Résultats : 8 texte(s)
Détail
Liste
1
p. 2913-2914
MORTS.
Début :
Dame Agnès Courtois , Epouse de M. Louis Diette Ravanne , Chevalier , Conseiller [...]
Mots clefs :
Dame, Chevalier, Régiment
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texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Diette Ravanne , Chevalier , Conseiller
Ame Agnès Courtois , Epouse de M. Louis
du Roy , Grand-Maître des Eaux en Forêts de
France , département d'Orleans , mourut à Paris
le 18. Novembre , âgée de 28.
Le 27. du même mois , M. Jean-Antoine de
la Baune , Conseiller du Roy , Maître Ordinaire
en sa Chambre des Comptes , mourut , âgé de
75 ans.
Louis - Paul de Rochechouart - Mortemart ,
Duc de Rochechouart , Prince de Tonnay- Charante
, Comte de Chaumont , Premier Gentilhomme
de la Chambre du Roy et Colonel d'un
Régiment d'Infanterie , mourut à Paris le 4. de
ce mois , dans la 21. année de son âge. Il ne
laisse point d'enfans de N. de Beauveau , son
Epouse , fille unique du Marquis de Beauveau ,
Chevalier des Ordres du Roy. S. M. a accordé
la Charge de Premier Gentilhomme de la Chambre
, et le Régiment dont il étoit Colonel , au
Marquis de Mortemar , son frere , âgé de 18. ans.
Le 12 Décembre Jean- François le Do du
Chevron , Chevalier de Saint Louis , Mestre
de Camp de Cavalerie , Grand- Prévôt General
de la Connétablie , Gendarmerie & Maré
chaussée de France , et des Camps et Armées de
Sa Majesté , Inspecteur General des Maréchaus2914
MERCURE DE FRANCE
sées du Royaume , mourut à Paris , âgé de ss.
ans.
M. Frederic- Charles Trudaine de Lauzieres ,
Mestre de Camp de Cavalerie et Sous- Lieutenant
de la Compagnie des Chevaux - Legers d'Orleans ,
mourut le 15. de ce mois au Château de Montigny
, âgé d'environ 29. ans.
Le second Volume du Mercure de ce Mois,
est actuellement sous presse , et paroîtra incessamment
Diette Ravanne , Chevalier , Conseiller
Ame Agnès Courtois , Epouse de M. Louis
du Roy , Grand-Maître des Eaux en Forêts de
France , département d'Orleans , mourut à Paris
le 18. Novembre , âgée de 28.
Le 27. du même mois , M. Jean-Antoine de
la Baune , Conseiller du Roy , Maître Ordinaire
en sa Chambre des Comptes , mourut , âgé de
75 ans.
Louis - Paul de Rochechouart - Mortemart ,
Duc de Rochechouart , Prince de Tonnay- Charante
, Comte de Chaumont , Premier Gentilhomme
de la Chambre du Roy et Colonel d'un
Régiment d'Infanterie , mourut à Paris le 4. de
ce mois , dans la 21. année de son âge. Il ne
laisse point d'enfans de N. de Beauveau , son
Epouse , fille unique du Marquis de Beauveau ,
Chevalier des Ordres du Roy. S. M. a accordé
la Charge de Premier Gentilhomme de la Chambre
, et le Régiment dont il étoit Colonel , au
Marquis de Mortemar , son frere , âgé de 18. ans.
Le 12 Décembre Jean- François le Do du
Chevron , Chevalier de Saint Louis , Mestre
de Camp de Cavalerie , Grand- Prévôt General
de la Connétablie , Gendarmerie & Maré
chaussée de France , et des Camps et Armées de
Sa Majesté , Inspecteur General des Maréchaus2914
MERCURE DE FRANCE
sées du Royaume , mourut à Paris , âgé de ss.
ans.
M. Frederic- Charles Trudaine de Lauzieres ,
Mestre de Camp de Cavalerie et Sous- Lieutenant
de la Compagnie des Chevaux - Legers d'Orleans ,
mourut le 15. de ce mois au Château de Montigny
, âgé d'environ 29. ans.
Le second Volume du Mercure de ce Mois,
est actuellement sous presse , et paroîtra incessamment
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Résumé : MORTS.
Le document énumère plusieurs décès notables. Diette Ravanne, Chevalier et Conseiller, et Ame Agnès Courtois, épouse de Louis du Roy, Grand-Maître des Eaux et Forêts de France, sont décédés à Paris le 18 novembre. Agnès Courtois avait 28 ans. Le 27 novembre, M. Jean-Antoine de la Baune, Conseiller du Roi et Maître Ordinaire en sa Chambre des Comptes, est mort à l'âge de 75 ans. Louis-Paul de Rochechouart-Mortemart, Duc de Rochechouart, Prince de Tonnay-Charente, Comte de Chaumont, Premier Gentilhomme de la Chambre du Roi et Colonel d'un Régiment d'Infanterie, est décédé à Paris le 4 décembre à l'âge de 21 ans. Il n'a laissé aucun enfant, et ses charges ont été attribuées à son frère, le Marquis de Mortemar, âgé de 18 ans. Jean-François Le Do du Chevron, Chevalier de Saint Louis, Mestre de Camp de Cavalerie, Grand-Prévôt Général de la Connétablie, Gendarmerie et Maréchaussée de France, et Inspecteur Général des Maréchaussées du Royaume, est mort à Paris le 12 décembre à l'âge de 66 ans. M. Frédéric-Charles Trudaine de Lauzieres, Mestre de Camp de Cavalerie et Sous-Lieutenant de la Compagnie des Chevaux-Légers d'Orléans, est décédé le 15 décembre au Château de Montigny à l'âge d'environ 29 ans. Le second volume du Mercure de ce mois est en cours d'impression.
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2
p. 2884-2886
« Le Regiment du feu Duc de la Rocheguyon a été donné par le Roy [...] »
Début :
Le Regiment du feu Duc de la Rocheguyon a été donné par le Roy [...]
Mots clefs :
Chambre des comptes, Fête de la Conception de la Vierge, Motets, Loterie
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texteReconnaissance textuelle : « Le Regiment du feu Duc de la Rocheguyon a été donné par le Roy [...] »
Lcheguyon a été donné par le Roy
du feu
au Marquis d'Urfé.
Le 8 Decembre , jour de la Fête de la
Conception de la Vierge , il y eût Concert
spirituel au Château des Thuilleries ; on
y chanta deux Motets à grand choeur , de
M. de la Lande , et d'autres petits Motets
à une et à deux voix , et après plusieurs
autres Pieces de symphonie trèsbien
éxecutées , le Concert fut terminé
par le Te Deum , précedé d'une Sympho .
nie avec Timbales et Trompetes .
Le 24 et le 25 , jour de la veille et
Fête de Noël , on joua une suite d'Airs
des plus beaux Noëls , avec Violons ,
Flutes , Hautbois et Musettes ; les Dlles
Erremans et Petitpas chanterent deux
petits Motets qui furent très - applaudis.
Ces deux Concerts furent terminez par
deux Motets de M. de la Lande dont
l'éxecution est toujours fort brillante .
EX I. Vol.
,
Le
DECEMBRE 1731 . 2885
, on
Le 26 , il y eut Concert François
éxecuta le Divertissement de la Chasse
du Cerf, de, M. Morin . On chanta deux
Cantatilles nouvelles , et la Cantate d'Heraclite
et Democrite , de M. Batistin . On
finit par le Motet Exultate justi , de M.
de la Lande.
,
Le 18 de ce mois M. Nicolaï , Conseiller
au Parlement fut reçu dans la
Charge de Premier Président de la Chambre
des Comptes , que le Roy lui a accordée
en survivance de M. Nicolaï ,
son Pere.
›
Le 24 , la Lotterie de la Compagnie des
Indes établie pour le remboursement
des Actions , fut tirée en la maniere accoutumée
, à l'Hôtel de la Compagnie.
La Liste des Numeros gagnans des Actions
et Dixiémes d'Actions , qui doivent
être remboursées a été renduë publi
que , faisant en tout le nombre de trois
cent neuf Actions.
>
On mande de Chambort , que le 25.
Novembre , jour de Ste. Catherine , dont
la Reine , Epouse du Roi Stanislas
porte le nom on solemnisa cette Fête
avec beaucoup d'éclat ; il y eut Comédie
1. Vel
›
I ct
2886 MERCURE
DE FRANCE
Concert , et ensuite un ambigu de 40 .
Couverts . Plusieurs Personnes de distincl'Ar-
tion s'y trouverent ,entr'autresو
chevêque de Tours et les Evêques de
Blois et de Rieux : après le répas , on
donna un petit Divertissement
; intitulé
La Nymphe de Chambert , et le Dieu Pan.
?
,
On nous écrit d'Auxerre du 30 Novembre
que le Comte de Courson
Gendre du Marquis de Villacerf , Premier
Maître d'Hôtel de la Reine , a été
institué le 13 de ce même mois , dans
l'Etat et Office de Bailly d'Epée du Bail
liage d'Auxerre vacant depuis deux
ans par le decès du Comte de Courson
son Pere. Cette installation faite au Palais
de la même Ville d'Auxerre
accompagnée de toutes les Démonstrations
de joye de la part des Officiers de
ce Bailliage , qui supportoient avec peine
une vacance si longue de cette Charge.
du feu
au Marquis d'Urfé.
Le 8 Decembre , jour de la Fête de la
Conception de la Vierge , il y eût Concert
spirituel au Château des Thuilleries ; on
y chanta deux Motets à grand choeur , de
M. de la Lande , et d'autres petits Motets
à une et à deux voix , et après plusieurs
autres Pieces de symphonie trèsbien
éxecutées , le Concert fut terminé
par le Te Deum , précedé d'une Sympho .
nie avec Timbales et Trompetes .
Le 24 et le 25 , jour de la veille et
Fête de Noël , on joua une suite d'Airs
des plus beaux Noëls , avec Violons ,
Flutes , Hautbois et Musettes ; les Dlles
Erremans et Petitpas chanterent deux
petits Motets qui furent très - applaudis.
Ces deux Concerts furent terminez par
deux Motets de M. de la Lande dont
l'éxecution est toujours fort brillante .
EX I. Vol.
,
Le
DECEMBRE 1731 . 2885
, on
Le 26 , il y eut Concert François
éxecuta le Divertissement de la Chasse
du Cerf, de, M. Morin . On chanta deux
Cantatilles nouvelles , et la Cantate d'Heraclite
et Democrite , de M. Batistin . On
finit par le Motet Exultate justi , de M.
de la Lande.
,
Le 18 de ce mois M. Nicolaï , Conseiller
au Parlement fut reçu dans la
Charge de Premier Président de la Chambre
des Comptes , que le Roy lui a accordée
en survivance de M. Nicolaï ,
son Pere.
›
Le 24 , la Lotterie de la Compagnie des
Indes établie pour le remboursement
des Actions , fut tirée en la maniere accoutumée
, à l'Hôtel de la Compagnie.
La Liste des Numeros gagnans des Actions
et Dixiémes d'Actions , qui doivent
être remboursées a été renduë publi
que , faisant en tout le nombre de trois
cent neuf Actions.
>
On mande de Chambort , que le 25.
Novembre , jour de Ste. Catherine , dont
la Reine , Epouse du Roi Stanislas
porte le nom on solemnisa cette Fête
avec beaucoup d'éclat ; il y eut Comédie
1. Vel
›
I ct
2886 MERCURE
DE FRANCE
Concert , et ensuite un ambigu de 40 .
Couverts . Plusieurs Personnes de distincl'Ar-
tion s'y trouverent ,entr'autresو
chevêque de Tours et les Evêques de
Blois et de Rieux : après le répas , on
donna un petit Divertissement
; intitulé
La Nymphe de Chambert , et le Dieu Pan.
?
,
On nous écrit d'Auxerre du 30 Novembre
que le Comte de Courson
Gendre du Marquis de Villacerf , Premier
Maître d'Hôtel de la Reine , a été
institué le 13 de ce même mois , dans
l'Etat et Office de Bailly d'Epée du Bail
liage d'Auxerre vacant depuis deux
ans par le decès du Comte de Courson
son Pere. Cette installation faite au Palais
de la même Ville d'Auxerre
accompagnée de toutes les Démonstrations
de joye de la part des Officiers de
ce Bailliage , qui supportoient avec peine
une vacance si longue de cette Charge.
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Résumé : « Le Regiment du feu Duc de la Rocheguyon a été donné par le Roy [...] »
En décembre 1731, plusieurs événements musicaux et officiels ont marqué le mois. Le 8 décembre, un concert spirituel a eu lieu au Château des Tuileries pour la fête de la Conception de la Vierge, incluant des motets de M. de la Lande et un Te Deum. Les 24 et 25 décembre, des airs de Noël ont été interprétés, avec des motets chantés par les demoiselles Erremans et Petitpas. Le 26 décembre, un concert français a présenté des œuvres de M. Morin et M. Batistin, concluant par un motet de M. de la Lande. Par ailleurs, le 18 décembre, M. Nicolaï a été reçu Premier Président de la Chambre des Comptes en survivance de son père. Le 24 décembre, la loterie de la Compagnie des Indes a remboursé 309 actions. À Chambort, le 25 novembre, la fête de Sainte-Catherine a été célébrée avec une comédie, un concert et un divertissement. Enfin, à Auxerre, le Comte de Courson a été nommé Bailly d'Épée du bailliage d'Auxerre, une charge vacante depuis deux ans.
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3
p. 2886-2887
RONDEAU.
Début :
A Tous les cœurs, même objet ne plaît gueres [...]
Mots clefs :
Amour, Chômer, Cœurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RONDEAU.
RONDE AV.
Tous les coeurs, même objet ne plaît gueres
On ne voit pas aux fêtes de Cythere ; "
DECEMBRE. 1731. 2887
Sans cesse Amour chomer le même nom ;
Si toutefois on excepte Bourbon
Qu'à sa Venus Amathonte préfere.
Vous ignorez qui possede le don
D'unir ensemble et le fin et le bon.
Dans un esprit aimable et sûr de plaire
A tous les coeurs ?
C'est vous , Princesse , un funeste poison
Troubloit vos jours ; jamais santé plus chere
N'allarma plus sentiment et raison ,
Or à present sur votre guérison
A qui faut-il un compliment sincere !
A tous les cours.
Tous les coeurs, même objet ne plaît gueres
On ne voit pas aux fêtes de Cythere ; "
DECEMBRE. 1731. 2887
Sans cesse Amour chomer le même nom ;
Si toutefois on excepte Bourbon
Qu'à sa Venus Amathonte préfere.
Vous ignorez qui possede le don
D'unir ensemble et le fin et le bon.
Dans un esprit aimable et sûr de plaire
A tous les coeurs ?
C'est vous , Princesse , un funeste poison
Troubloit vos jours ; jamais santé plus chere
N'allarma plus sentiment et raison ,
Or à present sur votre guérison
A qui faut-il un compliment sincere !
A tous les cours.
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Résumé : RONDEAU.
Le poème 'RONDE AV.' de décembre 1731 traite de l'amour et de ses ambiguïtés. Il critique les fêtes de Cythère et mentionne une préférence de Bourbon pour sa Vénus d'Amathonte. Il évoque une princesse malade, victime d'un poison, mais en voie de guérison. Un compliment sincère est adressé à toutes les cours.
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4
p. 2887-2890
Cérémonie Funebre à S. Germain l'Auxerrois.
Début :
Il y avoit long temps que les Musiciens de cette Capitale voyoient avec [...]
Mots clefs :
Musique, Église, Cérémonie
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texteReconnaissance textuelle : Cérémonie Funebre à S. Germain l'Auxerrois.
Cérémonie Funebre à S. Germain Anxerrois.
L y avoit long temps que les Musi-
Iciens
ciens de cette Capitale voyoient avec
peine tout ce qu'il y a de Communautez
et de Confreries faire un Service Annuel
pour le repos de l'Ame de leurs Confre
res décedez dans l'Année , sans observer
entr'eux cette religieuse pratique si convenable
à l'esprit de l'Eglise , et si propre
à entretenir l'union et la conformité de
I. Vol Lij Prieres
138 MERCURE DE FRANCE
Prieres
pour aider et soulager , après leur
mort par leurs suffrages , ceux avec
qui ils avoient été liés pat les mêmes talens
pendant leur vie.
J
Ce fut le 22 de Novembre dernier
jour de Ste. Cecile , leur Patrone , qu'ils
prirent cette résolution salutaire ; ils fixerent
le
temps de cette pieuse Cérémonie
u mois de Decembre , pour réunir au
même sacrifice la mémoire de ceux de
leurs Confreres qu'ils auroient perdus
dans le cours de l'Année. Ils se cottiserent
tous pour une somme legere dont ils convinrent
pour les frais de sonnerie , le luminaire
, les Billets , & c.
Ils choisirent pour faire chanter certe
Messe solemnelle , M. Guillery , Benefisier
, et Maître de Musique de S. Germain
l'Auxerrois , moins parce qu'il est
l'ancien des Maîtres de Musique , actuellement
en exercice à Paris , que pour son
mérite personnel , et la réputation qu'il
s'est acquise depuis plus de trente ans
qu'il est en place.
Mrs du Chapitre de S. Germain accorderent
volontiers le Choeur de leur Eglise
pour seconder les loüables intentions des
Musiciens . L'Abbé de Cosnac , Doyen
du Chapitre , et Vicaire general du Diosèse
, assista à la Cérémonie avec Mrs. les
I.Vol. Cha
DECEMBRE 1731. 2889
sang
Chanoines , les Beneficiers , le Clergé ,
er quantité de personnes de distinction
placés au Jubé. On peut dire ,
éxagerer , qu'il ne s'est , peut être , jamais
vû de Corps de Musique plus complet.
Les plus fameux et les plus habiles
s'y trouverent au nombre d'environ 200 ,
tous connus par leurs talens distinguez ,
soit pour la Musique vocale , soit pour
la Musique instrumentale. On ne parle
d'aucun en particulier , parce que tous
se signalerent également , et qu'il ne s'est
guere vû d'occasion où l'émulation aig
été plus generale , et l'harmonie plus ma▸
gnifique et plus précise.
3.
Ce Service solemnel fut chanté le 4. de
ce mois pour feus Mrs. Petouille , Prêtre ,
Beneficier et Maître de Musique de l'Eglise
de Paris , Laurent , Placet , Prêtres ,
et Crepin , Beneficiers de la même Eglises
Mrs. De la Lande Surintendant de la
Musique du Roy , Marais , Senaillé
Regnier , Gardinville , Mangot , Bandy
Reffié , Calus , et Ossus , Organiste .
Ön annoncera , l'année prochaine , par
les Billets qui seront distribués le jour du
Service , et l'Eglise où il sera célebré.
La vûë qu'on a euë en inserant ici cet
Article , est d'engager les familles des.
Maîtres de Musique ou Musiciens qui
La Vol.
Liij
dé
2890 MERCURE DE FRANCE
, décederont en Province d'en donner
avis à l'un des Maîtres de Musique de ,
Paris , afin qu'ils ayent part aux Prieres
et aux Suffrages de leurs Confreres. Sancta
et salubris est cogitatio pro Defunctis exorare
ut à peccatis solvantur , Machab .
lib. 2. chap. XII .
L y avoit long temps que les Musi-
Iciens
ciens de cette Capitale voyoient avec
peine tout ce qu'il y a de Communautez
et de Confreries faire un Service Annuel
pour le repos de l'Ame de leurs Confre
res décedez dans l'Année , sans observer
entr'eux cette religieuse pratique si convenable
à l'esprit de l'Eglise , et si propre
à entretenir l'union et la conformité de
I. Vol Lij Prieres
138 MERCURE DE FRANCE
Prieres
pour aider et soulager , après leur
mort par leurs suffrages , ceux avec
qui ils avoient été liés pat les mêmes talens
pendant leur vie.
J
Ce fut le 22 de Novembre dernier
jour de Ste. Cecile , leur Patrone , qu'ils
prirent cette résolution salutaire ; ils fixerent
le
temps de cette pieuse Cérémonie
u mois de Decembre , pour réunir au
même sacrifice la mémoire de ceux de
leurs Confreres qu'ils auroient perdus
dans le cours de l'Année. Ils se cottiserent
tous pour une somme legere dont ils convinrent
pour les frais de sonnerie , le luminaire
, les Billets , & c.
Ils choisirent pour faire chanter certe
Messe solemnelle , M. Guillery , Benefisier
, et Maître de Musique de S. Germain
l'Auxerrois , moins parce qu'il est
l'ancien des Maîtres de Musique , actuellement
en exercice à Paris , que pour son
mérite personnel , et la réputation qu'il
s'est acquise depuis plus de trente ans
qu'il est en place.
Mrs du Chapitre de S. Germain accorderent
volontiers le Choeur de leur Eglise
pour seconder les loüables intentions des
Musiciens . L'Abbé de Cosnac , Doyen
du Chapitre , et Vicaire general du Diosèse
, assista à la Cérémonie avec Mrs. les
I.Vol. Cha
DECEMBRE 1731. 2889
sang
Chanoines , les Beneficiers , le Clergé ,
er quantité de personnes de distinction
placés au Jubé. On peut dire ,
éxagerer , qu'il ne s'est , peut être , jamais
vû de Corps de Musique plus complet.
Les plus fameux et les plus habiles
s'y trouverent au nombre d'environ 200 ,
tous connus par leurs talens distinguez ,
soit pour la Musique vocale , soit pour
la Musique instrumentale. On ne parle
d'aucun en particulier , parce que tous
se signalerent également , et qu'il ne s'est
guere vû d'occasion où l'émulation aig
été plus generale , et l'harmonie plus ma▸
gnifique et plus précise.
3.
Ce Service solemnel fut chanté le 4. de
ce mois pour feus Mrs. Petouille , Prêtre ,
Beneficier et Maître de Musique de l'Eglise
de Paris , Laurent , Placet , Prêtres ,
et Crepin , Beneficiers de la même Eglises
Mrs. De la Lande Surintendant de la
Musique du Roy , Marais , Senaillé
Regnier , Gardinville , Mangot , Bandy
Reffié , Calus , et Ossus , Organiste .
Ön annoncera , l'année prochaine , par
les Billets qui seront distribués le jour du
Service , et l'Eglise où il sera célebré.
La vûë qu'on a euë en inserant ici cet
Article , est d'engager les familles des.
Maîtres de Musique ou Musiciens qui
La Vol.
Liij
dé
2890 MERCURE DE FRANCE
, décederont en Province d'en donner
avis à l'un des Maîtres de Musique de ,
Paris , afin qu'ils ayent part aux Prieres
et aux Suffrages de leurs Confreres. Sancta
et salubris est cogitatio pro Defunctis exorare
ut à peccatis solvantur , Machab .
lib. 2. chap. XII .
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Résumé : Cérémonie Funebre à S. Germain l'Auxerrois.
Les musiciens de Paris organisèrent une cérémonie funèbre à l'église Saint-Germain-l'Auxerrois pour honorer leurs confrères décédés. Inspirés par d'autres communautés, ils décidèrent de célébrer cette messe annuelle le 4 décembre, en l'honneur de la Sainte-Cécile. Ils cotisèrent pour couvrir les frais de sonnerie, de luminaire et de billets. La messe fut confiée à M. Guillery, bénéficié et maître de musique de Saint-Germain-l'Auxerrois, et le chœur de l'église fut mis à disposition par le chapitre. L'abbé de Cosnac, doyen du chapitre, assista à la cérémonie avec les chanoines, les bénéficiers, le clergé et de nombreuses personnes de distinction. Environ 200 musiciens participèrent, honorant des confrères tels que M. Petouille, Laurent, Placet, Crepin, De la Lande, Marais, Senaillé, Regnier, Gardinville, Mangot, Bandy, Reffié, Calus et Ossus. La cérémonie fut marquée par une émulation générale et une harmonie magnifique. Les organisateurs prévirent d'annoncer l'année suivante l'église où la cérémonie serait célébrée et invitèrent les familles des musiciens décédés en province à en informer un maître de musique de Paris.
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5
p. 2890-2891
EXTRAIT d'une Lettre écrite par M.... le 15 Novembre 1731. au sujet de Nostradamus &c.
Début :
En attendant qu'on puisse concilier tous les differens sentimens au sujet [...]
Mots clefs :
Nostradamus, Prophète, Astrologie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite par M.... le 15 Novembre 1731. au sujet de Nostradamus &c.
EXTRAIT d'une Lettre écrite par M....
le 15 Novembre 1731. au sujet de Nos
tradamus &c.
E
•
N attendant qu'on puisse concilier
tous les differens sentimens au sujet
de Nostradamus , car il me paroît qu'on
a outré les choses de part et d'autre , c'està
dire , de la part de qui ceux qui en font
un véritable Prophete , et du côté de
ceux qui s'efforcent de le faire passer
pour un Visionnaire et pour un Homme
livré aux erreurs de l'Astrologie , la plus
vaine , sans parler du sentiment assès particulier
de l'Auteur des deux Lettres critiques
inserées dans les Mercures de
France d'Août et de Novembre 1724 .
En attendant , dis- je , qu'on puisse parvenir
à bien définir un homme si extraordinaire
, trouvés bon que je vous envoye
deux Quatrains de sa façon , qui one
fait sur moi quelque impression , et qui
1. Vol. me
DECEMBRE 1731. 2891
me paroissent regarder un Evenement
auquel il semble que nous touchons . Ils
sont pris tous deux de la V. Centurie
dans l'Edition de Lyon, in 12. 1568. pp .
74. et 8r. Les voici.
Quatrain III,
Le successeur de la Duché viendra.
Beaucoup plus outre que la Mer de Toscane ;
Gauloise branche la Florence tiendra ,
Dans son giron d'accord nautique Rane.
Quatrain XXXIX.
Du vrai Rameau de Fleur de Lys issu ,
Mis et logé héritier d'Hetrurie :
Son sang antique de longue main tissu
Fera Florence florir en l'armoirie.
le 15 Novembre 1731. au sujet de Nos
tradamus &c.
E
•
N attendant qu'on puisse concilier
tous les differens sentimens au sujet
de Nostradamus , car il me paroît qu'on
a outré les choses de part et d'autre , c'està
dire , de la part de qui ceux qui en font
un véritable Prophete , et du côté de
ceux qui s'efforcent de le faire passer
pour un Visionnaire et pour un Homme
livré aux erreurs de l'Astrologie , la plus
vaine , sans parler du sentiment assès particulier
de l'Auteur des deux Lettres critiques
inserées dans les Mercures de
France d'Août et de Novembre 1724 .
En attendant , dis- je , qu'on puisse parvenir
à bien définir un homme si extraordinaire
, trouvés bon que je vous envoye
deux Quatrains de sa façon , qui one
fait sur moi quelque impression , et qui
1. Vol. me
DECEMBRE 1731. 2891
me paroissent regarder un Evenement
auquel il semble que nous touchons . Ils
sont pris tous deux de la V. Centurie
dans l'Edition de Lyon, in 12. 1568. pp .
74. et 8r. Les voici.
Quatrain III,
Le successeur de la Duché viendra.
Beaucoup plus outre que la Mer de Toscane ;
Gauloise branche la Florence tiendra ,
Dans son giron d'accord nautique Rane.
Quatrain XXXIX.
Du vrai Rameau de Fleur de Lys issu ,
Mis et logé héritier d'Hetrurie :
Son sang antique de longue main tissu
Fera Florence florir en l'armoirie.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite par M.... le 15 Novembre 1731. au sujet de Nostradamus &c.
Dans une lettre du 15 novembre 1731, l'auteur aborde les divergences d'opinions sur Nostradamus. Certains le perçoivent comme un prophète, tandis que d'autres le voient comme un visionnaire ou un astrologue, une discipline jugée vaine. L'auteur cite un critique dont les lettres ont été publiées dans les Mercures de France en août et novembre 1724. En attendant une définition plus précise de Nostradamus, l'auteur partage deux quatrains de la cinquième centurie de l'édition de Lyon de 1568. Le premier quatrain (III) mentionne un successeur de la Duché venant de loin, au-delà de la mer de Toscane, et parle d'une branche gauloise tenant Florence. Le second quatrain (XXXIX) fait référence à un véritable rameau de la fleur de lys, héritier de l'Étrurie, dont le sang antique fera florir Florence dans l'armoirie.
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6
p. 2891-2893
Voyage de Don Carlos,&c. [titre d'après la table]
Début :
On a appris d'Espagne que l'Infant Don Carlosn a été reçu dans toutes les Villes de son passage [...]
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texteReconnaissance textuelle : Voyage de Don Carlos,&c. [titre d'après la table]
On a appris d'Espagne que l'Infant Don Carlos
a été reçu dans toutes les Villes de son passage
avec de grandes démonstrations de joye.
Le 11. Novembre ce Prince arriva à Valence §
il y fut reçu avec beaucoup de magnificence ; les
rues étoient tendues de riches Tapisseries et ornées
d'Arcs deTriomphe. Etant arrivé au Palais,
les Magistrats, les Ministrès de l'Audiance Roya
le , le Corps de Ville , le Clergé , le Tribunal de
Montessa et la principale Noblesse , eurent l'hon
neur de lui baiser la main. Après le dîner , il prit
le divertissement de la Chasse dans les Jardins du
I. Vol. Palais
2892 MERCURE DE FRANCE
Palais , où le Prince de Campo Florido , Viceroy
du Royaume de Valence , avoit fait assemblerbeaucoup
de Gibier : le soir on représenta un
Opera, que le même Viceroy avoit fait préparer,
Après l'Opera , le Tribunal de l'Inquistion de
Valence eut l'honneur de saluer l'Infant Don
Carlos ; toutes les maisons de la Ville furent illuminées
; on fit plusieurs décharges d'Artillerie
et de Mousqueterie , et on tira un Feu d'artifice
qui dura plus d'une heure.
Le 12. S A. R alla prendre le divertissement
de la Pêche sur le Lac d'Albuferas , qui est à une
lieuë de la Ville, et qui a trois lieues de tour : on
y prit beaucoup de Poisson et on y tua un grand,
nombre d'Oiseaux.
Ce Prince étant de retour au Palais , vit un
autre Opera Italien , après lequel le Prince de
Campo Florido fit servir magnifiquement une
Table de 6o. Couverts.
Le 13. au matin , ce Prince partit de Valence
pour continuet son voyage , et il trouva à la
porte dite de Seranos , le Corps de Ville qui le
complimenta, et auquel il donna sa main à baiser.
Le Prince de Campo Florido l'accompagna jusqu'à
la Frontiere de son Gouvernement , où, il
prit congé de lui.
L'Infant Don Carlos ayant doublé sa marche,
arriva à Barcelone le ar . il y fut reçû au bruit
d'une salve generale de l'Artillerie du Fort de
Montjouy et de la Place ; toutes les Troupes de
la Garnison étant sous les armes. Il passa sous
trois Arcs de Triomphe qu'on avoit élevez dans ,
La Ville , dont toutes les rues étoient magnifiquement
ornées.
Le Marquis de Risbourg , Commandant de la
Principauté de Catalogne , le reçut dans la pre-.
i, Vel.
miene
DECEMBRE . 1731. 2893
miere Cour du Château , à la tête des Ministres
de l'Audience Royale , des Regidors de la Ville et
de toute la Noblesse , à qui ce Prince donna sa
main à baiser.
L'après midi , S. A. R. alla voir la Citadelle et:
descendit dans les Fossez , où elle se divertit à tirer
differentes especes d'Oiseaux aquatiques qu'on
y avoit mis. Vers le soir ce Prince revint aus
Château , devant lequel le Corps de Ville fit tirer :
un très -beau Feu d'Artifice qui fut suivi d'um
Opera Italien,
Le 22. l'Infant Don Carlos donna encore la
main à baiser au Marquis de Risbourg , aux Ministres
de l'Audiance Royale , au Conseil de la
Ville , au Tribunal de l'Inquisition , au Clergé
Séculier , aux Abbez des Benedictins et aux au
tres Superieurs des Convents . Ensuite il se mit sur
le Balcon pour se faire voir à une multitude prodigieuse
de peuple qui étoit dans la Place ; après
quoi il dîna en public. La nuit suivante toute la
Ville fut illuminée, et il y eut une Mascarade dess
Ecoliers de tous les Colleges.
Le 23. l'Infant Don Carlos partit de Barcelone :
accompagné du Marquis de Risbourg et de M de:
Sartine , Intendant de la Principauté de Catalo
gne , qui n'ont pris congé de lui que lorsqu'il au
été arrivé sur les Frontieres de France .
a été reçu dans toutes les Villes de son passage
avec de grandes démonstrations de joye.
Le 11. Novembre ce Prince arriva à Valence §
il y fut reçu avec beaucoup de magnificence ; les
rues étoient tendues de riches Tapisseries et ornées
d'Arcs deTriomphe. Etant arrivé au Palais,
les Magistrats, les Ministrès de l'Audiance Roya
le , le Corps de Ville , le Clergé , le Tribunal de
Montessa et la principale Noblesse , eurent l'hon
neur de lui baiser la main. Après le dîner , il prit
le divertissement de la Chasse dans les Jardins du
I. Vol. Palais
2892 MERCURE DE FRANCE
Palais , où le Prince de Campo Florido , Viceroy
du Royaume de Valence , avoit fait assemblerbeaucoup
de Gibier : le soir on représenta un
Opera, que le même Viceroy avoit fait préparer,
Après l'Opera , le Tribunal de l'Inquistion de
Valence eut l'honneur de saluer l'Infant Don
Carlos ; toutes les maisons de la Ville furent illuminées
; on fit plusieurs décharges d'Artillerie
et de Mousqueterie , et on tira un Feu d'artifice
qui dura plus d'une heure.
Le 12. S A. R alla prendre le divertissement
de la Pêche sur le Lac d'Albuferas , qui est à une
lieuë de la Ville, et qui a trois lieues de tour : on
y prit beaucoup de Poisson et on y tua un grand,
nombre d'Oiseaux.
Ce Prince étant de retour au Palais , vit un
autre Opera Italien , après lequel le Prince de
Campo Florido fit servir magnifiquement une
Table de 6o. Couverts.
Le 13. au matin , ce Prince partit de Valence
pour continuet son voyage , et il trouva à la
porte dite de Seranos , le Corps de Ville qui le
complimenta, et auquel il donna sa main à baiser.
Le Prince de Campo Florido l'accompagna jusqu'à
la Frontiere de son Gouvernement , où, il
prit congé de lui.
L'Infant Don Carlos ayant doublé sa marche,
arriva à Barcelone le ar . il y fut reçû au bruit
d'une salve generale de l'Artillerie du Fort de
Montjouy et de la Place ; toutes les Troupes de
la Garnison étant sous les armes. Il passa sous
trois Arcs de Triomphe qu'on avoit élevez dans ,
La Ville , dont toutes les rues étoient magnifiquement
ornées.
Le Marquis de Risbourg , Commandant de la
Principauté de Catalogne , le reçut dans la pre-.
i, Vel.
miene
DECEMBRE . 1731. 2893
miere Cour du Château , à la tête des Ministres
de l'Audience Royale , des Regidors de la Ville et
de toute la Noblesse , à qui ce Prince donna sa
main à baiser.
L'après midi , S. A. R. alla voir la Citadelle et:
descendit dans les Fossez , où elle se divertit à tirer
differentes especes d'Oiseaux aquatiques qu'on
y avoit mis. Vers le soir ce Prince revint aus
Château , devant lequel le Corps de Ville fit tirer :
un très -beau Feu d'Artifice qui fut suivi d'um
Opera Italien,
Le 22. l'Infant Don Carlos donna encore la
main à baiser au Marquis de Risbourg , aux Ministres
de l'Audiance Royale , au Conseil de la
Ville , au Tribunal de l'Inquisition , au Clergé
Séculier , aux Abbez des Benedictins et aux au
tres Superieurs des Convents . Ensuite il se mit sur
le Balcon pour se faire voir à une multitude prodigieuse
de peuple qui étoit dans la Place ; après
quoi il dîna en public. La nuit suivante toute la
Ville fut illuminée, et il y eut une Mascarade dess
Ecoliers de tous les Colleges.
Le 23. l'Infant Don Carlos partit de Barcelone :
accompagné du Marquis de Risbourg et de M de:
Sartine , Intendant de la Principauté de Catalo
gne , qui n'ont pris congé de lui que lorsqu'il au
été arrivé sur les Frontieres de France .
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Résumé : Voyage de Don Carlos,&c. [titre d'après la table]
L'Infant Don Carlos a été chaleureusement accueilli lors de son passage en Espagne. Le 11 novembre, il est arrivé à Valence, où les rues étaient ornées de tapisseries et d'arcs de triomphe. Divers dignitaires, dont les magistrats et la noblesse, lui ont baisé la main. Après un dîner, il a chassé dans les jardins du palais, assisté à un opéra et visité le Tribunal de l'Inquisition. Le 12 novembre, il a pêché sur le lac d'Albufera et participé à un banquet. Le 13 novembre, il a quitté Valence, accompagné par le Prince de Campo Florido. Le 21 novembre, Don Carlos est arrivé à Barcelone, accueilli par une salve d'artillerie et des troupes. Il a visité la citadelle et assisté à un feu d'artifice et à un opéra. Le 22 novembre, il a reçu divers dignitaires et s'est montré au balcon. Le 23 novembre, il a quitté Barcelone, accompagné du Marquis de Risbourg et de l'Intendant de la Principauté de Catalogne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 2893-2908
RELATION du Passage de l'Infant DON CARLOS , dans la Province du. Roussillon.
Début :
Le Marquis de Gailus , Grand- Croix de l'Ondre de 3. Loüis, Lieutenant General des armées [...]
Mots clefs :
Prince, Province, Officiers, Perpignan
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texteReconnaissance textuelle : RELATION du Passage de l'Infant DON CARLOS , dans la Province du. Roussillon.
RELATION du Passage de l'Infans
DON CARLOS , dans la Province.
du. Roussillon..
E Marquis de Gailus , Grand- Croix de l'On-
> Edre de 3. Louis ,Lieutenant General des at
mées du Roy et de la Province du Roussillon ,,
commandant en chef, reçut les ordres de la
1. Voli
F Cou
2894 MERCURE DE FRANCE
Cour le 8. Novembre , au sujet du Passage de
Don Carlos en France , lesquels portoient que
Pintention du Roy étoit qu'il fût reçû comme
Fils de France , et qu'on lui rendît tous les honneurs
dûs à cette qualité. A ces ordres on avoit
joint la route qu'il devoit tenir , et ajoûté que
M. Desgranges , Maître des Ceremonies , se rendroit
incessamment dans cette Province pour se
trouver à l'arrivée du Prince , et regler le Ceremonial.
Suivant cet itineraire , la Marche de Don
Carlos devoit être de Seville à Barcelonne de 47.
jours , les séjours non compris , et par là ce Prin
ce ne partant que le 20. d'Octobre , ne pouvoit,
en la suivant, arriver à Perpignan que vers le 15.
de Decembre , ce qui auroit donné un temps sufe
fisant pour les préparatifs nécessaires.
Le M. de Cailus donna d'abord ses ordres ,
tant pour la réparation des chemins , que pour
les logemens et l'abondance des vivres ; et comme
Je Col du Pertus , par où il faut passer , est un
chemin très - étroit entre deux Montagues , que
la chute des eaux avoit depuis un temps- infini
rendu impraticable et qui demandoit beaucoup
de soin et de travail pour le réparer ; il chargea
de Viguier du Roussillon , de se rendre sur les
lieux pour le mettre en l'état qu'il convenoit,
Une grande partie de ce chemin n'étant que de
Rocher , il cominanda un Sergent et 16. Mineurs.
pour y travailler ; soo. Paysans furent employez
à cet ouvrage , dont la moitié étoit de cette Province
et l'autre moitié d'Espagne ; ce qui se fit
de concert entre les Marquis de Cailus et de Risbourg,
Capitaine General de Catalogne. Les pré-
Cautions que le M. de Cailus avoit prises à l'égard
de ce passage , furent si utiles et ses ordres
si bien executez, que quoique l'Infant soit arrivé
-1 Volo
DECEMBRE. 1931. 1895
18. jours plutôt qu'il n'étoit marqué par sa route
, l'on a passé très -commodément dans ce che
min , et le succès a été au-delà de ce que l'on
pouvoit esperer.
Sur quelques bruits qui se répandirent que le
Prince acceleroit sa marche et doubloit ses journées
, le M. de Cailus voulut voir par lui- même
dans quel état étoit ce chemin ; il s'y rendit le
22. Novembre , et étant à portée du Pertus , il
rencontra un Courrier dépêché par le M. de Risbourg
, qui lui donnoit avis que l'Infant arrive
foit le 25. à Figuieres , et le 26. à coucher au
Boulou.
A cette nouvelle inopinée , le M. de Cailus re
int sur ses pas au Boulou. Ce lieu est un des plus
mauvais Villages du Roussillon , à peine y trou
veroit- on six Maisons où il y ait des
portes eg
des fenêtres ; l'état affreux de ce Village ne déconcerta
pas M. de Cailus , après l'avoir visité
il choisit la maison la plus propre pour loger le
Prince et trois autres maisons voisines pour les
gens nécessaires auprès de sa personne ; la plus
logeable après celle du Prince fut destinée pour
M. le Comte de Sant- Estevan , Gouverneur de
sa Personne , &c. et le M. de Cailus fut obligé ,
dans celle qu'il prit pour lui , d'y joindre une
Grange voisine , où il fallut pratiquer et faire
bâtir des cheminées et generalement tout ce qui
est necessaire pour des Cuisines et Offices ; il fal
lut aussi ouvrir des portes pour communiquer
dans la Maison où il tient ses Tables , et le tour :
fut executé en deux fois vingt - quatre heures par
la quantité d'Ouvriers que l'on y employa .
*
* Voyez toutes les qualitez de ce Seigneur
dans le Mercure de Novembre 173 1. page 2661.
I: Vol.
4.vi Ces
2896 MERCURE DE FRANCE
Ces ordres donnez , ce General se rendit à Peri
pignan , où ses premiers soins furent d'envoyer,
une partie de ses Officiers au Boulou , et tout ca
qui étoit necessaire pour recevoir avec dignité le
Prince et sa Suite.
Le 25. Le M. de Cailus accompagné de la No.
blesse du Roussillon et de la Compagnie des Gardes
de la Province , se rendit à Bellegarde , où il
coucha. M. de Jallais , Intendant , s'y rendit aussi.
Le 26. sur les 11. heures du matin , ce General
se rendit sur la petite Riviere d'Allobragat , qui
fait la séparation des deux Rouyaumes ; il trouva
au-de là de cette Riviere deux Escadrons de Dra
gons en bataille , du Régiment de Sagunte. A
une heure après midi arriverent le M. de Risbourg
et M. de Sartim , Intendant de Catalogne. M. de
Cailus présenta M. de Jallais à M. de Risbourg ,
et ces deux Generaux , après s'être donné plu
sieurs marques de cordialité et d'amitié , eurent
une conference ensemble jusques à l'arrivée du
Prince , qui fut vers les trois heures ; les deux Intendants
en eurent une autre séparément .
Son Altesse Royale arriva dans sa Berline ;
dans laquelle étoient le Comte de Sant- Estevan
et un Gentilhomme de sa Chambre , elle étoit
escortée par ses Gardes du Corps et par ses Hallebardiers
. M. de Risbourg présenta au Prince
M. de Cailus et ce dernier présenta à S. A. R.
M. de Jallais et la Noblesse de la Province ; il lui
offrit en même- temps sa Littiere pour passer
plus commodement la Montagne , le Prince lui .
dit qu'il étoit informé de l'attention qu'il avoit
eue à la faire venir , qu'il lui étoit obligé , qu'il
passeroit la Montagne en Berline , et que s'il y
avoit quelque mauvais pas , il mettroit pied à
terre , aimant fort à marcher ; à quoi il ne fug.
1. Yola
poing
DECEMBRE . 1731. 28977
oint obligé, les Equipages étant passez très - aisé
ment et sans nulle difficulté . Mi de Cailus offrit
aux Gentilshommes de la Maison du Prince sa
Berline , attelée de six chevaux , qu'il avoit fair
mener à vuide , mais ces Messieurs le remercie
rent et ne s'en servirent pas .
L'Infant continuant sa Marche , fut salué en
passant sous Bellegarde , d'un décharge generale
du Canon de cette Place. La Maréchausséeétoit
postée par Brigades de distance en distance .
sur la route ; la Compagnie des Gardes de la
Province marchoit un quart de lieuë devant ;
M. de Cailus suivit à cheval pendant quelque:
temps S. A. R. Il s'avança ensuite pour se trou
ver à la descente du Carrosse . Le Prince arriva à¸
P'entrée de la nuit au Boulou. M. de Cailus eut-
Phonneur de lui donner la main pour le conduire
dans sa chambre , où il fut vû de tout le mondejusqu'à
l'heure du souper et pendant son souper.
Suivant les instructions de la Cour , M. Des
granges devoit conferer avec le Comte de Sant-.
Estevan , regler avec lui le Ceremonial , en ren-.
dre compte à M. de Cailus , et s'arranger ensemble
là - dessus ; mais M. Desgranges n'étant pas
arrivé , M. de Cailus fut obligé de suppléer à
tout. Il eut une Conference avec M. de Sant-
Estevan , de plus d'une heure , à laquelle fut présent
M. de Jallais ; ce Seigneur , qui est particu
lierement chargé de la conduite du Prince , parue
très -satisfait des attentions et des politesses de
M. de Cailus.
Ce fut dans cette Conference que M. de Cailus .
fit changer l'ordre de la Marche du Prince , qui
devoit , partant de Perpignan le 28. aller coucher
à Salces et détermina M. de Sant - Estevan à séjourner
à Perpignan ce jour là, et d'aller le 29. à
L. Fel Sigeant
ક
2898 MERCURE DE FRANCE
Sigean ; ce General se détermina à cela , à cause
des maladies qui sont à Salce , ne voulant pas hazarder
que S. A. R. logeât dans un lieu , ou de-.
puis trois mois , il est peu de Maisons où il n'y
ait des malades.
Le M. de Cailus avoit fait venir de Couliouvre
au Boulou , les deux Compagnies des Grenadiers
du Régiment de Toulouse et deux Détachemens
de so. hommes chacun . La premiere Compagniede
Grenadiers monta la Garde chez l'Infant , et
les autres Troupes furent dispersées en differens :
postes , pour la sureté du Quartier et des Equipages
du Prince.
Les attentions de M. de Cailus furent jusques à
faire illuminer par des flambeaux de poing et par
des Réchauts de Rempart , tout le Village du
Boulou , ce qui évita tous désordres et toute la
confusion .
Le foin et la paille furent distribuez gratis des
Magazins de la Province , par les ordres de :
M.P'Intendant.
Après le souper de S. A. R..M de Cailus demanda
la permisson au Prince de prendre les devants
pour le recevoir à son Entrée à Perpignan ,
après quoi il se rendit dans sa Maison du Boulou
, où il y avoit 4. Tables de 20. couverts chacune,
et une cinquième pour les Gardes du Corps
du Prince. Ces Tables furent servies en mêmetemps
avec toute la magnificence , la délicatesse
et la somptuosité possible. Les Vins étrangers et
les Liqueurs y furent abondantes ; elles furent
remplies par les Officiers de la Maison du Prince,.
par la Noblesse de la Province et par les Officiers
du Détachement. Tous ces Messieurs parurent
surpris qu'en aussi peu de temps et dans un si
mauvais lieu , on cût pû donner à manger avec
Io, Veho autane
DECEMBRE . 1731 . 2899
autant d'arrangement , de gout et d'abondance,
M. l'Inrendant eût aussi des Tables dans sa
Maison.
A une heure après minuit M. de Cailus monta
dans sa Berline et se rend à Perpignan , où le
Prince arriva à onze heures du matin , il fut reçu
à la Barriere par le M.de Cailus, à la tête de l'Etat
Major , qu'il eut l'honneur de présenter à S. A. R.
qui lui demanda à quelle heure il étoit parti du
Boulou , ajoutant qu'il n'avoit pas eû le temps de
se reposer , M. de Cailus lui dit qu'il étoit venu
en diligence pour que rien ne manquât à sa réception.
Le Canon de la Ville et celui de la Citadelle ,
firent une dêcharge generale , et depuis la Porte
de S. Martin , par où l'Infant entra , jusqu'à sons
Palais , il -marcha entre les Troupes qui bordoient.
la haye des deux côtez , et il fut salué de l'Esponton
par les Officiers. Sa Garde étoit composée
de 150 hommes avec un Drapeau.
M. de Cailus , suivi de l'Etat- Major et de la
Noblesse , se trouva à la descente du Carrosse du
Prince, il eut l'honneur de lui donner la main , et
de le conduire dans son Appartement : M. l'Evêque
et M. l'Intendant s'y trouverent aussi,
Le M. de Cailus avoit cedé entierement son
Hôtel à S. A. R. Le Comte de Sant- Estevan ,
Madame son Epouse , le Duc et la Duchesse d'Arion
, les trois Enfans du Comte de Sant -Estevan
et les principaux Officiers necessaires auprés de
la Personne du Prince , logerent dans le même
Hôtel , aussi-bien que les Officiers de la Chame
bre , de la Garderobe et de la Bouche ; on n'avoit
rien épargné pour le meubler superbement. L'Appartement
étoit composé en enfilade de deux
grandes Sales , d'une troisième ou étoit placé le
1. Vola Daio
2900 MERCURE DE FRANCE
Dais de la Chambre du Prince , de deux Cabi
nets et Garderobes , et d'une Sale à manger ; la
tout meublé d'un goût et d'une magnificence peu
ordinaire dans les Provinces ; tous les autres Appartemens
de l'Hôtel ou logeoit la Maison de
S. A. R. l'étoient à proportion , et rien ne man→
quoit pour l'utile et pour l'agréable..
2
et
L'attention de M. de Cailus fut portée si loin ,
que ses Offices et Gardes- mangers furent toûjours
remplis de tout ce qu'il y a de plus recherché ,
e'est de-là que les Officiers du Prince tirerent pour
sa Bouche et pour sa Maison , tout ce qui leur
étoit necessaire, aussi -bien que ceux du Comte de
Sant-Estevan les Officiers 1 . de M. de Cailus
avoient soin de remplacer ce que l'on en tiroit
comme l'on avoit fait au Boulou.
Le Prince mange toûjours seul ; il est servi par
ses Officiers.
Comme l'Infant avoit prévenu M. de Cailus
qu'il seroit bien aise de recevoir les Complimens
qu'on avoit à lui faire avant le dîner , ce General
fit avertir les Corps qui devoient haranguer , de
se rendre au Palais de l'Infant d'abord après'son
arrivée Le Conseil Souverain s'y rendit et harangua
le premier ; le M. de Cailus marchoit à la
tête, et eut l'honneur de le presenter au Prince. Le
Premier Président porta la parole. Il reçut ensuite
les respects du Chapitre de la Cathedrale , l'Archidiacre
Salleles parla au nom du Clergé. Les
Consuls en Robes de Ceremonie , suivirent le
Clergé et offrirent les présens accoutumez . Tous
tes autres Corps complimenterent successivement
Le Chevalier de Cailus , fils du Marquis de
Cailus , âgé de 8. ans , fit aussi à S. A. R. un
Compliment avec beaucoup de grace. Le Prince
en fut si charmé , qu'il l'a toujours voulu avoir
La Vol.
auprès
DECEMBRE. 1731. 2908
auprès de sa Personne pendant son séjour , cejeune
Seigneur , auquel il a marqué plusieurs dé
monstrations de bienveillance et de bonté.
Les Harangues finies , Madame la M. de Cai
lus , suivie des principales Dames de cette Ville ,
fit demander au Comte de Sant Estevan , si elle
pourroit avoir l'honneur de faire la réverence à
P'Infant , le Comte de Sant- Estevan ayant reçu ,
les ordres du . Prince , vint chercher la Marquise .
de Cailus , et l'annonça à S , A, R. Cette Dame ,
ornée de toutes les graces possibles et d'un esprit
superieur , moins brillante encore par toutes ses
qualitez , que par sa vertu et par le talent de se
faire aimer generalement de tout le monde , charma
le Prince et tonte sa Cour , par la maniere
noble avec laquelle elle se présenta et parla à.
SA. R. Elle lui présenta toutes les Dames de sa
suite .
Le Prince dîna en public , et peu de temps.
après son dîner il alla à la Chasse dans la Réserves.
il fit paroître dans cet exercice beaucoup d'adresse
et d'inclination , et tua plusieurs pieces de Gibier.
Il arriva à la nuit et trouva son Hôtel illuminé
d'un goût singulier ; tous les Appartemens étoient
éclairez par quantité de Lustres , de Girandoles ,
et de Bras arrangez avec un ordre qui présentoit
à la vûë une illumination peu commune.
La Terrasse qui regne le long de l'Apparte
ment qu'occupoit l'Infant étoit ornée de Lauriers
er de Festons de fleurs , qui formoient des Colomnes
et des Bordures que l'on avoit garnies de
Lampions et de Guirlandes , avec une admirable
cimetrie; ce qui joint à plusieurs Vases remplis
d'Orangers et d'Arbrisseaux dont la Terrasse
étoit couverte , offroit un spectacle charmant et
qui frappoit très agréablement la vûë lorsque
tout était illuminé, La
2902 MERCURE DEFRANCE
::
و م
La façade de l'Hotel étoit décorée d'un goût
aussi singulier que charmant : c'étoit un Arc
de Triomphe élevé sur un Plan dressé par M.
Boutiller Dauroy , Officier d'Artillerie . Cet Edifice
avoit 44 pieds et demy de largeur sur 45.
pieds de hauteur ; il étoit orné de Trophées ,.
desquels pen loient deux Médaillons qui représentoient
, l'un le Soleil dans le signe du Lion
avec ces paroles Transeundo recreat . Et l'au
tre , le Soleil levant , avec la Legende : jubess
sperare. Les Pilastres qui portoient les Médaillóns
, étoient surmontés d'une Corniche termi➡
née par une Balustrade de 4 pieds et demy de
hauteur , sur laquelle s'élevoit un Attique de six :
pieds de hauteur , lequel soûtenoit les Armes
d'Espagne , au côté desquelles étoient deux Piramides
hautes de 11. pieds , terminées par une
Fleur de Lys .
Tout l'Edifice étoit peint en Marbre de diffe
rentes couleurs Pintervalle qui restoit entre
l'architrave et la principale porte , étoit rempli
par un Tableau de 9 pieds de largeur sur 4 pieds
de hauteur , qui représentoit Mars et Minerve
se donnant la main ; derriere ces Figures s'élevoit
un Olivier , aux branches duquel étoit atta-,
ché l'Ecu de France entre ceux de l'Empire
l'Espagne , de l'Angleterre et de la Hollande .
avec cette Legende : Spes pacis eterna fundata.
> de
L'espace depuis chaque Pilastre jusqu'au Mur
où se terminoit le côté de la façade étoit dé
coré par une Maçonnerie de 2 pieds de hauteur:
sur 11. de largeur , sur laquelle regnoit encore
une Balustrade faisant simetrie avec celle qui
étoit au- dessus de la Corniche : cet intervalle
étoit aussi orné de deux Médaillons , sur un
I. Vel.. desquels ,
DECEMBRE 1731. 2903
esquels étoit représentée l'Espagne assise sur
Un Globe avec ses armes , la Rénommée lui
présentoit la Couronne des Etats d'Italie , dont :
le . Prince Don Carlos va prendre possession ,
avec cette Inscription : Spes matura felicitatis .
Sur l'autre étoit représentée l'Europe assise et en
repos au milieu de ses attributs , avec ces mots ::
Tranquillitas Europa . La bordure du grand.
Tableau et celle des Médaillons , aussi-bien ;
que l'Arceau du milieu , étoient ornés de Guirlandes
, de Lauriers , et de Mirthes entrelassés
de fleurs.
Tout l'Edifice étoit garni de Lampions qui
suivoient par tout la forme et les Profils de l'Architecture.
Ces Lampions allumés joints à l'Ar-,
tifice qui sortoit de divers endroits de cet Arc de
Triomphe,formerent pendant une partiede la nuit
un spectacle brillant aux yeux du Peuple qui y étoit
accouru de toute la Ville , ou que la curiosité.
avoit attiré de divers endroits de la Province,
Les autres façades de cet Hôtel et toutes les
fenêtres étoient illuminées par un nombre infini
de flambeaux de poing. L'Hôtel de M. l'Intendant
étoit aussi éclairé avec beaucoup de
goût , tant en- dehors qu'en dedans.
2.
>
2
L'Hôtel de Ville , dont la façade est trèsétendue
étoit éclairé avec autant de goût et de
cimetrie , les Consuls , pour marquer leur zele
donnerent le 27 une danse sur la Place de l'Hôtel
, nommée la Loge , avec les Instruments qui
sont en usage dans le Pays , où tout le Peuple
dansa une partie de la nuit. Le 28 , ils donnerent
un Bal dans la grande Sale du même Hôtel
pour toutes les Personnes de consideration ; il
y eût une collation magnifique , et toute sorte
de rafraîchissemens,
1. Vol Pendang
2904 MERCURE DE FRANCE
Pendant les deux nuits que le Prince a passées
Perpignan , toutes les maisons ont été illuminées
, et il n'y a personne qui n'ait fait paroître.
du zéle et de l'émulation.
>
La Marquise de Cailus se trouva chez le
Prince au retour de la Chasse suivie de plusieurs
Dames qu'elle eût encore l'honneur de lui
présenter et l'invita, d'assister à un Concert
qu'elle avoit fait préparer dans la grande Salle
des Gardes : S. A. R. parut très contente du
Concert , et dit à la Marquise de Cailus que
c'étoit le premier Concert qu'il eût entendu en
François. Madame de Jallais eût l'honneur de
faire la réverence au Prince un moment avant:
qu'il entrât au Concert. S. A. R. soupa ensuite
en Public comme le matin..
Le 28 , le Prince entendit la Messe dans la
Chapelle de son Appartement , qui étoit magnifiquement
ornée. Il avoit dit le soir à M. de
Cailus qu'il souhaittoit voir la . Citadelle le
lendemain à 9 heures du matin . Ce Commandant
se rendit chez S. A. R. à l'heure marquée
puis la devança pour se trouver sur la Place
d'Armes de la Citadelle , à la descente du Carosse.
Les Troupes de la Garnison étoient en
Bataille sur cette Place , le Prince ayant mis pied.
à terre , fut salué en passant à la tête des Troupes
; il fit le tour des Remparts et vit la Sale :
d'Armes ; il fut encore salué en entrant à la Citadelle
par toute l'Artillerie ; la même Salve fut
repetée à sa sortie , qu'il fit à pied , appuyé sur
le Marquis de Cailus , et il ne monta en Carosse
qu'après avoir passé le dernier Pont Levis.
›
Le Prince dina et soupa en public , alla à la
Chasse et au Concert, comme le jour précédent.
Après le Concert , Mad . de Cailus prit congé de
La Kola $
DECEMBRE 1731. 2905
E. A. R. qui parut tres- satisfaite de toutes les attentions
de cette Dame.
Le Marquis de Cailus qui avoit abandonné son
Hôtel à S.A.R. étoit logé dans celui du Marquis
d'Aguilar , où il tint pendant tout le temps que
Prince a resta à Perpignan , cinq Tables , de so
Couverts chacune , qui furent toujours remplies
tant par les Officiers de la Maison du Prince , les
Dames de la Ville,la Noblesse , les Officiers,Mess.
du Conseil Souverain , que par d'autres personnes
de distinction .
Ces cinq Tables furent toujours servies soir et
matin en même- temps , avec toute la profusion
et toute la délicatesse imaginable. Les Vins
étrangers et les Liqueurs s'y trouverent en abondance
. Le Dessert sur tout y étoit magnifique et
fort ingénieux . Les Cristaux des côtez et des bouts
étoient dispersez en Cascade , et à chaque repas ,
d'un arrangement different. Les Découpures qui
les accompagnoient , presentoient de tous côtez
les Armes de France , d'Espagne , de Parme et de
Toscane. On distinguoit pareillement dans les
festons des Fleurs de Lys , des Lions , des Tours
et les autres Symboles convenables. Les Pirami
des des Cristaux du milieu étoient terminées par
des Banderolles en découpure , peintes en miniature
, et chargées d'emblêmes , faisant allusion
au voyage de l'Infant. Toutes ces Piramides
étoient garnies aux soupers de quantité de Bougies
à quatre méches , artistement placées , qui
faisoient un effet aussi charmant que singulier
Il ne fut pas possible à M. de Cailus de faire
les honneurs aux dîners , ayant toujours suivi
S. A. R. à la chasse ; mais la Marquise son
Epouse y suppléa. De l'aveu general de tous ceux
qui ont assisté à ces Repas , il est impossible de
1. Vol s'en2905
MERCURE DE FRANCE
s'en acquitter avec plus de grace , de politesse
d'attention et d'enjouement que cette illustre
Dame l'a fait. Les Etrangers ne cesserent de lui
donner des louanges et d'applaudir , le Prince
même , satisfait au dernier point , eut la bonté de
dire à M. de Cailus que s'il n'étoit aussi pressé
de partir qu'il l'étoit , il auroit séjourné deux
jours de plus avec plaisir dans cette Ville . S.A.R.
ordonna de plus au Comte de Candelle et à quelques,
autres Officiers de lui rendre un compte
exact de la façon dont ils avoient été traitez , er
de la maniere avec laquelle les Tables avoient été
servies chez le M. de Cailus : Elle parut si contente
de la Relation qu'on lui en fit , qu'il l'écrivit
de sa main pour l'envoyer à la Reine d'Espagne
, sa Mere .
M. de Jallais de son côté tint des Tables chez
lui qui furent servies avec délicatesse et magnificence.
M. le Comte de Sant Estevan ne pouvant pas
quitter la Personne du Prince , tint une Table
pour les Officiers qui étoient de service auprès de
' Infant , et pour ceux qui étoient de garde , et il
n'a mangé nulle part qu'à cette Table.
2M Desgranges , Maître des Cérémonies , arriva
à Perpignan le 28 , à 9 heures du matin ; il
fut présenté au Prince par M. de Cailus ; il n'eut
qu'à applaudir à tout ce qui s'étoit fait en son
absence sur le Cérémonial , et dit que quand il
auroit été présent , il n'auroit rien pû ajouter à
tout ce que M. de Cailus avoit fait, tant pour le
Cérémonial , que pour les honneurs qu'on avoit
rendus à l'Infant , &c.
Le 29 , sur les 8 heures du matin , le Prince
partit après avoir entendu la Messe , comme le
jour précédent, Les Troupes bordoient la Have
I. Vol.
desDECEMBRE
. 1731. 2907
des deux côtez , depuis son Hôtel , jusques à la
porte de Notre Dame par où il sortit. Îl fut salué
de l'Esponton par les Officiers , et l'Artillerie
de la Ville , et la Citadelle firent les mêmes salves
qu'à son arrivée .
La marche du Prince de Perpignan à Fitou , se
fit dans le même ordre qu'elle avoit été du Boulou
à Pérpignan
Le M. de Cailus , suivi de la Noblesse de la Province
, se rendit à Fitou ; il avoit eu la précaution
de faire porter à Salces une abondante & magnifique
alte , qui ne fut pas inutile , plusieurs of
ficiers du Prince en ayant profité .
Depuis l'entrée de l'Infant dans le Roussillon
jusques à sa sortie de cetté Province M. de Cailus
ne l'a point quitté , lui faisant sa cour tres- exactement
avec une noblesse et une dignité dont peu
de personnes sont capables. Toute la Maison du
Prince a été charmée de ses politesses et de ses attentions
, et M.de Sant -Estevan le lui a témoigné
plusieurs fois ; non- seulement les Etrangers ont
été tres- contens , mais il n'est personnes dans
cette Province qui n'ait eu lieu de se louer de ses
bonnes manieres , de son affabilité et de sa douceur.
On ne peut rien ajouter à la magnificence
avec laquelle il a agi dans cette occasion , et enfin
on est surpris de la dépense excessive qu'il a
faite.
S. A. R. passant à Salces fut salué de tout le
Canon de cette Place : Elle arriva à Fitou à onze
heures et demie du matin . Le M. de Lafare, Chevalier
des Ordres du Roy , Maréchal de Camp
de ses Armées , Commandant dans la Province de
Languedoc, étoit à Fitou pour y attendre le Prin
ce. M. de Cailus le presenta à S. A. R. et remit
ge Prince entre ses mains, comme M.de Risbourg
1. Vol. l'avoit
2908 MERCURE DE FRANCE
T'avoit remis entre les siennes. Les Intendans de
Roussillon et de Languedoc s'y trouverent aussi.
Le Comte de Sant- Estevan pria le M. de Cailus
a dîner , et le Prince s'amusa à tuer des Lapins
que M. de Cailus avoit fait porter à Fitou .
DON CARLOS , dans la Province.
du. Roussillon..
E Marquis de Gailus , Grand- Croix de l'On-
> Edre de 3. Louis ,Lieutenant General des at
mées du Roy et de la Province du Roussillon ,,
commandant en chef, reçut les ordres de la
1. Voli
F Cou
2894 MERCURE DE FRANCE
Cour le 8. Novembre , au sujet du Passage de
Don Carlos en France , lesquels portoient que
Pintention du Roy étoit qu'il fût reçû comme
Fils de France , et qu'on lui rendît tous les honneurs
dûs à cette qualité. A ces ordres on avoit
joint la route qu'il devoit tenir , et ajoûté que
M. Desgranges , Maître des Ceremonies , se rendroit
incessamment dans cette Province pour se
trouver à l'arrivée du Prince , et regler le Ceremonial.
Suivant cet itineraire , la Marche de Don
Carlos devoit être de Seville à Barcelonne de 47.
jours , les séjours non compris , et par là ce Prin
ce ne partant que le 20. d'Octobre , ne pouvoit,
en la suivant, arriver à Perpignan que vers le 15.
de Decembre , ce qui auroit donné un temps sufe
fisant pour les préparatifs nécessaires.
Le M. de Cailus donna d'abord ses ordres ,
tant pour la réparation des chemins , que pour
les logemens et l'abondance des vivres ; et comme
Je Col du Pertus , par où il faut passer , est un
chemin très - étroit entre deux Montagues , que
la chute des eaux avoit depuis un temps- infini
rendu impraticable et qui demandoit beaucoup
de soin et de travail pour le réparer ; il chargea
de Viguier du Roussillon , de se rendre sur les
lieux pour le mettre en l'état qu'il convenoit,
Une grande partie de ce chemin n'étant que de
Rocher , il cominanda un Sergent et 16. Mineurs.
pour y travailler ; soo. Paysans furent employez
à cet ouvrage , dont la moitié étoit de cette Province
et l'autre moitié d'Espagne ; ce qui se fit
de concert entre les Marquis de Cailus et de Risbourg,
Capitaine General de Catalogne. Les pré-
Cautions que le M. de Cailus avoit prises à l'égard
de ce passage , furent si utiles et ses ordres
si bien executez, que quoique l'Infant soit arrivé
-1 Volo
DECEMBRE. 1931. 1895
18. jours plutôt qu'il n'étoit marqué par sa route
, l'on a passé très -commodément dans ce che
min , et le succès a été au-delà de ce que l'on
pouvoit esperer.
Sur quelques bruits qui se répandirent que le
Prince acceleroit sa marche et doubloit ses journées
, le M. de Cailus voulut voir par lui- même
dans quel état étoit ce chemin ; il s'y rendit le
22. Novembre , et étant à portée du Pertus , il
rencontra un Courrier dépêché par le M. de Risbourg
, qui lui donnoit avis que l'Infant arrive
foit le 25. à Figuieres , et le 26. à coucher au
Boulou.
A cette nouvelle inopinée , le M. de Cailus re
int sur ses pas au Boulou. Ce lieu est un des plus
mauvais Villages du Roussillon , à peine y trou
veroit- on six Maisons où il y ait des
portes eg
des fenêtres ; l'état affreux de ce Village ne déconcerta
pas M. de Cailus , après l'avoir visité
il choisit la maison la plus propre pour loger le
Prince et trois autres maisons voisines pour les
gens nécessaires auprès de sa personne ; la plus
logeable après celle du Prince fut destinée pour
M. le Comte de Sant- Estevan , Gouverneur de
sa Personne , &c. et le M. de Cailus fut obligé ,
dans celle qu'il prit pour lui , d'y joindre une
Grange voisine , où il fallut pratiquer et faire
bâtir des cheminées et generalement tout ce qui
est necessaire pour des Cuisines et Offices ; il fal
lut aussi ouvrir des portes pour communiquer
dans la Maison où il tient ses Tables , et le tour :
fut executé en deux fois vingt - quatre heures par
la quantité d'Ouvriers que l'on y employa .
*
* Voyez toutes les qualitez de ce Seigneur
dans le Mercure de Novembre 173 1. page 2661.
I: Vol.
4.vi Ces
2896 MERCURE DE FRANCE
Ces ordres donnez , ce General se rendit à Peri
pignan , où ses premiers soins furent d'envoyer,
une partie de ses Officiers au Boulou , et tout ca
qui étoit necessaire pour recevoir avec dignité le
Prince et sa Suite.
Le 25. Le M. de Cailus accompagné de la No.
blesse du Roussillon et de la Compagnie des Gardes
de la Province , se rendit à Bellegarde , où il
coucha. M. de Jallais , Intendant , s'y rendit aussi.
Le 26. sur les 11. heures du matin , ce General
se rendit sur la petite Riviere d'Allobragat , qui
fait la séparation des deux Rouyaumes ; il trouva
au-de là de cette Riviere deux Escadrons de Dra
gons en bataille , du Régiment de Sagunte. A
une heure après midi arriverent le M. de Risbourg
et M. de Sartim , Intendant de Catalogne. M. de
Cailus présenta M. de Jallais à M. de Risbourg ,
et ces deux Generaux , après s'être donné plu
sieurs marques de cordialité et d'amitié , eurent
une conference ensemble jusques à l'arrivée du
Prince , qui fut vers les trois heures ; les deux Intendants
en eurent une autre séparément .
Son Altesse Royale arriva dans sa Berline ;
dans laquelle étoient le Comte de Sant- Estevan
et un Gentilhomme de sa Chambre , elle étoit
escortée par ses Gardes du Corps et par ses Hallebardiers
. M. de Risbourg présenta au Prince
M. de Cailus et ce dernier présenta à S. A. R.
M. de Jallais et la Noblesse de la Province ; il lui
offrit en même- temps sa Littiere pour passer
plus commodement la Montagne , le Prince lui .
dit qu'il étoit informé de l'attention qu'il avoit
eue à la faire venir , qu'il lui étoit obligé , qu'il
passeroit la Montagne en Berline , et que s'il y
avoit quelque mauvais pas , il mettroit pied à
terre , aimant fort à marcher ; à quoi il ne fug.
1. Yola
poing
DECEMBRE . 1731. 28977
oint obligé, les Equipages étant passez très - aisé
ment et sans nulle difficulté . Mi de Cailus offrit
aux Gentilshommes de la Maison du Prince sa
Berline , attelée de six chevaux , qu'il avoit fair
mener à vuide , mais ces Messieurs le remercie
rent et ne s'en servirent pas .
L'Infant continuant sa Marche , fut salué en
passant sous Bellegarde , d'un décharge generale
du Canon de cette Place. La Maréchausséeétoit
postée par Brigades de distance en distance .
sur la route ; la Compagnie des Gardes de la
Province marchoit un quart de lieuë devant ;
M. de Cailus suivit à cheval pendant quelque:
temps S. A. R. Il s'avança ensuite pour se trou
ver à la descente du Carrosse . Le Prince arriva à¸
P'entrée de la nuit au Boulou. M. de Cailus eut-
Phonneur de lui donner la main pour le conduire
dans sa chambre , où il fut vû de tout le mondejusqu'à
l'heure du souper et pendant son souper.
Suivant les instructions de la Cour , M. Des
granges devoit conferer avec le Comte de Sant-.
Estevan , regler avec lui le Ceremonial , en ren-.
dre compte à M. de Cailus , et s'arranger ensemble
là - dessus ; mais M. Desgranges n'étant pas
arrivé , M. de Cailus fut obligé de suppléer à
tout. Il eut une Conference avec M. de Sant-
Estevan , de plus d'une heure , à laquelle fut présent
M. de Jallais ; ce Seigneur , qui est particu
lierement chargé de la conduite du Prince , parue
très -satisfait des attentions et des politesses de
M. de Cailus.
Ce fut dans cette Conference que M. de Cailus .
fit changer l'ordre de la Marche du Prince , qui
devoit , partant de Perpignan le 28. aller coucher
à Salces et détermina M. de Sant - Estevan à séjourner
à Perpignan ce jour là, et d'aller le 29. à
L. Fel Sigeant
ક
2898 MERCURE DE FRANCE
Sigean ; ce General se détermina à cela , à cause
des maladies qui sont à Salce , ne voulant pas hazarder
que S. A. R. logeât dans un lieu , ou de-.
puis trois mois , il est peu de Maisons où il n'y
ait des malades.
Le M. de Cailus avoit fait venir de Couliouvre
au Boulou , les deux Compagnies des Grenadiers
du Régiment de Toulouse et deux Détachemens
de so. hommes chacun . La premiere Compagniede
Grenadiers monta la Garde chez l'Infant , et
les autres Troupes furent dispersées en differens :
postes , pour la sureté du Quartier et des Equipages
du Prince.
Les attentions de M. de Cailus furent jusques à
faire illuminer par des flambeaux de poing et par
des Réchauts de Rempart , tout le Village du
Boulou , ce qui évita tous désordres et toute la
confusion .
Le foin et la paille furent distribuez gratis des
Magazins de la Province , par les ordres de :
M.P'Intendant.
Après le souper de S. A. R..M de Cailus demanda
la permisson au Prince de prendre les devants
pour le recevoir à son Entrée à Perpignan ,
après quoi il se rendit dans sa Maison du Boulou
, où il y avoit 4. Tables de 20. couverts chacune,
et une cinquième pour les Gardes du Corps
du Prince. Ces Tables furent servies en mêmetemps
avec toute la magnificence , la délicatesse
et la somptuosité possible. Les Vins étrangers et
les Liqueurs y furent abondantes ; elles furent
remplies par les Officiers de la Maison du Prince,.
par la Noblesse de la Province et par les Officiers
du Détachement. Tous ces Messieurs parurent
surpris qu'en aussi peu de temps et dans un si
mauvais lieu , on cût pû donner à manger avec
Io, Veho autane
DECEMBRE . 1731 . 2899
autant d'arrangement , de gout et d'abondance,
M. l'Inrendant eût aussi des Tables dans sa
Maison.
A une heure après minuit M. de Cailus monta
dans sa Berline et se rend à Perpignan , où le
Prince arriva à onze heures du matin , il fut reçu
à la Barriere par le M.de Cailus, à la tête de l'Etat
Major , qu'il eut l'honneur de présenter à S. A. R.
qui lui demanda à quelle heure il étoit parti du
Boulou , ajoutant qu'il n'avoit pas eû le temps de
se reposer , M. de Cailus lui dit qu'il étoit venu
en diligence pour que rien ne manquât à sa réception.
Le Canon de la Ville et celui de la Citadelle ,
firent une dêcharge generale , et depuis la Porte
de S. Martin , par où l'Infant entra , jusqu'à sons
Palais , il -marcha entre les Troupes qui bordoient.
la haye des deux côtez , et il fut salué de l'Esponton
par les Officiers. Sa Garde étoit composée
de 150 hommes avec un Drapeau.
M. de Cailus , suivi de l'Etat- Major et de la
Noblesse , se trouva à la descente du Carrosse du
Prince, il eut l'honneur de lui donner la main , et
de le conduire dans son Appartement : M. l'Evêque
et M. l'Intendant s'y trouverent aussi,
Le M. de Cailus avoit cedé entierement son
Hôtel à S. A. R. Le Comte de Sant- Estevan ,
Madame son Epouse , le Duc et la Duchesse d'Arion
, les trois Enfans du Comte de Sant -Estevan
et les principaux Officiers necessaires auprés de
la Personne du Prince , logerent dans le même
Hôtel , aussi-bien que les Officiers de la Chame
bre , de la Garderobe et de la Bouche ; on n'avoit
rien épargné pour le meubler superbement. L'Appartement
étoit composé en enfilade de deux
grandes Sales , d'une troisième ou étoit placé le
1. Vola Daio
2900 MERCURE DE FRANCE
Dais de la Chambre du Prince , de deux Cabi
nets et Garderobes , et d'une Sale à manger ; la
tout meublé d'un goût et d'une magnificence peu
ordinaire dans les Provinces ; tous les autres Appartemens
de l'Hôtel ou logeoit la Maison de
S. A. R. l'étoient à proportion , et rien ne man→
quoit pour l'utile et pour l'agréable..
2
et
L'attention de M. de Cailus fut portée si loin ,
que ses Offices et Gardes- mangers furent toûjours
remplis de tout ce qu'il y a de plus recherché ,
e'est de-là que les Officiers du Prince tirerent pour
sa Bouche et pour sa Maison , tout ce qui leur
étoit necessaire, aussi -bien que ceux du Comte de
Sant-Estevan les Officiers 1 . de M. de Cailus
avoient soin de remplacer ce que l'on en tiroit
comme l'on avoit fait au Boulou.
Le Prince mange toûjours seul ; il est servi par
ses Officiers.
Comme l'Infant avoit prévenu M. de Cailus
qu'il seroit bien aise de recevoir les Complimens
qu'on avoit à lui faire avant le dîner , ce General
fit avertir les Corps qui devoient haranguer , de
se rendre au Palais de l'Infant d'abord après'son
arrivée Le Conseil Souverain s'y rendit et harangua
le premier ; le M. de Cailus marchoit à la
tête, et eut l'honneur de le presenter au Prince. Le
Premier Président porta la parole. Il reçut ensuite
les respects du Chapitre de la Cathedrale , l'Archidiacre
Salleles parla au nom du Clergé. Les
Consuls en Robes de Ceremonie , suivirent le
Clergé et offrirent les présens accoutumez . Tous
tes autres Corps complimenterent successivement
Le Chevalier de Cailus , fils du Marquis de
Cailus , âgé de 8. ans , fit aussi à S. A. R. un
Compliment avec beaucoup de grace. Le Prince
en fut si charmé , qu'il l'a toujours voulu avoir
La Vol.
auprès
DECEMBRE. 1731. 2908
auprès de sa Personne pendant son séjour , cejeune
Seigneur , auquel il a marqué plusieurs dé
monstrations de bienveillance et de bonté.
Les Harangues finies , Madame la M. de Cai
lus , suivie des principales Dames de cette Ville ,
fit demander au Comte de Sant Estevan , si elle
pourroit avoir l'honneur de faire la réverence à
P'Infant , le Comte de Sant- Estevan ayant reçu ,
les ordres du . Prince , vint chercher la Marquise .
de Cailus , et l'annonça à S , A, R. Cette Dame ,
ornée de toutes les graces possibles et d'un esprit
superieur , moins brillante encore par toutes ses
qualitez , que par sa vertu et par le talent de se
faire aimer generalement de tout le monde , charma
le Prince et tonte sa Cour , par la maniere
noble avec laquelle elle se présenta et parla à.
SA. R. Elle lui présenta toutes les Dames de sa
suite .
Le Prince dîna en public , et peu de temps.
après son dîner il alla à la Chasse dans la Réserves.
il fit paroître dans cet exercice beaucoup d'adresse
et d'inclination , et tua plusieurs pieces de Gibier.
Il arriva à la nuit et trouva son Hôtel illuminé
d'un goût singulier ; tous les Appartemens étoient
éclairez par quantité de Lustres , de Girandoles ,
et de Bras arrangez avec un ordre qui présentoit
à la vûë une illumination peu commune.
La Terrasse qui regne le long de l'Apparte
ment qu'occupoit l'Infant étoit ornée de Lauriers
er de Festons de fleurs , qui formoient des Colomnes
et des Bordures que l'on avoit garnies de
Lampions et de Guirlandes , avec une admirable
cimetrie; ce qui joint à plusieurs Vases remplis
d'Orangers et d'Arbrisseaux dont la Terrasse
étoit couverte , offroit un spectacle charmant et
qui frappoit très agréablement la vûë lorsque
tout était illuminé, La
2902 MERCURE DEFRANCE
::
و م
La façade de l'Hotel étoit décorée d'un goût
aussi singulier que charmant : c'étoit un Arc
de Triomphe élevé sur un Plan dressé par M.
Boutiller Dauroy , Officier d'Artillerie . Cet Edifice
avoit 44 pieds et demy de largeur sur 45.
pieds de hauteur ; il étoit orné de Trophées ,.
desquels pen loient deux Médaillons qui représentoient
, l'un le Soleil dans le signe du Lion
avec ces paroles Transeundo recreat . Et l'au
tre , le Soleil levant , avec la Legende : jubess
sperare. Les Pilastres qui portoient les Médaillóns
, étoient surmontés d'une Corniche termi➡
née par une Balustrade de 4 pieds et demy de
hauteur , sur laquelle s'élevoit un Attique de six :
pieds de hauteur , lequel soûtenoit les Armes
d'Espagne , au côté desquelles étoient deux Piramides
hautes de 11. pieds , terminées par une
Fleur de Lys .
Tout l'Edifice étoit peint en Marbre de diffe
rentes couleurs Pintervalle qui restoit entre
l'architrave et la principale porte , étoit rempli
par un Tableau de 9 pieds de largeur sur 4 pieds
de hauteur , qui représentoit Mars et Minerve
se donnant la main ; derriere ces Figures s'élevoit
un Olivier , aux branches duquel étoit atta-,
ché l'Ecu de France entre ceux de l'Empire
l'Espagne , de l'Angleterre et de la Hollande .
avec cette Legende : Spes pacis eterna fundata.
> de
L'espace depuis chaque Pilastre jusqu'au Mur
où se terminoit le côté de la façade étoit dé
coré par une Maçonnerie de 2 pieds de hauteur:
sur 11. de largeur , sur laquelle regnoit encore
une Balustrade faisant simetrie avec celle qui
étoit au- dessus de la Corniche : cet intervalle
étoit aussi orné de deux Médaillons , sur un
I. Vel.. desquels ,
DECEMBRE 1731. 2903
esquels étoit représentée l'Espagne assise sur
Un Globe avec ses armes , la Rénommée lui
présentoit la Couronne des Etats d'Italie , dont :
le . Prince Don Carlos va prendre possession ,
avec cette Inscription : Spes matura felicitatis .
Sur l'autre étoit représentée l'Europe assise et en
repos au milieu de ses attributs , avec ces mots ::
Tranquillitas Europa . La bordure du grand.
Tableau et celle des Médaillons , aussi-bien ;
que l'Arceau du milieu , étoient ornés de Guirlandes
, de Lauriers , et de Mirthes entrelassés
de fleurs.
Tout l'Edifice étoit garni de Lampions qui
suivoient par tout la forme et les Profils de l'Architecture.
Ces Lampions allumés joints à l'Ar-,
tifice qui sortoit de divers endroits de cet Arc de
Triomphe,formerent pendant une partiede la nuit
un spectacle brillant aux yeux du Peuple qui y étoit
accouru de toute la Ville , ou que la curiosité.
avoit attiré de divers endroits de la Province,
Les autres façades de cet Hôtel et toutes les
fenêtres étoient illuminées par un nombre infini
de flambeaux de poing. L'Hôtel de M. l'Intendant
étoit aussi éclairé avec beaucoup de
goût , tant en- dehors qu'en dedans.
2.
>
2
L'Hôtel de Ville , dont la façade est trèsétendue
étoit éclairé avec autant de goût et de
cimetrie , les Consuls , pour marquer leur zele
donnerent le 27 une danse sur la Place de l'Hôtel
, nommée la Loge , avec les Instruments qui
sont en usage dans le Pays , où tout le Peuple
dansa une partie de la nuit. Le 28 , ils donnerent
un Bal dans la grande Sale du même Hôtel
pour toutes les Personnes de consideration ; il
y eût une collation magnifique , et toute sorte
de rafraîchissemens,
1. Vol Pendang
2904 MERCURE DE FRANCE
Pendant les deux nuits que le Prince a passées
Perpignan , toutes les maisons ont été illuminées
, et il n'y a personne qui n'ait fait paroître.
du zéle et de l'émulation.
>
La Marquise de Cailus se trouva chez le
Prince au retour de la Chasse suivie de plusieurs
Dames qu'elle eût encore l'honneur de lui
présenter et l'invita, d'assister à un Concert
qu'elle avoit fait préparer dans la grande Salle
des Gardes : S. A. R. parut très contente du
Concert , et dit à la Marquise de Cailus que
c'étoit le premier Concert qu'il eût entendu en
François. Madame de Jallais eût l'honneur de
faire la réverence au Prince un moment avant:
qu'il entrât au Concert. S. A. R. soupa ensuite
en Public comme le matin..
Le 28 , le Prince entendit la Messe dans la
Chapelle de son Appartement , qui étoit magnifiquement
ornée. Il avoit dit le soir à M. de
Cailus qu'il souhaittoit voir la . Citadelle le
lendemain à 9 heures du matin . Ce Commandant
se rendit chez S. A. R. à l'heure marquée
puis la devança pour se trouver sur la Place
d'Armes de la Citadelle , à la descente du Carosse.
Les Troupes de la Garnison étoient en
Bataille sur cette Place , le Prince ayant mis pied.
à terre , fut salué en passant à la tête des Troupes
; il fit le tour des Remparts et vit la Sale :
d'Armes ; il fut encore salué en entrant à la Citadelle
par toute l'Artillerie ; la même Salve fut
repetée à sa sortie , qu'il fit à pied , appuyé sur
le Marquis de Cailus , et il ne monta en Carosse
qu'après avoir passé le dernier Pont Levis.
›
Le Prince dina et soupa en public , alla à la
Chasse et au Concert, comme le jour précédent.
Après le Concert , Mad . de Cailus prit congé de
La Kola $
DECEMBRE 1731. 2905
E. A. R. qui parut tres- satisfaite de toutes les attentions
de cette Dame.
Le Marquis de Cailus qui avoit abandonné son
Hôtel à S.A.R. étoit logé dans celui du Marquis
d'Aguilar , où il tint pendant tout le temps que
Prince a resta à Perpignan , cinq Tables , de so
Couverts chacune , qui furent toujours remplies
tant par les Officiers de la Maison du Prince , les
Dames de la Ville,la Noblesse , les Officiers,Mess.
du Conseil Souverain , que par d'autres personnes
de distinction .
Ces cinq Tables furent toujours servies soir et
matin en même- temps , avec toute la profusion
et toute la délicatesse imaginable. Les Vins
étrangers et les Liqueurs s'y trouverent en abondance
. Le Dessert sur tout y étoit magnifique et
fort ingénieux . Les Cristaux des côtez et des bouts
étoient dispersez en Cascade , et à chaque repas ,
d'un arrangement different. Les Découpures qui
les accompagnoient , presentoient de tous côtez
les Armes de France , d'Espagne , de Parme et de
Toscane. On distinguoit pareillement dans les
festons des Fleurs de Lys , des Lions , des Tours
et les autres Symboles convenables. Les Pirami
des des Cristaux du milieu étoient terminées par
des Banderolles en découpure , peintes en miniature
, et chargées d'emblêmes , faisant allusion
au voyage de l'Infant. Toutes ces Piramides
étoient garnies aux soupers de quantité de Bougies
à quatre méches , artistement placées , qui
faisoient un effet aussi charmant que singulier
Il ne fut pas possible à M. de Cailus de faire
les honneurs aux dîners , ayant toujours suivi
S. A. R. à la chasse ; mais la Marquise son
Epouse y suppléa. De l'aveu general de tous ceux
qui ont assisté à ces Repas , il est impossible de
1. Vol s'en2905
MERCURE DE FRANCE
s'en acquitter avec plus de grace , de politesse
d'attention et d'enjouement que cette illustre
Dame l'a fait. Les Etrangers ne cesserent de lui
donner des louanges et d'applaudir , le Prince
même , satisfait au dernier point , eut la bonté de
dire à M. de Cailus que s'il n'étoit aussi pressé
de partir qu'il l'étoit , il auroit séjourné deux
jours de plus avec plaisir dans cette Ville . S.A.R.
ordonna de plus au Comte de Candelle et à quelques,
autres Officiers de lui rendre un compte
exact de la façon dont ils avoient été traitez , er
de la maniere avec laquelle les Tables avoient été
servies chez le M. de Cailus : Elle parut si contente
de la Relation qu'on lui en fit , qu'il l'écrivit
de sa main pour l'envoyer à la Reine d'Espagne
, sa Mere .
M. de Jallais de son côté tint des Tables chez
lui qui furent servies avec délicatesse et magnificence.
M. le Comte de Sant Estevan ne pouvant pas
quitter la Personne du Prince , tint une Table
pour les Officiers qui étoient de service auprès de
' Infant , et pour ceux qui étoient de garde , et il
n'a mangé nulle part qu'à cette Table.
2M Desgranges , Maître des Cérémonies , arriva
à Perpignan le 28 , à 9 heures du matin ; il
fut présenté au Prince par M. de Cailus ; il n'eut
qu'à applaudir à tout ce qui s'étoit fait en son
absence sur le Cérémonial , et dit que quand il
auroit été présent , il n'auroit rien pû ajouter à
tout ce que M. de Cailus avoit fait, tant pour le
Cérémonial , que pour les honneurs qu'on avoit
rendus à l'Infant , &c.
Le 29 , sur les 8 heures du matin , le Prince
partit après avoir entendu la Messe , comme le
jour précédent, Les Troupes bordoient la Have
I. Vol.
desDECEMBRE
. 1731. 2907
des deux côtez , depuis son Hôtel , jusques à la
porte de Notre Dame par où il sortit. Îl fut salué
de l'Esponton par les Officiers , et l'Artillerie
de la Ville , et la Citadelle firent les mêmes salves
qu'à son arrivée .
La marche du Prince de Perpignan à Fitou , se
fit dans le même ordre qu'elle avoit été du Boulou
à Pérpignan
Le M. de Cailus , suivi de la Noblesse de la Province
, se rendit à Fitou ; il avoit eu la précaution
de faire porter à Salces une abondante & magnifique
alte , qui ne fut pas inutile , plusieurs of
ficiers du Prince en ayant profité .
Depuis l'entrée de l'Infant dans le Roussillon
jusques à sa sortie de cetté Province M. de Cailus
ne l'a point quitté , lui faisant sa cour tres- exactement
avec une noblesse et une dignité dont peu
de personnes sont capables. Toute la Maison du
Prince a été charmée de ses politesses et de ses attentions
, et M.de Sant -Estevan le lui a témoigné
plusieurs fois ; non- seulement les Etrangers ont
été tres- contens , mais il n'est personnes dans
cette Province qui n'ait eu lieu de se louer de ses
bonnes manieres , de son affabilité et de sa douceur.
On ne peut rien ajouter à la magnificence
avec laquelle il a agi dans cette occasion , et enfin
on est surpris de la dépense excessive qu'il a
faite.
S. A. R. passant à Salces fut salué de tout le
Canon de cette Place : Elle arriva à Fitou à onze
heures et demie du matin . Le M. de Lafare, Chevalier
des Ordres du Roy , Maréchal de Camp
de ses Armées , Commandant dans la Province de
Languedoc, étoit à Fitou pour y attendre le Prin
ce. M. de Cailus le presenta à S. A. R. et remit
ge Prince entre ses mains, comme M.de Risbourg
1. Vol. l'avoit
2908 MERCURE DE FRANCE
T'avoit remis entre les siennes. Les Intendans de
Roussillon et de Languedoc s'y trouverent aussi.
Le Comte de Sant- Estevan pria le M. de Cailus
a dîner , et le Prince s'amusa à tuer des Lapins
que M. de Cailus avoit fait porter à Fitou .
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Résumé : RELATION du Passage de l'Infant DON CARLOS , dans la Province du. Roussillon.
Le texte relate le passage de Don Carlos, fils de France, à travers la province du Roussillon. Le Marquis de Gailus, Grand-Croix de l'Ordre de Saint-Louis, Lieutenant Général des armées du roi et commandant en chef de la province, reçut des ordres de la Cour le 8 novembre 1731. Ces ordres stipulaient que Don Carlos devait être reçu avec les honneurs dus à sa qualité de fils de France. Le Marquis de Gailus prépara la route de Seville à Barcelone, prévoyant une arrivée à Perpignan vers le 15 décembre. Il supervisa la réparation des chemins, notamment le Col du Pertus, et organisa les logements et les vivres. Malgré l'arrivée anticipée de Don Carlos, les préparatifs furent suffisants. Le Marquis de Gailus inspecta personnellement les lieux et organisa les logements au Boulou, un village en mauvais état. Il choisit les maisons nécessaires et fit les aménagements requis en peu de temps. Le 26 décembre, Don Carlos arriva escorté par ses gardes et fut accueilli par le Marquis de Gailus et la noblesse locale. Le passage se déroula sans difficulté, et le Marquis de Gailus offrit ses services et ses équipements. À Perpignan, le Marquis de Gailus organisa une réception solennelle avec des salves de canon et des troupes alignées. Il céda son hôtel à Don Carlos et logea les membres de sa suite. Les préparatifs incluaient des repas somptueux et des illuminations pour éviter les désordres. Le Marquis de Gailus reçut les compliments des différents corps de la ville et présenta sa famille à Don Carlos. Le séjour du prince se déroula dans des conditions de confort et de sécurité optimales. Le Prince fut accueilli avec une grande pompe et des festivités somptueuses. Il dîna en public et participa à une chasse, démontrant son adresse et son inclination pour cet exercice. À son retour, son hôtel était illuminé de manière spectaculaire, avec des lustres, girandoles et bras disposés avec soin. La terrasse était ornée de lauriers et de fleurs, et la façade de l'hôtel était décorée d'un arc de triomphe conçu par M. Boutiller Dauroy, orné de trophées, médaillons et armoiries. Les festivités incluaient des danses et des bals organisés par les consuls de la ville, ainsi que des concerts et des soupers publics. Le Prince visita également la citadelle, où il fut salué par les troupes et l'artillerie. Les nobles locaux, notamment la Marquise de Cailus et le Marquis de Cailus, jouèrent un rôle clé dans l'organisation des réceptions et des repas, qui furent servis avec une grande magnificence et délicatesse. Le Prince exprima sa satisfaction et envoya un compte rendu à la Reine d'Espagne, sa mère. Le Prince quitta Perpignan le 29 décembre après avoir été salué par les troupes et l'artillerie. Le Marquis de Cailus, accompagné de la noblesse locale, le suivit jusqu'à Fitou, où il fut accueilli par le Marquis de Lafare. Tout au long de son séjour, le Prince fut entouré de marques de respect et de magnificence, notamment des illuminations, des salves d'artillerie et des réceptions somptueuses.
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8
p. 2908-2913
LETTRE écrite de Montpellier le 2 Decembre 1731. contenant le détail du voyage de DON CARLOS, depuis Perpignan jusqu'à Montpellier.
Début :
L'Infant Don Carlos, qui arriva le 27 de Novembre à Perpignan, et qui y séjourna le 28, [...]
Mots clefs :
Prince, Régiment, Garde, Consuls
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Montpellier le 2 Decembre 1731. contenant le détail du voyage de DON CARLOS, depuis Perpignan jusqu'à Montpellier.
LETTRE écrite de Montpellier le 2 Decembre
1731. contenant le détail du voya❤
ge de DON CARLOS , depuis Perpignan
jusqu'à Montpellier.
'Infant Don Carlos , qui arriva le 27 de No-
L'efabre àPerpignan, et qui y séjourna le 28,
entra en Langnedoc le 29. vers les onze heures du
matin , et fut reçu aux Cabanes de Fitou , premieres
Maisons qui se rencontrent sur le chemin ,
par M.le Marquis de la Fare, Commandant, et par
M. de Bernage de S. Maurice , Intendant de la
Province. Le Prince descendit -là , à une petite
Chapelle , parce que M. de Fitou , Seigneur de
cet endroit , dont la femme étoit accouchée. la
veille d'une fille , avoit envoyé un Courier à M.
de Cailus , à Perpignan , pour l'engager à obtenir
de S.A.R, qu'elle fit à cette enfant l'honneur de
la tenir sur les Fonts de Baptême ; ce que ce Prince
a fait avec beaucoup de bonté , et après la ceremonie
, il a fait donner au Pere un present .de
la valeur de trois mille Hyres , et cent Pistolles
au Curé.
L'Infant dina en ce lieu - là ; les Officiers que
M. l'Archevêque de Narbonne avoit prêtez à M.
le Marquis de la Fare, parce qu'à peine son équipage
avoit il eu le temps d'arriver ce jour-là à
Sigean , servirent une grande Table à toute sa
Suite
Ce Prince continuă sa foute l'après dînée, jus-
I.Vol. ques
DECEMBRE. 1931. 2909.
ques à Sigean , et chassa en chemin ; ce qui joint
a la longueur de la journée , fit qu'il n'y arriva
que la nuit. M. de la Fare n'avoir pu faire trouver
là que les deux Compagnies de Grenadiers
du Regiment de Talard , qui ont servi de garde
pour cette couchée .
Le lendemain za , S. A. R. se mit en marche,
dès sept heutes du matin , et arriva à Narbonnet
sur les onze heures. Il fur reçu à la porte par les
Consuls , au bruit de tout le Canon. Il trouva
ensuite sous les armes la Compagnie d'Halebardiers
, qui compose la garnison ordinaire , et le
Regiment de Médoc qui formoit une double Haye
jusqu'à l'Archevêché,où une Garde de 1so ham
mes , commandez par deux Capitaines , deux
Lieutenans et deux Enseignes , avec un Drapeau ,
Pattendoit , conformément aux Ordres du Roys
M. l'Archevêque de Narbonne se trouva à la
descente du Carosse, Ge: Prince étant monté dans
le grand appartement de ce Palais . qu'il trouva
fort beau , y reçut les présens de la Ville, se mig
Table et dîna en public. M. l'Archevêque fit
servir dans un appartement séparé, plusieurs Tasi
bles , pour toute sa suite.
· S. A. R. partit à deux heures après midi de
Narbonne , au bruit du Ganon , et le Régiment
de Médoc sousdes armes sur son chemin , pour
aller coucher à Béziers . Elle cyy arriva à l'entrée da
la nuit, Les Consuls l'attendoient à la porte, er la
reçurent au bruit de quantité de Boëtes , L'Ine
fant logea à l'Evêché , et y trouva une Garde pas
teille à celle du matin , du second Bataillon du
Regiment du Maine, S.. A. R. reçut une demis
Keure après les presens de la Ville. Elle admit en
suite le Chapitre de la Cathedrale , à la tête dun
quel-M. P'Evêque de Béziers harangua , et le Pré-
Kaidial
2920 MERCURE DE FRANCE
sidial aussi qui eut l'honneur de lui faire son com→›
pliment , par la bouche du Jage-Mage. Après le
soupé , l'Infant assista à un Concert qui lui avoit
été préparé dans un autre appartement , et il en
parut tres-content.
Le samedi premier de Decembre , ce Prince ar
riva sur le midi à Pezenas. Il trouva les Consuls à
la porte et une Garde du premier Bataillon dù
Regiment de Talard . Il reçut avant son dîné les
présens de la Ville. Comme S. A. R. aime fort à
tirer du Gibier , M. de la Fare en avoit fait rassembler
plusieurs pieces, dans le Parc de la Grange
des Prex , où ce Prince passa quelque temps
et il en tua la plus grande partie.
Le Dimanche deux Decembre , l'Infant ayant
voulu faire absolument la journée de Pezenas à
Montpellier, quoiqu'il y ait huit grandes lieuës ,
en partit extrémement matin , et s'arrêta au
Bourg de Loupian, où il trouva encore une Garde
, pareille aux précedentes , du premier Batail-
Jon du Régiment de Talard , qui avoit été envoyé
exprès dans les Cazernes de Meze. Comme
le Gibier de cette Terre est assez bien conservé ,
le Prince s'amusa encore une heure ou deux à y
tirer. Le Marquis de Montault , Seigueur de ce
lieu , s'y étoit rendu pour en faire les honneurs ,
et y avoit fait rassembler le plus de Gibier qui
Jui avoit été possible.
*.M. de la Faré fit servir à tout le Cortege une
grande alte , après laquelle on se remit en mar
che jusqu'à Montpelliet.
S. A. R. est descendu à la Maison du Roy ;
ou loge le premier President de la Chambre des
Comptes et Cour des Aydes de Languedoc , ou
le Roy d'Espagne son pere , et la Reine sa premiere
Epouse , avoient logé lorsque LL. MM
1. Vol……. passereng
DECEMBRE . 1731. 2911
L
passerent par cette Province. Le, Premier Prési
dent n'a rien oublié de tout ce qui pouvoit rendre
cette Maison commode , non seulement à §.
A.R. mais aux Principaux Seigneurs qui sont indispensablement
obligez', par leurs Charges , de
coucher dans la même Maison où est logé l'Infant.
>
Ce Prince a fait son entree dans cette Ville par
la Place du Pérou , où est la Statue-Equestre de
Louis LE GRAND son bis-ayeul , qu'il a trouvée
fort belle, Outre la Harangue des Consuls à
la Porte , et les presens de Ville dans la Maison
du Roy , il a reçu les Complimens du Clergé
par la bouche de M. l'Abbé de Belleval , Grand
Prevôt de l'Eglise Cathedrale ; ceux de la Chambre
des Comptes er Cour des Aydes , par celle du
Premier Président. M. le Vicomte Daumelas a
porté la parole pour les Trésoriers de France ,
et M. de Massillan, Juge-Mage, a eu aussi l'honneur
de le complimenter , ainsi que le Corps des
-deux Facultez de Droit et de Médecine.
-Le Regiment de Tessé reçut le Prince de la même
façon que celui de Médoc fit à Narbonne
toute l'Artillerie de la Citadelle , à laquelle étoit
joint un grand nombre de Boëttes , placées sur
Je Pérou , fit une longue salve.
Le Chevalet ( a ) qui est un grand divertisse
ment pour les peuples de ces païs-cy , est allé à
plus de demi lieuë au devant de l'Infant , qui
en a paru fort satisfait. Si ce Prince avoit fait
quelque séjour, on lui auroit donné plusieurs autres
divertissemens , qu'ona été obligé de supprimer.
Toutes les Villes de cette Province ou l'In
(a) Voyez le Mercure
I. Vol. Kij
fant
2912 MERCURE DE FRANCE
fant à couche , ont été illuminées , sur tout la
Maison qui avoit été choisie pour le loger, et les
rues ont éié tendues et tapissées , &c.
Malgré la sécheresse de l'année et la marche
précipitée de ce Prince , M. l'Intendant avoit sibien
disposé toutes choses , que les subsistances
ont été tres -abondantes pour les Hommes et
pour les Chevaux, et hors le logement de Sigean,
qui encore n'a pas été des plus mauvais , il serdir
difficile de traverser aussi rapidement aucun païs
fet d'y trouver autant de commoditez.
La suite de l'Infant est composée d'environ
250 personnes. Pour M. le Comte de S. Estevan ,
il est trop connu à la Cour de France pour un
-Seigneur et pour un Ministre des plus accomplis,
pour qu'on puisse rien ajouter icy à son égard.
Les Equipages sont composés d'environ mille
‹ tant Chevaux que Mulets : il est étonnant qu'ils
soient en si bon état , après avoir fait une si longne
route.p
Nous partirons demain matin , Lundy 3 Decembre
, pour Nismes et après demain on arri-
* vera à Tarascon , où se trouvera M. le Bret , pre-
* mier Président du Parlement d'Aix , Intendant de
Provence et . Commandant. Suivant la derniere
route qui a été arrêtée , en séjournant un jour à
Marseille et un jour à Toulon, S. A. R. arrivera
le 14 de ce mois à Antibes.
S. A R. vient de se déterminer dans le mo◄
'ment , (c'est-à-dire , le Dimanche au soir , z. Decembre)
à séjourner icy demain , >
Au reste , l'Infant Don Carlos est un très -beau
Prince , affable, populaire, genereux ; parlant bon
et marquant en tout autant de vivacité
que de lumieres d'esprit et de goût. Les Peuples de
ces Provinces en sont charmez. Ils ont reconnu
1.Vol.
·
en
DECEMBRE. 1731. 2913
en lui la bonté du naturel, et les grandes qualitez
du Sang des Bourbons ; et ils ont témoigné leur
tendre zele , par les transports de joye et les acclamations
les plus éclatantes.
1731. contenant le détail du voya❤
ge de DON CARLOS , depuis Perpignan
jusqu'à Montpellier.
'Infant Don Carlos , qui arriva le 27 de No-
L'efabre àPerpignan, et qui y séjourna le 28,
entra en Langnedoc le 29. vers les onze heures du
matin , et fut reçu aux Cabanes de Fitou , premieres
Maisons qui se rencontrent sur le chemin ,
par M.le Marquis de la Fare, Commandant, et par
M. de Bernage de S. Maurice , Intendant de la
Province. Le Prince descendit -là , à une petite
Chapelle , parce que M. de Fitou , Seigneur de
cet endroit , dont la femme étoit accouchée. la
veille d'une fille , avoit envoyé un Courier à M.
de Cailus , à Perpignan , pour l'engager à obtenir
de S.A.R, qu'elle fit à cette enfant l'honneur de
la tenir sur les Fonts de Baptême ; ce que ce Prince
a fait avec beaucoup de bonté , et après la ceremonie
, il a fait donner au Pere un present .de
la valeur de trois mille Hyres , et cent Pistolles
au Curé.
L'Infant dina en ce lieu - là ; les Officiers que
M. l'Archevêque de Narbonne avoit prêtez à M.
le Marquis de la Fare, parce qu'à peine son équipage
avoit il eu le temps d'arriver ce jour-là à
Sigean , servirent une grande Table à toute sa
Suite
Ce Prince continuă sa foute l'après dînée, jus-
I.Vol. ques
DECEMBRE. 1931. 2909.
ques à Sigean , et chassa en chemin ; ce qui joint
a la longueur de la journée , fit qu'il n'y arriva
que la nuit. M. de la Fare n'avoir pu faire trouver
là que les deux Compagnies de Grenadiers
du Regiment de Talard , qui ont servi de garde
pour cette couchée .
Le lendemain za , S. A. R. se mit en marche,
dès sept heutes du matin , et arriva à Narbonnet
sur les onze heures. Il fur reçu à la porte par les
Consuls , au bruit de tout le Canon. Il trouva
ensuite sous les armes la Compagnie d'Halebardiers
, qui compose la garnison ordinaire , et le
Regiment de Médoc qui formoit une double Haye
jusqu'à l'Archevêché,où une Garde de 1so ham
mes , commandez par deux Capitaines , deux
Lieutenans et deux Enseignes , avec un Drapeau ,
Pattendoit , conformément aux Ordres du Roys
M. l'Archevêque de Narbonne se trouva à la
descente du Carosse, Ge: Prince étant monté dans
le grand appartement de ce Palais . qu'il trouva
fort beau , y reçut les présens de la Ville, se mig
Table et dîna en public. M. l'Archevêque fit
servir dans un appartement séparé, plusieurs Tasi
bles , pour toute sa suite.
· S. A. R. partit à deux heures après midi de
Narbonne , au bruit du Ganon , et le Régiment
de Médoc sousdes armes sur son chemin , pour
aller coucher à Béziers . Elle cyy arriva à l'entrée da
la nuit, Les Consuls l'attendoient à la porte, er la
reçurent au bruit de quantité de Boëtes , L'Ine
fant logea à l'Evêché , et y trouva une Garde pas
teille à celle du matin , du second Bataillon du
Regiment du Maine, S.. A. R. reçut une demis
Keure après les presens de la Ville. Elle admit en
suite le Chapitre de la Cathedrale , à la tête dun
quel-M. P'Evêque de Béziers harangua , et le Pré-
Kaidial
2920 MERCURE DE FRANCE
sidial aussi qui eut l'honneur de lui faire son com→›
pliment , par la bouche du Jage-Mage. Après le
soupé , l'Infant assista à un Concert qui lui avoit
été préparé dans un autre appartement , et il en
parut tres-content.
Le samedi premier de Decembre , ce Prince ar
riva sur le midi à Pezenas. Il trouva les Consuls à
la porte et une Garde du premier Bataillon dù
Regiment de Talard . Il reçut avant son dîné les
présens de la Ville. Comme S. A. R. aime fort à
tirer du Gibier , M. de la Fare en avoit fait rassembler
plusieurs pieces, dans le Parc de la Grange
des Prex , où ce Prince passa quelque temps
et il en tua la plus grande partie.
Le Dimanche deux Decembre , l'Infant ayant
voulu faire absolument la journée de Pezenas à
Montpellier, quoiqu'il y ait huit grandes lieuës ,
en partit extrémement matin , et s'arrêta au
Bourg de Loupian, où il trouva encore une Garde
, pareille aux précedentes , du premier Batail-
Jon du Régiment de Talard , qui avoit été envoyé
exprès dans les Cazernes de Meze. Comme
le Gibier de cette Terre est assez bien conservé ,
le Prince s'amusa encore une heure ou deux à y
tirer. Le Marquis de Montault , Seigueur de ce
lieu , s'y étoit rendu pour en faire les honneurs ,
et y avoit fait rassembler le plus de Gibier qui
Jui avoit été possible.
*.M. de la Faré fit servir à tout le Cortege une
grande alte , après laquelle on se remit en mar
che jusqu'à Montpelliet.
S. A. R. est descendu à la Maison du Roy ;
ou loge le premier President de la Chambre des
Comptes et Cour des Aydes de Languedoc , ou
le Roy d'Espagne son pere , et la Reine sa premiere
Epouse , avoient logé lorsque LL. MM
1. Vol……. passereng
DECEMBRE . 1731. 2911
L
passerent par cette Province. Le, Premier Prési
dent n'a rien oublié de tout ce qui pouvoit rendre
cette Maison commode , non seulement à §.
A.R. mais aux Principaux Seigneurs qui sont indispensablement
obligez', par leurs Charges , de
coucher dans la même Maison où est logé l'Infant.
>
Ce Prince a fait son entree dans cette Ville par
la Place du Pérou , où est la Statue-Equestre de
Louis LE GRAND son bis-ayeul , qu'il a trouvée
fort belle, Outre la Harangue des Consuls à
la Porte , et les presens de Ville dans la Maison
du Roy , il a reçu les Complimens du Clergé
par la bouche de M. l'Abbé de Belleval , Grand
Prevôt de l'Eglise Cathedrale ; ceux de la Chambre
des Comptes er Cour des Aydes , par celle du
Premier Président. M. le Vicomte Daumelas a
porté la parole pour les Trésoriers de France ,
et M. de Massillan, Juge-Mage, a eu aussi l'honneur
de le complimenter , ainsi que le Corps des
-deux Facultez de Droit et de Médecine.
-Le Regiment de Tessé reçut le Prince de la même
façon que celui de Médoc fit à Narbonne
toute l'Artillerie de la Citadelle , à laquelle étoit
joint un grand nombre de Boëttes , placées sur
Je Pérou , fit une longue salve.
Le Chevalet ( a ) qui est un grand divertisse
ment pour les peuples de ces païs-cy , est allé à
plus de demi lieuë au devant de l'Infant , qui
en a paru fort satisfait. Si ce Prince avoit fait
quelque séjour, on lui auroit donné plusieurs autres
divertissemens , qu'ona été obligé de supprimer.
Toutes les Villes de cette Province ou l'In
(a) Voyez le Mercure
I. Vol. Kij
fant
2912 MERCURE DE FRANCE
fant à couche , ont été illuminées , sur tout la
Maison qui avoit été choisie pour le loger, et les
rues ont éié tendues et tapissées , &c.
Malgré la sécheresse de l'année et la marche
précipitée de ce Prince , M. l'Intendant avoit sibien
disposé toutes choses , que les subsistances
ont été tres -abondantes pour les Hommes et
pour les Chevaux, et hors le logement de Sigean,
qui encore n'a pas été des plus mauvais , il serdir
difficile de traverser aussi rapidement aucun païs
fet d'y trouver autant de commoditez.
La suite de l'Infant est composée d'environ
250 personnes. Pour M. le Comte de S. Estevan ,
il est trop connu à la Cour de France pour un
-Seigneur et pour un Ministre des plus accomplis,
pour qu'on puisse rien ajouter icy à son égard.
Les Equipages sont composés d'environ mille
‹ tant Chevaux que Mulets : il est étonnant qu'ils
soient en si bon état , après avoir fait une si longne
route.p
Nous partirons demain matin , Lundy 3 Decembre
, pour Nismes et après demain on arri-
* vera à Tarascon , où se trouvera M. le Bret , pre-
* mier Président du Parlement d'Aix , Intendant de
Provence et . Commandant. Suivant la derniere
route qui a été arrêtée , en séjournant un jour à
Marseille et un jour à Toulon, S. A. R. arrivera
le 14 de ce mois à Antibes.
S. A R. vient de se déterminer dans le mo◄
'ment , (c'est-à-dire , le Dimanche au soir , z. Decembre)
à séjourner icy demain , >
Au reste , l'Infant Don Carlos est un très -beau
Prince , affable, populaire, genereux ; parlant bon
et marquant en tout autant de vivacité
que de lumieres d'esprit et de goût. Les Peuples de
ces Provinces en sont charmez. Ils ont reconnu
1.Vol.
·
en
DECEMBRE. 1731. 2913
en lui la bonté du naturel, et les grandes qualitez
du Sang des Bourbons ; et ils ont témoigné leur
tendre zele , par les transports de joye et les acclamations
les plus éclatantes.
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Résumé : LETTRE écrite de Montpellier le 2 Decembre 1731. contenant le détail du voyage de DON CARLOS, depuis Perpignan jusqu'à Montpellier.
La lettre du 2 décembre 1731 relate le voyage de l'Infant Don Carlos depuis Perpignan jusqu'à Montpellier. Don Carlos arriva à Perpignan le 27 novembre et entra en Languedoc le 29 novembre. À son arrivée aux Cabanes de Fitou, il fut accueilli par le Marquis de la Fare et l'Intendant de la Province, M. de Bernage de Saint-Maurice. Il baptisa une enfant née la veille et fit des dons au père et au curé. Après avoir dîné sur place, il poursuivit son voyage jusqu'à Sigean, où il arriva de nuit. Le lendemain, il se rendit à Narbonne, où il fut reçu par les Consuls et les autorités locales. Il visita ensuite Béziers, Pezenas, et Loupian, où il chassa et fut accueilli par les autorités locales. Le 2 décembre, il arriva à Montpellier et logea à la Maison du Roy. Il reçut les compliments des autorités locales et des corps constitués. La suite de l'Infant, composée d'environ 250 personnes et 1000 chevaux et mulets, était en bon état malgré la longue route. Don Carlos est décrit comme un prince affable, populaire et généreux, apprécié par les populations locales. Il prévoit de continuer son voyage vers Nîmes, Tarascon, Marseille, Toulon, et Antibes.
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