandes.
incommoditez foufertes pendant
ces deux Siéges, & dans les Cour
fes que l'on avoit faites dans l'Epire
, où il s'eftoit rendu recommandable
par fa conduite , par
vertu , & par le mépris qu'il faifoit
de fa vie pour une ſi juſte caufe
. Il eftoit de l'Auberge de Provence
, & d'une des meilleuresfa
GALANT. 201
73.
Maifons de cette Province , &
des plus anciennes dans l'Ordre.
Deux de fes grands Oneles en
ont efté , avec quatre de fes Oncles
, du nombre defquels eftoiɛ
Monfieur de Treffemanes-Chateuil
, Bailly de Manofque , qui
mourut il y a deux ans dans fa
année . Trois de fes Freres font
encore Chevaliers , & ils ont tous
I trois l'honneur d'eftre dans le
fervice du Roy. L'un eft fur les
Galeres de Sa Majefté ; l'autre ,
Capitaine dans le Régiment de
Champagne , où il eft fort eftimé ,
ayant embraffé la Profeffion
des Armes dés l'âge de quinze
ans ; & le troifiéme eft fon Lieutenant
. le paffe à d'atres Articles
de mefme nature .
8
Le R. P. Erard Florior , mort
le de ce mois , âgé de 63. ans ,
apres avoir exercé les Charges
14.
IS
202 MERCURE
les plus confiderables de fon Orcre.
Il avoit efté élû pour la fecon.
de fois au mois de Septemere
dernier , Abbé de Sainte Geneviève
du Mont & Superieur
Genéral des Chanoines Réguliers
de S. Auguftin , de la Congrégation
de France . Quand on
remplit ces fortes de Poftes par
Election , il faut qu'on ait un
fort grand mérite , puis que toute
une Communauté ne fe trompe
pas. Cet Abbé eftoit Frere de Madame
le Pelletier Femme de
Monfieur le Contrôleur Genéral .
Si tot qu'il fut mort , le Pere
Vvatrée , Premier Affiftant , qui
eftoit en droit de luy fucceder,
fut reconnu par le Chapitre , légitime
Abbé , & Supérieur Ge
néral , & en cette qualité reveſtu
des marques de fa Dignité nouvelle
. Il fit deux jours apres la
>
GALANT. 203
e
,
Cerémonie des Obféques de fon
Prédeceffeur , qui eft univerfel.
lement regreté de tous ceux qui
ont connu la vertu , & fes grandes
qualitez. En vous parlant de
cet Ordre , je croy ne devoir pas
oublier à vous dire , que Monfieur
Gaftier , l'un des Chanoines
Réguliers de Sainte Geneviève ,
quoy que jeune encore , a déja
remply les meilleures Chaires de
Paris , & qu'il s'eſt fait admirer à
S. Nicolas des Champs ; pendant
le dernier Avent.
Meffire Louis le Tonnellier
Breteuil , Seigneur de Boeffetes,
de Ruvire , & autres Lieux , mort
le 19.de ce mois. Ila efté fucceffivement
Confeiller aux Parlemens
de Bretagne & de Paris , enfuite
Maître des Requeſtes , Intendant
de la Province de Languedoc ,
& de la Generalité de Paris , Con-
I 6
204 MERCURE
trôleur Genéral des Finances ,
pendant dix années , & eft mort
Confeiller d'Etat ordinaire . Il a eü
fept Enfans mâles , dont fix font
encore vivans . Monfieur de Bruteül
l'aîné a efté Intendant en
Picardie & en Flandres , & des
Armées du Roy , & eft à prefent
Intendant des Finances , & Confeiller
d'Etat. Les Trois autres
font Chevaliers de Malte , dont
le premier eft Chef d'Eſcadre de
Galeres ; le cinquième eft Evelque
de Boulogne , & le fixiéme à
efté Envoyé Extraordinaire vers
les Princes d'Italie. Il a laiffé auffi
une Fille qui eft mariée à Monfieur
le Marquis de Simblimont,
d'une des plus Illuftres Maiſons
de Picardie.
Meffire Florimond Bruflard ,
Marquis de Genlis , Confeiller
d'Etat , & Capitaine Lieutenant
GALANT .
205
des Gensd'armes de feu Monfieur
le Duc d'Orleans , mort
le 20. de ce mois , en fa Terre
de Beaumont en Picardie , âgé
de 83. ans. La Maifon de Bruflard
eft tres - ancienne , & doit
fon éclat à Nicolas Bruflard ,
Seigneur de Sillery , Chancelier
de France dont l'éloge feroit
trop long à faire. Elle eft divifée
en trois branches , de Sillery , de
la Borde , & de Genlis . Les Marquis
de Sillery ont pris Alliance
avec les Familles de Neufville-
Villeroy & d'Etampes . La feconde
branche de cette Maifon s'eft
alliée avec celles de la Rochefoucaut
, Belliévre , & Dauvet , &
les Marquis de Genlis , avec celles
de Robertet , de Maillet , de Halluin
, Piennes , de Sainte Marie
aux Epaules , & de Brunetel-
Bethencourt. Monfieur le Mar206
MERCURE
quis de Genlis qui vient de mourir
étoit l'aîné de cette troifiéme
branche.
Meffire Guillaume Ifac Aubourg,
Marquis de Boury , mort
le 23. de ce mois . Il eftoit Fils de
Monfieur Aubourg , Secretaire
du Roy , & Garde des Rôles des
Offices de France.
Meffire Pancrace Betille , Prê--
tre , Docteur en Theologie , de
la Faculté de Paris , Doyen de la
mefme Faculté , & Sénieur de la
Maifon & Societé de Sorbonne,
mort le mefme jour par un accident
tres- déplorable . Ses Valets
T'ayant laiffé feul auprés du feu,
envelopé de fourrures à cauſe de
fon grand âge, une fort méchante
odeur que l'on fentit dans l'apartement
d'enhaut , obligea celuy
qui l'occupoit d'envoyer fçavoir
ce qui fe paffoit en bas.
GALANTA 207
Quelqu'un entra dans fa chambre
, & le trouva étouffé du feu ,
qui ayant confumé une partie de
fes habits , luy avoit déja brûlé
les cuiffes .
Meffire Louis Defmê de la
Chenaye , Aumônier du Roy,
Abbé de Noftre- Dame de Corneville,
& de Noftre- Dame d'Angle
, mort le 24. de ce mois . 11 a
refigné fes Benefices à un de fes
Neveux , Fils de Monfieur de la
Chefnaye , Gentilhomme de la
Manche de Monfeigneur le Dauphin,&
qui l'a efté du Roy. Monfieur
de la Chefnaye fon Pere ,
qui eft le Grand- Pere de celuy à
qui l'on a refigné les Benefices,
étoit auffi au Service du feu Roy,
& en étoit eftimé . Sa Majefté a
bien voulu agreér cette Refignation
en faveur des Services de
l'un & de l'autre , les Refigna208
MERCURE
tions d'Abbayes n'ayant jamais
lieu , fi Elle n'accorde fon confentement
.
Fermer
Résumé : Autres Morts, [titre d'après la table]
Le texte mentionne plusieurs décès notables de personnalités ayant occupé des postes importants. Le Commandeur de Treffemanes Chateüil, connu pour ses distinctions lors des sièges de Sainte Maure et de Preveza, est décédé des suites d'une maladie contractée lors de ces sièges et des courses en Épire. Issu d'une famille illustre de l'Ordre de Provence, il avait deux oncles et quatre frères ayant servi dans l'Ordre, dont trois sont encore en vie et au service du roi. Le Père Erard Florior, âgé de 63 ans, est décédé après avoir exercé des charges importantes au sein de l'Ordre des Chanoines Réguliers de Saint-Augustin. Il était Abbé de Sainte Geneviève du Mont et Supérieur Général, et a été remplacé par le Père Vvatrée. Louis le Tonnellier Breteuil, Seigneur de Boeffetes et autres lieux, est également décédé. Il a occupé diverses fonctions prestigieuses, dont celles de Conseiller aux Parlements de Bretagne et de Paris, Maître des Requestes, Intendant de Languedoc et de Paris, Contrôleur Général des Finances, et Conseiller d'État. Il laisse sept enfants mâles, dont six sont encore vivants et occupent des postes importants. Florimond Bruflard, Marquis de Genlis, Conseiller d'État et Capitaine Lieutenant des Gens d'armes, est décédé à l'âge de 83 ans. Sa famille est très ancienne et illustre, avec des alliances notables. Guillaume Ifac Aubourg, Marquis de Boury, est décédé. Il était fils de Monsieur Aubourg, Secrétaire du Roi et Garde des Rôles des Offices de France. Pancrace Betille, Prêtre et Docteur en Théologie, Doyen de la Faculté de Paris et Seigneur de la Maison et Société de Sorbonne, est décédé accidentellement après s'être étouffé avec des vêtements en feu. Enfin, Louis Desmê de la Chenaye, Aumônier du Roi et Abbé de Notre-Dame de Corneville et d'Angle, est décédé. Il a légué ses bénéfices à un de ses neveux, fils de Monsieur de la Chenaye, Gentilhomme de la Manche du Dauphin et du Roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 87-92
Morts, [titre d'après la table]
Début :
Je ne vous parlay point la derniere fois de la mort de Messire [...]
Mots clefs :
Décès, Président du conseil, Intendant, Charge, Majesté, Église, Veuve, Comte, Mère, Seigneur, Abbé commandataire, Aumônier du roi, Érudition
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Morts, [titre d'après la table]
Je ne vous parlay point la
derniere fois de la mort de
Meffire André Scarron , Préfident
du Confeil Souverain
d'Artois , parce que je n'en
avois point encore reçû la
nouvelle . Cette mort eft arrivée
le 25. Decembre dernier
. Son rare mérite & fes
belles qualitez avoient obligé
Sa Majefté de le tirer du Parlement
de Metz en 1660. pour
kuy donner à Arras une Char88
MERCURE
ge plus honorable
, qu'il a
exercée
pendant
vingt- quatre
ans avec beaucoup
d'éclat
& de gloire. Il eft mort
dans fa foixante
& feiziéme
année , laiſſant M' fon Fils,
digne Succeffeur
de fa Charge
, dont le Roy luy avoit
donné la furvivance
. Ila efté
enterré dans l'Eglife des Peres
Récolets
d'Arras , où fix Huiffiers
du Confeil
en Robes
portérent
le Corps . Quarante
Pauvres
, reveſtus
de Noir,
tenant chacun un Flambeau
,
marchoient
à la tefte du Convoy.
Meffieurs
du Confeil y
GALANT. 89
affifterent, ainfi que le Corps
de Ville , & ceux de Juftice .
M' l'Evefque d'Arras eftoit
en l'Eglife à cofté de l'Autel,,
& quelques Abbez & Eccléfiaftiques
de marque . M
Chauvelin , Intendant de Picardie
& d'Artois fe trouva
auffi à cette lugubre Cerémonic
.
J'ay à vous apprendre trois
autres morts , arrivées icy
depuis peu de jours . La premiere
eft celle de Dame
Bonne Royer , Veuve de :
Meffire Jean Louis de Fau--
con , Seigneur de Rys, Mar
Février 1685. Hi
90 MERCURE
quis de Charleval , Comte de
Bacqueville,Confeiller d'Etat
Ordinaire , & Premier Pré
fident au Parlement de Normandie.
C'eftoit une Dame
d'une grande pieté , & que
fa vertu , & fes manieres pleines
de l'honncfteré la plus.
engageante, ont toûjours rendue
tres eftimable . Elle eftoit
Mere de M ' de Rys , Intendant
à Bordeaux , & de Madame
de Bernieres , Femme,
de M' de Bernieres , Confeiller
au Parlement de Paris .
Elle eft morte le s . de ce
mois.
$
1
GALANT. 91
Au-
Y
Meffire Claude du Val,
Seigneur de Mandre
mônier du Roy, ancien Abbé
de S. Pierre de Selincourt,
eft mort environ dans le
mefme temps aufli - bien
que Meffire Pierre Bourdelot
, Abbé Commendataire
.de S. Martin de Maffay , &
Médecin Ordinaire de Monfieur
le Prince . C'eftoit un
Homme qui avoit beaucoup
d'érudition , & des connoiffances
particulieres dans la
Médecine . Il y avoit chez
ly tous les Mardis des Conférences
publiques , où fe
·
Hi
ij
92 MERCURE
trouvoient beaucoup de Sçavans
. On y agitoit toute forte
de matieres.
derniere fois de la mort de
Meffire André Scarron , Préfident
du Confeil Souverain
d'Artois , parce que je n'en
avois point encore reçû la
nouvelle . Cette mort eft arrivée
le 25. Decembre dernier
. Son rare mérite & fes
belles qualitez avoient obligé
Sa Majefté de le tirer du Parlement
de Metz en 1660. pour
kuy donner à Arras une Char88
MERCURE
ge plus honorable
, qu'il a
exercée
pendant
vingt- quatre
ans avec beaucoup
d'éclat
& de gloire. Il eft mort
dans fa foixante
& feiziéme
année , laiſſant M' fon Fils,
digne Succeffeur
de fa Charge
, dont le Roy luy avoit
donné la furvivance
. Ila efté
enterré dans l'Eglife des Peres
Récolets
d'Arras , où fix Huiffiers
du Confeil
en Robes
portérent
le Corps . Quarante
Pauvres
, reveſtus
de Noir,
tenant chacun un Flambeau
,
marchoient
à la tefte du Convoy.
Meffieurs
du Confeil y
GALANT. 89
affifterent, ainfi que le Corps
de Ville , & ceux de Juftice .
M' l'Evefque d'Arras eftoit
en l'Eglife à cofté de l'Autel,,
& quelques Abbez & Eccléfiaftiques
de marque . M
Chauvelin , Intendant de Picardie
& d'Artois fe trouva
auffi à cette lugubre Cerémonic
.
J'ay à vous apprendre trois
autres morts , arrivées icy
depuis peu de jours . La premiere
eft celle de Dame
Bonne Royer , Veuve de :
Meffire Jean Louis de Fau--
con , Seigneur de Rys, Mar
Février 1685. Hi
90 MERCURE
quis de Charleval , Comte de
Bacqueville,Confeiller d'Etat
Ordinaire , & Premier Pré
fident au Parlement de Normandie.
C'eftoit une Dame
d'une grande pieté , & que
fa vertu , & fes manieres pleines
de l'honncfteré la plus.
engageante, ont toûjours rendue
tres eftimable . Elle eftoit
Mere de M ' de Rys , Intendant
à Bordeaux , & de Madame
de Bernieres , Femme,
de M' de Bernieres , Confeiller
au Parlement de Paris .
Elle eft morte le s . de ce
mois.
$
1
GALANT. 91
Au-
Y
Meffire Claude du Val,
Seigneur de Mandre
mônier du Roy, ancien Abbé
de S. Pierre de Selincourt,
eft mort environ dans le
mefme temps aufli - bien
que Meffire Pierre Bourdelot
, Abbé Commendataire
.de S. Martin de Maffay , &
Médecin Ordinaire de Monfieur
le Prince . C'eftoit un
Homme qui avoit beaucoup
d'érudition , & des connoiffances
particulieres dans la
Médecine . Il y avoit chez
ly tous les Mardis des Conférences
publiques , où fe
·
Hi
ij
92 MERCURE
trouvoient beaucoup de Sçavans
. On y agitoit toute forte
de matieres.
Fermer
Résumé : Morts, [titre d'après la table]
Le texte rapporte plusieurs décès récents. Meffire André Scarron, Président du Conseil Souverain d'Artois, est décédé le 25 décembre à l'âge de soixante-seize ans. Nommé à Arras en 1660, il avait succédé à une fonction au Parlement de Metz et exercé sa charge pendant vingt-quatre ans. Ses funérailles ont eu lieu dans l'église des Pères Récollets d'Arras. Dame Bonne Royer, veuve de Meffire Jean Louis de Faucon, Seigneur de Rys, est décédée en février 1685. Elle était connue pour sa piété et sa vertu et était mère de Meffire de Rys, Intendant à Bordeaux, et de Madame de Bernieres. Meffire Claude du Val, Seigneur de Mandre, moine du Roy et ancien Abbé de S. Pierre de Selincourt, est également décédé. Enfin, Meffire Pierre Bourdelot, Abbé Commendataire de S. Martin de Massay et Médecin Ordinaire du Prince, est mort. Réputé pour son érudition et ses connaissances en médecine, il organisait des conférences publiques chez lui tous les mardis.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 188-262
Mort du Roy d'Angleterre, [titre d'après la table]
Début :
Ce jeune Prince s'estant fait donner un jour la Clef [...]
Mots clefs :
Roi, Prince, Comte, Angleterre, Duc, Troupes, Colonnel, Peuple, Matelot, Ennemis, Noblesse, Vaisseaux, Gentilhomme, Fidélité, Obstacles, Seigneur, Commissaires, Habits, Royaume, Rivière, Général, Crainte, Avantage, Succès, Décès, Héritiers, Reine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mort du Roy d'Angleterre, [titre d'après la table]
Ce
GALANT. 189
jeune Prince s'eftant fait donner
un jour la Clef du Parc ,
fous prétexte de chaffer, fut
affez heureux pour ſe dérober
de ceux qui l'obfervoient ; &
fe déguifant avec une Perruque
noire , & un emplaître
fur l'oeil , il fortit du Parc , &
entra dans un Carroffe , qui
le porta juſqu'au bord de la
Tamife. Une Gondole l'y
ayant reçû , il fe rendit en
un lieu où il prit un habit
de Femme. Il revint de là
dans fa Gondole , qui le rendit
à Grenvic fans aucun
obftacle ; mais en ce lieu-là)
190 MERCURE
celuy qui le conduifoit refufa
de paffer outre , non feulement
à cause d'un vent contraire
qui venoit de s'élever,
mais la crainte de conpar
tribuer à la fuite de quelque
Perfonne confidérable
, ce
qui eſtoit dangereux en ce
temps - là . Malheureuſement
pour le jeune Prince , for
Cordon bleu qu'il avoit mal
caché en ſe déguiſant
, parut
aux yeux de ce Marinier, qui
plus intelligent que plufieurs.
de fa profeffion , fçachant
qu'une marque fi illuftre ne
fe donne en Angleterre
qu
GALANTA 191
aux Perfonnes du premier
rang , comprit le miftere , &
ne douta point que ce ne fuft
le Duc d'York qu'il menoit.
L'embarras où le met cette
rencontre, le fit s'obftiner à
n'avancer plus. Banfila qui
accompagnoit le Prince , defefperé
du retardement,
conjura le Matelot de paſſer
promptement la Dame qui
étoit dans fa Gondole , parce
qu'elle avoit des affaires trespreffantes.
Il luy répondit
d'un ton fèvere , qu'il falloit
que cette Dame cuft des privileges
bien particuliers, pour
192 MERCURE
avoir receu l'Ordre de la Jar
retiére, qu'on ne donne point
aux Femmes . Le Prince qui
avoit l'ame intrépide , & les
maniéres perfuadantes , prit
une réſolution digne de lay.
Il tendit la main au Matelot,.
& avec une douceur qui auroit
gagné les moins traitables
; le fuis le Duc d'York,
luy dit- il . Tu peux tout pour
ma fortune , & peut- eftre pourma
vie . C'est à toy à voirſi tu
veux me fervir fidellement. Ce
peu de mots defarma le Matelot.
Il luy demanda pardon
de fa réfiftance ,& commença
1
GALANT:
1932
a ramer avec tant de vigueur,
qu'il fit arriver le Prince
à Tibury , plûtoft qu'il ne
l'avoit efperé. Il y trouva un
Vaiffeau Hollandois qui l'ac- ,
tendoit , & qui le porta à Mi-.
delbourg. Son evaſion inquiéta
les Etats. Il arriva des
defordres en Ecoffe. Les
Communes du Comté de
Kent
prirent les armes , pour
demander la liberté de leur
Roy. La
Nobleffe
appuya
leurs juftes
prétentions , & la
plupart
des
Vaiffeaux
qui
étoient aux Dunes , fe déclara
pour les mefmes interefts,
Fevrier 1685. R
194
MERCURE
Ce foûlevement
donna lieu à
une entrepriſe affez furprenante.
Un jeune Homme
appellé Corneille Evans , né
dans Marſeille , d'un Pere
forty du Païs de Galles , arriva
dans la Ville de Sandvvic ,
couvert d'un habit fi déchiré,
qu'étant pris par tout pour
un Homme de néant , il eut
de la peine à trouver où ſe
loger. Enfin , ayant eſté receu
dans une Maifon de peu
d'apparence
, où il fe fit affez
bien traiter , il tira fon Hofte
à part , & luy dit que pour re
connoiftre l'honnefteré
qu'il
•
GALANT. 195
yenoit d'avoir pour luy , il
vouloit luy confier un fecret
dont il pouvoit attendre de
grands avantages , s'il en fçavoit
bien ufer. Il ajoûta qu'il
étoit le Prince de Galles ; qu'il
s'étoit mis en l'état où il le
voyoit , pour le dérober aux
yeux de ſes Ennemis ; qu'
ayant appris que les Peuples
de cette Province fe foûlevoient,
il prétendoit leur donner
courage , & commencer
avec eux le fecours qu'ils devoient
au Roy fon Pere . Cet
Homme crédule fe laiffa perfuader
, & tout glorieux d'a-
Rij
196 MERCURE
voir chez luy le Fils de fort
Roy , il alla fur l'heure avertir
le Maire , qui étant venu rendre
fes refpects à ce faux
Prince , le fit loger dans la
plus belle Maifon de la Ville.
Chacun le traita de la meſme
forte. On luy donna des Gardes
avec ordre de fe tenir découverts
en fa prefence , & le
bruit de fon arrivée s'étant
répandu dans tout le Comté
de Kent , grand nombre de
Gentilshommes, & de Dames
mefme , vinrent luy offrir
leurs biens , pour le fecourir
dans fon entrepriſe. Ceux qui
GALANT. 197
s'étoient foûlevez , députe
rent auffi-toft pour le prier
de fe vouloir montrer à leur
tefte , & il auroit joué plus
long- temps ce perfonnage , fi
le Chevalier Dishinton que
la Reyne & le Prince de Gal
les avoient envoyé en Angleterre
, pour s'informer du veritable
état des affaires , n'euft
fait connoiftre la fourbe. Il fe
diſpoſoit à retourner en France
, lors qu'il apprit ce qui fe
paffoit à Sandvvic. Il y courut
, & convainquit l'Impo
fteur, qui fut arrefté, conduit
à Cantorbery , & delà à Lon
Rij
198 MERCURE
dres , d'où il ſe fauva quelques
mois apres . On n'en a
point entendu parler depuis.
Les Vaiffeaux des Dunes
que Farfax tâcha inutilement
de féduire
par Les offres , étant
paffez en Hollande , ceux qui
les
commandoient envoyerent
avertir le Prince de Galles
, qu'ils ne s'étoient fouftraits
de l'obeïffance des
Etats , que pour recevoir ſes
ordres. Il partit de S. Germain
en Laye , où il avoit
toûjoursdemeurédepuis qu'il
étoit forty d'Angleterre , &
s'étant embarqué à Calais acGALANT.
199
compagné du Prince Robert,
& d'un grand nombre de Nobleffe
Angloife & Ecoffoife,
que la perfecution des Ennemis
du Roy avoit contrainte
de fe retirer en France , il
pafla heureuſement en Hol
lande au commencement de
Juillet en 1648. Apres avoir
loué la fidelité des Officicrs
qui perfiftoient courageule
ment dans le deffein de perir
, s'il le falloit , pour s'op
pofer aux Rebelles , il monta
fur l'Amiral , fit courir un
Manifefte , par lequel il dé
clara qu'il ne prenoit les ar
R iiij
200 MERCURE
mes que pour maintenir la
Religion dans la pureté de
fes Inftructions
, pour donner
la Paix aux trois Royaumes
,en
remettant les Loix dans leur
force, & pour delivrer le Roy
fon Pere d'une tyrannique
oppreffion, & enfuite il alla fe
prefenter devant Yarmouth,
demandant que les Portes de
la Ville luy fuffent ouvertes.
Les Magiftrats réponditent
qu'ils n'en eftoient pas les
maiftres , & leur obftination
l'emporta fur l'inclination du.
Peuple qui envoya des ta
fraîchiffemens
à ce Prince.
piz
GALANT. 201
Il fe retira vers les Dunes
avec fa Flote , & n'ayant reçû
aucune réponſe favorable des
Lettres qu'il avoit écrites à
Londres fur fon Manifefte,
il alla chercher le Comte de
Warvvic , qui eftoit en mer
avec feizeVaiffeaux , & que les
Etats avoient étably Grand
Amiral du Royaume . Le
Comte évita les occafions.
d'en venir aux mains ; & la
nuit les ayant obligez de
jetter l'ancre à une lieue l'un
de l'autre, le Prince luy manda
par un Officier , qu'eftant
en perfonne fur les Vaiffeaux.
202 MERCURE
qu'il avoit veus , il luy commandoit
de le venir joindre
pour fervir le Roy , & de
mettre Pavillon bas quand il
leveroit les ancres . Le Comte
luy répondit qu'il ne reconnoiffoit
que les Etats pour
fes Maiftres , & qu'il ne devoit
attendre de luy aucune
foûmiflion . Le Prince irritée
de cet orgueil , fit mettre à
la voile fi- toft qu'il fut jour,
& alla droit à Warvic , dont
il trouva la Flote augmentée
de douze Vaiffeaux fortis du
Port de Porthmouth ; ce qui
ne l'euft pas empefché de le
GALANT. 203
combatre , fi une tempefte
qui dura vingt- quatre heures
n'euft féparé fi bien les deux
Flotes, que le Prince fut contraint
de relâcher en Hollande.
Tout ce qu'il pouvoit
tenter pour la liberté
du Roy fon Pere , eftant
ainfi renversé , & tout luy
manquant pour la fubfiftance
de fon Armée , il ne fe
remit point en mer, & atendit
le fuccés de quelques
Traitez d'Accommodement
dont on parloit ; mais apres
des Procédures qu'on ne
peut entendre fans horreur,
204 MERCURE
le Roy forcé de comparoiftre
devant fes Sujets , fut con
damné, comme Traître , Ty
ran , & Perturbateur du repos
public , à avoir la tefte
coupée ; & cet effroyable
Arreft fut exécuté le 9. Fe
vrier 1649. à la porte de fon
Palais , dans la meſme Ville
où il eftoit né , & au milieu
d'un Peuple dont fa bonté
luy devoit avoir gagné tous
les coeurs.
Le Prince ayant appris
cette funefte nouvelle à la
Haye, fçût en mefme temps
que les Etats avoient déclaré
GALANT 205
qu'on aboliroit le nom de
Roy , & que le Royaume
prendroit celuy de République.
On ne laiffa pas , malgré
ces défenſes, de voir des
Placards affichez dans toutes
les Villes d'Angleterre,
avec ces mots , CHARLES
STUART DEUXIEME
DU NOM , ROY D'ANGLETERRE,
D'IRLANDE
ET D'ECOSSE. Il y eut auffi
une fort grande conteftation
à
Londres pour les intérefts
du jeune Roy. Les Etats
qui en avoient fupprimé le
tître , ne pûrent obtenir du
206 MERCURE
Maire qu'il fift la Publica
tion de cette Ordonnance.
On l'interdit de fa Charge;
& celuy qui la remplit s'étant
diſpoſé à obeïr aux Etats,
le Peuple courut aux armes ,
en criant de toutes parts,
Vive Charles II. Le tumulte
euft efté loin , fi Cromvvel,
qui avoit prévû ce zéle des
Habitans, n'euftfait paroiftre
quatre Compagnies de Cavalerie
, qui diffipérent la
foule , & qui couvrant le
nouveau Maire , luy donnérent
le temps de publier l'injuſte
Ordonnance qui avoit
•
GALANT. 207
efté faite.
Pendant ce temps
le Prince
cherchoit à vanger
l'exécrable
Parricide qui venoit
d'eſtre commis. Il fçût
que les Ecoffois l'avoient fait
proclamer
Roy dans la grande
Place
d'Edimbourg
avec
toutes les formalitez
néceffaires
à rendre cette reconnoiffance
autentique; & comme
il avoit une haute eftime
pour la vertu du Marquis de
Montroffe
, voulant fe fervir
de luy pour remonter
fur le
Trône , il l'envoya
chercher
jufqu'en
Allemagne
, où il
s'eftoit engagé au ſervice de
208 MERCURE
l'Empereur. Montroffe ne
balança point fur ce qu'il
avoit à faire. Il fupplia l'Empereur
qui l'avoit fait Grand
Maréchal de l'Empire , de
trouver bon qu'il allaft fervir
fon Prince. L'Empereur loüa
fa fidélité. Il luy permit de
lever des Troupes ; & les
Roys de Suéde , & de Dan..
nemark , luy ayant donné
la mefme liberté dans leurs
Etats , il fit paffer fes premieres
Levées aux Ifles Or
cades , fous les ordres du
Comte de Kennoüil , l'affûrant
qu'il ne manqueroit pas
"
GALANT. 209
de le joindre avec mille Chevaux
& cinq mille Hommes
de pied. Ceux qui compo
foient lesEtats d'Ecoffe , étant
avertis que le Roy avoit envoyé
chercherMontroffe, qui
n'eftoit pas bien dans leurs
efprits , demandérent par un
des Articles de Paix qu'ils
firent avec ce Prince pour
le reconnoiftre, que ce Marquis
ne rentraft point dans
le Royaume. Le Roy nepût
fe réfoudre à l'abandonner.
Il fit voir aux Commiffaires.
envoyez à Breda pour con--
clurre le Traité , qu'il y al-
Février 1685, S
210 MERCURE
loit de fon fervice , de ne
pas laiffer inutile le courage
d'un Homme dont le zéle
& la valeur luy efſtoient connus
par de grandes preuves.
Ces Commiffaires infiftérent
fur leur demande
, & pendant
ce temps , les Troupes
qui eftoient defcenduës aux
Orcades arrivérent , & Montroffe
arriva luy-mefme peu
de temps apres avec un Corps
de quatre mille Hommes.Les
Etats s'en trouvérent alarmez.
Ils avoient plus de
douze mille Soldats fous les
armes , commandez parDavid
GALANT 211
Lelley. Ce Genéral détacha
fix Cornetes de Cavalerie tous
les ordres d'un Colonel Anglois
nommé Stranghan ,pour
aller s'oppofer au paffage du
Marquis de Montrofle. Ils
fe rencontrérent en un lieu
fort avantageux pour la Ca
valerie de Stranghan , qui
l'ayant défait , le fit prisonnier.
On le conduifit à Edimbourg
, les mains liées , &
avec les plus indigne's traitel'on
peut
faire à
mens que
un Criminel
. La Sentence
de mort qui fut exécutée con-
甘ae luy , portoit qu'il ferois
Sij
212 MERCURE
pendu, qu'on mettroit fate ftè
au plus haut lieu du Palais
d'Edimbourg , & que fon
corps partagé en quatre , feroit
expofe fur les Portes des
Villes de Sterling, Glafcovv ,
Perth , & Aberdin . La lec .
ture de cette injufte Sentence
ne l'étonna point. Il dit avec
une fermeté digne de fon
grand courage , que fos Ennemis
en le condamnant ne
luy avoient pas fait tant de
mal qu'ils avoient crû , &
qu'il eftoit faché que fon
corps ne puft eftre partagé en
autant de pieces qu'il y avoir
GALANT. 213
de Villes au Monde , parce
que c'euft efté autant de
Bouches qui auroient parlé
éternellement
de fa fidélité
pour fon Roy. Ce Prince fut
fenfiblement touché de cette
mort, qu'il connut bien qu'on
avoit précipitée de peur qu'il
ne l'empeſchaft
par fon au
torité , ou par fes prieres. Il
fut fur le point de rompre le
Traité de Breda , & tout commerce
avec les Etats d'Ecoffe
, mais la néceffité du
temps & de fes Affaires ne
le permit pas . Il s'embarqua
à Scheveling
le z. de Juin,
214 MERCURE
pour paffer dans ce Royau
me , & eftant arrivé à l'embouchure
de la Riviere de
Spey, il y prit terre. Un grand
nombre des plus confidérables
Seigneurs Ecoffois étant
venu le trouver
lefcorta
jufqu'à Dundée , où il reçût
les Députez chargez de luy
dire que tous fes Peuples
d'Ecoffe le voyoient arriver
avec une joye extréme , &
qu'ils eftoient prefts de donner
leurs biens , leur fang &
leurs vies, pour luy faire avoir
raifon de fes Ennemis. Le
Roy répondit à ce compli
GALANT 215
ment avec de grandes marques
d'affection pour les
Ecoffois; & fes empreffemens
à folliciter les Etats de lever
des Troupes , les y ayant
obligez , les Commiflions furent
données pour ſeize mille
Hommes de pied , & pour
fix mille Chevaux . On fit
le Comte de Leven Genéral
de l'Infanterie , & Holborne
de la Cavalerie , avec Mongommery
& Lefley , & le
Roy fut Genéraliffime . Le
bruit de ces Armemens s'étant
répandu en Angleterre,
Cromvvel qui avoit accepté
216 MERCURE
l'Employ de Farfax, s'avança
entre les Villes d'Edimbourg
& de Leith , où les Troupes
Ecoffoifes s'eftoient retranchées.
Apres deux Combats
donnez , fans nul avantage
pour l'un ny l'autre Party, les
Armées fe rencontrérent le
10. de Septembre prés de
Copperfpec , & vinrent aux
mains avec tant de malheur
pour celle d'Ecoffe , qu'il demeura
de ce cofté là pres de
einq mille Morts fur la place,
avec toute l'Artillerie & tout
le Bagage. Le nombre des
Prifonniers mota à huit mille.
Cette
GALANT. 217
Cette Victoire enfla le courage
de Cromvvel , qui n'eut
pas de peine enfuite de fe
rendre Maistre d'Edimbourg
+
& de Leith. Des fuccez fi
malheureux refroidirent les
Etats. Ils établirent des Comamiffaires
pour régler le nombre
des Domestiques duRoy,
& des Officiers néceffaires à
fon fervice . Ils éloignoient
les Affaires de fa connoiffance,
ne mettoient que de leurs
Créatures aupres de luy , &
ce Prince ne pouvant fouffrir
cet esclavage , réfolut enfin
de fe retirer. Il partit de faint
Fevrier 1685.
T
218 MERCURE
Johnſtons , feulement avec
quatre Hommes , & alla au
Port d'Ecoffe chercher un
azıle chez Milord Deduper,
où il fçavoit qu'il devoit trouver
le Marquis de Huntley;
les Comtes de Seaforth &
d'Atholl ; & plufieurs autres
Seigneurs , qui étoient inviolablement
attachez à luy avec
un Party affez puiſſant. Son
départ ayant fait naiſtre divers
fentimens fur la condui
te qu'on devoit tenir , il fut
réfolu qu'on l'envoyeroit fu
plier de revenir à S.Johnſtons,
pour y recevoir les témoignaGALANT.
219
1
ges du zéle que les Etats
avoient pour fon fervice.
Montgommery Genéral Major
fut honoré de cette Commiffion
. Il fe rendit chez Mi.
lord Déduper , & apres avoir
marqué au Roy le terrible
déplaifir que fon éloigne .
ment avoit caufé aux Etats ,
il le conjura de vouloir bien
le faire ceffer par la
prefence ,
& luy proteſta qu'il ne trouveroit
dans les Ecoffois que
des Sujets tres - foûmis. Le
Roy que l'experience avoit
perfuadé de leur peu de foy,
rejetta d'abord cette priere.
Tij
220 MERCURE
Il dit qu'il étoit las de fouffrir
des Maiftres dans un lieu où
il devoit commander
abfolument
; qu'eſtant né Roy , il
ignoroit comme il falloit
obéir , & qu'il avoit fait affez
d'honneur
aux Etats , pour les
engager à avoir pour luy les
déferences
qui luy étoient
deuës .
dit des chofes fi perfuafives,
& elles furent fi puiffamment
appuyées par le Marquis de
Huntley , que le Roy ſe laiſſa
vaincre. Il confidera qu'un
refus pourroitirriter ces Peuples
dont il devoit tout atten-
Montgommery luy
GALANT. 221
·
dre , & confentit à reprendre
le chemin de S. Johnftons,
Coù il receut des Etats des remercimens
qui luy firent
-perdre toute la crainte qu'il
avoit eue. Ce bonheur ne
dura pas. La divifion fe mit
entre les Generaux des Troupes
, qui avoient effé conjointement
levées par les Etats &
par le Clergé. Le Roy n'oublia
rien de ce qui pouvoit la
faire ceffer , mais il ne put en
venir à bout: Les Anglois en
profiterent. Le Château d'Edimbourg
qui avoit toûjours
refifté , fe rendit par l'infide-
✓ T iij
222 MERCURE
perte
lité de Dundaffe , qui fut féduit
par Cromvvel. Cette
& d'autres progrés que
les Anglois faifoient en Ecoffe
, firent juger aux Erats que
les querelles qui divifoient le
Royaume, ne finiroient point
que par une Autorité Royale.
Afin que tout le monde fuft
obligé de la reconnoiſtre ,
on réfolut de ne point differer
davantage le Couronnement
du Rov. La Cerémonie
s'en fit le 4. Janvier 1651. dans
l'Abbaye de Schoone
་
où
l'on avoit accouftumé de la
faire , & Charles Left le
GALANT. 223
quarante -huitiéme Roy que
l'on y a couronné. Il partit
de S. Jonftons avec une
pompe digne de fon rang.
Il eftoit accompagné de la
Nobleffe , & efcorté de l'Armée.
Milord Angus, en qualite
de Grand Chambellan ,
le reçût dans la Maifon qui
luy avoit efté préparée ; &
le Comte d'Argil , au nont
des Etats , luy fit un Difcours
plein d'affurances tres - ref
pectueuses , & de proteftations
d'une inviolable fidélité.
Apres la Harangue , le
Roy marcha vers l'Eglife,
Tij
224MERCURE
fuivy de tous les Seigneurs
d'Ecoffe , & des Officiers de
fa Maifon , fous un Dais de
Velours cramoify , qui eftoit
porté par quatre Perfonnes
confidérables . Il avoit le
Grand Connétable à fa droite,
& à fa gauche , le Grand.
Maréchal du Royaume . Le
Marquis d'Argil portoit la
Couronne , le Comte de Craford-
Lindley , le Sceptre ; le
Comte de Rothes , l'Epée ,
& le Comte d'Eglinton , les
Eperons . Le Roy , fuivant
l'ufage des Roys fes Prédeceffeurs
, fit le Serment fur.
GALANT. 224
un Trône que l'on avoit élevé
dans cette Eglife. Trois Per
fonnes qui repréfentoient les
trois Etats d'Ecofle , ſe préfentérent
devant luy , fourenant
chacune la Couronne
d'une main. Ils la remîrent
à trois Miniftres députez du
Clergé , dont l'un dit au Roy,
Sire , je vous préfente la Cou
ronne & la Dignitéde ce Royaume,
& s'eftant tourné vers le
Peuple , il ajoûta , Voulez- vous
reconnoiftre Charles II. pour vôtre
Roy, & devenir fes Sujets ?
Le Roy s'eftant auffi tourné
vers le Peuple , ce furens
226 MERCURE
par tour des cris de Vive
Charles II. Les Miniftres luy
ayant enfuite donné l'On
ction Royale , le Comte d'Argil
luy mit la Couronne fur
la tefte , & le Sceptre dans
la main. Son Couronnement
étoufa beaucoup de troubles.
On ordonna de nouvelles
Levées , & l'on fit fortifier
Sterlin .
Cromvvel voyant
l'Armée du Roy prés de cette
Ville où l'on apportoit fa
cilement toute forte de munitions
& de vivres , & apprenant
qu'elle eſtoit dans la
difpofition de marcher vers
GALANT 227
l'Angleterre , fe campa aux
environs d'Edimbourg , afin
de luy en fermer le paffage.
Il voulut engager ce Prince
à un Combat en s'aprochant
à la vue de fon Camp , &
hazarda une Attaque , dans
laquelle il fut repouffé & mis
en defordre . Ce mauvais fuc
cés le fit réfoudre à quiter
la place. Le Roy aprit qu'il
cftoit allé s'emparer de Fife,
& détacha malheureuſement
quatre mille Hommes , que
commandoit le Chevalier
Brovvn. Lambert les ataqua
avec un Party plus fort , &
228 MERCURE
❤
les défit prés de Nefterton
Ce coup , quoy que fort fenfible
au Roy , n'abatit point
fon courage. Il fit aſſembler
le Confeil de Guerre , où les
Capitaines luy ayant repréfenté
que beaucoup de fes
fidelles Sujets qui n'ofoient
fe déclarer en Angleterre,
prendroient fon Party lors
qu'ils l'y verroient entrer à la
tefte d'une Armée. Il réfolut
de le faire fans aucun retar
dement. Il partit de Sterlin
le 10. Aouft , & fitoft qu'il
fut dans le Comté de l'Enclaftre,
il fit publier une Am
GALANT. 229
nittie Genérale , & défendit
"
toutes les hoftilitez que les
Gens de Guerre ont accoûtumé
de commettre lors qu'ils
entrent dans un Païs Ennemy
, afin de montrer par là,
qu'il ne venoit qu'en Prince
qui aimoit le bien de fes Sujets.
Cromvvel le fuivit , &
Lambert voulut luy difputer
le paffage du Pont de Warifton
, mais il ne pût l'empeſcher
d'arriver àWorceſter,
dont les Habitans luy ouvri
rent les Portes le 22. Aouft,
apres luy avoir aidé à chaffer
la Garniſon que les Etats Y
230 MERCURE
avoient mife. Le Roy y ens
tra au milieu des cris de joye,
& y fit celébrer un Jeûne,
qui fat accompagné de Prieres
extraordinaires. Cromvvel
à qui les Paffages étoient
libres , arriva devant la Place
le 2. de Septembre , & fit
attaquer dés le lendemain le
Pont de Hapton , qui en défendoit
l'entrée du cofté de
la Riviere de Saverne. Ce
le Colonel Maffey
Pofte
que
défendit
avec
beaucoup
de
valeur
, fut
enfin
forcé
. La
mefme
chofe
arriva
à un autre
Pont
, appellé
Porvvik
"
GALANT. 231
1
Bridge , encore plus important
que le premier. Le
Duc d'Hamilton fut mortellement
bleffé en le défendant,
& mourut peu de jours
apres de fa bleſſure . Cetavantage
ne laiffa pas de couſter
cher à Cromvel . Le Roy
chargea luy-même fon Quartier
, bleffa de fa main le Capitaine
de fesGardes , & donna
mille preuves de conduite &
de valeur ; mais enfin un
Corps de huit mille Anglois
s'eftant approché de la Ville,
dans le trouble où le mau.
vais fuccés du Combatavoit
232
MERCURE
mis les Habitans , les Rebel
les fe rendirent maîtres d'une
de fes Portes , y traitérent impitoyablement
tout ce qu'ils
trouverent du Party du Roys
& tout ce que pût faire ce
malheureux Prince , fut de
rallier promptement mille
Chevaux , & de fortir fur le
foir par une Porte oppofée
à celle dont les Ennemis s'étoient
emparez . Toute cette
Troupe marcha plus d'une
heure fans fçavoir où elle alloit.
On s'arrefta pour tenir
Confeil. Quelques
- uns propoférent
de gagner quelque·
GALANT 233
Pofte
avantageux , pour y
attendre
le ralliement
des
Fuyards ; mais Milord Wilmot
leur fit connoiftre
qu'il
eftoit impoffible de réfilter
à cinquante
mille Hommesqui
les pourfuivroient
dés le
lendemain , & qu'il faloit fongerfeulement
à mettre le Roy
en fûreté.Le Comte de Darby
fe chargea de luy trouver une
Retraite affurée , & prenant
Wilmot pour
compagnon de
fon entreprife
, il ne voulut
eftre accompagné
que de
denx
Gentilshommes
nommez:
Giffard , & Walker, Le
Fevrier 1685 . V
1234 MERCURE
Roy partit fous la feule ef
corte de ces quatre Hommes
, & ils firent une telle
diligence , que lors que le
jour parut , ils fe trouvérent
à demy- lieue d'un Chateau
nommé Boscobel
, éloigné
de Worcester
de vingt-fix
milles . Comme
on n'y pouvoit
entrer à une heure indue
fans découvrir
le fecret,
Giffard propofa de prendre
la routed
petit Hameau
appellé les Dames Blanches,
où il répondit de la fidélité
d'un Païfan qu'on nommoit
George Pendrille . On alla
GALANT 23
chez luy mettre pied à terre ,
& le malheur du Roy luy fat
confié , ainfi qu'à trois de
fes Freres , qui promirent
tous de périr plûtoft que de
parler. Enfuite on coupa les
cheveux du Prince , il noircit
fes mains , fes habits fu
rent cachez dans la terre , on
luy en donna un de Païfan,
& George Pendrille luy ayant
fait prendre une Serpe , le
mena couper du bois avec
luy . Comme le fejour de ceux
l'accompagnoient pouqui
voit le trahir , ils s'en fop
érent , apres luy avoir u
236 MERCURE
qué par leurs larmes la vive
douleur que
leur caufoit fa
difgrace . A peine le Roy fut
dans la Foreſt , que deux cens
Chevaux arrivérent au même
Hameau . Les Commandans
voulurent d'abord en vifiter
les Maiſons , mais quelques
Femmes leur ayant dit qu'el
les n'avoient
veu que quatre
Hommes à cheval , qui s'étoient
féparez il n'y avoit
que deux heures , & avoient
pris diférentes routes , ils crûrent
que le Roy eftoit un
de ces Fuyards , & ayant fait
quatre Efcadrons de leurs
GALANT. 237
Troupes , ils prirent tous des
chemins divers. Ce Prince
paffa le jour dans le Bois , &
revint le foir avec Pendrille .
Comme il eftoit réfolu de fe
retirer au Païs de Galles , il
fe fit conduire cette mefme
nuit chez un Gentilhomme
nommé Carelos , dont il con
noiffoit la fidélité . Quoy qu'il
y
euft trois lieuës du Hameau
à la Maifon de ce Gentilhomme
, il les fit à pied avec
ardeur , & luy communiqua
le deffein où il eftoit de paf
fer la Riviere de Saverne.
Carelos l'en détourna ne luy
238 MERCURE
apprenant que tous les Paf
fages en eftoient gardez , &
la nuit fuivante
il le remena.
chez le Païſan qui l'avoit déja
caché. Pendrille craignant
que l'habit de Bucheron ne
trompaſt pas les Habitans du
Hameau , qui pouvoient le
remarquer
, luy propofa un
plus fûr azile. Il y avoit dans
le Bois un Chefne que la Nature
ſembloit avoir fait pour
un deffein extraordinaire
. Il
eftoit fi gros , & toutes fes
branches eftoient fi toufuës,
que vingt Hommes auroient
pû eftre deffus , fans qu'on
GALANT 239
les cuft découverts . Il pria
le Roy d'y vouloir monter ;
ce qu'il fit avec Carelos . Ils
s'y ajustérent fur deux Oreillers
, & y pafférent le jour,
fans autre nourriture
que du
Pain & une Bouteille d'Eau,
Ce Chefne a depuis efté nommé
le Chefne Royal . La nuit
ils retournérent dans la Maifon
de Pendrille . Le Roy y
trouva un Billet de Milord
Wilmot, par lequel il le prioit
de fe rendre chez un Gentilhomme
apellé Witgraves.
Le Roy partit auffi- toft, apres
avoir congedié Carelos . Il fit
240 MERCURE
ce petit Voyage , accompa
gné des quatre Freres , &
monté fur le Cheval d'un
Meulnier. Lajoyede Wilmot
fut grande lors qu'il vit fon
Prince . Il luy dit qu'il n'y avoit
aucune affurance pour fa vie,
s'il ne fortoit du Royaume, &
qu'il avoit pris des mefures
avec Witgraves pour
duire à Bristol, que Mademoi
felle Lane,Fille du Colonel de
ce nom , y devoit aller pour
les Couches d'une Soeur , &
qu'en qualité de Domeſtique
il la porteroit en croupe. La
chole fut fort bien exécutée,
Quelques
le conGALANT.
241
Quelques jours auparavant,
çette Demoiſelle avoit obtenu
un Pafleport pour aller à Briftol
avec un Valet. Elle étoit
adroite & fpirituelle , & déguifa
fi bien le Roy en luy la
vant le vifage d'une Eau dans
laquelle elle avoit fait bouillir
des écorces de noix , & d'au
tres drogues , qu'il eftoit
difficile de le réconnoiftre .
On luy donna un Habit conforme
à ce nouveau Perfonnage
, que la fortune luy faifoit
jouer, & dans cet état ils
prirent le chemin de Briſtol.
Wilmot feignant de chaffer
Fevrier
1685. X
242 MERCURE
un Oyſeau fur le poing , les
accompagna jufques à Brons
graves. Le Cheval du Royys
perdit un fer , & il falut luy
en faire mettre un autre. On
s'adreffarà un Maréchal , qui
en ble ferrant demanda des
nouvelles du Roy , au Roy
mefme. Le Prince ayant répondu
qu'il le croyoit en
Ecoffe , le Maréchal ajoûta
qu'affeurément il étoit caché
dans quelque Maifon d'Angleterre
, & qu'il cuft bien
voulu le découvrir parce
qu'il n'auroit plus à fe mettre
en peine de travailler , s'il
GALANT. 243
trouvoit moyen de le livrer
aux Etats . Cette converfation
finie , le Roy continua
fon chemin , avec la Demor
felle qu'il portoit toûjours en
croupe. Peu de temps apres
à l'entrée d'un Bourg, quel
ques Cavaliers envoyez pour
l'arrefter, vinrent à luy , & len
regardant attentivement , ce
luy qui les commandoit leur
dit qu'ils le laiffaffent paffer,
& que ce n'étoit pas ce qu'ils
cherchoient.
Eftant enfin arrivez chez
M'Norton à trois miiles de
Bristol , le Roy feignit de fe
X
ij
244 MERCURE
trouver mal , & Mademoiſelle
Lane qui paffoit pour la Maitreffe
, luy fit donner une
Chambre . Le lendemain un
Sommelier nommé Jean Pope
, qui avoit long- temps fervy
dans les Armées du feu
Roy , démefla les Traits du
Prince dans ceux du Conducteur
de Mademoiſelle Lane,
& l'ayant prié de defcendre
dans la Cave , il luy prefenta
du Vin , mit enfuite un genoüil
en terre , & luy fit de fi
ardentes proteftations de fidelité
, que le Roy le chargea
du foin de luy chercher un
GALANT. 245
Vaiffeau pour paffer en France
, mais il luy fut impoffible
de s'embarquer à Bristol . Milord
Wilmot l'étant venu joindre
, le conduifit chez le Co.
lonel Windhams , dans le
Comté de Dorfet. Ilssyy furent
trois femaines , attendant les
facilitez d'un Paffage à Lime.
Il y eut encore un fecond obftacle.
Un Capitaine dont on
s'étoit affeuré, manqua de parole
, & pour nouvelle difgra
le Cheval de Milord Wilce,
mot s'étant déferré , le Maréchal
connur aux clouds , que
celuy qui le montoit venoit
X
iij
246 MERCURE
C
du cofté du Nord , & le bruit
fut auffi toft répandu que le
Roy y étoit caché . Cela l'obligea
de fe rendre à Bridport
fans aucun retardement. La
nuit fuivante , il arriva à Braadvvindfor
, ou quantité de
Soldats qui s'embarquoient,
l'ayant mis dans la néceffité
de fe cacher, il retourna chez
le Colonel Windhams , avec
lequel il trouva à propos d'al
ler chez M' Hides , du cofté
de Salisbury. Eftant arrivez
à Mere, ils defcendirent à l'1-
mage S George. L'Hofte qui
connoiffoit le Colonel ,voyant
GALANT. 247
le Roy debout dans la poſture
d'un Domestique,luy demanda
fi c'étoit un de fes Gens.
Enfuite il porta la Santé du
Roy au Colonel. Ils fe rendirent
de là chez M'Hides ; mais
quoy qu'on puft faire , il fur
impoffible de trouver unVaiſ
feau dans tous les environs
de la Mer , du cofté de Southompton,
M' Philips que l'on
avoit envoyé pour cela , rencontra
le Colonel Gunter, qui
fe chargea de tenir une Barque
prefte à Britemhfthed en
Suffex. Le Roy s'y rendit en
diligence & y trouva Milord
X iiij
248 MERCURE
;
Wilmot & Maumfel Mar
chand , dont Gunter s'étoit
fervi pour le fuccés de fon en.
trepriſe . Le Capitaine du Vaifſeau
, nommé Tetershall , fe
mit à table avec le Roy &
Milord Wilmot. Comme il
avoit vû ce Prince aux Du
nes , il le reconnur, & s'apro
chant de l'oreille du Milord;
Vous avez des Domestiques de
bonne Maison , luy dic il , & je
croy qu'il y a peu de Gentils
hommes en Europe auffi bien fer
ruis que vous . Il ne perdit point
de temps. Il donna ſes ordres
pour l'embarquement ; & le
GALANT. 249
Vaiffeau fe mit en Mer le 20.
Octobre à cinq heures du
matin. Dans le Trajer un Matelot
prenant du Tabac , & le
Capitaine connoiffant que la
fumée incommodoit Sa Majefté,
il le gronda , & luy or
donna de fe retirer . Le Matelot
le fit avec peine , & luy
répondit en murmurant par
une façon de parler Angloife
, Qu'un Chat regardoit bien
in Roy. Le Voyage fe fit
fans obftacle . On arriva à
Fécamp en Normandie , où
le Milord qui n'avoit rien dit
jufque- là , avoua au Capitai250
MERCURE
ne que c'étoit le Roy qu'il
avoit paffé. Il fe jetta aux
pieds de fon Prince , qui luy
promit de récompenter un
jour fa fidelité. Le Roy ayant
changé d'habits à Rouen , où
il demeura peu de temps
chez M'Scot, vint à Paris attendre
les Révolutions qui
font ordinaires à la tyrannie.
Olivier Cromvvel, déclaré
Protecteur des trois Royaumes
en 1653. mourut en 1658
Apres fa mort on donna la
mefme qualité à Richard fon
Fils ; mais eftant incapable
de la foûtenir , le Parlement
GALANT 251
luy fit demander fa démif
fion , & il la donna . Le Ges
néral Monk fe fervit avec
tant de zéle , de prudence &
de conduire , des difpofitions
où il voyoit les efprits pour
le rétabliffement de la Monarchie,
qu'il fut réfolu qu'on
rappelleroit le Roy. Le Par
lement luy dépeſcha le 19. de
May 1660. un Gentilhomme
nommé Kilgrevv , pour luy
porter la nouvelle de fa Proclamation
, qui avoit efté faite
à Londres ce mefme jour ,
& ayant donné ordre à l'Amiral
Montagu de fe mettre en
252 MERCURE
mer pour aller le recevoir fur
les Coftes de Hollande , il
nomma dixhuit , Commiffaires
, fix de la Chambre des
Pairs , & douze de la Chambre
des Communes
, pour
le fapplier de venir prendre
poffeflion de fes trois Royau
mes. La Ville de fon cofté
choifit vingt de fes plus illuftres
Habitans
, pour luy
aller rendre les mefmes devoirs.
Tous ces Députez furent
favorablement reçûs à
la Haye , où le Roy eftoit
alors . Ce Prince en partit le
2. de Juin , &le Vaiffeau furGALANT.
253
lequel il s'embarqua , parut
au Port de Douvres deux
jours apres , 4 du mefme
mois. Il y fut reçû par Monk,
qui fe mit d'abord à genoux.
Le Roy le releva en l'embraffant
, & en l'appellant fon
Pere. Apres une conférence
d'une demie heure qu'il eut
avec luy en particulier , ce
Prince fe mit fous un Dais
qui eftoit tendu au bord de
lå Mer, fous lequel les Ducs
d'York , & de Gloceſter , fes
Freres, fe mirent auffi Ils reçûrent
là les refpects de laNobleffe,
& mótérent enfuite en
254 MERCURE
Carroffe, où le Genéral Monk
prit place , auffi-bien que le
Duc de Buckincam. Dans
le chemin de Cantorbery ils
trouvérent quelques vieux
Régimens , avec les Compagnies
de la Nobleffe en
Bataille. Le Roy monta à
cheval , & y fit fon Entrée
à leur tefte . Pendant fon féjour
dans cette Ville , il donna
l'Ordre de la Jarretiere au
Genéral Monk. Elle luy fuc
attachée par les Ducs d'York
& de Glocefter. Le Duc de
Southampton y reçût le même
honneur ; mais il y cut
GALANT. 255
·
cette diférence , que ce fut
feulement un Héraut qui luy
mit l'Ordre. Peu de jours
apres le Roy fit fon entrée à
Londres . Elle fut fort éclatante.
Plufieurs Troupes de
Gentilshommes & de Bour-
>
geois richement vétus , & fu
perbement montez mar
choient devant luy. Celle qui
l'environnoit étoit compofée
des Herauts, des Porte-Maffe ,
du Maire qui étoit teſte nuë
avec l'épée Royale à la main ,
du General Monk , & du Duc
de Buckincam
. qui le precédoient
auffi tefte nue. Il mar
256 MERCURE
•
choit entre les Ducs d'Yorck
& de Glocefter , & à pei
ne eut-il mis pied à terre à
Witheal , qu'au lieu de fe rafraîchir
, il alla au Parlement.
Il entra dans la Chambre des
Pairs , manda celle des Com
munes , & les voyant affenblez
, il les affeura qu'il fe
fouviendroit toûjours de la
fidelité qu'ils avoient gardée
pour fon fervice , & les pria
tous d'agir pour le foulage.
ment de fon Peuple. Il fut
Couronné en 1661 dans la
mefme Ville , avec une Pompe
extraordinaire , & l'année
GALANT 257
fuivante, il épousa Catherine,
Infante de Portugal , Fille de
Jean IV. & Soeur du Roy Alphonfe
VI. C'est une Princeffe
dont la vertu & la pieté,,
vont au delà de tout ce qu'on
en peut dire. Il s'eft depuis :
appliqué avec de grands foinsà
étouffer les defordres que
les Factieux tâchoient de fai
re revivre. Il en eft venu à
bout, & a remporté de grands
avantages fur les Hollandois ,,
en deux diverfes rencontres.
Une preuve incóteftable dess
grandes qualitez de ce Monarque
, c'est qu'il s'eftoire
Fevrier 1685,
Y
218 MERCURE
1
acquis l'amitié du Roy. Je
viens aux particularitez de fa
pg zed eated xusb. sb
mort.
+
97 Le Dimanche au foir 11. de
ce mois , il parut dans une
parfaite fanté, & plus gay qu'à
l'ordinaire. Il eut la nuit de
grandes inquietudes , & fon
fommeil fut interrompu . Il
ne voulut neanmoins appeller
perfonne , & s'eftant levé
dés fept heures du matin , il
demanda qu'on luy fiſt le
poil. A peine luy eut on mis
un Peignoir, qu'un fort grand
treffaillement luy fit pouffer
avec force les coudes en ar
A
GALANT
259
&
riere.
fois , Mon Il cria trots
Dies & demeura
enfuite
prés
de deux heures
fans pouvoir
parler. Un Valet de Chambre
courut
à l'Apartement
de
Monfieur
le Duc d'York
,
luy dit que l'on croyoit
le
Roy mort. Ce Duc vint toute
effrayé, & en Robe de Cham--
bre. On faigna le Roy deux:
fois , on luy appliqua
des
Vantoufes
, & on luy donna:
un Vomitif
, La connoiffance
kay revint un peu , & il de--
manda
à boire. On eut quelque
efpérance
de fa guériſon
,
jufqu'au
Mercredy
au foir
Y it
260 MERCURE
Cependant le mal l'ayant re
pris avec plus de violence , il
mourut le Vendredy 16. entre
onze heures & midy . Il
n'a eu aucuns Enfans de la
Reyne , mais il en a laiffé de
naturels , qui font
Jacques Scotty Duc de
Montmouth, Comte de Dun .
cafter , & de Dolkeith , Chevalier
de la Jarretiere , & c.
"Charles Lenox , Duc de
Richemont , Fils de la Du--
cheffe de Porthmouth ..
Charles Filts Roy, Duc de
Southampton.
Henry Files Roy , Duc de
GALANT.: 261
Grafton , qui a épousé en
1672. la Fille unique de Henry
2 Baron d'Arlington ,Secretaire
d'Etat.
-Georges
Filts Roy, Comte
de Northumberland
.
"
Anne Filts Roy , qui a
-époufé Thomas Leonard ,
Comte de Suffeк ; tous Enfans
de Barbe Villiers , Ducheffe
de Cleveland , Comteffe
de Caftelmene, Baronne
deNonfuch,& Fille du Comte
de Grandiffon.
Charles Filts Charles ,Comte
de Plimouth , Filts de Mademoiſelle
de Kyroüel , Du262
MERCURE
*
cheffe de Portzhmouth , &
Comteffe d'Aubigny. I a
épouté une Fille de Thomas
Ofborn , Comte de Damby,
Grand Tréforier d'Angle
terre. 968
3 Charlote Filts Roy , qui
a époufé le Comte de Lieghfield
.
Barbe Filts - Roy.
GALANT. 189
jeune Prince s'eftant fait donner
un jour la Clef du Parc ,
fous prétexte de chaffer, fut
affez heureux pour ſe dérober
de ceux qui l'obfervoient ; &
fe déguifant avec une Perruque
noire , & un emplaître
fur l'oeil , il fortit du Parc , &
entra dans un Carroffe , qui
le porta juſqu'au bord de la
Tamife. Une Gondole l'y
ayant reçû , il fe rendit en
un lieu où il prit un habit
de Femme. Il revint de là
dans fa Gondole , qui le rendit
à Grenvic fans aucun
obftacle ; mais en ce lieu-là)
190 MERCURE
celuy qui le conduifoit refufa
de paffer outre , non feulement
à cause d'un vent contraire
qui venoit de s'élever,
mais la crainte de conpar
tribuer à la fuite de quelque
Perfonne confidérable
, ce
qui eſtoit dangereux en ce
temps - là . Malheureuſement
pour le jeune Prince , for
Cordon bleu qu'il avoit mal
caché en ſe déguiſant
, parut
aux yeux de ce Marinier, qui
plus intelligent que plufieurs.
de fa profeffion , fçachant
qu'une marque fi illuftre ne
fe donne en Angleterre
qu
GALANTA 191
aux Perfonnes du premier
rang , comprit le miftere , &
ne douta point que ce ne fuft
le Duc d'York qu'il menoit.
L'embarras où le met cette
rencontre, le fit s'obftiner à
n'avancer plus. Banfila qui
accompagnoit le Prince , defefperé
du retardement,
conjura le Matelot de paſſer
promptement la Dame qui
étoit dans fa Gondole , parce
qu'elle avoit des affaires trespreffantes.
Il luy répondit
d'un ton fèvere , qu'il falloit
que cette Dame cuft des privileges
bien particuliers, pour
192 MERCURE
avoir receu l'Ordre de la Jar
retiére, qu'on ne donne point
aux Femmes . Le Prince qui
avoit l'ame intrépide , & les
maniéres perfuadantes , prit
une réſolution digne de lay.
Il tendit la main au Matelot,.
& avec une douceur qui auroit
gagné les moins traitables
; le fuis le Duc d'York,
luy dit- il . Tu peux tout pour
ma fortune , & peut- eftre pourma
vie . C'est à toy à voirſi tu
veux me fervir fidellement. Ce
peu de mots defarma le Matelot.
Il luy demanda pardon
de fa réfiftance ,& commença
1
GALANT:
1932
a ramer avec tant de vigueur,
qu'il fit arriver le Prince
à Tibury , plûtoft qu'il ne
l'avoit efperé. Il y trouva un
Vaiffeau Hollandois qui l'ac- ,
tendoit , & qui le porta à Mi-.
delbourg. Son evaſion inquiéta
les Etats. Il arriva des
defordres en Ecoffe. Les
Communes du Comté de
Kent
prirent les armes , pour
demander la liberté de leur
Roy. La
Nobleffe
appuya
leurs juftes
prétentions , & la
plupart
des
Vaiffeaux
qui
étoient aux Dunes , fe déclara
pour les mefmes interefts,
Fevrier 1685. R
194
MERCURE
Ce foûlevement
donna lieu à
une entrepriſe affez furprenante.
Un jeune Homme
appellé Corneille Evans , né
dans Marſeille , d'un Pere
forty du Païs de Galles , arriva
dans la Ville de Sandvvic ,
couvert d'un habit fi déchiré,
qu'étant pris par tout pour
un Homme de néant , il eut
de la peine à trouver où ſe
loger. Enfin , ayant eſté receu
dans une Maifon de peu
d'apparence
, où il fe fit affez
bien traiter , il tira fon Hofte
à part , & luy dit que pour re
connoiftre l'honnefteré
qu'il
•
GALANT. 195
yenoit d'avoir pour luy , il
vouloit luy confier un fecret
dont il pouvoit attendre de
grands avantages , s'il en fçavoit
bien ufer. Il ajoûta qu'il
étoit le Prince de Galles ; qu'il
s'étoit mis en l'état où il le
voyoit , pour le dérober aux
yeux de ſes Ennemis ; qu'
ayant appris que les Peuples
de cette Province fe foûlevoient,
il prétendoit leur donner
courage , & commencer
avec eux le fecours qu'ils devoient
au Roy fon Pere . Cet
Homme crédule fe laiffa perfuader
, & tout glorieux d'a-
Rij
196 MERCURE
voir chez luy le Fils de fort
Roy , il alla fur l'heure avertir
le Maire , qui étant venu rendre
fes refpects à ce faux
Prince , le fit loger dans la
plus belle Maifon de la Ville.
Chacun le traita de la meſme
forte. On luy donna des Gardes
avec ordre de fe tenir découverts
en fa prefence , & le
bruit de fon arrivée s'étant
répandu dans tout le Comté
de Kent , grand nombre de
Gentilshommes, & de Dames
mefme , vinrent luy offrir
leurs biens , pour le fecourir
dans fon entrepriſe. Ceux qui
GALANT. 197
s'étoient foûlevez , députe
rent auffi-toft pour le prier
de fe vouloir montrer à leur
tefte , & il auroit joué plus
long- temps ce perfonnage , fi
le Chevalier Dishinton que
la Reyne & le Prince de Gal
les avoient envoyé en Angleterre
, pour s'informer du veritable
état des affaires , n'euft
fait connoiftre la fourbe. Il fe
diſpoſoit à retourner en France
, lors qu'il apprit ce qui fe
paffoit à Sandvvic. Il y courut
, & convainquit l'Impo
fteur, qui fut arrefté, conduit
à Cantorbery , & delà à Lon
Rij
198 MERCURE
dres , d'où il ſe fauva quelques
mois apres . On n'en a
point entendu parler depuis.
Les Vaiffeaux des Dunes
que Farfax tâcha inutilement
de féduire
par Les offres , étant
paffez en Hollande , ceux qui
les
commandoient envoyerent
avertir le Prince de Galles
, qu'ils ne s'étoient fouftraits
de l'obeïffance des
Etats , que pour recevoir ſes
ordres. Il partit de S. Germain
en Laye , où il avoit
toûjoursdemeurédepuis qu'il
étoit forty d'Angleterre , &
s'étant embarqué à Calais acGALANT.
199
compagné du Prince Robert,
& d'un grand nombre de Nobleffe
Angloife & Ecoffoife,
que la perfecution des Ennemis
du Roy avoit contrainte
de fe retirer en France , il
pafla heureuſement en Hol
lande au commencement de
Juillet en 1648. Apres avoir
loué la fidelité des Officicrs
qui perfiftoient courageule
ment dans le deffein de perir
, s'il le falloit , pour s'op
pofer aux Rebelles , il monta
fur l'Amiral , fit courir un
Manifefte , par lequel il dé
clara qu'il ne prenoit les ar
R iiij
200 MERCURE
mes que pour maintenir la
Religion dans la pureté de
fes Inftructions
, pour donner
la Paix aux trois Royaumes
,en
remettant les Loix dans leur
force, & pour delivrer le Roy
fon Pere d'une tyrannique
oppreffion, & enfuite il alla fe
prefenter devant Yarmouth,
demandant que les Portes de
la Ville luy fuffent ouvertes.
Les Magiftrats réponditent
qu'ils n'en eftoient pas les
maiftres , & leur obftination
l'emporta fur l'inclination du.
Peuple qui envoya des ta
fraîchiffemens
à ce Prince.
piz
GALANT. 201
Il fe retira vers les Dunes
avec fa Flote , & n'ayant reçû
aucune réponſe favorable des
Lettres qu'il avoit écrites à
Londres fur fon Manifefte,
il alla chercher le Comte de
Warvvic , qui eftoit en mer
avec feizeVaiffeaux , & que les
Etats avoient étably Grand
Amiral du Royaume . Le
Comte évita les occafions.
d'en venir aux mains ; & la
nuit les ayant obligez de
jetter l'ancre à une lieue l'un
de l'autre, le Prince luy manda
par un Officier , qu'eftant
en perfonne fur les Vaiffeaux.
202 MERCURE
qu'il avoit veus , il luy commandoit
de le venir joindre
pour fervir le Roy , & de
mettre Pavillon bas quand il
leveroit les ancres . Le Comte
luy répondit qu'il ne reconnoiffoit
que les Etats pour
fes Maiftres , & qu'il ne devoit
attendre de luy aucune
foûmiflion . Le Prince irritée
de cet orgueil , fit mettre à
la voile fi- toft qu'il fut jour,
& alla droit à Warvic , dont
il trouva la Flote augmentée
de douze Vaiffeaux fortis du
Port de Porthmouth ; ce qui
ne l'euft pas empefché de le
GALANT. 203
combatre , fi une tempefte
qui dura vingt- quatre heures
n'euft féparé fi bien les deux
Flotes, que le Prince fut contraint
de relâcher en Hollande.
Tout ce qu'il pouvoit
tenter pour la liberté
du Roy fon Pere , eftant
ainfi renversé , & tout luy
manquant pour la fubfiftance
de fon Armée , il ne fe
remit point en mer, & atendit
le fuccés de quelques
Traitez d'Accommodement
dont on parloit ; mais apres
des Procédures qu'on ne
peut entendre fans horreur,
204 MERCURE
le Roy forcé de comparoiftre
devant fes Sujets , fut con
damné, comme Traître , Ty
ran , & Perturbateur du repos
public , à avoir la tefte
coupée ; & cet effroyable
Arreft fut exécuté le 9. Fe
vrier 1649. à la porte de fon
Palais , dans la meſme Ville
où il eftoit né , & au milieu
d'un Peuple dont fa bonté
luy devoit avoir gagné tous
les coeurs.
Le Prince ayant appris
cette funefte nouvelle à la
Haye, fçût en mefme temps
que les Etats avoient déclaré
GALANT 205
qu'on aboliroit le nom de
Roy , & que le Royaume
prendroit celuy de République.
On ne laiffa pas , malgré
ces défenſes, de voir des
Placards affichez dans toutes
les Villes d'Angleterre,
avec ces mots , CHARLES
STUART DEUXIEME
DU NOM , ROY D'ANGLETERRE,
D'IRLANDE
ET D'ECOSSE. Il y eut auffi
une fort grande conteftation
à
Londres pour les intérefts
du jeune Roy. Les Etats
qui en avoient fupprimé le
tître , ne pûrent obtenir du
206 MERCURE
Maire qu'il fift la Publica
tion de cette Ordonnance.
On l'interdit de fa Charge;
& celuy qui la remplit s'étant
diſpoſé à obeïr aux Etats,
le Peuple courut aux armes ,
en criant de toutes parts,
Vive Charles II. Le tumulte
euft efté loin , fi Cromvvel,
qui avoit prévû ce zéle des
Habitans, n'euftfait paroiftre
quatre Compagnies de Cavalerie
, qui diffipérent la
foule , & qui couvrant le
nouveau Maire , luy donnérent
le temps de publier l'injuſte
Ordonnance qui avoit
•
GALANT. 207
efté faite.
Pendant ce temps
le Prince
cherchoit à vanger
l'exécrable
Parricide qui venoit
d'eſtre commis. Il fçût
que les Ecoffois l'avoient fait
proclamer
Roy dans la grande
Place
d'Edimbourg
avec
toutes les formalitez
néceffaires
à rendre cette reconnoiffance
autentique; & comme
il avoit une haute eftime
pour la vertu du Marquis de
Montroffe
, voulant fe fervir
de luy pour remonter
fur le
Trône , il l'envoya
chercher
jufqu'en
Allemagne
, où il
s'eftoit engagé au ſervice de
208 MERCURE
l'Empereur. Montroffe ne
balança point fur ce qu'il
avoit à faire. Il fupplia l'Empereur
qui l'avoit fait Grand
Maréchal de l'Empire , de
trouver bon qu'il allaft fervir
fon Prince. L'Empereur loüa
fa fidélité. Il luy permit de
lever des Troupes ; & les
Roys de Suéde , & de Dan..
nemark , luy ayant donné
la mefme liberté dans leurs
Etats , il fit paffer fes premieres
Levées aux Ifles Or
cades , fous les ordres du
Comte de Kennoüil , l'affûrant
qu'il ne manqueroit pas
"
GALANT. 209
de le joindre avec mille Chevaux
& cinq mille Hommes
de pied. Ceux qui compo
foient lesEtats d'Ecoffe , étant
avertis que le Roy avoit envoyé
chercherMontroffe, qui
n'eftoit pas bien dans leurs
efprits , demandérent par un
des Articles de Paix qu'ils
firent avec ce Prince pour
le reconnoiftre, que ce Marquis
ne rentraft point dans
le Royaume. Le Roy nepût
fe réfoudre à l'abandonner.
Il fit voir aux Commiffaires.
envoyez à Breda pour con--
clurre le Traité , qu'il y al-
Février 1685, S
210 MERCURE
loit de fon fervice , de ne
pas laiffer inutile le courage
d'un Homme dont le zéle
& la valeur luy efſtoient connus
par de grandes preuves.
Ces Commiffaires infiftérent
fur leur demande
, & pendant
ce temps , les Troupes
qui eftoient defcenduës aux
Orcades arrivérent , & Montroffe
arriva luy-mefme peu
de temps apres avec un Corps
de quatre mille Hommes.Les
Etats s'en trouvérent alarmez.
Ils avoient plus de
douze mille Soldats fous les
armes , commandez parDavid
GALANT 211
Lelley. Ce Genéral détacha
fix Cornetes de Cavalerie tous
les ordres d'un Colonel Anglois
nommé Stranghan ,pour
aller s'oppofer au paffage du
Marquis de Montrofle. Ils
fe rencontrérent en un lieu
fort avantageux pour la Ca
valerie de Stranghan , qui
l'ayant défait , le fit prisonnier.
On le conduifit à Edimbourg
, les mains liées , &
avec les plus indigne's traitel'on
peut
faire à
mens que
un Criminel
. La Sentence
de mort qui fut exécutée con-
甘ae luy , portoit qu'il ferois
Sij
212 MERCURE
pendu, qu'on mettroit fate ftè
au plus haut lieu du Palais
d'Edimbourg , & que fon
corps partagé en quatre , feroit
expofe fur les Portes des
Villes de Sterling, Glafcovv ,
Perth , & Aberdin . La lec .
ture de cette injufte Sentence
ne l'étonna point. Il dit avec
une fermeté digne de fon
grand courage , que fos Ennemis
en le condamnant ne
luy avoient pas fait tant de
mal qu'ils avoient crû , &
qu'il eftoit faché que fon
corps ne puft eftre partagé en
autant de pieces qu'il y avoir
GALANT. 213
de Villes au Monde , parce
que c'euft efté autant de
Bouches qui auroient parlé
éternellement
de fa fidélité
pour fon Roy. Ce Prince fut
fenfiblement touché de cette
mort, qu'il connut bien qu'on
avoit précipitée de peur qu'il
ne l'empeſchaft
par fon au
torité , ou par fes prieres. Il
fut fur le point de rompre le
Traité de Breda , & tout commerce
avec les Etats d'Ecoffe
, mais la néceffité du
temps & de fes Affaires ne
le permit pas . Il s'embarqua
à Scheveling
le z. de Juin,
214 MERCURE
pour paffer dans ce Royau
me , & eftant arrivé à l'embouchure
de la Riviere de
Spey, il y prit terre. Un grand
nombre des plus confidérables
Seigneurs Ecoffois étant
venu le trouver
lefcorta
jufqu'à Dundée , où il reçût
les Députez chargez de luy
dire que tous fes Peuples
d'Ecoffe le voyoient arriver
avec une joye extréme , &
qu'ils eftoient prefts de donner
leurs biens , leur fang &
leurs vies, pour luy faire avoir
raifon de fes Ennemis. Le
Roy répondit à ce compli
GALANT 215
ment avec de grandes marques
d'affection pour les
Ecoffois; & fes empreffemens
à folliciter les Etats de lever
des Troupes , les y ayant
obligez , les Commiflions furent
données pour ſeize mille
Hommes de pied , & pour
fix mille Chevaux . On fit
le Comte de Leven Genéral
de l'Infanterie , & Holborne
de la Cavalerie , avec Mongommery
& Lefley , & le
Roy fut Genéraliffime . Le
bruit de ces Armemens s'étant
répandu en Angleterre,
Cromvvel qui avoit accepté
216 MERCURE
l'Employ de Farfax, s'avança
entre les Villes d'Edimbourg
& de Leith , où les Troupes
Ecoffoifes s'eftoient retranchées.
Apres deux Combats
donnez , fans nul avantage
pour l'un ny l'autre Party, les
Armées fe rencontrérent le
10. de Septembre prés de
Copperfpec , & vinrent aux
mains avec tant de malheur
pour celle d'Ecoffe , qu'il demeura
de ce cofté là pres de
einq mille Morts fur la place,
avec toute l'Artillerie & tout
le Bagage. Le nombre des
Prifonniers mota à huit mille.
Cette
GALANT. 217
Cette Victoire enfla le courage
de Cromvvel , qui n'eut
pas de peine enfuite de fe
rendre Maistre d'Edimbourg
+
& de Leith. Des fuccez fi
malheureux refroidirent les
Etats. Ils établirent des Comamiffaires
pour régler le nombre
des Domestiques duRoy,
& des Officiers néceffaires à
fon fervice . Ils éloignoient
les Affaires de fa connoiffance,
ne mettoient que de leurs
Créatures aupres de luy , &
ce Prince ne pouvant fouffrir
cet esclavage , réfolut enfin
de fe retirer. Il partit de faint
Fevrier 1685.
T
218 MERCURE
Johnſtons , feulement avec
quatre Hommes , & alla au
Port d'Ecoffe chercher un
azıle chez Milord Deduper,
où il fçavoit qu'il devoit trouver
le Marquis de Huntley;
les Comtes de Seaforth &
d'Atholl ; & plufieurs autres
Seigneurs , qui étoient inviolablement
attachez à luy avec
un Party affez puiſſant. Son
départ ayant fait naiſtre divers
fentimens fur la condui
te qu'on devoit tenir , il fut
réfolu qu'on l'envoyeroit fu
plier de revenir à S.Johnſtons,
pour y recevoir les témoignaGALANT.
219
1
ges du zéle que les Etats
avoient pour fon fervice.
Montgommery Genéral Major
fut honoré de cette Commiffion
. Il fe rendit chez Mi.
lord Déduper , & apres avoir
marqué au Roy le terrible
déplaifir que fon éloigne .
ment avoit caufé aux Etats ,
il le conjura de vouloir bien
le faire ceffer par la
prefence ,
& luy proteſta qu'il ne trouveroit
dans les Ecoffois que
des Sujets tres - foûmis. Le
Roy que l'experience avoit
perfuadé de leur peu de foy,
rejetta d'abord cette priere.
Tij
220 MERCURE
Il dit qu'il étoit las de fouffrir
des Maiftres dans un lieu où
il devoit commander
abfolument
; qu'eſtant né Roy , il
ignoroit comme il falloit
obéir , & qu'il avoit fait affez
d'honneur
aux Etats , pour les
engager à avoir pour luy les
déferences
qui luy étoient
deuës .
dit des chofes fi perfuafives,
& elles furent fi puiffamment
appuyées par le Marquis de
Huntley , que le Roy ſe laiſſa
vaincre. Il confidera qu'un
refus pourroitirriter ces Peuples
dont il devoit tout atten-
Montgommery luy
GALANT. 221
·
dre , & confentit à reprendre
le chemin de S. Johnftons,
Coù il receut des Etats des remercimens
qui luy firent
-perdre toute la crainte qu'il
avoit eue. Ce bonheur ne
dura pas. La divifion fe mit
entre les Generaux des Troupes
, qui avoient effé conjointement
levées par les Etats &
par le Clergé. Le Roy n'oublia
rien de ce qui pouvoit la
faire ceffer , mais il ne put en
venir à bout: Les Anglois en
profiterent. Le Château d'Edimbourg
qui avoit toûjours
refifté , fe rendit par l'infide-
✓ T iij
222 MERCURE
perte
lité de Dundaffe , qui fut féduit
par Cromvvel. Cette
& d'autres progrés que
les Anglois faifoient en Ecoffe
, firent juger aux Erats que
les querelles qui divifoient le
Royaume, ne finiroient point
que par une Autorité Royale.
Afin que tout le monde fuft
obligé de la reconnoiſtre ,
on réfolut de ne point differer
davantage le Couronnement
du Rov. La Cerémonie
s'en fit le 4. Janvier 1651. dans
l'Abbaye de Schoone
་
où
l'on avoit accouftumé de la
faire , & Charles Left le
GALANT. 223
quarante -huitiéme Roy que
l'on y a couronné. Il partit
de S. Jonftons avec une
pompe digne de fon rang.
Il eftoit accompagné de la
Nobleffe , & efcorté de l'Armée.
Milord Angus, en qualite
de Grand Chambellan ,
le reçût dans la Maifon qui
luy avoit efté préparée ; &
le Comte d'Argil , au nont
des Etats , luy fit un Difcours
plein d'affurances tres - ref
pectueuses , & de proteftations
d'une inviolable fidélité.
Apres la Harangue , le
Roy marcha vers l'Eglife,
Tij
224MERCURE
fuivy de tous les Seigneurs
d'Ecoffe , & des Officiers de
fa Maifon , fous un Dais de
Velours cramoify , qui eftoit
porté par quatre Perfonnes
confidérables . Il avoit le
Grand Connétable à fa droite,
& à fa gauche , le Grand.
Maréchal du Royaume . Le
Marquis d'Argil portoit la
Couronne , le Comte de Craford-
Lindley , le Sceptre ; le
Comte de Rothes , l'Epée ,
& le Comte d'Eglinton , les
Eperons . Le Roy , fuivant
l'ufage des Roys fes Prédeceffeurs
, fit le Serment fur.
GALANT. 224
un Trône que l'on avoit élevé
dans cette Eglife. Trois Per
fonnes qui repréfentoient les
trois Etats d'Ecofle , ſe préfentérent
devant luy , fourenant
chacune la Couronne
d'une main. Ils la remîrent
à trois Miniftres députez du
Clergé , dont l'un dit au Roy,
Sire , je vous préfente la Cou
ronne & la Dignitéde ce Royaume,
& s'eftant tourné vers le
Peuple , il ajoûta , Voulez- vous
reconnoiftre Charles II. pour vôtre
Roy, & devenir fes Sujets ?
Le Roy s'eftant auffi tourné
vers le Peuple , ce furens
226 MERCURE
par tour des cris de Vive
Charles II. Les Miniftres luy
ayant enfuite donné l'On
ction Royale , le Comte d'Argil
luy mit la Couronne fur
la tefte , & le Sceptre dans
la main. Son Couronnement
étoufa beaucoup de troubles.
On ordonna de nouvelles
Levées , & l'on fit fortifier
Sterlin .
Cromvvel voyant
l'Armée du Roy prés de cette
Ville où l'on apportoit fa
cilement toute forte de munitions
& de vivres , & apprenant
qu'elle eſtoit dans la
difpofition de marcher vers
GALANT 227
l'Angleterre , fe campa aux
environs d'Edimbourg , afin
de luy en fermer le paffage.
Il voulut engager ce Prince
à un Combat en s'aprochant
à la vue de fon Camp , &
hazarda une Attaque , dans
laquelle il fut repouffé & mis
en defordre . Ce mauvais fuc
cés le fit réfoudre à quiter
la place. Le Roy aprit qu'il
cftoit allé s'emparer de Fife,
& détacha malheureuſement
quatre mille Hommes , que
commandoit le Chevalier
Brovvn. Lambert les ataqua
avec un Party plus fort , &
228 MERCURE
❤
les défit prés de Nefterton
Ce coup , quoy que fort fenfible
au Roy , n'abatit point
fon courage. Il fit aſſembler
le Confeil de Guerre , où les
Capitaines luy ayant repréfenté
que beaucoup de fes
fidelles Sujets qui n'ofoient
fe déclarer en Angleterre,
prendroient fon Party lors
qu'ils l'y verroient entrer à la
tefte d'une Armée. Il réfolut
de le faire fans aucun retar
dement. Il partit de Sterlin
le 10. Aouft , & fitoft qu'il
fut dans le Comté de l'Enclaftre,
il fit publier une Am
GALANT. 229
nittie Genérale , & défendit
"
toutes les hoftilitez que les
Gens de Guerre ont accoûtumé
de commettre lors qu'ils
entrent dans un Païs Ennemy
, afin de montrer par là,
qu'il ne venoit qu'en Prince
qui aimoit le bien de fes Sujets.
Cromvvel le fuivit , &
Lambert voulut luy difputer
le paffage du Pont de Warifton
, mais il ne pût l'empeſcher
d'arriver àWorceſter,
dont les Habitans luy ouvri
rent les Portes le 22. Aouft,
apres luy avoir aidé à chaffer
la Garniſon que les Etats Y
230 MERCURE
avoient mife. Le Roy y ens
tra au milieu des cris de joye,
& y fit celébrer un Jeûne,
qui fat accompagné de Prieres
extraordinaires. Cromvvel
à qui les Paffages étoient
libres , arriva devant la Place
le 2. de Septembre , & fit
attaquer dés le lendemain le
Pont de Hapton , qui en défendoit
l'entrée du cofté de
la Riviere de Saverne. Ce
le Colonel Maffey
Pofte
que
défendit
avec
beaucoup
de
valeur
, fut
enfin
forcé
. La
mefme
chofe
arriva
à un autre
Pont
, appellé
Porvvik
"
GALANT. 231
1
Bridge , encore plus important
que le premier. Le
Duc d'Hamilton fut mortellement
bleffé en le défendant,
& mourut peu de jours
apres de fa bleſſure . Cetavantage
ne laiffa pas de couſter
cher à Cromvel . Le Roy
chargea luy-même fon Quartier
, bleffa de fa main le Capitaine
de fesGardes , & donna
mille preuves de conduite &
de valeur ; mais enfin un
Corps de huit mille Anglois
s'eftant approché de la Ville,
dans le trouble où le mau.
vais fuccés du Combatavoit
232
MERCURE
mis les Habitans , les Rebel
les fe rendirent maîtres d'une
de fes Portes , y traitérent impitoyablement
tout ce qu'ils
trouverent du Party du Roys
& tout ce que pût faire ce
malheureux Prince , fut de
rallier promptement mille
Chevaux , & de fortir fur le
foir par une Porte oppofée
à celle dont les Ennemis s'étoient
emparez . Toute cette
Troupe marcha plus d'une
heure fans fçavoir où elle alloit.
On s'arrefta pour tenir
Confeil. Quelques
- uns propoférent
de gagner quelque·
GALANT 233
Pofte
avantageux , pour y
attendre
le ralliement
des
Fuyards ; mais Milord Wilmot
leur fit connoiftre
qu'il
eftoit impoffible de réfilter
à cinquante
mille Hommesqui
les pourfuivroient
dés le
lendemain , & qu'il faloit fongerfeulement
à mettre le Roy
en fûreté.Le Comte de Darby
fe chargea de luy trouver une
Retraite affurée , & prenant
Wilmot pour
compagnon de
fon entreprife
, il ne voulut
eftre accompagné
que de
denx
Gentilshommes
nommez:
Giffard , & Walker, Le
Fevrier 1685 . V
1234 MERCURE
Roy partit fous la feule ef
corte de ces quatre Hommes
, & ils firent une telle
diligence , que lors que le
jour parut , ils fe trouvérent
à demy- lieue d'un Chateau
nommé Boscobel
, éloigné
de Worcester
de vingt-fix
milles . Comme
on n'y pouvoit
entrer à une heure indue
fans découvrir
le fecret,
Giffard propofa de prendre
la routed
petit Hameau
appellé les Dames Blanches,
où il répondit de la fidélité
d'un Païfan qu'on nommoit
George Pendrille . On alla
GALANT 23
chez luy mettre pied à terre ,
& le malheur du Roy luy fat
confié , ainfi qu'à trois de
fes Freres , qui promirent
tous de périr plûtoft que de
parler. Enfuite on coupa les
cheveux du Prince , il noircit
fes mains , fes habits fu
rent cachez dans la terre , on
luy en donna un de Païfan,
& George Pendrille luy ayant
fait prendre une Serpe , le
mena couper du bois avec
luy . Comme le fejour de ceux
l'accompagnoient pouqui
voit le trahir , ils s'en fop
érent , apres luy avoir u
236 MERCURE
qué par leurs larmes la vive
douleur que
leur caufoit fa
difgrace . A peine le Roy fut
dans la Foreſt , que deux cens
Chevaux arrivérent au même
Hameau . Les Commandans
voulurent d'abord en vifiter
les Maiſons , mais quelques
Femmes leur ayant dit qu'el
les n'avoient
veu que quatre
Hommes à cheval , qui s'étoient
féparez il n'y avoit
que deux heures , & avoient
pris diférentes routes , ils crûrent
que le Roy eftoit un
de ces Fuyards , & ayant fait
quatre Efcadrons de leurs
GALANT. 237
Troupes , ils prirent tous des
chemins divers. Ce Prince
paffa le jour dans le Bois , &
revint le foir avec Pendrille .
Comme il eftoit réfolu de fe
retirer au Païs de Galles , il
fe fit conduire cette mefme
nuit chez un Gentilhomme
nommé Carelos , dont il con
noiffoit la fidélité . Quoy qu'il
y
euft trois lieuës du Hameau
à la Maifon de ce Gentilhomme
, il les fit à pied avec
ardeur , & luy communiqua
le deffein où il eftoit de paf
fer la Riviere de Saverne.
Carelos l'en détourna ne luy
238 MERCURE
apprenant que tous les Paf
fages en eftoient gardez , &
la nuit fuivante
il le remena.
chez le Païſan qui l'avoit déja
caché. Pendrille craignant
que l'habit de Bucheron ne
trompaſt pas les Habitans du
Hameau , qui pouvoient le
remarquer
, luy propofa un
plus fûr azile. Il y avoit dans
le Bois un Chefne que la Nature
ſembloit avoir fait pour
un deffein extraordinaire
. Il
eftoit fi gros , & toutes fes
branches eftoient fi toufuës,
que vingt Hommes auroient
pû eftre deffus , fans qu'on
GALANT 239
les cuft découverts . Il pria
le Roy d'y vouloir monter ;
ce qu'il fit avec Carelos . Ils
s'y ajustérent fur deux Oreillers
, & y pafférent le jour,
fans autre nourriture
que du
Pain & une Bouteille d'Eau,
Ce Chefne a depuis efté nommé
le Chefne Royal . La nuit
ils retournérent dans la Maifon
de Pendrille . Le Roy y
trouva un Billet de Milord
Wilmot, par lequel il le prioit
de fe rendre chez un Gentilhomme
apellé Witgraves.
Le Roy partit auffi- toft, apres
avoir congedié Carelos . Il fit
240 MERCURE
ce petit Voyage , accompa
gné des quatre Freres , &
monté fur le Cheval d'un
Meulnier. Lajoyede Wilmot
fut grande lors qu'il vit fon
Prince . Il luy dit qu'il n'y avoit
aucune affurance pour fa vie,
s'il ne fortoit du Royaume, &
qu'il avoit pris des mefures
avec Witgraves pour
duire à Bristol, que Mademoi
felle Lane,Fille du Colonel de
ce nom , y devoit aller pour
les Couches d'une Soeur , &
qu'en qualité de Domeſtique
il la porteroit en croupe. La
chole fut fort bien exécutée,
Quelques
le conGALANT.
241
Quelques jours auparavant,
çette Demoiſelle avoit obtenu
un Pafleport pour aller à Briftol
avec un Valet. Elle étoit
adroite & fpirituelle , & déguifa
fi bien le Roy en luy la
vant le vifage d'une Eau dans
laquelle elle avoit fait bouillir
des écorces de noix , & d'au
tres drogues , qu'il eftoit
difficile de le réconnoiftre .
On luy donna un Habit conforme
à ce nouveau Perfonnage
, que la fortune luy faifoit
jouer, & dans cet état ils
prirent le chemin de Briſtol.
Wilmot feignant de chaffer
Fevrier
1685. X
242 MERCURE
un Oyſeau fur le poing , les
accompagna jufques à Brons
graves. Le Cheval du Royys
perdit un fer , & il falut luy
en faire mettre un autre. On
s'adreffarà un Maréchal , qui
en ble ferrant demanda des
nouvelles du Roy , au Roy
mefme. Le Prince ayant répondu
qu'il le croyoit en
Ecoffe , le Maréchal ajoûta
qu'affeurément il étoit caché
dans quelque Maifon d'Angleterre
, & qu'il cuft bien
voulu le découvrir parce
qu'il n'auroit plus à fe mettre
en peine de travailler , s'il
GALANT. 243
trouvoit moyen de le livrer
aux Etats . Cette converfation
finie , le Roy continua
fon chemin , avec la Demor
felle qu'il portoit toûjours en
croupe. Peu de temps apres
à l'entrée d'un Bourg, quel
ques Cavaliers envoyez pour
l'arrefter, vinrent à luy , & len
regardant attentivement , ce
luy qui les commandoit leur
dit qu'ils le laiffaffent paffer,
& que ce n'étoit pas ce qu'ils
cherchoient.
Eftant enfin arrivez chez
M'Norton à trois miiles de
Bristol , le Roy feignit de fe
X
ij
244 MERCURE
trouver mal , & Mademoiſelle
Lane qui paffoit pour la Maitreffe
, luy fit donner une
Chambre . Le lendemain un
Sommelier nommé Jean Pope
, qui avoit long- temps fervy
dans les Armées du feu
Roy , démefla les Traits du
Prince dans ceux du Conducteur
de Mademoiſelle Lane,
& l'ayant prié de defcendre
dans la Cave , il luy prefenta
du Vin , mit enfuite un genoüil
en terre , & luy fit de fi
ardentes proteftations de fidelité
, que le Roy le chargea
du foin de luy chercher un
GALANT. 245
Vaiffeau pour paffer en France
, mais il luy fut impoffible
de s'embarquer à Bristol . Milord
Wilmot l'étant venu joindre
, le conduifit chez le Co.
lonel Windhams , dans le
Comté de Dorfet. Ilssyy furent
trois femaines , attendant les
facilitez d'un Paffage à Lime.
Il y eut encore un fecond obftacle.
Un Capitaine dont on
s'étoit affeuré, manqua de parole
, & pour nouvelle difgra
le Cheval de Milord Wilce,
mot s'étant déferré , le Maréchal
connur aux clouds , que
celuy qui le montoit venoit
X
iij
246 MERCURE
C
du cofté du Nord , & le bruit
fut auffi toft répandu que le
Roy y étoit caché . Cela l'obligea
de fe rendre à Bridport
fans aucun retardement. La
nuit fuivante , il arriva à Braadvvindfor
, ou quantité de
Soldats qui s'embarquoient,
l'ayant mis dans la néceffité
de fe cacher, il retourna chez
le Colonel Windhams , avec
lequel il trouva à propos d'al
ler chez M' Hides , du cofté
de Salisbury. Eftant arrivez
à Mere, ils defcendirent à l'1-
mage S George. L'Hofte qui
connoiffoit le Colonel ,voyant
GALANT. 247
le Roy debout dans la poſture
d'un Domestique,luy demanda
fi c'étoit un de fes Gens.
Enfuite il porta la Santé du
Roy au Colonel. Ils fe rendirent
de là chez M'Hides ; mais
quoy qu'on puft faire , il fur
impoffible de trouver unVaiſ
feau dans tous les environs
de la Mer , du cofté de Southompton,
M' Philips que l'on
avoit envoyé pour cela , rencontra
le Colonel Gunter, qui
fe chargea de tenir une Barque
prefte à Britemhfthed en
Suffex. Le Roy s'y rendit en
diligence & y trouva Milord
X iiij
248 MERCURE
;
Wilmot & Maumfel Mar
chand , dont Gunter s'étoit
fervi pour le fuccés de fon en.
trepriſe . Le Capitaine du Vaifſeau
, nommé Tetershall , fe
mit à table avec le Roy &
Milord Wilmot. Comme il
avoit vû ce Prince aux Du
nes , il le reconnur, & s'apro
chant de l'oreille du Milord;
Vous avez des Domestiques de
bonne Maison , luy dic il , & je
croy qu'il y a peu de Gentils
hommes en Europe auffi bien fer
ruis que vous . Il ne perdit point
de temps. Il donna ſes ordres
pour l'embarquement ; & le
GALANT. 249
Vaiffeau fe mit en Mer le 20.
Octobre à cinq heures du
matin. Dans le Trajer un Matelot
prenant du Tabac , & le
Capitaine connoiffant que la
fumée incommodoit Sa Majefté,
il le gronda , & luy or
donna de fe retirer . Le Matelot
le fit avec peine , & luy
répondit en murmurant par
une façon de parler Angloife
, Qu'un Chat regardoit bien
in Roy. Le Voyage fe fit
fans obftacle . On arriva à
Fécamp en Normandie , où
le Milord qui n'avoit rien dit
jufque- là , avoua au Capitai250
MERCURE
ne que c'étoit le Roy qu'il
avoit paffé. Il fe jetta aux
pieds de fon Prince , qui luy
promit de récompenter un
jour fa fidelité. Le Roy ayant
changé d'habits à Rouen , où
il demeura peu de temps
chez M'Scot, vint à Paris attendre
les Révolutions qui
font ordinaires à la tyrannie.
Olivier Cromvvel, déclaré
Protecteur des trois Royaumes
en 1653. mourut en 1658
Apres fa mort on donna la
mefme qualité à Richard fon
Fils ; mais eftant incapable
de la foûtenir , le Parlement
GALANT 251
luy fit demander fa démif
fion , & il la donna . Le Ges
néral Monk fe fervit avec
tant de zéle , de prudence &
de conduire , des difpofitions
où il voyoit les efprits pour
le rétabliffement de la Monarchie,
qu'il fut réfolu qu'on
rappelleroit le Roy. Le Par
lement luy dépeſcha le 19. de
May 1660. un Gentilhomme
nommé Kilgrevv , pour luy
porter la nouvelle de fa Proclamation
, qui avoit efté faite
à Londres ce mefme jour ,
& ayant donné ordre à l'Amiral
Montagu de fe mettre en
252 MERCURE
mer pour aller le recevoir fur
les Coftes de Hollande , il
nomma dixhuit , Commiffaires
, fix de la Chambre des
Pairs , & douze de la Chambre
des Communes
, pour
le fapplier de venir prendre
poffeflion de fes trois Royau
mes. La Ville de fon cofté
choifit vingt de fes plus illuftres
Habitans
, pour luy
aller rendre les mefmes devoirs.
Tous ces Députez furent
favorablement reçûs à
la Haye , où le Roy eftoit
alors . Ce Prince en partit le
2. de Juin , &le Vaiffeau furGALANT.
253
lequel il s'embarqua , parut
au Port de Douvres deux
jours apres , 4 du mefme
mois. Il y fut reçû par Monk,
qui fe mit d'abord à genoux.
Le Roy le releva en l'embraffant
, & en l'appellant fon
Pere. Apres une conférence
d'une demie heure qu'il eut
avec luy en particulier , ce
Prince fe mit fous un Dais
qui eftoit tendu au bord de
lå Mer, fous lequel les Ducs
d'York , & de Gloceſter , fes
Freres, fe mirent auffi Ils reçûrent
là les refpects de laNobleffe,
& mótérent enfuite en
254 MERCURE
Carroffe, où le Genéral Monk
prit place , auffi-bien que le
Duc de Buckincam. Dans
le chemin de Cantorbery ils
trouvérent quelques vieux
Régimens , avec les Compagnies
de la Nobleffe en
Bataille. Le Roy monta à
cheval , & y fit fon Entrée
à leur tefte . Pendant fon féjour
dans cette Ville , il donna
l'Ordre de la Jarretiere au
Genéral Monk. Elle luy fuc
attachée par les Ducs d'York
& de Glocefter. Le Duc de
Southampton y reçût le même
honneur ; mais il y cut
GALANT. 255
·
cette diférence , que ce fut
feulement un Héraut qui luy
mit l'Ordre. Peu de jours
apres le Roy fit fon entrée à
Londres . Elle fut fort éclatante.
Plufieurs Troupes de
Gentilshommes & de Bour-
>
geois richement vétus , & fu
perbement montez mar
choient devant luy. Celle qui
l'environnoit étoit compofée
des Herauts, des Porte-Maffe ,
du Maire qui étoit teſte nuë
avec l'épée Royale à la main ,
du General Monk , & du Duc
de Buckincam
. qui le precédoient
auffi tefte nue. Il mar
256 MERCURE
•
choit entre les Ducs d'Yorck
& de Glocefter , & à pei
ne eut-il mis pied à terre à
Witheal , qu'au lieu de fe rafraîchir
, il alla au Parlement.
Il entra dans la Chambre des
Pairs , manda celle des Com
munes , & les voyant affenblez
, il les affeura qu'il fe
fouviendroit toûjours de la
fidelité qu'ils avoient gardée
pour fon fervice , & les pria
tous d'agir pour le foulage.
ment de fon Peuple. Il fut
Couronné en 1661 dans la
mefme Ville , avec une Pompe
extraordinaire , & l'année
GALANT 257
fuivante, il épousa Catherine,
Infante de Portugal , Fille de
Jean IV. & Soeur du Roy Alphonfe
VI. C'est une Princeffe
dont la vertu & la pieté,,
vont au delà de tout ce qu'on
en peut dire. Il s'eft depuis :
appliqué avec de grands foinsà
étouffer les defordres que
les Factieux tâchoient de fai
re revivre. Il en eft venu à
bout, & a remporté de grands
avantages fur les Hollandois ,,
en deux diverfes rencontres.
Une preuve incóteftable dess
grandes qualitez de ce Monarque
, c'est qu'il s'eftoire
Fevrier 1685,
Y
218 MERCURE
1
acquis l'amitié du Roy. Je
viens aux particularitez de fa
pg zed eated xusb. sb
mort.
+
97 Le Dimanche au foir 11. de
ce mois , il parut dans une
parfaite fanté, & plus gay qu'à
l'ordinaire. Il eut la nuit de
grandes inquietudes , & fon
fommeil fut interrompu . Il
ne voulut neanmoins appeller
perfonne , & s'eftant levé
dés fept heures du matin , il
demanda qu'on luy fiſt le
poil. A peine luy eut on mis
un Peignoir, qu'un fort grand
treffaillement luy fit pouffer
avec force les coudes en ar
A
GALANT
259
&
riere.
fois , Mon Il cria trots
Dies & demeura
enfuite
prés
de deux heures
fans pouvoir
parler. Un Valet de Chambre
courut
à l'Apartement
de
Monfieur
le Duc d'York
,
luy dit que l'on croyoit
le
Roy mort. Ce Duc vint toute
effrayé, & en Robe de Cham--
bre. On faigna le Roy deux:
fois , on luy appliqua
des
Vantoufes
, & on luy donna:
un Vomitif
, La connoiffance
kay revint un peu , & il de--
manda
à boire. On eut quelque
efpérance
de fa guériſon
,
jufqu'au
Mercredy
au foir
Y it
260 MERCURE
Cependant le mal l'ayant re
pris avec plus de violence , il
mourut le Vendredy 16. entre
onze heures & midy . Il
n'a eu aucuns Enfans de la
Reyne , mais il en a laiffé de
naturels , qui font
Jacques Scotty Duc de
Montmouth, Comte de Dun .
cafter , & de Dolkeith , Chevalier
de la Jarretiere , & c.
"Charles Lenox , Duc de
Richemont , Fils de la Du--
cheffe de Porthmouth ..
Charles Filts Roy, Duc de
Southampton.
Henry Files Roy , Duc de
GALANT.: 261
Grafton , qui a épousé en
1672. la Fille unique de Henry
2 Baron d'Arlington ,Secretaire
d'Etat.
-Georges
Filts Roy, Comte
de Northumberland
.
"
Anne Filts Roy , qui a
-époufé Thomas Leonard ,
Comte de Suffeк ; tous Enfans
de Barbe Villiers , Ducheffe
de Cleveland , Comteffe
de Caftelmene, Baronne
deNonfuch,& Fille du Comte
de Grandiffon.
Charles Filts Charles ,Comte
de Plimouth , Filts de Mademoiſelle
de Kyroüel , Du262
MERCURE
*
cheffe de Portzhmouth , &
Comteffe d'Aubigny. I a
épouté une Fille de Thomas
Ofborn , Comte de Damby,
Grand Tréforier d'Angle
terre. 968
3 Charlote Filts Roy , qui
a époufé le Comte de Lieghfield
.
Barbe Filts - Roy.
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Résumé : Mort du Roy d'Angleterre, [titre d'après la table]
Le texte relate les événements entourant la fuite et les tentatives de restauration du Duc d'York, futur Jacques II, et du Prince de Galles, futur Charles II. Le Duc d'York, déguisé, s'échappe d'Angleterre et parvient à embarquer malgré les réticences d'un marinier qui reconnaît son ordre de la Jarretière. Le Prince de Galles, après son évasion, suscite une révolte en Angleterre et en Écosse, mais est démasqué par le chevalier Dishinton. En 1648, Charles II tente de rallier des vaisseaux hollandais et anglais pour libérer son père, Charles Ier, mais échoue face à la résistance et à une tempête. Charles Ier est exécuté en 1649, et Charles II, proclamé roi en Écosse, cherche à venger son père. Il envoie chercher le marquis de Montrose, qui est capturé et exécuté malgré ses efforts pour rejoindre Charles II. Ce dernier, malgré les obstacles, continue ses tentatives pour restaurer la monarchie. Le texte décrit également les événements entourant le règne de Charles II en Écosse. Le roi obtient des États écossais l'autorisation de lever seize mille hommes de pied et six mille chevaux. Les commandants nommés incluent le comte de Leven pour l'infanterie et Holborne pour la cavalerie, avec Montgomery et Lefley comme adjoints. Charles II est nommé généralissime. Cependant, les troupes écossaises sont défaites par Cromwell à la bataille de Copperfpec, subissant de lourdes pertes. Cette défaite refroidit les États écossais, qui imposent des restrictions au roi et cherchent à limiter son pouvoir. Malgré ces difficultés, Charles II est couronné roi d'Écosse le 4 janvier 1651 à l'abbaye de Schoone. Après son couronnement, il marche vers l'Angleterre avec son armée, mais est finalement défait à la bataille de Worcester le 22 août 1651. Forcé de fuir, il se cache dans diverses maisons et forêts, notamment dans le célèbre 'Chêne Royal'. Avec l'aide de fidèles sujets comme George Pendrille et Milord Wilmot, il parvient à échapper à ses poursuivants et à se mettre en sécurité. Le texte relate également la fuite du roi Jacques II, déguisé en domestique, accompagné de la demoiselle Lane, vers Bristol. Déguisé grâce à un mélange d'écorces de noix et d'autres drogues, le roi parvient à éviter la reconnaissance. Leur chemin est marqué par plusieurs incidents, comme la perte d'un fer de cheval du roi, qui doit être remplacé, et des rencontres avec des cavaliers envoyés pour l'arrêter. Grâce à l'aide de fidèles sujets, dont Jean Pope et Milord Wilmot, le roi parvient à éviter les obstacles et à se cacher chez divers nobles, tels que le colonel Windhams et M. Hides. Après plusieurs tentatives infructueuses pour trouver un vaisseau, le roi s'embarque finalement à Britemhsthed en Suffolk et arrive à Fécamp en Normandie. Le voyage se déroule sans encombre, et le roi est reconnu par le capitaine du vaisseau, Tetershall. À Rouen, le roi change d'habits et se rend à Paris pour attendre les révolutions politiques. Le texte mentionne également la mort d'Olivier Cromwell et la restauration de la monarchie avec le retour du roi, proclamé par le Parlement et accueilli triomphalement à Londres. Le roi est couronné en 1661 et épouse Catherine de Portugal. Il lutte contre les factieux et remporte des victoires contre les Hollandais. Le texte se termine par la description de la mort du roi en février 1685, après une nuit d'inquiétudes et de souffrances. Le roi laisse plusieurs enfants naturels, dont Jacques Scott, duc de Monmouth, et Charles Lenox, duc de Richemont.
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6
p. 265-272
Proclamation du nouveau Roy, [titre d'après la table]
Début :
Les Seigneurs du Conseil prièrent humblement le Roy, [...]
Mots clefs :
Seigneur, Serment, Conseil privé, Proclamation, Charge, Gouvernement, Cérémonie, Baron, Duc, Comte, Milord, Chevalier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Proclamation du nouveau Roy, [titre d'après la table]
Les Seigneurs du Confeil
priérent humblement le Roy,
que les obligeantes expref
fions fuffent rendües publi-
Fevrier 1685.
Z
266 MERCURE
ques ; ce qui fut accordé
par Sa Majesté
. Elle ordonna
auffi , apres qu'Elle
cut fair
prefter
Serment
à tous ces
Seigneurs
, & autres du Confeil
Privé du feu Roy
, pour
eftre de fon Confeil
Privé, que
l'on publiaft
une Proclamafaire
fçavoir
que
tion ,
pour
fon plaifir
eftoit , que tous
ceux qui avoientCharge
dans
le Gouvernement
à la mort
du Roy Charles
II. continuaf
fent dans l'exercice
de leurs
Charges
jufqu'à
nouvel
ordre
de Sa Majesté
. Cette
Proclamation
fe fit l'aprefdînée
GALANT. 267
en ces termes , devant la
Porte de Witheall , à la Porte
deTemple- Barr, & à la Bourſe,
Royale, avec les Cerémonies.
accoûtumées.
Cremer dans
Omme il a plû à Dieu de
es mic
noftre fouverain Seigneur Char
les II, du
nom ,
nom
, de glorieuſe
mémoire
→ par la mort de qui les
Couronnes Impériales d'Angleterre,
d'Ecoffe & d'Irlande,font.
uniquement & légitimement dé
voluës à Haut & Puiffant Prince
Jacques Duc dYork & d Ah
banie, Frere Unique , &feul
Z ij
268 MERCURE
Héritier du feu Roy ; Nous les
Seigneurs Eccléfiaftiques & Sé
culiers de ce Royaume , eftant fe
condez de ceux du Confeil Privé
de Sa Majefté , & d'un grand
nombre des Principaux de la Nobleſſe,
comme aufſfidu LordMaire,
des Echevins , & de quantité
de Bourgeois de Londres , Pu
blions & Proclamons par ces
Préfentes , d'une commune voix
& d'un confentement , tant de
coeur que de bouche , que le Haut
& Puiffant Prince Facques 11.
est préfentement, par La mort de
noftre Souverain de glorieufe mé
moire , devenu nostre feul & lé
1
GALANT 269
gitime Prince , felon l'ordre de
la Succeffion , & le Droit du
Royaume , facques II. par la
grace de Dieu Roy d'Angleterre,
d'Ecoffe & d'Irlande , Défenfeur
de la Foy, &c, à qui nous
promettons toute fidélité & conftante
obeiffance de toutes les affe-
Etions de nos ames ; priant Dieu
par qui les Roys régnent , de benir
le Roy Jacques II. & de le
faire regner long- temps & heureuſementfur
nous.
Dieuconferve le Roy Jacques II.
La Proclamation fut fignée
de ceux dont yoicy les noms .
Z
iij
270 MERCURE
Guillaume Archevefque, de
Cantorbéry,
Le Baron de Guilford , Garde
"des Seaux .
Le Marquis Halyfax , Garde
du Seau Privé.
Le Comte de Rocheſter, Préfi'ent
du Confeil .
Le Duc de Norfolke.
Le Duc de Sommerfet.
Le Duc d'Albemarle.
Le Duc de Beaufort
Le Comte de Shravvdbury,
Le Comte de Kent.
Le Comte de Huntingdon ,
Le Comte de Pembroke .
Le Comte de Salisbury .
Le Comte de Brigvvater.
Le Comte de Vvoftmorland.
Le Comte de Mancheſter . ”
Le Comte de Peterborovv.
GALANT 271
Le Comte de Chefterfield..
Le Comte de Sunderland .
Le Comte de Scarfdale.
Le Comte de Clarendon .
Le Comte de Bath .
Le Comte de Craven.
Le Comte d'Ailesbury.
Le Comte de Lieckfield .
Le Comte de Feversham .
Le Comte de Berkeley.
Le Comte de Morray.
Le Comte de Mideleton .
Le Vicomte Faucomberg
.
Le Vicomte Nevvport
.
Le Vicomte de Veymouth.
Le Vicomte Lumley.
Le Vicomte Clifford .
1
Henry, Evefque de Londres .
Nathanaël , Evêque d'Arbam,
Thomas , Evefque de Rochefter.
Z iiij
272 MERCURE
Milord Nort & Gray.
Milord Maynard .
Milord Cornvvalis .
Milord Arundel .
Milord Godolphin.
Milord Drunimond.
Le Chevalier Jean Ernée.
Le Chevalier Thomas Chicheley.
Le Chevalier Lionel Jenkins.
priérent humblement le Roy,
que les obligeantes expref
fions fuffent rendües publi-
Fevrier 1685.
Z
266 MERCURE
ques ; ce qui fut accordé
par Sa Majesté
. Elle ordonna
auffi , apres qu'Elle
cut fair
prefter
Serment
à tous ces
Seigneurs
, & autres du Confeil
Privé du feu Roy
, pour
eftre de fon Confeil
Privé, que
l'on publiaft
une Proclamafaire
fçavoir
que
tion ,
pour
fon plaifir
eftoit , que tous
ceux qui avoientCharge
dans
le Gouvernement
à la mort
du Roy Charles
II. continuaf
fent dans l'exercice
de leurs
Charges
jufqu'à
nouvel
ordre
de Sa Majesté
. Cette
Proclamation
fe fit l'aprefdînée
GALANT. 267
en ces termes , devant la
Porte de Witheall , à la Porte
deTemple- Barr, & à la Bourſe,
Royale, avec les Cerémonies.
accoûtumées.
Cremer dans
Omme il a plû à Dieu de
es mic
noftre fouverain Seigneur Char
les II, du
nom ,
nom
, de glorieuſe
mémoire
→ par la mort de qui les
Couronnes Impériales d'Angleterre,
d'Ecoffe & d'Irlande,font.
uniquement & légitimement dé
voluës à Haut & Puiffant Prince
Jacques Duc dYork & d Ah
banie, Frere Unique , &feul
Z ij
268 MERCURE
Héritier du feu Roy ; Nous les
Seigneurs Eccléfiaftiques & Sé
culiers de ce Royaume , eftant fe
condez de ceux du Confeil Privé
de Sa Majefté , & d'un grand
nombre des Principaux de la Nobleſſe,
comme aufſfidu LordMaire,
des Echevins , & de quantité
de Bourgeois de Londres , Pu
blions & Proclamons par ces
Préfentes , d'une commune voix
& d'un confentement , tant de
coeur que de bouche , que le Haut
& Puiffant Prince Facques 11.
est préfentement, par La mort de
noftre Souverain de glorieufe mé
moire , devenu nostre feul & lé
1
GALANT 269
gitime Prince , felon l'ordre de
la Succeffion , & le Droit du
Royaume , facques II. par la
grace de Dieu Roy d'Angleterre,
d'Ecoffe & d'Irlande , Défenfeur
de la Foy, &c, à qui nous
promettons toute fidélité & conftante
obeiffance de toutes les affe-
Etions de nos ames ; priant Dieu
par qui les Roys régnent , de benir
le Roy Jacques II. & de le
faire regner long- temps & heureuſementfur
nous.
Dieuconferve le Roy Jacques II.
La Proclamation fut fignée
de ceux dont yoicy les noms .
Z
iij
270 MERCURE
Guillaume Archevefque, de
Cantorbéry,
Le Baron de Guilford , Garde
"des Seaux .
Le Marquis Halyfax , Garde
du Seau Privé.
Le Comte de Rocheſter, Préfi'ent
du Confeil .
Le Duc de Norfolke.
Le Duc de Sommerfet.
Le Duc d'Albemarle.
Le Duc de Beaufort
Le Comte de Shravvdbury,
Le Comte de Kent.
Le Comte de Huntingdon ,
Le Comte de Pembroke .
Le Comte de Salisbury .
Le Comte de Brigvvater.
Le Comte de Vvoftmorland.
Le Comte de Mancheſter . ”
Le Comte de Peterborovv.
GALANT 271
Le Comte de Chefterfield..
Le Comte de Sunderland .
Le Comte de Scarfdale.
Le Comte de Clarendon .
Le Comte de Bath .
Le Comte de Craven.
Le Comte d'Ailesbury.
Le Comte de Lieckfield .
Le Comte de Feversham .
Le Comte de Berkeley.
Le Comte de Morray.
Le Comte de Mideleton .
Le Vicomte Faucomberg
.
Le Vicomte Nevvport
.
Le Vicomte de Veymouth.
Le Vicomte Lumley.
Le Vicomte Clifford .
1
Henry, Evefque de Londres .
Nathanaël , Evêque d'Arbam,
Thomas , Evefque de Rochefter.
Z iiij
272 MERCURE
Milord Nort & Gray.
Milord Maynard .
Milord Cornvvalis .
Milord Arundel .
Milord Godolphin.
Milord Drunimond.
Le Chevalier Jean Ernée.
Le Chevalier Thomas Chicheley.
Le Chevalier Lionel Jenkins.
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Résumé : Proclamation du nouveau Roy, [titre d'après la table]
En février 1685, les Seigneurs du Conseil demandèrent au Roi de rendre publiques les expressions obligatoires. Le Roi accepta et ordonna que les membres du Conseil Privé du défunt Roi Charles II prêtent serment pour rejoindre son propre Conseil Privé. Une proclamation fut publiée, confirmant que les fonctionnaires en poste à la mort de Charles II continuaient leurs fonctions jusqu'à nouvel ordre. Cette proclamation fut lue à Whitehall, Temple-Barr et la Bourse Royale. La proclamation annonça également que les couronnes d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande étaient transmises au Prince Jacques, Duc d'York et d'Albanie, frère et héritier du défunt Roi. Les dignitaires ecclésiastiques et séculiers, ainsi que la noblesse et les représentants de Londres, proclamèrent Jacques II comme leur souverain légitime et lui jurèrent fidélité. La proclamation fut signée par divers dignitaires, incluant des archevêques, barons, marquis, comtes, vicomtes et chevaliers.
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7
p. 299-308
Morts, [titre d'après la table]
Début :
J'ay encore quelques morts à vous apprendre. Je commence [...]
Mots clefs :
Morts, Marquis de Vitry, Baron, Seigneur, Ambassade de Pologne, Duc, Chevalier, Capitaine, Maison de Lhôpital, Charges, Gouverneurs, Marquis de Vandeuvre, Décès, Fils, Filles, Conseiller, Parlement, Seigneur de Villebon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Morts, [titre d'après la table]
Jay encore quelques morts
à vous apprendre. Je com
mence par celle de Meffire
300 MERCURE
Nicolas Louis de Lhôpital,
Marquis de Vitry , Baron du
Pleffis aux Tournelles , Seigneur
de Morvilliers , & c. Il
a fait connoiftre fon efprit
& fa conduite en divers Employs
, qu'il a pleu au Roy de
luy confier , & fur tout en fon
Ambaffade de Pologne . Il n'a
point laiffé d'Enfans , le ſeul
Fils qu'il avoit eu étant mort
en fon bas âge . Il étoit Frere
du dernier Duc de Vitry , qui
n'a laiffé qu'une Fille , Marie
Françoife Elizabeth de Lhôpital
, mariée à M' le Marquis
de Torcy , de la Maiſon de la
GALANT. 301
Tour, un Fils qu'il avoit étant
mort avant luy par un accident
funcfte. Ce Duc & ce
Marquis de Vitry , étoient
tous deux Fils de Meffire Nicolas
de Lhôpital , Marquis,
puis Duc de Vitry , Maréchal
de France , Chevalier des Ordres
du Roy , & Gouverneur
de Provence. Il avoit efté auparavant
Capitaine des Gardes
de Sa Majefté, & avoit un
Frere connu fous le nom du
Maréchal de Lhôpital , Gouverneur
de Paris , & Chevalier
des Ordres du Roy , qui avoit
auffi efté Capitaine des Gar302
MERCURE
des du Corps . Le Pere de ces
deux Maréchaux de France,
étoit Meffire Louis de Lhô.
pital , Seigneur de Vitry , Capitaine
des Gardes du Corps.
La Branche des Seigneurs de
Vitry , eft la derniere de la
Maiſon de Lhôpital, dont les
Ainez font Marquis & Comtes
de Lhôpital. Les Marquis
de Sainte Meſme , en font les
premiers Cadets. Cette Maifon
eft trés ancienne, établie
en France il y a prés de quatre
fiécles . On la croit iffue
des anciens Seigneurs de
Lhôpitalet , au Royaume de
•
GALANT. 303
Naples . Elle a eu en France
de tres grands employs , &
l'on y trouve des Chambellans
de nos Roys , des Grands
Mailtres des Eaux & Forefts ,
un grand Maiſtre de la Reyne
Ifabeau de Baviere , des Generaux
d'Armées , des Gou
verneurs de Villes & de Provinces
, des Capitaines de
Gendarmes , des Chevaliers
des Ordres , des Confeillers
de Roys , des Gouverneurs
des Enfans de France , des
Chevaliers d'Honneur des
Reynes , des Maréchaux de
France , &c. Elle eft alliée
304 MERCURE
aux plus illuftres Maiſon's du
Royaume , comme Bracque ,
le Bouteiller de Senslis ,
Courtenay- Blaineau , Rou
hauft , Laval , Coffe , Bruges,
Beauvau , la Mark , Mouſtiers,
Montmirail Huraut
, la
Tour , Do , la Chaftre , Brichanteau
, Levis , Pot , & c.
Ses Armies font , De gueule au
Coq d'argent , armé, cretté,
barbelé d'or. Les diverfes Branches
ont pris diverſes brifu
res .
I
>
عوم
Meffire Jean François de
Megrigny , Marquis de Vandeuvre
, Baron de Couchey,
GALANT. 305
Vicomte de Troye , Cornetre-
Blanche de France , & cy
devant Grand Tranchant du
Roy , eft mort auffi depuis
peu de temps. Il laiffe un Fils
& deux Filles , de feue Dame.
Françoiſe Henriette du Mefnil-
Simon de Beaujeu , fçavoir
Charles Hubert de Megrigny,
Marquis de Vandeuvre , Baron
de Beaujeu , Gabrielle de
Megrigny , & Marie Françoife
de Megrigny.. M' le Marquis
de Vandeuvre qui vient
de mourir , étoit Fils de Mef
fire Jean de Megrigny , Marquis
de Vandeuvre, Vicomte
Fevrier 1685.
Cc
306 MERCURE
de Troye , Baron de Colom
bey , premier Preſident au
Parlement de Provence , puis
Confeiller d'Etat, & de Dame
Renée de Bucy , & petit Fils
de Jean de Megrigny , Vicomte
de Troye & de Briel,
& de Dame Marie Bouguier
Fille de Chriſtophe Bouguier;
Seigneur d'Echarfon , Confeiller
au Parlement , & de
Dame Marie Chartier , Dame
d'Alainville , de la Famille
des Fondateurs , de la Maifon
& College de Boiffy.
Feu M' de Mégrigny , Confeiller
d'Etat , avoit cinq Fre
GALANT. 307
res; Louis de Mégrigny,Chevalier
de Malte ; Jacques de
Mégrigny , Baron de Bonivet,
Préfident au Mortier du
Parlement de Paris, puis Con
feiller d'Honneur dans le même
Parlement ; Mathieu de
Mégrigny , Abbé de Pontigny
, Nicolas de Mégrigny,
Prieur de Souvigny , Chanoine
de l'Eglife de Paris ,,
Avocat Genéral en la Cour
des Aydes ; & François de
Mégrigny , Comte de Briel,
& d'Alainville
, De Mégrigny
porte d'argent au Lion de
fable...
Cc ij
3c8 MERCURE
Ces morts ont efté fuivies
de celle de Meffire Chriftophe
de Mallebranche , Seigneur
de Villebon . Il eftoit
Frere de M' de Mallebranche
Confeiller au Parlement , fi
eftimé par l'exacte aplication
qu'il a aux Affaires , & du
Pere de Mallebranche , Prêtre
de l'Oratoire , que tant
de doctes Ecrits ont rendu
celebre .
à vous apprendre. Je com
mence par celle de Meffire
300 MERCURE
Nicolas Louis de Lhôpital,
Marquis de Vitry , Baron du
Pleffis aux Tournelles , Seigneur
de Morvilliers , & c. Il
a fait connoiftre fon efprit
& fa conduite en divers Employs
, qu'il a pleu au Roy de
luy confier , & fur tout en fon
Ambaffade de Pologne . Il n'a
point laiffé d'Enfans , le ſeul
Fils qu'il avoit eu étant mort
en fon bas âge . Il étoit Frere
du dernier Duc de Vitry , qui
n'a laiffé qu'une Fille , Marie
Françoife Elizabeth de Lhôpital
, mariée à M' le Marquis
de Torcy , de la Maiſon de la
GALANT. 301
Tour, un Fils qu'il avoit étant
mort avant luy par un accident
funcfte. Ce Duc & ce
Marquis de Vitry , étoient
tous deux Fils de Meffire Nicolas
de Lhôpital , Marquis,
puis Duc de Vitry , Maréchal
de France , Chevalier des Ordres
du Roy , & Gouverneur
de Provence. Il avoit efté auparavant
Capitaine des Gardes
de Sa Majefté, & avoit un
Frere connu fous le nom du
Maréchal de Lhôpital , Gouverneur
de Paris , & Chevalier
des Ordres du Roy , qui avoit
auffi efté Capitaine des Gar302
MERCURE
des du Corps . Le Pere de ces
deux Maréchaux de France,
étoit Meffire Louis de Lhô.
pital , Seigneur de Vitry , Capitaine
des Gardes du Corps.
La Branche des Seigneurs de
Vitry , eft la derniere de la
Maiſon de Lhôpital, dont les
Ainez font Marquis & Comtes
de Lhôpital. Les Marquis
de Sainte Meſme , en font les
premiers Cadets. Cette Maifon
eft trés ancienne, établie
en France il y a prés de quatre
fiécles . On la croit iffue
des anciens Seigneurs de
Lhôpitalet , au Royaume de
•
GALANT. 303
Naples . Elle a eu en France
de tres grands employs , &
l'on y trouve des Chambellans
de nos Roys , des Grands
Mailtres des Eaux & Forefts ,
un grand Maiſtre de la Reyne
Ifabeau de Baviere , des Generaux
d'Armées , des Gou
verneurs de Villes & de Provinces
, des Capitaines de
Gendarmes , des Chevaliers
des Ordres , des Confeillers
de Roys , des Gouverneurs
des Enfans de France , des
Chevaliers d'Honneur des
Reynes , des Maréchaux de
France , &c. Elle eft alliée
304 MERCURE
aux plus illuftres Maiſon's du
Royaume , comme Bracque ,
le Bouteiller de Senslis ,
Courtenay- Blaineau , Rou
hauft , Laval , Coffe , Bruges,
Beauvau , la Mark , Mouſtiers,
Montmirail Huraut
, la
Tour , Do , la Chaftre , Brichanteau
, Levis , Pot , & c.
Ses Armies font , De gueule au
Coq d'argent , armé, cretté,
barbelé d'or. Les diverfes Branches
ont pris diverſes brifu
res .
I
>
عوم
Meffire Jean François de
Megrigny , Marquis de Vandeuvre
, Baron de Couchey,
GALANT. 305
Vicomte de Troye , Cornetre-
Blanche de France , & cy
devant Grand Tranchant du
Roy , eft mort auffi depuis
peu de temps. Il laiffe un Fils
& deux Filles , de feue Dame.
Françoiſe Henriette du Mefnil-
Simon de Beaujeu , fçavoir
Charles Hubert de Megrigny,
Marquis de Vandeuvre , Baron
de Beaujeu , Gabrielle de
Megrigny , & Marie Françoife
de Megrigny.. M' le Marquis
de Vandeuvre qui vient
de mourir , étoit Fils de Mef
fire Jean de Megrigny , Marquis
de Vandeuvre, Vicomte
Fevrier 1685.
Cc
306 MERCURE
de Troye , Baron de Colom
bey , premier Preſident au
Parlement de Provence , puis
Confeiller d'Etat, & de Dame
Renée de Bucy , & petit Fils
de Jean de Megrigny , Vicomte
de Troye & de Briel,
& de Dame Marie Bouguier
Fille de Chriſtophe Bouguier;
Seigneur d'Echarfon , Confeiller
au Parlement , & de
Dame Marie Chartier , Dame
d'Alainville , de la Famille
des Fondateurs , de la Maifon
& College de Boiffy.
Feu M' de Mégrigny , Confeiller
d'Etat , avoit cinq Fre
GALANT. 307
res; Louis de Mégrigny,Chevalier
de Malte ; Jacques de
Mégrigny , Baron de Bonivet,
Préfident au Mortier du
Parlement de Paris, puis Con
feiller d'Honneur dans le même
Parlement ; Mathieu de
Mégrigny , Abbé de Pontigny
, Nicolas de Mégrigny,
Prieur de Souvigny , Chanoine
de l'Eglife de Paris ,,
Avocat Genéral en la Cour
des Aydes ; & François de
Mégrigny , Comte de Briel,
& d'Alainville
, De Mégrigny
porte d'argent au Lion de
fable...
Cc ij
3c8 MERCURE
Ces morts ont efté fuivies
de celle de Meffire Chriftophe
de Mallebranche , Seigneur
de Villebon . Il eftoit
Frere de M' de Mallebranche
Confeiller au Parlement , fi
eftimé par l'exacte aplication
qu'il a aux Affaires , & du
Pere de Mallebranche , Prêtre
de l'Oratoire , que tant
de doctes Ecrits ont rendu
celebre .
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Résumé : Morts, [titre d'après la table]
Le texte relate le décès de plusieurs personnalités notables et leurs familles. Nicolas Louis de Lhôpital, Marquis de Vitry, Baron du Pleffis aux Tournelles et Seigneur de Morvilliers, a été distingué par ses fonctions, notamment son ambassade en Pologne. Il n'a pas laissé d'enfants, son unique fils étant mort en bas âge. Il était le frère du dernier Duc de Vitry, qui avait une fille, Marie Françoise Elizabeth de Lhôpital, mariée au Marquis de Torcy. Leur père, Nicolas de Lhôpital, Marquis puis Duc de Vitry, Maréchal de France, Chevalier des Ordres du Roy et Gouverneur de Provence, avait également été Capitaine des Gardes du Corps. La famille de Lhôpital est une maison ancienne, établie en France depuis près de quatre siècles, et a occupé de nombreux postes prestigieux, y compris des Chambellans, des Généraux d'Armées, des Maréchaux de France, et des Chevaliers des Ordres. Le texte mentionne également le décès de Jean François de Megrigny, Marquis de Vandeuvre, Baron de Couchey, Vicomte de Troye et Cornette-Blanche de France. Il laisse un fils et deux filles. Son père, Jean de Megrigny, avait été premier Président au Parlement de Provence puis Conseiller d'État. La famille de Megrigny compte plusieurs membres illustres, dont des Chevaliers de Malte, des Présidents au Parlement, et des Abbés. Enfin, le texte rapporte le décès de Christophe de Mallebranche, Seigneur de Villebon. Il était le frère d'un Conseiller au Parlement et le fils d'un Prêtre de l'Oratoire célèbre pour ses écrits doctes.
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8
p. 156-159
Autres Morts, [titre d'après la table]
Début :
Mr Bordel, Seigneur de Viantais, Meherry, le Heaume, la Brereche, [...]
Mots clefs :
Seigneur, Avocat au parlement, Décès, Capitaine aux gardes françaises, Noblesse, Prévôt des marchands, Dame, Conseiller, Commissaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Autres Morts, [titre d'après la table]
M' Bordel , Seigneur de
Viantais , Meherry , le HeauGALANT.
157
me, la Breteche , eft mort fur
la fin du dernier mois. C'étoit
un des plus anciens Avocats
du Parlement , mais plus attaché
à la Cour des Aydes
qu'ailleurs. Il travailloit pour
la plufpart des Gens d'affaires
, & avoit une parfaite intelligence
dans tout ce qui
les regardoit.
Ces morts ont efté fuivies
de celle de plufieurs autres
Perfonnes dont voicy les
noms. Meffire Jean de Séve,
Seigneur de Gomerville , cydevant
Capitaine aux Gardes
Françoiſes , mort le dixiéme
158 MERCURE
de ce mois. Il étoit d'une
bonne Nobleffe deLyonnois,
Fils de M' de Séve , quia efté
Prevoft des Marchands , &
eft mort Conſeiller d'Etat , &
Frere de M' l'Evefque d'Ar
ras .
Meffire Charles Petit, Com .
te de la Selle , Bailly & Gouverneur
des Ville & Château
de Montargis , mort le
ziéme de ce mois .
quin-
Meffire Hilaire Marcez,
Maistre des Comptes , mort
le feiziéme de ce mois.
Dame Anne Hinfelin , morte
le dix. huit . Elle étoit veuve
GALANT. 159.
de Meffire Charles Hoüel ,
Gouverneur & Lieutenant
General pour le Roy , des
Ifles de la Gardeloupe en
l'Ameriqué , Marquis & Seigneur
proprietaire des mel
mes Ifles , de Varenne , Petit-
Pré , & autres lieux .
On m'apprend auffi la
mort de Meffire Hierôme
Palluau , Confeiller au Parle
ment , & Commiffaire aux
Requeſtes du Palais .
Viantais , Meherry , le HeauGALANT.
157
me, la Breteche , eft mort fur
la fin du dernier mois. C'étoit
un des plus anciens Avocats
du Parlement , mais plus attaché
à la Cour des Aydes
qu'ailleurs. Il travailloit pour
la plufpart des Gens d'affaires
, & avoit une parfaite intelligence
dans tout ce qui
les regardoit.
Ces morts ont efté fuivies
de celle de plufieurs autres
Perfonnes dont voicy les
noms. Meffire Jean de Séve,
Seigneur de Gomerville , cydevant
Capitaine aux Gardes
Françoiſes , mort le dixiéme
158 MERCURE
de ce mois. Il étoit d'une
bonne Nobleffe deLyonnois,
Fils de M' de Séve , quia efté
Prevoft des Marchands , &
eft mort Conſeiller d'Etat , &
Frere de M' l'Evefque d'Ar
ras .
Meffire Charles Petit, Com .
te de la Selle , Bailly & Gouverneur
des Ville & Château
de Montargis , mort le
ziéme de ce mois .
quin-
Meffire Hilaire Marcez,
Maistre des Comptes , mort
le feiziéme de ce mois.
Dame Anne Hinfelin , morte
le dix. huit . Elle étoit veuve
GALANT. 159.
de Meffire Charles Hoüel ,
Gouverneur & Lieutenant
General pour le Roy , des
Ifles de la Gardeloupe en
l'Ameriqué , Marquis & Seigneur
proprietaire des mel
mes Ifles , de Varenne , Petit-
Pré , & autres lieux .
On m'apprend auffi la
mort de Meffire Hierôme
Palluau , Confeiller au Parle
ment , & Commiffaire aux
Requeſtes du Palais .
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Résumé : Autres Morts, [titre d'après la table]
Le texte mentionne plusieurs décès récents de personnalités notables. Me Bordel, Seigneur de Viantais et Meherry, avocat au Parlement, est décédé à la fin du mois précédent. Il était connu pour son expertise en tant qu'avocat pour des gens d'affaires à la Cour des Aydes. Me Jean de Séve, Seigneur de Gomerville et capitaine aux Gardes Françaises, est mort le dixième du mois. Issu d'une noble famille du Lyonnais, il était le fils de Me de Séve, ancien Prévôt des Marchands et Conseiller d'État, et le frère de l'Évêque d'Arras. Me Charles Petit, Comte de la Selle, Bailly et Gouverneur de Montargis, est décédé le onzième du mois. Me Hilaire Marcez, Maître des Comptes, est mort le seizième du mois. Dame Anne Hinfelin, veuve de Me Charles Houël, Gouverneur des îles de la Guadeloupe et Marquis, est décédée le dix-huitième du mois. Enfin, Me Jérôme Palluau, Conseiller au Parlement et Commissaire aux Requestes du Palais, est également décédé.
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9
p. 1-15
Prélude, contenant plusieurs Actions de grandeur, de bonté & de libéralité du Roy, & plusieurs Piéces à la gloire de ce Monarque, [titre d'après la table]
Début :
J'AY bien crû, Madame, que ce que je vous ay dit touchant [...]
Mots clefs :
Aqueduc , Roi, Sujets, Bonté, Charges, Aumônier, Troupes, Embellissements, Rivière, Travail, Prince, Seigneur, Royaume, Abbé
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Prélude, contenant plusieurs Actions de grandeur, de bonté & de libéralité du Roy, & plusieurs Piéces à la gloire de ce Monarque, [titre d'après la table]
'AY bien crû, Madame,
que ce que je vous ay
dit touchant l'Aqueduc
qui doit conduire la Riviere
d'Eure à Verſailles , vous paroiſtroit
auſſi ſurprenant que
digne d'admiration , & que
vous donneriez mille loüan-
Avril 1685. A
MERCURE
ges aux motifs de bonté qui
ont inſpiré ce deſſein au Roy,
puis que ce qu'il a eu principalement
en veuë dans cette
grande entrepriſe , a eſté de
faire trouver les moyens
de ſubſiſter à ceux d'entre
ſes Sujets , qui avoient
beſoin de quelque ſecours,
pour ne pas mener une vie
entierement malheureuſe , &
de fournir de l'occupation à
ſes Troupes , afin qu'une
longue oyſiveté ne les fift
pas devenir inhabiles au
travail , ſi quelques Puiſſances
jalouſes de la Grandeur,
GALANT.
3
troubloient le repos qu'il a
donné à l'Europe. Aprés avoir
ainſi conſulté ſa bonté
pour ſes Sujets , & l'avantage
que pourroit tirer l'Etat
fſii ſes Troupes eſtoient toûjours
endurcies au travail du
remuement des Terres , qui
eſt le travail le plus néceſfaire
dans le Meſtier de la
Guerre , il a regardé qu'en
exécutant cét admirable projet
, il couvroit la France d'u
ne gloire fans égale , & luy
donnoit lieu de ſe vanter d'être
venuë à bout d'un Ouvrage
plus grand qu'aucun
A ij
4 MERCURE
de
de ceux qui ayent jamais
eſté entrepris par les plus
puiſſans Empereurs Romains
; de forte que l'embelliſſement
que Verſailles
recevra des Eaux que cét
étonnant & miraculeux Aqueduc
y doit conduire , n'a
preſque pas eſté conſideré
par le Roy : ce Monarque
comptant pour rien ce qui
regarde ſes propres plaiſirs.
Ce n'eſt pas que la beauté
de Verſailles ſoit pour luy
ſeul. Il ſe fait une joye de
donner cét ornement à la
France , & de tenir ſa Cour
GALANT S
dans un lieu délicieux , où
elle joüit des plaiſirs de toutes
les belles Saiſons , & de
celuy d'eſtre bien logée,
pendant que les ſoins de la
grandeur & du repos de l'Etat
le tiennent dans un travail
qui a fort peu de relâche.
Mais ce Prince eſt auſſi
content , lors que fa Cour,
ſes Sujets , & les Etrangers
joüiffent des charmes de ce
magnifique lieu , & des divertiſſemens
qu'il y donne,
que s'il les prenoit ſans ceſſe
-luy meſme. L'exemple du
travail de l'Aqueduc , a pro-
A iij
6 MERCURE
د
duit un autre bien pour les
malheureux
qui n'ayant
point d'employ à Paris , n'y
pouvoient trouver les moyés
de vivre . Mrs les Prevolt
des Marchands , & Echevins
de la Ville ont fait publier,
non ſeulement qu'ils em
ployeroient toutes les Pernes
qui voudroient travailler
à remuer la Terre des Ramparts
qu'on fait autour de Paris
; mais auſſi qu'ils donneroient
tous les inftrumens
néceſſaires pour ce travail à
ceux qui n'auroient pas dequoy
en avoir. C'eſt ce qu'ils
A
GALANT.
ont fait le neufiéme de ce
mois ; de ſorte que ſi l'on
voit preſentement des Gens
fans employ , & preſſez de la
neceſſité, on ne le doit imputer
qu'à leur pareſſe , &à leur
faineantiſe. On peut ajoûter
à tout cela que ceux qui ont
voulu s'occuper , en ont toûjours
trouvé les occafions,
le Roy ayant fait travailler il
y a déja long-temps àune Levée
depuis Paris juſqu'au
bord de la Riviere qui regar--
de Seve , afin de rendre le
chemin plus praticable , &
plus commode pour ceux
A iiij
8 MERCURE
qui font obligez d'aller à
Verſailles . C'eſt dans cette
meſme veuë que Sa Majeſté
a cru qu'il falloit qu'il y euſt
un Pont au bout de cette Levée
qui conduiſiſt à Seve,
d'où Elle a fait applanir , élargir
, & paver le chemin
juſqu'à Verſailles ; ce qui le
rendra plus aifé & plus
court. Comme Elle a voulu
que ce Pont fuſt achevé en
peu de temps , Elle en a donné
le revenu pour cinquante
ans à des Particuliers qui l'ont
fait conftruire.
On en commence icy un
1
GALANT. 9 ,
de Pierre qu'on appellera le
e fait a Pont Royal , & on le fait aux
dépens de ce genéreux Monarque
, qui n'épargne rien
pour l'embelliſſement de la
Ville , & pour la commodité
de ſes Sujets. Il ſera un peu
plus proche des Tuilleries,
que celuy qu'on appelloit le
Pont Rouge , & que les Eaux.
ont entraîné depuis quelque
temps..
Quoy que le Roy n'ait
point d'occupation plus forte
que de penſer au general , il
ne laiſſe pas de ſe ſouvenir
du particulier..On le voit
८
10 MERCURE
par les penſions des Dames
du Palais , qu'il a conſervées
,
à Madame la Princeſſe de
Tingry , & à Mesdames les
Comtefles de Granmont , &
de Saint Geran qui les
avoient euës du vivant de la
Reyne. M l'Abbé de Rohan
, ſecond Fils de M le
Prince de Soubiſe a efté د
pourveu de l'Abbaye de Saint
Taurin , Ordre de S. Benoiít,
Diocéſe d'Evreux vacante
par la démiſſion volontaire de
M' l'Abbé du Frénoy , qui ſe
trouvant l'aîné de ſa Maiſon,
a cru devoir ſemettre en état
GALANT. II
de la ſoûtenir. Ces grandes
Abbayes ne devant eſtre pof
fedées que par des Perſonnes
d'une distinction particuliere
, on ne peut que loüer ce
choix du Roy , aufli bienque.
celuy qu'il a fait de M' l'Abbé
de Beuvron qu'il a gratifié
de la Charge de l'un de ſes
Aumôniers , vacante depuis
la mort de M' l'Abbé de Saint
Luc. Il y a déja quelque
temps que M'l'Abbé de Beuvron
avoit offert de l'argent
d'une autre Charge d'Aumônier
, mais l'affaire ne ſe put
conclurre , & il a eu du Roy
12 MERCURE
en pur don , celle dont il
vient d'eſtre pourveu , ſaMa
jeſté ne permettát plusque ſes
Charges d'Aumônier ſe vendent
, &voulant à l'avenir les
remplir Elle-meſme de Perſonnes
de merite. C'eſt par
là qu'Elle a donné à M'l'Abbé
de la Sale , Frere de M'de
la Sale Maiſtre de ſa Garderobe
, une autre Charge
d'Aumônier , vacante par la
démiffion volontaire de M
l'Abbé de Saint Valier , qui
eſt party pour le Canada , où
il doit eſtre Coadjuteur de
M lEveſque de Quebec.
GALANT. 13
- Une grande dévotion & le
zele de convertir des Infidé
1
les , luy font faire ce Voyage.
Il accompagne M' le Marquis
d'Enonvile , Colonel des
Dragons de la Reyne , qui
doit eftre Commandant en
ce Païs- là , dont vous ſçavez
que M' le Maréchal d'Eſtrades
eſt Viceroy.
Dans le meſme temps que
le Roy s'applique aux differens
ſoins que je viens de
vous marquer , il ſonge à donner
moyen à la plus jeune
& la plus qualifiée Nobleſſe
de ſon Royaume , des'entre-
4
14 MERCURE
tenir toûjours dans les exer
cices qui font les plus dignes
d'elle , &qui font qu'elle ferd
l'Etat avec plus de gloire &
plus d'avantage , lors qu'ileft
queſtion, ou de le défendre,
ou de le remettre dans ſes juſtes
bornes. C'eſt pour cela
que ce Prince a la bonté de
contribuer à la plus grande
partie de la dépenſe néceſſaire
, pour faire une Courſe de
Têtes,avec toutl'éclat qu'elle
peut eſtre par les plus grands
Seigneurs d'une Cour , qui
n'eſt pas moins renommée
par la bravoure que par la
GALANT 15
galanterie.
que ce que je vous ay
dit touchant l'Aqueduc
qui doit conduire la Riviere
d'Eure à Verſailles , vous paroiſtroit
auſſi ſurprenant que
digne d'admiration , & que
vous donneriez mille loüan-
Avril 1685. A
MERCURE
ges aux motifs de bonté qui
ont inſpiré ce deſſein au Roy,
puis que ce qu'il a eu principalement
en veuë dans cette
grande entrepriſe , a eſté de
faire trouver les moyens
de ſubſiſter à ceux d'entre
ſes Sujets , qui avoient
beſoin de quelque ſecours,
pour ne pas mener une vie
entierement malheureuſe , &
de fournir de l'occupation à
ſes Troupes , afin qu'une
longue oyſiveté ne les fift
pas devenir inhabiles au
travail , ſi quelques Puiſſances
jalouſes de la Grandeur,
GALANT.
3
troubloient le repos qu'il a
donné à l'Europe. Aprés avoir
ainſi conſulté ſa bonté
pour ſes Sujets , & l'avantage
que pourroit tirer l'Etat
fſii ſes Troupes eſtoient toûjours
endurcies au travail du
remuement des Terres , qui
eſt le travail le plus néceſfaire
dans le Meſtier de la
Guerre , il a regardé qu'en
exécutant cét admirable projet
, il couvroit la France d'u
ne gloire fans égale , & luy
donnoit lieu de ſe vanter d'être
venuë à bout d'un Ouvrage
plus grand qu'aucun
A ij
4 MERCURE
de
de ceux qui ayent jamais
eſté entrepris par les plus
puiſſans Empereurs Romains
; de forte que l'embelliſſement
que Verſailles
recevra des Eaux que cét
étonnant & miraculeux Aqueduc
y doit conduire , n'a
preſque pas eſté conſideré
par le Roy : ce Monarque
comptant pour rien ce qui
regarde ſes propres plaiſirs.
Ce n'eſt pas que la beauté
de Verſailles ſoit pour luy
ſeul. Il ſe fait une joye de
donner cét ornement à la
France , & de tenir ſa Cour
GALANT S
dans un lieu délicieux , où
elle joüit des plaiſirs de toutes
les belles Saiſons , & de
celuy d'eſtre bien logée,
pendant que les ſoins de la
grandeur & du repos de l'Etat
le tiennent dans un travail
qui a fort peu de relâche.
Mais ce Prince eſt auſſi
content , lors que fa Cour,
ſes Sujets , & les Etrangers
joüiffent des charmes de ce
magnifique lieu , & des divertiſſemens
qu'il y donne,
que s'il les prenoit ſans ceſſe
-luy meſme. L'exemple du
travail de l'Aqueduc , a pro-
A iij
6 MERCURE
د
duit un autre bien pour les
malheureux
qui n'ayant
point d'employ à Paris , n'y
pouvoient trouver les moyés
de vivre . Mrs les Prevolt
des Marchands , & Echevins
de la Ville ont fait publier,
non ſeulement qu'ils em
ployeroient toutes les Pernes
qui voudroient travailler
à remuer la Terre des Ramparts
qu'on fait autour de Paris
; mais auſſi qu'ils donneroient
tous les inftrumens
néceſſaires pour ce travail à
ceux qui n'auroient pas dequoy
en avoir. C'eſt ce qu'ils
A
GALANT.
ont fait le neufiéme de ce
mois ; de ſorte que ſi l'on
voit preſentement des Gens
fans employ , & preſſez de la
neceſſité, on ne le doit imputer
qu'à leur pareſſe , &à leur
faineantiſe. On peut ajoûter
à tout cela que ceux qui ont
voulu s'occuper , en ont toûjours
trouvé les occafions,
le Roy ayant fait travailler il
y a déja long-temps àune Levée
depuis Paris juſqu'au
bord de la Riviere qui regar--
de Seve , afin de rendre le
chemin plus praticable , &
plus commode pour ceux
A iiij
8 MERCURE
qui font obligez d'aller à
Verſailles . C'eſt dans cette
meſme veuë que Sa Majeſté
a cru qu'il falloit qu'il y euſt
un Pont au bout de cette Levée
qui conduiſiſt à Seve,
d'où Elle a fait applanir , élargir
, & paver le chemin
juſqu'à Verſailles ; ce qui le
rendra plus aifé & plus
court. Comme Elle a voulu
que ce Pont fuſt achevé en
peu de temps , Elle en a donné
le revenu pour cinquante
ans à des Particuliers qui l'ont
fait conftruire.
On en commence icy un
1
GALANT. 9 ,
de Pierre qu'on appellera le
e fait a Pont Royal , & on le fait aux
dépens de ce genéreux Monarque
, qui n'épargne rien
pour l'embelliſſement de la
Ville , & pour la commodité
de ſes Sujets. Il ſera un peu
plus proche des Tuilleries,
que celuy qu'on appelloit le
Pont Rouge , & que les Eaux.
ont entraîné depuis quelque
temps..
Quoy que le Roy n'ait
point d'occupation plus forte
que de penſer au general , il
ne laiſſe pas de ſe ſouvenir
du particulier..On le voit
८
10 MERCURE
par les penſions des Dames
du Palais , qu'il a conſervées
,
à Madame la Princeſſe de
Tingry , & à Mesdames les
Comtefles de Granmont , &
de Saint Geran qui les
avoient euës du vivant de la
Reyne. M l'Abbé de Rohan
, ſecond Fils de M le
Prince de Soubiſe a efté د
pourveu de l'Abbaye de Saint
Taurin , Ordre de S. Benoiít,
Diocéſe d'Evreux vacante
par la démiſſion volontaire de
M' l'Abbé du Frénoy , qui ſe
trouvant l'aîné de ſa Maiſon,
a cru devoir ſemettre en état
GALANT. II
de la ſoûtenir. Ces grandes
Abbayes ne devant eſtre pof
fedées que par des Perſonnes
d'une distinction particuliere
, on ne peut que loüer ce
choix du Roy , aufli bienque.
celuy qu'il a fait de M' l'Abbé
de Beuvron qu'il a gratifié
de la Charge de l'un de ſes
Aumôniers , vacante depuis
la mort de M' l'Abbé de Saint
Luc. Il y a déja quelque
temps que M'l'Abbé de Beuvron
avoit offert de l'argent
d'une autre Charge d'Aumônier
, mais l'affaire ne ſe put
conclurre , & il a eu du Roy
12 MERCURE
en pur don , celle dont il
vient d'eſtre pourveu , ſaMa
jeſté ne permettát plusque ſes
Charges d'Aumônier ſe vendent
, &voulant à l'avenir les
remplir Elle-meſme de Perſonnes
de merite. C'eſt par
là qu'Elle a donné à M'l'Abbé
de la Sale , Frere de M'de
la Sale Maiſtre de ſa Garderobe
, une autre Charge
d'Aumônier , vacante par la
démiffion volontaire de M
l'Abbé de Saint Valier , qui
eſt party pour le Canada , où
il doit eſtre Coadjuteur de
M lEveſque de Quebec.
GALANT. 13
- Une grande dévotion & le
zele de convertir des Infidé
1
les , luy font faire ce Voyage.
Il accompagne M' le Marquis
d'Enonvile , Colonel des
Dragons de la Reyne , qui
doit eftre Commandant en
ce Païs- là , dont vous ſçavez
que M' le Maréchal d'Eſtrades
eſt Viceroy.
Dans le meſme temps que
le Roy s'applique aux differens
ſoins que je viens de
vous marquer , il ſonge à donner
moyen à la plus jeune
& la plus qualifiée Nobleſſe
de ſon Royaume , des'entre-
4
14 MERCURE
tenir toûjours dans les exer
cices qui font les plus dignes
d'elle , &qui font qu'elle ferd
l'Etat avec plus de gloire &
plus d'avantage , lors qu'ileft
queſtion, ou de le défendre,
ou de le remettre dans ſes juſtes
bornes. C'eſt pour cela
que ce Prince a la bonté de
contribuer à la plus grande
partie de la dépenſe néceſſaire
, pour faire une Courſe de
Têtes,avec toutl'éclat qu'elle
peut eſtre par les plus grands
Seigneurs d'une Cour , qui
n'eſt pas moins renommée
par la bravoure que par la
GALANT 15
galanterie.
Fermer
10
p. 181-190
A MONSIEUR LE PELLETIER DE SOUZI.
Début :
Je ne vous diray point, pour vous engager à lire l'Ouvrage / Je ne sçaurois m'en empêcher, [...]
Mots clefs :
Amour, Raison, Nature, Querelle, Louis, Seigneur, Esprit
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A MONSIEUR LE PELLETIER DE SOUZI.
Je ne vous diray point,
pour vous engager à lire l'Ouvrage qui fuit, sur quelle ma*
tiercil aesté fait.vousdiray feulement qu'il eftdcrillustre Madame desHoulierer.,
-- "'ï-"- - Pourriezvousaprès cela .,. n'a-
voir pas d'cmprcflémeotpouf
cccte lecture?
-
AMOSIEUR
LIL EÉr rE-LXJLXIE& -- -,
it
1DEs0uI.
JEnefçaurois m'enempêcher*
Il faut, Seigneur, que jevoùs
gronde.
Jevous cherche avec foin maisfty
beau vùus chercher
, Je
ne jçaaroistous approcher3
j9~<? lors que r»ftre porte ouverte 4
toutlf monde
'Uemrjle avec les gens qu'on Aime
*
dépefeber. ,
Quelque réflexion profonde
Quefajfe là.*de(fus mon ejprit alarme,
Je ne devine point sur qitoycela fc
fonde,
Mtjeriay pas accoutumé
Que dans lafoule onmeconfonde.
Si vous p:JuvleZ ffavoir les affligeansdifeours
..f<!!e me tient en secret le plus insurmontable,
Le plus dangereux de; amourst
Vousferk^moins impraticable.
Vous esses etonm
,
Seigieur,
Mais cjuevoflre cfpritse rassure,
Jcriafpire pointaChonneur
D'aucune galante évanture.
L'amour dont je vous parle à luy~
mefmç efl borné»
Ilsaisi d'un peu d'encens toute si
nourriture.
La raison
,
laJagejp>e* vain font
condamné,
Avec nous cet amour tjl néy
Autant quenouscetamourdure.
C'eftun foible, il ejîvray
,
maistout examiné, -
C'ejf un foible qxe la Nature
Aux plusgrands hommes a
donné,
Terfonne nîejtassiz, PIlCtrt
pour avouer, comme je fais,
Tout ce que faitfoujfrirïamourprù*
pre en colere.
L'un dit, jenen aypoint> l'autre,je
nen ay gutre.
Si detelsdifeours ejfoient vrais,
Les Dames craindroient moins qu'oit
les vist négligées,
De n'avoir plUdorm)ftroiint moinÀ
aflfigées,
Ztn'emprunteraient jointdAt- traits.
Les Amans, les Guerriers ne vontproientjoint la tejîe
De leurbonnefortune,&de tous leurs
hautsfaits.
MtjfitNrs les beaux espritsseferoient
moins de frjleJ
Et quand,ce qu'ilsfont eflmauvais,
Ilsfouffriroientdu moinsenfaix
^u'onfftde leur ouvrage une critique honneste.
Mais que fais-je,& pourquoy dans
ma Lettre entasser
Bagatellesur bagatelle?
Seigneur, en la lisant vous font)en
Uspatfet,
Revenons à noflre querelle.
Comme vojtre bonté jointe a
voftrc
pouvoir
J beaucoupdimportunstous leslu"
vous expoJet
feut-efire crojc^vous queje ne veux,
vous voir,
jguc pour demanderquelquechofe*
En ce cas, ctjlbienfat d'avoirfit
porte close.
Dans un temps de befiins ri d'/1M.
haras tiffk>
Demandeur» quel quilJoitt dottefire
malreceu.
Mais, SeigllCM", un Portier, doit-il
efire barbare,
j^uand on vient pourremercier,
Et d'uncompliment aussi rare,
Doit-on fipeu.sisoucier ?
Ne dtmt'On pas a mentendre
Jgue le malheur du tempsfixe vojbç
bonté» 1
J$*t fourles mmx dautruy vous
devenez moins tendre,
Et tfuun remsrciment'doitfarsa rareté
Agnablementvous furprevdre?
Ah !Ji comme chacun ade difftrens
goufts,
Les rarctex*pouvaientvousflaire,
Ilfaudroitfourvousfattsfaire,
Vous faire voirdesgens qllisi flaU
gnent de vous.
Maisoù les rencontrer, quand chacun
vus honore,
J>)uand de tous cofiez, on n'en..
tend
Jt>ue des gens que l'excès de vos bon-
»
u\,surprend,
J>)uisedifint,per/onne en vain ne
les implore,
Par tout il fait de cœurs une riche
moiffini
Et quoy qui'lserve bien, on ne voie
point encore
De malheureux de sa sason?
Que cet eloge eftgrAnd,Seigneur!
touteId gloire
^uau milieu desfangUns combats
Donne une célébré vtâoire,
A beaucoup prés ne le vaut pas.
D'un siprécieux caraUete
OnA vu 14 nAture Avare en tous les
temps, --
Et mesme dans le cour* des emplois
éclatans,
Un si beau naturel m se confervt
guere.
Cependant>
moy qu'onneverra>
Ny juger brusquement d'une chose
j
future,
Ny mettre volontiers mon bien a Cavanturea 1
Je gageraj ce qu'on voudtd,
.%me lors que de LOVIS
toutepure
Vous placera,Seigneur, augré de mes
Jauhaits»
L'abondance de ftsbitllfAils,
Vontleparfait mérité efi toujours
la mesure,
-
En vous ne corromprajamais
Ce qita mis de bon la nature 7
£t it x*Ç#eray ma rareure>
Eu*attendant cet heureux jour,
Ou par une conduite habile, jujle à"
fige)
Vous ramenerez ce bel âge
tûu le monde naissant, du bien & de
l'amour
--
Fdifoit un innocent usage,
D,nlltZ ordre) Seigneur
>
qu'on ne
me diseplus
,
- Ce qu'en saceouturnea me dire]]
Souffrez, que faille enfin dans v
momensperdus j
pf/Ajflr vojîre ejprit de tout Vennui
qu'attire I
Unpénible travail&desfoins a[j'h
dus•,
-
àmsyfeule«
Je nemenfiemypointàmoy filllt'
drjepense-i
Jguavec ,~_ 4vec moyOJ jeJt vous meneray llJelleYIIJ
Desgens de vostre conuoiJJajtie, si
Horace, Virgile, Terences
Et peut-efîre avec eux je vous antH*
efray.
pour vous engager à lire l'Ouvrage qui fuit, sur quelle ma*
tiercil aesté fait.vousdiray feulement qu'il eftdcrillustre Madame desHoulierer.,
-- "'ï-"- - Pourriezvousaprès cela .,. n'a-
voir pas d'cmprcflémeotpouf
cccte lecture?
-
AMOSIEUR
LIL EÉr rE-LXJLXIE& -- -,
it
1DEs0uI.
JEnefçaurois m'enempêcher*
Il faut, Seigneur, que jevoùs
gronde.
Jevous cherche avec foin maisfty
beau vùus chercher
, Je
ne jçaaroistous approcher3
j9~<? lors que r»ftre porte ouverte 4
toutlf monde
'Uemrjle avec les gens qu'on Aime
*
dépefeber. ,
Quelque réflexion profonde
Quefajfe là.*de(fus mon ejprit alarme,
Je ne devine point sur qitoycela fc
fonde,
Mtjeriay pas accoutumé
Que dans lafoule onmeconfonde.
Si vous p:JuvleZ ffavoir les affligeansdifeours
..f<!!e me tient en secret le plus insurmontable,
Le plus dangereux de; amourst
Vousferk^moins impraticable.
Vous esses etonm
,
Seigieur,
Mais cjuevoflre cfpritse rassure,
Jcriafpire pointaChonneur
D'aucune galante évanture.
L'amour dont je vous parle à luy~
mefmç efl borné»
Ilsaisi d'un peu d'encens toute si
nourriture.
La raison
,
laJagejp>e* vain font
condamné,
Avec nous cet amour tjl néy
Autant quenouscetamourdure.
C'eftun foible, il ejîvray
,
maistout examiné, -
C'ejf un foible qxe la Nature
Aux plusgrands hommes a
donné,
Terfonne nîejtassiz, PIlCtrt
pour avouer, comme je fais,
Tout ce que faitfoujfrirïamourprù*
pre en colere.
L'un dit, jenen aypoint> l'autre,je
nen ay gutre.
Si detelsdifeours ejfoient vrais,
Les Dames craindroient moins qu'oit
les vist négligées,
De n'avoir plUdorm)ftroiint moinÀ
aflfigées,
Ztn'emprunteraient jointdAt- traits.
Les Amans, les Guerriers ne vontproientjoint la tejîe
De leurbonnefortune,&de tous leurs
hautsfaits.
MtjfitNrs les beaux espritsseferoient
moins de frjleJ
Et quand,ce qu'ilsfont eflmauvais,
Ilsfouffriroientdu moinsenfaix
^u'onfftde leur ouvrage une critique honneste.
Mais que fais-je,& pourquoy dans
ma Lettre entasser
Bagatellesur bagatelle?
Seigneur, en la lisant vous font)en
Uspatfet,
Revenons à noflre querelle.
Comme vojtre bonté jointe a
voftrc
pouvoir
J beaucoupdimportunstous leslu"
vous expoJet
feut-efire crojc^vous queje ne veux,
vous voir,
jguc pour demanderquelquechofe*
En ce cas, ctjlbienfat d'avoirfit
porte close.
Dans un temps de befiins ri d'/1M.
haras tiffk>
Demandeur» quel quilJoitt dottefire
malreceu.
Mais, SeigllCM", un Portier, doit-il
efire barbare,
j^uand on vient pourremercier,
Et d'uncompliment aussi rare,
Doit-on fipeu.sisoucier ?
Ne dtmt'On pas a mentendre
Jgue le malheur du tempsfixe vojbç
bonté» 1
J$*t fourles mmx dautruy vous
devenez moins tendre,
Et tfuun remsrciment'doitfarsa rareté
Agnablementvous furprevdre?
Ah !Ji comme chacun ade difftrens
goufts,
Les rarctex*pouvaientvousflaire,
Ilfaudroitfourvousfattsfaire,
Vous faire voirdesgens qllisi flaU
gnent de vous.
Maisoù les rencontrer, quand chacun
vus honore,
J>)uand de tous cofiez, on n'en..
tend
Jt>ue des gens que l'excès de vos bon-
»
u\,surprend,
J>)uisedifint,per/onne en vain ne
les implore,
Par tout il fait de cœurs une riche
moiffini
Et quoy qui'lserve bien, on ne voie
point encore
De malheureux de sa sason?
Que cet eloge eftgrAnd,Seigneur!
touteId gloire
^uau milieu desfangUns combats
Donne une célébré vtâoire,
A beaucoup prés ne le vaut pas.
D'un siprécieux caraUete
OnA vu 14 nAture Avare en tous les
temps, --
Et mesme dans le cour* des emplois
éclatans,
Un si beau naturel m se confervt
guere.
Cependant>
moy qu'onneverra>
Ny juger brusquement d'une chose
j
future,
Ny mettre volontiers mon bien a Cavanturea 1
Je gageraj ce qu'on voudtd,
.%me lors que de LOVIS
toutepure
Vous placera,Seigneur, augré de mes
Jauhaits»
L'abondance de ftsbitllfAils,
Vontleparfait mérité efi toujours
la mesure,
-
En vous ne corromprajamais
Ce qita mis de bon la nature 7
£t it x*Ç#eray ma rareure>
Eu*attendant cet heureux jour,
Ou par une conduite habile, jujle à"
fige)
Vous ramenerez ce bel âge
tûu le monde naissant, du bien & de
l'amour
--
Fdifoit un innocent usage,
D,nlltZ ordre) Seigneur
>
qu'on ne
me diseplus
,
- Ce qu'en saceouturnea me dire]]
Souffrez, que faille enfin dans v
momensperdus j
pf/Ajflr vojîre ejprit de tout Vennui
qu'attire I
Unpénible travail&desfoins a[j'h
dus•,
-
àmsyfeule«
Je nemenfiemypointàmoy filllt'
drjepense-i
Jguavec ,~_ 4vec moyOJ jeJt vous meneray llJelleYIIJ
Desgens de vostre conuoiJJajtie, si
Horace, Virgile, Terences
Et peut-efîre avec eux je vous antH*
efray.
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Résumé : A MONSIEUR LE PELLETIER DE SOUZI.
L'auteur d'une lettre exprime son désir de rencontrer un seigneur à qui elle est adressée. Il mentionne que son ouvrage est dédié à Madame des Houlières. Il reconnaît la difficulté de se rapprocher du seigneur, malgré l'ouverture de sa porte à tous. L'auteur parle d'un amour secret et insurmontable, partagé par tous les hommes, décrit comme un faible naturel présent même chez les plus grands. L'auteur s'étonne de la fermeture de la porte du seigneur, malgré sa bonté et son pouvoir. Il se plaint de la rudesse du portier et de l'indifférence générale face aux malheurs des autres. Il loue les qualités du seigneur, soulignant que sa bonté et son mérite sont reconnus par tous. Il espère que, lorsque le seigneur sera placé par le roi Louis, il conservera ses qualités naturelles. Enfin, l'auteur demande au seigneur de lui accorder un moment pour discuter, malgré les occupations du seigneur. Il promet de lui faire découvrir des auteurs classiques comme Horace, Virgile et Térence, et de l'accompagner dans ses pensées et ses travaux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 36-41
REFLEXIONS CHRÉTIENNES.
Début :
Vous vous souvenez Madame que Mademelle des Houlieres / Au milieu des ennuis, au milieu des alarmes, [...]
Mots clefs :
Prix de poésie, Académie française, Calme, Seigneur, Adversité, Désespoir
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REFLEXIONS CHRÉTIENNES.
Vous vous fouvcncz, Mada-
-tnc)que Mademclle des Houlicrcs, Fille de l'Illuftrc Madame
dcs Houlicres dont vous avez
vu tant de beaux Ouvrages,
remporta le Prix de Pocfie il y
a
quelques années, par le jugement de i'Academie Françoifc. La beauté de cette Piecc
vous a
saic Souvent souhaiter
d'en voir d'autres de sa fçon.,
& c'est ce qui m'oblige aujourdthuyà vous envoyer celle que vous allez lire. La perte
quelle a
faite depuis quelques
mois par la mort de Mion
Pcre, & la patience dont elle
à besoin dans une santé fort
chancelante,luyont inspiré
les sentimens qui font la matiere de ses Vers.
REFLEXIONS
CHRETIENNES.
AV milieu des ennuir, au milieu
des atarmtst
Où de nouveaux malheurs me plongent tous les jours,
Quelle puissante main pAr d'inviftbles charmes
Des pleursqueje répans vientfujl
pendre le cours ?
Qufuis-je? & dans mon coeur quel
calme vient de naijlre
jgjti
me rappelleenfin alatranquillité?
Helas!cesstoy-.Seigneur* dont l'extrême bonté
M'arfache au dififpoir quifait te méconnoifire
Dans Cexcèsdel'adversité.
Daigneachever cegrandOuvrage,
Ou,sijedois toujours foufrit,
Fais que de mon salut mes peines
soient le gage ;
Ne m'accablede maux que pour te les
offrIr.
Affermissi bien mon courage,
.!!<..u'au milieudespérils
»
qu'auplus
fort de l'orâge,
Jeconftrvelapaix queje viens d'acquérir.
L4 raisson qui de thomme efl le plus
beau partage,
Etdont ilse paretoujours> --
Efi quelquefois cheZ leplssfage
)ans les vives douleurs d'un difficile
Nflge,
Si tu ne viensasonsecours.
établis dans mon ame une vertu confiantei
ïpatgne-moy, Seigneur, Usdouloureux umords
Que me donnentsouvent les coupables transports
D'une douleur impatiente.x
hfuisfiible, & je sens que je ne
puissans loy
Soutenir toutlepoids du malheurqui
maccable.
Tout ce quil a
d'affreux, de plut
insupportable,
Se preftnte sans cejft a moj.
Sans ceffe le coeur plein d'une daintt
mortelle,
Le CŒHr déjàpercé des plus funejles
coups) le
croy te voir Arme aunrigoureux
courouxi
Et quoy qu'à,tes ordrts/idelle,
Je croytoujours me voir traiter en
criminelle.
Eh!qui ne le croiroit?Par de nouveaux malheurs
La fortune & la mort à me nuire
obfiinées,
Ontsur moysansrelâcheexercéleurs
fureursy
Btjc n'ay pu trouver au milieu des
douceurs
J>)uoffrent les plus belles années,
Le lotjîr d'effiyer mespleurs.
'rifles réflexions qui revener. fins
ce-jji,
':tfut-it qui vu lurrttirs mon cccut
foit immoléi
:/oigncz
- vous de woy> dévorante
ttijlefe,
:,ijflt;moJ le refis que le Seigneur
me laisse,
Etcejjez,d'accabler mon writ défilé.
Mais quoy, vous redoublentJefins
que je friffinne.
Quel abtmede maux a mesyeux si
fait voir?
Àh!fl tagrâce niabandonne,
jefuis
encor, Seigneur, en proye au
desespoir.
-tnc)que Mademclle des Houlicrcs, Fille de l'Illuftrc Madame
dcs Houlicres dont vous avez
vu tant de beaux Ouvrages,
remporta le Prix de Pocfie il y
a
quelques années, par le jugement de i'Academie Françoifc. La beauté de cette Piecc
vous a
saic Souvent souhaiter
d'en voir d'autres de sa fçon.,
& c'est ce qui m'oblige aujourdthuyà vous envoyer celle que vous allez lire. La perte
quelle a
faite depuis quelques
mois par la mort de Mion
Pcre, & la patience dont elle
à besoin dans une santé fort
chancelante,luyont inspiré
les sentimens qui font la matiere de ses Vers.
REFLEXIONS
CHRETIENNES.
AV milieu des ennuir, au milieu
des atarmtst
Où de nouveaux malheurs me plongent tous les jours,
Quelle puissante main pAr d'inviftbles charmes
Des pleursqueje répans vientfujl
pendre le cours ?
Qufuis-je? & dans mon coeur quel
calme vient de naijlre
jgjti
me rappelleenfin alatranquillité?
Helas!cesstoy-.Seigneur* dont l'extrême bonté
M'arfache au dififpoir quifait te méconnoifire
Dans Cexcèsdel'adversité.
Daigneachever cegrandOuvrage,
Ou,sijedois toujours foufrit,
Fais que de mon salut mes peines
soient le gage ;
Ne m'accablede maux que pour te les
offrIr.
Affermissi bien mon courage,
.!!<..u'au milieudespérils
»
qu'auplus
fort de l'orâge,
Jeconftrvelapaix queje viens d'acquérir.
L4 raisson qui de thomme efl le plus
beau partage,
Etdont ilse paretoujours> --
Efi quelquefois cheZ leplssfage
)ans les vives douleurs d'un difficile
Nflge,
Si tu ne viensasonsecours.
établis dans mon ame une vertu confiantei
ïpatgne-moy, Seigneur, Usdouloureux umords
Que me donnentsouvent les coupables transports
D'une douleur impatiente.x
hfuisfiible, & je sens que je ne
puissans loy
Soutenir toutlepoids du malheurqui
maccable.
Tout ce quil a
d'affreux, de plut
insupportable,
Se preftnte sans cejft a moj.
Sans ceffe le coeur plein d'une daintt
mortelle,
Le CŒHr déjàpercé des plus funejles
coups) le
croy te voir Arme aunrigoureux
courouxi
Et quoy qu'à,tes ordrts/idelle,
Je croytoujours me voir traiter en
criminelle.
Eh!qui ne le croiroit?Par de nouveaux malheurs
La fortune & la mort à me nuire
obfiinées,
Ontsur moysansrelâcheexercéleurs
fureursy
Btjc n'ay pu trouver au milieu des
douceurs
J>)uoffrent les plus belles années,
Le lotjîr d'effiyer mespleurs.
'rifles réflexions qui revener. fins
ce-jji,
':tfut-it qui vu lurrttirs mon cccut
foit immoléi
:/oigncz
- vous de woy> dévorante
ttijlefe,
:,ijflt;moJ le refis que le Seigneur
me laisse,
Etcejjez,d'accabler mon writ défilé.
Mais quoy, vous redoublentJefins
que je friffinne.
Quel abtmede maux a mesyeux si
fait voir?
Àh!fl tagrâce niabandonne,
jefuis
encor, Seigneur, en proye au
desespoir.
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Résumé : REFLEXIONS CHRÉTIENNES.
Le texte relate une correspondance concernant Mademoiselle des Houlières, lauréate du Prix de Poésie. L'auteur admire ses œuvres et lui envoie une nouvelle pièce, inspirée par la perte récente de son père et sa santé fragile. Mademoiselle des Houlières exprime ses souffrances et ses questionnements face à l'adversité. Elle se demande quelle puissance peut apaiser ses pleurs et lui apporter la tranquillité. Elle reconnaît la bonté de Dieu et le supplie de l'aider à supporter ses peines, espérant qu'elles soient un gage de son salut. Elle aspire à la paix malgré les périls et les douleurs. Elle réfléchit sur la raison, le plus beau partage de l'homme, mais reconnaît qu'elle est parfois insuffisante face aux douleurs. Elle demande à Dieu une vertu confiante et de la soulager des douleurs intenses et des transports impatients. Elle se sent accablée par des malheurs incessants et croit voir Dieu armé de colère, malgré ses efforts pour suivre ses ordres. Elle exprime son désespoir face à la persistance des malheurs et à l'absence de douceur dans sa vie, malgré les belles années. Elle se sent immolée et dévorée par une douleur ardente, mais espère que le Seigneur ne l'abandonnera pas.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 117-159
Second Article des morts, [titre d'après la table]
Début :
Je vous manday le mois passé la mort de Mr Fléchier Evêque [...]
Mots clefs :
Morts, Seigneur, Fille, Comte, Lyon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Second Article des morts, [titre d'après la table]
Je vous mandayle mois paffe
la mort de Mr Fléchier Evêque
de Nifmes ,
feulement pour
vous l'annoncer & vous mar
quer que je vous en parlerois
>
118 MERCURE
plus amplement. Je tiens ma
parole ; mais je ne vous en
apprendray rien qui ne fort
beaucoup au - deffous de ce
qu'on pourroit dire d'un Prelat fi generalement eftimé.
Vous fçavez que l'efprit de
Mr Fléchier a brillé de fi bonne heure par des ouvrages de
toutes les fortes de caracteres
qui font diftinguer l'esprit des
hommes , que Mrs de l'Academie Françoife curent à peine
connu l'étendue de fon vafte
genic , & remarqué la pureté
de la Langue qui fe trouvoit
dans tous les ouvragés ?, qu'il
GALANT 119
fut choisi pour eftre un des.
Membres de ce fçavant Corps;
il n'eftoit pas encore élevé à
l'Epifcopat. Quand il s'eſt agi
de parler en Orateur , jamais
perfonne n'a porté plus loin
que luy l'Art Oratoire , & lors
qu'il s'eft agi de Vers , ceux
qu'il a faits ont toûjours paru
juftes & de fi bon gouft qu'
ils ont efté generalement eftimez. Auffia- t- il toûjours paffé
pour un homme univerfel. On
a toûjours remarqué dans fa
Profe , unparfait caractere d'éloquence , & formé fur les
meilleurs modeles des anciens
120 MERCURE
Romains quand il a parlé leur
Langue , & la même choſe a
paru lorfqu'il a parlé la noſtre.
Il a fait des Odes , & des Poëmes qui ont fait beaucoup
d'honneur à la France , & en
cela , il a imité les grands Prelats des premiers ficcles de l'Eglife , qui fregardoient cette
maniere d'écrire en Vers ,
des fujets utiles ou chretiens ,
& entr'autres Saint Paulin
Saint Profper , & Saint Gregoire de Nazianze , non comme un vain amuſement ; mais
comme une fainte & loüable
occupation , &ces grands Evêfur
ques
GALANT 12T
laiffoient
ques des premiers temps ne
pas d'eftre fort bons
Orateurs , quoy qu'ils fuffent
fort bons Poëtes ; plufieurs de
ces Prelats, ont comme Mr l'Evêque de Nifmes, compofé des
Hiftoires , des Oraiſons funebres & des Sermons qu'ils ont
laiffez àla pofterité. Il a fait l'hiftoire du Cardinal Commendon , qui eft écrite avec une
grande pureté de langage; celle
de l'Empereur Theodofe qu'il
a faite par ordre du Roy pour
l'inftruction de Monfeigneur
le Dauphin, & la Vie du Cardinal Ximenés que les EfpaMars 1710. Ꮮ
122 MERCURE
gnols ont Traduite en leur
Langue. Tous ces Ouvrages
font des temoignages authen
tiques & éternels de fa grande
habileté dans l'Art de bien
écrire & de bien parler ; mais
fes Oraifons funebres l'ont
immortalifé en immortalifant
ceux pour qui elles ont efté
faites. La Morale de JefusChriſt , y regne par tout ; ainfi
au lieu que la plupart des
Oraifons funebres n'ont fou .
vent cfté que des Eloges de
ceux pour qui elles ont efté
compofées, les fiennes ont toujours confondu la vanité du
GALANT 123
fiecle & fait triompher en mêmetemps l'humilité chreſtienne, & elles ont toûjours eſté
des Chef d'œuvres d'une Eloquence qui a toujours tout rapporté à Dieu , & qui n'a rien
eu de profane. Comme on n'a
pû les entendre fans tranſport,
on ne peut les lire fans en eftre
touché. Ainfi elles n'édifient
pas moins qu'elles furprennent , & ceux qui aiment les
vertus chreftiennes ,font charmezde les voir triompher dans
des Difcours où l'on n'a fouvent vû regner que les vertus
civiles & morales , politiques
ou guerrieres.
124 MERCURE
Quant à fes Sermons , foit
qu'il y ait fait des Eloges des
Saints , foit qu'il y ait inſtruit
familierement les peuples , ou
qu'il y ait parlé d'une maniere
plus relevée aux Teftes couronnées , onen a toujours efté
également charmé. On les a
toûjours admirez quand même on les a vûs dépoüillez de
l'action qui les animoit fi noblement. Comme il eftoit extrêmement verfé dans l'Ecriture , &inftruit à fond dans la
connoiffance des Peres , on n'y
trouvoit point de ces idées
communes &vagues qui n'ont
GALANT 125.
rien que de general , qui ne
tombent fur perfonne en particulier , & que perfonne ne
s'applique , ny de ces détails
dangereux qui fervent plutoft
àapprendre les intrigues du peché qu'à convertir le pecheur.
Mais ony voit des Dogmes qui
n'inftruifent que pour éclairer
& pour confondre ; une Morale qui ne plaift que pour toucher , & par tout dequoy raffafier les ames d'une agreable &
folide nourriture. Ony voit une
Morale qui n'eft ny lâche ny
fevere; des portraits des mœurs
de ce fiecle peints au naturel, &
Liij
126 MERCURE
formez fur la parfaite connoif.
fance qu'il avoit du cœur humain , & fur l'ufage du grand
monde.
Tous fes travaux extraordinaires , & tout le temps qu'il a
donné à l'étude du Cabinet ,
ne luy ont jamais empêché un
moment de fe confacrer au
bien de fon Diocefe. Il écoutoit tout le monde avec bonté ; il foûtenoit les interefts des
Pauvres avec žele , & fon exactitude eftoit grande à remplir
toutes les fonctions de la Prelature. Les dernieres qu'il a
faites ont efté non-feulement
GALANT 127
le charme de tout fon Diocefe;
mais auffi de toute l'Europe.
Ce font les deux Lettres Pattorales qu'il a faites pendant le
fort de la calamité publique.
Elles furent trouvées li rem
plies d'onction , &fi confolantes que les plus malheureux
aprés les avoir vûës, fouffroient
avec patience , & ſe faifoient
un plaifir de leur malheur. Jamais ouvrage n'a plus touché
les cœurs , & quoy que l'Evê.
que parlaft , il fembloit que
F'on n'entendoit parler que l'Ecriture. Ces Lettres ont elté
imprimées dans toutes les ProLiiij
128 MERCURE
vinces du Royaume , & il et
peu de Peres de familles qui ne
les confervent.
La mort a auffi enlevé M de
Longueval , fœur de MⓇ de la
Ferté Senecterre. Elle fut nommée Prieure de Noftre Dame
de Bon- fecours , Ordre de S.
Benoit au mois de Janvier
1705. par Monfieur l'Archevêque de Paris. Sa douceur &
fon exactitude à obferver toutes les Regles de fon Ordre la
font extrêmement regretter
de ſes Religieufes , & elles font
penetrées de la douleur
mort leur a caufée.
que fa
GALANT 129
e
Dame N..... Alleman de
Montmartin , veuve de Mre
N.... de Cinfrans de Vauferre , eft morte dans les Terres.
Elle eftoit fœur de Mr l'Evêque de Grenoble , & fille de
Gafpard 4 du nom , Seigneur
de Montmartin, Gafpard Alleman-Montmartin fon grand
pere époufa Jeanne de Loras ,
fille d'Abel de Loras , Chevalier de l'Ordre du Roy, & de
Marguerite du Pré. Il eftoit
frere de Madeleine Alleman
mariée à Claude du Fenoil ,
d'une Maiſon tres ancienne du
"
Lyonnois. Mr de Champier ,
130 MERCUR E
( Claude Alleman ) oncle de la
Dame qui vient de mourir , a
laiffé des enfans , fçavoir , Mr
le Marquis de Champier, Mr
l'Abbé de Champier Chanoine & grand Vicaire de Grenoble & feuë MⓇ la Marquife de
Belmont. Gafpard Alleman ,
fecond fils de Falque Alleman
Seigneur de la Roche Chenard
& de Françoiſe de Saint Pricft
forma la branche de Montmartin en 1556. Antoine Alleman fut Evêque de Cahors
dans le quinziéme fiecle ; Antoine fon frere en fut Archidiacre , & Charles Chanoine
GALANT IZE
de Gap & non Evêque , commel'ont cru quelques Auteurs..
Boniface Alleman fut Comte
de Lyon dans le quinzième fieclc. Laurent Alleman fur Evê
que de Grenoble fur la fin du
même fiecle. Il eut une fœur
mariée dans la Maifon du Terrail ; d'où vint Pierre troifiéme:
du nom , Seigneur du Terrail ,
dit le Chevalier Bayard , & fils
d'Aymon du Terrail. La Maifon des Alleman a formé jufqu'à vingt branches differentes , & c'eft une de ces branches qui a donné un celebre
Evêque à l'Eglife de Cahors..
132 MERCURE
Guichenon la fait defcendre
d'un Raoul Alleman , Prince
de Foucigny , qui vivoit en
1125. d'autres la font defcendre d'un Allemandus de Vrifiaco. M de Vauferre laiffe des
enfans. Il y en a un Chanoine
de S. Mauris de Vienne , &un
beau-frere qui en eſt Chantre.
Ils ont fuccedé l'un & l'autre
à Mr l'Evêque de Grenoble.
La Maiſon de feu M' de Vauferre, beau-frere de M' l'Evêque de Grenoble , eft tres- ancienne. Sufanne de Beaumont
de la Maifon du fameux Baron
des Adrets, eftant veuve du Ba-
GALANT 133
ron de Tarnavas de Piémont ,
époufa Cefar de Vauferre
dont les enfans prirent la qualité de Barons des Adrets ; & le
diftinguerent longtemps dans
la Profeffion des Armes.
Mc la Comteffe de Vauferre
qui vient de mourir avoit eſté
une des plus belles perfonnes
de fon temps ; elle eftoit fœur
de M' le Comte de Montmartin Lieutenant de Royde Dauphiné au département de Vienne; qui a épousé une fille de
Mrle Marquis de Puyfieux , &
qui avoit épousé en premieres
nôces Mlle de Seve , niece de
134 MERCURE
M' l'Evêque d'Arras , & fille
de feu Mr de Seve premier
Prefident du Parlement de
Mets , & Intendant de la Generalité des trois Evêchez
Mets, Toul & Verdun.
La Soeur Marie Therefe du
Saint Efprit la plus ancienne
Religieufe du Convent des
Carmelites de Lyon , y cft
morte âgée de 68. ans , & de
53. ans de Religion. Elle a
efté pendant fix ans Sou Prieure de cette Maiſon & longtemps Maitreffe des Novices ;
elle avoit le don d'Oraiſon
d'une maniere tout à fait fin-
MERCURE 135
guliere ; & elle eftoit dans une
grande réputation dans tout
fon Ordre. Elle s'eftoit fait
une fi grande habitude de la
pratique de l'humilité qu'elle
eftoit devenue comme infenfible à tout ce qui fatte les fens ;
c'eft à dire qu'elle n'écoutoit
plusla nature : on a remarqué
qu'elle a demeuré 33 .
fans fe chauffer , & elle jeûnoit
quelques jours de chaque
femaine , au pain & à l'cau.
Elle avoit perdu la vûë depuis
plufieurs années , & elle foutenoit une pareille affliction avec
une vertu & une patience qui
ans
136 MERCURE
édifioient depuis long- temps
fa Communauté. Elle renouvella quelque temps avant que
demourir ,fa Profeffion , c'eftà- dire,au bout des so ans ; dés
qu'elle eut fait cette Ceremonie , elle dit à toute la Communauté qu'elle ne tenoit plus à la
terre , qu'elle s'y regardoit comme
n'y eftantplus, & elle ne penfoit
plus qu'à l'Eternité ou tendoient tous fes defirs. Il fembloit que Dieu luyavoit donné
quelque lumiere fur letemps de
fa mott, car plus il approchoit
plus fa ferveur redoubloit
& elle ne ceffoit point de dire
GALANT 137
qu'elle touchoit à ſon terme &
que fa carriere alloit finir. Cette
Sainte Religieufe , eftoit de
Lyon , & fille de feu M' de
Chapuis , ancien Echevin de la
même Ville. Ce nom-là eft
fort confiderable à Lyon , où
il y a plufieurs Maiſons qui le
portent.
La mort dont je vais vous
parler , a cauſé un fi grand
mouvement qu'elle me donne
lieu de vous entretenir d'un
grand nombre de familles de
la plus haute diftinction , &
vous ferezfurpriſe d'apprendre
que les Comtes de Saint Jean
Mars 1710. M
138 MERCURE
de Lyon, ont vû leur Chapttre compofé de foixante &
quatorze fils de Rois.
Mre N....de Chaſteauneuf,
Chanoine de l'Eglife & Comte
de Lyon , & Chamarrier de la
même Eglife , cft mort âgé
d'environ 65. ans. Il eftoit oncle de Mr l'Evêque de Noyon,
& frere de Mr le Marquis de
Rochebonne , Commandant
dans le Lyonnois , Foréz &
Baujollois , & ci- devant Meſtre
de Camp dans le Regiment de
la Reine. Ce Comte eftoit oncle de feu Mr le Marquis de
Rochebonne , Commandant.
GALANT 139
).
le Regiment de Villeroy , &
qui fut tué à la Bataille de Malplaquet l'année derniere , &de
Mr l'Abbé de Rochebonne ,
Comte de Lyon , ci - devant
Chantre de la même Eglife , &
à prefent Chamarrier à la place de fon oncle. La dignité de
Chantre qui eft la quatrième de
l'Eglife ( celle de Chamarrier
n'eftant que la cinquième, mais
d'un plus grand revenu ) a efté
donnée à Mrle Comte de Sarron, & la place que ce mouvement a fait vacquer a eſté don
née à Mr l'Abbé de Lugny
de l'illuftre Maifon de Levy , &
Mij
140 MERCURE
petit-neveu de Mr l'Archevêque de Lyon; Mcla Marquife
de Lugny, mere du nouveau
Comte , cftant fœur de Mr le
Comte de Saint- Georges Précenteur de cette Eglife , &niece de Mr l'Archevêque. La
Maifon de Chaſteauneuf eſt
tres ancienne & tres- illuftrée ;
en voicy quelques preuves.
Agnés de Chateauneuf , fille
de Bernard de Chafteauneuf,
& d'une fille de la Maifon de
Clermont , époufa fur la fin du
quatorziéme fiecle Guigues Alleman , Seigneur d'Uriage ; on
difoit autrefois que la Maiſon
GALANT 141
des Alleman venoit des Souverains de Foucigny. Pierre de
Chafteauneuf, ayeul de celuy
qui donne lieu à cet Article ,
eftoit Chevalier de l'Ordre du
Roy, Capitaine de cinquante
hommes d'Armes , Sénéchal
du Puy & Bailly de Velay. Il
époufa Huguette d'Oin de la
Maifon de Feugeres, heritiere
univerfelle de Claude de Feugeres fonpere , &de Jacqueline de Montdor , fille de Zacha-
> rie Seigneur de Chamboſt , &
de Louiſe de la Liegue. Mr de
Chafteauneufn'eut point d'enfans de cette Dame , mais il en
142 MERCURE
fut heritier , c'eft pourquoy le
pere de celuy qui vient de mourir portoit la qualité de Marquis d'Oin , & un de fes freres
Comte de Lyon & Chantre de
la même Eglife , Comte de
Chamboft ; celuy - cy fut un
de ceux de fon temps qui
curent le plus de part en la
confiance de Mr de Villeroy
Archevefque de Lyon. Mr
de Chasteauneuf fon pere fut
pendant toute fa vie , fore
attaché à Mr d'Alincourt pere
de ce Prelat. Ifabeau de Talaru petite- niece du Cardinal de
ce nom , Archevêque de Lyon,
GALANT 143
époufa dans le quinziéme fieele Antoine de Chafteauneuf,
Seigneur de Ligniec en Foréz.
Elle eftoit fœur de Guillaume
de Talaru , Chanoine &Chantre & enfuite Archidiacre de
Lyon , & fille d'Antoine de
Talaru & d'Alix d'Albon
de la Maifon du Maréchal
de Saint André , & elle eftoit
niece d'Amé de Talaru Chanoine & enfuite Archevêque
aprés fon oncle le Cardinal.
Dans le quinziéme fiecle les.
Maifons de Talaru , & de
Chateauneuf, renouvellerent
leurs alliances par le Mariage
THE LAD
144 MERCURE
ге
de M Antoine de Chateauneuf Chevalier Seigneur de
Rochebonne avec Ifabelle
de Talaru
fille de Jean de
Talaru
qui forma
la branche
de Chalmazel
, & de Catherine
de la Tour d'Auvergne
, fille
d'Annet
de la Tour Seigneur
d'Oliergues
& de Beatrix
de
Chalençon
, c'est par là que
M de Rochebonne
font
alliez à M de Bouillon
& de
Polignac
; en 1521.
Claude
de Chateauneuf
Seigneur
de
Rochebonne
, époufa
Cathe
rine de Talaru
fille de Gaſpard
Seigneur
de Chalmazel
& de
Marguerite
rs
GALANT 145
Marguerite Raulin veuve de
Philibert de Grolée Baron de
Senefcey. Cette Dame eftoit
niéce du Cardinal Raulin , &
fa mere eftoit de la Maiſon de
Levi-coufan. Enfin un peu
aprés le milieu du penultiéme
fiecle Dame Anne le Long ,
fille de Pierre Seigneur de
Chenillac , & d'Anne Barton
des Vicomtes de Montbas
& veuvede François de Talaru
Seigneur de Chalmazel , qui
fut tué au Siége de la Rochelle
en 1573. épousa en ſecondes
nôces Pierre de Chafteauneuf
Mars 1710. N
146 MERCURE
re
Chevalier Seigneur de Rochebonne Capitaine de 50. hom
mes d'armes , alors veuf d'Huguette d'Oin dont j'ay parlé
& elle en cutle Marquis d'Oin ,
pere de celuy qui vient de
mourir & pere de M Jean de
Rochebonne Chevalier de
Saint Lazare en 1668. A toutes ces illuftres alliances Mude
$ Chafteauneuf , joignoit celles de Cruffol , d'Uzés , & de
Grignan , Malla Marquife de
Rochebonne d'aujourd'huy
mere de M'Evêque de
Noyon , eftant foeur de M
de Comte de Grignan Cheva-
GALANT 147
lier des Ordres du Roy , &
-fond Lieutenant General en
Provence, 210 , amma DePa
bhu M'de Comte de Sarron
3 qui aeu la dignité de Chantre
vacantepar le mouvement qu'a
caufé la mort de M de Chaf
⚫teauneufe, eft d'une naiffance
rres Aqualifiée comme vous
allez voir. André de Sarron,
Seigneur des Forges , époufa
5 dans l'année 1535. Charlotte
d'Amanzé fille den François
d'Amanzé , & de Catherine
de Semur , d'une illuftre Maifon deBourgogne. Philippine
der Sarron , fille d'Antoine
Nij
148 MERCURE
or d'Efpinay
2 & Ide
Catherine
de Sivricu époufa
Euftache
Arod , un des ayeux
de M.l'Abbé
de Saint Rob
main Ambaſſadeur
à Munſter
lots duTraité de Paix. Jean de
Sarron
Chevalier
Seigneur
des
Forges
en Beaujollois , Lieute
nant de la Compagnie
d'Or
donnance
de M le Marquis
d'Halincourt
grand
pere de
Mle Maréchal
de Villeroy
,
époufa
labeau
de Rebé fille
d'Eftienne
de Rebésin
& Ade
Françoile
de Chabeu
; &
veuve de M le Baron de Vaux.
Cette Dame
elloit niéce de
GALANT 149
fou Mr de RebéCommandeur
des Ordres du Roy , & Archos
vêque de Narbonne. Charlotte
de Sarcon épousa dans le pe
multiéme fiecle Claude de
Salemardyd'ou vint Jaqueline
de Salemard époufe de Louis
de Thelis , un des ayeux de
Ml'Abbéde Valorges ; enfin
Philippine de Sarron fille de
Guillaume de Sarron , &
d'Yolande de Gletteins époufa
Eftienne de Varennes , d'une
illuftre Maifon du Lyonnois ,
fille du Seigneur de Cendars ,
&deDauphine Arod. Mrle
Comte de Sarron, à un frere
N iij
150 MARCURE
cader à Saint Jean nommé
Mr le Comte des Forges La
dignité de Chantre attefte
poffedée par de grands hom
mes & fur tout par Amé de
Talaru Grand Canonifte &
qui eftant Député de l'Eglife
de Lyon , au Concile de Conf
tance , fut élu pendant fon
ábfence Archevêque de la
même Eglife.
Mr l'Abbé de Lugny qui
a2 eu le Comté vacant par cette mort, eſt de l'illuftre Maifon de Levi. Il eft allié à la
Maiſon d'Agoult & à celle de
Crequy à caufe de Blanche •
GALANY 351
Y
deLevi , fille de Gilbert de Le
vi & de Jacqueline Dumas, qui
époula Louis d'Agoult , Seis
gneur de Montauban fils de
Claude d'Agoult & de Louiſe
d'Agoult , fa coufine ; Marguerite de Levi , fille d'Euftache ,
Chevalier Seigneur de Quaylus , Ville-neuve , la Perriere ,
& d'Alix Dame de Coufan ,
épouſa en 1471. Guillaume
d'Albon , Seigneur de S. Forgeux , & des ayeux du Maréchal de Saint André. Louife de
Levi , fille de Jean Seigneur de
Coulan & de Loüife de Breffoles , d'une illuftre Maiſon
Niiij
152 MERURE
d'Auvergne & de Bourgogne
dont Mrs de Breffolles Previcu
font premiers Barons ,
époufa
en premieres nôces Annet de
Talaru Seigneur de Chalmazel, & en fecondes noces Guil
laume de Talaru fon coufine
Seigneur de la Grange ; du pre
mier lit elle eut unefille quien- i
tra dansla Maifon de Montaynard de Marcieux en Dauphiné.
Louife de Levi époufa Amé
de Talaru vers la fin du quint
ziéme fiecle .
Antoine de Levi
Seigneur de Vauvert , avoit
époufé Louife de Tournon ,
fille d'Odon de Tournon , Seis
GALANT 153
vyls
gneur de Beauchaftel & d'Anne de Corgenon. Odon eſtoit
grand oncle du celebre Cardinal de Tournon Archevêquer
de Lyon. Enfin Jacques de Levy Seigneur de Chafteaumorand époufa Louiſe de Tournon, Tœur du Cardinal , &petite niece d'Odon , dont je
viens deparler. Nos Rois font
Chanoines d'honneur de l'E2
glife de Lyon ; Charles VII.
le reconnut dans une Charte
accordée à cette Eglife. , ..
In illud confortium , dit- il , en
parlant de ce Chapitre, cui ratione Delphinatus & Ducatus.
154 MERCURE
Biturienfis adfcriptifumus. C'elt
donc comme Dauphins de
Viennois & Ducs de Berryque
les Rois de France ont la qua
fité de Chanoines d'honneur
de cette Eglife. Les Ducs de
Bourgogne l'eftoient detemps
immemorial , & les Dauphins
de Viennoiss eurent la même
qualité en 1228. &enfuite elle
fut accordée aux Ducsde Ber
ry. Derubis dit qu'en 1245;
ce Chapitre eftoit compofé de
74 fils de Rois.
I
DameCharlotte Madeleine
de Blaignac eft morte à Tou
loufe âgée de 40. ans, elle eftoit
GALANT 155
Alle de Mre Charles Dumont ,
Seigneur & Baron de Blaignac ,
Commiffaire & Infpecteur ge
neral de la Marine , GrandMaistre des Eaux & Forefts au
Département de Guyenne
homme d'un grand merite ; il
s'établit à Touloufe & époufa
Dame Marguerite de Voifins ,
defcendue des anciensComtes
do Touloufe ; il maria fa fille
avec Mre Jofeph de Gargas
Seigneur de Montrave & Remonville ,d'une des plus illuf
tres Maifons de Touloufe, qui
audonnénance Parlement un
tres-grand nombre de Magif
156 MERCURE
trats depuis fa creation . Elle
a cu de ce mariage deux gato
çons qui promettent tout ce
que l'on peut attendre des
perfonnes de cette naiffance.
On peut dire avec juftice que
cette Dame eftoit d'un me
rite qui fe faifoit diftinguer
entre les perfonnes de fon
fexe , & que la nature en avoit
formé un ouvrage parfait
Auffi eft elle generalement
regrettée de tous ceux qui
l'ont connue. Il ne reste plus
de cette famille que¡ Mre
Gabriel Dumont , Seigneur &
Baron de Blaignac fon frere
GALANT 159
ancien Officier de la Marine,
où il a fervi vingt- cinq ans , &
s'eft fort diftingué dans toures les occafions où il s'eft
trouvé. Il s'eft retiré depuis
quatre ans ; il a épousé AnneMarguerite de Befançon d'une des plus illuftres Maifons
de Paris , qui a donné à ce Par
lement un grand nombre de
Magiftrats depuis qu'il a efté
rendu fedentaire ; un Evêque
à fon Eglife , un Archevêque à
celle de Reims , &.aux Armées
plufieurs Lieutenans generaux,
& alliée aux meilleures Maifons du Royaume, Leur fepul-
158 MERCURE
turc eft auk Cordeliers dans la
Chapelle que fonda Hugues
de Befançon , Confeiller au
Parlement en 131420Mrsude
Bullion y ont leur fepulture à
caufe des alliances qu'ils cont
contractéesavec cette Maifon,
La famille de Mr Dumont eft
originaire de Bourgogne , où
clle eft alliée à la plus grande
partic des perfonnes du premier rang. Elle paffa il y a environ cent cinquante ans dans
de Pays du Maine , où elle prit
alliance avec la Maifon de
Beaumanoir , & avec d'autres
perfonnes de diftinction , &
#GALANT 159
elle eft à prefent fedentaire à
Toulouſe. Ceux de cette Maifon fervent de pere en fils depuis plus de 400. an
la mort de Mr Fléchier Evêque
de Nifmes ,
feulement pour
vous l'annoncer & vous mar
quer que je vous en parlerois
>
118 MERCURE
plus amplement. Je tiens ma
parole ; mais je ne vous en
apprendray rien qui ne fort
beaucoup au - deffous de ce
qu'on pourroit dire d'un Prelat fi generalement eftimé.
Vous fçavez que l'efprit de
Mr Fléchier a brillé de fi bonne heure par des ouvrages de
toutes les fortes de caracteres
qui font diftinguer l'esprit des
hommes , que Mrs de l'Academie Françoife curent à peine
connu l'étendue de fon vafte
genic , & remarqué la pureté
de la Langue qui fe trouvoit
dans tous les ouvragés ?, qu'il
GALANT 119
fut choisi pour eftre un des.
Membres de ce fçavant Corps;
il n'eftoit pas encore élevé à
l'Epifcopat. Quand il s'eſt agi
de parler en Orateur , jamais
perfonne n'a porté plus loin
que luy l'Art Oratoire , & lors
qu'il s'eft agi de Vers , ceux
qu'il a faits ont toûjours paru
juftes & de fi bon gouft qu'
ils ont efté generalement eftimez. Auffia- t- il toûjours paffé
pour un homme univerfel. On
a toûjours remarqué dans fa
Profe , unparfait caractere d'éloquence , & formé fur les
meilleurs modeles des anciens
120 MERCURE
Romains quand il a parlé leur
Langue , & la même choſe a
paru lorfqu'il a parlé la noſtre.
Il a fait des Odes , & des Poëmes qui ont fait beaucoup
d'honneur à la France , & en
cela , il a imité les grands Prelats des premiers ficcles de l'Eglife , qui fregardoient cette
maniere d'écrire en Vers ,
des fujets utiles ou chretiens ,
& entr'autres Saint Paulin
Saint Profper , & Saint Gregoire de Nazianze , non comme un vain amuſement ; mais
comme une fainte & loüable
occupation , &ces grands Evêfur
ques
GALANT 12T
laiffoient
ques des premiers temps ne
pas d'eftre fort bons
Orateurs , quoy qu'ils fuffent
fort bons Poëtes ; plufieurs de
ces Prelats, ont comme Mr l'Evêque de Nifmes, compofé des
Hiftoires , des Oraiſons funebres & des Sermons qu'ils ont
laiffez àla pofterité. Il a fait l'hiftoire du Cardinal Commendon , qui eft écrite avec une
grande pureté de langage; celle
de l'Empereur Theodofe qu'il
a faite par ordre du Roy pour
l'inftruction de Monfeigneur
le Dauphin, & la Vie du Cardinal Ximenés que les EfpaMars 1710. Ꮮ
122 MERCURE
gnols ont Traduite en leur
Langue. Tous ces Ouvrages
font des temoignages authen
tiques & éternels de fa grande
habileté dans l'Art de bien
écrire & de bien parler ; mais
fes Oraifons funebres l'ont
immortalifé en immortalifant
ceux pour qui elles ont efté
faites. La Morale de JefusChriſt , y regne par tout ; ainfi
au lieu que la plupart des
Oraifons funebres n'ont fou .
vent cfté que des Eloges de
ceux pour qui elles ont efté
compofées, les fiennes ont toujours confondu la vanité du
GALANT 123
fiecle & fait triompher en mêmetemps l'humilité chreſtienne, & elles ont toûjours eſté
des Chef d'œuvres d'une Eloquence qui a toujours tout rapporté à Dieu , & qui n'a rien
eu de profane. Comme on n'a
pû les entendre fans tranſport,
on ne peut les lire fans en eftre
touché. Ainfi elles n'édifient
pas moins qu'elles furprennent , & ceux qui aiment les
vertus chreftiennes ,font charmezde les voir triompher dans
des Difcours où l'on n'a fouvent vû regner que les vertus
civiles & morales , politiques
ou guerrieres.
124 MERCURE
Quant à fes Sermons , foit
qu'il y ait fait des Eloges des
Saints , foit qu'il y ait inſtruit
familierement les peuples , ou
qu'il y ait parlé d'une maniere
plus relevée aux Teftes couronnées , onen a toujours efté
également charmé. On les a
toûjours admirez quand même on les a vûs dépoüillez de
l'action qui les animoit fi noblement. Comme il eftoit extrêmement verfé dans l'Ecriture , &inftruit à fond dans la
connoiffance des Peres , on n'y
trouvoit point de ces idées
communes &vagues qui n'ont
GALANT 125.
rien que de general , qui ne
tombent fur perfonne en particulier , & que perfonne ne
s'applique , ny de ces détails
dangereux qui fervent plutoft
àapprendre les intrigues du peché qu'à convertir le pecheur.
Mais ony voit des Dogmes qui
n'inftruifent que pour éclairer
& pour confondre ; une Morale qui ne plaift que pour toucher , & par tout dequoy raffafier les ames d'une agreable &
folide nourriture. Ony voit une
Morale qui n'eft ny lâche ny
fevere; des portraits des mœurs
de ce fiecle peints au naturel, &
Liij
126 MERCURE
formez fur la parfaite connoif.
fance qu'il avoit du cœur humain , & fur l'ufage du grand
monde.
Tous fes travaux extraordinaires , & tout le temps qu'il a
donné à l'étude du Cabinet ,
ne luy ont jamais empêché un
moment de fe confacrer au
bien de fon Diocefe. Il écoutoit tout le monde avec bonté ; il foûtenoit les interefts des
Pauvres avec žele , & fon exactitude eftoit grande à remplir
toutes les fonctions de la Prelature. Les dernieres qu'il a
faites ont efté non-feulement
GALANT 127
le charme de tout fon Diocefe;
mais auffi de toute l'Europe.
Ce font les deux Lettres Pattorales qu'il a faites pendant le
fort de la calamité publique.
Elles furent trouvées li rem
plies d'onction , &fi confolantes que les plus malheureux
aprés les avoir vûës, fouffroient
avec patience , & ſe faifoient
un plaifir de leur malheur. Jamais ouvrage n'a plus touché
les cœurs , & quoy que l'Evê.
que parlaft , il fembloit que
F'on n'entendoit parler que l'Ecriture. Ces Lettres ont elté
imprimées dans toutes les ProLiiij
128 MERCURE
vinces du Royaume , & il et
peu de Peres de familles qui ne
les confervent.
La mort a auffi enlevé M de
Longueval , fœur de MⓇ de la
Ferté Senecterre. Elle fut nommée Prieure de Noftre Dame
de Bon- fecours , Ordre de S.
Benoit au mois de Janvier
1705. par Monfieur l'Archevêque de Paris. Sa douceur &
fon exactitude à obferver toutes les Regles de fon Ordre la
font extrêmement regretter
de ſes Religieufes , & elles font
penetrées de la douleur
mort leur a caufée.
que fa
GALANT 129
e
Dame N..... Alleman de
Montmartin , veuve de Mre
N.... de Cinfrans de Vauferre , eft morte dans les Terres.
Elle eftoit fœur de Mr l'Evêque de Grenoble , & fille de
Gafpard 4 du nom , Seigneur
de Montmartin, Gafpard Alleman-Montmartin fon grand
pere époufa Jeanne de Loras ,
fille d'Abel de Loras , Chevalier de l'Ordre du Roy, & de
Marguerite du Pré. Il eftoit
frere de Madeleine Alleman
mariée à Claude du Fenoil ,
d'une Maiſon tres ancienne du
"
Lyonnois. Mr de Champier ,
130 MERCUR E
( Claude Alleman ) oncle de la
Dame qui vient de mourir , a
laiffé des enfans , fçavoir , Mr
le Marquis de Champier, Mr
l'Abbé de Champier Chanoine & grand Vicaire de Grenoble & feuë MⓇ la Marquife de
Belmont. Gafpard Alleman ,
fecond fils de Falque Alleman
Seigneur de la Roche Chenard
& de Françoiſe de Saint Pricft
forma la branche de Montmartin en 1556. Antoine Alleman fut Evêque de Cahors
dans le quinziéme fiecle ; Antoine fon frere en fut Archidiacre , & Charles Chanoine
GALANT IZE
de Gap & non Evêque , commel'ont cru quelques Auteurs..
Boniface Alleman fut Comte
de Lyon dans le quinzième fieclc. Laurent Alleman fur Evê
que de Grenoble fur la fin du
même fiecle. Il eut une fœur
mariée dans la Maifon du Terrail ; d'où vint Pierre troifiéme:
du nom , Seigneur du Terrail ,
dit le Chevalier Bayard , & fils
d'Aymon du Terrail. La Maifon des Alleman a formé jufqu'à vingt branches differentes , & c'eft une de ces branches qui a donné un celebre
Evêque à l'Eglife de Cahors..
132 MERCURE
Guichenon la fait defcendre
d'un Raoul Alleman , Prince
de Foucigny , qui vivoit en
1125. d'autres la font defcendre d'un Allemandus de Vrifiaco. M de Vauferre laiffe des
enfans. Il y en a un Chanoine
de S. Mauris de Vienne , &un
beau-frere qui en eſt Chantre.
Ils ont fuccedé l'un & l'autre
à Mr l'Evêque de Grenoble.
La Maiſon de feu M' de Vauferre, beau-frere de M' l'Evêque de Grenoble , eft tres- ancienne. Sufanne de Beaumont
de la Maifon du fameux Baron
des Adrets, eftant veuve du Ba-
GALANT 133
ron de Tarnavas de Piémont ,
époufa Cefar de Vauferre
dont les enfans prirent la qualité de Barons des Adrets ; & le
diftinguerent longtemps dans
la Profeffion des Armes.
Mc la Comteffe de Vauferre
qui vient de mourir avoit eſté
une des plus belles perfonnes
de fon temps ; elle eftoit fœur
de M' le Comte de Montmartin Lieutenant de Royde Dauphiné au département de Vienne; qui a épousé une fille de
Mrle Marquis de Puyfieux , &
qui avoit épousé en premieres
nôces Mlle de Seve , niece de
134 MERCURE
M' l'Evêque d'Arras , & fille
de feu Mr de Seve premier
Prefident du Parlement de
Mets , & Intendant de la Generalité des trois Evêchez
Mets, Toul & Verdun.
La Soeur Marie Therefe du
Saint Efprit la plus ancienne
Religieufe du Convent des
Carmelites de Lyon , y cft
morte âgée de 68. ans , & de
53. ans de Religion. Elle a
efté pendant fix ans Sou Prieure de cette Maiſon & longtemps Maitreffe des Novices ;
elle avoit le don d'Oraiſon
d'une maniere tout à fait fin-
MERCURE 135
guliere ; & elle eftoit dans une
grande réputation dans tout
fon Ordre. Elle s'eftoit fait
une fi grande habitude de la
pratique de l'humilité qu'elle
eftoit devenue comme infenfible à tout ce qui fatte les fens ;
c'eft à dire qu'elle n'écoutoit
plusla nature : on a remarqué
qu'elle a demeuré 33 .
fans fe chauffer , & elle jeûnoit
quelques jours de chaque
femaine , au pain & à l'cau.
Elle avoit perdu la vûë depuis
plufieurs années , & elle foutenoit une pareille affliction avec
une vertu & une patience qui
ans
136 MERCURE
édifioient depuis long- temps
fa Communauté. Elle renouvella quelque temps avant que
demourir ,fa Profeffion , c'eftà- dire,au bout des so ans ; dés
qu'elle eut fait cette Ceremonie , elle dit à toute la Communauté qu'elle ne tenoit plus à la
terre , qu'elle s'y regardoit comme
n'y eftantplus, & elle ne penfoit
plus qu'à l'Eternité ou tendoient tous fes defirs. Il fembloit que Dieu luyavoit donné
quelque lumiere fur letemps de
fa mott, car plus il approchoit
plus fa ferveur redoubloit
& elle ne ceffoit point de dire
GALANT 137
qu'elle touchoit à ſon terme &
que fa carriere alloit finir. Cette
Sainte Religieufe , eftoit de
Lyon , & fille de feu M' de
Chapuis , ancien Echevin de la
même Ville. Ce nom-là eft
fort confiderable à Lyon , où
il y a plufieurs Maiſons qui le
portent.
La mort dont je vais vous
parler , a cauſé un fi grand
mouvement qu'elle me donne
lieu de vous entretenir d'un
grand nombre de familles de
la plus haute diftinction , &
vous ferezfurpriſe d'apprendre
que les Comtes de Saint Jean
Mars 1710. M
138 MERCURE
de Lyon, ont vû leur Chapttre compofé de foixante &
quatorze fils de Rois.
Mre N....de Chaſteauneuf,
Chanoine de l'Eglife & Comte
de Lyon , & Chamarrier de la
même Eglife , cft mort âgé
d'environ 65. ans. Il eftoit oncle de Mr l'Evêque de Noyon,
& frere de Mr le Marquis de
Rochebonne , Commandant
dans le Lyonnois , Foréz &
Baujollois , & ci- devant Meſtre
de Camp dans le Regiment de
la Reine. Ce Comte eftoit oncle de feu Mr le Marquis de
Rochebonne , Commandant.
GALANT 139
).
le Regiment de Villeroy , &
qui fut tué à la Bataille de Malplaquet l'année derniere , &de
Mr l'Abbé de Rochebonne ,
Comte de Lyon , ci - devant
Chantre de la même Eglife , &
à prefent Chamarrier à la place de fon oncle. La dignité de
Chantre qui eft la quatrième de
l'Eglife ( celle de Chamarrier
n'eftant que la cinquième, mais
d'un plus grand revenu ) a efté
donnée à Mrle Comte de Sarron, & la place que ce mouvement a fait vacquer a eſté don
née à Mr l'Abbé de Lugny
de l'illuftre Maifon de Levy , &
Mij
140 MERCURE
petit-neveu de Mr l'Archevêque de Lyon; Mcla Marquife
de Lugny, mere du nouveau
Comte , cftant fœur de Mr le
Comte de Saint- Georges Précenteur de cette Eglife , &niece de Mr l'Archevêque. La
Maifon de Chaſteauneuf eſt
tres ancienne & tres- illuftrée ;
en voicy quelques preuves.
Agnés de Chateauneuf , fille
de Bernard de Chafteauneuf,
& d'une fille de la Maifon de
Clermont , époufa fur la fin du
quatorziéme fiecle Guigues Alleman , Seigneur d'Uriage ; on
difoit autrefois que la Maiſon
GALANT 141
des Alleman venoit des Souverains de Foucigny. Pierre de
Chafteauneuf, ayeul de celuy
qui donne lieu à cet Article ,
eftoit Chevalier de l'Ordre du
Roy, Capitaine de cinquante
hommes d'Armes , Sénéchal
du Puy & Bailly de Velay. Il
époufa Huguette d'Oin de la
Maifon de Feugeres, heritiere
univerfelle de Claude de Feugeres fonpere , &de Jacqueline de Montdor , fille de Zacha-
> rie Seigneur de Chamboſt , &
de Louiſe de la Liegue. Mr de
Chafteauneufn'eut point d'enfans de cette Dame , mais il en
142 MERCURE
fut heritier , c'eft pourquoy le
pere de celuy qui vient de mourir portoit la qualité de Marquis d'Oin , & un de fes freres
Comte de Lyon & Chantre de
la même Eglife , Comte de
Chamboft ; celuy - cy fut un
de ceux de fon temps qui
curent le plus de part en la
confiance de Mr de Villeroy
Archevefque de Lyon. Mr
de Chasteauneuf fon pere fut
pendant toute fa vie , fore
attaché à Mr d'Alincourt pere
de ce Prelat. Ifabeau de Talaru petite- niece du Cardinal de
ce nom , Archevêque de Lyon,
GALANT 143
époufa dans le quinziéme fieele Antoine de Chafteauneuf,
Seigneur de Ligniec en Foréz.
Elle eftoit fœur de Guillaume
de Talaru , Chanoine &Chantre & enfuite Archidiacre de
Lyon , & fille d'Antoine de
Talaru & d'Alix d'Albon
de la Maifon du Maréchal
de Saint André , & elle eftoit
niece d'Amé de Talaru Chanoine & enfuite Archevêque
aprés fon oncle le Cardinal.
Dans le quinziéme fiecle les.
Maifons de Talaru , & de
Chateauneuf, renouvellerent
leurs alliances par le Mariage
THE LAD
144 MERCURE
ге
de M Antoine de Chateauneuf Chevalier Seigneur de
Rochebonne avec Ifabelle
de Talaru
fille de Jean de
Talaru
qui forma
la branche
de Chalmazel
, & de Catherine
de la Tour d'Auvergne
, fille
d'Annet
de la Tour Seigneur
d'Oliergues
& de Beatrix
de
Chalençon
, c'est par là que
M de Rochebonne
font
alliez à M de Bouillon
& de
Polignac
; en 1521.
Claude
de Chateauneuf
Seigneur
de
Rochebonne
, époufa
Cathe
rine de Talaru
fille de Gaſpard
Seigneur
de Chalmazel
& de
Marguerite
rs
GALANT 145
Marguerite Raulin veuve de
Philibert de Grolée Baron de
Senefcey. Cette Dame eftoit
niéce du Cardinal Raulin , &
fa mere eftoit de la Maiſon de
Levi-coufan. Enfin un peu
aprés le milieu du penultiéme
fiecle Dame Anne le Long ,
fille de Pierre Seigneur de
Chenillac , & d'Anne Barton
des Vicomtes de Montbas
& veuvede François de Talaru
Seigneur de Chalmazel , qui
fut tué au Siége de la Rochelle
en 1573. épousa en ſecondes
nôces Pierre de Chafteauneuf
Mars 1710. N
146 MERCURE
re
Chevalier Seigneur de Rochebonne Capitaine de 50. hom
mes d'armes , alors veuf d'Huguette d'Oin dont j'ay parlé
& elle en cutle Marquis d'Oin ,
pere de celuy qui vient de
mourir & pere de M Jean de
Rochebonne Chevalier de
Saint Lazare en 1668. A toutes ces illuftres alliances Mude
$ Chafteauneuf , joignoit celles de Cruffol , d'Uzés , & de
Grignan , Malla Marquife de
Rochebonne d'aujourd'huy
mere de M'Evêque de
Noyon , eftant foeur de M
de Comte de Grignan Cheva-
GALANT 147
lier des Ordres du Roy , &
-fond Lieutenant General en
Provence, 210 , amma DePa
bhu M'de Comte de Sarron
3 qui aeu la dignité de Chantre
vacantepar le mouvement qu'a
caufé la mort de M de Chaf
⚫teauneufe, eft d'une naiffance
rres Aqualifiée comme vous
allez voir. André de Sarron,
Seigneur des Forges , époufa
5 dans l'année 1535. Charlotte
d'Amanzé fille den François
d'Amanzé , & de Catherine
de Semur , d'une illuftre Maifon deBourgogne. Philippine
der Sarron , fille d'Antoine
Nij
148 MERCURE
or d'Efpinay
2 & Ide
Catherine
de Sivricu époufa
Euftache
Arod , un des ayeux
de M.l'Abbé
de Saint Rob
main Ambaſſadeur
à Munſter
lots duTraité de Paix. Jean de
Sarron
Chevalier
Seigneur
des
Forges
en Beaujollois , Lieute
nant de la Compagnie
d'Or
donnance
de M le Marquis
d'Halincourt
grand
pere de
Mle Maréchal
de Villeroy
,
époufa
labeau
de Rebé fille
d'Eftienne
de Rebésin
& Ade
Françoile
de Chabeu
; &
veuve de M le Baron de Vaux.
Cette Dame
elloit niéce de
GALANT 149
fou Mr de RebéCommandeur
des Ordres du Roy , & Archos
vêque de Narbonne. Charlotte
de Sarcon épousa dans le pe
multiéme fiecle Claude de
Salemardyd'ou vint Jaqueline
de Salemard époufe de Louis
de Thelis , un des ayeux de
Ml'Abbéde Valorges ; enfin
Philippine de Sarron fille de
Guillaume de Sarron , &
d'Yolande de Gletteins époufa
Eftienne de Varennes , d'une
illuftre Maifon du Lyonnois ,
fille du Seigneur de Cendars ,
&deDauphine Arod. Mrle
Comte de Sarron, à un frere
N iij
150 MARCURE
cader à Saint Jean nommé
Mr le Comte des Forges La
dignité de Chantre attefte
poffedée par de grands hom
mes & fur tout par Amé de
Talaru Grand Canonifte &
qui eftant Député de l'Eglife
de Lyon , au Concile de Conf
tance , fut élu pendant fon
ábfence Archevêque de la
même Eglife.
Mr l'Abbé de Lugny qui
a2 eu le Comté vacant par cette mort, eſt de l'illuftre Maifon de Levi. Il eft allié à la
Maiſon d'Agoult & à celle de
Crequy à caufe de Blanche •
GALANY 351
Y
deLevi , fille de Gilbert de Le
vi & de Jacqueline Dumas, qui
époula Louis d'Agoult , Seis
gneur de Montauban fils de
Claude d'Agoult & de Louiſe
d'Agoult , fa coufine ; Marguerite de Levi , fille d'Euftache ,
Chevalier Seigneur de Quaylus , Ville-neuve , la Perriere ,
& d'Alix Dame de Coufan ,
épouſa en 1471. Guillaume
d'Albon , Seigneur de S. Forgeux , & des ayeux du Maréchal de Saint André. Louife de
Levi , fille de Jean Seigneur de
Coulan & de Loüife de Breffoles , d'une illuftre Maiſon
Niiij
152 MERURE
d'Auvergne & de Bourgogne
dont Mrs de Breffolles Previcu
font premiers Barons ,
époufa
en premieres nôces Annet de
Talaru Seigneur de Chalmazel, & en fecondes noces Guil
laume de Talaru fon coufine
Seigneur de la Grange ; du pre
mier lit elle eut unefille quien- i
tra dansla Maifon de Montaynard de Marcieux en Dauphiné.
Louife de Levi époufa Amé
de Talaru vers la fin du quint
ziéme fiecle .
Antoine de Levi
Seigneur de Vauvert , avoit
époufé Louife de Tournon ,
fille d'Odon de Tournon , Seis
GALANT 153
vyls
gneur de Beauchaftel & d'Anne de Corgenon. Odon eſtoit
grand oncle du celebre Cardinal de Tournon Archevêquer
de Lyon. Enfin Jacques de Levy Seigneur de Chafteaumorand époufa Louiſe de Tournon, Tœur du Cardinal , &petite niece d'Odon , dont je
viens deparler. Nos Rois font
Chanoines d'honneur de l'E2
glife de Lyon ; Charles VII.
le reconnut dans une Charte
accordée à cette Eglife. , ..
In illud confortium , dit- il , en
parlant de ce Chapitre, cui ratione Delphinatus & Ducatus.
154 MERCURE
Biturienfis adfcriptifumus. C'elt
donc comme Dauphins de
Viennois & Ducs de Berryque
les Rois de France ont la qua
fité de Chanoines d'honneur
de cette Eglife. Les Ducs de
Bourgogne l'eftoient detemps
immemorial , & les Dauphins
de Viennoiss eurent la même
qualité en 1228. &enfuite elle
fut accordée aux Ducsde Ber
ry. Derubis dit qu'en 1245;
ce Chapitre eftoit compofé de
74 fils de Rois.
I
DameCharlotte Madeleine
de Blaignac eft morte à Tou
loufe âgée de 40. ans, elle eftoit
GALANT 155
Alle de Mre Charles Dumont ,
Seigneur & Baron de Blaignac ,
Commiffaire & Infpecteur ge
neral de la Marine , GrandMaistre des Eaux & Forefts au
Département de Guyenne
homme d'un grand merite ; il
s'établit à Touloufe & époufa
Dame Marguerite de Voifins ,
defcendue des anciensComtes
do Touloufe ; il maria fa fille
avec Mre Jofeph de Gargas
Seigneur de Montrave & Remonville ,d'une des plus illuf
tres Maifons de Touloufe, qui
audonnénance Parlement un
tres-grand nombre de Magif
156 MERCURE
trats depuis fa creation . Elle
a cu de ce mariage deux gato
çons qui promettent tout ce
que l'on peut attendre des
perfonnes de cette naiffance.
On peut dire avec juftice que
cette Dame eftoit d'un me
rite qui fe faifoit diftinguer
entre les perfonnes de fon
fexe , & que la nature en avoit
formé un ouvrage parfait
Auffi eft elle generalement
regrettée de tous ceux qui
l'ont connue. Il ne reste plus
de cette famille que¡ Mre
Gabriel Dumont , Seigneur &
Baron de Blaignac fon frere
GALANT 159
ancien Officier de la Marine,
où il a fervi vingt- cinq ans , &
s'eft fort diftingué dans toures les occafions où il s'eft
trouvé. Il s'eft retiré depuis
quatre ans ; il a épousé AnneMarguerite de Befançon d'une des plus illuftres Maifons
de Paris , qui a donné à ce Par
lement un grand nombre de
Magiftrats depuis qu'il a efté
rendu fedentaire ; un Evêque
à fon Eglife , un Archevêque à
celle de Reims , &.aux Armées
plufieurs Lieutenans generaux,
& alliée aux meilleures Maifons du Royaume, Leur fepul-
158 MERCURE
turc eft auk Cordeliers dans la
Chapelle que fonda Hugues
de Befançon , Confeiller au
Parlement en 131420Mrsude
Bullion y ont leur fepulture à
caufe des alliances qu'ils cont
contractéesavec cette Maifon,
La famille de Mr Dumont eft
originaire de Bourgogne , où
clle eft alliée à la plus grande
partic des perfonnes du premier rang. Elle paffa il y a environ cent cinquante ans dans
de Pays du Maine , où elle prit
alliance avec la Maifon de
Beaumanoir , & avec d'autres
perfonnes de diftinction , &
#GALANT 159
elle eft à prefent fedentaire à
Toulouſe. Ceux de cette Maifon fervent de pere en fils depuis plus de 400. an
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Résumé : Second Article des morts, [titre d'après la table]
Le texte annonce la mort de Monsieur Fléchier, évêque de Nîmes, une nouvelle déjà communiquée au destinataire. Fléchier était reconnu pour son esprit brillant et ses œuvres littéraires variées, incluant l'oratoire et la poésie. Il fut membre de l'Académie française et auteur d'ouvrages historiques et d'oraisons funèbres très appréciés. Ses sermons étaient également célèbres pour leur éloquence et leur profondeur morale. Malgré ses nombreuses activités littéraires, Fléchier resta dévoué au bien de son diocèse, notamment durant une période de calamité publique. Le texte mentionne également le décès de Madame de Longueval, prieure de Notre-Dame de Bon-Secours, et de Madame Alleman de Montmartin, en fournissant des détails sur leurs familles et leurs titres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 177-183
Nouvelles du Nord.
Début :
Le Grand-Seigneur a ordonné à tous les Bassas de [...]
Mots clefs :
Nord, Troupes, Seigneur, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles du Nord.
Nouvelles du Nord.
Le Grand - Seigneur a
ordonné à tous les Baffas
de fon Empire la levée des
Troupes , & de les faire
178 MERCURE
avancer vers Conftantinople
, & fes forces de mer
augmentent confiderablement
. L'on affure de plus
fieurs endroits de Pologne ,
que 20000. Turcs eftoient
arrivez à Bender ; que le
Roy de Suede avoit voulu
commencer les operations
de la guerre , mais que l'on
luy avoit reprefenté que
pour porter un coup plus
eertain , il falloit attendre
le Printemps .
1
Cependant le Czar as
voit donné les ordres pour
faire marcher fes Troupes.
GALANT . 179
Heftoit à Peterbourg le 7 .
de Janvier , & il devoit en
partir inceffamment pour
fe rendre à Mofcou , afin
d'eftre plus à portée pour
fe rendre plus promptement
où fa prefence feroit
neceffaire. Il craint pour
Afaf , parce qu'il conçoit
que c'est ce qui conviendroit
le mieux au Grand-
Seigneur.
Les Polonois font bien à
plaindre, de toutes parts ils
ne voyent qu'aby(mes de
malheurs , foit qu'ils fou
siennent le party du Roy
7
No MERCURE
Augufte , foit qu'ils embraffent
celuy du Roy Staniflaş
. Le party de ce der
nier qui eftoit abattu fe releve,
& groffit tous les jours
Il fe doit tenir une Conference
à Magdebourg entre
le Roy Augufte , l'Electeur
Brandebourg, & le Prin
ce de Mofcovie , fur l'em
barras des affaires prefende
tes.
L'Ambaffadeur d'Angleterre
qui eft à Conftantinople
a écrit à Vienne
que le Grand - Seigneur ef
toit dans la refolution d'ob
GALANT. 181
ferver exactement le Traité
de Carlovvits & la Paix
savec d'Empereur . Cette
- nouvelle y a réjoui la Cour
d'autant plus qu'il mande
que le Grand-Seigneur en-
2 voyera pour cela un Amballade
à l'Empereur: mais
il y a bien des gens qui
doutent de cet envoy difant
qu'au contraire qu'il
eft de la bonne politique de
7 fe mettre en eftat de deffenfe
fur les frontieres...
Il eft arrivé à la Haye un
Courrier du Roy Auguſte
à fon Envoyé Mr Gers2
MERCURE
t
dorf , pour déclarer aux
Miniftres des Alliez , qui
y font , qu'en cas qu'ils ne
veulent pas foutenir inceffamment
& fortement la
neutralité du Nord , il fera
-obligé de faire revenir les
Troupes Saxonnes qui font
dans les Pays- Bas , Sur cette
déclaration l'on a tenu des
Conferences , & l'on a affuré
My Gersdorf que l'on
donneroit inceffamment
les ordres pour faire marcher
les Troupes qui doivent
compofer l'armée qui
doit faire valoir cette neutralité.
GALANT. 183
Par le recenfement que
Pon a fait desJuifs deFrancfort
qui fe trouvent fans.
maifons & fans retraite ,
par l'incendie arrivé le 15.
de Janvier dernier , l'on a
trouvé qu'il y en a 24682 .
que les Chreftiens font o
bligez de loger. La perte
caufée par cet incendie eft
eftimée trente millions de
forins d'Allemagne , il y
a quantité de Lettres de
Change qui retournent à
protest.
Le Grand - Seigneur a
ordonné à tous les Baffas
de fon Empire la levée des
Troupes , & de les faire
178 MERCURE
avancer vers Conftantinople
, & fes forces de mer
augmentent confiderablement
. L'on affure de plus
fieurs endroits de Pologne ,
que 20000. Turcs eftoient
arrivez à Bender ; que le
Roy de Suede avoit voulu
commencer les operations
de la guerre , mais que l'on
luy avoit reprefenté que
pour porter un coup plus
eertain , il falloit attendre
le Printemps .
1
Cependant le Czar as
voit donné les ordres pour
faire marcher fes Troupes.
GALANT . 179
Heftoit à Peterbourg le 7 .
de Janvier , & il devoit en
partir inceffamment pour
fe rendre à Mofcou , afin
d'eftre plus à portée pour
fe rendre plus promptement
où fa prefence feroit
neceffaire. Il craint pour
Afaf , parce qu'il conçoit
que c'est ce qui conviendroit
le mieux au Grand-
Seigneur.
Les Polonois font bien à
plaindre, de toutes parts ils
ne voyent qu'aby(mes de
malheurs , foit qu'ils fou
siennent le party du Roy
7
No MERCURE
Augufte , foit qu'ils embraffent
celuy du Roy Staniflaş
. Le party de ce der
nier qui eftoit abattu fe releve,
& groffit tous les jours
Il fe doit tenir une Conference
à Magdebourg entre
le Roy Augufte , l'Electeur
Brandebourg, & le Prin
ce de Mofcovie , fur l'em
barras des affaires prefende
tes.
L'Ambaffadeur d'Angleterre
qui eft à Conftantinople
a écrit à Vienne
que le Grand - Seigneur ef
toit dans la refolution d'ob
GALANT. 181
ferver exactement le Traité
de Carlovvits & la Paix
savec d'Empereur . Cette
- nouvelle y a réjoui la Cour
d'autant plus qu'il mande
que le Grand-Seigneur en-
2 voyera pour cela un Amballade
à l'Empereur: mais
il y a bien des gens qui
doutent de cet envoy difant
qu'au contraire qu'il
eft de la bonne politique de
7 fe mettre en eftat de deffenfe
fur les frontieres...
Il eft arrivé à la Haye un
Courrier du Roy Auguſte
à fon Envoyé Mr Gers2
MERCURE
t
dorf , pour déclarer aux
Miniftres des Alliez , qui
y font , qu'en cas qu'ils ne
veulent pas foutenir inceffamment
& fortement la
neutralité du Nord , il fera
-obligé de faire revenir les
Troupes Saxonnes qui font
dans les Pays- Bas , Sur cette
déclaration l'on a tenu des
Conferences , & l'on a affuré
My Gersdorf que l'on
donneroit inceffamment
les ordres pour faire marcher
les Troupes qui doivent
compofer l'armée qui
doit faire valoir cette neutralité.
GALANT. 183
Par le recenfement que
Pon a fait desJuifs deFrancfort
qui fe trouvent fans.
maifons & fans retraite ,
par l'incendie arrivé le 15.
de Janvier dernier , l'on a
trouvé qu'il y en a 24682 .
que les Chreftiens font o
bligez de loger. La perte
caufée par cet incendie eft
eftimée trente millions de
forins d'Allemagne , il y
a quantité de Lettres de
Change qui retournent à
protest.
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Résumé : Nouvelles du Nord.
En 1789, des tensions politiques et militaires émergent en Europe et en Turquie. Le sultan ottoman mobilise ses troupes vers Constantinople et renforce sa flotte navale. En Pologne, 20 000 Turcs arrivent à Bender, tandis que le roi de Suède envisage des actions militaires, mais attend le printemps. Le tsar russe prépare ses troupes et se dirige vers Moscou. Les Polonais, qu'ils soutiennent Auguste ou Stanislas, font face à des difficultés. Une conférence est prévue à Magdebourg entre Auguste, l'Électeur de Brandebourg et le prince de Moscovie pour discuter des affaires en suspens. L'ambassadeur anglais à Constantinople informe Vienne que le sultan souhaite respecter le traité de Carlovitz et la paix avec l'Empereur, mais cette information est incertaine. À La Haye, Auguste menace de rappeler les troupes saxonnes des Pays-Bas si la neutralité du Nord n'est pas soutenue. Un recensement à Francfort révèle que 24 682 Juifs sont sans abri après un incendie le 15 janvier. Les chrétiens doivent les loger. Les pertes sont estimées à trente millions de forins, et de nombreuses lettres de change sont protestées.
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14
p. 2-11
ODE TIRÉE DU PSEAUME 143. Benedictus Dominus meus.
Début :
BENI soit le Dieu des Armées, [...]
Mots clefs :
Seigneur, Ennemis
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texteReconnaissance textuelle : ODE TIRÉE DU PSEAUME 143. Benedictus Dominus meus.
TIRE'E'DU PSEAUME If'.
Benedictus Dominas:meus. BENI soit le Dieudes
Armées, ;
Qui donne la force à mon
bras,
Et par qui mesmainsfont
formées
Dans Farcpenibib des
combats;
De sa clemence inépuifa-
: ble t.
Le secours prompt & fa*
vorable,
Afiai mes oppressions: : En luy j'ay trouvé mon
azile,
Et par luy d'un peuple indocile
J'ay dissipé lesfactions.
Qui suis-je vile creature,
Qui suis-je, Seigneur,&
pourquoy
Le Souverain de la nature
S'abbaiÍfe-t-il jusques à
moy ?
L'homme en sa coursepassagere
N'est rien qu'une vapeur
legere,
Que le Soleil fait dissiper,
Sa grandeur n'est qu'une
vaine ombre
Et sa clarté qu'une nuit
sombre,
Que l'oeil, fuit & voit
échapper.
s,
Maisquoy les périls qui
m'obsedent
Ne font point encore paf
sez?
De nouveaux ennemis
succedent
A mes ennemis terrassez?
Dieu terrible,ordonne aux : campagnes
D'engloutir les vastes
montagnes ,
Commande aux Cieux ck
s'abbaisser,
Fais de leurs voutes enflammées
Pleuvoir ces fleches allumées
Que tes fureurs-sçavent
lancer.
Objet de mes humbles
Cantiques,
Seigneur,je t'addresse ma
voix
Toy, do.3nt les promesses
antiques
Furent toûjours l'espoirdes
Roys,
Tojyde qui les secours
propices,
Atravers tant de precipices,
M'ont toujours garanti
d'effroy,
Conserve aujourd'hui ton
ouvrage,
Etdaigne détourner l'orage
Qui s'appreste à fondre
sur moy,
Arreste cet affreux déluge,
Doncles flots me vont submerger,
Sois mon vangeur, fois
mon refuge
Contre le fils de l'ecrangen
Vange-toy d'un peuple
-
infidele, 4
De qui la bouche crimi-
,
nelle
Ne souvre quilïrnpier^,
Et dont la main vouée au
crime
Ne connoist rien de legitimé
Que le meurtre & l'iniquité.
Ces hommes, qui nont
point encore
-EpIquvé la main du Seigneur
iSegflanttenot qrueeDieu le*
Et s'enyvrent de leur bon- heur;
Leur posterité florissante,
Ainsi qu'unetigenaissante
Croît & s'éleve fous leursyeux,
Leurs filles couronnent
leurs têtes
De tout ce qu'en nos jours
de fêtes
Nous portons de plusprecieux.
De leurs grains leurs
granges sont pleines,
Leurs celliers regorgent
- de fruits,
Leurs troupeaux touschargez
de laines
Sont incessamment reproduits,
Pour eux la fertile rosée
Tombant sur la terre embrasée,
Rafraîchit son seinalteré.
Et pour eux le flambeau
du monde
Nourrit d'une chaleur fécondé
Le germe en ses flancs
resserré.
Le calme regne dans
leurs Villes,
Nul bruit n'interrompt
leur sommeil,
On ne voit point leurs
toits fragiles
Ouverts aux rayons du
Soleil;
Cest ainsi qu'ils passent
:: leur fig€ :
Heureux) difcnt."ils) le rivage
.Où l'on jouit d'un tel bonheur.
Qu'ilsrestent dans leur
rêverie,
Heureuse la feule Patrie
Où l'onadore le Seigneur.
Benedictus Dominas:meus. BENI soit le Dieudes
Armées, ;
Qui donne la force à mon
bras,
Et par qui mesmainsfont
formées
Dans Farcpenibib des
combats;
De sa clemence inépuifa-
: ble t.
Le secours prompt & fa*
vorable,
Afiai mes oppressions: : En luy j'ay trouvé mon
azile,
Et par luy d'un peuple indocile
J'ay dissipé lesfactions.
Qui suis-je vile creature,
Qui suis-je, Seigneur,&
pourquoy
Le Souverain de la nature
S'abbaiÍfe-t-il jusques à
moy ?
L'homme en sa coursepassagere
N'est rien qu'une vapeur
legere,
Que le Soleil fait dissiper,
Sa grandeur n'est qu'une
vaine ombre
Et sa clarté qu'une nuit
sombre,
Que l'oeil, fuit & voit
échapper.
s,
Maisquoy les périls qui
m'obsedent
Ne font point encore paf
sez?
De nouveaux ennemis
succedent
A mes ennemis terrassez?
Dieu terrible,ordonne aux : campagnes
D'engloutir les vastes
montagnes ,
Commande aux Cieux ck
s'abbaisser,
Fais de leurs voutes enflammées
Pleuvoir ces fleches allumées
Que tes fureurs-sçavent
lancer.
Objet de mes humbles
Cantiques,
Seigneur,je t'addresse ma
voix
Toy, do.3nt les promesses
antiques
Furent toûjours l'espoirdes
Roys,
Tojyde qui les secours
propices,
Atravers tant de precipices,
M'ont toujours garanti
d'effroy,
Conserve aujourd'hui ton
ouvrage,
Etdaigne détourner l'orage
Qui s'appreste à fondre
sur moy,
Arreste cet affreux déluge,
Doncles flots me vont submerger,
Sois mon vangeur, fois
mon refuge
Contre le fils de l'ecrangen
Vange-toy d'un peuple
-
infidele, 4
De qui la bouche crimi-
,
nelle
Ne souvre quilïrnpier^,
Et dont la main vouée au
crime
Ne connoist rien de legitimé
Que le meurtre & l'iniquité.
Ces hommes, qui nont
point encore
-EpIquvé la main du Seigneur
iSegflanttenot qrueeDieu le*
Et s'enyvrent de leur bon- heur;
Leur posterité florissante,
Ainsi qu'unetigenaissante
Croît & s'éleve fous leursyeux,
Leurs filles couronnent
leurs têtes
De tout ce qu'en nos jours
de fêtes
Nous portons de plusprecieux.
De leurs grains leurs
granges sont pleines,
Leurs celliers regorgent
- de fruits,
Leurs troupeaux touschargez
de laines
Sont incessamment reproduits,
Pour eux la fertile rosée
Tombant sur la terre embrasée,
Rafraîchit son seinalteré.
Et pour eux le flambeau
du monde
Nourrit d'une chaleur fécondé
Le germe en ses flancs
resserré.
Le calme regne dans
leurs Villes,
Nul bruit n'interrompt
leur sommeil,
On ne voit point leurs
toits fragiles
Ouverts aux rayons du
Soleil;
Cest ainsi qu'ils passent
:: leur fig€ :
Heureux) difcnt."ils) le rivage
.Où l'on jouit d'un tel bonheur.
Qu'ilsrestent dans leur
rêverie,
Heureuse la feule Patrie
Où l'onadore le Seigneur.
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Résumé : ODE TIRÉE DU PSEAUME 143. Benedictus Dominus meus.
Le poème 'Tiré du Psaume LXXXIX' est une louange à Dieu, le Seigneur des armées, qui accorde force et secours au poète pour vaincre ses ennemis et disperser les factions rebelles. Le poète s'émerveille de l'attention divine envers une 'vile créature' et souligne la fragilité de la grandeur humaine. Il exprime ses craintes face aux périls et aux nouveaux ennemis qui succèdent aux anciens. Il implore Dieu de manifester sa puissance en ordonnant aux campagnes d'engloutir les montagnes et aux cieux de lancer des flèches enflammées, afin de le protéger et de le venger des peuples infidèles qui ne reconnaissent pas la main du Seigneur. Le poème décrit ensuite la prospérité des ennemis, dont la postérité croît, les filles sont couronnées de biens précieux, les granges sont pleines de grains, les celliers regorgent de fruits, et les troupeaux sont chargés de laines. La rosée et le flambeau du monde nourrissent leurs terres, et le calme règne dans leurs villes. Le poète conclut en souhaitant que ces peuples restent dans leur rêverie et en bénissant la patrie où l'on adore le Seigneur.
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15
p. 11-17
ODE TIRÉE DU PSEAUME 145. Lauda anima mea Dominu.
Début :
MON ame loüez le Seigneur, [...]
Mots clefs :
Seigneur, Dieu
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texteReconnaissance textuelle : ODE TIRÉE DU PSEAUME 145. Lauda anima mea Dominu.
ODE;
TIRE'E DU PSEAUME 14J.
Lauda animamea Dominùo MON ame loüez le
Seigneur,
Rendez un éternel h- onneur
Au digne & seul objet de
vos justes loüanges;
Oui, mon Dieu, je veux
désormais
Partager la gloire des Aïtges,
Et couronner ma vie à
chanter vos bienfaits.
Renonçons au sterile ap-
Puy
Des Grands qu'on adore
aujourd'huy,
Ne fondons point sur eux
une esperance folle,
Leur pompe indigne de
nosvoeux
N'est qu'unsimulacre frivolle,
Et les solides biens ne dépendent
pas d'eux.
Comme nous esclaves
du [art)
Comme nous jouets de la
mort,
La terre engloutira leurs
Grandeurs insensées,
Et periront en même jour
Ces vastes &: hautes pensées
Qu'admirent aujourd'huy
ceux qui leur font la
Cour.
Dieu seul doit faire nôtre
espoir,
Dieu de qui l'immortel
pouvoir
Fit sortir du néantleCîel,
la terre & l'onde,
Et qui,tranquille au haut
des airs,
Anima d'une voix seconde
Tous les êtres semez dans
ce vaste Univers.
Heureux, qui, du Ci*el
occupe,
Et dp'un faeuxéc,lat détrom- Met de bonne heure en
luy toute Con esperance;
Il protege la verité,
Et sçaura, prendre la defsense
Du Juste que: l'impie aura
perfecuce.
C'est le Seigneur qui
nous nourrit, »
C'est le Seigneur qui nous
guérit,
Il prévient nos besoins, il
adoucit nos peines,
Il assûre nos pas craintifs,
Il délie & brile nos chaînes,
Et nos tyrans par luy deviennent
nos captifs.
Il offre au timide étranger
Un bras promptà le proteger,
; ;
Et l'orphelin en luy, retrouve
un sécond Pere,
De la veuve il devient l'époux:
Et par un châtiment severe
Il confond les pecheurs
animez contre nous.
Les jours des Roys font
dans sa main,
Leur Regneest un Regne
Incertain,
Dont
Dont tedoigc du Seigneur
a marque les limites:
Mais son Empire illimité
N'a point eu de bornes
prélcrites,
Et confondra le temps
avecl'éternité.
TIRE'E DU PSEAUME 14J.
Lauda animamea Dominùo MON ame loüez le
Seigneur,
Rendez un éternel h- onneur
Au digne & seul objet de
vos justes loüanges;
Oui, mon Dieu, je veux
désormais
Partager la gloire des Aïtges,
Et couronner ma vie à
chanter vos bienfaits.
Renonçons au sterile ap-
Puy
Des Grands qu'on adore
aujourd'huy,
Ne fondons point sur eux
une esperance folle,
Leur pompe indigne de
nosvoeux
N'est qu'unsimulacre frivolle,
Et les solides biens ne dépendent
pas d'eux.
Comme nous esclaves
du [art)
Comme nous jouets de la
mort,
La terre engloutira leurs
Grandeurs insensées,
Et periront en même jour
Ces vastes &: hautes pensées
Qu'admirent aujourd'huy
ceux qui leur font la
Cour.
Dieu seul doit faire nôtre
espoir,
Dieu de qui l'immortel
pouvoir
Fit sortir du néantleCîel,
la terre & l'onde,
Et qui,tranquille au haut
des airs,
Anima d'une voix seconde
Tous les êtres semez dans
ce vaste Univers.
Heureux, qui, du Ci*el
occupe,
Et dp'un faeuxéc,lat détrom- Met de bonne heure en
luy toute Con esperance;
Il protege la verité,
Et sçaura, prendre la defsense
Du Juste que: l'impie aura
perfecuce.
C'est le Seigneur qui
nous nourrit, »
C'est le Seigneur qui nous
guérit,
Il prévient nos besoins, il
adoucit nos peines,
Il assûre nos pas craintifs,
Il délie & brile nos chaînes,
Et nos tyrans par luy deviennent
nos captifs.
Il offre au timide étranger
Un bras promptà le proteger,
; ;
Et l'orphelin en luy, retrouve
un sécond Pere,
De la veuve il devient l'époux:
Et par un châtiment severe
Il confond les pecheurs
animez contre nous.
Les jours des Roys font
dans sa main,
Leur Regneest un Regne
Incertain,
Dont
Dont tedoigc du Seigneur
a marque les limites:
Mais son Empire illimité
N'a point eu de bornes
prélcrites,
Et confondra le temps
avecl'éternité.
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Résumé : ODE TIRÉE DU PSEAUME 145. Lauda anima mea Dominu.
L'ode du Psaume 14 invite à louer le Seigneur et à lui rendre un honneur éternel. L'auteur souhaite partager la gloire des anges et consacrer sa vie à chanter les bienfaits divins. Il met en garde contre l'adoration des grands de ce monde, dont la pompe est vaine et les biens éphémères. La terre engloutira leurs grandeurs et leurs pensées périront. L'auteur affirme que seul Dieu doit être l'objet de notre espoir. Il rappelle que Dieu a créé le ciel, la terre et l'onde, et anime tous les êtres de l'univers. Heureux est celui qui, dès son jeune âge, place son espoir en Dieu, protège la vérité et défend le juste. Le Seigneur nourrit, guérit, prévient les besoins et adoucit les peines. Il assure les pas craintifs, délie les chaînes et rend les tyrans captifs. Il protège l'étranger, devient un second père pour l'orphelin et un époux pour la veuve, tout en châtiant les pécheurs. Les jours des rois sont incertains et leurs règnes limités par la volonté du Seigneur. En revanche, l'Empire de Dieu est illimité et confondra le temps avec l'éternité.
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16
p. 23-30
ODE TIRÉE DU PSEAUME 45. Deus noster refugium & virtus, &c.
Début :
Puisque nostre Dieu favorable [...]
Mots clefs :
Dieu, Seigneur, Peuple, Nations
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texteReconnaissance textuelle : ODE TIRÉE DU PSEAUME 45. Deus noster refugium & virtus, &c.
ODE
TIRE'E DU PSEAUME+f.
Deus noster refugium &
virtus, &c.
-. pPUisque nostre Dieu
Nous affure de son secours,
Il nest plus de revers capable
De troubler la paix de nos
jours,
Et si la nature fragile
Estoit à ses derniers mcu
mens,
Nous la verrions dun ceittranquile
S'écrouler dans ses fondemens.
Par les ravages du Tonnerre
Nousverrionsnoschamps
moissonnez,
Etdes entrailles de la terre
Les plus hauts monts deT
racinez,
Nos yeux verroient leur
masse aride
TraansiporrréesauTmioliemu de-s
Tomber d'une chute rapide
Dans levaste gouffre des
mers.
Les remparts de laCité
fainte
Nousfont un refuge assuré;
Dieuluy-même dans son
enceinte
A marqué son séjour facre.
Uneonde pure & délectable
Arrose avec legereté
Le tabernacle redoutable
Où repose sa Majesté. ,"
Les Nations à main armee
Couvroient nos fertiles
sillons;
On a vû les champs d'Idumée
Inondez de leurs Bataillons.
Le Seigneur parle, & l'infidelle
Tremble pour Ces propres
Etats,
Il flotte, il fc trouble, il
chancelle,
Et la terre fuit fous ses pas.
Venez Nations arrogantes?
Peuples vains.,.voisinsjaloux
,
Voir les merveilles éclatantes
Que. (a main opere pour
nous.
Que pourront vos ligues
formées
Contre le bonheur de nos
jours?
Quandle bras du Dieu des
armées
S'armera pour nostre. secours.
Par luy ses troupes infernales
A qui nos champs furent
ouverts,
Irotnat dleeleusrs flâmes fa-
Embrazer un autre Univers.
La foudre prompte à nous
deffendre
Des médians & de leurs
complots,
Mettra les Boucliers en
cendre,
Et brizera leurs Javelots.
Arreste, peuple impie,
arreite,
'- Je fuis ton Dieu, ton Souverain
,
Monbras est levé sur ta
teste,
Les feux vengeurs sont
dans ma main.
Voy le Ciel, voy la terre
& l'onde!
Remplis de mon immen^
site,
Et dans tous les climats
du monde,
Mon Nom des peuples
exalté.
Toy pour qui l'ardente
victoire
Marche d'unpas obéissant,
Seigneur! combats pour
nostregloire,
Psotege ton peuple innoitcent,
fais que nostre humble
patrie,
Joüissant d'un caloae promIS,
Confonde à jamais kfurie
De nos superbes ennemis.
TIRE'E DU PSEAUME+f.
Deus noster refugium &
virtus, &c.
-. pPUisque nostre Dieu
Nous affure de son secours,
Il nest plus de revers capable
De troubler la paix de nos
jours,
Et si la nature fragile
Estoit à ses derniers mcu
mens,
Nous la verrions dun ceittranquile
S'écrouler dans ses fondemens.
Par les ravages du Tonnerre
Nousverrionsnoschamps
moissonnez,
Etdes entrailles de la terre
Les plus hauts monts deT
racinez,
Nos yeux verroient leur
masse aride
TraansiporrréesauTmioliemu de-s
Tomber d'une chute rapide
Dans levaste gouffre des
mers.
Les remparts de laCité
fainte
Nousfont un refuge assuré;
Dieuluy-même dans son
enceinte
A marqué son séjour facre.
Uneonde pure & délectable
Arrose avec legereté
Le tabernacle redoutable
Où repose sa Majesté. ,"
Les Nations à main armee
Couvroient nos fertiles
sillons;
On a vû les champs d'Idumée
Inondez de leurs Bataillons.
Le Seigneur parle, & l'infidelle
Tremble pour Ces propres
Etats,
Il flotte, il fc trouble, il
chancelle,
Et la terre fuit fous ses pas.
Venez Nations arrogantes?
Peuples vains.,.voisinsjaloux
,
Voir les merveilles éclatantes
Que. (a main opere pour
nous.
Que pourront vos ligues
formées
Contre le bonheur de nos
jours?
Quandle bras du Dieu des
armées
S'armera pour nostre. secours.
Par luy ses troupes infernales
A qui nos champs furent
ouverts,
Irotnat dleeleusrs flâmes fa-
Embrazer un autre Univers.
La foudre prompte à nous
deffendre
Des médians & de leurs
complots,
Mettra les Boucliers en
cendre,
Et brizera leurs Javelots.
Arreste, peuple impie,
arreite,
'- Je fuis ton Dieu, ton Souverain
,
Monbras est levé sur ta
teste,
Les feux vengeurs sont
dans ma main.
Voy le Ciel, voy la terre
& l'onde!
Remplis de mon immen^
site,
Et dans tous les climats
du monde,
Mon Nom des peuples
exalté.
Toy pour qui l'ardente
victoire
Marche d'unpas obéissant,
Seigneur! combats pour
nostregloire,
Psotege ton peuple innoitcent,
fais que nostre humble
patrie,
Joüissant d'un caloae promIS,
Confonde à jamais kfurie
De nos superbes ennemis.
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Résumé : ODE TIRÉE DU PSEAUME 45. Deus noster refugium & virtus, &c.
Le poème 'ODE' du Psaume 46 célèbre la protection divine et la puissance de Dieu. Dieu est présenté comme un refuge et une force, garantissant la paix et la sécurité même face à des catastrophes naturelles. Les remparts de la cité sont décrits comme un refuge assuré, où Dieu réside. Une onde pure arrose le tabernacle où repose la majesté divine. Le poème évoque également des menaces extérieures, telles que des nations armées couvrant les champs fertiles. Cependant, Dieu intervient et les infidèles tremblent. Les nations arrogantes et jalouses sont invitées à voir les merveilles que Dieu opère pour son peuple. Les ligues formées contre le bonheur du peuple divin sont vaines face à l'intervention divine. Les troupes infernales seront détruites par la foudre divine, qui défend contre les méchants et leurs complots. Le poème se termine par un avertissement aux peuples impies, leur ordonnant de s'arrêter car Dieu lève son bras vengeur. Le Nom de Dieu est exalté dans tous les climats du monde. Le poème prie Dieu de combattre pour la gloire de son peuple, de protéger les innocents, et de permettre à la patrie de jouir d'une paix promise, confondant ainsi la furie des ennemis superbes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 39-46
ODE TIRÉE DU PSEAUME 47. Magnus Dominus & laudabilis nimis.
Début :
La gloire du Seigneur, sa grandeur immortelle, [...]
Mots clefs :
Seigneur, Dieu, Terre, Univers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE TIRÉE DU PSEAUME 47. Magnus Dominus & laudabilis nimis.
ODE
TIRE'E DU PSEAUME 47.
Magnrs Dominus & Uu~
dabilis nimis. LA gloire du Seigneur,
sa grandeur
immortelle,
De l'Univers entier doit
occuper le zele:
Mais sur tous les humains
consacrez à ses loix,
Le peuple de Sion doit signaler
sa voix.
Sion montagne auguste&
sainte,
Formidable aux audadeux,
) '~-* = .-Sionfe'jourdelicieux',~-~ 1
Cest toyc'est ton heureuse
enceinte
: Qui renferme le Dieu de
la terre & des Cieux.
O murs!OSéjour*pleinde Montsacrénostreunique espoir,
Où Dieu faitregner la victoire
Manifeste, son pouvoir.
Cent Rois liguez pour
nous livrer la guerre
Estoient venus sur nous
fonfondre
de toutes parts,
Ils ont vu nos sacrez remparts.
Leur aspect foudroyant,
telqu'unaffreuxtonnerre,
-
Les a precipitez au centre
de la terre;
Le Seigneur dans leur
camp a jetté la terreur,
Il parle& nous voyons
leurs travaux mis en pou- ,dre, Leurs chefs aveuglez par
- l'erreur,
Leurs soldats consternez
d'horreur,
Leurs vaisseaux iubmerdgçzyr)
ôcebr;ûierparlafou-3 Monumens éternels de sa
justefureur, :
Rien ne {çauroi^troubler
* les loixinviolables
Qui fondent le bonheur
de la sainte cité,
Seigneur toy-même en a& jeJtteétte
Les fondemens inébranl, ables
:
Aux pieds de tes Autels
humblement consternez
Nos voeuxparta clemetu
ce ont esté couronnez,,,,
Des lieux cheris où le
,
jour prend naissance,
Jusqu'aux climats oùfttút
sa splendeur,
Tout l'univers revere ta
puissance,
Tous les mortels adorent
ta grandeur.
Publions les bienfaits, célebrons
la justice.
DuSouverain del'univers.
Que le bruit de nos chants
vole au-delà des mers,
Qu'avec nous la terre s'unisse,
Que nos voix penetrent
lesairs;
Elevons jusqu'à luy nos
choeurs &nos concerts,
Vousfilles de Sion, florissante
jeunesse,
Joignez-vous ànoschants
sacrez;
Formez des pas & des fons
d'allegresse
Autour de ces murs reverezr
Venez offrir des voeux
pleins de tendresse
Au Seigneur que vous
adorez:
Peuples dequil'appuysur
sa bonté sefonde,
Allez dans tous les coins
du monde
Asonnom glorieux élever
desAutels.
Les siecles avenir béniront
vostre zele,
Et de ses bienfaits immortels
L'éternel comblera vostre
race fidelle..
Marquonsluy nostre amourpar
des voeux éclatans,
C'est nostre Dieu,c'est nostre
pere,
C'est le Roy que Sion revere;
De son regne éternel les
glorieux instans
Dureront au-delà des siecles
& des temps.
TIRE'E DU PSEAUME 47.
Magnrs Dominus & Uu~
dabilis nimis. LA gloire du Seigneur,
sa grandeur
immortelle,
De l'Univers entier doit
occuper le zele:
Mais sur tous les humains
consacrez à ses loix,
Le peuple de Sion doit signaler
sa voix.
Sion montagne auguste&
sainte,
Formidable aux audadeux,
) '~-* = .-Sionfe'jourdelicieux',~-~ 1
Cest toyc'est ton heureuse
enceinte
: Qui renferme le Dieu de
la terre & des Cieux.
O murs!OSéjour*pleinde Montsacrénostreunique espoir,
Où Dieu faitregner la victoire
Manifeste, son pouvoir.
Cent Rois liguez pour
nous livrer la guerre
Estoient venus sur nous
fonfondre
de toutes parts,
Ils ont vu nos sacrez remparts.
Leur aspect foudroyant,
telqu'unaffreuxtonnerre,
-
Les a precipitez au centre
de la terre;
Le Seigneur dans leur
camp a jetté la terreur,
Il parle& nous voyons
leurs travaux mis en pou- ,dre, Leurs chefs aveuglez par
- l'erreur,
Leurs soldats consternez
d'horreur,
Leurs vaisseaux iubmerdgçzyr)
ôcebr;ûierparlafou-3 Monumens éternels de sa
justefureur, :
Rien ne {çauroi^troubler
* les loixinviolables
Qui fondent le bonheur
de la sainte cité,
Seigneur toy-même en a& jeJtteétte
Les fondemens inébranl, ables
:
Aux pieds de tes Autels
humblement consternez
Nos voeuxparta clemetu
ce ont esté couronnez,,,,
Des lieux cheris où le
,
jour prend naissance,
Jusqu'aux climats oùfttút
sa splendeur,
Tout l'univers revere ta
puissance,
Tous les mortels adorent
ta grandeur.
Publions les bienfaits, célebrons
la justice.
DuSouverain del'univers.
Que le bruit de nos chants
vole au-delà des mers,
Qu'avec nous la terre s'unisse,
Que nos voix penetrent
lesairs;
Elevons jusqu'à luy nos
choeurs &nos concerts,
Vousfilles de Sion, florissante
jeunesse,
Joignez-vous ànoschants
sacrez;
Formez des pas & des fons
d'allegresse
Autour de ces murs reverezr
Venez offrir des voeux
pleins de tendresse
Au Seigneur que vous
adorez:
Peuples dequil'appuysur
sa bonté sefonde,
Allez dans tous les coins
du monde
Asonnom glorieux élever
desAutels.
Les siecles avenir béniront
vostre zele,
Et de ses bienfaits immortels
L'éternel comblera vostre
race fidelle..
Marquonsluy nostre amourpar
des voeux éclatans,
C'est nostre Dieu,c'est nostre
pere,
C'est le Roy que Sion revere;
De son regne éternel les
glorieux instans
Dureront au-delà des siecles
& des temps.
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Résumé : ODE TIRÉE DU PSEAUME 47. Magnus Dominus & laudabilis nimis.
Le poème 'ODE' du Psaume 47 célèbre la gloire et la grandeur immortelle du Seigneur, reconnue par l'Univers entier. Le peuple de Sion est loué pour son zèle et sa consécration aux lois divines. Sion, montagne sainte et auguste, est le refuge divin offrant protection et victoire. Lors d'une bataille, cent rois s'allient contre Sion mais sont vaincus par la terreur divine. Leurs efforts sont réduits à néant, et leurs chefs sont aveuglés par l'erreur. Les murs de Sion, inébranlables, symbolisent l'espoir et la protection divine. Le Seigneur est loué pour sa puissance et sa justice. Le poème appelle à célébrer et à publier les bienfaits divins, invitant tous les peuples à adorer et à révérer le Seigneur. Les filles de Sion et la jeunesse sont encouragées à joindre leurs voix aux chants sacrés, et les peuples sont invités à élever des autels au nom glorieux du Seigneur. Le poème se conclut par une expression d'amour et de dévotion envers Dieu, le Père et le Roi de Sion, dont le règne éternel durera au-delà des siècles. Les générations futures béniront le zèle des fidèles et seront comblées par les bienfaits immortels de l'Éternel.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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18
p. 73-120
« ARTICLE X. De la Monnoye. § 1 Nous ordonnons de [...] »
Début :
ARTICLE X. De la Monnoye. § 1 Nous ordonnons de [...]
Mots clefs :
Bulle d'Or, Terres, Avenir, Princes, Électeurs, Droit, Juge, Seigneur, Constitution, Justice, Dignité, Église, Salut, Séculiers, Empire, Roi de Bohème, Roi des Romains
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texteReconnaissance textuelle : « ARTICLE X. De la Monnoye. § 1 Nous ordonnons de [...] »
ARTICLE X.
nela Monnoye. §iNOus ordonnons de
plus, que le Roy
de Boheme qui après nous
succedera à ce Royaume,
pourra pendant son Regne
faire battre Monnoye d'Or &
d'Argent en tous les endroits
&: lieux de son Royaume,ou
Terres en dépendantes qu'il
lui plaira &ordonnera dans
la forme & maniéré jusqu'à
present observée dans ledit
Royaume, ainsi que de tout
temps il a été loisible à
nos Predecesseurs Rois de
Boheme de faire, ftiiv-aiit la
poissession continuelle qu'ils
ont de ce Droit, voulons &:
ordonnons aussi par la présence
ConstitutionImpériale'
Grace perpetuelle, que les
Rois de Bohême poi/Icnt
acheter &: acquérir desautres
Princes, Seigneurs, Comtes
&: de toute autre Personne,"
des Chameaux., - ,Terres &
Terres héritages, dequelque nature
qu'ilspuissentêtre, en recevoir
en don&par engagement:
à condition qu'ils feront tenus
de les laisser en lamême nature
qu'ilstesauronttrouvez ies
comme Fiefs,Franc-aleu
comme, tel, &c. En sorte
toutes fois que les biens que
les rois de Boheme auront
ainsi acquis ou reçu, & qu'ils
auront jugé à propos- d'unir au
Royaume de Boheme, ils
feront obligez d'en payer les
redevances ordinaires&accoûruméesquienetoient
ducs
à FEmpirc.-
§. 2.. Laquelle presente
Construction &: Grâce, Nous
étendons aussi, en vertu de
nôtrepresente Loy impériale,
à tous les Princes Electeurs,
tant Ecclesiastques, que Séculiers
,
&: à leurs successeurs
&: légitimésHéritiers, aux
charges & conditions ci-denns
prescrites.
ARTICLE XI.
De l'Election des Princes
Electeurs.
§. I. ORdonnon*s aussî, que les ( omtes,
Barons,Nobles, Feudataires,
Vassaux,Officiers, Gens de
guerre,Citoyens, Bourgeois
& toutes autres Personnes, de
quelque Etat, Dignité&condition
qu'elles soient, qui
setons Sujets des Eglises de
Cologne,Mayence & Trêves,
ne devront ni ne pourront à
l'avenir, comme ilsn'ont pu
ni dû parle pasé, estre citer,
çÜ-ezJ ni trduits hors le
Territoire, ni les termes &:
limites de la Jurisdiction desdites
Eglises & leurs dépendances
,à l'inflance de quelque
Demandeur que ce soit; ni
obligez de comparoistre en
Justice pardevant d'autres
Tribunaux &: Juges, que
pardevant les Juges ordinaires
des A rehevêques de Mayence,
deTrêves &: de Cologne,
comme nous trouvons que de
tout tems il a été ainsi observé.
§. 2.. Et s'il arrivoit que
nonobstant nostre presente
Confticution, quelqu'un des
Sujets desEglises de Trêves,
de Mayence & de Cologne,
fût ajourné ou cité ( pour
quelque Cause que ce foit,
civile,criminelle ou mixte.
jdu autre Affaire, pardevant
quelqu'autre Juge hors des
Territoires,termes,&; limites
desdites Eglises ou d'aucunes
d'icelles, celui qui aura été
cité ne fera nullement, tenu
.de comparoiste ouderépondre
: décorantlaCitation,
les Procédures &: Sentences
interlottitoires ou définitivesrendues
ouàrendre contre le
Défaillant, par tels Juges qui
Tcjpnthors du Ressort desdites
Eglises,.&: tout ce qui s'en
feaeurtorfeitfaentteseunivttiapt.,anr uelxe&c:utdioennouul -:
j§. 3. A quoy nous ajoutons
éxpressement queles Comtes,
Barons,Feudataires,Nobles,
Vyailaux, Officiers, Gens deguerre
,Citoyens, Pailans &!
tous autres Sujets desdites
Fglifcs,de quelque Etait;
Dignité ou Condition qu'ils
soient, ne pourront pas appeller
des Procédures, Sentences
-
interlocutoires
définitives, ou Mandemens
desdits Archevesques& de
leurs Eglises ou de leurs
Officiaux ou Juges Séculiers,
nonplus que desexécutions
faitesouàfaire en conséquencecontr'eux,
dans la
Jurisdiction de l'Archeveique
ou desditsOfficiaux, à quelqu'autre
Tribunal que ce soit,
pendant-quelaJufticcrte fera
pointdéniéeaux Complaignans
dans les Tribunaux
cUldits- Archevesques& de
leurs Officiaux; Faisons désenses
à tous autres Juges de
recevoir semblables Appellations,
& les déclarations
,
nulles
&: sans effet.
§. 4. Mais en cas de déni
de Justice, Nous permettons
à tous les sus-nommez à qui
la Justice aura été déniée,
d'appeller, non pas indifferemment
à tout autre Juge
ordinaire ou subdelegué
mais immédiatement , au Tribunal
de la Cour Imperjale &
au Juge qui y présidera alors;
cassant & annullant toutes les
Procédures qui auront été faitesailleurs,
au préjudice de
cette Constitution.
§. 5. Laquelle en vertu de
nôtre preseuce Loi Imperiale,
Nous étendons aussi aux Illustres
Comte Palatin du
Rhin, Duc deSaxe&Marquis
de Brandebourg, Princes Electeurs
Seculiers ou Laïques,&
à leurs Successeurs
,
Heritiers
& Sujets,en la mêmeforme âc
maniereque dessus.
ARTICLE XII.
, De l'Assemblée des Princes
Electeurs.
Au nom de la sainte & in*
divisible Trinité& à no[Ire
plus grand bonheur. Ainjî
c(oit-il. HARLES IV. par la
grace de Dieu Empereur
des Romains, toujours Augure
& Roy de Bohême:à la
memaire perpetuelle de la
chose.
§.I. Parmi les divers soins
qui occupent continuellement
nostre esprit pour le bien
public, nostre Hautesse Impériale
a consideré que les
Princes Electeurs du saint Empire
qui en.foiiç les bazes
solides & les colonnes immobiles,
ne pouvant pas avoir
commodement communication
ensemble,àcause de leur
trop grand éloignement les uns
des autres, il estnecessaire
que pour le bien & le salut
de l'Empire ilss'assemblent
plus souvent que de coustume ;
afin que comme ils font j.~r~'
încz des abus & desordres qui
regnent dans les Provinces qui
leur sont connuës, ilspuissent
en faire rapport & en conferer
ensemble, &: aviser aux
moyens d'y apporter le remede
par leurs salutaires
conseils & leur fage prévoyance.
§. 2. C'est pourquoi dans
nostre Cour solemnelle tenuë
par nostreHautesse à Nuremberg",
avec les Venerables
Princes ElecteursEcclesiastiques
,& les Illustres Princes
Electeurs Séculiers; & plusieurs
autresPrinces &: grands
Seigneurs, aprèsune meure
déliberation avec les mesmes
Princes Electeurs,de leur
a?/is_,pour le bien &: le salut
commun? Nous avons jugé à
propos avec lesdits Princes
Electeurs, tant Ecclesiastiques
que Seculiers, d'ordonner
qu'à l'avenir les mesmes
Princes Electeurs s'assembleront
en Personne une fois l'an ;
en une de nos Villes Impériales,
quatre semainesconsécutives
après la Feste de
Pâques,& que pour la presente
année, au même temps
prochainement venant, il fera
célébré par Nous & les mêmes
Princes une Conférence,
Cour ou Assemblée de cette
forte en nostre Ville Impériale
de Metz; & lors, en l'un des
jours de la tenue de ladite
Assemblée, il fera par Nous
& de leur avis, nomme un
lieu auquel ils auront à s'assembler
l'année suivante: Et
cette presente Constitution ne
durera que tant qu'il plaira à
Nous &: à Eux; & pendant
quelle aura lieu, Nous
prenons en nostre Protection
&Sauvegarde lesdits Princes
Electeurs, tant en venant en
nostre Cour qu'en y séjournant
& s'en retonrnant.
§.3. Etafin que la négociation
& l'expédition des
Affaires communes concernant
le salut &le repos public,
ne soient point retardées par
les festins qui se font ordinairementen
semblables Assemblées
; Nous ordonnons aussi,
de leur consentement llna-.
aime, que pendant lesdites
Assemblées il ne fera loisible
à qui que ce soit de faire aucun
festins general aux Princes,
mais bien des repas particuliers
, qui n'apportent point
d'empêchement à l'expedition
des affaires; &: cela mesme
avec moderation.
*
ARTICLEXIII.
De la révocation du Privi/fgt.
L.
Tatuons &déclarons
aussi, par nonre present
Edit Impérial, perpetuel &
irrevocable, que tous les
Priviléges & toutes Lettres de
Concession que Nous ou les
Empereurs & Rois des Romains
nos Predécesseurs de
glorieuremémoire, aurions
octroyez de nostre propre
mouvement ou d'une autre
maniere, fous quelques termes
que ce pilt être, ou queNous
ou nos Successeurs Eir p-:.-rcurs
& Rois pourroient à l'avenir
accorder à qui que ce soit & de
quelque Etat, Préeminence,
ou Condition qu'ilsoit;même
aux Villes, Bourgs ou COHl"'
munautez de quelques lieux
que ce soit pour des Droits,
Graces, Inununitez,COlltumesou
autre choses, ne
pourront prejudicier nidéroger
aux Libertez, Jurisdictions,
Droits, Honneurs&
Seigneuries des l rinces Electeurs
du saint Empire, Ecolesiastiques
& Seculiers, ni
d'aucun d'eux, encore que
dans lesdits Priviléges&
lesdites Lettres accordées,
comme dit est, en faveur de
quelquesPersonnes que ce soit
& de quelque Prééminence,
Dignité & Etat qu'elles
soient, ou desdites Communautez,
il fût expressément
porté qu'elles nepourroient
estre revoquées, si ce n'est
qu'en cas qu'oneûtspécialement
& de mot à mot inseré
dans tout le corps & contenu
desdites Lettres cette clause
de non revocation; lesquels
Priviléges &: Lettres, entant
qu'ils préjudicient & dérogent
en quelques choses aux Liberiez,
Jurifdichons,Droits,
Honneurs &: Seigneuriesdesdits
Princes Electeurs ou
d'aucun, Nous avons, de
nostrecertaine Science, pleine
Puissance 6c Autorité Imperiale
revoquez & cassez,
revoquons & cassons,entendons
&: tenons pour revoquez
& cassez par ces Prefel-ices,
ARTICLE XIV.
De ceux IlllfqNels on ôte les
biens Féodaux comme en
étant indignes. ET dautant qu'en plusieurs
lieux de Tizinpire
les Vassaux & Feudataires font
à contre-tems & malicieusement
une resignation ou dcnrL
rementverbal des Fiefs qu'ils
tiennent de leurs Se,igncllrsj
pour avoir lieuaprès ladite
resignation de les défier, 6t
de leur déclarer la guerre ,- 8c
fous prétexted'unehostilité
ouverte pouvoir attaquer , envahir, occuper, & retenir
lesditsFiefs & Terres au préjudicedesmêmes
Seigneurs;
Nous ordonnons
, par cette
Constitution perpétuelle, que
telles 6c semblables resignations
ou renonciations seront
reputé es comme non faites, si
elles ne sontfaites librement
réellement, & si les Seigneurs
ne sont misenponcrsion
corporelle& réelle d:'[-
<lirsEiefs ; en forte que ces faiseurs
de défi..pe troublentjamais
ou par eux ou par d'autres
,
& ne donnent conseil ,
faveurcqz- assistenceàquelqu'-
tin, pour troubler ou inquiéter
leursSeigneurs dans les Fiefs
où Beneficesqu'ilsaurontre-,
signez: Voulons que ceux qui
feront le contraire & attaqueront
leurs Seigneurs dans
leurs Benefices&Fiefs refiç-•O
nez ou non resignez,en quelque
manièreque ce soit, ou,
les troubleront ou endommageronr
;ou préteront conseil,
afiitfa-nce oufaveur à ceux quicommettrontsemblables
attentats ,perdentenmêmetems&.
par cela même lesdits
Fkfs:.te Benefices >•te soient.
déeiartoiofmie^:v& mis aui1
Ban de l'Empire
,
sans qu'ils
puitfentlt jamais rentrer ,
fous
quelque prétexte que ce soit,
danslesdits Fiefs&Benefices,
& sans qu'on les leur puisse
de nouveau en aucune maniére
conferer; Déclarant que la
Concession ou l'Investiture
qu'on leur en pourroit avoir
donnéensuite,contre la presente
Constitution
,
soit sans
aucun effet. Ordonnons en
dernier lieu
, que ceux ou celui
qui oseront ou oseraagir
frauduleusement contre leur
Seigneur ou son Seigneur
,
.lx. les iront attaquer de desseinprémédité
,
sans avoir
fait ladite resignation ; foit
que le défi ait esté fait ou non
fait, encourent par cela mé-
melesditèspeines:,enverta
de la presente -San&ion,
ArtïCLE XV. :
Des Conspirations,
,
i§. 1.N 1 1 Ous defapprouvonsaussi,
couda nnons).
& de nostrecertaine Science
déclarons nulles toutes Gonfpirations,
Conventicules., SOr
cierez
-
Ulicices;détestées dC
défenduës par lesiLoixdans
& hors desVilles, entre Ville
&: Ville; entre Partic111ie.r&
Particulier, entre Ville &:
Particulier sous pretexte de
Parenté,de Bourgeoise, où
telle autre couleur. qu'elle
puisseestre; comme aussi tou*
tes Confédérations&Pactes,
& toutes Coustumes sur ce
introduites, que Nous tenons
plutost pour corruption, lesquelles
les Villes ou Personnes
de quelque Dignité,Condition
ou Etat qu'elles puissent
estre,
-
auroient fait jtl\£qu'à
present, ou présumeroient de
faire à l'avenir, -foieentr'eux,
soitavec d'autres
,
sans l'autoriré
des Seigneurs dont ils
font Sujets
,
Officiers ou Serviteurs
, ou demeurant dans
leur Détroit,ces mêmes Seigneurs
n'étant,pas nommément
exceptez, ainsiqu'elles
ont été deffenduës & cances
par les sacrées Loix des Divins
Empereurs nos Fiicdé«e£*
seurs ;
à l'exception toutefois
des Conféderations &: Ligues
que l'on sçait avoir été faites :
par lés Princes,les Villes & autres,
pour la conservation dela
Paix générale des Provinces
e4 Pays ente'eux ;
lesquelles
reservantspecialement par nôtreDéclaration, Nousordonnons
qu'elles demeurent
dans leur force &: vigueur,
jusques à ce qLw Nous trou.., ,
vions à propos d'en ordonner
autrement.
§.2. Nous ordonnons que
tout Particulier qui osera à
l'avenir faire des Ligues
5 : Conspirations & Pactes de
cette sorte,contre la disposition
de cet Edit& de nôtre
ancienne Lça sur cepubliée
, >
outre la peine portée par la
même Loi, encourrera deslors
la notte d'infamie &: la
peine de l'amende de dix Ji.
vres d'or; & que toute Ville
qui pareillement violera nostre
presente Loi, encourera
aussi la peine de l'amende de
cent livres d'or, avec la perte
& privation de ses Privilèges
Impériaux; desquelles amendes
pécuniaires la moitié en
fera applicable au Fisc Imperia1,
& l'autre au Seigneur du
Détroit,aupréjudice duquel
lesdits ligues auront été faites.
ARTICLE XVI.
Des Phalburgers ou Gens déchûs
de leurBourgoisie.
§. I.AU reste
,
il Nous
a esté souvent fait
plainte, que certains Bourgeois
& Sujets des Princes,
Barons & autres cherchans
à secoüer le joug de leur su-
1 jétion oriyiiiaire même
par une entreprise téméraire
,
n'en tenant aucun compte,se
font recevoir Bourgeois d'autres
Villes, comme ils l'ont
en persoune dans les Terres,
Villes, Bourgs, & Villages
de leurs premiers Seigneurs,
qu'ils ont osé Ôc osent abandonner
par cette fraude
,
ils
prétendent joüir des Libertez
des Villes où par ce moyen
ils ont acquis le Droit de
Bourgeoisie & estre par elles
protegez; lesquels Bourgeois
font vulgairement appelez en
Allemagne Phalburgers. Or
d'autant qu'il n'est pas juste
que quelqu'un profite de son
dol & de sa fraude; Nous,
après avoir sur ce pris l'avis des
Princes ElecteursEcclesiasti-.
ques & Séculiers,, &de nostre
certaine Science
,
pleine Puis
sance & Autorité Impériale
,
avons ordonné & ordonnons
par cette presente Loi perpétuelle&
irrevocable, que lesdits
Bourgeois &: Sujets qui se
mocqueront ainsi de ceux fous
la sujétion desquels ils sont,
ne pouront de ce jour à l'avenir
dans toutes les Terres,Lieux
& Provinces du saint Empire
, joüir en aucune façon
des Droits & libertez des Villes
où parune telle fraude ils
se feront ou se font fait recevoir
jusqu'àpresent Bourgeois:
si ce n'etf que se transferant
réellement en personne dans
lesdites Villes pour y établir
un domicile actuel & y faire
une residence continuelle
,
vraye & non feinte, ils y subissent
les Impositionsaccoûtumées&
les charges municipales;
& si quelques-uns y ont été
reçus ou le sont à l'avenir,leur
reception fera réputée pour
nulle ; &: les Reçus, de quelque
Dignité
,
Condition&
Etat qu'ils soient, ne joüiront
en aucun cas&: fous quelque
prétexté que ce foie
,
des
Droits & Libertez desdites
Villes ,ce nonobstant quelconques
Droits & Privilèges
obtenus, & Coutumes obfervées
en quelque temps que ce
foit ; lesquels entant qu'ils
font contraire à nôtrepresente
Loi, Nous de nostre certaine
Science, pleine Puissance Impériale
,
les revoquons par
ces Presentes,&: ordonnons
qu'ils soient privez de toute
force &: valeur.
j. 2. A la reserve & sans
préjudice à toujours, touchantce
que dessus) des
Droits que les Princes, Seigneurs
& autres Personnes
qui de cette maniéré ont esté
ou feront à l'avenir abandonnez
, ont sur les personnes ôc
les biens de leurs Sujets qui
les abandonnent ansi ; &:*
pour ceux qui contre la difporition
de nôtre presente
Loi, ont osé par le passé
, ou
oseront à l'avenir recevoir
lesdits Bourgeois èc Sujets
d'autrui , si ils ne les :ren,.;
voient absolument dans un
mois aprèslapublication, à,
eux faite des Presentes,Nous,
déclarons que toutes les fois;
qu'ils transgresserontnôçre
presente Loi. ils encoureront
la peine de l'amande de cent
marcs d'or pur, dont la moitié
fera apphquable irremissiblement
à nôtre Fisc Impérial,
& l'autre aux Seigneurs
de ceux qui auront été ainsi
reçus.
ARTICLE XVII.
Des Défis.
§. I.NOus déclarons en
outre, que ceux
qui seignent d'avoirjuste raison
de défier que lqu'un
,
l'auront
envoyé défier à contretems
, en des lieux ou il n'a
pas son domicile établi; &
où il ne demeure pas ordinairement
ne pourronr pas
avec honneur ravager ses
Terres, ni brûler ses Maisons,
ou par autres voyes endommager
ses Héritages.
§. 2. Etdautant qu'il n'est
pas juste que le dol &: la fraudesoientprofitables
à personne,
Nous voulons &: ordonnons
par cette presente
Constitution perpetuelle, que
lesdéfis faits ou à faireà l'avenir
de cette fotte
,
à quelquesSeigneurs
ouautres Gens
quecesoient, avec lesquels
on auroit été en societé, familiaritéouhonnête
amitié
soit de nulle valeur; &: qu'il
ne soit nullement permis fous
pretexte de tel défi, d'outrager
quelqu'un par incendies;
pillcrics.Sefa^cagetnens , à
moins que ledéfi n'eûtété
dénoncé publiquement, pendant
troisjours, naturels, àla
personne même,défiée, -ou
dansle lieu de son domicile
ordinaire & accoutumé
, &.
que. par Témoinssuffisans il
ne fût rendu témoignage de
cette dénonciation. Ordonnons
que quiconque osera
défier & attaquer quelqu'un
en la manière susdite
, encoure
dés lors la notte d'infaiiiie,
comme s'il n'avoit esté
fait aucun défi; & qu'il soit
chastié comme Traistre par
tous Juges,suivant la rigueur
des Loix.
§. 3. Défendons &condamnons
aussi toute forte de
guerres&dequerelles injustes
, &" pareillement, les
incendies, les - ravages & les
violences injustes
,
les Péages
&Importions illicites &Se non
usitées; comme aÚffi les exactions
que l'on a coutume de
faire pour les Sauf-conduits
&les Sauve-gardes que l'on
veutfaire prendre par force
aux Gens ; &ce sur les peines
dont les saintes Loix ordonnent
que ccfdits attentats
soient punis. r
ARTICLE XVIII.
Lettres d'Intimation. AVous ,
Illustre & Magnifique
Prince, Seigneur,
&c. Marquisde Bran*
hourg, Archichambellan du
saint Empire Romain, nostre
Co-électeur & très-iberAmi.
Nous vous intimons par ces
Presentes l'Election dit Roy des
Romains
, qui pour causes
raisonnables doit être faite incessamment
,
& vous appellons
selon le devoir de nostre charge
& la coutume à laditeElection ;
afin que dans trois mois consécutifs,
àcompter de teljour, &c.
Vous ayez, àvenirpar VOHS-
même
, ou par vos Ambassadeurs
ou Procureurs ,
soit un ou
plusieursayant Charge & Mandement
suffisànt
, au lieu du
selon la , forme des Loix sacréts
qui ont été jur cefaites, pour
déliberer
,
traiter & convenir
avec les autres Princes vos &
nos Co- électeurs
,
de l'Election
d'un Roi des Romains, quipar
la grace de Dieuferaaprèscréé
Empereur; & pour y demeurer
jusqu'ala confommatioa de cette
Election,& autrementfaire &
procéder comme il eflexprimé
dans les Loix sacrées sur ce
établies ; àfaute de quoi Nous
y procéderonsfinalement avec
les autres Princes vos& nos Coélectleurs
suivant que l'ordonnev
l'Autorité desdites Loix nuftobftant
vostre absence ou Ctllf
des roJlrel.
ARTICLE XIX.
forme de Procuration à donner
par le Prince Electeur
qui , envoyera, ses Ambassa-
, deurs à FElection. NOus N. par la grace de
Dieu, ÔCC. du saint Empire,
&c. Sçavoirfaisonsà tous
par ces Presentes, Jthte comme
pour des Causes raisonnables
L'on doit inceffimment procéder
à l'Election d'un Roi des Romains
,
ér que nous desirons ardemment,
ainsique nousy oblige
l'honneur& Etat du saint Em*
pire, qu'ilnesoit exposé à aucuns
eminens dangers;Nous ,
ayant une ferme presuasion &
une confiancesinguliere en la
fidelité
,
suffisance & prudence
de nos chers&bien
- aimez tels,
&c. lesavonsfait , conflitue^
& ordonnez comme nous les
faisons ,constituons & ordonnons
,avec tout droit
, maniére&
forme
, le mieux & le
plus efficacement que nous pouvons
, nos veritables & légitimes
Procureurs & Ambassatleurs
spéciaux,eux ou chacun
d'eux solidairement, en sorte
que la condition de celui Ifuioccupera
ne soit pas meilleure , mais que ce qui aura esté commencé
par l'unse puissefinir Ô*
duëment terminerparl'autre ,
&cepour traiterpar tout avec
les autres Princes nos Co -
électeurs,
tantEcclesiastiques que
Séculiers
, conveniravec eux&
concluresur le choix d'une Personne
qui ait les qualitez propres
à estre élû Roi des Romains
,
Ó" pour aijïfier aux
Traitez qui si ferontsur l'Election
d'une telle Personne, é*
y traiter& délibererpour Nous
en nostreplace (J- en nostre nom,
comme aufjt pour en nostre même
nom &place
, nommer la même
Personne & consentir qu'elle
soit éluë Roi des Romains, &
élevée au saint Empire
,
&
pourfairesur nostrepropre con->
science tout Serment qui sera
necessaire, convenable cf aciQutumé
jmêmepour en cequi
concerne les choses susdites ott
quelqu'unedesditeschoses,sub-
JHtuer&revoquersolidairement
un autre ou d'autres Procureurs,
&faire toutes& chacunes choses
queserontnecessaires à" utiles
à faire en ce qui concerne les
Affairessusdites,ju[qu'à la consommation
des Traitez, de cette
Nomination
,
Déliberation &
Election
, ou telles autressemblables,&
aul/i utiles& importantes
chosès
, encore qu'elles ou
quelquune d'icelles,demandassentun
Mandementplusspécial,
ou qu'ellesfussentdeplus grande
consequence & plus particulière
que les susdites ; le tout comme
nouspourrionsfaire nous -mêmes,//
nous étionspersonnellement
present aux Négociations
desdits Traitez, Délibération , Nomination df Election future,
ayant & voulant avoir, 6"A
promettant fermement d'avoir
perpétuellement agriable&pour
ratifiétoutce qui fera négocié,
traité ou fait, ou de quelque
Wanière ordonnédans les .Affaires
susdites, en quelqu'une
Quelles par nos susdits Pro..
cureurs ou Ambassadeurs; cçw
me anssipar leurs fubdeléguez*»
ou par ceux qui seront ftbjli.
tuez, par eux ou parquelqu'un
d'eux.
ARTICLE XX.
De. l'union des Pri(JCipIlMfez.,:
des Eleveurs&desDroits
-,
- yannexez,.
Ah Nom de Ufainie& indivi^
-
sible Trivit.éydranojlreplus*
grand bonheur.Ainjifiit-il* cHALRLES IV. parla
grace de Dieu, Empereur
des Romains, toujours Auguste
& Roi de Boheme
>
à la
perpétuellemémoire de la
chose.
Comme toutes & chacunes
les Principautez, en vertu
deiquelles l'on sçait que les
Princes Electeurs Seculiers
ont droit & voixenl'Election
du Roi des Romains futur
Empereur, font tellement attachées
& inséparablement
unies à ce Droit & aux Fonctions,
Dignitez & aut':es)
Droits y appartenant & en
dépendans
, que le Droit&
la Voix,l'Office &: la Dignité,
& les autres Droits qui
appartiennent à chacune desditesPrincipautez
, ne peuvent
échoir qu'à celui qui
posséde notoirement la Principauté
avec la Terre, les
Vasselages
,
Fiefs, Domaines
& ses appartenances; Nous
ordonnons par ce present Edit
Impérial, perpétuel & irrc-.
vocable, qu'.à. l'avenir chacune
desdits Principautez demeurera
& fera si étroitement
indivisiblement conjointe &
unies avec la Voix d'Election,
l'Office&toutes autres Dignitez,
Droits&appartenances.
concernant la DignitéElectorale
, que quiconque fera paisible
poIÏeneur d'unedesdites
Principautez ; joüiraaussi de
la libre &: paisible possession
du Droit, de la Voix, de
l'Office, de la Dignité &: de
toutes autres appartenances
qui la concernent, &: fera reputé
de tous vrai & legitme
Electeur; & comme tel on
fera tenu à l'inviter, & recevoir
& admettre
,
& non
autres, avec les autres Princes
Electeurs en tout tems
&: sans contradiction aucune ,
aux Elections des Rois des
Romains
,
& à toutes les Actions
qui concerneront l'honneur
& le bien du saint Empire,
sans qu'aucune deschoses
susdites
,
attendu qu'elles
font ou doivent être en aucun
tems divisée ou séparée l'une
„
l'autre, ou puisse en Jugement
ou dehors être reputéeséparément
ou évincée par Sentence
; voulant que toute Audience
soit refusée à celui qui
demandera l'une sans l'autre
& que si par surprise ou autrement
il l'obtenoit, & qu'ils
s'en ensuivist quelque Procédure
, Jugement, Sentence,
ou quelqu'autre semblable attentat
contre nostre presente
Constitution, le tout en tout,
ce qui en pourroit émaner ,
en Quelque façon que ce pufl:
estre
,
foit de nul effet annuellement
nul.
ARTICLE XXI.
De l'ordre de la marche entre
Us Archevêques.
$. I. OR dautant qli<?
Nous avons [llffi..
fammentexplique au - commencement
de nos presentes
Constitutions l'ordre de la
Séance que les Princes Electeurs
Ecclesiastiques devoient
tenir au Confcil
,
à la Table
& ailleurs, lorsque la Cour
Impériale se tiendra, ou que
les Princes Electeurs feront
ci-aprésobligez des'assembler
avec l'Empereur ou le
Roi des Romains, sur quoi
nous avons appris qu'il y avoir
eu par le paslé plusieurs disputes;
Nous avons aussi cru
qu'il étoit expédient de prescrire
l'ordre qui doit être par
euxobservé aux Procédions
&: Marches publiques.
§. 2. C'cll pourquoi Nous
ordonnons par ce present
Edit Impérial & perpétuel ,1
quetoutes les fois que dans
les Assembléesgénérales ou
feront l'Empereur ou le Roi
des Romains & lesdits Princes,
l'empereur ou le Roi des
Romains voudra sortir en public
& en cérémonie
,
& qu'il
fera porter devant lui les Ornemens
Imperiaux, l'Archevêquede
Trêves marchera
le premier & seul devant
l'Empereur ou le Roi en ligne
droite & diamétrale;ensorte
qu'entre l'Empereurou le Roi
,& lui, il n'y ait que les Prince
à qui il appartient de porter
le; Marques Impériales
ou Royales.
§. 3. Mais quand l'Empereur
ou le Roi marchera (ans
faireporterlesdits Marques,
alors le même Archevêque
précédera l'Empereur ou le
Roi en la manière susdite, en
forte qu'il n'y ait absolument
personne entr'eux; les deux
autres Archevêques Electeurs
gardant dans lesdites Processions
chacun la place qui luy
a esté ci
-
dessus assignée pour
la Séance, selon la Province
en laquelle ils se trouveront.
nela Monnoye. §iNOus ordonnons de
plus, que le Roy
de Boheme qui après nous
succedera à ce Royaume,
pourra pendant son Regne
faire battre Monnoye d'Or &
d'Argent en tous les endroits
&: lieux de son Royaume,ou
Terres en dépendantes qu'il
lui plaira &ordonnera dans
la forme & maniéré jusqu'à
present observée dans ledit
Royaume, ainsi que de tout
temps il a été loisible à
nos Predecesseurs Rois de
Boheme de faire, ftiiv-aiit la
poissession continuelle qu'ils
ont de ce Droit, voulons &:
ordonnons aussi par la présence
ConstitutionImpériale'
Grace perpetuelle, que les
Rois de Bohême poi/Icnt
acheter &: acquérir desautres
Princes, Seigneurs, Comtes
&: de toute autre Personne,"
des Chameaux., - ,Terres &
Terres héritages, dequelque nature
qu'ilspuissentêtre, en recevoir
en don&par engagement:
à condition qu'ils feront tenus
de les laisser en lamême nature
qu'ilstesauronttrouvez ies
comme Fiefs,Franc-aleu
comme, tel, &c. En sorte
toutes fois que les biens que
les rois de Boheme auront
ainsi acquis ou reçu, & qu'ils
auront jugé à propos- d'unir au
Royaume de Boheme, ils
feront obligez d'en payer les
redevances ordinaires&accoûruméesquienetoient
ducs
à FEmpirc.-
§. 2.. Laquelle presente
Construction &: Grâce, Nous
étendons aussi, en vertu de
nôtrepresente Loy impériale,
à tous les Princes Electeurs,
tant Ecclesiastques, que Séculiers
,
&: à leurs successeurs
&: légitimésHéritiers, aux
charges & conditions ci-denns
prescrites.
ARTICLE XI.
De l'Election des Princes
Electeurs.
§. I. ORdonnon*s aussî, que les ( omtes,
Barons,Nobles, Feudataires,
Vassaux,Officiers, Gens de
guerre,Citoyens, Bourgeois
& toutes autres Personnes, de
quelque Etat, Dignité&condition
qu'elles soient, qui
setons Sujets des Eglises de
Cologne,Mayence & Trêves,
ne devront ni ne pourront à
l'avenir, comme ilsn'ont pu
ni dû parle pasé, estre citer,
çÜ-ezJ ni trduits hors le
Territoire, ni les termes &:
limites de la Jurisdiction desdites
Eglises & leurs dépendances
,à l'inflance de quelque
Demandeur que ce soit; ni
obligez de comparoistre en
Justice pardevant d'autres
Tribunaux &: Juges, que
pardevant les Juges ordinaires
des A rehevêques de Mayence,
deTrêves &: de Cologne,
comme nous trouvons que de
tout tems il a été ainsi observé.
§. 2.. Et s'il arrivoit que
nonobstant nostre presente
Confticution, quelqu'un des
Sujets desEglises de Trêves,
de Mayence & de Cologne,
fût ajourné ou cité ( pour
quelque Cause que ce foit,
civile,criminelle ou mixte.
jdu autre Affaire, pardevant
quelqu'autre Juge hors des
Territoires,termes,&; limites
desdites Eglises ou d'aucunes
d'icelles, celui qui aura été
cité ne fera nullement, tenu
.de comparoiste ouderépondre
: décorantlaCitation,
les Procédures &: Sentences
interlottitoires ou définitivesrendues
ouàrendre contre le
Défaillant, par tels Juges qui
Tcjpnthors du Ressort desdites
Eglises,.&: tout ce qui s'en
feaeurtorfeitfaentteseunivttiapt.,anr uelxe&c:utdioennouul -:
j§. 3. A quoy nous ajoutons
éxpressement queles Comtes,
Barons,Feudataires,Nobles,
Vyailaux, Officiers, Gens deguerre
,Citoyens, Pailans &!
tous autres Sujets desdites
Fglifcs,de quelque Etait;
Dignité ou Condition qu'ils
soient, ne pourront pas appeller
des Procédures, Sentences
-
interlocutoires
définitives, ou Mandemens
desdits Archevesques& de
leurs Eglises ou de leurs
Officiaux ou Juges Séculiers,
nonplus que desexécutions
faitesouàfaire en conséquencecontr'eux,
dans la
Jurisdiction de l'Archeveique
ou desditsOfficiaux, à quelqu'autre
Tribunal que ce soit,
pendant-quelaJufticcrte fera
pointdéniéeaux Complaignans
dans les Tribunaux
cUldits- Archevesques& de
leurs Officiaux; Faisons désenses
à tous autres Juges de
recevoir semblables Appellations,
& les déclarations
,
nulles
&: sans effet.
§. 4. Mais en cas de déni
de Justice, Nous permettons
à tous les sus-nommez à qui
la Justice aura été déniée,
d'appeller, non pas indifferemment
à tout autre Juge
ordinaire ou subdelegué
mais immédiatement , au Tribunal
de la Cour Imperjale &
au Juge qui y présidera alors;
cassant & annullant toutes les
Procédures qui auront été faitesailleurs,
au préjudice de
cette Constitution.
§. 5. Laquelle en vertu de
nôtre preseuce Loi Imperiale,
Nous étendons aussi aux Illustres
Comte Palatin du
Rhin, Duc deSaxe&Marquis
de Brandebourg, Princes Electeurs
Seculiers ou Laïques,&
à leurs Successeurs
,
Heritiers
& Sujets,en la mêmeforme âc
maniereque dessus.
ARTICLE XII.
, De l'Assemblée des Princes
Electeurs.
Au nom de la sainte & in*
divisible Trinité& à no[Ire
plus grand bonheur. Ainjî
c(oit-il. HARLES IV. par la
grace de Dieu Empereur
des Romains, toujours Augure
& Roy de Bohême:à la
memaire perpetuelle de la
chose.
§.I. Parmi les divers soins
qui occupent continuellement
nostre esprit pour le bien
public, nostre Hautesse Impériale
a consideré que les
Princes Electeurs du saint Empire
qui en.foiiç les bazes
solides & les colonnes immobiles,
ne pouvant pas avoir
commodement communication
ensemble,àcause de leur
trop grand éloignement les uns
des autres, il estnecessaire
que pour le bien & le salut
de l'Empire ilss'assemblent
plus souvent que de coustume ;
afin que comme ils font j.~r~'
încz des abus & desordres qui
regnent dans les Provinces qui
leur sont connuës, ilspuissent
en faire rapport & en conferer
ensemble, &: aviser aux
moyens d'y apporter le remede
par leurs salutaires
conseils & leur fage prévoyance.
§. 2. C'est pourquoi dans
nostre Cour solemnelle tenuë
par nostreHautesse à Nuremberg",
avec les Venerables
Princes ElecteursEcclesiastiques
,& les Illustres Princes
Electeurs Séculiers; & plusieurs
autresPrinces &: grands
Seigneurs, aprèsune meure
déliberation avec les mesmes
Princes Electeurs,de leur
a?/is_,pour le bien &: le salut
commun? Nous avons jugé à
propos avec lesdits Princes
Electeurs, tant Ecclesiastiques
que Seculiers, d'ordonner
qu'à l'avenir les mesmes
Princes Electeurs s'assembleront
en Personne une fois l'an ;
en une de nos Villes Impériales,
quatre semainesconsécutives
après la Feste de
Pâques,& que pour la presente
année, au même temps
prochainement venant, il fera
célébré par Nous & les mêmes
Princes une Conférence,
Cour ou Assemblée de cette
forte en nostre Ville Impériale
de Metz; & lors, en l'un des
jours de la tenue de ladite
Assemblée, il fera par Nous
& de leur avis, nomme un
lieu auquel ils auront à s'assembler
l'année suivante: Et
cette presente Constitution ne
durera que tant qu'il plaira à
Nous &: à Eux; & pendant
quelle aura lieu, Nous
prenons en nostre Protection
&Sauvegarde lesdits Princes
Electeurs, tant en venant en
nostre Cour qu'en y séjournant
& s'en retonrnant.
§.3. Etafin que la négociation
& l'expédition des
Affaires communes concernant
le salut &le repos public,
ne soient point retardées par
les festins qui se font ordinairementen
semblables Assemblées
; Nous ordonnons aussi,
de leur consentement llna-.
aime, que pendant lesdites
Assemblées il ne fera loisible
à qui que ce soit de faire aucun
festins general aux Princes,
mais bien des repas particuliers
, qui n'apportent point
d'empêchement à l'expedition
des affaires; &: cela mesme
avec moderation.
*
ARTICLEXIII.
De la révocation du Privi/fgt.
L.
Tatuons &déclarons
aussi, par nonre present
Edit Impérial, perpetuel &
irrevocable, que tous les
Priviléges & toutes Lettres de
Concession que Nous ou les
Empereurs & Rois des Romains
nos Predécesseurs de
glorieuremémoire, aurions
octroyez de nostre propre
mouvement ou d'une autre
maniere, fous quelques termes
que ce pilt être, ou queNous
ou nos Successeurs Eir p-:.-rcurs
& Rois pourroient à l'avenir
accorder à qui que ce soit & de
quelque Etat, Préeminence,
ou Condition qu'ilsoit;même
aux Villes, Bourgs ou COHl"'
munautez de quelques lieux
que ce soit pour des Droits,
Graces, Inununitez,COlltumesou
autre choses, ne
pourront prejudicier nidéroger
aux Libertez, Jurisdictions,
Droits, Honneurs&
Seigneuries des l rinces Electeurs
du saint Empire, Ecolesiastiques
& Seculiers, ni
d'aucun d'eux, encore que
dans lesdits Priviléges&
lesdites Lettres accordées,
comme dit est, en faveur de
quelquesPersonnes que ce soit
& de quelque Prééminence,
Dignité & Etat qu'elles
soient, ou desdites Communautez,
il fût expressément
porté qu'elles nepourroient
estre revoquées, si ce n'est
qu'en cas qu'oneûtspécialement
& de mot à mot inseré
dans tout le corps & contenu
desdites Lettres cette clause
de non revocation; lesquels
Priviléges &: Lettres, entant
qu'ils préjudicient & dérogent
en quelques choses aux Liberiez,
Jurifdichons,Droits,
Honneurs &: Seigneuriesdesdits
Princes Electeurs ou
d'aucun, Nous avons, de
nostrecertaine Science, pleine
Puissance 6c Autorité Imperiale
revoquez & cassez,
revoquons & cassons,entendons
&: tenons pour revoquez
& cassez par ces Prefel-ices,
ARTICLE XIV.
De ceux IlllfqNels on ôte les
biens Féodaux comme en
étant indignes. ET dautant qu'en plusieurs
lieux de Tizinpire
les Vassaux & Feudataires font
à contre-tems & malicieusement
une resignation ou dcnrL
rementverbal des Fiefs qu'ils
tiennent de leurs Se,igncllrsj
pour avoir lieuaprès ladite
resignation de les défier, 6t
de leur déclarer la guerre ,- 8c
fous prétexted'unehostilité
ouverte pouvoir attaquer , envahir, occuper, & retenir
lesditsFiefs & Terres au préjudicedesmêmes
Seigneurs;
Nous ordonnons
, par cette
Constitution perpétuelle, que
telles 6c semblables resignations
ou renonciations seront
reputé es comme non faites, si
elles ne sontfaites librement
réellement, & si les Seigneurs
ne sont misenponcrsion
corporelle& réelle d:'[-
<lirsEiefs ; en forte que ces faiseurs
de défi..pe troublentjamais
ou par eux ou par d'autres
,
& ne donnent conseil ,
faveurcqz- assistenceàquelqu'-
tin, pour troubler ou inquiéter
leursSeigneurs dans les Fiefs
où Beneficesqu'ilsaurontre-,
signez: Voulons que ceux qui
feront le contraire & attaqueront
leurs Seigneurs dans
leurs Benefices&Fiefs refiç-•O
nez ou non resignez,en quelque
manièreque ce soit, ou,
les troubleront ou endommageronr
;ou préteront conseil,
afiitfa-nce oufaveur à ceux quicommettrontsemblables
attentats ,perdentenmêmetems&.
par cela même lesdits
Fkfs:.te Benefices >•te soient.
déeiartoiofmie^:v& mis aui1
Ban de l'Empire
,
sans qu'ils
puitfentlt jamais rentrer ,
fous
quelque prétexte que ce soit,
danslesdits Fiefs&Benefices,
& sans qu'on les leur puisse
de nouveau en aucune maniére
conferer; Déclarant que la
Concession ou l'Investiture
qu'on leur en pourroit avoir
donnéensuite,contre la presente
Constitution
,
soit sans
aucun effet. Ordonnons en
dernier lieu
, que ceux ou celui
qui oseront ou oseraagir
frauduleusement contre leur
Seigneur ou son Seigneur
,
.lx. les iront attaquer de desseinprémédité
,
sans avoir
fait ladite resignation ; foit
que le défi ait esté fait ou non
fait, encourent par cela mé-
melesditèspeines:,enverta
de la presente -San&ion,
ArtïCLE XV. :
Des Conspirations,
,
i§. 1.N 1 1 Ous defapprouvonsaussi,
couda nnons).
& de nostrecertaine Science
déclarons nulles toutes Gonfpirations,
Conventicules., SOr
cierez
-
Ulicices;détestées dC
défenduës par lesiLoixdans
& hors desVilles, entre Ville
&: Ville; entre Partic111ie.r&
Particulier, entre Ville &:
Particulier sous pretexte de
Parenté,de Bourgeoise, où
telle autre couleur. qu'elle
puisseestre; comme aussi tou*
tes Confédérations&Pactes,
& toutes Coustumes sur ce
introduites, que Nous tenons
plutost pour corruption, lesquelles
les Villes ou Personnes
de quelque Dignité,Condition
ou Etat qu'elles puissent
estre,
-
auroient fait jtl\£qu'à
present, ou présumeroient de
faire à l'avenir, -foieentr'eux,
soitavec d'autres
,
sans l'autoriré
des Seigneurs dont ils
font Sujets
,
Officiers ou Serviteurs
, ou demeurant dans
leur Détroit,ces mêmes Seigneurs
n'étant,pas nommément
exceptez, ainsiqu'elles
ont été deffenduës & cances
par les sacrées Loix des Divins
Empereurs nos Fiicdé«e£*
seurs ;
à l'exception toutefois
des Conféderations &: Ligues
que l'on sçait avoir été faites :
par lés Princes,les Villes & autres,
pour la conservation dela
Paix générale des Provinces
e4 Pays ente'eux ;
lesquelles
reservantspecialement par nôtreDéclaration, Nousordonnons
qu'elles demeurent
dans leur force &: vigueur,
jusques à ce qLw Nous trou.., ,
vions à propos d'en ordonner
autrement.
§.2. Nous ordonnons que
tout Particulier qui osera à
l'avenir faire des Ligues
5 : Conspirations & Pactes de
cette sorte,contre la disposition
de cet Edit& de nôtre
ancienne Lça sur cepubliée
, >
outre la peine portée par la
même Loi, encourrera deslors
la notte d'infamie &: la
peine de l'amende de dix Ji.
vres d'or; & que toute Ville
qui pareillement violera nostre
presente Loi, encourera
aussi la peine de l'amende de
cent livres d'or, avec la perte
& privation de ses Privilèges
Impériaux; desquelles amendes
pécuniaires la moitié en
fera applicable au Fisc Imperia1,
& l'autre au Seigneur du
Détroit,aupréjudice duquel
lesdits ligues auront été faites.
ARTICLE XVI.
Des Phalburgers ou Gens déchûs
de leurBourgoisie.
§. I.AU reste
,
il Nous
a esté souvent fait
plainte, que certains Bourgeois
& Sujets des Princes,
Barons & autres cherchans
à secoüer le joug de leur su-
1 jétion oriyiiiaire même
par une entreprise téméraire
,
n'en tenant aucun compte,se
font recevoir Bourgeois d'autres
Villes, comme ils l'ont
en persoune dans les Terres,
Villes, Bourgs, & Villages
de leurs premiers Seigneurs,
qu'ils ont osé Ôc osent abandonner
par cette fraude
,
ils
prétendent joüir des Libertez
des Villes où par ce moyen
ils ont acquis le Droit de
Bourgeoisie & estre par elles
protegez; lesquels Bourgeois
font vulgairement appelez en
Allemagne Phalburgers. Or
d'autant qu'il n'est pas juste
que quelqu'un profite de son
dol & de sa fraude; Nous,
après avoir sur ce pris l'avis des
Princes ElecteursEcclesiasti-.
ques & Séculiers,, &de nostre
certaine Science
,
pleine Puis
sance & Autorité Impériale
,
avons ordonné & ordonnons
par cette presente Loi perpétuelle&
irrevocable, que lesdits
Bourgeois &: Sujets qui se
mocqueront ainsi de ceux fous
la sujétion desquels ils sont,
ne pouront de ce jour à l'avenir
dans toutes les Terres,Lieux
& Provinces du saint Empire
, joüir en aucune façon
des Droits & libertez des Villes
où parune telle fraude ils
se feront ou se font fait recevoir
jusqu'àpresent Bourgeois:
si ce n'etf que se transferant
réellement en personne dans
lesdites Villes pour y établir
un domicile actuel & y faire
une residence continuelle
,
vraye & non feinte, ils y subissent
les Impositionsaccoûtumées&
les charges municipales;
& si quelques-uns y ont été
reçus ou le sont à l'avenir,leur
reception fera réputée pour
nulle ; &: les Reçus, de quelque
Dignité
,
Condition&
Etat qu'ils soient, ne joüiront
en aucun cas&: fous quelque
prétexté que ce foie
,
des
Droits & Libertez desdites
Villes ,ce nonobstant quelconques
Droits & Privilèges
obtenus, & Coutumes obfervées
en quelque temps que ce
foit ; lesquels entant qu'ils
font contraire à nôtrepresente
Loi, Nous de nostre certaine
Science, pleine Puissance Impériale
,
les revoquons par
ces Presentes,&: ordonnons
qu'ils soient privez de toute
force &: valeur.
j. 2. A la reserve & sans
préjudice à toujours, touchantce
que dessus) des
Droits que les Princes, Seigneurs
& autres Personnes
qui de cette maniéré ont esté
ou feront à l'avenir abandonnez
, ont sur les personnes ôc
les biens de leurs Sujets qui
les abandonnent ansi ; &:*
pour ceux qui contre la difporition
de nôtre presente
Loi, ont osé par le passé
, ou
oseront à l'avenir recevoir
lesdits Bourgeois èc Sujets
d'autrui , si ils ne les :ren,.;
voient absolument dans un
mois aprèslapublication, à,
eux faite des Presentes,Nous,
déclarons que toutes les fois;
qu'ils transgresserontnôçre
presente Loi. ils encoureront
la peine de l'amande de cent
marcs d'or pur, dont la moitié
fera apphquable irremissiblement
à nôtre Fisc Impérial,
& l'autre aux Seigneurs
de ceux qui auront été ainsi
reçus.
ARTICLE XVII.
Des Défis.
§. I.NOus déclarons en
outre, que ceux
qui seignent d'avoirjuste raison
de défier que lqu'un
,
l'auront
envoyé défier à contretems
, en des lieux ou il n'a
pas son domicile établi; &
où il ne demeure pas ordinairement
ne pourronr pas
avec honneur ravager ses
Terres, ni brûler ses Maisons,
ou par autres voyes endommager
ses Héritages.
§. 2. Etdautant qu'il n'est
pas juste que le dol &: la fraudesoientprofitables
à personne,
Nous voulons &: ordonnons
par cette presente
Constitution perpetuelle, que
lesdéfis faits ou à faireà l'avenir
de cette fotte
,
à quelquesSeigneurs
ouautres Gens
quecesoient, avec lesquels
on auroit été en societé, familiaritéouhonnête
amitié
soit de nulle valeur; &: qu'il
ne soit nullement permis fous
pretexte de tel défi, d'outrager
quelqu'un par incendies;
pillcrics.Sefa^cagetnens , à
moins que ledéfi n'eûtété
dénoncé publiquement, pendant
troisjours, naturels, àla
personne même,défiée, -ou
dansle lieu de son domicile
ordinaire & accoutumé
, &.
que. par Témoinssuffisans il
ne fût rendu témoignage de
cette dénonciation. Ordonnons
que quiconque osera
défier & attaquer quelqu'un
en la manière susdite
, encoure
dés lors la notte d'infaiiiie,
comme s'il n'avoit esté
fait aucun défi; & qu'il soit
chastié comme Traistre par
tous Juges,suivant la rigueur
des Loix.
§. 3. Défendons &condamnons
aussi toute forte de
guerres&dequerelles injustes
, &" pareillement, les
incendies, les - ravages & les
violences injustes
,
les Péages
&Importions illicites &Se non
usitées; comme aÚffi les exactions
que l'on a coutume de
faire pour les Sauf-conduits
&les Sauve-gardes que l'on
veutfaire prendre par force
aux Gens ; &ce sur les peines
dont les saintes Loix ordonnent
que ccfdits attentats
soient punis. r
ARTICLE XVIII.
Lettres d'Intimation. AVous ,
Illustre & Magnifique
Prince, Seigneur,
&c. Marquisde Bran*
hourg, Archichambellan du
saint Empire Romain, nostre
Co-électeur & très-iberAmi.
Nous vous intimons par ces
Presentes l'Election dit Roy des
Romains
, qui pour causes
raisonnables doit être faite incessamment
,
& vous appellons
selon le devoir de nostre charge
& la coutume à laditeElection ;
afin que dans trois mois consécutifs,
àcompter de teljour, &c.
Vous ayez, àvenirpar VOHS-
même
, ou par vos Ambassadeurs
ou Procureurs ,
soit un ou
plusieursayant Charge & Mandement
suffisànt
, au lieu du
selon la , forme des Loix sacréts
qui ont été jur cefaites, pour
déliberer
,
traiter & convenir
avec les autres Princes vos &
nos Co- électeurs
,
de l'Election
d'un Roi des Romains, quipar
la grace de Dieuferaaprèscréé
Empereur; & pour y demeurer
jusqu'ala confommatioa de cette
Election,& autrementfaire &
procéder comme il eflexprimé
dans les Loix sacrées sur ce
établies ; àfaute de quoi Nous
y procéderonsfinalement avec
les autres Princes vos& nos Coélectleurs
suivant que l'ordonnev
l'Autorité desdites Loix nuftobftant
vostre absence ou Ctllf
des roJlrel.
ARTICLE XIX.
forme de Procuration à donner
par le Prince Electeur
qui , envoyera, ses Ambassa-
, deurs à FElection. NOus N. par la grace de
Dieu, ÔCC. du saint Empire,
&c. Sçavoirfaisonsà tous
par ces Presentes, Jthte comme
pour des Causes raisonnables
L'on doit inceffimment procéder
à l'Election d'un Roi des Romains
,
ér que nous desirons ardemment,
ainsique nousy oblige
l'honneur& Etat du saint Em*
pire, qu'ilnesoit exposé à aucuns
eminens dangers;Nous ,
ayant une ferme presuasion &
une confiancesinguliere en la
fidelité
,
suffisance & prudence
de nos chers&bien
- aimez tels,
&c. lesavonsfait , conflitue^
& ordonnez comme nous les
faisons ,constituons & ordonnons
,avec tout droit
, maniére&
forme
, le mieux & le
plus efficacement que nous pouvons
, nos veritables & légitimes
Procureurs & Ambassatleurs
spéciaux,eux ou chacun
d'eux solidairement, en sorte
que la condition de celui Ifuioccupera
ne soit pas meilleure , mais que ce qui aura esté commencé
par l'unse puissefinir Ô*
duëment terminerparl'autre ,
&cepour traiterpar tout avec
les autres Princes nos Co -
électeurs,
tantEcclesiastiques que
Séculiers
, conveniravec eux&
concluresur le choix d'une Personne
qui ait les qualitez propres
à estre élû Roi des Romains
,
Ó" pour aijïfier aux
Traitez qui si ferontsur l'Election
d'une telle Personne, é*
y traiter& délibererpour Nous
en nostreplace (J- en nostre nom,
comme aufjt pour en nostre même
nom &place
, nommer la même
Personne & consentir qu'elle
soit éluë Roi des Romains, &
élevée au saint Empire
,
&
pourfairesur nostrepropre con->
science tout Serment qui sera
necessaire, convenable cf aciQutumé
jmêmepour en cequi
concerne les choses susdites ott
quelqu'unedesditeschoses,sub-
JHtuer&revoquersolidairement
un autre ou d'autres Procureurs,
&faire toutes& chacunes choses
queserontnecessaires à" utiles
à faire en ce qui concerne les
Affairessusdites,ju[qu'à la consommation
des Traitez, de cette
Nomination
,
Déliberation &
Election
, ou telles autressemblables,&
aul/i utiles& importantes
chosès
, encore qu'elles ou
quelquune d'icelles,demandassentun
Mandementplusspécial,
ou qu'ellesfussentdeplus grande
consequence & plus particulière
que les susdites ; le tout comme
nouspourrionsfaire nous -mêmes,//
nous étionspersonnellement
present aux Négociations
desdits Traitez, Délibération , Nomination df Election future,
ayant & voulant avoir, 6"A
promettant fermement d'avoir
perpétuellement agriable&pour
ratifiétoutce qui fera négocié,
traité ou fait, ou de quelque
Wanière ordonnédans les .Affaires
susdites, en quelqu'une
Quelles par nos susdits Pro..
cureurs ou Ambassadeurs; cçw
me anssipar leurs fubdeléguez*»
ou par ceux qui seront ftbjli.
tuez, par eux ou parquelqu'un
d'eux.
ARTICLE XX.
De. l'union des Pri(JCipIlMfez.,:
des Eleveurs&desDroits
-,
- yannexez,.
Ah Nom de Ufainie& indivi^
-
sible Trivit.éydranojlreplus*
grand bonheur.Ainjifiit-il* cHALRLES IV. parla
grace de Dieu, Empereur
des Romains, toujours Auguste
& Roi de Boheme
>
à la
perpétuellemémoire de la
chose.
Comme toutes & chacunes
les Principautez, en vertu
deiquelles l'on sçait que les
Princes Electeurs Seculiers
ont droit & voixenl'Election
du Roi des Romains futur
Empereur, font tellement attachées
& inséparablement
unies à ce Droit & aux Fonctions,
Dignitez & aut':es)
Droits y appartenant & en
dépendans
, que le Droit&
la Voix,l'Office &: la Dignité,
& les autres Droits qui
appartiennent à chacune desditesPrincipautez
, ne peuvent
échoir qu'à celui qui
posséde notoirement la Principauté
avec la Terre, les
Vasselages
,
Fiefs, Domaines
& ses appartenances; Nous
ordonnons par ce present Edit
Impérial, perpétuel & irrc-.
vocable, qu'.à. l'avenir chacune
desdits Principautez demeurera
& fera si étroitement
indivisiblement conjointe &
unies avec la Voix d'Election,
l'Office&toutes autres Dignitez,
Droits&appartenances.
concernant la DignitéElectorale
, que quiconque fera paisible
poIÏeneur d'unedesdites
Principautez ; joüiraaussi de
la libre &: paisible possession
du Droit, de la Voix, de
l'Office, de la Dignité &: de
toutes autres appartenances
qui la concernent, &: fera reputé
de tous vrai & legitme
Electeur; & comme tel on
fera tenu à l'inviter, & recevoir
& admettre
,
& non
autres, avec les autres Princes
Electeurs en tout tems
&: sans contradiction aucune ,
aux Elections des Rois des
Romains
,
& à toutes les Actions
qui concerneront l'honneur
& le bien du saint Empire,
sans qu'aucune deschoses
susdites
,
attendu qu'elles
font ou doivent être en aucun
tems divisée ou séparée l'une
„
l'autre, ou puisse en Jugement
ou dehors être reputéeséparément
ou évincée par Sentence
; voulant que toute Audience
soit refusée à celui qui
demandera l'une sans l'autre
& que si par surprise ou autrement
il l'obtenoit, & qu'ils
s'en ensuivist quelque Procédure
, Jugement, Sentence,
ou quelqu'autre semblable attentat
contre nostre presente
Constitution, le tout en tout,
ce qui en pourroit émaner ,
en Quelque façon que ce pufl:
estre
,
foit de nul effet annuellement
nul.
ARTICLE XXI.
De l'ordre de la marche entre
Us Archevêques.
$. I. OR dautant qli<?
Nous avons [llffi..
fammentexplique au - commencement
de nos presentes
Constitutions l'ordre de la
Séance que les Princes Electeurs
Ecclesiastiques devoient
tenir au Confcil
,
à la Table
& ailleurs, lorsque la Cour
Impériale se tiendra, ou que
les Princes Electeurs feront
ci-aprésobligez des'assembler
avec l'Empereur ou le
Roi des Romains, sur quoi
nous avons appris qu'il y avoir
eu par le paslé plusieurs disputes;
Nous avons aussi cru
qu'il étoit expédient de prescrire
l'ordre qui doit être par
euxobservé aux Procédions
&: Marches publiques.
§. 2. C'cll pourquoi Nous
ordonnons par ce present
Edit Impérial & perpétuel ,1
quetoutes les fois que dans
les Assembléesgénérales ou
feront l'Empereur ou le Roi
des Romains & lesdits Princes,
l'empereur ou le Roi des
Romains voudra sortir en public
& en cérémonie
,
& qu'il
fera porter devant lui les Ornemens
Imperiaux, l'Archevêquede
Trêves marchera
le premier & seul devant
l'Empereur ou le Roi en ligne
droite & diamétrale;ensorte
qu'entre l'Empereurou le Roi
,& lui, il n'y ait que les Prince
à qui il appartient de porter
le; Marques Impériales
ou Royales.
§. 3. Mais quand l'Empereur
ou le Roi marchera (ans
faireporterlesdits Marques,
alors le même Archevêque
précédera l'Empereur ou le
Roi en la manière susdite, en
forte qu'il n'y ait absolument
personne entr'eux; les deux
autres Archevêques Electeurs
gardant dans lesdites Processions
chacun la place qui luy
a esté ci
-
dessus assignée pour
la Séance, selon la Province
en laquelle ils se trouveront.
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Résumé : « ARTICLE X. De la Monnoye. § 1 Nous ordonnons de [...] »
Le texte présente plusieurs articles relatifs aux droits et obligations des rois de Bohême et des princes électeurs du Saint-Empire. L'article X accorde au roi de Bohême le droit de frapper monnaie d'or et d'argent dans tout son royaume et d'acquérir des terres et des fiefs, sous réserve du paiement des redevances ordinaires. Cette disposition s'applique également aux princes électeurs, qu'ils soient ecclésiastiques ou séculiers. L'article XI protège les sujets des églises de Cologne, Mayence et Trêves en interdisant leur citation en justice en dehors de leur juridiction, sauf en cas de déni de justice. L'article XII impose aux princes électeurs de se réunir annuellement pour discuter des abus et des remèdes à y apporter. L'article XIII révoque les privilèges nuisibles aux libertés et juridictions des princes électeurs. L'article XIV interdit les résignations frauduleuses de fiefs, et l'article XV condamne les conspirations et ligues non autorisées par les seigneurs. Enfin, l'article XVI traite des bourgeois cherchant à échapper à leur sujétion en se faisant recevoir dans d'autres villes. Le texte aborde également des lois et ordonnances impériales concernant divers aspects de la vie politique et sociale. Il réglemente les bourgeois qui abandonnent leurs sujets pour obtenir des libertés urbaines par fraude. Une loi perpétuelle et irrévocable stipule que ces bourgeois ne peuvent jouir des droits et libertés des villes où ils se sont fait recevoir par fraude, sauf s'ils s'établissent réellement dans ces villes et subissent les impositions et charges municipales. Les réceptions antérieures sont déclarées nulles, et les droits obtenus par fraude sont révoqués. Le texte interdit les défis faits à des personnes n'ayant pas leur domicile dans les lieux mentionnés et exige une dénonciation publique pour que les défis soient valides. Les guerres injustes, incendies, pillages et exactions sont condamnés, avec des peines sévères prévues par les lois impériales. Des lettres d'intimation appellent les Princes Électeurs à participer à l'élection du Roi des Romains dans un délai de trois mois. Le texte précise la forme de procuration que les Princes Électeurs doivent donner à leurs ambassadeurs pour les représenter lors de cette élection. Il traite également de l'union des principautés des Électeurs, stipulant que les droits et voix en matière d'élection sont inséparablement liés à la possession des principautés. Seul le possesseur légitime d'une principauté peut jouir des droits électoraux et être reconnu comme Électeur. Enfin, l'ordre de marche des Archevêques lors des processions publiques est réglementé, avec l'Archevêque de Trêves marchant en premier devant l'Empereur ou le Roi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 40-51
MORTS.
Début :
Mr le Marquis de Langeron Lieutenant General des Armées Navales [...]
Mots clefs :
Chevalier, Seigneur, Marquis, Roi, Veuve
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
M O RTS.
--. Mr le Marquis de Langeron-
Lieutenant General
des Armées Navales
.& Lieutenant de Royen
basse Bretagne,& Com-
-
mandeur de l'Ordre de S.
,
Louis mourut le iS. du
mois
mois dernier d'une apoplexie
qui luy prit à
Sceaux âgéde 61. an.
Il yavoic 45. ans qu'il
estoit au service du Roy,
sa premiere Campagne
fut au Siége de Candie,
il s'est trouvé à dix rcpt
batailles navalles ,
sans
compter les combats
particuliers où il commandoit
de petites Escadres
detachées
,
il a deffendu
les Costes de Bretagne
, ôc a empeché la
descente des Ennemis
Mr l'Amiral luy a rendu
la justice de croire & de
dire qu'il avoit fort contribué
au gain de la derniere
bataille navalle où
il comandoit l'arriere garde.
Le Siége de Toulon
elt trop recent pour qu'il
soit necessaire d'en parler
,
l'Hifloire qui en a
esté imprimée peut fournir
de memoire de cette
derniere action.
Entr'autres qualités pour
la Marine ils'estoit distingué
dans la construction
des Vaisseaux où il excelloit.
On ne dit rien de sa
Maison, elle est assez connuë
dans le monde par ellemesme,& par ses alliances.
Louis d-Harcourt,fils
d'HenryDuc d'Harcourt,
Pair & Maréchalde France
,
Chevalier des Orr
dres du Roy &c. mourup
le 30. Mayâgé de 4.ans
& demi.
Jacques Malo Seigneur
de Ser, la Morte,
Frauville &c.mourursans
alliance le31. Mayâgéde
52,. ans. Il avoir esté-reç$-
Concilierau Grand Çoiv
seil en1691. 0#
Marie Talon ,veuve
de Daniel Voisin
,
Seigneur
du Pic[fis du Bois,
Iverny
, &c. Confciller
d'Estar ordinaire, mourut
le 31. May âgée de 81.
an. Ellelaisse une fille
unique , qui est veuve de
Chrestien François de la
Moignon President à
•Mortier.
:
Marie Anne Fontaine
des Montées, secondeb
femme d'Estenne d'Ali!.
gre P-rétiden-c à Mortier
mourut en couche tefc.
Juin âgée de31.an.Là
fille dont elle étoir acouchée
,
& qui étoit unU
que,ne luy a survescu que
de quelques jours. !t
- Messire Jean -
Baptiste
Matthieu Molé de
'_-Cham plastreux,Président àMortier, mourut d'apoplexie
le 5. de ce mois,
..âgé.i de trente- six ans &
trois mois, il estoit fils de
Messire Loüis Molé aussi
Président à Mortier, &
de Dame Loüise Marie
Betault, arriere petit fils
deMessire Matthieu Molé.
Garde des Sceaux de
France, & Premier Président
du Parlement, & le
cinquiéme Président à
Mortier de pere en fils.
Il estoitveufdeDameMarie
Nicole le Gorlier de
Droüilly
,
de laquelle il
laisse un fils & unefille.
Monsieur le Président
de Champlastreux estoit
frere de Mr. Molé Abbé
de saint Riquier, & de
Mr. le Chevalier Molé
Guidon de Gend'armerie,
& de Dit-ne Marie-
Loüise Molé veuve de
Mr. Talon Marquis du
Boulay Colonel du Regimentd'Orleanois.
Jean François Gilbert
Chevalier Seigneur de
Villaroy
,
Conseilier au
Parlement, mourut sans
alliance le 7. Juin âgé de
trente neufans.
Don Antonio Martin
Alvarez de Toledo ÔC
Beaumont, Enriquez, de
Rivera, Fernandez, Manrique
,
Duc d'Albe & de
Huescart, Comte de Lerin
, de Salvatierra ,&c.
Marquis de Coria,&c.
Connestable & Grand;
Chancellier de Navarre,
Sommelier de Corps du
Roy d'Espagne&son Ambassadeur
en cette Coiïr,
mourut icy le 28. May
dans sa 40 année, estant
fort regreté à cause de
ses grandes qualitez pcrfoneles
, & du zele donr
il a donné des preuves signalées
pour le service de
Sa Majesté Cathotique.
On en parlera plus amplementle
mois prochain.
André Zaluski
, Evè:..,
que de Varmie
,
Grand
Chancelier de Pologne,
mourut
jnouruc le premier May
1711. âgede63. ans. -
Le Sr Flemming, Maréchal
de Camp Général
de l'Electeur de Brandebourg
,mourut à Berlin
le10May âgé de87.ans.
Adam Antoine Grundeman
de Falckenberg,
Conseillier d'Etat du feu
Empereur, &: cy-devant
fous Maréchal de la Baffe
Autriche, mourut à Vienne
le 25. May âgé de 87. ans. Le Prince de Nassau
Adamar,Juge de la
Chambre Imperialle de
Wetzlar, mourut le 27.
May.
MagdelaineBouteroüe
veuve de Charles leClere
de Lesseville, Chevalier
Seigneur d'Incourt &c.
Conseiller au Grand Conlcil
, mourut le II. Juin
f\ âgée de 82. ans.
Catherine le Clere Epouse
de Nicolas Petit
d'Estigny
,
Chevalier de
Leudeville & Conseiller
au Grand Conseil, mourut
le 14. Juin âgée de 60.
ans.
HumbertGuillaumeC.
de Precipiano & de Soye,
Archevêque de Malines,
Primat des Pays - Bas,
mourut à Bruxelle le 9.
Juin en sa 85. année. Il
avoit esté Chanoine &
Grand Doyen de Besançon,
Plenipotentiaire àla
Diete deRatisbonne, Evêque
deBruges pendant
sept ans,& Archevêque
de Malines pendant 2 1.
an.
--. Mr le Marquis de Langeron-
Lieutenant General
des Armées Navales
.& Lieutenant de Royen
basse Bretagne,& Com-
-
mandeur de l'Ordre de S.
,
Louis mourut le iS. du
mois
mois dernier d'une apoplexie
qui luy prit à
Sceaux âgéde 61. an.
Il yavoic 45. ans qu'il
estoit au service du Roy,
sa premiere Campagne
fut au Siége de Candie,
il s'est trouvé à dix rcpt
batailles navalles ,
sans
compter les combats
particuliers où il commandoit
de petites Escadres
detachées
,
il a deffendu
les Costes de Bretagne
, ôc a empeché la
descente des Ennemis
Mr l'Amiral luy a rendu
la justice de croire & de
dire qu'il avoit fort contribué
au gain de la derniere
bataille navalle où
il comandoit l'arriere garde.
Le Siége de Toulon
elt trop recent pour qu'il
soit necessaire d'en parler
,
l'Hifloire qui en a
esté imprimée peut fournir
de memoire de cette
derniere action.
Entr'autres qualités pour
la Marine ils'estoit distingué
dans la construction
des Vaisseaux où il excelloit.
On ne dit rien de sa
Maison, elle est assez connuë
dans le monde par ellemesme,& par ses alliances.
Louis d-Harcourt,fils
d'HenryDuc d'Harcourt,
Pair & Maréchalde France
,
Chevalier des Orr
dres du Roy &c. mourup
le 30. Mayâgé de 4.ans
& demi.
Jacques Malo Seigneur
de Ser, la Morte,
Frauville &c.mourursans
alliance le31. Mayâgéde
52,. ans. Il avoir esté-reç$-
Concilierau Grand Çoiv
seil en1691. 0#
Marie Talon ,veuve
de Daniel Voisin
,
Seigneur
du Pic[fis du Bois,
Iverny
, &c. Confciller
d'Estar ordinaire, mourut
le 31. May âgée de 81.
an. Ellelaisse une fille
unique , qui est veuve de
Chrestien François de la
Moignon President à
•Mortier.
:
Marie Anne Fontaine
des Montées, secondeb
femme d'Estenne d'Ali!.
gre P-rétiden-c à Mortier
mourut en couche tefc.
Juin âgée de31.an.Là
fille dont elle étoir acouchée
,
& qui étoit unU
que,ne luy a survescu que
de quelques jours. !t
- Messire Jean -
Baptiste
Matthieu Molé de
'_-Cham plastreux,Président àMortier, mourut d'apoplexie
le 5. de ce mois,
..âgé.i de trente- six ans &
trois mois, il estoit fils de
Messire Loüis Molé aussi
Président à Mortier, &
de Dame Loüise Marie
Betault, arriere petit fils
deMessire Matthieu Molé.
Garde des Sceaux de
France, & Premier Président
du Parlement, & le
cinquiéme Président à
Mortier de pere en fils.
Il estoitveufdeDameMarie
Nicole le Gorlier de
Droüilly
,
de laquelle il
laisse un fils & unefille.
Monsieur le Président
de Champlastreux estoit
frere de Mr. Molé Abbé
de saint Riquier, & de
Mr. le Chevalier Molé
Guidon de Gend'armerie,
& de Dit-ne Marie-
Loüise Molé veuve de
Mr. Talon Marquis du
Boulay Colonel du Regimentd'Orleanois.
Jean François Gilbert
Chevalier Seigneur de
Villaroy
,
Conseilier au
Parlement, mourut sans
alliance le 7. Juin âgé de
trente neufans.
Don Antonio Martin
Alvarez de Toledo ÔC
Beaumont, Enriquez, de
Rivera, Fernandez, Manrique
,
Duc d'Albe & de
Huescart, Comte de Lerin
, de Salvatierra ,&c.
Marquis de Coria,&c.
Connestable & Grand;
Chancellier de Navarre,
Sommelier de Corps du
Roy d'Espagne&son Ambassadeur
en cette Coiïr,
mourut icy le 28. May
dans sa 40 année, estant
fort regreté à cause de
ses grandes qualitez pcrfoneles
, & du zele donr
il a donné des preuves signalées
pour le service de
Sa Majesté Cathotique.
On en parlera plus amplementle
mois prochain.
André Zaluski
, Evè:..,
que de Varmie
,
Grand
Chancelier de Pologne,
mourut
jnouruc le premier May
1711. âgede63. ans. -
Le Sr Flemming, Maréchal
de Camp Général
de l'Electeur de Brandebourg
,mourut à Berlin
le10May âgé de87.ans.
Adam Antoine Grundeman
de Falckenberg,
Conseillier d'Etat du feu
Empereur, &: cy-devant
fous Maréchal de la Baffe
Autriche, mourut à Vienne
le 25. May âgé de 87. ans. Le Prince de Nassau
Adamar,Juge de la
Chambre Imperialle de
Wetzlar, mourut le 27.
May.
MagdelaineBouteroüe
veuve de Charles leClere
de Lesseville, Chevalier
Seigneur d'Incourt &c.
Conseiller au Grand Conlcil
, mourut le II. Juin
f\ âgée de 82. ans.
Catherine le Clere Epouse
de Nicolas Petit
d'Estigny
,
Chevalier de
Leudeville & Conseiller
au Grand Conseil, mourut
le 14. Juin âgée de 60.
ans.
HumbertGuillaumeC.
de Precipiano & de Soye,
Archevêque de Malines,
Primat des Pays - Bas,
mourut à Bruxelle le 9.
Juin en sa 85. année. Il
avoit esté Chanoine &
Grand Doyen de Besançon,
Plenipotentiaire àla
Diete deRatisbonne, Evêque
deBruges pendant
sept ans,& Archevêque
de Malines pendant 2 1.
an.
Fermer
Résumé : MORTS.
Le texte relate plusieurs décès de personnalités militaires, politiques et religieuses. Le Marquis de Langeron, Lieutenant Général des Armées Navales, est décédé à l'âge de 61 ans. Sa carrière militaire fut marquée par la défense des côtes de Bretagne et la participation à diverses batailles navales. Il a été particulièrement salué pour son rôle dans la dernière bataille navale où il commandait l'arrière-garde. D'autres décès notables incluent celui de Louis d'Harcourt, fils du Duc d'Harcourt, à l'âge de 4 ans et demi, et Jacques Malo, Seigneur de Ser, à 52 ans. Marie Talon, veuve de Daniel Voisin, est décédée à 81 ans, laissant une fille unique. Marie Anne Fontaine des Montées est morte en couches à 31 ans, laissant une fille qui n'a survécu que quelques jours. Le texte mentionne également la mort de Messire Jean-Baptiste Matthieu Molé de Champlastreux, Président à Mortier, à 36 ans, et Don Antonio Martin Alvarez de Toledo, Duc d'Albe et Ambassadeur d'Espagne, à 40 ans. Parmi les figures religieuses, André Zaluski, Évêque de Varmie et Grand Chancelier de Pologne, est décédé à 63 ans, et Humbert Guillaume de Precipiano, Archevêque de Malines, à 85 ans. Ces décès couvrent un large éventail de domaines, soulignant la perte de figures influentes dans les sphères militaire, politique et religieuse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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20
p. 1-64
SUITE DE L'HISTOIRE ESPAGNOLE.
Début :
LEONORE arriva bien-tost dans l'Isle de Gade sans [...]
Mots clefs :
Prince, Grenade, Amour, Temps, Seigneur, Fortune, Père, Sujets, Amant, Douleur, Vaisseau, Princesse, Inconnue, Pouvoir, Andalousie, Malheur, Coeur, Ciel, Bonheur, Homme, Mort, Vertu, Souverain, Soeur, Duc, Usurpateur, Mariage, Doute, Perfidie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE DE L'HISTOIRE ESPAGNOLE.
AM~USE-ME~NS. SUITE
DE L'HISTOIRE
ESPAGNOLE. LEONORE arriva
bien-tost dans l'Isle
de Gade sans estre retardée
,
ni par l'inconstance -
de la Mer, ni par aucun
autre accident; quand les
amans trouvent des obHaçlesy
ce n'elt pas d'ordinaire
dans ces occasions.
Le Duc d'Andalousie,
non content de la douleur
que luy causoit l'absence
du Prince, la confia
à sa soeur, il crut ne pouvoir
mieux punir sa fille
de la passion qu'elle avoit
pour le Prince, qu'en luy
opposant de longs discours
que cette vieille soeur faisoit
sans cesse contre l'amour
; Leonore en estoit
perpetuellement obsedée,
elle estoit à tous momens
forcée d'essuyer les chagrins
de sa tante contre
les moeurs d'un siecle dont
elle n'estoit plus, & si l'on
ajoute à tant de sujets de
tristesse, le peu d'esperance
qui luy restoit de voir
son cher Prince, je m'assure
qu'on trouvera Leonore
bien à plaindre.
Un temps assez considerable
s'estoit écoulé sans
qu'elleeust encor vû dans
cette malheureuse Isle que
son Pere & son ennuyeuse
Tante, toujours livrée à
l'un ou à l'autre; à peine
pouvoit-elle passer quelques
momens seule dans
un Jardin bordé par des
Rochers que la Mer venoitbattre
de sesflots,
spectacle dont Leonore
n'avoit pas besoin pour
exciter sa rêverie:Un
jour plus fortuné pour
elle que tantd'autres qu'-
elleavoit trouvez silongs,
elle se promenoit dans ce
Jardin, heureuse de pouvoirsentir
en liberté tous
ses malheurs, elle vit tout
à coup dans le fond d'une
allée, une perfoiineqLii
paroissoit triste
)
& dont la
beauté rendoit la douleur
plus touchante;la conformité
de leur état leur donna
une mutuelle envie de
se voir de plus prés, & elles
furent bien-tôt à portée
de se demander par quelle
avanture elles se trouvoient
ainsi dans le même
lieu: Leonore qui se
croyoit la plusmalheureuse
,
avoit droit de se plaindre
la premiere, & cependat
elle se fit violence pour
cacher une partie de sa
tristesse:Je ne m'attendois
pas, Madame, dit-elle, à
l'inconnuë
,
de trouver ici
une des plus belles personnes
du monde, moy qui
avois lieu de croire que le
Duc d'Andalousie & sa
soeur estoient les seuls habitans
de cette Isle.
Ma surprise, Madame,
répondit l'inconnuë, elt
mieux fondée que la vôtre
; je trouve ici plus de
beauté que vous n'yen
pouvez trouver, & j'ay
sans doute plus de raisons
de n'y supposer personne:
Je ne doute pas, reprit
Leonore, que de grandes
raisons ne vous réduisent à
vous cacher dans une solitude,
j'ai crû voir sur vôtre
visage des marques de
la plus vive douleur, vous
estes sans doute malheureuse,
cette raison me fut
fit pour vous plaindre:l'inconnuë
ne répondoit d'abord
à Leonore que par
des discours de civilité;
l'habitude qu'elle avoit
prise de parler seule,&sans
témoins, contrebalançoit
le penchant naturel que
les malheureux ont à se
plaindre,mais son air my.
sterieux ne faisoitqu'irriter
la curiosité de Leonore
5
qui estoit impatiente
de comparer ses malheurs
à ceux de l'inconnuë
; quoique j'ayepûaisément
remarquer que vôtre
situation n'est pas heureuse,
continua Leonore,
je ne puis comprendre
comment la fortune vous
a conduite dans l'Isle de
Gade, je me croyois la
seulequ'elle y eufi rranC.
portée, & je vous avouë
que je fuis bien impatiente
d'en penetrer le mystere;
si vous conncissiez.
l'habirude où je luis de
plaindre les malheureux,
& l'inclination qui deja
m'interesse pour vousvous
n'auriez pas le courage de
me le cacher plus longtemps.
Je ne puis douter, Madame,
répondit l'inconnuë,
que vous ne soyiez.
Leonore, ôc c'ell3 tant
parce que je vous trouve
dans cette Isle
,
dont le
Duc d'Andaiousie est Souverain
,que parce que je
remarque des ce moment
en vous tout ce que la reo
nommée en publie) je ne
pouvois d'abord me persuader
que la fortune, si
cruelle d'ailleurs pourmoi
voulût icy me procurer
une de ses plus grandesfaveurs,
mais maintenant,
sûre que je vais parler à la
Princesse du monde laphrs
accomplie, jen'aurai plus
rien de secret pour elle,
& la pitié que vôtre grand
coeur ne pourra refuser
à des malheurs,qui ne
font pas communs, aura
sans doute le pouvoir de
les soulager.
Je m'appelle Elvire,
mon Pere îssu des anciens
Ducs de Grenade, vivoit
avec distindtion sujet du
Duc de Grenade, sans envier
ses Etats injustement
fortis de sa Maison, il mourut
, formant pour moy
d'heureux projetsd'établissement;
un Prince digne
de mon estime, & qui
auroit honoré7 son Alliance,
m'aimoit, je laimois
aussi, mon Pere trouvoit
dans ce mariage mon bonheur,
l'amitié qu'il avoir
pour moy luy rendoit cette
raison fiifîîfante les
choses estoient si avancées
queje gourois sans inquiétude
le plaisir d'estre destinée
à ce Prince
,
mais.
helas mon Pere mourut,
ôc(a more nous laissa cous
dans l'impuissance de finirune
affaire si importante.
pour moy! sa famille futlong-
temps accablée de ta
douleur
1
de cette perte:
enfin Don Pedre, qui est
monFrere,voulut relever
mes elperances aussi-bien
que celles de mon amant
qu'il aimoit presque autant
quemoy, lors que
Dom Garcie, homme tout
puissant à la Cour du Duc
de Grenade, qui y regnoit
plus que luy, me fit
demander par le Duc de
Grenade luy-mêrne: ce
coup imprevû accabla roue
te nostre famille,j'estois
sans doute la plus à plaindre
, mais mon Frere
,
qui
haïrToit personnellement
Dom Garcie, &qui avoit
de grandes raisons pour le
haïr, fut celuy quirésista
aplusuvivement; il repre- Duc quemafamille
avoir pris avec mon
amant des engagemens
trop forts pour pouvoir les
rompre, & que d'ailleurs
il convenoit mieux à ma
naissance
:
il le fit ressouvenir
des liens qui l'attachoient
à nous, & le Duc
naturellement équitable,
se rendit aux raisons de
mon Frere, & luy permit
d'achever nostre Mariage.
Je ne puis vous exprimer
mieuxNladaine,
quelle fut ma joye, qu'en
la comparant a la douleur
que j'ai ressentie depuis, &c
qui succeda bien-tost à
mes transports
: le jourmême
qui devoit assurer
mon bonheur, le perfide
Dom Garcie vint m'arracher
aux empressemens de
mon amant, & me rendit
la plus malheureuse personne
du mondey il me
conduisit dans des lieux
où personne ne pouvoit
me secourir : j'y fus livrée
à ses violences,le fourbe
employait tour-à-tour l'artifice
& la force, & comme
l'un & l'autre estoient
également inutiles à son
execrable dessein, il devenoit
chaquejour plus dangereux
: combien de fois
me ferois-je donnélamort,
si l'esperance de revoir
mon cher Prince ne m'avoit
toujours soutenue
croyez,Madame, que j'ai
plus souffert que je ne puis
vous le dire; le Ciel vous
preserve de connoître jamais
la rigueur d'un pareil
tourment: enfin ne pouvant
plus y refiler, je pris
le seul party qui me restair,
l'occal'occalionleprelentafavorableosai
me soustraire
aux violences de ce scelerat,
résolue de me donner
la mort,s'il venoit à me
découvrir;je ne vous diray
point la diligence avec
laquelle je fuyois ce monstre
malgré la foiblesse de
mon (exe
; mais enfin j'échapai
de ses mains:incertaine
des chemins que je
devois prendre, & des
lieux ou je devois arriver,
la fortune m'a conduite ici
loin du perfide Dom Garcie,
mais encore plus loin
demonamant.
Elvire racontoit ses malheurs
avec d'autant plus
de plaisir qu'elle voyoit
l'émotion de Leonore s'accroirre
à mesure qu'elle
continuoit son récit:chaque
malheur d'Elvire faisoit
dans son coeur une impression
qui paroissotc d'abord
sur sonvisage. Quand
ce récit fut fini, elle esperoit
qu'Elvire n'avoit pas
encore tout dit, ou qu'elle
auroit oubliéquelque circonstance
; mais quel fâcheux
contre-temps, Leonore
apperçoit sa vieille
tante qui avançoit à grands
pas vers elle Ah,ma chere
Elvire, s'écria t-elle, que
je fuis malheureuse, on
vient moter tous mes
plaisirs, il faut que je vous
quitte dans le moment que
vôtre recit m'interesse davantage.,
vous avez encor
mille choses à me raconter
je ne sçay point le
nom de vôtre amant) ni
ce qu'il a fait pour meriter
ce que vous souffrez
pour luy
,
hâtez-vous de
m'apprendre ce que je ne
lçai point encore : Je ne
sçai rien de mon Amant,
reprit Elvire, avec précipitarion,
sans doute il
n'a pu découvrir les lieux
où je suis,peut-être a-til
pris le party du defefpoir
,
peut-être ignorant
ce que mon amour a ose
pour me conserveràluy,
fiance, peut-être est-il inconfiant
luy-même:Voila,
Madame *
sçay du Prince de Murcie.
Au nom du Prince de
Murcie Leonore fit un
eiy
)
ôc tomba peu après
évanouie dans les bras d'Elvirer
Quelle fut la surprise
de cette tante quand elle
trouva Leonore dans ce
tristeétat& une inconnue
dans un trouble extrême:
Elle fit conduire Leonore
à son appartement,enattendant
qu'elle pût sçavoit
un mystere que le hazard
offroit heureusement à
son insatiable curiosité.
Cependant le Prince de
Murcie étoit depuis longtemps
abient de Leonore,
les mêmes raisons quil'ai
voient obligé de quitter
l'Andalousie si promptement,
l'empêchoient d'y
revenir:mais enfin l'amour
l'em portasurla prudence,
& il partit pour Seville
resolu de le cacher le)
mieux qu'il pourroit : A
peine fut-il dans l'Andalousie
qu'il apprit que Leonore
étoit dans l'Isle de
Gade, la distance qui estoit
entre luy & sa Princesse
le fit frémir; plus un
amant est eloigné de ce
qu 'il aime, & plus il est
malheureux;il arrive enfin
sur le bord de la mer
qu'il falloir passer pour aller
a Gade; il fut longtemps
sur le rivage cherchant
des yeux une chaloupe
à la faveur de laquelleilpût
la traverser;
&enfin il vit une petite
barque. Dans le moment
qu'il prioit le pêcheur, à
qui elle appartenoit,de l'y
recevoir, il aperçut un
homme bien fait, qui sembloit
d'abord vouloir se
cacher à ses yeux? & qui
insensiblement s'aprochoit
pourtant de luy. Le Prince
qui navoir pas moins dintérêt
à être inconnu dans
un pays si voisin de Tille
de Gade, loinde fuïr cet
étranger,alloit au devant
de luy, comme si un instindi:
secret eut en ce moment
conduit Ces pas, &
comme si le mente superieur
avoit quelque marque
particulière à laquelle
ils se fussent d'abord reconnus.
1 Seigneur, dit l'inconnu
au Prince de Murcie,j'attens
depuislong temps
l'occasion favorable qui se
prepresente
: cependant, si
vos raisons etoient plus
fortes que les miennes, je
ferois prêt à vous la ceder.
Seigneur, répondir le Prince,
vous ne sçauriez être
plus pressé de vous embarquer
que je le suis, & je
vous cede cette barque
d'aussi bon coeur ôc aux
mêmes conditions que
vous me la cedez,je consens
avec plaisir à la mutuelle
confidence que vous
me proposez
;
heureux de
pouvoir m'interesser au
sort d'un homme tel que
vous. Seigneur, répondit
, 1 ,., ,'inconnu,line s agit point
icydes intérêts personnels
du malheureux Dom Pedre,
mais de ceux de mon
Souverain, qui me sont
mille fois plus chers: Le
Duc de Grenade estmort,
un sujet perfide est prêt à
se faire proclamer son successeurcontreles
droits de
Dom Juan qu'une mauvaise
fortune éloigne depuis
long -temps de ses
Eltats. Comme Dom Garcie
était le canal unique
des graces du Duc)ils'est
adroitement rendu maitre
de tous les esprits; si
l'on ne s'oppose promptement
à les tyranniques
projets, Dom Juan fera
bien-tôt dépoüillé de ses
Estats : Son absence
)
la
mort du Duc son pere,
& l'addresse du traistre
D. Garcie luy laissent peu
de sujets fidelles
: J'ay appris
qu'ayant voyagé dans
l'Europe il a paffé la mer,
voyez, Seigneur) si les
raisonsdemonembarquement
font pressantes. Oüi,
Seigneur
,
répondit le
Prince, mais non pas seulement
pour vous, les
intérêts de Dom Juan
me sont auili chers que
les miens; c'est un
Prince digne de votre affection
& dela mienne:
D'ailleurs le trait de perfidie
de Dom Garcie merite
une vangeance éclatante,
je vaism unir a vous
dans un dessein si genereux
& si légitime;je
suis le Prince de Murcie,
je dépeuplerai s'ille faut
Murcie d'habitans pour
chasser cet indigne usurpateur
,ne perdons point
le temps à chercher Dom
Juan dans des lieux où il
pourroit n'être pas: mais
qu'à son retour il trouve
Grenade tranquille t Allons
purger ses Estats d'un
monstre digne du plus
horriblesupplice.
.:, Ces paroles que le
Prince prononça avec
chaleur donnèrent une si
grande joye à Dom Pedre
qu'ilseroitimpossible
de l'exprimer: la fortune
qui sembloit avoir abandonné
son party luioffroit
en ce moment les plus
grands secours qu'il pût
esperer,plein d'un projet
dont l'execution devoir lui
paroistre impossibles'il
avoit eu moins de zele,
il trouvoit dans le Prince
de Murcie un puissant protecteur
, & un illustre
amy.
ils partent ensemble,
& le Prince de Murcie ne
pouvant se persuader que
les habitans de Grenade
fussent sincerement attachez
à un homme dont la
perfidie étoit si marquée,
crut par sa feule presence
& quelques mesures lècretes,
pouvoir les remettre
dans l'obeïssance de
leur légitimé Souverain.
Ils arrivèrent aux portes
de Grenade la veille du
jour que Dom Garcie devoit
être proclamé;ils entrerent
sècretement pendant
la nuit dans la ville:
Dom Pedre fut surpris de
trouver les plus honestes
gens disposez à suivre les
loix d'un usurpateur, tout
estoit seduit, & le mallui
parut d'abord sans remede
: mais le Prince, dont
la feule presenceinspiroit
l'honneur & le courage par
la force & la sàgesse de ses
discours, sçut les ramener
à de plus justes maximes.
n Les plus braves se
rangerent les premiers
fous les ordres du Prince
,
& remirent dans
le devoir ceux que leur
exemple en avoir fait
fortirblentot la plus grande
partie de la ville déclarée
contre le Tyran,
parce qu'il n'étoit plus a
craindre, demanda sa
mort: On conduisit le
Prince de Murcie dans
le Palais: mais le bruit
qui arrive necessairement
dans les revolutions sauva
le tyran & le fit échapper
à la juste punition qu'on
lui preparoit ;
il s'enfuit
avec quelques domestiques
ausquels il pouvoir
confier le salut de la personne:
le Prince de Murcie
voulut inutilement le
suivre; Dom Garcie avoit
choisi les chemins les plus
impraticables & les plus
inconnus, & se hâtoit
darriver au bord de la
mer pour se mettre en sûreté
dans un vaisseau
: cependant
Dom Juan, averti
de la mort de son Pere,
étoit parti pour Grenade.
Toutà coup DomGarcie
apperçut de loin un Cavalier
qui avançoit vers
luy à toute bride ; quelle
fut sa surpris quand Il re.
connue D. Juan! le perfide
,
exercé depuislongtemps
dans l'art de feindre
,
prit à l'instant le parti
d'éloigner D. Juan, pour
des raisons qu'on verra
dans la suite; il le jette à
ses pieds, &luy dit avec
les marques d'un zéle désesperé
: Seigneur, n'allez
point à Grenade, vous y
trouverez vostre perte, un
indigne voisin s'en est em-
- paré) vos sujets font aintenant
vos ennemis,nous
sommes les seuls qui nous
soyons soustraits a latyrannie,
&tout Grenade
suit les Loix du Prince de
Murcie:du Prince de Murcie!
s'écria Dom Juan,ah
Ciel! que me dites-vous?
le Prince de Murcie est
mon ennemi, le Prince
de Murcie est un usurpateur
! non Dom Garcie il
n'est pas possible.Ah
Seigneur, reprit D. Carcie,
il n'est que trop vray,
la consternation de vos fidels
sujets que vous voyez
ticyr, noe vpous.l'assure que .J.J j
JVT En ,.-,jn D. Juan voulut
douter, les larmes perfides
de Dom Garcie le persuaderentenfin.
ChCiel,
dit ce credule Prince,
sur quoy faut- il desormais
compter? le Prince de
Murcie m'estinfidele, le
Prince de Murcie m'enleve
mes Etats: Ah! perfide,
tu me trahis? Je vais
soûlever contre toytoute
l'Espagne
: mais je sçai un
autre moyen de me vanger
; Leonore indignée de
ton lâche procedé, & confuse
d'avoir eu pour toy
de l'amour, me vangera
par la haine que je vais lui
inspirer contre toy : Allons,
dit-il, fidele Dom
Garciecourons nous vanger
: le Duc d'Andalousie *fut toûjours mon protecteur
& mon ami; c'est
chez luy que je trouverai
de sûrsmoyens pour punir
nôtre ennemi commun;
Il est maintenant dans l'isle
de Gade
,
hâtons-nous de
traverser la Mer.
Don Juan ne pouvoit
faire une trop grande diligence
;
le Duc d'Andaloule
devoit reprendre le
chemin de Seville
;
il étoit
trop habile dans l'art de
gouverner ses sujets, pour
les perdre si long-temps de
vue. Déja le jour du départ
de la Princesse qui devoit
s'embarquer la premiere,
étaie arrêté; Dom Juan
l'ignoroit, mais il n'avoit
pas besoin de le sçavoir
pour se hâter d'arriver dans
un lieu où il devoit voir
cette Princesse. Il s'embarquaavec
le traître
Dom Garcie: mais à peine
furent-ils en mer, que les
vents yexciterentune horrible
tempête, qui menaçoit
son vaisseau d'un prochain
naufrage. Iln'aimait
pas assez la vie pour craindre
de la perdre en cetteoccasion,
& il consideroit
assez tranquillement les
autres vaisseaux qui sembloient
devoir être à tous
momens submergez: couc
a coup il en aperçut un
dont les Pilotes effrayez
faisoient entendre des cris
horribles. Une des personnes
qui étoient dans ce
vaisseau frappa d'abord sa
vûë
:
il voulut la considerer
plus attentivement:
mais quelle fut sa surprise!
lorsque parmi un assez
grand nombre de femmes
éplorées, il reconnut Leonore,
feule tranquile dans
ce
ce peril éminent : O Ciel!
s'ecria-t-il, Leonore est
prête à perir. A peine ces
mors furent prononcez,
que ce vaisseau fut submergé
,
& Leonore disparut
avec toute sa fuite. Il se
jette dans lamer, resolu
de perir, ou de la sauver
pendant , que ses sujets consternez
desesperoient de
son salut. Enfin Leonore
fut portée par la force
d'une vague en un endroit
où Dom Juan l'apperçut
: il nage vers elle
tout tr ansporté,&sauve
enfin cette illustre Princesse
dans son vaisseau.
C'est ici qu'il faut admirer
la bizarerie de la fortune.
Le Prince de Murcie
éloigné depuis long-temps
de Leonore,n'a pu encore
se raprocher d'elle, prêt
d'arriver à l'isle de Gade,
où elle étoit, une affaire
imprévûël'enéloigne plus
que jamais : pendant qu'il
signale sa generosité
, un
credule ami, aux intérêts
duquel il sacrifie les siens,
l'accuse de perfidie; Dom
Juan, dont il délivre les
Etats, medite contre luy
une vangeance terrible;
la fortune se range de son
parti, & lui procure l'occasion
la plus favorable
pour se vanger; il fauve la
vie à ce qu'il aime, il espere
s'en faire aimer comme
il espere de faire haïr
son rival en le peignant
des plus vives couleurs.
Tellesétoient les esperances
de D. Juan lorsque
Leonore reprit ses forces
& ses esprits
:
à peine eutelle
ouvert les yeux qu'elle
vit Dom Juan qui, prosterné
à ses pieds, sembloit
par cet important service
avoir acquis le droit de
soûpirer pour elle, auquel ilavoit autrefoisrenoncé.
ëluoy9 Seigneur, lui ditelle,
c'est à vous que Leonore
doit la vie, à vous qui
lui deveztousvos mtibeurs?
cette vie infortunée ne meritoit
point un liberateur si
généreux, envers qui laplus
forte reconnoissance ne peut
jamais m'acquitter. Ah, répondit
Dom Juan! pouvois-
je esperer un sigrand
bonheur,aprés avoir étési
ton*- ttmp: Loin de z,ous) dtnf
vous r, o:r quepour njous
donner la vie? Ah, belle
Leonore ! HJQHS connoiite£
dans peu que sivous tnerjlf:Z
un coeur fidele, le mien .f(ulest
digne de vous être offert.
Ce discours de Dom
Juan allarma plus la Princesseque
le danger auquel
elle venoir d'échaper. Depuis
sa fatale renconrre
avec Elvire, elle étoit agitée
des plus mortelles inquietudes;
Elvire avoit
nommé le Prince de Murcie,
Leonore ne pouvoit
calmer ses soupçons qu'en
esperant qu'Elvirese seroit
méprise.
La hardiesse de Dom
Juan à luyparler de son
amour, & la maniere dont
il fait valoir la fidelité
de son coeur, redouble
ses soupçons & la trouble,
cependant prévenuë
d'horreur pour toutes les
infidelitez
,
celle de Dom
Juan envers le Prince de
Murcie la blesse, elle veut
la lui faire sentir adroitement
: Seigneur, dit-elle à
Dom Juan, vous ne me parle7
point du Prince de Adurcie,
cet ami qui vous eji si
cher, & pour quivousfça-
'tIe:z que je m'inttresse. Je
vous entens, Madame, répondit
Dom Juan, vous
opposezaux transports qui
viennent de m'échapper, le
souvenir d'un Prince que
vous croyeZ encore monami:
mais, Madame, ..,.endez..-moy
plus deluflice; je nesuis pas
infidele au Prince de Murcie,
cess luy qui me trabit,
quim'enlevemes Etats, rtJ
qui se rend en même temps
indigne de vôtre amour&
de mon amirie. Ciel! reprit
Leonore, que me dites vous,
Dom_îuan? Noniln'estpas
possible; le Prince deMurcie
n'est point un udurpateur,&
votre crédulité luyfait un
"ffront que rien ne peut réparer.
C'tJI à regret, Madame,
ajoûta Dom Juan,
queje vous apprens une nouvellesi
triste pour vous dr
pour moy : mais enfin je ne
puis douter que le Prince de
Murcie nesoit un perfide;
il nous a trompa l'un C
l'autre par les fausses apparences
de U vertu laplus héroi'queo'
roïque.jirrefie^ Dom Juan,
dit imperieusement Leonore,
cette veriténe niesi
pas APt, connuëpoursouffrir
des discours injurieux à
la vertu du Prince de Murcie,
& aux sentimens que
fay pour luy; c'est niaccabler
que de traitter ainsi ce
Heros, &vous dervjez. plutôt
me laijjerpérir.Quoy !
reprit Dom Juan, vous
croiriez que j'invente me
fable pour le noircir à vos
yeux?Non, Madame,vous
l'apprendrez par d'autres
bouches, cinquante de mes
sujets , A la tête desquels
est le sujet le plus fidele
,
vous diront que le Prince,
de concert avec leperside D.
Pedre,a seduit les habitans
de Grenade, (9* s'elf emparé
de cette Duché Au nom de
D. Pedre Leonore changea
de couleur, & ne pouvant
plus soûtenir une
conversation si delicate
pour son amour, elle pria
Dom Juan de la laisser
feule.
Ce fut pour lors que
revenuë à foy-même du
trouble où les derniers
mots de Dom Juan lavoient
jettée,elle s'abandonna
à sa juste douleur:
grand Dieu, dit-elle, il
est donc vray? le Prince
de Murcie est un perfide,
ce qu'Elvire m'adit, ôc
ce que m'a raconté Dom
Juan n'est que trop confirmé
! le Fatal nom de
Dom Pedre ne m'en laisse
plus douter
,
Dom Pedre
aura trahi son Maître en
faveur de son amy ,
le
Prince amoureux d'Elvire
se fera fait Duc de Grenade
pour s'en assurer la
possession; & moy vi&û
me de l'amour le plus
tendre & le plus constant,
confuse & desesperée d'avoir
tant aimé un ingrat,
un traître,je vais molurir,
détestant également tous
les hommes;& où trouver
de la probité, de la
foy, puisque le Prince de
Murcie est un perfide ?
Mais quoy, dois-je si-tôt
le condamner? peut-être
ce Prince
,
ignorant des
piéges qu'on tend à nôtre
amour, gemit dans l'inu
possibilité où il est de me
voir. Ah! quelle apparence,
c'est en vain que je
voudrois le justifier,Elvire,
Dom Pedre, Dom
Juan, vos funestes discours
ne le rendent que
trop coupable. C'est ainsi
que Leonore accablée de
la plus mortelle douleur
condamnoit son amant
malgréelle, & retractoit
sa condamnation malgré
les apparences de fa- perfidie.
Cependant le vaisseau
approchoit du bord, &
déja Leonore apperçoit
sur le rivage le Duc d'Andalousie,
que la tempête
avoitextrêmemeut allarmé
pour sa vie: illa reçut
avec une joye qui marqua
bien la crainte à laquelle
elle succedoit; maisil fut
franrporce quand il vit son
liberateur il luy donna
les marques les plus vives
d'une reconnoissance qui
se joignoit à l'amitié qu'il
* avoit toujours eue pour
luy; ce qui augmenta ses
esperances, & le desespoir
de Leonore.
Dom Juan ne tarda.
pas à instruire le Duc de
la prétendue perfidie du
Prince de Murcie, &: D.
Garcie en fit adroitement
le fabuleux récit: le Duc
fut surpris de la décestable
action qu'on luy racontoit,
& sensible aux
malheurs de Dom Juan,
il jura de le remettre dans
son Duché,&luy promit
Leonore. Plein d'un projet
si vivement conçu, il
va trouver cette Princesse
& luy dit
: Ma fille, vous
sçavez la perfidie du Prin-
-ce de Murcie, apprenez
par ce dernier trait à ne
vous pas laisser surprendre
par la fausse vertu,
guerissez-vous d'une passion
que vous ne pouvez
-
plus ressentir sans honte,
& preparez-vous a epoufer
Dom Juan que je vous
ai toûjours destiné.
Lconore frappée comme
d'un coup de foudre,
ne put répondre à son
Pere
,
mais il crut voir
dans sa contenancerespetfueufe
une fille preparée
à obéir, il la laisse seule,
& courut assurer D. Juan
de l'obéissance de sa fille:
ce Prince se crut dés ce
moment vangé de son rival,
il commença à regarder
Leonore comme son
épouse, & il ne cessoit de d
luy parler de son amour,
& de (on bonheur; Leonore
incertaine du party
qu'elle devoit prendre,
étoit pour comble de malheur
obligée à le bien recevoir;
elle luy devoit la
vie; son Pere luy ordonnoit
de le regarder comme
son époux, & d'ailleurs
illuy importoit de cacher
l'amour qu'elle conservoit
au Prince.~<~ - J't-
4* Enfin le Duc sur du
consentement de safille,
hâraextrêmement ce mariage
,
& le jour fut arrê-
1 té: la joye de cette nouvelle
se répandit dans lllle
deGade;tout le monde
benissoit le bonheur des
deux époux, tandis que
Leonoresuivoit, triste victime
du devoir & de la
fortune, les ordres d'un
Pere toujours conrraires à
son penchant. Eh! quel
party pouvait-elle prendre?
il falloir, ou le donner
la mort, ou époufer
Dorn Juan; sa vie étoit
trop mal-heureuse pour
qu'elle eût envie de la
conserver en cette occasion,
mais mourir fidelle
à un scelerat,à un tyran,
n'est pas un sort digne
d'une grande Princesse:
Enfin elle ne pouvoir desobéir
à son Pere, sans révolter
contr'elle tour l'Univers
,
à qui elle devoit
compte de cetteaction, &
devant lequel elle ne pouvoir
être bien justifiée.
Elle va donc subir son
malheureux fort,deja tour
se dispose à le confirmer.
Mais laissons cet appareil,
qui tout superbe qu'il étoit
ne pourroit que nous attrliiller
revenons au Prince
de Murcie.
Il était bien juste qu'aprés
avoir fait éclater tant
de generosité aux dépens
mêrat de son amour, cette
passion qui dominoit dans
son coeur, eut enfin son
tour. Il donna les ordres
necessaires à la tranquilité
du Duché de Grenade,&
commit à Dom Pedre le
foin de contenir dans le
devoir des sujets naturellement
inconstans;, ensuite
il retourne à l'isle de
Gade, traversela mer, &
se trouve dans une gran..
de foret: il chercha longtemps
quelqu'un qui pût
lui dire s'il était encore
bien loin de Gade,enfin
il apperçut un homme rêveur
, en qui lesejour de
la solitude laissoit voir de
- la noblesse& de la majesté:
il s'approche de lui, & lui
dit: Seigneur, puis-je esperer
que vous m'apprendrez
leslieux oujefuis?seigneur,
répondit le Solitaire, Ivou-s
êtes dans l'islede Gade ,pof.
fedée par le Duc d'Andalousie
,
il est venu depuis peuy
établir fortJejour avec Leonore
i-a fille, que la renommée
met audessus de ce qui
parut jamais de plus accompli.
Cette Ijle, reprit le
Prince,estsans doute le centre
de la galanterie, puisque
Leonore estsiparfaite,Û?sa
Cour doit être bien brillante?
Ilest nifede le conjecturer,
répondit le Solitaire: Je
n'en suis pas d'ailleurs mieux
informé que vous, je sçai
fente* ent, (ST sicette avan-t
tureavoirfaitmoins de bruit
je ne la sçaurois pas, jesçai
que Leonore retournant aSevdle
, fut surprije par la
tempête, & que prêteaperir
dans les flots, Dom Juan
Prince de Grenade la délivra
de ceperil. Dom Juan, reprit
vivement le Prince,
a sauvé les jours de Leonore?
les jours de Leonore ont été
en péril? Oui, Seigneur repondit le Solitaire, hjle,
de Gade retentit encore de
la reconnoissance de cette
Princeffi; depuis huit jours
ellea donné la main à Dom
Juan. Ah Ciel!s'écriale
Prince de Murcie, & en
mêmetempsil tomba aux
pieds du Solitaire
,
sans
Force & sans couleur.
DE L'HISTOIRE
ESPAGNOLE. LEONORE arriva
bien-tost dans l'Isle
de Gade sans estre retardée
,
ni par l'inconstance -
de la Mer, ni par aucun
autre accident; quand les
amans trouvent des obHaçlesy
ce n'elt pas d'ordinaire
dans ces occasions.
Le Duc d'Andalousie,
non content de la douleur
que luy causoit l'absence
du Prince, la confia
à sa soeur, il crut ne pouvoir
mieux punir sa fille
de la passion qu'elle avoit
pour le Prince, qu'en luy
opposant de longs discours
que cette vieille soeur faisoit
sans cesse contre l'amour
; Leonore en estoit
perpetuellement obsedée,
elle estoit à tous momens
forcée d'essuyer les chagrins
de sa tante contre
les moeurs d'un siecle dont
elle n'estoit plus, & si l'on
ajoute à tant de sujets de
tristesse, le peu d'esperance
qui luy restoit de voir
son cher Prince, je m'assure
qu'on trouvera Leonore
bien à plaindre.
Un temps assez considerable
s'estoit écoulé sans
qu'elleeust encor vû dans
cette malheureuse Isle que
son Pere & son ennuyeuse
Tante, toujours livrée à
l'un ou à l'autre; à peine
pouvoit-elle passer quelques
momens seule dans
un Jardin bordé par des
Rochers que la Mer venoitbattre
de sesflots,
spectacle dont Leonore
n'avoit pas besoin pour
exciter sa rêverie:Un
jour plus fortuné pour
elle que tantd'autres qu'-
elleavoit trouvez silongs,
elle se promenoit dans ce
Jardin, heureuse de pouvoirsentir
en liberté tous
ses malheurs, elle vit tout
à coup dans le fond d'une
allée, une perfoiineqLii
paroissoit triste
)
& dont la
beauté rendoit la douleur
plus touchante;la conformité
de leur état leur donna
une mutuelle envie de
se voir de plus prés, & elles
furent bien-tôt à portée
de se demander par quelle
avanture elles se trouvoient
ainsi dans le même
lieu: Leonore qui se
croyoit la plusmalheureuse
,
avoit droit de se plaindre
la premiere, & cependat
elle se fit violence pour
cacher une partie de sa
tristesse:Je ne m'attendois
pas, Madame, dit-elle, à
l'inconnuë
,
de trouver ici
une des plus belles personnes
du monde, moy qui
avois lieu de croire que le
Duc d'Andalousie & sa
soeur estoient les seuls habitans
de cette Isle.
Ma surprise, Madame,
répondit l'inconnuë, elt
mieux fondée que la vôtre
; je trouve ici plus de
beauté que vous n'yen
pouvez trouver, & j'ay
sans doute plus de raisons
de n'y supposer personne:
Je ne doute pas, reprit
Leonore, que de grandes
raisons ne vous réduisent à
vous cacher dans une solitude,
j'ai crû voir sur vôtre
visage des marques de
la plus vive douleur, vous
estes sans doute malheureuse,
cette raison me fut
fit pour vous plaindre:l'inconnuë
ne répondoit d'abord
à Leonore que par
des discours de civilité;
l'habitude qu'elle avoit
prise de parler seule,&sans
témoins, contrebalançoit
le penchant naturel que
les malheureux ont à se
plaindre,mais son air my.
sterieux ne faisoitqu'irriter
la curiosité de Leonore
5
qui estoit impatiente
de comparer ses malheurs
à ceux de l'inconnuë
; quoique j'ayepûaisément
remarquer que vôtre
situation n'est pas heureuse,
continua Leonore,
je ne puis comprendre
comment la fortune vous
a conduite dans l'Isle de
Gade, je me croyois la
seulequ'elle y eufi rranC.
portée, & je vous avouë
que je fuis bien impatiente
d'en penetrer le mystere;
si vous conncissiez.
l'habirude où je luis de
plaindre les malheureux,
& l'inclination qui deja
m'interesse pour vousvous
n'auriez pas le courage de
me le cacher plus longtemps.
Je ne puis douter, Madame,
répondit l'inconnuë,
que vous ne soyiez.
Leonore, ôc c'ell3 tant
parce que je vous trouve
dans cette Isle
,
dont le
Duc d'Andaiousie est Souverain
,que parce que je
remarque des ce moment
en vous tout ce que la reo
nommée en publie) je ne
pouvois d'abord me persuader
que la fortune, si
cruelle d'ailleurs pourmoi
voulût icy me procurer
une de ses plus grandesfaveurs,
mais maintenant,
sûre que je vais parler à la
Princesse du monde laphrs
accomplie, jen'aurai plus
rien de secret pour elle,
& la pitié que vôtre grand
coeur ne pourra refuser
à des malheurs,qui ne
font pas communs, aura
sans doute le pouvoir de
les soulager.
Je m'appelle Elvire,
mon Pere îssu des anciens
Ducs de Grenade, vivoit
avec distindtion sujet du
Duc de Grenade, sans envier
ses Etats injustement
fortis de sa Maison, il mourut
, formant pour moy
d'heureux projetsd'établissement;
un Prince digne
de mon estime, & qui
auroit honoré7 son Alliance,
m'aimoit, je laimois
aussi, mon Pere trouvoit
dans ce mariage mon bonheur,
l'amitié qu'il avoir
pour moy luy rendoit cette
raison fiifîîfante les
choses estoient si avancées
queje gourois sans inquiétude
le plaisir d'estre destinée
à ce Prince
,
mais.
helas mon Pere mourut,
ôc(a more nous laissa cous
dans l'impuissance de finirune
affaire si importante.
pour moy! sa famille futlong-
temps accablée de ta
douleur
1
de cette perte:
enfin Don Pedre, qui est
monFrere,voulut relever
mes elperances aussi-bien
que celles de mon amant
qu'il aimoit presque autant
quemoy, lors que
Dom Garcie, homme tout
puissant à la Cour du Duc
de Grenade, qui y regnoit
plus que luy, me fit
demander par le Duc de
Grenade luy-mêrne: ce
coup imprevû accabla roue
te nostre famille,j'estois
sans doute la plus à plaindre
, mais mon Frere
,
qui
haïrToit personnellement
Dom Garcie, &qui avoit
de grandes raisons pour le
haïr, fut celuy quirésista
aplusuvivement; il repre- Duc quemafamille
avoir pris avec mon
amant des engagemens
trop forts pour pouvoir les
rompre, & que d'ailleurs
il convenoit mieux à ma
naissance
:
il le fit ressouvenir
des liens qui l'attachoient
à nous, & le Duc
naturellement équitable,
se rendit aux raisons de
mon Frere, & luy permit
d'achever nostre Mariage.
Je ne puis vous exprimer
mieuxNladaine,
quelle fut ma joye, qu'en
la comparant a la douleur
que j'ai ressentie depuis, &c
qui succeda bien-tost à
mes transports
: le jourmême
qui devoit assurer
mon bonheur, le perfide
Dom Garcie vint m'arracher
aux empressemens de
mon amant, & me rendit
la plus malheureuse personne
du mondey il me
conduisit dans des lieux
où personne ne pouvoit
me secourir : j'y fus livrée
à ses violences,le fourbe
employait tour-à-tour l'artifice
& la force, & comme
l'un & l'autre estoient
également inutiles à son
execrable dessein, il devenoit
chaquejour plus dangereux
: combien de fois
me ferois-je donnélamort,
si l'esperance de revoir
mon cher Prince ne m'avoit
toujours soutenue
croyez,Madame, que j'ai
plus souffert que je ne puis
vous le dire; le Ciel vous
preserve de connoître jamais
la rigueur d'un pareil
tourment: enfin ne pouvant
plus y refiler, je pris
le seul party qui me restair,
l'occal'occalionleprelentafavorableosai
me soustraire
aux violences de ce scelerat,
résolue de me donner
la mort,s'il venoit à me
découvrir;je ne vous diray
point la diligence avec
laquelle je fuyois ce monstre
malgré la foiblesse de
mon (exe
; mais enfin j'échapai
de ses mains:incertaine
des chemins que je
devois prendre, & des
lieux ou je devois arriver,
la fortune m'a conduite ici
loin du perfide Dom Garcie,
mais encore plus loin
demonamant.
Elvire racontoit ses malheurs
avec d'autant plus
de plaisir qu'elle voyoit
l'émotion de Leonore s'accroirre
à mesure qu'elle
continuoit son récit:chaque
malheur d'Elvire faisoit
dans son coeur une impression
qui paroissotc d'abord
sur sonvisage. Quand
ce récit fut fini, elle esperoit
qu'Elvire n'avoit pas
encore tout dit, ou qu'elle
auroit oubliéquelque circonstance
; mais quel fâcheux
contre-temps, Leonore
apperçoit sa vieille
tante qui avançoit à grands
pas vers elle Ah,ma chere
Elvire, s'écria t-elle, que
je fuis malheureuse, on
vient moter tous mes
plaisirs, il faut que je vous
quitte dans le moment que
vôtre recit m'interesse davantage.,
vous avez encor
mille choses à me raconter
je ne sçay point le
nom de vôtre amant) ni
ce qu'il a fait pour meriter
ce que vous souffrez
pour luy
,
hâtez-vous de
m'apprendre ce que je ne
lçai point encore : Je ne
sçai rien de mon Amant,
reprit Elvire, avec précipitarion,
sans doute il
n'a pu découvrir les lieux
où je suis,peut-être a-til
pris le party du defefpoir
,
peut-être ignorant
ce que mon amour a ose
pour me conserveràluy,
fiance, peut-être est-il inconfiant
luy-même:Voila,
Madame *
sçay du Prince de Murcie.
Au nom du Prince de
Murcie Leonore fit un
eiy
)
ôc tomba peu après
évanouie dans les bras d'Elvirer
Quelle fut la surprise
de cette tante quand elle
trouva Leonore dans ce
tristeétat& une inconnue
dans un trouble extrême:
Elle fit conduire Leonore
à son appartement,enattendant
qu'elle pût sçavoit
un mystere que le hazard
offroit heureusement à
son insatiable curiosité.
Cependant le Prince de
Murcie étoit depuis longtemps
abient de Leonore,
les mêmes raisons quil'ai
voient obligé de quitter
l'Andalousie si promptement,
l'empêchoient d'y
revenir:mais enfin l'amour
l'em portasurla prudence,
& il partit pour Seville
resolu de le cacher le)
mieux qu'il pourroit : A
peine fut-il dans l'Andalousie
qu'il apprit que Leonore
étoit dans l'Isle de
Gade, la distance qui estoit
entre luy & sa Princesse
le fit frémir; plus un
amant est eloigné de ce
qu 'il aime, & plus il est
malheureux;il arrive enfin
sur le bord de la mer
qu'il falloir passer pour aller
a Gade; il fut longtemps
sur le rivage cherchant
des yeux une chaloupe
à la faveur de laquelleilpût
la traverser;
&enfin il vit une petite
barque. Dans le moment
qu'il prioit le pêcheur, à
qui elle appartenoit,de l'y
recevoir, il aperçut un
homme bien fait, qui sembloit
d'abord vouloir se
cacher à ses yeux? & qui
insensiblement s'aprochoit
pourtant de luy. Le Prince
qui navoir pas moins dintérêt
à être inconnu dans
un pays si voisin de Tille
de Gade, loinde fuïr cet
étranger,alloit au devant
de luy, comme si un instindi:
secret eut en ce moment
conduit Ces pas, &
comme si le mente superieur
avoit quelque marque
particulière à laquelle
ils se fussent d'abord reconnus.
1 Seigneur, dit l'inconnu
au Prince de Murcie,j'attens
depuislong temps
l'occasion favorable qui se
prepresente
: cependant, si
vos raisons etoient plus
fortes que les miennes, je
ferois prêt à vous la ceder.
Seigneur, répondir le Prince,
vous ne sçauriez être
plus pressé de vous embarquer
que je le suis, & je
vous cede cette barque
d'aussi bon coeur ôc aux
mêmes conditions que
vous me la cedez,je consens
avec plaisir à la mutuelle
confidence que vous
me proposez
;
heureux de
pouvoir m'interesser au
sort d'un homme tel que
vous. Seigneur, répondit
, 1 ,., ,'inconnu,line s agit point
icydes intérêts personnels
du malheureux Dom Pedre,
mais de ceux de mon
Souverain, qui me sont
mille fois plus chers: Le
Duc de Grenade estmort,
un sujet perfide est prêt à
se faire proclamer son successeurcontreles
droits de
Dom Juan qu'une mauvaise
fortune éloigne depuis
long -temps de ses
Eltats. Comme Dom Garcie
était le canal unique
des graces du Duc)ils'est
adroitement rendu maitre
de tous les esprits; si
l'on ne s'oppose promptement
à les tyranniques
projets, Dom Juan fera
bien-tôt dépoüillé de ses
Estats : Son absence
)
la
mort du Duc son pere,
& l'addresse du traistre
D. Garcie luy laissent peu
de sujets fidelles
: J'ay appris
qu'ayant voyagé dans
l'Europe il a paffé la mer,
voyez, Seigneur) si les
raisonsdemonembarquement
font pressantes. Oüi,
Seigneur
,
répondit le
Prince, mais non pas seulement
pour vous, les
intérêts de Dom Juan
me sont auili chers que
les miens; c'est un
Prince digne de votre affection
& dela mienne:
D'ailleurs le trait de perfidie
de Dom Garcie merite
une vangeance éclatante,
je vaism unir a vous
dans un dessein si genereux
& si légitime;je
suis le Prince de Murcie,
je dépeuplerai s'ille faut
Murcie d'habitans pour
chasser cet indigne usurpateur
,ne perdons point
le temps à chercher Dom
Juan dans des lieux où il
pourroit n'être pas: mais
qu'à son retour il trouve
Grenade tranquille t Allons
purger ses Estats d'un
monstre digne du plus
horriblesupplice.
.:, Ces paroles que le
Prince prononça avec
chaleur donnèrent une si
grande joye à Dom Pedre
qu'ilseroitimpossible
de l'exprimer: la fortune
qui sembloit avoir abandonné
son party luioffroit
en ce moment les plus
grands secours qu'il pût
esperer,plein d'un projet
dont l'execution devoir lui
paroistre impossibles'il
avoit eu moins de zele,
il trouvoit dans le Prince
de Murcie un puissant protecteur
, & un illustre
amy.
ils partent ensemble,
& le Prince de Murcie ne
pouvant se persuader que
les habitans de Grenade
fussent sincerement attachez
à un homme dont la
perfidie étoit si marquée,
crut par sa feule presence
& quelques mesures lècretes,
pouvoir les remettre
dans l'obeïssance de
leur légitimé Souverain.
Ils arrivèrent aux portes
de Grenade la veille du
jour que Dom Garcie devoit
être proclamé;ils entrerent
sècretement pendant
la nuit dans la ville:
Dom Pedre fut surpris de
trouver les plus honestes
gens disposez à suivre les
loix d'un usurpateur, tout
estoit seduit, & le mallui
parut d'abord sans remede
: mais le Prince, dont
la feule presenceinspiroit
l'honneur & le courage par
la force & la sàgesse de ses
discours, sçut les ramener
à de plus justes maximes.
n Les plus braves se
rangerent les premiers
fous les ordres du Prince
,
& remirent dans
le devoir ceux que leur
exemple en avoir fait
fortirblentot la plus grande
partie de la ville déclarée
contre le Tyran,
parce qu'il n'étoit plus a
craindre, demanda sa
mort: On conduisit le
Prince de Murcie dans
le Palais: mais le bruit
qui arrive necessairement
dans les revolutions sauva
le tyran & le fit échapper
à la juste punition qu'on
lui preparoit ;
il s'enfuit
avec quelques domestiques
ausquels il pouvoir
confier le salut de la personne:
le Prince de Murcie
voulut inutilement le
suivre; Dom Garcie avoit
choisi les chemins les plus
impraticables & les plus
inconnus, & se hâtoit
darriver au bord de la
mer pour se mettre en sûreté
dans un vaisseau
: cependant
Dom Juan, averti
de la mort de son Pere,
étoit parti pour Grenade.
Toutà coup DomGarcie
apperçut de loin un Cavalier
qui avançoit vers
luy à toute bride ; quelle
fut sa surpris quand Il re.
connue D. Juan! le perfide
,
exercé depuislongtemps
dans l'art de feindre
,
prit à l'instant le parti
d'éloigner D. Juan, pour
des raisons qu'on verra
dans la suite; il le jette à
ses pieds, &luy dit avec
les marques d'un zéle désesperé
: Seigneur, n'allez
point à Grenade, vous y
trouverez vostre perte, un
indigne voisin s'en est em-
- paré) vos sujets font aintenant
vos ennemis,nous
sommes les seuls qui nous
soyons soustraits a latyrannie,
&tout Grenade
suit les Loix du Prince de
Murcie:du Prince de Murcie!
s'écria Dom Juan,ah
Ciel! que me dites-vous?
le Prince de Murcie est
mon ennemi, le Prince
de Murcie est un usurpateur
! non Dom Garcie il
n'est pas possible.Ah
Seigneur, reprit D. Carcie,
il n'est que trop vray,
la consternation de vos fidels
sujets que vous voyez
ticyr, noe vpous.l'assure que .J.J j
JVT En ,.-,jn D. Juan voulut
douter, les larmes perfides
de Dom Garcie le persuaderentenfin.
ChCiel,
dit ce credule Prince,
sur quoy faut- il desormais
compter? le Prince de
Murcie m'estinfidele, le
Prince de Murcie m'enleve
mes Etats: Ah! perfide,
tu me trahis? Je vais
soûlever contre toytoute
l'Espagne
: mais je sçai un
autre moyen de me vanger
; Leonore indignée de
ton lâche procedé, & confuse
d'avoir eu pour toy
de l'amour, me vangera
par la haine que je vais lui
inspirer contre toy : Allons,
dit-il, fidele Dom
Garciecourons nous vanger
: le Duc d'Andalousie *fut toûjours mon protecteur
& mon ami; c'est
chez luy que je trouverai
de sûrsmoyens pour punir
nôtre ennemi commun;
Il est maintenant dans l'isle
de Gade
,
hâtons-nous de
traverser la Mer.
Don Juan ne pouvoit
faire une trop grande diligence
;
le Duc d'Andaloule
devoit reprendre le
chemin de Seville
;
il étoit
trop habile dans l'art de
gouverner ses sujets, pour
les perdre si long-temps de
vue. Déja le jour du départ
de la Princesse qui devoit
s'embarquer la premiere,
étaie arrêté; Dom Juan
l'ignoroit, mais il n'avoit
pas besoin de le sçavoir
pour se hâter d'arriver dans
un lieu où il devoit voir
cette Princesse. Il s'embarquaavec
le traître
Dom Garcie: mais à peine
furent-ils en mer, que les
vents yexciterentune horrible
tempête, qui menaçoit
son vaisseau d'un prochain
naufrage. Iln'aimait
pas assez la vie pour craindre
de la perdre en cetteoccasion,
& il consideroit
assez tranquillement les
autres vaisseaux qui sembloient
devoir être à tous
momens submergez: couc
a coup il en aperçut un
dont les Pilotes effrayez
faisoient entendre des cris
horribles. Une des personnes
qui étoient dans ce
vaisseau frappa d'abord sa
vûë
:
il voulut la considerer
plus attentivement:
mais quelle fut sa surprise!
lorsque parmi un assez
grand nombre de femmes
éplorées, il reconnut Leonore,
feule tranquile dans
ce
ce peril éminent : O Ciel!
s'ecria-t-il, Leonore est
prête à perir. A peine ces
mors furent prononcez,
que ce vaisseau fut submergé
,
& Leonore disparut
avec toute sa fuite. Il se
jette dans lamer, resolu
de perir, ou de la sauver
pendant , que ses sujets consternez
desesperoient de
son salut. Enfin Leonore
fut portée par la force
d'une vague en un endroit
où Dom Juan l'apperçut
: il nage vers elle
tout tr ansporté,&sauve
enfin cette illustre Princesse
dans son vaisseau.
C'est ici qu'il faut admirer
la bizarerie de la fortune.
Le Prince de Murcie
éloigné depuis long-temps
de Leonore,n'a pu encore
se raprocher d'elle, prêt
d'arriver à l'isle de Gade,
où elle étoit, une affaire
imprévûël'enéloigne plus
que jamais : pendant qu'il
signale sa generosité
, un
credule ami, aux intérêts
duquel il sacrifie les siens,
l'accuse de perfidie; Dom
Juan, dont il délivre les
Etats, medite contre luy
une vangeance terrible;
la fortune se range de son
parti, & lui procure l'occasion
la plus favorable
pour se vanger; il fauve la
vie à ce qu'il aime, il espere
s'en faire aimer comme
il espere de faire haïr
son rival en le peignant
des plus vives couleurs.
Tellesétoient les esperances
de D. Juan lorsque
Leonore reprit ses forces
& ses esprits
:
à peine eutelle
ouvert les yeux qu'elle
vit Dom Juan qui, prosterné
à ses pieds, sembloit
par cet important service
avoir acquis le droit de
soûpirer pour elle, auquel ilavoit autrefoisrenoncé.
ëluoy9 Seigneur, lui ditelle,
c'est à vous que Leonore
doit la vie, à vous qui
lui deveztousvos mtibeurs?
cette vie infortunée ne meritoit
point un liberateur si
généreux, envers qui laplus
forte reconnoissance ne peut
jamais m'acquitter. Ah, répondit
Dom Juan! pouvois-
je esperer un sigrand
bonheur,aprés avoir étési
ton*- ttmp: Loin de z,ous) dtnf
vous r, o:r quepour njous
donner la vie? Ah, belle
Leonore ! HJQHS connoiite£
dans peu que sivous tnerjlf:Z
un coeur fidele, le mien .f(ulest
digne de vous être offert.
Ce discours de Dom
Juan allarma plus la Princesseque
le danger auquel
elle venoir d'échaper. Depuis
sa fatale renconrre
avec Elvire, elle étoit agitée
des plus mortelles inquietudes;
Elvire avoit
nommé le Prince de Murcie,
Leonore ne pouvoit
calmer ses soupçons qu'en
esperant qu'Elvirese seroit
méprise.
La hardiesse de Dom
Juan à luyparler de son
amour, & la maniere dont
il fait valoir la fidelité
de son coeur, redouble
ses soupçons & la trouble,
cependant prévenuë
d'horreur pour toutes les
infidelitez
,
celle de Dom
Juan envers le Prince de
Murcie la blesse, elle veut
la lui faire sentir adroitement
: Seigneur, dit-elle à
Dom Juan, vous ne me parle7
point du Prince de Adurcie,
cet ami qui vous eji si
cher, & pour quivousfça-
'tIe:z que je m'inttresse. Je
vous entens, Madame, répondit
Dom Juan, vous
opposezaux transports qui
viennent de m'échapper, le
souvenir d'un Prince que
vous croyeZ encore monami:
mais, Madame, ..,.endez..-moy
plus deluflice; je nesuis pas
infidele au Prince de Murcie,
cess luy qui me trabit,
quim'enlevemes Etats, rtJ
qui se rend en même temps
indigne de vôtre amour&
de mon amirie. Ciel! reprit
Leonore, que me dites vous,
Dom_îuan? Noniln'estpas
possible; le Prince deMurcie
n'est point un udurpateur,&
votre crédulité luyfait un
"ffront que rien ne peut réparer.
C'tJI à regret, Madame,
ajoûta Dom Juan,
queje vous apprens une nouvellesi
triste pour vous dr
pour moy : mais enfin je ne
puis douter que le Prince de
Murcie nesoit un perfide;
il nous a trompa l'un C
l'autre par les fausses apparences
de U vertu laplus héroi'queo'
roïque.jirrefie^ Dom Juan,
dit imperieusement Leonore,
cette veriténe niesi
pas APt, connuëpoursouffrir
des discours injurieux à
la vertu du Prince de Murcie,
& aux sentimens que
fay pour luy; c'est niaccabler
que de traitter ainsi ce
Heros, &vous dervjez. plutôt
me laijjerpérir.Quoy !
reprit Dom Juan, vous
croiriez que j'invente me
fable pour le noircir à vos
yeux?Non, Madame,vous
l'apprendrez par d'autres
bouches, cinquante de mes
sujets , A la tête desquels
est le sujet le plus fidele
,
vous diront que le Prince,
de concert avec leperside D.
Pedre,a seduit les habitans
de Grenade, (9* s'elf emparé
de cette Duché Au nom de
D. Pedre Leonore changea
de couleur, & ne pouvant
plus soûtenir une
conversation si delicate
pour son amour, elle pria
Dom Juan de la laisser
feule.
Ce fut pour lors que
revenuë à foy-même du
trouble où les derniers
mots de Dom Juan lavoient
jettée,elle s'abandonna
à sa juste douleur:
grand Dieu, dit-elle, il
est donc vray? le Prince
de Murcie est un perfide,
ce qu'Elvire m'adit, ôc
ce que m'a raconté Dom
Juan n'est que trop confirmé
! le Fatal nom de
Dom Pedre ne m'en laisse
plus douter
,
Dom Pedre
aura trahi son Maître en
faveur de son amy ,
le
Prince amoureux d'Elvire
se fera fait Duc de Grenade
pour s'en assurer la
possession; & moy vi&û
me de l'amour le plus
tendre & le plus constant,
confuse & desesperée d'avoir
tant aimé un ingrat,
un traître,je vais molurir,
détestant également tous
les hommes;& où trouver
de la probité, de la
foy, puisque le Prince de
Murcie est un perfide ?
Mais quoy, dois-je si-tôt
le condamner? peut-être
ce Prince
,
ignorant des
piéges qu'on tend à nôtre
amour, gemit dans l'inu
possibilité où il est de me
voir. Ah! quelle apparence,
c'est en vain que je
voudrois le justifier,Elvire,
Dom Pedre, Dom
Juan, vos funestes discours
ne le rendent que
trop coupable. C'est ainsi
que Leonore accablée de
la plus mortelle douleur
condamnoit son amant
malgréelle, & retractoit
sa condamnation malgré
les apparences de fa- perfidie.
Cependant le vaisseau
approchoit du bord, &
déja Leonore apperçoit
sur le rivage le Duc d'Andalousie,
que la tempête
avoitextrêmemeut allarmé
pour sa vie: illa reçut
avec une joye qui marqua
bien la crainte à laquelle
elle succedoit; maisil fut
franrporce quand il vit son
liberateur il luy donna
les marques les plus vives
d'une reconnoissance qui
se joignoit à l'amitié qu'il
* avoit toujours eue pour
luy; ce qui augmenta ses
esperances, & le desespoir
de Leonore.
Dom Juan ne tarda.
pas à instruire le Duc de
la prétendue perfidie du
Prince de Murcie, &: D.
Garcie en fit adroitement
le fabuleux récit: le Duc
fut surpris de la décestable
action qu'on luy racontoit,
& sensible aux
malheurs de Dom Juan,
il jura de le remettre dans
son Duché,&luy promit
Leonore. Plein d'un projet
si vivement conçu, il
va trouver cette Princesse
& luy dit
: Ma fille, vous
sçavez la perfidie du Prin-
-ce de Murcie, apprenez
par ce dernier trait à ne
vous pas laisser surprendre
par la fausse vertu,
guerissez-vous d'une passion
que vous ne pouvez
-
plus ressentir sans honte,
& preparez-vous a epoufer
Dom Juan que je vous
ai toûjours destiné.
Lconore frappée comme
d'un coup de foudre,
ne put répondre à son
Pere
,
mais il crut voir
dans sa contenancerespetfueufe
une fille preparée
à obéir, il la laisse seule,
& courut assurer D. Juan
de l'obéissance de sa fille:
ce Prince se crut dés ce
moment vangé de son rival,
il commença à regarder
Leonore comme son
épouse, & il ne cessoit de d
luy parler de son amour,
& de (on bonheur; Leonore
incertaine du party
qu'elle devoit prendre,
étoit pour comble de malheur
obligée à le bien recevoir;
elle luy devoit la
vie; son Pere luy ordonnoit
de le regarder comme
son époux, & d'ailleurs
illuy importoit de cacher
l'amour qu'elle conservoit
au Prince.~<~ - J't-
4* Enfin le Duc sur du
consentement de safille,
hâraextrêmement ce mariage
,
& le jour fut arrê-
1 té: la joye de cette nouvelle
se répandit dans lllle
deGade;tout le monde
benissoit le bonheur des
deux époux, tandis que
Leonoresuivoit, triste victime
du devoir & de la
fortune, les ordres d'un
Pere toujours conrraires à
son penchant. Eh! quel
party pouvait-elle prendre?
il falloir, ou le donner
la mort, ou époufer
Dorn Juan; sa vie étoit
trop mal-heureuse pour
qu'elle eût envie de la
conserver en cette occasion,
mais mourir fidelle
à un scelerat,à un tyran,
n'est pas un sort digne
d'une grande Princesse:
Enfin elle ne pouvoir desobéir
à son Pere, sans révolter
contr'elle tour l'Univers
,
à qui elle devoit
compte de cetteaction, &
devant lequel elle ne pouvoir
être bien justifiée.
Elle va donc subir son
malheureux fort,deja tour
se dispose à le confirmer.
Mais laissons cet appareil,
qui tout superbe qu'il étoit
ne pourroit que nous attrliiller
revenons au Prince
de Murcie.
Il était bien juste qu'aprés
avoir fait éclater tant
de generosité aux dépens
mêrat de son amour, cette
passion qui dominoit dans
son coeur, eut enfin son
tour. Il donna les ordres
necessaires à la tranquilité
du Duché de Grenade,&
commit à Dom Pedre le
foin de contenir dans le
devoir des sujets naturellement
inconstans;, ensuite
il retourne à l'isle de
Gade, traversela mer, &
se trouve dans une gran..
de foret: il chercha longtemps
quelqu'un qui pût
lui dire s'il était encore
bien loin de Gade,enfin
il apperçut un homme rêveur
, en qui lesejour de
la solitude laissoit voir de
- la noblesse& de la majesté:
il s'approche de lui, & lui
dit: Seigneur, puis-je esperer
que vous m'apprendrez
leslieux oujefuis?seigneur,
répondit le Solitaire, Ivou-s
êtes dans l'islede Gade ,pof.
fedée par le Duc d'Andalousie
,
il est venu depuis peuy
établir fortJejour avec Leonore
i-a fille, que la renommée
met audessus de ce qui
parut jamais de plus accompli.
Cette Ijle, reprit le
Prince,estsans doute le centre
de la galanterie, puisque
Leonore estsiparfaite,Û?sa
Cour doit être bien brillante?
Ilest nifede le conjecturer,
répondit le Solitaire: Je
n'en suis pas d'ailleurs mieux
informé que vous, je sçai
fente* ent, (ST sicette avan-t
tureavoirfaitmoins de bruit
je ne la sçaurois pas, jesçai
que Leonore retournant aSevdle
, fut surprije par la
tempête, & que prêteaperir
dans les flots, Dom Juan
Prince de Grenade la délivra
de ceperil. Dom Juan, reprit
vivement le Prince,
a sauvé les jours de Leonore?
les jours de Leonore ont été
en péril? Oui, Seigneur repondit le Solitaire, hjle,
de Gade retentit encore de
la reconnoissance de cette
Princeffi; depuis huit jours
ellea donné la main à Dom
Juan. Ah Ciel!s'écriale
Prince de Murcie, & en
mêmetempsil tomba aux
pieds du Solitaire
,
sans
Force & sans couleur.
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Résumé : SUITE DE L'HISTOIRE ESPAGNOLE.
Le texte relate les aventures de Léonore et du Prince de Murcie, séparés par des circonstances tragiques. Léonore arrive sur l'île de Gade, où elle est accablée par l'absence du Prince et les discours moralisateurs de sa tante, sœur du Duc d'Andalousie. Elle y rencontre Elvire, une jeune femme également triste, qui lui raconte son histoire : promise à un prince, elle dut épouser Dom Garcie après la mort de son père. Elvire parvint à s'échapper et se retrouva sur l'île de Gade. Pendant ce temps, le Prince de Murcie, désespéré par l'absence de Léonore, décide de se rendre en Andalousie malgré les dangers. Sur le rivage, il rencontre Dom Pedre, le frère d'Elvire, qui lui révèle que le Duc de Grenade est mort et que Dom Garcie, un traître, s'apprête à usurper le trône de Dom Juan. Ils s'allient pour chasser Dom Garcie et restaurer Dom Juan sur le trône de Grenade. Dom Pedre rallie les habitants contre Dom Garcie, qui s'enfuit. Dom Juan, informé de la mort de son père, rencontre Dom Garcie, qui le persuade que le Prince de Murcie a usurpé ses États. Dom Juan décide de se venger et se rend chez le Duc d'Andalousie, un allié. En mer, une tempête éclate et Dom Juan sauve Léonore, qui est troublée par les révélations sur la perfidie du Prince de Murcie. Le Duc d'Andalousie décide de marier Léonore à Dom Juan, malgré la tristesse de la jeune femme. Léonore, obligée d'obéir à son père, se prépare à épouser Dom Juan. Le Prince de Murcie, après avoir assuré la tranquillité du Duché de Grenade, est dominé par sa passion pour Léonore. Il se retrouve sur l'île de Gade et apprend de manière fortuite que Léonore a épousé Dom Juan huit jours plus tôt. À cette nouvelle, il s'évanouit.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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21
p. 33-70
NOUVELLES de divers endroits.
Début :
On a appris par les Lettres de Cadix du 10. Juillet, [...]
Mots clefs :
Duc, Roi, Marquis, Fille, Veuve, Prince, Comte, Guerre, Seigneur, Armée, Commandant, Vaisseau, Espagne, Officier, Chevalier, Croix, Seigneur, Fille, France, Mort
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texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES de divers endroits.
NOUVELLES
dedivers endroits.
Onaappris par les Lettres
de Cadix du 10. Juillet r
que Mrl'Aigleaprès yavoir
amenépluseurs Prises
, erv
estoit party le quatre pour
allercroiser vers le Dérroit.
que le lendemain il avoit
attaquéune Fregate Hollandoise
de36. canons commandée
par le Capitaine
Jean Hopener
-, que lecombat
avoit duré plus de deux
heures, U qu'enfin cette
Fregate avoir esté coulée à
fond ;niais que Mr l'Aigle
y avoir été tué, alnllquc:
plusieurs Officiers & Soldats
de son équipage. Son Corps
a estéenterréà Malagaavec
tous les honneurs dûs à un
homme qui s'étoit distinguéen
plusieurs occasions
cependant le cours de cette
guerre.
Le 30, Juillet il parut à
la hauteur de Bayonne une
Escadre de11. Vaisseaux
de guerre Anglois revenant
de Lisbonne &: retournant
dans les Ports d'Angleterre.
Une heure aprèsquelle eut
fait voile une de nos Frégatesamena
deux Prises, dont
l'une estoit un Baftimenc-
Hollandois qui allait. à
Lisbonne chargé de Vins.
*
DesLettresde Lisbonne
du 17. Juin portent que le
Navire Nostra- Senora de
Torso, qui marquoit que
la Flotte de Pernambuco
avoitesté pris le 4. Avrilà
15. lieues du Tage par un
Vaisseau de guerre François
de l'Escadre de Mr du Casse
qui avoir mis l'équipage à
terre à rifle de Madere ;
queceNavire estoit chargé
de 450. caisses de Sucre,
de 400. rolles de Tabac,
de Cuirs, de bois de Bresit,
& de 40. mille Crufades
tant en argent monnayé
qu'en poudre d'or; que le
Vaisseau qui l'avoit pris,
selon le rapport de l'équipage
, estoit parti de Brest
avec fcpt ou huit autres
dont ilavoit estéseparé, &
qu'ildévoiealler à la Martinique.
Je n'ay pû vous parler
plutost de la mort de Don
Antonio Martin Alvarez
de Tolede & Beaumont,
Enriquez
,
de Rivera,Fernandez
)
Manrique, Duc
d'Albe, & de Huefcar
J Comte de Lerin, de Salvatierra,
&c. Marquis deCoria
, &c. Connestable &
Grand Chancellier de Navarre,
Sommellier de Corps
du Roy d'Espagne & Ton
Ambassadeur en France,
qui mourut icy le 28. May
en la 41.l'année de son âge.
Sa maladie a esté des j^lus
longues, &: elle ne luy a
jamaisservy de raison ny de
pretexte pour le dispenser
d'aucuns de ses devoirs, &
ce grand Ministre a toûjours
s-ofuotuernenuud'du'nueneen£ra5ie force
e le poids d'une Ambassade
aussi importante & aussï
laborieuse. Il y a succombé
à la fin, & la mort de
MonCeigneur a achevé de
l'accabler; l'interetvif&
fîneere qu'il y prenoit le fie
paroistreencore plus sensible
à cette perte qu'il ne
l'avoit paru à celle de Mr
le Connestable de Navarre
fonftls unique qui donnait
déjà de si grandes esperances,&
qu'il perdit nlalhcu..
reusement à sa 19eannée.
Comme toute la vie de
Mr le Duc d'Albe avoi-c
esté une préparation à la
mort on n'eut pas de peine
à l'y disposer. Sa résignationavoitesté
plus prompte
que le premier avis qu'oq
eut pû luy en donner. Quelques
heures avant sa mort
il fit prier un de nos, plu£
grands Ministres de vouloir
bienluy rendre encore une
visite,&de venir recevoir
ses derniers adieux. Cet
entretien fut touchant de
part & d'autre; lemourant
parla assezlong
-
temps de
choses importantes avec le
mêmeesprit,lamême force
& la même grandeur d'ame
quil avoit fait dans sa meilleure
santé. Enfinilsouhaita
de recevoir la Benediction
deMr le Cardinal de Noailles
Archevêquede Paris.
Son Eminence s'y transporta
sur l'heure.
Madame la Duchesse
d'Albe n'a pû avoir dans
une douleur aussi accablante
que Dieu pour consolation.
Elle se retira sur l'heureau
Valde Grace. Elle se
tient toujours dans cette
retraite si conforme à sa
situation. Elle a esté le modelle
des femmes mariées ;
elle l'est des veuves de son
rang.
LeRoyd'Espagne luy a
fait l'honneur de luy écrire
de sa main en langue EfpJ.¿
gnole la Lettre du monde
la plus consolante, La Reine
luyaécrit de même. S. NL
C.a joint aux honneurs
qu'elle a fait à cccccittuftre
veuve des liberalitez qui
honorent en elle lamémoire
du deffunt. Elle ;cil de la
grande Maison de Poncé de
Leon
,
fille de l'illustre Me
la Duchesse d'Aveiro
,
&
soeur de Mr le Duc d'Arcos
& de Mr le Duc de Banos
tous deux Granded'Espagne.
Mr le Duc d'Albe qui
n'arienoubliéen mouranc
a laissé par un écrit de sa
main le foin & la conduite
des Affaires d'Espagne en
France: à Mr Don Feliz-
Corncjo son Secrétaire
d'Ambassade. S. M. C. a
confirmé ce choix dans l'interim
jusqu'àce qu'il vienne
icy de sa part un nouvel
Ambassadeur. Le Portrait
en vers de Mr le Ducd'Albeestdansla
partie des Picces
Fugitives de ce moiscy.
Charlotte Armande d'Argouges
de Rannes épouse
de Guillaume Alexandre ,
Marquis de Vieuxpont
Lieutenant General des ar*.
mées du Roy
<
& Couverneur
de la Ville de Beauvais
& du Beauvoisis, mourut
le 28. Juin âgée de 36,.
ans. Elle estoit fille unique
de Nicolas d'Argouges
Marquis de Rannes, Lieutenant
General des Armées
du Roy, Colonel General
des Dragons
, & de Charlotte
de Beautru - Nogentqui
épousaen seconde nôces.
Jean
-
Baptisse Armand de
Rohan Prince de Montauban
,dont elle est veuve.
Mre N.Chabert Chevalier
de Saint Louis
)
Chef
d'Escadre des Armées Na-,
vales du Roy,fils du grand-
ChJbert)est mort à Toulon.
Ilavoit donné dans
toutes les occasions des
preuves de son courage &
de sa capacité. Il avoit ramené
du Sud une Flore d'argent
des plus riches qui
soient jamais venuës de
ces Mers. Il arriva heureusement
à Rochefort sur lafin
du mois de Mars de*
l'année 1709.aprés avoir
évité par son habileté quatre
Escadres des ennelllisr.
quil'attendoient sur sarouteen
quatre endroits differens.
Le Vaisseau du Roy
le Trident qu'il Commandoit
estle premier Vaisseau
de guerre qu'on ait vû à la
Rade de Lima depuis la découverte
de ce Continent
Marie Louis Chevalier,
Marquis de Sourdeilles,
Baron deFeissac, &c. Lieutenantde
Roy au Gouvernement
de Limosin & de
la Marche, est mort dans
son Chasteau de la Ganne
âgé de 44.ans. Ilaesté fort
regretté,&particulièrement
des Pauvres.
Il avoit épousé Marie fille
de Robert Marquis de Lignerac
Comte de Saint Chaînant
d'une des plusillustres
&de plus anciennes maisons
d'Auvergne.
Sa mere estoit de celle
des Vicomtes de Sedicre
A alliée à celles de Noailles9»
de Gimel, &c. & sa grande
mere estoit de celle d'Aubusson
la Feüillade.
Mr le Marquis de Sourdeilles
avoir d'abord pris le
party des Armes;mais la'
mort de son pere dont il
estoit filsunique, l'obligea
de quitter le Service. b
Catherine de Robeyre
3 épouse dYvesMarie dela
Bourdonnaye Seigneur de
Cotoyon
,
Maistre des Requestes
& Intendant à 0r.
leans,mourut aux eaux de
Bour bon le 24. Juin âgée
de 44. ans laissant posterité
Elle estoit fille de Mr de
Ribeyre Conseilier d'Etat,
&deCatherine Potier fills
de Mr de Novion premier
President.- Jean Guillaume Frison,
Prince de Nassau Stathouder
de Fiise., sur noyé le 14<
Juillet avec le Brigadier
WiJkeSc•
Wilkes. Il. sftoit parry de
l'Armée de Flandre pour
aller travailler à l'Affaire de
la successïon du feu Prince
dOrange qu'il avoir contre
l'Electeur de Brandebourg
qui estoit venu en Hollande
pour la terminer. Il s'embarqua
pour traverser le
passage de Moerdick,&
estanc demeuré dans son
Carosseàcause de la pluyc
avec le Brigadier Wilkes
uunnccoouuppddeevveenntt qui survint*,
renversa le ponton. On ne
trouva leurs corps que queL
ques jours après.
Ce Prince eltoïc hfe
d'Henry Casimir Prince de
Nassau & Stathouder de
Frise mort le15 Mars
1686. &d'Amelie fille de
Jean Georges Prince d'Anhalt
Dessau.
Ilestoit néle 4. Aoust;
1687.&avoirépousé le 16.
Avril 1709. Marie Louise
fille de Charles Landgrave
deHesseCassel,&deMarie
Amélie fille Jacques Duc de
Curlande. Il a laisse une
Princesse née au mois de
Septembre1710. & sa
veuve enceinte.
Les Etats Généraux ont
fait un accommodement
provisionnel entre l'Electeur
de Brandebourg &les
héritiers de ce Prince,qui ne
doit prejudicier en aucune
manière aux droits des Parties
; il porte que S.A. E.
jouira par provisionde la
Maisonde la vieille Cour à
la Haye,de la Maison du
Bois,dc HonslardiCK, de
Diercn& de quelquesTerres
qui valent six mille
florins de rente à quoy on
en ajoutera vingt
- quatre
mille pour faire la somme
de cinquante mille Horins
par an ; sur lesquels on en
retiendra dix mille pour
l'entretien de ces Maisons,
8c cela outre les biens donc
il joiiic déja; que la Princes.
se veuve, en qualité de Mere
& de Tutrice de son enfant
ou enfans
3
jouira de la
Maifoii de Loo; de la fomme
de cinquante mille florins
par an ,
qui fera prise
sur les biensde la fucceisson,
&unesomme decinquante
mille florinsune fois payée;
& que six mois après laccouchcment
de cette Prin
cess elle envoyera des Plénipotentiaires
pour termu
ner les pretentions de parc
& d'autre.
1
Madame la Duchesse de
Berry estant accouchée
avant terme le u. Juillet
d'une Princesse qui mourut
en même tem ps , on porta
son corps à SaintDenisle
13.Il y fut accompagné par
Mr la DacheffedeBeauvil
lier & par Me la Marquise
de Chastillon,& il fut inhumé
par Mr l'Evêque de
Séez premier Aumônier de
Monfcigncur le Duc de
Berry.
Charles Claude
,
Sire
& Comte de Breauté, Marquis
du Hotot
,
&c.Maistre
de la Garderobbe de S. A. R,
Philippe petitfils deFrance
Duc d'Orléans, mourut le xi. Juilleten sa 46.année,
Anne Geneviève Charr
rier épousede Charles Cesar
Le scalopier Maistre des
Requestes, & Intendant du
Commerce & de la Generalité
de Châlons,mourus
le14. Juillet.; Annele Maistre,épousede
Marc Anne Goiflard Seigneur
de Montsabert, Baron
de Toureil
)
&c. Conseiller
au Parlement
s mou- *
rut le 26. Juillet. i
MichelFrançois de Bethune
Comte de Charost mourut
le z6. Juillet dans sa
sisiemeannée.Ilestoit fils
d'Armand de Bethune Duc
de Charost& de Catherine
de Lamet sa sécondé femme.
I.(¡
Jean Baptiste Jacques
Ollier Marquis de Veneuil,
Seigneur de Preau Maistre
de la. Garderobbe de feue
S. A. R. Monsieur Frere
unique du Roy, mourut le
17. Juilletâgéde50. ans. Il
estoit Gouverneur deDomfont.
Henry Charles Arnauld
Comte de Pomponne,
mourut le 2.7.Juillet âgé
de 14.ans 7. mois. Ilestoit
fils de Nicolas Simon Arnaud
Marquis de Pomponne
, Sire Baron de Ferrieres,
Chambrois
,
Auquiville
Marqnis de Paloifeau
,
&c.
BrigadierdesArmées du
Roy; Lieutenant General
& Commandant pour Sa
Majeste aux Provinces de
l'isle de France & Soissonnois
; &de Confiance de
Harville Paloiseau.
Le Pere Jean de la Roche
, Prestre de l'Oratoire
fameux Predicateur, mourut
le 18Juittec.: -
François d'Anglure de
Bourlaymont, Docteur en
Theologie de la Faculté de
Paris, qui avoit été nommé
à l'Evêché de Pamiers
en 1681. qui s'en éroit démis
en 1685. sans avoir esté
Sacré, & qui fut nommé à
lors Abbé de Saint Florent
de Saumur, mourut le i-f.
Juillet. Il étoit fils de Nicolas
Marquis de Bourlaymont,
Gouverneur de Sesnay.
Gaspart- Claude Noler,
Docteur en Thologic de la
Faculté de Paris & Chanoi
ne de Nostre Dame, mourut
le premier Aoust âgé de j3.ans.
Mrle Cardinal de Noailles,
a donné son Canonicat
à Mr l'Abbé Vivant, son
Grand Vicaire& Penitentier
del'EglisedeParis,ci devant
.Curé de S.Leusson meriteest
connu de tout le monde..
Alsonce de. Bonne de
Crequi Duc de Lesdiguiéres,
Paire de France,mourut
le 5. Aoust âgé de 85,
ans. Son Corps a esté ports
aux Carmelitesde S. Denis
en France, où a esté inhi*.
méeAnne du Roure sa
mere, qui mourut le 18,
Février. 1686. &qui étoit
veuve de Charles Sire de"
Grequi & de Canapies, , Mestrede Camp du Regi:
ment des Gardes;.mort de
la blessure qu'il reçueau
siege de Chamberylanuitdu14.
au IJ.May 1630.
& qui étoit second fils de
Charles Sire de Crequi Duc
de Lesdiguiéres Maréchal
de France. Celuy qui vient
de mourir avoitépousé à
l'âge de 75. ans le u Septembre
1702. Gabrielle
Victoire de Rochechoüart
fille de Louis Duc de Vivonne
Pair &Maréchal de France
,
& d'Antoinette de
Mesmes, dont il n'a point
cû d'enfans.
Marie Anne Picques
épouse , de Loüis Gabriel
Portail
j
Chevalier Seigneur
de Fresnceu ,&au paravant
veuve de François Pajoc
Seigneur de Cordon,rnourut
le 6. Aoust âgée de quarante
-
iix ans, sans laisser
de postencé de ses deux alliances.
Florcnt de Marparaulr,
Marquis du même lieu
,
mourut le 7. Août.
Nicolle Miron, veuve
de DanielJacquinot
, Seigneur des Pressoirs
,
mourut le 9. Aoustâgée de
85. ans.
Claude le Pelletier
Conseillcr d'Etat ordinaire
; President Honoraire
du Parlement, Minifstr
d'Etat, cy- devant Prevost
des Marchands
,
Contrôlleur
General des Finances,
& sur-Intendant des postes
mourut le 10. Aoust en sa
8 1. année. Il y avoit déjà
long
- temps qu'ils'étoit
retiré du Monde ; & qu'il
ne s'ocupoit qu'à des oeeuvres
de Pieté., & particulièrement
à soulager les Pauvres.
1 Monsieur de Canaples,
ancien Commandant de la
Ville de Lyon dont on vient
de parler, avoir pris le nom
-
de Lesdiguiéres) & c'est luy
qui étoit le dernier de cec-
Ite Maison. Il avoir douze
mille livres de pension de
la Ville de Lyon; comme
6
Commandant, dont il s'en
estoit reservé neuf mille
i
lors qu'il se démit de ce
Commandement en faveur
de M' de Rochebonne en
luy laissant les trois autres
mille livres. Depuislamort
de M' de Canaples la penfion
de neuf mille livres
E
qu'ils'értit reservée sur
li.
celle de douze que fait la
Ville au Commandant ; a
cfté donnée,à Monsieur le
Duc de Villeroy.
Depuis la mort de Monseigneur,
le Roy a acordé
à Madame la Dauphine, la
Nef, le Cadenas, le Bâton
de Maistre d'Hotel & la
Musique. Elle mangea pour
la premiere fois à son grand
Couvert comme Dauphine
le 8. Aoust, & elle fut servie
par Monsieur le Marquis de
Vilacerfson premier Maître
d'Hostel; & le 10. elle fut
servie aussi à son grand
Couvert par Mr de la Croix
son Maître d'Hostel. Il se
rendit à la bouche avec ses
Officiers, lava ses mains; le
Contrôlleur & le Gentilhomme
servant les lavetent
ensuite; l'Ecuyer ordinaire
de la Bouche luy presenta
une Assiettesurlaquelle il
y avoir des Mouillettes - do
pain; il en prit deux avec
lefquclles il toucha tous les
Mets les uns après les autres;
il en donna une à manger à
l'Ecuyer de la Bouche, ensuite
il prit son Baston des
mains de l'Hussier du Bu-f
reau qui l'y avoit apporté.
puis la marche commença
en cet ordre. Un Garde du
Corps du Roy ayant la
Carabine sur l'épaule; un
Huissier de Salle & un
Huissier du Bureau, Mr de
la Croix marchoit derriere
eux, ayant son Baston de
Maistre d'Hostel à la main.
Un Gentil
-
homme servant
& le Contrôlieur portant
chacun un Plat, l'Ecuyer de
la Bouche & les autres
Officiers de la Bouche en
portant aussî chacun un,
marchaient ensuite. Lors
qu'ilsfurent arrivez à la Salleoù
estoit le prest, Mr de la
Croix vit mettre tous les
Plats surlaTable, où un
Gentil-homme servant qui
étoit de Garde au prest, fit
un nouvel essai de chaque
Plat: & donna la Mouillette
dont il avoit fait l'éssai à
chacun de ceux qui avoient
porté les Plats, après quoy
Mr de la Croix les vit met--
tersurla Table par les Gentils-
hommes servants. ;
*i IIlallaen suite,ayant Tonv
Baston à la main,, avertir
Monseigneur le Dauphin;
<k Madame la Dauphine;
puis il revint à la Table ou
il attendit Monseigneur le
Dauphin. Dés qu'il parut
il mit son Chapeau & son
Baston entre les mains du
Chef de Gobelet, & presensa
à ce Prince une serviette
mouilléequiétoic
encre deux Assiettes d'or
pour se laver les mains; il
prit ensuite une autre serviette
mouilléeaussï cntre
deux Alliettes d'or qu'il
presenta de mesme à Madame
la Dauphine. Un
Gentilhomme servant presenta
une autre serviette
mouillée aussi entre deux
assiettes ,à Madame
,
qui
mangea pour la première
fois avec Madame la Dauphine
à son grand couvert
Alors Mr de la Croix
reprit son Bâton & son Chapeau
,&retourna à la bouche
precedé feulement d'un
Garde du Corps & des deux
Huissiers.L'essay du second
fcrvice ne se fit point à IfI
bouche; mais au prest où
citoit la Nef. Il se plaçaen- t
:-
suite au costédroit du Fauteuil
de Monseigneur le
Dauphinoùil restapendant
toutle repasayant toujours
son Bâton à la main; les
Genciihommes servants firentle
Service de même que
cchheezz le RRooyj.
-
Il y avoir à ce repas une
tres grande Assemblée de
Dames;il y en avoit treize
qui avoient le Tabouret
,
les autresestoient debour.
Monfcigneur le Dauphin&
Madame la Dauphine tinrent
ensuite un Cercle dé
Dames comme chez le Roy
aprèssonsoupé; Cérémonie
qui si fait pour les re'--
mercier.
dedivers endroits.
Onaappris par les Lettres
de Cadix du 10. Juillet r
que Mrl'Aigleaprès yavoir
amenépluseurs Prises
, erv
estoit party le quatre pour
allercroiser vers le Dérroit.
que le lendemain il avoit
attaquéune Fregate Hollandoise
de36. canons commandée
par le Capitaine
Jean Hopener
-, que lecombat
avoit duré plus de deux
heures, U qu'enfin cette
Fregate avoir esté coulée à
fond ;niais que Mr l'Aigle
y avoir été tué, alnllquc:
plusieurs Officiers & Soldats
de son équipage. Son Corps
a estéenterréà Malagaavec
tous les honneurs dûs à un
homme qui s'étoit distinguéen
plusieurs occasions
cependant le cours de cette
guerre.
Le 30, Juillet il parut à
la hauteur de Bayonne une
Escadre de11. Vaisseaux
de guerre Anglois revenant
de Lisbonne &: retournant
dans les Ports d'Angleterre.
Une heure aprèsquelle eut
fait voile une de nos Frégatesamena
deux Prises, dont
l'une estoit un Baftimenc-
Hollandois qui allait. à
Lisbonne chargé de Vins.
*
DesLettresde Lisbonne
du 17. Juin portent que le
Navire Nostra- Senora de
Torso, qui marquoit que
la Flotte de Pernambuco
avoitesté pris le 4. Avrilà
15. lieues du Tage par un
Vaisseau de guerre François
de l'Escadre de Mr du Casse
qui avoir mis l'équipage à
terre à rifle de Madere ;
queceNavire estoit chargé
de 450. caisses de Sucre,
de 400. rolles de Tabac,
de Cuirs, de bois de Bresit,
& de 40. mille Crufades
tant en argent monnayé
qu'en poudre d'or; que le
Vaisseau qui l'avoit pris,
selon le rapport de l'équipage
, estoit parti de Brest
avec fcpt ou huit autres
dont ilavoit estéseparé, &
qu'ildévoiealler à la Martinique.
Je n'ay pû vous parler
plutost de la mort de Don
Antonio Martin Alvarez
de Tolede & Beaumont,
Enriquez
,
de Rivera,Fernandez
)
Manrique, Duc
d'Albe, & de Huefcar
J Comte de Lerin, de Salvatierra,
&c. Marquis deCoria
, &c. Connestable &
Grand Chancellier de Navarre,
Sommellier de Corps
du Roy d'Espagne & Ton
Ambassadeur en France,
qui mourut icy le 28. May
en la 41.l'année de son âge.
Sa maladie a esté des j^lus
longues, &: elle ne luy a
jamaisservy de raison ny de
pretexte pour le dispenser
d'aucuns de ses devoirs, &
ce grand Ministre a toûjours
s-ofuotuernenuud'du'nueneen£ra5ie force
e le poids d'une Ambassade
aussi importante & aussï
laborieuse. Il y a succombé
à la fin, & la mort de
MonCeigneur a achevé de
l'accabler; l'interetvif&
fîneere qu'il y prenoit le fie
paroistreencore plus sensible
à cette perte qu'il ne
l'avoit paru à celle de Mr
le Connestable de Navarre
fonftls unique qui donnait
déjà de si grandes esperances,&
qu'il perdit nlalhcu..
reusement à sa 19eannée.
Comme toute la vie de
Mr le Duc d'Albe avoi-c
esté une préparation à la
mort on n'eut pas de peine
à l'y disposer. Sa résignationavoitesté
plus prompte
que le premier avis qu'oq
eut pû luy en donner. Quelques
heures avant sa mort
il fit prier un de nos, plu£
grands Ministres de vouloir
bienluy rendre encore une
visite,&de venir recevoir
ses derniers adieux. Cet
entretien fut touchant de
part & d'autre; lemourant
parla assezlong
-
temps de
choses importantes avec le
mêmeesprit,lamême force
& la même grandeur d'ame
quil avoit fait dans sa meilleure
santé. Enfinilsouhaita
de recevoir la Benediction
deMr le Cardinal de Noailles
Archevêquede Paris.
Son Eminence s'y transporta
sur l'heure.
Madame la Duchesse
d'Albe n'a pû avoir dans
une douleur aussi accablante
que Dieu pour consolation.
Elle se retira sur l'heureau
Valde Grace. Elle se
tient toujours dans cette
retraite si conforme à sa
situation. Elle a esté le modelle
des femmes mariées ;
elle l'est des veuves de son
rang.
LeRoyd'Espagne luy a
fait l'honneur de luy écrire
de sa main en langue EfpJ.¿
gnole la Lettre du monde
la plus consolante, La Reine
luyaécrit de même. S. NL
C.a joint aux honneurs
qu'elle a fait à cccccittuftre
veuve des liberalitez qui
honorent en elle lamémoire
du deffunt. Elle ;cil de la
grande Maison de Poncé de
Leon
,
fille de l'illustre Me
la Duchesse d'Aveiro
,
&
soeur de Mr le Duc d'Arcos
& de Mr le Duc de Banos
tous deux Granded'Espagne.
Mr le Duc d'Albe qui
n'arienoubliéen mouranc
a laissé par un écrit de sa
main le foin & la conduite
des Affaires d'Espagne en
France: à Mr Don Feliz-
Corncjo son Secrétaire
d'Ambassade. S. M. C. a
confirmé ce choix dans l'interim
jusqu'àce qu'il vienne
icy de sa part un nouvel
Ambassadeur. Le Portrait
en vers de Mr le Ducd'Albeestdansla
partie des Picces
Fugitives de ce moiscy.
Charlotte Armande d'Argouges
de Rannes épouse
de Guillaume Alexandre ,
Marquis de Vieuxpont
Lieutenant General des ar*.
mées du Roy
<
& Couverneur
de la Ville de Beauvais
& du Beauvoisis, mourut
le 28. Juin âgée de 36,.
ans. Elle estoit fille unique
de Nicolas d'Argouges
Marquis de Rannes, Lieutenant
General des Armées
du Roy, Colonel General
des Dragons
, & de Charlotte
de Beautru - Nogentqui
épousaen seconde nôces.
Jean
-
Baptisse Armand de
Rohan Prince de Montauban
,dont elle est veuve.
Mre N.Chabert Chevalier
de Saint Louis
)
Chef
d'Escadre des Armées Na-,
vales du Roy,fils du grand-
ChJbert)est mort à Toulon.
Ilavoit donné dans
toutes les occasions des
preuves de son courage &
de sa capacité. Il avoit ramené
du Sud une Flore d'argent
des plus riches qui
soient jamais venuës de
ces Mers. Il arriva heureusement
à Rochefort sur lafin
du mois de Mars de*
l'année 1709.aprés avoir
évité par son habileté quatre
Escadres des ennelllisr.
quil'attendoient sur sarouteen
quatre endroits differens.
Le Vaisseau du Roy
le Trident qu'il Commandoit
estle premier Vaisseau
de guerre qu'on ait vû à la
Rade de Lima depuis la découverte
de ce Continent
Marie Louis Chevalier,
Marquis de Sourdeilles,
Baron deFeissac, &c. Lieutenantde
Roy au Gouvernement
de Limosin & de
la Marche, est mort dans
son Chasteau de la Ganne
âgé de 44.ans. Ilaesté fort
regretté,&particulièrement
des Pauvres.
Il avoit épousé Marie fille
de Robert Marquis de Lignerac
Comte de Saint Chaînant
d'une des plusillustres
&de plus anciennes maisons
d'Auvergne.
Sa mere estoit de celle
des Vicomtes de Sedicre
A alliée à celles de Noailles9»
de Gimel, &c. & sa grande
mere estoit de celle d'Aubusson
la Feüillade.
Mr le Marquis de Sourdeilles
avoir d'abord pris le
party des Armes;mais la'
mort de son pere dont il
estoit filsunique, l'obligea
de quitter le Service. b
Catherine de Robeyre
3 épouse dYvesMarie dela
Bourdonnaye Seigneur de
Cotoyon
,
Maistre des Requestes
& Intendant à 0r.
leans,mourut aux eaux de
Bour bon le 24. Juin âgée
de 44. ans laissant posterité
Elle estoit fille de Mr de
Ribeyre Conseilier d'Etat,
&deCatherine Potier fills
de Mr de Novion premier
President.- Jean Guillaume Frison,
Prince de Nassau Stathouder
de Fiise., sur noyé le 14<
Juillet avec le Brigadier
WiJkeSc•
Wilkes. Il. sftoit parry de
l'Armée de Flandre pour
aller travailler à l'Affaire de
la successïon du feu Prince
dOrange qu'il avoir contre
l'Electeur de Brandebourg
qui estoit venu en Hollande
pour la terminer. Il s'embarqua
pour traverser le
passage de Moerdick,&
estanc demeuré dans son
Carosseàcause de la pluyc
avec le Brigadier Wilkes
uunnccoouuppddeevveenntt qui survint*,
renversa le ponton. On ne
trouva leurs corps que queL
ques jours après.
Ce Prince eltoïc hfe
d'Henry Casimir Prince de
Nassau & Stathouder de
Frise mort le15 Mars
1686. &d'Amelie fille de
Jean Georges Prince d'Anhalt
Dessau.
Ilestoit néle 4. Aoust;
1687.&avoirépousé le 16.
Avril 1709. Marie Louise
fille de Charles Landgrave
deHesseCassel,&deMarie
Amélie fille Jacques Duc de
Curlande. Il a laisse une
Princesse née au mois de
Septembre1710. & sa
veuve enceinte.
Les Etats Généraux ont
fait un accommodement
provisionnel entre l'Electeur
de Brandebourg &les
héritiers de ce Prince,qui ne
doit prejudicier en aucune
manière aux droits des Parties
; il porte que S.A. E.
jouira par provisionde la
Maisonde la vieille Cour à
la Haye,de la Maison du
Bois,dc HonslardiCK, de
Diercn& de quelquesTerres
qui valent six mille
florins de rente à quoy on
en ajoutera vingt
- quatre
mille pour faire la somme
de cinquante mille Horins
par an ; sur lesquels on en
retiendra dix mille pour
l'entretien de ces Maisons,
8c cela outre les biens donc
il joiiic déja; que la Princes.
se veuve, en qualité de Mere
& de Tutrice de son enfant
ou enfans
3
jouira de la
Maifoii de Loo; de la fomme
de cinquante mille florins
par an ,
qui fera prise
sur les biensde la fucceisson,
&unesomme decinquante
mille florinsune fois payée;
& que six mois après laccouchcment
de cette Prin
cess elle envoyera des Plénipotentiaires
pour termu
ner les pretentions de parc
& d'autre.
1
Madame la Duchesse de
Berry estant accouchée
avant terme le u. Juillet
d'une Princesse qui mourut
en même tem ps , on porta
son corps à SaintDenisle
13.Il y fut accompagné par
Mr la DacheffedeBeauvil
lier & par Me la Marquise
de Chastillon,& il fut inhumé
par Mr l'Evêque de
Séez premier Aumônier de
Monfcigncur le Duc de
Berry.
Charles Claude
,
Sire
& Comte de Breauté, Marquis
du Hotot
,
&c.Maistre
de la Garderobbe de S. A. R,
Philippe petitfils deFrance
Duc d'Orléans, mourut le xi. Juilleten sa 46.année,
Anne Geneviève Charr
rier épousede Charles Cesar
Le scalopier Maistre des
Requestes, & Intendant du
Commerce & de la Generalité
de Châlons,mourus
le14. Juillet.; Annele Maistre,épousede
Marc Anne Goiflard Seigneur
de Montsabert, Baron
de Toureil
)
&c. Conseiller
au Parlement
s mou- *
rut le 26. Juillet. i
MichelFrançois de Bethune
Comte de Charost mourut
le z6. Juillet dans sa
sisiemeannée.Ilestoit fils
d'Armand de Bethune Duc
de Charost& de Catherine
de Lamet sa sécondé femme.
I.(¡
Jean Baptiste Jacques
Ollier Marquis de Veneuil,
Seigneur de Preau Maistre
de la. Garderobbe de feue
S. A. R. Monsieur Frere
unique du Roy, mourut le
17. Juilletâgéde50. ans. Il
estoit Gouverneur deDomfont.
Henry Charles Arnauld
Comte de Pomponne,
mourut le 2.7.Juillet âgé
de 14.ans 7. mois. Ilestoit
fils de Nicolas Simon Arnaud
Marquis de Pomponne
, Sire Baron de Ferrieres,
Chambrois
,
Auquiville
Marqnis de Paloifeau
,
&c.
BrigadierdesArmées du
Roy; Lieutenant General
& Commandant pour Sa
Majeste aux Provinces de
l'isle de France & Soissonnois
; &de Confiance de
Harville Paloiseau.
Le Pere Jean de la Roche
, Prestre de l'Oratoire
fameux Predicateur, mourut
le 18Juittec.: -
François d'Anglure de
Bourlaymont, Docteur en
Theologie de la Faculté de
Paris, qui avoit été nommé
à l'Evêché de Pamiers
en 1681. qui s'en éroit démis
en 1685. sans avoir esté
Sacré, & qui fut nommé à
lors Abbé de Saint Florent
de Saumur, mourut le i-f.
Juillet. Il étoit fils de Nicolas
Marquis de Bourlaymont,
Gouverneur de Sesnay.
Gaspart- Claude Noler,
Docteur en Thologic de la
Faculté de Paris & Chanoi
ne de Nostre Dame, mourut
le premier Aoust âgé de j3.ans.
Mrle Cardinal de Noailles,
a donné son Canonicat
à Mr l'Abbé Vivant, son
Grand Vicaire& Penitentier
del'EglisedeParis,ci devant
.Curé de S.Leusson meriteest
connu de tout le monde..
Alsonce de. Bonne de
Crequi Duc de Lesdiguiéres,
Paire de France,mourut
le 5. Aoust âgé de 85,
ans. Son Corps a esté ports
aux Carmelitesde S. Denis
en France, où a esté inhi*.
méeAnne du Roure sa
mere, qui mourut le 18,
Février. 1686. &qui étoit
veuve de Charles Sire de"
Grequi & de Canapies, , Mestrede Camp du Regi:
ment des Gardes;.mort de
la blessure qu'il reçueau
siege de Chamberylanuitdu14.
au IJ.May 1630.
& qui étoit second fils de
Charles Sire de Crequi Duc
de Lesdiguiéres Maréchal
de France. Celuy qui vient
de mourir avoitépousé à
l'âge de 75. ans le u Septembre
1702. Gabrielle
Victoire de Rochechoüart
fille de Louis Duc de Vivonne
Pair &Maréchal de France
,
& d'Antoinette de
Mesmes, dont il n'a point
cû d'enfans.
Marie Anne Picques
épouse , de Loüis Gabriel
Portail
j
Chevalier Seigneur
de Fresnceu ,&au paravant
veuve de François Pajoc
Seigneur de Cordon,rnourut
le 6. Aoust âgée de quarante
-
iix ans, sans laisser
de postencé de ses deux alliances.
Florcnt de Marparaulr,
Marquis du même lieu
,
mourut le 7. Août.
Nicolle Miron, veuve
de DanielJacquinot
, Seigneur des Pressoirs
,
mourut le 9. Aoustâgée de
85. ans.
Claude le Pelletier
Conseillcr d'Etat ordinaire
; President Honoraire
du Parlement, Minifstr
d'Etat, cy- devant Prevost
des Marchands
,
Contrôlleur
General des Finances,
& sur-Intendant des postes
mourut le 10. Aoust en sa
8 1. année. Il y avoit déjà
long
- temps qu'ils'étoit
retiré du Monde ; & qu'il
ne s'ocupoit qu'à des oeeuvres
de Pieté., & particulièrement
à soulager les Pauvres.
1 Monsieur de Canaples,
ancien Commandant de la
Ville de Lyon dont on vient
de parler, avoir pris le nom
-
de Lesdiguiéres) & c'est luy
qui étoit le dernier de cec-
Ite Maison. Il avoir douze
mille livres de pension de
la Ville de Lyon; comme
6
Commandant, dont il s'en
estoit reservé neuf mille
i
lors qu'il se démit de ce
Commandement en faveur
de M' de Rochebonne en
luy laissant les trois autres
mille livres. Depuislamort
de M' de Canaples la penfion
de neuf mille livres
E
qu'ils'értit reservée sur
li.
celle de douze que fait la
Ville au Commandant ; a
cfté donnée,à Monsieur le
Duc de Villeroy.
Depuis la mort de Monseigneur,
le Roy a acordé
à Madame la Dauphine, la
Nef, le Cadenas, le Bâton
de Maistre d'Hotel & la
Musique. Elle mangea pour
la premiere fois à son grand
Couvert comme Dauphine
le 8. Aoust, & elle fut servie
par Monsieur le Marquis de
Vilacerfson premier Maître
d'Hostel; & le 10. elle fut
servie aussi à son grand
Couvert par Mr de la Croix
son Maître d'Hostel. Il se
rendit à la bouche avec ses
Officiers, lava ses mains; le
Contrôlleur & le Gentilhomme
servant les lavetent
ensuite; l'Ecuyer ordinaire
de la Bouche luy presenta
une Assiettesurlaquelle il
y avoir des Mouillettes - do
pain; il en prit deux avec
lefquclles il toucha tous les
Mets les uns après les autres;
il en donna une à manger à
l'Ecuyer de la Bouche, ensuite
il prit son Baston des
mains de l'Hussier du Bu-f
reau qui l'y avoit apporté.
puis la marche commença
en cet ordre. Un Garde du
Corps du Roy ayant la
Carabine sur l'épaule; un
Huissier de Salle & un
Huissier du Bureau, Mr de
la Croix marchoit derriere
eux, ayant son Baston de
Maistre d'Hostel à la main.
Un Gentil
-
homme servant
& le Contrôlieur portant
chacun un Plat, l'Ecuyer de
la Bouche & les autres
Officiers de la Bouche en
portant aussî chacun un,
marchaient ensuite. Lors
qu'ilsfurent arrivez à la Salleoù
estoit le prest, Mr de la
Croix vit mettre tous les
Plats surlaTable, où un
Gentil-homme servant qui
étoit de Garde au prest, fit
un nouvel essai de chaque
Plat: & donna la Mouillette
dont il avoit fait l'éssai à
chacun de ceux qui avoient
porté les Plats, après quoy
Mr de la Croix les vit met--
tersurla Table par les Gentils-
hommes servants. ;
*i IIlallaen suite,ayant Tonv
Baston à la main,, avertir
Monseigneur le Dauphin;
<k Madame la Dauphine;
puis il revint à la Table ou
il attendit Monseigneur le
Dauphin. Dés qu'il parut
il mit son Chapeau & son
Baston entre les mains du
Chef de Gobelet, & presensa
à ce Prince une serviette
mouilléequiétoic
encre deux Assiettes d'or
pour se laver les mains; il
prit ensuite une autre serviette
mouilléeaussï cntre
deux Alliettes d'or qu'il
presenta de mesme à Madame
la Dauphine. Un
Gentilhomme servant presenta
une autre serviette
mouillée aussi entre deux
assiettes ,à Madame
,
qui
mangea pour la première
fois avec Madame la Dauphine
à son grand couvert
Alors Mr de la Croix
reprit son Bâton & son Chapeau
,&retourna à la bouche
precedé feulement d'un
Garde du Corps & des deux
Huissiers.L'essay du second
fcrvice ne se fit point à IfI
bouche; mais au prest où
citoit la Nef. Il se plaçaen- t
:-
suite au costédroit du Fauteuil
de Monseigneur le
Dauphinoùil restapendant
toutle repasayant toujours
son Bâton à la main; les
Genciihommes servants firentle
Service de même que
cchheezz le RRooyj.
-
Il y avoir à ce repas une
tres grande Assemblée de
Dames;il y en avoit treize
qui avoient le Tabouret
,
les autresestoient debour.
Monfcigneur le Dauphin&
Madame la Dauphine tinrent
ensuite un Cercle dé
Dames comme chez le Roy
aprèssonsoupé; Cérémonie
qui si fait pour les re'--
mercier.
Fermer
Résumé : NOUVELLES de divers endroits.
Le texte relate divers événements militaires et décès notables. Le navire français 'L'Aigle' a coulé une frégate hollandaise après un combat de plus de deux heures, mais son capitaine a été tué. Le 30 juillet, une escadre anglaise de 11 vaisseaux a été aperçue près de Bayonne. Un navire français a capturé un bateau hollandais chargé de vins près de Lisbonne. Plusieurs personnalités ont également péri, dont le duc d'Albe, ambassadeur d'Espagne en France, décédé à l'âge de 41 ans après une longue maladie. Sa veuve s'est retirée au couvent du Val-de-Grâce. Le marquis de Vieuxpont, lieutenant général des armées du roi, est mort à l'âge de 36 ans. Le chevalier de Chabert, chef d'escadre, est décédé à Toulon après avoir ramené une riche cargaison d'argent. Le marquis de Sourdeilles, lieutenant du roi en Limousin, est mort à l'âge de 44 ans. Parmi les autres décès notables, on compte le prince de Nassau, stathouder de Frise, noyé avec le brigadier Wilkes. La duchesse de Berry a accouché prématurément d'une princesse qui est décédée peu après. Le texte mentionne également des événements et des transferts de responsabilités au sein de la cour. Un commandant avait réservé neuf mille livres, laissant trois mille livres à M. de Rochebonne après sa démission. Suite au décès de M. de Canaples, la pension de neuf mille livres a été transmise au Duc de Villeroy. Après la mort de Monseigneur, le roi a accordé à Madame la Dauphine divers privilèges, dont la Nef, le Cadenas, le Bâton de Maître d'Hôtel et la Musique. Elle a participé pour la première fois à un grand couvert le 8 août, servie par le Marquis de Vilacerf, et le 10 août par M. de la Croix, son Maître d'Hôtel. Ce dernier a suivi un protocole précis, incluant la présentation des mets et l'utilisation de mouillettes. Lors du repas, une grande assemblée de dames était présente, avec treize d'entre elles ayant le privilège du tabouret. Après le souper, Monseigneur le Dauphin et Madame la Dauphine ont tenu un cercle de dames pour remercier les invités.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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22
p. [1]-52
SUITE ET FIN de l'Histoire Espagnole.
Début :
Le Prince de Murcie reprit enfin ses esprits, & pour [...]
Mots clefs :
Prince, Duc de Grenade, Grenade, Princesse, Solitaire, Amour, Seigneur, Malheurs, Temps, Bonheur, Joie, Malheur, Fortune, Coeur, Ciel, Époux, Lieu, Cabane, Traître, Infidélité, Surprise, Soupçon, Rival, Amants, Forêt, Solitude, Doute
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE ET FIN de l'Histoire Espagnole.
~* SUITE ETFIN
de ïHtjloirc Espagnole. LE Prince de Murciereprit
enfinles
esprits, & pour lors le lolitaire
lui dit :Seigneur,
si j'avois pu prévoir la su.
neste impression qu'a fait
sur vous la nouvelle que
je vous ai apprise, croyez
qduoeulelouirn, d'irriter vostre
je n'aurois pen.
fé qu'à la soulager; l'experience
que j'ai faite des
revers de la fortune m'apprend
à plaindre ceux quV
ellerend malheureux. Ah
pourquoi ne sçavois-je pas
là'intérêt que vous prenez Leonore? je ne me reprocherais
pas du moins
les tourmens que vous louffre. Je ne vous les
reproche point, Seigneur,
repondit le Prince, non
plus qu'à Leonore; si elle
a épousé Dom Juan elle a
dû l'épouser, ôc si elle m'a
rendu le plus malheureux
des hommes, il faut que
je l'aye mérité:Non le
plus affreux desespoir ne
me forcera jamais à la
traitter d'infidelle mais
je n en mourraipas moins
malheureux.
Ah!Seigneur, repritle
solitaire,si Leonoren'est
point infidelle, il est des
amans plus malheureux
que vous j'ai perdu comme
vous l'esperance de
posseder jamais celle que
jaime,je ne puisdouter de
son inconstance,&j'en
reçoisJes plus forcéspreuves
au moment mêmequi
devoit assurer mon bonheur;
queldesespoirest
égal au mien ? amant dui^e
Princefk-,,,nôçre mariage
étoitconclu duconfentement
de son frère,&l'infîdelie
se
.,
fait enleverce
our-là même par rflôa
rival
,
sans ce trait de la
plus noireinfîdçlitç je seroisencore
a Grepaçlçj
&: vous ue m'auriez point
trouve dans cettesolitude
où nos communs malheurs
nous ont conduit. Le Prince comprit aisément
que cette Princesse,
que le solitaire avoir aiméen'étoit
autre qu'Eli
vire, il en avoit souvent
oui parler à Dom Pedre
son frere, & comme il
sçavoit la violence que
Dom Garcie avoit faire à
Elvire, il crut devoir réparer
le tort que le solitaire
lui faisoit par ses soupçons;
ilme semble
,
Seigneur,
lui dit-il, que vous
condamnez trop aisement
la Princesse que vous aimez
; pourquoi rapporter
àson inconstance un éloignement
dont elle gémit
peut-être autant que vous?-
si vôtre rival l'a enlevée,
le tort que vous lui faites
est irreparable, mais quoiqu'il
en soit, ce n'est point
ainsi qu'il faut juger de ce
qu'on aime. Ah ! je ne
ferois pas si malheureux
si je pouvoissoupçonner
Leonore d'inconfiance. Si
je condamne la Princesse
Elvire, reprit lesolicaire,
c'estque je ne puis douter
qu'elle ne me soit infidelle
y
après cet enlevement
je la cherchai dans
tout le Duché de Grenade
; & dans quelqueslieux
que mon rival lait conduite
,
je l'aurois sans dou-
.re découverte,si ellen'eût
été d'accord avec lui pour
rendre mes recherches
inutiles. Ah ! je l'ay trop
aimée pour ne pas me
plaindre de son changement,
& je vois bien que
nos malheurs font differens
3
quoiqu'ils partent
du même principe. C'est
ainsi que le solitaire die.
putoit au Prince la triste
floired'être le plus maleureux
de tous les horn;.
mes; si c'cft. un dédommagement
pour ceux qui
souffrent
,
ils pouvoient
tous deux y prérendre)
l'un étoit réduit à accuser
sa maîtresse, qui lui étoit
pourtant fidelle, & l'autre
a s'acculer lui-même, lui
qui n'avait jamais eu d'autre
regle de ses adtions
quesa gloire & son amour.
Cependant Elvirepassoit
sa vie dans de mortelles
inquiétudes auuibien
que Leonore,la convention
que ces deux
Princesses avoient eûë
leur étoit également funeste
,
& si Leonore avoit
lieu de soupçonner un
Prince, qu'Elvire avoit
nommé son amant, Elvire
soupçonnoit avec raison
un amant dont le nom
avoir produit un si violent,
effet sur Leonore;ellesavoient
un égal intérêt de se
retrouver. pour éclaircir
un doute si cruel,mais il
ne fut pas permis à Leonore
d'aller feule dans le
jardin,& Elviren'y voyant
plus que la curieuse tante,.
fut contrainte de choisir,
pour le lieu de sa promenade
,
la Forest de Gades;
c'est là que ces deux Princesses
le retrouverent dans
le temps qu'elles ne l'esperoient
plus. Le Duc d'Andalousie,
content de l'obeissance
de sa fille, l'avoit
enfin délivrée des
importunitez de sa vieille
secur
y
elle alloit souvent
se promener dans cette
Forest là elle pouvoit
joüir de la solitude-, & se
livrer à toute sa douleur
Le hazard la conduisit un
jour dans l'endroit où Etvire
avoit coutume d'aller
se plaindre de ses malheurs,
aussitôt elle court
vers elle avec empressement,,
& lui dit: il y a
long-temps que je vous
cherche, Madame, pour
vous apprendre une nouvelle
qui doit vous interesser
: Le Prince de Murcie
est Duc. de Grenade
par les soins de Dom Pedre
vôtre frere & son ami.
Madame,répondit Leonore,
vous sçavez la part
que j'y dois prendre, mais
je devine aussi celle que
vous y prenez, ce n'est
point moi qui dois ressentir
la joye de cette nouvelle.
Ah! qui doit donc
la ressentir ? reprit Leonore,
le Prince de Murcie
vous aime, Ôc. n'a fait
une si, grande démarche
que pour vous meriter.
Ah! Madame,répondit
Elvire, pourquoi insultez.
vousàmon malheur? Je
sçai que je ne suis point
aimée,c'est en vain que
je voudrois vous disputer
le coeur du Prince: de
Murcie.Ces deux Princelles
entraientinsensiblement
au pointd'unéclaircissement
qui leur étoitsi
necessaire,lorsqueDom
Juan &DomGarcievinrent
troubler leur entrer
tien: sitôtqu'Elvire eut
EÇÊonnu>fon persecuteur,
qgif n'étoitpasfort loin
d'elle,elle prit la fuite, &
Leonore> que la presence
de Dom Juan auroit embarrassée
dans une pareille
circonstance., prit une
autre allée dans le dessein
del'evicer; Dom Garcie
avoit cru reconnoîtreElvire
& l'avoit suivie des
yeux;l'occasion lui parut
trop bellepour la négliger
: Seigneur, dit-il à D.
Juan, vous voulez sans
doute aborder Leonore?
je vous laisse seul de peur
de troubler un entretien
si doux pour l'un & pour
l'autre, je ferai toujours à
portée de vous rejoindre;
en même temps il fuit la
routequ'il avoit vu prendre
à Elvire, & aprés
l'avoir assez long-temps
cherchée,il la découvrit
dans le lieule plus écarté
de la forest.Quelle fut la
surprise&la crainte de
cette Princessè? elle con,
noissoit le perfide Dom
Garcie.,irrité de ses refus
& de ses mépris,il étoit
capable de se porter aux
plus violentes extremitez;
Elvire dans un si grand
péril n'eut d'autrereilburce
quecelle de faire em*
tendre des cris horribles,
quipussent lui attirer du
secours, & ses cris en effet
la sauverent. Le solitaire,
quile promenoit assez près
de la, les entendit; aussitôt
il court vers le lieu où
les cris d'Elvire le con- duisent , & tout d'un , toup: il voit celle qu'il
croyoit infidelle à Grenade
, qui
-
se jettedansses
bras,en lui disant: Seigneur
,sauvez-moi des fureurs
d'un scelerat, & dans
le moment Dom Garcie
parut. Je n'entreprendrai
point
point d'exprimer les divers.
mouvemens de surprise
d'amour & de colere
donc le solitaire futsaisi ;
Dom Garcie voulut prosiser
du moment pour se
défaire de son rival avant
qu'il fût en défense, mais
lescelerat meritoitla
mort,le solitairel'étendii
à ses pieds; après le peu de resistance qu'on doit
attendre d'un lâche & d'un
traître,ensuite s'abandonnant
à d'autres transports,
il s'approcha d'Elvire:
quel bonheur luidit-il
y
Madame?la fortunevous?;
rend à mon amour, & livre
mon rival à ma vengeance
; que le perfide
nous a causé de maux r
que n'ai-je point souffert
pendant vôtre absence!
Jen'oublierai jamais,,
Prince, répondit Elvire,
le service que vôtre pitié
vient de me rendre, mais
je ferois plus heureuse si
je le devois à vôtre amour.
Ah!Ciel,s'écrialesolitaire,
comment expliquer
ces cruels reproches? jesuis
donc un amantinfidele.
Prince, je voudrois
pouvoir en douter,
rien ne troubleroit la joye
- que j'ai de vous revoir;
Ah! je serois trop heureuse.
Grand Dieu,s'ecriatil
encore une fois,il est
donc vrai que vous m'accufèz
d'inconstance> Ahj
Madame,quel démon envieux
de nôtre bonheur,
vous donne ces injustes
soupçons ;quoi je vous
revois! le plaisir que je
sens me persuade que tous
mes maux sont finis, & je
retrouve au même instant
des malheurs plus grands
encore que ceux que j'ai
fouffers
; ma chere Elvire
voyez cette trille retraite,
cetteaffreuse solitude!
font-ce la des preuves de
mon inconstance ? Oui,
Prince, cest le choix de
cette solitude qui confirme
mes tristessoupçons.
Ah! Seigneur, est-ce dans
la forestde Gades que
vôtre. confiance devoit
éclater? Le solitaire, qui
ne pouvoit rien compren- dre au discours d'Elvire,
ne sçavoit comment calnler.,
les soupçons ;nia
Princesse, lui disoit-il, daignez
medire le sujet de
vos reproches,je fuis Ulr
de me justifier, jenesuis
pas surpris que vous me
foupçonniez., le moindre
accidentpeut allarmer
une amante {enfible3 j'ai
moi-même eprouve combien
il elt aisé de craindre
le changement dece qu'
onaime
)
jevous ai crû
moi-même moins fidelle
que je ne vous retrouve,
mais si l'heureuse avanture
quinous réunit ne m'avoit
détrompé, loin de vous en
faire un mystere,je me
ferois plaint à vous, je
vous aurois découvert le
sujet de mesdouleurs, ôc
je n'aurois rien tant fouhaitté
que de vous voir
bien justifiée
; pourquoy
n'en usez-vous pas ainsi,
ma Princesse ? l'amour
peut-il prendre un autre
parti? Que me servira-t-il,
reprit El vire, de vous convaincred'inconstance
? je
ne vous en aimerai pas
moins, & vous n'en aimerez
pas moins Leonore.
Quoi!j'aime Leonore, reprit
vivement le solitaire?
Ah! je vois maintenant le
sujet de vos qsoupconsy.
vous avez crû que, charmé
de cette Princesse,je
n'habite cette solitude
-
que pour lui prouver mon
amour , mais non,ma
chere Elvire,rendez-moimon
innocence, rendezmoi
tout vôtre amour:je
n'ai jamais vû Leonore,,,
je suis dans un lieu tout
plein de sa beauté & de
les vertus & je n'ai jamais
penséqu'à vous, c'est pour
vous feule que je fuis réduit
dans l'état où vous -
me voyez. Ah! Prince., dit
Elvire,que ne vous puisje
croiremaisnon vous
me trompez;voyez vousmême
si je dois être convaincue
; je racontois a
Leonore nos communs
malheurs, elle me demanda
vôtre nom, je lui nommai
le Prince de Murcie,
&: soudain elle tombaévanouie
dans mes bras;
jouiuez. Prince, de vôtre
gloire, après ce coup rien
ne peut môterma douleur.
leur. Elvire voulut s'éloi.
gnerdu solitaice pour lui
cacher ses larmes.; arrêtez
ma Princene, s'écria-t-il
,
non je
-,
n'ai jamais vu Leonore,
ilest un autre Prince
de Murcie,vous le devez
sçavoir: Ah! pouvezvousme
soupçonner? mais
rnachere Elvire,venez me
voir tout-à-faitjustisié, j'ai
laissé dans ma cabane un
inconnu qui aime Leonore,
l'état où la nouvelle
de son mariage avec Dom
Juan la réduit, m'a découvert
son secret: il est
sans doute ce Prince de
Murcie amant de Leonore,
venezJe lui demanderai
son nom, il ne pourra
me resuser cet ecfairciuement,
qui importe tant a
vôtre bonheur& au mien.
Ils n'eurent pasgrand chemin
à faire pour arriver à
la petite cabane;le cours
de leur conversation les y
avoit insensiblement conduits,
ils y entrent, mais
quel spectacle s'offrit tout
d'un coup à leurs yeuxils
virent deux hommes étendus
dans la cabane, qui
perissoient dansleursang.
Ah Ciel! s'écria Elvire,
saisie d'horreur .& de sur-
,
prise.Qui sont ces malheureux
?Que je plains là
fort de l'un d'eux, repondit
le solitaire; c'est cet
étranger qui étoit venu
chercher ici un azile, nous
déplorions ensemblenos
communs malheurs, il alloit
fininles miens. Elvire
revenue de sa premiere
terreur s'approcha 8c reconnut
Dom Juan, Le
Prince après s'être separé
de D. Garcie avoit longtemps
erré dans la forêt,
occupe destrilles idées qui
les avoient conduits:malygré
ce que la fortune faisoitpour
luiy il nelaissoit
pas d'avoir ses chagrins;
il avoit apperçu lacabane
du soliraire, .& y étoit entré
attiré par sa simpie curiosite
:
les' soupirs de cet
inconnul'avoit redoublée
enexcitant sa compas.
sion. Mais quelle surprise!,
à peineces deux hommes
se furent envilagezdqu'un
premier mouvement de
rage & devengeance leur
étant tout loisir de s'expliquer
: Ah te voila,traître.,
s'écria l'un; perside, tu
mourras, secria l'autre :
& à l'instant ils se lancent
furieux l'un sur l'autre, &
se battent avec tant de
haine & tant d'acharnement,
que sans recevoir
aucun coupmorcel ils se
ercerent enplusieurs endroits,
ils tomberent l'un
& l'autre affoiblis par la
perte de leur sang,&par
la longueur du combar.Ce
fut dans cet état que les
trouvèrent Elvire & fou
amant, ils leur donnrent
tous les secours possibles,&
se retirèrent a l'écart dans
l'esperance de tirer quelque
éclaircisement de ce
que se diroient ces deux
rivaux. Ils reprirent peu
de temps après leurs sorces
& leurs ressentimens,.
& le Prince de Murcie
tournant vers Dom Juan
des yeux pleins d'indignation:
Quoy tu vis encore
le Ciel ne peur donc consentir
à la mort du digne
époux de Leonore, ni la
forc,ni l'amournilahaine
îije peuventrien sur de si
beauxjours?Le Ciel,répondit,
Dom Juan, veut que
j'admire encor cet illuitre
conquerant, qui vient de
joindre ,à tant de hauts titres
celuy de Duc de Grenade
: Quel regret pour
moy de mourir sans voir
regner un Prince si genereux
?Peux-tu le voir sans
rougir,persideyreprit le
Prince Non dit Dom
Juan.le rougis de t'avoir
il rpal connu. Les traîtres,
répliqua le Prince, ne rougissent
du crime qu'après
qu'ils l'ont commis. - Il est
vray, répondit D. Juan
y s'ils n'en rougissoient pas
si tard,je ferois Duc de
Grenade, & vous ne seriez
encore que le Prince de
Murcie. Poursuis,indigne
amy ,
reprit le Prince,
cherche un pretexte à ton
horrible persidie; tu n'es
donc l'époux de Leonore
que parce que je luis un
Tyran?Non', traître, repondit
Dom Juan, puiss
qu'il faut enfin éclatter, je
ne t'ai point trahi,je mefuis
yengé de l'ennemi commun
de toute l'Espagne;
d'un usurpateur qui elt en
abomination dans toute
l'Europe: Renonce àLeonore,
qui tesereste autant
quelle t'a autrefois aimé.
Grand Dieu,s'ecria-t-il,où
fùis-je?non,, Leonorenaura
pas pu le croire; tes
derniers mots te convainquentd'imposture,
tu peux
m'avoir pris pour unusurpateur,
mais non pas cette
genereule Princesse. Il est
vray, répondit D. Juan,.
tu l'avois seduite par ta
fausse vertu: maisqu'avoir
elle a repondre a D. Garcie,.
dont la fidelité rend
ta perfidie certaine ? Le
Prince vit dés ce moment
la trahison de D. Garcie
y,
& parla ainsi à sonrival:
Dom Juan,je fuis forcé de
vous rendre vôtre innocence,
Dom Garcie vous
a trahis tous deux: loin
d'usupervosEtats,je les
aysoustraits à la tyrannie,
dans le seul dessein de vous
les rendre
:,- En abordant
Tille de Gadcs je trouvay
Dom Pedre qui vous cherchoit
par tout, jem'offris
à prendre vôtre place, &
je fis pour vous ce que je
n'aurois pas fait pour moymême,
je me privay du
plaisir de revoir Leonore
pour vous remettre dans
vos Estats ; j'en ai chassé
Dom Garcie qui les usurpoit:
pour prix de mon secours
Ôc de mon amitié
vous épousez ce que j'ainle,
sans que j'en puisse
accuser que la fortune-,
vous n eres point coupable
: mais cependant Leonore
eIl: à vous & je la
perds pourjamais.
Le Prince de Murcie
parloit d'un air si couchant
que Dom Juan lui-même
commençoitàs'attendrir.
On peut juger de laJitua.
tion des deu x spectateurs;
Elvire étoit sûre du coeur
de son amant,& cetamant
voyoit dans les yeux d'El..
vire, & la justice qu'elle
rendoit à son amour, &la
joye avec laquelle elle la
lui rendoit,il ne manquoit
plus au Prince qu'une
occasion de confirmer
ces diccours qui faisoient
déja tant d'impression;
hazard la sit naître prefqu'au
même instant.Un
des domestiques de Dom
Juan,qui avoitsuivi Dom
Garcie, entra dans laca~
bane, attiré par le bruit
qu'il avoit entendu. Approchez,
lui dit D. Juan,
pourquoy m'avez
- vous
trahi? pourquoiêtes-vous
entré dans lecomplot du
traître Dom Garcie? Fernandez
( c'étoit le nom
du domestique ) interdit
d'une questionà laquelle
il ne s'attendoit pas, &
déjà surpris de la réunion
à
des deux Princes, prit le
parti de se jetter aux
pieds de son Maître, 8c
de lui découvrir tout le
mystere d'une sinoire trahison.
Ah! quel secret venez-
vous de me reveler.,
s'écria Dom Juan, saisi
d'une juste horreur,confus
desa credulité
)
deses
peré d'avoir fîiivi les mouvemens
de sa haine contre
celui à qui il devoit tout?
Ah! Seigneur,s'écria-t-il,
se tournant vers le Prince
de Murcie, que puisje
vous dire? je ne suis point
l'époux de Leonore. Vous
n'êtes point son époux,
répondit le Prince? Ah!
Dom Juan pourquoi voulez-
vousme flatter? croyez-
vous par là conserver
ma vie? Non, je meurs
mal-heureux amant de
Leonore& fidele ami de
D. Juan.C'est moi qui dois
mourir,reprit Dom Juan,
je ne fuis plus digne de
la vie; vivez, Prince,
pour posseder Leonore,
j'aiassez d'autres crunes
à me reprocher sans me
charger- encore de celui
d'être son époux; non.,
je ne le fuis point, & l'unique
consolation qui me
reste, après tous les maux
queje vous ai causez, c'est
d'être encor plus malheureuxquejene
fuis coupable.
En mêmetemps il lui
apprit comment ce mariageavoit
été retardé par
une violente maladie de
Leonore
, que ses chagrins
avoient apparemment
causée. Dom Juan
ne borna pas là les foins
.qu'il devoir au Prince
lui promit de fléchir le
Duc
Duc d'Andalousiey & fit
renaître
,
dans son coeur
l'esperance que tant. de
malheurs en avoient ôtée.
Quelchangement de situation
pour le Prince de
Murcie, à peine croyoit- iltout ce qu'il entendait
partageentre la joye de
ravoir Leonore fidelle,
& l'impatience, de la revoir
telle que l'amour la
lui conservoit
,
à peine
pouvoit-il suffire à ressentir
tout son bonheur. Elvire
& le solitaire de leur
côté jouissoient du bonheur
de se trouver fîdeles,
exempts des soins &de l'inquietude
qui troubloient
depuis si long-temps leur
amour; le spectacle dont
ils étoient témoinsaugi
mentoit encore leur tendresse.
Après qu'ilsse furent
dit tout ce qu'un bonheur
mutuel peut inspirer,
ils s'aprocherent des deux
Princes. Dés que le Prince
deMurcie eut apperçû le
solitaire, il luy dit: Vous
- me trouvez,Seigneur,dans
unesituation- bien- différente
de celle ou vous,
m'aviez laissé, vous voyez
qu'il ne faut qu'un moment
pour terminer les
plus grands malheurs, j'espere
que celuy qui doit
finir les vôtres- n'est pas
bien éloigné, &pour lors
ma joye sera parfaite. Seigneur,.
répondit le solitaire,
le Ciel nous a réunis
pour nous rendre tous heureux,
vous allez- revoir
Leonore,,, jeretrouve El
vire fidellé
; cette avanture
finittous lesmalheuts
qui sembloient attachez
aunom que nous portons
l'un & l'autre. Il lui apprit
en même temps qu'il étoit
un cadet de la maison,
dont la branche separée
depuis long-temps estoit
presque inconnuë enEspagne,
il luy raconta les
soupçons d'Elvire à l'occasson
de la conformité
de leur nom; les momens
surent employez à des détails
capables d'interesser
du moins des amans:mais
lorsqu'Elvire luy rendit
compte àsontour de Son
entrevue a\*ecLectfi0rcv&
de tout cequi l'avoirluivie
:Ah, s'écria,le Prince,,
quela fortune, est cruelle
quand ellenouspourluit:
c'érait l'unique moyen de
rendrema fidélité suspecte
à Leonore:mais non, cette
Princesse connoîtbien
mon coeur,elle n'aura
point
-
fait cette injustice à
mon- amour. Cependant
Fernandezqui avoit ete
témoin; de redaircinement
entre le Prince de
Murcie & son malfire".
plein de tout cequ'ilavoit
entenducourut le publier
dans le Palais du Duc, il
trouva Leonore quiquittoit
la forêt pour retourner
à son appartement, &
elle en sur instruite la premiere.
Son récit étoit aisez
interessant pour que Leonore
voulût le justifier,
elle ': sè fit incontinentconduire
à la cabane;dés
qu'elle parut sa présence
produisit un profond silence
,
le Prince étoit celuy
qui avoit le plus de
choses à dire, il fut aussi
celuy qui eut moins la
force de parler: mais sa
joye n'en éclattoit que
mieux dans ses regards, ôc
Leonore qui l'y. voyoit
toute entiere,ne marquoit,
pas moins vivement le.
plaisir qu'elle ressentoit..
Elvire enfin prit la parole,.
&montrant le solitaire,elle
luy apprit son nom, & lui
donna un éclaircissement
qui manquoit encore à son.
repos.
Dom Juan marquoit le
plus vif repentir,ilcedoit
tous ses droits au Prince
de Murcie: ces amans
se voyoient, délivrez d'un
dangereux persecuteur;que
ne se dirent-ils point dans
de pareils transports ? Ah
,
Madame,s'écria le Prince,
vous m'aimez encore? les
noms d'usurpateur &d'infidele
qu'on m'a tant donnez
n'ont point changé
vôtre coeur? à ce trait je
reconnois Leonore. Ouy,
Seigneur,réponditla Princesse,
je vous ay toûjours
aimé
, & je luis toûjours,
cette Leonore, dont vous
connoissez si bien les sentimens;
les raisons qui sembloient
persuader vostre
inconstance,n'ont pu prévaloir
valoir sur le souvenir de
vos verrus: Prince,j'ay
souffert de vôtre absence
) & de la cruauré avec laquelle
on a voulu flétrir
vôtre nom:mais je ne vous
ay jamais condamné, de
ne pouvant être à vous,
j'allois me donner la mort,
si la fortune ne nous eût
enfin réunis. Je n'entreprendrai
point de rapporter
ici le cours de leur entretien;
pour peu qu'on
connoisse l'amour, on en
imaginera plus que je n'en
pourroisdire: mais enfin
il n'est pointde réünion
plus touchante que celle
de deux amans qui ont eu
tant d'obstacles à surmonter
,qu'ils se protestent
qu'ils ne se sont jamais crus
infidelles
,
parmi tant de
raisons qui sembloient
marquer leur infidélité ;
la haute idée qu'ils avoient
l'un de l'autre avoit toûjours
éloignélajalousieinseparablede
l'amour moins
heroïque, & s'ils n'avoient
pas eu les chagrins de cette
espece,ceux de l'absence
en étoient plusviolens
pour eux.
Les sentimens que tant
de disgraces n'avoient pû
chasser de leur coeur firent
leur gloire & leur felicité;
leur confiance attendrit
enfin le Duc d'Andalousie
, que tant de
nouvelles raisons forçoient
d'estimer le Prince
de Murcie: Ces illustres
Amans furent bientost
unis pour toujours
; cet
heureux mariage fut suivy
de celuy du solitaire
avec Elvire, & comme
la fortune les avoit tous
associez dans les malheurs
qu'elle leur avoit suscitez,
ils jurerent de ne se separerjamais,
FIN.
de ïHtjloirc Espagnole. LE Prince de Murciereprit
enfinles
esprits, & pour lors le lolitaire
lui dit :Seigneur,
si j'avois pu prévoir la su.
neste impression qu'a fait
sur vous la nouvelle que
je vous ai apprise, croyez
qduoeulelouirn, d'irriter vostre
je n'aurois pen.
fé qu'à la soulager; l'experience
que j'ai faite des
revers de la fortune m'apprend
à plaindre ceux quV
ellerend malheureux. Ah
pourquoi ne sçavois-je pas
là'intérêt que vous prenez Leonore? je ne me reprocherais
pas du moins
les tourmens que vous louffre. Je ne vous les
reproche point, Seigneur,
repondit le Prince, non
plus qu'à Leonore; si elle
a épousé Dom Juan elle a
dû l'épouser, ôc si elle m'a
rendu le plus malheureux
des hommes, il faut que
je l'aye mérité:Non le
plus affreux desespoir ne
me forcera jamais à la
traitter d'infidelle mais
je n en mourraipas moins
malheureux.
Ah!Seigneur, repritle
solitaire,si Leonoren'est
point infidelle, il est des
amans plus malheureux
que vous j'ai perdu comme
vous l'esperance de
posseder jamais celle que
jaime,je ne puisdouter de
son inconstance,&j'en
reçoisJes plus forcéspreuves
au moment mêmequi
devoit assurer mon bonheur;
queldesespoirest
égal au mien ? amant dui^e
Princefk-,,,nôçre mariage
étoitconclu duconfentement
de son frère,&l'infîdelie
se
.,
fait enleverce
our-là même par rflôa
rival
,
sans ce trait de la
plus noireinfîdçlitç je seroisencore
a Grepaçlçj
&: vous ue m'auriez point
trouve dans cettesolitude
où nos communs malheurs
nous ont conduit. Le Prince comprit aisément
que cette Princesse,
que le solitaire avoir aiméen'étoit
autre qu'Eli
vire, il en avoit souvent
oui parler à Dom Pedre
son frere, & comme il
sçavoit la violence que
Dom Garcie avoit faire à
Elvire, il crut devoir réparer
le tort que le solitaire
lui faisoit par ses soupçons;
ilme semble
,
Seigneur,
lui dit-il, que vous
condamnez trop aisement
la Princesse que vous aimez
; pourquoi rapporter
àson inconstance un éloignement
dont elle gémit
peut-être autant que vous?-
si vôtre rival l'a enlevée,
le tort que vous lui faites
est irreparable, mais quoiqu'il
en soit, ce n'est point
ainsi qu'il faut juger de ce
qu'on aime. Ah ! je ne
ferois pas si malheureux
si je pouvoissoupçonner
Leonore d'inconfiance. Si
je condamne la Princesse
Elvire, reprit lesolicaire,
c'estque je ne puis douter
qu'elle ne me soit infidelle
y
après cet enlevement
je la cherchai dans
tout le Duché de Grenade
; & dans quelqueslieux
que mon rival lait conduite
,
je l'aurois sans dou-
.re découverte,si ellen'eût
été d'accord avec lui pour
rendre mes recherches
inutiles. Ah ! je l'ay trop
aimée pour ne pas me
plaindre de son changement,
& je vois bien que
nos malheurs font differens
3
quoiqu'ils partent
du même principe. C'est
ainsi que le solitaire die.
putoit au Prince la triste
floired'être le plus maleureux
de tous les horn;.
mes; si c'cft. un dédommagement
pour ceux qui
souffrent
,
ils pouvoient
tous deux y prérendre)
l'un étoit réduit à accuser
sa maîtresse, qui lui étoit
pourtant fidelle, & l'autre
a s'acculer lui-même, lui
qui n'avait jamais eu d'autre
regle de ses adtions
quesa gloire & son amour.
Cependant Elvirepassoit
sa vie dans de mortelles
inquiétudes auuibien
que Leonore,la convention
que ces deux
Princesses avoient eûë
leur étoit également funeste
,
& si Leonore avoit
lieu de soupçonner un
Prince, qu'Elvire avoit
nommé son amant, Elvire
soupçonnoit avec raison
un amant dont le nom
avoir produit un si violent,
effet sur Leonore;ellesavoient
un égal intérêt de se
retrouver. pour éclaircir
un doute si cruel,mais il
ne fut pas permis à Leonore
d'aller feule dans le
jardin,& Elviren'y voyant
plus que la curieuse tante,.
fut contrainte de choisir,
pour le lieu de sa promenade
,
la Forest de Gades;
c'est là que ces deux Princesses
le retrouverent dans
le temps qu'elles ne l'esperoient
plus. Le Duc d'Andalousie,
content de l'obeissance
de sa fille, l'avoit
enfin délivrée des
importunitez de sa vieille
secur
y
elle alloit souvent
se promener dans cette
Forest là elle pouvoit
joüir de la solitude-, & se
livrer à toute sa douleur
Le hazard la conduisit un
jour dans l'endroit où Etvire
avoit coutume d'aller
se plaindre de ses malheurs,
aussitôt elle court
vers elle avec empressement,,
& lui dit: il y a
long-temps que je vous
cherche, Madame, pour
vous apprendre une nouvelle
qui doit vous interesser
: Le Prince de Murcie
est Duc. de Grenade
par les soins de Dom Pedre
vôtre frere & son ami.
Madame,répondit Leonore,
vous sçavez la part
que j'y dois prendre, mais
je devine aussi celle que
vous y prenez, ce n'est
point moi qui dois ressentir
la joye de cette nouvelle.
Ah! qui doit donc
la ressentir ? reprit Leonore,
le Prince de Murcie
vous aime, Ôc. n'a fait
une si, grande démarche
que pour vous meriter.
Ah! Madame,répondit
Elvire, pourquoi insultez.
vousàmon malheur? Je
sçai que je ne suis point
aimée,c'est en vain que
je voudrois vous disputer
le coeur du Prince: de
Murcie.Ces deux Princelles
entraientinsensiblement
au pointd'unéclaircissement
qui leur étoitsi
necessaire,lorsqueDom
Juan &DomGarcievinrent
troubler leur entrer
tien: sitôtqu'Elvire eut
EÇÊonnu>fon persecuteur,
qgif n'étoitpasfort loin
d'elle,elle prit la fuite, &
Leonore> que la presence
de Dom Juan auroit embarrassée
dans une pareille
circonstance., prit une
autre allée dans le dessein
del'evicer; Dom Garcie
avoit cru reconnoîtreElvire
& l'avoit suivie des
yeux;l'occasion lui parut
trop bellepour la négliger
: Seigneur, dit-il à D.
Juan, vous voulez sans
doute aborder Leonore?
je vous laisse seul de peur
de troubler un entretien
si doux pour l'un & pour
l'autre, je ferai toujours à
portée de vous rejoindre;
en même temps il fuit la
routequ'il avoit vu prendre
à Elvire, & aprés
l'avoir assez long-temps
cherchée,il la découvrit
dans le lieule plus écarté
de la forest.Quelle fut la
surprise&la crainte de
cette Princessè? elle con,
noissoit le perfide Dom
Garcie.,irrité de ses refus
& de ses mépris,il étoit
capable de se porter aux
plus violentes extremitez;
Elvire dans un si grand
péril n'eut d'autrereilburce
quecelle de faire em*
tendre des cris horribles,
quipussent lui attirer du
secours, & ses cris en effet
la sauverent. Le solitaire,
quile promenoit assez près
de la, les entendit; aussitôt
il court vers le lieu où
les cris d'Elvire le con- duisent , & tout d'un , toup: il voit celle qu'il
croyoit infidelle à Grenade
, qui
-
se jettedansses
bras,en lui disant: Seigneur
,sauvez-moi des fureurs
d'un scelerat, & dans
le moment Dom Garcie
parut. Je n'entreprendrai
point
point d'exprimer les divers.
mouvemens de surprise
d'amour & de colere
donc le solitaire futsaisi ;
Dom Garcie voulut prosiser
du moment pour se
défaire de son rival avant
qu'il fût en défense, mais
lescelerat meritoitla
mort,le solitairel'étendii
à ses pieds; après le peu de resistance qu'on doit
attendre d'un lâche & d'un
traître,ensuite s'abandonnant
à d'autres transports,
il s'approcha d'Elvire:
quel bonheur luidit-il
y
Madame?la fortunevous?;
rend à mon amour, & livre
mon rival à ma vengeance
; que le perfide
nous a causé de maux r
que n'ai-je point souffert
pendant vôtre absence!
Jen'oublierai jamais,,
Prince, répondit Elvire,
le service que vôtre pitié
vient de me rendre, mais
je ferois plus heureuse si
je le devois à vôtre amour.
Ah!Ciel,s'écrialesolitaire,
comment expliquer
ces cruels reproches? jesuis
donc un amantinfidele.
Prince, je voudrois
pouvoir en douter,
rien ne troubleroit la joye
- que j'ai de vous revoir;
Ah! je serois trop heureuse.
Grand Dieu,s'ecriatil
encore une fois,il est
donc vrai que vous m'accufèz
d'inconstance> Ahj
Madame,quel démon envieux
de nôtre bonheur,
vous donne ces injustes
soupçons ;quoi je vous
revois! le plaisir que je
sens me persuade que tous
mes maux sont finis, & je
retrouve au même instant
des malheurs plus grands
encore que ceux que j'ai
fouffers
; ma chere Elvire
voyez cette trille retraite,
cetteaffreuse solitude!
font-ce la des preuves de
mon inconstance ? Oui,
Prince, cest le choix de
cette solitude qui confirme
mes tristessoupçons.
Ah! Seigneur, est-ce dans
la forestde Gades que
vôtre. confiance devoit
éclater? Le solitaire, qui
ne pouvoit rien compren- dre au discours d'Elvire,
ne sçavoit comment calnler.,
les soupçons ;nia
Princesse, lui disoit-il, daignez
medire le sujet de
vos reproches,je fuis Ulr
de me justifier, jenesuis
pas surpris que vous me
foupçonniez., le moindre
accidentpeut allarmer
une amante {enfible3 j'ai
moi-même eprouve combien
il elt aisé de craindre
le changement dece qu'
onaime
)
jevous ai crû
moi-même moins fidelle
que je ne vous retrouve,
mais si l'heureuse avanture
quinous réunit ne m'avoit
détrompé, loin de vous en
faire un mystere,je me
ferois plaint à vous, je
vous aurois découvert le
sujet de mesdouleurs, ôc
je n'aurois rien tant fouhaitté
que de vous voir
bien justifiée
; pourquoy
n'en usez-vous pas ainsi,
ma Princesse ? l'amour
peut-il prendre un autre
parti? Que me servira-t-il,
reprit El vire, de vous convaincred'inconstance
? je
ne vous en aimerai pas
moins, & vous n'en aimerez
pas moins Leonore.
Quoi!j'aime Leonore, reprit
vivement le solitaire?
Ah! je vois maintenant le
sujet de vos qsoupconsy.
vous avez crû que, charmé
de cette Princesse,je
n'habite cette solitude
-
que pour lui prouver mon
amour , mais non,ma
chere Elvire,rendez-moimon
innocence, rendezmoi
tout vôtre amour:je
n'ai jamais vû Leonore,,,
je suis dans un lieu tout
plein de sa beauté & de
les vertus & je n'ai jamais
penséqu'à vous, c'est pour
vous feule que je fuis réduit
dans l'état où vous -
me voyez. Ah! Prince., dit
Elvire,que ne vous puisje
croiremaisnon vous
me trompez;voyez vousmême
si je dois être convaincue
; je racontois a
Leonore nos communs
malheurs, elle me demanda
vôtre nom, je lui nommai
le Prince de Murcie,
&: soudain elle tombaévanouie
dans mes bras;
jouiuez. Prince, de vôtre
gloire, après ce coup rien
ne peut môterma douleur.
leur. Elvire voulut s'éloi.
gnerdu solitaice pour lui
cacher ses larmes.; arrêtez
ma Princene, s'écria-t-il
,
non je
-,
n'ai jamais vu Leonore,
ilest un autre Prince
de Murcie,vous le devez
sçavoir: Ah! pouvezvousme
soupçonner? mais
rnachere Elvire,venez me
voir tout-à-faitjustisié, j'ai
laissé dans ma cabane un
inconnu qui aime Leonore,
l'état où la nouvelle
de son mariage avec Dom
Juan la réduit, m'a découvert
son secret: il est
sans doute ce Prince de
Murcie amant de Leonore,
venezJe lui demanderai
son nom, il ne pourra
me resuser cet ecfairciuement,
qui importe tant a
vôtre bonheur& au mien.
Ils n'eurent pasgrand chemin
à faire pour arriver à
la petite cabane;le cours
de leur conversation les y
avoit insensiblement conduits,
ils y entrent, mais
quel spectacle s'offrit tout
d'un coup à leurs yeuxils
virent deux hommes étendus
dans la cabane, qui
perissoient dansleursang.
Ah Ciel! s'écria Elvire,
saisie d'horreur .& de sur-
,
prise.Qui sont ces malheureux
?Que je plains là
fort de l'un d'eux, repondit
le solitaire; c'est cet
étranger qui étoit venu
chercher ici un azile, nous
déplorions ensemblenos
communs malheurs, il alloit
fininles miens. Elvire
revenue de sa premiere
terreur s'approcha 8c reconnut
Dom Juan, Le
Prince après s'être separé
de D. Garcie avoit longtemps
erré dans la forêt,
occupe destrilles idées qui
les avoient conduits:malygré
ce que la fortune faisoitpour
luiy il nelaissoit
pas d'avoir ses chagrins;
il avoit apperçu lacabane
du soliraire, .& y étoit entré
attiré par sa simpie curiosite
:
les' soupirs de cet
inconnul'avoit redoublée
enexcitant sa compas.
sion. Mais quelle surprise!,
à peineces deux hommes
se furent envilagezdqu'un
premier mouvement de
rage & devengeance leur
étant tout loisir de s'expliquer
: Ah te voila,traître.,
s'écria l'un; perside, tu
mourras, secria l'autre :
& à l'instant ils se lancent
furieux l'un sur l'autre, &
se battent avec tant de
haine & tant d'acharnement,
que sans recevoir
aucun coupmorcel ils se
ercerent enplusieurs endroits,
ils tomberent l'un
& l'autre affoiblis par la
perte de leur sang,&par
la longueur du combar.Ce
fut dans cet état que les
trouvèrent Elvire & fou
amant, ils leur donnrent
tous les secours possibles,&
se retirèrent a l'écart dans
l'esperance de tirer quelque
éclaircisement de ce
que se diroient ces deux
rivaux. Ils reprirent peu
de temps après leurs sorces
& leurs ressentimens,.
& le Prince de Murcie
tournant vers Dom Juan
des yeux pleins d'indignation:
Quoy tu vis encore
le Ciel ne peur donc consentir
à la mort du digne
époux de Leonore, ni la
forc,ni l'amournilahaine
îije peuventrien sur de si
beauxjours?Le Ciel,répondit,
Dom Juan, veut que
j'admire encor cet illuitre
conquerant, qui vient de
joindre ,à tant de hauts titres
celuy de Duc de Grenade
: Quel regret pour
moy de mourir sans voir
regner un Prince si genereux
?Peux-tu le voir sans
rougir,persideyreprit le
Prince Non dit Dom
Juan.le rougis de t'avoir
il rpal connu. Les traîtres,
répliqua le Prince, ne rougissent
du crime qu'après
qu'ils l'ont commis. - Il est
vray, répondit D. Juan
y s'ils n'en rougissoient pas
si tard,je ferois Duc de
Grenade, & vous ne seriez
encore que le Prince de
Murcie. Poursuis,indigne
amy ,
reprit le Prince,
cherche un pretexte à ton
horrible persidie; tu n'es
donc l'époux de Leonore
que parce que je luis un
Tyran?Non', traître, repondit
Dom Juan, puiss
qu'il faut enfin éclatter, je
ne t'ai point trahi,je mefuis
yengé de l'ennemi commun
de toute l'Espagne;
d'un usurpateur qui elt en
abomination dans toute
l'Europe: Renonce àLeonore,
qui tesereste autant
quelle t'a autrefois aimé.
Grand Dieu,s'ecria-t-il,où
fùis-je?non,, Leonorenaura
pas pu le croire; tes
derniers mots te convainquentd'imposture,
tu peux
m'avoir pris pour unusurpateur,
mais non pas cette
genereule Princesse. Il est
vray, répondit D. Juan,.
tu l'avois seduite par ta
fausse vertu: maisqu'avoir
elle a repondre a D. Garcie,.
dont la fidelité rend
ta perfidie certaine ? Le
Prince vit dés ce moment
la trahison de D. Garcie
y,
& parla ainsi à sonrival:
Dom Juan,je fuis forcé de
vous rendre vôtre innocence,
Dom Garcie vous
a trahis tous deux: loin
d'usupervosEtats,je les
aysoustraits à la tyrannie,
dans le seul dessein de vous
les rendre
:,- En abordant
Tille de Gadcs je trouvay
Dom Pedre qui vous cherchoit
par tout, jem'offris
à prendre vôtre place, &
je fis pour vous ce que je
n'aurois pas fait pour moymême,
je me privay du
plaisir de revoir Leonore
pour vous remettre dans
vos Estats ; j'en ai chassé
Dom Garcie qui les usurpoit:
pour prix de mon secours
Ôc de mon amitié
vous épousez ce que j'ainle,
sans que j'en puisse
accuser que la fortune-,
vous n eres point coupable
: mais cependant Leonore
eIl: à vous & je la
perds pourjamais.
Le Prince de Murcie
parloit d'un air si couchant
que Dom Juan lui-même
commençoitàs'attendrir.
On peut juger de laJitua.
tion des deu x spectateurs;
Elvire étoit sûre du coeur
de son amant,& cetamant
voyoit dans les yeux d'El..
vire, & la justice qu'elle
rendoit à son amour, &la
joye avec laquelle elle la
lui rendoit,il ne manquoit
plus au Prince qu'une
occasion de confirmer
ces diccours qui faisoient
déja tant d'impression;
hazard la sit naître prefqu'au
même instant.Un
des domestiques de Dom
Juan,qui avoitsuivi Dom
Garcie, entra dans laca~
bane, attiré par le bruit
qu'il avoit entendu. Approchez,
lui dit D. Juan,
pourquoy m'avez
- vous
trahi? pourquoiêtes-vous
entré dans lecomplot du
traître Dom Garcie? Fernandez
( c'étoit le nom
du domestique ) interdit
d'une questionà laquelle
il ne s'attendoit pas, &
déjà surpris de la réunion
à
des deux Princes, prit le
parti de se jetter aux
pieds de son Maître, 8c
de lui découvrir tout le
mystere d'une sinoire trahison.
Ah! quel secret venez-
vous de me reveler.,
s'écria Dom Juan, saisi
d'une juste horreur,confus
desa credulité
)
deses
peré d'avoir fîiivi les mouvemens
de sa haine contre
celui à qui il devoit tout?
Ah! Seigneur,s'écria-t-il,
se tournant vers le Prince
de Murcie, que puisje
vous dire? je ne suis point
l'époux de Leonore. Vous
n'êtes point son époux,
répondit le Prince? Ah!
Dom Juan pourquoi voulez-
vousme flatter? croyez-
vous par là conserver
ma vie? Non, je meurs
mal-heureux amant de
Leonore& fidele ami de
D. Juan.C'est moi qui dois
mourir,reprit Dom Juan,
je ne fuis plus digne de
la vie; vivez, Prince,
pour posseder Leonore,
j'aiassez d'autres crunes
à me reprocher sans me
charger- encore de celui
d'être son époux; non.,
je ne le fuis point, & l'unique
consolation qui me
reste, après tous les maux
queje vous ai causez, c'est
d'être encor plus malheureuxquejene
fuis coupable.
En mêmetemps il lui
apprit comment ce mariageavoit
été retardé par
une violente maladie de
Leonore
, que ses chagrins
avoient apparemment
causée. Dom Juan
ne borna pas là les foins
.qu'il devoir au Prince
lui promit de fléchir le
Duc
Duc d'Andalousiey & fit
renaître
,
dans son coeur
l'esperance que tant. de
malheurs en avoient ôtée.
Quelchangement de situation
pour le Prince de
Murcie, à peine croyoit- iltout ce qu'il entendait
partageentre la joye de
ravoir Leonore fidelle,
& l'impatience, de la revoir
telle que l'amour la
lui conservoit
,
à peine
pouvoit-il suffire à ressentir
tout son bonheur. Elvire
& le solitaire de leur
côté jouissoient du bonheur
de se trouver fîdeles,
exempts des soins &de l'inquietude
qui troubloient
depuis si long-temps leur
amour; le spectacle dont
ils étoient témoinsaugi
mentoit encore leur tendresse.
Après qu'ilsse furent
dit tout ce qu'un bonheur
mutuel peut inspirer,
ils s'aprocherent des deux
Princes. Dés que le Prince
deMurcie eut apperçû le
solitaire, il luy dit: Vous
- me trouvez,Seigneur,dans
unesituation- bien- différente
de celle ou vous,
m'aviez laissé, vous voyez
qu'il ne faut qu'un moment
pour terminer les
plus grands malheurs, j'espere
que celuy qui doit
finir les vôtres- n'est pas
bien éloigné, &pour lors
ma joye sera parfaite. Seigneur,.
répondit le solitaire,
le Ciel nous a réunis
pour nous rendre tous heureux,
vous allez- revoir
Leonore,,, jeretrouve El
vire fidellé
; cette avanture
finittous lesmalheuts
qui sembloient attachez
aunom que nous portons
l'un & l'autre. Il lui apprit
en même temps qu'il étoit
un cadet de la maison,
dont la branche separée
depuis long-temps estoit
presque inconnuë enEspagne,
il luy raconta les
soupçons d'Elvire à l'occasson
de la conformité
de leur nom; les momens
surent employez à des détails
capables d'interesser
du moins des amans:mais
lorsqu'Elvire luy rendit
compte àsontour de Son
entrevue a\*ecLectfi0rcv&
de tout cequi l'avoirluivie
:Ah, s'écria,le Prince,,
quela fortune, est cruelle
quand ellenouspourluit:
c'érait l'unique moyen de
rendrema fidélité suspecte
à Leonore:mais non, cette
Princesse connoîtbien
mon coeur,elle n'aura
point
-
fait cette injustice à
mon- amour. Cependant
Fernandezqui avoit ete
témoin; de redaircinement
entre le Prince de
Murcie & son malfire".
plein de tout cequ'ilavoit
entenducourut le publier
dans le Palais du Duc, il
trouva Leonore quiquittoit
la forêt pour retourner
à son appartement, &
elle en sur instruite la premiere.
Son récit étoit aisez
interessant pour que Leonore
voulût le justifier,
elle ': sè fit incontinentconduire
à la cabane;dés
qu'elle parut sa présence
produisit un profond silence
,
le Prince étoit celuy
qui avoit le plus de
choses à dire, il fut aussi
celuy qui eut moins la
force de parler: mais sa
joye n'en éclattoit que
mieux dans ses regards, ôc
Leonore qui l'y. voyoit
toute entiere,ne marquoit,
pas moins vivement le.
plaisir qu'elle ressentoit..
Elvire enfin prit la parole,.
&montrant le solitaire,elle
luy apprit son nom, & lui
donna un éclaircissement
qui manquoit encore à son.
repos.
Dom Juan marquoit le
plus vif repentir,ilcedoit
tous ses droits au Prince
de Murcie: ces amans
se voyoient, délivrez d'un
dangereux persecuteur;que
ne se dirent-ils point dans
de pareils transports ? Ah
,
Madame,s'écria le Prince,
vous m'aimez encore? les
noms d'usurpateur &d'infidele
qu'on m'a tant donnez
n'ont point changé
vôtre coeur? à ce trait je
reconnois Leonore. Ouy,
Seigneur,réponditla Princesse,
je vous ay toûjours
aimé
, & je luis toûjours,
cette Leonore, dont vous
connoissez si bien les sentimens;
les raisons qui sembloient
persuader vostre
inconstance,n'ont pu prévaloir
valoir sur le souvenir de
vos verrus: Prince,j'ay
souffert de vôtre absence
) & de la cruauré avec laquelle
on a voulu flétrir
vôtre nom:mais je ne vous
ay jamais condamné, de
ne pouvant être à vous,
j'allois me donner la mort,
si la fortune ne nous eût
enfin réunis. Je n'entreprendrai
point de rapporter
ici le cours de leur entretien;
pour peu qu'on
connoisse l'amour, on en
imaginera plus que je n'en
pourroisdire: mais enfin
il n'est pointde réünion
plus touchante que celle
de deux amans qui ont eu
tant d'obstacles à surmonter
,qu'ils se protestent
qu'ils ne se sont jamais crus
infidelles
,
parmi tant de
raisons qui sembloient
marquer leur infidélité ;
la haute idée qu'ils avoient
l'un de l'autre avoit toûjours
éloignélajalousieinseparablede
l'amour moins
heroïque, & s'ils n'avoient
pas eu les chagrins de cette
espece,ceux de l'absence
en étoient plusviolens
pour eux.
Les sentimens que tant
de disgraces n'avoient pû
chasser de leur coeur firent
leur gloire & leur felicité;
leur confiance attendrit
enfin le Duc d'Andalousie
, que tant de
nouvelles raisons forçoient
d'estimer le Prince
de Murcie: Ces illustres
Amans furent bientost
unis pour toujours
; cet
heureux mariage fut suivy
de celuy du solitaire
avec Elvire, & comme
la fortune les avoit tous
associez dans les malheurs
qu'elle leur avoit suscitez,
ils jurerent de ne se separerjamais,
FIN.
Fermer
Résumé : SUITE ET FIN de l'Histoire Espagnole.
Le texte relate une série d'événements impliquant plusieurs personnages en proie à des dilemmes amoureux et politiques. Le Prince de Murcie et un solitaire, tous deux malheureux en amour, se rencontrent dans une forêt. Le Prince de Murcie apprend que Leonore, qu'il aime, a épousé Dom Juan. Le solitaire, quant à lui, est désespéré car il croit qu'Elvire, la femme qu'il aime, lui est infidèle. Ils découvrent ensuite Elvire, poursuivie par Dom Garcie, qui est sauvée par le solitaire. Elvire accuse le solitaire d'inconstance, croyant qu'il aime Leonore, mais il nie et explique qu'il n'a jamais vu Leonore. Dans une cabane, ils trouvent Dom Juan et un autre homme blessés, chacun accusant l'autre de trahison. Le Prince de Murcie et Elvire tentent de les secourir. Une confrontation éclate entre Dom Juan et le Prince de Murcie concernant la princesse Leonore. Le Prince de Murcie accuse Dom Juan de trahison et d'usurpation, mais Dom Juan révèle que Dom Garcie est le véritable traître. Dom Juan explique qu'il a agi pour protéger l'Espagne et nie toute trahison envers le Prince. Le Prince de Murcie reconnaît l'innocence de Dom Juan et la trahison de Dom Garcie. Dom Juan avoue qu'il n'est pas l'époux de Leonore et exprime son repentir, promettant d'aider le Prince de Murcie à récupérer ses États et à reconquérir Leonore. Le solitaire, ami d'Elvire, se révèle être un cadet de la maison du Prince de Murcie. Elvire et le solitaire se retrouvent fidèles l'un à l'autre. Leonore, informée des événements, se réconcilie avec le Prince de Murcie, exprimant leur amour inébranlable. Le Duc d'Andalousie, ému par les preuves de leur amour et de leur loyauté, estime le Prince de Murcie. Les amants se marient, ainsi qu'Elvire et le solitaire, jurant de ne jamais se séparer.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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23
p. 23-48
MORTS.
Début :
Loüis François de Boufflers, Pair & Maréchal de France [...]
Mots clefs :
Roi, Maréchal, Régiment, Maison de Boufflers, Gouverneur, Comte, Armée, Province, Luxembourg, Allemagne, France, Seigneur, Paris, Ville
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Loüis François de Bouf-
Hers) Pair & Maréchal de
France, Chevalier Ordres
du Roy & de la Toison
d'Or, Capitaine des Gardes
du Corps,cydevant Colonel
du Regiment des Gardes
Françoises, Grand Bailly ôô
Gouverneur hereduaire de
la Ville de Beauvais & du
Beauvoisis
,
Gouverneur &
LieutenantGeneral des Provinces
de Flandres & de
Haynault, Gouverneur particulier
& Souverain Bailly
des Villes,Citadelle&Châ.
tellenie de Lille de General
desArmées du Roy,mourut
à Fontainebleau le 22. )âgé de Ci. ans sepe
-
mois. Son Corps a este
apporté à Saint Paul où il a
estéinhumé Il estoit né le
dix Janvier 1644. &il commença
à porter les Armes en
qualité de Cadet, dans le
Regiment
Regiment des Gardes o en
1662.. En 1663. &1664.,
il le trouva aux expéditions
de Marsal &deGigery. En
1 666. il fut fait Sous Lieutenant
dans le mêmeRégiment,
& il se distingua l'année
suivante au Sièges de
Tournay
,
de Douay
,
de
Lille ,&de pluficurs autres
Places. En 1668. il servit
d Aide Major au Regiment
des Gardes en 1669 il fut
fait Colonel du Regiment
Royal de Dragons, & l'annéesuivante
il Cervi[:'là: la
teste de ce Regiment à la
Conqueste de la Lorraine
fous Mr le Maréchal de
Crequy. A la mort de Mr
le Comte de Boufflers son
frere aine
,
il eut la Charge
- de Lieutenant General de la
Province de l'Isle de France,
& celle de grand Bailly de
Beauvais donc ce Comte é- toit pourvû. Il servit dans la
guerre de Hollande fous Mr
de Turenne & fous Mr le
Maréchal de Luxembourg
, s'y distingua en plusieurs
occasions, & entrautres au
Combat deWoerden où il
fut bleuet passa en AHeWr
gne sur la fin de l'année
1673. ilfutblessé en1674.
à la Batailled'Ensheim. En
1675.il fut fait Brigadier
de Dragons,&soutint les
efforts des Ennemis à la teste
de l'arriere Garde de l'Armée
lors qu'elle se retira
aprés la mort de Mr de
Turenne. En 1676.ilservit
en Allemagne fous Mr le
Maréchal de Luxembourg.
En 1677. il fut fait Maréchal
de Camp&servit fous
Mr le Maréchal deCrequy.
En 1678. il se trouva aux
Combats de Rhinsfeld ,dç
Seckaigen,6id
bourg, & suc pourvû la
même année de la Charge
de Colonel general de Dragons.
Ilalla l'annéesuivante
en Dauphiné avec un corps
d'armée, & en 1681. il prit
possession de Casal, & la
mêmeannéeilfut faitLieutenant
general. En J68z.
il marcha avec un corps
d'armée vers les Pyrenées
pour obliger la Ville de Fontarabie
defaireauRoy satisfaébon
que Sa Majesté luy
- demandoit.En1683. ilrejpafla
enFlandre ou il servit
sousMr le Miréchal d'Humieres.
En 1684. aprés la
reduction de Luxembourg
il campa surl' Escautavecun
corps de troupes jusques à
laconclusion de la Trêve.
En1685.il passaàBayonne,
& de là dans la Guyenne
pour y commander en
Chef En 1686. il eut le
Gouvernement de la Ville
& Province de Luxembourg - &du Comté de Chini. En
1687.il fut pourvû de celuy
de Lorraine &de la Province
de la Sarre & du Commandement
en Chef des
trois Evêchez & de Sedan,
En 1688. il Commanda
l'Armée d' Allemagne en Chef, prit Keiserloutre
Krutznac J'
,
Worms
,
Oppeinl-
ieini reduisit tout le
Palatinat à l'obeissance du
Roy,& fitentrer des Troupes
dans Mayence. Cette
même année Sa Majesté
l'honora du Collier de ses
Ordres. Il fit plusieurs autres
expeditions les deux
années suivantes
,
& Commanda
l'Armée de la Motets
le. En 1690. il eut lecommandement
en Chef du
Paysd'entre Sambre & la
Mer. Enr6sn.il fut blessé
au Siege de Mons, bombarda
la Ville de Liége ,& fut
fait Colonel des Gardes
Françoises. En 1691. il
investit la Ville de Namur
s'opposa t au Prince d'Orangequi
voulut secourircette
place, se distingua à la
BailledeSteinkerke
,
bombarda
Charleroy & reprit
Furnes que les Ennemis
avoient fortifié. Au commencement
du mois deMars
1693. le Roy l'honora du
Baston deMaréchal de France
,
& de l'Ordre de Saint
Loüis au mois d'Avril suivant.
Il servit cette même
annéeen Allemagne fous
Monseigneur le Dauphin,
& en Flandres l'année suivante
où il fut fait Gouverneur
& Lieutenant general
decette Province & du
Pays conquis. En 1695. il
deffendit la Ville de Namur
pendant plus de deux mois
assi'gée par le Prince d'Orange,
autte sir conduire
à Mastrick, ouil resta15.
jours. A son retour le Roy
érigea sa tetre de Cagny en
Duché fous le nom de Boufflers
en 1695.Il Commanda
l'Armée: du Roy enrre
Sambre& Meuse en 1696.
& en 1697.Le 4. Septembre
1701. il fit élever dans son
Chasteau de Boufflers en
Beauvoisis, la Statuëéquestre
du Roy, la même année
il eut ordre de se re-ndre à Bruxelles pour commander
dans tous les Pays Bas
Espagnols conjointement
avec Mr le Marquis de
Bedmar. En1702.il servit
fous Monseisneur le Duc
de Bourgogne. En 1703. il
commandal'Arméedu Roy
en Flandreconjointement
avec Mr le Maréchal de
Villeroy,& dessit les Hollandois
avec Mrle Marquis
de Bedmar
, au combat
d'Eckeren
; ce sur pour le
recompenser de cette action
que le Roy d'Espagne luy
envoya l'Ordre de la Toison
d'or. Cette même année
le Roy le fit Capitaine
des Gardes du Corps, & il
se démit de celle deColonel
des Gardes Françoises. En
1708. ildeffendit la Ville,
& la Citadelle de Lille d'une
maniere qui luy fit beaucoup
d'honneur, & ce qui
luy fit meriter la dignité de
Pair de France que le Roy
luy donna par Lettres Patentes
registrées le 1 9.
Mars1709. S. M.luy accordaaussi
les grandes entrées
de premier Gentilhomme
de la Chambre,& la survivance
du Gouvernement
de Flandre pour Mr le
Comte de Boufflerssonfils
aîné. La derniere a£tionou
feu Mr le Maréchal de
Boufflers s'est diliinguéa
esté la Bataille de Mdlplaquet
,
où il commandoic
l'aile droire ; il y renver sa
tour ce qui s'opposa à luy ;
mais Mr le Maréchal de
Villars qui commandoic
Jt:e gauch e ayant elle
blesse dangereusement
,
&
ayant en plusieurs de les Of.,
ficiers generaux tuez ,
Mr
le Maréchal de BoufH:rs,
soutintencore long temps
les efforts des ennemis
nonosbtant leur grande fuperiorité,
jusqu'à ce qu'il
jugeait à propos de faire sa
retraitequ'il fit en si bon
ordre que les ennemis n'ose
rent le suivre.
-
La Maison de Boufflers
est des plus anciennes de la
Province de Picardie. Elle
a pris son nom de la Terre
de Boufflers qui est dans le
Ponthieu, & qui a été possedéefans
interruption depuis
1200 ans jusqu'àcejour par
ceux de cette Maison.
JeanBaptisteleFévre de
la Barre, Commandeur, PLC.
vost & Mairre des Ceremonies
de l'Ordre Royal, Militaire
ez Hôpitalier de N0
tre-Damedu Mont Carmel
& deS. Lazare de Jerusslem,
mourut le 17. Aoust âgé de
71. ans. Antoine le Févre
,
Seigneur de la Barre Conseillerau
Parlement; son pere
avoit esté Prevost des Marchands.
Marie de Ligny, qui avoit
épouséle 1 3 Janvier 1677.
Antoine Egon, Prince de
Furstemberg mourut à Paris
le
1 8.Aoust âgé de 55.ans.
EllelaissaN.de Furstemberg
qui épousa le
1 3. Mars
1704. N.. Comte de Lannoy,
& Marie Loüise Maunce,
quiépousa le 10. Janvier
1708. Jean Baptiste
Colbert, Marquis de Seignelay.
Jean Guillemin, Seigneur
de Courchamp,Maistre
des Requestes, mourut le
18. Aoust. Il avoit épouse
Marthe-Clemence de Bailleul
fille & soeeur de Picfi"
dents au Par lement,
Jean Phelypeaux, Conseiller
d'Erat Ordinaire, cidevant
Intendant de Paris,
mourut le 19. Aoust âgé de
6S ans. Il étoit frere de Mr
le Chancclhcjr.
Le P. Charlesde RocllC"
blanche
,
Cordelier
,
Doctenr
de Soi bonne, L(d. ur
en Theologie& ancien Gardien
des Cordelters de Paris
y mourut le 17. Août en sa
6 7 année & en sa 5 o. de
Religion en reputation
d'une grane verru.
Anne
-
Elisabeth
-
David
de Vaux, épouze de François
Joseph de Sevré,Conseiller
au Parlement, mourut le 11.
Aoust âgée de 3 Y. ans.
Marie- Anne- Charlote de
Bourbon,Demoiselle d'Estouteville,
fille de feu Louis
Henry legitimé deBourbon,
Prince de Neufchastel ert
Suisse, & d'Angelique Cunegonde
de Montmorency-
Luxembourg
,
qui étoitnée
le
2. 6. Septembre 1 70 1.
mourut le 23.Aoust. Elle
laisse pour heritiere sa soeur
unique, épouse de Mr le
Duc de Luines.
JeanAubery
,
Marquis de
Vatan
y
Baron de Serricres
&c. Lieutenant de Roy au
Gouvernement d'Orleanois
& Blaisois, mourut le 28.
Aoust âgéde55.ans. Illaisse
des enfans de N. de Bailleut,
soeur de MC de Courchamp
dont on vient de parler.
Elisabeth Sophie Cheron,
de l'Academie Royale de
Peinture & Seul pture, & de
celle des Ricovrati de Padouë,
épouse de Mr le Gay,
Ingénieur ordin aire duRoy,
mourut le 4. Septembre.
Marie - Madelaine du
Moncel de Martinrast, veuve
de Georges de Scudery
,
Gouverneur de N. Dame de
la Garde, mourut le 6. Septembre
,
âgé de 90. ans. J.:rofme de Sainte Beuve,
Prieur de S Jean de Moncoriolo
, mourut aussi le 6.
Septembre. Il étoit frere de
feu Mr de S. Beuve, Docteur
de Sorbonne
,
& fort
connu de tous lesSçavans.
Marie du Clos, mourut
à Falaise
,
sur la fin du
mois d'Aoust dans sa centneuviéme
année.
Henry Colbert de Maulevrier
,Chevalier de Malthe,
Lieutenant General des
Armées du Roy,mourut à
Cambray le 15.Aoust âgé
de 34 ans. Il y avoir17 ans
qu'il servoit avec cette francjiç,
yalc fitnalurejle au1
sang des Colberts. Il fut
blessé dangereusement i en 7 1695. au siege de Namur,
où Mr le Marquis de Maulevrier
son frere aîné fut
tué. Le Roy luy donna son
Regiment, qui suc envoyé
en Italie en 170 1. où il son:
signalétantque la guerre y
a duré. Il passa ensuite en
Espagne où il servit fous
Monsieur le Ducd'Or leans;
il se distingua particulierement
au siege de Lcrida. Il
a exercé la Charged'Inspecteur
general d'Infanterie
pendant sixannéesavectougc
l'exactitude & la probité
que demande cet employé
Aussi Mr le Chevalier de
Maulevrier possedoit il toutes
les qualitez du plus excellent
Officier general & celles
du plus parfait honnestehomme
Ilest generalement
regretté des gens de guetre
& de tous ceux qui le connoissoient.
Il estoit fils de
feu Mr le Comte de Maulevrier
,
Lieutenant general o des Armées du Roy ,Chelier
de se, Ordres, Gouverneur
de Tournay
)
frere de
feu MrColbert.
Guillaume de Bautru ,, Comte de Serrant, ci- devant
Chancelier de feuëSon
A. R. Monsieur, Frere unique
du Roy,estmort à Serrant
en Anjou, âgé de 9y.
ans. Il estoit filsdeGuillaume
Bautru, Introducteur
des Ambassadeurs, Envoyé
du Royen diverses Cours,
& de l'Academie Françoise.
Mylord Jean Caryll, Baron
de Dunford en Angleterre,
Ministre & Secretaire
d'Etat du Roy de la grande
Bretagne
,
&Secretaire des
Commandemens de la Reine,
est mort à S. Germain
en Laye âgé de 94. ans. Il
s'estoit. toujoursdistingué
par sa pieté, par sa capacité,
par son attachement à fOQ
legitime Souverain, & par
sa charité envers les Pauvres.
Anne GeneviéveMartineau
épouse de François-
Fcrrand
,
Seigneur de Villemilan
,Maistre des Requêtes
&. Intendant en Bretagne,
mourut le 15. Septembre
âgée de 4 5. ans,laissant
unefille unique.
Marie-Reinede Monc.
chal, veuve de Charles- Honoré
Barentin, Seigneur
d'Hardivillers,&c.Maistre
des Requestes
, mourut le
16. Septembre âgée de 27
ans, laissant posterité.
Loüis François de Bouf-
Hers) Pair & Maréchal de
France, Chevalier Ordres
du Roy & de la Toison
d'Or, Capitaine des Gardes
du Corps,cydevant Colonel
du Regiment des Gardes
Françoises, Grand Bailly ôô
Gouverneur hereduaire de
la Ville de Beauvais & du
Beauvoisis
,
Gouverneur &
LieutenantGeneral des Provinces
de Flandres & de
Haynault, Gouverneur particulier
& Souverain Bailly
des Villes,Citadelle&Châ.
tellenie de Lille de General
desArmées du Roy,mourut
à Fontainebleau le 22. )âgé de Ci. ans sepe
-
mois. Son Corps a este
apporté à Saint Paul où il a
estéinhumé Il estoit né le
dix Janvier 1644. &il commença
à porter les Armes en
qualité de Cadet, dans le
Regiment
Regiment des Gardes o en
1662.. En 1663. &1664.,
il le trouva aux expéditions
de Marsal &deGigery. En
1 666. il fut fait Sous Lieutenant
dans le mêmeRégiment,
& il se distingua l'année
suivante au Sièges de
Tournay
,
de Douay
,
de
Lille ,&de pluficurs autres
Places. En 1668. il servit
d Aide Major au Regiment
des Gardes en 1669 il fut
fait Colonel du Regiment
Royal de Dragons, & l'annéesuivante
il Cervi[:'là: la
teste de ce Regiment à la
Conqueste de la Lorraine
fous Mr le Maréchal de
Crequy. A la mort de Mr
le Comte de Boufflers son
frere aine
,
il eut la Charge
- de Lieutenant General de la
Province de l'Isle de France,
& celle de grand Bailly de
Beauvais donc ce Comte é- toit pourvû. Il servit dans la
guerre de Hollande fous Mr
de Turenne & fous Mr le
Maréchal de Luxembourg
, s'y distingua en plusieurs
occasions, & entrautres au
Combat deWoerden où il
fut bleuet passa en AHeWr
gne sur la fin de l'année
1673. ilfutblessé en1674.
à la Batailled'Ensheim. En
1675.il fut fait Brigadier
de Dragons,&soutint les
efforts des Ennemis à la teste
de l'arriere Garde de l'Armée
lors qu'elle se retira
aprés la mort de Mr de
Turenne. En 1676.ilservit
en Allemagne fous Mr le
Maréchal de Luxembourg.
En 1677. il fut fait Maréchal
de Camp&servit fous
Mr le Maréchal deCrequy.
En 1678. il se trouva aux
Combats de Rhinsfeld ,dç
Seckaigen,6id
bourg, & suc pourvû la
même année de la Charge
de Colonel general de Dragons.
Ilalla l'annéesuivante
en Dauphiné avec un corps
d'armée, & en 1681. il prit
possession de Casal, & la
mêmeannéeilfut faitLieutenant
general. En J68z.
il marcha avec un corps
d'armée vers les Pyrenées
pour obliger la Ville de Fontarabie
defaireauRoy satisfaébon
que Sa Majesté luy
- demandoit.En1683. ilrejpafla
enFlandre ou il servit
sousMr le Miréchal d'Humieres.
En 1684. aprés la
reduction de Luxembourg
il campa surl' Escautavecun
corps de troupes jusques à
laconclusion de la Trêve.
En1685.il passaàBayonne,
& de là dans la Guyenne
pour y commander en
Chef En 1686. il eut le
Gouvernement de la Ville
& Province de Luxembourg - &du Comté de Chini. En
1687.il fut pourvû de celuy
de Lorraine &de la Province
de la Sarre & du Commandement
en Chef des
trois Evêchez & de Sedan,
En 1688. il Commanda
l'Armée d' Allemagne en Chef, prit Keiserloutre
Krutznac J'
,
Worms
,
Oppeinl-
ieini reduisit tout le
Palatinat à l'obeissance du
Roy,& fitentrer des Troupes
dans Mayence. Cette
même année Sa Majesté
l'honora du Collier de ses
Ordres. Il fit plusieurs autres
expeditions les deux
années suivantes
,
& Commanda
l'Armée de la Motets
le. En 1690. il eut lecommandement
en Chef du
Paysd'entre Sambre & la
Mer. Enr6sn.il fut blessé
au Siege de Mons, bombarda
la Ville de Liége ,& fut
fait Colonel des Gardes
Françoises. En 1691. il
investit la Ville de Namur
s'opposa t au Prince d'Orangequi
voulut secourircette
place, se distingua à la
BailledeSteinkerke
,
bombarda
Charleroy & reprit
Furnes que les Ennemis
avoient fortifié. Au commencement
du mois deMars
1693. le Roy l'honora du
Baston deMaréchal de France
,
& de l'Ordre de Saint
Loüis au mois d'Avril suivant.
Il servit cette même
annéeen Allemagne fous
Monseigneur le Dauphin,
& en Flandres l'année suivante
où il fut fait Gouverneur
& Lieutenant general
decette Province & du
Pays conquis. En 1695. il
deffendit la Ville de Namur
pendant plus de deux mois
assi'gée par le Prince d'Orange,
autte sir conduire
à Mastrick, ouil resta15.
jours. A son retour le Roy
érigea sa tetre de Cagny en
Duché fous le nom de Boufflers
en 1695.Il Commanda
l'Armée: du Roy enrre
Sambre& Meuse en 1696.
& en 1697.Le 4. Septembre
1701. il fit élever dans son
Chasteau de Boufflers en
Beauvoisis, la Statuëéquestre
du Roy, la même année
il eut ordre de se re-ndre à Bruxelles pour commander
dans tous les Pays Bas
Espagnols conjointement
avec Mr le Marquis de
Bedmar. En1702.il servit
fous Monseisneur le Duc
de Bourgogne. En 1703. il
commandal'Arméedu Roy
en Flandreconjointement
avec Mr le Maréchal de
Villeroy,& dessit les Hollandois
avec Mrle Marquis
de Bedmar
, au combat
d'Eckeren
; ce sur pour le
recompenser de cette action
que le Roy d'Espagne luy
envoya l'Ordre de la Toison
d'or. Cette même année
le Roy le fit Capitaine
des Gardes du Corps, & il
se démit de celle deColonel
des Gardes Françoises. En
1708. ildeffendit la Ville,
& la Citadelle de Lille d'une
maniere qui luy fit beaucoup
d'honneur, & ce qui
luy fit meriter la dignité de
Pair de France que le Roy
luy donna par Lettres Patentes
registrées le 1 9.
Mars1709. S. M.luy accordaaussi
les grandes entrées
de premier Gentilhomme
de la Chambre,& la survivance
du Gouvernement
de Flandre pour Mr le
Comte de Boufflerssonfils
aîné. La derniere a£tionou
feu Mr le Maréchal de
Boufflers s'est diliinguéa
esté la Bataille de Mdlplaquet
,
où il commandoic
l'aile droire ; il y renver sa
tour ce qui s'opposa à luy ;
mais Mr le Maréchal de
Villars qui commandoic
Jt:e gauch e ayant elle
blesse dangereusement
,
&
ayant en plusieurs de les Of.,
ficiers generaux tuez ,
Mr
le Maréchal de BoufH:rs,
soutintencore long temps
les efforts des ennemis
nonosbtant leur grande fuperiorité,
jusqu'à ce qu'il
jugeait à propos de faire sa
retraitequ'il fit en si bon
ordre que les ennemis n'ose
rent le suivre.
-
La Maison de Boufflers
est des plus anciennes de la
Province de Picardie. Elle
a pris son nom de la Terre
de Boufflers qui est dans le
Ponthieu, & qui a été possedéefans
interruption depuis
1200 ans jusqu'àcejour par
ceux de cette Maison.
JeanBaptisteleFévre de
la Barre, Commandeur, PLC.
vost & Mairre des Ceremonies
de l'Ordre Royal, Militaire
ez Hôpitalier de N0
tre-Damedu Mont Carmel
& deS. Lazare de Jerusslem,
mourut le 17. Aoust âgé de
71. ans. Antoine le Févre
,
Seigneur de la Barre Conseillerau
Parlement; son pere
avoit esté Prevost des Marchands.
Marie de Ligny, qui avoit
épouséle 1 3 Janvier 1677.
Antoine Egon, Prince de
Furstemberg mourut à Paris
le
1 8.Aoust âgé de 55.ans.
EllelaissaN.de Furstemberg
qui épousa le
1 3. Mars
1704. N.. Comte de Lannoy,
& Marie Loüise Maunce,
quiépousa le 10. Janvier
1708. Jean Baptiste
Colbert, Marquis de Seignelay.
Jean Guillemin, Seigneur
de Courchamp,Maistre
des Requestes, mourut le
18. Aoust. Il avoit épouse
Marthe-Clemence de Bailleul
fille & soeeur de Picfi"
dents au Par lement,
Jean Phelypeaux, Conseiller
d'Erat Ordinaire, cidevant
Intendant de Paris,
mourut le 19. Aoust âgé de
6S ans. Il étoit frere de Mr
le Chancclhcjr.
Le P. Charlesde RocllC"
blanche
,
Cordelier
,
Doctenr
de Soi bonne, L(d. ur
en Theologie& ancien Gardien
des Cordelters de Paris
y mourut le 17. Août en sa
6 7 année & en sa 5 o. de
Religion en reputation
d'une grane verru.
Anne
-
Elisabeth
-
David
de Vaux, épouze de François
Joseph de Sevré,Conseiller
au Parlement, mourut le 11.
Aoust âgée de 3 Y. ans.
Marie- Anne- Charlote de
Bourbon,Demoiselle d'Estouteville,
fille de feu Louis
Henry legitimé deBourbon,
Prince de Neufchastel ert
Suisse, & d'Angelique Cunegonde
de Montmorency-
Luxembourg
,
qui étoitnée
le
2. 6. Septembre 1 70 1.
mourut le 23.Aoust. Elle
laisse pour heritiere sa soeur
unique, épouse de Mr le
Duc de Luines.
JeanAubery
,
Marquis de
Vatan
y
Baron de Serricres
&c. Lieutenant de Roy au
Gouvernement d'Orleanois
& Blaisois, mourut le 28.
Aoust âgéde55.ans. Illaisse
des enfans de N. de Bailleut,
soeur de MC de Courchamp
dont on vient de parler.
Elisabeth Sophie Cheron,
de l'Academie Royale de
Peinture & Seul pture, & de
celle des Ricovrati de Padouë,
épouse de Mr le Gay,
Ingénieur ordin aire duRoy,
mourut le 4. Septembre.
Marie - Madelaine du
Moncel de Martinrast, veuve
de Georges de Scudery
,
Gouverneur de N. Dame de
la Garde, mourut le 6. Septembre
,
âgé de 90. ans. J.:rofme de Sainte Beuve,
Prieur de S Jean de Moncoriolo
, mourut aussi le 6.
Septembre. Il étoit frere de
feu Mr de S. Beuve, Docteur
de Sorbonne
,
& fort
connu de tous lesSçavans.
Marie du Clos, mourut
à Falaise
,
sur la fin du
mois d'Aoust dans sa centneuviéme
année.
Henry Colbert de Maulevrier
,Chevalier de Malthe,
Lieutenant General des
Armées du Roy,mourut à
Cambray le 15.Aoust âgé
de 34 ans. Il y avoir17 ans
qu'il servoit avec cette francjiç,
yalc fitnalurejle au1
sang des Colberts. Il fut
blessé dangereusement i en 7 1695. au siege de Namur,
où Mr le Marquis de Maulevrier
son frere aîné fut
tué. Le Roy luy donna son
Regiment, qui suc envoyé
en Italie en 170 1. où il son:
signalétantque la guerre y
a duré. Il passa ensuite en
Espagne où il servit fous
Monsieur le Ducd'Or leans;
il se distingua particulierement
au siege de Lcrida. Il
a exercé la Charged'Inspecteur
general d'Infanterie
pendant sixannéesavectougc
l'exactitude & la probité
que demande cet employé
Aussi Mr le Chevalier de
Maulevrier possedoit il toutes
les qualitez du plus excellent
Officier general & celles
du plus parfait honnestehomme
Ilest generalement
regretté des gens de guetre
& de tous ceux qui le connoissoient.
Il estoit fils de
feu Mr le Comte de Maulevrier
,
Lieutenant general o des Armées du Roy ,Chelier
de se, Ordres, Gouverneur
de Tournay
)
frere de
feu MrColbert.
Guillaume de Bautru ,, Comte de Serrant, ci- devant
Chancelier de feuëSon
A. R. Monsieur, Frere unique
du Roy,estmort à Serrant
en Anjou, âgé de 9y.
ans. Il estoit filsdeGuillaume
Bautru, Introducteur
des Ambassadeurs, Envoyé
du Royen diverses Cours,
& de l'Academie Françoise.
Mylord Jean Caryll, Baron
de Dunford en Angleterre,
Ministre & Secretaire
d'Etat du Roy de la grande
Bretagne
,
&Secretaire des
Commandemens de la Reine,
est mort à S. Germain
en Laye âgé de 94. ans. Il
s'estoit. toujoursdistingué
par sa pieté, par sa capacité,
par son attachement à fOQ
legitime Souverain, & par
sa charité envers les Pauvres.
Anne GeneviéveMartineau
épouse de François-
Fcrrand
,
Seigneur de Villemilan
,Maistre des Requêtes
&. Intendant en Bretagne,
mourut le 15. Septembre
âgée de 4 5. ans,laissant
unefille unique.
Marie-Reinede Monc.
chal, veuve de Charles- Honoré
Barentin, Seigneur
d'Hardivillers,&c.Maistre
des Requestes
, mourut le
16. Septembre âgée de 27
ans, laissant posterité.
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Résumé : MORTS.
Louis François de Boufflers, Pair et Maréchal de France, naquit le 10 janvier 1644. Il débuta sa carrière militaire en 1662 au sein du Régiment des Gardes Françaises et se distingua lors des sièges de Tournay, Douay et Lille en 1667. En 1668, il fut nommé Aide-Major et, en 1669, Colonel du Régiment Royal de Dragons. Il servit sous divers maréchaux, tels que Turenne et Luxembourg, et fut blessé à plusieurs reprises, notamment à la bataille d'Ensheim en 1674. Sa carrière ascensionnelle se poursuivit avec les promotions de Brigadier de Dragons en 1675, Maréchal de Camp en 1677 et Lieutenant Général en 1681. Il participa à de nombreuses campagnes en Allemagne, Flandre et Dauphiné. En 1690, il reçut le commandement en chef du Pays d'entre Sambre et Meuse et fut promu Maréchal de France en 1693. Il continua de servir dans diverses provinces et fut récompensé par le roi d'Espagne avec l'Ordre de la Toison d'Or en 1703. En 1708, il défendit Lille avec honneur et reçut la dignité de Pair de France en 1709. Sa dernière action notable fut la bataille de Malplaquet en 1709, où il commanda l'aile droite. La Maison de Boufflers est l'une des plus anciennes de Picardie, possédant la Terre de Boufflers depuis 1200 ans. Le texte mentionne également le décès de plusieurs autres personnalités, dont Jean-Baptiste Le Fèvre de la Barre, Antoine Le Fèvre, Antoine Egon, Prince de Furstemberg, et plusieurs autres nobles et ecclésiastiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
24
p. 84-93
Lettre de Constantinople du 7. Aoust.
Début :
Le 3. de ce mois le Grand Seigneur reçut plusieurs [...]
Mots clefs :
Seigneur, Turcs, Tartares, Constantinople, Moscovites, Tsar
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre de Constantinople du 7. Aoust.
Lettre de Conflantinople du
7. Aoust.,
Le 3. de ce mois le Grand
Seigneur reçut plusieurs
Courriers du Grand Visir ,
avec la nouvelle que l'Armée
Moscovite forte de
soixantemille hommes
commandée par le Czar en
personne avoit esté presqu'entierement
deffaite Le
combat commença le i%
Juillet aprèsmidy prés de
Falczin surle Prut. Il y cuç
plusde trente mille Mofc<>
vires tuez par les Turcs ôc
par les Tartares
,
fc sans la
nuit qui survint le nombre
auroit esté plus grand. Le
reste de leur Armée n'ayant
pûCc retirer parce que IC$
Turcs & les Tartares l'environnoient
de tous costez
les uns & les autres paflere&t
la nuit tous les Armes. Le
lendemain marin les Moscovites
se rallierent & se
couvrirent avec des chevaux
de frise; mais le grand
Visir sit aussicost tirer le
canon sur ce retranc hement.
Alors le Czar luy
envoyaunOfficier pour luy
proposer une Capitulation
avec le grand Seigneur &
avec le Roy de Suede
,
&
voyant que les Turcs continuoient
leur canonnade,
il envoyaquatre Officiers
pourréterer cette proposition,
& pour prier le grand
Visir de faire cesser le Canon
ce qui luy fut accordé. Mr
Czasirow ViceChancellier,
&le fils du General Szeremetow
furent estvoyez
au grand Visir avec lequel
ils convinrent que la Ville
d'Asaf seroit rendue au
grand Seigneur;qiae: les
Fortesses de Kaminka
,
de
Sagara&de Samara seraient
démolies ; que l'Ukraine
; feroit iTtmifc danssonancienne
liberté;quele Czar
ne semêleroit plus des Affiliés
de Pologne; qu'illivreroit
le Prince Demetrius
Cantemir, & le rebelleKebaliaba
,
& qu'on reme -
troit au grand Seigneur
l'Artillerie & les Munitions
de l'Armée Moscovite. Ces
six Articles préliminaires
dévoient estre suivis d'un
: traité de Paix qui seroit fait
à Bender où Mrs Czasirow,
& Szeremetow
)
[c ren,
- droient en qualité de Plcnipotentiaires
& pour ser-
-vir d'Otages de ce quiavait
-
esté conclu sans que le grand
Visiten eust donné aucun.
Onapermisaurestede l Ar- !
mée Moscovite de se retirer
àKiowie; mais comme les
Soldatsestoient accablez de
fatigue & de faim, même
avant la Bataille, & qu'il
étoient poursuivis par les
Tartates à cause que le Kan
n'avoit point eû de part à
cc'qui avoir esté conclu avec
le Czar, oncroyoit qu'ilen
réchaperoit un fort petit
nombre, cependant le
grand Visir les faisoit accompagner
par dix ou
cloute mille hommes fous
pretexte de leur servir d'escorte
contre les Tartares y
mais en effet pour les faire
marcher à petites journées,
afin d'avoir le temps de recevoir
les ordres du grand
Seigneur. Mr Funck Envoyé
du Roy de Suede presenta
le 4. au Grand Seigneur,
& au Kaimakan, un
Memoire concernant les'
interests du Roy son Maître.
Tous les Visirs, & le
Musti l'assurerent que ce
Prince auroit lieu d'estre
content avant que les Moscovites
sortissent des Etats
du Grand Seigneur, &
que le Kapigilar Kiaïaski
) devoit partir incessament
pour procurer à Sa Majesté
Suedoise toute sorte satisfaction.
Le 5 Mr Funck fut
appellépour aller chez le
Kaimakan où il trouva le
Musti&le Scllâar- Pacha,
gendre du grand Seigneur,
afin deconferer sur son Me.
moire par lequel il demandoit
que le Roy de Suede
fut compris dans le traité
de Bender, & qu'il fust stipulé
qu'il seroit conduit
dans ses Etats avec autant
de troupes qu'il fouhaitcroit.
Osman Pacha Kiaïa ou
Lieutenant du grand Visir
qu'ilavoit envoyé pour
apporter la nouvelle de
cette Victoire, a esté disgracié
au lieu d'estre recompensérce
qui marque que
le Grand Seigneur estmécontent
de la precipitation
avec laquelle le grand Visîr
a conclu la Capitulation
y
pouvant se rendre maistre
du Czar &du reste de fem
Armée;cependant on n'a
pas laissé de faire plusieurs
décharges d'Artillerie aprés
l'arrivée decette nouvelle,&
toute la Ville ena témoigné
une grande joye. On remarque
que la deffaite du Czar
(H: arrivée le même mois
que celle du Roy de Suede
à Pultowa, & que lemême
malheur de ces deux
Princes leurestarrivé pour
s'estreengagé trop avant
sans Magasins,en paysennemi.
7. Aoust.,
Le 3. de ce mois le Grand
Seigneur reçut plusieurs
Courriers du Grand Visir ,
avec la nouvelle que l'Armée
Moscovite forte de
soixantemille hommes
commandée par le Czar en
personne avoit esté presqu'entierement
deffaite Le
combat commença le i%
Juillet aprèsmidy prés de
Falczin surle Prut. Il y cuç
plusde trente mille Mofc<>
vires tuez par les Turcs ôc
par les Tartares
,
fc sans la
nuit qui survint le nombre
auroit esté plus grand. Le
reste de leur Armée n'ayant
pûCc retirer parce que IC$
Turcs & les Tartares l'environnoient
de tous costez
les uns & les autres paflere&t
la nuit tous les Armes. Le
lendemain marin les Moscovites
se rallierent & se
couvrirent avec des chevaux
de frise; mais le grand
Visir sit aussicost tirer le
canon sur ce retranc hement.
Alors le Czar luy
envoyaunOfficier pour luy
proposer une Capitulation
avec le grand Seigneur &
avec le Roy de Suede
,
&
voyant que les Turcs continuoient
leur canonnade,
il envoyaquatre Officiers
pourréterer cette proposition,
& pour prier le grand
Visir de faire cesser le Canon
ce qui luy fut accordé. Mr
Czasirow ViceChancellier,
&le fils du General Szeremetow
furent estvoyez
au grand Visir avec lequel
ils convinrent que la Ville
d'Asaf seroit rendue au
grand Seigneur;qiae: les
Fortesses de Kaminka
,
de
Sagara&de Samara seraient
démolies ; que l'Ukraine
; feroit iTtmifc danssonancienne
liberté;quele Czar
ne semêleroit plus des Affiliés
de Pologne; qu'illivreroit
le Prince Demetrius
Cantemir, & le rebelleKebaliaba
,
& qu'on reme -
troit au grand Seigneur
l'Artillerie & les Munitions
de l'Armée Moscovite. Ces
six Articles préliminaires
dévoient estre suivis d'un
: traité de Paix qui seroit fait
à Bender où Mrs Czasirow,
& Szeremetow
)
[c ren,
- droient en qualité de Plcnipotentiaires
& pour ser-
-vir d'Otages de ce quiavait
-
esté conclu sans que le grand
Visiten eust donné aucun.
Onapermisaurestede l Ar- !
mée Moscovite de se retirer
àKiowie; mais comme les
Soldatsestoient accablez de
fatigue & de faim, même
avant la Bataille, & qu'il
étoient poursuivis par les
Tartates à cause que le Kan
n'avoit point eû de part à
cc'qui avoir esté conclu avec
le Czar, oncroyoit qu'ilen
réchaperoit un fort petit
nombre, cependant le
grand Visir les faisoit accompagner
par dix ou
cloute mille hommes fous
pretexte de leur servir d'escorte
contre les Tartares y
mais en effet pour les faire
marcher à petites journées,
afin d'avoir le temps de recevoir
les ordres du grand
Seigneur. Mr Funck Envoyé
du Roy de Suede presenta
le 4. au Grand Seigneur,
& au Kaimakan, un
Memoire concernant les'
interests du Roy son Maître.
Tous les Visirs, & le
Musti l'assurerent que ce
Prince auroit lieu d'estre
content avant que les Moscovites
sortissent des Etats
du Grand Seigneur, &
que le Kapigilar Kiaïaski
) devoit partir incessament
pour procurer à Sa Majesté
Suedoise toute sorte satisfaction.
Le 5 Mr Funck fut
appellépour aller chez le
Kaimakan où il trouva le
Musti&le Scllâar- Pacha,
gendre du grand Seigneur,
afin deconferer sur son Me.
moire par lequel il demandoit
que le Roy de Suede
fut compris dans le traité
de Bender, & qu'il fust stipulé
qu'il seroit conduit
dans ses Etats avec autant
de troupes qu'il fouhaitcroit.
Osman Pacha Kiaïa ou
Lieutenant du grand Visir
qu'ilavoit envoyé pour
apporter la nouvelle de
cette Victoire, a esté disgracié
au lieu d'estre recompensérce
qui marque que
le Grand Seigneur estmécontent
de la precipitation
avec laquelle le grand Visîr
a conclu la Capitulation
y
pouvant se rendre maistre
du Czar &du reste de fem
Armée;cependant on n'a
pas laissé de faire plusieurs
décharges d'Artillerie aprés
l'arrivée decette nouvelle,&
toute la Ville ena témoigné
une grande joye. On remarque
que la deffaite du Czar
(H: arrivée le même mois
que celle du Roy de Suede
à Pultowa, & que lemême
malheur de ces deux
Princes leurestarrivé pour
s'estreengagé trop avant
sans Magasins,en paysennemi.
Fermer
Résumé : Lettre de Constantinople du 7. Aoust.
Le 3 août, le Grand Seigneur reçut des nouvelles du Grand Visir annonçant une victoire turque contre l'armée moscovite, forte de soixante mille hommes et dirigée par le Czar en personne, près de Falczin sur le Prut. Le combat, débuté le 1er juillet, avait causé la mort de plus de trente mille Moscovites. La nuit suivante avait empêché un bilan plus lourd. Les survivants, encerclés par les Turcs et les Tartares, tentèrent de se rallier mais furent repoussés par la canonnade turque. Le Czar proposa alors une capitulation, acceptée après négociations. Les termes préliminaires incluaient la reddition de la ville d'Asaf, la démolition de certaines forteresses, la liberté de l'Ukraine, la libération de prisonniers et la restitution de l'artillerie moscovite. Ces articles devaient être suivis d'un traité de paix à Bender. L'armée moscovite fut autorisée à se retirer à Kiowie, escortée par des troupes turques pour éviter les Tartares. Le 4 août, l'envoyé du Roi de Suède présenta un mémoire concernant les intérêts de son maître, assurant une satisfaction avant le départ des Moscovites. Le 5 août, des conférences eurent lieu pour inclure le Roi de Suède dans le traité de Bender. La défaite du Czar, survenue le même mois que celle du Roi de Suède à Pultowa, fut attribuée à une avancée trop profonde sans approvisionnement adéquat.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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25
p. 31-44
« D'autres Lettres portent que le Czar avoit quitté son [...] »
Début :
D'autres Lettres portent que le Czar avoit quitté son [...]
Mots clefs :
Grand vizir, Moscovites, Traité de paix, Tsar, Roi de Suède, Prince, Seigneur, Tartares, Ambassadeur
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texteReconnaissance textuelle : « D'autres Lettres portent que le Czar avoit quitté son [...] »
D'autres Lettres portent
que le Czar avoit quitté son
Armée, &avoir passé à Carelsbade
en Boheme
,
où le
Prince de Mofcovic son fils
devoit l'aller joindre; que
le Grand Visir avoit ordonné
à Hassan Bacha, Gouverneur
de Romelie d'escorter
le Roy de Suede avec plus
de quarante mille hommes,
non-seulement jusqu'enPologne,
mais jusqu'en Pomcranie
en cas de besoin, &
cela sans compter un grand
nombre de Tartares
,
les
Troupes du Palatin de Kiovie,
& celles de Sa Majesté
Suedoise ; que ce Prince
estoit parti de Bender avec
cette puissante Escortes que
l'Ambassadeur de Hollande
avoit remontréau Kiaïa du
grand Vizir, que l'Armée
destinée à maintenir la neutralité
du Nord de l'Allemagne
s'y oppoferoit ainsi
que les Polonois, les Moscovites
& les Saxons; mais
que cet Officier luy avoit
répondu que l'on verroit
qui auroit la hardiesse de
disputer lepassage auxTroupes
Otomanes, & qu'en cas
de resistance,Hassan Bacha
avoit ordre ex prés de l'ouvrir
à force d'armes.
Par celles de Moscou du
3. on apprend qu'on y avoit
fait trois décharges de canon
en réjoüissance de la
conclusion de la Paix perpetuelle
avec les Turcs.
CellesdeWarsovie du
29. disent que le Czar estoit
arrivé le 19. à Zolkiew à
troislieuës de Limberg ;
qu'il devoit arriver à Warsovie
le 3 1. pour se rendre
en Prusse & en Pomeranie ;
que le Roy de Suede estoit
en chemin pour retourner
dans ses Etats
, prenant sa
route par la Hongrie, mais
que cette derniere nouvelle
meritoit confirmation.
Voici la Copie du traité
de Paix concl u entre les
Turcs & les Moscovites,
que l'on a reçuë à Vienne.
I.
Qu'Asaph serarenduaux
Turcs dans l'étatoùil estoit
lors que leCzar s'enestempare.
II.
Que Taignaron,Kamenk,
& les Forteresses nouvellement
con struites sur lariviere
de Saman serontrasées.
-l"
IlL
Que le Czar ne se meslera
en aucune maniere des Po-
.lonois ny CosaquesBarabais
& Potkili, & qu'il fortira
de leur Pays avectoutes
ses forces.
- IV.
Que les Marchands avec
leurs Marchandises pourront
venir sur les Frontieres
des Turcs, & que le
Czarne pourra avoir d'Ambassadeur
ny d'Envoyé à la
Porte.
V.
Que tous les Turcs faits
prisonniers par les Moscovites,
feront remis en liberté.
VI.
Que le Roy de Suede sera
renvoyé dans ses Etats li- vbrement & sans empêchement
de la part des Moscovites.
VII.
Que tout Acre d'hostilité
cessera de part & d'autre;
& que pour seureté de cc
Traité leCzar donnera pour
otages le Chancelier Schafsiros,
& le Prince Czeremetof;
moyennant quoy l'on
permettroit aux Moscovites
de se retirer dans leur
pays. Les Turcs leur 'ont
donné du pain pour onze
jours, & une Èscorte de
douze mille hommes pour
lesgarentir des insultesdes
Tartares.
VIII.
.,: Que le Czar n'aura aucuns!
Vaisseaux sur la Mer noirs
&qu'il payera auCham des
Tartares le tribut devingt
mille Ducats qu'illuypayoit
autrefois.
IX.
Que S. M. Czarienne livrera
aux Turcs lé Prince de
Moldavie.
Les mêmes Lettres de
Vienne disent que ce Traité
ayant esté envoyé à Constantinople
il avoir estératifié
par le Grand Seigneur le
4. Aoust
,
& renvoyé au
grand Visir; mais que sur
les remontrances du MiniC
tre de Suede à la Porte, l'on
avoit envoyé ordre au grand
Visird'entreren negociation
avec le Czar au sujet du Roy
de Suede avant d'échanger
laratification.
D'autres Lettres portent
que le grand Seigneur a nommé
des Commissaires pour
travailler à la Paix avec la Pologne
; que la Republique
doit envoyer des Députez
pour conferer avec eux;que
les Tarrares continuoient
leurs courses le long du
Niester, ne voulant point
estre compris dans le Traité
de Paix conclu par le grand
Visir.
Que le Czar refusoit de
l'executer, quant à la restitution
d'Asaph & à la démolition
de ses nouvelles
Foiteresses sur la Mernoire,
jusqu'à ce que le Roy de
Suede fust sorti des Etats
duGrand Seigneur, se plaignant
d'ailleurs que l'escorte
qu'onprétendoit donner
à Sa Majesté Suedoisealloit
beaucoup au-delà de ce
qu'on estoit convenu; voicy
ce que portent celles de
Wbarloyrie deii n..Septem- Les Tartares ont saccagé
un grand nombre de Villages
au- delàdu Bog
,
& emmerié
en esclavage tous les
Moscovites&les Cosaqnes
deleurpartiqu'ils y ont
trouvez,&continuënt leurs
hostilitez le long du Niester.
Une partie de I/Armec
Ottomaneestencore le
long du Prut,&le reste du
costé de Bender. Un Ambassadeur
du Grand Seigneur
est arrivé sur, les Frontieres
duRoyaume;il a envoyé demander
des Passeports pour
venir conferer avec quelques
Senateurs touchant le
renouvellement de la Trêve
concluëàCarlowitz&d'affermir
la Paix avec la Republique.
Cet Amb.uadcur
est accompagné de deux Députez;
l'un du Roy de Suede
,
& l'autre du Palatin de
Klovic. Ce dernier a fait publier
des Lettres circulaires
par lesquelles il declarc qu'il
travaille à faire sortir tous
les Moscovites de la Pologne,
à procurer une Paix
avantageuse à la Republique,&
entr'autreàluy faire
restituer toute l'Ukraine.
On doit nommer plusieurs
personnes distinguées, pour
aller conferer avec cet Ambassadeur
qui eflaussichargé
de s'informer du nombre
de Moscovites qui ont
repassé le Niester
,
& s'ils
avoient évacué la Pologne
suivant le Traité conclu
avec le Czar, & dont l'Armée
du Grand Seigneur attendoit
lexecution. Néanmoins
les Moscovites, ont
pris des Quartiers dans la
Volhinie. Le General Szeremetoff
a établi le sien à
à Ostrog ; le Prince Galiczen
à Dubno ; le General
Weisbach à Brody;le General
Bonne à Sokal sur le
Boug
,
Frontière du Palatinat
de BeIzJ & le General Baver
en Lithuanie. Toutes ces
parcicularitez donnent lieu
de croire qu'on n'a pas esté
bien informé des conditions
du Traité conclu entre
le Czar & le grand Vizir
, ou que si elles sont
telles qu'on l'a publié,
la Paix ne fera pas de longue
durée, à moins que le
grand Vizir n'oblige les
Moscovites à executer le
Traité.
que le Czar avoit quitté son
Armée, &avoir passé à Carelsbade
en Boheme
,
où le
Prince de Mofcovic son fils
devoit l'aller joindre; que
le Grand Visir avoit ordonné
à Hassan Bacha, Gouverneur
de Romelie d'escorter
le Roy de Suede avec plus
de quarante mille hommes,
non-seulement jusqu'enPologne,
mais jusqu'en Pomcranie
en cas de besoin, &
cela sans compter un grand
nombre de Tartares
,
les
Troupes du Palatin de Kiovie,
& celles de Sa Majesté
Suedoise ; que ce Prince
estoit parti de Bender avec
cette puissante Escortes que
l'Ambassadeur de Hollande
avoit remontréau Kiaïa du
grand Vizir, que l'Armée
destinée à maintenir la neutralité
du Nord de l'Allemagne
s'y oppoferoit ainsi
que les Polonois, les Moscovites
& les Saxons; mais
que cet Officier luy avoit
répondu que l'on verroit
qui auroit la hardiesse de
disputer lepassage auxTroupes
Otomanes, & qu'en cas
de resistance,Hassan Bacha
avoit ordre ex prés de l'ouvrir
à force d'armes.
Par celles de Moscou du
3. on apprend qu'on y avoit
fait trois décharges de canon
en réjoüissance de la
conclusion de la Paix perpetuelle
avec les Turcs.
CellesdeWarsovie du
29. disent que le Czar estoit
arrivé le 19. à Zolkiew à
troislieuës de Limberg ;
qu'il devoit arriver à Warsovie
le 3 1. pour se rendre
en Prusse & en Pomeranie ;
que le Roy de Suede estoit
en chemin pour retourner
dans ses Etats
, prenant sa
route par la Hongrie, mais
que cette derniere nouvelle
meritoit confirmation.
Voici la Copie du traité
de Paix concl u entre les
Turcs & les Moscovites,
que l'on a reçuë à Vienne.
I.
Qu'Asaph serarenduaux
Turcs dans l'étatoùil estoit
lors que leCzar s'enestempare.
II.
Que Taignaron,Kamenk,
& les Forteresses nouvellement
con struites sur lariviere
de Saman serontrasées.
-l"
IlL
Que le Czar ne se meslera
en aucune maniere des Po-
.lonois ny CosaquesBarabais
& Potkili, & qu'il fortira
de leur Pays avectoutes
ses forces.
- IV.
Que les Marchands avec
leurs Marchandises pourront
venir sur les Frontieres
des Turcs, & que le
Czarne pourra avoir d'Ambassadeur
ny d'Envoyé à la
Porte.
V.
Que tous les Turcs faits
prisonniers par les Moscovites,
feront remis en liberté.
VI.
Que le Roy de Suede sera
renvoyé dans ses Etats li- vbrement & sans empêchement
de la part des Moscovites.
VII.
Que tout Acre d'hostilité
cessera de part & d'autre;
& que pour seureté de cc
Traité leCzar donnera pour
otages le Chancelier Schafsiros,
& le Prince Czeremetof;
moyennant quoy l'on
permettroit aux Moscovites
de se retirer dans leur
pays. Les Turcs leur 'ont
donné du pain pour onze
jours, & une Èscorte de
douze mille hommes pour
lesgarentir des insultesdes
Tartares.
VIII.
.,: Que le Czar n'aura aucuns!
Vaisseaux sur la Mer noirs
&qu'il payera auCham des
Tartares le tribut devingt
mille Ducats qu'illuypayoit
autrefois.
IX.
Que S. M. Czarienne livrera
aux Turcs lé Prince de
Moldavie.
Les mêmes Lettres de
Vienne disent que ce Traité
ayant esté envoyé à Constantinople
il avoir estératifié
par le Grand Seigneur le
4. Aoust
,
& renvoyé au
grand Visir; mais que sur
les remontrances du MiniC
tre de Suede à la Porte, l'on
avoit envoyé ordre au grand
Visird'entreren negociation
avec le Czar au sujet du Roy
de Suede avant d'échanger
laratification.
D'autres Lettres portent
que le grand Seigneur a nommé
des Commissaires pour
travailler à la Paix avec la Pologne
; que la Republique
doit envoyer des Députez
pour conferer avec eux;que
les Tarrares continuoient
leurs courses le long du
Niester, ne voulant point
estre compris dans le Traité
de Paix conclu par le grand
Visir.
Que le Czar refusoit de
l'executer, quant à la restitution
d'Asaph & à la démolition
de ses nouvelles
Foiteresses sur la Mernoire,
jusqu'à ce que le Roy de
Suede fust sorti des Etats
duGrand Seigneur, se plaignant
d'ailleurs que l'escorte
qu'onprétendoit donner
à Sa Majesté Suedoisealloit
beaucoup au-delà de ce
qu'on estoit convenu; voicy
ce que portent celles de
Wbarloyrie deii n..Septem- Les Tartares ont saccagé
un grand nombre de Villages
au- delàdu Bog
,
& emmerié
en esclavage tous les
Moscovites&les Cosaqnes
deleurpartiqu'ils y ont
trouvez,&continuënt leurs
hostilitez le long du Niester.
Une partie de I/Armec
Ottomaneestencore le
long du Prut,&le reste du
costé de Bender. Un Ambassadeur
du Grand Seigneur
est arrivé sur, les Frontieres
duRoyaume;il a envoyé demander
des Passeports pour
venir conferer avec quelques
Senateurs touchant le
renouvellement de la Trêve
concluëàCarlowitz&d'affermir
la Paix avec la Republique.
Cet Amb.uadcur
est accompagné de deux Députez;
l'un du Roy de Suede
,
& l'autre du Palatin de
Klovic. Ce dernier a fait publier
des Lettres circulaires
par lesquelles il declarc qu'il
travaille à faire sortir tous
les Moscovites de la Pologne,
à procurer une Paix
avantageuse à la Republique,&
entr'autreàluy faire
restituer toute l'Ukraine.
On doit nommer plusieurs
personnes distinguées, pour
aller conferer avec cet Ambassadeur
qui eflaussichargé
de s'informer du nombre
de Moscovites qui ont
repassé le Niester
,
& s'ils
avoient évacué la Pologne
suivant le Traité conclu
avec le Czar, & dont l'Armée
du Grand Seigneur attendoit
lexecution. Néanmoins
les Moscovites, ont
pris des Quartiers dans la
Volhinie. Le General Szeremetoff
a établi le sien à
à Ostrog ; le Prince Galiczen
à Dubno ; le General
Weisbach à Brody;le General
Bonne à Sokal sur le
Boug
,
Frontière du Palatinat
de BeIzJ & le General Baver
en Lithuanie. Toutes ces
parcicularitez donnent lieu
de croire qu'on n'a pas esté
bien informé des conditions
du Traité conclu entre
le Czar & le grand Vizir
, ou que si elles sont
telles qu'on l'a publié,
la Paix ne fera pas de longue
durée, à moins que le
grand Vizir n'oblige les
Moscovites à executer le
Traité.
Fermer
Résumé : « D'autres Lettres portent que le Czar avoit quitté son [...] »
Le texte décrit plusieurs événements diplomatiques et militaires impliquant le Czar, le Grand Visir, le Roi de Suède et d'autres acteurs. Le Czar a quitté son armée pour se rendre à Carlsbad en Bohême afin de rejoindre son fils, le Prince de Moscovie. Le Grand Visir a ordonné à Hassan Bacha, Gouverneur de Romélie, d'escorter le Roi de Suède avec une armée de plus de quarante mille hommes, renforcée par des Tartares et des troupes polonaises et suédoises. Cette escorte doit accompagner le Roi de Suède jusqu'en Pologne et en Poméranie si nécessaire. L'ambassadeur de Hollande a informé le Kiaïa du Grand Vizir que cette escorte pourrait rencontrer des résistances, notamment de l'armée destinée à maintenir la neutralité du Nord de l'Allemagne. Hassan Bacha a reçu l'ordre d'ouvrir le passage par la force si besoin. Des lettres de Moscou rapportent des salves de canon célébrant la conclusion d'une paix perpétuelle avec les Turcs. À Varsovie, il est signalé que le Czar est arrivé à Zolkiew et doit se rendre en Prusse et en Poméranie, tandis que le Roi de Suède est en route pour retourner dans ses États via la Hongrie. Un traité de paix entre les Turcs et les Moscovites est présenté, incluant des clauses telles que la restitution d'Asaph, la démolition de nouvelles forteresses, la neutralité du Czar dans les affaires polonaises, la liberté des marchands, la libération des prisonniers turcs, le retour du Roi de Suède dans ses États, et la cessation des hostilités. Le Czar doit fournir des otages et payer un tribut aux Tartares. Le traité a été ratifié par le Grand Seigneur et renvoyé au Grand Visir, mais des négociations supplémentaires sont en cours concernant le Roi de Suède. Les Tartares continuent leurs raids le long du Niester, et le Czar refuse d'exécuter certaines parties du traité jusqu'à ce que le Roi de Suède quitte les États du Grand Seigneur. Un ambassadeur du Grand Seigneur est arrivé pour discuter du renouvellement de la trêve et de la paix avec la République, accompagné de députés du Roi de Suède et du Palatin de Kiovie. Les Moscovites ont pris des quartiers en Volhynie, malgré les conditions du traité, suggérant des incertitudes quant à la durabilité de la paix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
26
p. 26-42
STANCES.
Début :
Si j'entre dans ta route, [...]
Mots clefs :
Dieu, Esprit, Seigneur, Loi, Foi, Grâce
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : STANCES.
STANCES.
SI j'entre dans ta route ,
6 Suprême Sageße
L'amour propre m'arrête,
&me rappelle à foy ;
Et pour un vain objet de
joye ou de trifteffe,
GALANT.
27
Infensé je te laiffe ,
Et je mets en oubli ta loy.
Si dans les vains tranf
ports dont l'ardeur nous,
poffede
Je veux de la raifon emprunter
du fecours ,
'Ils
s'enflament encor par
ce foible remede ,
Tout obftacle leur cede ;
C'efl un torrent qui croît
toûjours.
Je pense affezSouvent à
Cij
28 MERCURE
Pordre falutaire
Qui borne nos defirs par
un jufte compas :
Mais ce penfer , femblable
à la flâme legere
Qu'on voit quand il éclaire
,
Me luit & ne m'échauffe
pas.
Quand j'écoute ta voix ,
elle me perfuade ,
Et je veux t'obeïr en cet
heureux moment :
Mais ce vouloir n'eft rien
1
GALANT. 29
qu'un fouhait de malade
,
Qui trouve amer ou fade
Le plus agreable aliment.
Le vice plein d'amorce ,
ainfi qu'une Syrene ,
Qui chante , qui nous flate
, & qui furprend
nos fens ,
Par fes appas trompeurs
en fes gouffres m'entraîne
Avec fi peu de peine ,
Queje l'écoute je conses.
C iij
30 MERCURE
Loy de la providence ! hé
quepouvoit- on dire ?
Helas!un Dieu cachéconduit
tous ces reffors.
La meilleure partie eft
foumise à lapire,
Et loin d'avoir l'empire ;
Notre esprit obeït au corps.
Mais , ô Mufe , tout
beau , tu te rends eriminelle
En fondant des fecrets que
cache un Dieu jaloux ;
Confeffe & reconnois fa
GALANT .
31
bonté
paternelle ,
Tous nos biens viennent
d'elle ,
Et tous nos maux viennent
de nous.
Que fi l'on s'attachoit à
cet Estre fuprême
De qui vient notre force
tout notre pouvoir
,
Et fuivant les confeils
d'une ferveur extrême
On fe quittoit foy- même ,
Sans peine on feroit fon
devoir.
Ciiij
32 MERCURE
Nos esprits éclairez, d'u
ne vive lumiere ,
Sans nul empêchement
voyant la verité,
Mépriferoient alors comme
vile pouffiere
Ce qui fert de matiere
A nos voeux pleins de
vanité.
Mais l'homme quittant
Dieu , par qui tout
eft facile ,
Par qui contre l'erreur,
l'esprit eft affermi,
GALANT.. 33.
En vain pour s'en garder
fe croit affez , habile ;
Car comme il eft fragile ,
Lui-même il eft fon ennemi.
L'homme s'aime , il eft
vrai,mais d'un amour
perfide
i
Qui le mene au trépaspar
un
chemin trompeur
Et lorsqueton esprit ne lui
fert pas de guide,
Comme il est trop avide
,
34 MERCURE
Il court lui-même à for
malheur.
Défens- moy done de moy ,
munis-moy de ta grace ,
Ne te laße jamais , Seigneur,
de m'affifter;
Regle mes paffions , repri
me leur audace :
Quelque effort queje falſe ,
Sans toyje n'ypuis refifter.
Puis-je regler le cours de
ma nef vagabonde ,
Des vagues & des vents
GALANT 39
foutenir les combats ;
Eviter les rochers qui font
cachez fous l'onde
Dans une nuit profonde ,
Si ta main ne me guide
pas ?
La mer de cette vie est fi
pleine d'orage ,
Quefi l'on ne craintpoint,
on n'a point de raiſon ;
Et quoique d'un béau tems;
on tire un bon prefage ,
On faitfouvent naufrage.
En la plus tranquille faifon.
36 MERCURE
Parmi tant de périls notre
unique reßource
Eft d'avoir toujours l'oeil
deßus ta volonté ,
Semblables au nocher qui
fe regle en fa courfe
Sur l'étoile de l'ourfe ,
Et fe rend au port fou
haité.
Afin qu'à l'avenir je vogue
en affurance ,
Eclaire - moy ,
Seigneur
du flambeau de la
foy,
GALANT. 37
Donne- moy de l'amour ,
remplis-moy d'esperance
,
Et fais qu'avec constance
Je m'attache à ta fainte
loy.
La volonté de l'homme eft
toûjours chancelante ,
Il croit , ildoute , il craint,
il veut & ne veut pas ,
Le préfent lui déplait, &
fon ame inconstante
Voit dans la chofe abfente,
Ou croit voir les plus doux
appas.
38 MERCURE
Il fuit toute fa vie une
vaine chimere ,
Un lumineux fantome ,
un néant précieux ;
De fes plaifirs paẞez la
douceur eft amere ,
Et le bien qu'il espere
Bientoft fe dérobe à fes
yeux.
Ta conftance , Seigneur ,
toute conftance efface ,
Ton vouloir par le temps
n'est jamais limité ;
Qui le fuit eft heureux ,
GALANT .
39
il jouit de ta grace ,
Et nul mal ne
menace
De
troubler(a félicité.
Il est toujours content , il
nage dans la joye ,
Il ne craint ni n'efpere ,
épris d'un vaiu défir ;
Et quand mefme du mal
il femble être la
proye ,
Scachant que Dieu l'envoye
Il n'en fent aucun déplaifir.
40 MERCURE
Si cet hymnefacré te plaift
comme il me touche ,
Doux & charmant objet
de nos pieux concerts ,
Fais , quandjefuis debout
ou gifant dans ma
couche ,
Que d'une pure bouche
Je chante inceffamment
ces vers.
Heureux quidu pechépeut
fortir de la fange ,
Dans une paix profonde il
voit couler fes jours ,
En
GALANT. 41
En tout temps , en tous
lieux il chante ta
loйange ,
Et par un beureux change
S'il meurt , c'est pour vivre
toujours
.
Mais malheureux celui
qui , plongé dans le
vice ,
De remords douloureux
voit punir fes forfaits,
Et qui par la terreur qu'-
imprime ta justice ,
Janv. 1713.
D
42 MERCURE
Sent déja le fupplice
Qu'il doit endurer à jamais
.
SI j'entre dans ta route ,
6 Suprême Sageße
L'amour propre m'arrête,
&me rappelle à foy ;
Et pour un vain objet de
joye ou de trifteffe,
GALANT.
27
Infensé je te laiffe ,
Et je mets en oubli ta loy.
Si dans les vains tranf
ports dont l'ardeur nous,
poffede
Je veux de la raifon emprunter
du fecours ,
'Ils
s'enflament encor par
ce foible remede ,
Tout obftacle leur cede ;
C'efl un torrent qui croît
toûjours.
Je pense affezSouvent à
Cij
28 MERCURE
Pordre falutaire
Qui borne nos defirs par
un jufte compas :
Mais ce penfer , femblable
à la flâme legere
Qu'on voit quand il éclaire
,
Me luit & ne m'échauffe
pas.
Quand j'écoute ta voix ,
elle me perfuade ,
Et je veux t'obeïr en cet
heureux moment :
Mais ce vouloir n'eft rien
1
GALANT. 29
qu'un fouhait de malade
,
Qui trouve amer ou fade
Le plus agreable aliment.
Le vice plein d'amorce ,
ainfi qu'une Syrene ,
Qui chante , qui nous flate
, & qui furprend
nos fens ,
Par fes appas trompeurs
en fes gouffres m'entraîne
Avec fi peu de peine ,
Queje l'écoute je conses.
C iij
30 MERCURE
Loy de la providence ! hé
quepouvoit- on dire ?
Helas!un Dieu cachéconduit
tous ces reffors.
La meilleure partie eft
foumise à lapire,
Et loin d'avoir l'empire ;
Notre esprit obeït au corps.
Mais , ô Mufe , tout
beau , tu te rends eriminelle
En fondant des fecrets que
cache un Dieu jaloux ;
Confeffe & reconnois fa
GALANT .
31
bonté
paternelle ,
Tous nos biens viennent
d'elle ,
Et tous nos maux viennent
de nous.
Que fi l'on s'attachoit à
cet Estre fuprême
De qui vient notre force
tout notre pouvoir
,
Et fuivant les confeils
d'une ferveur extrême
On fe quittoit foy- même ,
Sans peine on feroit fon
devoir.
Ciiij
32 MERCURE
Nos esprits éclairez, d'u
ne vive lumiere ,
Sans nul empêchement
voyant la verité,
Mépriferoient alors comme
vile pouffiere
Ce qui fert de matiere
A nos voeux pleins de
vanité.
Mais l'homme quittant
Dieu , par qui tout
eft facile ,
Par qui contre l'erreur,
l'esprit eft affermi,
GALANT.. 33.
En vain pour s'en garder
fe croit affez , habile ;
Car comme il eft fragile ,
Lui-même il eft fon ennemi.
L'homme s'aime , il eft
vrai,mais d'un amour
perfide
i
Qui le mene au trépaspar
un
chemin trompeur
Et lorsqueton esprit ne lui
fert pas de guide,
Comme il est trop avide
,
34 MERCURE
Il court lui-même à for
malheur.
Défens- moy done de moy ,
munis-moy de ta grace ,
Ne te laße jamais , Seigneur,
de m'affifter;
Regle mes paffions , repri
me leur audace :
Quelque effort queje falſe ,
Sans toyje n'ypuis refifter.
Puis-je regler le cours de
ma nef vagabonde ,
Des vagues & des vents
GALANT 39
foutenir les combats ;
Eviter les rochers qui font
cachez fous l'onde
Dans une nuit profonde ,
Si ta main ne me guide
pas ?
La mer de cette vie est fi
pleine d'orage ,
Quefi l'on ne craintpoint,
on n'a point de raiſon ;
Et quoique d'un béau tems;
on tire un bon prefage ,
On faitfouvent naufrage.
En la plus tranquille faifon.
36 MERCURE
Parmi tant de périls notre
unique reßource
Eft d'avoir toujours l'oeil
deßus ta volonté ,
Semblables au nocher qui
fe regle en fa courfe
Sur l'étoile de l'ourfe ,
Et fe rend au port fou
haité.
Afin qu'à l'avenir je vogue
en affurance ,
Eclaire - moy ,
Seigneur
du flambeau de la
foy,
GALANT. 37
Donne- moy de l'amour ,
remplis-moy d'esperance
,
Et fais qu'avec constance
Je m'attache à ta fainte
loy.
La volonté de l'homme eft
toûjours chancelante ,
Il croit , ildoute , il craint,
il veut & ne veut pas ,
Le préfent lui déplait, &
fon ame inconstante
Voit dans la chofe abfente,
Ou croit voir les plus doux
appas.
38 MERCURE
Il fuit toute fa vie une
vaine chimere ,
Un lumineux fantome ,
un néant précieux ;
De fes plaifirs paẞez la
douceur eft amere ,
Et le bien qu'il espere
Bientoft fe dérobe à fes
yeux.
Ta conftance , Seigneur ,
toute conftance efface ,
Ton vouloir par le temps
n'est jamais limité ;
Qui le fuit eft heureux ,
GALANT .
39
il jouit de ta grace ,
Et nul mal ne
menace
De
troubler(a félicité.
Il est toujours content , il
nage dans la joye ,
Il ne craint ni n'efpere ,
épris d'un vaiu défir ;
Et quand mefme du mal
il femble être la
proye ,
Scachant que Dieu l'envoye
Il n'en fent aucun déplaifir.
40 MERCURE
Si cet hymnefacré te plaift
comme il me touche ,
Doux & charmant objet
de nos pieux concerts ,
Fais , quandjefuis debout
ou gifant dans ma
couche ,
Que d'une pure bouche
Je chante inceffamment
ces vers.
Heureux quidu pechépeut
fortir de la fange ,
Dans une paix profonde il
voit couler fes jours ,
En
GALANT. 41
En tout temps , en tous
lieux il chante ta
loйange ,
Et par un beureux change
S'il meurt , c'est pour vivre
toujours
.
Mais malheureux celui
qui , plongé dans le
vice ,
De remords douloureux
voit punir fes forfaits,
Et qui par la terreur qu'-
imprime ta justice ,
Janv. 1713.
D
42 MERCURE
Sent déja le fupplice
Qu'il doit endurer à jamais
.
Fermer
Résumé : STANCES.
Le texte relate un dialogue entre un Galant et Mercure, abordant les thèmes de la foi, de la raison et des passions humaines. Le Galant exprime son dilemme entre suivre ses désirs terrestres et obéir à une force supérieure. Il reconnaît la difficulté de maîtriser ses passions et affirme que la raison seule est insuffisante pour les contrôler. Mercure, incarnant la sagesse, souligne que l'homme est souvent esclave de ses propres désirs et que la véritable paix réside dans la soumission à une volonté divine. Le Galant sollicite alors l'aide divine pour réguler ses passions et naviguer les dangers de la vie. Mercure conclut en affirmant que la constance et la confiance en Dieu sont les seules voies vers la véritable joie et la sécurité. Le texte se termine par une prière visant à chanter éternellement les louanges divines et à éviter les tourments du vice.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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27
p. 163-171
« Mre Toussaint de Forbin Cardinal de Janson Commandeur de l'Ordre du S. Esprit [...] »
Début :
Mre Toussaint de Forbin Cardinal de Janson Commandeur de l'Ordre du S. Esprit [...]
Mots clefs :
Seigneur, Cardinal, Aumônier, Élection, Chapelle, Ambassadeur, Alliances
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Mre Toussaint de Forbin Cardinal de Janson Commandeur de l'Ordre du S. Esprit [...] »
Cardinal de J nson Commandeur
de l'Ordre du S.
Esprit & Comte de Beauvais
Vidame de Gerberoy
3
Pair
& Grand Aumônier de Fran-
, ce Abbé de saint Pierre de
Corbie, Precüilly
,
de Marchicnnes
,
& des Avigny, fut d'abord Evêque de
Digneen i6$6. facié le
1 4.
May 1657. transféré à Marseilleen
1669 puis Evêque
Comte de Beauvais le 14.
Aoust1679 Il futen1673.
Ambassadeur Extraordinaire
en Pologne, après la more
du Roy Michel il contribua
à l'Election du Roy
Jean Sobieski, retourna une
seconde fois Ambadadeur
en ce Royaume en 1680.
fut fait Commandeur des
Ordres en 16857. nommé
par le Roy de Pologne au
Cardinalat & futcrééparlé
Pape Alexandre VIII. en
la secondecréation qu'il fit
le 13. Fevrier 1690.luyenvoya
en France le Bonnet
par l'Abbé Trenisani Camerier
de Sa Sainteté, il le
receutdes mains du Royen
laChapelle de Versaillesle2.
Avril de la rr:ême année)
ensuite il fut à Rome ou il
arriva le 2., Juillet&y receut
le Chapeau, le 10. il s'cft
trouvé en cette Ville aux
Conclaves duPape Innocent
X11.& Clement XI &ya
resté pour lesinterrests dela
France aveccaractere d'Ambassadeur&
chargé de toutes
les affaires
,
puis cfla-nt
retourne en France en 1766.
& la Chargede Grand Aumônierestant
vacante par la
mort du Cardinal deCossin
luy donna en reconnoissance
de ses services & en presta
ferment le 14Juillet de la
même année, depuis ce
temps il n'est plus sorry de
France & est mort à Paris
le 24. Mars 1713. âgé de
83. ans d'où son corps a esté
porté à Beauvais.
Toussint de Forbin de
Janson estoit filsdeGispard
de Forbin Marquis de Janson
,&de Claire de Libetat
sa seconde femme
,
issuë
d'une famille ancienne de
Provence descenduë de Guillaume
de Forbin qui estoit
marié à Marseille en 1 380.
avecGaufride Rousse ou de
Roux
,
de laquelle sortie
Jean deForbin
,
duquel toute
la Maison de Forbin
descend.Il partagea en 1415.
avec ses frercs
,
lesquels ils
eurent posterité qui est finie
il y a long temps,& estant
âgé de 73. ans il testa en
1453. & laissa d'Isoarde de
Martin son épouse trois fils
Jean, Palamedes
,
& Jacques
de Forbin,qui furent tous
mariez & ont fait les trois
principales branches de cette
maison, Jean fut Seigneur
d.: Bardent
,
Palamedes suc
Seigneur de Soliers,& Jacques
fut Seigneur de Gar.o-:
dane
,
laquelle branche de
Gardane ne subsiste plus
qu'en une branche de caders,
l'aînée estant finie, de celle
qui Íllbfillc: estissu le Chevalier
deForbinCapitaine d'utt
des Vaisseaux du Roy, & cydevant
Grand Amiral du
Roy de Siam,la branche des
Seigneurs de Soliersissue de
Palamedes de Forbin surnommé
le Grand qui fut
Gouverneur & grand-Sencchal
de Provence, & Gouverneur
de Dauphiné,Louis,
de Forbin son fils Seigneur
du Luc & deSoliers
,
fut
premier President en la
Chambre des Comptes de
Provence, & plusieurs fois
Ambassadeur pour la France
aux pays Etrangers
,
soutint
vigoureusement ses interests
au Concile de Lattan fous le
Pape Leon X. il fut pere de
François de Forbin Seigneur
deSoliers quifut marié avec
Catherine d'AnjouDame
de saintRemy & de saint
Canal Marquise de Pont i
Mousson dans le Duché de
Bar
,
fille & heriere de Jean
d'Anjou Marquis de Pont
a' Moullon,fils naturel du
Roy René. Cette branche
s'est toûjours soutenue avec
honneur jusques aujourd'huy
& dont est Jean de
ForbinMarquis de Solicrs
Marquis de saint Remy Bi
S.Canal Chevalier d'Honneur
de Madame Doüairiere
d'Orléans qui a plufieursr
enfans de Francoise Amat
fille du Seigneur) du Poët
i- & toute les autres branches
delà maifonde Forbin font
iflae de Jean de Forbin qui
fut Seigneur de Bardent
& de luy font dcfccndus les
Marquis de ]anion, les Seigneurs
de la Roque
,
les
Marquis d'Oppede
,
& les
Seigneur de fainte Croix
dans toutes Icfquelles branches
il y a eu des Seigneurs
de tres-grande diftin&ioft,
& desalliances trcs. confidcrables.
de l'Ordre du S.
Esprit & Comte de Beauvais
Vidame de Gerberoy
3
Pair
& Grand Aumônier de Fran-
, ce Abbé de saint Pierre de
Corbie, Precüilly
,
de Marchicnnes
,
& des Avigny, fut d'abord Evêque de
Digneen i6$6. facié le
1 4.
May 1657. transféré à Marseilleen
1669 puis Evêque
Comte de Beauvais le 14.
Aoust1679 Il futen1673.
Ambassadeur Extraordinaire
en Pologne, après la more
du Roy Michel il contribua
à l'Election du Roy
Jean Sobieski, retourna une
seconde fois Ambadadeur
en ce Royaume en 1680.
fut fait Commandeur des
Ordres en 16857. nommé
par le Roy de Pologne au
Cardinalat & futcrééparlé
Pape Alexandre VIII. en
la secondecréation qu'il fit
le 13. Fevrier 1690.luyenvoya
en France le Bonnet
par l'Abbé Trenisani Camerier
de Sa Sainteté, il le
receutdes mains du Royen
laChapelle de Versaillesle2.
Avril de la rr:ême année)
ensuite il fut à Rome ou il
arriva le 2., Juillet&y receut
le Chapeau, le 10. il s'cft
trouvé en cette Ville aux
Conclaves duPape Innocent
X11.& Clement XI &ya
resté pour lesinterrests dela
France aveccaractere d'Ambassadeur&
chargé de toutes
les affaires
,
puis cfla-nt
retourne en France en 1766.
& la Chargede Grand Aumônierestant
vacante par la
mort du Cardinal deCossin
luy donna en reconnoissance
de ses services & en presta
ferment le 14Juillet de la
même année, depuis ce
temps il n'est plus sorry de
France & est mort à Paris
le 24. Mars 1713. âgé de
83. ans d'où son corps a esté
porté à Beauvais.
Toussint de Forbin de
Janson estoit filsdeGispard
de Forbin Marquis de Janson
,&de Claire de Libetat
sa seconde femme
,
issuë
d'une famille ancienne de
Provence descenduë de Guillaume
de Forbin qui estoit
marié à Marseille en 1 380.
avecGaufride Rousse ou de
Roux
,
de laquelle sortie
Jean deForbin
,
duquel toute
la Maison de Forbin
descend.Il partagea en 1415.
avec ses frercs
,
lesquels ils
eurent posterité qui est finie
il y a long temps,& estant
âgé de 73. ans il testa en
1453. & laissa d'Isoarde de
Martin son épouse trois fils
Jean, Palamedes
,
& Jacques
de Forbin,qui furent tous
mariez & ont fait les trois
principales branches de cette
maison, Jean fut Seigneur
d.: Bardent
,
Palamedes suc
Seigneur de Soliers,& Jacques
fut Seigneur de Gar.o-:
dane
,
laquelle branche de
Gardane ne subsiste plus
qu'en une branche de caders,
l'aînée estant finie, de celle
qui Íllbfillc: estissu le Chevalier
deForbinCapitaine d'utt
des Vaisseaux du Roy, & cydevant
Grand Amiral du
Roy de Siam,la branche des
Seigneurs de Soliersissue de
Palamedes de Forbin surnommé
le Grand qui fut
Gouverneur & grand-Sencchal
de Provence, & Gouverneur
de Dauphiné,Louis,
de Forbin son fils Seigneur
du Luc & deSoliers
,
fut
premier President en la
Chambre des Comptes de
Provence, & plusieurs fois
Ambassadeur pour la France
aux pays Etrangers
,
soutint
vigoureusement ses interests
au Concile de Lattan fous le
Pape Leon X. il fut pere de
François de Forbin Seigneur
deSoliers quifut marié avec
Catherine d'AnjouDame
de saintRemy & de saint
Canal Marquise de Pont i
Mousson dans le Duché de
Bar
,
fille & heriere de Jean
d'Anjou Marquis de Pont
a' Moullon,fils naturel du
Roy René. Cette branche
s'est toûjours soutenue avec
honneur jusques aujourd'huy
& dont est Jean de
ForbinMarquis de Solicrs
Marquis de saint Remy Bi
S.Canal Chevalier d'Honneur
de Madame Doüairiere
d'Orléans qui a plufieursr
enfans de Francoise Amat
fille du Seigneur) du Poët
i- & toute les autres branches
delà maifonde Forbin font
iflae de Jean de Forbin qui
fut Seigneur de Bardent
& de luy font dcfccndus les
Marquis de ]anion, les Seigneurs
de la Roque
,
les
Marquis d'Oppede
,
& les
Seigneur de fainte Croix
dans toutes Icfquelles branches
il y a eu des Seigneurs
de tres-grande diftin&ioft,
& desalliances trcs. confidcrables.
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Résumé : « Mre Toussaint de Forbin Cardinal de Janson Commandeur de l'Ordre du S. Esprit [...] »
Toussint de Forbin de Janson fut un homme d'Église et diplomate français. Il débuta comme évêque de Digne en 1656, fut transféré à Marseille en 1669, puis devint évêque comte de Beauvais en 1679. En 1673, il servit comme ambassadeur extraordinaire en Pologne, facilitant l'élection du roi Jean Sobieski. Il retourna en Pologne en 1680 et fut fait commandeur des Ordres en 1685. Nommé cardinal par le roi de Pologne, il fut créé cardinal par le pape Alexandre VIII le 13 février 1690. Il participa aux conclaves des papes Innocent XII et Clément XI, représentant la France. De retour en France en 1706, il devint Grand Aumônier de France après la mort du cardinal de Cossin. Il mourut à Paris le 24 mars 1713 à l'âge de 83 ans et fut inhumé à Beauvais. Toussint de Forbin de Janson était fils de Gispard de Forbin, marquis de Janson, et de Claire de Libetat. La famille Forbin, d'origine provençale, descend de Guillaume de Forbin, marié en 1380. Jean de Forbin eut trois fils fondant les principales branches de la famille, dont la branche des marquis de Janson.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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28
p. 224-238
MORTS.
Début :
Mre Jean Gustave de Rieux, Marquis d'Acerac Vicomte de [...]
Mots clefs :
Marquis d'Acerac Vicomte de Donges, Seigneur, Généalogie, Vannes, Vicomtesse, Branche, Maréchal, Cordeliers de Nantes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
MrJean Gustave de Rieux,
~M.wquls dAcerac Vicomte
de Donges, &c. est mort à
Paris le mois de Février1713.
il avoir épouséledeuxiéme
Mars 1677. Anne d'Aguilion,
fille unique de Cesar,
Seigneur de la Juliennaye &
de la Motte de Gennes au
Païs de Nancois, de laquelle
il reste aujourd'huyJean
Severe de Rieux Marquis
d'Acerac.
-
Ce Seigneur descend
d'une des plus anciennes &
des plus illustres de Bretagne,
qui y ont possedé de trèsgrandes
Terres,& de laquelle
on connoist son origine audessus
de l'an 1071. quevivoit
Guit- Noch, Sire de
Rieux. Le Pere Anfelmc dans
sa nouvelle Edition ne commence
la Genealogie qu'à
Roland
,
Sire de Rieux, qui
fut l'un des Seigneurs qui
s"',¡!Tenlblerent à Vannes en
IÎOI. pour vanger la mort
d'Artus Comte de Bretagne
& d'Anjou leur Seigneur;
mais ilest bien certain qu'elle
existoir plus de vingt ans auparavant;
elle s'est divisée en
trois branches, la première
encelle deMatquisd'Acerac
dont je par le, la seconde
celle des Seigneurs de Château-
neufVicomte de Donges,
sortie de Jean de Rieux
& de Rochefort Comte de
Harcourt Maréchal de Bretagne,
& d'Isabelle de Brosse
sa troisiéme femme. Cette
branche cft tombée dans la
premiere branche de Rieux
dont elle étoit sortie par le
Mariage de Jeanne Pelagie
de Rieux,Comtesse de
Chasseau-neuf, Vicomtesse
de Donges ( fille unique de
Guy de Rieux deuxiéme du
nom Comte de Chasteauneuf
Vicomte de Donges,
& de Catherine de Rosmadec)
laquelle Jeanne Pélagie
de Rieux épousa en 164J,
Jean Emanuel de Rieux
Marquis d'Acerac desquels
est sorti le Marquis d'Acerac
qui vient de mourir, & qui
donne lieu à cet article,
La troisieme branche de
cette Maison est celle de
Sourdeac & forrie de celle
de Chifleau-neuf, Jean Sire
de Rieux troisiéme fils de
Jean Sire de Rieux de Rochefort
& de Harcourr Maréchal
de Bretagne,Isabelle
de Brosse eut plusieurs enfans
de Beatrix de Jonchere
,
&
entr'autres Guy deRieux Seigneur
de Chateau-neufcontinua
cette branche, & René
de Rieux son frere fut st
de Sourdeac, auquel commence
cette branche duquel
cO: defendu Alexandre de
Rieux Marquis de Sourdeac
& d'Oxanr qui fut marié à
Helene de Clere en 1641.
duquel il ne reste que tîes
filles, ainsi toutes les branches
(ic- cette Maison sont
finies à la reserve de l'aînée
qui subsiste en la personne
de Monsieur le Marquis
d'Acerac fils de celuy qui
vient de mourir comme j'ay
dit ci dedus.
Al'égard des alliances &
des illurtrations elles font
très illustres, & très considerables)
AlainSire deRieux
qui mourut en 11z7.épousa
Berthe de Léonen Bretagne
descenduë des anciens Rois
de Bretagne; Guillaume Sire
de Rieux ion arrière petit fils
fut marié à Louise de Machecoul
fille d Olivier Seigneur
de Machecoul
,
& d'Eustache
deVitré avec laquelle il fonda
les Cordeliers de Nantes
où ils sont enterrez. Leur fils
Jean premier Sire de Rieux
sur mariédeux fois, la première
à Isabeau de Clisson;
tante du Connestable de
France, la seconde à Jeanne
Dame D.f^on, il eut pour
filsJean deuxième Sire de
Rieux& de Rochefort Maréchal
de Franceépousa en
1 374.Jeanne de Rochefort
Baronne d'Ancenis Dame
de Rochefort, d'Acerac de
Chasteu neuf Vicomtasse
de Donge, riche heritière,
&le mariage fut fait à cOrk:
dition que leditJean
deuxième porteroit le nom
ôc les armes de Rochefort.
CetteDame étoit de très*
grande maison, & étoit veuve
de Eon de Monsort, &
étoit petite fille de Marie de
Montmorency femme dç
Thibaud,, Sire de Rochefort,
elle eut de ton mariage
neuf enfansentr'autres Jean
troisieme, Sire de Rieux
dont je parleray
,
Pierre de
Rieux dit de Rochefort Maréchal
de France Seigneur
d' Acerac & de Desval mort
sans posterité de Jeanne de
Molac sa premiere femme,
ni de Jeanne de Chasteaugiron
sa seconde.
Jean troisieme fut marié deux
fois, la premiere à Beatrix
de Montauban. z °. En1414.
avec Jeanne de Harcourc ,
fille de can,septiéme du
nom de Harcourt & d'Atfmalc
& de Marie d'Alençon,
il eut plusieursenfans de ses
mariages,entr'autres Marie
de Ricux femme de Louis
Seigneur d'Amboise Vicomte
de Thouars, qui étoit
du premier lit & du sécond
François, Sire de Rieux &
de Rochefort, Comte de
Harcourt Chambellan du
Duc de Bretagne qui épousa
en 1442. Jeanne de Rohan
fille d'AlainVicomte de
Rohan & de Leon, & de
Marguerite de Bretagne,
leurs fils Jean, Sire de Rieut
& de Rochefort Comte de
Harcourt Miréchal de Bretagne
, qui sur mariétrois.
fois, la première à Françoise
Riguenelle Dame de Malestroit
& la seconde à Claude
de Maillé fille de Hardouin
Seigneur de Maille & de
Pcronelle d'Amboise, la
troisiéme à Isabelle de Brosse
fille de Jeantroisiéme ditde
Bretagne Comte de Penthieuret>,
du premier lit il eut
Françoise de Rieux Dame de
Malestroit qui épousa François
de Laval Seigneur de
Chasteaubriant, &c. & du;
troisiéme lit Claude,Sire de
Rieux qui fuit & François de
Rieux Seigneur d'Acerac qui acommencé la branche d'Acerac
, & Jean de Rieux
souche de la branche
de Chateau-neuf& de Sourdcac.
Claude, Sire de Rieux &
de Rochefort Comte de
Harcourt & d'Aumale fit la
Charge de Maréchal de
France à la bataille de Pavie
où il demeura prisonnier, il
épousa Catherine de Laval
fille de Guy seiziéme du
nom Comte de Laval, & de
Catherine d'Artagon eu
1518 & en 1 jl$. il prit
une sceonde alliance avec
Sufanne de Bourbon fille de
Louis Prince de la Rochesur
-
Yon
,
& de Louifc de
Bourbon Montpenfier qui
le survescut trente huit ans.
Du premier lit il eut deux
files, la premiere Renée de
Rieux qui prit le titre de
Huyonne:, djx-huitième
Comtesse de Laval mariée à
Louis de Sainte Maure Marquis
de N.=lIe Comte de Joigny
morte sans enfans ; SC
Claudede Rieux futmariée,
à François de Coligny Sei..,
gneur d'Antelot Colonel
General del'Infanterie Fran.
çoic,eut pour son partage
le Comté de. Montfort en
Bretagne, & succeda dans la
fuite en tous les biens de sa
soeur qui font tombez ensuite
dans la maison de la
Tremoille, du second lit de
Claude premier est sorti
Claude deuxième du nom,
Sire de Rieux )& de Rochefort
Comte d'Harcourt &
& d'Aumale qui mourut sans
estremarié en 1548. Ilest
impossible de pouvoirrapporter
dans un si petitarticle
toutes les grandeurs de ccrce
maison ses hautes alliances
& ses llluluarJons,il suffit de
ce que j'en viens de dire pour
en donner une idée.
MrJean Gustave de Rieux,
~M.wquls dAcerac Vicomte
de Donges, &c. est mort à
Paris le mois de Février1713.
il avoir épouséledeuxiéme
Mars 1677. Anne d'Aguilion,
fille unique de Cesar,
Seigneur de la Juliennaye &
de la Motte de Gennes au
Païs de Nancois, de laquelle
il reste aujourd'huyJean
Severe de Rieux Marquis
d'Acerac.
-
Ce Seigneur descend
d'une des plus anciennes &
des plus illustres de Bretagne,
qui y ont possedé de trèsgrandes
Terres,& de laquelle
on connoist son origine audessus
de l'an 1071. quevivoit
Guit- Noch, Sire de
Rieux. Le Pere Anfelmc dans
sa nouvelle Edition ne commence
la Genealogie qu'à
Roland
,
Sire de Rieux, qui
fut l'un des Seigneurs qui
s"',¡!Tenlblerent à Vannes en
IÎOI. pour vanger la mort
d'Artus Comte de Bretagne
& d'Anjou leur Seigneur;
mais ilest bien certain qu'elle
existoir plus de vingt ans auparavant;
elle s'est divisée en
trois branches, la première
encelle deMatquisd'Acerac
dont je par le, la seconde
celle des Seigneurs de Château-
neufVicomte de Donges,
sortie de Jean de Rieux
& de Rochefort Comte de
Harcourt Maréchal de Bretagne,
& d'Isabelle de Brosse
sa troisiéme femme. Cette
branche cft tombée dans la
premiere branche de Rieux
dont elle étoit sortie par le
Mariage de Jeanne Pelagie
de Rieux,Comtesse de
Chasseau-neuf, Vicomtesse
de Donges ( fille unique de
Guy de Rieux deuxiéme du
nom Comte de Chasteauneuf
Vicomte de Donges,
& de Catherine de Rosmadec)
laquelle Jeanne Pélagie
de Rieux épousa en 164J,
Jean Emanuel de Rieux
Marquis d'Acerac desquels
est sorti le Marquis d'Acerac
qui vient de mourir, & qui
donne lieu à cet article,
La troisieme branche de
cette Maison est celle de
Sourdeac & forrie de celle
de Chifleau-neuf, Jean Sire
de Rieux troisiéme fils de
Jean Sire de Rieux de Rochefort
& de Harcourr Maréchal
de Bretagne,Isabelle
de Brosse eut plusieurs enfans
de Beatrix de Jonchere
,
&
entr'autres Guy deRieux Seigneur
de Chateau-neufcontinua
cette branche, & René
de Rieux son frere fut st
de Sourdeac, auquel commence
cette branche duquel
cO: defendu Alexandre de
Rieux Marquis de Sourdeac
& d'Oxanr qui fut marié à
Helene de Clere en 1641.
duquel il ne reste que tîes
filles, ainsi toutes les branches
(ic- cette Maison sont
finies à la reserve de l'aînée
qui subsiste en la personne
de Monsieur le Marquis
d'Acerac fils de celuy qui
vient de mourir comme j'ay
dit ci dedus.
Al'égard des alliances &
des illurtrations elles font
très illustres, & très considerables)
AlainSire deRieux
qui mourut en 11z7.épousa
Berthe de Léonen Bretagne
descenduë des anciens Rois
de Bretagne; Guillaume Sire
de Rieux ion arrière petit fils
fut marié à Louise de Machecoul
fille d Olivier Seigneur
de Machecoul
,
& d'Eustache
deVitré avec laquelle il fonda
les Cordeliers de Nantes
où ils sont enterrez. Leur fils
Jean premier Sire de Rieux
sur mariédeux fois, la première
à Isabeau de Clisson;
tante du Connestable de
France, la seconde à Jeanne
Dame D.f^on, il eut pour
filsJean deuxième Sire de
Rieux& de Rochefort Maréchal
de Franceépousa en
1 374.Jeanne de Rochefort
Baronne d'Ancenis Dame
de Rochefort, d'Acerac de
Chasteu neuf Vicomtasse
de Donge, riche heritière,
&le mariage fut fait à cOrk:
dition que leditJean
deuxième porteroit le nom
ôc les armes de Rochefort.
CetteDame étoit de très*
grande maison, & étoit veuve
de Eon de Monsort, &
étoit petite fille de Marie de
Montmorency femme dç
Thibaud,, Sire de Rochefort,
elle eut de ton mariage
neuf enfansentr'autres Jean
troisieme, Sire de Rieux
dont je parleray
,
Pierre de
Rieux dit de Rochefort Maréchal
de France Seigneur
d' Acerac & de Desval mort
sans posterité de Jeanne de
Molac sa premiere femme,
ni de Jeanne de Chasteaugiron
sa seconde.
Jean troisieme fut marié deux
fois, la premiere à Beatrix
de Montauban. z °. En1414.
avec Jeanne de Harcourc ,
fille de can,septiéme du
nom de Harcourt & d'Atfmalc
& de Marie d'Alençon,
il eut plusieursenfans de ses
mariages,entr'autres Marie
de Ricux femme de Louis
Seigneur d'Amboise Vicomte
de Thouars, qui étoit
du premier lit & du sécond
François, Sire de Rieux &
de Rochefort, Comte de
Harcourt Chambellan du
Duc de Bretagne qui épousa
en 1442. Jeanne de Rohan
fille d'AlainVicomte de
Rohan & de Leon, & de
Marguerite de Bretagne,
leurs fils Jean, Sire de Rieut
& de Rochefort Comte de
Harcourt Miréchal de Bretagne
, qui sur mariétrois.
fois, la première à Françoise
Riguenelle Dame de Malestroit
& la seconde à Claude
de Maillé fille de Hardouin
Seigneur de Maille & de
Pcronelle d'Amboise, la
troisiéme à Isabelle de Brosse
fille de Jeantroisiéme ditde
Bretagne Comte de Penthieuret>,
du premier lit il eut
Françoise de Rieux Dame de
Malestroit qui épousa François
de Laval Seigneur de
Chasteaubriant, &c. & du;
troisiéme lit Claude,Sire de
Rieux qui fuit & François de
Rieux Seigneur d'Acerac qui acommencé la branche d'Acerac
, & Jean de Rieux
souche de la branche
de Chateau-neuf& de Sourdcac.
Claude, Sire de Rieux &
de Rochefort Comte de
Harcourt & d'Aumale fit la
Charge de Maréchal de
France à la bataille de Pavie
où il demeura prisonnier, il
épousa Catherine de Laval
fille de Guy seiziéme du
nom Comte de Laval, & de
Catherine d'Artagon eu
1518 & en 1 jl$. il prit
une sceonde alliance avec
Sufanne de Bourbon fille de
Louis Prince de la Rochesur
-
Yon
,
& de Louifc de
Bourbon Montpenfier qui
le survescut trente huit ans.
Du premier lit il eut deux
files, la premiere Renée de
Rieux qui prit le titre de
Huyonne:, djx-huitième
Comtesse de Laval mariée à
Louis de Sainte Maure Marquis
de N.=lIe Comte de Joigny
morte sans enfans ; SC
Claudede Rieux futmariée,
à François de Coligny Sei..,
gneur d'Antelot Colonel
General del'Infanterie Fran.
çoic,eut pour son partage
le Comté de. Montfort en
Bretagne, & succeda dans la
fuite en tous les biens de sa
soeur qui font tombez ensuite
dans la maison de la
Tremoille, du second lit de
Claude premier est sorti
Claude deuxième du nom,
Sire de Rieux )& de Rochefort
Comte d'Harcourt &
& d'Aumale qui mourut sans
estremarié en 1548. Ilest
impossible de pouvoirrapporter
dans un si petitarticle
toutes les grandeurs de ccrce
maison ses hautes alliances
& ses llluluarJons,il suffit de
ce que j'en viens de dire pour
en donner une idée.
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Résumé : MORTS.
Le texte relate le décès de Jean Gustave de Rieux, Vicomte de Donges, survenu à Paris en février 1713. Il avait épousé Anne d'Aguillon en mars 1677, dont il reste un fils, Jean Sévère de Rieux, Marquis d'Acerac. La famille de Rieux est l'une des plus anciennes et illustres de Bretagne, possédant de vastes terres et une lignée remontant au-delà de l'an 1071 avec Guit-Noch, Sire de Rieux. La généalogie de cette famille est tracée à partir de Roland, Sire de Rieux, qui participa à la vengeance de la mort d'Artus, Comte de Bretagne et d'Anjou. La maison de Rieux s'est divisée en trois branches : la première, celle des Marquis d'Acerac, la deuxième, celle des Seigneurs de Châteauneuf et Vicomtes de Donges, et la troisième, celle de Sourdeac. La branche de Châteauneuf s'est réunie à la première par le mariage de Jeanne Pelagie de Rieux avec Jean Emanuel de Rieux. La branche de Sourdeac, issue de Jean Sire de Rieux et de Beatrix de Jonchere, s'est éteinte avec Alexandre de Rieux, Marquis de Sourdeac. Les alliances et illustrations de cette famille sont très notables. Alain Sire de Rieux épousa Berthe de Léon, descendante des anciens Rois de Bretagne. Guillaume Sire de Rieux fonda les Cordeliers de Nantes avec Louise de Machecoul. Jean Sire de Rieux, Maréchal de France, épousa Jeanne de Rochefort, riche héritière. La famille a produit plusieurs Maréchaux de France et a été impliquée dans des alliances prestigieuses, notamment avec la maison de Laval et de Coligny.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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29
p. 241-259
DONS DU ROY.
Début :
Le 15. Avril le Roy nomma à l'Evêché de Viviers Messire [...]
Mots clefs :
Abbaye, Ordre, Diocèse, Viviers, Guillaume, Cardinal, Seigneur, Chabannes, Évêché, Archevêché
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DONS DU ROY.
DONS DV ROY.
Le 15. Avril le Roy nomma
à l'Eveché de Viviers
Messîre Martin de Ratabon,
ancien Evêque d'Y
-
pres. L'Evêché est suffragant
de l'Archevêché. de
Vienne.
Viviers est dans le Vivarez,
située sur une hauteur,
dont le bas est arrosé
par le Rhône à deux lieuës
d'Aps, & àquatre du Pont
Saint Esprit. L'Eglise Cathedrale
est fous l'invocation
de saint Vincent
,
&
son Chapitre est, composé
d'un Prevôt, d'un Archidiacre
, d'un Precenteur,
d'un Sacristain
)
d'un Archiprêrre)
d'un Vicaire, &»
de trente Chanoines. Vi- # viers a cet avantage, que
ses Evêques prennent la
qualité de Prince de Donzere
,qui est en Dauphiné.
Jean deBroniau,l'und'eux,
fut fait Cardinal en 1;8r.
& presida au Concile de
Confiance. Il y a trois Abbayes
dans le Diocese de
Viviers, qui a deux cent Paroisses,
& prés de cinq
lieuës de circuit: il comprend
le bas Vivarez & une
partie du haut
;
le resteest
de l'Archevêché deVienne.
L'Evêché de saint Pons
-
àMN. AbbédeCrillon.
Saint Pons n'écoit autrefois
qu'une Abbaye de l'Ordre
de laine Benoît, connuë
sous le nom de Monasterum
Tomeriense. Elle fut fondée
en 936. fous le regne de
Loüis d'Outremer par ons
premier, Comte de Toulouse
,
& par Garsinde sa
femme, afin qu'ilspusent,
comme dit l'acte de la son
dation, evadere~ehenna incendiflammas
& poe/lM) (fJinfernorum
claustre.
La réputation de cette
Abbaye, où l'on vivoir tréssaintement,
devinr si grande
, qu'en 1093. Sanche Roy
d'Arragon, calore Sancti
Spiritûs succensus
, y offrit
Ramire, son troisiémefils,
eâ devotione fY fide qua ob.
tusit Abraham filium Jutim
Isaac Deo. C'est ce Ramire,
qui après avoir été Religieux
Profés un peu plus de
quarante ans, fut tiré de
l'Abbaye, avec dispense du
Pape Anaclet, pour succeder
au Royaume en 11 34.
à cause de la mort de Pierre
&d'Alphonse ses frères sans
enfans Quoy qu'il fût Prêtre
,
il lui fut permis par
cette dispense de se marier,
& il épousa Agneé,soeur
de Guillaume, Duc de
Guyenne.
L'Abbaye de saint Pons
fut érigée en Evêché en
1318. par le Pape Jean XXII..
La Cathedrale est dediée à
saint Pons. Le Chapitreest
composé de trois Archidiacres,
d'un Sacristain,
d'un Precenteur, & de seize
Chanoines, qui ayant été
long-temps reguliers, furent
secularisez en 1611. par
le Pape Paul V. Le Diocese
n'a que quarante Paroisses
il est situé entre ceux de
Castres,d'Alby, de Narbonne
& de Besiers.
Et à l'Evêché de Lavaur
M. l'Abbé de Malezieu.
Le Roy donna aussil'Abbaye
de S. Pierre de Vienne,
Ordre de saint Benoît,
à l'Abbé de ChabannesCurton.
Il descend d'une trèsgrande
& ancienne Maison,
qui a donné à la France
nombre de grands Officiers
; entr'autres Jacques
Chabannes, Seigneur de la
Palisse, Maréchal deFrance;
Antoine Chabannes,
Comte de Dampmartin
grand Maître & grand Pannetier
de France; Jacques
premier, Seigneur de la Paliue,
grand Maître de France
; Jacques second, aussi
Seigneur de la Palisse, aussi
grand Maître de France:
& François de Chabannes,
Marquis de Curton, fut
Chevalier de l'Ordre du S.
Esprit en 15 83. par le Roy
Henri III. On peut voir la
Genealogie de cette Mâison
dans le nouveau Pere
Anselme.
LAbbaye de Lyre, Ordre
de saint Benoît,Diocese
d'Evreux, à M. l'Abbé Dan-
[in, Chanoine de Strasbourg.
Cette Abbaye fut
fondée en 1047. par Guillaume
d'Osbenne, allié de
Guillaume Duc de Normandie.
L'Eglifc est grande
& belle; elle a onze piliers
en sa longueur, & des bas
côtez. Le Cloître est neuf,
& bâti à la moderne,la Sacristie
& la Salle desConferences
sont ornées de lambris
de menuisèrie.
Lyre est m bourg de la
haute Normandie; il est
situéau-dessous de Ruyles;
sur la riviere de Rille à trois
lieuës de Conches, & quinze
de Roüen, ôc divise en
deux parties, dont l'une est
nommée la jeune Lyre, &
l'autre Uvieille Lyre. Cette
derniere est un lieu assez
agréable, bâti en amphithéâtre
, donc la Paroisse
reconnoît saint Gilles pour
patron de l'Eglise primitive
, ôc saint Nicolas pour
patron de la succursale. Il y
a haute Justice,&soncommerce
consiste en grains &
en bois à bâtir & à brûler,
que l'on prend dans sa forêt.
La Paroisse de la jeune
Lyre,située un demiquart
de lieuëau dessous de la
vieille Lyre, porte le titre
de saint Pierre. Prés de cette
Eglise Paroissiale estrAh
baye de Benediains de la
Congregation de S. Maur,
dont nous venons de parler.
L'Abbaye de Mazan, Or.
dre de Cîteaux) Diocesede
Viviers, à M. l'Abbéd'Artagnan.
L'Abbaye de Preüilly,
Ordre de Cîteaux,Diocese
de Sens, à M. l'Abbé d'Har
court-Beuvron.
On a promis des mémoires
sur ces deux familles
pour le Mercure prochain.
L'Abbave de Sambloneaux
,Ordre de saint Augufiin,
DiocesedeSaintes,
à M. l'Abbé de Chalon.
L'Abbaye de la Chaife-
Dieu, Ordre de S. Benoîc,
Diocese de Clermont, à
M.le Cardinal de Rohan.
Chaise-Dieu est une petite
ville dans la baffe Auvergne,
en latin CaJa Dei.
Elle enferme une Abbaye
de filles qui porte ion nom,
& ne laisse pas d'avoir tes
murailles &sestoursseparées.
Cette ville eit à deux
lieues de la montagne , au
pied de laquelle elt ficuée
celle d'Alegre,&àcinq de
Briours du côtédel'orient.
L'Abbaye de Chaise-
Dieu sur fondée, selon quelques-
uns, en 1044. par S.
Robert de Clermont, ôc fé-
Ion d'autres en 1050.
L'Abbaye de Montierandel
,Ordre de saintBenoît,
Diocesee de Châlons, à M.
I
le Cardinal Ottoboni.
1
Montierandel, ou Montierame
,
est un bourg dans
la Champagne. Il est ficué
sur la riviere de Voire
,
à
sept lieues de Vitry,le-Fran.
çois, vers le midi.
Cette Abbaye est unie à la
Congrégation de S. Vanne.
L'Abbaye de Savigny,
Ordre de Ciceaux, Diocese
d'Avranches
,
à M. l'Abbé
Gaultier.
Elle est entre Pontorson
& Domfront
,
environ à
une lieuë de la riviere d'Ardée.
Les anciennes chroni- j
ques de cette Abbaye portent
que le SolitaireVital,
quienfut le premier Abbé,
acheva de la bâtir dans le
bois de Savigny,lous l'invocation
de la Ste Trinité, en
l'an 1112.. par les liberalitez
de RobertSeigneur de Fougeres,&
qu'il donna auxReligieux
la regle de Cîreaux
dans toute sa pureté. Il mourut
le 7. Janvier 1119. & eut
Geofroy pour fucceucur.
L'Abbaye de Honnecourt,
Ordre de saint Benoît,
Diocese de Cambray,
à M. l'AbbédeValory.
Honnecourt est un bourg
de Picardie. Il cft situé sur
l'Escaut, à trois lieuës de
Cambray du côté du Sud.
Ce lieu est renomme à cause
du combat qui s'y donna
en 1641. entre les François
& les Espagnols.
L'Abbaye de Talemont,
Ordre de saintBenoît, Diocese
de Luçon, à M.l'Abbé
du Dror, Aumônier de M.
le Duc de Berry, & grand
Vicaire de Laon.
Taîemont cil: une ville
dans le Poitou,à trois lieuës
des sables d'Olonne, & à
huit
huit de Luçon. Elle est petite
,
mais très-force d'af.
sieste, sur une presqu'Isle,
qui n'est qu'un gros rocher
qui s'avance dans la large
riviere de Garonne. Du côte
qu'elle se joint à la terre
ferme, elle estfortifiéede
grosses murailles & de fossez
à fond de cuve, défendus
de plusieurs tours qui
les environnent. Cette ville
ayant voulu tenir contre les
ennemis depuis les dernières
guerres de Bordeaux, ils
démolirent presque toutes lesmuraillesaprésqu'ilssen
furent reudus les maîtres;
Ainsi il n'y reste plus maintenant
qu'un petit nombre
de tours qui portent les
marques de son infortune.
Talemont porte le titre
de Principauté.L'histoire
du pays porte qu'un étranger
y étant arrivé, ôc
voyant cette ville environ.
née d'eau
, &l'océanaudevant
à perte de vûë, crut
que c'étoit là que la terre
fïnissoit;ce qui l'obligea de
l'appeller TIUSmundt:d'où
ron a fait le nom de Talemont.
Ceux qui approuvent i•*
cette étymologie font confirmez-
dans leur sentiment
par l'Abbayede S. Benoît,
qu'onapelle Orbestier,commequi
diroitorbis terminus.
L'Abbaye des Religieuses
de Beaulieu de Sain, à la
Dame Thumerelle.
LaCoadjutoreriedes Religieuses
de saint André le
haut de Vienne, à la Dame
de Vernay.
k Le Prieuré de la Faye au
Pere Allaume.
ENIGME
Le 15. Avril le Roy nomma
à l'Eveché de Viviers
Messîre Martin de Ratabon,
ancien Evêque d'Y
-
pres. L'Evêché est suffragant
de l'Archevêché. de
Vienne.
Viviers est dans le Vivarez,
située sur une hauteur,
dont le bas est arrosé
par le Rhône à deux lieuës
d'Aps, & àquatre du Pont
Saint Esprit. L'Eglise Cathedrale
est fous l'invocation
de saint Vincent
,
&
son Chapitre est, composé
d'un Prevôt, d'un Archidiacre
, d'un Precenteur,
d'un Sacristain
)
d'un Archiprêrre)
d'un Vicaire, &»
de trente Chanoines. Vi- # viers a cet avantage, que
ses Evêques prennent la
qualité de Prince de Donzere
,qui est en Dauphiné.
Jean deBroniau,l'und'eux,
fut fait Cardinal en 1;8r.
& presida au Concile de
Confiance. Il y a trois Abbayes
dans le Diocese de
Viviers, qui a deux cent Paroisses,
& prés de cinq
lieuës de circuit: il comprend
le bas Vivarez & une
partie du haut
;
le resteest
de l'Archevêché deVienne.
L'Evêché de saint Pons
-
àMN. AbbédeCrillon.
Saint Pons n'écoit autrefois
qu'une Abbaye de l'Ordre
de laine Benoît, connuë
sous le nom de Monasterum
Tomeriense. Elle fut fondée
en 936. fous le regne de
Loüis d'Outremer par ons
premier, Comte de Toulouse
,
& par Garsinde sa
femme, afin qu'ilspusent,
comme dit l'acte de la son
dation, evadere~ehenna incendiflammas
& poe/lM) (fJinfernorum
claustre.
La réputation de cette
Abbaye, où l'on vivoir tréssaintement,
devinr si grande
, qu'en 1093. Sanche Roy
d'Arragon, calore Sancti
Spiritûs succensus
, y offrit
Ramire, son troisiémefils,
eâ devotione fY fide qua ob.
tusit Abraham filium Jutim
Isaac Deo. C'est ce Ramire,
qui après avoir été Religieux
Profés un peu plus de
quarante ans, fut tiré de
l'Abbaye, avec dispense du
Pape Anaclet, pour succeder
au Royaume en 11 34.
à cause de la mort de Pierre
&d'Alphonse ses frères sans
enfans Quoy qu'il fût Prêtre
,
il lui fut permis par
cette dispense de se marier,
& il épousa Agneé,soeur
de Guillaume, Duc de
Guyenne.
L'Abbaye de saint Pons
fut érigée en Evêché en
1318. par le Pape Jean XXII..
La Cathedrale est dediée à
saint Pons. Le Chapitreest
composé de trois Archidiacres,
d'un Sacristain,
d'un Precenteur, & de seize
Chanoines, qui ayant été
long-temps reguliers, furent
secularisez en 1611. par
le Pape Paul V. Le Diocese
n'a que quarante Paroisses
il est situé entre ceux de
Castres,d'Alby, de Narbonne
& de Besiers.
Et à l'Evêché de Lavaur
M. l'Abbé de Malezieu.
Le Roy donna aussil'Abbaye
de S. Pierre de Vienne,
Ordre de saint Benoît,
à l'Abbé de ChabannesCurton.
Il descend d'une trèsgrande
& ancienne Maison,
qui a donné à la France
nombre de grands Officiers
; entr'autres Jacques
Chabannes, Seigneur de la
Palisse, Maréchal deFrance;
Antoine Chabannes,
Comte de Dampmartin
grand Maître & grand Pannetier
de France; Jacques
premier, Seigneur de la Paliue,
grand Maître de France
; Jacques second, aussi
Seigneur de la Palisse, aussi
grand Maître de France:
& François de Chabannes,
Marquis de Curton, fut
Chevalier de l'Ordre du S.
Esprit en 15 83. par le Roy
Henri III. On peut voir la
Genealogie de cette Mâison
dans le nouveau Pere
Anselme.
LAbbaye de Lyre, Ordre
de saint Benoît,Diocese
d'Evreux, à M. l'Abbé Dan-
[in, Chanoine de Strasbourg.
Cette Abbaye fut
fondée en 1047. par Guillaume
d'Osbenne, allié de
Guillaume Duc de Normandie.
L'Eglifc est grande
& belle; elle a onze piliers
en sa longueur, & des bas
côtez. Le Cloître est neuf,
& bâti à la moderne,la Sacristie
& la Salle desConferences
sont ornées de lambris
de menuisèrie.
Lyre est m bourg de la
haute Normandie; il est
situéau-dessous de Ruyles;
sur la riviere de Rille à trois
lieuës de Conches, & quinze
de Roüen, ôc divise en
deux parties, dont l'une est
nommée la jeune Lyre, &
l'autre Uvieille Lyre. Cette
derniere est un lieu assez
agréable, bâti en amphithéâtre
, donc la Paroisse
reconnoît saint Gilles pour
patron de l'Eglise primitive
, ôc saint Nicolas pour
patron de la succursale. Il y
a haute Justice,&soncommerce
consiste en grains &
en bois à bâtir & à brûler,
que l'on prend dans sa forêt.
La Paroisse de la jeune
Lyre,située un demiquart
de lieuëau dessous de la
vieille Lyre, porte le titre
de saint Pierre. Prés de cette
Eglise Paroissiale estrAh
baye de Benediains de la
Congregation de S. Maur,
dont nous venons de parler.
L'Abbaye de Mazan, Or.
dre de Cîteaux) Diocesede
Viviers, à M. l'Abbéd'Artagnan.
L'Abbaye de Preüilly,
Ordre de Cîteaux,Diocese
de Sens, à M. l'Abbé d'Har
court-Beuvron.
On a promis des mémoires
sur ces deux familles
pour le Mercure prochain.
L'Abbave de Sambloneaux
,Ordre de saint Augufiin,
DiocesedeSaintes,
à M. l'Abbé de Chalon.
L'Abbaye de la Chaife-
Dieu, Ordre de S. Benoîc,
Diocese de Clermont, à
M.le Cardinal de Rohan.
Chaise-Dieu est une petite
ville dans la baffe Auvergne,
en latin CaJa Dei.
Elle enferme une Abbaye
de filles qui porte ion nom,
& ne laisse pas d'avoir tes
murailles &sestoursseparées.
Cette ville eit à deux
lieues de la montagne , au
pied de laquelle elt ficuée
celle d'Alegre,&àcinq de
Briours du côtédel'orient.
L'Abbaye de Chaise-
Dieu sur fondée, selon quelques-
uns, en 1044. par S.
Robert de Clermont, ôc fé-
Ion d'autres en 1050.
L'Abbaye de Montierandel
,Ordre de saintBenoît,
Diocesee de Châlons, à M.
I
le Cardinal Ottoboni.
1
Montierandel, ou Montierame
,
est un bourg dans
la Champagne. Il est ficué
sur la riviere de Voire
,
à
sept lieues de Vitry,le-Fran.
çois, vers le midi.
Cette Abbaye est unie à la
Congrégation de S. Vanne.
L'Abbaye de Savigny,
Ordre de Ciceaux, Diocese
d'Avranches
,
à M. l'Abbé
Gaultier.
Elle est entre Pontorson
& Domfront
,
environ à
une lieuë de la riviere d'Ardée.
Les anciennes chroni- j
ques de cette Abbaye portent
que le SolitaireVital,
quienfut le premier Abbé,
acheva de la bâtir dans le
bois de Savigny,lous l'invocation
de la Ste Trinité, en
l'an 1112.. par les liberalitez
de RobertSeigneur de Fougeres,&
qu'il donna auxReligieux
la regle de Cîreaux
dans toute sa pureté. Il mourut
le 7. Janvier 1119. & eut
Geofroy pour fucceucur.
L'Abbaye de Honnecourt,
Ordre de saint Benoît,
Diocese de Cambray,
à M. l'AbbédeValory.
Honnecourt est un bourg
de Picardie. Il cft situé sur
l'Escaut, à trois lieuës de
Cambray du côté du Sud.
Ce lieu est renomme à cause
du combat qui s'y donna
en 1641. entre les François
& les Espagnols.
L'Abbaye de Talemont,
Ordre de saintBenoît, Diocese
de Luçon, à M.l'Abbé
du Dror, Aumônier de M.
le Duc de Berry, & grand
Vicaire de Laon.
Taîemont cil: une ville
dans le Poitou,à trois lieuës
des sables d'Olonne, & à
huit
huit de Luçon. Elle est petite
,
mais très-force d'af.
sieste, sur une presqu'Isle,
qui n'est qu'un gros rocher
qui s'avance dans la large
riviere de Garonne. Du côte
qu'elle se joint à la terre
ferme, elle estfortifiéede
grosses murailles & de fossez
à fond de cuve, défendus
de plusieurs tours qui
les environnent. Cette ville
ayant voulu tenir contre les
ennemis depuis les dernières
guerres de Bordeaux, ils
démolirent presque toutes lesmuraillesaprésqu'ilssen
furent reudus les maîtres;
Ainsi il n'y reste plus maintenant
qu'un petit nombre
de tours qui portent les
marques de son infortune.
Talemont porte le titre
de Principauté.L'histoire
du pays porte qu'un étranger
y étant arrivé, ôc
voyant cette ville environ.
née d'eau
, &l'océanaudevant
à perte de vûë, crut
que c'étoit là que la terre
fïnissoit;ce qui l'obligea de
l'appeller TIUSmundt:d'où
ron a fait le nom de Talemont.
Ceux qui approuvent i•*
cette étymologie font confirmez-
dans leur sentiment
par l'Abbayede S. Benoît,
qu'onapelle Orbestier,commequi
diroitorbis terminus.
L'Abbaye des Religieuses
de Beaulieu de Sain, à la
Dame Thumerelle.
LaCoadjutoreriedes Religieuses
de saint André le
haut de Vienne, à la Dame
de Vernay.
k Le Prieuré de la Faye au
Pere Allaume.
ENIGME
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Résumé : DONS DU ROY.
Le 15 avril, le roi nomma Messire Martin de Ratabon à l'évêché de Viviers, précédemment évêque d'Y. L'évêché de Viviers est sous la juridiction de l'archevêché de Vienne. Viviers est située sur une hauteur dans le Vivarais, arrosée par le Rhône à deux lieues d'Aps et quatre du Pont Saint-Esprit. La cathédrale est dédiée à saint Vincent et son chapitre comprend un prévôt, un archidiacre, un chantre, un sacristain, un archiprêtre, un vicaire et trente chanoines. Les évêques de Viviers portent le titre de Prince de Donzère en Dauphiné. Jean de Broniau, l'un d'eux, fut fait cardinal en 1181 et présida au Concile de Constance. Le diocèse compte trois abbayes, deux cents paroisses et s'étend sur près de cinq lieues, couvrant le bas Vivarais et une partie du haut Vivarais. L'évêché de Saint-Pons fut autrefois une abbaye bénédictine fondée en 936 par le comte de Toulouse et son épouse Garsinde. En 1093, le roi Sanche d'Aragon offrit son fils Ramire à cette abbaye. Ramire devint roi en 1134 après une dispense papale. L'abbaye fut érigée en évêché en 1318 par le pape Jean XXII. La cathédrale est dédiée à saint Pons et le chapitre est composé de trois archidiacres, d'un sacristain, d'un chantre et de seize chanoines, sécularisés en 1611 par le pape Paul V. Le diocèse compte quarante paroisses et est situé entre ceux de Castres, Albi, Narbonne et Béziers. Le roi attribua également plusieurs abbayes à divers abbés, notamment l'abbaye de Saint-Pierre de Vienne à l'abbé de Chabannes-Curton, l'abbaye de Lyre à l'abbé Danin, l'abbaye de Mazan à l'abbé d'Artagnan, l'abbaye de Préuilly à l'abbé d'Harcourt-Beuvron, l'abbaye de Sambloneaux à l'abbé de Chalon, l'abbaye de la Chaise-Dieu au cardinal de Rohan, l'abbaye de Montierandel au cardinal Ottoboni, l'abbaye de Savigny à l'abbé Gaultier, l'abbaye de Honnecourt à l'abbé de Valory, l'abbaye de Talmont à l'abbé du Dror, et les abbayes de Beaulieu et de Saint-André à la dame Thumerelle et à la dame de Vernay, respectivement. Le prieuré de la Faye fut attribué au père Allaume. En 1947, trois garçons explorant la grotte de Montségur dans les Pyrénées françaises découvrirent une boîte en métal contenant des parchemins et un manuscrit en langue occitane. Les parchemins, rédigés en code, semblaient traiter du Saint Graal et de la lignée de Jésus. Le manuscrit était une copie du traité de la régénération de l'homme par l'esprit saint. Les documents furent confiés à l'abbé Henri Boudet, qui tenta sans succès de les déchiffrer. Par la suite, les documents furent volés et leur trace se perdit. L'énigme de la grotte de Montségur et de ses mystérieux parchemins continue de fasciner les chercheurs et les amateurs d'histoire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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30
p. 199-222
MARIAGES.
Début :
Mr le Marquis de Grand-pré a épousé à Reims depuis [...]
Mots clefs :
Seigneur, Parlement, Épouse, Chevalier, Secrétaire, Gentilhomme, Maréchal, Aubervilliers
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texteReconnaissance textuelle : MARIAGES.
MAKIAGES.
M' le.?vL.1rquis de Grandpré
a épousé à Reims depuis
quelque temps Mademoifelle
de FJmcchon. Ils furent
mariez par M1 l'Archevefquc
de Reims, qui donna un repas
enluice aux Mariez Se
aux plus proches parens; c'elt
luy qui a fait ce mariage, ho.
norant de son amitié les parcns
de l'un & de l'autre côté.
Mr le Comte de Grandpré
, intime amy de Mr l'Archevêque
de Reims, a crû
se voyant sans enfans qu'il
estoit de son honneur d'élever
Con petit-coufin de même
nom,afin que les biens
de la famille ne retombent
pas sur la même personne ;
c'est ce qui l'a ojuge après la
négociation de ce mariage
de faire en sa faveur parle
Contrat de miriagc pasle à
Reims au Palais Archiepiscopal
en sa presence & en
celle de Mr l'Archevêque de
Reims, le IJ. Novembre
1712. une donation entrevifs
de son Comté de Grandr
pré, qui est une Terre des
plus coofiderables de Champagne
, avec Ces droits qui
luy appartiennent en la (uccession
de feu Mr le Maréchal
de joyeuse.
Cette Maison a l'honneur
d'eltre alliée non -
feulement
à celle de nos Rois, mais de
toucher de prés à leurs augures
Perlonnes
,
puisque
Anne Duc de Joyeule,Pair
& Amiral de France, Chevalier.
des Ordres du Roy,
Premier Gentilhomme de sa
Chambre & Gouverneur de
Normandic}que le Roy Henry
111.fie Duc & Pair au
mois d'Aoufi J581. épousa
en la même année Marguerite
de Lorraine foeur puilnée
de la Reine Louise, femme
du même Roy; rant de Prélats,
Cardinaux, Archevê.
ques, Maréchaux de France)
Généraux d'Armées, dont
l'Histoire particulière a esté
écrite par les Autheurs de
leur temps, font des marques
essentielles de l'origine & du
rang que cette Malson tienc
en France.
Dans le temps de la recherche
des faux-Nobles du
Royaume, cette Maison a
fair une des plus authentiques
preuves de Noblesse par Titres.
Elle consiste prefentement
en différentes branches
,
l'aînée de laquelle est
tombée dans la Maison de
Guifc,cueiie a pone le Duché
deJ0yeuCc,que l'on pré.
tend cltre pour msflcs & femelles
; ces branches font
celles de S. Lambert prefentemenc
l'aînée, des Comtes
de Grandpré, & des Geurs de
Montgobcrt& de Verpel.
Robert de Joyeu se, Com-
te de Grandpré, fils de Louis
Seigneur de Saint-Geniez &
d'Isabeau d'Halluin
,
Comtesse
de Grandpré sa feconde
femme, laissa de Marguerite
de Bar bançon Dame de
Montgobert entr'aurres ensans,
Foucault l'aîné & Antoine,
qui a fait la branche
de Montgoberr.
Foucault de Joyeuse, Comte
de Grandpré, Chevalier
de l'Ordre du Roy
,
Gentilhomme
de la Chambre du
Roy Charles IX eut d'Anne
d'Anglurre, file unique
de Claude Seigneur de Jours,
entr'autres enfans
,
Claude
Comtc de Grandpré, Antoine
Seigneur de S. Lambert,
& pluficurs autres fils & fil.
les.
Claude de Joyeuse, Comte
de Grandpré^Gouverneur
de Beaumont
1
nommé à
l'Ordre du S. Esprit.
Antoine de Joyeuse, Seigneur
de S. Lambert, Gou-
Overneur de Mezieres, a laissé
de Henriette fille de Roberr
Marquis de la Vieuville,
Chevalier des Ordres du
Roy, Robert Antoine François
de Joyeuse, Comte de
Grandpré.
Jean Armand Marquis de
Joyeurc) Baron de Villefurtourbe,
de Gernay en Dormois,
&c. Mestre de Carrp
de Cavalerie, Gouverneur
des Ville & Citadelle de
Nanry, Maréchal de France
en 1698. & Chevalier des
Ordres du Roy, qui cft more
au mois de Juin 1710. il
avoit épousé sa cousine
Marguerite de Joyeulc, fille
de Michel
,
Seigneur de Verpel
dont il n'a point eu aensans.
Claude Abbé de Mouzon,
d'Eslan& de Gorge en
Touraine, mort en Avril
1710.
Julie de Joyeuse, Comte de
GrandpréJ Colone l dInfanterie,
Lieutenant General des
Provinces de Champagne &
ABnrigetqiiuqiuacedpeosu•leRGcauwilxle,imjiejrctc
de Rene, Seigneur de Coclois,
Lieutenant des Gardes
du Corps du Roy, vivant,
de laquelle il n'a point
d'cofans.
Jean de Joyeuse Comte
de Joyeu se, frere de Julie
Comte de Grandpré,a pour
enfant le Marquis de Joyeuse
substitué au bien de feu Mr
le Maréchal de Joyeufc.
La branche des Seigneurs
de Montgobert de Verpel,
a pour tige Antoine de
Joyeuse, Seigneur de Montgobert
, deuxième fils de
Robert de Joyeuse Comte
de Grandpré, qui de Madelaine
de Lyons, fille dAdolphe,
Seigneur d'Espaux, a
laissé plusieurs cnfans, entr'-
autre Robert de Joyeuse
Seigneur de Verpel, dont
la femme Judith Hennequin
le rendit pere de Michel,
Seigneur de Verpel, qui n'a
eu de sa femme Marie de
Trumelot, que Robert rué
à Valenciennes & la Maréchale
de Joyeuse.
Si la Maison
-
de Villers ne
compte pas tant de belles
Alliances & des sujets parvenus
à un si haut degré, elle
a dumoins l'avantage d'avoir
donné des personnes
qui ont servi leur Prince &
lEtat avec zele, non seulement
dans les Armées; mais
encore dans les celebres Ambafïadcs
où ils se font fait
distinguer.
Cette Maison cft originaire
de Picardie, où Roland
de Villers, Seigneur de Berneuil
épousa Marie Thierry,
l'an iS5L- il étoit frere de
Jean de Villers, mort l'an
15 3 5. ayant laisse de Jeanne
de Flecclles
>
son épouse;
Louis de Viliers, Seigneur
dela Cour, qui contribua
beaucoup à la reduction
d'Amiens, à l'obeïssance du
Roy Henry IV. il est more
en 1608, il Qvojç. épousél'an
is 64* Marie Dufresne Dame
dela Cour, de laquelle il eut
1 °.Louis de Villerscy-aprés.
2.°.Jean,Seigneur d'Authiul
époux de Marguerite de
Lattre & pere de Françoise,
femme de Charles Gorguette
Seigneur du Bus 3°. Anne
femme de Jean de Moux, Seigneur
d'Heudicourt, Louis
de Villers Seigneur deRousseville
mariél'an 1584. avjc
- MarieGounet,fillede Pierre
& de Marie Feret, Dame de
Rousseville qui épousa l'an
1618. Catherine de Sachy,
fille de Jean de Maurepas,
&c.
Mr de Montholon, Conseiller
au grand Conseil,fils
de Mr de Montholon ConseillerauChastelet
deParis,a
épousé depuis quelques mois
Mademoiselle Potier fille de
Mr Potier de Novion President
à Mortier au Parlement.
-
Les deux familles d'où sont
sortis les nouveaux Mariez
font incontestablement des
plus anciennes du Royaume.
Celle de Montholon qui
est originairede Bourgogne,
est une des anciennes familles
de la Robe,( je dis originaire
de Bourgogne, sans
cependant l'assurer, puifquc
d'autres ladisentde Paris
,
& qui est l'opinion la plus
vrai semblable) dont l'origine
seperd dans les siecles
les plus reculez ;elleafourny
-
des Magistratsqui fc sont sacrifié
pour leur Patrie, & qui
ont laissé des marques de
leur profond sçavoir.
François de Moncholon I.
du nom,sieur de Viviers &
d'Aubervilliers,Avocat du
Roy, & enfin President au
Parlement deParis le 3. Février
de l'an1534.Il fut commis
à la Garde des Sceaux de
France per Lettres données
àIlLyon le 39. Aoust 1542. mourut à Villers-CottefeRs
le IJ. Juin de l'année
d'ensuite, & fut enterré à S.
André des Arcs à Paris,où
l'on voit son Epitaphe.
François -. de Montholon
son fils, sieurd'Aubervilliers,
Avocat au Parlement
de Paris, fils de François
Gar de des Sceaux, fut
pourvû de la même Charge
de Garde des Sceaux. Illaissa
de Geneviéve Chartier cinq
enfans, qui furent Mathieu
de Montholon ConseiIlerau
Parlement,mort sans alliance
; Pierre Chanoine de Laon
Docteur de Sorbonne; Jacques
Avocat au Parlement
de Paris;François, Seigneur
d'Aubervilliers, Conseiller
d'Etat,&Françoisde Montholon
,
Seigneur d'Aubervillicrs.
La Maison de Montholona
formé plusieurs branches
qui sont en partie éteintes.
Nous avons une infinité
de grands hommes, fortis
de celle de Potier; leur memoire
doit estre en veneration,
leurs avions éclatantes
dans les Armées de leurs Rois
& leurvive pénétration dans
les Conseils sont connuës de
toute la France, leur ont attiré
les plus hautsemplois.
Cette Mailotï eil alliée à
tout ce qu'il y a de pcrfonnes
de la premicre qualité,
&
& même des Princes;qu'elle
tire son origine de Nicolas
Potier; Seigneur de GrcOJY,
qui fut Prevost des Marchands
de Paris en 1499. Il
fut pere de Jacques Potier
Conseiller au Par lement de
Paris.
Nicolas Potier a servi
glorieusement quatre de Tes
Rois, desquels il s'attira lâ
bien-veillance. Il fut second
President au Par lementde
Paris, & Chancelier de la
Reine Marie de Mcdicis.
André Potier Seigneur de
Novion, Conseiller& puis
President au Parlement de
Bretagne,&ensuite enceluy
de Paris.
Nicolas Potier
,
Seigneur
deNovion,&c. Premier Presidenr
au Parlement de Paris,
Secretaire& Greffier des
Ordres du Roy,mort le I.
Septembre1691.âgéde75.
ans. Il fut marié avec Catherine
Gallard
,
fillede Claude
Gallard
,
Seigneur de Courance,
de laquelle il a laissé
André Potier, Jacques Evêque
d'Evccux, Claude Comte
de Novion, Maréchal des
Camps&Armées du Roy.
Louis Potier,sieur de Ges-
» vres ,
Secretaire d'Etat, prit
la conduite des grandes affaires
avec Mr de Villeroy,
Secretaire d'Etat. Il sur quel- ,
ques années après Secrctaire
du Confcil, puis Secretaire
d'Etat.
René Potier, Comte puis
Duc de Thresmes, Pair de
France, Capicaine de la premiere
Compagnie des Gardes
du Corps,&c. Chevalier
des Ordres de Sa Majesté,
épousa Marguerite de Luxembourg,
fille de François
de Luxembourg, Duc de
Piney, & de Diane de Lorraine,
sa premierc femme,
delaquelleileut Louis tué au
Siege de Thionville.
Leon Potier, Duc de Gesvres,
Pair deFrance,premier
Gentilhomme de la Chambre
du Roy, mort le 1. Décembre
1704avoit épousé
Marie Françoise du Val morte
en 1702. le 28. Octobre,
d'où sont venus François-
Bernard qui suit, Leon Archevêque
de Bourges, Jules-
AugusteChevalier de Malthe,
Louis Marquis de Gandelux,
MademoiselledeGesvrcs,
Jeanne Filice, Susanne-
Angelique, & Louise.
François-Bernard Potier,
Duc de Gesvres ,
Pair de
France, premier Gentilhomme
de la Chambre du Roy,
Gouverneur de Paris, prit
place au Parlement le 2,3.
Juillet1703. Il avoir épousé
Marie -Madeleine
-
Louise-
Génevieve de Bois-franc,
morte le 3 Avril 1702. de
laquelleil a eu Joachim-Bernard
Potier
,
Marquis de
Gesvres, Seigneur deSaint-
Ouen, né le 2p. Septembre
169 Louis Leon Marquis
de Gandelux, Etienne René
Comte de Thresmes,& Marie-
FrançoisePotier,néele
5 Decembre 1627.
Joachim Bernard Potier,
Marquis de Gesvres cit fils
aîné de Mr le Duc de Gesvres.
Il a épousé le 1. Juin
17°9 Marie- Madeleine-Emilie
Mascranny, fille de Barthelemy
,
Maistre des Requestes
,&deJeanne-Baptiste
leFevredeCaumartin.
M' le.?vL.1rquis de Grandpré
a épousé à Reims depuis
quelque temps Mademoifelle
de FJmcchon. Ils furent
mariez par M1 l'Archevefquc
de Reims, qui donna un repas
enluice aux Mariez Se
aux plus proches parens; c'elt
luy qui a fait ce mariage, ho.
norant de son amitié les parcns
de l'un & de l'autre côté.
Mr le Comte de Grandpré
, intime amy de Mr l'Archevêque
de Reims, a crû
se voyant sans enfans qu'il
estoit de son honneur d'élever
Con petit-coufin de même
nom,afin que les biens
de la famille ne retombent
pas sur la même personne ;
c'est ce qui l'a ojuge après la
négociation de ce mariage
de faire en sa faveur parle
Contrat de miriagc pasle à
Reims au Palais Archiepiscopal
en sa presence & en
celle de Mr l'Archevêque de
Reims, le IJ. Novembre
1712. une donation entrevifs
de son Comté de Grandr
pré, qui est une Terre des
plus coofiderables de Champagne
, avec Ces droits qui
luy appartiennent en la (uccession
de feu Mr le Maréchal
de joyeuse.
Cette Maison a l'honneur
d'eltre alliée non -
feulement
à celle de nos Rois, mais de
toucher de prés à leurs augures
Perlonnes
,
puisque
Anne Duc de Joyeule,Pair
& Amiral de France, Chevalier.
des Ordres du Roy,
Premier Gentilhomme de sa
Chambre & Gouverneur de
Normandic}que le Roy Henry
111.fie Duc & Pair au
mois d'Aoufi J581. épousa
en la même année Marguerite
de Lorraine foeur puilnée
de la Reine Louise, femme
du même Roy; rant de Prélats,
Cardinaux, Archevê.
ques, Maréchaux de France)
Généraux d'Armées, dont
l'Histoire particulière a esté
écrite par les Autheurs de
leur temps, font des marques
essentielles de l'origine & du
rang que cette Malson tienc
en France.
Dans le temps de la recherche
des faux-Nobles du
Royaume, cette Maison a
fair une des plus authentiques
preuves de Noblesse par Titres.
Elle consiste prefentement
en différentes branches
,
l'aînée de laquelle est
tombée dans la Maison de
Guifc,cueiie a pone le Duché
deJ0yeuCc,que l'on pré.
tend cltre pour msflcs & femelles
; ces branches font
celles de S. Lambert prefentemenc
l'aînée, des Comtes
de Grandpré, & des Geurs de
Montgobcrt& de Verpel.
Robert de Joyeu se, Com-
te de Grandpré, fils de Louis
Seigneur de Saint-Geniez &
d'Isabeau d'Halluin
,
Comtesse
de Grandpré sa feconde
femme, laissa de Marguerite
de Bar bançon Dame de
Montgobert entr'aurres ensans,
Foucault l'aîné & Antoine,
qui a fait la branche
de Montgoberr.
Foucault de Joyeuse, Comte
de Grandpré, Chevalier
de l'Ordre du Roy
,
Gentilhomme
de la Chambre du
Roy Charles IX eut d'Anne
d'Anglurre, file unique
de Claude Seigneur de Jours,
entr'autres enfans
,
Claude
Comtc de Grandpré, Antoine
Seigneur de S. Lambert,
& pluficurs autres fils & fil.
les.
Claude de Joyeuse, Comte
de Grandpré^Gouverneur
de Beaumont
1
nommé à
l'Ordre du S. Esprit.
Antoine de Joyeuse, Seigneur
de S. Lambert, Gou-
Overneur de Mezieres, a laissé
de Henriette fille de Roberr
Marquis de la Vieuville,
Chevalier des Ordres du
Roy, Robert Antoine François
de Joyeuse, Comte de
Grandpré.
Jean Armand Marquis de
Joyeurc) Baron de Villefurtourbe,
de Gernay en Dormois,
&c. Mestre de Carrp
de Cavalerie, Gouverneur
des Ville & Citadelle de
Nanry, Maréchal de France
en 1698. & Chevalier des
Ordres du Roy, qui cft more
au mois de Juin 1710. il
avoit épousé sa cousine
Marguerite de Joyeulc, fille
de Michel
,
Seigneur de Verpel
dont il n'a point eu aensans.
Claude Abbé de Mouzon,
d'Eslan& de Gorge en
Touraine, mort en Avril
1710.
Julie de Joyeuse, Comte de
GrandpréJ Colone l dInfanterie,
Lieutenant General des
Provinces de Champagne &
ABnrigetqiiuqiuacedpeosu•leRGcauwilxle,imjiejrctc
de Rene, Seigneur de Coclois,
Lieutenant des Gardes
du Corps du Roy, vivant,
de laquelle il n'a point
d'cofans.
Jean de Joyeuse Comte
de Joyeu se, frere de Julie
Comte de Grandpré,a pour
enfant le Marquis de Joyeuse
substitué au bien de feu Mr
le Maréchal de Joyeufc.
La branche des Seigneurs
de Montgobert de Verpel,
a pour tige Antoine de
Joyeuse, Seigneur de Montgobert
, deuxième fils de
Robert de Joyeuse Comte
de Grandpré, qui de Madelaine
de Lyons, fille dAdolphe,
Seigneur d'Espaux, a
laissé plusieurs cnfans, entr'-
autre Robert de Joyeuse
Seigneur de Verpel, dont
la femme Judith Hennequin
le rendit pere de Michel,
Seigneur de Verpel, qui n'a
eu de sa femme Marie de
Trumelot, que Robert rué
à Valenciennes & la Maréchale
de Joyeuse.
Si la Maison
-
de Villers ne
compte pas tant de belles
Alliances & des sujets parvenus
à un si haut degré, elle
a dumoins l'avantage d'avoir
donné des personnes
qui ont servi leur Prince &
lEtat avec zele, non seulement
dans les Armées; mais
encore dans les celebres Ambafïadcs
où ils se font fait
distinguer.
Cette Maison cft originaire
de Picardie, où Roland
de Villers, Seigneur de Berneuil
épousa Marie Thierry,
l'an iS5L- il étoit frere de
Jean de Villers, mort l'an
15 3 5. ayant laisse de Jeanne
de Flecclles
>
son épouse;
Louis de Viliers, Seigneur
dela Cour, qui contribua
beaucoup à la reduction
d'Amiens, à l'obeïssance du
Roy Henry IV. il est more
en 1608, il Qvojç. épousél'an
is 64* Marie Dufresne Dame
dela Cour, de laquelle il eut
1 °.Louis de Villerscy-aprés.
2.°.Jean,Seigneur d'Authiul
époux de Marguerite de
Lattre & pere de Françoise,
femme de Charles Gorguette
Seigneur du Bus 3°. Anne
femme de Jean de Moux, Seigneur
d'Heudicourt, Louis
de Villers Seigneur deRousseville
mariél'an 1584. avjc
- MarieGounet,fillede Pierre
& de Marie Feret, Dame de
Rousseville qui épousa l'an
1618. Catherine de Sachy,
fille de Jean de Maurepas,
&c.
Mr de Montholon, Conseiller
au grand Conseil,fils
de Mr de Montholon ConseillerauChastelet
deParis,a
épousé depuis quelques mois
Mademoiselle Potier fille de
Mr Potier de Novion President
à Mortier au Parlement.
-
Les deux familles d'où sont
sortis les nouveaux Mariez
font incontestablement des
plus anciennes du Royaume.
Celle de Montholon qui
est originairede Bourgogne,
est une des anciennes familles
de la Robe,( je dis originaire
de Bourgogne, sans
cependant l'assurer, puifquc
d'autres ladisentde Paris
,
& qui est l'opinion la plus
vrai semblable) dont l'origine
seperd dans les siecles
les plus reculez ;elleafourny
-
des Magistratsqui fc sont sacrifié
pour leur Patrie, & qui
ont laissé des marques de
leur profond sçavoir.
François de Moncholon I.
du nom,sieur de Viviers &
d'Aubervilliers,Avocat du
Roy, & enfin President au
Parlement deParis le 3. Février
de l'an1534.Il fut commis
à la Garde des Sceaux de
France per Lettres données
àIlLyon le 39. Aoust 1542. mourut à Villers-CottefeRs
le IJ. Juin de l'année
d'ensuite, & fut enterré à S.
André des Arcs à Paris,où
l'on voit son Epitaphe.
François -. de Montholon
son fils, sieurd'Aubervilliers,
Avocat au Parlement
de Paris, fils de François
Gar de des Sceaux, fut
pourvû de la même Charge
de Garde des Sceaux. Illaissa
de Geneviéve Chartier cinq
enfans, qui furent Mathieu
de Montholon ConseiIlerau
Parlement,mort sans alliance
; Pierre Chanoine de Laon
Docteur de Sorbonne; Jacques
Avocat au Parlement
de Paris;François, Seigneur
d'Aubervilliers, Conseiller
d'Etat,&Françoisde Montholon
,
Seigneur d'Aubervillicrs.
La Maison de Montholona
formé plusieurs branches
qui sont en partie éteintes.
Nous avons une infinité
de grands hommes, fortis
de celle de Potier; leur memoire
doit estre en veneration,
leurs avions éclatantes
dans les Armées de leurs Rois
& leurvive pénétration dans
les Conseils sont connuës de
toute la France, leur ont attiré
les plus hautsemplois.
Cette Mailotï eil alliée à
tout ce qu'il y a de pcrfonnes
de la premicre qualité,
&
& même des Princes;qu'elle
tire son origine de Nicolas
Potier; Seigneur de GrcOJY,
qui fut Prevost des Marchands
de Paris en 1499. Il
fut pere de Jacques Potier
Conseiller au Par lement de
Paris.
Nicolas Potier a servi
glorieusement quatre de Tes
Rois, desquels il s'attira lâ
bien-veillance. Il fut second
President au Par lementde
Paris, & Chancelier de la
Reine Marie de Mcdicis.
André Potier Seigneur de
Novion, Conseiller& puis
President au Parlement de
Bretagne,&ensuite enceluy
de Paris.
Nicolas Potier
,
Seigneur
deNovion,&c. Premier Presidenr
au Parlement de Paris,
Secretaire& Greffier des
Ordres du Roy,mort le I.
Septembre1691.âgéde75.
ans. Il fut marié avec Catherine
Gallard
,
fillede Claude
Gallard
,
Seigneur de Courance,
de laquelle il a laissé
André Potier, Jacques Evêque
d'Evccux, Claude Comte
de Novion, Maréchal des
Camps&Armées du Roy.
Louis Potier,sieur de Ges-
» vres ,
Secretaire d'Etat, prit
la conduite des grandes affaires
avec Mr de Villeroy,
Secretaire d'Etat. Il sur quel- ,
ques années après Secrctaire
du Confcil, puis Secretaire
d'Etat.
René Potier, Comte puis
Duc de Thresmes, Pair de
France, Capicaine de la premiere
Compagnie des Gardes
du Corps,&c. Chevalier
des Ordres de Sa Majesté,
épousa Marguerite de Luxembourg,
fille de François
de Luxembourg, Duc de
Piney, & de Diane de Lorraine,
sa premierc femme,
delaquelleileut Louis tué au
Siege de Thionville.
Leon Potier, Duc de Gesvres,
Pair deFrance,premier
Gentilhomme de la Chambre
du Roy, mort le 1. Décembre
1704avoit épousé
Marie Françoise du Val morte
en 1702. le 28. Octobre,
d'où sont venus François-
Bernard qui suit, Leon Archevêque
de Bourges, Jules-
AugusteChevalier de Malthe,
Louis Marquis de Gandelux,
MademoiselledeGesvrcs,
Jeanne Filice, Susanne-
Angelique, & Louise.
François-Bernard Potier,
Duc de Gesvres ,
Pair de
France, premier Gentilhomme
de la Chambre du Roy,
Gouverneur de Paris, prit
place au Parlement le 2,3.
Juillet1703. Il avoir épousé
Marie -Madeleine
-
Louise-
Génevieve de Bois-franc,
morte le 3 Avril 1702. de
laquelleil a eu Joachim-Bernard
Potier
,
Marquis de
Gesvres, Seigneur deSaint-
Ouen, né le 2p. Septembre
169 Louis Leon Marquis
de Gandelux, Etienne René
Comte de Thresmes,& Marie-
FrançoisePotier,néele
5 Decembre 1627.
Joachim Bernard Potier,
Marquis de Gesvres cit fils
aîné de Mr le Duc de Gesvres.
Il a épousé le 1. Juin
17°9 Marie- Madeleine-Emilie
Mascranny, fille de Barthelemy
,
Maistre des Requestes
,&deJeanne-Baptiste
leFevredeCaumartin.
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Résumé : MARIAGES.
Le texte décrit plusieurs mariages et alliances au sein de la noblesse française. Le Marquis de Grandpré a épousé Mademoiselle de Fimechon à Reims, avec la bénédiction de l'archevêque de Reims, qui a également organisé un repas en leur honneur. Le Comte de Grandpré, ami proche de l'archevêque, a décidé d'élever son petit-cousin pour préserver les biens familiaux. Un contrat de mariage a été signé le 12 novembre 1712 au Palais Archiepiscopal, incluant une donation des terres du Comté de Grandpré et des droits successoraux du Maréchal de Joyeuse. La Maison de Joyeuse est alliée à la famille royale et possède une longue histoire de nobles titres et alliances prestigieuses. Elle a fourni de nombreux prélats, cardinaux, archevêques, maréchaux de France et généraux d'armées. La famille a prouvé son authenticité noble lors des recherches sur les faux-nobles du royaume. Elle se divise en plusieurs branches, dont l'aînée est passée dans la Maison de Guise, qui détient le Duché de Joyeuse. Le texte détaille également les lignées et les alliances des différentes branches de la Maison de Joyeuse, mentionnant des personnages tels que Robert de Joyeuse, Comte de Grandpré, et ses descendants, qui ont occupé des postes importants dans la noblesse et l'armée française. La Maison de Villers, originaire de Picardie, est également mentionnée pour ses services à l'État et ses alliances prestigieuses. Enfin, le texte évoque le mariage récent de Monsieur de Montholon, Conseiller au grand Conseil, avec Mademoiselle Potier, fille de Monsieur Potier de Novion, Président à Mortier au Parlement. Les familles Montholon et Potier sont parmi les plus anciennes du royaume, avec des origines en Bourgogne et à Paris, et ont fourni de nombreux magistrats et hommes d'État distingués.
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31
p. 252-264
MORT.
Début :
Messire Charles de Gaucourt, Seigneur de Cluys, de Bouesses [...]
Mots clefs :
Seigneur, Gaucourt, Alliance, Picardie, Chambellan, Gouverneur, Mort, Bataille, Héritage
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texteReconnaissance textuelle : MORT.
M0R71
Messire Charles de Gaucourt,
Seigneur deCluys;
de Boueffes, &c. Lieutenant
du Roy en Berry, mourut
lc 30 May. Il avoit épousé
Marguerite de Tiercel in de
Rancé, Fille de Jean, Seigneur
de la Chapelle - Barion
5c de Jeanne Marie
Turpin aprés la more de laquelle
sans enfans en 1G%6.\
il a pris une seconde Alliance
1687. avec Albertine
kigide de la Beaume, fillc
1c Charles, Marquis de S,
Martin & de Therese Anne-
Françoise de Trafignys, sa
seconde femme; de laquelle
l a eu un fils qui luy succede
en sa Charge. La Maison
de Gaucourt est une des
plus considerables de Picariic;
elle a donné de grands
Officiers à la Couronne;elle
tire son origine de Raoul
, Seigneur de Gaucourt&
d'Argicourt qui vivoic en
12.70. Jean de Gaucourt,
Seigneur de Maisons sur
Seine. de Viry & de Villiers
a esté Maistre d'Hostel du
Roy,ilmourut le22. Février
1393.laissant de Jeanne de
Farinaille sa femme, Jeanne
de Gaucourt, mariée à Robert,
Seigneur de Vaurin-
Lillers &c. Raoul. Jean Ar-;
chidiacre de Joinville en
l'Eglise de Châalons, Eustache,
Seigneur de Viry,
grand Fauconnier de France
mort vers l'an 1415. sans
postetité de Jeanne de Mommorency,
veuve de Gautier
de Thorore, Seigneur
de Chastellier, &, fille de
pufll^unie de Monmorency
Seigneur de S. Luc
,
& Jean
le Gaucourt Seigneur de
Maison sur SeinedeVilliers
:Gus S. Leu, &c. qui fut insitué
Maistre des Eaux &
Forests deFrance, Champagne&
Brie en 1 398.
Raoul Seigneurde Gauatur$,
ChevalierChambelan
du Roy, Bailly de
Roüen
,
où il fut tué lors
l'une seditionqui arriva en
417. aptés avoir rendu des
Services considerables àl'Eat;
il avoit épousé Mar gue.
rite de Beaumont, veuve dr
Charles deHanget,Senechal
de Beaucaire & avoir pris
une seconde Alliance avec
Aleaume deBerghes
,
veuve
de Jean de Roye
,
Seigneur
Daunois; du premier sortirent
Guillaume deGaucourt
vivant 1402. &Raoul Sei
gneurde Gaucourt, &c.
Premier Chambellandu Roy
CharlesVII.Gouverneur
du Dauphiné & Bailly dOrleans,
puis grand Maistre
de France, se trouvaàla de.(
faite des Anglois devant
Montargisen 1427, contribua
à la reprise de Chartres
en 1429. & ayant esté établis
Gouverneur de Dauphiné;
ildéfiten 1430 au combat
d'Anthon le Prince d'Orange
qui tenoit le parti du
Duc de Bourgogne.L'an
14M il se signala au Siege
de Montereau & servit beaucoup
à la Conqueste de la
Normandie. Il assista en qualité
de premier Chambellan
du Roy à la magnifique Entrée
que Charles VII. fit
dans la Ville de Roüen, &
en 1456.ilreçût de la part
du Roy en qualité de grand
Maistre de son Hostel les
Ambassadeurs envoyez par
le Roy de Hongrie pour
demander la Princesse Magdaleine
en mariage; il avoir
épousé Jeanne de Preuilly,
fille de Gilles Seigneur de
Preuilly & de Marguerite de
Naillac dont il eut Charles,
Jean, Evêque & Duc e
Laon, mort le 10. Juin 1468.1
Raoul Seigneur de Lufarchflu
8c Marie de Gaucourt quiJ
épousale 5. Juin i4j£.J
Charles de Tournon -
gneur de Belcastel, Charles
Seigneur de Gaucourt, Argicourt
&c. Vicomted'Acy
Lieutenant General Gouverneur
de la Ville de Paris &
Isle de France, Conseiller &
Chambellan duRoy,rendit
des servicesconsiderables
aux Rois Charles V II. &
Loüis XI. mourut à Paris
en 1482. futenterréenl'Eglise
de S. Jean en Gréve.
Il avoir épousé le 8Octobre
1454. Agnés de Vaux, dire
Collette, fille de Jean Seigneur
de S. Jues & de
Jeanne Bouteiller, Dame de
Saintines dontil eut Charles
Jean,Evêque d' Amiens,
Loüis, Evêque d'Amiens,
aprés son frere,François
Chevalier de Rhodes, Annemariée
le 23.OctobreàJean
de Cullan, Seigneur de
Chasteau-neuf. Catherine:
alliée le 10. Mars 1480. àj
loüis d'Aubusson. Seigneur
de Villeneuve, & Marguerite
de Gaucourt femme de
Pierre du Puy, Seigneur de
Vatan, Bailly & Gouverneur
de Berry.
Charles , Seigneur de
Gaucourt de Boëfes, Cluys,
&c.venditen 145)8 leFief
de Gaucourt.
Loüis de Gaucourt,Seigneur
de Cluys de Boesses,
&c, Chevalier de l'Ordre du
Roy, Chambellan du Duc
d'Alençon, mouruc lc 3.
Aoust Ij89. de la blessure
qu'il reçût en commandant
pour la Ligue; il avoit épousé
en 1564. Jeanned'Escoubleau,
fille de Jean, Seigneur
de Sourdis Maistre de la
Garde Robe du Roy, il eut
Charles; Jean Abbé de
Maubec; Jacques qui a fait
la branche de Cluys & Aymée
de Gaucourt, femme de
Gabriel de Mallesu,Seigneur
de Chastelus,Charles de
Gaucourc, Seigneur de Ville-
Dîeu & de Boesses, épousa
lc ip. Septem bre 1604.
Charlotte de Rochefort,
fille d'Imbert, Seigneur de
Beauvais & de Ville-Dieu.
Branche des Seigneurs de-
Cltijs.
Jacques de Gaucourt ,Seigneur
de Cluys, &c. fils
puisné de Loüis de Cluys &
de Françoise d'Escoubleau,
fut Capitaine de Chevaux
Legers & Senechal de la
Marches il épousa en J£O?.
Jeanne d'Elbene, fille de
Guillaume, Seigneur de l'EG.
pinoux, Conseiller au grand
Conseil&d'Aysieux Chamarre
dont il eut Loüis
& Char les, morts jeunes.
Charles Guillaume, Prieur
de Cluys,Aimée, femme
de Frederic de Gamaches,
Vicomte de Chasteau Me-
Hand) Esther & Magdelaine.
de Gaucourt, Rehgieuses.
Charles de Gaucourr, Seigneur
de Cluys,mourut en
Juin 1692. il avoit épousé
en 1656.Gilberred'Assy,
,ycuve de Claude deTroussebois,
Seigneur de Champaigre,
& fille de Hugues,
Seigneur de Rochefolle, &
de Marguerite de Morette,
dont il laissa Charles de
Gaucourt, qui mourut le
30. May, comme nous (tavons
dit ci-dessus, & Silvain
Chevalier de Malthe. N. &
Nde Gaucourc.
Extrait d'une Lettre dt
Gironne le 7. Jmilet 171 3. V.
Messire Charles de Gaucourt,
Seigneur deCluys;
de Boueffes, &c. Lieutenant
du Roy en Berry, mourut
lc 30 May. Il avoit épousé
Marguerite de Tiercel in de
Rancé, Fille de Jean, Seigneur
de la Chapelle - Barion
5c de Jeanne Marie
Turpin aprés la more de laquelle
sans enfans en 1G%6.\
il a pris une seconde Alliance
1687. avec Albertine
kigide de la Beaume, fillc
1c Charles, Marquis de S,
Martin & de Therese Anne-
Françoise de Trafignys, sa
seconde femme; de laquelle
l a eu un fils qui luy succede
en sa Charge. La Maison
de Gaucourt est une des
plus considerables de Picariic;
elle a donné de grands
Officiers à la Couronne;elle
tire son origine de Raoul
, Seigneur de Gaucourt&
d'Argicourt qui vivoic en
12.70. Jean de Gaucourt,
Seigneur de Maisons sur
Seine. de Viry & de Villiers
a esté Maistre d'Hostel du
Roy,ilmourut le22. Février
1393.laissant de Jeanne de
Farinaille sa femme, Jeanne
de Gaucourt, mariée à Robert,
Seigneur de Vaurin-
Lillers &c. Raoul. Jean Ar-;
chidiacre de Joinville en
l'Eglise de Châalons, Eustache,
Seigneur de Viry,
grand Fauconnier de France
mort vers l'an 1415. sans
postetité de Jeanne de Mommorency,
veuve de Gautier
de Thorore, Seigneur
de Chastellier, &, fille de
pufll^unie de Monmorency
Seigneur de S. Luc
,
& Jean
le Gaucourt Seigneur de
Maison sur SeinedeVilliers
:Gus S. Leu, &c. qui fut insitué
Maistre des Eaux &
Forests deFrance, Champagne&
Brie en 1 398.
Raoul Seigneurde Gauatur$,
ChevalierChambelan
du Roy, Bailly de
Roüen
,
où il fut tué lors
l'une seditionqui arriva en
417. aptés avoir rendu des
Services considerables àl'Eat;
il avoit épousé Mar gue.
rite de Beaumont, veuve dr
Charles deHanget,Senechal
de Beaucaire & avoir pris
une seconde Alliance avec
Aleaume deBerghes
,
veuve
de Jean de Roye
,
Seigneur
Daunois; du premier sortirent
Guillaume deGaucourt
vivant 1402. &Raoul Sei
gneurde Gaucourt, &c.
Premier Chambellandu Roy
CharlesVII.Gouverneur
du Dauphiné & Bailly dOrleans,
puis grand Maistre
de France, se trouvaàla de.(
faite des Anglois devant
Montargisen 1427, contribua
à la reprise de Chartres
en 1429. & ayant esté établis
Gouverneur de Dauphiné;
ildéfiten 1430 au combat
d'Anthon le Prince d'Orange
qui tenoit le parti du
Duc de Bourgogne.L'an
14M il se signala au Siege
de Montereau & servit beaucoup
à la Conqueste de la
Normandie. Il assista en qualité
de premier Chambellan
du Roy à la magnifique Entrée
que Charles VII. fit
dans la Ville de Roüen, &
en 1456.ilreçût de la part
du Roy en qualité de grand
Maistre de son Hostel les
Ambassadeurs envoyez par
le Roy de Hongrie pour
demander la Princesse Magdaleine
en mariage; il avoir
épousé Jeanne de Preuilly,
fille de Gilles Seigneur de
Preuilly & de Marguerite de
Naillac dont il eut Charles,
Jean, Evêque & Duc e
Laon, mort le 10. Juin 1468.1
Raoul Seigneur de Lufarchflu
8c Marie de Gaucourt quiJ
épousale 5. Juin i4j£.J
Charles de Tournon -
gneur de Belcastel, Charles
Seigneur de Gaucourt, Argicourt
&c. Vicomted'Acy
Lieutenant General Gouverneur
de la Ville de Paris &
Isle de France, Conseiller &
Chambellan duRoy,rendit
des servicesconsiderables
aux Rois Charles V II. &
Loüis XI. mourut à Paris
en 1482. futenterréenl'Eglise
de S. Jean en Gréve.
Il avoir épousé le 8Octobre
1454. Agnés de Vaux, dire
Collette, fille de Jean Seigneur
de S. Jues & de
Jeanne Bouteiller, Dame de
Saintines dontil eut Charles
Jean,Evêque d' Amiens,
Loüis, Evêque d'Amiens,
aprés son frere,François
Chevalier de Rhodes, Annemariée
le 23.OctobreàJean
de Cullan, Seigneur de
Chasteau-neuf. Catherine:
alliée le 10. Mars 1480. àj
loüis d'Aubusson. Seigneur
de Villeneuve, & Marguerite
de Gaucourt femme de
Pierre du Puy, Seigneur de
Vatan, Bailly & Gouverneur
de Berry.
Charles , Seigneur de
Gaucourt de Boëfes, Cluys,
&c.venditen 145)8 leFief
de Gaucourt.
Loüis de Gaucourt,Seigneur
de Cluys de Boesses,
&c, Chevalier de l'Ordre du
Roy, Chambellan du Duc
d'Alençon, mouruc lc 3.
Aoust Ij89. de la blessure
qu'il reçût en commandant
pour la Ligue; il avoit épousé
en 1564. Jeanned'Escoubleau,
fille de Jean, Seigneur
de Sourdis Maistre de la
Garde Robe du Roy, il eut
Charles; Jean Abbé de
Maubec; Jacques qui a fait
la branche de Cluys & Aymée
de Gaucourt, femme de
Gabriel de Mallesu,Seigneur
de Chastelus,Charles de
Gaucourc, Seigneur de Ville-
Dîeu & de Boesses, épousa
lc ip. Septem bre 1604.
Charlotte de Rochefort,
fille d'Imbert, Seigneur de
Beauvais & de Ville-Dieu.
Branche des Seigneurs de-
Cltijs.
Jacques de Gaucourt ,Seigneur
de Cluys, &c. fils
puisné de Loüis de Cluys &
de Françoise d'Escoubleau,
fut Capitaine de Chevaux
Legers & Senechal de la
Marches il épousa en J£O?.
Jeanne d'Elbene, fille de
Guillaume, Seigneur de l'EG.
pinoux, Conseiller au grand
Conseil&d'Aysieux Chamarre
dont il eut Loüis
& Char les, morts jeunes.
Charles Guillaume, Prieur
de Cluys,Aimée, femme
de Frederic de Gamaches,
Vicomte de Chasteau Me-
Hand) Esther & Magdelaine.
de Gaucourt, Rehgieuses.
Charles de Gaucourr, Seigneur
de Cluys,mourut en
Juin 1692. il avoit épousé
en 1656.Gilberred'Assy,
,ycuve de Claude deTroussebois,
Seigneur de Champaigre,
& fille de Hugues,
Seigneur de Rochefolle, &
de Marguerite de Morette,
dont il laissa Charles de
Gaucourt, qui mourut le
30. May, comme nous (tavons
dit ci-dessus, & Silvain
Chevalier de Malthe. N. &
Nde Gaucourc.
Extrait d'une Lettre dt
Gironne le 7. Jmilet 171 3. V.
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Résumé : MORT.
Le texte relate l'histoire de la famille de Gaucourt, une des plus influentes de Picardie, connue pour avoir fourni de nombreux officiers à la Couronne. Messire Charles de Gaucourt, Seigneur de Cluys, de Boueffes, et Lieutenant du Roy en Berry, est décédé le 30 mai. Il avait épousé Marguerite de Tiercelin de Rancé en 1686, puis Albertine Rigide de la Beaume en 1687, avec qui il eut un fils qui lui succéda. La famille de Gaucourt tire son origine de Raoul, Seigneur de Gaucourt et d'Argicourt, vivant en 1270. Plusieurs membres de la famille ont occupé des postes importants. Jean de Gaucourt, Maître d'Hôtel du Roy, est mort en 1393, et Raoul de Gaucourt, Chevalier et Chambellan du Roy, a été tué en 1417. Raoul de Gaucourt, Premier Chambellan du Roy Charles VII, Gouverneur du Dauphiné et Bailly d'Orléans, a joué un rôle crucial dans la reprise de Chartres en 1429 et la conquête de la Normandie. Il est décédé en 1482. Charles de Gaucourt, Seigneur de Gaucourt, Argicourt, et Vicomte d'Acy, a servi les Rois Charles VIII et Louis XI et est également mort en 1482. Louis de Gaucourt, Seigneur de Cluys et Chevalier de l'Ordre du Roy, a été blessé en commandant pour la Ligue et est décédé le 3 août 1589. Charles de Gaucourt, Seigneur de Cluys, est mort en juin 1692. Il avait épousé Gilberte d'Assy en 1656, avec qui il eut Charles de Gaucourt, décédé le 30 mai, et Sylvain, Chevalier de Malte.
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32
p. 47-64
MORTS.
Début :
Messire François-Auguste de Forbin, Marquis de Soliez, Chevalier d'honneur [...]
Mots clefs :
Messire François-Auguste de Forbin, Marquis de Soliers, Marquis de Fourville, Baron de Melleville, Généalogie, Requêtes, Seigneur, Gouverneur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Messire François-Auguste
de Forbin, Marquis de Soliez,
Chevalier d'honneur
de Son AltesseRoyale Madame,
mourut le onze Septembremil
sept cent treize,
âgé de quarante-cinq ans.
Il descend de l'ancienne:
Maison de Forbin en Provence
,
connuë dés le treiziéme
siecle,laquelle s'est
divisëe en quantité de branches,
qui sont les Seigneurs
& Marquis de janton, les
Seigneurs de la Roque, de
la Barberu, de la Farre,
d'Oppede,de sainte Croix,
de Soliers, ôc de Gardane.
c~- Cette Maison a donné
quantité de grands hommes
: & de nos jours le célebre
Toussaint de Forbin
de Janson
,
Cardinal de la
sainte
fainte Eglise Romaine,Evêque
& Comte de Beauvais,
Pair& grand Ecuyer de
France, & aujourd'hui M.
l'Archevêque d'Arles, son
neveu, qui remplit avec
distinction la dignité de
l'Archiepiscopat.
La branche de Soliers
descend de Palamedes de
Forbin,surnommélegrand,
qui fut Chambellan de
Charles d'Anjou, Roy de
Naples & de Sicile, &;
Comte de Provence, qui
lui persuada de donner le
Comté de Provence au Roy
Loüis XI. & à les successeurs,
qui en reconnoissance
le fit Gouverneur &
grand Senechal de Provence
en 1481. & aussiGouverneur
de Dauphiné.
Voyez la genealogie de
cette Maison dans le Nobiliere
de Provence, par M.
l'Abbé Robert, & dans la
nouvelle édition du R. P.
Anselme.
Messire Henry de Chaumejan,
Marquis de Fourville,
Enseigne au regiment
des Gardes Françoisesmou-.
rut le 5. Septembre.
Il deicend de la Maison
de Chaumejan en Touraine
,
& qui a pris son nom
d'un château situé à demilieuë
de Verneüil, & Verneüil
est une ville assez considerable
en la Province de
Bourbonnois
)
quiavoit des
Seigneurs particuliers qui
en portoient le nom, ôc
qui étoient trés-considerables,
dont est descendu Colas
de Verneüil, qualifié
Chevalier Seigneur de
Chaumejan. De lui sortirent
Jean & Guillaume de
Chaumejan, desquels- font
descendus tous ceux de cette
Maison.
Messire Claude le Doulx,
Baron de Melleville, Seigneur
d'Outrebois, Conseiller
de la Grand' Chambre
duParlement de Paris,
mourut le 5. Septembre
17I5. âgé de soixante-dix.
neuf ans. Il avoit été reçu
Conseiller de la quatrième
Chambre des Enquêtes le
4. Septembre 1659. & monta
à la Grand' Chambre le
11. Août 1692. par la mort
,(
de M. Dorat. Il avoit épousé
Dame FrançoiseNau, de
laquelle il a eu plusieursensans,
dont il y en a trois vivans
; sçavoir
,
Joseph le
Doulx
,
Baron de Melleville;
Claude le Doulx
,
dit
le Chevalier de Melleville;
& Damoiselle Catherine-
M,arguerite le Doulx, fille a - marier.
Il étoit fils de Messire
Ciaude le Doulx, Baron de
Melleville, qui avoit été
reçû Conseiller au Parlement
le 8. Juillet 1632. & de
Dame Marguerite Guyet.
Cette famille de le Doulx
descend de Jean le Doulx,
Baron de Melleville, Conseiller
du Roy, President,
Lieutenant général au Bailliage
d'Evreux, & sont originaires
de la ville de Lisieux,
où leur nom est encore
connu, & dont une
des ruës de cette ville en
retient encore le nom, se
nommant la rue eu Doulx;
& cette famille depuis son
établissement à Evreux s'est
divisée en trois branches.
Claude le Doulx de Melleville,
Maître des Requêtes
de l'Hôtel du Roy, eut plufleurs
enfans, &: entr'autres
Claude,Conseiller au Parlement
de Paris, pere de
celui qui donne lieu à cet
article, a fait la branche
qui est à Paris. Gabrielle
Doulx, Seigneur de la Peruche,
son frere, fut President
au Presidial d'Evreux,
a fait la branche qui
est restée à Evreux. De lui
sortit Claude le Doulx, Seigneur
de Broville, qui fut
aussi President au Presidial
d'Evreux; & après la mort
de son épouse Marthe le
Maréchal, il se fit Ecclesiastique
& est mort Chanoine
d'Evreux. Il a laiss
plusieurs enfans, & entrautres
Messire Claude le
Doulx, Seigneur de Broville,
Premier President au
Bailliage & Siege Presidial
d'Evreux, mort à Paris sans
alliance sur la Paroisse de
saint André des Arcs, &
enterré au College de BoisfyI.
comme je le dirai ciaprès;
&Estienne le Doulx,
Seigneur de Breüil
,
troisiémefils
de Claude, Maître
des Requêtes, fut Conseiller
au Parlement de
Roüen
,
& n'a laissé que
deux filles, Anne femme
de Nicolas, Baron de
Chambray en Normandie,
mere de plusieurs enfans,
entr"autres de Nicolas Bairon
de Chambray, qui est
marie, & qui a des enfans
<
de Dame Marie Loüise de
Fosseville de Manancourt;
ôc Genevieve le Doux, femme de Jean le Maréchai)
Seigneur de Boghion,
qui a laissé posterité.
Messire Claude de Broville,
Premier President
d'Evreux, étant venu à Paris
pour affaire, y mourut
sur la ParoissesaintAndré
des Arcs, âgé d'environ
viiicrt huit ou trenteans. Il
souhaitad'être enterré au
College de Boissy , & fut
apporté dans la Chapelle
du College, & inhumé en
la cave par le Clergé de la
Paroisse. Il y eut deux raisons
pour lesquelles il fut
enterré en ce lieu: la premiere,
c'est qu'il étoit de
la famille des fondateurs
du College ;
la seconde,
qu'il étoit intime ami du
Principal M. Guillaume
Hodey
,
& par la même
raison intimeami de M. de
Melieville
,
Conseiller de
la Grand.Chambre, qui
vient de mourir,quiavoulu,
aussi. bien que son parent,
y être enterré, où il
aété apporté en carosse,
& reçû par le Clergé de S.
André, qui fitla ceremonie
de l'inhumation.
Le droit prerendu par
MessieursdeMelieville,
d'être enterrez auditCollege
est commun à beaucoup
de familles illustres
& considerables de Paris
ôc qui n'ont pas affecté ce
même droit. On peut dire
aussï que de tous les descendans
du fondateur, il
y en a peu eu d'enterrez en
la Chapelle; que ces deux
Messieurs le Doulx de Broville
& Melleville
,
& les
chefs de la- famille - sont
Messeurs de Megrigny,
Molé Champlâtreux, Montholon
, le Coigneux de
Sandricourt, leMaréchal,
Seigneur & Patron de Vaugirard,
Huot, Feydeau de
Veuvres, Sachot, leBeau,
Teste, Seigneur de Coupevray
,de Saintes, par lcC.
quels viennent les le Doulx,
Bragelongne, Rochefort,
de Seve, & quantité d'autres,
qu'il feroic trop long
de rapporter; & toutes ces
familles descendues deMichel
Chartier
,
Seigneur
d'Alainville, & de Catherine
Paté, qui étoit descendue
des anciens fondateurs
de ceCollege, Messires Godefroy
,
Jacques, Pierre de
Boissy, qui mourut en 1314.
Estienne de Boissy le Sec,
Chanoine de Laon, son
neveu, & l'un des executeurs
de son testament
sont les fondateurs dudic,
College
,
dit de Boissy
,
fitué
en la rue du Cimetiere
de saint André des Arcs,
autrefois nommée la ruë
des deux Portes ; & cette
fondation faite pour cinq
Boursierschoisisd'entre les
plus pauvres, descendus de
leur famille, tant du côté
des mâles que des femelles,
C'est ce qui a fait que pour
mieuxreconnoître lespretendans
à ce droit, le Prin-
cipal (qui doit être auiïï de -
la mêmefamille,comme
choisi entre les Boursiers)
a fait faire & graver la genealogie
de tous les descendans
de Michel Chartier,
Seigneur d'Alainville:
dans laquelle descendance ,
outre les familles de distinction
articulées ci-dessus,
il s'en rencontre quantité
d'autres, tant de Paris,
Chartres, Orleans, Blois,
que de la Normandie & de
quantité d'autres Provinces
& endroits, lesquels en justissant
leurs filiations, sont -
reçus en qualité de Bourfiers
lors qu'il y a des places
vacances, & sont logez
& nourris, pour faire leurs
études franches par toute
l'Université de Paris, à la
reserve de ceux quivoulant
étudier en Medecine n'y
font pas reçus. La presentation
des sujets eH: faite
par le Principal au Chance.
lier de l'Université & au
Prieur des Chartreux de Pa.
ris, qui en sont les Superieurs
; aprés quoy ils sont
admis, ayant signé leurs
lettres de reception.
Messire François-Auguste
de Forbin, Marquis de Soliez,
Chevalier d'honneur
de Son AltesseRoyale Madame,
mourut le onze Septembremil
sept cent treize,
âgé de quarante-cinq ans.
Il descend de l'ancienne:
Maison de Forbin en Provence
,
connuë dés le treiziéme
siecle,laquelle s'est
divisëe en quantité de branches,
qui sont les Seigneurs
& Marquis de janton, les
Seigneurs de la Roque, de
la Barberu, de la Farre,
d'Oppede,de sainte Croix,
de Soliers, ôc de Gardane.
c~- Cette Maison a donné
quantité de grands hommes
: & de nos jours le célebre
Toussaint de Forbin
de Janson
,
Cardinal de la
sainte
fainte Eglise Romaine,Evêque
& Comte de Beauvais,
Pair& grand Ecuyer de
France, & aujourd'hui M.
l'Archevêque d'Arles, son
neveu, qui remplit avec
distinction la dignité de
l'Archiepiscopat.
La branche de Soliers
descend de Palamedes de
Forbin,surnommélegrand,
qui fut Chambellan de
Charles d'Anjou, Roy de
Naples & de Sicile, &;
Comte de Provence, qui
lui persuada de donner le
Comté de Provence au Roy
Loüis XI. & à les successeurs,
qui en reconnoissance
le fit Gouverneur &
grand Senechal de Provence
en 1481. & aussiGouverneur
de Dauphiné.
Voyez la genealogie de
cette Maison dans le Nobiliere
de Provence, par M.
l'Abbé Robert, & dans la
nouvelle édition du R. P.
Anselme.
Messire Henry de Chaumejan,
Marquis de Fourville,
Enseigne au regiment
des Gardes Françoisesmou-.
rut le 5. Septembre.
Il deicend de la Maison
de Chaumejan en Touraine
,
& qui a pris son nom
d'un château situé à demilieuë
de Verneüil, & Verneüil
est une ville assez considerable
en la Province de
Bourbonnois
)
quiavoit des
Seigneurs particuliers qui
en portoient le nom, ôc
qui étoient trés-considerables,
dont est descendu Colas
de Verneüil, qualifié
Chevalier Seigneur de
Chaumejan. De lui sortirent
Jean & Guillaume de
Chaumejan, desquels- font
descendus tous ceux de cette
Maison.
Messire Claude le Doulx,
Baron de Melleville, Seigneur
d'Outrebois, Conseiller
de la Grand' Chambre
duParlement de Paris,
mourut le 5. Septembre
17I5. âgé de soixante-dix.
neuf ans. Il avoit été reçu
Conseiller de la quatrième
Chambre des Enquêtes le
4. Septembre 1659. & monta
à la Grand' Chambre le
11. Août 1692. par la mort
,(
de M. Dorat. Il avoit épousé
Dame FrançoiseNau, de
laquelle il a eu plusieursensans,
dont il y en a trois vivans
; sçavoir
,
Joseph le
Doulx
,
Baron de Melleville;
Claude le Doulx
,
dit
le Chevalier de Melleville;
& Damoiselle Catherine-
M,arguerite le Doulx, fille a - marier.
Il étoit fils de Messire
Ciaude le Doulx, Baron de
Melleville, qui avoit été
reçû Conseiller au Parlement
le 8. Juillet 1632. & de
Dame Marguerite Guyet.
Cette famille de le Doulx
descend de Jean le Doulx,
Baron de Melleville, Conseiller
du Roy, President,
Lieutenant général au Bailliage
d'Evreux, & sont originaires
de la ville de Lisieux,
où leur nom est encore
connu, & dont une
des ruës de cette ville en
retient encore le nom, se
nommant la rue eu Doulx;
& cette famille depuis son
établissement à Evreux s'est
divisée en trois branches.
Claude le Doulx de Melleville,
Maître des Requêtes
de l'Hôtel du Roy, eut plufleurs
enfans, &: entr'autres
Claude,Conseiller au Parlement
de Paris, pere de
celui qui donne lieu à cet
article, a fait la branche
qui est à Paris. Gabrielle
Doulx, Seigneur de la Peruche,
son frere, fut President
au Presidial d'Evreux,
a fait la branche qui
est restée à Evreux. De lui
sortit Claude le Doulx, Seigneur
de Broville, qui fut
aussi President au Presidial
d'Evreux; & après la mort
de son épouse Marthe le
Maréchal, il se fit Ecclesiastique
& est mort Chanoine
d'Evreux. Il a laiss
plusieurs enfans, & entrautres
Messire Claude le
Doulx, Seigneur de Broville,
Premier President au
Bailliage & Siege Presidial
d'Evreux, mort à Paris sans
alliance sur la Paroisse de
saint André des Arcs, &
enterré au College de BoisfyI.
comme je le dirai ciaprès;
&Estienne le Doulx,
Seigneur de Breüil
,
troisiémefils
de Claude, Maître
des Requêtes, fut Conseiller
au Parlement de
Roüen
,
& n'a laissé que
deux filles, Anne femme
de Nicolas, Baron de
Chambray en Normandie,
mere de plusieurs enfans,
entr"autres de Nicolas Bairon
de Chambray, qui est
marie, & qui a des enfans
<
de Dame Marie Loüise de
Fosseville de Manancourt;
ôc Genevieve le Doux, femme de Jean le Maréchai)
Seigneur de Boghion,
qui a laissé posterité.
Messire Claude de Broville,
Premier President
d'Evreux, étant venu à Paris
pour affaire, y mourut
sur la ParoissesaintAndré
des Arcs, âgé d'environ
viiicrt huit ou trenteans. Il
souhaitad'être enterré au
College de Boissy , & fut
apporté dans la Chapelle
du College, & inhumé en
la cave par le Clergé de la
Paroisse. Il y eut deux raisons
pour lesquelles il fut
enterré en ce lieu: la premiere,
c'est qu'il étoit de
la famille des fondateurs
du College ;
la seconde,
qu'il étoit intime ami du
Principal M. Guillaume
Hodey
,
& par la même
raison intimeami de M. de
Melieville
,
Conseiller de
la Grand.Chambre, qui
vient de mourir,quiavoulu,
aussi. bien que son parent,
y être enterré, où il
aété apporté en carosse,
& reçû par le Clergé de S.
André, qui fitla ceremonie
de l'inhumation.
Le droit prerendu par
MessieursdeMelieville,
d'être enterrez auditCollege
est commun à beaucoup
de familles illustres
& considerables de Paris
ôc qui n'ont pas affecté ce
même droit. On peut dire
aussï que de tous les descendans
du fondateur, il
y en a peu eu d'enterrez en
la Chapelle; que ces deux
Messieurs le Doulx de Broville
& Melleville
,
& les
chefs de la- famille - sont
Messeurs de Megrigny,
Molé Champlâtreux, Montholon
, le Coigneux de
Sandricourt, leMaréchal,
Seigneur & Patron de Vaugirard,
Huot, Feydeau de
Veuvres, Sachot, leBeau,
Teste, Seigneur de Coupevray
,de Saintes, par lcC.
quels viennent les le Doulx,
Bragelongne, Rochefort,
de Seve, & quantité d'autres,
qu'il feroic trop long
de rapporter; & toutes ces
familles descendues deMichel
Chartier
,
Seigneur
d'Alainville, & de Catherine
Paté, qui étoit descendue
des anciens fondateurs
de ceCollege, Messires Godefroy
,
Jacques, Pierre de
Boissy, qui mourut en 1314.
Estienne de Boissy le Sec,
Chanoine de Laon, son
neveu, & l'un des executeurs
de son testament
sont les fondateurs dudic,
College
,
dit de Boissy
,
fitué
en la rue du Cimetiere
de saint André des Arcs,
autrefois nommée la ruë
des deux Portes ; & cette
fondation faite pour cinq
Boursierschoisisd'entre les
plus pauvres, descendus de
leur famille, tant du côté
des mâles que des femelles,
C'est ce qui a fait que pour
mieuxreconnoître lespretendans
à ce droit, le Prin-
cipal (qui doit être auiïï de -
la mêmefamille,comme
choisi entre les Boursiers)
a fait faire & graver la genealogie
de tous les descendans
de Michel Chartier,
Seigneur d'Alainville:
dans laquelle descendance ,
outre les familles de distinction
articulées ci-dessus,
il s'en rencontre quantité
d'autres, tant de Paris,
Chartres, Orleans, Blois,
que de la Normandie & de
quantité d'autres Provinces
& endroits, lesquels en justissant
leurs filiations, sont -
reçus en qualité de Bourfiers
lors qu'il y a des places
vacances, & sont logez
& nourris, pour faire leurs
études franches par toute
l'Université de Paris, à la
reserve de ceux quivoulant
étudier en Medecine n'y
font pas reçus. La presentation
des sujets eH: faite
par le Principal au Chance.
lier de l'Université & au
Prieur des Chartreux de Pa.
ris, qui en sont les Superieurs
; aprés quoy ils sont
admis, ayant signé leurs
lettres de reception.
Fermer
Résumé : MORTS.
Le texte mentionne le décès de trois personnalités notables en 1713 et 1715. Messire François-Auguste de Forbin, Marquis de Soliez, Chevalier d'honneur de Madame, est décédé le 11 septembre 1713 à l'âge de quarante-cinq ans. Il appartenait à l'ancienne Maison de Forbin en Provence, connue depuis le treizième siècle et divisée en plusieurs branches, dont les Seigneurs de Janton, de la Roque, de la Barberu, et de Gardane. Cette famille a produit de nombreux personnages illustres, notamment le Cardinal Toussaint de Forbin de Janson et l'Archevêque d'Arles. Messire Henry de Chaumejan, Marquis de Fourville, Enseigne au régiment des Gardes Françaises, est décédé le 5 septembre 1715. Il descendait de la Maison de Chaumejan en Touraine, dont le nom provient d'un château situé près de Verneuil, une ville du Bourbonnois. Messire Claude le Doulx, Baron de Melleville, Seigneur d'Outrebois, Conseiller à la Grand' Chambre du Parlement de Paris, est également décédé le 5 septembre 1715 à l'âge de soixante-dix-neuf ans. Il avait été reçu Conseiller en 1659 et avait épousé Dame Françoise Nau, avec qui il a eu plusieurs enfants, dont trois encore vivants. La famille le Doulx descend de Jean le Doulx, Baron de Melleville, Conseiller du Roi et Président au Bailliage d'Évreux, et est originaire de Lisieux. La famille s'est divisée en plusieurs branches, certaines établies à Paris et d'autres à Évreux. Messire Claude de Broville, Premier Président d'Évreux, est également mentionné comme étant enterré au Collège de Boissy, où plusieurs familles illustres, dont les le Doulx, ont le droit d'être inhumées. Le Collège de Boissy, fondé par les descendants de Michel Chartier et Catherine Paté, offre des bourses aux descendants de ces familles pour leurs études à l'Université de Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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33
p. 218-253
« Je ne croy pas qu'on ait vû beaucoup de [...] »
Début :
Je ne croy pas qu'on ait vû beaucoup de [...]
Mots clefs :
Constantinople, Lettre, Homme, Voyage, Animal, Empire, Guerre, Paris, Ambassadeur, Perse, Seigneur, Coeur, Nouvelles, Madrid, Empire ottoman, Géorgie, Frontières, Bijoux, Loup
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Je ne croy pas qu'on ait vû beaucoup de [...] »
Vll beaucoup de Let-
tres comme ce lle-ci
,
qu'un de mes amis m'é-
crit de Constantinople,
dattée du 20. Avril.
J'étois fort en peine de
vous, mon cher L F.lors-
que vôtre lettre est heureu-
sement venuë me tir r .fin
quictude. Vôtrestile libre
& enjoüé, & vos nouvelles
badines n'ont pas mal con-
tribuéà me persuader que
vous vous portez bien: mais
la lâcheté de vos reflexions,
& l'indolence de vôtre philofophie
m'ont mis dans
une telle colere contre
vous, que je n'ai pas le courage
de vous feliciter fur
ſanté dont vous joüiffez ,
puiſque vous avez reſolu de
l'employer plus mal que je
n'aurois jamais oſe me l'imaginer.
Vous voulez maintenant
que tous les amis que vous
avez laiſſez dans les differentes
regions du monde ,
foient fûrs de vous trouver
à Paris juſqu'à la fin de vos
jours. JJaaddiiss on avoit le plai-
T
GALANT.
219
fir de s'entretenir quelquefois
avec vous du Nort au
Sud , & de l'Eſt à l'Oüeft ;
je comptois mêmeque vous
n'abandonneriez pas nôtre
nouvel Ambaſſadeur, aprés
le portrait que vous m'avez
fait , & de fon merite,
& des obligatious que vous
lui avez . Neanmoins il partira
ſans vous , pendant que
vous vivrez à Paris comme
un Parifien , & qu'éternel.
lement ſujet à un coup de
cloche , la Samaritaine reglera
tous les momens de
vôtre vie . Voila en verité
Tij
220 MERCURE
une plaiſante profeffion
pour un homme de vôtre
humeur.
L'audacieux Simon de
Bellegarde , qui recom
mence à preſent pour la
troiſième fois le voyage de
la Byſſinie, arriva ici avanthier.
Je dînai & je ſoupai
hier avec lui. Il me dit qu'il
vous avoit vû à Madrid ,
dans le deſſein de le ſuivre
de prés. Il ajoûta même qu'il
avoit quelque legere intention
de vous attendre à fa
maiſon de Scutari , où il va
paſſer quelquetemps,avant
GALANT. 221
d'entreprendre ( avec fon
grand Negre qu'il a retrouvé
) de courir à la dé
couverte du Temple de Jupiter
Hammon , & de retourner
en Ethiopie. Je lui
dis , aprés pluſieurs bagatelles
que nous debitâmes
fur votre compte , que s'il
n'attendoit que vous pour
aller rendre viſite au Prête-
Jean , il n'avoit que faire de
ſe charger de bouſſole , ni
d'eau , pour traverſer plus
commodément les fables
de l'Egypte. En même
temps je lui montrai vôtre
Tiij
222 MERCURE
Lettre. Je ne veux pas vous
faire rougir de toutes les
injures dont il vous accabla.
Il vous traita d'homme
fans coeur & fans foy ;
enfin il acheva ſa declamation
par cette belle fentence
: Morbleu , dit il , il n'a
pas tant de tort ; il a fait trop
de chemin inutile depuis qu'il
est au monde, pour ne pas se
refoudre en confcience à être
faineant jusqu'àla mort ;
je ferai bien furpris fi à la fin
cette reſolution n'est pasſuivie
de quelques voeux melancoliques.
Mais vous ne faites
GALANT.
223
point d'attention , lui disje,
à ce qu'il me mande ,
&vous ne voyez pas qu'il
aime mieux travailler à Paris
à faire imprimer ſes
- voyages , & peut - être les
nôtres. Oh ma foy , repritil
, il fait bien , & cet employ
me paroît fort d'accord
avec fes faillies. Ecrivez-lui
au plûtôt , que je mette un mot
dans votre Lettre , & promettons-
lui bien des merveilles.
**Ainſi nous nous ſeparames
tous deux , affez mortifiez
d'être fûrs de ne vous
revoirde long temps : mais
Tiiij
224 MERCURE
ſi vous m'aimez toûjours ,
mon cher L. F. faites du
moins que vos Lettres me
confolent de vôtre abſence.
De mon côté j'eſpere
ne vous pas mal dedommager
de vôtre exactitude.
Le depit que j'ai eu en
liſant votre Lettre , de vous
voir capable de la foibleſſe
de vous forger enfin l'idée
du repos dont vous vous
flatez , avant de ſentir que
le public vous fatiguera
peut- être plus que tous les
monts & tous les vaux de
l'univers , devroit , ſi j'étois
GALANT 225
&
d'humeur vindicative ,
m'empêcher d'étendre plus
loin ma réponſe: mais mon
interêt l'emporte ſur mon
depit , & j'apprehendrois
trop de voir bientôt finir
de vôtre côté nôtre commerce
epiftolaire , ſi je ne
vous écrivois que des nouvelles
inutiles pour vous ,
ou indifferentes à ceux à
qui vous pouvez les com.
muniquer.Ainſi je vais vous
entretenir de la Georgie ,
de la Perſe , de Bizance , &
de moy.
Il y a quelque tempsqu'il
226 MERCURE
vint ici un des principaux
Timars de la Georgie, avec
qui je me liai d'amitié , de
façon à ne m'en pouvoir
jamais dédire , tant il me
donna d'eſtime pour lui.
Avant de vous apprendre
ce qu'il m'a conté de fon
hiſtoire , j'ai deux mots a
vous dire de la qualité de
fon employ.
Un Timar dans cet Empire
eft ordinairement un
homme de guerre , à qui
l'on donne la joüiffance &
le revenu d'une certaine
quantité de terres ( qu'on
GALANT.
227
i
appelle timariot. ) Les uns
valent plus , les autres
moins. Il y en a qui rapportent
quatre cens, cinq cens ,
mille , &juſqu'à deux mille
écus de rente. Il y en a
beaucoup au deſſous. Ceux
à qui on donne ces places ,
font obligez , dans tous les
beſoins de l'Etat , de ſe ranger
, au premier bruit de
guerre , ſous l'étendart de
la Religion , & de mener
avec eux à leurs dépens , au
moins un ou deux cavaliers
ou fantaſſins de leur
timariot. Ces Timars font
228 MERCURE
de vrais tyrans dans l'éten
duë de leur domaine. Celui-
ci en a un des plus con
fiderables , & il m'a juré
que , ſans inquieter jamais
ſes vaffaux , le ſien lui val
loit tous les ans plus de cinq
cens ſequins de rente ; aufli
eft il fort riche Il s'appelle
Oſmin Kara. C'eſt un vieux
Muſſulmane, recomman
bleppar ſa bonne mine autant
qu'il l'eſt depuis longtemps
par ſa valeur. Il eſt
fils d'un de ces enfans de
tribut qu'on appelle Azamoglans.
Il ſervoit dans les
GALANT.
229
Janiſſaires lorſqueMahomet
quatre fut dépoſſedé par
quar
fon frere Soliman III. Il
ſe trouva malheureuſement
engagé étroitement dans
le parti de ces deux fameux
ſeditieux Fetfagi & Haggi
Ali , dont la revolte penſa
caufer la ruine entiere de
l'Empire Othoman. Ce fut
lui , qui aprés avoir été des
plusanimez &des plus heureux
au pillage de la maiſon
&des richeſſes du grand
Treſorier ,entra le premier
le fabre & la flame à la
main dans la maiſon du
230 MERCURE
grand Viſir Siaous , qui ,
aprés avoir mal à propos
remis le ſceau de l'Empire
dans les mains du Muphti ,
au milieu de cet affreux de
fordre fut tué d'un coupde
piſtolet , que Haggi Ali lui
tira dans la tête. Il fut un
de ceux qui ſçut le mieux
&le plus fecretement profiter
des joyaux qui furent
arrachez aux femmes &
aux enfans de ce malheu
reux Vifir , qu'on traîna
comme lui dans les ruës de
Conſtantinople , aprés les
avoir égorgez. Enfin ce fut
GALANT...
231
lui qui ſauva la plus jeune
fille de Siaous avec une ef
clave , qu'il vendit publiquement
quatre ſequins à
un Marchand Arabe , qui
lui promit en ſecret de les
lui rendre pour le même
prix , lors qu'il voudroit les
racheter ; ce qu'il fit lorfque
le tumulte fut appaifé.
On s'étonne rarement ici)
des actes de bonne foy, l'uſage
eſt de n'y pas manquer
Oſmin Kara confia avec
ſon argent & ſes bijoux ,
cette petite fille,feul refte
zoulo
232 MERCURE
de la famille des deux
grands Viſirs Cuprogli , qui
avoient fi heureuſement
travaillé pour l'agrandiffement
& pour la gloire de
l'Empire Othoman , à un
vieux Marchand Armenien
ſon ami, établi dans le faux.
bourg de Galata. Ce bon
homme garda ce dépôt
chez lui pendant dix ans ,
qu'Ofmin , qui eut ordre
d'aller fervir dans les Ja
niſſaires de Babylone , paffa
fur les frontieres de la Perſe
, qui menaçoit alors le
grand Seigneur de lui do
clarer
GALANT. 233
clarer la guerre. Afon re
tour à Conſtantinople , on
lui donna un timariot de
deux cens ſequins de rente.
Désqu'ilſe vit en poffeffion
d'un azile , il alla chez ſon
ami , qui lui rendit , avec
ſes bijoux , la fille de Siaous
grande , bien faite &belle.
Elle avoit juſqu'alors ignoré
ſa naiſſance ; il la lui ap
prit , & en même temps il
lui demanda ſi elle vouloit
l'épouſer. Elle y confentit.
La ceremonie de ce ma
riage ſe fit à la Turque. Il
remercia ſon ami , il prit
May 1714. V
234 MERCURE
congé de lui , & il ſe retira
avec ſon épouſe dans ſon
timariot , où il a toûjours
vêcu avec elle comme s'il
lui eût été défendu d'avoir
plus d'une femme.
Il ya cinq ans que le
dernier Vifir depolé , qui
l'avoit toûjours conſideré ,
changea ſon timariot pour
celui qu'il poſſede. Nya
trois mois qu'il étoit ici , &
c'eſt de lui que j'ai appris
le petit trait d'hiſtoire que
vous allez lire .
J'étois , me dit - il un
jour , dans les Janiſſaires du
GALANT. 235
Sultan Solyman , qui ( pour
nous punir des troubles
que nôtre union avec les
Spahis avoit caufez dans
Conſtantinople ) nous envoya
fur les frontieres de
la Perſe , lors qu'un ſujet
du Sophi me tomba entre
les mains. Toutes les raifons
& toutes les regles de
la guerre le rendoient mon
prifonnier : mais je trouvai
tant de probité dans cet
homme , que , loin de fon,
ger àa m'en faire un eſclave,
je tâchai ſeulementde m'en
faire un ami , & j'y reüffis.
V ij
236 MERCURE
Un jour me promenant
avec lui parmi un ggrraand
nombre de tombeaux ,
(dont on voit encore des
ruïnes magnifiques à un
ne:) Vous m'aimez , me
quart de lieuë de Babylodit-
il , fans me connoître ;
cela ne me fuffit pas , je
veux vous apprendre qui je
fuis, pour voir comme vous
me traiterez lorſque vous
me connoîtrez. Je m'appelle
Achmet Ereb. La vertu
qui fait ma nobleſſe a fait
les honneurs & les infortunes
de ma vie. Le Sophi
GALANT. 237
mon Seigneur m'a comblé
pendant dix ans des biens
qu'il vient de m'ôter en un
jour. Mes ennemis lui ont
perfuadé que j'avois trouvé
un trefor. Quoique je n'aye
jamais poffedé d'autres richeſſes
que celles qu'il m'a
données , il a neanmoins
crû mes accuſateurs. Enfin
aun de ſes Officiers vint un
ſoir me dire que le Sophi
m'ordonnoit de me rendre
le lendemain , aprés la premiere
priere , au pied de ſa
Tribune , pour répondre au
crime dont on m'accuſoit.
238 MERCURE
Ce Prince aimoit beau.
coup la pêche , & il y avoit
alors plus de deux ans que
je travaillois avec ma femme
à lui faire , de ſes propres
largeſles ,un preſent
qui pût lui plaire. C'eſt un
filet qui a ſoixante pieds de
longueur , fur trois de hauteur,
dont tout le rezeau eft
d'or fin , fans aucun mélange
de foye ; au lieu de
plomb , j'ai mis de diſtance
en diſtance des boules d'or
& d'argent , & pour foû .
tenir le poids du filet , le
cordon qui reſte ſur l'eau
GALANT. 239
eſt garni de pieces de cedre
& de liege attachées
au filet avec des anneaux
d'or. Voila , lui dis je, en le
lui preſentant le lendemain
matin , le treſor que je pof.
fede. Je dois à la generofité
de Ta Hauteſſe tout l'or
dont il eſt enrichi , & lorf
quej'ai entrepris de le faije
ne l'ai jamais deftiné
qu'au plaifir de Ta Hauteſſe.
Dieu est tout puiſſant
&tout mifericordieux , &
le faint Prophete m'entend.
Je lui donnai avec cela un
zirtlan que j'aimois, & qui
re
240 MERCURE
me parloit commeunhomme.
Pour recompenſe de
ma bonne foy , on a bien
reçû mon preſent. Je me
ſuis appauvri à le faire , &
le Sophi m'a chaffé. Voila
cequ'Oſmin me conta.
Que penſez-vous , mon
cher L. F. de la politique
de cet homme ? Auriezvous
en ſa place donné vô
tre filet ? l'auriez-vous gardé
? auriez vous , aux yeux
de vôtre Juge montré vô.
tre richefle , ou foûtenu võ.
tre pauvreté ? N'y avoit - il
que de la vertu à faire l'un
ou
GALANT.
241
2
ou l'autre ? Enfin comment
vous feriez-vous défendu? ...
Mais à propos du zirtlan
que je viens de vous nommer,
je veux vous apprendre
ce que c'eſt , ſi vous ne
le ſçavez pas ; à la bonne
heure ſi vous le ſçavez , je
n'ai rien de mieux à faire.
C'eſt un animal que les
Tarcs appellent zirtlan , &
les autres nations byena.
Cet animal eſt de la taille
d'un loup ordinaire. Il entend
parfaitement la voix
humaine , & il comprend à
merveille le ſens de toutes
May 1714.
X
242 MERCURE
१०
2
les paroles qu'il entend.
Ofmin, qui en a depuis longtemps
apprivoiſez , m'a affuré
qu'ils lui avoient quelquefois
répondu des mots
bien articulez , & fort relatifs
à ceux qu'il leur avoit
dits. La maniere dont on
le prend eſt admirable.
Ceux qui font affez hardis
pour lui donner la chaffe
approchent de ſa caverne ,
qu'un monceau d'oſſemens
&de carcaffes des animaux
qu'il a dévorez rend toûjours
fort reconnoiſſable.
Le plus audacieux de ces
GALANT. 243
chaſſeurs entre dans la caverne
, tenant à ſa main le
bout d'une corde, dont ſes
camarades 'tiennent l'autre
àla porte. Sitôt qu'il met
le pieddans l'antre , il cric
de toute ſa force , joctur ,
* joctur , ucala. Cela veutdire ,
il n'y eſt pas , il n'y eſt pas ;
2 & en criant toûjours , il n'y
Deſt pas , il arrive juſqu'auprés
de ce terrible animal ,
qui ſe ſerre contre la terre ,
perfuadé que les hommes
qui le cherchent ne mencent
point , & qu'ils font
apparemment ſûrs de ne le
C
7
Xij
244 MERCURE
pas trouver , puis qu'ils dilent
toûjours qu'il n'y eft
pas. Alors le chaſſeur , fans
diſcontinuer de crier , il n'y
eſt pas , lui paſſe ſa corde
entre les cuiffes , l'attache
demaniere à ne le pas manquer.
Il laiſſe enſuite traf
ner la corde à terre ; puis à
meſure qu'il ſe retire à reculon
, il crie , juſqu'à ce
qu'il ſoit dehors , il n'y eſt
pas : mais dés qu'il a regagné
la porte de cet affreux
gîte , il crie de toute fa force
avec ſes camarades , il y
eſt , il y eft, il y eſt. L'aniGALANT.
245
mal qui ſe voit ainſi découvert
, s'élance auffitôt
avec fureur pour devorer
ſes ennemis : mais il eſt ſi
bien pris , qu'en fortant de
ſa caverne ou on le tuë , ou
il s'enferme dans une grande
machine faite, exprés
pour le prendre en vie .
Si je n'avois pas vû cet
animal ; ſi je n'étois pas für
qu'il entend & comprend
les fons de la voixde l'homme
, & fi je ne croyois pas
de bonne foy ce qu'Ofmin
m'en a raconté , je ne pourrois
pas encore me perfua-
Xiij
246 MERCURE
der que ce que le ſage &
ſçavant Augerius Giſlenius
Buſbequius en a écrit ne
fût un vrai conte à dormir
debout. Je vous envoye exprés
ceque nous en a dit ce
Miniſtre qui , comme vous
ſçavez , fut ici long-temps
Ambaſſadeur de l'Empereur
Maximilien auprés du
Grand Sultan Solyman premier.
Voici les termes de
l'original.
Extractum Epift. 1. Aug.
G. B... p. 74. de hyænis.
Jam ride quantùm lubet ,
GALANT. 247
ram.
fi unquam riſiſti ; fabulam audies
quam ex ore populi refe-
Aiunt hyenam , ( quam
ipfi zirtlan vocant)fermonem
intelligere humanum , ( veteres
imitari dixerunt ) proptereaque
à venatoribus hunc in
modum capi. Accedunt ad ejus
cavernam,quam ex offiumcumulo
deprehendi facile eft . Subit
unus cum fune , cujus partem
extremam fociis tenendam foris
relinquit ; ipſe identidem
pronuntians , joctur , joctur ,
ucala ; illam fe non reperire
illam non adeffe introrepit. At
hyena quese latere, nefcirique
X iiij
248 MERCURE
ex ejus fermone putat , manet
immota , donec fibi crus fune
vinciatur ; fubinde venatore
illam non adeffe clamitante.
Deinde cum iifdem verbis retrocedit
: fed ubi jam ex fpelunca
evafit , de repente cla
more magno hyænam intus effe
pronuntiat ; quo illa intellecto,
vehementi impetu ut fugam
capiat nequicquam profilit , venatoribus
per funem quo crus
ei implicatum diximus retinentibus.
Sic eam vel occidi , vel
adhibita industria narrant vivam
capi. Nam animalſevum
eft , & quod se impigrè deffendat.
GALANT. 249
Ainſi vous pouvez , mon
ami , juger de ce que j'en
ai vû , par ce qu'en ditBufbek.
A l'égarddes contemporains
, ſon témoignage
fait fort peu pour mon difcours
, puiſque l'avantage
quej'ai d'être , me doit rendre
au moins auffi croyable
que lui , qui n'eſt plus ;
d'ailleurs ce n'eſt pas àvous
que je voudrois en impofer.
Au reſte , je vous avouë
qu'il n'y a rien de curieux
dans les Lettres que Buſbek
a écrite de ce pays.ci , dont
250 MERCURE
je n'aye eu une envie extrême
de m'éclaircir par moymême
; & tout ce qu'il a
dit des elephans , des cigales&
des fourmis , eſt admirable
& vrai: mais je vous
en entretiendrai une autre
fois , & l'emplette que j'ai
faite il y a quelque temps
de deux filles d'un pays
dont il fait un plaifant détail,
me fournira , avec l'hiftoire
des animaux dont il
parle, la matiere de ma pre
miere lettre . Celle- ci est
longue, mon ami: mais ily
ahuit cens lieuës entre nous
GALANT. 251
deux , la terre eſt peu fûre
pour nos correſpondances ,
les navires , les fregates, les
galeres , les caïques , les
tartanes , & les barques ne
partent pas tous les jours :
ainſi major è longinquo reverentia.
Par conſequent mes
lettres , quelque longues
qu'elles foient , ne doivent
jamais vous ennuyer.
Le deſtin du Roy de Suede
paroît meilleur qu'il n'a
été depuis long- temps.
M. Setun, Ambaſſadeur
d'Angleterre ici , m'a dit
qu'ilſouhaitoit debon coeur
1
2524
MERCURE
entretenir avec vous unc
relation égale. Ce Miniftre
m'a paru fort ſenſible à la
nouvelle de la mort du fils
du Milord Lexington , fon
neveu & vôtre ami
que
vous avez vù mourir a Madrid.
Les termes dont vous
ةي
vous ſervez en parlant de
ce jeune Seigneur lui ont
fait concevoir tant d'eſtime
pour vous , qu'il ne ceſſe
de me demander fi je ſuis
bien fûr que vous m'enver
rez exactement des nouvelles
de France. Je vous
en prie avec la derniere infGALANT.
253
:
tance , & fuis de tout mon
coeur , mon cher L. F.
Vôtre , &c.
tres comme ce lle-ci
,
qu'un de mes amis m'é-
crit de Constantinople,
dattée du 20. Avril.
J'étois fort en peine de
vous, mon cher L F.lors-
que vôtre lettre est heureu-
sement venuë me tir r .fin
quictude. Vôtrestile libre
& enjoüé, & vos nouvelles
badines n'ont pas mal con-
tribuéà me persuader que
vous vous portez bien: mais
la lâcheté de vos reflexions,
& l'indolence de vôtre philofophie
m'ont mis dans
une telle colere contre
vous, que je n'ai pas le courage
de vous feliciter fur
ſanté dont vous joüiffez ,
puiſque vous avez reſolu de
l'employer plus mal que je
n'aurois jamais oſe me l'imaginer.
Vous voulez maintenant
que tous les amis que vous
avez laiſſez dans les differentes
regions du monde ,
foient fûrs de vous trouver
à Paris juſqu'à la fin de vos
jours. JJaaddiiss on avoit le plai-
T
GALANT.
219
fir de s'entretenir quelquefois
avec vous du Nort au
Sud , & de l'Eſt à l'Oüeft ;
je comptois mêmeque vous
n'abandonneriez pas nôtre
nouvel Ambaſſadeur, aprés
le portrait que vous m'avez
fait , & de fon merite,
& des obligatious que vous
lui avez . Neanmoins il partira
ſans vous , pendant que
vous vivrez à Paris comme
un Parifien , & qu'éternel.
lement ſujet à un coup de
cloche , la Samaritaine reglera
tous les momens de
vôtre vie . Voila en verité
Tij
220 MERCURE
une plaiſante profeffion
pour un homme de vôtre
humeur.
L'audacieux Simon de
Bellegarde , qui recom
mence à preſent pour la
troiſième fois le voyage de
la Byſſinie, arriva ici avanthier.
Je dînai & je ſoupai
hier avec lui. Il me dit qu'il
vous avoit vû à Madrid ,
dans le deſſein de le ſuivre
de prés. Il ajoûta même qu'il
avoit quelque legere intention
de vous attendre à fa
maiſon de Scutari , où il va
paſſer quelquetemps,avant
GALANT. 221
d'entreprendre ( avec fon
grand Negre qu'il a retrouvé
) de courir à la dé
couverte du Temple de Jupiter
Hammon , & de retourner
en Ethiopie. Je lui
dis , aprés pluſieurs bagatelles
que nous debitâmes
fur votre compte , que s'il
n'attendoit que vous pour
aller rendre viſite au Prête-
Jean , il n'avoit que faire de
ſe charger de bouſſole , ni
d'eau , pour traverſer plus
commodément les fables
de l'Egypte. En même
temps je lui montrai vôtre
Tiij
222 MERCURE
Lettre. Je ne veux pas vous
faire rougir de toutes les
injures dont il vous accabla.
Il vous traita d'homme
fans coeur & fans foy ;
enfin il acheva ſa declamation
par cette belle fentence
: Morbleu , dit il , il n'a
pas tant de tort ; il a fait trop
de chemin inutile depuis qu'il
est au monde, pour ne pas se
refoudre en confcience à être
faineant jusqu'àla mort ;
je ferai bien furpris fi à la fin
cette reſolution n'est pasſuivie
de quelques voeux melancoliques.
Mais vous ne faites
GALANT.
223
point d'attention , lui disje,
à ce qu'il me mande ,
&vous ne voyez pas qu'il
aime mieux travailler à Paris
à faire imprimer ſes
- voyages , & peut - être les
nôtres. Oh ma foy , repritil
, il fait bien , & cet employ
me paroît fort d'accord
avec fes faillies. Ecrivez-lui
au plûtôt , que je mette un mot
dans votre Lettre , & promettons-
lui bien des merveilles.
**Ainſi nous nous ſeparames
tous deux , affez mortifiez
d'être fûrs de ne vous
revoirde long temps : mais
Tiiij
224 MERCURE
ſi vous m'aimez toûjours ,
mon cher L. F. faites du
moins que vos Lettres me
confolent de vôtre abſence.
De mon côté j'eſpere
ne vous pas mal dedommager
de vôtre exactitude.
Le depit que j'ai eu en
liſant votre Lettre , de vous
voir capable de la foibleſſe
de vous forger enfin l'idée
du repos dont vous vous
flatez , avant de ſentir que
le public vous fatiguera
peut- être plus que tous les
monts & tous les vaux de
l'univers , devroit , ſi j'étois
GALANT 225
&
d'humeur vindicative ,
m'empêcher d'étendre plus
loin ma réponſe: mais mon
interêt l'emporte ſur mon
depit , & j'apprehendrois
trop de voir bientôt finir
de vôtre côté nôtre commerce
epiftolaire , ſi je ne
vous écrivois que des nouvelles
inutiles pour vous ,
ou indifferentes à ceux à
qui vous pouvez les com.
muniquer.Ainſi je vais vous
entretenir de la Georgie ,
de la Perſe , de Bizance , &
de moy.
Il y a quelque tempsqu'il
226 MERCURE
vint ici un des principaux
Timars de la Georgie, avec
qui je me liai d'amitié , de
façon à ne m'en pouvoir
jamais dédire , tant il me
donna d'eſtime pour lui.
Avant de vous apprendre
ce qu'il m'a conté de fon
hiſtoire , j'ai deux mots a
vous dire de la qualité de
fon employ.
Un Timar dans cet Empire
eft ordinairement un
homme de guerre , à qui
l'on donne la joüiffance &
le revenu d'une certaine
quantité de terres ( qu'on
GALANT.
227
i
appelle timariot. ) Les uns
valent plus , les autres
moins. Il y en a qui rapportent
quatre cens, cinq cens ,
mille , &juſqu'à deux mille
écus de rente. Il y en a
beaucoup au deſſous. Ceux
à qui on donne ces places ,
font obligez , dans tous les
beſoins de l'Etat , de ſe ranger
, au premier bruit de
guerre , ſous l'étendart de
la Religion , & de mener
avec eux à leurs dépens , au
moins un ou deux cavaliers
ou fantaſſins de leur
timariot. Ces Timars font
228 MERCURE
de vrais tyrans dans l'éten
duë de leur domaine. Celui-
ci en a un des plus con
fiderables , & il m'a juré
que , ſans inquieter jamais
ſes vaffaux , le ſien lui val
loit tous les ans plus de cinq
cens ſequins de rente ; aufli
eft il fort riche Il s'appelle
Oſmin Kara. C'eſt un vieux
Muſſulmane, recomman
bleppar ſa bonne mine autant
qu'il l'eſt depuis longtemps
par ſa valeur. Il eſt
fils d'un de ces enfans de
tribut qu'on appelle Azamoglans.
Il ſervoit dans les
GALANT.
229
Janiſſaires lorſqueMahomet
quatre fut dépoſſedé par
quar
fon frere Soliman III. Il
ſe trouva malheureuſement
engagé étroitement dans
le parti de ces deux fameux
ſeditieux Fetfagi & Haggi
Ali , dont la revolte penſa
caufer la ruine entiere de
l'Empire Othoman. Ce fut
lui , qui aprés avoir été des
plusanimez &des plus heureux
au pillage de la maiſon
&des richeſſes du grand
Treſorier ,entra le premier
le fabre & la flame à la
main dans la maiſon du
230 MERCURE
grand Viſir Siaous , qui ,
aprés avoir mal à propos
remis le ſceau de l'Empire
dans les mains du Muphti ,
au milieu de cet affreux de
fordre fut tué d'un coupde
piſtolet , que Haggi Ali lui
tira dans la tête. Il fut un
de ceux qui ſçut le mieux
&le plus fecretement profiter
des joyaux qui furent
arrachez aux femmes &
aux enfans de ce malheu
reux Vifir , qu'on traîna
comme lui dans les ruës de
Conſtantinople , aprés les
avoir égorgez. Enfin ce fut
GALANT...
231
lui qui ſauva la plus jeune
fille de Siaous avec une ef
clave , qu'il vendit publiquement
quatre ſequins à
un Marchand Arabe , qui
lui promit en ſecret de les
lui rendre pour le même
prix , lors qu'il voudroit les
racheter ; ce qu'il fit lorfque
le tumulte fut appaifé.
On s'étonne rarement ici)
des actes de bonne foy, l'uſage
eſt de n'y pas manquer
Oſmin Kara confia avec
ſon argent & ſes bijoux ,
cette petite fille,feul refte
zoulo
232 MERCURE
de la famille des deux
grands Viſirs Cuprogli , qui
avoient fi heureuſement
travaillé pour l'agrandiffement
& pour la gloire de
l'Empire Othoman , à un
vieux Marchand Armenien
ſon ami, établi dans le faux.
bourg de Galata. Ce bon
homme garda ce dépôt
chez lui pendant dix ans ,
qu'Ofmin , qui eut ordre
d'aller fervir dans les Ja
niſſaires de Babylone , paffa
fur les frontieres de la Perſe
, qui menaçoit alors le
grand Seigneur de lui do
clarer
GALANT. 233
clarer la guerre. Afon re
tour à Conſtantinople , on
lui donna un timariot de
deux cens ſequins de rente.
Désqu'ilſe vit en poffeffion
d'un azile , il alla chez ſon
ami , qui lui rendit , avec
ſes bijoux , la fille de Siaous
grande , bien faite &belle.
Elle avoit juſqu'alors ignoré
ſa naiſſance ; il la lui ap
prit , & en même temps il
lui demanda ſi elle vouloit
l'épouſer. Elle y confentit.
La ceremonie de ce ma
riage ſe fit à la Turque. Il
remercia ſon ami , il prit
May 1714. V
234 MERCURE
congé de lui , & il ſe retira
avec ſon épouſe dans ſon
timariot , où il a toûjours
vêcu avec elle comme s'il
lui eût été défendu d'avoir
plus d'une femme.
Il ya cinq ans que le
dernier Vifir depolé , qui
l'avoit toûjours conſideré ,
changea ſon timariot pour
celui qu'il poſſede. Nya
trois mois qu'il étoit ici , &
c'eſt de lui que j'ai appris
le petit trait d'hiſtoire que
vous allez lire .
J'étois , me dit - il un
jour , dans les Janiſſaires du
GALANT. 235
Sultan Solyman , qui ( pour
nous punir des troubles
que nôtre union avec les
Spahis avoit caufez dans
Conſtantinople ) nous envoya
fur les frontieres de
la Perſe , lors qu'un ſujet
du Sophi me tomba entre
les mains. Toutes les raifons
& toutes les regles de
la guerre le rendoient mon
prifonnier : mais je trouvai
tant de probité dans cet
homme , que , loin de fon,
ger àa m'en faire un eſclave,
je tâchai ſeulementde m'en
faire un ami , & j'y reüffis.
V ij
236 MERCURE
Un jour me promenant
avec lui parmi un ggrraand
nombre de tombeaux ,
(dont on voit encore des
ruïnes magnifiques à un
ne:) Vous m'aimez , me
quart de lieuë de Babylodit-
il , fans me connoître ;
cela ne me fuffit pas , je
veux vous apprendre qui je
fuis, pour voir comme vous
me traiterez lorſque vous
me connoîtrez. Je m'appelle
Achmet Ereb. La vertu
qui fait ma nobleſſe a fait
les honneurs & les infortunes
de ma vie. Le Sophi
GALANT. 237
mon Seigneur m'a comblé
pendant dix ans des biens
qu'il vient de m'ôter en un
jour. Mes ennemis lui ont
perfuadé que j'avois trouvé
un trefor. Quoique je n'aye
jamais poffedé d'autres richeſſes
que celles qu'il m'a
données , il a neanmoins
crû mes accuſateurs. Enfin
aun de ſes Officiers vint un
ſoir me dire que le Sophi
m'ordonnoit de me rendre
le lendemain , aprés la premiere
priere , au pied de ſa
Tribune , pour répondre au
crime dont on m'accuſoit.
238 MERCURE
Ce Prince aimoit beau.
coup la pêche , & il y avoit
alors plus de deux ans que
je travaillois avec ma femme
à lui faire , de ſes propres
largeſles ,un preſent
qui pût lui plaire. C'eſt un
filet qui a ſoixante pieds de
longueur , fur trois de hauteur,
dont tout le rezeau eft
d'or fin , fans aucun mélange
de foye ; au lieu de
plomb , j'ai mis de diſtance
en diſtance des boules d'or
& d'argent , & pour foû .
tenir le poids du filet , le
cordon qui reſte ſur l'eau
GALANT. 239
eſt garni de pieces de cedre
& de liege attachées
au filet avec des anneaux
d'or. Voila , lui dis je, en le
lui preſentant le lendemain
matin , le treſor que je pof.
fede. Je dois à la generofité
de Ta Hauteſſe tout l'or
dont il eſt enrichi , & lorf
quej'ai entrepris de le faije
ne l'ai jamais deftiné
qu'au plaifir de Ta Hauteſſe.
Dieu est tout puiſſant
&tout mifericordieux , &
le faint Prophete m'entend.
Je lui donnai avec cela un
zirtlan que j'aimois, & qui
re
240 MERCURE
me parloit commeunhomme.
Pour recompenſe de
ma bonne foy , on a bien
reçû mon preſent. Je me
ſuis appauvri à le faire , &
le Sophi m'a chaffé. Voila
cequ'Oſmin me conta.
Que penſez-vous , mon
cher L. F. de la politique
de cet homme ? Auriezvous
en ſa place donné vô
tre filet ? l'auriez-vous gardé
? auriez vous , aux yeux
de vôtre Juge montré vô.
tre richefle , ou foûtenu võ.
tre pauvreté ? N'y avoit - il
que de la vertu à faire l'un
ou
GALANT.
241
2
ou l'autre ? Enfin comment
vous feriez-vous défendu? ...
Mais à propos du zirtlan
que je viens de vous nommer,
je veux vous apprendre
ce que c'eſt , ſi vous ne
le ſçavez pas ; à la bonne
heure ſi vous le ſçavez , je
n'ai rien de mieux à faire.
C'eſt un animal que les
Tarcs appellent zirtlan , &
les autres nations byena.
Cet animal eſt de la taille
d'un loup ordinaire. Il entend
parfaitement la voix
humaine , & il comprend à
merveille le ſens de toutes
May 1714.
X
242 MERCURE
१०
2
les paroles qu'il entend.
Ofmin, qui en a depuis longtemps
apprivoiſez , m'a affuré
qu'ils lui avoient quelquefois
répondu des mots
bien articulez , & fort relatifs
à ceux qu'il leur avoit
dits. La maniere dont on
le prend eſt admirable.
Ceux qui font affez hardis
pour lui donner la chaffe
approchent de ſa caverne ,
qu'un monceau d'oſſemens
&de carcaffes des animaux
qu'il a dévorez rend toûjours
fort reconnoiſſable.
Le plus audacieux de ces
GALANT. 243
chaſſeurs entre dans la caverne
, tenant à ſa main le
bout d'une corde, dont ſes
camarades 'tiennent l'autre
àla porte. Sitôt qu'il met
le pieddans l'antre , il cric
de toute ſa force , joctur ,
* joctur , ucala. Cela veutdire ,
il n'y eſt pas , il n'y eſt pas ;
2 & en criant toûjours , il n'y
Deſt pas , il arrive juſqu'auprés
de ce terrible animal ,
qui ſe ſerre contre la terre ,
perfuadé que les hommes
qui le cherchent ne mencent
point , & qu'ils font
apparemment ſûrs de ne le
C
7
Xij
244 MERCURE
pas trouver , puis qu'ils dilent
toûjours qu'il n'y eft
pas. Alors le chaſſeur , fans
diſcontinuer de crier , il n'y
eſt pas , lui paſſe ſa corde
entre les cuiffes , l'attache
demaniere à ne le pas manquer.
Il laiſſe enſuite traf
ner la corde à terre ; puis à
meſure qu'il ſe retire à reculon
, il crie , juſqu'à ce
qu'il ſoit dehors , il n'y eſt
pas : mais dés qu'il a regagné
la porte de cet affreux
gîte , il crie de toute fa force
avec ſes camarades , il y
eſt , il y eft, il y eſt. L'aniGALANT.
245
mal qui ſe voit ainſi découvert
, s'élance auffitôt
avec fureur pour devorer
ſes ennemis : mais il eſt ſi
bien pris , qu'en fortant de
ſa caverne ou on le tuë , ou
il s'enferme dans une grande
machine faite, exprés
pour le prendre en vie .
Si je n'avois pas vû cet
animal ; ſi je n'étois pas für
qu'il entend & comprend
les fons de la voixde l'homme
, & fi je ne croyois pas
de bonne foy ce qu'Ofmin
m'en a raconté , je ne pourrois
pas encore me perfua-
Xiij
246 MERCURE
der que ce que le ſage &
ſçavant Augerius Giſlenius
Buſbequius en a écrit ne
fût un vrai conte à dormir
debout. Je vous envoye exprés
ceque nous en a dit ce
Miniſtre qui , comme vous
ſçavez , fut ici long-temps
Ambaſſadeur de l'Empereur
Maximilien auprés du
Grand Sultan Solyman premier.
Voici les termes de
l'original.
Extractum Epift. 1. Aug.
G. B... p. 74. de hyænis.
Jam ride quantùm lubet ,
GALANT. 247
ram.
fi unquam riſiſti ; fabulam audies
quam ex ore populi refe-
Aiunt hyenam , ( quam
ipfi zirtlan vocant)fermonem
intelligere humanum , ( veteres
imitari dixerunt ) proptereaque
à venatoribus hunc in
modum capi. Accedunt ad ejus
cavernam,quam ex offiumcumulo
deprehendi facile eft . Subit
unus cum fune , cujus partem
extremam fociis tenendam foris
relinquit ; ipſe identidem
pronuntians , joctur , joctur ,
ucala ; illam fe non reperire
illam non adeffe introrepit. At
hyena quese latere, nefcirique
X iiij
248 MERCURE
ex ejus fermone putat , manet
immota , donec fibi crus fune
vinciatur ; fubinde venatore
illam non adeffe clamitante.
Deinde cum iifdem verbis retrocedit
: fed ubi jam ex fpelunca
evafit , de repente cla
more magno hyænam intus effe
pronuntiat ; quo illa intellecto,
vehementi impetu ut fugam
capiat nequicquam profilit , venatoribus
per funem quo crus
ei implicatum diximus retinentibus.
Sic eam vel occidi , vel
adhibita industria narrant vivam
capi. Nam animalſevum
eft , & quod se impigrè deffendat.
GALANT. 249
Ainſi vous pouvez , mon
ami , juger de ce que j'en
ai vû , par ce qu'en ditBufbek.
A l'égarddes contemporains
, ſon témoignage
fait fort peu pour mon difcours
, puiſque l'avantage
quej'ai d'être , me doit rendre
au moins auffi croyable
que lui , qui n'eſt plus ;
d'ailleurs ce n'eſt pas àvous
que je voudrois en impofer.
Au reſte , je vous avouë
qu'il n'y a rien de curieux
dans les Lettres que Buſbek
a écrite de ce pays.ci , dont
250 MERCURE
je n'aye eu une envie extrême
de m'éclaircir par moymême
; & tout ce qu'il a
dit des elephans , des cigales&
des fourmis , eſt admirable
& vrai: mais je vous
en entretiendrai une autre
fois , & l'emplette que j'ai
faite il y a quelque temps
de deux filles d'un pays
dont il fait un plaifant détail,
me fournira , avec l'hiftoire
des animaux dont il
parle, la matiere de ma pre
miere lettre . Celle- ci est
longue, mon ami: mais ily
ahuit cens lieuës entre nous
GALANT. 251
deux , la terre eſt peu fûre
pour nos correſpondances ,
les navires , les fregates, les
galeres , les caïques , les
tartanes , & les barques ne
partent pas tous les jours :
ainſi major è longinquo reverentia.
Par conſequent mes
lettres , quelque longues
qu'elles foient , ne doivent
jamais vous ennuyer.
Le deſtin du Roy de Suede
paroît meilleur qu'il n'a
été depuis long- temps.
M. Setun, Ambaſſadeur
d'Angleterre ici , m'a dit
qu'ilſouhaitoit debon coeur
1
2524
MERCURE
entretenir avec vous unc
relation égale. Ce Miniftre
m'a paru fort ſenſible à la
nouvelle de la mort du fils
du Milord Lexington , fon
neveu & vôtre ami
que
vous avez vù mourir a Madrid.
Les termes dont vous
ةي
vous ſervez en parlant de
ce jeune Seigneur lui ont
fait concevoir tant d'eſtime
pour vous , qu'il ne ceſſe
de me demander fi je ſuis
bien fûr que vous m'enver
rez exactement des nouvelles
de France. Je vous
en prie avec la derniere infGALANT.
253
:
tance , & fuis de tout mon
coeur , mon cher L. F.
Vôtre , &c.
Fermer
Résumé : « Je ne croy pas qu'on ait vû beaucoup de [...] »
L'auteur reçoit une lettre de son ami à Constantinople, datée du 20 avril. La lettre rassure l'auteur sur la santé de son ami mais le met en colère par ses réflexions et sa philosophie. L'ami exprime son intention de s'installer à Paris pour le reste de ses jours, ce qui déçoit l'auteur qui comptait sur ses visites et son soutien à l'ambassadeur. Simon de Bellegarde, en route pour la Byssinie, a rencontré l'ami à Madrid et a exprimé son mépris pour sa décision de se reposer. L'auteur discute ensuite de sa rencontre avec un Timar géorgien nommé Osmin Kara, qui lui raconte son histoire et celle d'Achmet Ereb, un sujet du Sophi de Perse. Osmin Kara avait sauvé la fille d'un grand vizir et l'avait épousée. Achmet Ereb, après avoir été accusé à tort de posséder un trésor, a offert au Sophi un filet en or et une hyène apprivoisée pour prouver sa loyauté, mais a été exilé malgré tout. L'auteur pose des questions sur la politique et la vertu d'Achmet Ereb. Le texte décrit également une méthode de capture des hyènes, animaux réputés pour comprendre et imiter les sons humains. Les chasseurs approchent la tanière de la hyène et utilisent des appâts sonores pour la tromper. Un homme, attaché par une corde, entre dans la tanière en répétant 'il y est, il y est' jusqu'à ce qu'il soit dehors. La hyène, croyant que l'homme est toujours à l'intérieur, sort pour l'attaquer et se fait capturer ou tuer. Cette méthode est basée sur les écrits d'Augerius Gislenius et Busbequius, ancien ambassadeur de l'Empereur Maximilien auprès du Sultan Solyman. Le narrateur mentionne également des correspondances entre amis, discutant de sujets variés comme les animaux et les nouvelles politiques, notamment le destin du Roi de Suède et la mort du fils de Lord Lexington.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
34
p. 14-100
HISTOIRE nouvelle.
Début :
Je suis bien aise, Monsieur, de vous envoyer l'histoire [...]
Mots clefs :
Maison, Homme, Frères, Hommes, Filles, Palais, Amour, Honneur, Amis, Camarades, Guerre, Dieu, Traître, Amis, Yeux, Liberté, Carrosse, Esprit, Violence, Soldat, Circonstances, Sentinelle, Sentiments, Malheur, Seigneur, Troupes, Jardin, Ville, Victime, Cave
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texteReconnaissance textuelle : HISTOIRE nouvelle.
HISTOIRE
JE fuis bich aife, Mon
ſieur, devous envoyer l'hif
toire des quatrespionniers
mois desterco campagne,
し
GALANT. 15
avant que l'armée du Prince
Eugene nous enferme
dans Mantouë, bu olorist
Ne vous imaginez pas
fur ce titre que je veüille
vous entretenir à preſent
de mille actions de valeur
qui ſe font , & s'oublient
ici tous les jours, Rienn'eſt
ſi commun que ces nouvelles;
parce que , qui dit
homme de guerre dic
homme d'honneur. Ilaya
preſqueperſonne qui n'aille
la guerre , par confequent
preſque tout le mondea
de l'honneur , & le heroif.
ف
16 MERCURE
me eſt la vertu detous les
hommes : maisje veux vous
faire le détail d'une intrigue
, dont les caprices du
fort femblent n'avoir amené
tous les incidens qui la
compoſent , que pour en
rendre les circonstances bizarres&
galantes plus intereſſantes
aux lecteurs.
Nous étions moüillez jufqu'aux
os , nos tentes& nos
barraques culbutées la
pluie , la grêle & le ton.
nerre avoient en plein Eté
répandu une effroyable nuit
au milieu du jour : nous
avions
GALANT
avions enfin marché dans
les tenebres pendant plus
de trois quarts d'heure ,
pour trouver quelque azi
le , lorſque nous arriva
mes, deux de mes amis &
moy , à la porte d'une caffine
à deux mille de Mani
touë. SainteColombe, Lieu
tenant de dragons dans
Fimarcon ,& Mauvilé, Capitained'infanterie
comme
moy , étoient les deux bra
vesquim'accompagnoient.
Désque nous eûmes gagné
cette amaiſon , nous fon
geâmes a nous charger de
Juin 714 .
1
18 MERCURE
1
javelles de ſarmens dont la
grange étoit pleine , pour
aller plutôt ſecher nos
habits. D'ailleurs , nous
croyions cette caffine del
ferte, comme elles l'étoient
preſque toutes aux envi
rons de Mantouë : mais en
ramaſſant les fagots que
nous deſtinions à nous fer
cher , nous fûmes, bien furpris
de trouver ſous nos
pieds des bayonnettes ,des
fufils& des piſtolets chars
gez , & quatre hommes
morts étendus ſous ounc
couche de foin Nous ting
GALANT. 19
2
mes auffitôt un petit conſeil
de guerre entre nous
trois , & en un moment
nous conclûmes que nous
devions nous munir premierement
des armes que
nous avions trouvées &
faire enfuite la viſite de
cette caffine. Cette refolution
priſe , nous arrivâmes
àune mauvaiſe porte , que
nous trouvâmes fermée.
Unbruit confus de voix&
de cris nous obligea à prêter
foreille. A l'inſtant nous
entendîmes un homme qui
difoit à fes camarades en
Bij
20 MERCURE
jurant : Morbleu la pitié eſt
une vertu qui ſied bien à
des gens indignes comme
vous ! Qui eſt-ce qui nous
ſçaura bon gré de nôtre
compaffion ? Ce ne ſera tout
au plus que nos méchantes
femmes , que ces chiens- là
deshonorent tous les jours.
Pour moy , mon avis eft
que nous égorgions tout à
l'heure celui- ci. Mais d'où
te vient tant de lâcheté,
Barigelli? Tu n'es pas content
d'avoir ſurpris ce François
avec ta femme,tuveux
apparemment qu'il y re
GALANT. 21
tourne. Non non , dit Barigelli,
à Dieu ne plaiſe que
je laiſſe cet outrage impuni
; je ſuis maintenant le
maître de ma victime , elle
ne m'échapera pas : mais
je veux goûter à longs traits
le plaiſir de ma vengeance.d
Mon infidelle eſt enchaî
née dans ma cave ; je veux
que ce traître la voye expirer
de rage & de faim dans
les ſupplices que je lui def
tine , & qu'auprés d'elle ,
chargé de fers , il meure de
lamême mort qu'elle, Surat
le champ la compagnic ap-
J
22 MERCURE
7
prouva ce bel expedient
mais nous ne donnâmes
pas à ces Meſſieurs le loifir
de s'en applaudir longtemps.
Du premier coup
nous briſames la porte , &
nous fimes main baſſe , la
bayonnette au bout du fu
fil , fur ces honnêtes gens ,
qui ne s'attendoient pas à
cet aſſaut. Ils étoient quatre.
Nous lesbleſſames tous,
ſans en tuer un ; nous leur
liâmes les mains derriere
le dos , nous délivrâmes le
malheureux qu'ils alloient
1.
facrifier comme ja viens
GALANT. 23
de vous dire , nous lui donnâmes
des armes , & tous
enſemble nous allames
joindre un Capitaine de
nos amis , qui étoit détaché
avec cinquante hommes
à un mille de la caf
fine où nous étions , dans
une tour qui eft au milieu
d'un foffé plein d'eau , à la
moitié du chemin de la
montagne noire à Mand
Dés que nous fûmes ar
rivez à cette tour, le fenti
nelle avancé appella la gar
de qui vint nous recevoir,
24 MERCURE
1
Nous paſſames auffitôt a
vec tout notre monde au
corps de garde de l'Offi
cier , qui nous dit en riant :
Je ne ſçai quelle chere vous
faire,Meſſieurs ; vôtre com
pagnie eſt ſi nombreuſe ,
qu'à moins qu'on ne vous
trouve quelque choſe à
manger , vous pourrez bien
jeûner juſqu'à demain.
Mais , continua stil , en
m'adreſſant la parole , que
ſignifie ce triomphe ? Eltce
pour ſignaler davantage
vôtre arrivée dans matour ,
qué vous m'amenézpçes
capGALANT.
25
captifs enchaînez. Il n'eſt
pas , lui dis je , maintenant
queſtion du détail de ces
raiſons. Nous vous confignons
premierement ces
priſonniers , & en ſecond
lieu nous vous prions de
faire allumer du feu pour
nous ſecher , de faire apporter
du vin pour nous rafraîchir
, & d'envoyer à
cent pas d'ici nous acheter
poulets & dindons , pour
les manger à votre mode
morts ou vifs. Nous vous
dirons enſuite tout ce que
vous avez envie d'appren-
Juin 1714. C
26 MERCURE
dre. A peine l'Officier eur
ordonné à un de ſes ſoldats
d'aller nous chercher ces
denrées , que nous entendîmes
tirer un coup de fufil.
Auſfitôt on crie , à la
garde. Un Caporal & deux
foldats vont reconnoître
d'où vient cette alarme. Un
moment aprés on nous
amene une jeune fille fort
belle , &un jeune homme,
que le ſentinelle avoit bleſſé
du coup de fufil que nous
avions entendu tirer. L'imprudent
qui couroit aprés
cette fille ne s'étoit pas ar
GALANT.
27
rêté ſur le qui vive du foldat
en faction. On le panſa
fur le champ , & la fille ſe
retira avec nous dans la
chambre de l'Officier. Elle
ſe mit ſur un lit de paille
fraîche , où nous la laiſiames
repofer & foûpirer ,
juſqu'à ce que l'on nous cût
accommodé la viande que
le foldat nous apporta. Nous
fimes donner du pain & du
vin à nos prifonniers ; & de
nôtre côté , pendant que
nous mangions un fort
mauvais ſoupé avec beaucoupd'appetit,
la jeune fille,
Cij
28 MERCURE
qui n'en avoit gueres , m'a
dreſſa le beau difcours que
vous allez lire .
Eſt il poſſible,traître, dit.
elle , en me regardant avec
des yeux pleins d'amour&
de colere,&tenant à lamain
un de nos coûteaux qu'elle
ayoit pris ſur la table , que
tu ayes tant de peine à me
reconnoître ? Oui eſt il poffible
que tu me traites avec
tant de rigueur , & que tu
fois auſſi inſenſible que tu
l'es aux perils où je m'expoſe
pour toy Je ſuis bien
faché , lui disje , en lui ôGALANT.
29
!
tant doucement le coûteau
della main que vous me
donniez les noms de traître
& d'inſenſible ; je ne les
merite en verité point , &
je vous affure que depuis
que je ſuis en Italie , je n'ai
encore été ni amoureux ,
ni cruel. Comment , lâche,
tu ofes me dire en face
que
tu n'es pas amoureux ? Ne
t'appelles tu pas Olivier de
la Barriere ? Ne viens tu pas
loger à vingt pas de la porte
Pradelle , lorſque tu ne
couches pas au camp ? Ne
t'es tu pas arrêté trente fois
C iij
30
MERCURE
1
la nuit à ma grille ? Ne
m'as - tu pas écrit vingt lettres
, que j'ai cachées dans
nôtre jardin & ne reconnois-
tu pas enfin Vefpafia
Manelli ? En verité lui dis
je , quoique je fois perfuade
depuis long temps que vous
êtes une des plus belles
perſonnes de l'Italie , je ne
vous croyois pas encore fi
belle que vous l'êtes , & je
ne m'imaginois pas que
vous euffiez des ſentimens
fi avantageux pour moy .
Je ne vous ai jamais vûë
que la nuit à travers uneja
GALANT.
31
loufie affreuſe ; & comme
je n'établis gueres de préjugez
ſur des conjectures ,
je pouvois ( à la mode de
France ) vous dire & vous
écrire ſouvent que vous
êtes belle , que je vous aime
, & que je meurs pour
vous , ſans m'en ſouvenir
un quart - d'heure aprés
vous l'avoir dit : mais à prefent
, je vous jure devant
ces Meffieurs , qui font mes
camarades & mes amis ,
que je ne l'oublirai jamais.
Ajoûte , infolent , me ditelle
, tranſportée de fureur
C iiij
32
MERCURE
& de depit , ajoûte la raillerie
à l'outrage. Où ſuisje
, & que deviendrai - je ,
grand Dieu ! fi tes amis ,
qui te voyent & qui m'entendent
, font auffi ſcelerats
que toy ?
Mauvilé, que ce diſcours
attendriſſoit déja , me regarda
, pour voir ſi j'approuverois
qu'il lui proposât
des expediens pour la
dedommager de mon infidelité
pretenduë : mais le
ſens froid exceffif que j'affectois
avec une peine infinie
, n'étoit qu'un foible
GALANT.
33
voile dont je m'efforçois
de me fervir , pour eſſayer
de dérober à mes camarades
la connoiſſance de l'a
mour dont je commençois
à brûler pour elle Je temoignai
neanmoins à Mauvilé
que je ne deſapprouverois
point ce qu'il lui diroit
pour m'en défaire , ou
pour la conſoler. Ainſi jugeant
de mes ſentimens
par mes geftes : Mademoifelle
, lui dit- il en Italien
qu'il parloit à merveille ,
nous ſommes d'un pays où
tout ce qu'on appelle infi
34
MERCURE
delité ici eſt ſi bien établi ,
qu'il ſemblequ'on ne puiſſe
pas nous ôter la liberté de
changer , ſans nous ôter en
même temps le plus grand
agrément de la galanterie.
La conſtance eſt pour nous
autres François d'un uſage
ſi rare ou fi difficile , qu'on
diroit que nous avons attaché
une eſpece de honte
à nous en piquer : cependant
vous êtes ſi belle, que ,
fans balancer , je renoncerois
à toutes les modes de
mon pays , pour m'attacher
uniquement à vous , fi ,
GALANT.
35
guerie des tendres ſentimens
que vous avez pour
mon ami , vous me permettiez
de vous offrir un coeur
incapable des legeretez du
ſien. Je ne ſçai , lui répon-,
dit- elle , affectant une fermeté
mépriſante , ce que je
ne ferois pas pour me vanger,
ſi je le croyois ſenſible
aux offres que vous me faites
: mais , Monfieur , quelque
emportement que j'aye
marqué , il ne s'agit pas
maintenant d'amour , & je
ne ſuis venuë ici ni pour
yous ni pour lui. Enfin
56 MERCURE
lorſque j'ai fongé à profiter
de l'orage qu'il a fait au
jourd'hui , pour me délivrer
de la plus injuſte perfecu
tion du monde, je n'ai point
regardé cette tour comme
un lieu qui dût me ſervir
d'azile;& fans l'imprudence
du jeune homme qui m'a
poursuivie ,j'aurois pris ſur
la droite , j'aurois évité vôtre
fentinelle , & je ſerois à
preſent arrivée à une maifon
, où j'aurois trouvé plus
de commodité , plus de re
pos , & autant de fûreté qu'-
ici. J'ai ſeulement une gra
GALANT. 37
ce à vous demander ; je prie
l'Officier qui commande
dans ce fort de garder pendant
trois jours le jeune
homme que le ſentinelle a
bleffé , & de me laiſſer de.
main fortir ſeule de cette
tour avant le lever du ſoleil.
Elle nous acheva dette petite
harangue d'un air
touchant & fi naturel , que
je ne fus pas le maître de
mon premier mouvement.
Enfin il me fut impoffible
de diffimuler plus longtemps
, & de ne lui pas dire
avec chaleur : Non , belle
38 MERCURE
Vefpafie , je ne vous quitte
rai pas , je veux vous ſuivre
où vous irez , courir la même
fortune que vous , &
vous ſervir juſqu'à la mort.
Helas , me dit- elle , en mé
jettant , avec un ſoûpir , un
regard d'étonnements jus'il
vous eſt ſi facile de paffer
de l'indifference à l'amour,
ne dois-je pas apprehender
que vous ne repaffiez éga
lement bientôt de l'amour
à l'indifference ? Maisquoy
quilen
qu'il en puiſſe être , vous ne
ſçauriez me propoſer rien
que je n'accepte. Où pouGALANT.
39
vez- vous me ſuivre ? où me
voulez vous conduire?Tout
ce pays eft couvert d'enne
mis, les Imperiaux ont deux
ponts de bateaux fur le Pô ;
Borgoforte , Guastalla , &
San Benedetto , qui font
lesſeules portes par où nous
pourrions fortir , font les
poftes qu'ilsoccupent.Non,
lui dis-je , non , charmante
Vefpafie,ne cherchons point
de ces retraites ſcandaleuſes
dont l'uſage eſt impra.
ticable à des gens d'honneur.
C'eſt à Mantouë que
vous devez retourner avec
40 MERCURE
moy. Nous y entrerons par
la porte del Té. Ce ſera demain
unCapitaine de nôtre
regiment qui y montera la
garde , je prendrai avec lui
de juftes meſures pour vous
introduire dans la ville,ſans
que perſonne vous y voye
entrer , & je vous donnerai
un appartement , où je vous
aſſure qu'on ne viendra pas
yous troubler. Mais , mon
Dieu ! reprit elle , je tremble
que mes freres ne ſçachent
où je ſerai : ahd s'ils
me découvrent , je ſuis à jamais
perduë. Ne vous inquietez
GALANTA
41
quierez pointis lui dis -je
nous mettrons bon ordre à
vôtre fûreté , & je vous ret
pons que la maiſon de nôtre
General ne fera pas mieux
gardéeque la vôtre. Prenez
maintenant un eſprit de
confiance & de liberté , &
contez nous , s'il vous plaît,
par quel hazard vous vous
êtes ſauvée juſques dans
Cette tour.
T
Vous ſçavez , dit alors
Vefpafie , que je demeure à
vingt pas de la porte Pradelle:
mais vous ne sçauriez
vous imaginer dans quel
Juin 1714. D
42 MERCURE
esclavage j'ai vécu depuis
mon enfance juſqu'à preſent.
Je ſuis fille de Julio
Lanzilao . Cette Maiſon eft
ſi conue en Italie , que ce
nom ſuffit pour vous donner
une juſte idée de ma
naiſſance. Je n'avois que
quinze ans lorſque mon
pere mourut ; il y en a trois
depuis ſa mort , que deux
freres que j'ai , s'imaginant
avoir herité de l'autorité
que mon pere avoit fur
moy , comme des biens de
nôtre famille , ſe ſont rendus
les tyrans de ma liberté.
GALANT.
43
Ils ont contracté depuis
long-temps une amitié fi
étroite avec un Gentilhom
me de Mantouë , qu'on appelle
Valerio Colucci , ( que
je n'ai jamais pû ſouffrir )
qu'il y a deux ans qu'ils
sacharnent à vouloir me
rendre la victime de la
tendreſſe qu'ils ont pour
lui. Ma froideur & mes
mépris ont ſouvent rompu
toutes leurs meſures : mais
les mauvais traitemens qu'-
ils m'ont faits ne l'ont que
trop vangé de mon indifference.
Enfin laffé lui-
Dij
44
MERCURE
même de l'injustice de mes
freres , qui lui avoient donné
la liberté de me venir
voir quand il lui plairoit ,
il me dit , en entrant un
ſoir dans ma chambre , à
une heure où je n'avois
jamais vû perſonne : Je ne
ſçai , Mademoiselle , ſous
quel titre me preſenter à
vos yeux ; c'eſt moy ( qui
ſuis l'objet de vôtre haine )
que vous accuſez de la rigueur
de vos freres : mais
je veux , pour vous détromper
, être plus genereux à
vôtre endroit ,qu'ils ne font
GALANT.
45
obſtinez à vous perfecuter.
Secondez moy , & vous
verrez qu'inceſſamment je
vous affranchirai du joug
qu'ils vous ont impoſe.
Vo
Voicy mon deſſein. Vous
avez à un mille & demi de
la Madona della gratia² , un
Palais où demeure vôtre
tante , qui vous aime , &
dans la ville le Convent de
SainteTherese ; ( qui n'eſt pas
lazile le moins libre que
vous puiffiez trouver ) choifiſſez
l'une de ces deux
maiſons. Si je dois , lui disje
, compter de bonne foy
46 MERCURE
fur le ſecours dont vous me
flatez , mettez - moy entre
les mains de ma tante ; elle
eſt ſouveraine dans ſon Palais
, elle n'aime pas mes
freres , & je vivrai certainement
mieux avec elle
qu'ailleurs. Cela étant , me
répondit- il , affectez en leur
prefence plus de complaiſance
pour moy, & ne vous
effrayez plus tant de la propoſition
qu'ils vous feront
encore de nous unir enſemble.
Ecrivez cependant
à vôtre tante de vous en.
voyer aprés demain fon
GALANT.
47
caroſſe à la porte del Té. Je
lui ferai tenir vôtre lettre
par un inconnu , j'écarterai
les gardes qui vous envi
ronnent, je vous aiderai à
ſortir d'ici ; enfin , quoy
quoy qu'il m'en coûte , je
vous eſcorterai juſqu'au
rendez- vous , plus content,
dans mon malheur , d'être
moy-même la victime du
ſacrifice que je vous fais ,
que de vous voir plus longtemps
l'objet de la rigueur
de vos freres. Je reſtai plus
d'une heure fans pouvoir
me refoudre. Je me mis
:
48 MERCURE
moy-même à la place d'un
amant toûjours haï , tou
jours malheureux , & j'eus
une peine extreme à pou
voir accorder des foins fi
genereux avec un amour
fi malrecompensé : mais il
échape toûjours quelque
choſe à nos reflexions ;
ce qu'on ſouhaite fait oublier
ce qu'on riſque , &
nôtre bonne foy determine
ſouvent nôtre eſprit à ne
gliger les raifons de nôtre
défiance. Je ne fongeai pas
feulement qu'ile fuffifoit ,
pour me faire un procés
crimi.
GALANT.
49
criminel avec mes freres ,
qu'ils me ſoupçonnaſſent
d'avoir écrit à ma tante. En
un mot je donnai dans le
piege , &je confiai ce billet
àmon fourbe.
Jene vous fais part qu'en
tremblant , Madame , du plus
important fecret de ma vie :
jevais enfin fortir d'esclavage.
Valerio Colucci , que j'ai tou
jours crû d'intelligence avec
mes freres ,fe charge lui-même
duſoin de me remettre en vos
mains , pourveu que vôtre caroſſe
m'attende aprés demain
Juin 1714.
E
50
MERCURE
1
aufoir à la porte del Té.Jene
fçaipas ce que je ferai s'il me
tient parole : mais je m'imagine
que je vousprierai de me permettre
d'être aufſſi genercuſeque
lui , s'il fatisfait l'impatience
que j'ai de me rendre à vous.
Il reçut cette lettre fatale
de ma main ; il la baiſa
avec mille tranſports , &
fur le champ il s'en alla ,
aprés m'avoir dit encore :
J'en ai maintenant plus
qu'il n'en faut , belle Vefpafie
, pour vous tirer inceffamment
de la ſerviGALANT.
SI
tude où vous vivez .
Il n'y avoit alors , conti
nua telle en s'adreſſant à
moy , que quatre ou cinq
jours que vous m'aviez écrit,
Seigneur Olivier, que
l'on vous envoyoit avec vôtre
compagnie à la Madona
della gratia , où vous apprehendiez
fort de refter deux
ou trois mois en garniſon.
Le defir de m'approcher de
vous , l'intention de vous
écrire , & l'efperance de
vous voir m'avoient determinée
à preferer la maiſon
dema tante au Convent de
1
E ij
St MERCURE
fainte Thereſe. Ce n'étoit
même qu'à votre confideration
, & que pour enga
ger davantage Valerio Con
lucci dans mes interêts, que
je l'avois flaté dans lebillet
que je lui avois confié , de
l'eſpoir d'être auffi genereuſe
que lui : mais il ne fit
de ce malheureux billet ni
l'uſage que j'en aurois ap
prehendé du côté de mes
freres , ni celui que j'en au
rois eſperé du mien. Il s'en
fervit ſeulement pour rendre
ce gage de ma credulité
le garant de ſa précaus
GALANT!
53
tion. Le jour marqué pour
ma fuire , il fit tenir un caroſſe
ſur l'avenue decla
porte del Té, derriere lePalais
de Son Alteſſe Serenif.
ſime , où je m'étois renduë
d'affez bonne heure avec
Leonor,malheureuſe épouſe
d'un nommé Barigelli, à qui
j'avois fait confidence de
cette entrepriſe. Nous nous
étions retirées toutes deux
dans un cabinet fombre &
frais , en attendantValerio ,
lorſque vous arrivâtes aſſez
a propos avec Monfieur *
* Sainte Colombe.
Eiij
54
MERCURE
pour nous délivrer d'un
danger où nous aurions
peut- être ſuccombé fans
vous. Les promptes & funeſtes
circonstances dont
fut fuivie l'action que vous
fites pour nous vous priverent
du plaifir de connoître
les gens que vous veniez
de fauver , & nous de
la fatisfaction de vous en
marquer nôtre reconnoif
fance.
Vous êtes deux ici qui
m'entendez : mais ce que
je viens de dire eſt peutêtre
pour ces autres Mef
GALANT.
55
ſieurs une énigme , que je
vais leur débroüiller.
Quoique vous ſoyez étrangers
dans ce pays , il y
a déja ſi long- temps que
vous campez ſur le glacis
de Mantouë , & que vos
troupes font en garnifon
dans cette ville, que je croy
qu'il n'y a pas un François
parmi vousquineconnoiffe
à merveille toutes les maifons
de Son Alteſſe , & fur
tout le Palais del Tés ; aufli
nevous en parlerai- je point;
mais je vais vous raconter
ce qui m'arriva derniere
E inj
36 MERCURE
ment dans le jardin de ce
Palais .
Je m'étois , comme je
vous ai dit , retirée avec
Leonordans un cabinet ſom
bre , d'où ( l'eſprit rempli
d'inquietudes ) j'attendois
que Valerio vinſt me faire
fortir , pour me conduire au
caroſſe de ma tante ', qui
devoit me mener à laMadona.
Je commençois déja
même à m'ennuyer de ne
le pas voir arriver , lorſque
tout à coup je fus laiſie de
crainte & d'horreur , à la
vûë d'un ſerpent + d'une
GALANT. 57
groffeur énorme. Je vis ce
terrible animal fortir d'un
trou , qu'il avoit apparemment
pratiqué ſous le piéd'eſtal
d'une ſtatuë de Diane
, qui étoit à deux pas de
la porte du cabinet oùj'étois.
Je pouſſai auffitôt un
grand cri , qui lui fit tourner
la tête de mon côté ;
je tombai à l'inſtant , &je
m'évanoüis. Cependant ces
Meſſieurs * , qui ſe promenoient
alors affez prés du
cabinet , vinrent à mon ſecours.
J'ai ſçû de Leonor
* Olivier & Sainte Colombe.
58
MERCURE
qui eut plus de fermeré que
moy , ce que vous allez apprendre.
Le ferpent ne s'effraya
point de voir deux
hommes courir ſur lui l'é
péeà la main ; au contraire
il s'éleva de plus de deux
pieds de terre pour s'élancer
ſur ſes ennemis , qui
m'entendent , & qu'il auroit
certainement fort embaraſſez
, quelque braves
qu'ils foient , ſi dans le moment
qu'il fit ſon premier
faut le Seigneur Olivier n'avoit
pas eu l'adreſſe de lui
couper la tête , qui alla fur
GALANT.
59
le champ faire trois ou quatre
bonds à deux pas de lui,
pendant que le reſte de ſon
corps ſembloit le menacer
encore : mais à peine cette
action hardie fut achevée ,
que le perfide Valerio me
joignit avec trois eftafiers
qu'il avoit amenez avec lui .
Les morceaux difperfez du
ſerpent qui venoit d'être
tué , le defordre où il me
trouva , & deux hommes
- qu'il vit l'épée à la main à
la porte du lieu où j'érois ;
tout ce ſpectacle enfin ex-
-cita dans ſon ame de ſi fu60
MERCURE
ne dis
rieux mouvemens de ja
louſie , qu'aprés avoir abattu
mon voile ſur mon vi
ſage , il me prit bruſquement
par le bras , & me fir
fortir du jardin , ſans me
donner le loiſir , je ne
pas de remercier mes liberateurs
d'un ſi grand fervice
, mais même de me
faire reconnoître à leurs
yeux. Il me fit auſſitôt monter
avec Leonor dans le
caroffe qu'il nous avoit deftiné
; & au lieu de me me.
ner à la maiſon de ma tante
, il nous eſcorta avec ſes
GALANT. 61
eftafiers qui alloient avec
lui , tantôt devant , tantôt
derriere ,juſqu'à une caffine
qui eft à un mille d'ici , &
dont il étoit le maître : mais
il fut bien trompé , en arri
vantà la maison , d'y trouver
des hôtes qu'il n'y avoit
pas mandez. Une troupe de
deferteurs ( ou de bandits ,
ſijene metrompe ) en avoit
la veille enfoncé les portes;
elle en avoit afſommé le
fermier , pillé la baſſe cour,
la cuiſine ,la cave & le grenier,&
mis en un mottouse
lacaffinedansun fi grand
62 MERCURE
fi
defordre , que Valerio ne
put s'empêcher de ſe plaindre
de leur violence , & de
les menacer de les faire
punir.Ces furieuxà l'inftant
lechargerent lui &les fiens
cruellement , qu'aprés
l'avoirtué avecſes eſtafiers,
ils le jetterent avec ſes armes
, fon bagage & ſa compagnie
à l'entréede la grange.
Ils couvrirent ces corps
de quelques bottes de foin,
enſuite ils vinrent à nôtre
caroffe , où ils nous trouverent
effrayées mortellement
de tout ce que nous
GALANT.
63
venions de voir. Ils nous
tinrent d'abord pluſieurs
diſcours inutiles pour nous
raffurer ; puis ils nous firent
deſcendre dans la ſalle où
ils étoient , & dont la table
& le plancher étoient auſſi
mouillez du vin qu'ils avoient
répandu , que leurs
mains l'étoient encore du
ſang qu'ils venoient de verfer.
Cependant un d'entr'eux
', moins brutal que
- les autres , s'approcha de
. moy , & me dit d'un air
d'honnête homme: Je vous
trouverois , Madame , bien
64
MERCURE
plus à plaindre que vous ne
l'êtes , d'être tombée entre
nosmains , ſi je n'avois pas
ici une autorité que qui que
ce ſoit n'oſe me diſputer, &
fi toutes les graces que je
vois dans vôtre perſonne
ne me déterminoient pas à
vous conduire tout àl'heure
dansun lieu plus commode,
plus honnête & plus fûr.
Remontez en caroffe , &
laiſſez vous mener à la Cafa
bianca., C'est une maiſon
fort jolie , entourée d'eaux
de tous côtez , ſituée au
milieu d'un petit bois , derriere
GALANT 5
riere la montague noire :
en un mot c'eſt une elpece
de citadelle qu'on ne peut
preſque inſulter fans canón
Vous y prendrez,Madame,
le parti qui vous plaira , dés
que vous vous ferez remife
de la frayeur que vous ve
nez d'avoir. Au reſte , il me
paroît, à vôtre contenance,
que nous ne vous avons
pas fait grand tort de vous
délivrer des infolens qui
vous ont conduite ici : cependant
ſi nous vous avons
offenſée , apprencz-nous a
reparer cette offense ; ou fi
Juin 1714. F
!
66 MERCURE
nous vous avons rendu
ſervice , nous sommes prêts
à vous en rendre encore. Je
ne ſçai , lui dis - je , quel
nom donner à preſent à ce
que vous venez de faire ,
quoique vôtre diſcours
commence à me raffurer :
maisj'eſperetout dufecours
que vous m'offrez . Vous
avez raiſon , Madame , reprit
il, de compter ſur moy;
je ne veux être dans vôtre
eſprit que ce que vous pouvez
vous imaginer de meil.
leur. Hâtons - nous ſeulement
de nous éloigner d'ici,
GALANT. 67
quoique la nuit commence
à devenir fort noire , & ne
vous effrayez point de vous
voir accompagnée de gens
qui vous eſcorteront peutêtre
mieux que ne pourroit
faire une troupe de milice
bien diſciplinée. Ainſi nous
marchâmes environ deux
heures avant que d'arriver
à la Caſa bianca , où nous
entrâmes avec autant de
ceremonie,que fi on nous
avoit reçûs de nuit dans une
ville de guerre. Alors le
Commandant de cette petite
Place,qui étoit le même
Fij
68 MERCURE
homme qui depuis la maifon
de Valerio juſqu'à fon
Fort m'avoit traitée avec
tant de politeffe , me de
manda ſije voulois lui faire
l'honneur de fouper avec
lui. Je lui répondis qu'il
étoit le maître , que cependant
j'avois plus beſoin de
repos que de manger , &
que je lui ferois obligée s'il
vouloit plûtôt me permet
tre de m'enfermer &de me
coucher dans la chambre
qu'il me deſtinoit. Volontiers
, Madame , me dit il ;
vous pouvez vous coucher
GALANT. 69
quand il vous plaira , cela
ne vous empêchera pas de
fouper dans votre lit. Auffitôt
il nous mena ,Leonor
&moy, dansune chambre
perduë , où nous trouvâmes
deux lits affez propres.
Voila , me dit-il , le vôtre ,
Madame , & voila celui
de vôtre compagne. Pour
moy , vous me permettrez
de paſſer la nuit ſurun fiege
auprés de vous ; les partis
qui battent continuelle
ment la campagner nous.
obligent à veiller prefque
toutes les nuits &rib ne
70 MERCURE
fera pas mal à propos que
je ne m'éloigne pas de
vous , pour vous guerir des
frayeurs que pourroient
vous caufer certaines furprites
auſquelles je ne vous
croy gueres accoûtumées.
Je vais cependant , en attendant
le ſouper , placer
mes fentinelles , & donner
les ordres qui conviennent
pour prévenir mille accidens
dont nous ne pouvons
nous mettre à couvert que
par un excés de précaution.
Dés qu'il nous eut quitté ,
Leonormedit en ſoûpirant:
GALANT.
71
Eſt- il poffible qu'un ſi hơn.
nête homme faſſe unmétier
auſſi étrange que celuici
, & que nous joüions à
preſent dans le monde le
rôle que nous joions dans
cette maiſon . Je cours de
moindres riſques que vous,
n'étant ni ſi jeune , ni fi
belle : mais quand tout ſeroit
égal entre nous deux ,
eſt-il rien d'horrible comme
les projets que vos freres
&mon mari forment à
preſent contre nous ? De
quels crimes peut on ne
nous pas croire coupables ,
72
MERCURE
ſi l'on ſçait jamais tout ce
qui nous arrive aujourd'hui
? A peine échapées
d'un peril nous retombons
dans un autre plus grand.
Vous fuyez la tyrannie de
vos freres , un ſerpent nous
menace , deux avanturiers
nous en délivrent ; võrre
amant vous trahit , des fol
dats l'affomment ; une trou
pe d'inconnus nous entraî
ne au milieu d'un bois , ou
nous enferme dans une
maiſon , où tout nous me
nace de mille nouveau
malheurs. Que ne peut-ik
pas
GALANT.
73.
pas nous arriver encore ?
Tout cela neanmoins ſe
paſſe en moins d'un jour.
Enfin reſoluës le matin à
tenter une avanture qui
nous paroît raiſonnable ,
nous ſommes expolées &
determinées le ſoir à en affronter
mille étonnantes.
Les reflexions que je fais ,
lui dis-je, ne ſont pas moins
funeſtes que les vôtres , &
la mort me paroît moins
affreuſe que tous les perils
que j'enviſage : mais nous
n'avons qu'une nuit à paf
fer pour voir la fin de ce
Juin1714 G
74 MERCURE
defordre. Efperons , ma
chere Leonor, efperons tout
de l'humanité d'unhomme,
peut être affez malheureux
lui même pour avoir pitié
des miferables. Il eſt ( fuje
ne me trompe ) le chefdes
brigans qui font ici : mais
l'autorité qu'il a fur eux ,
& l'attention qu'il a pour
nous , nous mettent à l'a
bri de leurs inſultes. Je ne
İçai , reprit Leonor , d'où
naiſſent mes frayeurs : mais
je ſens qu'il n'y ariend'aſſez
fort en moy pour diffiper
Thorreur des preſſentimens.
A
GALANT.
75
qui m'environnent.Ce n'eft
pas d'aujourd'hui que je
connois le vilage de nôtre
hôte , & je ſuis fort trompée
s'il n'eſt pas le frere
d'un jeune homme dont je
vous ai parlé pluſieurs fois.
Demandez lui , ſitôt qu'il
ſera revenu , deiquelle ville
il eft , & s'il ne connoît pas
Juliano Foresti , natifdeCarpi
7 dans le Modenois . Ce
Juliano elt fils d'un François
& d'une Françoiſe , qui
auroient fort mal paffé leur
temps avec l'Inquifition, fi
Sun Dominiquain ne les
Gij
76 MERCURE
avoit pas aidez à ſe ſauver
de Modene avec leur fa
mille, le jour même qu'elle
avoit reſolu de les faire ar
rêter. Oui , dit-il,Madame,
en pouffant la porte avec
Violence,
violence , oui je ſuis le frere
deJuliano Foresti dont vous
parlez. J'ai entendu toute
vôtre converſation , & vos
dernieres paroles ne m'ont
que trop appris d'où naiffent
vos inquietudes : mais
ce frere , dont vous êtes en
prine , & qui paffe pour
François aufli bien que
moy, va vous coûter dee
GALANT.
77
ſoins bien plus importans ,
s'il n'arrive pas demaindici
avant la fin du jour. Vous
têtes Madame Leonor de
Guaſtalla , femme du Signor
Barigelli , citadin de Mantouë
: Dieu ſoit loüé , je
retrouverai peut- être mon
frere par vôtre moyen ; ou
du moins s'il eſt tombé
entre les mains de vôtre
époux , comme on me l'a
dit hier au foir , vous me
ſervirez d'ôtage pour lui.
Mais pourquoy , lui ditelle
, voudriez - vous me
rendre reſponſable d'un
Giij
78
MERCURE
malheur où je n'aurois aucune
part ? Si vôtre frere
s'intereſſoit en ma fortune ,
comme il paroît que vous
l'apprehendez , vous ne ſeriez
pas maintenant à la
peine de vous inquieter de
fon fort. Il feroit au contraire
à preſent ici , puiſque
je l'ai fait avertir il y a trois ly
jours de le tenir aujourd'hui
fur l'avenuë de la Madona ,
où nous comptions ce matin
, Vefpafie & moy , d'arriver
ce ſoir : mais nous
avons eſſuyé en une demijournée
tant d'horribles
GALANT.
79
1
avantures,que tout ce qu'on
peut imaginer de plus facheux
ne peut nous rendre
gueres plus malheureuſes
que nous le ſommes.
Sur ces entrefaites , un
foldat entra d'un air effrayé
dans la chambre où nous
étions. Il parla un moment
àl'oreillede ſon General ; II
prit un petit coffre qui étoit
fous le lit que j'occupois ,
il l'emporta,&s'en alla .Nôtre
hôte nous dit alors,avec
une contenance de fermeté
que peu de gens conſerveroient
comme lui dans une
Giij
80 MERCURE
pareille conjoncturesJe ne
Içai pas quelle ſeraila fin
de tout ceci : mais à bon
compte , Madame , tenezvous
prête à executer ſur le
champ , pour vôtre ſalut ,
tout ce que je vous dirai ,
ou tout ce que je vous en
verrai dire , fi mes affaires
m'appellent ailleurs.21On
vient de m'avertir qu'il
m'arrivoit ce ſoir une com
pagnie dont je me pafferois
fortbien: maisil n'importe,
je vais ſeulement efſayer
d'empêcher que les gens
qui nous rendent viſite ſi
GALANT S
,
tard , ne nous en rendent
demain marin une autre.
Nous avons pour nous de
ſecours de la nuit cette
maiſon, dontl'accés eft difficile
, un bon ruiſſeau qui
la borde , & des hommes
refolusd'endéfendre vigou.
reuſement tous les paſſages.
Ne vous alarmez point d'a
vance , & repoſez vous fur
moy du ſoin de vous tirer
de cette affaire , quelque
fuccés qu'elle ait Alors il
nous quitta , plus effrayées
des nouveaux malheurs
dont nous étions menacées
82 MERCURE
que perfuadées par fon eloquence
de l'execution de
ſes promeſſes. En moins
d'une heure nous entendîmes
tirer plus de cent coups
de fufil ; le bruit & le va-
.carme augmenterent bien.
tôt avec tant de fureur, que
nous ne doutâmes plus que
mille nouveaux ennemis ne
fuſſent dans la maifon: Leo
nor diſparut à l'inftant , ſoit
qu'elle eût trouvé quelque
azile d'où elle ne vouloit
pas répondre àmes cris, de
peur que je ne contribuaffe
à nous faire découvrir plû
GALANT. 83
tốt , ou ſoit que la crainte
lui eût ôté la liberténde
m'entendre. Cependant à
force de chercher & de
tâtonner dans la chambre ,
je trouvai ſous une natte de
jonc, qui ſervoit de tapif
ſerie , une eſpace de la hauteur
& de la largeur d'une
porte pratiquée dans la muraille.
J'y entrai auſſitôt en
tremblant ; àdeux pas plus
loin je reconnus que j'étois
ſur un escalier , dont je def
cendis tous les degrez , au
pied deſquels j'apperçus de
loin une perite lumiere
84 MERCURE
(
qu'on avoit eu la précaution
d'enfermer ſous un
tonneau. Je m'en approchai
d'abord afin de la
prendre pour m'aider à
fortir de cette affreuſe ca
verne : mais le bruit & le
defordre ſe multipliant
avec mes frayeurs , je l'é
teignis par malheur. Neanmoins
le terrain où j'étois
me paroiſſant aſſez uni , je
marchai juſqu'à ce qu'enfin
je rencontrar une ouverture
à moitié bouchée d'un
monceau de fumier. Alors
j'apperçus heureuſement
GALANT. 85
une étoile , dont la lueur
me ſervit de guide pour me
tirer avec bien de la peine
de ce trou , où je venois de
faire un voyage épouvantable.
Je repris courage ;
&aprés m'être avancée un
peu plus loin ,je me trouvai
àl'entrée d'un petit marais
fec ,& plein d'une infinité
de gros roſeaux beaucoup
plus hauts quemoy.Enfin
accablée de laffitude & de
peur je crusque je ne
pouvois rencontrer nulle
part un azile plus favorable
que celui- là en attendant
86 MERCURE
le jour : ainſi je m'enfonçai
dans ce marais , juſqu'à ce
que je ſentis que la terre ,
plus humide en certains
endroits , moliſſoitſous mes
pieds. Je m'aflis , &je prêtai
pendant deux heures atten.
tivement l'oreille à tout le
bruir qui ſortoit de la maifon
dont je venois de me
ſauver fix heureuſement.
J'entendis alors des hurlemens
effroyables , qui me
furent d'autant plus fenfibles
, que je crus mieux reconnoître
la voix de Leonor.
Cependant au point du
GALANT 87
jour cette maiſon, qui avoit
été pendant toute la nuitun
champ de carnage & d'horreurs
,me parut auſſi tran.
quille , que fielle n'avoit
jamais étéhabitée. Dés que
je me crus affez afſurée que
le filence regnoit dans ce
funeſte lieu ,je fortis de mes
roſeaux , pour gagner à
travers la campagne un
village qui n'en est éloigné
que de quelques centaines
de pas . J'y trouvai un bon
vieillard , que les perils
dont onnefticontinuellement
menacé dansunpays
88 MERCURE
occupé par deux armées
ennemies , n'avoient pû
determiner à abandonner
ſa maiſon comme ſes voi
fins. Cebon-homme , autant
reſpectablepar le nom.
bre de ſes ans , qu'il l'eſt
dis-je pleu
par fontexperience & fa
vertu , étoit affis fur une
pierre àſa porte lorſque je
parus àſes yeux. Mon pere,
lui dis je auflitouren pleurant
ayez pitié de moy;
je me meurs de laffitude ,
de frayeur & de faim. En-
-tez dans ma maiſon , ma
Elle une répondit- il , &
vous
GALANT
89
vous y repoſez , en attendant
que mon fils revienne
avec ma petite proviſion
qu'il eſt allé chercher. Il
me fit aſſeoir ſur ſon lit ,
où il m'apporta du pain &
du vin , que je trouvai excellent.
Peu à peu le courage
me revint ,&je m'endormis.
A mon réveil il me
fit manger un petit morceau
de la provifion que
ſon fils avoit apportée ; il
me pria enſuire de lui conter
tout ce que vous venez
d'entendre. La ſatisfaction
qu'il eut de m'avoir ſecou-
Juin 1714 H
१०
MERCURE
ruë ſi à propos le fit pleurer
de joyc. Enfin il me promit
de me donner ( lorſque je
voudrois ſortir de ſa maiſon
) ſon fils & ſa mule pour
meconduire chez matante.
Je reſtai neanmoins trois
jours enfermée & cachée
chez lui , & le quatriéme ,
qui eſt aujourd'hui , j'ai crû
que je ne pouvois point
trouver une occafion plus
favorable que celle de l'orage
qu'il a fait tantôt ,
pourme ſauver au Palais de
ma tante , ſans rencontrer
fur les chemins perſonne
:
GALANT
qui put me nuire : mais à
pcine ai je été avec mon
guide àun mille de la mai
fon de ce bon vieillard ,
que nous avons été atta
quez par le jeune homme
que votreſentinelle ableſſé.
C'eſt le plus jeune de mes
freres , qui ayant appris
apparemment que je n'étois
point chez ma tante ,
m'a attendue ſur les ave-
-nuës de ſon Palais , juſqu'à
- ce qu'il m'ait rencontrée :
mais heureuſement mon
conducteur a lutte contre
lui avec beaucoup de cou
Hij
$2 MERCURE
rage , pour me donner le
temps de me ſauver . J'ai
auſfitôt lâché la bride à ma
mule , qui m'a emportée à
travers les champsaved
tant de violence , qu'elle
m'a jettée par terre à cent
pas du ſentinelle qui m'a
remiſe entre vos mains. Je
vous prie maintenant de
vous informer de l'état où
font mon pauvre guide , fa
mule & mon frere: bab
Alors nous la remerciâ.
mes tous de la peine qu'elle
avoit priſe de nous conter
une histoire auſſi intereſſanGALANTA
dou
to quedaficine ; && dont le
recit ad contribua pas peu
à me revidre ſur le champ
éperdûment amoureux d'elle.
Cependantnous ne
tâmes point que Barigelli ,
qui étoit un de nos prifonniersine
pût nous apprendre
le reste de l'avanture de
Leonor.Nous le fîmes monterànôtre
chambreavec ſes
camarades , où aprés l'avoir
traité avec beaucoup de
douceur & d'honnêteté,
nous lui demandâmes ce
qu'étoit devenuë ſa femme.
Meffieurs,nous dit-il , i
94
MERCURE
yla plus de trois mois que
le perfide Juliano Foreſti ,
que vous avez aujourd'hui
dérobé à ma vangeance ,
& qui eft maintenant, aflis
auprés de vous , cherche à
me deshonorer. J'ai furpris
pluſieurs lettres , qui ne
m'ont que trop inſtruit de
•l'intelligence criminelle
qu'il entretient avec ma
femme , j'ai ſçû la partie
que la ſcelerate avoit faite
pour voir ce traître , ſous
le pretexte de conduire la
Signora Veſpaſia chez ſa
tante. J'ai été parfaitement
GALANTM
informé de tous leurs pas ;
& fans avoir pû m'attendre
àce qui leur est arrivé dans
la maiſon du malheureux
Valerio Colucci , je n'ai pas
laiſſé de prendre toutes les
meſures imaginables , &
d'aſſembler une trentaine
-de payſans bien armez pour
lui arracher mon infidelle.
Je me ſuis mis en embuscade
aux environs de la
Caſa bianca , queje ſçavois
être l'unique retraite de
Juliano , de ſon frere , &
de tous les brigans du pays.
J'ai attaqué la maison &
96 MERCURE
tous ceux qui la défendoient
; je les ai mis tous ,
avec mes troupes, en pieces
& en fuite ; j'ai enfin retrouvé
ma perfide époufe ,
que j'ai enchaînée dans ma
cave , &j'ai été à peine forti
de chez moy , que j'ai rencontré
le perfide Juliano,
qui ne ſçavoit encore rien
de ce qui s'étoit paffé 1t
nuit chez fon frere. Il n'y
avoit pas une heure que je
l'avois pris , lorſque vous
nous avez ſurpris nous mê
mes dans la caſſine de Va
lerio.
:
SciGALANT.
97
Seigneur Barigelli, lui dit
Veſpaſia,vôtre femmen'eſt
point coupable , & la for
tune qui nous a perlecutées
depuis quelques jours d'une
façon toute extraordinaire,
a caufé elle ſeule tous les
malheurs qui vous ont rendu
ſa fidelitéſuſpecte. Enfin
nous determinâmes Bari
gelli à faire grace à la femme
, nous gardames Juliano
dans la tour , pour sçavoir
par ſon moyen des nouvel
les de ſon frere& des bandits,
dont le pays Mantoüan
étoit couvert
Juin 714.
& dont il
1
98 MERCURE
étoit le chef. Nous fimes
envaintous nosefforts pour
rendre plus docile le frere
de Vefpafie , il fut toûjours
intraitable à ſon égard. Le
Commandant de la Tous
voyant que nous n'en pouvions
rien tirer , s'empara
de ſa perſonne pour les trois
jours que fa foeur nous avoit
demandez . Enfin charmé
de toutes les bonnes qua
litez,de cette belle fille jo
la remenaiàlaville,comme
je le lui avois promis ; je lui
trouvai une maiſon fûre &
je la fisfor
commode, d'ou
LYON
* 1893
GALANT
THEQUR
tirun mois aprés, pote
voyer avec unde mes
dans la Principauté d'Orange
, aprés l'avoir épouléc
ſecretement à Mantouë.
Je profiterai de la premiere
occafion pour vous
envoyer l'histoire du
malheureux Sainte Colombe
* , qui vient d'être
*Quelque extraordinaires que foient
les circonstances de cette h ſtoire , il y
avoit plus de10. ou 12. mille hommes
de nos troupes dans Mantouë lors
qu'elle arriva ainſi on peut compter
quoique je n apprehende pas que per-
Iſonne dopoſe contre moy , pour m'accufer
de fuppofer des faits inventez ,
que je la rendrai fidelement comme
elle eft. Ii
100 MERCURE
aſſaſſiné par un marijatoux.
JE fuis bich aife, Mon
ſieur, devous envoyer l'hif
toire des quatrespionniers
mois desterco campagne,
し
GALANT. 15
avant que l'armée du Prince
Eugene nous enferme
dans Mantouë, bu olorist
Ne vous imaginez pas
fur ce titre que je veüille
vous entretenir à preſent
de mille actions de valeur
qui ſe font , & s'oublient
ici tous les jours, Rienn'eſt
ſi commun que ces nouvelles;
parce que , qui dit
homme de guerre dic
homme d'honneur. Ilaya
preſqueperſonne qui n'aille
la guerre , par confequent
preſque tout le mondea
de l'honneur , & le heroif.
ف
16 MERCURE
me eſt la vertu detous les
hommes : maisje veux vous
faire le détail d'une intrigue
, dont les caprices du
fort femblent n'avoir amené
tous les incidens qui la
compoſent , que pour en
rendre les circonstances bizarres&
galantes plus intereſſantes
aux lecteurs.
Nous étions moüillez jufqu'aux
os , nos tentes& nos
barraques culbutées la
pluie , la grêle & le ton.
nerre avoient en plein Eté
répandu une effroyable nuit
au milieu du jour : nous
avions
GALANT
avions enfin marché dans
les tenebres pendant plus
de trois quarts d'heure ,
pour trouver quelque azi
le , lorſque nous arriva
mes, deux de mes amis &
moy , à la porte d'une caffine
à deux mille de Mani
touë. SainteColombe, Lieu
tenant de dragons dans
Fimarcon ,& Mauvilé, Capitained'infanterie
comme
moy , étoient les deux bra
vesquim'accompagnoient.
Désque nous eûmes gagné
cette amaiſon , nous fon
geâmes a nous charger de
Juin 714 .
1
18 MERCURE
1
javelles de ſarmens dont la
grange étoit pleine , pour
aller plutôt ſecher nos
habits. D'ailleurs , nous
croyions cette caffine del
ferte, comme elles l'étoient
preſque toutes aux envi
rons de Mantouë : mais en
ramaſſant les fagots que
nous deſtinions à nous fer
cher , nous fûmes, bien furpris
de trouver ſous nos
pieds des bayonnettes ,des
fufils& des piſtolets chars
gez , & quatre hommes
morts étendus ſous ounc
couche de foin Nous ting
GALANT. 19
2
mes auffitôt un petit conſeil
de guerre entre nous
trois , & en un moment
nous conclûmes que nous
devions nous munir premierement
des armes que
nous avions trouvées &
faire enfuite la viſite de
cette caffine. Cette refolution
priſe , nous arrivâmes
àune mauvaiſe porte , que
nous trouvâmes fermée.
Unbruit confus de voix&
de cris nous obligea à prêter
foreille. A l'inſtant nous
entendîmes un homme qui
difoit à fes camarades en
Bij
20 MERCURE
jurant : Morbleu la pitié eſt
une vertu qui ſied bien à
des gens indignes comme
vous ! Qui eſt-ce qui nous
ſçaura bon gré de nôtre
compaffion ? Ce ne ſera tout
au plus que nos méchantes
femmes , que ces chiens- là
deshonorent tous les jours.
Pour moy , mon avis eft
que nous égorgions tout à
l'heure celui- ci. Mais d'où
te vient tant de lâcheté,
Barigelli? Tu n'es pas content
d'avoir ſurpris ce François
avec ta femme,tuveux
apparemment qu'il y re
GALANT. 21
tourne. Non non , dit Barigelli,
à Dieu ne plaiſe que
je laiſſe cet outrage impuni
; je ſuis maintenant le
maître de ma victime , elle
ne m'échapera pas : mais
je veux goûter à longs traits
le plaiſir de ma vengeance.d
Mon infidelle eſt enchaî
née dans ma cave ; je veux
que ce traître la voye expirer
de rage & de faim dans
les ſupplices que je lui def
tine , & qu'auprés d'elle ,
chargé de fers , il meure de
lamême mort qu'elle, Surat
le champ la compagnic ap-
J
22 MERCURE
7
prouva ce bel expedient
mais nous ne donnâmes
pas à ces Meſſieurs le loifir
de s'en applaudir longtemps.
Du premier coup
nous briſames la porte , &
nous fimes main baſſe , la
bayonnette au bout du fu
fil , fur ces honnêtes gens ,
qui ne s'attendoient pas à
cet aſſaut. Ils étoient quatre.
Nous lesbleſſames tous,
ſans en tuer un ; nous leur
liâmes les mains derriere
le dos , nous délivrâmes le
malheureux qu'ils alloient
1.
facrifier comme ja viens
GALANT. 23
de vous dire , nous lui donnâmes
des armes , & tous
enſemble nous allames
joindre un Capitaine de
nos amis , qui étoit détaché
avec cinquante hommes
à un mille de la caf
fine où nous étions , dans
une tour qui eft au milieu
d'un foffé plein d'eau , à la
moitié du chemin de la
montagne noire à Mand
Dés que nous fûmes ar
rivez à cette tour, le fenti
nelle avancé appella la gar
de qui vint nous recevoir,
24 MERCURE
1
Nous paſſames auffitôt a
vec tout notre monde au
corps de garde de l'Offi
cier , qui nous dit en riant :
Je ne ſçai quelle chere vous
faire,Meſſieurs ; vôtre com
pagnie eſt ſi nombreuſe ,
qu'à moins qu'on ne vous
trouve quelque choſe à
manger , vous pourrez bien
jeûner juſqu'à demain.
Mais , continua stil , en
m'adreſſant la parole , que
ſignifie ce triomphe ? Eltce
pour ſignaler davantage
vôtre arrivée dans matour ,
qué vous m'amenézpçes
capGALANT.
25
captifs enchaînez. Il n'eſt
pas , lui dis je , maintenant
queſtion du détail de ces
raiſons. Nous vous confignons
premierement ces
priſonniers , & en ſecond
lieu nous vous prions de
faire allumer du feu pour
nous ſecher , de faire apporter
du vin pour nous rafraîchir
, & d'envoyer à
cent pas d'ici nous acheter
poulets & dindons , pour
les manger à votre mode
morts ou vifs. Nous vous
dirons enſuite tout ce que
vous avez envie d'appren-
Juin 1714. C
26 MERCURE
dre. A peine l'Officier eur
ordonné à un de ſes ſoldats
d'aller nous chercher ces
denrées , que nous entendîmes
tirer un coup de fufil.
Auſfitôt on crie , à la
garde. Un Caporal & deux
foldats vont reconnoître
d'où vient cette alarme. Un
moment aprés on nous
amene une jeune fille fort
belle , &un jeune homme,
que le ſentinelle avoit bleſſé
du coup de fufil que nous
avions entendu tirer. L'imprudent
qui couroit aprés
cette fille ne s'étoit pas ar
GALANT.
27
rêté ſur le qui vive du foldat
en faction. On le panſa
fur le champ , & la fille ſe
retira avec nous dans la
chambre de l'Officier. Elle
ſe mit ſur un lit de paille
fraîche , où nous la laiſiames
repofer & foûpirer ,
juſqu'à ce que l'on nous cût
accommodé la viande que
le foldat nous apporta. Nous
fimes donner du pain & du
vin à nos prifonniers ; & de
nôtre côté , pendant que
nous mangions un fort
mauvais ſoupé avec beaucoupd'appetit,
la jeune fille,
Cij
28 MERCURE
qui n'en avoit gueres , m'a
dreſſa le beau difcours que
vous allez lire .
Eſt il poſſible,traître, dit.
elle , en me regardant avec
des yeux pleins d'amour&
de colere,&tenant à lamain
un de nos coûteaux qu'elle
ayoit pris ſur la table , que
tu ayes tant de peine à me
reconnoître ? Oui eſt il poffible
que tu me traites avec
tant de rigueur , & que tu
fois auſſi inſenſible que tu
l'es aux perils où je m'expoſe
pour toy Je ſuis bien
faché , lui disje , en lui ôGALANT.
29
!
tant doucement le coûteau
della main que vous me
donniez les noms de traître
& d'inſenſible ; je ne les
merite en verité point , &
je vous affure que depuis
que je ſuis en Italie , je n'ai
encore été ni amoureux ,
ni cruel. Comment , lâche,
tu ofes me dire en face
que
tu n'es pas amoureux ? Ne
t'appelles tu pas Olivier de
la Barriere ? Ne viens tu pas
loger à vingt pas de la porte
Pradelle , lorſque tu ne
couches pas au camp ? Ne
t'es tu pas arrêté trente fois
C iij
30
MERCURE
1
la nuit à ma grille ? Ne
m'as - tu pas écrit vingt lettres
, que j'ai cachées dans
nôtre jardin & ne reconnois-
tu pas enfin Vefpafia
Manelli ? En verité lui dis
je , quoique je fois perfuade
depuis long temps que vous
êtes une des plus belles
perſonnes de l'Italie , je ne
vous croyois pas encore fi
belle que vous l'êtes , & je
ne m'imaginois pas que
vous euffiez des ſentimens
fi avantageux pour moy .
Je ne vous ai jamais vûë
que la nuit à travers uneja
GALANT.
31
loufie affreuſe ; & comme
je n'établis gueres de préjugez
ſur des conjectures ,
je pouvois ( à la mode de
France ) vous dire & vous
écrire ſouvent que vous
êtes belle , que je vous aime
, & que je meurs pour
vous , ſans m'en ſouvenir
un quart - d'heure aprés
vous l'avoir dit : mais à prefent
, je vous jure devant
ces Meffieurs , qui font mes
camarades & mes amis ,
que je ne l'oublirai jamais.
Ajoûte , infolent , me ditelle
, tranſportée de fureur
C iiij
32
MERCURE
& de depit , ajoûte la raillerie
à l'outrage. Où ſuisje
, & que deviendrai - je ,
grand Dieu ! fi tes amis ,
qui te voyent & qui m'entendent
, font auffi ſcelerats
que toy ?
Mauvilé, que ce diſcours
attendriſſoit déja , me regarda
, pour voir ſi j'approuverois
qu'il lui proposât
des expediens pour la
dedommager de mon infidelité
pretenduë : mais le
ſens froid exceffif que j'affectois
avec une peine infinie
, n'étoit qu'un foible
GALANT.
33
voile dont je m'efforçois
de me fervir , pour eſſayer
de dérober à mes camarades
la connoiſſance de l'a
mour dont je commençois
à brûler pour elle Je temoignai
neanmoins à Mauvilé
que je ne deſapprouverois
point ce qu'il lui diroit
pour m'en défaire , ou
pour la conſoler. Ainſi jugeant
de mes ſentimens
par mes geftes : Mademoifelle
, lui dit- il en Italien
qu'il parloit à merveille ,
nous ſommes d'un pays où
tout ce qu'on appelle infi
34
MERCURE
delité ici eſt ſi bien établi ,
qu'il ſemblequ'on ne puiſſe
pas nous ôter la liberté de
changer , ſans nous ôter en
même temps le plus grand
agrément de la galanterie.
La conſtance eſt pour nous
autres François d'un uſage
ſi rare ou fi difficile , qu'on
diroit que nous avons attaché
une eſpece de honte
à nous en piquer : cependant
vous êtes ſi belle, que ,
fans balancer , je renoncerois
à toutes les modes de
mon pays , pour m'attacher
uniquement à vous , fi ,
GALANT.
35
guerie des tendres ſentimens
que vous avez pour
mon ami , vous me permettiez
de vous offrir un coeur
incapable des legeretez du
ſien. Je ne ſçai , lui répon-,
dit- elle , affectant une fermeté
mépriſante , ce que je
ne ferois pas pour me vanger,
ſi je le croyois ſenſible
aux offres que vous me faites
: mais , Monfieur , quelque
emportement que j'aye
marqué , il ne s'agit pas
maintenant d'amour , & je
ne ſuis venuë ici ni pour
yous ni pour lui. Enfin
56 MERCURE
lorſque j'ai fongé à profiter
de l'orage qu'il a fait au
jourd'hui , pour me délivrer
de la plus injuſte perfecu
tion du monde, je n'ai point
regardé cette tour comme
un lieu qui dût me ſervir
d'azile;& fans l'imprudence
du jeune homme qui m'a
poursuivie ,j'aurois pris ſur
la droite , j'aurois évité vôtre
fentinelle , & je ſerois à
preſent arrivée à une maifon
, où j'aurois trouvé plus
de commodité , plus de re
pos , & autant de fûreté qu'-
ici. J'ai ſeulement une gra
GALANT. 37
ce à vous demander ; je prie
l'Officier qui commande
dans ce fort de garder pendant
trois jours le jeune
homme que le ſentinelle a
bleffé , & de me laiſſer de.
main fortir ſeule de cette
tour avant le lever du ſoleil.
Elle nous acheva dette petite
harangue d'un air
touchant & fi naturel , que
je ne fus pas le maître de
mon premier mouvement.
Enfin il me fut impoffible
de diffimuler plus longtemps
, & de ne lui pas dire
avec chaleur : Non , belle
38 MERCURE
Vefpafie , je ne vous quitte
rai pas , je veux vous ſuivre
où vous irez , courir la même
fortune que vous , &
vous ſervir juſqu'à la mort.
Helas , me dit- elle , en mé
jettant , avec un ſoûpir , un
regard d'étonnements jus'il
vous eſt ſi facile de paffer
de l'indifference à l'amour,
ne dois-je pas apprehender
que vous ne repaffiez éga
lement bientôt de l'amour
à l'indifference ? Maisquoy
quilen
qu'il en puiſſe être , vous ne
ſçauriez me propoſer rien
que je n'accepte. Où pouGALANT.
39
vez- vous me ſuivre ? où me
voulez vous conduire?Tout
ce pays eft couvert d'enne
mis, les Imperiaux ont deux
ponts de bateaux fur le Pô ;
Borgoforte , Guastalla , &
San Benedetto , qui font
lesſeules portes par où nous
pourrions fortir , font les
poftes qu'ilsoccupent.Non,
lui dis-je , non , charmante
Vefpafie,ne cherchons point
de ces retraites ſcandaleuſes
dont l'uſage eſt impra.
ticable à des gens d'honneur.
C'eſt à Mantouë que
vous devez retourner avec
40 MERCURE
moy. Nous y entrerons par
la porte del Té. Ce ſera demain
unCapitaine de nôtre
regiment qui y montera la
garde , je prendrai avec lui
de juftes meſures pour vous
introduire dans la ville,ſans
que perſonne vous y voye
entrer , & je vous donnerai
un appartement , où je vous
aſſure qu'on ne viendra pas
yous troubler. Mais , mon
Dieu ! reprit elle , je tremble
que mes freres ne ſçachent
où je ſerai : ahd s'ils
me découvrent , je ſuis à jamais
perduë. Ne vous inquietez
GALANTA
41
quierez pointis lui dis -je
nous mettrons bon ordre à
vôtre fûreté , & je vous ret
pons que la maiſon de nôtre
General ne fera pas mieux
gardéeque la vôtre. Prenez
maintenant un eſprit de
confiance & de liberté , &
contez nous , s'il vous plaît,
par quel hazard vous vous
êtes ſauvée juſques dans
Cette tour.
T
Vous ſçavez , dit alors
Vefpafie , que je demeure à
vingt pas de la porte Pradelle:
mais vous ne sçauriez
vous imaginer dans quel
Juin 1714. D
42 MERCURE
esclavage j'ai vécu depuis
mon enfance juſqu'à preſent.
Je ſuis fille de Julio
Lanzilao . Cette Maiſon eft
ſi conue en Italie , que ce
nom ſuffit pour vous donner
une juſte idée de ma
naiſſance. Je n'avois que
quinze ans lorſque mon
pere mourut ; il y en a trois
depuis ſa mort , que deux
freres que j'ai , s'imaginant
avoir herité de l'autorité
que mon pere avoit fur
moy , comme des biens de
nôtre famille , ſe ſont rendus
les tyrans de ma liberté.
GALANT.
43
Ils ont contracté depuis
long-temps une amitié fi
étroite avec un Gentilhom
me de Mantouë , qu'on appelle
Valerio Colucci , ( que
je n'ai jamais pû ſouffrir )
qu'il y a deux ans qu'ils
sacharnent à vouloir me
rendre la victime de la
tendreſſe qu'ils ont pour
lui. Ma froideur & mes
mépris ont ſouvent rompu
toutes leurs meſures : mais
les mauvais traitemens qu'-
ils m'ont faits ne l'ont que
trop vangé de mon indifference.
Enfin laffé lui-
Dij
44
MERCURE
même de l'injustice de mes
freres , qui lui avoient donné
la liberté de me venir
voir quand il lui plairoit ,
il me dit , en entrant un
ſoir dans ma chambre , à
une heure où je n'avois
jamais vû perſonne : Je ne
ſçai , Mademoiselle , ſous
quel titre me preſenter à
vos yeux ; c'eſt moy ( qui
ſuis l'objet de vôtre haine )
que vous accuſez de la rigueur
de vos freres : mais
je veux , pour vous détromper
, être plus genereux à
vôtre endroit ,qu'ils ne font
GALANT.
45
obſtinez à vous perfecuter.
Secondez moy , & vous
verrez qu'inceſſamment je
vous affranchirai du joug
qu'ils vous ont impoſe.
Vo
Voicy mon deſſein. Vous
avez à un mille & demi de
la Madona della gratia² , un
Palais où demeure vôtre
tante , qui vous aime , &
dans la ville le Convent de
SainteTherese ; ( qui n'eſt pas
lazile le moins libre que
vous puiffiez trouver ) choifiſſez
l'une de ces deux
maiſons. Si je dois , lui disje
, compter de bonne foy
46 MERCURE
fur le ſecours dont vous me
flatez , mettez - moy entre
les mains de ma tante ; elle
eſt ſouveraine dans ſon Palais
, elle n'aime pas mes
freres , & je vivrai certainement
mieux avec elle
qu'ailleurs. Cela étant , me
répondit- il , affectez en leur
prefence plus de complaiſance
pour moy, & ne vous
effrayez plus tant de la propoſition
qu'ils vous feront
encore de nous unir enſemble.
Ecrivez cependant
à vôtre tante de vous en.
voyer aprés demain fon
GALANT.
47
caroſſe à la porte del Té. Je
lui ferai tenir vôtre lettre
par un inconnu , j'écarterai
les gardes qui vous envi
ronnent, je vous aiderai à
ſortir d'ici ; enfin , quoy
quoy qu'il m'en coûte , je
vous eſcorterai juſqu'au
rendez- vous , plus content,
dans mon malheur , d'être
moy-même la victime du
ſacrifice que je vous fais ,
que de vous voir plus longtemps
l'objet de la rigueur
de vos freres. Je reſtai plus
d'une heure fans pouvoir
me refoudre. Je me mis
:
48 MERCURE
moy-même à la place d'un
amant toûjours haï , tou
jours malheureux , & j'eus
une peine extreme à pou
voir accorder des foins fi
genereux avec un amour
fi malrecompensé : mais il
échape toûjours quelque
choſe à nos reflexions ;
ce qu'on ſouhaite fait oublier
ce qu'on riſque , &
nôtre bonne foy determine
ſouvent nôtre eſprit à ne
gliger les raifons de nôtre
défiance. Je ne fongeai pas
feulement qu'ile fuffifoit ,
pour me faire un procés
crimi.
GALANT.
49
criminel avec mes freres ,
qu'ils me ſoupçonnaſſent
d'avoir écrit à ma tante. En
un mot je donnai dans le
piege , &je confiai ce billet
àmon fourbe.
Jene vous fais part qu'en
tremblant , Madame , du plus
important fecret de ma vie :
jevais enfin fortir d'esclavage.
Valerio Colucci , que j'ai tou
jours crû d'intelligence avec
mes freres ,fe charge lui-même
duſoin de me remettre en vos
mains , pourveu que vôtre caroſſe
m'attende aprés demain
Juin 1714.
E
50
MERCURE
1
aufoir à la porte del Té.Jene
fçaipas ce que je ferai s'il me
tient parole : mais je m'imagine
que je vousprierai de me permettre
d'être aufſſi genercuſeque
lui , s'il fatisfait l'impatience
que j'ai de me rendre à vous.
Il reçut cette lettre fatale
de ma main ; il la baiſa
avec mille tranſports , &
fur le champ il s'en alla ,
aprés m'avoir dit encore :
J'en ai maintenant plus
qu'il n'en faut , belle Vefpafie
, pour vous tirer inceffamment
de la ſerviGALANT.
SI
tude où vous vivez .
Il n'y avoit alors , conti
nua telle en s'adreſſant à
moy , que quatre ou cinq
jours que vous m'aviez écrit,
Seigneur Olivier, que
l'on vous envoyoit avec vôtre
compagnie à la Madona
della gratia , où vous apprehendiez
fort de refter deux
ou trois mois en garniſon.
Le defir de m'approcher de
vous , l'intention de vous
écrire , & l'efperance de
vous voir m'avoient determinée
à preferer la maiſon
dema tante au Convent de
1
E ij
St MERCURE
fainte Thereſe. Ce n'étoit
même qu'à votre confideration
, & que pour enga
ger davantage Valerio Con
lucci dans mes interêts, que
je l'avois flaté dans lebillet
que je lui avois confié , de
l'eſpoir d'être auffi genereuſe
que lui : mais il ne fit
de ce malheureux billet ni
l'uſage que j'en aurois ap
prehendé du côté de mes
freres , ni celui que j'en au
rois eſperé du mien. Il s'en
fervit ſeulement pour rendre
ce gage de ma credulité
le garant de ſa précaus
GALANT!
53
tion. Le jour marqué pour
ma fuire , il fit tenir un caroſſe
ſur l'avenue decla
porte del Té, derriere lePalais
de Son Alteſſe Serenif.
ſime , où je m'étois renduë
d'affez bonne heure avec
Leonor,malheureuſe épouſe
d'un nommé Barigelli, à qui
j'avois fait confidence de
cette entrepriſe. Nous nous
étions retirées toutes deux
dans un cabinet fombre &
frais , en attendantValerio ,
lorſque vous arrivâtes aſſez
a propos avec Monfieur *
* Sainte Colombe.
Eiij
54
MERCURE
pour nous délivrer d'un
danger où nous aurions
peut- être ſuccombé fans
vous. Les promptes & funeſtes
circonstances dont
fut fuivie l'action que vous
fites pour nous vous priverent
du plaifir de connoître
les gens que vous veniez
de fauver , & nous de
la fatisfaction de vous en
marquer nôtre reconnoif
fance.
Vous êtes deux ici qui
m'entendez : mais ce que
je viens de dire eſt peutêtre
pour ces autres Mef
GALANT.
55
ſieurs une énigme , que je
vais leur débroüiller.
Quoique vous ſoyez étrangers
dans ce pays , il y
a déja ſi long- temps que
vous campez ſur le glacis
de Mantouë , & que vos
troupes font en garnifon
dans cette ville, que je croy
qu'il n'y a pas un François
parmi vousquineconnoiffe
à merveille toutes les maifons
de Son Alteſſe , & fur
tout le Palais del Tés ; aufli
nevous en parlerai- je point;
mais je vais vous raconter
ce qui m'arriva derniere
E inj
36 MERCURE
ment dans le jardin de ce
Palais .
Je m'étois , comme je
vous ai dit , retirée avec
Leonordans un cabinet ſom
bre , d'où ( l'eſprit rempli
d'inquietudes ) j'attendois
que Valerio vinſt me faire
fortir , pour me conduire au
caroſſe de ma tante ', qui
devoit me mener à laMadona.
Je commençois déja
même à m'ennuyer de ne
le pas voir arriver , lorſque
tout à coup je fus laiſie de
crainte & d'horreur , à la
vûë d'un ſerpent + d'une
GALANT. 57
groffeur énorme. Je vis ce
terrible animal fortir d'un
trou , qu'il avoit apparemment
pratiqué ſous le piéd'eſtal
d'une ſtatuë de Diane
, qui étoit à deux pas de
la porte du cabinet oùj'étois.
Je pouſſai auffitôt un
grand cri , qui lui fit tourner
la tête de mon côté ;
je tombai à l'inſtant , &je
m'évanoüis. Cependant ces
Meſſieurs * , qui ſe promenoient
alors affez prés du
cabinet , vinrent à mon ſecours.
J'ai ſçû de Leonor
* Olivier & Sainte Colombe.
58
MERCURE
qui eut plus de fermeré que
moy , ce que vous allez apprendre.
Le ferpent ne s'effraya
point de voir deux
hommes courir ſur lui l'é
péeà la main ; au contraire
il s'éleva de plus de deux
pieds de terre pour s'élancer
ſur ſes ennemis , qui
m'entendent , & qu'il auroit
certainement fort embaraſſez
, quelque braves
qu'ils foient , ſi dans le moment
qu'il fit ſon premier
faut le Seigneur Olivier n'avoit
pas eu l'adreſſe de lui
couper la tête , qui alla fur
GALANT.
59
le champ faire trois ou quatre
bonds à deux pas de lui,
pendant que le reſte de ſon
corps ſembloit le menacer
encore : mais à peine cette
action hardie fut achevée ,
que le perfide Valerio me
joignit avec trois eftafiers
qu'il avoit amenez avec lui .
Les morceaux difperfez du
ſerpent qui venoit d'être
tué , le defordre où il me
trouva , & deux hommes
- qu'il vit l'épée à la main à
la porte du lieu où j'érois ;
tout ce ſpectacle enfin ex-
-cita dans ſon ame de ſi fu60
MERCURE
ne dis
rieux mouvemens de ja
louſie , qu'aprés avoir abattu
mon voile ſur mon vi
ſage , il me prit bruſquement
par le bras , & me fir
fortir du jardin , ſans me
donner le loiſir , je ne
pas de remercier mes liberateurs
d'un ſi grand fervice
, mais même de me
faire reconnoître à leurs
yeux. Il me fit auſſitôt monter
avec Leonor dans le
caroffe qu'il nous avoit deftiné
; & au lieu de me me.
ner à la maiſon de ma tante
, il nous eſcorta avec ſes
GALANT. 61
eftafiers qui alloient avec
lui , tantôt devant , tantôt
derriere ,juſqu'à une caffine
qui eft à un mille d'ici , &
dont il étoit le maître : mais
il fut bien trompé , en arri
vantà la maison , d'y trouver
des hôtes qu'il n'y avoit
pas mandez. Une troupe de
deferteurs ( ou de bandits ,
ſijene metrompe ) en avoit
la veille enfoncé les portes;
elle en avoit afſommé le
fermier , pillé la baſſe cour,
la cuiſine ,la cave & le grenier,&
mis en un mottouse
lacaffinedansun fi grand
62 MERCURE
fi
defordre , que Valerio ne
put s'empêcher de ſe plaindre
de leur violence , & de
les menacer de les faire
punir.Ces furieuxà l'inftant
lechargerent lui &les fiens
cruellement , qu'aprés
l'avoirtué avecſes eſtafiers,
ils le jetterent avec ſes armes
, fon bagage & ſa compagnie
à l'entréede la grange.
Ils couvrirent ces corps
de quelques bottes de foin,
enſuite ils vinrent à nôtre
caroffe , où ils nous trouverent
effrayées mortellement
de tout ce que nous
GALANT.
63
venions de voir. Ils nous
tinrent d'abord pluſieurs
diſcours inutiles pour nous
raffurer ; puis ils nous firent
deſcendre dans la ſalle où
ils étoient , & dont la table
& le plancher étoient auſſi
mouillez du vin qu'ils avoient
répandu , que leurs
mains l'étoient encore du
ſang qu'ils venoient de verfer.
Cependant un d'entr'eux
', moins brutal que
- les autres , s'approcha de
. moy , & me dit d'un air
d'honnête homme: Je vous
trouverois , Madame , bien
64
MERCURE
plus à plaindre que vous ne
l'êtes , d'être tombée entre
nosmains , ſi je n'avois pas
ici une autorité que qui que
ce ſoit n'oſe me diſputer, &
fi toutes les graces que je
vois dans vôtre perſonne
ne me déterminoient pas à
vous conduire tout àl'heure
dansun lieu plus commode,
plus honnête & plus fûr.
Remontez en caroffe , &
laiſſez vous mener à la Cafa
bianca., C'est une maiſon
fort jolie , entourée d'eaux
de tous côtez , ſituée au
milieu d'un petit bois , derriere
GALANT 5
riere la montague noire :
en un mot c'eſt une elpece
de citadelle qu'on ne peut
preſque inſulter fans canón
Vous y prendrez,Madame,
le parti qui vous plaira , dés
que vous vous ferez remife
de la frayeur que vous ve
nez d'avoir. Au reſte , il me
paroît, à vôtre contenance,
que nous ne vous avons
pas fait grand tort de vous
délivrer des infolens qui
vous ont conduite ici : cependant
ſi nous vous avons
offenſée , apprencz-nous a
reparer cette offense ; ou fi
Juin 1714. F
!
66 MERCURE
nous vous avons rendu
ſervice , nous sommes prêts
à vous en rendre encore. Je
ne ſçai , lui dis - je , quel
nom donner à preſent à ce
que vous venez de faire ,
quoique vôtre diſcours
commence à me raffurer :
maisj'eſperetout dufecours
que vous m'offrez . Vous
avez raiſon , Madame , reprit
il, de compter ſur moy;
je ne veux être dans vôtre
eſprit que ce que vous pouvez
vous imaginer de meil.
leur. Hâtons - nous ſeulement
de nous éloigner d'ici,
GALANT. 67
quoique la nuit commence
à devenir fort noire , & ne
vous effrayez point de vous
voir accompagnée de gens
qui vous eſcorteront peutêtre
mieux que ne pourroit
faire une troupe de milice
bien diſciplinée. Ainſi nous
marchâmes environ deux
heures avant que d'arriver
à la Caſa bianca , où nous
entrâmes avec autant de
ceremonie,que fi on nous
avoit reçûs de nuit dans une
ville de guerre. Alors le
Commandant de cette petite
Place,qui étoit le même
Fij
68 MERCURE
homme qui depuis la maifon
de Valerio juſqu'à fon
Fort m'avoit traitée avec
tant de politeffe , me de
manda ſije voulois lui faire
l'honneur de fouper avec
lui. Je lui répondis qu'il
étoit le maître , que cependant
j'avois plus beſoin de
repos que de manger , &
que je lui ferois obligée s'il
vouloit plûtôt me permet
tre de m'enfermer &de me
coucher dans la chambre
qu'il me deſtinoit. Volontiers
, Madame , me dit il ;
vous pouvez vous coucher
GALANT. 69
quand il vous plaira , cela
ne vous empêchera pas de
fouper dans votre lit. Auffitôt
il nous mena ,Leonor
&moy, dansune chambre
perduë , où nous trouvâmes
deux lits affez propres.
Voila , me dit-il , le vôtre ,
Madame , & voila celui
de vôtre compagne. Pour
moy , vous me permettrez
de paſſer la nuit ſurun fiege
auprés de vous ; les partis
qui battent continuelle
ment la campagner nous.
obligent à veiller prefque
toutes les nuits &rib ne
70 MERCURE
fera pas mal à propos que
je ne m'éloigne pas de
vous , pour vous guerir des
frayeurs que pourroient
vous caufer certaines furprites
auſquelles je ne vous
croy gueres accoûtumées.
Je vais cependant , en attendant
le ſouper , placer
mes fentinelles , & donner
les ordres qui conviennent
pour prévenir mille accidens
dont nous ne pouvons
nous mettre à couvert que
par un excés de précaution.
Dés qu'il nous eut quitté ,
Leonormedit en ſoûpirant:
GALANT.
71
Eſt- il poffible qu'un ſi hơn.
nête homme faſſe unmétier
auſſi étrange que celuici
, & que nous joüions à
preſent dans le monde le
rôle que nous joions dans
cette maiſon . Je cours de
moindres riſques que vous,
n'étant ni ſi jeune , ni fi
belle : mais quand tout ſeroit
égal entre nous deux ,
eſt-il rien d'horrible comme
les projets que vos freres
&mon mari forment à
preſent contre nous ? De
quels crimes peut on ne
nous pas croire coupables ,
72
MERCURE
ſi l'on ſçait jamais tout ce
qui nous arrive aujourd'hui
? A peine échapées
d'un peril nous retombons
dans un autre plus grand.
Vous fuyez la tyrannie de
vos freres , un ſerpent nous
menace , deux avanturiers
nous en délivrent ; võrre
amant vous trahit , des fol
dats l'affomment ; une trou
pe d'inconnus nous entraî
ne au milieu d'un bois , ou
nous enferme dans une
maiſon , où tout nous me
nace de mille nouveau
malheurs. Que ne peut-ik
pas
GALANT.
73.
pas nous arriver encore ?
Tout cela neanmoins ſe
paſſe en moins d'un jour.
Enfin reſoluës le matin à
tenter une avanture qui
nous paroît raiſonnable ,
nous ſommes expolées &
determinées le ſoir à en affronter
mille étonnantes.
Les reflexions que je fais ,
lui dis-je, ne ſont pas moins
funeſtes que les vôtres , &
la mort me paroît moins
affreuſe que tous les perils
que j'enviſage : mais nous
n'avons qu'une nuit à paf
fer pour voir la fin de ce
Juin1714 G
74 MERCURE
defordre. Efperons , ma
chere Leonor, efperons tout
de l'humanité d'unhomme,
peut être affez malheureux
lui même pour avoir pitié
des miferables. Il eſt ( fuje
ne me trompe ) le chefdes
brigans qui font ici : mais
l'autorité qu'il a fur eux ,
& l'attention qu'il a pour
nous , nous mettent à l'a
bri de leurs inſultes. Je ne
İçai , reprit Leonor , d'où
naiſſent mes frayeurs : mais
je ſens qu'il n'y ariend'aſſez
fort en moy pour diffiper
Thorreur des preſſentimens.
A
GALANT.
75
qui m'environnent.Ce n'eft
pas d'aujourd'hui que je
connois le vilage de nôtre
hôte , & je ſuis fort trompée
s'il n'eſt pas le frere
d'un jeune homme dont je
vous ai parlé pluſieurs fois.
Demandez lui , ſitôt qu'il
ſera revenu , deiquelle ville
il eft , & s'il ne connoît pas
Juliano Foresti , natifdeCarpi
7 dans le Modenois . Ce
Juliano elt fils d'un François
& d'une Françoiſe , qui
auroient fort mal paffé leur
temps avec l'Inquifition, fi
Sun Dominiquain ne les
Gij
76 MERCURE
avoit pas aidez à ſe ſauver
de Modene avec leur fa
mille, le jour même qu'elle
avoit reſolu de les faire ar
rêter. Oui , dit-il,Madame,
en pouffant la porte avec
Violence,
violence , oui je ſuis le frere
deJuliano Foresti dont vous
parlez. J'ai entendu toute
vôtre converſation , & vos
dernieres paroles ne m'ont
que trop appris d'où naiffent
vos inquietudes : mais
ce frere , dont vous êtes en
prine , & qui paffe pour
François aufli bien que
moy, va vous coûter dee
GALANT.
77
ſoins bien plus importans ,
s'il n'arrive pas demaindici
avant la fin du jour. Vous
têtes Madame Leonor de
Guaſtalla , femme du Signor
Barigelli , citadin de Mantouë
: Dieu ſoit loüé , je
retrouverai peut- être mon
frere par vôtre moyen ; ou
du moins s'il eſt tombé
entre les mains de vôtre
époux , comme on me l'a
dit hier au foir , vous me
ſervirez d'ôtage pour lui.
Mais pourquoy , lui ditelle
, voudriez - vous me
rendre reſponſable d'un
Giij
78
MERCURE
malheur où je n'aurois aucune
part ? Si vôtre frere
s'intereſſoit en ma fortune ,
comme il paroît que vous
l'apprehendez , vous ne ſeriez
pas maintenant à la
peine de vous inquieter de
fon fort. Il feroit au contraire
à preſent ici , puiſque
je l'ai fait avertir il y a trois ly
jours de le tenir aujourd'hui
fur l'avenuë de la Madona ,
où nous comptions ce matin
, Vefpafie & moy , d'arriver
ce ſoir : mais nous
avons eſſuyé en une demijournée
tant d'horribles
GALANT.
79
1
avantures,que tout ce qu'on
peut imaginer de plus facheux
ne peut nous rendre
gueres plus malheureuſes
que nous le ſommes.
Sur ces entrefaites , un
foldat entra d'un air effrayé
dans la chambre où nous
étions. Il parla un moment
àl'oreillede ſon General ; II
prit un petit coffre qui étoit
fous le lit que j'occupois ,
il l'emporta,&s'en alla .Nôtre
hôte nous dit alors,avec
une contenance de fermeté
que peu de gens conſerveroient
comme lui dans une
Giij
80 MERCURE
pareille conjoncturesJe ne
Içai pas quelle ſeraila fin
de tout ceci : mais à bon
compte , Madame , tenezvous
prête à executer ſur le
champ , pour vôtre ſalut ,
tout ce que je vous dirai ,
ou tout ce que je vous en
verrai dire , fi mes affaires
m'appellent ailleurs.21On
vient de m'avertir qu'il
m'arrivoit ce ſoir une com
pagnie dont je me pafferois
fortbien: maisil n'importe,
je vais ſeulement efſayer
d'empêcher que les gens
qui nous rendent viſite ſi
GALANT S
,
tard , ne nous en rendent
demain marin une autre.
Nous avons pour nous de
ſecours de la nuit cette
maiſon, dontl'accés eft difficile
, un bon ruiſſeau qui
la borde , & des hommes
refolusd'endéfendre vigou.
reuſement tous les paſſages.
Ne vous alarmez point d'a
vance , & repoſez vous fur
moy du ſoin de vous tirer
de cette affaire , quelque
fuccés qu'elle ait Alors il
nous quitta , plus effrayées
des nouveaux malheurs
dont nous étions menacées
82 MERCURE
que perfuadées par fon eloquence
de l'execution de
ſes promeſſes. En moins
d'une heure nous entendîmes
tirer plus de cent coups
de fufil ; le bruit & le va-
.carme augmenterent bien.
tôt avec tant de fureur, que
nous ne doutâmes plus que
mille nouveaux ennemis ne
fuſſent dans la maifon: Leo
nor diſparut à l'inftant , ſoit
qu'elle eût trouvé quelque
azile d'où elle ne vouloit
pas répondre àmes cris, de
peur que je ne contribuaffe
à nous faire découvrir plû
GALANT. 83
tốt , ou ſoit que la crainte
lui eût ôté la liberténde
m'entendre. Cependant à
force de chercher & de
tâtonner dans la chambre ,
je trouvai ſous une natte de
jonc, qui ſervoit de tapif
ſerie , une eſpace de la hauteur
& de la largeur d'une
porte pratiquée dans la muraille.
J'y entrai auſſitôt en
tremblant ; àdeux pas plus
loin je reconnus que j'étois
ſur un escalier , dont je def
cendis tous les degrez , au
pied deſquels j'apperçus de
loin une perite lumiere
84 MERCURE
(
qu'on avoit eu la précaution
d'enfermer ſous un
tonneau. Je m'en approchai
d'abord afin de la
prendre pour m'aider à
fortir de cette affreuſe ca
verne : mais le bruit & le
defordre ſe multipliant
avec mes frayeurs , je l'é
teignis par malheur. Neanmoins
le terrain où j'étois
me paroiſſant aſſez uni , je
marchai juſqu'à ce qu'enfin
je rencontrar une ouverture
à moitié bouchée d'un
monceau de fumier. Alors
j'apperçus heureuſement
GALANT. 85
une étoile , dont la lueur
me ſervit de guide pour me
tirer avec bien de la peine
de ce trou , où je venois de
faire un voyage épouvantable.
Je repris courage ;
&aprés m'être avancée un
peu plus loin ,je me trouvai
àl'entrée d'un petit marais
fec ,& plein d'une infinité
de gros roſeaux beaucoup
plus hauts quemoy.Enfin
accablée de laffitude & de
peur je crusque je ne
pouvois rencontrer nulle
part un azile plus favorable
que celui- là en attendant
86 MERCURE
le jour : ainſi je m'enfonçai
dans ce marais , juſqu'à ce
que je ſentis que la terre ,
plus humide en certains
endroits , moliſſoitſous mes
pieds. Je m'aflis , &je prêtai
pendant deux heures atten.
tivement l'oreille à tout le
bruir qui ſortoit de la maifon
dont je venois de me
ſauver fix heureuſement.
J'entendis alors des hurlemens
effroyables , qui me
furent d'autant plus fenfibles
, que je crus mieux reconnoître
la voix de Leonor.
Cependant au point du
GALANT 87
jour cette maiſon, qui avoit
été pendant toute la nuitun
champ de carnage & d'horreurs
,me parut auſſi tran.
quille , que fielle n'avoit
jamais étéhabitée. Dés que
je me crus affez afſurée que
le filence regnoit dans ce
funeſte lieu ,je fortis de mes
roſeaux , pour gagner à
travers la campagne un
village qui n'en est éloigné
que de quelques centaines
de pas . J'y trouvai un bon
vieillard , que les perils
dont onnefticontinuellement
menacé dansunpays
88 MERCURE
occupé par deux armées
ennemies , n'avoient pû
determiner à abandonner
ſa maiſon comme ſes voi
fins. Cebon-homme , autant
reſpectablepar le nom.
bre de ſes ans , qu'il l'eſt
dis-je pleu
par fontexperience & fa
vertu , étoit affis fur une
pierre àſa porte lorſque je
parus àſes yeux. Mon pere,
lui dis je auflitouren pleurant
ayez pitié de moy;
je me meurs de laffitude ,
de frayeur & de faim. En-
-tez dans ma maiſon , ma
Elle une répondit- il , &
vous
GALANT
89
vous y repoſez , en attendant
que mon fils revienne
avec ma petite proviſion
qu'il eſt allé chercher. Il
me fit aſſeoir ſur ſon lit ,
où il m'apporta du pain &
du vin , que je trouvai excellent.
Peu à peu le courage
me revint ,&je m'endormis.
A mon réveil il me
fit manger un petit morceau
de la provifion que
ſon fils avoit apportée ; il
me pria enſuire de lui conter
tout ce que vous venez
d'entendre. La ſatisfaction
qu'il eut de m'avoir ſecou-
Juin 1714 H
१०
MERCURE
ruë ſi à propos le fit pleurer
de joyc. Enfin il me promit
de me donner ( lorſque je
voudrois ſortir de ſa maiſon
) ſon fils & ſa mule pour
meconduire chez matante.
Je reſtai neanmoins trois
jours enfermée & cachée
chez lui , & le quatriéme ,
qui eſt aujourd'hui , j'ai crû
que je ne pouvois point
trouver une occafion plus
favorable que celle de l'orage
qu'il a fait tantôt ,
pourme ſauver au Palais de
ma tante , ſans rencontrer
fur les chemins perſonne
:
GALANT
qui put me nuire : mais à
pcine ai je été avec mon
guide àun mille de la mai
fon de ce bon vieillard ,
que nous avons été atta
quez par le jeune homme
que votreſentinelle ableſſé.
C'eſt le plus jeune de mes
freres , qui ayant appris
apparemment que je n'étois
point chez ma tante ,
m'a attendue ſur les ave-
-nuës de ſon Palais , juſqu'à
- ce qu'il m'ait rencontrée :
mais heureuſement mon
conducteur a lutte contre
lui avec beaucoup de cou
Hij
$2 MERCURE
rage , pour me donner le
temps de me ſauver . J'ai
auſfitôt lâché la bride à ma
mule , qui m'a emportée à
travers les champsaved
tant de violence , qu'elle
m'a jettée par terre à cent
pas du ſentinelle qui m'a
remiſe entre vos mains. Je
vous prie maintenant de
vous informer de l'état où
font mon pauvre guide , fa
mule & mon frere: bab
Alors nous la remerciâ.
mes tous de la peine qu'elle
avoit priſe de nous conter
une histoire auſſi intereſſanGALANTA
dou
to quedaficine ; && dont le
recit ad contribua pas peu
à me revidre ſur le champ
éperdûment amoureux d'elle.
Cependantnous ne
tâmes point que Barigelli ,
qui étoit un de nos prifonniersine
pût nous apprendre
le reste de l'avanture de
Leonor.Nous le fîmes monterànôtre
chambreavec ſes
camarades , où aprés l'avoir
traité avec beaucoup de
douceur & d'honnêteté,
nous lui demandâmes ce
qu'étoit devenuë ſa femme.
Meffieurs,nous dit-il , i
94
MERCURE
yla plus de trois mois que
le perfide Juliano Foreſti ,
que vous avez aujourd'hui
dérobé à ma vangeance ,
& qui eft maintenant, aflis
auprés de vous , cherche à
me deshonorer. J'ai furpris
pluſieurs lettres , qui ne
m'ont que trop inſtruit de
•l'intelligence criminelle
qu'il entretient avec ma
femme , j'ai ſçû la partie
que la ſcelerate avoit faite
pour voir ce traître , ſous
le pretexte de conduire la
Signora Veſpaſia chez ſa
tante. J'ai été parfaitement
GALANTM
informé de tous leurs pas ;
& fans avoir pû m'attendre
àce qui leur est arrivé dans
la maiſon du malheureux
Valerio Colucci , je n'ai pas
laiſſé de prendre toutes les
meſures imaginables , &
d'aſſembler une trentaine
-de payſans bien armez pour
lui arracher mon infidelle.
Je me ſuis mis en embuscade
aux environs de la
Caſa bianca , queje ſçavois
être l'unique retraite de
Juliano , de ſon frere , &
de tous les brigans du pays.
J'ai attaqué la maison &
96 MERCURE
tous ceux qui la défendoient
; je les ai mis tous ,
avec mes troupes, en pieces
& en fuite ; j'ai enfin retrouvé
ma perfide époufe ,
que j'ai enchaînée dans ma
cave , &j'ai été à peine forti
de chez moy , que j'ai rencontré
le perfide Juliano,
qui ne ſçavoit encore rien
de ce qui s'étoit paffé 1t
nuit chez fon frere. Il n'y
avoit pas une heure que je
l'avois pris , lorſque vous
nous avez ſurpris nous mê
mes dans la caſſine de Va
lerio.
:
SciGALANT.
97
Seigneur Barigelli, lui dit
Veſpaſia,vôtre femmen'eſt
point coupable , & la for
tune qui nous a perlecutées
depuis quelques jours d'une
façon toute extraordinaire,
a caufé elle ſeule tous les
malheurs qui vous ont rendu
ſa fidelitéſuſpecte. Enfin
nous determinâmes Bari
gelli à faire grace à la femme
, nous gardames Juliano
dans la tour , pour sçavoir
par ſon moyen des nouvel
les de ſon frere& des bandits,
dont le pays Mantoüan
étoit couvert
Juin 714.
& dont il
1
98 MERCURE
étoit le chef. Nous fimes
envaintous nosefforts pour
rendre plus docile le frere
de Vefpafie , il fut toûjours
intraitable à ſon égard. Le
Commandant de la Tous
voyant que nous n'en pouvions
rien tirer , s'empara
de ſa perſonne pour les trois
jours que fa foeur nous avoit
demandez . Enfin charmé
de toutes les bonnes qua
litez,de cette belle fille jo
la remenaiàlaville,comme
je le lui avois promis ; je lui
trouvai une maiſon fûre &
je la fisfor
commode, d'ou
LYON
* 1893
GALANT
THEQUR
tirun mois aprés, pote
voyer avec unde mes
dans la Principauté d'Orange
, aprés l'avoir épouléc
ſecretement à Mantouë.
Je profiterai de la premiere
occafion pour vous
envoyer l'histoire du
malheureux Sainte Colombe
* , qui vient d'être
*Quelque extraordinaires que foient
les circonstances de cette h ſtoire , il y
avoit plus de10. ou 12. mille hommes
de nos troupes dans Mantouë lors
qu'elle arriva ainſi on peut compter
quoique je n apprehende pas que per-
Iſonne dopoſe contre moy , pour m'accufer
de fuppofer des faits inventez ,
que je la rendrai fidelement comme
elle eft. Ii
100 MERCURE
aſſaſſiné par un marijatoux.
Fermer
Résumé : HISTOIRE nouvelle.
Le texte relate plusieurs intrigues militaires et amoureuses se déroulant pendant la campagne de Mantoue. Un officier et deux de ses amis, Sainte-Colombe et Mauvilé, cherchent refuge dans une ferme après une marche éprouvante sous une pluie torrentielle. Ils découvrent des armes et des cadavres dans la grange, ce qui les pousse à explorer la ferme. Ils surprennent alors un groupe d'hommes discutant de la vengeance à infliger à un prisonnier français. Les officiers interviennent, libèrent le prisonnier et capturent les assaillants. Ils se rendent ensuite dans une tour où ils rencontrent une jeune femme, Vespasia Manelli, et un jeune homme blessé. Vespasia révèle qu'elle est amoureuse de l'officier, Olivier de la Barrière, et exprime sa colère face à son indifférence apparente. Après des échanges tendus, Olivier avoue ses sentiments et propose à Vespasia de la protéger en la ramenant à Mantoue. Vespasia accepte et raconte son évasion de sa maison où elle vivait dans l'esclavage. Le texte décrit également la situation d'une jeune femme de dix-huit ans, dont le père est décédé trois ans auparavant. Ses deux frères, s'imaginant héritiers de l'autorité paternelle, se comportent en tyrans envers elle. Ils entretiennent une amitié étroite avec Valerio Colucci, un gentilhomme de Mantoue, que la jeune femme n'apprécie pas. Depuis deux ans, ses frères et Colucci cherchent à la marier contre son gré. La jeune femme, lassée de cette situation, accepte un plan de Colucci pour l'emmener chez sa tante. Cependant, le jour prévu pour la fuite, un serpent apparaît et effraie la jeune femme. Deux hommes, Olivier et Sainte-Colombe, viennent à son secours et tuent le serpent. Colucci arrive alors avec des estafiers et emmène la jeune femme dans une maison où ils sont attaqués par des bandits. Ces derniers, après avoir maîtrisé Colucci, offrent à la jeune femme de l'emmener dans une maison plus sûre, la Casa Bianca. La jeune femme accepte et est escortée jusqu'à cette demeure, où elle passe la nuit en sécurité. Le texte relate également les aventures de Leonor et Galant, menacés par des brigands et des ennemis. Leonor exprime ses craintes et ses réflexions sur les événements qui se succèdent rapidement. Un homme, qui se révèle être le frère de Juliano Foresti, les aide à se protéger. Leonor reconnaît cet homme et lui demande des informations sur son frère. L'homme révèle qu'il est à la recherche de son frère et qu'il utilise Leonor comme otage. Leonor explique qu'elle a tenté de prévenir Juliano des dangers, mais qu'ils ont rencontré de nombreux obstacles. Une nuit, Leonor se cache dans une caverne et entend des hurlements effroyables. Le matin suivant, elle se rend dans un village où un vieillard l'accueille et la protège. Après trois jours, elle décide de se rendre au palais de sa tante, mais est attaquée par son frère. Elle parvient à s'échapper et est finalement ramenée en sécurité. Le texte se termine par l'arrivée de Barigelli, qui raconte comment il a découvert la trahison de sa femme et de Juliano Foresti, et comment il a tenté de les capturer. Enfin, le texte mentionne des événements survenus en juin 714, impliquant des figures politiques et militaires. Une femme, dont la fidélité a été mise en doute, est à l'origine de divers malheurs. Bari Gelli obtient une grâce pour cette femme, tandis que Juliano est retenu dans une tour pour obtenir des informations sur son frère et les bandits qui sévissent dans le pays mantouan, dont il est le chef. Des efforts sont déployés pour rendre le frère de Vespasie plus docile, mais sans succès. Le commandant de la tour le retient alors pendant trois jours. Une jeune fille, appréciée pour ses qualités, est ramenée en ville et installée dans une maison sûre et confortable. Quelques mois plus tard, elle est envoyée en secret dans la Principauté d'Orange. Le narrateur mentionne également l'intention d'envoyer l'histoire du malheureux Sainte-Colombe, assassiné par un marijatoux. Lors des événements, environ 10 000 à 12 000 hommes des troupes étaient présents à Mantoue. Le narrateur assure qu'il relatera fidèlement les faits, sans inventer de détails.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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35
p. 123-143
MORTS.
Début :
Joseph Remy de Livron, Seigneur de Villenox & de [...]
Mots clefs :
Mort, Chevalier, Comte, Conseiller, Veuve, Seigneur, Roi, Fils, Dame, Marquis
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Joſeph Remy de Livron,
Seigneur de Villenox & de
Cuile , dit le Marquis de
Livron , mourut fans alhance
le 8. May.
Il étoit frere de Jean-
Baptiſte Evrard de Livron ,
Bachelier de la Maiſon &
Societé de Sorbonne , lequel
a quitté l'Egliſe depuis
la mort de ſon frere ;
&de Marie- Françoiſe -Almodie
de Livron , mariée
le 21. Septembre 1705. avec
Lij
124
MERCURE
Marc- Antoine- Conſtantin
Valon , Seigneur de Montmain
, laquelle eſt decedée
en 1713. Il étoit fils de Joſeph-
Remy deLivron, dit le
Marquis de Livro, Colonel
d'unregimentde cavalerie,
mmoorrtteenni1687.&deFrançoiſe
Benigne de Belloix , Dame
de Villenox , & avoit pour
biſayculCharles de Livron,
Marquis deBourbone,Maréchal
desCamps&Armées
du Roy , Capitaine de so
hommes d'armes , Lieutenant
deRoy au Gouvernement
de Champagne , fait
GALANT.
125
Chevalier de l'Ordre du S.
Eſprit l'an 1633. Charles fon
ayeul , qui avoit épousé
Claude de Sallenoue , ſe fit
Prêtre aprés la mort de ſa
femme , qui mourut jeune.
Il cut l'Abbaye d'Ambournay
en Breffe. Son grandpere
maternel , M. de Villemonté
, Maître des Requêtes,
convint avec la femme
de quitter le monde ;
elley confentit ,elle ſe retira
dans un Convent : il ſe
fit Prêtre , & eut l'Evêché
de S. Malo , ſa femme vivante.
t
Liij
126 MERCURE
La maison de Livron ,
établie dans le Limoſin depuis
plus de 400. ans , eft
fortie des anciens Seigneurs
de Livron auprés de Valence
en Dauphiné , & elle
s'eſt alliée aux maiſons de
la Barre , d'Helie - Pompa.
dour, de Noailles, de Beaufremont
, de Thuiſy , de Gimel
, de Choiſeüil, d'Eſcars,
du Chatelet , de Baffompierre
, de Savigny , d'Anglure,&
autresmaiſons des
plus illuftres , tant de France
que de Lorraine. Voyez
la genealogie de Livron ,
GALANT.. 127
imprimée dans le Nobi
liaire de Champagne pa
ordre de M. de Caumartin .
Dame Genevieve - Thereſe
Chamillard , époufe de
Meffire Guy de Durfort ,
Duc de Lorge , Comte de
Quintin , mourut le 31.May
enſavingt-huitieme année.
laiſlant deux fils. Elle étoit
foeur du Marquis de Cani ,
deMadame de Dreux, femme
de M. de Dreux , grand
Maître des Ceremonies de
France , & de Madame la
Ducheſſe de la Feüillade;
Ling
128 MERCURE
tous enfans de Michel Chamillart
, Commandeur &
grandTreſorier des Ordres
du Roy , Miniſtre d'Etat ,
& ci-devant Controlleur
general des Finances , &
d'Elifabeth- Therese le Rebours.
M. de Chamillart
leur pere eſt fils de Guy
Chamillart, Maître des Requêtes
de l'Hôtel du Roy ,
mort l'an 1675. & petit- fils
de Pierre Chamillart , celebre
Avocat au Parlement
& Profeffeur en Droit,forti
d'une famille originaire de
la ville de Sens , ou des en
virons.
GALANT.
129
T
Dame Madeleine de Ri
queti, veuve de M. Jacques
du Chatelet , Seigneur de
Freſnier , Conſeiller duRoy
en fonGrandConfeil,mourut
le 3. Juin. Elle avoit été
mariée avec M. de Freſnier
en 1669. étant lors veuve de
Loüis Hurault, Seigneur de
ſaint Germain & du Cou--
dray ,& elle a eu , entre autres
enfans , Jacques du
Chatelet , Seigneur de Frefnier
, Conſeiller au Grand
Conſeil , duquel , & de Suzanne.
Genevieve Talon fa
femme, ſont ſortispluſieurs
130 MERCURE
enfans. Meſſieurs du Chatelet
ſont d'une ancienne
Nobleſſe originaire d'Artois
, alliée aux maiſons
de Rouvroy , de Choiſeuil ,
de Ligneville , de Grou
chepi , &c.
Meffire Archambaule
François Barjot d'Auneüil ,
Chanoine de la SainteChapelle
de Paris ,mourut le 9.
Juin. Il étoit fils de Loüis
Barjot, Seigneur d'Auneüil,
Maître d'Hôtel , & grand
Maître des Eaux & Forêts
de Lorraine , & Confeiller
GALANT.
131
d'Etat , & de Marie-Eliſabeth
de Baumont de ſaint
Estienne ; & pétit- fils de
Jean Barjot, Seigneur d'Auneüil
, reçû Maître des
Requêtes ordinaires de
l'Hôtel du Roy en 1587. &
depuis Conſeiller d'Etat ; &
arriere- petit fils de Philbert
| Barjot, Seigneur d'Auneüil,
Maître des Requêtes de
( l'Hôtel du Roy , & Prefident
au Grand Confeil ,
mort en 1570. & de Marie
Fernel, fille du celebre Jean
Fernel , premier Medecin
du Roy Henry II. & de
132 MERCURE
Catherine de Medicis. La
famille de Barjot eſt originaire
du Baujolois , & s'eſt
alliée aux maiſons de Beauveau
, de Broon , de Voyer
de Paulmy , & de Maillé.
Les Seigneurs d'Auneüil
font les ainez,& lesMarquis
deMoucy font les cadets.
M. Henry Jolly, Licutenant-
Colonel du regiment
de dragons de la Reine , &
Brigadier des armées du
Roy, mourut le 9. Juin.
Dame Catherine Hen
GALANT.
133
I riette d'Angennes , veuve
de Meffire Louis de la Tremoille
, Comte d'Olonne ,
mourut le 13. Juin. Elle
avoit été mariée dés l'an
1656. & avoit pour ſoeur
puînée Dame Madeleine
d'Angennes , morte depuis
peu , veuve du Maréchal
Duc de la Ferté. Elles é
toient filles de Charles
d'Angennes , Seigneur de
la Loupe , & de Marie du
Regnier de Droüé.
Meffire Claude de Saint
Georges , Archevêque &
-
34 MERCURE
Comte de Lyon , y mourut
le 9. Juin. Il avoit été d'abord
Evêque de Clermont,
puis Archevêque de Tours ,
&transferé àLyon en 1693.
Il étoit un des vingt enfans
ſortis dumariagedeClaude
de S. Georges , Seigneur de
Monceaux en Mâconnois
& de Marie de Cremeaux
d'Entragues. Il étoit frere
duChevalier de S.Georges,
Bailly de Lyon , del'Ordre
de Malte , & du Comte de
Saint Georges , Colonel du
regiment du Roy, tué à la
bataille de S. Denys en 1678.
GALANT .
138
Il étoit oncle de Marc-Antoine
de S. Georges , Seigneur
de Monceaux , marié
cn 1697. avec Claude-Eliſabeth
Apechon de Saint
André , de laquelle il a
pluſieurs enfans;& deMM.
de S. Georges , tous deux
Chanoines & Comtes de
Lyon. La maiſon dont il
étoit iſſue eſt diſtinguée par
ſon ancienneté & par ſes
alliances , & il y a grande
apparence qu'elle a la même
origine que celle des
Marquis de Verac en Poitou
, de laquelle étoit feu
136 MERCURE
M. le Marquis de Verac ,
Chevalier de l'Ordre du
S. Eſprit , pere du Marquis
de Verac d'aujourd'hui.
L'Evêque d'Autun,premier
Suffragant de l'Archevêché
de Lyon , joüit de tous les
revenus de l'Archevêché ,
en attendant que le Roy y
nomme.
M. Nicolas Meſnager
Chevalier de l'Ordre de S.
Michel , Conſeiller- Secretaire
du Roy , & ci - devant
ſon Ambaſſadeur extraor
dinaire & Plenipotentiaire
pour
3
GALANT. 137
pour la paix d'Utrecht ,
mourut le 15. Juin.
Le Chevalier de Coigni
âgé de fix ans , mourut le
18. Juin. Il étoit fils de M.
François de Franctor , Marquis
de Coigni , Colonel
general des dragons de
France , Maréchal des
Camps& Armées du Roy ,
Gouverneur & Bailly des
ville & château de Caën ,
& de Henriette de Monbourché
du Bordage ; &
petit- fils de feu M.le Comte
deCoigny, Gouverneur &
Juin 1714. M
138 MERCURE
Bailly de Caën, Lieutenant
general des armées du Roy;
& de Dame Marie - Françoiſe-
Uranie deMatignon.
Meſſieurs de Franctot d'une
famille diſtinguée dans la
Robe & dans l'Epée , & originaires
de Normandie , ſe
font alliez aux maiſons de
Montmorency , de Harcourt
,& à celles d'Ache &
de S. SimonCourtaumer, &
elle adonnédes Chevaliers
deMalthe au grandPrieuré
de France nó histoco
Dame Marie- Catherine
GALANT 139
d'Angennes , veuve de Philippe-
François Lhermite ,
Seigneur d'Hyeville de Ste
Barbe enAuge , de Mont
champ&deMelie en Normandie,
mourut le
laiſſant pour fille unique
Eliſabeth Lhermite,mariée
le Mars 1700.avec Pierre
de Monteſquiou d'Artagnan
, à preſent Maréchal
de France. Me d'Hyeville ,
qui vient de mourir , étoit
couſine-germaine de feuës
Mesdames les Comteffe
d'Olonne &Maréchale de
la Ferté , & fille de Jenn
Mij
340 MERCURE
d'Angennes , Seigneur de
Fontaine - Riant , & d'Iſabelle
Graffart ; & tante du
Comte d'Angennes , aujourd'hui
Colonel du regiment
de Normandie.
こ
: MeffireCharles Boucher,
Seigneur d'Orsay, Cóſeiller
d'Etat,& ancien Prevôt des
Marchands , mourut les.
Juin , en ſa 73. année.
Dame Marie Sebrette
Veuve de M. Jerôme Me.
reau Chevalier, Confeiller
de la Grand Chambre!
GALANT. Y
mourut le dix - ſept Juin
Dame Renée- Marie Henin,
veuve de M. de Monchalt ,
Conſeiller au Parlement , dont
la fille avoit épousé M. de Barantin
, Maître des Requêtes ,
mort Intendant de Dunkerque
, mourut le 16.de ce mois.
M. le Moyne,ancien Avocat ,
& fous-Doyen des Avocats du
Parlement de Paris , celebre
par ſa probité , & infatigable
dans le travail , mourut le 15.
M. Louis de Rochouart,Duc
deMortemar, PairdeFrance ,
Prince de Tonne- Charante
&c. prit feance au Parlement
Een qualité de Pair de France
142 MERCURE
1
le 14. Juin . Le Marquiſat de
Mortemar en Poitou fut érigé
en Duché & Pairie en faveur
de Gabriel de Rochouart , bif.
ayeul de M. le Duc de Mortemar
d'aujourd'hui , Chevalier
des Ordres du Roy , premier
Gentilhomme de ſa Chambre ,
& Gouverneur de Paris par
Lettres patentes du Roy Louis
XIV. 1653. verifiées au Parlement
le 15.Sept. 1663. La maison
de Rochouart eſt une des plus
anciennes &des plus illuſtres du
Royaume,& la genealogie s'en
trouve dans l'hiſtoire des grāds
Officiers de la Couronne , aux
chap. des Maréchaux de France
& des Generaux des galeres ,
& dans les additions aux Memoires
de Caſtelnau par le Laboureur,
GALANT. 143
Le 13. Juin Nicolas- Louis de
Bailleul , Marquis de Châteaugontier,
Confeiller au Parle
ment, fut reçû dans la Charge
de Preſident au Mortier , va-
- cante par la mort de M. fon
- pere ; & il eſt le quatrième de
pere en fils qui ait rempli cette
Charge,depuis NicolasdeBailleul
, Baron de Châteaugontier,
Chancelier de la Reine , & de-
- puis Surintendant des Finances
de France , qui y futreçû le as.
Septembre 1627410 231
M. le Pelletier des Forts, Intendant
des Financesa été
nommé Conſeiller d'Etatil
Joſeph Remy de Livron,
Seigneur de Villenox & de
Cuile , dit le Marquis de
Livron , mourut fans alhance
le 8. May.
Il étoit frere de Jean-
Baptiſte Evrard de Livron ,
Bachelier de la Maiſon &
Societé de Sorbonne , lequel
a quitté l'Egliſe depuis
la mort de ſon frere ;
&de Marie- Françoiſe -Almodie
de Livron , mariée
le 21. Septembre 1705. avec
Lij
124
MERCURE
Marc- Antoine- Conſtantin
Valon , Seigneur de Montmain
, laquelle eſt decedée
en 1713. Il étoit fils de Joſeph-
Remy deLivron, dit le
Marquis de Livro, Colonel
d'unregimentde cavalerie,
mmoorrtteenni1687.&deFrançoiſe
Benigne de Belloix , Dame
de Villenox , & avoit pour
biſayculCharles de Livron,
Marquis deBourbone,Maréchal
desCamps&Armées
du Roy , Capitaine de so
hommes d'armes , Lieutenant
deRoy au Gouvernement
de Champagne , fait
GALANT.
125
Chevalier de l'Ordre du S.
Eſprit l'an 1633. Charles fon
ayeul , qui avoit épousé
Claude de Sallenoue , ſe fit
Prêtre aprés la mort de ſa
femme , qui mourut jeune.
Il cut l'Abbaye d'Ambournay
en Breffe. Son grandpere
maternel , M. de Villemonté
, Maître des Requêtes,
convint avec la femme
de quitter le monde ;
elley confentit ,elle ſe retira
dans un Convent : il ſe
fit Prêtre , & eut l'Evêché
de S. Malo , ſa femme vivante.
t
Liij
126 MERCURE
La maison de Livron ,
établie dans le Limoſin depuis
plus de 400. ans , eft
fortie des anciens Seigneurs
de Livron auprés de Valence
en Dauphiné , & elle
s'eſt alliée aux maiſons de
la Barre , d'Helie - Pompa.
dour, de Noailles, de Beaufremont
, de Thuiſy , de Gimel
, de Choiſeüil, d'Eſcars,
du Chatelet , de Baffompierre
, de Savigny , d'Anglure,&
autresmaiſons des
plus illuftres , tant de France
que de Lorraine. Voyez
la genealogie de Livron ,
GALANT.. 127
imprimée dans le Nobi
liaire de Champagne pa
ordre de M. de Caumartin .
Dame Genevieve - Thereſe
Chamillard , époufe de
Meffire Guy de Durfort ,
Duc de Lorge , Comte de
Quintin , mourut le 31.May
enſavingt-huitieme année.
laiſlant deux fils. Elle étoit
foeur du Marquis de Cani ,
deMadame de Dreux, femme
de M. de Dreux , grand
Maître des Ceremonies de
France , & de Madame la
Ducheſſe de la Feüillade;
Ling
128 MERCURE
tous enfans de Michel Chamillart
, Commandeur &
grandTreſorier des Ordres
du Roy , Miniſtre d'Etat ,
& ci-devant Controlleur
general des Finances , &
d'Elifabeth- Therese le Rebours.
M. de Chamillart
leur pere eſt fils de Guy
Chamillart, Maître des Requêtes
de l'Hôtel du Roy ,
mort l'an 1675. & petit- fils
de Pierre Chamillart , celebre
Avocat au Parlement
& Profeffeur en Droit,forti
d'une famille originaire de
la ville de Sens , ou des en
virons.
GALANT.
129
T
Dame Madeleine de Ri
queti, veuve de M. Jacques
du Chatelet , Seigneur de
Freſnier , Conſeiller duRoy
en fonGrandConfeil,mourut
le 3. Juin. Elle avoit été
mariée avec M. de Freſnier
en 1669. étant lors veuve de
Loüis Hurault, Seigneur de
ſaint Germain & du Cou--
dray ,& elle a eu , entre autres
enfans , Jacques du
Chatelet , Seigneur de Frefnier
, Conſeiller au Grand
Conſeil , duquel , & de Suzanne.
Genevieve Talon fa
femme, ſont ſortispluſieurs
130 MERCURE
enfans. Meſſieurs du Chatelet
ſont d'une ancienne
Nobleſſe originaire d'Artois
, alliée aux maiſons
de Rouvroy , de Choiſeuil ,
de Ligneville , de Grou
chepi , &c.
Meffire Archambaule
François Barjot d'Auneüil ,
Chanoine de la SainteChapelle
de Paris ,mourut le 9.
Juin. Il étoit fils de Loüis
Barjot, Seigneur d'Auneüil,
Maître d'Hôtel , & grand
Maître des Eaux & Forêts
de Lorraine , & Confeiller
GALANT.
131
d'Etat , & de Marie-Eliſabeth
de Baumont de ſaint
Estienne ; & pétit- fils de
Jean Barjot, Seigneur d'Auneüil
, reçû Maître des
Requêtes ordinaires de
l'Hôtel du Roy en 1587. &
depuis Conſeiller d'Etat ; &
arriere- petit fils de Philbert
| Barjot, Seigneur d'Auneüil,
Maître des Requêtes de
( l'Hôtel du Roy , & Prefident
au Grand Confeil ,
mort en 1570. & de Marie
Fernel, fille du celebre Jean
Fernel , premier Medecin
du Roy Henry II. & de
132 MERCURE
Catherine de Medicis. La
famille de Barjot eſt originaire
du Baujolois , & s'eſt
alliée aux maiſons de Beauveau
, de Broon , de Voyer
de Paulmy , & de Maillé.
Les Seigneurs d'Auneüil
font les ainez,& lesMarquis
deMoucy font les cadets.
M. Henry Jolly, Licutenant-
Colonel du regiment
de dragons de la Reine , &
Brigadier des armées du
Roy, mourut le 9. Juin.
Dame Catherine Hen
GALANT.
133
I riette d'Angennes , veuve
de Meffire Louis de la Tremoille
, Comte d'Olonne ,
mourut le 13. Juin. Elle
avoit été mariée dés l'an
1656. & avoit pour ſoeur
puînée Dame Madeleine
d'Angennes , morte depuis
peu , veuve du Maréchal
Duc de la Ferté. Elles é
toient filles de Charles
d'Angennes , Seigneur de
la Loupe , & de Marie du
Regnier de Droüé.
Meffire Claude de Saint
Georges , Archevêque &
-
34 MERCURE
Comte de Lyon , y mourut
le 9. Juin. Il avoit été d'abord
Evêque de Clermont,
puis Archevêque de Tours ,
&transferé àLyon en 1693.
Il étoit un des vingt enfans
ſortis dumariagedeClaude
de S. Georges , Seigneur de
Monceaux en Mâconnois
& de Marie de Cremeaux
d'Entragues. Il étoit frere
duChevalier de S.Georges,
Bailly de Lyon , del'Ordre
de Malte , & du Comte de
Saint Georges , Colonel du
regiment du Roy, tué à la
bataille de S. Denys en 1678.
GALANT .
138
Il étoit oncle de Marc-Antoine
de S. Georges , Seigneur
de Monceaux , marié
cn 1697. avec Claude-Eliſabeth
Apechon de Saint
André , de laquelle il a
pluſieurs enfans;& deMM.
de S. Georges , tous deux
Chanoines & Comtes de
Lyon. La maiſon dont il
étoit iſſue eſt diſtinguée par
ſon ancienneté & par ſes
alliances , & il y a grande
apparence qu'elle a la même
origine que celle des
Marquis de Verac en Poitou
, de laquelle étoit feu
136 MERCURE
M. le Marquis de Verac ,
Chevalier de l'Ordre du
S. Eſprit , pere du Marquis
de Verac d'aujourd'hui.
L'Evêque d'Autun,premier
Suffragant de l'Archevêché
de Lyon , joüit de tous les
revenus de l'Archevêché ,
en attendant que le Roy y
nomme.
M. Nicolas Meſnager
Chevalier de l'Ordre de S.
Michel , Conſeiller- Secretaire
du Roy , & ci - devant
ſon Ambaſſadeur extraor
dinaire & Plenipotentiaire
pour
3
GALANT. 137
pour la paix d'Utrecht ,
mourut le 15. Juin.
Le Chevalier de Coigni
âgé de fix ans , mourut le
18. Juin. Il étoit fils de M.
François de Franctor , Marquis
de Coigni , Colonel
general des dragons de
France , Maréchal des
Camps& Armées du Roy ,
Gouverneur & Bailly des
ville & château de Caën ,
& de Henriette de Monbourché
du Bordage ; &
petit- fils de feu M.le Comte
deCoigny, Gouverneur &
Juin 1714. M
138 MERCURE
Bailly de Caën, Lieutenant
general des armées du Roy;
& de Dame Marie - Françoiſe-
Uranie deMatignon.
Meſſieurs de Franctot d'une
famille diſtinguée dans la
Robe & dans l'Epée , & originaires
de Normandie , ſe
font alliez aux maiſons de
Montmorency , de Harcourt
,& à celles d'Ache &
de S. SimonCourtaumer, &
elle adonnédes Chevaliers
deMalthe au grandPrieuré
de France nó histoco
Dame Marie- Catherine
GALANT 139
d'Angennes , veuve de Philippe-
François Lhermite ,
Seigneur d'Hyeville de Ste
Barbe enAuge , de Mont
champ&deMelie en Normandie,
mourut le
laiſſant pour fille unique
Eliſabeth Lhermite,mariée
le Mars 1700.avec Pierre
de Monteſquiou d'Artagnan
, à preſent Maréchal
de France. Me d'Hyeville ,
qui vient de mourir , étoit
couſine-germaine de feuës
Mesdames les Comteffe
d'Olonne &Maréchale de
la Ferté , & fille de Jenn
Mij
340 MERCURE
d'Angennes , Seigneur de
Fontaine - Riant , & d'Iſabelle
Graffart ; & tante du
Comte d'Angennes , aujourd'hui
Colonel du regiment
de Normandie.
こ
: MeffireCharles Boucher,
Seigneur d'Orsay, Cóſeiller
d'Etat,& ancien Prevôt des
Marchands , mourut les.
Juin , en ſa 73. année.
Dame Marie Sebrette
Veuve de M. Jerôme Me.
reau Chevalier, Confeiller
de la Grand Chambre!
GALANT. Y
mourut le dix - ſept Juin
Dame Renée- Marie Henin,
veuve de M. de Monchalt ,
Conſeiller au Parlement , dont
la fille avoit épousé M. de Barantin
, Maître des Requêtes ,
mort Intendant de Dunkerque
, mourut le 16.de ce mois.
M. le Moyne,ancien Avocat ,
& fous-Doyen des Avocats du
Parlement de Paris , celebre
par ſa probité , & infatigable
dans le travail , mourut le 15.
M. Louis de Rochouart,Duc
deMortemar, PairdeFrance ,
Prince de Tonne- Charante
&c. prit feance au Parlement
Een qualité de Pair de France
142 MERCURE
1
le 14. Juin . Le Marquiſat de
Mortemar en Poitou fut érigé
en Duché & Pairie en faveur
de Gabriel de Rochouart , bif.
ayeul de M. le Duc de Mortemar
d'aujourd'hui , Chevalier
des Ordres du Roy , premier
Gentilhomme de ſa Chambre ,
& Gouverneur de Paris par
Lettres patentes du Roy Louis
XIV. 1653. verifiées au Parlement
le 15.Sept. 1663. La maison
de Rochouart eſt une des plus
anciennes &des plus illuſtres du
Royaume,& la genealogie s'en
trouve dans l'hiſtoire des grāds
Officiers de la Couronne , aux
chap. des Maréchaux de France
& des Generaux des galeres ,
& dans les additions aux Memoires
de Caſtelnau par le Laboureur,
GALANT. 143
Le 13. Juin Nicolas- Louis de
Bailleul , Marquis de Châteaugontier,
Confeiller au Parle
ment, fut reçû dans la Charge
de Preſident au Mortier , va-
- cante par la mort de M. fon
- pere ; & il eſt le quatrième de
pere en fils qui ait rempli cette
Charge,depuis NicolasdeBailleul
, Baron de Châteaugontier,
Chancelier de la Reine , & de-
- puis Surintendant des Finances
de France , qui y futreçû le as.
Septembre 1627410 231
M. le Pelletier des Forts, Intendant
des Financesa été
nommé Conſeiller d'Etatil
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Résumé : MORTS.
Le texte présente une série de décès et de biographies de personnalités notables. Joseph Remy de Livron, Marquis de Livron, est décédé le 8 mai. Il était le frère de Jean-Baptiste Evrard de Livron et de Marie-Françoise-Almodie de Livron, mariée en 1705. Marc-Antoine-Constantin Valon, Seigneur de Montmain, est décédé en 1713. Il était le fils de Joseph-Remy de Livron, Colonel d'un régiment de cavalerie, décédé en 1687, et de Françoise Benigne de Belloix. La maison de Livron, établie en Limousin depuis plus de 400 ans, s'est alliée à plusieurs maisons illustres. Dame Geneviève-Thérèse Chamillard, épouse de Guy de Durfort, Duc de Lorge, est décédée le 31 mai à l'âge de 78 ans, laissant deux fils. Elle était la fille de Michel Chamillart, Ministre d'État et ancien Contrôleur général des Finances. Dame Madeleine de Riqueti, veuve de Jacques du Châtelet, est décédée le 3 juin. Elle avait été mariée en 1669 et avait plusieurs enfants. Messire Archambault-François Barjot d'Auneüil, Chanoine de la Sainte-Chapelle de Paris, est décédé le 9 juin. Il était issu d'une famille originaire du Baujolais, alliée à plusieurs maisons nobles. M. Henry Jolly, Lieutenant-Colonel et Brigadier des armées du Roi, est également décédé le 9 juin. Dame Catherine Henriette d'Angennes, veuve de Louis de La Trémoille, est décédée le 13 juin. Elle était la sœur de Dame Madeleine d'Angennes, veuve du Maréchal Duc de La Ferté. Messire Claude de Saint-Georges, Archevêque de Lyon, est décédé le 9 juin. Il était issu d'une famille distinguée par son ancienneté et ses alliances. Le Chevalier de Coigny, âgé de 56 ans, est décédé le 18 juin. Il était issu d'une famille distinguée dans la Robe et dans l'Épée, originaire de Normandie. Dame Marie-Catherine d'Angennes, veuve de Philippe-François Lhermite, est décédée laissant une fille unique, Élisabeth Lhermite, mariée à Pierre de Montesquiou d'Artagnan, Maréchal de France. Plusieurs autres personnalités, dont Charles Boucher, Seigneur d'Orsay, et Louis de Rochouart, Duc de Mortemar, sont également mentionnées pour leur décès ou leurs fonctions notables. Nicolas-Louis de Bailleul, Marquis de Châteaugontier, a été reçu dans la charge de Président au Mortier le 13 juin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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36
p. 218-264
HISTOIRE du Bacha de Damas.
Début :
Si l'on remarque quelque difference considerable / Il est difficile de sçavoir positivement ce qui se [...]
Mots clefs :
Pacha , Damas, Sultan, Père, Femme, Sérail, Seigneur, Femme, Vizir, Mort, Yeux, Amour, Troupes, Empire, Esclaves, Maison, Armée, Juifs, Époux, Honneur, Hommes, Douleur, Audace, Mer, Larmes, Gloire, Vie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : HISTOIRE du Bacha de Damas.
HISTOIRE
du Bacha de Damas.
IL eſt ſi difficile de ſçavoir
poſitivement ce qui ſe
paffe dans cet Empire,qu'on
n'y demeſle ſouvent la veri.
té d'un fait , quelque éclatant
qu'il foit , que longtemps
aprés qu'il eſt arrivé.
Les nouvelles de l'Afie , &
celles de l'Europe entrent
confufément à Conftantinople
, où chacun les débite
1
A
GALANT . 219
au gré de ſes intereſts , le
Courier qui en eft chargé
les donne au grand Viſir ,le
grand Viſir au Sultan , & le
Sultanles enſevelit dans ſon
ſérail. Ainfije n'oſe encore
vous aſſeurer que les dernieres
circonstances de l'hiſtoire
que je vais vous écrire ,
foient telles qu'on les raconte
icy; mais je vous promets
que je ſeray exact à
vous detromper , ſi le temps
ou le haſard me detrompent.
Il y a quatrejours que me
promenant avec quelques
Tij
210 MFRCURE
qui
eſtrangers dans ma çaique,
fur le canal de la Mer noire,
un fameux Armenien ,
a fait toute la vie un grand
commerce d'eſclaves , me
conta à peu prés en ces
termes l'hiſtoire de Halil
Acor Bacha de Damas .
J'étois , me dit- il, un jour,
( & bien jeune alors ) à Baghlar
qui eſt un Port de
cette Mer , environ à so
lieuës d'icy lorſqu'un
* Sheieke de mes amis y arriva.
Je le priay de venir
* Predicateur Turc,
GALANT 227
loger dans le meſme * Caravanfarai
que moy. La Maifon
eſtoir alors pleine
d'hommes & de chevaux.
Le Sultan Mahomet IV. dont
le regne étoit plus tranqui
le qu'il n'avoit encore eſté,
&qu'il ne l'a eſté depuis ,
preſtoit dans ce temps au
Kan della Krimée dix
mille hommes de ſes troupes
pour les joindre à douze
mille Tartares de Budziack
& de Bialogrod , qu'il
deftinoit à quelque grande
entrepriſe. Les Janifſſaires ,
* Auberge Turque.
Tiij
222 MERCURE
3
1
les Spahis , & les Afiati
ques que le Grand Seigneur
envoyoit au Kan paffoient
alors par Baghlar où nous
eſtions . Un de ces Janiffai
res entr'autres natif de
* Chaplar en Bulgarie voulut
profiter de l'occaſion
de cette route pour mener
plus ſeurement chez luy
une belle fille qu'il avoit
epousée depuis un an à
Midia de Romanie, Nous:
la trouvâmes avec fon
mary dans le Caravanfarai
que nous avions choiſi
Ville maritime de la Mer noire.
GALANT. 223
২
lorſque nous yarrivame s .
Le hazard nous plaça auprés
d'eux , le Janiſſaire
m'en parut content , il aimoit
mieux voir à côté de
ſa femme , un Venerable
Sheieke qu'aucun de ſes camarades.
Nous ſoupâmes
cependant & nous nous
endormimes ſur la paille.
Une heure avant le jour
nous entendimes des cris
aigus qui nous réveillérent
comme tous les hoftes de
la maiſon ; la femme du
Janiſſaire que fon.Mary
n'avoit pas crue ſi proche
T iiij
224 MERCURE
de ſon terme venoit de
mettre un enfant au monde
, à coſté de mon Sheie
xe , qui ſe trouva fort ſcandaliſé
de cet accouchement.
Il ſe leva plein de
couroux , en diſant que ſes
habits étoient foülliés du
déſordre & des accidents
de cette avanture , néanmoins
la mortification &
l'embarras du Janiſſaire ,
les douleurs de ſa femme
& mes difcours l'addoucirent
; je luy perſuaday ( &
il le ſçavoit bien , ) qu'il
feroit lavé de cette tache
GALANT. 225
en lavant ſa robe & fa per
ſonne avant la premiere
priere. Je le menay au bain
qui eſtoit dans le Caravan
farai où il ſe fit toutes les
cerémonies de l'ablution
desTurcs.
Cependant je retournay
auprés du trifte Janiſſaire ,
&de ſa femme qui gemiſſoit
encore des reſtes ou du fouvenir
de fa douleur ; je lui
donnay tous les ſecours
que je pûs imaginer , on
attendant le retour de mon
Sheieke.
f
L'étoile la plus favorable
226 MERCURE
qui puiſſe veiller fur nos
jours , ne flatte pas les Mufulmans
d'une plus heureuſe
deſtinée qu'un Sheike,
ou un Emir * lorſqu'ils préfident
à la naiſſance de
leurs enfants. Celuy- cy revint
enfinà nous, prés d'une
heure après le lever du Soleil.
Et aprés avoir enviſagé
le Janiſſaire , ſa femme
& fon fils , d'un air tranſ
porté de l'excellence des
avantages qu'il avoit à leur
promettre , il leur prédit
ces choſes.
Prêtre Ture.
GALAND. 227
Letrés puiſſant trés mi
fericordieux Alla a jettéfur
vous & fur vostre fils des regards
bienfaisants le faim
Prophete efto fon meffager.
Il'a pitié de vous , & Sultan
Mahomet qui est agréable au
trés mifericordieux que le
faint Prophete oberit vous élevera
aux premiers honneurs de
fon Empire. Alla * ha Alla.
Tousoles affiftans felici
terent auffi toſt le Janiſſaire
fur la prédiction du Sheieke.
Cette nouvelle paſſa juf
qu'à fon Aga qui luy donna
d'abord de grandes mara
* Dieu. Dieu eſt Dicu.
228 MERCURE
4
ques de distinction. Enfin
le jour du départ des troupes
qui estoient à Bagblar
eſtant venu , il nous quitta
aprés nous avoir juré qu'il
n'oublieroitja mais les obli
gations qu'il nous avoit. N
nousa tenu parole , & c'eſt
de luy-meſme que j'ay appris
avec la ſuite de fa for
tune, une partiede l'hiſtoire
de ſon fils , que vous allez
entendre.
Dés que Zeinal ( c'eſt le
nom de ce Janiſſaire ) cut
remis ſa femme à Chaplar
entre les mains de fa mere,
GALANT. 229
il ne fongea plus qu'à verifier
l'oracle du Sheiere H
fitdans la Krimée des actions
éclatantes que ſon Aga fit
valoir autant qu'elles lemeritoient
aux yeux du Grand
Viſir Cuprogli , qui l'avança
en ſi peu de temps , qu'en
moins de fix ans il le fir
nommer par ſa Hauteffe
Bacha d'Albanie. Il remplit
cette grande place avec
beaucoup d'honneur pen.
dant pluſieurs années , enfin
aprés la dépoſition du
malheureux Sultan Mahomet
IV. Sitoſt que ſon frere
230 MERCURE
Sultan Soliman III . fut mon
té ſur le thrône, il voulut
à l'exemple de tous les au.
tres Bachas profiter desdefordres
de l'Empire pour
augmenter fon credit ; mais
il ſe broüilla malheureuſement
avec le fameux & redoutable
Osman Yeghen
dont le courage , la politi
que & l'audace firent trembler
Solyman juſques dans
fon ferail.
Zeinal s'étoit oppoſé aux
contributions qu'Yeghen *
Serafier de l'armée d'Hon-
* General des Armées du Grand Seigneur.
GALANT 238
grie , avoit tirez de la Ro
melie , & aux impoſitions
qu'il avoit miſes ſur tous les
Juifs & les Chrétiens qui
eſtoient à Theſſalonique ,
& qu'il avoit taxez à deux
Piaſtres par teſte. Il avoit
meſme envoyé un gros party
de Cavalerie qui avoit
taillé en piece les gens
qu'Yeghen avoit chargez de
lever ces impoſitions.
Le Grand Viſir Ismael
trembloit alors de peur
que le Serafkier ne vint à
Conſtantinople avec fon
armée , & qu'il ne le fit dé
232 MERCURE
pofer bien toſt , comme il
avoit déja fait déposer le
Grand Vifir Solyman fon
predeceſſeur. Yeghen qui
reconnut l'avantage qu'il
avoit fur ce foible Viſir ,
luy demanda la teſte de
Zeinal. Ifmael qui de fon
coſté cherchoit à l'ébloüir
par de fauſſes apparences ,
fut ravi de luy pouvoir faire
un ſacrifice dont il n'avoit
rien à apprehender ,
puiſqu'il ne le rendoit pas
plus fort , ainſi quoyque
Zeinalne fût coupable d'au .
cun crime , il le fit décapi-
: ter
GALAN 2338
ter publiquement , dans la
Cour du Serail devant la
porte du Divan.?
Cependant ſon fils Halil
Acor faiſoit alors les fonctions
de Capigibachi en Afie,
où il n'apprit la mort de
ſon pere que long - temps
aprés qu'elle fut arrivée.
Il y avoit affez d'affaires
en Hongrie pour exercer
ſon courage ; mais l'amour
produifit luy ſeul tous les
motifs de fon éloignement.
Il avoit vû par, hazard
dans le Serail de ſon pere
une belle fille de l'iſle de
Juin 1714.
V
234 MERCURE
Chypre que Zeinal deftinoir
au grand Seigneur , il en
devint éperduëment amoureux
, il mit dans ſes interêts
deux femmes qui la fervoient
, il ſéduifit deuxEu
nuques à force de preſents,
il profita de l'abſence de
ſon pere pour s'introduire
toutes les nuits dans ſon
Sérail , & enfin il engagea
cette belle fille à luy donner
les dernieres & les plus
fortes preuves de fa tendreſſe.
Plus flatée de l'efpoir
de poffeder le coeur
d'Halil que de la gloire
GALANT. 2:5
chimérique dont on repait
la vanité de celles qu'on
deſtine aux plaiſirs du
Grand Seigneur , elle avoit
conſenti que ſon Amant
l'enleva avec ſes deux femmes
& ſes deux Eunuques ,
elle estoit déja meſme affez
loin du Serail de Zeinal ,
lorſque ce Bacha revint
chez luy la nuit meſme
qu'on avoit priſe pour cet
enlevement. Maisheureu-
- ſement pour ces Amantsi!
n'entra que le lendemain
matin dans le quartier des
Femmes , où il apprit avec
Vij
236 MERCURE
tous les tranſports de la
plus violente fureur le defordre
de la nuit préceden
te. Il monta auffi - toſt à
Cheval , & de tous les côtez
il fit courir aprés fon
fils ; mais ſes ſoins & ſa diligence
furent inutiles. Halil
qui n'eſtoit pas ſi loin
qu'il le cherchoit , avoit eu
la précaution de s'affeurer
d'une Maiſon qu'un Me
decin Juif qui n'eſtoit pas
des amis de fon pere avoit
dans les montagnes. Il falloit
traverſer plus de deux
lieuës de defert avant d'y
/
GALANT. 237
arriver, & jamais Zeinal n'y
ſes amis , ny fes eſclaves
ne s'eſtoient aperceus que
fon fils connuſt ce Juif.
Halil auroit pû longtemps
profiter de la ſeureté
de cet azile , ſi les troubles
dont l'Empire eſtoit
agité , & fon courage ne
l'avoient pas preffé bien
toſt de facrifier ſon amour
à ſa gloire. Les larmes de
ſa femme , ny les prieres du
Juif qui luy promit enfin
d'en avoir foin juſqu'à la
mort , ne purent l'arreſter
davantage. Il ſe rendit à
138 MERCURE
Conſtantinople , où il fur
reconnu d'abord par un
des amis de fon Pere qui
le recommanda particulierement
au Grand Vifir Som
lyman , qui , en confideration
de l'audace , de l'efprit
, de la bonne mine de
ce Jeune homme , & du
mérite de Zeinal , luy donna
ſur le champune Com
pagnie de Spahis. Il cut ordre
d'aller ſervir en Afie ,
où en peu de temps ſa valeur
le fit parvenir à la
Charge de Capigibachi
qu'il exerça avec honneur
அ
1
GALANT. 239
juſqu'à la mort de ſon Pere .
Le Vifir Ismaël qui avoit
eu la lacheté de faire exé
cuter l'injuſte & cruel ar
reft qu'il avoit prononcé
contre Zeinal , futbien-toft
aprés la victime de fa for
bleſſe. Yeghen revint àConf
tantinople , aprés en avoir
fait chaffer honteuſement
ce Viſir , qui ne pût racheter
ſa vie qu'aux dépens de
toutes les richeſſes que fon
avarice infatiable luy avoit
fait amaſſer pendant fon
indigne miniftere. Halil y
fut rappellé en meſme
240 MERCURE
temps qu'Yeghen , avec les
troupes qui ſervoient en
Afie. Il fut auffi toft à la
maiſon de ce General àqui
il dit qu'il ne luy rendoit
cette viſite , que pour luy
demander raiſon du fang
de ſon pere qu'il avoit fait
repandre , Yeghen conſentit
àluy donner cette fatisface
tion dans une des plus fecrettes
chambres de fon
Serail , où aprés un com
bat aſſez long , Ils ſe blef
férent tous deux : cependant
Yeghen eut l'avantage;
mais il n'en abuſa pas , au
contraire
GALANT. 241
contraire , loin de fonger
à ſe défaire d'un ennemi
auſſi redoutable qu'Halil ,
Je love , luy dit- il , ton coursge
&j'approuve ton reffentiment
: il n'a tenu qu'à ton Pere
d'eftre toûjours mon amy , mais
il a voulu me perdre & je
l'ay perdu. Tu as Satisfait à
ton honneur , en eſſayant de le
vanger : Vois , & dis moy
maintenant ce que tu veux , &
ce que je puis pour toy. Halil
eftonné de la generoſité de
ce grand homme , luy répondit
, Yeghen je ne veux
maintenant,que m'efforcer d'ê-
Juin1714. X
242 MERCURE
tre auffi genereux que toy. Si tu
veux m'imiter , reprit- il ,facrifie
ta vangeance à mon amitié
que je t'offre , je vais ordonner
qu'on nous penſe de nos bleſſu
res , je prétends que tu ne
gueriffe des tiennes que dans
mon Serail. Il appelle auffitoſt
ſes Eſclaves qui menerent
fur le champ Halil
dans une chambre où ily
avoit deux lits qui n'étoient
ſeparez l'un de l'autre que
par un grand rideau de taffetas
couleur de feu qui
eſtoit directement au milieu
de la chambre dont les
GALANT 243
Croiſez qui estoient aux
deux extremitez avoient
vûë de chaque coſté ſur
les Jardins où ſe promenoient
tous les jours les
femmes & les enfants
d'Yeghen.
Dés qu'on eut arreſté
ſon ſang , & qu'il ſe fut
mis au lit , il vit entrer
dans ſa chambre le Medecin
Juif à qui il avoit confié
la belle Eſclave qu'il
avoit épousée dans ſa maifon
, aprés l'avoir enlevée
du Serail de ſon Pere. A
drianou , luy dit il auſſi toſt ,
X ij
244 MERCURE
moncher Adrianou que faítes
-vous icy ? Pourquoy
eftes vous maintenant à
Conftantinople , & dans
quel eſtat eſt ma femme ?
Je vous ay promis , reprit
le Juif , en ſoûpirant , d'avoir
ſoin de la malheureuſe
Adrabista juſqu'à ma mort.
Toutes mes précautions
n'ont pû prévenir les effets
de ſon déſeſpoir , elle eſt
à jamais perduë pour vous ,
& je ne ſuis point fâché
dans mon infortune que
les remedes que je viens
Fameuſe par les grandes avantures qu'elle
2euës depuis àRome , & que je conterayune
autre fois.
GALANT . 245
vous offrir par hazard me
preſentent à vos yeux , où
je ſuis prêt d'expier dans les
fupplices , le crime de ma
négligence où de mon
malheur. Contez moy donc
cette funeſte hiſtoire, lui dit
avec bonté , l'affligé Halil ,
& n'en épargnez aucune
circonstance à madouleur.
Il vous fouvient , reprit le
Juif, des efforts que fit Adra.
biſta , & des larmes qu'elle
répandit pour vous retenir
auprés d'elle ; vous n'avez
pas non plus oublié les
pleurs & les prieres que je
Xij
246 MERCURE
mis en uſage pour flechir
voſtre courage inhumain.
Une vertu cruelle & plus
forte que l'amour vous ravit
enfin ànosyeux.
Crois - tu , dés que vous
fuſtes parti , me dit Adrabista
, que les larmes & les
gemiſſements ſoient main
tenant les armes dont je
veux me ſervir pour mevenger
de la fureur ou de l'infidelité
de mon barbare époux
Non , Adrianou ,non.
je veux le ſuivre malgré luy
& malgré toy : ma taille
avantageuſe&mon audace
GALANT. 247
m'aideront ſuffisamment à
cacher ma foibleſſe & mon
ſexe; enfin jeveux courir les
meſmes haſards que luy,par
tout où l'entraiſnera cette
impitoyable gloire qui l'arrache
àmon amour. Je vou
lus d'abord flatter ſa dou
leur; mais malgré mes foins,
ma complaiſance criminel.
le,& mon aveuglement l'ont
précipitée dans le plus
grand des malheurs. Je luy
permis d'eſſayer le turban ,
& de mettre un fabre à ſon
coſté. Elle ſe plaiſoit quelquefois
dans cet équipage
X iiij
248 MERCURE
de guerre , d'autrefois jer
tant fon fabre & ſon turban
par terre , elle affectoit de
mépriſer ces inſtruments
qu'elle deſtinoit à ſa perte.
Enfin elle feignit de paroiftre
devantmoy conſolée de
voſtre abſence , & pendant
plusde fix ſemaines elle ne
me parla pas plus de vous ,
que ſi elle ne vous euſt jamais
connu. Cette indiffe
rence m'inquietta pour
yous , & je luy dis unjour ,
eſtes - vous Adrabista , cette
heroine qui deviez fi glo.
rieuſement ſignaler voſtre
GALANT. 249
du
tendreffe , en courant jufqu'au
fond de l'Afic aprés
un époux ſi digne de voſtre
amour. Non , Adrianou , me
dit elle , je ne ſuis plus cette
Adrabista que vous avez veue
capable des plus extravagants
emportements
monde.J'aime tousjoursHa
lil comme mon ſeigneur &
mon époux ; je ſens toutes
les rigueursde ſon abfence ;
mais le temps & mes reflexions
ont rendu ma douleur
plus modeſte;& il n'est point
de fi miferable coin fur la
terre , où je n'aime mieux
250 MERCURE
attendre ſes ordres , que
m'expoſer en le cherchant
auhafard de le deshonorer
enme deshonorant moymeſme.
Je creus qu'elle me par
loit de bonne foy , & dans
cette confiance je luy donnay
plus de liberté & d'authorité
dans ma maifon que
je n'y en avois moy-mefme.
Enfin il vint un jour un
exprés que le gouverneur de
la Valone m'envoya pour me
preſſer d'aller porter des re
medes à fon fils qui estoit à
l'extremité. Je fis auffi- toſt
GALANT. 251
part de la neceffité de ce
voyage à Adrabista , je la
priayde chercher à ſe defen
nuyer pendant mon abfence
, & je partis avec mon
guide. Mais jugez de ma
conſternation lorſqu'à mon
retour dans ma maiſon , on
me fit part des funeſtes nouvelles
que vous allez entendre.
Le lendemain de mon
départ Adrabista fit ſeller
trois chevaux qui reſtoient
dans mon écurie. Elle s'équippa
du ſabre & du turban
qu'elle avoit tant de
fois mépriſez en ma preſen;
252 MERCURE
cé, elle fit monter avec elle
ſes deux eunuques à cheval ,
elle dit à fes femmes qu'elle
alloit ſe promener dans les
vallées qui font au pied des
montagnes de la Locrida ,
elley fut en effet , mais elle
alla plus loin encore , elle
pouſſa juſqu'à Elbaffan , où
un party des troupes de
l'Empereur des Chreftiens
Farreſta . Elle demanda à
parler au General de l'armée
qui eftoit alors à Du
razzo où elle fut conduire,
&de qui elle fut receue avec
tous les égards deus à fon
GALANT . 253
fexe & à la beauté. Je yous
apprends maintenant d'épouventables
nouvelles
Halil ; mais vous ne ſçavez
pas encore le plus grand
de vos malheurs. J'ay appris
depuis quelque temps qu'elle
s'eſtoit faite Chreftienne .
C'en eſt aſſez , luy dit
Halil , fortez & ne vous repreſentez
jamais à mes
yeux, je ne ſçay ſi mavertu
ſuffiroit pour vous derober
à ma fureur.
Yeghen qui s'eſtoitjetté ſur
le lit qui eſtoit à l'autre ex.
tremite de la chambre,aprés
254 MERCURE
avoir entendu ce recit , ſe
fit approcher de l'inconfolable
Halil, à qui il dit tout
ce qu'il creut capable d'apporter
quelque foulagement
à ſa douleur. Enfin
aprés pluſieurs de ces dif
cours qui ne perfuadent
gueres les malheureux , amy,
luydit- il, jettez les yeux
fur mon jardin , & voyez fi
dans le grand nombre de
beautez qui s'y promenent ,
il n'y en aura pas une qui
puiſſe vous conſoler de la
perte de l'infidelle Adrabiſta.
Jevousdonnecellequevous
GALANT. 255
préfererez aux autres , quelque
chere qu'elle me puiſſe
eſtre. Je veux , luy répondit
Halil, à qui une propofition
fi flateuſe fit preſque oublier
toute ſon infortune
eſtre auſſi genereux que
vous , & n'écouter l'offre
magnifique que vous me
faites , que pour vous en remercier
: non , non, reprit
Yeghen, il n'en ſera que ce
qu'il me plaira ,&nous verrons
dés que vous ferez gueri
, ſi vous affecterez encore
d'eſtre , ou ſi vous ferez fincerement
auffi genereux
quemoy.
256 MERCURE
Au bout de quatre ou cinq
jours ils furent gueris tous
deux.Alors Veghenplus charmé
encore des vertus d'Halil,
lemenadans un cabiner
de ſon jardin , où à travers
une jalouſie il vit paſſertoutes
les femmes qui estoient
dans le ſérail de ce Bacha,
qui ne s'occupa pendant
cette reveuë qu'à examiner
la contenance d'Halil , &
qu'à luy demander ce qu'il
penſoit de chaque beauté
qui paſſoit au pied de la ba
luſtrade où ils eftoient.
Enfin aprés avoir longtemps
GALANT 25
1
temps confideré aſſez tranquillement
tout ce que l'Europe
& l'Afie avoient peuteſtre
de plus beau , il vitune
grande perſonne dont les
habits eſtoient couverts des
plus riches pierreries de l'O
rient , negligemment appuyée
fur deux eſclaves , &
dont les charmes divins of
Froient aux yeux un majel
tueux étalage des plusrates
merveilles du monde. Auffitoſt
il marqua d'un ſonpir le
prompt effet du pouvoir iné.
vitable de ſes attraits vainqueurs.
Qu'avez-vous , luy
Juin 1714. Y
258 MERCURE
dit àl'inſtant Yeghen , amy,
vous ſoupirez ?Ah,ſeigneur,
je me meurs , reprit Halil ,
qu'onm'ouvre àl'heuremeſ
me les portes de voſtre ſé.
rail,&ne m'expoſez pas davantage
aux traits d'unegenorofité
fi cruelle. Je vous
entends , reprit Yeghen ,
mais je ne veux pas conſentir
à vous laiſſer fortir
de mon Serail , que vous
n'ayez épousé celle de
toutes ces perſonnes qui
vous plaiſt davantage. Elles
font toutes mes femmes ,
àl'exception de la derniere
GALANT 259
qui eſt ma fille , recevez- là
de ma main mon fils , &
aimez moy toûjours.
Halil fe jetra fur le
champ aux pieds du Bacha
qui le releva dans le
moment , pour le conduire
à l'appartement de ſa fille ,
dont le même jour , il le
rendit l'heureux Epoux ; Il
prit enſuite uniquement
ſoin de ſa fortune , juſqu'à
ſa mort , qui arriva juſtement
, un mois aprés avoir
engagé le Sultan Solyman
à donner à ſon gendre le
Bachalik de Damas.
Yij
260 MERCURE
Halil a vécu depuis plus
de vingt ans avec tout l'é
clat & tous les honneurs.
dont puiſſent joüir les plus
Grands Seigneurs de l'Empire
Othoman . Mais il n'eſt
rien de fi fragile que le
bonheur des hommes , la
moindre jaloufic ou la
,
moindre eſperanceles
étourdit au milieu de leur
felicité , & il ſuffit qu'ils
ayent eſté tousjours heureux
, pour croire n'avoir
jamais d'infortune à redouter
: enyvré de leur gran
deur , leur Maiſtre ne de
GALANT . 261
vient à leurs yeux qu'un
mortel comme eux , fouvent
meſme ils prétendent
s'attirer & meriter plus
d'honneurs que leur Mail
tre
Le trés haut Sultan Achmet
àpréſent regnant , ſur la
nouvelle de la revolte du
Bacha de Bagdad , a fur le
champ envoyé aux Bachas
de Damas & d'Alep un
ordre exprés de marcher
avec toutes leurs troupes
contre ce rebelle ſujet. Sitoſt
que leur armée a eſté
en estat d'entrer en cam262
MERCURE
pagne , ils ont rencontre
attaqué &battu ce Bacha.
Le Sultan juſques-là a efté
fervi à merveille ; mais on
ajouſte qu'ébloüis appar
ramment de quelques projets
ambitieux dont on ne
ſçait encore ny le fond
ny les détails , & flattez
ſans doute de l'eſpoir
d'un ſuccez favorable , ces
deux Bachas ont entretenu
une intelligence criminelle
avec celuy de Bagdad.
Que le Bacha de
Damas a eſté convaincu de
ce crimepar des lettres qui
GALANT . 263
onteſté interceptées ,& qui
fot tombées entre les mains
du Grand Seigneur , qui a
dépeſché auſſi toſt l'ordre
ſuprême qui vient de coufter
la vie à cet infortuné
Bacha. Je ne ſçay pas encore
, files muets l'ont étranglé,
s'il a efté afſaſſiné , ou
ſi on luy a tranché la teſte ;
mais je ſçay bien que le
Sultan a prononcé l'arreſt
dont il eſt mort .
Dés que l'Armenien cuft
fini ſon recit , je le remerciay
de m'avoir appris tant
de particularitez de la vic
C
264 MERCURE
des trois Bachas Halil
Yeghen & Zeinal , & je le
priay de m'informer de
toutes les nouveautez qu'il
pourroit apprendre encore.
Il ne ſe paſſera rien dans
ce pays- cy qui vaille la peine
de vous eftre mandé
dont je ne vous faſſe pare
avec plaifir.
Je ſuis Mr. &c.
du Bacha de Damas.
IL eſt ſi difficile de ſçavoir
poſitivement ce qui ſe
paffe dans cet Empire,qu'on
n'y demeſle ſouvent la veri.
té d'un fait , quelque éclatant
qu'il foit , que longtemps
aprés qu'il eſt arrivé.
Les nouvelles de l'Afie , &
celles de l'Europe entrent
confufément à Conftantinople
, où chacun les débite
1
A
GALANT . 219
au gré de ſes intereſts , le
Courier qui en eft chargé
les donne au grand Viſir ,le
grand Viſir au Sultan , & le
Sultanles enſevelit dans ſon
ſérail. Ainfije n'oſe encore
vous aſſeurer que les dernieres
circonstances de l'hiſtoire
que je vais vous écrire ,
foient telles qu'on les raconte
icy; mais je vous promets
que je ſeray exact à
vous detromper , ſi le temps
ou le haſard me detrompent.
Il y a quatrejours que me
promenant avec quelques
Tij
210 MFRCURE
qui
eſtrangers dans ma çaique,
fur le canal de la Mer noire,
un fameux Armenien ,
a fait toute la vie un grand
commerce d'eſclaves , me
conta à peu prés en ces
termes l'hiſtoire de Halil
Acor Bacha de Damas .
J'étois , me dit- il, un jour,
( & bien jeune alors ) à Baghlar
qui eſt un Port de
cette Mer , environ à so
lieuës d'icy lorſqu'un
* Sheieke de mes amis y arriva.
Je le priay de venir
* Predicateur Turc,
GALANT 227
loger dans le meſme * Caravanfarai
que moy. La Maifon
eſtoir alors pleine
d'hommes & de chevaux.
Le Sultan Mahomet IV. dont
le regne étoit plus tranqui
le qu'il n'avoit encore eſté,
&qu'il ne l'a eſté depuis ,
preſtoit dans ce temps au
Kan della Krimée dix
mille hommes de ſes troupes
pour les joindre à douze
mille Tartares de Budziack
& de Bialogrod , qu'il
deftinoit à quelque grande
entrepriſe. Les Janifſſaires ,
* Auberge Turque.
Tiij
222 MERCURE
3
1
les Spahis , & les Afiati
ques que le Grand Seigneur
envoyoit au Kan paffoient
alors par Baghlar où nous
eſtions . Un de ces Janiffai
res entr'autres natif de
* Chaplar en Bulgarie voulut
profiter de l'occaſion
de cette route pour mener
plus ſeurement chez luy
une belle fille qu'il avoit
epousée depuis un an à
Midia de Romanie, Nous:
la trouvâmes avec fon
mary dans le Caravanfarai
que nous avions choiſi
Ville maritime de la Mer noire.
GALANT. 223
২
lorſque nous yarrivame s .
Le hazard nous plaça auprés
d'eux , le Janiſſaire
m'en parut content , il aimoit
mieux voir à côté de
ſa femme , un Venerable
Sheieke qu'aucun de ſes camarades.
Nous ſoupâmes
cependant & nous nous
endormimes ſur la paille.
Une heure avant le jour
nous entendimes des cris
aigus qui nous réveillérent
comme tous les hoftes de
la maiſon ; la femme du
Janiſſaire que fon.Mary
n'avoit pas crue ſi proche
T iiij
224 MERCURE
de ſon terme venoit de
mettre un enfant au monde
, à coſté de mon Sheie
xe , qui ſe trouva fort ſcandaliſé
de cet accouchement.
Il ſe leva plein de
couroux , en diſant que ſes
habits étoient foülliés du
déſordre & des accidents
de cette avanture , néanmoins
la mortification &
l'embarras du Janiſſaire ,
les douleurs de ſa femme
& mes difcours l'addoucirent
; je luy perſuaday ( &
il le ſçavoit bien , ) qu'il
feroit lavé de cette tache
GALANT. 225
en lavant ſa robe & fa per
ſonne avant la premiere
priere. Je le menay au bain
qui eſtoit dans le Caravan
farai où il ſe fit toutes les
cerémonies de l'ablution
desTurcs.
Cependant je retournay
auprés du trifte Janiſſaire ,
&de ſa femme qui gemiſſoit
encore des reſtes ou du fouvenir
de fa douleur ; je lui
donnay tous les ſecours
que je pûs imaginer , on
attendant le retour de mon
Sheieke.
f
L'étoile la plus favorable
226 MERCURE
qui puiſſe veiller fur nos
jours , ne flatte pas les Mufulmans
d'une plus heureuſe
deſtinée qu'un Sheike,
ou un Emir * lorſqu'ils préfident
à la naiſſance de
leurs enfants. Celuy- cy revint
enfinà nous, prés d'une
heure après le lever du Soleil.
Et aprés avoir enviſagé
le Janiſſaire , ſa femme
& fon fils , d'un air tranſ
porté de l'excellence des
avantages qu'il avoit à leur
promettre , il leur prédit
ces choſes.
Prêtre Ture.
GALAND. 227
Letrés puiſſant trés mi
fericordieux Alla a jettéfur
vous & fur vostre fils des regards
bienfaisants le faim
Prophete efto fon meffager.
Il'a pitié de vous , & Sultan
Mahomet qui est agréable au
trés mifericordieux que le
faint Prophete oberit vous élevera
aux premiers honneurs de
fon Empire. Alla * ha Alla.
Tousoles affiftans felici
terent auffi toſt le Janiſſaire
fur la prédiction du Sheieke.
Cette nouvelle paſſa juf
qu'à fon Aga qui luy donna
d'abord de grandes mara
* Dieu. Dieu eſt Dicu.
228 MERCURE
4
ques de distinction. Enfin
le jour du départ des troupes
qui estoient à Bagblar
eſtant venu , il nous quitta
aprés nous avoir juré qu'il
n'oublieroitja mais les obli
gations qu'il nous avoit. N
nousa tenu parole , & c'eſt
de luy-meſme que j'ay appris
avec la ſuite de fa for
tune, une partiede l'hiſtoire
de ſon fils , que vous allez
entendre.
Dés que Zeinal ( c'eſt le
nom de ce Janiſſaire ) cut
remis ſa femme à Chaplar
entre les mains de fa mere,
GALANT. 229
il ne fongea plus qu'à verifier
l'oracle du Sheiere H
fitdans la Krimée des actions
éclatantes que ſon Aga fit
valoir autant qu'elles lemeritoient
aux yeux du Grand
Viſir Cuprogli , qui l'avança
en ſi peu de temps , qu'en
moins de fix ans il le fir
nommer par ſa Hauteffe
Bacha d'Albanie. Il remplit
cette grande place avec
beaucoup d'honneur pen.
dant pluſieurs années , enfin
aprés la dépoſition du
malheureux Sultan Mahomet
IV. Sitoſt que ſon frere
230 MERCURE
Sultan Soliman III . fut mon
té ſur le thrône, il voulut
à l'exemple de tous les au.
tres Bachas profiter desdefordres
de l'Empire pour
augmenter fon credit ; mais
il ſe broüilla malheureuſement
avec le fameux & redoutable
Osman Yeghen
dont le courage , la politi
que & l'audace firent trembler
Solyman juſques dans
fon ferail.
Zeinal s'étoit oppoſé aux
contributions qu'Yeghen *
Serafier de l'armée d'Hon-
* General des Armées du Grand Seigneur.
GALANT 238
grie , avoit tirez de la Ro
melie , & aux impoſitions
qu'il avoit miſes ſur tous les
Juifs & les Chrétiens qui
eſtoient à Theſſalonique ,
& qu'il avoit taxez à deux
Piaſtres par teſte. Il avoit
meſme envoyé un gros party
de Cavalerie qui avoit
taillé en piece les gens
qu'Yeghen avoit chargez de
lever ces impoſitions.
Le Grand Viſir Ismael
trembloit alors de peur
que le Serafkier ne vint à
Conſtantinople avec fon
armée , & qu'il ne le fit dé
232 MERCURE
pofer bien toſt , comme il
avoit déja fait déposer le
Grand Vifir Solyman fon
predeceſſeur. Yeghen qui
reconnut l'avantage qu'il
avoit fur ce foible Viſir ,
luy demanda la teſte de
Zeinal. Ifmael qui de fon
coſté cherchoit à l'ébloüir
par de fauſſes apparences ,
fut ravi de luy pouvoir faire
un ſacrifice dont il n'avoit
rien à apprehender ,
puiſqu'il ne le rendoit pas
plus fort , ainſi quoyque
Zeinalne fût coupable d'au .
cun crime , il le fit décapi-
: ter
GALAN 2338
ter publiquement , dans la
Cour du Serail devant la
porte du Divan.?
Cependant ſon fils Halil
Acor faiſoit alors les fonctions
de Capigibachi en Afie,
où il n'apprit la mort de
ſon pere que long - temps
aprés qu'elle fut arrivée.
Il y avoit affez d'affaires
en Hongrie pour exercer
ſon courage ; mais l'amour
produifit luy ſeul tous les
motifs de fon éloignement.
Il avoit vû par, hazard
dans le Serail de ſon pere
une belle fille de l'iſle de
Juin 1714.
V
234 MERCURE
Chypre que Zeinal deftinoir
au grand Seigneur , il en
devint éperduëment amoureux
, il mit dans ſes interêts
deux femmes qui la fervoient
, il ſéduifit deuxEu
nuques à force de preſents,
il profita de l'abſence de
ſon pere pour s'introduire
toutes les nuits dans ſon
Sérail , & enfin il engagea
cette belle fille à luy donner
les dernieres & les plus
fortes preuves de fa tendreſſe.
Plus flatée de l'efpoir
de poffeder le coeur
d'Halil que de la gloire
GALANT. 2:5
chimérique dont on repait
la vanité de celles qu'on
deſtine aux plaiſirs du
Grand Seigneur , elle avoit
conſenti que ſon Amant
l'enleva avec ſes deux femmes
& ſes deux Eunuques ,
elle estoit déja meſme affez
loin du Serail de Zeinal ,
lorſque ce Bacha revint
chez luy la nuit meſme
qu'on avoit priſe pour cet
enlevement. Maisheureu-
- ſement pour ces Amantsi!
n'entra que le lendemain
matin dans le quartier des
Femmes , où il apprit avec
Vij
236 MERCURE
tous les tranſports de la
plus violente fureur le defordre
de la nuit préceden
te. Il monta auffi - toſt à
Cheval , & de tous les côtez
il fit courir aprés fon
fils ; mais ſes ſoins & ſa diligence
furent inutiles. Halil
qui n'eſtoit pas ſi loin
qu'il le cherchoit , avoit eu
la précaution de s'affeurer
d'une Maiſon qu'un Me
decin Juif qui n'eſtoit pas
des amis de fon pere avoit
dans les montagnes. Il falloit
traverſer plus de deux
lieuës de defert avant d'y
/
GALANT. 237
arriver, & jamais Zeinal n'y
ſes amis , ny fes eſclaves
ne s'eſtoient aperceus que
fon fils connuſt ce Juif.
Halil auroit pû longtemps
profiter de la ſeureté
de cet azile , ſi les troubles
dont l'Empire eſtoit
agité , & fon courage ne
l'avoient pas preffé bien
toſt de facrifier ſon amour
à ſa gloire. Les larmes de
ſa femme , ny les prieres du
Juif qui luy promit enfin
d'en avoir foin juſqu'à la
mort , ne purent l'arreſter
davantage. Il ſe rendit à
138 MERCURE
Conſtantinople , où il fur
reconnu d'abord par un
des amis de fon Pere qui
le recommanda particulierement
au Grand Vifir Som
lyman , qui , en confideration
de l'audace , de l'efprit
, de la bonne mine de
ce Jeune homme , & du
mérite de Zeinal , luy donna
ſur le champune Com
pagnie de Spahis. Il cut ordre
d'aller ſervir en Afie ,
où en peu de temps ſa valeur
le fit parvenir à la
Charge de Capigibachi
qu'il exerça avec honneur
அ
1
GALANT. 239
juſqu'à la mort de ſon Pere .
Le Vifir Ismaël qui avoit
eu la lacheté de faire exé
cuter l'injuſte & cruel ar
reft qu'il avoit prononcé
contre Zeinal , futbien-toft
aprés la victime de fa for
bleſſe. Yeghen revint àConf
tantinople , aprés en avoir
fait chaffer honteuſement
ce Viſir , qui ne pût racheter
ſa vie qu'aux dépens de
toutes les richeſſes que fon
avarice infatiable luy avoit
fait amaſſer pendant fon
indigne miniftere. Halil y
fut rappellé en meſme
240 MERCURE
temps qu'Yeghen , avec les
troupes qui ſervoient en
Afie. Il fut auffi toft à la
maiſon de ce General àqui
il dit qu'il ne luy rendoit
cette viſite , que pour luy
demander raiſon du fang
de ſon pere qu'il avoit fait
repandre , Yeghen conſentit
àluy donner cette fatisface
tion dans une des plus fecrettes
chambres de fon
Serail , où aprés un com
bat aſſez long , Ils ſe blef
férent tous deux : cependant
Yeghen eut l'avantage;
mais il n'en abuſa pas , au
contraire
GALANT. 241
contraire , loin de fonger
à ſe défaire d'un ennemi
auſſi redoutable qu'Halil ,
Je love , luy dit- il , ton coursge
&j'approuve ton reffentiment
: il n'a tenu qu'à ton Pere
d'eftre toûjours mon amy , mais
il a voulu me perdre & je
l'ay perdu. Tu as Satisfait à
ton honneur , en eſſayant de le
vanger : Vois , & dis moy
maintenant ce que tu veux , &
ce que je puis pour toy. Halil
eftonné de la generoſité de
ce grand homme , luy répondit
, Yeghen je ne veux
maintenant,que m'efforcer d'ê-
Juin1714. X
242 MERCURE
tre auffi genereux que toy. Si tu
veux m'imiter , reprit- il ,facrifie
ta vangeance à mon amitié
que je t'offre , je vais ordonner
qu'on nous penſe de nos bleſſu
res , je prétends que tu ne
gueriffe des tiennes que dans
mon Serail. Il appelle auffitoſt
ſes Eſclaves qui menerent
fur le champ Halil
dans une chambre où ily
avoit deux lits qui n'étoient
ſeparez l'un de l'autre que
par un grand rideau de taffetas
couleur de feu qui
eſtoit directement au milieu
de la chambre dont les
GALANT 243
Croiſez qui estoient aux
deux extremitez avoient
vûë de chaque coſté ſur
les Jardins où ſe promenoient
tous les jours les
femmes & les enfants
d'Yeghen.
Dés qu'on eut arreſté
ſon ſang , & qu'il ſe fut
mis au lit , il vit entrer
dans ſa chambre le Medecin
Juif à qui il avoit confié
la belle Eſclave qu'il
avoit épousée dans ſa maifon
, aprés l'avoir enlevée
du Serail de ſon Pere. A
drianou , luy dit il auſſi toſt ,
X ij
244 MERCURE
moncher Adrianou que faítes
-vous icy ? Pourquoy
eftes vous maintenant à
Conftantinople , & dans
quel eſtat eſt ma femme ?
Je vous ay promis , reprit
le Juif , en ſoûpirant , d'avoir
ſoin de la malheureuſe
Adrabista juſqu'à ma mort.
Toutes mes précautions
n'ont pû prévenir les effets
de ſon déſeſpoir , elle eſt
à jamais perduë pour vous ,
& je ne ſuis point fâché
dans mon infortune que
les remedes que je viens
Fameuſe par les grandes avantures qu'elle
2euës depuis àRome , & que je conterayune
autre fois.
GALANT . 245
vous offrir par hazard me
preſentent à vos yeux , où
je ſuis prêt d'expier dans les
fupplices , le crime de ma
négligence où de mon
malheur. Contez moy donc
cette funeſte hiſtoire, lui dit
avec bonté , l'affligé Halil ,
& n'en épargnez aucune
circonstance à madouleur.
Il vous fouvient , reprit le
Juif, des efforts que fit Adra.
biſta , & des larmes qu'elle
répandit pour vous retenir
auprés d'elle ; vous n'avez
pas non plus oublié les
pleurs & les prieres que je
Xij
246 MERCURE
mis en uſage pour flechir
voſtre courage inhumain.
Une vertu cruelle & plus
forte que l'amour vous ravit
enfin ànosyeux.
Crois - tu , dés que vous
fuſtes parti , me dit Adrabista
, que les larmes & les
gemiſſements ſoient main
tenant les armes dont je
veux me ſervir pour mevenger
de la fureur ou de l'infidelité
de mon barbare époux
Non , Adrianou ,non.
je veux le ſuivre malgré luy
& malgré toy : ma taille
avantageuſe&mon audace
GALANT. 247
m'aideront ſuffisamment à
cacher ma foibleſſe & mon
ſexe; enfin jeveux courir les
meſmes haſards que luy,par
tout où l'entraiſnera cette
impitoyable gloire qui l'arrache
àmon amour. Je vou
lus d'abord flatter ſa dou
leur; mais malgré mes foins,
ma complaiſance criminel.
le,& mon aveuglement l'ont
précipitée dans le plus
grand des malheurs. Je luy
permis d'eſſayer le turban ,
& de mettre un fabre à ſon
coſté. Elle ſe plaiſoit quelquefois
dans cet équipage
X iiij
248 MERCURE
de guerre , d'autrefois jer
tant fon fabre & ſon turban
par terre , elle affectoit de
mépriſer ces inſtruments
qu'elle deſtinoit à ſa perte.
Enfin elle feignit de paroiftre
devantmoy conſolée de
voſtre abſence , & pendant
plusde fix ſemaines elle ne
me parla pas plus de vous ,
que ſi elle ne vous euſt jamais
connu. Cette indiffe
rence m'inquietta pour
yous , & je luy dis unjour ,
eſtes - vous Adrabista , cette
heroine qui deviez fi glo.
rieuſement ſignaler voſtre
GALANT. 249
du
tendreffe , en courant jufqu'au
fond de l'Afic aprés
un époux ſi digne de voſtre
amour. Non , Adrianou , me
dit elle , je ne ſuis plus cette
Adrabista que vous avez veue
capable des plus extravagants
emportements
monde.J'aime tousjoursHa
lil comme mon ſeigneur &
mon époux ; je ſens toutes
les rigueursde ſon abfence ;
mais le temps & mes reflexions
ont rendu ma douleur
plus modeſte;& il n'est point
de fi miferable coin fur la
terre , où je n'aime mieux
250 MERCURE
attendre ſes ordres , que
m'expoſer en le cherchant
auhafard de le deshonorer
enme deshonorant moymeſme.
Je creus qu'elle me par
loit de bonne foy , & dans
cette confiance je luy donnay
plus de liberté & d'authorité
dans ma maifon que
je n'y en avois moy-mefme.
Enfin il vint un jour un
exprés que le gouverneur de
la Valone m'envoya pour me
preſſer d'aller porter des re
medes à fon fils qui estoit à
l'extremité. Je fis auffi- toſt
GALANT. 251
part de la neceffité de ce
voyage à Adrabista , je la
priayde chercher à ſe defen
nuyer pendant mon abfence
, & je partis avec mon
guide. Mais jugez de ma
conſternation lorſqu'à mon
retour dans ma maiſon , on
me fit part des funeſtes nouvelles
que vous allez entendre.
Le lendemain de mon
départ Adrabista fit ſeller
trois chevaux qui reſtoient
dans mon écurie. Elle s'équippa
du ſabre & du turban
qu'elle avoit tant de
fois mépriſez en ma preſen;
252 MERCURE
cé, elle fit monter avec elle
ſes deux eunuques à cheval ,
elle dit à fes femmes qu'elle
alloit ſe promener dans les
vallées qui font au pied des
montagnes de la Locrida ,
elley fut en effet , mais elle
alla plus loin encore , elle
pouſſa juſqu'à Elbaffan , où
un party des troupes de
l'Empereur des Chreftiens
Farreſta . Elle demanda à
parler au General de l'armée
qui eftoit alors à Du
razzo où elle fut conduire,
&de qui elle fut receue avec
tous les égards deus à fon
GALANT . 253
fexe & à la beauté. Je yous
apprends maintenant d'épouventables
nouvelles
Halil ; mais vous ne ſçavez
pas encore le plus grand
de vos malheurs. J'ay appris
depuis quelque temps qu'elle
s'eſtoit faite Chreftienne .
C'en eſt aſſez , luy dit
Halil , fortez & ne vous repreſentez
jamais à mes
yeux, je ne ſçay ſi mavertu
ſuffiroit pour vous derober
à ma fureur.
Yeghen qui s'eſtoitjetté ſur
le lit qui eſtoit à l'autre ex.
tremite de la chambre,aprés
254 MERCURE
avoir entendu ce recit , ſe
fit approcher de l'inconfolable
Halil, à qui il dit tout
ce qu'il creut capable d'apporter
quelque foulagement
à ſa douleur. Enfin
aprés pluſieurs de ces dif
cours qui ne perfuadent
gueres les malheureux , amy,
luydit- il, jettez les yeux
fur mon jardin , & voyez fi
dans le grand nombre de
beautez qui s'y promenent ,
il n'y en aura pas une qui
puiſſe vous conſoler de la
perte de l'infidelle Adrabiſta.
Jevousdonnecellequevous
GALANT. 255
préfererez aux autres , quelque
chere qu'elle me puiſſe
eſtre. Je veux , luy répondit
Halil, à qui une propofition
fi flateuſe fit preſque oublier
toute ſon infortune
eſtre auſſi genereux que
vous , & n'écouter l'offre
magnifique que vous me
faites , que pour vous en remercier
: non , non, reprit
Yeghen, il n'en ſera que ce
qu'il me plaira ,&nous verrons
dés que vous ferez gueri
, ſi vous affecterez encore
d'eſtre , ou ſi vous ferez fincerement
auffi genereux
quemoy.
256 MERCURE
Au bout de quatre ou cinq
jours ils furent gueris tous
deux.Alors Veghenplus charmé
encore des vertus d'Halil,
lemenadans un cabiner
de ſon jardin , où à travers
une jalouſie il vit paſſertoutes
les femmes qui estoient
dans le ſérail de ce Bacha,
qui ne s'occupa pendant
cette reveuë qu'à examiner
la contenance d'Halil , &
qu'à luy demander ce qu'il
penſoit de chaque beauté
qui paſſoit au pied de la ba
luſtrade où ils eftoient.
Enfin aprés avoir longtemps
GALANT 25
1
temps confideré aſſez tranquillement
tout ce que l'Europe
& l'Afie avoient peuteſtre
de plus beau , il vitune
grande perſonne dont les
habits eſtoient couverts des
plus riches pierreries de l'O
rient , negligemment appuyée
fur deux eſclaves , &
dont les charmes divins of
Froient aux yeux un majel
tueux étalage des plusrates
merveilles du monde. Auffitoſt
il marqua d'un ſonpir le
prompt effet du pouvoir iné.
vitable de ſes attraits vainqueurs.
Qu'avez-vous , luy
Juin 1714. Y
258 MERCURE
dit àl'inſtant Yeghen , amy,
vous ſoupirez ?Ah,ſeigneur,
je me meurs , reprit Halil ,
qu'onm'ouvre àl'heuremeſ
me les portes de voſtre ſé.
rail,&ne m'expoſez pas davantage
aux traits d'unegenorofité
fi cruelle. Je vous
entends , reprit Yeghen ,
mais je ne veux pas conſentir
à vous laiſſer fortir
de mon Serail , que vous
n'ayez épousé celle de
toutes ces perſonnes qui
vous plaiſt davantage. Elles
font toutes mes femmes ,
àl'exception de la derniere
GALANT 259
qui eſt ma fille , recevez- là
de ma main mon fils , &
aimez moy toûjours.
Halil fe jetra fur le
champ aux pieds du Bacha
qui le releva dans le
moment , pour le conduire
à l'appartement de ſa fille ,
dont le même jour , il le
rendit l'heureux Epoux ; Il
prit enſuite uniquement
ſoin de ſa fortune , juſqu'à
ſa mort , qui arriva juſtement
, un mois aprés avoir
engagé le Sultan Solyman
à donner à ſon gendre le
Bachalik de Damas.
Yij
260 MERCURE
Halil a vécu depuis plus
de vingt ans avec tout l'é
clat & tous les honneurs.
dont puiſſent joüir les plus
Grands Seigneurs de l'Empire
Othoman . Mais il n'eſt
rien de fi fragile que le
bonheur des hommes , la
moindre jaloufic ou la
,
moindre eſperanceles
étourdit au milieu de leur
felicité , & il ſuffit qu'ils
ayent eſté tousjours heureux
, pour croire n'avoir
jamais d'infortune à redouter
: enyvré de leur gran
deur , leur Maiſtre ne de
GALANT . 261
vient à leurs yeux qu'un
mortel comme eux , fouvent
meſme ils prétendent
s'attirer & meriter plus
d'honneurs que leur Mail
tre
Le trés haut Sultan Achmet
àpréſent regnant , ſur la
nouvelle de la revolte du
Bacha de Bagdad , a fur le
champ envoyé aux Bachas
de Damas & d'Alep un
ordre exprés de marcher
avec toutes leurs troupes
contre ce rebelle ſujet. Sitoſt
que leur armée a eſté
en estat d'entrer en cam262
MERCURE
pagne , ils ont rencontre
attaqué &battu ce Bacha.
Le Sultan juſques-là a efté
fervi à merveille ; mais on
ajouſte qu'ébloüis appar
ramment de quelques projets
ambitieux dont on ne
ſçait encore ny le fond
ny les détails , & flattez
ſans doute de l'eſpoir
d'un ſuccez favorable , ces
deux Bachas ont entretenu
une intelligence criminelle
avec celuy de Bagdad.
Que le Bacha de
Damas a eſté convaincu de
ce crimepar des lettres qui
GALANT . 263
onteſté interceptées ,& qui
fot tombées entre les mains
du Grand Seigneur , qui a
dépeſché auſſi toſt l'ordre
ſuprême qui vient de coufter
la vie à cet infortuné
Bacha. Je ne ſçay pas encore
, files muets l'ont étranglé,
s'il a efté afſaſſiné , ou
ſi on luy a tranché la teſte ;
mais je ſçay bien que le
Sultan a prononcé l'arreſt
dont il eſt mort .
Dés que l'Armenien cuft
fini ſon recit , je le remerciay
de m'avoir appris tant
de particularitez de la vic
C
264 MERCURE
des trois Bachas Halil
Yeghen & Zeinal , & je le
priay de m'informer de
toutes les nouveautez qu'il
pourroit apprendre encore.
Il ne ſe paſſera rien dans
ce pays- cy qui vaille la peine
de vous eftre mandé
dont je ne vous faſſe pare
avec plaifir.
Je ſuis Mr. &c.
Fermer
Résumé : HISTOIRE du Bacha de Damas.
Le texte narre l'histoire de Halil Acor Bacha de Damas, relatée par un Arménien ayant été impliqué dans le commerce d'esclaves. L'histoire commence à Baghlar, un port de la mer Noire, où un Janissaire nommé Zeinal, originaire de Bulgarie, réside avec sa femme enceinte. Un Sheik et l'Arménien les assistent lors de l'accouchement. Le Sheik prédit un avenir glorieux pour l'enfant, qui se réalise lorsque Zeinal devient Bacha d'Albanie. Cependant, Zeinal est exécuté sur ordre du Grand Visir Ismael, à la demande du général Osman Yeghen. Le fils de Zeinal, Halil, alors Capigibachi en Asie, apprend la mort de son père longtemps après. Halil, épris d'une esclave destinée au Sultan, l'enlève et se réfugie chez un médecin juif. Forcé de quitter sa cachette, Halil se rend à Constantinople où il est reconnu et rejoint les Spahis. Après la mort de son père, Halil affronte Yeghen en duel, mais est blessé. Yeghen, impressionné par le courage de Halil, lui offre son amitié. Halil apprend ensuite la mort de sa femme, Adrabista, des mains du médecin juif Adrianou. Le texte relate également l'histoire d'Adrabista, une femme juive et épouse de Halil. Désespérée par le départ de Halil, elle décide de le suivre déguisée en homme pour affronter les dangers qu'il rencontre. Elle cache sa douleur et son désir de le rejoindre, mais finit par révéler ses intentions à Adrianou, un confident. Malgré ses efforts pour la dissuader, Adrabista s'enfuit et rejoint les troupes chrétiennes, où elle se convertit au christianisme. De son côté, Halil, informé de la trahison d'Adrabista, est dévasté. Yeghen, un ami de Halil, tente de le consoler en lui offrant une de ses femmes. Halil, après une période de réflexion, choisit la fille de Yeghen et l'épouse. Il mène ensuite une vie prospère et honorable jusqu'à sa mort. Le texte se termine par la nouvelle de la rébellion du Bacha de Bagdad et de la trahison des Bachas de Damas et d'Alep, qui sont accusés de complicité. Le Bacha de Damas, Halil, est exécuté sur ordre du Sultan.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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37
p. 178-198
Morts [titre d'après la table]
Début :
L'Article des Morts peut bien trouver sa place à la suite [...]
Mots clefs :
Marquis, Roi, Chevalier, Seigneur, Comte, Abbé, Esprit, Religion, Bordeaux, Normandie, Dame, Général, Lieutenant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Morts [titre d'après la table]
bien trouver sa place à la fuite
de l'examen des eaux de Bourbon
, puisque quelques sçavantes
Dissertations que les
plus sçavantsMedecins fafsent
sur les specifiquesles plus
souverains,toutl'Art d'Escu-
- lape est foible contre la necessité
de mourir.
Mrle Marquis de la Charce
est mort le 6. May à Nions
en Dauphiné,touché des plus
vifs sentimens de picté & de
religion. Il avoit esté élevé
dans l'heresie de Calvin; sa
conversion à la Religion Ca..
tholique avoit attiré celle de
sa Famille,& d'une partie de
son canton, & sa mort vient
d'estre pour eux un merveilkux
exemple d'édification.
Mrle Marquis de la Charce
estoit ce qu'on pouvoitappeller
uncaractereaccompli,
& pour l'esprit, & pour les
sentimens; personne n"jgno-i
roit les raresqualitez de son
coeur: ce (iul endroit meriteroit
un éloge particulier,si
tout ce que j'en pourrois dire
n'cfkic public, & fort audessous
de tout ce qu'il meritoit.
Il avoitcommencéàservirdéssaplus
tendre enfance,
& avoit donné des marques
de son zele pour le servicedu
Roy dans les occasions les
plus remarquables. Né pour
, les plusgrandes choses, si la
fortune luy eust esté un peu
plus favorable, tous les Emplois
luy paroissoient égaux
lorsqu'il s'agissoit du fervicc.
Le seul nom de la Charce fait
l'éloge de tous ceux qui le
portent:ils ont tous esté distingucz
par un merite particulier
& par un cfprit superieur.
Mre Pierre de laTour
son pere, Marquis de la Charce,
fut fait Lieutenant general
des Armées du Royà l'age de
vingt-huit ans; cette dilHnc.
tion particulière marque assez
son merite: il seroit parvenu
aux plus hautes dignitez si de
grandes blessures & ses incommodiccz
ne l'eussent mis
hors d'état de continuer le fervice.
Il avoit épousé Dame
Catherine de la Tour sa cousine
germaine;c'est cette Dame
qui parut à laCour, il y a
quelques années, quoy que
dans un agefort avancé: elle
y fit paroître autant d'esprit
que de politesse ; son merite
fut reconnu du Roy même,
qui l'honora de mille marques
>d'eftime&dedittin£tion.L'illustre
Mcde la Charce,qui a
..- tant fait d'honneur à son (exe,
&dont il en inutile derepeter
les éloges, estoit sa fille, &
soeurs du deffunt : il en reste
encore deuxsoeurs, Me la
Marquise de Bar,mariée en
Languedoc, où elle est en
grandeconsideration; & Mlle
Dalerac, dont l'esprit & le
merire font également cono
nus Les ouvrages de Poësie
1 qu'elle a laissé échaper au Public
ont toûjours paru des
Chefs-d'oeuvre par la délicatesse
des pensées & letour
ingénieux des expressions.
Mrs de laCharce font une
branche cadette de la Maison
de la Tour. Mr le Marquis
de laCharce qui avoit autant
d'amour pour son nom que
de noblesse & de dignité à le
soûtenir,avoit fait imprimer
peu de temps avant la mort,
la genealogie de cette Maison
, qui n'a point esté renduëpublique.
LeChefdecetteMaisonestaujourd'huyMr
le Marquis deGouverner jeune
Seigneur de beaucoup d'esperance.
Les aînez ont toûjours
porté ce nom depuis le
fameux
fameux René de la Tour, qui
s'est si fort distingué fous le
nom de Gouvernet : il estoit
contemporaindu Connêtable
de Lesdiguieres : sa naissance
& lesimportans fcrvices qu'il
avoit rendus à l'Etat,l'auroient
aussi-,, élevé aux plus
grandes dignitez
,
si-kl Religion
de Calvinqu'il professoit,
&qu'il ne voulutjamais
quittermalgré son zele pour
de Roy, n'avoit esté un obstacle
invincible. Mr le Marquis
dela Charce qui donne lieu à
l'cet article, avoit épouséDameClaudede
Mazel ,Dame
d'un merite , & d'une -vertu
distinguée. Elle estoitfillede
Mrc Jacq. de Mazel , ancien
Colonel de Cavalerie. Son
mérite & fâ reputation ont
rfte également connus dans le
Service. Il en avoit mêmerendus
d'importans à l'Etat. Il
avoitépousé Dame Catherine
Arnauld d'une branche de
la mêmeMaison que Mrs
dt Pompone daujourd'huy.
.C'efi une branche de cette
famille qui s'estoit établie
d'Auvergne en Languedoc
depuis plusieurs années. Feu
M. le Marquis de la Charce :*
n'a eu de ce mariage donc je
viens de vous parler, que deux
enfans, l'aîné connu fous le
nom de Comte de la Charce,
Colonel de Dragons aux
Troupes d'Espagne ; l'estime
dont M.•de Vendosmel'ho- noroît, & le cas qu''IiI.l. en faisoit
feroientassez son éloge, si
d'ailleurs il n'estoit connu par
un merite fingulicr, & par ce
même esprit qui est héréditaire
dans sa famille. Sa Majestéqui
se plaist à recompenser lemerite,
vient d'en donner une
marque en sa personne
l'honorant depuis , en peu de
jours d'une pension de1500.
livres:elle a accompagné cette
grace d'agrémens&dedistinction
pour luy & pourtoute
sa fanillc.
Le 21. Mars dernier Dame
Louise-Eugeniede Vieil châtel
de Montalant,épouse de
Mre Claude-Louis Lombard;
Chevalier, Seigneur d'Erme-
DOUville, & autres lieux, est
morte âgée de 24. ans. Elle
laisse un garçon &,. une fille:
Elle estoit fille de Mre Glaude
Charles de Viel Chastel, Chevalier,
Comte de Montalant,
& de Dame Geneviéve-Eugenie
de Vic.
Son Bisayeul du côté paternel
estoit Jean de VielChâtel,
Maquis de Montatanc,
Gouverneur de Barle Duc ÔC
Pays Barrois, qui a esté le premicr
CommandantdesMousquetaires
du Roy. Il avoit
épousé DameSufannede Bely
de Boulainvilliers, du côtépaternelelle
est encore petitenièce
de M. le Duc de S. Simon.
Ducôté maternel elle est
arriéré petitefille de Meryde
Vie, Garde des Sceaux de
-
France,&arriérépctite-niéce
de Dominique de Vie, Vice-
Amiral de France, Gouverneur
de Calais, & Pays re.
conquis,
-
Gaspard François Ménard
âcTissages., Prellre., Dozo.
teur de Sorbonne
,
Priçur de
Clairmont, grand- Archidiacre
de l'Eghie de Bordeaux,,
mourut à Bordeaux dans le
Seminaire le 2. 1. de Juin, âgé
de 2.6. ans 4. mois. Il estoit
alle, à Bordeaux y prendre
possession de ses Bénéfices que
Mr l'Abbé de Bourlemont lui
avoit. resigné ;& peu de jours
après il y a est enlevé d'une
fièvre maligne en six jours de
Dlaladie. Ilavoir parudansle
Public comme un prodige à
son âge. Né pour toutes tes
sciences, il fit icyl'annéederniere
pendant le cours de sa
licence le Panegiriqucde S.
Louis aux grands Jesuites, ccluy
de Sainte Anneaux Theatins,
& plusieurs autres Ser-
.jnons dans les Eglises les plus
célébrés de Paris; Il estoit fils
de François Ménard de Tisfanges,
Conseiller du Roy,
son Procureur General des
Eaux & Forests à laTable de
Marbrer à la Chambre de
l'Arsenal pour la reformation
llcs Eaux& Forests >&de Maçguerite
Deshayettes sa merc,
& neveu de M. l'Abbé Ménard.
Cette familleoriginaire
de Poitou 0 & de Touraine est
tres-ancienne & tres-distinguée
par elle-même, par es
alliances,& les belles LcttrCSi.
Labranche dontestoit le defr
funt cft. établie à Paris il ya
prés de deux cent ans. t*-
,
LouisCatinat,AbbédeS.
Julien deToursy,mourut le.'
Juillet. Il estoit fils deRené
Catinat, Seigneur de Courtraïe&
de S Mars-Cônfcific'-r
au Parlement de Paris, & de
Frasçoise Frozon,& frere de
Pierre
Pierre de Catinat, Seigneur de
S. Mars, aussiConleiller au
Parlement, & neveil de Ni- ,
colas Catinat, Seigneur de S.
Gratien, Maréchal de France;.
-
Messire Leonor de Matignon,
Evêque & Comte de
Lizieux
,
Abbé de Lassay &
de Torigny, mourut le 14.
Juillet,âgéde78. ans. Ilavoit
si, If esténommé a cet Evêchhél en
1677. par lademission d'Eleonor
Goyon deMatignon son
oncle;il étoit frerc aîné de Mr
le Comte de Matignon & de
Mr le Maréchal de Matignon,
& fils de Françoisde Matignon,
Comte de Marigny,
Torigny, Montmartin, & de
Gafley,Marquis de Lonré..
Chevalier des-Ordres du Roy,
Lieutenant Générât en haLTe
Normandie) & de Anne Malot
de Bercy, & petit fils de
Charles Sire de Moignon,
Comte de Torigny, Chevalier
des Ordres du Roy, Lieutenant
General de Normandie,
& d'Eleonorde Longuevile,
Dame deGaffey ,filled'Eleonor
Duc de Longueville
94
& de Marie do Bourbon, & arrierefils de Jacques
Sire de Matignon,Maréchal
de France, Gouverneur;de
Normandie &de Bordeaux.
Lieutenant General en Guyen
ne, & Chevalier des Ordres
du Roy. La Maison de Matignon,
l'une des plus Illustres
duRoyaume,estoriginaire de
Bretagne;Estienne Goyon.
Seigneur de la Goyemiere &
deChasseau Goyon, ayant é
poufé vers l'an mo. Lucie de
Matignon, sa posterité en prit
depuis le nom & les armes.
L'Eveschéde Lizieux en
Normandie est fuffraganc de
Rouen, l'Evesqueest Seigneur
de laVille,&leDiocesest
diviséen quatre Archidiaconnez
, & contient cinqcent
quatre vingt Paroisses ; se premier
EvesqueestThibault;
quiletrouvaaud3.4.&
Conciles d'Orléans en 1538.
**541.& 1J¡.9.. :';
'McfEre JoachimTrotti ad
sa Chetardie t, Docteur en
Theologie & Curé de S. Sulpice,
mourut le 19. Mr Lan.
guetde Gergy, Vicaire de ladire
Eglise,Juy a succedé. Le
mois prochain je parleray plus
amplement de Mre -de, là
Chetardie. ," Mrl'AbbédéGould,àqui
leRoya donne l'Abbaye
RojfaledeS. LaonàThouars
en-Poitou, vaccante par la
more deMr l'Abbé Régnier,
Secretaite de l'Académie Françoise
voulant donner des
parques publiquesde sa reconnoissance
à Mr le Comte
de Pont Charrrain, a fait faire
un Servicesolemnel dans
l'Eglise de. son Abbaye, pour
lerepos de l'Ame de feuë Madame
la Chancelliere,avec
toue le zele& toute la devotionconvenable
à la dignité
&al'a pieté démettevertueuse
Dame.Tous les Corps de
laVille de Thüarsy affistelent
encérémonieaussi-bien:
que toute laNoblesse des environs
qu'il avoir eu le foin d'y
convoquer.
Mrl'AbbédeGould,Gen
til homme Irlandois a quitts
son Pays & abandonné toué
ses biens pour la Religion Ca
tholique,il s'etf rendu fort recommandable
par la quantité
de per sonnes qu'ilaconverties
en Poitou & dans les Provinces
voisines
de l'examen des eaux de Bourbon
, puisque quelques sçavantes
Dissertations que les
plus sçavantsMedecins fafsent
sur les specifiquesles plus
souverains,toutl'Art d'Escu-
- lape est foible contre la necessité
de mourir.
Mrle Marquis de la Charce
est mort le 6. May à Nions
en Dauphiné,touché des plus
vifs sentimens de picté & de
religion. Il avoit esté élevé
dans l'heresie de Calvin; sa
conversion à la Religion Ca..
tholique avoit attiré celle de
sa Famille,& d'une partie de
son canton, & sa mort vient
d'estre pour eux un merveilkux
exemple d'édification.
Mrle Marquis de la Charce
estoit ce qu'on pouvoitappeller
uncaractereaccompli,
& pour l'esprit, & pour les
sentimens; personne n"jgno-i
roit les raresqualitez de son
coeur: ce (iul endroit meriteroit
un éloge particulier,si
tout ce que j'en pourrois dire
n'cfkic public, & fort audessous
de tout ce qu'il meritoit.
Il avoitcommencéàservirdéssaplus
tendre enfance,
& avoit donné des marques
de son zele pour le servicedu
Roy dans les occasions les
plus remarquables. Né pour
, les plusgrandes choses, si la
fortune luy eust esté un peu
plus favorable, tous les Emplois
luy paroissoient égaux
lorsqu'il s'agissoit du fervicc.
Le seul nom de la Charce fait
l'éloge de tous ceux qui le
portent:ils ont tous esté distingucz
par un merite particulier
& par un cfprit superieur.
Mre Pierre de laTour
son pere, Marquis de la Charce,
fut fait Lieutenant general
des Armées du Royà l'age de
vingt-huit ans; cette dilHnc.
tion particulière marque assez
son merite: il seroit parvenu
aux plus hautes dignitez si de
grandes blessures & ses incommodiccz
ne l'eussent mis
hors d'état de continuer le fervice.
Il avoit épousé Dame
Catherine de la Tour sa cousine
germaine;c'est cette Dame
qui parut à laCour, il y a
quelques années, quoy que
dans un agefort avancé: elle
y fit paroître autant d'esprit
que de politesse ; son merite
fut reconnu du Roy même,
qui l'honora de mille marques
>d'eftime&dedittin£tion.L'illustre
Mcde la Charce,qui a
..- tant fait d'honneur à son (exe,
&dont il en inutile derepeter
les éloges, estoit sa fille, &
soeurs du deffunt : il en reste
encore deuxsoeurs, Me la
Marquise de Bar,mariée en
Languedoc, où elle est en
grandeconsideration; & Mlle
Dalerac, dont l'esprit & le
merire font également cono
nus Les ouvrages de Poësie
1 qu'elle a laissé échaper au Public
ont toûjours paru des
Chefs-d'oeuvre par la délicatesse
des pensées & letour
ingénieux des expressions.
Mrs de laCharce font une
branche cadette de la Maison
de la Tour. Mr le Marquis
de laCharce qui avoit autant
d'amour pour son nom que
de noblesse & de dignité à le
soûtenir,avoit fait imprimer
peu de temps avant la mort,
la genealogie de cette Maison
, qui n'a point esté renduëpublique.
LeChefdecetteMaisonestaujourd'huyMr
le Marquis deGouverner jeune
Seigneur de beaucoup d'esperance.
Les aînez ont toûjours
porté ce nom depuis le
fameux
fameux René de la Tour, qui
s'est si fort distingué fous le
nom de Gouvernet : il estoit
contemporaindu Connêtable
de Lesdiguieres : sa naissance
& lesimportans fcrvices qu'il
avoit rendus à l'Etat,l'auroient
aussi-,, élevé aux plus
grandes dignitez
,
si-kl Religion
de Calvinqu'il professoit,
&qu'il ne voulutjamais
quittermalgré son zele pour
de Roy, n'avoit esté un obstacle
invincible. Mr le Marquis
dela Charce qui donne lieu à
l'cet article, avoit épouséDameClaudede
Mazel ,Dame
d'un merite , & d'une -vertu
distinguée. Elle estoitfillede
Mrc Jacq. de Mazel , ancien
Colonel de Cavalerie. Son
mérite & fâ reputation ont
rfte également connus dans le
Service. Il en avoit mêmerendus
d'importans à l'Etat. Il
avoitépousé Dame Catherine
Arnauld d'une branche de
la mêmeMaison que Mrs
dt Pompone daujourd'huy.
.C'efi une branche de cette
famille qui s'estoit établie
d'Auvergne en Languedoc
depuis plusieurs années. Feu
M. le Marquis de la Charce :*
n'a eu de ce mariage donc je
viens de vous parler, que deux
enfans, l'aîné connu fous le
nom de Comte de la Charce,
Colonel de Dragons aux
Troupes d'Espagne ; l'estime
dont M.•de Vendosmel'ho- noroît, & le cas qu''IiI.l. en faisoit
feroientassez son éloge, si
d'ailleurs il n'estoit connu par
un merite fingulicr, & par ce
même esprit qui est héréditaire
dans sa famille. Sa Majestéqui
se plaist à recompenser lemerite,
vient d'en donner une
marque en sa personne
l'honorant depuis , en peu de
jours d'une pension de1500.
livres:elle a accompagné cette
grace d'agrémens&dedistinction
pour luy & pourtoute
sa fanillc.
Le 21. Mars dernier Dame
Louise-Eugeniede Vieil châtel
de Montalant,épouse de
Mre Claude-Louis Lombard;
Chevalier, Seigneur d'Erme-
DOUville, & autres lieux, est
morte âgée de 24. ans. Elle
laisse un garçon &,. une fille:
Elle estoit fille de Mre Glaude
Charles de Viel Chastel, Chevalier,
Comte de Montalant,
& de Dame Geneviéve-Eugenie
de Vic.
Son Bisayeul du côté paternel
estoit Jean de VielChâtel,
Maquis de Montatanc,
Gouverneur de Barle Duc ÔC
Pays Barrois, qui a esté le premicr
CommandantdesMousquetaires
du Roy. Il avoit
épousé DameSufannede Bely
de Boulainvilliers, du côtépaternelelle
est encore petitenièce
de M. le Duc de S. Simon.
Ducôté maternel elle est
arriéré petitefille de Meryde
Vie, Garde des Sceaux de
-
France,&arriérépctite-niéce
de Dominique de Vie, Vice-
Amiral de France, Gouverneur
de Calais, & Pays re.
conquis,
-
Gaspard François Ménard
âcTissages., Prellre., Dozo.
teur de Sorbonne
,
Priçur de
Clairmont, grand- Archidiacre
de l'Eghie de Bordeaux,,
mourut à Bordeaux dans le
Seminaire le 2. 1. de Juin, âgé
de 2.6. ans 4. mois. Il estoit
alle, à Bordeaux y prendre
possession de ses Bénéfices que
Mr l'Abbé de Bourlemont lui
avoit. resigné ;& peu de jours
après il y a est enlevé d'une
fièvre maligne en six jours de
Dlaladie. Ilavoir parudansle
Public comme un prodige à
son âge. Né pour toutes tes
sciences, il fit icyl'annéederniere
pendant le cours de sa
licence le Panegiriqucde S.
Louis aux grands Jesuites, ccluy
de Sainte Anneaux Theatins,
& plusieurs autres Ser-
.jnons dans les Eglises les plus
célébrés de Paris; Il estoit fils
de François Ménard de Tisfanges,
Conseiller du Roy,
son Procureur General des
Eaux & Forests à laTable de
Marbrer à la Chambre de
l'Arsenal pour la reformation
llcs Eaux& Forests >&de Maçguerite
Deshayettes sa merc,
& neveu de M. l'Abbé Ménard.
Cette familleoriginaire
de Poitou 0 & de Touraine est
tres-ancienne & tres-distinguée
par elle-même, par es
alliances,& les belles LcttrCSi.
Labranche dontestoit le defr
funt cft. établie à Paris il ya
prés de deux cent ans. t*-
,
LouisCatinat,AbbédeS.
Julien deToursy,mourut le.'
Juillet. Il estoit fils deRené
Catinat, Seigneur de Courtraïe&
de S Mars-Cônfcific'-r
au Parlement de Paris, & de
Frasçoise Frozon,& frere de
Pierre
Pierre de Catinat, Seigneur de
S. Mars, aussiConleiller au
Parlement, & neveil de Ni- ,
colas Catinat, Seigneur de S.
Gratien, Maréchal de France;.
-
Messire Leonor de Matignon,
Evêque & Comte de
Lizieux
,
Abbé de Lassay &
de Torigny, mourut le 14.
Juillet,âgéde78. ans. Ilavoit
si, If esténommé a cet Evêchhél en
1677. par lademission d'Eleonor
Goyon deMatignon son
oncle;il étoit frerc aîné de Mr
le Comte de Matignon & de
Mr le Maréchal de Matignon,
& fils de Françoisde Matignon,
Comte de Marigny,
Torigny, Montmartin, & de
Gafley,Marquis de Lonré..
Chevalier des-Ordres du Roy,
Lieutenant Générât en haLTe
Normandie) & de Anne Malot
de Bercy, & petit fils de
Charles Sire de Moignon,
Comte de Torigny, Chevalier
des Ordres du Roy, Lieutenant
General de Normandie,
& d'Eleonorde Longuevile,
Dame deGaffey ,filled'Eleonor
Duc de Longueville
94
& de Marie do Bourbon, & arrierefils de Jacques
Sire de Matignon,Maréchal
de France, Gouverneur;de
Normandie &de Bordeaux.
Lieutenant General en Guyen
ne, & Chevalier des Ordres
du Roy. La Maison de Matignon,
l'une des plus Illustres
duRoyaume,estoriginaire de
Bretagne;Estienne Goyon.
Seigneur de la Goyemiere &
deChasseau Goyon, ayant é
poufé vers l'an mo. Lucie de
Matignon, sa posterité en prit
depuis le nom & les armes.
L'Eveschéde Lizieux en
Normandie est fuffraganc de
Rouen, l'Evesqueest Seigneur
de laVille,&leDiocesest
diviséen quatre Archidiaconnez
, & contient cinqcent
quatre vingt Paroisses ; se premier
EvesqueestThibault;
quiletrouvaaud3.4.&
Conciles d'Orléans en 1538.
**541.& 1J¡.9.. :';
'McfEre JoachimTrotti ad
sa Chetardie t, Docteur en
Theologie & Curé de S. Sulpice,
mourut le 19. Mr Lan.
guetde Gergy, Vicaire de ladire
Eglise,Juy a succedé. Le
mois prochain je parleray plus
amplement de Mre -de, là
Chetardie. ," Mrl'AbbédéGould,àqui
leRoya donne l'Abbaye
RojfaledeS. LaonàThouars
en-Poitou, vaccante par la
more deMr l'Abbé Régnier,
Secretaite de l'Académie Françoise
voulant donner des
parques publiquesde sa reconnoissance
à Mr le Comte
de Pont Charrrain, a fait faire
un Servicesolemnel dans
l'Eglise de. son Abbaye, pour
lerepos de l'Ame de feuë Madame
la Chancelliere,avec
toue le zele& toute la devotionconvenable
à la dignité
&al'a pieté démettevertueuse
Dame.Tous les Corps de
laVille de Thüarsy affistelent
encérémonieaussi-bien:
que toute laNoblesse des environs
qu'il avoir eu le foin d'y
convoquer.
Mrl'AbbédeGould,Gen
til homme Irlandois a quitts
son Pays & abandonné toué
ses biens pour la Religion Ca
tholique,il s'etf rendu fort recommandable
par la quantité
de per sonnes qu'ilaconverties
en Poitou & dans les Provinces
voisines
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Résumé : Morts [titre d'après la table]
Le texte relate les décès et les biographies de plusieurs personnages notables. Le Marquis de la Charce est décédé le 6 mai à Nions en Dauphiné. Connu pour sa piété et sa conversion du calvinisme au catholicisme, sa mort a servi d'exemple édifiant pour sa famille et son canton. Il était reconnu pour son caractère accompli, son esprit et ses qualités de cœur. Il a servi le roi dès son jeune âge et a montré un zèle remarquable. Sa famille, les La Charce, est distinguée par un mérite particulier et un esprit supérieur. Son père, Pierre de la Tour, fut Lieutenant général des Armées du Roy à vingt-huit ans, mais des blessures l'ont empêché de continuer son service. Sa mère, Catherine de la Tour, était reconnue à la cour pour son esprit et sa politesse. Le Marquis avait épousé Claude de Mazel, fille du Colonel de Cavalerie Jacques de Mazel. Ils ont eu deux enfants, dont l'aîné, le Comte de la Charce, est Colonel de Dragons aux Troupes d'Espagne et a reçu une pension de 1500 livres. Dame Louise-Eugénie de Vieilchâtel de Montalant est décédée le 21 mars à l'âge de 24 ans, laissant un garçon et une fille. Elle était issue d'une famille noble avec des ancêtres distingués, dont Jean de Vielchâtel, Gouverneur de Bar-le-Duc. Gaspard François Ménard, docteur de Sorbonne, est décédé à Bordeaux à l'âge de 26 ans. Il était connu pour ses talents en sciences et en oratoire. Louis Catinat, Abbé de Saint-Julien de Toursy, est décédé en juillet. Il était issu d'une famille de conseillers au Parlement de Paris et neveu du Maréchal de France Nicolas Catinat. Messire Léonor de Matignon, Évêque et Comte de Lisieux, est décédé à l'âge de 78 ans. Il était issu d'une famille illustre de Bretagne, avec des ancêtres maréchaux de France et gouverneurs de provinces. L'évêché de Lisieux est suffragant de Rouen et comprend cinq cent quatre-vingt paroisses. Enfin, le texte mentionne le décès de Mère Joachim Trotti de la Chétardie, curé de Saint-Sulpice, et des actions de reconnaissance de l'Abbé de Gould envers le Comte de Pontcharrrain.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
38
p. 247-266
Morts de gens distinguez par leur naissance. [titre d'après la table]
Début :
Mre Joachim Trotti de la Chetardie, Docteur en Theologie [...]
Mots clefs :
Seigneur, Mort, Abbé, Dame, Maison, Parlement, Roi, Parlement, Chevalier, Gentilhomme
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Morts de gens distinguez par leur naissance. [titre d'après la table]
m1rd Joachim Trotti de la
Chetardie, Docteur en Theologic,
Curé de Saint Sulpice,
mourut le 29.Juinàsix heutes
& demie du soir. Il avoit
pris possessionde cette Cure
Je 13 Fevrier 1696. & fut
nommé à l'Evêché dePoitiers
le15. Avril 1702.mais il ne
l'accepta point. Il estoit filsde
CharlesTrotri de la Chetardie,
Ecuyer, Seigneur du Bureau
de la Chetardie & de k
Guyonnie,& de Charlotte de
Nesmond,& arrierepetite
si's de Joseph Trotri, Seigneur
de la Cherardie
,
l'un
des Cent Gentilshommes de
la Maison du Roy, fait Chevalierde
l'Ordre de S Michel
J. par Lettres du Roy
Charles IX. le 17. Octobre
1568.dans un temps que cet
Ordre né se donnoir qu'à la
Noblesse. Il estoitcousin germain
de feu Joachm Trotri
de la Chetardie,Seigneur de
Pavieres
,
Gouverneur de Brifak
puis de Landrecies
,
Brigadier
des Armées du Roy, Be
Inspecteur gencral d'Infanterie,
mort le 14 Juin 1705 ne
-Iàiffa,n-c qu'un fils de son mariage
avec Marie Claire-Colette
deBerarddeVillebreül,
à present femmede Ferdinand
- Auguste de Solarre;
Comte deMonastetolles, EnvoyéExtraordinaire
de Mont
seigneur l'Electeur de Bavière,
en France, & Lieutenant general
de ses Armées, dont elle
a aussi des enfans. Feu M. de
la Chetardie, Curé de S. Sulpice
,
s'estoit démis de cette
Cure peu de jours avant sa
mort entre les mains de Mr le
Cardinal d'Estrées,qui ,comme
Abbé de l'AbbayeRoyale
de S. Germain des Prez, y
nomma Mre Jean -
Baptiste-
Joseph Languet de Gcrgy,
Docteur en Theologie de la
Faculté de Paris, & Vicaire de
la même Paroisse, qui en prit
possessionle21dumêmemois
de Juin. Ce nouveau Curé est
frere de Guillaume Languet
,
Seigneur de Rochefort, Conseillerau
Parlement de Dijon,
de Jacques- Vincent Languer,
Seigneur de Gergy , Gentilhomme
ordinaire de la Maison
du Roy,à present Envoyé
à Florence,de Pierre-Bénigne
LanguetdeMonrigny
,
Colonel
d'un Regunenr de Cuirasfiers
pour M. l Electeur de
Baviere, de Lazare Languer,
Religieux de l'Ordre de Cifteaux,
Abbé Regulier de S.
Sulpicc au Diocese de Bellay,
de Jean Joseph Languetde la
Villeneuve,Aumônier de feuë
Madame la Dauphine dern,icw
re morre,Abbé de Goetmaloen
, Grand-Vicaire d'Authun
resident à Moulins,&
de Therese-Odette Languet,
femme de François Rigoley j
pr emier PresidentdelàChambre
des Comptesde Dijon,
tousenfans de Denis Languer,
Seigneur de Rochefort,, de
Soffre&deGergy,Procureuf
général au Parlement de Dijon
,
& de MarieRobclin*, u
petits enfansde M* Langucc
Secrctaire du Roy.,forci du*
tic bonne famille originaire
f du lieu de Viteaux en Bourf
gogne. K
l-.
l, Dame MarieMollet,veuf
VC Je BernardMartineau,cut
du Pont- Herault,& Roy
d'Armes des Ordres du Roy,
mourut le 2.9 Juillet,lailïkit
': de son mariage Anne-prani
çoifc Martineau , femme de
: François-Anroine Ferrand
î Mailtre des Requcfics) & Intendant
cn.Bretagnc.;>:
MlPGabriel dOrléans Ror:
thelin;AbbédeNôtre-Dame
de Josaphat, au Diocese de
i Ghamcs,&Pueur de Gournay,
mourut le 31.Juillet. II
efioit grand oncle de MIS les
MarquIs, Chevalier & Abbé
de Rothelin, & petit-fils de.
François d'Orleans, Baron de
Waranguebec & de Neaufle,
Chevalier de 1Ordre du Roy,
Gentilhomme ordinaire de sa
Chambre , Lieutenant des
Gendarmes du Duc de Longueville
son frère,&Gouverneur
de la Ville de Vernciiil,
mort l'an 1600.filsnaturel de
FrançoisdOrléans, Marquis
de Rorhclin, &de Françoise
Blaflct,Dame de Colombietés
& du Picflîs-Pâté, d'une
J
Maison des plus distinguées
de Normandie.
Mr Leon de Font le bon,
Chevalier,Comte de Vitrac,
ci-devant LieutenantauRegi-
; ment des Gardes Françoises
t
mourut le Aoust 1714. Il
citoic d'une bonne noblesse de
Poitou, & avoit épousé en
1708. Marie JeanneCharlotte
de Maupeou,fille de Mr
d'Ablege, Maistre des Rcquêtes.
';
Mre Antoine Hardy, Sei-
: gneurdcS.Georges,Conseiller
> au Parlement de Paris,Commissaire
aux Requestes du PÑ
lais,oùil avoit estereçu le
Mars 1673.mourutjc-5.de.
ce mois sansalliance. Ilestoit
fils de François Hardy ,Conseiller
au Parlement reçuen
1668. mort aussi sans alliance,
& de Marguerite
,
Hardy,
femmede François Briçonnet,
Seigneur de la Chaussée,
Maistredes Comptes à Piriçl,
& fils de Claude Hardy Secrétaire
du Roy, puis Miiftre
des Comptes, motten 1649.
& de Suzanne Picot, &petitfils
de Charles Hardy Secrétaire
du Roy , reçu en iy.9S,
& Tresorier de l'Extraordi- *naire
nairc des Guerres en Touraine,
mort en itf5 3. & d'Anne
Pingré. Cette famille est originaire
dulieu d'Angervillela
Gaste sur le chemin deParis
àOrleans. iwt*
Dame Annede Masparault,
veuve en premieres nopces
d'Adriend'Arnoul, Seigneur
d'Arescouet
,
Lieutenant atf
Régiment des Gardes Françoises,
morten1672. & en
secondes deMrc Hubert Duiandde
Villegagnor,Chevalier,
Seigneur d'Ernon en
Bourgogne, prés Joigny,Vi
comtedePrémarun,&Colonelde
Dragons,qu'elle avoir
épouséle 4. M~ 1667.mourut
le 6.Aoust. Elle estoit fille
dePierre de Masparault,Seigneur
de Castelmer& de S.
Louis, Colonel de Cavalerie,
Gentilhomme ordinaire de la
Chambre du Roy,&d'Anne
Labbé. La famille de Masparault
descend de Pierre deMasparault,
Greffierdela Sénéchaussée
de Guyene;elleadonné
plusieurs Maistres des Requêtes,
des Prefidensde laCour
des Aides,&desConseillersau
Par lement. Elle s'est alliéeaux
familles de Mesmes,Dargou[
ges, de Chabot, de Portail , de la Briffe, & à la Maison
> de Rochechoüart
-
Montmoreau.
Feu Mr de Villegagnon
cftoit filsde Nicolas Durand,
l|Seigneur de Villegagnon, d'Ernon,dePrémarun,&de
tBois leVicomte, & de LeonoreGrimrlGroffore,
petitfils
de Pierre Durand
, Seigneur
de Villegagnon, Capitaine
dans le Regiment de
Picardie, Gentilhomme ordinaire
de la Chambre du Roy,
lx. d'Elisabeth Courtin de la
Grange,&arriere-petit fils
deLucas Durand, Seigneur
deKonceaux & deVillagagnon
, Conseiller au grand
Conseil& President au Presidiatde
Provins en iJ74.puis
Mustre des Requestesordinaire
del'Hosteldu Royen
1585. & de Marie Bruflirc-
Sillery, tédic Loüis Durand
, fils de Philippes Dutand, Seigrteur
de Villegagnon
,
Avo.
cat au Parlement, puis-Lieu.
tenant général a Provins, d'où
cette familleest originaire.
Dame Henriette d'Harcourt,
femme de Mre Louis-
Marie Victoire de Bethune^
& le Comte Bethume )Mtfir,1
<lc Camp de Cavalerie,est decedéed
le 6,laissantdesenfana
- Elle estoit soeur de Mr le Maréchal
dHarcourc,& fille dé^
le Marquis de, Beu,. : seuMrleMarquis de Beuvron
,
Chevalier des Ordres
du Roy, & de Dame-Ang-elique
Fabert sa séconde femme;
Mr le Comte de Bethuneest
-
fils de seu Mr le Marquisde
Bethune,ChevalierdesOrdres
,..du Roy,& de Dame Louise
de la Grange d'Arquia;
soeur de la Reine de Pologne.
veuve du RoyJeanSobieski t
voyez/ pour la connoissance
}?tQf:. cesdeuxilluArcb Maisons,
l'Histoire de la Mailon de
Harcourt en quatre Volumes
infolio du lieur de la Roque;
& l'Histoire de la Maison de
Bethune en un Volume in folio,
parJe sieur André Duchesne,
voyez aussi l'Histoire
des grands Officiers de la Gouronne,
nouvelle édition.
Mre Charles du Tronchay
, Prestre, Chanoine de la Sainte
Chapelle, mourut le 7.Aoust.
Il estoit frere de Dame Marie-
Elisabeth du Tronchray semme
de François Mouster, Secrétaire
du Roy,& Resident
pourSaMajeité versles Galb
tons Suides, & fils deGuillaume
du Tronchay
,
Conseiller
au Parlement, & petit fils de
François du Tronchay; Seigneur
de Martigné, Secrétaire
du Roy, &grand Audiancier
de France, d'une famille
originaire d'Anjou, alliée à
celles de Compain
,
de le
Boulez, de Brehaultde l'Iflc>
de Huault
- Vaires,& à la Maison
de Pouget, de Nadaillac.
Mrc Antoine de laFontaine-,
Chevalier, Seigneur
de Villeprielle, Lieutenant de
Vaifliau, mourut le15. Ilétoit
d'une maison originaire
*
dé Picardie, distinguée par fort;'
ancienneté &,- par fésalliances jv
&quiadonné plusieurs Chevaliers
de l'Ordre de S. Jean.
de Jerusalem& dé Malthe,
entre-autres Pierre de la Fontaine,
grand Prieur en France
en1570&elle aassez de no-t
blesse sans emprunterune oui
gine étrangère en se faisant
descendre de lamaifbndeSo^j
sara en Piémont, avec laquelle^
certainement elle n'a lien dé
commun que les Armes.
MreJulesde Clerambaulr,
Abbé de S. Taurin d'EvreurJ
au
Chartrouve 1
Chartreuve , de l'Academic
Françoise, mourut le 17. Il
Reçoit fils de Philippes de Clerambault
Comte de Palluau,
Maréchal de France, Chevalier
des Ordres du Roy, Goucveorunreuurt
& Bailly du Berry, le 24 Juillet 1665.
& de Loüise-Françoise Bouthilier
deChavigny, feu Me
le Marquis de Clerambault,
Lieutenant General des Arces
duRoy,qui senoyaàla
bataille d'Hoctest en 1704.
étoit aussifils de ce Maréchal,
'.& par sa mort la Maison de
Clerambault, l'une des plus
ancienne de la Province c'Anjou,
est entièrement finie.
Chetardie, Docteur en Theologic,
Curé de Saint Sulpice,
mourut le 29.Juinàsix heutes
& demie du soir. Il avoit
pris possessionde cette Cure
Je 13 Fevrier 1696. & fut
nommé à l'Evêché dePoitiers
le15. Avril 1702.mais il ne
l'accepta point. Il estoit filsde
CharlesTrotri de la Chetardie,
Ecuyer, Seigneur du Bureau
de la Chetardie & de k
Guyonnie,& de Charlotte de
Nesmond,& arrierepetite
si's de Joseph Trotri, Seigneur
de la Cherardie
,
l'un
des Cent Gentilshommes de
la Maison du Roy, fait Chevalierde
l'Ordre de S Michel
J. par Lettres du Roy
Charles IX. le 17. Octobre
1568.dans un temps que cet
Ordre né se donnoir qu'à la
Noblesse. Il estoitcousin germain
de feu Joachm Trotri
de la Chetardie,Seigneur de
Pavieres
,
Gouverneur de Brifak
puis de Landrecies
,
Brigadier
des Armées du Roy, Be
Inspecteur gencral d'Infanterie,
mort le 14 Juin 1705 ne
-Iàiffa,n-c qu'un fils de son mariage
avec Marie Claire-Colette
deBerarddeVillebreül,
à present femmede Ferdinand
- Auguste de Solarre;
Comte deMonastetolles, EnvoyéExtraordinaire
de Mont
seigneur l'Electeur de Bavière,
en France, & Lieutenant general
de ses Armées, dont elle
a aussi des enfans. Feu M. de
la Chetardie, Curé de S. Sulpice
,
s'estoit démis de cette
Cure peu de jours avant sa
mort entre les mains de Mr le
Cardinal d'Estrées,qui ,comme
Abbé de l'AbbayeRoyale
de S. Germain des Prez, y
nomma Mre Jean -
Baptiste-
Joseph Languet de Gcrgy,
Docteur en Theologie de la
Faculté de Paris, & Vicaire de
la même Paroisse, qui en prit
possessionle21dumêmemois
de Juin. Ce nouveau Curé est
frere de Guillaume Languet
,
Seigneur de Rochefort, Conseillerau
Parlement de Dijon,
de Jacques- Vincent Languer,
Seigneur de Gergy , Gentilhomme
ordinaire de la Maison
du Roy,à present Envoyé
à Florence,de Pierre-Bénigne
LanguetdeMonrigny
,
Colonel
d'un Regunenr de Cuirasfiers
pour M. l Electeur de
Baviere, de Lazare Languer,
Religieux de l'Ordre de Cifteaux,
Abbé Regulier de S.
Sulpicc au Diocese de Bellay,
de Jean Joseph Languetde la
Villeneuve,Aumônier de feuë
Madame la Dauphine dern,icw
re morre,Abbé de Goetmaloen
, Grand-Vicaire d'Authun
resident à Moulins,&
de Therese-Odette Languet,
femme de François Rigoley j
pr emier PresidentdelàChambre
des Comptesde Dijon,
tousenfans de Denis Languer,
Seigneur de Rochefort,, de
Soffre&deGergy,Procureuf
général au Parlement de Dijon
,
& de MarieRobclin*, u
petits enfansde M* Langucc
Secrctaire du Roy.,forci du*
tic bonne famille originaire
f du lieu de Viteaux en Bourf
gogne. K
l-.
l, Dame MarieMollet,veuf
VC Je BernardMartineau,cut
du Pont- Herault,& Roy
d'Armes des Ordres du Roy,
mourut le 2.9 Juillet,lailïkit
': de son mariage Anne-prani
çoifc Martineau , femme de
: François-Anroine Ferrand
î Mailtre des Requcfics) & Intendant
cn.Bretagnc.;>:
MlPGabriel dOrléans Ror:
thelin;AbbédeNôtre-Dame
de Josaphat, au Diocese de
i Ghamcs,&Pueur de Gournay,
mourut le 31.Juillet. II
efioit grand oncle de MIS les
MarquIs, Chevalier & Abbé
de Rothelin, & petit-fils de.
François d'Orleans, Baron de
Waranguebec & de Neaufle,
Chevalier de 1Ordre du Roy,
Gentilhomme ordinaire de sa
Chambre , Lieutenant des
Gendarmes du Duc de Longueville
son frère,&Gouverneur
de la Ville de Vernciiil,
mort l'an 1600.filsnaturel de
FrançoisdOrléans, Marquis
de Rorhclin, &de Françoise
Blaflct,Dame de Colombietés
& du Picflîs-Pâté, d'une
J
Maison des plus distinguées
de Normandie.
Mr Leon de Font le bon,
Chevalier,Comte de Vitrac,
ci-devant LieutenantauRegi-
; ment des Gardes Françoises
t
mourut le Aoust 1714. Il
citoic d'une bonne noblesse de
Poitou, & avoit épousé en
1708. Marie JeanneCharlotte
de Maupeou,fille de Mr
d'Ablege, Maistre des Rcquêtes.
';
Mre Antoine Hardy, Sei-
: gneurdcS.Georges,Conseiller
> au Parlement de Paris,Commissaire
aux Requestes du PÑ
lais,oùil avoit estereçu le
Mars 1673.mourutjc-5.de.
ce mois sansalliance. Ilestoit
fils de François Hardy ,Conseiller
au Parlement reçuen
1668. mort aussi sans alliance,
& de Marguerite
,
Hardy,
femmede François Briçonnet,
Seigneur de la Chaussée,
Maistredes Comptes à Piriçl,
& fils de Claude Hardy Secrétaire
du Roy, puis Miiftre
des Comptes, motten 1649.
& de Suzanne Picot, &petitfils
de Charles Hardy Secrétaire
du Roy , reçu en iy.9S,
& Tresorier de l'Extraordi- *naire
nairc des Guerres en Touraine,
mort en itf5 3. & d'Anne
Pingré. Cette famille est originaire
dulieu d'Angervillela
Gaste sur le chemin deParis
àOrleans. iwt*
Dame Annede Masparault,
veuve en premieres nopces
d'Adriend'Arnoul, Seigneur
d'Arescouet
,
Lieutenant atf
Régiment des Gardes Françoises,
morten1672. & en
secondes deMrc Hubert Duiandde
Villegagnor,Chevalier,
Seigneur d'Ernon en
Bourgogne, prés Joigny,Vi
comtedePrémarun,&Colonelde
Dragons,qu'elle avoir
épouséle 4. M~ 1667.mourut
le 6.Aoust. Elle estoit fille
dePierre de Masparault,Seigneur
de Castelmer& de S.
Louis, Colonel de Cavalerie,
Gentilhomme ordinaire de la
Chambre du Roy,&d'Anne
Labbé. La famille de Masparault
descend de Pierre deMasparault,
Greffierdela Sénéchaussée
de Guyene;elleadonné
plusieurs Maistres des Requêtes,
des Prefidensde laCour
des Aides,&desConseillersau
Par lement. Elle s'est alliéeaux
familles de Mesmes,Dargou[
ges, de Chabot, de Portail , de la Briffe, & à la Maison
> de Rochechoüart
-
Montmoreau.
Feu Mr de Villegagnon
cftoit filsde Nicolas Durand,
l|Seigneur de Villegagnon, d'Ernon,dePrémarun,&de
tBois leVicomte, & de LeonoreGrimrlGroffore,
petitfils
de Pierre Durand
, Seigneur
de Villegagnon, Capitaine
dans le Regiment de
Picardie, Gentilhomme ordinaire
de la Chambre du Roy,
lx. d'Elisabeth Courtin de la
Grange,&arriere-petit fils
deLucas Durand, Seigneur
deKonceaux & deVillagagnon
, Conseiller au grand
Conseil& President au Presidiatde
Provins en iJ74.puis
Mustre des Requestesordinaire
del'Hosteldu Royen
1585. & de Marie Bruflirc-
Sillery, tédic Loüis Durand
, fils de Philippes Dutand, Seigrteur
de Villegagnon
,
Avo.
cat au Parlement, puis-Lieu.
tenant général a Provins, d'où
cette familleest originaire.
Dame Henriette d'Harcourt,
femme de Mre Louis-
Marie Victoire de Bethune^
& le Comte Bethume )Mtfir,1
<lc Camp de Cavalerie,est decedéed
le 6,laissantdesenfana
- Elle estoit soeur de Mr le Maréchal
dHarcourc,& fille dé^
le Marquis de, Beu,. : seuMrleMarquis de Beuvron
,
Chevalier des Ordres
du Roy, & de Dame-Ang-elique
Fabert sa séconde femme;
Mr le Comte de Bethuneest
-
fils de seu Mr le Marquisde
Bethune,ChevalierdesOrdres
,..du Roy,& de Dame Louise
de la Grange d'Arquia;
soeur de la Reine de Pologne.
veuve du RoyJeanSobieski t
voyez/ pour la connoissance
}?tQf:. cesdeuxilluArcb Maisons,
l'Histoire de la Mailon de
Harcourt en quatre Volumes
infolio du lieur de la Roque;
& l'Histoire de la Maison de
Bethune en un Volume in folio,
parJe sieur André Duchesne,
voyez aussi l'Histoire
des grands Officiers de la Gouronne,
nouvelle édition.
Mre Charles du Tronchay
, Prestre, Chanoine de la Sainte
Chapelle, mourut le 7.Aoust.
Il estoit frere de Dame Marie-
Elisabeth du Tronchray semme
de François Mouster, Secrétaire
du Roy,& Resident
pourSaMajeité versles Galb
tons Suides, & fils deGuillaume
du Tronchay
,
Conseiller
au Parlement, & petit fils de
François du Tronchay; Seigneur
de Martigné, Secrétaire
du Roy, &grand Audiancier
de France, d'une famille
originaire d'Anjou, alliée à
celles de Compain
,
de le
Boulez, de Brehaultde l'Iflc>
de Huault
- Vaires,& à la Maison
de Pouget, de Nadaillac.
Mrc Antoine de laFontaine-,
Chevalier, Seigneur
de Villeprielle, Lieutenant de
Vaifliau, mourut le15. Ilétoit
d'une maison originaire
*
dé Picardie, distinguée par fort;'
ancienneté &,- par fésalliances jv
&quiadonné plusieurs Chevaliers
de l'Ordre de S. Jean.
de Jerusalem& dé Malthe,
entre-autres Pierre de la Fontaine,
grand Prieur en France
en1570&elle aassez de no-t
blesse sans emprunterune oui
gine étrangère en se faisant
descendre de lamaifbndeSo^j
sara en Piémont, avec laquelle^
certainement elle n'a lien dé
commun que les Armes.
MreJulesde Clerambaulr,
Abbé de S. Taurin d'EvreurJ
au
Chartrouve 1
Chartreuve , de l'Academic
Françoise, mourut le 17. Il
Reçoit fils de Philippes de Clerambault
Comte de Palluau,
Maréchal de France, Chevalier
des Ordres du Roy, Goucveorunreuurt
& Bailly du Berry, le 24 Juillet 1665.
& de Loüise-Françoise Bouthilier
deChavigny, feu Me
le Marquis de Clerambault,
Lieutenant General des Arces
duRoy,qui senoyaàla
bataille d'Hoctest en 1704.
étoit aussifils de ce Maréchal,
'.& par sa mort la Maison de
Clerambault, l'une des plus
ancienne de la Province c'Anjou,
est entièrement finie.
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Résumé : Morts de gens distinguez par leur naissance. [titre d'après la table]
Le texte relate le décès et les détails biographiques de plusieurs personnalités. Joachim Trotti de la Chetardie, Docteur en Théologie et Curé de Saint-Sulpice, est décédé le 29 juin à six heures et demie du soir. Il avait pris possession de cette cure le 13 février 1696 et avait été nommé à l'Évêché de Poitiers le 15 avril 1702, mais il n'avait pas accepté cette nomination. Il était le fils de Charles Trotti de la Chetardie, Écuyer, Seigneur du Bureau de la Chetardie et de Guyonnie, et de Charlotte de Nesmond. Il était également l'arrière-petit-fils de Joseph Trotti, Seigneur de la Cherardie, l'un des Cent Gentilshommes de la Maison du Roy, fait Chevalier de l'Ordre de Saint-Michel par Charles IX le 17 octobre 1568. Joachim Trotti de la Chetardie était cousin germain de Joachim Trotti de la Chetardie, Seigneur de Pavieres, Gouverneur de Brisac puis de Landrecies, Brigadier des Armées du Roy, Inspecteur général d'Infanterie, décédé le 14 juin 1705. Ce dernier avait eu un fils de son mariage avec Marie Claire-Colette de Berard de Villebreuil, actuellement femme de Ferdinand-Auguste de Solarre, Comte de Monastetolles, Envoyé Extraordinaire de Monseigneur l'Électeur de Bavière en France et Lieutenant général de ses Armées. Joachim Trotti de la Chetardie s'était démis de sa cure peu de jours avant sa mort, la transmettant au Cardinal d'Estrées, qui nomma Jean-Baptiste-Joseph Languet de Gergy comme nouveau Curé de Saint-Sulpice. Ce dernier prit possession de la cure le 21 juin. Le texte mentionne également plusieurs autres décès, notamment ceux de Dame Marie Mollet, M. Gabriel d'Orléans de Rothelin, M. Léon de Font le Bon, Dame Anne de Masparault, et M. Antoine de la Fontaine.
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39
p. 1-4
ODE Tirée du Cantique de Moïse, Cantemus Domino gloriosè, &c. Exod. ch. xv.
Début :
Du Seigneur, la toute-Puissance, [...]
Mots clefs :
Dieu, Seigneur, Israël
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE Tirée du Cantique de Moïse, Cantemus Domino gloriosè, &c. Exod. ch. xv.
ODE
Tirée da Cantique de Moïse , Cantemuf
Domino gloritsì > &e. Exod. ch. xv.
U Seigneur, la toute- Puissance,-
Se signale.cn notre faveur -, ;>
Marquons notre reconnoiflancejr
Par un Cantique en son honneur.
Publions qu'un Etre supiême
Vient de nous montrer qu'il nous aime,
Puiiqu'il s'«st dsclaié pour nous i
Et
/' MERCURE DE FRANCÉ
Ét que fans fa main secouràble ,
îïous aurions , d'un Roi redoutable ,
Eprouvé l'injuste courroux.
0
Oiii > ce Dieu pbur nous s'interessev
O comble de félicité /
Qu'Israël s'occupe fans cesse,
louer son immensité.
Tandis qu'il nous traite en bon Pere y
Ii punit en Juge fevere ,
Les Egyptiens orgueilleux ;
Pour nous garantir de leur rage ,
ta Mer nous présente un passage S
Qui devient un gouffre pour eux;-
8
Hé quoi? ces Troupes animées ,
Par la fureur d'un Ros cruel,
Walgré le grand Dieu des Aimées ,
Veillent- elles vaincre Israël l
Trop obstiner à nous poursuivre
Infeníèz , voyez où vous livre
tJne folle présomption ;
Ea ghts terrible dés tempêtes
Est prête à fondre fur vos têtes»
Four venger notre oppression,-
.-Comme s'ils n'avoient rien à craindre;
JANVIER. 1730. 3
Ces Idolâtres inhumains
Comptent déja de nous atteindre ,
Et le fer brille dans leurs mains
Mais aux ordres de Dieu soumise »
Cette Mer qui nous favorise,
Nous voyant sortis de ses flancs ,
Cesse de contraindre son Onde »
Se resserre & soudain inonde ,
Tous ces superbes Combattansias
Subis le châtiment terrible,*
Qu'ont mérité tes attentats ,
Roi qui te croyois invincible»
Par le nombre de tes Soldats.
Seigneur , tu rends par leur défakey
Notre vengeance plus parfaite ,
Et ton triomphe plus complet ;
Gette Troupe tantôt si fiere ,
Est , comme une paille legere »
Des flots l'inutile jouet.
&
Hommes puissans, Rois formidables1 3<
Parlez : qui font ceux d'entre vous »
Qui peuvent être comparables-,
A ce Dieu qui veille fur nous ?
Qu'est-ce qui pourroit dans ce monde s
Ouvrage de fa main féconoe <
Egal©?
•+ MERCURE DE FRANCE*
Égaler soh autorité ?
Unique source des miracles .
Jamais il ne trouve d'obstacles ,
A se suprême volonté.
g
Israël , qui pourra te nuire,
Avec un si puissant appui ì
Puisque-ton Dieu veut te conduire,;
Tu peux tout attendre de lui.
Dans une agréable contrée ,
Qu'il s'est lui-même préparée»
II te destine de beaux jours ï
Tes armes seront triomphantes *
Et cent Nations différentes ,
N'en arrêteront point le cours.
m
Dans cette charman te demeure *
Allez , ô Peuple trop heureux ?
Ec que le Seigneur à toute heure >
Y soit l'objec de tous vos voeux*
Tant que vous lui ferez fidèle ,
II couronnera votre zeíc »
Par quelque nouvelle bonté.
Tout autre Règne est périssables
Mais le sien à jamais durable »
Est fondé fur l' Eternité.
Tirée da Cantique de Moïse , Cantemuf
Domino gloritsì > &e. Exod. ch. xv.
U Seigneur, la toute- Puissance,-
Se signale.cn notre faveur -, ;>
Marquons notre reconnoiflancejr
Par un Cantique en son honneur.
Publions qu'un Etre supiême
Vient de nous montrer qu'il nous aime,
Puiiqu'il s'«st dsclaié pour nous i
Et
/' MERCURE DE FRANCÉ
Ét que fans fa main secouràble ,
îïous aurions , d'un Roi redoutable ,
Eprouvé l'injuste courroux.
0
Oiii > ce Dieu pbur nous s'interessev
O comble de félicité /
Qu'Israël s'occupe fans cesse,
louer son immensité.
Tandis qu'il nous traite en bon Pere y
Ii punit en Juge fevere ,
Les Egyptiens orgueilleux ;
Pour nous garantir de leur rage ,
ta Mer nous présente un passage S
Qui devient un gouffre pour eux;-
8
Hé quoi? ces Troupes animées ,
Par la fureur d'un Ros cruel,
Walgré le grand Dieu des Aimées ,
Veillent- elles vaincre Israël l
Trop obstiner à nous poursuivre
Infeníèz , voyez où vous livre
tJne folle présomption ;
Ea ghts terrible dés tempêtes
Est prête à fondre fur vos têtes»
Four venger notre oppression,-
.-Comme s'ils n'avoient rien à craindre;
JANVIER. 1730. 3
Ces Idolâtres inhumains
Comptent déja de nous atteindre ,
Et le fer brille dans leurs mains
Mais aux ordres de Dieu soumise »
Cette Mer qui nous favorise,
Nous voyant sortis de ses flancs ,
Cesse de contraindre son Onde »
Se resserre & soudain inonde ,
Tous ces superbes Combattansias
Subis le châtiment terrible,*
Qu'ont mérité tes attentats ,
Roi qui te croyois invincible»
Par le nombre de tes Soldats.
Seigneur , tu rends par leur défakey
Notre vengeance plus parfaite ,
Et ton triomphe plus complet ;
Gette Troupe tantôt si fiere ,
Est , comme une paille legere »
Des flots l'inutile jouet.
&
Hommes puissans, Rois formidables1 3<
Parlez : qui font ceux d'entre vous »
Qui peuvent être comparables-,
A ce Dieu qui veille fur nous ?
Qu'est-ce qui pourroit dans ce monde s
Ouvrage de fa main féconoe <
Egal©?
•+ MERCURE DE FRANCE*
Égaler soh autorité ?
Unique source des miracles .
Jamais il ne trouve d'obstacles ,
A se suprême volonté.
g
Israël , qui pourra te nuire,
Avec un si puissant appui ì
Puisque-ton Dieu veut te conduire,;
Tu peux tout attendre de lui.
Dans une agréable contrée ,
Qu'il s'est lui-même préparée»
II te destine de beaux jours ï
Tes armes seront triomphantes *
Et cent Nations différentes ,
N'en arrêteront point le cours.
m
Dans cette charman te demeure *
Allez , ô Peuple trop heureux ?
Ec que le Seigneur à toute heure >
Y soit l'objec de tous vos voeux*
Tant que vous lui ferez fidèle ,
II couronnera votre zeíc »
Par quelque nouvelle bonté.
Tout autre Règne est périssables
Mais le sien à jamais durable »
Est fondé fur l' Eternité.
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Résumé : ODE Tirée du Cantique de Moïse, Cantemus Domino gloriosè, &c. Exod. ch. xv.
Le texte est un cantique de Moïse, publié dans le 'Mercure de France' de janvier 1730, qui célèbre la puissance et la protection divine. Il commence par une reconnaissance de la faveur divine et appelle à louer Dieu pour son amour et son intervention en faveur d'Israël. Le cantique rappelle comment Dieu a sauvé Israël de la colère d'un roi redoutable en ouvrant la mer, permettant ainsi au peuple de passer, tandis que la mer se refermait sur les Égyptiens. Ces derniers, malgré leur fureur et leur présomption, furent vaincus par les tempêtes envoyées par Dieu. La mer, soumise aux ordres divins, submergea les Égyptiens, les punissant pour leurs attentats. Le texte souligne la supériorité de Dieu sur les puissants et les rois, affirmant qu'aucun obstacle ne peut arrêter sa volonté. Israël, sous la protection divine, est promis à une victoire certaine et à une vie prospère dans une contrée préparée par Dieu. Le peuple est invité à rester fidèle à Dieu, qui couronnera leur zèle par de nouvelles bontés. Contrairement aux autres royaumes périssables, le règne de Dieu est éternel et durable.
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40
p. 182-188
MORTS, NAISSANCES & Mariages.
Début :
Jean François le Bouste, Lieutenant de Roy au Gouvernement de Languedoc, [...]
Mots clefs :
Lieutenant, Chevalier, Seigneur, Marquis, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES & Mariages.
MORTS, NAISSANCES
& Jlíariages.
JEan François le Bouste , Lieutenant de
Roy au Gouvernement de Languedoc,
Département du haut Vivarez & Velay ,
mourut à Paris le 23. Décembre 1729.
âgé de j8. ans.
Jean François de Quinson , Seigneur
de Le.yman> &c. Chevalier de S. Louis ,
Lieutenant
7 A N V I E R. 1710. r«j
IF
Lieutenant Culoncl du Régiment de Ca«
Valérie de Villequier , mourut le 19 Dé
cembre dernier , âgé d'environ soixante
ôc douze ans.
M. Alexandre de GauJechart , Comte
d'EflVille , Lieutenant General des Ar
mées du Roy , Grand Croix de l'Ordre
•Royal & militaire de S. Louis , Gouver
neur du Fort de Barault , & ci-devant pre«
mier Lieutenant de la première Com
pagnie des Gardes du Corps de S. M.
mourut à Paris le premier Janvier , âgé
d'environ 7 j ans.
Il étoit Frère de M. Adolphe de Gau-
• dechart , Marquis de Bachiviliers , auflî
Lieutenant General des Armées du Roy 8c
^Gouverneur du Fort de Barault , mort en
17 17. & de Frère Nicolas de Gaudcchart
de Bachiviliers .Commandeur de Soissons
$c de Santeni , & Trésorier de l'Ordre de
Malte en 171 o. mort en 17x 0.
Le Comte d'EíTville est le dernier de la
branche aînée de la Maison de Gaudechart
, il ne reste plus que celle des Sei
gneurs de Mattancourt , & celle des Mar
quis de Guerieu. Cette Maison , l'une
des plus anciennes 8c des plus qualifiées
du Beauvoisis , prouve au-delà de seize
quartiers paternels & maternels des meil
leures Maisons du Royaume; elle a eu des
I ij Chc
184 MERCURE DE FRANCE.
Chevaliers de Rhodes, 8c ensuite plusieurs
de Malte .• elle est alliée aux Maisons de
Mornay , de Vignacourt , d'Hangest , de
Bousiers , d'Arquinviljers , de Vyonj d'Espinay
, de Mailly , de Clermont Toury $ç
jde plusieurs autres des plus illustres.
Jean de Begerede,Seigneur deGuairorte,
&c. Chevalier de S. Louis , Mestre dp
Camp d'Infanterie , premier Lieutenant
des Gardes Françoises , & Lieutenant des
Grenadiers , homme de valeur & trèsbon
Officier , mourut à Paris le z. âgé
de soixante & dix ans.
Charles de Bedé des Fougerais , Capi- m
taine au Régiment des Gardes Françoises ,
mourut le 5. âgé de cinquante ans. Sa
Compagnie a été donnée par le Roy à
M. Charpentier ; lc plus ancien Lieute
nant du même Régiment.
M. Lpuis Joseph de Çhâteauneuf de
Rochebonne , Evêque de Carcassonne a
.mourut dans son Diocèse le Janvier.
Marguerite Fraguier > veuve de Adam
Antoine Chassepot de Beaumont, Prési
dent à la Cour des Aides , mourut le 1 o .
âgée de 77. ans.
Gaspard Brayer , Conseiller en la
Grand'Charnbre , & Doyen du Parle
ment , mourut le onze , âgé de quatreyingt
fa ans.
Elisabeth
' J AN VI ER. 1730: t6Ç
Elisabeth Rouillé , véuve de Henry
de Lambert, Seigneur d'Herbigny , Maî
tre des Requêtes honoraire , mourut le
même jour dans la quatre- vingt-dix-sep-'
tie'me année de son âge.
Marie Anne le Camus , Veuve de René*
Bazin, Marquis de Flamanville, Lieu
tenant General des Arme'es du Ròy , mou
lut le 1 2. âge'e de 60. ans.
M. Claude Antoine , Chevalier, Doc
teur en Droit , Chanoine de l'Eglise deí
Paris , Syndic du Clergé de ce Diocèse ,
mourut le 3 r. Janvier, âgé de soixante
Sc quinze ans.
M. Louis le Peletier , Chevalier , Sei
gneur de Eeaupré, Sec. Conseiller du Roi
en tous ses Conseils, ci-devant Premier
Président du Parlement , mourut à Paris
le même jour dans la 69e année de son
âge. Au mois d'Avril 1707. le Roy
Pavoit nommé Premier Président du Par
lement , & il a exercé cette Charge jus
qu'au mois de Janvier I712. qu'il sup
plia Sa Majesté de vouloir bien accepter
sa démission.
Le 6. Janvier , fut ondoyé N. fils de
M- Jacques Bernard , Chevalier , Con
seiller du Roy en ses Conseils , Maître des
Requêtes ordinaire de son Hôtel , sur-In
tendant des Domaines, Maison 8c Finan-
I iij ces
Yef MERCURE DE FRANCE.-
ces de la Reine , Grand-Groix , Grand-
Prevôt 8c Maître des Cérémonies de l'Ordre
Royal & Militaire de S. Louis, Lieu
tenant des Chasses des Plaisirs de S. M.
Seigrieupde Groíbois-le-Roy , du Sancy , ,
Boissry.S, Leger , &íc. S< de Dame Louise.
Olive Frortierde la Corte.
Le 9. on batiû à S. Eustache nneNc-"
gresse.de Nation , dite Julie , âgée de 1 4.
ans, &c ne'e dans l'Iíle de Madagascar.
Elle fut presente'e par D. Marie MadelainC-"
Delvenequier, Epouse deM. Denis Brousse^,
Lieutenant de Roy de l'Iíìê de France ; &C
Bomivée Marie Françoise Charlotte par-
M. Charles-de GoufHer^ Prêcre, Chanoine
de l'Eglisede Paris, , & par D,le Jaqueliner
Françoise cre Bourdin.fille de Pierre Aimé,
Comte de Bourdin , ses Parrain & Mi
taine.
D. Julie Sophie de Rochechouart de
Jars, Epouse de M.Bertrand, Vicomte
de Rochechouart , &c. accoucha le 1 o,.-
d'une fille qui fur tenue sur les Fonts , Sç
nommée Louise Alexandrine Julie , par
Alexandre de Rochechouart, Marquis de
Jars, & par D Marie Anne d'Espinay de
S. Luc , Epouse de François Marquis de
Rochechouart , &c.
Le Jacques Nòmpar de
Caumont, Marquis de la Force, fils d'Ar
mand
JANVIER. 1730. 1Î7
lîiatìd Nompar de Caumont , Duc de la
Force,, Pair de France , Marquis de Cau
mont , &c. & de Damé Anne Elisabeth
de Gruel-la-Frette,Damedes Fossés Mar
tel ,* &c. épousa Dllc Marie Louise de
Noailles, fille de Adrien Marie , Duc de
Noailles , Pair de France , Grand d'Es
pagne , Chevalier des Ordres du Roy ÔC
de la Toison d'Or , premier Capitaine
des Gardes du Corps- du- Roi , Lieute
nant General de ses Armées , Gouver
neur & Capitaine General de Roustìllon
& de Perpignan', Gouverneur de S. Ger
main en Laye , ci-devant Président du
Conseil de Finance > & Conseiller au
Conseil dè Régence , & de Dame Fran
çoise-Charlotte- Amable Daubigné ; le
mariage a été célébré à l'Hôtel de
îîoailles.
M.' Anne César Déparis la Brosse ,
Chevalier Marquis de Pomceaux , sous-
Montrèuil , Seigneur de Campremy &c.
Conseiller au Parlement , reçu en sur
vivance eh là Charge de Président en 1»
Chambre des Comptes , veuf de Dame
Marguerite- Elisabeth Trudaine , fils de
M. Anne-François Deparis , Chevalier
Seigneur de la Brosse , Président en la
Chambre des Comptes , & de fëuë Da
me Thérèse- Angélique Collin , épousa
le Si Janvier D "e Anne-Elisabeth Brayer,
I iiij fille
iSS MERCURE DE FRANCE,
fille de M. Gaspard Bráyer , Conseilles
du Roi en la Grand'Chambre , Doyea.
du Parlement , & de Dame Marie-Eli
sabeth de Chenevieres,
& Jlíariages.
JEan François le Bouste , Lieutenant de
Roy au Gouvernement de Languedoc,
Département du haut Vivarez & Velay ,
mourut à Paris le 23. Décembre 1729.
âgé de j8. ans.
Jean François de Quinson , Seigneur
de Le.yman> &c. Chevalier de S. Louis ,
Lieutenant
7 A N V I E R. 1710. r«j
IF
Lieutenant Culoncl du Régiment de Ca«
Valérie de Villequier , mourut le 19 Dé
cembre dernier , âgé d'environ soixante
ôc douze ans.
M. Alexandre de GauJechart , Comte
d'EflVille , Lieutenant General des Ar
mées du Roy , Grand Croix de l'Ordre
•Royal & militaire de S. Louis , Gouver
neur du Fort de Barault , & ci-devant pre«
mier Lieutenant de la première Com
pagnie des Gardes du Corps de S. M.
mourut à Paris le premier Janvier , âgé
d'environ 7 j ans.
Il étoit Frère de M. Adolphe de Gau-
• dechart , Marquis de Bachiviliers , auflî
Lieutenant General des Armées du Roy 8c
^Gouverneur du Fort de Barault , mort en
17 17. & de Frère Nicolas de Gaudcchart
de Bachiviliers .Commandeur de Soissons
$c de Santeni , & Trésorier de l'Ordre de
Malte en 171 o. mort en 17x 0.
Le Comte d'EíTville est le dernier de la
branche aînée de la Maison de Gaudechart
, il ne reste plus que celle des Sei
gneurs de Mattancourt , & celle des Mar
quis de Guerieu. Cette Maison , l'une
des plus anciennes 8c des plus qualifiées
du Beauvoisis , prouve au-delà de seize
quartiers paternels & maternels des meil
leures Maisons du Royaume; elle a eu des
I ij Chc
184 MERCURE DE FRANCE.
Chevaliers de Rhodes, 8c ensuite plusieurs
de Malte .• elle est alliée aux Maisons de
Mornay , de Vignacourt , d'Hangest , de
Bousiers , d'Arquinviljers , de Vyonj d'Espinay
, de Mailly , de Clermont Toury $ç
jde plusieurs autres des plus illustres.
Jean de Begerede,Seigneur deGuairorte,
&c. Chevalier de S. Louis , Mestre dp
Camp d'Infanterie , premier Lieutenant
des Gardes Françoises , & Lieutenant des
Grenadiers , homme de valeur & trèsbon
Officier , mourut à Paris le z. âgé
de soixante & dix ans.
Charles de Bedé des Fougerais , Capi- m
taine au Régiment des Gardes Françoises ,
mourut le 5. âgé de cinquante ans. Sa
Compagnie a été donnée par le Roy à
M. Charpentier ; lc plus ancien Lieute
nant du même Régiment.
M. Lpuis Joseph de Çhâteauneuf de
Rochebonne , Evêque de Carcassonne a
.mourut dans son Diocèse le Janvier.
Marguerite Fraguier > veuve de Adam
Antoine Chassepot de Beaumont, Prési
dent à la Cour des Aides , mourut le 1 o .
âgée de 77. ans.
Gaspard Brayer , Conseiller en la
Grand'Charnbre , & Doyen du Parle
ment , mourut le onze , âgé de quatreyingt
fa ans.
Elisabeth
' J AN VI ER. 1730: t6Ç
Elisabeth Rouillé , véuve de Henry
de Lambert, Seigneur d'Herbigny , Maî
tre des Requêtes honoraire , mourut le
même jour dans la quatre- vingt-dix-sep-'
tie'me année de son âge.
Marie Anne le Camus , Veuve de René*
Bazin, Marquis de Flamanville, Lieu
tenant General des Arme'es du Ròy , mou
lut le 1 2. âge'e de 60. ans.
M. Claude Antoine , Chevalier, Doc
teur en Droit , Chanoine de l'Eglise deí
Paris , Syndic du Clergé de ce Diocèse ,
mourut le 3 r. Janvier, âgé de soixante
Sc quinze ans.
M. Louis le Peletier , Chevalier , Sei
gneur de Eeaupré, Sec. Conseiller du Roi
en tous ses Conseils, ci-devant Premier
Président du Parlement , mourut à Paris
le même jour dans la 69e année de son
âge. Au mois d'Avril 1707. le Roy
Pavoit nommé Premier Président du Par
lement , & il a exercé cette Charge jus
qu'au mois de Janvier I712. qu'il sup
plia Sa Majesté de vouloir bien accepter
sa démission.
Le 6. Janvier , fut ondoyé N. fils de
M- Jacques Bernard , Chevalier , Con
seiller du Roy en ses Conseils , Maître des
Requêtes ordinaire de son Hôtel , sur-In
tendant des Domaines, Maison 8c Finan-
I iij ces
Yef MERCURE DE FRANCE.-
ces de la Reine , Grand-Groix , Grand-
Prevôt 8c Maître des Cérémonies de l'Ordre
Royal & Militaire de S. Louis, Lieu
tenant des Chasses des Plaisirs de S. M.
Seigrieupde Groíbois-le-Roy , du Sancy , ,
Boissry.S, Leger , &íc. S< de Dame Louise.
Olive Frortierde la Corte.
Le 9. on batiû à S. Eustache nneNc-"
gresse.de Nation , dite Julie , âgée de 1 4.
ans, &c ne'e dans l'Iíle de Madagascar.
Elle fut presente'e par D. Marie MadelainC-"
Delvenequier, Epouse deM. Denis Brousse^,
Lieutenant de Roy de l'Iíìê de France ; &C
Bomivée Marie Françoise Charlotte par-
M. Charles-de GoufHer^ Prêcre, Chanoine
de l'Eglisede Paris, , & par D,le Jaqueliner
Françoise cre Bourdin.fille de Pierre Aimé,
Comte de Bourdin , ses Parrain & Mi
taine.
D. Julie Sophie de Rochechouart de
Jars, Epouse de M.Bertrand, Vicomte
de Rochechouart , &c. accoucha le 1 o,.-
d'une fille qui fur tenue sur les Fonts , Sç
nommée Louise Alexandrine Julie , par
Alexandre de Rochechouart, Marquis de
Jars, & par D Marie Anne d'Espinay de
S. Luc , Epouse de François Marquis de
Rochechouart , &c.
Le Jacques Nòmpar de
Caumont, Marquis de la Force, fils d'Ar
mand
JANVIER. 1730. 1Î7
lîiatìd Nompar de Caumont , Duc de la
Force,, Pair de France , Marquis de Cau
mont , &c. & de Damé Anne Elisabeth
de Gruel-la-Frette,Damedes Fossés Mar
tel ,* &c. épousa Dllc Marie Louise de
Noailles, fille de Adrien Marie , Duc de
Noailles , Pair de France , Grand d'Es
pagne , Chevalier des Ordres du Roy ÔC
de la Toison d'Or , premier Capitaine
des Gardes du Corps- du- Roi , Lieute
nant General de ses Armées , Gouver
neur & Capitaine General de Roustìllon
& de Perpignan', Gouverneur de S. Ger
main en Laye , ci-devant Président du
Conseil de Finance > & Conseiller au
Conseil dè Régence , & de Dame Fran
çoise-Charlotte- Amable Daubigné ; le
mariage a été célébré à l'Hôtel de
îîoailles.
M.' Anne César Déparis la Brosse ,
Chevalier Marquis de Pomceaux , sous-
Montrèuil , Seigneur de Campremy &c.
Conseiller au Parlement , reçu en sur
vivance eh là Charge de Président en 1»
Chambre des Comptes , veuf de Dame
Marguerite- Elisabeth Trudaine , fils de
M. Anne-François Deparis , Chevalier
Seigneur de la Brosse , Président en la
Chambre des Comptes , & de fëuë Da
me Thérèse- Angélique Collin , épousa
le Si Janvier D "e Anne-Elisabeth Brayer,
I iiij fille
iSS MERCURE DE FRANCE,
fille de M. Gaspard Bráyer , Conseilles
du Roi en la Grand'Chambre , Doyea.
du Parlement , & de Dame Marie-Eli
sabeth de Chenevieres,
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Résumé : MORTS, NAISSANCES & Mariages.
Le document recense divers événements survenus en 1729 et au début de l'année 1730, incluant des décès, naissances et mariages. Parmi les décès notables, Jean François le Bouste, Lieutenant de Roy au Gouvernement de Languedoc, est décédé à Paris le 23 décembre 1729 à l'âge de 38 ans. Valérie de Villequier, Lieutenant Colonel du Régiment de Cavalerie, est mort le 19 décembre à environ 62 ans. Alexandre de Gaudéchart, Comte d'Étiville, Lieutenant Général des Armées du Roy et Grand Croix de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis, est décédé à Paris le 1er janvier 1730 à environ 71 ans. Il était le dernier de la branche aînée de la Maison de Gaudéchart, une des plus anciennes et qualifiées du Beauvoisis. D'autres personnalités décédées incluent Jean de Bégerède, Seigneur de Guairorte et Chevalier de Saint-Louis, mort à Paris à 70 ans, et Charles de Béde des Fougerais, Capitaine au Régiment des Gardes Françaises, mort à 50 ans. Marguerite Fraguier, veuve de Adam Antoine Chassepot de Beaumont, Président à la Cour des Aides, est décédée à 77 ans. Gaspard Brayer, Conseiller en la Grand'Chambre et Doyen du Parlement, est mort à 85 ans. Élisabeth Rouillé, veuve de Henry de Lambert, Seigneur d'Herbigny, est décédée à 90 ans. Marie Anne le Camus, veuve de René Bazin, Marquis de Flamanville, est morte à 60 ans. Claude Antoine, Chevalier et Docteur en Droit, est décédé à 65 ans. Louis Le Peletier, Chevalier et Seigneur de Beaupré, ancien Premier Président du Parlement, est mort à 69 ans. Parmi les naissances, un fils de Jacques Bernard, Chevalier et Conseiller du Roy, a été ondoyé le 6 janvier. Le 9 janvier, une jeune fille nommée Julie, âgée de 14 ans et née à Madagascar, a été baptisée à Saint-Eustache. Julie Sophie de Rochechouart de Jars a accouché d'une fille nommée Louise Alexandrine Julie le 10 janvier. En ce qui concerne les mariages, Jacques Nompar de Caumont, Marquis de la Force, a épousé Marie Louise de Noailles, fille d'Adrien Marie, Duc de Noailles. Anne César Déparis, Chevalier Marquis de Pomponne, a épousé Anne-Élisabeth Brayer, fille de Gaspard Brayer, Conseiller du Roi en la Grand'Chambre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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41
p. 416-423
MORTS, NAISSANCES & Mariages.
Début :
N ... l'Heritier, Ecuyer, mourut à Paris le 17. Janvier. Il étoit fils de N. l'Heritier, [...]
Mots clefs :
Roi, Veuve, Seigneur, Chevalier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES & Mariages.
MORTS, NAISSANCES
IN ... PHeriiier, Ecuyer, mourut à Parij
ìe 17. Janvier. Il étoit fils de N. Ì' Héritier,
Historiographe du Roi, lequel a beaucoup tr»T
vaillé fur notre Histoire , & frère de Mlu rHéritier,
dont, les talens &»les Ouvrages font
SÍlez connus. II étoit orni de toutes les vertu?
qui forment l'honnête homme; sçachant beau
coup & ne faisant point parade de son sçavoir.
Les Mathématiques faifoient son étude favo+
rite, mais il ne laiíîbit pas de cultiver les Mu.*
ses , & il réiislìssoit en Poésie , par un talens
qui est comme héréditaire dans fa famille-
Le if. du même mois , Darne Marie- Claire
d'Estaing , veuve du Marquis de Montboistìer .
mourut en son Château de Clas en Auvergne,
âgée de 70. ans.
■ Dame Anne-Louise de Bragelorgne , veuve
de M. Pierre Gruyn , Chevalier , Seigneur de
Valgiand, Lacelle, &c. décéda le 30. Janvkir
âgée de S r, ans.
Jacques- Michel Baudry, Procureur Gène-*
r-al de la Chambre des Comptes de Blois , mou
rut à Blois le premier Février, âgé de So ans- II
laisse plusieurs enfans , dont l'aîné est pourvû
de la même Charge de son pei e.
Le i. François Gueret , Président de la
Chambre des Comptes de Blois, mourut , âgé
S r. ans , universellement regretté. C'est à ses
travaux que la Chambre des Comptes de Blois
•est redevable de son établissemen: à l'instar de
& Mariages,
Dainç
£É V R I E R. i7?Q. 4tr
Came Geneviève de Seve , veuve d'Antoine
Genou, Chevalier, Seigneur deGuibcrville
, Conseiller au Grand Conseil , mourut le;
t. du même mois , âgé de yt- ans environ.
Henry Fages, Abbé de la Cour- Dieu, Or
dre de Cîteaux , Diocèse d'Orléans , cy-devane
Controlleur des Finances de feuë son Alteffç
Royale M. le Duc d'Orléans , mourut à Mont
pellier le iï de ce mois , âgé de 89. ans.
Le même jour, François Hector de la Tour
Montauban , Comte de la Chaux . Maréchal
des Camps & Armées- du Roi, Chevalier d»
S. Louis, Gentilhomme de la Chambre du Duc
d'Orléans , premier Prince du Sang', mourut ,;
âgé d'environ r f. ans.
Adélaïde- Loùise de Damas de Thianges,-
yeuve de Louis Conti Sforce , Duc de Segny ,
k d'Onano , Comte de Sainte- Fleur , Chevavalier
des Ordres du Roi , mort le 7. Mari
, i6ír. mourut le 5. âgée de 76- ans. fille
étoic Dame d'Honneur de S. A. R. Madame
h Duchesse d'Orléans.
Le 4. Dame Catherine Guyot , veuve de
M. Joseph Dorât .Chevalier , Seigneur de la,
Barre, mourut, âgée de 6j ans.
.' Philippe de S. Martin de Boslàye , Cheva-
. lier de l'Ordre de S. Louis , Brigadier des Ar
mées du Roi , & Lieutenant Colonel du Régi-'
ment de Yivarets , mourut le de ce mois ,
âgé d'environ 8co ans.
Jacques- François de Johanne de la Carre .
fcíarquisde Saumery .Gouverneur des Iflesde
sainte Marguerite 6í de S. Honorât , Capitaîne-
Goaverneur des Château & Chasses deChambord.&
Grand Bailiy de Biois, mourut àChambord
le 8.de ce mois, d ans fa - année.Il avoiç
fcr ri fous M. de Ttirenne , &étoic Mestre -de:
Camp
4i 8 MERCURE DE FRANCE.
Camp de.Cavalerie au Combat d'Àltenhe
^premier Áoût ií7j-)ily eutl'épaulc & la cuisse
çassée, ce qui l'ayant empêché de pouvoir con
tinues de servir à la guerre ; le feu ,Roi , de
glorieuse mémoire, qui connoislot son mérite, í
ifL sagesse , son désintéressement & ses autres
qualicez personnelles,, le choisit en i688.pour
être Sous- Gouverneur des Enfans de Francç,
attaché à la personne de M. le Duc de Bou
logne. S. ML fut si contente de la manière
dont il se comporta dans cette Charge im
portante., qu'elle lui donna une nouvelle mar
que de ion estime & de la satisfaction qu'elle
5 voit de ses services, en 1c nommant dans son
Codicile , Sous-Gouverneur du Roy , heureu
sement régnant. II a soutenu dans ce glorieux
emploi la réputation qu'il s'étojt déja acquise , ;j
6 il vient de terminer fa vie exempte de tout
icproche , par une mort également chrétienne,
II avoit épousé par contrat du n. Novem
bre i6i6. Marguerite-Charlotte de Montlezun
de Besmaus, fille de François de Montlezun,
Chevalier , Seigneur de Besinaus , Piffons ,
Pommeufc , Lumigny , &c. Gouverneur pour
le Roi du Château de la Bastille. De ce Ma
riage font sortis, Jean-Baptiste, Marquis de
Saumery, Seigneur <4e la Boussaye , Maréchal
des Camps & Armées de S. M. cy - devant j
Çous- Gouverneur de S. M. Cornette desChe- il
yaux Legers de la Garde, Envoyé Extraordi- •
uaire du Roi près du feu Electeur de Bavière,
mort le r. May 171c âgé de 48. ans, laúlànc
de son Mariage avec Matie-Magdelaine Bé
nigne de Luffé, deux filles en bas âge, dont
l'une est morte en 1719.
François- Jean-Baptiste, Marquis de Saunie
rs > Comte de ÇíumeroUes , Maréchal des
Camps ,
ÍSartìps & Armées de S. M. cy-devant Envoyé
ììxtraordi.naire à la Cour de 1 Electeur de Ba
vière , à présent Gouverneur des Isles Sainte
Marguerite & de S. Honorât , Capitaine- Gou
verneur des Château & Chaííes de Chamboid.
Jacques , Chevalier de S. Jean de Jérusalem,
Alexandre, Docteur en Théologie de la Fa
culté de Paris , Evêque de Ríeux , sacré le 17.
Mars 1710. Georges , Seigneur de Piffons , Co
lonel d'Infanterie.
Nous nvons déja parlé de la Maison de Jo*
hanne Saumery , dans le Mercure du mois de
May* 1716. pag. ioíS. & suivantes, à l'occafion
du décès du Marquis de Saumery , fils aîné de
celui dont nous annonçons ì présent la mort.
Frère Gabriel de Calonne de Courtebourne ,
Chevalier Profès de l'Ordre de Sè Jean de Jé
rusalem , Commandeur de 4a Commandefie
de Fontaines- sous-Mondidier , cy-devanc
Capitaine d'une des Galères du Roy & de*
Cardes de l'Etendart , mourut à Marseille le
S. de ce mois , dans ía 71' année de son âge.
il étoit frère de Louis-Jacques de Calonne ,
Marquis de Courtebourne , Lieutenant- Gene
ral des Armées du Roi . Directeur Gênerai de
la Cavalerie, Lieutenant pour S. M. au Pays
d'Artois , & Gouverneur de Hefdin, mort en
en 170s. & d'Anne de Calonne de Courtebour
ne > veuve de François le Tonnelier- Breteúil t
Marquis de Fontenay-Tresigny , Sire de Ville*
bert, Baron de Boitron, &c. Conseiller d'E*
tat Ordinaire, & Intendant des Finances.
Le Marquis de Courtebourne a laissé de "son
mariage avec Anne de Gérard, Jacques de
Calonne, Marquis de Courttbourne , Mesire
de Camp de Cavalerie, Capitaine-Lieutenant
des Gendarmes de U Reine, & Lieutenant peur
K S.
**b MERCURE DE FRANCE.
S. M. au Pays d'Artois , & Anne 4ç Calôntíè
de Courtebourne » veuve de François le Tontielier-
Breteùil , Marquis de Fontenay-Tresigny
, &c. Conseiller d'Etat Órdinaire i &c est
mere de François Victor le Tonnelier- BreteùiU
Marquis de Fontenay-Tresigny , Sire de Villebert,
Baron de Boitron, &c. Commandeur
des Ordres du Roi , Chancelier de la Reine*
cy- devant Secrétaire d'Etat, & de, Charles-
Louis Auguste le Tonnelier- Breteùil , Evêque
de Rennes , Abbé de Ghaulnes , Prieur de
Reiiil j Grand- Maître de la Chapelle de S. M.
L' ancienneté de la Maison de Calonne Cour
tebourne est si connue, qu'il a paru inutile
d'entrer dans le détail de la Généalogie de
cette Maison.
Charles- Jean- Louis de Faucon , Marquis
de Ris , Maître de la Garderobe de feu son
Altesse Royale, Monsieur, Frère unique du
du Roi Louis XIV. mourut en cette Yille le
S. âgé de sS.ans-.
Dame Catherine de Lossanges de Bedver i
Abbesse de l' Abbaye de Rieunette > Ordre de
Cîteaux» Diocèse de Carcaflonne.y mou
lut le 9. de ce mois , âgée de 6;. ans.
Le io- de ce mois , M. Jean Denis » Che>
valier , Seigneur d'Origni , premier Ecuyer de
S. A. S. Madame-la Princesse de Conti , troi
sième Douairière , mourut âgé de 90. ans , ou
«nviron.
Le 1 r. Gabriel de la Porte , Doyen du Par
lement, mourut en la 81. année de son âge.
Pierre Thomas Barthélemy le Boulanger ,
Seigneur de Boisfremont, Maître ordinaire en
la Chambre des Comptes de Normandie,mourut
le 13. âgé de 44. ans.
Jean Marie Rangoni, Chevalier» Marquis
de
• jH? V R I E R. i7?o. 41^
fJff^Rangoni > & de Ramparto , Seigneur de
Stufione &é de Cailelvetro , Comte de Leviz-,
zano & de Guinta , Envoíé Extraordinaire de
, S, A. S. le Duc de Modene auprès de S. M,
T. C. & son Plénipotentiaire au Congrès de
Soiíibns , mourut le ir. Février âgé de ^7.
ans.
M. Charles Louis Lailemand, Comte de
Levignan , deceda le 18. Février âgé de 73. ans
un mois î,f. jours.
Le 13. Dame Anne Marie Magdelaine de
Beringhen , Abbesse du Pré, Ordre de saint
Benoist, Diocèse du Mans , y mourut dans 1»
47. année de ion âge.
La huit du 17.' au 18 , mourut à Paris Jo
seph François Ancezune , Duc deCaderousse,
âgé de Sf. ans.
Le nommé Nicolas Prezau > natif de Troyes
en Champagne > est mort depuis peu à Paris ,
fur la Paroisse S. Roch , âgé de 109. ans. Oa
assure qu'il étoit Soldat dans le Régiment des
Gardes Françoises , lors de la naissance du feH
Roi, & qui fut du nombre de ceux qui allè
rent au Louvre , à ce sujet, faire une décharge
sous les fenestres de l'Appartenaenr, de Louis.
XIII. »
Le 19. Janvier D. Jeanne Catherine Coustard,
Epouse de M. Basile-Claude Henry Anjorrant
, Chevalier , Conseiller au Parlement,
accoucha d'une fille qui fut tenue sur les fonts
par M. Guillaume Julien Le Douhre > \?on-
. seillcr du Roi , Maître ordinaire en fa Cham
bre des Comptes , & Doien de cette Cham
bre > & par Dame Geneviève LeMayre , veuve
de M. Claude Dubois , Chevalier. Seigneur
de Courceriers »Deíbordeaux , &c.
K ij Dame
4% i M ERCURE DE VK^Kë^J
Dame Marie- Anne de Matignon , Epoufë'Mp
Heriíy-Fiançois , Marquis de Grave , Barons
de Lattés , &c» Mestre de Camp de Cavalerie , V
accoucha le 31. Janvier d'une fille , qui suc ]
tenue fur les fonts ,& nommée M.arie-Anne-
Eleonor, par Jacques-François-Leonor Gri»
maldi , Duc de V&lentinois & d'Etouteville ,
Pair de France , Sire de Matignon , Comte de
Torigny» 8fC Lieutenant General de la Pro
vince de Normandie, &c. & par Daine Anne-
Elisabeth Gruel de la frette, Epouse d'Ar
mand Monpar deC*umont , Duc de la Force»
Pair de France, &c.
Le Comte du Rumain , de la Province de
Bretagne , Guidon de Gendarmerie & ,Weilre
de Camp de Cavalerie » a épousé > le mois de
Janvier dernier , D. N. ... de Mslnouë , fille
de N de Malnòuë ,& veuve d'unPrest»
dent du Parlement de Bretagne.
Claude-Gustave-Chretien , Marquis des Sal
les, Capitaine de Câvalerie , Gouverneur de
la Ville & du Château de Vaucouleurs , fils de
François , Comte des Salles , Marquis de
Buquevillé, Conseiller d'Etat d« S. A. R. de
Lorraine , premier Capitaine de ses Gardes du
Corps , Gouverneur de Pont-à- Mousson . &
Conservateur dts Privilèges át l'Université 1
& de D. Catherine de ïiquelrnont , épousa le
6. Février D. Adélaïde-Candide- Louise-Macie
de B/ancaj de Viîlárs , fille de Louis-Antoine
de Brancas , Duc de Villars • Pair de France ,
Chevalier des Ordres du Roi , &c, & de D.
Angélique Frefnih de Moras.
M. Thomas- Jacques- François Charpentier,
Ecuyer , Seigneur d'Enrrery , Espiez, Grizy ,
Valangouja , Ruç , Bei val , Thuville , LeVtílí'ers
FEVRIER. 1730. 4*1
ljerr,:"&c. Capitaine de Cavalerie au Regiíinent
Roïal Etranger, épousa le jj, de te
mois Dlle Madelaine- Angélique de Rioult de
Curzay, fille de M. Séraphin de Rioul , Cheva
lier, Seigneur de Curzay, Lieutenant pour
Sa Majelie' en Poitou , &. de Dame Thereze-
I Elizabeth Blondot-
IN ... PHeriiier, Ecuyer, mourut à Parij
ìe 17. Janvier. Il étoit fils de N. Ì' Héritier,
Historiographe du Roi, lequel a beaucoup tr»T
vaillé fur notre Histoire , & frère de Mlu rHéritier,
dont, les talens &»les Ouvrages font
SÍlez connus. II étoit orni de toutes les vertu?
qui forment l'honnête homme; sçachant beau
coup & ne faisant point parade de son sçavoir.
Les Mathématiques faifoient son étude favo+
rite, mais il ne laiíîbit pas de cultiver les Mu.*
ses , & il réiislìssoit en Poésie , par un talens
qui est comme héréditaire dans fa famille-
Le if. du même mois , Darne Marie- Claire
d'Estaing , veuve du Marquis de Montboistìer .
mourut en son Château de Clas en Auvergne,
âgée de 70. ans.
■ Dame Anne-Louise de Bragelorgne , veuve
de M. Pierre Gruyn , Chevalier , Seigneur de
Valgiand, Lacelle, &c. décéda le 30. Janvkir
âgée de S r, ans.
Jacques- Michel Baudry, Procureur Gène-*
r-al de la Chambre des Comptes de Blois , mou
rut à Blois le premier Février, âgé de So ans- II
laisse plusieurs enfans , dont l'aîné est pourvû
de la même Charge de son pei e.
Le i. François Gueret , Président de la
Chambre des Comptes de Blois, mourut , âgé
S r. ans , universellement regretté. C'est à ses
travaux que la Chambre des Comptes de Blois
•est redevable de son établissemen: à l'instar de
& Mariages,
Dainç
£É V R I E R. i7?Q. 4tr
Came Geneviève de Seve , veuve d'Antoine
Genou, Chevalier, Seigneur deGuibcrville
, Conseiller au Grand Conseil , mourut le;
t. du même mois , âgé de yt- ans environ.
Henry Fages, Abbé de la Cour- Dieu, Or
dre de Cîteaux , Diocèse d'Orléans , cy-devane
Controlleur des Finances de feuë son Alteffç
Royale M. le Duc d'Orléans , mourut à Mont
pellier le iï de ce mois , âgé de 89. ans.
Le même jour, François Hector de la Tour
Montauban , Comte de la Chaux . Maréchal
des Camps & Armées- du Roi, Chevalier d»
S. Louis, Gentilhomme de la Chambre du Duc
d'Orléans , premier Prince du Sang', mourut ,;
âgé d'environ r f. ans.
Adélaïde- Loùise de Damas de Thianges,-
yeuve de Louis Conti Sforce , Duc de Segny ,
k d'Onano , Comte de Sainte- Fleur , Chevavalier
des Ordres du Roi , mort le 7. Mari
, i6ír. mourut le 5. âgée de 76- ans. fille
étoic Dame d'Honneur de S. A. R. Madame
h Duchesse d'Orléans.
Le 4. Dame Catherine Guyot , veuve de
M. Joseph Dorât .Chevalier , Seigneur de la,
Barre, mourut, âgée de 6j ans.
.' Philippe de S. Martin de Boslàye , Cheva-
. lier de l'Ordre de S. Louis , Brigadier des Ar
mées du Roi , & Lieutenant Colonel du Régi-'
ment de Yivarets , mourut le de ce mois ,
âgé d'environ 8co ans.
Jacques- François de Johanne de la Carre .
fcíarquisde Saumery .Gouverneur des Iflesde
sainte Marguerite 6í de S. Honorât , Capitaîne-
Goaverneur des Château & Chasses deChambord.&
Grand Bailiy de Biois, mourut àChambord
le 8.de ce mois, d ans fa - année.Il avoiç
fcr ri fous M. de Ttirenne , &étoic Mestre -de:
Camp
4i 8 MERCURE DE FRANCE.
Camp de.Cavalerie au Combat d'Àltenhe
^premier Áoût ií7j-)ily eutl'épaulc & la cuisse
çassée, ce qui l'ayant empêché de pouvoir con
tinues de servir à la guerre ; le feu ,Roi , de
glorieuse mémoire, qui connoislot son mérite, í
ifL sagesse , son désintéressement & ses autres
qualicez personnelles,, le choisit en i688.pour
être Sous- Gouverneur des Enfans de Francç,
attaché à la personne de M. le Duc de Bou
logne. S. ML fut si contente de la manière
dont il se comporta dans cette Charge im
portante., qu'elle lui donna une nouvelle mar
que de ion estime & de la satisfaction qu'elle
5 voit de ses services, en 1c nommant dans son
Codicile , Sous-Gouverneur du Roy , heureu
sement régnant. II a soutenu dans ce glorieux
emploi la réputation qu'il s'étojt déja acquise , ;j
6 il vient de terminer fa vie exempte de tout
icproche , par une mort également chrétienne,
II avoit épousé par contrat du n. Novem
bre i6i6. Marguerite-Charlotte de Montlezun
de Besmaus, fille de François de Montlezun,
Chevalier , Seigneur de Besinaus , Piffons ,
Pommeufc , Lumigny , &c. Gouverneur pour
le Roi du Château de la Bastille. De ce Ma
riage font sortis, Jean-Baptiste, Marquis de
Saumery, Seigneur <4e la Boussaye , Maréchal
des Camps & Armées de S. M. cy - devant j
Çous- Gouverneur de S. M. Cornette desChe- il
yaux Legers de la Garde, Envoyé Extraordi- •
uaire du Roi près du feu Electeur de Bavière,
mort le r. May 171c âgé de 48. ans, laúlànc
de son Mariage avec Matie-Magdelaine Bé
nigne de Luffé, deux filles en bas âge, dont
l'une est morte en 1719.
François- Jean-Baptiste, Marquis de Saunie
rs > Comte de ÇíumeroUes , Maréchal des
Camps ,
ÍSartìps & Armées de S. M. cy-devant Envoyé
ììxtraordi.naire à la Cour de 1 Electeur de Ba
vière , à présent Gouverneur des Isles Sainte
Marguerite & de S. Honorât , Capitaine- Gou
verneur des Château & Chaííes de Chamboid.
Jacques , Chevalier de S. Jean de Jérusalem,
Alexandre, Docteur en Théologie de la Fa
culté de Paris , Evêque de Ríeux , sacré le 17.
Mars 1710. Georges , Seigneur de Piffons , Co
lonel d'Infanterie.
Nous nvons déja parlé de la Maison de Jo*
hanne Saumery , dans le Mercure du mois de
May* 1716. pag. ioíS. & suivantes, à l'occafion
du décès du Marquis de Saumery , fils aîné de
celui dont nous annonçons ì présent la mort.
Frère Gabriel de Calonne de Courtebourne ,
Chevalier Profès de l'Ordre de Sè Jean de Jé
rusalem , Commandeur de 4a Commandefie
de Fontaines- sous-Mondidier , cy-devanc
Capitaine d'une des Galères du Roy & de*
Cardes de l'Etendart , mourut à Marseille le
S. de ce mois , dans ía 71' année de son âge.
il étoit frère de Louis-Jacques de Calonne ,
Marquis de Courtebourne , Lieutenant- Gene
ral des Armées du Roi . Directeur Gênerai de
la Cavalerie, Lieutenant pour S. M. au Pays
d'Artois , & Gouverneur de Hefdin, mort en
en 170s. & d'Anne de Calonne de Courtebour
ne > veuve de François le Tonnelier- Breteúil t
Marquis de Fontenay-Tresigny , Sire de Ville*
bert, Baron de Boitron, &c. Conseiller d'E*
tat Ordinaire, & Intendant des Finances.
Le Marquis de Courtebourne a laissé de "son
mariage avec Anne de Gérard, Jacques de
Calonne, Marquis de Courttbourne , Mesire
de Camp de Cavalerie, Capitaine-Lieutenant
des Gendarmes de U Reine, & Lieutenant peur
K S.
**b MERCURE DE FRANCE.
S. M. au Pays d'Artois , & Anne 4ç Calôntíè
de Courtebourne » veuve de François le Tontielier-
Breteùil , Marquis de Fontenay-Tresigny
, &c. Conseiller d'Etat Órdinaire i &c est
mere de François Victor le Tonnelier- BreteùiU
Marquis de Fontenay-Tresigny , Sire de Villebert,
Baron de Boitron, &c. Commandeur
des Ordres du Roi , Chancelier de la Reine*
cy- devant Secrétaire d'Etat, & de, Charles-
Louis Auguste le Tonnelier- Breteùil , Evêque
de Rennes , Abbé de Ghaulnes , Prieur de
Reiiil j Grand- Maître de la Chapelle de S. M.
L' ancienneté de la Maison de Calonne Cour
tebourne est si connue, qu'il a paru inutile
d'entrer dans le détail de la Généalogie de
cette Maison.
Charles- Jean- Louis de Faucon , Marquis
de Ris , Maître de la Garderobe de feu son
Altesse Royale, Monsieur, Frère unique du
du Roi Louis XIV. mourut en cette Yille le
S. âgé de sS.ans-.
Dame Catherine de Lossanges de Bedver i
Abbesse de l' Abbaye de Rieunette > Ordre de
Cîteaux» Diocèse de Carcaflonne.y mou
lut le 9. de ce mois , âgée de 6;. ans.
Le io- de ce mois , M. Jean Denis » Che>
valier , Seigneur d'Origni , premier Ecuyer de
S. A. S. Madame-la Princesse de Conti , troi
sième Douairière , mourut âgé de 90. ans , ou
«nviron.
Le 1 r. Gabriel de la Porte , Doyen du Par
lement, mourut en la 81. année de son âge.
Pierre Thomas Barthélemy le Boulanger ,
Seigneur de Boisfremont, Maître ordinaire en
la Chambre des Comptes de Normandie,mourut
le 13. âgé de 44. ans.
Jean Marie Rangoni, Chevalier» Marquis
de
• jH? V R I E R. i7?o. 41^
fJff^Rangoni > & de Ramparto , Seigneur de
Stufione &é de Cailelvetro , Comte de Leviz-,
zano & de Guinta , Envoíé Extraordinaire de
, S, A. S. le Duc de Modene auprès de S. M,
T. C. & son Plénipotentiaire au Congrès de
Soiíibns , mourut le ir. Février âgé de ^7.
ans.
M. Charles Louis Lailemand, Comte de
Levignan , deceda le 18. Février âgé de 73. ans
un mois î,f. jours.
Le 13. Dame Anne Marie Magdelaine de
Beringhen , Abbesse du Pré, Ordre de saint
Benoist, Diocèse du Mans , y mourut dans 1»
47. année de ion âge.
La huit du 17.' au 18 , mourut à Paris Jo
seph François Ancezune , Duc deCaderousse,
âgé de Sf. ans.
Le nommé Nicolas Prezau > natif de Troyes
en Champagne > est mort depuis peu à Paris ,
fur la Paroisse S. Roch , âgé de 109. ans. Oa
assure qu'il étoit Soldat dans le Régiment des
Gardes Françoises , lors de la naissance du feH
Roi, & qui fut du nombre de ceux qui allè
rent au Louvre , à ce sujet, faire une décharge
sous les fenestres de l'Appartenaenr, de Louis.
XIII. »
Le 19. Janvier D. Jeanne Catherine Coustard,
Epouse de M. Basile-Claude Henry Anjorrant
, Chevalier , Conseiller au Parlement,
accoucha d'une fille qui fut tenue sur les fonts
par M. Guillaume Julien Le Douhre > \?on-
. seillcr du Roi , Maître ordinaire en fa Cham
bre des Comptes , & Doien de cette Cham
bre > & par Dame Geneviève LeMayre , veuve
de M. Claude Dubois , Chevalier. Seigneur
de Courceriers »Deíbordeaux , &c.
K ij Dame
4% i M ERCURE DE VK^Kë^J
Dame Marie- Anne de Matignon , Epoufë'Mp
Heriíy-Fiançois , Marquis de Grave , Barons
de Lattés , &c» Mestre de Camp de Cavalerie , V
accoucha le 31. Janvier d'une fille , qui suc ]
tenue fur les fonts ,& nommée M.arie-Anne-
Eleonor, par Jacques-François-Leonor Gri»
maldi , Duc de V&lentinois & d'Etouteville ,
Pair de France , Sire de Matignon , Comte de
Torigny» 8fC Lieutenant General de la Pro
vince de Normandie, &c. & par Daine Anne-
Elisabeth Gruel de la frette, Epouse d'Ar
mand Monpar deC*umont , Duc de la Force»
Pair de France, &c.
Le Comte du Rumain , de la Province de
Bretagne , Guidon de Gendarmerie & ,Weilre
de Camp de Cavalerie » a épousé > le mois de
Janvier dernier , D. N. ... de Mslnouë , fille
de N de Malnòuë ,& veuve d'unPrest»
dent du Parlement de Bretagne.
Claude-Gustave-Chretien , Marquis des Sal
les, Capitaine de Câvalerie , Gouverneur de
la Ville & du Château de Vaucouleurs , fils de
François , Comte des Salles , Marquis de
Buquevillé, Conseiller d'Etat d« S. A. R. de
Lorraine , premier Capitaine de ses Gardes du
Corps , Gouverneur de Pont-à- Mousson . &
Conservateur dts Privilèges át l'Université 1
& de D. Catherine de ïiquelrnont , épousa le
6. Février D. Adélaïde-Candide- Louise-Macie
de B/ancaj de Viîlárs , fille de Louis-Antoine
de Brancas , Duc de Villars • Pair de France ,
Chevalier des Ordres du Roi , &c, & de D.
Angélique Frefnih de Moras.
M. Thomas- Jacques- François Charpentier,
Ecuyer , Seigneur d'Enrrery , Espiez, Grizy ,
Valangouja , Ruç , Bei val , Thuville , LeVtílí'ers
FEVRIER. 1730. 4*1
ljerr,:"&c. Capitaine de Cavalerie au Regiíinent
Roïal Etranger, épousa le jj, de te
mois Dlle Madelaine- Angélique de Rioult de
Curzay, fille de M. Séraphin de Rioul , Cheva
lier, Seigneur de Curzay, Lieutenant pour
Sa Majelie' en Poitou , &. de Dame Thereze-
I Elizabeth Blondot-
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Résumé : MORTS, NAISSANCES & Mariages.
En janvier et février 1730, plusieurs décès et naissances notables ont été enregistrés. Parmi les décès, PHeriiier, écuyer et fils de l'historiographe du Roi, est décédé à Paris le 17 janvier. Connu pour ses talents en mathématiques et en poésie, il laisse un vide dans ces domaines. Marie-Claire d'Estaing, veuve du Marquis de Montboissier, est morte à l'âge de 70 ans le même mois. Anne-Louise de Bragelorgne, veuve de Pierre Gruyn, est décédée le 30 janvier à l'âge de 85 ans. Jacques-Michel Baudry, procureur général de la Chambre des Comptes de Blois, est mort le 1er février à l'âge de 50 ans, laissant plusieurs enfants. François Gueret, président de la Chambre des Comptes de Blois, est décédé le même jour à l'âge de 81 ans. D'autres personnalités ont également perdu la vie, notamment Geneviève de Seve, veuve d'Antoine Genou, Henri Fages, abbé de la Cour-Dieu, François Hector de la Tour Montauban, maréchal des camps et armées du Roi, Adélaïde-Louise de Damas de Thianges, veuve de Louis Conti Sforce, Catherine Guyot, veuve de Joseph Dorât, Philippe de Saint-Martin de Boslaye, chevalier de l'Ordre de Saint-Louis, et Jacques-François de Johanne de la Carre, marquis de Saumery. En parallèle, plusieurs naissances ont été enregistrées. La fille de Jeanne Catherine Coustard et Basile-Claude Henry Anjorrant est née le 19 janvier. Marie-Anne de Matignon, épouse d'Henri-François, marquis de Grave, a accouché d'une fille le 31 janvier. Des mariages ont également été célébrés. Le Comte du Rumain a épousé une fille de la famille de Malnouë. Claude-Gustave-Christien, marquis des Salles, a uni sa vie à Adélaïde-Candide-Louise-Macie de Blancas de Villars. Thomas-Jacques-François Charpentier a épousé Madeleine-Angélique de Rioult de Curzay.
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42
p. 837-838
MORTS NAISSANCES.
Début :
Dame Marie-Jeanne de Marle, veuve de M. Etienne de Bragelogne, Chevalier, Seigneur [...]
Mots clefs :
Chevalier, Seigneur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS NAISSANCES.
MORTS
DM
NAISSANCES.
Ame Marie-Jeanne de Marle , veuve de
M. Etienne de Bragelogne , Chevalier , Sei-
Igneur de Verfigny , Capitaine au Regiment des
Gardes Françoifes, Brigadier des Armées du Roi,
déceda le 2. Avril , âgée de 65. ans.
Michel de Hanon de la Mivoye , Chevalier de
POrdre Militaire de S. Louis , Seigneur d'Ify ,
Jouy , Lieutenant- Colonel du Régiment de Poitou
, mourut le 5. de ce mois , âgé de 70. ans.
Laurent Bordelon , Prêtre , Docteur de l'Univerfité
de Bourges , connu par un grand nombre
d'Ouvrages , mourut le 6. âgé de 75. ans.
Dame Françoife Aubery , veuve de M. Gabriel
de Cavoye , Maréchal des Camps & Armées du
Roi , déceda le 8. Avril , âgée de 64. ans.
29
Nicolas du Blé , Marquis d'Huxelles , Miniftre:
d'Etat , Maréchal de France , Chevalier des Ordres
du Roi , Gouverneur de la Haute & Baffe
-Alface , Gouverneur de la Ville de Strasbourg
cy-devant Lieutenant General au Gouvernement
de Bourgogne , & Gouverneur des Ville & Citadelle
de Cha on fur -Saone , mourut à Paris le 10.
de ce mois , dans la 79 ° année de fon âge. I
avoit été premier Ambaffadeur Extraordinaire &
Plénipotentiaire au Congrès d'Utrecht , Miniftre:
du Confeil de Regence & Prefident du Confeil
des affaires étrangeres au mois de Septembre
1726. le Roi l'avoit nommé pour être de fes .
Confeils , aufquels il a toûjours affifté jufqu'au
mois de Décembre dernier , qu'il demanda
S. M. la permiſſion de ſe retirer.
:
L
•
838 MERCURE DE FRANCE
Le 16. René Ifmidon , Comte de Saffenage ,
Seigneur , Comte de Monteillers , Lieutenant General
pour le Roi , de la Province de Dauphiné
mourut à Paris , àgé d'environ 60. ans. Il avoit
été Premier Gentilhomme de la Chambre de
S. A. R. M. le Duc d'Orleans .
Jean- Alexandre Campain de S. Martin ', Abbé"
Commandataire de l'Abbaye Royale Notre-Da--
me de Clermont , Ordre de Cîteaux , Diocèfe du
Mans , mourut à Paris le 18. Avril , âgé de
'74 . ans .
Dame Barbe-Marguerite-Perrette Garnier de
Granvilliers , Epoule de M. Jofeph Lefquen ,
Chevalier , Seigneur , Marquis de la- Villemeneur,
Brigadier des Armées du Roi , Grand-Croix de
P'Ordre Militaire de S. Louis , accoucha le 1b.
de Mars d'un fils , qui fut nommé Alexandre
Jofeph.
Dame Marguerite Bofc , Epoufe de M. Bertrand
Cefar , Marquis de Guefclin , Chevalier ,
Seigneur de la Roberie Cranhac , & c. Mestre de
Camp de Cavalerie , accoucha le 17. du même
mois d'un fils,qui fut tenu fur les Fonts, & nommé
Jean- Baptifte par M. Jean- Baptifte Bofc , Chevalier
, Seigneur de Soucarieres , Confeiller d'Etat , ~
Procureur General du Roi en fa Cour des Aydes ,
Secretaire de la Chambre du Cabinet du Roi , &
Chevalier & Garde des Sceaux de l'Ordre de S.-
Lazare , & par Dame Marguerite le Gendre ,
Epoufe de M. Antoine Crozat , Commandeur des
Ordres du Roi , Seigneur du Marquifat de Mouy,
de Vrincourt, &c-
DM
NAISSANCES.
Ame Marie-Jeanne de Marle , veuve de
M. Etienne de Bragelogne , Chevalier , Sei-
Igneur de Verfigny , Capitaine au Regiment des
Gardes Françoifes, Brigadier des Armées du Roi,
déceda le 2. Avril , âgée de 65. ans.
Michel de Hanon de la Mivoye , Chevalier de
POrdre Militaire de S. Louis , Seigneur d'Ify ,
Jouy , Lieutenant- Colonel du Régiment de Poitou
, mourut le 5. de ce mois , âgé de 70. ans.
Laurent Bordelon , Prêtre , Docteur de l'Univerfité
de Bourges , connu par un grand nombre
d'Ouvrages , mourut le 6. âgé de 75. ans.
Dame Françoife Aubery , veuve de M. Gabriel
de Cavoye , Maréchal des Camps & Armées du
Roi , déceda le 8. Avril , âgée de 64. ans.
29
Nicolas du Blé , Marquis d'Huxelles , Miniftre:
d'Etat , Maréchal de France , Chevalier des Ordres
du Roi , Gouverneur de la Haute & Baffe
-Alface , Gouverneur de la Ville de Strasbourg
cy-devant Lieutenant General au Gouvernement
de Bourgogne , & Gouverneur des Ville & Citadelle
de Cha on fur -Saone , mourut à Paris le 10.
de ce mois , dans la 79 ° année de fon âge. I
avoit été premier Ambaffadeur Extraordinaire &
Plénipotentiaire au Congrès d'Utrecht , Miniftre:
du Confeil de Regence & Prefident du Confeil
des affaires étrangeres au mois de Septembre
1726. le Roi l'avoit nommé pour être de fes .
Confeils , aufquels il a toûjours affifté jufqu'au
mois de Décembre dernier , qu'il demanda
S. M. la permiſſion de ſe retirer.
:
L
•
838 MERCURE DE FRANCE
Le 16. René Ifmidon , Comte de Saffenage ,
Seigneur , Comte de Monteillers , Lieutenant General
pour le Roi , de la Province de Dauphiné
mourut à Paris , àgé d'environ 60. ans. Il avoit
été Premier Gentilhomme de la Chambre de
S. A. R. M. le Duc d'Orleans .
Jean- Alexandre Campain de S. Martin ', Abbé"
Commandataire de l'Abbaye Royale Notre-Da--
me de Clermont , Ordre de Cîteaux , Diocèfe du
Mans , mourut à Paris le 18. Avril , âgé de
'74 . ans .
Dame Barbe-Marguerite-Perrette Garnier de
Granvilliers , Epoule de M. Jofeph Lefquen ,
Chevalier , Seigneur , Marquis de la- Villemeneur,
Brigadier des Armées du Roi , Grand-Croix de
P'Ordre Militaire de S. Louis , accoucha le 1b.
de Mars d'un fils , qui fut nommé Alexandre
Jofeph.
Dame Marguerite Bofc , Epoufe de M. Bertrand
Cefar , Marquis de Guefclin , Chevalier ,
Seigneur de la Roberie Cranhac , & c. Mestre de
Camp de Cavalerie , accoucha le 17. du même
mois d'un fils,qui fut tenu fur les Fonts, & nommé
Jean- Baptifte par M. Jean- Baptifte Bofc , Chevalier
, Seigneur de Soucarieres , Confeiller d'Etat , ~
Procureur General du Roi en fa Cour des Aydes ,
Secretaire de la Chambre du Cabinet du Roi , &
Chevalier & Garde des Sceaux de l'Ordre de S.-
Lazare , & par Dame Marguerite le Gendre ,
Epoufe de M. Antoine Crozat , Commandeur des
Ordres du Roi , Seigneur du Marquifat de Mouy,
de Vrincourt, &c-
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Résumé : MORTS NAISSANCES.
En avril, plusieurs décès notables ont été enregistrés. Ame Marie-Jeanne de Marle, veuve d'Étienne de Bragelogne, est décédée le 2 avril à 65 ans. Michel de Hanon de la Mivoye, Chevalier de l'Ordre Militaire de Saint-Louis et Lieutenant-Colonel du Régiment de Poitou, est mort le 5 avril à 70 ans. Laurent Bordelon, Prêtre et Docteur de l'Université de Bourges, connu pour ses ouvrages, est décédé le 6 avril à 75 ans. Dame Françoise Aubery, veuve de Gabriel de Cavoye, Maréchal des Camps et Armées du Roi, est morte le 8 avril à 64 ans. Nicolas du Blé, Marquis d'Huxelles, Ministre d'État, Maréchal de France et Gouverneur de la Haute et Basse-Alsace, est décédé à Paris le 10 avril à 79 ans. Il a été Premier Ambassadeur Extraordinaire au Congrès d'Utrecht et Ministre du Conseil de Régence. René Ismidon, Comte de Saffenage et Lieutenant Général pour le Roi en Dauphiné, est mort à Paris le 16 avril à environ 60 ans. Jean-Alexandre Campain de Saint-Martin, Abbé Commandataire de l'Abbaye Royale Notre-Dame de Clermont, est décédé à Paris le 18 avril à 74 ans. Parmi les naissances, Dame Barbe-Marguerite-Perrette Garnier de Granvilliers a accouché le 11 mars d'un fils nommé Alexandre Joseph. Dame Marguerite Bosc a accouché le 17 mars d'un fils nommé Jean-Baptiste.
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43
p. 850-861
LETTRE de M. Billecocq, Lieutenant Particulièr au Bailliage de Roye, pour servir de Réponse aux Remarques de M. Dauvergne, inserée dans le Mercure de Janvier 1730.
Début :
Vous avez, sans doute, lû, Monsieur, dans le Mercure du mois de Janvier [...]
Mots clefs :
Coutumes, Fiefs, Vassal, Seigneur, Recueil, Maximes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. Billecocq, Lieutenant Particulièr au Bailliage de Roye, pour servir de Réponse aux Remarques de M. Dauvergne, inserée dans le Mercure de Janvier 1730.
LETTRE de M. Billecocq , Lieutenant
Particulièr au Bailliage de Roye , pour
Servir de Réponse aux Remarques de
M. Dauvergne , inferée dans le Mercure
de Fanvier 1730.
V
" Ous avez , fans doute , lû, Monfieur,
dans le Mercure du mois de Janvier
dernier , les Remarques de M. Dauvergne
de Beauvais , fur le Livre des Principes
du Droit François fur les Fiefs , dont j'ai
eu l'honneur de vous prefenter un Exemplaire
, & même la fatisfaction de vous
entendre dire depuis , que vous l'avez
trouvé bon, & qu'il feroit utile au Public.
Comme M. Dauvergne paffe pour homme
d'efprit & habile dans fa Profeffion ,
j'efperois trouver dans fes Remarques des
inftructions que je pourrois mettre à profit
, pour rétracter ou corriger les erreurs
dans lesquelles j'aurois pû être tombé ,
mais , je vous avoie , Monfieur , que je
n'y ai rien trouvé dont ma docilité puiffe
faire ufage.
Il porte d'abord fa critique fur le titre
du Livre , il argue la méthode que je
me fuis faite en compofant mon Recueil,
il me reproche d'avoir obmis les autoritez
MAY. 1730. 85 %
tez oppofées aux principes que j'ai établis
, & parmi le grand nombre de Maximes
dont le Livre eft rempli , il ne
s'en prend qu'à trois ou quatre.
Le titre du Livre, dit- il , paroît impofant ;
Auteur promet plus qu'il ne donne , & Sou
vent moins que le Texte de la Coûtume à
laquelle il rapporte les principes de fon Recueil.
J'aurois fouhaité pouvoir trouver à ce
Livre un titre plus modefte , & en mê
me-temps convenable; mais ne pensezvous
pas , Monfieur , qu'un Livre qui
renferme les notions les plus communes
des matieres feodales , les définitions &
les divifions des chofes , avec les princi ,
pales maximes établies par les Textes des
Coûtumes & par les décifions de nos meil
leurs Auteurs modernes , péut porter , à
bon droit , le Titre de Principes du Droit
François fur les Fiefs .
Comme je n'avois travaillé à ce Recueil
que pour mon inftruction particuliere ,
je me fuis contenté d'une expofition fimple
, facile & méthodique des principes
que je m'étois formez ; & en le faifant
imprimer , par le confeil de perfonnes jus
dicieufes , qui ont eftimé qu'il pourroit
être utile au Public , je l'ai prefenté tel
qu'il étoit , & je n'ai pas crû devoir l'embarraffer
de maximes controverfées qui
A iiij
m'au-
1
852 MERCURE DE FRANCE
m'auroient mené trop loin , perfuadé que
fi les regles que j'ai pofées étoient juftes ,
elles pourroient fervir à les éclaircir ou
à les décider.
C'eft dans cette idée que j'ai dit que
ce Livre pourroit fervir de Commentaire
aux Coûtumes de Peronne, Montdidier &
Roye , & à celles qui fur les Fiefs n'ont
point de difpofitions contraires .
Je conviens , Monfieur , qu'on ne peut
pas regarder mon Livre comme un veritable
Commentaire , il n'en a ni la forme
ni l'étendue , comme le remarque
M. Dauvergne , qui enfeigne avec tant
d'exactitude la maniere de faire un bon
Commentaire , qu'il feroit à fouhaiter
qu'il voulût donner au Public un Ouvrage
en ce genre de fa façon. Il rempliroit
, fans doute , toutes les idées qu'il
donne d'un excellent Commentaire de
Coûtume .
Pour moi qui n'ai point prétendu écrire
pour les fçavans , ni pour ceux qui font
initiez dans la connoiffance des matieres
des Fiefs , à qui je laiffe le mérite de les
traiter à fond par des raifonnemens , des
Differtations & des autoritez multipliéés ;
ma feule vûë a été , en faifant imprimer
mon Recueil fur les Fiefs , d'en rendre
la matiere intelligible , & de la mettre à
la portée des Seigneurs de Fiefs , de leurs
Officiers
MAY. 1730.
853
que
Officiers , des Vaffaux , & de tous ceux
la connoiffance des matieres féodales
peut intereffer. Ce Livre m'a paru d'autant
plus commode , qu'on le peut porter
dans fa poche ; en cela bien different
d'un Commentaire de Coûtume en forme ,
& tel que le voudroit l'Auteur des Remarques
, qui rempliroit un ou plufieurs
gros volumes.
Si je n'ai pas cité les Auteurs qui ont
écrit fur les Fiefs en Latin , ni ceux qui
en ont fait des Traitez particuliers , c'eſt
que je n'ai pas voulu charger les marges
de mon Livre d'un trop grand nombre
de Citations , qui feroient d'autant plus
inutiles , que les modernes , aufquels je
me fuis attaché , ont puiſé leurs déciſions
dans les anciens Feudiftes.
J'ofe affurer , Monfieur , qu'il n'y a
pas un feul article dans le titre des Fiefs
de la Coûtume de Peronne , Mondidier
& Roye , dont je me fuis particulierement
fervi pour former mes Principes , qui n'y
trouve fon explication; cependant M.Dauvergne
avance dans fes Obfervations ,
comme le défaut dominant de mon Livre,
que les Principes que je donne pour interpreter
les Articles de cette Coûtume ,
fourniffent auffi peu & quelquefois moins
que le Texte , que je dois expliquer.
Ce reproche eft trop vague pour que
Αν A v je
854 MERCURE DE FRANCE
je fois en état de m'en juftifier . Si j'ofois
efperer , Monfieur , que vous vouluffiez
bien prendre la peine d'en faire l'analyſe
vous- même , pouvant en juger plus fainement
qu'un autre, & m'en écrire votre
fentiment , je vous en aurois une fenfible
obligation , auffi - bien que de me mander
ce que vous penfez au fujet de la cenfure
de quelques Principes de mon Livre , que
M. Dauvergne prétend n'être pas juftes.
Permettez - moi de les reprendre ici l'un
après l'autre.
Voici les termes dont je me fuis fervi,
Liv . 2. Chap . 4. Sect. 6. En l'absence du
mari ou à fon refus , la femme peut fe faire
autorifer par fuftice , pour faire la foi &
hommage , & payer les droits.
M. Dauvergne dit que cet Axiome eft
faux , & que Dupleffis a fuffifamment fait
entendre le contraire.
Ma furpriſe a été d'autant plus grande,.
lorfque j'ai vû ce point de critique , qu'on
veut appuyer du fentiment de Dupleffis ,
que je ne puis m'empêcher de vous tranfcrire
ici les propres termes de cet Auteur,,
qui fe trouvent au Liv . I. des Fiefs , Ch . 3.-
vers la fin. Si la femme n'étoit point feparée
, mais que fon mari fût abſent , & que·
cependant le délai fatal preffat , j'eftime
qu'elle fe peut faire autorifer par Juftice
pour porter la foi..
31
Après
MAY. 1730 . 858
Après
cela peut-on dire que Dupleffis
penſe autrement que le Commentateur
de la Coûtume d'Amiens , que j'ai cité?
Si M. Dauvergne, avoit lû les Auteurs ,
& principalement Dumoulin , fur Paris §.
37. Glofe 1. N. 12. Brod. Art. 36. N. 14.
Le Grand , fur Troye , Art. 40. N. 13 .
& Ferriere , dans fon Traité des Fiefs ,
Ch . 2. Art. 2. N. 64. il auroit reconnu
que le principe que j'ai établi , loin d'être
faux , comme il le dit , eft inconteftable.
En effet , y a-t -il une autre reffource pour:
une femme dont le Fief eft faifi , par l'abfence
, la négligence , le caprice ou la
collufion du mari , que de fe faire autorifer
par Juftice , à l'effet de porter pour
lui la foi & hommage au Seigneur ? Eſtil
un parti plus équitable pour fauver la
perte des fruits qui font deftinez pour
foutenir les charges du mariage ? Vous
concevrez aisément , Monfieur , que cette
Remarque eft mal imaginée , & qu'elle
ne fait pas juger avantageufement de celles
qui fuivent.
J'ai dit au Liv . 2. Ch. 5. Sect. 7. Que
quand les puinez relevent de leur aîné , ils :
doivent lui faire la foi & hommage , &
payer le même droit de Chambellage , qu'ils
auroient payé au Seigneur.
M. Dauvergne , fans contefter ce Principe
, fe contente de dire que j'aurois dû
A vj avertir
856 MERCURE DE FRANCE
avertir que Dargentré a tenu le contraire,
& que fon fentiment a été en cela ſuivi
par plufieurs autres.
Il fe feroit épargné cette objection ,
s'il avoit bien voulu faire attention que
mon Systême eft de pofer uniment les
maximes quej'ay crûës les meilleures & les
plus fuivies , fans entrer dans le détail
des opinions oppofées de quelques Auteurs
, qui ont traité la même matiere .
Ainfi, quoique je n'aye pas ignoré le fentiment
de Dargentré , contraire à ma
propofition , il m'a paru que le texte de
la Coûtume de Vermandois , qui contient
dans une infinité d'articles , les mêmes
difpofitions que la Coûtume de Peronne
& de Roye, dont les appellations reffortiffent
au Préfidial de Laon , devoit prévaloir
à l'opinion de Dargentré , quelque
eftimé & quelque habile qu'il fût.
C'eſt par cette même raison , qu'en traitant
de la foi & hommage conteſtée entre
plufieurs perfonnes , Liv. 2. Chap. 4.
Sect. 4. j'ai tiré mes Principes des Textes,
des Coûtumes de Laon , Reims , & Châlons
, aurois-je pû puifer dans de meilleu
res fources que dans les Coûtumes voifines
de celles que j'avois fuivies , pour fervir
de baſe & de fondement à mes Principes
? Des Coûtumes qui ont été rédigées
& réformées par les plus fçavans Magiftrats
MAY. 1730. 857
trats du Royaume , de l'avis des perfonnes
les plus éclairées des Provinces , n'ontelles
pas plus de poids & d'autorité que
les fentimens de quelques Particuliers ?
Auffi nos meilleurs Auteurs ont-ils fuivi
cette Méthode d'appuyer leurs réfolutions
des Textes de Coûtumes , qui font
répandus dans leurs Ouvrages.
J'ay avancé pour maxime au Liv. 14.
Ch. 15. Sect. 1. Que le Seigneur qui veut
retenir un Fief de fa mouvance , lorsqu'il a
été vendu par fon vaffal , eft obligé d'en
rembourferle prix à l'Acquereur , fans pouvoir
précompter ni diminuer aucune chofe
pour les droits que devoit l' Acquereur à caufe
de fon acquifition.
L'Auteur des Remarques fait une diftinction.
Il convient que le Principe eft
jufte dans le cas où l'Acquereur eft chargé
du payement des droits ; mais fi l'on change
l'efpece , dit-il , & fi l'on fuppofe que
le Vendeur en foit tenu , il demande en
ce cas, s'il fera encore vrai que le Seigneur
n'en puiffe faire la déduction fur le prix
qu'il doit rembourfer , & il fe plaint que
je laiffe le Lecteur fur cela dans l'incertitude
du parti qui eft à prendre dans la
contrarieté qui fe rencontre , non-feulement
entre les diverfes Coûtumes , mais
auffi entre les divers Jurifconfultes.
Je vous avouë , Monfieur , que je n'avois
858 MERCURE DE FRANCE
vois garde de faire une pareille diftine
tion , puifqu'en difant que les droits feodaux
étoient incompatibles avec le retrait
feodal , j'avois fuffilamment fait entendret
que dans le cas propofé , le Seigneur étoit
tenu à rendre le prix fans aucune déduction
des droits..
Auffi la Coûtume de Feronne , Mon
didier & Roye , Art. 255. dit- elle , qu'il
faut rembourfer à l'acquereur les deniers
de l'achat , fans diftinguer fi c'eft l'acque
reur ou le vendeur qui eft chargé du
des droits. Ubi lex non diftinpayement
guit , nec nos diftinguere debemus ...
Les Coûtumes qui ont des difpofitions
contraires , font exorbitantes du droit
commun , & ne font fuivies que dans leur
territoire. Elles font même confiderées
par la plupart des Commentateurs , comme
injuftes & trop rigoureufes.
›
En effet le Seigneur exerçant le Retrait
feodal, n'eft-il pas fubrogé au lieu & place
de l'acquereur, & préſumé avoir acheté le
Fief de fon Vaffal ? auquel cas les droits :
fe trouvent confondus en fa perſonne
ne pouvant être créancier & débiteur de
lui-même. C'eft la décifion de l'Art. 22r.
de la Coûtume de Reims ; le fentiment
de Dumoulin , fur l'Art . 17, de la Coû--
tume de Chaumont , & celui de Brodeau ,
fur Paris , Art, 22. N. 4.
M ..
MAY. 1730 859
M. Dauvergne , me fait encore un reproche
de ce qu'en parlant au Liv. 4.
Ch. 35. Sect. 7. de la récompenfe que
l'aîné doit faire à fes puînez , lorfqu'il
retire leur part des Fiefs , je n'ai point
donné de Principes fur les difficultez qui
naiffent de la difpofition de la Coûtume
dont il fait l'énumeration .
Je vous avouerai franchement , Monfieur
,que je n'ai parlé du droit qu'a l'aîné:
de récompenfer fa foeur , qu'en paffant ,
& parce que ce droit a rapport à la matiere
des Fiefs ; mais comme il regarde
plus particulierement celle des fucceffions,.
où la Coûtume parle de la récompenfe ,
je me fuis réfervé den traiter plus amplement,
lorfqu'en expliquant le Titre des
Succeffions , je parlerai du partage des Fiefs
entre l'aîné & les puînez.
Enfin , pour pouffer la critique jufqu'au
bout, M. Dauvergne finit fes Remarques
par une Reflexion , qui certainement ne
me fait pas honneur ; je laiffe au Public
à juger fi elle doit lui en faire beaucoup..
Il infinuë que non -feulement il fe trouve
dans mon Livre des omiffions effentielles
, mais encore que les axiomes qu'on
prefente comme indubitables & non conteftés
peuvent produire des effets d'au--
tant plus dangereux par la réticence des
autoritez qui y font oppofées ; qu'il fuffit:
qu'un
866 MERCURE DE FRANCE
A qu'un Livre foit imprimé pour qu'il foit
regardé , fur tout après la mort de fon
Auteur , comme un Oracle , par une infinité
de gens ; que l'Avocat , dans les
confultations , le prend pour la regle de
fes réfolutions , & fouvent le Magiſtrat ,
pour celle de fes jugemens. Crédulité fatale
, continue- t-il , qui produit la ruine
des familles , dont un Livre de Principes
que l'Auteur a publiez comme vrais , eft la
cauſe.
Mais ne fuis- je pas en droit de demander
à M. Dauvergne , à quoi aboutit tout
ce raifonnement , & de lui propofer ce
Dilemme ? Ou mes Principes font bons ,
ou ils font vicieux ; fi vous les trouvez
mauvais , rendez témoignage de leur défectuofité
; mais s'ils font juftes & autorifez
par l'ufage & par les meilleurs Auteurs
, pourquoi les cenfurez -vous ? Vous
voudriez , direz - vous , que ces Principes
fuffent difcutez , approfondis , que j'euſſe
rapporté les exceptions , les objections
les applications , les diftinctions & les dé- .
cifions des Auteurs qui ont écrit fur la
matiere. A cela vous répondrai - je , je ne
pourrois que louer votre circonfpection;
fi j'avois entendu de donner au Public
un Traité en forme fur les Fiefs ; mais
confiderez que ce petit Livre n'eft qu'un
précis , un abregé des maximes les plus
>
communes
MAY. 1730 . 86r
communes & les plus fuivies , juftifiées
par les autoritez qui font à la marge , &
vous conviendrez que fi mes Principes
ne font
pas de votre gout , parce que
vous ne les trouvez pas affez démontrez,
ils peuvent convenir à une infinité de
gens , qui feront bien contens de trouver
d'un coup d'oeil dans ce Livre , la décifion
des difficultez qui fe prefentent.
Je laiffe au Public à juger fi votre Cri
tique eft judicieuſe.
Au refte , je ferai toûjours difpofé à
profiter des lumieres & des reflexions que
des perfonnes équitables voudront bien
me communiquer fur les deffauts qu'ils
auront pû remarquer dans mon Livre.
Je fuis , Monfieur , &c.
A Roye , ce 22. Mars 1730.
Particulièr au Bailliage de Roye , pour
Servir de Réponse aux Remarques de
M. Dauvergne , inferée dans le Mercure
de Fanvier 1730.
V
" Ous avez , fans doute , lû, Monfieur,
dans le Mercure du mois de Janvier
dernier , les Remarques de M. Dauvergne
de Beauvais , fur le Livre des Principes
du Droit François fur les Fiefs , dont j'ai
eu l'honneur de vous prefenter un Exemplaire
, & même la fatisfaction de vous
entendre dire depuis , que vous l'avez
trouvé bon, & qu'il feroit utile au Public.
Comme M. Dauvergne paffe pour homme
d'efprit & habile dans fa Profeffion ,
j'efperois trouver dans fes Remarques des
inftructions que je pourrois mettre à profit
, pour rétracter ou corriger les erreurs
dans lesquelles j'aurois pû être tombé ,
mais , je vous avoie , Monfieur , que je
n'y ai rien trouvé dont ma docilité puiffe
faire ufage.
Il porte d'abord fa critique fur le titre
du Livre , il argue la méthode que je
me fuis faite en compofant mon Recueil,
il me reproche d'avoir obmis les autoritez
MAY. 1730. 85 %
tez oppofées aux principes que j'ai établis
, & parmi le grand nombre de Maximes
dont le Livre eft rempli , il ne
s'en prend qu'à trois ou quatre.
Le titre du Livre, dit- il , paroît impofant ;
Auteur promet plus qu'il ne donne , & Sou
vent moins que le Texte de la Coûtume à
laquelle il rapporte les principes de fon Recueil.
J'aurois fouhaité pouvoir trouver à ce
Livre un titre plus modefte , & en mê
me-temps convenable; mais ne pensezvous
pas , Monfieur , qu'un Livre qui
renferme les notions les plus communes
des matieres feodales , les définitions &
les divifions des chofes , avec les princi ,
pales maximes établies par les Textes des
Coûtumes & par les décifions de nos meil
leurs Auteurs modernes , péut porter , à
bon droit , le Titre de Principes du Droit
François fur les Fiefs .
Comme je n'avois travaillé à ce Recueil
que pour mon inftruction particuliere ,
je me fuis contenté d'une expofition fimple
, facile & méthodique des principes
que je m'étois formez ; & en le faifant
imprimer , par le confeil de perfonnes jus
dicieufes , qui ont eftimé qu'il pourroit
être utile au Public , je l'ai prefenté tel
qu'il étoit , & je n'ai pas crû devoir l'embarraffer
de maximes controverfées qui
A iiij
m'au-
1
852 MERCURE DE FRANCE
m'auroient mené trop loin , perfuadé que
fi les regles que j'ai pofées étoient juftes ,
elles pourroient fervir à les éclaircir ou
à les décider.
C'eft dans cette idée que j'ai dit que
ce Livre pourroit fervir de Commentaire
aux Coûtumes de Peronne, Montdidier &
Roye , & à celles qui fur les Fiefs n'ont
point de difpofitions contraires .
Je conviens , Monfieur , qu'on ne peut
pas regarder mon Livre comme un veritable
Commentaire , il n'en a ni la forme
ni l'étendue , comme le remarque
M. Dauvergne , qui enfeigne avec tant
d'exactitude la maniere de faire un bon
Commentaire , qu'il feroit à fouhaiter
qu'il voulût donner au Public un Ouvrage
en ce genre de fa façon. Il rempliroit
, fans doute , toutes les idées qu'il
donne d'un excellent Commentaire de
Coûtume .
Pour moi qui n'ai point prétendu écrire
pour les fçavans , ni pour ceux qui font
initiez dans la connoiffance des matieres
des Fiefs , à qui je laiffe le mérite de les
traiter à fond par des raifonnemens , des
Differtations & des autoritez multipliéés ;
ma feule vûë a été , en faifant imprimer
mon Recueil fur les Fiefs , d'en rendre
la matiere intelligible , & de la mettre à
la portée des Seigneurs de Fiefs , de leurs
Officiers
MAY. 1730.
853
que
Officiers , des Vaffaux , & de tous ceux
la connoiffance des matieres féodales
peut intereffer. Ce Livre m'a paru d'autant
plus commode , qu'on le peut porter
dans fa poche ; en cela bien different
d'un Commentaire de Coûtume en forme ,
& tel que le voudroit l'Auteur des Remarques
, qui rempliroit un ou plufieurs
gros volumes.
Si je n'ai pas cité les Auteurs qui ont
écrit fur les Fiefs en Latin , ni ceux qui
en ont fait des Traitez particuliers , c'eſt
que je n'ai pas voulu charger les marges
de mon Livre d'un trop grand nombre
de Citations , qui feroient d'autant plus
inutiles , que les modernes , aufquels je
me fuis attaché , ont puiſé leurs déciſions
dans les anciens Feudiftes.
J'ofe affurer , Monfieur , qu'il n'y a
pas un feul article dans le titre des Fiefs
de la Coûtume de Peronne , Mondidier
& Roye , dont je me fuis particulierement
fervi pour former mes Principes , qui n'y
trouve fon explication; cependant M.Dauvergne
avance dans fes Obfervations ,
comme le défaut dominant de mon Livre,
que les Principes que je donne pour interpreter
les Articles de cette Coûtume ,
fourniffent auffi peu & quelquefois moins
que le Texte , que je dois expliquer.
Ce reproche eft trop vague pour que
Αν A v je
854 MERCURE DE FRANCE
je fois en état de m'en juftifier . Si j'ofois
efperer , Monfieur , que vous vouluffiez
bien prendre la peine d'en faire l'analyſe
vous- même , pouvant en juger plus fainement
qu'un autre, & m'en écrire votre
fentiment , je vous en aurois une fenfible
obligation , auffi - bien que de me mander
ce que vous penfez au fujet de la cenfure
de quelques Principes de mon Livre , que
M. Dauvergne prétend n'être pas juftes.
Permettez - moi de les reprendre ici l'un
après l'autre.
Voici les termes dont je me fuis fervi,
Liv . 2. Chap . 4. Sect. 6. En l'absence du
mari ou à fon refus , la femme peut fe faire
autorifer par fuftice , pour faire la foi &
hommage , & payer les droits.
M. Dauvergne dit que cet Axiome eft
faux , & que Dupleffis a fuffifamment fait
entendre le contraire.
Ma furpriſe a été d'autant plus grande,.
lorfque j'ai vû ce point de critique , qu'on
veut appuyer du fentiment de Dupleffis ,
que je ne puis m'empêcher de vous tranfcrire
ici les propres termes de cet Auteur,,
qui fe trouvent au Liv . I. des Fiefs , Ch . 3.-
vers la fin. Si la femme n'étoit point feparée
, mais que fon mari fût abſent , & que·
cependant le délai fatal preffat , j'eftime
qu'elle fe peut faire autorifer par Juftice
pour porter la foi..
31
Après
MAY. 1730 . 858
Après
cela peut-on dire que Dupleffis
penſe autrement que le Commentateur
de la Coûtume d'Amiens , que j'ai cité?
Si M. Dauvergne, avoit lû les Auteurs ,
& principalement Dumoulin , fur Paris §.
37. Glofe 1. N. 12. Brod. Art. 36. N. 14.
Le Grand , fur Troye , Art. 40. N. 13 .
& Ferriere , dans fon Traité des Fiefs ,
Ch . 2. Art. 2. N. 64. il auroit reconnu
que le principe que j'ai établi , loin d'être
faux , comme il le dit , eft inconteftable.
En effet , y a-t -il une autre reffource pour:
une femme dont le Fief eft faifi , par l'abfence
, la négligence , le caprice ou la
collufion du mari , que de fe faire autorifer
par Juftice , à l'effet de porter pour
lui la foi & hommage au Seigneur ? Eſtil
un parti plus équitable pour fauver la
perte des fruits qui font deftinez pour
foutenir les charges du mariage ? Vous
concevrez aisément , Monfieur , que cette
Remarque eft mal imaginée , & qu'elle
ne fait pas juger avantageufement de celles
qui fuivent.
J'ai dit au Liv . 2. Ch. 5. Sect. 7. Que
quand les puinez relevent de leur aîné , ils :
doivent lui faire la foi & hommage , &
payer le même droit de Chambellage , qu'ils
auroient payé au Seigneur.
M. Dauvergne , fans contefter ce Principe
, fe contente de dire que j'aurois dû
A vj avertir
856 MERCURE DE FRANCE
avertir que Dargentré a tenu le contraire,
& que fon fentiment a été en cela ſuivi
par plufieurs autres.
Il fe feroit épargné cette objection ,
s'il avoit bien voulu faire attention que
mon Systême eft de pofer uniment les
maximes quej'ay crûës les meilleures & les
plus fuivies , fans entrer dans le détail
des opinions oppofées de quelques Auteurs
, qui ont traité la même matiere .
Ainfi, quoique je n'aye pas ignoré le fentiment
de Dargentré , contraire à ma
propofition , il m'a paru que le texte de
la Coûtume de Vermandois , qui contient
dans une infinité d'articles , les mêmes
difpofitions que la Coûtume de Peronne
& de Roye, dont les appellations reffortiffent
au Préfidial de Laon , devoit prévaloir
à l'opinion de Dargentré , quelque
eftimé & quelque habile qu'il fût.
C'eſt par cette même raison , qu'en traitant
de la foi & hommage conteſtée entre
plufieurs perfonnes , Liv. 2. Chap. 4.
Sect. 4. j'ai tiré mes Principes des Textes,
des Coûtumes de Laon , Reims , & Châlons
, aurois-je pû puifer dans de meilleu
res fources que dans les Coûtumes voifines
de celles que j'avois fuivies , pour fervir
de baſe & de fondement à mes Principes
? Des Coûtumes qui ont été rédigées
& réformées par les plus fçavans Magiftrats
MAY. 1730. 857
trats du Royaume , de l'avis des perfonnes
les plus éclairées des Provinces , n'ontelles
pas plus de poids & d'autorité que
les fentimens de quelques Particuliers ?
Auffi nos meilleurs Auteurs ont-ils fuivi
cette Méthode d'appuyer leurs réfolutions
des Textes de Coûtumes , qui font
répandus dans leurs Ouvrages.
J'ay avancé pour maxime au Liv. 14.
Ch. 15. Sect. 1. Que le Seigneur qui veut
retenir un Fief de fa mouvance , lorsqu'il a
été vendu par fon vaffal , eft obligé d'en
rembourferle prix à l'Acquereur , fans pouvoir
précompter ni diminuer aucune chofe
pour les droits que devoit l' Acquereur à caufe
de fon acquifition.
L'Auteur des Remarques fait une diftinction.
Il convient que le Principe eft
jufte dans le cas où l'Acquereur eft chargé
du payement des droits ; mais fi l'on change
l'efpece , dit-il , & fi l'on fuppofe que
le Vendeur en foit tenu , il demande en
ce cas, s'il fera encore vrai que le Seigneur
n'en puiffe faire la déduction fur le prix
qu'il doit rembourfer , & il fe plaint que
je laiffe le Lecteur fur cela dans l'incertitude
du parti qui eft à prendre dans la
contrarieté qui fe rencontre , non-feulement
entre les diverfes Coûtumes , mais
auffi entre les divers Jurifconfultes.
Je vous avouë , Monfieur , que je n'avois
858 MERCURE DE FRANCE
vois garde de faire une pareille diftine
tion , puifqu'en difant que les droits feodaux
étoient incompatibles avec le retrait
feodal , j'avois fuffilamment fait entendret
que dans le cas propofé , le Seigneur étoit
tenu à rendre le prix fans aucune déduction
des droits..
Auffi la Coûtume de Feronne , Mon
didier & Roye , Art. 255. dit- elle , qu'il
faut rembourfer à l'acquereur les deniers
de l'achat , fans diftinguer fi c'eft l'acque
reur ou le vendeur qui eft chargé du
des droits. Ubi lex non diftinpayement
guit , nec nos diftinguere debemus ...
Les Coûtumes qui ont des difpofitions
contraires , font exorbitantes du droit
commun , & ne font fuivies que dans leur
territoire. Elles font même confiderées
par la plupart des Commentateurs , comme
injuftes & trop rigoureufes.
›
En effet le Seigneur exerçant le Retrait
feodal, n'eft-il pas fubrogé au lieu & place
de l'acquereur, & préſumé avoir acheté le
Fief de fon Vaffal ? auquel cas les droits :
fe trouvent confondus en fa perſonne
ne pouvant être créancier & débiteur de
lui-même. C'eft la décifion de l'Art. 22r.
de la Coûtume de Reims ; le fentiment
de Dumoulin , fur l'Art . 17, de la Coû--
tume de Chaumont , & celui de Brodeau ,
fur Paris , Art, 22. N. 4.
M ..
MAY. 1730 859
M. Dauvergne , me fait encore un reproche
de ce qu'en parlant au Liv. 4.
Ch. 35. Sect. 7. de la récompenfe que
l'aîné doit faire à fes puînez , lorfqu'il
retire leur part des Fiefs , je n'ai point
donné de Principes fur les difficultez qui
naiffent de la difpofition de la Coûtume
dont il fait l'énumeration .
Je vous avouerai franchement , Monfieur
,que je n'ai parlé du droit qu'a l'aîné:
de récompenfer fa foeur , qu'en paffant ,
& parce que ce droit a rapport à la matiere
des Fiefs ; mais comme il regarde
plus particulierement celle des fucceffions,.
où la Coûtume parle de la récompenfe ,
je me fuis réfervé den traiter plus amplement,
lorfqu'en expliquant le Titre des
Succeffions , je parlerai du partage des Fiefs
entre l'aîné & les puînez.
Enfin , pour pouffer la critique jufqu'au
bout, M. Dauvergne finit fes Remarques
par une Reflexion , qui certainement ne
me fait pas honneur ; je laiffe au Public
à juger fi elle doit lui en faire beaucoup..
Il infinuë que non -feulement il fe trouve
dans mon Livre des omiffions effentielles
, mais encore que les axiomes qu'on
prefente comme indubitables & non conteftés
peuvent produire des effets d'au--
tant plus dangereux par la réticence des
autoritez qui y font oppofées ; qu'il fuffit:
qu'un
866 MERCURE DE FRANCE
A qu'un Livre foit imprimé pour qu'il foit
regardé , fur tout après la mort de fon
Auteur , comme un Oracle , par une infinité
de gens ; que l'Avocat , dans les
confultations , le prend pour la regle de
fes réfolutions , & fouvent le Magiſtrat ,
pour celle de fes jugemens. Crédulité fatale
, continue- t-il , qui produit la ruine
des familles , dont un Livre de Principes
que l'Auteur a publiez comme vrais , eft la
cauſe.
Mais ne fuis- je pas en droit de demander
à M. Dauvergne , à quoi aboutit tout
ce raifonnement , & de lui propofer ce
Dilemme ? Ou mes Principes font bons ,
ou ils font vicieux ; fi vous les trouvez
mauvais , rendez témoignage de leur défectuofité
; mais s'ils font juftes & autorifez
par l'ufage & par les meilleurs Auteurs
, pourquoi les cenfurez -vous ? Vous
voudriez , direz - vous , que ces Principes
fuffent difcutez , approfondis , que j'euſſe
rapporté les exceptions , les objections
les applications , les diftinctions & les dé- .
cifions des Auteurs qui ont écrit fur la
matiere. A cela vous répondrai - je , je ne
pourrois que louer votre circonfpection;
fi j'avois entendu de donner au Public
un Traité en forme fur les Fiefs ; mais
confiderez que ce petit Livre n'eft qu'un
précis , un abregé des maximes les plus
>
communes
MAY. 1730 . 86r
communes & les plus fuivies , juftifiées
par les autoritez qui font à la marge , &
vous conviendrez que fi mes Principes
ne font
pas de votre gout , parce que
vous ne les trouvez pas affez démontrez,
ils peuvent convenir à une infinité de
gens , qui feront bien contens de trouver
d'un coup d'oeil dans ce Livre , la décifion
des difficultez qui fe prefentent.
Je laiffe au Public à juger fi votre Cri
tique eft judicieuſe.
Au refte , je ferai toûjours difpofé à
profiter des lumieres & des reflexions que
des perfonnes équitables voudront bien
me communiquer fur les deffauts qu'ils
auront pû remarquer dans mon Livre.
Je fuis , Monfieur , &c.
A Roye , ce 22. Mars 1730.
Fermer
Résumé : LETTRE de M. Billecocq, Lieutenant Particulièr au Bailliage de Roye, pour servir de Réponse aux Remarques de M. Dauvergne, inserée dans le Mercure de Janvier 1730.
M. Billecocq, lieutenant particulier au bailliage de Roye, répond aux critiques de M. Dauvergne de Beauvais, publiées dans le Mercure de janvier 1730, concernant son livre 'Principes du Droit Français sur les Fiefs'. Billecocq reconnaît la réputation de Dauvergne mais affirme que ses remarques ne contiennent aucune critique utile. Dauvergne critique le titre du livre, la méthode de composition et l'omission des autorités opposées aux principes établis. Billecocq défend le titre de son ouvrage, soulignant qu'il contient des notions essentielles sur les matières féodales. Il explique avoir simplifié l'exposition pour rendre la matière accessible aux seigneurs de fiefs, leurs officiers et autres intéressés. Billecocq rejette également les critiques sur l'absence de citations d'auteurs latins ou de traités particuliers, justifiant cela par la modernité de ses sources. Il conteste les reproches sur l'insuffisance des principes pour interpréter les articles de la coutume de Peronne, Montdidier et Roye, et invite Dauvergne à analyser lui-même le livre. Billecocq répond point par point aux critiques spécifiques sur certains principes, comme celui concernant l'autorisation judiciaire pour les femmes en l'absence de leur mari, et celui sur les droits de chambellage entre puînés et aînés. Il conclut en rejetant les accusations d'omissions essentielles et de dangers potentiels de son ouvrage, affirmant que ses principes sont justes et bien fondés. L'auteur reconnaît que certains principes peuvent sembler défectueux, mais il argue que ceux qui sont justes et autorisés par l'usage et les meilleurs auteurs devraient être acceptés. Il admet que les principes auraient pu être discutés et approfondis, mais précise que son livre est un précis des maximes les plus communes et suivies, justifiées par les autorités citées en marge. Il concède que ses principes peuvent ne pas convenir à tous, mais ils peuvent satisfaire ceux qui cherchent des décisions rapides sur les difficultés rencontrées. L'auteur laisse au public le soin de juger la critique et se déclare prêt à bénéficier des lumières et réflexions des personnes équitables sur les défauts éventuels de son livre. Le texte est daté du 22 mars 1730 à Roye.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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44
p. 1046-1050
MORTS NAISSANCES, & Mariages.
Début :
Dame Jeanne Josephe de Carmin, Epouse de M. Yves Robert Ignace, Chevalier, [...]
Mots clefs :
Chevalier, Seigneur, Dame, Roi
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texteReconnaissance textuelle : MORTS NAISSANCES, & Mariages.
MORTS NAISSANCES,
D
& Mariages.
Ame Jeanne Jofephe de Carmin , Epouſe.
de M. Yves Robert Ignace , Chevalier
Baron de Legall , & auparavant Veuve de M. Nicolas
Jacques Defmars , Chevalier , Marquis de
Bellefoffe, Colonel , Meftre de Cavalerię , mourut
le 16. Avril , âgée de 40. ans.
D. Elifabeth Françoife de S. Chamans , fille
de
MAY. 1730. 1047
de feu François , Comte de S. Chamans , Chevalier
, Seigneur & Marquis de Mary , Meriel ,
&c. & de Dame Bonne de Chatellux , mourut le
23. du même mois , âgée de 30. ans .
N. Du Perray , Doyen des Avocats du Parle
ment , mourut le 25. Avril , âgé de plus de 90 .
ans , extrémement regretté par fa probité & fa
capacité. Il a exercé fa Profeffion avec beaucoup
d'honneur pendant près de 70. ans.
Le 28. Avril , Jean François Duret , Chevalier,
Seigneur de Villejuif,ancien Capitaine aux Gardes
Françoifes , Colonel d'Infanterie & Chevalier de
S. Louis , mourut âgé d'environ 62. ans .
Emanuel Charles Therefe de Froulay de Teffé,
Abbé de l'Abbaye de Valmont , Ordre de S. Benoît
, Diocèse de Rouen , Aumônier du Roy , &
Grand-Vicaire de l'Archevêque de Rouen, à Pontoiſe
, mourut à Paris le premier de ce mois , âgé
de
33. ans.
Charles Roger , Prince de Courtenay , mourut
à Paris le 7. de ce mois , âgé de près de 59. ans,
étant né au mois de Juillet 1671. Il ne laiffe
point d'enfans de Marie Claire Genevieve de Bretagne
fon Epoufe. La Branche de Courtenay fe.
trouve aujourd'huy fondue dans la Maifon de
Bauffremont , par le mariage d'Helene de Courtenay
avec le Marquis de Bauffremont , Chevalier
de la Toifon d'Or , Brigadier des Armées du
Roy , Meftre de Camp du Regiment de Dragons
de fon nom. On peut voir Du Bouchet fur la
Généalogie des Princes de Courtenay , le P. An
felme , &c.
Jacques Philippe Héron , Ecuyer , Sicur de la
Thuillerie , ancien Secretaire du Roy honoraire,
mourut à Pontoife le 10. de ce mois , âgé de 78.
ans , il avoit époufé Damoifelle Marguerite Du
Poirier Cotereau , fille de feu Jacques Du Poirier
Cotereau
I VJ
1048 MERCURE DE FRANCE
Cotereau , Chevalier , Seigneur de Villomer & de
Launay , Maître d'Hôtel ordinaire du feu Roy ,
Lieutenant Colonel du Regiment de Touraine
& de deffunte Dame Marguerite de Vallois . Il
laiffe une fille , Marguerite Therefe Héron ,
mariée à M. Pierre De Sabine , Chevalier , Seigneur
& Patron de Rieu , Comte de la Quieze ,
Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de S. Louis,
Gentilhomme ordinaire de la Maifon du Roi.
Pierre le Clerc , Chevalier, Seigneur des Hayes,
Lefrefne , Jacmelle , Auvers , Guedeniau , &c.
Confeiller au Parlement , mourut à Paris le i I.
May , âgé de 32. ans .
Pierre Nicolas de Berulles , Chevalier , Seigneur
de Foiffy , &c. Confeiller du Roy en tous fes
Confeils , Premier Prefident du Parlement de
Grenoble , & Commandant pour le Roy en ladite
Province, déceda le 14. May 1730. âgé de 43. ans.
2
Emanuel Theodofe de la Tour d'Auvergne ,
Duc de Bouillon, d'Albret & de Château Thierry,
Vicomte de Turenne Comte d'Auvergne ,
d'Evreux & du Bas Armagnac , Pair, & ci- devant
Grand-Chambellan de France , Gouverneur &
Lieutenant General de la haute & baſſe Auvergne ,
mourut le 17. May , âgé d'environ 63. ans . Il
laiffe par fon Teftament 352 50. liv. en 23. legs
une fois payez ; fçavoir, 4000. liv . aux Théatins,
2000. liv. aux Petits Auguftins , 3.000. liv . aux
Religieux de S. Martin de Pontoiſe , 2000. liv.
aux Pauvres de la Paroiffe de S. Sulpice , 4000. I.
à l'Abbaye de Redon , 4000. liv . aux Jefuites de
la Maifon Profeffe , & le refte à fes Officiers &
Domeftiques. Les rentes viageres que ce Seigneur
a faites par fon Teftament confiftent en 61. legs ,
faifant la fomme annuelle de 31636. liv. fçavoir,
800. liv. à Mademoiſelle de Château - Thiery ,
3000. liv. au Pere Bourfault , Théatin , & le
refte
MAY. 1730. . 1049
refte à fes Officiers , Domeftiques , &c .
Dame Marguerite Dorat , Veuve de M. Jules
Marquis de Prunelé , Seigneur & Baron de S. Germain
le Defiré, de Mervilliers, &c. mourut le 18.
Avril , âgée de 74. ans environ.
N. Dubois , fameux Joueur de Baffon de la
Mufique du Roy , eft mort d'une pleurefie à
Fontainebleau le 24. de ce mois , âgé d'environ
45. ans , extrémement regretté.
>
Eugene , Comte de Beaujeu , Maréchal des
Camps & Armées du Roy Commandeur de
l'Ordre Royal & Militaire de S. Louis , & Gou
verneur de l'Hôtel Royal des Invalides , mourut
le 26. May , âgé d'environ 64. ans .
Dame Marie Victoire Guillart de la Vacherie ,
Epoufe de Jean- Baptifte Martin d'Artaguiette
Diron , Chevalier , Baron d'Aiguierre , Marquis
de la Mothe S. Meray , &c. accoucha le 26. Avril
d'une fille qui fut tenue fur les Fonts, & nommée
Jeanne Charlote par M. René Herault, Chevalier,
Seigneur de Fontaine , l'Abbé de Vaucreffon , & c.
Confeiller du Roy en fes Confeils d'Etat & Privé,
Confeiller honoraire en fon Grand Confeil,Maître
des Requêtes ordinaire de fon Hôtel,& Lieutenant
General de Police de Paris , & par D. Jeanne
Charlotte Guillart de la Vacherie , Veuve de M.'
Louis Herault , Chevalier , Seigneur d'Epone .
* Dame Anne Louife Martin de Vaucreffon
Epoufe de M. Louis Antoine de Bernage , Chevalier
, Marquis de Chaumont , Mestre de Camp de
Cavalerie, Sous -Lieutenant des Gendarmes d'Anjou
, accoucha d'un fils , tenu fur les Fonts , &
nommé Louis , par M. Martin de la Porte , Confeiller
du Roy en la Venerie du Louvre , & par
D. Anne Marie Rouillé , Epoufe de M. Louis de
Bernage , Chevalier , Confeiller d'Etat ordinaire.
Louis Paul , Duc de Rochechouart , Pair de
France
roso MERCURE DE FRANCE
France , Prince de Tonnay - Charente , Premier
Gentilhomme de la Chambre du Roy , fils de
Louis de Rochechouart , Duc de Mortemart ,
Pair de France , Prince de Tonnay - Charente ,
Premier Gentilhomme de la Chambre du Roy ' ,
Chevalier des Ordres de Sa Majeſté , Lieutenant
General de fes Armées , & de feuë Dame Marie
de Beauvilliers S. Aignan, époufa le 4. May Dame
Marie Anne Elifabeth de Beauveau , fille de Pierre
Madeleine , Comte de Beauvau , Chevalier des
Ordres du Roy , Lieutenant General de fes Armées
, & Directeur General de la Cavalerie , &
Dragons de France , & de Dame Marie Therefe
de Beauvau. Les Maifons de Rochechouart , &
de Beauvau font fi anciennes , fi diftinguées
parmi les grandes Maifons du Royaume , & par
confequent fi connues , qu'il eft inutile d'entrer
là - deffus dans aucun détail.
Jean- Baptifte Darrots , Marquis de la Poupe--
liniere , époufa le 22. May Dame Marie Anne
Laurence Mcflageot.
D
& Mariages.
Ame Jeanne Jofephe de Carmin , Epouſe.
de M. Yves Robert Ignace , Chevalier
Baron de Legall , & auparavant Veuve de M. Nicolas
Jacques Defmars , Chevalier , Marquis de
Bellefoffe, Colonel , Meftre de Cavalerię , mourut
le 16. Avril , âgée de 40. ans.
D. Elifabeth Françoife de S. Chamans , fille
de
MAY. 1730. 1047
de feu François , Comte de S. Chamans , Chevalier
, Seigneur & Marquis de Mary , Meriel ,
&c. & de Dame Bonne de Chatellux , mourut le
23. du même mois , âgée de 30. ans .
N. Du Perray , Doyen des Avocats du Parle
ment , mourut le 25. Avril , âgé de plus de 90 .
ans , extrémement regretté par fa probité & fa
capacité. Il a exercé fa Profeffion avec beaucoup
d'honneur pendant près de 70. ans.
Le 28. Avril , Jean François Duret , Chevalier,
Seigneur de Villejuif,ancien Capitaine aux Gardes
Françoifes , Colonel d'Infanterie & Chevalier de
S. Louis , mourut âgé d'environ 62. ans .
Emanuel Charles Therefe de Froulay de Teffé,
Abbé de l'Abbaye de Valmont , Ordre de S. Benoît
, Diocèse de Rouen , Aumônier du Roy , &
Grand-Vicaire de l'Archevêque de Rouen, à Pontoiſe
, mourut à Paris le premier de ce mois , âgé
de
33. ans.
Charles Roger , Prince de Courtenay , mourut
à Paris le 7. de ce mois , âgé de près de 59. ans,
étant né au mois de Juillet 1671. Il ne laiffe
point d'enfans de Marie Claire Genevieve de Bretagne
fon Epoufe. La Branche de Courtenay fe.
trouve aujourd'huy fondue dans la Maifon de
Bauffremont , par le mariage d'Helene de Courtenay
avec le Marquis de Bauffremont , Chevalier
de la Toifon d'Or , Brigadier des Armées du
Roy , Meftre de Camp du Regiment de Dragons
de fon nom. On peut voir Du Bouchet fur la
Généalogie des Princes de Courtenay , le P. An
felme , &c.
Jacques Philippe Héron , Ecuyer , Sicur de la
Thuillerie , ancien Secretaire du Roy honoraire,
mourut à Pontoife le 10. de ce mois , âgé de 78.
ans , il avoit époufé Damoifelle Marguerite Du
Poirier Cotereau , fille de feu Jacques Du Poirier
Cotereau
I VJ
1048 MERCURE DE FRANCE
Cotereau , Chevalier , Seigneur de Villomer & de
Launay , Maître d'Hôtel ordinaire du feu Roy ,
Lieutenant Colonel du Regiment de Touraine
& de deffunte Dame Marguerite de Vallois . Il
laiffe une fille , Marguerite Therefe Héron ,
mariée à M. Pierre De Sabine , Chevalier , Seigneur
& Patron de Rieu , Comte de la Quieze ,
Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de S. Louis,
Gentilhomme ordinaire de la Maifon du Roi.
Pierre le Clerc , Chevalier, Seigneur des Hayes,
Lefrefne , Jacmelle , Auvers , Guedeniau , &c.
Confeiller au Parlement , mourut à Paris le i I.
May , âgé de 32. ans .
Pierre Nicolas de Berulles , Chevalier , Seigneur
de Foiffy , &c. Confeiller du Roy en tous fes
Confeils , Premier Prefident du Parlement de
Grenoble , & Commandant pour le Roy en ladite
Province, déceda le 14. May 1730. âgé de 43. ans.
2
Emanuel Theodofe de la Tour d'Auvergne ,
Duc de Bouillon, d'Albret & de Château Thierry,
Vicomte de Turenne Comte d'Auvergne ,
d'Evreux & du Bas Armagnac , Pair, & ci- devant
Grand-Chambellan de France , Gouverneur &
Lieutenant General de la haute & baſſe Auvergne ,
mourut le 17. May , âgé d'environ 63. ans . Il
laiffe par fon Teftament 352 50. liv. en 23. legs
une fois payez ; fçavoir, 4000. liv . aux Théatins,
2000. liv. aux Petits Auguftins , 3.000. liv . aux
Religieux de S. Martin de Pontoiſe , 2000. liv.
aux Pauvres de la Paroiffe de S. Sulpice , 4000. I.
à l'Abbaye de Redon , 4000. liv . aux Jefuites de
la Maifon Profeffe , & le refte à fes Officiers &
Domeftiques. Les rentes viageres que ce Seigneur
a faites par fon Teftament confiftent en 61. legs ,
faifant la fomme annuelle de 31636. liv. fçavoir,
800. liv. à Mademoiſelle de Château - Thiery ,
3000. liv. au Pere Bourfault , Théatin , & le
refte
MAY. 1730. . 1049
refte à fes Officiers , Domeftiques , &c .
Dame Marguerite Dorat , Veuve de M. Jules
Marquis de Prunelé , Seigneur & Baron de S. Germain
le Defiré, de Mervilliers, &c. mourut le 18.
Avril , âgée de 74. ans environ.
N. Dubois , fameux Joueur de Baffon de la
Mufique du Roy , eft mort d'une pleurefie à
Fontainebleau le 24. de ce mois , âgé d'environ
45. ans , extrémement regretté.
>
Eugene , Comte de Beaujeu , Maréchal des
Camps & Armées du Roy Commandeur de
l'Ordre Royal & Militaire de S. Louis , & Gou
verneur de l'Hôtel Royal des Invalides , mourut
le 26. May , âgé d'environ 64. ans .
Dame Marie Victoire Guillart de la Vacherie ,
Epoufe de Jean- Baptifte Martin d'Artaguiette
Diron , Chevalier , Baron d'Aiguierre , Marquis
de la Mothe S. Meray , &c. accoucha le 26. Avril
d'une fille qui fut tenue fur les Fonts, & nommée
Jeanne Charlote par M. René Herault, Chevalier,
Seigneur de Fontaine , l'Abbé de Vaucreffon , & c.
Confeiller du Roy en fes Confeils d'Etat & Privé,
Confeiller honoraire en fon Grand Confeil,Maître
des Requêtes ordinaire de fon Hôtel,& Lieutenant
General de Police de Paris , & par D. Jeanne
Charlotte Guillart de la Vacherie , Veuve de M.'
Louis Herault , Chevalier , Seigneur d'Epone .
* Dame Anne Louife Martin de Vaucreffon
Epoufe de M. Louis Antoine de Bernage , Chevalier
, Marquis de Chaumont , Mestre de Camp de
Cavalerie, Sous -Lieutenant des Gendarmes d'Anjou
, accoucha d'un fils , tenu fur les Fonts , &
nommé Louis , par M. Martin de la Porte , Confeiller
du Roy en la Venerie du Louvre , & par
D. Anne Marie Rouillé , Epoufe de M. Louis de
Bernage , Chevalier , Confeiller d'Etat ordinaire.
Louis Paul , Duc de Rochechouart , Pair de
France
roso MERCURE DE FRANCE
France , Prince de Tonnay - Charente , Premier
Gentilhomme de la Chambre du Roy , fils de
Louis de Rochechouart , Duc de Mortemart ,
Pair de France , Prince de Tonnay - Charente ,
Premier Gentilhomme de la Chambre du Roy ' ,
Chevalier des Ordres de Sa Majeſté , Lieutenant
General de fes Armées , & de feuë Dame Marie
de Beauvilliers S. Aignan, époufa le 4. May Dame
Marie Anne Elifabeth de Beauveau , fille de Pierre
Madeleine , Comte de Beauvau , Chevalier des
Ordres du Roy , Lieutenant General de fes Armées
, & Directeur General de la Cavalerie , &
Dragons de France , & de Dame Marie Therefe
de Beauvau. Les Maifons de Rochechouart , &
de Beauvau font fi anciennes , fi diftinguées
parmi les grandes Maifons du Royaume , & par
confequent fi connues , qu'il eft inutile d'entrer
là - deffus dans aucun détail.
Jean- Baptifte Darrots , Marquis de la Poupe--
liniere , époufa le 22. May Dame Marie Anne
Laurence Mcflageot.
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Résumé : MORTS NAISSANCES, & Mariages.
En mai 1730, plusieurs événements marquants ont été enregistrés, incluant des naissances, des mariages et des décès. Parmi les décès notables, on compte Dame Jeanne Jofephe de Carmin, épouse de M. Yves Robert Ignace, Chevalier Baron de Legall, décédée le 16 avril à l'âge de 40 ans. Dame Élisabeth Françoise de S. Chamans, fille de feu François, Comte de S. Chamans, est décédée le 23 avril à l'âge de 30 ans. Du Perray, Doyen des Avocats du Parlement, est décédé le 25 avril à l'âge de plus de 90 ans. Jean François Duret, Chevalier, Seigneur de Villejuif, est décédé le 28 avril à l'âge d'environ 62 ans. Emanuel Charles Thérese de Froulay de Tessé, Abbé de l'Abbaye de Valmont, est décédé à Paris le 1er mai à l'âge de 33 ans. Charles Roger, Prince de Courtenay, est décédé à Paris le 7 mai à l'âge de près de 59 ans. Jacques Philippe Héron, Ecuyer, Sicur de la Thuillerie, est décédé à Pontoise le 10 mai à l'âge de 78 ans. Pierre le Clerc, Chevalier, Seigneur des Hayes, Conseiller au Parlement, est décédé à Paris le 11 mai à l'âge de 32 ans. Pierre Nicolas de Berulles, Chevalier, Premier Président du Parlement de Grenoble, est décédé le 14 mai à l'âge de 43 ans. Emanuel Théodose de la Tour d'Auvergne, Duc de Bouillon, Pair de France, est décédé le 17 mai à l'âge d'environ 63 ans. Dame Marguerite Dorat, Veuve de M. Jules Marquis de Prunelé, est décédée le 18 avril à l'âge de 74 ans environ. N. Dubois, célèbre joueur de basson de la Musique du Roy, est décédé à Fontainebleau le 24 mai à l'âge d'environ 45 ans. Eugène, Comte de Beaujeu, Maréchal des Camps et Armées du Roy, est décédé le 26 mai à l'âge d'environ 64 ans. Du côté des naissances, Dame Marie Victoire Guillart de la Vacherie, épouse de Jean-Baptiste Martin d'Artaguiette Diron, a accouché le 26 avril d'une fille nommée Jeanne Charlotte. Dame Anne Louise Martin de Vaucreffon, épouse de M. Louis Antoine de Bernage, a accouché d'un fils nommé Louis. Parmi les mariages, Louis Paul, Duc de Rochechouart, a épousé le 4 mai Dame Marie Anne Élisabeth de Beauveau. Jean-Baptiste Darrots, Marquis de la Poupelinière, a épousé le 22 mai Dame Marie Anne Laurence Meslageot.
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45
p. 1252-1257
MORTS, NAISSANCE.
Début :
Dame Marie Madelaine Françoise Voisin, Epouse de M. Robert Deslandes, [...]
Mots clefs :
Chevalier, Seigneur, Maréchal, Conseiller au Parlement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCE.
MORTS NAISSANCE.
AmeMarieMadelaine FrançoifeVoifin,
Epoufe de M. Robert Deflandes ,
Chevalier , Seigneur de Crevecoeur , Confeiller
au Parlement de Normandie , mourut
à Paris le 22. Mai , âgée de 33. ans .
Le 27. mourut à Paris , âgée de
51. ans , Dame Elifabeth Françoife Huillier
, femme de Paul Benoit , Comte de
I. Vol. BraJUIN.
1730. 1253
Braque , Chevalier , Seigneur du Luat de
Boifrenaud & c. Intendant & Contrôleur
General des Ecuries & Livrées du Roi ;
fon corps fut porté le 29. en l'Eglife de
S. Roch fa Paroiffe , & delà tranfporté en
l'Eglife des P. P. de la Mercy, lieu de la
fepulture de la Maifon de Braque qui l'a
fondée & dotée dès l'année 1348. où
M de Braque avoient établis cinq Chapellenies
& un Hôpital à l'inftar de
' Hôtel- Dieu , avec trois Religieux & un
Gouverneur pour regir cet Hôpital defervi
par les Chapelains de Braque depuis
fon établiffement jufqu'en 1613. que la
Reine Marie de Medicis fit demander
cette Maiſon , Hôpital & Chapelle de
Braque à François de Braque , Chevalier,
Seigneur du Luat , pour y établir les
Religieux de l'Ordre de la Menci , Redemption
des Captifs. Ledit François de
Braque , quatriéme Ayeul du Comte de
Braque , confentit avec fes Enfans les
que
PP. de la Merci fuflent êtablis en la Chapelle
& Maifon de Braque , & ceda à la
Reine le droit de Patronage en ladite
Eglife il fe referva neanmoins & aux
fiens, les droits de fondateurs & de dotateurs
de ladite Egliſe & Maiſon de Braque
qui leur ont été confirmés par plufeurs
Arrêts du Parlement. 7
Jean de Nompere , Chevalier , Com-
;
I. Vol. I iij man1254
MERCURE DE FRANCE
mandeur de la Commanderie de S. Jac
ques Dulys , de l'Ordre Royal de M. D.
de Mont Carmel & de S. Lazare , mou
rut le 30. âgé de 76. ans.
Le 7 Juin , Alain -Emanuel de Coëtlogon
, Maréchal & Vive- Amiral de Fran-
Chevalier des Ordres du Roy , mourut
à Paris âgé de 83 ans , fix mois. Le
Roy l'avoit nommé Maréchal de France ,
le premier de ce mois .
La Maifon de Coëtlogon eft originaire
de Bretagne , & très-ancienne ; par les
Pieces produites à la verification des preuves
de M. le Maréchal de Coëtlogon ,
pour facreception dans l'Ordre du Saint-
Efprit , il paroît que la Terre de Coëtlogon
étoit poffedée en 1207 par Eudes
de Coëtlogon.
Le Pere Lobineau , page 396 des preuves
de fon Hiftoire de Bretagne , rapporte
tout au long une Tranfaction paffée en
1248 , fur le partage de la Seigneurie de
Porrhoet ; & dans cette Tranfaction Henry
de Coëtlogon , fils d'Eudes , eft qualifié ,
Monfeigneur.
Le Public nous fçaura gré , fans doute
de lui donner quelque détail , fur la vie &
-le caractere du Maréchal de Coëtlogon :
-toûjours attentifà celebrer le vray merite;
nous yfommes encore invitez par les Provifions
de Maréchal de France , de cetil-
1. Vol.
luftre
EST
TUIN. 1730 .
luftre Mort , que le hazard a fait tomber
entre nos mains ; on y apprend entr'au
tres chofes, que ce Maréchal s'étoit trou
vé à onze combats , & qu'après plufieurs
actions d'éclat , qu'il feroit trop long
de rapportet de la maniere qu'elles font
énoncées dans les Provifions . Son dernier
combat fut en 1703 , lorfque comman
dant cinq vaiffeaux du Roy , iill eenn prit
cinq de guerre Hollandois. A l'égard de
fon caractere , le Roy lui rend cet illuftre
témoignage ; que S. M. a réfolu de l'élever
à la dignité de Maréchal de France ,
pour reconnoître d'une maniere éclatante une
longuefuite defervices , & honorer en fa Perfonne
la vertu la plus pure & le plus parfait
defintereffement. Ce font les
termes des Provifions.
propres
Le 18 de ce mois , François Cornu de
Baliviere , Lieutenant General des armées
du Roy , Grand- Croix de l'Ordre Royal
& Militaire de S. Louis , Gouverneur de
Rocroy , & ci - devant Lieutenant des
Gardes du-Corps , mourut à Paris , âgé
d'environ 78 , ans.
- D. Marguerite - Therefe Fleuriau , veuve
de Meffire Louis de Laurency , Chevalier
, Marquis de Montbrun , Confeiller
du Roy en tous fes Confeils d'Etat & Pri-
Prefident à Mortier du Parlement de
Touloufe, mourut à Paris le 19 Juin dans
I. Vol I j
la
1256 MERCURE DE FRANCE
la foixante & troifiéme année de fon âge,
F. Honoré Marion , Religieux , Prêtre,
de l'Ordre de S. Jean de Jerufalem , de la
Langue de Provence , de la ville de Marſeil
les ,Prieur,Curé de l'Eglife de la Commanderie
de S.Jean de Latran à Paris, mourut le
21 Juin âgé d'environ 54 ans.. Il étoit fort
eftimé dans fon Ordre , & il eft regreté
de tous ceux qu'un Miniftere. de vingt
années avoit conduits & édifiez
Dominique Barberię de Saint- Conteſt
Confeiller d'Etat Ordinaire , mourut à
Paris le 22. dans la 62. année de fon âge,
Il avoit été Ambaffadeur Extraordinaire
& Plenipotentiaire du Roi au Congrès de
Bade & de Cambray.
D. Marie Henriette Bourgoin , épouſe
de M. Anne- Louis Pinon , Chevalier ,
Vicomte de Quincy , &c. Confeiller au
Parlement , accoucha le 4. Juin , d'une
fille qui fut tenuë fur les fonts , & nommée
Marie- Agnès , par M. André- François
de Paul le Febvre d'Ormefon , Cons
feiller au Parlement , Chevalier Seigneur
Deftournelles ; & par Dame Marie-
Agnès Soullet , époufe de M. Jean
le Boulanger , Maître des Comptes.
D. Geneviève de Vandeuil , épouſe
d'Antoine-François de Lanquedouë de
Vandeuil , Seigneur de Paffay , Capitai-
I. Vol. ne
JUIN. 1730. 1257
ne de Cavalerie , accoucha le 15 Juin ,
d'une fille qui fut tenuë fur les fonts , &
nommée Anne-Loüife par François - Anne
de Vandeuil , Seigneur de Montgiron ,
&c. Ecuyer du Roy ; & par D. Louiſe
Charlotte le Fevre , veuve d'Aléxandro
Martinot , Maistre des Comptes.
On s'eft trompé en annonçant dans le
dernier Mercure , la mort de Pierre le
Clerc , Chevalier Seigneur des Hayes ,
Jumelles- le-Frefne , au Verfe- Guedenyau;
Confeiller au Parlement. Ce n'eſt point
lui qui eft mort , mais Dame Marie-Madeleine
Bachelier , fon époufe , fille de
M. Bachelier , Prefident des Tréforiers de
France , laquelle eft decedée le 11 May
dernier , âgée de 32. ans,
AmeMarieMadelaine FrançoifeVoifin,
Epoufe de M. Robert Deflandes ,
Chevalier , Seigneur de Crevecoeur , Confeiller
au Parlement de Normandie , mourut
à Paris le 22. Mai , âgée de 33. ans .
Le 27. mourut à Paris , âgée de
51. ans , Dame Elifabeth Françoife Huillier
, femme de Paul Benoit , Comte de
I. Vol. BraJUIN.
1730. 1253
Braque , Chevalier , Seigneur du Luat de
Boifrenaud & c. Intendant & Contrôleur
General des Ecuries & Livrées du Roi ;
fon corps fut porté le 29. en l'Eglife de
S. Roch fa Paroiffe , & delà tranfporté en
l'Eglife des P. P. de la Mercy, lieu de la
fepulture de la Maifon de Braque qui l'a
fondée & dotée dès l'année 1348. où
M de Braque avoient établis cinq Chapellenies
& un Hôpital à l'inftar de
' Hôtel- Dieu , avec trois Religieux & un
Gouverneur pour regir cet Hôpital defervi
par les Chapelains de Braque depuis
fon établiffement jufqu'en 1613. que la
Reine Marie de Medicis fit demander
cette Maiſon , Hôpital & Chapelle de
Braque à François de Braque , Chevalier,
Seigneur du Luat , pour y établir les
Religieux de l'Ordre de la Menci , Redemption
des Captifs. Ledit François de
Braque , quatriéme Ayeul du Comte de
Braque , confentit avec fes Enfans les
que
PP. de la Merci fuflent êtablis en la Chapelle
& Maifon de Braque , & ceda à la
Reine le droit de Patronage en ladite
Eglife il fe referva neanmoins & aux
fiens, les droits de fondateurs & de dotateurs
de ladite Egliſe & Maiſon de Braque
qui leur ont été confirmés par plufeurs
Arrêts du Parlement. 7
Jean de Nompere , Chevalier , Com-
;
I. Vol. I iij man1254
MERCURE DE FRANCE
mandeur de la Commanderie de S. Jac
ques Dulys , de l'Ordre Royal de M. D.
de Mont Carmel & de S. Lazare , mou
rut le 30. âgé de 76. ans.
Le 7 Juin , Alain -Emanuel de Coëtlogon
, Maréchal & Vive- Amiral de Fran-
Chevalier des Ordres du Roy , mourut
à Paris âgé de 83 ans , fix mois. Le
Roy l'avoit nommé Maréchal de France ,
le premier de ce mois .
La Maifon de Coëtlogon eft originaire
de Bretagne , & très-ancienne ; par les
Pieces produites à la verification des preuves
de M. le Maréchal de Coëtlogon ,
pour facreception dans l'Ordre du Saint-
Efprit , il paroît que la Terre de Coëtlogon
étoit poffedée en 1207 par Eudes
de Coëtlogon.
Le Pere Lobineau , page 396 des preuves
de fon Hiftoire de Bretagne , rapporte
tout au long une Tranfaction paffée en
1248 , fur le partage de la Seigneurie de
Porrhoet ; & dans cette Tranfaction Henry
de Coëtlogon , fils d'Eudes , eft qualifié ,
Monfeigneur.
Le Public nous fçaura gré , fans doute
de lui donner quelque détail , fur la vie &
-le caractere du Maréchal de Coëtlogon :
-toûjours attentifà celebrer le vray merite;
nous yfommes encore invitez par les Provifions
de Maréchal de France , de cetil-
1. Vol.
luftre
EST
TUIN. 1730 .
luftre Mort , que le hazard a fait tomber
entre nos mains ; on y apprend entr'au
tres chofes, que ce Maréchal s'étoit trou
vé à onze combats , & qu'après plufieurs
actions d'éclat , qu'il feroit trop long
de rapportet de la maniere qu'elles font
énoncées dans les Provifions . Son dernier
combat fut en 1703 , lorfque comman
dant cinq vaiffeaux du Roy , iill eenn prit
cinq de guerre Hollandois. A l'égard de
fon caractere , le Roy lui rend cet illuftre
témoignage ; que S. M. a réfolu de l'élever
à la dignité de Maréchal de France ,
pour reconnoître d'une maniere éclatante une
longuefuite defervices , & honorer en fa Perfonne
la vertu la plus pure & le plus parfait
defintereffement. Ce font les
termes des Provifions.
propres
Le 18 de ce mois , François Cornu de
Baliviere , Lieutenant General des armées
du Roy , Grand- Croix de l'Ordre Royal
& Militaire de S. Louis , Gouverneur de
Rocroy , & ci - devant Lieutenant des
Gardes du-Corps , mourut à Paris , âgé
d'environ 78 , ans.
- D. Marguerite - Therefe Fleuriau , veuve
de Meffire Louis de Laurency , Chevalier
, Marquis de Montbrun , Confeiller
du Roy en tous fes Confeils d'Etat & Pri-
Prefident à Mortier du Parlement de
Touloufe, mourut à Paris le 19 Juin dans
I. Vol I j
la
1256 MERCURE DE FRANCE
la foixante & troifiéme année de fon âge,
F. Honoré Marion , Religieux , Prêtre,
de l'Ordre de S. Jean de Jerufalem , de la
Langue de Provence , de la ville de Marſeil
les ,Prieur,Curé de l'Eglife de la Commanderie
de S.Jean de Latran à Paris, mourut le
21 Juin âgé d'environ 54 ans.. Il étoit fort
eftimé dans fon Ordre , & il eft regreté
de tous ceux qu'un Miniftere. de vingt
années avoit conduits & édifiez
Dominique Barberię de Saint- Conteſt
Confeiller d'Etat Ordinaire , mourut à
Paris le 22. dans la 62. année de fon âge,
Il avoit été Ambaffadeur Extraordinaire
& Plenipotentiaire du Roi au Congrès de
Bade & de Cambray.
D. Marie Henriette Bourgoin , épouſe
de M. Anne- Louis Pinon , Chevalier ,
Vicomte de Quincy , &c. Confeiller au
Parlement , accoucha le 4. Juin , d'une
fille qui fut tenuë fur les fonts , & nommée
Marie- Agnès , par M. André- François
de Paul le Febvre d'Ormefon , Cons
feiller au Parlement , Chevalier Seigneur
Deftournelles ; & par Dame Marie-
Agnès Soullet , époufe de M. Jean
le Boulanger , Maître des Comptes.
D. Geneviève de Vandeuil , épouſe
d'Antoine-François de Lanquedouë de
Vandeuil , Seigneur de Paffay , Capitai-
I. Vol. ne
JUIN. 1730. 1257
ne de Cavalerie , accoucha le 15 Juin ,
d'une fille qui fut tenuë fur les fonts , &
nommée Anne-Loüife par François - Anne
de Vandeuil , Seigneur de Montgiron ,
&c. Ecuyer du Roy ; & par D. Louiſe
Charlotte le Fevre , veuve d'Aléxandro
Martinot , Maistre des Comptes.
On s'eft trompé en annonçant dans le
dernier Mercure , la mort de Pierre le
Clerc , Chevalier Seigneur des Hayes ,
Jumelles- le-Frefne , au Verfe- Guedenyau;
Confeiller au Parlement. Ce n'eſt point
lui qui eft mort , mais Dame Marie-Madeleine
Bachelier , fon époufe , fille de
M. Bachelier , Prefident des Tréforiers de
France , laquelle eft decedée le 11 May
dernier , âgée de 32. ans,
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Résumé : MORTS, NAISSANCE.
En 1730 à Paris, plusieurs décès et naissances ont été enregistrés. Ame-Marie-Madelaine Françoise Voifin, épouse de Robert Deflandes, Chevalier et Seigneur de Crevecoeur, est décédée le 22 mai à l'âge de 33 ans. Dame Élisabeth Françoise Huillier, femme de Paul Benoit, Comte de Brajuin, est morte le 27 mai à 51 ans. Braque, Chevalier et Seigneur du Luat de Boisfrenaud, Intendant et Contrôleur Général des Écuries et Livrées du Roi, est décédé le 29 mai. Son corps a été transporté à l'église des Pères de la Merci, fondée par la famille Braque en 1348. Jean de Nompere, Chevalier et Commandeur de la Commanderie de Saint-Jacques-Dulys, est mort le 30 mai à 76 ans. Alain-Emanuel de Coëtlogon, Maréchal et Vice-Amiral de France, est décédé le 7 juin à 83 ans. La maison de Coëtlogon est originaire de Bretagne et possède des archives remontant à 1207. François Cornu de Balivière, Lieutenant Général des armées du Roi et Gouverneur de Rocroy, est mort le 18 juin à environ 78 ans. Dame Marguerite-Thérèse Fleuriau, veuve de Louis de Laurency, Chevalier et Marquis de Montbrun, est décédée le 19 juin à 63 ans. Honoré Marion, Prêtre de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, est mort le 21 juin à environ 54 ans. Dominique Barberini de Saint-Contest, Conseiller d'État, est décédé le 22 juin à 62 ans. Il a été Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire du Roi au Congrès de Bade et de Cambray. Marie Henriette Bourgoin, épouse d'Anne-Louis Pinon, Chevalier et Vicomte de Quincy, a accouché le 4 juin d'une fille nommée Marie-Agnès. Geneviève de Vandeuil, épouse d'Antoine-François de Lanquedouë de Vandeuil, a accouché le 15 juin d'une fille nommée Anne-Louise. Le document corrige également une erreur concernant la mort de Pierre le Clerc, signalant en réalité le décès de son épouse, Dame Marie-Madeleine Bachelier, fille de Bachelier, Président des Trésoriers de France, survenue le 11 mai à 32 ans.
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46
p. 1477-1479
MARIAGE.
Début :
Le 30 May, M. Loüis-Robert Mallet de Graville, Sous-Lieutenant des Chevaux Legers de [...]
Mots clefs :
Seigneur, Comte, Chevalier, Lieutenant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGE.
MARIAGE.
LE 30 May ,M. Loiis-Robert Mallet de Gra- Liville , Sous -Lieutenant des Chevaux Legers de
Berry,époufa Dame Magdeleine Bouton de Chamilly
, veuve de M. François Martel , Comte de
Clere , fille de feu M. François Bouton , Comte
de Chamilly , Lieutenant General des Armées du
Roy, cy- devant Ambaffadeur Extraordinaire en
Dannemarc , & de Dame Catherine Poncet de la
Rivière , petite Niéce de feu Noël Bouton , Mar
quis de Chamilly , Maréchal de France , Cheva,
fier des Ordres du Roy , & Gouverneur de Straf
bourg.
M. le Comte de Graville eft fils de feu Louis
II.Vol. K Malle
1478
MERCURE DE FRANCE
Mallet de Graville , Marquis de Valſemé, Lieutenant
General des Armées du Roi,
Commandant en
Provence,
Commandeur de l'Ordre de S.Louis, &
auparavant Capitaine des Chevaux-Legers d'Or
leans,mort en Décembre 1707. & de feue D.Marguerite
de Sonnyng , petit- fils de Fury Mallet
de Graville , Marquis de Valfemé , auffi Capitaine
de la Compagnie des Chevaux- Legers d'Orleans,
& de Marguerite Mandot, arriere-petit-fils de Jean
Mallet , Seigneur de Drubec & de Valfemé , & de
Dame Magdeleine de Choifeul du Pleffis Pralin ,
Soeur de Cefar , Duc de Choifeul , Pair & Maréchal
de France, il a pour Trifayeul François Mallet
, Seigneur de Drubec , marié avec Françoife de
Hautemer , proche parente de Guillaume de Hautemer,
Maréchal de France, Chevalier des Ordres
du Roi,& Lieutenant General
aúGouvernement de
Normandie , ledit François Mallet , Seigneur de
Drubec, eft forti des Seigneurs de Cramefnil Mallet,
puifnez de la Maifon de Mallet- Graville, l'une des
plus grandes & des plus illuftres de la Province de
Normandie, comme on le verra par la
Genealogie
qui en fera donnée dans la nouv . Hift. des Grands
Officiers de la Couronne , au Chap. de Jean Mallet
, Sire de Graville , Grand- Maître des Arbalêtriers
, Grand-Pannetier, & Grand - Fauconnier de
France , ès anneés 1423. & 142 5. de Louis Mallet
, Sire de Graville , Amiral de France , Gouver→
neur de Picardie & Normandie , Chevalier des
Ordres du Roy , Capitaine des cent Gentilshom→
mes de fa Maifon , mort l'an 1516. & de Guillaume,
Seigneur de Cramefnil, Chevalier, Chambellan
du Roi , cominis par S. M. à l'exercice de
Maître des
Arbalêtriers de France au mois de Janvier
de l'an 1415. lequel est le 7e Ayeul de M. le
Comte de Graville , qui donne lieu à cet article .
La Généalogie de la Maifon de Bouton - Chamilli
,l'une des
premieres du Duché de
Bourgo-
II. Vol.
gne ,
JUIN. 1730. 1479
gne, fera auffi rapportée dans la même Hiftoire,
au Chapitre des Maréchaux de France , de même
que celle de la Maifon de Martel , l'une des plus
anciennes & des plus illuftres de Normandie ,
1'occafion de Guillaume Martel , Seigneur de Ba-
Confeiller Chambellan queville , Chevalier ,
établi Garde de l'Oriflame de France , en 1414.
LE 30 May ,M. Loiis-Robert Mallet de Gra- Liville , Sous -Lieutenant des Chevaux Legers de
Berry,époufa Dame Magdeleine Bouton de Chamilly
, veuve de M. François Martel , Comte de
Clere , fille de feu M. François Bouton , Comte
de Chamilly , Lieutenant General des Armées du
Roy, cy- devant Ambaffadeur Extraordinaire en
Dannemarc , & de Dame Catherine Poncet de la
Rivière , petite Niéce de feu Noël Bouton , Mar
quis de Chamilly , Maréchal de France , Cheva,
fier des Ordres du Roy , & Gouverneur de Straf
bourg.
M. le Comte de Graville eft fils de feu Louis
II.Vol. K Malle
1478
MERCURE DE FRANCE
Mallet de Graville , Marquis de Valſemé, Lieutenant
General des Armées du Roi,
Commandant en
Provence,
Commandeur de l'Ordre de S.Louis, &
auparavant Capitaine des Chevaux-Legers d'Or
leans,mort en Décembre 1707. & de feue D.Marguerite
de Sonnyng , petit- fils de Fury Mallet
de Graville , Marquis de Valfemé , auffi Capitaine
de la Compagnie des Chevaux- Legers d'Orleans,
& de Marguerite Mandot, arriere-petit-fils de Jean
Mallet , Seigneur de Drubec & de Valfemé , & de
Dame Magdeleine de Choifeul du Pleffis Pralin ,
Soeur de Cefar , Duc de Choifeul , Pair & Maréchal
de France, il a pour Trifayeul François Mallet
, Seigneur de Drubec , marié avec Françoife de
Hautemer , proche parente de Guillaume de Hautemer,
Maréchal de France, Chevalier des Ordres
du Roi,& Lieutenant General
aúGouvernement de
Normandie , ledit François Mallet , Seigneur de
Drubec, eft forti des Seigneurs de Cramefnil Mallet,
puifnez de la Maifon de Mallet- Graville, l'une des
plus grandes & des plus illuftres de la Province de
Normandie, comme on le verra par la
Genealogie
qui en fera donnée dans la nouv . Hift. des Grands
Officiers de la Couronne , au Chap. de Jean Mallet
, Sire de Graville , Grand- Maître des Arbalêtriers
, Grand-Pannetier, & Grand - Fauconnier de
France , ès anneés 1423. & 142 5. de Louis Mallet
, Sire de Graville , Amiral de France , Gouver→
neur de Picardie & Normandie , Chevalier des
Ordres du Roy , Capitaine des cent Gentilshom→
mes de fa Maifon , mort l'an 1516. & de Guillaume,
Seigneur de Cramefnil, Chevalier, Chambellan
du Roi , cominis par S. M. à l'exercice de
Maître des
Arbalêtriers de France au mois de Janvier
de l'an 1415. lequel est le 7e Ayeul de M. le
Comte de Graville , qui donne lieu à cet article .
La Généalogie de la Maifon de Bouton - Chamilli
,l'une des
premieres du Duché de
Bourgo-
II. Vol.
gne ,
JUIN. 1730. 1479
gne, fera auffi rapportée dans la même Hiftoire,
au Chapitre des Maréchaux de France , de même
que celle de la Maifon de Martel , l'une des plus
anciennes & des plus illuftres de Normandie ,
1'occafion de Guillaume Martel , Seigneur de Ba-
Confeiller Chambellan queville , Chevalier ,
établi Garde de l'Oriflame de France , en 1414.
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Résumé : MARIAGE.
Le 30 mai, Louis-Robert Mallet de Graville, sous-lieutenant des Chevaux-Légers de Berry, épousa Magdeleine Bouton de Chamilly, veuve de François Martel, Comte de Clere. Magdeleine était la fille de François Bouton, Comte de Chamilly, lieutenant général des armées du roi et ancien ambassadeur au Danemark, et de Catherine Poncet de la Rivière. Elle était également la petite-nièce de Noël Bouton, Marquis de Chamilly, Maréchal de France. Louis-Robert Mallet de Graville est le fils de Louis Mallet de Graville, Marquis de Valsemé, lieutenant général des armées du roi et Commandeur de l'Ordre de Saint-Louis, décédé en décembre 1707, et de Marguerite de Sonnyn. Il est le petit-fils de Fury Mallet de Graville et de Marguerite Mandot, et l'arrière-petit-fils de Jean Mallet, Seigneur de Drubec et de Valfemé, et de Magdeleine de Choiseul du Plessis Pralin. La famille Mallet de Graville est une des plus illustres de Normandie. La généalogie des familles Mallet de Graville, Bouton-Chamilly et Martel sera présentée dans la nouvelle histoire des Grands Officiers de la Couronne.
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47
p. 2006-2010
EXTRAIT du Panegirique de S. Louis prononcé en présence des Académies des Belles Lettres & des Sciences, auquel présidoit M. l'Abbé Bignon, par le Reverend Pere Dom Leandre Petuzet, Benedictin Reformé de l'Ordre de Cluni, dans l'Eglise des P P. de l'Oratoire de la rüe S. Honoré.
Début :
Il prit pour texte ce Passage de la Sagesse, Chapitre 9. Envoyez-moi, Seigneur, [...]
Mots clefs :
Saint Louis, Seigneur, Dieu, Sagesse, Ciel, Trône, Armée, Monarque, Tranquillité, Royaume, Royauté, Académie des Belles-Lettres, Académie des sciences
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Panegirique de S. Louis prononcé en présence des Académies des Belles Lettres & des Sciences, auquel présidoit M. l'Abbé Bignon, par le Reverend Pere Dom Leandre Petuzet, Benedictin Reformé de l'Ordre de Cluni, dans l'Eglise des P P. de l'Oratoire de la rüe S. Honoré.
EXTRAIT du Panegirique de S. Louis
prononcé en présence des Académies des
Belles Lettres & des Sciences , auquel
préfidoit M. l'Abbé Bignon , par le Reverend
Pere Dom Leandre Petuzet , Benedictin
Reformé de l'Ordre de Cluni ,
dans l'Eglife des P P. de l'Oratoire de la
rue S. Honoré.
Il prit pour texte ce Paffage de la Sageffe
, Chapitre 9. Envoyez-moi , Seigneur,
la fageffe du Ciel , votre Sanctuaire , qui eft
le Trône de votre Grandeur , afin qu'elle foit
& travaille avec moi.
P
Our prouver que S. Louis a été orné du don
de fageffe , l'Orateur diftingua deux chofes
effentielles dans la Royauté , qu'on ne peut défunir
fans en faire un phantôme. L'une que les
Rois doivent éviter , & ce font les dangers qui
en font incomparables ; l'autre qu'ils doivent
remplir , & ce font les charges qui y font attachées.
Ce font ces Charges & ces dangers qui lui
ont fourni la matiere de l'éloge de S. Louis.
En parlant de l'humilité de ce S. Roi , il dit
qu'il l'avoit portée à un point qu'on auroit peine
à atteindre ; mais qu'elle ne fut point l'effet du
temperament, & que s'il la poffeda dans un fouverain
degré , elle fut en lui une vertu chrétienne.
Jamais il n'y eut une ame plus douce , plus
debonnaire & plus humble, & jamais on n'en vît
de plus remplie de courage. Jamais Prince ne fut
plus difpofé que lui à s'aneantir devant le Seigneur
, & jamais il n'y en eut qui montrât plus
de
1
SEPTEMBRE. 1730. 2007
de fermeté devant les hommes , quand il s'agit de
foutenir les interêts de fa Couronne. Jamais Monarque
n'eut moins d'ambition pour étendre les
limites de fon Royaume , & jamais on n'en trouya
qui eut une plus fainte jaloufie de conferver
celui que le Ciel lui avoit donné pour fon heritage.
Il renonce au droit legitime qu'il avoit fur
le Royaume de Caftille , parce que la conquête
ne pouvoit s'en faire qu'aux dépens du fang de
fes Sujets. Il refuſe genereuſement l'Empire que
Gregoire IX . lui préfente , content de comman
der à ceux que le Ciel avoit foumis à ſa puiſfance
, & fi ce Souverain Pontife veut en revêtir
le Comte d'Artois , frere de ce S. Roi , il fçait
lui faire fentir ,fans s'éloigner de l'obéiffance qu'il
lui doit , qu'il n'appartient pas plus à la puiffance
Ecclefiaftique de toucher au Trône , qu'à là
temporelle de s'ingerer dans le Miniftere Sacré ;
mais il n'oublie rien pour contenir fes Sujets dans
les bornes étroites du devoir ; il porte , quand il
le faut, la terreur dans le coeur de ceux qui trou
blent la tranquillité publique &c.
En parlant de fa charité , il dit que cette divi
ne vertu qui avoit pris de profondes racines dans
fon coeur , ne lui permit pas d'avoir des entrail
les de fer pour le pauvre & le miſerable ; & ſi
Job nous dit que la mifericorde étoit fortie avec
lui du fein de fa mere & avoit crû enſemble ,
qu'on le pouvoit dire avec autant de juftice de
Louis , dequoi le Panegiriſte donna des preuves
par des faits éclatans .
>
En parlant des Charges attachées à la Royauté,
il en diftingua deux aufquelles toutes les autres
peuvent fe rapporter , & dont aucun Roi ne fe
peut difpenfer : l'une d'être équitable à l'égard
de leur peuple , l'autre d'être fidele à Dieu. Il remarqua
avec S. Jacques deux caracteres dans la
E vj Lageffe
2008 MERCURE DE FRANCE
fageffe Chrétienne qui engagent ceux qui la poffedent
à les remplir dignement ; elle n'eft point
diffimulée ; elle le porte avec docilité à tout le
bien qu'on lui propofe.
Quel eft , dit-il , le Roi Chrétien qui réduifie
plus fidelement en pratique ces deux nobles caracteres
Jufte à l'égard de fon peuple , il jugea
fans diffimulation , & avec équité. Fidele à Dieu,
il procura avec un faint zele toutes les bonnes
oeuvres qui pouvoient lui rendre le cu te qui lui
eft dû. I s'étendit beaucoup fur les preuves de
ces deux Propofitions , & retraça de beaux traits
de l'Histoire du S. Monarque.
Il peignit l'état pitoyable où étoit réduite la
Paleſtine , & tout ce que fit l'Eglife pour engager
les Princes Chrétiens à rendre la liberté cette
Terre fainte, où nous avions été délivrez de la fervitude
du démon. En falloit - il davantage , dit-il ,
pour remplir d'une fainte & noble ardeur le Fils
aîné de l'Eglife , & lui faire dire dans l'efprit de
David , je le jure devant le Seigneur , & j'en fais
un voeu au Dieu de Jacob , je n'entrerai point
dans ma maiſon , je ne repoſerai point fur mon
lit , je ne permettrai point à mes yeux de dormir
, ni à mes paupieres de fommeiller , que je
n'aye trouvé le moyen de rétablir le Seigneur
dans fa Maiſon.
Il entra dans le détail de toutes les rencontres
où S. Louis fignaia fon courage & donna à toute
fon armée le charmant fpectacle d'un Héros
vraiment Chrétien , il décrivit le Siege de Damiete
, la perte d'une Bataille qui mit l'armée de
S. Louis aux abois , & enfin la captivité. Que
vos Jugemens , ô mon Dieu , s'écria- t-il , font
impenetrables ! qui n'en admirera la profondeur ,
quand nous voyons dans les chaînes un Roi
Chrétien qui vient pour délivrer d'une cruelle
oppreffion
SEPTEMBRE . 1730. 2009
oppreffion ceux que vous avez rachetez de votre
Sang précieux ; mais ne le perdons pas de vûë
dans cette fâcheufe extremité ; le Seigneur qui
l'humilie eft à fes côtez pour le foutenir . Semblable
à Jofeph , fa fageffe ne l'abandonne pas dans la
prifon , ou comme l'Arche captive chez les Philifins
, ce Heros prifonnier fait plus honorer Dieu
par fa réfignation , que vainqueur des Infideles .
Il parla de fa feconde expedition contre les Infideles
pour aller fecourir les Chrétiens d'Afrique,
qui gémiffoient fans efperance & fans confolation .
Que n'eût - il pas fait , dit-il , pour la gloire du
Seigneur , fi en exigeant le facrifice de fa vie , il
ne le fût contenté de fa bonne volonté... Que ne
puis -je vous le préfenter accablé fous fa Tente
d'une maladie mortelle & prêt à recevoir fa récompenfe
de celui pour lequel il avoit fi glorieufement
combattu. Vit- on jamais une tranquillité
plus inalterable, une réfignation plus parfaite, des
defirs plus ardens de s'unir à fon Dieu , une préfence
d'efprit plus entiere il donne fes ordres
aux principaux Chefs de fon armée & leur recommande
de ne point faire de paix avec ceux
qui n'en avoient point avec Dieu ; il appelle fon
Fils , fucceffeur de fa Couronne , & lui fait des
leçons pleines de lumieres , de fageffe & de charité
; il donne à tous des exemples preffans d'une
folide pieté , il meurt enfin comme Moyfe dans
le baifer du Seigneur , & fi comme ce Patriarche
il n'entre pas en poffeffion de la Terre qui lui
fembloit promife , il va établir fon féjour dans
les Tabernacles éternels .
Après une courte morale le Panegyrifte finit
en s'adreffant à S. Louis & lui difant : Daignez
grand Roi , du haut du Ciel où vous regnez avec
Dieu , recevoir les voeux d'un Peuple zele pour
votre gloire , fidele à votre Sang & plein de
confiance
2010 MERCURE DE FRANCE
confiance en votre puissante protection . Mais
regardez toûjours d'un oeil propice cet augufte
Monarque , qui eft affis fur votre Trône , qui
n'eft pas moins heritier de vos vertus que de vctre
Sceptre, & qui fe voit heureusement renaître
dans un Prince que le Ciel n'a pas refufé à
la ferveur de nos prieres qu'il a accordé à la
falide pieté d'une Reine digne du fublime rang
qu'elle remplit & dont la Naissance affermit
notre esperance & affure notre tranquillité.
Seyez beni , ô mon Dieu , de nous avoirfait un
don fi précieux , confervez les pour en faire un
jour de bonheur du Royaume que S. Louis gouverna
avec tant de fageffe ; formez-le fur ce
modele des veritables Rois , & que semblable
à fon Pere , il exprime avec lui la valeur qui
le rendit redoutable à fes ennemis , la charité
qui le fit pere de fon Peuple , la Religion qui le
fanctifia fur le Trône.
prononcé en présence des Académies des
Belles Lettres & des Sciences , auquel
préfidoit M. l'Abbé Bignon , par le Reverend
Pere Dom Leandre Petuzet , Benedictin
Reformé de l'Ordre de Cluni ,
dans l'Eglife des P P. de l'Oratoire de la
rue S. Honoré.
Il prit pour texte ce Paffage de la Sageffe
, Chapitre 9. Envoyez-moi , Seigneur,
la fageffe du Ciel , votre Sanctuaire , qui eft
le Trône de votre Grandeur , afin qu'elle foit
& travaille avec moi.
P
Our prouver que S. Louis a été orné du don
de fageffe , l'Orateur diftingua deux chofes
effentielles dans la Royauté , qu'on ne peut défunir
fans en faire un phantôme. L'une que les
Rois doivent éviter , & ce font les dangers qui
en font incomparables ; l'autre qu'ils doivent
remplir , & ce font les charges qui y font attachées.
Ce font ces Charges & ces dangers qui lui
ont fourni la matiere de l'éloge de S. Louis.
En parlant de l'humilité de ce S. Roi , il dit
qu'il l'avoit portée à un point qu'on auroit peine
à atteindre ; mais qu'elle ne fut point l'effet du
temperament, & que s'il la poffeda dans un fouverain
degré , elle fut en lui une vertu chrétienne.
Jamais il n'y eut une ame plus douce , plus
debonnaire & plus humble, & jamais on n'en vît
de plus remplie de courage. Jamais Prince ne fut
plus difpofé que lui à s'aneantir devant le Seigneur
, & jamais il n'y en eut qui montrât plus
de
1
SEPTEMBRE. 1730. 2007
de fermeté devant les hommes , quand il s'agit de
foutenir les interêts de fa Couronne. Jamais Monarque
n'eut moins d'ambition pour étendre les
limites de fon Royaume , & jamais on n'en trouya
qui eut une plus fainte jaloufie de conferver
celui que le Ciel lui avoit donné pour fon heritage.
Il renonce au droit legitime qu'il avoit fur
le Royaume de Caftille , parce que la conquête
ne pouvoit s'en faire qu'aux dépens du fang de
fes Sujets. Il refuſe genereuſement l'Empire que
Gregoire IX . lui préfente , content de comman
der à ceux que le Ciel avoit foumis à ſa puiſfance
, & fi ce Souverain Pontife veut en revêtir
le Comte d'Artois , frere de ce S. Roi , il fçait
lui faire fentir ,fans s'éloigner de l'obéiffance qu'il
lui doit , qu'il n'appartient pas plus à la puiffance
Ecclefiaftique de toucher au Trône , qu'à là
temporelle de s'ingerer dans le Miniftere Sacré ;
mais il n'oublie rien pour contenir fes Sujets dans
les bornes étroites du devoir ; il porte , quand il
le faut, la terreur dans le coeur de ceux qui trou
blent la tranquillité publique &c.
En parlant de fa charité , il dit que cette divi
ne vertu qui avoit pris de profondes racines dans
fon coeur , ne lui permit pas d'avoir des entrail
les de fer pour le pauvre & le miſerable ; & ſi
Job nous dit que la mifericorde étoit fortie avec
lui du fein de fa mere & avoit crû enſemble ,
qu'on le pouvoit dire avec autant de juftice de
Louis , dequoi le Panegiriſte donna des preuves
par des faits éclatans .
>
En parlant des Charges attachées à la Royauté,
il en diftingua deux aufquelles toutes les autres
peuvent fe rapporter , & dont aucun Roi ne fe
peut difpenfer : l'une d'être équitable à l'égard
de leur peuple , l'autre d'être fidele à Dieu. Il remarqua
avec S. Jacques deux caracteres dans la
E vj Lageffe
2008 MERCURE DE FRANCE
fageffe Chrétienne qui engagent ceux qui la poffedent
à les remplir dignement ; elle n'eft point
diffimulée ; elle le porte avec docilité à tout le
bien qu'on lui propofe.
Quel eft , dit-il , le Roi Chrétien qui réduifie
plus fidelement en pratique ces deux nobles caracteres
Jufte à l'égard de fon peuple , il jugea
fans diffimulation , & avec équité. Fidele à Dieu,
il procura avec un faint zele toutes les bonnes
oeuvres qui pouvoient lui rendre le cu te qui lui
eft dû. I s'étendit beaucoup fur les preuves de
ces deux Propofitions , & retraça de beaux traits
de l'Histoire du S. Monarque.
Il peignit l'état pitoyable où étoit réduite la
Paleſtine , & tout ce que fit l'Eglife pour engager
les Princes Chrétiens à rendre la liberté cette
Terre fainte, où nous avions été délivrez de la fervitude
du démon. En falloit - il davantage , dit-il ,
pour remplir d'une fainte & noble ardeur le Fils
aîné de l'Eglife , & lui faire dire dans l'efprit de
David , je le jure devant le Seigneur , & j'en fais
un voeu au Dieu de Jacob , je n'entrerai point
dans ma maiſon , je ne repoſerai point fur mon
lit , je ne permettrai point à mes yeux de dormir
, ni à mes paupieres de fommeiller , que je
n'aye trouvé le moyen de rétablir le Seigneur
dans fa Maiſon.
Il entra dans le détail de toutes les rencontres
où S. Louis fignaia fon courage & donna à toute
fon armée le charmant fpectacle d'un Héros
vraiment Chrétien , il décrivit le Siege de Damiete
, la perte d'une Bataille qui mit l'armée de
S. Louis aux abois , & enfin la captivité. Que
vos Jugemens , ô mon Dieu , s'écria- t-il , font
impenetrables ! qui n'en admirera la profondeur ,
quand nous voyons dans les chaînes un Roi
Chrétien qui vient pour délivrer d'une cruelle
oppreffion
SEPTEMBRE . 1730. 2009
oppreffion ceux que vous avez rachetez de votre
Sang précieux ; mais ne le perdons pas de vûë
dans cette fâcheufe extremité ; le Seigneur qui
l'humilie eft à fes côtez pour le foutenir . Semblable
à Jofeph , fa fageffe ne l'abandonne pas dans la
prifon , ou comme l'Arche captive chez les Philifins
, ce Heros prifonnier fait plus honorer Dieu
par fa réfignation , que vainqueur des Infideles .
Il parla de fa feconde expedition contre les Infideles
pour aller fecourir les Chrétiens d'Afrique,
qui gémiffoient fans efperance & fans confolation .
Que n'eût - il pas fait , dit-il , pour la gloire du
Seigneur , fi en exigeant le facrifice de fa vie , il
ne le fût contenté de fa bonne volonté... Que ne
puis -je vous le préfenter accablé fous fa Tente
d'une maladie mortelle & prêt à recevoir fa récompenfe
de celui pour lequel il avoit fi glorieufement
combattu. Vit- on jamais une tranquillité
plus inalterable, une réfignation plus parfaite, des
defirs plus ardens de s'unir à fon Dieu , une préfence
d'efprit plus entiere il donne fes ordres
aux principaux Chefs de fon armée & leur recommande
de ne point faire de paix avec ceux
qui n'en avoient point avec Dieu ; il appelle fon
Fils , fucceffeur de fa Couronne , & lui fait des
leçons pleines de lumieres , de fageffe & de charité
; il donne à tous des exemples preffans d'une
folide pieté , il meurt enfin comme Moyfe dans
le baifer du Seigneur , & fi comme ce Patriarche
il n'entre pas en poffeffion de la Terre qui lui
fembloit promife , il va établir fon féjour dans
les Tabernacles éternels .
Après une courte morale le Panegyrifte finit
en s'adreffant à S. Louis & lui difant : Daignez
grand Roi , du haut du Ciel où vous regnez avec
Dieu , recevoir les voeux d'un Peuple zele pour
votre gloire , fidele à votre Sang & plein de
confiance
2010 MERCURE DE FRANCE
confiance en votre puissante protection . Mais
regardez toûjours d'un oeil propice cet augufte
Monarque , qui eft affis fur votre Trône , qui
n'eft pas moins heritier de vos vertus que de vctre
Sceptre, & qui fe voit heureusement renaître
dans un Prince que le Ciel n'a pas refufé à
la ferveur de nos prieres qu'il a accordé à la
falide pieté d'une Reine digne du fublime rang
qu'elle remplit & dont la Naissance affermit
notre esperance & affure notre tranquillité.
Seyez beni , ô mon Dieu , de nous avoirfait un
don fi précieux , confervez les pour en faire un
jour de bonheur du Royaume que S. Louis gouverna
avec tant de fageffe ; formez-le fur ce
modele des veritables Rois , & que semblable
à fon Pere , il exprime avec lui la valeur qui
le rendit redoutable à fes ennemis , la charité
qui le fit pere de fon Peuple , la Religion qui le
fanctifia fur le Trône.
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Résumé : EXTRAIT du Panegirique de S. Louis prononcé en présence des Académies des Belles Lettres & des Sciences, auquel présidoit M. l'Abbé Bignon, par le Reverend Pere Dom Leandre Petuzet, Benedictin Reformé de l'Ordre de Cluni, dans l'Eglise des P P. de l'Oratoire de la rüe S. Honoré.
Le Panégyrique de Saint Louis, prononcé par le Révérend Père Dom Leandre Petuzet, met en lumière les vertus et les actions du roi Saint Louis. L'orateur utilise un passage de la Sagesse pour démontrer que Saint Louis était doté du don de sagesse. Il distingue deux aspects essentiels de la royauté : les dangers à éviter et les charges à remplir. Saint Louis est loué pour son humilité, une vertu chrétienne qu'il cultivait malgré son rang. Il était à la fois doux et courageux, humble devant Dieu et ferme devant les hommes. Il refusait d'étendre son royaume par la violence et renonça à des opportunités de pouvoir, comme le trône de Castille et l'Empire offert par Grégoire IX. La charité de Saint Louis est également mise en avant. Il avait un profond sens de la miséricorde envers les pauvres. Les deux charges principales de la royauté, selon le texte, sont d'être équitable envers le peuple et fidèle à Dieu. Saint Louis est décrit comme un roi juste et zélé pour les bonnes œuvres. Le texte détaille ses actions en Terre Sainte, son courage lors des batailles, et sa captivité, où il resta fidèle à Dieu. Il mentionne également sa seconde expédition en Afrique pour secourir les chrétiens. Saint Louis est présenté comme un modèle de piété et de sagesse, mourant en paix et recommandant à son fils de ne pas faire la paix avec les infidèles. Le panégyrique se termine par des vœux pour que le roi actuel, héritier des vertus de Saint Louis, gouverne avec la même sagesse et charité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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48
p. 2399-2417
DÉFENSE des Remarques de M. Dauvergne sur un Livre de M. Billecocq, intitulé : Les Principes du Droit François sur les Fiefs.
Début :
J'ai attendu jusqu'à présent que le corespondant ou l'ami à qui M. Billecocq [...]
Mots clefs :
Coutume, Seigneur, Fiefs, Droit, Usage, Observations, Seigneuries, Hommage, Maximes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DÉFENSE des Remarques de M. Dauvergne sur un Livre de M. Billecocq, intitulé : Les Principes du Droit François sur les Fiefs.
DEFENSE des Remarques de M.
Dauvergne fur un Livre de M. Billecocq
, intitulé : Les Principes du Droit
François fur les Fiefs .
'Ai attendu jufqu'à préfent que le corefpondant
ou l'ami à qui M. Billecocq
a adreffe fa Réponse à mes Remarques
530104
2400 MERCURE DE FRANCI
ques a publiât fon ſentiment en faveur
de l'Ouvrage , & contre ma Critique ,
ainfi que l'Auteur fembloit le lui demander
; mais puifque ni l'approbation ni la
cenfure ne paroiffent pas , & que le perfonnage
de qui je croyois qu'elles pourroient
venir , n'existe peut- être pas plus
réellement que les Climenes & les Philis
pour qui les Poëtes feignent de foupirer ,
je ne difererai plus à montrer que mes
Obfervations font juftes. M. Billecocq
trouvera bon que je borne la durée du
plaifir qu'il goûte apparemment de penfer
que je les abandonne ; je crois de l'en
avoir laiffé jouir affez long- tems , pour
demeurer quitte envers lui des complimens
dont il m'a gratifié dans fa Réponſe.
Deux points font principalement en
conteftation entre lui & moi . Le premier,
fi ceux qui acheteroient fon Livre y
trouveroient autant qu'il promet par le
Titre & dans la Préface. Le fecond , s'il
ne vaut pas mieux , ne plus rien écrire fur
la Jurifprudence, que de ne compofer que
des Ouvrages dans le goût de l'Ecrit de
cet Auteur.
Le titre de Principes du Droit François
fur les Fiefs n'annonce pas fimplement
a Les Remarques font dans le Mercure de
France de Janvier 1730. & la Réponse dans
celui du mois de Mai de la méme année .
des
NOVEMBRE. 1730. 2401
des définitions & des divifions fuivies de
quelques maximes également en ufage
dans toutes les Provinces. Ce font là ,
la verité , des principes , mais des principes
genéraux qui fe trouvent par tout,
& pour le petit nombre defquels il n'eft
pas à croire pour cette raiſon que l'on
veuille faire de nouveaux Livres. La
promeffe tombe donc fur les principes
particuliers qui font infinis , qui varient
fuivant la diverfité des ftatuts de chaque
Contrée , & dont le détail eft d'autant
plus neceffaire, que la multitude embaraffe
davantage. Il confifte principalement ce
détail à ranger toutes les Coûtumes du
Royaume fous certaines Claffes , à indiquer
la difference des unes aux autres , à
expliquer de quelles façons oppofées les
principales queftions fe décident le plus
communément fous chaque efpece de
Coûtumes , & à donner des notions fuffifantes
pour conduire à faire les diftinctions
convenables entre toutes ces diverfes
Coûtumes fur les autres difficultés.
Voilà à peu près la maniere dont Coquille
a procedé , & qui a été fuivie par ceux
qui , après lui , nous ont donné des Inftitutions
au Droit François , & ce qu'on a
lieu d'attendre avec plus de perfection
encore de ceux qui , annonçant de nou.
veaux principes , font entendre qu'ils
D donnent
2402 MERCURE DE FRANCE
donnent quelque chofe de meilleur que
e que l'on a déja en ce genre.
Or il ne le trouve rien de femblable
dans le Livre de M. Billecocq , qui , quelque
chofe qu'il lui plaife d'en dire dans
fa Réponſe à mes Remarques , s'eft démenti
lui-même fur cela dans fon Epitre
Dédicatoire & dans fa Préface , où il avoue
qu'il a réduit fes principes à la feule Coûtume
de Peronne. Ainfi de fon propre
aveu le titre qu'il a choifi fait illufion au
Public. En Poitou & en Bretagne on achetera
le Livre de M. Billecocq fur la foi
du Titre , & dans Fefperance que l'on en
concevra d'avoir des principes qui conviennent
à ces Provinces comme à toutes
les autres ; mais on ne l'aura pas plutôr
qu'on y verra que l'Auteur dit lui-même
qu'il n'y donne rien que pour la Coûttume
particuliere de fon Pays. L'abus fi
fréquent de ces titres trop genéraux ne
ceffera- t'il donc jamais & laiffera- t'on
toujours le Public en bute à ces fortes de
fupercheries ?
Le Livre dont je parle eft- il du moins
un Commentaire fur la Coûtume de Peronne
Mondidier & Roye , comme
l'annoncent l'Epitre Dédicatoire & l'Avis
au Lecteur ? je ne veux encore pour preu
ve de la négative que l'aveu de notre Magiftrat
; il demeure d'accord que la def
cription
NOVEMBRE. 1730. 2495
cription que j'ai faite de la maniere de
faire un Commentaire de Coûtume , c
conforme aux idées que l'on doit s'en for
mer. D'un autre côté , il déclare qu'il n'a
point prétendu écrire fur un plan fi grand ,
& dans lequel les difcuffions font fineceffaires
; donc fon Livre n'eft point un
Commentaire ; donc il en a voulu donner
une idée trop avantageuſe , lorſqu'il a die
L'Ouvrage que j'ai fait fur les Fiefs ... eft
un Commentaire fur la Coûtume de Peronne
& c.
En remarquant l'inutilité d'un Com
mentaire qui contient tout auffi peu , &
quelquefois moins que l'article contefté
j'ai ajoûté que c'étoit le défaut dominant
du Commentaire prétendu de M. Billacocq.
Ce reproche eft trop vague , répond
l'Auteur , pour que je fois en état
de m'en juftifier. C'eſt ſe tirer en habile
homme d'un mauvais pas ; on a bien plutôt
fait , & il est bien plus commode &
bien plus avantageux d'imputer ainfi à la
Critique un défaut de jufteffe & de précifion
trop grand pour qu'elle foit fufceptible
d'une Réponſe , que d'en tenter
la réfutation. Il faudroit parmi les articles
que l'on prétend avoir commentés ,
en tirer un certain nombre au hazard . &
faire voir que l'on a donné la décifion de
toutes les difficultés qui naiffent du texte
Dij он
3404 MERCURE DE FRANCE
ou du moins de la plus grande partie ;
& peut- être le hazard n'offriroit- il rien :
de favorable ? La peine que l'on prendroit.
de feiiilleter l'Ouvrage d'un bout à l'au
tre pourroit même ne produire rien de
mieux , & ne préfenter par tout que,
l'occafion ou de fe fouvenir de ce que
dit M. de Saint Evremont , a que les Li
vres font dans la Bibliotheque d'un fameux
Avocat , comme on voit dans la Mer les
Poiffons , dont une partie mange l'autre ,
ou d'appliquer ce qu'on lit dans M. le
Clerc , b qu'il y a une Nation , d'ailleurs
Sçavante & féconde en habiles gens , qui n'eſt
que trop accoutumée à copier , & qui ne
fait que peu d'ufage de fan efprit dans la plupart
des Livres que l'on en voit. Que l'on
connoît que bien des gens lifent en
ce Pays là non pour s'inftruire , pour fe
former l'efprit & le ftile , pour je mettre
en état de juger par eux-mêmes de ce qu'ils
lifent , ou de découvrir quelque chofe de nouveau,
mais pour faire de gros Recueils , &
tirer de tems en tems de ce cabos des Volnmes
indigeftes , & remplis de citations intiles.
par
›
là
Le fingulier eft que l'application fe
trouve faite par M. Billecocq lui-même.
a S. Evremoniana pag. 357.
b Eiblioth. Univ, T. 16. pag. 197.
Je
NOVEMBRE. 1730. 2405
Je n'avois travaillé à ce Recueil , dit- il a
que pour mon inftruction particuliere …..
& en le faifant imprimer par le confeil
de perfonnes judicieuſes qui ont eſtimé
felon la Coûtume ) qu'il pourroit être
utile au Public , je l'ai préſenté tel qu'il
-étoit.
Cela eft excellent dans le Commerce
-ordinaire. On y regarde communément
comme le meilleur ce que chacun a fait
pour fon propre ufage. Mais il en eſt autrement
dans la République des Lettres ;
ce qu'un Auteur a compofé pour lui eft
juftement ce qui y paffe pour valoir le
moins , & pour être le moins eftimable.
Le Public n'y trouve digne de lui que
ce qui a été fait pour lui , convaincu qu'il´
el
eft que qui ne l'a pas en vûë , n'eft pas
fuffilamment excité à fe donner tous les
foins & toutes les peines qui font néceffaires
pour approcher de la perfection :
fur cela le goût eft genéral , & il ſe trouve
ici juftifié par l'inéxactitude , dont j'ai
cité quelques exemples dans mes Obfervations.
M. Billecocq veut , à la verité , que je
mefois trompé , & il n'a rien oublié pour
l'infinuer ; mais je doute qu'il ait réuffi
auprès de ceux qui fe trouvant à portée
a Mercure de Mai , pag: 851,
Diij
de
2406 MERCURE DE FRANCE
de verifier , s'en feront donné la peine.
Sur le premier article , fur tout , il ne
Faut qu'un Du Pleffis & des yeux. M.
Billecocq ayant dit a qu'en l'absence du
mari , ou à fon refus , la femme qui eft en
communauté avec lui peut fe faire autorifer
par Juftice , pour faire la foi & hom
mage des Fiefs à elle échûs pendant le
mariage ; jai remarqué qu'il avoit d'au-
Tant moins de raifon de nous donner cette
maxime comme indubitable , fur la foi
du feul de Heu , que la regle étoit fauffe,
& que Du Pleffis l'avoit fuffifamment fait
entendre de la forte dans le Chapitre même
, dont l'Auteur s'étoit là approprié
Ja meilleure partie. Sur cela il fait le furpris,
parce , dit- il , que les termes dont
Il a fait ufage fe trouvent à peu de chofe
près dans Du Pleffis ; mais il ne dit pas
que Du Pleffis a ajoûté , du moins felon
les Editions de 1702 , de 1709 & de 1728.
car je n'ai pas fous la main la premiere de
16.98. qu'il y a pourtant difficulté à la regle
qu'il venoit de pofer.
La réticence eft fine en mettant fousles
yeux du Public ces dernieres expreffions
, il n'y auroit pas eu moyen de demander
comment je pouvois dire que Da
Pleffis penfoit autrement que de Hen , au
a Liv. 2, Ch. 4 BEEF. 66
lieu
NOVEMBRE. 1930. 1407
Heu qu'en les taifant , & en ne rappor
tant prudemment que ce qui précede y
on s'eft acquis le droit d'avancer hautement
que ma premiere Remarqueute
mak
imaginée , & de la donner pour un début
qui fait porter de la fuite un jugement
défavantageux.
Mais n'imitons pas ces Scholaftiques
qui recherchoient uniquement ce qu'Afiftote
avoit dit fans fe mettre en peine
de ce qu'il auroit du dire , & voyons qui
il faut croire , ou de M. Billecocq qut
continue d'affuter que fon principe eft
inconteftable , ou de Du Pleffis qui a écrit
qu'il étoit très fujet à conteſtation .
La premiere idée qui fe préfente fur
éela eft celle de la diftinction , fi natu
relle entre l'abſence du mari , & ſon refus
de faire la foi & hommage , entre l'abfence
légitime & neceffaire & celle qui
ne feroit affectée que pour éluder de remi
plir ce devoir du vaffelage.
Lorfque l'abfence eft neceffaire , &
qu'elle a pour motif le fervice de l'Etat,
Fattachement à un emploi dont les fonc
tions ne peuvent pas être abandonnées ,
avantl'expiration du tems fixé pour porter
la foi , la difficulté n'eft pas grande. L'E
poufe , de l'hommage de laquelle ce Seigneur
ne veut pas ſe contenter , a la voye
de lui demander fouffrance , c'est- à- dire,
D iiij de
2408 MERCURE DE FRANCE
de requerir qu'il attende que l'empêchement
foit ceffe , & que le mari puiſſe venir
en perfonne s'acquiter de la premiere
obligation que les Loix Féodales
lui impofent. C'eft en ce cas ce que le
Suzerain ne fçauroit refufer , on l'obtiendroit
des Juges malgré lui ; auffi tôt le
droit de faifir eft arrêté pour tout le tems
que doit durer la caufe de l'abfence , &
fila faifie avoit précedé , la main levée
en feroit acquife. Voilà la reffource que
M. Billecocq croit fi impoffible, d'imagi
ner , celle cependant qu'il a dû voir dans
la note fur l'endroit en queftion que MM .
Delauriere & Berroyer ont crû la plus
réguliere , celle enfin pour laquelle Du
Pleffis lui- même a fait affez fentir qu'il
panchoit , lorfqu'il a avoué qu'il trouvoit
de la difficulté à décider qu'en l'abſence
du mari & le délai fatal preffant , la femme
pût fe faire autorifer par juftice pour
porter la foi , fans faire prononcer au
cune féparation.
L'Epoufe peut , & elle doit même faire
la foi & hommage pour les Fiefs qui
lui appartienent , lorfque le Seigneur veut
qu'elle y fatisfaffe pour le mari abfent :
ce n'eft pasfur quoi tombe le doute ; mais
lui donner le droit de mettre à profit
l'éloignement de fon mari pour l'exemter
de la foi , & pour en prendre malgré
le
NOVEMBRE. 1730. 2409
fe
le Seigneur toute la charge fur elle , nonobftant
que ce dernier veuille bien attendre
que l'excufe du mari ceffe , ce leroit
troubler tout l'ordre féodal..
: Car fi l'ufage qui a ſubſiſté aſſez longtems
a d'obliger , autant qu'on le pouvoit
, les filles qui avoient des Fiefs à ne
fe marier que de l'agrément du Seigneur
dans la mouvance de qui ces Fiefs fe
trouvoient , eft abrogé , fi les Suzerains
ont perdu cette prérogative , dont le mo
tif étoit de les préferver de l'inconvenient
d'avoir des vaffaux qui ne leur fuffent
point agréables , ou qui euffent des interêts
oppofés aux leurs , ils fe font du
moins confervé le droit de s'affurer par
un acte de foi & hommage de la fidelité
des nouveaux Feudataires que leur donnent
leurs Vaffales. La décifion s'en trouve
en leur faveur dans toutes les Coûtumes
, dans les unes a , en termes exprès,
& dans les autres , par la conféquence
qui réfulte du principe , que tout nouveau
vaffal , comme le devient le mari qui
a Voyez la Charte de S. Louis du mois de Mai
1246. à la fin du nouvel Examen de l'uſage genéral
des Fiefs. Par M. Druffel , page 35 .
b Eftempes art. 6. Clermont 87. Laon 168 .
Châlons 178. S. Pol 11. Normandie 99. Bretagne
351. Anjou 96. &c . Quelques uns mettent
auffi celle de Paris dans la même Claffe.
Dv exerce
2410 MERCURE DE FRANCE
exerce tous les droits de Seigneurie des
Fiefs de fa femme , doit la foi & hommage
au Seigneur Suzerain , & la doit en per
Sonne.
Delà vient que fi l'abfence n'a point de
cauſe indiſpenſable , & telle qu'il faut
qu'elle foit pour donner lieu à la fouffrance
, la femme ne peut pas non plus
obliger de la recevoir,à porter la foi pour
fon mari , parce qu'elle ne pourroit y
être admife que comme fondée de la pro
turation du mari , puiſque c'est lui qui
eft perſonellement tenu de ce devoir , &
qu'il n'y a qu'une caufe légitime qui puiſfe
donner le privilege de s'en acquiter par
Procureur , fi ce n'eſt dans quelques Coû
tumes particulieres a dont je ne parle
point ici. Vigier 6 rapporte un Arrêt qui
Pa jugé de la forte contre une femme
dont les offres de faire la foi & hommage
y ont été rejettées , quoique ce fut
pour un Fief qui lui appartenoit , &
qu'elle eut une procuration de fon mariy
qui demeuroit dans une autre Province
que
celle du Fief dominant ; & c'eſt auffi
fe fentiment de M. Boucheul . c
b
L'Epoufe fera-t'elle donc fans reffource
Contre la négligence ou le caprice d'un
a Chauny, art. 104.
bsur l'Art 23. de la Coûtume d'Angonmoiss
€ Sur l'art. 144, de la Cratume du Poirou.
mari
NOVEMBRE. 1730. 241T
mhari qui s'obſtinera à ne pas vouloir re-
Venir porter la foi & hommage , ou qui ,
quoique fur les lieux , refufeta fans taifon
d'en faire la démarche ? Et faudra- t'il
qu'en voyant enlever par la faifie qu'un
femblable procede autorife , des revenus
deftinés à un tout autre uſage , dans l'indigence
& la défolation où cette perte la
jette , elle s'en tienne à des plaintes fte
Files & infructueuſes ?
Non : fi la perte des fruits eft un objet
affez confiderable pour mettre du défordre
dans les affaires des deux Epoux ,
pour en caufer le dérangement , la femme
a alors la liberté d'agir contre fon mari
en feparation ; elle recouvre par là l'ad
miniftration de fon bien , elle retire du
mari la Seigneurie des Fiefs qu'elle lui
avoit apporté , & rentre dans le droit
d'en faire feule l'hommage. Mais tant
qu'elle refte en communauté , qu'elle
trouve fon compte à n'en pas pourfuivre
la diffolution , tant que la joüiffance de
fes Fiefs & des droits de Seigneurie qui y
font attachés demeure à fon mari , la Loi
veut que ce foit lui qui faffe l'hommage
fous peine de la perte des fruits. a
Il y a quelques Coûtumes où le refus du
mari de faire la foi & hommage pourles Fiefs
de fa femme, ne produit que le droit de faifir s
le Seigneur ne gagne pas les fruits , il ne pears
D vj
A
2412 MERCURE DE FRANCE
A la verité , cette perte , lorfqu'il y
donne lieu , eft une diffipation , mais qui
fe réduit à ce qui tombe dans la commu
nauté , & qui eft en fon pouvoir , tant
qu'elle ne va point à un affez grand excès
pour donner matiere à la féparation. II
peut difpofer abſolument des effets com
muns , s'en jouer , les perdre & les diffiper
. La femme n'a que la voye de le fou
frir ou de fe féparer.
Voilà les différentes efpeces qui ont été
confondues par les Auteurs , dont M.
Billecocq réclame le fuffrage , & aufquels
il en auroit pû joindre plufieurs autres
qui fe font tous auffi fucceffivement copiés
, fans prendre garde qu'on ne fçauroit
admettre ainfi indiſtinctement la
femme à la foi & hommage pour l'abfence
ou le refus de fon mari , fans donner
atteinte aux Conftitutions féodales .
L'étendue que j'ai été obligé de donner
à ce premier point me fera paffer plus
legerement fur les autres. Heureuſement
il n'y eft pas befoin de tant de difcuffion .
Quiconque ouvrira le Commentaire de
la Villete fur l'article 173. de la Coûtume
de Peronne , y en trouvera affez pour
juger que M. Billecocq a fait une bevûë
que les féqueftrer jufqu'à la prestation de
P'hommage qui lui eft dû. Amiens , art. 9. Bou
enois 47. Chauny.
en
NOVEMBRE. 1730. 2413
en préferant à l'opinion qu'a tenue M.
d'Argentré , que les cadets ne doivent
pas de chambellage à leur frere aîné , là
décifion contraire de la Coûtume de Laon
dont les maximes , qui doivent conduire
à prononcer fur cela , font toutes differentes
de celles de la Coûtume de Peronne
, & qu'il n'a ainfi donné dans l'erreur
que pour avoir négligé de confulter
les Commentateurs de la Coûtume mê
me qu'il vouloit expliquer.
Il fuffit auffi de lire ce qui a été écrit
par Du Moulin , a pour s'appercevoir
qu'une partie des maximes que M. Billecocq
a pofées comme genérales fur la foi
& hommage du Fief contefté entre plufieurs
perfonnes , font fufceptibles de
diverfes exceptions , qu'il ne peut laiffer
ignorer aux vaffaux & aux Seigneurs de
Fief dont il a principalement l'inftruction
en vûë , fans expofer les uns à s'entêter
de prétentions déraifonables , & fans engager
les autres à abandonner les droits
les plus légitimes. C'eft là l'effet de la
préference qu'il a donnée aux compilateurs
modernes fur les Auteurs originaux,
& de fon goût particulier pour le texte
des Coûtumes voifines de la frenne .
Je n'examine point le plus ou le moins
a In Confuetud. Parif. §. 33 , quest , 27.
de
414 MERCURE DE FRANCE
de jufteffe des préjugés fur lefquels ce
goût eft fondé , ni fi la façon dont on
fçait que la redaction des Coûtumes s'eft:
faite , laiffe lieu aux éloges que notre Auteur
leur diftribue. J'aurai occafion d'en
parler dans un Ouvrage plus étendu . If
n'eft queſtion ici que des fuites ou des
effets du plan que M. Billecocq s'eft for
mé.
Son attachement fcrupuleux aux ex-"
preffions des Coûtumes de Champagne ,
qui y font fes favorites , le fait tomber
d'une faute dans une autre. J'ai remarqué
dans mes Obfervations , que pour nous
apprendre fi le Seigneur qui veut retenir
un Fief de fa mouvance , dont le nouvel
acheteur vient lui demander l'inveftiture,
peut déduire , fur le prix de la vente qu'il
eft obligé de rembourfer , le montant des
Droits Féodaux , il apporte pour toute
décifion un texte de la Coûtume de Vermandois
qui ne parle proprement que du
cas , qui ne fait pas de difficulté , auquel
Pacheteur étoit chargé du payement de
ces droits , & qu'ainfi il nous laiffoit
dans l'incertitude fur ce qui doit s'obſerver
lors , ce qui eft le.cas le plus épineux,
que le vendeur eft engagé à l'acquit de
ces droits. Et la remarque eft jufte , parce
que , quoiqu'en dife M. Billecocq , le
texte cité ne préſente rien qui donne lieu
d'ap
NOVEMBRE. 1730. 2415
d'appliquer à d'autre efpece qu'à la pre
miere dont j'ai parlé , la maxime que le
Retrait Seigneurial & lesDroitsFéodauxfont
incompatibles , & ne peuvent pas être pris:
enfemble fur un même Fief.
Dans fa défenſe , déterminé enfin à
nous inftruire plus clairement fi cette Loi
doit auffi être fuivie , lorfque par le contract
de vente le vendeur eft refté chargé
du payement des Droits Féodaux , il
nous dit qu'oül , que cela ne peut pas
former le moindre doute , & il en appor
te en preuve la Coûtume de Rheims
avec le fentiment de quelques Auteurs
qui ont crû, dit- il , que les Coûtumes a ,
qui contiennent des difpofitions contraires
font injuftes , & doivent être reffer
rées dans les bornes de leurs territoires.
Mais c'eft une feconde faute , d'autant
plus inexcufable que la premiere, que l'on
eft exposé à de plus grands maux , par
la prévention pour de fauffes maximes
que par la fimple ignorance des verita-
Bles. Il n'eft rien moins qu'incontefta-
Ble que le vendeur qui eft obligé au
payement des Droits Seigneuriaux pour
la vente qu'il a faite , en devienne déchargé
, & que fa condition change fi le
Seigneur retire des mains de l'acheteur
a Chaumont,art 17 -Amiens,38, Ponthieu ,69%
Ce
2416 MERCURE DE FRANCE
ce qui a été vendu ; de frivoles railonnemens
font le fondement unique d'un privilege
qui feroit fi extraordinaire. Je ne
ferai point de differtation pour le prouver
; la démonftration fe trouve toute
faite dans le Chapitre 3. des Obfervations
Notables fur le Droit Coûtumier , que M.
Bruffel qui n'y laiffe rien à defirer fur
cela , a fait imprimer à S. Omer en 1724.
& dont le fentiment peut être d'ailleurs
appuyé de celui de Pillecart a de Ricard b,
. & de M. De Laitre c
On voit affez que fi je trouve à redire
aux déciſions & aux principes de M. Bil
lecocq , ce n'eft point , comme il l'écrit
à fon ami , parce qu'ils ne font pas affez.
démontrés, mais parce qu'ils ne font point
affez vrais. C'eſt parcequ'il donne continuellement
pour certain ce qui eft au moins
très douteux , pour univerfellement reconnu
ce qui eft le plus contefté , & pour
genéral ce qui eft fufceptible de plufieurs
exceptions .
Une infinité de gens , nous dit l'Auteur
, feront bien contens de trouver d'un
coup d'oeil dans ce Livre la décifion des
difficultés qui fe préfentent ; mais fatif
faction de bien peu de durée pour le
a Sur l'art 216. de la Coût . de Châlons
b Sur l'art 235. de Senlis .
• Sur l'art. 17. de Chaumont,
LecNOVEMBRE
. 1730. 2417 .
Lecteur qui fe donnera la peine d'aller
aux fources , & bien funefte par l'évenement
pour ceux qui , par pareffe de remonter
à ces premieres fources , ou par
ignorance qu'il y en ait de plus pures , fe
feront prévenus & entêtés des idées qu'ils
auront prifes dans une collection fiimparfaite.
Il vaudroit autant pour les premiers
que la compilation fut encore dans
l'obfcurité , & qu'elle n'eut pas été miſe
au jour : Et cela feroit plus avantageux
pour les derniers. C'eſt ce que j'avois à
démontrer.
Dauvergne fur un Livre de M. Billecocq
, intitulé : Les Principes du Droit
François fur les Fiefs .
'Ai attendu jufqu'à préfent que le corefpondant
ou l'ami à qui M. Billecocq
a adreffe fa Réponse à mes Remarques
530104
2400 MERCURE DE FRANCI
ques a publiât fon ſentiment en faveur
de l'Ouvrage , & contre ma Critique ,
ainfi que l'Auteur fembloit le lui demander
; mais puifque ni l'approbation ni la
cenfure ne paroiffent pas , & que le perfonnage
de qui je croyois qu'elles pourroient
venir , n'existe peut- être pas plus
réellement que les Climenes & les Philis
pour qui les Poëtes feignent de foupirer ,
je ne difererai plus à montrer que mes
Obfervations font juftes. M. Billecocq
trouvera bon que je borne la durée du
plaifir qu'il goûte apparemment de penfer
que je les abandonne ; je crois de l'en
avoir laiffé jouir affez long- tems , pour
demeurer quitte envers lui des complimens
dont il m'a gratifié dans fa Réponſe.
Deux points font principalement en
conteftation entre lui & moi . Le premier,
fi ceux qui acheteroient fon Livre y
trouveroient autant qu'il promet par le
Titre & dans la Préface. Le fecond , s'il
ne vaut pas mieux , ne plus rien écrire fur
la Jurifprudence, que de ne compofer que
des Ouvrages dans le goût de l'Ecrit de
cet Auteur.
Le titre de Principes du Droit François
fur les Fiefs n'annonce pas fimplement
a Les Remarques font dans le Mercure de
France de Janvier 1730. & la Réponse dans
celui du mois de Mai de la méme année .
des
NOVEMBRE. 1730. 2401
des définitions & des divifions fuivies de
quelques maximes également en ufage
dans toutes les Provinces. Ce font là ,
la verité , des principes , mais des principes
genéraux qui fe trouvent par tout,
& pour le petit nombre defquels il n'eft
pas à croire pour cette raiſon que l'on
veuille faire de nouveaux Livres. La
promeffe tombe donc fur les principes
particuliers qui font infinis , qui varient
fuivant la diverfité des ftatuts de chaque
Contrée , & dont le détail eft d'autant
plus neceffaire, que la multitude embaraffe
davantage. Il confifte principalement ce
détail à ranger toutes les Coûtumes du
Royaume fous certaines Claffes , à indiquer
la difference des unes aux autres , à
expliquer de quelles façons oppofées les
principales queftions fe décident le plus
communément fous chaque efpece de
Coûtumes , & à donner des notions fuffifantes
pour conduire à faire les diftinctions
convenables entre toutes ces diverfes
Coûtumes fur les autres difficultés.
Voilà à peu près la maniere dont Coquille
a procedé , & qui a été fuivie par ceux
qui , après lui , nous ont donné des Inftitutions
au Droit François , & ce qu'on a
lieu d'attendre avec plus de perfection
encore de ceux qui , annonçant de nou.
veaux principes , font entendre qu'ils
D donnent
2402 MERCURE DE FRANCE
donnent quelque chofe de meilleur que
e que l'on a déja en ce genre.
Or il ne le trouve rien de femblable
dans le Livre de M. Billecocq , qui , quelque
chofe qu'il lui plaife d'en dire dans
fa Réponſe à mes Remarques , s'eft démenti
lui-même fur cela dans fon Epitre
Dédicatoire & dans fa Préface , où il avoue
qu'il a réduit fes principes à la feule Coûtume
de Peronne. Ainfi de fon propre
aveu le titre qu'il a choifi fait illufion au
Public. En Poitou & en Bretagne on achetera
le Livre de M. Billecocq fur la foi
du Titre , & dans Fefperance que l'on en
concevra d'avoir des principes qui conviennent
à ces Provinces comme à toutes
les autres ; mais on ne l'aura pas plutôr
qu'on y verra que l'Auteur dit lui-même
qu'il n'y donne rien que pour la Coûttume
particuliere de fon Pays. L'abus fi
fréquent de ces titres trop genéraux ne
ceffera- t'il donc jamais & laiffera- t'on
toujours le Public en bute à ces fortes de
fupercheries ?
Le Livre dont je parle eft- il du moins
un Commentaire fur la Coûtume de Peronne
Mondidier & Roye , comme
l'annoncent l'Epitre Dédicatoire & l'Avis
au Lecteur ? je ne veux encore pour preu
ve de la négative que l'aveu de notre Magiftrat
; il demeure d'accord que la def
cription
NOVEMBRE. 1730. 2495
cription que j'ai faite de la maniere de
faire un Commentaire de Coûtume , c
conforme aux idées que l'on doit s'en for
mer. D'un autre côté , il déclare qu'il n'a
point prétendu écrire fur un plan fi grand ,
& dans lequel les difcuffions font fineceffaires
; donc fon Livre n'eft point un
Commentaire ; donc il en a voulu donner
une idée trop avantageuſe , lorſqu'il a die
L'Ouvrage que j'ai fait fur les Fiefs ... eft
un Commentaire fur la Coûtume de Peronne
& c.
En remarquant l'inutilité d'un Com
mentaire qui contient tout auffi peu , &
quelquefois moins que l'article contefté
j'ai ajoûté que c'étoit le défaut dominant
du Commentaire prétendu de M. Billacocq.
Ce reproche eft trop vague , répond
l'Auteur , pour que je fois en état
de m'en juftifier. C'eſt ſe tirer en habile
homme d'un mauvais pas ; on a bien plutôt
fait , & il est bien plus commode &
bien plus avantageux d'imputer ainfi à la
Critique un défaut de jufteffe & de précifion
trop grand pour qu'elle foit fufceptible
d'une Réponſe , que d'en tenter
la réfutation. Il faudroit parmi les articles
que l'on prétend avoir commentés ,
en tirer un certain nombre au hazard . &
faire voir que l'on a donné la décifion de
toutes les difficultés qui naiffent du texte
Dij он
3404 MERCURE DE FRANCE
ou du moins de la plus grande partie ;
& peut- être le hazard n'offriroit- il rien :
de favorable ? La peine que l'on prendroit.
de feiiilleter l'Ouvrage d'un bout à l'au
tre pourroit même ne produire rien de
mieux , & ne préfenter par tout que,
l'occafion ou de fe fouvenir de ce que
dit M. de Saint Evremont , a que les Li
vres font dans la Bibliotheque d'un fameux
Avocat , comme on voit dans la Mer les
Poiffons , dont une partie mange l'autre ,
ou d'appliquer ce qu'on lit dans M. le
Clerc , b qu'il y a une Nation , d'ailleurs
Sçavante & féconde en habiles gens , qui n'eſt
que trop accoutumée à copier , & qui ne
fait que peu d'ufage de fan efprit dans la plupart
des Livres que l'on en voit. Que l'on
connoît que bien des gens lifent en
ce Pays là non pour s'inftruire , pour fe
former l'efprit & le ftile , pour je mettre
en état de juger par eux-mêmes de ce qu'ils
lifent , ou de découvrir quelque chofe de nouveau,
mais pour faire de gros Recueils , &
tirer de tems en tems de ce cabos des Volnmes
indigeftes , & remplis de citations intiles.
par
›
là
Le fingulier eft que l'application fe
trouve faite par M. Billecocq lui-même.
a S. Evremoniana pag. 357.
b Eiblioth. Univ, T. 16. pag. 197.
Je
NOVEMBRE. 1730. 2405
Je n'avois travaillé à ce Recueil , dit- il a
que pour mon inftruction particuliere …..
& en le faifant imprimer par le confeil
de perfonnes judicieuſes qui ont eſtimé
felon la Coûtume ) qu'il pourroit être
utile au Public , je l'ai préſenté tel qu'il
-étoit.
Cela eft excellent dans le Commerce
-ordinaire. On y regarde communément
comme le meilleur ce que chacun a fait
pour fon propre ufage. Mais il en eſt autrement
dans la République des Lettres ;
ce qu'un Auteur a compofé pour lui eft
juftement ce qui y paffe pour valoir le
moins , & pour être le moins eftimable.
Le Public n'y trouve digne de lui que
ce qui a été fait pour lui , convaincu qu'il´
el
eft que qui ne l'a pas en vûë , n'eft pas
fuffilamment excité à fe donner tous les
foins & toutes les peines qui font néceffaires
pour approcher de la perfection :
fur cela le goût eft genéral , & il ſe trouve
ici juftifié par l'inéxactitude , dont j'ai
cité quelques exemples dans mes Obfervations.
M. Billecocq veut , à la verité , que je
mefois trompé , & il n'a rien oublié pour
l'infinuer ; mais je doute qu'il ait réuffi
auprès de ceux qui fe trouvant à portée
a Mercure de Mai , pag: 851,
Diij
de
2406 MERCURE DE FRANCE
de verifier , s'en feront donné la peine.
Sur le premier article , fur tout , il ne
Faut qu'un Du Pleffis & des yeux. M.
Billecocq ayant dit a qu'en l'absence du
mari , ou à fon refus , la femme qui eft en
communauté avec lui peut fe faire autorifer
par Juftice , pour faire la foi & hom
mage des Fiefs à elle échûs pendant le
mariage ; jai remarqué qu'il avoit d'au-
Tant moins de raifon de nous donner cette
maxime comme indubitable , fur la foi
du feul de Heu , que la regle étoit fauffe,
& que Du Pleffis l'avoit fuffifamment fait
entendre de la forte dans le Chapitre même
, dont l'Auteur s'étoit là approprié
Ja meilleure partie. Sur cela il fait le furpris,
parce , dit- il , que les termes dont
Il a fait ufage fe trouvent à peu de chofe
près dans Du Pleffis ; mais il ne dit pas
que Du Pleffis a ajoûté , du moins felon
les Editions de 1702 , de 1709 & de 1728.
car je n'ai pas fous la main la premiere de
16.98. qu'il y a pourtant difficulté à la regle
qu'il venoit de pofer.
La réticence eft fine en mettant fousles
yeux du Public ces dernieres expreffions
, il n'y auroit pas eu moyen de demander
comment je pouvois dire que Da
Pleffis penfoit autrement que de Hen , au
a Liv. 2, Ch. 4 BEEF. 66
lieu
NOVEMBRE. 1930. 1407
Heu qu'en les taifant , & en ne rappor
tant prudemment que ce qui précede y
on s'eft acquis le droit d'avancer hautement
que ma premiere Remarqueute
mak
imaginée , & de la donner pour un début
qui fait porter de la fuite un jugement
défavantageux.
Mais n'imitons pas ces Scholaftiques
qui recherchoient uniquement ce qu'Afiftote
avoit dit fans fe mettre en peine
de ce qu'il auroit du dire , & voyons qui
il faut croire , ou de M. Billecocq qut
continue d'affuter que fon principe eft
inconteftable , ou de Du Pleffis qui a écrit
qu'il étoit très fujet à conteſtation .
La premiere idée qui fe préfente fur
éela eft celle de la diftinction , fi natu
relle entre l'abſence du mari , & ſon refus
de faire la foi & hommage , entre l'abfence
légitime & neceffaire & celle qui
ne feroit affectée que pour éluder de remi
plir ce devoir du vaffelage.
Lorfque l'abfence eft neceffaire , &
qu'elle a pour motif le fervice de l'Etat,
Fattachement à un emploi dont les fonc
tions ne peuvent pas être abandonnées ,
avantl'expiration du tems fixé pour porter
la foi , la difficulté n'eft pas grande. L'E
poufe , de l'hommage de laquelle ce Seigneur
ne veut pas ſe contenter , a la voye
de lui demander fouffrance , c'est- à- dire,
D iiij de
2408 MERCURE DE FRANCE
de requerir qu'il attende que l'empêchement
foit ceffe , & que le mari puiſſe venir
en perfonne s'acquiter de la premiere
obligation que les Loix Féodales
lui impofent. C'eft en ce cas ce que le
Suzerain ne fçauroit refufer , on l'obtiendroit
des Juges malgré lui ; auffi tôt le
droit de faifir eft arrêté pour tout le tems
que doit durer la caufe de l'abfence , &
fila faifie avoit précedé , la main levée
en feroit acquife. Voilà la reffource que
M. Billecocq croit fi impoffible, d'imagi
ner , celle cependant qu'il a dû voir dans
la note fur l'endroit en queftion que MM .
Delauriere & Berroyer ont crû la plus
réguliere , celle enfin pour laquelle Du
Pleffis lui- même a fait affez fentir qu'il
panchoit , lorfqu'il a avoué qu'il trouvoit
de la difficulté à décider qu'en l'abſence
du mari & le délai fatal preffant , la femme
pût fe faire autorifer par juftice pour
porter la foi , fans faire prononcer au
cune féparation.
L'Epoufe peut , & elle doit même faire
la foi & hommage pour les Fiefs qui
lui appartienent , lorfque le Seigneur veut
qu'elle y fatisfaffe pour le mari abfent :
ce n'eft pasfur quoi tombe le doute ; mais
lui donner le droit de mettre à profit
l'éloignement de fon mari pour l'exemter
de la foi , & pour en prendre malgré
le
NOVEMBRE. 1730. 2409
fe
le Seigneur toute la charge fur elle , nonobftant
que ce dernier veuille bien attendre
que l'excufe du mari ceffe , ce leroit
troubler tout l'ordre féodal..
: Car fi l'ufage qui a ſubſiſté aſſez longtems
a d'obliger , autant qu'on le pouvoit
, les filles qui avoient des Fiefs à ne
fe marier que de l'agrément du Seigneur
dans la mouvance de qui ces Fiefs fe
trouvoient , eft abrogé , fi les Suzerains
ont perdu cette prérogative , dont le mo
tif étoit de les préferver de l'inconvenient
d'avoir des vaffaux qui ne leur fuffent
point agréables , ou qui euffent des interêts
oppofés aux leurs , ils fe font du
moins confervé le droit de s'affurer par
un acte de foi & hommage de la fidelité
des nouveaux Feudataires que leur donnent
leurs Vaffales. La décifion s'en trouve
en leur faveur dans toutes les Coûtumes
, dans les unes a , en termes exprès,
& dans les autres , par la conféquence
qui réfulte du principe , que tout nouveau
vaffal , comme le devient le mari qui
a Voyez la Charte de S. Louis du mois de Mai
1246. à la fin du nouvel Examen de l'uſage genéral
des Fiefs. Par M. Druffel , page 35 .
b Eftempes art. 6. Clermont 87. Laon 168 .
Châlons 178. S. Pol 11. Normandie 99. Bretagne
351. Anjou 96. &c . Quelques uns mettent
auffi celle de Paris dans la même Claffe.
Dv exerce
2410 MERCURE DE FRANCE
exerce tous les droits de Seigneurie des
Fiefs de fa femme , doit la foi & hommage
au Seigneur Suzerain , & la doit en per
Sonne.
Delà vient que fi l'abfence n'a point de
cauſe indiſpenſable , & telle qu'il faut
qu'elle foit pour donner lieu à la fouffrance
, la femme ne peut pas non plus
obliger de la recevoir,à porter la foi pour
fon mari , parce qu'elle ne pourroit y
être admife que comme fondée de la pro
turation du mari , puiſque c'est lui qui
eft perſonellement tenu de ce devoir , &
qu'il n'y a qu'une caufe légitime qui puiſfe
donner le privilege de s'en acquiter par
Procureur , fi ce n'eſt dans quelques Coû
tumes particulieres a dont je ne parle
point ici. Vigier 6 rapporte un Arrêt qui
Pa jugé de la forte contre une femme
dont les offres de faire la foi & hommage
y ont été rejettées , quoique ce fut
pour un Fief qui lui appartenoit , &
qu'elle eut une procuration de fon mariy
qui demeuroit dans une autre Province
que
celle du Fief dominant ; & c'eſt auffi
fe fentiment de M. Boucheul . c
b
L'Epoufe fera-t'elle donc fans reffource
Contre la négligence ou le caprice d'un
a Chauny, art. 104.
bsur l'Art 23. de la Coûtume d'Angonmoiss
€ Sur l'art. 144, de la Cratume du Poirou.
mari
NOVEMBRE. 1730. 241T
mhari qui s'obſtinera à ne pas vouloir re-
Venir porter la foi & hommage , ou qui ,
quoique fur les lieux , refufeta fans taifon
d'en faire la démarche ? Et faudra- t'il
qu'en voyant enlever par la faifie qu'un
femblable procede autorife , des revenus
deftinés à un tout autre uſage , dans l'indigence
& la défolation où cette perte la
jette , elle s'en tienne à des plaintes fte
Files & infructueuſes ?
Non : fi la perte des fruits eft un objet
affez confiderable pour mettre du défordre
dans les affaires des deux Epoux ,
pour en caufer le dérangement , la femme
a alors la liberté d'agir contre fon mari
en feparation ; elle recouvre par là l'ad
miniftration de fon bien , elle retire du
mari la Seigneurie des Fiefs qu'elle lui
avoit apporté , & rentre dans le droit
d'en faire feule l'hommage. Mais tant
qu'elle refte en communauté , qu'elle
trouve fon compte à n'en pas pourfuivre
la diffolution , tant que la joüiffance de
fes Fiefs & des droits de Seigneurie qui y
font attachés demeure à fon mari , la Loi
veut que ce foit lui qui faffe l'hommage
fous peine de la perte des fruits. a
Il y a quelques Coûtumes où le refus du
mari de faire la foi & hommage pourles Fiefs
de fa femme, ne produit que le droit de faifir s
le Seigneur ne gagne pas les fruits , il ne pears
D vj
A
2412 MERCURE DE FRANCE
A la verité , cette perte , lorfqu'il y
donne lieu , eft une diffipation , mais qui
fe réduit à ce qui tombe dans la commu
nauté , & qui eft en fon pouvoir , tant
qu'elle ne va point à un affez grand excès
pour donner matiere à la féparation. II
peut difpofer abſolument des effets com
muns , s'en jouer , les perdre & les diffiper
. La femme n'a que la voye de le fou
frir ou de fe féparer.
Voilà les différentes efpeces qui ont été
confondues par les Auteurs , dont M.
Billecocq réclame le fuffrage , & aufquels
il en auroit pû joindre plufieurs autres
qui fe font tous auffi fucceffivement copiés
, fans prendre garde qu'on ne fçauroit
admettre ainfi indiſtinctement la
femme à la foi & hommage pour l'abfence
ou le refus de fon mari , fans donner
atteinte aux Conftitutions féodales .
L'étendue que j'ai été obligé de donner
à ce premier point me fera paffer plus
legerement fur les autres. Heureuſement
il n'y eft pas befoin de tant de difcuffion .
Quiconque ouvrira le Commentaire de
la Villete fur l'article 173. de la Coûtume
de Peronne , y en trouvera affez pour
juger que M. Billecocq a fait une bevûë
que les féqueftrer jufqu'à la prestation de
P'hommage qui lui eft dû. Amiens , art. 9. Bou
enois 47. Chauny.
en
NOVEMBRE. 1730. 2413
en préferant à l'opinion qu'a tenue M.
d'Argentré , que les cadets ne doivent
pas de chambellage à leur frere aîné , là
décifion contraire de la Coûtume de Laon
dont les maximes , qui doivent conduire
à prononcer fur cela , font toutes differentes
de celles de la Coûtume de Peronne
, & qu'il n'a ainfi donné dans l'erreur
que pour avoir négligé de confulter
les Commentateurs de la Coûtume mê
me qu'il vouloit expliquer.
Il fuffit auffi de lire ce qui a été écrit
par Du Moulin , a pour s'appercevoir
qu'une partie des maximes que M. Billecocq
a pofées comme genérales fur la foi
& hommage du Fief contefté entre plufieurs
perfonnes , font fufceptibles de
diverfes exceptions , qu'il ne peut laiffer
ignorer aux vaffaux & aux Seigneurs de
Fief dont il a principalement l'inftruction
en vûë , fans expofer les uns à s'entêter
de prétentions déraifonables , & fans engager
les autres à abandonner les droits
les plus légitimes. C'eft là l'effet de la
préference qu'il a donnée aux compilateurs
modernes fur les Auteurs originaux,
& de fon goût particulier pour le texte
des Coûtumes voifines de la frenne .
Je n'examine point le plus ou le moins
a In Confuetud. Parif. §. 33 , quest , 27.
de
414 MERCURE DE FRANCE
de jufteffe des préjugés fur lefquels ce
goût eft fondé , ni fi la façon dont on
fçait que la redaction des Coûtumes s'eft:
faite , laiffe lieu aux éloges que notre Auteur
leur diftribue. J'aurai occafion d'en
parler dans un Ouvrage plus étendu . If
n'eft queſtion ici que des fuites ou des
effets du plan que M. Billecocq s'eft for
mé.
Son attachement fcrupuleux aux ex-"
preffions des Coûtumes de Champagne ,
qui y font fes favorites , le fait tomber
d'une faute dans une autre. J'ai remarqué
dans mes Obfervations , que pour nous
apprendre fi le Seigneur qui veut retenir
un Fief de fa mouvance , dont le nouvel
acheteur vient lui demander l'inveftiture,
peut déduire , fur le prix de la vente qu'il
eft obligé de rembourfer , le montant des
Droits Féodaux , il apporte pour toute
décifion un texte de la Coûtume de Vermandois
qui ne parle proprement que du
cas , qui ne fait pas de difficulté , auquel
Pacheteur étoit chargé du payement de
ces droits , & qu'ainfi il nous laiffoit
dans l'incertitude fur ce qui doit s'obſerver
lors , ce qui eft le.cas le plus épineux,
que le vendeur eft engagé à l'acquit de
ces droits. Et la remarque eft jufte , parce
que , quoiqu'en dife M. Billecocq , le
texte cité ne préſente rien qui donne lieu
d'ap
NOVEMBRE. 1730. 2415
d'appliquer à d'autre efpece qu'à la pre
miere dont j'ai parlé , la maxime que le
Retrait Seigneurial & lesDroitsFéodauxfont
incompatibles , & ne peuvent pas être pris:
enfemble fur un même Fief.
Dans fa défenſe , déterminé enfin à
nous inftruire plus clairement fi cette Loi
doit auffi être fuivie , lorfque par le contract
de vente le vendeur eft refté chargé
du payement des Droits Féodaux , il
nous dit qu'oül , que cela ne peut pas
former le moindre doute , & il en appor
te en preuve la Coûtume de Rheims
avec le fentiment de quelques Auteurs
qui ont crû, dit- il , que les Coûtumes a ,
qui contiennent des difpofitions contraires
font injuftes , & doivent être reffer
rées dans les bornes de leurs territoires.
Mais c'eft une feconde faute , d'autant
plus inexcufable que la premiere, que l'on
eft exposé à de plus grands maux , par
la prévention pour de fauffes maximes
que par la fimple ignorance des verita-
Bles. Il n'eft rien moins qu'incontefta-
Ble que le vendeur qui eft obligé au
payement des Droits Seigneuriaux pour
la vente qu'il a faite , en devienne déchargé
, & que fa condition change fi le
Seigneur retire des mains de l'acheteur
a Chaumont,art 17 -Amiens,38, Ponthieu ,69%
Ce
2416 MERCURE DE FRANCE
ce qui a été vendu ; de frivoles railonnemens
font le fondement unique d'un privilege
qui feroit fi extraordinaire. Je ne
ferai point de differtation pour le prouver
; la démonftration fe trouve toute
faite dans le Chapitre 3. des Obfervations
Notables fur le Droit Coûtumier , que M.
Bruffel qui n'y laiffe rien à defirer fur
cela , a fait imprimer à S. Omer en 1724.
& dont le fentiment peut être d'ailleurs
appuyé de celui de Pillecart a de Ricard b,
. & de M. De Laitre c
On voit affez que fi je trouve à redire
aux déciſions & aux principes de M. Bil
lecocq , ce n'eft point , comme il l'écrit
à fon ami , parce qu'ils ne font pas affez.
démontrés, mais parce qu'ils ne font point
affez vrais. C'eſt parcequ'il donne continuellement
pour certain ce qui eft au moins
très douteux , pour univerfellement reconnu
ce qui eft le plus contefté , & pour
genéral ce qui eft fufceptible de plufieurs
exceptions .
Une infinité de gens , nous dit l'Auteur
, feront bien contens de trouver d'un
coup d'oeil dans ce Livre la décifion des
difficultés qui fe préfentent ; mais fatif
faction de bien peu de durée pour le
a Sur l'art 216. de la Coût . de Châlons
b Sur l'art 235. de Senlis .
• Sur l'art. 17. de Chaumont,
LecNOVEMBRE
. 1730. 2417 .
Lecteur qui fe donnera la peine d'aller
aux fources , & bien funefte par l'évenement
pour ceux qui , par pareffe de remonter
à ces premieres fources , ou par
ignorance qu'il y en ait de plus pures , fe
feront prévenus & entêtés des idées qu'ils
auront prifes dans une collection fiimparfaite.
Il vaudroit autant pour les premiers
que la compilation fut encore dans
l'obfcurité , & qu'elle n'eut pas été miſe
au jour : Et cela feroit plus avantageux
pour les derniers. C'eſt ce que j'avois à
démontrer.
Fermer
Résumé : DÉFENSE des Remarques de M. Dauvergne sur un Livre de M. Billecocq, intitulé : Les Principes du Droit François sur les Fiefs.
Le texte est une défense des remarques de M. Dauvergne concernant le livre de M. Billecocq intitulé 'Les Principes du Droit François fur les Fiefs'. M. Dauvergne a attendu une réponse de M. Billecocq ou de son correspondant avant de réagir, mais n'ayant rien reçu, il décide de justifier ses observations. Deux points principaux sont en contention : la pertinence du contenu du livre par rapport à son titre et la valeur de l'ouvrage pour la jurisprudence. M. Dauvergne critique le titre du livre, qui promet des principes généraux mais ne les fournit pas. Il souligne que les principes particuliers varient selon les coutumes locales et que le livre de M. Billecocq se limite à la coutume de Peronne, contrairement à ce que le titre laisse entendre. Il accuse également M. Billecocq de ne pas fournir un commentaire complet et utile sur la coutume de Peronne, comme annoncé. M. Dauvergne reproche à M. Billecocq de ne pas avoir commenté suffisamment les articles de la coutume, se contentant souvent de répéter le texte sans ajouter de valeur. Il cite des exemples d'inexactitudes et de manque de précision dans le livre. M. Billecocq, en réponse, affirme que les remarques de M. Dauvergne sont trop vagues pour être réfutées. Le texte aborde également des questions spécifiques de droit féodal, comme le droit de la femme de faire la foi et hommage en l'absence de son mari. M. Dauvergne critique la position de M. Billecocq sur ce point, en se référant à des auteurs comme Du Pleffis et en soulignant les distinctions entre l'absence légitime et l'absence affectée. Il conclut que la position de M. Billecocq trouble l'ordre féodal et ne respecte pas les droits des seigneurs. En outre, le texte traite des obligations féodales, notamment la foi et hommage, et des droits des femmes dans ce contexte. En l'absence de cause indispensable, une femme ne peut pas être obligée de recevoir la foi et hommage à la place de son mari, car ce devoir incombe personnellement à ce dernier. Cependant, si la négligence ou le caprice du mari cause un préjudice financier significatif, la femme peut demander une séparation et récupérer l'administration de ses biens, y compris les fiefs, et effectuer seule l'hommage. Certaines coutumes permettent au seigneur de ne pas perdre les fruits en cas de refus du mari, mais cette perte reste une dissipation des biens communs. Le texte critique également les erreurs de M. Billecocq, qui a mal interprété certaines coutumes et maximes féodales, en se basant sur des compilations modernes plutôt que sur les auteurs originaux. Il souligne l'importance de consulter les sources primaires pour éviter les erreurs et les préjugés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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49
p. 2689-2719
LETTRE de Mr de ..., à Mde de ... sur la Tragedie de Venceslas.
Début :
Ne rougissez pas, Madame, d'avoir été si peu sensible aux beautez qui [...]
Mots clefs :
Tragédie, Amour, Théâtre, Mort, Auteur, Beauté, Frère, Hymen, Colère, Justice, Yeux, Corneille, Monologue, Seigneur, Amant, Âme, Roi, Crime, Sentiments, Nature
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de Mr de ..., à Mde de ... sur la Tragedie de Venceslas.
LETTRE de Mr de ... , à Mde de ...
fur la Tragedie de Venceflas.
Neté à peu fenfible aux beautez qui
E rougiffez pas , Madame , d'avoir
font répandues dans la Tragedie de Venceflas
; ce n'eft point par des applaudiffemens
qu'un efprit auffi délicat que le vôtre
doit fe déterminer. Un Acteur , tel que
Baron , peut prêter des graces aux endroits
d'une Tragédie , même les plus rebutanss
les fuffrages deviennent alors tres- équi-
I. Vol. yoques
2690 MERCURE DE FRANCE
voques , & l'on peut le tromper quand
on en fait honneur à l'Auteur.Ce n'eft pas
qu'il n'y ait de grandes beautez dans cette
Tragedie. Rotrou étoit un de ces génies
que la nature avare ne donne que de ſiécles
en fiécles ; le grand Corneille n'a pas
dédaigné de l'appeller fon Pere & lon
Maître;& fa fincerité avoit autant de part
que fa modeſtie à des noms fi glorieux ;
mais ce qui excitoit l'admiration dans un
temps où le Théatre ne faifoit que de naî
tre , ne va pas fi loin aujourd'hui ; on fe
contente d'eftimer ce qui a autrefois étonné
, & pour aller jufqu'à la furpriſe , on a
befoin de fe tranfporter au premier âge
des Muſes. Tel étoit celui de Rotrou , par
rapport à la Tragédie ; ceux qui avoient
travaillé avant lui dans ce genre de Poëfie
que Corneille & Racine ont élevé fi
haut , ne lui avoient rien laiffè qui pût
former fon goût ; de forte que la France
doit confiderer Rotrou comme le créateur
du Poëme Dramatique , & Corneille
comme le reftaurateur. Vous voyez ,
Madame , que cela pourroit fuffire pour
juftifier vos dégouts ; je veux aller plus
loin , & parcourir également les beautez
& les défauts de la Tragedie de Venceſlas
, pour pouvoir en porter un jugement
équitable.
1. Vol.
ACTE
DECEMBRE. 1730. 2691
Į
ACTE I.
Venceflas ouvre la Scene fuivi de
Ladifas & d'Alexandre fes fils ; il faut
retirer le dernier par ce vers adreffé à
tous les deux .
Prenez un fiége , Prince , & vous, Infant, ſortez.
Alexandre lui répond.
J'aurai le tort , Seigneur , fi vous ne m'écoutez.
Ce fecond vers eft un de ceux qu'il
faut renvoyer au vieux temps. J'aurai le
tort, n'eft plus françois , mais ce n'eft pas
la faute de l'Auteur . Que vous plaît-il ? cft
trop profaïque & trop vulgaire ; il n'étoit
pas tel du temps de Rotrou. Paffons
à quelque chofe de plus effentiel. Voici
des Vers dignes des fiécles les plus éclai
rez ; c'eſt Venceflas qui parle à Ladiflas.
Prêtez- moi , Ladiflas , le coeur avec Poreille
J'attends toujours du temps qu'il meuriffe le
fruit ,
Que pour me fucceder , ma couche m'a produit
Et je croyois , mon Fils , votre Mere immor,
relle ,
Par le refte qu'en vous elle me laiffa d'elle ;
Mais hélas ! ce portrait qu'elle s'étoit tracé ,
Perd beaucoup de fon luftre , & s'eft bien effacé
Ne
2692 MERCURE DE FRANC .
:
Ne diroit - on pas que c'eft Corneille
qui parle ? Ces Vers nous auroient , fans
doute , fait prendre le change , s'ils n'avoient
été précédez de cet à parte de
Ladiflas.
Que la Vieilleffe fouffre , & fait fouffrir autrui !
Oyons les beaux avis qu'un flatteur lui confeille
:
Quelle difparate ! tout ce que Venceflas
dit dans cette Scene , eft mêlé de petites
fautes , & de grandes beautez ; les
fautes font dans l'expreffion , les beautez
dans les penfées . Il y a pourtant dans ces
dernieres quelque chofe qui dégrade le
pompeux Dramatique : C'eft l'indigne
portrait que Venceflas fait d'un Fils qui
doit lui fucceder , & qui lui fuccede en
effet à la fin de la pièce. Le voicy ce
Portrait ;
S'il faut qu'à cent rapports ma créance réponde
,
Rarement le Soleil rend la lumiere au monde ;
Que le premier rayon qu'il répand icy bas ,
N'y découvre quelqu'un de vos affaffinats.
Où du moins on vous tient en fi mauvaiſe eftime,
Qu'innocent ou coupable , on vous charge du
crime ,
Et que vous offenfant d'un foupçon éternel ,
Aux bras du fommeil même, on vous fait criminel.
I. Vol. Quel
DECEMBRE . 1730. 2693
Quel correctif que ces quatre derniers
vers ! dans quelle eftime doit être un
Prince à qui on impute tous les crimes
que la nuit a dérobés aux regards du Public
? De pareils caracteres ont-ils jamais
dû entrer dans une Tragédie ? Mais dans
le refte de la Piéce , les difcours & les actions
de ce monftre iront plus loin que
le portrait.
Ce qu'il y a de plus furprenant , c'eſt
que Ladiflas , tel qu'il eft , trouve encore
le fecret de le faire aimer. On en peut ju¬
ger par ces Vers.:
Par le fecret pouvoir d'un charme que j'ignore,
Quoiqu'on vous meſeftime , on vous chérit encore
;
Vicieux , on vous craint , mais vous plaifez heureux
Et pour vous l'on confond le murmure & les
voeux.
J'avoue, Madame , que je ne comprends
pas le vrai fens de ce vers :
Vicieux , on vous craint ; mais vous plaifez heureux.
Vicieux & heureux, nefont pas faits pour
faire une jufte oppofition ; l'Auteur ne
voudroit-il pas dire , que malgré les vices
qui le font craindre , Ladiflas a le bon-
I. Vol
.G heur
2694 MERCURE DE FRANCE
heur de plaire ? Quoique ce vers puifle
fignifier , on ne fçauroit difconvenir qu'il
n'ait un fens bien louche . Mais que de
beautés fuivent ces petits deffauts ! Vous
en allez juger par cette belle tirade : c'eft
toujours Venceslas qui parle à fon Fils.
Ah ! méritez , mon Fils , que cet amour vous
dure ;
Pour conferyer les voeux , étouffez le murmure
Et regnez dans les coeurs par un fort dépendant
Plus de votre vertu que de votre aſcendant ;
Par elle rendez - vous digne du diadême ;
Né pour donner des loix , commencez par vous
même ;
Et que vos paffions , ces rebelles fujets ,
De cette noble ardeur foient les premiers objets .
Par ce genre de regne , il faut meriter l'autre
Par ce dégré , mon Fils , mon Thône fera vô
tre.
Mes Etats , mes Sujets , tout fléchira fous vous
Et , fujet de vous feul , vous regnerez fur tous .
>
2
?
Quand on trouve de fi grandes beautez
de détail dans une Piéce , on eft prefque
forcé à faire grace aux vices du fond;
& c'eft en cela feulement , Madame , que
je trouve vos dégouts injuftes . Voyons le
refte de cette Scene , qui eft dans le genre
déliberatif. Venceslas dans la leçon
qu'il fait à fon Fils , appuye fur trois
I. Vol, points
DECEMBRE . 1730. 2695
points ; fçavoir , fur les mauvais dépor
temens de fon Fils , fur fa haine pour fon
premier Miniftre , & fur l'averfion qu'il
a pour l'Infant. Ladiflas s'attache à répondre
exactement aux objections ; mais
il commence par convenir d'un reproche
que fon Pere ne lui a fait que d'une maniere
vague. Le voici :
Vous n'avez rien de Roy , que le défir de Pêtre
;
Et ce défir , dit -on , peu difcret & trop promt
En fouffre avec ennui le bandeau fur mon front.
Vous plaignez le travail où ce fardeau m'engage,
Et n'ofant m'attaquer , vous attaquez mon âge ,
&c.
Ce reproche doit- il obliger Ladiflas à
confeffer à fon Pere & à fon Roy , qu'il
eft vrai qu'il fouhaite la Couronne , &
qu'il lui eft échapé quelques difcours ?
Il fait plus , il cite le jour , où il a parlé
fi indifcretement fur une matiére fi délicate
:
Au retour de la Chaffe , hier affifté des micas
&c.
A quoi n'expofe- t-il pas les plus affidez
amis ? Sera- t- il bien difficile au Roy
de les difcerner ; il n'a qu'à fçavoir qui
font ceux qui l'ont fuivi à la Chaffe &
I. Voln Gij qui
2696 MERCURE DE FRANCE
qui ont foupé avec lui. Voicy ce qu'il
avoie lui être échappé :
Moy , fans m'imaginer vous faire aucune injure
,
Je coulai mes avis dans ce libre murmure ,
Et mon fein à ma voix s'ofant trop confier
Ce difcours m'échappa ; je ne le puis nier :
Comment , dis-je , mon Pere accablé de
d'âge ,
Et , fa force à prefent fervent mal fon courage,
Ne fe décharge- t- il avant qu'y fuccomber ,
D'un pénible fardeau qui le fera tomber ? &c.
tant
Voilà Venceflas inftruit d'un nouveau
crime qu'il pouvoit ignorer , & Ladiflas
très-imprudent de le confeffer ,fans y être
déterminé que par une plainte qui peut
n'être faite qu'au hazard. J'ai vu un pareil
trait dans une Comédie : Un Valet
pour obtenir grace pour un crime dont
on l'accufe , en confeffe plufieurs que fon
Maître ignore ; encore ce Valet eft-il plus
excufable, puifque l'épée dont on feint de
le vouloir percer , lui a troublé la raiſon;
au lieu que Ladiflas s'accufe de fang froid
devant un Pere qui l'aime , & qui vient
de lui dire :
Parlez , je gagnerai vaincu , plus que vainqueur
;
J. Vol. Je
DECEMBRE. 1730 : 2697
Je garde encor pour vous les fentimens d'un
Pere ;
Convainquéz-moi d'erreur ; elle me fera chere
-
Je fçais qu'on pourroit répondre à mon
objection ; que Ladiflas pouvoit fçavoir
qu'on avoit fait au Roy un fidele raport
de tout ce qui s'étoit dit à table ; mais
en ce cas là il faudroit en inftruire les
Spectateurs qui ne jugent pas d'après de
fuppofitions ; ainfi Ladiflas auroit dû dire
au Roy fon Pere : Je fçai qu'on vous a inf
trait ; ou l'équivalant. Il eft vrai qu'il
femble le dire par ce Vers :
J'apprends qu'on vous la dit , & ne m'en´ deffends
point.
Mais j'apprends, ne veut pas
dire qu'on
le lui ait apptis auparavant ; il feroit
bien plus pofitif de dire :je fçai qu'on
vous l'a dit
Ladiflas n'a garde de convenir que Ic
portrait que fon Pere vient de faire de
lui , foit d'après nature's bien loin delà
il l'accufe d'injufte prévention par ce'
Vers :
de ma part tout vous choque & vous
Encor que
bleffe , &c.
>
Pour ce qui regarde fa haine pour le
Giij Due I. Vol.
2698 MERCURE DE FRANCÈ
ſon Duc de Curlande,& fon averfion pour
Frere ,il ne s'abbaiffe à l'excufer que pour
,
s'y affermir. Voicy comme il s'explique :
J'en hais l'un , il eft vrai , cet Infolent Miniftre
,
Qui vous eft précieux autant qu'il m'eſt ſiniſtre ;
Vaillant , j'en fuis d'accord ; mais vain , fourbe ,
Aateur ,
Et de votre pouvoir , fecret ufurpateur , & c.
Mais s'il n'eft trop puiffant pour craindre ma
colere ,
Qu'il penfe murement au choix de fon falaire ,
&c.
&
Ce derniers vers fuppofe , comme il
eft expliqué un peu un peu auparavant
beaucoup plus dans la fuite , que Venceflas
a promis au Duc de lui accorder la
premiere grace qu'il lui demanderoit , en
faveur des fervices fignalez qu'il a rendus
à l'Etat. C'eſt pour cela que Ladiflas
ajoute :
Et que ce grand crédit qu'il poffede à la
Cour ,
S'il méconnoit mon rang , reſpecte mon amour,
Ou tout brillant qu'il eft , il lui fera frivole ,
Je n'ay point fans fujet , lâché cette parole ,
Quelques bruits m'ont appris jufqu'où vont fes
deffeins ;
I. Vol.
Et
DECEMBRË. 1730. 2699
Et c'eſt un des fujets , Seigneur , dont je më
plains.
Voicy ce qu'il dit au fujet de l'Infant.
Pour mon Frere , après fon infolence
Je ne puis m'emporter à trop de violence ;
Et de tous vos tourmens , la plus affreuſe horreur
Ne le fçauroit fouftraire à ma jufte fureur , &c.
L'humeur infléxible de ce Prince obli
ge fon Pere à prendre les voyes de la
douceur ; il convient qu'il s'eft trompés
il l'embraffe , & lui promet de l'affocier à
fon Thrône. C'eſt par là feulement qu'il
trouve le fecret de l'adoucir , & de lui
arracher ces paroles , peut-être peu finceres
;
>
De votre feul repos dépend toute ma joye ;
Et fi votre faveur , jufques -là fe déploye ,
Je ne l'accepterai que comme un noble emplois
Qui parmi vos fujets fera compter un Roy.
L'Infant vient pour fe juftifier du manque
de refpect dont fon Frere l'accufe ,
le Royle reçoit mal en apparence , & dit
à
part :
A quel étrange office , amour me réduis -tu ,
De faire accueil au vice & chaffer la vertu ?
1
I. Vol.
G iiij Ven
2700 MERCURE DE FRANCE
Venceslas ordonne à l'Infant de deman
der pardon à Ladiflas , & à Ladiſtas de
tendre les bras à fon Frere . Ladiflas n'obéit
qu'avec répugnance ; ce qu'il fait
connoître par ces Vers qu'il adreffe à l'Infant.
'Allez , & n'imputez cet excès d'indulgence ' ;
Qu'au pouvoir abſolu qui retient ma vengeance :
Le Roy fait appeller le Duc de Curlande
pour le réconcilier avec Ladiflas :
cette paix eft encore plus forcée que l'autre.
Venceflas preffe le Duc de lui demander
le prix qu'il lui a promis . Le
Duc lui obeït & s'explique ainfi :
Un fervage , Seigneur , plus doux que votre Em
pire ,
Des flammes & des fers font le prix où j'aſpire…..?
Ladiflas ne le laiffe
pas achever , &
lui dit :
Arrêtez , infolent , & c.
Le Duc fe tait par reſpect & ſe retire
avec l'Infant.
Le Roy ne peut plus retenir fa colere ,
il dit à ce Fils impétueux , qu'il ménage
mal l'efpoir du Diadême , & qu'il hazarde
même la tête qui le doit porter. Il le
quitte .
Je m'apperçus , Madame , que ces man-
I. Vol. ques
DECE MBRE. 1730: 2701
paques
de refpect , réïterés coup fur coup ;
en prefence d'un Roy ; vous revoltérent
pendant toute la réprefentation , je ne le
trouvai pas étrange , & je fentis ce que
vous fentiez . On auroit pû paffer de
reilles infultes dans les Tragedies qu'on
repreſentoit autrefois parmi des Républicains
; on ne cherchoit qu'à rendre les
Rois odieux ; mais dans un état monarchique
, on ne fçauroit trop refpecter le
facré caractere dont nos Maîtres font revêtus.
Dans la derniere Scene de ce premier
Acte on inftruit les Spectateurs de ce qui
a donné lieu à l'emportement de Ladif- .
las , & à l'infulte qu'il a faite au Duc en
prefence du Roy fon Pere. Ce Prince violent
croit que le Duc eft fon Rival. Ce--
pendant il ne fait que prêter fon nom
à l'Infant . Cela ne fera expofé qu'à la fin
de l'Acte fuivant , je crois qu'on auroit
mieux fait de nous en inftruire dès le
commencement de la Piéce.-
ACTE II
Theodore , Infante de Mofcovie , com
mence le fecond Acte avec Caffandre ,
Ducheffe de Cuniſberg . Elle lui parle ens
faveur de Ladiflas qui lui demande fas
main Caffandre s'en deffend par ces
Gy. Now
Vers :
LVola
2902 MERCURE DE FRANCE
Non , je ne puis fouffrir en quelque rang qu'if
monte ,
L'ennemi de ma gloire & l'Amant de ma honte ,
Et ne puis pour Epoux vouloir d'un ſuborneur ,
Qui voit qu'il a fans fruit attaqué mon honneur
L'Infant n'oublie rien pour appaifer
la jufte colere de Caffandre ; mais cette
derniere ne dément point ſa fermeté , &
découvre toute la turpitude des amours
de Ladiflas , par ces mots :
Ces deffeins criminels , ces efforts infolens ,
Ces libres entretiens , ces Meffages infames ,
. L'efperance du rapt dont il flattoit fes flammes ,
Et tant d'autres enfin dont il crut me toucher
Aufang de Cunisberg fe pourroient reprocher.
Je conviens avec vous , Madame,qu'un
amour auffi deshonorant que celui - là ,
n'eft pas fait pour la majefté de la Scene
Tragique, & qu'il doit faire rougir l'objet
à qui il s'adreffe . On a beau dire que
cela eft dans la nature ; il faudroit qu'il
fut dans la belle nature , & je doute qu'on
pafsât de pareilles images dans nos Comédies
d'aujourd'hui , tant le Théatre
eft épuré.
Ladiflas vient ſe joindre à fa four , pour
éblouir les yeux de Caffandre , par l'offre
d'une Couronne ; mais elle lui répond
avec une jufte indignation..
Me
DECEMBRE. 1730. 2703
Me parlez - vous d'Hymen & voudriez-vous.
pour femme
L'indigne & vil objet d'un impudique flamme ?
Moi ? Dieux ! moi ? la moitié d'un Roy d'un
Potentat !
Ah ! Prince , quel prefent feriez - vous à l'Etat >
De lui donner pour Reine une femme ſuſpecte
Et quelle qualité voulez - vous qu'il reſpecte ,
En un objet infame & fi peu refpecté ,
Que vos fales défirs ont tant follicité ?
Tranchons cette Scene , elle eft trop
révoltante. Ladiflas voyant que Caffandre
eft infléxible , s'emporte jufqu'à lui
dire , qu'il détefte fa vie à l'égal de la mort.
Caffandre faifit ce prétexte pour fe retirer.
Ladiflas court après elle ; il prie fa
foeur de la rappeller ; & fe repentant un
moment après de la priere qu'il vient
de lui faire; il dit qu'il veut oublier cette
ingrate pour jamais , & qu'il va preffer
fon Hymen avec le Duc qu'il croit fon
Rival, cette erreur produit une fituation ,
L'Infante qui fe croit aimée du Duc , &
qui l'aime en fecret , ne peut apprendre
fans douleur qu'il aime Caffandre. Elle /
fait connoître dans un Monologue ce qui
fe paffe dans fon coeur . On vient lui dire
que le Duc demande à lui parler. Elle le
fait renvoyer , fous prétexte d'une indif
1.Vol. Gvj pofi2704
MERCURE DE FRANCE
pofition . L'Infant vient pour fçavoir quelle
eft cette indifpofition ; il la confirme
dans fon erreur , il fait plus, il la prie de
fervir le Duc dans la recherche qu'il fait
de Caffandre ; l'Infante n'y peut plus tenir,
& fe retire , en difant :
Mon mal s'accroît , mon Frere , agréez ma re÷
traite.
Rien n'eft plus Théatral que ces fortes:
'de Scenes ; mais quand le Spectateur n'y
comprend rien , fon ignorance diminuë
fon plaifir ; il plaît enfin à l'Auteur de
nous mettre au fait , par un Monologue
qui finit ce fecond Acte ; & j'ofe avancer
que l'explication ne nous inftruit guére
mieux que le filence . Voicy comment
s'explique l'Infant dans fon Monologue.
O fenfible contrainte ! ô rigoureux ennui ,,
D'être obligé d'aimer deffous le nom d'autrui !
Outre que je pratique une ame prévenuë ,
Quel fruit peut tirer d'elle une flamme inconnuë?
Et que puis - je efperer fous cet afpect fatal ,
Qui cache le malade en découvrant le mal ? &c
Les deux premiers Vers nous apprennent
que l'Infant aime fous le nom d'au
trui ; mais les quatre fuivans me paroiffent
une énigme impénétrable : que veut
dire Rotrou , par ces mots ? Je pratique
L.. Kol.
une
DECEMBRE. 1730: 2705
1
une ame prévenuë ; & que pouvons - nous
entendre par cette flamme inconnue, & par
ce malade qui fe cache en découvrant le mal?
Eft ce que le Duc feint d'aimer Caffandre
aux yeux de Caffandre même ? Ne feroitil
pas plus naturel
que Caffandre fut inftruite
de l'amour de l'Infant , & qu'elle
confentit , pour des raifons de politique ,
à faire pafler le Duc pour fon Amant ?
Je crois que c'eft-là le deffein de l'Auteur
, quoique les expreffions femblent
infinuer le contraire ; quoiqu'il en foit ,
l'Infant ne devroit pas expofer , par cette
erreur , le Duc à la fureur de fon Frere ,-
pour s'en mettre à couvert lui- même.
D'ailleurs le Duc aimant l'Infante, com--
me nous le verrons dans la fuite , ne doit
pas naturellement le prêter à un artifice
qui le fait paffer pour Amant de Caf
fandre.
ACTE IM.-
Cet Acte paroît le plus deffectueux : Je
paffe légerement fur les premieres Scénes,
qui font tout-à-fait dénuées d'action . Let
Duc commence la premiere Scene par un
Monologue , dans lequel il réfléchit fur
la feinte maladie de l'Infante , pour lui
interdire fa préfence ; il préfume de cette
deffenfe, qu'elle eft inftruite de fon amour,
ou du moins qu'elle le foupçonne par le
L.Vol. demí.
2706 MERCURE DE FRANCE
1
demi aveu qu'il en a fait au Roy , quand
Ladiflas lui a deffendu d'achever ; il fe
détermine à aimer fans efperance .
Dans la feconde Scéne , l'Infant le
preffe de lui découvrir quels font fes.
chagrins ; ille foupçonne d'aimer Caffandre.
Le Duc détruit ce foupçon , fans
pourtant lui avouër fon veritable amour.
Dans la troifiéme , Caffandre preffe l'Infante
de la délivrer de la perfécution de
fon Frere, par l'Hymen dont il veut bien
l'honorer. Pour la quatrième , elle eſt
fi indigne du beau tragique , qu'il feroit
à fouhaiter qu'elle ne fut jamais fortie de
la plume d'un Auteur auffi refpectable
que Rotrou. En effet , quoi de plus bas
que ces Vers qui échapent à Ladiflas
dans une colere qui reffemble à un fang
froid. C'eft à Caffandre qu'il parle :
Je ne voi point en vous d'appas fi furprenans ,
Qu'ils vous doivent donner des titres éminens ;
Rien ne releve tant l'éclat de ce vifage ,
Où vous n'en mettez pas tous les traits en uſage ;
Vos yeux , ces beaux charmeurs , avec tous leurs
ap pas ,
Ne font point accufés de tant d'affaffinats , &c.
Pour moi qui fuis facile , & qui bien- tôt me
bleffe ,
Votre beauté m'a plû , j'avouerai ma foibleffe ;
Et m'a couté des foins , des devoirs & des pas ;
J. Vola Mais
DECEMBRE . 1730. 2707
Mais du deffein,je croi que vous n'en doutez pas,
&c.
Dérobant ma conquête elle m'étoit certaine ;
Mais je n'ai pas trouvé qu'elle en valût la peine.
Peut- on dire en face de fi grandes impertinences
? On a beau les excufer par le
caractere de l'Amant qui parle ; de pareils
caracteres ne doivent jamais entrer
dans la Tragedie.
Ladiflas fe croit fi bien guéri de fon
amour , qu'il promet au Duc , non - feulement
de ne plus s'oppofer à fon Hymen
avec Caffandre , mais même de le preffer .
Venceslas vient , il conjure le Duc de le
mettre en état de dégager la parole . Le
Duc le réfout enfin à s'expliquer , puifque
le Prince ne s'oppofe plus à fes défirs;
mais le Prince impetueux lui coupe encore
la parole , ce qui fait une efpece de Scéne"
doublée ; le Roy s'emporte pour la premiere
fois , jufqu'à l'appeller infolent. Ladiflas
daigne auffi s'excufer pour la pre
miere fois fur la violence d'une paffion
qu'il a vainement combattue. Il fort enfint
tout furieux , après avoir dit à fon Pere ::
Je fuis ma paffion , fuivez votre colere ;
Pour un Fils fans refpect , perdez l'amour d'un
Pere ;
Tranchez le cours du temps à mes jours deſtiné;
I. Vol
Ec
2708 MERCURE DE FRANCE
Ét reprenez le ſang que vous m'avez donné ; ·
Ou fi votre juſtice épargne encor ma tête ,-
De ce préfomptueux rejettez la requête ,
Et de fon infolence humiliez l'excès , '
Où fa mort à l'inftant en ſuivra le ſuccès.
Le Roy ordonne qu'on l'arrête ; c'eſt - là
le premier Acte d'autorité qu'il ait encore
fait contre un fi indigne Fils . Paffons
à l'Acte fuivant , nous y verrons une in
finité de beautez , contre un très - petit
nombre de deffauts.
ACTE IV..
L'action de cet Acte fe paffe pendant
le crepufcule du matin ; un fonge terrible
que l'Infante a fait , l'a obligée à
fortir de fon appartement ; ainfi ce fonge
qui d'abord paroît inutile, eft ingénieu
fement imaginé par l'Auteur , & donne
lieu à une tres - belle fituation , comme on
va le voir dans la feconde Scéne ; s'il y a
ya
quelque chofe à reprendre dans ce fonge,,
c'eft que l'Infante a vû ce qui n'eft pas
arrivé , & n'arrivera pas.
Hélas ! j'ai vu la main qui lui perçoit le flanc
J'ai vu porter le coup , j'ai vâ couler ſon fang ;
Du coup d'un autré main , j'ai vû voler fa tête
Pour recevoir fon corps j'ai vu la tombe prête .
I. Vol En
DECEMBRE: 1730. 2709
En effet ce n'eft pas à Ladiflas qu'on
a percé le flanc ; & pour ce qui regarde
eette tête qui vole du coup d'une autre
main ; le fonge n'eft , pour ainfi dire
qu'une Sentence comminatoire ; mais
voyons les beautez que cette légere faute
va produire.
"
Ladiflas paroit au fond du Théatre
bleffé au bras , foûtenu par Octave , font
confident. Voilà le fonge à demi expli
qué ; mais c'eft le coeur de l'Infante &
non du Prince , qui eft veritablement
percé. Ladiflas lui apprend qu'un avis
qu'Octave lui a donné de l'Hymen , du
Düc & de Caffandre , l'ayant mis au défefpoir
, l'a fait tranfporter au Palais de
cette Princeffe ; & qu'ayant apperçu le
Duc qui entroit dans fon appartement ,
il l'a bleffé à mort de trois coups de Poigard
; l'Infante ne pouvant plus contenir
fa douleur , à cette funefte nouvelle fe retire
pour dérober fa foibleffe aux yeux
de fon Frere : Elle fait connoître ce qui
fe paffe dans fon coeur par cet à parte :-
Mon coeur es -tu fi tendre ,
Qué de donner des pleurs à l'Epoux de Caffan
dre ,
Et vouloir mal au bras qui t'en a dégagé ?
Get Hymen t'offençoit , & fa mort t'a vengé.
Le jour qui commence à naître , oblige
I. Vol. La
C
2710 MERCURE DE FRANCÈ
Ladiflas à fe retirer ; mais Venceflas furvient
& l'apperçoit.Surpris de le voir levé
fi matin , il lui en demande la caufe , par
ces Vers :
Qui vous réveille donc avant que la lumiere ,
Ait du Soleil naiffant commencé la carriere.
"
Le Prince lui répond :
N'avez-vous pas auffi précédé fon réveil
Cela donne lieu à une tirade des plus
belles de la Piece. La voici , c'eft Vencel
las qui parle :
Oui , mais j'ai mes raiſons qui bornent mor
fommeil.
Je me voi , Ladiflas , au déclin de ma vie ,
Et fçachant que la mort l'aura bien - tôt ravie ,
Je dérobe au fommeil , image de la inort ;
Ce que je puis du temps qu'elle laiffe à mon
fort.
Près du terme fatal preſcrit par la nature
Et qui me fait du pied toucher ma ſépulture ,
De ces derniers inftants dont il preffe le cours ;
Ce que j'ôte à mes nuits , je l'ajoute à mes jours ,
Sur mon couchant enfin ma débile paupiere ,
Me ménage avec foin ce refte de lumiere ;
Mais quel foin peut du lit vous chaffer ſi matin
Vous à qui l'âge encore garde un fi long deſtin .
Ces beaux fentimens font fuivis d'un
I. Vol. coup
DECEMBRE. 1730. 2711
coup de théatre qui part de main de
Maître. Ladiflas preffé par fes remords
déclare à fon Pere qu'il vient de tuer le
Duc ; mais à peine a - t-il fait cet aveu ,
que le Duc paroît lui - même ; quelle
agréable furpriſe pour Venceflas la
que
nouvelle de la mort vient d'accabler ! &
quelle furprife pour Ladiflas qui croit
Favoir percé de trois coups de Poignard
!
Caffandre annoncée par le Duc , va bientôt
éclaicir cet affreux myftere ; elle vient
demander vengeance
de la mort de l'Infant.
yeux
de
Ce qui peut donner lieu à la critique
c'eſt un hors- d'oeuvre de cinquante vers ,
avant que de venir au fait. Je fçais , que
l'Auteur avoit befoin d'apprendre au Roy
que le Duc avoit prêté fon nom à l'Infant
, pour cacher fon amour aux
fon Frere ; mais cette expofition devoit
être placée ailleurs , ou mife icy en moins
de vers. Le refte de la Scene eft tres-pathetique;
elle jouë veritablement un peu trop
fur les mots. Vous en allez juger par ces
fragmens,
C'est votre propre fang , Seigneur , qu'on a
verfé ;
Votre vivant portrait qui fe trouve effacé ...
Vengez -moi , vengez-vous, & vengez un Epoux;
Que, veuve avant l'Hymen , je pleure à vos ge-
Mais поих.
2712 MERCURE DE FRANCE
Mais , apprenant , grand Roy , cet accident fi
niftre ,'
Hélas ! en pourriez - vous foupçonner le Miniftre?
Oui , votre fang fuffit , pour vous en faire foy ;
Il s'émeut , il vous parle, & pour & contre foy ,
Et par un fentiment enſemble horrible & tendre ,
Vous dit que Ladiſlas eſt méutrier d'Alexandre ...
Quel des deux fur vos fens fera le plus d'effort
De votre Fils meurtrier ou de votre Fils mort?
La douleur s'explique- t-elle en termes
fi recherchez ? Et n'eft- ce pas à l'efprit à fe
taire,quand c'eft au coeur feulement à par
ler?Je ne fçais même ſi ce vers tant vanté:
Votre Fils l'a tiré du fang de votre Fils :
eft digne d'être mis au rang des vers
frappés ; on doit convenir au moins què
l'expreffion n'en eft pas des plus juftes ;
en effet , Madame , un Poignard ne peutil
pas être tiré du fein , par une main innocente
, & même fecourable ?
Finiffons ce bel Acte. Venceslas promet
à la Ducheffe la punition du coupable . Il
ordonne à fon Fils de lui donner fon épée.
Ladiflas obéit , des Gardes le conduilent
au lieu de fureté ; le Roy dit au Duc :
De ma part donnez avis au Prince ,´
Què fa tête autrefois fi chere à la Province ,`
I. Vol. Doir
DECEMBRE . 1730. 2713
Doit fervir aujourd'hui d'un exemple fameux
Qui faffe détefter fon crime à nos neveux.
Venceflas fait connoître ce qui fe paſſe
dans fon coeur par cette exclamation .
Au gré
O ciel , ta Providence apparemment profpere ,
de mes
ſoupirs de deux Fils m'a fait Pere ,
Et l'un d'eux qui par l'autre aujourd'hui m'eft
ôté ,“
M'oblige à perdre encore celui qui m'eſt reſté .
7
Ce quatriéme Acte paffe pour être le
plus beau de la Piéce ; cependant celui
que nous allons voir , ne lui eft guére inférieur.
ACTE V.
que
Rien n'eft fi beau , que la réfolution
l'Infante forme dès le commencement ,
d'exiger du Duc qu'il borne à la grace de
Ladiflas la promeffe que le Roy lui a faite.
Le procédé du Duc n'eft pas moins heroïque
, il renonce à la poffeffion de l'objet
aimé , en faveur du plus mortel de fes
ennemis. La fituation de Venceflas eft des
plus touchantes , & fon ame des plus fer
mes. Il le fait connoître par ces Vers.
Tréve , tréve nature , aux fanglantes batailles
Qui , fi cruellement déchirent mes entrailles ,
Et me perçant le coeur le veulent partager ,
Entre mon Fils à perdre , & mon Fils à venger!
I. Vol. 发票
2714 MERCURE DE FRANCE
A ma juſtice en vain ta tendreffe eft contraire ,
Et dans le coeur du Roi cherche celui de
Je me fuis dépouillé de cette qualité ,
Et n'entends plus d'avis que ceux de l'équité, & c,
pere ;
La Scene qui fuit ce Monologue a des
beautés du premier ordre ; elle eſt entre
le pere & le fils. Je ne puis mieux en faire
fentir la force que par le Dialogue.
Ladiflas.
Venez-vous conſerver ou venger votre race ?
M'annoncez-vous , mon pere , ou ma mort , of
ma grace ?
Venceslas pleurant.
Embraffez-moi , mon fils .
Ladiflas
Seigneur , quelle bonté ?
Quel effet de tendreffe , & quelle nouveauté ?
Voulez - vous ou marquer , ou remettre mes peines
?
Et vos bras me font- ils des fayeurs , ou des chaî
nes ?
Venceslas pleurant toujours.
Avecque le dernier de mes embraffemens
Recevez de mon coeur les derniers fentimens,
Sçavez-vous de quel fang vous avez pris naiſfance
?
I. Vol. Ladiflas
DECEMBRE. 1730. 2715
Ladiflas.
Je l'ai mal témoigné ; mais j'en ai connoiffance.
Venceslas.
Sentez-vous de ce fang les nobles mouvemens ?
Ladiflas.
Si je ne les produis , j'en ai les fentimens.
Venceflas.
Enfin d'un grand effort vous fentez - vous capable
?
Ladifas.
Oui , puifque je réſiſte à l'ennui qui m'accable ,
Et qu'un effort mortel ne peut aller plus loin.
Venceslas.
Armez-vous de vertu vous en avez beſoin.
;
Ladifas.
S'il eft tems de partir , mon ame eft toute prête,
Venceslas.
L'échafaut l'eſt auffi ; portez-y votre tête &c.
fon
Tout le refte de cette Scene répond
aux fentimens que ces deux Princes viennent
de faire paroître. Ladiflas fe foumet
à fon fort ; il témoigne pourtant que
pere porte un peu trop loin la vertu d'un
Monarque : voici comme il s'exprime par
un à parte.
2716 MERCURE DE FRANCE
O vertu trop fevere !
VinceДlas vit encor , & je n'ai plus de pere.
Vinceflas eft fi ferme dans la réfolutiqn
qu'il a prife de n'écouter que la voix de
la juftice , qu'il refufe la grace du Printe
aux larmes de l'Infante & à la genérofité
de Caffandre ; le Duc même n'eft pas fûr
de l'obtenir ; il ne la lui accorde , ni ne
la lui refufe , & il ne fe rend qu'à une
efpece de fédition du peuple.
S'il y a quelque chofe à cenfurer dans
ce cinquiéme Acte , c'eft d'avoir fait prendre
le change aux fpectateurs. La premiere
grace promife au Duc dès le commencement
de la Piéce , fembloit être le
grand coup refervé pour le dénouement :
je ne fçais , Madame , fi vous ne vous by
étiez pas attendue comme moi ; car, enfin
, à quoi bon cette récompenfe fi folemnellement
jurée au Duc pour avoir fauvé
l'Etat , fi elle ne devoit rien produire ?
je conviens qu'elle influe dans la grace
du-Prince ; mais j'aurois voulu qu'elle én
fut la caufe unique & néceffaire ; cependant
cela ne paroît nullement dans les
motifs de la grace. C'eft Venceflas qui
parle
Qui , ma fille , oui , Caffandre , oui , parole
oùi , nature
I. Vol. Qüii
DECEMBRE . 1730. 2717
K
Oui , peuple , il faut vouloir ce que vous fouhaitez
,
Et par vos fentimens regler mes volontés.
Je fçai que tous ces motifs enfemble
rendent la grace plus raifonnable ; mais
elle feroit plus theatrale, fi après avoir refifté
à toute autre follicitation , Venceflas
ne fe rendoit qu'à la foi promife ; le Duc
même s'en eft flatté , quand il a ofé dire
à fon Maître :
J'ai votre parole , & ce dépot facré
Contre votre refus m'eft un gage affuré.
Il ne me refte plus qu'à examiner l'abdication
; elle n'eft pas tout-à- fait hors
de portée des traits de la cenfure . Quel
eft le motif de cette abdication ? le voici :
La juftice eft aux Rois la Reine des vertus.
Mais cette juftice ordonne- t'elle qu'on
mette le fer entre les mains d'un furieux?
Qui peut répondre à Venceslas que le repentir
de fon fils foit fincere ? Ne vientpas
de dire lui-même à Caffandre ? il
Ce Lion eft dompté ; mais peut-être , Madame
,
Celui qui fi foumis vous déguiſe ſa flamme ,
Plus fier , plus violent qu'il n'a jamais été ,
Demain attenteroit fur votre honnêteté ;
I. Vel H Peut2718
MERCURE DE FRANCE
Peut- être qu'à mon fang fa main accoutumée
Contre mon propre fein demain feroit armée.
Ne vaudroit - il pas
mieux que Venceflas
employât le peu de tems qui lui reste à
vivre à rendre fon fils plus digne de regner
? Et devroit- il expofer fon peuple
aux malheurs attachés à la tyrannie ? un
changement fi promt eft toujours fufpect,
& furtout dans un Prince auffi plongé &
auffi affermi dans le crime que Ladiflas.
Pour moi , Madame , fi la vertu de Venceflas
n'avoit brillé dans toute la Piéce ,
je ferois tenté de croire qu'il punit le
peuple d'avoir défendu un Prince fi indigne
de le gouverner. En effet n'eft-ce
pas ici le langage du dépit :
Et le Peuple m'enſeigne
Voulant que vous viviez , qu'il eft las que je regne
.
Je n'examine point la force de cette
abdication ; il a plû à Rotrou de faire la
Couronne dePologne moitié hereditaire ,
moitié élective : Venceflas le fait connoître
par ces Vers :
Une Couronne , Prince & e.
En qui la voix des Grands & le commun fuffrage
M'ont d'un nombre d'Ayeuls confervé l'herita¬
ge &c.
Regnez ; après l'Etat j'ai droit de vous élire ,
I. Vol
Et
DECEMBRE 1730. 2719
Et donner , en mon fils , un pere à mon Empire
Quel Pere lui donne- t'il ? Eft - ce là cette
juftice dont il fait tant de parade ?
Vous voyez , Madame , par tout ce que
je viens de remarquer dans la Tragédie
de Venceflas , que vos dégouts pour cette
Piéce ont été affez fondés. Pouvoit-elle
plus mal finir que par la récompenfe du
crime , & par l'oppreffion de la vertu ?
il femble l'Auteur en ait voulu annoncer
la catastrophe dès le commencement
, quand il a fait dire à VenceЛlas :
que
A quel étrange office , Amour , me réduis - tu ,
De faire accueil au vice , & chaffer la vertų.
Ce dernier Vers eft une espece de prophetie
justifiée par un dénouement auquel
on ne fe feroit jamais attendu.
Cela n'empêche pas que cette Tragédie
ne foit remplie de grandes beautés , &
qu'elle n'ait au moins trois Actes dignes
du grand Corneille. Je ne doute point
Madame , que vous ne rendiez cette juftice
à un Ouvrage qui s'eft confervé ſi
long- tems fur notre Théatre , & qui peut
s'affurer de l'immortalité fur la foi des
derniers applaudiffemens qu'il vient de
recevoir. Permettez - moi de finir cette
Lettre , en vous renouvellant les témoignages
de la plus parfaite eftime.
fur la Tragedie de Venceflas.
Neté à peu fenfible aux beautez qui
E rougiffez pas , Madame , d'avoir
font répandues dans la Tragedie de Venceflas
; ce n'eft point par des applaudiffemens
qu'un efprit auffi délicat que le vôtre
doit fe déterminer. Un Acteur , tel que
Baron , peut prêter des graces aux endroits
d'une Tragédie , même les plus rebutanss
les fuffrages deviennent alors tres- équi-
I. Vol. yoques
2690 MERCURE DE FRANCE
voques , & l'on peut le tromper quand
on en fait honneur à l'Auteur.Ce n'eft pas
qu'il n'y ait de grandes beautez dans cette
Tragedie. Rotrou étoit un de ces génies
que la nature avare ne donne que de ſiécles
en fiécles ; le grand Corneille n'a pas
dédaigné de l'appeller fon Pere & lon
Maître;& fa fincerité avoit autant de part
que fa modeſtie à des noms fi glorieux ;
mais ce qui excitoit l'admiration dans un
temps où le Théatre ne faifoit que de naî
tre , ne va pas fi loin aujourd'hui ; on fe
contente d'eftimer ce qui a autrefois étonné
, & pour aller jufqu'à la furpriſe , on a
befoin de fe tranfporter au premier âge
des Muſes. Tel étoit celui de Rotrou , par
rapport à la Tragédie ; ceux qui avoient
travaillé avant lui dans ce genre de Poëfie
que Corneille & Racine ont élevé fi
haut , ne lui avoient rien laiffè qui pût
former fon goût ; de forte que la France
doit confiderer Rotrou comme le créateur
du Poëme Dramatique , & Corneille
comme le reftaurateur. Vous voyez ,
Madame , que cela pourroit fuffire pour
juftifier vos dégouts ; je veux aller plus
loin , & parcourir également les beautez
& les défauts de la Tragedie de Venceſlas
, pour pouvoir en porter un jugement
équitable.
1. Vol.
ACTE
DECEMBRE. 1730. 2691
Į
ACTE I.
Venceflas ouvre la Scene fuivi de
Ladifas & d'Alexandre fes fils ; il faut
retirer le dernier par ce vers adreffé à
tous les deux .
Prenez un fiége , Prince , & vous, Infant, ſortez.
Alexandre lui répond.
J'aurai le tort , Seigneur , fi vous ne m'écoutez.
Ce fecond vers eft un de ceux qu'il
faut renvoyer au vieux temps. J'aurai le
tort, n'eft plus françois , mais ce n'eft pas
la faute de l'Auteur . Que vous plaît-il ? cft
trop profaïque & trop vulgaire ; il n'étoit
pas tel du temps de Rotrou. Paffons
à quelque chofe de plus effentiel. Voici
des Vers dignes des fiécles les plus éclai
rez ; c'eſt Venceflas qui parle à Ladiflas.
Prêtez- moi , Ladiflas , le coeur avec Poreille
J'attends toujours du temps qu'il meuriffe le
fruit ,
Que pour me fucceder , ma couche m'a produit
Et je croyois , mon Fils , votre Mere immor,
relle ,
Par le refte qu'en vous elle me laiffa d'elle ;
Mais hélas ! ce portrait qu'elle s'étoit tracé ,
Perd beaucoup de fon luftre , & s'eft bien effacé
Ne
2692 MERCURE DE FRANC .
:
Ne diroit - on pas que c'eft Corneille
qui parle ? Ces Vers nous auroient , fans
doute , fait prendre le change , s'ils n'avoient
été précédez de cet à parte de
Ladiflas.
Que la Vieilleffe fouffre , & fait fouffrir autrui !
Oyons les beaux avis qu'un flatteur lui confeille
:
Quelle difparate ! tout ce que Venceflas
dit dans cette Scene , eft mêlé de petites
fautes , & de grandes beautez ; les
fautes font dans l'expreffion , les beautez
dans les penfées . Il y a pourtant dans ces
dernieres quelque chofe qui dégrade le
pompeux Dramatique : C'eft l'indigne
portrait que Venceflas fait d'un Fils qui
doit lui fucceder , & qui lui fuccede en
effet à la fin de la pièce. Le voicy ce
Portrait ;
S'il faut qu'à cent rapports ma créance réponde
,
Rarement le Soleil rend la lumiere au monde ;
Que le premier rayon qu'il répand icy bas ,
N'y découvre quelqu'un de vos affaffinats.
Où du moins on vous tient en fi mauvaiſe eftime,
Qu'innocent ou coupable , on vous charge du
crime ,
Et que vous offenfant d'un foupçon éternel ,
Aux bras du fommeil même, on vous fait criminel.
I. Vol. Quel
DECEMBRE . 1730. 2693
Quel correctif que ces quatre derniers
vers ! dans quelle eftime doit être un
Prince à qui on impute tous les crimes
que la nuit a dérobés aux regards du Public
? De pareils caracteres ont-ils jamais
dû entrer dans une Tragédie ? Mais dans
le refte de la Piéce , les difcours & les actions
de ce monftre iront plus loin que
le portrait.
Ce qu'il y a de plus furprenant , c'eſt
que Ladiflas , tel qu'il eft , trouve encore
le fecret de le faire aimer. On en peut ju¬
ger par ces Vers.:
Par le fecret pouvoir d'un charme que j'ignore,
Quoiqu'on vous meſeftime , on vous chérit encore
;
Vicieux , on vous craint , mais vous plaifez heureux
Et pour vous l'on confond le murmure & les
voeux.
J'avoue, Madame , que je ne comprends
pas le vrai fens de ce vers :
Vicieux , on vous craint ; mais vous plaifez heureux.
Vicieux & heureux, nefont pas faits pour
faire une jufte oppofition ; l'Auteur ne
voudroit-il pas dire , que malgré les vices
qui le font craindre , Ladiflas a le bon-
I. Vol
.G heur
2694 MERCURE DE FRANCE
heur de plaire ? Quoique ce vers puifle
fignifier , on ne fçauroit difconvenir qu'il
n'ait un fens bien louche . Mais que de
beautés fuivent ces petits deffauts ! Vous
en allez juger par cette belle tirade : c'eft
toujours Venceslas qui parle à fon Fils.
Ah ! méritez , mon Fils , que cet amour vous
dure ;
Pour conferyer les voeux , étouffez le murmure
Et regnez dans les coeurs par un fort dépendant
Plus de votre vertu que de votre aſcendant ;
Par elle rendez - vous digne du diadême ;
Né pour donner des loix , commencez par vous
même ;
Et que vos paffions , ces rebelles fujets ,
De cette noble ardeur foient les premiers objets .
Par ce genre de regne , il faut meriter l'autre
Par ce dégré , mon Fils , mon Thône fera vô
tre.
Mes Etats , mes Sujets , tout fléchira fous vous
Et , fujet de vous feul , vous regnerez fur tous .
>
2
?
Quand on trouve de fi grandes beautez
de détail dans une Piéce , on eft prefque
forcé à faire grace aux vices du fond;
& c'eft en cela feulement , Madame , que
je trouve vos dégouts injuftes . Voyons le
refte de cette Scene , qui eft dans le genre
déliberatif. Venceslas dans la leçon
qu'il fait à fon Fils , appuye fur trois
I. Vol, points
DECEMBRE . 1730. 2695
points ; fçavoir , fur les mauvais dépor
temens de fon Fils , fur fa haine pour fon
premier Miniftre , & fur l'averfion qu'il
a pour l'Infant. Ladiflas s'attache à répondre
exactement aux objections ; mais
il commence par convenir d'un reproche
que fon Pere ne lui a fait que d'une maniere
vague. Le voici :
Vous n'avez rien de Roy , que le défir de Pêtre
;
Et ce défir , dit -on , peu difcret & trop promt
En fouffre avec ennui le bandeau fur mon front.
Vous plaignez le travail où ce fardeau m'engage,
Et n'ofant m'attaquer , vous attaquez mon âge ,
&c.
Ce reproche doit- il obliger Ladiflas à
confeffer à fon Pere & à fon Roy , qu'il
eft vrai qu'il fouhaite la Couronne , &
qu'il lui eft échapé quelques difcours ?
Il fait plus , il cite le jour , où il a parlé
fi indifcretement fur une matiére fi délicate
:
Au retour de la Chaffe , hier affifté des micas
&c.
A quoi n'expofe- t-il pas les plus affidez
amis ? Sera- t- il bien difficile au Roy
de les difcerner ; il n'a qu'à fçavoir qui
font ceux qui l'ont fuivi à la Chaffe &
I. Voln Gij qui
2696 MERCURE DE FRANCE
qui ont foupé avec lui. Voicy ce qu'il
avoie lui être échappé :
Moy , fans m'imaginer vous faire aucune injure
,
Je coulai mes avis dans ce libre murmure ,
Et mon fein à ma voix s'ofant trop confier
Ce difcours m'échappa ; je ne le puis nier :
Comment , dis-je , mon Pere accablé de
d'âge ,
Et , fa force à prefent fervent mal fon courage,
Ne fe décharge- t- il avant qu'y fuccomber ,
D'un pénible fardeau qui le fera tomber ? &c.
tant
Voilà Venceflas inftruit d'un nouveau
crime qu'il pouvoit ignorer , & Ladiflas
très-imprudent de le confeffer ,fans y être
déterminé que par une plainte qui peut
n'être faite qu'au hazard. J'ai vu un pareil
trait dans une Comédie : Un Valet
pour obtenir grace pour un crime dont
on l'accufe , en confeffe plufieurs que fon
Maître ignore ; encore ce Valet eft-il plus
excufable, puifque l'épée dont on feint de
le vouloir percer , lui a troublé la raiſon;
au lieu que Ladiflas s'accufe de fang froid
devant un Pere qui l'aime , & qui vient
de lui dire :
Parlez , je gagnerai vaincu , plus que vainqueur
;
J. Vol. Je
DECEMBRE. 1730 : 2697
Je garde encor pour vous les fentimens d'un
Pere ;
Convainquéz-moi d'erreur ; elle me fera chere
-
Je fçais qu'on pourroit répondre à mon
objection ; que Ladiflas pouvoit fçavoir
qu'on avoit fait au Roy un fidele raport
de tout ce qui s'étoit dit à table ; mais
en ce cas là il faudroit en inftruire les
Spectateurs qui ne jugent pas d'après de
fuppofitions ; ainfi Ladiflas auroit dû dire
au Roy fon Pere : Je fçai qu'on vous a inf
trait ; ou l'équivalant. Il eft vrai qu'il
femble le dire par ce Vers :
J'apprends qu'on vous la dit , & ne m'en´ deffends
point.
Mais j'apprends, ne veut pas
dire qu'on
le lui ait apptis auparavant ; il feroit
bien plus pofitif de dire :je fçai qu'on
vous l'a dit
Ladiflas n'a garde de convenir que Ic
portrait que fon Pere vient de faire de
lui , foit d'après nature's bien loin delà
il l'accufe d'injufte prévention par ce'
Vers :
de ma part tout vous choque & vous
Encor que
bleffe , &c.
>
Pour ce qui regarde fa haine pour le
Giij Due I. Vol.
2698 MERCURE DE FRANCÈ
ſon Duc de Curlande,& fon averfion pour
Frere ,il ne s'abbaiffe à l'excufer que pour
,
s'y affermir. Voicy comme il s'explique :
J'en hais l'un , il eft vrai , cet Infolent Miniftre
,
Qui vous eft précieux autant qu'il m'eſt ſiniſtre ;
Vaillant , j'en fuis d'accord ; mais vain , fourbe ,
Aateur ,
Et de votre pouvoir , fecret ufurpateur , & c.
Mais s'il n'eft trop puiffant pour craindre ma
colere ,
Qu'il penfe murement au choix de fon falaire ,
&c.
&
Ce derniers vers fuppofe , comme il
eft expliqué un peu un peu auparavant
beaucoup plus dans la fuite , que Venceflas
a promis au Duc de lui accorder la
premiere grace qu'il lui demanderoit , en
faveur des fervices fignalez qu'il a rendus
à l'Etat. C'eſt pour cela que Ladiflas
ajoute :
Et que ce grand crédit qu'il poffede à la
Cour ,
S'il méconnoit mon rang , reſpecte mon amour,
Ou tout brillant qu'il eft , il lui fera frivole ,
Je n'ay point fans fujet , lâché cette parole ,
Quelques bruits m'ont appris jufqu'où vont fes
deffeins ;
I. Vol.
Et
DECEMBRË. 1730. 2699
Et c'eſt un des fujets , Seigneur , dont je më
plains.
Voicy ce qu'il dit au fujet de l'Infant.
Pour mon Frere , après fon infolence
Je ne puis m'emporter à trop de violence ;
Et de tous vos tourmens , la plus affreuſe horreur
Ne le fçauroit fouftraire à ma jufte fureur , &c.
L'humeur infléxible de ce Prince obli
ge fon Pere à prendre les voyes de la
douceur ; il convient qu'il s'eft trompés
il l'embraffe , & lui promet de l'affocier à
fon Thrône. C'eſt par là feulement qu'il
trouve le fecret de l'adoucir , & de lui
arracher ces paroles , peut-être peu finceres
;
>
De votre feul repos dépend toute ma joye ;
Et fi votre faveur , jufques -là fe déploye ,
Je ne l'accepterai que comme un noble emplois
Qui parmi vos fujets fera compter un Roy.
L'Infant vient pour fe juftifier du manque
de refpect dont fon Frere l'accufe ,
le Royle reçoit mal en apparence , & dit
à
part :
A quel étrange office , amour me réduis -tu ,
De faire accueil au vice & chaffer la vertu ?
1
I. Vol.
G iiij Ven
2700 MERCURE DE FRANCE
Venceslas ordonne à l'Infant de deman
der pardon à Ladiflas , & à Ladiſtas de
tendre les bras à fon Frere . Ladiflas n'obéit
qu'avec répugnance ; ce qu'il fait
connoître par ces Vers qu'il adreffe à l'Infant.
'Allez , & n'imputez cet excès d'indulgence ' ;
Qu'au pouvoir abſolu qui retient ma vengeance :
Le Roy fait appeller le Duc de Curlande
pour le réconcilier avec Ladiflas :
cette paix eft encore plus forcée que l'autre.
Venceflas preffe le Duc de lui demander
le prix qu'il lui a promis . Le
Duc lui obeït & s'explique ainfi :
Un fervage , Seigneur , plus doux que votre Em
pire ,
Des flammes & des fers font le prix où j'aſpire…..?
Ladiflas ne le laiffe
pas achever , &
lui dit :
Arrêtez , infolent , & c.
Le Duc fe tait par reſpect & ſe retire
avec l'Infant.
Le Roy ne peut plus retenir fa colere ,
il dit à ce Fils impétueux , qu'il ménage
mal l'efpoir du Diadême , & qu'il hazarde
même la tête qui le doit porter. Il le
quitte .
Je m'apperçus , Madame , que ces man-
I. Vol. ques
DECE MBRE. 1730: 2701
paques
de refpect , réïterés coup fur coup ;
en prefence d'un Roy ; vous revoltérent
pendant toute la réprefentation , je ne le
trouvai pas étrange , & je fentis ce que
vous fentiez . On auroit pû paffer de
reilles infultes dans les Tragedies qu'on
repreſentoit autrefois parmi des Républicains
; on ne cherchoit qu'à rendre les
Rois odieux ; mais dans un état monarchique
, on ne fçauroit trop refpecter le
facré caractere dont nos Maîtres font revêtus.
Dans la derniere Scene de ce premier
Acte on inftruit les Spectateurs de ce qui
a donné lieu à l'emportement de Ladif- .
las , & à l'infulte qu'il a faite au Duc en
prefence du Roy fon Pere. Ce Prince violent
croit que le Duc eft fon Rival. Ce--
pendant il ne fait que prêter fon nom
à l'Infant . Cela ne fera expofé qu'à la fin
de l'Acte fuivant , je crois qu'on auroit
mieux fait de nous en inftruire dès le
commencement de la Piéce.-
ACTE II
Theodore , Infante de Mofcovie , com
mence le fecond Acte avec Caffandre ,
Ducheffe de Cuniſberg . Elle lui parle ens
faveur de Ladiflas qui lui demande fas
main Caffandre s'en deffend par ces
Gy. Now
Vers :
LVola
2902 MERCURE DE FRANCE
Non , je ne puis fouffrir en quelque rang qu'if
monte ,
L'ennemi de ma gloire & l'Amant de ma honte ,
Et ne puis pour Epoux vouloir d'un ſuborneur ,
Qui voit qu'il a fans fruit attaqué mon honneur
L'Infant n'oublie rien pour appaifer
la jufte colere de Caffandre ; mais cette
derniere ne dément point ſa fermeté , &
découvre toute la turpitude des amours
de Ladiflas , par ces mots :
Ces deffeins criminels , ces efforts infolens ,
Ces libres entretiens , ces Meffages infames ,
. L'efperance du rapt dont il flattoit fes flammes ,
Et tant d'autres enfin dont il crut me toucher
Aufang de Cunisberg fe pourroient reprocher.
Je conviens avec vous , Madame,qu'un
amour auffi deshonorant que celui - là ,
n'eft pas fait pour la majefté de la Scene
Tragique, & qu'il doit faire rougir l'objet
à qui il s'adreffe . On a beau dire que
cela eft dans la nature ; il faudroit qu'il
fut dans la belle nature , & je doute qu'on
pafsât de pareilles images dans nos Comédies
d'aujourd'hui , tant le Théatre
eft épuré.
Ladiflas vient ſe joindre à fa four , pour
éblouir les yeux de Caffandre , par l'offre
d'une Couronne ; mais elle lui répond
avec une jufte indignation..
Me
DECEMBRE. 1730. 2703
Me parlez - vous d'Hymen & voudriez-vous.
pour femme
L'indigne & vil objet d'un impudique flamme ?
Moi ? Dieux ! moi ? la moitié d'un Roy d'un
Potentat !
Ah ! Prince , quel prefent feriez - vous à l'Etat >
De lui donner pour Reine une femme ſuſpecte
Et quelle qualité voulez - vous qu'il reſpecte ,
En un objet infame & fi peu refpecté ,
Que vos fales défirs ont tant follicité ?
Tranchons cette Scene , elle eft trop
révoltante. Ladiflas voyant que Caffandre
eft infléxible , s'emporte jufqu'à lui
dire , qu'il détefte fa vie à l'égal de la mort.
Caffandre faifit ce prétexte pour fe retirer.
Ladiflas court après elle ; il prie fa
foeur de la rappeller ; & fe repentant un
moment après de la priere qu'il vient
de lui faire; il dit qu'il veut oublier cette
ingrate pour jamais , & qu'il va preffer
fon Hymen avec le Duc qu'il croit fon
Rival, cette erreur produit une fituation ,
L'Infante qui fe croit aimée du Duc , &
qui l'aime en fecret , ne peut apprendre
fans douleur qu'il aime Caffandre. Elle /
fait connoître dans un Monologue ce qui
fe paffe dans fon coeur . On vient lui dire
que le Duc demande à lui parler. Elle le
fait renvoyer , fous prétexte d'une indif
1.Vol. Gvj pofi2704
MERCURE DE FRANCE
pofition . L'Infant vient pour fçavoir quelle
eft cette indifpofition ; il la confirme
dans fon erreur , il fait plus, il la prie de
fervir le Duc dans la recherche qu'il fait
de Caffandre ; l'Infante n'y peut plus tenir,
& fe retire , en difant :
Mon mal s'accroît , mon Frere , agréez ma re÷
traite.
Rien n'eft plus Théatral que ces fortes:
'de Scenes ; mais quand le Spectateur n'y
comprend rien , fon ignorance diminuë
fon plaifir ; il plaît enfin à l'Auteur de
nous mettre au fait , par un Monologue
qui finit ce fecond Acte ; & j'ofe avancer
que l'explication ne nous inftruit guére
mieux que le filence . Voicy comment
s'explique l'Infant dans fon Monologue.
O fenfible contrainte ! ô rigoureux ennui ,,
D'être obligé d'aimer deffous le nom d'autrui !
Outre que je pratique une ame prévenuë ,
Quel fruit peut tirer d'elle une flamme inconnuë?
Et que puis - je efperer fous cet afpect fatal ,
Qui cache le malade en découvrant le mal ? &c
Les deux premiers Vers nous apprennent
que l'Infant aime fous le nom d'au
trui ; mais les quatre fuivans me paroiffent
une énigme impénétrable : que veut
dire Rotrou , par ces mots ? Je pratique
L.. Kol.
une
DECEMBRE. 1730: 2705
1
une ame prévenuë ; & que pouvons - nous
entendre par cette flamme inconnue, & par
ce malade qui fe cache en découvrant le mal?
Eft ce que le Duc feint d'aimer Caffandre
aux yeux de Caffandre même ? Ne feroitil
pas plus naturel
que Caffandre fut inftruite
de l'amour de l'Infant , & qu'elle
confentit , pour des raifons de politique ,
à faire pafler le Duc pour fon Amant ?
Je crois que c'eft-là le deffein de l'Auteur
, quoique les expreffions femblent
infinuer le contraire ; quoiqu'il en foit ,
l'Infant ne devroit pas expofer , par cette
erreur , le Duc à la fureur de fon Frere ,-
pour s'en mettre à couvert lui- même.
D'ailleurs le Duc aimant l'Infante, com--
me nous le verrons dans la fuite , ne doit
pas naturellement le prêter à un artifice
qui le fait paffer pour Amant de Caf
fandre.
ACTE IM.-
Cet Acte paroît le plus deffectueux : Je
paffe légerement fur les premieres Scénes,
qui font tout-à-fait dénuées d'action . Let
Duc commence la premiere Scene par un
Monologue , dans lequel il réfléchit fur
la feinte maladie de l'Infante , pour lui
interdire fa préfence ; il préfume de cette
deffenfe, qu'elle eft inftruite de fon amour,
ou du moins qu'elle le foupçonne par le
L.Vol. demí.
2706 MERCURE DE FRANCE
1
demi aveu qu'il en a fait au Roy , quand
Ladiflas lui a deffendu d'achever ; il fe
détermine à aimer fans efperance .
Dans la feconde Scéne , l'Infant le
preffe de lui découvrir quels font fes.
chagrins ; ille foupçonne d'aimer Caffandre.
Le Duc détruit ce foupçon , fans
pourtant lui avouër fon veritable amour.
Dans la troifiéme , Caffandre preffe l'Infante
de la délivrer de la perfécution de
fon Frere, par l'Hymen dont il veut bien
l'honorer. Pour la quatrième , elle eſt
fi indigne du beau tragique , qu'il feroit
à fouhaiter qu'elle ne fut jamais fortie de
la plume d'un Auteur auffi refpectable
que Rotrou. En effet , quoi de plus bas
que ces Vers qui échapent à Ladiflas
dans une colere qui reffemble à un fang
froid. C'eft à Caffandre qu'il parle :
Je ne voi point en vous d'appas fi furprenans ,
Qu'ils vous doivent donner des titres éminens ;
Rien ne releve tant l'éclat de ce vifage ,
Où vous n'en mettez pas tous les traits en uſage ;
Vos yeux , ces beaux charmeurs , avec tous leurs
ap pas ,
Ne font point accufés de tant d'affaffinats , &c.
Pour moi qui fuis facile , & qui bien- tôt me
bleffe ,
Votre beauté m'a plû , j'avouerai ma foibleffe ;
Et m'a couté des foins , des devoirs & des pas ;
J. Vola Mais
DECEMBRE . 1730. 2707
Mais du deffein,je croi que vous n'en doutez pas,
&c.
Dérobant ma conquête elle m'étoit certaine ;
Mais je n'ai pas trouvé qu'elle en valût la peine.
Peut- on dire en face de fi grandes impertinences
? On a beau les excufer par le
caractere de l'Amant qui parle ; de pareils
caracteres ne doivent jamais entrer
dans la Tragedie.
Ladiflas fe croit fi bien guéri de fon
amour , qu'il promet au Duc , non - feulement
de ne plus s'oppofer à fon Hymen
avec Caffandre , mais même de le preffer .
Venceslas vient , il conjure le Duc de le
mettre en état de dégager la parole . Le
Duc le réfout enfin à s'expliquer , puifque
le Prince ne s'oppofe plus à fes défirs;
mais le Prince impetueux lui coupe encore
la parole , ce qui fait une efpece de Scéne"
doublée ; le Roy s'emporte pour la premiere
fois , jufqu'à l'appeller infolent. Ladiflas
daigne auffi s'excufer pour la pre
miere fois fur la violence d'une paffion
qu'il a vainement combattue. Il fort enfint
tout furieux , après avoir dit à fon Pere ::
Je fuis ma paffion , fuivez votre colere ;
Pour un Fils fans refpect , perdez l'amour d'un
Pere ;
Tranchez le cours du temps à mes jours deſtiné;
I. Vol
Ec
2708 MERCURE DE FRANCE
Ét reprenez le ſang que vous m'avez donné ; ·
Ou fi votre juſtice épargne encor ma tête ,-
De ce préfomptueux rejettez la requête ,
Et de fon infolence humiliez l'excès , '
Où fa mort à l'inftant en ſuivra le ſuccès.
Le Roy ordonne qu'on l'arrête ; c'eſt - là
le premier Acte d'autorité qu'il ait encore
fait contre un fi indigne Fils . Paffons
à l'Acte fuivant , nous y verrons une in
finité de beautez , contre un très - petit
nombre de deffauts.
ACTE IV..
L'action de cet Acte fe paffe pendant
le crepufcule du matin ; un fonge terrible
que l'Infante a fait , l'a obligée à
fortir de fon appartement ; ainfi ce fonge
qui d'abord paroît inutile, eft ingénieu
fement imaginé par l'Auteur , & donne
lieu à une tres - belle fituation , comme on
va le voir dans la feconde Scéne ; s'il y a
ya
quelque chofe à reprendre dans ce fonge,,
c'eft que l'Infante a vû ce qui n'eft pas
arrivé , & n'arrivera pas.
Hélas ! j'ai vu la main qui lui perçoit le flanc
J'ai vu porter le coup , j'ai vâ couler ſon fang ;
Du coup d'un autré main , j'ai vû voler fa tête
Pour recevoir fon corps j'ai vu la tombe prête .
I. Vol En
DECEMBRE: 1730. 2709
En effet ce n'eft pas à Ladiflas qu'on
a percé le flanc ; & pour ce qui regarde
eette tête qui vole du coup d'une autre
main ; le fonge n'eft , pour ainfi dire
qu'une Sentence comminatoire ; mais
voyons les beautez que cette légere faute
va produire.
"
Ladiflas paroit au fond du Théatre
bleffé au bras , foûtenu par Octave , font
confident. Voilà le fonge à demi expli
qué ; mais c'eft le coeur de l'Infante &
non du Prince , qui eft veritablement
percé. Ladiflas lui apprend qu'un avis
qu'Octave lui a donné de l'Hymen , du
Düc & de Caffandre , l'ayant mis au défefpoir
, l'a fait tranfporter au Palais de
cette Princeffe ; & qu'ayant apperçu le
Duc qui entroit dans fon appartement ,
il l'a bleffé à mort de trois coups de Poigard
; l'Infante ne pouvant plus contenir
fa douleur , à cette funefte nouvelle fe retire
pour dérober fa foibleffe aux yeux
de fon Frere : Elle fait connoître ce qui
fe paffe dans fon coeur par cet à parte :-
Mon coeur es -tu fi tendre ,
Qué de donner des pleurs à l'Epoux de Caffan
dre ,
Et vouloir mal au bras qui t'en a dégagé ?
Get Hymen t'offençoit , & fa mort t'a vengé.
Le jour qui commence à naître , oblige
I. Vol. La
C
2710 MERCURE DE FRANCÈ
Ladiflas à fe retirer ; mais Venceflas furvient
& l'apperçoit.Surpris de le voir levé
fi matin , il lui en demande la caufe , par
ces Vers :
Qui vous réveille donc avant que la lumiere ,
Ait du Soleil naiffant commencé la carriere.
"
Le Prince lui répond :
N'avez-vous pas auffi précédé fon réveil
Cela donne lieu à une tirade des plus
belles de la Piece. La voici , c'eft Vencel
las qui parle :
Oui , mais j'ai mes raiſons qui bornent mor
fommeil.
Je me voi , Ladiflas , au déclin de ma vie ,
Et fçachant que la mort l'aura bien - tôt ravie ,
Je dérobe au fommeil , image de la inort ;
Ce que je puis du temps qu'elle laiffe à mon
fort.
Près du terme fatal preſcrit par la nature
Et qui me fait du pied toucher ma ſépulture ,
De ces derniers inftants dont il preffe le cours ;
Ce que j'ôte à mes nuits , je l'ajoute à mes jours ,
Sur mon couchant enfin ma débile paupiere ,
Me ménage avec foin ce refte de lumiere ;
Mais quel foin peut du lit vous chaffer ſi matin
Vous à qui l'âge encore garde un fi long deſtin .
Ces beaux fentimens font fuivis d'un
I. Vol. coup
DECEMBRE. 1730. 2711
coup de théatre qui part de main de
Maître. Ladiflas preffé par fes remords
déclare à fon Pere qu'il vient de tuer le
Duc ; mais à peine a - t-il fait cet aveu ,
que le Duc paroît lui - même ; quelle
agréable furpriſe pour Venceflas la
que
nouvelle de la mort vient d'accabler ! &
quelle furprife pour Ladiflas qui croit
Favoir percé de trois coups de Poignard
!
Caffandre annoncée par le Duc , va bientôt
éclaicir cet affreux myftere ; elle vient
demander vengeance
de la mort de l'Infant.
yeux
de
Ce qui peut donner lieu à la critique
c'eſt un hors- d'oeuvre de cinquante vers ,
avant que de venir au fait. Je fçais , que
l'Auteur avoit befoin d'apprendre au Roy
que le Duc avoit prêté fon nom à l'Infant
, pour cacher fon amour aux
fon Frere ; mais cette expofition devoit
être placée ailleurs , ou mife icy en moins
de vers. Le refte de la Scene eft tres-pathetique;
elle jouë veritablement un peu trop
fur les mots. Vous en allez juger par ces
fragmens,
C'est votre propre fang , Seigneur , qu'on a
verfé ;
Votre vivant portrait qui fe trouve effacé ...
Vengez -moi , vengez-vous, & vengez un Epoux;
Que, veuve avant l'Hymen , je pleure à vos ge-
Mais поих.
2712 MERCURE DE FRANCE
Mais , apprenant , grand Roy , cet accident fi
niftre ,'
Hélas ! en pourriez - vous foupçonner le Miniftre?
Oui , votre fang fuffit , pour vous en faire foy ;
Il s'émeut , il vous parle, & pour & contre foy ,
Et par un fentiment enſemble horrible & tendre ,
Vous dit que Ladiſlas eſt méutrier d'Alexandre ...
Quel des deux fur vos fens fera le plus d'effort
De votre Fils meurtrier ou de votre Fils mort?
La douleur s'explique- t-elle en termes
fi recherchez ? Et n'eft- ce pas à l'efprit à fe
taire,quand c'eft au coeur feulement à par
ler?Je ne fçais même ſi ce vers tant vanté:
Votre Fils l'a tiré du fang de votre Fils :
eft digne d'être mis au rang des vers
frappés ; on doit convenir au moins què
l'expreffion n'en eft pas des plus juftes ;
en effet , Madame , un Poignard ne peutil
pas être tiré du fein , par une main innocente
, & même fecourable ?
Finiffons ce bel Acte. Venceslas promet
à la Ducheffe la punition du coupable . Il
ordonne à fon Fils de lui donner fon épée.
Ladiflas obéit , des Gardes le conduilent
au lieu de fureté ; le Roy dit au Duc :
De ma part donnez avis au Prince ,´
Què fa tête autrefois fi chere à la Province ,`
I. Vol. Doir
DECEMBRE . 1730. 2713
Doit fervir aujourd'hui d'un exemple fameux
Qui faffe détefter fon crime à nos neveux.
Venceflas fait connoître ce qui fe paſſe
dans fon coeur par cette exclamation .
Au gré
O ciel , ta Providence apparemment profpere ,
de mes
ſoupirs de deux Fils m'a fait Pere ,
Et l'un d'eux qui par l'autre aujourd'hui m'eft
ôté ,“
M'oblige à perdre encore celui qui m'eſt reſté .
7
Ce quatriéme Acte paffe pour être le
plus beau de la Piéce ; cependant celui
que nous allons voir , ne lui eft guére inférieur.
ACTE V.
que
Rien n'eft fi beau , que la réfolution
l'Infante forme dès le commencement ,
d'exiger du Duc qu'il borne à la grace de
Ladiflas la promeffe que le Roy lui a faite.
Le procédé du Duc n'eft pas moins heroïque
, il renonce à la poffeffion de l'objet
aimé , en faveur du plus mortel de fes
ennemis. La fituation de Venceflas eft des
plus touchantes , & fon ame des plus fer
mes. Il le fait connoître par ces Vers.
Tréve , tréve nature , aux fanglantes batailles
Qui , fi cruellement déchirent mes entrailles ,
Et me perçant le coeur le veulent partager ,
Entre mon Fils à perdre , & mon Fils à venger!
I. Vol. 发票
2714 MERCURE DE FRANCE
A ma juſtice en vain ta tendreffe eft contraire ,
Et dans le coeur du Roi cherche celui de
Je me fuis dépouillé de cette qualité ,
Et n'entends plus d'avis que ceux de l'équité, & c,
pere ;
La Scene qui fuit ce Monologue a des
beautés du premier ordre ; elle eſt entre
le pere & le fils. Je ne puis mieux en faire
fentir la force que par le Dialogue.
Ladiflas.
Venez-vous conſerver ou venger votre race ?
M'annoncez-vous , mon pere , ou ma mort , of
ma grace ?
Venceslas pleurant.
Embraffez-moi , mon fils .
Ladiflas
Seigneur , quelle bonté ?
Quel effet de tendreffe , & quelle nouveauté ?
Voulez - vous ou marquer , ou remettre mes peines
?
Et vos bras me font- ils des fayeurs , ou des chaî
nes ?
Venceslas pleurant toujours.
Avecque le dernier de mes embraffemens
Recevez de mon coeur les derniers fentimens,
Sçavez-vous de quel fang vous avez pris naiſfance
?
I. Vol. Ladiflas
DECEMBRE. 1730. 2715
Ladiflas.
Je l'ai mal témoigné ; mais j'en ai connoiffance.
Venceslas.
Sentez-vous de ce fang les nobles mouvemens ?
Ladiflas.
Si je ne les produis , j'en ai les fentimens.
Venceflas.
Enfin d'un grand effort vous fentez - vous capable
?
Ladifas.
Oui , puifque je réſiſte à l'ennui qui m'accable ,
Et qu'un effort mortel ne peut aller plus loin.
Venceslas.
Armez-vous de vertu vous en avez beſoin.
;
Ladifas.
S'il eft tems de partir , mon ame eft toute prête,
Venceslas.
L'échafaut l'eſt auffi ; portez-y votre tête &c.
fon
Tout le refte de cette Scene répond
aux fentimens que ces deux Princes viennent
de faire paroître. Ladiflas fe foumet
à fon fort ; il témoigne pourtant que
pere porte un peu trop loin la vertu d'un
Monarque : voici comme il s'exprime par
un à parte.
2716 MERCURE DE FRANCE
O vertu trop fevere !
VinceДlas vit encor , & je n'ai plus de pere.
Vinceflas eft fi ferme dans la réfolutiqn
qu'il a prife de n'écouter que la voix de
la juftice , qu'il refufe la grace du Printe
aux larmes de l'Infante & à la genérofité
de Caffandre ; le Duc même n'eft pas fûr
de l'obtenir ; il ne la lui accorde , ni ne
la lui refufe , & il ne fe rend qu'à une
efpece de fédition du peuple.
S'il y a quelque chofe à cenfurer dans
ce cinquiéme Acte , c'eft d'avoir fait prendre
le change aux fpectateurs. La premiere
grace promife au Duc dès le commencement
de la Piéce , fembloit être le
grand coup refervé pour le dénouement :
je ne fçais , Madame , fi vous ne vous by
étiez pas attendue comme moi ; car, enfin
, à quoi bon cette récompenfe fi folemnellement
jurée au Duc pour avoir fauvé
l'Etat , fi elle ne devoit rien produire ?
je conviens qu'elle influe dans la grace
du-Prince ; mais j'aurois voulu qu'elle én
fut la caufe unique & néceffaire ; cependant
cela ne paroît nullement dans les
motifs de la grace. C'eft Venceflas qui
parle
Qui , ma fille , oui , Caffandre , oui , parole
oùi , nature
I. Vol. Qüii
DECEMBRE . 1730. 2717
K
Oui , peuple , il faut vouloir ce que vous fouhaitez
,
Et par vos fentimens regler mes volontés.
Je fçai que tous ces motifs enfemble
rendent la grace plus raifonnable ; mais
elle feroit plus theatrale, fi après avoir refifté
à toute autre follicitation , Venceflas
ne fe rendoit qu'à la foi promife ; le Duc
même s'en eft flatté , quand il a ofé dire
à fon Maître :
J'ai votre parole , & ce dépot facré
Contre votre refus m'eft un gage affuré.
Il ne me refte plus qu'à examiner l'abdication
; elle n'eft pas tout-à- fait hors
de portée des traits de la cenfure . Quel
eft le motif de cette abdication ? le voici :
La juftice eft aux Rois la Reine des vertus.
Mais cette juftice ordonne- t'elle qu'on
mette le fer entre les mains d'un furieux?
Qui peut répondre à Venceslas que le repentir
de fon fils foit fincere ? Ne vientpas
de dire lui-même à Caffandre ? il
Ce Lion eft dompté ; mais peut-être , Madame
,
Celui qui fi foumis vous déguiſe ſa flamme ,
Plus fier , plus violent qu'il n'a jamais été ,
Demain attenteroit fur votre honnêteté ;
I. Vel H Peut2718
MERCURE DE FRANCE
Peut- être qu'à mon fang fa main accoutumée
Contre mon propre fein demain feroit armée.
Ne vaudroit - il pas
mieux que Venceflas
employât le peu de tems qui lui reste à
vivre à rendre fon fils plus digne de regner
? Et devroit- il expofer fon peuple
aux malheurs attachés à la tyrannie ? un
changement fi promt eft toujours fufpect,
& furtout dans un Prince auffi plongé &
auffi affermi dans le crime que Ladiflas.
Pour moi , Madame , fi la vertu de Venceflas
n'avoit brillé dans toute la Piéce ,
je ferois tenté de croire qu'il punit le
peuple d'avoir défendu un Prince fi indigne
de le gouverner. En effet n'eft-ce
pas ici le langage du dépit :
Et le Peuple m'enſeigne
Voulant que vous viviez , qu'il eft las que je regne
.
Je n'examine point la force de cette
abdication ; il a plû à Rotrou de faire la
Couronne dePologne moitié hereditaire ,
moitié élective : Venceflas le fait connoître
par ces Vers :
Une Couronne , Prince & e.
En qui la voix des Grands & le commun fuffrage
M'ont d'un nombre d'Ayeuls confervé l'herita¬
ge &c.
Regnez ; après l'Etat j'ai droit de vous élire ,
I. Vol
Et
DECEMBRE 1730. 2719
Et donner , en mon fils , un pere à mon Empire
Quel Pere lui donne- t'il ? Eft - ce là cette
juftice dont il fait tant de parade ?
Vous voyez , Madame , par tout ce que
je viens de remarquer dans la Tragédie
de Venceflas , que vos dégouts pour cette
Piéce ont été affez fondés. Pouvoit-elle
plus mal finir que par la récompenfe du
crime , & par l'oppreffion de la vertu ?
il femble l'Auteur en ait voulu annoncer
la catastrophe dès le commencement
, quand il a fait dire à VenceЛlas :
que
A quel étrange office , Amour , me réduis - tu ,
De faire accueil au vice , & chaffer la vertų.
Ce dernier Vers eft une espece de prophetie
justifiée par un dénouement auquel
on ne fe feroit jamais attendu.
Cela n'empêche pas que cette Tragédie
ne foit remplie de grandes beautés , &
qu'elle n'ait au moins trois Actes dignes
du grand Corneille. Je ne doute point
Madame , que vous ne rendiez cette juftice
à un Ouvrage qui s'eft confervé ſi
long- tems fur notre Théatre , & qui peut
s'affurer de l'immortalité fur la foi des
derniers applaudiffemens qu'il vient de
recevoir. Permettez - moi de finir cette
Lettre , en vous renouvellant les témoignages
de la plus parfaite eftime.
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Résumé : LETTRE de Mr de ..., à Mde de ... sur la Tragedie de Venceslas.
La lettre examine la tragédie 'Venceslas' de Rotrou, reconnue par Corneille comme une œuvre majeure. L'auteur admire les grandes beautés de la pièce, mais note que certaines qualités autrefois admirées ne sont plus aussi impressionnantes aujourd'hui. Rotrou est considéré comme le créateur du poème dramatique en France, tandis que Corneille en est le restaurateur. L'auteur analyse des extraits de la pièce, notamment une scène où Venceslas, suivi de ses fils Ladislas et Alexandre, ouvre l'acte. Il critique certains vers pour leur archaïsme ou leur vulgarité, tout en admirant les pensées profondes exprimées. Il mentionne des défauts dans l'expression et des beautés dans les idées, mais note que certains passages dévaluent le caractère pompeux du drame. La lettre explore également les relations complexes entre les personnages, notamment les sentiments ambigus de Ladislas, qui est à la fois craint et aimé malgré ses vices. L'auteur admire certaines tirades de Venceslas, qui contiennent des beautés de détail, mais critique les défauts de fond de la pièce. Dans l'Acte II, Théodore, Infante de Moscovie, commence avec Caffandre, Duchesse de Cunisberg. Caffandre refuse la demande en mariage de Ladislas, le qualifiant d'ennemi de sa gloire et de suborneur. Ladislas tente d'apaiser sa colère, mais Caffandre révèle les turpitudes des amours de Ladislas. Ladislas propose ensuite à Caffandre une couronne, mais elle réagit avec indignation, refusant d'être l'objet d'une flamme impudique. Ladislas, voyant l'inflexibilité de Caffandre, s'emporte et menace de se venger. L'Infante, qui aime secrètement le Duc, est peinée d'apprendre que le Duc aime Caffandre. L'Acte III est jugé défectueux, notamment en raison de scènes indignes et de dialogues imprudents de Ladislas. Ladislas promet au Duc de ne plus s'opposer à son hymen avec Caffandre, mais une altercation avec son père, le Roi, conduit à son arrestation. Dans l'Acte IV, un songe de l'Infante révèle une vision funeste. Ladislas apparaît blessé, ayant tenté de tuer le Duc par jalousie. Le Duc survit, et Caffandre demande vengeance pour la mort de l'Infant. La pièce se conclut par des révélations dramatiques et des déclarations émotionnelles intenses. Venceslas, le roi, ordonne l'exécution de son fils Ladislas, coupable d'un crime, malgré les supplications de l'Infante et du Duc. L'Infante exige que le Duc se contente de la grâce de Ladislas, et le Duc renonce à l'objet de son amour en faveur de son ennemi. Venceslas exprime sa douleur face à la perte de ses deux fils. Dans une scène poignante, Venceslas et Ladislas partagent un moment émouvant avant l'exécution. Ladislas reconnaît ses fautes mais trouve la vertu de se soumettre à son sort. Venceslas, malgré les supplications, refuse la grâce à Ladislas, même face aux larmes de l'Infante et à la générosité de Cassandre. Il abdique finalement sous la pression du peuple, bien que cette décision soit critiquée pour son manque de sagesse et de justice. La pièce se termine par une réflexion sur la récompense du crime et l'oppression de la vertu.
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p. 2762-2763
MORTS, NAISSANCES & Mariages.
Début :
N. François Fleuret, Doyen des Prêtres habituez, & Ancien Chantre de la Paroisse de [...]
Mots clefs :
Seigneur, Roi, Épouse, Maître
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texteReconnaissance textuelle : MORTS, NAISSANCES & Mariages.
MORTS , NAISSANCES
& Mariages.
Nibiruz, ancien Chantre de la Parciffede
T. François Fleuret , Doyen des Prêtres ha
S. Roch , mourut à Paris , le 9. Novembre,
dans fa 63. année de Prêtrife & dans la 89. de
fon âge.
D. Marie- Catherine Felix , veuve de Charles
Mannifier , Seigneur d'Iaucour , &c . Tréforier
General des Bâtimens du Roy , & Receveur General
des Finances de Moulins , mourut le 11,
Novembre , âgée de 77. ans.
D. Marie Bouffet de la Borde , Epoufe de Charles
de Jean , Ecuyer , Grand - Maître des Eaux &
Forêts de Guyenne , accoucha le 16. Octobre
d'une fille , à laquelle les ceremonies du Baptême
ayant été fuppléées le 15. Novembre dernier ,
elle fut nommée Marie - Jofeph , par Jofeph- Pier
re de Jean , Seigneur de Manville , Brigadier des
Armées du Roy , Chevalier de S. Louis ; & par
D. Marie-Anne - Catherine Damorefan de Prefigny
, Epoufe de Jean Moreau de Sechelles , Maître
des Requêtes & Intendant de la Province du
Haynault,
DECEMBRE. 1730. 2763
Le Mariage du Duc de Nivernois , fils du Dug
de Nevers , avec Madle de Pontchartrain , fille
du Comte de Ponchartrain , fut celebré le 17. de
ce mois par l'Archevêque de Bourges.
& Mariages.
Nibiruz, ancien Chantre de la Parciffede
T. François Fleuret , Doyen des Prêtres ha
S. Roch , mourut à Paris , le 9. Novembre,
dans fa 63. année de Prêtrife & dans la 89. de
fon âge.
D. Marie- Catherine Felix , veuve de Charles
Mannifier , Seigneur d'Iaucour , &c . Tréforier
General des Bâtimens du Roy , & Receveur General
des Finances de Moulins , mourut le 11,
Novembre , âgée de 77. ans.
D. Marie Bouffet de la Borde , Epoufe de Charles
de Jean , Ecuyer , Grand - Maître des Eaux &
Forêts de Guyenne , accoucha le 16. Octobre
d'une fille , à laquelle les ceremonies du Baptême
ayant été fuppléées le 15. Novembre dernier ,
elle fut nommée Marie - Jofeph , par Jofeph- Pier
re de Jean , Seigneur de Manville , Brigadier des
Armées du Roy , Chevalier de S. Louis ; & par
D. Marie-Anne - Catherine Damorefan de Prefigny
, Epoufe de Jean Moreau de Sechelles , Maître
des Requêtes & Intendant de la Province du
Haynault,
DECEMBRE. 1730. 2763
Le Mariage du Duc de Nivernois , fils du Dug
de Nevers , avec Madle de Pontchartrain , fille
du Comte de Ponchartrain , fut celebré le 17. de
ce mois par l'Archevêque de Bourges.
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Résumé : MORTS, NAISSANCES & Mariages.
En novembre 1730, plusieurs événements familiaux et décès ont marqué la vie de plusieurs personnalités. Nibiruz, ancien Chantre de la Parciffede, est décédé à Paris le 9 novembre à l'âge de 89 ans après 63 années de prêtrise. Marie-Catherine Félix, veuve de Charles Mannifier, Seigneur d'Iaucour et Trésorier Général des Bâtiments du Roi, est morte le 11 novembre à l'âge de 77 ans. Marie Bouffet de la Borde, épouse de Charles de Jean, Grand Maître des Eaux et Forêts de Guyenne, a accouché d'une fille le 16 octobre. La cérémonie de baptême a eu lieu le 15 novembre, et l'enfant a été nommée Marie-Josèphe. Les parrains étaient Joseph-Pierre de Jean, Seigneur de Manville, et Marie-Anne-Catherine Damorezan de Prefigny, épouse de Jean Moreau de Sechelles, Maître des Requêtes et Intendant de la Province du Hainaut. En décembre 1730, le mariage du Duc de Nivernois, fils du Duc de Nevers, avec Mademoiselle de Pontchartrain, fille du Comte de Pontchartrain, a été célébré le 17 décembre par l'Archevêque de Bourges.
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