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Liste
1
p. 2740-2741
Prise de possession de S. Jean de Latran.
Début :
Le 19. Novembre, le Pape se rendit le matin du Palais du Quirinal à celui du Vatican [...]
Mots clefs :
Pape, Cardinaux, Cérémonie, Officiers, Chevaux, Trône, Vatican
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texteReconnaissance textuelle : Prise de possession de S. Jean de Latran.
Prife de poffeffion de S. Jean de Latran.
L
E 19. Novembre , le Pape fe rendit le matin
du Palais du Quirinal à celui du Vatican,
où fa S. dîna. L'après midi , les Cardinaux , les
Prélats & les Seigneurs Romains qui avoient rang
dans la Cerémonie , s'y étant rendus , la marche
fe fit dans l'ordre fuivant, Un détachement des.
chevaux Legers de la Garde , habillés de drap
écarlatte galonné d'or , fortit du Palais , ayant à
fa tête le Marquis Caponi , Grand - Maréchal
des Logis du Pape . Il fut fuivi des Officiers de
la Chambre & de la livrée des Cardinaux , de
leurs Maffiers à cheval , de leurs Gentilshommes
& de la principale Nobleffe à cheval , ayant
livriée à fes cûtés .
fa
A quelque distance marchoient les bas Officiers
du Palais Apoftolique , la Haquenée du Pape couverte
d'un magnifique caparaçon , les litières de
S. S. fon Grand-Ecuyer , les Trompettes des Cheyaux
Legers de la Garde , les Cameriers extraor-
1. Vol dinaires
DECEMBRE. 1730 : 2741
dinaires , les Adjudans de la Chambre , les Avocats
Confiftoriaux , les Chapelains ordinaires , les
Chapelains Secrets , les Cameriers d'honneur de
Cape & d'Epée , les Cameriers d'honneur Ecclefiaftiques
, les Cameriers fecrets de Cape &
d'Epée , les Cameriers fecrets Écclefiaftiques , les
Abreviateurs , les Votans de la fignature 2. les
Clercs de la Chambre , les Auditeurs de Rote , le
Religieux Dominicain qui eft Maître du Palais
-Apoftolique, l'Ambaffadeur de laVille de Bologne,
le Prieur & les Confervateurs des Privileges du
Peuple Romain , le Connétable Colonne , Prince
du Soglio , le Gouverneur de Rome , les Maîtres
des Cerémonies Pontificales , M. Befonico , qui
étant le dernier des Auditeurs de Rote, portoit la
Croix au milieu de deux Acolites & marchoit
-immediatement devant le Pape , lequel étoit dans
un fauteuil de velours cramoifi , galonné d'or
porté fur un brancart par deux chevaux blancs ,
magnifiquement caparaçonnés . S.S. étoit entourée
de la Garde Suiffe , du refte de fa Compagnie,des
Chevaux Legers , de fes Pages , Coureurs, Palfre-
-niers , de deux Officiers portant des Ombrelles
-ou Parafols & de fes deux Maffiers à cheval. M.
Doria , Archevêque de Patraffo , Maître de la
Chambre du Pape , marchoit après S. S. au mi-
-lieu de deux Cameriers Secrets Affiftans. Il étoit
fuivi du Medecin , du Caudataire & du Maître de
la Garderobe du Pape , de deux Officiers de la
-bouche , avec leurs Cantines , du cheval que le
-Pape devoit monter , d'une chaife à porteurs , & de la Litière du Corps. Après ce Cortege marchoient
les Cardinaux
Barberin , Sous - Doyen du
Sacré College , Albani de S. Clement , Zondodari
, Belluga de S. Mathieu , Querini , Lercari , Caraffe , Borghefe , Cibo , Altieri , Alexandre
Albani, del Giudice & Rufpoli ; ils étoient fuivis
1. Vol.
I dés
2742 MERCURE DE FRANCE
des Patriarches, Archevêques &Evêques affiftans du
Trône, de l'Auditeur de S. S. & du Tréforier de
la Chambre Apoftolique. M.NeriCorfini, neveu du
Pape , marchoit au milieu des deux plus anciens
Protonotaires Apoftoliques , qui étoient fuivis des
autres Protonotaires , des Evêques non affiftans
des Referendaires des deux fignatures , des chevaux
de main & du Caroffe de S. S. devant lequel
étoient deux Trompettes de la Garde , de la Com.
pagnie des Cuiraffiers , de huit Compagnies d'Infanterie
, Enfeignes déployées , qui fe rangerent
en bataille dans la Place de S. Jean de Latran.
Le Pape étant arrivé au Capitole qui étoit tapiffé
de Velours cramoifi , avec des Crépines &
Galons d'or , le Marquis Marie Franchipani ,
en longue robbe de Sénateur , de toile d'or , accompagné
de fes Collegues , des Officiers du Capitole
, & affifté de deux Maîtres de cérémonies,
vint recevoir le Pape & lui rendre l'obédience au
nom du Sénat & du Peuple Romain. Son Difcours
fut reçû tres - favorablement de S. S. qui y
répondit en peu de mots.
>
Elle continua fa marche vers l'Arc de Triomphe
de Septime Severe, & quand on fût à une petite
diftance de celui de Tité, on trouva un autre
Arc de Triomphe , nouvellement érigé , fuivant
qu'il fe pratique en pareille cérémonie, par les Ordres
du Sereniff. Duc de Parme & de Plaiſance.
Cet Arc dont l'élevation, le gout, les riches ornemens
attirerent les regards de tous les connoiffeurs
, fut applaudi du Pape même , qui en marqua
une particuliere fatisfaction. On voyoit fur
la principale face deux grandes Statues dans des
Niches , l'une à droite, reprefentant la Charité
avec cette Infcription : Videant Pauperes &
latentur ; l'autre à gauche , fymbole de la Juftice
, avec ces mots : Juftitia ejus manet . Sur le
>
1. Velo milieu
DECEMBRE. 1730. 2743
milieu du comble de tout l'Edifice étoit pofé
entre deux Renommées , un grand Cartouche ,
contenant les Armes du Pape : avec cette Infcri
ption : CLEMENTI XII . P. O. M. genere virtutibus
praftantiffimo , Magno, Chriftiana Reipublica
bono & gaudio. Antonius Farnefius
Parma & Plac, Dux P. On lifoit cette autre Inf
cription fur la face oppofée , où les Armes du
Pape , foutenues par deux Renommées , étoient
encore répétées : AD ECCLESIAM OMNIUM
MATREM exoptatiffimi Principis iter , urbe
borbe plaudentibus , obfequentiffimè veneratur
Antonius Farnefius Parma & Plac. Dux. Il
feroit trop long de rapporter icy les autres Emblêmes
& Devifes qui ornoient toutes les parties
de ce Monument. Elles étoient toutes d'une heureufe
application & tirées pour la plupart de l'E
criture.Nous fommes auffi obligez de paffer fous
filence les autres magnificences du Duc de Parme
dans cette grande Fête. Elles brillerent fur tout
à la Façade du Jardin Farneſe , qui étoit fur la
même route , ainfi que l'Arc de Tite , à travers
duquel le Pape paffa,& le quartier des Juifs .L'Arc
de Tite étoit décoré de plufieurs Emblêmes, Devifes
, Infcriptions , &c. & on y lifoit fur divers
Rouleaux des Elegies latines à la gloire de S. S.
Le Pape fut reçû à l'entrée du Portail de l'Eglife
de S. Jean de Latran par le Card. Ottoboni
qui en eft Archiprêtre, à la tête du Chapitre.Etant
entré dans l'Eglife , ce Cardinal lui apporta la
Croix à baifer ; après quoi S. S. alla s'affeoir
fur fon Trône , préparé fous le Portique , qui
étoit tapiffé de brocard d'or & de damas. Elle y
prit les habits Pontificaux blancs & fa Mitre; alors
le Card. Ottoboni lui prefenta dans un Baffin
d'or deux Cefs , l'une d'or & l'autre d'argent.
Cette Cérémonie fut fuivie d'un Difcours latin
1. Vol. I ij très2744
MERCURE DE FRANCE
tres - éloquent que lui fit le même Cardinal ; après.
lequel les Cardinaux , les Patriarches , les Archevêques
& les Evêques qui s'étoient revêtus de
leurs habits Pontificaux dans une Salle à côté dụ
Portique , vinrent baifer les pieds du Pape ; cérémonie
qui fut enfuite obfervée par tous les Chanoines
, à chacun defquels le Tréforier de la
Chambre Apoftolique donna une Médaille d'argent.
Le Pape defcendit de fon Trône , précédé
de la Croix , des Cardinaux & des differens Or- .
dres de Prélature . Il entra dans l'Eglife donnant
l'Eau-benite à tous les affiftans. On lifoit deux
Infcriptions , l'une en dedans de la principale
Porte , & l'autre en dehors. La premiere contenoit
ce qui fuit , Ingredere, Sanctiffime Pater ,
exultantem adventu tuo comple&ere fponfam
Ecclefiarum Matrem que virtutis tua fulgoribus
illuftrata depofuit viduitatis infigne ut
novo tuorum latetur meritorum triumpho . Induit
fe veftimentis jucunditatis fua , Clementia
tua prafidio fulta nullos post hac fecura
pavebit incurfus . Pontifex pietate &munificentia
Optime , Maxime , diù vivas foelix aterno
Ecclefia decori , Corfinorum gloria perpe ,
tuo augmento. Publicè Urbis & Orbis Patri.
L'autre Infcription étoit en ces termes : Vox po
puli de Civitate , vox de Templo . Ecce venit defideratus
Gentibus fructus honoris quem dede-.
runtflores. CLEMENS XII. PONT. MAX.
occurrere latanti & facienti juftitiam . Lateranenfis
Ecclefia exultans clama magnum principium
, femita jufti recta eft , ofculate pedes ;
attolle portas ingredietur cuftodiens veritatem;
implebit Templum Majeftate nova. Parafii folium
, videbis Regem in decore fuc. Lorfque S.S.
fut arrivée dans le Choeur , elle y entonna le Te
Deum , après lequel elle fe rendit à fon Trône
I. Vol. élevé
DECEMBRE . 1730. 2743
élevé à côté du Grand Autel , où elle reçut l'obé
dience des Cardinaux qui lui baiferent la main, &
qui reçurent chacun une Médaille d'or & une
d'argent. Enfuite le Pape fut porté proceffionellement
à la grande Loge du Portail , où il donna
fa Benediction au peuple au fon des Timbales &
des Trompettes & au bruit d'une décharge gene
tale des Boëtes qui étoient rangées dans la Place.
Après la cérémonie , le Pape retourna en Chaife
à Porteurs au Palais du Quirinal.
Le foir , toute la Façade du Capitole fut ma
gnifiquement illuminée , ainfi que tous les Palais
de la Ville, & Pon fit plufieurs décharges de l'Ar
tillerie du Château S. Ange. A l'occafion de cette
cérémonie , le Pape a fait diftribuer du pain
toutes les pauvres familles , & diminuer confidérablement
le prix de la viande .
L
E 19. Novembre , le Pape fe rendit le matin
du Palais du Quirinal à celui du Vatican,
où fa S. dîna. L'après midi , les Cardinaux , les
Prélats & les Seigneurs Romains qui avoient rang
dans la Cerémonie , s'y étant rendus , la marche
fe fit dans l'ordre fuivant, Un détachement des.
chevaux Legers de la Garde , habillés de drap
écarlatte galonné d'or , fortit du Palais , ayant à
fa tête le Marquis Caponi , Grand - Maréchal
des Logis du Pape . Il fut fuivi des Officiers de
la Chambre & de la livrée des Cardinaux , de
leurs Maffiers à cheval , de leurs Gentilshommes
& de la principale Nobleffe à cheval , ayant
livriée à fes cûtés .
fa
A quelque distance marchoient les bas Officiers
du Palais Apoftolique , la Haquenée du Pape couverte
d'un magnifique caparaçon , les litières de
S. S. fon Grand-Ecuyer , les Trompettes des Cheyaux
Legers de la Garde , les Cameriers extraor-
1. Vol dinaires
DECEMBRE. 1730 : 2741
dinaires , les Adjudans de la Chambre , les Avocats
Confiftoriaux , les Chapelains ordinaires , les
Chapelains Secrets , les Cameriers d'honneur de
Cape & d'Epée , les Cameriers d'honneur Ecclefiaftiques
, les Cameriers fecrets de Cape &
d'Epée , les Cameriers fecrets Écclefiaftiques , les
Abreviateurs , les Votans de la fignature 2. les
Clercs de la Chambre , les Auditeurs de Rote , le
Religieux Dominicain qui eft Maître du Palais
-Apoftolique, l'Ambaffadeur de laVille de Bologne,
le Prieur & les Confervateurs des Privileges du
Peuple Romain , le Connétable Colonne , Prince
du Soglio , le Gouverneur de Rome , les Maîtres
des Cerémonies Pontificales , M. Befonico , qui
étant le dernier des Auditeurs de Rote, portoit la
Croix au milieu de deux Acolites & marchoit
-immediatement devant le Pape , lequel étoit dans
un fauteuil de velours cramoifi , galonné d'or
porté fur un brancart par deux chevaux blancs ,
magnifiquement caparaçonnés . S.S. étoit entourée
de la Garde Suiffe , du refte de fa Compagnie,des
Chevaux Legers , de fes Pages , Coureurs, Palfre-
-niers , de deux Officiers portant des Ombrelles
-ou Parafols & de fes deux Maffiers à cheval. M.
Doria , Archevêque de Patraffo , Maître de la
Chambre du Pape , marchoit après S. S. au mi-
-lieu de deux Cameriers Secrets Affiftans. Il étoit
fuivi du Medecin , du Caudataire & du Maître de
la Garderobe du Pape , de deux Officiers de la
-bouche , avec leurs Cantines , du cheval que le
-Pape devoit monter , d'une chaife à porteurs , & de la Litière du Corps. Après ce Cortege marchoient
les Cardinaux
Barberin , Sous - Doyen du
Sacré College , Albani de S. Clement , Zondodari
, Belluga de S. Mathieu , Querini , Lercari , Caraffe , Borghefe , Cibo , Altieri , Alexandre
Albani, del Giudice & Rufpoli ; ils étoient fuivis
1. Vol.
I dés
2742 MERCURE DE FRANCE
des Patriarches, Archevêques &Evêques affiftans du
Trône, de l'Auditeur de S. S. & du Tréforier de
la Chambre Apoftolique. M.NeriCorfini, neveu du
Pape , marchoit au milieu des deux plus anciens
Protonotaires Apoftoliques , qui étoient fuivis des
autres Protonotaires , des Evêques non affiftans
des Referendaires des deux fignatures , des chevaux
de main & du Caroffe de S. S. devant lequel
étoient deux Trompettes de la Garde , de la Com.
pagnie des Cuiraffiers , de huit Compagnies d'Infanterie
, Enfeignes déployées , qui fe rangerent
en bataille dans la Place de S. Jean de Latran.
Le Pape étant arrivé au Capitole qui étoit tapiffé
de Velours cramoifi , avec des Crépines &
Galons d'or , le Marquis Marie Franchipani ,
en longue robbe de Sénateur , de toile d'or , accompagné
de fes Collegues , des Officiers du Capitole
, & affifté de deux Maîtres de cérémonies,
vint recevoir le Pape & lui rendre l'obédience au
nom du Sénat & du Peuple Romain. Son Difcours
fut reçû tres - favorablement de S. S. qui y
répondit en peu de mots.
>
Elle continua fa marche vers l'Arc de Triomphe
de Septime Severe, & quand on fût à une petite
diftance de celui de Tité, on trouva un autre
Arc de Triomphe , nouvellement érigé , fuivant
qu'il fe pratique en pareille cérémonie, par les Ordres
du Sereniff. Duc de Parme & de Plaiſance.
Cet Arc dont l'élevation, le gout, les riches ornemens
attirerent les regards de tous les connoiffeurs
, fut applaudi du Pape même , qui en marqua
une particuliere fatisfaction. On voyoit fur
la principale face deux grandes Statues dans des
Niches , l'une à droite, reprefentant la Charité
avec cette Infcription : Videant Pauperes &
latentur ; l'autre à gauche , fymbole de la Juftice
, avec ces mots : Juftitia ejus manet . Sur le
>
1. Velo milieu
DECEMBRE. 1730. 2743
milieu du comble de tout l'Edifice étoit pofé
entre deux Renommées , un grand Cartouche ,
contenant les Armes du Pape : avec cette Infcri
ption : CLEMENTI XII . P. O. M. genere virtutibus
praftantiffimo , Magno, Chriftiana Reipublica
bono & gaudio. Antonius Farnefius
Parma & Plac, Dux P. On lifoit cette autre Inf
cription fur la face oppofée , où les Armes du
Pape , foutenues par deux Renommées , étoient
encore répétées : AD ECCLESIAM OMNIUM
MATREM exoptatiffimi Principis iter , urbe
borbe plaudentibus , obfequentiffimè veneratur
Antonius Farnefius Parma & Plac. Dux. Il
feroit trop long de rapporter icy les autres Emblêmes
& Devifes qui ornoient toutes les parties
de ce Monument. Elles étoient toutes d'une heureufe
application & tirées pour la plupart de l'E
criture.Nous fommes auffi obligez de paffer fous
filence les autres magnificences du Duc de Parme
dans cette grande Fête. Elles brillerent fur tout
à la Façade du Jardin Farneſe , qui étoit fur la
même route , ainfi que l'Arc de Tite , à travers
duquel le Pape paffa,& le quartier des Juifs .L'Arc
de Tite étoit décoré de plufieurs Emblêmes, Devifes
, Infcriptions , &c. & on y lifoit fur divers
Rouleaux des Elegies latines à la gloire de S. S.
Le Pape fut reçû à l'entrée du Portail de l'Eglife
de S. Jean de Latran par le Card. Ottoboni
qui en eft Archiprêtre, à la tête du Chapitre.Etant
entré dans l'Eglife , ce Cardinal lui apporta la
Croix à baifer ; après quoi S. S. alla s'affeoir
fur fon Trône , préparé fous le Portique , qui
étoit tapiffé de brocard d'or & de damas. Elle y
prit les habits Pontificaux blancs & fa Mitre; alors
le Card. Ottoboni lui prefenta dans un Baffin
d'or deux Cefs , l'une d'or & l'autre d'argent.
Cette Cérémonie fut fuivie d'un Difcours latin
1. Vol. I ij très2744
MERCURE DE FRANCE
tres - éloquent que lui fit le même Cardinal ; après.
lequel les Cardinaux , les Patriarches , les Archevêques
& les Evêques qui s'étoient revêtus de
leurs habits Pontificaux dans une Salle à côté dụ
Portique , vinrent baifer les pieds du Pape ; cérémonie
qui fut enfuite obfervée par tous les Chanoines
, à chacun defquels le Tréforier de la
Chambre Apoftolique donna une Médaille d'argent.
Le Pape defcendit de fon Trône , précédé
de la Croix , des Cardinaux & des differens Or- .
dres de Prélature . Il entra dans l'Eglife donnant
l'Eau-benite à tous les affiftans. On lifoit deux
Infcriptions , l'une en dedans de la principale
Porte , & l'autre en dehors. La premiere contenoit
ce qui fuit , Ingredere, Sanctiffime Pater ,
exultantem adventu tuo comple&ere fponfam
Ecclefiarum Matrem que virtutis tua fulgoribus
illuftrata depofuit viduitatis infigne ut
novo tuorum latetur meritorum triumpho . Induit
fe veftimentis jucunditatis fua , Clementia
tua prafidio fulta nullos post hac fecura
pavebit incurfus . Pontifex pietate &munificentia
Optime , Maxime , diù vivas foelix aterno
Ecclefia decori , Corfinorum gloria perpe ,
tuo augmento. Publicè Urbis & Orbis Patri.
L'autre Infcription étoit en ces termes : Vox po
puli de Civitate , vox de Templo . Ecce venit defideratus
Gentibus fructus honoris quem dede-.
runtflores. CLEMENS XII. PONT. MAX.
occurrere latanti & facienti juftitiam . Lateranenfis
Ecclefia exultans clama magnum principium
, femita jufti recta eft , ofculate pedes ;
attolle portas ingredietur cuftodiens veritatem;
implebit Templum Majeftate nova. Parafii folium
, videbis Regem in decore fuc. Lorfque S.S.
fut arrivée dans le Choeur , elle y entonna le Te
Deum , après lequel elle fe rendit à fon Trône
I. Vol. élevé
DECEMBRE . 1730. 2743
élevé à côté du Grand Autel , où elle reçut l'obé
dience des Cardinaux qui lui baiferent la main, &
qui reçurent chacun une Médaille d'or & une
d'argent. Enfuite le Pape fut porté proceffionellement
à la grande Loge du Portail , où il donna
fa Benediction au peuple au fon des Timbales &
des Trompettes & au bruit d'une décharge gene
tale des Boëtes qui étoient rangées dans la Place.
Après la cérémonie , le Pape retourna en Chaife
à Porteurs au Palais du Quirinal.
Le foir , toute la Façade du Capitole fut ma
gnifiquement illuminée , ainfi que tous les Palais
de la Ville, & Pon fit plufieurs décharges de l'Ar
tillerie du Château S. Ange. A l'occafion de cette
cérémonie , le Pape a fait diftribuer du pain
toutes les pauvres familles , & diminuer confidérablement
le prix de la viande .
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Résumé : Prise de possession de S. Jean de Latran.
Le 19 novembre, le Pape effectua un déplacement du Palais du Quirinal au Palais du Vatican. L'après-midi, une procession cérémonielle fut organisée, incluant divers dignitaires et membres de la cour pontificale. Le cortège comprenait des détachements de la Garde, des officiers de la Chambre, des gentilshommes et des nobles. Le Pape était transporté dans un fauteuil de velours cramoisi sur un brancard tiré par deux chevaux blancs, entouré par la Garde suisse, des pages et des trompettes. Les cardinaux, patriarches, archevêques et évêques suivaient derrière. La procession traversa plusieurs arcs de triomphe, dont un nouvellement érigé par le Duc de Parme, orné de statues et d'inscriptions. Au Capitole, le Pape fut accueilli par le Marquis Franchipani, qui lui rendit hommage au nom du Sénat et du peuple romain. La procession continua jusqu'à l'église Saint-Jean-de-Latran, où le Pape fut reçu par le Cardinal Ottoboni. Après avoir revêtu les habits pontificaux et écouté un discours en latin, le Pape donna la bénédiction au peuple. La cérémonie se conclut par des illuminations et des salves d'artillerie. Le lendemain, le Pape distribua du pain aux pauvres familles et réduisit le prix de la viande.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 2720-2733
ORDRE de la Marche du Grand Seigneur, de Constantinople à Scutary, le 3. Août 1730.
Début :
Le résultat de plusieurs Conseils tenus à la Porte, depuis l'arrivée de l'Ambassadeur de [...]
Mots clefs :
Constantinople, Cheval, Chevaux, Argent, Armes, Chef, Officiers, Sultan, Lieutenant, Compagnie, Trésorier, Cavalier, Cavalerie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ORDRE de la Marche du Grand Seigneur, de Constantinople à Scutary, le 3. Août 1730.
ORDRE de la Marche du Grand Seigneur,
de Conftantinople à Scutary ,
·le 3. Août 1730.
E réſultat de plufieurs Confeils tenus à la
9
Pambaffadeur
Chah - Thamas , ayant été de continuer la guerre
contre les Perfans , le Grand Seigneur fe détermina
à paffer en Afie , & à faire marcher le G. Vizir
à la tête de fes Troupes. Pour cet effet on
marqua le lieu d'affemblée dans la Campagne
entre Calcedoine & Scutary , derriere un Serrail
du Sultan : fes Tentes y furent dreffées & les Etendarts
à queue de Cheval, au nombre de 20. portez
& arborez avec beaucoup de pompe & de ceremonie
, fuivant l'ufage en pareille occafion.
*
Le 3. Août , le G. S. accompagné du G. V. du
Mufty , des Pachas & de fes autres principaux
Miniftres & Officiers , alla à 8. heures du matin
faire fa priere à la Mofquée d'Ajoub, dans le fond
du Port où le Mufty lui çeignit l'épée de la mê-
* L'Etendart à queue de Cheval ou le Toug,
comme les Turcs l'appellent , efl formé par une
groffe longue Pique , pour ceux qui le portent
à pied , par une plus petite pour ceux
qui le portent à cheval , au haut de laquelle eft
une boule de vermeil , & au- dessous un peu
plus bas , tout autour d'un bourrelet de bois doré
font attachez les crins d'une queuë de Cheval,
ordinairement teints de differentes couleurs,
I. Vol. me
DECEMBRE. 1730. 2721
me maniere qu'il fe pratique à l'avenement d'un
Sultan à l'Empire , ce qui tient lieu de Couronnement.
Cette cerémonie achevée , le G. S. revint
au Serrail , d'où peu après il s'embarqua avec les
Princes fes fils , le G. V. les Pachas & autres Miniftres
, fur la Galere du Capitan Pacha , dite la
Patrone Imperiale , magnifique ment pavoifée ;
il arriva à Scutary , vers le midi , au bruit du
Canon de la Galere qu'il montoit , & d'une autre
fur laquelle étoient les Pages & quelques -uns de
fes Officiers. Dès qu'il eut mis pied à terre , il
alla à une des principales Mofquées de la Ville où
il demeura plus d'une demie heure à prier Dieu
fur le Tombeau de fa mere qui y eft inhumée ;
enfuite montant à cheval il pourfuivit fa route
jufqu'à fon Serrail de Calcedoine , où il a toûjours
demeuré depuis avec fes Sultanes favorites
qui l'y vinrent joindre le même jour , n'étant
allé fous fes Tentes que quand il y a eu Grand-
Divan ou Confeil extraordinaire .
Quoique tous ceux qui devoient accompagner
le Sultan , fe fuffent mis en marche de grand
matin , les derniers cependant n'arriverent au
Camp qu'à plus de quatre heures après midi ; ce
n'eft pas que le Cortege de Sa Hauteffe , tout
nombreux qu'il étoit , n'eût du employer beaumoins
de temps à faire ce chemin qui n'eft
que d'environ une lieuë & demie , mais c'eſt que
faute d'âffez de terrain à la Marine , & de bon or -
dre pour mettre à propos chacun en mouvement,
à quoi les Turcs ne paroiffent gueres s'entendre ,
la Marche étoit fouvent interrompuë ; de forte
coup
* On remarque que c'est la premiere fois de
fa vie qu'il est venu à ce Serrail , quoique le
lieu foit fort agréable , & qu'il n'y ait pas une
demie heure de trajet de Mer à paffer.
Hiij qu'il 1. Vol.
2722 MERCURE DE FRANCE
qu'il s'écouloit quelquefois une demie heure fans
que perfonne bougeât , à cela près il n'y eut ni
foule ni confufion furtout de la part des Spectateurs
, quoiqu'en très- grand nombre , & il n'arriva
pas le moindre defordre , & depuis l'Echelle
où l'on débarque à Scutary jufqu'aux Pavillons
du G. S. les rues & la Campagne étoient bordées
de part & d'autre d'une haye de gens fous les armes,
fçavoir , de Janniffaires à droit & de Topdgis
& Gebedgis ou Canoniers &Armuriers à
che.
gau
Un peu avant que la Marche s'ouvrit , so . Chiaoux
des Janniffaires , pafferent , & après eux en differens
temps , la plus grande partie des principaux
Officiers de cette Milice , comme des Tchorbadgis
ou Capitaines , le Bach- Chiaoux ou le
Sergent Major, Le Sanffoudgi - Bachi. Chef
de ceux qui ont le foin des Levriers ou grands
Chiens du Sultan . Le Zagardgi - Bachi , à qui font
confiez les Dogues , les Epagneuls & autres
Chiens pour la Chaffe du fufil. Le Bach - Yazidgi
ou premier Secretaire des Janiffaires. L'Affas- Bachi
, qui a le foin de la Police , & le Sou- Bachi ,
qui eft le Prévôt de Conftantinople . Le Kiaya-
Bey , autrement nommé le Koul- Kiayaffy , ou le
Lieutenant General de ce Corps. Le Janiffaire,
Aga , ou le General des Janniffaires , & plufieurs
lefquels prirent tous les devants
cevoir Sa Hauteffe au Camp , ou parce que quelques
fonctions particulieres les empêchoient de
fe trouver à la Marche.
autres , pour
re-
Maiſon & Suite du G. V. fçavoir , 70. Tartares
à cheval , marchant deux à deux , ayant leur
Tartar- Agaffy ou Commandant à leur tête , leur
Drapeau blanc déployé , & armez chacun d'un
Sabie, de Piftolets d'Arçon , d'Arcs & de Fleches
Les Tartares font les Couriers du G. V.
I. Vol. Les
DECEMBRE. 1730. 2723
Les 4 Chefs des Gnululis & des Delis , qui
font des efpeces de Cavaliers ou Dragons volontaires
, tirez la plupart de l'Albanie & de la Bofnie
, & qui font une partie de la Garde à Cheval
du G. V.
Une Compagnie de Gnunulis , marchant fur
une ligne à la droite & une de Delis , marchant
´de même à la gauche ; il y avoit encore quelques
Dragons d'une autre forte , mêlez parmi ces deux
Compagnies.
Beaucoup de Divans Tchaoux ou Huiffiers du
Confeil à cheval fur deux lignes , & en Muderedgé,
c'eft- à-dire en grand Bonnet de ceremonie
, étroit par en bas , fort large au fommet
, haut d'un pied & demi , & tout couvert
d'une Mouffeline pliée autour.
Deux Tougilars ou Officiers portant chacun un
Etendart 2à queue de Cheval , fuivi de 4. Sangiactars
ou Porte- Enfeignes , portant les Sangiaks
ou Drapeaux des Pachas ; celui du G. V.
étoit verd , les autres de diverfes couleurs , & ils
étoient pliez tous quatre.
100. tant Vizirs- Agaffy , que Tcheknegirs ou
Mutaferikas , fort bien vétus & montez ; ils
avoient pour armes l'Arc & des Fleches dorées
dans des Carquois de cuivre ou couverts de ve→
lours , le tout relevé d'une riche broderie .
Les Ghedikluzaims , forte d'Officiers de Cavaferie
, qui poffedent les plus confiderables Ziamets
ou Fiefs de l'Empire.
Les Muderris ou Profeffeurs qui enfeignent
P'Alcoran , la Medecine , les Langues Arabe &
Perfane , & qui afpirent aux Charges de Judicature.
Les Moullahs , Grands -Juges ou Juges Souverains
dans les Provinces , en Turban rond , d'une
grofleur démefurée.
I. Vole
Hiiij 300.
2724 MERCURE DE FRANCE
300. Yazidgis du Kalem , Effendis ou Codgeas;
ee font differentes efpeces de Commis & d'Ecrivains
du Divan de la Chancellerie & des Tréſors.
Une Compagnie de Janniffaires en habit de
guerre , le fufil fur l'épaule.
L'Imbrohor , ou Grand- Ecuyer.
36. Chevaux de main , dont 7. entre autres
plus beaux & plus fuperbement harnachez que le
refte , portoient des Boucliers d'airain argenté
chargez d'ornemens d'or,& attachez à la Selle du
côté hors du montoir.
Le Capidgilar- Buluk- Bachi , ou Chef de Brigade
des Capidgis ou Portiers , entouré de beaucoup
de Choadars , ou -Porte - Manteau , le Moufquet
fur l'épaule.
Le Telkitchi , efpece de Meffager qui porte les
Billets & dans de certaines occafions les Avis de
bouche du G. V. au G. S.
Le Mectupchi ou Secretaire du Cabinet du G.V.
Le Buyuk & le Cutchuk- Teskeredgi , ou le
Grand & le Petit Greffier , qui expedient les ordres
du G. V. au Divan , & écoutent , accompagnez
du Chiaoux - Bachi , les plaintes & les Procès
des Particuliers.
La Compagnie du Muzur- Aga , ou d'Halebardiers
du G. V. marchant deux à deux, & fuivis
de leur Capitaine. Ils ont pour arme une demi
pique de bois noir ornée d'une bande
d'argent d'un pouce de large, qui tourne tout autour
en Spirale du bas en haut.
>
Le Kiaya du G. V. autrement dit le Vizir
Kiayaffi , il avoit un Arc & un Carquois fuperbes
, une petite Garde de Janniffaires & environ
100. Choadars à pied , le Moufquet fur l'épaule
& le Sabre au coté.
Le Hafnadar ou Tréforier , & l'Imam ou Aumônier
, avec l'Arc & le Carquois , & beaucoup
de Valets armez.
DECEMBRE . 1730. 2725
100. Itch Agalars ou Pages , marchant deux à
deux en fort bon ordre , & montez fur des Chevaux
d'une grande beauté , magnifiquement harnachez
& caparaçonnez à la Romaine; ils avoient
pour armes offenfives, le Sabre , les Piſtolets d'Arçon
, l'Arc & la Mildrac ou Lance Hongroife ,
qui n'eft qu'une demi Pique , & pour armes deffenfives
, une Cotte de Mailles à demi manches ,
qui leur defcendoit jufqu'aux genoux ; des Braſfarts
d'acier poli & damafquiné , dont leur avant
bras étoit couvert en dehors jufqu'au conde , &
de Mail.es en dedans ; une Calotte du même acier
leur tenoit lieu de Turban ; il en pendoit un petit
Raiſeau de Mailles pour leur garantir le cou &
& les joues & autour de cette Calotte une longue
Seffe ou écharpe de Soye de differentes couleurs ,
étoit entortillée & ajustée avec beaucoup de grace
; ils portoient outre cela un Kerekié au Manteau
long d'étoffe de Soye leger , à fleurs d'or &
d'argent, qui leur paffoit en écharpe de deffus l'épaule
gauche fous le bras droit , & dont les bouts
toient nouez par derriere à un Carquois de velours
en broderie , rempli de Fleches dorées .
Il y avoit un grand nombre de gens très - bien
faits , tant parmi ces Cavaliers , que parmi ceux
dont on va parler , & le tout enfemble for moit
une Troupe d'un air auffi lefte que martial.
100. autres Itch- Agalars en pareil équipage
que les précedens , excepté qu'au lieu de la Lance,
ils portoient la Carabine haute, dont la monture,
quoique d'un travail fort imparfait, ne laiffoit pas
de produire un effet très - brillant par la riche
marqueterie d'or , d'argent , de Nacre de Perle ,
de Corail & d'autres Joyaux dont elle étoit toute
couverte .
de
La Mufique guerriere du G. V. compofée de
40. Muficiens à cheval , tant Trompettes,
I. Vel.
plus
Hv Haut
2726 MERCURE DE FRANCE
Hautbois , Cimbales, que Tabours , petites Timbales
& autres Inftrumens du Pays. Marchoit
après la Maiſon & Sunte du Vizir Kiayaffy , fça.
voir , 22. Agas , Gentils - hommes Courtifans ou
Servans, bien montez, fort leftes & en bon ordre..
L'Imbrohor ou Ecuyer.
7. Chevaux de main , auffi beaux & auffi fu
perbement harnachez que ceux du G. V. à l'exception
qu'ils n'avoient ni peaux de Tigre , ni
Boucliers à la Selle . Il n'a pas droit de faire mener
un plus grand nombre de Chevaux, non- plus
que les Pachas. Le G. V. en fait mener tant qu'il
yeut.
avec la Carabine.
30. Itch-Agalars , avec l'Arc & le Carquois..
30. autres avec la Lance Hongroife. Et 30. autres
Le Kiaya ou l'Intendant du Vizir Kiayaffy &
le Kiatib ou Secretaire du Kiaya.
Le Hafnadar ou Tréforier & beaucoup d'au
tres Officiers & Domestiques..
Maifon & Suite particuliere du G. S.
200. Zaims ou Cavaliers rentez , c'eft- à- dire
qui poffedent des Ziamets ou Fiefs , entourez de
leurs Domestiques à pied armez.
60. Tant Effendis que Kiatibleri , Secretaires ,
Ecrivains ou Commis de la Chancellerie & du
Tréfor , en même équipage que les Zaims.
130. Eulemas ou Docteurs , coeffez de prodigieux
Turbans , & portant la Peliffe à longues.
manches fendues & pendantes
4. heiks ou Chefs d'Ordres Religieux..
4. Toygilars ou Porte- Ltendarts à queue de
Cheval, fuivis de 7. Bairactars ou Porte - Enfeignes,
portant chacun un Drapeau plié de diverfes couleurs.
Le G. S. a fix de ces Queues , mais on n'en
portoit que 4. les autres étoient au Camp pour
I. Vol.
marDECEMBRE
. 1730. 2727
marquer les Tentes de Sa Hauteffe.
6. Longs Sacqs de cuir rouge , pliffez & liez en
bourfe par en bas & par en haut à une grande
Pique qui les traverſe , renfermant des Bâtons pour
donner la baftonade , fupplice fort ordinaire &
qu'on inflge pour peu de chofe chez les Turcs .
Ces Sacqs portez font des marques d'autorité &
de fouveraineté .
&
Le fecond Hafnadar ou fecond Tréforier ,
le Tefter Eminy ou Controlleur . Le Hafnadar
Aga ou premier Tréforier du Serrail , qui eft un
Eunuque noir , étoit abſent.
Le Hekim- Bachi ou Premier Medecin , & le
Dgeack- Bachi ou Premier Chirurgien.
L'Ordi - Cadiffy , ou l'Intendant & le Juge des
Corps de Métiers & des Marchands . Il fait les
fonctions de Grand Prévôt à l'armée .
2. Anciens Iftambol- Effendy ou Lieutenans Ge
neraux de l'olice de Conftantinople.
Le Defterdar ou le Grand - Tréforier , qui après
le G. V. eft . auffi Sur - Intendant des Finances
marchant à la droite , & le Reys Effendi , Secretaire
d'Etat , marchant à la gauche. La Charge de
Reys- Effendi répond à peu près à celle de Chanceliér
en France.
Le Bach- Baki Koulon ou Chef des Receveurs
qui pourfuivent le payement des fommes dues au
Tréfor.
L'Iftambol- Effendy ou le Lieutenant General
de Police actuel , & le Nakib- Echeref, ou le Chef
des Emirs , defcendans de Mahomet.
20. Anciens Kadileskers ou Juges fuprêmes
d'Anatolie & de Komelie , en gros Turban , à la
tête defquels marchoient les deux Unkiar- Imams,"
ou le premier & le fecond Aumônier du G. Ş .
Les deux Kadileskiers qui font actuellement en
charge ; celui d'Anatolie marchant à la droite &
I. Vol.
H vj celui
2728 MERCURE DE FRANCE
celui de Romelie à la gauche ; ils étoient armez
d'Arcs & de Fleches & environnez de beaucoup
de Choadars.
4.Pachas ouVizirs à trois queues,marchant deux
deux précedez de leurs Eftafiers , ils portoient le
Turban nommé Calevi , fait à 4. coins ronds .
comme le font communément nos Mortiers à
piler ; ils étoient fuperbes en tout , & avoient
chacun plus de 4. Choadars , fort proprement
vétus & bien armez .
Le Mufti ou le premier Miniſtre de la Loy &
l'Oracle de la Religion parmi les Turcs en habit
blanc de Camelot , armé d'un Sabre , d'un
Arc & d'un Carquois , comme accompagnant le
G. S. à la guerre contre des Heretiques. Il marchoit
feul , entouré d'une vingtaine de Valets de
Pied , le Moufquet fur l'épaule.
*
Le G. V. appellé par les Turcs Vizir- Azem ,
qui fignifie le Chef du Confeil , & Muhur- Sahibi,
qui veut dire le Maître du Sceau , fon Cheval
étoit couvert de harnois d'argent , enrichis de
Pierres précieuſes. Ses Tufekchis ou Moufquetaires
& fes 8 Eftafiers le précedoient à pied, il étoit
entouré d'un grand nombre d'autres Domestiques
à pied, & fuivi de 4.Tchorbadgis de Janiffaires avec
le Bonnet de Ceremonie en grand plumage , il regardoit
de côté & d'autre affablement & jettoit de
temps en temps des Sequins au Peuple , fur tout
où il appercevoit des Etrangers.
24. Capidgis- Bachis , ou Chefs des Portiers du
Serrail ; ce font des Gentilshommes de la Chambre
, il y en a toûjours un de garde à la porte
des Appartemens de S. H. Ils introduifent à fon
* Cachet d'or où le nom du G. S. éft gravé.
S.H. le donne à celui qu'elle fait G. V. & le lui
ête quand il est tombé dans fa disgrace.
I, Vol. AuDECEMBRE.
1730. 2729
D
Audience les Ambaffadeurs & tous ceux qu'on y
admet en les prenant fous les bras ; ils ne paffent
jamais à de plus grandes Charges, & n'ont que
3.1. 15. .. par jour , mais on les envoye porter les.
ordres du Sultan au Vizir & Pachas dont ils font
quelquefois chargez d'apporter la tête , & ces fortes
de commiflions les dédommagent de la modicité
de leurs appointemens.
Le Buyuk Imbrohor , ou Grand-Ecuyer , & le
Kutchub Imbrohor , ou petit Ecuyer ; le premier
a l'inſpection fur tous les Chevaux , Chameaux,
Mulets &c. & le fecond qui eft le Lieutenant du
premier , fur les Coches , Caroffes , Litieres &c.
& marche devant la Sultane Valité , ou mere du
G. S. quand elle monte en Carroffe.
48. Chevaux de main ; fçavoir , 14. couverts
de houffes trainantes , les unes de drap , les autres
d'etoffes de foye relevées en broderie d'or &
d'argent.
10. autres auffi en houffes de drap trainantes
mais chargées d'ornemens faits de petites plaques.
en boffe d'argent ou d'or maffif , appliquées fur
le drap.
15. autres à houffes courtes de velours cramoifi
, brodées d'or & d'argent , avec un riche
bouclier attaché à la felle.
9. autres dont les houffes , les harnois & les
boucliers étoient couverts de perles & de pierres
précieuſes.
30. de ces Chevaux portoient des bouquets de
plumes fur la tête accompagnés d'enfeignes de
pierres précieufes , & de deffous la gorge , ik
pendoit un toupet de crin blanc , ou teint de diverfes
couleurs , avec une boule de vermeil au
bout. Une écharpe de gaze , de moire ou d'autre
étoffe de foye , mêlée d'or & d'argent s'entortiloít
legerement autour de ce toupet , & for-
1. Vel mang
2730 MERCURE DE FRANCE
mant une espece de fefton , fe retrouffoit à la
*felle qui avoit l'accompagnement ordinaire d'une
Maffe , d'une hache d'Armes , & d'un grand fabre
, le tout bien garni de pierreries. Il eft certain
qu'on ne peut gueres rien voir de plus fuperbe
en ce genre que ces 48. Chevaux de main
& leurs harnois .
Quelques Salabors , ou Ecuyers Cavalcadours,
fuivis par des redekchis , des Saratches & des
Seis , trois claffes differentes de Palfreniers.
6. Dogues & 6. autres Chiens pour la Chaffe
au fufil , peints en differens endroits de leur corps
& menés chacun en leffe par deux Boftandgis.
·Le Selam Agaffy , ou le Chef des Selam-
Chiaoux , ou Chiaoux du falut , & le Capidgilar
Kiayaffy , ou le Lieutenant des Portiers , qui fait
les fonctions de Maître des Cerémonies , & d'Introducteur
de tous ceux qui vont à l'audience du
Sultan.
Le Sandgiak Cherif , ou l'Etendart verd que
Mahomet donna lui-même aux Muſulmans ; il
étoit plié & enveloppé dans une longue bourfe
de taffetas verd ; un Emir , qui eft l'Alemdar , out
le Lieutenant du Nakib Echref , ou Chef des
Emirs , le portoit , entouré de beaucoup d'au
tres Emirs , tous , foi - difant , de la famille du
Prophete , & fuivis de plufieurs Dervichs ou Religieux
, ainfi que d'autres perfonnes qui deffervent
les Mofquées , chantant tous des Hymnes
pour la profperité des Armes du Sultan , la propagation
de la Foi Mufulmane Orthodoxe , &
la deftruction des Perfans Herétiques Sectateurs
d'Aly.
Un grand Caroffe fort bien doré par tout >
tant en dedans qu'en dehors , tiré par fix Chevaux
blancs dont les houffes & les harnois
étoient de velours cramoifi , brodé d'or ; il por-
2.
J. Vol.
toir
DECEMBRE. 1730. 2731
toit une petite caffette d'argent doré qui renfermoit
un Manufcrit de l'Alcoran & une boëte
d'argent ovale , dans laquelle étoit le Manteau
de Mahomet. C'est pour la premiere fois qu'on
a vû un Caroffe dans une Marche du G. S.
Le Solak- Bachi & le Peik Bachi ,
i, oules Commandans
des Solaks & des Peiks , ou petits Valets
de S. H. en habits magnifiques & en bonnets
de vermeils d'un pied de haut.
+6
& une 200. Selaks marchant deux à deux
Compagnie de Peiks , marchant de même dans.
l'interieur des deux lignes que formoient les Solaks
.
Le G. S entouré de s . Solaks à pied , portant
le Bonnet à haut & grand pannache , pour empêcher
, dit- on , qu'il ne foit va fi facilement du
peuple , & fuivi de 200. Chateirs , Boftandgis
Baltadgis & autres fortes de Domestiques à pied.
& bien armés . Le G. S. n'avoit pour tout orne→
ment guerrier qu'un Arc & un Carquois .
Les 6. Chah Jade , ou fils du G. S. armés
d'Arcs & de Carquois , marchant deux à deux
& environnés de leurs Gouverneurs , Officiers &
Domeftiques.
و
Le Selictar Aga , ou Porte- Epée de S. H. le.
Sabre du Sultan qu'il portoit éclatoit de pierreries
, & lui pendoit d'un Ceinturon paffé un baudrier.
Le Tehohadar Aga , ou Maître de la Garde
Robe , & Porte -Manteau du Sultan ; il portoir
fa Maffe d'Armes , & jettoit de fa part des poignées
de Paras au Peuple. Ce font de petites .
Piéces qui ne valent que 18. deniers.
2. Dulbent Agalar , ou Porte-Turban ; cha
cun d'eux en tenoit un dans fes mains , enveloppé
d'un taffetas verd fort clair , au travers du
quel brilloient de belles Enfeignes de diamans...
I. Vol.
2732 MERCURE DE FRANCE
4. Pages de l'Hafoda portant le Tabouret , l'Aiguiere
, le Sorbet & la Caffoletre de S. H.
Le Kiaya , ou Lieutenant du Kiflar- Aga , où
Second Chef des Eunuques Noirs , & le Capon-
Aga , ou Chef des Eunuques Blancs.
"
Une partie des Eunuques Noirs & des Eunuques
Blancs en cotte de mailles , le Pot en tête
avec le Sabre , l'Arc & le Carquois . Cette Troupe
n'étoit pas la moins curieufe de la Marche.
La Mufique Guerriere du G. S. composée de
plus de 60. perfonnes à cheval , excepté les Timbaliers
, montés fur des Chameaux.
2. Eunuques Blancs , à la tête de 30. Itch-
Agalars , ou Pages de l'Haf- oda , montés fur
des Chevaux Arabes ; ils étoient équipés comme
ceux dont on a ci- devant parlé , mais avec encore
plus de magnificence. Ils avoient un Kerckie
d'étoffe de foye jaune , une Echarpe ou Seſſe
rouge autour de leur calotte de fer , & pour armes
l'Arc & le Carquois.
2. Eunuques Blancs , fuivis de 30. Pages d'une
autre Chambre en Kerckie rouge , coeffure
blanche , & la lance ou demi- pique à la main .
Idem , fi ce n'eft que le Kerckté étoit verd &
la coëffure aurore.
Idem , en Kerckie couleur de rofe & coëffure
bleuë .
Idem , en Kerckie bleu , coëffure verd de mer ,
& portant la Carabine haute.
idem , en Kerckie verd celadon & coëffure
cramoifi .
>
2. Eunuques Blancs , & 20. Pages feulement ,
en Kerckie couleur de cerife , coëffure couleur
de citron , & avec la Carabine comme les deux
Brigades précedentes.
Et enfin quelques bas Officiers & Valets du
Sérail en foule qui fermoient la Marche.
I Vol Les
DECEMBRE. 1730. 2733
3
Les 6. Brigades d'Itch - Agalar dont on vient
de parler , formoient une Troupe veritablement
digne d'un grand Souverain , par la bonne mine
de la plupart des Cavaliers , la beauté des Chevaux
, la riche varieté , & le bon gout des habits
& des Equipages.
de Conftantinople à Scutary ,
·le 3. Août 1730.
E réſultat de plufieurs Confeils tenus à la
9
Pambaffadeur
Chah - Thamas , ayant été de continuer la guerre
contre les Perfans , le Grand Seigneur fe détermina
à paffer en Afie , & à faire marcher le G. Vizir
à la tête de fes Troupes. Pour cet effet on
marqua le lieu d'affemblée dans la Campagne
entre Calcedoine & Scutary , derriere un Serrail
du Sultan : fes Tentes y furent dreffées & les Etendarts
à queue de Cheval, au nombre de 20. portez
& arborez avec beaucoup de pompe & de ceremonie
, fuivant l'ufage en pareille occafion.
*
Le 3. Août , le G. S. accompagné du G. V. du
Mufty , des Pachas & de fes autres principaux
Miniftres & Officiers , alla à 8. heures du matin
faire fa priere à la Mofquée d'Ajoub, dans le fond
du Port où le Mufty lui çeignit l'épée de la mê-
* L'Etendart à queue de Cheval ou le Toug,
comme les Turcs l'appellent , efl formé par une
groffe longue Pique , pour ceux qui le portent
à pied , par une plus petite pour ceux
qui le portent à cheval , au haut de laquelle eft
une boule de vermeil , & au- dessous un peu
plus bas , tout autour d'un bourrelet de bois doré
font attachez les crins d'une queuë de Cheval,
ordinairement teints de differentes couleurs,
I. Vol. me
DECEMBRE. 1730. 2721
me maniere qu'il fe pratique à l'avenement d'un
Sultan à l'Empire , ce qui tient lieu de Couronnement.
Cette cerémonie achevée , le G. S. revint
au Serrail , d'où peu après il s'embarqua avec les
Princes fes fils , le G. V. les Pachas & autres Miniftres
, fur la Galere du Capitan Pacha , dite la
Patrone Imperiale , magnifique ment pavoifée ;
il arriva à Scutary , vers le midi , au bruit du
Canon de la Galere qu'il montoit , & d'une autre
fur laquelle étoient les Pages & quelques -uns de
fes Officiers. Dès qu'il eut mis pied à terre , il
alla à une des principales Mofquées de la Ville où
il demeura plus d'une demie heure à prier Dieu
fur le Tombeau de fa mere qui y eft inhumée ;
enfuite montant à cheval il pourfuivit fa route
jufqu'à fon Serrail de Calcedoine , où il a toûjours
demeuré depuis avec fes Sultanes favorites
qui l'y vinrent joindre le même jour , n'étant
allé fous fes Tentes que quand il y a eu Grand-
Divan ou Confeil extraordinaire .
Quoique tous ceux qui devoient accompagner
le Sultan , fe fuffent mis en marche de grand
matin , les derniers cependant n'arriverent au
Camp qu'à plus de quatre heures après midi ; ce
n'eft pas que le Cortege de Sa Hauteffe , tout
nombreux qu'il étoit , n'eût du employer beaumoins
de temps à faire ce chemin qui n'eft
que d'environ une lieuë & demie , mais c'eſt que
faute d'âffez de terrain à la Marine , & de bon or -
dre pour mettre à propos chacun en mouvement,
à quoi les Turcs ne paroiffent gueres s'entendre ,
la Marche étoit fouvent interrompuë ; de forte
coup
* On remarque que c'est la premiere fois de
fa vie qu'il est venu à ce Serrail , quoique le
lieu foit fort agréable , & qu'il n'y ait pas une
demie heure de trajet de Mer à paffer.
Hiij qu'il 1. Vol.
2722 MERCURE DE FRANCE
qu'il s'écouloit quelquefois une demie heure fans
que perfonne bougeât , à cela près il n'y eut ni
foule ni confufion furtout de la part des Spectateurs
, quoiqu'en très- grand nombre , & il n'arriva
pas le moindre defordre , & depuis l'Echelle
où l'on débarque à Scutary jufqu'aux Pavillons
du G. S. les rues & la Campagne étoient bordées
de part & d'autre d'une haye de gens fous les armes,
fçavoir , de Janniffaires à droit & de Topdgis
& Gebedgis ou Canoniers &Armuriers à
che.
gau
Un peu avant que la Marche s'ouvrit , so . Chiaoux
des Janniffaires , pafferent , & après eux en differens
temps , la plus grande partie des principaux
Officiers de cette Milice , comme des Tchorbadgis
ou Capitaines , le Bach- Chiaoux ou le
Sergent Major, Le Sanffoudgi - Bachi. Chef
de ceux qui ont le foin des Levriers ou grands
Chiens du Sultan . Le Zagardgi - Bachi , à qui font
confiez les Dogues , les Epagneuls & autres
Chiens pour la Chaffe du fufil. Le Bach - Yazidgi
ou premier Secretaire des Janiffaires. L'Affas- Bachi
, qui a le foin de la Police , & le Sou- Bachi ,
qui eft le Prévôt de Conftantinople . Le Kiaya-
Bey , autrement nommé le Koul- Kiayaffy , ou le
Lieutenant General de ce Corps. Le Janiffaire,
Aga , ou le General des Janniffaires , & plufieurs
lefquels prirent tous les devants
cevoir Sa Hauteffe au Camp , ou parce que quelques
fonctions particulieres les empêchoient de
fe trouver à la Marche.
autres , pour
re-
Maiſon & Suite du G. V. fçavoir , 70. Tartares
à cheval , marchant deux à deux , ayant leur
Tartar- Agaffy ou Commandant à leur tête , leur
Drapeau blanc déployé , & armez chacun d'un
Sabie, de Piftolets d'Arçon , d'Arcs & de Fleches
Les Tartares font les Couriers du G. V.
I. Vol. Les
DECEMBRE. 1730. 2723
Les 4 Chefs des Gnululis & des Delis , qui
font des efpeces de Cavaliers ou Dragons volontaires
, tirez la plupart de l'Albanie & de la Bofnie
, & qui font une partie de la Garde à Cheval
du G. V.
Une Compagnie de Gnunulis , marchant fur
une ligne à la droite & une de Delis , marchant
´de même à la gauche ; il y avoit encore quelques
Dragons d'une autre forte , mêlez parmi ces deux
Compagnies.
Beaucoup de Divans Tchaoux ou Huiffiers du
Confeil à cheval fur deux lignes , & en Muderedgé,
c'eft- à-dire en grand Bonnet de ceremonie
, étroit par en bas , fort large au fommet
, haut d'un pied & demi , & tout couvert
d'une Mouffeline pliée autour.
Deux Tougilars ou Officiers portant chacun un
Etendart 2à queue de Cheval , fuivi de 4. Sangiactars
ou Porte- Enfeignes , portant les Sangiaks
ou Drapeaux des Pachas ; celui du G. V.
étoit verd , les autres de diverfes couleurs , & ils
étoient pliez tous quatre.
100. tant Vizirs- Agaffy , que Tcheknegirs ou
Mutaferikas , fort bien vétus & montez ; ils
avoient pour armes l'Arc & des Fleches dorées
dans des Carquois de cuivre ou couverts de ve→
lours , le tout relevé d'une riche broderie .
Les Ghedikluzaims , forte d'Officiers de Cavaferie
, qui poffedent les plus confiderables Ziamets
ou Fiefs de l'Empire.
Les Muderris ou Profeffeurs qui enfeignent
P'Alcoran , la Medecine , les Langues Arabe &
Perfane , & qui afpirent aux Charges de Judicature.
Les Moullahs , Grands -Juges ou Juges Souverains
dans les Provinces , en Turban rond , d'une
grofleur démefurée.
I. Vole
Hiiij 300.
2724 MERCURE DE FRANCE
300. Yazidgis du Kalem , Effendis ou Codgeas;
ee font differentes efpeces de Commis & d'Ecrivains
du Divan de la Chancellerie & des Tréſors.
Une Compagnie de Janniffaires en habit de
guerre , le fufil fur l'épaule.
L'Imbrohor , ou Grand- Ecuyer.
36. Chevaux de main , dont 7. entre autres
plus beaux & plus fuperbement harnachez que le
refte , portoient des Boucliers d'airain argenté
chargez d'ornemens d'or,& attachez à la Selle du
côté hors du montoir.
Le Capidgilar- Buluk- Bachi , ou Chef de Brigade
des Capidgis ou Portiers , entouré de beaucoup
de Choadars , ou -Porte - Manteau , le Moufquet
fur l'épaule.
Le Telkitchi , efpece de Meffager qui porte les
Billets & dans de certaines occafions les Avis de
bouche du G. V. au G. S.
Le Mectupchi ou Secretaire du Cabinet du G.V.
Le Buyuk & le Cutchuk- Teskeredgi , ou le
Grand & le Petit Greffier , qui expedient les ordres
du G. V. au Divan , & écoutent , accompagnez
du Chiaoux - Bachi , les plaintes & les Procès
des Particuliers.
La Compagnie du Muzur- Aga , ou d'Halebardiers
du G. V. marchant deux à deux, & fuivis
de leur Capitaine. Ils ont pour arme une demi
pique de bois noir ornée d'une bande
d'argent d'un pouce de large, qui tourne tout autour
en Spirale du bas en haut.
>
Le Kiaya du G. V. autrement dit le Vizir
Kiayaffi , il avoit un Arc & un Carquois fuperbes
, une petite Garde de Janniffaires & environ
100. Choadars à pied , le Moufquet fur l'épaule
& le Sabre au coté.
Le Hafnadar ou Tréforier , & l'Imam ou Aumônier
, avec l'Arc & le Carquois , & beaucoup
de Valets armez.
DECEMBRE . 1730. 2725
100. Itch Agalars ou Pages , marchant deux à
deux en fort bon ordre , & montez fur des Chevaux
d'une grande beauté , magnifiquement harnachez
& caparaçonnez à la Romaine; ils avoient
pour armes offenfives, le Sabre , les Piſtolets d'Arçon
, l'Arc & la Mildrac ou Lance Hongroife ,
qui n'eft qu'une demi Pique , & pour armes deffenfives
, une Cotte de Mailles à demi manches ,
qui leur defcendoit jufqu'aux genoux ; des Braſfarts
d'acier poli & damafquiné , dont leur avant
bras étoit couvert en dehors jufqu'au conde , &
de Mail.es en dedans ; une Calotte du même acier
leur tenoit lieu de Turban ; il en pendoit un petit
Raiſeau de Mailles pour leur garantir le cou &
& les joues & autour de cette Calotte une longue
Seffe ou écharpe de Soye de differentes couleurs ,
étoit entortillée & ajustée avec beaucoup de grace
; ils portoient outre cela un Kerekié au Manteau
long d'étoffe de Soye leger , à fleurs d'or &
d'argent, qui leur paffoit en écharpe de deffus l'épaule
gauche fous le bras droit , & dont les bouts
toient nouez par derriere à un Carquois de velours
en broderie , rempli de Fleches dorées .
Il y avoit un grand nombre de gens très - bien
faits , tant parmi ces Cavaliers , que parmi ceux
dont on va parler , & le tout enfemble for moit
une Troupe d'un air auffi lefte que martial.
100. autres Itch- Agalars en pareil équipage
que les précedens , excepté qu'au lieu de la Lance,
ils portoient la Carabine haute, dont la monture,
quoique d'un travail fort imparfait, ne laiffoit pas
de produire un effet très - brillant par la riche
marqueterie d'or , d'argent , de Nacre de Perle ,
de Corail & d'autres Joyaux dont elle étoit toute
couverte .
de
La Mufique guerriere du G. V. compofée de
40. Muficiens à cheval , tant Trompettes,
I. Vel.
plus
Hv Haut
2726 MERCURE DE FRANCE
Hautbois , Cimbales, que Tabours , petites Timbales
& autres Inftrumens du Pays. Marchoit
après la Maiſon & Sunte du Vizir Kiayaffy , fça.
voir , 22. Agas , Gentils - hommes Courtifans ou
Servans, bien montez, fort leftes & en bon ordre..
L'Imbrohor ou Ecuyer.
7. Chevaux de main , auffi beaux & auffi fu
perbement harnachez que ceux du G. V. à l'exception
qu'ils n'avoient ni peaux de Tigre , ni
Boucliers à la Selle . Il n'a pas droit de faire mener
un plus grand nombre de Chevaux, non- plus
que les Pachas. Le G. V. en fait mener tant qu'il
yeut.
avec la Carabine.
30. Itch-Agalars , avec l'Arc & le Carquois..
30. autres avec la Lance Hongroife. Et 30. autres
Le Kiaya ou l'Intendant du Vizir Kiayaffy &
le Kiatib ou Secretaire du Kiaya.
Le Hafnadar ou Tréforier & beaucoup d'au
tres Officiers & Domestiques..
Maifon & Suite particuliere du G. S.
200. Zaims ou Cavaliers rentez , c'eft- à- dire
qui poffedent des Ziamets ou Fiefs , entourez de
leurs Domestiques à pied armez.
60. Tant Effendis que Kiatibleri , Secretaires ,
Ecrivains ou Commis de la Chancellerie & du
Tréfor , en même équipage que les Zaims.
130. Eulemas ou Docteurs , coeffez de prodigieux
Turbans , & portant la Peliffe à longues.
manches fendues & pendantes
4. heiks ou Chefs d'Ordres Religieux..
4. Toygilars ou Porte- Ltendarts à queue de
Cheval, fuivis de 7. Bairactars ou Porte - Enfeignes,
portant chacun un Drapeau plié de diverfes couleurs.
Le G. S. a fix de ces Queues , mais on n'en
portoit que 4. les autres étoient au Camp pour
I. Vol.
marDECEMBRE
. 1730. 2727
marquer les Tentes de Sa Hauteffe.
6. Longs Sacqs de cuir rouge , pliffez & liez en
bourfe par en bas & par en haut à une grande
Pique qui les traverſe , renfermant des Bâtons pour
donner la baftonade , fupplice fort ordinaire &
qu'on inflge pour peu de chofe chez les Turcs .
Ces Sacqs portez font des marques d'autorité &
de fouveraineté .
&
Le fecond Hafnadar ou fecond Tréforier ,
le Tefter Eminy ou Controlleur . Le Hafnadar
Aga ou premier Tréforier du Serrail , qui eft un
Eunuque noir , étoit abſent.
Le Hekim- Bachi ou Premier Medecin , & le
Dgeack- Bachi ou Premier Chirurgien.
L'Ordi - Cadiffy , ou l'Intendant & le Juge des
Corps de Métiers & des Marchands . Il fait les
fonctions de Grand Prévôt à l'armée .
2. Anciens Iftambol- Effendy ou Lieutenans Ge
neraux de l'olice de Conftantinople.
Le Defterdar ou le Grand - Tréforier , qui après
le G. V. eft . auffi Sur - Intendant des Finances
marchant à la droite , & le Reys Effendi , Secretaire
d'Etat , marchant à la gauche. La Charge de
Reys- Effendi répond à peu près à celle de Chanceliér
en France.
Le Bach- Baki Koulon ou Chef des Receveurs
qui pourfuivent le payement des fommes dues au
Tréfor.
L'Iftambol- Effendy ou le Lieutenant General
de Police actuel , & le Nakib- Echeref, ou le Chef
des Emirs , defcendans de Mahomet.
20. Anciens Kadileskers ou Juges fuprêmes
d'Anatolie & de Komelie , en gros Turban , à la
tête defquels marchoient les deux Unkiar- Imams,"
ou le premier & le fecond Aumônier du G. Ş .
Les deux Kadileskiers qui font actuellement en
charge ; celui d'Anatolie marchant à la droite &
I. Vol.
H vj celui
2728 MERCURE DE FRANCE
celui de Romelie à la gauche ; ils étoient armez
d'Arcs & de Fleches & environnez de beaucoup
de Choadars.
4.Pachas ouVizirs à trois queues,marchant deux
deux précedez de leurs Eftafiers , ils portoient le
Turban nommé Calevi , fait à 4. coins ronds .
comme le font communément nos Mortiers à
piler ; ils étoient fuperbes en tout , & avoient
chacun plus de 4. Choadars , fort proprement
vétus & bien armez .
Le Mufti ou le premier Miniſtre de la Loy &
l'Oracle de la Religion parmi les Turcs en habit
blanc de Camelot , armé d'un Sabre , d'un
Arc & d'un Carquois , comme accompagnant le
G. S. à la guerre contre des Heretiques. Il marchoit
feul , entouré d'une vingtaine de Valets de
Pied , le Moufquet fur l'épaule.
*
Le G. V. appellé par les Turcs Vizir- Azem ,
qui fignifie le Chef du Confeil , & Muhur- Sahibi,
qui veut dire le Maître du Sceau , fon Cheval
étoit couvert de harnois d'argent , enrichis de
Pierres précieuſes. Ses Tufekchis ou Moufquetaires
& fes 8 Eftafiers le précedoient à pied, il étoit
entouré d'un grand nombre d'autres Domestiques
à pied, & fuivi de 4.Tchorbadgis de Janiffaires avec
le Bonnet de Ceremonie en grand plumage , il regardoit
de côté & d'autre affablement & jettoit de
temps en temps des Sequins au Peuple , fur tout
où il appercevoit des Etrangers.
24. Capidgis- Bachis , ou Chefs des Portiers du
Serrail ; ce font des Gentilshommes de la Chambre
, il y en a toûjours un de garde à la porte
des Appartemens de S. H. Ils introduifent à fon
* Cachet d'or où le nom du G. S. éft gravé.
S.H. le donne à celui qu'elle fait G. V. & le lui
ête quand il est tombé dans fa disgrace.
I, Vol. AuDECEMBRE.
1730. 2729
D
Audience les Ambaffadeurs & tous ceux qu'on y
admet en les prenant fous les bras ; ils ne paffent
jamais à de plus grandes Charges, & n'ont que
3.1. 15. .. par jour , mais on les envoye porter les.
ordres du Sultan au Vizir & Pachas dont ils font
quelquefois chargez d'apporter la tête , & ces fortes
de commiflions les dédommagent de la modicité
de leurs appointemens.
Le Buyuk Imbrohor , ou Grand-Ecuyer , & le
Kutchub Imbrohor , ou petit Ecuyer ; le premier
a l'inſpection fur tous les Chevaux , Chameaux,
Mulets &c. & le fecond qui eft le Lieutenant du
premier , fur les Coches , Caroffes , Litieres &c.
& marche devant la Sultane Valité , ou mere du
G. S. quand elle monte en Carroffe.
48. Chevaux de main ; fçavoir , 14. couverts
de houffes trainantes , les unes de drap , les autres
d'etoffes de foye relevées en broderie d'or &
d'argent.
10. autres auffi en houffes de drap trainantes
mais chargées d'ornemens faits de petites plaques.
en boffe d'argent ou d'or maffif , appliquées fur
le drap.
15. autres à houffes courtes de velours cramoifi
, brodées d'or & d'argent , avec un riche
bouclier attaché à la felle.
9. autres dont les houffes , les harnois & les
boucliers étoient couverts de perles & de pierres
précieuſes.
30. de ces Chevaux portoient des bouquets de
plumes fur la tête accompagnés d'enfeignes de
pierres précieufes , & de deffous la gorge , ik
pendoit un toupet de crin blanc , ou teint de diverfes
couleurs , avec une boule de vermeil au
bout. Une écharpe de gaze , de moire ou d'autre
étoffe de foye , mêlée d'or & d'argent s'entortiloít
legerement autour de ce toupet , & for-
1. Vel mang
2730 MERCURE DE FRANCE
mant une espece de fefton , fe retrouffoit à la
*felle qui avoit l'accompagnement ordinaire d'une
Maffe , d'une hache d'Armes , & d'un grand fabre
, le tout bien garni de pierreries. Il eft certain
qu'on ne peut gueres rien voir de plus fuperbe
en ce genre que ces 48. Chevaux de main
& leurs harnois .
Quelques Salabors , ou Ecuyers Cavalcadours,
fuivis par des redekchis , des Saratches & des
Seis , trois claffes differentes de Palfreniers.
6. Dogues & 6. autres Chiens pour la Chaffe
au fufil , peints en differens endroits de leur corps
& menés chacun en leffe par deux Boftandgis.
·Le Selam Agaffy , ou le Chef des Selam-
Chiaoux , ou Chiaoux du falut , & le Capidgilar
Kiayaffy , ou le Lieutenant des Portiers , qui fait
les fonctions de Maître des Cerémonies , & d'Introducteur
de tous ceux qui vont à l'audience du
Sultan.
Le Sandgiak Cherif , ou l'Etendart verd que
Mahomet donna lui-même aux Muſulmans ; il
étoit plié & enveloppé dans une longue bourfe
de taffetas verd ; un Emir , qui eft l'Alemdar , out
le Lieutenant du Nakib Echref , ou Chef des
Emirs , le portoit , entouré de beaucoup d'au
tres Emirs , tous , foi - difant , de la famille du
Prophete , & fuivis de plufieurs Dervichs ou Religieux
, ainfi que d'autres perfonnes qui deffervent
les Mofquées , chantant tous des Hymnes
pour la profperité des Armes du Sultan , la propagation
de la Foi Mufulmane Orthodoxe , &
la deftruction des Perfans Herétiques Sectateurs
d'Aly.
Un grand Caroffe fort bien doré par tout >
tant en dedans qu'en dehors , tiré par fix Chevaux
blancs dont les houffes & les harnois
étoient de velours cramoifi , brodé d'or ; il por-
2.
J. Vol.
toir
DECEMBRE. 1730. 2731
toit une petite caffette d'argent doré qui renfermoit
un Manufcrit de l'Alcoran & une boëte
d'argent ovale , dans laquelle étoit le Manteau
de Mahomet. C'est pour la premiere fois qu'on
a vû un Caroffe dans une Marche du G. S.
Le Solak- Bachi & le Peik Bachi ,
i, oules Commandans
des Solaks & des Peiks , ou petits Valets
de S. H. en habits magnifiques & en bonnets
de vermeils d'un pied de haut.
+6
& une 200. Selaks marchant deux à deux
Compagnie de Peiks , marchant de même dans.
l'interieur des deux lignes que formoient les Solaks
.
Le G. S entouré de s . Solaks à pied , portant
le Bonnet à haut & grand pannache , pour empêcher
, dit- on , qu'il ne foit va fi facilement du
peuple , & fuivi de 200. Chateirs , Boftandgis
Baltadgis & autres fortes de Domestiques à pied.
& bien armés . Le G. S. n'avoit pour tout orne→
ment guerrier qu'un Arc & un Carquois .
Les 6. Chah Jade , ou fils du G. S. armés
d'Arcs & de Carquois , marchant deux à deux
& environnés de leurs Gouverneurs , Officiers &
Domeftiques.
و
Le Selictar Aga , ou Porte- Epée de S. H. le.
Sabre du Sultan qu'il portoit éclatoit de pierreries
, & lui pendoit d'un Ceinturon paffé un baudrier.
Le Tehohadar Aga , ou Maître de la Garde
Robe , & Porte -Manteau du Sultan ; il portoir
fa Maffe d'Armes , & jettoit de fa part des poignées
de Paras au Peuple. Ce font de petites .
Piéces qui ne valent que 18. deniers.
2. Dulbent Agalar , ou Porte-Turban ; cha
cun d'eux en tenoit un dans fes mains , enveloppé
d'un taffetas verd fort clair , au travers du
quel brilloient de belles Enfeignes de diamans...
I. Vol.
2732 MERCURE DE FRANCE
4. Pages de l'Hafoda portant le Tabouret , l'Aiguiere
, le Sorbet & la Caffoletre de S. H.
Le Kiaya , ou Lieutenant du Kiflar- Aga , où
Second Chef des Eunuques Noirs , & le Capon-
Aga , ou Chef des Eunuques Blancs.
"
Une partie des Eunuques Noirs & des Eunuques
Blancs en cotte de mailles , le Pot en tête
avec le Sabre , l'Arc & le Carquois . Cette Troupe
n'étoit pas la moins curieufe de la Marche.
La Mufique Guerriere du G. S. composée de
plus de 60. perfonnes à cheval , excepté les Timbaliers
, montés fur des Chameaux.
2. Eunuques Blancs , à la tête de 30. Itch-
Agalars , ou Pages de l'Haf- oda , montés fur
des Chevaux Arabes ; ils étoient équipés comme
ceux dont on a ci- devant parlé , mais avec encore
plus de magnificence. Ils avoient un Kerckie
d'étoffe de foye jaune , une Echarpe ou Seſſe
rouge autour de leur calotte de fer , & pour armes
l'Arc & le Carquois.
2. Eunuques Blancs , fuivis de 30. Pages d'une
autre Chambre en Kerckie rouge , coeffure
blanche , & la lance ou demi- pique à la main .
Idem , fi ce n'eft que le Kerckté étoit verd &
la coëffure aurore.
Idem , en Kerckie couleur de rofe & coëffure
bleuë .
Idem , en Kerckie bleu , coëffure verd de mer ,
& portant la Carabine haute.
idem , en Kerckie verd celadon & coëffure
cramoifi .
>
2. Eunuques Blancs , & 20. Pages feulement ,
en Kerckie couleur de cerife , coëffure couleur
de citron , & avec la Carabine comme les deux
Brigades précedentes.
Et enfin quelques bas Officiers & Valets du
Sérail en foule qui fermoient la Marche.
I Vol Les
DECEMBRE. 1730. 2733
3
Les 6. Brigades d'Itch - Agalar dont on vient
de parler , formoient une Troupe veritablement
digne d'un grand Souverain , par la bonne mine
de la plupart des Cavaliers , la beauté des Chevaux
, la riche varieté , & le bon gout des habits
& des Equipages.
Fermer
Résumé : ORDRE de la Marche du Grand Seigneur, de Constantinople à Scutary, le 3. Août 1730.
Le 3 août 1730, le Grand Seigneur de Constantinople décida de poursuivre la guerre contre les Persans et se prépara à partir en Asie, envoyant le Grand Vizir à la tête des troupes. Le lieu de rassemblement fut fixé entre Calcedoine et Scutary. Vingt étendards à queue de cheval furent dressés avec pompe et cérémonie. Le même jour, le Grand Seigneur, accompagné de dignitaires, se rendit à la mosquée d'Ajoub pour une prière. Le Mufty ceignit l'épée du Grand Seigneur, marquant ainsi son couronnement. Après cette cérémonie, le Grand Seigneur revint au serrail, s'embarqua sur la galère du Capitan Pacha et arriva à Scutary vers midi. Il pria ensuite sur le tombeau de sa mère et se dirigea vers son serrail de Calcedoine, où il resta avec ses sultanes favorites. La procession du Sultan, bien que nombreuse, rencontra des interruptions en raison du manque de terrain et de l'absence d'ordre. Malgré cela, il n'y eut ni foule ni confusion parmi les spectateurs. La marche fut organisée avec divers groupes, incluant des Jannissaires, des Tartares, des Gnululis et des Delis, des huissiers du conseil, des officiers de cavalerie, des professeurs, des juges, des écrivains du Divan, et des pages. Chaque groupe avait des rôles spécifiques et des équipements distincts. La procession comprenait également divers dignitaires, chacun reconnaissable par ses attributs et sa suite. Les Pachas ou Vizirs marchaient précédés de leurs Eftafiers. Le Mufti, premier ministre religieux, portait un habit blanc et des armes. Le Grand Vizir, appelé Vizir-Azem et Muhur-Sahibi, chevauchait un cheval richement harnaché. Le Sandgiak Cherif, étendard vert de Mahomet, était porté par un Emir, suivi de Derviches chantant des hymnes. Un carrosse doré transportait un manuscrit du Coran et le manteau de Mahomet. Le Sultan, entouré de Solaks et de domestiques, portait un arc et un carquois. Ses fils, les Chah Jade, étaient également armés et entourés de leurs gouvernants. La musique guerrière du Sultan, composée de plus de soixante personnes à cheval, fermait la marche, accompagnée de pages et d'eunuques richement vêtus. La procession se terminait par divers officiers et valets du Sérail. Après plusieurs heures de marche, le Grand Seigneur et sa suite arrivèrent au camp, marquant le début de la campagne militaire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 2733-2736
Suite des Nouvelles de Turquie.
Début :
Les Lettres de Syrie portent que le Pacha de Damas continuant de piller la Province, les [...]
Mots clefs :
Constantinople, Révolution, Sultan, Janissaires, Officiers
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texteReconnaissance textuelle : Suite des Nouvelles de Turquie.
Suite des Nouvelles de Turquie.
› Lamascondunt depiller la Province ,les
Es Lettres de Syrie portent que le Pacha de
Payfans s'étoient affemblés fous les ordres du
nommé Alayon , Chef d'une Troupe d'Arabes,
qu'ils avoient attaqué les Troupes du Pacha , les
avoient battuës , & les avoient forcées de fe retirer.
On mande de Conftantinople que le nouveau
Sultan Mamouth , fils de Muftapha , frere du
Sultan dépofé , étoit un Prince âgé de 34. ans ;
que les Janiffaires du Camp de Scutari ayant
appris le commencement de la révolution dont
on a parlé , & la nouvelle de la mort du G. V .:
en avoient fait de grandes réjouiflances ; qu'ils
avoient écrit à ceux de Conftantinople pour les
déterminer à la dépofition du Sultan Achmet
III. que ces Lettres ayant été luës dans la Place
d'Atmeidam avoient animé le Peuple qui paroiffoit
d'abord ne pas approuver la révolte , & qui
s'y porta enfuite avec fureur.
Des Lettres particulieres portent que le nouveau
Sultan avoit envoyé ordre aux Pachas de
la Morée , de la Dalmatie & de l'Albanie , de
fournir à Sa Hauteffe 12000. hommes pour le
mois de Mars prochain ; que les Hofpodars de
Valachie & de Moldavie devoient auf fournir
6000. chevaux.
On a appris par la
1.Vol.
voye de Venife que 4i
Octobre
le
2734 MERCURE DE FRANCÈ
Octobre dernier les Soulevés s'étant affemblés de
nouveau devant le Sérail , avoient demandé les
têtes du Mufti & de l'Aga des Janiffaires ; que
le nouveau Sultan ayant promis de les fatisfaire,
avoit envoyé fur le champ des Eunuques pour"
les étrangler dans leurs Maifons ; mais qu'ayant
eu le tems de s'échaper , ils avoient traversé le
Canal dans une Barque Etrangere ; que le Mufti
avoit été pourfuivi jufqu'au rivage par la populace
: que le même jour après midi les Soulevez
s'étoient rendus en grand nombre aux Priſons
communes qu'ils avoient fait ouvrir , & avoient
donné la liberté à tous les prifonniers : qu'ils
s'etoient tranfportés enfuite à l'Arfenal , & qu'ils
avoient mis en liberté les Forçats de cinq Galeres
qui étoient la plupart étrangers que te
foir ils avoient tiré du vieux Sérail la mere du
nouveau Sultan qui y avoit été renfermée lorfque
le Sultan Mustapha avoit été dépofé ; qu'ils
Pavoient conduite en triomphe au nouveau Sérail
, & l'avoient déclarée Sultane mere : que les
Soulevés de Conftantinople quitterent les armes
les . qu'ils cefferent de s'affembler tumultueufement
, & commencerent à travailler aux préparatifs
du Couronnement dù G. S. on rouvrit
ce jour là les Boutiques , & le calme fut entie
rement rétabli dans toute la Ville ; que le même
jour S. H. fit une promotion de fes Grands Officiers
, ayant caffé tous ceux qui étoient en place
fous le Sultan dépofé , & renouvellé entierement
le Divan , dont il n'y a eu que quatre ou cinq
Membres qui ayent été confervés.
au
Le 6. jour deftiné à la Cerémonie du Couronnement
, les Grands Officiers s'étant rendus
nouveau Sérail , les Ruës & les Places de la
Ville furent occupées par les Janiffaires , dont la
plus grande partie fut poftée fur le chemin qui
Is Vol.
conduit
DÉCEMBRE . 1730. 2735
sonduit du Sérail à la grande Mofquée ; ils y
formerent une double haye , & le Peuple étoit
rangé derriere eux . Au fignal donné par un coup
de Canon, le G.S.monta à Cheval, & fon Cortege
fe mit en marche ; S. H. étoit revêtue d'une Robe
&la tête couverte d'un Turban prefque entierement
couverts de pierreries. Ce Prince étant arrivé à la
Mofquée , le Mufti que le Sultan avoit nommé
fa veille , lui ceignit le Cimeterre & falua enfuite
le G. S. avec les cerémonies accoutumées.
S. H. à fon retour au Sérail fit de grandes largeffes
au peuple , & envoya des aumônes confiderables
aux Efclaves Chrétiens qui font fur
les Galeres.
•
Le 7. le G. S. reçut les refpects & le ferment
de fidelité des Grands Officiers de l'Empire , du
nouvel Aga & des autres Officiers des Janiffaires,
du Capitan Pacha & autres Officiers de Marine,
& des principaux Officiers du Camp de Scutari
qui étoient venus pour recevoir les ordres de
S. H. fur le départ de l'Armée. L'après - midi , le
G. S. tint un grand Divan , dans lequel il fut
réfolu , à ce qu'on affure , de faire la paix avec
les Perfans , & d'envoyer des pleins pouvoirs au
Pacha de Babilone pour traiter avec le Roi de
Perfe
Le 8. il y eut comme les deux jours précedens
des réjouiffances publiques dans toute la
Ville.
Le 9. le G. V. reçut les vifites des Miniftres
Etrangers , aufquels il offrit de faire reparer tout
le dommage qu'on pourroit leur avoir fait
pendant le foulevement. L'après- midi il y eut encore
un grand Divan , dans lequel on acheva de
regler les principales affaires de l'interieur de
l'Empire.
Le 10. il y eut un petit Divan pour nommer
I. Vol.
2736 MERCURE DE FRANCE
à divers Emplois qui n'avoient pas été remplis
les jours précedens , & que le G. S. donna par
préference à ceux qui fe font diftingués dans
les Troupes.
Le 11. le Corps des Janiffaires qui fe trouve
à Conftantinople , & qui n'auroit dû être que
de 40000. s'affembla fur la grande Place , & ſe
trouva monter à 70000. hommes , pour demander
une augmentation de paye que le G. S.
leur a fait promettre , ainfi qu'aux Topigis ou
Canoniers qui s'étoient auſſi aſſemblez au nombre
de près de 20000.
Le bruit court qu'on a trouvé dans l'Appartement
du Sultan dépofé 28000000. en efpeces
d'or , & près de 6000000. en efpeces d'argent ,
10000000. chez le G. V. & des fommes trèsconfiderables
chez le Mufti , le Capitan Pacha
le Capigi Aga & l'Aga des Janiffaires. On attend
la confirmation de toutes ces Nouvelles , qui
pourroient n'être pas exactes , par des Lettres de
Conftantinople.
› Lamascondunt depiller la Province ,les
Es Lettres de Syrie portent que le Pacha de
Payfans s'étoient affemblés fous les ordres du
nommé Alayon , Chef d'une Troupe d'Arabes,
qu'ils avoient attaqué les Troupes du Pacha , les
avoient battuës , & les avoient forcées de fe retirer.
On mande de Conftantinople que le nouveau
Sultan Mamouth , fils de Muftapha , frere du
Sultan dépofé , étoit un Prince âgé de 34. ans ;
que les Janiffaires du Camp de Scutari ayant
appris le commencement de la révolution dont
on a parlé , & la nouvelle de la mort du G. V .:
en avoient fait de grandes réjouiflances ; qu'ils
avoient écrit à ceux de Conftantinople pour les
déterminer à la dépofition du Sultan Achmet
III. que ces Lettres ayant été luës dans la Place
d'Atmeidam avoient animé le Peuple qui paroiffoit
d'abord ne pas approuver la révolte , & qui
s'y porta enfuite avec fureur.
Des Lettres particulieres portent que le nouveau
Sultan avoit envoyé ordre aux Pachas de
la Morée , de la Dalmatie & de l'Albanie , de
fournir à Sa Hauteffe 12000. hommes pour le
mois de Mars prochain ; que les Hofpodars de
Valachie & de Moldavie devoient auf fournir
6000. chevaux.
On a appris par la
1.Vol.
voye de Venife que 4i
Octobre
le
2734 MERCURE DE FRANCÈ
Octobre dernier les Soulevés s'étant affemblés de
nouveau devant le Sérail , avoient demandé les
têtes du Mufti & de l'Aga des Janiffaires ; que
le nouveau Sultan ayant promis de les fatisfaire,
avoit envoyé fur le champ des Eunuques pour"
les étrangler dans leurs Maifons ; mais qu'ayant
eu le tems de s'échaper , ils avoient traversé le
Canal dans une Barque Etrangere ; que le Mufti
avoit été pourfuivi jufqu'au rivage par la populace
: que le même jour après midi les Soulevez
s'étoient rendus en grand nombre aux Priſons
communes qu'ils avoient fait ouvrir , & avoient
donné la liberté à tous les prifonniers : qu'ils
s'etoient tranfportés enfuite à l'Arfenal , & qu'ils
avoient mis en liberté les Forçats de cinq Galeres
qui étoient la plupart étrangers que te
foir ils avoient tiré du vieux Sérail la mere du
nouveau Sultan qui y avoit été renfermée lorfque
le Sultan Mustapha avoit été dépofé ; qu'ils
Pavoient conduite en triomphe au nouveau Sérail
, & l'avoient déclarée Sultane mere : que les
Soulevés de Conftantinople quitterent les armes
les . qu'ils cefferent de s'affembler tumultueufement
, & commencerent à travailler aux préparatifs
du Couronnement dù G. S. on rouvrit
ce jour là les Boutiques , & le calme fut entie
rement rétabli dans toute la Ville ; que le même
jour S. H. fit une promotion de fes Grands Officiers
, ayant caffé tous ceux qui étoient en place
fous le Sultan dépofé , & renouvellé entierement
le Divan , dont il n'y a eu que quatre ou cinq
Membres qui ayent été confervés.
au
Le 6. jour deftiné à la Cerémonie du Couronnement
, les Grands Officiers s'étant rendus
nouveau Sérail , les Ruës & les Places de la
Ville furent occupées par les Janiffaires , dont la
plus grande partie fut poftée fur le chemin qui
Is Vol.
conduit
DÉCEMBRE . 1730. 2735
sonduit du Sérail à la grande Mofquée ; ils y
formerent une double haye , & le Peuple étoit
rangé derriere eux . Au fignal donné par un coup
de Canon, le G.S.monta à Cheval, & fon Cortege
fe mit en marche ; S. H. étoit revêtue d'une Robe
&la tête couverte d'un Turban prefque entierement
couverts de pierreries. Ce Prince étant arrivé à la
Mofquée , le Mufti que le Sultan avoit nommé
fa veille , lui ceignit le Cimeterre & falua enfuite
le G. S. avec les cerémonies accoutumées.
S. H. à fon retour au Sérail fit de grandes largeffes
au peuple , & envoya des aumônes confiderables
aux Efclaves Chrétiens qui font fur
les Galeres.
•
Le 7. le G. S. reçut les refpects & le ferment
de fidelité des Grands Officiers de l'Empire , du
nouvel Aga & des autres Officiers des Janiffaires,
du Capitan Pacha & autres Officiers de Marine,
& des principaux Officiers du Camp de Scutari
qui étoient venus pour recevoir les ordres de
S. H. fur le départ de l'Armée. L'après - midi , le
G. S. tint un grand Divan , dans lequel il fut
réfolu , à ce qu'on affure , de faire la paix avec
les Perfans , & d'envoyer des pleins pouvoirs au
Pacha de Babilone pour traiter avec le Roi de
Perfe
Le 8. il y eut comme les deux jours précedens
des réjouiffances publiques dans toute la
Ville.
Le 9. le G. V. reçut les vifites des Miniftres
Etrangers , aufquels il offrit de faire reparer tout
le dommage qu'on pourroit leur avoir fait
pendant le foulevement. L'après- midi il y eut encore
un grand Divan , dans lequel on acheva de
regler les principales affaires de l'interieur de
l'Empire.
Le 10. il y eut un petit Divan pour nommer
I. Vol.
2736 MERCURE DE FRANCE
à divers Emplois qui n'avoient pas été remplis
les jours précedens , & que le G. S. donna par
préference à ceux qui fe font diftingués dans
les Troupes.
Le 11. le Corps des Janiffaires qui fe trouve
à Conftantinople , & qui n'auroit dû être que
de 40000. s'affembla fur la grande Place , & ſe
trouva monter à 70000. hommes , pour demander
une augmentation de paye que le G. S.
leur a fait promettre , ainfi qu'aux Topigis ou
Canoniers qui s'étoient auſſi aſſemblez au nombre
de près de 20000.
Le bruit court qu'on a trouvé dans l'Appartement
du Sultan dépofé 28000000. en efpeces
d'or , & près de 6000000. en efpeces d'argent ,
10000000. chez le G. V. & des fommes trèsconfiderables
chez le Mufti , le Capitan Pacha
le Capigi Aga & l'Aga des Janiffaires. On attend
la confirmation de toutes ces Nouvelles , qui
pourroient n'être pas exactes , par des Lettres de
Conftantinople.
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Résumé : Suite des Nouvelles de Turquie.
Le texte décrit des événements politiques et militaires en Turquie et dans les provinces voisines. En Syrie, les troupes du Pacha ont été défaites par des Arabes dirigés par Alayon. À Constantinople, Mamouth, fils de Muftapha et frère du Sultan déchu, a pris le pouvoir à l'âge de 34 ans. Les Janissaires, après avoir appris la révolution et la mort du Grand Vizir, ont incité le peuple à se révolter contre le Sultan Achmet III. Le nouveau Sultan a ordonné aux Pachas de la Morée, de la Dalmatie et de l'Albanie de fournir 12 000 hommes, et aux Hospodars de Valachie et de Moldavie de fournir 6 000 chevaux. Le 27 octobre, les révoltés ont demandé les têtes du Mufti et de l'Aga des Janissaires, mais ceux-ci ont réussi à s'échapper. Les révoltés ont libéré les prisonniers et les forçats des galères, et ont déclaré la mère du nouveau Sultan comme Sultane mère. Le calme est revenu à Constantinople, et le nouveau Sultan a renouvelé le Divan et promu ses Grands Officiers. Le 6 décembre, la cérémonie du couronnement a eu lieu, suivie de largesses et d'aumônes. Les jours suivants, le Sultan a reçu les serments de fidélité des officiers et a tenu des Divans pour régler les affaires de l'Empire et nommer de nouveaux employés. Les Janissaires et les Topigis ont obtenu une augmentation de paie. Des rumeurs parlent de sommes importantes trouvées dans les appartements du Sultan déchu et de hauts dignitaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 2736-2737
RUSSIE.
Début :
Les Lettres de Derbent portent que le Roi de Perse avoit fait dire aux Commandans des [...]
Mots clefs :
Tsarine, Commandant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
RUSSIE.
LEs Roide
Es Lettres de Derbent portent que le Roi de
Troupes Mofcovites en Perfe qu'il obferveroit
exactement les Traités qu'il a conclus avec le
feu Czar Pierre I. & que fi les Marchands, Sujets
de la Czarine , vouloient aller négocier dans
fes Etats , il leur accorderoit tous les Paffeports
qu'ils demanderoient.
>
Les Ouvriers qu'on avoit envoyés dans les
Montagnes de la Georgie pour y travailler aux
Mines d'or & d'argent qu'on y a découvertes
n'en étoient pas encore revenus à Aftracant au
mois de Septembre dernier , & l'on a fçû que
I. Vel. n'étant
DECEMBRE. 1730. 2737
:
n'étant pas en affez grand nombre , ils n'avoient
pú faire fauter les Rochers qui couvrent ces
Mines comme on eft perfuadé qu'elles feront
d'un grand produit , parceque les fources qui
coulent de ces Montagnes entraînent un fable
très -chargé de paillittes d'or , on a réſolu de ne
point abandonner cette entrepriſe & d'y envoyer
encore deux cens homines , avec des provifions
en abondance,
Les Chefs des Cofaques venus à Moscou pour
fervir d'otages de la fidelité de leur Nation , ont
été renvoyés chez eux après avoir promis , avec
ferment, de ne prendre les armes qu'en faveur de
la Czarine , & de lui fournir 100000. hommes
en cas qu'elle fut obligée d'entrer en guerre avec
le Grand- Seigneur.
Le Commandant de Pultowa a écrit depuis que
les Cofaques , tant ceux qui font fous la protection
du G. S. que ceux qui fe font mis fous
celle de S. M. Cz. avoient eu ordre , fous peine
de mort , de prêter ferment de fidelité à S. H.
& d'envoyer à Conftantinople les arrerages échus
de leur tribut ordinaire.
â
On a dépeché un Courier au Commandant
dans l'Ukraine pour lui porter ordre d'empêcher
les Cofaques foumis à la Czarine d'executer les
ordres de la Porte , & de leur promettre toutes
fortes de fecours , en cas qu'on voulut les forcer
à prêter le ferment qu'on leur demande.
LEs Roide
Es Lettres de Derbent portent que le Roi de
Troupes Mofcovites en Perfe qu'il obferveroit
exactement les Traités qu'il a conclus avec le
feu Czar Pierre I. & que fi les Marchands, Sujets
de la Czarine , vouloient aller négocier dans
fes Etats , il leur accorderoit tous les Paffeports
qu'ils demanderoient.
>
Les Ouvriers qu'on avoit envoyés dans les
Montagnes de la Georgie pour y travailler aux
Mines d'or & d'argent qu'on y a découvertes
n'en étoient pas encore revenus à Aftracant au
mois de Septembre dernier , & l'on a fçû que
I. Vel. n'étant
DECEMBRE. 1730. 2737
:
n'étant pas en affez grand nombre , ils n'avoient
pú faire fauter les Rochers qui couvrent ces
Mines comme on eft perfuadé qu'elles feront
d'un grand produit , parceque les fources qui
coulent de ces Montagnes entraînent un fable
très -chargé de paillittes d'or , on a réſolu de ne
point abandonner cette entrepriſe & d'y envoyer
encore deux cens homines , avec des provifions
en abondance,
Les Chefs des Cofaques venus à Moscou pour
fervir d'otages de la fidelité de leur Nation , ont
été renvoyés chez eux après avoir promis , avec
ferment, de ne prendre les armes qu'en faveur de
la Czarine , & de lui fournir 100000. hommes
en cas qu'elle fut obligée d'entrer en guerre avec
le Grand- Seigneur.
Le Commandant de Pultowa a écrit depuis que
les Cofaques , tant ceux qui font fous la protection
du G. S. que ceux qui fe font mis fous
celle de S. M. Cz. avoient eu ordre , fous peine
de mort , de prêter ferment de fidelité à S. H.
& d'envoyer à Conftantinople les arrerages échus
de leur tribut ordinaire.
â
On a dépeché un Courier au Commandant
dans l'Ukraine pour lui porter ordre d'empêcher
les Cofaques foumis à la Czarine d'executer les
ordres de la Porte , & de leur promettre toutes
fortes de fecours , en cas qu'on voulut les forcer
à prêter le ferment qu'on leur demande.
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Résumé : RUSSIE.
En décembre 1730, plusieurs affaires politiques et économiques sont rapportées en Russie. Le roi de Perse s'engage à respecter les traités avec le tsar Pierre Ier et à délivrer des passeports aux marchands russes. En Géorgie, des ouvriers envoyés exploiter des mines d'or et d'argent n'étaient pas revenus à Astracan en septembre. En raison de leur faible nombre, ils n'avaient pas pu dégager les mines, mais 200 hommes supplémentaires avec des provisions abondantes doivent être envoyés. Les chefs cosaques à Moscou ont offert des otages pour prouver leur fidélité à la czarine et ont promis 100 000 hommes en cas de guerre avec le Grand Seigneur. Le commandant de Pultowa a signalé que les Cosaques, qu'ils soient sous la protection du Grand Seigneur ou de la czarine, avaient reçu l'ordre de prêter serment à la Sublime Porte et de payer les arriérés de leur tribut. Un courrier a été envoyé en Ukraine pour empêcher les Cosaques soumis à la czarine d'exécuter les ordres de la Porte et pour leur offrir des secours en cas de pression.
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5
p. 2737-2738
SUEDE.
Début :
Le College du Commerce de Stockolm a présenté une Requête au Roi pour le prier [...]
Mots clefs :
Roi de Suède, Commerce, Troupes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUEDE.
SUEDE,
Lfente the Reque au Roi pour le prier
d'envoyer en Efpagne un Miniftre chargé de
pleins pouvoirs pour y négocier un Traité de
Commerce , & obtenir la diminution des droits
1. Vol. qu'on
E College du Commerce de Stokolm a pré
2738 MERCURE DE FRANCE
qu'on leve dans les Ports d'Eſpagne fur les Mar.
chandifes qu'on y porte de ce Pays . Ce College
a même offert de faire les frais de l'Ambaffade.
Le 16. Novembre le Roi donna des ordres
pour que les Officiers qui commandent les Troupes
que S. M. Suedoife doit fournir aux Puiffances
alliées par le Traité de Seville , fe tinffent
prêtes à marcher. On a envoyé depuis dans le
Landgraviat de Heffe- Caffel une Ordonnance dụ
Roi , par laquelle il eft défendu à tous les Sujets
d'entrer au fervice d'aucune Puiffance Etrangere,
& ordonné à ceux qui y font actuellement de
revenir dans l'efpace de trois mois , à peine de
confifcation de leurs biens.
Lfente the Reque au Roi pour le prier
d'envoyer en Efpagne un Miniftre chargé de
pleins pouvoirs pour y négocier un Traité de
Commerce , & obtenir la diminution des droits
1. Vol. qu'on
E College du Commerce de Stokolm a pré
2738 MERCURE DE FRANCE
qu'on leve dans les Ports d'Eſpagne fur les Mar.
chandifes qu'on y porte de ce Pays . Ce College
a même offert de faire les frais de l'Ambaffade.
Le 16. Novembre le Roi donna des ordres
pour que les Officiers qui commandent les Troupes
que S. M. Suedoife doit fournir aux Puiffances
alliées par le Traité de Seville , fe tinffent
prêtes à marcher. On a envoyé depuis dans le
Landgraviat de Heffe- Caffel une Ordonnance dụ
Roi , par laquelle il eft défendu à tous les Sujets
d'entrer au fervice d'aucune Puiffance Etrangere,
& ordonné à ceux qui y font actuellement de
revenir dans l'efpace de trois mois , à peine de
confifcation de leurs biens.
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Résumé : SUEDE.
Le Collège du Commerce de Stockholm a demandé au roi de Suède d'envoyer un ministre en Espagne pour négocier un traité de commerce. Le roi a ordonné aux officiers suédois de préparer les troupes pour les puissances alliées selon le Traité de Séville. Une ordonnance royale interdit aux sujets suédois de s'engager au service de puissances étrangères.
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6
p. 2738
POLOGNE.
Début :
Le second Nonce d'Upita fit enregistrer au commencement du mois de Novembre dans [...]
Mots clefs :
Pologne, Protestation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
E fecond Nonce d'Upita fit enregistrer au
LEcommencement du mois de Novembre dans
le Greffe de Grodno une proteftation contre celle
de M. Marcinkiewits , fon Collegue , qui a été
caufe de la rupture de la Diette , prétendant qu'il
n'avoit pas d'ordre particulier de faire cette proteftation.
La Czarine craignant qu'à l'occafion des changemens
arrivés à Conftantinople , les Turcs ou
les Perfans , & peut- être ces deux Puiffances
enfemble , ne vinflent attaquer les Provinces que
le feu Czar Pierre I.a conquifes en Perfe, a ordonné
à fon Miniftre à la Cour de Pologne , de
propofer un renouvellement d'alliance avec la
République , & de ne plus folliciter de paffage
pour les 3000.0. hommes qu'elle dévoit fournir
à l'Empereur , & dont elle prévoit qu'elle peut
avoir béfoin pour La propre fûreté.
E fecond Nonce d'Upita fit enregistrer au
LEcommencement du mois de Novembre dans
le Greffe de Grodno une proteftation contre celle
de M. Marcinkiewits , fon Collegue , qui a été
caufe de la rupture de la Diette , prétendant qu'il
n'avoit pas d'ordre particulier de faire cette proteftation.
La Czarine craignant qu'à l'occafion des changemens
arrivés à Conftantinople , les Turcs ou
les Perfans , & peut- être ces deux Puiffances
enfemble , ne vinflent attaquer les Provinces que
le feu Czar Pierre I.a conquifes en Perfe, a ordonné
à fon Miniftre à la Cour de Pologne , de
propofer un renouvellement d'alliance avec la
République , & de ne plus folliciter de paffage
pour les 3000.0. hommes qu'elle dévoit fournir
à l'Empereur , & dont elle prévoit qu'elle peut
avoir béfoin pour La propre fûreté.
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Résumé : POLOGNE.
En Pologne, le nonce d'Upita a protesté contre M. Marcinkiewits pour la rupture de la Diète. La czarine, inquiète des changements à Constantinople, craignait une attaque turque ou persane. Elle a ordonné à son ministre en Pologne de renouveler l'alliance avec la République et de ne plus demander le passage des troupes polonaises destinées à l'empereur.
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7
p. 2739
ALLEMAGNE.
Début :
On a appris par les Lettres de Berlin que le Prince Royal de Prusse étoit rentré dans [...]
Mots clefs :
Lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE,
O
Na appris par les Lettres de Berlin que
le Prince Royal de Fruffe étoit rentré dans
les bonnes graces du Roi fon pere.
>
Les Lettres de Belgrade portent que les Pachas
de Widin , de Nizza & de Bofnie avoient été
arrêtés & conduits à Conftantinople , & que le
Pacha de la Morée ayant été foupçonné d'être
en intelligence avec la République de Venife
avoit été étranglé.
O
Na appris par les Lettres de Berlin que
le Prince Royal de Fruffe étoit rentré dans
les bonnes graces du Roi fon pere.
>
Les Lettres de Belgrade portent que les Pachas
de Widin , de Nizza & de Bofnie avoient été
arrêtés & conduits à Conftantinople , & que le
Pacha de la Morée ayant été foupçonné d'être
en intelligence avec la République de Venife
avoit été étranglé.
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8
p. 2739-2740
ITALIE.
Début :
On publia au commencement du mois dernier à Rome un Edit du Cardinal Camerlingue, [...]
Mots clefs :
Ordre, Cardinal, Diocèse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
2
N publia au commencement du mois derau
commencement din alclanderlingue
, portant deffenfe à toute perfonne , fans
exception , de porter fur les habits aucun galon
ou autres ornemens d'or & d'argent , excepté dans
les Villes de Rome , de Bologne & de Ferrare .
Le Cardinal Pignatelli ayant prié le Pape d'annuller
les conceflions accordées par le feu Pape
à plufieurs Seigneurs du Royaume de Naples de
garder le S. Sacrement dans leurs Chapelles domeftiques
, S. S. a donné ordre à la Congrégation
des Indulgences de fupprimer tous ces privileges
& plufieurs autres concernant tant les
Autels privilegiés que les Indulgences qu'on publie
dans diverfes Eglifes depuis le dernier Pontificat.
Le 9. Novembre vers les 3. heures après- midi,
il y eut à Rome un orage furieux , qui dura depuis
3. heures après-midi jufqu'à 10. heures du
foir. Le Tonnerre tomba dans le jardin du Duc
de Cefi & dans celui du Marquis Cavalieri , ou
1. Vol il
2740 MERCURE DE FRANCE
il renverfa plus de 30. toifes de muraille. Il tomba
auffi chez le Marquis Sacchetti , où il traverſa
une Salle dans laquelle il y avoit une affemblée
de Dames & de Cavaliers , aufquels il ne fit aucnn
mal . Vers le foir , il tomba ſur le Palais du
Prince de S. Martin dont il brûla ou gâta les plus
beaux tableaux.
Dans le Confiftoire du 22. du mois dernier ,
le Cardinal Ottoboni , Protecteur des affaires de
France , propofa l'Abbaye de Sainte Marie au
Vou de Cherbourg , Ordre de S. Auguſtin , Diocèfe
de Coutances , pour l'Abbé le Normand ; il
préconifa enfuite l'Abbé de la Vigerie pour celle
de S. Etienne de Baffac , Ordre de S. Benoît
Diocèfe de Saintes.
2
N publia au commencement du mois derau
commencement din alclanderlingue
, portant deffenfe à toute perfonne , fans
exception , de porter fur les habits aucun galon
ou autres ornemens d'or & d'argent , excepté dans
les Villes de Rome , de Bologne & de Ferrare .
Le Cardinal Pignatelli ayant prié le Pape d'annuller
les conceflions accordées par le feu Pape
à plufieurs Seigneurs du Royaume de Naples de
garder le S. Sacrement dans leurs Chapelles domeftiques
, S. S. a donné ordre à la Congrégation
des Indulgences de fupprimer tous ces privileges
& plufieurs autres concernant tant les
Autels privilegiés que les Indulgences qu'on publie
dans diverfes Eglifes depuis le dernier Pontificat.
Le 9. Novembre vers les 3. heures après- midi,
il y eut à Rome un orage furieux , qui dura depuis
3. heures après-midi jufqu'à 10. heures du
foir. Le Tonnerre tomba dans le jardin du Duc
de Cefi & dans celui du Marquis Cavalieri , ou
1. Vol il
2740 MERCURE DE FRANCE
il renverfa plus de 30. toifes de muraille. Il tomba
auffi chez le Marquis Sacchetti , où il traverſa
une Salle dans laquelle il y avoit une affemblée
de Dames & de Cavaliers , aufquels il ne fit aucnn
mal . Vers le foir , il tomba ſur le Palais du
Prince de S. Martin dont il brûla ou gâta les plus
beaux tableaux.
Dans le Confiftoire du 22. du mois dernier ,
le Cardinal Ottoboni , Protecteur des affaires de
France , propofa l'Abbaye de Sainte Marie au
Vou de Cherbourg , Ordre de S. Auguſtin , Diocèfe
de Coutances , pour l'Abbé le Normand ; il
préconifa enfuite l'Abbé de la Vigerie pour celle
de S. Etienne de Baffac , Ordre de S. Benoît
Diocèfe de Saintes.
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Résumé : ITALIE.
En novembre, un édit italien interdit le port d'ornements d'or et d'argent sur les habits, sauf à Rome, Bologne et Ferrare. Le cardinal Pignatelli demanda au pape d'annuler les concessions permettant à des seigneurs du Royaume de Naples de conserver le Saint-Sacrement dans leurs chapelles. Le pape ordonna la suppression de ces privilèges ainsi que ceux concernant les autels privilégiés et les indulgences publiées dans diverses églises. Le 9 novembre, un violent orage à Rome causa des dégâts dans les jardins du duc de Cefi, du marquis Cavalieri et du marquis Sacchetti, ainsi qu'au palais du prince de Saint-Martin. Lors du consistoire du 22 octobre, le cardinal Ottoboni proposa l'abbaye de Sainte-Marie au Val de Cherbourg pour l'abbé Le Normand et l'abbé de La Vigerie pour l'abbaye de Saint-Étienne de Bassa.
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9
p. 2745-2746
« On a appris par Livourne que les Troupes de la République de Génes s'étoient saisies de plusieurs [...] »
Début :
On a appris par Livourne que les Troupes de la République de Génes s'étoient saisies de plusieurs [...]
Mots clefs :
Gênes, Troupes, Rebelles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On a appris par Livourne que les Troupes de la République de Génes s'étoient saisies de plusieurs [...] »
On a appris par Livourne que les Troupes de
la République de Génes s'étoient faifies de plufieurs
Chefs des Rebelles de l'Ile de Corfe, & que
plufieurs Villes de cette le avoient quitté les ar
mes & abandonné le parti des Révoltez.
On a auffi appris de la même Ville, qu'il y étoit
arrivé un Vaiffeau de Smirne , dont le Capitaine
a raporté qu'il y avoit embarqué l'Aga Aggi
Ofman & Mufa- Aly,& qu'il les avoit tranfportez
a l'Ile des Cerfs dans l'Archipel , où ces deux
Pachas le font fauvez pour éviter le fort malheureux
des autres principaux Officiers du Sultan
dépofé.
Les Lettres de Génes portent que les Rebelles
de l'Ile de Corfe avoient détruit deux habitations
de Grecs qui étoient établis depuis plufieurs an
Bées dans cette Ifle , & aufquels la République
de Gênes avoit accordé divers Privileges , &
qu'ils en avoient maffacré tous les habitans, fans
épargner les femmes ni les enfans ; que la Répu
I. Vol. I iij
bli
2746 MERCURE DE FRANCE
blique avoit réfolu de prendre des Suiffes à fa
folde pour aller réduire ces Rebelles , & que le
Commandement de ces Troupes étrangeres feroit
donné à M. Anfalde de Grimaldi.
Le bruit vient de fe répandre que l'on a arrêté
dans l'Ile de Corfe le principal Chef des Rebelles
de cette Ifle.
Le Comte de Staremberg eft parti du Camp
de la Lunegiane , avec quatre Bataillons.Le Prince
de Saxe & un autre General Allemand l'ont
fuivi avec deux Regimens d'Infanterie , & le
Comte de Waldeck avec le refte des Troupes Impériales
qui ont pris leurs quartiers dans differens
Villages de la Lombardie.
On écrit de Milan que le Comte Rezzonico
s'étant accommodé avec les parens de Dom Guy
Brevio , qu'il a tué en duel , avoit été remis en
liberté.
la République de Génes s'étoient faifies de plufieurs
Chefs des Rebelles de l'Ile de Corfe, & que
plufieurs Villes de cette le avoient quitté les ar
mes & abandonné le parti des Révoltez.
On a auffi appris de la même Ville, qu'il y étoit
arrivé un Vaiffeau de Smirne , dont le Capitaine
a raporté qu'il y avoit embarqué l'Aga Aggi
Ofman & Mufa- Aly,& qu'il les avoit tranfportez
a l'Ile des Cerfs dans l'Archipel , où ces deux
Pachas le font fauvez pour éviter le fort malheureux
des autres principaux Officiers du Sultan
dépofé.
Les Lettres de Génes portent que les Rebelles
de l'Ile de Corfe avoient détruit deux habitations
de Grecs qui étoient établis depuis plufieurs an
Bées dans cette Ifle , & aufquels la République
de Gênes avoit accordé divers Privileges , &
qu'ils en avoient maffacré tous les habitans, fans
épargner les femmes ni les enfans ; que la Répu
I. Vol. I iij
bli
2746 MERCURE DE FRANCE
blique avoit réfolu de prendre des Suiffes à fa
folde pour aller réduire ces Rebelles , & que le
Commandement de ces Troupes étrangeres feroit
donné à M. Anfalde de Grimaldi.
Le bruit vient de fe répandre que l'on a arrêté
dans l'Ile de Corfe le principal Chef des Rebelles
de cette Ifle.
Le Comte de Staremberg eft parti du Camp
de la Lunegiane , avec quatre Bataillons.Le Prince
de Saxe & un autre General Allemand l'ont
fuivi avec deux Regimens d'Infanterie , & le
Comte de Waldeck avec le refte des Troupes Impériales
qui ont pris leurs quartiers dans differens
Villages de la Lombardie.
On écrit de Milan que le Comte Rezzonico
s'étant accommodé avec les parens de Dom Guy
Brevio , qu'il a tué en duel , avoit été remis en
liberté.
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Résumé : « On a appris par Livourne que les Troupes de la République de Génes s'étoient saisies de plusieurs [...] »
Le texte relate divers événements politiques et militaires en Méditerranée. À Livourne, les troupes génoises ont capturé des chefs rebelles de Corfou, et plusieurs villes de l'île ont capitulé. Les pachas Aga Aggi Ofman et Mufa-Aly se sont réfugiés sur l'île des Cerfs pour échapper au sort des officiers du sultan déposé. Les rebelles de Corfou ont attaqué et massacré les habitants de deux habitations grecques. La République de Gênes a nommé M. Anfalde de Grimaldi pour diriger les troupes étrangères contre les rebelles. Le principal chef des rebelles de Corfou a été arrêté. En Italie, le comte de Staremberg a déplacé ses régiments de la Lunegiane vers la Lombardie. À Milan, le comte Rezzonico a été libéré après un accord avec la famille de Dom Guy Brevio, qu'il avait tué en duel.
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10
p. 2746-2747
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Le 29 du mois dernier, on publia à Londres une Proclamation du Roy, portant récompense [...]
Mots clefs :
Roi, Lettres anonymes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
E 29 du mois dernier , on publia à Londres
une Proclamation du Roy , portant récompenfe
de 30 liv. Sterlin , pour ceux qui découvriront
les Auteurs des Lettres Anonimes menaçantes
, qui ont été écrites depuis peu à plufieurs
particuliers de Briftol & d'autres Villes . Ceux
d'entre les coupables qui viendront déclarer leurs
complices , auront leur grace & la même récompenfe.
Les de ce mois , Myladi Betti Germain , foeur
du Comte de Berkley , reçut une Lettre Anonime
, par laquelle on la menaçoit de l'affaffiner,fi
elle ne faifoit mettre dans un endroit indiqué les
jo Guinées qu'on lui demandoit. Le Duc de
Dorfet ayant porté cette Lettre au Palais de faint
James , le Roy donna ordre qu'on mit toutes les
1. Vole
nuits
DECEMBRE. 1730. 2747
nuits près de la maiſon de cette Dame fix Soldats
du Regiment des Gardes , avec un Sergent.
Aux Seffions qui s'affemblerent le 14. à Hickf
hall , le grand Juré y porta des Billets d'accufation
contre divers Prifonniers de la Prifon de
Newgatte , acculez d'avoir écrit les Lettres Anonimes
menaçantes , à l'ocafion defquels on a pu
plié la Proclamation du Roy ; & comme il n'y a
point de Loy affez fevere contre ce crime , on af
fure qu'on paffera un acte dans le prochain Parlement
, pour les punir avec la derniere rigueur.
L'Envoyé Extraordinairè de la Regence d'Alger
, dans une Audience particuliere qu'il a eu du
Roy & de la Reine , prefenta à L. M. Brit . deux
Léopards de la part du Dey de cette Regence.
Le Prince de Galles & la Princeffe Amelie al
lerent le 29 au Théâtre de Drurylane voir la
Comédie du Rehearsal, du feu Duc de Buckingham
, & le 12 de ce mois , le Roy , la Reine &
la Famille Royale , allerent au Théatre du Mar
ché au Foin , voir l'Opera d'Armide.
E 29 du mois dernier , on publia à Londres
une Proclamation du Roy , portant récompenfe
de 30 liv. Sterlin , pour ceux qui découvriront
les Auteurs des Lettres Anonimes menaçantes
, qui ont été écrites depuis peu à plufieurs
particuliers de Briftol & d'autres Villes . Ceux
d'entre les coupables qui viendront déclarer leurs
complices , auront leur grace & la même récompenfe.
Les de ce mois , Myladi Betti Germain , foeur
du Comte de Berkley , reçut une Lettre Anonime
, par laquelle on la menaçoit de l'affaffiner,fi
elle ne faifoit mettre dans un endroit indiqué les
jo Guinées qu'on lui demandoit. Le Duc de
Dorfet ayant porté cette Lettre au Palais de faint
James , le Roy donna ordre qu'on mit toutes les
1. Vole
nuits
DECEMBRE. 1730. 2747
nuits près de la maiſon de cette Dame fix Soldats
du Regiment des Gardes , avec un Sergent.
Aux Seffions qui s'affemblerent le 14. à Hickf
hall , le grand Juré y porta des Billets d'accufation
contre divers Prifonniers de la Prifon de
Newgatte , acculez d'avoir écrit les Lettres Anonimes
menaçantes , à l'ocafion defquels on a pu
plié la Proclamation du Roy ; & comme il n'y a
point de Loy affez fevere contre ce crime , on af
fure qu'on paffera un acte dans le prochain Parlement
, pour les punir avec la derniere rigueur.
L'Envoyé Extraordinairè de la Regence d'Alger
, dans une Audience particuliere qu'il a eu du
Roy & de la Reine , prefenta à L. M. Brit . deux
Léopards de la part du Dey de cette Regence.
Le Prince de Galles & la Princeffe Amelie al
lerent le 29 au Théâtre de Drurylane voir la
Comédie du Rehearsal, du feu Duc de Buckingham
, & le 12 de ce mois , le Roy , la Reine &
la Famille Royale , allerent au Théatre du Mar
ché au Foin , voir l'Opera d'Armide.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
En Grande-Bretagne, le 29 du mois précédent, une proclamation royale offrit une récompense de 30 livres sterling pour identifier les auteurs de lettres anonymes menaçantes envoyées à des particuliers de Bristol et d'autres villes. Les complices se dénonçant eux-mêmes bénéficieraient de la grâce et de la récompense. Le 14 décembre, Lady Betti Germain reçut une lettre anonyme la menaçant de mort si elle ne plaçait pas 50 guinées dans un endroit spécifié. Le Duc de Dorset porta cette lettre au Palais de Saint James, conduisant le roi à ordonner la surveillance nocturne de la maison de Lady Betti par des soldats. Lors des sessions du 14 décembre à Hickshall, le grand jury présenta des billets d'accusation contre divers prisonniers de la prison de Newgate, accusés d'avoir écrit les lettres anonymes. En raison de l'absence de loi sévère contre ce crime, il fut décidé de proposer un acte au prochain Parlement pour punir les coupables avec rigueur. Par ailleurs, l'Envoyé Extraordinaire de la Régence d'Alger offrit deux léopards au roi et à la reine. Le Prince de Galles et la Princesse Amélie assistèrent à la comédie 'The Rehearsal' au Théâtre de Drury Lane le 29 décembre, tandis que le roi, la reine et la famille royale se rendirent au Théâtre du Marché au Foin pour voir l'opéra 'Armide' le 12 décembre.
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11
p. 2747-2750
EXTRAIT d'une Lettre de M. Chêne, Vicaire Apostolique à Alger, écrite le 12. Octobre 1730. à M. Durand, Trésorier Géneral des Ligues Suisses, cy-devant Consul à Alger.
Début :
Je sçai que la Lettre que j'ai l'honneur de vous écrire, vous causera une douleur d'autant [...]
Mots clefs :
Consul à Alger, Ligues suisses, Vicaire Apostolique, Consul, Alger, Roi
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre de M. Chêne, Vicaire Apostolique à Alger, écrite le 12. Octobre 1730. à M. Durand, Trésorier Géneral des Ligues Suisses, cy-devant Consul à Alger.
EXTRAIT d'une Lettre de M. Chêne,
Vicaire Apoftolique à Alger , écrite le
12. Octobre 1730. à M. Durand ,
Tréforier Géneral des Ligues Suiffes
cy-devant Conful à Alger
J
Efçai que laLettre quej'ai l'honneur de vous
écrire , vous caufera une douleur d'autant
plus fenfible , que vous avez moins de fujet de
vous y attendre. M. Antoine- Gabriël Durand
votre frere & notre cher & ancien ami ; Conful·
Réfident pour le Roi en cette Ville & Royaume,
eft mort après une maladie de fix femaines , laquelle
pour avoir été longue , n'en a pas été plus.
1. Vol. I iij con2748
MERCURE DE FRANCE
connue & nous a laiffez tous dans une affliction
qu'il eft difficile d'exprimer ; les Chrétiens , los
Turcs les Maures , le Dey lui-même , pleurent
cette perte; elle arriva le 8. de ce mois,& ilfur
inhumé le même jour , âgé d'environ 89. ans. Je
doute qu'on ait jamais vû dans Alger des funerailles
d'un Chrétien plus magnifiques ; tout ce
qu'il y a ici de Chrétiens , François , Espagnolsi
Portugais , e s'y trouverent. Les Confuls Anglois
, Suedois Hollandois , y affifterent avec
leurs Nations ; enfin ily eut des Turcs , des Mau
rès & des Juifs , choſe juſqu'à prefent fans
exemple, chacun donnant des marques fenfibles
de la douleur dont il étoit penetré.
*
Nous lui ferons des funerailles folemnelles.
dans notre Chapelle le 13. de ce mois , &j'ay.
donné des ordres pour les faire le même jour
dans tous les Bagnes , chez les RR. PP.)
Trinitaires de l'Hôpital, où elles feront celebrées
encore plus magnifiquement . Nous ferons venir
de Livourne , un Tombeau de Marbre qui ſera
orné d'un Epitaphe pour éternifer la mémoire
de cet Illuftre Conful.
A l'occafion de cette Lettre , il est bon de
favoir que le Vicaire Apoftolique d'Ager eft
soujours un Miffionnaire François ; it a avec
lui un autre Miffionnaire & un Frere pour le
fervir. Cete Miffion a été fondée & établie à
Algerpar la pi té de la Ducheffe diguillon ,
pour fou ager & con o'er les Efa aves dans leur
Servitude , & pour es confirmer dans leur for.
Les fonds en ont été affectez aux Miffionnaires
de S. Laz re , fous e bon plaifir du Roy . Celui
des deux miffionnaires qui eft Superieur , reçoit
du Pape le titre de Vic ire Apoftolique , qui
S
Lieux où font enfermez les Efclaves.
1. Val.
Li
DECEMBRE. 1730. 2749
<
lui donne une authorité preſqu'auſſi étenduë que`
celle d'un Evêque.
M. Durand qui vient de mourir , étoit fi's des
feu M, Durand , Secretaire du Roy , dont la
probité le défintereffement lui procurerent.
Veftime de S. M. & la confiance de M. Colbert
qui lui donna la Caiffe des Emprunts. Il laiffa
deux fils, dont l'aîné eft M. Durand , Thréforier
General des Ligues Suiffes , lequel a été fuccef
fvement Conful à Tripo'y & à Ager , & em
ployé en differentes Négociations auprès des
Puiffances d'Afrique. L'eftime qu'il s'est ace
quife chez es Algeriens, ' a fait choisir en plufieurs
occafions pour arbitre de leurs differends .
Le Dey même le confultoit quelquefois , & il
s'est fervi defes confeils en plufieurs occafions.
En 1704. il forma le deffein de repaffer en
France. Le Dey auquel il communiqua fon def
fein , ne confentit à ce voyage que fur la parole
lui donna M. Durand , qu'il retourneroit que
Alger.
M. Durand ayant terminé les affaires qui l'avoient
appellé en France revint à Alger Afon
Arrivée le Dey fit tirer tous les Canons de 14
Ville & des Forts : la plupart des perfonnes dif
tinguées allerent à bord de fon Vaiffeau pour le
recevoir : il fut reçû de la Ville avec toutes for
tes de démonftration de joye.on
En 1706, il eut ordre d'aller à Tunis ; pour J
négocier un Traité. Après l'avoir conclu il repaffa
en France , où il avoit refelu de fixer ſom
féjour, évita de paſſer à Alger , où fans doute
il eut été retenu,
Il fut remplacé par M. de Clerambaut , Frere
du Genealogifte des ordres du Roy , qui prit pour
fon Chancelier M. Durand , Frere de fon Préde
ceffeur , qui avoit été élevé à Alger auprès de
Lo Polo
Lov
2750 MERCURE DE FRANCE?
fon Frere. Dans lafuite M. de Clerambaut ayane
paffé à un autre Confulat , M. Durand fut nommé
Vice- Conful à la Canée : Mais par les inftances
des Algeriens auprès du Roi , M. Durand
leur fut accordé pour être Conful à Alger.
On ne peut donner de meilleures preuves de
l'amitié que les Algeriens avoient pour lui , fondée
fur fes excellentes qualités , que le trait
que voici. Il fut nommé il y a environ deux ans
Au Confulat du Grand- Caire. A peine le Dey
enfut-il informé qu'il fit appeller M. Durand,
& lui demanda s'il étoit poffible qu'il voulût
quitter Alger , s'il eftimoit fi peu l'amitié
que toute la nation lui portoit. M. Durand ayant
répondu qu'il étoit obligé d'obéir aux ordres du
Roi , le Dey écrivit à la Cour,& fit de fi grandes
inftances pour retenir M. Durand à Alger ,
que S. M. voulut bien y confentir , & elle lui
fit même donner une augmentation d'appointe
mens en confideration de ſes ſervices.
Vicaire Apoftolique à Alger , écrite le
12. Octobre 1730. à M. Durand ,
Tréforier Géneral des Ligues Suiffes
cy-devant Conful à Alger
J
Efçai que laLettre quej'ai l'honneur de vous
écrire , vous caufera une douleur d'autant
plus fenfible , que vous avez moins de fujet de
vous y attendre. M. Antoine- Gabriël Durand
votre frere & notre cher & ancien ami ; Conful·
Réfident pour le Roi en cette Ville & Royaume,
eft mort après une maladie de fix femaines , laquelle
pour avoir été longue , n'en a pas été plus.
1. Vol. I iij con2748
MERCURE DE FRANCE
connue & nous a laiffez tous dans une affliction
qu'il eft difficile d'exprimer ; les Chrétiens , los
Turcs les Maures , le Dey lui-même , pleurent
cette perte; elle arriva le 8. de ce mois,& ilfur
inhumé le même jour , âgé d'environ 89. ans. Je
doute qu'on ait jamais vû dans Alger des funerailles
d'un Chrétien plus magnifiques ; tout ce
qu'il y a ici de Chrétiens , François , Espagnolsi
Portugais , e s'y trouverent. Les Confuls Anglois
, Suedois Hollandois , y affifterent avec
leurs Nations ; enfin ily eut des Turcs , des Mau
rès & des Juifs , choſe juſqu'à prefent fans
exemple, chacun donnant des marques fenfibles
de la douleur dont il étoit penetré.
*
Nous lui ferons des funerailles folemnelles.
dans notre Chapelle le 13. de ce mois , &j'ay.
donné des ordres pour les faire le même jour
dans tous les Bagnes , chez les RR. PP.)
Trinitaires de l'Hôpital, où elles feront celebrées
encore plus magnifiquement . Nous ferons venir
de Livourne , un Tombeau de Marbre qui ſera
orné d'un Epitaphe pour éternifer la mémoire
de cet Illuftre Conful.
A l'occafion de cette Lettre , il est bon de
favoir que le Vicaire Apoftolique d'Ager eft
soujours un Miffionnaire François ; it a avec
lui un autre Miffionnaire & un Frere pour le
fervir. Cete Miffion a été fondée & établie à
Algerpar la pi té de la Ducheffe diguillon ,
pour fou ager & con o'er les Efa aves dans leur
Servitude , & pour es confirmer dans leur for.
Les fonds en ont été affectez aux Miffionnaires
de S. Laz re , fous e bon plaifir du Roy . Celui
des deux miffionnaires qui eft Superieur , reçoit
du Pape le titre de Vic ire Apoftolique , qui
S
Lieux où font enfermez les Efclaves.
1. Val.
Li
DECEMBRE. 1730. 2749
<
lui donne une authorité preſqu'auſſi étenduë que`
celle d'un Evêque.
M. Durand qui vient de mourir , étoit fi's des
feu M, Durand , Secretaire du Roy , dont la
probité le défintereffement lui procurerent.
Veftime de S. M. & la confiance de M. Colbert
qui lui donna la Caiffe des Emprunts. Il laiffa
deux fils, dont l'aîné eft M. Durand , Thréforier
General des Ligues Suiffes , lequel a été fuccef
fvement Conful à Tripo'y & à Ager , & em
ployé en differentes Négociations auprès des
Puiffances d'Afrique. L'eftime qu'il s'est ace
quife chez es Algeriens, ' a fait choisir en plufieurs
occafions pour arbitre de leurs differends .
Le Dey même le confultoit quelquefois , & il
s'est fervi defes confeils en plufieurs occafions.
En 1704. il forma le deffein de repaffer en
France. Le Dey auquel il communiqua fon def
fein , ne confentit à ce voyage que fur la parole
lui donna M. Durand , qu'il retourneroit que
Alger.
M. Durand ayant terminé les affaires qui l'avoient
appellé en France revint à Alger Afon
Arrivée le Dey fit tirer tous les Canons de 14
Ville & des Forts : la plupart des perfonnes dif
tinguées allerent à bord de fon Vaiffeau pour le
recevoir : il fut reçû de la Ville avec toutes for
tes de démonftration de joye.on
En 1706, il eut ordre d'aller à Tunis ; pour J
négocier un Traité. Après l'avoir conclu il repaffa
en France , où il avoit refelu de fixer ſom
féjour, évita de paſſer à Alger , où fans doute
il eut été retenu,
Il fut remplacé par M. de Clerambaut , Frere
du Genealogifte des ordres du Roy , qui prit pour
fon Chancelier M. Durand , Frere de fon Préde
ceffeur , qui avoit été élevé à Alger auprès de
Lo Polo
Lov
2750 MERCURE DE FRANCE?
fon Frere. Dans lafuite M. de Clerambaut ayane
paffé à un autre Confulat , M. Durand fut nommé
Vice- Conful à la Canée : Mais par les inftances
des Algeriens auprès du Roi , M. Durand
leur fut accordé pour être Conful à Alger.
On ne peut donner de meilleures preuves de
l'amitié que les Algeriens avoient pour lui , fondée
fur fes excellentes qualités , que le trait
que voici. Il fut nommé il y a environ deux ans
Au Confulat du Grand- Caire. A peine le Dey
enfut-il informé qu'il fit appeller M. Durand,
& lui demanda s'il étoit poffible qu'il voulût
quitter Alger , s'il eftimoit fi peu l'amitié
que toute la nation lui portoit. M. Durand ayant
répondu qu'il étoit obligé d'obéir aux ordres du
Roi , le Dey écrivit à la Cour,& fit de fi grandes
inftances pour retenir M. Durand à Alger ,
que S. M. voulut bien y confentir , & elle lui
fit même donner une augmentation d'appointe
mens en confideration de ſes ſervices.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre de M. Chêne, Vicaire Apostolique à Alger, écrite le 12. Octobre 1730. à M. Durand, Trésorier Géneral des Ligues Suisses, cy-devant Consul à Alger.
Le 12 octobre 1730, M. Chêne, Vicaire Apostolique à Alger, adresse une lettre à M. Durand, Trésorier Général des Ligues Suiffes, pour annoncer le décès de M. Antoine-Gabriel Durand, frère de M. Durand et Consul Résident pour le Roi à Alger. M. Antoine-Gabriel Durand est décédé à l'âge d'environ 89 ans après une maladie de six semaines, le 8 octobre 1730. Ses funérailles, auxquelles ont assisté des chrétiens, des Turcs, des Maures, le Dey et des représentants de diverses nations, ont été grandioses et sans précédent. La lettre mentionne des funérailles solennelles prévues dans la chapelle et dans les bagnes, ainsi que l'arrivée d'un tombeau de marbre de Livourne avec une épitaphe. M. Chêne explique que la mission des Vicaires Apostoliques à Alger, fondée par la piété de la Duchesse de Guillon, vise à assister et confirmer les esclaves chrétiens dans leur foi. M. Antoine-Gabriel Durand, décédé, était fils de M. Durand, Secrétaire du Roi, connu pour sa probité et son désintéressement. Il a laissé deux fils, dont l'aîné est M. Durand, Trésorier Général des Ligues Suiffes. Ce dernier a été Consul à Tripoli et à Alger et a été impliqué dans diverses négociations en Afrique. M. Durand était respecté par les Algériens, qui le choisissaient souvent comme arbitre et consultaient le Dey pour ses conseils. En 1704, il avait prévu de repartir en France, mais le Dey l'a retenu. En 1706, il a négocié un traité à Tunis avant de revenir en France. Plus tard, il a été nommé Vice-Consul à La Canée, mais les Algériens ont insisté pour qu'il revienne à Alger, ce que le Roi a accepté, lui accordant même une augmentation de son appointement.
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12
p. 2750-2751
Addition aux Nouvelles de Turquie.
Début :
Par les Lettres venuës de Constantinople par Moscou, on apprend que quoique le Grand [...]
Mots clefs :
Constantinople, Conquêtes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Addition aux Nouvelles de Turquie.
Addition aux Nouvelles de Turquie:
Ar les Lettres venues de Conftantinople par
Mofcou , on apprend que quoique le Grand
Seigneur eut ordonné plufieurs fois aux Janiffaires
de quitter les Armes & de fe retirer chez
eux , on en voyoit tous les jours un affez grand
nombre à la porte du Serrail ,qu'ils demandoient
avec hauteur la tête de plufieurs Miniftres & la
confifcation de leurs biens ; & qu'ayant exigé
auffi qu'on fit de nouveaux Réglemens en faveur
du Commerce avec les Etrangers , S. H. avoit
promis qu'elle en feroit publier un inceffamment,
que le G. S. avoit envoyé ordre au Pacha de
Smirne de faire étrangler Mufa Aly , Ofman
Aga & Agy Aga , favori du Sultan dépofé , mais
7
I. Val.
qu'on
- DECEMBRE. 1730.2751
qu'on avoit appris qu'ils s'étoient fauvez dans
une Ifle de l'Archipel ; que S. H. avoit déposé le
nouvel Hofpodar de Valachie , fils du dernier
Hofpodar , Mauro Cordato, qu'il l'avoit fait enfermer
avec fes enfans , que fes biens avoient été
mis en fequeftre , mais que fon fucceffeur n'étoit
pas encore nommé ; que les fils du Sultan déposé
avoient été enfermez dans les fept Tours , & fes
femmes difperfées dans diverfes Provinces, que les
Troupes du Camp de Scutari avoient eu ordre de
marcher vers Andrinople & d'y attendre de nouveaux
ordres; que le nouveau Roy de Perfe ayant
cu avis de la révolution arrivée à Conftantinople,
s'étoit retiré avec fon Armée du côté de Tauris
où il demeuroit dans l'inaction , ne doutant pas
que le nouveau Sultan ne lui fit bien - tôt propoſer
la Paix ; que le bruit couroit que dans les propo
fitions que le G. S. fait faire à ce Prince , S.H. ne
fouhaitoit de conferver de fes conquêtes que l'ancienne
Babylone , la Province qui en dépend , &
la Géorgie ; qu'elle offroit de rendre les autres.
conquêtes faites par Achmet IIF. & de fournir
des fecours au Roy de Perfe , pour aider à reprendre
les Conquêtes faites en Perfe par le feur
Czar Pierre I. & par la Czarine Catherine fa
veuve.
On mande de Venife qu'on y avoit appris par
des Lettres écrites de Conftantinople , que le G.S.
avoit pris vingt millions dans le Tréfor du Serrail
, pour des preffans befoins , & qu'il faifoit
faire des perquifitions , pour découvrir le lieu de
la retraite du Mufti & de l'Aga des Janiflaires.
Ar les Lettres venues de Conftantinople par
Mofcou , on apprend que quoique le Grand
Seigneur eut ordonné plufieurs fois aux Janiffaires
de quitter les Armes & de fe retirer chez
eux , on en voyoit tous les jours un affez grand
nombre à la porte du Serrail ,qu'ils demandoient
avec hauteur la tête de plufieurs Miniftres & la
confifcation de leurs biens ; & qu'ayant exigé
auffi qu'on fit de nouveaux Réglemens en faveur
du Commerce avec les Etrangers , S. H. avoit
promis qu'elle en feroit publier un inceffamment,
que le G. S. avoit envoyé ordre au Pacha de
Smirne de faire étrangler Mufa Aly , Ofman
Aga & Agy Aga , favori du Sultan dépofé , mais
7
I. Val.
qu'on
- DECEMBRE. 1730.2751
qu'on avoit appris qu'ils s'étoient fauvez dans
une Ifle de l'Archipel ; que S. H. avoit déposé le
nouvel Hofpodar de Valachie , fils du dernier
Hofpodar , Mauro Cordato, qu'il l'avoit fait enfermer
avec fes enfans , que fes biens avoient été
mis en fequeftre , mais que fon fucceffeur n'étoit
pas encore nommé ; que les fils du Sultan déposé
avoient été enfermez dans les fept Tours , & fes
femmes difperfées dans diverfes Provinces, que les
Troupes du Camp de Scutari avoient eu ordre de
marcher vers Andrinople & d'y attendre de nouveaux
ordres; que le nouveau Roy de Perfe ayant
cu avis de la révolution arrivée à Conftantinople,
s'étoit retiré avec fon Armée du côté de Tauris
où il demeuroit dans l'inaction , ne doutant pas
que le nouveau Sultan ne lui fit bien - tôt propoſer
la Paix ; que le bruit couroit que dans les propo
fitions que le G. S. fait faire à ce Prince , S.H. ne
fouhaitoit de conferver de fes conquêtes que l'ancienne
Babylone , la Province qui en dépend , &
la Géorgie ; qu'elle offroit de rendre les autres.
conquêtes faites par Achmet IIF. & de fournir
des fecours au Roy de Perfe , pour aider à reprendre
les Conquêtes faites en Perfe par le feur
Czar Pierre I. & par la Czarine Catherine fa
veuve.
On mande de Venife qu'on y avoit appris par
des Lettres écrites de Conftantinople , que le G.S.
avoit pris vingt millions dans le Tréfor du Serrail
, pour des preffans befoins , & qu'il faifoit
faire des perquifitions , pour découvrir le lieu de
la retraite du Mufti & de l'Aga des Janiflaires.
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Résumé : Addition aux Nouvelles de Turquie.
En décembre 1730, à Constantinople, les janissaires se rassemblaient malgré les ordres du Sultan de déposer les armes. Ils exigeaient la tête de plusieurs ministres, la confiscation de leurs biens et de nouveaux règlements commerciaux avec les étrangers. Le Sultan avait ordonné l'exécution de Musa Aly, Osman Aga et Agy Aga, mais ceux-ci s'étaient réfugiés sur une île de l'Archipel. Le nouveau hospodar de Valachie, Mauro Cordato, avait été déposé et emprisonné avec ses enfants. Les fils du sultan déposé étaient enfermés dans les sept tours, et ses femmes dispersées dans diverses provinces. Les troupes de Scutari devaient marcher vers Andrinople. Le nouveau roi de Perse, informé des événements, s'était retiré avec son armée vers Tauris, attendant une proposition de paix. Des rumeurs indiquaient que le Grand Seigneur souhaitait conserver seulement l'ancienne Babylone, la province dépendante et la Géorgie, offrant de rendre les autres conquêtes et de fournir des secours au roi de Perse. À Venise, on apprenait que le Grand Seigneur avait prélevé vingt millions du trésor du Serrail et menait des enquêtes pour localiser le mufti et l'aga des janissaires.
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13
p. 2756-2760
« Le 4. de ce mois, jour de la naissance de la Princesse des Asturies, les Ambassadeurs [...] »
Début :
Le 4. de ce mois, jour de la naissance de la Princesse des Asturies, les Ambassadeurs [...]
Mots clefs :
Roi, Reine, Concert, Musique, Symphonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 4. de ce mois, jour de la naissance de la Princesse des Asturies, les Ambassadeurs [...] »
Le 4. de ce mois , jour de la naiſſance
de la Princeffe des Afturies , les Ambaffadeurs
du Roi Catholique en France , les
Grands d'Efpagne & les Chevaliers de la
Toifon d'or qui font à Paris , allerent le
matin au Convent des Carmelites baifer
la main à la Reine d'Efpagne , Veuve du
Roi Louis I. Les Dames y allerent l'aprèsmidi.
Le 11. jour de la naiffance de la Reine
d'Espagne , qui entroit dans fa 22. année,
S. M. reçut les mêmes complimens des
mêmes Seigneurs & Dames.
La troifiéme Charge de Garde du Tréfor
Royal qui avoit été fupprimée , a été
rétablie en faveur de M. Paris de Montmartel
, lequel ayoit déja poffedé cetto:
Charge.
Le Roi a accordé à M. Samuel Bernard
, Comte de Coubert , un Brevet de
Confeiller d'Etat.
S. M. a auffi accordé l'agrément de la
Charge de Préfident à Mortier , vacante
par la mort de M. Amelot de Gournay ,
M. Molé , Confeiller au Parlement.
Les Mercuriales du Parlement fe firent
le 29. du mois dernier à la maniere accoûtumée.
Le Premier Préfident & le Pro-
1. Vol. cureur
DECEMBRE. 1730. 2757
cureur General y parlerent avec beaucoup
d'éloquence : le premier fur la Cenfure de
foi-même , qualité effentielle dans un Magiftrat
, & le fecond fur le Respect humain ,
écueil le plus dangereux pour un Magiftrat
Le Duc d'Orleans a donné entre les
mains du Roi la démiffion de ſa Charge
de Colonel General de l'Infanterie Francoife
, qui avoit été fupprimée en 1639.
à la mort du Duc d'Epernon , & rétablie
en 1721. en faveur de S. A. S.
Le Marquis de Themines , ci - devant
Chevalier de Malte , qui avoit une Ab.
baye de 3000. livres de revenu , ayant
demandé au Duc d'Orleans avant la celé
bration de fon mariage P'agrément pour
entrer dans l'Ordre de S. Lazare , afin de
pouvoir conferver ce Benefice , ce Prince
a mieux aimé lui accorder une penfion
de pareille fomme , & l'a obligé de don
ner la démiffion du Benefice dont il joüif
foit.
"
Le 9. de gé mois , le Prince de Rohan
fit recevoir & prêter ferment à M. le
Comte de Gadagne de fa Charge de Gui
don des Gendarmes de la Garde du Roi.
On écrit de Chamberi que l'air de
cette Ville eft contraire à la fanté du Roi
Victor , pere du Roi de Sardaigne , actuellement
I. -Vol.
2758 MERCURE DË FRANCË
tuellement regnant , & que ce Prince
pourra retourner à Turin occuper l'ancien
Palais de la Ducheffe Douairiere de Savoye
, fa mere , pendant l'Hyver , & paffer
le Printems & l'Eté à Alexandrie ¿
où l'air eft très pur.
Le 22. Novembre , M. de Blamont , Sur-Intendant
de la Mufique du Roi , fit chanter
à Marly le fecond & troifiéme acte de fon
Balet des Fêtes Grecques & Rómainės , le fieur
Guignon , fameux joueur de Violon , executa ur
Concerto de fa compofition qui fut très applaudis
l'heure du fouper du Roi empêcha qu'il ne fut
achevé , & la Reine ordonna qu'il fut réjoué au
premier Concert.
Le 25. la Reine fe rendit au Salon de la Mufique
, où le fieur Guignon joüa feul deux Sonnates
qui firent beaucoup de plaifir à S. M. il fut accompagné
du Clavecin par M. de Blamont , &
de la Viole par le fieur Dampierre , le Roi demanda
enfuite qu'on jouat le Printemps de Vi
valdi , qui eft une excelente Piece de fimphonie ,
& comme les Muficiens du Roi ne fe trouvent pas
ordinairement à ce Concert,le Prince de Dombes,
le Comte d'Eu, & plufieurs autres Seigneurs de la
Cour , voulurent bien accompagner le fieur Gui
gnon , pour ne pas priver S. M. d'entendre cette
belle Piece de fimphonie qui fut parfaitement bien
executée.
Le 27. on chanta le divertiffement d'Erato ,
ainfi qu'il a été joué à l'Academie Royale de Mufique.
La Dlle. Antier chanta le Rolle de Junon ,
le fieur Dangerville celui d'Apollon , & la Dlle .
Lenner chanta celui d'une Baccante.
Le 29. on chanta à Marly le prologue & le
4. Vol premier
DECEMBRE 1730. 2759
premier Acte de Bellerophon ; les Dlles. Antier
& Lenner , chanterent les Rolles de Stenobée &
de la Princeffe ; les fieurs Boutelou & Godeneche
, ceux de Bellerophon & du Roi.
Le 4. & le 6. Decembre on continua le même
Opera avee beaucoup de fuccès , le fieur Dangerville
y chanta le Rolle d'Amiodar.
Le 11. on chanta dans les grands appartemens
du Château de Verfailles , le premier Acte d'Armide
, dont le principal Rolle fut chanté par la
Dlle. Antier , & celui d'Hidraot, par le fieur Dangerville.
Le 13. & le 18. on chanta le même Opera ; le
fieur le Prince chanta le Rolle de Renaud, le fieur
d'Aigremont celui d'Artemidore , & les Diles,
Barbier & Courvafier ceux de Bergere & de
Nymphe.
Le 8. jour Fête de la Conception , il y eut
Concert fpirituel au Château des Tuilleries : if
commença par Exultate jufti , Moret de M. de la
Lande , les Dlles. Erremens , le Maure & Petit
Pas , chanterent chacune une Cantatille avec ac
compagnement , qui firent beaucoup de plaifir ;"
le fieur Bordicio , habile Muficien Italien , chanta
deux Arietes qui furent goutées par ceux qui ai
ment cette forte de chant ; le Motet Confitebor
termina le Concert qui fut precedé de plufieurs
Pieces de fimphonie , executées par les fieurs Leller
& Blavet.
Le 13. & 20. il y eut Concert François; toute la
fimphonie executa une fuite d'Airs de Noëls anciens
& nouveaux, qui furent très goûtés ; le même
Muficien Italien chanta deux Arietes , & on finit
par le Motet Exultabo te Deus.
Le 24. & le 25. jour de la veille & fête de Noël,
il y eut Concert fpirituel , on y joüa encore une
fuite d'Airs des plus beaux Noëls , avec Violons
I. Vol. Flutes
2460 MERCURE DE FRANCE
Flutes , Hautbois, & Mufettes. La Dlle. le Maure
chanta feule un petit Motet , Hodiè Chriftus natus
eft , avec beaucoup de précifion , le Concert
de ces deux jours fut terminé par un Motet de
M. de la L'ande .
Le 24. de ce mois , veille de la fête de la Nati
vité de N. S. le Roi revêtu du Grand Collier dé
l'ordre du S. Efprit , fe rendit à la Chapelle du
Château de Verfailles , où S. M. communia par
les mains du Cardinal de Rohan , Grand Aumônier
de France : enfuite le Roi toucha un grand
nombre de malades .
Le même jour , la Reine entendit la Meffe dans
la même Chapelle , & S. M. communia par les
mains du Cardinal de Fleury , fon Grand Aumônier.
L'après midi, le Roi & la Reine entendirent les
premieres Vêpres chantées par la Mufique , aufquelles
l'Evêque de Tarbe officia
Le 25. jour de la Fête , le Roi & la Reine , qui
après avoir afifté aux Matines avoient entendu
à minuit trois Meffes , affifterent le matin à la
grande Meffe , celebrée pontificalement par l'Evêque
de Tarbes .
L'après midi , L. M. accompagnées du Prince
de Conty , du Prince de Dombes & du Comte
d'Eu , entendirent la Prédication du P. Cotonay ,
de la Compagnie de Jefus , & enfuite les Vêpres
chantées par la Mufique , aufquelles le même
Prélat officia.
de la Princeffe des Afturies , les Ambaffadeurs
du Roi Catholique en France , les
Grands d'Efpagne & les Chevaliers de la
Toifon d'or qui font à Paris , allerent le
matin au Convent des Carmelites baifer
la main à la Reine d'Efpagne , Veuve du
Roi Louis I. Les Dames y allerent l'aprèsmidi.
Le 11. jour de la naiffance de la Reine
d'Espagne , qui entroit dans fa 22. année,
S. M. reçut les mêmes complimens des
mêmes Seigneurs & Dames.
La troifiéme Charge de Garde du Tréfor
Royal qui avoit été fupprimée , a été
rétablie en faveur de M. Paris de Montmartel
, lequel ayoit déja poffedé cetto:
Charge.
Le Roi a accordé à M. Samuel Bernard
, Comte de Coubert , un Brevet de
Confeiller d'Etat.
S. M. a auffi accordé l'agrément de la
Charge de Préfident à Mortier , vacante
par la mort de M. Amelot de Gournay ,
M. Molé , Confeiller au Parlement.
Les Mercuriales du Parlement fe firent
le 29. du mois dernier à la maniere accoûtumée.
Le Premier Préfident & le Pro-
1. Vol. cureur
DECEMBRE. 1730. 2757
cureur General y parlerent avec beaucoup
d'éloquence : le premier fur la Cenfure de
foi-même , qualité effentielle dans un Magiftrat
, & le fecond fur le Respect humain ,
écueil le plus dangereux pour un Magiftrat
Le Duc d'Orleans a donné entre les
mains du Roi la démiffion de ſa Charge
de Colonel General de l'Infanterie Francoife
, qui avoit été fupprimée en 1639.
à la mort du Duc d'Epernon , & rétablie
en 1721. en faveur de S. A. S.
Le Marquis de Themines , ci - devant
Chevalier de Malte , qui avoit une Ab.
baye de 3000. livres de revenu , ayant
demandé au Duc d'Orleans avant la celé
bration de fon mariage P'agrément pour
entrer dans l'Ordre de S. Lazare , afin de
pouvoir conferver ce Benefice , ce Prince
a mieux aimé lui accorder une penfion
de pareille fomme , & l'a obligé de don
ner la démiffion du Benefice dont il joüif
foit.
"
Le 9. de gé mois , le Prince de Rohan
fit recevoir & prêter ferment à M. le
Comte de Gadagne de fa Charge de Gui
don des Gendarmes de la Garde du Roi.
On écrit de Chamberi que l'air de
cette Ville eft contraire à la fanté du Roi
Victor , pere du Roi de Sardaigne , actuellement
I. -Vol.
2758 MERCURE DË FRANCË
tuellement regnant , & que ce Prince
pourra retourner à Turin occuper l'ancien
Palais de la Ducheffe Douairiere de Savoye
, fa mere , pendant l'Hyver , & paffer
le Printems & l'Eté à Alexandrie ¿
où l'air eft très pur.
Le 22. Novembre , M. de Blamont , Sur-Intendant
de la Mufique du Roi , fit chanter
à Marly le fecond & troifiéme acte de fon
Balet des Fêtes Grecques & Rómainės , le fieur
Guignon , fameux joueur de Violon , executa ur
Concerto de fa compofition qui fut très applaudis
l'heure du fouper du Roi empêcha qu'il ne fut
achevé , & la Reine ordonna qu'il fut réjoué au
premier Concert.
Le 25. la Reine fe rendit au Salon de la Mufique
, où le fieur Guignon joüa feul deux Sonnates
qui firent beaucoup de plaifir à S. M. il fut accompagné
du Clavecin par M. de Blamont , &
de la Viole par le fieur Dampierre , le Roi demanda
enfuite qu'on jouat le Printemps de Vi
valdi , qui eft une excelente Piece de fimphonie ,
& comme les Muficiens du Roi ne fe trouvent pas
ordinairement à ce Concert,le Prince de Dombes,
le Comte d'Eu, & plufieurs autres Seigneurs de la
Cour , voulurent bien accompagner le fieur Gui
gnon , pour ne pas priver S. M. d'entendre cette
belle Piece de fimphonie qui fut parfaitement bien
executée.
Le 27. on chanta le divertiffement d'Erato ,
ainfi qu'il a été joué à l'Academie Royale de Mufique.
La Dlle. Antier chanta le Rolle de Junon ,
le fieur Dangerville celui d'Apollon , & la Dlle .
Lenner chanta celui d'une Baccante.
Le 29. on chanta à Marly le prologue & le
4. Vol premier
DECEMBRE 1730. 2759
premier Acte de Bellerophon ; les Dlles. Antier
& Lenner , chanterent les Rolles de Stenobée &
de la Princeffe ; les fieurs Boutelou & Godeneche
, ceux de Bellerophon & du Roi.
Le 4. & le 6. Decembre on continua le même
Opera avee beaucoup de fuccès , le fieur Dangerville
y chanta le Rolle d'Amiodar.
Le 11. on chanta dans les grands appartemens
du Château de Verfailles , le premier Acte d'Armide
, dont le principal Rolle fut chanté par la
Dlle. Antier , & celui d'Hidraot, par le fieur Dangerville.
Le 13. & le 18. on chanta le même Opera ; le
fieur le Prince chanta le Rolle de Renaud, le fieur
d'Aigremont celui d'Artemidore , & les Diles,
Barbier & Courvafier ceux de Bergere & de
Nymphe.
Le 8. jour Fête de la Conception , il y eut
Concert fpirituel au Château des Tuilleries : if
commença par Exultate jufti , Moret de M. de la
Lande , les Dlles. Erremens , le Maure & Petit
Pas , chanterent chacune une Cantatille avec ac
compagnement , qui firent beaucoup de plaifir ;"
le fieur Bordicio , habile Muficien Italien , chanta
deux Arietes qui furent goutées par ceux qui ai
ment cette forte de chant ; le Motet Confitebor
termina le Concert qui fut precedé de plufieurs
Pieces de fimphonie , executées par les fieurs Leller
& Blavet.
Le 13. & 20. il y eut Concert François; toute la
fimphonie executa une fuite d'Airs de Noëls anciens
& nouveaux, qui furent très goûtés ; le même
Muficien Italien chanta deux Arietes , & on finit
par le Motet Exultabo te Deus.
Le 24. & le 25. jour de la veille & fête de Noël,
il y eut Concert fpirituel , on y joüa encore une
fuite d'Airs des plus beaux Noëls , avec Violons
I. Vol. Flutes
2460 MERCURE DE FRANCE
Flutes , Hautbois, & Mufettes. La Dlle. le Maure
chanta feule un petit Motet , Hodiè Chriftus natus
eft , avec beaucoup de précifion , le Concert
de ces deux jours fut terminé par un Motet de
M. de la L'ande .
Le 24. de ce mois , veille de la fête de la Nati
vité de N. S. le Roi revêtu du Grand Collier dé
l'ordre du S. Efprit , fe rendit à la Chapelle du
Château de Verfailles , où S. M. communia par
les mains du Cardinal de Rohan , Grand Aumônier
de France : enfuite le Roi toucha un grand
nombre de malades .
Le même jour , la Reine entendit la Meffe dans
la même Chapelle , & S. M. communia par les
mains du Cardinal de Fleury , fon Grand Aumônier.
L'après midi, le Roi & la Reine entendirent les
premieres Vêpres chantées par la Mufique , aufquelles
l'Evêque de Tarbe officia
Le 25. jour de la Fête , le Roi & la Reine , qui
après avoir afifté aux Matines avoient entendu
à minuit trois Meffes , affifterent le matin à la
grande Meffe , celebrée pontificalement par l'Evêque
de Tarbes .
L'après midi , L. M. accompagnées du Prince
de Conty , du Prince de Dombes & du Comte
d'Eu , entendirent la Prédication du P. Cotonay ,
de la Compagnie de Jefus , & enfuite les Vêpres
chantées par la Mufique , aufquelles le même
Prélat officia.
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Résumé : « Le 4. de ce mois, jour de la naissance de la Princesse des Asturies, les Ambassadeurs [...] »
En décembre 1730, plusieurs événements significatifs se sont déroulés à la cour de France. Le 4 décembre, les ambassadeurs du Roi Catholique, les Grands d'Espagne et les Chevaliers de la Toison d'or ont rendu hommage à la Reine d'Espagne, veuve du Roi Louis I, à l'occasion de la naissance de la Princesse des Asturies. Le 11 décembre, la Reine d'Espagne, âgée de 22 ans, a de nouveau reçu ces hommages. Le Roi a rétabli la charge de Garde du Trésor Royal en faveur de M. Paris de Montmartel et a accordé un brevet de Conseiller d'État à M. Samuel Bernard, Comte de Coubert. La charge de Président à Mortier, vacante après la mort de M. Amelot de Gournay, a été attribuée à M. Molé, Conseiller au Parlement. Les Mercuriales du Parlement ont eu lieu le 29 novembre, avec des discours sur la censure de soi-même et le respect humain. Le Duc d'Orléans a démissionné de sa charge de Colonel Général de l'Infanterie Française, tandis que le Marquis de Themines a reçu une pension pour conserver son bénéfice. Le 9 décembre, le Comte de Gadagne a été investi de la charge de Guidon des Gendarmes de la Garde du Roi. Des événements musicaux ont également marqué ce mois, notamment des concerts et des représentations d'opéras à Marly et Versailles, avec des interventions de musiciens renommés comme le sieur Guignon et la demoiselle Antier. Le 24 décembre, le Roi a communié et touché des malades à Versailles, tandis que la Reine a assisté à la messe. Le 25 décembre, le Roi et la Reine ont participé aux célébrations de la fête de Noël, incluant des matines, des messes et des vêpres.
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