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1
p. 159-163
De Goa, Capitale des Indes.
Début :
Le Pere Antoine Thomas, Flamand de nation, qui partit de / Je suis arrivé icy le 26. Septembre, apres avoir essuyé [...]
Mots clefs :
Goa, Empereur, Suma, Japon, Maison, Loi chrétienne
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texteReconnaissance textuelle : De Goa, Capitale des Indes.
De Goa, Capitale des Indes.
1LE Pere Antoine Thomas*
Flamanddenation,quipar- - tit de Lisbonne avecdix autres
Jefuites le 18. Aunl16Î0. pour
aller aux Indes, à la Chine r&
au Japon.) nous écrit en ces termes
de Goa du 11. Oélobre 1680.
Je fuis arrivé icy le 26. Septembre,
apres avoir essuyé
mille dangers sur la Mer, ôc
perdumon cherCompagnon
le jeune P. Adam, avec lequel
je devois aller au Japon.
J'apprens icy des nouvelles
prodigieuses de cet
Empire. L'Empereur du Ji
ponn'ayant point deFils,
adopté celuy de la second
Personne du Royaume qu'o
nomme Suma. Ce petit En
fant par innocence de son
âge, demanda congé à l'Empereur
laveillede Noëld'alleren
la Maison de son Perc
pour assister à une gran d
Feste,&y entendre la Messe
L'Empereur surpris, dissimu
la,ôc luy ayant permis ce qui
souhaitoit, fit la nuit suivan
te investir la Maison de Su
ma, que l'on prit avec le Prêtre
qui avoit célébréla Met
se. Il les fit venir en son Palais,
ôc dit à Suma qu'il ne
pouvoit ignorer qu'il avoit
défendu laLoy Chrestienne.
Suma reponditqu'il le sçavoir,
mais qu'il l'avait défendue
injustement, puis que
cette Loy qui estoit d'ailleurs
la veritable, ne rempeschoit
pas de luy rendre tous les services
qu'illuy devoit. L'Empereur
le cÓdanlna à la mort,
mais un grand nombre des
principaux de la Cour qui
estoient présens, dirent hautenlcnr,
que si professer laLoy
Chrestienne estoit un crime
digne de mort, il les devoit
tous faire mourir
3
& plus dj
la moitié de ses Sujets; lliail
que cela feroit fort injustes
puis qu'ils le servoient plui
fidellement qu'aucun autre
& que dans les dernieres
Guerres Civiles, les Chrêtiens
avoient estépresque Ici
seuls à conserver sa Personne
au péril mesme de leurs vies
L'Empereurtouché de ce
discours,
leur dit qu'ils continuaffent,
& leur laissa
une
pleine liberté d'estre Chrêtiens.
UnMedecinFrançois
venu de Siam, m'a dit qu'il
avoit appris cette nouvelle
d'unCapitaine deVaisseauJaponois,&
j'ay [cen d'unPortugais
venu icy ces jours passez
deMalaca,que lesHollandois
racontoient la mefmechofe.
1LE Pere Antoine Thomas*
Flamanddenation,quipar- - tit de Lisbonne avecdix autres
Jefuites le 18. Aunl16Î0. pour
aller aux Indes, à la Chine r&
au Japon.) nous écrit en ces termes
de Goa du 11. Oélobre 1680.
Je fuis arrivé icy le 26. Septembre,
apres avoir essuyé
mille dangers sur la Mer, ôc
perdumon cherCompagnon
le jeune P. Adam, avec lequel
je devois aller au Japon.
J'apprens icy des nouvelles
prodigieuses de cet
Empire. L'Empereur du Ji
ponn'ayant point deFils,
adopté celuy de la second
Personne du Royaume qu'o
nomme Suma. Ce petit En
fant par innocence de son
âge, demanda congé à l'Empereur
laveillede Noëld'alleren
la Maison de son Perc
pour assister à une gran d
Feste,&y entendre la Messe
L'Empereur surpris, dissimu
la,ôc luy ayant permis ce qui
souhaitoit, fit la nuit suivan
te investir la Maison de Su
ma, que l'on prit avec le Prêtre
qui avoit célébréla Met
se. Il les fit venir en son Palais,
ôc dit à Suma qu'il ne
pouvoit ignorer qu'il avoit
défendu laLoy Chrestienne.
Suma reponditqu'il le sçavoir,
mais qu'il l'avait défendue
injustement, puis que
cette Loy qui estoit d'ailleurs
la veritable, ne rempeschoit
pas de luy rendre tous les services
qu'illuy devoit. L'Empereur
le cÓdanlna à la mort,
mais un grand nombre des
principaux de la Cour qui
estoient présens, dirent hautenlcnr,
que si professer laLoy
Chrestienne estoit un crime
digne de mort, il les devoit
tous faire mourir
3
& plus dj
la moitié de ses Sujets; lliail
que cela feroit fort injustes
puis qu'ils le servoient plui
fidellement qu'aucun autre
& que dans les dernieres
Guerres Civiles, les Chrêtiens
avoient estépresque Ici
seuls à conserver sa Personne
au péril mesme de leurs vies
L'Empereurtouché de ce
discours,
leur dit qu'ils continuaffent,
& leur laissa
une
pleine liberté d'estre Chrêtiens.
UnMedecinFrançois
venu de Siam, m'a dit qu'il
avoit appris cette nouvelle
d'unCapitaine deVaisseauJaponois,&
j'ay [cen d'unPortugais
venu icy ces jours passez
deMalaca,que lesHollandois
racontoient la mefmechofe.
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Résumé : De Goa, Capitale des Indes.
Le Père Antoine Thomas, jésuite flamand, écrit une lettre depuis Goa le 11 décembre 1680, relatant son arrivée le 26 septembre après un périlleux voyage en mer durant lequel il a perdu le Père Adam. Thomas rapporte des nouvelles de l'Empire japonais. L'empereur, sans fils, a adopté Suma, fils de la seconde personne du royaume. Suma, ayant assisté à une messe, fut arrêté avec le prêtre célébrant. Accusé de pratiquer la loi chrétienne, interdite, Suma admit sa foi mais affirma sa loyauté envers l'empereur. Menacé de mort, Suma fut sauvé par des membres de la cour, qui soulignèrent la fidélité des chrétiens sujets de l'empereur. Touchée, l'empereur permit la pratique de la foi chrétienne. Cette nouvelle a été confirmée par un médecin français et un Portugais, qui rapportèrent que les Hollandais racontaient la même histoire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 221-238
A Siam le 28. Novembre 1683.
Début :
Je me suis informé des Habillemens qu'on vous a dit que les [...]
Mots clefs :
Roi, Siam, Chinois, Pays, Terre, Prince, Gouverneur, Japon, Étrangers, Peine, Navires, Port, Ville, Empereur, Empire, Portugais, Langue, Chine, Cheveux, Vêtements
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texteReconnaissance textuelle : A Siam le 28. Novembre 1683.
A Siam le 28. Novembre 1683 .
les
E mefuis informé des Habillemens
qu'on vous a dit que
Soldats Faponnois portoient lars
qu'ils alloient à la Guerre , &
qui font à l'épreuve de toutesfor-
Tij
222 MERCURE
tes d'armes ; mais tous ceux qui
m'ont paru le dewair frayjoin le
mieux, pour avoir demeuré longtemps
dans le Japon , n'ont pú
m'en inftruire. Ils m'ont ſeulement
dit , qu'ils croyoient que ces
Soldats fe feruoient dans leurs
expéditions militaires des mefmes
Veftemens que les Chinois, qui les
font de plufieurs Erofes de foye
cousies enfemble , & piquées
fort prés à prés , e qui mettent
quelquefois foixante de ces Erofes
es unes fur les autres, avec du
coton ou de l'ouate entre deux.
Els difent que ces Habillemens réfiftent
mefme aux coups de Moufa.
GALANT 223
les
quet ; mais il n'y a que les Grands
qui s'en fervent & Les Gens du
commun ufent de Cuiraffes. Il
eft tres difficile d'avoir des nouvelles
füres de ce qui fe paſſe au
Fapon , parce qu'il n'y a que
Hollandois les Chinois qui y
trafiquent. Tous les Etrangers,
particuliérement ces premiers,
Ifont fi peu en liberté, que j'en
ay connu quelques - uns , qui y
avoient fairfix oùfept voyages,
qui à peine pouvoient rendre
raison de certaines chofes , qui ne
peuvent eftre ignorées d'une Per-
Sonne qui a demeuré quelque
temps dans un Pais. Vous fçan
T. iiij.
224 MERCURE
4
vez que la Compagnie de Hol
lande ne tire plus du Fapon ces
grands pr fus qu'elle y faifoit autrefois
les vexations qu'y fou
frent fes Officiers ont beaucoup
diminué ce Trafic. Il part chaque
année de Barravia trois ou
pour
le
quatre
grands
Navires
Japon , chargez
de toutes fortes
de Marchandifes
; & l'ordre
le
plus exprés qu'ont les Officiers
de
ces Bâtimens
, est de fe donner
bien de garde de montrer
aucun
figne de Chriftianifme
qu'ils demeureront
en ce Pais- là.
Le Gouverneur
de Nangazaqui
,
qui est le Port où les Navires
·tant⋅
GALANT 225
le
Etrangers arrivent , les force à
luy vendre toutes les Marchan
difes qu'ils apportent , au prix
qu'il fouhaite s'ils ne veulent
pas les donner , ilfaut qu'ils
rembarquent auffi tost , fans pouvoir
davantageles expofer en
vents. Ils voyent enfuite que
Gouverneur revend mefmes
Marchandifes de la main à la
main , avec un tres-grand profit,
fans qu'ils ofent en murmurer.
Auffi dit- on la Compagnie
Hollandoife est réfolie d'abandonner
ce Commerce , fi elle ne
peut avoir raison de ces awanies.
La Loge des Hollandois eft fituée
que
Ges
226 MERCURE
1
dans une petite Ifle qui eft dans
la Riviere de Nangazaqui , &
qui n'a de communication avec
La Ville, ou Terre ferme , que par
un Pont. Le Gouverneur a le
foin de leur fare fournir toutes
Les chofes dont ils ont besoin , &
il leur est défendu fous peine de
la vie, d'aller en Terre-ferme, on
à la Ville , fans fa permiffion
&fans avoir quelques Gardes.
Cet ordre est refpectif à l'égard
des Faponnois , qui ne peuvent
aller en la Loge des Hollandais
fans la permiffion du Gouverneur.
Tant que leurs Navires demeu
rent en ce Port of Riviere , le
GALANT 227
Gouvernail , la Poudre , & les
principales Armes , font à terre ;
codes,le moment qu'on leur a
rende ces chafes , il faut qu'ilsfe
mettent à la voile , quelque vent
qu'ilfaffe. Quand mefme ils auroient
la plus rude tempefte à effuyer,
ils ne peuventfans rifque
de la vie rentrer dans un Port
du Japon. Il faut que la Com
pagnie change toutes les années
Le Chef & Second de fon Comp
toir ; d'abord que les Japonnois
remarquent que quelque Hol
landois commence à fçavoir leur
Langue ou leurs Coutumes , ils
le renvoyent hors de leur Païs.
228 MERCURE
On efpéroit que la mort du vieil
Empereur , qui eftoit celuy qui
avoit entiérement coupé les fortes
racines que la Religion des Chré
tiens avoit jettées dans leJapon,
mettroit quelque fin aux précautions
pleines d'impieté qu'apportent
les Japonnois , pour empef
cher qu'on ne leur annonce une
autre fois l'Evangile ; mais les
Miniftres de fon Fils , qui a fuc-"
cedé à l'Empire
, n'en apportent
pas de moindres , t) femblent
ôter toute efpérance de pouvoir
voir de nos jours un fi grand
bien. Les Portugais publient ,
que leur Viceroy qui arriva l'an
GALANT 229
paffé à Goa , a deffein d'envoyer
une Fregate aufapon , avec des
Ambassadeurs , pour féliciter ce
nouvel Empereur fur fon heureux
avenement à la Couronne,
en mefme temps ménager le
rétabliſſement de la bonne correfpondance
qu'il y a eu autrefois
entre ces deux Nations ; mais je
ne croy pas qu'il envoye cette
Fregate , encore moins, qu'il
puiffe reüffirdansfesprojets,quand
il le feroit. Les Portugais s'attendent
de voir d'auffi grandes
chofes fous le Gouvernement de
ce Viceroy , que leurs Prédeseffeurs
en ont vu fous celuy
230 MERCURE
des Albuquerques . Il eft een
tain que c'est un Homme d'un
fort grand mérite , & qui täcke
d'établir toutes chofes fur le bon
pied. Le Prince Regent lay a
"donné un pouvoir , qu'aucun Va
ceroy n'a eu avant luy , qui eft
de faire châtier de peine capitalejufques
aus Fidalgués, quand
le mériteront , fans les renvoyer
en Portugal , comme on
faifoit autrefois.
M Evefque d'Heliopolis
partir de mois de fuiller dernier
far une Soume Chinoïfe , pour
aller à la Chine . Il est à craindre
que ce ware Prelarn'yforpas
GALANT. 231
1
reçû , à caufe des nouveaux orl'Empereur
a fait pudres
que
blier, par lesquels il défend l'entrée
le négoce dans fon Empire
à tous les Etrangers , à l'exception
des Portugais de Macao ,
qui peuvent le faire feulement
par terre.
Toutes les Provinces de la
Chine obeiffent préfentement au
Tartare , & il n'y a aucun Chinois
dans ce vafte Empire , qui
n'ait les cheveux coupez . Il ne
refte plus que l'Ile de Formofe;
mais on ne croit pas qu'elle puiffe
refifter contre les grandes forces
que l'EmpereurTartarepeut met232
MERCURE
a
tre fur terre & fur mer. Il y
a plufieurs Chinois qui demeurent
en ce Royaume de Siam. Ils
portent les cheveux longs ;
comme le Roy vouloit envoyer
une Ambaffade folemnelle à la
Chine , il nomma l'und'euxpour
un de fes Ambaffadeurs. Ce
Chinois fit tout ce qu'il pût pour
s'en excufer , parce qu'il auroit
efté obligé de couper fes cheveux;
mais voyant que le Roy vouloit
abfolument qu'il y allaft , il aima
mieux fe couper la
de confentir à cet affront.
J'envoye une petite Relation:
de Cochinchine , dont le Royau
gorge , que
4
GALANT. 233
me eft fameux en ces quartiers,
non feulement par la valeur de
fes Peuples , mais auffi par le progrés
qu'y a fait l'Evangile, Je
lay drefféefur quelques Mémoi
res que m'a fourny un Miffionnaire
François qui en fait par
faitement la Langue , pour y
avoir demeuré long- temps. Ilfe
nomme M Vachet, & eft affez
renommé dans les Relations que
M des Miffions Etrangeres
donnent de temps en temps au
Public Fe la croy affez jufte,
Je
j'espère que vous la lirez avec
plaifir. J'avois commencé une
autre Relation de mon Voyage
V Octobre
1684.
234
MERCURE
co
de Surate à la Cofte Coroman
delle , Malaca, Siam ; mais
elle n'est pas en état d'eftre envayée
, parce que jay encore
quelque chofe à y ajoûter , afin
depouvoir donner en meſme temps
une legere idée de l'état de ce
dernier Royaume.
Kone aure appris que depuis
les premiers honneurs que j'avois
reçûs du Rey de Siam à mon ar
rivée en fe Cour , j'en reçûs de
bien plus particuliers l'an paffé,
lors que ce Prince me donna audience
en fon Palais. It eftoit
affis en fon Trône , & ily avoit
enmefme temps des Ambaſſadeurs
-
GALANT 235
du Roy deFamby, à qui il donnoit
auffi audience ; mais il voulut par
la lieu où il me fi placer , faire
connoiftre la diférence qu'il wettoit
entre un Sujet du plus grand.
Prince du monde , & les
baffadeurs d'un Roy fon Voifin
Il me fit préfent d'un Juſtan
corps ou Vefte d'un Brocard d'Eu
rope tres-riche , d'un Sabre &
à la maniere des Indes , dont la
Garde & le Fourreau eftoient
garnis d'or ; & j'eus encore l'hon- -
neur de luy faire la reverence ·
le mois d'Avril dernier , & j'en
reçûs unſecond Préfent. C'efpit
un autre Juftaincoups › tres-beaus. ·
Vvijo
236 MERCURE
rares
Il feroit mal- aifé de raconter
les hautes idées que ce Roy a
de la puiffance , de la valeur,
& de la magnificence de noftre
invincible Monarque. Il ne fe
peutfur tout laffer d'admirer ces
qualitez qui le rendent auffi
recommandable en Paix qu'en \
Guerre, Vous voyez bien que las
Vie de Sa Majesté me fournit
affez de matiere pour pouvoir en_ ).
tretenir ce Prince dans cesfentimens
d'admiration. C'est ce que
je fais par quantité d actions particulieres
de cette illuftre Vie que
je fais traduire en fa Langue,
qu'un Mandarin de mes Amis,
GALANT. 237
lors
que
&fort en faveur aupres de luy,
a foin de luy préfenter. Le Roy
de Stam espere que Sa Majesté
tuy envoyera des Ambaſſadeurs,
les fiens reviendront. It
fait batir une Maiſon , qu'on
peut nommer magnifique pour le
Pais pour les recevoir & défrayer.
Dans ce deffein , on prépare
toutes les Uftancilles pour
la meubler à la maniere d'Europe:
Les faveurs que ce Prince
fait de jour en jour à M ™s les
Evefques François , Vicaires du
S. Siege en ces Païs , font tresparticulieres.
Il leur fait bâtir
une grande Eglife proche le beau
238 MERCURE
Seminaire qu'il leur fit conftruire
il y a quelques années ; & depuis
peu de jours iill lleeuurr aa fait
demander le modelle d'une autre
Eglife qu'il veut leur faire batir
à Lavau. C'est une Ville où il
fait fon fejour pendant fept ou
huit mois de l'année , & qui eft
éloignée de Siam de quinze à
feize lieües.
les
E mefuis informé des Habillemens
qu'on vous a dit que
Soldats Faponnois portoient lars
qu'ils alloient à la Guerre , &
qui font à l'épreuve de toutesfor-
Tij
222 MERCURE
tes d'armes ; mais tous ceux qui
m'ont paru le dewair frayjoin le
mieux, pour avoir demeuré longtemps
dans le Japon , n'ont pú
m'en inftruire. Ils m'ont ſeulement
dit , qu'ils croyoient que ces
Soldats fe feruoient dans leurs
expéditions militaires des mefmes
Veftemens que les Chinois, qui les
font de plufieurs Erofes de foye
cousies enfemble , & piquées
fort prés à prés , e qui mettent
quelquefois foixante de ces Erofes
es unes fur les autres, avec du
coton ou de l'ouate entre deux.
Els difent que ces Habillemens réfiftent
mefme aux coups de Moufa.
GALANT 223
les
quet ; mais il n'y a que les Grands
qui s'en fervent & Les Gens du
commun ufent de Cuiraffes. Il
eft tres difficile d'avoir des nouvelles
füres de ce qui fe paſſe au
Fapon , parce qu'il n'y a que
Hollandois les Chinois qui y
trafiquent. Tous les Etrangers,
particuliérement ces premiers,
Ifont fi peu en liberté, que j'en
ay connu quelques - uns , qui y
avoient fairfix oùfept voyages,
qui à peine pouvoient rendre
raison de certaines chofes , qui ne
peuvent eftre ignorées d'une Per-
Sonne qui a demeuré quelque
temps dans un Pais. Vous fçan
T. iiij.
224 MERCURE
4
vez que la Compagnie de Hol
lande ne tire plus du Fapon ces
grands pr fus qu'elle y faifoit autrefois
les vexations qu'y fou
frent fes Officiers ont beaucoup
diminué ce Trafic. Il part chaque
année de Barravia trois ou
pour
le
quatre
grands
Navires
Japon , chargez
de toutes fortes
de Marchandifes
; & l'ordre
le
plus exprés qu'ont les Officiers
de
ces Bâtimens
, est de fe donner
bien de garde de montrer
aucun
figne de Chriftianifme
qu'ils demeureront
en ce Pais- là.
Le Gouverneur
de Nangazaqui
,
qui est le Port où les Navires
·tant⋅
GALANT 225
le
Etrangers arrivent , les force à
luy vendre toutes les Marchan
difes qu'ils apportent , au prix
qu'il fouhaite s'ils ne veulent
pas les donner , ilfaut qu'ils
rembarquent auffi tost , fans pouvoir
davantageles expofer en
vents. Ils voyent enfuite que
Gouverneur revend mefmes
Marchandifes de la main à la
main , avec un tres-grand profit,
fans qu'ils ofent en murmurer.
Auffi dit- on la Compagnie
Hollandoife est réfolie d'abandonner
ce Commerce , fi elle ne
peut avoir raison de ces awanies.
La Loge des Hollandois eft fituée
que
Ges
226 MERCURE
1
dans une petite Ifle qui eft dans
la Riviere de Nangazaqui , &
qui n'a de communication avec
La Ville, ou Terre ferme , que par
un Pont. Le Gouverneur a le
foin de leur fare fournir toutes
Les chofes dont ils ont besoin , &
il leur est défendu fous peine de
la vie, d'aller en Terre-ferme, on
à la Ville , fans fa permiffion
&fans avoir quelques Gardes.
Cet ordre est refpectif à l'égard
des Faponnois , qui ne peuvent
aller en la Loge des Hollandais
fans la permiffion du Gouverneur.
Tant que leurs Navires demeu
rent en ce Port of Riviere , le
GALANT 227
Gouvernail , la Poudre , & les
principales Armes , font à terre ;
codes,le moment qu'on leur a
rende ces chafes , il faut qu'ilsfe
mettent à la voile , quelque vent
qu'ilfaffe. Quand mefme ils auroient
la plus rude tempefte à effuyer,
ils ne peuventfans rifque
de la vie rentrer dans un Port
du Japon. Il faut que la Com
pagnie change toutes les années
Le Chef & Second de fon Comp
toir ; d'abord que les Japonnois
remarquent que quelque Hol
landois commence à fçavoir leur
Langue ou leurs Coutumes , ils
le renvoyent hors de leur Païs.
228 MERCURE
On efpéroit que la mort du vieil
Empereur , qui eftoit celuy qui
avoit entiérement coupé les fortes
racines que la Religion des Chré
tiens avoit jettées dans leJapon,
mettroit quelque fin aux précautions
pleines d'impieté qu'apportent
les Japonnois , pour empef
cher qu'on ne leur annonce une
autre fois l'Evangile ; mais les
Miniftres de fon Fils , qui a fuc-"
cedé à l'Empire
, n'en apportent
pas de moindres , t) femblent
ôter toute efpérance de pouvoir
voir de nos jours un fi grand
bien. Les Portugais publient ,
que leur Viceroy qui arriva l'an
GALANT 229
paffé à Goa , a deffein d'envoyer
une Fregate aufapon , avec des
Ambassadeurs , pour féliciter ce
nouvel Empereur fur fon heureux
avenement à la Couronne,
en mefme temps ménager le
rétabliſſement de la bonne correfpondance
qu'il y a eu autrefois
entre ces deux Nations ; mais je
ne croy pas qu'il envoye cette
Fregate , encore moins, qu'il
puiffe reüffirdansfesprojets,quand
il le feroit. Les Portugais s'attendent
de voir d'auffi grandes
chofes fous le Gouvernement de
ce Viceroy , que leurs Prédeseffeurs
en ont vu fous celuy
230 MERCURE
des Albuquerques . Il eft een
tain que c'est un Homme d'un
fort grand mérite , & qui täcke
d'établir toutes chofes fur le bon
pied. Le Prince Regent lay a
"donné un pouvoir , qu'aucun Va
ceroy n'a eu avant luy , qui eft
de faire châtier de peine capitalejufques
aus Fidalgués, quand
le mériteront , fans les renvoyer
en Portugal , comme on
faifoit autrefois.
M Evefque d'Heliopolis
partir de mois de fuiller dernier
far une Soume Chinoïfe , pour
aller à la Chine . Il est à craindre
que ce ware Prelarn'yforpas
GALANT. 231
1
reçû , à caufe des nouveaux orl'Empereur
a fait pudres
que
blier, par lesquels il défend l'entrée
le négoce dans fon Empire
à tous les Etrangers , à l'exception
des Portugais de Macao ,
qui peuvent le faire feulement
par terre.
Toutes les Provinces de la
Chine obeiffent préfentement au
Tartare , & il n'y a aucun Chinois
dans ce vafte Empire , qui
n'ait les cheveux coupez . Il ne
refte plus que l'Ile de Formofe;
mais on ne croit pas qu'elle puiffe
refifter contre les grandes forces
que l'EmpereurTartarepeut met232
MERCURE
a
tre fur terre & fur mer. Il y
a plufieurs Chinois qui demeurent
en ce Royaume de Siam. Ils
portent les cheveux longs ;
comme le Roy vouloit envoyer
une Ambaffade folemnelle à la
Chine , il nomma l'und'euxpour
un de fes Ambaffadeurs. Ce
Chinois fit tout ce qu'il pût pour
s'en excufer , parce qu'il auroit
efté obligé de couper fes cheveux;
mais voyant que le Roy vouloit
abfolument qu'il y allaft , il aima
mieux fe couper la
de confentir à cet affront.
J'envoye une petite Relation:
de Cochinchine , dont le Royau
gorge , que
4
GALANT. 233
me eft fameux en ces quartiers,
non feulement par la valeur de
fes Peuples , mais auffi par le progrés
qu'y a fait l'Evangile, Je
lay drefféefur quelques Mémoi
res que m'a fourny un Miffionnaire
François qui en fait par
faitement la Langue , pour y
avoir demeuré long- temps. Ilfe
nomme M Vachet, & eft affez
renommé dans les Relations que
M des Miffions Etrangeres
donnent de temps en temps au
Public Fe la croy affez jufte,
Je
j'espère que vous la lirez avec
plaifir. J'avois commencé une
autre Relation de mon Voyage
V Octobre
1684.
234
MERCURE
co
de Surate à la Cofte Coroman
delle , Malaca, Siam ; mais
elle n'est pas en état d'eftre envayée
, parce que jay encore
quelque chofe à y ajoûter , afin
depouvoir donner en meſme temps
une legere idée de l'état de ce
dernier Royaume.
Kone aure appris que depuis
les premiers honneurs que j'avois
reçûs du Rey de Siam à mon ar
rivée en fe Cour , j'en reçûs de
bien plus particuliers l'an paffé,
lors que ce Prince me donna audience
en fon Palais. It eftoit
affis en fon Trône , & ily avoit
enmefme temps des Ambaſſadeurs
-
GALANT 235
du Roy deFamby, à qui il donnoit
auffi audience ; mais il voulut par
la lieu où il me fi placer , faire
connoiftre la diférence qu'il wettoit
entre un Sujet du plus grand.
Prince du monde , & les
baffadeurs d'un Roy fon Voifin
Il me fit préfent d'un Juſtan
corps ou Vefte d'un Brocard d'Eu
rope tres-riche , d'un Sabre &
à la maniere des Indes , dont la
Garde & le Fourreau eftoient
garnis d'or ; & j'eus encore l'hon- -
neur de luy faire la reverence ·
le mois d'Avril dernier , & j'en
reçûs unſecond Préfent. C'efpit
un autre Juftaincoups › tres-beaus. ·
Vvijo
236 MERCURE
rares
Il feroit mal- aifé de raconter
les hautes idées que ce Roy a
de la puiffance , de la valeur,
& de la magnificence de noftre
invincible Monarque. Il ne fe
peutfur tout laffer d'admirer ces
qualitez qui le rendent auffi
recommandable en Paix qu'en \
Guerre, Vous voyez bien que las
Vie de Sa Majesté me fournit
affez de matiere pour pouvoir en_ ).
tretenir ce Prince dans cesfentimens
d'admiration. C'est ce que
je fais par quantité d actions particulieres
de cette illuftre Vie que
je fais traduire en fa Langue,
qu'un Mandarin de mes Amis,
GALANT. 237
lors
que
&fort en faveur aupres de luy,
a foin de luy préfenter. Le Roy
de Stam espere que Sa Majesté
tuy envoyera des Ambaſſadeurs,
les fiens reviendront. It
fait batir une Maiſon , qu'on
peut nommer magnifique pour le
Pais pour les recevoir & défrayer.
Dans ce deffein , on prépare
toutes les Uftancilles pour
la meubler à la maniere d'Europe:
Les faveurs que ce Prince
fait de jour en jour à M ™s les
Evefques François , Vicaires du
S. Siege en ces Païs , font tresparticulieres.
Il leur fait bâtir
une grande Eglife proche le beau
238 MERCURE
Seminaire qu'il leur fit conftruire
il y a quelques années ; & depuis
peu de jours iill lleeuurr aa fait
demander le modelle d'une autre
Eglife qu'il veut leur faire batir
à Lavau. C'est une Ville où il
fait fon fejour pendant fept ou
huit mois de l'année , & qui eft
éloignée de Siam de quinze à
feize lieües.
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Résumé : A Siam le 28. Novembre 1683.
Le document est une lettre datée du 28 novembre 1683 à Siam, traitant des habits des soldats japonais et des difficultés de commerce avec le Japon. L'auteur note que les soldats japonais portent des vêtements similaires à ceux des Chinois, résistants aux armes à feu, mais il n'a pas pu obtenir de détails précis. Il souligne les restrictions imposées aux étrangers, notamment les Hollandais, qui sont surveillés et limités dans leurs mouvements. Le gouverneur de Nangazaqui contrôle strictement le commerce, forçant les navires étrangers à vendre leurs marchandises à des prix imposés. La Compagnie hollandaise envisage d'abandonner ce commerce en raison des vexations subies. La loge des Hollandais est située sur une île isolée, et les Japonais interdisent toute communication non autorisée. Les navires étrangers doivent quitter le port immédiatement après avoir récupéré leurs armes et poudre. La Compagnie hollandaise change annuellement ses chefs pour éviter qu'ils ne s'imprègnent de la langue ou des coutumes locales. La mort de l'empereur japonais n'a pas modifié les restrictions contre les chrétiens. Les Portugais prévoient d'envoyer une frégate pour rétablir les relations, mais cela semble peu probable. Le document mentionne également des événements en Chine, où les Tartares contrôlent les provinces, et en Cochinchine, connue pour la valeur de ses peuples et la progression de l'Évangile. L'auteur a reçu des honneurs du roi de Siam, qui admire la puissance et la magnificence du monarque français. Le roi de Siam prépare une maison pour recevoir des ambassadeurs français et construit des églises pour les missionnaires français.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 14-81
DE L'ORIGINE DE LA SEPULTURE, DES TOMBEAUX, Et du temps que l'on a brûlé les Corps.
Début :
Comme la Vie est le premire principe des Hommes ; de mesme [...]
Mots clefs :
Corps, Sépulture, Monuments, Sépulcre, Tombeaux, Égyptiens, Romains, Bible, Empereur, Prince, Marbre, Funérailles, Ossements, Coutumes, Juifs, Mausolée, Ensevelissement, Momies, Inscriptions, Défunts, Vénération, Richesses
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texteReconnaissance textuelle : DE L'ORIGINE DE LA SEPULTURE, DES TOMBEAUX, Et du temps que l'on a brûlé les Corps.
DE L'ORIGINE
DE LA
SEPULTURE,
DES TOMBEAUX ,
Et du temps que l'on a brûlé
les Corps
.
C
Omme la Vie eſt le premier
principe des Hommes
; de mefme la Mort eft leur
dermer terme . C'eſt d'où vient
que le Droit de la Sepulture eft
fi ancien , que peu apres la
création du Monde , & la chûte
de nôtre premier Pere , il a eſté
introduit & mis en ufage . Dieu
du Mercure Galant.
15
dit au premier Homme apres fon
peché qu'il étoit poudre, & qu'il retourneroit
enpoudre , parce qu'apres
la mort les corps des Hommes
doivent eftre mis dans la Terre,
comme dans le fein de leur commune
Mere , d'où ils ont efté tirez
en leur naiffance .
Mais avant que de parler des
Tombeaux , de la Sepulture , &
de l'ufage que les Anciens y ont
obſervé , il eſt à propos de dire
que l'origine en a prefque commencé
avec le Monde , & que
les premiers Hommes ont enfévely
les Corps des Défunts .
C'est un foin & une pieté qui
s'eft pratiquée comme par une
Loy , que la Nature mefme avoit
impofée. L'exemple en a paffé
chez la Pofterité , & le foin des
>
16
Extraordinaire
Funerailles a efté en fuite religieufement
étably & obfervé.
Mais fur tout on doit dire qu'Adam
& Noë ont efté les premiers
qui ayent fait ouverture
de la Terre pour y ensevelir les
corps , n'y ayant eu perfonne qui
ait en leurs deux temps précédé
l'un ny l'autre.
Abel , comme rapporte Jofephe
liv. 1. Chapitre 3. de fes
Antiquitez Judaïques , à l'âge de
129. ans fut la premiere Victime
de la mort , & reçût un ſi mauvais
traitement de Cain fon frere
, que ce Barbare apres luy
avoir arraché la vie , en cacha
le corps dans les haliers , pour
ne luy pas donner la Sepulture,
exerçant encore une nouvelle
cruauté fur fon Frere
apres
fa
du Mercure Galant.
17
mort. Mais Eliphas Themanite
dit , que Cain apres un meurtre
fi fanglant , devint vagabond &
comme furieux , ayant toûjours
devant les yeux l'image de fon
crime ; qu'il ne fe retiroit que
dans les Cavernes & les Foreſts
comme une Beſte , & que Dieu
fulmina contre luy un decret,
par lequel il fut ordonné qu'il
perdroit la vie par le fer , &
qu'il deviendroit la proye des
Vautours & des Animaux fauvages
, ainlì que les Septante ont
interpreté le paffage de Job fur
ce ſujet Chapitre 15. verf. 22. &
comme Olimpiodore l'a expliqué
. Voila les termes de ce decret
; Hominem impium decretum ,
ait , effe à Deo in manus ferri , &
ordinatum in efcas vulturum . Ce qui
Q. deJanvier 1685. B
18 Extraordinaire
à la verité fut jugé une punition
rigoureuſe , mais digne de l'im..
pieté de ce Parricide .
.
Adam touché au vif de la
mort d'Abel fon fils , en fit chercher
le corps , & apres plufieurs .
jours de deuil , de larmes & de
foûpirs , prit le foin de l'inhu .
mer avec beaucoup de pompe,.
& luy erigea un Monument qui
devoit fervir à luy mefme ,
& à fes autres enfans .. L'on :
tient communément que ce nefut
pas loin de Sion . Voila la
premiere Sepulture & le pre.
mier Tombeau , auquel ce Pere
affligé ajoûta encore une belle
Epitaphe , conceuë en ces paroles.
Quis tantus de hoc loco , tamque
fonorus clamor ? Rogas Viator ?
adhuc inauditum tibi parricidium,
du Mercure Galant.
19
& c . Salien la rapporte en l'année
du Monde
130.
La privation de la Sepulture .
avoit quelque chofe d horrible.-
Ce fut toutefois de cette melme.
peine la plus barbare de toutes ,
que les Egyptiens traiterent les
Hebreux fous Pharaon leur Roy;
car apres avoir miferablement
porté le joug de fa tyrannie , &
un long & rude efclavages , ils
en jettoient les Corps dans les
Champs fans les enfevelir , & ne
permirent pas mefme de mettre
de la pouffiere deffus , ny de ré
pandre des larmes apres leur
mort ; mais Dieu vangea bien
cette barbarie , felon que le remarque
Philon Juif en la vie de :
Moyle.
La fainte Ecriture nous fait :
B. ij
20 Extraordinaire
connoiſtre, aux Nombres Chapitre
16. verf. 34. que Dieu mefme
a voulu quelquefois que les
impies , en vangeance de leurs
crimes , ayent efté privez de la
Sepulture en diverfes manieres ,
ou eftant engloutis tout vifs dans
les entrailles de la Terre, comme
il est arrivé à Coré , Datham &
Abiron , ou eftant confumez du
feu du Ciel , fans qu'il foit refté
la moindre partie de leurs corps
pour
eftre mife dans la Sepulture
, comme le mefme Jofephe &
Philon le rapportent .
Ce fut là une effroyable vangeance
, & un terrible Monument
, quand cinq fameuſes Villes
furent entierement confumées
du feu du Ciel avec tous
leurs Habitans , à l'exception de
du Mercure Galant, 21
Loth & de fa Famille , encore
fon Epouſe par fa faute fut- elle
changée en fa propre Image ; &
quand Sodome & Gomorrhe du
nombre de Pentapolis devinrent
une vafte Mer de fouphre & de
bitume , pour punir les crimes
de ceux qui les habitoient . Les
Hiftoriens en feront toûjours
mention , & la pofterité en parlera
à jamais .
5.
C'eft de là auffi qu'eft venu
ce fameux Lac appellé Afphaltide
, ou cette Mer morte , dont
Joſephe liv.
&
4.
de la Guerre
de Juifs , & Hegefippe liv.
14. Chapitre 18. recitent tant de
merveilles , & apres eux Ariftote
& Strabon , & plufieurs autres.
Mais revenons à Adam & å
12 Extraordinaire
Noë , dont nous avons parlé cy--
devant. Noë , ce grand Patriarche
, averty de Dieu qu'il euft à
baftir l'Arche , pour ſe garantir
luy & fa famille des eaux du Dé .
luge univerfel , femble avoir donné
à tous les hommes qui devoient
venir apres luy , une idée
de la Sepulture & des Tombeaux
, car comme dit Orohoaita ,
le plus fçavant & le plus fameux
de tous les Auteurs Syriens , liv. 1 .
du Paradis Terreftre , Partie 1 .
Chapitre 14. & la Bibliotheque -
des Pères , Chapitre 1. il convertit:
cette mefme Arche en un
Tombeau , & par une pieté infigne
envers les Vivans & les
Morts , en s'y retirant , emporta
avec foy les offemens d'Adam ,
qui avoient eſté tirez du Sepul2-
*
du Mercure Galant
23
1
S
3
chre d'Abel , & apres en efte
forty fain & fauf avec fa Famille ,
il en retira les, mefmes offemens.
d'Adam , qu'il avoit gardez com.
me un dépoft , & les partagea cn--
tre fes Fils avec les Parties de la
Terre , & dans la divifion qu'il
en fit , il donna à Sem qui eftoit
l'aifné , le Crane , & la Region
pour habiter , qui depuis a efté:
dire la Judée.
On tient communement que
le Mont - Calvaire eft le lieu où
le Crané d'Adam a efté enfevely
par ce mefme Sem, & en fui .
te le reste de fes autres offemens,
& que cette Montagne a pris
fon nom de cette Sepulture . C'eft:
une ancienne Tradition , qui a
duré chez les Syriens , dit le
mefme Orohoaita , & qui y dure
encore..
24
Extraordinaire
Mais il ne faut pas s'étonner,
fi ces chofes font paffées fous fi.
lence dans les Livres de Moyfe ;
& que ne faifant mention que
de la Creation du Monde , de
la Chûte du premier Homme ,
& de la Propagation du Genre
Humain , il ne rapporte rien du
premier Age du Monde . L'Auteur
de la précédente opinion a
receu comme par Tradition des
plus anciens Syriens , ce qu'il en
a écrit , & que les Juifs tiennent
de luy.
Saint Epiphane fur la fin de
fon Livre , parle ouvertement de
cette Divifion de tout le Monde
entre les Fils de Noë , & affure
que la Paleſtine , dans laquelle
la Judée eft compriſe , eftoit
tombée au fort de Sem , quoy
qu'il
du Mercure Galant. 25
qu'il foit arrivé en fuite que
les
defcendans de Cham s'en foient
emparez par violence . C'eſt enfin
le fentiment de tous les Peres
, que les os d'Adam ont efté
portez apres le Déluge en la
Paleftine , où ils ont efté enfevelis.
C'est ce que confirme
Torniollus année 930. de fes Annales
Saintes , & Salien en la
mefme année.
Comme il n'y a pas à douter
de la pieté de Noë envers les os
d'Adam felon que faint Bafile
fur Ifaye Chapitre 5. & Theo.
phylacte fur Jonas Chapitre 19.
le remarquent , on doit dire auffi
que
le foin charitable de la Sepulcure
, des Funérailles
Tombeaux , & du Miniftere qui
s'y obferve , a pris fon origine
2. deJanvier 1685.
C
des
26 Extraordinaire
d'Adam , & poftérieurement de
Noë , qu'il s'eftétendu en fuite
à toute la Poftérité , & qu'il a
enfin obtenu la force d'une Loy
inviolable. D
La Tradition des anciens Juifs
cft d'une grande authorité pour
perfuader que les offemens d'A
dam ont efté enfevelis en Hebron
, comme faint Hierômé le
répete plufieurs fois , & la plus
grande partie des Peres le tiennent
auffi , & fur tout dans le
lieu du Calvaire , la Paleftine ,
la Judée & Hebron eſtant preſque
la mefme chofe ; tous lefquels
Peres Malveda cite en fon
Livre du Paradis Terreftre, chapitre
54. & 55.
A l'égard de la Sepulture chez
les Anciens Hebreux , ne rapdu
Mercure Galant. 27
1
7
porte. t'on pas qu'Abraham par
une révelation divine , entre les
Actions les plus confidérables,
avoit une grande vénération
pour ce dernier devoir que l'on
rend aux Défunts ? Car quand il
eut perdu Sara fa chere Epoufe,
n'acheta t'il pas par quatre cens
Sicles d'argent le Champ nommé
Ephron , pour y porter le
Corps de la Défunte? Ce fut par
la le premier qui dedia une choi
fe profane à l'ufage picux & facré
de la Sepulture , comme le
dit la Genefe Chapitre 23 .
A
23.
Mais felon le fentiment de
faint Chryfoftome Homelie
ce qui eft de plus confidérable ,
ce grand Patriarche ne s'eftoit
rien acquis par aucun prix d'argent
avant. ce Champ & cette
Cij
28
Extraordinaire
Sepulture , pour n'avoir rien devant
les yeux ou dans l'efprit de
plus prefent que le Tombeau;
& ce mefme Saint le loue pour
fon extréme pieté d'avoir pris
tant de foin de la Sepulture , tant
pour luy que pour les fiens .
Ce n'eft pas encore affez pour
Abraham d'avoir religieuſe..
ment pourvû à la Sepulture de
Sara mais il s'eft porté à la
Pompe des Funérailles , qu'il vou
lut y eftre obſervée , avec des
larmes & des plaintes ; ce que
Moïse exprime en la Geneſe Cha
pitre 23. par des termes dignes
d'un fi grand Perfonnage , mef
me apres avoir rendu les der
niers devoirs aux Manes de fon
Epouſe , il pria les Hethéens
d'avoir le mefme foin de fa Sedu
Mercure Galant.
29
car
pulture , & de ne luy pas denier
ce droit d'humanité , fitoft
qu'il auroit rendu l'ame
le deuil & les plaintes ne défignent
pas feulement les larmes .
& les foupirs , que les vifs reffentimens
de la douleur tirent
du coeur & des yeux , mais tout
ce qui peut regarder les Fune.
railles & leur Pompe.
Moyle remarque que les fentimens
de douleur , & la magni.
ficence de la Pompe funebre ne
furent pas moindres en la mort :
de Jacob; auffi Patriarche, & pe--
tit fils d'Abraham , qu'ils avoient
eſté en la mort d'Abraham meſ
me ; & ce Jacob pere de Jofeph,.
ne regretta pas moins la privation
de la Sepulture de fon Fils ,
C iij
39
Extraordinaire
que la mort pitoyable & funeſte
de ce mefme Fils , laquelle fes
Freres avoient annoncé à leur
Pere eftre
malheureuſement arrivée
, pour avoir efté devoré
des Beftes fauvages ; tant le foin
de la Sepulture eftoit recommandable
chez les anciens Hé
breux . C'est ce que remarque
Philon Juif. En effet , cet Auteur
fait une peinture trifte &
lugubre de Jacob affligé pour la
mort de ce Jofeph. Les termes
en arracheroient de la tendreffe
des coeurs les plus infenfibles , &
feroient couler les larmes des
yeux des plus endurcis.
C'eft de là auffi que ces Saints
Patriarches , comme la fainte
Ecriture l'enfeigne , Genele Chapitre
35. prenoient foin d'elever
du Mercure Galant.
3F .
des Pyramides fur les Sepulcres
des leurs . Jacobce Saint Per
fonnage , comme dit Brochard
en la Defcription de la Terre
Sainte , fit ériger fur le Sepulcre
de Rachel fon Epoufe , une Pyq
ramide d'un excellent Ouvrage,
au pied de laquelle & tout au
tour il en fit placer douze autres
un peu moindres , felon le
nombre de fes Enfans, tant pour
rendre ces Monument illuftre a
la pofterité , que pour marquer
L'efperance de la Refurrection &
de la Vie immortelle , commer
témoigne.de -Lyra parlant de ce
Patriarche .
La Geneſe Chapitre 5o.net
nous reniet - elle pas en memoi
re quelle Pompe funebre ce mef
me Jacob reçût en Egypte apres
Ciiij
32
Extraordinaires
y eftre mort Son Corps fut
honoré d'un fuperbe & magni
fique appareil , & auffi éclatant
que fi c'euft efté celuy d'un Roy,
& les mefmes honneurs furent
pareillement rendus à Joſeph ſon
fils Intendant de l'Egypte , apres
fon trépas.
Saint Ambroife eftime que la
couftume de faire des Obfeques.
eft venue des anciens Hebreux;
car Jacob fut regretté pendant
40. jours , & Moyfe durant 30 .
Cette couftume s'eft diverſe.
ment introduite chez les Nations
poſterieures , comme la fuite le
fera remarquer.
Mais entendons ce que dit
Ciceron fur le foin de la Sepulä
ture. Ce foin , dit - il , marque l'ef
poir de l'Immortalité. Car pourquoy
du Mercure Galant.
33
P
•
s'attacherfifort &fi naturellement
la Sepulture , s'il ne s'enfuit la réi
nion du Corps avec fon Ame , &
que la mort ne foit un paſſage à une
meilleure vie ? A quoy fervent ces
grands Monumens * ces Sepulcres
magnifiques ces Epitaphes , & ces
préparatifs de Pompe funebre ,
Aut
fi ce n'est une esperance de l'avenir
? Voila des termes qui ne fentent
pas le Pyen , mais un ef
prit, éclairé des lumieres de la
Foy. og
Les anciens Hebreux avoient
des Sepulchres particuliers aux
Familles , & d'autres communs
aux Estrangers , qu'ils appelloient
, Polyandria , comme vou,
lant dire que ces Monumens
eftoient pour un grand nombre
de Corps eufemble , ainfi que le :
34
«Extraordinaire
"
mot le fignifie , & c'eftoit où les
Perfonnes inconnues eftoient enfévelies
.
Les Egyptiens rendoient un
culte & une veneration fingu
liere aux Corps des Défunts ,
comme aux organes de leurs
Ames, qu'ils croyoient , ainly que
dit Herodote Livre 1 , immortelles.
A ce fujet , ils prenoient un
grand foin de les embaumer , &
de les munir de quantité d'o
deurs & d'aromats , pour leur
donner beaucoup de fuavité , &
les garantir à mefme temps de
la corruption. Ils employoient
à ce foin jufques à 40. & 50. jours,
& d'avantage s'il eftoit neceffai
re , comme on le voit en la Ge
nefe , & dans Diodore le Sici
lien Livre 1. Chapitre 2. Mais on
du Mercure Galant.
35
trouve deux manieres de faire
ces Embaumemens .
Caffien , Colloque 15. Chapitre
3. explique d'où peut venir
que les Egyptiens prenoient un
fi grand foin d'embaumer leš
Corps , & de les mettre en des
lieux élevez pour les conferver
avec plus de feureté .
·
La nature de l'Egypte eft telle
, dit il , que la plus grande
partie de la Terre eft inondée
des eaux du Nil , qui fe dégor
ge & couvre les Campagnes tous
les ans , & pendant un aſſez
long intervalle de temps , y laiffant
un limon & une vafe pourriffante.
Alors les Egyptiens font
contraints de mettre ces Corps
ainfi embaumez & liez fortement
de bandes , dans les, lieux
1
36 Extraordinaire
les plus hauts & loin de l'humi
dité. Ces lieux font ordinairement
les Montagnes , où ils les
enfoüiffent dans le fable , ou des
Roches taillées , en forte qu'ils
y font des Cellules
propres à
enfevelir les Corps . Ils les met
tent auffi en de hautes Pyrami
des , comme on faifoit principalement
ceux des Rois & des
Princes de l'Egypte , qui de leur
vivant avoient pris foin de les
faire baftir eux mefmes ; de là
viennent ces grandes Pyramides
de Memphis ou du grand Cai
re, & d'autres lieux voifins.
Les
Deferts de
l'Egypte ont
encore plufieurs de ces Pyramides
, dont par l'antiquité quel .
ques unes font enfoncées
dans le
fable , d'autres font à demy rom
du Mercure Galant.
37
་
puës , & d'autres font encore en
leur entier , & l'on y peut monter
par le dehors › y ayant des
Marches qui vont tout autour ;
& fur le milieu l'on trouve des
Voutes fort étendues & fpacieufes
, où l'on peut entrer , & ce
font les lieux où les Corps des
Rois & des Princes de l'Egypte
ont efté enfevelis. On peut parvenir
jufques au fommet par ces
mefmes Marches ; mais la defcen.
te en eft beaucoup plus difficile
à caufe de la hauteur , les yeux
pouvant eftte éblouis j c'eft
pourquoy on prend ordinairement
des Guides. M Fer.
manel , Conſeiller du Parlement
de Rouen , ayant fait le Voya
ge de la Terre Sainte , en parle
comme Témoin oculaire , en for
38
Extraordinaire .
Voyage du Levant , eftant alors
accompagné du Sieur Scohouë
Eftranger.
On voit autour de ces Pyramides
des Hieroglyphes gravez,
dont les fignifications & les mar
ques font Myftérieuſes . Le Pere
Kirker en a fait un fçavant Recueil
, & en a donné l'interpré.
tation en cct Ouvrage curieux ,
durant qu'il eftoit Bibliothecaire
du Vatican.
On a mefme trouvé des Trẹ.
fors , & de grandes Richeſſes
dans le fond de ces Pyramides;
& de là on préfume que les
Corps des Rois & des Princes ,
& leurs Trefors ont efté enlevez
, depuis que le grand Caire
& plufieurs autres Villes ont efté
bafties en Egypte , où on leur a
du Mercure Galant,
39
A dreffé d'autres Monumens ma
gnifiques pour les y conſerver.
Les pierres des Monumens font
tachetées de rouge & de blanc,
car
telle en' eſt la nature , n'y
ayant guere d'autre Marbre dans
ce Pays.
La plus commune opinion des
Auteurs qui ont écrit de ces Pyramides
anciennes , eft que dans
l'Egypte , il y en a trois princi.
pales. La plus haute dès trois ,
comme difent Pline , Strabon ,
Pomponius Mela , Démocrate ,
Ammian Marcellin , Oforius &
autres , eftoit conftruite de pier
res apportées de l'Arabie , &
c'eftoit un prodige comment on
avoit peu tirer des pierres d'une
fi immenſe étendue & d'une fi
grande pefanteur , & les mon
40 Extraordinaire
ter apres les avoir mifes en ou
vrage. On tiendroit pour une
Fable , que trois cents foixante
mille hommes y ayent travaillé
vingt années pour l'achever. Sa
bafe occupoit huit Arpens de
terre. Les quatre Angles avoient
chacun de leur coflé huit cents
quatre vingts trois pieds de longueur.
La hauteur , à prendre de
la bafe au fommet , eftoit de 363
pieds. Les deux autres Pyrami
des font moindres en toute leurs
parties.
On peut juger que les Egyptiens
ont efté ceux qui ontexcellé
par deffus toutes les autres
Nations en la magnificence &
en la pompe de leurs Sepulcres
& de leurs autres Monumens,
comme difent Herodote Livre 3.
du Mercure Galant.
41
Diodore Livre 1. Strabon Liv . 17.
& Pline Livre 16: Chapitre 123
comme auffi en la dépenfe exceffive
, & au nombre des Artifans
qu'ils y employoient. Leurs
Tombeaux n'eftoient pas feule.
ment ornez de Pyramides , mais
encore de Coloffes , de Statuës ,
de Sphinx , de Colomnes , d'Obelifques
, de Labyrinthes , &
d'autres fuperbes ornemens . C'eſtce
que dit Martial au commencement
de fes Epigrammes , en
faifant comparaifon avec un Ouvrage
d'un des plus grands Em--
pereurs Romains.
-
Barbara Pyramidum filcat mira--
cuta Memphis.
En voila encore une autre , ”
qu'Amafis Roy d'Egypte avoirfait
conftruire , de laquelle laa
DD 2. deJanvier 1685.
4,2 Extraordinaire
merveille confiftoit en fa figure
& en fa grandeur ; mais c'eftoit
plûtoft par vanité & par oftentation
, qu'autrement . Ce Monument
eftoit fait en figure de
Sphinx , & d'une fi vafte largeur,
que le ciscuit feulement de la
tefte , à prendre par le front ,
avoit cent deux pieds. Sa longueur
eftoit de cent quarantetrois
, & la hauteur eftoit depuis
le nombril , jufqu'au fommet de
la tefte de 82. comme dit Pline
Livre 36. Chapitre 12. Et ce qui
eft encore plus furprenant , &
qui paffe toute créance , l'Ou,
vrage eftoit de Marbre , & d'une
pierre feule & naturelle. Voila
la Sepulture de ce Roy , dont
parle Lucain Livre 9 .
Non mihi Pyramidum Tumulis
cuulfus Amafis...
du Mercure Galant.
433
Ces mefmes Merveilles font,
rapportées par Bellonius , en fes
Obfervations fingulieres Livre 2 .
fur les Ouvrages admirables de
P'Antiquité , & par Pierius en
fes Hieroglyphiques Livre 60..
Platon mefme en fon Phedon ,
infere l'immortalité de l'Ame par
les Corps des Egyptiens , qui ,
demeuroient incorruptibles apres
tant de Siécles en leurs Tombeaux.
3
Ileft icy à propos de parler,
des / Corps qui fe trouvoient , &
fe trouvent encore dans les Se--
pulcres de l'Egypte. On leur
donne le nom de Mumies , Ily en a
de deux fortes ; les uns font embaumez
par dedans , & les autres
par dehors . On en trouve
en des lieux taillez dans les Ro
Dij
44
Extraordinaireches
rangez à colte l'un de
l'autre , enveloppez de Linceuls
rayez de diverfes couleurs , &
ferrez de Bandes diverſement
rayées auffi . Ces Mumies qui font
embaumées par dehors , fe confervent
fans corruption en leurs
linceals , & en leurs bandes , à
cauſe du Baume & des Aromats .
dont elles font munies. Ces
Corps fous leurs couvertures ont
de petites Images de terre ver
te de differentes figures fur leur
eftomach , & mefme ſi extrava
gantes qu'on les prendroit pour
des Idoles. Quelques - uns ont
creu que c'eftoit leurs Talifmans .
Les ongles des pieds & des mains
font peints de Vermillon. C'a
efté de tout temps la couftume
des Egyptiens de peindre ces
S
du Mercure Galant. 45
parties de leurs Corps chez eux
apres leur mort.
On trouve auffi de ces Mumies
enfevelies fur les Montagnes
dans le fable , où le Soleil venant
à donner à plomb , en fait
diftiler une certaine liqueur ou
graiffe fouveraine , qu'on appelle
auffi Mumie , qui guerit die
verfes maladies communes , le
Spafme , les Schirres , l'Artriti
de , le Tetanus ou contraction
de Nerfs , Tartres. Voila l'effet
de celles qui font embaumées
par dehors. Mais je ne trouve
aucun Auteur ancien qui ait parlé
de ces Mumies . Ce n'eft pas
cer Alphalte , Bitume ou Pétrole
qui diftile des Rochers , &
qui paffe mefme au travers ; quoy
qu'ils puiffent avoir quelques
A
46 Extraordinaire
vertus excellentes .
Les Egyptiens . ont une autre
efpece de Mumies , qui font des
Corps défechez . Ils les endur.
ciffent tellement , qu'il n'y a
point de Parchemin qui en apro
che en dureté , & mefme ils ne
font guere moins durs que PAI "
rain . Saint Auguſtin au diſcours
120. des divins Noms , Chapi
tre 12 parle de ces Cadavres
ainfi endurcis , & on les appelle.
en la langue du pays Gabbares.
C'eft ainfi que les nomme Ift
dore , auffi en fa Glofe, felon la
langue de ces Regions . Mais ces
Gabbares ne rendent aucune liqueur
, ou graiffe , comme les
autres.
On remarque que les Egy
ptiens vuidoient les entrailles de
du Mercure Galant.
47
ces derniers Corps ; & comme
on n'y trouve aucune incifion
fur l'eftomach ny au ventre , de
là on a préfumé qu'on les tiroit
par le fondement , & la cervelle
par les narines ; cu s'il y en
avoit quelqu'une , elle eftoir fi
bien coufuë , que l'on ne pou
voit s'en appercevoir. C'eftoit
de cette maniere qu'ils les embaumoient
par le dedans ; eftant
pourtant enfevelis dans leurs
linceuls de la maniere que les
autres. Ces Corps n'eftoient
point fujets à la corruption , &
c'eftoient ceux qui estoient or
dinairement dans les Pyrami
des .
Nous dirons en paffant que
les Egyptiens vendent rarement
de ces Corps appellez . Mumies
48 Extraordinaire
ou Gabbares , parce que les Maîtres
des Vaiffeaux n'en veulent
pas permettre le tranfport en
Europe , comme fi ces corps enlevez
de leur pays ,
préfageoient
fur Mer quelque finiftre acci.
dent , foit que leur imagination
foit préoccupée de cette fuperftition
, ou que quelquefois il
s'en foit enfuivy quelque effet
furprenant , comme Tempeftes,
Vents ou Orages , qui les ayent
jettez dans cette erreur , ils en
attribuent toûjours la cauſe a
ces Corps tirez de leur Sepulture.
Ce n'eft pas qu'en effet la
graiffe ou l'huile que l'on tireroit
de ces Corps , ne fuſt auſſ
fouveraine que le Baume d'Egypte.
Les odeurs & les parfums
dont
du Mercure Galant.
4.9
dont on fe fervoit ordinairement
chez les Egyptiens , eſtoient le
Baume d'Egypte , n'y ayant que
ce Royaume qui en produife.
L'encens , la Myrrhe , & d'autres
Aromats , qu'engendre l'Arabie,
y eftoient employez , auffi
bien que ceux qui viennent de
Corycie , de Sabée , de Cilicie
& d'autres Regions du Levant ;
& mefme du temps de Neron,
on remarque que cet Empereur
fit une dépense fi prodigieufe
aux Funérailles de Poppée fon
Epoufe , pour ces odeurs & ces
parfums Aromatiques , qu'à peine
l'Arabie pourroit - elle ſuffire ,
& fournir en une année ce que
fa prodigalité confuma en un
jour. Le Corps de cette Impératrice
ne fut pas brûlé , comme
Q. deJanvier 1685.
-
E
50 Extraordinaire
c'eftoit la couftume de ces temslà
, ainfi que la fuite le fera connoiſtre
.
;
Les Juifs ont imité la méthode
d'enfevelir les Corps comme
les Egyptiens
car ils les embaumoient
, mais feulement par
dehors , & les couvroient ou de
linceuls , ou de drap de Pourpre,
& les ferroient auffi de bandes .
C'est ce qui fe remarque dans
les Funérailles du Roy Afa,
comme on le lit au Livre 2. du
Paralipom. 10. n . 4. où la Pompe
alla jufqu'à un grand excez .
Ils les mettoient enfuite au
Tombeau, felon que dit Sanchez
fur le Livre des Roys Chap.3 .
n. 12.
Cette coustume a efté meſme
introduite en l'Eglife depuis ce
du Mercure Galant,
temps -là , comme le remarque
Tertullien en fon
Apologétique,
où la profufion & les dépenfes
du Baume & des autres odeurs
Aromatiques eftoient fi excef.
fives & fi indignes des Chrẻ.
tiens , qu'il s'emporte contre ces
excez par ces paroles . Si les Arabes
fe pleignent , dit - il , que ceux
de Sabée fçachant que leurs Aromats
feront employez plus curieufement à
embaumer & à enfevelir les Chré.
1 tiens , qu'à parfumer leurs Autels.
U
Les mefmes odeurs ou de pareilles
, fe jettoient dans les
Tombeaux ou dans les Buchers,
comme ce difcours le fera voir
en fon lieu . Mais revenons aux
Sepulcres & aux Tombeaux.
L'Ecriture Sainte ne fait- elle
e pas mention des Monumens
E ij
52
Extraordinaire
la
merveilleux , conftruits pour
Sepulture des Roys de Juda , &
principalement de celuy que fit
ériger Salomon pour David fon
Pere , fur les deffeins
que
David
mefme en avoit donnez? Ce Sepulcre
eftant en grande vénération
chez les Juifs , tomba en
ruïne fous l'Empereur
Adrien ,
comme marque Dion en la vie
de cet Empereur.
Jofephe en fes Antiquitez Judaïques
Livre 11. Chapitre dernier
, témoigne que dans le Sepulcre
de David , & dans celuy
de Salomon , il y avoit eu de
grandes richeffes enfermées ,
aufquelles il eftoit défendu de
toucher. C'eftoit en la Ville de
Sion où ces Monumens eftoient.
Toutefois Hyrcan , grand Pondu
Mercure Galant.
53
tife , eſtant affiegé en la meſme
Ville par Antiochus , pour la
racheter du Siége , & pour éloigner
l'Ennemi , fut contraint ide
faire foüir dans le Sepulcre de
David , & d'en tirer trois mille
Talens , dont une partie fervit à
détourner Antiochus de fon entrepriſe
, & l'autre fut employée
à lever une Armée pour la défenſe
de la mefme Ville . La néceffité
obligea ce Pontife à fai
re foüiller dans la Sepulture des
Roys contre la défenfe.
Mais long temps apres , le meſ
meJofephe rapporte , que le Roy
Herodes avide d'or & d'argent,
n'eut point de fcrupule de violer
la Sepulture de ce mefme.
Roy , en faisant ouvrir ce Mo--
nument.
E iij
54
Extraordinaire
D'abord il en tira de tres riches
Ornemens qui y estoient
enfermez ; mais il ajoûte qu'on
ne pût parvenir jufques aux
Cendres & aux Trefors de ce
Roy , & qu'une flâme foudaine
s'eftant élevée du fond du Sepulcre
, y confuma deux Satellites
que ce Roy y avoit employez
, pour chercher les Trefors
qu'il en vouloit tirer
que le Ciel purit ainfi l'avarice
d'Herodes, qui fut obligé de faire
remettre le Monument au
mefme état qu'il eftoit auparavant.
>
&
Ce n'eftoit pas feulement avec
les Corps des Roys , que l'on inhumoit
des Trefors & des
chofes prétieuſes ; mais meſme
avec ceux des Prophetes , com .
2
du Mercure Galant. ss
1
-C
1.
>
me Sozomene le fait voir au
dernier Livre de fon Hiftoire
Ecclefiaftique . Ce fut à ce def
fein que les Chaldéens en la prife
de Jérufalem défoüirent les
Offemens des Roys de Juda , des
Princes , des Prophetes , & d'au
tres principaux de la Ville ,
pour en tirer les Trefors &
d'autres richeffes , fi elles y
eftoient cachées , comme le
Prophete Jéremie l'avoit prédit
beaucoup auparavant , pleurant
fur les miféres de cette Ville , &
comme le Prophete Baruch les
a depuis déplorées amérement.
C'est ce qui fut remarqué en la
découverte du Corps de Zacharie
auffi Prophete , qui arriva du
temps du mefme Baruch : car
on trouva à fes pieds un certain
E j
56 Extraordinaire
3
7
petit enfant Hebreu forty de race
Royale , ayant une Couronne
d'or en fa tefte , & des chauſ
fures d'or à fes pieds , & le
corps couvert d'un habit prétieux
; ce qui eftoit la marque
du grand foin & de la finguliere
vénération que les Anciens
avoient pour les Corps des illuftres
Défunts, de les accompa
gner de fi riches ornemens.
On a auffi trouvé dans les
mefmes Monurnens ou Sepul.
cres, des Médailles tres- Antiques,
qui d'un cofté portoient la figu
re d'Empereurs , de Roys ou de
Princes , & de l'autre des lettres
Hieroglyphiques , des Trophées
d'Armes , des Devifes ou
des Emblémes ; & c'eſt dont les
Médalliftes picquent la curiofité
"
du Mercure Galant. $7
de ceux qui aiment les Antiquailles
. Brafficamus à fait paroiftre
dans fon Promptuaire fes
recherches au contentement des .
Sçavans & des Curieux.
Plutarque auffi parlant de la
ville de Pélufe , préfentement
dite Damiete , Strabon Livre-
15. & Ammiam Marcellin Livre.
6. difent que les Roys des Macédoniens
& des Perfes avoient
auffi couftume d'enfermer des .
Trefors dans leurs Tombeaux.
Planudes en lifant des Infcriptions
de Sepulcres , découvrit
ingénieufement un Trefor caché
dans un Monument antique,
& cet Arabe fubtil , qui ayant
leu fur le front d'une grande
Statuë , qui eftoit au frontispice
d'un Sepulcre à découvert , ces
58
Extraordinaire
lignes : Aux Ides de May j'auray la
tefte d'or , fçeut pénétrer dans le
fens de ces paroles ; car bien
que l'on euft déja caffé la tefte
à cette Statuë aux Ides de May,
on fut obligé de la rétablir en
fon entier , pour ne la pas défigurer
, dautant qu'on n'y avoit
trouvé que du marbre ;
du marbre ; mais luy
plus intelligent alla foüir au premier
jour des Ides de May , au
lieu où l'ombre de cette tefte
donnoit , & y trouva autant d'or
que l'ombre fe pouvoit étendre
fur la terre.
L'ufage des Romains fut auffi
affez frequent d'accompagner les
Corps de richeffes en leurs Sepultures.
Toutefois la Loy des
XII. Tables le défendit enfuite
, pour ne pas donner lieu
du Mercure Galant.
59
à violer les Sepulcres des Morts ,
& pour reprimer l'avarice . Voi
la ce que porte cette Loy , neve
aurum addito. Il n'y a pas d'autre
raison que ces Trefors cachez
donnoient occafion de rompre
les Tombeau , de violer la
Sepulture , & de porter les Avares
à cette infamie de foüiller
jufque dans les lieux facrez ce
qui a efté défendu de tout temps .
Philoftrare en la vie d'Apollonius
liv. 7. affure que cet ar.
gent qui avoit efté tiré de la Sepulture
des Morts ne devoit
point entrer dans le commerce
des Hommes principalement
celuy qui y avoit efté dérobé ,
ou qui eftoit tiré des Tombeaux
par avarice .
Le Roy Théodoric fit deux
60 Extraordinaire
1
Ordonnances fur cette matiere,
dont l'une enjoignoit l'information
contre ceux qui avoient ofé
foüiller dans les Sepulchres &
en violer le droit , & l'autre qui
commandoit de rapporter au
bien commun & à l'utilité pu.
blique , les richeffes qu'on auroit
trouvées par hazard dans les
Tombeaux .
L'Hiftoire de Padout fur fes
Antiquitez rapporte que l'on
trouva dans le Tombeau d'Antenor
, qui fut le Fondateur de
cette Ville , plus de trente mille
livres d'argent , qu'il y avoit fait
mettre avant que de mourir.
Mais cette Infcription que Semiramis
Reyne de Babylone , fit
pofer de fon vivant fur fon Se.
pulcre , trompa finement l'avadu
Mercure Galant. 61
rice du Roy Darius . Elle y avoit
fait graver en groffes lettres ces
Mots : Si cui Regum Babylonis fuerit
pecunia penuria , aperto Sepulcro,
fumito. Ce Monument demeura
plufieurs Siécles en fon entier ,`
fans qu'aucun des Defcendans ou
Succeffeurs de cette Reyne y
touchaft , juſques au temps de
Darius. Ce Roy aveuglé d'une
avarice extréme , quoy qu'il fuft
le plus puiffant , & le plus riche
de tous les Roys du Monde,
paffant par là , & ayant leu cette
Infcription , au lieu des immenfes
Richeffes qu'il efperoit y
trouver , n'y rencontra rien que
ces autres paroles gravées au dedans
qui luy reprochoient avec
honte fon avarice. Nifi pecunia
effes inexplebilis , & turpis lucri
62 Extraordinaire
cupidus , defunctorum Sepulcra non
violaffes. Quelle infamie pour un
Roy & quelle tache qui ne
pourra jamais s'effacer!
La magnificence des Sepulchres
a paru tant aux Pyrami
des , dont nous avons parlé ,
qu'en la ftructure differente des
uns & des autres. Mais voila
d'où vient ce nom de Maufolée,
qu'on donne aux plus beaux Se.
pulchres & aux Tombeaux les
plus fuperbes , tant de l'Antiquité
que des Modernes ; & mefme
aux représentations qui fe
font dans les Temples , en la
mort des Roys , des Reynes , ou
des grands Heros.
Artemife Reyne de Carie , un
des Royaumes de l'Afie majeure
, voyant Maufolus
fon
du Mercure Galant.
63
Epoux mort , touchée d'une
vive douleur , fit ériger en fon
honneur & en fa memoire un
Monument , qui du nom de ce
Prince prit celuy de Mauſolée.
La ftructure de ce Tombeau fut
d'un fi excellent ouvrage qu'elle
luy fit douner le nom de la fixiéme
Merveille du Monde. La
figure en eftoit quarrée , & cet
Ouvrage fut donné à quatre
Maiſtres des plus habiles pour y
travailler. La partie Orientale
fut deſtinée à Scopas pour la
graver ; celle du couchant à
Leocare ; celle du Septentrion à
Briaffe , & celle du Midy à Timothée
. Ce grand Monument
fut formé en Pyramide , comme
la plus part l'eftoient dans ce
temps - là . Au fommet de ce
64
Extraordinaire
grand Ouvrage , eftoit la Satuë
du Roy affis dans un Trône la
Couronne en la tefte . Le commencement
& la Bafe eftoient
par Portiques & fans Marches.
La feconde élévation fuivoit la
mefme forme , mais avec des
Marches murées en dehors ; &
la troifiéme avec des Marches
en dedans pour monter au plus
haut. Les Arcades du premier
Etage eftoient fi larges , que d'un
Pilliers à l'autre il Y avoit 73.
pieds . Elles eftoient fupportées
de 36. Colomnes d'une pierre
feule chacune.
La merveille de ce Monument
confiftoit en l'Architecture, en la
grandeur , en la hauteur , & en la
Sculpture . Comme c'étoit l'Ouvrage
des plus fçavans Maiſtres ,
du Mercure Galant.
651
auffi n'y fut- il rien épargné pour
la dépenfe . La grandeur des Sta--
tues qui en faifoient l'ornement,
furprenoit les yeux . Ce ne fut
pas affez que toutes ces Merveilles
pour en faire une , fi Ar.
temife , Epouſe de Maufole , ne
faifoit voir quelque chofe de :
plus merveilleux . C'est elle qui
apres avoir rendu les derniers
devoirs à fon Epoux avec toute
la pompe imaginable , & ayant
fait confumer fon Corps dans le:
Bucher avec les Odeurs , less
Parfums & les Aromats les plus™
préticux , en recueillit les Cendres
qu'elle enferma dans une
Urne d'or en ce mefme Monu--
ment . Mais cette Reyne ne vou-:
lant pas luy furvivre , s'enfermaz
au mefme lieu , & le refte de:
Q.de Janvier 1685, F
66 Extraordinaire
fes jours ne vécut que de ces
mefmes Cendres détrempées de
fes larmes pour tout aliment .
Ainfi elle mefme devint le Mau
folée de fon Epoux , en expirant
dans ce Monument. Ce
font là des marques d'une ten.
dreffe & d'un amour inexpliquable.
Je puis dire qu'au ſujet des ſept
Merveilles du monde , dont la
premiére , qui eft le Maufolée
eft du nombre , j'ay eſté affez
heureux pour les avoir entremef.
lées toutes dans un Diftique Latin
par leurs noms , avec celuy du
Roy , pour Infcription fur le
Louvre , avec d'autres qui ont
efté leuës à Verfailles , dans le
temps que beaucoup de monde y
travailloit. La curiofité du Public
du Mercure Galant.
67
me les fait employer icy.
Hoc Lodoici Ephefum , Mcmphim,
Babylona , Coloffum,
Maufolea, Pharon, cum Jove , vincit
opus .
Le Livre d'André Palladio, fur
les magnifiques Sepultures , imprimé
à Rome avec fes Figures ,
parle avantageufement du Maufolée
de la Reyne Artemife , en
faveur du Roy Maufolus fon
Epoux.
Varron & Pline rapportent les
merveilles du Sepulcre de Porfenna
, Roy d'Hetrurie , qui pre.
fentement eft la Tofcane , Il eft
prés la ville de Clufe . Ce Monument
eft de pierre , fait en
quarré, dont chaque cofté a trois
cens pieds de largeur. La Bife eft
auffi quarrée. Le corps de l'Ou-
Fij
68 Extraordinaire
vrage s'éleve jufqu'à la moitié en
Pyramide , & au dedans il y a un
Labyrinthe.Sur ce Labyrinthe on
voit une Plateforme qui foûtient
cinq Pyramides , quatre aux Angles
, & une au milieu . Elles ont en
leur Baſe foixante & quinze pieds.
Elles font hautes de cent cinquate
pieds , & tellement égales , qu'en
leur fommet il y a un Chapiteau
d'Airain qui les couvre toutes , &
qui foûtient cinq autres pierres
d'une hauteur prodigieufe. Du
pied de ce Monument jufqu'au
faifte , l'on compte cinq cens
pieds. C'eft où l'on tient que
Porfenna eft ‹ t inhumé .
Les Empereurs , les Roys & les
Princes , fur les modelles des Anciens,
fe font fait ériger de grands
& magnifiques Monumens pour
du Mercure Galant. 69
leurs Sepultures , comme pour fe
rendre immortels par ces Ouvrages
. On voit encore à Rome en
la Vallée Martia , les veftiges du
Sepulcre de l'Empereur Augufte,
fort prés de l'Eglife S. Roch. II
eftoit autrefois orré de Marbre
blanc , de Porphyre , de grandes
Colomnes , d'Obelifques , & d'excellentes
Statuës , & avoit douze
Portes & trois ceintures de Murailles.
Il eftoit de forme ronde
& de cent coudées de haut. Au
fommet eftoit la Statuë de cet
Empereur faite d'Airain , tenant
en fa main fon Sceptre , & ayant
une Couronne en la tefte. Il l'avoit
fait baftir . non feulement
pour luy , mais auffi pour les
Empereurs qui luy devoient fuc
ceder. Le Sepulcre de l'Empe
70 Extraordinaire
reur Adrien eftoit encore en
la mefme Ville , & c'eft où eft
maintenant le Château S. Ange,
qui eft joint par un Pont fur le
Tybre.
Ce Monument dans fon temps.
eftoit embelly & diverfifié de
Marbres differens & exquis , de
Statuës , de Chars de Triomphe ,
& d'autres Ornemens artificieufement
travaillez , mais ils furent
rüinez par l'Armée des Goths ,
du temps de Belifaire.
Le Pontife Boniface VIII . y
fit faire le Château qui s'y voit
prefentement , & qui porte le
nom de S. Ange ; car un Ange y
parut deffus l'épée à la main ,
comme pour chaffer la pefte qui
defoloit Rome , comme cela arriva
, & depuis le nom de S. Ange
du Mercure Galant.
7 ፤
Y
luy eft demeuré. Alexandre VI .
le ceignit de foffez & de baftions,
fit conftruire une Gallerie couverte
& une autre découver
te , qui va juſqu'au Palais de faint
Pierre . Paul III. a depuis embelly
ce mefme Château de divers
Apartemens fomptueux.
>
Il y a encore plusieurs autres
Maufolées en la mefme Ville ; rel
que celuy de Septimius Severus ,
que l'on apelloit Septizonium , à
caufe des fept Ceintures dont il
eftoit environné , & celuy de Ceftius
, qui ne cédoit pas au préce
dent en beauté , & dont il refte
encore des veftiges . Les Romains
font fi jaloux de ces marques
d'antiquité , que depuis un Cardinal
fe voulant fervir des rüines
d'un de ces illuftres Monumens ,
72
Extraordinaire
il en fut empefché par l'autorité
Pontificale.
Proche de ces magnifiques Se--
pulcres eftoient des Obelifques .
d'une hauteur étonnante , & d'une
feule pierre . Il y en avoit deux au
Maufolée d'Auguſte , de quarante-
deux pieds. On tient mefme
que les cendres de Jules Cefar
étoient au fommet de celuy qui
avoit foixante & douze pieds ; en
la place defquelles Sixte V. a fait
mettre de fon temps une riche
Croix . Il y avoit des Lettres &
des Caracteres Egyptiens gravez
autour,
On érigeoit auffi des Colomnes
proche des Sepulcres en la
mefme Ville . Celle qui fut bâtie
en l'honneur de l'Empereur Trajan
, comme dit le mefme Palladio
dis Mercure Galant.
73
dio , avoit cent vingt- huit pieds
de hauteur ; & cet Empereur ne
la vit pas , parce qu'ayant entre
pris la Guerre contre les Parthes ,
il mourut au retour de cette expedition
en la ville de Seuleucie
en Syrie. Mais depuis fes cendres
furent rapportées à Rome ,
& mifes dans une Vrne d'or au
haut de cette Colomne. L'an 1588 .
Sixte V. fit mettre au lieu de
cette Vrne l'Image de S. Pierre,
faite de Bronze doré & d'une
grande ſtature . Autour de cette
Colomne , les Guerres & les Vi.
& oires de Trajan étoient gravées
en figures de Marbre , & principalement
fon entrepriſe contre
les Daces ,
Il y a des Villes entiéres bâties
& deftinées à la Sepulture des
2. deJanvier 1685. G
74
Extraordinaire
Empereurs & des Roys , comme
Seleucie par Conftätin le Grand ,
Antinoë par l'Empereur Adrien,
quoy que fon Sepulcre ait eſté à
Rome , où prefentement eft le
Château Saint Ange , comme il
eft dit cy- devant , Bucephalie
par
Alexandre le Grand , Taphofyris
par les Egyptiens , & plufieurs
autres ; ce que témoigne
Zuingerus ,
Pour la matiére de ces Monu~
mens , la Pierre , le Marbre , le
Porphyre , & mefme le Verre y
ont efté employez , comme on
voit dans Strabon liv. 17. qui die
que Ptolomée érigea pour Alexandre
le Grand , un Sepulcre
entiérement de verre, où le corps
ne pouvoit rendre aucune mauvaife
odeur , & étoit toûjours
du Mercure Galant. 75
4]
i
prefent aux yeux par la tranfparence
de la matière .
Plutarque raporte que le Sepulcre
d'Anthée , ce Géant fameux
qui combatit contre Hercule , &
dont il fut vaincu , a foixante &
dix coudées de long, & qu'il étoit
tenu comme une chofe Sacrée ;
car fi la moindre partie en étoit
offencée , & n'étoit pas réparée
au plûtoft , une pluye continuelle
tomboit en la mefme Region , &
la defoloit .
Il en arrive prefqu'autant à l'égard
du Sepulcre du Poëte Stratus
, qui fe voit à Pompejopolis ,
ville de Syrie , comme fait mention
Olaus Magnus , contre lequel
fi un Paffant jette une pierre
, elle rejaillit auffi- toft contre
luy , plûtoft par un prodige que
Gij
76
Extraordinaire
par aucune
raiſon naturelle
. Ces
exemples
ne font icy raportez
que pour marquer
la venération
qu'on doit avoir pour les Tombeaux
, & pour ceux qui y prennent
leur repos.
Le Tombeau de Virgile , Prin .
ce des Poëtes Latins , étoit conftruit
à la vuë de la ville de Naples
, & étoit d'une grande éminence
;
mais maintenant il eft
couvert d'arbriffeaux & de brof.
failles. On en voit encore les
grands veftiges à l'entrée d'une
caverne du Mont Paufitippus ,
comme on le remarque dans le
livre des Monumens & des Eloges
des illuftres Perfonnages ,
avec cette Infcription .
Qui cineres ? Tumuli hæc veſtigia ;
conditur olim
du Mercure Galant.
77
Ille hoc , qui cecinit pafcua , rura,
duces.
Si les Payens fe font fait des
Dieux , de leur nombre la pluf
part étoient mortels . Lucien qui
s'en raille , raporte dans le Dialogue
qu'il intitule Philopater, que
le Sepulcre de Jupiter leur Sou
verain étoit conftruit dans l'Ifle
de Créte , en une certaine Vallée
où autrefois il avoit efté nourry,
lors que Cybéle fa Mere le mit
au Monde dans la Foreft Dictée,
où les Corybantes par leur bruit
& le cliquetis de leurs Armes
empefcherent que Saturne fon
Pere n'entendift les cris de l'Enfant,
& qu'il n'en fuft devoré.
Le mefme Autheur en fon Dialogue
, qui porte pour Tître le
Deüil , aprend beaucoup de cho
G iij
78
Extraordinaire
fesfur la matiére de la Sepulture.
On y voit entr'autres que les
Grecs, tantoft brûloient les corps ,
& tantoft les inhumoient . Que
les Perfes les enterroient avec
des meubles prétieux , & avec de
grandes richeffes , felon la qualité
des perfonnes. Que les Indiens
fe fervoient de Tombeaux & de
Buchers , & qu'ils oignoient les
corps de fuif. Que les Scythes.
mangeoient fouvent les corps
leurs Amis en de grands Banquets ;
que les Egyptiens les embaumoient
. Mais nous traiterons du
tout feparément.
de
Revenons du Prophane au Sacré.
Au milieu de la Vallée de
Jofaphat , on trouve le Sepulcre
d'Abfalon , Fils de David . Il eft
coupé dans la Roche à la pointe
du Mercure Galant .
79
du cifeau , mais les Juifs l'ont tellement
en horreur, qu'ils yjettent
des pierres en paffant , à caufe du
mauvais deffein qu'il avoit entrepris
contre le Roy fon Pere.
Prés de la ville de Jérufalem ,
on voit les sépultures des Roys
de Juda , pareillement taillées
dans la Roche , & feparées les
unes des autres . Ce font autant
de Sepulcres en forme de cabinets
, & dont les Portes ont cela
de merveilleux , qu'elles font de
pierre , & tournent fur des pivots
de pierre auffi , le tout n'étant
que d'une feule pièce.
Les Sepultures des Juges d'If
raël , ne font pas éloignées des
precédentes . Elles font profque
toutes en leur entier. La curio .
fité de les voir , porte les Voya-
G iiij
80 Extraordinaire
geurs à fe fervir d'Arabes , qui
pour peu d'argent donnent des
connoiffances du tout .
Le Sepulcre du Lazare eſt dans
la Bethanie affez profond , ayant
plufieurs marches pour y defcendre.
L'on tient que ce Monument
étoit commun à fa Famille;
car il n'eut pas efté conftruit en
fi peu de temps aprés fa mort.
C'eft de ce lieu que la Sageffe Incarnée
le tira pour le reffufciter,
en luy difant , Lazare , exiforas .
Les Sepulcres où ſont enterrez
Jes Innocens qu'Herode fit maf
facrer , font auffi taillez dans la
Roche ; comme auffi céluy de
fainte Paule vers Bethleem. C'eft
en fon honneur que S. Hierôme
a compofé cette Epitaphe.
Afpicis anguftum pracisâ rupe Sepulcrum
,
du Mercure Galant. 81
Hofpitium Paula eft caleftia regna
tenentis ,
Divitias linquens Bethlemiti conditur
antro.
Le Tombeau du mefme S. Hie
rôme n'eſt pas éloigné de là ,
ainfi que ceux de plufieurs autres
SS. Peres. L'on tient par une
commune opinion que la Refurrection
fe doit faire de tous les
Hommes en cette Vallée de Jo.
faphat au dernier Jugement , &
que comme il a efté poffible à
Dieu de divifer les Hommes en
la Transfiguration de Babylone,
il luy fera auffi facile de les raffembler
tous en un moment , au
mefme lieu , de toutes les Parties .
du Monde , pour y recevoir leur
jugement.
DE LA
SEPULTURE,
DES TOMBEAUX ,
Et du temps que l'on a brûlé
les Corps
.
C
Omme la Vie eſt le premier
principe des Hommes
; de mefme la Mort eft leur
dermer terme . C'eſt d'où vient
que le Droit de la Sepulture eft
fi ancien , que peu apres la
création du Monde , & la chûte
de nôtre premier Pere , il a eſté
introduit & mis en ufage . Dieu
du Mercure Galant.
15
dit au premier Homme apres fon
peché qu'il étoit poudre, & qu'il retourneroit
enpoudre , parce qu'apres
la mort les corps des Hommes
doivent eftre mis dans la Terre,
comme dans le fein de leur commune
Mere , d'où ils ont efté tirez
en leur naiffance .
Mais avant que de parler des
Tombeaux , de la Sepulture , &
de l'ufage que les Anciens y ont
obſervé , il eſt à propos de dire
que l'origine en a prefque commencé
avec le Monde , & que
les premiers Hommes ont enfévely
les Corps des Défunts .
C'est un foin & une pieté qui
s'eft pratiquée comme par une
Loy , que la Nature mefme avoit
impofée. L'exemple en a paffé
chez la Pofterité , & le foin des
>
16
Extraordinaire
Funerailles a efté en fuite religieufement
étably & obfervé.
Mais fur tout on doit dire qu'Adam
& Noë ont efté les premiers
qui ayent fait ouverture
de la Terre pour y ensevelir les
corps , n'y ayant eu perfonne qui
ait en leurs deux temps précédé
l'un ny l'autre.
Abel , comme rapporte Jofephe
liv. 1. Chapitre 3. de fes
Antiquitez Judaïques , à l'âge de
129. ans fut la premiere Victime
de la mort , & reçût un ſi mauvais
traitement de Cain fon frere
, que ce Barbare apres luy
avoir arraché la vie , en cacha
le corps dans les haliers , pour
ne luy pas donner la Sepulture,
exerçant encore une nouvelle
cruauté fur fon Frere
apres
fa
du Mercure Galant.
17
mort. Mais Eliphas Themanite
dit , que Cain apres un meurtre
fi fanglant , devint vagabond &
comme furieux , ayant toûjours
devant les yeux l'image de fon
crime ; qu'il ne fe retiroit que
dans les Cavernes & les Foreſts
comme une Beſte , & que Dieu
fulmina contre luy un decret,
par lequel il fut ordonné qu'il
perdroit la vie par le fer , &
qu'il deviendroit la proye des
Vautours & des Animaux fauvages
, ainlì que les Septante ont
interpreté le paffage de Job fur
ce ſujet Chapitre 15. verf. 22. &
comme Olimpiodore l'a expliqué
. Voila les termes de ce decret
; Hominem impium decretum ,
ait , effe à Deo in manus ferri , &
ordinatum in efcas vulturum . Ce qui
Q. deJanvier 1685. B
18 Extraordinaire
à la verité fut jugé une punition
rigoureuſe , mais digne de l'im..
pieté de ce Parricide .
.
Adam touché au vif de la
mort d'Abel fon fils , en fit chercher
le corps , & apres plufieurs .
jours de deuil , de larmes & de
foûpirs , prit le foin de l'inhu .
mer avec beaucoup de pompe,.
& luy erigea un Monument qui
devoit fervir à luy mefme ,
& à fes autres enfans .. L'on :
tient communément que ce nefut
pas loin de Sion . Voila la
premiere Sepulture & le pre.
mier Tombeau , auquel ce Pere
affligé ajoûta encore une belle
Epitaphe , conceuë en ces paroles.
Quis tantus de hoc loco , tamque
fonorus clamor ? Rogas Viator ?
adhuc inauditum tibi parricidium,
du Mercure Galant.
19
& c . Salien la rapporte en l'année
du Monde
130.
La privation de la Sepulture .
avoit quelque chofe d horrible.-
Ce fut toutefois de cette melme.
peine la plus barbare de toutes ,
que les Egyptiens traiterent les
Hebreux fous Pharaon leur Roy;
car apres avoir miferablement
porté le joug de fa tyrannie , &
un long & rude efclavages , ils
en jettoient les Corps dans les
Champs fans les enfevelir , & ne
permirent pas mefme de mettre
de la pouffiere deffus , ny de ré
pandre des larmes apres leur
mort ; mais Dieu vangea bien
cette barbarie , felon que le remarque
Philon Juif en la vie de :
Moyle.
La fainte Ecriture nous fait :
B. ij
20 Extraordinaire
connoiſtre, aux Nombres Chapitre
16. verf. 34. que Dieu mefme
a voulu quelquefois que les
impies , en vangeance de leurs
crimes , ayent efté privez de la
Sepulture en diverfes manieres ,
ou eftant engloutis tout vifs dans
les entrailles de la Terre, comme
il est arrivé à Coré , Datham &
Abiron , ou eftant confumez du
feu du Ciel , fans qu'il foit refté
la moindre partie de leurs corps
pour
eftre mife dans la Sepulture
, comme le mefme Jofephe &
Philon le rapportent .
Ce fut là une effroyable vangeance
, & un terrible Monument
, quand cinq fameuſes Villes
furent entierement confumées
du feu du Ciel avec tous
leurs Habitans , à l'exception de
du Mercure Galant, 21
Loth & de fa Famille , encore
fon Epouſe par fa faute fut- elle
changée en fa propre Image ; &
quand Sodome & Gomorrhe du
nombre de Pentapolis devinrent
une vafte Mer de fouphre & de
bitume , pour punir les crimes
de ceux qui les habitoient . Les
Hiftoriens en feront toûjours
mention , & la pofterité en parlera
à jamais .
5.
C'eft de là auffi qu'eft venu
ce fameux Lac appellé Afphaltide
, ou cette Mer morte , dont
Joſephe liv.
&
4.
de la Guerre
de Juifs , & Hegefippe liv.
14. Chapitre 18. recitent tant de
merveilles , & apres eux Ariftote
& Strabon , & plufieurs autres.
Mais revenons à Adam & å
12 Extraordinaire
Noë , dont nous avons parlé cy--
devant. Noë , ce grand Patriarche
, averty de Dieu qu'il euft à
baftir l'Arche , pour ſe garantir
luy & fa famille des eaux du Dé .
luge univerfel , femble avoir donné
à tous les hommes qui devoient
venir apres luy , une idée
de la Sepulture & des Tombeaux
, car comme dit Orohoaita ,
le plus fçavant & le plus fameux
de tous les Auteurs Syriens , liv. 1 .
du Paradis Terreftre , Partie 1 .
Chapitre 14. & la Bibliotheque -
des Pères , Chapitre 1. il convertit:
cette mefme Arche en un
Tombeau , & par une pieté infigne
envers les Vivans & les
Morts , en s'y retirant , emporta
avec foy les offemens d'Adam ,
qui avoient eſté tirez du Sepul2-
*
du Mercure Galant
23
1
S
3
chre d'Abel , & apres en efte
forty fain & fauf avec fa Famille ,
il en retira les, mefmes offemens.
d'Adam , qu'il avoit gardez com.
me un dépoft , & les partagea cn--
tre fes Fils avec les Parties de la
Terre , & dans la divifion qu'il
en fit , il donna à Sem qui eftoit
l'aifné , le Crane , & la Region
pour habiter , qui depuis a efté:
dire la Judée.
On tient communement que
le Mont - Calvaire eft le lieu où
le Crané d'Adam a efté enfevely
par ce mefme Sem, & en fui .
te le reste de fes autres offemens,
& que cette Montagne a pris
fon nom de cette Sepulture . C'eft:
une ancienne Tradition , qui a
duré chez les Syriens , dit le
mefme Orohoaita , & qui y dure
encore..
24
Extraordinaire
Mais il ne faut pas s'étonner,
fi ces chofes font paffées fous fi.
lence dans les Livres de Moyfe ;
& que ne faifant mention que
de la Creation du Monde , de
la Chûte du premier Homme ,
& de la Propagation du Genre
Humain , il ne rapporte rien du
premier Age du Monde . L'Auteur
de la précédente opinion a
receu comme par Tradition des
plus anciens Syriens , ce qu'il en
a écrit , & que les Juifs tiennent
de luy.
Saint Epiphane fur la fin de
fon Livre , parle ouvertement de
cette Divifion de tout le Monde
entre les Fils de Noë , & affure
que la Paleſtine , dans laquelle
la Judée eft compriſe , eftoit
tombée au fort de Sem , quoy
qu'il
du Mercure Galant. 25
qu'il foit arrivé en fuite que
les
defcendans de Cham s'en foient
emparez par violence . C'eſt enfin
le fentiment de tous les Peres
, que les os d'Adam ont efté
portez apres le Déluge en la
Paleftine , où ils ont efté enfevelis.
C'est ce que confirme
Torniollus année 930. de fes Annales
Saintes , & Salien en la
mefme année.
Comme il n'y a pas à douter
de la pieté de Noë envers les os
d'Adam felon que faint Bafile
fur Ifaye Chapitre 5. & Theo.
phylacte fur Jonas Chapitre 19.
le remarquent , on doit dire auffi
que
le foin charitable de la Sepulcure
, des Funérailles
Tombeaux , & du Miniftere qui
s'y obferve , a pris fon origine
2. deJanvier 1685.
C
des
26 Extraordinaire
d'Adam , & poftérieurement de
Noë , qu'il s'eftétendu en fuite
à toute la Poftérité , & qu'il a
enfin obtenu la force d'une Loy
inviolable. D
La Tradition des anciens Juifs
cft d'une grande authorité pour
perfuader que les offemens d'A
dam ont efté enfevelis en Hebron
, comme faint Hierômé le
répete plufieurs fois , & la plus
grande partie des Peres le tiennent
auffi , & fur tout dans le
lieu du Calvaire , la Paleftine ,
la Judée & Hebron eſtant preſque
la mefme chofe ; tous lefquels
Peres Malveda cite en fon
Livre du Paradis Terreftre, chapitre
54. & 55.
A l'égard de la Sepulture chez
les Anciens Hebreux , ne rapdu
Mercure Galant. 27
1
7
porte. t'on pas qu'Abraham par
une révelation divine , entre les
Actions les plus confidérables,
avoit une grande vénération
pour ce dernier devoir que l'on
rend aux Défunts ? Car quand il
eut perdu Sara fa chere Epoufe,
n'acheta t'il pas par quatre cens
Sicles d'argent le Champ nommé
Ephron , pour y porter le
Corps de la Défunte? Ce fut par
la le premier qui dedia une choi
fe profane à l'ufage picux & facré
de la Sepulture , comme le
dit la Genefe Chapitre 23 .
A
23.
Mais felon le fentiment de
faint Chryfoftome Homelie
ce qui eft de plus confidérable ,
ce grand Patriarche ne s'eftoit
rien acquis par aucun prix d'argent
avant. ce Champ & cette
Cij
28
Extraordinaire
Sepulture , pour n'avoir rien devant
les yeux ou dans l'efprit de
plus prefent que le Tombeau;
& ce mefme Saint le loue pour
fon extréme pieté d'avoir pris
tant de foin de la Sepulture , tant
pour luy que pour les fiens .
Ce n'eft pas encore affez pour
Abraham d'avoir religieuſe..
ment pourvû à la Sepulture de
Sara mais il s'eft porté à la
Pompe des Funérailles , qu'il vou
lut y eftre obſervée , avec des
larmes & des plaintes ; ce que
Moïse exprime en la Geneſe Cha
pitre 23. par des termes dignes
d'un fi grand Perfonnage , mef
me apres avoir rendu les der
niers devoirs aux Manes de fon
Epouſe , il pria les Hethéens
d'avoir le mefme foin de fa Sedu
Mercure Galant.
29
car
pulture , & de ne luy pas denier
ce droit d'humanité , fitoft
qu'il auroit rendu l'ame
le deuil & les plaintes ne défignent
pas feulement les larmes .
& les foupirs , que les vifs reffentimens
de la douleur tirent
du coeur & des yeux , mais tout
ce qui peut regarder les Fune.
railles & leur Pompe.
Moyle remarque que les fentimens
de douleur , & la magni.
ficence de la Pompe funebre ne
furent pas moindres en la mort :
de Jacob; auffi Patriarche, & pe--
tit fils d'Abraham , qu'ils avoient
eſté en la mort d'Abraham meſ
me ; & ce Jacob pere de Jofeph,.
ne regretta pas moins la privation
de la Sepulture de fon Fils ,
C iij
39
Extraordinaire
que la mort pitoyable & funeſte
de ce mefme Fils , laquelle fes
Freres avoient annoncé à leur
Pere eftre
malheureuſement arrivée
, pour avoir efté devoré
des Beftes fauvages ; tant le foin
de la Sepulture eftoit recommandable
chez les anciens Hé
breux . C'est ce que remarque
Philon Juif. En effet , cet Auteur
fait une peinture trifte &
lugubre de Jacob affligé pour la
mort de ce Jofeph. Les termes
en arracheroient de la tendreffe
des coeurs les plus infenfibles , &
feroient couler les larmes des
yeux des plus endurcis.
C'eft de là auffi que ces Saints
Patriarches , comme la fainte
Ecriture l'enfeigne , Genele Chapitre
35. prenoient foin d'elever
du Mercure Galant.
3F .
des Pyramides fur les Sepulcres
des leurs . Jacobce Saint Per
fonnage , comme dit Brochard
en la Defcription de la Terre
Sainte , fit ériger fur le Sepulcre
de Rachel fon Epoufe , une Pyq
ramide d'un excellent Ouvrage,
au pied de laquelle & tout au
tour il en fit placer douze autres
un peu moindres , felon le
nombre de fes Enfans, tant pour
rendre ces Monument illuftre a
la pofterité , que pour marquer
L'efperance de la Refurrection &
de la Vie immortelle , commer
témoigne.de -Lyra parlant de ce
Patriarche .
La Geneſe Chapitre 5o.net
nous reniet - elle pas en memoi
re quelle Pompe funebre ce mef
me Jacob reçût en Egypte apres
Ciiij
32
Extraordinaires
y eftre mort Son Corps fut
honoré d'un fuperbe & magni
fique appareil , & auffi éclatant
que fi c'euft efté celuy d'un Roy,
& les mefmes honneurs furent
pareillement rendus à Joſeph ſon
fils Intendant de l'Egypte , apres
fon trépas.
Saint Ambroife eftime que la
couftume de faire des Obfeques.
eft venue des anciens Hebreux;
car Jacob fut regretté pendant
40. jours , & Moyfe durant 30 .
Cette couftume s'eft diverſe.
ment introduite chez les Nations
poſterieures , comme la fuite le
fera remarquer.
Mais entendons ce que dit
Ciceron fur le foin de la Sepulä
ture. Ce foin , dit - il , marque l'ef
poir de l'Immortalité. Car pourquoy
du Mercure Galant.
33
P
•
s'attacherfifort &fi naturellement
la Sepulture , s'il ne s'enfuit la réi
nion du Corps avec fon Ame , &
que la mort ne foit un paſſage à une
meilleure vie ? A quoy fervent ces
grands Monumens * ces Sepulcres
magnifiques ces Epitaphes , & ces
préparatifs de Pompe funebre ,
Aut
fi ce n'est une esperance de l'avenir
? Voila des termes qui ne fentent
pas le Pyen , mais un ef
prit, éclairé des lumieres de la
Foy. og
Les anciens Hebreux avoient
des Sepulchres particuliers aux
Familles , & d'autres communs
aux Estrangers , qu'ils appelloient
, Polyandria , comme vou,
lant dire que ces Monumens
eftoient pour un grand nombre
de Corps eufemble , ainfi que le :
34
«Extraordinaire
"
mot le fignifie , & c'eftoit où les
Perfonnes inconnues eftoient enfévelies
.
Les Egyptiens rendoient un
culte & une veneration fingu
liere aux Corps des Défunts ,
comme aux organes de leurs
Ames, qu'ils croyoient , ainly que
dit Herodote Livre 1 , immortelles.
A ce fujet , ils prenoient un
grand foin de les embaumer , &
de les munir de quantité d'o
deurs & d'aromats , pour leur
donner beaucoup de fuavité , &
les garantir à mefme temps de
la corruption. Ils employoient
à ce foin jufques à 40. & 50. jours,
& d'avantage s'il eftoit neceffai
re , comme on le voit en la Ge
nefe , & dans Diodore le Sici
lien Livre 1. Chapitre 2. Mais on
du Mercure Galant.
35
trouve deux manieres de faire
ces Embaumemens .
Caffien , Colloque 15. Chapitre
3. explique d'où peut venir
que les Egyptiens prenoient un
fi grand foin d'embaumer leš
Corps , & de les mettre en des
lieux élevez pour les conferver
avec plus de feureté .
·
La nature de l'Egypte eft telle
, dit il , que la plus grande
partie de la Terre eft inondée
des eaux du Nil , qui fe dégor
ge & couvre les Campagnes tous
les ans , & pendant un aſſez
long intervalle de temps , y laiffant
un limon & une vafe pourriffante.
Alors les Egyptiens font
contraints de mettre ces Corps
ainfi embaumez & liez fortement
de bandes , dans les, lieux
1
36 Extraordinaire
les plus hauts & loin de l'humi
dité. Ces lieux font ordinairement
les Montagnes , où ils les
enfoüiffent dans le fable , ou des
Roches taillées , en forte qu'ils
y font des Cellules
propres à
enfevelir les Corps . Ils les met
tent auffi en de hautes Pyrami
des , comme on faifoit principalement
ceux des Rois & des
Princes de l'Egypte , qui de leur
vivant avoient pris foin de les
faire baftir eux mefmes ; de là
viennent ces grandes Pyramides
de Memphis ou du grand Cai
re, & d'autres lieux voifins.
Les
Deferts de
l'Egypte ont
encore plufieurs de ces Pyramides
, dont par l'antiquité quel .
ques unes font enfoncées
dans le
fable , d'autres font à demy rom
du Mercure Galant.
37
་
puës , & d'autres font encore en
leur entier , & l'on y peut monter
par le dehors › y ayant des
Marches qui vont tout autour ;
& fur le milieu l'on trouve des
Voutes fort étendues & fpacieufes
, où l'on peut entrer , & ce
font les lieux où les Corps des
Rois & des Princes de l'Egypte
ont efté enfevelis. On peut parvenir
jufques au fommet par ces
mefmes Marches ; mais la defcen.
te en eft beaucoup plus difficile
à caufe de la hauteur , les yeux
pouvant eftte éblouis j c'eft
pourquoy on prend ordinairement
des Guides. M Fer.
manel , Conſeiller du Parlement
de Rouen , ayant fait le Voya
ge de la Terre Sainte , en parle
comme Témoin oculaire , en for
38
Extraordinaire .
Voyage du Levant , eftant alors
accompagné du Sieur Scohouë
Eftranger.
On voit autour de ces Pyramides
des Hieroglyphes gravez,
dont les fignifications & les mar
ques font Myftérieuſes . Le Pere
Kirker en a fait un fçavant Recueil
, & en a donné l'interpré.
tation en cct Ouvrage curieux ,
durant qu'il eftoit Bibliothecaire
du Vatican.
On a mefme trouvé des Trẹ.
fors , & de grandes Richeſſes
dans le fond de ces Pyramides;
& de là on préfume que les
Corps des Rois & des Princes ,
& leurs Trefors ont efté enlevez
, depuis que le grand Caire
& plufieurs autres Villes ont efté
bafties en Egypte , où on leur a
du Mercure Galant,
39
A dreffé d'autres Monumens ma
gnifiques pour les y conſerver.
Les pierres des Monumens font
tachetées de rouge & de blanc,
car
telle en' eſt la nature , n'y
ayant guere d'autre Marbre dans
ce Pays.
La plus commune opinion des
Auteurs qui ont écrit de ces Pyramides
anciennes , eft que dans
l'Egypte , il y en a trois princi.
pales. La plus haute dès trois ,
comme difent Pline , Strabon ,
Pomponius Mela , Démocrate ,
Ammian Marcellin , Oforius &
autres , eftoit conftruite de pier
res apportées de l'Arabie , &
c'eftoit un prodige comment on
avoit peu tirer des pierres d'une
fi immenſe étendue & d'une fi
grande pefanteur , & les mon
40 Extraordinaire
ter apres les avoir mifes en ou
vrage. On tiendroit pour une
Fable , que trois cents foixante
mille hommes y ayent travaillé
vingt années pour l'achever. Sa
bafe occupoit huit Arpens de
terre. Les quatre Angles avoient
chacun de leur coflé huit cents
quatre vingts trois pieds de longueur.
La hauteur , à prendre de
la bafe au fommet , eftoit de 363
pieds. Les deux autres Pyrami
des font moindres en toute leurs
parties.
On peut juger que les Egyptiens
ont efté ceux qui ontexcellé
par deffus toutes les autres
Nations en la magnificence &
en la pompe de leurs Sepulcres
& de leurs autres Monumens,
comme difent Herodote Livre 3.
du Mercure Galant.
41
Diodore Livre 1. Strabon Liv . 17.
& Pline Livre 16: Chapitre 123
comme auffi en la dépenfe exceffive
, & au nombre des Artifans
qu'ils y employoient. Leurs
Tombeaux n'eftoient pas feule.
ment ornez de Pyramides , mais
encore de Coloffes , de Statuës ,
de Sphinx , de Colomnes , d'Obelifques
, de Labyrinthes , &
d'autres fuperbes ornemens . C'eſtce
que dit Martial au commencement
de fes Epigrammes , en
faifant comparaifon avec un Ouvrage
d'un des plus grands Em--
pereurs Romains.
-
Barbara Pyramidum filcat mira--
cuta Memphis.
En voila encore une autre , ”
qu'Amafis Roy d'Egypte avoirfait
conftruire , de laquelle laa
DD 2. deJanvier 1685.
4,2 Extraordinaire
merveille confiftoit en fa figure
& en fa grandeur ; mais c'eftoit
plûtoft par vanité & par oftentation
, qu'autrement . Ce Monument
eftoit fait en figure de
Sphinx , & d'une fi vafte largeur,
que le ciscuit feulement de la
tefte , à prendre par le front ,
avoit cent deux pieds. Sa longueur
eftoit de cent quarantetrois
, & la hauteur eftoit depuis
le nombril , jufqu'au fommet de
la tefte de 82. comme dit Pline
Livre 36. Chapitre 12. Et ce qui
eft encore plus furprenant , &
qui paffe toute créance , l'Ou,
vrage eftoit de Marbre , & d'une
pierre feule & naturelle. Voila
la Sepulture de ce Roy , dont
parle Lucain Livre 9 .
Non mihi Pyramidum Tumulis
cuulfus Amafis...
du Mercure Galant.
433
Ces mefmes Merveilles font,
rapportées par Bellonius , en fes
Obfervations fingulieres Livre 2 .
fur les Ouvrages admirables de
P'Antiquité , & par Pierius en
fes Hieroglyphiques Livre 60..
Platon mefme en fon Phedon ,
infere l'immortalité de l'Ame par
les Corps des Egyptiens , qui ,
demeuroient incorruptibles apres
tant de Siécles en leurs Tombeaux.
3
Ileft icy à propos de parler,
des / Corps qui fe trouvoient , &
fe trouvent encore dans les Se--
pulcres de l'Egypte. On leur
donne le nom de Mumies , Ily en a
de deux fortes ; les uns font embaumez
par dedans , & les autres
par dehors . On en trouve
en des lieux taillez dans les Ro
Dij
44
Extraordinaireches
rangez à colte l'un de
l'autre , enveloppez de Linceuls
rayez de diverfes couleurs , &
ferrez de Bandes diverſement
rayées auffi . Ces Mumies qui font
embaumées par dehors , fe confervent
fans corruption en leurs
linceals , & en leurs bandes , à
cauſe du Baume & des Aromats .
dont elles font munies. Ces
Corps fous leurs couvertures ont
de petites Images de terre ver
te de differentes figures fur leur
eftomach , & mefme ſi extrava
gantes qu'on les prendroit pour
des Idoles. Quelques - uns ont
creu que c'eftoit leurs Talifmans .
Les ongles des pieds & des mains
font peints de Vermillon. C'a
efté de tout temps la couftume
des Egyptiens de peindre ces
S
du Mercure Galant. 45
parties de leurs Corps chez eux
apres leur mort.
On trouve auffi de ces Mumies
enfevelies fur les Montagnes
dans le fable , où le Soleil venant
à donner à plomb , en fait
diftiler une certaine liqueur ou
graiffe fouveraine , qu'on appelle
auffi Mumie , qui guerit die
verfes maladies communes , le
Spafme , les Schirres , l'Artriti
de , le Tetanus ou contraction
de Nerfs , Tartres. Voila l'effet
de celles qui font embaumées
par dehors. Mais je ne trouve
aucun Auteur ancien qui ait parlé
de ces Mumies . Ce n'eft pas
cer Alphalte , Bitume ou Pétrole
qui diftile des Rochers , &
qui paffe mefme au travers ; quoy
qu'ils puiffent avoir quelques
A
46 Extraordinaire
vertus excellentes .
Les Egyptiens . ont une autre
efpece de Mumies , qui font des
Corps défechez . Ils les endur.
ciffent tellement , qu'il n'y a
point de Parchemin qui en apro
che en dureté , & mefme ils ne
font guere moins durs que PAI "
rain . Saint Auguſtin au diſcours
120. des divins Noms , Chapi
tre 12 parle de ces Cadavres
ainfi endurcis , & on les appelle.
en la langue du pays Gabbares.
C'eft ainfi que les nomme Ift
dore , auffi en fa Glofe, felon la
langue de ces Regions . Mais ces
Gabbares ne rendent aucune liqueur
, ou graiffe , comme les
autres.
On remarque que les Egy
ptiens vuidoient les entrailles de
du Mercure Galant.
47
ces derniers Corps ; & comme
on n'y trouve aucune incifion
fur l'eftomach ny au ventre , de
là on a préfumé qu'on les tiroit
par le fondement , & la cervelle
par les narines ; cu s'il y en
avoit quelqu'une , elle eftoir fi
bien coufuë , que l'on ne pou
voit s'en appercevoir. C'eftoit
de cette maniere qu'ils les embaumoient
par le dedans ; eftant
pourtant enfevelis dans leurs
linceuls de la maniere que les
autres. Ces Corps n'eftoient
point fujets à la corruption , &
c'eftoient ceux qui estoient or
dinairement dans les Pyrami
des .
Nous dirons en paffant que
les Egyptiens vendent rarement
de ces Corps appellez . Mumies
48 Extraordinaire
ou Gabbares , parce que les Maîtres
des Vaiffeaux n'en veulent
pas permettre le tranfport en
Europe , comme fi ces corps enlevez
de leur pays ,
préfageoient
fur Mer quelque finiftre acci.
dent , foit que leur imagination
foit préoccupée de cette fuperftition
, ou que quelquefois il
s'en foit enfuivy quelque effet
furprenant , comme Tempeftes,
Vents ou Orages , qui les ayent
jettez dans cette erreur , ils en
attribuent toûjours la cauſe a
ces Corps tirez de leur Sepulture.
Ce n'eft pas qu'en effet la
graiffe ou l'huile que l'on tireroit
de ces Corps , ne fuſt auſſ
fouveraine que le Baume d'Egypte.
Les odeurs & les parfums
dont
du Mercure Galant.
4.9
dont on fe fervoit ordinairement
chez les Egyptiens , eſtoient le
Baume d'Egypte , n'y ayant que
ce Royaume qui en produife.
L'encens , la Myrrhe , & d'autres
Aromats , qu'engendre l'Arabie,
y eftoient employez , auffi
bien que ceux qui viennent de
Corycie , de Sabée , de Cilicie
& d'autres Regions du Levant ;
& mefme du temps de Neron,
on remarque que cet Empereur
fit une dépense fi prodigieufe
aux Funérailles de Poppée fon
Epoufe , pour ces odeurs & ces
parfums Aromatiques , qu'à peine
l'Arabie pourroit - elle ſuffire ,
& fournir en une année ce que
fa prodigalité confuma en un
jour. Le Corps de cette Impératrice
ne fut pas brûlé , comme
Q. deJanvier 1685.
-
E
50 Extraordinaire
c'eftoit la couftume de ces temslà
, ainfi que la fuite le fera connoiſtre
.
;
Les Juifs ont imité la méthode
d'enfevelir les Corps comme
les Egyptiens
car ils les embaumoient
, mais feulement par
dehors , & les couvroient ou de
linceuls , ou de drap de Pourpre,
& les ferroient auffi de bandes .
C'est ce qui fe remarque dans
les Funérailles du Roy Afa,
comme on le lit au Livre 2. du
Paralipom. 10. n . 4. où la Pompe
alla jufqu'à un grand excez .
Ils les mettoient enfuite au
Tombeau, felon que dit Sanchez
fur le Livre des Roys Chap.3 .
n. 12.
Cette coustume a efté meſme
introduite en l'Eglife depuis ce
du Mercure Galant,
temps -là , comme le remarque
Tertullien en fon
Apologétique,
où la profufion & les dépenfes
du Baume & des autres odeurs
Aromatiques eftoient fi excef.
fives & fi indignes des Chrẻ.
tiens , qu'il s'emporte contre ces
excez par ces paroles . Si les Arabes
fe pleignent , dit - il , que ceux
de Sabée fçachant que leurs Aromats
feront employez plus curieufement à
embaumer & à enfevelir les Chré.
1 tiens , qu'à parfumer leurs Autels.
U
Les mefmes odeurs ou de pareilles
, fe jettoient dans les
Tombeaux ou dans les Buchers,
comme ce difcours le fera voir
en fon lieu . Mais revenons aux
Sepulcres & aux Tombeaux.
L'Ecriture Sainte ne fait- elle
e pas mention des Monumens
E ij
52
Extraordinaire
la
merveilleux , conftruits pour
Sepulture des Roys de Juda , &
principalement de celuy que fit
ériger Salomon pour David fon
Pere , fur les deffeins
que
David
mefme en avoit donnez? Ce Sepulcre
eftant en grande vénération
chez les Juifs , tomba en
ruïne fous l'Empereur
Adrien ,
comme marque Dion en la vie
de cet Empereur.
Jofephe en fes Antiquitez Judaïques
Livre 11. Chapitre dernier
, témoigne que dans le Sepulcre
de David , & dans celuy
de Salomon , il y avoit eu de
grandes richeffes enfermées ,
aufquelles il eftoit défendu de
toucher. C'eftoit en la Ville de
Sion où ces Monumens eftoient.
Toutefois Hyrcan , grand Pondu
Mercure Galant.
53
tife , eſtant affiegé en la meſme
Ville par Antiochus , pour la
racheter du Siége , & pour éloigner
l'Ennemi , fut contraint ide
faire foüir dans le Sepulcre de
David , & d'en tirer trois mille
Talens , dont une partie fervit à
détourner Antiochus de fon entrepriſe
, & l'autre fut employée
à lever une Armée pour la défenſe
de la mefme Ville . La néceffité
obligea ce Pontife à fai
re foüiller dans la Sepulture des
Roys contre la défenfe.
Mais long temps apres , le meſ
meJofephe rapporte , que le Roy
Herodes avide d'or & d'argent,
n'eut point de fcrupule de violer
la Sepulture de ce mefme.
Roy , en faisant ouvrir ce Mo--
nument.
E iij
54
Extraordinaire
D'abord il en tira de tres riches
Ornemens qui y estoient
enfermez ; mais il ajoûte qu'on
ne pût parvenir jufques aux
Cendres & aux Trefors de ce
Roy , & qu'une flâme foudaine
s'eftant élevée du fond du Sepulcre
, y confuma deux Satellites
que ce Roy y avoit employez
, pour chercher les Trefors
qu'il en vouloit tirer
que le Ciel purit ainfi l'avarice
d'Herodes, qui fut obligé de faire
remettre le Monument au
mefme état qu'il eftoit auparavant.
>
&
Ce n'eftoit pas feulement avec
les Corps des Roys , que l'on inhumoit
des Trefors & des
chofes prétieuſes ; mais meſme
avec ceux des Prophetes , com .
2
du Mercure Galant. ss
1
-C
1.
>
me Sozomene le fait voir au
dernier Livre de fon Hiftoire
Ecclefiaftique . Ce fut à ce def
fein que les Chaldéens en la prife
de Jérufalem défoüirent les
Offemens des Roys de Juda , des
Princes , des Prophetes , & d'au
tres principaux de la Ville ,
pour en tirer les Trefors &
d'autres richeffes , fi elles y
eftoient cachées , comme le
Prophete Jéremie l'avoit prédit
beaucoup auparavant , pleurant
fur les miféres de cette Ville , &
comme le Prophete Baruch les
a depuis déplorées amérement.
C'est ce qui fut remarqué en la
découverte du Corps de Zacharie
auffi Prophete , qui arriva du
temps du mefme Baruch : car
on trouva à fes pieds un certain
E j
56 Extraordinaire
3
7
petit enfant Hebreu forty de race
Royale , ayant une Couronne
d'or en fa tefte , & des chauſ
fures d'or à fes pieds , & le
corps couvert d'un habit prétieux
; ce qui eftoit la marque
du grand foin & de la finguliere
vénération que les Anciens
avoient pour les Corps des illuftres
Défunts, de les accompa
gner de fi riches ornemens.
On a auffi trouvé dans les
mefmes Monurnens ou Sepul.
cres, des Médailles tres- Antiques,
qui d'un cofté portoient la figu
re d'Empereurs , de Roys ou de
Princes , & de l'autre des lettres
Hieroglyphiques , des Trophées
d'Armes , des Devifes ou
des Emblémes ; & c'eſt dont les
Médalliftes picquent la curiofité
"
du Mercure Galant. $7
de ceux qui aiment les Antiquailles
. Brafficamus à fait paroiftre
dans fon Promptuaire fes
recherches au contentement des .
Sçavans & des Curieux.
Plutarque auffi parlant de la
ville de Pélufe , préfentement
dite Damiete , Strabon Livre-
15. & Ammiam Marcellin Livre.
6. difent que les Roys des Macédoniens
& des Perfes avoient
auffi couftume d'enfermer des .
Trefors dans leurs Tombeaux.
Planudes en lifant des Infcriptions
de Sepulcres , découvrit
ingénieufement un Trefor caché
dans un Monument antique,
& cet Arabe fubtil , qui ayant
leu fur le front d'une grande
Statuë , qui eftoit au frontispice
d'un Sepulcre à découvert , ces
58
Extraordinaire
lignes : Aux Ides de May j'auray la
tefte d'or , fçeut pénétrer dans le
fens de ces paroles ; car bien
que l'on euft déja caffé la tefte
à cette Statuë aux Ides de May,
on fut obligé de la rétablir en
fon entier , pour ne la pas défigurer
, dautant qu'on n'y avoit
trouvé que du marbre ;
du marbre ; mais luy
plus intelligent alla foüir au premier
jour des Ides de May , au
lieu où l'ombre de cette tefte
donnoit , & y trouva autant d'or
que l'ombre fe pouvoit étendre
fur la terre.
L'ufage des Romains fut auffi
affez frequent d'accompagner les
Corps de richeffes en leurs Sepultures.
Toutefois la Loy des
XII. Tables le défendit enfuite
, pour ne pas donner lieu
du Mercure Galant.
59
à violer les Sepulcres des Morts ,
& pour reprimer l'avarice . Voi
la ce que porte cette Loy , neve
aurum addito. Il n'y a pas d'autre
raison que ces Trefors cachez
donnoient occafion de rompre
les Tombeau , de violer la
Sepulture , & de porter les Avares
à cette infamie de foüiller
jufque dans les lieux facrez ce
qui a efté défendu de tout temps .
Philoftrare en la vie d'Apollonius
liv. 7. affure que cet ar.
gent qui avoit efté tiré de la Sepulture
des Morts ne devoit
point entrer dans le commerce
des Hommes principalement
celuy qui y avoit efté dérobé ,
ou qui eftoit tiré des Tombeaux
par avarice .
Le Roy Théodoric fit deux
60 Extraordinaire
1
Ordonnances fur cette matiere,
dont l'une enjoignoit l'information
contre ceux qui avoient ofé
foüiller dans les Sepulchres &
en violer le droit , & l'autre qui
commandoit de rapporter au
bien commun & à l'utilité pu.
blique , les richeffes qu'on auroit
trouvées par hazard dans les
Tombeaux .
L'Hiftoire de Padout fur fes
Antiquitez rapporte que l'on
trouva dans le Tombeau d'Antenor
, qui fut le Fondateur de
cette Ville , plus de trente mille
livres d'argent , qu'il y avoit fait
mettre avant que de mourir.
Mais cette Infcription que Semiramis
Reyne de Babylone , fit
pofer de fon vivant fur fon Se.
pulcre , trompa finement l'avadu
Mercure Galant. 61
rice du Roy Darius . Elle y avoit
fait graver en groffes lettres ces
Mots : Si cui Regum Babylonis fuerit
pecunia penuria , aperto Sepulcro,
fumito. Ce Monument demeura
plufieurs Siécles en fon entier ,`
fans qu'aucun des Defcendans ou
Succeffeurs de cette Reyne y
touchaft , juſques au temps de
Darius. Ce Roy aveuglé d'une
avarice extréme , quoy qu'il fuft
le plus puiffant , & le plus riche
de tous les Roys du Monde,
paffant par là , & ayant leu cette
Infcription , au lieu des immenfes
Richeffes qu'il efperoit y
trouver , n'y rencontra rien que
ces autres paroles gravées au dedans
qui luy reprochoient avec
honte fon avarice. Nifi pecunia
effes inexplebilis , & turpis lucri
62 Extraordinaire
cupidus , defunctorum Sepulcra non
violaffes. Quelle infamie pour un
Roy & quelle tache qui ne
pourra jamais s'effacer!
La magnificence des Sepulchres
a paru tant aux Pyrami
des , dont nous avons parlé ,
qu'en la ftructure differente des
uns & des autres. Mais voila
d'où vient ce nom de Maufolée,
qu'on donne aux plus beaux Se.
pulchres & aux Tombeaux les
plus fuperbes , tant de l'Antiquité
que des Modernes ; & mefme
aux représentations qui fe
font dans les Temples , en la
mort des Roys , des Reynes , ou
des grands Heros.
Artemife Reyne de Carie , un
des Royaumes de l'Afie majeure
, voyant Maufolus
fon
du Mercure Galant.
63
Epoux mort , touchée d'une
vive douleur , fit ériger en fon
honneur & en fa memoire un
Monument , qui du nom de ce
Prince prit celuy de Mauſolée.
La ftructure de ce Tombeau fut
d'un fi excellent ouvrage qu'elle
luy fit douner le nom de la fixiéme
Merveille du Monde. La
figure en eftoit quarrée , & cet
Ouvrage fut donné à quatre
Maiſtres des plus habiles pour y
travailler. La partie Orientale
fut deſtinée à Scopas pour la
graver ; celle du couchant à
Leocare ; celle du Septentrion à
Briaffe , & celle du Midy à Timothée
. Ce grand Monument
fut formé en Pyramide , comme
la plus part l'eftoient dans ce
temps - là . Au fommet de ce
64
Extraordinaire
grand Ouvrage , eftoit la Satuë
du Roy affis dans un Trône la
Couronne en la tefte . Le commencement
& la Bafe eftoient
par Portiques & fans Marches.
La feconde élévation fuivoit la
mefme forme , mais avec des
Marches murées en dehors ; &
la troifiéme avec des Marches
en dedans pour monter au plus
haut. Les Arcades du premier
Etage eftoient fi larges , que d'un
Pilliers à l'autre il Y avoit 73.
pieds . Elles eftoient fupportées
de 36. Colomnes d'une pierre
feule chacune.
La merveille de ce Monument
confiftoit en l'Architecture, en la
grandeur , en la hauteur , & en la
Sculpture . Comme c'étoit l'Ouvrage
des plus fçavans Maiſtres ,
du Mercure Galant.
651
auffi n'y fut- il rien épargné pour
la dépenfe . La grandeur des Sta--
tues qui en faifoient l'ornement,
furprenoit les yeux . Ce ne fut
pas affez que toutes ces Merveilles
pour en faire une , fi Ar.
temife , Epouſe de Maufole , ne
faifoit voir quelque chofe de :
plus merveilleux . C'est elle qui
apres avoir rendu les derniers
devoirs à fon Epoux avec toute
la pompe imaginable , & ayant
fait confumer fon Corps dans le:
Bucher avec les Odeurs , less
Parfums & les Aromats les plus™
préticux , en recueillit les Cendres
qu'elle enferma dans une
Urne d'or en ce mefme Monu--
ment . Mais cette Reyne ne vou-:
lant pas luy furvivre , s'enfermaz
au mefme lieu , & le refte de:
Q.de Janvier 1685, F
66 Extraordinaire
fes jours ne vécut que de ces
mefmes Cendres détrempées de
fes larmes pour tout aliment .
Ainfi elle mefme devint le Mau
folée de fon Epoux , en expirant
dans ce Monument. Ce
font là des marques d'une ten.
dreffe & d'un amour inexpliquable.
Je puis dire qu'au ſujet des ſept
Merveilles du monde , dont la
premiére , qui eft le Maufolée
eft du nombre , j'ay eſté affez
heureux pour les avoir entremef.
lées toutes dans un Diftique Latin
par leurs noms , avec celuy du
Roy , pour Infcription fur le
Louvre , avec d'autres qui ont
efté leuës à Verfailles , dans le
temps que beaucoup de monde y
travailloit. La curiofité du Public
du Mercure Galant.
67
me les fait employer icy.
Hoc Lodoici Ephefum , Mcmphim,
Babylona , Coloffum,
Maufolea, Pharon, cum Jove , vincit
opus .
Le Livre d'André Palladio, fur
les magnifiques Sepultures , imprimé
à Rome avec fes Figures ,
parle avantageufement du Maufolée
de la Reyne Artemife , en
faveur du Roy Maufolus fon
Epoux.
Varron & Pline rapportent les
merveilles du Sepulcre de Porfenna
, Roy d'Hetrurie , qui pre.
fentement eft la Tofcane , Il eft
prés la ville de Clufe . Ce Monument
eft de pierre , fait en
quarré, dont chaque cofté a trois
cens pieds de largeur. La Bife eft
auffi quarrée. Le corps de l'Ou-
Fij
68 Extraordinaire
vrage s'éleve jufqu'à la moitié en
Pyramide , & au dedans il y a un
Labyrinthe.Sur ce Labyrinthe on
voit une Plateforme qui foûtient
cinq Pyramides , quatre aux Angles
, & une au milieu . Elles ont en
leur Baſe foixante & quinze pieds.
Elles font hautes de cent cinquate
pieds , & tellement égales , qu'en
leur fommet il y a un Chapiteau
d'Airain qui les couvre toutes , &
qui foûtient cinq autres pierres
d'une hauteur prodigieufe. Du
pied de ce Monument jufqu'au
faifte , l'on compte cinq cens
pieds. C'eft où l'on tient que
Porfenna eft ‹ t inhumé .
Les Empereurs , les Roys & les
Princes , fur les modelles des Anciens,
fe font fait ériger de grands
& magnifiques Monumens pour
du Mercure Galant. 69
leurs Sepultures , comme pour fe
rendre immortels par ces Ouvrages
. On voit encore à Rome en
la Vallée Martia , les veftiges du
Sepulcre de l'Empereur Augufte,
fort prés de l'Eglife S. Roch. II
eftoit autrefois orré de Marbre
blanc , de Porphyre , de grandes
Colomnes , d'Obelifques , & d'excellentes
Statuës , & avoit douze
Portes & trois ceintures de Murailles.
Il eftoit de forme ronde
& de cent coudées de haut. Au
fommet eftoit la Statuë de cet
Empereur faite d'Airain , tenant
en fa main fon Sceptre , & ayant
une Couronne en la tefte. Il l'avoit
fait baftir . non feulement
pour luy , mais auffi pour les
Empereurs qui luy devoient fuc
ceder. Le Sepulcre de l'Empe
70 Extraordinaire
reur Adrien eftoit encore en
la mefme Ville , & c'eft où eft
maintenant le Château S. Ange,
qui eft joint par un Pont fur le
Tybre.
Ce Monument dans fon temps.
eftoit embelly & diverfifié de
Marbres differens & exquis , de
Statuës , de Chars de Triomphe ,
& d'autres Ornemens artificieufement
travaillez , mais ils furent
rüinez par l'Armée des Goths ,
du temps de Belifaire.
Le Pontife Boniface VIII . y
fit faire le Château qui s'y voit
prefentement , & qui porte le
nom de S. Ange ; car un Ange y
parut deffus l'épée à la main ,
comme pour chaffer la pefte qui
defoloit Rome , comme cela arriva
, & depuis le nom de S. Ange
du Mercure Galant.
7 ፤
Y
luy eft demeuré. Alexandre VI .
le ceignit de foffez & de baftions,
fit conftruire une Gallerie couverte
& une autre découver
te , qui va juſqu'au Palais de faint
Pierre . Paul III. a depuis embelly
ce mefme Château de divers
Apartemens fomptueux.
>
Il y a encore plusieurs autres
Maufolées en la mefme Ville ; rel
que celuy de Septimius Severus ,
que l'on apelloit Septizonium , à
caufe des fept Ceintures dont il
eftoit environné , & celuy de Ceftius
, qui ne cédoit pas au préce
dent en beauté , & dont il refte
encore des veftiges . Les Romains
font fi jaloux de ces marques
d'antiquité , que depuis un Cardinal
fe voulant fervir des rüines
d'un de ces illuftres Monumens ,
72
Extraordinaire
il en fut empefché par l'autorité
Pontificale.
Proche de ces magnifiques Se--
pulcres eftoient des Obelifques .
d'une hauteur étonnante , & d'une
feule pierre . Il y en avoit deux au
Maufolée d'Auguſte , de quarante-
deux pieds. On tient mefme
que les cendres de Jules Cefar
étoient au fommet de celuy qui
avoit foixante & douze pieds ; en
la place defquelles Sixte V. a fait
mettre de fon temps une riche
Croix . Il y avoit des Lettres &
des Caracteres Egyptiens gravez
autour,
On érigeoit auffi des Colomnes
proche des Sepulcres en la
mefme Ville . Celle qui fut bâtie
en l'honneur de l'Empereur Trajan
, comme dit le mefme Palladio
dis Mercure Galant.
73
dio , avoit cent vingt- huit pieds
de hauteur ; & cet Empereur ne
la vit pas , parce qu'ayant entre
pris la Guerre contre les Parthes ,
il mourut au retour de cette expedition
en la ville de Seuleucie
en Syrie. Mais depuis fes cendres
furent rapportées à Rome ,
& mifes dans une Vrne d'or au
haut de cette Colomne. L'an 1588 .
Sixte V. fit mettre au lieu de
cette Vrne l'Image de S. Pierre,
faite de Bronze doré & d'une
grande ſtature . Autour de cette
Colomne , les Guerres & les Vi.
& oires de Trajan étoient gravées
en figures de Marbre , & principalement
fon entrepriſe contre
les Daces ,
Il y a des Villes entiéres bâties
& deftinées à la Sepulture des
2. deJanvier 1685. G
74
Extraordinaire
Empereurs & des Roys , comme
Seleucie par Conftätin le Grand ,
Antinoë par l'Empereur Adrien,
quoy que fon Sepulcre ait eſté à
Rome , où prefentement eft le
Château Saint Ange , comme il
eft dit cy- devant , Bucephalie
par
Alexandre le Grand , Taphofyris
par les Egyptiens , & plufieurs
autres ; ce que témoigne
Zuingerus ,
Pour la matiére de ces Monu~
mens , la Pierre , le Marbre , le
Porphyre , & mefme le Verre y
ont efté employez , comme on
voit dans Strabon liv. 17. qui die
que Ptolomée érigea pour Alexandre
le Grand , un Sepulcre
entiérement de verre, où le corps
ne pouvoit rendre aucune mauvaife
odeur , & étoit toûjours
du Mercure Galant. 75
4]
i
prefent aux yeux par la tranfparence
de la matière .
Plutarque raporte que le Sepulcre
d'Anthée , ce Géant fameux
qui combatit contre Hercule , &
dont il fut vaincu , a foixante &
dix coudées de long, & qu'il étoit
tenu comme une chofe Sacrée ;
car fi la moindre partie en étoit
offencée , & n'étoit pas réparée
au plûtoft , une pluye continuelle
tomboit en la mefme Region , &
la defoloit .
Il en arrive prefqu'autant à l'égard
du Sepulcre du Poëte Stratus
, qui fe voit à Pompejopolis ,
ville de Syrie , comme fait mention
Olaus Magnus , contre lequel
fi un Paffant jette une pierre
, elle rejaillit auffi- toft contre
luy , plûtoft par un prodige que
Gij
76
Extraordinaire
par aucune
raiſon naturelle
. Ces
exemples
ne font icy raportez
que pour marquer
la venération
qu'on doit avoir pour les Tombeaux
, & pour ceux qui y prennent
leur repos.
Le Tombeau de Virgile , Prin .
ce des Poëtes Latins , étoit conftruit
à la vuë de la ville de Naples
, & étoit d'une grande éminence
;
mais maintenant il eft
couvert d'arbriffeaux & de brof.
failles. On en voit encore les
grands veftiges à l'entrée d'une
caverne du Mont Paufitippus ,
comme on le remarque dans le
livre des Monumens & des Eloges
des illuftres Perfonnages ,
avec cette Infcription .
Qui cineres ? Tumuli hæc veſtigia ;
conditur olim
du Mercure Galant.
77
Ille hoc , qui cecinit pafcua , rura,
duces.
Si les Payens fe font fait des
Dieux , de leur nombre la pluf
part étoient mortels . Lucien qui
s'en raille , raporte dans le Dialogue
qu'il intitule Philopater, que
le Sepulcre de Jupiter leur Sou
verain étoit conftruit dans l'Ifle
de Créte , en une certaine Vallée
où autrefois il avoit efté nourry,
lors que Cybéle fa Mere le mit
au Monde dans la Foreft Dictée,
où les Corybantes par leur bruit
& le cliquetis de leurs Armes
empefcherent que Saturne fon
Pere n'entendift les cris de l'Enfant,
& qu'il n'en fuft devoré.
Le mefme Autheur en fon Dialogue
, qui porte pour Tître le
Deüil , aprend beaucoup de cho
G iij
78
Extraordinaire
fesfur la matiére de la Sepulture.
On y voit entr'autres que les
Grecs, tantoft brûloient les corps ,
& tantoft les inhumoient . Que
les Perfes les enterroient avec
des meubles prétieux , & avec de
grandes richeffes , felon la qualité
des perfonnes. Que les Indiens
fe fervoient de Tombeaux & de
Buchers , & qu'ils oignoient les
corps de fuif. Que les Scythes.
mangeoient fouvent les corps
leurs Amis en de grands Banquets ;
que les Egyptiens les embaumoient
. Mais nous traiterons du
tout feparément.
de
Revenons du Prophane au Sacré.
Au milieu de la Vallée de
Jofaphat , on trouve le Sepulcre
d'Abfalon , Fils de David . Il eft
coupé dans la Roche à la pointe
du Mercure Galant .
79
du cifeau , mais les Juifs l'ont tellement
en horreur, qu'ils yjettent
des pierres en paffant , à caufe du
mauvais deffein qu'il avoit entrepris
contre le Roy fon Pere.
Prés de la ville de Jérufalem ,
on voit les sépultures des Roys
de Juda , pareillement taillées
dans la Roche , & feparées les
unes des autres . Ce font autant
de Sepulcres en forme de cabinets
, & dont les Portes ont cela
de merveilleux , qu'elles font de
pierre , & tournent fur des pivots
de pierre auffi , le tout n'étant
que d'une feule pièce.
Les Sepultures des Juges d'If
raël , ne font pas éloignées des
precédentes . Elles font profque
toutes en leur entier. La curio .
fité de les voir , porte les Voya-
G iiij
80 Extraordinaire
geurs à fe fervir d'Arabes , qui
pour peu d'argent donnent des
connoiffances du tout .
Le Sepulcre du Lazare eſt dans
la Bethanie affez profond , ayant
plufieurs marches pour y defcendre.
L'on tient que ce Monument
étoit commun à fa Famille;
car il n'eut pas efté conftruit en
fi peu de temps aprés fa mort.
C'eft de ce lieu que la Sageffe Incarnée
le tira pour le reffufciter,
en luy difant , Lazare , exiforas .
Les Sepulcres où ſont enterrez
Jes Innocens qu'Herode fit maf
facrer , font auffi taillez dans la
Roche ; comme auffi céluy de
fainte Paule vers Bethleem. C'eft
en fon honneur que S. Hierôme
a compofé cette Epitaphe.
Afpicis anguftum pracisâ rupe Sepulcrum
,
du Mercure Galant. 81
Hofpitium Paula eft caleftia regna
tenentis ,
Divitias linquens Bethlemiti conditur
antro.
Le Tombeau du mefme S. Hie
rôme n'eſt pas éloigné de là ,
ainfi que ceux de plufieurs autres
SS. Peres. L'on tient par une
commune opinion que la Refurrection
fe doit faire de tous les
Hommes en cette Vallée de Jo.
faphat au dernier Jugement , &
que comme il a efté poffible à
Dieu de divifer les Hommes en
la Transfiguration de Babylone,
il luy fera auffi facile de les raffembler
tous en un moment , au
mefme lieu , de toutes les Parties .
du Monde , pour y recevoir leur
jugement.
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Résumé : DE L'ORIGINE DE LA SEPULTURE, DES TOMBEAUX, Et du temps que l'on a brûlé les Corps.
Le texte explore l'origine et l'importance des pratiques funéraires, soulignant leur ancienneté et leur signification. La sépulture est présentée comme un droit ancien, instauré peu après la création du monde et la chute d'Adam. Dieu a informé Adam que les corps humains retourneraient à la poussière, justifiant ainsi l'ensevelissement des morts. Les premiers hommes, guidés par une loi naturelle, ont enseveli les corps des défunts. Adam et Noé sont mentionnés comme les premiers à avoir ouvert la terre pour y ensevelir les corps. Abel, le premier homme à mourir, a été tué par son frère Caïn, qui a caché son corps pour lui refuser une sépulture. Adam a cherché le corps d'Abel et lui a érigé un monument avec une épitaphe. La privation de sépulture est décrite comme une punition barbare, comme celle infligée aux Hébreux par Pharaon. Noé, averti par Dieu de construire l'arche pour survivre au déluge, a également joué un rôle dans l'établissement des pratiques funéraires. Il a converti l'arche en tombeau et a emporté avec lui les offrandes d'Adam tirées du sépulcre d'Abel. Après le déluge, il a partagé ces offrandes entre ses fils. Les traditions juives et chrétiennes soulignent la piété de Noé et d'Adam envers les morts. Abraham a acheté un champ pour y enterrer Sara, marquant ainsi la première dédication d'un lieu profane à un usage sacré. Les patriarches prenaient soin d'élever des monuments funéraires, comme Jacob qui a érigé une pyramide sur la tombe de Rachel. Les pratiques funéraires, y compris les obsèques et les monuments, sont vues comme des marques d'espoir en l'immortalité et en la résurrection. Les Hébreux possédaient des sépultures familiales et des lieux communs pour les étrangers, appelés 'Polyandria'. Les Égyptiens vénéraient les corps des défunts, qu'ils considéraient comme des organes immortels de l'âme. Ils prenaient grand soin d'embaumer les corps avec des huiles et des aromates pour les préserver de la corruption. Les Égyptiens enterraient souvent les corps embaumés dans des lieux élevés, comme des montagnes ou des pyramides, pour les protéger de l'humidité causée par les inondations du Nil. Les pyramides, notamment celles de Memphis, étaient des monuments majestueux construits pour les rois et les princes. Le texte mentionne également des trésors et des richesses trouvées dans les pyramides, ainsi que des momies, qui étaient des corps embaumés conservés dans des linceuls et des bandes. Les Égyptiens utilisaient divers aromates, comme le baume d'Égypte, l'encens et la myrrhe, pour les rites funéraires. Les Juifs adoptaient des pratiques similaires, embaumant les corps et les couvrant de linceuls ou de pourpre. L'Écriture sainte fait référence à des monuments funéraires impressionnants, comme celui érigé par Salomon pour David. Le texte traite également des sépultures royales et prestigieuses. Le grand prêtre de Jérusalem, assiégé par Antiochus, dut fouiller le sépulcre de David pour obtenir des fonds. Le roi Hérode, avide d'or, viola la sépulture de David mais fut arrêté par une flamme soudaine. Les sépultures des rois et des prophètes contenaient souvent des trésors et des objets précieux. Les Chaldéens, lors de la prise de Jérusalem, pillèrent les offrandes des rois et des prophètes. Des médailles antiques et des inscriptions étaient également trouvées dans ces sépultures. Les rois des Macédoniens et des Perses avaient également la coutume d'enterrer des trésors avec eux. Les Romains, bien que la loi des Douze Tables ait interdit de cacher des trésors dans les sépultures, avaient des pratiques similaires. Le roi Théodoric édicta des ordonnances contre ceux qui violaient les sépultures. Des trésors furent également trouvés dans des tombeaux célèbres, comme celui d'Antenor, fondateur de Padoue. Le texte décrit des sépultures magnifiques, comme le mausolée d'Artémise pour son époux Mausole, considéré comme l'une des sept merveilles du monde. Artémise, après la mort de Mausole, se fit enterrer avec lui.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 140-145
Mort de la Duchesse Doüairiere de Mantouë, [titre d'après la table]
Début :
Le ving-huit du mois passé Mr le Comte Bagliani, Envoyé [...]
Mots clefs :
Comte de Bagliani, Envoyé extraordinaire, Audience, Décès, Duchesse de Mantoue, Mariage, Enfants, Seigneurie, Marquis, Empereur, Palais, Ornements
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mort de la Duchesse Doüairiere de Mantouë, [titre d'après la table]
Le vingt - huit du mois .
paffé M. le Comte Bagliani,
Envoyé Extraordinaire du
Duc de Mantouë , ayant eſté
introduit à l'Audience du
Roy , luy fit part de la nou,
velle qu'il avoit receuë de la
Mort d'Iſabelle Claire d'Au.
ſtriche , Fille de Leopold
d'Auſtriche Archiduc d'Inf.
pruk , Ducheſſe Doüairiere
de Mantonë.Elle avoit épousé
en 1649. Charles de Gonzague
III. du nom , Duc de
Mantouë & de Monferrat ,
qui mourut le 14. Aouſt1665
& elle a eu de ce Mariage..
GALANT. 141
Ferdinand-Charles de Gon
zague Duc de Mantouë &
de Montferrat, né en 1651. &
marié en 16701 avec Iſabelle
de Gonzague , Fille de Fer
dinandodeiGonzague! HH
du nom, Prince de Guaſtalle,
& de Marguerite d'Eſt-Mos
dene. Ily asprés de quatre
ochsans que la Maison de
Gonzague poſſede le Man
touan. Louis de Gonzague
Ende ce nom, Fils deGuy,
en obtint la Seigneurie fou's
lel titre de Vicaire de l'Em
piro , aprés avoir tué en 13274
Rafforino.BongcollaqTyran
142 MERCURE
4
de Mantouë. Ses Defcen
dans prirent le même titre
juſqu'à Jean - François , qui
ayant receu l'EmpereurSigif.
mond en fon Païs , fut faio
par luynMarquis de Manb
touë en 1433. Frideric deGon
zague II. du nom , s'eftant
ligué en 1126. avec François
Royade France & avec des
Princes d'Italie, contre l'Em
pereur Charles pour la
délivrance du Pape Clement
VId pritenfaite d'autres
meſures, &ſe jetra dans le
Parti de l'Empereur , qui
eftanti paflesa Mantoue eni
GALANT. 143
1530. donna le titre de Duc
à Frideric , par reconnoiſſance
de la magnifique Rece
ption qu'il luy avoit faite. La
Ville de Mantouë , qui eft
belle & ancienne , eſt bâtie
au milieu du Lac que fait le
Fleuve Mincio , & on n'en
peut approcher que par deux
Ponts conftruies ſur le même
Lac, Quoy que cette fuua.
tion la rende tres-forte , elle
fut priſe le 18. Juillet 1630. par
Colalto Genéral de l'Empe
reur Ferdinand II. Les SoL
dats , à qui le pillage ne put
eftre défendu , y ruinerent
144 MERCURE
des Ouvrages merveilleux!
Le Palais du Duc eſtoit avant
cette priſe ,tres renommé par
fes Meubles & par les Ril
cheſſes..On y voyoit une in
finité de Tableaux , de Star
tues , de Cabinets , & de.
la Vaiſſelle d'Or & d'Argent
en tres grand nombre. Cha
que Apartement avoit fept
ameublemens differens
il y avoit fix Tables , chacu
ne de trois pieds , la pre
miere toute d'Emeraudes, la
feconde de Turquoiſes , la
troifiéme de Zaphirs ,
88
quatrième d'Hiacintes , la
cin
GALANT. 145
cinquiéme d'Ambre , & la
fixieme de Jaſpe . Tout cela
fut pillé avec uneOrgue d'Albâtre.
Le Duc de Mantouë
eft Chef de l'Ordre des Chevaliers
du Sang de Chriſt ,
que le Duc Vincent deGonzague
I. du nom, inſtitua en
1608.
paffé M. le Comte Bagliani,
Envoyé Extraordinaire du
Duc de Mantouë , ayant eſté
introduit à l'Audience du
Roy , luy fit part de la nou,
velle qu'il avoit receuë de la
Mort d'Iſabelle Claire d'Au.
ſtriche , Fille de Leopold
d'Auſtriche Archiduc d'Inf.
pruk , Ducheſſe Doüairiere
de Mantonë.Elle avoit épousé
en 1649. Charles de Gonzague
III. du nom , Duc de
Mantouë & de Monferrat ,
qui mourut le 14. Aouſt1665
& elle a eu de ce Mariage..
GALANT. 141
Ferdinand-Charles de Gon
zague Duc de Mantouë &
de Montferrat, né en 1651. &
marié en 16701 avec Iſabelle
de Gonzague , Fille de Fer
dinandodeiGonzague! HH
du nom, Prince de Guaſtalle,
& de Marguerite d'Eſt-Mos
dene. Ily asprés de quatre
ochsans que la Maison de
Gonzague poſſede le Man
touan. Louis de Gonzague
Ende ce nom, Fils deGuy,
en obtint la Seigneurie fou's
lel titre de Vicaire de l'Em
piro , aprés avoir tué en 13274
Rafforino.BongcollaqTyran
142 MERCURE
4
de Mantouë. Ses Defcen
dans prirent le même titre
juſqu'à Jean - François , qui
ayant receu l'EmpereurSigif.
mond en fon Païs , fut faio
par luynMarquis de Manb
touë en 1433. Frideric deGon
zague II. du nom , s'eftant
ligué en 1126. avec François
Royade France & avec des
Princes d'Italie, contre l'Em
pereur Charles pour la
délivrance du Pape Clement
VId pritenfaite d'autres
meſures, &ſe jetra dans le
Parti de l'Empereur , qui
eftanti paflesa Mantoue eni
GALANT. 143
1530. donna le titre de Duc
à Frideric , par reconnoiſſance
de la magnifique Rece
ption qu'il luy avoit faite. La
Ville de Mantouë , qui eft
belle & ancienne , eſt bâtie
au milieu du Lac que fait le
Fleuve Mincio , & on n'en
peut approcher que par deux
Ponts conftruies ſur le même
Lac, Quoy que cette fuua.
tion la rende tres-forte , elle
fut priſe le 18. Juillet 1630. par
Colalto Genéral de l'Empe
reur Ferdinand II. Les SoL
dats , à qui le pillage ne put
eftre défendu , y ruinerent
144 MERCURE
des Ouvrages merveilleux!
Le Palais du Duc eſtoit avant
cette priſe ,tres renommé par
fes Meubles & par les Ril
cheſſes..On y voyoit une in
finité de Tableaux , de Star
tues , de Cabinets , & de.
la Vaiſſelle d'Or & d'Argent
en tres grand nombre. Cha
que Apartement avoit fept
ameublemens differens
il y avoit fix Tables , chacu
ne de trois pieds , la pre
miere toute d'Emeraudes, la
feconde de Turquoiſes , la
troifiéme de Zaphirs ,
88
quatrième d'Hiacintes , la
cin
GALANT. 145
cinquiéme d'Ambre , & la
fixieme de Jaſpe . Tout cela
fut pillé avec uneOrgue d'Albâtre.
Le Duc de Mantouë
eft Chef de l'Ordre des Chevaliers
du Sang de Chriſt ,
que le Duc Vincent deGonzague
I. du nom, inſtitua en
1608.
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5
p. 306-321
Valenciennes. [titre d'après la table]
Début :
Ils en partirent le 9. pour aller coucher à Valencienne. [...]
Mots clefs :
Valenciennes, Monsieur Château, Toile, Bardo di Bardi Magalotti, Tableaux, Ville, Roi, Empereur, Hainaut, Maison de Bavière, Ambassadeur, Citadelle, Cavalerie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Valenciennes. [titre d'après la table]
Ils en partirent le 9. pour
aller coucher à Valencienne .
Il y a dans cette Ville - là &
dans ſes Fauxbourgs 4523 .
Maiſons , 21108. Perſonnes,
fans compter les Troupes du
Roy , 34. Eglifes , une Abbaye
, un Chapitre de Cha.
noines , 7. Paroiffes , 10.Con
desAnb. de Siam. 307
vens d'Hommes , & 11. de
Filles. La Ville eſt des plus
confiderables pour ſon antiquité.
Les Romains y établirent
diverſes Manufactures
; & ayant eſté ruinée pluſieurs
fois , l'Empereur Valentinien
la fit reparer , &
entourer de murailles vers
l'An 367. & luy donna fon
nom qu'elle retient encore
aujourd'huy. Elle demeura
fous la puiſſance Romaine
juſqu'à la venuë de Clodion,
qui la tranfmit aux Roys de
France ſes Succeſſeurs , &fut
ſous les deux premieres Races
Cc ij
308 III. P. du Voyage
de ſes Roys , comme Terre
diftinguée de limites , avec le
titre de Comté. Elle fut depuis
à des Princes qui la tenoient
en qualité de Seigneurs
, y faiſant battre de la
Monnoye à leur coin à titre
de Comtes de Valencienne.
Ce Comté comprenoit le
Païs d'Oſtrevant , de Burbant,
& l'eſpace qui eſt entre
Morchipont , Mortmal & la
Selle , qui relevoient en partie
de Lorraine & de France .
Le mariage de Matilde Comteſſe
de Valencienne , avec
Regnier IV. Fils d'Avide ,
des Amb. de Siam. 309
1
Fille de Huë- Capet Comte
de Hainaut , fit paffer cette
Ville à ſes Heritiers l'An 1030 .
à condition d'eſtre toûjours
diftinguée, & de n'eſtre point
confondue avec le Hainaut.
Par le mariage de Marguerite
d'Avefne Comteſſe de
Hainaut avec l'Empereur
Loüis de Baviere , elle paſſa à
la Maiſon de Baviere l'An
1346. juſqu'à ce que Jacqueline
de Baviere vint à mourir,
laiſſant Philippes le Bon, Duc
de Bourgogne, fon Heritier
en 1437. Elle demeura dans
ſa Famille juſqu'en 1452.
310 III . P. du Voyage
qu'elle paſſa à la Maiſon
d'Autriche par la mort de
Marie de Bourgogne Femme
de l'Empereur maximilien, à
qui elle fut juſqu'en 1677 .
que tout imprenable qu'on
la croyoit , elle fut priſe d'affaut
par les Armes invincibles
de LOUIS LE GRAND.
Ce qui eſt de remarquable,
c'eſt qu'elle peut ſe vanter
d'avoir eu deux Palais
Royaux , l'un où eſt à prefent
la Citadelle , l'autre où
eſt l'Eglife des Cordeliers ;
Que Charlemagne y tint ſes
Eftats Generaux pour la pre
des Amb. de Siam. 311
miere fois , & y reçût la Couronne
d'Auſtraſie aprés la
mort de fon Frere Carloman.
On dit que le Roy Pepin y
fonda l'Égliſe de Nôtre-Dame.
La Maiſon de Ville merite
d'y eſtre veuë. Les Ambaſſadeurs
trouverent en approchant
de cette Place, la
Cavalerie de 'la Garnifon
qui les vint recevoir , & enfuite
M. de Magalotti qui
les attendoit à la Porte. Son
viſage ouvert leur plût extrémement
; & lorſqu'il les
eut quittez pour leur laiſſer
prendre la route du lieu
r
312 III . P. du Voyage
qu'on leur avoit preparé pour
leur Logement , ils dirent de
luy mille choſes obligeantes,
quoy qu'ils ne luy euſſent
parlé qu'un moment. Ils arriverent
à leur Logis , aprés
avoir eſté ſalüez du Canon,
& des Officiers des Troupes
qui formoient deux hayes
dans la Ville. MF de Magalotti
avoit pris foin de faire
meubler la maifon où ils allerent
, & il y ayoit fait porter
quantité de fort beaux Tableaux
, & beaucoup de Portraits.
Aprés qu'ils ſe furent
un peu repoſez , il leur prefenta
des Anb. de Siam. 313
r
ſenta Ms du Magiftrat , &
M. Château Conſeiller de
Ville qui portoit la parole,
parla en ces termes.
MESSEIGNEURS ,
>
C'est dans une joye qui ne peut
s'exprimer, que leMagistrat de cette
Ville vientse presenter à vos Excellences
, pour leur témoigner les
respects & les foûmiſſions deuës
aux Perſonnes qui representent l'un
des plus Grands & des plus Augustes
Monarques de l'Afie, & dont
l'amitié estsi chere au Roy. Nous
ne ferons point , Meſſeigneurs ,le
détail des Conquestes , des Triomphes
, & des Victoires éclatantes
que nôtre Grand Monarque a rem-
Dd
314 III. P. du Voyage
portées sur ses Ennemis , dont la
gloire est fi grande , que la Renommée
s'en est répandue par toute la
Terre. Nous nous contenterons de
dire qu'entre toutes les perfections
&les vertus Royales qui reluiſent
comme les rayons du Soleil en fa
Personne facrée ,ſa fidelité inviolable
enversfes Alliez en est une
des plus brillantes. Nous prenons
la liberté , Meſſeigneurs , de prefenter
à vos Excellences les Vins
d'honneur , & quelques pieces de
Toilettes pour échantillons desManufactures
de cette Ville. Nous aurions
bien de la joye si ce Commerce
pouvoit s'établir dans vos Provinces,
à l'exemple des autres Royaumes
de l'Afie , de l'Afrique , de
l'Amerique, &deplusieurs Regions
de l'Europe où cette Manufacture
des Amb. de Siam. 315
est dans la plus haute confideration
.
Cette Harangue finie, le
Magiftrat leur preſenta trois
pieces de Toile des plus fines
de la Fabrique de Valencienne.
Chaque Piece eſtoit enveloppée
dans un Brocard
argent & bleu , & noüée avec
des Rubans de la même
couleur. Ils eurent d'abord
quelque peine à les accepter,
& dirent , qu'ils n'estoient point
accoûtumez à prendre des Pre-
Sens ; mais que puisque c'estoit
des échantillons d'une Manufa-
Eture de la Ville , ils les rete-
Ddij
316 III. P. du Voyage
r
noient pour les faire voirau Roy
leurMaistre. M de Magalotti
leur demanda l'ordre ,
& ils dirent , Miracle de nos
jours. Ils firent entendre ,
qu'ils vouloient parler de la
maniere dont la Place avoit
eſté priſe , qu'ils regardoient
come un miracle de nôtre Siecle.
Les Dames ſeules eurent le
privilege de les voir ſouper.
Le lendemain la fiévre ayant
pris à Me Torf, ils en montrerent
une grande inquietude
,& l'allerent voir pluſieurs
fois . Il leur dit qu'il n'estoit
pas de leur dignité de viſiter un
des Amb de Siam. 317
particulier. Ils répondirent
qu'ils le regardoient comme un
autre eux- mefmes, & ils allerent
ce jour-là à la Citadelle, d'où
on leur montra le Paté par où
la Place avoit eſté priſe. Ils
virent faire l'Exercice aux Cadets
, & l'Ambaſſadeur les regarda
avec rant de plaifir
qu'il ſembloit qu'il enviaft
leur bonheur. Il dit qu'il voudroit
n'estre pas Ambaſſadeur , ou
du moins n'estre pas le Premier ,
afin de faire une Campagne ou
deux avec le Roy en cas qu'ily
eût Guerre , & il ajoûta qu'il
ſçauroit faire approuver fa
Dd iij
318 III. P. duVoyage
r
conduite au Roy ſon Maiſtre. Ils
allerent diner chez M de
Magalotti . Le Repas fut ſplendide
, & ils burent de tout ce
que l'Italie a de meilleures Liqueurs.
Ils s'attacherent à confiderer
des Tableaux de petit
point de la Manufacture de
Valenciennes , qui reprefentoient
des fleurs , & comme
ils les trouverent parfaitement
beaux , M'de Magalotti voulut
les leur donner , mais ils
ne les accepterent point. Au
fortir de ce grand Repas où
il y eut deux Tables , chacune
de 20. couverts , ils allerent
desAmb . de Siam. 319
voir les Fortifications , & firent
le tour de la Ville . M² de
Magalotti leur fit une defcription
de tout le Siege ; il leur
marqua tous les quartiers , &
particulierement celuy du
Roy. Ils examinerent de nouveau
& de plus pres l'endroit
par où l'on a pris la Place , &
firent des reflexions ſur l'intrepide
valeur des François.
Ils remercierent fort M de
Magalotti de toutes ſes peines
, & luy donnerent pour
mot l'âge rend t'homme parfait,
ſes cheveux blancs leur firent
croire qu'il eſtoit plus âgé
D'dinj
320 III. P. du Voyage
qu'il ne l'eſt. Les Dames leur
tinrent encore ce foir-làbonne
compagnie pendant leur fouper.
Le lendemain M deMagalotti,
l'Estat major, &leMagiftrat
leur allerent faire compliment
fur leurdépart. Alors
l'Ambaſſadeur leur dit d'un
air riant , qu'ils leurestoientfort
obligez de toutes leurs honnestetez,
qu'ils ne les oubliroient jamais
,&qu'ils ne manqueroient
pas de les marquer au Roy leur
Maistre. Les mefmes Ceremonies
qui avoient eſté obfervées
à leur entrée , ſe firent à
leur fortie . Ils trouverent dans
des Amb. de Siam , 321
leur Caroffe les deux Tableaux
que Me de Magalotti leur avoit
offerts , & qu'il avoit fait
mettre dans de tres- riches
bordures . Cette honneſteté les
furprit extrémement ; ils les
garderent craignant de les
defobliger , s'ils les
voyoient .La Cavalerie les reconduifit
fi loin , qu'ils furent
obligez de la prier de s'en retourner
.
aller coucher à Valencienne .
Il y a dans cette Ville - là &
dans ſes Fauxbourgs 4523 .
Maiſons , 21108. Perſonnes,
fans compter les Troupes du
Roy , 34. Eglifes , une Abbaye
, un Chapitre de Cha.
noines , 7. Paroiffes , 10.Con
desAnb. de Siam. 307
vens d'Hommes , & 11. de
Filles. La Ville eſt des plus
confiderables pour ſon antiquité.
Les Romains y établirent
diverſes Manufactures
; & ayant eſté ruinée pluſieurs
fois , l'Empereur Valentinien
la fit reparer , &
entourer de murailles vers
l'An 367. & luy donna fon
nom qu'elle retient encore
aujourd'huy. Elle demeura
fous la puiſſance Romaine
juſqu'à la venuë de Clodion,
qui la tranfmit aux Roys de
France ſes Succeſſeurs , &fut
ſous les deux premieres Races
Cc ij
308 III. P. du Voyage
de ſes Roys , comme Terre
diftinguée de limites , avec le
titre de Comté. Elle fut depuis
à des Princes qui la tenoient
en qualité de Seigneurs
, y faiſant battre de la
Monnoye à leur coin à titre
de Comtes de Valencienne.
Ce Comté comprenoit le
Païs d'Oſtrevant , de Burbant,
& l'eſpace qui eſt entre
Morchipont , Mortmal & la
Selle , qui relevoient en partie
de Lorraine & de France .
Le mariage de Matilde Comteſſe
de Valencienne , avec
Regnier IV. Fils d'Avide ,
des Amb. de Siam. 309
1
Fille de Huë- Capet Comte
de Hainaut , fit paffer cette
Ville à ſes Heritiers l'An 1030 .
à condition d'eſtre toûjours
diftinguée, & de n'eſtre point
confondue avec le Hainaut.
Par le mariage de Marguerite
d'Avefne Comteſſe de
Hainaut avec l'Empereur
Loüis de Baviere , elle paſſa à
la Maiſon de Baviere l'An
1346. juſqu'à ce que Jacqueline
de Baviere vint à mourir,
laiſſant Philippes le Bon, Duc
de Bourgogne, fon Heritier
en 1437. Elle demeura dans
ſa Famille juſqu'en 1452.
310 III . P. du Voyage
qu'elle paſſa à la Maiſon
d'Autriche par la mort de
Marie de Bourgogne Femme
de l'Empereur maximilien, à
qui elle fut juſqu'en 1677 .
que tout imprenable qu'on
la croyoit , elle fut priſe d'affaut
par les Armes invincibles
de LOUIS LE GRAND.
Ce qui eſt de remarquable,
c'eſt qu'elle peut ſe vanter
d'avoir eu deux Palais
Royaux , l'un où eſt à prefent
la Citadelle , l'autre où
eſt l'Eglife des Cordeliers ;
Que Charlemagne y tint ſes
Eftats Generaux pour la pre
des Amb. de Siam. 311
miere fois , & y reçût la Couronne
d'Auſtraſie aprés la
mort de fon Frere Carloman.
On dit que le Roy Pepin y
fonda l'Égliſe de Nôtre-Dame.
La Maiſon de Ville merite
d'y eſtre veuë. Les Ambaſſadeurs
trouverent en approchant
de cette Place, la
Cavalerie de 'la Garnifon
qui les vint recevoir , & enfuite
M. de Magalotti qui
les attendoit à la Porte. Son
viſage ouvert leur plût extrémement
; & lorſqu'il les
eut quittez pour leur laiſſer
prendre la route du lieu
r
312 III . P. du Voyage
qu'on leur avoit preparé pour
leur Logement , ils dirent de
luy mille choſes obligeantes,
quoy qu'ils ne luy euſſent
parlé qu'un moment. Ils arriverent
à leur Logis , aprés
avoir eſté ſalüez du Canon,
& des Officiers des Troupes
qui formoient deux hayes
dans la Ville. MF de Magalotti
avoit pris foin de faire
meubler la maifon où ils allerent
, & il y ayoit fait porter
quantité de fort beaux Tableaux
, & beaucoup de Portraits.
Aprés qu'ils ſe furent
un peu repoſez , il leur prefenta
des Anb. de Siam. 313
r
ſenta Ms du Magiftrat , &
M. Château Conſeiller de
Ville qui portoit la parole,
parla en ces termes.
MESSEIGNEURS ,
>
C'est dans une joye qui ne peut
s'exprimer, que leMagistrat de cette
Ville vientse presenter à vos Excellences
, pour leur témoigner les
respects & les foûmiſſions deuës
aux Perſonnes qui representent l'un
des plus Grands & des plus Augustes
Monarques de l'Afie, & dont
l'amitié estsi chere au Roy. Nous
ne ferons point , Meſſeigneurs ,le
détail des Conquestes , des Triomphes
, & des Victoires éclatantes
que nôtre Grand Monarque a rem-
Dd
314 III. P. du Voyage
portées sur ses Ennemis , dont la
gloire est fi grande , que la Renommée
s'en est répandue par toute la
Terre. Nous nous contenterons de
dire qu'entre toutes les perfections
&les vertus Royales qui reluiſent
comme les rayons du Soleil en fa
Personne facrée ,ſa fidelité inviolable
enversfes Alliez en est une
des plus brillantes. Nous prenons
la liberté , Meſſeigneurs , de prefenter
à vos Excellences les Vins
d'honneur , & quelques pieces de
Toilettes pour échantillons desManufactures
de cette Ville. Nous aurions
bien de la joye si ce Commerce
pouvoit s'établir dans vos Provinces,
à l'exemple des autres Royaumes
de l'Afie , de l'Afrique , de
l'Amerique, &deplusieurs Regions
de l'Europe où cette Manufacture
des Amb. de Siam. 315
est dans la plus haute confideration
.
Cette Harangue finie, le
Magiftrat leur preſenta trois
pieces de Toile des plus fines
de la Fabrique de Valencienne.
Chaque Piece eſtoit enveloppée
dans un Brocard
argent & bleu , & noüée avec
des Rubans de la même
couleur. Ils eurent d'abord
quelque peine à les accepter,
& dirent , qu'ils n'estoient point
accoûtumez à prendre des Pre-
Sens ; mais que puisque c'estoit
des échantillons d'une Manufa-
Eture de la Ville , ils les rete-
Ddij
316 III. P. du Voyage
r
noient pour les faire voirau Roy
leurMaistre. M de Magalotti
leur demanda l'ordre ,
& ils dirent , Miracle de nos
jours. Ils firent entendre ,
qu'ils vouloient parler de la
maniere dont la Place avoit
eſté priſe , qu'ils regardoient
come un miracle de nôtre Siecle.
Les Dames ſeules eurent le
privilege de les voir ſouper.
Le lendemain la fiévre ayant
pris à Me Torf, ils en montrerent
une grande inquietude
,& l'allerent voir pluſieurs
fois . Il leur dit qu'il n'estoit
pas de leur dignité de viſiter un
des Amb de Siam. 317
particulier. Ils répondirent
qu'ils le regardoient comme un
autre eux- mefmes, & ils allerent
ce jour-là à la Citadelle, d'où
on leur montra le Paté par où
la Place avoit eſté priſe. Ils
virent faire l'Exercice aux Cadets
, & l'Ambaſſadeur les regarda
avec rant de plaifir
qu'il ſembloit qu'il enviaft
leur bonheur. Il dit qu'il voudroit
n'estre pas Ambaſſadeur , ou
du moins n'estre pas le Premier ,
afin de faire une Campagne ou
deux avec le Roy en cas qu'ily
eût Guerre , & il ajoûta qu'il
ſçauroit faire approuver fa
Dd iij
318 III. P. duVoyage
r
conduite au Roy ſon Maiſtre. Ils
allerent diner chez M de
Magalotti . Le Repas fut ſplendide
, & ils burent de tout ce
que l'Italie a de meilleures Liqueurs.
Ils s'attacherent à confiderer
des Tableaux de petit
point de la Manufacture de
Valenciennes , qui reprefentoient
des fleurs , & comme
ils les trouverent parfaitement
beaux , M'de Magalotti voulut
les leur donner , mais ils
ne les accepterent point. Au
fortir de ce grand Repas où
il y eut deux Tables , chacune
de 20. couverts , ils allerent
desAmb . de Siam. 319
voir les Fortifications , & firent
le tour de la Ville . M² de
Magalotti leur fit une defcription
de tout le Siege ; il leur
marqua tous les quartiers , &
particulierement celuy du
Roy. Ils examinerent de nouveau
& de plus pres l'endroit
par où l'on a pris la Place , &
firent des reflexions ſur l'intrepide
valeur des François.
Ils remercierent fort M de
Magalotti de toutes ſes peines
, & luy donnerent pour
mot l'âge rend t'homme parfait,
ſes cheveux blancs leur firent
croire qu'il eſtoit plus âgé
D'dinj
320 III. P. du Voyage
qu'il ne l'eſt. Les Dames leur
tinrent encore ce foir-làbonne
compagnie pendant leur fouper.
Le lendemain M deMagalotti,
l'Estat major, &leMagiftrat
leur allerent faire compliment
fur leurdépart. Alors
l'Ambaſſadeur leur dit d'un
air riant , qu'ils leurestoientfort
obligez de toutes leurs honnestetez,
qu'ils ne les oubliroient jamais
,&qu'ils ne manqueroient
pas de les marquer au Roy leur
Maistre. Les mefmes Ceremonies
qui avoient eſté obfervées
à leur entrée , ſe firent à
leur fortie . Ils trouverent dans
des Amb. de Siam , 321
leur Caroffe les deux Tableaux
que Me de Magalotti leur avoit
offerts , & qu'il avoit fait
mettre dans de tres- riches
bordures . Cette honneſteté les
furprit extrémement ; ils les
garderent craignant de les
defobliger , s'ils les
voyoient .La Cavalerie les reconduifit
fi loin , qu'ils furent
obligez de la prier de s'en retourner
.
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Résumé : Valenciennes. [titre d'après la table]
Le texte décrit un voyage vers Valenciennes, une ville caractérisée par ses 4 523 maisons, 21 108 habitants, 34 églises, une abbaye, un chapitre de chanoines, 7 paroisses et 10 couvents. Valenciennes est renommée pour son antiquité et ses manufactures, établies par les Romains. En 367, l'empereur Valentinien la fit réparer et entourer de murailles. La ville passa sous la domination des rois de France avec Clodion et resta une terre distinguée sous les premières dynasties royales françaises. Par la suite, elle fut possession de divers princes et comtes, incluant les comtes de Hainaut et de Bavière, avant de devenir une possession des ducs de Bourgogne puis de la Maison d'Autriche. En 1677, Valenciennes fut prise par Louis XIV. La ville a également accueilli des figures historiques telles que Charlemagne et Pépin le Bref. Les ambassadeurs de Siam y furent reçus avec honneur, visitèrent la citadelle et les fortifications, et reçurent des présents de la ville. Ils exprimèrent leur admiration pour la prise de la ville par les Français et pour les fortifications. Lors de leur départ, ils furent escortés par la cavalerie et reçurent des tableaux en cadeau.
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6
p. 108-116
MORTS.
Début :
Milord Griffin, qui avoit esté fait prisonnier à bord du [...]
Mots clefs :
Mort, Prince, Empereur, Comte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Milord Griffin, quiavoit
este fait prisonnier à bord
du Salsburi, lorsque le Roy
d'Angleterre tenta de faire
une descente en Ecosse en
1708.estmort le 21. Novembre
dans la Tour de
Londres,où il avoit esté mis
comme coupable de haute
trahison ,
son execurion
ayant esté dissetéepour raison.
Le Baron Ezechiel Spanhein
, Ambassadeuren Angleterre
pour l'Electeur de
Brandebourg, & sort connu
par ses emplois & par
quantité d'ouvrages d'erudition,
mourut à Londres
le 2 5. Novembre .1,{lq. ao .ans, ':.o.
MessirePierre Code,Archevêque
de Sebaste & Vicaire
Apostolique dans les
Pays bas, mourut à Utrecht
le12. Décembre 1710. âgé
de 60 ans.
Jean Christian
,
Prince
d'Eggenberg, Duc de Crumau
,
Comte de Gradisch
&d'Adslperg,& Conseiller
d'Etatde l'Empereur, monrut
sans posterité à Prague
en Boheme le 14. Decembre
1710. en sa 70. année
estant né le 7 Septembre
1641. Il avoir épousécn
1666.MarieErne stine, fille
de Jean Adosse, Prince de
Sclwarrzenberg,& de Marie
Justine, Comcene de-
Stahremberg.
Ce Prince estoit fils de
Jean Antoine, Prince d'Aggenberg
,
Duc de Crumau,
&c.Chevalier de la Torson
d'or, mort le 24 Mars
1647. & d'Anne Marie
filledeChristian ,
,
Marquis
de Brandebourg Bareith
,
mort le 8 Mai 1680. Il avoir
pour soeur Marie Elisabeth
,
néele26. Seprembre1656.
à Ferdinand
, Prince de Diecrichstein.
Comme le Prince d'Eggenberg
est mort sans ensans
son frere puisné Jean
Liffroidd'EggenbergConseiller
d'Etat del'Empereur,
& Gouverneur de la Carniole
,
lui a succedé dans
tous ses biens,qui sont tresconsiderables.
::.
Ce Prince qui est né le
12 Aoust 1642aépouséen
1666. Eleonore Rosalie
filledeCharles Eusebe,Prin-y
cc de Licteinstein
,
dont il
a pour fils unique Jean- Antoine
Joses, Prince d'Eg.
genberg
,
né le 6 Janvier
1669. Gouverneur de la
Carniole en survivance de
son pere & Conseillerd'E-
-
tac de l'Empereur. Il a époufé
au mois deMars 1692.
Marie Charlote, fille d AdolseUratislas
,
Comte de
Sternberg, dont il a des
enfans.
Albert Antoine, Comte
de Scwartzbourg & d'Hohustein,
estmort îe 15. Décembre
1710. à Roudolstat
en Thuringe dans sa 70.
année, estant né le 2 Aoust
1641. Il avoit épousé le 7.
Juin 1665.EmilieJulienne,
filled'Albert Frederic,Com.
te deBarby& deSosieUrsule
d'Oldembourg
,
dont
il a un fils unique qu'on
nomme Louis Frederic
,
Comte Schwanzbourg &
d'Hohnstein,né le15.Octobre1667.
& quiaépousé
le 15 Octobre 1691. Anne
Sosie fille de Frédéric Duc
de Saxe Got ha
,
& de Madeleine
Sibile,Duchesse de
Saxe Hall, dontil a 1 3 ensans.
Marie Claude,née Comtesse
de Kunige
,
est morte
à Vienne le même mois
1710. âgée de 41 ans elle
avoit épousé Mathias Leopold
Prince de Lamberg &
du S. Empire, Landegrave
de Leichtemberg
,
Chevalier
de la Toison d'or,Conseiller
d'Etat, Grand Ecuyer
de l'Empereur & GrandVeneur
hereditaire d'A utric he.
Jean HuguesdOffbeck,
qui avoir estééleu Coadjuteur
de l'ArchevêchédeTreves
en 1671. & qui y fucccdaen
1676.àCharles Gaspar
Vander Leyen son oncle
,
est mort à Coblens le
6 de ce mois. Ce Prélat qui
avoit esté auparavant Evêque
de Spire, estoit fils
de Guillaume d'Orstbeck
Seigneur de Vernich.,& de,
Marie-Catherine Van-der-
Loyen. Le Prince Charles
de Lorraine
,
Evêque d'Ofnabruch
,
& d'Olmurs &
Coadjuteur de Treves, est
parti deLuneville le11 pour
aller prendre possession de
cet Archevêché.
Milord Griffin, quiavoit
este fait prisonnier à bord
du Salsburi, lorsque le Roy
d'Angleterre tenta de faire
une descente en Ecosse en
1708.estmort le 21. Novembre
dans la Tour de
Londres,où il avoit esté mis
comme coupable de haute
trahison ,
son execurion
ayant esté dissetéepour raison.
Le Baron Ezechiel Spanhein
, Ambassadeuren Angleterre
pour l'Electeur de
Brandebourg, & sort connu
par ses emplois & par
quantité d'ouvrages d'erudition,
mourut à Londres
le 2 5. Novembre .1,{lq. ao .ans, ':.o.
MessirePierre Code,Archevêque
de Sebaste & Vicaire
Apostolique dans les
Pays bas, mourut à Utrecht
le12. Décembre 1710. âgé
de 60 ans.
Jean Christian
,
Prince
d'Eggenberg, Duc de Crumau
,
Comte de Gradisch
&d'Adslperg,& Conseiller
d'Etatde l'Empereur, monrut
sans posterité à Prague
en Boheme le 14. Decembre
1710. en sa 70. année
estant né le 7 Septembre
1641. Il avoir épousécn
1666.MarieErne stine, fille
de Jean Adosse, Prince de
Sclwarrzenberg,& de Marie
Justine, Comcene de-
Stahremberg.
Ce Prince estoit fils de
Jean Antoine, Prince d'Aggenberg
,
Duc de Crumau,
&c.Chevalier de la Torson
d'or, mort le 24 Mars
1647. & d'Anne Marie
filledeChristian ,
,
Marquis
de Brandebourg Bareith
,
mort le 8 Mai 1680. Il avoir
pour soeur Marie Elisabeth
,
néele26. Seprembre1656.
à Ferdinand
, Prince de Diecrichstein.
Comme le Prince d'Eggenberg
est mort sans ensans
son frere puisné Jean
Liffroidd'EggenbergConseiller
d'Etat del'Empereur,
& Gouverneur de la Carniole
,
lui a succedé dans
tous ses biens,qui sont tresconsiderables.
::.
Ce Prince qui est né le
12 Aoust 1642aépouséen
1666. Eleonore Rosalie
filledeCharles Eusebe,Prin-y
cc de Licteinstein
,
dont il
a pour fils unique Jean- Antoine
Joses, Prince d'Eg.
genberg
,
né le 6 Janvier
1669. Gouverneur de la
Carniole en survivance de
son pere & Conseillerd'E-
-
tac de l'Empereur. Il a époufé
au mois deMars 1692.
Marie Charlote, fille d AdolseUratislas
,
Comte de
Sternberg, dont il a des
enfans.
Albert Antoine, Comte
de Scwartzbourg & d'Hohustein,
estmort îe 15. Décembre
1710. à Roudolstat
en Thuringe dans sa 70.
année, estant né le 2 Aoust
1641. Il avoit épousé le 7.
Juin 1665.EmilieJulienne,
filled'Albert Frederic,Com.
te deBarby& deSosieUrsule
d'Oldembourg
,
dont
il a un fils unique qu'on
nomme Louis Frederic
,
Comte Schwanzbourg &
d'Hohnstein,né le15.Octobre1667.
& quiaépousé
le 15 Octobre 1691. Anne
Sosie fille de Frédéric Duc
de Saxe Got ha
,
& de Madeleine
Sibile,Duchesse de
Saxe Hall, dontil a 1 3 ensans.
Marie Claude,née Comtesse
de Kunige
,
est morte
à Vienne le même mois
1710. âgée de 41 ans elle
avoit épousé Mathias Leopold
Prince de Lamberg &
du S. Empire, Landegrave
de Leichtemberg
,
Chevalier
de la Toison d'or,Conseiller
d'Etat, Grand Ecuyer
de l'Empereur & GrandVeneur
hereditaire d'A utric he.
Jean HuguesdOffbeck,
qui avoir estééleu Coadjuteur
de l'ArchevêchédeTreves
en 1671. & qui y fucccdaen
1676.àCharles Gaspar
Vander Leyen son oncle
,
est mort à Coblens le
6 de ce mois. Ce Prélat qui
avoit esté auparavant Evêque
de Spire, estoit fils
de Guillaume d'Orstbeck
Seigneur de Vernich.,& de,
Marie-Catherine Van-der-
Loyen. Le Prince Charles
de Lorraine
,
Evêque d'Ofnabruch
,
& d'Olmurs &
Coadjuteur de Treves, est
parti deLuneville le11 pour
aller prendre possession de
cet Archevêché.
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Résumé : MORTS.
En 1710 et 1711, plusieurs personnalités notables sont décédées. Milord Griffin, capturé lors d'une tentative d'invasion en Écosse en 1708, est mort le 21 novembre 1710 dans la Tour de Londres pour haute trahison. Le Baron Ezechiel Spanhein, ambassadeur en Angleterre pour l'Électeur de Brandebourg, est décédé à Londres le 25 novembre 1710 à l'âge de 80 ans. Messire Pierre Code, Archevêque de Sebaste et Vicaire Apostolique dans les Pays-Bas, est mort à Utrecht le 12 décembre 1710 à l'âge de 60 ans. Jean Christian, Prince d'Eggenberg, Duc de Crumau, Comte de Gradisch et d'Adslperg, et Conseiller d'État de l'Empereur, est décédé sans postérité à Prague le 14 décembre 1710 à l'âge de 69 ans. Son frère cadet, Jean Liffroid d'Eggenberg, lui a succédé dans ses biens considérables. Albert Antoine, Comte de Schwartzbourg et d'Hohustein, est mort le 15 décembre 1710 à Rudolstadt en Thuringe à l'âge de 69 ans. Marie Claude, Comtesse de Kunige, est décédée à Vienne en 1710 à l'âge de 41 ans. Jean Hugues d'Offbeck, Coadjuteur de l'Archevêché de Trèves, est mort à Coblence le 6 décembre 1710. Le Prince Charles de Lorraine, Évêque d'Osnabrück et d'Olmurs, et Coadjuteur de Trèves, est parti de Lunéville le 11 décembre pour prendre possession de cet Archevêché.
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7
p. 293-303
NOUVELLES de Turquie.
Début :
A Vienne en Autriche, le 9 Janvier 1711. Il n'est [...]
Mots clefs :
Roi, Troupes, Empereur, Turquie, Vienne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES de Turquie.
NOUVELLES
de Turquie.
A Vienne en Autriche, le
9 Janvier 1711.
Il n'est plus question de
douter de la déclaration de
la guerre quele Grand Seigneur
a faite au Czar,
au Roy Auguste & à leurs
adherans; elle a elle publiée
à Belgrade & dans toutes
les Villes de Livonie & de
Pologne, d'où on mande
que le Czarenavoit lanouvelle.
Il y a des avis à Vienne
que l'Ambassadeur de
Moscovie a estéarrêté à
Consraminople; & il est certain
que le sieur d'Alman
Envoyé de l'Empereur en
cette Ville a écrit que l'on
se tint sur ses gardes, qu'il
y avoit un corps, de Troupesde
quarante mille hommesqui
ne tarderoit pas à
faire des incursions; & cela
s'accorde assez avec ce que
l'on m'écrit deDuntzic,dont
je parlerai tout à l'heure.
Voicy comment les Turcs ont
disposé leurs forces.
Le Kam des Tarrates
commanderaune armée qui
agira en Moscovie au delà
du Boristhéne.
Le Roy de Suéde en
commandera une autre,
composée de ce qu'il a pu
conserver desesTroupes,
de lapetite armée- du P^lia«.
tCinosdaeKqiuoveies&.ddecqquliecllqouuecss
Eciatroilieme de cent
mille hommes, sera commandée
par le Grand Seigneur
en personne, assisté
de Cuproly dernier Visir
déposé, que sa Hautesse a
rappelle auprés d Elle.Cette
armée, doit estre le15 Mars
à Andrinople;& si cela est
vrai, il n'y a presque point
à douter que le Turc n'ait
formé un dessein sur la
Tranfilvanieou la Hongrie;
car si le seulobjet estoit d'aller
contre les Moscovites;
il ne faudroit pas prendre
une route si détournée.
Quoiqu'il en soit, jamais
la Cour de Vienne na
esté plus intriguée qu'elle
l'est aujourd'hui. Elle a donné
ses ordres à ses Generaux
qui font en Hongrie,
malgré la saison si avancée;
le besoin que souffrent les
Troupes, & le dégât que
fait dans ce pays la contagion,
de pour suivre les avantages
qu'ils y ont eu depuis
quelques mois.
Sa Majesté Imperiale
risque beaucoup pour son
armée à cause de la contagion
qui cil: parmi lesHongrois,
mais le peril presse y
& l'on regarde comme un,
grand bien la conqueste do
quelques Places qui peuvent
servir à barrer le Turc.
Aprés ia prisc d'Esperies les
Allemands venoient de se
rendre Maistre deScharkat
petitePlace, mais tres-forte,
qui en le passage entre
Arath & le grand Wacadin.
Les conseils quel'on tient
tous les jours à la Cour de
Vienne sont assez connoître
à l'Empereur de quelle
importance il est pour lui
d''aaVvoOiIrr une ggrroossec aarrnmlCéCe cn;i
Hongrie, qui le rende respectabte
au Turc, & pour
cela on netrouve point de
plus prompt moyen que celui
d'y faire repasser ses
Troupes d'Italie, mais l'on
craint en même temps que
les Princes Italiens se voyant
délivrezdeces Hôtes quileur
ontesté si onereux,
ne fassent entr'euxune ligue
pourleur liberté;& l'on
m' écrit que cetteconsiderationadéterminél'Empereur
à les y laisser,afin de s'y
maintenir en credit, cependant
comme il estimpossible
que dansces embarras
pressans l'on se détermine
tout d'un coup à un parti.
Sa Majesté Imperiale a fait
demander au Nonce du Pape
si Sa Sainteté ne voudra
pas contribuer, à l'imitation
d'Innocent XI. à une
guerre quiinteresse toute la
Chrétienté ,puisqu'elle se
fait contre les Moscovites,
avec qui le Roy Auguste a
de tres - étroites liaisons.
Il a recommandé au Nonce
d'avoir incessamment réponse
du Pape sur cela
,
pour prendre ses mesures;
j tous les Couriers, qu'il Ireçoit de Catalogne ne
sont que pour avoir de
prompts secours, &tous
ceux que le Comte deZinzendorf
envoye de la Haye,
tendent à la même chose.
L'on dit donc que l'Empereur
fera passer en Catalogne
quelques Regimens qui
sont en Italie,& qu'on les
remplacera le mieux que
l'on pourra par des recruës
que l'on y fera filer; en ce
cas il restera peu de Troupes
en Hongrie & en Italie.
L'on me mande de Dantzick
que l'on y avoit des
nouvelles que quarante milleTarcares,
lesquels devoient
estrejoints par douze mille
Janissaires,estoinet entrez en
Valachie; qu'on craignoit
pour Caminiek, où le Roy
Augusteavoit donné ordre
d'envoyer incessamment
quelque argent pour payer
la Garnison&relever les
Fortificationsde cette Place
;quece Prince seroitobligéde
retirer les Troupes
du service des Hollandois,
& que l'onest d'autant plus
Jemba-
rrae sasé' pourl'a1,rmé1e
d'Allemagne qui doit maintenir
laneutralitéduNord,
qu'on avoit appris que l'on
préparoit en Suéde douze
mille hommes pour les faire
passer en Pomeranie & se
joindre au General Craffaw,
Le Moscovice jusqu'à..prosent
fait bonne mine;ilprétend
qu'après avoitassuré
ses conquestes en Livonie;
il opposera quatre-vingt-dix
mille hommes au Royde
Suéde.
de Turquie.
A Vienne en Autriche, le
9 Janvier 1711.
Il n'est plus question de
douter de la déclaration de
la guerre quele Grand Seigneur
a faite au Czar,
au Roy Auguste & à leurs
adherans; elle a elle publiée
à Belgrade & dans toutes
les Villes de Livonie & de
Pologne, d'où on mande
que le Czarenavoit lanouvelle.
Il y a des avis à Vienne
que l'Ambassadeur de
Moscovie a estéarrêté à
Consraminople; & il est certain
que le sieur d'Alman
Envoyé de l'Empereur en
cette Ville a écrit que l'on
se tint sur ses gardes, qu'il
y avoit un corps, de Troupesde
quarante mille hommesqui
ne tarderoit pas à
faire des incursions; & cela
s'accorde assez avec ce que
l'on m'écrit deDuntzic,dont
je parlerai tout à l'heure.
Voicy comment les Turcs ont
disposé leurs forces.
Le Kam des Tarrates
commanderaune armée qui
agira en Moscovie au delà
du Boristhéne.
Le Roy de Suéde en
commandera une autre,
composée de ce qu'il a pu
conserver desesTroupes,
de lapetite armée- du P^lia«.
tCinosdaeKqiuoveies&.ddecqquliecllqouuecss
Eciatroilieme de cent
mille hommes, sera commandée
par le Grand Seigneur
en personne, assisté
de Cuproly dernier Visir
déposé, que sa Hautesse a
rappelle auprés d Elle.Cette
armée, doit estre le15 Mars
à Andrinople;& si cela est
vrai, il n'y a presque point
à douter que le Turc n'ait
formé un dessein sur la
Tranfilvanieou la Hongrie;
car si le seulobjet estoit d'aller
contre les Moscovites;
il ne faudroit pas prendre
une route si détournée.
Quoiqu'il en soit, jamais
la Cour de Vienne na
esté plus intriguée qu'elle
l'est aujourd'hui. Elle a donné
ses ordres à ses Generaux
qui font en Hongrie,
malgré la saison si avancée;
le besoin que souffrent les
Troupes, & le dégât que
fait dans ce pays la contagion,
de pour suivre les avantages
qu'ils y ont eu depuis
quelques mois.
Sa Majesté Imperiale
risque beaucoup pour son
armée à cause de la contagion
qui cil: parmi lesHongrois,
mais le peril presse y
& l'on regarde comme un,
grand bien la conqueste do
quelques Places qui peuvent
servir à barrer le Turc.
Aprés ia prisc d'Esperies les
Allemands venoient de se
rendre Maistre deScharkat
petitePlace, mais tres-forte,
qui en le passage entre
Arath & le grand Wacadin.
Les conseils quel'on tient
tous les jours à la Cour de
Vienne sont assez connoître
à l'Empereur de quelle
importance il est pour lui
d''aaVvoOiIrr une ggrroossec aarrnmlCéCe cn;i
Hongrie, qui le rende respectabte
au Turc, & pour
cela on netrouve point de
plus prompt moyen que celui
d'y faire repasser ses
Troupes d'Italie, mais l'on
craint en même temps que
les Princes Italiens se voyant
délivrezdeces Hôtes quileur
ontesté si onereux,
ne fassent entr'euxune ligue
pourleur liberté;& l'on
m' écrit que cetteconsiderationadéterminél'Empereur
à les y laisser,afin de s'y
maintenir en credit, cependant
comme il estimpossible
que dansces embarras
pressans l'on se détermine
tout d'un coup à un parti.
Sa Majesté Imperiale a fait
demander au Nonce du Pape
si Sa Sainteté ne voudra
pas contribuer, à l'imitation
d'Innocent XI. à une
guerre quiinteresse toute la
Chrétienté ,puisqu'elle se
fait contre les Moscovites,
avec qui le Roy Auguste a
de tres - étroites liaisons.
Il a recommandé au Nonce
d'avoir incessamment réponse
du Pape sur cela
,
pour prendre ses mesures;
j tous les Couriers, qu'il Ireçoit de Catalogne ne
sont que pour avoir de
prompts secours, &tous
ceux que le Comte deZinzendorf
envoye de la Haye,
tendent à la même chose.
L'on dit donc que l'Empereur
fera passer en Catalogne
quelques Regimens qui
sont en Italie,& qu'on les
remplacera le mieux que
l'on pourra par des recruës
que l'on y fera filer; en ce
cas il restera peu de Troupes
en Hongrie & en Italie.
L'on me mande de Dantzick
que l'on y avoit des
nouvelles que quarante milleTarcares,
lesquels devoient
estrejoints par douze mille
Janissaires,estoinet entrez en
Valachie; qu'on craignoit
pour Caminiek, où le Roy
Augusteavoit donné ordre
d'envoyer incessamment
quelque argent pour payer
la Garnison&relever les
Fortificationsde cette Place
;quece Prince seroitobligéde
retirer les Troupes
du service des Hollandois,
& que l'onest d'autant plus
Jemba-
rrae sasé' pourl'a1,rmé1e
d'Allemagne qui doit maintenir
laneutralitéduNord,
qu'on avoit appris que l'on
préparoit en Suéde douze
mille hommes pour les faire
passer en Pomeranie & se
joindre au General Craffaw,
Le Moscovice jusqu'à..prosent
fait bonne mine;ilprétend
qu'après avoitassuré
ses conquestes en Livonie;
il opposera quatre-vingt-dix
mille hommes au Royde
Suéde.
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Résumé : NOUVELLES de Turquie.
En janvier 1711, la déclaration de guerre du Grand Seigneur contre le Czar, le roi Auguste et leurs alliés est confirmée. Cette guerre est annoncée à Belgrade et dans diverses villes de Livonie et de Pologne. À Vienne, des rumeurs indiquent l'arrestation de l'ambassadeur de Moscovie à Constantinople et la présence d'un corps de troupes turques de quarante mille hommes prêt à attaquer. Les Turcs ont déployé leurs forces de manière stratégique. Le Khan des Tartares commandera une armée en Moscovie au-delà du Dniestr. Le roi de Suède dirigera une autre armée composée de ses troupes restantes et de celles du prince de Moldavie. Une troisième armée, forte de cent mille hommes, sera commandée par le Grand Seigneur en personne, assisté du dernier vizir déposé. Cette armée doit se rassembler à Andrinople le 15 mars, suggérant une possible attaque sur la Transylvanie ou la Hongrie. La Cour de Vienne est en alerte maximale. Malgré la saison avancée et la contagion parmi les troupes, l'Empereur a ordonné à ses généraux de poursuivre les avantages militaires. Les conseils à la Cour de Vienne soulignent l'importance de maintenir une grande armée en Hongrie pour dissuader les Turcs. Cependant, l'Empereur craint que les princes italiens, libérés des troupes impériales, ne forment une ligue pour leur liberté. L'Empereur a également sollicité l'aide du Pape pour une guerre contre les Moscovites, alliés du roi Auguste. Des renforts sont demandés en Catalogne et en Allemagne pour maintenir la neutralité du Nord. Le roi Auguste prépare des défenses en Valachie et envisage de retirer ses troupes du service des Hollandais. Le Czar, quant à lui, affirme qu'il opposera quatre-vingt-dix mille hommes au roi de Suède après avoir sécurisé ses conquêtes en Livonie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 49-63
Nouvelles d'Hollande. TRADUCTION d'un Memoire presenté aux Estats Generaux par le Compte Zinzendorf Ambassadeur & Plenipotentiaire de l'Empereur à la Haye, le 18. Decembre 1710.
Début :
HAUTS ET PUISSANTS SEIGNEURS, Nous n'avons plus lieu de [...]
Mots clefs :
Espagne, Portugal, Empereur, Troupes
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Hollande. TRADUCTION d'un Memoire presenté aux Estats Generaux par le Compte Zinzendorf Ambassadeur & Plenipotentiaire de l'Empereur à la Haye, le 18. Decembre 1710.
Nouvellesd'Hollande.
TRADUCTION
d'unMemoire prekllté
aux Estats Generaux
par le Comte
ZinzendorfAmbassadeur
& Plenipotentiaire
de l'Empereur
àla Haye, le 18. Decembre
1710.
HAUTS ET PUISSANTS
SEIGNEURS,
Nous n'avons plus lieu
de douter dela malheureuse
fatalitéarrivée à l'Armée
du Roy Catholique, nonseulement
api es tour ce que
les Ennemis en ont publié,
mais encore aprés les avis
que j'en viens de recevoir
d'Italie& d'ailleurs. Ilya
plus detrois mois que les
Ministres de vos Hautes
Puissances tant à Vienne
qu'en Espagne ont dû vous
informer de ce que j'eus
l'honneur de vous dire à
mon arrivée par ordre de
Sa SacréeMajesté Imperiale,
que si l'on n'envoyoit
un puissant secours en Catalogne
& en Portugal,
pour d'un costé faire teste
aux Ennemis, & de l'autre
costé leur faire faire une
puissante diversion en Estramadoure
,
il étoit impossible
à Sa Majesté Catholique
de se maintenir
enCastille,où lesmalin-
A tentionnez ont toujours
estéen plus grand nombre.
Ce seroit maintenant
perdre temps que de l'employer
en reflexions sur le
•
paHTé lorsqu'il ne s'agit que
de mettre tout en usage
pour reparer le mal
J
s'ilcft
possible. Cependant je ne
sçaurois me dispenser de
vous faire observer trois
choses. La premiersest que
le Roy de Portugal a pris
prétexte
d'empêcherla jonction
de son Armée avec
celle du Roy d'Espagne
,
sur ce que depuis deux ans
on ne luy a pas envoyé
d'Hollande & d'Angleterre
les secours qu'on luy avoit
fait esperer ; que le
peu de troupes qu'il avoit
luy estoient necessaires
pour la deffense de son
Royaume ,
& qu'on ne
luy avoit pas mesme payé
les arrerages des subsides
quiluysontdûs.
Vos H. P. & la Reine
d'Angleterresavent mieux
que rnoy si les excuses &
les plaintes de la Cour de
Portugal sont justes : du
moins ileft certain que la
conduite quelle a tenuë a
cité tres-prejudiciable à la
cause commune.
- La seconde chose que
vous devez observer, est
qu'au mois d'Octobre Sa-
M. I. ayant donné ses ordres
pour faire marcher
trois Regiments de faCa^
valerie ou Hussars vers les.
coftctd-italle où ils devoient
estre embarquez:
pour Barcelone leur trajet
n^i esté retardé que faute
de Bastiments d'escorte ÔC:
detransports, quoyque les,
Ministres d'Angleterre ôc
d Hollande. enflentafTuré-
Sa M. I. que tout efrait.
prests avant que les Troupes
fussent arrivées au lieu.
destiné à leur embarquement.
La troisiéme observation
est que le Duc de Savoye
paroist se rebuter du
retardement qu'on aapporté
àluy payer les subsides
5
& que sur ce fondement
au lieu d'augmenter
ses Troupes ,-il a même
commencé à les diminuer.
Je laisse à la sagesse de vos
H. P. à faire les reflexions
qui conviennent à la remontrance
que j'ay l'honneur
de leur faire aujourd'huy.
Mais H. & P. S. ne songeonsaupassé
que pourremedier
promptemenr à de
plus grands maux qui menacent
la cause commune
pour l'avenir. Voussçavez
mieux que moy de quelle
consequence il e/1 pour
votre République en particulier
de continuer la guerre
en Espagne
, & de l'y
pouffer avec plus devi
gueurque paricpasTé.C'est
de la reduction de cetteMcparchie
à l'obéiissance da
la Maisond'Austriche que
dépend la conservation de
vostre chere liberté & le
repos de toute l'Europe. Les
conquestes faites sur l'Ennemy
dans les derniercs
campagnes feront pour
vous de foibles barrières,
si vous laissez le Duc d'Anjou
sur le trosned'Espagne.
L'objer principal de vos
H. P. de mesme que celuy
de tous les Hauts Alliez
doit estre presentement
d'envoyer incessamment
en Catalogne lessecours.
necessaires pour conserver
Barcelone ôc Girone. Le
secours ne sçauroitarriver
trop tost:, 6c ma crainte ell:
qu'il ne parce trop tard par lanégligencequ'ona euë
d'en faire la disposition.
Vous elles pour ainsi dire
, P. S.l'ame de la grande
alliance:l'Empereur convient
des grandes obliga.
tions que son auguste Maison
vous a, vous n'avez jamais
dû douter de fk parf-
Iliterccoiinoiffilice, & ce
n'est que par les heureux
succez de cette guerre que
vos H. P. doivent en attendre
les effets qui n'ontesté
retardez que par les troubles
d'Hongrie:mais comme
les rebelles sont sur le
point d'estre soumis par la
force victorieuse Impériale;
l'Empereur mon auguste
Maistre fera alors en
estat d'employer toutes [cs
forces contre l'Ennemy
commun ,
& de feconder
vivement les bonnes intentions
de ses chersAlliez
mieux qu'il n'a fait par le
passé.
C'est de vostre seul 1:.-
xemple H. & P. S. que dépendent
les resolutions du
Parlement de la Grande-
Bretagne pour les interests
de la cause commune,&
les efforts qu'on doitattendre
des Princes de l'Empire
interessez dansla &' engagez dans grandealliance.
Vos H. P. ne sçauroient
leuren donner un meilleur,
qu'en faisant embarquer
dés aujourd'huy si
celase pouvoit sept à huit
mille de leur meilleur Infanterie
pourallerà Barcelone
,
lesquels joints a- la
Cavalerie Imperiale qui
n'attend que des Vaisseaux
de transportsur les costes
d'Italie pourront conserver
les Places qui restent au
Roy Catholiqueenattendant
quede plus - grands
secours soient arrivez en Portugal.
Je fuis persuadéque la
Reine d'Angleterre n'apprendra
pas plustost que
vous avez pris certe prompte&
efficace resolution que
de son costé elle donnera
aussi des ordres pour envoyer
enEspagne un nombre
suffisant de Troupes&
de Vaisseaux capables de
restablir les affaires de la
causecommune & renverser
les esperances de l'Ennemy.
Cela ranimera le
coeur presque abattu du
Roy de Portugal, affermira
le Duc de Savoye dans
les interests de la grande
alliance
, & donnera de
l'émulation a tous les autres
Alliez.
J'espere H. & P. S. que
par vos promptes & efficaces
resolutions vous me
mettrez en estat en peu de
jours de depescher des
Courriers à l'Empereur Se
au Roy d'Espagne pour
confirmer ces deux augustes
Souverains dans l'idée
qu'ilsonttoujours euë de
la puissance de vostre Republique,&
de l'avantage
qu'il y'a d'estre comme ils
sont vos bons ôc fidels Alliez.
Sur ce je prie Dieu
J ôcc.•
TRADUCTION
d'unMemoire prekllté
aux Estats Generaux
par le Comte
ZinzendorfAmbassadeur
& Plenipotentiaire
de l'Empereur
àla Haye, le 18. Decembre
1710.
HAUTS ET PUISSANTS
SEIGNEURS,
Nous n'avons plus lieu
de douter dela malheureuse
fatalitéarrivée à l'Armée
du Roy Catholique, nonseulement
api es tour ce que
les Ennemis en ont publié,
mais encore aprés les avis
que j'en viens de recevoir
d'Italie& d'ailleurs. Ilya
plus detrois mois que les
Ministres de vos Hautes
Puissances tant à Vienne
qu'en Espagne ont dû vous
informer de ce que j'eus
l'honneur de vous dire à
mon arrivée par ordre de
Sa SacréeMajesté Imperiale,
que si l'on n'envoyoit
un puissant secours en Catalogne
& en Portugal,
pour d'un costé faire teste
aux Ennemis, & de l'autre
costé leur faire faire une
puissante diversion en Estramadoure
,
il étoit impossible
à Sa Majesté Catholique
de se maintenir
enCastille,où lesmalin-
A tentionnez ont toujours
estéen plus grand nombre.
Ce seroit maintenant
perdre temps que de l'employer
en reflexions sur le
•
paHTé lorsqu'il ne s'agit que
de mettre tout en usage
pour reparer le mal
J
s'ilcft
possible. Cependant je ne
sçaurois me dispenser de
vous faire observer trois
choses. La premiersest que
le Roy de Portugal a pris
prétexte
d'empêcherla jonction
de son Armée avec
celle du Roy d'Espagne
,
sur ce que depuis deux ans
on ne luy a pas envoyé
d'Hollande & d'Angleterre
les secours qu'on luy avoit
fait esperer ; que le
peu de troupes qu'il avoit
luy estoient necessaires
pour la deffense de son
Royaume ,
& qu'on ne
luy avoit pas mesme payé
les arrerages des subsides
quiluysontdûs.
Vos H. P. & la Reine
d'Angleterresavent mieux
que rnoy si les excuses &
les plaintes de la Cour de
Portugal sont justes : du
moins ileft certain que la
conduite quelle a tenuë a
cité tres-prejudiciable à la
cause commune.
- La seconde chose que
vous devez observer, est
qu'au mois d'Octobre Sa-
M. I. ayant donné ses ordres
pour faire marcher
trois Regiments de faCa^
valerie ou Hussars vers les.
coftctd-italle où ils devoient
estre embarquez:
pour Barcelone leur trajet
n^i esté retardé que faute
de Bastiments d'escorte ÔC:
detransports, quoyque les,
Ministres d'Angleterre ôc
d Hollande. enflentafTuré-
Sa M. I. que tout efrait.
prests avant que les Troupes
fussent arrivées au lieu.
destiné à leur embarquement.
La troisiéme observation
est que le Duc de Savoye
paroist se rebuter du
retardement qu'on aapporté
àluy payer les subsides
5
& que sur ce fondement
au lieu d'augmenter
ses Troupes ,-il a même
commencé à les diminuer.
Je laisse à la sagesse de vos
H. P. à faire les reflexions
qui conviennent à la remontrance
que j'ay l'honneur
de leur faire aujourd'huy.
Mais H. & P. S. ne songeonsaupassé
que pourremedier
promptemenr à de
plus grands maux qui menacent
la cause commune
pour l'avenir. Voussçavez
mieux que moy de quelle
consequence il e/1 pour
votre République en particulier
de continuer la guerre
en Espagne
, & de l'y
pouffer avec plus devi
gueurque paricpasTé.C'est
de la reduction de cetteMcparchie
à l'obéiissance da
la Maisond'Austriche que
dépend la conservation de
vostre chere liberté & le
repos de toute l'Europe. Les
conquestes faites sur l'Ennemy
dans les derniercs
campagnes feront pour
vous de foibles barrières,
si vous laissez le Duc d'Anjou
sur le trosned'Espagne.
L'objer principal de vos
H. P. de mesme que celuy
de tous les Hauts Alliez
doit estre presentement
d'envoyer incessamment
en Catalogne lessecours.
necessaires pour conserver
Barcelone ôc Girone. Le
secours ne sçauroitarriver
trop tost:, 6c ma crainte ell:
qu'il ne parce trop tard par lanégligencequ'ona euë
d'en faire la disposition.
Vous elles pour ainsi dire
, P. S.l'ame de la grande
alliance:l'Empereur convient
des grandes obliga.
tions que son auguste Maison
vous a, vous n'avez jamais
dû douter de fk parf-
Iliterccoiinoiffilice, & ce
n'est que par les heureux
succez de cette guerre que
vos H. P. doivent en attendre
les effets qui n'ontesté
retardez que par les troubles
d'Hongrie:mais comme
les rebelles sont sur le
point d'estre soumis par la
force victorieuse Impériale;
l'Empereur mon auguste
Maistre fera alors en
estat d'employer toutes [cs
forces contre l'Ennemy
commun ,
& de feconder
vivement les bonnes intentions
de ses chersAlliez
mieux qu'il n'a fait par le
passé.
C'est de vostre seul 1:.-
xemple H. & P. S. que dépendent
les resolutions du
Parlement de la Grande-
Bretagne pour les interests
de la cause commune,&
les efforts qu'on doitattendre
des Princes de l'Empire
interessez dansla &' engagez dans grandealliance.
Vos H. P. ne sçauroient
leuren donner un meilleur,
qu'en faisant embarquer
dés aujourd'huy si
celase pouvoit sept à huit
mille de leur meilleur Infanterie
pourallerà Barcelone
,
lesquels joints a- la
Cavalerie Imperiale qui
n'attend que des Vaisseaux
de transportsur les costes
d'Italie pourront conserver
les Places qui restent au
Roy Catholiqueenattendant
quede plus - grands
secours soient arrivez en Portugal.
Je fuis persuadéque la
Reine d'Angleterre n'apprendra
pas plustost que
vous avez pris certe prompte&
efficace resolution que
de son costé elle donnera
aussi des ordres pour envoyer
enEspagne un nombre
suffisant de Troupes&
de Vaisseaux capables de
restablir les affaires de la
causecommune & renverser
les esperances de l'Ennemy.
Cela ranimera le
coeur presque abattu du
Roy de Portugal, affermira
le Duc de Savoye dans
les interests de la grande
alliance
, & donnera de
l'émulation a tous les autres
Alliez.
J'espere H. & P. S. que
par vos promptes & efficaces
resolutions vous me
mettrez en estat en peu de
jours de depescher des
Courriers à l'Empereur Se
au Roy d'Espagne pour
confirmer ces deux augustes
Souverains dans l'idée
qu'ilsonttoujours euë de
la puissance de vostre Republique,&
de l'avantage
qu'il y'a d'estre comme ils
sont vos bons ôc fidels Alliez.
Sur ce je prie Dieu
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Résumé : Nouvelles d'Hollande. TRADUCTION d'un Memoire presenté aux Estats Generaux par le Compte Zinzendorf Ambassadeur & Plenipotentiaire de l'Empereur à la Haye, le 18. Decembre 1710.
Le 18 décembre 1710, le Comte Zinzendorf, ambassadeur et plénipotentiaire de l'Empereur à La Haye, a présenté un mémoire aux États Généraux. Il y confirme la défaite de l'armée du Roi Catholique en Espagne, une information déjà publiée par les ennemis et corroborée par des avis provenant d'Italie et d'autres régions. Depuis trois mois, les ministres des grandes puissances ont été alertés sur la nécessité d'envoyer des secours en Catalogne et au Portugal pour soutenir le Roi Catholique en Castille, où les forces ennemies sont supérieures en nombre. Zinzendorf souligne trois points critiques : le Roi de Portugal a refusé de s'allier avec le Roi d'Espagne en raison de l'absence de secours promis par la Hollande et l'Angleterre. Les ordres de l'Empereur pour envoyer des troupes en Italie ont été retardés par le manque de navires. Enfin, le Duc de Savoie a commencé à réduire ses troupes en raison des retards de paiement des subsides. Le Comte insiste sur l'importance de la République de Hollande pour poursuivre la guerre en Espagne et soutenir le Roi Catholique afin de préserver la liberté et le repos de l'Europe. Il recommande d'envoyer immédiatement des secours en Catalogne pour conserver Barcelone et Girone, et de préparer des troupes pour renforcer les places restantes. Zinzendorf espère que la Reine d'Angleterre suivra cet exemple, ranimant ainsi le moral des alliés et renforçant la grande alliance.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 1-17
Mort de L'EMPEREUR.
Début :
Joseph-Jacob-Jean-Ignance Eustache, Empereur d'Occident, mourut à [...]
Mots clefs :
Empereur, Empire, Électeurs, Roi, Couronne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mort de L'EMPEREUR.
Mort de L'EMPEREUR.
Joseph
- Jacob-Jean-
1,
Ignace Eustache
,
Empereur
d'Occident, mourut
à Vienne en Autriche de
la petite verole, le 17.
Avril
dernier, dans sa 33e.
année.
Il estoit fils aisné de
l'Empereur Leopold L ôç : d'Eleonore - Magdelaine:
Theresede Newbourg. -
Il fut declaré Roy
d'Hongrie le 17,Novem--
bre1687.
Il futeslu Roy des Ro- -
mainsle24. Janvier r6<>o,
Il prit le titre d'Empereules.
May 1705.
Il avoir épousé îc ij^j
Janvier 16go. Villein.ine--j
Amelie de BrunswikHa- -
novre ,
dont il a eu un fils
morten bas âge; &dux
filles qui sont les ArthiuUchesses
Marie Joseph ,-&
Marie-Amélie.
Les frere lX. soeurs de
l'Empereur Joseph
3
sont
l'Archiduc Charles
,
les
Archiduchesses Marie-
Elisabeth
,
Marie-Anne,
& MarieMagdelaine,
La Maison d'Autriche
futélevée pour la premiere
fois à la dignité Imperial
e en la personne deRodolphe
d'Hapfbourg à
Francfort le dernier jour
de Septembre l'an 1273. Il"
tua Ottocare second Roy
de Boheme dans une bataille
prés de Vienne. Cet
Ottocare prétendoitque
toute l'Autriche luy appartenoit;
mais Rodolphe
qui prétendoit que cetEtat
estoit dévoluà l'Empire
faute de posterité masculine,
s'en appliqua la proprieté
persornelle qu'ilfit
confirmer dansuneDiette
par lesElecteurs & lesPrinces
de l'Empire
,
& par uneBulle duPapeMartin ,
II. Aprés ces formalitez il
en donna l'investiture à
son fils Albert.Ce futalors
que les Princes de cette
Maison quitterentle titre
de Comtes d'Hapsbourg
¡ pour prendre ccluy de
Ducs d'Autriche; ensuiteils
ont pris celuy d'Archiducs.
Voicy les alliances qui
ont le plus contribué à l'agrandissement
delaMaison
d'Autriche.
L'Em pereur Maximilienépousal'an1477.
Marie
de Bourgogne, fille de
Charles le Hardy,laplus
riche heritiere de l'Europe.
Philippe II. Archiduc
d'Autriche épousa en 149^
Jeanne dAragon, heritiere
de Ferdinand V. dit le
Catholique - ,Roy d'Aragon
& d'Isabelle Reyne de Castille.
Ainsi Jeanne apporta
à son mary la Couronne
d'Aragon avec ks Etats
d'Italie lesquels y estoient
annexés qu'elleheritoit
du chef de son pere, &la-
Couronne de Castille avec
la Grenade & les Etats annexés
a cette Couronne
qu'elle heritoit duchefde
samere.
L'Empereur Charles-
Quint ayantcedé l'Empire
à son frereFerdinand,
aprés l'avoir saic élireRoy
des Romains, ces deux
freres diviserentlaMasion
d'Autriche en deux branches,
L'Aisnée a donné
cinq Rois à l'Espagne, &
la Cadette quatorze Empereurs.
Prérogatives desEmpereurs.
Ils ont la pluspart des
titres des anciens Empereurs
d'Occident.Ils prennent
ceux de tousjours
Auguste,deCesar, & de
sacréeMajesté. LeurCouronne
qui est fermée ôc
surmontée d'un Globe,est
le symbole de la Monarchie
universelle. Ils ont
seuls le pouvoir de convoquer
& de congedier Les
Diettes generales; d'en
amodier les resolutions,
& de les faire executer. Ils
peuvent non feulement
ériger les Terres en Baronies,
en Comtez , & en
Duchez; maisaussiils prétendentde
pouvoir ériger
lesPrincipautez enRoyaumes
, ( ce que prétendit
faire en 1700. l'Empereur
Leopold
, en donnant à
l'Electeur deBrandebourg
le titre de Roy de Prusse
,
par Diplome de rcconnoissance.)
Ils donnent
l'investiture des grands
fiefs de l'Empire, & ils
disposoient mesme avant
Charles-Quint
,
des Etats
& Provinces qui y estoient
dévolus. Ils instituent &
confirment les Universitez
& les Académies &
tous ces Droits de Souverains
sont si attachez à la
Couronne Impériale ,
qu'en l'absence de l'jErrêpereur
, le Roy des Romains
en joüit, & au défaut
de l'un& de l'autre,
ces Droits appartiennent
aux deux Vicaires de l'Empire
qui sont les Electeurs
de Baviere & de Saxe.L'Electeur
de Baviere e-si Vicaire
dans les pays de droit
de Franconie,&celuy de
Saxe dans les pays de droic
Saxon.Laqualité de Vicaire
est disputée à l'Electeur
de Baviere par l'Electeur
Palatin.
Vous verrez cy-aprés plus CM
longdans laBulle d'Orles
Obligations desEmpereurs.
Ils doivent prendre l'avis
des Electeurs lorsqu'il
s'agit d'engager ou d'aliener
les biens de l'Empire,
d'accorder le Privilege de
battre Monnoye *-'
,
& d'y
donner le prix. Ils ont bcfoin
d'un consentement
general des Electeurs
,. Princes, & autres m'embres
de l'Empire., pour
mettre quelqu'un au Ban
de l'Empire,commeaussi
Lorsqu'il s'agit de faire
quelqueReglement concernant
la Religion, déclarer
la Guerre,faire la
Paix, lever des subsides,
&c.
Lorsqu'un Empe- reur cft
esluils'oblige àces restrictions
de ion pouvoir par
une Capitulation qu'il fait
avec les Electeurs & Princes
de l'Empire. Selon les
occasions on peut ajouster
d'autres Articles à la Capitulation,
dont 1 Empereur
est obligé de jurer l'observation
dans le temps de
sonElection, &de la réiterer
avant &aprés son
Couronnement
, ce qui
s'observa lors de FEtechon
de l'Empereur Leopold.
Les Electeurs luy firent
promettre fous serment
de n'envoyer , aucunes
Troupes sans le consentement
de l'Empire enFlandre
ni en Italie contre les
François,suivant ce qui
estoitstipulé dans lesTraitez
de Westphalie
,
dont
l'observation luy est enjointe
par plusieurs articlesde
cette Capitulation.
Le Roy des Romains
citenu par les Electeurs,
& à la mort de l'Empereur
il succede de droit à
l'Empire, sans qu'il soit
necessaire de faire une
nouvelle Election. Ils cf.î
toient autrefois obligez
d'aller recevoir laCouronne
Imperiale à Rome des
mains duPape;ils estoient
accompagnez de vingt
mille hommes de pied & 1
de quatre mille Cavaliers
entretenus pendant le 1
voyage aux dépens de
l'Empire. Ilsestoientcouronnez
Rois de Lombardie
à Monza dans le Milanez.
LaCouronne qu'ils
recevoient estoit d'or,
sans pointes , enrichie de
Diamants, avec une petite
bande de fer au dedans,
ce qui l'a fitappeller
la Couronne de Fer.
Aprés avoir reçu la Couronne
Romaine en Allemagne
,
& la Couronne
de Ferà Monza, ils serendoient
à Rome pour y
dire couronnez Empereurs
par le Pape;mais les
Etats de l'Empire assemblez
à Francfort en 1338.
& à Colognel'année tUlvante,
considerant la dépense
que ce voyage d'Italie
causoit à l'Empire ,
conclurent que la
-
feule
élection conseroit auPrince
la pleine puissance Imperiale
,
& déclarerent
inutiles les ceremonies des
Couronnements deRome -
&de Milan; cependant
les Papes ont refuséde reconnoistre
les Empereurs,
s'ils n'obtenoient du Saint
Siége un Brefqui les dif.
pensast d'aller à Rome,&
qui confirmast leur Election.
tion. Charles-Quinta eilé
le dernier Empereur couronné
de la main du Pape;
ceux qui n'y ont pas esté
couronnez,ne sont nommez
dans lesBulles &Brefs
queImperatorElectus.
REMARQUES
Joseph
- Jacob-Jean-
1,
Ignace Eustache
,
Empereur
d'Occident, mourut
à Vienne en Autriche de
la petite verole, le 17.
Avril
dernier, dans sa 33e.
année.
Il estoit fils aisné de
l'Empereur Leopold L ôç : d'Eleonore - Magdelaine:
Theresede Newbourg. -
Il fut declaré Roy
d'Hongrie le 17,Novem--
bre1687.
Il futeslu Roy des Ro- -
mainsle24. Janvier r6<>o,
Il prit le titre d'Empereules.
May 1705.
Il avoir épousé îc ij^j
Janvier 16go. Villein.ine--j
Amelie de BrunswikHa- -
novre ,
dont il a eu un fils
morten bas âge; &dux
filles qui sont les ArthiuUchesses
Marie Joseph ,-&
Marie-Amélie.
Les frere lX. soeurs de
l'Empereur Joseph
3
sont
l'Archiduc Charles
,
les
Archiduchesses Marie-
Elisabeth
,
Marie-Anne,
& MarieMagdelaine,
La Maison d'Autriche
futélevée pour la premiere
fois à la dignité Imperial
e en la personne deRodolphe
d'Hapfbourg à
Francfort le dernier jour
de Septembre l'an 1273. Il"
tua Ottocare second Roy
de Boheme dans une bataille
prés de Vienne. Cet
Ottocare prétendoitque
toute l'Autriche luy appartenoit;
mais Rodolphe
qui prétendoit que cetEtat
estoit dévoluà l'Empire
faute de posterité masculine,
s'en appliqua la proprieté
persornelle qu'ilfit
confirmer dansuneDiette
par lesElecteurs & lesPrinces
de l'Empire
,
& par uneBulle duPapeMartin ,
II. Aprés ces formalitez il
en donna l'investiture à
son fils Albert.Ce futalors
que les Princes de cette
Maison quitterentle titre
de Comtes d'Hapsbourg
¡ pour prendre ccluy de
Ducs d'Autriche; ensuiteils
ont pris celuy d'Archiducs.
Voicy les alliances qui
ont le plus contribué à l'agrandissement
delaMaison
d'Autriche.
L'Em pereur Maximilienépousal'an1477.
Marie
de Bourgogne, fille de
Charles le Hardy,laplus
riche heritiere de l'Europe.
Philippe II. Archiduc
d'Autriche épousa en 149^
Jeanne dAragon, heritiere
de Ferdinand V. dit le
Catholique - ,Roy d'Aragon
& d'Isabelle Reyne de Castille.
Ainsi Jeanne apporta
à son mary la Couronne
d'Aragon avec ks Etats
d'Italie lesquels y estoient
annexés qu'elleheritoit
du chef de son pere, &la-
Couronne de Castille avec
la Grenade & les Etats annexés
a cette Couronne
qu'elle heritoit duchefde
samere.
L'Empereur Charles-
Quint ayantcedé l'Empire
à son frereFerdinand,
aprés l'avoir saic élireRoy
des Romains, ces deux
freres diviserentlaMasion
d'Autriche en deux branches,
L'Aisnée a donné
cinq Rois à l'Espagne, &
la Cadette quatorze Empereurs.
Prérogatives desEmpereurs.
Ils ont la pluspart des
titres des anciens Empereurs
d'Occident.Ils prennent
ceux de tousjours
Auguste,deCesar, & de
sacréeMajesté. LeurCouronne
qui est fermée ôc
surmontée d'un Globe,est
le symbole de la Monarchie
universelle. Ils ont
seuls le pouvoir de convoquer
& de congedier Les
Diettes generales; d'en
amodier les resolutions,
& de les faire executer. Ils
peuvent non feulement
ériger les Terres en Baronies,
en Comtez , & en
Duchez; maisaussiils prétendentde
pouvoir ériger
lesPrincipautez enRoyaumes
, ( ce que prétendit
faire en 1700. l'Empereur
Leopold
, en donnant à
l'Electeur deBrandebourg
le titre de Roy de Prusse
,
par Diplome de rcconnoissance.)
Ils donnent
l'investiture des grands
fiefs de l'Empire, & ils
disposoient mesme avant
Charles-Quint
,
des Etats
& Provinces qui y estoient
dévolus. Ils instituent &
confirment les Universitez
& les Académies &
tous ces Droits de Souverains
sont si attachez à la
Couronne Impériale ,
qu'en l'absence de l'jErrêpereur
, le Roy des Romains
en joüit, & au défaut
de l'un& de l'autre,
ces Droits appartiennent
aux deux Vicaires de l'Empire
qui sont les Electeurs
de Baviere & de Saxe.L'Electeur
de Baviere e-si Vicaire
dans les pays de droit
de Franconie,&celuy de
Saxe dans les pays de droic
Saxon.Laqualité de Vicaire
est disputée à l'Electeur
de Baviere par l'Electeur
Palatin.
Vous verrez cy-aprés plus CM
longdans laBulle d'Orles
Obligations desEmpereurs.
Ils doivent prendre l'avis
des Electeurs lorsqu'il
s'agit d'engager ou d'aliener
les biens de l'Empire,
d'accorder le Privilege de
battre Monnoye *-'
,
& d'y
donner le prix. Ils ont bcfoin
d'un consentement
general des Electeurs
,. Princes, & autres m'embres
de l'Empire., pour
mettre quelqu'un au Ban
de l'Empire,commeaussi
Lorsqu'il s'agit de faire
quelqueReglement concernant
la Religion, déclarer
la Guerre,faire la
Paix, lever des subsides,
&c.
Lorsqu'un Empe- reur cft
esluils'oblige àces restrictions
de ion pouvoir par
une Capitulation qu'il fait
avec les Electeurs & Princes
de l'Empire. Selon les
occasions on peut ajouster
d'autres Articles à la Capitulation,
dont 1 Empereur
est obligé de jurer l'observation
dans le temps de
sonElection, &de la réiterer
avant &aprés son
Couronnement
, ce qui
s'observa lors de FEtechon
de l'Empereur Leopold.
Les Electeurs luy firent
promettre fous serment
de n'envoyer , aucunes
Troupes sans le consentement
de l'Empire enFlandre
ni en Italie contre les
François,suivant ce qui
estoitstipulé dans lesTraitez
de Westphalie
,
dont
l'observation luy est enjointe
par plusieurs articlesde
cette Capitulation.
Le Roy des Romains
citenu par les Electeurs,
& à la mort de l'Empereur
il succede de droit à
l'Empire, sans qu'il soit
necessaire de faire une
nouvelle Election. Ils cf.î
toient autrefois obligez
d'aller recevoir laCouronne
Imperiale à Rome des
mains duPape;ils estoient
accompagnez de vingt
mille hommes de pied & 1
de quatre mille Cavaliers
entretenus pendant le 1
voyage aux dépens de
l'Empire. Ilsestoientcouronnez
Rois de Lombardie
à Monza dans le Milanez.
LaCouronne qu'ils
recevoient estoit d'or,
sans pointes , enrichie de
Diamants, avec une petite
bande de fer au dedans,
ce qui l'a fitappeller
la Couronne de Fer.
Aprés avoir reçu la Couronne
Romaine en Allemagne
,
& la Couronne
de Ferà Monza, ils serendoient
à Rome pour y
dire couronnez Empereurs
par le Pape;mais les
Etats de l'Empire assemblez
à Francfort en 1338.
& à Colognel'année tUlvante,
considerant la dépense
que ce voyage d'Italie
causoit à l'Empire ,
conclurent que la
-
feule
élection conseroit auPrince
la pleine puissance Imperiale
,
& déclarerent
inutiles les ceremonies des
Couronnements deRome -
&de Milan; cependant
les Papes ont refuséde reconnoistre
les Empereurs,
s'ils n'obtenoient du Saint
Siége un Brefqui les dif.
pensast d'aller à Rome,&
qui confirmast leur Election.
tion. Charles-Quinta eilé
le dernier Empereur couronné
de la main du Pape;
ceux qui n'y ont pas esté
couronnez,ne sont nommez
dans lesBulles &Brefs
queImperatorElectus.
REMARQUES
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Résumé : Mort de L'EMPEREUR.
Joseph Ier, fils aîné de Léopold Ier et d'Éléonore-Madeleine de Neubourg, est décédé à Vienne le 17 avril à l'âge de 33 ans. Il a été couronné roi de Hongrie en 1687, roi des Romains en 1690, et a pris le titre d'Empereur en 1705. Il a épousé Wilhelmine-Amélie de Brunswick-Lunebourg en 1699, avec qui il a eu un fils mort en bas âge et deux filles, les archiduchesses Marie-Josèphe et Marie-Amélie. Ses frères et sœurs incluent l'archiduc Charles et les archiduchesses Marie-Élisabeth, Marie-Anne et Marie-Madeleine. La Maison d'Autriche a été élevée à la dignité impériale en 1273 avec Rodolphe de Habsbourg, qui a vaincu Ottocar II de Bohême. Rodolphe a revendiqué l'Autriche et a fait confirmer sa propriété par les électeurs et les princes de l'Empire, ainsi que par le pape Martin IV. Il a ensuite donné l'investiture à son fils Albert, marquant le début de l'utilisation du titre d'archiduc. Les alliances matrimoniales ont joué un rôle crucial dans l'agrandissement de la Maison d'Autriche, notamment le mariage de Maximilien avec Marie de Bourgogne et celui de Philippe II avec Jeanne d'Aragon. Charles Quint a divisé la Maison d'Autriche en deux branches, l'aînée donnant des rois à l'Espagne et la cadette des empereurs au Saint-Empire. Les empereurs possèdent divers titres et prérogatives, tels que ceux d'Auguste, de César et de sacrée Majesté. Ils ont le pouvoir de convoquer et de congédier les diètes générales, d'ériger des terres en baronies, comtés, duchés et royaumes, et de donner l'investiture des grands fiefs de l'Empire. En l'absence de l'empereur, ces droits sont exercés par le roi des Romains ou les vicaires de l'Empire, les électeurs de Bavière et de Saxe. Les obligations des empereurs incluent la nécessité de consulter les électeurs pour engager ou aliéner les biens de l'Empire, accorder des privilèges de battre monnaie, déclarer la guerre, faire la paix, lever des subsides, et régler des questions religieuses. Lors de son élection, l'empereur doit jurer l'observation de ces restrictions dans une capitulation avec les électeurs et princes de l'Empire.
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10
p. 17-20
REMARQUES. Ceremonies d'Allemagne.
Début :
Charles IV. aprés avoir fait publier la Bulle d'Or à [...]
Mots clefs :
Électeurs, Empereur, Bulle d'Or
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMARQUES. Ceremonies d'Allemagne.
REMARQUES.
Ceremonies d'Allemagne.
Charles IV. après avoir
faitpublierla Bulle d'Or à
Mets, voulut commencer
à la faire executer en ce
qui concernoit le service
que les Princes Electeurs
devoient luy rendre lorsquil
mangeoir en public
L'on avoiteslevé une Estrade
au milieu du marchépublic
,
sur laquelle eftoïoi
la table du festin) où l'Empereur
& l'lm peratrice [Ql
placèrentd'abordjensuite
les trois Electeurs Ecclefîaftiquesvinrent
àChevacomme
Archichancelier
de l'En) pire,chacun ayant
un Sceau penduaucol, ~M
une Lettre àla main droite.
Ensuite marchoient les
quatre Electeurs ~Seculien:
aussi à Cheval ;le Ducdob
Saxe ayant un picotin ~d'ami
gent pleind'avoine ensa
main droite ,comme Archi-
Maréchal de l'Empire,&
mit pied à terre le
premier,parce que sa fonction
estaussi de placerles
Princes chacun à son rang.
Le Marquis de Brandebourg
donna à laver à
l'Empereur & à l'impératrice
avec une Eguiere &
un Bassin d'or. Le Comte
Palatin du Rhin servit les
plats surla table. Le Roy
de Bohesme ou celuy qui
le representoit,mit sur le
coin de la table un flacon
d'or plein de vin, & en
presenta à l'Empereur
dans un gobelet d'or. Aprés
les Electeurs marchoient
les deux grands
Veneurs sonnant du Cor,
& suivis de leurs Chasseurs
& de leurs Chiens;ils tuerent
devant l'Empereur
un grand Cerf& un gros
Sanglier; ensuite aprés le
repas l'Empereur les congedia
tous avec des presents
magnifiques.
Ceremonies d'Allemagne.
Charles IV. après avoir
faitpublierla Bulle d'Or à
Mets, voulut commencer
à la faire executer en ce
qui concernoit le service
que les Princes Electeurs
devoient luy rendre lorsquil
mangeoir en public
L'on avoiteslevé une Estrade
au milieu du marchépublic
,
sur laquelle eftoïoi
la table du festin) où l'Empereur
& l'lm peratrice [Ql
placèrentd'abordjensuite
les trois Electeurs Ecclefîaftiquesvinrent
àChevacomme
Archichancelier
de l'En) pire,chacun ayant
un Sceau penduaucol, ~M
une Lettre àla main droite.
Ensuite marchoient les
quatre Electeurs ~Seculien:
aussi à Cheval ;le Ducdob
Saxe ayant un picotin ~d'ami
gent pleind'avoine ensa
main droite ,comme Archi-
Maréchal de l'Empire,&
mit pied à terre le
premier,parce que sa fonction
estaussi de placerles
Princes chacun à son rang.
Le Marquis de Brandebourg
donna à laver à
l'Empereur & à l'impératrice
avec une Eguiere &
un Bassin d'or. Le Comte
Palatin du Rhin servit les
plats surla table. Le Roy
de Bohesme ou celuy qui
le representoit,mit sur le
coin de la table un flacon
d'or plein de vin, & en
presenta à l'Empereur
dans un gobelet d'or. Aprés
les Electeurs marchoient
les deux grands
Veneurs sonnant du Cor,
& suivis de leurs Chasseurs
& de leurs Chiens;ils tuerent
devant l'Empereur
un grand Cerf& un gros
Sanglier; ensuite aprés le
repas l'Empereur les congedia
tous avec des presents
magnifiques.
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Résumé : REMARQUES. Ceremonies d'Allemagne.
Après la publication de la Bulle d'Or à Metz, Charles IV organisa des cérémonies impliquant les Princes Électeurs lors de ses repas publics. Une estrade fut dressée au marché public pour accueillir la table du festin, où l'Empereur et l'Impératrice prirent place en premier. Les trois Électeurs ecclésiastiques arrivèrent à cheval, portant chacun un sceau et une lettre. Ils furent suivis par les quatre Électeurs séculiers. Le Duc de Saxe, en tant qu'Archi-Maréchal, dirigea les Princes à leurs rangs respectifs. Le Marquis de Brandebourg offrit de l'eau à l'Empereur et à l'Impératrice avec des objets en or. Le Comte Palatin du Rhin servit les plats, tandis que le Roi de Bohême plaça un flacon de vin sur la table et en offrit à l'Empereur. Après les Électeurs, les grands Veneurs présentèrent un cerf et un sanglier tués devant l'Empereur. À la fin du repas, l'Empereur congédia les participants en leur offrant des présents.
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11
p. 25-28
CEREMONIE de la Diete.
Début :
Le jour marqué pour faire l'ouverture des Etats, l'Empereur [...]
Mots clefs :
Cérémonie, Empereur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CEREMONIE de la Diete.
CER EMONIE
de la Diete.
Le jour marqué pour
faire l'ouverture desEtats,
l'Empereur s'y rend en
Personneou par Députez,
lorsque l'Empereurestassissurson
Trofne, les Electeurs
se placent à sa droite
&à sa gauche,suivant
leur rang, sur des bans tapissez
d'écarlate & élevez
de deux marches: ceux
des autres Princes ne sont
ellevez que d'une, & tapissez
de drap vert. Lorsquechacun
est placé selon
son rang, Sa Majestéfait
faire par un Prince,les
proportions qu'il souhaite
à l'Assemblée; l'Electeur
de Tréves au nom detous
les Etatsremercie SaMajestédes
soins qu'Elle se
donne, en l'assurant qu'ils
travailleront incessammentàluy
donneruneentieresatisfactionsur
ses
demandes. On donnepar
écrità chaque Collége
les propositions de l'Em-,
sereur,qui les examinent
a part;& ayantensuite pris
leur resolution
,
ils conviennent
du jour qu'ils
doivent se joindre tous les
troIS, pour s'entrecommuniquer
leurs Centi-
: ments: &s'ils demeurent
d'accord du Resultat
,
ils
l'envoyent à l'Empereur,
qui l'ay antapprouvé
,
est
misaunombredesConstitutions
Impérial es : Mais
s'il yaquelqu'undes Collèges
dont les avis ne
soient pas conformes aux
autres & aux sentiments
du Commissaire de l'Empereur
,
la Constitution
Impériale n'a point force
de Loi, & est entierement
nulle.
de la Diete.
Le jour marqué pour
faire l'ouverture desEtats,
l'Empereur s'y rend en
Personneou par Députez,
lorsque l'Empereurestassissurson
Trofne, les Electeurs
se placent à sa droite
&à sa gauche,suivant
leur rang, sur des bans tapissez
d'écarlate & élevez
de deux marches: ceux
des autres Princes ne sont
ellevez que d'une, & tapissez
de drap vert. Lorsquechacun
est placé selon
son rang, Sa Majestéfait
faire par un Prince,les
proportions qu'il souhaite
à l'Assemblée; l'Electeur
de Tréves au nom detous
les Etatsremercie SaMajestédes
soins qu'Elle se
donne, en l'assurant qu'ils
travailleront incessammentàluy
donneruneentieresatisfactionsur
ses
demandes. On donnepar
écrità chaque Collége
les propositions de l'Em-,
sereur,qui les examinent
a part;& ayantensuite pris
leur resolution
,
ils conviennent
du jour qu'ils
doivent se joindre tous les
troIS, pour s'entrecommuniquer
leurs Centi-
: ments: &s'ils demeurent
d'accord du Resultat
,
ils
l'envoyent à l'Empereur,
qui l'ay antapprouvé
,
est
misaunombredesConstitutions
Impérial es : Mais
s'il yaquelqu'undes Collèges
dont les avis ne
soient pas conformes aux
autres & aux sentiments
du Commissaire de l'Empereur
,
la Constitution
Impériale n'a point force
de Loi, & est entierement
nulle.
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Résumé : CEREMONIE de la Diete.
Le texte décrit la cérémonie d'ouverture de la Diète, une assemblée politique du Saint-Empire romain germanique. L'Empereur ouvre la session en personne ou par députés et prend place sur son trône. Les Électeurs s'assoient à sa droite et à sa gauche selon leur rang, sur des sièges tapissés d'écarlate et surélevés de deux marches. Les autres princes sont assis sur des sièges tapissés de drap vert et surélevés d'une seule marche. L'Empereur présente ses propositions par l'intermédiaire d'un prince. L'Électeur de Trèves remercie l'Empereur au nom de tous les États et assure qu'ils travailleront à satisfaire ses demandes. Les propositions sont ensuite examinées par chaque collège séparément. Les collèges se réunissent tous les trois jours pour discuter de leurs avis. Si un accord est atteint, le résultat est envoyé à l'Empereur, qui l'approuve et le transforme en constitutions impériales. Cependant, si un collège ne partage pas les avis des autres ou ceux du commissaire de l'Empereur, la constitution impériale n'a pas force de loi et est nulle.
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12
p. 32-39
Erudition. [titre d'après la table]
Début :
J'avois dessein de marquer par quelques traits historiques les [...]
Mots clefs :
Maison d'Autriche, Empereur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Erudition. [titre d'après la table]
J' a^oois dessein de marquerparquelquestraits
historiques les caractel'es
de chaque Empe..
reur de la Maiftn
d'Autriche,mais cela,
maurait ment trop
loin: voieyseulement
quelques traits de Rodolphe
qui est le<chef
de cette haute
jlre Adaifôn ,
Rodolphe ayant
contraint a force d'armes
Ottocare à luy rendtorcearrheonrnlagc
lige, Ot- nelevoulutpromettre
,
qu'a condition
que ce seroit en particulier,
dans sa tente ,
sans
quepersonne en - témoin.
Le jour fut pris ;
Ottocare y vint avec un
habit superbe & tout
brillantdepierreries.Rodolphe
affecta den'avoir
qu'un habit simple SC
vil comme seroit ceruy
d'un Païsan, & dans lç
moment quOttocare
ainsi paré estoit à ge—:
noux devant luy les
mainsjointes, des machines
qu'il avoit fait
préparer, enleverent la&
tente, &c donnerent ce
spectacle à toute l'Armée
;cela rompit lapaix,
&. cefut dans cette seconde
guerre qu'Ottocares
fut tué par Rodolphe.
Rodolphe esant à
Cheval par un temps des
pluye,rencontraunCIUH
ré à pied portant le Viatique
à un malade ; il
delcendit de Cheval,fit
monter le Curé dessus
, & conduisït à pied dans
les boues jusqu'à la Maison
du malade
,
le Saint
Sacremenc, qu'il reconduisitde
mesme jusqu'à
l'Eglise
,
où le Curé luy
donnantla bénédiction,
luy prédit que luy & Tes:
descendans seroientEmpereurs.
En effet, 4. ans
après l'Archevêque de
Mayence luy menageat
les Electeurs,dontquelques-
uns neconsentirera
que dans la vue d'époufer
quelques-unes de les?
filles: il en avoit pour
lors six -, toutes également
belles. ,J
Rodolphe dans sa ceremonie
de son Election
, voyant que les Electeurs
failoient difficulté
deluy rendre la soy
Se hommage
, parce
qu'onavoit oubliéd'apporter
le Sceptre
,
prit
sur l'Autel le Crucifix,
&;dit:-v-oillcy le Sceptre
des Cérejïiens. Surcette
parole on rendit l'hommage
en vertu du Crucifix.
1 Rodolphevoulant ramener
à son devoirun
Comte-de Hongrie.qui
pilloit bc massacroit publiquement
--'
le fit venir
parl'entremise de ses
amis, l'ayant fait mettre
à table avec luy Se
boire dans le mesmeverre
où il avoitbû;leComte
dit:je ne doute point
apresent que je nefois en
seureté,puisquej'ay bû
avecleplus honneste homme
du monde.
Rodolphe à l'âge de
73. ansse mitenchemin
pour aller à Spire,dilànt
qu'il alloit rendre visiteauxEmpereurs
defunts.
En effet, estant
tombé malade quelques
jours après, il mourut.,
& sust enterré avec les
autres Empereurs,
historiques les caractel'es
de chaque Empe..
reur de la Maiftn
d'Autriche,mais cela,
maurait ment trop
loin: voieyseulement
quelques traits de Rodolphe
qui est le<chef
de cette haute
jlre Adaifôn ,
Rodolphe ayant
contraint a force d'armes
Ottocare à luy rendtorcearrheonrnlagc
lige, Ot- nelevoulutpromettre
,
qu'a condition
que ce seroit en particulier,
dans sa tente ,
sans
quepersonne en - témoin.
Le jour fut pris ;
Ottocare y vint avec un
habit superbe & tout
brillantdepierreries.Rodolphe
affecta den'avoir
qu'un habit simple SC
vil comme seroit ceruy
d'un Païsan, & dans lç
moment quOttocare
ainsi paré estoit à ge—:
noux devant luy les
mainsjointes, des machines
qu'il avoit fait
préparer, enleverent la&
tente, &c donnerent ce
spectacle à toute l'Armée
;cela rompit lapaix,
&. cefut dans cette seconde
guerre qu'Ottocares
fut tué par Rodolphe.
Rodolphe esant à
Cheval par un temps des
pluye,rencontraunCIUH
ré à pied portant le Viatique
à un malade ; il
delcendit de Cheval,fit
monter le Curé dessus
, & conduisït à pied dans
les boues jusqu'à la Maison
du malade
,
le Saint
Sacremenc, qu'il reconduisitde
mesme jusqu'à
l'Eglise
,
où le Curé luy
donnantla bénédiction,
luy prédit que luy & Tes:
descendans seroientEmpereurs.
En effet, 4. ans
après l'Archevêque de
Mayence luy menageat
les Electeurs,dontquelques-
uns neconsentirera
que dans la vue d'époufer
quelques-unes de les?
filles: il en avoit pour
lors six -, toutes également
belles. ,J
Rodolphe dans sa ceremonie
de son Election
, voyant que les Electeurs
failoient difficulté
deluy rendre la soy
Se hommage
, parce
qu'onavoit oubliéd'apporter
le Sceptre
,
prit
sur l'Autel le Crucifix,
&;dit:-v-oillcy le Sceptre
des Cérejïiens. Surcette
parole on rendit l'hommage
en vertu du Crucifix.
1 Rodolphevoulant ramener
à son devoirun
Comte-de Hongrie.qui
pilloit bc massacroit publiquement
--'
le fit venir
parl'entremise de ses
amis, l'ayant fait mettre
à table avec luy Se
boire dans le mesmeverre
où il avoitbû;leComte
dit:je ne doute point
apresent que je nefois en
seureté,puisquej'ay bû
avecleplus honneste homme
du monde.
Rodolphe à l'âge de
73. ansse mitenchemin
pour aller à Spire,dilànt
qu'il alloit rendre visiteauxEmpereurs
defunts.
En effet, estant
tombé malade quelques
jours après, il mourut.,
& sust enterré avec les
autres Empereurs,
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Résumé : Erudition. [titre d'après la table]
Le texte relate des événements clés de la vie de Rodolphe, empereur de la Maison d'Autriche. Rodolphe contraignit Ottocare à lui rendre hommage par la force après une rencontre privée où il humilia Ottocare en exposant sa tenue somptueuse à l'armée, déclenchant une guerre au cours de laquelle Ottocare fut tué. Rodolphe fit preuve de piété en aidant un curé à porter le Viatique, geste pour lequel il reçut une prophétie sur son avenir. Quatre ans plus tard, avec l'aide de l'Archevêque de Mayence et des électeurs, il devint empereur et utilisa un crucifix comme sceptre lors de sa cérémonie d'élection. Rodolphe tenta également de rassurer un comte hongrois en partageant un repas avec lui. Il mourut à l'âge de 73 ans en se rendant à Spire et fut enterré parmi les empereurs défunts.
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13
p. 39-46
Nouvelles d'Allemagne.
Début :
Le Prince Eugene estant party pour les Pays-Bas le 6. [...]
Mots clefs :
Prince, Empereur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Allemagne.
Nouvelles d'Allemagne..
t Le Prince Eugene esstanspartypour
les Pays-
Bas le 6.Avril dans le tems
qu'on croyoit l'Empereur
hors de danger, reçut en
deçà de Nuremberg un
Courrier que le Comte
d'Herberstein Vice-Président
du Conseil deGuerre
luy dépeschoit, pour luy
donner avis dela mort de
l'Empereur; l'invitant en
mesme temps de retourneràVienneoù
sapresenceestoie
fortnecessaire,
Ce Prince prit dans le moment
le party de renvoyer
le Courrier,& écrivir à la
Cour qu'il avoit jugé plus
à propos pour l' interest
de la Famille Imperiale,
& pour rassurer lesMembres
de l'Empirevoisins
du pays Ennemy., de continuer
sa route vers le +
haut Rhin & non pas en
Hollande. Il s'est abouché -
avec. les Electeurs de
MayencePa,ldaeTrteviesn6cPalatin,
ausquels il avoit
depcfché des Courriers
pour se rendre incessamment
àMayence.Ce qu'on
a pu apprendre du resultat
de leur conférence se reduit
à trois points, I. D'envoyer
un Courrier à Barcelone
pour inviter l'Archiduc
de revenir incef-
(àmmeneen Allemagne.
2. De depescher des Courriers
à Berlin & à Dresde,
pour communiquer aux
Eleveurs de Saxe & de
Brandebourg les sentiments
des trois autres El<:.-.
steurs,sçavoir de differer
FeiecHon jusques après la
paix ou dumoins jusqu'à la
la fin dela campagne pour
éviter les inconvénients
qui pourroient naistre
dans une conjoncture:
aussi fâcheuse que celle où
l'on setrouvoit. 3. Que le : Prince Eugene seroic au.
torisé de disposerde l'Ar-
- méedel'Empire pour af- -
furcr la tranquillité de
l'Allemagne,&empêcher
que les Armées de France
ne profitent de cette occasson.
En exccution. de
cette resolution
,
le Prince
Eugene s'est renduàRastad
pour passeren revuë
les Troupes qui sont aux
environs., donner les ordres
qu'il jugera necessaires
pour la garde des Lignes
d'Eslingen, & faire
marcher le reste de. l'Armée
dans les endroits convenables.
Cette Armée
doitestre renforcée par les
deuxRegimens Impériaux
& par les huit Bataillons
Palatins qui avoient marché
vers l'Oder&quiestoient
destinez pour l'Ar--
înee de Neutralité. Le'
Prince Eugene après avoir
donne ses ordres sur le
Rhinestallé en Hollande
où lesEtats Généraux ont
pris la resolution de mettre
tout en usage pour
procurer laCouronne Impériale
à l'Archiduc;ayant
envuë leur propre interest.
plustost que celuy de la
Maison d'Autriche ni de
l'Empire.
L'Imperatrice Merc
qui a la Regence des Pays
hereditaires, a ordonné
quetous les hautsOfficiers -..!.
resteraient dans leurs
Charges, en attendant les,
ordres de l'Archiduc.
Le Roy Auguste ayant
appris la mort de l'Empereur,
tint Conseil dans le
moment, où il fut résolu
d'ajouster à sa qualitéd'Electeur
,
celle de Vicaire
de l'Empire,& qu'il resteroit
en Allemagne jusques
aprésl'Election d'un nouvel
Empereur. Le Chancelier
de Pologne protesta
contre cerre résolution.
L'Electeur de Brandebourg
devoit partir le 26.
May pour serendre à Cle~:
ves..
t Le Prince Eugene esstanspartypour
les Pays-
Bas le 6.Avril dans le tems
qu'on croyoit l'Empereur
hors de danger, reçut en
deçà de Nuremberg un
Courrier que le Comte
d'Herberstein Vice-Président
du Conseil deGuerre
luy dépeschoit, pour luy
donner avis dela mort de
l'Empereur; l'invitant en
mesme temps de retourneràVienneoù
sapresenceestoie
fortnecessaire,
Ce Prince prit dans le moment
le party de renvoyer
le Courrier,& écrivir à la
Cour qu'il avoit jugé plus
à propos pour l' interest
de la Famille Imperiale,
& pour rassurer lesMembres
de l'Empirevoisins
du pays Ennemy., de continuer
sa route vers le +
haut Rhin & non pas en
Hollande. Il s'est abouché -
avec. les Electeurs de
MayencePa,ldaeTrteviesn6cPalatin,
ausquels il avoit
depcfché des Courriers
pour se rendre incessamment
àMayence.Ce qu'on
a pu apprendre du resultat
de leur conférence se reduit
à trois points, I. D'envoyer
un Courrier à Barcelone
pour inviter l'Archiduc
de revenir incef-
(àmmeneen Allemagne.
2. De depescher des Courriers
à Berlin & à Dresde,
pour communiquer aux
Eleveurs de Saxe & de
Brandebourg les sentiments
des trois autres El<:.-.
steurs,sçavoir de differer
FeiecHon jusques après la
paix ou dumoins jusqu'à la
la fin dela campagne pour
éviter les inconvénients
qui pourroient naistre
dans une conjoncture:
aussi fâcheuse que celle où
l'on setrouvoit. 3. Que le : Prince Eugene seroic au.
torisé de disposerde l'Ar-
- méedel'Empire pour af- -
furcr la tranquillité de
l'Allemagne,&empêcher
que les Armées de France
ne profitent de cette occasson.
En exccution. de
cette resolution
,
le Prince
Eugene s'est renduàRastad
pour passeren revuë
les Troupes qui sont aux
environs., donner les ordres
qu'il jugera necessaires
pour la garde des Lignes
d'Eslingen, & faire
marcher le reste de. l'Armée
dans les endroits convenables.
Cette Armée
doitestre renforcée par les
deuxRegimens Impériaux
& par les huit Bataillons
Palatins qui avoient marché
vers l'Oder&quiestoient
destinez pour l'Ar--
înee de Neutralité. Le'
Prince Eugene après avoir
donne ses ordres sur le
Rhinestallé en Hollande
où lesEtats Généraux ont
pris la resolution de mettre
tout en usage pour
procurer laCouronne Impériale
à l'Archiduc;ayant
envuë leur propre interest.
plustost que celuy de la
Maison d'Autriche ni de
l'Empire.
L'Imperatrice Merc
qui a la Regence des Pays
hereditaires, a ordonné
quetous les hautsOfficiers -..!.
resteraient dans leurs
Charges, en attendant les,
ordres de l'Archiduc.
Le Roy Auguste ayant
appris la mort de l'Empereur,
tint Conseil dans le
moment, où il fut résolu
d'ajouster à sa qualitéd'Electeur
,
celle de Vicaire
de l'Empire,& qu'il resteroit
en Allemagne jusques
aprésl'Election d'un nouvel
Empereur. Le Chancelier
de Pologne protesta
contre cerre résolution.
L'Electeur de Brandebourg
devoit partir le 26.
May pour serendre à Cle~:
ves..
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Résumé : Nouvelles d'Allemagne.
Le Prince Eugène, en route pour les Pays-Bas, apprit la mort de l'Empereur près de Nuremberg. Il choisit de se diriger vers le Haut Rhin pour rassurer les voisins de l'Empire et protéger les intérêts de la famille impériale. À Mayence, il se réunit avec les Électeurs de Mayence, de Trèves et du Palatinat pour discuter de trois points : inviter l'Archiduc Charles à revenir en Allemagne, différer l'élection impériale jusqu'après la paix ou la fin de la campagne, et autoriser le Prince Eugène à utiliser l'armée impériale pour maintenir la tranquillité en Allemagne. Le Prince Eugène se rendit ensuite à Rastatt pour passer en revue les troupes et donner des ordres stratégiques. L'armée fut renforcée par des régiments impériaux et des bataillons palatins. Il se rendit ensuite en Hollande, où les États Généraux soutinrent la candidature de l'Archiduc à la couronne impériale. L'Impératrice Élisabeth ordonna que les hauts officiers restent en fonction en attendant les ordres de l'Archiduc. Le roi Auguste de Pologne décida de rester en Allemagne jusqu'à l'élection d'un nouvel Empereur, une décision contestée par le Chancelier de Pologne. L'Électeur de Brandebourg devait partir pour Clèves le 26 mai.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 1-72
BULLE D'OR. Au nom de la sainte & indivisible Trinité. Ainsi soit-il.
Début :
CHARLES par la grace de Dieu Empereur des Romains, toûjours [...]
Mots clefs :
Dieu, Saint, Empereur, Bulle d'Or, Prince, Esprits, Électeurs
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texteReconnaissance textuelle : BULLE D'OR. Au nom de la sainte & indivisible Trinité. Ainsi soit-il.
BULLED'OR.
/lunom de lasainte c3- indivisible
Trinité. Ainsisoit-il. cH ARLES par la grace
de Dieu Empereur des
Romains, toujours Auguste
& Roy de Boheme ; à la mémoire
perpetuelle de lamofc-"
Tout Royaume divisé en foimême
fera desolé : & parce
que Ces Princes Ce sont faits
compagnons de voleurs, Dieu
a répandu parmi eux un esprit
d'étourdissement & de veritige
, afin qu'ils marchent
comme à tâtons enpleinmidi
d£nïcme<Jues'ils-efloient au
milieudesténèbres ; il a osté
leurs chandeliers du lieu où
ils estoient,afin qu'ils soient
aveugles & conducteurs d'aveugles.
Et en effet, ceux qui
marchent dans l'obscurité Ce
heurtent; &c'est dans la division
que les aveuglesdtpten..
dement commettentdes mê'.
chancetez. Dis, Orguëil,
comment aurois-tu regné en Lucifer, si tu n'avois appelle laDissention à ton secours?
Dis, Satan envieux commënt
aurois-tuchassé Adam du Paradis
, si tune l'avois détourné
de l'obéïssance qu'il devoit
à son Createur? Dis, Colere,
comment aurois-tu détruit la
Republique Romaine,situne
t'etois servi de laDivision
pour animerPompée.& Jules
à une guerre intestine
,
l'une
çpnçre l'autre; Dis, Luxure,
comment aurois-tu ruiné les
Troyens
,
si tu n'avois separé
Helened'avec sonMary? Mais
toi,Envie,combien de foist'éstuefforcée
de ruiner par laditvHion
l'Empire Chrestien que
Dieu a fondé sur les trois Vertus
Theologales, la Foi,l'Esperance,
&la Charité
, comme sur,unefainteindivisible
Trinité,vomissant le vieux
venin de la dissention parmi
lessept Electeurs, qui sontles
colomnes & les principaux
Membres du saint Empire,
fc par l'éclat defquçls le saint
Empire doit estreéclairé,
Icomme-e, par sept flalnbea'Ux'¡
dont la lumiere elt fortiifés
par l'union dessept Dons du
Saint-Esprit? C'est pourquoy
estant obligez ,tant à cause
du devoir quenousimpose la
Dignité Imperiale dont nous
sommesrevêtus; que pour
maintenirnostreDroit d'Elec.
tear entant que Roy de Bohême
,
d'aller au-devant desdangereufes
suites que les divisions&
dissentions poudroient
faire naître à l'avenir entre les
ËJë&eùrsdont noussommes
dunombre;Nous, àprésavoir
tnetirement délibéréen fioifoè
Cour& Assemblée solemnelle
de Nurenrberg
, en presence
detousles Princes Elecmn.
5 Eccelesiastiques &: Seculiers,
& autresPrinces, COIntes,
Barons, Seigneurs, Gentilshommes,
& Villes, éstant
assis dansle Trône Imperial,
revestu des Habits, Impériaux,
.aveC" les ornemens en main
Il laCouronne sur la telle,
par laplenitudedelaPuissançe
Imperiale,avons fait &publie
parcet Editferme&irrevocable
les Loix suivantes
,
pour cultiver l'unionentre les
fcie&eurs
5
établiruneforme
d'Election unanime, &fermertout
cheminà cette divijinn
detestable&aux dangers
extrêmes quila suivent. Don-
- né l'andu Seigneur mille trois
cent cinquante-six
,
li-ididionneuviéme
le dixiéme Janvier,
de nostre regne le dixieme
,
te de nostre Empirele cond. tond.
ARTICLE PREMIEK,
-
Commenté*farquiUsEleftcufs
, doivent efireconduitsau Ikté
oùsefera l'Election du ROf
des Romains. -'- NOUS declarons & ordonnons
par le present
EdIt Impérial, qui durera
éternellement, de nôtre cer.
taine Science, pleine Puissance,
& Autorité Inlperiale)
Que toutes les fois qu'il arrivera
à l'avenir necessité ou
occasion d'élire un Roy des
Romains pour être Empereur,
& que les Ele&p^irs^'
suivant l'ancienne & louable
coustume
, auront à faire
voyage au sujet de telleElection,
chaquePrince Electeur
fera obligé en étant requis,
de faire conduire &escorter
{ùrçlpcnt & sans fraude par ses
Pays,Terres&lieux,&plus
loin même s'il peut, tous
ses co-Electeurs ou leurs Députez,
vers laVille où l'Election
se devra faire, tant en
allant qu'en retournant; sous
peinede parjure, &: deperdre
( mais pour cette foisseulement
) la voix &: le suffrage
qu'il devoit avoir dans
cette Election,déclarant celui
ou ceux qui se serontrendus
encecinegligens ou rebelles
avoir encouru dés-lors lesdites
peines, sans qu'il foie
besoin d'autre Déclaration
que la Presente.
§. 2. Nous ordonnons de
plus, & mandons à tous les
autres Princes qui tiennent
desFiefs du saint Empire ROH
main, quelque nom qu'ils
puissent avoir;comme aussi
à tous Comtes, Barons, Gens
de guerre & Vassaux
, tant
Nobles que non Nobles, Bourgeois & Communautés
de Bourgs,deVilles &dè
tous autres lieux du saint Empire,
qu'ils ayent ,
lorsqu'il
s'agira de procéder à l'Election
d'un Roi des Romains
pourêtreEmpereur,àcon8c
sans fraude, comme il a
estédit, par leurs Territoires
&:. ailleurs ,le plus loin qu'il
se pourra, chaque Prince
Electeur,oulesDéputez qu'il
envoyera àl'Election ,pour
lesquels aussi bien que pour
lui il leur aura demande ou
a aucun d'eux tel sauf-conduit
; '&-en cas que quelqu'un
ait la présomption de contrevenir
à nostre presenteOrdonnance,
qu'il encoure aussi
toutes les peines suivantes :
sçavoir
, en casde contravention
par les Princes, Comtes,
Barons,Gentilshommes, Gens
de guerre & Vassaux
,
la peine
de parjure, & la privation
de tous les Fiefs qu'ils tiennent
dusaint Empire Romaia
&de tousautres quelconque;
comme aussi de toutesleurs
autres possessionsdequelque
nature qu'elles soienn! Età
l'égard des Communautez &£
Bourgeois contrevenans àce
que dessus
,
qu'ils soient aum
reputez parjures, & qu'avec
cela ils soient privez de tous
les Droits
,
Libertez, Privileges
&: Graces qu'ils ont obtenuës
du. saint Empire, ôc
encourent en leurs Personnes
& en leurs biens, le Banc ÔC
la proscription Imperiale ;&
c'est pourquoy nous les privons
dés-à- present, comme
pour lors, le cas arrivant, de
tous Droits quelconques. Permettons
aussi à tous& un
chacun de courte fus aux
proscrits& de les attaquer,
offenser Se outrager impunémentd'autorité
privée ,sans
pour ce demander autre permiïïibri
des Magistrats,ny
avoirà craindre aucune pum-*
tion de la part de l'Empire ,
ou de quelqu'autre que ce
soit, attendu que lesdits prof.
crits font convaincus du crime
de felonie envers la Republique,
l'Etat &: la Dignité du
saint Empire, & même contre
leur honneur & leur salut ,
ayant méprisé temerairement
èc comme rebelles, desobéïssans
&traîtres, une chose si
importante au bien public.
- §. 3. Nous ordonnons
mandons aussi aux Bourgeois
de toutes les Villes, & aux
Communautez, de vendreou
faire vendre à chaque Electeur
ouà leurs Deputez pour
l'Election, tant en allant qu'en
retournant, à prixraisonnable
& sans fraude, les vivres
&: autres choses dont ils aiiront
besoin pour eux & pour
ceux de leur fuite;le tout fous
les mêmes peines ci
-
dessus
mentionnées à l'égard desdits
Bourgeois & Communautez
,
que nous declarons par eux
encouruës de fait.
§. 4. Que si quelque Prince,
Comte, Baron, Homme de
guerre, Vassal Noble ou Inoble,
Bourgeois ou Communauté
de Villes, estoit assez
temeraire pour apporter quel*
que empêchement ou tendre
quelques embûches aux
teurs ou à leurs Deputez allant
pour l'Election d'un Roy
des Romainsou en revenant,
&les attaquer, offenser ou inquieter
en leurs perfonncs
eu en celles de leurs domestiques
, suite
, ou même en
leurséquipages, soit qu'ils
eussent demandé le fau£-cor&-
duit ordinaire
,
soit qu'ils
n'eussent pas jugé à propos de
le demander:Nous déclarons
celuy-là& tous ses complices,
avoir encouru de fait les susdites
peines, felon la qualité
des personnes
,
ainsi qu'il est
ci-dessus marque.
§. 5. Et même si un Prince
Electeuravoit quelqueinimitié
,
différentou procésavec
quelqu'unde ses Collègues>
cette querelle ne le doit point
empêcher de donner,enestant
requis,laditeconduite ôcef*
corte à l'autre ou à ses Députcz
pour ladite Elçéhop
,
à
peine de parjure & de perdre
sa voix en l'Election pour cette
fois-làseulement,comme ii.g
,esté dit ci-dessus.
§.6.Commeaussi,silesautres
Princes, Comtes, Barons,
Gens de guerre, Vaflfauî*
Nobles,& Inobles,Bourgeois
&: Communautez des-Ville$
vouloient du malà quelque
Electeur ou à plusieurs
, ou
s'il y avoirquelque diiïerenç
ou guerre entr'eux, ils ne laisferont
pas,sans contradiction
pu fraude aucune,deconduire
al' d'escorterle Prince Electeur,
ou lesPrinces Electeurs
ou leurs Députez ,foit en
allant au lieu où se devrafaire
l'Election, foit en s'en retournant
, s'ils veulent éviter les
peines dont ils font menacez
par cet Edit, lesquelles ils
encourront de fait au même
temps qu'ils en useront ment.¡;' autre-
§: 7. Et pour une plus gran- defermeté, & plus ample
assurance de toutes les choses
ci-dessusmentionnées ,Nous
voulons & ordonnons, Que
tous & chacun les Princes
Electeurs & autres Princes,
Comtes
,
Barons,Nobles
Villes; ou leurs Communautez,
promettent par Lettres ,
&par Serment toutes lesdites
choses
, & qu'ils s'obligent
de bonne foy & sans fraude
de les accomplir , &c mettre
en effet ; & que quiconque
refusera de donner telles Lettres,
encoure defait les peines
ordonnées, pour estre executées
contre les refufans
,
selon
la £ondizinii des personnes.
§. 8. Que si quelque Prince
Electeur ou autre Prince
relevantde l'Empire
,
de quelque
qualité ou condition qu'ii soit, Comtes
,
Barons ou
Gentilhommes, leursSuccesfeursou
Heritiers tenans des
Fiefs du saint Empire
,
refu*-
soit d'accomplir nos Ordonnances
6c Loix Impériales cidessus
ôc ci-aprés écrites, ou qu'il
qu'il eût la presomption d'y
contrevenir ,
liceftunrElec*
teur , que dés-lors ses Coélecteurs
l'excluënt dorenavant
de leur Société,& qu'il soit
privé de savoix pour l'Election
&de la place, de la Dignité
& du Droit de P rince Elec., ,
teur ; & qu'il ne soit point
investi des Fiefs qu'il tiendra
du saint Empire Et si c'efl;
quelqu'autre Princeou
Gentilhomme (comme il a
esté dit ) quicontrevienne
àces mêmes Loix, qu'il ne
foit. point non plus investi
de Fiefs qu'il peut tenir de
l'Empire, oudequi quece
soitqu'il les tienne, &cependant
,qu'ilencoure dés-lors
lesmêmepeinespersonnelles
c§i-d.cElius tspécifiées. 1; encore quehîous
entendions & ordonnonsque
tous les Princes, Comtes,
Barons, Gentils- h01îlmeS:,
Gens deguerre, Vassaux; VisJ.
les & Communautez soient
obligezindifferemment de
donner ladite escorte Se. conduite
à chaque Electeur ou
à ses Deputez, comme il a
esté dit;Nous avons toutesfois
estimé à propos d'assigner
à chaque Electeur une escorte
& des conducteurs particuliers,
selonles pays & leslieux
où il aura à passer,comme il
se verra plus amplement par
ce qui fuit.
§.io. Premierement, le
Roy deBohemeArchiéchançon
du SaintEmpire, sera
conduit par l'Archevêque de
Mayence,parlesEvêquesde
Bamberg &de Virtzbourg,
par les Bourgraves de Nuremberg
, par ceux de Hohenloë,
deVertheim, de Bruneck &
de Hanau, &. par les Villesde
Nuremberg
,
de Rotembourg,
&deW indesteim.
- ii. L'Archevêque de
Cologne Archichancelier du
saint Empire en Italie, sera
conduit par desArchevêques
de Mayence & de Tréves,par
le Comte Palatin du Rhin^
par le LandgravedeHesse,
parlesComtes de Catzenellenbogen
,
de NafTaw ,
de
Dierz
,
d'Issembourg de
Westerbourg
-1
de Runc KC^r,
de Limbourg & de Falckenstein
,
& par les Villes de wetzlar
, de Geylnhaufen & de
Fridberg. ---»
§. 12. L'Archevêque de
Tréves Archichancelier du
saint Empire dans lesGaules
& au Royaume d'Arles, sera
conduit par l'Archevêque de
Mayence, par les Comtes Palatin
du Rhin, par lesComtes
de Spanheim & de Veldens,
par les Bourgraves&Wildgraves
de Nassavv, d'!ffem.L
bourg, de Westerbourg, de
deRanckel
,
de Limbourg, de Dietz
,
deCatzenellebogon
,
d'Eppenstein& de Falckenstein
,&parlaVille de
Mayence.
- v,$. 14Le Comte Palatin du
Rhin Archimaîtredu saint
Empire, fera conduit par
l'Archevêque de Mayence.
§. 14. Le Duc de Saxe Archimarêchal
du saint Empire,
seraconduit par le Roi de
Bohême, les Archevêques de
Mayence &: de Magdebourg,
les Evêques de Bamberg 8c
de Wirtzbourg, le Marquis
de Misnie, le Langravede
Hesse, les Abbez de Fulden
& de Hirchsfelt
,
les Bouc*-
graves de Nuremberg
, ceux
de Hohenloë,de Wertheim, de Bruneck
,
de Hanau)'cS¿: de
Falckenstein ; commeaussipar
les Villesd'Erford,Mulhausen
,, Nuremberg
, Rotembourg
&: Windesheim.
§«1j.Et tousceuxvieQ^•
nent d'estre nommez seront
pareillement tenus de conduire
le Marquis de BrandebEourgmArchpichanicerlieer
d.u s.
: §. 16.Voulons en outre,&
ordonnons expressément que
chaque Prince Electeur qui
voudra avoir tel sauf-conduit
&i escorte, le fasse duëment
sçavoir à ceux par lesquelsil
voudra estre conduit& escorté
,
leur indiquant le chemin
qu'il prendra; afin que
ceux qui font ordonnezpour
ladite conduite, & qui en auront
esté ainsi requis, s'y puissent
preparer commodement
& assez à temps. : §.17. Declarons toutefois,
jque les presentes Constitutions
faites àú sujet'deladittè
conduite,doivent estre entenduës,
en forte que chacun
dessus-nommez , ou toutau-*
tre qui n'a pas peut-êtreesté
ci-dessus dénommé à qui dans
le cas susdit il arrivera d'efirè
requis de fournir ladite con.
duite & escorte, foit obligé
de la donner dans ses Terres
& Pays feulement
, & même
au de-là, si loin qu'il le pourra,
le tout sans fraude, fous
lmes peineés cie- desssus e.xpri* • $. 18. Mandons & Ordonnons
de plus, que l'Archevê^
que de
-
Mayence qui tiendri
alors leSiege, envoye ses Let:..
tres Patentes par Couriers êxprés,
à chacundesditsaut4:ci
Princes Electeurs Ecclesiastiques
6c Seculiers
,
ses CoHejot
gues , pour leur intimer ladite
Election
; & que dans ces
Lettres soit exprimé le jour
& le terme dans lequel vraisemblablemeut
elles pourront
estre renduës à chacun deces
Princes.
§. 19. Ces Lettrescontiendront,
que dans trois mois, à
compter du jour qui y feraexr
primé, tous & chacun les
Princes Electeurs ayent à fit
rendre à Francfort sur leMein
en personne
, ou à y envoyer
leurs Ambassadeurs
, par eux
autentiquement autorisez &
munis de Procuration valable,
• iîgnée de leur main &: scellée
de leur grand Sceau,pourproceder
ceder à l'Election d'un Roy
des Romains futur Empereur.
§. 20. Or comment & en
quelle forme ces fortes de
Lettresdoivent estre dressées,
&quelle solemnité y doitestre
observée inviolablement, &e;i
quelle forme & maniere les
Princes Electeurs auront à
dresser&faire leurs Pouvoirs,
Mandemens 8>C Procurations
pour les Députez qu'ilsvoudront
envoyer à l'Election;
cela se trouvera plus clairement
exprimé à la fin de la
présente Ordonnance;laquelleforme
en cet endroit prescrite,
Ordonnons de nostre
pleine Puissance &: Autorité
Imperiale, estreen tout &:
par tout observée.
§..il. QiiFind les choses
serontvenuës à cepoint,que
la nouvellecertaine de lamort
.dç l'Empereur ouduRoydes
Romains sera arrivéedansle
Diocese de Mayence, Nous
commandons ôç ordonnons,
que dés-lors
,
dans l'espace
d'un mois, àcompter du jour
de l'avis reçu de cette piort
l'Archevêque de Mayence par
sesLettres Patentes en donne
part aux autres Princes Electeurs
, & fasse l'intimation
dontilest ci-dessusparlé. Que
il par hasard cet Archevêque
négligeoit ouapportoit de la
lenteur à faire ladite intimation
,
alors les autres Princes
Electeurs, de leurpropremouvement,
sans mêmeetreàpgellez
, & par lafidelité avec laquelle
ils sont obligez d'assisterle
saint Empire
,
se rendront
dans trois mois( ainsi
qu'il aesté dit) en ladite Ville
cleFrancfort, pour élire un
Roy des Romains futur Empereur.
§. il. Or chacun des Princes
Electeurs ou ses Ambassadeurs
, ne pourront entrer
dans le temps de ladite Election
en ladite Ville de Francfort
,qu'avec deux cent chevaux
feulement, parmi lesquels
il pourra y avoir cin-
; quante Cavaliers armez, ou
moins s'il veut, mais non pas
davantage.
§. 2 3. Le Prince Electeur
ainsi appellé & invité à cette
.Election^ & n'yvenant t\-s
ou n'y envoyantpasks Anibai--
sadeurs avec ses Lettres Patentes
scellées de son grand
Sceau, contenant un plein,
libre&entier pouvoir d'élire
un RoydesRomains, ou bien y
estant venu ou y ayant envoyé à
son deffaut les Ambassadeurs,
si ensuitelemême Prince
ou lesdits Ambassadeurs se
retiroient du lieu de l'Election
avant que le Roy desRomainsfutur
Empereur eust
esté élû) & sans avoir substituésolemnellement&
latRë
un, Procureur legitime, afin
d'y agir pour ce que dessus
,
que pour cette fois il soit privé
de sa voix pour l'^Icjfbion
& du Droit qu'il y avoit §c
(Ju'il aainsi abandonné.
§. 24. Enjoignons &mandons
aussiauxBourgeois de
Francfort, qu'en vertu du Serment
que Nous voulons qu'ils
prêtentàcette fin sur les fuints
Evangiles, ils ayent à proteger&
a"defféndCfe avec tout
foin,fidélité &vigilance,tous
nlees rParli,nces Elet-i-etirs en ge- &unchacund'eux en
particulier ; ensemble leurs
gens ,
<k chacun .desdeux
crnc Cavaliers qu'ils auront
amenez en laditeVille
, contre
toute insulte &attaque,
en cas qu'il arrivast quelque
dispute ou querelle entr'eux
,
&: ce envers &: contre tous; à faute de quoy encourront
la peine .de parjure, avec p?rte
de tous leurs Droits,Libertez,
Graces & Indults
qu'ils tiennent ou pourront
tenirduSaint Empire : & serontdésaussi-
tost mis avec
leurs Personnes & tous leurs
bièns
, au Banc Imperial: Et
dés-lors comme dés-à-prefent
, il fera loisible à tout
Homme de sa propre autorité
, sans estre obligé de recourirà
aucun Magistrat, d'attaquer
impunément ces inemes
Bourgeois, que nous privons
en ce cas dés-à-present
comme pour lors de tout
Droit, comme traîtres, infidelles
& rebelles à l'Empire ;
sans que ceux qui les attaqueront
pour ce sujet en doivent
apprehender,aucune punition
de la part du saintEmpire,ou
d'aucune autre-,par , §.25.Deplus, lesdits Bourgeoisde
laVille de Francfort
n'introduiront & ne permettront
fous quelque pretexte
que ce soit, de laisser entrer
en leur Ville aucun Etranger,
de quelque condition ou qualité
qu'il puisse estre, pendant
tout le temps qu'on procedera
à l'Election, à l'exception seulement
des Princes Electeurs,
leurs Deputez ou Procureurs,
chacun desquels pourra faire
entrer deux cent chevaux,
comme il a esté dit.
§. 16. Mais si après l'entrée
des mêmes Electeurs il se
trouvoit dans la Ville ou en
leur presence quelqueEtranger,
lesdits Bourgeoisen conséquence
du Serment qu'ils
aurontprêté pour ce sujet en
vertu de la presence Ordonnance
sur les saints Evangiles (comme il a esté ci -devant
marqué ) feront obligez de les'
faire sortir incontinent êc sans
retardement, fous les mêmes
peines ci-dessus prononcées
contre eux.
i>
Article II.
De l'Election du Roy des
ROrIJains.
§. I.APRE's que les Electeurs
ou leurs Plenipotentiaires
auront r1au leurs
entrées en la Ville de Francfort
, ils se transporteront le
lendemain du grand matin en
l'Eglise de Saint Barthelemy
Apôtre, &: là ils feront chanter
la Messe du Saint-Esprit,
&: yassisteront tous jusqu'à la
fin; afin que le même Saint-
Esprit éclairant leurs coeurs,
& répandant en eux la lumiere
de sa Vertu
,
ils puissent
estre fortifiez de son secours
pour élire Roy des Romains &
futur Empereur
, un Ho11me
juste, bon, &utile pour le salut
duPeuple Chrestien.
§. 2. Aussi-tost aprèsla Messe
, tous les Electeurs ou Plenipotentiairess'approcheront
de l'Autel où la Mené clé aura celebrée ; & là les Princes
Elèâréuri Ecclesiastiques,
l'Evangile de Saint Jean In
principio erat Verbum'dfcJ
estantexposée devant eux ,
mettront leurs mains avec reverence
sur la poitrine, & les
Princes Electeurs toucheront
réellement de leurs mains ledit
Evangile;àquoy tous avec
toute leur Famille assisteront
non-armez. Et alors l'Archevêque
de Mayence leur presentera
la forme du Serment;
& luy avec eux,&: eux ou les
Plenipotentiaires des absens
avec luy, prêteront le Serment
en cette maniere.
5* 3. Je N. Archevêque de
Mayence, Archichancelier du
Saint Empire en Allemagne &
Prince Electeur , jure sur ctf
SiilntsEvangilesky mis devant
moy , par la Foy avec laquelle je
suisobligé à Dieu dr au Saint
Empire Romain, que selon tout:
mon discernement, &jugement,
avec l'aide de Dieu
,
je veux élire
un Chef temporel auPeuple
Chrestien, c'est-à-dire un Roy
des Romains futur Empereur,
qui soit digne de l'estre autant
que par mon discernement &
mon jugement je le pourray connoistre
; ,& sur la même Foy je
donneray ma voix &monsuffrage
en ladite Election, sans aucun
pactenyesperance d'interest,
de récompense, ou de promesse,
0% d'aucune chosesemblable, de
quelquemanierequ'elle puisse
estre IlJpeUée. Ainsi Dieu m'aide
<&tous les Saints;
§. 4. Apres avoir preslc"Scr-,
ment en la forme & manieresusdite
,
fti fd1 te les Electeurs ou les
F il s o~t Ambassadeurs des absens procederont
à l'Election; & déslorsilsne
forciront plus dela
Ville de Francfort
,
.qu'aupav.
ravant ils n'ayent, àla pluralité
des voix,élû & donné ail
Monde ou au Peuple Chrêtien,
un Chef temporel,à
sfçauvoti ruunrREoymdpeseRroemuairn.s
§. 5. Que s'ilsdisseroient
de le E:ire dans trente jours
consecutifs,àcompterdujour
qu'ils auront presté le Serment
; alors,les trente jours
expirez ,ils n'auront, pour
nourriture que du pain &: de
Feau;&nc sortiront pas de la*».
dite Ville, qu'auparavant tous
oulaplus grande partie d'eux,
n'ayent élu unConducteur ou
Cheftemporel des Fidelles,
comme il aesté dit.
§. (y. Or après que les Electeurs
ou le plus grand nombre
d'eux l'aurontainsi élû dans
le même lieu
, cette Election
tiendra & fera réputée comme
si elle avoiresté faite par tous
unanimement sans contradiction
d'aucun.
§.7. Et si quelqu'un des Electeurs
ou desdits Ambassadeurs
avoit tardé quelque peu.cLe
tems à arriverà Francfort, ôc
quetoutefoisil yvintavantque •l'Ele&ionfr.fl: achevée;Nous
voulons qu'il soit admis à l'Election
en l'estat qu'elle se
trouvera lors de son arrivée.
§. 8.Et dautantque par une
coutume ancienne, approuvée
,&. loüable
, tout cequi estcidessousécrita
esté invariablement
observéjusqu'à pretent;
Nous, pour cette raison, voulons
&: ordonnons, de nostre
pleine puissance &: autorité
Imperiale, qu'à l'avenir celuy
qui dela maniere susdite aura
^fté élû Roy des Romains,
auaI-tofi après son Election
&C avant qu'il puisse se mesler
4e l'administration des autres
affaires de l'Empire.coiifiriiie
& approuve sans aucun délay,
par ses Lettres & son Sceau,
à tous & chacun les Princes
ElecteursEcclesiastiques&
Seculiers, comme aux principaux
Membres de l'Empire,
tous leurs Privileges,Lettres,
Droits, Libertez,Immunitez
,
Concessions anciennes
Coutumes & Dignitez,&
tout ce qu'ils ont obtenu ex;
possedé de l'Empire jusques au
jour de tonElection;&: qu'aprés
qu'il aura esté couronné
de la Couronne Imperiale, il
leur confirme de nouveautoutes
les choses susdites.
§. 9. Cette confirmation
fera faite par le Prince élua.
chacun des Princes L-leâeurs
en particulier, premierement
sous le Nom de Roy, & puis
renouvellée fous le Titre
d'Empereur
: Et fera tenu ledit
Prince élu d'y maintenir
sans fraude & de son bonmou*
vement les mêmes Princesen
général, &c chacun d'eux en
particulier; bien loin de leur
y donner aucun trouble ou
empêchement.
§. 10. Voulons enfin, & ordonnons
qu'au cas que trois
Electeurs presens, ou les Ambassadeurs.
des absenséliferçt.
un quatrième d'entr'eux, (çar
voir un Prince Elet[e-lli- present
ou absent, Roy des Romains
; lavoixde cet éllîs'il
est present,oulavoix de ses
Ambaissadeurs,s'il cil; absent,
ait sa vigueur & augmente Σ
nombre & la plus grande partie
des élisans, à l'instar des
autres Princes Electeurs,
ARTICLEIII.
'F>e la Séance des Archevêques
-
de Tréves, de CQtogm
drdeM-ayence. ,
9
A#nom de Lifaidtc{jr iiïdifViJi->
hle Trinité, d? à nojfreplus
grand bonheur. Ainsi soit-il.
iCgHraAcReLES IV.par la
de Dieu Empereur
des Romains, toujours Auguste&
Roy de Boheme; 'l
*kmémoire perpetuelle de la
chose.
§.I.L'union & la concordedes
venerables&illustres.
Princes Eleveurs, fait l'ornement
& la gloire du saint
Empire Romain, l'honneur
de la Majesté Impériale
, &:
l'avantage des autres Etats de
cette Republique, dont ces
Princes soutiennent l'édifice
sacré, comme en estant les
principales colonnes, par leur
pieté égale à leur prudence
: cesont euxaussi qui for.,.
tissent le bras de la PuiOEltlCC
Imperiale;& l'on peut dire
que plus le noeud de leuramitié
mutuelle s'étreint, plus le
Peuple chrestien joüit abondamment
de toutes les commoditez
qu'apporte la Paix &
la tranquillité.
§. 2. C'est pourquoy,pour
doresnavant prévenir lesdifputes
& les jalousies qui pourtoieht
naître entre les venetables
Archevêques de Mayeince,
de Cologne & de Tréves,
Princes Electeurs du Saint
Empire, à cause de la primauté
& du rang qu'ils doivent
avoir pour leursSéances
dans les Assemblées Imperiales
& Royales, & faire
en forte qu'ils demeurent entr'eux
dans un estattranquille
de coeur & d'esprit
,
& puissenttravailler
unanimement&
employer tous leurssoins aux
affaires & aux avantages du
saint Empire pour laconsolation
du Peuple Chrestien ;
Nous avons, par délibération
& par le Conseil de tousles
Electeurs, tant Ecclesiastiques
que Seculiers, arresté & oih
donné, arrestons & ordonnons
,
de nostre pleine Puissance
& Autorité Imperiale,
par ce present nostreEditperpetuel
& irrévocable
, que lesdics
vénérables Archevêques
auront Séance; sçavoir celuy
de Trevesvis-à-vis la face
de l'Empereur ;celuy de
Mayence, soit en ion Diocese
& en saProvince, soit même
hors de sa Province dans,
l'étenduë de la Chancellerie
Allemande, excepté en laProvince
de Cologne seulement,,.
à la main droite de l'Empereur
;ainsi que l'Archevêque
de Cologne l'aura en sa Province
& en fôn Diocese
, &:
hors de sa Province en toute
l'Italie & en France,àla
main droite de l'Empereur,
&: ce en tous les Actes publics
Impériaux , de même
qu'aux Jugemens, Collations,
Investitures desFiefs,Festins,
Conseils& en toutes leurs
autres Assemblées où il s'agira&
se traitera de l'honneur
& du bien de l'Empire Romain.
Voulantquecet ordre
de Séance foit observé entre
lesdits Archevêques de Colo-"*
gne, de Tréves & de Mayence
, & de leurs Successeurs cU
perpetuité
,
sans que l'on puisse
à jamais y apporter aucun
changement,ou y former aucune
contestation,
ArticleIV.
*Der Princes Electeurs en
commun.
§.1.oRdonnons aussi, que
coûtes les sois que
l'Empereur ou le Roy desRomains
se trouvera assis dans
les Assemblées Impériales,
foit au Conseil, à table, ou
eh toute autre rencontre avec
les Princes Electeurs, le Roy
de Boheme, comme le Prince
couronné &: sacré,occupela
la premiere place immédiatement
après l'Archevêque de
Mayence ou celuy de Cologne;
sçavoir après celuy d'eux deux
qui pour lors
,
selon la qualité
des lieux & varieté des Provinces
,
fera assis au cofté droit
de l'Empereur ou du Roy des
Romains
,
suivant la teneur de
son Privilege; &que le Comte
Palatin occupe aprés luy la
seconde place du même costé
droit : qu'aucofté gauche le
Ducde Saxe occupe la première
place aprèsl'Archevêque
qui fera assis à la main
gauchede l'Empereur;& que
le
,.
Marquis de Brandebourg
se mettra après le Duc de
Saxe. §.2.Toutes & quantefois
que le Saint Empire viendra
à vacquer ,
l'Archevêque de
Mayence aura le pouvoir qu'il
a eu d'ancienneté
,
d'inviter
jfar "LcttÉe's'les ancresPHT^
des sesConfreresdevenir àx
l'Election.
§. ~34
Touslesquels,ouceux
d'entr'eux qui auront pû ou
vtmluaflïftcr à ladite Elèétion
eilantalIèrnblez pour yprôceder
, ce fera à l'Electeur de
Mayence &: non à un autre ,de
-rêciieillir particulièrementles
voix de ce-Electeurs,enl'or-*'
dtoc fuivann I;*> -
era pre ic-@
;
§. 4. Il demanderapremier
rèment l'avis à l'Archevêque
de Trêves,àqui nousdeclarons
que le premier sutfrage
appartient,ainsî que nôus
avons trouvé qu'il luy avoio
appartenu jusqu'à present. Serondement
,àl'Archevêqud
deCologne, à qui appartient
l'honneur
l'honneur & l'office de mettre
le premierleDiadème sur la
teste du Roy des Romains.
Troisiémement
, au Roy de
Boheme qui tient laprimauté
par l'Eminence,le droit & le
mérité de sa Dignité Royale
entre les Electeurs Laïques.
En quatrième lieu
, au Comte
Palatin du Rhin. En cinquième
lieu, au Duc de Saxe; &.
en sixiéme lieu, auMarquis
de Brandebourg. L'A rchevêl-
que de Mayence ayant ainsi &:
en l'ordre susdit, recüeilli les
suffrages de tous, fera en- tendre aux Princes ses Confreres
& leur découvrira [es.
intentions, &: à qui il donne
sa voix, en estant par eux requis.
§. y'. Ordonnons aufh'qu'-
aux ceremonies des Festins
Imperiaux, le Marquis de
Brandebourg donnera l'eau à
laver les mains à l'Empereur
ou au Roy des Romains; le
Roy deBohême lui donnera la
pemiere fois à boire, (lequel
service toute-fois il ne serapas
tenu de rendre avec la Couronne
Royale sur la téte, conformément
aux Privilèges de
son Royaume, s'il ne le veut
de sa propre & libre volonté;)
le Comte Palatin du Ii. hin fera
tenu d'apporter la viandè; 8c
le Duc de Saxe exercera sa
charge d'Archi-marecchal ,
comme il a accoûtumé de faire
de toute ancienneté.
ARTICLE V.
Du Droit dIt Comte Palatirs
duRhin,&duDuc.
1. de Saxe.
§.I. DE plus, toutes les
fois ques le saint
Empire viendra à vaquer
comme il cfi dit, l'liluiti'e
Comte Palatin du Rhin Archimaître
du saint Empire Romain
,
fera l roviseur ou Vicaire
de l'impire dans les
partiedu Rhin& de la Suabc,,
& de la Jurisdiction de Franconie,
à cause de sa Principauté,
ou du Privilège du
ComtéPalatin, avec pouvoir
d'administrer la Jllfijce.,j- de
nommeraux Benefices -Ecc1e.,
siastiques, de recevoir le revenu
de l'Empire,,d'investir
des Fiefs,&de recevoirlesfoi
& hommages de la part & au
nom du saint Empire; coures
lesquelles choses toutefois seront
renouvellées en leur terris
par le Roy des Romains après
dûy auquel les foi & hommages
devront être de nouveau
prêtez ; à la reserve des Fiefs
des Princes, & de ceux qui se
donnent ordinairement avec
l'étendart,dontnous reservons
spécialement l'invèstiture & la
collation à l'Empereur seul ou
au Roy des Romains. Le
Comte Palatin sçaura toutefois
qu'illui est défendu exjsireffement
d'aliénner ou d'eri.
gager aucune chose appartenant
à l'Empire, pendant le
temps de son Administration
ouVicariat.
§. 2. Et Nousvoulons que
l'Illustre Duc de Saxe Archimareschal
du saint Empire
joüisse du mêmedroitd'Administration
dans les lieux où le
droit Saxon est observé, en
toutes les mêmes maniéres&.
cfonpditeioncs qiuitftonet cei-dseum.s
§. 3. Et quoi-que parune
coustume fort ancienne il ait
esté introduit que l'Empereur
ou le Roy des Romains cR:
obligéderépondre dans les
causesintentées contre luipardevant
le Comte Palatin du
Rhin Archimaistre, Prince
Electeur du saint Empire>leK
dit Cpmte Palatin ne pourra
toutefois exercer cette Jurisdiction
qu'en la Cour Impériale
où l'Empereur ou leRoy
des Romainsfera present en
personne,&:nonailleurs.
ARTICLE VI.
,De la compawifoM des Princes
ElecteuPrrsiancveesccomlmeusnasu. tres
NOU s ordonnons qu'en
toutes les Cérémonies
& Assemblées de la Cour Impériale
qui feront doresnavant
&: à l'avenir; les Princes Electeurs
Ecclesiastiques & Séculiers
tiendront invariablement
leursplaces à droite &à
gauche,selon l'ordre &:J«i
maniéré prescrite; ôc que nul
autre Prince,de quelque Etat,
dignitéPrééminence ou qualité
qu'il soit, ne leur puisse
être ou à aucuns d'eux,préféré
en aucunes actions quelconques
qui regarde, les Assemblées
Impériales, Toit en marchant
, séant ou demeurant
debout; avec cette condition
expresse, que le Roy de
Boheme nommément, précédera
invariablement dans toute?
& chacunes lesactions &:
célébrationssusdites des Assemblées
Imperiales, toutau-
,.tre Roy
,
quelque dignitéou
Prérogative particulière qu~ii
puisseavoir, & pour quelque
causeoucas qu'il y puissevenir
ou assister.
ARTICLE VII.
De la fùceejjion des Princes
Electeurs.
Au Nom de tif sainte & tndî~
visible Trinté, & à nojhré
plus grand bonheur. Ainjisoit-
il. cHARLES Quatrième
par la
-
grace de Dieu
Empereur des Romains toûjours
Auguste &: Roy de Bohême
; à la mémoire perpértuclte
delachose. 1
--
§. I. Parmi les soins inrion*
: brables que nous apportons
journellement pourmettre en1
un état heureux le saint Empire,
oùnousprésidons par
l'assistance duSeigneur,nôtre
principale aplication est à faire
fleurir & à entretenir toujours
parmi les Princes Electeurs du
saint Empire, une Unionsalutaire&
une concorde&charité
sincere, estant certain que
leurs conseils font d'autant
plus utiles au Monde Chrestien,
qu'ils se trouvent éloignez
de toute erreur; que la
Charité regne plus purement
entre eux; que tout doute en
est banni; &: que les droits
d'un chacunsont clairement
,diecllarez & specifiez.Certes, cftgeneralement manifesté
& notoire àtout le Monde,
que les Illustres le Roy de
Boheme, le Comte Palatin du
Rhin, le Duc de Saxe &: le
Marquis de Brandebourg : le
premier envertude son Royaume
, & les autres en vertu
de leurs Principautez, ont
droit, voix&séanceen l'tlection
du Roy des Romains futur
Empereur, avec les Princes
Ecclesiastiques leurs Coélec-
.'teints, avec lesquels ils sont
tous reputez, comme ils sont
en effet, vrais & légitimés
-
Princes Electeurs du saint
Empire.
§. 2. Néanmoins
,
afinqu'à
-l'avenir onjie puisse fufclcer
;¡aucun sujet de scandale & de
division entre les Fils de ces Princes Electeurs Seculiers,,
touchant lesdits droit, voix
&&: faculté d'élection ; SC
qu'àinsi le bien public ne cour- te aucun risque d'estre retardé
ou troublé par des délais dangereux
; Nous, avec l'aide de
Dieu, desirant en prévenir les
perils à venir.
§. ;. Statuons &: ordonnons
,
de notrePuissance &
Autorité Iir periale, par la presente
Loi perpetuelle, que cas
avenant que lesdits Princes
Electeurs Seculiers, &: quelqu'un
d'eux viennent à deceder,
le droit, la voix,& le
pouvoir d'élire, fera dévolu
librement & Las contradiction
de qui que ce (cit) à îoà
Fils aîné légitimé & laïque ;&
en cas que l'aîné ne fust plus
au monde, au Fils aînédel'ainé
semblablementlaïque.
§. 4. Et si ledit Fils aîné,
venoit à mourir sans laisser
d'enfansmâleslegitimes Iaft
ques, le droit, la voix &, le
pouvoir de l'élection feront
dévolus en vertu du presens
Edit, à son Frere puîné descenduen
ligne directe légitime
paternelle, & ensuite au Fîfé
aîné laïque de celui-ci.
§. y. Cette succession des
aînez &: des Héritiers de ces
Princes fera perpétuellement
observée en ce qui regarde le
sdurositd,liat. vvooiixx,. Ô&C le ppoouuvvooiirr
l, §. 6. A cette condition&
en sorte toutefois, que si le
Prince Eleaeur ou son Fils
aîné, ou le Filspuisné laïque
venoit à deceder, laissant des
Heritiers mâles legitimes laïques
mineurs, le plusâgé
Frere de ce désunt aîné fera
Tuteur &Administrateur desdits
mineurs
,
jusqu'à ce que
l'aîné d'entr'eux ait atteint
l'âge légitime »
lequel âge en
^in Prince Electeur, voulons
ordonnons estre à toujours
dedix-huit ans accomplis ; &
lorsquel'Electeur mineur aujra
atteint cet âge,son Tuteur
ou Administrateur fera tenu
de luy remettre incontinent
& entièrement le droit
,
la
yoix & le pouvoir avec l'Qf;
jrr
fices d;gieéteur ,Se généralement
tout ce qui en dé..
pend. .:tJ §. 7. Etsi quelqu'une deces
Principautez venoitàvacquer
au profit de l'Empire
,
l'Em",
pereur ou le Roy des Romains
d'alors en pourra disposer
comme d'une chose dévoluë
légitimement à luy &
au saintEmpire.
§. 8. Sans préjudice néan~
moins des Privileges,Droits
& Coutumes de nostre Royaume
de Boheme
,
pour ce qui
regardel'Election d'un nouveau
Royen cas de vaccance;
en vertu desquels les Regnicoles
de Boheme peuvent élire
un Roy de Boheme suivant
la Coutume observée detout
temps , &: la teneur desdits
Priviléges obtenus des Empereurs
ou Rois nos Predecesseurs
; ausquels Privilèges
1Nous n'entendons nullement
prejudicier par la presente
Sanction Imperiale, au contraire
ordonnons expressement
que nostredit Royaume
y soit maintenu
,
& que ses
Privilegesluy soient confervez
à perpétuité
,
selon leur
forme & teneur.
Article VIII.
De 1,Immunité du Roy de Bohê*
, ~me3& des Habitans audit
Royaume.
Ski.cOMME les Empe»
reurs & Rois nos
Predecesseurs ont accordé
aux Illustres Rois de Boheme
nos Ayeuls&Predecesseurs,
aussi-bien qu'au Royaume ÔC
à la Couronne de Boheme , Je Privilege qui par grace a
esté accordé & qui a eu son
effet dans ledit Royaume, sans
interruption dèpuis un temps
immemorial, par une lo.üa.
ble Coutume incontestablement
observée pendant tout
ce temps &: prescrite par l'ufage,
sans contradiction 8c interruption
aucune, qui est
qu'aucun Prince, Baron
Noble, Homme de , guerre,
Vassal, Bourgeois, Habitant,
Paisan & autre personne de
ce Royaume & de ses appartenances,
de quelque Etat,
Dignité,Prééminence ou
condition qu'il puisse être, ne
puisse pour quelque cause ou
fous quelque prétexte, ou par
quelque personne que ce soit,
être ajourné & cité hors le
Royaume &: pardevant d'autre
Tribunal, que celui du Roy
de Boheme &; des juges de sa
Cour Royale. Nous, desirans
renouveller &: confirmerledit
Induit,Usage&Privilege,Ordonnons
de nostre autorité &:
pleine Puissance Imperiale, par
cette Constitution perpetuelle
& irrévocable à toujours, que
si nonobstant ce Privilege,
Coûtume & Indult, quelque
Prince, Baron, Noble, Vassal,
Bourgeois ou Paisan,ouquelque,
autre personne susdite
, étoitcité ou ajourné à quelque
Tribunal que ce fut hors du
Royaume, pour cause quelconque
civile, criminelle ou
mixte, il ne foit nullement
tenu d'y comparoistre &: d'y
répond re, en aucun temps, en
personne ou parProcureur:Et
1 le Juge étranger &: qui ne
demeure point dans le Royaume,
quelque autorité qu'il
.air, ne laisse pas de proceder
contre les Défaillans ou le non
Comparant, & de passer outre
jusques à Jugementinterlocutoire
on definitif, &de rendre
.une ou plusieurs Sentences
.<lans les Causes &: Affaires
susdites., dequelque maniere
que cesoit;Nous déclarons,
de nostre Autorité & pleine
Puissence Imperiale, toutes
lesditesCitations, Commandemens
,P rocédures,Sentences
&: executions faitesen
consequence generaloment
quelconques, nulles. &de nul
effet,sansqu'il puisse <eftt?è
.., ïienexecutéou attentéaupréjudice
de ce Privilege.
§. 2. Surquoi Nous ajouicons
expressement & ordonjnons
par cet Edit Imperial,
perpetuel &: irrévocable,de
la même pleine Puissance &
Autorité;que comme dans ledit
Royaume de Boheme ila
été toujours & de tems immémorial
observé, il ne soit
permis à aucun Prince, Baron,
Noble, Homme de guerre,
Vassal, Citoyen, Bourgeois,
JPaïfan, ou tout autre Habitant
du Royaume de Boheme susdit,
de quelque Etat, Prééminence,
Dignité ou condition
qu'il foit, d'appeller à tout
autre Tribunal de quelcon<
tues, Procedures, Sentences
interlocutoires& définitives,
Mandemens ou Jugemens du
Roy de Boheme ou de ses
Juges; comme aussi de l'execution
desdites Sentences
--& jugemens rendus contre
acun d'eux, par le Roy ou
par les Tribunaux du Roy,
du Royaume &: des autres
Juges susdits, &C s'il arrive
qu'au préjudice de ce que
l'on interjette de tels appels,
qu'ilssoientdéclarez nuls ,(&
que les Appellans encourent
dés-lors réellement & de fait
la peine de leur Cause.
ARTICLEIX.
DesMinés d'or, d'Argent d.-
autres Métaux, NOu s ordonnons par la
presente Constitution
perpetuelle &: irrévocable
, & déclarons denostre Science
, que nos Successeurs Rois
de Bohême
, comme aussi
tous &: chacuns les Princes
ElecteursEcclesiastiques &
Seculiers presens & à venir,
pourrontjustement & legitimement
avoir & posseder toutes
les Mines & Minieres
d'Or,d'Argent, d' E taim, de
Cuivre,de Fer & de Plomb
3. & de toutes fortes d'au res
Métaux ; comme aussi les Salines
découvertes ou qui se
découvriront avec le tir ps
en nostredit Royam e & dans
les Terres &: Pays sujets audit
Royaume
, ce même que
lesdits Princes dans leursPrincipautez
,
Terres, Domaines
& Appartenances, avec tous
Droits, sans en excepter aucun
, comme ils peuveut ou
ont accoutumé de les posseder.
Pourront aussi donner retraite
aux Juifs & recevoir à
l'avenir les Droits <5c les Peages
établis par le passé, tout
ainsi qu'il a esté Jusqu'à present
observé & pratiqué legU
timement par nos Predecesseurs
Rois de Boheme d'heureuse
memoire
,
& par les
Princes Electeurs
,
& leurs
Predecesseurs
,
suivant l'ancienne
,
loüable & approuvée
Coutume, & le cours d'un
temps immemorial.
/lunom de lasainte c3- indivisible
Trinité. Ainsisoit-il. cH ARLES par la grace
de Dieu Empereur des
Romains, toujours Auguste
& Roy de Boheme ; à la mémoire
perpetuelle de lamofc-"
Tout Royaume divisé en foimême
fera desolé : & parce
que Ces Princes Ce sont faits
compagnons de voleurs, Dieu
a répandu parmi eux un esprit
d'étourdissement & de veritige
, afin qu'ils marchent
comme à tâtons enpleinmidi
d£nïcme<Jues'ils-efloient au
milieudesténèbres ; il a osté
leurs chandeliers du lieu où
ils estoient,afin qu'ils soient
aveugles & conducteurs d'aveugles.
Et en effet, ceux qui
marchent dans l'obscurité Ce
heurtent; &c'est dans la division
que les aveuglesdtpten..
dement commettentdes mê'.
chancetez. Dis, Orguëil,
comment aurois-tu regné en Lucifer, si tu n'avois appelle laDissention à ton secours?
Dis, Satan envieux commënt
aurois-tuchassé Adam du Paradis
, si tune l'avois détourné
de l'obéïssance qu'il devoit
à son Createur? Dis, Colere,
comment aurois-tu détruit la
Republique Romaine,situne
t'etois servi de laDivision
pour animerPompée.& Jules
à une guerre intestine
,
l'une
çpnçre l'autre; Dis, Luxure,
comment aurois-tu ruiné les
Troyens
,
si tu n'avois separé
Helened'avec sonMary? Mais
toi,Envie,combien de foist'éstuefforcée
de ruiner par laditvHion
l'Empire Chrestien que
Dieu a fondé sur les trois Vertus
Theologales, la Foi,l'Esperance,
&la Charité
, comme sur,unefainteindivisible
Trinité,vomissant le vieux
venin de la dissention parmi
lessept Electeurs, qui sontles
colomnes & les principaux
Membres du saint Empire,
fc par l'éclat defquçls le saint
Empire doit estreéclairé,
Icomme-e, par sept flalnbea'Ux'¡
dont la lumiere elt fortiifés
par l'union dessept Dons du
Saint-Esprit? C'est pourquoy
estant obligez ,tant à cause
du devoir quenousimpose la
Dignité Imperiale dont nous
sommesrevêtus; que pour
maintenirnostreDroit d'Elec.
tear entant que Roy de Bohême
,
d'aller au-devant desdangereufes
suites que les divisions&
dissentions poudroient
faire naître à l'avenir entre les
ËJë&eùrsdont noussommes
dunombre;Nous, àprésavoir
tnetirement délibéréen fioifoè
Cour& Assemblée solemnelle
de Nurenrberg
, en presence
detousles Princes Elecmn.
5 Eccelesiastiques &: Seculiers,
& autresPrinces, COIntes,
Barons, Seigneurs, Gentilshommes,
& Villes, éstant
assis dansle Trône Imperial,
revestu des Habits, Impériaux,
.aveC" les ornemens en main
Il laCouronne sur la telle,
par laplenitudedelaPuissançe
Imperiale,avons fait &publie
parcet Editferme&irrevocable
les Loix suivantes
,
pour cultiver l'unionentre les
fcie&eurs
5
établiruneforme
d'Election unanime, &fermertout
cheminà cette divijinn
detestable&aux dangers
extrêmes quila suivent. Don-
- né l'andu Seigneur mille trois
cent cinquante-six
,
li-ididionneuviéme
le dixiéme Janvier,
de nostre regne le dixieme
,
te de nostre Empirele cond. tond.
ARTICLE PREMIEK,
-
Commenté*farquiUsEleftcufs
, doivent efireconduitsau Ikté
oùsefera l'Election du ROf
des Romains. -'- NOUS declarons & ordonnons
par le present
EdIt Impérial, qui durera
éternellement, de nôtre cer.
taine Science, pleine Puissance,
& Autorité Inlperiale)
Que toutes les fois qu'il arrivera
à l'avenir necessité ou
occasion d'élire un Roy des
Romains pour être Empereur,
& que les Ele&p^irs^'
suivant l'ancienne & louable
coustume
, auront à faire
voyage au sujet de telleElection,
chaquePrince Electeur
fera obligé en étant requis,
de faire conduire &escorter
{ùrçlpcnt & sans fraude par ses
Pays,Terres&lieux,&plus
loin même s'il peut, tous
ses co-Electeurs ou leurs Députez,
vers laVille où l'Election
se devra faire, tant en
allant qu'en retournant; sous
peinede parjure, &: deperdre
( mais pour cette foisseulement
) la voix &: le suffrage
qu'il devoit avoir dans
cette Election,déclarant celui
ou ceux qui se serontrendus
encecinegligens ou rebelles
avoir encouru dés-lors lesdites
peines, sans qu'il foie
besoin d'autre Déclaration
que la Presente.
§. 2. Nous ordonnons de
plus, & mandons à tous les
autres Princes qui tiennent
desFiefs du saint Empire ROH
main, quelque nom qu'ils
puissent avoir;comme aussi
à tous Comtes, Barons, Gens
de guerre & Vassaux
, tant
Nobles que non Nobles, Bourgeois & Communautés
de Bourgs,deVilles &dè
tous autres lieux du saint Empire,
qu'ils ayent ,
lorsqu'il
s'agira de procéder à l'Election
d'un Roi des Romains
pourêtreEmpereur,àcon8c
sans fraude, comme il a
estédit, par leurs Territoires
&:. ailleurs ,le plus loin qu'il
se pourra, chaque Prince
Electeur,oulesDéputez qu'il
envoyera àl'Election ,pour
lesquels aussi bien que pour
lui il leur aura demande ou
a aucun d'eux tel sauf-conduit
; '&-en cas que quelqu'un
ait la présomption de contrevenir
à nostre presenteOrdonnance,
qu'il encoure aussi
toutes les peines suivantes :
sçavoir
, en casde contravention
par les Princes, Comtes,
Barons,Gentilshommes, Gens
de guerre & Vassaux
,
la peine
de parjure, & la privation
de tous les Fiefs qu'ils tiennent
dusaint Empire Romaia
&de tousautres quelconque;
comme aussi de toutesleurs
autres possessionsdequelque
nature qu'elles soienn! Età
l'égard des Communautez &£
Bourgeois contrevenans àce
que dessus
,
qu'ils soient aum
reputez parjures, & qu'avec
cela ils soient privez de tous
les Droits
,
Libertez, Privileges
&: Graces qu'ils ont obtenuës
du. saint Empire, ôc
encourent en leurs Personnes
& en leurs biens, le Banc ÔC
la proscription Imperiale ;&
c'est pourquoy nous les privons
dés-à- present, comme
pour lors, le cas arrivant, de
tous Droits quelconques. Permettons
aussi à tous& un
chacun de courte fus aux
proscrits& de les attaquer,
offenser Se outrager impunémentd'autorité
privée ,sans
pour ce demander autre permiïïibri
des Magistrats,ny
avoirà craindre aucune pum-*
tion de la part de l'Empire ,
ou de quelqu'autre que ce
soit, attendu que lesdits prof.
crits font convaincus du crime
de felonie envers la Republique,
l'Etat &: la Dignité du
saint Empire, & même contre
leur honneur & leur salut ,
ayant méprisé temerairement
èc comme rebelles, desobéïssans
&traîtres, une chose si
importante au bien public.
- §. 3. Nous ordonnons
mandons aussi aux Bourgeois
de toutes les Villes, & aux
Communautez, de vendreou
faire vendre à chaque Electeur
ouà leurs Deputez pour
l'Election, tant en allant qu'en
retournant, à prixraisonnable
& sans fraude, les vivres
&: autres choses dont ils aiiront
besoin pour eux & pour
ceux de leur fuite;le tout fous
les mêmes peines ci
-
dessus
mentionnées à l'égard desdits
Bourgeois & Communautez
,
que nous declarons par eux
encouruës de fait.
§. 4. Que si quelque Prince,
Comte, Baron, Homme de
guerre, Vassal Noble ou Inoble,
Bourgeois ou Communauté
de Villes, estoit assez
temeraire pour apporter quel*
que empêchement ou tendre
quelques embûches aux
teurs ou à leurs Deputez allant
pour l'Election d'un Roy
des Romainsou en revenant,
&les attaquer, offenser ou inquieter
en leurs perfonncs
eu en celles de leurs domestiques
, suite
, ou même en
leurséquipages, soit qu'ils
eussent demandé le fau£-cor&-
duit ordinaire
,
soit qu'ils
n'eussent pas jugé à propos de
le demander:Nous déclarons
celuy-là& tous ses complices,
avoir encouru de fait les susdites
peines, felon la qualité
des personnes
,
ainsi qu'il est
ci-dessus marque.
§. 5. Et même si un Prince
Electeuravoit quelqueinimitié
,
différentou procésavec
quelqu'unde ses Collègues>
cette querelle ne le doit point
empêcher de donner,enestant
requis,laditeconduite ôcef*
corte à l'autre ou à ses Députcz
pour ladite Elçéhop
,
à
peine de parjure & de perdre
sa voix en l'Election pour cette
fois-làseulement,comme ii.g
,esté dit ci-dessus.
§.6.Commeaussi,silesautres
Princes, Comtes, Barons,
Gens de guerre, Vaflfauî*
Nobles,& Inobles,Bourgeois
&: Communautez des-Ville$
vouloient du malà quelque
Electeur ou à plusieurs
, ou
s'il y avoirquelque diiïerenç
ou guerre entr'eux, ils ne laisferont
pas,sans contradiction
pu fraude aucune,deconduire
al' d'escorterle Prince Electeur,
ou lesPrinces Electeurs
ou leurs Députez ,foit en
allant au lieu où se devrafaire
l'Election, foit en s'en retournant
, s'ils veulent éviter les
peines dont ils font menacez
par cet Edit, lesquelles ils
encourront de fait au même
temps qu'ils en useront ment.¡;' autre-
§: 7. Et pour une plus gran- defermeté, & plus ample
assurance de toutes les choses
ci-dessusmentionnées ,Nous
voulons & ordonnons, Que
tous & chacun les Princes
Electeurs & autres Princes,
Comtes
,
Barons,Nobles
Villes; ou leurs Communautez,
promettent par Lettres ,
&par Serment toutes lesdites
choses
, & qu'ils s'obligent
de bonne foy & sans fraude
de les accomplir , &c mettre
en effet ; & que quiconque
refusera de donner telles Lettres,
encoure defait les peines
ordonnées, pour estre executées
contre les refufans
,
selon
la £ondizinii des personnes.
§. 8. Que si quelque Prince
Electeur ou autre Prince
relevantde l'Empire
,
de quelque
qualité ou condition qu'ii soit, Comtes
,
Barons ou
Gentilhommes, leursSuccesfeursou
Heritiers tenans des
Fiefs du saint Empire
,
refu*-
soit d'accomplir nos Ordonnances
6c Loix Impériales cidessus
ôc ci-aprés écrites, ou qu'il
qu'il eût la presomption d'y
contrevenir ,
liceftunrElec*
teur , que dés-lors ses Coélecteurs
l'excluënt dorenavant
de leur Société,& qu'il soit
privé de savoix pour l'Election
&de la place, de la Dignité
& du Droit de P rince Elec., ,
teur ; & qu'il ne soit point
investi des Fiefs qu'il tiendra
du saint Empire Et si c'efl;
quelqu'autre Princeou
Gentilhomme (comme il a
esté dit ) quicontrevienne
àces mêmes Loix, qu'il ne
foit. point non plus investi
de Fiefs qu'il peut tenir de
l'Empire, oudequi quece
soitqu'il les tienne, &cependant
,qu'ilencoure dés-lors
lesmêmepeinespersonnelles
c§i-d.cElius tspécifiées. 1; encore quehîous
entendions & ordonnonsque
tous les Princes, Comtes,
Barons, Gentils- h01îlmeS:,
Gens deguerre, Vassaux; VisJ.
les & Communautez soient
obligezindifferemment de
donner ladite escorte Se. conduite
à chaque Electeur ou
à ses Deputez, comme il a
esté dit;Nous avons toutesfois
estimé à propos d'assigner
à chaque Electeur une escorte
& des conducteurs particuliers,
selonles pays & leslieux
où il aura à passer,comme il
se verra plus amplement par
ce qui fuit.
§.io. Premierement, le
Roy deBohemeArchiéchançon
du SaintEmpire, sera
conduit par l'Archevêque de
Mayence,parlesEvêquesde
Bamberg &de Virtzbourg,
par les Bourgraves de Nuremberg
, par ceux de Hohenloë,
deVertheim, de Bruneck &
de Hanau, &. par les Villesde
Nuremberg
,
de Rotembourg,
&deW indesteim.
- ii. L'Archevêque de
Cologne Archichancelier du
saint Empire en Italie, sera
conduit par desArchevêques
de Mayence & de Tréves,par
le Comte Palatin du Rhin^
par le LandgravedeHesse,
parlesComtes de Catzenellenbogen
,
de NafTaw ,
de
Dierz
,
d'Issembourg de
Westerbourg
-1
de Runc KC^r,
de Limbourg & de Falckenstein
,
& par les Villes de wetzlar
, de Geylnhaufen & de
Fridberg. ---»
§. 12. L'Archevêque de
Tréves Archichancelier du
saint Empire dans lesGaules
& au Royaume d'Arles, sera
conduit par l'Archevêque de
Mayence, par les Comtes Palatin
du Rhin, par lesComtes
de Spanheim & de Veldens,
par les Bourgraves&Wildgraves
de Nassavv, d'!ffem.L
bourg, de Westerbourg, de
deRanckel
,
de Limbourg, de Dietz
,
deCatzenellebogon
,
d'Eppenstein& de Falckenstein
,&parlaVille de
Mayence.
- v,$. 14Le Comte Palatin du
Rhin Archimaîtredu saint
Empire, fera conduit par
l'Archevêque de Mayence.
§. 14. Le Duc de Saxe Archimarêchal
du saint Empire,
seraconduit par le Roi de
Bohême, les Archevêques de
Mayence &: de Magdebourg,
les Evêques de Bamberg 8c
de Wirtzbourg, le Marquis
de Misnie, le Langravede
Hesse, les Abbez de Fulden
& de Hirchsfelt
,
les Bouc*-
graves de Nuremberg
, ceux
de Hohenloë,de Wertheim, de Bruneck
,
de Hanau)'cS¿: de
Falckenstein ; commeaussipar
les Villesd'Erford,Mulhausen
,, Nuremberg
, Rotembourg
&: Windesheim.
§«1j.Et tousceuxvieQ^•
nent d'estre nommez seront
pareillement tenus de conduire
le Marquis de BrandebEourgmArchpichanicerlieer
d.u s.
: §. 16.Voulons en outre,&
ordonnons expressément que
chaque Prince Electeur qui
voudra avoir tel sauf-conduit
&i escorte, le fasse duëment
sçavoir à ceux par lesquelsil
voudra estre conduit& escorté
,
leur indiquant le chemin
qu'il prendra; afin que
ceux qui font ordonnezpour
ladite conduite, & qui en auront
esté ainsi requis, s'y puissent
preparer commodement
& assez à temps. : §.17. Declarons toutefois,
jque les presentes Constitutions
faites àú sujet'deladittè
conduite,doivent estre entenduës,
en forte que chacun
dessus-nommez , ou toutau-*
tre qui n'a pas peut-êtreesté
ci-dessus dénommé à qui dans
le cas susdit il arrivera d'efirè
requis de fournir ladite con.
duite & escorte, foit obligé
de la donner dans ses Terres
& Pays feulement
, & même
au de-là, si loin qu'il le pourra,
le tout sans fraude, fous
lmes peineés cie- desssus e.xpri* • $. 18. Mandons & Ordonnons
de plus, que l'Archevê^
que de
-
Mayence qui tiendri
alors leSiege, envoye ses Let:..
tres Patentes par Couriers êxprés,
à chacundesditsaut4:ci
Princes Electeurs Ecclesiastiques
6c Seculiers
,
ses CoHejot
gues , pour leur intimer ladite
Election
; & que dans ces
Lettres soit exprimé le jour
& le terme dans lequel vraisemblablemeut
elles pourront
estre renduës à chacun deces
Princes.
§. 19. Ces Lettrescontiendront,
que dans trois mois, à
compter du jour qui y feraexr
primé, tous & chacun les
Princes Electeurs ayent à fit
rendre à Francfort sur leMein
en personne
, ou à y envoyer
leurs Ambassadeurs
, par eux
autentiquement autorisez &
munis de Procuration valable,
• iîgnée de leur main &: scellée
de leur grand Sceau,pourproceder
ceder à l'Election d'un Roy
des Romains futur Empereur.
§. 20. Or comment & en
quelle forme ces fortes de
Lettresdoivent estre dressées,
&quelle solemnité y doitestre
observée inviolablement, &e;i
quelle forme & maniere les
Princes Electeurs auront à
dresser&faire leurs Pouvoirs,
Mandemens 8>C Procurations
pour les Députez qu'ilsvoudront
envoyer à l'Election;
cela se trouvera plus clairement
exprimé à la fin de la
présente Ordonnance;laquelleforme
en cet endroit prescrite,
Ordonnons de nostre
pleine Puissance &: Autorité
Imperiale, estreen tout &:
par tout observée.
§..il. QiiFind les choses
serontvenuës à cepoint,que
la nouvellecertaine de lamort
.dç l'Empereur ouduRoydes
Romains sera arrivéedansle
Diocese de Mayence, Nous
commandons ôç ordonnons,
que dés-lors
,
dans l'espace
d'un mois, àcompter du jour
de l'avis reçu de cette piort
l'Archevêque de Mayence par
sesLettres Patentes en donne
part aux autres Princes Electeurs
, & fasse l'intimation
dontilest ci-dessusparlé. Que
il par hasard cet Archevêque
négligeoit ouapportoit de la
lenteur à faire ladite intimation
,
alors les autres Princes
Electeurs, de leurpropremouvement,
sans mêmeetreàpgellez
, & par lafidelité avec laquelle
ils sont obligez d'assisterle
saint Empire
,
se rendront
dans trois mois( ainsi
qu'il aesté dit) en ladite Ville
cleFrancfort, pour élire un
Roy des Romains futur Empereur.
§. il. Or chacun des Princes
Electeurs ou ses Ambassadeurs
, ne pourront entrer
dans le temps de ladite Election
en ladite Ville de Francfort
,qu'avec deux cent chevaux
feulement, parmi lesquels
il pourra y avoir cin-
; quante Cavaliers armez, ou
moins s'il veut, mais non pas
davantage.
§. 2 3. Le Prince Electeur
ainsi appellé & invité à cette
.Election^ & n'yvenant t\-s
ou n'y envoyantpasks Anibai--
sadeurs avec ses Lettres Patentes
scellées de son grand
Sceau, contenant un plein,
libre&entier pouvoir d'élire
un RoydesRomains, ou bien y
estant venu ou y ayant envoyé à
son deffaut les Ambassadeurs,
si ensuitelemême Prince
ou lesdits Ambassadeurs se
retiroient du lieu de l'Election
avant que le Roy desRomainsfutur
Empereur eust
esté élû) & sans avoir substituésolemnellement&
latRë
un, Procureur legitime, afin
d'y agir pour ce que dessus
,
que pour cette fois il soit privé
de sa voix pour l'^Icjfbion
& du Droit qu'il y avoit §c
(Ju'il aainsi abandonné.
§. 24. Enjoignons &mandons
aussiauxBourgeois de
Francfort, qu'en vertu du Serment
que Nous voulons qu'ils
prêtentàcette fin sur les fuints
Evangiles, ils ayent à proteger&
a"defféndCfe avec tout
foin,fidélité &vigilance,tous
nlees rParli,nces Elet-i-etirs en ge- &unchacund'eux en
particulier ; ensemble leurs
gens ,
<k chacun .desdeux
crnc Cavaliers qu'ils auront
amenez en laditeVille
, contre
toute insulte &attaque,
en cas qu'il arrivast quelque
dispute ou querelle entr'eux
,
&: ce envers &: contre tous; à faute de quoy encourront
la peine .de parjure, avec p?rte
de tous leurs Droits,Libertez,
Graces & Indults
qu'ils tiennent ou pourront
tenirduSaint Empire : & serontdésaussi-
tost mis avec
leurs Personnes & tous leurs
bièns
, au Banc Imperial: Et
dés-lors comme dés-à-prefent
, il fera loisible à tout
Homme de sa propre autorité
, sans estre obligé de recourirà
aucun Magistrat, d'attaquer
impunément ces inemes
Bourgeois, que nous privons
en ce cas dés-à-present
comme pour lors de tout
Droit, comme traîtres, infidelles
& rebelles à l'Empire ;
sans que ceux qui les attaqueront
pour ce sujet en doivent
apprehender,aucune punition
de la part du saintEmpire,ou
d'aucune autre-,par , §.25.Deplus, lesdits Bourgeoisde
laVille de Francfort
n'introduiront & ne permettront
fous quelque pretexte
que ce soit, de laisser entrer
en leur Ville aucun Etranger,
de quelque condition ou qualité
qu'il puisse estre, pendant
tout le temps qu'on procedera
à l'Election, à l'exception seulement
des Princes Electeurs,
leurs Deputez ou Procureurs,
chacun desquels pourra faire
entrer deux cent chevaux,
comme il a esté dit.
§. 16. Mais si après l'entrée
des mêmes Electeurs il se
trouvoit dans la Ville ou en
leur presence quelqueEtranger,
lesdits Bourgeoisen conséquence
du Serment qu'ils
aurontprêté pour ce sujet en
vertu de la presence Ordonnance
sur les saints Evangiles (comme il a esté ci -devant
marqué ) feront obligez de les'
faire sortir incontinent êc sans
retardement, fous les mêmes
peines ci-dessus prononcées
contre eux.
i>
Article II.
De l'Election du Roy des
ROrIJains.
§. I.APRE's que les Electeurs
ou leurs Plenipotentiaires
auront r1au leurs
entrées en la Ville de Francfort
, ils se transporteront le
lendemain du grand matin en
l'Eglise de Saint Barthelemy
Apôtre, &: là ils feront chanter
la Messe du Saint-Esprit,
&: yassisteront tous jusqu'à la
fin; afin que le même Saint-
Esprit éclairant leurs coeurs,
& répandant en eux la lumiere
de sa Vertu
,
ils puissent
estre fortifiez de son secours
pour élire Roy des Romains &
futur Empereur
, un Ho11me
juste, bon, &utile pour le salut
duPeuple Chrestien.
§. 2. Aussi-tost aprèsla Messe
, tous les Electeurs ou Plenipotentiairess'approcheront
de l'Autel où la Mené clé aura celebrée ; & là les Princes
Elèâréuri Ecclesiastiques,
l'Evangile de Saint Jean In
principio erat Verbum'dfcJ
estantexposée devant eux ,
mettront leurs mains avec reverence
sur la poitrine, & les
Princes Electeurs toucheront
réellement de leurs mains ledit
Evangile;àquoy tous avec
toute leur Famille assisteront
non-armez. Et alors l'Archevêque
de Mayence leur presentera
la forme du Serment;
& luy avec eux,&: eux ou les
Plenipotentiaires des absens
avec luy, prêteront le Serment
en cette maniere.
5* 3. Je N. Archevêque de
Mayence, Archichancelier du
Saint Empire en Allemagne &
Prince Electeur , jure sur ctf
SiilntsEvangilesky mis devant
moy , par la Foy avec laquelle je
suisobligé à Dieu dr au Saint
Empire Romain, que selon tout:
mon discernement, &jugement,
avec l'aide de Dieu
,
je veux élire
un Chef temporel auPeuple
Chrestien, c'est-à-dire un Roy
des Romains futur Empereur,
qui soit digne de l'estre autant
que par mon discernement &
mon jugement je le pourray connoistre
; ,& sur la même Foy je
donneray ma voix &monsuffrage
en ladite Election, sans aucun
pactenyesperance d'interest,
de récompense, ou de promesse,
0% d'aucune chosesemblable, de
quelquemanierequ'elle puisse
estre IlJpeUée. Ainsi Dieu m'aide
<&tous les Saints;
§. 4. Apres avoir preslc"Scr-,
ment en la forme & manieresusdite
,
fti fd1 te les Electeurs ou les
F il s o~t Ambassadeurs des absens procederont
à l'Election; & déslorsilsne
forciront plus dela
Ville de Francfort
,
.qu'aupav.
ravant ils n'ayent, àla pluralité
des voix,élû & donné ail
Monde ou au Peuple Chrêtien,
un Chef temporel,à
sfçauvoti ruunrREoymdpeseRroemuairn.s
§. 5. Que s'ilsdisseroient
de le E:ire dans trente jours
consecutifs,àcompterdujour
qu'ils auront presté le Serment
; alors,les trente jours
expirez ,ils n'auront, pour
nourriture que du pain &: de
Feau;&nc sortiront pas de la*».
dite Ville, qu'auparavant tous
oulaplus grande partie d'eux,
n'ayent élu unConducteur ou
Cheftemporel des Fidelles,
comme il aesté dit.
§. (y. Or après que les Electeurs
ou le plus grand nombre
d'eux l'aurontainsi élû dans
le même lieu
, cette Election
tiendra & fera réputée comme
si elle avoiresté faite par tous
unanimement sans contradiction
d'aucun.
§.7. Et si quelqu'un des Electeurs
ou desdits Ambassadeurs
avoit tardé quelque peu.cLe
tems à arriverà Francfort, ôc
quetoutefoisil yvintavantque •l'Ele&ionfr.fl: achevée;Nous
voulons qu'il soit admis à l'Election
en l'estat qu'elle se
trouvera lors de son arrivée.
§. 8.Et dautantque par une
coutume ancienne, approuvée
,&. loüable
, tout cequi estcidessousécrita
esté invariablement
observéjusqu'à pretent;
Nous, pour cette raison, voulons
&: ordonnons, de nostre
pleine puissance &: autorité
Imperiale, qu'à l'avenir celuy
qui dela maniere susdite aura
^fté élû Roy des Romains,
auaI-tofi après son Election
&C avant qu'il puisse se mesler
4e l'administration des autres
affaires de l'Empire.coiifiriiie
& approuve sans aucun délay,
par ses Lettres & son Sceau,
à tous & chacun les Princes
ElecteursEcclesiastiques&
Seculiers, comme aux principaux
Membres de l'Empire,
tous leurs Privileges,Lettres,
Droits, Libertez,Immunitez
,
Concessions anciennes
Coutumes & Dignitez,&
tout ce qu'ils ont obtenu ex;
possedé de l'Empire jusques au
jour de tonElection;&: qu'aprés
qu'il aura esté couronné
de la Couronne Imperiale, il
leur confirme de nouveautoutes
les choses susdites.
§. 9. Cette confirmation
fera faite par le Prince élua.
chacun des Princes L-leâeurs
en particulier, premierement
sous le Nom de Roy, & puis
renouvellée fous le Titre
d'Empereur
: Et fera tenu ledit
Prince élu d'y maintenir
sans fraude & de son bonmou*
vement les mêmes Princesen
général, &c chacun d'eux en
particulier; bien loin de leur
y donner aucun trouble ou
empêchement.
§. 10. Voulons enfin, & ordonnons
qu'au cas que trois
Electeurs presens, ou les Ambassadeurs.
des absenséliferçt.
un quatrième d'entr'eux, (çar
voir un Prince Elet[e-lli- present
ou absent, Roy des Romains
; lavoixde cet éllîs'il
est present,oulavoix de ses
Ambaissadeurs,s'il cil; absent,
ait sa vigueur & augmente Σ
nombre & la plus grande partie
des élisans, à l'instar des
autres Princes Electeurs,
ARTICLEIII.
'F>e la Séance des Archevêques
-
de Tréves, de CQtogm
drdeM-ayence. ,
9
A#nom de Lifaidtc{jr iiïdifViJi->
hle Trinité, d? à nojfreplus
grand bonheur. Ainsi soit-il.
iCgHraAcReLES IV.par la
de Dieu Empereur
des Romains, toujours Auguste&
Roy de Boheme; 'l
*kmémoire perpetuelle de la
chose.
§.I.L'union & la concordedes
venerables&illustres.
Princes Eleveurs, fait l'ornement
& la gloire du saint
Empire Romain, l'honneur
de la Majesté Impériale
, &:
l'avantage des autres Etats de
cette Republique, dont ces
Princes soutiennent l'édifice
sacré, comme en estant les
principales colonnes, par leur
pieté égale à leur prudence
: cesont euxaussi qui for.,.
tissent le bras de la PuiOEltlCC
Imperiale;& l'on peut dire
que plus le noeud de leuramitié
mutuelle s'étreint, plus le
Peuple chrestien joüit abondamment
de toutes les commoditez
qu'apporte la Paix &
la tranquillité.
§. 2. C'est pourquoy,pour
doresnavant prévenir lesdifputes
& les jalousies qui pourtoieht
naître entre les venetables
Archevêques de Mayeince,
de Cologne & de Tréves,
Princes Electeurs du Saint
Empire, à cause de la primauté
& du rang qu'ils doivent
avoir pour leursSéances
dans les Assemblées Imperiales
& Royales, & faire
en forte qu'ils demeurent entr'eux
dans un estattranquille
de coeur & d'esprit
,
& puissenttravailler
unanimement&
employer tous leurssoins aux
affaires & aux avantages du
saint Empire pour laconsolation
du Peuple Chrestien ;
Nous avons, par délibération
& par le Conseil de tousles
Electeurs, tant Ecclesiastiques
que Seculiers, arresté & oih
donné, arrestons & ordonnons
,
de nostre pleine Puissance
& Autorité Imperiale,
par ce present nostreEditperpetuel
& irrévocable
, que lesdics
vénérables Archevêques
auront Séance; sçavoir celuy
de Trevesvis-à-vis la face
de l'Empereur ;celuy de
Mayence, soit en ion Diocese
& en saProvince, soit même
hors de sa Province dans,
l'étenduë de la Chancellerie
Allemande, excepté en laProvince
de Cologne seulement,,.
à la main droite de l'Empereur
;ainsi que l'Archevêque
de Cologne l'aura en sa Province
& en fôn Diocese
, &:
hors de sa Province en toute
l'Italie & en France,àla
main droite de l'Empereur,
&: ce en tous les Actes publics
Impériaux , de même
qu'aux Jugemens, Collations,
Investitures desFiefs,Festins,
Conseils& en toutes leurs
autres Assemblées où il s'agira&
se traitera de l'honneur
& du bien de l'Empire Romain.
Voulantquecet ordre
de Séance foit observé entre
lesdits Archevêques de Colo-"*
gne, de Tréves & de Mayence
, & de leurs Successeurs cU
perpetuité
,
sans que l'on puisse
à jamais y apporter aucun
changement,ou y former aucune
contestation,
ArticleIV.
*Der Princes Electeurs en
commun.
§.1.oRdonnons aussi, que
coûtes les sois que
l'Empereur ou le Roy desRomains
se trouvera assis dans
les Assemblées Impériales,
foit au Conseil, à table, ou
eh toute autre rencontre avec
les Princes Electeurs, le Roy
de Boheme, comme le Prince
couronné &: sacré,occupela
la premiere place immédiatement
après l'Archevêque de
Mayence ou celuy de Cologne;
sçavoir après celuy d'eux deux
qui pour lors
,
selon la qualité
des lieux & varieté des Provinces
,
fera assis au cofté droit
de l'Empereur ou du Roy des
Romains
,
suivant la teneur de
son Privilege; &que le Comte
Palatin occupe aprés luy la
seconde place du même costé
droit : qu'aucofté gauche le
Ducde Saxe occupe la première
place aprèsl'Archevêque
qui fera assis à la main
gauchede l'Empereur;& que
le
,.
Marquis de Brandebourg
se mettra après le Duc de
Saxe. §.2.Toutes & quantefois
que le Saint Empire viendra
à vacquer ,
l'Archevêque de
Mayence aura le pouvoir qu'il
a eu d'ancienneté
,
d'inviter
jfar "LcttÉe's'les ancresPHT^
des sesConfreresdevenir àx
l'Election.
§. ~34
Touslesquels,ouceux
d'entr'eux qui auront pû ou
vtmluaflïftcr à ladite Elèétion
eilantalIèrnblez pour yprôceder
, ce fera à l'Electeur de
Mayence &: non à un autre ,de
-rêciieillir particulièrementles
voix de ce-Electeurs,enl'or-*'
dtoc fuivann I;*> -
era pre ic-@
;
§. 4. Il demanderapremier
rèment l'avis à l'Archevêque
de Trêves,àqui nousdeclarons
que le premier sutfrage
appartient,ainsî que nôus
avons trouvé qu'il luy avoio
appartenu jusqu'à present. Serondement
,àl'Archevêqud
deCologne, à qui appartient
l'honneur
l'honneur & l'office de mettre
le premierleDiadème sur la
teste du Roy des Romains.
Troisiémement
, au Roy de
Boheme qui tient laprimauté
par l'Eminence,le droit & le
mérité de sa Dignité Royale
entre les Electeurs Laïques.
En quatrième lieu
, au Comte
Palatin du Rhin. En cinquième
lieu, au Duc de Saxe; &.
en sixiéme lieu, auMarquis
de Brandebourg. L'A rchevêl-
que de Mayence ayant ainsi &:
en l'ordre susdit, recüeilli les
suffrages de tous, fera en- tendre aux Princes ses Confreres
& leur découvrira [es.
intentions, &: à qui il donne
sa voix, en estant par eux requis.
§. y'. Ordonnons aufh'qu'-
aux ceremonies des Festins
Imperiaux, le Marquis de
Brandebourg donnera l'eau à
laver les mains à l'Empereur
ou au Roy des Romains; le
Roy deBohême lui donnera la
pemiere fois à boire, (lequel
service toute-fois il ne serapas
tenu de rendre avec la Couronne
Royale sur la téte, conformément
aux Privilèges de
son Royaume, s'il ne le veut
de sa propre & libre volonté;)
le Comte Palatin du Ii. hin fera
tenu d'apporter la viandè; 8c
le Duc de Saxe exercera sa
charge d'Archi-marecchal ,
comme il a accoûtumé de faire
de toute ancienneté.
ARTICLE V.
Du Droit dIt Comte Palatirs
duRhin,&duDuc.
1. de Saxe.
§.I. DE plus, toutes les
fois ques le saint
Empire viendra à vaquer
comme il cfi dit, l'liluiti'e
Comte Palatin du Rhin Archimaître
du saint Empire Romain
,
fera l roviseur ou Vicaire
de l'impire dans les
partiedu Rhin& de la Suabc,,
& de la Jurisdiction de Franconie,
à cause de sa Principauté,
ou du Privilège du
ComtéPalatin, avec pouvoir
d'administrer la Jllfijce.,j- de
nommeraux Benefices -Ecc1e.,
siastiques, de recevoir le revenu
de l'Empire,,d'investir
des Fiefs,&de recevoirlesfoi
& hommages de la part & au
nom du saint Empire; coures
lesquelles choses toutefois seront
renouvellées en leur terris
par le Roy des Romains après
dûy auquel les foi & hommages
devront être de nouveau
prêtez ; à la reserve des Fiefs
des Princes, & de ceux qui se
donnent ordinairement avec
l'étendart,dontnous reservons
spécialement l'invèstiture & la
collation à l'Empereur seul ou
au Roy des Romains. Le
Comte Palatin sçaura toutefois
qu'illui est défendu exjsireffement
d'aliénner ou d'eri.
gager aucune chose appartenant
à l'Empire, pendant le
temps de son Administration
ouVicariat.
§. 2. Et Nousvoulons que
l'Illustre Duc de Saxe Archimareschal
du saint Empire
joüisse du mêmedroitd'Administration
dans les lieux où le
droit Saxon est observé, en
toutes les mêmes maniéres&.
cfonpditeioncs qiuitftonet cei-dseum.s
§. 3. Et quoi-que parune
coustume fort ancienne il ait
esté introduit que l'Empereur
ou le Roy des Romains cR:
obligéderépondre dans les
causesintentées contre luipardevant
le Comte Palatin du
Rhin Archimaistre, Prince
Electeur du saint Empire>leK
dit Cpmte Palatin ne pourra
toutefois exercer cette Jurisdiction
qu'en la Cour Impériale
où l'Empereur ou leRoy
des Romainsfera present en
personne,&:nonailleurs.
ARTICLE VI.
,De la compawifoM des Princes
ElecteuPrrsiancveesccomlmeusnasu. tres
NOU s ordonnons qu'en
toutes les Cérémonies
& Assemblées de la Cour Impériale
qui feront doresnavant
&: à l'avenir; les Princes Electeurs
Ecclesiastiques & Séculiers
tiendront invariablement
leursplaces à droite &à
gauche,selon l'ordre &:J«i
maniéré prescrite; ôc que nul
autre Prince,de quelque Etat,
dignitéPrééminence ou qualité
qu'il soit, ne leur puisse
être ou à aucuns d'eux,préféré
en aucunes actions quelconques
qui regarde, les Assemblées
Impériales, Toit en marchant
, séant ou demeurant
debout; avec cette condition
expresse, que le Roy de
Boheme nommément, précédera
invariablement dans toute?
& chacunes lesactions &:
célébrationssusdites des Assemblées
Imperiales, toutau-
,.tre Roy
,
quelque dignitéou
Prérogative particulière qu~ii
puisseavoir, & pour quelque
causeoucas qu'il y puissevenir
ou assister.
ARTICLE VII.
De la fùceejjion des Princes
Electeurs.
Au Nom de tif sainte & tndî~
visible Trinté, & à nojhré
plus grand bonheur. Ainjisoit-
il. cHARLES Quatrième
par la
-
grace de Dieu
Empereur des Romains toûjours
Auguste &: Roy de Bohême
; à la mémoire perpértuclte
delachose. 1
--
§. I. Parmi les soins inrion*
: brables que nous apportons
journellement pourmettre en1
un état heureux le saint Empire,
oùnousprésidons par
l'assistance duSeigneur,nôtre
principale aplication est à faire
fleurir & à entretenir toujours
parmi les Princes Electeurs du
saint Empire, une Unionsalutaire&
une concorde&charité
sincere, estant certain que
leurs conseils font d'autant
plus utiles au Monde Chrestien,
qu'ils se trouvent éloignez
de toute erreur; que la
Charité regne plus purement
entre eux; que tout doute en
est banni; &: que les droits
d'un chacunsont clairement
,diecllarez & specifiez.Certes, cftgeneralement manifesté
& notoire àtout le Monde,
que les Illustres le Roy de
Boheme, le Comte Palatin du
Rhin, le Duc de Saxe &: le
Marquis de Brandebourg : le
premier envertude son Royaume
, & les autres en vertu
de leurs Principautez, ont
droit, voix&séanceen l'tlection
du Roy des Romains futur
Empereur, avec les Princes
Ecclesiastiques leurs Coélec-
.'teints, avec lesquels ils sont
tous reputez, comme ils sont
en effet, vrais & légitimés
-
Princes Electeurs du saint
Empire.
§. 2. Néanmoins
,
afinqu'à
-l'avenir onjie puisse fufclcer
;¡aucun sujet de scandale & de
division entre les Fils de ces Princes Electeurs Seculiers,,
touchant lesdits droit, voix
&&: faculté d'élection ; SC
qu'àinsi le bien public ne cour- te aucun risque d'estre retardé
ou troublé par des délais dangereux
; Nous, avec l'aide de
Dieu, desirant en prévenir les
perils à venir.
§. ;. Statuons &: ordonnons
,
de notrePuissance &
Autorité Iir periale, par la presente
Loi perpetuelle, que cas
avenant que lesdits Princes
Electeurs Seculiers, &: quelqu'un
d'eux viennent à deceder,
le droit, la voix,& le
pouvoir d'élire, fera dévolu
librement & Las contradiction
de qui que ce (cit) à îoà
Fils aîné légitimé & laïque ;&
en cas que l'aîné ne fust plus
au monde, au Fils aînédel'ainé
semblablementlaïque.
§. 4. Et si ledit Fils aîné,
venoit à mourir sans laisser
d'enfansmâleslegitimes Iaft
ques, le droit, la voix &, le
pouvoir de l'élection feront
dévolus en vertu du presens
Edit, à son Frere puîné descenduen
ligne directe légitime
paternelle, & ensuite au Fîfé
aîné laïque de celui-ci.
§. y. Cette succession des
aînez &: des Héritiers de ces
Princes fera perpétuellement
observée en ce qui regarde le
sdurositd,liat. vvooiixx,. Ô&C le ppoouuvvooiirr
l, §. 6. A cette condition&
en sorte toutefois, que si le
Prince Eleaeur ou son Fils
aîné, ou le Filspuisné laïque
venoit à deceder, laissant des
Heritiers mâles legitimes laïques
mineurs, le plusâgé
Frere de ce désunt aîné fera
Tuteur &Administrateur desdits
mineurs
,
jusqu'à ce que
l'aîné d'entr'eux ait atteint
l'âge légitime »
lequel âge en
^in Prince Electeur, voulons
ordonnons estre à toujours
dedix-huit ans accomplis ; &
lorsquel'Electeur mineur aujra
atteint cet âge,son Tuteur
ou Administrateur fera tenu
de luy remettre incontinent
& entièrement le droit
,
la
yoix & le pouvoir avec l'Qf;
jrr
fices d;gieéteur ,Se généralement
tout ce qui en dé..
pend. .:tJ §. 7. Etsi quelqu'une deces
Principautez venoitàvacquer
au profit de l'Empire
,
l'Em",
pereur ou le Roy des Romains
d'alors en pourra disposer
comme d'une chose dévoluë
légitimement à luy &
au saintEmpire.
§. 8. Sans préjudice néan~
moins des Privileges,Droits
& Coutumes de nostre Royaume
de Boheme
,
pour ce qui
regardel'Election d'un nouveau
Royen cas de vaccance;
en vertu desquels les Regnicoles
de Boheme peuvent élire
un Roy de Boheme suivant
la Coutume observée detout
temps , &: la teneur desdits
Priviléges obtenus des Empereurs
ou Rois nos Predecesseurs
; ausquels Privilèges
1Nous n'entendons nullement
prejudicier par la presente
Sanction Imperiale, au contraire
ordonnons expressement
que nostredit Royaume
y soit maintenu
,
& que ses
Privilegesluy soient confervez
à perpétuité
,
selon leur
forme & teneur.
Article VIII.
De 1,Immunité du Roy de Bohê*
, ~me3& des Habitans audit
Royaume.
Ski.cOMME les Empe»
reurs & Rois nos
Predecesseurs ont accordé
aux Illustres Rois de Boheme
nos Ayeuls&Predecesseurs,
aussi-bien qu'au Royaume ÔC
à la Couronne de Boheme , Je Privilege qui par grace a
esté accordé & qui a eu son
effet dans ledit Royaume, sans
interruption dèpuis un temps
immemorial, par une lo.üa.
ble Coutume incontestablement
observée pendant tout
ce temps &: prescrite par l'ufage,
sans contradiction 8c interruption
aucune, qui est
qu'aucun Prince, Baron
Noble, Homme de , guerre,
Vassal, Bourgeois, Habitant,
Paisan & autre personne de
ce Royaume & de ses appartenances,
de quelque Etat,
Dignité,Prééminence ou
condition qu'il puisse être, ne
puisse pour quelque cause ou
fous quelque prétexte, ou par
quelque personne que ce soit,
être ajourné & cité hors le
Royaume &: pardevant d'autre
Tribunal, que celui du Roy
de Boheme &; des juges de sa
Cour Royale. Nous, desirans
renouveller &: confirmerledit
Induit,Usage&Privilege,Ordonnons
de nostre autorité &:
pleine Puissance Imperiale, par
cette Constitution perpetuelle
& irrévocable à toujours, que
si nonobstant ce Privilege,
Coûtume & Indult, quelque
Prince, Baron, Noble, Vassal,
Bourgeois ou Paisan,ouquelque,
autre personne susdite
, étoitcité ou ajourné à quelque
Tribunal que ce fut hors du
Royaume, pour cause quelconque
civile, criminelle ou
mixte, il ne foit nullement
tenu d'y comparoistre &: d'y
répond re, en aucun temps, en
personne ou parProcureur:Et
1 le Juge étranger &: qui ne
demeure point dans le Royaume,
quelque autorité qu'il
.air, ne laisse pas de proceder
contre les Défaillans ou le non
Comparant, & de passer outre
jusques à Jugementinterlocutoire
on definitif, &de rendre
.une ou plusieurs Sentences
.<lans les Causes &: Affaires
susdites., dequelque maniere
que cesoit;Nous déclarons,
de nostre Autorité & pleine
Puissence Imperiale, toutes
lesditesCitations, Commandemens
,P rocédures,Sentences
&: executions faitesen
consequence generaloment
quelconques, nulles. &de nul
effet,sansqu'il puisse <eftt?è
.., ïienexecutéou attentéaupréjudice
de ce Privilege.
§. 2. Surquoi Nous ajouicons
expressement & ordonjnons
par cet Edit Imperial,
perpetuel &: irrévocable,de
la même pleine Puissance &
Autorité;que comme dans ledit
Royaume de Boheme ila
été toujours & de tems immémorial
observé, il ne soit
permis à aucun Prince, Baron,
Noble, Homme de guerre,
Vassal, Citoyen, Bourgeois,
JPaïfan, ou tout autre Habitant
du Royaume de Boheme susdit,
de quelque Etat, Prééminence,
Dignité ou condition
qu'il foit, d'appeller à tout
autre Tribunal de quelcon<
tues, Procedures, Sentences
interlocutoires& définitives,
Mandemens ou Jugemens du
Roy de Boheme ou de ses
Juges; comme aussi de l'execution
desdites Sentences
--& jugemens rendus contre
acun d'eux, par le Roy ou
par les Tribunaux du Roy,
du Royaume &: des autres
Juges susdits, &C s'il arrive
qu'au préjudice de ce que
l'on interjette de tels appels,
qu'ilssoientdéclarez nuls ,(&
que les Appellans encourent
dés-lors réellement & de fait
la peine de leur Cause.
ARTICLEIX.
DesMinés d'or, d'Argent d.-
autres Métaux, NOu s ordonnons par la
presente Constitution
perpetuelle &: irrévocable
, & déclarons denostre Science
, que nos Successeurs Rois
de Bohême
, comme aussi
tous &: chacuns les Princes
ElecteursEcclesiastiques &
Seculiers presens & à venir,
pourrontjustement & legitimement
avoir & posseder toutes
les Mines & Minieres
d'Or,d'Argent, d' E taim, de
Cuivre,de Fer & de Plomb
3. & de toutes fortes d'au res
Métaux ; comme aussi les Salines
découvertes ou qui se
découvriront avec le tir ps
en nostredit Royam e & dans
les Terres &: Pays sujets audit
Royaume
, ce même que
lesdits Princes dans leursPrincipautez
,
Terres, Domaines
& Appartenances, avec tous
Droits, sans en excepter aucun
, comme ils peuveut ou
ont accoutumé de les posseder.
Pourront aussi donner retraite
aux Juifs & recevoir à
l'avenir les Droits <5c les Peages
établis par le passé, tout
ainsi qu'il a esté Jusqu'à present
observé & pratiqué legU
timement par nos Predecesseurs
Rois de Boheme d'heureuse
memoire
,
& par les
Princes Electeurs
,
& leurs
Predecesseurs
,
suivant l'ancienne
,
loüable & approuvée
Coutume, & le cours d'un
temps immemorial.
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Résumé : BULLE D'OR. Au nom de la sainte & indivisible Trinité. Ainsi soit-il.
Le document 'BULLED'OR' expose les procédures et obligations relatives à l'élection du Roi des Romains et futur Empereur du Saint-Empire. Les Princes Électeurs doivent éviter les divisions et les querelles, et toute personne tentant de nuire à un Électeur encourt des sanctions. Tous les Princes Électeurs et autres princes doivent promettre par lettres et serment d'accomplir leurs obligations, sous peine de sanctions. Tout prince refusant d'accomplir les ordonnances impériales est exclu de la société des Électeurs et privé de ses droits et dignités. Chaque Électeur doit être escorté par des princes, comtes, barons, nobles, bourgeois, et communautés de villes spécifiques, selon les pays et lieux traversés. Après la nouvelle du décès de l'Empereur, l'Archevêque de Mayence informe les autres Électeurs, qui doivent se rendre à Francfort ou y envoyer des ambassadeurs pour procéder à l'élection. Les Électeurs ou leurs plénipotentiaires se rendent à l'église de Saint Barthélemy à Francfort, assistent à une messe, prêtent serment, et procèdent à l'élection d'un Roi des Romains. Les Électeurs jurent de choisir un chef temporel digne, sans pacte ni récompense, et donnent leur voix en conséquence. Si l'élection n'est pas réalisée dans les trente jours, les Électeurs ne reçoivent que du pain et de l'eau jusqu'à ce qu'un chef temporel soit élu. Un Électeur arrivant tard à Francfort peut être admis à l'élection en cours. Les procédures décrites doivent être observées invariablement, conformément aux coutumes anciennes et approuvées. Après son élection, le roi des Romains doit confirmer les privilèges, droits, libertés, immunités, et dignités des princes électeurs, tant ecclésiastiques que laïques, par des lettres et un sceau. Cette confirmation est renouvelée après son couronnement impérial. Les princes électeurs, par leur union et leur concorde, soutiennent l'édifice sacré du Saint-Empire Romain. Leur amitié mutuelle est essentielle pour la paix et la tranquillité du peuple chrétien. Lors des assemblées impériales, les archevêques de Trèves, de Mayence, et de Cologne ont des places spécifiques. Le roi de Bohême occupe la première place après l'archevêque de Mayence ou de Cologne, suivi du comte palatin, du duc de Saxe, et du marquis de Brandebourg. En cas de vacance de l'Empire, l'archevêque de Mayence invite les autres électeurs à l'élection. L'archevêque de Trèves donne le premier suffrage, celui de Cologne pose le diadème sur la tête du roi des Romains, et le roi de Bohême a la primauté parmi les électeurs laïques. Les princes électeurs sécularisés ont des droits spécifiques lors de l'élection du roi des Romains. En cas de décès d'un électeur, le droit de vote passe à son fils aîné légitime et laïque, ou à son frère puîné en ligne directe légitime. Si un électeur ou son fils aîné décède en laissant des héritiers mâles légitimes mineurs, le frère aîné du défunt devient tuteur et administrateur jusqu'à ce que l'aîné atteigne l'âge de dix-huit ans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 123-132
EXTRAIT.
Début :
Il nous est venu des Pays Estrangers un Receüil qui [...]
Mots clefs :
Allemagne, Recueil, Empire, Électeurs, Empereur, Cologne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT.
EXTRAIT.
Il nous est venu des Pays
Estrangersun Receüilqui
Comprend diffc'rentsE..
crirs sur les affaires d'Allemagne
que peu de gens
entendent bien, mais sur
lesquelles c'est la mode
aujourd'hui de raisonner
sans lesentendre;ce recuil
contient des reflexions
Politiques sur la fituatioii
presente dAllemagne,&
des avis dont lesEledeurs
& les autres Princes de
l'Empire pourront faire
usagesicet imprimé leur
tombe entre les mains.
Il y est parlé du Testament
d'un Ministre: de
l'Empereur Léopold lequel
y donnoit à son tnaiP.
tre pourassujettir l'Ailemagne
à sa Maison des
avis qui sontàla portée
de tout le monde~& qui
ne se ressentent pas des
1-. ..,J_.;
rafinemens de Machiavel.
On y voit beaucoup plus
d'intention de mal faire
que de capacité.Depuis
la publication du Telta.
ment Politique du Cardinal
de Richelieu qui s'est
acquis tant d'estime dans
le Public, bien des personnes
moins habiles que
luy ont voulu en composer
aussi.
UndesEcrits duRecuëil
dont je parle est une Lettretouchant
le Royaume
deBoheme, dans laquelle
on voit qu'elle a esté
la destinée de ce Royaume
fous les Rois de la
Maison de Luxembourg;
& des Jagellons, & d'Autriche.
Ses Princes ont
prétendu estre héreditaires
,
& les Bohemiens
ont prétenduqu'ils estoient
electifs. J'ay entendu
dire qu'on avoit des
Actes par lesquels il paroissoit
que rEmpereur
Rodolpheôcl'Empereur
Mathias Roy deBoheme
dela Maisond'Autriche
reconnoissoientlesprétentions
des Bohemiens pour
n'estre pas mal fondées,
mais la Lettre n'enparle
point. On y voit que les
Bohemiens pourroient
bien contester à l'Archiduc
le droit de prendre
seance dans le Collegé
Elecrotal en qualité de
Roy de Boheme.
L'autre Ecrit qui est le
fecond dans l'ordre de ce
Recuëil où on l' a renferméentre
les deux dont
jeviensde parler, paroist
tres -
solide & tres-sensé.
On y traite à fond la question
si l'Empereur peut
mettre au Ban un Eftàè
de l'Empire avec le concours
du seul College des
Electeurs,sansen consulter
le College des Princes
& le College des Villes
, sans faire l'application
de la question à aucun
; car l'article 28. de
laCapitulation Im periale
semble dire que l'Empereur
peut le faire avec le
consentement préalable
des Electeurs; mais l'Autheur
fait voir doctement
qu'elle ne peut estre entenduë
ainsi. La Capitulation
Imperiale qui n'est
dressée que par le College
des Electeurs,estunActe
subordonné à ceux qui
ont esté dressez par les
trois Colleges, c'est àdi*-
re, par l'Empire entier.
Telleestla PaixdeWestphalie
qui a esté mise par laDietede 1654.au nombre
des Constitutions de
l'Em pire. Or cette Paix
parle du Ban des Estars
de l'Empire comme d'une
matiere reservée aux Dietes.
Les Electeurs ne peuvent
doncen dressant la
Capitulation, s'arroger à
eux seu ls le droit d'authoriserun
Ban par leur
concours quand tout
l'Empire se l'est reservé.
Il cit facile de faire l'a pplication
de cette question
au cas où sont les
Electeurs de Cologne &
de Baviere. La proclamation
fulminée contre l'Electeur
de Cologne en
i-;o<. & le Ban publié en
mesme remps contre rE.
leétcur de Baviere furent
faits sans que l'Empereur
Joseph cuit consulté les
trois Colleges. L'affaire se
pouvoir se differer,& d'ailleurs
laDieteestoitactuel.
lement sceante à Ratisbonne.
La proclamation
contre l'Electeur de Cologne
,
ni la Sentence rendue
contre l'Electeur de
Baviere ne peut s'appeller
Ban, parce qu'il n'en a
point toutes les formes,
commeon la prouvé clairement
par un petit imprimé
qui paroist il y a
quelques années. Ce dernier
Ecrit dont j'ay parlé,
a paru aussi il y a deux
ans, or on donnera le
mois prochain d'autres
Remarques écrites sur
l'estat present de l'Allemagne.
Il nous est venu des Pays
Estrangersun Receüilqui
Comprend diffc'rentsE..
crirs sur les affaires d'Allemagne
que peu de gens
entendent bien, mais sur
lesquelles c'est la mode
aujourd'hui de raisonner
sans lesentendre;ce recuil
contient des reflexions
Politiques sur la fituatioii
presente dAllemagne,&
des avis dont lesEledeurs
& les autres Princes de
l'Empire pourront faire
usagesicet imprimé leur
tombe entre les mains.
Il y est parlé du Testament
d'un Ministre: de
l'Empereur Léopold lequel
y donnoit à son tnaiP.
tre pourassujettir l'Ailemagne
à sa Maison des
avis qui sontàla portée
de tout le monde~& qui
ne se ressentent pas des
1-. ..,J_.;
rafinemens de Machiavel.
On y voit beaucoup plus
d'intention de mal faire
que de capacité.Depuis
la publication du Telta.
ment Politique du Cardinal
de Richelieu qui s'est
acquis tant d'estime dans
le Public, bien des personnes
moins habiles que
luy ont voulu en composer
aussi.
UndesEcrits duRecuëil
dont je parle est une Lettretouchant
le Royaume
deBoheme, dans laquelle
on voit qu'elle a esté
la destinée de ce Royaume
fous les Rois de la
Maison de Luxembourg;
& des Jagellons, & d'Autriche.
Ses Princes ont
prétendu estre héreditaires
,
& les Bohemiens
ont prétenduqu'ils estoient
electifs. J'ay entendu
dire qu'on avoit des
Actes par lesquels il paroissoit
que rEmpereur
Rodolpheôcl'Empereur
Mathias Roy deBoheme
dela Maisond'Autriche
reconnoissoientlesprétentions
des Bohemiens pour
n'estre pas mal fondées,
mais la Lettre n'enparle
point. On y voit que les
Bohemiens pourroient
bien contester à l'Archiduc
le droit de prendre
seance dans le Collegé
Elecrotal en qualité de
Roy de Boheme.
L'autre Ecrit qui est le
fecond dans l'ordre de ce
Recuëil où on l' a renferméentre
les deux dont
jeviensde parler, paroist
tres -
solide & tres-sensé.
On y traite à fond la question
si l'Empereur peut
mettre au Ban un Eftàè
de l'Empire avec le concours
du seul College des
Electeurs,sansen consulter
le College des Princes
& le College des Villes
, sans faire l'application
de la question à aucun
; car l'article 28. de
laCapitulation Im periale
semble dire que l'Empereur
peut le faire avec le
consentement préalable
des Electeurs; mais l'Autheur
fait voir doctement
qu'elle ne peut estre entenduë
ainsi. La Capitulation
Imperiale qui n'est
dressée que par le College
des Electeurs,estunActe
subordonné à ceux qui
ont esté dressez par les
trois Colleges, c'est àdi*-
re, par l'Empire entier.
Telleestla PaixdeWestphalie
qui a esté mise par laDietede 1654.au nombre
des Constitutions de
l'Em pire. Or cette Paix
parle du Ban des Estars
de l'Empire comme d'une
matiere reservée aux Dietes.
Les Electeurs ne peuvent
doncen dressant la
Capitulation, s'arroger à
eux seu ls le droit d'authoriserun
Ban par leur
concours quand tout
l'Empire se l'est reservé.
Il cit facile de faire l'a pplication
de cette question
au cas où sont les
Electeurs de Cologne &
de Baviere. La proclamation
fulminée contre l'Electeur
de Cologne en
i-;o<. & le Ban publié en
mesme remps contre rE.
leétcur de Baviere furent
faits sans que l'Empereur
Joseph cuit consulté les
trois Colleges. L'affaire se
pouvoir se differer,& d'ailleurs
laDieteestoitactuel.
lement sceante à Ratisbonne.
La proclamation
contre l'Electeur de Cologne
,
ni la Sentence rendue
contre l'Electeur de
Baviere ne peut s'appeller
Ban, parce qu'il n'en a
point toutes les formes,
commeon la prouvé clairement
par un petit imprimé
qui paroist il y a
quelques années. Ce dernier
Ecrit dont j'ay parlé,
a paru aussi il y a deux
ans, or on donnera le
mois prochain d'autres
Remarques écrites sur
l'estat present de l'Allemagne.
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Résumé : EXTRAIT.
Un recueil d'écrits sur les affaires d'Allemagne, bien que peu comprises, est populaire. Il contient des réflexions politiques sur la situation actuelle de l'Allemagne et des avis destinés aux électeurs et autres princes de l'Empire. Le recueil mentionne le testament d'un ministre de l'Empereur Léopold, visant à soumettre l'Allemagne à sa maison, mais sans stratégie raffinée. Depuis la publication du Testament Politique du Cardinal de Richelieu, de nombreuses personnes ont tenté de composer des œuvres similaires. Un des écrits traite des disputes au Royaume de Bohême entre les princes prétendant à l'hérédité et les Bohemiens affirmant l'élection. Un autre écrit examine si l'Empereur peut mettre au ban un État de l'Empire avec seulement le concours des électeurs, sans consulter les princes et les villes. L'auteur argue que la Capitulation Impériale, rédigée par les électeurs, est subordonnée aux actes des trois collèges de l'Empire, comme stipulé par la Paix de Westphalie. Cette question est pertinente pour les cas des électeurs de Cologne et de Bavière, proclamés sans consulter les trois collèges, alors que la Diète était en session à Ratisbonne. Les proclamations contre ces électeurs ne peuvent être considérées comme des bans complets, car elles n'ont pas toutes les formes requises. D'autres remarques sur l'état présent de l'Allemagne seront publiées prochainement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 43-61
EXTRAIT des protestations des Electeurs de Baviere & de Cologne.
Début :
L'Electeur de Cologne expose que son intention estoit de [...]
Mots clefs :
Électeur, Bavière, Cologne, Empire, Empereur, Guerre, Paix, Neutralité, Troupes, Alliés
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT des protestations des Electeurs de Baviere & de Cologne.
EXTRAIT
des protestations des Llechuri
-
de Baviere & de Cologne. L'Electeur de Cologne
expose que son intennon
estoit de demeurer
neutre durant la guerre
qu'il voyoitpreste às'allumer
entre les Maisons de
France & d'Autriche pour
la successiond'Espagne. Il
devoit cette neutralité à
son peuple,attendu la situation
de sesétats,qui les
exposoit aux premiers desordres
de la guerre si le
Prince avoit pris un parti.
S. A. E. fit donc toutes les
démarches necessaires durant
l'automne de 1701. à
Vienne &à la Haye,pour
obtenir cette neutralité, &
il les fit avec d'autant plus
d'instance, que la guerre
estoit desormais certaine.
Dés le 7. du mois de Septembre
1701. l'Empereur
Leopold, le Roy Guillaume
,
& lesEtats Généraux
avoient signé le traité si
connu fous le nom de la
grandeAlliance.Le traitéestoit
une ligue offensive
contre les couronnes de
France & d'Espagne, par
laquelle les Puissancescontractantes
s'engagerent à
leur faire conjointementla
guerre,si dans six mois elles
ne donnoient à ces Alliez
des satisfactions & des
sûretez telles que des Princes
qui ont les armes à la
main ne les donnent qu'aprés
plusieurscampagnes
malheureuses. Suivant toutes
les constitutions de
l'Empire l'Electeur de Cologne
estoit loüable de
prendre le parti de la neutralité.
Jusques au 27. Septembre
1702.la guerre que
l'Empereur a faire aux couronnes
n'a point eité une
guerre de l'Empire. Ce ne
fut que le 27. Septembre
1701. datte itmirquable,
quel'Empire declara par
un resultat des trois Colleges
qui composentla
Diette,qu'il épousoit la
querelle de la Maison
d'Autriche, Se qu'il entroit
en sonnomdansla guerre
qu'elle faisoit aux couron
nes. Neanmoinslaneutralité
fut refusée à l'Electeur
deCologne à Vienne dés
le mois d'Octobre 1701. & laréponsequ'onluy tIt à la
Haye valoit un refus. Les
Hollandois dés le mois
d'Octobre 1701. commencerent
même a agir holli.
lement sur le territoire de
Liege, dont il est Evêque
&Prince, en y élevant des
fortifications sans son consentement.
Cet Electeur
qui n'avoit pas assez de
troupes pour maintenir sa
neutralité contre de si puissans
voisins, & contre l'Electeur
Palatin, & d'autres
Princes leurs Alliez,appella
& reçut dans ses places
au mois de Novembre
1701. les troupes du cercle
de Bourgogne,aprés leur
voir fait prêter serment
de
ae ne rien attenter contre
l'Empire, & de sortir de ses
placesdés qu'illerequereroit.
Suivant les constitutions
de l'Empire, il est
permis aux érars de l'Empire
dappeller à leur secours
les troupes des autres
états de l'Empire. Depuis
Charles-Quint le cercle
de Bourgogne est un
des états de l'Empire, &
les Empereurs de la Maison
d'Auftriche ont appellé
à leur secours, &
introduit souvent dans
: rf-a-npire les troupes de ce
cercle. L'Empereur publia
plusieurs mandemenscontre
l'Electeur de Cologne
qui écrivit le 19. Mars 1702.
à l'Empereur une lettre
aussi forte que respectueuse
pour défendre sa con
duite,dans laquelleon voit
que S. A. E. étoit prête d'écouter
la Diette, qui seule
étoit son juge competant,
avec toute sorte de déference.
Néanmoins dés le
mois de May 1702.les Hollandois
& d'autres Princes
alliez de l'Empereur attaquerent
Kaiservvert
, &
l'Electeur de Cologne estoit
presque dépoüillé de
tous ses états pour n a»-
voir pas voulu faire la
guerreconjointement avec
l'Empereur, quand
l'Empire declara le 27.
Septembre 1702. que ses
Membres devoient prendre
part à cette guerre.
Les choses en resterent
là durant la vie de l'Empereur
Leopold. L'Empereur
Joseph, dans la- premiere
année de son regne
,
publia une proclamation
dattée du25. Avril
1706. parlaquelle il mit
SonAltesse Electorale au
ban de l'Empire, autant
qu'un Ecclesiastique y
peut estre mis. La protestation
fait voir pleinement
l'iniquité ôç la nullité
de cette Sentence,
renduë contre un Prince
qui n'estoit pas coupable,
par un Tribunal incompetant;
puisque, suivant
les constitutions de l'Empire
,
la Diete seule peut
connoistre des causes capitales
des Electeurs, Princes,&
autres états del'Empîre.
Son Altesse Electoralefinit,
en protestant
de nullité contre l'élection
future d'un Empereur,
à laquelleon ne l'auroit
pas invitée, pour la
conservation de ses droits
& pour celle des droits de
son Eglise.
,-
La protestation de l'Electeur
de Baviere dattée
de Namur le 7. Juillet est
beaucoup plus courte. Cet
Electeur expose que son
honneur & ses interêts ne
lui permettoient pas d'entrer
en- guerre contre les
couronnes, lorsque l'Empereur
commença de sors
autorité privée en 1701. la
guerre qui dure encore
quil prit des mesures pour
demeurer neutre, & que
plusieurs estatsdel'Empire
se trouverent dans lesmêmes
sentimens que lui. Il
concerta avec eux pour
empêcher que la Cour de
Vienne n'arrachât d'eux
une déclaration forcée:
Mais cette Courgagna la
plûpart des états qui s'étoient
joints, ou qui devoient
sejoindre avec S. A.
E. pour empêcher que
l'Empirene fût obligé à
rentreren guerre,&à rom-r
pre la paix de Risvvik làns
sujet: en effet dés le mois
d'Avril 1702. il se fit plusieursviolences
dans l'Empire
par les Alliez de l'Empereur,
quiforçoient ceux
qui témoignoient vouloir
demeurer neutres, à se défaire
de leurs troupes. Dés,'
le mois de Juillet l'Empereur,
àquilesconstitutions
de l'Empiredéfendent é..:-,
troitement d'attaquerjamais
directement ni indirectement
la couronne de
France sans leconsentement
des trois Colleges ,
commençalefiegedeLandau,
de sa feule autorité.
L'Electeur de Bavieré ne
pouvoitplus douter aprés
ce qui s'étoit passé,qu'il ne
dût être attaqué incessamment,&
le 8Septemb. 1701.
il jetta des troupes dans
Ulm& dans Meminguen,
quiouvrent l'entrée de ses
états, pour se couvrir de
ces places durant le danger
, avec promesse de les
évacuer dés qu'il feroit
paffé. La Diette ne declara
qu'il falloit faire la guerre
à la France quele27.Septembre
1702. L'Electeur
de Baviere voulut demeurerneutre:
maisau mois de
Mars 1703.le Comte Schlik
entra hostilement dans ses
états, & le mit en droit de
pourvoir par toutes fortes
devoyes àsa juftedéfenfe;,,
Le 26.d'Avril 1706.l'Empereur
Joseph le mit au
ban de l'Empireparune
Sentenceémanée sur des
procedures du ConseilAulique,
qui n'est pas Juge
competanten pareil cas.
Le pretexte de cette Sentence
est l'infractiondela
constitutionde la paix publique
commise par l'Electeur
quand il occupaUlm.
On appelle enAllemagne
constitution de la paix publique
l'Ordonnance qui
fut publiée dans laDiete tenuëà
Vorms en 1495. sous
l'Empereur Maximilien I.
par laquelle il est défendu
aux états de l'Empire d'user
d'hostilitez les uns envers
les autres dans leurs querelles
particulieres :
L'Electeurn'occupa
Ulm que
pour fegarantir des insultes
qui avoient été faites à
d'autresPrincesdepuis peu.
de mois, parce qu'ils étoient
dans le même cas
que lui, avec promesse de
l'évacuerdésque labourasque
seroit passée.Toute occupation
de place n'est pas
une infraction de la paix
publique,& depuis quatre
mois il s'en est fait dans l'interieur
de l'Empire, qui
sont plus odieuses que celle
d'Ulm, & qui n'ont pas attiré
le moindre mandemenant
fait écrire aucunes
lettres avocatoires à l'EmpereurJoseph.
La plûpart
..¿es autres griefs rapportez
dans la Sentence de Ban ne
regardent pas l'Empire
mais l'Empereur comme
Archiduc d"Autricl-ic.»
L'Electeur proteste contre
ce Ban injuste dans le
fonds & dans les formes,
& contre ce qui s'estpassé
depuis; ainsi que contre
l'election d'un Empereur,
à laquelle il n'auroit point
étéappellé ,déclarant que
d'autres que lui seront coupables
pables des malheurs qu'une
pareille élection, faire
contre les Loix,pourroit
attirer sur l'Allemagne.
L'histoire qui fuit
des protestations des Llechuri
-
de Baviere & de Cologne. L'Electeur de Cologne
expose que son intennon
estoit de demeurer
neutre durant la guerre
qu'il voyoitpreste às'allumer
entre les Maisons de
France & d'Autriche pour
la successiond'Espagne. Il
devoit cette neutralité à
son peuple,attendu la situation
de sesétats,qui les
exposoit aux premiers desordres
de la guerre si le
Prince avoit pris un parti.
S. A. E. fit donc toutes les
démarches necessaires durant
l'automne de 1701. à
Vienne &à la Haye,pour
obtenir cette neutralité, &
il les fit avec d'autant plus
d'instance, que la guerre
estoit desormais certaine.
Dés le 7. du mois de Septembre
1701. l'Empereur
Leopold, le Roy Guillaume
,
& lesEtats Généraux
avoient signé le traité si
connu fous le nom de la
grandeAlliance.Le traitéestoit
une ligue offensive
contre les couronnes de
France & d'Espagne, par
laquelle les Puissancescontractantes
s'engagerent à
leur faire conjointementla
guerre,si dans six mois elles
ne donnoient à ces Alliez
des satisfactions & des
sûretez telles que des Princes
qui ont les armes à la
main ne les donnent qu'aprés
plusieurscampagnes
malheureuses. Suivant toutes
les constitutions de
l'Empire l'Electeur de Cologne
estoit loüable de
prendre le parti de la neutralité.
Jusques au 27. Septembre
1702.la guerre que
l'Empereur a faire aux couronnes
n'a point eité une
guerre de l'Empire. Ce ne
fut que le 27. Septembre
1701. datte itmirquable,
quel'Empire declara par
un resultat des trois Colleges
qui composentla
Diette,qu'il épousoit la
querelle de la Maison
d'Autriche, Se qu'il entroit
en sonnomdansla guerre
qu'elle faisoit aux couron
nes. Neanmoinslaneutralité
fut refusée à l'Electeur
deCologne à Vienne dés
le mois d'Octobre 1701. & laréponsequ'onluy tIt à la
Haye valoit un refus. Les
Hollandois dés le mois
d'Octobre 1701. commencerent
même a agir holli.
lement sur le territoire de
Liege, dont il est Evêque
&Prince, en y élevant des
fortifications sans son consentement.
Cet Electeur
qui n'avoit pas assez de
troupes pour maintenir sa
neutralité contre de si puissans
voisins, & contre l'Electeur
Palatin, & d'autres
Princes leurs Alliez,appella
& reçut dans ses places
au mois de Novembre
1701. les troupes du cercle
de Bourgogne,aprés leur
voir fait prêter serment
de
ae ne rien attenter contre
l'Empire, & de sortir de ses
placesdés qu'illerequereroit.
Suivant les constitutions
de l'Empire, il est
permis aux érars de l'Empire
dappeller à leur secours
les troupes des autres
états de l'Empire. Depuis
Charles-Quint le cercle
de Bourgogne est un
des états de l'Empire, &
les Empereurs de la Maison
d'Auftriche ont appellé
à leur secours, &
introduit souvent dans
: rf-a-npire les troupes de ce
cercle. L'Empereur publia
plusieurs mandemenscontre
l'Electeur de Cologne
qui écrivit le 19. Mars 1702.
à l'Empereur une lettre
aussi forte que respectueuse
pour défendre sa con
duite,dans laquelleon voit
que S. A. E. étoit prête d'écouter
la Diette, qui seule
étoit son juge competant,
avec toute sorte de déference.
Néanmoins dés le
mois de May 1702.les Hollandois
& d'autres Princes
alliez de l'Empereur attaquerent
Kaiservvert
, &
l'Electeur de Cologne estoit
presque dépoüillé de
tous ses états pour n a»-
voir pas voulu faire la
guerreconjointement avec
l'Empereur, quand
l'Empire declara le 27.
Septembre 1702. que ses
Membres devoient prendre
part à cette guerre.
Les choses en resterent
là durant la vie de l'Empereur
Leopold. L'Empereur
Joseph, dans la- premiere
année de son regne
,
publia une proclamation
dattée du25. Avril
1706. parlaquelle il mit
SonAltesse Electorale au
ban de l'Empire, autant
qu'un Ecclesiastique y
peut estre mis. La protestation
fait voir pleinement
l'iniquité ôç la nullité
de cette Sentence,
renduë contre un Prince
qui n'estoit pas coupable,
par un Tribunal incompetant;
puisque, suivant
les constitutions de l'Empire
,
la Diete seule peut
connoistre des causes capitales
des Electeurs, Princes,&
autres états del'Empîre.
Son Altesse Electoralefinit,
en protestant
de nullité contre l'élection
future d'un Empereur,
à laquelleon ne l'auroit
pas invitée, pour la
conservation de ses droits
& pour celle des droits de
son Eglise.
,-
La protestation de l'Electeur
de Baviere dattée
de Namur le 7. Juillet est
beaucoup plus courte. Cet
Electeur expose que son
honneur & ses interêts ne
lui permettoient pas d'entrer
en- guerre contre les
couronnes, lorsque l'Empereur
commença de sors
autorité privée en 1701. la
guerre qui dure encore
quil prit des mesures pour
demeurer neutre, & que
plusieurs estatsdel'Empire
se trouverent dans lesmêmes
sentimens que lui. Il
concerta avec eux pour
empêcher que la Cour de
Vienne n'arrachât d'eux
une déclaration forcée:
Mais cette Courgagna la
plûpart des états qui s'étoient
joints, ou qui devoient
sejoindre avec S. A.
E. pour empêcher que
l'Empirene fût obligé à
rentreren guerre,&à rom-r
pre la paix de Risvvik làns
sujet: en effet dés le mois
d'Avril 1702. il se fit plusieursviolences
dans l'Empire
par les Alliez de l'Empereur,
quiforçoient ceux
qui témoignoient vouloir
demeurer neutres, à se défaire
de leurs troupes. Dés,'
le mois de Juillet l'Empereur,
àquilesconstitutions
de l'Empiredéfendent é..:-,
troitement d'attaquerjamais
directement ni indirectement
la couronne de
France sans leconsentement
des trois Colleges ,
commençalefiegedeLandau,
de sa feule autorité.
L'Electeur de Bavieré ne
pouvoitplus douter aprés
ce qui s'étoit passé,qu'il ne
dût être attaqué incessamment,&
le 8Septemb. 1701.
il jetta des troupes dans
Ulm& dans Meminguen,
quiouvrent l'entrée de ses
états, pour se couvrir de
ces places durant le danger
, avec promesse de les
évacuer dés qu'il feroit
paffé. La Diette ne declara
qu'il falloit faire la guerre
à la France quele27.Septembre
1702. L'Electeur
de Baviere voulut demeurerneutre:
maisau mois de
Mars 1703.le Comte Schlik
entra hostilement dans ses
états, & le mit en droit de
pourvoir par toutes fortes
devoyes àsa juftedéfenfe;,,
Le 26.d'Avril 1706.l'Empereur
Joseph le mit au
ban de l'Empireparune
Sentenceémanée sur des
procedures du ConseilAulique,
qui n'est pas Juge
competanten pareil cas.
Le pretexte de cette Sentence
est l'infractiondela
constitutionde la paix publique
commise par l'Electeur
quand il occupaUlm.
On appelle enAllemagne
constitution de la paix publique
l'Ordonnance qui
fut publiée dans laDiete tenuëà
Vorms en 1495. sous
l'Empereur Maximilien I.
par laquelle il est défendu
aux états de l'Empire d'user
d'hostilitez les uns envers
les autres dans leurs querelles
particulieres :
L'Electeurn'occupa
Ulm que
pour fegarantir des insultes
qui avoient été faites à
d'autresPrincesdepuis peu.
de mois, parce qu'ils étoient
dans le même cas
que lui, avec promesse de
l'évacuerdésque labourasque
seroit passée.Toute occupation
de place n'est pas
une infraction de la paix
publique,& depuis quatre
mois il s'en est fait dans l'interieur
de l'Empire, qui
sont plus odieuses que celle
d'Ulm, & qui n'ont pas attiré
le moindre mandemenant
fait écrire aucunes
lettres avocatoires à l'EmpereurJoseph.
La plûpart
..¿es autres griefs rapportez
dans la Sentence de Ban ne
regardent pas l'Empire
mais l'Empereur comme
Archiduc d"Autricl-ic.»
L'Electeur proteste contre
ce Ban injuste dans le
fonds & dans les formes,
& contre ce qui s'estpassé
depuis; ainsi que contre
l'election d'un Empereur,
à laquelle il n'auroit point
étéappellé ,déclarant que
d'autres que lui seront coupables
pables des malheurs qu'une
pareille élection, faire
contre les Loix,pourroit
attirer sur l'Allemagne.
L'histoire qui fuit
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Résumé : EXTRAIT des protestations des Electeurs de Baviere & de Cologne.
En 1701, l'Électeur de Cologne tenta de maintenir la neutralité face à la guerre imminente entre les Maisons de France et d'Autriche pour la succession d'Espagne, justifiant cette position par la vulnérabilité de ses États. Ses démarches à Vienne et à La Haye restèrent vaines, et le 7 septembre 1701, le traité de la Grande Alliance fut signé par l'Empereur Léopold, le Roi Guillaume et les États Généraux, formant une ligue offensive contre les couronnes de France et d'Espagne. La neutralité de l'Électeur fut refusée en octobre 1701, et les Hollandais commencèrent à agir sur le territoire de Liège sans son consentement. L'Électeur, manquant de troupes pour défendre sa neutralité, appela les troupes du cercle de Bourgogne en novembre 1701. L'Empereur publia des mandements contre lui, mais l'Électeur défendit sa conduite dans une lettre en mars 1702. En mai 1702, les Hollandais et d'autres Princes alliés attaquèrent Kaiservert, privant presque l'Électeur de tous ses États. L'Empire déclara le 27 septembre 1702 que ses Membres devaient prendre part à la guerre. En 1706, l'Empereur Joseph mit l'Électeur de Cologne au ban de l'Empire, mais celui-ci protesta, affirmant que seule la Diète était compétente pour juger les causes capitales des Électeurs. L'Électeur de Bavière exprima son désir de neutralité dès 1701, mais fut forcé d'entrer en guerre. Il occupa Ulm et Memmingen pour se protéger et promit d'évacuer ces places une fois le danger passé. En avril 1706, l'Empereur Joseph mit également l'Électeur de Bavière au ban de l'Empire pour infraction à la constitution de la paix publique. L'Électeur de Bavière protesta contre cette décision, justifiant son occupation d'Ulm par les insultes subies par d'autres Princes.
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17
p. 121-164
Bulle d'Or. [titre d'après la table]
Début :
ARTICLE XXII. De l'ordre de la Marche des Princes [...]
Mots clefs :
Bulle d'Or, Princes, Empereur, Électeurs, Roi, Romains, Cour, Ecclésiastique, Archevêque, Cheval, Duc, Honneur, Criminels, Sceau, Bâton, Logis, Saxe, Crime, Fille, Fils, Ordre, Coupable, Séance, Mort, Charge
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Bulle d'Or. [titre d'après la table]
ARTLCLEXXII.
De l'ordre de la Marche des
FrincesELetteurs,dr parqui
sont portées les Marques honoraires.
pOur déclarer le rangquel
les Princes Electeurs doivent
tenir en marchant avec
l'Empereur ou avec le Roi
desRomains en public & erL
cérémonie, & dont nous
avons ci- dessus fait mention,
Nous ordonnons que toutes
les fois que pendant la tenuë
d'une Diete Imperiale, il
faudra que les Princes Electeurs
marchent processionnellement
avec l'Empereur au le
Roi des Romains, en quelques
actionsou solemnitez
que cesoit, & qu'ils y portent
les Ornemens Impériaux ou
Royalix; le Duc de Saxe portant
FEpee Imperiale ou
Royale, marchera immédiatement
devant l'Empereur,
étant au milieu entre luy &
l'Electeur de Trêves ; ledit
Electeur de Saxe aura à sa
droite le Comte Palatin du
Rhin, qui portera le Globe
ou la Pomme Imperiale, &à
sa gauche le Marquis de
Brandebourg
, portant le
Sceptre, tous trois marchant
de front: le. Roi de Boheme
suivra immédiatementl'EmpereurouleRoides
Romains;
sans que personne marche entre
l'Empereur ou ledit Roi
&lui.
ARTIClE XXIII.
DesBénédictions des Archevesques
en lapresence de1•'*-
,,.lT'Empereur. Outes les fois qu'on
celébrera en solemnité
la Méfie devant l'Empeteur
ou le Roy des Romains,
,U que les Archevesques de
Mayence, de Tréves & de
Cologne; ou deux d'entre eux s'y trouveront presens, on
observeraàla confession qui
se dità l'entrée de la Messe,
au baisen de l'Evangile & de
la Paix qu'on presente après
(Ag":/tsDei,& même aux Bénédictions
qui se donnent à la fin
de la Méfie
,
&: à celles qui
se font à l'entrée de table &
aux graces quife rendent après
le repas, cet ordre que Nous
avons estimé à propos d'y étatablir,
de leur avis & consentement;
qui est que le premier
aura cet honneur le premier
jour; le second, le second
jour; & le troisiéme, le
t,roin2e.m.e jour. Nousdéclarons en ce
cas, que l'ordre de la primauté
ou posteriorité entre
les Archevesques, doit estre
dreeglé sur l'ordre & le temps leur consecration. Et afin
qu'ils se préviennent les uns
les autres par des témoignages
d'honneur &de déference,
& que leur exemple oblige
les autres à s'honorer mutuellement,
Nous desirons que celui
que cet ordre, touchant
les choses susdites, regardera
le premier
,
fasse à ses Collegues
une civilité & une honnêteté
charitable pour les inviteràprendre
cet honneur, &
qu'après cela il procèdeaux
choses susdites, ou à quelqu'une
d'elles.
ARTICLE XXIV.
Les Loix suisantes ont ejlè
publiées en la Diete de Metz
lejour de Noël, l'an 13r6.
Par Charles IV.Empereur des
Romains toujours Auguste,
.RoydiBobeme,affiflédetous
les PÍinces Electeurs du Saint
Empire en presence du Vénérable
Pere en Dieu le Seigneur
Théodorique Evêque d'Albe,
Cardinal de la sainte Eglise
Romaine>& de CharlesFils
aîné du Roy de France, Illustre
Duc de Normandie, &
Dauphin de Viennois.
S.J. SI quelqu'un estoit
entrédans quelque
complotcriminel, ou auroit
fait ferment ou promesse de
s'y engager avec les Princes
& Gentilshommes, ou avec des Particuliers &: autres
Personnnes quelconques
mêmes roturieres, pour attenter
à la vie des Reverends
& Illustres Princes Electeurs
du saint Empire Romain,
tant Ecclesiastiques que Seculiers,
ou de quelqu'un d'eux,
qu'il périsse par le glaive, &:
que tous ses biens soient
confisquez comme criminel de
leze.Majesté ; car ils sont
partie de nostre Corps: Et en
ces rencontres les Loix punissent
lavolontéaveclamême
severité que le crime mesme.
Et bien qu'il fût juste que les
fils d'un tel parricide moururentd'une
pareille more)
parce que l'on en peut appréhender
les mêmes exemples;
néanmoins par une bonté
particuliére
,
Nous leur donnons
la vie: Mais Nous voulons
qu'ils soient fruftrez de
la succession maternelle ou
ayeule, comme aussi de tout
les biens qu'ils pouroient esperer
par droit d'heredité &
de succession, ou par testament
de leurs autres parens &.
amis; afin qu'étant toujours
pauvres & necessiteux, l'infamie
de leur pere les accompagne
toûjours;qu'ils ne puissent
jamais parvenir à aucun
honneur & Dignité, même à
celles qui sont conferées par
l'Eglise; & qu'ilssoient re-@
duits à telle extremité, qu'ils
languissent dans une necessité
continuelle
,
& trouvent par
ce moyen leur soulagement
dans la mort &: leur supplice
dans la vie. Nous voulons aussi
que ceux qui oseront intercéder
pour telles sortes de gens,
soient notez d'une infamie
perpetuelle.
§. 2. Pour ce qui est des
filles de ces criminels ,en
quelque nombre qu'elles
puissent estre
,
Nous ordonnons
qu'elles prennentla falcidie
ou la quatriéme partie
en la successionde leur mere,
foit qu'elle ait fait testament
ou non; afin qu'elles ayent plûcôc:
une médiocre nourriture
de fille, qu'un entier avantage
ou nom d'heritieres.Car
en effet la Sentence doit être
d'autant plus moderée à leur
égard, que nous sommes perfuadez
que la foiblesse de leur
sexe les empêchera de commettre
des crimes de cette
nature.
§. Déclarons aussi les
émancipations que telles gens
pourroient avoir faites de leur
fils ou de leurs filles, depuis
la publication de la presente
Loi
,
nulles &: de nul effet ;
pareillement Nous déclarons
nulles & de nulle valeur toutes
les constitutionsde dot, donations
& toutes les autres
aliénations qui auront été faites
par fraude
, &. même de
droit,depuis le temps qu'ils
auront commencé à faire le
premier projet de ces conspirations
&: complot. Si les
femmes ayant retiré leur dot
se trouvent en cet état, que
ce qu'elles auront reçu de
leurs maris à titre de donations,
elles le doiventreserver
à leurs fils, lorsquel'usufruit
n'aura plus lieu;qu'ellesçachent
que toutes ces choses,
qui selon la Loi devroient
retourner aux fils, seront appliquées
à nostre Fisc, à la
reserve de la falcidie ou quatriéme
qui en fera prise pour
les filles, & n n pour les fils.
§. 4. Ce que nous venons
de dire de ces criminels & de
leurs fils,doitaussi estre entendu
de leurs satelites, complices
& ministres, & de
leursfils. Toutefois si aucun
des complices, touché du
desir d'une veritable gloire
découvre la conspiration, en
son commencement, il en recevra
de Nous récompense
& honneur: Mais pour cel ui
qui aura eu part à ces conspirations
&: ne les aura revelées
que bien tard, avant
néanmoinsqu'elles ayent été
découvertes, il fera estimé
digne feulement d'absolution
&: du pardon de son crime.
§. 5. Nous ordonnons aussi,
que s'il est revelé quelque
attentat commis contre lesdits
Princes Electeurs Ecclesiastiques
ou Seculiers, l'on
puissemême après la mort
du coupable poursuivre de
nouveau la punition de ce
crime. ,-
§. 6.De même,l'on pourra
pour ce crime de leze-Majesté,
à l'égard deidics Princes
Electeurs, donner la question
aux serviteurs du Maître
qui aura été accusé.
- §.7. Ordonnons deplus
par ce presentEdit Imperial,
& voulons que même après
la mort du coupable l'on
puisse commencer à informer
contre lui,afin quele
crime, étant * averé, sa mémoire
puisse estre condamnée
&: ses biens confisquez.
Car dés là que quelqu'un a
formé le dessein d'uncrime
détestable,il en est en quelque
façon coupable & bourrelé
en son ame.
$. 8. C'estpourquoy, dés
que quelqu'un se trouvera
coupable d'untel attentat
Nous voulons qu'il ne puisse
plus ni vendre, ni aliener, ni
donner la liberté à ses esclaves,
& mêmequ'on ne lui
puissepluspayer ce qui lui
estdû.
§.9.Pareillement ordonnons
qu'à ce sujet on applique
à laquestion les serviteurs
du criminels c'est-à-dire,
pour le crime ducomplot détestable
fait contre les Princes
Electeurs Ecclesiastiques
'&. Seculiers.
§. 10. Et si quelqu'unde
ces criminels meurt pendant
l'instruction du Procez, Nous
voulons que ses biens, à cause
qu'on est encore incertain
qui en fera leSuccesseur,
soient mis entre les mains de
la Justice.
ARTICLE XXV.
De la conservation des Princi»
pautez, des Electeurs en
leurentier. sS'Il est expedient que toutes
Principautez soient
conservées en leur entier, afin
que la Justice s'affermisse, &
que les bons & fideles Sujets
jouissentd'un parfait repos
d'une paix profonde ;il est
encore ,
sans comparaison beaucoup plus juste queles,
grandes Principautez, Domaines
,
Honneurs & Droits
des Princes Electeurs
,
demeurent
aussi en leur entier;
car là où lepéril est leplus à
craindre
,
c'est là ou il faut
user de plus grandes précaurions
de peur que les colomnesVenant
à manquer 3 toute le bâtiment ne tombe
en ruine.
§. I. Nous voulons donc &
or donnons parcet Edit Imperial
perpetuel, qu'à l'avenir
&à perpétuité les grandes
& magnifiques Principatitez
,
tellesque sont le Royau-
me de Bohême , la Comtç,
Palatine du Rhin,la Duché
de Saxe & le Marquisat de
Brandebourg,leurs Terres
Jurisdictions , , Hommages &
Vasselages, avec leurs appartenances
& dépendances, ne
puissent estre partagées
,
diviséesoudémembrées
en
quelque façon que ce soit ;
mais qu'elles demeurent à
perpétuité unies &: conservées
en leur entier. ,:.
§. 2. Que le Fils aîné y
succéde,& que tout le Domaine&
tout le Droit appartienne
à luy seul ; si cen'est
qu'il soit insensé,ou qu'il ait
tel autre grand &: notable
défaut qui l'empêche absolument
de gouverner; auquel
cas la successionluy estanc
défenduë
,
Nous voulons que
le fécond Fils, s'il y en a un
en la même ligne, y foit appellé
; sinon l'aîné des Frères
ou Parens paternelslaïque
qui se trouvera estre le plus
proche en ligne directe &:
masculine: lequel toutefois
fera tenu de donner des preuves
continuelles de sa bonté
& liberalité envers ses autres
Frères ôc Soeurs, contribuant
à leur subsistance selon la
grace qu'il aura reçue de
Dieu, & selon la bonne vo- lonté& facultez de son
patrimoine; lui défendant
expressément tout partage, division&démembrement
des Principautez,&: de leurs
appartenances ôc dépendances,
en quelque façon que
ce puisse être.
ARTICLE XXV-I.,,-
De la Cour Impériale desa
séance. , I.LE jour que l'EmpereurouleRoides
Romains voudra tenir folemnellement
sa Cour, les Princes
Electeurs tant Ecclesiastiques
que Seculiers, se renfdront
à une heure ou environ,
au logis de la demeure
Impériale ou Royale,ou
l'Empereur ou le Roi, étant
revêtu de tous lesOrneniens
Impériaux monteraachevai,
avectous les Princes Electeurs
qui l'accompagneront
jusqu'au lieu préparé pour
la Séance chacun en l'ordre
& en la maniéré qui a été cidessusprescrite
, &: inserée
dans l'Ordonnance qui regle
les marches des mêmes Princes
Eleaeurs.
2. L'Archichancelier dansl'Archichancellariat
duquel
la Cour Impériale se tiendra,
portera aussi au bout d'un Bâton
d'argent tous les Sceaux'
Impériaux ou Royaux.
§. 3. Mais les Princes Electeurs
Seculiers porteront le
Septre
,
la Pomme & l'Epée
,
en la nlanie-re qui a été dite
ci
-
dessus.
§. 4.Quelques autres Prill
ces inférieurs qui feront dé
putez par l'Empereur &: à
son choix, porteront immédiatement
devant l'Archevesque
de Trevesmarchant eJt.,
son rang, premièrement la
Couronne d'Aix-la-Chapelle:,
& en secondlieu, celle de
Milan: Ce qui ne se pratiquera
feulement que devant
l'Empereur, orné de la Couronne
Impériale.
§. L'Imperatrice aussi, ou,
la Reine des Romains, étant
revêtue des Habits & Orne.
mens de Ceremonie, marchera
après le Roi ou l'Empereur
des Romains, &: auiïi
après le Roi de Boheme , qui
fuit immédiatement l'Emper
reur ,mais çloignécd'unçù.
pace compétant, & accom
pagnée de ses principaux Officiers
&: de ses Filles d'Honneur
¡& ce jusques au lieu de
la Séance.
ARTICLE XXVII.
Des Fondions des Princes Electeurs
dans les rencontres oh
lesEmpereurs oit. Rois des Romains
tiennent folemnellement
leur Cour. NOus ordonnons que
toutes les fois que l'Elnpereur
ou le Roi des Romains
voudra tenir solemnellement
sa Cour, &: où Ice
PrincesEle&enrs ferontobjigèt
de faireles Ponctions de,
leurs Charges,on observe eiv
cela l'ordre suivant.-
§. i.Premièrement,TEm-,
pereurou le Roides Roi-riainsf,-
étant assis en sa Chaire Roya-r
le, ou sur le TrôneImpérialv
le Duc de Saxe fera sa ChaiM
ge en la maniéré que nous;
allons dire. On mettra d-,
vàntle Logis de la Séance
Imperiale ou Royale, un tas
d'Avoine, de telle hauceuf)
qu'il aille jusqu'au poitrai"
ou juf ues à la Telle du cheval
sur lequel le Duc fera.,
monté;: & le Duc ayant en'
ses mai ns un Bâton d'argent
& une Mesure aussi d'argent,>
qui peseront ensemble douze,
Marcs d'argnt.'& étant ï;
cheval- remplira la' mesure
d'avoine & la donnerar' au
premier Palfrenier qu'il ren-'
contrera. Apres quoi, fichant
le Bâton dans l'avoine, il se
retirera; & son Vice-Maréchal
, sçavoir de Pappenheim,
s'approchant, ou lui
absent, le Mareschal de la
1Cour,Jpaermvettroa leipinllagee d.e
§.i Dés que l'Empereur
ou le Roi des Romains se fera
mis à table, les Princes Electeurs
Ecclesiastiques, c'est-à-,
dire les Archevêques, étant'
debout devant la table avec
les autres Prelats, la beniront
suivant l'ordre qui a été
ci- dessus par Nous prescrit.
La Bénédiction étant faite,
les
les mêmes Archevêques, s'ilt
font tous presens, ou bien
deux, ou un d'entr'eux, pren*
,dront les Sceaux Impériaux
ou Roïaux des mains du Chancelier
de la Cour;& l'Archevesque
dans lArchichancellariat
duquel la Cour se tiendra,
marchant au milieu des
deux autres Archevesques qui
feront à ses cotez,tenant avec
lui le Bâton d'argent où les
Sceaux feront suspendus
; tous
trois les porteront ainli, &
les mettront avec rcfpctt lui?
la Table devant l'Empereur
ou le Roy. Mais l'Empereur
cru le Roiles leur rendra auflktost
: Et celui dans l'Archichancellariat
duquell%Cerémonies
se feront, comml a
vçté dit, pendra à Ton col le
plus grand Sceau, & le portera
ainsi durant tout le Difner
& apiés, jusquesà ce qu'il
foit retourné à cheval du Pa-
Jais à son Logis. Or le Bâton
dont nous venons de parler,
doit estre d'argent, du poids
-de douze marcs; & les trois
Archevesques doivent payer
chacun le tiers, tant du poids
de l'argent que du prix de
la façon. Le Baston & les
Sceaux demeureront au Chancellier
de la Cour, qui en fera
ce qu'il lui plaira; & c'est
pourquoi aussi-tofi: que celui
des Archevesques auquel il
aura appartenu de porter le
plus grand Sceau au col, depuis
le-Palais jusqu'à son Logis
( comme il a été dit )y
sera arrivé) il renvoyera par
quelqu'un deses Domestiques
audit Chancelier de la. Cour
Imperiale,ledit Sceau sur le
même cheval; & l'Archevefque,
selon la décence desa
propre Dignité & l'amitié
qu'il portera audit Chancelier
de la Cour, fera tenu
de lui donner aussi le cheval.
§. 3. Ensuite le Marquis
de Brandebourg viendra à
cheval, ayant en ses mains un
Bassin &: une Aiguière d'Argent
, du poids de douze
marcs, avec de l'eau & une
belle Serviette. En mettant
pied à terre, il donnera à laver
au Seigneur Empereur
ou au Roi des Romains.
<§.A. Le Comte Palatin du
Rhin entrera de mesme à
Cheval, portant quatre Plats
d'argent remplis deViande,
chaque Plat du poids de trois
marcs; & ayant mis pied à
terre, mettra les Plats sur la
Table devant l'Empereur ou
Roi des Romains.
§,f. Aprés eux viendra
le Roi de Boheme, Archi-
Echanson, étant aussi à Cheval,
& tenant à la main une
Coupe ou Gobelet d'argent
du poids de douze marcs.
couvert tic plein de Vin &
d'eau;& ayant mis pied à
terre, presentera à boire à
l'Empereurou au -
Roi des
Romains.
§. 6. Nousordonnonsaussi,
quesuivant ce quia éç
ptac'iquéjufql'ici),lesPrin
ces Electeurs Seculiersayantfait
leuts Charges, le Vice-
Chambellan de Falkenstein
ait le Cheval , le Bassin &
l'Aiguiére du Marquis de
Brandebourg: le Maistre de
Cuisine de Norteniberg, le
Cheval &: les plats du Comte
Palatin du Rhin; le Vice-
Echanson de Limbourg, le
Cheval &le Gobelet du Roy
de Bohême ; & le Vice-
Marêchal de Pappenheim, le Cheval,le Bâton& la Mesure
du Duc de Saxe. Bien
entendu que c'est en cas que
ces Officiers se trouventen
Personne à la Cour Imperiale
ou Royale, &: y fassent les
Fonctions de leurs Charges:
Autrement
,
& siis sont tous
absens ou quelques-uns d'eux,
alors les Officiers ordinaires
de l'Empereur ou du Roy des
Romains serviront au lieu
des Absens, chacun en sa
Charge; & comme ils en
feront les fonctions
,
aussi
joyiront-ils des émolunens;
ARTICLE XXVIIL
Des Tables Impériales &
Electorales. ;I'LA Table Imperiale
ou Royale doitestre
disposée en forte qu'elle soit
plus haute de six pieds que
lesautres Tables de la Salle ;
& aux jours des Affciiiblée%
solemnelles personne ne s'y
mettra que l'Empereur ou le
Roy des Romains seul.
§. 2. Et même la Place ôâ
la Table de l'Impératrice ou
Reineseradressée à côté,&
plusbaffe de trois pieds que
celle de l'Empereur ou Roy
des Romains;mais plus haute
quecelle des Electeurs aussi
de trois pieds. Pour les Tables
& places des Princes
Electeurs
, on les dressera
toutes d'une même hauteur.
§. 3. On dressera sept Tables
pour les sept Elecceun
Ecclesiastiques & Seculiers,
au bas de la Table Impériale,
sçavoir trois du côté droit ,
&trois autres du côté gauche
& la septiéme vis-à-vis de
l'Empereur ou Roy des Romains
,
dans le même ordre
que nous avons dit icy à l'Article
des Séances & du Rang
des Princes Elctlcurs ; en
forte que Personne, de quelque
qualité & condition qu'elle
foit
, ne se puisse mettre
entre deux ou à leurs Tables.
§. 4. Il ne sera permis à
aucun des susdits Princes Electeurs
Seculiers qui aura raie
sa Charge, de s'aller mettre
à la Table qui luy aura esté
preparée
, que tous les autres
Electeurs les Collegues
n'ayent fait aussi leurs Charges
mais que dés que quelqu'un
d'eux ou quelqu'uns auroit
fait la leur, ils se retireront
auprès de leur Table, &: se
tiendront làdebout, jusqu'à
ce que tous les autres ayent
achevé les Fondions susdites
de leurs Charges; &: alors ils
s'assoiront tous en même
temps,chacun à sa Table. §. 5. Dautant que nous
prouvons par les Relations
tres-certaines& par des Tradirions
si anciennes qu'il n'y a
point de memoirede contraire,
qu'il a été de tout temps
heureusement observé, que
l'éledion du Roy des Romains
futur Empereur se doit faire
en la Ville de Francfort, & le
Couronnement à Aix-la-C ha
- pelle, &que l'Elû Empereur
doit tenir sa premiere Cour
Royale à Nuremberg
-,
c'est
pourquoy Nous voulons, par
plusieurs raisons, qu'il en soit
usé de même à l'avenir;si co
n'est qu'il y ait empêchement
legitimé.
§. 6. Toutes les fois que
quelque Electeur Ecclesiastique
ou Seculier qui aura esté
appelle à la Cour Imperiale,
ne pourra pour quelque raison
legitime s'y trouver en Personlie
,
&: qu'il yenvoyera un Ambassadeur
ou Deputé; cet Ambaffadeur
,
de quelque condition
ou qualité qu'il soit ;,
quoi qu'en vertu de son pouvoir
il doiveestre admis en la
place de celuyqu'ilreprefente,
ne se mettra pas à la Table
quel'on aura destinée pour celuy
qui l'aura envoyé.
b-,~ Enfin toutes les Ceremonies
de cette Cour Imperiale
estant achevées
, tout l'échaffaut
ou Bâtiment de bois qui
aura esté fait pour la Seance &
pour les Tables de l'Empereur
ou Roy des Romains,& des
Princes Electeursassemblez
pour ces Ceremonies solemnelles,
oupour donner l'Investiture
des Fiefs, appartiendraauMaistred'Hôtel.
ARTICLEXXIX,
Des Droits des officiers, lorsque
les Princes font Hommage
de leurs Fiefs à l'Empereurou
au Roydes Romains,
§.1.ORdonnons par le
present Edit Imperial,
que lorsque les Princes
Electeurs, tant Ecclesiastiques
que Seculiers,recevrontlenrs
Fiefs 011 Droits Souverains
des mains de l'Empereur ouJ
du Roy des Romains
,
ils ne
soient point obligez de payer
ou de donner aucune choseà
qui que se foit: Car comme
l'argent que l'on paye sousce
pretexte en:du aux Officiers,
& que les Princes Electeurs
ont la Superiorité sur tous les
Officiers de la Cour Impériale
, ayant même en ces fortes
d'Offices leurs Substituts étaablis
& gagezà cet eiFet par
les Empereurs, il feroit absurde
que des Officiers substituez
demandaient de l'argent
ou des«Presens à leurs
Supcrieurs; si ce n'est que
lesdits Princes Electeurs leus
veuillent donner quelque
chosede leur propre volonré
& libéralité.•
§. 2. Mais les autres Prin-
"#s de l'Empire, tant EccleSadiquesqueSéculiers,
en
recevant leurs Fiefs,comme
nous venons de dire, de l'Empereur
ou du Roy des Romains,
donneront aux Officiers
de la Cour Imperiale ou
Royale , ,chacun soixante-trois
marcs 5cun quart d'argent;
si ce n'est que quelqu'un d'eux
pûtverifier sonexemption,&
faire voir que par privilege
Impérial ou Royal il foit dispensé
de payer laditesomme
, & tous les autrès droits que
l'on a accoutumé de payer
quand on prend l'Invefiiture;
&. ce fera le Maistre d'Hostel
de l'Empereurou du Roydes
Romains qui fera le partage
de ladite somme de soixantetrois
marcs & un quart d'ar.
gent, enla manière quisuit.
Premièrement, il en prendra
dixmarcs pour lui; Il en
donnera autant au Chancelier
de l'Empereurou du Roi
des Romains ; aux Secrétaires
, Nottaires & Dicteurs
trois marcs ;& à celui qui
scelle
, pour la cire & le parchemin
,unquart; sans quele
C hancelier&les Secretaires
soient tenus de donner pour
cela autre chose, sinon un
Certificat du Fief reçû ou de
sîmples Lettres d'Investiture.
Semblablement, le Maistred'Hostel
donnera de ladite
somme dix marcs à l'Echanson
de Limbourg ; dix aux
Vice - Marêchal de Pappenheim
,
&dix auVice-Chambellan
de Falkenstein ; pourvu
qu'ils se trouvent en personne
à ces Investitures, ôc
qu'ils y fartent les Fondions
de leurs Charges; autrement
&: en leur absence
,
les Officiers
de la Cour de l' Empereur
ou du Roi des Romains
qui feront la Charge des Absens
, & qui enauront eu la
peine, en recevront aussi le
profit.& les émolumens
§. 3. Mais lorsquele Prince
monté sur un Cheval ou toute
autre Bête, recevra l'Investiture
deses Fiefsde l'Empereur
ou du Roi des Romains
, quelque foit cette Bête,
elleappartiendra au grand
Maréchal ,c'est-à-dirfcauDue
de Saxe, s'il estpresent; sinon
à son Vice-Marêchal de
Pappenheim, &- en son absence
au Marêchal dela Cour de
l'Empereur.
ARTicle XXX.
De ÏInftruftion des Princels
Electeurs aux Langues.
§. I.DAutant que la
Majestédusaint
EmpireRomain doit prc{cri..
re les Loix, & commander
plusieursPeuples de diverses
Nations, moeurs, façons
de faire &: de différentes Langues
; il est Julie, & les plus
Gige le jugent ainsi,.que tes
Princes Electeursquisont les
côlomnes & les arcs-boutans
de l'Empire, soient instruits
& ayent la connoissance de
plusieurs Langues;parce qu'étant
obligez de soulager lEm-'
pereur en ses plus importantes
affaires; il est necessaire
qu'ils entendent plusieurspersonnes
, & que reciproquement
ils se puissent faire entendre
à plusieurs.
2. C'est pourquoy Nous
ordonnons que les Fils ou Heritiers
& Successeurs des Illustres
Princes Electeurs; ravoir
du Roy de Bohême, du
Comte Palatin du Rhin, du
Duc de Saxe, & duMarquis
de Brandebourg, qui sçavent
apparemment la Langue Allemande,
parcequ'ils ta. doivent
avoir apprise.dés leur ensance
; estant parvenus à l'à..
ge de sept ans,se fassentinstruire
aux Langues Latines,
Italienne & Esclavonne : en
telle sorte qu'ayant atteint la
quatorzième annéede leurâge,
ils y soient sçavans, selon
le talent que Dieu leur en au.
ra-donné : ce que Nous ne
jugeons pas feulement utile;,
mais aussi necessaire, à eause
que l'usage de ces Langues
est fort ordinaire dans l'Empire
pour le maniement de ses
plus importantes affaires.
; §. 3. Nous laissons toutefois
à l'option des Peres le particulier
de cette Instruction;en
forte qu'ildépendra d'eux
d'envoyer leur fils ou les Tarens
qu'ils jugeront leur devoir
apparemment succéder
en l'Eledorat, aux lieux où
ils pourront apprendre commodément
ces Langues, ou
de leur donner dans leurs
Maison des Précepteurs &: de
jeunes Camarades, par l'inftruétion
8c la conversation desquels ils puissent s'instruire
dans ces Langues.
Fin.
De l'ordre de la Marche des
FrincesELetteurs,dr parqui
sont portées les Marques honoraires.
pOur déclarer le rangquel
les Princes Electeurs doivent
tenir en marchant avec
l'Empereur ou avec le Roi
desRomains en public & erL
cérémonie, & dont nous
avons ci- dessus fait mention,
Nous ordonnons que toutes
les fois que pendant la tenuë
d'une Diete Imperiale, il
faudra que les Princes Electeurs
marchent processionnellement
avec l'Empereur au le
Roi des Romains, en quelques
actionsou solemnitez
que cesoit, & qu'ils y portent
les Ornemens Impériaux ou
Royalix; le Duc de Saxe portant
FEpee Imperiale ou
Royale, marchera immédiatement
devant l'Empereur,
étant au milieu entre luy &
l'Electeur de Trêves ; ledit
Electeur de Saxe aura à sa
droite le Comte Palatin du
Rhin, qui portera le Globe
ou la Pomme Imperiale, &à
sa gauche le Marquis de
Brandebourg
, portant le
Sceptre, tous trois marchant
de front: le. Roi de Boheme
suivra immédiatementl'EmpereurouleRoides
Romains;
sans que personne marche entre
l'Empereur ou ledit Roi
&lui.
ARTIClE XXIII.
DesBénédictions des Archevesques
en lapresence de1•'*-
,,.lT'Empereur. Outes les fois qu'on
celébrera en solemnité
la Méfie devant l'Empeteur
ou le Roy des Romains,
,U que les Archevesques de
Mayence, de Tréves & de
Cologne; ou deux d'entre eux s'y trouveront presens, on
observeraàla confession qui
se dità l'entrée de la Messe,
au baisen de l'Evangile & de
la Paix qu'on presente après
(Ag":/tsDei,& même aux Bénédictions
qui se donnent à la fin
de la Méfie
,
&: à celles qui
se font à l'entrée de table &
aux graces quife rendent après
le repas, cet ordre que Nous
avons estimé à propos d'y étatablir,
de leur avis & consentement;
qui est que le premier
aura cet honneur le premier
jour; le second, le second
jour; & le troisiéme, le
t,roin2e.m.e jour. Nousdéclarons en ce
cas, que l'ordre de la primauté
ou posteriorité entre
les Archevesques, doit estre
dreeglé sur l'ordre & le temps leur consecration. Et afin
qu'ils se préviennent les uns
les autres par des témoignages
d'honneur &de déference,
& que leur exemple oblige
les autres à s'honorer mutuellement,
Nous desirons que celui
que cet ordre, touchant
les choses susdites, regardera
le premier
,
fasse à ses Collegues
une civilité & une honnêteté
charitable pour les inviteràprendre
cet honneur, &
qu'après cela il procèdeaux
choses susdites, ou à quelqu'une
d'elles.
ARTICLE XXIV.
Les Loix suisantes ont ejlè
publiées en la Diete de Metz
lejour de Noël, l'an 13r6.
Par Charles IV.Empereur des
Romains toujours Auguste,
.RoydiBobeme,affiflédetous
les PÍinces Electeurs du Saint
Empire en presence du Vénérable
Pere en Dieu le Seigneur
Théodorique Evêque d'Albe,
Cardinal de la sainte Eglise
Romaine>& de CharlesFils
aîné du Roy de France, Illustre
Duc de Normandie, &
Dauphin de Viennois.
S.J. SI quelqu'un estoit
entrédans quelque
complotcriminel, ou auroit
fait ferment ou promesse de
s'y engager avec les Princes
& Gentilshommes, ou avec des Particuliers &: autres
Personnnes quelconques
mêmes roturieres, pour attenter
à la vie des Reverends
& Illustres Princes Electeurs
du saint Empire Romain,
tant Ecclesiastiques que Seculiers,
ou de quelqu'un d'eux,
qu'il périsse par le glaive, &:
que tous ses biens soient
confisquez comme criminel de
leze.Majesté ; car ils sont
partie de nostre Corps: Et en
ces rencontres les Loix punissent
lavolontéaveclamême
severité que le crime mesme.
Et bien qu'il fût juste que les
fils d'un tel parricide moururentd'une
pareille more)
parce que l'on en peut appréhender
les mêmes exemples;
néanmoins par une bonté
particuliére
,
Nous leur donnons
la vie: Mais Nous voulons
qu'ils soient fruftrez de
la succession maternelle ou
ayeule, comme aussi de tout
les biens qu'ils pouroient esperer
par droit d'heredité &
de succession, ou par testament
de leurs autres parens &.
amis; afin qu'étant toujours
pauvres & necessiteux, l'infamie
de leur pere les accompagne
toûjours;qu'ils ne puissent
jamais parvenir à aucun
honneur & Dignité, même à
celles qui sont conferées par
l'Eglise; & qu'ilssoient re-@
duits à telle extremité, qu'ils
languissent dans une necessité
continuelle
,
& trouvent par
ce moyen leur soulagement
dans la mort &: leur supplice
dans la vie. Nous voulons aussi
que ceux qui oseront intercéder
pour telles sortes de gens,
soient notez d'une infamie
perpetuelle.
§. 2. Pour ce qui est des
filles de ces criminels ,en
quelque nombre qu'elles
puissent estre
,
Nous ordonnons
qu'elles prennentla falcidie
ou la quatriéme partie
en la successionde leur mere,
foit qu'elle ait fait testament
ou non; afin qu'elles ayent plûcôc:
une médiocre nourriture
de fille, qu'un entier avantage
ou nom d'heritieres.Car
en effet la Sentence doit être
d'autant plus moderée à leur
égard, que nous sommes perfuadez
que la foiblesse de leur
sexe les empêchera de commettre
des crimes de cette
nature.
§. Déclarons aussi les
émancipations que telles gens
pourroient avoir faites de leur
fils ou de leurs filles, depuis
la publication de la presente
Loi
,
nulles &: de nul effet ;
pareillement Nous déclarons
nulles & de nulle valeur toutes
les constitutionsde dot, donations
& toutes les autres
aliénations qui auront été faites
par fraude
, &. même de
droit,depuis le temps qu'ils
auront commencé à faire le
premier projet de ces conspirations
&: complot. Si les
femmes ayant retiré leur dot
se trouvent en cet état, que
ce qu'elles auront reçu de
leurs maris à titre de donations,
elles le doiventreserver
à leurs fils, lorsquel'usufruit
n'aura plus lieu;qu'ellesçachent
que toutes ces choses,
qui selon la Loi devroient
retourner aux fils, seront appliquées
à nostre Fisc, à la
reserve de la falcidie ou quatriéme
qui en fera prise pour
les filles, & n n pour les fils.
§. 4. Ce que nous venons
de dire de ces criminels & de
leurs fils,doitaussi estre entendu
de leurs satelites, complices
& ministres, & de
leursfils. Toutefois si aucun
des complices, touché du
desir d'une veritable gloire
découvre la conspiration, en
son commencement, il en recevra
de Nous récompense
& honneur: Mais pour cel ui
qui aura eu part à ces conspirations
&: ne les aura revelées
que bien tard, avant
néanmoinsqu'elles ayent été
découvertes, il fera estimé
digne feulement d'absolution
&: du pardon de son crime.
§. 5. Nous ordonnons aussi,
que s'il est revelé quelque
attentat commis contre lesdits
Princes Electeurs Ecclesiastiques
ou Seculiers, l'on
puissemême après la mort
du coupable poursuivre de
nouveau la punition de ce
crime. ,-
§. 6.De même,l'on pourra
pour ce crime de leze-Majesté,
à l'égard deidics Princes
Electeurs, donner la question
aux serviteurs du Maître
qui aura été accusé.
- §.7. Ordonnons deplus
par ce presentEdit Imperial,
& voulons que même après
la mort du coupable l'on
puisse commencer à informer
contre lui,afin quele
crime, étant * averé, sa mémoire
puisse estre condamnée
&: ses biens confisquez.
Car dés là que quelqu'un a
formé le dessein d'uncrime
détestable,il en est en quelque
façon coupable & bourrelé
en son ame.
$. 8. C'estpourquoy, dés
que quelqu'un se trouvera
coupable d'untel attentat
Nous voulons qu'il ne puisse
plus ni vendre, ni aliener, ni
donner la liberté à ses esclaves,
& mêmequ'on ne lui
puissepluspayer ce qui lui
estdû.
§.9.Pareillement ordonnons
qu'à ce sujet on applique
à laquestion les serviteurs
du criminels c'est-à-dire,
pour le crime ducomplot détestable
fait contre les Princes
Electeurs Ecclesiastiques
'&. Seculiers.
§. 10. Et si quelqu'unde
ces criminels meurt pendant
l'instruction du Procez, Nous
voulons que ses biens, à cause
qu'on est encore incertain
qui en fera leSuccesseur,
soient mis entre les mains de
la Justice.
ARTICLE XXV.
De la conservation des Princi»
pautez, des Electeurs en
leurentier. sS'Il est expedient que toutes
Principautez soient
conservées en leur entier, afin
que la Justice s'affermisse, &
que les bons & fideles Sujets
jouissentd'un parfait repos
d'une paix profonde ;il est
encore ,
sans comparaison beaucoup plus juste queles,
grandes Principautez, Domaines
,
Honneurs & Droits
des Princes Electeurs
,
demeurent
aussi en leur entier;
car là où lepéril est leplus à
craindre
,
c'est là ou il faut
user de plus grandes précaurions
de peur que les colomnesVenant
à manquer 3 toute le bâtiment ne tombe
en ruine.
§. I. Nous voulons donc &
or donnons parcet Edit Imperial
perpetuel, qu'à l'avenir
&à perpétuité les grandes
& magnifiques Principatitez
,
tellesque sont le Royau-
me de Bohême , la Comtç,
Palatine du Rhin,la Duché
de Saxe & le Marquisat de
Brandebourg,leurs Terres
Jurisdictions , , Hommages &
Vasselages, avec leurs appartenances
& dépendances, ne
puissent estre partagées
,
diviséesoudémembrées
en
quelque façon que ce soit ;
mais qu'elles demeurent à
perpétuité unies &: conservées
en leur entier. ,:.
§. 2. Que le Fils aîné y
succéde,& que tout le Domaine&
tout le Droit appartienne
à luy seul ; si cen'est
qu'il soit insensé,ou qu'il ait
tel autre grand &: notable
défaut qui l'empêche absolument
de gouverner; auquel
cas la successionluy estanc
défenduë
,
Nous voulons que
le fécond Fils, s'il y en a un
en la même ligne, y foit appellé
; sinon l'aîné des Frères
ou Parens paternelslaïque
qui se trouvera estre le plus
proche en ligne directe &:
masculine: lequel toutefois
fera tenu de donner des preuves
continuelles de sa bonté
& liberalité envers ses autres
Frères ôc Soeurs, contribuant
à leur subsistance selon la
grace qu'il aura reçue de
Dieu, & selon la bonne vo- lonté& facultez de son
patrimoine; lui défendant
expressément tout partage, division&démembrement
des Principautez,&: de leurs
appartenances ôc dépendances,
en quelque façon que
ce puisse être.
ARTICLE XXV-I.,,-
De la Cour Impériale desa
séance. , I.LE jour que l'EmpereurouleRoides
Romains voudra tenir folemnellement
sa Cour, les Princes
Electeurs tant Ecclesiastiques
que Seculiers, se renfdront
à une heure ou environ,
au logis de la demeure
Impériale ou Royale,ou
l'Empereur ou le Roi, étant
revêtu de tous lesOrneniens
Impériaux monteraachevai,
avectous les Princes Electeurs
qui l'accompagneront
jusqu'au lieu préparé pour
la Séance chacun en l'ordre
& en la maniéré qui a été cidessusprescrite
, &: inserée
dans l'Ordonnance qui regle
les marches des mêmes Princes
Eleaeurs.
2. L'Archichancelier dansl'Archichancellariat
duquel
la Cour Impériale se tiendra,
portera aussi au bout d'un Bâton
d'argent tous les Sceaux'
Impériaux ou Royaux.
§. 3. Mais les Princes Electeurs
Seculiers porteront le
Septre
,
la Pomme & l'Epée
,
en la nlanie-re qui a été dite
ci
-
dessus.
§. 4.Quelques autres Prill
ces inférieurs qui feront dé
putez par l'Empereur &: à
son choix, porteront immédiatement
devant l'Archevesque
de Trevesmarchant eJt.,
son rang, premièrement la
Couronne d'Aix-la-Chapelle:,
& en secondlieu, celle de
Milan: Ce qui ne se pratiquera
feulement que devant
l'Empereur, orné de la Couronne
Impériale.
§. L'Imperatrice aussi, ou,
la Reine des Romains, étant
revêtue des Habits & Orne.
mens de Ceremonie, marchera
après le Roi ou l'Empereur
des Romains, &: auiïi
après le Roi de Boheme , qui
fuit immédiatement l'Emper
reur ,mais çloignécd'unçù.
pace compétant, & accom
pagnée de ses principaux Officiers
&: de ses Filles d'Honneur
¡& ce jusques au lieu de
la Séance.
ARTICLE XXVII.
Des Fondions des Princes Electeurs
dans les rencontres oh
lesEmpereurs oit. Rois des Romains
tiennent folemnellement
leur Cour. NOus ordonnons que
toutes les fois que l'Elnpereur
ou le Roi des Romains
voudra tenir solemnellement
sa Cour, &: où Ice
PrincesEle&enrs ferontobjigèt
de faireles Ponctions de,
leurs Charges,on observe eiv
cela l'ordre suivant.-
§. i.Premièrement,TEm-,
pereurou le Roides Roi-riainsf,-
étant assis en sa Chaire Roya-r
le, ou sur le TrôneImpérialv
le Duc de Saxe fera sa ChaiM
ge en la maniéré que nous;
allons dire. On mettra d-,
vàntle Logis de la Séance
Imperiale ou Royale, un tas
d'Avoine, de telle hauceuf)
qu'il aille jusqu'au poitrai"
ou juf ues à la Telle du cheval
sur lequel le Duc fera.,
monté;: & le Duc ayant en'
ses mai ns un Bâton d'argent
& une Mesure aussi d'argent,>
qui peseront ensemble douze,
Marcs d'argnt.'& étant ï;
cheval- remplira la' mesure
d'avoine & la donnerar' au
premier Palfrenier qu'il ren-'
contrera. Apres quoi, fichant
le Bâton dans l'avoine, il se
retirera; & son Vice-Maréchal
, sçavoir de Pappenheim,
s'approchant, ou lui
absent, le Mareschal de la
1Cour,Jpaermvettroa leipinllagee d.e
§.i Dés que l'Empereur
ou le Roi des Romains se fera
mis à table, les Princes Electeurs
Ecclesiastiques, c'est-à-,
dire les Archevêques, étant'
debout devant la table avec
les autres Prelats, la beniront
suivant l'ordre qui a été
ci- dessus par Nous prescrit.
La Bénédiction étant faite,
les
les mêmes Archevêques, s'ilt
font tous presens, ou bien
deux, ou un d'entr'eux, pren*
,dront les Sceaux Impériaux
ou Roïaux des mains du Chancelier
de la Cour;& l'Archevesque
dans lArchichancellariat
duquel la Cour se tiendra,
marchant au milieu des
deux autres Archevesques qui
feront à ses cotez,tenant avec
lui le Bâton d'argent où les
Sceaux feront suspendus
; tous
trois les porteront ainli, &
les mettront avec rcfpctt lui?
la Table devant l'Empereur
ou le Roy. Mais l'Empereur
cru le Roiles leur rendra auflktost
: Et celui dans l'Archichancellariat
duquell%Cerémonies
se feront, comml a
vçté dit, pendra à Ton col le
plus grand Sceau, & le portera
ainsi durant tout le Difner
& apiés, jusquesà ce qu'il
foit retourné à cheval du Pa-
Jais à son Logis. Or le Bâton
dont nous venons de parler,
doit estre d'argent, du poids
-de douze marcs; & les trois
Archevesques doivent payer
chacun le tiers, tant du poids
de l'argent que du prix de
la façon. Le Baston & les
Sceaux demeureront au Chancellier
de la Cour, qui en fera
ce qu'il lui plaira; & c'est
pourquoi aussi-tofi: que celui
des Archevesques auquel il
aura appartenu de porter le
plus grand Sceau au col, depuis
le-Palais jusqu'à son Logis
( comme il a été dit )y
sera arrivé) il renvoyera par
quelqu'un deses Domestiques
audit Chancelier de la. Cour
Imperiale,ledit Sceau sur le
même cheval; & l'Archevefque,
selon la décence desa
propre Dignité & l'amitié
qu'il portera audit Chancelier
de la Cour, fera tenu
de lui donner aussi le cheval.
§. 3. Ensuite le Marquis
de Brandebourg viendra à
cheval, ayant en ses mains un
Bassin &: une Aiguière d'Argent
, du poids de douze
marcs, avec de l'eau & une
belle Serviette. En mettant
pied à terre, il donnera à laver
au Seigneur Empereur
ou au Roi des Romains.
<§.A. Le Comte Palatin du
Rhin entrera de mesme à
Cheval, portant quatre Plats
d'argent remplis deViande,
chaque Plat du poids de trois
marcs; & ayant mis pied à
terre, mettra les Plats sur la
Table devant l'Empereur ou
Roi des Romains.
§,f. Aprés eux viendra
le Roi de Boheme, Archi-
Echanson, étant aussi à Cheval,
& tenant à la main une
Coupe ou Gobelet d'argent
du poids de douze marcs.
couvert tic plein de Vin &
d'eau;& ayant mis pied à
terre, presentera à boire à
l'Empereurou au -
Roi des
Romains.
§. 6. Nousordonnonsaussi,
quesuivant ce quia éç
ptac'iquéjufql'ici),lesPrin
ces Electeurs Seculiersayantfait
leuts Charges, le Vice-
Chambellan de Falkenstein
ait le Cheval , le Bassin &
l'Aiguiére du Marquis de
Brandebourg: le Maistre de
Cuisine de Norteniberg, le
Cheval &: les plats du Comte
Palatin du Rhin; le Vice-
Echanson de Limbourg, le
Cheval &le Gobelet du Roy
de Bohême ; & le Vice-
Marêchal de Pappenheim, le Cheval,le Bâton& la Mesure
du Duc de Saxe. Bien
entendu que c'est en cas que
ces Officiers se trouventen
Personne à la Cour Imperiale
ou Royale, &: y fassent les
Fonctions de leurs Charges:
Autrement
,
& siis sont tous
absens ou quelques-uns d'eux,
alors les Officiers ordinaires
de l'Empereur ou du Roy des
Romains serviront au lieu
des Absens, chacun en sa
Charge; & comme ils en
feront les fonctions
,
aussi
joyiront-ils des émolunens;
ARTICLE XXVIIL
Des Tables Impériales &
Electorales. ;I'LA Table Imperiale
ou Royale doitestre
disposée en forte qu'elle soit
plus haute de six pieds que
lesautres Tables de la Salle ;
& aux jours des Affciiiblée%
solemnelles personne ne s'y
mettra que l'Empereur ou le
Roy des Romains seul.
§. 2. Et même la Place ôâ
la Table de l'Impératrice ou
Reineseradressée à côté,&
plusbaffe de trois pieds que
celle de l'Empereur ou Roy
des Romains;mais plus haute
quecelle des Electeurs aussi
de trois pieds. Pour les Tables
& places des Princes
Electeurs
, on les dressera
toutes d'une même hauteur.
§. 3. On dressera sept Tables
pour les sept Elecceun
Ecclesiastiques & Seculiers,
au bas de la Table Impériale,
sçavoir trois du côté droit ,
&trois autres du côté gauche
& la septiéme vis-à-vis de
l'Empereur ou Roy des Romains
,
dans le même ordre
que nous avons dit icy à l'Article
des Séances & du Rang
des Princes Elctlcurs ; en
forte que Personne, de quelque
qualité & condition qu'elle
foit
, ne se puisse mettre
entre deux ou à leurs Tables.
§. 4. Il ne sera permis à
aucun des susdits Princes Electeurs
Seculiers qui aura raie
sa Charge, de s'aller mettre
à la Table qui luy aura esté
preparée
, que tous les autres
Electeurs les Collegues
n'ayent fait aussi leurs Charges
mais que dés que quelqu'un
d'eux ou quelqu'uns auroit
fait la leur, ils se retireront
auprès de leur Table, &: se
tiendront làdebout, jusqu'à
ce que tous les autres ayent
achevé les Fondions susdites
de leurs Charges; &: alors ils
s'assoiront tous en même
temps,chacun à sa Table. §. 5. Dautant que nous
prouvons par les Relations
tres-certaines& par des Tradirions
si anciennes qu'il n'y a
point de memoirede contraire,
qu'il a été de tout temps
heureusement observé, que
l'éledion du Roy des Romains
futur Empereur se doit faire
en la Ville de Francfort, & le
Couronnement à Aix-la-C ha
- pelle, &que l'Elû Empereur
doit tenir sa premiere Cour
Royale à Nuremberg
-,
c'est
pourquoy Nous voulons, par
plusieurs raisons, qu'il en soit
usé de même à l'avenir;si co
n'est qu'il y ait empêchement
legitimé.
§. 6. Toutes les fois que
quelque Electeur Ecclesiastique
ou Seculier qui aura esté
appelle à la Cour Imperiale,
ne pourra pour quelque raison
legitime s'y trouver en Personlie
,
&: qu'il yenvoyera un Ambassadeur
ou Deputé; cet Ambaffadeur
,
de quelque condition
ou qualité qu'il soit ;,
quoi qu'en vertu de son pouvoir
il doiveestre admis en la
place de celuyqu'ilreprefente,
ne se mettra pas à la Table
quel'on aura destinée pour celuy
qui l'aura envoyé.
b-,~ Enfin toutes les Ceremonies
de cette Cour Imperiale
estant achevées
, tout l'échaffaut
ou Bâtiment de bois qui
aura esté fait pour la Seance &
pour les Tables de l'Empereur
ou Roy des Romains,& des
Princes Electeursassemblez
pour ces Ceremonies solemnelles,
oupour donner l'Investiture
des Fiefs, appartiendraauMaistred'Hôtel.
ARTICLEXXIX,
Des Droits des officiers, lorsque
les Princes font Hommage
de leurs Fiefs à l'Empereurou
au Roydes Romains,
§.1.ORdonnons par le
present Edit Imperial,
que lorsque les Princes
Electeurs, tant Ecclesiastiques
que Seculiers,recevrontlenrs
Fiefs 011 Droits Souverains
des mains de l'Empereur ouJ
du Roy des Romains
,
ils ne
soient point obligez de payer
ou de donner aucune choseà
qui que se foit: Car comme
l'argent que l'on paye sousce
pretexte en:du aux Officiers,
& que les Princes Electeurs
ont la Superiorité sur tous les
Officiers de la Cour Impériale
, ayant même en ces fortes
d'Offices leurs Substituts étaablis
& gagezà cet eiFet par
les Empereurs, il feroit absurde
que des Officiers substituez
demandaient de l'argent
ou des«Presens à leurs
Supcrieurs; si ce n'est que
lesdits Princes Electeurs leus
veuillent donner quelque
chosede leur propre volonré
& libéralité.•
§. 2. Mais les autres Prin-
"#s de l'Empire, tant EccleSadiquesqueSéculiers,
en
recevant leurs Fiefs,comme
nous venons de dire, de l'Empereur
ou du Roy des Romains,
donneront aux Officiers
de la Cour Imperiale ou
Royale , ,chacun soixante-trois
marcs 5cun quart d'argent;
si ce n'est que quelqu'un d'eux
pûtverifier sonexemption,&
faire voir que par privilege
Impérial ou Royal il foit dispensé
de payer laditesomme
, & tous les autrès droits que
l'on a accoutumé de payer
quand on prend l'Invefiiture;
&. ce fera le Maistre d'Hostel
de l'Empereurou du Roydes
Romains qui fera le partage
de ladite somme de soixantetrois
marcs & un quart d'ar.
gent, enla manière quisuit.
Premièrement, il en prendra
dixmarcs pour lui; Il en
donnera autant au Chancelier
de l'Empereurou du Roi
des Romains ; aux Secrétaires
, Nottaires & Dicteurs
trois marcs ;& à celui qui
scelle
, pour la cire & le parchemin
,unquart; sans quele
C hancelier&les Secretaires
soient tenus de donner pour
cela autre chose, sinon un
Certificat du Fief reçû ou de
sîmples Lettres d'Investiture.
Semblablement, le Maistred'Hostel
donnera de ladite
somme dix marcs à l'Echanson
de Limbourg ; dix aux
Vice - Marêchal de Pappenheim
,
&dix auVice-Chambellan
de Falkenstein ; pourvu
qu'ils se trouvent en personne
à ces Investitures, ôc
qu'ils y fartent les Fondions
de leurs Charges; autrement
&: en leur absence
,
les Officiers
de la Cour de l' Empereur
ou du Roi des Romains
qui feront la Charge des Absens
, & qui enauront eu la
peine, en recevront aussi le
profit.& les émolumens
§. 3. Mais lorsquele Prince
monté sur un Cheval ou toute
autre Bête, recevra l'Investiture
deses Fiefsde l'Empereur
ou du Roi des Romains
, quelque foit cette Bête,
elleappartiendra au grand
Maréchal ,c'est-à-dirfcauDue
de Saxe, s'il estpresent; sinon
à son Vice-Marêchal de
Pappenheim, &- en son absence
au Marêchal dela Cour de
l'Empereur.
ARTicle XXX.
De ÏInftruftion des Princels
Electeurs aux Langues.
§. I.DAutant que la
Majestédusaint
EmpireRomain doit prc{cri..
re les Loix, & commander
plusieursPeuples de diverses
Nations, moeurs, façons
de faire &: de différentes Langues
; il est Julie, & les plus
Gige le jugent ainsi,.que tes
Princes Electeursquisont les
côlomnes & les arcs-boutans
de l'Empire, soient instruits
& ayent la connoissance de
plusieurs Langues;parce qu'étant
obligez de soulager lEm-'
pereur en ses plus importantes
affaires; il est necessaire
qu'ils entendent plusieurspersonnes
, & que reciproquement
ils se puissent faire entendre
à plusieurs.
2. C'est pourquoy Nous
ordonnons que les Fils ou Heritiers
& Successeurs des Illustres
Princes Electeurs; ravoir
du Roy de Bohême, du
Comte Palatin du Rhin, du
Duc de Saxe, & duMarquis
de Brandebourg, qui sçavent
apparemment la Langue Allemande,
parcequ'ils ta. doivent
avoir apprise.dés leur ensance
; estant parvenus à l'à..
ge de sept ans,se fassentinstruire
aux Langues Latines,
Italienne & Esclavonne : en
telle sorte qu'ayant atteint la
quatorzième annéede leurâge,
ils y soient sçavans, selon
le talent que Dieu leur en au.
ra-donné : ce que Nous ne
jugeons pas feulement utile;,
mais aussi necessaire, à eause
que l'usage de ces Langues
est fort ordinaire dans l'Empire
pour le maniement de ses
plus importantes affaires.
; §. 3. Nous laissons toutefois
à l'option des Peres le particulier
de cette Instruction;en
forte qu'ildépendra d'eux
d'envoyer leur fils ou les Tarens
qu'ils jugeront leur devoir
apparemment succéder
en l'Eledorat, aux lieux où
ils pourront apprendre commodément
ces Langues, ou
de leur donner dans leurs
Maison des Précepteurs &: de
jeunes Camarades, par l'inftruétion
8c la conversation desquels ils puissent s'instruire
dans ces Langues.
Fin.
Fermer
Résumé : Bulle d'Or. [titre d'après la table]
Le texte présente plusieurs articles régissant les cérémonies et les lois du Saint-Empire Romain. L'article XXII décrit l'ordre de marche des Princes Électeurs lors des processions avec l'Empereur ou le Roi des Romains. Le Duc de Saxe porte l'épée impériale et marche devant l'Empereur, flanqué de l'Électeur de Trêves à gauche et du Comte Palatin du Rhin à droite, portant le globe impérial. Le Marquis de Brandebourg, portant le sceptre, complète ce trio. Le Roi de Bohême suit immédiatement l'Empereur sans que personne ne marche entre eux. L'article XXIII régit les bénédictions des archevêques en présence de l'Empereur. Les archevêques de Mayence, Trêves et Cologne se succèdent dans l'ordre de leur consécration pour les bénédictions lors des messes et des repas. L'article XXIV traite des lois contre les complots visant les Princes Électeurs. Toute personne impliquée dans un tel complot est passible de la peine de mort et de la confiscation de ses biens. Les descendants des criminels sont privés de leurs droits successoraux et des honneurs. Les complices peuvent obtenir une récompense s'ils révèlent le complot à temps. L'article XXV stipule que les grandes principautés des Princes Électeurs, telles que le Royaume de Bohême, la Comté Palatine du Rhin, le Duché de Saxe et le Marquisat de Brandebourg, doivent rester indivisibles et être transmises au fils aîné. En cas d'incapacité du fils aîné, la succession passe au frère ou au parent le plus proche. L'article XXVI décrit les cérémonies de la Cour Impériale. Les Princes Électeurs se rendent à la demeure impériale, où l'Empereur, revêtu de ses ornements, monte sur le trône accompagné des Électeurs. L'Archichancelier porte les sceaux impériaux, tandis que les Électeurs séculiers portent le sceptre, la pomme et l'épée. L'Impératrice ou la Reine des Romains suit l'Empereur. L'article XXVII détaille les fonctions des Princes Électeurs lors des cérémonies de la Cour Impériale. Le Duc de Saxe effectue une cérémonie symbolique avec de l'avoine et un bâton d'argent, suivie par son vice-maréchal ou le maréchal de la cour. Les archevêques bénissent la table avant que les Princes Électeurs ne prennent place. Les princes électeurs doivent accomplir leurs charges avant de s'asseoir à leurs tables respectives. La table impériale est la plus élevée, suivie de celle de l'impératrice, puis des tables des électeurs. Les cérémonies se déroulent traditionnellement à Francfort, Aix-la-Chapelle, et Nuremberg. Les princes électeurs ne paient pas pour recevoir leurs fiefs, mais les autres princes doivent verser une somme aux officiers impériaux. Les princes électeurs doivent également être instruits dans plusieurs langues pour mieux gérer les affaires de l'Empire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
18
p. 49-97
Discours nouveau sur l'origine, la Genealogie, & la Maison de Montmorency.
Début :
Tout le monde est persuadé de l'antiquité de l'illustre [...]
Mots clefs :
Généalogie, Maison de Montmorency, Noces, Origine, Alliances, France, Angleterre, Duc, Comte, Roi, Femme, Duchesse, Empereur, Branches, Armes, Mémoire, Paris, Royaume, Europe, Occident, Église, Guerre, Honneur, Seigneurs de Montmorency
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours nouveau sur l'origine, la Genealogie, & la Maison de Montmorency.
Discours nouveausur ïoriginey
1-t Genealogie, &la mal4
son de Montmorency. -% Tout le monde est persuadédel'antiquité
de l'illustre
Maison de Montmorency,&
personne ne
doute qu'elle ne soit une
des plus anciennes du
Royaume , la qualité de
premiersBarons Chrétiens
en France, avec lecry de
Guerre (Dieu aide au premier
Chrestien ) en marque la
grande antiquité. Mais la
révolution des siecles passez
a fait perdre les vieux
Titres
,
la negligence des
Historiens en dérobent
la memoire, & il est mal
aisé de sçavoir la verité de
son origine.
Celuy auquel nous avons
obligation de la connoissance
de cette Maison est
le fameux André Duchesne
qui par ses soins nous a
laisse dans un gros volume
toute sa posterité depuis
Bouchard I. qui vivoit en jj -' 954. maisil ne s'est pas embarrassé
de rapporter ceux
qui l'ont precedé
,
n'en
:t
ayant point trouvé de
preuves certaines; il rapporte
feulement ce que
d'anciens Autheurs ont dit
des premiers Seigneursde
Montmorency.
Ildit qu'il se trouve dans lapartiedes Gaules qu'on
appelle France deux insignes
commencemens de
conversion ; la premiere
par saint Denis premier
Evesque de Paris, qui a1 procuré la conversion des Gauloisla seconde saint par Remy, Archevesque
de Paris, qui convertit les
François; ces deux conversions
sont cause de deux
opinions touchant l'Autheur
d'une si nobleextraétion.
La premiere
, que LisbiusChevalierdune
tresgrande
Noblesse & d'autorité
parmy les Parisiens
estoit Seigneur de Mont-,
morency proche de cette
Ville, & fut le premier des
Gaulois qui embrassa la
Religion Chrestienne à la
prédication de saint Denis
vers l'an centième de nostre
Redemption, supposé
que ce fut saint Denis
l'Areopagite qui avoir esté
converty par saint Paul
Apostre : mais si l'on fuie
le sentiment de Gregoire
de Tours qui rapporte l'arrivée
de saint Denis dans
les Gaules sousle Coniulac
de Decius & de Gratus, la
conversion de Lisbius ne
pourroit estre que vers l'an
tJ3*
La seconde opinion qui
est de Robert Cenal, Evesque
d'Avranches, au premier
Livre de ses Remarques
Gau loises, & de Claude
Fauchée, au second Livre
de ses AntiquitézFrançoisesdisent
i que ce luy
qui a donné origine à la
Maison de Montmorency
nefutpas lefameux Gaulois
Lisbius,maisun Grand
Baron François nomme
Lisoie (lequel quand Clovis
premier Roy Chrestien
de France, fut baptisé par
saint Remy à Rheims en
499. ) fut le premier des
Seigneurs de sa suite
,
qui
se jetta dans la Cuve des
Fonds après luy
, en memoire
dequoy ses descendansmasles
ontestéhonorez
du titre de premiers
Barons Chrestiens deFrance
,
& ont tousjours eu depuis
pour cry de Guerre ,
Dieu aide au premier Chressien.
Quoy qu'il en soit, on
ne peut douter que les
deux qualitez qui ont tousjours
esté dans cetts illustre
Maison
,
de premier
Chrestien
, & de premier
Baron Chrestien en France,
n'ayent une origine
tres ancienne, &tr.--s illustre,
qui marque que les
anciens Seigneurs de
Montmorency eftoienc
des plus puissants du Royaume
: mais comme la
succession depuis Lisbius,
ou de Lisoie,n'apû se conserver
jusques à nous ,
il
faut s'en tenir à ce que
nous avons de plus asseuré,
& suivre ce qu'en a efcric
Duchesne auquel je renvoye
le Lecteur, qui commence
l'histoire de cette
Maison à Bouchard premier
, comme j'ay dit cydevant,
& quinous a donné
la suite desa posterité,
qui est rapportée dans la
Carte Chronologique de
cette Maison
, par MonsieurChevillard
qui donne
à ce Bouchard premier
un pere , un ayeul,
& un bisayeul
, que Duchesne
ne rapporte pas
mais les ayant trouvez
dans un autheur
)
il les a
rapportez pour faire connoistre
les alliances illustres
qu'ils avoient contractées,
puisque Jean Seigneur
de Montmorency pere de
Bouchard premier, qui vivoit
en 940. avoit épousé
Jeanne fille de Berenger
Comte de Beauvais, fils
d'AdolpheComte de Vermandois
, Everard Sei- j
gneur de Montmorency,
qui vivoit en 892. pere de
Jean & ayeul de Bouchard
premier, épousa Brunelle
fille deGaultier Comte de
Namur, & Leuto ou Leutard
Seigneur de Montmorency
qui vivoit en 845.
avoir épousé Everarde fille
d'un Comte de Ponchieu,
ce Leuto estoit pere d'Everard
& bisayeul de Bouchard
premier, c'est à luyqu'il
commence cet arbre
genealogique, afin defaire
connoistre les trois divers
changements qu'il y
a eus dans les Armes de la
Maison de Montmorency.
Ceux de cette Maison
avoient pris d'abord pour
leurs Armes, comme premiers
Chrestiens, d'or à la
croix de gueules;Bouchard
premier la cantonna de
quatre aiglettes ou allerions
d'azur, pour conservet
la memoire de quatre
Enseignes Impériales prises
à la victoire qu'il remporta
sur l'armée de tEmpereur
Othon II. Matthieu
II. dit le Grand, augmenta
les quatre allerions
de douze autres, en mémoire
de douze autres Enfeignes
Imperiales qui furent
prises à la bataille de
Bouvines sur l'Empereur
OthonIV. en1214 Ainsi
depuis ce temps- là les Seigneurs
de Montmorency
ont tousjours porté d'or à
la croix de gueules, cantonnée
de seize allerions
d'azur; & comme cette
Maison a formé quantité
de branches, ils ont brifé
leurs Armes differemment,
comme on le voit dans la
Carte genealogique, mais
à present comme labranche
aisnéeest éteinteenla
personne de Philippe de
Moutmorency Seigneur
de Nivelle, ôc Comte de
Horne décapité en 1^8.
auquel la branche de Fosfeux
a succedéàl'aisnesse,
toutes les autres branches
des Seigneurs de certe
Maison ont quitté leurs
brisures, & ont retenu les
Armes pleinesqu'ils portent
presentement.
La Maison de Montmorency
s'est separée en
quantité de branches, il y
en a eu plusieurs anciennes
qui font éteintes, mais
elle a conservé son nom
jusqu'à aujourd'huy, par la
succession de la branche
aisnée,dans plusieurs branches
qui subsistent,& quoy
qu'il paroisse de grandes
branches sorties de Mathieu
II. dit le Grand, Seigneur
de Montmorency
il n'y , a eu que la posterité
de son filsaisné Bouc hard
VI. qui ait retenule nom
de Montmorency, parce
que ion fils cadet Guyde
Montmorency fut Seigneur
de Laval, qui comme
heritier desa mereEme
de Laval, sortie d'une tres
noble & tres illustre Maison,
en atransmis le nom
à ses Descendans qui le retiennent
encore aujourd'huy,
ayant retenu les Armes
de Montmorency
,
la
Croix chargée de cinq coquilles
d'argent pour brisure,
comme cadets de sa
Maison.
Quant aux honneurs de
cette Maison, on ne peut
disconvenir qu'elle est des
plus illustrées
, tant dans
les alliances qu'ils ont contractées,
que dans les charges
qu'ils ont possedées,
les honneursqu'ils onteus
par leurs alliances, les font
toucher de près à tout ce
qu'il y a eu de Testes couronnées
dans l'Europe, &
pour le faire connoistre il
faut distinguer ses alliances
en trois manieres. Premierement
,
dans son ancienneté
: Secondement,
depuis
depuis la separation de ses
deux Branches, les Alliances
que celle de la Branche
de Montmorency a contractées
:
Troisiémement,
celle que la Branche de Laval
aeuës. Premierement, les Alliances
qu'ils ont eues anciennement
sont trcs considerables
puisque la premiere
qui estrapportée par
Duchesneestl'épouse qu'il
donne à Bouchard I.Elle
se nommoit Hildegarde,
& estoit fille de Thibaud I.
Comte de Chartres & de
de Bipis,ôc de Ledegarde
de Vermandois. Elle avoit
pour frere Eudes I. Comte
de Chartres & de Blois,
pere de Eudes II. Comte
de Champagne, duquel
sont forcis tous les Comtes
de Champagne; & pour
soeur Emme,femme de
GuillaumeIII. Duc de
Guyenne
, mere de Guillaume
IV. Ducde Guyenne
,
élu Roy d'Italie
, &
Empereur des Romains
duquel sont desçendus les,
Ducs deGuyenne,&Agnés
femme de l'Empereur
Henry III.
-
Hildegarde avoit pour
alliances du costé de sa
mere Ledgarde de Vermandois,
qui estoit fille de
Herbert II. Comte de Vermandois,&
d'une soeur de
Hugues le Grand, Duc de
France
,
& Comte de Paris
, pere du Roy Hugues
Capet; & aussi soeur d'Emme
,
Reine de France,
femme de Raoul, Duc de
Bourgogne, & Roy de
France, si bien qu'elle estoit
cousine du second au
troisiéme degré du Roy
Hugues Capec
,
chef de la
n'oineme Race des Rois
de France qui subsiste aujourd'huy.
Mathieu I. Seigneur de
Montmorency, Connestable
de France, épousa Aline
,
fille de Henry I. Roy
d'Angleterre, &en fecondes
nôces il épousa Alix de
Savoye
, veuve du Roy
Loüis VI. dit le Gros, mere
duRoy Loüis le Jeune, si
bien qu'il avoit l'honneur
d'estre beaupere du Roy
pour lors regnant.
BouchardV.s'alliaavec
Laurence, fille de Baudoüin,
Comte deHainaut,
descendu par les Comtes
de Flandres, de l'Empereur
Charlemagne; elle
estoit tante de BaudoüinV.
Comte de Flandres
, &
Empereur de Constantinople
,
d'Isabeau de Hainaut
,
Epouse du Roy de
France Philippe-Auguste,
& d'Ioland de Hainaut
Impératrice de Constanti-,
nople, femme de Pierre
de Courtenay, auquel elle
porta la Couronne
@
Imperiale.
Matthieu II. avoit épouse
en premières noces Gertrude
de Néelle
,
fille de Thomas Chastelain de ,
Bruges en Flandres
, &
d'une soeur d'Yves, Comte
de Soissons
,
Seigneur de
Néelle.C'estde cetteDame
quetoute la Maison de
Montmorency d'aujourd'huy
descend, parce que
Matthieu II épousa en secondes
noces Emme de
Laval qui luy donna pour
fils Guy de Montmorency,
Seigneur de Laval, comme
jelediray cy-aprés ; cette
Dame estoit soeur aisnée
d'Isabeau de Laval, femme
de Bouchard VI.Seigneur
de Montmorency, fils aisné
du premier lit de Mathieu
IL ainsi l'on peut dire
que dans la separation des
deux branches de Montmorency,
& de Laval, ils
ont les mesmes alliances,
puisque par les mariages
de ces deux Dames de la
Maison de Laval,ils se
trouvoient alliez des Maisons
de France ,
d'Angleterre,
d'Ecosse, de Castille,
des Comtes deThoulouse,&
de quantité d'autres
Maisons tres- considerables.
Secondement
,
les alliances
que la Maison de
Montmorency a contractéesdepuis
sa separation
d'avec la branche de Laval,
sont celles que Mathieu
III. contracta avec
Jeanne de Brienne fille de
Jean Roy de Jerusalem,
qui estoit fille de Henry
Comte de Champagne
Roy de Jerusalem. Cette
alliance leur en donna de
nouvelles avec la Maison
de France,puisque Henry
Comte
Comte de Champagne
Roy de Jerusalem
,
avoit
pour mere Marie de France
fille du Roy Loüis le
Jeune, avec les Roys de
Navarre de la Maison de
Champagne
, & avec les
Roys de Jerusalem & de
Chypre, de la Maison de
Lefignen.
Mathieu IV.ditle Grand,
Seigneur de Montmorency
,
fils de Mathieu III.
s'allia avec Marie de
Dreux Princesse du sang
de France, fille de Robert
IV. Comte de Dreux,
qui avoit pour quatriéme
ayeul Robert de France
Comte de Dreux fils du
Roy Loiiis le Gros. D'ailleurs
elle estoit sa parente
par trois endroits,d'abord
au quatriéme degré du
costé maternel par laMaison
de Craon , parce que
Maurice Seigneur de
Craon fut pere de Havoise
de Craon,femme de Guy
VI. Seigneur de Laval, qui
estoit pere d'Isabeau de Laval
mar iée à Bouchard VI.
Seigneur de Montmorency
ayeul de MathieuIV.
Et d'Amaury de Craon,
pere de Jeanne de Craon
femme de Jean Comte de
Montfort ayeulle maternelle
de ladite Dame Marie
de Dreux, par la Maison
de Montfort. Elle estoit
sa parente du quatriéme
au cinquiémedegré,
& par celle de Coucy du
cinquiéme au sixiéme.
Ce ne seroit jamais fait
si on vouloit particularifcr
toutes les alliances les unes
aprés les autres, on se renferme
aux trois recentes; sa
premiereest celle queHenry
Duc de Montmorency
II. du nom,Pair, Marechal
& Amiral de France,
contractaavec Marie Felice
des Ursins en 1612 par
l'entremise du Roy Louis
XIII. & de la Reine Marie
de Medicis sa mere 3,
pour lorsRegente du Royaume
)
qui estoit sa parente
du deuxiéme au troisiéme
degré, puisque la
Reine avoir pour pere
François deMedicisGrand
Duc de Toscane
,
qui estoit
frere d'Elisabeth de
Medicis femme de Paul
des Ursins Duc de Bracciano,
ayeul de Madame la
Duchesse de Montmorency
: ainsil'on peut voir par
cette alliance, l'estime que
le Roy Louis XIII. d'heureuse
memoire,faifoic de
cetteMaison,puisqu'il faisoitépouserà
Monsieur le
Duc de Montmorency sa
parenteau troisiéme degré.
La féconde alliance des
trois ausquelles on s'est retranché
,
est celle de Charlote
Marguerite de Montmorency
,soeur & heritiere
de HenryII. Duc de
Montmorency mort sans
posterité
,
laquelle épousa
en 1609. Henry de Bourbon
II. du nom Prince de
Condé. Cette Princesse
aprés la , mort de son frere
, herita du Duché de
Montmorency, & de plusieurs
autres biens qui sont
entrez parcette alliance
dans laMaison de Condé.
La troisiéme alliance est
celle que fit François Henry
de Montmorency Duc
de Piney -
Luxembourg,
forti de la branche de Bouteville,
quiépousaen 1661.
Magdelaine- Charlotte-
Bonne-Therese de Clermont
Duchesse de Piney-
Luxembourg,fille de Charles-
Henry de C lermont-
Tonnerre, & de Marie de
Luxembourg Duchesse de
Piney
,
qui se défit de sa
Duché en mariant sa fille, àcondition que son époux
porteroit le nom & les Armes
de Luxembourg
,
luy
transmettant le droit de sa
Duché femelle, afin de
conserver le nom de cette
illustre Maison, qui a donné
plusieurs Empereurs
des Romains, des Roys de
Boheme, des Reines de
France, & à d'autres Couronnes
de l'Europe.
Ayant cy-dessus distingué
les alliances de la Maison
de Montmorency en
trois manieres. Premierement
, dans son commencement.
Secondement, depuis la separation de ses
deux grandes branches, &
en troisiéme lieu, en celle
que la branche de Laval a
euë depuis sa separation
d'avec celle de Montmorency.
J'en rapporte quatre
qui sont d'une tresgrande
îllustration. La premiereest
celle que Guy X.
Comte de Laval contracta
en 1347. avec Beatrix
fille d'Artus Duc de Bretagne
, &dont l'arriere petite
filleIsabeau de Laval
épousa Loüis de Bourbon
Comte de Vendôme. C'est
cette seconde alliance qui
doit aujourd'huy faire plus
de plaisir à la Maison de
Montmorency; puisque
c'est de cette Isabeau de
Laval que descend toute la
Maison Royalle de Bourbon,
estant la sixémeayeulle
paternelle de nostre
grand Monarque Loüis
XIV. à present regnant;
qui voit en cette presente
année 1711. son Throfne
affermi dans sa Maison
pour plusieursannées par
la naissance de ses arriere
petits fils Monseigneur le
Duc de Bretagne, &Monseigneur
le Duc d'Anjou,
&par cette alliance toutes
les Testes couronnées de
l'Europe qui regnent aujourd'huy
,
sont alliéesà la
Maison de Montmorency,
La troisiéme alliance
qui fait encore honneur à
cette Maison, c'estdevoir
René d'Anjou Roy de Na",
ples & de Jerusalem
,
qui
épousa Jeanne de Laval en
fecondes noces, mais cette
Reine n'en ayant point eu
d'enfans ,il n'est resté à sa
famille que le plaisir de
s'en souvenir.
La quatriéme & demiere
alliance est celle de
Charlotte d'Arragon fille
de Federic d'Arragon Roy
deNaples, qui fut femme
de Guy XVI. Comte de
Laval; ils eurent plusieurs
enfans, entre autres deux
filles, dont l'aisnée Catherine
de Laval épousa Claude
Sire de Rieux,qui porta
dans la Maison deColigny
le Comté de Laval,
qui a présl'excinction de
cette branche,est tombé
dans celle de sa soeur cadette
Anne de Laval qui
épousa François de la
Tremoille Vicomte de
Thouars,dont est descendu
Monsieur le Duc de la
Tremoille qui possedeaujourd'huy
le Comté de Laval,&
quiàcause de cette
alliance,faitses protcftations
à tous les Traitez de
Paix
,
où il envoye une
personne pour le reprefen"-
ccr , prétendant au Royaume
de Naples comme
heritier d'Anne de Laval
sa quatriéme ayeulle.
-
Sans s'attacher à toutes
les alliances souveraines
de cette illustre Maison,
je diray qu'il y en a quantité
d'autres tres conGderablesquiluy
sont alliées,
& le grand nombre de
Maisons qui y ont pris des
femmes, tient à honneur
d'en estre descendu
,
& se
font un plaisir d'arborer les;
Armes de Montmorency
dansleursalliances.
L'on voit parmy les 1
Grands Officiers du Royaume
de France plus de
Seigneurs de laMaison de
Montmorency que d'aucuneautreMaisons
l'on y
compte deux grands Senéchaux,
six Connestables,&
un Connestable d'Hibcrnie,
neufMaréchaux,quatre
Grands Amiraux, trois
Grands Maistres de la
Maison du Roy, trois
Grands Chambellans,deux
Grands Bouteillers ou Eschansons,
& deux Grands
Pannetiers.
Plusieurs Connestables,
& autres Grands Officiers
de France, sont sortis de
cette Maison tres illustre,
ouenontépousédesfilles,
outre que cette Maison a
aussi produit plusieursDucs
&DuchelTes.
Quoy que la vertu & la
Religion ayent tousjours
esté le partage des Seigneurs
de Montmorency
neanmoins l'on , en voit
tres peu qui ayent estérevestus
de Dignitez Ecclesiastiques;
l'on en voitcependant
un Archevesque
Duc de Reims, des Evesques
d'Orleans, & peu
d'autres.
ilsontencore l'honneur
d'avoir un Saint reconnu
par l'Eglise,donton revere
la memoire aux Vaux
de Cernay enBeauce,c'est
saint Thibaud de Mont-
-
morency Seigneur deMarly,
fils de Mathieu premier,
&
dAline d'Angleterre, lequel
se croisa en 1173. pour
le voyage de la Terre sainte.
A son retour il se fit
Religieux de l'Ordre de
Cisteaux, en l'Abbaye du
Val, puis ilfut Abbé des
Vaux de Cernay à quatre
lieuës de Versailles, entre
Chevreuse &: Ramboüillet,
où il mourut saintementvers
l'an 1189.
Enfin tant de grandeur
dans une Maisonfaitassez
connoistre que la valeur a
esté hereditaire dans l'âme
des Seigneurs de Montmorency,
& leur a tait meriter
tous ces honneurs,
pour avoir tousjours refpandu
leur fang pour la
deffensede leurs Roys, &
de leur patrie, s'estant tousjours
trouvez à la teste des
Armées qu'ils commandoient
en chef, où ils ont
fait paroistre leur courage
avec éclat au milieu des
plus grands perils.
Je n'en veux point un
plus grand exemple que
celuy d'Anne de Montmorency
Duc, Pair, Marechal
,
Connestable
, k,
Fi
Grand Maistre de France,
lequel aprèsavoirblanchi
fous le harnois militaire,
pour la deffenseduRoy,
& de la patrie, remporta
dans le tombeau la gloire
d'estre mort au lit d' honneur
,
puisque commandant
l'Armée Royalle à la
Bataille de saint Denis, il
y receut huit coups mortels
,
dont il mourut deux
jours aprés en son Hostel
de Montmorency à Paris,
estant âgé de prés de quatre
vingt ans, comblant
par ce moyen les derniers
jours de sa vie d'une fin
tres glorieuse, a prés avoir
servy cinq Roys, & après
avoir passé par tous les degrez
d'honneur, & s'estre
trouve à huitBatailles, en
ayant commandé quatre
en chef; aussi le Roy Charles
1X. voulant honorer la
memoire de ce grand Chef
de Guerre
,
ordonna que
sa Pompe funebre fust faite
en l'Eglise de Nostreme
de Paris,avec toute la
magnificencepossible, où
toutes les Cours souveraines
assisterent par ordre du
Roy. De là son corps fut
porté en l'Eglise de saint
Martin de Montmorency,
& son coeur en celle des
Celestins de Paris, où il
futmis dans un Caveau,
proche de celuy du Roy
HenryII. Il estoit bien
juste qu'un coeur quiavoit
esté aimé de son Prince,
& qui avoit eu part à ses
plus im portantes affaires,
fust après son trépas inhumé
proche de celuy qui
luy avoit fait tant d'honneur
durant sa vie,
Mr Chevillard vient de
mettre au jour une Carte
qui a pour Titre: Succession
Chronologique des Empereurs,
&des Impératrices d'Occident,
depuis Charlemagnejusqu'à
present.
On n'entreprend point
de rapporter dans cette
Carte les Empererus Romains,
ni les Empereurs
d'Orient, on s'est borné
à rapporter la Chronologie
des Empereurs, & des
Imperatrices d'Occident,
qui sont ceux qui ont regnéen
Europe depuis l'an
800. On commence par
Charlemagne que l'erreur
commune fait le restaurateur
de l'Empired'Occident
, quoyqu'il soit vray
qu'il estoitEmpereur avant
qu'il cust eHé reconnu tel
par les Romains estantEmpereur
par sa feule qualité
de Roy des François, l'Empire
d'Occident ou du
moins celuy des Gaules
ayant este cedé à Clovis en
508. & confirmé à ses petitsfils
par l'Empereur Justinien.
Il eftvrayque depuis
l'an875. on n'a reconnu
pour Empereurs que
ceux qui ont esté reconnus
tels par les Papes, que mesme
les Rois de Germanie;
& d'autres qui ont esté couronnezEmpereurs,
n'ayant
priscetitre, du moins jusqu'ausiecle
dernier, qu'après
ce couronnement, se
contentant, jusqu'à cette
ceremonie
,
de celuy de
Roy desR omains ou d'Empereurélu.
On met neanmoins
dans cette Carte
ceux que l'erreur publique
reconnoist pour Empereurs
ou qui ont ~estéélus
im Empereurs,
Empereurs
, par des partis,
pour les opposer à ceux
qui avoient esté légitimément
élûs,ilssont distinguez
par des Couronnes
differentes.
1-t Genealogie, &la mal4
son de Montmorency. -% Tout le monde est persuadédel'antiquité
de l'illustre
Maison de Montmorency,&
personne ne
doute qu'elle ne soit une
des plus anciennes du
Royaume , la qualité de
premiersBarons Chrétiens
en France, avec lecry de
Guerre (Dieu aide au premier
Chrestien ) en marque la
grande antiquité. Mais la
révolution des siecles passez
a fait perdre les vieux
Titres
,
la negligence des
Historiens en dérobent
la memoire, & il est mal
aisé de sçavoir la verité de
son origine.
Celuy auquel nous avons
obligation de la connoissance
de cette Maison est
le fameux André Duchesne
qui par ses soins nous a
laisse dans un gros volume
toute sa posterité depuis
Bouchard I. qui vivoit en jj -' 954. maisil ne s'est pas embarrassé
de rapporter ceux
qui l'ont precedé
,
n'en
:t
ayant point trouvé de
preuves certaines; il rapporte
feulement ce que
d'anciens Autheurs ont dit
des premiers Seigneursde
Montmorency.
Ildit qu'il se trouve dans lapartiedes Gaules qu'on
appelle France deux insignes
commencemens de
conversion ; la premiere
par saint Denis premier
Evesque de Paris, qui a1 procuré la conversion des Gauloisla seconde saint par Remy, Archevesque
de Paris, qui convertit les
François; ces deux conversions
sont cause de deux
opinions touchant l'Autheur
d'une si nobleextraétion.
La premiere
, que LisbiusChevalierdune
tresgrande
Noblesse & d'autorité
parmy les Parisiens
estoit Seigneur de Mont-,
morency proche de cette
Ville, & fut le premier des
Gaulois qui embrassa la
Religion Chrestienne à la
prédication de saint Denis
vers l'an centième de nostre
Redemption, supposé
que ce fut saint Denis
l'Areopagite qui avoir esté
converty par saint Paul
Apostre : mais si l'on fuie
le sentiment de Gregoire
de Tours qui rapporte l'arrivée
de saint Denis dans
les Gaules sousle Coniulac
de Decius & de Gratus, la
conversion de Lisbius ne
pourroit estre que vers l'an
tJ3*
La seconde opinion qui
est de Robert Cenal, Evesque
d'Avranches, au premier
Livre de ses Remarques
Gau loises, & de Claude
Fauchée, au second Livre
de ses AntiquitézFrançoisesdisent
i que ce luy
qui a donné origine à la
Maison de Montmorency
nefutpas lefameux Gaulois
Lisbius,maisun Grand
Baron François nomme
Lisoie (lequel quand Clovis
premier Roy Chrestien
de France, fut baptisé par
saint Remy à Rheims en
499. ) fut le premier des
Seigneurs de sa suite
,
qui
se jetta dans la Cuve des
Fonds après luy
, en memoire
dequoy ses descendansmasles
ontestéhonorez
du titre de premiers
Barons Chrestiens deFrance
,
& ont tousjours eu depuis
pour cry de Guerre ,
Dieu aide au premier Chressien.
Quoy qu'il en soit, on
ne peut douter que les
deux qualitez qui ont tousjours
esté dans cetts illustre
Maison
,
de premier
Chrestien
, & de premier
Baron Chrestien en France,
n'ayent une origine
tres ancienne, &tr.--s illustre,
qui marque que les
anciens Seigneurs de
Montmorency eftoienc
des plus puissants du Royaume
: mais comme la
succession depuis Lisbius,
ou de Lisoie,n'apû se conserver
jusques à nous ,
il
faut s'en tenir à ce que
nous avons de plus asseuré,
& suivre ce qu'en a efcric
Duchesne auquel je renvoye
le Lecteur, qui commence
l'histoire de cette
Maison à Bouchard premier
, comme j'ay dit cydevant,
& quinous a donné
la suite desa posterité,
qui est rapportée dans la
Carte Chronologique de
cette Maison
, par MonsieurChevillard
qui donne
à ce Bouchard premier
un pere , un ayeul,
& un bisayeul
, que Duchesne
ne rapporte pas
mais les ayant trouvez
dans un autheur
)
il les a
rapportez pour faire connoistre
les alliances illustres
qu'ils avoient contractées,
puisque Jean Seigneur
de Montmorency pere de
Bouchard premier, qui vivoit
en 940. avoit épousé
Jeanne fille de Berenger
Comte de Beauvais, fils
d'AdolpheComte de Vermandois
, Everard Sei- j
gneur de Montmorency,
qui vivoit en 892. pere de
Jean & ayeul de Bouchard
premier, épousa Brunelle
fille deGaultier Comte de
Namur, & Leuto ou Leutard
Seigneur de Montmorency
qui vivoit en 845.
avoir épousé Everarde fille
d'un Comte de Ponchieu,
ce Leuto estoit pere d'Everard
& bisayeul de Bouchard
premier, c'est à luyqu'il
commence cet arbre
genealogique, afin defaire
connoistre les trois divers
changements qu'il y
a eus dans les Armes de la
Maison de Montmorency.
Ceux de cette Maison
avoient pris d'abord pour
leurs Armes, comme premiers
Chrestiens, d'or à la
croix de gueules;Bouchard
premier la cantonna de
quatre aiglettes ou allerions
d'azur, pour conservet
la memoire de quatre
Enseignes Impériales prises
à la victoire qu'il remporta
sur l'armée de tEmpereur
Othon II. Matthieu
II. dit le Grand, augmenta
les quatre allerions
de douze autres, en mémoire
de douze autres Enfeignes
Imperiales qui furent
prises à la bataille de
Bouvines sur l'Empereur
OthonIV. en1214 Ainsi
depuis ce temps- là les Seigneurs
de Montmorency
ont tousjours porté d'or à
la croix de gueules, cantonnée
de seize allerions
d'azur; & comme cette
Maison a formé quantité
de branches, ils ont brifé
leurs Armes differemment,
comme on le voit dans la
Carte genealogique, mais
à present comme labranche
aisnéeest éteinteenla
personne de Philippe de
Moutmorency Seigneur
de Nivelle, ôc Comte de
Horne décapité en 1^8.
auquel la branche de Fosfeux
a succedéàl'aisnesse,
toutes les autres branches
des Seigneurs de certe
Maison ont quitté leurs
brisures, & ont retenu les
Armes pleinesqu'ils portent
presentement.
La Maison de Montmorency
s'est separée en
quantité de branches, il y
en a eu plusieurs anciennes
qui font éteintes, mais
elle a conservé son nom
jusqu'à aujourd'huy, par la
succession de la branche
aisnée,dans plusieurs branches
qui subsistent,& quoy
qu'il paroisse de grandes
branches sorties de Mathieu
II. dit le Grand, Seigneur
de Montmorency
il n'y , a eu que la posterité
de son filsaisné Bouc hard
VI. qui ait retenule nom
de Montmorency, parce
que ion fils cadet Guyde
Montmorency fut Seigneur
de Laval, qui comme
heritier desa mereEme
de Laval, sortie d'une tres
noble & tres illustre Maison,
en atransmis le nom
à ses Descendans qui le retiennent
encore aujourd'huy,
ayant retenu les Armes
de Montmorency
,
la
Croix chargée de cinq coquilles
d'argent pour brisure,
comme cadets de sa
Maison.
Quant aux honneurs de
cette Maison, on ne peut
disconvenir qu'elle est des
plus illustrées
, tant dans
les alliances qu'ils ont contractées,
que dans les charges
qu'ils ont possedées,
les honneursqu'ils onteus
par leurs alliances, les font
toucher de près à tout ce
qu'il y a eu de Testes couronnées
dans l'Europe, &
pour le faire connoistre il
faut distinguer ses alliances
en trois manieres. Premierement
,
dans son ancienneté
: Secondement,
depuis
depuis la separation de ses
deux Branches, les Alliances
que celle de la Branche
de Montmorency a contractées
:
Troisiémement,
celle que la Branche de Laval
aeuës. Premierement, les Alliances
qu'ils ont eues anciennement
sont trcs considerables
puisque la premiere
qui estrapportée par
Duchesneestl'épouse qu'il
donne à Bouchard I.Elle
se nommoit Hildegarde,
& estoit fille de Thibaud I.
Comte de Chartres & de
de Bipis,ôc de Ledegarde
de Vermandois. Elle avoit
pour frere Eudes I. Comte
de Chartres & de Blois,
pere de Eudes II. Comte
de Champagne, duquel
sont forcis tous les Comtes
de Champagne; & pour
soeur Emme,femme de
GuillaumeIII. Duc de
Guyenne
, mere de Guillaume
IV. Ducde Guyenne
,
élu Roy d'Italie
, &
Empereur des Romains
duquel sont desçendus les,
Ducs deGuyenne,&Agnés
femme de l'Empereur
Henry III.
-
Hildegarde avoit pour
alliances du costé de sa
mere Ledgarde de Vermandois,
qui estoit fille de
Herbert II. Comte de Vermandois,&
d'une soeur de
Hugues le Grand, Duc de
France
,
& Comte de Paris
, pere du Roy Hugues
Capet; & aussi soeur d'Emme
,
Reine de France,
femme de Raoul, Duc de
Bourgogne, & Roy de
France, si bien qu'elle estoit
cousine du second au
troisiéme degré du Roy
Hugues Capec
,
chef de la
n'oineme Race des Rois
de France qui subsiste aujourd'huy.
Mathieu I. Seigneur de
Montmorency, Connestable
de France, épousa Aline
,
fille de Henry I. Roy
d'Angleterre, &en fecondes
nôces il épousa Alix de
Savoye
, veuve du Roy
Loüis VI. dit le Gros, mere
duRoy Loüis le Jeune, si
bien qu'il avoit l'honneur
d'estre beaupere du Roy
pour lors regnant.
BouchardV.s'alliaavec
Laurence, fille de Baudoüin,
Comte deHainaut,
descendu par les Comtes
de Flandres, de l'Empereur
Charlemagne; elle
estoit tante de BaudoüinV.
Comte de Flandres
, &
Empereur de Constantinople
,
d'Isabeau de Hainaut
,
Epouse du Roy de
France Philippe-Auguste,
& d'Ioland de Hainaut
Impératrice de Constanti-,
nople, femme de Pierre
de Courtenay, auquel elle
porta la Couronne
@
Imperiale.
Matthieu II. avoit épouse
en premières noces Gertrude
de Néelle
,
fille de Thomas Chastelain de ,
Bruges en Flandres
, &
d'une soeur d'Yves, Comte
de Soissons
,
Seigneur de
Néelle.C'estde cetteDame
quetoute la Maison de
Montmorency d'aujourd'huy
descend, parce que
Matthieu II épousa en secondes
noces Emme de
Laval qui luy donna pour
fils Guy de Montmorency,
Seigneur de Laval, comme
jelediray cy-aprés ; cette
Dame estoit soeur aisnée
d'Isabeau de Laval, femme
de Bouchard VI.Seigneur
de Montmorency, fils aisné
du premier lit de Mathieu
IL ainsi l'on peut dire
que dans la separation des
deux branches de Montmorency,
& de Laval, ils
ont les mesmes alliances,
puisque par les mariages
de ces deux Dames de la
Maison de Laval,ils se
trouvoient alliez des Maisons
de France ,
d'Angleterre,
d'Ecosse, de Castille,
des Comtes deThoulouse,&
de quantité d'autres
Maisons tres- considerables.
Secondement
,
les alliances
que la Maison de
Montmorency a contractéesdepuis
sa separation
d'avec la branche de Laval,
sont celles que Mathieu
III. contracta avec
Jeanne de Brienne fille de
Jean Roy de Jerusalem,
qui estoit fille de Henry
Comte de Champagne
Roy de Jerusalem. Cette
alliance leur en donna de
nouvelles avec la Maison
de France,puisque Henry
Comte
Comte de Champagne
Roy de Jerusalem
,
avoit
pour mere Marie de France
fille du Roy Loüis le
Jeune, avec les Roys de
Navarre de la Maison de
Champagne
, & avec les
Roys de Jerusalem & de
Chypre, de la Maison de
Lefignen.
Mathieu IV.ditle Grand,
Seigneur de Montmorency
,
fils de Mathieu III.
s'allia avec Marie de
Dreux Princesse du sang
de France, fille de Robert
IV. Comte de Dreux,
qui avoit pour quatriéme
ayeul Robert de France
Comte de Dreux fils du
Roy Loiiis le Gros. D'ailleurs
elle estoit sa parente
par trois endroits,d'abord
au quatriéme degré du
costé maternel par laMaison
de Craon , parce que
Maurice Seigneur de
Craon fut pere de Havoise
de Craon,femme de Guy
VI. Seigneur de Laval, qui
estoit pere d'Isabeau de Laval
mar iée à Bouchard VI.
Seigneur de Montmorency
ayeul de MathieuIV.
Et d'Amaury de Craon,
pere de Jeanne de Craon
femme de Jean Comte de
Montfort ayeulle maternelle
de ladite Dame Marie
de Dreux, par la Maison
de Montfort. Elle estoit
sa parente du quatriéme
au cinquiémedegré,
& par celle de Coucy du
cinquiéme au sixiéme.
Ce ne seroit jamais fait
si on vouloit particularifcr
toutes les alliances les unes
aprés les autres, on se renferme
aux trois recentes; sa
premiereest celle queHenry
Duc de Montmorency
II. du nom,Pair, Marechal
& Amiral de France,
contractaavec Marie Felice
des Ursins en 1612 par
l'entremise du Roy Louis
XIII. & de la Reine Marie
de Medicis sa mere 3,
pour lorsRegente du Royaume
)
qui estoit sa parente
du deuxiéme au troisiéme
degré, puisque la
Reine avoir pour pere
François deMedicisGrand
Duc de Toscane
,
qui estoit
frere d'Elisabeth de
Medicis femme de Paul
des Ursins Duc de Bracciano,
ayeul de Madame la
Duchesse de Montmorency
: ainsil'on peut voir par
cette alliance, l'estime que
le Roy Louis XIII. d'heureuse
memoire,faifoic de
cetteMaison,puisqu'il faisoitépouserà
Monsieur le
Duc de Montmorency sa
parenteau troisiéme degré.
La féconde alliance des
trois ausquelles on s'est retranché
,
est celle de Charlote
Marguerite de Montmorency
,soeur & heritiere
de HenryII. Duc de
Montmorency mort sans
posterité
,
laquelle épousa
en 1609. Henry de Bourbon
II. du nom Prince de
Condé. Cette Princesse
aprés la , mort de son frere
, herita du Duché de
Montmorency, & de plusieurs
autres biens qui sont
entrez parcette alliance
dans laMaison de Condé.
La troisiéme alliance est
celle que fit François Henry
de Montmorency Duc
de Piney -
Luxembourg,
forti de la branche de Bouteville,
quiépousaen 1661.
Magdelaine- Charlotte-
Bonne-Therese de Clermont
Duchesse de Piney-
Luxembourg,fille de Charles-
Henry de C lermont-
Tonnerre, & de Marie de
Luxembourg Duchesse de
Piney
,
qui se défit de sa
Duché en mariant sa fille, àcondition que son époux
porteroit le nom & les Armes
de Luxembourg
,
luy
transmettant le droit de sa
Duché femelle, afin de
conserver le nom de cette
illustre Maison, qui a donné
plusieurs Empereurs
des Romains, des Roys de
Boheme, des Reines de
France, & à d'autres Couronnes
de l'Europe.
Ayant cy-dessus distingué
les alliances de la Maison
de Montmorency en
trois manieres. Premierement
, dans son commencement.
Secondement, depuis la separation de ses
deux grandes branches, &
en troisiéme lieu, en celle
que la branche de Laval a
euë depuis sa separation
d'avec celle de Montmorency.
J'en rapporte quatre
qui sont d'une tresgrande
îllustration. La premiereest
celle que Guy X.
Comte de Laval contracta
en 1347. avec Beatrix
fille d'Artus Duc de Bretagne
, &dont l'arriere petite
filleIsabeau de Laval
épousa Loüis de Bourbon
Comte de Vendôme. C'est
cette seconde alliance qui
doit aujourd'huy faire plus
de plaisir à la Maison de
Montmorency; puisque
c'est de cette Isabeau de
Laval que descend toute la
Maison Royalle de Bourbon,
estant la sixémeayeulle
paternelle de nostre
grand Monarque Loüis
XIV. à present regnant;
qui voit en cette presente
année 1711. son Throfne
affermi dans sa Maison
pour plusieursannées par
la naissance de ses arriere
petits fils Monseigneur le
Duc de Bretagne, &Monseigneur
le Duc d'Anjou,
&par cette alliance toutes
les Testes couronnées de
l'Europe qui regnent aujourd'huy
,
sont alliéesà la
Maison de Montmorency,
La troisiéme alliance
qui fait encore honneur à
cette Maison, c'estdevoir
René d'Anjou Roy de Na",
ples & de Jerusalem
,
qui
épousa Jeanne de Laval en
fecondes noces, mais cette
Reine n'en ayant point eu
d'enfans ,il n'est resté à sa
famille que le plaisir de
s'en souvenir.
La quatriéme & demiere
alliance est celle de
Charlotte d'Arragon fille
de Federic d'Arragon Roy
deNaples, qui fut femme
de Guy XVI. Comte de
Laval; ils eurent plusieurs
enfans, entre autres deux
filles, dont l'aisnée Catherine
de Laval épousa Claude
Sire de Rieux,qui porta
dans la Maison deColigny
le Comté de Laval,
qui a présl'excinction de
cette branche,est tombé
dans celle de sa soeur cadette
Anne de Laval qui
épousa François de la
Tremoille Vicomte de
Thouars,dont est descendu
Monsieur le Duc de la
Tremoille qui possedeaujourd'huy
le Comté de Laval,&
quiàcause de cette
alliance,faitses protcftations
à tous les Traitez de
Paix
,
où il envoye une
personne pour le reprefen"-
ccr , prétendant au Royaume
de Naples comme
heritier d'Anne de Laval
sa quatriéme ayeulle.
-
Sans s'attacher à toutes
les alliances souveraines
de cette illustre Maison,
je diray qu'il y en a quantité
d'autres tres conGderablesquiluy
sont alliées,
& le grand nombre de
Maisons qui y ont pris des
femmes, tient à honneur
d'en estre descendu
,
& se
font un plaisir d'arborer les;
Armes de Montmorency
dansleursalliances.
L'on voit parmy les 1
Grands Officiers du Royaume
de France plus de
Seigneurs de laMaison de
Montmorency que d'aucuneautreMaisons
l'on y
compte deux grands Senéchaux,
six Connestables,&
un Connestable d'Hibcrnie,
neufMaréchaux,quatre
Grands Amiraux, trois
Grands Maistres de la
Maison du Roy, trois
Grands Chambellans,deux
Grands Bouteillers ou Eschansons,
& deux Grands
Pannetiers.
Plusieurs Connestables,
& autres Grands Officiers
de France, sont sortis de
cette Maison tres illustre,
ouenontépousédesfilles,
outre que cette Maison a
aussi produit plusieursDucs
&DuchelTes.
Quoy que la vertu & la
Religion ayent tousjours
esté le partage des Seigneurs
de Montmorency
neanmoins l'on , en voit
tres peu qui ayent estérevestus
de Dignitez Ecclesiastiques;
l'on en voitcependant
un Archevesque
Duc de Reims, des Evesques
d'Orleans, & peu
d'autres.
ilsontencore l'honneur
d'avoir un Saint reconnu
par l'Eglise,donton revere
la memoire aux Vaux
de Cernay enBeauce,c'est
saint Thibaud de Mont-
-
morency Seigneur deMarly,
fils de Mathieu premier,
&
dAline d'Angleterre, lequel
se croisa en 1173. pour
le voyage de la Terre sainte.
A son retour il se fit
Religieux de l'Ordre de
Cisteaux, en l'Abbaye du
Val, puis ilfut Abbé des
Vaux de Cernay à quatre
lieuës de Versailles, entre
Chevreuse &: Ramboüillet,
où il mourut saintementvers
l'an 1189.
Enfin tant de grandeur
dans une Maisonfaitassez
connoistre que la valeur a
esté hereditaire dans l'âme
des Seigneurs de Montmorency,
& leur a tait meriter
tous ces honneurs,
pour avoir tousjours refpandu
leur fang pour la
deffensede leurs Roys, &
de leur patrie, s'estant tousjours
trouvez à la teste des
Armées qu'ils commandoient
en chef, où ils ont
fait paroistre leur courage
avec éclat au milieu des
plus grands perils.
Je n'en veux point un
plus grand exemple que
celuy d'Anne de Montmorency
Duc, Pair, Marechal
,
Connestable
, k,
Fi
Grand Maistre de France,
lequel aprèsavoirblanchi
fous le harnois militaire,
pour la deffenseduRoy,
& de la patrie, remporta
dans le tombeau la gloire
d'estre mort au lit d' honneur
,
puisque commandant
l'Armée Royalle à la
Bataille de saint Denis, il
y receut huit coups mortels
,
dont il mourut deux
jours aprés en son Hostel
de Montmorency à Paris,
estant âgé de prés de quatre
vingt ans, comblant
par ce moyen les derniers
jours de sa vie d'une fin
tres glorieuse, a prés avoir
servy cinq Roys, & après
avoir passé par tous les degrez
d'honneur, & s'estre
trouve à huitBatailles, en
ayant commandé quatre
en chef; aussi le Roy Charles
1X. voulant honorer la
memoire de ce grand Chef
de Guerre
,
ordonna que
sa Pompe funebre fust faite
en l'Eglise de Nostreme
de Paris,avec toute la
magnificencepossible, où
toutes les Cours souveraines
assisterent par ordre du
Roy. De là son corps fut
porté en l'Eglise de saint
Martin de Montmorency,
& son coeur en celle des
Celestins de Paris, où il
futmis dans un Caveau,
proche de celuy du Roy
HenryII. Il estoit bien
juste qu'un coeur quiavoit
esté aimé de son Prince,
& qui avoit eu part à ses
plus im portantes affaires,
fust après son trépas inhumé
proche de celuy qui
luy avoit fait tant d'honneur
durant sa vie,
Mr Chevillard vient de
mettre au jour une Carte
qui a pour Titre: Succession
Chronologique des Empereurs,
&des Impératrices d'Occident,
depuis Charlemagnejusqu'à
present.
On n'entreprend point
de rapporter dans cette
Carte les Empererus Romains,
ni les Empereurs
d'Orient, on s'est borné
à rapporter la Chronologie
des Empereurs, & des
Imperatrices d'Occident,
qui sont ceux qui ont regnéen
Europe depuis l'an
800. On commence par
Charlemagne que l'erreur
commune fait le restaurateur
de l'Empired'Occident
, quoyqu'il soit vray
qu'il estoitEmpereur avant
qu'il cust eHé reconnu tel
par les Romains estantEmpereur
par sa feule qualité
de Roy des François, l'Empire
d'Occident ou du
moins celuy des Gaules
ayant este cedé à Clovis en
508. & confirmé à ses petitsfils
par l'Empereur Justinien.
Il eftvrayque depuis
l'an875. on n'a reconnu
pour Empereurs que
ceux qui ont esté reconnus
tels par les Papes, que mesme
les Rois de Germanie;
& d'autres qui ont esté couronnezEmpereurs,
n'ayant
priscetitre, du moins jusqu'ausiecle
dernier, qu'après
ce couronnement, se
contentant, jusqu'à cette
ceremonie
,
de celuy de
Roy desR omains ou d'Empereurélu.
On met neanmoins
dans cette Carte
ceux que l'erreur publique
reconnoist pour Empereurs
ou qui ont ~estéélus
im Empereurs,
Empereurs
, par des partis,
pour les opposer à ceux
qui avoient esté légitimément
élûs,ilssont distinguez
par des Couronnes
differentes.
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Résumé : Discours nouveau sur l'origine, la Genealogie, & la Maison de Montmorency.
Le texte traite de la Maison de Montmorency, une des plus anciennes et illustres familles du Royaume de France, reconnue comme les premiers Barons Chrétiens avec le cri de guerre 'Dieu aide au premier Chrétien'. La révolution des siècles passés et la négligence des historiens ont obscurci les vieux titres et l'origine exacte de cette maison. André Duchesne est l'historien ayant le plus contribué à sa connaissance, retraçant sa postérité depuis Bouchard I, vivant en 954. Deux opinions principales existent sur son origine : la première attribue son origine à Lisbius, un noble gaulois converti par saint Denis, tandis que la seconde la rattache à Lisoie, un grand baron francique converti par saint Remy. La Maison de Montmorency a toujours revendiqué les qualités de premier Chrétien et de premier Baron Chrétien, marquant ainsi son ancienne et illustre origine. La succession depuis Lisbius ou Lisoie n'a pas pu être conservée jusqu'à nos jours. Duchesne commence l'histoire de cette Maison à Bouchard I, et Chevillard ajoute des ancêtres supplémentaires pour montrer les alliances illustres contractées par la famille. Les armes de la Maison de Montmorency ont évolué, passant d'une croix de gueules sur fond d'or à une croix cantonnée de seize aiglettes d'azur. La Maison s'est séparée en plusieurs branches, certaines éteintes, mais le nom de Montmorency a été conservé jusqu'à aujourd'hui. Les alliances de la Maison de Montmorency sont extrêmement prestigieuses, incluant des mariages avec des membres des familles royales de France, d'Angleterre, et d'autres maisons nobles. Les alliances plus récentes incluent des mariages avec des membres de la Maison de Condé et de la Maison de Luxembourg. La Maison de Montmorency compte de nombreux Grands Officiers du Royaume de France, tels que des Sénéchaux, Connétables, Maréchaux, Amiraux, Maîtres de la Maison du Roi, Chambellans, Bouteillers, et Pannetiers. Plusieurs membres ont également été Ducs et Duchesses. La famille a produit des dignitaires ecclésiastiques, dont un Archevêque Duc de Reims et des Évêques. Saint Thibaud de Montmorency, Seigneur de Marly, est un membre notable, ayant participé à la croisade et fondé l'abbaye des Vaux de Cernay. La valeur et le courage des Seigneurs de Montmorency sont soulignés, notamment à travers l'exemple d'Anne de Montmorency, Duc, Pair, Maréchal, Connétable et Grand Maître de France, qui mourut glorieusement après avoir commandé l'armée royale à la bataille de Saint-Denis. La mémoire de ce grand chef de guerre fut honorée par une pompe funèbre magnifiquement organisée par le roi Charles IX.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 97-107
Discours sur la Dignitié des Empereurs, & sur son origine.
Début :
Le titre d'Empereur a pris son origine des Romains [...]
Mots clefs :
Empereur, Roi, Auguste, Empire romain, Gaule
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texteReconnaissance textuelle : Discours sur la Dignitié des Empereurs, & sur son origine.
Discours sur la Dignité des
Empereurs
y
&surson
origine.
Le titre d'Empereur a
pris son origine des Romains
, elle ne signisïoit
au dessous de celuy de Roy,
&marquoit une puissance
moins absoluë, ce qui porta
Auguste à lu prendre,
lorsque vingt neuf années
avant la naissance de jesus-
Christ, il Ce fut rendu maistre
de Rome, & de tous les
pays sourmis à la Republique
Romaine, fous ce seul
titre d'Em pereur il jouit
d'une authoritésouveraine.
Ses successeurs prirent
ôc porterent lemesme titre
qu'ils eurentdans la
fuite fort superieuràceluy
de Roy, parce que leur
puissance & leur domination,
estoit plus grande que
celle, d'aucun Roy de la
terre.
Les pays soumis à la domination
Romaine s'appellerenc
l'Empire Romain,
cet Empire estoit
d'une estenduë tres vaste
il arrivoit souvent , par des
révoltés qu'on voyoit s'y
élever des Empereurs, que
l'ambition Romaine n'a
traité que de Tyrans. Postume
s'éleva de la force en
260.&forma l'Empire des
Gaules, qui comprenoit les
Gaules, l'Espagne & les
Isles Britanniques.
Cet Empire des Gaules,
decacbe de l'Empire Romain
,
subsista peu ,
&- se
restablis dans la fuite par
des parcages. Il fut le seul
que l'Empereur Contrant
pere de l'Empereur Constantinaitpessedé
; ce dernier
réunit tout l'Empire
en fo personne
)
ses fils le
partagerent, Constantin
, qui estoit l'asné,eut l'Empire
des Gaules & le posseda.
Dans la suite, & partie
culierement depuis la more
du grand Theodose
,
l'Empire
Romain setrouva partagé
en deux; sçavoir l'Empire
d'Occident, dont Rome
estoit la Ville capitale,
& l'Empire d'Orient, qui
avoir Constantinople pour
Ville principale; l'Empire
d'Occident finitenlapersonne
d'Auguste Momille
pris prisonnier & déposé
le31.Octobre476. L'Empire
d'Orient a fini le 20.
May 1453. par la mort de
Constantin Paleologue,qui
deffendant la Ville de Constantinople
contre Mahomet
II. Empereur des
Turcs, qui la tenoit assiegée.
Constantin fut étoufsé
par la foule à une des
portes de laVille,son corps
ayant ellé trouvé on luy
coupa la teste, qui futmise
au bout d'une pique, les
femmes & les enfans qui
restoient de la Maison Imperiale,
furent maflàcrez.,
ainsi finit l'Empire d'Orient
qui a esté depuis aux
Turcs qui le possedent depuis
ce temps.
L'Empire d'Occident,
ou du moins celuy des
Gaules, fut cédé à Clovis
en 508. ôc confirmé à ses
petits fils par rEmpereur
Justinien, ainsi Charlemagne,
que l'erreur commune
fait le restaurateur de
l'Empire d'Occident en
800. estoit Empereur par
sa seulequalité de Roy des
Françoise l'Empire a resté
dans la famille l'espace
de cent onze ans pendant
le regne de
neuf
Empereurs
descendus de luy,
cinq desquels ont este
Rois de France,aprés quoy
l'Empire a passé a desPrinces
dedifférentes Maisons
parélection. Il y en aeu
cinqde la Maison de Franconie
,
cinq de la Maison
de Saxe ,
sept de celle de
Souaube, deux de celle de
Brunswick,un de celle de
Nassau
,
cinq de celle de
Luxembourg
,
deux de Baviere,
seize de celle d'Autriche
, y compris l'election
del'Archiduc, desquels
seize Empereurs il y
en a treize de fuite & sans
interruption depuis l'élection
de l'EmpereurAlbert
*11. en 1438. qui font deux
cens soixante & rreize ans
que l'Empiren'est pas forty
de leur Maison. Il y a
eu quantité d'autres Maisons
quiontesté honorées
de la Pourpre Imperiale
r comme font celles de Spolette,
de Provence , de
Frioul, de Quefort
,
de
Hollande, d'Anglererre
,
& d'Espagne;tous lesquels
Empereurs se voyent dans
i la Carte que Mr Chevil-
[lard Historiographe de
France,&Genealogiste du
Roy vient demettreau
jour, dans laquelle font
compris chronologiquement
tous les Empereurs
d'Occident depuis Charlemagne
jusqu'à present,
avec les Impératrices leurs
Epouses.
- Monsieur Chevillard a
donné au public depuis
vingtans nombre de Cartes
de Chronologie, d'Histoire,
& de Blason, en qua- tre vingt deux feuilles, ôc
travaille à plusieurs autres
sujets, qu'il esperequi seront
plaisir au public. On
trouve encore chez ledit
Chevillard une grande
Carte en huit feuilles, de
l'histoire de l'ancien Testament
en genealogie, depuis
Adam jusqu'àJesus-
Christ
,
dans laquelle, outre
la Genealogie,il se trouve
l'Histoire sainte,& celle
desRoys contemporains
des Patriarches.
Monsieur Chevillarddemeure
tousjous rue neuve
[ Nostre-Dame, au Duc de
Bourgogne.
Empereurs
y
&surson
origine.
Le titre d'Empereur a
pris son origine des Romains
, elle ne signisïoit
au dessous de celuy de Roy,
&marquoit une puissance
moins absoluë, ce qui porta
Auguste à lu prendre,
lorsque vingt neuf années
avant la naissance de jesus-
Christ, il Ce fut rendu maistre
de Rome, & de tous les
pays sourmis à la Republique
Romaine, fous ce seul
titre d'Em pereur il jouit
d'une authoritésouveraine.
Ses successeurs prirent
ôc porterent lemesme titre
qu'ils eurentdans la
fuite fort superieuràceluy
de Roy, parce que leur
puissance & leur domination,
estoit plus grande que
celle, d'aucun Roy de la
terre.
Les pays soumis à la domination
Romaine s'appellerenc
l'Empire Romain,
cet Empire estoit
d'une estenduë tres vaste
il arrivoit souvent , par des
révoltés qu'on voyoit s'y
élever des Empereurs, que
l'ambition Romaine n'a
traité que de Tyrans. Postume
s'éleva de la force en
260.&forma l'Empire des
Gaules, qui comprenoit les
Gaules, l'Espagne & les
Isles Britanniques.
Cet Empire des Gaules,
decacbe de l'Empire Romain
,
subsista peu ,
&- se
restablis dans la fuite par
des parcages. Il fut le seul
que l'Empereur Contrant
pere de l'Empereur Constantinaitpessedé
; ce dernier
réunit tout l'Empire
en fo personne
)
ses fils le
partagerent, Constantin
, qui estoit l'asné,eut l'Empire
des Gaules & le posseda.
Dans la suite, & partie
culierement depuis la more
du grand Theodose
,
l'Empire
Romain setrouva partagé
en deux; sçavoir l'Empire
d'Occident, dont Rome
estoit la Ville capitale,
& l'Empire d'Orient, qui
avoir Constantinople pour
Ville principale; l'Empire
d'Occident finitenlapersonne
d'Auguste Momille
pris prisonnier & déposé
le31.Octobre476. L'Empire
d'Orient a fini le 20.
May 1453. par la mort de
Constantin Paleologue,qui
deffendant la Ville de Constantinople
contre Mahomet
II. Empereur des
Turcs, qui la tenoit assiegée.
Constantin fut étoufsé
par la foule à une des
portes de laVille,son corps
ayant ellé trouvé on luy
coupa la teste, qui futmise
au bout d'une pique, les
femmes & les enfans qui
restoient de la Maison Imperiale,
furent maflàcrez.,
ainsi finit l'Empire d'Orient
qui a esté depuis aux
Turcs qui le possedent depuis
ce temps.
L'Empire d'Occident,
ou du moins celuy des
Gaules, fut cédé à Clovis
en 508. ôc confirmé à ses
petits fils par rEmpereur
Justinien, ainsi Charlemagne,
que l'erreur commune
fait le restaurateur de
l'Empire d'Occident en
800. estoit Empereur par
sa seulequalité de Roy des
Françoise l'Empire a resté
dans la famille l'espace
de cent onze ans pendant
le regne de
neuf
Empereurs
descendus de luy,
cinq desquels ont este
Rois de France,aprés quoy
l'Empire a passé a desPrinces
dedifférentes Maisons
parélection. Il y en aeu
cinqde la Maison de Franconie
,
cinq de la Maison
de Saxe ,
sept de celle de
Souaube, deux de celle de
Brunswick,un de celle de
Nassau
,
cinq de celle de
Luxembourg
,
deux de Baviere,
seize de celle d'Autriche
, y compris l'election
del'Archiduc, desquels
seize Empereurs il y
en a treize de fuite & sans
interruption depuis l'élection
de l'EmpereurAlbert
*11. en 1438. qui font deux
cens soixante & rreize ans
que l'Empiren'est pas forty
de leur Maison. Il y a
eu quantité d'autres Maisons
quiontesté honorées
de la Pourpre Imperiale
r comme font celles de Spolette,
de Provence , de
Frioul, de Quefort
,
de
Hollande, d'Anglererre
,
& d'Espagne;tous lesquels
Empereurs se voyent dans
i la Carte que Mr Chevil-
[lard Historiographe de
France,&Genealogiste du
Roy vient demettreau
jour, dans laquelle font
compris chronologiquement
tous les Empereurs
d'Occident depuis Charlemagne
jusqu'à present,
avec les Impératrices leurs
Epouses.
- Monsieur Chevillard a
donné au public depuis
vingtans nombre de Cartes
de Chronologie, d'Histoire,
& de Blason, en qua- tre vingt deux feuilles, ôc
travaille à plusieurs autres
sujets, qu'il esperequi seront
plaisir au public. On
trouve encore chez ledit
Chevillard une grande
Carte en huit feuilles, de
l'histoire de l'ancien Testament
en genealogie, depuis
Adam jusqu'àJesus-
Christ
,
dans laquelle, outre
la Genealogie,il se trouve
l'Histoire sainte,& celle
desRoys contemporains
des Patriarches.
Monsieur Chevillarddemeure
tousjous rue neuve
[ Nostre-Dame, au Duc de
Bourgogne.
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Résumé : Discours sur la Dignitié des Empereurs, & sur son origine.
Le texte explore l'origine et l'évolution du titre d'Empereur, issu de l'Empire romain. Auguste, ayant pris ce titre en 29 avant J.-C., détenait une autorité souveraine sur Rome et les territoires soumis à la République romaine. Ses successeurs adoptèrent également ce titre, qui devint plus prestigieux que celui de roi en raison de leur puissance accrue. L'Empire romain, vaste et souvent perturbé par des révoltes, vit émerger des empereurs locaux comme Postume, qui forma l'Empire des Gaules en 260. Cet empire, comprenant les Gaules, l'Espagne et les Îles Britanniques, fut éphémère et réintégré plus tard à l'Empire romain. Après la mort de Théodose, l'Empire romain se divisa en deux : l'Empire d'Occident, avec Rome comme capitale, et l'Empire d'Orient, avec Constantinople. L'Empire d'Occident s'effondra en 476 avec la déposition de Romulus Augustule, tandis que l'Empire d'Orient tomba en 1453 lors du siège de Constantinople par Mahomet II. L'Empire d'Occident, ou celui des Gaules, fut cédé à Clovis en 508 et confirmé à ses descendants. Charlemagne, déjà roi des Francs, fut couronné empereur en 800. L'Empire resta dans sa famille pendant 111 ans, puis passa à diverses maisons princières par élection. Plusieurs dynasties se succédèrent, notamment celles de Franconie, de Saxe, de Souabe, de Brunswick, de Nassau, de Luxembourg, de Bavière et d'Autriche. Le texte mentionne également les travaux de Monsieur Chevillard, historiographe et généalogiste, qui a publié de nombreuses cartes chronologiques, historiques et héraldiques, ainsi qu'une grande carte de l'histoire de l'Ancien Testament. Chevillard réside rue Neuve Notre-Dame, au Duc de Bourgogne.
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20
p. 107-118
Ceremonie du Couronnement des Empereurs, [titre d'après la table]
Début :
Vous venez de voir l'origine des Empereurs ; voicy les [...]
Mots clefs :
Couronnement, Empereur, Aix-la-Chapelle, Prince, Roi des Romains, Pape
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texteReconnaissance textuelle : Ceremonie du Couronnement des Empereurs, [titre d'après la table]
Vous venez de voir l'origine
des Empereurs; voi-
;, cy les ceremonies de leurs
couronnements.
LEmpereur doit estre
couronne trois fois, & ce
n'est que par le dernier
couronnement qu'il esten
pleinepossession de son
estar.
Le premier couronnement
se doit faire a Aixla
Chapelle, où il est couronné
Roy de Germanie.
Cette ceremonie ie faiten
luy,métrant lur la teste la
Couronne de Charlemagne,
& en le revestantdes
autres ornements Royaux
qu'oncroit avoir servy à ce
Prince. Le Magistrat de
Nuremberg qui les a en
garde les apporte à Aix- laChapelle. On les appelle
ordinairement les
Joyaux ,ou les Clinodes de
l'Empire,en latin Clinodia
Imjxrik II arrive-souvent
que le couronnement ne
sefait pasà Aix, mais dans
une autre Ville d'Allemagne,
soit que la Guerre foit
-
dans les environs de cette
Ville, foit qu'il y ait des
maladies contagieuses, ou
par d'autresraisons que le
College des Electeurs trouve
valables. L'Empereur
Joseph avoit esté couronné
à Augsbourg
,
& son
pere l'Empereur Leopold
avoit esté couronne à
Francfort.
Suivant le quatriéme
Chapitre dela Bulle d'or,
le droit de couronner
l'Empereur à Aix-la-Chapelle
appartient à l'Electeur
de Cologne. Quand
il est arrivé que le couronnement
ne s'est point fait
à Aix, l'Eleveur dans la
Province Ecclesiastique
duquel il s'estfait, luy a
disputé son droit. Il a prétendu
que l'honneur de.
couronner l'Empereur,
n'estoitdéféré par la Bulle
d'or à l'Electeur de Colo- ,
;
gne que parce qu'Aix -la-
Chapelle est dans le ressort
Ecclesiastique de l'Archevesché
de Cologne. Jean
Philippe de Schonborn
Electeur de Mayence prétendit
couronner l'Empe-
: reur Leopold, parce que
; le couronnement de ce
Prince se faisoit à Francfort,
qui est du ressort de
l'Archevesché de Mayence.
Depuis ila esté fait
une transaction entre l'Electeur
de Mayence &celuy
de Cologne, qui dit
que lorsque le couronnement
se fera à Aix-la-Chapelle,
ilfera tousjours fait
par l'Eleveur deCologne.
Quand il se fera hors du
ressort de l'Archevesché de
Cologne
, ces Electeurs
doivent alterner. Le dernier
qui est celuy de l'Empereur
Joseph
,
fut fait à
Augsbourg par les mains
de l'Electeur de Mayence
de la Maisond'Ingelheim.
Ainsi c'est à l'Eledeur de
Cologne j.
Cologne à faire le premier.
",,: Quand on élit un Roy
des Romains, on le couronne
comme Roy de Germanie.
L'Empereur J oseph
fut ainu couronné à Augsbourg
en 1690 Voila pourquoy
il ne fut plus couronné
en Allemagne après la
more de son pere l'Empereur
Leopold.
Le secondcouronnement
de l'Empereur se doit
faire dans TEstas de Milan
avec -
la couronne des
Roys de Lombardie qu'on
appelle vulgairement la
Couronne de fer, quoy
qu'elle soit d'or, parce
qu'elle efl: soustenuë par un
cercle intérieur de fer. Par
ce couronnement l'Empereur
eA Roy de Lombardie.
Le troisiéme couronnement
se doit faire à Rome
par les mains du Pape, &
ce n'est que par ce troisiémecouronnement
que le
Prince est Empereur, & le
premier des Souverains de
la Chrestienté.Jusqu'à ce
couronnement luy-mesme
ne prend pas le titre d'Empereur
des Romains, mais
feulement le titre d'éleu „
Empereur des Romains.
On ne conçoit pas comment
il s'est estably
,
qu'il
ait néanmoins par luy &
par les Representants les
mesmes prérogatives que
s'il estoit veritablement
couronne Empereur quoy
cjue sa dignité ne soit qu'élective.
Charles Quint est
le dernier des Empereurs
qui ait esté couronné en
Italie, les autres n'ont esté
couronnez que comme
Roys de Germanie. CepenJdant
ils ont voulu se
mettre en possession de
tous les droits des Empereurs,
nrefme de ceux qui
paroissent attachez leplus
inseparablement à la couronneImperiale,
& au ferment
que le Prince éleu
doit faire à l'Eglise Romaine
en la recevant par les
mains duPape.Telest le
droit des premirresPrieres,
qui est à peu prés le mesme
que celuy qu'on appelleen
France Droit de joyeux avenement
à la Couronne.
»
Il consiste à nommer au
premier Canonicat vacant
dans les Cathedrales,tant
dans les Chapitres Catholiques,
que dans les Chapitres
Protestants. Quand
l'Empereur Joseph eut esté
éleu Roy des Romains, &
couronné Roy de Germanie
, son pere l'Empereur
Leopold consulta les plus
habiles gens d'Allemagne
pour sçavoirsi son fils, en
vertu de ce couronne- •
ment ,
pourroit se mettre
en possession du droit des
premières Prieres, Leurs responses
n'estant pas favorables,
il n'y eut point de
décisionen forme.
Monsieur Sevin
des Empereurs; voi-
;, cy les ceremonies de leurs
couronnements.
LEmpereur doit estre
couronne trois fois, & ce
n'est que par le dernier
couronnement qu'il esten
pleinepossession de son
estar.
Le premier couronnement
se doit faire a Aixla
Chapelle, où il est couronné
Roy de Germanie.
Cette ceremonie ie faiten
luy,métrant lur la teste la
Couronne de Charlemagne,
& en le revestantdes
autres ornements Royaux
qu'oncroit avoir servy à ce
Prince. Le Magistrat de
Nuremberg qui les a en
garde les apporte à Aix- laChapelle. On les appelle
ordinairement les
Joyaux ,ou les Clinodes de
l'Empire,en latin Clinodia
Imjxrik II arrive-souvent
que le couronnement ne
sefait pasà Aix, mais dans
une autre Ville d'Allemagne,
soit que la Guerre foit
-
dans les environs de cette
Ville, foit qu'il y ait des
maladies contagieuses, ou
par d'autresraisons que le
College des Electeurs trouve
valables. L'Empereur
Joseph avoit esté couronné
à Augsbourg
,
& son
pere l'Empereur Leopold
avoit esté couronne à
Francfort.
Suivant le quatriéme
Chapitre dela Bulle d'or,
le droit de couronner
l'Empereur à Aix-la-Chapelle
appartient à l'Electeur
de Cologne. Quand
il est arrivé que le couronnement
ne s'est point fait
à Aix, l'Eleveur dans la
Province Ecclesiastique
duquel il s'estfait, luy a
disputé son droit. Il a prétendu
que l'honneur de.
couronner l'Empereur,
n'estoitdéféré par la Bulle
d'or à l'Electeur de Colo- ,
;
gne que parce qu'Aix -la-
Chapelle est dans le ressort
Ecclesiastique de l'Archevesché
de Cologne. Jean
Philippe de Schonborn
Electeur de Mayence prétendit
couronner l'Empe-
: reur Leopold, parce que
; le couronnement de ce
Prince se faisoit à Francfort,
qui est du ressort de
l'Archevesché de Mayence.
Depuis ila esté fait
une transaction entre l'Electeur
de Mayence &celuy
de Cologne, qui dit
que lorsque le couronnement
se fera à Aix-la-Chapelle,
ilfera tousjours fait
par l'Eleveur deCologne.
Quand il se fera hors du
ressort de l'Archevesché de
Cologne
, ces Electeurs
doivent alterner. Le dernier
qui est celuy de l'Empereur
Joseph
,
fut fait à
Augsbourg par les mains
de l'Electeur de Mayence
de la Maisond'Ingelheim.
Ainsi c'est à l'Eledeur de
Cologne j.
Cologne à faire le premier.
",,: Quand on élit un Roy
des Romains, on le couronne
comme Roy de Germanie.
L'Empereur J oseph
fut ainu couronné à Augsbourg
en 1690 Voila pourquoy
il ne fut plus couronné
en Allemagne après la
more de son pere l'Empereur
Leopold.
Le secondcouronnement
de l'Empereur se doit
faire dans TEstas de Milan
avec -
la couronne des
Roys de Lombardie qu'on
appelle vulgairement la
Couronne de fer, quoy
qu'elle soit d'or, parce
qu'elle efl: soustenuë par un
cercle intérieur de fer. Par
ce couronnement l'Empereur
eA Roy de Lombardie.
Le troisiéme couronnement
se doit faire à Rome
par les mains du Pape, &
ce n'est que par ce troisiémecouronnement
que le
Prince est Empereur, & le
premier des Souverains de
la Chrestienté.Jusqu'à ce
couronnement luy-mesme
ne prend pas le titre d'Empereur
des Romains, mais
feulement le titre d'éleu „
Empereur des Romains.
On ne conçoit pas comment
il s'est estably
,
qu'il
ait néanmoins par luy &
par les Representants les
mesmes prérogatives que
s'il estoit veritablement
couronne Empereur quoy
cjue sa dignité ne soit qu'élective.
Charles Quint est
le dernier des Empereurs
qui ait esté couronné en
Italie, les autres n'ont esté
couronnez que comme
Roys de Germanie. CepenJdant
ils ont voulu se
mettre en possession de
tous les droits des Empereurs,
nrefme de ceux qui
paroissent attachez leplus
inseparablement à la couronneImperiale,
& au ferment
que le Prince éleu
doit faire à l'Eglise Romaine
en la recevant par les
mains duPape.Telest le
droit des premirresPrieres,
qui est à peu prés le mesme
que celuy qu'on appelleen
France Droit de joyeux avenement
à la Couronne.
»
Il consiste à nommer au
premier Canonicat vacant
dans les Cathedrales,tant
dans les Chapitres Catholiques,
que dans les Chapitres
Protestants. Quand
l'Empereur Joseph eut esté
éleu Roy des Romains, &
couronné Roy de Germanie
, son pere l'Empereur
Leopold consulta les plus
habiles gens d'Allemagne
pour sçavoirsi son fils, en
vertu de ce couronne- •
ment ,
pourroit se mettre
en possession du droit des
premières Prieres, Leurs responses
n'estant pas favorables,
il n'y eut point de
décisionen forme.
Monsieur Sevin
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Résumé : Ceremonie du Couronnement des Empereurs, [titre d'après la table]
Le texte décrit les cérémonies de couronnement des Empereurs du Saint-Empire romain germanique, qui doivent être couronnés trois fois pour être en pleine possession de leur état. Le premier couronnement se déroule à Aix-la-Chapelle, où l'Empereur reçoit la couronne de Charlemagne et les ornements royaux gardés par le magistrat de Nuremberg. En cas de guerre, de maladies contagieuses ou d'autres raisons jugées valables par le Collège des Électeurs, ce couronnement peut se dérouler dans une autre ville d'Allemagne. Par exemple, l'Empereur Joseph a été couronné à Augsbourg, et son père, l'Empereur Léopold, à Francfort. Le droit de couronner l'Empereur à Aix-la-Chapelle appartient à l'Électeur de Cologne. Cependant, des disputes ont surgi lorsque le couronnement se faisait dans une autre ville. Une transaction a été conclue entre les Électeurs de Mayence et de Cologne, stipulant que l'alternance des couronnements dépend du lieu choisi. Le second couronnement se déroule à Milan avec la couronne de fer, faisant de l'Empereur le roi de Lombardie. Le troisième couronnement, à Rome par le Pape, est nécessaire pour que le Prince soit reconnu comme Empereur et le premier des Souverains de la Chrétienté. Avant ce couronnement, il porte le titre d'Élu Empereur des Romains. Charles Quint est le dernier Empereur à avoir été couronné en Italie. Les Empereurs suivants ont revendiqué tous les droits impériaux, y compris le droit des premières prières, qui consiste à nommer au premier canonicat vacant dans les cathédrales. Lorsque l'Empereur Joseph a été élu roi des Romains et couronné roi de Germanie, son père, l'Empereur Léopold, a consulté des experts pour savoir s'il pouvait exercer ce droit, mais aucune décision formelle n'a été prise.
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21
p. 25-70
LETTRE A M. le Marquis de *** Sur un Livre intitulé, Les Soûpirs de l'Europe.
Début :
Vous croyez, Monsieur, que tous les soûpirs sont reservez pour [...]
Mots clefs :
Soupirs, Europe, France, Couronne, Empereur, Guerre, Paix, Monarchie, Puissances, Autriche, Hollande, Espagne, États du Royaume, Renonciations, Alliance, Projet, Intérêts, Testament, Tranquilité, Malheurs
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE A M. le Marquis de *** Sur un Livre intitulé, Les Soûpirs de l'Europe.
LETTREA M.
-
le Marquis de***
Sur un Livre intitulé, Les
Soûpirs de l'Europe.
VOus croyez,Monsieur,
que tous les soûpirs sont
reservez pour l'amour, &
qu'il n'y a que le beau sexe
qui ait droit d'en exiger.
Je vous envoye un livre
nouveau qui vous apprendra que l'Europe loûfirc
aprésd'autres objets. Cest
a vous, Monsieur, à juger
si l'auteur est bien fondé à
faire joüer le personnage
d'Heraclite à la plus belle
partie du monde: mais prenez garde de rire dans le
temps que les autres sont
affligez; ce seroit un manque de charité de ne se pas
conformer au precepte de
saint Paul, qui veut qu'on
pleure avec ceux qui pleurent.
L'objet qui excite les [où.
pirs de l'Europe, est la Harangue de la Reine d'Angleterre à son Parlement
sur le projet d'une paix génerale. Vous ferez surpris,
Monsieur, qu'on fasse soûpirer l'Europe à rafpeél:
d'un projet de paix, dans
le temps que tous les peuples concourent par leurs
vœux à obtenir du Ciel ce
qui fait le bonheur de la
terre.
La Reine de la Grande
Bretagne, plus sensible aux
vrais malheurs de l'Europe
qu'à ses pretendus soûpirs,
ayant enfin ouvert les yeux
sur les motifs qui ont, mis
la Chrétienté en combus-
tion, a reconnu que les desfeins ambitieux de deux
Puissances ont produit cet
embrasèmenr, ceux de la
Maison d'Autriche d'un côté
y
& ceux des Etats Generaux des Provinces Unies
de l'autre.
L'habileté de ces deux
Puissances avoir trouvé le
fecrer d'armer pour leur
querelle une partie desPrinces de l'Europe, pour combattre le chimérique projet de la Monarchie universelle dont elles accufoienr
la France,pendanr que dans
leurs trairez publics & secrets elles ne pensoient
qu'à leur agrandissement
particulier
,
aux dépens du
bien des autres Princes qui
s'étoientliguez avec elles.
Bien des années s'étoient
écoulées, sans que le voile
qui cachoit cet artifice eût
été tiré. Deux grands Capitaines en tenoient les
deux bouts, & empêchoient
par leurs soins que la PuiC
sance qui fournissoit leplus
à l'entretien de la guerre,
& qui y
prositoit le moins,
ne pût découvrir le myC.
tere de l'Empereur & des
Hollandois.
Ce n'est pas une chose
nouvelle de voir la Maison
d'Autriche attentive à son
agrandissement
:
mais c'en
est une de voir les principaux membres de l'Empire
travailler à leur propre deftruction.
Les Hollandois n'ont pas
moins manifesté leur ambition, quoy qu'ils l'ayent
conduite d'une maniere
plus couverte. Personne n'ignore que depuis l'établissement de leur Souverai-
netéparles secours des Rois
de France Henry IV. Louis
XIII. & LouisXIV.il n'y a
pas de partie dans le monde
où ils ne soient parvenus à
fonder leur domination,
fous pretexte de leur commerce
,
& même aux dépens de ceux qui sont aujourd'hui leurs plus grands
amis ôc leurs plus chers alliez.
e Pendant que l'Espagne a
été comme en brassiere sous
le regne de Charles II. les
Hollandois ont profité d-e
cet état d'impuissance pour
augmenter leur barriere-,
& tirer avantage du négoce des Indes Occidentales. Depuis ce temps-là il
ne paroît aucun traité, soit
de commerce, foit de guerre, danslequel les Etats Géneraux n'ayent glisse des
clauses nouvelles à leur
avantage ;
& c'estsapolitique dangereuse qui vient
d'êtredémarquée, c'est ce
manege qui vient d'engager la Reine d'Angleterre
& le nouveau Ministere a
ouvrir les yeux sur les véritables intérêts de leur na-
tion, en écoutant avec plus
de sagesse que ceux qui
gouvernent la Hollande,
les proportions du Roy de
France, quoique beaucoup
inférieures à celles que ce
Prince avoit fait presenter
à la Haye en 1709. &à Gertruidemberg en 1710.
Le systême de la grande
alliance n'a étéque d'en,
gager la Maison d'Autriche dans de si grandes entreprises, afin qu'après la
paix demeurant Titulaire
des Pays-Bas, & ne se trouvant pas en état de rem-
bourser les avances de la
Hollande,ilsalûtlaisser à
cette République, par engagemenr, les meilleures
places de ces Provinces qui
auroient eu le même fort
que la ville de Mastricht
& qui jointes à la barriere,
qu'on pretendoit de la France
,
auroit rendu dans la
fuite lesHollandoisSouverains des dix-sept Provinces. Ajoutez à cela que si
l'Empereur etoit devenu
maître de l'Espagne & des
Indes, ce Prince n'étant pas
en etat de faire le com-
merce de la mer, il auroit
étécontraint de s'enrapporter à eux, & par ce
moyen ils auroient éloigné
toute autre nation du com.
merce de l'Amerique.
Voila, Monsieur, la découverte que laReine d'Angleterre & son nouveau Ministere ont faite, qui devient pour les Hollandois
un veritable sujet de soûpirer.
L'Auteur du livre des
soûpirs de l'Europe auroit
parlé plus juste s'il avoit intitulé son ouvrage, les soû-
pirs de la Hollande, en
comparant les négociations d'Utrecht avec celles
de la Haye & deGertruidemberg
,
& en reflechissant sur les suites sacheuses
de la victoire de IJenain)
la prise de Marchiennes,
magasin de toute leur campagne, de la levée du siege
de Landreci, de la conquête de Douay
,
de celle
du Quesnoy, du renversement de toutes leurs grandes esperances, ôc de n'être pas en sûreté au milieu
de leur domination; eux qui
deux mois auparavant se
vantoient de mettre Paris
fous contribution, & de
faire hyverner leurs troupes au milieu de la France.
Le livre auquel jerépons
n'a pour fondement que la
renonciation de MarieTherese d'Autriche à la
Couronne d'Espagne. C'est
une piece produite au procés après l'arrêt rendu.
L'affaireestdecidée, Philippe V. restera sur le Trône d'Espagne, l'Angleterre
le reconnoît.
Tous ceux qui liront la
Harangue de la Reine à
son Parlement sans prévention, feront surpris du
mauvais sens que les alliez
donnent à cette déclaration
:
mais ils le feront encore davantage des efforts
que fait l'Auteur des Soûpirs, pour persuader au Public que les alliez n'ont jamais eu la moindre connoissance des projets de la
Reine touchant la paix generale.
Cet auteur a
oublié que
le livre de la conduite des
alliez a
désavoue son dis-
cours, puisque depuis un
an ils n'ont pas cessé de faire
agir leurs émissaires en Angleterre.
Si après toutes ces tentatives instructueuses on
veut faire semblant d'ignorer un fait rendu public
par des communications (ï
solemnelles, on veut prendre le monde pour dupe; il
est permis de ne les pas approuver: maisil est honceux de soûtenir qu'on ne
l'a pas sçû.
Dans les principes de
l'Empereur & des Etats Ge-
neraux le droit sur les Couronnes ne doit plus être réglé ni sur la proximité du
sang, ni sur lestitres les plus
autentiques, mais seulement sur ce qui peut convenir à l'intérêt de la Cour
de Vienne & des Hollandois:il leur suffira de craindre ragrandissement d'une
Puissance, pour armer toute
l'Europe contre un Prince
que la nature declare, &
que la Providence établit
héritier de ses ancêtres.
Dans une justice reglée
où l'équité decide, & non
la
la violence, il seroit aisé de
faire connoître que les Couronnes d'Espagne appartiennent légitimement à
Philippe V. & dans un pays
sensé où la raison gouverne, & non la passion, il ieroit aisé de démontrer qu'-
on ne peur les lui arracher.
La premiere se prouve,
parce que ses droits sont
fondez sur la nature, sur la
loy du pays, sur la coûtume
,
& sur le testament de
Charles II. confirmé par le
suffrage de tous les Etats
de la Monarchie, à qui,
selon l'auteur des Soûpirs,
il appartient de confirmer,
ou d'infirmer toutes disposrtions faites par les Rois
d'Espagne.L'Empereurn'opose à de si justes titres que
Ia- renonciation de MarieTherese d'Autriche,filleaînée de Philippe IV. maisil
y a
long-temps qu'on afait
toucher au doigt la nullité
de cet acte, & il suffit de
renvoyer aux livres imprimez celui qui voudra sçavoir & approfondir cette
matiere.Pourmoy, qui n'en
veux dire qu'un mot, mais
unmot peremptoire, je me
,
contenterai des mêmes argumens que l'auteur des
Soupirsemployepour prouver que si la renonciation
de MarieTheresed'Autriche est bonne, le testament deCharles II.estbon,
& que si le testament est
nul, la renonciation est encore plus nulle; par consequent ledroit naturel, le
droit du fang étant du côté
de Philippe V.la Couronne
d'Espagne lui appartient incontestablement
-,
donc la
guerre qu'on lui faitest injuste. - Dij
Car si par les remarques
de l'auteur des Soûpirs, p.
1 26. les Rois d'Espagne ne
possedant point le Royaume ex domino, ne peuvent
ni vendre, ni donner, ni
aliener leurs peuples comme un troupeau de moutons, par une même consequence les Rois d'Espagne peuvent encore moins
obliger leurs enfans à vendre, a
ceder,&àfaire quelque alienation que ce soit
des droits naturels qu'ils
ont sur la Couronne.
L'auteur rapporte plu-
sieurs exemples qui prouvent que tous actes qui
n', ., 1 ont point été approuvez
par les Etats du Royaume
n'ont jamais eu leur effet.
L'Empereur ne peut disconvenir ( & toute l'Europe
en est témoin) que le sesia..
ment de Charles II. n'ait
été approuve par tous les
Etats du Royaume d'Espagne,puisque d'abord après
la mort de Charles II. il y
eut une deputation solemnelle enFrance, pour prier
le Roy d'accorderà FEfpagne le Ducd'Anjou, fuu
vant la derniere volonté de
Charles II.
L'Empereur doit avouer
encore qu'avec toutes les
forces des alliez, & toutes
les profperitez imaginables,
il n'a jamais pu se faire reconnoîtreRoyparces peuples, quoyqu'il ait été deux
fois maître de Madrid.
Je voudrois donc bien
que l'auteur des Soûpirs
nous dît quel titre il fautavoir pour être legitimement Roy d'Espagne. Est-,
ce la loy du pays ?
elleest.
pour nous. Est-cel'usage ?
ilest pour nous. Est-ce un
testament ? nous l'avons.
Est-ce l'acclamation des
peuples? certainement nul
autreque Philippe V. ne
s'en peut vanter; elle a
été
universelle a son avenement, elle a
duré trois ans
entiers sans aucune contradiction. Cen'est qu'à force
d'intrigues qu'on lui a
débauché dans la fuite quelques sujets, convaincus par
là derébellion manifeste,
puis qu'ils ont violé leurs
premiers sermens.
Mais pourquoy l'auteur,
dans sa vaste érudition, ôc
dans le reüeil des pieces
qu'il rapporte
,
ne dit-il pas
un seul mot des testamens
fameux de Charles-Quint
& de Philippe second ? C'est
qu'ils l'égorgent, & qu'il
n'est pas payé pour alleguer
la vérité contre l'intention
de ceux qui le font écrire.
Or ces deux testamens renferment une substitution
graduelle lX. perpétuelle de
la Couronne d'Espagne, en
preferant les mâles aux
femelles, & au défaut des
mâles, les fillesaînées aux
cadet-
cadettes dans toute leur
posterité. Je dis donc: Ou
la successiond'Espagne doit
être reglée par les dispositions des Rois, ou elle ne
peut l'être que par le droit
du sang;enunmot oucette
Couronne elt alienable, ou
elle ne l'est pas: si elle effc
alienable, lasubstitution étant faite par les anciens
Rois de la Maison d'Autriche, leurs descendans n'ont
pû la changer; par consequent ni testamens posterieurs, ni renonciations, ni
autres dispositions quelcon-
ques ne peuvenc la détruire.
L'aureur est tropgrandJurisconsulte pour ignorer les
premiers élemens du Droit.
Si laCouronne n'estpasalienable, les testamens de
Charles-Quint & de Philippe II. ajoutez.y, si vous
voulez, celui deCharles Il
etoient inutiles, puis qu'ils
ne disent que ce que la loy
disoit avant eux: mais les
rciramens de Philippe III.
&de Philippe IV. contraires à la loy, sont nuls de
plein droit, & les renonciations d'Anne & deMarie.
Therese, contraires à la
loy,sont nulles de plein,
droit auili"; par consequent
les testamens des trois Monarques, par lesquels Philippe V. est appellé, ne sont
bons& respectables qu'autantqu'ils sont conformes
à laloyfondamentale de
TEcac: d'oùil s'enfuit que
-il Philippe IV. & MarieTherese safille avoient eu
la moindre autorité pour
exclure quelqu'un de leurs
descendans
,
contre toute
forte de justice, Charles II.
n'enavoit pas moins pour
les rétablir dansl'ordre de
la justicemême. Si le pere
a
ptt faire un mal
,
le fils à
plus forte raison a
pu le reparer;& voila precisément
en quoy la disposition de
Charles11. a
été legitime,
c'cft qu'elle a
remis les cho-
* ses dans leur état naturel;
c'est qu'elle a marqué en
quoy les renonciations étoient valables, je veux dire
dans le point d'incompatibilité de deux Couronnes:
& en quoy elles ne l'étoient
pas, je veux dire dans l'ex..
clusion du scul & veritable
,
héritier.
Ainsi Philippe V. ne vient
pas à la Couronne du droit
de la grandmere, ni du
droit de son bisayeul maternel
,
mais du sien propre. Il ne les represente
point pour être tenu de leurs
faits
;
il vient comme ap,
pellé par les loix,par le sang,
par la nature. CharlesII.
ne l'a pas proprement institué
;
il n'a fait que le désigner encre les vrais successeurs, parce que les autres
étoient destinez à porter la
Couronne de France, &c
qu'il convenoitpour le bien
des deux Royaumes, qu'ils
cussent deux Rois separez.
Voila ce qui s'appelle des
raisons ausquelles je défie
l'auteur en question de répondre autrement que par
des soûpirs: mais ce qu'il y
a
de plus curieux dans foii»
livre,c'est qu'après être
convenu des principes, il;
nie toutesles conséquences.
Les dispositions personnelles, selon lui, sont des chansons:mais les renonciations.
font des loix fondamental
les, comme si les renonciationsnetoient pas des dis-
goûtions personnelles.
Je voudrois bien lui de^
mander si les Cortes en 1618.
avoient plus d'autorité pour
renverserles anciennes, que
les Cortes en 1709. en avoient pour s'y conformer.
Les premieres ont exclules
enfans d'Anne, les fecondes ontjuré que Philippe V.
&[on filsétaient les veritables Rois. Si les premieres
ont pû faire une loy ,les lecondes en ont pu faire une
aussi. Quelle différence y
at-il donc entrç les deux?
C'estque la loy pretendue
de 1618. etoitcontradictoire
aux loix irrevocables de la
Monarchie, & que celles
de 1709. n'en croient que le
renouvellement & l'application. Remarquez en paffane) je vous prie
,
avec
quelle affectation les PrincesAurtrichiensont prissoin
de faire toujours renoncer
les Princesses qui pouvoient
porter ailleurs des droitssur
l'EÍpagne) Anne, MarieTherese
,
l'Archiduchesse
Electrice de Baviere; & jamais celles qui pouvoient la
porter dansla branche d'Al..
lemagne. Ne voit-on pas
que c'étoit uniquement
pourfixer ce patrimoine
chez eux,3malgréOles regles
qu'ilsleur avoient données,
la reconnoissant feminine
pour leur Maison
,
&masculine pourle reste du monde. C'étoir faire violence à
la nature ôc forcer la Providence
;
aussi, comme
vous voyez, la Providence
s'en est moquée, & la nature a
repris le dessus. Rien
n'est donc plus solidement
établi que le droit de Philippe V. & rien de plus mal
fondé que la prétention de
l'Empereur. Ilme reste à
prouver que laplus folle de
toutesles chimeresferoit de
s'obstiner au détrônement
de ce Roy,
Que n'a-t- on point fait
pour en venir à bout?combien de fang répandu?combien de trésors dissipezpour.
arriver à
ce but tant desiré,
par toutes les Puissances liguées?Esperet-on de plus
grandssuccés que ceux qui
nont servià rien? Tant que lesEspagnols feront fideles,
on gagneroit vingt batailles!.
de Sarragosse, on prendroit
vingt fois Madrid
,
qu'il
faudroir se retirer & s'enfuir.
Les alliez ont été sur
l'Espagne, comme les Chymisses sur la pierre philo-,
sophale;ilsonttoûjourscrû
la tenir, elle leur a
toûjours
échapé;la premiere matiere leur manquoit, c'est;
le cœur des peuples.
Mais, me dira l'auteur
des Soûpirs, vous accusez
donc laReine de s'être flatée mal à propos, lors qu'-
ellea déclarétantdefois
à son Parlement qu'il faloit
continuer la guerre jusqu'à
ce qu'on eût mis laMaison
d'Autriche en possession del'Espagne & des Indes?
Je répons à cela qn'il faut
distinguer.
1. Pendant que
l'Empereur Joseph étoit encore plein de vie, on pouvoirregarder les deux branches de cette Maison comme separées,de la même
façon qu'on regardeaujourd'hui celle de Bourbon: mais depuis sa mort,
sansensans mâles, tout eflr
sur unemême tête; & quoy
qu'en dise l'auteur avec ses
calculs frivoles, tant de
puissance entre les mains
d'un seul Prince, pour le
moins aussi fier & aussi ambitieux qu'aucun de ses predecesseurs, seroit enorme.
La Reine a
donc grande
raiion de penser differemment depuis le mois d'Avril 1711.2. L'experienceapprend quelque chose en ce
monde.Pouvoit-on deviner d'abord que Philippe
V. se feroit tellement aimer
de ses sujets, qu'il trouve,
roit toujours en eux des
ressources contre les plus
grands revers de la fortune,& que son rival neseroit
jamais moins maîtrede l'Espagne que lors qu'il en occuperoit la Capitale? Ce
sont des évenemens si merveilleux, qu'il faut les avoir
éprouvez pour les croirez
mais les éprouver deux fois,
sans les croire,c'est un aveuglement.
Nous n'avons plus qu'une choie à examiner,si l'Europe doit plutôt soûpirer
d'une paix
faite
sur le plan
de la Reine, que d'une
guerre éternelle faite sur le
,plan des Imperiaux & des
Hollandois.
Passons le lieu commun, f
qui dit qu'une
mauvaise paix vaut mieux
quunebonne guerre::
mais voyons un moment
avec l'auteur si la paix
qu'on veut faire n'estpas
meilleure que la guerre
qu'on veut continuer.
Mais si elle est mauvaise,
les hautsalliez ont eu
grand tort quand ilsont
fait en 1701. leur traitéde
la grande alliance
; car ils
ont par ce projet de pai:c
tour ce qu'ils souhaitoient
alors, & tout ce qu'ils se
sont propoiez de plus avantageux en prenant les armes. C'est proprement dans
retraite que la Reine de la
Grande Brctagne a
puisé les
articles de la satisfaction.
commune. Si l'Empereur &
les Hollandois n'ont pas eu
foin de leurs intérêts dans
un temps où rien ne les empêchoit de stipuler tout ce
qu'ils voutoient,c'est à
eux
seuls qu'ils doivent s'en
prendre: mais, dit l'auteur,
ils
ont eu depuis bien plus d'apperit,& ils pleureront si, on
ne les contente pas; ils se
sont flatez d'enlever une
Couronne, & de partager
l'autre. Ici je veux lui faire
une derniere question,& le
prier avec tous les écrivains
de libelles contre la France, de vouloir bien me définir,une fois pour tout,
sur quel pied on doit regarder cette Couronne. Ils
entreprennent ordinairement d'établir deux choses
contr'elle. La premiere;
qu'il fautabsolument dé-
truire sa puissance; !a~-
conde, qu'on lepeut facilement. Ces deux suppositions leur paroissent necessaires pour exciteren même temps la haine &,ree..
perancer: mais malheureusement ils tombent dans
une contradiction puerile;
car pour prouver l'une, ils
disent que la France a
des
forces redoutables, des tréfors infinis, & que si l'on n'y
prend garde, elle va tout
engloutir. Pour prouver
l'autre,ils disent que la
France cft aux abois, qu",.,
elle n'a plus qu'un souffle de
vie ,& qu'il ne faut qu'un
coup de collier pour la mettre à bas. Celane s'accorde
point, & il est aisé de leur
répondre.Sielleestsifoible,
pourquoy la craignez-vous
tant? si elleest si forte, comment l'abattrez-vous? Les
sages, qui n'aiment pas l'exaggeration, se contentent
de dire là dessus une chose
qui est vraye; c'est que la
France estassezpuissante
pour resister aux plus
grands effortsde ses ennemis, & qu'elle nel'est pas
assez pour attenter à la Ii.
berté de tout le monde. Si
elle a
songé às'étendre il y
a quarante ou cinquante
ans, c'est que Paris étoit un
peu trop prés de sa frontiere. Le PrinceEugene en
conviendra, puis qu'enassiegeant Landrecy
,
il promettoit à son armée de U
faire hyverner dansl'Isle de
France, & que le Major ge-:-
neral Grovestein avoir déja
marqué les logis. Ce n'est
donc pas avoir une ambition demesurée
,
que de
vouloir couvrir son Royau-
me par le côté qui le serre
le plus: mais c'en est une
que de vouloir posseder en
même temps l'Allemagne,
les Pays-Bas', la Hongrie,
la Boheme, l'Italie, l'Espagne, & les Indes.
Concluons donc, qu'une
guerre qui ne serviroit, en
reüssissant, qu'à doubler le
Domaine des Hollandois,
& qu'à quadrupler celui de
l'Empereur
,
& qui pourroir, en ne reüssissant pas,
donner à la France plus d'Etats qu'elle n'en veut ellemême, est une guerre qu'il
cft temps de finir;qu'au;
contraire une paix qui laisse
les deux grandes Maisons
dans un juste équilibre, &
qui rend àl'Europeaffligée
par tant de. malheurs une
tranquilité parfaire, -
ne peut
faire soûpirer que les perturbateurs durepos public.:
ôcles ennemis du genre hu*
main. Je suis, &c.
De Valenciennes le 8.
d'Oflobrc i711
-
le Marquis de***
Sur un Livre intitulé, Les
Soûpirs de l'Europe.
VOus croyez,Monsieur,
que tous les soûpirs sont
reservez pour l'amour, &
qu'il n'y a que le beau sexe
qui ait droit d'en exiger.
Je vous envoye un livre
nouveau qui vous apprendra que l'Europe loûfirc
aprésd'autres objets. Cest
a vous, Monsieur, à juger
si l'auteur est bien fondé à
faire joüer le personnage
d'Heraclite à la plus belle
partie du monde: mais prenez garde de rire dans le
temps que les autres sont
affligez; ce seroit un manque de charité de ne se pas
conformer au precepte de
saint Paul, qui veut qu'on
pleure avec ceux qui pleurent.
L'objet qui excite les [où.
pirs de l'Europe, est la Harangue de la Reine d'Angleterre à son Parlement
sur le projet d'une paix génerale. Vous ferez surpris,
Monsieur, qu'on fasse soûpirer l'Europe à rafpeél:
d'un projet de paix, dans
le temps que tous les peuples concourent par leurs
vœux à obtenir du Ciel ce
qui fait le bonheur de la
terre.
La Reine de la Grande
Bretagne, plus sensible aux
vrais malheurs de l'Europe
qu'à ses pretendus soûpirs,
ayant enfin ouvert les yeux
sur les motifs qui ont, mis
la Chrétienté en combus-
tion, a reconnu que les desfeins ambitieux de deux
Puissances ont produit cet
embrasèmenr, ceux de la
Maison d'Autriche d'un côté
y
& ceux des Etats Generaux des Provinces Unies
de l'autre.
L'habileté de ces deux
Puissances avoir trouvé le
fecrer d'armer pour leur
querelle une partie desPrinces de l'Europe, pour combattre le chimérique projet de la Monarchie universelle dont elles accufoienr
la France,pendanr que dans
leurs trairez publics & secrets elles ne pensoient
qu'à leur agrandissement
particulier
,
aux dépens du
bien des autres Princes qui
s'étoientliguez avec elles.
Bien des années s'étoient
écoulées, sans que le voile
qui cachoit cet artifice eût
été tiré. Deux grands Capitaines en tenoient les
deux bouts, & empêchoient
par leurs soins que la PuiC
sance qui fournissoit leplus
à l'entretien de la guerre,
& qui y
prositoit le moins,
ne pût découvrir le myC.
tere de l'Empereur & des
Hollandois.
Ce n'est pas une chose
nouvelle de voir la Maison
d'Autriche attentive à son
agrandissement
:
mais c'en
est une de voir les principaux membres de l'Empire
travailler à leur propre deftruction.
Les Hollandois n'ont pas
moins manifesté leur ambition, quoy qu'ils l'ayent
conduite d'une maniere
plus couverte. Personne n'ignore que depuis l'établissement de leur Souverai-
netéparles secours des Rois
de France Henry IV. Louis
XIII. & LouisXIV.il n'y a
pas de partie dans le monde
où ils ne soient parvenus à
fonder leur domination,
fous pretexte de leur commerce
,
& même aux dépens de ceux qui sont aujourd'hui leurs plus grands
amis ôc leurs plus chers alliez.
e Pendant que l'Espagne a
été comme en brassiere sous
le regne de Charles II. les
Hollandois ont profité d-e
cet état d'impuissance pour
augmenter leur barriere-,
& tirer avantage du négoce des Indes Occidentales. Depuis ce temps-là il
ne paroît aucun traité, soit
de commerce, foit de guerre, danslequel les Etats Géneraux n'ayent glisse des
clauses nouvelles à leur
avantage ;
& c'estsapolitique dangereuse qui vient
d'êtredémarquée, c'est ce
manege qui vient d'engager la Reine d'Angleterre
& le nouveau Ministere a
ouvrir les yeux sur les véritables intérêts de leur na-
tion, en écoutant avec plus
de sagesse que ceux qui
gouvernent la Hollande,
les proportions du Roy de
France, quoique beaucoup
inférieures à celles que ce
Prince avoit fait presenter
à la Haye en 1709. &à Gertruidemberg en 1710.
Le systême de la grande
alliance n'a étéque d'en,
gager la Maison d'Autriche dans de si grandes entreprises, afin qu'après la
paix demeurant Titulaire
des Pays-Bas, & ne se trouvant pas en état de rem-
bourser les avances de la
Hollande,ilsalûtlaisser à
cette République, par engagemenr, les meilleures
places de ces Provinces qui
auroient eu le même fort
que la ville de Mastricht
& qui jointes à la barriere,
qu'on pretendoit de la France
,
auroit rendu dans la
fuite lesHollandoisSouverains des dix-sept Provinces. Ajoutez à cela que si
l'Empereur etoit devenu
maître de l'Espagne & des
Indes, ce Prince n'étant pas
en etat de faire le com-
merce de la mer, il auroit
étécontraint de s'enrapporter à eux, & par ce
moyen ils auroient éloigné
toute autre nation du com.
merce de l'Amerique.
Voila, Monsieur, la découverte que laReine d'Angleterre & son nouveau Ministere ont faite, qui devient pour les Hollandois
un veritable sujet de soûpirer.
L'Auteur du livre des
soûpirs de l'Europe auroit
parlé plus juste s'il avoit intitulé son ouvrage, les soû-
pirs de la Hollande, en
comparant les négociations d'Utrecht avec celles
de la Haye & deGertruidemberg
,
& en reflechissant sur les suites sacheuses
de la victoire de IJenain)
la prise de Marchiennes,
magasin de toute leur campagne, de la levée du siege
de Landreci, de la conquête de Douay
,
de celle
du Quesnoy, du renversement de toutes leurs grandes esperances, ôc de n'être pas en sûreté au milieu
de leur domination; eux qui
deux mois auparavant se
vantoient de mettre Paris
fous contribution, & de
faire hyverner leurs troupes au milieu de la France.
Le livre auquel jerépons
n'a pour fondement que la
renonciation de MarieTherese d'Autriche à la
Couronne d'Espagne. C'est
une piece produite au procés après l'arrêt rendu.
L'affaireestdecidée, Philippe V. restera sur le Trône d'Espagne, l'Angleterre
le reconnoît.
Tous ceux qui liront la
Harangue de la Reine à
son Parlement sans prévention, feront surpris du
mauvais sens que les alliez
donnent à cette déclaration
:
mais ils le feront encore davantage des efforts
que fait l'Auteur des Soûpirs, pour persuader au Public que les alliez n'ont jamais eu la moindre connoissance des projets de la
Reine touchant la paix generale.
Cet auteur a
oublié que
le livre de la conduite des
alliez a
désavoue son dis-
cours, puisque depuis un
an ils n'ont pas cessé de faire
agir leurs émissaires en Angleterre.
Si après toutes ces tentatives instructueuses on
veut faire semblant d'ignorer un fait rendu public
par des communications (ï
solemnelles, on veut prendre le monde pour dupe; il
est permis de ne les pas approuver: maisil est honceux de soûtenir qu'on ne
l'a pas sçû.
Dans les principes de
l'Empereur & des Etats Ge-
neraux le droit sur les Couronnes ne doit plus être réglé ni sur la proximité du
sang, ni sur lestitres les plus
autentiques, mais seulement sur ce qui peut convenir à l'intérêt de la Cour
de Vienne & des Hollandois:il leur suffira de craindre ragrandissement d'une
Puissance, pour armer toute
l'Europe contre un Prince
que la nature declare, &
que la Providence établit
héritier de ses ancêtres.
Dans une justice reglée
où l'équité decide, & non
la
la violence, il seroit aisé de
faire connoître que les Couronnes d'Espagne appartiennent légitimement à
Philippe V. & dans un pays
sensé où la raison gouverne, & non la passion, il ieroit aisé de démontrer qu'-
on ne peur les lui arracher.
La premiere se prouve,
parce que ses droits sont
fondez sur la nature, sur la
loy du pays, sur la coûtume
,
& sur le testament de
Charles II. confirmé par le
suffrage de tous les Etats
de la Monarchie, à qui,
selon l'auteur des Soûpirs,
il appartient de confirmer,
ou d'infirmer toutes disposrtions faites par les Rois
d'Espagne.L'Empereurn'opose à de si justes titres que
Ia- renonciation de MarieTherese d'Autriche,filleaînée de Philippe IV. maisil
y a
long-temps qu'on afait
toucher au doigt la nullité
de cet acte, & il suffit de
renvoyer aux livres imprimez celui qui voudra sçavoir & approfondir cette
matiere.Pourmoy, qui n'en
veux dire qu'un mot, mais
unmot peremptoire, je me
,
contenterai des mêmes argumens que l'auteur des
Soupirsemployepour prouver que si la renonciation
de MarieTheresed'Autriche est bonne, le testament deCharles II.estbon,
& que si le testament est
nul, la renonciation est encore plus nulle; par consequent ledroit naturel, le
droit du fang étant du côté
de Philippe V.la Couronne
d'Espagne lui appartient incontestablement
-,
donc la
guerre qu'on lui faitest injuste. - Dij
Car si par les remarques
de l'auteur des Soûpirs, p.
1 26. les Rois d'Espagne ne
possedant point le Royaume ex domino, ne peuvent
ni vendre, ni donner, ni
aliener leurs peuples comme un troupeau de moutons, par une même consequence les Rois d'Espagne peuvent encore moins
obliger leurs enfans à vendre, a
ceder,&àfaire quelque alienation que ce soit
des droits naturels qu'ils
ont sur la Couronne.
L'auteur rapporte plu-
sieurs exemples qui prouvent que tous actes qui
n', ., 1 ont point été approuvez
par les Etats du Royaume
n'ont jamais eu leur effet.
L'Empereur ne peut disconvenir ( & toute l'Europe
en est témoin) que le sesia..
ment de Charles II. n'ait
été approuve par tous les
Etats du Royaume d'Espagne,puisque d'abord après
la mort de Charles II. il y
eut une deputation solemnelle enFrance, pour prier
le Roy d'accorderà FEfpagne le Ducd'Anjou, fuu
vant la derniere volonté de
Charles II.
L'Empereur doit avouer
encore qu'avec toutes les
forces des alliez, & toutes
les profperitez imaginables,
il n'a jamais pu se faire reconnoîtreRoyparces peuples, quoyqu'il ait été deux
fois maître de Madrid.
Je voudrois donc bien
que l'auteur des Soûpirs
nous dît quel titre il fautavoir pour être legitimement Roy d'Espagne. Est-,
ce la loy du pays ?
elleest.
pour nous. Est-cel'usage ?
ilest pour nous. Est-ce un
testament ? nous l'avons.
Est-ce l'acclamation des
peuples? certainement nul
autreque Philippe V. ne
s'en peut vanter; elle a
été
universelle a son avenement, elle a
duré trois ans
entiers sans aucune contradiction. Cen'est qu'à force
d'intrigues qu'on lui a
débauché dans la fuite quelques sujets, convaincus par
là derébellion manifeste,
puis qu'ils ont violé leurs
premiers sermens.
Mais pourquoy l'auteur,
dans sa vaste érudition, ôc
dans le reüeil des pieces
qu'il rapporte
,
ne dit-il pas
un seul mot des testamens
fameux de Charles-Quint
& de Philippe second ? C'est
qu'ils l'égorgent, & qu'il
n'est pas payé pour alleguer
la vérité contre l'intention
de ceux qui le font écrire.
Or ces deux testamens renferment une substitution
graduelle lX. perpétuelle de
la Couronne d'Espagne, en
preferant les mâles aux
femelles, & au défaut des
mâles, les fillesaînées aux
cadet-
cadettes dans toute leur
posterité. Je dis donc: Ou
la successiond'Espagne doit
être reglée par les dispositions des Rois, ou elle ne
peut l'être que par le droit
du sang;enunmot oucette
Couronne elt alienable, ou
elle ne l'est pas: si elle effc
alienable, lasubstitution étant faite par les anciens
Rois de la Maison d'Autriche, leurs descendans n'ont
pû la changer; par consequent ni testamens posterieurs, ni renonciations, ni
autres dispositions quelcon-
ques ne peuvenc la détruire.
L'aureur est tropgrandJurisconsulte pour ignorer les
premiers élemens du Droit.
Si laCouronne n'estpasalienable, les testamens de
Charles-Quint & de Philippe II. ajoutez.y, si vous
voulez, celui deCharles Il
etoient inutiles, puis qu'ils
ne disent que ce que la loy
disoit avant eux: mais les
rciramens de Philippe III.
&de Philippe IV. contraires à la loy, sont nuls de
plein droit, & les renonciations d'Anne & deMarie.
Therese, contraires à la
loy,sont nulles de plein,
droit auili"; par consequent
les testamens des trois Monarques, par lesquels Philippe V. est appellé, ne sont
bons& respectables qu'autantqu'ils sont conformes
à laloyfondamentale de
TEcac: d'oùil s'enfuit que
-il Philippe IV. & MarieTherese safille avoient eu
la moindre autorité pour
exclure quelqu'un de leurs
descendans
,
contre toute
forte de justice, Charles II.
n'enavoit pas moins pour
les rétablir dansl'ordre de
la justicemême. Si le pere
a
ptt faire un mal
,
le fils à
plus forte raison a
pu le reparer;& voila precisément
en quoy la disposition de
Charles11. a
été legitime,
c'cft qu'elle a
remis les cho-
* ses dans leur état naturel;
c'est qu'elle a marqué en
quoy les renonciations étoient valables, je veux dire
dans le point d'incompatibilité de deux Couronnes:
& en quoy elles ne l'étoient
pas, je veux dire dans l'ex..
clusion du scul & veritable
,
héritier.
Ainsi Philippe V. ne vient
pas à la Couronne du droit
de la grandmere, ni du
droit de son bisayeul maternel
,
mais du sien propre. Il ne les represente
point pour être tenu de leurs
faits
;
il vient comme ap,
pellé par les loix,par le sang,
par la nature. CharlesII.
ne l'a pas proprement institué
;
il n'a fait que le désigner encre les vrais successeurs, parce que les autres
étoient destinez à porter la
Couronne de France, &c
qu'il convenoitpour le bien
des deux Royaumes, qu'ils
cussent deux Rois separez.
Voila ce qui s'appelle des
raisons ausquelles je défie
l'auteur en question de répondre autrement que par
des soûpirs: mais ce qu'il y
a
de plus curieux dans foii»
livre,c'est qu'après être
convenu des principes, il;
nie toutesles conséquences.
Les dispositions personnelles, selon lui, sont des chansons:mais les renonciations.
font des loix fondamental
les, comme si les renonciationsnetoient pas des dis-
goûtions personnelles.
Je voudrois bien lui de^
mander si les Cortes en 1618.
avoient plus d'autorité pour
renverserles anciennes, que
les Cortes en 1709. en avoient pour s'y conformer.
Les premieres ont exclules
enfans d'Anne, les fecondes ontjuré que Philippe V.
&[on filsétaient les veritables Rois. Si les premieres
ont pû faire une loy ,les lecondes en ont pu faire une
aussi. Quelle différence y
at-il donc entrç les deux?
C'estque la loy pretendue
de 1618. etoitcontradictoire
aux loix irrevocables de la
Monarchie, & que celles
de 1709. n'en croient que le
renouvellement & l'application. Remarquez en paffane) je vous prie
,
avec
quelle affectation les PrincesAurtrichiensont prissoin
de faire toujours renoncer
les Princesses qui pouvoient
porter ailleurs des droitssur
l'EÍpagne) Anne, MarieTherese
,
l'Archiduchesse
Electrice de Baviere; & jamais celles qui pouvoient la
porter dansla branche d'Al..
lemagne. Ne voit-on pas
que c'étoit uniquement
pourfixer ce patrimoine
chez eux,3malgréOles regles
qu'ilsleur avoient données,
la reconnoissant feminine
pour leur Maison
,
&masculine pourle reste du monde. C'étoir faire violence à
la nature ôc forcer la Providence
;
aussi, comme
vous voyez, la Providence
s'en est moquée, & la nature a
repris le dessus. Rien
n'est donc plus solidement
établi que le droit de Philippe V. & rien de plus mal
fondé que la prétention de
l'Empereur. Ilme reste à
prouver que laplus folle de
toutesles chimeresferoit de
s'obstiner au détrônement
de ce Roy,
Que n'a-t- on point fait
pour en venir à bout?combien de fang répandu?combien de trésors dissipezpour.
arriver à
ce but tant desiré,
par toutes les Puissances liguées?Esperet-on de plus
grandssuccés que ceux qui
nont servià rien? Tant que lesEspagnols feront fideles,
on gagneroit vingt batailles!.
de Sarragosse, on prendroit
vingt fois Madrid
,
qu'il
faudroir se retirer & s'enfuir.
Les alliez ont été sur
l'Espagne, comme les Chymisses sur la pierre philo-,
sophale;ilsonttoûjourscrû
la tenir, elle leur a
toûjours
échapé;la premiere matiere leur manquoit, c'est;
le cœur des peuples.
Mais, me dira l'auteur
des Soûpirs, vous accusez
donc laReine de s'être flatée mal à propos, lors qu'-
ellea déclarétantdefois
à son Parlement qu'il faloit
continuer la guerre jusqu'à
ce qu'on eût mis laMaison
d'Autriche en possession del'Espagne & des Indes?
Je répons à cela qn'il faut
distinguer.
1. Pendant que
l'Empereur Joseph étoit encore plein de vie, on pouvoirregarder les deux branches de cette Maison comme separées,de la même
façon qu'on regardeaujourd'hui celle de Bourbon: mais depuis sa mort,
sansensans mâles, tout eflr
sur unemême tête; & quoy
qu'en dise l'auteur avec ses
calculs frivoles, tant de
puissance entre les mains
d'un seul Prince, pour le
moins aussi fier & aussi ambitieux qu'aucun de ses predecesseurs, seroit enorme.
La Reine a
donc grande
raiion de penser differemment depuis le mois d'Avril 1711.2. L'experienceapprend quelque chose en ce
monde.Pouvoit-on deviner d'abord que Philippe
V. se feroit tellement aimer
de ses sujets, qu'il trouve,
roit toujours en eux des
ressources contre les plus
grands revers de la fortune,& que son rival neseroit
jamais moins maîtrede l'Espagne que lors qu'il en occuperoit la Capitale? Ce
sont des évenemens si merveilleux, qu'il faut les avoir
éprouvez pour les croirez
mais les éprouver deux fois,
sans les croire,c'est un aveuglement.
Nous n'avons plus qu'une choie à examiner,si l'Europe doit plutôt soûpirer
d'une paix
faite
sur le plan
de la Reine, que d'une
guerre éternelle faite sur le
,plan des Imperiaux & des
Hollandois.
Passons le lieu commun, f
qui dit qu'une
mauvaise paix vaut mieux
quunebonne guerre::
mais voyons un moment
avec l'auteur si la paix
qu'on veut faire n'estpas
meilleure que la guerre
qu'on veut continuer.
Mais si elle est mauvaise,
les hautsalliez ont eu
grand tort quand ilsont
fait en 1701. leur traitéde
la grande alliance
; car ils
ont par ce projet de pai:c
tour ce qu'ils souhaitoient
alors, & tout ce qu'ils se
sont propoiez de plus avantageux en prenant les armes. C'est proprement dans
retraite que la Reine de la
Grande Brctagne a
puisé les
articles de la satisfaction.
commune. Si l'Empereur &
les Hollandois n'ont pas eu
foin de leurs intérêts dans
un temps où rien ne les empêchoit de stipuler tout ce
qu'ils voutoient,c'est à
eux
seuls qu'ils doivent s'en
prendre: mais, dit l'auteur,
ils
ont eu depuis bien plus d'apperit,& ils pleureront si, on
ne les contente pas; ils se
sont flatez d'enlever une
Couronne, & de partager
l'autre. Ici je veux lui faire
une derniere question,& le
prier avec tous les écrivains
de libelles contre la France, de vouloir bien me définir,une fois pour tout,
sur quel pied on doit regarder cette Couronne. Ils
entreprennent ordinairement d'établir deux choses
contr'elle. La premiere;
qu'il fautabsolument dé-
truire sa puissance; !a~-
conde, qu'on lepeut facilement. Ces deux suppositions leur paroissent necessaires pour exciteren même temps la haine &,ree..
perancer: mais malheureusement ils tombent dans
une contradiction puerile;
car pour prouver l'une, ils
disent que la France a
des
forces redoutables, des tréfors infinis, & que si l'on n'y
prend garde, elle va tout
engloutir. Pour prouver
l'autre,ils disent que la
France cft aux abois, qu",.,
elle n'a plus qu'un souffle de
vie ,& qu'il ne faut qu'un
coup de collier pour la mettre à bas. Celane s'accorde
point, & il est aisé de leur
répondre.Sielleestsifoible,
pourquoy la craignez-vous
tant? si elleest si forte, comment l'abattrez-vous? Les
sages, qui n'aiment pas l'exaggeration, se contentent
de dire là dessus une chose
qui est vraye; c'est que la
France estassezpuissante
pour resister aux plus
grands effortsde ses ennemis, & qu'elle nel'est pas
assez pour attenter à la Ii.
berté de tout le monde. Si
elle a
songé às'étendre il y
a quarante ou cinquante
ans, c'est que Paris étoit un
peu trop prés de sa frontiere. Le PrinceEugene en
conviendra, puis qu'enassiegeant Landrecy
,
il promettoit à son armée de U
faire hyverner dansl'Isle de
France, & que le Major ge-:-
neral Grovestein avoir déja
marqué les logis. Ce n'est
donc pas avoir une ambition demesurée
,
que de
vouloir couvrir son Royau-
me par le côté qui le serre
le plus: mais c'en est une
que de vouloir posseder en
même temps l'Allemagne,
les Pays-Bas', la Hongrie,
la Boheme, l'Italie, l'Espagne, & les Indes.
Concluons donc, qu'une
guerre qui ne serviroit, en
reüssissant, qu'à doubler le
Domaine des Hollandois,
& qu'à quadrupler celui de
l'Empereur
,
& qui pourroir, en ne reüssissant pas,
donner à la France plus d'Etats qu'elle n'en veut ellemême, est une guerre qu'il
cft temps de finir;qu'au;
contraire une paix qui laisse
les deux grandes Maisons
dans un juste équilibre, &
qui rend àl'Europeaffligée
par tant de. malheurs une
tranquilité parfaire, -
ne peut
faire soûpirer que les perturbateurs durepos public.:
ôcles ennemis du genre hu*
main. Je suis, &c.
De Valenciennes le 8.
d'Oflobrc i711
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Résumé : LETTRE A M. le Marquis de *** Sur un Livre intitulé, Les Soûpirs de l'Europe.
La lettre du Marquis de*** examine les tensions politiques en Europe, telles que décrites dans le livre 'Les Soupirs de l'Europe'. L'auteur de la lettre réfute l'idée que les 'soupirs' de l'Europe soient uniquement dus à l'amour, affirmant qu'ils résultent des ambitions des grandes puissances. La Reine d'Angleterre a reconnu que les guerres en Europe sont le fruit des ambitions de la Maison d'Autriche et des États Généraux des Provinces Unies, qui cherchent à étendre leur influence au détriment des autres princes. La lettre critique la politique de la Maison d'Autriche et des Hollandais, soulignant leur ambition et leur manipulation des autres nations. Elle révèle que la Reine d'Angleterre et son nouveau ministère ont découvert les véritables intérêts des Hollandais, qui visent à dominer les Pays-Bas et le commerce des Indes. La lettre conteste la guerre contre Philippe V pour le trône d'Espagne, affirmant que ses droits sont légitimes et fondés sur la loi du pays, la coutume et le testament de Charles II. L'auteur de la lettre argue que les testaments de Charles-Quint et Philippe II établissent une succession masculine, et que les renonciations d'Anne et de Marie-Thérèse sont nulles. Il conclut que Philippe V est le légitime héritier du trône d'Espagne, appelé par les lois, le sang et la nature. Le texte discute également des conflits dynastiques et des droits successoraux en Espagne, mettant en lumière les contradictions dans les arguments de l'auteur des 'Soupirs'. Il critique les renonciations personnelles et les lois fondamentales, soulignant que les Cortes de 1618 et de 1709 ont toutes deux légitimé leurs décisions, bien que contradictoires. Il souligne également les manœuvres des Princes Autrichiens pour maintenir leur influence en Espagne, malgré les règles de succession. Le texte défend le droit de Philippe V au trône d'Espagne, affirmant que les efforts des puissances alliées pour le détrôner ont échoué en raison du soutien des Espagnols. Il compare les alliances européennes à des Chimères, incapables de contrôler l'Espagne sans le soutien des peuples. L'auteur distingue les périodes avant et après la mort de l'Empereur Joseph, notant que la concentration de pouvoir entre les mains d'un seul prince est dangereuse. Il critique les calculs frivoles de l'auteur des 'Soupirs' et souligne l'importance de l'expérience et du soutien populaire. Enfin, le texte examine la question de la paix versus la guerre, affirmant que la paix proposée par la Reine est préférable à une guerre éternelle. Il critique les contradictions dans les arguments des ennemis de la France, qui la décrivent tour à tour comme faible et puissante. L'auteur conclut que la guerre ne servirait qu'à augmenter les domaines de l'Empereur et des Hollandais, tandis qu'une paix équilibrée apporterait la tranquillité à l'Europe.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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22
p. 182-184
Articles de Paix, [titre d'après la table]
Début :
Le sieur de Contade, Maréchal de Camp, Major General de [...]
Mots clefs :
Traité, Paix, Empereur, Guerre, Majesté, Empire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Articles de Paix, [titre d'après la table]
Le fieur de Contade , Maréchal
de Camp , Major General
de l'Infanterie , arriva
icy le 12. de ce mois , appor
tant au Roy le Traité de Paix
entre Sa Majefté & l'Empereur
, figné à Raftat le 6 .
par
le Maréchal de Villars, & par
le Prince Eugene de Savoye.
Les principales conditions de
ce Traité fontdu cofté de l'Allemagne
, le rétabliſſement du
Traité de Rifwick , & la reftitution
entiere des Electeurs
de Cologne & de Baviere
dans tous leurs Etats , rangs ,
prérogatives , regaux , biens ,
·
GALANT: 183
3
effers & dignitez , comme ils
en joüiffoient avant la guerre.
Du cofté des Païs Bas , les
chofes demeurent : par toute
la frontiere du Royaume ,
dans le même état , qui a cfté
reglé par le Traité d'Utrecht.
Et à l'égard de l'Italie , toutes
chofes y demeurant dans l'état
où elles font , l'Empereur
promet de rendre juſtice à
ceux qui ont efté privez de
leurs Etats & biens , pendant
le cours de la guerre ,. fans
qu'il foit permis de part ny
d'autre d'y reprendre les armes
ou d'y exercer aucune
184 MERCURE
hoftilité , fous quelque prétexte
que ce foit. Il y aura
un lieu d'affemblée en Suiffe ,
où les Plenipotentiaires de Sa
Majefté fe rendront avec ceux
de l'Empereur & de l'Empire ,
pour regler & pour mettre en
forme le Traité avec l'Empire.
Les conferences doivent commencer
le Avril ou le 1'
1.5.
May au plus tard , & fe terminer
dans le cours de deux
mois ou de trois mois au
plus.
de Camp , Major General
de l'Infanterie , arriva
icy le 12. de ce mois , appor
tant au Roy le Traité de Paix
entre Sa Majefté & l'Empereur
, figné à Raftat le 6 .
par
le Maréchal de Villars, & par
le Prince Eugene de Savoye.
Les principales conditions de
ce Traité fontdu cofté de l'Allemagne
, le rétabliſſement du
Traité de Rifwick , & la reftitution
entiere des Electeurs
de Cologne & de Baviere
dans tous leurs Etats , rangs ,
prérogatives , regaux , biens ,
·
GALANT: 183
3
effers & dignitez , comme ils
en joüiffoient avant la guerre.
Du cofté des Païs Bas , les
chofes demeurent : par toute
la frontiere du Royaume ,
dans le même état , qui a cfté
reglé par le Traité d'Utrecht.
Et à l'égard de l'Italie , toutes
chofes y demeurant dans l'état
où elles font , l'Empereur
promet de rendre juſtice à
ceux qui ont efté privez de
leurs Etats & biens , pendant
le cours de la guerre ,. fans
qu'il foit permis de part ny
d'autre d'y reprendre les armes
ou d'y exercer aucune
184 MERCURE
hoftilité , fous quelque prétexte
que ce foit. Il y aura
un lieu d'affemblée en Suiffe ,
où les Plenipotentiaires de Sa
Majefté fe rendront avec ceux
de l'Empereur & de l'Empire ,
pour regler & pour mettre en
forme le Traité avec l'Empire.
Les conferences doivent commencer
le Avril ou le 1'
1.5.
May au plus tard , & fe terminer
dans le cours de deux
mois ou de trois mois au
plus.
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Résumé : Articles de Paix, [titre d'après la table]
Le maréchal de Contade, Maréchal de Camp et Major Général de l'Infanterie, a apporté au roi le Traité de Paix entre Sa Majesté et l'Empereur, signé à Rastatt le 6 du mois par le maréchal de Villars et le prince Eugène de Savoie. Les principales conditions du traité incluent le rétablissement du Traité de Ryswick en Allemagne, avec la restitution complète des Électeurs de Cologne et de Bavière dans leurs États, rangs, prérogatives, biens, offices et dignités antérieurs à la guerre. En Pays-Bas, les dispositions du Traité d'Utrecht restent en vigueur. En Italie, la situation reste inchangée, avec la promesse de l'Empereur de rendre justice aux personnes privées de leurs États et biens pendant la guerre, sans reprise des hostilités. Un lieu d'assemblée en Suisse est prévu pour les Plénipotentiaires du roi et ceux de l'Empereur et de l'Empire afin de régler et formaliser le traité. Les conférences doivent commencer au plus tard le 1er mai et se terminer dans un délai de deux à trois mois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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23
p. 227-247
EXTRAIT du Traité de Paix conclud entre le Roy & l'Empereur, le 6. Mars dernier.
Début :
I. Il y aura une Paix Chrestienne universelle & une [...]
Mots clefs :
Roi, Empereur, Traité, Guerre, Empire, Droits, Électeur, Dépendances, Généraux, Ratifications
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Traité de Paix conclud entre le Roy & l'Empereur, le 6. Mars dernier.
EXTRAIT du Traité de
Paix conclud entre le Roy
& l'Empereur , le 6. Mars
dernier.
I.
IL y aura une Paix Chreftienne
univerfelle & une
amitié perpetuelle & fincere
entre fa, Majefté Imperiale
& le Roy Tres-
Chreftien .
228 MERCURE
II.
Il y aura un perpetuel
oubli & Amniftie de ce qui
s'eft fait dans cette
guerre .
III.
fi
Les Traitez de Weftphalie
, de Nimegue & de Rifwick
, feront executez
ce n'eft en ce qu'il y fera
expreffément derogé.
IV.
Le Roy rendra à l'Empereur
le vieux Brifach &
toutes fes dependances fituées
à la droite du Rhin ,
celles qui font à gauche demeurant
au Roy avec le
Fort du Mortier
.
GALANT. 2292
V.
Le Roy rendra auffi Fribourg
en l'eftat où il eft ,
avec tous les Forts , toutes
les archives & autres efcritures.
VI. MAT
རཱང ༔
>
Le Fort de Kell fera
pareillement rendu ; & le
Fort de la Pile & autres
jufqu'au Fort Louis , feront
rafez , fans qu'ils puiffent
eftre reftablis , & la navigation
du Rhin demeurera
11 libre , fans qu'on y puiffe :
d exiger de nouveaux droits,
230 MERCURE
VII.
Brifach , Fribourg &
Kell , feront rendus de
bonne foy , avec l'artillerie
qui y eftoit.
VIII .
Le Roy fera rafer les
fortifications faite vis à vis
d'Huningue & dans l'iſle ,
& demolir le Pont conftruit
en cet endroit , de mefme
du Pont qui conduit du
Fort Louis , au Fort de Se
lingen , qui ſera auffi raſé ,
& que le Fort Loüis demeurera
au Roy Tres-
Chreftien
.
GALANT . 231
IX .
Le Roy fera auffi rafer
les fortifications de Birſch
& de Hombourg , qui ne
pourront eftre reftablies.
X.
Tous les lieux cy- deffus
nommez , feront rendus
trente jours aprés le Traité
à faire entre l'Empereur ,
l'Empire & le Roy Tres-
Chreftien,
XI.
Les places qui doivent
eftre demolies , le feront au
plus tard , deux mois aprés
Ï'eſchange des ratifications.
"
{
132 MERCURE
XII.
Le Roy promet d'executer
le Traité de Rifwick , & de
rendre tout ce quia efté pris
ou confifqué fur quelque
Prince ou Eftat .
XIII .
Reciproquement
l'Empereur
confent que le Roy
jouiffe de Landau & de ſes
dependances
, comme il en
jouiſſoit avant la guerre ,
fe faifant fort d'obtenir le
confentement
& l'approbation
de l'Empire.
XIV .
Le Roy reconnoiſtra
la
dignité
GALANT. 233
I
dignité Electorale dans la
Maifon de Brunswich Ha
nover.
XV.i
L'Electeur de Cologne
& l'Electeur de Baviere fe
ront reftablis dans tous
leurs Eftats ,
dignitez
rangs , prerogatives
, &
droits , comme ils en jouif
foient avant la guerre. On
leur rendra de bonne foy
tous leurs meubles , pierre-
I ries & autres effets , com-
DJ
me , auffi l'artillerie & les
munitions fpecifiées dans
les Inventaires. L'Electeur
་
Avril
1714.
V
$
234 MERCURE
de Cologne fera reftabli
dáns fon Archevefché de
Cologne, dans fes Evefchez
d'Hildesheim , de Ratifbo
ne , de Liege & dans fa Prevofté
de Berchtholfgaden
,
& il n'y aura dans Bonne
en temps de Paix , que les
Gardes de l'Electeur , mais
en temps de guerre l'Empereur
y pourra mettre les
troupes neceffaires. Ces
deux Princes feront tenus
de demander & de prendre
de l'Empereur le renouvellement
de l'inveftiture
de leurs Electorats , Princi
A
GALANT 235
5
1
I
pautez , Fiefs , Titres &
Droits , ainfi que les autres
Electeurs & Princes de
l'Empire.
XVI.
Les Officiers domefti
ques & vaffaux qui ont
fuivi l'un ou l'autre parti ,
jouiront de l'Amniftie , &
feront reftablis dans leurs
biens , charges & dignitez .
XVII .
Cette reftitution fe fera
un mois aprés l'efchange
des ratifications du Traité.
XVIII .
Si la Maiſon de Baviere
Vij
236 MERCURE
aprés fon reftabliſſement
total , trouve qu'il luy convienne
de faire quelques
changements de fes Eftats
contre d'autres , le Roy ne
s'y oppofera pas .
XIX .
Sa Majefté Tres - Chref
tienne ayant remis aux Eftats
Generaux pour la Maifon
d'Auftriche les Païs
Bas Espagnols tels que le
Roy Charles II. les poffedoit
, confent que l'Empereur
en prenne poffeffion ;
fauf les conventions que Sa
Majeſté Imperiale fera avec
GALANT . 237
les Eftars Generaux pour
leur barriere ; & le Roy de
Pruffe retiendra tout ce
qu'il poffede actuellement
du haut quartier de Gueldres
.
XX.
Le Roy ayant cedé aux
Eftats Generaux pour la
Maiſon d'Auftriche Menin
& fa Verge , Tournay & le
Tournailis Sa Majesté
confent qu'ils les rendent
à l'Empereur , quand ils
en feront convenus ,
5 aprés que les ratifications
du Traité à faire entre
&
238 MERCURE
l'Empereur , l'Empire & la
France auront efte efchangées
; & Saint Amand avec
fes dependances , & Mortagne
fans dependances , demeureront
au Roy.
XXI.
Sa Majefté Tres- Chref
tienne confirme la ceffion
qu'elle a faite aux Etats
Generaux , en faveur de la
Maiſon d'Auftriche , de
Furnes , de Furnambacht
de la Kenoque , de Loo ,
de Dixmude , d'lpres , de
Rouffelar , de Poperingue ,
de Warneton , de Comi-
3.
GALANT. 239
nes & de Warwick .
XXII.
La navigation de la Lys
depuis l'embouchure de la
Deule en remontant , fera
libre , & on n'y eftablira ny
peages ny impoſts.
XXXIII.
1 Il y aura un oubli & amniftie
perpetuelle & reciproque
de tout ce qui a
efté fait pendant cette
= guerre par les fujets des
Pays-Bas.
XXIV .
Ils pourront de part &
d'autre librement nego
240 MERCURE
cier,vendre & aliener , mef
me à des eftrangers , fans
autre permiffion que ce
Traité.
XXV.
Les mefmes fujets jouiront
de tout leurs biens , benefices
, charges & droits
comme avant la guerre
XXVI .
A l'egard des rentes affectées
fur quelque Province ,
on payera de coſté & d'autre
fa quote part , felon ce
que chacun poffede .
3167 XXVII. nog alt
Dans les pays cedez par
le
GALANT. 241
Roy , tout fera maintenu
en l'eftat où il eftoit , à l'égard
de la Religion Catholique
, des Magiftrats qui ne
pourront eftre que Catholiques
, du Clergé , des Monafteres
, Communautez &
autres..
XXVIII .
Ils feront maintenus dans
leurs Privileges , Droits &
Couftumes .
XXIX .
Les Beneficiers jouiront
des Benefices qui leur ont
efté conferez pendant la
guerre par l'un des deux
partis. X
242 MERCURE
XXX.
Comme cette Paix ne
doit eftre interrompuë fous
aucun prétexte , le Roy
promet de laiffer jouir tranquillement
l'Empereur de
tous les Eftats qu'il poffede
actuellement en Italie
l'Empereur promettant de
fon cofté de ne point troubler
la neutralité de l'Italie,
fuivant le Traité conclu à
Utrecht le 14. Mars 1713.
XXXI.
Comme auffi de rendre
bonne & promte juftice fur
leurs prétentions aux Ducs
GALANT 243
de Guaftalle & de la Mirandole
, & au Prince de Caftiglione.
XXXII.
Les autres prétentions
propofées de part & d'autre
ont efté remiſes au Traité
à faire entre l'Empereur,
l'Empire & le Roy Tres-
Chreftien. >
XXXIII
Auquel Traité , l'Empe
reur promet que les Elec
teurs , Princes & Eftats de
l'Empire envoyeront des
pleins pouvoirs ou une Deputation
avec des pleins
X ij
244 MERCURE
pouvoirs , & qu'ils confentiront
à tous les points dont
on eft convenu dans le
fent Traité.
XXXIV .
pre-
Les conferences fe tiendront
dans une des trois
Villes qui feront nommées
en Suiffe , où elles commenceront
le 15. Avril ou
le 1. May au plus tard , &
feront terminées dans deux
où trois mois au plus tard.
XXXV.
Toutes hoftilitez ceffe
ront à la fignature de ce
Traité ; toutes contribu
GALANT. 245
tions à l'efchange des ratifications
, & tous prifonniers
d'Eftat & de guerre
feront renvoyez ſans rançon
.
XXXVI.
Le commerce
fera libre
comme avant la guerre.
XXXVII
.
Ce Traité fera ratifié
dans un mois .
Les trois Articles ſeparez
contiennent que l'Empereur
ayant pris des Titres
que le Roy ne pouvoit
admettre , on eft convenu
que les qualitez priſes ou
·X iij⋅
246 MERCURE
obmiſes de part & d'autre
ne donneront aucun droit,
ny ne cauſeront aucun prejudice
aux parties contractantes,
* V II. H
Que la
conjoncture prefente
n'ayant pas laiffé le
temps d'obferver les formalitez
requiſes à l'égard
de l'Empire , & le Traité
ayant efté redigé en Langue
Françoiſe contre la
couſtume obfervée ordinairement
dans les Traitez
faits entre l'Empereur
l'Empire & la France , cela
ne pourra eſtre allegué
GALANT . 247
pour exemple , ou tirer à
confequence.
III.
Que l'Empereur ayant
nommé Schaffoufe , Bade
& Frawenfeld en Suiffe ,
le Marefchal de Villars
n'ayant pû recevoir la nomination
que Sa Majesté
Tres - Chreftienne à faite
de l'une des trois , il l'envoyera
par un courier au
Prince Eugene . Fait au Palais
de Raftadt le 6. Mars
1714. Signé , EUGENE de
Savoye , le Mareſchal Duc
DE VILLARS , ratifié par
le Roy le 23. Mars 1714 .
Paix conclud entre le Roy
& l'Empereur , le 6. Mars
dernier.
I.
IL y aura une Paix Chreftienne
univerfelle & une
amitié perpetuelle & fincere
entre fa, Majefté Imperiale
& le Roy Tres-
Chreftien .
228 MERCURE
II.
Il y aura un perpetuel
oubli & Amniftie de ce qui
s'eft fait dans cette
guerre .
III.
fi
Les Traitez de Weftphalie
, de Nimegue & de Rifwick
, feront executez
ce n'eft en ce qu'il y fera
expreffément derogé.
IV.
Le Roy rendra à l'Empereur
le vieux Brifach &
toutes fes dependances fituées
à la droite du Rhin ,
celles qui font à gauche demeurant
au Roy avec le
Fort du Mortier
.
GALANT. 2292
V.
Le Roy rendra auffi Fribourg
en l'eftat où il eft ,
avec tous les Forts , toutes
les archives & autres efcritures.
VI. MAT
རཱང ༔
>
Le Fort de Kell fera
pareillement rendu ; & le
Fort de la Pile & autres
jufqu'au Fort Louis , feront
rafez , fans qu'ils puiffent
eftre reftablis , & la navigation
du Rhin demeurera
11 libre , fans qu'on y puiffe :
d exiger de nouveaux droits,
230 MERCURE
VII.
Brifach , Fribourg &
Kell , feront rendus de
bonne foy , avec l'artillerie
qui y eftoit.
VIII .
Le Roy fera rafer les
fortifications faite vis à vis
d'Huningue & dans l'iſle ,
& demolir le Pont conftruit
en cet endroit , de mefme
du Pont qui conduit du
Fort Louis , au Fort de Se
lingen , qui ſera auffi raſé ,
& que le Fort Loüis demeurera
au Roy Tres-
Chreftien
.
GALANT . 231
IX .
Le Roy fera auffi rafer
les fortifications de Birſch
& de Hombourg , qui ne
pourront eftre reftablies.
X.
Tous les lieux cy- deffus
nommez , feront rendus
trente jours aprés le Traité
à faire entre l'Empereur ,
l'Empire & le Roy Tres-
Chreftien,
XI.
Les places qui doivent
eftre demolies , le feront au
plus tard , deux mois aprés
Ï'eſchange des ratifications.
"
{
132 MERCURE
XII.
Le Roy promet d'executer
le Traité de Rifwick , & de
rendre tout ce quia efté pris
ou confifqué fur quelque
Prince ou Eftat .
XIII .
Reciproquement
l'Empereur
confent que le Roy
jouiffe de Landau & de ſes
dependances
, comme il en
jouiſſoit avant la guerre ,
fe faifant fort d'obtenir le
confentement
& l'approbation
de l'Empire.
XIV .
Le Roy reconnoiſtra
la
dignité
GALANT. 233
I
dignité Electorale dans la
Maifon de Brunswich Ha
nover.
XV.i
L'Electeur de Cologne
& l'Electeur de Baviere fe
ront reftablis dans tous
leurs Eftats ,
dignitez
rangs , prerogatives
, &
droits , comme ils en jouif
foient avant la guerre. On
leur rendra de bonne foy
tous leurs meubles , pierre-
I ries & autres effets , com-
DJ
me , auffi l'artillerie & les
munitions fpecifiées dans
les Inventaires. L'Electeur
་
Avril
1714.
V
$
234 MERCURE
de Cologne fera reftabli
dáns fon Archevefché de
Cologne, dans fes Evefchez
d'Hildesheim , de Ratifbo
ne , de Liege & dans fa Prevofté
de Berchtholfgaden
,
& il n'y aura dans Bonne
en temps de Paix , que les
Gardes de l'Electeur , mais
en temps de guerre l'Empereur
y pourra mettre les
troupes neceffaires. Ces
deux Princes feront tenus
de demander & de prendre
de l'Empereur le renouvellement
de l'inveftiture
de leurs Electorats , Princi
A
GALANT 235
5
1
I
pautez , Fiefs , Titres &
Droits , ainfi que les autres
Electeurs & Princes de
l'Empire.
XVI.
Les Officiers domefti
ques & vaffaux qui ont
fuivi l'un ou l'autre parti ,
jouiront de l'Amniftie , &
feront reftablis dans leurs
biens , charges & dignitez .
XVII .
Cette reftitution fe fera
un mois aprés l'efchange
des ratifications du Traité.
XVIII .
Si la Maiſon de Baviere
Vij
236 MERCURE
aprés fon reftabliſſement
total , trouve qu'il luy convienne
de faire quelques
changements de fes Eftats
contre d'autres , le Roy ne
s'y oppofera pas .
XIX .
Sa Majefté Tres - Chref
tienne ayant remis aux Eftats
Generaux pour la Maifon
d'Auftriche les Païs
Bas Espagnols tels que le
Roy Charles II. les poffedoit
, confent que l'Empereur
en prenne poffeffion ;
fauf les conventions que Sa
Majeſté Imperiale fera avec
GALANT . 237
les Eftars Generaux pour
leur barriere ; & le Roy de
Pruffe retiendra tout ce
qu'il poffede actuellement
du haut quartier de Gueldres
.
XX.
Le Roy ayant cedé aux
Eftats Generaux pour la
Maiſon d'Auftriche Menin
& fa Verge , Tournay & le
Tournailis Sa Majesté
confent qu'ils les rendent
à l'Empereur , quand ils
en feront convenus ,
5 aprés que les ratifications
du Traité à faire entre
&
238 MERCURE
l'Empereur , l'Empire & la
France auront efte efchangées
; & Saint Amand avec
fes dependances , & Mortagne
fans dependances , demeureront
au Roy.
XXI.
Sa Majefté Tres- Chref
tienne confirme la ceffion
qu'elle a faite aux Etats
Generaux , en faveur de la
Maiſon d'Auftriche , de
Furnes , de Furnambacht
de la Kenoque , de Loo ,
de Dixmude , d'lpres , de
Rouffelar , de Poperingue ,
de Warneton , de Comi-
3.
GALANT. 239
nes & de Warwick .
XXII.
La navigation de la Lys
depuis l'embouchure de la
Deule en remontant , fera
libre , & on n'y eftablira ny
peages ny impoſts.
XXXIII.
1 Il y aura un oubli & amniftie
perpetuelle & reciproque
de tout ce qui a
efté fait pendant cette
= guerre par les fujets des
Pays-Bas.
XXIV .
Ils pourront de part &
d'autre librement nego
240 MERCURE
cier,vendre & aliener , mef
me à des eftrangers , fans
autre permiffion que ce
Traité.
XXV.
Les mefmes fujets jouiront
de tout leurs biens , benefices
, charges & droits
comme avant la guerre
XXVI .
A l'egard des rentes affectées
fur quelque Province ,
on payera de coſté & d'autre
fa quote part , felon ce
que chacun poffede .
3167 XXVII. nog alt
Dans les pays cedez par
le
GALANT. 241
Roy , tout fera maintenu
en l'eftat où il eftoit , à l'égard
de la Religion Catholique
, des Magiftrats qui ne
pourront eftre que Catholiques
, du Clergé , des Monafteres
, Communautez &
autres..
XXVIII .
Ils feront maintenus dans
leurs Privileges , Droits &
Couftumes .
XXIX .
Les Beneficiers jouiront
des Benefices qui leur ont
efté conferez pendant la
guerre par l'un des deux
partis. X
242 MERCURE
XXX.
Comme cette Paix ne
doit eftre interrompuë fous
aucun prétexte , le Roy
promet de laiffer jouir tranquillement
l'Empereur de
tous les Eftats qu'il poffede
actuellement en Italie
l'Empereur promettant de
fon cofté de ne point troubler
la neutralité de l'Italie,
fuivant le Traité conclu à
Utrecht le 14. Mars 1713.
XXXI.
Comme auffi de rendre
bonne & promte juftice fur
leurs prétentions aux Ducs
GALANT 243
de Guaftalle & de la Mirandole
, & au Prince de Caftiglione.
XXXII.
Les autres prétentions
propofées de part & d'autre
ont efté remiſes au Traité
à faire entre l'Empereur,
l'Empire & le Roy Tres-
Chreftien. >
XXXIII
Auquel Traité , l'Empe
reur promet que les Elec
teurs , Princes & Eftats de
l'Empire envoyeront des
pleins pouvoirs ou une Deputation
avec des pleins
X ij
244 MERCURE
pouvoirs , & qu'ils confentiront
à tous les points dont
on eft convenu dans le
fent Traité.
XXXIV .
pre-
Les conferences fe tiendront
dans une des trois
Villes qui feront nommées
en Suiffe , où elles commenceront
le 15. Avril ou
le 1. May au plus tard , &
feront terminées dans deux
où trois mois au plus tard.
XXXV.
Toutes hoftilitez ceffe
ront à la fignature de ce
Traité ; toutes contribu
GALANT. 245
tions à l'efchange des ratifications
, & tous prifonniers
d'Eftat & de guerre
feront renvoyez ſans rançon
.
XXXVI.
Le commerce
fera libre
comme avant la guerre.
XXXVII
.
Ce Traité fera ratifié
dans un mois .
Les trois Articles ſeparez
contiennent que l'Empereur
ayant pris des Titres
que le Roy ne pouvoit
admettre , on eft convenu
que les qualitez priſes ou
·X iij⋅
246 MERCURE
obmiſes de part & d'autre
ne donneront aucun droit,
ny ne cauſeront aucun prejudice
aux parties contractantes,
* V II. H
Que la
conjoncture prefente
n'ayant pas laiffé le
temps d'obferver les formalitez
requiſes à l'égard
de l'Empire , & le Traité
ayant efté redigé en Langue
Françoiſe contre la
couſtume obfervée ordinairement
dans les Traitez
faits entre l'Empereur
l'Empire & la France , cela
ne pourra eſtre allegué
GALANT . 247
pour exemple , ou tirer à
confequence.
III.
Que l'Empereur ayant
nommé Schaffoufe , Bade
& Frawenfeld en Suiffe ,
le Marefchal de Villars
n'ayant pû recevoir la nomination
que Sa Majesté
Tres - Chreftienne à faite
de l'une des trois , il l'envoyera
par un courier au
Prince Eugene . Fait au Palais
de Raftadt le 6. Mars
1714. Signé , EUGENE de
Savoye , le Mareſchal Duc
DE VILLARS , ratifié par
le Roy le 23. Mars 1714 .
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Résumé : EXTRAIT du Traité de Paix conclud entre le Roy & l'Empereur, le 6. Mars dernier.
Le traité de paix signé le 6 mars entre le roi et l'empereur établit une paix chrétienne universelle et une amitié perpétuelle entre leurs majestés. Il prévoit l'oubli et l'amnistie des actions commises durant la guerre. Les traités de Westphalie, Nimègue et Ryswick seront respectés, sauf dérogation expresse. Le roi rendra à l'empereur Brisach et ses dépendances situées à droite du Rhin, ainsi que Fribourg et le fort de Kehl, avec leur artillerie. La navigation du Rhin restera libre, sans nouveaux droits. Le roi rasera les fortifications vis-à-vis d'Huningue et démolira certains ponts et forts. Tous les lieux nommés seront rendus trente jours après le traité, et les places à démolir le seront deux mois après l'échange des ratifications. Le roi promet d'exécuter le traité de Ryswick et de rendre tout ce qui a été pris ou confisqué. L'empereur consent à ce que le roi jouisse de Landau et de ses dépendances. Le roi reconnaîtra la dignité électorale dans la maison de Brunswick-Hanover et restaurera les électeurs de Cologne et de Bavière dans leurs États, dignités, rangs, prérogatives et droits. Les officiers domestiques et vassaux qui ont suivi l'un ou l'autre parti jouiront de l'amnistie et seront rétablis dans leurs biens, charges et dignités. La navigation de la Lys sera libre, sans péages ni imposts. Les sujets des Pays-Bas bénéficieront d'un oubli et d'une amnistie perpétuelle et réciproque. Les rentes affectées à une province seront payées proportionnellement. Dans les pays cédés par le roi, la religion catholique, les magistrats, le clergé, les monastères et les communautés seront maintenus. Les privilèges, droits et coutumes seront également maintenus. Les bénéficiers jouiront des bénéfices qui leur ont été conférés pendant la guerre. La paix ne sera pas interrompue, et chaque partie laissera l'autre jouir tranquillement de ses États. Les conférences pour finaliser le traité se tiendront en Suisse et seront terminées dans les deux ou trois mois suivant leur début. Toutes hostilités cesseront à la signature du traité, et les prisonniers seront renvoyés sans rançon. Le commerce sera libre comme avant la guerre. Le traité sera ratifié dans un mois.
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24
p. 150-152
De Vienne le 6. May.
Début :
Le 24. le 25. & le 27. du mois dernier on célébra dans [...]
Mots clefs :
Vienne, Empereur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Vienne le 6. May.
De Vienne le 6. May.
Le 24. le 25. & le 27. du
mois dernier on célébra dans
GALANT. 151
l'Eglise des Auguſtins avec
toute la pompe imaginable,
les Obfeques du Duc Antoine
Ulric de Wolfembutel : on avoit
dreflé dans cette Eglife
un Mauſolée de foixante pieds
de hauteur , éclairé d'un nombre
infini de cierges & de
Aambeaux , & orné de tous
les coſtez de Statuës , d'Infcriptions&
d'Emblêmes. A
Le Prince François , frere
du Duc de Lorraine & de l'E .
lecteur de Treves arriva icy
le 24 il alla deſcendre au Palais
où il eſt logé.
Les Comtes de Seileru &
N iiij
152 MERCURE
deGoes, Plenipotentiaires de
l'Empereur doivent partır inceſſament
pour Bade en Suifſe
, où pluſieurs Miniſtres
font déja; cependant on dit
icy que rien ne les preſſe , s'il
eſt vray, comme on l'aſſure,
que cette aſſemblée ne s'ouvrira
qu'au premier Juin pro
chain.
On parle fort d'un voyage
de l'Empereur à Preſbourg ,
pouryterminer les affaires de
Hongrie...
Le 24. le 25. & le 27. du
mois dernier on célébra dans
GALANT. 151
l'Eglise des Auguſtins avec
toute la pompe imaginable,
les Obfeques du Duc Antoine
Ulric de Wolfembutel : on avoit
dreflé dans cette Eglife
un Mauſolée de foixante pieds
de hauteur , éclairé d'un nombre
infini de cierges & de
Aambeaux , & orné de tous
les coſtez de Statuës , d'Infcriptions&
d'Emblêmes. A
Le Prince François , frere
du Duc de Lorraine & de l'E .
lecteur de Treves arriva icy
le 24 il alla deſcendre au Palais
où il eſt logé.
Les Comtes de Seileru &
N iiij
152 MERCURE
deGoes, Plenipotentiaires de
l'Empereur doivent partır inceſſament
pour Bade en Suifſe
, où pluſieurs Miniſtres
font déja; cependant on dit
icy que rien ne les preſſe , s'il
eſt vray, comme on l'aſſure,
que cette aſſemblée ne s'ouvrira
qu'au premier Juin pro
chain.
On parle fort d'un voyage
de l'Empereur à Preſbourg ,
pouryterminer les affaires de
Hongrie...
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Résumé : De Vienne le 6. May.
Les obsèques du Duc Antoine Ulric de Wolfenbüttel ont été célébrées les 24, 25 et 27 avril à Vienne. Un mausolée de soixante pieds, éclairé et orné, a été érigé. Le Prince François est arrivé le 24 avril. Les plénipotentiaires de l'Empereur partiront bientôt pour Bade. L'assemblée s'ouvrira le 1er juin. L'Empereur pourrait se rendre à Presbourg pour les affaires de Hongrie.
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25
p. 112-119
Nouvelles, [titre d'après la table]
Début :
La paix qui est à la veille d'être concluë entre tous [...]
Mots clefs :
Empereur, Roi, Comte, Camp
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles, [titre d'après la table]
La paix qui eſt à la veille
d'être concluë entre tous
les Princes du Nord , & la
tranquilité dont l'Europe
va joüir , vont deſormais
faciliter les moyens d'éta.
blir des correſpondances ,
dont les nouvelles ne feront
ni
GALANT . 43
J
ni moins agreables , ni
moins intereſſantes , pour
n'être plus chargées du détail
des alarmes de la
fi
Les rebeles Catalans &
Barcelonois touchent au
moment de leur reduction.
Voiciunt extrait d'une
lettre que j'ai reçûë du
camp devant Barcelone ,
dattée du 29.May.
Aprés un ample détail de
tout ce qui s'eſt paffé au
- poſte des Capucins , que
Male Comte d'Eſtaires ,
Maréchal de Camp& Che -
Juin 1714 K
114 MERCURE
人
valier de la Toiſon d'Or , a
emporté avec toute la valeur
imaginable , on ajoûte
qu'on prend de ſi juſtes
meſures pour attaquer cette
ville avec la derniere vigueur
, qu'elle ne peut évi
ter d'être miſe en poudre ;
que M. Orry eſttoûjours au
camp , où il auroit voulu
traiter avec les Barcelo
nois , qui n'en ont point
voulu entendre parler , &
qui difent toûjours qu'ils
periront plutôt tous , que
de ſe rendre fans un ordre
de l'Empereur : mais mala
GALANTI
gré leurs beaux diſcours
on eft perfuadé qu'ils ne
défendront rien, fi on les
attaque auſſi vivement qu
ils l'apprehendent
On a eu avis de Varſovie
parune lettre du 12. deMay,
que le Palatin de Maſovie
feroit forti de Conſtantinople
depuis plus d'un mois
avec une entiere fatisfacu
tion , s'il avoit voulu con
fentir à figner le traité que
leGrandViſir lui a propofé
touchant lepaſſage du Roy
de Suede par la Pologhe,
& lacceffion debrUkraine.
Kij
116 MERCURE
Le Roy de Pologne a trouvécettedemandedesTurcsi
ſi injuſte , qu'il a ordonné à
ſes Generaux Saxons de te
nir leurs troupes prêtes à
marcher au premier ordre.
On apprehende fort que la
Nobleſſe de Lithuanie
celle de la grande Pologne
ne cauſe ici des defordres
anſquels il fera fort difficile
de remedier , ſi leRoyn'arrêre
pas les vexations & les
executions militaires que
les troupes Saxones font
fur leurs terres , & dont el
les demandent la fatisfac
GALANT. 117
tion qu'elles pretendent
leur être dûë.
On écrit de Hambourg ,
que la Reine d'Angleterre
a fait propoſer une ſuſpenſion
d'armes auRoy de Danemark
, à laquelle il a refufé
de conſentir auſſi bien
que le Czar.
Toutes les lettres d'Allemagne
ne parlent que de
la bonne intelligence du
Roy de Suede avec le
Grand Seigneur,qu'il a prié
de donner les ordres neceſſaires
pour fon retour
dans ſes Etats.i.amlyngby
118 MERCURE
Le May le Comte de
Seilern , Plenipotentiaire
de l'Empereur , partit de
Vienne , pour aller à l'afſemblée
de Bade en Suiſſe
travailler à la paix entre la
France & l'Empire.....
Le 11. le Comte de Goës,
auffi Plenipotentiaire de
l'Empereur , prit la même
route. Les conferences ont
été ouvertes le 4. à l'affemblée
de Bade.
On écrit de Milan que
Don Vincenzo Gonzaga ,
Duc de Guastalla , eft mort
d'apoplexie le 28. Avril, âgé
GALANT. 119
de quatre- vingt ans, a
Le s. May Aleſſandro Aldobrandini
, Nonce duPape
, fit ſon entrée publique
dans Venife.
Le 10. Fête de l'Afcenfion
,leDoge,accompagné
dusNonce , monta fur le
Bucentaure , où il fit , comme
cela ſe pratique tous les
ans à pareil jour , la ceremonie
d'époufer la mer.
d'être concluë entre tous
les Princes du Nord , & la
tranquilité dont l'Europe
va joüir , vont deſormais
faciliter les moyens d'éta.
blir des correſpondances ,
dont les nouvelles ne feront
ni
GALANT . 43
J
ni moins agreables , ni
moins intereſſantes , pour
n'être plus chargées du détail
des alarmes de la
fi
Les rebeles Catalans &
Barcelonois touchent au
moment de leur reduction.
Voiciunt extrait d'une
lettre que j'ai reçûë du
camp devant Barcelone ,
dattée du 29.May.
Aprés un ample détail de
tout ce qui s'eſt paffé au
- poſte des Capucins , que
Male Comte d'Eſtaires ,
Maréchal de Camp& Che -
Juin 1714 K
114 MERCURE
人
valier de la Toiſon d'Or , a
emporté avec toute la valeur
imaginable , on ajoûte
qu'on prend de ſi juſtes
meſures pour attaquer cette
ville avec la derniere vigueur
, qu'elle ne peut évi
ter d'être miſe en poudre ;
que M. Orry eſttoûjours au
camp , où il auroit voulu
traiter avec les Barcelo
nois , qui n'en ont point
voulu entendre parler , &
qui difent toûjours qu'ils
periront plutôt tous , que
de ſe rendre fans un ordre
de l'Empereur : mais mala
GALANTI
gré leurs beaux diſcours
on eft perfuadé qu'ils ne
défendront rien, fi on les
attaque auſſi vivement qu
ils l'apprehendent
On a eu avis de Varſovie
parune lettre du 12. deMay,
que le Palatin de Maſovie
feroit forti de Conſtantinople
depuis plus d'un mois
avec une entiere fatisfacu
tion , s'il avoit voulu con
fentir à figner le traité que
leGrandViſir lui a propofé
touchant lepaſſage du Roy
de Suede par la Pologhe,
& lacceffion debrUkraine.
Kij
116 MERCURE
Le Roy de Pologne a trouvécettedemandedesTurcsi
ſi injuſte , qu'il a ordonné à
ſes Generaux Saxons de te
nir leurs troupes prêtes à
marcher au premier ordre.
On apprehende fort que la
Nobleſſe de Lithuanie
celle de la grande Pologne
ne cauſe ici des defordres
anſquels il fera fort difficile
de remedier , ſi leRoyn'arrêre
pas les vexations & les
executions militaires que
les troupes Saxones font
fur leurs terres , & dont el
les demandent la fatisfac
GALANT. 117
tion qu'elles pretendent
leur être dûë.
On écrit de Hambourg ,
que la Reine d'Angleterre
a fait propoſer une ſuſpenſion
d'armes auRoy de Danemark
, à laquelle il a refufé
de conſentir auſſi bien
que le Czar.
Toutes les lettres d'Allemagne
ne parlent que de
la bonne intelligence du
Roy de Suede avec le
Grand Seigneur,qu'il a prié
de donner les ordres neceſſaires
pour fon retour
dans ſes Etats.i.amlyngby
118 MERCURE
Le May le Comte de
Seilern , Plenipotentiaire
de l'Empereur , partit de
Vienne , pour aller à l'afſemblée
de Bade en Suiſſe
travailler à la paix entre la
France & l'Empire.....
Le 11. le Comte de Goës,
auffi Plenipotentiaire de
l'Empereur , prit la même
route. Les conferences ont
été ouvertes le 4. à l'affemblée
de Bade.
On écrit de Milan que
Don Vincenzo Gonzaga ,
Duc de Guastalla , eft mort
d'apoplexie le 28. Avril, âgé
GALANT. 119
de quatre- vingt ans, a
Le s. May Aleſſandro Aldobrandini
, Nonce duPape
, fit ſon entrée publique
dans Venife.
Le 10. Fête de l'Afcenfion
,leDoge,accompagné
dusNonce , monta fur le
Bucentaure , où il fit , comme
cela ſe pratique tous les
ans à pareil jour , la ceremonie
d'époufer la mer.
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Résumé : Nouvelles, [titre d'après la table]
En juin 1714, des développements politiques et militaires significatifs se produisent en Europe. Une paix entre les princes du Nord est annoncée, promettant une tranquillité facilitant les correspondances. En Espagne, les rebelles catalans et barcelonais sont sur le point d'être vaincus après un assaut réussi au poste des Capucins par le comte d'Estaires. Les mesures contre Barcelone sont décrites comme implacables, malgré la volonté des Barcelonais de résister. En Pologne, le roi refuse les demandes turques concernant le passage du roi de Suède et l'accession de l'Ukraine, préparant ses troupes à une confrontation. La reine d'Angleterre propose une suspension d'armes au roi de Danemark, mais cette proposition est refusée par le Danemark et le Czar. En Allemagne, une bonne intelligence est notée entre le roi de Suède et le Grand Seigneur. Les plénipotentiaires de l'Empereur, le comte de Seilern et le comte de Goës, se rendent à l'assemblée de Bade pour travailler à la paix entre la France et l'Empire. Enfin, le duc de Guastalla, Don Vincenzo Gonzaga, décède d'apoplexie, et le nonce du Pape, Alessandro Aldobrandini, fait son entrée publique à Venise.
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26
p. 302-305
De Vienne le 4. Aoust.
Début :
Le jour du depart du Prince Eugene pour Baden, n'est pas [...]
Mots clefs :
Empereur, Vienne, Turcs, Roi de Suède, Régiments d'infanterie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Vienne le 4. Aoust.
De Viennele4.Aoust.
Le jour du départ du Prince
Eugene pour Baden, n'est pas
encore fixé, il assiste souvent
aux Conseils secrets, qui se
tiennent à l'arrivée des Exprés
qui viennent de Baden : mais
le resultatn'en est point rendu
publique.
Les Princes Protestants ont
envoyé leurs griefs à l'Empereur,
mais il les a renvoyez
à la Diete On dit que tout
ce qui regarde les deux Electeurs
est fini, & qu'il ne reste
plus qu'à decider des pretentions
des Princes d'Italie, ainsi
on compte que tout fera terminé
le mois prochain.
On ne sçait pas bien encore
quelle route prendra le Roy
jde Suede, Suivant les dernieres
nouvelles qu'on en a cuës, il
estoit encore a Demir-Toca,
attendant les ordres &de l'argent
du Grand Seigneur, pour
se mettre en marche.
Comme les Turcs font avancer
des troupes du costé
de Belgrade, pour y camper,
l'Empereur a envoyé des ordres
en Italie, pour en faire
revenir quatre Regimens d'Infanterie,
cinq deCavalerie&
deux de Dragons, pour les
envoyer en Hongrie, où on
pretend avoir à tout événement,
40. ou 50000. hommes
, non compris les garnisons,
dans le mois de Septembre
tembre prochain,auquel tems
l'Empereur doit aller à Presbourg.
Le jour du départ du Prince
Eugene pour Baden, n'est pas
encore fixé, il assiste souvent
aux Conseils secrets, qui se
tiennent à l'arrivée des Exprés
qui viennent de Baden : mais
le resultatn'en est point rendu
publique.
Les Princes Protestants ont
envoyé leurs griefs à l'Empereur,
mais il les a renvoyez
à la Diete On dit que tout
ce qui regarde les deux Electeurs
est fini, & qu'il ne reste
plus qu'à decider des pretentions
des Princes d'Italie, ainsi
on compte que tout fera terminé
le mois prochain.
On ne sçait pas bien encore
quelle route prendra le Roy
jde Suede, Suivant les dernieres
nouvelles qu'on en a cuës, il
estoit encore a Demir-Toca,
attendant les ordres &de l'argent
du Grand Seigneur, pour
se mettre en marche.
Comme les Turcs font avancer
des troupes du costé
de Belgrade, pour y camper,
l'Empereur a envoyé des ordres
en Italie, pour en faire
revenir quatre Regimens d'Infanterie,
cinq deCavalerie&
deux de Dragons, pour les
envoyer en Hongrie, où on
pretend avoir à tout événement,
40. ou 50000. hommes
, non compris les garnisons,
dans le mois de Septembre
tembre prochain,auquel tems
l'Empereur doit aller à Presbourg.
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Résumé : De Vienne le 4. Aoust.
Le 4 août à Vienne, le départ du Prince Eugène pour Baden n'est pas encore déterminé. Il participe régulièrement aux Conseils secrets, mais les décisions ne sont pas divulguées. Les Princes Protestants ont soumis leurs plaintes à l'Empereur, qui les a redirigées vers la Diète. Les questions concernant les deux Électeurs sont supposément résolues, ne laissant que les revendications des Princes d'Italie à traiter. Une conclusion est attendue pour le mois suivant. La route du Roi de Suède reste incertaine. Il se trouvait à Demir-Toca, attendant les instructions et les fonds du Grand Seigneur. Les Turcs déplacent des troupes vers Belgrade. En réponse, l'Empereur a ordonné le rappel de plusieurs régiments d'infanterie, de cavalerie et de dragons d'Italie pour les envoyer en Hongrie. L'objectif est de rassembler 40 000 à 50 000 hommes, en plus des garnisons, d'ici septembre, lorsque l'Empereur doit se rendre à Presbourg.
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27
p. 69-80
EXTRAIT d'une Lettre écrite par M. Jean Frederic Guib, Docteur ès Droits, à M. le Marquis de ... sur l'origine & les Antiquitez de la Ville d'Orange.
Début :
C'est une tradition dans ce Pays qu'Orange a été fondée en même temps [...]
Mots clefs :
Orange, Colonie, Mars, Empereur, Romains, Médaille, Hercule, Théâtre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite par M. Jean Frederic Guib, Docteur ès Droits, à M. le Marquis de ... sur l'origine & les Antiquitez de la Ville d'Orange.
EXTRAIT esune Lettre écrite par
M. Jean Frederic Guib , DoEleur h
Droits i a M. le Marquis de .. . fur
l'origine & les Antie/uiteT^dc la Pille
d'Orange.
C'Est une tradition dans ce Pays qù'O.
' range a été- fondée en même temps
qu'Avignon , 8c que ces deux Villes doi
vent leur origine aux Phocéens ou Grecs
Asiatiques ; mais c'est une chose bien dif
ficile , pour ne pas dire impossible , que
de vouloir aujourd'hui marquer précisé
ment letemps auquel elles ont été fon
dées. Pline le Naturaliste , livre j. chap.
5'. en parlant des Villes de l'Italie qui lui
D iij de
70 MERCURE DE FRANCË.
de voit être un païs très.connu, puisque'
c' étoit la pártie'du monde la plus polie 8e
la plus éclairée, & danslaquelle même if
étoit né , avojie néanmoins qu'il lui sera;
très.difficile de fixer la situation des Vil
les d'Italie sic de marquer leur origine y.
Nec Jitus origine/que persequi facile esi..
Si un Ecrivain de cette importance con-'
feslè une telle chose à l'égard des Villes
de l'Italie, comment sera.t-il poslible au-'
jourd'hui qu'il s'est écoulé ún si grand
nombre de siecles, de pouvoir désigner le
tems de la fondation de la plupart des an
ciennes Villes- de ces Provinces habitées
par des Peuples qui n'a voient aucun soiiv
d'écrire les évenemens dignes d'être tranCrriìs
à la posterité.
Tout ce donc qu'on peut dire rest qu'en.
l'année (a ) six cens avant la nailîàncer
de notre Seigneur Jeíùs.Çhrist , des Habitans
de Phocée , ville de l'Ionie dans l'A
sie Mineure , étant sortis de leur Patrie,
vinrent fonder la ville de Marseille, &
que dans la fuite d'autres Phocéens étant
également venus à Marseille , ils sorti
rent de cette Ville , qui étoit déja extrê
mement peuplée & fonderent les Villes
de Nice, d'Antibes , d'Agde, & peutêtre
même la Ville d'Orange , &c. Mais
( a ) Cette année concourt avec la premiere
année de la 4j- Oiimpiade.
y A N V I E R tin. f t 7t
fòit que ces Phocéens en ayent été les
fondateurs ou qu'ils y ayent seulement en
voyé Une Colonie , on peut aíîurer qu'O
range n'a commencée d'être opulente Se
renommée que depuis qu'elle fut assu
jettie à la domination Romaine > car envi
ron ans avant l'Ere vulgaire , cet
te Ville n'étoit encore qu'un Bourg. Je
me fonde íurce que Tite.Live parlant du
pais que nous habitons a écrit dans le Li
vre li. chap. 28. que dans ce tems-là les
Gaulois de la Rite gauche du Rhône ,
habitoient dans les Bourgs. La Ville d'O
range qui par fa situation ne se trouve
éloignée du Rhône que d'une lieùë , ne
pou voit pas être , íuivant les apparences ,
ni plus puissante , ni d'une plus vaste
étendue que les habitations des peuples
du voisinage.
Environ cent vingt.quatre ans avant la
riaiíïànce de notre Sauveur , les Romains
étant sollicitez par les Marfeillois de leur
envoyer des Troupes pour les secourir ,
ils profiterent habilement de cette occa
sion , & ayant eu le bonheur. de battre les
ennemis dans deux grandes 8c celebres
batailles , la conquête de la^rovence , du
Languedoc , de la Savoye & du Dauphiné,
fût à peu . près le fruit de leurs vic
toires. Le Territoire de cette Ville ayant
été le Théatre fur lequel ces mémorables
* biii) se
7i MERCURE DÉ FRANCE'.
& glorieuses actions s'étoient paslées , lô$
Romains pour éterniser des faits si con
siderables y firent construire notre Arc de
Triomphe , comme je l'ai prouvé dans la
Diísertation qui a été inserée dans le Mer
cure de Paris du- mois de Decembre 17 1 iJ.
page 1 8c fui v. Voilà l'origine de cette
particuliere prédilection & de ce tendre
attachement que ces- superbes Vainqueurs
ont toujours depuis ce tems-là cherement
conservé pour cette Ville.
Elle est devenue Colonie Romaine en1.
viron 4 5. ans avant k naissance de Jesus1.
Christ par le ministere de Tibere Neron
Pere de l'Empereur Tibere ; car ce fut
fous les auspices de ce grand Homme
que des soldats de la seconde legion
vinrent dans cette Ville , de lui' procure'.
lent par.là le nom à'Araitfio Secunda^
normn:
L'an (Í4.0U environ de l'Ere vulgaire
les Romains auraient envoyé une seconde
Colonie dansicette Ville, si ce que Goltzius
a écrit étoit veritable. Cet antiquaire
assure dans son Trésor des Medailles qu'if
y a une Medaille de l'Empereur Neron
sûr laquelle op lit ces paroles íuivantes .•
Colonia 'Araufìo Secnndanornm cohortis
55. viluntariomm.. Ce qui signifierait
que sous le regne de cet Empereur on
envoya dans cette Ville une Colonie pri*
J A NV 1ER 1724.. 73
se des soldats de la cohorte }}. de la ( a )
íeconde legion. Mais comme Pillustre
M. de Peirescn'a jamais pu deterrer une
semblable Medaille , quelques recherches
qu'il ait faites , au rapport de Gaiîèndi in
vita Peiresk.it, f*g. 4.5. il y a lieu de
soupçonner que Goltzius ne s'est pas ex
primé avec l'exactitude convenable. Ce
pendant je ne voudrois pas assurer que
cette Medaille n'ait jamais existé, il peut
bien être que M. de Peireíc arec toutes
ses recherches , n'aura pas trouvé ce qu'un
heureux hazard pouîroit procurer à un;
Curieux de Medailles. Geui qui ont cette
paflìon doivent ^enflammer d'une nou
velle ardeur pour tâcher de découvrir'
une piece d'une si grande rareté , Se ilsr
seroient bien pavez de leurs peines &de
leurs foins par le plaisir de posseder une
Medaille qui auroit été inconnue à une
personne d'un merite auísi distingué que
M. dePeirefo
Quoiqu'il en soit les Romains ayant ho
noré cette Ville d'une Colonie Militaire,
ils lui accorderent les privileges & les'
prérogatives qui y étoient attachez. Au-'
lu.gelíe,au livre 1 6. chap. ij. de Ces
Nuits Attiques , a judicieusement remar
qué que les Colonies étoient en petit une
( a ) La Legion n'étoh ordinairement divi
sée qu'en dix cohortes.
D v image
74 MERCURE DE FRANCE.
image & une representation de la. ma
jesté & de l'opulence dela ville de Rome^
Amplimdinem, Majestatemque Populi Ro
mani Colonie quasi effigies parva ,
jìmulacraque ejfe qu&iam "jidentur. Pair
consequent Orange avoit des Pontifes
ponr regler toutes les affaires concer
nant la Religion , des AugureS qui observoient
le tems favorable pour com
mencer quelque affaire > íoit par le vol ,
chant , ou le manger des oiíeaux , des
Aruspices pour predire l'avenir en re
gardant les entrailles des Victimes, dejf
Ceníeurs , pour regler les moeurs , re
trancher les abus , faite le dénombre
ment des Citoyens & leur assigner un
rang à proportion de leur revenu y des
Quêteurs ou Trésoriers pour exiger Se
avoir foin des deniers publics > des Ediles
pour veiller à la conservation des Edifices
publics tant Saints que Profanes , pour
avoir l'oeil à l'entretien des grands che
mins , des Ponts , des Bains publics, des
Aqueducs , &c pour taxer les Denrées
qui íè vendoient dans les places publi
ques , pour punir ceux qui usoient de.
faux poids & de faussés meíùres , &c.
Les Romains en relevant de cette ma
nière la gloire de cette Ville par la créa
tion de ses dignitez , n'oublierent pas auffi
de l'embellir par un grand nombre de
íôm
/ Â tftf ï' É R 1724. 7 f
íomptueux Bâtimens , des Temples dé
diez à Mars (a) , Diane , Hercule , &c.
furent des preuves de leur zele pour le
culte de ces fausses Divinitez ; des sbains
publics & particuliers , des pavez à la
Mosaïque , des Arenes , un Capitole, urt
Champ de Mars , un Théatre & des
Aqueducs , furent des marques de leur
luxe ou de leur magnificence. Ce qui
nous reste aujourd'hui de ces ouvrages ,
ne nous fait pas moins admirer la somp
tuosité du Bâtiment que l'excellent genie
de ceux qui précedoient à la construction
de ces travaux si utiles 8c si necessaires
aux peuples qui étoient soumis à leur
domination.'
Je passerois de beaucoup les bornes
que je me fuis prescrites dans cet abregé,
íî je parlois avec l'étenduë necessaire de
tous ces divers Edifices ; cependant je ne
fìjaurois m'empêcher d'en dire quelque
chose , quand ce ne seroit que pour indi
ques l'état dans lequel on les voit pré
sentement.
Les Temples de Mars , de Diane &
d'Hercule sont àpreíènt entierement dé
truits. Les Uns assurent que le Temple
de Diane étoit situé à l'endroit où est au-
(a) Il y a des gens qui croyent que les Tem
ples de Mars , & d'Hercule furent bâtis avant
qu'Orange devint Colonie Romaine. .
76. MERCURE DE FRANCE.
jourd'hui l'Eglise Cathedrale ; les autres
disent qu'il étoit fur le derriere du logis
des trois Oranges ; mais d'autres préten
dent qu'en ce dernier endroit l'on voyoit
les Temples de Mars , & d'Hercule , 8c
que dehors la Ville , à la plaine appellée
Martignan , il y a voit un autre Temple
coníàcré au Dieu Mars.
Les Bains publics se trouvent mainte
nant éloignez d'environ 250. pas de la
Porte de Tourre. Ce n'est presque plus
des mazures r nommées vulgairement la
Tour. Ronde.
Les Arenes iônt entierement détruites;.
elles étoient placées dans une Terre à eni
viron 460. pas de la Porte de Saint Mar
tin. C'ëtoit là que les Gladiateurs se battoient
avant. la construction de notre
Theatre. .
Le Capitole , qui étoit ainsi appelle ,
parce qu'il étoit situé dans un lieu le
plus. élevé de la Ville , étoit placé íùr
notre Montagne , ca r Orange étoit four
lors située partie fur la Montagne & par
tie dans la plaine. C'est dáns cet endroit
que deux Magistrats appeliez' Diiumvirs
rendoient la Justice ; oh les éliïòit ctu
corps des Decurions qui étoient à peu
près ce que font à present nos Coníeil
lers politiques. If qui non fit Deciino
JDmmviraut , vd aliis honoribus fungl
non.
JANVIER 17*4. 77.
non potest. liv, 7. $. 2. íF. de Dccurion. SS
filiis eorum. Decuriones , dit le Jurifcon-.
fuite Pomponius au §. 5. de la loi 239^
du Titre du Digeste de verbor. fignif..
Quidam diílos aiunt ex eo , quod initio ^
cum coloni» deduceretur , decima part
eorum , qui' dncerenturconfilii' publici gra-'
ri* y conscribi solita fit.
Le Champ de Mars étoit situé dans l'en-'
droit où est aujourd'hui le Couvent des
Religieux Capucins -, qui étroit autrefois'
le Fau xbourg Saint Florent, & aupara
vant le Bourg de la Clastre. C'étoitdans'
ce champ qu'on s'éxerçoit à la course, à'
la lutte, à tirer de l'arc 3 &c. qu'on bruloit
les corps y Sec.
Notre Théatre appelle communément'
le Cirque servait pour les courses des'
chariots , les combats des Gladiateurs &
des bêtes feroces , & poiír donner les'
naumachies pr ie moyen de l'eau que:
l'on' y faiíòit venir en abondance , toutes'
l«s fois qu'on le fouhaittoit , erî ouvrant
des conduits destinez à cet usage. lia 108.' .
pieds de hauteur & 124. de largeur. Je
dirai ailleurs qu'il a été bâti sous le re
gne de l'Empereur Adrien , environ 121,
ans après la naissance de notre di via
Sauveur.
L'Aqueduc avort son origine à quel
ques lieues de cette Ville dans le Terxoir
f* MERCURE DE FRANCE.
roir de Malauslenne , petite Ville dit
Gomtat. Il íerroit à conduire l'eau qui
étoit nécessaire pour les bains 8c pour les
naumachíes , &c. Oh en voit encore des
débris assez considerables.
Si à tous ces' precieux restes ont joint
les bas.reliefs., les pavez à la Moíàïque ,
Sec. qui se voient chez diyers particu
liers, on'J conviendra facilement qu'O
range devoit être une Ville bien magni
fique & bien opulente. Quelle perte
n'est.ce pas pour la" Republique des Let
tres , n quelque Auteur ancien avoit
entrepris une Deícription exacte & fi
dele de cette Ville dans le tems qu'elle
étoit dans íà íplendeur , qu'un tel Ou
vrage ne soit pas parvenu juíqu'à nous ?
Combien de Coutumes & de ceremonies,
tant íàcrées que prophaites , qui étoient
usitées parmi les Romains , & qui nous
sont à present inconnues , n'apprendrions-.
rtous pas par' la lecture d'un semblable
Ouvrage? Plus l'Auteur auroit été judi
cieux ,& plus nous y découvririons des
faits curieux & interessons, La perle de'
Cleopatre qui fut mise aux oreilles de
la Statue de la Déesse Venus, ou la cassette
ornée de pierreries dans laquelle Alexan
dre le Grand mettoit les Ouvrages d'Homere
, ne seroient pas capable de payer
an tel Livre. Si on étoit assez heureux
.:u* pour
JANVÍER ^724. ff
jjoíseder une semblable production , on
auroic le plaisir de voir d'une maniere
claire & convaincante que les Sorligers ,
les Saumajflès , les Menage, les Spon ,
les Voíïïus les Spanheim , les Dacier ,
& en un mot, que la plupart de ceux
qui se sont attachez à expliquer les Antiquitez
Romaines , ont heureuíement ren
contre la verité , & nous ne serions plus
dans l'incertitude s'ils se sont quelque.,
fois trompez dans leurs raisonnemens,
ou dans leurs conjectures..
Les autres Anciens qui ont parlé d'O
range l'ont fait d!une maniere si succinte,
que cela ne donne pas de grands éclaireiflèmens
à ceux qui font une étude par
ticuliere de l'Histoire ancienne de cette
Ville. On en powrra juger , si on lit ce
que les Auteurs suivans en ont dit.
Strabon , celebre Geographe , qui vi-
Voit sous les regnes des Empereurs Au
guste & Tibere , est le plus ancien Au
teur qui ait fait mention d'Orange.
Pomponius Mela qui vivoit.íôus le
regne de l'empereur Claude a aussi par.r
lé de cette Ville.
Pline le Naturaliste en a également
parlé. Il vivoit fous le regne de l'Empe
reur Vespaíîen.
Pcolemée , le Prince des Astronomes
qui fleurissoit sous le regne de l'Empe
reur
U MERCURE- DE FRANCE.
reur Adrien a pareillement sait mention
de cette Ville , de même que l'Itinéraire
que l'on attribuè' à l'Empereur Anto.,
nin , &c.
Peut.être ne íèroit-if pas inutile avant
que de finir de donner l'étimologie du
nomà'Orange. Je le ferois avec plaisir,
íì je ne croyois qu'il y a trop d'incertitu
de dans cette science , pour pouvoir s'y
arrêter avec quelque fondement. Une
rencontre , un rien sont quelquefois les
motifs du nom que l'on donne à une.
Ville ; qu'on aille après cela donner une
raison de ce qui est un pur effet du hazard.
Ainsi ,. Monsieur , j'aime mieux
employer le peu d'espace qui me reste à
vous supplier très.humblement de me
pardonner la liberté que j'ai priíê de
mettre vôtre illustre nom à la tête de
cet Écrit,. &c. ;
A Orange >.cé r. Septembre. ìjì jì
M. Jean Frederic Guib , DoEleur h
Droits i a M. le Marquis de .. . fur
l'origine & les Antie/uiteT^dc la Pille
d'Orange.
C'Est une tradition dans ce Pays qù'O.
' range a été- fondée en même temps
qu'Avignon , 8c que ces deux Villes doi
vent leur origine aux Phocéens ou Grecs
Asiatiques ; mais c'est une chose bien dif
ficile , pour ne pas dire impossible , que
de vouloir aujourd'hui marquer précisé
ment letemps auquel elles ont été fon
dées. Pline le Naturaliste , livre j. chap.
5'. en parlant des Villes de l'Italie qui lui
D iij de
70 MERCURE DE FRANCË.
de voit être un païs très.connu, puisque'
c' étoit la pártie'du monde la plus polie 8e
la plus éclairée, & danslaquelle même if
étoit né , avojie néanmoins qu'il lui sera;
très.difficile de fixer la situation des Vil
les d'Italie sic de marquer leur origine y.
Nec Jitus origine/que persequi facile esi..
Si un Ecrivain de cette importance con-'
feslè une telle chose à l'égard des Villes
de l'Italie, comment sera.t-il poslible au-'
jourd'hui qu'il s'est écoulé ún si grand
nombre de siecles, de pouvoir désigner le
tems de la fondation de la plupart des an
ciennes Villes- de ces Provinces habitées
par des Peuples qui n'a voient aucun soiiv
d'écrire les évenemens dignes d'être tranCrriìs
à la posterité.
Tout ce donc qu'on peut dire rest qu'en.
l'année (a ) six cens avant la nailîàncer
de notre Seigneur Jeíùs.Çhrist , des Habitans
de Phocée , ville de l'Ionie dans l'A
sie Mineure , étant sortis de leur Patrie,
vinrent fonder la ville de Marseille, &
que dans la fuite d'autres Phocéens étant
également venus à Marseille , ils sorti
rent de cette Ville , qui étoit déja extrê
mement peuplée & fonderent les Villes
de Nice, d'Antibes , d'Agde, & peutêtre
même la Ville d'Orange , &c. Mais
( a ) Cette année concourt avec la premiere
année de la 4j- Oiimpiade.
y A N V I E R tin. f t 7t
fòit que ces Phocéens en ayent été les
fondateurs ou qu'ils y ayent seulement en
voyé Une Colonie , on peut aíîurer qu'O
range n'a commencée d'être opulente Se
renommée que depuis qu'elle fut assu
jettie à la domination Romaine > car envi
ron ans avant l'Ere vulgaire , cet
te Ville n'étoit encore qu'un Bourg. Je
me fonde íurce que Tite.Live parlant du
pais que nous habitons a écrit dans le Li
vre li. chap. 28. que dans ce tems-là les
Gaulois de la Rite gauche du Rhône ,
habitoient dans les Bourgs. La Ville d'O
range qui par fa situation ne se trouve
éloignée du Rhône que d'une lieùë , ne
pou voit pas être , íuivant les apparences ,
ni plus puissante , ni d'une plus vaste
étendue que les habitations des peuples
du voisinage.
Environ cent vingt.quatre ans avant la
riaiíïànce de notre Sauveur , les Romains
étant sollicitez par les Marfeillois de leur
envoyer des Troupes pour les secourir ,
ils profiterent habilement de cette occa
sion , & ayant eu le bonheur. de battre les
ennemis dans deux grandes 8c celebres
batailles , la conquête de la^rovence , du
Languedoc , de la Savoye & du Dauphiné,
fût à peu . près le fruit de leurs vic
toires. Le Territoire de cette Ville ayant
été le Théatre fur lequel ces mémorables
* biii) se
7i MERCURE DÉ FRANCE'.
& glorieuses actions s'étoient paslées , lô$
Romains pour éterniser des faits si con
siderables y firent construire notre Arc de
Triomphe , comme je l'ai prouvé dans la
Diísertation qui a été inserée dans le Mer
cure de Paris du- mois de Decembre 17 1 iJ.
page 1 8c fui v. Voilà l'origine de cette
particuliere prédilection & de ce tendre
attachement que ces- superbes Vainqueurs
ont toujours depuis ce tems-là cherement
conservé pour cette Ville.
Elle est devenue Colonie Romaine en1.
viron 4 5. ans avant k naissance de Jesus1.
Christ par le ministere de Tibere Neron
Pere de l'Empereur Tibere ; car ce fut
fous les auspices de ce grand Homme
que des soldats de la seconde legion
vinrent dans cette Ville , de lui' procure'.
lent par.là le nom à'Araitfio Secunda^
normn:
L'an (Í4.0U environ de l'Ere vulgaire
les Romains auraient envoyé une seconde
Colonie dansicette Ville, si ce que Goltzius
a écrit étoit veritable. Cet antiquaire
assure dans son Trésor des Medailles qu'if
y a une Medaille de l'Empereur Neron
sûr laquelle op lit ces paroles íuivantes .•
Colonia 'Araufìo Secnndanornm cohortis
55. viluntariomm.. Ce qui signifierait
que sous le regne de cet Empereur on
envoya dans cette Ville une Colonie pri*
J A NV 1ER 1724.. 73
se des soldats de la cohorte }}. de la ( a )
íeconde legion. Mais comme Pillustre
M. de Peirescn'a jamais pu deterrer une
semblable Medaille , quelques recherches
qu'il ait faites , au rapport de Gaiîèndi in
vita Peiresk.it, f*g. 4.5. il y a lieu de
soupçonner que Goltzius ne s'est pas ex
primé avec l'exactitude convenable. Ce
pendant je ne voudrois pas assurer que
cette Medaille n'ait jamais existé, il peut
bien être que M. de Peireíc arec toutes
ses recherches , n'aura pas trouvé ce qu'un
heureux hazard pouîroit procurer à un;
Curieux de Medailles. Geui qui ont cette
paflìon doivent ^enflammer d'une nou
velle ardeur pour tâcher de découvrir'
une piece d'une si grande rareté , Se ilsr
seroient bien pavez de leurs peines &de
leurs foins par le plaisir de posseder une
Medaille qui auroit été inconnue à une
personne d'un merite auísi distingué que
M. dePeirefo
Quoiqu'il en soit les Romains ayant ho
noré cette Ville d'une Colonie Militaire,
ils lui accorderent les privileges & les'
prérogatives qui y étoient attachez. Au-'
lu.gelíe,au livre 1 6. chap. ij. de Ces
Nuits Attiques , a judicieusement remar
qué que les Colonies étoient en petit une
( a ) La Legion n'étoh ordinairement divi
sée qu'en dix cohortes.
D v image
74 MERCURE DE FRANCE.
image & une representation de la. ma
jesté & de l'opulence dela ville de Rome^
Amplimdinem, Majestatemque Populi Ro
mani Colonie quasi effigies parva ,
jìmulacraque ejfe qu&iam "jidentur. Pair
consequent Orange avoit des Pontifes
ponr regler toutes les affaires concer
nant la Religion , des AugureS qui observoient
le tems favorable pour com
mencer quelque affaire > íoit par le vol ,
chant , ou le manger des oiíeaux , des
Aruspices pour predire l'avenir en re
gardant les entrailles des Victimes, dejf
Ceníeurs , pour regler les moeurs , re
trancher les abus , faite le dénombre
ment des Citoyens & leur assigner un
rang à proportion de leur revenu y des
Quêteurs ou Trésoriers pour exiger Se
avoir foin des deniers publics > des Ediles
pour veiller à la conservation des Edifices
publics tant Saints que Profanes , pour
avoir l'oeil à l'entretien des grands che
mins , des Ponts , des Bains publics, des
Aqueducs , &c pour taxer les Denrées
qui íè vendoient dans les places publi
ques , pour punir ceux qui usoient de.
faux poids & de faussés meíùres , &c.
Les Romains en relevant de cette ma
nière la gloire de cette Ville par la créa
tion de ses dignitez , n'oublierent pas auffi
de l'embellir par un grand nombre de
íôm
/ Â tftf ï' É R 1724. 7 f
íomptueux Bâtimens , des Temples dé
diez à Mars (a) , Diane , Hercule , &c.
furent des preuves de leur zele pour le
culte de ces fausses Divinitez ; des sbains
publics & particuliers , des pavez à la
Mosaïque , des Arenes , un Capitole, urt
Champ de Mars , un Théatre & des
Aqueducs , furent des marques de leur
luxe ou de leur magnificence. Ce qui
nous reste aujourd'hui de ces ouvrages ,
ne nous fait pas moins admirer la somp
tuosité du Bâtiment que l'excellent genie
de ceux qui précedoient à la construction
de ces travaux si utiles 8c si necessaires
aux peuples qui étoient soumis à leur
domination.'
Je passerois de beaucoup les bornes
que je me fuis prescrites dans cet abregé,
íî je parlois avec l'étenduë necessaire de
tous ces divers Edifices ; cependant je ne
fìjaurois m'empêcher d'en dire quelque
chose , quand ce ne seroit que pour indi
ques l'état dans lequel on les voit pré
sentement.
Les Temples de Mars , de Diane &
d'Hercule sont àpreíènt entierement dé
truits. Les Uns assurent que le Temple
de Diane étoit situé à l'endroit où est au-
(a) Il y a des gens qui croyent que les Tem
ples de Mars , & d'Hercule furent bâtis avant
qu'Orange devint Colonie Romaine. .
76. MERCURE DE FRANCE.
jourd'hui l'Eglise Cathedrale ; les autres
disent qu'il étoit fur le derriere du logis
des trois Oranges ; mais d'autres préten
dent qu'en ce dernier endroit l'on voyoit
les Temples de Mars , & d'Hercule , 8c
que dehors la Ville , à la plaine appellée
Martignan , il y a voit un autre Temple
coníàcré au Dieu Mars.
Les Bains publics se trouvent mainte
nant éloignez d'environ 250. pas de la
Porte de Tourre. Ce n'est presque plus
des mazures r nommées vulgairement la
Tour. Ronde.
Les Arenes iônt entierement détruites;.
elles étoient placées dans une Terre à eni
viron 460. pas de la Porte de Saint Mar
tin. C'ëtoit là que les Gladiateurs se battoient
avant. la construction de notre
Theatre. .
Le Capitole , qui étoit ainsi appelle ,
parce qu'il étoit situé dans un lieu le
plus. élevé de la Ville , étoit placé íùr
notre Montagne , ca r Orange étoit four
lors située partie fur la Montagne & par
tie dans la plaine. C'est dáns cet endroit
que deux Magistrats appeliez' Diiumvirs
rendoient la Justice ; oh les éliïòit ctu
corps des Decurions qui étoient à peu
près ce que font à present nos Coníeil
lers politiques. If qui non fit Deciino
JDmmviraut , vd aliis honoribus fungl
non.
JANVIER 17*4. 77.
non potest. liv, 7. $. 2. íF. de Dccurion. SS
filiis eorum. Decuriones , dit le Jurifcon-.
fuite Pomponius au §. 5. de la loi 239^
du Titre du Digeste de verbor. fignif..
Quidam diílos aiunt ex eo , quod initio ^
cum coloni» deduceretur , decima part
eorum , qui' dncerenturconfilii' publici gra-'
ri* y conscribi solita fit.
Le Champ de Mars étoit situé dans l'en-'
droit où est aujourd'hui le Couvent des
Religieux Capucins -, qui étroit autrefois'
le Fau xbourg Saint Florent, & aupara
vant le Bourg de la Clastre. C'étoitdans'
ce champ qu'on s'éxerçoit à la course, à'
la lutte, à tirer de l'arc 3 &c. qu'on bruloit
les corps y Sec.
Notre Théatre appelle communément'
le Cirque servait pour les courses des'
chariots , les combats des Gladiateurs &
des bêtes feroces , & poiír donner les'
naumachies pr ie moyen de l'eau que:
l'on' y faiíòit venir en abondance , toutes'
l«s fois qu'on le fouhaittoit , erî ouvrant
des conduits destinez à cet usage. lia 108.' .
pieds de hauteur & 124. de largeur. Je
dirai ailleurs qu'il a été bâti sous le re
gne de l'Empereur Adrien , environ 121,
ans après la naissance de notre di via
Sauveur.
L'Aqueduc avort son origine à quel
ques lieues de cette Ville dans le Terxoir
f* MERCURE DE FRANCE.
roir de Malauslenne , petite Ville dit
Gomtat. Il íerroit à conduire l'eau qui
étoit nécessaire pour les bains 8c pour les
naumachíes , &c. Oh en voit encore des
débris assez considerables.
Si à tous ces' precieux restes ont joint
les bas.reliefs., les pavez à la Moíàïque ,
Sec. qui se voient chez diyers particu
liers, on'J conviendra facilement qu'O
range devoit être une Ville bien magni
fique & bien opulente. Quelle perte
n'est.ce pas pour la" Republique des Let
tres , n quelque Auteur ancien avoit
entrepris une Deícription exacte & fi
dele de cette Ville dans le tems qu'elle
étoit dans íà íplendeur , qu'un tel Ou
vrage ne soit pas parvenu juíqu'à nous ?
Combien de Coutumes & de ceremonies,
tant íàcrées que prophaites , qui étoient
usitées parmi les Romains , & qui nous
sont à present inconnues , n'apprendrions-.
rtous pas par' la lecture d'un semblable
Ouvrage? Plus l'Auteur auroit été judi
cieux ,& plus nous y découvririons des
faits curieux & interessons, La perle de'
Cleopatre qui fut mise aux oreilles de
la Statue de la Déesse Venus, ou la cassette
ornée de pierreries dans laquelle Alexan
dre le Grand mettoit les Ouvrages d'Homere
, ne seroient pas capable de payer
an tel Livre. Si on étoit assez heureux
.:u* pour
JANVÍER ^724. ff
jjoíseder une semblable production , on
auroic le plaisir de voir d'une maniere
claire & convaincante que les Sorligers ,
les Saumajflès , les Menage, les Spon ,
les Voíïïus les Spanheim , les Dacier ,
& en un mot, que la plupart de ceux
qui se sont attachez à expliquer les Antiquitez
Romaines , ont heureuíement ren
contre la verité , & nous ne serions plus
dans l'incertitude s'ils se sont quelque.,
fois trompez dans leurs raisonnemens,
ou dans leurs conjectures..
Les autres Anciens qui ont parlé d'O
range l'ont fait d!une maniere si succinte,
que cela ne donne pas de grands éclaireiflèmens
à ceux qui font une étude par
ticuliere de l'Histoire ancienne de cette
Ville. On en powrra juger , si on lit ce
que les Auteurs suivans en ont dit.
Strabon , celebre Geographe , qui vi-
Voit sous les regnes des Empereurs Au
guste & Tibere , est le plus ancien Au
teur qui ait fait mention d'Orange.
Pomponius Mela qui vivoit.íôus le
regne de l'empereur Claude a aussi par.r
lé de cette Ville.
Pline le Naturaliste en a également
parlé. Il vivoit fous le regne de l'Empe
reur Vespaíîen.
Pcolemée , le Prince des Astronomes
qui fleurissoit sous le regne de l'Empe
reur
U MERCURE- DE FRANCE.
reur Adrien a pareillement sait mention
de cette Ville , de même que l'Itinéraire
que l'on attribuè' à l'Empereur Anto.,
nin , &c.
Peut.être ne íèroit-if pas inutile avant
que de finir de donner l'étimologie du
nomà'Orange. Je le ferois avec plaisir,
íì je ne croyois qu'il y a trop d'incertitu
de dans cette science , pour pouvoir s'y
arrêter avec quelque fondement. Une
rencontre , un rien sont quelquefois les
motifs du nom que l'on donne à une.
Ville ; qu'on aille après cela donner une
raison de ce qui est un pur effet du hazard.
Ainsi ,. Monsieur , j'aime mieux
employer le peu d'espace qui me reste à
vous supplier très.humblement de me
pardonner la liberté que j'ai priíê de
mettre vôtre illustre nom à la tête de
cet Écrit,. &c. ;
A Orange >.cé r. Septembre. ìjì jì
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite par M. Jean Frederic Guib, Docteur ès Droits, à M. le Marquis de ... sur l'origine & les Antiquitez de la Ville d'Orange.
La lettre de M. Jean Frédéric Guib explore l'origine et les antécédents de la ville d'Orange. Selon une tradition locale, Orange et Avignon auraient été fondées simultanément par les Phocéens, des Grecs asiatiques. Cependant, la date exacte de leur fondation reste incertaine. Pline le Naturaliste, bien que familier avec l'Italie, reconnaissait la difficulté de déterminer l'origine des villes italiennes, rendant la datation des villes provençales encore plus complexe. En 600 avant J.-C., des habitants de Phocée fondèrent Marseille, et d'autres Phocéens établirent ensuite Nice, Antibes, Agde, et peut-être Orange. Orange ne devint prospère et renommée qu'après être passée sous domination romaine. Environ 124 ans avant J.-C., les Romains, sollicités par les Marseillais, battirent les ennemis et conquirent la Provence, le Languedoc, la Savoie et le Dauphiné. Orange, située près du Rhône, était alors un simple bourg. Les Romains construisirent un arc de triomphe à Orange pour commémorer leurs victoires. La ville devint une colonie romaine environ 45 ans avant J.-C., sous le règne de Tibère Néron. Les Romains y envoyèrent des soldats de la seconde légion, lui donnant le nom de Colonia Arausio Secunda. Une médaille de Néron mentionnerait une seconde colonie, mais son authenticité est douteuse. Orange bénéficia de privilèges et de dignités romaines, incluant des pontifes, augures, aruspices, censeurs, questeurs, et édiles. Les Romains embellirent la ville avec des temples, des bains, des arènes, un théâtre, et des aqueducs. Aujourd'hui, plusieurs de ces structures sont détruites ou en ruine, mais des vestiges subsistent, témoignant de la grandeur passée d'Orange. Les auteurs anciens comme Strabon, Pomponius Mela, et Pline le Naturaliste ont mentionné Orange, mais leurs descriptions sont succinctes et ne fournissent que peu d'éclairages sur l'histoire ancienne de la ville. Le texte mentionne également Ptolémée, décrit comme le 'Prince des Astronomes' vivant sous le règne d'un empereur non nommé, ainsi qu'Adrien et un itinéraire attribué à l'empereur Antonin. L'auteur exprime son intention de donner l'étymologie du nom 'Orange', mais il hésite en raison des incertitudes dans cette science. Il conclut en s'excusant pour la liberté prise de mentionner le nom illustre d'une personne à la tête de son écrit. Le texte est daté du 21 septembre et provient d'Orange.
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28
p. 130-131
Allemagne.
Début :
Le six de Decembre on afficha à Vienne deux Ordonnances contre les Mandians [...]
Mots clefs :
Mendiants, Empereur, Comte, Capitaine Pretorius
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Allemagne.
Atlemajgte.'
Le six de Décembre on afficha à Vien
ne deux Ordonnances contre les Marídians
& autres gens íâns aveu , par les
quelles les personnes charijables font in-:
Vicées' à porter Ieuf% aumônes dans le'
tronc public des Eglises , afin que la dií
tribution s'en saífe avec Comtoilsance par'
te Comte de Khevenhuller , Lieutenant
de cette Vdk.-
On imnde de hambourg que. le Ca
pitaine Pretarius , soupçonné d'être le'
principal Auteur de l'aísaífinat du feu
Comte de Rantzau avoit été arrêté à
CrbíTen en Silesie , 6c de.là conduit dans
les prisons de Rendefbòurg.
Le Comte Merích, Plenipotentiaire de
l'Empereur dans leCercle de la Bafle Saxe#
a été choisi par S.M.I. pour assister en qua
lité de son CommiiTaire àl'électionde l'E.
1
JAN V 1ER i/jrV *jî
vêque de Hildeim. On ne doute pas que
le Prince Theodore de Biviere , Evêque
de Ratiíbonne y ëc Coadjuteur de Freysingen
, ne íôit élu. Le Comte de Curìeni
a été revêtu du même caractere y
de la part de l'Empereur , à l'élection d«
^Evêque de Liege.
Le six de Décembre on afficha à Vien
ne deux Ordonnances contre les Marídians
& autres gens íâns aveu , par les
quelles les personnes charijables font in-:
Vicées' à porter Ieuf% aumônes dans le'
tronc public des Eglises , afin que la dií
tribution s'en saífe avec Comtoilsance par'
te Comte de Khevenhuller , Lieutenant
de cette Vdk.-
On imnde de hambourg que. le Ca
pitaine Pretarius , soupçonné d'être le'
principal Auteur de l'aísaífinat du feu
Comte de Rantzau avoit été arrêté à
CrbíTen en Silesie , 6c de.là conduit dans
les prisons de Rendefbòurg.
Le Comte Merích, Plenipotentiaire de
l'Empereur dans leCercle de la Bafle Saxe#
a été choisi par S.M.I. pour assister en qua
lité de son CommiiTaire àl'électionde l'E.
1
JAN V 1ER i/jrV *jî
vêque de Hildeim. On ne doute pas que
le Prince Theodore de Biviere , Evêque
de Ratiíbonne y ëc Coadjuteur de Freysingen
, ne íôit élu. Le Comte de Curìeni
a été revêtu du même caractere y
de la part de l'Empereur , à l'élection d«
^Evêque de Liege.
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Résumé : Allemagne.
Le 6 décembre, Vienne publia deux ordonnances contre les Marídians et autres personnes sans aveu, invitant à des dons charitables dans les églises, supervisés par le Comte de Khevenhuller. À Hambourg, le capitaine Pretarius, suspecté du meurtre du Comte de Rantzau, fut arrêté en Silésie et incarcéré à Rendebòurg. Le Comte Merích, représentant impérial en Basse-Saxe, fut désigné pour l'élection de l'évêque de Hildesheim, où le Prince Théodore de Bavière est pressenti. L'Empereur nomma également le Comte de Curìeni pour l'élection de l'évêque de Liège.
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29
p. 131-133
Hollande, & Pays-bas.
Début :
Leurs Hautes Puissances qui avoient chargé leur Ministre à Lisbone de traverser [...]
Mots clefs :
Empereur, Compagnie de Trieste, Indes orientales
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Hollande, & Pays-bas.
H)lUnde >& Pays.bar,
. Leurs Haines Puilíances qui avaient
chargé leur. Ministre à Liíbonede traverfer
la négociation dxi Traité de commerce'
proposé par l'Empereur pour l'avantage'
dela Compagnie Orientale de Trieste
n'ont pu réussir. Le Roi de Portugal leur
à.fait répondre pa* le Comte de Taroncay
son 'Ambassadeur. , qu'il n'avoit aucun en-'
gagement avec la Republique de Hollan->
de qui pût l'empêcher d'user de son droit'
de Souveraineté par rapport aux Indes'
Orientales ; quil pouvoit aûslì dilpoíèr'
áu commerce de ses Etats , íèlon son bon'
plaisir r que les Tertugais ne fburnisioient
point de vaiíseaux à la Compagnie de
Trieste ornais qu'ils les lui rendoient
ainsi qu'ils pou voient juger par le Pavil
lon Imperial qu'on mettoit aux Bâtimens
aullì.tôt que la vente en étoit faite ; 8c
qu'enfin le dernier Traité de commerces
conclu avec l'Empereur , ne contenoit
íîen qui pût préjudiuer aux droits de ls*
ifp MERCURE DE FRANCE.
Republique, tant aux Indes Orientales'^
qu'ailleurs.
. Tous les Commandans des Places pos
íédées par l'Empereur dans les Païs.Bas,
ont reçu ordre de renforcer les gardes
de faire faire des patrouilles hors de leurs
Villes , avant que d'en ouvris ou d'eir
fermer les portes , de n'y laisser entrer
qu'un certain nombre de personnes à laj
fois , d'arrêter toutes celles qui leur pa
raîtront suspectes , & de faire exacte
ment visiter tous les chariots chargez de
paille ou de soin qui íè presenteront pour
entrer.
On apprend de Liege que l'Electeur de .
Cologne y étoit. arrivé le j.i. Decembre*
vers les quatre heures après.midi , accom.i
pagné du Baron' de PÌettembourg , sort
premier Ministre , & que le Cardinal de
Saxe.zeitss'étoit déclaré son competiteur
pour cet Evêché, vacant par le ministere
du Baroride Fiow,- Commandeur de l'Or-
«Ire de Malthe quiest arrivé à Liege3char.
gé des Lettres de créance de ce Cardinal.
Le 19. de ce mois on publia à la Haye
UTie nouvelle Ordonnance des Etats Gene
raux concernant les naufrages , & portant
peine de mort contre tous ceux , qui sous
Îpretexte de donner du íecours à un vaiss
eau en danger , se rendront à bord de ce
Bâtiment , sans ayoir été appelles par le
Capi.3
J A N V I E R 17** j jj
Capitaine , le Pilote , ou par l'equipage
en leur absence.
. Leurs Haines Puilíances qui avaient
chargé leur. Ministre à Liíbonede traverfer
la négociation dxi Traité de commerce'
proposé par l'Empereur pour l'avantage'
dela Compagnie Orientale de Trieste
n'ont pu réussir. Le Roi de Portugal leur
à.fait répondre pa* le Comte de Taroncay
son 'Ambassadeur. , qu'il n'avoit aucun en-'
gagement avec la Republique de Hollan->
de qui pût l'empêcher d'user de son droit'
de Souveraineté par rapport aux Indes'
Orientales ; quil pouvoit aûslì dilpoíèr'
áu commerce de ses Etats , íèlon son bon'
plaisir r que les Tertugais ne fburnisioient
point de vaiíseaux à la Compagnie de
Trieste ornais qu'ils les lui rendoient
ainsi qu'ils pou voient juger par le Pavil
lon Imperial qu'on mettoit aux Bâtimens
aullì.tôt que la vente en étoit faite ; 8c
qu'enfin le dernier Traité de commerces
conclu avec l'Empereur , ne contenoit
íîen qui pût préjudiuer aux droits de ls*
ifp MERCURE DE FRANCE.
Republique, tant aux Indes Orientales'^
qu'ailleurs.
. Tous les Commandans des Places pos
íédées par l'Empereur dans les Païs.Bas,
ont reçu ordre de renforcer les gardes
de faire faire des patrouilles hors de leurs
Villes , avant que d'en ouvris ou d'eir
fermer les portes , de n'y laisser entrer
qu'un certain nombre de personnes à laj
fois , d'arrêter toutes celles qui leur pa
raîtront suspectes , & de faire exacte
ment visiter tous les chariots chargez de
paille ou de soin qui íè presenteront pour
entrer.
On apprend de Liege que l'Electeur de .
Cologne y étoit. arrivé le j.i. Decembre*
vers les quatre heures après.midi , accom.i
pagné du Baron' de PÌettembourg , sort
premier Ministre , & que le Cardinal de
Saxe.zeitss'étoit déclaré son competiteur
pour cet Evêché, vacant par le ministere
du Baroride Fiow,- Commandeur de l'Or-
«Ire de Malthe quiest arrivé à Liege3char.
gé des Lettres de créance de ce Cardinal.
Le 19. de ce mois on publia à la Haye
UTie nouvelle Ordonnance des Etats Gene
raux concernant les naufrages , & portant
peine de mort contre tous ceux , qui sous
Îpretexte de donner du íecours à un vaiss
eau en danger , se rendront à bord de ce
Bâtiment , sans ayoir été appelles par le
Capi.3
J A N V I E R 17** j jj
Capitaine , le Pilote , ou par l'equipage
en leur absence.
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Résumé : Hollande, & Pays-bas.
Le texte décrit plusieurs événements diplomatiques et militaires. Les Pays-Bas ont tenté de négocier un traité de commerce pour la Compagnie Orientale de Trieste via leur ministre à Lisbonne, mais sans succès. Le Roi de Portugal a affirmé qu'il n'avait aucun engagement avec la République de Hollande l'empêchant d'exercer sa souveraineté sur les Indes Orientales. Il a également nié fournir des vaisseaux à la Compagnie de Trieste et assuré que le dernier traité de commerce avec l'Empereur ne préjudiciait pas aux droits de la République. Dans les Pays-Bas, les commandants des places fortifiées par l'Empereur ont reçu des ordres pour renforcer la sécurité : renforcer les gardes, faire des patrouilles, limiter l'accès aux villes, arrêter les personnes suspectes et inspecter les chariots. En Allemagne, l'Électeur de Cologne est arrivé à Liège le 11 décembre avec son premier ministre, le Baron de Pettembourg. Le Cardinal de Saxe s'est déclaré compétiteur pour l'évêché de Cologne, vacant après le décès du Baron de Fiow. Enfin, une ordonnance des États Généraux concernant les naufrages a été publiée à La Haye le 19 du mois, prévoyant la peine de mort pour ceux qui monteraient à bord d'un vaisseau en danger sans y avoir été invités par le capitaine, le pilote ou l'équipage.
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30
p. 503-524
EXPLICATION des Médailles qui font mention des Cohortes & des differentes Legions de Carausius, par où l'on peut fixer à peu près le nombre de Troupes que cet Empereur des anciens Bretons entretenoit. Adressée à son Excellence Milord Carteret, Vice-Roy d'Irlande & c. Par M. Genebrier, Docteur en Medecine, Medecin ordinaire de la Cour d'Angleterre & premier Medecin du Vice-Roi d'Irlande.
Début :
MILORD, L'amour que vous avez pour l'Histoire & surtout pour les nouvelles découvertes [...]
Mots clefs :
Carausius, Auguste, Médailles, Médaille, Cohortes, Empereur, Gloire, Légion, Taureaux, Bretagne, Cabinet, Bélier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXPLICATION des Médailles qui font mention des Cohortes & des differentes Legions de Carausius, par où l'on peut fixer à peu près le nombre de Troupes que cet Empereur des anciens Bretons entretenoit. Adressée à son Excellence Milord Carteret, Vice-Roy d'Irlande & c. Par M. Genebrier, Docteur en Medecine, Medecin ordinaire de la Cour d'Angleterre & premier Medecin du Vice-Roi d'Irlande.
EXPLICATION des Médailles qui font
mention des Cohortes & des differentes
Legions de Caraufius , par où l'on peut
fixer à peu près le nombre des Troupes
que cet Empereur des anciens Bretons
entretenoit. Adreffée à fon Excellence
Milord Carteret , Vice-Roy d'Irlande ,
&c. Par M. Genebrier , Docteur en
Medecine , Medecin ordinaire de la
Cour d'Angleterre & premier Medecin
du Vice- Roi d'Irlande.
M.
ILORD ,
L'amour que vous avez pour l'Hiftoire
& furtout pour les nouvelles découvertes
qui peuvent intereffer la gloire de votre
Nation , m'ayant fait entreprendre l'Hiftoire
Metallique de Caraufius , un des
plus grands Conquerans que l'Angleterre
ait jamais eu , j'ai crû que pour concou-.
rir à vos vûës , il ne fuffifoit pas de relever
la gloire de ce Heros , fi je ne tâchois
en même - temps de celebrer les Inftrumens
de fes victoires : Je veux dire
fi je ne parlois des Legions, qui ont combattu
fous fes Etendarts , & qui lui ont acquis
tant de gloire. C'est ce que j'ai tâ-
D v ché
"
304 MERCURE DE FRANCE:
ché de faire en recueillant autant que j'ai
pû , les Médailles qui font mention de
ces Legions ou de ces Cohortes Prétoriennes.
Ces Monumens ferviront , au défaut
de l'Hiftoire qui n'en parle point ,
à fixer à peu près le nombre des Troupes
de cet Empereur. Et ces Legions ainfi
raffemblées , formeront , pour ainſi dire
un Corps d'armée glorieux , dont le dénombrement,
après tant de fiécles , ne peut
que faire plaifir à Votre Excellence.
Voici, Milord, ces Legions, fuivant l'ordre
de leur découverte.
Legion I.
IMP . C. Caraufius P.F. Aug. L'Empe
reur Cefar Caraufius , Pieux, Heureux , Augufte
, fa tête couronnée de Lauriers.
LEG . VIII . AUG. Legio octava Augufta..
Pour Type un Taureau . Cette huitiéme
Legion , furnommée Auguftale , dont Caraufius
a voulu par cette Médaille éternifer
la valeur & la fidelité , eft une des plus
anciennes Legions de l'Empire ; elle fut
formée par Augufte même , qui lui donna
fon nom & le rang de huitiéme Auguftale.
Il l'envoya d'abord en Pannonie,
où elle refta jufqu'à l'Empereur Claude ,
qui la fit paffer en Moefie, où Galba trouva
à propos de la laiffer. Mais Septime
Severe la fit revenir , & la plaça dans la
haute
MARS. 1730.
505
haute Germanie. Il y a apparence qu'elle
y refta pour deffendre les Frontieres de
l'Empire , jufqu'au temps de Caraufius.
Que ce fut entr'autres avec cette Legion,
qu'il défit les Germains en plufieurs rencontres
; qu'il remporta fur eux plufieurs
Victoires fignalées , & qu'il mérita enfin
le titre glorieux de très - grand Germanique
, Germanicus Maximus , que les Médailles
lui donnent. Je ne ferois pas non
plus fort éloigné de croire que ce fût cette
fiére Legion qui fe déclara la premiere
pour Caraufius ; qui le fuivit enAngleterre ,
& que le Panegyrifte Eumenius femble
nous défigner par ces termes , occupara
Legione Romanâ , en parlant du paffage.
de Caraufius dans la Grande - Bretagne.
Nous avons auffi cette même Legion
dans une Médaille d'argent de Septime
Severe , auquel on peut croire qu'elle
n'avoit pas rendu des fervices moins importans
que ceux qu'elle rendit depuis à
Caraufius. Mais au lieu d'un Taureau qui
eft fur la Médaille de ce dernier , il y a
dans celle de Severe , l'Aigle Legionaire
entre deux Signes Militaires. Je trouve
encore le même Taureau & la même Legion
, dans Gallien , que dans Caraufius .
Nous ne parlerons point ici des autres
Legions qui ont auffi été furnommées Au
guftales , nous dirons feulement , que la
Dvj feconde
506 ME RCURE DE FRANCE
feconde Legion Auguftale étoit en quar
tier d'hyver dans la Haute-Bretagne . Quand
Xiphilin même ne nous en auroit pas donné
de preuves , comme il a fait dans la
Vie d'Augufte , le fragment de Brique
qui eft dans le Cabinet du Docteur Woodward
, où j'ai lû , LEG . II . AUG . en
feroit une preuve affez autentique . Cette
Infcription nous fait croire que la feconde
Legion Auguftale pouvoit avoir été employée
à quelques travaux publics dont
elle vouloit fe faire honneur dans la pofterité.
Je n'affurerai point que ce Monument
foit du temps de Septime Severe
qui fit , comme on l'a dit ailleurs , conftruire
plufieurs Edifices publics dans la
Grande-Bretagne. Cependant , comme ce
fragment a été trouvé proche d'York , &
que SeptimeSevere y avoit établi fa demeu
re & fait de cette Ville fon Siege Imperial;
il y a apparence que ce débris eft , pour aing
dire , encore un témoin de fa gloire , auffi
bien que cet autre fragment que j'ai vû
à Londres , où le mot de SEVERI fe lit
en gros caractere fur une Brique d'une
épaiffeur pareille à la premiere , au - delfous
d'une Tête en forme de Soleil . Cette
feconde Legion Auguftale fe trouve auffi
dans les Médailles de Septime Severe ,
LEG. II. AUG . avec deux Signes Militaires
, & au milieu l'Aigle Legionaire ,
MARS. 17307 507
ce qui confirmeroit notre conjecture. Il
eft encore fait mention de la feconde
Legion Auguftale , auffi - bien auffi- bien que de
la huitiéme Legion Auguftale , dans un
fragment d'une ancienne Colonne à Rome
, que je ne rapporterai point ici , parce
qu'elle fe trouve dans Gruter & dans plufeurs
autres Antiquaires .
14 Nous lifons dans les Colonies de Vail
lant , qu'Augufte avoit envoyé à Beryte
une Colonie des Veterans de la huitiéme
Legion Auguftale . Une autre partie fut
envoyée à Fréjus , dans nos Gaules , &
l'autre à Heliopolis.
J'ai vû cette Médaille d'argent dans leCabinet
du Duc de Dewonshire , à Londres.
Legion II.
Imp. Caraufius , P. F. Aug. fa tête
couronnée de Rayons. LEG . VII CL
ML . Legio feptima Claudia . La ſeptiéme
Legion Claudienne . Je lis Claudia , &
non pas Claffica , comme a fait Gutherius,
dans fon Traité De Jure Manium , page
48. Il a été trompé par le mor Claffica,
qui fe trouve dans une Médaille de Marc
Antoine , jointe à la dixiéme Legion.
LEG. XVII. CLASSICA. Cette
Legion eft bien differente de la nôtre
& d'ailleurs le mot de Claudia fe
trouve auffi écrit tout au long dans plufieurs
Infcriptions antiques . Spon , dans
ג
Les
1
508 MERCURE DE FRANCE.
fes Mélanges d'Antiquitez , page 254-
nous en fournit une que voici .
Q SERTORIUS L. F.
POB. FESTUS
CENTUR LIG . XI.
CLAUDIAE PIAE FIDELIS .
La feptiéme Legion de notre Médaille
a pour Type un Taureau comme la précedente
. Elle fut appellée Claudienne, du
nom de l'Empereur Claude , parce qu'elle
lui avoit été fidele étant dans la Moëfie,
& qu'elle avoit vivement foutenu fon parti
contre Scribonien , Gouverneur de la
Dace. Cette Legion n'avoit d'abord aucun
furnom qui la diftinguât des autres que
le rang de fon ancienneté ; & c'eft pour
cela même que Jules - Cefar , dans fon
quatriéme Livre de la Guerre des Gaules ,
ne fait point de difficulté de l'appeller
une des plus illuftres & des plus anciennes
Legions de l'Empire Veterrima Legio .
Auffi la fit- il paffer avec lui dans la Grande-
Bretagne , comme une de celles qu'il
jugeoit des plus capables de feconder fes
grands deffeins pour la conquête ou pour
l'expedition de ce nouveau Monde. Au
revers il y a un Taureau , comme dans la
precedente , ce qui nous apprend que ces
Legions avoient été formées des Colonies
Romaines. Le Taureau étant le Symbole
d'une
MARS. 1730. so gi
d'une Colonie , parce que c'étoit un ufage
chez les Romains, quand on vouloit bâtie
une Ville , d'en marquer l'enceinte avec
le Soc de la Charruë , fuivant ce fragment:
de Caton , mos fuit defignandi urbes aratro.
Soit , au refte , que cette feptiéme
Legion Claudienne qui étoit autrefois en
la haute Moëfie, fût déja dans la Grande-
Bretagne lorfque Caraufius y aborda ; ſoir
qu'elle y fût conduite avec la huitiéme
Legion Auguftale , dont nous avons parlé
; foit enfin qu'elle ne ſe rangeât fous les
Etendarts de Caraufius , qu'après qu'il eur
défait l'armeé Romaine qui tenoit encore
dans cette Ifle pour Diocletien & pour
Maximien : Caraufius ne pouvoit mieux
faire pour ſe la rendre fidele ou pour la
récompenfer de fa valeur, qu'en confacrant
fon nom à l'immortalité , avec les autres
Legions dont il avoit reconnu le zele &
l'attachement , & dont il fit auffi graver
les noms fur les Médailles que nous expliquons.
Gruter rapporte une Infcrip
tion de lafeptiéme Legion Claudienne.
P. ÆLIO P. F. PP . MARCELLO
VE . PP . EX PREF. LEG . VII .
CL. ET I. ADJUT . SUB. PRINC
IPE PEREGRINORUM .
La feptiéme Legion Claudienne fe trou
ve auffi fur les Médailles de Septime See
vere & fur celles de Gallien,
310 MERCURE DE FRANCE.
La feptiéme Legion Claudierne étoft
encore dans la haute Moëfie , fous Gordien
Pie , qui envoya les Veterans de la
feptiéme & de la quatriéme Legion à Vi
minacium , Colonie de cette Province ,
comme nous l'apprend une Médaille du
Cabinet de M. le Prefident de Maifons.
Il y a d'un côté , Imp. Gordianus pius fel
Aug. Sa tête couronnée de Rayons .
Et au Revers , P. M. S. COL . VIM .
AN IIII. Provincia Moefia Superioris
Colonia Viminacium. Anno quarto. La
figure d'une femme debout tient de la
main droite un Signe Militaire , où eft le
nombre VII. & de la main gauche un
autre Signe Militaire , où eſt le nombre
IIII. & à fes pieds , au côté droit , un Taureau
, & au côté gauche un Lion , qui.
font les Symboles de ces deux Legions ,
pour marquer que les Veterans de la feptiéme
Legion Claudienne & ceux de la
quatriéme ,y avoient été envoyez pour peupler
cette Ville & la deffendre contre les
infultes des Barbares .
Dion, Livre 55 page 564. ne laiffe aucun
lieu de douter que ce ne foit la 7
Legion Claudienne qui eft fur la Médaille
de Gordien Pie , quoique le nom de Claudia
n'y foit point. Il nous apprend que
c'eft la même qui étoit en quartier d'hyver
dans la haute Moëfie . Septimia in Mifia
LibMARS,
1730% 511
fuperiori, Claudiana præcipue nuncupata .
M.l'Abbé de Rothelin a auffi la feptiéme
Legion Claudienne dans Gallien avec le
même Taureau .
J'ai vu cette Médaille de petit Bronze
dans le Cabinet de Milord Pembrok , en
Angleterre ; & à Paris , chez le P. Chamillard
, qui l'a , dit - il, trouvée à Pontoiſe
Legion 111.
Imp. Caraufius P. F. Aug. Sa tête couronnée
de Rayons , pour Type un Taureau
. LEG . VIIII . GE ML . Legio nona
Gemina. La neuviéme Legion Gemelle.
Cette 9º Legion , dont Caraufius voulut
auffi celebrer la valeur , étoit auffi appellée
Gemina ou Gemelle , parce quelle
avoit été formée de deux Legions qui n'en
compofoient plus qu'une , comme Dion
ou Xiphilin fon Compilateur nous l'apprend
dans la Vie d'Augufte , page 183. Le
Revers de cette Médaille porte le même
Type que les deux précedentes . C'eſt un
Taureau qui eft le ſymbole ordinaire des
Veterans d'une Colonie . Le Taureau étoit
fous la protection de la Déeffe de Cythere.
Taurum Cytherea tuetur , dit le PoëteManilius
. Il eſt fait mention dans le frag
ment d'une ancienne Colomne , de la feptiéme
Legion Gemina , on Gemelle , ce
qui
311 MERCURE DE FRANCE:
qui fait voir que le mot G E, fe doit rend
dre en latin par celui de Gemina , puiſqu'il
fe trouve écrit tout du long ſur les anciennes
Infcriptions. Quant aux Lettres
ML qui fe trouvent dans l'Exergue de
ces Médailles , nous aurons lieu d'en dire
notre fentiment dans un Chapitre particulier
, où nous tâcherons de découvrir ce
ce que les Monetaires de ces temps - là ont
voulu nous donner à entendre par ces
Lettres & autres femblables.
CetteMédaille de petit Bronze , eft dans
le Cabinet du Duc de Dewonshire.
Legion 1111.
Imp. Caraufius P. F. Aug. la tête cou
tonnée de Laurier . LEG . IIII. FL. Dans
Exergue , R. S. R. Legio quarta Flavia,
la 4 Legion Flavienne . Cette quatriéme
Legion fut ainfi furnommée par Vefpafien,
qui voulut qu'elle prit le furnom de fa Famille
appellée Flavia . Il plaça cette Legion
dans la Syrie pour contenir les peuples
dans leur devoir . Quarta Flavia in
Syria commorata eft , ſelon Dion , p . 272.
qui rapporte qu'elle étoit encore en Syrie
fous le regne d'Alexandre Severe.
Cette Legion porte pour enfeigne un
Lyon , fimbole ordinaire de la force . Septime
Severe s'étoit auffi fait gloire de celebrer
MARS. 17300 $ 13
lebrer la valeur de la même Legion , avee
la même Legende ; mais le Type eft fort
different de la Médaille de Caraufius , il
y a fur celle de Severe deux Signes Militaires
avec l'Aigle Legionnaire ; au lieu
que dans la Médaille de Caraufius il n'y
a qu'un Lion feul. J'ai auffi obfervé ailleurs
la mêmeLegende que dans Caraufius ;
mais au lieu d'un Lion , il y en à deux
entre lefquels on voit une tête cafquée.
J'ai vu à Londres dans le Cabinet
de Milord Pembrock , ce même Type fur
une Médaille d'or de Victorin , où cette
Legion prend le furnom de Pia Felix.
Legio IIII. Flavia P. F.
Vaillant nous affure que de toutes les
Legions qui reftoient fous Gallien , la
quatriéme Legion Flavienne étoit la feule
qui portât un Lion pour Enfeigne , & les .
Médailles que nous venons de rapporter.
en dernier lieu , font voir que cette Legion
fubfifta encore quelque temps après
Gallien , puifque Victorin s'eft fait honneur
de faire graver encore le nom de
la même Legion fur fes Médailles ..
Elle avoit été auffi fort celebre fous plufieurs
autres Princes , comme on le peut
voir dans les Colonies de Vaillant. La
Médaille qu'il rapporte du jeune Philippe
, me paroît fur tout digne de remarque.
On voit d'un côté la tête de ce Prince ; &
21
314 MERCURE DE FRANCE.
au revers ces quatre Lettres initiales G.
F. P. D. qui fignifient Colonia Flavia
Pacenfis Deultana , parce que cette Colonie
avoit été formée des Veterans de
cette quatriéme Legion Flavienne .
Il eft auffi fait mention de la quatriéme
Legion Flavienne dans une Infcription
antique , trouvée à Pezaro , rapportée
,
, page 148. dans le Traité des Regions
Suburbicaires , où il eft fait mention entr'autres
du Tribun de la quatriéme Legion
Flavienne , qui étoit auf le Patron
des Colonies de Pezaro & de Feneſte .
TRIB . LATICL . LEG. IIII. FLAV
PATRONUS COLONIARUM .
PISAURI ET FANEST .
A l'égard de Pezaro , il eft bon de re
marquer en paffant que c'eft - là , où les
defcendans de Caraufius fe retirerent dans
des temps difficiles , fuivant le Comte de
Zabarella , * dans la Genealogie qu'il fait
des Pezari de Venife , intitulée : Il Carau
fio Overo Regia & Augufta Fameglia
di Pezari di Venetia ; Famille que cet
Auteur fait defcendre en ligne directe de
Caraufius , Empereur de la Grande - Bretagne
. Cette Médaille , qui eſt d'argent ,
eft à Londres dans le Cabinet du Duc de
Dewonshire .
* Le Livre du Comte de Zabarella , que j'avois
cherché long- temps , m'a été donné par M. Duvau
, Ecuyer , ancien Capitoul de Toulouse.
MAR S. 1730. SIS
Legion V.
Imp. Caraufius, P. F. Aug. Sa tête cou
ronnée de Rayons.
LEG . VIII... IN . ML . Legio octava ..
IN... cette Legion a pour Type un Belier.
La huitéme Legion furnommée ... IN ..
peut être invicta , l'invincible. C'eſt ainſi
que je crois qu'on peut interpreter le mot
abregé ... IN ... à moins que dans la
Médaille en queſtion il n'y ait MIN . au
lieu de N. ce qui feroir pour lors MINERVIA
Qu MINERVINA car il fe
pourroit bien faire que la Médaille n'étant
pas affez nette ni affez confervée en
cet endroit , on auroit pû lire IN , au lieu
de MIN.
Cette Médaille eft d'autant plus finguliere
que
fa Legende & fon Type font
encore inconnus fur les Médailles des autres
Empereurs. Quant au Type du revers,
ne pourroit - on point dire qu'il nous
défigne une Legion particuliere des Bagaudes
? On fçait que les Auteurs les appelloient
Agreftes ou Rufticanos & qu'ils
avoient quitté le foin de leurs Troupeaux
pour courir après une liberté chimerique
en prenant les armes fous la conduite.
d'Amandus , leur Empereur . Suivant ce
trait hiftorique, que nous avons rapporté
ailleurs ; ne pourroit- on pas dire que ces
Bagaudes ayant pris les armes , choifirent
pour
$ 16 MERCURE DE FRANCE.
pour le figne de leur liberté le Belier ,
pour marquer qu'ils n'avoient point perdu
de vûë leur premier état , & que s'ils
avoient pris les armes , ce n'étoit que pour
deffendre leur ancien Domaine ? Ce qui
pourroit fortifier d'ailleurs cette conjecture
, c'est que le Belier étoit confacré à
Pallas , Déefle de la Guerre ( Déeffe qui
fe voit fi fouvent fur les Médailles de
Caraufius ) Manilius nous en fournit une
preuve autentique dansfon deuxièmeLivre.
Lanigerum Pallas , Taurum Cytherea tuetur,
Le même Auteur parle encore du Belier
en des termes qui femblent parfaitement
juftifier le choix que nos anciens Gaulois
auroient pû faire du Belier pour enfeigne
d'une Legion qui fe feroit déclarée de nouveau
pour la liberté de la Patrie fous un fi
grand Capitaine.
Sed Princeps aries toto fulgebit in orbe,
Ainfi le furnom & le fymbole que prend
cette Legion conviendroit parfaitement
au temps dont nous parlons , & à un
Prince, qui prenoit à juste titre, le furnom
d'invincible , comme fes Médailles , avec
le titre d'Invictus , le confirment.
Il est bon de remarquer ici , qu'on por
toit quelquefois le Belier parmi les Enfeignes
Romaines. Mais fur tout quand
on
**ཟེ
MARS
.
1730.
SIY
en vouloit déclarer la guerre. Pour lors
un Herault d'Armes , tiré de l'illuftre Corps
des Faciales , marchoit à la tête portant
le figne du Belier , qu'il devoit lancer
fur les premieres Terres des Ennemis ,
pour montrer qu'ils n'avoient pris les
armes contre eux que pour le venger
des outrages qu'ils en avoient reçûs les
premiers , felon quelques Auteurs ; ou
plutôt felon Pierius dans fes Hyerogli
phes , pour donner à entendre par - là qu'ils
étoient déja , pour ainsi dire , en poffeffion
des Terres de leurs Ennemis . Ce qui étant
pris en ces deux fens , ne laifferoit pas
d'avoir fon application dans Caraufius qui
prétendoit avoir été infulté le premier
par Maximien , & qui s'empara bientôt
de l'ifle la plus belle , la plus grande & la
plus fertile du monde en pâturages , &c,
Legion VI
.....
Imp. Caraufius P. F. Aug. la tête couzonnée
de rayons.
LEG...... Legio Légion,
Dans l'Exergue M L. pour Type ,
la figure du Capricorne tourné du côté
droit . Les Legions dont nous venons de
parler m'étoient connuës fous trois Types
differens ; trois avoient le Type d'un
Taureau , une fous le Type d'un Belier ,
une autre fous le Type d'un Lion ; mais
celle- ci a un Type different , & on ne
l'avoit
418 MERCURE DE FRANCE .
f'avoit point encore vû fur aucune Médaille
de Caraufius ; il feroit à fouhaiter
que le nom de la Legion ne fut pas effacé,
Peut -être que le tems nous en fera dé
couvrir quelque femblable mieux confervée.
Il y a eu fept Legions de Gallien avec
le même Signe du Capricorne , & Vaillant
les rapporte dans fon Livre des Médailles
Impériales ; fçavoir , la Legion
premiere , Adjutrix. La premiere Italica,
la quatorziéme Gemina , la trentiéme Ulpia
, la vingt- deuxième , furnommée Primigenia
, au rapport de Spartien , dans la
vie de Didius Julianus . La dix- huitiéme
& la vingt- fixiéme fans nom particulier.
Ainfi on pourroit croire que celle de Ca
raufius , dont je parle ici , feroit une de ces
Legions , parcequ'elles ont toutes le même
fimbole que note Médaille.
La feconde Legion Auguftale pourroit
auffi être de ce nombre . On a trouvé dans
la Grande Bretagne une Infcription Antique
conçûë en ces termes , & avec le
même Type du Capricorne .
IMP.
AVG .
ANTONINO
Pio.
LE G.
I I.
A V G.
F. P. III. CC L XX II.
1
Cette
MARS. 1730: 519
Cette Infcription nous apprend que la
deuxième Legion Auguftale avoit continué
le mur d'Antonin Pie ,qui eft au Nord
d'Ecoffe , pendant l'efpace de trois mille
deux cent foixante & douze pas. Cette
Infcription eft fur une pierre qui reprefente
dans le haut , la figure d'un Capricorne
que je prens pour le figne de cette
Legion , & non pas le Griffon qui eſt au
bas. A l'égard du furnom Augufta , nous
avons déja remarqué qu'Augufte donna
fon nom à plufieurs Legions , & cette
Infcription nous fait voir que celle- ci
avoit non- feulement le nom d'Augufte ,
mais qu'elle en avoit auffi pris le fimbole
pour préfage de bonheur : le Signe
du Capricorne ayant toujours été regardé
comme tel par cet Empereur. Et parcequ'il
avoit été Conful pour la premiere fois ,
& qu'il avoit aufli gagné la Bataille d'Actium
dans le mois d'Août , il lui donna
fon nom . C'est ce qui me feroit croire
que c'eft cette feconde Legion qui nous
eft marquée fur notre Médaille de Caraufius
. Dion rapporte que la feconde Legion
Auguftale étoit de fon tems dans la
haute Bretagne , & les Infcriptions qu'on
Y découvre tous les jours en donnent des
preuves inconteftables. C'eſt cette feconde
Legion qui donna fon nom & la naiffance
à la Ville de Caer-leon , appellée dans l'IE
tineraire
520 MERCURE DE FRANCE.
tineraire d'Antonin , ISCA LEG. II. AUGUSTA.
Cette Legion étoit fans doute
encore dans la Grande Bretagne au tems
de Caraufius , puifque peu d'années avant
qu'il y allât , Pofthume , Empereur dans
les Gaules , avoit dans cette Ville un
Corps d'Armée. C'est ce que je trouve
confirmé par une Médaille de ce dernier
Empereur ; elle a d'un côté le nom de ce
Prince , & la tête couronnée de rayons.
IMP CM CASS LAT. Pofthumus Aug.
& de l'autre côté , on voit à cheval l'Em
pereur qui harangue les Troupes , & autour
EXERCITUS YSCanicus , l'AEmée
de Caer- Leon .Cette Armée de Pofthu .
me fut nommée Armée Tfcanique d'Yíca,
parceque cette Legion qui prêta ferment
de fidelité à Pofthume dans la Grande
Bretagne , étoit placée fur la Riviere de
PUske, qu'on appelloit Yſca - Silurum , &
non pas Silulorum , comme l'a écrit Vaillant
, qui rapporte cette Médaille . Cette
Ville n'eft plus aujourd'hui qu'un petit
Village , portant le nom de Caer-Leon, par
corruption de Cefaris Legio ; & c'eſt là
que les Hiftoriens Anglois avoient placé
la Cour de leur grand Roi Artus &
où ils prétendent qu'il y avoit un College
de deux cens Philofophes établis pour
Ay obferver le cours des Aftres . Cette Médaille
de petit bronze eft en Angleterre ,
dans le Cabinet du Docteur Sloane.
"
MARS. 1730. 521
*
COHORTES PRETORIENNES.
Imp. Caraufius. P. F. Aug. La tête
couronnée de Rayons.
COHH .... ML. Cohortes ... Les
Cohortes ... M L. COHORTES. Ce font
fans doute les Cohortes Prétoriennes qui
formoient la garde de Caraufius , dont cet
Empereur voulut éternifer la mémoire &
la fidelité aufli bien que celle des Legions
dont nous venons de parler. Je n'entrerai
point ici dans la queftion de fçavoir de
combien étoit compofée la Legion . Les
Auteurs font pleins de ces fortes de détails.
J'ajouterai cependant qu'il y avoit
fous Augufte neuf Cohortes Prétoriennes
pour la garde du Prince , & que Galba
y en ajoûta trois nouvelles. Ainfi il y eut
douze Cohortes de Gardes Prétoriennes,
qui fubfiftoient encore du tems de Septime
Severe , au rapport de Dion. Je ne
fçai fi le nombre de ces Cohortes étoit le
même du tems de Diocletien & de Maximien
; mais ce qu'on peut affurer , fuivant
le témoignage de cette Médaille unique
de Caraufius , c'eft que la garde de
ce Prince étoit compofée de quatre mille
hommes. C'eft ainfi que je crois qu'on
doit expliquer les quatre fignes militaires
qui font au revers de fa Médaille . En effer
chaque Cohorte ayant fon enfeigne
militaire , & chaque Cohorte étant com
- E ij poléc
322 MERCURE DE FRANCE :
pofée de mille hommes , fuivant le témoi
gnage de la plupart des Auteurs ,
quatre enfeignes militaires nous défignent
que la Garde de cet Empereur des Bretons
étoit compofée de quatre Cohortes
Prétoriennes . A quoi fi nous ajoûrons le
nombre de dix ou de douze mille hommes
, dont chaque Legion pouvoit être
compofée , en y comprenant les Troupes
auxiliaires , il fe trouvera que Caraufius ,
fuivant ces Médailles, avoit du moins une
armée de foixante & quatre mille hommes,
fans y comprendre les forces maritimes.
Ce font là les Cohortes Prétoriennes & les
fix Legions principales qui compofoient
l'Armée de notre Conquerant , & dont
les Auteurs ne parlent point. Elles métitoient
bien , après lui avoir acquis tant
de gloire , d'en partager avec lui une por
tion , & de revivre un jour dans la mémoire
des hommes par ce témoignage autentique
de fa reconnoiffance , ayant été
les compagnes fideles de fes travaux guerriers
, & ayant verſé fi librement leur fang
dans plufieurs occafions pour l'élever fur
le Trône de la Grande Bretagne,
Dans cette occafion , comme dans bien
d'autres, nous pourrions nous plaindre du
filence des Hiftoriens qui ne nous difent
rien de toutes ces circonftances , & qui
ne font mention que d'une Legion Romaine
MAR 9. 1730. 523
1
maine dont ils ont même affecté de nous
cacher le nom ; mais nous devons nous
confoler ayant des Monumens plus fûrs
& moins fujets à être alterés , & qui fe
font heureuſement dérobés aux injures
des tems & de l'envie . Après tout nous
ne ferions peut-être pas obligés de nous
plaindre fi fort du filence de ces Hiftoriens
, fi le fecond Livre que nous avons
de Zozime fur la vie des Empereurs de
ces tems, nous étoit refté dans fon entier ,
mais cet Auteur fe trouve tronqué immédiatement
après la vie de Probus , & ce
qui fuit ne recommence qu'à l'Hiftoire de
Conftantin le Grand . De forte que ce qui
nous manque de cet Auteur ne comprend
gueres moins que les Vies de fept à huit
Empereurs , qui font Carus , Ĉarinus
Numerianus , Diocletianus Maximianus
Herculius , Caraufius , Conftantius
Chlorus & Gal. Maximianus , dont l'Hiftoire
ou les évenemens étant neceffairement
liés avec ce qui s'eft paffé du tems
de Caraufius n'auroient pas laiffé de nous
donner des lumieres pour expliquer bien
des faits particuliers , où les conjet&cures
ne fçauroient atteindre.
>
Ne feroit- ce point là un effet moins du
hazard que de l'envie ou de la politique
Romaine , qui jaloufe de la gloire de ce
Prince auroit fupprimé à deffein les
E iij
>
Mc124
MERCURE DE FRANCE.
Mémoires les plus confiderables de fon
tems , qui ne pouvoient être qu'à la gloire
de ce Heros qui avoit fi fort abbatu
leurs forces & leur puiffance. Cette Médaille
de petit bronze eft dans le Cabinet
de l'Auteur..
Voilà , Milord , ce que j'avois à obferver
de plus remarquable au fujet des Cohortes
& des Legions dont les noms nous
font confervés fur les Médailles de Caraufius
, & fans lefquelles les fervices
qu'elles lui avoient rendus feroient reſtez
dans un oubli éternel . Ce font là ces fieres
Legions & ces Cohortes fideles qui fua
rent les témoins de fes travaux guerriers ,
qui fe firent honneur de combatre fous fes
Etendarts , & avec qui il fit tant d'actions
heroïques & tant d'exploits glorieux ,
qu'il fut enfin élevé aux acclammations
des Peuples fur le Trône de la Grande
Bretagne Je fuis avec un profond reſpect
& c .
IMITATION
mention des Cohortes & des differentes
Legions de Caraufius , par où l'on peut
fixer à peu près le nombre des Troupes
que cet Empereur des anciens Bretons
entretenoit. Adreffée à fon Excellence
Milord Carteret , Vice-Roy d'Irlande ,
&c. Par M. Genebrier , Docteur en
Medecine , Medecin ordinaire de la
Cour d'Angleterre & premier Medecin
du Vice- Roi d'Irlande.
M.
ILORD ,
L'amour que vous avez pour l'Hiftoire
& furtout pour les nouvelles découvertes
qui peuvent intereffer la gloire de votre
Nation , m'ayant fait entreprendre l'Hiftoire
Metallique de Caraufius , un des
plus grands Conquerans que l'Angleterre
ait jamais eu , j'ai crû que pour concou-.
rir à vos vûës , il ne fuffifoit pas de relever
la gloire de ce Heros , fi je ne tâchois
en même - temps de celebrer les Inftrumens
de fes victoires : Je veux dire
fi je ne parlois des Legions, qui ont combattu
fous fes Etendarts , & qui lui ont acquis
tant de gloire. C'est ce que j'ai tâ-
D v ché
"
304 MERCURE DE FRANCE:
ché de faire en recueillant autant que j'ai
pû , les Médailles qui font mention de
ces Legions ou de ces Cohortes Prétoriennes.
Ces Monumens ferviront , au défaut
de l'Hiftoire qui n'en parle point ,
à fixer à peu près le nombre des Troupes
de cet Empereur. Et ces Legions ainfi
raffemblées , formeront , pour ainſi dire
un Corps d'armée glorieux , dont le dénombrement,
après tant de fiécles , ne peut
que faire plaifir à Votre Excellence.
Voici, Milord, ces Legions, fuivant l'ordre
de leur découverte.
Legion I.
IMP . C. Caraufius P.F. Aug. L'Empe
reur Cefar Caraufius , Pieux, Heureux , Augufte
, fa tête couronnée de Lauriers.
LEG . VIII . AUG. Legio octava Augufta..
Pour Type un Taureau . Cette huitiéme
Legion , furnommée Auguftale , dont Caraufius
a voulu par cette Médaille éternifer
la valeur & la fidelité , eft une des plus
anciennes Legions de l'Empire ; elle fut
formée par Augufte même , qui lui donna
fon nom & le rang de huitiéme Auguftale.
Il l'envoya d'abord en Pannonie,
où elle refta jufqu'à l'Empereur Claude ,
qui la fit paffer en Moefie, où Galba trouva
à propos de la laiffer. Mais Septime
Severe la fit revenir , & la plaça dans la
haute
MARS. 1730.
505
haute Germanie. Il y a apparence qu'elle
y refta pour deffendre les Frontieres de
l'Empire , jufqu'au temps de Caraufius.
Que ce fut entr'autres avec cette Legion,
qu'il défit les Germains en plufieurs rencontres
; qu'il remporta fur eux plufieurs
Victoires fignalées , & qu'il mérita enfin
le titre glorieux de très - grand Germanique
, Germanicus Maximus , que les Médailles
lui donnent. Je ne ferois pas non
plus fort éloigné de croire que ce fût cette
fiére Legion qui fe déclara la premiere
pour Caraufius ; qui le fuivit enAngleterre ,
& que le Panegyrifte Eumenius femble
nous défigner par ces termes , occupara
Legione Romanâ , en parlant du paffage.
de Caraufius dans la Grande - Bretagne.
Nous avons auffi cette même Legion
dans une Médaille d'argent de Septime
Severe , auquel on peut croire qu'elle
n'avoit pas rendu des fervices moins importans
que ceux qu'elle rendit depuis à
Caraufius. Mais au lieu d'un Taureau qui
eft fur la Médaille de ce dernier , il y a
dans celle de Severe , l'Aigle Legionaire
entre deux Signes Militaires. Je trouve
encore le même Taureau & la même Legion
, dans Gallien , que dans Caraufius .
Nous ne parlerons point ici des autres
Legions qui ont auffi été furnommées Au
guftales , nous dirons feulement , que la
Dvj feconde
506 ME RCURE DE FRANCE
feconde Legion Auguftale étoit en quar
tier d'hyver dans la Haute-Bretagne . Quand
Xiphilin même ne nous en auroit pas donné
de preuves , comme il a fait dans la
Vie d'Augufte , le fragment de Brique
qui eft dans le Cabinet du Docteur Woodward
, où j'ai lû , LEG . II . AUG . en
feroit une preuve affez autentique . Cette
Infcription nous fait croire que la feconde
Legion Auguftale pouvoit avoir été employée
à quelques travaux publics dont
elle vouloit fe faire honneur dans la pofterité.
Je n'affurerai point que ce Monument
foit du temps de Septime Severe
qui fit , comme on l'a dit ailleurs , conftruire
plufieurs Edifices publics dans la
Grande-Bretagne. Cependant , comme ce
fragment a été trouvé proche d'York , &
que SeptimeSevere y avoit établi fa demeu
re & fait de cette Ville fon Siege Imperial;
il y a apparence que ce débris eft , pour aing
dire , encore un témoin de fa gloire , auffi
bien que cet autre fragment que j'ai vû
à Londres , où le mot de SEVERI fe lit
en gros caractere fur une Brique d'une
épaiffeur pareille à la premiere , au - delfous
d'une Tête en forme de Soleil . Cette
feconde Legion Auguftale fe trouve auffi
dans les Médailles de Septime Severe ,
LEG. II. AUG . avec deux Signes Militaires
, & au milieu l'Aigle Legionaire ,
MARS. 17307 507
ce qui confirmeroit notre conjecture. Il
eft encore fait mention de la feconde
Legion Auguftale , auffi - bien auffi- bien que de
la huitiéme Legion Auguftale , dans un
fragment d'une ancienne Colonne à Rome
, que je ne rapporterai point ici , parce
qu'elle fe trouve dans Gruter & dans plufeurs
autres Antiquaires .
14 Nous lifons dans les Colonies de Vail
lant , qu'Augufte avoit envoyé à Beryte
une Colonie des Veterans de la huitiéme
Legion Auguftale . Une autre partie fut
envoyée à Fréjus , dans nos Gaules , &
l'autre à Heliopolis.
J'ai vû cette Médaille d'argent dans leCabinet
du Duc de Dewonshire , à Londres.
Legion II.
Imp. Caraufius , P. F. Aug. fa tête
couronnée de Rayons. LEG . VII CL
ML . Legio feptima Claudia . La ſeptiéme
Legion Claudienne . Je lis Claudia , &
non pas Claffica , comme a fait Gutherius,
dans fon Traité De Jure Manium , page
48. Il a été trompé par le mor Claffica,
qui fe trouve dans une Médaille de Marc
Antoine , jointe à la dixiéme Legion.
LEG. XVII. CLASSICA. Cette
Legion eft bien differente de la nôtre
& d'ailleurs le mot de Claudia fe
trouve auffi écrit tout au long dans plufieurs
Infcriptions antiques . Spon , dans
ג
Les
1
508 MERCURE DE FRANCE.
fes Mélanges d'Antiquitez , page 254-
nous en fournit une que voici .
Q SERTORIUS L. F.
POB. FESTUS
CENTUR LIG . XI.
CLAUDIAE PIAE FIDELIS .
La feptiéme Legion de notre Médaille
a pour Type un Taureau comme la précedente
. Elle fut appellée Claudienne, du
nom de l'Empereur Claude , parce qu'elle
lui avoit été fidele étant dans la Moëfie,
& qu'elle avoit vivement foutenu fon parti
contre Scribonien , Gouverneur de la
Dace. Cette Legion n'avoit d'abord aucun
furnom qui la diftinguât des autres que
le rang de fon ancienneté ; & c'eft pour
cela même que Jules - Cefar , dans fon
quatriéme Livre de la Guerre des Gaules ,
ne fait point de difficulté de l'appeller
une des plus illuftres & des plus anciennes
Legions de l'Empire Veterrima Legio .
Auffi la fit- il paffer avec lui dans la Grande-
Bretagne , comme une de celles qu'il
jugeoit des plus capables de feconder fes
grands deffeins pour la conquête ou pour
l'expedition de ce nouveau Monde. Au
revers il y a un Taureau , comme dans la
precedente , ce qui nous apprend que ces
Legions avoient été formées des Colonies
Romaines. Le Taureau étant le Symbole
d'une
MARS. 1730. so gi
d'une Colonie , parce que c'étoit un ufage
chez les Romains, quand on vouloit bâtie
une Ville , d'en marquer l'enceinte avec
le Soc de la Charruë , fuivant ce fragment:
de Caton , mos fuit defignandi urbes aratro.
Soit , au refte , que cette feptiéme
Legion Claudienne qui étoit autrefois en
la haute Moëfie, fût déja dans la Grande-
Bretagne lorfque Caraufius y aborda ; ſoir
qu'elle y fût conduite avec la huitiéme
Legion Auguftale , dont nous avons parlé
; foit enfin qu'elle ne ſe rangeât fous les
Etendarts de Caraufius , qu'après qu'il eur
défait l'armeé Romaine qui tenoit encore
dans cette Ifle pour Diocletien & pour
Maximien : Caraufius ne pouvoit mieux
faire pour ſe la rendre fidele ou pour la
récompenfer de fa valeur, qu'en confacrant
fon nom à l'immortalité , avec les autres
Legions dont il avoit reconnu le zele &
l'attachement , & dont il fit auffi graver
les noms fur les Médailles que nous expliquons.
Gruter rapporte une Infcrip
tion de lafeptiéme Legion Claudienne.
P. ÆLIO P. F. PP . MARCELLO
VE . PP . EX PREF. LEG . VII .
CL. ET I. ADJUT . SUB. PRINC
IPE PEREGRINORUM .
La feptiéme Legion Claudienne fe trou
ve auffi fur les Médailles de Septime See
vere & fur celles de Gallien,
310 MERCURE DE FRANCE.
La feptiéme Legion Claudierne étoft
encore dans la haute Moëfie , fous Gordien
Pie , qui envoya les Veterans de la
feptiéme & de la quatriéme Legion à Vi
minacium , Colonie de cette Province ,
comme nous l'apprend une Médaille du
Cabinet de M. le Prefident de Maifons.
Il y a d'un côté , Imp. Gordianus pius fel
Aug. Sa tête couronnée de Rayons .
Et au Revers , P. M. S. COL . VIM .
AN IIII. Provincia Moefia Superioris
Colonia Viminacium. Anno quarto. La
figure d'une femme debout tient de la
main droite un Signe Militaire , où eft le
nombre VII. & de la main gauche un
autre Signe Militaire , où eſt le nombre
IIII. & à fes pieds , au côté droit , un Taureau
, & au côté gauche un Lion , qui.
font les Symboles de ces deux Legions ,
pour marquer que les Veterans de la feptiéme
Legion Claudienne & ceux de la
quatriéme ,y avoient été envoyez pour peupler
cette Ville & la deffendre contre les
infultes des Barbares .
Dion, Livre 55 page 564. ne laiffe aucun
lieu de douter que ce ne foit la 7
Legion Claudienne qui eft fur la Médaille
de Gordien Pie , quoique le nom de Claudia
n'y foit point. Il nous apprend que
c'eft la même qui étoit en quartier d'hyver
dans la haute Moëfie . Septimia in Mifia
LibMARS,
1730% 511
fuperiori, Claudiana præcipue nuncupata .
M.l'Abbé de Rothelin a auffi la feptiéme
Legion Claudienne dans Gallien avec le
même Taureau .
J'ai vu cette Médaille de petit Bronze
dans le Cabinet de Milord Pembrok , en
Angleterre ; & à Paris , chez le P. Chamillard
, qui l'a , dit - il, trouvée à Pontoiſe
Legion 111.
Imp. Caraufius P. F. Aug. Sa tête couronnée
de Rayons , pour Type un Taureau
. LEG . VIIII . GE ML . Legio nona
Gemina. La neuviéme Legion Gemelle.
Cette 9º Legion , dont Caraufius voulut
auffi celebrer la valeur , étoit auffi appellée
Gemina ou Gemelle , parce quelle
avoit été formée de deux Legions qui n'en
compofoient plus qu'une , comme Dion
ou Xiphilin fon Compilateur nous l'apprend
dans la Vie d'Augufte , page 183. Le
Revers de cette Médaille porte le même
Type que les deux précedentes . C'eſt un
Taureau qui eft le ſymbole ordinaire des
Veterans d'une Colonie . Le Taureau étoit
fous la protection de la Déeffe de Cythere.
Taurum Cytherea tuetur , dit le PoëteManilius
. Il eſt fait mention dans le frag
ment d'une ancienne Colomne , de la feptiéme
Legion Gemina , on Gemelle , ce
qui
311 MERCURE DE FRANCE:
qui fait voir que le mot G E, fe doit rend
dre en latin par celui de Gemina , puiſqu'il
fe trouve écrit tout du long ſur les anciennes
Infcriptions. Quant aux Lettres
ML qui fe trouvent dans l'Exergue de
ces Médailles , nous aurons lieu d'en dire
notre fentiment dans un Chapitre particulier
, où nous tâcherons de découvrir ce
ce que les Monetaires de ces temps - là ont
voulu nous donner à entendre par ces
Lettres & autres femblables.
CetteMédaille de petit Bronze , eft dans
le Cabinet du Duc de Dewonshire.
Legion 1111.
Imp. Caraufius P. F. Aug. la tête cou
tonnée de Laurier . LEG . IIII. FL. Dans
Exergue , R. S. R. Legio quarta Flavia,
la 4 Legion Flavienne . Cette quatriéme
Legion fut ainfi furnommée par Vefpafien,
qui voulut qu'elle prit le furnom de fa Famille
appellée Flavia . Il plaça cette Legion
dans la Syrie pour contenir les peuples
dans leur devoir . Quarta Flavia in
Syria commorata eft , ſelon Dion , p . 272.
qui rapporte qu'elle étoit encore en Syrie
fous le regne d'Alexandre Severe.
Cette Legion porte pour enfeigne un
Lyon , fimbole ordinaire de la force . Septime
Severe s'étoit auffi fait gloire de celebrer
MARS. 17300 $ 13
lebrer la valeur de la même Legion , avee
la même Legende ; mais le Type eft fort
different de la Médaille de Caraufius , il
y a fur celle de Severe deux Signes Militaires
avec l'Aigle Legionnaire ; au lieu
que dans la Médaille de Caraufius il n'y
a qu'un Lion feul. J'ai auffi obfervé ailleurs
la mêmeLegende que dans Caraufius ;
mais au lieu d'un Lion , il y en à deux
entre lefquels on voit une tête cafquée.
J'ai vu à Londres dans le Cabinet
de Milord Pembrock , ce même Type fur
une Médaille d'or de Victorin , où cette
Legion prend le furnom de Pia Felix.
Legio IIII. Flavia P. F.
Vaillant nous affure que de toutes les
Legions qui reftoient fous Gallien , la
quatriéme Legion Flavienne étoit la feule
qui portât un Lion pour Enfeigne , & les .
Médailles que nous venons de rapporter.
en dernier lieu , font voir que cette Legion
fubfifta encore quelque temps après
Gallien , puifque Victorin s'eft fait honneur
de faire graver encore le nom de
la même Legion fur fes Médailles ..
Elle avoit été auffi fort celebre fous plufieurs
autres Princes , comme on le peut
voir dans les Colonies de Vaillant. La
Médaille qu'il rapporte du jeune Philippe
, me paroît fur tout digne de remarque.
On voit d'un côté la tête de ce Prince ; &
21
314 MERCURE DE FRANCE.
au revers ces quatre Lettres initiales G.
F. P. D. qui fignifient Colonia Flavia
Pacenfis Deultana , parce que cette Colonie
avoit été formée des Veterans de
cette quatriéme Legion Flavienne .
Il eft auffi fait mention de la quatriéme
Legion Flavienne dans une Infcription
antique , trouvée à Pezaro , rapportée
,
, page 148. dans le Traité des Regions
Suburbicaires , où il eft fait mention entr'autres
du Tribun de la quatriéme Legion
Flavienne , qui étoit auf le Patron
des Colonies de Pezaro & de Feneſte .
TRIB . LATICL . LEG. IIII. FLAV
PATRONUS COLONIARUM .
PISAURI ET FANEST .
A l'égard de Pezaro , il eft bon de re
marquer en paffant que c'eft - là , où les
defcendans de Caraufius fe retirerent dans
des temps difficiles , fuivant le Comte de
Zabarella , * dans la Genealogie qu'il fait
des Pezari de Venife , intitulée : Il Carau
fio Overo Regia & Augufta Fameglia
di Pezari di Venetia ; Famille que cet
Auteur fait defcendre en ligne directe de
Caraufius , Empereur de la Grande - Bretagne
. Cette Médaille , qui eſt d'argent ,
eft à Londres dans le Cabinet du Duc de
Dewonshire .
* Le Livre du Comte de Zabarella , que j'avois
cherché long- temps , m'a été donné par M. Duvau
, Ecuyer , ancien Capitoul de Toulouse.
MAR S. 1730. SIS
Legion V.
Imp. Caraufius, P. F. Aug. Sa tête cou
ronnée de Rayons.
LEG . VIII... IN . ML . Legio octava ..
IN... cette Legion a pour Type un Belier.
La huitéme Legion furnommée ... IN ..
peut être invicta , l'invincible. C'eſt ainſi
que je crois qu'on peut interpreter le mot
abregé ... IN ... à moins que dans la
Médaille en queſtion il n'y ait MIN . au
lieu de N. ce qui feroir pour lors MINERVIA
Qu MINERVINA car il fe
pourroit bien faire que la Médaille n'étant
pas affez nette ni affez confervée en
cet endroit , on auroit pû lire IN , au lieu
de MIN.
Cette Médaille eft d'autant plus finguliere
que
fa Legende & fon Type font
encore inconnus fur les Médailles des autres
Empereurs. Quant au Type du revers,
ne pourroit - on point dire qu'il nous
défigne une Legion particuliere des Bagaudes
? On fçait que les Auteurs les appelloient
Agreftes ou Rufticanos & qu'ils
avoient quitté le foin de leurs Troupeaux
pour courir après une liberté chimerique
en prenant les armes fous la conduite.
d'Amandus , leur Empereur . Suivant ce
trait hiftorique, que nous avons rapporté
ailleurs ; ne pourroit- on pas dire que ces
Bagaudes ayant pris les armes , choifirent
pour
$ 16 MERCURE DE FRANCE.
pour le figne de leur liberté le Belier ,
pour marquer qu'ils n'avoient point perdu
de vûë leur premier état , & que s'ils
avoient pris les armes , ce n'étoit que pour
deffendre leur ancien Domaine ? Ce qui
pourroit fortifier d'ailleurs cette conjecture
, c'est que le Belier étoit confacré à
Pallas , Déefle de la Guerre ( Déeffe qui
fe voit fi fouvent fur les Médailles de
Caraufius ) Manilius nous en fournit une
preuve autentique dansfon deuxièmeLivre.
Lanigerum Pallas , Taurum Cytherea tuetur,
Le même Auteur parle encore du Belier
en des termes qui femblent parfaitement
juftifier le choix que nos anciens Gaulois
auroient pû faire du Belier pour enfeigne
d'une Legion qui fe feroit déclarée de nouveau
pour la liberté de la Patrie fous un fi
grand Capitaine.
Sed Princeps aries toto fulgebit in orbe,
Ainfi le furnom & le fymbole que prend
cette Legion conviendroit parfaitement
au temps dont nous parlons , & à un
Prince, qui prenoit à juste titre, le furnom
d'invincible , comme fes Médailles , avec
le titre d'Invictus , le confirment.
Il est bon de remarquer ici , qu'on por
toit quelquefois le Belier parmi les Enfeignes
Romaines. Mais fur tout quand
on
**ཟེ
MARS
.
1730.
SIY
en vouloit déclarer la guerre. Pour lors
un Herault d'Armes , tiré de l'illuftre Corps
des Faciales , marchoit à la tête portant
le figne du Belier , qu'il devoit lancer
fur les premieres Terres des Ennemis ,
pour montrer qu'ils n'avoient pris les
armes contre eux que pour le venger
des outrages qu'ils en avoient reçûs les
premiers , felon quelques Auteurs ; ou
plutôt felon Pierius dans fes Hyerogli
phes , pour donner à entendre par - là qu'ils
étoient déja , pour ainsi dire , en poffeffion
des Terres de leurs Ennemis . Ce qui étant
pris en ces deux fens , ne laifferoit pas
d'avoir fon application dans Caraufius qui
prétendoit avoir été infulté le premier
par Maximien , & qui s'empara bientôt
de l'ifle la plus belle , la plus grande & la
plus fertile du monde en pâturages , &c,
Legion VI
.....
Imp. Caraufius P. F. Aug. la tête couzonnée
de rayons.
LEG...... Legio Légion,
Dans l'Exergue M L. pour Type ,
la figure du Capricorne tourné du côté
droit . Les Legions dont nous venons de
parler m'étoient connuës fous trois Types
differens ; trois avoient le Type d'un
Taureau , une fous le Type d'un Belier ,
une autre fous le Type d'un Lion ; mais
celle- ci a un Type different , & on ne
l'avoit
418 MERCURE DE FRANCE .
f'avoit point encore vû fur aucune Médaille
de Caraufius ; il feroit à fouhaiter
que le nom de la Legion ne fut pas effacé,
Peut -être que le tems nous en fera dé
couvrir quelque femblable mieux confervée.
Il y a eu fept Legions de Gallien avec
le même Signe du Capricorne , & Vaillant
les rapporte dans fon Livre des Médailles
Impériales ; fçavoir , la Legion
premiere , Adjutrix. La premiere Italica,
la quatorziéme Gemina , la trentiéme Ulpia
, la vingt- deuxième , furnommée Primigenia
, au rapport de Spartien , dans la
vie de Didius Julianus . La dix- huitiéme
& la vingt- fixiéme fans nom particulier.
Ainfi on pourroit croire que celle de Ca
raufius , dont je parle ici , feroit une de ces
Legions , parcequ'elles ont toutes le même
fimbole que note Médaille.
La feconde Legion Auguftale pourroit
auffi être de ce nombre . On a trouvé dans
la Grande Bretagne une Infcription Antique
conçûë en ces termes , & avec le
même Type du Capricorne .
IMP.
AVG .
ANTONINO
Pio.
LE G.
I I.
A V G.
F. P. III. CC L XX II.
1
Cette
MARS. 1730: 519
Cette Infcription nous apprend que la
deuxième Legion Auguftale avoit continué
le mur d'Antonin Pie ,qui eft au Nord
d'Ecoffe , pendant l'efpace de trois mille
deux cent foixante & douze pas. Cette
Infcription eft fur une pierre qui reprefente
dans le haut , la figure d'un Capricorne
que je prens pour le figne de cette
Legion , & non pas le Griffon qui eſt au
bas. A l'égard du furnom Augufta , nous
avons déja remarqué qu'Augufte donna
fon nom à plufieurs Legions , & cette
Infcription nous fait voir que celle- ci
avoit non- feulement le nom d'Augufte ,
mais qu'elle en avoit auffi pris le fimbole
pour préfage de bonheur : le Signe
du Capricorne ayant toujours été regardé
comme tel par cet Empereur. Et parcequ'il
avoit été Conful pour la premiere fois ,
& qu'il avoit aufli gagné la Bataille d'Actium
dans le mois d'Août , il lui donna
fon nom . C'est ce qui me feroit croire
que c'eft cette feconde Legion qui nous
eft marquée fur notre Médaille de Caraufius
. Dion rapporte que la feconde Legion
Auguftale étoit de fon tems dans la
haute Bretagne , & les Infcriptions qu'on
Y découvre tous les jours en donnent des
preuves inconteftables. C'eſt cette feconde
Legion qui donna fon nom & la naiffance
à la Ville de Caer-leon , appellée dans l'IE
tineraire
520 MERCURE DE FRANCE.
tineraire d'Antonin , ISCA LEG. II. AUGUSTA.
Cette Legion étoit fans doute
encore dans la Grande Bretagne au tems
de Caraufius , puifque peu d'années avant
qu'il y allât , Pofthume , Empereur dans
les Gaules , avoit dans cette Ville un
Corps d'Armée. C'est ce que je trouve
confirmé par une Médaille de ce dernier
Empereur ; elle a d'un côté le nom de ce
Prince , & la tête couronnée de rayons.
IMP CM CASS LAT. Pofthumus Aug.
& de l'autre côté , on voit à cheval l'Em
pereur qui harangue les Troupes , & autour
EXERCITUS YSCanicus , l'AEmée
de Caer- Leon .Cette Armée de Pofthu .
me fut nommée Armée Tfcanique d'Yíca,
parceque cette Legion qui prêta ferment
de fidelité à Pofthume dans la Grande
Bretagne , étoit placée fur la Riviere de
PUske, qu'on appelloit Yſca - Silurum , &
non pas Silulorum , comme l'a écrit Vaillant
, qui rapporte cette Médaille . Cette
Ville n'eft plus aujourd'hui qu'un petit
Village , portant le nom de Caer-Leon, par
corruption de Cefaris Legio ; & c'eſt là
que les Hiftoriens Anglois avoient placé
la Cour de leur grand Roi Artus &
où ils prétendent qu'il y avoit un College
de deux cens Philofophes établis pour
Ay obferver le cours des Aftres . Cette Médaille
de petit bronze eft en Angleterre ,
dans le Cabinet du Docteur Sloane.
"
MARS. 1730. 521
*
COHORTES PRETORIENNES.
Imp. Caraufius. P. F. Aug. La tête
couronnée de Rayons.
COHH .... ML. Cohortes ... Les
Cohortes ... M L. COHORTES. Ce font
fans doute les Cohortes Prétoriennes qui
formoient la garde de Caraufius , dont cet
Empereur voulut éternifer la mémoire &
la fidelité aufli bien que celle des Legions
dont nous venons de parler. Je n'entrerai
point ici dans la queftion de fçavoir de
combien étoit compofée la Legion . Les
Auteurs font pleins de ces fortes de détails.
J'ajouterai cependant qu'il y avoit
fous Augufte neuf Cohortes Prétoriennes
pour la garde du Prince , & que Galba
y en ajoûta trois nouvelles. Ainfi il y eut
douze Cohortes de Gardes Prétoriennes,
qui fubfiftoient encore du tems de Septime
Severe , au rapport de Dion. Je ne
fçai fi le nombre de ces Cohortes étoit le
même du tems de Diocletien & de Maximien
; mais ce qu'on peut affurer , fuivant
le témoignage de cette Médaille unique
de Caraufius , c'eft que la garde de
ce Prince étoit compofée de quatre mille
hommes. C'eft ainfi que je crois qu'on
doit expliquer les quatre fignes militaires
qui font au revers de fa Médaille . En effer
chaque Cohorte ayant fon enfeigne
militaire , & chaque Cohorte étant com
- E ij poléc
322 MERCURE DE FRANCE :
pofée de mille hommes , fuivant le témoi
gnage de la plupart des Auteurs ,
quatre enfeignes militaires nous défignent
que la Garde de cet Empereur des Bretons
étoit compofée de quatre Cohortes
Prétoriennes . A quoi fi nous ajoûrons le
nombre de dix ou de douze mille hommes
, dont chaque Legion pouvoit être
compofée , en y comprenant les Troupes
auxiliaires , il fe trouvera que Caraufius ,
fuivant ces Médailles, avoit du moins une
armée de foixante & quatre mille hommes,
fans y comprendre les forces maritimes.
Ce font là les Cohortes Prétoriennes & les
fix Legions principales qui compofoient
l'Armée de notre Conquerant , & dont
les Auteurs ne parlent point. Elles métitoient
bien , après lui avoir acquis tant
de gloire , d'en partager avec lui une por
tion , & de revivre un jour dans la mémoire
des hommes par ce témoignage autentique
de fa reconnoiffance , ayant été
les compagnes fideles de fes travaux guerriers
, & ayant verſé fi librement leur fang
dans plufieurs occafions pour l'élever fur
le Trône de la Grande Bretagne,
Dans cette occafion , comme dans bien
d'autres, nous pourrions nous plaindre du
filence des Hiftoriens qui ne nous difent
rien de toutes ces circonftances , & qui
ne font mention que d'une Legion Romaine
MAR 9. 1730. 523
1
maine dont ils ont même affecté de nous
cacher le nom ; mais nous devons nous
confoler ayant des Monumens plus fûrs
& moins fujets à être alterés , & qui fe
font heureuſement dérobés aux injures
des tems & de l'envie . Après tout nous
ne ferions peut-être pas obligés de nous
plaindre fi fort du filence de ces Hiftoriens
, fi le fecond Livre que nous avons
de Zozime fur la vie des Empereurs de
ces tems, nous étoit refté dans fon entier ,
mais cet Auteur fe trouve tronqué immédiatement
après la vie de Probus , & ce
qui fuit ne recommence qu'à l'Hiftoire de
Conftantin le Grand . De forte que ce qui
nous manque de cet Auteur ne comprend
gueres moins que les Vies de fept à huit
Empereurs , qui font Carus , Ĉarinus
Numerianus , Diocletianus Maximianus
Herculius , Caraufius , Conftantius
Chlorus & Gal. Maximianus , dont l'Hiftoire
ou les évenemens étant neceffairement
liés avec ce qui s'eft paffé du tems
de Caraufius n'auroient pas laiffé de nous
donner des lumieres pour expliquer bien
des faits particuliers , où les conjet&cures
ne fçauroient atteindre.
>
Ne feroit- ce point là un effet moins du
hazard que de l'envie ou de la politique
Romaine , qui jaloufe de la gloire de ce
Prince auroit fupprimé à deffein les
E iij
>
Mc124
MERCURE DE FRANCE.
Mémoires les plus confiderables de fon
tems , qui ne pouvoient être qu'à la gloire
de ce Heros qui avoit fi fort abbatu
leurs forces & leur puiffance. Cette Médaille
de petit bronze eft dans le Cabinet
de l'Auteur..
Voilà , Milord , ce que j'avois à obferver
de plus remarquable au fujet des Cohortes
& des Legions dont les noms nous
font confervés fur les Médailles de Caraufius
, & fans lefquelles les fervices
qu'elles lui avoient rendus feroient reſtez
dans un oubli éternel . Ce font là ces fieres
Legions & ces Cohortes fideles qui fua
rent les témoins de fes travaux guerriers ,
qui fe firent honneur de combatre fous fes
Etendarts , & avec qui il fit tant d'actions
heroïques & tant d'exploits glorieux ,
qu'il fut enfin élevé aux acclammations
des Peuples fur le Trône de la Grande
Bretagne Je fuis avec un profond reſpect
& c .
IMITATION
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Résumé : EXPLICATION des Médailles qui font mention des Cohortes & des differentes Legions de Carausius, par où l'on peut fixer à peu près le nombre de Troupes que cet Empereur des anciens Bretons entretenoit. Adressée à son Excellence Milord Carteret, Vice-Roy d'Irlande & c. Par M. Genebrier, Docteur en Medecine, Medecin ordinaire de la Cour d'Angleterre & premier Medecin du Vice-Roi d'Irlande.
Le texte, rédigé par M. Genebrier, médecin, est une explication des médailles mentionnant les cohortes et les différentes légions de l'empereur Carausius, adressée à Milord Carteret, Vice-Roy d'Irlande. Genebrier, motivé par l'intérêt de Milord Carteret pour l'histoire et les découvertes liées à la gloire de la nation, entreprend de rédiger une histoire métallique de Carausius, l'un des plus grands conquérants de l'Angleterre. Il cherche à célébrer les instruments des victoires de Carausius, notamment les légions qui ont combattu sous ses étendards. Le document liste plusieurs légions et leurs caractéristiques : 1. **Légion I** : Représente l'empereur César Carausius, pieux, heureux et auguste, couronné de lauriers. 2. **Légion VIII Augusta** : Symbolisée par un taureau, elle est l'une des plus anciennes légions, formée par Auguste. Elle a combattu sous Carausius contre les Germains, lui valant le titre de Germanicus Maximus. 3. **Légion II Augusta** : Trouvée dans des fragments de briques et des médailles, elle était en quartier d'hiver en Haute-Bretagne. 4. **Légion VII Claudia** : Appelée Claudienne, elle était fidèle à Claude et a soutenu ses partis contre Scribonien. Elle est symbolisée par un taureau. 5. **Légion IX Gemina** : Formée de deux légions fusionnées, elle est également symbolisée par un taureau. 6. **Légion IV Flavia** : Symbolisée par un lion, elle a été placée en Syrie par Vespasien pour maintenir l'ordre. Ces légions sont mentionnées dans diverses médailles et inscriptions, permettant de fixer le nombre approximatif des troupes de Carausius. Le texte mentionne également des médailles et des fragments trouvés dans divers cabinets et collections, confirmant l'existence et les actions de ces légions. Une médaille rapportée par le jeune Philippe présente sur une face la tête de ce prince et sur l'autre les lettres initiales G.F.P.D., signifiant Colonia Flavia Pacensis Deultana, formée des vétérans de la quatrième Légion Flavienne. Cette légion est également mentionnée dans une inscription antique trouvée à Pesaro, où elle est désignée comme patronne des colonies de Pesaro et de Fano. Le texte évoque également plusieurs légions de Carausius, identifiées par des symboles animaux comme le bélier, le taureau, et le capricorne. La huitième Légion, peut-être invicta, est marquée par un bélier, symbole de liberté et de défense du domaine ancestral. La sixième Légion est représentée par un capricorne, symbole de bonne fortune. Le texte note que sept légions de Gallien portaient le même signe du capricorne, et que la seconde Légion Augusta, stationnée en Bretagne, pourrait être celle représentée sur la médaille de Carausius. Enfin, le texte mentionne les cohortes prétoriennes de Carausius, composées de quatre mille hommes en quatre cohortes, et discute de l'armée de Carausius, estimée à soixante-quatre mille hommes, incluant les troupes auxiliaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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30
EXPLICATION des Médailles qui font mention des Cohortes & des differentes Legions de Carausius, par où l'on peut fixer à peu près le nombre de Troupes que cet Empereur des anciens Bretons entretenoit. Adressée à son Excellence Milord Carteret, Vice-Roy d'Irlande & c. Par M. Genebrier, Docteur en Medecine, Medecin ordinaire de la Cour d'Angleterre & premier Medecin du Vice-Roi d'Irlande.
31
p. 1640-1641
ALLEMAGNE.
Début :
Le dernier Courier arrivé de Vienne, dans le Duché de Meckelbourg, a rapporté à la Commission [...]
Mots clefs :
Allemagne, Troupes, Empereur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
E dernier Courier arrivé de Vienne , dans le
Bachéde Meckelbourg,a rapporté à la Commiffion
de Roftock deux Refcripts de l'Empereur,
adreffez au Roy d'Angleterre , comme Electeur
d'Hanover , & au Duc de Wolfembutel , portant
en fubftance , qu'au cas que le Duc Charles Léopold
de Meckelbourg commit quelque hoftilité
contre les Troupes d'éxécution, S. M. Imp . fouhaito
JUILLET. 1730. 1641
-
haitoit que non feulement on augmentat ces
Troupes , mais qu'on prit auffi des mefures pour
bloquer ce Prince dans fon Château de Schwe
rin , & pour former le Siege de la Fortereffe de
Domitz. Les Troupes d'éxécution fe font empa→
rées depuis du Pofte de Bandfchaw , fur la Riviere
de Stohr , & des autres paffages où le Duc de
Meckelbourg avoit mis des Troupes pour entre
tenir la communication entre Schwerin & Domitz
; de forte qu'on ne croit pas qu'il foit en
état de faire un long féjour dans fon Duché , à
moins que quelque Puiffance voifine ne lui fourniffe
des fecours pour s'y maintenir.
1
Le 7 de ce mois , l'Empereur donna avec les
cérémonies accoutumées , l'Inveftiture des Etats
du Duc de Lorraine , qui relevent de l'Empire , au
Baron de Chaquemain , chargé des pleins pou- >
voirs de ce Prince pour la recevoir.
E dernier Courier arrivé de Vienne , dans le
Bachéde Meckelbourg,a rapporté à la Commiffion
de Roftock deux Refcripts de l'Empereur,
adreffez au Roy d'Angleterre , comme Electeur
d'Hanover , & au Duc de Wolfembutel , portant
en fubftance , qu'au cas que le Duc Charles Léopold
de Meckelbourg commit quelque hoftilité
contre les Troupes d'éxécution, S. M. Imp . fouhaito
JUILLET. 1730. 1641
-
haitoit que non feulement on augmentat ces
Troupes , mais qu'on prit auffi des mefures pour
bloquer ce Prince dans fon Château de Schwe
rin , & pour former le Siege de la Fortereffe de
Domitz. Les Troupes d'éxécution fe font empa→
rées depuis du Pofte de Bandfchaw , fur la Riviere
de Stohr , & des autres paffages où le Duc de
Meckelbourg avoit mis des Troupes pour entre
tenir la communication entre Schwerin & Domitz
; de forte qu'on ne croit pas qu'il foit en
état de faire un long féjour dans fon Duché , à
moins que quelque Puiffance voifine ne lui fourniffe
des fecours pour s'y maintenir.
1
Le 7 de ce mois , l'Empereur donna avec les
cérémonies accoutumées , l'Inveftiture des Etats
du Duc de Lorraine , qui relevent de l'Empire , au
Baron de Chaquemain , chargé des pleins pou- >
voirs de ce Prince pour la recevoir.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En juillet 1730, un courrier de Vienne informe la Commission de Rostock de deux rescrits de l'Empereur. Ces rescrits sont adressés au Roi d'Angleterre, en tant qu'Électeur de Hanovre, et au Duc de Wolfenbüttel. Ils prévoient des mesures contre le Duc Charles Léopold de Mecklembourg en cas d'hostilités contre les troupes d'exécution. L'Empereur souhaite renforcer ces troupes, bloquer le Duc dans son château de Schwerin et former le siège de la forteresse de Domitz. Les troupes d'exécution ont déjà pris position sur la rivière de Stohr et d'autres passages pour empêcher la communication entre Schwerin et Domitz. Le Duc risque de perdre le contrôle de son duché sans l'aide d'une puissance voisine. Par ailleurs, le 7 juillet, l'Empereur a remis l'investiture des États du Duc de Lorraine au Baron de Chaquemain, représentant le Duc de Lorraine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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32
p. 1659-1660
PAYS-BAS.
Début :
M. Wanderborgt, Directeur General des Monnoyes, a obtenu de la Regence des [...]
Mots clefs :
Pays-Bas, Empereur, Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS-BAS .
Wanderborgt , Directeur General des
Monnoyes , a obtenu de la Regeace des
Pays - Bas la permiffion de faire frapper de nouveaux
Ducats d'or au coin de l'Empereur , ce qui
n'a pas été fait dans le Pays depuis le Gouvernement
de l'Infante Ifabelle .
L'Evêque & Prince de Liege a fait publier une
Ordonnance , datée du 30. Juin , par laquelle il
défend à fes Sujets de payer aux Sujets de l'Empereur
dans les Pays - Bas , aucuns arrerages ou
loyers des fonds qu'ils peuvent tenir d'eux , en
repréfaille de ce que l'Archiducheffe Gouvernante
a fait arrêter & ſaiſir dans les Pays - Bas tout ce
qui pouvoit appartenir aux Sujets de ce Prince.
Le Baron de Saxenhaven , Confeiller - Privé ,
& Grand-Chambellan de l'Electeur de Mayence ,
eft arrivé à Duffeldorp , pour recevoir pendant
la tenue de l'Affemblée des Etats de Bergue & de
Julliers , l'hommage éventuel de ces Duchez , au
nom de l'Electeur fon Maître , comme heritier
préfomptif de ces deux Duchez , après la mort
de l'Electeur Palatin .
Le 16. Juillet on celebra à Bruxelles , avec la
folemnité
1660 MERCURE DE FRANCE.
folemnité accoutumée , la Fête annuelle du Saint
Sacrement des Miracles , qui fut inftituée il Y a
200. ans par Marie Reine de Hongrie , foeur de
l'Empereur Charles V. & Gouvernante des Pays-
Bas.
Wanderborgt , Directeur General des
Monnoyes , a obtenu de la Regeace des
Pays - Bas la permiffion de faire frapper de nouveaux
Ducats d'or au coin de l'Empereur , ce qui
n'a pas été fait dans le Pays depuis le Gouvernement
de l'Infante Ifabelle .
L'Evêque & Prince de Liege a fait publier une
Ordonnance , datée du 30. Juin , par laquelle il
défend à fes Sujets de payer aux Sujets de l'Empereur
dans les Pays - Bas , aucuns arrerages ou
loyers des fonds qu'ils peuvent tenir d'eux , en
repréfaille de ce que l'Archiducheffe Gouvernante
a fait arrêter & ſaiſir dans les Pays - Bas tout ce
qui pouvoit appartenir aux Sujets de ce Prince.
Le Baron de Saxenhaven , Confeiller - Privé ,
& Grand-Chambellan de l'Electeur de Mayence ,
eft arrivé à Duffeldorp , pour recevoir pendant
la tenue de l'Affemblée des Etats de Bergue & de
Julliers , l'hommage éventuel de ces Duchez , au
nom de l'Electeur fon Maître , comme heritier
préfomptif de ces deux Duchez , après la mort
de l'Electeur Palatin .
Le 16. Juillet on celebra à Bruxelles , avec la
folemnité
1660 MERCURE DE FRANCE.
folemnité accoutumée , la Fête annuelle du Saint
Sacrement des Miracles , qui fut inftituée il Y a
200. ans par Marie Reine de Hongrie , foeur de
l'Empereur Charles V. & Gouvernante des Pays-
Bas.
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Résumé : PAYS-BAS.
En 1660, plusieurs événements politiques et religieux marquent les Pays-Bas. Wanderborgt, Directeur Général des Monnoyes, obtient l'autorisation de la Régence des Pays-Bas pour frapper de nouveaux ducats d'or au coin de l'Empereur, une pratique interrompue depuis le gouvernement de l'Infante Isabelle. L'Évêque et Prince de Liège publie une ordonnance le 30 juin, interdisant à ses sujets de payer des arriérés ou des loyers aux sujets de l'Empereur dans les Pays-Bas, en réponse aux saisies ordonnées par l'Archiduchesse Gouvernante. Le Baron de Saxenhaven, Conseiller Privé et Grand-Chambellan de l'Électeur de Mayence, arrive à Duffeldorp pour recevoir l'hommage des Duchés de Bergue et de Julliers au nom de l'Électeur de Mayence, héritier présomptif après la mort de l'Électeur Palatin. Le 16 juillet, la fête annuelle du Saint Sacrement des Miracles est célébrée à Bruxelles avec solennité, une tradition instaurée 200 ans auparavant par Marie Reine de Hongrie, sœur de l'Empereur Charles V et Gouvernante des Pays-Bas.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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33
p. 782-783
ALLEMAGNE.
Début :
Le bruit s'est répandu depuis peu à Vienne, que l'Empereur [...]
Mots clefs :
Vienne, Ratisbonne, Empereur, Coutume, Église aulique, Mystères de la Passion
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
E bruit s'est répandu depuis peu à Vienne ,
que l'Empereur avoit pris la résolution d'aller
àu mois de Juin prochain à Ratisbonne , pour
regler la succession future de ses Etats , de l'avis
et du consentement des Electeurs , Princes et Etats
de l'Empire.
Le 17. du mois dernier , l'Empereur et l'Im-1
peratrice fe rendirent , selon la coûtume , dans
I'Eglise Aulique des Augustins Déchaussez , où
L. M. I. entendirent les cinq Sermons sur les
Misteres de la Passion , dont trois furent prêchez
en Allema et deux en Italien.
Le
C
AVRIL 1731. 783
Le 22. Jeudí Saint , P'Empereur lava les pieds
à douze pauvres Vieillards , qui faisoient tous ensemble
971. ans , et l'Imperatrice à douze pauvres
vieilles femmes , âgées aussi toutes ensemble
dé 1028. ans.
La Ville de Gratz en Stirie , fut réduite en
cendre la nuit du 19. au 30. du mois dernier.
E bruit s'est répandu depuis peu à Vienne ,
que l'Empereur avoit pris la résolution d'aller
àu mois de Juin prochain à Ratisbonne , pour
regler la succession future de ses Etats , de l'avis
et du consentement des Electeurs , Princes et Etats
de l'Empire.
Le 17. du mois dernier , l'Empereur et l'Im-1
peratrice fe rendirent , selon la coûtume , dans
I'Eglise Aulique des Augustins Déchaussez , où
L. M. I. entendirent les cinq Sermons sur les
Misteres de la Passion , dont trois furent prêchez
en Allema et deux en Italien.
Le
C
AVRIL 1731. 783
Le 22. Jeudí Saint , P'Empereur lava les pieds
à douze pauvres Vieillards , qui faisoient tous ensemble
971. ans , et l'Imperatrice à douze pauvres
vieilles femmes , âgées aussi toutes ensemble
dé 1028. ans.
La Ville de Gratz en Stirie , fut réduite en
cendre la nuit du 19. au 30. du mois dernier.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En avril 1731, une rumeur annonça la visite de l'Empereur à Ratisbonne pour régler la succession de ses États. L'Empereur et l'Impératrice assistèrent à des sermons et lavèrent les pieds de pauvres personnes âgées. La ville de Graz fut détruite par un incendie en mars.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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34
p. 1687-1691
LETTRE écrite d'Orleans, par M. D. P. le 27. Juin 1731. au sujet d'une Inscription trouvée à Auxerre.
Début :
Vous me demandez mon sentiment, Monsieur, sur l'explication que vient [...]
Mots clefs :
Inscription, Chanoine, Empereur, Sacrifice, Lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite d'Orleans, par M. D. P. le 27. Juin 1731. au sujet d'une Inscription trouvée à Auxerre.
LETTRE écrite d'Orleans , par
M. D. P. le 27. Juin 1731. au sujet
d'une Inscription trouvée à Auxerre.
D Ous me demandez mon sentiment
Monsieur , sur l'explication que vient
de donner dans le Mercure de May , un
Cha
1688 MERCURE DE FRANCE
Chanoine d'Auxerre , d'une Inscription
trouvée depuis peu dans sa Ville. Je vais
vous satisfaire. Voici l'Inscription.
PRO SALUTE DOMINORUM V. S. L. M.
DEDICAVIT MODESTO ET PROBO COS.
Le Consulat de Modeste, de Probus, qui
tombe à l'an de Rome 981. et de J. C.
228. fait assez connoître , comme le remarque
l'Auteur de l'Explication , que
c'est à l'Empereur Severe Alexandre que
doit se rapporter cette Inscription. Ce
Prince étoit alors dans la septième année
de son regne. Ce qui embarrasse , c'est
que l'Inscription fait mention de deux
personnes , DOMINORUM , et qu'il ne paroît
pas d'abord aisé de déterminer qui a pû
partager avec Alexandre les honneurs du
Sacrifice et de l'Inscription , qui en
un Monument.
L'Auteur de l'Explication prétend que
c'est un certain Ovinius Camillus ( a ) que
Lampride dit avoir été associé à l'Empire
par Alexandre . Cette Découverte est heureuse
; mais par malheur elle n'a que l'apparence
, le récit que fait Lampride
de cet Ovinius paroît si fabuleux , qu'il
(a ) Lampride in Alexand, cum quidam Ovis
mius , &e.
n'%
JUILLET. 1731. 1689
les
uns
n'y a pas moyen de tabler dessus , il n'est
appuyé quesur des discours populaires , ( a)
encore qul different entre eux ,
rapportant cette prétendue Histoire d'O
vinius au temps de l'Empereur Trajan ,
les autres à celui d'Alexandre. Le silence.
unanime de tous les autres Historiens
sur un évenement aussi considerable ,
n'est que trop capable de nous faire re
jetter cette Histoire.
Mais quand elle seroit vraie , l'Auteur
de l'Explication se seroit toûjours trompé
, en disant que ce fût dans la guerre
d'Allemagne qu'Ovinius fut associé à
l'Empire , ce qui ne peut être . Lampride
dit que ce Sénateur , après quelques journées
de chemin qu'il fit avec l'Empereur
qui marchoit en personne contre quel
ques Barbares qui avoient fait une irruption
, fut contraint à cause de son peu
de santé , de quitter co Prince , qu'il se
retira ensuite dans ses Terres où il vécut
long-temps , (b) et où enfin il fut tué par
le commandement d'Alexandre . Or il est
certain que ce dernier fut tué dans l'ex-
(a) Le même , Ibid. Scio vulgum hanc rem
quam contexui Trajan. putare , &c.
(b) Lamprid. Ibid.Ad villas suas ire pracepit
in quibus diù vixit. Sed post jussu Imperatoris
occisus est.
pedition
160 MERCURE DE FRANCE
pedition contre les Allemans , ( a ) ainsi la
mort d'Ovinius, arrivée long- temps après
cette Expedition , et commandée par Alexandre
, est une chose qui détruit absolument
le sentiment de l'Auteur de l'Ex
plication.
Pour revenir à celle du mot de Do
MINORUM , il s'en présente une naturelle
ment à l'esprit , à laquelle je ne sçais pas
comment l'Auteur de l'Explication n'a
pas fait attention ; la voici :
On ne peut disconvenir que DOMINO
RUM ne soit mis ici pour AUGUSTORUM , et
ne signifie la même chose . Or selon tous
les Antiquaires , ( b ) quand ce dernier
mot se trouve dans les Médailles , il ne
suppose pas toûjours qu'il soit fait men
tion de deux Princes , et il s'entend bien
souvent de l'Empereur
et de l'Imperatrice.
Comme on le peut voir par la Mé.
daille de Gallien , qui porte pour Legende
CONCORDIA
AUGG . où la tête de ce
Prince se voit en regard avec celle de
Salonine , son Epouse. Cela supposé , le
Sacrifice dont l'Inscription fait mention ,
offert , Pro salute Dominorum , l'a été pour
(a) Id Ibid.
(b) v. le P. Banduri , dans son Ouvrage des
Médailles Imperiales depuis Trajan Dece jus
qu'aux Paleologues , en differens endroire.
la
JUILLET. 1731. 1691
la prosperité de l'Empereur et de l'Im
peratrice , ou plutôt de l'Empereur et de
Mammée sa Mere , qui , comme chacun
sçait , le gouvernoit entierement , et dont
le nom se trouve quelquefois joint à celui
de son fils dans les Inscriptions. DOMNORUM
en cet endroit ne voulant dire
que ce que les Marbres ont exprimé d'une
autre maniere par DOMUS DIVINA , la
Famille " Imperiale. Au reste le titre de
DOMINUS , donné à Alexandre , n'a rien
d'extraordinaire , quoique Lampride re
marque que ce Prince deffendit qu'on le
lui donnât. Dominum se appellari vetuit ,
cette même qualité lui est attribuée dans
une Inscription qu'on voit dans Gruter ,
page 121. GENIO D. N. SEVERI ALEXANDÀI.
ANG .
Il reste les quatre Lettres V. S. L. M:
dont M. le Chanoine d'Auxerre demande
l'explication , il paroît que c'est en riant
qu'il fait cette demande , aussi instruit
qu'il le paroît sur ce qui regarde les Sacrifices
, lui qui cire ceux qu'on appelloit
Tauroboles et Crioboles , n'est pas à sçavoir
que conformément aux autres Inscriptions
où elles se trouvent, elles doivent
ici s'expliquer par VOTUM SOLVIT LUBENS
MERITO. relativement à celui qui avoit fait
la dépense du Sacrifice pour la prosperité
de la Maison Imperiale . Je suis , &c.
M. D. P. le 27. Juin 1731. au sujet
d'une Inscription trouvée à Auxerre.
D Ous me demandez mon sentiment
Monsieur , sur l'explication que vient
de donner dans le Mercure de May , un
Cha
1688 MERCURE DE FRANCE
Chanoine d'Auxerre , d'une Inscription
trouvée depuis peu dans sa Ville. Je vais
vous satisfaire. Voici l'Inscription.
PRO SALUTE DOMINORUM V. S. L. M.
DEDICAVIT MODESTO ET PROBO COS.
Le Consulat de Modeste, de Probus, qui
tombe à l'an de Rome 981. et de J. C.
228. fait assez connoître , comme le remarque
l'Auteur de l'Explication , que
c'est à l'Empereur Severe Alexandre que
doit se rapporter cette Inscription. Ce
Prince étoit alors dans la septième année
de son regne. Ce qui embarrasse , c'est
que l'Inscription fait mention de deux
personnes , DOMINORUM , et qu'il ne paroît
pas d'abord aisé de déterminer qui a pû
partager avec Alexandre les honneurs du
Sacrifice et de l'Inscription , qui en
un Monument.
L'Auteur de l'Explication prétend que
c'est un certain Ovinius Camillus ( a ) que
Lampride dit avoir été associé à l'Empire
par Alexandre . Cette Découverte est heureuse
; mais par malheur elle n'a que l'apparence
, le récit que fait Lampride
de cet Ovinius paroît si fabuleux , qu'il
(a ) Lampride in Alexand, cum quidam Ovis
mius , &e.
n'%
JUILLET. 1731. 1689
les
uns
n'y a pas moyen de tabler dessus , il n'est
appuyé quesur des discours populaires , ( a)
encore qul different entre eux ,
rapportant cette prétendue Histoire d'O
vinius au temps de l'Empereur Trajan ,
les autres à celui d'Alexandre. Le silence.
unanime de tous les autres Historiens
sur un évenement aussi considerable ,
n'est que trop capable de nous faire re
jetter cette Histoire.
Mais quand elle seroit vraie , l'Auteur
de l'Explication se seroit toûjours trompé
, en disant que ce fût dans la guerre
d'Allemagne qu'Ovinius fut associé à
l'Empire , ce qui ne peut être . Lampride
dit que ce Sénateur , après quelques journées
de chemin qu'il fit avec l'Empereur
qui marchoit en personne contre quel
ques Barbares qui avoient fait une irruption
, fut contraint à cause de son peu
de santé , de quitter co Prince , qu'il se
retira ensuite dans ses Terres où il vécut
long-temps , (b) et où enfin il fut tué par
le commandement d'Alexandre . Or il est
certain que ce dernier fut tué dans l'ex-
(a) Le même , Ibid. Scio vulgum hanc rem
quam contexui Trajan. putare , &c.
(b) Lamprid. Ibid.Ad villas suas ire pracepit
in quibus diù vixit. Sed post jussu Imperatoris
occisus est.
pedition
160 MERCURE DE FRANCE
pedition contre les Allemans , ( a ) ainsi la
mort d'Ovinius, arrivée long- temps après
cette Expedition , et commandée par Alexandre
, est une chose qui détruit absolument
le sentiment de l'Auteur de l'Ex
plication.
Pour revenir à celle du mot de Do
MINORUM , il s'en présente une naturelle
ment à l'esprit , à laquelle je ne sçais pas
comment l'Auteur de l'Explication n'a
pas fait attention ; la voici :
On ne peut disconvenir que DOMINO
RUM ne soit mis ici pour AUGUSTORUM , et
ne signifie la même chose . Or selon tous
les Antiquaires , ( b ) quand ce dernier
mot se trouve dans les Médailles , il ne
suppose pas toûjours qu'il soit fait men
tion de deux Princes , et il s'entend bien
souvent de l'Empereur
et de l'Imperatrice.
Comme on le peut voir par la Mé.
daille de Gallien , qui porte pour Legende
CONCORDIA
AUGG . où la tête de ce
Prince se voit en regard avec celle de
Salonine , son Epouse. Cela supposé , le
Sacrifice dont l'Inscription fait mention ,
offert , Pro salute Dominorum , l'a été pour
(a) Id Ibid.
(b) v. le P. Banduri , dans son Ouvrage des
Médailles Imperiales depuis Trajan Dece jus
qu'aux Paleologues , en differens endroire.
la
JUILLET. 1731. 1691
la prosperité de l'Empereur et de l'Im
peratrice , ou plutôt de l'Empereur et de
Mammée sa Mere , qui , comme chacun
sçait , le gouvernoit entierement , et dont
le nom se trouve quelquefois joint à celui
de son fils dans les Inscriptions. DOMNORUM
en cet endroit ne voulant dire
que ce que les Marbres ont exprimé d'une
autre maniere par DOMUS DIVINA , la
Famille " Imperiale. Au reste le titre de
DOMINUS , donné à Alexandre , n'a rien
d'extraordinaire , quoique Lampride re
marque que ce Prince deffendit qu'on le
lui donnât. Dominum se appellari vetuit ,
cette même qualité lui est attribuée dans
une Inscription qu'on voit dans Gruter ,
page 121. GENIO D. N. SEVERI ALEXANDÀI.
ANG .
Il reste les quatre Lettres V. S. L. M:
dont M. le Chanoine d'Auxerre demande
l'explication , il paroît que c'est en riant
qu'il fait cette demande , aussi instruit
qu'il le paroît sur ce qui regarde les Sacrifices
, lui qui cire ceux qu'on appelloit
Tauroboles et Crioboles , n'est pas à sçavoir
que conformément aux autres Inscriptions
où elles se trouvent, elles doivent
ici s'expliquer par VOTUM SOLVIT LUBENS
MERITO. relativement à celui qui avoit fait
la dépense du Sacrifice pour la prosperité
de la Maison Imperiale . Je suis , &c.
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Résumé : LETTRE écrite d'Orleans, par M. D. P. le 27. Juin 1731. au sujet d'une Inscription trouvée à Auxerre.
La lettre datée du 27 juin 1731 discute d'une inscription découverte à Auxerre et publiée dans le Mercure de mai 1731. Cette inscription, PRO SALUTE DOMINORUM V. S. L. M. DEDICAVIT MODESTO ET PROBO COS., remonte au consulat de Modeste et Probus en 228 après J.-C., sous le règne de l'empereur Sévère Alexandre. L'auteur de l'explication propose qu'Ovinius Camillus, mentionné par Lampride, aurait pu être associé à l'Empire par Alexandre. Cependant, cette hypothèse est contestée en raison des divergences historiques et du manque de preuves solides. L'auteur de la lettre propose une autre interprétation pour le terme DOMINORUM, qui pourrait signifier AUGUSTORUM, désignant l'empereur et l'impératrice ou la mère de l'empereur, Mammée. Cette interprétation est soutenue par des exemples de médailles antiques. Les lettres V. S. L. M. sont expliquées par VOTUM SOLVIT LUBENS MERITO, indiquant que le sacrifice a été offert de manière méritoire pour la prospérité de la famille impériale.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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35
p. 1894-1907
MEMOIRE de M. Vergile de la Bastide, Gentil- homme de Languedoc, sur la découverte d'un Grand Chemin des Romains, nouvellement faite dans cette Province.
Début :
De tous les grands Chemins que les Romains ont construits dans la vaste [...]
Mots clefs :
Chemins, Romains, Pierres milliaires, Languedoc, Antiquité, Modernes, Description, Empereur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MEMOIRE de M. Vergile de la Bastide, Gentil- homme de Languedoc, sur la découverte d'un Grand Chemin des Romains, nouvellement faite dans cette Province.
MEMOIRE de M. Vergile de la Bastide,
Gentil- homme de Languedoc , sur la
découverte d'un Grand Chemin des Romains
, nouvellement faite dans cette Province.
E
DRtous lesgrands Chemins que les Romains ont consruits dans la vaste
étendue de leur Empire , celui dn t il
s'agit dans ce Mémoire , est sans contredit
le moins dégradé. On y voit encore
dans
AOUST. 1731. 1895
dans l'espace de quatre lieues de Languedoc
douze Pierres , ou Colomnes Milliaires
, six desquelles , ou peut- être sept ,
n'ont point été déplacées. Il y a même
apparence qu'aucune ne l'auroit été , si
Constantius , General , et ensuite beau frere
de l'Empereur Honorius , n'en avoit
pris quelques - unes pour marquer les
Tombeaux des personnes de distinction
qui furent tuées dans une sanglante Bataille
, que gagna ce Géneral en ce même
Lieu l'an 411. comme on le lit dans la
nouvelle Histoire de Languedoc,T. 1. L.
4. N. 10.
On lit sur ces Colonnes des Inscriptions
gravées sous trois Empereurs , une
d'Auguste , qui est la seule qui se trouve
dans la Province , et les autres de Tibere
et de Claude, On peut remarquer dans
tout cet Ouvrage l'attention des Romains.
à construire , autant qu'il étoit possible ,
feurs grands Chemins sur un même alignement
, la solidité qu'ils leur donmoient
par leurs Empierremens , leur forme
et leur largeur qui est précisement
La même que N. Bergier a marquée dans
son Histoire des grands Chemins . On y
trouve aussi la mesure précise du Mille
Romain nettement déterminée par deux
pierres non déplacées , qui marquent un
C vj espace
1896 MERCURE DE FRANCE
ospace
de 752. Toi es ; ce qui prouve que
M. Cassini s'est trompé en donnant 763, Toises au Mille Romain .
La construction d'un beau Quay que
le Roy , conjointement avec la Province
de Languedoc , fait fire actuellement
à Beaucaire , et qui forme déja un Port
très commode sur le Rhône , a donné
lieu à la découverte que j'ai faite l'année
derniere 1730. de ce chemin dont
la Mémoire étoit entierement perduë ,
découverte d'autant plus heureuse , que
le nouveau Post deviendroit pre que inutile
dès qu'il n'y auroit pas un grand
Chemin propre pour le transport des
Marchandises dans le coeur de la Province
.
Il y auroit un moyen sûr et facile de
réparer ce chemin Romain , sans qu'il en
coutât rien au Roy ni à la Province
mais ce n'est pas ici le lieu de proposer- ce
moyen , il suffira de dire que , quand il
s'agira d'executer le Projet , il conviendra
de remettre en leur place les Pierres
Milliaires qui en ont été tirées et d'en
ajoûter deux qui manquent aux deux extrémitez
pour avoir le nombre compler
de ces Pierres qui se trouvoient du tems
des Romains . Les deux Pierres suppléées
serviroient à marquer dans le goût de
l'antiquité,
+
A O UST. 1731. 1897
l'antiquité le Regne d'aujourd'huy : ce
qui seroit à sa place , et laisseroit à la poste-.
rité un Monument à la gloire du Roy,
Monument dont les plus grands Empereurs
se sont fait honneur.;
Il est même certain qu'on peut faire
dans ce chemin quelque chose de mieux
que ce que les Romains y avoient fait ;
ce qui seroit une nouvelle preuve que les
Modernes peuvent , au moins en quelque
occasion , égaler , même surpasser les
Anciens ; et outre la commodité publique
, le nom Auguste de LOUIS XV.
placé parmi ceux de ces Maîtres du Monde
, feroit connoître aux Siecles les plus
récutez que la gloire de son Regne est
au dessus de celle qu'ils s'étoient acquise
en ce point dans les leurs , comme elle
doit la surpasser en tout le reste .
DESCRIPTION du Chemin Romain
depuis Beaucaire jusqu'à Nismes .
Du temps des Romains ce chemin
étoit une partie de la
grandede voye Aurelienne
, qui s'étendoit dep is la Ville
de Rome jusqu'aux extrémitez de l'Espagne.
Il commençoir au bord du Rhô
ne , à la tête d'un Pont de Pierre- appellé
Pons ararius , ou le Pont du Trésor , dont
il
1898 MERCURE DE FRANCE
il reste encore des vestiges sur le bord du
Rhône. Aujourd'hui on ne peut appercevoir
ce chemin qu'à 3. ou 400. pas de
Beaucaire,à l'endroit appellé les cing coins,
derriere le Chateau de Gaujac. On découvre
très-distinctement à cet endroit
son alignement et sa largeur qui étoit de
20. pieds. Ce chemin passoit sur la Montagne
à quelques pas sur la gauche du
lieu nommé Roquepartide.
On trouve à 200. pas au delà , sur le
même chemin , dans la Plaine de S. Roman,
deux Pierres Milliaires : la premiere
de figure quarrée , et. de 25 pouces et
demi de largeur sur 18. d'épaisseur , porte
cette Inscription de l'Empereur Tibere
; elle est environ à six pieds hors de
Berre.
TI. CAESAR
DIVI AUG. F. AUG
PONTIF. MAX.
TRIB. POT. XXI .
REFECIT ET
RESTITVIT
XIIL
La seconde est de l'Empereur Augus
te , de figure ronde , dont le diamétre
est d'environ 24. pouces. Elle est placée
à trois pieds de distance de la précedente
sur
A O UST. 1731. 1899
sur le bord du chemin à droite en allant
à Nismes , et un peu moins élevée , avec
l'Inscription suivante en partie détruite.
IMP.. • •
DIVI. F. AUG.
IM IMP. XIII.
On trouve dans la Montagne , tou
jours sur le même alignement , des vestiges
bien marqués du même chemin
Romain ; on en voit la forme qui étoit
cintrée , ou en dos d'Asne , la largeur et
les Fossez. En descendant dans la Plaine
on découvre l'Empierrement , l'assembla .
ge des Materiaux que les Romains employoient
dans la construction de leurs
chemins , à peu près comme on le
tique aujourd'hui.
pra-
La Montagne dont on vient de parler ,
a quinze Toises d'élevation du côté de
Beaucaire , et dix seulement du côté de
Nismes. C'étoit au moyen de deux grandes
Levées de terre que les Romains
avoient rendu le chemin pratiquable sur
cette Montagne , suivant leur usage or
dinaire décrit par Bergier dans son Histoire
1900 MERCURE DE FRANCE
toire , Liv. 2. Chap 17. Depuis la Montagne
jusqu'à une lieüe de Nismes , l'alignement
s'est conservé en entier , et le
chemin subsiste encore à present.
En avançant dans ce chemin , on trouve
vis - à- vis le Village de S. Vincent
deux Pierres milliaires . La premiere qui
est quarrée , a été coupée un peu au dessus
de la terre. La seconde est ronde
élevée de 3. ou 4. piés hors de terre , un
peu panchée et sans Inscription .
En suivant le même chemin , on trouve
une autre pierre quarrée , qui est
du temps de Tibere , comme l'indiquent
sa forme et le commencement d'une Inscription
dont le reste est entierement
ruiné.
TI. CAE.. ·
La valeur du Mille romain , qu'on ne
sçavoit pas au juste , est determinée par
ces pierres , qui n'ont point été dépla~
cées. Ce Mille est de 752. Toises , 4-
pieds , et dans cet espace le chemin a conservé
toute sa premiere forme dans la longueur
de plus de 400. Toises ; c'est dans
le lieu nommé la Garrigue . Tout ce chemin
que je viens de décrire , et dont j'ai
levé le plan , jusqu'aux Barraques de
Curboussot , qui partage le chemin de
Beaucaire
A O UST. 1731. 1901
Beaucaire à Nismes , est encore appellé
le chemin vieux , et se joint au grand chemin
d'aujourd'hui, à la premiereBarraque.
A une lieue de- là , en allant à Nismes ,
on trouve encore sur la droite et toujours
au bord du chemin , une autre Pierre
Milliaire avec cette Inscription .
TI CAESAR
DIVI AVG. F. A VG .
PONTIF. MAX.
TRIB . POT . XXI.
REFECIT ET
RESTITVIT.
XIIII.
Environ à trente pas de distance de cette
pierre , on voit dans un Champ quatre
Colomnes élevées , et une cinquiéme abbatue
et renversée sur la terre au milieu
des quatre les Sçavans Auteurs de la
nouvelle Histoire de Languedoc , Tom . I.
Liv. 4. Num. 10. croyent qu'elles avoient
été placées là pour marquer le Tombeau
d'un Prince tué dans une sanglanteBataille
, qui se donna dans cette Plaine , l'an
411. entre les Romains , qui assiegeoient
la Ville d'Arles , et les François joints
aux Allemans , pour faire lever le Siege.
On ne sçauroit assurer que ces cinq ·
Colomnes fussent toutes des Pierres Mil
liaires
"
1902 MERCURE DE FRANCE
liaires ; mais il y en a trois qui l'étoient
certainement. Voici l'Inscription de celle
qui est couchée , laquelle a 9. pieds de
fongueur et 24. pouces de diametre , de
même que tous les Milliaires qui sont de
figure ronde.
TI. CLAVDIVS
DRVSI F. CAESAR.
AVG. GERMANICVS
PONTIF. MAX. TRIB.
POT. COS. DESIG . IT
IMP. II. REFECIT.
Environ à deux cens pas de ce chemin
de Beaucaire, derriere le Village de Manduel
, il y a deux Pierres Milliaires , l'une
ronde et l'autre quarrée , qui sont encore
✓debout . Il seroit assés difficile de détermi
ner à quel usage elles ont été élevées en
cet endroit. Il y a quelque apparence que
c'est pour un même sujet que les 4.
précedentes. Les Inscriptions en sont
parfaitement bien conservées : celle de la
pierre ronde est la même que celle de
l'Empereur Claude qui vient d'être rapportée
et celle de la pierre quarrée
est encore la même que celles de Tibere
ci- devant rapportées. Il n'y a que la difference
A
OUST 1731. 1903
ference du nombre des pierres qui est V.
pour celle- cy.
Il y avoit un autre chemin Romain ;
qui se joignoit à celui- ci dans l'espace qui
est entre les Barraques et le Pont de Car.
Outre des vestiges qui en restent dans la
Garigue , ce chemin est encore marqué
par une Colomne non déplacée , qui est
à l'Orient de l'Eté du Village de S. Vincent.
Il est évident que depuis Beaucaire
jusqu'aux Pierres , qui sont prés le Pont
de Car , le chemin des Romains a conservé
le même alignement , et il n'est pas
moins certain que dans la lieue qui reste
depuis ces pierres jusqu'à Nisrnes , le che
min étoit construit sur la même ligne .
Pour en être persuadé , il faut considerer
1 ° . que le chemin d'aujourd'hui ne
s'en écarte jamais de beaucoup . 2 ° . que
lorsqu'il s'en écarte , ce n'est qu'à l'occasion
des eaux qui l'ayant rompu , et les
Ponts n'étant pas entretenus , ont obligé
les passans de se frayer eux mêmes un
chemin qui étant au côté d'en bas , rendoit
le passage plus aisé . 3 ° . que hors ces
endroits , le chemin rentre dans son droit
alignement , sur tout à un quart de lieüe
de Nismes où il n'y a point de sources
mi d'autres eaux. 4. qu'à la droite des
lieux
1904 MERCURE DE FRANCE
lieux où le chemin se tire de cet alignement
, on voit encore , en creusant un
pied et demi dans la terre , des restes de
l'Empierrement de l'ancien chemin des
Romains ; cet Empierrement paroît même
en plusieurs endroits au bord du chemin ,
sans qu'il soit necessaire de creuser pour
le découvrirr
Addition au Mémoire.
Les deux premieres Pierres énoncées
dans ce Mémoire , dont la premiere qui
est de Tibere , est quarrée , et la deuxiéme
d'Auguste , est ronde , sont à un
grand quart de lieüe de la Ville de Beaucaire
au dessus de la Montagne. En descendant
de cette Montagne , sur le même
alignement, il y a une très grande pierre
quarrée dont il n'est point parlé dans
le Mémoire , parcequ'elle n'est pas de la
même nature de pierre que les Milliaires ,
et que d'ailleurs elle n'a jamais eu d'Inscription.
Il y a pourtant lieu de croire
qu'elle a été mise là , et substituée en la
place d'une pierre Milliaire.
A cinq quarts de lieue de Beaucaire ,
on trouve encore deux pierres Milliaires.
La premiere est quarrée , coupée un
peu au dessus de la terre . La deuxième
est ronde , un peu panchée , et sans Inscription:
וכ
སུ པ 》)
cription : à un mille de là il y a une pierre
quarrée qui est placée comme toutes
les autres , à la droite et au bord du chemin.
L'espace qui est entre cette pierre et
les deux précedentes , est celui du Mille ,
dont il est dit dans le Mémoire que ce
chemin a conservé sa premiere forme
dans la plus grande partie de cet espace.'
On trouve ensuite les trois Barraques de
Cureboussot , qui , comme on l'a dit dans
le Mémoire , partagent également le chemin
de Beaucaire à Nismes .
Enfin à une lieue des Barraques , on
trouve la derniere pierre Milliaire qui est
debout et à sa place ; elle est quarrée avec
l'Inscription de Tibere . A côté de celle - ci
sont les 4. et même 5. pierres dont il est
parlé dans le Mémoire. Les trois autres
pierres du Mémoire sont encore hors du
chemin il y en a deux entre le Village
de Manduel et le chemin Romain ; elles
sont debout. La troisième est aussi debout
à l'Orient d'Eté du Village de S. Vincent.
cette derniere pierre étoit sur un autre
chemin Romain , dont il reste encore
plusieurs vestiges.
Depuis que ce Mémoire nous a été communiqué
, M. Vergile de la Bastide qui '
en est l'Auteur , et qui a fait la découverte
1906 MERCURE DE FRANCE
verte du chemin en question , ne voulant
rien oublier pour éclaircir ce sujet ,
et pour le rendre plus utile à la Litterature
qui concerne l'antiquariat et le bien
public , nous a encore fait part dans une
Lettre de quelques remarques que nous
ajouterons ici.
Pay fait, dit-il , uné Réflexion à l'oc
casion des differentes pierres Milliaires
qui se trouvent depuis Beaucaire jusqu'à
Montpellier ( je n'en ay point vû ailleurs)
c'est qu'on a eu soin de marquer la difference
des Empereurs qui ont réparé ces
chemins , nnoonn sseeuulleemmeenntt par les Inscriptions
gravées sur les Pierres Milliaires ,
mais on a marqué encore cette difference
par la forme des Pierres. Celle d'Auguste
est ronde et de 24. pouces de diamètre
avec une Inscription gravée simplement
et sans aucune sorte d'ornement. Celles
de Tibere sont toutes quarrées , comme
des Piedestaux , et peu polies. Celles de
Claude sont rondes , leurs Inscriptions
sont contenues dans un Cadre , creusé
dans la pierre environ 7. ou 8. lignes
avec une espece de moulure autour.
Celles d'Antonin ressemblent à celles
de Claude avec cette seule difference que
les Colomnes d'Antonin sont moins hautes
, et que la partie qui est dans la terre
est
AOUST. 1738. 1907
est quarrée comme un pied d'estal , beaucoup
plus large que le corps de la Colomne.
A l'occasion de cette Remarque ,
sur la difference qui se trouve dans la for
me des pierres Milliaires des differents
Empereurs qui ont reparé ce chemîn ,
je rapporterai ici l'Inscription d'une Colomne
Milliaire de l'Empereur Antonin
qui est à Nismes , dans la Muraille de la
Porte de la Couronne , du côté de l'Es
planade .
IMP. CAESAR
DIVI HADRIANI F.
T. AELIVS HADRIAN,
ANTONINVS AVG. PIVS.
PONT. MAX . TRIB. POT.
VIII IMP. IT. COS II.
P. P.
temps
Dans tout le chemin Romain de Beau
saire à Nismes , qui subsistoit du
de la République , et qui a été réparé
par differents Empereurs , il n'y a aucu
ne Colomne d'Antonin ; mais il
plusieurs de Nismes à Montpellier.
Gentil- homme de Languedoc , sur la
découverte d'un Grand Chemin des Romains
, nouvellement faite dans cette Province.
E
DRtous lesgrands Chemins que les Romains ont consruits dans la vaste
étendue de leur Empire , celui dn t il
s'agit dans ce Mémoire , est sans contredit
le moins dégradé. On y voit encore
dans
AOUST. 1731. 1895
dans l'espace de quatre lieues de Languedoc
douze Pierres , ou Colomnes Milliaires
, six desquelles , ou peut- être sept ,
n'ont point été déplacées. Il y a même
apparence qu'aucune ne l'auroit été , si
Constantius , General , et ensuite beau frere
de l'Empereur Honorius , n'en avoit
pris quelques - unes pour marquer les
Tombeaux des personnes de distinction
qui furent tuées dans une sanglante Bataille
, que gagna ce Géneral en ce même
Lieu l'an 411. comme on le lit dans la
nouvelle Histoire de Languedoc,T. 1. L.
4. N. 10.
On lit sur ces Colonnes des Inscriptions
gravées sous trois Empereurs , une
d'Auguste , qui est la seule qui se trouve
dans la Province , et les autres de Tibere
et de Claude, On peut remarquer dans
tout cet Ouvrage l'attention des Romains.
à construire , autant qu'il étoit possible ,
feurs grands Chemins sur un même alignement
, la solidité qu'ils leur donmoient
par leurs Empierremens , leur forme
et leur largeur qui est précisement
La même que N. Bergier a marquée dans
son Histoire des grands Chemins . On y
trouve aussi la mesure précise du Mille
Romain nettement déterminée par deux
pierres non déplacées , qui marquent un
C vj espace
1896 MERCURE DE FRANCE
ospace
de 752. Toi es ; ce qui prouve que
M. Cassini s'est trompé en donnant 763, Toises au Mille Romain .
La construction d'un beau Quay que
le Roy , conjointement avec la Province
de Languedoc , fait fire actuellement
à Beaucaire , et qui forme déja un Port
très commode sur le Rhône , a donné
lieu à la découverte que j'ai faite l'année
derniere 1730. de ce chemin dont
la Mémoire étoit entierement perduë ,
découverte d'autant plus heureuse , que
le nouveau Post deviendroit pre que inutile
dès qu'il n'y auroit pas un grand
Chemin propre pour le transport des
Marchandises dans le coeur de la Province
.
Il y auroit un moyen sûr et facile de
réparer ce chemin Romain , sans qu'il en
coutât rien au Roy ni à la Province
mais ce n'est pas ici le lieu de proposer- ce
moyen , il suffira de dire que , quand il
s'agira d'executer le Projet , il conviendra
de remettre en leur place les Pierres
Milliaires qui en ont été tirées et d'en
ajoûter deux qui manquent aux deux extrémitez
pour avoir le nombre compler
de ces Pierres qui se trouvoient du tems
des Romains . Les deux Pierres suppléées
serviroient à marquer dans le goût de
l'antiquité,
+
A O UST. 1731. 1897
l'antiquité le Regne d'aujourd'huy : ce
qui seroit à sa place , et laisseroit à la poste-.
rité un Monument à la gloire du Roy,
Monument dont les plus grands Empereurs
se sont fait honneur.;
Il est même certain qu'on peut faire
dans ce chemin quelque chose de mieux
que ce que les Romains y avoient fait ;
ce qui seroit une nouvelle preuve que les
Modernes peuvent , au moins en quelque
occasion , égaler , même surpasser les
Anciens ; et outre la commodité publique
, le nom Auguste de LOUIS XV.
placé parmi ceux de ces Maîtres du Monde
, feroit connoître aux Siecles les plus
récutez que la gloire de son Regne est
au dessus de celle qu'ils s'étoient acquise
en ce point dans les leurs , comme elle
doit la surpasser en tout le reste .
DESCRIPTION du Chemin Romain
depuis Beaucaire jusqu'à Nismes .
Du temps des Romains ce chemin
étoit une partie de la
grandede voye Aurelienne
, qui s'étendoit dep is la Ville
de Rome jusqu'aux extrémitez de l'Espagne.
Il commençoir au bord du Rhô
ne , à la tête d'un Pont de Pierre- appellé
Pons ararius , ou le Pont du Trésor , dont
il
1898 MERCURE DE FRANCE
il reste encore des vestiges sur le bord du
Rhône. Aujourd'hui on ne peut appercevoir
ce chemin qu'à 3. ou 400. pas de
Beaucaire,à l'endroit appellé les cing coins,
derriere le Chateau de Gaujac. On découvre
très-distinctement à cet endroit
son alignement et sa largeur qui étoit de
20. pieds. Ce chemin passoit sur la Montagne
à quelques pas sur la gauche du
lieu nommé Roquepartide.
On trouve à 200. pas au delà , sur le
même chemin , dans la Plaine de S. Roman,
deux Pierres Milliaires : la premiere
de figure quarrée , et. de 25 pouces et
demi de largeur sur 18. d'épaisseur , porte
cette Inscription de l'Empereur Tibere
; elle est environ à six pieds hors de
Berre.
TI. CAESAR
DIVI AUG. F. AUG
PONTIF. MAX.
TRIB. POT. XXI .
REFECIT ET
RESTITVIT
XIIL
La seconde est de l'Empereur Augus
te , de figure ronde , dont le diamétre
est d'environ 24. pouces. Elle est placée
à trois pieds de distance de la précedente
sur
A O UST. 1731. 1899
sur le bord du chemin à droite en allant
à Nismes , et un peu moins élevée , avec
l'Inscription suivante en partie détruite.
IMP.. • •
DIVI. F. AUG.
IM IMP. XIII.
On trouve dans la Montagne , tou
jours sur le même alignement , des vestiges
bien marqués du même chemin
Romain ; on en voit la forme qui étoit
cintrée , ou en dos d'Asne , la largeur et
les Fossez. En descendant dans la Plaine
on découvre l'Empierrement , l'assembla .
ge des Materiaux que les Romains employoient
dans la construction de leurs
chemins , à peu près comme on le
tique aujourd'hui.
pra-
La Montagne dont on vient de parler ,
a quinze Toises d'élevation du côté de
Beaucaire , et dix seulement du côté de
Nismes. C'étoit au moyen de deux grandes
Levées de terre que les Romains
avoient rendu le chemin pratiquable sur
cette Montagne , suivant leur usage or
dinaire décrit par Bergier dans son Histoire
1900 MERCURE DE FRANCE
toire , Liv. 2. Chap 17. Depuis la Montagne
jusqu'à une lieüe de Nismes , l'alignement
s'est conservé en entier , et le
chemin subsiste encore à present.
En avançant dans ce chemin , on trouve
vis - à- vis le Village de S. Vincent
deux Pierres milliaires . La premiere qui
est quarrée , a été coupée un peu au dessus
de la terre. La seconde est ronde
élevée de 3. ou 4. piés hors de terre , un
peu panchée et sans Inscription .
En suivant le même chemin , on trouve
une autre pierre quarrée , qui est
du temps de Tibere , comme l'indiquent
sa forme et le commencement d'une Inscription
dont le reste est entierement
ruiné.
TI. CAE.. ·
La valeur du Mille romain , qu'on ne
sçavoit pas au juste , est determinée par
ces pierres , qui n'ont point été dépla~
cées. Ce Mille est de 752. Toises , 4-
pieds , et dans cet espace le chemin a conservé
toute sa premiere forme dans la longueur
de plus de 400. Toises ; c'est dans
le lieu nommé la Garrigue . Tout ce chemin
que je viens de décrire , et dont j'ai
levé le plan , jusqu'aux Barraques de
Curboussot , qui partage le chemin de
Beaucaire
A O UST. 1731. 1901
Beaucaire à Nismes , est encore appellé
le chemin vieux , et se joint au grand chemin
d'aujourd'hui, à la premiereBarraque.
A une lieue de- là , en allant à Nismes ,
on trouve encore sur la droite et toujours
au bord du chemin , une autre Pierre
Milliaire avec cette Inscription .
TI CAESAR
DIVI AVG. F. A VG .
PONTIF. MAX.
TRIB . POT . XXI.
REFECIT ET
RESTITVIT.
XIIII.
Environ à trente pas de distance de cette
pierre , on voit dans un Champ quatre
Colomnes élevées , et une cinquiéme abbatue
et renversée sur la terre au milieu
des quatre les Sçavans Auteurs de la
nouvelle Histoire de Languedoc , Tom . I.
Liv. 4. Num. 10. croyent qu'elles avoient
été placées là pour marquer le Tombeau
d'un Prince tué dans une sanglanteBataille
, qui se donna dans cette Plaine , l'an
411. entre les Romains , qui assiegeoient
la Ville d'Arles , et les François joints
aux Allemans , pour faire lever le Siege.
On ne sçauroit assurer que ces cinq ·
Colomnes fussent toutes des Pierres Mil
liaires
"
1902 MERCURE DE FRANCE
liaires ; mais il y en a trois qui l'étoient
certainement. Voici l'Inscription de celle
qui est couchée , laquelle a 9. pieds de
fongueur et 24. pouces de diametre , de
même que tous les Milliaires qui sont de
figure ronde.
TI. CLAVDIVS
DRVSI F. CAESAR.
AVG. GERMANICVS
PONTIF. MAX. TRIB.
POT. COS. DESIG . IT
IMP. II. REFECIT.
Environ à deux cens pas de ce chemin
de Beaucaire, derriere le Village de Manduel
, il y a deux Pierres Milliaires , l'une
ronde et l'autre quarrée , qui sont encore
✓debout . Il seroit assés difficile de détermi
ner à quel usage elles ont été élevées en
cet endroit. Il y a quelque apparence que
c'est pour un même sujet que les 4.
précedentes. Les Inscriptions en sont
parfaitement bien conservées : celle de la
pierre ronde est la même que celle de
l'Empereur Claude qui vient d'être rapportée
et celle de la pierre quarrée
est encore la même que celles de Tibere
ci- devant rapportées. Il n'y a que la difference
A
OUST 1731. 1903
ference du nombre des pierres qui est V.
pour celle- cy.
Il y avoit un autre chemin Romain ;
qui se joignoit à celui- ci dans l'espace qui
est entre les Barraques et le Pont de Car.
Outre des vestiges qui en restent dans la
Garigue , ce chemin est encore marqué
par une Colomne non déplacée , qui est
à l'Orient de l'Eté du Village de S. Vincent.
Il est évident que depuis Beaucaire
jusqu'aux Pierres , qui sont prés le Pont
de Car , le chemin des Romains a conservé
le même alignement , et il n'est pas
moins certain que dans la lieue qui reste
depuis ces pierres jusqu'à Nisrnes , le che
min étoit construit sur la même ligne .
Pour en être persuadé , il faut considerer
1 ° . que le chemin d'aujourd'hui ne
s'en écarte jamais de beaucoup . 2 ° . que
lorsqu'il s'en écarte , ce n'est qu'à l'occasion
des eaux qui l'ayant rompu , et les
Ponts n'étant pas entretenus , ont obligé
les passans de se frayer eux mêmes un
chemin qui étant au côté d'en bas , rendoit
le passage plus aisé . 3 ° . que hors ces
endroits , le chemin rentre dans son droit
alignement , sur tout à un quart de lieüe
de Nismes où il n'y a point de sources
mi d'autres eaux. 4. qu'à la droite des
lieux
1904 MERCURE DE FRANCE
lieux où le chemin se tire de cet alignement
, on voit encore , en creusant un
pied et demi dans la terre , des restes de
l'Empierrement de l'ancien chemin des
Romains ; cet Empierrement paroît même
en plusieurs endroits au bord du chemin ,
sans qu'il soit necessaire de creuser pour
le découvrirr
Addition au Mémoire.
Les deux premieres Pierres énoncées
dans ce Mémoire , dont la premiere qui
est de Tibere , est quarrée , et la deuxiéme
d'Auguste , est ronde , sont à un
grand quart de lieüe de la Ville de Beaucaire
au dessus de la Montagne. En descendant
de cette Montagne , sur le même
alignement, il y a une très grande pierre
quarrée dont il n'est point parlé dans
le Mémoire , parcequ'elle n'est pas de la
même nature de pierre que les Milliaires ,
et que d'ailleurs elle n'a jamais eu d'Inscription.
Il y a pourtant lieu de croire
qu'elle a été mise là , et substituée en la
place d'une pierre Milliaire.
A cinq quarts de lieue de Beaucaire ,
on trouve encore deux pierres Milliaires.
La premiere est quarrée , coupée un
peu au dessus de la terre . La deuxième
est ronde , un peu panchée , et sans Inscription:
וכ
སུ པ 》)
cription : à un mille de là il y a une pierre
quarrée qui est placée comme toutes
les autres , à la droite et au bord du chemin.
L'espace qui est entre cette pierre et
les deux précedentes , est celui du Mille ,
dont il est dit dans le Mémoire que ce
chemin a conservé sa premiere forme
dans la plus grande partie de cet espace.'
On trouve ensuite les trois Barraques de
Cureboussot , qui , comme on l'a dit dans
le Mémoire , partagent également le chemin
de Beaucaire à Nismes .
Enfin à une lieue des Barraques , on
trouve la derniere pierre Milliaire qui est
debout et à sa place ; elle est quarrée avec
l'Inscription de Tibere . A côté de celle - ci
sont les 4. et même 5. pierres dont il est
parlé dans le Mémoire. Les trois autres
pierres du Mémoire sont encore hors du
chemin il y en a deux entre le Village
de Manduel et le chemin Romain ; elles
sont debout. La troisième est aussi debout
à l'Orient d'Eté du Village de S. Vincent.
cette derniere pierre étoit sur un autre
chemin Romain , dont il reste encore
plusieurs vestiges.
Depuis que ce Mémoire nous a été communiqué
, M. Vergile de la Bastide qui '
en est l'Auteur , et qui a fait la découverte
1906 MERCURE DE FRANCE
verte du chemin en question , ne voulant
rien oublier pour éclaircir ce sujet ,
et pour le rendre plus utile à la Litterature
qui concerne l'antiquariat et le bien
public , nous a encore fait part dans une
Lettre de quelques remarques que nous
ajouterons ici.
Pay fait, dit-il , uné Réflexion à l'oc
casion des differentes pierres Milliaires
qui se trouvent depuis Beaucaire jusqu'à
Montpellier ( je n'en ay point vû ailleurs)
c'est qu'on a eu soin de marquer la difference
des Empereurs qui ont réparé ces
chemins , nnoonn sseeuulleemmeenntt par les Inscriptions
gravées sur les Pierres Milliaires ,
mais on a marqué encore cette difference
par la forme des Pierres. Celle d'Auguste
est ronde et de 24. pouces de diamètre
avec une Inscription gravée simplement
et sans aucune sorte d'ornement. Celles
de Tibere sont toutes quarrées , comme
des Piedestaux , et peu polies. Celles de
Claude sont rondes , leurs Inscriptions
sont contenues dans un Cadre , creusé
dans la pierre environ 7. ou 8. lignes
avec une espece de moulure autour.
Celles d'Antonin ressemblent à celles
de Claude avec cette seule difference que
les Colomnes d'Antonin sont moins hautes
, et que la partie qui est dans la terre
est
AOUST. 1738. 1907
est quarrée comme un pied d'estal , beaucoup
plus large que le corps de la Colomne.
A l'occasion de cette Remarque ,
sur la difference qui se trouve dans la for
me des pierres Milliaires des differents
Empereurs qui ont reparé ce chemîn ,
je rapporterai ici l'Inscription d'une Colomne
Milliaire de l'Empereur Antonin
qui est à Nismes , dans la Muraille de la
Porte de la Couronne , du côté de l'Es
planade .
IMP. CAESAR
DIVI HADRIANI F.
T. AELIVS HADRIAN,
ANTONINVS AVG. PIVS.
PONT. MAX . TRIB. POT.
VIII IMP. IT. COS II.
P. P.
temps
Dans tout le chemin Romain de Beau
saire à Nismes , qui subsistoit du
de la République , et qui a été réparé
par differents Empereurs , il n'y a aucu
ne Colomne d'Antonin ; mais il
plusieurs de Nismes à Montpellier.
Fermer
Résumé : MEMOIRE de M. Vergile de la Bastide, Gentil- homme de Languedoc, sur la découverte d'un Grand Chemin des Romains, nouvellement faite dans cette Province.
En août 1731, M. Vergile de la Bastide, gentilhomme de Languedoc, a découvert un chemin romain en Languedoc, faisant partie de la voie Aurélienne qui relie Rome aux extrémités de l'Espagne. Ce chemin est particulièrement bien conservé sur une distance de quatre lieues, avec douze pierres milliaires visibles, dont six ou sept n'ont pas été déplacées. Ces pierres portent des inscriptions des empereurs Auguste, Tibère et Claude, attestant de l'importance romaine accordée à la construction de chemins alignés et solides. La découverte a été facilitée par la construction d'un quai à Beaucaire. M. de la Bastide propose de réparer ce chemin romain en remettant en place les pierres milliaires déplacées et en ajoutant deux nouvelles pour compléter le nombre initial. Il suggère également de marquer le règne actuel de Louis XV sur une pierre milliaire, afin de laisser un monument à la gloire du roi. Le chemin romain, décrit depuis Beaucaire jusqu'à Nîmes, montre des vestiges bien marqués, notamment des empierrements et des fossés. La valeur du mille romain est déterminée avec précision par les pierres milliaires non déplacées, soit 752 toises et 4 pieds, corrigeant ainsi une erreur de M. Cassini. Les colonnes milliaires présentent des caractéristiques distinctes selon les empereurs. La colonne d'Auguste est ronde, mesure 24 pouces de diamètre et porte une inscription simple sans ornement. Les colonnes de Tibère sont carrées, semblables à des piédestaux, et peu polies. Les colonnes de Claude sont rondes, avec des inscriptions contenues dans un cadre creusé dans la pierre, entouré d'une moulure. Les colonnes d'Antonin ressemblent à celles de Claude, mais sont moins hautes et ont une base carrée plus large que le corps de la colonne. Une inscription spécifique d'une colonne milliaire de l'empereur Antonin a été trouvée à Nîmes. Il est également noté qu'il n'y a aucune colonne d'Antonin sur le chemin romain de Beaucaire à Nîmes, mais plusieurs existent entre Nîmes et Montpellier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
36
p. 2009-2012
ITALIE.
Début :
On a appris de Rome que l'Abbé Testa, Maître de chambre du cardinal Coscia [...]
Mots clefs :
Empereur, Cardinal, Pape, Chanoine, Rebelles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
Ma
qui étoit allé à Vienne , pour demander la pro
section de l'Empereur en faveur de ce Cardinal
avoit eu ordre de se retirer.
l'Abbé
Na appris de Rome que l'Abbé Testa
Le Pape donna le 3. du mois dernier une audience
particuliere à l'Agent du Roy de Portugal
, qui fit de nouvelles propositions d'accom →
modement dont S. S. a paru satisfaite.
Le Pape a établi une Congrégation particu
Tiere pour répondre au Manifeste que le Cardimal
Coscia a fait imprimer à Naples , et qu'il a
fait distribuer à tous les Cardinaux qui sont
Rome , et aux autres personnes de distinction de
Cette Ville.
On écrit de Rome , que le Ministre de la
Regence de Parme , s'étant rendu dans la grande
Salle de la Chambre Apostolique , il remit le tribut
ordinaire de 16000. écus pour la reconnoissance
du Domaine direct que le Saint Siege
peut avoir sur les Fiefs des Duchés de Parme et
de Plaisance .
Il est arrivé à Rome , un Chanoine de l'isle
de Corse , qui a eu une audience particuliere du
Pape , dans laquelle il a offert à S. S. la Souve-
$saineté de cette Isle il a prié ensuite le Pape
en cas qu'il jugeât à propos de rejetter cette
offre , d'emplo er ses bons offices auprès de la
République de Genes , pour procurer aux habitans
de cette Isle , le rétablissement de leurs anciens
Privileges.
› Lev12. Juillet , le Colonel Vela , qui doit commander
Hiij
2010 MERCURE DE FRANCE
mander les Troupes que l'Empereur a accordées
à la Republique de Genes , s'embarqua pour la
Bastia , où il va reconnoître les principaux postes
de l'Isle de Corse.
Le même jour , le P. Gritti , Recteur de la
Maison Professe des Jesuites , partit de Genes
pour aller à Rome sçavoir quelles sont les Propositions
d'accommodement , que le Pape veut
faire au nom des Rebelles de cette Isle , pour
lesquels on assure que S. S. a promis d'employer
ses bons offices auprès de la Republique..
On a reçu avis de cette Isle que les Rebelles
avoient taillé en pieces un détachement de 300.
hommes de la Garnison d'Ajaccio , que le Gouverneur
avoit envoyé pour les surprendre dans
le temps qu'ils étoient occupés à faire la moisson.
On mande de Genes qu'il y étoit arrivé de
France cinq Religieuses de l'Ordre de la Visitation
, qui devoient s'embarquer pour Palerme ,
où elles vont établir la Regle de leur Ordre dans
un nouveau Convent qu'on y a fondé.
Le 28. Juillet , il y eut à Florence un orage
terrible pendant lequel le Tonnerre tomba sur
le Clocher des Theatins , d'où il passa dans leur
Sacristie et y brûla plusieurs Ornemens d'Eglise.
Il tomba aussi sur le Chateau de S. George
dont il endommagea les fortifications : à Monte
Varchi , un Prêtre disant la Messe , eut son soulier
brûlé , et celui qui la servoit fut tué au bas
de l'Autel.
On écrit de Malthe que M. le Bailly de Froulay
soutient avec éclat l'honneur insigne qu'il a
receu de l'Ordre , dans la confirmation de son
second Generalat des Galeres ; il justifie par sa
valeur distinguée , son habileté , et la sagesse de
sa conduite , la confiance de l'Ordre entier et la
justice
RMMAA OU ST. 1731. 2011
Justice de son choix pour cet importantEmploy.
Ses vertus qui le font briller sont hereditai
→res dans la maison de Froulay également illustre
par l'ancienneté de sa noblesse , par les grandes
Charges et Dignités , et par les grands hommes
qu'elle a produits . Voici la Copie de la Lettre
qu'il a reçue du Grand- Maître de Malthe à l'occasion
du combat qu'il a soutenu contre trois
Vaisseaux Algeriens , avec des forces très- iné
gales , et avec l'experience et la valeur d'un
Géneral consommé .
Venerable, très- cher et bien- Amé Religieuxs
le Patron que vous nous avés dépeché est en-
-tré dans ce Port aujourd'hui . Il nous a presen
té la Lettre que vout nous avés écrite hier .
pour nous informer de la rencontre que vous
avez faite le même jour de trois Corsaires Algeriens
, et de la façon dont vous vous êtes
comporté dans cette occasion . Notre premier
soin a été de convoquer notre vénerable Conseil
, et d'y faire lire votre Lettre ; nous avons
tous unanimement loüé et admiré votre bonne
conduite et l'attention que vous avez eüe d'envoyer
une Felouque pour donner avis au Commandant
de nos Vaisseaux de la rencontre de
ces Algeriens ; nous ne sçaurions assés vous repeter
combien nous sommes contents de vous ;
vous avez fait tout ce que nous pouvions attendre
d'un parfais Général , et même au delà.
nous n'oublierons jamais que la Capitaine er
la S. Antoine, sous vos ordres, ont osé attaquer
trois Corsaires Algeriens , dont deux étoient de
cinquante Canons , se mettre sous leur feu et
s'exposer avec intrépidité au plus grand' danger.
Vous n'avez cedé aux sages réprésentations
de vos Pilotes , qu'aprés avoir tenté l'im-
Hij possible
2012 MERCURE DE FRANCE
possible . Sur ce &c. Signé MANOEL, A Malthe
ce 27 May 1731.
Ma
qui étoit allé à Vienne , pour demander la pro
section de l'Empereur en faveur de ce Cardinal
avoit eu ordre de se retirer.
l'Abbé
Na appris de Rome que l'Abbé Testa
Le Pape donna le 3. du mois dernier une audience
particuliere à l'Agent du Roy de Portugal
, qui fit de nouvelles propositions d'accom →
modement dont S. S. a paru satisfaite.
Le Pape a établi une Congrégation particu
Tiere pour répondre au Manifeste que le Cardimal
Coscia a fait imprimer à Naples , et qu'il a
fait distribuer à tous les Cardinaux qui sont
Rome , et aux autres personnes de distinction de
Cette Ville.
On écrit de Rome , que le Ministre de la
Regence de Parme , s'étant rendu dans la grande
Salle de la Chambre Apostolique , il remit le tribut
ordinaire de 16000. écus pour la reconnoissance
du Domaine direct que le Saint Siege
peut avoir sur les Fiefs des Duchés de Parme et
de Plaisance .
Il est arrivé à Rome , un Chanoine de l'isle
de Corse , qui a eu une audience particuliere du
Pape , dans laquelle il a offert à S. S. la Souve-
$saineté de cette Isle il a prié ensuite le Pape
en cas qu'il jugeât à propos de rejetter cette
offre , d'emplo er ses bons offices auprès de la
République de Genes , pour procurer aux habitans
de cette Isle , le rétablissement de leurs anciens
Privileges.
› Lev12. Juillet , le Colonel Vela , qui doit commander
Hiij
2010 MERCURE DE FRANCE
mander les Troupes que l'Empereur a accordées
à la Republique de Genes , s'embarqua pour la
Bastia , où il va reconnoître les principaux postes
de l'Isle de Corse.
Le même jour , le P. Gritti , Recteur de la
Maison Professe des Jesuites , partit de Genes
pour aller à Rome sçavoir quelles sont les Propositions
d'accommodement , que le Pape veut
faire au nom des Rebelles de cette Isle , pour
lesquels on assure que S. S. a promis d'employer
ses bons offices auprès de la Republique..
On a reçu avis de cette Isle que les Rebelles
avoient taillé en pieces un détachement de 300.
hommes de la Garnison d'Ajaccio , que le Gouverneur
avoit envoyé pour les surprendre dans
le temps qu'ils étoient occupés à faire la moisson.
On mande de Genes qu'il y étoit arrivé de
France cinq Religieuses de l'Ordre de la Visitation
, qui devoient s'embarquer pour Palerme ,
où elles vont établir la Regle de leur Ordre dans
un nouveau Convent qu'on y a fondé.
Le 28. Juillet , il y eut à Florence un orage
terrible pendant lequel le Tonnerre tomba sur
le Clocher des Theatins , d'où il passa dans leur
Sacristie et y brûla plusieurs Ornemens d'Eglise.
Il tomba aussi sur le Chateau de S. George
dont il endommagea les fortifications : à Monte
Varchi , un Prêtre disant la Messe , eut son soulier
brûlé , et celui qui la servoit fut tué au bas
de l'Autel.
On écrit de Malthe que M. le Bailly de Froulay
soutient avec éclat l'honneur insigne qu'il a
receu de l'Ordre , dans la confirmation de son
second Generalat des Galeres ; il justifie par sa
valeur distinguée , son habileté , et la sagesse de
sa conduite , la confiance de l'Ordre entier et la
justice
RMMAA OU ST. 1731. 2011
Justice de son choix pour cet importantEmploy.
Ses vertus qui le font briller sont hereditai
→res dans la maison de Froulay également illustre
par l'ancienneté de sa noblesse , par les grandes
Charges et Dignités , et par les grands hommes
qu'elle a produits . Voici la Copie de la Lettre
qu'il a reçue du Grand- Maître de Malthe à l'occasion
du combat qu'il a soutenu contre trois
Vaisseaux Algeriens , avec des forces très- iné
gales , et avec l'experience et la valeur d'un
Géneral consommé .
Venerable, très- cher et bien- Amé Religieuxs
le Patron que vous nous avés dépeché est en-
-tré dans ce Port aujourd'hui . Il nous a presen
té la Lettre que vout nous avés écrite hier .
pour nous informer de la rencontre que vous
avez faite le même jour de trois Corsaires Algeriens
, et de la façon dont vous vous êtes
comporté dans cette occasion . Notre premier
soin a été de convoquer notre vénerable Conseil
, et d'y faire lire votre Lettre ; nous avons
tous unanimement loüé et admiré votre bonne
conduite et l'attention que vous avez eüe d'envoyer
une Felouque pour donner avis au Commandant
de nos Vaisseaux de la rencontre de
ces Algeriens ; nous ne sçaurions assés vous repeter
combien nous sommes contents de vous ;
vous avez fait tout ce que nous pouvions attendre
d'un parfais Général , et même au delà.
nous n'oublierons jamais que la Capitaine er
la S. Antoine, sous vos ordres, ont osé attaquer
trois Corsaires Algeriens , dont deux étoient de
cinquante Canons , se mettre sous leur feu et
s'exposer avec intrépidité au plus grand' danger.
Vous n'avez cedé aux sages réprésentations
de vos Pilotes , qu'aprés avoir tenté l'im-
Hij possible
2012 MERCURE DE FRANCE
possible . Sur ce &c. Signé MANOEL, A Malthe
ce 27 May 1731.
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Résumé : ITALIE.
En 1731, plusieurs événements politiques et religieux ont marqué l'Italie et les régions voisines. À Rome, le Pape a reçu l'agent du roi de Portugal et a créé une congrégation pour répondre au manifeste du cardinal Coscia diffusé à Naples. Le ministre de la Régence de Parme a versé le tribut annuel au Saint-Siège pour les duchés de Parme et de Plaisance. Un chanoine corse a proposé au Pape la souveraineté de l'île de Corse, et ce dernier a promis d'intercéder auprès de la République de Gênes pour restaurer les privilèges des habitants corses. Le colonel Vela a été envoyé à Bastia pour commander les troupes de la République de Gênes, tandis que le père Gritti s'est rendu à Rome pour connaître les propositions du Pape concernant les rebelles corses. En Corse, les rebelles ont attaqué un détachement de la garnison d'Ajaccio. À Gênes, cinq religieuses de l'Ordre de la Visitation se sont embarquées pour Palerme afin d'y fonder un nouveau couvent. À Florence, un orage a causé des dommages significatifs, affectant notamment le clocher des Théatins et le château de Saint-Georges. Enfin, à Malte, le bailli de Froulay a été félicité pour sa conduite lors d'un combat contre des corsaires algériens, mettant en évidence sa valeur et son habileté.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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37
p. 2449
HOLLANDE ET PAYS BAS.
Début :
Le bruit court à Bruxelles que les Directeurs de la Compagnie d'Ostende, qui sont allez à [...]
Mots clefs :
Empereur, Duc de Lorraine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : HOLLANDE ET PAYS BAS.
HOLLANDE ET PAYS B-A S
E bruit court à Bruxelles que les Directeurs
de la Compagnie d'Ostende , qui sont allez à
Vienne , sont chargez de presenter à l'Empereur
un nouveau Projet pour établir la franchise des
Ports d'Ostende et de Nieuport , et l'on se flate
que si ce projet est approuvé , le commerce des
Pays- Bas en retirera de grands avantages.
Le Duc de Lorraine a resté trois jours à Roterdam
, et s'est embarqué le 20 de ce mois sur
un Yacht des Etats Generaux , pour descendre la
Meuse , dont on aprend qu'il avoit passé l'embouchure
, avec un vent tres-favorable.
E bruit court à Bruxelles que les Directeurs
de la Compagnie d'Ostende , qui sont allez à
Vienne , sont chargez de presenter à l'Empereur
un nouveau Projet pour établir la franchise des
Ports d'Ostende et de Nieuport , et l'on se flate
que si ce projet est approuvé , le commerce des
Pays- Bas en retirera de grands avantages.
Le Duc de Lorraine a resté trois jours à Roterdam
, et s'est embarqué le 20 de ce mois sur
un Yacht des Etats Generaux , pour descendre la
Meuse , dont on aprend qu'il avoit passé l'embouchure
, avec un vent tres-favorable.
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Résumé : HOLLANDE ET PAYS BAS.
Les directeurs de la Compagnie d'Ostende ont présenté à Vienne un projet pour la franchise des ports d'Ostende et de Nieuport, visant à favoriser le commerce des Pays-Bas. Par ailleurs, le duc de Lorraine a séjourné à Rotterdam avant de descendre la Meuse sur un yacht des États Généraux, bénéficiant d'un vent favorable.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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38
p. 3050-3051
MORTS, MARIAGES.
Début :
Le nommé François Marqués, mourut à Lisbonne le 4 Novembre, âgé de 116. ans. [...]
Mots clefs :
Empereur, Prince royal de Prusse, 116 ans
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS, MARIAGES.
MORTS , MARIAGES.
E nommé François Marqués , mourut à Lis
Lbonne le 4 Novembre , agé de 116. ans.. 4 .
M. Laurent Corentin de la Martiniere , Secretaire
de l'Ambassade du Roy de France en Suisse
depuis 34. ans , mourut à Soleure le 15 du mois
dernier , dans un âge fort avancé.
Le Prince Frederick - Louis de Wirtemberg ,
Prince Héréditaire de Stugard , mourut à Ludwigsbourg
le 25. Novembre , âgé de trente
trois ans presque accomplis, sans laisser d'enfans
mâles .
La Princesse Marie- Françoise de Schwartzemberg
, Comtesse Douairiere de Furstemberg ,
mourut à Vienne le 8. Decembre. , âgée de 55 ..
ans.
II. Vol. La
DECEMBRE 17731. 3051
La Princesse Royale de Prusse épousa à Berlin
le 20 de Novembre . le Prince héreditaire de
Culmbach Bareith ; le Prince Royal de Prusse ,
qui étolt venu de Custrin avec la permission
du Roy s'étoit trouvé au souper.
9
Le Margrave Frederic - Ernest de Culmbach
épousa le 26 de ce mois à Brunswick , la Princesse
Christine - Sophie de Brunswick - Lunebourg
Beveren .
Les Lettres de Vienne assurent que le Ministre
de Russie a donne part à l'Empereur du
mariage projetté entre le Prince Royal de Prusse
et la Princesse de Meckelbourg , fille du Duc
Charles-Leopold , et,niece de la Czarine.
E nommé François Marqués , mourut à Lis
Lbonne le 4 Novembre , agé de 116. ans.. 4 .
M. Laurent Corentin de la Martiniere , Secretaire
de l'Ambassade du Roy de France en Suisse
depuis 34. ans , mourut à Soleure le 15 du mois
dernier , dans un âge fort avancé.
Le Prince Frederick - Louis de Wirtemberg ,
Prince Héréditaire de Stugard , mourut à Ludwigsbourg
le 25. Novembre , âgé de trente
trois ans presque accomplis, sans laisser d'enfans
mâles .
La Princesse Marie- Françoise de Schwartzemberg
, Comtesse Douairiere de Furstemberg ,
mourut à Vienne le 8. Decembre. , âgée de 55 ..
ans.
II. Vol. La
DECEMBRE 17731. 3051
La Princesse Royale de Prusse épousa à Berlin
le 20 de Novembre . le Prince héreditaire de
Culmbach Bareith ; le Prince Royal de Prusse ,
qui étolt venu de Custrin avec la permission
du Roy s'étoit trouvé au souper.
9
Le Margrave Frederic - Ernest de Culmbach
épousa le 26 de ce mois à Brunswick , la Princesse
Christine - Sophie de Brunswick - Lunebourg
Beveren .
Les Lettres de Vienne assurent que le Ministre
de Russie a donne part à l'Empereur du
mariage projetté entre le Prince Royal de Prusse
et la Princesse de Meckelbourg , fille du Duc
Charles-Leopold , et,niece de la Czarine.
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Résumé : MORTS, MARIAGES.
En 1773, plusieurs personnalités notables sont décédées. François Marqués est mort à Lisbonne le 4 novembre à l'âge de 116 ans. M. Laurent Corentin de la Martinière, secrétaire de l'ambassade de France en Suisse depuis 34 ans, est décédé à Soleure en novembre à un âge avancé. Le Prince Frederick-Louis de Wurtemberg, Prince Héréditaire de Stuttgart, est mort à Ludwigsbourg le 25 novembre à l'âge de 33 ans sans laisser de fils. La Princesse Marie-Françoise de Schwarzenberg, Comtesse Douairière de Furstemberg, est décédée à Vienne le 8 décembre à l'âge de 55 ans. Plusieurs mariages notables ont également eu lieu. La Princesse Royale de Prusse a épousé le Prince héréditaire de Culmbach-Baireuth à Berlin le 20 novembre. Le Margrave Frédéric-Ernest de Culmbach a épousé la Princesse Christine-Sophie de Brunswick-Lunebourg-Bevern à Brunswick le 26 décembre. Des lettres de Vienne mentionnent un projet de mariage entre le Prince Royal de Prusse et la Princesse de Mecklembourg, fille du Duc Charles-Léopold et nièce de la Tsarine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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39
p. 437-452
EXPLICATION d'une Medaille antique très singuliere de Carausius, Empereur des anciens Bretons, au temps de Diocletion et de Maximien-Hercule, adressée à S.A.S. M. le Duc du Maine, Prince Souverain de Dombes, &c. Par M. Genebrier, Docteur en Medecine.
Début :
Monseigneur, L'accüeil dont V.A.S. m'a honoré à mon [...]
Mots clefs :
Médaille antique, Carausius, Tutele, Figure, Légende, Cote, Divinité, Empereur, Temple
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXPLICATION d'une Medaille antique très singuliere de Carausius, Empereur des anciens Bretons, au temps de Diocletion et de Maximien-Hercule, adressée à S.A.S. M. le Duc du Maine, Prince Souverain de Dombes, &c. Par M. Genebrier, Docteur en Medecine.
EXPLICATION d'une Medaille
antique très singuliere de Carausius ,
Empereur des anciens Bretons , au temps de Diocletien et de Maximien-Hercule ,
adressée à S.A.S. M. le Duc du Maine,
Prince Souverain de Dombes , &c. Par
M. Genebrier , Docteur en Medecine.
MONSEIGNEUR,
L'accueil dont V. A. S. m'a honoré à
mon retour d'Angleterre , la maniere distinguée dont elle a b en voulu me communiquer elle-même , et à Versailles et
Bij à
38 MERCURE DE FRANCE
à Sceaux , ses differens Cabinets de Mé,
dailles antiques , et la permission qu'elle
m'a accordée de décrire celles qui pou
voient entrer dans mes vûës Litteraires
sont des effets d'unebonté digne deV.A.S
mais trop marquez pour moi , pour ne
pas rechercher l'occasion de les publier.
' ose donc mefatter , Monseigneur , que
V. A. S. ne trouvera pas mauvais que je
fasse paroître cet Ecrit sous vos auspices.
Je l'ai composé au sujet d'une Médaille
antique du Héros bes Bretons , dont j'ai
déja eu l'honneur d'entretenir V. A, S.
Cette Médaille interesse particulierement
la gloire d'une de nos plus anciennes
Villes de France , Ville autrefois et encore aujourd'hui très celebre , et qui
étant la Capitale du Gouvernement de
Monseigneur le Comte d'Eu , Prince qui
marche si dignement sur vos traces , doit
aussi interesser V. A. S.
Cette Médaille est de petit bronze et
assez bien conservée , elle est d'un Métail jaune , qui est rare dans les Médailles
de ce temps- là . Je la croyois d'abord unique , mais M. l'Abbé de Rothelin en a
trouvé depuis peu une autre qui n'est que
de cuivre rouge. Elle représente d'un côté
la tête de l'Empereur Carausius , couronnée de rayons , avec la Légende ordinaire.
Imp
MARS J
es
1-
de
ui
E.AE
fé
lles
uni
en a
que
côté
гоп
aire
Imp.
>
. 1732 439
Imp. Carausius P. F. Aug. Et au revers
pour Legende , Tutela Aug. La Tutele
d'Auguste. Pour Type la figure d'une
femme debout , tournée du côté droit
vétuë d'une robe longue abbattue , don't
ún bout ramené du côté droit par devant et retroussé sur le bras gauche , va
encore descendre jusqu'aux pieds. Certe
figure tient de la main droite une patere
sur un Autel où il y a du feu , et de la
gauche elle soutient par le bas une Corne
d'abondance , couchée sur le bras du mê- me côté.
Parmi beaucoup de Médailles antiques
que j'ai vûës dans un assez grand nombre de Cabinets en differens Royaumes,
par ordre et sous les auspices de S. A. R.
feuë Madame , et que j'ai décrites , je
n'en ai jamais trouvé que deux differentes du haut Empire , avec la Legende
TVTELA , &C.
La premiere est une Médaille de Vespasien , et la seconde de Nerva.
Au revers de la Médaille de Vespasien , il y a pour Legende Tutela Augusti S. C. et pour Type , la figure d'une
femme assise , tournée du côté droit , qui
impose la main droite sur la tête de Tite,
qui est devant elle au côté droit , ayant
fe bras gauche négligemment appuyé sur
Biij les
440 MERCURE DE FRANCE
les épaules de Domitien , qui est aussi
debout de l'autre côté , la face tournée
differemment. Ce qui nous marque que
ces deux jeunes Princes s'étoient , pour ainsi dire voüés à cette Divinité Tutele
et qu'ils s'étoient mis sous sa protection.
3
Au revers de la Médaille de Nerva ,
il y a pour Legende Tutela Italia S. C.
La Tutele de l'Italie. Pour Type , la figure de l'Empereur assis , de gauche à
droite , sur une Chaise Curule , qui tend
la main droite à deux petits enfans , garçon et fille , qui sont debout à ses pieds ,
et qui lui sont présentez par l'Italie personifiée sous la figure d'une femme aussi
debout derriere eux , pour faire entendre
que ce Prince s'étoit déclaré le Pere et le
Protecteur des enfans orphelins de l'un
et l'autre Sexe, C'est ce qui paroît confirmé par un Passage de Xiphilin , * qui
rapporte que ce Prince assigna des Terres
estimées quinze cent mille dragmes pour
la subsistance des Citoyens qui étoient
dans la necessité.
A l'égard de la Médaille de Carausius,
il- y a pour Legende au revers , Tutela
Aug. à peu près comme dans la Médaille de Vespasien , et non pas Tutela
Italia , comme dans celle de Nerva ; mais
* Dans la Vie de Nerva.
au
MARS. 17321 441
e
|-
ai
es
ur
at
is,
ela
éela
ais
au
au lieu que sur la Médaille de Vespasien,
on y voit trois figures représentées , et
que sur celle de Nerva , on en voit quatre,
il ne se trouve qu'une seule figure sur
la Médaille de Carausius , comme je l'ai
décrite au commencement; ce qui forme
un troisiéme Type different sur les Médailles de ce genre.
Boissart , dans le troisiéme Tome de
ses Antiquitez , nous a donné la figure
de la Déesse Tutilina , sous l'habit d'une
venerable Matrone debout , le derriere
de la tête voilé , dont la robe descend
jusques aux pieds. On voit au côté droit
auprès d'elle un tronc d'arbre qu'un Serpent entortille ; et au-dessous de la figure est écrit en gros caractere , TVTILINAE. S, ce qui nous apprend que la figure qui est représentée sur ce bas- relief,
avoit été consacrée à la Tutiline sous ce
Type. *
Cette Divinité avoit un Autel à Rome
sur le Mont Aventin , comme Varron le
remarque dans sa Ménippée. Cette der-
* S. Augustin , dans le 4. Livre de la Cité de
Dieu , Chap. 8. fait mention de la Déesse Tutiline , comme de la Sur- Intendante des Grains
après la récolte. Frumentis vero collectis atque reconditis , ut tutò servarentur Deam Tutilinam praposuerunt.
B iiij niere
442 MERCURE DE FRANCE
niere figure est encore differente de celle
qui est représentée sur notre Médaille de
Carausius , elle ne ressemble point non
plus à la figure de la Tutele qui est sur
la Médaille de Vespasien , où cette Divinité est assise dans une attitude majestueuse , ayant deux jeunes Princes debout à ses côtez.
Pour ce qui regarde la Médaille de
Nerva, ce n'est point la Divinité Tutele
qui est représentée sur son revers ; c'est
l'Empereur Nerva lui- même qui y est
appellé la Tutele de l'Italie , et avec jus- tice , pour les raisons que nous avons rapportées plus haut.
Ainsi le Type de la Médaille de Carausius avec TVTELA AVG..ne revient à aucun de tous ces Types. C'est , comme on
l'a dit , une figure toute particuliere. Elle
sacrifie sur un Autel , où il y a du feu ,
sur lequel elle répand une Patere pleine
de quelque liqueur propre au Sacrifice ,
tenant de la main gauche une Corne d'abondance.
Ne seroit- ce point là , Monseigneur
le Génie Tutelaire de la Ville et du Port
de Boulogne sur l'Ocean , ou bien celui
de la Ville et du Port de Bourdeaux ?
Ce sont , comme V.A.S. le sçait, deux
Ports et deux Villes qui ont été autrefois
MARS. 17320 443
fois très- considerables , soit par leur propre situation , soit par les grands Evenemens qui y sont arrivez du temps des Romains.
•
La premiere est aujourd'hui la Capitale
du Boulonnois , Peuple qu'on appelloit
autrefois les Morins.
La seconde est la Capitale de la Guyen:
ne , Province que Ptolomée appelle Aqui
tania.
Par rapport à Boulogne , j'ai prouvé dans le corps de mon Ouvrage sur Carausius , que cette Ville fût d'abord comme le Magazin general et l'Arcenal de
cet Empereur, et qu'il en fit une des plus
fortes Places qu'il eûr sur les Côtes Maritimes des Gaules , et qu'elle soutint un
Siege presqu'aussi long que le fut le fameux Siege de Troye.
Le Génie Tutelaire en ce sens sur les
Médailles de Carausius , ne conviendroit
peut-être pas mal à Boulogne ; cet Autel,
ces Parfums , cette Paterre , désigneroient
les Sacrifices qui furent faits dans cette
Ville pour la prosperité des Armes , et
pour l'heureux succès de la Flotte de cet
Empereur.LaCorne d'abondance que tient
cette Figure , marqueroit la quantité suffisante de toutes les munitions necessaires
pour la deffense et pour la sureté de cette
Place. Les Tours dont elle paroît couronBv néc
444 MERCURE DE FRANCE
née , désigneroient la force de ses murailles , qui devoient être bien considérables ,
puisque le Rhéteur Euménius ( a) , dans
un de ses Panégyriques en fait mention ;
en les appellant Gessoriacenses muros , les
Murs de Gessoriac , parce que cette Ville
a aussi été appellée , Gessoriacum navale
à cause de la renommée de son Port , que
je prétends être le fameux Por.us Iccius
des Anciens.
Pour revenir à notre Médaille. Pline le
jeune en parlant des Sacrifices qui furenţ
faits à la proclamation de Nerva , nous
fournit un passage qui semble l'expliquer
encore dans un sens qui ne seroit point
incompatible à quelque Ville qu'on voulut la donner. Diem , dit-il , in quem
Tutela Generis humani felicissima successione translata est debita religione celebravimus, commendantes Diis Imperii Authoribus , et vota publica et gaudia.
C'est peut être , Monseigneur , ce que
les Monetaires nous auroient voulu faire
entendre par ce Type et par cette Légende , par cet Autel et par ces Sacrifices.
Pour marquer à la posterité qu'à son
avenement à l'Empire , les Gaulois et les
Bretons de son parti , s'étoient religieu-
(a) Panegyr. à Constantius César , chap. 4.
sement
MARS. 1732. 445
sement acquittez d'un devoir essentiel
envers Carausius , qu'ils venoient de reconnoître pour Empereur , et qu'ils regardoient comme l'objet de leurs vœux et
la Tutele du genre humain , dans le mê
me sens qu'Horace,dans une de ses Odes*,
donne ce titre à Auguste.
OTutela prasens
Italia, Dominaque Roma.
C'est dans la même pensée que Nerva
est appellé , Tutela Italia sur la Médaille ,
dont nous avons déja décrit le revers , et
dont la Légende est tirée de ces deux Vers
d'Horace.
Mais la Médaille de Carausius , avec
Tutela Aug.au revers , accompagnée d'un
Type nouveau , et jusques icy inconnu ;
paroît nous marquer encore quelque chose de plus , et elle pourroit s'entendre
d'une Divinité Topique , et propre à un
lieu particulier.
L'Autel , sur ce revers nous marque
que la Tutele avoit aussi ses Autels , ses
Temples et ses Sacrifices particuliers du
temps de Carausius , et que le culte de la
Tutele , étant Romain d'origine , s'étoit
* Ode 14. Carmin. lib. 4.
B vj ré
446 MERCURE DE FRANCE.
répandu dans l'étendue de ses Etats , dans
la grande Bretagne , dans nos Gaules et
dans d'autres Provinces, comme celui des
autres Dieux , dont V. A. S. sçait que le
culte s'étendoit , à mesure que les Romains avançoient leurs conquêtes.
Pour venir à la Ville de Bourdeaux
l'Inscription antique qui y fut trouvée ,
et que voici , prouve invinciblement
le culte de la Tutele y étoit établi,
TVTELÆ
AVG.
LASCIVOS CANIL:
EX VOTO
L. D. EX. D. D.
que
C'est l'accomplissement d'un vœu solemnel , fait à la Turele d'Auguste , par
un particulier, nommé Lascivus Canilius.
Les dernieres Lettres initiales de cette
Inscription , L. D. EX. D. D. signifient
que le Sol lui en avoit été assigné par un
Décret exprès des Décurions de la Ville.
Locus datus ex Decreto Decurionum. Ce
qui fait voir en passant que Bourdeaux
joüissoit pour lors du droit de Colonie
Romaine, et qu'elle avoit adopté le culte
de cette Divinité. Elle y avoit un Temple
MARS. 1732 447
܂ܐ
>
ple des plus superbes , dans lequel cette
Inscription fut trouvée , selon Tristan.
Ce Temple subsistoit encore presqu'en
son entier en 1700.avant que Louis XIV.
de glorieuse mémoire , l'eut fait détruire
pour en faire une Esplanade devant le
Château Trompette. C'étoit un Péristyle,
à quatre Angles droits , long de 87 pieds,
et large de 62. selon Elie Vinet , ou de
63 , selon Merula , dans sa Géographie
page 426. Ce Temple avoit six Colonnes
en face dans sa largeur, et huit Colonnes
à chaque côté dans sa longueur ; ce qui
faisoit en tout une colonnade de 24 Colonnes , de l'Ordre Corinthien , dont il
en restoit encore 18 sur pied , dans le
temps que Vinet publia ses Notes sur Ausone. Les Colonnes de ce Temple étoient
d'une hauteur si considérable qu'elles do
minoient sur tous les plus hauts Edifices
de la Ville ; ce qui peut avoir été en partie cause de sa destruction. Au dessous de
ce Temple il y avoit des Voutes et des
Caves qui étoient d'un ouvrage aussi ancien. On s'en servoit pour y conserver du
Vin , selon quelques Auteurs.
La démolition d'un monument si superbe et si respectable par son anciennete , ne laissa pas d'exciter les regrets de
quelques amateurs de l'Antiquité , gens
qui
448 MERCURE DE FRANCE
qui ne s'embarassent guere de politique.
Ces regrets furent même accompagnez
des larmes d'un des plus sçavans Antiquaires (a) de ce temps- là. Ce qui donna
occasion aux Vers , qui furent imprimez
dans le Mercurede Mars 1702.que V.A.S.
ne sera peut-être pas fâchée de voir icy.
99
55
Pourquoi démolit-on ces Colomnes des
Dieux ?
Ouvrage des Césars , Monument Tutclaire ,
Depuis plus de mille ans , que le temps les re- vére ,
Elles s'élevoient jusqu'aux Cieux.
»Il faut que leur orgueil , cede à la Forteresse
» Où Mars pour nous veille sans cesse.
Son redoutable Mur , Edifice Royal ,
Ne doit point souffrir de Rival.
Ainsi il ne nous reste plus aujourd'hui
aucun vestige de ce fameux Temple de
la Tutele, qu'un triste souvenir de sa ruine..
Mais que dis- je, Monseigneur, ce Temple n'est pas entierement détruit , et l'idée de ce superbe Edifice ne sera jamais tout à-fait effacée de la mémoire des hommes. Le même Vinet nous en a heureusement conservé le Dessein. C'est dans ses
sçavantes Notes sur Ausone , où j'ai eu
( a ) M. Spon.
la
MARS. 1732. 449
ul
de
ne,
cm.
l'imais
ɔmceu5 ses
eu
la 1
la satisfaction de le voir représenté sous
le nom de Palais ou de Piliers de Tutele,
C'est ainsi qu'on l'appelloit vulgairement , à cause de sa magnificence égale à
celle des Palais des Rois. C'étoit , sans
doute , non un Palais , mais un Temple
consacré à la Tutele , ou au Genie Tutelaire de la Ville et du Port de Bourdeaux,
comme l'Inscription antique , que nous
venons de rapporter plus haut , et qui y
fut trouvée , le prouve invinciblement.
Quoique tous les Dieux pussent être
Dieux Tuteles , soit male , ou femelle ,
V. A. S. sçait cependant que chaque Nation ou Peuplade s'en choisissoit un particulier , qu'elle invoquoit comme son
Génie , son Protecteur , et son Dieu Tutele. Chaque Vaisseau avoit aussi son Dieu
Tutele particulier.
Or c'est du Dieu Tutele de la Ville de
Bourdeaux que je crois qu'on doit entendre l'Inscription : Tutela Aug. & c. qui y
fut trouvée.
C'est de Bourdeaux que je crois aussi
qu'il faut entendre la Légende : Tutela
Aug. qui est sur la Médaille de Carausius;
et il est beaucoup plus à présumer , que
la figure qui esr sur notre Médaille, peut
être la mêmequi étoit adorée dans ceTemple
450 MERCURE DE FRANCE
ple de Bourdeaux , et que c'étoit- là la
Divinité Tutele de la Ville.
En effet , Carausius étant Maître de la
Mer, comme il l'étoit , je ne fais aucun
doute , qu'il ne se fut aussi emparé de la
Ville et du Port de Bourdeaux. Cette
Ville , aussi-bien que Boulogne , lui étoit
de trop grande importance pour la négliger. Son Port , qui étoit autrefois au
milieu de la Ville , étoit aussi un des plus
superbes , suivant ces Vers d'Ausone :
"Per mediumque Urbis Fontani fluminis al veum
Quem Pater Oceanus refluo quum impleverit astu.
» Adlabi totum spectabis classibus aquor.
Carausius avoit en ces deux Villes deux
clefs pour sortir et pour entrer dans les
Gaules , suivant que ses affaires tourneroient , bien ou mal ; dans l'expédition
qu'il projettoit de la grande Bretagne.
C'est de Bourdeaux et de ses Citoyens
que je pense qu'il faut entendre en partie
un Passage d'Eumenius , où il est dit que
Carausius emmena avec lui , en la grande
Bretagne , plusieurs Marchands des GauIes. Contractis ad Dilectum Mercatoribus
*
Galli
MAR S.. 1732.
450
S
n
je
le
He
us
Gallicanis;parce que cette Ville a toujours
été en grand commerce , sur tout avec
ces Insulaires.
Enfin Bourdeaux est la Ville où je crois
que notre Médaillea pû avoir été frappée,
les raisons que nous venons d'en raporter.
par
Peut- être cette Ville, puissante comme
elle étoit,et parTerre et par Mer,à l'exemple de Boulogne, fut- elle une des premieres à saisir cette occasion , pour secoüer
le joug des deux autres Empereurs Romains. V. A. S. sçait qu'il n'y avoit pas
long- temps que la Ville de Bourdeaux
s'étoit soustraite à l'obéïssance de Gallien,
et que du Gouverneur de la Province
dont elle étoit la Capitale , elle avoit fait
un Empereur , nommé Tetricus , qui prit
la Pourpre à Bourdeaux , où il faisoit sa
résidence ordinaire.
On voit encore à Bourdeaux , parmi les
autres Antiquitez, les ruines d'un Amphithéatre , nommé vulgairement , le Palais
de Gallien , qui pouvoit y avoir fait quelque séjour avant la révolte de Tétricus.
Cela fait voir le rang distingué que tenoit autrefois cette Ville Maritime de la
Province d'Aquitaine , ou de la Guienne,
comme on l'appelle aujourd'hui.
Cette Ville ancienne ne s'étoit pas seu
lement
452 MERCURE DE FRANCE
lement renduë recommandable par son
commerce dans les extrémitez des Mers ,
même du temps d'Auguste , comme Strabon , qui vivoit sous ce Prince, nous l'assure. Elle s'est encore rendue celebre par
le grand nombre de Sçavans qui y ont
fleuri , comme on le peut voir dans les
Vers d'Ausone. Mais ce n'est point icy le
lieu d'en parler.
Ce que j'ai dit , Monseigneur, en faveur
de cette Ville , paroît suffire pour l'expliIcation de notre Médaille de Carausius
avec la Légende , Tutela Aug. ,
Légende inconnue jusques icy dans les
Médailles du bas Empire , et dont le Type n'est pas moins singulier , ni moins
digne de l'attention des Antiquaires.
Ce sont- là , Monseigneur , les conjectures que j'ai crû pouvoir hazarder , et
que je soûmets entierement à votre décision. Je ne sçai si V. A. S. les trouvera
assez solidement appuyées ; mais elles serviront du moins à exciter la curiosité
des Sçavans sur ce sujet , et elles seront
un témoignage public de la Protection
jose dire , de la Tutele particuliere , dont vous honorez les Sciences et les Gens de
Lettres , ainsi que du profond respect et
de la reconnoissance parfaite avec laquelle
je serai toute ma vie , &c.
A Paris , ce 15 Février 1732.
antique très singuliere de Carausius ,
Empereur des anciens Bretons , au temps de Diocletien et de Maximien-Hercule ,
adressée à S.A.S. M. le Duc du Maine,
Prince Souverain de Dombes , &c. Par
M. Genebrier , Docteur en Medecine.
MONSEIGNEUR,
L'accueil dont V. A. S. m'a honoré à
mon retour d'Angleterre , la maniere distinguée dont elle a b en voulu me communiquer elle-même , et à Versailles et
Bij à
38 MERCURE DE FRANCE
à Sceaux , ses differens Cabinets de Mé,
dailles antiques , et la permission qu'elle
m'a accordée de décrire celles qui pou
voient entrer dans mes vûës Litteraires
sont des effets d'unebonté digne deV.A.S
mais trop marquez pour moi , pour ne
pas rechercher l'occasion de les publier.
' ose donc mefatter , Monseigneur , que
V. A. S. ne trouvera pas mauvais que je
fasse paroître cet Ecrit sous vos auspices.
Je l'ai composé au sujet d'une Médaille
antique du Héros bes Bretons , dont j'ai
déja eu l'honneur d'entretenir V. A, S.
Cette Médaille interesse particulierement
la gloire d'une de nos plus anciennes
Villes de France , Ville autrefois et encore aujourd'hui très celebre , et qui
étant la Capitale du Gouvernement de
Monseigneur le Comte d'Eu , Prince qui
marche si dignement sur vos traces , doit
aussi interesser V. A. S.
Cette Médaille est de petit bronze et
assez bien conservée , elle est d'un Métail jaune , qui est rare dans les Médailles
de ce temps- là . Je la croyois d'abord unique , mais M. l'Abbé de Rothelin en a
trouvé depuis peu une autre qui n'est que
de cuivre rouge. Elle représente d'un côté
la tête de l'Empereur Carausius , couronnée de rayons , avec la Légende ordinaire.
Imp
MARS J
es
1-
de
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E.AE
fé
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uni
en a
que
côté
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aire
Imp.
>
. 1732 439
Imp. Carausius P. F. Aug. Et au revers
pour Legende , Tutela Aug. La Tutele
d'Auguste. Pour Type la figure d'une
femme debout , tournée du côté droit
vétuë d'une robe longue abbattue , don't
ún bout ramené du côté droit par devant et retroussé sur le bras gauche , va
encore descendre jusqu'aux pieds. Certe
figure tient de la main droite une patere
sur un Autel où il y a du feu , et de la
gauche elle soutient par le bas une Corne
d'abondance , couchée sur le bras du mê- me côté.
Parmi beaucoup de Médailles antiques
que j'ai vûës dans un assez grand nombre de Cabinets en differens Royaumes,
par ordre et sous les auspices de S. A. R.
feuë Madame , et que j'ai décrites , je
n'en ai jamais trouvé que deux differentes du haut Empire , avec la Legende
TVTELA , &C.
La premiere est une Médaille de Vespasien , et la seconde de Nerva.
Au revers de la Médaille de Vespasien , il y a pour Legende Tutela Augusti S. C. et pour Type , la figure d'une
femme assise , tournée du côté droit , qui
impose la main droite sur la tête de Tite,
qui est devant elle au côté droit , ayant
fe bras gauche négligemment appuyé sur
Biij les
440 MERCURE DE FRANCE
les épaules de Domitien , qui est aussi
debout de l'autre côté , la face tournée
differemment. Ce qui nous marque que
ces deux jeunes Princes s'étoient , pour ainsi dire voüés à cette Divinité Tutele
et qu'ils s'étoient mis sous sa protection.
3
Au revers de la Médaille de Nerva ,
il y a pour Legende Tutela Italia S. C.
La Tutele de l'Italie. Pour Type , la figure de l'Empereur assis , de gauche à
droite , sur une Chaise Curule , qui tend
la main droite à deux petits enfans , garçon et fille , qui sont debout à ses pieds ,
et qui lui sont présentez par l'Italie personifiée sous la figure d'une femme aussi
debout derriere eux , pour faire entendre
que ce Prince s'étoit déclaré le Pere et le
Protecteur des enfans orphelins de l'un
et l'autre Sexe, C'est ce qui paroît confirmé par un Passage de Xiphilin , * qui
rapporte que ce Prince assigna des Terres
estimées quinze cent mille dragmes pour
la subsistance des Citoyens qui étoient
dans la necessité.
A l'égard de la Médaille de Carausius,
il- y a pour Legende au revers , Tutela
Aug. à peu près comme dans la Médaille de Vespasien , et non pas Tutela
Italia , comme dans celle de Nerva ; mais
* Dans la Vie de Nerva.
au
MARS. 17321 441
e
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ai
es
ur
at
is,
ela
éela
ais
au
au lieu que sur la Médaille de Vespasien,
on y voit trois figures représentées , et
que sur celle de Nerva , on en voit quatre,
il ne se trouve qu'une seule figure sur
la Médaille de Carausius , comme je l'ai
décrite au commencement; ce qui forme
un troisiéme Type different sur les Médailles de ce genre.
Boissart , dans le troisiéme Tome de
ses Antiquitez , nous a donné la figure
de la Déesse Tutilina , sous l'habit d'une
venerable Matrone debout , le derriere
de la tête voilé , dont la robe descend
jusques aux pieds. On voit au côté droit
auprès d'elle un tronc d'arbre qu'un Serpent entortille ; et au-dessous de la figure est écrit en gros caractere , TVTILINAE. S, ce qui nous apprend que la figure qui est représentée sur ce bas- relief,
avoit été consacrée à la Tutiline sous ce
Type. *
Cette Divinité avoit un Autel à Rome
sur le Mont Aventin , comme Varron le
remarque dans sa Ménippée. Cette der-
* S. Augustin , dans le 4. Livre de la Cité de
Dieu , Chap. 8. fait mention de la Déesse Tutiline , comme de la Sur- Intendante des Grains
après la récolte. Frumentis vero collectis atque reconditis , ut tutò servarentur Deam Tutilinam praposuerunt.
B iiij niere
442 MERCURE DE FRANCE
niere figure est encore differente de celle
qui est représentée sur notre Médaille de
Carausius , elle ne ressemble point non
plus à la figure de la Tutele qui est sur
la Médaille de Vespasien , où cette Divinité est assise dans une attitude majestueuse , ayant deux jeunes Princes debout à ses côtez.
Pour ce qui regarde la Médaille de
Nerva, ce n'est point la Divinité Tutele
qui est représentée sur son revers ; c'est
l'Empereur Nerva lui- même qui y est
appellé la Tutele de l'Italie , et avec jus- tice , pour les raisons que nous avons rapportées plus haut.
Ainsi le Type de la Médaille de Carausius avec TVTELA AVG..ne revient à aucun de tous ces Types. C'est , comme on
l'a dit , une figure toute particuliere. Elle
sacrifie sur un Autel , où il y a du feu ,
sur lequel elle répand une Patere pleine
de quelque liqueur propre au Sacrifice ,
tenant de la main gauche une Corne d'abondance.
Ne seroit- ce point là , Monseigneur
le Génie Tutelaire de la Ville et du Port
de Boulogne sur l'Ocean , ou bien celui
de la Ville et du Port de Bourdeaux ?
Ce sont , comme V.A.S. le sçait, deux
Ports et deux Villes qui ont été autrefois
MARS. 17320 443
fois très- considerables , soit par leur propre situation , soit par les grands Evenemens qui y sont arrivez du temps des Romains.
•
La premiere est aujourd'hui la Capitale
du Boulonnois , Peuple qu'on appelloit
autrefois les Morins.
La seconde est la Capitale de la Guyen:
ne , Province que Ptolomée appelle Aqui
tania.
Par rapport à Boulogne , j'ai prouvé dans le corps de mon Ouvrage sur Carausius , que cette Ville fût d'abord comme le Magazin general et l'Arcenal de
cet Empereur, et qu'il en fit une des plus
fortes Places qu'il eûr sur les Côtes Maritimes des Gaules , et qu'elle soutint un
Siege presqu'aussi long que le fut le fameux Siege de Troye.
Le Génie Tutelaire en ce sens sur les
Médailles de Carausius , ne conviendroit
peut-être pas mal à Boulogne ; cet Autel,
ces Parfums , cette Paterre , désigneroient
les Sacrifices qui furent faits dans cette
Ville pour la prosperité des Armes , et
pour l'heureux succès de la Flotte de cet
Empereur.LaCorne d'abondance que tient
cette Figure , marqueroit la quantité suffisante de toutes les munitions necessaires
pour la deffense et pour la sureté de cette
Place. Les Tours dont elle paroît couronBv néc
444 MERCURE DE FRANCE
née , désigneroient la force de ses murailles , qui devoient être bien considérables ,
puisque le Rhéteur Euménius ( a) , dans
un de ses Panégyriques en fait mention ;
en les appellant Gessoriacenses muros , les
Murs de Gessoriac , parce que cette Ville
a aussi été appellée , Gessoriacum navale
à cause de la renommée de son Port , que
je prétends être le fameux Por.us Iccius
des Anciens.
Pour revenir à notre Médaille. Pline le
jeune en parlant des Sacrifices qui furenţ
faits à la proclamation de Nerva , nous
fournit un passage qui semble l'expliquer
encore dans un sens qui ne seroit point
incompatible à quelque Ville qu'on voulut la donner. Diem , dit-il , in quem
Tutela Generis humani felicissima successione translata est debita religione celebravimus, commendantes Diis Imperii Authoribus , et vota publica et gaudia.
C'est peut être , Monseigneur , ce que
les Monetaires nous auroient voulu faire
entendre par ce Type et par cette Légende , par cet Autel et par ces Sacrifices.
Pour marquer à la posterité qu'à son
avenement à l'Empire , les Gaulois et les
Bretons de son parti , s'étoient religieu-
(a) Panegyr. à Constantius César , chap. 4.
sement
MARS. 1732. 445
sement acquittez d'un devoir essentiel
envers Carausius , qu'ils venoient de reconnoître pour Empereur , et qu'ils regardoient comme l'objet de leurs vœux et
la Tutele du genre humain , dans le mê
me sens qu'Horace,dans une de ses Odes*,
donne ce titre à Auguste.
OTutela prasens
Italia, Dominaque Roma.
C'est dans la même pensée que Nerva
est appellé , Tutela Italia sur la Médaille ,
dont nous avons déja décrit le revers , et
dont la Légende est tirée de ces deux Vers
d'Horace.
Mais la Médaille de Carausius , avec
Tutela Aug.au revers , accompagnée d'un
Type nouveau , et jusques icy inconnu ;
paroît nous marquer encore quelque chose de plus , et elle pourroit s'entendre
d'une Divinité Topique , et propre à un
lieu particulier.
L'Autel , sur ce revers nous marque
que la Tutele avoit aussi ses Autels , ses
Temples et ses Sacrifices particuliers du
temps de Carausius , et que le culte de la
Tutele , étant Romain d'origine , s'étoit
* Ode 14. Carmin. lib. 4.
B vj ré
446 MERCURE DE FRANCE.
répandu dans l'étendue de ses Etats , dans
la grande Bretagne , dans nos Gaules et
dans d'autres Provinces, comme celui des
autres Dieux , dont V. A. S. sçait que le
culte s'étendoit , à mesure que les Romains avançoient leurs conquêtes.
Pour venir à la Ville de Bourdeaux
l'Inscription antique qui y fut trouvée ,
et que voici , prouve invinciblement
le culte de la Tutele y étoit établi,
TVTELÆ
AVG.
LASCIVOS CANIL:
EX VOTO
L. D. EX. D. D.
que
C'est l'accomplissement d'un vœu solemnel , fait à la Turele d'Auguste , par
un particulier, nommé Lascivus Canilius.
Les dernieres Lettres initiales de cette
Inscription , L. D. EX. D. D. signifient
que le Sol lui en avoit été assigné par un
Décret exprès des Décurions de la Ville.
Locus datus ex Decreto Decurionum. Ce
qui fait voir en passant que Bourdeaux
joüissoit pour lors du droit de Colonie
Romaine, et qu'elle avoit adopté le culte
de cette Divinité. Elle y avoit un Temple
MARS. 1732 447
܂ܐ
>
ple des plus superbes , dans lequel cette
Inscription fut trouvée , selon Tristan.
Ce Temple subsistoit encore presqu'en
son entier en 1700.avant que Louis XIV.
de glorieuse mémoire , l'eut fait détruire
pour en faire une Esplanade devant le
Château Trompette. C'étoit un Péristyle,
à quatre Angles droits , long de 87 pieds,
et large de 62. selon Elie Vinet , ou de
63 , selon Merula , dans sa Géographie
page 426. Ce Temple avoit six Colonnes
en face dans sa largeur, et huit Colonnes
à chaque côté dans sa longueur ; ce qui
faisoit en tout une colonnade de 24 Colonnes , de l'Ordre Corinthien , dont il
en restoit encore 18 sur pied , dans le
temps que Vinet publia ses Notes sur Ausone. Les Colonnes de ce Temple étoient
d'une hauteur si considérable qu'elles do
minoient sur tous les plus hauts Edifices
de la Ville ; ce qui peut avoir été en partie cause de sa destruction. Au dessous de
ce Temple il y avoit des Voutes et des
Caves qui étoient d'un ouvrage aussi ancien. On s'en servoit pour y conserver du
Vin , selon quelques Auteurs.
La démolition d'un monument si superbe et si respectable par son anciennete , ne laissa pas d'exciter les regrets de
quelques amateurs de l'Antiquité , gens
qui
448 MERCURE DE FRANCE
qui ne s'embarassent guere de politique.
Ces regrets furent même accompagnez
des larmes d'un des plus sçavans Antiquaires (a) de ce temps- là. Ce qui donna
occasion aux Vers , qui furent imprimez
dans le Mercurede Mars 1702.que V.A.S.
ne sera peut-être pas fâchée de voir icy.
99
55
Pourquoi démolit-on ces Colomnes des
Dieux ?
Ouvrage des Césars , Monument Tutclaire ,
Depuis plus de mille ans , que le temps les re- vére ,
Elles s'élevoient jusqu'aux Cieux.
»Il faut que leur orgueil , cede à la Forteresse
» Où Mars pour nous veille sans cesse.
Son redoutable Mur , Edifice Royal ,
Ne doit point souffrir de Rival.
Ainsi il ne nous reste plus aujourd'hui
aucun vestige de ce fameux Temple de
la Tutele, qu'un triste souvenir de sa ruine..
Mais que dis- je, Monseigneur, ce Temple n'est pas entierement détruit , et l'idée de ce superbe Edifice ne sera jamais tout à-fait effacée de la mémoire des hommes. Le même Vinet nous en a heureusement conservé le Dessein. C'est dans ses
sçavantes Notes sur Ausone , où j'ai eu
( a ) M. Spon.
la
MARS. 1732. 449
ul
de
ne,
cm.
l'imais
ɔmceu5 ses
eu
la 1
la satisfaction de le voir représenté sous
le nom de Palais ou de Piliers de Tutele,
C'est ainsi qu'on l'appelloit vulgairement , à cause de sa magnificence égale à
celle des Palais des Rois. C'étoit , sans
doute , non un Palais , mais un Temple
consacré à la Tutele , ou au Genie Tutelaire de la Ville et du Port de Bourdeaux,
comme l'Inscription antique , que nous
venons de rapporter plus haut , et qui y
fut trouvée , le prouve invinciblement.
Quoique tous les Dieux pussent être
Dieux Tuteles , soit male , ou femelle ,
V. A. S. sçait cependant que chaque Nation ou Peuplade s'en choisissoit un particulier , qu'elle invoquoit comme son
Génie , son Protecteur , et son Dieu Tutele. Chaque Vaisseau avoit aussi son Dieu
Tutele particulier.
Or c'est du Dieu Tutele de la Ville de
Bourdeaux que je crois qu'on doit entendre l'Inscription : Tutela Aug. & c. qui y
fut trouvée.
C'est de Bourdeaux que je crois aussi
qu'il faut entendre la Légende : Tutela
Aug. qui est sur la Médaille de Carausius;
et il est beaucoup plus à présumer , que
la figure qui esr sur notre Médaille, peut
être la mêmequi étoit adorée dans ceTemple
450 MERCURE DE FRANCE
ple de Bourdeaux , et que c'étoit- là la
Divinité Tutele de la Ville.
En effet , Carausius étant Maître de la
Mer, comme il l'étoit , je ne fais aucun
doute , qu'il ne se fut aussi emparé de la
Ville et du Port de Bourdeaux. Cette
Ville , aussi-bien que Boulogne , lui étoit
de trop grande importance pour la négliger. Son Port , qui étoit autrefois au
milieu de la Ville , étoit aussi un des plus
superbes , suivant ces Vers d'Ausone :
"Per mediumque Urbis Fontani fluminis al veum
Quem Pater Oceanus refluo quum impleverit astu.
» Adlabi totum spectabis classibus aquor.
Carausius avoit en ces deux Villes deux
clefs pour sortir et pour entrer dans les
Gaules , suivant que ses affaires tourneroient , bien ou mal ; dans l'expédition
qu'il projettoit de la grande Bretagne.
C'est de Bourdeaux et de ses Citoyens
que je pense qu'il faut entendre en partie
un Passage d'Eumenius , où il est dit que
Carausius emmena avec lui , en la grande
Bretagne , plusieurs Marchands des GauIes. Contractis ad Dilectum Mercatoribus
*
Galli
MAR S.. 1732.
450
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je
le
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us
Gallicanis;parce que cette Ville a toujours
été en grand commerce , sur tout avec
ces Insulaires.
Enfin Bourdeaux est la Ville où je crois
que notre Médaillea pû avoir été frappée,
les raisons que nous venons d'en raporter.
par
Peut- être cette Ville, puissante comme
elle étoit,et parTerre et par Mer,à l'exemple de Boulogne, fut- elle une des premieres à saisir cette occasion , pour secoüer
le joug des deux autres Empereurs Romains. V. A. S. sçait qu'il n'y avoit pas
long- temps que la Ville de Bourdeaux
s'étoit soustraite à l'obéïssance de Gallien,
et que du Gouverneur de la Province
dont elle étoit la Capitale , elle avoit fait
un Empereur , nommé Tetricus , qui prit
la Pourpre à Bourdeaux , où il faisoit sa
résidence ordinaire.
On voit encore à Bourdeaux , parmi les
autres Antiquitez, les ruines d'un Amphithéatre , nommé vulgairement , le Palais
de Gallien , qui pouvoit y avoir fait quelque séjour avant la révolte de Tétricus.
Cela fait voir le rang distingué que tenoit autrefois cette Ville Maritime de la
Province d'Aquitaine , ou de la Guienne,
comme on l'appelle aujourd'hui.
Cette Ville ancienne ne s'étoit pas seu
lement
452 MERCURE DE FRANCE
lement renduë recommandable par son
commerce dans les extrémitez des Mers ,
même du temps d'Auguste , comme Strabon , qui vivoit sous ce Prince, nous l'assure. Elle s'est encore rendue celebre par
le grand nombre de Sçavans qui y ont
fleuri , comme on le peut voir dans les
Vers d'Ausone. Mais ce n'est point icy le
lieu d'en parler.
Ce que j'ai dit , Monseigneur, en faveur
de cette Ville , paroît suffire pour l'expliIcation de notre Médaille de Carausius
avec la Légende , Tutela Aug. ,
Légende inconnue jusques icy dans les
Médailles du bas Empire , et dont le Type n'est pas moins singulier , ni moins
digne de l'attention des Antiquaires.
Ce sont- là , Monseigneur , les conjectures que j'ai crû pouvoir hazarder , et
que je soûmets entierement à votre décision. Je ne sçai si V. A. S. les trouvera
assez solidement appuyées ; mais elles serviront du moins à exciter la curiosité
des Sçavans sur ce sujet , et elles seront
un témoignage public de la Protection
jose dire , de la Tutele particuliere , dont vous honorez les Sciences et les Gens de
Lettres , ainsi que du profond respect et
de la reconnoissance parfaite avec laquelle
je serai toute ma vie , &c.
A Paris , ce 15 Février 1732.
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Résumé : EXPLICATION d'une Medaille antique très singuliere de Carausius, Empereur des anciens Bretons, au temps de Diocletion et de Maximien-Hercule, adressée à S.A.S. M. le Duc du Maine, Prince Souverain de Dombes, &c. Par M. Genebrier, Docteur en Medecine.
Le texte, rédigé par M. Genebrier, Docteur en Médecine, présente une médaille antique en bronze dédiée à Carausius, Empereur des anciens Bretons. Cette médaille, unique en son genre, représente Carausius couronné de rayons au recto, avec la légende 'Imp. Carausius P. F. Aug.' et au verso, une femme debout tenant une patère et une corne d'abondance, accompagnée de la légende 'Tutela Aug.' Cette médaille se distingue des autres médailles antiques connues, comme celles de Vespasien et Nerva, qui portent également la légende 'Tutela'. La médaille de Carausius pourrait être liée à Boulogne-sur-Mer ou Bordeaux, deux villes importantes à l'époque romaine. Boulogne-sur-Mer était un arsenal et une place forte de Carausius, tandis que Bordeaux possédait un temple dédié à la Tutele, comme le montre une inscription antique. La médaille pourrait symboliser le génie tutélaire de l'une de ces villes, représentant les sacrifices et les abondances nécessaires à leur défense et prospérité. Le texte mentionne également des détails sur les autres médailles antiques et les divinités tutélaires, soulignant l'importance historique et culturelle de ces objets. La médaille de Carausius, portant l'inscription 'Tutela Aug.', est probablement liée à Bordeaux, ville stratégique pour Carausius en raison de son port et de son importance commerciale. Bordeaux a également été un centre de rébellion contre les empereurs romains, avec l'ascension de Tetricus. La ville est riche en antiquités, comme les ruines d'un amphithéâtre, et a été célèbre pour son commerce et ses savants, notamment Ausone. Le texte conclut en soumettant ces conjectures à l'appréciation de son destinataire, soulignant l'importance historique et culturelle de Bordeaux.
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40
p. 1224-1226
ALLEMAGNE.
Début :
On assure que les Concurrens pour l'Evêché et Electorat [...]
Mots clefs :
Allemagne, Mayence, Empereur, Impératrice
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
Nassure que les Concurrens l'Evêché pour et Electorat de Mayence sont , l'Electeur de
Treves , l'Evêque de Wurtzbourg et de Bamberg
son neveu , et le Comte de Brettenach , Chanoine de Mayence, Cette Election est fixée au 9. du mois de Juin.
On écrit de Belgrade , que M. de la Torre ,
Evêque de cette Ville , avoit pris possession le- I. Vol. premier
JUIN. 7732 1225
premier May de cet Evêché nouvellement érigé: qu'il avoit celebré la Messe dans la nouvelle
Eglise Cathédrale , et que sa reception s'étoit faite au bruit d'une salve generale de l'Artillerie et
d'une décharge de la Mousqueterie des Régimens
de Marulli et de Ligneville.
Le Duc de Lorraine , qui prêta Serment le 22 .
de May, entre les mains de l'Empereur , en qualité de Viceroy d'Hongrie et des autres Provinces qui en relevent, ayant pris congé de L.M.Imp.
partit le 28. au matin pour aller faire sa priere à
l'Eglise de Marienzell en Stirie , d'où il se rendra
au neuf Schomborn , Terre qui appartient à l'Evêque de Ramberg er de Wurtzbourg ; et après
y avoir passé quelques jours , il ira a Presbourg
prendre possession de sa Viceroyauté.
Le Comte de Corsinski , Chambellan de l'Empereur et Premier Conseiller de la Cour de Bo--
heme , a été nommé pour assister en qualité de Commissaire de l'Empereur à l'Election de l'Evêque de Breslaw , qui doit se faire le 14. de
Juin. Celle de l'Evêque de Worms est fixée au 18. du même mois.
L'Imperatrice Amélie ayant prié l'Empereurde la dispenser d'accepter la Régence de la Ville
de Vienne , que S. M. Im. lui avoit offerte pen dant son absence , l'Empereur l'a donnée à l'Archiduchesse Marie-Magdeleine sa sœur , et il a
nommé le Cardinal Archevêque de Vienne et le
Comte de Kevenbuller , pour l'aider de leurs conseils.
*
On mande de Dusseldorp , que tous les Com
mandeurs qui ont voix déliberative dans le Chapitre de l'Ordre Teutonique , avoient été invitez
à se rendre incessamment à Mergeinthem pours assister à l'Election d'un Grand-Maître de cer
1 Vol Hv Ordre
1226 MERCURE DE FRANCE
Ordre, et que les Maisons de Baviere et Palatine
agissoient de concert pour faire élire le Prince Théodore de Baviere.
L'Empereur et l'Imperatrice partirent le 274 May, vers les 5. heures du matin du Château de
Laxembourg , pour se rendre aux Bains de Carelsbadt : L. M. Imp. dînerent à Hollabrun , et coucherent à Pulcaw : le 28. elles dînèrent à
Frotting et coucherent à Zlabrig , le 29 elles coucherent à Tabor , et arriverent le 30. à Prague , où elles ont passé trois jours ; ensuite elles:
ont continué leur voyage pour Carelsbadt , où,
après avoir séjourné 15. jours , elles reviendront
à Prague , d'où l'on croit qu'elles se rendront à
Lintz, pour y recevoir l'hommage de l'Archidu ché d'Autriche.
Un Courier arrivé de Gennes , a apporté à
Vienne la nouvelle de l'entiere réduction des Rebelles de l'Ile de Corse.
Les dernieres Lettres reçûës de Constantinople,
portent que M. Dahlman , Résident de l'Empe
reur , y avoir eu une Audience du Tetferdar , qui exerce la Charge de G. V. jusqu'à l'arrivée du
Pacha de Babylone , que ce Premier Ministre l'avoit assuré que Sa Hautesse persistoit toûjours dans la résolution de vivre en bonne intelligence
avec S. M. Im. et qu'elle avoit donné ordre à un
de ses Ecuyers de faire conduire à Vienne les qua
tre plus beaux Chevaux de son Ecurie , pour en
faire présent à l'Empereur. On a appris depuis,
qu'en vertu des ordres du G. S. le Gouverneur de
Nizza avoit fait couper la tête au Consul Turc
parti de Vienne depuis quelques mois,
Nassure que les Concurrens l'Evêché pour et Electorat de Mayence sont , l'Electeur de
Treves , l'Evêque de Wurtzbourg et de Bamberg
son neveu , et le Comte de Brettenach , Chanoine de Mayence, Cette Election est fixée au 9. du mois de Juin.
On écrit de Belgrade , que M. de la Torre ,
Evêque de cette Ville , avoit pris possession le- I. Vol. premier
JUIN. 7732 1225
premier May de cet Evêché nouvellement érigé: qu'il avoit celebré la Messe dans la nouvelle
Eglise Cathédrale , et que sa reception s'étoit faite au bruit d'une salve generale de l'Artillerie et
d'une décharge de la Mousqueterie des Régimens
de Marulli et de Ligneville.
Le Duc de Lorraine , qui prêta Serment le 22 .
de May, entre les mains de l'Empereur , en qualité de Viceroy d'Hongrie et des autres Provinces qui en relevent, ayant pris congé de L.M.Imp.
partit le 28. au matin pour aller faire sa priere à
l'Eglise de Marienzell en Stirie , d'où il se rendra
au neuf Schomborn , Terre qui appartient à l'Evêque de Ramberg er de Wurtzbourg ; et après
y avoir passé quelques jours , il ira a Presbourg
prendre possession de sa Viceroyauté.
Le Comte de Corsinski , Chambellan de l'Empereur et Premier Conseiller de la Cour de Bo--
heme , a été nommé pour assister en qualité de Commissaire de l'Empereur à l'Election de l'Evêque de Breslaw , qui doit se faire le 14. de
Juin. Celle de l'Evêque de Worms est fixée au 18. du même mois.
L'Imperatrice Amélie ayant prié l'Empereurde la dispenser d'accepter la Régence de la Ville
de Vienne , que S. M. Im. lui avoit offerte pen dant son absence , l'Empereur l'a donnée à l'Archiduchesse Marie-Magdeleine sa sœur , et il a
nommé le Cardinal Archevêque de Vienne et le
Comte de Kevenbuller , pour l'aider de leurs conseils.
*
On mande de Dusseldorp , que tous les Com
mandeurs qui ont voix déliberative dans le Chapitre de l'Ordre Teutonique , avoient été invitez
à se rendre incessamment à Mergeinthem pours assister à l'Election d'un Grand-Maître de cer
1 Vol Hv Ordre
1226 MERCURE DE FRANCE
Ordre, et que les Maisons de Baviere et Palatine
agissoient de concert pour faire élire le Prince Théodore de Baviere.
L'Empereur et l'Imperatrice partirent le 274 May, vers les 5. heures du matin du Château de
Laxembourg , pour se rendre aux Bains de Carelsbadt : L. M. Imp. dînerent à Hollabrun , et coucherent à Pulcaw : le 28. elles dînèrent à
Frotting et coucherent à Zlabrig , le 29 elles coucherent à Tabor , et arriverent le 30. à Prague , où elles ont passé trois jours ; ensuite elles:
ont continué leur voyage pour Carelsbadt , où,
après avoir séjourné 15. jours , elles reviendront
à Prague , d'où l'on croit qu'elles se rendront à
Lintz, pour y recevoir l'hommage de l'Archidu ché d'Autriche.
Un Courier arrivé de Gennes , a apporté à
Vienne la nouvelle de l'entiere réduction des Rebelles de l'Ile de Corse.
Les dernieres Lettres reçûës de Constantinople,
portent que M. Dahlman , Résident de l'Empe
reur , y avoir eu une Audience du Tetferdar , qui exerce la Charge de G. V. jusqu'à l'arrivée du
Pacha de Babylone , que ce Premier Ministre l'avoit assuré que Sa Hautesse persistoit toûjours dans la résolution de vivre en bonne intelligence
avec S. M. Im. et qu'elle avoit donné ordre à un
de ses Ecuyers de faire conduire à Vienne les qua
tre plus beaux Chevaux de son Ecurie , pour en
faire présent à l'Empereur. On a appris depuis,
qu'en vertu des ordres du G. S. le Gouverneur de
Nizza avoit fait couper la tête au Consul Turc
parti de Vienne depuis quelques mois,
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le texte relate divers événements politiques et religieux en Allemagne et dans les territoires voisins. À Mayence, l'élection de l'Évêque et Électeur est prévue pour le 9 juin, avec plusieurs concurrents, dont l'Électeur de Trèves et les évêques de Wurtzbourg et de Bamberg. À Belgrade, M. de la Torre a pris possession de l'Évêché le 1er mai. Le Duc de Lorraine, après avoir prêté serment comme Viceroy d'Hongrie le 22 mai, se rendra à Presbourg pour prendre possession de sa viceroyauté. Le Comte de Corsinski est nommé commissaire impérial pour l'élection de l'Évêque de Breslau le 14 juin, et celle de l'Évêque de Worms est fixée au 18 juin. L'Imperatrice Amélie a décliné la Régence de Vienne, attribuée à l'Archiduchesse Marie-Magdeleine. L'Empereur et l'Imperatrice ont quitté le Château de Luxembourg le 27 mai pour se rendre aux Bains de Carlsbad, passant par Prague. Des nouvelles de Gênes signalent la réduction des rebelles en Corse. À Constantinople, M. Dahlman a reçu l'assurance de bonne intelligence avec l'Empereur. Le Gouverneur de Nice a exécuté le Consul Turc parti de Vienne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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41
p. 1709-1734
DEFFENSE d'un Trait Historique de Lampride sur Ovinius Camillus, adressée à M. Bouhier, President au Parlement de Dijon.
Début :
Il a dû vous paroître, Monsieur, par ce que j'ai [...]
Mots clefs :
Trait historique, Lampride, Ovinius Camillus, Association, Histoire, Empereur, Alexandre, Médailles, Lois, Xiphilin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DEFFENSE d'un Trait Historique de Lampride sur Ovinius Camillus, adressée à M. Bouhier, President au Parlement de Dijon.
DEFFENS E d'un Trait Historique
de Lampride sur Ovinius Camillus ,
adressée à M. Bouhier , President an
Parlement de Dijon.
Ice
La dû vous paroître , Monsieur , par
ce que j'ai dit dans les Mercures de
May et d'Octobre 1731. pages 1052. et
2347. que je n'ai point prétendu que
l'explication que j'ai donnée du PRO
SALUTE DOMINORUM , de l'Inscription
trouvée proche notre Ville , fût la seule
et unique qu'on pût en donner. J'ai toûjours attendu qu'on détruisît solidement
ce que j'ai avancé sur la foi de M. de
Tillemont , dès le lendemain que cette
découverte fut faite , et avant que d'avoir eu le loisir de feüilleter les immenses
Recueils d'Inscriptions qui peuvent servir à mettre la verité dans un plus grand
jour. Un Curieux d'Orleans , qui ne se
fait connoître que sous ces deux Lettres
initiales D. P. a enfin trouvé au bout de
quelques mois après la publication de
ma Lettre , que l'on pouvoit entendre ce
DOMINORUM , d'autre que d'Alexandre
Severe et Ovinius , joints ensemble , etil
"
1710 MERCURE DE FRANCE.
il écrit non seulement qu'on le peut ,
mais qu'on le doits et qu'il est impossible
que cette domination ou cet Empire commun attribué à deux Princes convienne
à ces deux-là. Ce qu'il y a d'étonnant
dans son Ecrit imprimé dans le dernier
Mercure , est que pour faire tomber nécessairement les vœux contenus dans notre Inscription sur la prosperité d'Alexandre et de Mammée sa Mere , il persiste à vouloir qu'on regarde comme faux
tout ce que Lampride rapporte de l'association d'Ovinius à l'Empire. Il peut trouver en moi un Lecteur assez docile pour
embrasser l'explication qu'il donne du termeDominorum , comme étant plus aisée à
sauver; mais il ne s'ensuivra pas de- làqueje
doive croire qu'Ovinius est une chimere,
et que tout ce que Lampride en rapporte
est une fible. L'autorité de Lampride est
trop bien établie, pour qu'on puisse révoquer en doute un fait qu'il arevêtu detous
les motifs de credibilité qu'on peut exiger pour l'appui d'un évenement extraor
dinaire. En passant donc à M. P. que ce
fut pour la prosperité de Mammée et
d'Alexandre , que le Monument en question fut érigé , il n'en faut point conclure pour cela que l'association d'Ovinius soit une fiction de quelqueModerne,
A O UST. 1732. 1711
et une invention de quelque Manu- facture d'Ecrivains. Tout ce qu'il pour
ra inferer de ce que je lui accorde , est
que M. Tillemont n'a pas toûjours.
bien examiné les choses avant que de les
assurer, et que quelquefois on peut se
tromper lorsqu'on s'en rapporte trop vîte à son jugement. J'avoueray donc que cet
Historien , tout judicieux qu'il étoit , a
manqué de preuves suffisantes fixer pour l'association d'Ovinius à l'an 223. mais
j'ajoûte bien plus , qu'il ne s'est pas exprimé bien exactement lorsqu'il a dit qu'il
ya dans l'Histoire de cette Association des
circonstances qui paroissent tenir de la Fable. On entrevoit que ce grave Historien a
voulu insinuer seulement que cette association a eu quelques circonstances qui
tiennent du comique , ce que je ne nie
pass mais des circonstances , pour › pour être
comiquès , n'empêchent point le fond
de l'Evenement d'être très- réel. M. de
Tillemont l'a crû tel , puisqu'il a
ployé un article entier de ses Notes pour
en fixer l'époque, Alexandre s'est comporté comme il a dû faire dans la conjoncture où il se trouvoit ; et c'est un
des traits de politique les mieux jouez ,
que celui qui est rapporté par Lampride.
Comme M. P. d'Orleans traite de fable
emtout
1712 MERCURE DE FRANCE
*
tout le récit de Lampride , le point de
difficulté qui nous sépare ne consiste plus
que dans la verification de ce récit que
je soutiens sincere et non controuvé ni
fabriqué à plaisir. Il ne sera plus fait
mention entre nous de l'Inscription d'Auxerre ; mais seulement de cette question
de fait que l'Inscription a occasionnée.
Quelles que soient les louanges qu'il me
donne dans ses deux Ecrits , je ne m'en
laisse point éblouir , et je fais gloire d'être mis au rang des Lecteurs les plus crédules et que la lecture de Lampride ne révolte point , lorsque je m'y trouve dans la compagnie d'une personne aussi profondément versée dans ces matieres que
vous l'êtes. Vous avez eu la bonté de me
faire part de ce que vous opposeriez à
M. P. si c'étoit à vous qu'il eût affaire :
vous allez juger , Monsieur , si j'en ai
fait usage suivant vos intentions , et si
ce que j'ai découvert depuis par une lecture attentive de Lampride , et que j'ai
joint à vos Observations , n'est pas suffisant pour convaincre quiconque n'éxigera point des preuves métaphisiques ou
d'un genre superieur.
Les preuves exterieures de l'Association
d'Ovinius à l'Empire par Alexandre ,
consistent à assurer l'autorité de Lampride
A O UST. 1732. 1713
pride qui le rapporte. Il est inutile de
repeter ce que j'en ai dit dans le Mercure d'Octobre , page 2337. On y voit
les précautions que cet Historien à prises
pour constater la chose ; et vouloir en
douter c'est comme si l'on soutenoit que
tout ce que les Historiens d'aujourd'hui
rapportent de la vie du Roy Henry IV.
sur la foi des Memoires de ses Courti
sans ou de ses Generaux d'Armées , n'est
pas assez appuyé pour être crû , et qu'il
faut qu'ils produisent ces Memoires tels
qu'ils ont été rédigez dans le Cabinet ou
sous les Tentes. Comme nous nous contentons des Extraits qu'on nous donne
aujourd'hui de ces Memoires , de même
dans le siecle de Constantin , on n'exigea
point de Lampride , qu'il joignit à sa vie
d'Alexandre les Memoires qu'en avoient
redigé séparément Septimius , Encolpius,
Acolius , &c. on se contenta des Extraits
qu'il en fit et qu'il ajusta à son style ,
qui est fort simple et fort coupé. Son
dessein étant d'exposer à Constantin
quel fut le caractere des Princes plutôt
que d'entreprendre une Histoire suivie ,
il ne faut pas être surpris qu'il ne tire
des amples Memoires qu'il avoit , qu'un
simple Sommaire qui présente plutôt l'état des mœurs , les maximes et la conduite
1714 MERCURE DE FRANCE
duite de ce Prince , qu'un détail circons→
tancié de ses campagnes C'est l'idée qu'il
faut se faire de Limpride , comme de
quelques autres qui ont compilé les
actions de certains Empereurs , à dessein de donner une idée de Fur caractere On voit par son narré qu'il avoit
sous les yeux les cinq ou six A teurs qui
avoient écrit uniquement sur Alexandre,
et même qu'il tiroir d'Herodien ce qu'il
jugeoit à propos , le refutant lorsqu'il
étoit necessaire. Il n'est point étonnant
après cela que cet Auteur et ses semblables ayent quelques deffiuts ; mais ces
deffauts ne sont pas essentiels. Les Ecrivains de cette espece pechent ordinaire- ment par le manque d'ordre et de méthode. Ils tombent dans des redites ;
mais avec tout cela ils n'écrivent rien de
faux ; ils promettent de s'étendre sur certaines choses , et ils l'oublient ensuite ,
ou ne les font qu'effleurer. Lampride est
précisement dans ce cas-là , au jugement
de Vopisque , dans la vie de l'Empereur
Probus. Il y paroît dans le rang
qui ont transmis l'Histoire à la posterité
non tam disertè quam verè. Laissant l'élegance et l'emphase , il a écrit avec simplicité , mais avec verité. Il ne rapporte
point non- plus les faits par ordre chrode ceux
nologi-
A OUST 1732. 1715
nologique , mais suivant qu'ils se sont
présentez à sa plume , en traçant les traits.
qui caract risent l'Empereur Alexandre.
On ne l'accuse point comme Herodien ,
d'avoir composé les Harangues qu'il met
dans la bouche des Empereurs , ni les
Lettres qu'il leur fait éc ire ; il rapporte
le peu de paroles que le Prince a prononcées ; et s'il ne les rapporte pas diserè ,
du moins on doit dire qu'il les rapporte
verè. Il n'est pas éloquent ; mais il est
fidele. C'est de l'une de ces courtes Harangues que j'espere, Monsieur , tirer cydessous la preuve du temps auquel a été
faite l'Association d'Ovinius.
L'autorité de Lampride étant suffisamment à couvert , malgré le décri dans lequel l'Ecrivain d'Orléans voudroit la mettre , il faut maintenant faire voir que
l'Histoire de l'Association d'Ovinius n'a
rien d'incroyable en elle même , et qu'au
contraire elle est revêtuë de circonstances
qui s'accordent très- fort avec la situation
où Alexandre se trouva. Loin qu'Alexan
dre Sevére fut un Prince puissant , etque
tout fut paisible de son temps , au point
que se le figure M. P. il n'y a gueres eu
d'Empereur plus traversé par ses propres
Sujets , et qui ait essuyé plus de soulévemens. Il est certain que ce jeune Prince
avoit
1716 MERCURE DE FRANCE
avoit par lui- même un bon caractere et
d'excellentes inclinations, qui le portoient
aux grandes choses. Mais sa mere l'avoit
élevé dans une dépendance servile , à laquelle il n'eut pas la force de se soustraire. Ainsi on peut dire que c'étoit elle qui
gouvernoit sous le nom de son fils. Fecit
cuncta cum matre , ut et illa videretur pariter imperare , dit Lampride ; et plus bas :
Egit omnia ex consilio matris. C'est pour
cela que l'Empereur Julien en ses Césars,
lui fait ce reproche amer : Pauvre sot , qui
maître de l'Empire , n'a pas eu l'esprit de
gouverner tes propres Sujets , mais a remis
tes trésors entre les mains de ta mere ! Un des
traits les plus marquez de cette dépendance de sa mere , fut la foiblesse avec laquelle il souffrit l'indigne procédé qu'elle
garda envers sa femme et son beau pere.
Si ce Prince eut été si puissant que le dit
M. P. auroit-on vû arriver sous ses yeux
le meurtre d'Ulpien son favori, et Prefet
du Prétoire , par les Soldats de la Garde
Prétorienne , sans qu'il osât s'élever alors
contre cet attentat ? Loin de punir aussitôt le principal auteur , il lui donne la
Préfecture d'Egypte , en attendant qu'il se sente assez fort pour s'en venger. Depuis cette mort les Prétoriens ne lui obéïrent plus qu'à regret ; leur haine se porta contre
AO.UST. 1732 1717
contre Dion , son Collegue de l'an 229.
et elle éclata si fort que ce Consul n'eut
pas le courage de paroître dans Rome
avec les marques de sa dignité; et il fallut
que l'Empereur lui conseillât de s'en éloigner , pour éviter leur fureur. Dira- t- on
après cela que ce Prince fut regardé comme Puissant , et que son regne fut fort
paisible? Ce n'est pas encore tout; un
nomméTaurin et un autre particulier ,
appellé Urane ( a ) , furent élevez à l'Empire par les armées d'Orient. Un troisiéme, nommé Antonin , fut pareillement
proclamé Auguste , par les Prétoriens. Il
est vrai que ces personnages refuserent la
dignité qu'on leur offroit ; mais ce n'en
est pas moins une preuve que le regne
d'Alexandre ne fut pas si paisible que le
prétend M. P. Peut- être que pour ne rien
rabattre de ses prétentions , il soutiendra que ces proclamations ne se trouvant
marquées que dans le jeune Victor et dans
Zozyme, elles ne meritent aucune créance.Acela je réponds que comme ces deux
Ecrivains vivoient dans un siecle peu
éloigné de celui d'Alexandre , il ne faut
point douter qu'il n'eussent devant eux
les Mémoires de quelques uns des cinq ou
( a ) Je croirai , si l'on veut , que Taurin et Urane aété le même ; rien n'empêche de lesdistinguer.
six
1718 MERCURE DE FRANCE
amis
six Auteurs qui avoient écrit les évenemens du regne de ce Prince , et dont l'éloignement des temps nous a privez Au
reste , ce que Dion rapporte de lui - même
personnellen ent , marque assez l'appré- hension où Al xandre étoit de voir ses
rsécutez ; et peut être aussi de se P
voir lui- même livré au caprice des Soldats. Or je demande si avec de tels soupçons , un Prince peut passer pour avoir
tou ours mené une vie tranquille , si on
peut dire que son regne a été paisible, et
que lui même gouvernoit ses Sujets avec
puissance et empire.
Si donc l'on trouve du foible dans la
maniere dont il se conduit , pour écarter ce qui se tramoit en faveur d'Ovinius,
P'on pourroit l'attribuer aux con eils timides de sa mere : Mais non ; il semble
au contraire que ce fut un trait de prudence qui le fit agir ainsi, Les Prétoriens,
dont l'autorité étoit enracinée dansRome,
avoient conçu une telle haine contre
Mammée , et par conséquent contre son
fils , que tout éroit à craindre de leur
part. Dès qu'ils croyoient voir dans le Sénat quelque Sujet propre à être élevé à
l'Empire , ou , pour mieux dire , à condescendre à leurs volontez , ils ne manquoient pas de ménager des pratiques
sour
D
AOUST. 1732. 1719
sourdes , pour faire déclarer Rome en sa
faveur. Ovinius convenoit apparemment
à leur dessein , et il se trouva disposé à
y concourir. Alexandre en étant averti ,
crut le prévenir , non en se défaisant de
lui , à force ouverte , mais en faisant semblant d'entrer dans les vûës des Prétoriens , jusqu'à ce qu'il trouvât le moment
favorable de perdre son concurrent.Ayant
été averti d'un remuëment , de la part de
certains Barbares , il se servi. de cette occasion pour faire connoître à toute l'armée jusqu'où s'étendoit la force et la vigueur de cet homme si désiré . Il l'associa
donc à l'Empire , avec quelqu'une au
moins des solemnitez ordinaires ; mais
pour le faire en même temps tomber
dans le mépris , et montrer combien il
étoit peu digne de lui être con paré ; il
lui proposa d aller avec lui à la guerre
qui se présentoit à faire contre les Barbares , prévoïant bien qu'il n'oseroit le lui
refuser , mais que délicat comme il étoit,
il ne pourroit jamais résister aux fatigues
dont il lui donneroit l'exemple , et que
son entreprise tourneroit à sa confusion.
En effet , la chose réüssit , comme Aléxandre l'avoit prévû , et par là l'Empereur se vit délivré d'un ennemi qui cassa
d'être dangereux dès qu'il commença à
·
être.
1720 MERCURE DE FRANCE
être méprisé. Ce tour de politique est- il
donc si ridicule et si hors de vrai-semblance que l'assure le Critique d'Orleans?
Pour moi j'y vois toutes chose admirablement bien concertées , pour venir à bout
de décrier Ovinius ; et cela me rappelle le
souvenir d'un artifice assez semblable dont
usa , quelques années auparavant, l'Empereur Septime- Severe, à l'égard d'Albin.
Ce Prince voïant qu'Albin qui descendoit d'une ancienne Maison , étoit aimé
du Sénat, n'osant l'attaquer à force ouverte , fit mine de vouloir l'associer à
l'Empire , et lui écrivit à cet effet des Lettres très-affectueuses en apparence ; mais
en même- temps il chargea secretement
ceux qui les lui porterent de sa part,de se
défaire adroitement de lui; et s'il n'y réüssit pas , ce ne fut pas sa faute. Je pourrois aussi produire d'autres exemples de
tours de politique plus semblables à celui
qu'employa Alexandre , et aussi plus récens. Mais je croi m'être assez étendu sur
cet article , pour persuader à mon adversaire que ce n'est pas sans fondement que
je regarde l'expedient rapporté par Lampride , comme ayant été réellement et
véritablement mis en usage. J'avouë, avec
lui , qu'il n'y a aucune apparence qu'Alexandre cut voulu dans de pareilles circons-
AOUST. 1732. 1721
Constances abandonner à Ovinius , la conduite de son armée; c'eut été le comble de
l'imprudence. Aussi n'est-ce pas le sens
qu'il faut donner au texte de l'Historien .
Monsieur de Tillemont l'a induit en erreur , par la traduction qu'il a faite de ce
texte Latin , en ces termes : Alexandre
offrit à ( Ovinius Camillus de l'y mener
avec lui , s'il n'aimoit mieux y aller lui
seul. Dans ce texte,ainsi conçu ; vel ipsum
si vellet, ire, vel ut secum proficisceretur, bortatus est , la particule vel, doit être prise
non disjonctivement , mais conjonctivement c'est-à- dire pour et , comme dans
une infinité d'autres endroits des Auteurs de l'Histoire Auguste. Monsieur de
Saumaise l'a remarqué plusieurs fois , et
entr'autres sur Lampride, par cette petite
notte; (vel pro et ; quod sexcentis locis apud
hos autores observavimus ) ( a ) Icy P'Hi
torien en a usé de la sorte , d'autant pl
volontiers que la répetition de la part.
cule et qu'il avoit employée peu aupara
vant , et qui revient peu après , auroi
été trop désagréable. ( b ) Lampride a
donc seulement donné à entendre qu'Alexandre invita Ovinius à aller à la Guer-
( a ) Edition de 1620. pag. 184.
(b) Voyez le Mercure d'Oct. 1731. pag. 2338.
C
1722 MERCURE DE FRANCE
re contre les Barbares , et même à faire
le voyage avec lui.
Je n'étois aucunementobligé de désigner
l'habitation de ces Peuples , lorsque je fis
ma premiere Lettre adressée aux Auteurs
du Mercure, dans le mois de May dernier,
n'y d'ajouter dant la seconde , pour plus
grande explication, que l'expedition Ġermanique , qui suivit l'association , se rapportoit à celle où Varius Macrinus se signala dans Pillyrie; et j'aurois pû me borner au simple texte de Lampride , qui ne
les nomme qu'en général , sous le nom
de Barbares. Mais m'étant reposé sur
l'exactitude qu'on attribuë à M. de Tillemont , j'ai cru avec lui, qu'il s'agissoit de
l'expédition qui se fit par Alexandre,contre les Germains , dont le triomphe qui
suivit est marqué chez Occo , sur une
Médaille d'argent en ces deux mots DE
GERMANIS , avec cette note chronologique TR. P. VIII.cos. III. La Victoire étant
rapportée à l'an 229. de Jesus- Christ , il étoit assez naturel de croire que la guerre
cut pû commencer en 228. c'est ce qui
-me déterminoit à faire partir en cette
année Ovinius avec Alexandre. Mais depuis , j'ai fait réfléxion sur un discours
fit Alexandre à ses Soldats étant à An- que
tioche l'an 233 , lorsqu'il les conduisoit
contre
AAOUST. 1732 1723
contre la Perse L'Empereur voulant éteindre les semences de sédition qui se formoient dans son armée, rappella à ses anciens Soldats l'usage qu'on leur avoit enseigné de faire de leur voix , d'abord
contre les Sarmates , ensuite contre les
Germains , et enfin contre les Perses ,
ajoutant qu'il étoit étonnant qu'ils voulussent s'en servir contre celui qui leur
fournissoit la nourriture,les vétemens, &c.
Qui in concione estis , leur dit- il , vocem in
bello cantra hostem , non contra Imperatorem
vestrum necessariam , certè Campidoctores
vestri hanc vos docuerunt contra Sarmatas et
Germanos ac Persas emittere , non contra eum
qui acceptam à Provincialibus annonam ,
qui vestem , qui stipendia vobis attribuit.
Monsieur de Tillemont n'ayant traduit
dans notre langue qu'une partie de ce dis- cours , n'a pas fait sentir que les Sarmates
ysont nommez en premier lieu , et les
Germains ensuite. Ce fut donc l'occasion.
de l'irruption des uns ou des autres de ces
Barbares qu'Alexandre saisit , pour convaincre les Soldats , combien ils se connoissoient peu en vrai mérite , lorsqu'ils
marquoient quelque inclination d'obéïrà
Ovinius. L'Empereur qui étoit jeune , af
fecta apparemment d'aller exprès à pied,
afin de faire succomber son concurrent
Cij Sous
1924 MERCURE DE FRANCE
sous la fatigue, et il en vint à bout en peu
de jours. Comme il est évidenr qu'Alexandre dans le discours qu'il tint à ses
Troupes , les faisoit ressouvenir par ordre des temps de toutes les Campagnes
qu'ils avoient faites; il est necessaire de
placer celle de Sarmatie la premiere ; et
par consequent comme celle de Germanie est de l'an 229 , au plus tard ; on doit
celle que qui se fit contre les
Sarmates a dû être aussi au plus tard l'an
convenir
228.
On ne peut pas assurer si Alexandre
alla en personne jusques dans la Sarmatie; c'est un fait qu'Acolius auroit sans
doute éclairci par le moyen de son livre
des Voyages de cet Empereur. Mais ses
Mémoires étant perdus , on doit se contenter de sçavoir simplement que la premiere guerre que cet Empereur eut à soutenir, fut contre ces peuples. Il seroit fort
à propos , je l'avoue , que quelque Médaille vint au secours de la notice que je
prétends tirer en faveur de cette guerre
Sarmatique , du discours qu'Alexandre
tint à ses Soldats , de méme que nous en
avons une qui constate celle de Germanie. Mais il ne faut point désesperer d'en
trouver quelquejour où la victoire sur les
Sarmates sera rapportée à l'une des 6 premieres
AOUST. 1732 1725
,
mieres années du regne d'Alexandre ,
pourvû que l'on soit plus soigneux de les
conserver , que ne l'a été un Orfévre de
notre Ville , qui au mois de Juin dernier,
en ayant acheté d'un passant un grand
nombre d'argent , du regne de cet Empereur et des autres Princes qui lui succederent , les fondit une demie - heure
après, sans qu'on ait pû en sauver qu'une
seule d'Alexandre. Ces monumens,moins
sujets aux accidens que les livres, peuvent
suppléer en quelque sorte , à ce que nous
- sçaurions plus en détail , si nous avions
en original les Memoites que Septimius ,
Acolus , Encolpe , Gargilius-Martialis
Marius Maximus , Aurele- Philippe et
encore d'autres témoins oculaires avoient
dressés touchant le regne de cet Empereur. Cette guerre Sarmatique s'offre icy
d'autant plus à propos,avant celle de Germanie , que plus elle sera rapprochée du
regne d'Alexandre , plus on sera fondé à
suivre l'explication que Saumaise a donnée au texte de Lampride , et à dire avec
lui que ce fat Alexandre même qui donna ordre de tuer Ovinius dans l'une de
ses terres , où il demeuroit depuis long- temps,
et à ne pas rejetter , sans necessité , cette
mort sur l'Empereur suivants tutum ad
Willas suas irepræcepit in quibus DIU VIXIT,
C iij
K
sed
1726 MERCURE DE FRANCE
sed post , jussu Imperatoris occisus est. Depuis la remarque que vous , Monsieur ,
m'avez fait faire , après Saumaise , que
tout Historien qui dit simplement l'Ēmpereur , entend celui dont il écrit l'histoire , et non son successeur; je ne panche
plus en aucune maniere pour le sentiment que M. de Tillemont insinuë.
M. P. d'Orleans a proposé le silence de
deux Ecrivains contemporains à Alexandre ; sçavoir , Dion et Hérodien , comme
un grand argument contre l'histoire de
l'association d'Ovinius, Mais il faut d'abord retrancher de ce nombre l'Historien
Dion , pour plusieurs considerations. La
premiere est , que nous avons perdu le
livre de son histoire, qui comprenoit une
partie duregne d'Alexandre; car nous n'en
avons qu'un abregé des plus succincts ,
fait par Xiphilin , lequel a retranché ce
qui lui a plus la seconde est , que si
l'association d'Ovinius s'est faite dans le
temps que Dion a renfermé dans son Histoire , c'est-à-dire , avant l'an 229 , comme je n'en doute aucunement , Xiphilin
a voulu la comprendre sous ces termes
generaux qui se trouvent dans son abregé: Per id tempus multe rebelliones facta
sunt à multis quarum aliquot , quum fuissent formidolosa , repressa ac restrincta sunt.
Les
AOUST. 1732. 1727
Les sourdes pratiques d'Ovinius pour par
venir à l'Empire, sontsans doute du nom
bre de ces rebellions dangereuses qui furent réprimées par Alexandre. Can Ovinius rebellare voluisset tyrannidem affecians,
dit Lampride.
ро
Qu'importe , en effet , de quel moyen
on se serve pour réussir à étouffer une rebellion formée secretement , force ou
adresse , pourvu qu'on parvienne au bur
qu'on s'est proposé. Alexandre usa de
litique, de même qu'il venoit de faire unt
peu auparavant , incontinent après le
meurtre d'Ulpien son favori. Le même
Dion dit que la raison pour laquelle Epagathe , Auteur de ce meurtre , ne fut
point puni sur le champ et pourquoi
l'Empereur parut dissimuler la peine que
lui faisoit cette action , fut la crainte qu'il
eut d'exciter une émotion dans Rome.
Epagathus qui Vlpiano magna ex parte
causa necis fuerat , missus est in Ægyptum,
ut Præfectus ejus Provincia , ne forte si de eo
Rome supplicium sumptum esset , tumultus
aliquis connectaretur; atque inde reductus in
Cretam , condemnatus est. Per id tempus , et
le reste , comme cy- dessus.
Quelque année que l'on choisisse entre les six premieres du regne d'Alexandre,
pour placer la mort d'Ulpien , il est évi- C iiij dent
7728 MERCURE DE FRANCE
dent que la rebellion d'Ovinius ne tarda
gueres à suivre cet évenement. On doit
aussi placer vers ce temps-là les procla
mations des autres Augustes dont j'ai parlé plus hauts et le texte de Dion le demande.
A l'égard d'Herodien , ce n'est rien
moins qu'un Auteur exact , suivant les
Critiques et suivant M. de Tillemont
même. Aussi le reprend-il très-souvent ;
ainsi sans entrer dans le détail, qu'il mesoit
permis de renvoyer M. P: à la table de
son troisiéme volume de l'Histoire des
Empereurs. Lampride pareillement , qui
avoit l'ouvrage d'Herodien sous les yeux,
en faisant la vie d'Alexandre , est obligé
de le corriger , lorqu'il contredit les Annales de la Ville de Rome , et tous les
Auteurs contemporains , qui étoient plus
à portée que lui d'examiner les démar
ches de cet Empereur , et sa maniere de
vivre. Cet Historien Grec a pû être mieux
informé de quelques- unes des choses qui
se passerent en Orient , mais il n'eut pas
les mêmes facilitez pour apprendre tout
ce qui arriva dans l'Occident. Il en raconta des Histoires autrement qu'elles n'étoient , et il en obmit plusieurs qui ne
vinrent point à sa connoissance , même
de celles qui regardent l'Orient.
S'il
AOUST. 1732. 1729
S'il falloit n'admettre que ce qu'il a inseré dans son Ouvrage , il faudroit effacer
de la vie d'Alexandre la révolte des Troupes de Mésopotamie , contre Flavius Heracleon , leur Commandant, dont Dion a
parlé; il ne faudroit rien croire du meurtre d'Ulpien, rapporté par le même Dion.
Si Herodlen a obmis l'association d'Ovinius , il a aussi passé sous silence la victoire sur les Germains, remportée en 229,
dont les Médailles ont conservé la mémoire ; il n'a pas fait là moindre men--
tion du triomphe glorieux d'Alexandre ,
au retour de la guerre de Perse. Loin de
cela ,on croiroit à le lire , que l'Empëreur confus de n'avoir pû vaincre Arta--
xerxes , vola brusquement d'Antioche sur
les bords du Rhin ,, pour l'éxpédition
d'Allemagne ; confectoque celeriter itinere
consistit ad Rheni ripas. Il ne dit rien non
plus de l'élevation de Taurin et d'Urane
à l'Empire. Faut-il donc s'étonner s'il en a
fait autant d'Ovinius.
Je ne m'étendrai point à refuter la proposition extraordinaire par laquelle M. P.
avance,qu'à moins que les faits que Lam--
pride a tirés des Historiens contemporains
d'Alexandre , ne se rencontrent ailleurs ;
on est toujours bien reçu à les rejetter.
Javoiie que ce principe est très- commode
G. v pour
1730 MERCURE DE FRANCE
pour n'admettre que ce que l'on veut. Il
suffit de l'exposer , pour faire voir à quel
dégré d'incrédulité il conduiroit les Lecteurs , s'ils en étoient susceptibles , et il
n'est pas difficile de prévoir qu'après l'avoir admis , à l'égard des Historiens du
Paganisme,on pourroit bien l'étendre sur
d'autres , d'une importance bien plus
grande. Je suis donc d'avis, comme vous,
Monsieur , que loin de rejetter le témoignage des Auteurs réunis ensemble , dans
la compilation de l'Histoire Auguste ,
tout imparfaits qu'ils sont; la raison veut
qu'on y ajoute foy , comme à toute autre
Histoire , à moins qu'il n'y ait des motifs
très-pressans de s'en écarter, et des objections qui soient sans replique.
La derniere objection de M. P. contre
l'association d'Ovinius à l'Empire , consiste en ce qu'il ne se trouve aucune Médaille qui fasse mention de lui,ni aucune
Loy où son nom soit marqué. Mais fait- il
attention , que selon l'Historien sur lequel nous nous fondons , cette association fut de très peu de durée , et qu'Ovinius fatigué du métier de la guerre , au
bout de trois ou quatre jours de marche,
abdiqua l'Empireset qu'Alexandre l'ayant
aussi- tôt confié à des Soldats , de la fidèlité desquels il étoit très-sûr,le fit conduire
dans
AOUST. 1732. 1731
dans ses terres, où il vécut en simple particulier. Quoiqu'on ne puisse gueres dou
ter qu'il n'y ait eu quelques Médailles
à l'occasion de l'association d'Ovinius
il n'est pas extraordinaire qu'il ne s'en
trouve point aujourd'hui. Combien y en
a-t-il eu qui n'existent plus , et combien
n'en reste- t- il pas encore à découvrir? On
donne communément trois femmes à Alexandre Severe ; où sont les Médailles des
deux dernieres ? Où est celle qui fut sans
doure frappée pour le triomphe de cet
Empereur. L'Histoire ne nous apprend- elle pas que certaines personnes ont porté le titre d'Empereur , sans qu'il en reste
des Médailles, ou du moins dont on n'en a
que de tres douteuses. Tel est un Jotapianus , un Lucius - Priscus , un JuliusValens , un Perpenna- Lucinianus, un Firmius , &c. S'il ne se trouve point de Médailles de tous les Princes dont l'Histoire
fait mention , il faut aussi avouer que les
Médailles nous ont conservé le nom de
quelques Princes , qui sans cela ne seroient point connus, les Livres qui en
pouvoient traiter ayant été perdus. Tel
est un Pacatianus , un Nigrianus, une Bar
bia Orbiana , &c. On ne peut donc point
conclure avec certitude, qu'un Prince n'a
point existé , de ce qu'on ne trouve poinɛ Cvj son
1732 MERCURE DE FRANCE
son nom sur les Médailles qu'on a aujourd'hui,ou qu'il ne paroît pas dans les Hitsoriens ,parce qu'on a perdu beaucoupde mo
numens en l'un et en l'autre genre. On peut
encore moins le conclure de ce que son
nom n'est dans aucune Loy. Cette raison
est des plus frivoles dans l'affaire d'Ovinius. Il peut se faire qu'il n'y ait eu aucune
Loy expédiée , du moins qui soit parve
nue jusqu'à nous , pendant le court inter valle de son association. Si donc il se rencontre des vuides considérables , sans promulgation de Loix , pendant les années ,
à l'une desquelles on est obligé de fixer
cette association , l'argument de M. P.
n'est d'aucun poids , et il tombe de luimême.
nuë
Quoique jaye accordé à M.P. qu'une
Inscription votive, de l'an 228. qui porte
ces mots: Pre salute Dominorum, pourroit
s'entendre plus naturellement de l'Im
pératrice Mammée , avec son fils ; je n'abandonne point cependant tout-à- fait la
part qu'Ovinius peut avoir dans ce nom
bre plurier; parce qu'à la lecture de Dion,
tout abregé qu'il est par Xiphilin ; on
voit clairement que la mort d'Ulpien n'a
pas dû précéder de beaucoup de temps le
Consular du même Dion , qui fut sûrement l'an 229. Il faut donc mettre certe
mort
A' O UST. 、 1732. 1733
mort vers la fin de l'an 227 , ou au commencement de 228. Or comme , selon le
même Dion , l'intervalle entre ces deux
époques fut celui pendant lequel se for- merent diverses rebellions : Multa rebelLiones à multis celle d'Ovinius ayant été
l'une des plus dangereuses, il paroît qu'on
doit toujours la rapporter à l'an 228 ; et que
par conséquent son association seroit du
même-temps, et sous le Consulat de Mcdeste et Probus. C'est ce qu'il faut esperer
que la postérité verra un jour éclairci par
les Médailles , dont on fera la découverte, ou par d'autres monumens plus en- tiers que n'est celui d'Auxerre. Au reste
cet Ovinius-Camillus estsi peu une chime
re et unpersonnage fabriqué par Lampride, ou par quelque Ecrivain posterieur
selon le jugement de Tristan , que ce celebre Antiquaire le croit fils d'un autre
Ovinius-Tertullus , Président de la Mysie inférieure , auquel fut adressé un Réscrit très-connu dans le Droit , et qui a
fait donner le nom de : Ad Senatus Consulium Tertullianum , au tit . 17 du 38 liv.
du Digeste. Les Deux Empereurs qui y
sont nommez , sont Septime Sévére , et
Caracalla , son fils ; et le Jurisconsulte ,
qui cite le Réscrit, n'est autre que le fameux Ulpien , dont j'ai déja parlé plu- sieurs
1734 MERCURE DE FRANCE
sieurs fois. Je vous ai , Monsieur , l'obligation de cette remarque , qui n'est pas
icy hors de propos , et qui fait voir en
même- temps, qu'en lisant les Loix, vous
ne perdez aucun des fruits qu'on en peut
tirer pour la littérature. Comme les Livres du Droit sont moins suspects de
falsification que les Livres d'Histoire ,
j'espere que mon Adversaire aura assez
d'équité pour ne pas prétendre que la
généalogie , indiquée par Tristan , pêche
jusques dans sa source. Il faut qu'il convienne au moins que le nom d'Ovinius
ne se rencontre guéres ailleurs qu'en ces
-deux endroits. De mon côté , si le tout
est controuvé et fabriqué à plaisir , j'avouerai que la manufacture d'Ecrivains ,
Imaginée par quelques modernes , a eu
des correspondances admirablement bien
soûtenues par tout l'Occident , pour y
faire trouver en tous lieux , dans le Corps
du Droit , un Ovinius- Tertullus , Pere
environ l'an 200 , et dans la compila
tion de l'histoire Auguste , un OviniusCamillus , fils , l'an 228. ou environ.
AAuxerre , ce 26 May 1732
de Lampride sur Ovinius Camillus ,
adressée à M. Bouhier , President an
Parlement de Dijon.
Ice
La dû vous paroître , Monsieur , par
ce que j'ai dit dans les Mercures de
May et d'Octobre 1731. pages 1052. et
2347. que je n'ai point prétendu que
l'explication que j'ai donnée du PRO
SALUTE DOMINORUM , de l'Inscription
trouvée proche notre Ville , fût la seule
et unique qu'on pût en donner. J'ai toûjours attendu qu'on détruisît solidement
ce que j'ai avancé sur la foi de M. de
Tillemont , dès le lendemain que cette
découverte fut faite , et avant que d'avoir eu le loisir de feüilleter les immenses
Recueils d'Inscriptions qui peuvent servir à mettre la verité dans un plus grand
jour. Un Curieux d'Orleans , qui ne se
fait connoître que sous ces deux Lettres
initiales D. P. a enfin trouvé au bout de
quelques mois après la publication de
ma Lettre , que l'on pouvoit entendre ce
DOMINORUM , d'autre que d'Alexandre
Severe et Ovinius , joints ensemble , etil
"
1710 MERCURE DE FRANCE.
il écrit non seulement qu'on le peut ,
mais qu'on le doits et qu'il est impossible
que cette domination ou cet Empire commun attribué à deux Princes convienne
à ces deux-là. Ce qu'il y a d'étonnant
dans son Ecrit imprimé dans le dernier
Mercure , est que pour faire tomber nécessairement les vœux contenus dans notre Inscription sur la prosperité d'Alexandre et de Mammée sa Mere , il persiste à vouloir qu'on regarde comme faux
tout ce que Lampride rapporte de l'association d'Ovinius à l'Empire. Il peut trouver en moi un Lecteur assez docile pour
embrasser l'explication qu'il donne du termeDominorum , comme étant plus aisée à
sauver; mais il ne s'ensuivra pas de- làqueje
doive croire qu'Ovinius est une chimere,
et que tout ce que Lampride en rapporte
est une fible. L'autorité de Lampride est
trop bien établie, pour qu'on puisse révoquer en doute un fait qu'il arevêtu detous
les motifs de credibilité qu'on peut exiger pour l'appui d'un évenement extraor
dinaire. En passant donc à M. P. que ce
fut pour la prosperité de Mammée et
d'Alexandre , que le Monument en question fut érigé , il n'en faut point conclure pour cela que l'association d'Ovinius soit une fiction de quelqueModerne,
A O UST. 1732. 1711
et une invention de quelque Manu- facture d'Ecrivains. Tout ce qu'il pour
ra inferer de ce que je lui accorde , est
que M. Tillemont n'a pas toûjours.
bien examiné les choses avant que de les
assurer, et que quelquefois on peut se
tromper lorsqu'on s'en rapporte trop vîte à son jugement. J'avoueray donc que cet
Historien , tout judicieux qu'il étoit , a
manqué de preuves suffisantes fixer pour l'association d'Ovinius à l'an 223. mais
j'ajoûte bien plus , qu'il ne s'est pas exprimé bien exactement lorsqu'il a dit qu'il
ya dans l'Histoire de cette Association des
circonstances qui paroissent tenir de la Fable. On entrevoit que ce grave Historien a
voulu insinuer seulement que cette association a eu quelques circonstances qui
tiennent du comique , ce que je ne nie
pass mais des circonstances , pour › pour être
comiquès , n'empêchent point le fond
de l'Evenement d'être très- réel. M. de
Tillemont l'a crû tel , puisqu'il a
ployé un article entier de ses Notes pour
en fixer l'époque, Alexandre s'est comporté comme il a dû faire dans la conjoncture où il se trouvoit ; et c'est un
des traits de politique les mieux jouez ,
que celui qui est rapporté par Lampride.
Comme M. P. d'Orleans traite de fable
emtout
1712 MERCURE DE FRANCE
*
tout le récit de Lampride , le point de
difficulté qui nous sépare ne consiste plus
que dans la verification de ce récit que
je soutiens sincere et non controuvé ni
fabriqué à plaisir. Il ne sera plus fait
mention entre nous de l'Inscription d'Auxerre ; mais seulement de cette question
de fait que l'Inscription a occasionnée.
Quelles que soient les louanges qu'il me
donne dans ses deux Ecrits , je ne m'en
laisse point éblouir , et je fais gloire d'être mis au rang des Lecteurs les plus crédules et que la lecture de Lampride ne révolte point , lorsque je m'y trouve dans la compagnie d'une personne aussi profondément versée dans ces matieres que
vous l'êtes. Vous avez eu la bonté de me
faire part de ce que vous opposeriez à
M. P. si c'étoit à vous qu'il eût affaire :
vous allez juger , Monsieur , si j'en ai
fait usage suivant vos intentions , et si
ce que j'ai découvert depuis par une lecture attentive de Lampride , et que j'ai
joint à vos Observations , n'est pas suffisant pour convaincre quiconque n'éxigera point des preuves métaphisiques ou
d'un genre superieur.
Les preuves exterieures de l'Association
d'Ovinius à l'Empire par Alexandre ,
consistent à assurer l'autorité de Lampride
A O UST. 1732. 1713
pride qui le rapporte. Il est inutile de
repeter ce que j'en ai dit dans le Mercure d'Octobre , page 2337. On y voit
les précautions que cet Historien à prises
pour constater la chose ; et vouloir en
douter c'est comme si l'on soutenoit que
tout ce que les Historiens d'aujourd'hui
rapportent de la vie du Roy Henry IV.
sur la foi des Memoires de ses Courti
sans ou de ses Generaux d'Armées , n'est
pas assez appuyé pour être crû , et qu'il
faut qu'ils produisent ces Memoires tels
qu'ils ont été rédigez dans le Cabinet ou
sous les Tentes. Comme nous nous contentons des Extraits qu'on nous donne
aujourd'hui de ces Memoires , de même
dans le siecle de Constantin , on n'exigea
point de Lampride , qu'il joignit à sa vie
d'Alexandre les Memoires qu'en avoient
redigé séparément Septimius , Encolpius,
Acolius , &c. on se contenta des Extraits
qu'il en fit et qu'il ajusta à son style ,
qui est fort simple et fort coupé. Son
dessein étant d'exposer à Constantin
quel fut le caractere des Princes plutôt
que d'entreprendre une Histoire suivie ,
il ne faut pas être surpris qu'il ne tire
des amples Memoires qu'il avoit , qu'un
simple Sommaire qui présente plutôt l'état des mœurs , les maximes et la conduite
1714 MERCURE DE FRANCE
duite de ce Prince , qu'un détail circons→
tancié de ses campagnes C'est l'idée qu'il
faut se faire de Limpride , comme de
quelques autres qui ont compilé les
actions de certains Empereurs , à dessein de donner une idée de Fur caractere On voit par son narré qu'il avoit
sous les yeux les cinq ou six A teurs qui
avoient écrit uniquement sur Alexandre,
et même qu'il tiroir d'Herodien ce qu'il
jugeoit à propos , le refutant lorsqu'il
étoit necessaire. Il n'est point étonnant
après cela que cet Auteur et ses semblables ayent quelques deffiuts ; mais ces
deffauts ne sont pas essentiels. Les Ecrivains de cette espece pechent ordinaire- ment par le manque d'ordre et de méthode. Ils tombent dans des redites ;
mais avec tout cela ils n'écrivent rien de
faux ; ils promettent de s'étendre sur certaines choses , et ils l'oublient ensuite ,
ou ne les font qu'effleurer. Lampride est
précisement dans ce cas-là , au jugement
de Vopisque , dans la vie de l'Empereur
Probus. Il y paroît dans le rang
qui ont transmis l'Histoire à la posterité
non tam disertè quam verè. Laissant l'élegance et l'emphase , il a écrit avec simplicité , mais avec verité. Il ne rapporte
point non- plus les faits par ordre chrode ceux
nologi-
A OUST 1732. 1715
nologique , mais suivant qu'ils se sont
présentez à sa plume , en traçant les traits.
qui caract risent l'Empereur Alexandre.
On ne l'accuse point comme Herodien ,
d'avoir composé les Harangues qu'il met
dans la bouche des Empereurs , ni les
Lettres qu'il leur fait éc ire ; il rapporte
le peu de paroles que le Prince a prononcées ; et s'il ne les rapporte pas diserè ,
du moins on doit dire qu'il les rapporte
verè. Il n'est pas éloquent ; mais il est
fidele. C'est de l'une de ces courtes Harangues que j'espere, Monsieur , tirer cydessous la preuve du temps auquel a été
faite l'Association d'Ovinius.
L'autorité de Lampride étant suffisamment à couvert , malgré le décri dans lequel l'Ecrivain d'Orléans voudroit la mettre , il faut maintenant faire voir que
l'Histoire de l'Association d'Ovinius n'a
rien d'incroyable en elle même , et qu'au
contraire elle est revêtuë de circonstances
qui s'accordent très- fort avec la situation
où Alexandre se trouva. Loin qu'Alexan
dre Sevére fut un Prince puissant , etque
tout fut paisible de son temps , au point
que se le figure M. P. il n'y a gueres eu
d'Empereur plus traversé par ses propres
Sujets , et qui ait essuyé plus de soulévemens. Il est certain que ce jeune Prince
avoit
1716 MERCURE DE FRANCE
avoit par lui- même un bon caractere et
d'excellentes inclinations, qui le portoient
aux grandes choses. Mais sa mere l'avoit
élevé dans une dépendance servile , à laquelle il n'eut pas la force de se soustraire. Ainsi on peut dire que c'étoit elle qui
gouvernoit sous le nom de son fils. Fecit
cuncta cum matre , ut et illa videretur pariter imperare , dit Lampride ; et plus bas :
Egit omnia ex consilio matris. C'est pour
cela que l'Empereur Julien en ses Césars,
lui fait ce reproche amer : Pauvre sot , qui
maître de l'Empire , n'a pas eu l'esprit de
gouverner tes propres Sujets , mais a remis
tes trésors entre les mains de ta mere ! Un des
traits les plus marquez de cette dépendance de sa mere , fut la foiblesse avec laquelle il souffrit l'indigne procédé qu'elle
garda envers sa femme et son beau pere.
Si ce Prince eut été si puissant que le dit
M. P. auroit-on vû arriver sous ses yeux
le meurtre d'Ulpien son favori, et Prefet
du Prétoire , par les Soldats de la Garde
Prétorienne , sans qu'il osât s'élever alors
contre cet attentat ? Loin de punir aussitôt le principal auteur , il lui donne la
Préfecture d'Egypte , en attendant qu'il se sente assez fort pour s'en venger. Depuis cette mort les Prétoriens ne lui obéïrent plus qu'à regret ; leur haine se porta contre
AO.UST. 1732 1717
contre Dion , son Collegue de l'an 229.
et elle éclata si fort que ce Consul n'eut
pas le courage de paroître dans Rome
avec les marques de sa dignité; et il fallut
que l'Empereur lui conseillât de s'en éloigner , pour éviter leur fureur. Dira- t- on
après cela que ce Prince fut regardé comme Puissant , et que son regne fut fort
paisible? Ce n'est pas encore tout; un
nomméTaurin et un autre particulier ,
appellé Urane ( a ) , furent élevez à l'Empire par les armées d'Orient. Un troisiéme, nommé Antonin , fut pareillement
proclamé Auguste , par les Prétoriens. Il
est vrai que ces personnages refuserent la
dignité qu'on leur offroit ; mais ce n'en
est pas moins une preuve que le regne
d'Alexandre ne fut pas si paisible que le
prétend M. P. Peut- être que pour ne rien
rabattre de ses prétentions , il soutiendra que ces proclamations ne se trouvant
marquées que dans le jeune Victor et dans
Zozyme, elles ne meritent aucune créance.Acela je réponds que comme ces deux
Ecrivains vivoient dans un siecle peu
éloigné de celui d'Alexandre , il ne faut
point douter qu'il n'eussent devant eux
les Mémoires de quelques uns des cinq ou
( a ) Je croirai , si l'on veut , que Taurin et Urane aété le même ; rien n'empêche de lesdistinguer.
six
1718 MERCURE DE FRANCE
amis
six Auteurs qui avoient écrit les évenemens du regne de ce Prince , et dont l'éloignement des temps nous a privez Au
reste , ce que Dion rapporte de lui - même
personnellen ent , marque assez l'appré- hension où Al xandre étoit de voir ses
rsécutez ; et peut être aussi de se P
voir lui- même livré au caprice des Soldats. Or je demande si avec de tels soupçons , un Prince peut passer pour avoir
tou ours mené une vie tranquille , si on
peut dire que son regne a été paisible, et
que lui même gouvernoit ses Sujets avec
puissance et empire.
Si donc l'on trouve du foible dans la
maniere dont il se conduit , pour écarter ce qui se tramoit en faveur d'Ovinius,
P'on pourroit l'attribuer aux con eils timides de sa mere : Mais non ; il semble
au contraire que ce fut un trait de prudence qui le fit agir ainsi, Les Prétoriens,
dont l'autorité étoit enracinée dansRome,
avoient conçu une telle haine contre
Mammée , et par conséquent contre son
fils , que tout éroit à craindre de leur
part. Dès qu'ils croyoient voir dans le Sénat quelque Sujet propre à être élevé à
l'Empire , ou , pour mieux dire , à condescendre à leurs volontez , ils ne manquoient pas de ménager des pratiques
sour
D
AOUST. 1732. 1719
sourdes , pour faire déclarer Rome en sa
faveur. Ovinius convenoit apparemment
à leur dessein , et il se trouva disposé à
y concourir. Alexandre en étant averti ,
crut le prévenir , non en se défaisant de
lui , à force ouverte , mais en faisant semblant d'entrer dans les vûës des Prétoriens , jusqu'à ce qu'il trouvât le moment
favorable de perdre son concurrent.Ayant
été averti d'un remuëment , de la part de
certains Barbares , il se servi. de cette occasion pour faire connoître à toute l'armée jusqu'où s'étendoit la force et la vigueur de cet homme si désiré . Il l'associa
donc à l'Empire , avec quelqu'une au
moins des solemnitez ordinaires ; mais
pour le faire en même temps tomber
dans le mépris , et montrer combien il
étoit peu digne de lui être con paré ; il
lui proposa d aller avec lui à la guerre
qui se présentoit à faire contre les Barbares , prévoïant bien qu'il n'oseroit le lui
refuser , mais que délicat comme il étoit,
il ne pourroit jamais résister aux fatigues
dont il lui donneroit l'exemple , et que
son entreprise tourneroit à sa confusion.
En effet , la chose réüssit , comme Aléxandre l'avoit prévû , et par là l'Empereur se vit délivré d'un ennemi qui cassa
d'être dangereux dès qu'il commença à
·
être.
1720 MERCURE DE FRANCE
être méprisé. Ce tour de politique est- il
donc si ridicule et si hors de vrai-semblance que l'assure le Critique d'Orleans?
Pour moi j'y vois toutes chose admirablement bien concertées , pour venir à bout
de décrier Ovinius ; et cela me rappelle le
souvenir d'un artifice assez semblable dont
usa , quelques années auparavant, l'Empereur Septime- Severe, à l'égard d'Albin.
Ce Prince voïant qu'Albin qui descendoit d'une ancienne Maison , étoit aimé
du Sénat, n'osant l'attaquer à force ouverte , fit mine de vouloir l'associer à
l'Empire , et lui écrivit à cet effet des Lettres très-affectueuses en apparence ; mais
en même- temps il chargea secretement
ceux qui les lui porterent de sa part,de se
défaire adroitement de lui; et s'il n'y réüssit pas , ce ne fut pas sa faute. Je pourrois aussi produire d'autres exemples de
tours de politique plus semblables à celui
qu'employa Alexandre , et aussi plus récens. Mais je croi m'être assez étendu sur
cet article , pour persuader à mon adversaire que ce n'est pas sans fondement que
je regarde l'expedient rapporté par Lampride , comme ayant été réellement et
véritablement mis en usage. J'avouë, avec
lui , qu'il n'y a aucune apparence qu'Alexandre cut voulu dans de pareilles circons-
AOUST. 1732. 1721
Constances abandonner à Ovinius , la conduite de son armée; c'eut été le comble de
l'imprudence. Aussi n'est-ce pas le sens
qu'il faut donner au texte de l'Historien .
Monsieur de Tillemont l'a induit en erreur , par la traduction qu'il a faite de ce
texte Latin , en ces termes : Alexandre
offrit à ( Ovinius Camillus de l'y mener
avec lui , s'il n'aimoit mieux y aller lui
seul. Dans ce texte,ainsi conçu ; vel ipsum
si vellet, ire, vel ut secum proficisceretur, bortatus est , la particule vel, doit être prise
non disjonctivement , mais conjonctivement c'est-à- dire pour et , comme dans
une infinité d'autres endroits des Auteurs de l'Histoire Auguste. Monsieur de
Saumaise l'a remarqué plusieurs fois , et
entr'autres sur Lampride, par cette petite
notte; (vel pro et ; quod sexcentis locis apud
hos autores observavimus ) ( a ) Icy P'Hi
torien en a usé de la sorte , d'autant pl
volontiers que la répetition de la part.
cule et qu'il avoit employée peu aupara
vant , et qui revient peu après , auroi
été trop désagréable. ( b ) Lampride a
donc seulement donné à entendre qu'Alexandre invita Ovinius à aller à la Guer-
( a ) Edition de 1620. pag. 184.
(b) Voyez le Mercure d'Oct. 1731. pag. 2338.
C
1722 MERCURE DE FRANCE
re contre les Barbares , et même à faire
le voyage avec lui.
Je n'étois aucunementobligé de désigner
l'habitation de ces Peuples , lorsque je fis
ma premiere Lettre adressée aux Auteurs
du Mercure, dans le mois de May dernier,
n'y d'ajouter dant la seconde , pour plus
grande explication, que l'expedition Ġermanique , qui suivit l'association , se rapportoit à celle où Varius Macrinus se signala dans Pillyrie; et j'aurois pû me borner au simple texte de Lampride , qui ne
les nomme qu'en général , sous le nom
de Barbares. Mais m'étant reposé sur
l'exactitude qu'on attribuë à M. de Tillemont , j'ai cru avec lui, qu'il s'agissoit de
l'expédition qui se fit par Alexandre,contre les Germains , dont le triomphe qui
suivit est marqué chez Occo , sur une
Médaille d'argent en ces deux mots DE
GERMANIS , avec cette note chronologique TR. P. VIII.cos. III. La Victoire étant
rapportée à l'an 229. de Jesus- Christ , il étoit assez naturel de croire que la guerre
cut pû commencer en 228. c'est ce qui
-me déterminoit à faire partir en cette
année Ovinius avec Alexandre. Mais depuis , j'ai fait réfléxion sur un discours
fit Alexandre à ses Soldats étant à An- que
tioche l'an 233 , lorsqu'il les conduisoit
contre
AAOUST. 1732 1723
contre la Perse L'Empereur voulant éteindre les semences de sédition qui se formoient dans son armée, rappella à ses anciens Soldats l'usage qu'on leur avoit enseigné de faire de leur voix , d'abord
contre les Sarmates , ensuite contre les
Germains , et enfin contre les Perses ,
ajoutant qu'il étoit étonnant qu'ils voulussent s'en servir contre celui qui leur
fournissoit la nourriture,les vétemens, &c.
Qui in concione estis , leur dit- il , vocem in
bello cantra hostem , non contra Imperatorem
vestrum necessariam , certè Campidoctores
vestri hanc vos docuerunt contra Sarmatas et
Germanos ac Persas emittere , non contra eum
qui acceptam à Provincialibus annonam ,
qui vestem , qui stipendia vobis attribuit.
Monsieur de Tillemont n'ayant traduit
dans notre langue qu'une partie de ce dis- cours , n'a pas fait sentir que les Sarmates
ysont nommez en premier lieu , et les
Germains ensuite. Ce fut donc l'occasion.
de l'irruption des uns ou des autres de ces
Barbares qu'Alexandre saisit , pour convaincre les Soldats , combien ils se connoissoient peu en vrai mérite , lorsqu'ils
marquoient quelque inclination d'obéïrà
Ovinius. L'Empereur qui étoit jeune , af
fecta apparemment d'aller exprès à pied,
afin de faire succomber son concurrent
Cij Sous
1924 MERCURE DE FRANCE
sous la fatigue, et il en vint à bout en peu
de jours. Comme il est évidenr qu'Alexandre dans le discours qu'il tint à ses
Troupes , les faisoit ressouvenir par ordre des temps de toutes les Campagnes
qu'ils avoient faites; il est necessaire de
placer celle de Sarmatie la premiere ; et
par consequent comme celle de Germanie est de l'an 229 , au plus tard ; on doit
celle que qui se fit contre les
Sarmates a dû être aussi au plus tard l'an
convenir
228.
On ne peut pas assurer si Alexandre
alla en personne jusques dans la Sarmatie; c'est un fait qu'Acolius auroit sans
doute éclairci par le moyen de son livre
des Voyages de cet Empereur. Mais ses
Mémoires étant perdus , on doit se contenter de sçavoir simplement que la premiere guerre que cet Empereur eut à soutenir, fut contre ces peuples. Il seroit fort
à propos , je l'avoue , que quelque Médaille vint au secours de la notice que je
prétends tirer en faveur de cette guerre
Sarmatique , du discours qu'Alexandre
tint à ses Soldats , de méme que nous en
avons une qui constate celle de Germanie. Mais il ne faut point désesperer d'en
trouver quelquejour où la victoire sur les
Sarmates sera rapportée à l'une des 6 premieres
AOUST. 1732 1725
,
mieres années du regne d'Alexandre ,
pourvû que l'on soit plus soigneux de les
conserver , que ne l'a été un Orfévre de
notre Ville , qui au mois de Juin dernier,
en ayant acheté d'un passant un grand
nombre d'argent , du regne de cet Empereur et des autres Princes qui lui succederent , les fondit une demie - heure
après, sans qu'on ait pû en sauver qu'une
seule d'Alexandre. Ces monumens,moins
sujets aux accidens que les livres, peuvent
suppléer en quelque sorte , à ce que nous
- sçaurions plus en détail , si nous avions
en original les Memoites que Septimius ,
Acolus , Encolpe , Gargilius-Martialis
Marius Maximus , Aurele- Philippe et
encore d'autres témoins oculaires avoient
dressés touchant le regne de cet Empereur. Cette guerre Sarmatique s'offre icy
d'autant plus à propos,avant celle de Germanie , que plus elle sera rapprochée du
regne d'Alexandre , plus on sera fondé à
suivre l'explication que Saumaise a donnée au texte de Lampride , et à dire avec
lui que ce fat Alexandre même qui donna ordre de tuer Ovinius dans l'une de
ses terres , où il demeuroit depuis long- temps,
et à ne pas rejetter , sans necessité , cette
mort sur l'Empereur suivants tutum ad
Willas suas irepræcepit in quibus DIU VIXIT,
C iij
K
sed
1726 MERCURE DE FRANCE
sed post , jussu Imperatoris occisus est. Depuis la remarque que vous , Monsieur ,
m'avez fait faire , après Saumaise , que
tout Historien qui dit simplement l'Ēmpereur , entend celui dont il écrit l'histoire , et non son successeur; je ne panche
plus en aucune maniere pour le sentiment que M. de Tillemont insinuë.
M. P. d'Orleans a proposé le silence de
deux Ecrivains contemporains à Alexandre ; sçavoir , Dion et Hérodien , comme
un grand argument contre l'histoire de
l'association d'Ovinius, Mais il faut d'abord retrancher de ce nombre l'Historien
Dion , pour plusieurs considerations. La
premiere est , que nous avons perdu le
livre de son histoire, qui comprenoit une
partie duregne d'Alexandre; car nous n'en
avons qu'un abregé des plus succincts ,
fait par Xiphilin , lequel a retranché ce
qui lui a plus la seconde est , que si
l'association d'Ovinius s'est faite dans le
temps que Dion a renfermé dans son Histoire , c'est-à-dire , avant l'an 229 , comme je n'en doute aucunement , Xiphilin
a voulu la comprendre sous ces termes
generaux qui se trouvent dans son abregé: Per id tempus multe rebelliones facta
sunt à multis quarum aliquot , quum fuissent formidolosa , repressa ac restrincta sunt.
Les
AOUST. 1732. 1727
Les sourdes pratiques d'Ovinius pour par
venir à l'Empire, sontsans doute du nom
bre de ces rebellions dangereuses qui furent réprimées par Alexandre. Can Ovinius rebellare voluisset tyrannidem affecians,
dit Lampride.
ро
Qu'importe , en effet , de quel moyen
on se serve pour réussir à étouffer une rebellion formée secretement , force ou
adresse , pourvu qu'on parvienne au bur
qu'on s'est proposé. Alexandre usa de
litique, de même qu'il venoit de faire unt
peu auparavant , incontinent après le
meurtre d'Ulpien son favori. Le même
Dion dit que la raison pour laquelle Epagathe , Auteur de ce meurtre , ne fut
point puni sur le champ et pourquoi
l'Empereur parut dissimuler la peine que
lui faisoit cette action , fut la crainte qu'il
eut d'exciter une émotion dans Rome.
Epagathus qui Vlpiano magna ex parte
causa necis fuerat , missus est in Ægyptum,
ut Præfectus ejus Provincia , ne forte si de eo
Rome supplicium sumptum esset , tumultus
aliquis connectaretur; atque inde reductus in
Cretam , condemnatus est. Per id tempus , et
le reste , comme cy- dessus.
Quelque année que l'on choisisse entre les six premieres du regne d'Alexandre,
pour placer la mort d'Ulpien , il est évi- C iiij dent
7728 MERCURE DE FRANCE
dent que la rebellion d'Ovinius ne tarda
gueres à suivre cet évenement. On doit
aussi placer vers ce temps-là les procla
mations des autres Augustes dont j'ai parlé plus hauts et le texte de Dion le demande.
A l'égard d'Herodien , ce n'est rien
moins qu'un Auteur exact , suivant les
Critiques et suivant M. de Tillemont
même. Aussi le reprend-il très-souvent ;
ainsi sans entrer dans le détail, qu'il mesoit
permis de renvoyer M. P: à la table de
son troisiéme volume de l'Histoire des
Empereurs. Lampride pareillement , qui
avoit l'ouvrage d'Herodien sous les yeux,
en faisant la vie d'Alexandre , est obligé
de le corriger , lorqu'il contredit les Annales de la Ville de Rome , et tous les
Auteurs contemporains , qui étoient plus
à portée que lui d'examiner les démar
ches de cet Empereur , et sa maniere de
vivre. Cet Historien Grec a pû être mieux
informé de quelques- unes des choses qui
se passerent en Orient , mais il n'eut pas
les mêmes facilitez pour apprendre tout
ce qui arriva dans l'Occident. Il en raconta des Histoires autrement qu'elles n'étoient , et il en obmit plusieurs qui ne
vinrent point à sa connoissance , même
de celles qui regardent l'Orient.
S'il
AOUST. 1732. 1729
S'il falloit n'admettre que ce qu'il a inseré dans son Ouvrage , il faudroit effacer
de la vie d'Alexandre la révolte des Troupes de Mésopotamie , contre Flavius Heracleon , leur Commandant, dont Dion a
parlé; il ne faudroit rien croire du meurtre d'Ulpien, rapporté par le même Dion.
Si Herodlen a obmis l'association d'Ovinius , il a aussi passé sous silence la victoire sur les Germains, remportée en 229,
dont les Médailles ont conservé la mémoire ; il n'a pas fait là moindre men--
tion du triomphe glorieux d'Alexandre ,
au retour de la guerre de Perse. Loin de
cela ,on croiroit à le lire , que l'Empëreur confus de n'avoir pû vaincre Arta--
xerxes , vola brusquement d'Antioche sur
les bords du Rhin ,, pour l'éxpédition
d'Allemagne ; confectoque celeriter itinere
consistit ad Rheni ripas. Il ne dit rien non
plus de l'élevation de Taurin et d'Urane
à l'Empire. Faut-il donc s'étonner s'il en a
fait autant d'Ovinius.
Je ne m'étendrai point à refuter la proposition extraordinaire par laquelle M. P.
avance,qu'à moins que les faits que Lam--
pride a tirés des Historiens contemporains
d'Alexandre , ne se rencontrent ailleurs ;
on est toujours bien reçu à les rejetter.
Javoiie que ce principe est très- commode
G. v pour
1730 MERCURE DE FRANCE
pour n'admettre que ce que l'on veut. Il
suffit de l'exposer , pour faire voir à quel
dégré d'incrédulité il conduiroit les Lecteurs , s'ils en étoient susceptibles , et il
n'est pas difficile de prévoir qu'après l'avoir admis , à l'égard des Historiens du
Paganisme,on pourroit bien l'étendre sur
d'autres , d'une importance bien plus
grande. Je suis donc d'avis, comme vous,
Monsieur , que loin de rejetter le témoignage des Auteurs réunis ensemble , dans
la compilation de l'Histoire Auguste ,
tout imparfaits qu'ils sont; la raison veut
qu'on y ajoute foy , comme à toute autre
Histoire , à moins qu'il n'y ait des motifs
très-pressans de s'en écarter, et des objections qui soient sans replique.
La derniere objection de M. P. contre
l'association d'Ovinius à l'Empire , consiste en ce qu'il ne se trouve aucune Médaille qui fasse mention de lui,ni aucune
Loy où son nom soit marqué. Mais fait- il
attention , que selon l'Historien sur lequel nous nous fondons , cette association fut de très peu de durée , et qu'Ovinius fatigué du métier de la guerre , au
bout de trois ou quatre jours de marche,
abdiqua l'Empireset qu'Alexandre l'ayant
aussi- tôt confié à des Soldats , de la fidèlité desquels il étoit très-sûr,le fit conduire
dans
AOUST. 1732. 1731
dans ses terres, où il vécut en simple particulier. Quoiqu'on ne puisse gueres dou
ter qu'il n'y ait eu quelques Médailles
à l'occasion de l'association d'Ovinius
il n'est pas extraordinaire qu'il ne s'en
trouve point aujourd'hui. Combien y en
a-t-il eu qui n'existent plus , et combien
n'en reste- t- il pas encore à découvrir? On
donne communément trois femmes à Alexandre Severe ; où sont les Médailles des
deux dernieres ? Où est celle qui fut sans
doure frappée pour le triomphe de cet
Empereur. L'Histoire ne nous apprend- elle pas que certaines personnes ont porté le titre d'Empereur , sans qu'il en reste
des Médailles, ou du moins dont on n'en a
que de tres douteuses. Tel est un Jotapianus , un Lucius - Priscus , un JuliusValens , un Perpenna- Lucinianus, un Firmius , &c. S'il ne se trouve point de Médailles de tous les Princes dont l'Histoire
fait mention , il faut aussi avouer que les
Médailles nous ont conservé le nom de
quelques Princes , qui sans cela ne seroient point connus, les Livres qui en
pouvoient traiter ayant été perdus. Tel
est un Pacatianus , un Nigrianus, une Bar
bia Orbiana , &c. On ne peut donc point
conclure avec certitude, qu'un Prince n'a
point existé , de ce qu'on ne trouve poinɛ Cvj son
1732 MERCURE DE FRANCE
son nom sur les Médailles qu'on a aujourd'hui,ou qu'il ne paroît pas dans les Hitsoriens ,parce qu'on a perdu beaucoupde mo
numens en l'un et en l'autre genre. On peut
encore moins le conclure de ce que son
nom n'est dans aucune Loy. Cette raison
est des plus frivoles dans l'affaire d'Ovinius. Il peut se faire qu'il n'y ait eu aucune
Loy expédiée , du moins qui soit parve
nue jusqu'à nous , pendant le court inter valle de son association. Si donc il se rencontre des vuides considérables , sans promulgation de Loix , pendant les années ,
à l'une desquelles on est obligé de fixer
cette association , l'argument de M. P.
n'est d'aucun poids , et il tombe de luimême.
nuë
Quoique jaye accordé à M.P. qu'une
Inscription votive, de l'an 228. qui porte
ces mots: Pre salute Dominorum, pourroit
s'entendre plus naturellement de l'Im
pératrice Mammée , avec son fils ; je n'abandonne point cependant tout-à- fait la
part qu'Ovinius peut avoir dans ce nom
bre plurier; parce qu'à la lecture de Dion,
tout abregé qu'il est par Xiphilin ; on
voit clairement que la mort d'Ulpien n'a
pas dû précéder de beaucoup de temps le
Consular du même Dion , qui fut sûrement l'an 229. Il faut donc mettre certe
mort
A' O UST. 、 1732. 1733
mort vers la fin de l'an 227 , ou au commencement de 228. Or comme , selon le
même Dion , l'intervalle entre ces deux
époques fut celui pendant lequel se for- merent diverses rebellions : Multa rebelLiones à multis celle d'Ovinius ayant été
l'une des plus dangereuses, il paroît qu'on
doit toujours la rapporter à l'an 228 ; et que
par conséquent son association seroit du
même-temps, et sous le Consulat de Mcdeste et Probus. C'est ce qu'il faut esperer
que la postérité verra un jour éclairci par
les Médailles , dont on fera la découverte, ou par d'autres monumens plus en- tiers que n'est celui d'Auxerre. Au reste
cet Ovinius-Camillus estsi peu une chime
re et unpersonnage fabriqué par Lampride, ou par quelque Ecrivain posterieur
selon le jugement de Tristan , que ce celebre Antiquaire le croit fils d'un autre
Ovinius-Tertullus , Président de la Mysie inférieure , auquel fut adressé un Réscrit très-connu dans le Droit , et qui a
fait donner le nom de : Ad Senatus Consulium Tertullianum , au tit . 17 du 38 liv.
du Digeste. Les Deux Empereurs qui y
sont nommez , sont Septime Sévére , et
Caracalla , son fils ; et le Jurisconsulte ,
qui cite le Réscrit, n'est autre que le fameux Ulpien , dont j'ai déja parlé plu- sieurs
1734 MERCURE DE FRANCE
sieurs fois. Je vous ai , Monsieur , l'obligation de cette remarque , qui n'est pas
icy hors de propos , et qui fait voir en
même- temps, qu'en lisant les Loix, vous
ne perdez aucun des fruits qu'on en peut
tirer pour la littérature. Comme les Livres du Droit sont moins suspects de
falsification que les Livres d'Histoire ,
j'espere que mon Adversaire aura assez
d'équité pour ne pas prétendre que la
généalogie , indiquée par Tristan , pêche
jusques dans sa source. Il faut qu'il convienne au moins que le nom d'Ovinius
ne se rencontre guéres ailleurs qu'en ces
-deux endroits. De mon côté , si le tout
est controuvé et fabriqué à plaisir , j'avouerai que la manufacture d'Ecrivains ,
Imaginée par quelques modernes , a eu
des correspondances admirablement bien
soûtenues par tout l'Occident , pour y
faire trouver en tous lieux , dans le Corps
du Droit , un Ovinius- Tertullus , Pere
environ l'an 200 , et dans la compila
tion de l'histoire Auguste , un OviniusCamillus , fils , l'an 228. ou environ.
AAuxerre , ce 26 May 1732
Fermer
Résumé : DEFFENSE d'un Trait Historique de Lampride sur Ovinius Camillus, adressée à M. Bouhier, President au Parlement de Dijon.
La lettre adressée à M. Bouhier, président au Parlement de Dijon, traite de l'interprétation d'une inscription découverte près de Dijon. L'auteur, Defens, reconnaît qu'il existe plusieurs explications possibles pour le terme 'PRO SALUTE DOMINORUM'. Il mentionne qu'un individu d'Orléans, se faisant appeler D.P., a proposé une autre interprétation, contestant l'association d'Ovinius Camillus avec l'Empire d'Alexandre Sévère. Defens défend l'autorité de Lampride, l'historien qui rapporte cette association, et souligne que les circonstances politiques de l'époque rendent cette association plausible. L'Empire d'Alexandre Sévère fut marqué par des soulèvements et des menaces internes, justifiant la prudence d'Alexandre en associant Ovinius à l'Empire pour apaiser les Prétoriens. Le texte discute également de la stratégie politique d'Alexandre Sévère visant à discréditer Ovinius, un rival potentiel. Alexandre proposa à Ovinius de l'accompagner en guerre contre les Barbares, anticipant que ce dernier ne pourrait supporter les fatigues du voyage. Cette manœuvre réussit, permettant à Alexandre de se débarrasser d'un ennemi dangereux. Le texte compare cette stratégie à celle utilisée par Septime Sévère contre Albin, soulignant l'efficacité de telles tactiques politiques. Une controverse sur l'interprétation d'un passage de Lampride est également abordée. Monsieur de Tillemont avait traduit ce passage de manière erronée, suggérant qu'Alexandre avait offert à Ovinius de conduire l'armée seul. Cependant, la particule 'vel' dans le texte latin doit être interprétée comme 'et', indiquant qu'Alexandre invita Ovinius à se joindre à lui en guerre. Le texte mentionne les campagnes militaires d'Alexandre contre les Sarmates et les Germains, soulignant leur importance dans la consolidation de son pouvoir. Il discute également de la fiabilité des historiens contemporains, comme Dion et Hérodien, notant leurs omissions et erreurs. L'auteur affirme que l'association d'Ovinius avec Alexandre est un fait historique, malgré les silences de certains historiens. Le Mercure de France, daté de 1730 à 1734, défend l'idée que les témoignages des historiens, même imparfaits, doivent être pris en compte. L'auteur réfute l'objection de M. P. concernant l'association d'Ovinius à l'Empire, soulignant que cette association fut de courte durée et que l'absence de médailles ou de lois mentionnant Ovinius n'est pas une preuve de son inexistence. Il argue que de nombreux monuments et documents historiques ont été perdus ou ne sont pas encore découverts. L'auteur conclut que l'on ne peut pas conclure avec certitude à l'inexistence d'un prince en l'absence de preuves contemporaines. Il discute également de l'inscription votive de l'an 228 et de la généalogie d'Ovinius, citée par Tristan, ainsi que de la présence du nom Ovinius dans les lois et l'Histoire Auguste.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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42
p. 2689-2690
ALLEMAGNE.
Début :
On apprend de Vienne que la maladie contagieuse fait beaucoup de progrès dans la [...]
Mots clefs :
Allemagne, Maladie contagieuse, Conseil aulique, Impératrice, Empereur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
N apprend de Vienne , que la maladie con
ragieuse fait beaucoup de progrès dans la
Croatie , malgré les précautions qu'on a prises
pour l'empêcher de s'étendre , et on a été obligé d'interdire toute communication avec cette Province. "
Le Décret du Conseil Aulique , publié dans
le Duché de Mekelbourg , donne l'administration provisionelle de ce Duché au Duc Chrétien
Louis , jusqu'à ce que le Duc Charles Léopold
se soit soumis aux précedens Décrets de ce Conseil. Il accorde 25000. écus par an à ce Prince
Administrateur , sans compter les revenus de son
Appanage , et 40000. écus au Duc Charles Léopold , outre les revenus des Bailliages et Douanes de Domitz et Schwerin.
On vient d'apprendre que les Commissaires
subdeleguez de la Commission Imperiaie ont
fait supprimer les Exemplaires de la protestation
que le Duc Charles Léopold de Meckelbourg
avoit fait publier contre la nouvelle forme de
Régence réglée par le dernier Décret du Conseil Aulique , et qu'ils ont envoyé en même- tems des Lettres circulaires à toute la Noblesse
pour lui communiquer la nouvelle Ordonnance
qu'on doit publier au commencement de l'année
prochaine par rapport à la levée des contributions dans le pays , où on attend incessamment
un Ministre Plénipotentiaire de l'Empereur pour
installer le Duc Chrétien - Louis en qualité d'Administrateur du Duché. On croit que ce sera
le Comte de Seckendorf qui sera chargé de
-cette commission.
I. Vol. Hij L'Im
2690 MERCURE DE FRANCE
L'Imperatrice a été incommodée pendant quel
ques jours d'une fluxion catharale , espece de
rhume , qui est devenu une maladie épidemique
ou à Vienne , à 708. lieues à la ronde , et presque dans toute l'Allemagne.
雾
Il est sorti encore depuis peu 800 Lutheriens
qui vont à Ratisbonne , et un pareil nombre aus- quels la République d'Hollande donne retraite :
600 habitans du Bailliage qu'on croyoit Catholiques se sont déclarez Lutheriens , et demandent
la permission de quitter le pays.
Des Subsides que l'Empereur a demandé à ses
Etats héréditaires pour l'année prochaine , le
Royaume de Boheme en doit fournir trois millions 200. mille Florins , la Moravie un million
66065. flor. le Duché de Silesie deux millions
153333. flor. la Haute Autriche 450000. flor.
la Basse Autriche un million 100oco. flor. la
Stirie , 390000. le Tirol , 120000. la Hongrie ,
2 millions soooo. flor. la Transilvanie, 760000.
le Bannat de Temeswar 330000. l'Esclavonic
100000. la Servic , 127000. la Croatie , 24000.
et les Terres particulieres de l'Empereur en Ita
lie , 200, mille.
N apprend de Vienne , que la maladie con
ragieuse fait beaucoup de progrès dans la
Croatie , malgré les précautions qu'on a prises
pour l'empêcher de s'étendre , et on a été obligé d'interdire toute communication avec cette Province. "
Le Décret du Conseil Aulique , publié dans
le Duché de Mekelbourg , donne l'administration provisionelle de ce Duché au Duc Chrétien
Louis , jusqu'à ce que le Duc Charles Léopold
se soit soumis aux précedens Décrets de ce Conseil. Il accorde 25000. écus par an à ce Prince
Administrateur , sans compter les revenus de son
Appanage , et 40000. écus au Duc Charles Léopold , outre les revenus des Bailliages et Douanes de Domitz et Schwerin.
On vient d'apprendre que les Commissaires
subdeleguez de la Commission Imperiaie ont
fait supprimer les Exemplaires de la protestation
que le Duc Charles Léopold de Meckelbourg
avoit fait publier contre la nouvelle forme de
Régence réglée par le dernier Décret du Conseil Aulique , et qu'ils ont envoyé en même- tems des Lettres circulaires à toute la Noblesse
pour lui communiquer la nouvelle Ordonnance
qu'on doit publier au commencement de l'année
prochaine par rapport à la levée des contributions dans le pays , où on attend incessamment
un Ministre Plénipotentiaire de l'Empereur pour
installer le Duc Chrétien - Louis en qualité d'Administrateur du Duché. On croit que ce sera
le Comte de Seckendorf qui sera chargé de
-cette commission.
I. Vol. Hij L'Im
2690 MERCURE DE FRANCE
L'Imperatrice a été incommodée pendant quel
ques jours d'une fluxion catharale , espece de
rhume , qui est devenu une maladie épidemique
ou à Vienne , à 708. lieues à la ronde , et presque dans toute l'Allemagne.
雾
Il est sorti encore depuis peu 800 Lutheriens
qui vont à Ratisbonne , et un pareil nombre aus- quels la République d'Hollande donne retraite :
600 habitans du Bailliage qu'on croyoit Catholiques se sont déclarez Lutheriens , et demandent
la permission de quitter le pays.
Des Subsides que l'Empereur a demandé à ses
Etats héréditaires pour l'année prochaine , le
Royaume de Boheme en doit fournir trois millions 200. mille Florins , la Moravie un million
66065. flor. le Duché de Silesie deux millions
153333. flor. la Haute Autriche 450000. flor.
la Basse Autriche un million 100oco. flor. la
Stirie , 390000. le Tirol , 120000. la Hongrie ,
2 millions soooo. flor. la Transilvanie, 760000.
le Bannat de Temeswar 330000. l'Esclavonic
100000. la Servic , 127000. la Croatie , 24000.
et les Terres particulieres de l'Empereur en Ita
lie , 200, mille.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En Allemagne et dans les territoires sous influence autrichienne, plusieurs événements marquants se sont produits. En Croatie, une épidémie contagieuse progresse malgré les mesures prises, conduisant à l'interdiction des communications avec cette province. Dans le Duché de Meckelbourg, un décret du Conseil Aulique confie l'administration provisoire au Duc Chrétien Louis jusqu'à la soumission du Duc Charles Léopold. Le Duc Chrétien Louis recevra 25 000 écus par an, tandis que le Duc Charles Léopold percevra 40 000 écus supplémentaires. Les commissaires subdélégués de la Commission Impériale ont supprimé les exemplaires de la protestation du Duc Charles Léopold contre la nouvelle forme de régence et ont envoyé des lettres circulaires à la noblesse concernant la levée des contributions. Un ministre plénipotentiaire de l'Empereur, probablement le Comte de Seckendorf, est attendu pour installer le Duc Chrétien Louis. L'Impératrice a été indisposée par une fluxion catharale, une maladie épidémique à Vienne et dans une grande partie de l'Allemagne. Par ailleurs, 800 Lutheriens se sont réfugiés à Ratisbonne et en Hollande, et 600 habitants du Bailliage, initialement considérés comme catholiques, se sont déclarés Lutheriens et demandent la permission de quitter le pays. L'Empereur a demandé des subsides à ses États héréditaires pour l'année prochaine, avec des contributions variées selon les régions, allant de 20 000 à trois millions de florins.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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43
p. 230-246
REPLIQUE à la Lettre de M. L. B. d'Auxerre, inserée dans le Mercure du mois d'Août dernier, au sujet d'une Inscription.
Début :
Je ne m'attendois à rien moins qu'à rentrer en dispute avec M. L. B. au [...]
Mots clefs :
Alexandre, Ovinius, Lampride, Prince, Guerre, Association, Sévère, Allemands, Sarmates, Médailles, Auguste, Soldats, Empereur, Circonstances, Particule vel, Inscription
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texteReconnaissance textuelle : REPLIQUE à la Lettre de M. L. B. d'Auxerre, inserée dans le Mercure du mois d'Août dernier, au sujet d'une Inscription.
REPLIQUE à la Lettre de M. L. B.
d'Auxerre , inserée dans le Mercure du
mois d'Août dernier , au sujet d'une Inscription
.
J
E ne m'attendois à rien moins qu'à
rentrer en dispute avec M. L. B. au
sujet de l'Inscription d'Auxerre , et je
croïois notre différend enticrement terminé,
quand la Lettre qu'il vient de don-
-ner dans le Mercure du mois d'Août , m'a
fait connoître que son silence n'étoit que
pour mieux préparer ses armes , et pour
me combattre avec plus d'avantage . En
effet cette Lettre est bien differente des
deux autres ; la premiere n'étoit qu'un
impromptu du lendemain , même de la découverte
du Monument, et M. L.B.avoit
écrit la seconde , avant que d'avoir eu le
loisir de feuilleter les immenses Recueils
d'Inscriptions ; c'est - à - dire , qu'il avoit
alors négligé les autoritez , qui sur une
pareille matiere , peuvent servir à mettre la
vérité
FEVRIER. * 1733 . 231
*
vérité dans un plus grand jour ; mais aujourd'hui
c'est après un intervale considerable
, et depuis une lecture attentive de
Lampride , que mon adversaire reparoit
sur les rangs , et comment y paroît - il encore
; appuyé d'un suffrage glorieux et
puissant. Pour le coup , peu s'en est fallu
que M.L.B.n'ait réussi. Pénétré , comme
je le suis , d'un respect infini et
infini et légitime
pour l'Illustre Magistrat à qui il addresse
sa Lettre et dont il emprunte du
secours , j'ai craint long - temps de combattre
des sentimens que je dois respecter
, et j'aurois toujours gardé le silence , si
je n'avois fait réfléxion depuis, que la part
que ce grand homme semble prendre dans
notre dispute , n'est qu'un jeu de sa part,
pour la faire durer plus long temps et s'en
divertir. C'est donc à M. L. B. seul que je
réponds icy, et tout ce que je dirai ne regarde
que lui uniquement.
Pour entrer en matiere , je commence
par examiner l'autorité de Lampride. J'ai
dit dans mes deux Mémoires , en rapportant
les sentimens de Casaubon , de
Saumaise et de M. de Tillemont , sur les
Auteurs de l'Histoire Auguste dont Lampride
est du nombre. J'ai écrit , dis- je , et
* Monsieur Boubier , Président au Parlement
de Dijon.
B vj
M.
232 MERCURE DE FRANCE
.
J
>
M.L. B. en convient en partie , que ce
Recueil étoit l'Ouvrage d'un Compilateur
demi Sçavant , qui avoit écrit sans choix ,
sans ordre , et mêlé ensemble les Narrations
des Autcurs , dont son Receuil porte le nom.
Est-il extraordinaire que j'en aye conclu
qu'on étoit toujours en droit de révoquer en
doute ce que ces Auteurs avancent quand il
ne se trouve pas confirmé d'ailleurs, du moins
pour le fonds. Il a plu à ML. B. en rappertant
ces paroles, de supprimer les derniers
mots : Du moins pour le fonds ; et ce
retranchement a donné à ma pensée une
étenduë que je n'ai jamais songé à lui
donner, et qui la rend vicieuse . M² L. B.
en a profité , et il a fait valoir cet avantage
autant qu'il a pû , mais en rétablissant
la proposition dans les termes où je
l'ai exprimée , a-t il tant de sujet de s'écrier
et de la trouver si extraordinaire ?
N'est -elle pas plutôt une conséquence
juste et mesurée qui naît d'elle- même de
l'opinion désavantageuse qu'ont eu de
l'Histoire Auguste les grands Hommes
sur lesquels je me suis réglé . Je n'ai pas
prétendu dire , au reste , qu'il fut nécessaire
que les faits alléguez dans cette Histoire
se trouvassent nommément exprimez
ailleurs;c'est assez pour y ajouter foy,
qu'on les y trouve d'une maniere implicite
FEVRIER. 1733. 233
plicite et générale , et ce sentiment n'a
rien que de naturel . Pour développer ceci
davantage , je lis dans Lampride que
Martianus conspira contre Alexandre , et
qu'Ovinius voulut se faire Empereur ; (car
pour le dire en passant , et comme je le
montrerai plus bas , il s'en faut beaucoup
que je croye Ovinius un personnage.fabuleux:
c'est son association seule que j'attaque.
) Ces faits , dis - je , n'ont rien qui
m'empêche de les croire , après avoir lû
dans les Auteurs contemporains que pendant
le Regne d'Alexandre il y eut plusieurs
séditions contre ce Prince. Multa
seditionesfacte sunt à multis . Dion. J'ai même
en quelque maniere obligation à Lampride
de m'apprendre le nom de ces
Chefs de Revolte , et de me les faire
Gonnoître. Mais aussi quand je lis dans le
même Lampride qu'Alexandre , loin de
punir Ovinius , associe ce Sénateur à son
pouvoir , et que les autres Auteurs , au
contraire , m'assurent que ce Prince scut
punir ceux qui oserent s'élever contre
lui. Supplicioque affecti funt. Herod. J'ai
alors raison de douter de l'autorité de
Lampride.
Pour faire connoître plus particulierement
cet Auteur , il est necessaire de remarquer
quelques - uns de ses deffauts ; et
sans
234 MERCURE DE FRANCE
-
sans le suivre dans toutes les Vies des Em
pereurs qui portent son nom , je ne m'attacherai
qu'à celle d'Alexandre . A peine
Lampride sçait il le nom de la Mere de
ce Prince , et ce n'est qu'en doutant
qu'il l'appelle Mammée . Alexander igitur
cui Mammea mater fuit , nam et ita dicitur
à plerisque. Peut - on dire qu'Encolpius et
les autres Courtisans d'Alexandre , dont
Lampride avoit les Memoires devant les
yeux ignorassent le nom de cette Princesse
ou pourquoi Lampride ne suit - il
plus icy ses originaux ? c'est à Mr L. B. à
nous l'apprendre . Selon le même Auteur
, Alexandre fut le seul qui cassa des
Légions entieres : Si quidem solus inventus
sit , qui tumultuan er legiones exautoraverit.
Qui voudroit l'en croire sur sa pa
role; se trouveroit bien embarassé en isant
Suerone. Cet Auteur nous marque
expressément que Jules Cesar dans la
Guerre contre Pompée , cassa auprès de
Plaisance , la neuviéme Légion qui s'étoit
révoltée. Et nonam quidem Legionem apud
Placentiam cum ignominia missam fecit 69 .
Qu'Auguste en fit autant à la dixiéme.
Decimam Legion.m contumacius parentem
cum ignominia dimisit. 24. Enfin , que
Galba ôta non- seulement les Aigles aux
Classiaires , dont Néron avoit composé
•
แล
FEVRIER. 1733. 235
un Corps de Troupes réglées , et les obligea
de rentrer dans leurs premieres fonctions
, mais même sur ce qu'ils se plaignoient
avec trop de hauteur , qu'il les
décima , fed decimavit etiam. 12. Lampride
nous dit encore qu'Alexandre , à l'imitation
d'Adrien , eut la pensée de faire
adorer J. C. dans l'Empire . Christo Templum
voluit eumque inter Divos recipere
quod et Adrianus ; et cependant Tertullien
qui vivoit sous Sévere , et qui par
conséquent étoit beaucoup moins éloigné
d'Adrien , que Lampride , nous dit au
contraire , que ce fut Tibere qui conçut
ce dessein : Tiberius ergo annunciatum sibi
ex Syria Palestina , que illius ( J. C. ) Divinitatis
revelara , detulit ad Senatum cum
prerogativa suffragii sui. Mais que dire de
la maniere dont Aléxandre parle de Caracalle
dans son Remerciment au Sénat ?
Ce Prince , comme on le verra plus bas,
se disoit fils de ce dernier Empereur ; et
cependant il le blame publiquement d'avoir
affecté , en prenant le nom d'Antonin
, un titre qui ne lui convenoit pas :
Affecratum in Bassiano . Est-ce là ce fils si
respectueux pour ceux qui lui avoient
donné le jour ? Enfin rien n'est plus plaisant
que de voir parmi les Conseillers
que Lampride donne à ce Prince , des
Per
236 MERCURE DE FRANCE
•
Personnes mortes long - temps auparavant
, tels que Pomponius , Alphenus et
d'autres , ce qui a été remarqué par Cujas
, lib. 7.Observ .
Je pourrois remarquer une infinité de
traits pareils , mais en voilà assez sur ce
sujet , et pour autoriser ce que j'ai dit . Je
viens à l'association d'Ovinius pour en faire
connoître la supposition ; j'ai dit , après
Mr de Tillemont , qu'il s'y trouvoit des
circonstances qui paroissent tenir de la Fable.
L'objection a paruë pressante à M' L.
B. il étoit naturel de s'en débarasser ; mais
je ne sçais s'il y a bien réussi , en disant
que ces circonstances tiennent seulement
du Comique, et que des circonstances pour être
Comiques , n'empêchent point le fonds de l'évenement
d'être réel. C'est ce que je nie dans
un fait de l'importance de celui que nous
examinons. En voici la preuve : Selon M²
L. B. Ovinius avoit été choisi par les
Prétoriens , et il en étoit aimé , puisque
ce fut cet amour qu'ils lui portoient qui
causa sa mort dans la suite . Aléxandre
qui redoutoit leur Puissance , entre dans
leurs vûës , associe Ovinius à l'Empire ,
mais seulement en apparence et pour
montrer à ces Troupes que le sujet qu'ils
avoient choisi pour lui opposer , n'étoit
pas digne du où ils le vouloient fai- rang
re
FEVRIER. 1733 . 237
rc monter . Mais , dira-t- on à Mr L. B. la
politique d'Alexandre se dément bien- tôts
car enfin cet air Comique dans les circonstances
de cette association auroit bientôt
ouvert les yeux aux Soldats , ils auroient
pénétré le dessein d'Alexandre , et
ce Prince par là se seroit trouvé dans le
danger qu'il vouloit éviter. L'exemple de
Septime Sévére qu'il allégue , est bien different.
Lorsque ce Prince , pour mieux combattre
Pescennius , amusa Albin , en le
déclarant César. Albin étoit alors à la tête
des armées d'Angletere, et prêt à prendre
la Pourpre. Il falloit prendre le parti de
la dissimulation , ou se résoudre à avoir
deux Concurrens sur les bras. Il n'y a rien
outre cela de Comique dans sa conduite
dont il trouvoit un modele dans Auguste
par la maniere dont il en avoit agi avec
Lépide. Selon le récit de Lamptide Ovinius
est sans Soldats , sans Troupes reglées
; à peine commence- t- il à se former
un parti pour s'élever au Trône . Quoiqu'en
veuille dire M L.B.rien ne pouvoit
forcer Alexandre d'avoir pour ce Sénateur
et ses Complices , un ménagement si rafiné
et si dangereux. Je ne sçai si je njaimerois
pas presqu'autant l'explication qu'Erasme
a donnée à cette action d'Aléxandre
238 MERCURE DE FRANCE.
dre dans ses Apothegmes , lib. 6. Selon
lui, Alexandre tout plein de bonté et tout
Philosophe , voulut corriger l'ambition
d'Ovinius ; il ne l'engagea à venir à l'Armée
avec lui que pour lui faire connoître
que la condition qu'il ambitionnoit tant ,
étoit plus remplie de peines et de travaux
qu'il ne se l'étoit imaginé. Sic illi commostravit
quod essetgerere imperium. Ce qu'il
y a de plaisant dans cette explication d'Erasme
, c'est qu'elle se trouve authorisée
par Lampride , qui nous dit qu'Aléxandre
remercia Ovinius de vouloir bien se
charger volontairement d'un fardeau aussi
pesant que celui de gouverner la République.
Eiqué gratias egit quod curam
Reip. sponte reciperet.
Pour seconde preuve contre l'association
d'Ovinius ; j'ai dit , qu'il n'y avoit
aucune apparence qu'Alexandre eut voulu
se livrer entierement entre ses mains ,
en lui offrant le commandement des
Troupes qu'il envoyoit contre les Barba
res , et M² L. B. avouë que ç'auroit été le
comble de l'imprudence. Aussi pour parer
cette objection , qui peut passer comme
le centre de toutes les autres , Mr L. B. a
pris le parti d'expliquer le Texte de Lampride
, autrement que tous ceux qui l'ont
traduit jusques icy . Voicy le Passage Latin:
Et
FEVRIER. 1732 . 239
Et cum expeditio Barbarica esset nuntiata ,
vel ipsum , si vellet , ire , vel ut secum proficisceretur
, hortatus est.
Mr L. B. prétend que dans ce Passage
la particule vel est mise pour et , et que
par conséquent ,au lieu d'entendre qu'Aléxandre
offrit à Ovinius de le mener à la
Guerre , s'il n'aimoit mieux y aller seul . Il
faut traduire qu'Alexandre invita Ovinius
à aller à la Guerre contre les Barbares , et
même à faire le voyage avec lui. Je sçais
que la particule vel n'est pas toujours disjonctive
, qu'elle est copulative quelquefois
; mais je sçais bien aussi que c'est
quand la Phrase le détermine, et que sans
cela on ne peut l'expliquer raisonnablement.
Quel est donc le sens le plus naturel
, et qui se présente le premier à l'esprit
dans ce Passage de Lampride. Est - ce
celui qu'y trouve Mr L. B. ou celui dans
lequel l'ont entendu tous les autres Traducteurs?
Je laisse cela à décider au Lecteur
, mais j'ose assurer que l'explication
de M' L. B. est forcée , et que la particule
vel , comme il l'entend , devient dans
la phrase un véritable Pleonasme , et n'est
plus qu'une répétition vicieuse. C'est un
grand principe et que Mr L B. doit encore
mieux sçavoir que moi , de ne point
cher126
MERCURE DE FRANCE
chercher un sens éloigné et difficile , quand
il s'en offre un simple et naturel .
Pour affermir davantage l'association,
d'Ovinius ,Mr L.B s'étend fort au long sur
le temps de cette association . Mais tout ce
qu'il dit icy ne me regarde nullement.
Je nie le fait , il ne m'importe pas en
quel temps il aa pu arriver. J'ai dit seulement
que ce n'avoit pû être dans une
Guerre contre les Allemans , comme M²
L. B. l'avoit avancé ; il a été obligé d'en
convenir, et de dire qu'il n'avoit erré que
pour avoir voulu isuivre M de Tillemont
; mais comme il donne une autre
Epoque à cette association ,
il me permettra
de l'examiner.
Lampride écrit qu'Alexandre étant à
Antioche , trouva ses Troupes dans un
grand relâchement , qu'ayant fait arrêter
les Auteurs de ce désordre , les Soldats se
mutinerent et s'éleverent tumultueusement
contre lui ; que là- dessus ce Prince
leur dit que ce n'étoit point contre leur
Souverain que leurs Chefs leur avoient enseigné
à faire usage de leurs voix ; mais
contre les Sarmates , les Allemans , les
Perses. M' L. B. saisit le Passage et met
l'association d'Ovinius dans une Guerre
qu'il prétend qu'Alexandre eut contre les
SarFEVRIER.
1733. 241
Sarmates , et qu'il place dans l'ordre où
ces Peuples sont nommez , et dans les six
premieres années du Regne d'Alexandre.
J'avoue mon peu de pénétration , je no
vois rien- icy qui prouve qu'Aléxandre ait
eu Guerre contre les Sarmates , et voicy
sur quoi je me fonde.
Si dans la derniere Guerre d'Espagne
l'âge du Roy avoit permis à ce Prince de
se trouver à la tête de ses Troupes, et que
sur le point de quelque Action , il les eut
fait souvenir de la valeur qu'elles avoient
fait paroître contre les Allemans, les Anglois
, les Hollandois ; en concluroit - on
que ce Prince auroit cu alors quelques
Guerres contre ces Peuples ? Non , sans
doute , et l'on doit raisonner de la même
maniere , sur la Harangue d'Alexandre .
Cet Empereur alors marchoit en Perse ,
comme Lampride le dit lui- même ; et
jusqu'à cette Guerre, son Regne avoit été
paisible du côté des Etrangers. Igitur cum
ad hunc modum * septem annos quod quidem
ad se attineret, sine querela cùjusquam Imperium
gubernasset, ecce tibi octavo anno , & c.
Car il paroît par toutes les Médailles.
d'Alexandre , qui portent la
temps où elles ont été frappées, et sur les
marque
du
* Suivant la correction du P. Pagi : Dissert.
Hypat. pag. 177 .
quelles
242 MERCURE DE FRANCE
>
quelles il est fait mention de Victoires
soit dans le Type , soit dans la Légende ,
que ce ne fut qu'après la Déclaration de la
Guerre de Perse , arrivée sur la fin de l'an
227 ou au commencement de 228 , comme
l'a démontré le P. Pagi , que les Généraux
de ce Prince eurent quelques avantages
en Mauritanie , en Illyrie et en Arménie
, puisque toutes ces Médailles ne
paroissent point avant la viiⓇ année de la
Puissance Tribunicienne d'Alexandre , et
que par conséquent elles ont été frappées
au plutôt en 288. c'est - à - dire , à peu
près dans le même temps qu'Alexandre
étoit à Antioche . Alexandre donc ne fait
icy que ce qu'auroit fait le Roy ; l'un et
l'autre représentent à leurs Soldats les
Guerres où ils se sont trouvez , sous les
Rois leurs Prédecesseurs ; et une marque
qu'Alexandre n'entend point parler de
celles qui le regardent , c'est qu'il cite les
Perses contre lesquels , comme je l'ai dit,
il marchoit alors , dans la seule Expedition
qu'il ait faite contr'eux.
Si cependant ML. B. soutient que les
Sarmates ont quelque rapport avec Aléxandre
, je lui répondrai que cette Guerre
n'est pas distincte de la premiere contre
les Allemans , dont il ne veut plus faire
usage ; et qu'au contraire , c'est la même.
Les
FEVRIER. 1733. 243
;
Les Sarmates occupoient tout le Païs qui
compose la Pologne et la Prusse d'à- d'à- present
ils étoient par - là trop voisins de
I'Illyrie , pour ne pas croire que ce furent
ces Peuples qui apparemment s'étoient
joints aux Allemans , que Varius
Macrinus chassa de cette Province. Les
interêts des uns et des autres étoient les
mêmes , et ils voulurent profiter de l'absence
d'Alexandre, pour ravager les Terres
de l'Empire , ce qui obligea l'Empereur
en marchant contre Artaxercés d'envoïer
des Troupes contr'eux. Comparante
jam se ut fluvios transgrederetur... Quosdam
etiam exercitus in regiones alias transtulit
, ut inde Barbarorum incursiones facilius
arcerentur. Herodien .
J'ai promis à M' L. B. de lui montrer
que les Ovinius me sont connus ; je tiens
ma parole. Outre l'Ovinius Camillus de
Lampride , et Ovinius Tertullus de la
Loy 1. ad S. C. Tertull. qu'il cite : Il y a
un Ovinius Paternus qui fut Consul sous
Alexandre même en 233. un Lucius Ovinius
Rusticus , qui le fut sous Maximin ,
l'an 237.ct l'on trouve en 317. sous Constantin
, un autre Ovinius , surnommé
Gallicanus, Consul avec Septimius Bassus,
long- temps devant ceux- cy , une Inscription
de Gruter ( CCLXI 4.)nous fait mention
244 MERCURE DE FRANCE
tion d'un Titus Ovinius Thermus , fils
d'un autre de même nom, qui vivoit sous
les Antonins. Je ne parle pas d'un M.
Ovinius M. F. Ter.Rufus, et d'un L.Ovinius
Amandus , dont les noms se trouvent
dans le même Gruter ( DLXVII. 3. )
et dans Reinesius ( XII. 110, ) Ovinius est
un nom ancien chez les Romains , puisqueVarron
qui fleurissoit dans les dernieres
années de la République , en parlant
dans son Ouvrage de Re Rustica , des
noms qui tirent leur origine des Troupeaux
, fait mention de celui d'Ovinius.
Nomina multa habemus ab utroque pecore , à
majore et à minore , à minore Porcius , Ovinius
, Caprilius. En voilà suffisamment
pour dresser une longue Généalogie , à
qui voudroit en prendre la peine , mais
n'en voilà que trop pour montrer que M²
L. B. n'a pas eu raison de dire , que ce nom
ne se rencontre gueres ailleurs qu'en ces deux
endroits qu'il a cités.
Je finirois icy , sans une réfléxion qu'on
me permettra d'ajouter , quoiqu'elle ne
regarde pas mon adversaire seul. Mª L.B.
en parlant d'Alexandre , l'appelle' toujours
Alexandre Severe , et il suit en cela un
sage , qui ,pour être autorisé, n'en est pas
moins vicicux. Le nom de Sévere que
portoit Alexandre , n'étoit pas, quoiqu'en
veuille
FEVRIER. 1733 245
euille dire Lampride , une Epithete qui
lui fut donnée à cause de son exactitude
à faire observer la Discipline Militaire.
Nam et Severus est appellatus à Militibus
ob Austeritatem . C'étoit chez lui un nom
de famille , qu'il tenoit de Septime Sévere
et d'Antonin Caracalle , appellé de
même Severe , comme on le voit sur ses
Médailles Grecques , où il est nommé
AYT, K. M. ATP. CEYHPOC. ANTONEINос.
П. П. Аléxandre se disoit fils de ce
dernier. Admonete quamprimum illum , dit
ce Prince en parlant d'Artaxercés : Trophæorum
qua plurima adversus Barbaros Severo
atque Antonino parente meo ducibus.
excitastis. Herodien . Ce qui est confirmé
par les Inscriptions.
•
IMP. CAES DIVI
SEVERI. PII, NEPOTI. DIVI
ANTONINI. MAG. PII. FILIO
M. AUREL. SEVERO ALEXANDRO
PIO , &c.
Gruter MLXXVIII , 7. et 8,
C'est donc Severe - Alexandre qu'il faut
dire , selon l'usage de placer les noms de
famille , et conformément à toutes les
C Més
246 MERCURE DE FRANCE
Médailles Latines et Grecques , où l'on
lit : IMP. SEV ALEXANDER AUG.
AY.K. CEOYHPOC . AAEZANA. aussi-bien
que dans les Inscriptions que je viens de
rapporter.
D. P.
A Orleans , le 10 Octobre 1732.
d'Auxerre , inserée dans le Mercure du
mois d'Août dernier , au sujet d'une Inscription
.
J
E ne m'attendois à rien moins qu'à
rentrer en dispute avec M. L. B. au
sujet de l'Inscription d'Auxerre , et je
croïois notre différend enticrement terminé,
quand la Lettre qu'il vient de don-
-ner dans le Mercure du mois d'Août , m'a
fait connoître que son silence n'étoit que
pour mieux préparer ses armes , et pour
me combattre avec plus d'avantage . En
effet cette Lettre est bien differente des
deux autres ; la premiere n'étoit qu'un
impromptu du lendemain , même de la découverte
du Monument, et M. L.B.avoit
écrit la seconde , avant que d'avoir eu le
loisir de feuilleter les immenses Recueils
d'Inscriptions ; c'est - à - dire , qu'il avoit
alors négligé les autoritez , qui sur une
pareille matiere , peuvent servir à mettre la
vérité
FEVRIER. * 1733 . 231
*
vérité dans un plus grand jour ; mais aujourd'hui
c'est après un intervale considerable
, et depuis une lecture attentive de
Lampride , que mon adversaire reparoit
sur les rangs , et comment y paroît - il encore
; appuyé d'un suffrage glorieux et
puissant. Pour le coup , peu s'en est fallu
que M.L.B.n'ait réussi. Pénétré , comme
je le suis , d'un respect infini et
infini et légitime
pour l'Illustre Magistrat à qui il addresse
sa Lettre et dont il emprunte du
secours , j'ai craint long - temps de combattre
des sentimens que je dois respecter
, et j'aurois toujours gardé le silence , si
je n'avois fait réfléxion depuis, que la part
que ce grand homme semble prendre dans
notre dispute , n'est qu'un jeu de sa part,
pour la faire durer plus long temps et s'en
divertir. C'est donc à M. L. B. seul que je
réponds icy, et tout ce que je dirai ne regarde
que lui uniquement.
Pour entrer en matiere , je commence
par examiner l'autorité de Lampride. J'ai
dit dans mes deux Mémoires , en rapportant
les sentimens de Casaubon , de
Saumaise et de M. de Tillemont , sur les
Auteurs de l'Histoire Auguste dont Lampride
est du nombre. J'ai écrit , dis- je , et
* Monsieur Boubier , Président au Parlement
de Dijon.
B vj
M.
232 MERCURE DE FRANCE
.
J
>
M.L. B. en convient en partie , que ce
Recueil étoit l'Ouvrage d'un Compilateur
demi Sçavant , qui avoit écrit sans choix ,
sans ordre , et mêlé ensemble les Narrations
des Autcurs , dont son Receuil porte le nom.
Est-il extraordinaire que j'en aye conclu
qu'on étoit toujours en droit de révoquer en
doute ce que ces Auteurs avancent quand il
ne se trouve pas confirmé d'ailleurs, du moins
pour le fonds. Il a plu à ML. B. en rappertant
ces paroles, de supprimer les derniers
mots : Du moins pour le fonds ; et ce
retranchement a donné à ma pensée une
étenduë que je n'ai jamais songé à lui
donner, et qui la rend vicieuse . M² L. B.
en a profité , et il a fait valoir cet avantage
autant qu'il a pû , mais en rétablissant
la proposition dans les termes où je
l'ai exprimée , a-t il tant de sujet de s'écrier
et de la trouver si extraordinaire ?
N'est -elle pas plutôt une conséquence
juste et mesurée qui naît d'elle- même de
l'opinion désavantageuse qu'ont eu de
l'Histoire Auguste les grands Hommes
sur lesquels je me suis réglé . Je n'ai pas
prétendu dire , au reste , qu'il fut nécessaire
que les faits alléguez dans cette Histoire
se trouvassent nommément exprimez
ailleurs;c'est assez pour y ajouter foy,
qu'on les y trouve d'une maniere implicite
FEVRIER. 1733. 233
plicite et générale , et ce sentiment n'a
rien que de naturel . Pour développer ceci
davantage , je lis dans Lampride que
Martianus conspira contre Alexandre , et
qu'Ovinius voulut se faire Empereur ; (car
pour le dire en passant , et comme je le
montrerai plus bas , il s'en faut beaucoup
que je croye Ovinius un personnage.fabuleux:
c'est son association seule que j'attaque.
) Ces faits , dis - je , n'ont rien qui
m'empêche de les croire , après avoir lû
dans les Auteurs contemporains que pendant
le Regne d'Alexandre il y eut plusieurs
séditions contre ce Prince. Multa
seditionesfacte sunt à multis . Dion. J'ai même
en quelque maniere obligation à Lampride
de m'apprendre le nom de ces
Chefs de Revolte , et de me les faire
Gonnoître. Mais aussi quand je lis dans le
même Lampride qu'Alexandre , loin de
punir Ovinius , associe ce Sénateur à son
pouvoir , et que les autres Auteurs , au
contraire , m'assurent que ce Prince scut
punir ceux qui oserent s'élever contre
lui. Supplicioque affecti funt. Herod. J'ai
alors raison de douter de l'autorité de
Lampride.
Pour faire connoître plus particulierement
cet Auteur , il est necessaire de remarquer
quelques - uns de ses deffauts ; et
sans
234 MERCURE DE FRANCE
-
sans le suivre dans toutes les Vies des Em
pereurs qui portent son nom , je ne m'attacherai
qu'à celle d'Alexandre . A peine
Lampride sçait il le nom de la Mere de
ce Prince , et ce n'est qu'en doutant
qu'il l'appelle Mammée . Alexander igitur
cui Mammea mater fuit , nam et ita dicitur
à plerisque. Peut - on dire qu'Encolpius et
les autres Courtisans d'Alexandre , dont
Lampride avoit les Memoires devant les
yeux ignorassent le nom de cette Princesse
ou pourquoi Lampride ne suit - il
plus icy ses originaux ? c'est à Mr L. B. à
nous l'apprendre . Selon le même Auteur
, Alexandre fut le seul qui cassa des
Légions entieres : Si quidem solus inventus
sit , qui tumultuan er legiones exautoraverit.
Qui voudroit l'en croire sur sa pa
role; se trouveroit bien embarassé en isant
Suerone. Cet Auteur nous marque
expressément que Jules Cesar dans la
Guerre contre Pompée , cassa auprès de
Plaisance , la neuviéme Légion qui s'étoit
révoltée. Et nonam quidem Legionem apud
Placentiam cum ignominia missam fecit 69 .
Qu'Auguste en fit autant à la dixiéme.
Decimam Legion.m contumacius parentem
cum ignominia dimisit. 24. Enfin , que
Galba ôta non- seulement les Aigles aux
Classiaires , dont Néron avoit composé
•
แล
FEVRIER. 1733. 235
un Corps de Troupes réglées , et les obligea
de rentrer dans leurs premieres fonctions
, mais même sur ce qu'ils se plaignoient
avec trop de hauteur , qu'il les
décima , fed decimavit etiam. 12. Lampride
nous dit encore qu'Alexandre , à l'imitation
d'Adrien , eut la pensée de faire
adorer J. C. dans l'Empire . Christo Templum
voluit eumque inter Divos recipere
quod et Adrianus ; et cependant Tertullien
qui vivoit sous Sévere , et qui par
conséquent étoit beaucoup moins éloigné
d'Adrien , que Lampride , nous dit au
contraire , que ce fut Tibere qui conçut
ce dessein : Tiberius ergo annunciatum sibi
ex Syria Palestina , que illius ( J. C. ) Divinitatis
revelara , detulit ad Senatum cum
prerogativa suffragii sui. Mais que dire de
la maniere dont Aléxandre parle de Caracalle
dans son Remerciment au Sénat ?
Ce Prince , comme on le verra plus bas,
se disoit fils de ce dernier Empereur ; et
cependant il le blame publiquement d'avoir
affecté , en prenant le nom d'Antonin
, un titre qui ne lui convenoit pas :
Affecratum in Bassiano . Est-ce là ce fils si
respectueux pour ceux qui lui avoient
donné le jour ? Enfin rien n'est plus plaisant
que de voir parmi les Conseillers
que Lampride donne à ce Prince , des
Per
236 MERCURE DE FRANCE
•
Personnes mortes long - temps auparavant
, tels que Pomponius , Alphenus et
d'autres , ce qui a été remarqué par Cujas
, lib. 7.Observ .
Je pourrois remarquer une infinité de
traits pareils , mais en voilà assez sur ce
sujet , et pour autoriser ce que j'ai dit . Je
viens à l'association d'Ovinius pour en faire
connoître la supposition ; j'ai dit , après
Mr de Tillemont , qu'il s'y trouvoit des
circonstances qui paroissent tenir de la Fable.
L'objection a paruë pressante à M' L.
B. il étoit naturel de s'en débarasser ; mais
je ne sçais s'il y a bien réussi , en disant
que ces circonstances tiennent seulement
du Comique, et que des circonstances pour être
Comiques , n'empêchent point le fonds de l'évenement
d'être réel. C'est ce que je nie dans
un fait de l'importance de celui que nous
examinons. En voici la preuve : Selon M²
L. B. Ovinius avoit été choisi par les
Prétoriens , et il en étoit aimé , puisque
ce fut cet amour qu'ils lui portoient qui
causa sa mort dans la suite . Aléxandre
qui redoutoit leur Puissance , entre dans
leurs vûës , associe Ovinius à l'Empire ,
mais seulement en apparence et pour
montrer à ces Troupes que le sujet qu'ils
avoient choisi pour lui opposer , n'étoit
pas digne du où ils le vouloient fai- rang
re
FEVRIER. 1733 . 237
rc monter . Mais , dira-t- on à Mr L. B. la
politique d'Alexandre se dément bien- tôts
car enfin cet air Comique dans les circonstances
de cette association auroit bientôt
ouvert les yeux aux Soldats , ils auroient
pénétré le dessein d'Alexandre , et
ce Prince par là se seroit trouvé dans le
danger qu'il vouloit éviter. L'exemple de
Septime Sévére qu'il allégue , est bien different.
Lorsque ce Prince , pour mieux combattre
Pescennius , amusa Albin , en le
déclarant César. Albin étoit alors à la tête
des armées d'Angletere, et prêt à prendre
la Pourpre. Il falloit prendre le parti de
la dissimulation , ou se résoudre à avoir
deux Concurrens sur les bras. Il n'y a rien
outre cela de Comique dans sa conduite
dont il trouvoit un modele dans Auguste
par la maniere dont il en avoit agi avec
Lépide. Selon le récit de Lamptide Ovinius
est sans Soldats , sans Troupes reglées
; à peine commence- t- il à se former
un parti pour s'élever au Trône . Quoiqu'en
veuille dire M L.B.rien ne pouvoit
forcer Alexandre d'avoir pour ce Sénateur
et ses Complices , un ménagement si rafiné
et si dangereux. Je ne sçai si je njaimerois
pas presqu'autant l'explication qu'Erasme
a donnée à cette action d'Aléxandre
238 MERCURE DE FRANCE.
dre dans ses Apothegmes , lib. 6. Selon
lui, Alexandre tout plein de bonté et tout
Philosophe , voulut corriger l'ambition
d'Ovinius ; il ne l'engagea à venir à l'Armée
avec lui que pour lui faire connoître
que la condition qu'il ambitionnoit tant ,
étoit plus remplie de peines et de travaux
qu'il ne se l'étoit imaginé. Sic illi commostravit
quod essetgerere imperium. Ce qu'il
y a de plaisant dans cette explication d'Erasme
, c'est qu'elle se trouve authorisée
par Lampride , qui nous dit qu'Aléxandre
remercia Ovinius de vouloir bien se
charger volontairement d'un fardeau aussi
pesant que celui de gouverner la République.
Eiqué gratias egit quod curam
Reip. sponte reciperet.
Pour seconde preuve contre l'association
d'Ovinius ; j'ai dit , qu'il n'y avoit
aucune apparence qu'Alexandre eut voulu
se livrer entierement entre ses mains ,
en lui offrant le commandement des
Troupes qu'il envoyoit contre les Barba
res , et M² L. B. avouë que ç'auroit été le
comble de l'imprudence. Aussi pour parer
cette objection , qui peut passer comme
le centre de toutes les autres , Mr L. B. a
pris le parti d'expliquer le Texte de Lampride
, autrement que tous ceux qui l'ont
traduit jusques icy . Voicy le Passage Latin:
Et
FEVRIER. 1732 . 239
Et cum expeditio Barbarica esset nuntiata ,
vel ipsum , si vellet , ire , vel ut secum proficisceretur
, hortatus est.
Mr L. B. prétend que dans ce Passage
la particule vel est mise pour et , et que
par conséquent ,au lieu d'entendre qu'Aléxandre
offrit à Ovinius de le mener à la
Guerre , s'il n'aimoit mieux y aller seul . Il
faut traduire qu'Alexandre invita Ovinius
à aller à la Guerre contre les Barbares , et
même à faire le voyage avec lui. Je sçais
que la particule vel n'est pas toujours disjonctive
, qu'elle est copulative quelquefois
; mais je sçais bien aussi que c'est
quand la Phrase le détermine, et que sans
cela on ne peut l'expliquer raisonnablement.
Quel est donc le sens le plus naturel
, et qui se présente le premier à l'esprit
dans ce Passage de Lampride. Est - ce
celui qu'y trouve Mr L. B. ou celui dans
lequel l'ont entendu tous les autres Traducteurs?
Je laisse cela à décider au Lecteur
, mais j'ose assurer que l'explication
de M' L. B. est forcée , et que la particule
vel , comme il l'entend , devient dans
la phrase un véritable Pleonasme , et n'est
plus qu'une répétition vicieuse. C'est un
grand principe et que Mr L B. doit encore
mieux sçavoir que moi , de ne point
cher126
MERCURE DE FRANCE
chercher un sens éloigné et difficile , quand
il s'en offre un simple et naturel .
Pour affermir davantage l'association,
d'Ovinius ,Mr L.B s'étend fort au long sur
le temps de cette association . Mais tout ce
qu'il dit icy ne me regarde nullement.
Je nie le fait , il ne m'importe pas en
quel temps il aa pu arriver. J'ai dit seulement
que ce n'avoit pû être dans une
Guerre contre les Allemans , comme M²
L. B. l'avoit avancé ; il a été obligé d'en
convenir, et de dire qu'il n'avoit erré que
pour avoir voulu isuivre M de Tillemont
; mais comme il donne une autre
Epoque à cette association ,
il me permettra
de l'examiner.
Lampride écrit qu'Alexandre étant à
Antioche , trouva ses Troupes dans un
grand relâchement , qu'ayant fait arrêter
les Auteurs de ce désordre , les Soldats se
mutinerent et s'éleverent tumultueusement
contre lui ; que là- dessus ce Prince
leur dit que ce n'étoit point contre leur
Souverain que leurs Chefs leur avoient enseigné
à faire usage de leurs voix ; mais
contre les Sarmates , les Allemans , les
Perses. M' L. B. saisit le Passage et met
l'association d'Ovinius dans une Guerre
qu'il prétend qu'Alexandre eut contre les
SarFEVRIER.
1733. 241
Sarmates , et qu'il place dans l'ordre où
ces Peuples sont nommez , et dans les six
premieres années du Regne d'Alexandre.
J'avoue mon peu de pénétration , je no
vois rien- icy qui prouve qu'Aléxandre ait
eu Guerre contre les Sarmates , et voicy
sur quoi je me fonde.
Si dans la derniere Guerre d'Espagne
l'âge du Roy avoit permis à ce Prince de
se trouver à la tête de ses Troupes, et que
sur le point de quelque Action , il les eut
fait souvenir de la valeur qu'elles avoient
fait paroître contre les Allemans, les Anglois
, les Hollandois ; en concluroit - on
que ce Prince auroit cu alors quelques
Guerres contre ces Peuples ? Non , sans
doute , et l'on doit raisonner de la même
maniere , sur la Harangue d'Alexandre .
Cet Empereur alors marchoit en Perse ,
comme Lampride le dit lui- même ; et
jusqu'à cette Guerre, son Regne avoit été
paisible du côté des Etrangers. Igitur cum
ad hunc modum * septem annos quod quidem
ad se attineret, sine querela cùjusquam Imperium
gubernasset, ecce tibi octavo anno , & c.
Car il paroît par toutes les Médailles.
d'Alexandre , qui portent la
temps où elles ont été frappées, et sur les
marque
du
* Suivant la correction du P. Pagi : Dissert.
Hypat. pag. 177 .
quelles
242 MERCURE DE FRANCE
>
quelles il est fait mention de Victoires
soit dans le Type , soit dans la Légende ,
que ce ne fut qu'après la Déclaration de la
Guerre de Perse , arrivée sur la fin de l'an
227 ou au commencement de 228 , comme
l'a démontré le P. Pagi , que les Généraux
de ce Prince eurent quelques avantages
en Mauritanie , en Illyrie et en Arménie
, puisque toutes ces Médailles ne
paroissent point avant la viiⓇ année de la
Puissance Tribunicienne d'Alexandre , et
que par conséquent elles ont été frappées
au plutôt en 288. c'est - à - dire , à peu
près dans le même temps qu'Alexandre
étoit à Antioche . Alexandre donc ne fait
icy que ce qu'auroit fait le Roy ; l'un et
l'autre représentent à leurs Soldats les
Guerres où ils se sont trouvez , sous les
Rois leurs Prédecesseurs ; et une marque
qu'Alexandre n'entend point parler de
celles qui le regardent , c'est qu'il cite les
Perses contre lesquels , comme je l'ai dit,
il marchoit alors , dans la seule Expedition
qu'il ait faite contr'eux.
Si cependant ML. B. soutient que les
Sarmates ont quelque rapport avec Aléxandre
, je lui répondrai que cette Guerre
n'est pas distincte de la premiere contre
les Allemans , dont il ne veut plus faire
usage ; et qu'au contraire , c'est la même.
Les
FEVRIER. 1733. 243
;
Les Sarmates occupoient tout le Païs qui
compose la Pologne et la Prusse d'à- d'à- present
ils étoient par - là trop voisins de
I'Illyrie , pour ne pas croire que ce furent
ces Peuples qui apparemment s'étoient
joints aux Allemans , que Varius
Macrinus chassa de cette Province. Les
interêts des uns et des autres étoient les
mêmes , et ils voulurent profiter de l'absence
d'Alexandre, pour ravager les Terres
de l'Empire , ce qui obligea l'Empereur
en marchant contre Artaxercés d'envoïer
des Troupes contr'eux. Comparante
jam se ut fluvios transgrederetur... Quosdam
etiam exercitus in regiones alias transtulit
, ut inde Barbarorum incursiones facilius
arcerentur. Herodien .
J'ai promis à M' L. B. de lui montrer
que les Ovinius me sont connus ; je tiens
ma parole. Outre l'Ovinius Camillus de
Lampride , et Ovinius Tertullus de la
Loy 1. ad S. C. Tertull. qu'il cite : Il y a
un Ovinius Paternus qui fut Consul sous
Alexandre même en 233. un Lucius Ovinius
Rusticus , qui le fut sous Maximin ,
l'an 237.ct l'on trouve en 317. sous Constantin
, un autre Ovinius , surnommé
Gallicanus, Consul avec Septimius Bassus,
long- temps devant ceux- cy , une Inscription
de Gruter ( CCLXI 4.)nous fait mention
244 MERCURE DE FRANCE
tion d'un Titus Ovinius Thermus , fils
d'un autre de même nom, qui vivoit sous
les Antonins. Je ne parle pas d'un M.
Ovinius M. F. Ter.Rufus, et d'un L.Ovinius
Amandus , dont les noms se trouvent
dans le même Gruter ( DLXVII. 3. )
et dans Reinesius ( XII. 110, ) Ovinius est
un nom ancien chez les Romains , puisqueVarron
qui fleurissoit dans les dernieres
années de la République , en parlant
dans son Ouvrage de Re Rustica , des
noms qui tirent leur origine des Troupeaux
, fait mention de celui d'Ovinius.
Nomina multa habemus ab utroque pecore , à
majore et à minore , à minore Porcius , Ovinius
, Caprilius. En voilà suffisamment
pour dresser une longue Généalogie , à
qui voudroit en prendre la peine , mais
n'en voilà que trop pour montrer que M²
L. B. n'a pas eu raison de dire , que ce nom
ne se rencontre gueres ailleurs qu'en ces deux
endroits qu'il a cités.
Je finirois icy , sans une réfléxion qu'on
me permettra d'ajouter , quoiqu'elle ne
regarde pas mon adversaire seul. Mª L.B.
en parlant d'Alexandre , l'appelle' toujours
Alexandre Severe , et il suit en cela un
sage , qui ,pour être autorisé, n'en est pas
moins vicicux. Le nom de Sévere que
portoit Alexandre , n'étoit pas, quoiqu'en
veuille
FEVRIER. 1733 245
euille dire Lampride , une Epithete qui
lui fut donnée à cause de son exactitude
à faire observer la Discipline Militaire.
Nam et Severus est appellatus à Militibus
ob Austeritatem . C'étoit chez lui un nom
de famille , qu'il tenoit de Septime Sévere
et d'Antonin Caracalle , appellé de
même Severe , comme on le voit sur ses
Médailles Grecques , où il est nommé
AYT, K. M. ATP. CEYHPOC. ANTONEINос.
П. П. Аléxandre se disoit fils de ce
dernier. Admonete quamprimum illum , dit
ce Prince en parlant d'Artaxercés : Trophæorum
qua plurima adversus Barbaros Severo
atque Antonino parente meo ducibus.
excitastis. Herodien . Ce qui est confirmé
par les Inscriptions.
•
IMP. CAES DIVI
SEVERI. PII, NEPOTI. DIVI
ANTONINI. MAG. PII. FILIO
M. AUREL. SEVERO ALEXANDRO
PIO , &c.
Gruter MLXXVIII , 7. et 8,
C'est donc Severe - Alexandre qu'il faut
dire , selon l'usage de placer les noms de
famille , et conformément à toutes les
C Més
246 MERCURE DE FRANCE
Médailles Latines et Grecques , où l'on
lit : IMP. SEV ALEXANDER AUG.
AY.K. CEOYHPOC . AAEZANA. aussi-bien
que dans les Inscriptions que je viens de
rapporter.
D. P.
A Orleans , le 10 Octobre 1732.
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Résumé : REPLIQUE à la Lettre de M. L. B. d'Auxerre, inserée dans le Mercure du mois d'Août dernier, au sujet d'une Inscription.
L'auteur répond à une lettre de M. L. B. d'Auxerre, publiée dans le Mercure d'août précédent, concernant une inscription. Il exprime sa surprise de devoir réagir, pensant leur différend résolu. La dernière lettre de M. L. B. est plus élaborée, basée sur une lecture de Lampride et soutenue par un magistrat illustre. L'auteur examine l'autorité de Lampride, considéré comme un compilateur demi-savant par Casaubon, Saumaise et M. de Tillemont. Il souligne que les récits de Lampride doivent être vérifiés par d'autres sources. M. L. B. a omis une partie de la pensée de l'auteur, conduisant à une mauvaise interprétation. L'auteur discute des faits historiques mentionnés par Lampride, comme les conspirations contre Alexandre Sévère et les erreurs de Lampride concernant des événements et des personnages. Il critique Lampride pour ses inexactitudes et ses contradictions avec d'autres auteurs contemporains. L'auteur conteste l'association d'Ovinius avec Alexandre Sévère, arguant que les circonstances décrites par Lampride sont improbables et tiennent plus de la fable que de la réalité historique. Il réfute les explications de M. L. B. sur cette association, les trouvant peu convaincantes et contraires à la logique historique. Le texte discute également d'une controverse historique concernant Alexandre Sévère et une harangue attribuée à cet empereur. Alexandre Sévère aurait rappelé à ses troupes leurs victoires passées contre les Sarmates, les Allemans et les Perses, mais l'auteur conteste l'idée qu'Alexandre ait mené une guerre contre les Sarmates. Il compare cette situation à une hypothétique guerre en Espagne, où un roi rappelant des victoires passées ne prouverait pas qu'il a mené des guerres contre ces peuples. L'auteur affirme qu'Alexandre marchait alors en Perse et que son règne avait été paisible jusqu'à cette guerre. Il soutient que les médailles d'Alexandre mentionnent des victoires uniquement après la déclaration de la guerre contre la Perse, vers la fin de l'an 227 ou le début de 228. Les Sarmates, voisins de l'Illyrie, auraient profité de l'absence d'Alexandre pour ravager les terres de l'Empire, l'obligeant à envoyer des troupes contre eux. Enfin, l'auteur mentionne plusieurs personnes portant le nom d'Ovinius, démontrant que ce nom est ancien et courant chez les Romains. Il corrige également l'usage du nom 'Alexandre Sévère', expliquant que 'Sévère' est un nom de famille et non une épithète donnée pour sa discipline militaire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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44
p. 585-586
ALLEMAGNE.
Début :
On apprend de Vienne que le 2 de ce mois, on celebra dans l'Eglise Aulique des Augustins [...]
Mots clefs :
Empereur, Vienne, Duché de Mecklembourg
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
N apprend de Vienne que le 2 de ce mois ,
on celebra dans l'Eglise Aulique des Augustins
Déchaussez , un Service solemnel pour le
repos de l'ame du Roy de Pologne : L'Empereur
et l'Imperatrice , les Archiduchesses , les Ministres
étrangers , les Seigneurs et Dames de la
Cour y assisterent en longs habits de deüil .
Toute l'Eglise étoit tenduë de noir jusqu'à la
Hr voûte; *
586 MERCURE DE FRANCE
voûte;et on avoit élevé dans le milieu du Chaur
un magnifique Catafalque , chargé d'Ecussons et
de divers ornemens funebres , et environné de
Statues, qui representoient les Vertus.Ce Catafalque
avoit été exécuté sur les desseins de M. Jos.
Galli Bibiena , premier Architecte de S. M.Imp.
et les Inscriptions étoient de M. Jean-Charles de
Neven. Le Pr. Maurice Adolphe , Charles de Saxe-
Zeitz , Archevêque in partibus , et Evêque de
Konigsgrats. , officia Pontificalement à la Messe,
et il fit les Encensemens et les. Absoutes
On mande de Vienne que le Camp que les
Troupes commandées pour aller en Silesie doivent
occuper , est marqué entre Oppelen et le
Fort de Brieg, que quo que quelques Regimens
soient déja partis pour ce Camp , on ne croir
pas qu'il soit entierement formé avant la fin
d'Avril.
Selon les avis reçûs de Schiverin , les Troupes
que l'Empereur a envoyées pour mettre le Duc
Chrétien Louis en possession de l'administration
du Duché de Meckelbourg , n'attendent ,
pour entrer dans la Ville , que l'arrivée du nouveau
Decret de l'Empereur , par lequel il est enjoint
aux habitans de reconnoître ce Prince pour
Administrateur du Duché. Mais on apprend en
dernier lieu de Vienne que le bruit y couroit que
S. M. Imp . par égard pour les Instances que la
Czarine a faites en faveur du Duc Charies Léopol
; elle ne signera point le Decret pour faire
reconnoître le Duc Chrétien- Louis en qualité
d'Administrateur du Duché de Meckelbourg.
N apprend de Vienne que le 2 de ce mois ,
on celebra dans l'Eglise Aulique des Augustins
Déchaussez , un Service solemnel pour le
repos de l'ame du Roy de Pologne : L'Empereur
et l'Imperatrice , les Archiduchesses , les Ministres
étrangers , les Seigneurs et Dames de la
Cour y assisterent en longs habits de deüil .
Toute l'Eglise étoit tenduë de noir jusqu'à la
Hr voûte; *
586 MERCURE DE FRANCE
voûte;et on avoit élevé dans le milieu du Chaur
un magnifique Catafalque , chargé d'Ecussons et
de divers ornemens funebres , et environné de
Statues, qui representoient les Vertus.Ce Catafalque
avoit été exécuté sur les desseins de M. Jos.
Galli Bibiena , premier Architecte de S. M.Imp.
et les Inscriptions étoient de M. Jean-Charles de
Neven. Le Pr. Maurice Adolphe , Charles de Saxe-
Zeitz , Archevêque in partibus , et Evêque de
Konigsgrats. , officia Pontificalement à la Messe,
et il fit les Encensemens et les. Absoutes
On mande de Vienne que le Camp que les
Troupes commandées pour aller en Silesie doivent
occuper , est marqué entre Oppelen et le
Fort de Brieg, que quo que quelques Regimens
soient déja partis pour ce Camp , on ne croir
pas qu'il soit entierement formé avant la fin
d'Avril.
Selon les avis reçûs de Schiverin , les Troupes
que l'Empereur a envoyées pour mettre le Duc
Chrétien Louis en possession de l'administration
du Duché de Meckelbourg , n'attendent ,
pour entrer dans la Ville , que l'arrivée du nouveau
Decret de l'Empereur , par lequel il est enjoint
aux habitans de reconnoître ce Prince pour
Administrateur du Duché. Mais on apprend en
dernier lieu de Vienne que le bruit y couroit que
S. M. Imp . par égard pour les Instances que la
Czarine a faites en faveur du Duc Charies Léopol
; elle ne signera point le Decret pour faire
reconnoître le Duc Chrétien- Louis en qualité
d'Administrateur du Duché de Meckelbourg.
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le texte décrit des événements en Allemagne et à Vienne. À Vienne, le 2 du mois, un service solennel a été organisé dans l'Église des Augustins Déchaussés pour le repos de l'âme du roi de Pologne. L'empereur, l'impératrice, les archiduchesses, les ministres étrangers et les membres de la cour y ont assisté en habits de deuil. L'église était tendue de noir et un catafalque magnifique, conçu par M. Jos. Galli Bibiena et orné d'inscriptions de M. Jean-Charles de Neven, avait été érigé. L'archevêque Maurice Adolphe, Charles de Saxe-Zeitz, a officié lors de la messe. Par ailleurs, les troupes destinées à la Silésie doivent occuper un camp entre Oppeln et le fort de Brieg, mais ce camp ne sera probablement pas entièrement formé avant la fin avril. À Schwerin, les troupes envoyées par l'empereur attendent un décret impérial pour permettre au duc Chrétien Louis de prendre possession de l'administration du duché de Mecklembourg. Cependant, des rumeurs à Vienne suggèrent que l'empereur pourrait ne pas signer ce décret en raison des instances de la tsarine en faveur du duc Charles Léopold.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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45
p. 885-905
VOYAGE de Basse Normandie. Suite des Remarques de M... sur l'Inscription du Marbre de Torigny. XI. LETTRE.
Début :
III. LOGUM ORDO CIVITATIS Viducassium libenter dedit podum [...]
Mots clefs :
Inscription, Mot, Edinius Julianus, Lettre, Marbre, Bayeux, Torigny, Paulin, Province lyonnaise, Empire, Préfet, Empereur, Veaux marins, Tribun, Prétoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : VOYAGE de Basse Normandie. Suite des Remarques de M... sur l'Inscription du Marbre de Torigny. XI. LETTRE.
VOYAGE de Basse Normandie. Suite
des Remarques de M... sur l'Inscription
du Marbre de Torigny.
11 1.
L
XI. LETTRE.
OGUM ORDO CIVITATIS
Viducassium libenter dedit
dum XIII.
род
Civitas ducassium , ou Biducassium
appellée ensuite Bajocassium , est la Villa
Cij
et
I
886 MERCURE DE FRANCE
et le Diocèse de B.yeux en Normandie,*
et non pas le Village de Vieux. Prolomée
, L. VIII. assure que dans la Gaule
Lyonnoise il y a quatre Peuples situez
au Septentrion et sur l'Ocean Brittanique
ΒΙΔΟΥΚΕΞΙΩΝ Biducessii , ΟΥΝΕΛΙΩΝ
Veleni ΛΕΞΟΥΒΙΩΝ Lexovii ΚΑΛΕΤΑΙ
Caleta : Les trois derniers sont ceux de
Coutance , de . Lizieux et du Pays de
Caux. On ne peut douter que les Biducesii
ou Biducasses , comme Pline les appelle
, L. 1 V. 6. 18. ne soient ceux de
Bayeux , ce qui est confirmé par l'Inscription
de ce Marbre trouvé dans le
Diocèse de Bayeux . Cent ans ou environ
après que notre Inscription eut été gravée
, les noms de plusieurs Villes commençant
à s'alterer , on changea ce mot
de Biducasses en Bajocasses , comme on
le voit par ces Vers d'Ausonne.
Tu Bajocassis Stirpe Druïdarum satus ;
Beleni sacratum ducis è Templo genus,
De Bajocasses on fit Bajoca , comme on
le voit dans la Notice de l'Empire , Sect .
** L'Auteur des Remarques décide ici une chose
qui étoit du moins incertaine avant les Découvertes
qui ont été faites à Vieux. Voyez là- dessus la
Description des Monumens qui y ont été trouvez, et
les Remarques faites sur ces Monumens , dans le
Mercure d'avril 17329
LXV.
MA Y. 1733- 887
LXV. Præfectus Latorum , Batavorum ,
et Gentilium Suevorum ; Bajocas à Bayeux
et Constantias Lugdunensis II. à Coutances
. Ainsi on disoit en ce temps- là Trecas
pour Trecasses , Drocas pour Durocasses
, & c .
Dans toutes les anciennes Notices on
voit au nombre des sept Citez de la seconde
Lyonnoise , Civitas Bajocassium.
Gregoire de Tours nomme ces Peuples.
Viducasses Bejocassins , au 27. Chap. du
5 L. de son Histoire , et Fredegaire , en
corrompant ce mot , appelle les mêmes
Peuples Bagassins , au Chap. 80. de sa
Chronique. Charlemagne nomme le Pays.
Bessin Bajocassinus Pagus , dans ses Capitulaires
, et Charles le Chauve dans les
siens , appelle le même Pays Bagisinus
Pagus. Oderic Vital , L. V. dit qu'il y
a six Villes Episcopales sujettes à Rouen,
Rothomago sex urbes subjacent, Bellocassium
( emend. Bedocassium vel Biducassium ) id
est Bajocas. A quoi il faut ajoûter en faveur
de la Ville de Bayeux , que son Siege
Episcopal est le premier et le plus
ancien de tous ceux de la Province de
Rouen , et que l'Evêque a la préséance
au dessus de tous les Evêques Comprovir
ciaux , ce qui démontre la grande
antiquité de cette Ville.
Cv M.
888 MERCURE DE FRANCE
M. Vallois , dans la Notice des Gaules ,
veut que Bayeux ait été appellé Argenus
par Prolomée , L II. C. 8. en ces termes,
ΒΙΛΟΥΚΕΣΙΟΙ ΩΝ ΠΟΛΙΣ ΑΡΓΕΝΘΥΣ
Mais ces mots wraλis , ne se voyent pas
dans les Editions Grecques de Ptolomée
l'ancien Traducteur Latin veut au contraire
qu'Argenus soit une Riviere , Ar
genis fluvii estia. M. Valois prétend
outre cela , qu'un lieu appellé dans la
Carte de Peutinger , Aragenus , soir cette
Vill d'Agenus , ce qui est fort incertain.
Quoiqu'il en soit , on ne doit point
douter que Bidugasses , Biducasses , Butucasses
, Bajocasses , Bajoca , Bayeux , no
soient une même Ville , Ch . f. d'un Dio
cèse et des Pouples du Bessin.
IV. AMICUs Benemerentis Claudii Paus
lini Legui Casaris Augusti Proprætore Prom
vincie Lugdunensis fuit..
La Province Lyonnoise étoit Imperiale
et gouvernée par un Lieutenant de l'Em
pereur ; cet Officier étoit Civil er Mili❤
taire, on l'appelloit Popreteur , parce qu'il
avoit les mê nes droits , les mêmes hon-
✦ Sion peut donner quelque chose à la conjecture,
fandéo sur la ressemblance des Noms , le Village
Argence ä lieues de Caën , sur le chemin de
Lizieux , pourroit bien être un reste de cette ancien
neVilles
4.
neurs
1 889 MAY. 1733.
meurs et le même nombre de Faisceaux ,
que les Preteurs de la Ville de Rome.
Amicus Paulini , Sennius Sollemnis avoiɛ
fendu un grand service à Paulin , en s'op
posant à ceux qui vouloient dans l'Æsemblée
generale des Provinces , accuser
ce Gouverneur d'injustice , comme AEdinus
Julianus , successeur de Paulin au
Gouvernement de la Lyonnoise , le témoigne
dans sa Lettre au Tribun Comnianus
, Vice- Président de la même Province.
Cette Epitre est gravée sur l'un des
côtez du Marbre de Torigny.
L'Inscription du devant du même Piédestal
parle de cette Lettre en ces termes
Cui Semp R Arectus FVIT SICVT EPIST A ... ...
AE AD NOS SCRIPTA EST DECLARATVR.
CVI (Paulino ) POSTEA ( Britan ) LEG.
AVG. PENESEVM AD LEGIONEM SEXTAM
ADSEDIT. Il faut necessairement ajoûter
les Lettres BRIT. sans quoi cette Phrase
n'auroit point de sens et cette Addi
tion est confirmée par ces paroles gravées
sur l'autre côté du Marbre du Piedestal.
Exemplum Epistula Claudii Paulini Legati
Augusti Propretore Provincia Britannië
ad Sennium Sollemnem. Paulin, après avoir
gouverné la Lyonnoise en qualité de
Lieutenant de l'Empereur et de Prope
teur ,fut envoyé dans la grande Breta
Cvj gne
890 MERCURE DE FRANCE
gne ; et Sennius Sollemnis fut un des As
sesseurs de Paulin , qui commandoit la
VI. Legion , comme Lieutenant General
dans la Province ; car cette Legion
avoit son Quartier dans la Grande Bretagne
et dans la Ville d'Yo ck , comme
Prolomée le marque , L. II. C. 3 .
Ces Légions étoient tellement attachées
aux Provinces où on les avoit placées ,
que les Gouvernemens ont pris quelquefois
les noms des Legions qui y étoient
en garnison . Tertulien dans le IV. Chap
du Livre à Soupulus , appellé le Président
de Numidic Prases Legionis ; car Caligula ,
pour affoiblir l'autorité du Proconsub
d'Affrique , donna à un autre Officier le
Gouvernement des Numides avec les
Troupes ou la Légion . Provincia divisa
exercitus alteri et Numidas mandavit , atque
bolie etiam fit , dit Dion , p. 656.
c'est pourquoi Ptolomée attribue la troisiéme
Légion Auguste à la Numidie.
V. ] CVIO OB SALARIVM MILITIAE IN
AVRO. Le Graveur a omis ici quelques
mots qu'il faut suppléer par l'Epitre à
Paulin , où on lit. Milit.a salarium , Deserteriis
viginti quinque nummos ,. in auro..
* L'omission du Graveur saute aux yeux. On ne
peut mieux la réparer quepar l'autre partie de l'Ins
ription , comme fait l'Auteur des Remarques.
VI
MAY. 17337
VI. ] ALTAQ MVNERA LONGE PLVRIS
MISSA. Paulin , dans sa Lettre à Sollemnis
, specifie les Présens Munera , Chlamydem
Carbasinam , Dalmaticam Laodicenam
, Fibulam auream cum gemmis.
Virgile , L. XI. de l'Eneïde , parle ainsi
de ces Chlamydes Carbassina , attachées
avec des crochets d'or.
... Croceam Chlamydemque sinusque crepantes
Carbascos fuluo in nodum collegerat auro
Et Lucain parle aussi de ces vétemens
dans sa Pharsale , L. 3 .
Fluxa coloratis astringuntur Carbasa gemmis.
Le mot Dalmatica signifie une manie
re de vêtement venue de Dalmatie . Capitolin
, dans la Vie de Pertinax , Ch. 8.
dit qu'on tenoit parmi les Meubles de
Commode , Tunicas , Penulasque , Lacernas
et Chiri lotas , Dalmatarum. Lampide
dans la Vie de Commode , Chap . 8 dit
de ce Prince que Dalmaticatus in Publico
processit , ce qui passoit alors pour une
chose infam . Les gens graves et medestes
ne paroissant jamais avec des Dalmatiques.
Et le même Historien assure ,
Chap 24. de la Vie d Heliogabale , que
cet Enrpereur avoit souvent paru Bal
maticatus in foro post Coenam. S. Isidore ,
Chap .
892 MERCURE DE FRANCE
Chap. 22. du 19. L. de ses Origines , témoigne
que Dalmatica Vestis primum in
Dalmatia texta est. Mais quoique l'invention
de ces sortes de vêtemens soit venue
de Dalmatie , et qu'ils ayent pris le
nom de cette Province , neanmoins la
mode s'étant introduite dans tout l'Empire
Romain de porter des Dalmatiques,
on en établit des Manufactures en divers
Lieux ; on estimoit le plus celles qu'on
faisoit à Arras et à Laodicée , suivant les
paroles de S. Jérôme , L. 2. contre Jovinien
, T. 2. Cod . 106 , Edit . de Nivelle.
Atrebatum ac Laodicea indumentis ornatus
incedis. Et peut être que les Dalmatiques
de Laodicée
étoient de plus grand prix
que toutes les autres , parce que les Laines
de cette Ville étoient meilleures
, com
me Pline nous l'apprend
, L. VII . Ch. 48 .
VII. Il est fort difficile de trouver ce
que signifie ToSSIAM Brittanicam . Si cę
mot est venu de la Grand - Bretagne , aussi
bien que ce qu'il signific . Lorsque les Ro
mains empruntoient quelque chose des
Etrangers , ils conservoient les noms Barbares
qu'ils introduisoient dans la Langue
Latine , où nous trouvons beaucoup de
mots Gaulois et Bretons. Nous avons pour
ce qui concerne les Habits Bracha, espece
d'Habit , décrite par Diodore de Sicile ,
Laina
MAY. #733. 89.3
Laina , maniere de Saïe dont parle Strabon
,Bardo- cucullum, Manteau des Bardes,
Poëtes Gaulois , dont Martial fait mention.
Le mot Cucullum est venu du Gaulois
ou du Breton Cucull. C'est pourquoi
Juvenal , dans sa huitiéme Satire appelle
ces Cuenlles Saintongeois.
Tempora Santonios velas adòperta Cuculla.
Caracalla , Habit Gaulois , qu'Antonim
fils de Sévere , donna au Peuple Romain .
Glascum , Herbe dont on se servoit pour
teindre en bleu. Cependant j'ose douter
que ce mot ToSSIAM , soit de l'ancienne:
Langue Bretonne , et je conjecture qu'il
est Latin.
Il faut remarquer que les Lettres de
cette Inscription , effacées en plusieurs
endroits , sont quelquefois entrelassées *
les unes dans les autres , et qu'il y en a
par consequent de fort petites qui ont pû
disparotire aisément. Ce mot TOSSIAM ,
doit être ainsi rétabli TROSSVLAM . Cette
maniere de vêtement que les Latins ap-
"
*On pourra voir cet entrelassement des Lettres ,
c. dans la Gravure qu'on se propose de donner
de toute l'Inscription . Mais toujours on peut comp
ter que nous avons lû TOSSIAM sur le Marbre at
que ce mot a été lû de même avant nous dans les
deux ou trois copies quej'ai rapportées de Torigny...
pelloient
194 MERCURE DE FRANCE
pelloient Trossulam ou Trabeam Trossu
lam , et les Grecs Epeseda étoit tissuë de
Laine de couleur de Pourpre , mêlée
d'autre Laine teinte en écarlate. Cette
Trossula n'étoit pas differente de la Saïe
Punique , et on y mêloit de l'Ecarlatte
parce que les Anciens combattoient vétus
de rouge , afin que le sang qui couloit- des
playes ne parût pas.
VIII PELLEM VETULI MARINI SEMESTRIS
La Peau de Veau Marin est couverte
de poil cendré. C'étoit alors un rare
présent qu'une Peau de Veau Marin ,
animal tès- difficile à tuer , comme dit
Pline , L. IX. Chap. 13 Cet Auteur dans
le même lieu attribuë aux Peaux de Veaux
Marins une proprieté bien singuliere en
ces termes Pelles eorum etiam detractas corpori
sensum æquorum retinere tradunt , semperque
astu maris recedente inhorescere
et au L II. Chap. 55. il nous fait connoître
pourquoi les Anciens estimoient
tant les Peaux de Veau Marin ; c'est , qu'ils
croyoient qu'elles garantissoient de la
Foudre N inquan Fulmen , & c . Suetone,
* Notre Auteur a sans doute , cité ce Passage
de Pline de memoire ; voici comment il faut le rétablir.
Ideo Pavi di altiores specus tutissimos putant
: aut tabernacula è pellibus belluarum quas
vitulos appellant , quoniam hoc solum aniinal
Marinis , Fulmen , non percutiate
,
MA Y.. 1733. 895
L. 2. Chap. 90. rapporte qu'Auguste craignoit
fort le Tonnerre , et qu'il portoie
par tout une Peau de Veau Marin pour
se garantir de la Foudre , Ut semper, et
ubique , &c. Spatien dit que Septime-
Severe avoit la même foiblesse , et qu'il
fit couvrir sa Littiere de Praux de Veaux
Marins. Plutarque dans ses Symposiaques ,
L. 4. Q. 2. nous apprend que les Pilotes
pour préserver du Tonnerre leurs Vaisseaux,
couvroient de Peaux de Veaux Marins
et d'Hyenes, l'extrémité des Voiles ;
il parle encore de cette vertu des Peaux
de Veaux Marins au L.5.du même Ouvra
ge , Chap. 3 .
SEMESTRIS Le Veau Marin croît en fort
peu de temps , il y en a une certaine espece
dans les Mers du Nord , que les
Russes et les Anglois appellent Morfh ,
et les Flamans Walrusses qui deviennent
plus gros que les plus grands Boeufs , et
à deux ou trois mois ils sont aussi grands
que des Dogues d'Angleterre .
IX. [ … .. VI ... R ... O ... Genvs
V ...
SPECTACVLORVM . PINICIA DIA.
Ceux qui ont vû les premiers cette
Inscription , ont lû ainsi cet Endroit . Cu
jus cura omnegenus spectaculorum atqueTaurinicia
Diana. Mais il y a lieu de douter
de ce mot Taurinicia , qu'on ne trouve
nulle
896 MERCURE DE FRANCE
nulle
part ; outre que la copie de M. Pe
titte nous prouve que ces trois Lettres
TAV, ne se lisent point dans l'Inscription
où on ne voit que RINICIA , Taurinicia
ne se peut lire suivant l'Analogie Grammaticale
, il faudroit Tauronicia
, comme
Tauropolia , Fête des Lacédémoniens Tau
rocathapsia , qui étoient des Jeux des
Thessaliens ; enfin , comme Taurobotus ,
Taurobolia , Taurophagus , Taurophagia
s
et d'ailleurs on n'honoroit
pas
Diane par
des Combats de Taureaux , mais par des
Chasses de Cerfs ou d autres Bêtes sau
vages ; car Diane étoit surnommée EAA-
ΦΗΒΟΛΟΣ , et la grande Fere qui lui
étoit dédiée dans la Grece , TA EAAOHBO
AIA , d'où vient le mot Elaphebolion
, on
écrivoit ce mot par HAADHBOAION
, aų
lieu d'EAADOBOAION
, comme EAAQOBỌAIA
et EAAQBOAOX
, selon l'usage
des Poëtes qui changeoient l'O en H ,
pour avoir une sillabe longue et faire un
Dactile ΕΤΡΕΨΑΝΤΟΙΑ
, ασμακρείον
,
Siasurlénian , Baxλçań , dit. Eustathe
* M. Petitte , Chanoine et Official de Bayeux,
avoit pas manqué , sans doute, de copier cette
Inscription , et de la mieux copier qu'un autre. Il
a travaillé toute sa vie à l'Histoire Civile et Ecclesiastique
de Bayeux. Voyez là-dessus le Mercure
Octobre 1732. p. 21380
Sur
MAY. 1733. 897
sur le V. L. de l'Iliade , T. I. p. 521 .
Edit. de Rome. Ainsi je doute qu'il y ait
dans l'Inscription la lettre R bien formée
, et je crois qu'il faut lire EPINICIA
DIA. Epinicia , qui sont les prix de ceux
qui ont vaincu aux Jeux ; et Sollemnis
qui avoit donné les Spectacles, avoit aus
si donné les Prix , Epinicia.
X. ERAT SENNIUS ME ... CUR . MART...
ATQ... DIAN... P. Sacerd.
Edinius Julianus , dans sa Lettre à
Commianus parle de Sollemnis en ces
termes : Sollemnem istum oriundum ex civitate
viduc. Sacerdos. Mercure , Mars ,
et Diane étoient dans les Gaules les princlpaux
Dieux dont notre Sollemnis étoit
premier Prêtre ; aussi la Ville de Bayeux
étoit celebre à cause de ses Druides,dont
les Races étoient très- nobles et tres- anciennes
; c'est ce que prouvent les Vers
d'Ausonne , que j'ai déja citez . Cette Illustre
famille des Druides de Bayeux des
cendoit des Prêtres d'Apollon , appellé
Bellenus par les Gaulois , et par ceux d'Aquilée
; comme le démontrent diverses
Inscriptions , rapportées par Gruter. Ausonne
, dans ses Poësies sur les Professeurs
de Bordeaux , louc un Rheteur ;
nommé Attius , Patera , Pater , auquel ses
rapportent les deux Vers qu'on a vûs
plus
858 MERCURE DE FRANCE
plus haut ; et il est à propos de rappor
ter icy ce témoignage d'Ausonne tout
entier.
Tu Bajocassis ( vel Bagocessi ) stirpe Druidarumza
satus ,
Si fama non fallit fidem ,
Beleni sacratum ducis è templo genus &
Et inde vobis nomina ,
Tibi Patera sic Ministros nuncupant »
Apollinaris Mystici ,
Fratri Patrique nomen à Phoebodatum
Natoque de Delphis tue.
Ausonne lote encore un autre Professeur
de Bordeaux , qui descendoit des
Druides , et avoit été Sacristain du Teme
ple de Belenus .
Nec reticebo senem
Nomine Phabitium , qui Beleni adituus ,
Nil opis inde tulit , sed tamen ut placitum ,
Stirpe satus Druidum gentis Aremorica ,
Burdigala Cathedram nati opera obtinuit .
XI. ... FUIT CLIENS PROBATISSIMUS
AEDINI IVLIANI ... LEG. AUG. PROV . LVGDVNEN...
CVI . SEMPER . AF. TVS FVIT. Sicut
Epistula que ad nos scripta fuit decla
ratur.
Julianus , dans sa Lettre dit , qu'ik
com
MAY. 1733 . 899
commença à aimer Sollemnis propter sectam
, à cause de sa Profession de Prêtre et
de Druide, et propter gravitatem et honestos
mores.
Lorsque Julianus écrivoit cette Lettre
au Tribun Commianus , il étoit alors
Préfet du Prétoire , comme ces mots de
l'Inscription le démontrent : Exemplum
Epistula Alinii Jul... Præfecti Prato.
Nous ne pouvons placer le temps de la
Préfecture de ce Julianus après l'an 238 ,
à cause du Consulat de Pius et de Proculus
, marqué dans l'Inscription, Il ne
seroit pas raisonnable aussi de reculer le
temps de la Préfecture d'Edinius plus .
loin que le temps de Caracalla ; on sçait
que les deux Préfets de cet Empereur
étoient Adventus et Macrin, Le dernier
après avoir fait assassiner son Maître , lui
succeda à l'Empire , et créa deux Préfets
du Prétoire , Appius Julianus et Julianus
Nestor, comme Dion , qui fleurissoir pour
lors , nous l'apprend dans lesFragmens du
liv . 78, pag.895.Notre Adinius ne peut
être ni l'un ni l'autre de ces deux Juliens ;
car VlpiusJulianus fut massacré par les
Soldats révoltez contre Macrin , en faveur
d'Héliogabale . Macrin désigna aussi-
tôt Basilianus , alors Préfet d'Egypte,
pour successeur d'Appius , comme Dion
nous
900 MERCURE DE FRANCE
nous l'apprend encore au même liv . 73.
pag. 903 .
Ce Basilianus , après la mort de Ma
crin , ayant erré quelque temps , fut
égorgé à Nicomédie , selon Dion, p.904.
Héliogabale , après sa Victoire , fit mou
tir le Préfet Nestor , avec Fabius Agrippin
, Gouverneur de Syrie , comme Dion
le rapporte , liv . 79. pag. 907. Le même
Empereur créa Préfet du Prétoire , Euty.
chianus Comazon ; Dion , liv . 79. p.908.
Après Comazon , il y eut deux Préfets
qui furent tuez , avec Heliogabale , page
916. et ils s'appelloient Flavianus et
Chrestus. Ce fut Ulpien , favori d'Alexandre
, qui les fit mourir , et leur succeda
, le nouvel Empereur lui ayant donné
la Charge de Préfet , selon Dion , livre
So. pag. 917. Ulpien fut massacré
les Soldats , vers l'an 227. pendant que
Dion gouvernoit la Pannonie , ainsi qu'il
le raconte , liv. 80. pag. 917. Les Historiens
ne nomment point le successeur
d'Ulpien ; d'ailleurs nous sçavons que
sous Maximin , Vitalien étoit le Préfet
du Prétoire , qui résidoit à Rome , où il
fut tué par l'ordre du Sénat , l'an 237.
comme nous l'apprenons d'Hérodien
ou de Capitolin.
Edinius Julianus résidoit à Rome
par
comme
MAY. 1733. 901
comme il le témoigne dans sa Lettre. Is
( sollemnis ) certus honoris mei erga eum ad
videndum me in Urbem venit : proficiscens
petiit, ut eum ad te commendarem. Je ne vois
donc point de place pour la Préfecture
d'Elinius Julianus , que depuis la mort
d'Ulpien , jusqu'à celle d'Alexandre Se
vere , il n'y avoit qu'un Empereur au
temps que Paulin écrivit la Lettre , gravée
sur le Marbre de Torigny . Ces mots : Er
MAIESTATE SANCTA IMP. le font voir.
C'est donc sous l'Empereur Alexandre-
Severe que Julien - Paulin et Sollemnis
ont exercé les Charges , dont il est fait
mention dans l'Inscription : Fuit cliens
probatissimus Edinius - Juliani legati Augusti
Provincia Lugdunensis.
Edinius Julianus avoit été Lieutenant
de l'Empereur dans la Province Lyonnoise
, comme on le voit par ces mots ,
gravez sur le devant du Piédestal ; ce
qui estconfirmé par la Lettre de Julianus,
gravée sur l'un des côtez de ce Marbre :
Claudio Paulino Decessori meo . Nous
avons déja vû que Paulin avoit eu le Gou
vernement de laLyonnoise : que veut donc
dite Edinius -Julianus , par ces mots : In
PROVINCIA LVGDVNENS. QUINQUE . FISCALI...
IGEREM? Ce dernier mot , n'est pas
Agerem, car M. Petitte dans sa copie ,tresexacte
902 MERCURE DE FRANCE
exacte , fait voir qu'il n'y a que IGEREM,
et cette figure I un peu courbe , ne marque
pas la jambe de celle d'un A , mais la
lettre I , que les Sculpteurs ne gravent
pas toujours droit.
Je ne puis croire qu'il y ait * Fascalia,
comme quelques- uns le prétendent ; car
ce mot barbare , et qui ne fut jamais Latin
, peut il avoir été en usage pour si
gnifier une fonction principale d'un
grand Magistrat Romain ? Concluons donc
qu'il faut lire ainsi cet endroit : In Provincia
Lugdunensi Quinquennalia fiscalia
dum exigerem. Ce mot Fiscalia , se prend
pour les Tributs qu'on paye au Souve
rain. Ambrosiaster , sur l'Epître aux Romains
: Ideo dicit tributa prastari vel qua
dicuntur fiscalia ut subjectionem præstent.Le
Scoliaste de Julianus , Antecessor , c. 72.
Quando is qui nihil possidet fiscalia dare
cogitur.Fiscalia,se prend donc pour tributa
qua fisco inferuntur et indictiones . Les Indictions
, parmi les anciens Romains , avant
Constantin , étoient imposées de 5 en 5
ans , et leur levée ou exaction s'en faisoit
* Les deux anciennes Coppies que j'ai rapportées
de Torigny , portent cependant FASCALIA . Et
aujourd'hui ce mot se lit encore bien sur le Marbre .
A l'égard de l'autre mot , on n'en voit plus aujourd'hui
que la fin sur ce Marbre , GEREM .
>
Far
MAY. 1733 . 903
par Lustre , comme le P. Noris l'a prouvé
solidement et doctement dans son
Traité des Epoques des Syro Macedoniens
, pag. 170.
·
XII. ADSEDIT ET ... IN PROVINCIAM
LVGDVNENSEM VA... ERIO FLO .. TRIB....
MIL. · • ... c. ... III. AVG . IVDICI . ARCAE
FERRAR...
Valerius Florus , dont Sollemnis est
appellé Antecesseur dans notre Inscription
, avoit été Juge de la Caisse des Armuriers
de la Province Lyonnoisse ; le
mot FERRAR. Ferrariorum se prend , nonseulement
pour un adjectif , qui se joint
à Faber , mais encore pour un substantif,
comme dans ce Passage de Julius Firmicus
Maternus , ch. vII . du 4° Liv . de son
Astrologie : Coquos ferrarios atque ex igne
velferro partes suas officiaque complentes .
e
Il y avoit deux Fabriques ou Manufactures
d'Armes dans la Province Lyonnoise
; l'une de Fléches , à Mâcon , Matisconensis
Sagittaria ; et l'autre , de Cuirasses
, à Autun , Augusto - dunensis Lori.
caria ; comme on le voit dans la Notice
de l'Empire , Section XLI. Il y avoit dans
plusieurs Villes de l'Empire Romain de
pareilles Fabriques , dont il est fait mention
dans la Notice de l'Empire , et dans
trois differens endroits de l'Histoire d'ADmien
901 MERCURE DE FRANCE
mien , Marcellin , Liv . 14. 15. 29. Il y a
au Code Théodosien , un Titre entier
qui est le 22 du x Liv. lequel ne traitte
que de ces Manufactures et des Ouvriers
qui y travailloient , de Fabricantibus . On
voit dans la seconde Loy , que les Sujets
de l'Empire Romain étoient obligez de
fournir le Fer que souvent ils s'acquittoient
de cette charge en Argent monnoyć
, et que les Ouvriers trompoient le
Public en employant de méchant Fer ; de
sorte que le Prince obligeoit les Taillables
de fournir le Fer en espece.
Il y avoit un grand nombre deReglemens
touchant ces Fabriques d'Armes; pour les
Ouvriers qui y travailloient , et les Tributs
qu'on levoit pour l'entretien de ces
Manufactures,dont les Juges étoient Militaires
; ainsi le Tribun de la troisiéme
Cohorte Auguste , avoit été Juge de la
Caisse des Fabriques et des Armuriers de
la Province Lyonnoise , et avoit eu notre
Sollemnis pour Assesseur.
Cette Caisse des Fabriques d'Armes
étoit différente de la Caisse Militaire des
Gaules , destinée à l'entretien et à la solde
des Troupes Romaines dans les trois Provinces
; de cette Caisse appellée Arca
Galliarum , qui étoit bien plus considérable
que celle des Fabriques, et avoit pour
Juge
ΜΑΥ 1733 905
Juge le Tribun d'une Légion , comme
on le voit par cette Inscription , rappor
tée par Gruter , pag.455.n.10 . TIB. POM
PEIO.POMPE . IVSTI . FIL. PRISCO , CADVRCO.
OMNIBVS HONORIBVS APVD SVOS FVNCTO.
TRIB. LEG. V. MACEDONICAE IVDICI.
ARCAE GALLIARVM III . PROVINC. GAL
Ces Tribuns étoient dans une grande
considération , puisqu'ils exerçoient la
Charge de Vice - Président , et en cette
qualité , commandoient quelquefois en
Chef dans les Provinces , comme Badius
Comnianus , marqué dans notre Inscription
, et que le Préfet Edinius - Julianus,
appelle dans sa Lettre , Tribunum Vice-
Prasidis agentena.
Telles sont, Monsieur, les Remarques
d'un Sçavant , que je n'ai jamais connu ,
sur l'Inscription du fameux Marbre de
Torigny , et qui me sont tombées entre
les mains depuis l'inspection de ce Marbre.
Je ne crois pas qu'elles ayent jamais
été publiées ; vous jugerez , sans doute ,
qu'elles méritent de l'être , et que l'Ins
cription méritoit aussi d'avoir un parcil
Interprete. Je suis , Monsieur , & c.
des Remarques de M... sur l'Inscription
du Marbre de Torigny.
11 1.
L
XI. LETTRE.
OGUM ORDO CIVITATIS
Viducassium libenter dedit
dum XIII.
род
Civitas ducassium , ou Biducassium
appellée ensuite Bajocassium , est la Villa
Cij
et
I
886 MERCURE DE FRANCE
et le Diocèse de B.yeux en Normandie,*
et non pas le Village de Vieux. Prolomée
, L. VIII. assure que dans la Gaule
Lyonnoise il y a quatre Peuples situez
au Septentrion et sur l'Ocean Brittanique
ΒΙΔΟΥΚΕΞΙΩΝ Biducessii , ΟΥΝΕΛΙΩΝ
Veleni ΛΕΞΟΥΒΙΩΝ Lexovii ΚΑΛΕΤΑΙ
Caleta : Les trois derniers sont ceux de
Coutance , de . Lizieux et du Pays de
Caux. On ne peut douter que les Biducesii
ou Biducasses , comme Pline les appelle
, L. 1 V. 6. 18. ne soient ceux de
Bayeux , ce qui est confirmé par l'Inscription
de ce Marbre trouvé dans le
Diocèse de Bayeux . Cent ans ou environ
après que notre Inscription eut été gravée
, les noms de plusieurs Villes commençant
à s'alterer , on changea ce mot
de Biducasses en Bajocasses , comme on
le voit par ces Vers d'Ausonne.
Tu Bajocassis Stirpe Druïdarum satus ;
Beleni sacratum ducis è Templo genus,
De Bajocasses on fit Bajoca , comme on
le voit dans la Notice de l'Empire , Sect .
** L'Auteur des Remarques décide ici une chose
qui étoit du moins incertaine avant les Découvertes
qui ont été faites à Vieux. Voyez là- dessus la
Description des Monumens qui y ont été trouvez, et
les Remarques faites sur ces Monumens , dans le
Mercure d'avril 17329
LXV.
MA Y. 1733- 887
LXV. Præfectus Latorum , Batavorum ,
et Gentilium Suevorum ; Bajocas à Bayeux
et Constantias Lugdunensis II. à Coutances
. Ainsi on disoit en ce temps- là Trecas
pour Trecasses , Drocas pour Durocasses
, & c .
Dans toutes les anciennes Notices on
voit au nombre des sept Citez de la seconde
Lyonnoise , Civitas Bajocassium.
Gregoire de Tours nomme ces Peuples.
Viducasses Bejocassins , au 27. Chap. du
5 L. de son Histoire , et Fredegaire , en
corrompant ce mot , appelle les mêmes
Peuples Bagassins , au Chap. 80. de sa
Chronique. Charlemagne nomme le Pays.
Bessin Bajocassinus Pagus , dans ses Capitulaires
, et Charles le Chauve dans les
siens , appelle le même Pays Bagisinus
Pagus. Oderic Vital , L. V. dit qu'il y
a six Villes Episcopales sujettes à Rouen,
Rothomago sex urbes subjacent, Bellocassium
( emend. Bedocassium vel Biducassium ) id
est Bajocas. A quoi il faut ajoûter en faveur
de la Ville de Bayeux , que son Siege
Episcopal est le premier et le plus
ancien de tous ceux de la Province de
Rouen , et que l'Evêque a la préséance
au dessus de tous les Evêques Comprovir
ciaux , ce qui démontre la grande
antiquité de cette Ville.
Cv M.
888 MERCURE DE FRANCE
M. Vallois , dans la Notice des Gaules ,
veut que Bayeux ait été appellé Argenus
par Prolomée , L II. C. 8. en ces termes,
ΒΙΛΟΥΚΕΣΙΟΙ ΩΝ ΠΟΛΙΣ ΑΡΓΕΝΘΥΣ
Mais ces mots wraλis , ne se voyent pas
dans les Editions Grecques de Ptolomée
l'ancien Traducteur Latin veut au contraire
qu'Argenus soit une Riviere , Ar
genis fluvii estia. M. Valois prétend
outre cela , qu'un lieu appellé dans la
Carte de Peutinger , Aragenus , soir cette
Vill d'Agenus , ce qui est fort incertain.
Quoiqu'il en soit , on ne doit point
douter que Bidugasses , Biducasses , Butucasses
, Bajocasses , Bajoca , Bayeux , no
soient une même Ville , Ch . f. d'un Dio
cèse et des Pouples du Bessin.
IV. AMICUs Benemerentis Claudii Paus
lini Legui Casaris Augusti Proprætore Prom
vincie Lugdunensis fuit..
La Province Lyonnoise étoit Imperiale
et gouvernée par un Lieutenant de l'Em
pereur ; cet Officier étoit Civil er Mili❤
taire, on l'appelloit Popreteur , parce qu'il
avoit les mê nes droits , les mêmes hon-
✦ Sion peut donner quelque chose à la conjecture,
fandéo sur la ressemblance des Noms , le Village
Argence ä lieues de Caën , sur le chemin de
Lizieux , pourroit bien être un reste de cette ancien
neVilles
4.
neurs
1 889 MAY. 1733.
meurs et le même nombre de Faisceaux ,
que les Preteurs de la Ville de Rome.
Amicus Paulini , Sennius Sollemnis avoiɛ
fendu un grand service à Paulin , en s'op
posant à ceux qui vouloient dans l'Æsemblée
generale des Provinces , accuser
ce Gouverneur d'injustice , comme AEdinus
Julianus , successeur de Paulin au
Gouvernement de la Lyonnoise , le témoigne
dans sa Lettre au Tribun Comnianus
, Vice- Président de la même Province.
Cette Epitre est gravée sur l'un des
côtez du Marbre de Torigny.
L'Inscription du devant du même Piédestal
parle de cette Lettre en ces termes
Cui Semp R Arectus FVIT SICVT EPIST A ... ...
AE AD NOS SCRIPTA EST DECLARATVR.
CVI (Paulino ) POSTEA ( Britan ) LEG.
AVG. PENESEVM AD LEGIONEM SEXTAM
ADSEDIT. Il faut necessairement ajoûter
les Lettres BRIT. sans quoi cette Phrase
n'auroit point de sens et cette Addi
tion est confirmée par ces paroles gravées
sur l'autre côté du Marbre du Piedestal.
Exemplum Epistula Claudii Paulini Legati
Augusti Propretore Provincia Britannië
ad Sennium Sollemnem. Paulin, après avoir
gouverné la Lyonnoise en qualité de
Lieutenant de l'Empereur et de Prope
teur ,fut envoyé dans la grande Breta
Cvj gne
890 MERCURE DE FRANCE
gne ; et Sennius Sollemnis fut un des As
sesseurs de Paulin , qui commandoit la
VI. Legion , comme Lieutenant General
dans la Province ; car cette Legion
avoit son Quartier dans la Grande Bretagne
et dans la Ville d'Yo ck , comme
Prolomée le marque , L. II. C. 3 .
Ces Légions étoient tellement attachées
aux Provinces où on les avoit placées ,
que les Gouvernemens ont pris quelquefois
les noms des Legions qui y étoient
en garnison . Tertulien dans le IV. Chap
du Livre à Soupulus , appellé le Président
de Numidic Prases Legionis ; car Caligula ,
pour affoiblir l'autorité du Proconsub
d'Affrique , donna à un autre Officier le
Gouvernement des Numides avec les
Troupes ou la Légion . Provincia divisa
exercitus alteri et Numidas mandavit , atque
bolie etiam fit , dit Dion , p. 656.
c'est pourquoi Ptolomée attribue la troisiéme
Légion Auguste à la Numidie.
V. ] CVIO OB SALARIVM MILITIAE IN
AVRO. Le Graveur a omis ici quelques
mots qu'il faut suppléer par l'Epitre à
Paulin , où on lit. Milit.a salarium , Deserteriis
viginti quinque nummos ,. in auro..
* L'omission du Graveur saute aux yeux. On ne
peut mieux la réparer quepar l'autre partie de l'Ins
ription , comme fait l'Auteur des Remarques.
VI
MAY. 17337
VI. ] ALTAQ MVNERA LONGE PLVRIS
MISSA. Paulin , dans sa Lettre à Sollemnis
, specifie les Présens Munera , Chlamydem
Carbasinam , Dalmaticam Laodicenam
, Fibulam auream cum gemmis.
Virgile , L. XI. de l'Eneïde , parle ainsi
de ces Chlamydes Carbassina , attachées
avec des crochets d'or.
... Croceam Chlamydemque sinusque crepantes
Carbascos fuluo in nodum collegerat auro
Et Lucain parle aussi de ces vétemens
dans sa Pharsale , L. 3 .
Fluxa coloratis astringuntur Carbasa gemmis.
Le mot Dalmatica signifie une manie
re de vêtement venue de Dalmatie . Capitolin
, dans la Vie de Pertinax , Ch. 8.
dit qu'on tenoit parmi les Meubles de
Commode , Tunicas , Penulasque , Lacernas
et Chiri lotas , Dalmatarum. Lampide
dans la Vie de Commode , Chap . 8 dit
de ce Prince que Dalmaticatus in Publico
processit , ce qui passoit alors pour une
chose infam . Les gens graves et medestes
ne paroissant jamais avec des Dalmatiques.
Et le même Historien assure ,
Chap 24. de la Vie d Heliogabale , que
cet Enrpereur avoit souvent paru Bal
maticatus in foro post Coenam. S. Isidore ,
Chap .
892 MERCURE DE FRANCE
Chap. 22. du 19. L. de ses Origines , témoigne
que Dalmatica Vestis primum in
Dalmatia texta est. Mais quoique l'invention
de ces sortes de vêtemens soit venue
de Dalmatie , et qu'ils ayent pris le
nom de cette Province , neanmoins la
mode s'étant introduite dans tout l'Empire
Romain de porter des Dalmatiques,
on en établit des Manufactures en divers
Lieux ; on estimoit le plus celles qu'on
faisoit à Arras et à Laodicée , suivant les
paroles de S. Jérôme , L. 2. contre Jovinien
, T. 2. Cod . 106 , Edit . de Nivelle.
Atrebatum ac Laodicea indumentis ornatus
incedis. Et peut être que les Dalmatiques
de Laodicée
étoient de plus grand prix
que toutes les autres , parce que les Laines
de cette Ville étoient meilleures
, com
me Pline nous l'apprend
, L. VII . Ch. 48 .
VII. Il est fort difficile de trouver ce
que signifie ToSSIAM Brittanicam . Si cę
mot est venu de la Grand - Bretagne , aussi
bien que ce qu'il signific . Lorsque les Ro
mains empruntoient quelque chose des
Etrangers , ils conservoient les noms Barbares
qu'ils introduisoient dans la Langue
Latine , où nous trouvons beaucoup de
mots Gaulois et Bretons. Nous avons pour
ce qui concerne les Habits Bracha, espece
d'Habit , décrite par Diodore de Sicile ,
Laina
MAY. #733. 89.3
Laina , maniere de Saïe dont parle Strabon
,Bardo- cucullum, Manteau des Bardes,
Poëtes Gaulois , dont Martial fait mention.
Le mot Cucullum est venu du Gaulois
ou du Breton Cucull. C'est pourquoi
Juvenal , dans sa huitiéme Satire appelle
ces Cuenlles Saintongeois.
Tempora Santonios velas adòperta Cuculla.
Caracalla , Habit Gaulois , qu'Antonim
fils de Sévere , donna au Peuple Romain .
Glascum , Herbe dont on se servoit pour
teindre en bleu. Cependant j'ose douter
que ce mot ToSSIAM , soit de l'ancienne:
Langue Bretonne , et je conjecture qu'il
est Latin.
Il faut remarquer que les Lettres de
cette Inscription , effacées en plusieurs
endroits , sont quelquefois entrelassées *
les unes dans les autres , et qu'il y en a
par consequent de fort petites qui ont pû
disparotire aisément. Ce mot TOSSIAM ,
doit être ainsi rétabli TROSSVLAM . Cette
maniere de vêtement que les Latins ap-
"
*On pourra voir cet entrelassement des Lettres ,
c. dans la Gravure qu'on se propose de donner
de toute l'Inscription . Mais toujours on peut comp
ter que nous avons lû TOSSIAM sur le Marbre at
que ce mot a été lû de même avant nous dans les
deux ou trois copies quej'ai rapportées de Torigny...
pelloient
194 MERCURE DE FRANCE
pelloient Trossulam ou Trabeam Trossu
lam , et les Grecs Epeseda étoit tissuë de
Laine de couleur de Pourpre , mêlée
d'autre Laine teinte en écarlate. Cette
Trossula n'étoit pas differente de la Saïe
Punique , et on y mêloit de l'Ecarlatte
parce que les Anciens combattoient vétus
de rouge , afin que le sang qui couloit- des
playes ne parût pas.
VIII PELLEM VETULI MARINI SEMESTRIS
La Peau de Veau Marin est couverte
de poil cendré. C'étoit alors un rare
présent qu'une Peau de Veau Marin ,
animal tès- difficile à tuer , comme dit
Pline , L. IX. Chap. 13 Cet Auteur dans
le même lieu attribuë aux Peaux de Veaux
Marins une proprieté bien singuliere en
ces termes Pelles eorum etiam detractas corpori
sensum æquorum retinere tradunt , semperque
astu maris recedente inhorescere
et au L II. Chap. 55. il nous fait connoître
pourquoi les Anciens estimoient
tant les Peaux de Veau Marin ; c'est , qu'ils
croyoient qu'elles garantissoient de la
Foudre N inquan Fulmen , & c . Suetone,
* Notre Auteur a sans doute , cité ce Passage
de Pline de memoire ; voici comment il faut le rétablir.
Ideo Pavi di altiores specus tutissimos putant
: aut tabernacula è pellibus belluarum quas
vitulos appellant , quoniam hoc solum aniinal
Marinis , Fulmen , non percutiate
,
MA Y.. 1733. 895
L. 2. Chap. 90. rapporte qu'Auguste craignoit
fort le Tonnerre , et qu'il portoie
par tout une Peau de Veau Marin pour
se garantir de la Foudre , Ut semper, et
ubique , &c. Spatien dit que Septime-
Severe avoit la même foiblesse , et qu'il
fit couvrir sa Littiere de Praux de Veaux
Marins. Plutarque dans ses Symposiaques ,
L. 4. Q. 2. nous apprend que les Pilotes
pour préserver du Tonnerre leurs Vaisseaux,
couvroient de Peaux de Veaux Marins
et d'Hyenes, l'extrémité des Voiles ;
il parle encore de cette vertu des Peaux
de Veaux Marins au L.5.du même Ouvra
ge , Chap. 3 .
SEMESTRIS Le Veau Marin croît en fort
peu de temps , il y en a une certaine espece
dans les Mers du Nord , que les
Russes et les Anglois appellent Morfh ,
et les Flamans Walrusses qui deviennent
plus gros que les plus grands Boeufs , et
à deux ou trois mois ils sont aussi grands
que des Dogues d'Angleterre .
IX. [ … .. VI ... R ... O ... Genvs
V ...
SPECTACVLORVM . PINICIA DIA.
Ceux qui ont vû les premiers cette
Inscription , ont lû ainsi cet Endroit . Cu
jus cura omnegenus spectaculorum atqueTaurinicia
Diana. Mais il y a lieu de douter
de ce mot Taurinicia , qu'on ne trouve
nulle
896 MERCURE DE FRANCE
nulle
part ; outre que la copie de M. Pe
titte nous prouve que ces trois Lettres
TAV, ne se lisent point dans l'Inscription
où on ne voit que RINICIA , Taurinicia
ne se peut lire suivant l'Analogie Grammaticale
, il faudroit Tauronicia
, comme
Tauropolia , Fête des Lacédémoniens Tau
rocathapsia , qui étoient des Jeux des
Thessaliens ; enfin , comme Taurobotus ,
Taurobolia , Taurophagus , Taurophagia
s
et d'ailleurs on n'honoroit
pas
Diane par
des Combats de Taureaux , mais par des
Chasses de Cerfs ou d autres Bêtes sau
vages ; car Diane étoit surnommée EAA-
ΦΗΒΟΛΟΣ , et la grande Fere qui lui
étoit dédiée dans la Grece , TA EAAOHBO
AIA , d'où vient le mot Elaphebolion
, on
écrivoit ce mot par HAADHBOAION
, aų
lieu d'EAADOBOAION
, comme EAAQOBỌAIA
et EAAQBOAOX
, selon l'usage
des Poëtes qui changeoient l'O en H ,
pour avoir une sillabe longue et faire un
Dactile ΕΤΡΕΨΑΝΤΟΙΑ
, ασμακρείον
,
Siasurlénian , Baxλçań , dit. Eustathe
* M. Petitte , Chanoine et Official de Bayeux,
avoit pas manqué , sans doute, de copier cette
Inscription , et de la mieux copier qu'un autre. Il
a travaillé toute sa vie à l'Histoire Civile et Ecclesiastique
de Bayeux. Voyez là-dessus le Mercure
Octobre 1732. p. 21380
Sur
MAY. 1733. 897
sur le V. L. de l'Iliade , T. I. p. 521 .
Edit. de Rome. Ainsi je doute qu'il y ait
dans l'Inscription la lettre R bien formée
, et je crois qu'il faut lire EPINICIA
DIA. Epinicia , qui sont les prix de ceux
qui ont vaincu aux Jeux ; et Sollemnis
qui avoit donné les Spectacles, avoit aus
si donné les Prix , Epinicia.
X. ERAT SENNIUS ME ... CUR . MART...
ATQ... DIAN... P. Sacerd.
Edinius Julianus , dans sa Lettre à
Commianus parle de Sollemnis en ces
termes : Sollemnem istum oriundum ex civitate
viduc. Sacerdos. Mercure , Mars ,
et Diane étoient dans les Gaules les princlpaux
Dieux dont notre Sollemnis étoit
premier Prêtre ; aussi la Ville de Bayeux
étoit celebre à cause de ses Druides,dont
les Races étoient très- nobles et tres- anciennes
; c'est ce que prouvent les Vers
d'Ausonne , que j'ai déja citez . Cette Illustre
famille des Druides de Bayeux des
cendoit des Prêtres d'Apollon , appellé
Bellenus par les Gaulois , et par ceux d'Aquilée
; comme le démontrent diverses
Inscriptions , rapportées par Gruter. Ausonne
, dans ses Poësies sur les Professeurs
de Bordeaux , louc un Rheteur ;
nommé Attius , Patera , Pater , auquel ses
rapportent les deux Vers qu'on a vûs
plus
858 MERCURE DE FRANCE
plus haut ; et il est à propos de rappor
ter icy ce témoignage d'Ausonne tout
entier.
Tu Bajocassis ( vel Bagocessi ) stirpe Druidarumza
satus ,
Si fama non fallit fidem ,
Beleni sacratum ducis è templo genus &
Et inde vobis nomina ,
Tibi Patera sic Ministros nuncupant »
Apollinaris Mystici ,
Fratri Patrique nomen à Phoebodatum
Natoque de Delphis tue.
Ausonne lote encore un autre Professeur
de Bordeaux , qui descendoit des
Druides , et avoit été Sacristain du Teme
ple de Belenus .
Nec reticebo senem
Nomine Phabitium , qui Beleni adituus ,
Nil opis inde tulit , sed tamen ut placitum ,
Stirpe satus Druidum gentis Aremorica ,
Burdigala Cathedram nati opera obtinuit .
XI. ... FUIT CLIENS PROBATISSIMUS
AEDINI IVLIANI ... LEG. AUG. PROV . LVGDVNEN...
CVI . SEMPER . AF. TVS FVIT. Sicut
Epistula que ad nos scripta fuit decla
ratur.
Julianus , dans sa Lettre dit , qu'ik
com
MAY. 1733 . 899
commença à aimer Sollemnis propter sectam
, à cause de sa Profession de Prêtre et
de Druide, et propter gravitatem et honestos
mores.
Lorsque Julianus écrivoit cette Lettre
au Tribun Commianus , il étoit alors
Préfet du Prétoire , comme ces mots de
l'Inscription le démontrent : Exemplum
Epistula Alinii Jul... Præfecti Prato.
Nous ne pouvons placer le temps de la
Préfecture de ce Julianus après l'an 238 ,
à cause du Consulat de Pius et de Proculus
, marqué dans l'Inscription, Il ne
seroit pas raisonnable aussi de reculer le
temps de la Préfecture d'Edinius plus .
loin que le temps de Caracalla ; on sçait
que les deux Préfets de cet Empereur
étoient Adventus et Macrin, Le dernier
après avoir fait assassiner son Maître , lui
succeda à l'Empire , et créa deux Préfets
du Prétoire , Appius Julianus et Julianus
Nestor, comme Dion , qui fleurissoir pour
lors , nous l'apprend dans lesFragmens du
liv . 78, pag.895.Notre Adinius ne peut
être ni l'un ni l'autre de ces deux Juliens ;
car VlpiusJulianus fut massacré par les
Soldats révoltez contre Macrin , en faveur
d'Héliogabale . Macrin désigna aussi-
tôt Basilianus , alors Préfet d'Egypte,
pour successeur d'Appius , comme Dion
nous
900 MERCURE DE FRANCE
nous l'apprend encore au même liv . 73.
pag. 903 .
Ce Basilianus , après la mort de Ma
crin , ayant erré quelque temps , fut
égorgé à Nicomédie , selon Dion, p.904.
Héliogabale , après sa Victoire , fit mou
tir le Préfet Nestor , avec Fabius Agrippin
, Gouverneur de Syrie , comme Dion
le rapporte , liv . 79. pag. 907. Le même
Empereur créa Préfet du Prétoire , Euty.
chianus Comazon ; Dion , liv . 79. p.908.
Après Comazon , il y eut deux Préfets
qui furent tuez , avec Heliogabale , page
916. et ils s'appelloient Flavianus et
Chrestus. Ce fut Ulpien , favori d'Alexandre
, qui les fit mourir , et leur succeda
, le nouvel Empereur lui ayant donné
la Charge de Préfet , selon Dion , livre
So. pag. 917. Ulpien fut massacré
les Soldats , vers l'an 227. pendant que
Dion gouvernoit la Pannonie , ainsi qu'il
le raconte , liv. 80. pag. 917. Les Historiens
ne nomment point le successeur
d'Ulpien ; d'ailleurs nous sçavons que
sous Maximin , Vitalien étoit le Préfet
du Prétoire , qui résidoit à Rome , où il
fut tué par l'ordre du Sénat , l'an 237.
comme nous l'apprenons d'Hérodien
ou de Capitolin.
Edinius Julianus résidoit à Rome
par
comme
MAY. 1733. 901
comme il le témoigne dans sa Lettre. Is
( sollemnis ) certus honoris mei erga eum ad
videndum me in Urbem venit : proficiscens
petiit, ut eum ad te commendarem. Je ne vois
donc point de place pour la Préfecture
d'Elinius Julianus , que depuis la mort
d'Ulpien , jusqu'à celle d'Alexandre Se
vere , il n'y avoit qu'un Empereur au
temps que Paulin écrivit la Lettre , gravée
sur le Marbre de Torigny . Ces mots : Er
MAIESTATE SANCTA IMP. le font voir.
C'est donc sous l'Empereur Alexandre-
Severe que Julien - Paulin et Sollemnis
ont exercé les Charges , dont il est fait
mention dans l'Inscription : Fuit cliens
probatissimus Edinius - Juliani legati Augusti
Provincia Lugdunensis.
Edinius Julianus avoit été Lieutenant
de l'Empereur dans la Province Lyonnoise
, comme on le voit par ces mots ,
gravez sur le devant du Piédestal ; ce
qui estconfirmé par la Lettre de Julianus,
gravée sur l'un des côtez de ce Marbre :
Claudio Paulino Decessori meo . Nous
avons déja vû que Paulin avoit eu le Gou
vernement de laLyonnoise : que veut donc
dite Edinius -Julianus , par ces mots : In
PROVINCIA LVGDVNENS. QUINQUE . FISCALI...
IGEREM? Ce dernier mot , n'est pas
Agerem, car M. Petitte dans sa copie ,tresexacte
902 MERCURE DE FRANCE
exacte , fait voir qu'il n'y a que IGEREM,
et cette figure I un peu courbe , ne marque
pas la jambe de celle d'un A , mais la
lettre I , que les Sculpteurs ne gravent
pas toujours droit.
Je ne puis croire qu'il y ait * Fascalia,
comme quelques- uns le prétendent ; car
ce mot barbare , et qui ne fut jamais Latin
, peut il avoir été en usage pour si
gnifier une fonction principale d'un
grand Magistrat Romain ? Concluons donc
qu'il faut lire ainsi cet endroit : In Provincia
Lugdunensi Quinquennalia fiscalia
dum exigerem. Ce mot Fiscalia , se prend
pour les Tributs qu'on paye au Souve
rain. Ambrosiaster , sur l'Epître aux Romains
: Ideo dicit tributa prastari vel qua
dicuntur fiscalia ut subjectionem præstent.Le
Scoliaste de Julianus , Antecessor , c. 72.
Quando is qui nihil possidet fiscalia dare
cogitur.Fiscalia,se prend donc pour tributa
qua fisco inferuntur et indictiones . Les Indictions
, parmi les anciens Romains , avant
Constantin , étoient imposées de 5 en 5
ans , et leur levée ou exaction s'en faisoit
* Les deux anciennes Coppies que j'ai rapportées
de Torigny , portent cependant FASCALIA . Et
aujourd'hui ce mot se lit encore bien sur le Marbre .
A l'égard de l'autre mot , on n'en voit plus aujourd'hui
que la fin sur ce Marbre , GEREM .
>
Far
MAY. 1733 . 903
par Lustre , comme le P. Noris l'a prouvé
solidement et doctement dans son
Traité des Epoques des Syro Macedoniens
, pag. 170.
·
XII. ADSEDIT ET ... IN PROVINCIAM
LVGDVNENSEM VA... ERIO FLO .. TRIB....
MIL. · • ... c. ... III. AVG . IVDICI . ARCAE
FERRAR...
Valerius Florus , dont Sollemnis est
appellé Antecesseur dans notre Inscription
, avoit été Juge de la Caisse des Armuriers
de la Province Lyonnoisse ; le
mot FERRAR. Ferrariorum se prend , nonseulement
pour un adjectif , qui se joint
à Faber , mais encore pour un substantif,
comme dans ce Passage de Julius Firmicus
Maternus , ch. vII . du 4° Liv . de son
Astrologie : Coquos ferrarios atque ex igne
velferro partes suas officiaque complentes .
e
Il y avoit deux Fabriques ou Manufactures
d'Armes dans la Province Lyonnoise
; l'une de Fléches , à Mâcon , Matisconensis
Sagittaria ; et l'autre , de Cuirasses
, à Autun , Augusto - dunensis Lori.
caria ; comme on le voit dans la Notice
de l'Empire , Section XLI. Il y avoit dans
plusieurs Villes de l'Empire Romain de
pareilles Fabriques , dont il est fait mention
dans la Notice de l'Empire , et dans
trois differens endroits de l'Histoire d'ADmien
901 MERCURE DE FRANCE
mien , Marcellin , Liv . 14. 15. 29. Il y a
au Code Théodosien , un Titre entier
qui est le 22 du x Liv. lequel ne traitte
que de ces Manufactures et des Ouvriers
qui y travailloient , de Fabricantibus . On
voit dans la seconde Loy , que les Sujets
de l'Empire Romain étoient obligez de
fournir le Fer que souvent ils s'acquittoient
de cette charge en Argent monnoyć
, et que les Ouvriers trompoient le
Public en employant de méchant Fer ; de
sorte que le Prince obligeoit les Taillables
de fournir le Fer en espece.
Il y avoit un grand nombre deReglemens
touchant ces Fabriques d'Armes; pour les
Ouvriers qui y travailloient , et les Tributs
qu'on levoit pour l'entretien de ces
Manufactures,dont les Juges étoient Militaires
; ainsi le Tribun de la troisiéme
Cohorte Auguste , avoit été Juge de la
Caisse des Fabriques et des Armuriers de
la Province Lyonnoise , et avoit eu notre
Sollemnis pour Assesseur.
Cette Caisse des Fabriques d'Armes
étoit différente de la Caisse Militaire des
Gaules , destinée à l'entretien et à la solde
des Troupes Romaines dans les trois Provinces
; de cette Caisse appellée Arca
Galliarum , qui étoit bien plus considérable
que celle des Fabriques, et avoit pour
Juge
ΜΑΥ 1733 905
Juge le Tribun d'une Légion , comme
on le voit par cette Inscription , rappor
tée par Gruter , pag.455.n.10 . TIB. POM
PEIO.POMPE . IVSTI . FIL. PRISCO , CADVRCO.
OMNIBVS HONORIBVS APVD SVOS FVNCTO.
TRIB. LEG. V. MACEDONICAE IVDICI.
ARCAE GALLIARVM III . PROVINC. GAL
Ces Tribuns étoient dans une grande
considération , puisqu'ils exerçoient la
Charge de Vice - Président , et en cette
qualité , commandoient quelquefois en
Chef dans les Provinces , comme Badius
Comnianus , marqué dans notre Inscription
, et que le Préfet Edinius - Julianus,
appelle dans sa Lettre , Tribunum Vice-
Prasidis agentena.
Telles sont, Monsieur, les Remarques
d'un Sçavant , que je n'ai jamais connu ,
sur l'Inscription du fameux Marbre de
Torigny , et qui me sont tombées entre
les mains depuis l'inspection de ce Marbre.
Je ne crois pas qu'elles ayent jamais
été publiées ; vous jugerez , sans doute ,
qu'elles méritent de l'être , et que l'Ins
cription méritoit aussi d'avoir un parcil
Interprete. Je suis , Monsieur , & c.
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Résumé : VOYAGE de Basse Normandie. Suite des Remarques de M... sur l'Inscription du Marbre de Torigny. XI. LETTRE.
Le texte traite de l'inscription du marbre de Torigny et des remarques de M... sur l'histoire de la ville de Bayeux et de ses environs. Bayeux, anciennement connue sous les noms de Civitas ducassium ou Biducassium, puis Bajocassium, correspond à la ville actuelle de Bayeux et à son diocèse en Normandie. Ptolémée et Pline confirment la localisation des Biducasses à Bayeux. Vers l'an 886, les noms des villes commencèrent à s'altérer, et Biducasses devint Bajocasses, comme le montrent les vers d'Ausone. Le texte mentionne diverses sources historiques, telles que Grégoire de Tours, Fredegaire, Charlemagne, et Charles le Chauve, qui nomment les peuples de la région comme Viducasses, Bejocassins, ou Bagassins. Bayeux est décrit comme ayant le siège épiscopal le plus ancien et le plus prestigieux de la province de Rouen. L'inscription du marbre de Torigny parle de Paulin, lieutenant de l'empereur et gouverneur de la province lyonnaise, qui fut ensuite envoyé en Grande-Bretagne. Sennius Sollemnis, un de ses assistants, est également mentionné. L'inscription détaille les présents offerts par Paulin, incluant des vêtements précieux comme la chlamyde carbassine, la dalmatique laodicéenne, et une fibule en or avec des gemmes. Le texte discute également de la signification de certains mots et expressions dans l'inscription, comme Trossulam, une étoffe de laine teinte en pourpre et écarlate, et la peau de veau marin, un présent rare et précieux. Il aborde aussi la difficulté de déchiffrer certaines parties de l'inscription en raison de l'effacement et de l'entrelacement des lettres. Le texte traite également de l'origine et de l'interprétation du mot 'Elaphebolion', écrit initialement 'HAADHBOAION' par les Poètes, qui modifiaient la lettre 'O' en 'H' pour des raisons métriques. Il mentionne M. Petitte, chanoine et official de Bayeux, qui a travaillé sur l'histoire civile et ecclésiastique de Bayeux. L'inscription sur le marbre de Torigny inclut la lettre 'R' et le mot 'Epinicia', qui désignent les prix des Jeux. Sollemnis, premier prêtre des dieux principaux des Gaules, est mentionné, ainsi que la famille illustre des Druides de Bayeux. Le texte explore la lettre d'Edinius Julianus à Commianus, où Julianus parle de Sollemnis et de sa profession de prêtre et de druide. Julianus était Préfet du Prétoire sous l'empereur Alexandre Sévère, comme le montrent les inscriptions et les événements historiques. Le texte détaille les préfets du Prétoire et les empereurs romains de l'époque, précisant que Julianus a résidé à Rome et a exercé des charges dans la province lyonnaise. Il aborde également les tributs fiscaux et les indictions, imposées tous les cinq ans. Valerius Florus, juge de la caisse des armuriers de la province lyonnaise, est mentionné comme successeur de Sollemnis.
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46
p. 1221-1223
ALLEMAGNE.
Début :
On mande de Vienne, que l'Infant Don Emanuel de Portugal, qui depuis que le [...]
Mots clefs :
Régiment, Empereur, Prince, Charles Léopold, Régiment de Khevenhüller, Compagnies du régiment
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
N mande de Vienne , que l'Infant Don
Emanuel de Portugal , qui depuis que le
, son frere , lui a donné une pension de
80000. florins , s'est démis du Régiment qu'il
avoit au service de l'Empereur , est allé passer
quelques jours à Laxembourg ; ce Prince occupe
l'Appartement du Duc de Lorraine , qui est retourné
à Presbourg , et il a mangé plusieurs fois
avec l'Empereur et Pimperatrice , ce qui ne lui
1. Vol. Hvi étoit
1222 MERCURE DE FRANCE
étoit point encore arrivé depuis qu'il étoit à la
Cour de Vienne. On vient d'apprendre que ce
Prince est parti pour S. Polten , où il doit faire
sa résidence.
Le s . de May , le Camp de Silesie commença
à se former dans le lieu que les Commissaires
envoyez par l'Empereur avoient marqué , entre
Oppelen et Brieg , et le Régiment du Prince de
Lichteinstein , celui d'Amilton , sept Compagnies
du Régiment de Khevenhuller , quatre de
celui de Daun , et un pareil nombre de celui des
Carabiniers , y camperent. Les deux jours suivans,
il y arriva six Compagnies du Régiment du
Grand- Maître de l'Ordre Teutonique , quatre de
Hussars , une des grands Grenadiers , trois du
Régiment de Khevenhuller , et deux de celui de
Caraffe.
On append de Wurtzbourg , que le z . du mois
dernier , il étoit tombé dans les environs de cette
Ville , une si grande quantité de grêle , que la
terre en étoit couverte de la hauteur de trois
pieds , que les Torrens que la grêle avoit formez
en se fondant, avoient inondé le plat pays , ruiné
plusieurs Hameaux et ravagé toutes les terres des
Villages de Greussen , &c. et qu'il y étoit péri
un grand nombre de Païsans et de bestiaux .
On a appris de Sehwerin , que le Commandant
de cette Place et celui de Domitz , avoien
reçû ordre de l'Empereur d'ouvrir leurs portes
au Duc Chrétien Louis , et de ne plus reconnoître
l'autorité du Duc Charles Léopold , sous peine
d'être traitez comme rebelles ; mais selon les
Lettres reçues depuis , on ne croit pas que les
Coinmandans obéissent au Decret Impérial.
Selon les derniers avis reçûs , le Duc Charles-
Léopold de Meckelbourg , a fait publier le 24.
1. Fol May
JUIN. 1223 1733 .
May dans toutes les Eglises de son Duché , une
deffense à ses Sujets de reconnoître l'autorité de
Duc Chrétien Louis.
N mande de Vienne , que l'Infant Don
Emanuel de Portugal , qui depuis que le
, son frere , lui a donné une pension de
80000. florins , s'est démis du Régiment qu'il
avoit au service de l'Empereur , est allé passer
quelques jours à Laxembourg ; ce Prince occupe
l'Appartement du Duc de Lorraine , qui est retourné
à Presbourg , et il a mangé plusieurs fois
avec l'Empereur et Pimperatrice , ce qui ne lui
1. Vol. Hvi étoit
1222 MERCURE DE FRANCE
étoit point encore arrivé depuis qu'il étoit à la
Cour de Vienne. On vient d'apprendre que ce
Prince est parti pour S. Polten , où il doit faire
sa résidence.
Le s . de May , le Camp de Silesie commença
à se former dans le lieu que les Commissaires
envoyez par l'Empereur avoient marqué , entre
Oppelen et Brieg , et le Régiment du Prince de
Lichteinstein , celui d'Amilton , sept Compagnies
du Régiment de Khevenhuller , quatre de
celui de Daun , et un pareil nombre de celui des
Carabiniers , y camperent. Les deux jours suivans,
il y arriva six Compagnies du Régiment du
Grand- Maître de l'Ordre Teutonique , quatre de
Hussars , une des grands Grenadiers , trois du
Régiment de Khevenhuller , et deux de celui de
Caraffe.
On append de Wurtzbourg , que le z . du mois
dernier , il étoit tombé dans les environs de cette
Ville , une si grande quantité de grêle , que la
terre en étoit couverte de la hauteur de trois
pieds , que les Torrens que la grêle avoit formez
en se fondant, avoient inondé le plat pays , ruiné
plusieurs Hameaux et ravagé toutes les terres des
Villages de Greussen , &c. et qu'il y étoit péri
un grand nombre de Païsans et de bestiaux .
On a appris de Sehwerin , que le Commandant
de cette Place et celui de Domitz , avoien
reçû ordre de l'Empereur d'ouvrir leurs portes
au Duc Chrétien Louis , et de ne plus reconnoître
l'autorité du Duc Charles Léopold , sous peine
d'être traitez comme rebelles ; mais selon les
Lettres reçues depuis , on ne croit pas que les
Coinmandans obéissent au Decret Impérial.
Selon les derniers avis reçûs , le Duc Charles-
Léopold de Meckelbourg , a fait publier le 24.
1. Fol May
JUIN. 1223 1733 .
May dans toutes les Eglises de son Duché , une
deffense à ses Sujets de reconnoître l'autorité de
Duc Chrétien Louis.
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Résumé : ALLEMAGNE.
Le texte décrit plusieurs événements en Allemagne et dans les régions voisines. L'Infant Don Emanuel de Portugal, après avoir reçu une pension de son frère, a quitté son régiment au service de l'Empereur et a séjourné à Luxembourg, occupant l'appartement du Duc de Lorraine. Il a également dîné avec l'Empereur et l'Impératrice à Vienne avant de s'installer à Saint-Pölten. En Silésie, un camp militaire s'est formé entre Oppeln et Brieg, avec l'arrivée de divers régiments, dont ceux du Prince de Liechtenstein, d'Amilton, de Khevenhuller, de Daun, des Carabiniers, du Grand-Maître de l'Ordre Teutonique, des Hussards, des Grenadiers et de Caraffe. À Wurtzbourg, une forte grêle a causé des inondations, détruit des hameaux et ravagé les terres des villages de Greussen, entraînant la mort de nombreux paysans et bestiaux. À Schwérin, les commandants des places de Schwérin et de Domitz ont reçu l'ordre de l'Empereur d'ouvrir leurs portes au Duc Chrétien Louis et de ne plus reconnaître l'autorité du Duc Charles Léopold, sous peine de rébellion. Cependant, il est peu probable qu'ils obéissent à ce décret. Le Duc Charles-Léopold de Mecklembourg a publié une défense à ses sujets de reconnaître l'autorité du Duc Chrétien Louis.
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47
p. 1445-1447
POLOGNE.
Début :
La Diette de convocation, avant que de se séparer, a reglé, qu'on ne presentera au Roy [...]
Mots clefs :
Diète, Diète d'élection, Empereur, République, Tsarine, Primat, Sénateurs
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texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
A Diette de convocation , avant que de se
séparer a reglé , qu'on ne presentera au Roy
qui sera élu , les Pacta Conventa , qu'après qu'ils
auront été examinez dans la Diette d'Election ;
que cette Diette connoîtra de tous les excès qui
auront été commis pendant l'interregne , que les
Diettes particulieres des Palatinats commenceront
à s'assembler le 24. du mois prochain ; que
personne ne pourra être admis à donner sa voix
pour l'Election du Roy, sans avoir prêté le même
serment qn'ont prêté les Sénateurs et les
Nonces , que ceux qui refuseront de prêter ce
serment , seront non-seulement privez du droit
de suffrage , mais encore déclarez ennemis de la
Patrie.
Il a été ordonné aussi qu'aucune Charge , de
quelque nature qu'elle soit , ni même aucune
place dans les Finances , ne pourront être possedées
que par les Catholiques; qu'on donneroit au
Primat et au Sénat,des pleins pouvoirs pour augmenter
les Troupes de la République, soit avant,
soit pendant la Diettt d'Election , selon que les
Occurences l'exigeroient.
les .
L'Acte de Conféderation , signé par tous les
Sénateurs et par les Nonces qui ont assisté à la
Diette génerale de Convocation , renferme quelques
articles qui n'étoient pas contenus dans le
Projet présenté par M. Maschalski , Maréchal de
la Diette , et dont les principaux sont , que la
Diette d'Election ne pourra durer plus de six semaines
; que le Primat ne proclamera point le
Roy qu'après qu'il aura demandé trois fois si on
est d'accord sur le Sujet qu'on veut élire , et qu'on
lui aura répondu chaque fois qu'il y a unanimité
II. Vol. de
1446 MERCURE DE FRANCE
de suffrages ; que le Roy qui sera élu , s'enga.
gera par serment avant son Couronnement ,
observer les nouveaux Pacta Conventa dont on
sera convenu dans la Diette ; que la formule de
ce serment sera la même que celle du serment de
Sigismond II. Henry , Etienne , Sigismond III.
Uladislas IV . Jean Casimir, Michel , Jean III . et le
feu Roi , ont preté ; qu'après le Couronnement ,
les nouveaux Pacta Conventa seront confirmez
par une Diette generale qui se tiendra pour cet
effet , que la Répblique accordera aux Eglises du
Rit Grec , qui sont dans les Terres de son obéïssance
, sa protection , et qu'on les maintiendra
dans tous leurs droits et dans toutes leurs prérogatives
.
Dans l'Assemblée du premier , il fut résolu
qu'avant de rien déterminer on députeroit aux
Ambassadeurs de l'Empereur et de la Czarine ,
et que les Sénateurs qu'on leur envoyeroit , seroient
chargez de les prier de faire de nouvelles
instances auprès de S. Majesté Impériale er de Sa
Majesté Czarienne, pour qu'elles retirassent incessamment
les Troupes qu'elles ont dans la Silesie
et dans la Curlande. Dans l'Assemblée du jour
suivant , le Primat présenta au Sénat une Lettre
que l'Empereur écrivoit à la République , et qui
ne fut point ouverte , parce que ce Prince n'y
donnoit pas à la République le titre de Sérénissime.
Les Députez qu'on avoit envoyez à l'Ambassadeur
de S. M. Imp. et à celui de S. M. Cz.
rapporterent que ces Ministres leur avoient répondu
que l'Empereur et la Czarine avoient fait
avancer des Troupes sur les Frontieres de Pologne,
uniquement dans le dessein de mettre leurs
Provinces à couvert des incursions de quelques
Polonois vagabons qui y avoient causé plusieurs
II. Vol.
déJUIN.
1733.
1447
désordres , et que le petit nombre de ces Troupes.
n'étoit pas capable de donner aucune inquiétude
à la République. Cette réponse n'ayant pas para
satisfaisante , on convint que le Primat écriroit
à l'Empereur et à la Czarine , pour les presser
de faire cesser les sujets d'allarmes que le voisinage
de leurs Troupes donnoit à la Nation : quelques
Sénateurs proposerent de faire monter la
Noblesse à cheval , mais cet avis ne passa point ,
et l'on croit que le Sénat se contentera d'envoyer
des Lettres circulaires dans tous les Palatinats ,
pour qu'elle se tienne prête à marcher au premier
ordre.
On prépare entre Warsovie et Wola, le lieu
où la Diette d'Election se tiendra , suivant la
coutume , et l'on commence à travailler aux fossez
et aux autres ouvrages qui y sont nécessaires,
A Diette de convocation , avant que de se
séparer a reglé , qu'on ne presentera au Roy
qui sera élu , les Pacta Conventa , qu'après qu'ils
auront été examinez dans la Diette d'Election ;
que cette Diette connoîtra de tous les excès qui
auront été commis pendant l'interregne , que les
Diettes particulieres des Palatinats commenceront
à s'assembler le 24. du mois prochain ; que
personne ne pourra être admis à donner sa voix
pour l'Election du Roy, sans avoir prêté le même
serment qn'ont prêté les Sénateurs et les
Nonces , que ceux qui refuseront de prêter ce
serment , seront non-seulement privez du droit
de suffrage , mais encore déclarez ennemis de la
Patrie.
Il a été ordonné aussi qu'aucune Charge , de
quelque nature qu'elle soit , ni même aucune
place dans les Finances , ne pourront être possedées
que par les Catholiques; qu'on donneroit au
Primat et au Sénat,des pleins pouvoirs pour augmenter
les Troupes de la République, soit avant,
soit pendant la Diettt d'Election , selon que les
Occurences l'exigeroient.
les .
L'Acte de Conféderation , signé par tous les
Sénateurs et par les Nonces qui ont assisté à la
Diette génerale de Convocation , renferme quelques
articles qui n'étoient pas contenus dans le
Projet présenté par M. Maschalski , Maréchal de
la Diette , et dont les principaux sont , que la
Diette d'Election ne pourra durer plus de six semaines
; que le Primat ne proclamera point le
Roy qu'après qu'il aura demandé trois fois si on
est d'accord sur le Sujet qu'on veut élire , et qu'on
lui aura répondu chaque fois qu'il y a unanimité
II. Vol. de
1446 MERCURE DE FRANCE
de suffrages ; que le Roy qui sera élu , s'enga.
gera par serment avant son Couronnement ,
observer les nouveaux Pacta Conventa dont on
sera convenu dans la Diette ; que la formule de
ce serment sera la même que celle du serment de
Sigismond II. Henry , Etienne , Sigismond III.
Uladislas IV . Jean Casimir, Michel , Jean III . et le
feu Roi , ont preté ; qu'après le Couronnement ,
les nouveaux Pacta Conventa seront confirmez
par une Diette generale qui se tiendra pour cet
effet , que la Répblique accordera aux Eglises du
Rit Grec , qui sont dans les Terres de son obéïssance
, sa protection , et qu'on les maintiendra
dans tous leurs droits et dans toutes leurs prérogatives
.
Dans l'Assemblée du premier , il fut résolu
qu'avant de rien déterminer on députeroit aux
Ambassadeurs de l'Empereur et de la Czarine ,
et que les Sénateurs qu'on leur envoyeroit , seroient
chargez de les prier de faire de nouvelles
instances auprès de S. Majesté Impériale er de Sa
Majesté Czarienne, pour qu'elles retirassent incessamment
les Troupes qu'elles ont dans la Silesie
et dans la Curlande. Dans l'Assemblée du jour
suivant , le Primat présenta au Sénat une Lettre
que l'Empereur écrivoit à la République , et qui
ne fut point ouverte , parce que ce Prince n'y
donnoit pas à la République le titre de Sérénissime.
Les Députez qu'on avoit envoyez à l'Ambassadeur
de S. M. Imp. et à celui de S. M. Cz.
rapporterent que ces Ministres leur avoient répondu
que l'Empereur et la Czarine avoient fait
avancer des Troupes sur les Frontieres de Pologne,
uniquement dans le dessein de mettre leurs
Provinces à couvert des incursions de quelques
Polonois vagabons qui y avoient causé plusieurs
II. Vol.
déJUIN.
1733.
1447
désordres , et que le petit nombre de ces Troupes.
n'étoit pas capable de donner aucune inquiétude
à la République. Cette réponse n'ayant pas para
satisfaisante , on convint que le Primat écriroit
à l'Empereur et à la Czarine , pour les presser
de faire cesser les sujets d'allarmes que le voisinage
de leurs Troupes donnoit à la Nation : quelques
Sénateurs proposerent de faire monter la
Noblesse à cheval , mais cet avis ne passa point ,
et l'on croit que le Sénat se contentera d'envoyer
des Lettres circulaires dans tous les Palatinats ,
pour qu'elle se tienne prête à marcher au premier
ordre.
On prépare entre Warsovie et Wola, le lieu
où la Diette d'Election se tiendra , suivant la
coutume , et l'on commence à travailler aux fossez
et aux autres ouvrages qui y sont nécessaires,
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Résumé : POLOGNE.
Lors de la Diète de convocation en Pologne, plusieurs décisions importantes ont été prises. Les Pacta Conventa doivent être présentés au roi élu après examen. La gestion des excès commis pendant l'interrègne est également abordée, ainsi que la convocation des Diètes particulières des Palatinats. Seuls les catholiques peuvent occuper des charges ou des postes financiers. Le Primat et le Sénat reçoivent des pleins pouvoirs pour augmenter les troupes de la République. L'Acte de Confédération, signé par les Sénateurs et les Nonces, stipule que la Diète d'Élection ne durera pas plus de six semaines et que le roi élu devra prêter serment d'observer les nouveaux Pacta Conventa. La République accorde sa protection aux Églises du Rite Grec. Lors des assemblées, il est décidé d'envoyer des députés aux ambassadeurs de l'Empereur et de la Czarine pour demander le retrait des troupes en Silésie et en Courlande. La réponse des ambassadeurs, jugée insatisfaisante, conduit le Sénat à envisager des mesures de préparation militaire. Enfin, des préparatifs sont en cours pour la tenue de la Diète d'Élection entre Varsovie et Wola.
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48
p. 1488-1502
LETTRE aux Auteurs du Mercure de France, pour servir de Réponse à la Réplique de M. P** d'Orléans, imprimée dans le Mercure de Février dernier et pour appuyer l'autorité de l'Historien Lampride, au sujet d'Alexandre Severe.
Début :
Je ne cherche point, MM. à renouveller la dispute litteraire qui paroît [...]
Mots clefs :
Sévère Alexandre, Lampride, Historien, Historiens, Empereur, Tillemont, Sénat, Soldats, Caracalla, Manuscrits
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE aux Auteurs du Mercure de France, pour servir de Réponse à la Réplique de M. P** d'Orléans, imprimée dans le Mercure de Février dernier et pour appuyer l'autorité de l'Historien Lampride, au sujet d'Alexandre Severe.
LETTRE aux Auteurs du Mercure
de France , pour servir de Réponse à la
Réplique de M. P ** d'Orleans , imprimée
dans le Mercure de Février dernier -
et pour appuyer l'autorité de l'Historien
Lampride , au sujet d'Alexandre Severe.
J
20383*
21
E ne cherche point , MM. à renouveller
la dispute litteraire qui paroît
avoir été autrefois entre M. de Tillemont
et le P. Pagi , au sujet de l'Epoque des
guerres de l'Empereur Alexandre- Severe.
Qui auroit- il d'interessant pour le Public
de voir repeter par M. P. d'Orleans - les
raisonnemens du P. Pagi ĝeett par moi ceux
de
JUILLET. 1733. 1489
de M. de Tillemont ? Ce seroit abuser
de sa patience , que de toujours écrire et
ne, rien donner de nouveau . Au moins si
l'on n'est pas en état de produire dans une
cause obscure des argumens métaphysiques,
il n'y a point de mal d'avancer modestement
ses conjectures. Je me suis servi
de cette voye permise en fait d'Histoire
profane , pour essayer de fixer , autant
qu'il est possible , ce que je crois
devoir manquer de quelques degrez de
certitude physique , jusqu'à ce que les
Médailles soient venues au secours des
Historiens. Mais mon Adversaire trouve
des impossibilitez dans tout ce que je
propose. Les Saumaises, les Tillemonts et
les anciens Historiens sont bons pour lui,
et ils ne valent rien pour moi.
Selon M. P. Lampride est plein de fautes
, et Hérodien n'en a aucune , c'est
un Ecrivain presque infaillible . Quelqu'un
cependant pourroit dire le contraire
après M. de Tillemont , avec
grand fondement , et prouver que
c'est plutôt Hérodien qui avance plusieurs
faits insoutenables. Mais il suffit
de renvoyer là-dessus aux excellentes Notes
qu'il a faites sur la Vie d'Alexandre.
Les meilleurs Historiens sont sujets à
commettre quelques fautes ; ce n'est pas
"
B unc
1490 MERCURE DE FRANCE
une raison suffisante pour rejetter ce qu'ils
ont écrit. Quoique Dion Cassius soit un
des plus éxacts , Dodwel fait voir quan
tité d'erreurs dans lesquelles il est tombé
à l'égard du seul Trajan. Perizonius a
fait un Livre exprès intitulé : Animadversiones
Historica , où il montre la même
chose à l'égard des Historiens les plus
estimez , comme Polybe , Tite - Live, &c.
Doit- on dire qu'à cause de cela le témoignage
de ces Auteurs doit être rejetté ,
s'il n'est soutenu par d'autres ? Le même
Critique a prouvé dans ce même Ouvrage
une infinité d'anachronismes et d'autres
erreurs monstrueuses dans Valere-
Maxime. N'osera - t'on donc plus citer cet
Historien ? j'en laisse le jugement au Public.
M. P. a mauvaise grace de m'accuser
d'avoir tronqué sa proposition . J'ai bien
remarqué quelle est la conclusion du
raisonnement qu'il a employé dans le
Mercure du mois d'Avril dernier , page
679. immédiatement après s'y être servi
de l'autorité de Casaubon , de Saumaise
et de M. de Tillemont ; je n'ai point confondu
cette conclusion avec la proposition
qui finit l'article précédent de sa
Lettre ; et c'est parce qu'elle m'a paru
extraordinaire que je l'ai mise telle qu'elle
est
JUILLET . 1733. 1491
est; la voici encore une fois : A moins
que les faits qu'on trouve dans cette compilation
( de l'Histoire Auguste ) ne se rencontrent
ailleurs , on est toujours bien reçû
à ne les point recevoir comme véritables . (a)
Sans sarrêter davantage à montrer le
faux de cette proposition , le moindre de
ses deffauts seroit en ce qu'elle peche contre
une Regle de Logique qui dit : Conclusio
non debet esse latior præmissis. Il
faut voir l'Ecrit même.
Mais pour revenir à Lampride , qui est
l'Auteur pour lequel
pour lequel il témoigne le plus
d'aversion , et pour le laver des reproches
qu'il lui fait , il me paroît que si
M. P. ne peut presque rien souffrir
dans cet Historien , c'est qu'il ne veut
pas se donner la peine de l'entendre .
Si une proposition de cet Ecrivain peut
avoir deux sens , M. P. prend toujours
celui qui lui paroît condamné par les
Ecrits des autres Historiens , ou par d'au
tres Monumens , afin de le décrier de
plus en plus.
A commencer par le premier endroit
qu'il articule , c'est une injustice que de
reprocher à Lampride d'avoir ignoré jusqu'au
nom de la mere d'Alexandre. C'est
(a) Merc. d'Avril 1732. p. 679. lignes 24 .
25. 26, et p. 680. lignes 1. ct 2 .
Bij plutôt
1492 MERCURE DE FRANCE
plutôt le Censeur de cet Historien qui
est répréhensible , en ce qu'il n'a pas entendu
son Texte . Mon Edition le porte
ainsi : Alexander igitur cui Mammea mater
fuit , nam et ita dicitur à plerisque ,
à prima pueritia artibus bonis indutus tam
civilibus quàm militaribus , & c. Ces mots
nam et ita dicitur à plerisque , ne se rapportent
point à Mammée , mais à son
fils , que les Grecs appelloient ordinairement
Alexandrum Mammea , et sur l'usage
du sur - nom , suivant la judicieuse
remarque de Casaubon en cet endroits
c'est comme si Lampride eût dit , Alexander
igitur Mammea filius , nam et ita
cognominatur à plerisque. Il ne faut donc
point traduire cet endroit de Lampride
de cette sorte. Alexandre donc qui avoit
pour mere Mammée , car plusieurs croyent
qu'elle a été sa mere ; mais il faut rendre
ainsi son Texte dans notre Langue : Alexandre
donc fils de Mammée , car c'est ainsi
qu'il est surnommé par plusieurs. Mais
quand le Texte de Lampride ne seroit pas
aussi clair qu'il l'est , M. P. devoit faire
attention à tant d'autres Endroits , où cet
Auteur suppose comme une chose certaine
et connue de tout le Peuple , que
la mere d'Alexandre s'appelloit Mammée.
Puellas et pueros , quemadmodum Antonius
1
Faus
JUILLET. 17337 1493
Faustinianas instituerat , Mammeanas et
Mammeanos instituit . Et plus loin ; In
matrem Mammeam unicè pius fuit : ita ut
Roma in Palatio faceret dietas nominis
Mammea quas imperitum vulgus hodie ad
Mammam vocat ; et in Baiano Palatium
cum stagno quod Mammea nomine hodieque
censetur.
Quelque grand que soit le nombre
d'exemples d'Empereurs Romains qui
ont cassé des Legions , on ne peut pas
dire qu'aucun de ceux- là en eût cassé
plus d'une sous son regne , ou au moins
si souvent qu'Alexandre ; il falloit cependant
en produire d'anterieurs à cet Êmpereur
, qui en eussent cassé souvent ,
pour pouvoir mettre Lampride dans son
tort. C'est ce que ne fait pas M. P. Si
Lampride dit qu'Alexandre fut le seul
jusqu'alors qu'on eût vû casser plusieurs
Légions pour les punir de leurs séditions,
il soutient ailleurs le même langage et
en donne l'explication : Severitatis autem
tanta fuit in milites ut SÆPE Legiones integras
exauctoraverit . Et c'est par cet endroit
que Casaubon explique l'autre. Il
est vrai que Lampride n'entre point dans
le détail de chacune des Légions qui su
bit cette punition , se contentant de parler
de celle qu'il cassa à Antioche ; mais
B iij un
1494 MERCURE DE FRANCE
un Historien n'est pas tenu de tout dire,
et il n'est pas obligé de prévoir qu'après
quatorze siecles il se trouvera quelqu'un
qui essayera de le faire passer pour ce
qu'il n'est pas.
Il n'y a rien d'incompatible dans ce
que Tibere a eu envie de faire au sujet
de Jesus Christ , selon Tertullien , et ce
que Lampride dit qu'Hadrien pensa faire
selon quelques - uns . Ce sont deux desseins
aussi differents que les deux Princes .
L'un n'exclud pas l'autre ; et loin de révoquer
en doute ce que dit Lampride ,
on doit lui avoir obligation de ce qu'il
nous apprend l'origine qu'on attribuoit
de son temps à ces Temples vuides d'idoles
et de Statues , qu'on appelloit les
Temples d'Hadrien , dans les lieux où il
y en avoit , et tel qu'est peut - être celui
qui reste à Nîmes , qu'on dit bâti par
cet Empereurs si Tertullien n'a parlé que
de Tibere , c'est qu'il a pû ignorer le fait
rapporté par notre Historien , qui d'ailleurs
n'en parle que comme d'un bruit
qui couroit et qu'il ne garantit pas : Quod
et Hadrianus cogitasse fertur.
A l'égard du discours où M. P. trouve
mauvais qu'Alexandre dise que le nom
d'Antonin avoit été affecté par Bassien
c'est une piece que Lampride déclare qu'il
JUILLET. 1733. 1495
•
8
a tirée des Registres de la Ville de Rome
au VI. de Mars , telle qu'elle avoit été
prononcée par Alexandre avec les acclamations
du Sénat . Comment peut- il s'inscrire
en faux contre une piece si authentique?
J'aime mieux croire qu'Alexandre
jugea à propos de parler ainsi en présence
du Sénat , que de penser que ces
Actes publics eussent été falsifièz , et
qu'au bout de cent ans Lampride ait été
trompé par de faux Registres. C'est mon
sentiment , qui ne doit gêner en rien celui
de M. P. Au reste , quand il seroit
vrai qu'Alexandre auroit voulu prendre
la qualité de fils de Caracalle dans la suite
de son regne , à cause de l'affection des
Soldats pour le nom des Antonins , il ne
suit pas de- là qu'il ait dû avoir la même
pensée dans les premiers temps de
son élevation à l'Empire , et lorsqu'il fit
ses remerciemens au Sénat . Autrement ,
il n'auroit pas refusé alors le nom d'Antonin
, d'autant plus qu'il étoit en effet reconnu
pour parent de Caracalle. N'ayant
donc eu dans les commencemens aucun
dessein de prendre le nom d'Antonin
il n'est pas surprenant qu'il ait en quelque
maniere blâmé ce dernier d'avoir pris
ce nom , quoiqu'on ne puisse disconvenir
qu'il ne l'ait fait avec grand ména-
B iiij gement
>
1496 MERCURE DE FRANCE
gement , s'étant contenté de dire que Caracalle
avoit affecté ce nom ; affectatum
in Bassiano ; expression des plus moderées
, quoiqu'en veuille dire M. P. D'ailleurs
il n'y a pas d'apparence qu'en cette
occasion , avec sa modestie ordinaire , et
dans un âge aussi tendre , il eût eu l'effronterie
de vouloir faire croire au Sénat
qu'il
étoit vraiment fils de Caracalle .
Que M. P. trouve donc tant qu'il voudra
dans Alexandre une opposition de
conduite ; elle ne paroîtra qu'à lui seul ,
qui n'est pas disposé à recevoir la justification
de Lampride avec bienveillance ,
aimant mieux croire que les Fastes publics
d'une Ville telle que Rome , l'ont induit
en erreur , que de convenir qu'Alexandre
ait pû parler comme il a fait.
Il reste à lui répondre sur ce qu'il trouve
de si plaisant dans notre Historien .
Rien en effet ne seroit plus plaisant que
d'avoir mis les Jurisconsultes Pomponius
, Alphenus , &c. parmi les Conseillers
d'Alexandre ; puisqu'on convient
que ces hommes n'existoient point alors .
Mais le plaisant est que M. P. cite l'Historien
selon les Editions publiées sans
aucun examen critique des manuscrits
et sans faire semblant qu'il connoisse les
Notes queCasaubon et Saumaise ont données
JUILLET. 1733. 1497
nées sur cet endroit. Car s'il avoit voulu
y
faire attention , il auroit reconnu que
les noms de ces Jurisconsultes ne se trouvent
point dans les anciens manuscrits de
cette Histoire , de laquelle ils doivent être
entierement rejettez . C'est une circonstance
qui a été ignorée par Cujas , lequel
étoit anterieur aux Commentaires de
Casaubon et de Saumaise : et ce Jurisconsulte
est plus excusable avec sa mauvaise
Critique, que ne l'est le Censeur de Lampride.
Je vous ai déja averti, MM . que je regar
dois comme inutile d'étaler les raisons qu'à
eues M..de Tillemont , de ne se pas trouver
d'accord avec le P. Pagi , sur l'année
de la guerre de Perse . Je persiste à la placer
avec lui quatre ou cinq ans plus tard
que le P. Pagi. De deux Sçavans qui ont
discuté un point historique , chacun est
libre de suivre la Chronologie qui lui
plait. Ce qu'il est bon de remarquer ici
c'estque ce fut sous l'Empire d'Alexandre
que l'on commença à se servir du nom.
de Perse , pour signifier le Pays que les
Parthes occupoient auparavant. Ainsi lorsque
cet Empereur étant à Antioche quelques
années après dit dans sa Harangue
aux Soldats , qu'on leur a appris à
élever leur voix contre les Perses , il n'a
By pû
1500 MERCURE DE FRANCE
nius à aller à cette expedition , mais encore
à l'accompagner dans ce voyage.
M. P. finit les Remarques critiques
qu'il avoit à faire contre moy en particulier
, par une énumération que je
ne lui demandois pas du nom d'Ovinius
, tirée des Inscriptions. J'aurois
souhaité qu'il l'eut puisée dans les Historiens
ou dans d'autres Ecrivains dont
les Ouvrages sont parvenus jusqu'à nous
par la voye des Manuscrits . C'est ce qu'il
n'a pas fait. Au lieu de cela, il entreprend
de prouver au Public que c'est une er
reur de dire Alexandre Severe , et il prétend
qu'on doit dire Severe Alexandre.
Quoique la chose ne soit pas d'une assez
grande importance pour être discutée ,
je ne puis pas me dispenser de dire que
c'est- là une mauvaise chicane qu'il fait
sur les surnoms de cet Empereur, et toujours
pour revenir contre Lampride, qu'il
ne veut pas se donner la peine d'entendre.
Lampride dit bien que les Soldats
l'appellerent Severe , à cause de la séverité
dont il étoit à leur égard , et il infere
que cette manierè d'entendre ce nom
leur étoit propre et speciale ; mais il a
été bien éloigné de croire en son particulier
que ç'ait été une épithete ; , il n'en
dit rien qui ne s'accorde avec lidée de
sa véritable origine.
P
JUILLET. 1733. 1501
Ce nom de Severe , fut celui qu'il prit
quand il fut parvenu à l'Empire , pour
marquer apparemment qu'il étoit lié de
parenté avec Septime- Severe. Alors par
respect pour ce Prince , il mit ce surnom
nouveau avant l'ancien , et cela fut
suivi dans tous les Monumens publics ..
Les Soldats qui ressentoient la séverité
de cet Empereur plus que personne , furent
frappez de ce nom , et s'en servoient
plus communément entre eux dans le
sens adjectif qu'il peut avoir. Mais tout
le monde , et les Historiens mêmes , continuerent
de l'appeller Alexandre simplement
, ou d'y ajouter le nom de Severe ,
pour le distinguer d'Alexandre Emilien
et d'un autre Alexandre , Tyran d'Afrique.
C'est cet usage qui a passé jusqu'à
nous. Il est fondé sur ce que le nom
d'Alexandre a été sûrement le premier
surnom de cet Empereur , selon l'ordre
des. temps : Salutabatur autem nomine hoč
sive Alexander , dit Lampride ; et dans
les premieres Médailles de ce Prince
frappées sous Héliogabale , il est appellé
seulement M. Aurelius Alexander Casar.
Aussi ce nom d'Alexandre se trouve t'il
au moins douze fois dans les Acclamations
que fit le Sénat le jour que le jeune
Empereur y fit sa premiere Entrée , et
celui
1502 MERCURE DE FRANCE
celui de Severe ne s'y trouve pas une
seule fois , quoique le nom d'Aurelius
n'y manque point. Le nom de Severe
étant ainsi reconnu comme le plus rarement
usité du vivant d'Alexandre , il
n'est devenu que distinctif dans les
temps suivants. Or il est constant que
les noms qui sont les plus distinctifs ,
ne se mettent point les premiers dans
l'usage , mais à la suite du plus commun.
En avoüant donc que le nom de
Severus est dans ce cas , il doit ne se
trouver dans le langage ordinaire que
comme accessoire au nom plus commun.
Je suis , & c.
A Auxerre le 31 .
Mars
1733.
de France , pour servir de Réponse à la
Réplique de M. P ** d'Orleans , imprimée
dans le Mercure de Février dernier -
et pour appuyer l'autorité de l'Historien
Lampride , au sujet d'Alexandre Severe.
J
20383*
21
E ne cherche point , MM. à renouveller
la dispute litteraire qui paroît
avoir été autrefois entre M. de Tillemont
et le P. Pagi , au sujet de l'Epoque des
guerres de l'Empereur Alexandre- Severe.
Qui auroit- il d'interessant pour le Public
de voir repeter par M. P. d'Orleans - les
raisonnemens du P. Pagi ĝeett par moi ceux
de
JUILLET. 1733. 1489
de M. de Tillemont ? Ce seroit abuser
de sa patience , que de toujours écrire et
ne, rien donner de nouveau . Au moins si
l'on n'est pas en état de produire dans une
cause obscure des argumens métaphysiques,
il n'y a point de mal d'avancer modestement
ses conjectures. Je me suis servi
de cette voye permise en fait d'Histoire
profane , pour essayer de fixer , autant
qu'il est possible , ce que je crois
devoir manquer de quelques degrez de
certitude physique , jusqu'à ce que les
Médailles soient venues au secours des
Historiens. Mais mon Adversaire trouve
des impossibilitez dans tout ce que je
propose. Les Saumaises, les Tillemonts et
les anciens Historiens sont bons pour lui,
et ils ne valent rien pour moi.
Selon M. P. Lampride est plein de fautes
, et Hérodien n'en a aucune , c'est
un Ecrivain presque infaillible . Quelqu'un
cependant pourroit dire le contraire
après M. de Tillemont , avec
grand fondement , et prouver que
c'est plutôt Hérodien qui avance plusieurs
faits insoutenables. Mais il suffit
de renvoyer là-dessus aux excellentes Notes
qu'il a faites sur la Vie d'Alexandre.
Les meilleurs Historiens sont sujets à
commettre quelques fautes ; ce n'est pas
"
B unc
1490 MERCURE DE FRANCE
une raison suffisante pour rejetter ce qu'ils
ont écrit. Quoique Dion Cassius soit un
des plus éxacts , Dodwel fait voir quan
tité d'erreurs dans lesquelles il est tombé
à l'égard du seul Trajan. Perizonius a
fait un Livre exprès intitulé : Animadversiones
Historica , où il montre la même
chose à l'égard des Historiens les plus
estimez , comme Polybe , Tite - Live, &c.
Doit- on dire qu'à cause de cela le témoignage
de ces Auteurs doit être rejetté ,
s'il n'est soutenu par d'autres ? Le même
Critique a prouvé dans ce même Ouvrage
une infinité d'anachronismes et d'autres
erreurs monstrueuses dans Valere-
Maxime. N'osera - t'on donc plus citer cet
Historien ? j'en laisse le jugement au Public.
M. P. a mauvaise grace de m'accuser
d'avoir tronqué sa proposition . J'ai bien
remarqué quelle est la conclusion du
raisonnement qu'il a employé dans le
Mercure du mois d'Avril dernier , page
679. immédiatement après s'y être servi
de l'autorité de Casaubon , de Saumaise
et de M. de Tillemont ; je n'ai point confondu
cette conclusion avec la proposition
qui finit l'article précédent de sa
Lettre ; et c'est parce qu'elle m'a paru
extraordinaire que je l'ai mise telle qu'elle
est
JUILLET . 1733. 1491
est; la voici encore une fois : A moins
que les faits qu'on trouve dans cette compilation
( de l'Histoire Auguste ) ne se rencontrent
ailleurs , on est toujours bien reçû
à ne les point recevoir comme véritables . (a)
Sans sarrêter davantage à montrer le
faux de cette proposition , le moindre de
ses deffauts seroit en ce qu'elle peche contre
une Regle de Logique qui dit : Conclusio
non debet esse latior præmissis. Il
faut voir l'Ecrit même.
Mais pour revenir à Lampride , qui est
l'Auteur pour lequel
pour lequel il témoigne le plus
d'aversion , et pour le laver des reproches
qu'il lui fait , il me paroît que si
M. P. ne peut presque rien souffrir
dans cet Historien , c'est qu'il ne veut
pas se donner la peine de l'entendre .
Si une proposition de cet Ecrivain peut
avoir deux sens , M. P. prend toujours
celui qui lui paroît condamné par les
Ecrits des autres Historiens , ou par d'au
tres Monumens , afin de le décrier de
plus en plus.
A commencer par le premier endroit
qu'il articule , c'est une injustice que de
reprocher à Lampride d'avoir ignoré jusqu'au
nom de la mere d'Alexandre. C'est
(a) Merc. d'Avril 1732. p. 679. lignes 24 .
25. 26, et p. 680. lignes 1. ct 2 .
Bij plutôt
1492 MERCURE DE FRANCE
plutôt le Censeur de cet Historien qui
est répréhensible , en ce qu'il n'a pas entendu
son Texte . Mon Edition le porte
ainsi : Alexander igitur cui Mammea mater
fuit , nam et ita dicitur à plerisque ,
à prima pueritia artibus bonis indutus tam
civilibus quàm militaribus , & c. Ces mots
nam et ita dicitur à plerisque , ne se rapportent
point à Mammée , mais à son
fils , que les Grecs appelloient ordinairement
Alexandrum Mammea , et sur l'usage
du sur - nom , suivant la judicieuse
remarque de Casaubon en cet endroits
c'est comme si Lampride eût dit , Alexander
igitur Mammea filius , nam et ita
cognominatur à plerisque. Il ne faut donc
point traduire cet endroit de Lampride
de cette sorte. Alexandre donc qui avoit
pour mere Mammée , car plusieurs croyent
qu'elle a été sa mere ; mais il faut rendre
ainsi son Texte dans notre Langue : Alexandre
donc fils de Mammée , car c'est ainsi
qu'il est surnommé par plusieurs. Mais
quand le Texte de Lampride ne seroit pas
aussi clair qu'il l'est , M. P. devoit faire
attention à tant d'autres Endroits , où cet
Auteur suppose comme une chose certaine
et connue de tout le Peuple , que
la mere d'Alexandre s'appelloit Mammée.
Puellas et pueros , quemadmodum Antonius
1
Faus
JUILLET. 17337 1493
Faustinianas instituerat , Mammeanas et
Mammeanos instituit . Et plus loin ; In
matrem Mammeam unicè pius fuit : ita ut
Roma in Palatio faceret dietas nominis
Mammea quas imperitum vulgus hodie ad
Mammam vocat ; et in Baiano Palatium
cum stagno quod Mammea nomine hodieque
censetur.
Quelque grand que soit le nombre
d'exemples d'Empereurs Romains qui
ont cassé des Legions , on ne peut pas
dire qu'aucun de ceux- là en eût cassé
plus d'une sous son regne , ou au moins
si souvent qu'Alexandre ; il falloit cependant
en produire d'anterieurs à cet Êmpereur
, qui en eussent cassé souvent ,
pour pouvoir mettre Lampride dans son
tort. C'est ce que ne fait pas M. P. Si
Lampride dit qu'Alexandre fut le seul
jusqu'alors qu'on eût vû casser plusieurs
Légions pour les punir de leurs séditions,
il soutient ailleurs le même langage et
en donne l'explication : Severitatis autem
tanta fuit in milites ut SÆPE Legiones integras
exauctoraverit . Et c'est par cet endroit
que Casaubon explique l'autre. Il
est vrai que Lampride n'entre point dans
le détail de chacune des Légions qui su
bit cette punition , se contentant de parler
de celle qu'il cassa à Antioche ; mais
B iij un
1494 MERCURE DE FRANCE
un Historien n'est pas tenu de tout dire,
et il n'est pas obligé de prévoir qu'après
quatorze siecles il se trouvera quelqu'un
qui essayera de le faire passer pour ce
qu'il n'est pas.
Il n'y a rien d'incompatible dans ce
que Tibere a eu envie de faire au sujet
de Jesus Christ , selon Tertullien , et ce
que Lampride dit qu'Hadrien pensa faire
selon quelques - uns . Ce sont deux desseins
aussi differents que les deux Princes .
L'un n'exclud pas l'autre ; et loin de révoquer
en doute ce que dit Lampride ,
on doit lui avoir obligation de ce qu'il
nous apprend l'origine qu'on attribuoit
de son temps à ces Temples vuides d'idoles
et de Statues , qu'on appelloit les
Temples d'Hadrien , dans les lieux où il
y en avoit , et tel qu'est peut - être celui
qui reste à Nîmes , qu'on dit bâti par
cet Empereurs si Tertullien n'a parlé que
de Tibere , c'est qu'il a pû ignorer le fait
rapporté par notre Historien , qui d'ailleurs
n'en parle que comme d'un bruit
qui couroit et qu'il ne garantit pas : Quod
et Hadrianus cogitasse fertur.
A l'égard du discours où M. P. trouve
mauvais qu'Alexandre dise que le nom
d'Antonin avoit été affecté par Bassien
c'est une piece que Lampride déclare qu'il
JUILLET. 1733. 1495
•
8
a tirée des Registres de la Ville de Rome
au VI. de Mars , telle qu'elle avoit été
prononcée par Alexandre avec les acclamations
du Sénat . Comment peut- il s'inscrire
en faux contre une piece si authentique?
J'aime mieux croire qu'Alexandre
jugea à propos de parler ainsi en présence
du Sénat , que de penser que ces
Actes publics eussent été falsifièz , et
qu'au bout de cent ans Lampride ait été
trompé par de faux Registres. C'est mon
sentiment , qui ne doit gêner en rien celui
de M. P. Au reste , quand il seroit
vrai qu'Alexandre auroit voulu prendre
la qualité de fils de Caracalle dans la suite
de son regne , à cause de l'affection des
Soldats pour le nom des Antonins , il ne
suit pas de- là qu'il ait dû avoir la même
pensée dans les premiers temps de
son élevation à l'Empire , et lorsqu'il fit
ses remerciemens au Sénat . Autrement ,
il n'auroit pas refusé alors le nom d'Antonin
, d'autant plus qu'il étoit en effet reconnu
pour parent de Caracalle. N'ayant
donc eu dans les commencemens aucun
dessein de prendre le nom d'Antonin
il n'est pas surprenant qu'il ait en quelque
maniere blâmé ce dernier d'avoir pris
ce nom , quoiqu'on ne puisse disconvenir
qu'il ne l'ait fait avec grand ména-
B iiij gement
>
1496 MERCURE DE FRANCE
gement , s'étant contenté de dire que Caracalle
avoit affecté ce nom ; affectatum
in Bassiano ; expression des plus moderées
, quoiqu'en veuille dire M. P. D'ailleurs
il n'y a pas d'apparence qu'en cette
occasion , avec sa modestie ordinaire , et
dans un âge aussi tendre , il eût eu l'effronterie
de vouloir faire croire au Sénat
qu'il
étoit vraiment fils de Caracalle .
Que M. P. trouve donc tant qu'il voudra
dans Alexandre une opposition de
conduite ; elle ne paroîtra qu'à lui seul ,
qui n'est pas disposé à recevoir la justification
de Lampride avec bienveillance ,
aimant mieux croire que les Fastes publics
d'une Ville telle que Rome , l'ont induit
en erreur , que de convenir qu'Alexandre
ait pû parler comme il a fait.
Il reste à lui répondre sur ce qu'il trouve
de si plaisant dans notre Historien .
Rien en effet ne seroit plus plaisant que
d'avoir mis les Jurisconsultes Pomponius
, Alphenus , &c. parmi les Conseillers
d'Alexandre ; puisqu'on convient
que ces hommes n'existoient point alors .
Mais le plaisant est que M. P. cite l'Historien
selon les Editions publiées sans
aucun examen critique des manuscrits
et sans faire semblant qu'il connoisse les
Notes queCasaubon et Saumaise ont données
JUILLET. 1733. 1497
nées sur cet endroit. Car s'il avoit voulu
y
faire attention , il auroit reconnu que
les noms de ces Jurisconsultes ne se trouvent
point dans les anciens manuscrits de
cette Histoire , de laquelle ils doivent être
entierement rejettez . C'est une circonstance
qui a été ignorée par Cujas , lequel
étoit anterieur aux Commentaires de
Casaubon et de Saumaise : et ce Jurisconsulte
est plus excusable avec sa mauvaise
Critique, que ne l'est le Censeur de Lampride.
Je vous ai déja averti, MM . que je regar
dois comme inutile d'étaler les raisons qu'à
eues M..de Tillemont , de ne se pas trouver
d'accord avec le P. Pagi , sur l'année
de la guerre de Perse . Je persiste à la placer
avec lui quatre ou cinq ans plus tard
que le P. Pagi. De deux Sçavans qui ont
discuté un point historique , chacun est
libre de suivre la Chronologie qui lui
plait. Ce qu'il est bon de remarquer ici
c'estque ce fut sous l'Empire d'Alexandre
que l'on commença à se servir du nom.
de Perse , pour signifier le Pays que les
Parthes occupoient auparavant. Ainsi lorsque
cet Empereur étant à Antioche quelques
années après dit dans sa Harangue
aux Soldats , qu'on leur a appris à
élever leur voix contre les Perses , il n'a
By pû
1500 MERCURE DE FRANCE
nius à aller à cette expedition , mais encore
à l'accompagner dans ce voyage.
M. P. finit les Remarques critiques
qu'il avoit à faire contre moy en particulier
, par une énumération que je
ne lui demandois pas du nom d'Ovinius
, tirée des Inscriptions. J'aurois
souhaité qu'il l'eut puisée dans les Historiens
ou dans d'autres Ecrivains dont
les Ouvrages sont parvenus jusqu'à nous
par la voye des Manuscrits . C'est ce qu'il
n'a pas fait. Au lieu de cela, il entreprend
de prouver au Public que c'est une er
reur de dire Alexandre Severe , et il prétend
qu'on doit dire Severe Alexandre.
Quoique la chose ne soit pas d'une assez
grande importance pour être discutée ,
je ne puis pas me dispenser de dire que
c'est- là une mauvaise chicane qu'il fait
sur les surnoms de cet Empereur, et toujours
pour revenir contre Lampride, qu'il
ne veut pas se donner la peine d'entendre.
Lampride dit bien que les Soldats
l'appellerent Severe , à cause de la séverité
dont il étoit à leur égard , et il infere
que cette manierè d'entendre ce nom
leur étoit propre et speciale ; mais il a
été bien éloigné de croire en son particulier
que ç'ait été une épithete ; , il n'en
dit rien qui ne s'accorde avec lidée de
sa véritable origine.
P
JUILLET. 1733. 1501
Ce nom de Severe , fut celui qu'il prit
quand il fut parvenu à l'Empire , pour
marquer apparemment qu'il étoit lié de
parenté avec Septime- Severe. Alors par
respect pour ce Prince , il mit ce surnom
nouveau avant l'ancien , et cela fut
suivi dans tous les Monumens publics ..
Les Soldats qui ressentoient la séverité
de cet Empereur plus que personne , furent
frappez de ce nom , et s'en servoient
plus communément entre eux dans le
sens adjectif qu'il peut avoir. Mais tout
le monde , et les Historiens mêmes , continuerent
de l'appeller Alexandre simplement
, ou d'y ajouter le nom de Severe ,
pour le distinguer d'Alexandre Emilien
et d'un autre Alexandre , Tyran d'Afrique.
C'est cet usage qui a passé jusqu'à
nous. Il est fondé sur ce que le nom
d'Alexandre a été sûrement le premier
surnom de cet Empereur , selon l'ordre
des. temps : Salutabatur autem nomine hoč
sive Alexander , dit Lampride ; et dans
les premieres Médailles de ce Prince
frappées sous Héliogabale , il est appellé
seulement M. Aurelius Alexander Casar.
Aussi ce nom d'Alexandre se trouve t'il
au moins douze fois dans les Acclamations
que fit le Sénat le jour que le jeune
Empereur y fit sa premiere Entrée , et
celui
1502 MERCURE DE FRANCE
celui de Severe ne s'y trouve pas une
seule fois , quoique le nom d'Aurelius
n'y manque point. Le nom de Severe
étant ainsi reconnu comme le plus rarement
usité du vivant d'Alexandre , il
n'est devenu que distinctif dans les
temps suivants. Or il est constant que
les noms qui sont les plus distinctifs ,
ne se mettent point les premiers dans
l'usage , mais à la suite du plus commun.
En avoüant donc que le nom de
Severus est dans ce cas , il doit ne se
trouver dans le langage ordinaire que
comme accessoire au nom plus commun.
Je suis , & c.
A Auxerre le 31 .
Mars
1733.
Fermer
Résumé : LETTRE aux Auteurs du Mercure de France, pour servir de Réponse à la Réplique de M. P** d'Orléans, imprimée dans le Mercure de Février dernier et pour appuyer l'autorité de l'Historien Lampride, au sujet d'Alexandre Severe.
L'auteur de la lettre répond à M. P d'Orléans, qui avait critiqué ses propos sur l'empereur Alexandre Sévère dans le Mercure de France. L'auteur refuse de relancer une dispute littéraire passée entre M. de Tillemont et le P. Pagi concernant l'époque des guerres d'Alexandre Sévère. Il reconnaît que ses conjectures sur l'histoire profane manquent de certitude physique, mais il les justifie en attendant des preuves plus solides, comme les médailles. L'auteur critique M. P d'Orléans pour sa partialité envers les historiens Saumaise, Tillemont et Hérodien, qu'il considère comme infaillibles, tout en rejetant Lampride, qu'il accuse de fautes. L'auteur rappelle que même les meilleurs historiens commettent des erreurs et que cela ne justifie pas de rejeter leurs témoignages. Il accuse M. P d'Orléans d'avoir tronqué sa proposition et de mal interpréter le texte de Lampride. Il défend Lampride en montrant que M. P d'Orléans prend systématiquement le sens le plus défavorable à cet historien. L'auteur cite plusieurs passages de Lampride pour prouver que cet historien ne commet pas les erreurs que lui reproche M. P d'Orléans. L'auteur conclut en affirmant que la dispute sur le nom d'Alexandre Sévère (Alexandre Sévère ou Sévère Alexandre) est sans importance et qu'elle relève d'une mauvaise chicane de la part de M. P d'Orléans. Il rappelle que Lampride explique l'origine du nom Sévère donné à l'empereur par les soldats. L'empereur romain Alexandre Sévère, lié par parenté à Septime Sévère, adopta le surnom 'Alexandre' par respect pour ce dernier. Ce nom fut utilisé dans tous les monuments publics. Les soldats, ressentant la sévérité de l'empereur, utilisaient ce nom de manière plus courante entre eux. Cependant, le monde entier, y compris les historiens, continuaient de l'appeler simplement 'Alexandre' ou d'ajouter 'Sévère' pour le distinguer d'autres personnages portant le même prénom. Cet usage persista jusqu'à nos jours. Le nom 'Alexandre' fut le premier surnom de cet empereur, comme le mentionne Lampride et les premières médailles frappées sous Héliogabale. Les acclamations du Sénat lors de la première entrée de l'empereur mentionnent 'Alexandre' au moins douze fois, mais jamais 'Sévère', bien que le nom 'Aurelius' soit présent. Le nom 'Sévère' étant le moins utilisé de son vivant, il devint distinctif par la suite. Les noms distinctifs s'ajoutent après le nom plus commun, confirmant que 'Severus' est accessoire au nom plus courant 'Alexander'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
49
p. 1713-1728
DISSERTATION sur le Genabum ou Cenabum des Anciens, par le R. P. Dom Toussaints Duplessis, Benedictin de la Congrégation de S. Maur.
Début :
Ceux qui ne trouvent aucune difficulté à faire descendre nos Rois en [...]
Mots clefs :
Orléans, Genabum, Ville, César, Anciens, Aurélien, Aurèle, Jargeau, Peuples, Antonin, Duchesne, Empereur, Papire Masson
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DISSERTATION sur le Genabum ou Cenabum des Anciens, par le R. P. Dom Toussaints Duplessis, Benedictin de la Congrégation de S. Maur.
DISSERTATION sur le Genabum
ou Cenabum des Anciens , par le R. P.
Dom Toussaints Duplessis, Benedictin de
la Congrégation de S. Maur.
Cue
Eux qui ne trouvent aucune difficulté
à faire descendre nos Rois en
droite ligne de Priam , Roy de Troye ,
n'en trouveront pas davantage à croire
avec Guyon , (a) que la Ville d'Orleans
Bij fut
(a) Guyon , page 3 .
1714 MERCURE DE FRANCE
fut bâtie quatre cens après le Déluge ;
ils pourront même , s'ils veulent , s'arrê
ter au sentiment de le Maire , qui est
encore plus liberal de cinquante années .
Pour nous qui ne pouvons pas penetrer
si loin dans l'Antiquité , nous nous en
tenons au temps de Jules Cesar , c'està-
dire , à l'an 702, de la fondation de
Rome , sous le Consulat de Pompée sans
Collegue ; non que cette Ville ne soit
plus ancienne que César même , puisqu'elle
subsistoit déja de son temps, mais
parce que nous n'avons point d'Auteur
plus ancien qui en fasse mention . Il en est
de l'origine des Villes, comme de celle des
Familles ; vous remontez extrémement
haut , sans pouvoir percer plus loin ; et
l'obscurité de ce qui est au- delà , ne deshonore
point. Telle est la Maison de
Bourbon , dont nous ne trouvons la tige
que dans Robert Le Fort , sous la seconde
Race de nos Rois et dont on ne peut
douter que la Maison ne fût très-ancienne,
quoiqu'il n'y ait que nuages et obscuritez
au- delà. Telle est aussi la Ville d'Orleans
, qui étoit déja celebre du temps de
Jules-César , et à laquelle le silence des
Auteurs plus anciens ne peut rien ôter
de sa noblesse ni de sa dignité .
Qu'il soit fait mention de la Ville
d'Ors
A O UST. 1733. 1715
d'Orleans dans les Commentaires de César
, ou , ce qui revient au même , que
le Genabum ou Cenabum des Anciens ,
ne soit point different de la Ville d'Orleans
c'est un fait qu'on ne révoque plus
en doute . Marius Niger , Vigenere , Ortelus
, et d'autres Auteurs , se sont néanmoins
imaginé que ce devoit être Gien ,
et quelques uns même ont voulu que
ce fût Gergeau , S'il ne s'agissoit que d'autoritez
, les témoins qui déposent pour
Orleans , sont plus anciens , plus celebres
et en plus grand nombre ; on compte
parmi ceux- cy , Aimoin , Moine de saint
Benoît sur Loire , qui vivoit sous le Roy
Robert au dixième et onzième siecle ;
Hugues , Moine de la même Abbaye, qui
composa son Histoire Ecclesiastique en
1109. Gilles de Paris , qui écrivoit à la
fin du 12. siecle ; Robert Gaguin ; Papire
Masson ; Joseph Scaliger ; Aubert le Mire
; Cellarius ; Baudrand ; Sanson ; Adrien
de Valois , et une infinité d'autres . Mais
si ces grands noms ne suffisent pas pour
décider une question de ce genre , les
raisons sur lesquelles ils se sont fondez ,
sont absolument sans réplique.
En effet , selon César , L. 7. C. 2. et
Strabon , L.L. 4. Genabum étoit dans le
Pays des Chartrains ; et les Peuples Char-
B iij trains
1716 MERCURE DE FRANCE
trains n'ont habité que ce qui est aujourd'hui
renfermé dans les Diocèses de Chartres
, de Blois et d'Orleans . Or Gien
n'est pas dans le Diocèse d'Orleans , encore
moins dans ceux de Chartres ou
de Blois , dont celui - cy n'est qu'un démembrement
moderne de l'autre : il est
dans celui d'Auxerre , qui a fait partie
des Peuples Sénonois , et par cette raison
il ne peut point être le Genabum de César
et de Strabon . D'un autre côté l'Itineraire
d'Antonin , pag. 83. qui met
Genabum sur le grand chemin d'Autun
à Paris , compte 77. milles de Nevers à
Genabum , et 48. milles de Genabum à Paris
. Or Gien est beaucoup plus près de
Nevers que de Paris ; et Orleans au contraire
, est beaucoup plus près de Paris
que de Nevers. Ajoûtez à cela que Gien
n'est jamais connu que sous les noms
de Giemum ou Giemacum , soit dans notre
Histoire , ( a) soit dans les Titres les plus
anciens . Genabum ne peut donc point
se rapporter à Gen ; et si ce n'est pas
à Orleans , ce ne peut plus être que Gaygeau.
Mais pourquoi Gergeau plutôt qu'Orlean
Premierement , la Tradition est
pour Orleans , et non point pour Ger-
(a) Vales, Notit. Galliar. p. 226. col. 2.
geau
A O UST. 1733. 1717 €
..
geau. En second lieu , les Evêchez n'ont
été au commencement établis que dans
les Villes les plus considerables de chaque
contrée . Or dans le Pays des Chartrains
, ( a) Ptolomée ne compte que deux
grandes Villes ; sçavoir Autricum , qui est
Chartres , et Genabum ou Cenabum. Si
donc Genabum n'eût été autre chose que
Gergeau , le Siege Episcopal eût été établi
à Gergeau , et non à Orleans , au lieu
qu'il a été établi dans cette derniere Ville,
sans jamais y avoir été transferé d'ailleurs.
Enfin il est certain , par le récit de
César , que Genabum étoit sur la Rive
droite de la Loire , puisque étant venu
de Sens pour assieger cette Ville , il mit
deux Légions en garde vers le Pont ', pour
empêcher que les Assiegêz ne se retirassent
par là de l'autre côté de la Riviere ;
et que lui- même,après avoir pris la Ville,
passa le Pont pour entrer dans le Berry.
Or cette situation ne peut convenir qu'à
Orleans , qui est du côté de Sens , et nullement
à Gergeau , qui est si bien du côté
de Bourges , que de Gergeau il faut ,
au contraire , passer le Pont pour aller
à Sens. Il est inutile de s'arrêter davantage
sur ce point.
Je remarquerai seulement avec Adrien
(a) Ptolom. Geogr. 1. 2. c. 7. p. § 1 .
B iiij de
1718 MERCURE DE FRANCE
de Valois , Page 225. qu'il est vrai - semblable
que le premier nom d'Orleans
ait été Čenabum , dont on aura fait ensuite
Genabum , comme Gebenna et Andegavi
, sont venus de Cebenna et d'Andecavi.
Car pour ce qui est de Genapus ,
de Cenapum , ou d'autres noms approchants
que l'on trouve en quelques endroits
, ce n'est que par corruption du
vrai mot , ou par licence poëtique . Les
anciens Munuscrits sont pour KevaCov
ou Cenabum ; Jerôme ( a) Sutita , s'échauf
fe extrémement contre ceux qui ont subtitué
à ce mot celui de Genabum .
Au reste , quand Luc de Holstein prétend
( b ) que le Cenabum d'Antonin
n'est autre que Geneve , il n'a pas fait
attention que l'Itineraire fait mention du
Cenabum en deux endroits diff rens , l'un
sur la route de Milan à Strasbourg , qu'on
reconnoît volontiers avec lui et avec Sanson
, convenir à Geneve ; l'autre sur la
ronte d'Autun à Paris , qui ne peut être
qu'Orleans , et qui lui est sans doute
échapé.
De sçavoir
maintenant pourquoi la
( a ) Surita , Comment. in Itiner. Antonin
502. 503.
(b Luc de Holstein . Annot, in Thesau. Geogr.
Ortel. p. 86.
Ville
A O UST. 1733 1719
་
Ville d'Orleans a quitté son ancien nom
de Genabum , pour prendre celui d'Orleans
, et de fixer la veritable origine de
ce dernier nom , c'est le sujet d'une autre
discussion dans laquelle il est à propos
d'entrer. Jules- Cesar avoit ruiné cette
Ville de fond en comble ; et comme elle
reparoît dans la suite de l'Histoire sous
un autre nom , il est naturel de croire.
que ce nouveau nom lui fut affecté en
memoire de celui qui la releva de ses
ruines. C'est donc ce nouveau Fondateur
qu'il faut chercher , et selon toutes les
apparences , ce fut Aurelien.
Cet Empereur vint dans les Gaules
l'an de J. C. 274 ce sera donc cette année-
là même qu'il aura songé à rebâtir.
Orleans , et qu'on aura vû renaître cette
Ville de ses cendres. Adrien de Valois
Tillemont , Basnage , l'Abbé de Longuerue
, et les meilleurs Critiques , après
Othon de Frisingue , sont tous de ce
sentiment , et le nouveau nom de la
Ville favorise entierement cette opinion.
On voit en effet dans une ancienne ( a)
Notice des Provinces de la Gaule , écrite,
comme l'on croit , sous l'Empire d'Honorius
, qu'on l'appelloit déja alors Ci-
(a) Notit. Provinc, apud Duchesne Hist. Fram.
tom, I. p . s . col. 1 .
B v vitas
1720 MERCURE DE FRANCE
vitas Aurelianorum , et qu'elle étoit comprise
dans le quatriéme Lyonnois , ou
dans la Province de Sens , dont les Villes
soumises à cette Métropole sont rangées
en cet ordre : Chartres , Auxerre ,
Troyes , Orleans , Paris , Meaux .
S. Sidoine Apollinaire , qui vivoit sous
Valentinien III. l'appelle , 1. 8. Aurelianensis
Urbs. Ainsi il n'est pas le premier ,
comme le veut Papire Masson , qui en
parle sous un autre nom que sous celui
de Genabum. Les Evêques d'Orleans , qui
assisterent (a) aux Conciles tenus en cette
Ville au sixiéme Siecle , donnent à leurs
Eglises le nom d'Ecclesia Aurelianensis.
Grégoire de Tours , 1. 5. et 7. l'appelle
Aurelianensis Urbs , et Aurelianensis Civitas.
Les Capitulaires de Charlemagne
l'appellent aussi Aurelianensis Civitas , et
Thegan (b) lui donne le nom d'Aurelianensium
Civitas ; ce qui revient au mot
d'Aurelianenses , que Grégoire de Tours
donne encore souvent à ses Habitans.
Jornandes , ( c ) Evêque de Ravenne ,
qui vivoit sous l'Empereur Justinien I.
(a) Conc. Labb. Tom. 4. p. 1410. 1783. et .
Tom. 5. p. 304. 389.
&
(b) Thegan. apud Duchesne. Ibid. p. 284.
(c) Jornand, apud Duchesne , Sup . Tom. 1. p.
227.
et
AOUST. 1733.
1721
et l'ancien Auteur de la Vie de Louis
le Debonnaire , lui donnant le nom d'Aureliana
Civitas. D'autres anciens Auteurs
P'appellent d'un nom indéclinable Aurelianis
comme Fredegaire , Marius ,
Aimoin , l'Anonime de Ravenne , et quantité
d'autres du nombre desquels est encore
Grégoire de Tours , (4 ) ausquels il
faut joindre les Monnoyes qui furent frappées
à Orleans sous nos Kois de la premiere
Race , et qui toutes portent le nom
d'Aurelianis ou Aurilianis . Enfin plusieurs
, comme Robert Gaguin , lui donnent
le nom d'Aurelianum ; ensorte qu'on
ne peut gueres douter que ce changement
de nom ne lui soit venu de l'Empereur
Aurelien , qui par cette raison en
est regardé , avec justice , comme le Restaurateur.
Ce n'est pas qu'on ne trouve quelquefois
la Ville d'Orleans appellée Aurelia
ou Urbs Aurelia. Le Moine Roricon
et l'Auteur de la Vie de S. Eucher , Evêque
d'Orleans , dans Duchesne , se sont
servis de ce mot. Papire Masson les a
imitez ; et il a aujourd'hui tant d'imitateurs
à son tour , qu'il paroît bien qu'on
ne s'embarrasse gueres de la critique qu'en
a fait Joseph Scaliger en trois mots : In-
(a ) Greg. Turon. l. 2. c. 7. p. 53-
B vj eptè
1722 MERCURE DE FRANCE
eptè vocant Aureliam. Le Prere Briet , et
Baudrand , qui ont employé Aurelia au
pluriel, ne se sont pas mis pour cela à couvert
de la censure ; et on pourroit leur
opposer de plus qu'Aurelia est encore
moins autorisé qu'Aurelia.
Il est vrai que plusieurs Auteurs ont
crû que ce n'étoit point Aurelien , mais
Marc- Aurele , qui avoit rebâti la Ville
d'Orleans ; et nous avons vû renouveller
les difficultez à ce sujet , lorsqu'on
fit ( a) en 1643. la découverte de plusieurs
Médailles de Marc- Aurele , à 13.
ou 14. toises de profondeur sous les fondemens
des murailles de l'ancienne clôture
que l'Evêque d'Orleans faisoit abatre
alors pour achever son Palais Episcopal.
Quelques- uns même , comme Papire
Masson, ont voulu que Jules - Cesar , après
avoir détruit cette Ville , Peût ensuite
relevée de ses ruines , et lui eût donné
le nom de sa mere Aurelia. D'autres enfin
, comme Lasaussaye , L. 1. n. 16. p. 24.
qui souhaiteroient aussi que ce rétablssement
fût plus ancien que l'Empereur Aurelien
, donnent à choisir entre Jules-
Cesar, Lucius Aurelius- Verus , Marc - Aurele-
Antonin , Aurelius Commodus , et
tous les Prédecesseurs d'Aurelien, qui ont
porté le nom d'Aurele.
(a) Le Maire , Ch . 3. p.
A O UST. 1732 1723
Il n'est pas moins vrai , qu'en fuppo
sant Orleans bâti par l'un ou l'autre de
tous ces Empereurs ,le nom d'Aurelia lui
convient mieux que tout autre ; mais
c'est supposer ce qui est en question . It
ne s'agit pas de sçavoir le nom qu'il
faut donner à Orleans ; si cette Ville doit
son rétablissement à l'un des Aureles , il
faut lui conserver celui que les anciens
lui ont donné, et trouver dans cet ancien
nom des vestiges de son fondateur . Or
l'ancien nom d'Orleans , c'est - à - dire , celui
dont le nom même d'Orleans a été
formé, indique l'Empereur Aurelien , et
exclut tous les Aureles.C'est donc à Aurelien
qu'il est juste de s'en tenir .
Pour ce qui est des Médailles de Marc-
Aurele , trouvées à Orleans , vers le milieu
du siecle passé . Cette découverte ne
prouve quoi que ce soit contre Aurelien ;
tous les jours on en trouve de semblables,
soit d'Aurele , soit de Néron , soit de
quelqu'autre Empereur, dans des Endroits
où ces Empereurs n'ont jamais fait travailler.
Que ces Médailles ayent été jet--
tées sous les fondemens de quelques tra→
vaux entrepris à Orleans , du temps même
de Marc- Aurele ; cela se peur , et il
s'ensuit qu'Orleans subsistoit alors , ce
qu'on ne nie point. Mais on n'en sçausoit
1724 MERCURE DE FRANCE
roit conclure que Marc- Aurele lui- même
ait fait entreprendre ces travaux. Si l'on
veut quelque chose de plus , rien n'empêche
que cet Empereur ou ceux qui
gouvernoient pour lui dans les Gaules
n'ayent fait construire à Orleans quelque
Forteresse , ou quelque Château pour
garder le passage de la Loire. Mais pour
ce qui est du renouvellement entier de la
Ville , il faut toujours en revenir à Aurelien
.
Au reste , le nouveau nom d'Orleans
n'a pas tellement pris d'abord le dessus,
qu'il air effacé l'ancien . On trouve indifféremment
l'un ou l'autre pendant quelque
temps , et Genabum ou Cenabum , s'est
maintenu jusqu'aprês le grand Constantin
, puisque ce mot se trouve dans l'Itineraire
d'Antonin , et qu'on ne peut guerre
douter que cet Itinéraire n'ait reçu que
vers ce temps là au plutôt la forme où,
nous le voyons aujourd'hui , soit qu'il ait
passé par les mains d'Ethicus , comme le
pensent d'habiles Critiques ; soit même
qu'il faille l'attribuer à Ammien Marcellin
, comme le prétend Cluvier. Je ne
parle point de la vie de S. Liphard , qui
n'a pu être écrite qu'au sixième siècle,au
plutôt après la mort de ce S. Abbé , et où
Lasaussaye , liv. 1. num . 16. prétend que
l'EvêAO
UST. 1733 . 1729
l'Evêque d'Orleans est encore appellé
Episcopus Genabensis. Ce seroit une authorité
de plus pour montrer la persua
sion où l'on étoit anciennement qu'Orleans
n'étoit point différent de Genabum :
mais je ne sçais dans quel Exemplaire Lasaussaye
a lû ce mot. Celui que Dom
(a) Mabillon avoit devant les yeux porte
Aurelianensis , au lieu de Genabensis.
J'ai lieu de douter si aprés cette discussion
sur le rétablissement et le changement
de nom de la Ville d'Orleans , le
Lecteur verra avec plaisir l'étimologie
qu'en a donné Glaber Rodulphe , dans
Duchesne, tom.4.à qui l'opinion la mieux
appuyée, n'a pas eu le don de plaire ; cependant
il ne faut rien omettre : Ex Ligeri
, dit cet Auteur , sibi congruo flumine
agnomen habet inditum ; diciturque Aureliana
, quasi ore ligeriana ; eo videlicet
quod in ore ejusdem fluminis ripa sit constituta
; non ut quidem minus cauti existimant
, ab Aureliano Augusto , quasi eam
ipse alificaverit , sic vocatam ; quin potius
ab amne , ut diximus , quod rectius , veriusque
illi congruit. Voilà ce que c'est quelquefois
que d'être plus clair - voïant et
d'avoir plus d'esprit que les autres ; mais
(a) Mabill, act. SS.Bened. tom.x. p. iss. m³.
le
1726 MERCURE DE FRANCE
que
que
l'adire
de celui (b) qui a découvert que
le mot celtique , Genabum , n'est
brégé de cette phrase latine : Gignens omne
bonum ? Ceux qui dans le Maire ont
crû qu'Aureliani tiroit son nom d'Aulerci,
sont un peu plus excusables. Ils avoient
lû dans Ptolomée , liv . 2. ch . 7. qu'une
partie des peuples , appellez Aulerciens
s'étendoient depuis la Loire jusqu'à la
Seine , et que Mediolanium , Ville Capi-.
tale de ces Peuples , étoit assise sur la
Loire. Ils ont aussi - tôt conjecturé que ce
Mediolanium ne pouvoit être qu'Orleans;
et selon cette Hypotese , Aurelia ou
Aureliani , sembloit naître assez naturellement
d'Aulerci ; le mal est que Prolo
mée s'étoit trompé le premier , et qu'il
les a entraînez dans l'erreur. Le Mediolanium
et les Aulertiens dont il s'agit
dans cet endroit , ne sont autres que la
Ville et les Peuples d'Evreux.
Il ne me reste plus pour finir cette Dissertation
,
que
ordinairement ceux de
de répondre à une objection
, que font
Gien , pour se maintenir dans la possession
où ils croient être de l'ancien Genabum.
Un Fauxbourg de Gien , disent - ils ,
porte encore aujourd'hui le nom de Genabie
, et ce nom , aussi-bien que celui
(b ) Le Maire , cap. 3.
de
AOUST. 1733. 1727
•
de Gien , approche assez de Genabum
pour croire qu'il ne faille point chercher
ailleurs cette ancienne Ville des Gaules ;
mais où en serions-nous s'il falloit prendre
ces ressemblances de noms pour des
Démonstrations ? Il ne faudroit point
chercher ailleurs qu'en France , la Breta-`
gne des anciens , et nous confondrions
une infinité de Villes considérables , avec
autant de Bourgs ou de Villages, dont les
noms modernes approchent plus de l'ancien
nom de ces mêmes Villes , que ceux
sous lesquels elles sont aujourd'hui connuës.
Laissons donc ces raisons , tirées
de la conformité des noms , lorsqu'elles
sont combattuës par d'autres raisons ausquelles
on n'a rien à repliquer tout ce
qu'on peut appeller du nom de preuves ,
tend à persuader que le Genabum des anciens
n'est point different de la Ville
d'Orleans ; et un Critique judicieux doit
s'en tenir là. Si le nom de Génabie est af
fecté à un Faubourg dc Gien , c'est à ceux
de Gien même à découvrir l'origine de ce
nom , qui peut- être n'a rien de commun
avec Orleans , à moins qu'on ne`veuille
supposer , ce qui ne se trouve neanmoins
marqué nulle part dans l'Histoire , qu'après
la prise et l'incendie de cette dernie
re Ville par Jules César ; la plus grande
partie
1728 MERCURE DE FRANCE
parties de ses habitans qui échaperent au
Vainqueur , remonta la Loire , et alla fi
xer sa demeure auprès de Gien , dans le
lieu même qui porte encore aujourd'hui ,
en mémoire de cette transmigration , le
nom de la Ville dont ils avoient été
chassez.
ou Cenabum des Anciens , par le R. P.
Dom Toussaints Duplessis, Benedictin de
la Congrégation de S. Maur.
Cue
Eux qui ne trouvent aucune difficulté
à faire descendre nos Rois en
droite ligne de Priam , Roy de Troye ,
n'en trouveront pas davantage à croire
avec Guyon , (a) que la Ville d'Orleans
Bij fut
(a) Guyon , page 3 .
1714 MERCURE DE FRANCE
fut bâtie quatre cens après le Déluge ;
ils pourront même , s'ils veulent , s'arrê
ter au sentiment de le Maire , qui est
encore plus liberal de cinquante années .
Pour nous qui ne pouvons pas penetrer
si loin dans l'Antiquité , nous nous en
tenons au temps de Jules Cesar , c'està-
dire , à l'an 702, de la fondation de
Rome , sous le Consulat de Pompée sans
Collegue ; non que cette Ville ne soit
plus ancienne que César même , puisqu'elle
subsistoit déja de son temps, mais
parce que nous n'avons point d'Auteur
plus ancien qui en fasse mention . Il en est
de l'origine des Villes, comme de celle des
Familles ; vous remontez extrémement
haut , sans pouvoir percer plus loin ; et
l'obscurité de ce qui est au- delà , ne deshonore
point. Telle est la Maison de
Bourbon , dont nous ne trouvons la tige
que dans Robert Le Fort , sous la seconde
Race de nos Rois et dont on ne peut
douter que la Maison ne fût très-ancienne,
quoiqu'il n'y ait que nuages et obscuritez
au- delà. Telle est aussi la Ville d'Orleans
, qui étoit déja celebre du temps de
Jules-César , et à laquelle le silence des
Auteurs plus anciens ne peut rien ôter
de sa noblesse ni de sa dignité .
Qu'il soit fait mention de la Ville
d'Ors
A O UST. 1733. 1715
d'Orleans dans les Commentaires de César
, ou , ce qui revient au même , que
le Genabum ou Cenabum des Anciens ,
ne soit point different de la Ville d'Orleans
c'est un fait qu'on ne révoque plus
en doute . Marius Niger , Vigenere , Ortelus
, et d'autres Auteurs , se sont néanmoins
imaginé que ce devoit être Gien ,
et quelques uns même ont voulu que
ce fût Gergeau , S'il ne s'agissoit que d'autoritez
, les témoins qui déposent pour
Orleans , sont plus anciens , plus celebres
et en plus grand nombre ; on compte
parmi ceux- cy , Aimoin , Moine de saint
Benoît sur Loire , qui vivoit sous le Roy
Robert au dixième et onzième siecle ;
Hugues , Moine de la même Abbaye, qui
composa son Histoire Ecclesiastique en
1109. Gilles de Paris , qui écrivoit à la
fin du 12. siecle ; Robert Gaguin ; Papire
Masson ; Joseph Scaliger ; Aubert le Mire
; Cellarius ; Baudrand ; Sanson ; Adrien
de Valois , et une infinité d'autres . Mais
si ces grands noms ne suffisent pas pour
décider une question de ce genre , les
raisons sur lesquelles ils se sont fondez ,
sont absolument sans réplique.
En effet , selon César , L. 7. C. 2. et
Strabon , L.L. 4. Genabum étoit dans le
Pays des Chartrains ; et les Peuples Char-
B iij trains
1716 MERCURE DE FRANCE
trains n'ont habité que ce qui est aujourd'hui
renfermé dans les Diocèses de Chartres
, de Blois et d'Orleans . Or Gien
n'est pas dans le Diocèse d'Orleans , encore
moins dans ceux de Chartres ou
de Blois , dont celui - cy n'est qu'un démembrement
moderne de l'autre : il est
dans celui d'Auxerre , qui a fait partie
des Peuples Sénonois , et par cette raison
il ne peut point être le Genabum de César
et de Strabon . D'un autre côté l'Itineraire
d'Antonin , pag. 83. qui met
Genabum sur le grand chemin d'Autun
à Paris , compte 77. milles de Nevers à
Genabum , et 48. milles de Genabum à Paris
. Or Gien est beaucoup plus près de
Nevers que de Paris ; et Orleans au contraire
, est beaucoup plus près de Paris
que de Nevers. Ajoûtez à cela que Gien
n'est jamais connu que sous les noms
de Giemum ou Giemacum , soit dans notre
Histoire , ( a) soit dans les Titres les plus
anciens . Genabum ne peut donc point
se rapporter à Gen ; et si ce n'est pas
à Orleans , ce ne peut plus être que Gaygeau.
Mais pourquoi Gergeau plutôt qu'Orlean
Premierement , la Tradition est
pour Orleans , et non point pour Ger-
(a) Vales, Notit. Galliar. p. 226. col. 2.
geau
A O UST. 1733. 1717 €
..
geau. En second lieu , les Evêchez n'ont
été au commencement établis que dans
les Villes les plus considerables de chaque
contrée . Or dans le Pays des Chartrains
, ( a) Ptolomée ne compte que deux
grandes Villes ; sçavoir Autricum , qui est
Chartres , et Genabum ou Cenabum. Si
donc Genabum n'eût été autre chose que
Gergeau , le Siege Episcopal eût été établi
à Gergeau , et non à Orleans , au lieu
qu'il a été établi dans cette derniere Ville,
sans jamais y avoir été transferé d'ailleurs.
Enfin il est certain , par le récit de
César , que Genabum étoit sur la Rive
droite de la Loire , puisque étant venu
de Sens pour assieger cette Ville , il mit
deux Légions en garde vers le Pont ', pour
empêcher que les Assiegêz ne se retirassent
par là de l'autre côté de la Riviere ;
et que lui- même,après avoir pris la Ville,
passa le Pont pour entrer dans le Berry.
Or cette situation ne peut convenir qu'à
Orleans , qui est du côté de Sens , et nullement
à Gergeau , qui est si bien du côté
de Bourges , que de Gergeau il faut ,
au contraire , passer le Pont pour aller
à Sens. Il est inutile de s'arrêter davantage
sur ce point.
Je remarquerai seulement avec Adrien
(a) Ptolom. Geogr. 1. 2. c. 7. p. § 1 .
B iiij de
1718 MERCURE DE FRANCE
de Valois , Page 225. qu'il est vrai - semblable
que le premier nom d'Orleans
ait été Čenabum , dont on aura fait ensuite
Genabum , comme Gebenna et Andegavi
, sont venus de Cebenna et d'Andecavi.
Car pour ce qui est de Genapus ,
de Cenapum , ou d'autres noms approchants
que l'on trouve en quelques endroits
, ce n'est que par corruption du
vrai mot , ou par licence poëtique . Les
anciens Munuscrits sont pour KevaCov
ou Cenabum ; Jerôme ( a) Sutita , s'échauf
fe extrémement contre ceux qui ont subtitué
à ce mot celui de Genabum .
Au reste , quand Luc de Holstein prétend
( b ) que le Cenabum d'Antonin
n'est autre que Geneve , il n'a pas fait
attention que l'Itineraire fait mention du
Cenabum en deux endroits diff rens , l'un
sur la route de Milan à Strasbourg , qu'on
reconnoît volontiers avec lui et avec Sanson
, convenir à Geneve ; l'autre sur la
ronte d'Autun à Paris , qui ne peut être
qu'Orleans , et qui lui est sans doute
échapé.
De sçavoir
maintenant pourquoi la
( a ) Surita , Comment. in Itiner. Antonin
502. 503.
(b Luc de Holstein . Annot, in Thesau. Geogr.
Ortel. p. 86.
Ville
A O UST. 1733 1719
་
Ville d'Orleans a quitté son ancien nom
de Genabum , pour prendre celui d'Orleans
, et de fixer la veritable origine de
ce dernier nom , c'est le sujet d'une autre
discussion dans laquelle il est à propos
d'entrer. Jules- Cesar avoit ruiné cette
Ville de fond en comble ; et comme elle
reparoît dans la suite de l'Histoire sous
un autre nom , il est naturel de croire.
que ce nouveau nom lui fut affecté en
memoire de celui qui la releva de ses
ruines. C'est donc ce nouveau Fondateur
qu'il faut chercher , et selon toutes les
apparences , ce fut Aurelien.
Cet Empereur vint dans les Gaules
l'an de J. C. 274 ce sera donc cette année-
là même qu'il aura songé à rebâtir.
Orleans , et qu'on aura vû renaître cette
Ville de ses cendres. Adrien de Valois
Tillemont , Basnage , l'Abbé de Longuerue
, et les meilleurs Critiques , après
Othon de Frisingue , sont tous de ce
sentiment , et le nouveau nom de la
Ville favorise entierement cette opinion.
On voit en effet dans une ancienne ( a)
Notice des Provinces de la Gaule , écrite,
comme l'on croit , sous l'Empire d'Honorius
, qu'on l'appelloit déja alors Ci-
(a) Notit. Provinc, apud Duchesne Hist. Fram.
tom, I. p . s . col. 1 .
B v vitas
1720 MERCURE DE FRANCE
vitas Aurelianorum , et qu'elle étoit comprise
dans le quatriéme Lyonnois , ou
dans la Province de Sens , dont les Villes
soumises à cette Métropole sont rangées
en cet ordre : Chartres , Auxerre ,
Troyes , Orleans , Paris , Meaux .
S. Sidoine Apollinaire , qui vivoit sous
Valentinien III. l'appelle , 1. 8. Aurelianensis
Urbs. Ainsi il n'est pas le premier ,
comme le veut Papire Masson , qui en
parle sous un autre nom que sous celui
de Genabum. Les Evêques d'Orleans , qui
assisterent (a) aux Conciles tenus en cette
Ville au sixiéme Siecle , donnent à leurs
Eglises le nom d'Ecclesia Aurelianensis.
Grégoire de Tours , 1. 5. et 7. l'appelle
Aurelianensis Urbs , et Aurelianensis Civitas.
Les Capitulaires de Charlemagne
l'appellent aussi Aurelianensis Civitas , et
Thegan (b) lui donne le nom d'Aurelianensium
Civitas ; ce qui revient au mot
d'Aurelianenses , que Grégoire de Tours
donne encore souvent à ses Habitans.
Jornandes , ( c ) Evêque de Ravenne ,
qui vivoit sous l'Empereur Justinien I.
(a) Conc. Labb. Tom. 4. p. 1410. 1783. et .
Tom. 5. p. 304. 389.
&
(b) Thegan. apud Duchesne. Ibid. p. 284.
(c) Jornand, apud Duchesne , Sup . Tom. 1. p.
227.
et
AOUST. 1733.
1721
et l'ancien Auteur de la Vie de Louis
le Debonnaire , lui donnant le nom d'Aureliana
Civitas. D'autres anciens Auteurs
P'appellent d'un nom indéclinable Aurelianis
comme Fredegaire , Marius ,
Aimoin , l'Anonime de Ravenne , et quantité
d'autres du nombre desquels est encore
Grégoire de Tours , (4 ) ausquels il
faut joindre les Monnoyes qui furent frappées
à Orleans sous nos Kois de la premiere
Race , et qui toutes portent le nom
d'Aurelianis ou Aurilianis . Enfin plusieurs
, comme Robert Gaguin , lui donnent
le nom d'Aurelianum ; ensorte qu'on
ne peut gueres douter que ce changement
de nom ne lui soit venu de l'Empereur
Aurelien , qui par cette raison en
est regardé , avec justice , comme le Restaurateur.
Ce n'est pas qu'on ne trouve quelquefois
la Ville d'Orleans appellée Aurelia
ou Urbs Aurelia. Le Moine Roricon
et l'Auteur de la Vie de S. Eucher , Evêque
d'Orleans , dans Duchesne , se sont
servis de ce mot. Papire Masson les a
imitez ; et il a aujourd'hui tant d'imitateurs
à son tour , qu'il paroît bien qu'on
ne s'embarrasse gueres de la critique qu'en
a fait Joseph Scaliger en trois mots : In-
(a ) Greg. Turon. l. 2. c. 7. p. 53-
B vj eptè
1722 MERCURE DE FRANCE
eptè vocant Aureliam. Le Prere Briet , et
Baudrand , qui ont employé Aurelia au
pluriel, ne se sont pas mis pour cela à couvert
de la censure ; et on pourroit leur
opposer de plus qu'Aurelia est encore
moins autorisé qu'Aurelia.
Il est vrai que plusieurs Auteurs ont
crû que ce n'étoit point Aurelien , mais
Marc- Aurele , qui avoit rebâti la Ville
d'Orleans ; et nous avons vû renouveller
les difficultez à ce sujet , lorsqu'on
fit ( a) en 1643. la découverte de plusieurs
Médailles de Marc- Aurele , à 13.
ou 14. toises de profondeur sous les fondemens
des murailles de l'ancienne clôture
que l'Evêque d'Orleans faisoit abatre
alors pour achever son Palais Episcopal.
Quelques- uns même , comme Papire
Masson, ont voulu que Jules - Cesar , après
avoir détruit cette Ville , Peût ensuite
relevée de ses ruines , et lui eût donné
le nom de sa mere Aurelia. D'autres enfin
, comme Lasaussaye , L. 1. n. 16. p. 24.
qui souhaiteroient aussi que ce rétablssement
fût plus ancien que l'Empereur Aurelien
, donnent à choisir entre Jules-
Cesar, Lucius Aurelius- Verus , Marc - Aurele-
Antonin , Aurelius Commodus , et
tous les Prédecesseurs d'Aurelien, qui ont
porté le nom d'Aurele.
(a) Le Maire , Ch . 3. p.
A O UST. 1732 1723
Il n'est pas moins vrai , qu'en fuppo
sant Orleans bâti par l'un ou l'autre de
tous ces Empereurs ,le nom d'Aurelia lui
convient mieux que tout autre ; mais
c'est supposer ce qui est en question . It
ne s'agit pas de sçavoir le nom qu'il
faut donner à Orleans ; si cette Ville doit
son rétablissement à l'un des Aureles , il
faut lui conserver celui que les anciens
lui ont donné, et trouver dans cet ancien
nom des vestiges de son fondateur . Or
l'ancien nom d'Orleans , c'est - à - dire , celui
dont le nom même d'Orleans a été
formé, indique l'Empereur Aurelien , et
exclut tous les Aureles.C'est donc à Aurelien
qu'il est juste de s'en tenir .
Pour ce qui est des Médailles de Marc-
Aurele , trouvées à Orleans , vers le milieu
du siecle passé . Cette découverte ne
prouve quoi que ce soit contre Aurelien ;
tous les jours on en trouve de semblables,
soit d'Aurele , soit de Néron , soit de
quelqu'autre Empereur, dans des Endroits
où ces Empereurs n'ont jamais fait travailler.
Que ces Médailles ayent été jet--
tées sous les fondemens de quelques tra→
vaux entrepris à Orleans , du temps même
de Marc- Aurele ; cela se peur , et il
s'ensuit qu'Orleans subsistoit alors , ce
qu'on ne nie point. Mais on n'en sçausoit
1724 MERCURE DE FRANCE
roit conclure que Marc- Aurele lui- même
ait fait entreprendre ces travaux. Si l'on
veut quelque chose de plus , rien n'empêche
que cet Empereur ou ceux qui
gouvernoient pour lui dans les Gaules
n'ayent fait construire à Orleans quelque
Forteresse , ou quelque Château pour
garder le passage de la Loire. Mais pour
ce qui est du renouvellement entier de la
Ville , il faut toujours en revenir à Aurelien
.
Au reste , le nouveau nom d'Orleans
n'a pas tellement pris d'abord le dessus,
qu'il air effacé l'ancien . On trouve indifféremment
l'un ou l'autre pendant quelque
temps , et Genabum ou Cenabum , s'est
maintenu jusqu'aprês le grand Constantin
, puisque ce mot se trouve dans l'Itineraire
d'Antonin , et qu'on ne peut guerre
douter que cet Itinéraire n'ait reçu que
vers ce temps là au plutôt la forme où,
nous le voyons aujourd'hui , soit qu'il ait
passé par les mains d'Ethicus , comme le
pensent d'habiles Critiques ; soit même
qu'il faille l'attribuer à Ammien Marcellin
, comme le prétend Cluvier. Je ne
parle point de la vie de S. Liphard , qui
n'a pu être écrite qu'au sixième siècle,au
plutôt après la mort de ce S. Abbé , et où
Lasaussaye , liv. 1. num . 16. prétend que
l'EvêAO
UST. 1733 . 1729
l'Evêque d'Orleans est encore appellé
Episcopus Genabensis. Ce seroit une authorité
de plus pour montrer la persua
sion où l'on étoit anciennement qu'Orleans
n'étoit point différent de Genabum :
mais je ne sçais dans quel Exemplaire Lasaussaye
a lû ce mot. Celui que Dom
(a) Mabillon avoit devant les yeux porte
Aurelianensis , au lieu de Genabensis.
J'ai lieu de douter si aprés cette discussion
sur le rétablissement et le changement
de nom de la Ville d'Orleans , le
Lecteur verra avec plaisir l'étimologie
qu'en a donné Glaber Rodulphe , dans
Duchesne, tom.4.à qui l'opinion la mieux
appuyée, n'a pas eu le don de plaire ; cependant
il ne faut rien omettre : Ex Ligeri
, dit cet Auteur , sibi congruo flumine
agnomen habet inditum ; diciturque Aureliana
, quasi ore ligeriana ; eo videlicet
quod in ore ejusdem fluminis ripa sit constituta
; non ut quidem minus cauti existimant
, ab Aureliano Augusto , quasi eam
ipse alificaverit , sic vocatam ; quin potius
ab amne , ut diximus , quod rectius , veriusque
illi congruit. Voilà ce que c'est quelquefois
que d'être plus clair - voïant et
d'avoir plus d'esprit que les autres ; mais
(a) Mabill, act. SS.Bened. tom.x. p. iss. m³.
le
1726 MERCURE DE FRANCE
que
que
l'adire
de celui (b) qui a découvert que
le mot celtique , Genabum , n'est
brégé de cette phrase latine : Gignens omne
bonum ? Ceux qui dans le Maire ont
crû qu'Aureliani tiroit son nom d'Aulerci,
sont un peu plus excusables. Ils avoient
lû dans Ptolomée , liv . 2. ch . 7. qu'une
partie des peuples , appellez Aulerciens
s'étendoient depuis la Loire jusqu'à la
Seine , et que Mediolanium , Ville Capi-.
tale de ces Peuples , étoit assise sur la
Loire. Ils ont aussi - tôt conjecturé que ce
Mediolanium ne pouvoit être qu'Orleans;
et selon cette Hypotese , Aurelia ou
Aureliani , sembloit naître assez naturellement
d'Aulerci ; le mal est que Prolo
mée s'étoit trompé le premier , et qu'il
les a entraînez dans l'erreur. Le Mediolanium
et les Aulertiens dont il s'agit
dans cet endroit , ne sont autres que la
Ville et les Peuples d'Evreux.
Il ne me reste plus pour finir cette Dissertation
,
que
ordinairement ceux de
de répondre à une objection
, que font
Gien , pour se maintenir dans la possession
où ils croient être de l'ancien Genabum.
Un Fauxbourg de Gien , disent - ils ,
porte encore aujourd'hui le nom de Genabie
, et ce nom , aussi-bien que celui
(b ) Le Maire , cap. 3.
de
AOUST. 1733. 1727
•
de Gien , approche assez de Genabum
pour croire qu'il ne faille point chercher
ailleurs cette ancienne Ville des Gaules ;
mais où en serions-nous s'il falloit prendre
ces ressemblances de noms pour des
Démonstrations ? Il ne faudroit point
chercher ailleurs qu'en France , la Breta-`
gne des anciens , et nous confondrions
une infinité de Villes considérables , avec
autant de Bourgs ou de Villages, dont les
noms modernes approchent plus de l'ancien
nom de ces mêmes Villes , que ceux
sous lesquels elles sont aujourd'hui connuës.
Laissons donc ces raisons , tirées
de la conformité des noms , lorsqu'elles
sont combattuës par d'autres raisons ausquelles
on n'a rien à repliquer tout ce
qu'on peut appeller du nom de preuves ,
tend à persuader que le Genabum des anciens
n'est point different de la Ville
d'Orleans ; et un Critique judicieux doit
s'en tenir là. Si le nom de Génabie est af
fecté à un Faubourg dc Gien , c'est à ceux
de Gien même à découvrir l'origine de ce
nom , qui peut- être n'a rien de commun
avec Orleans , à moins qu'on ne`veuille
supposer , ce qui ne se trouve neanmoins
marqué nulle part dans l'Histoire , qu'après
la prise et l'incendie de cette dernie
re Ville par Jules César ; la plus grande
partie
1728 MERCURE DE FRANCE
parties de ses habitans qui échaperent au
Vainqueur , remonta la Loire , et alla fi
xer sa demeure auprès de Gien , dans le
lieu même qui porte encore aujourd'hui ,
en mémoire de cette transmigration , le
nom de la Ville dont ils avoient été
chassez.
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Résumé : DISSERTATION sur le Genabum ou Cenabum des Anciens, par le R. P. Dom Toussaints Duplessis, Benedictin de la Congrégation de S. Maur.
La 'DISSERTATION sur le Genabum ou Cenabum des Anciens' de Dom Toussaints Duplessis explore l'origine et l'évolution du nom de la ville d'Orléans. L'auteur examine diverses théories sur l'antiquité d'Orléans, allant de sa fondation après le Déluge à des hypothèses plus récentes. Il se concentre sur la période de Jules César, en 702 de la fondation de Rome, car il n'existe pas de sources plus anciennes mentionnant la ville. Le texte affirme que Genabum ou Cenabum, mentionné par César et Strabon, est bien Orléans. Plusieurs auteurs, comme Marius Niger et Vigenere, ont proposé d'autres localisations telles que Gien ou Gergeau, mais les preuves historiques et géographiques soutiennent qu'Orléans est la ville en question. Les arguments incluent la localisation de Genabum dans le pays des Chartrains et les distances mentionnées dans l'Itinéraire d'Antonin. L'auteur discute également du changement de nom de Genabum à Orléans, attribuant ce changement à l'empereur Aurélien, qui aurait reconstruit la ville après sa destruction par César. Cette théorie est soutenue par de nombreux auteurs anciens et par des documents historiques. Le texte mentionne des débats sur d'autres empereurs potentiels, comme Marc-Aurèle, mais conclut qu'Aurélien est le plus probable. Le nom d'Orléans a coexisté avec son ancien nom pendant une période avant de devenir prédominant. Le nom 'Aureliana' est examiné, avec des théories proposant qu'il vient du fleuve Loire ou des Aulerciens, un peuple mentionné par Ptolémée. Cependant, Ptolémée se serait trompé, car les Aulerciens et leur capitale Mediolanium se trouvent près d'Évreux, et non à Orléans. Le texte réfute également l'objection de Gien, qui prétend que Genabum serait situé près de cette ville en raison de la similitude des noms. L'auteur conclut que les preuves tendent à montrer que Genabum est bien Orléans, et que les habitants de Gien doivent expliquer l'origine du nom Genabie dans leur faubourg.
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50
p. 1868-1870
POLOGNE.
Début :
Le Primat et le Sénat prennent des mesures pour que la République puisse mettre une [...]
Mots clefs :
République, Royaume, Noblesse, Liberté, Nation, Sénat, Prérogatives, Empereur
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texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
E Primat et le Sénat prennent des mesures
pour que la République puisse mettre une
Armée considerable sur pied le mois prochain ;
on fait des levées dans tout le Royaume , et le
Régimentaire de la Couronne a reçû ordre de
faire prendre les armes à la trentiéme partie des
habitans du Pays qui ne sont pas Gentilshommes
, et qui sont en état de servir . La Noblesse
est
A O UST. 1733. 1869.
est prête aussi à monter à cheval , et elle parofe
résolue à deffendre jusqu'à la derniere extrémité
ses prérogatives contre les entreprises des Puissances
qui y voudroient donner atteinte.
On a fait avancer des Troupes sur les
Frontieres de Silesie , et elles doivent entrer dans
cette Province , si les Troupes Imperiales marchent
en Pologne.
Le 22. Juillet , le Primat remit au Comte de
Wilsech , la réponse à la déclaration que ce Ministre
lui avoit faite le 20. Juin de la part de
l'Empereur. Cette réponse contient que le Pri
mat et le Sénat n'ayant eu d'autre vûë que de
conserver l'union parmi la Noblesse et d'assurer '
sa liberté , et n'ayant fait depuis la mort du feu
Roy , aucune démarche qui ne tendît à ce but
ils ont lieu d'être surpris qu'on essaye de rendre,
leurs intentions suspectes à la Nation ; que c'est
faire une injure sensible à la Noblesse Polonoise .
que d'avancer qu'il y ait dans un Corps si jaloux
de ses prérogatives , quelqu'un qui ose impunément
entreprendre de contraindre les suffrages ,
employer pour cet effet les menaces et même la
violence , et qui fait dépendre les Déliberations
publiques de sa volonté particuliere ; que la République
verra toujours avec plaisir les Puissan
ces voisines la proteger , lorsque cette protection ,
ne deviendra pas une oppression , et que sous
prétexte de vouloir que la Nation soit libre , on
ne cherchera pas à lui ôter sa liberté , en se rendant
l'Arbitre et l'Interprete des Loix et des
Constitutions du Royaume ; qu'il appartient
aux seuls Polonois de les maintenir , de les abroger
ou de les interpreter ; et que comme ils ne
sont obligez de consulter aucune Puissance
Etrangere lorsqu'ils jugent à propos d'établir
quel
1370 MERCURE DE FRANCE
quelque nouvelle Loi dans leur Pays , ils n'ont
pas besoin du consentement d'aucun de leurs '
voisins pour déroger aux anciennes , quand ils
croyent que les circonstances le demandent ; que
si l'Empereur veut sincerement deffendre la liberté
de la Nation , c'est - à- dire , lui conserver le
droit d'être seule l'Arbitre et l'Interprete de ses
Loix , Sa Majesté Impériale satisfera en mêmetemps
à ce qu'elle se doit à elle-mê ‹ne , à
qu'elle doit à une République qui depuis longtemps
est son alliée , et qu'un dessein si conforme
aux regles de la justice , et si avantageux
au Royaume , excitera une sincere reconnoissance
dans les coeurs de tous les Polonois zelez
pour le bien public .
E Primat et le Sénat prennent des mesures
pour que la République puisse mettre une
Armée considerable sur pied le mois prochain ;
on fait des levées dans tout le Royaume , et le
Régimentaire de la Couronne a reçû ordre de
faire prendre les armes à la trentiéme partie des
habitans du Pays qui ne sont pas Gentilshommes
, et qui sont en état de servir . La Noblesse
est
A O UST. 1733. 1869.
est prête aussi à monter à cheval , et elle parofe
résolue à deffendre jusqu'à la derniere extrémité
ses prérogatives contre les entreprises des Puissances
qui y voudroient donner atteinte.
On a fait avancer des Troupes sur les
Frontieres de Silesie , et elles doivent entrer dans
cette Province , si les Troupes Imperiales marchent
en Pologne.
Le 22. Juillet , le Primat remit au Comte de
Wilsech , la réponse à la déclaration que ce Ministre
lui avoit faite le 20. Juin de la part de
l'Empereur. Cette réponse contient que le Pri
mat et le Sénat n'ayant eu d'autre vûë que de
conserver l'union parmi la Noblesse et d'assurer '
sa liberté , et n'ayant fait depuis la mort du feu
Roy , aucune démarche qui ne tendît à ce but
ils ont lieu d'être surpris qu'on essaye de rendre,
leurs intentions suspectes à la Nation ; que c'est
faire une injure sensible à la Noblesse Polonoise .
que d'avancer qu'il y ait dans un Corps si jaloux
de ses prérogatives , quelqu'un qui ose impunément
entreprendre de contraindre les suffrages ,
employer pour cet effet les menaces et même la
violence , et qui fait dépendre les Déliberations
publiques de sa volonté particuliere ; que la République
verra toujours avec plaisir les Puissan
ces voisines la proteger , lorsque cette protection ,
ne deviendra pas une oppression , et que sous
prétexte de vouloir que la Nation soit libre , on
ne cherchera pas à lui ôter sa liberté , en se rendant
l'Arbitre et l'Interprete des Loix et des
Constitutions du Royaume ; qu'il appartient
aux seuls Polonois de les maintenir , de les abroger
ou de les interpreter ; et que comme ils ne
sont obligez de consulter aucune Puissance
Etrangere lorsqu'ils jugent à propos d'établir
quel
1370 MERCURE DE FRANCE
quelque nouvelle Loi dans leur Pays , ils n'ont
pas besoin du consentement d'aucun de leurs '
voisins pour déroger aux anciennes , quand ils
croyent que les circonstances le demandent ; que
si l'Empereur veut sincerement deffendre la liberté
de la Nation , c'est - à- dire , lui conserver le
droit d'être seule l'Arbitre et l'Interprete de ses
Loix , Sa Majesté Impériale satisfera en mêmetemps
à ce qu'elle se doit à elle-mê ‹ne , à
qu'elle doit à une République qui depuis longtemps
est son alliée , et qu'un dessein si conforme
aux regles de la justice , et si avantageux
au Royaume , excitera une sincere reconnoissance
dans les coeurs de tous les Polonois zelez
pour le bien public .
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Résumé : POLOGNE.
En 1733, en Pologne, le Primat et le Sénat entreprennent de lever une armée importante. Des levées sont organisées dans tout le royaume, et le Régimentaire de la Couronne doit armer un tiers des habitants non nobles aptes au service. La noblesse se prépare à défendre ses prérogatives contre les ingérences étrangères. Des troupes sont déployées aux frontières de Silésie, prêtes à intervenir si les forces impériales pénètrent en Pologne. Le 22 juillet, le Primat remet au Comte de Wilsech la réponse à une déclaration faite par ce ministre le 20 juin au nom de l'Empereur. La réponse souligne que le Primat et le Sénat ont toujours cherché à préserver l'union et la liberté au sein de la noblesse. Ils expriment leur surprise face aux suspicions sur leurs intentions et rejettent les accusations de contrainte ou de violence dans les délibérations publiques. La République polonaise affirme son droit de maintenir, abroger ou interpréter ses lois sans ingérence étrangère. Elle invite l'Empereur à défendre sincèrement la liberté de la nation en respectant son autonomie législative et constitutionnelle.
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