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1
p. 261-262
« J'ay à vous dire que la Princesse Marie-Anne [...] »
Début :
J'ay à vous dire que la Princesse Marie-Anne [...]
Mots clefs :
Petite vérole, Princesse Marie-Anne, Maison de Barbançon
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texteReconnaissance textuelle : « J'ay à vous dire que la Princesse Marie-Anne [...] »
Marie-Anne dont vous me demandez
desnouvelles, n'eſt pointdu tout chan
gée de ſa petite verole. Elle accompa- gna Madame la Ducheffe de Vvirtem- berg fa Mere à Versailles , un peu apres l'arrivée du Roy , & elle y parut avec autant d'éclat &de beauté qu'elle
en avoit avant cette Maladie. Ie eroy,
Madame , que vous n'ignorez pas que cetteDucheffe eſt veuvedu Prince Vlric de Vvirtemberg , fameux par tant de grandes Actions qu'il a faites dans les Guerres d'Allemagne &des Païs- Bas , &qu'elle eſt preſentement en deüil par la mort de Madame la Prin- ceſſedeBarbançon ſaMere , qui mou- rut en ſa Maifon proche de Liege , il a
environdeux mois.Elle estoit Heritiere de la Maiſon de Barbançon avoit épousé le Prince de Barbançon de l'Illuſtre Maifon d'Aremberg, Ori- ginaired'Allemagne.
desnouvelles, n'eſt pointdu tout chan
gée de ſa petite verole. Elle accompa- gna Madame la Ducheffe de Vvirtem- berg fa Mere à Versailles , un peu apres l'arrivée du Roy , & elle y parut avec autant d'éclat &de beauté qu'elle
en avoit avant cette Maladie. Ie eroy,
Madame , que vous n'ignorez pas que cetteDucheffe eſt veuvedu Prince Vlric de Vvirtemberg , fameux par tant de grandes Actions qu'il a faites dans les Guerres d'Allemagne &des Païs- Bas , &qu'elle eſt preſentement en deüil par la mort de Madame la Prin- ceſſedeBarbançon ſaMere , qui mou- rut en ſa Maifon proche de Liege , il a
environdeux mois.Elle estoit Heritiere de la Maiſon de Barbançon avoit épousé le Prince de Barbançon de l'Illuſtre Maifon d'Aremberg, Ori- ginaired'Allemagne.
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Résumé : « J'ay à vous dire que la Princesse Marie-Anne [...] »
Marie-Anne a surmonté sa petite vérole et a accompagné sa mère, la Duchesse de Wurtemberg, à Versailles. La Duchesse, veuve du Prince Frédéric de Wurtemberg, est en deuil après le décès de sa mère, la Princesse de Barbançon, héritière de la Maison de Barbançon. La Princesse avait épousé le Prince de Barbançon, de la Maison d'Aremberg.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 310-312
ENIGME.
Début :
Sans contredit les Enfers m'ont fait naistre [...]
Mots clefs :
Petite vérole
3
p. 315-318
ENIGME
Début :
Je vous envoye une Enigme nouvelle dont l'Auteur cache / Il ne m'est point honteux d'estre petite, [...]
Mots clefs :
Petite vérole
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texteReconnaissance textuelle : ENIGME
Je vous envoye une Enigme
nouvelle dont l'Auteur cache
fon nom . Elle eft affez étendue
pour faciliter à vos Amies
la connoiffance du mot qu'elle
cache.
Dd ij
316 MERCURE
12.
ENIGME
L ne m'eft point honteux d'eftre
petite ,
Fen fuis plus innocente , & moins
Suspecte ; auffi
De mejuftifier on prend peu defoucy.
Quoy qu'ordinairement on craigne
ma vifite ,
e ne fais jamais rien qui bieffe la
pudeur.
Pourtant ma compagnie eft de manvaife
odeur,
Puis qu'elle fait rougir la plus honnefte
Fille.
Jay foulagé bien plus d'une Famille
;
Et l'on ne dira pas que je ne fers de
rien,
Car,fi les uns cedent àma puiffance
GALANT.
317
Par leur trop foible refiftance ,
A d'autres bien fouventje procure du
bien.
Ma puiffance en effet est bien grande
& bien forte.
Fe feme en bien des lieux, & ce n'eft
point en vain ;
Mais l'abondance de mon grain
Defole le champ qui le porte.
Dés la premiere impreffion
Que je fais fur un coeur , on voit
que la plus Belle
Se rend à ma difcretion
Et me met au lit avec elle,
Toujours avec émotion.
Elle me dorlote & mitonne ,
Pour me faire au plûtoft fortir,
Parce queje la fais pâtir
Par la peine que je luy donne.
L'air me porte, & partant fi je fuis
un fardeau ,
Dd iij
318 MERCURE
Ileft leger, puis que l'air le voiture
Je n'ay jamais appris ny Deffein , ny
Peinture >
Et ne fais vanité de crayon ny pinceau
,
Je me diftingue affez par la Graveure.
nouvelle dont l'Auteur cache
fon nom . Elle eft affez étendue
pour faciliter à vos Amies
la connoiffance du mot qu'elle
cache.
Dd ij
316 MERCURE
12.
ENIGME
L ne m'eft point honteux d'eftre
petite ,
Fen fuis plus innocente , & moins
Suspecte ; auffi
De mejuftifier on prend peu defoucy.
Quoy qu'ordinairement on craigne
ma vifite ,
e ne fais jamais rien qui bieffe la
pudeur.
Pourtant ma compagnie eft de manvaife
odeur,
Puis qu'elle fait rougir la plus honnefte
Fille.
Jay foulagé bien plus d'une Famille
;
Et l'on ne dira pas que je ne fers de
rien,
Car,fi les uns cedent àma puiffance
GALANT.
317
Par leur trop foible refiftance ,
A d'autres bien fouventje procure du
bien.
Ma puiffance en effet est bien grande
& bien forte.
Fe feme en bien des lieux, & ce n'eft
point en vain ;
Mais l'abondance de mon grain
Defole le champ qui le porte.
Dés la premiere impreffion
Que je fais fur un coeur , on voit
que la plus Belle
Se rend à ma difcretion
Et me met au lit avec elle,
Toujours avec émotion.
Elle me dorlote & mitonne ,
Pour me faire au plûtoft fortir,
Parce queje la fais pâtir
Par la peine que je luy donne.
L'air me porte, & partant fi je fuis
un fardeau ,
Dd iij
318 MERCURE
Ileft leger, puis que l'air le voiture
Je n'ay jamais appris ny Deffein , ny
Peinture >
Et ne fais vanité de crayon ny pinceau
,
Je me diftingue affez par la Graveure.
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4
p. 329-330
PREMIERE ENIGME.
Début :
Sans contredit les Enfers m'ont fait naître, [...]
Mots clefs :
Petite vérole
5
p. 2075
HOLLANDE, PAYS-BAS.
Début :
On écrit de la Haye qu'on y avoit appris de Campen, qu'une femme âgée de 103. [...]
Mots clefs :
Petite vérole
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texteReconnaissance textuelle : HOLLANDE, PAYS-BAS.
HOLLANDE , PAYS - BAS .
ONécritde la Haye qu'on y avoit appris
de Campen , qu'une femme âgée de 103 .
ans qui avoit toujours joui d'une bonne fanté ,
étoit attaquée de la petite Verole qu'elle n'avoir
jamais eu , & dont on efperoit qu'elle fe réta¬
bliroit.
ONécritde la Haye qu'on y avoit appris
de Campen , qu'une femme âgée de 103 .
ans qui avoit toujours joui d'une bonne fanté ,
étoit attaquée de la petite Verole qu'elle n'avoir
jamais eu , & dont on efperoit qu'elle fe réta¬
bliroit.
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6
p. 2840-2870
Lettre sur la petite Vérole, dont les Religieuses & les Demoiselles de S. Cyr ont été affligées, [titre d'après la table]
Début :
Il est aisé de voir par votre Lettre, MADAME, qu'on ne nous a point épargnées dans le Public [...]
Mots clefs :
Saignement, Nez, Fièvre, Éruption, Petite vérole, Maladie, Malades, Maux, Ventre, Saignée, Convulsions, Modération, Secours, Accablement, Lavement, Boutons, Inquiétude, Religieuse, Coeur, Etouffement
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texteReconnaissance textuelle : Lettre sur la petite Vérole, dont les Religieuses & les Demoiselles de S. Cyr ont été affligées, [titre d'après la table]
NOUS croyons faire plaifir au Public ,
de lui communiquer une Lettre qui nous
eft tombée entre les mains ; elle eft d'une
Religienfe de S. Cyr , qui rend compte à
une de fes amies , de la conduite qu'on a
tenue dans la petite Vérole , dont cette
Maifon a été affligée cette année. Nous
aurions fouhaité pouvoir la donner en
entier; mais comme il n'étoit pas poffible
de la renfermer dans un feul volume
nous nous fommes déterminez à retrancher
de cent trente articles qu'elle contenoit
ceux qui étoient les moins interreffans.
1
L eft aifé de voir par votre Lettre, MADAME ,
qu'on ne nous a point épargnées dans le Public
fur la conduite que nous avons tenue dans la
petite Verole , dont notre Maiſon vient d'être
accablée . On nous blafme fur tour de n'avoir pas
féparé du reste de la Maifon celles qui en ont été
attaquées. Des perfonnes refpectables , dites -vous,
nous accufent de témerité & d'imprudence . Le
reproche auroit fans doute été plus loin , fi l'on
avoit fçû le traitement, avant que d'être informé
du fuccès. Je vais vous rendre compte de ce qui
s'eft paffé chez nous dans cette occafion ; ce fera
un expofé fimple de notre conduite. Vous y
verrez la maniere dont on a penfé fur la crainte
de gagner la petite Vérole , les moyens dont on
s'eft fervi pour la détruire;les obſervations qu'on
a faites , l'ordre qu'on a gardé dans les Infirmeries,
l'état des malades & les remedes qu'on a em-
LI, Vol. ployez
DECEMBRE. 1730. 2841
ployez. L'efperance de nous juftifier du moins
auprès de vous , me fait entreprendre ce détail.
Les preuves que j'ai de votre amitié pour notre
Mailon & de votre indulgence pour moi , achevent
de m'y déterminer ; je ne vous écrirai que
des faits ils fuffiront pour les perfonnes équitables
& fenfées .
Au commencement de cette année nous eûmes
à S. Cyr quelques Fiévres malignes . Vers les
premiers jours de Février , il parut tout à coup
quatorze petites Véroles. L'effroi fe rendit auffitôt
dans la Maiſon. Madame la Superieure confulta
le Medecin , fur le parti qu'il y avoit à
prendre , en prefence des Infirmieres & de plufieurs
autres Religieufes. Le temps feul , nous
dit-il , ou la conftitution particuliere de l'air
difpofe infenfiblement les liqueurs à produire la
petite Vérole , bien- tôt l'experience vous convaincra
que cette caufe agit également fur toutes
les perfonnes qui habitent le même lieu ; que la
fréquentation des malades n'y a aucune part , &
qu'il est bien plus fage de ne point féparer les
malades , & de ne mettre aucune difference dans
leur fervice. Il ajouta pour celles qui étoient
chargées du foin des Infirmeries , que l'ancienne
méthode de donner des cordiaux & de procurer
une chaleur exceffive aux malades , étoit meurtriere
, que l'Emétique & la Saignée étoient prefles
feuls fecours fur lefquels il y eut à compter
, & que dans les cas preffans , il faudroit y
recourir , pour ainfi dire , fans nombre & fans
mefure.
que
Un pareil difcours , de tou autre , nous auroit
paru fort étrange ; mais comme il nous eft atta
ché depuis plufieurs années , & qu'il a notre confiance
, fa maniere de penfer fut notre regle. On
laila les malades enfemble , & tout le monde
II. Vol com- Dij
4
2842 MERCURE DE FRANCE
cominença à fe raffurer . Dix- huit ou vingt jours
s'écoulerent & la convalefcence de nos malades
s'avançoit , lorfqu'il nous furvint en moins de
trois jours près de cinquante petites Véroles.
L'inquiétude vint , mais nous trouvâmes dans
cet évenement même de quoi la diffiper. 1. Prefque
aucune des dernieres malades , n'avoit eu de
communication avec les précédentes . 2. Nos Infirmieres
auffi - bien que Madame la Superieure ,
qui partageoit leurs travaux , étoient préfervées
au milieu des malades , quoique la pluſpart n'euffent
point en la petite Vérole.Ces deux faits diffiperent
nos préventions , & l'expérience du paffé
nous rendit cette vérité plus fenfible.
L'ancien ufage de la Maiſon étoit de ſéparer
les malades au moindre foupçon de petite Vérole
; malgré cette précaution,nos Journaux font
foy , qu'il n'y avoit pas moins de malades , &
nous fçavons par le témoignage des anciennes ,
que celles qui avoient le plus d'attention à fuír le
danger , étoient ordinairement plutôt attaquées
que les autres,
Mais fi la chofe étoit alors égale pour le nombre
, lorfque la communication étoit févérement
interdite , il n'en étoit plus de même pour les inconveniens.
La féparation jettoit dans les malades
qu'on tranfportoit un effroy inévitable , qui
en augmentoit infiniment le danger. C'étoit au
commencement de l'éruption qu'on les changeoit
de lieu ; moment précieux pour agir &
qu'on ne retrouve quelquefois plus dans le cours
de la maladie ; ( on fçait à quel point la crainte
ralentit le mouvement du coeur , & qu'elle donne
occafion à l'air d'agir fur les liqueurs avec plus
de force ) d'ailleurs , au milieu de la confternation
, le fecours manque , peu de perfonnes ont
affez de courage pour folliciter les malades , &
LL. Vol.
nc
DECEMBRE. 1730. 2843
ne le font qu'en tremblant. La Maiſon regrette
encore les funeftes fuites & la féparation à laquelle
on étoit autrefois affervi.
Affranchies de bonne heure des préjugez ordinaires
, nous fûmes en état d'examiner les differens
momens qui fe paffoient dans nos petites
Véroles , & de les comparer aux veritez que
nous avions déja apperçues. Notre Medecin nous
les dévelopoit d'une maniere fi fimple, que nous
étions à portée de les entendre. Elles ont tant de
rapport entr'elles qu'elles forment une démonftration
pour les perfonnes qui aiment à voir
clair.
;
Pendant trois mois que la petite Vérole a regné
à S.Cyr , nous n'avons pas eu une feule maladie
d'une autre nature les fantés délicates
étoient plus fermes , quelques perfonnes qui
avoient eu déja la petite Vérole , font venues à
l'Infirmerie avec des maux de Coeur , des douleurs
de reins , une pefanteur de Tête & la Fiévre
vive ; tous ces accidens ont ordinairement
diminué du 3 au 4, & le refte de la maladie a été
fi conforme à la petite Vérole, que quoi qu'il n'y
ait point eu d'éruption , nous n'avons pas douté
que ce ne fut une vraye Fiévre de petite Vérole.
On ne pouvoit les diftinguer au commencement
que parce que la malade avoit eu déja la petite
Vérole ; car il eft prefque fans exemple que quelqu'une
dans la maiſon l'ait euë veritablement
deux fois .
Toutes nos malades en general ont rendu une
Bile extremement verte dans les petites Véroles
dans les Fiévres du même caractere , dans les
convalefcences , dans les perfonnes qui ont été
purgées par précaution ou après des chutes ; nous
avons toujours remarqué le même caractere
d'humeur. Dès que le temps changeoit, nous re-
11. Vol.
Diij mar2844
MERCURE DE FRANCÈ
marquions du changement dans nos petites Véroles
, & lorfque le vent tournoit bruſquement
au Nord ,
ordinairement les accidens reparoiffoient
ou devenoient plus preffans.
De plus de vingt perfonnes qui ont rempli les
diverfes fonctions de l'Infirmerie , dont plus de
la moitié n'avoient pas eu la petite Vérole , une
feule en a été attaquée , encore par un effet viſible
de la frayeur ; car ce fut à la fuite d'un Difcours,
fur la crainte de gagner cette maladie , dont elle
fut fi vivement faifie, qu'elle tomba ſur le champ
dans des
friffonnemens qui ne cefferent que par
l'éruption.
Raffemblons ces faits & convenons du vrai,
Puifqu'il n'y a eu aucun autre genre de maladie
à S. Cyr pendant plus de trois mois que la
petite Vérole y a régné ; puifque toutes les
fonnes de la Maiſon qui ont été purgées dans
perquelque
circonftance que ce fut , ont rendu une
bile
extrémement verte; puifque les
changemens
de temps, en ont régulierement produit dans nos
malades ,, que d'ailleurs les perfonnes écartées des
malades , en ont été par proportion moins ga-
Tanties que celles qui en approchoient, & ces faits
conftament obfervez dans une
Communauté de
près de quatre cent perfonnes ; où l'on a compté
130 malades ; il faut
neceffairement reconnoître
une caufe generale dans l'air ,
de cette maladie , & avouer que la
fréquentation , pour feul principe
des malades n'y a aucune part.
Les differentes époques de petite Vérole qu'a
eues notre Maiſon , font voir qu'elle attaque plus
de perfonnes àproportion qu'il s'eft écoulé plus de
temps fans qu'elle y ait paru. En 1715. nous en
eûmes près de cent ; il n'y avoit alors pas plus de
quatre ans que nous en étions exemtes. Depuis il
n'en a pas paru à S. Cyr , & la Maiſon s'eſt preſ-
11. Vel.
que
DECEMBRE 1730. 2845
que entierement renouvellée; ainfi il n'eft pas furprenant
qu'en dernier lieu , le nombre de nos
malades ait été plus confidérable .
Nous remarquâmes dès les premiers temps que
celles qui n'avoient pas été faignées & purgées
dans le commencement de leur maladie , avoient
une fupuration & une convalefcence plus difficiles.
Dans la fuite on a d'abord employé ces fetours
, pour peu que la Fiévre fut forte , & on
prenoit foin de faire les faignées fort grandes
pour ne pas effrayer le nombre ; très- fouvent des
petites Véroles qui s'annonçoient par les accidens
les plus effrayans , prenoient un caractere heureux
après trois ou quatre faignées du pied , brufquement
faites , & d'amples évacuations , procurées
par l'Emétique .
Je viens à l'état de nos malades , je ne m'arreterai
point fur les accidens ordinaires , ni fur la
figure des boutons à laquelle notre Médecin ne
faifoit aucune attention à moins qu'ils n'euffent
difparu. Vous verrez par les partis qu'il a pris
dans les cas particuliers , que le feul dégré de la
Fiévre , comparé avec l'état du cerveau , a toujours
déterminé fa conduite. Pour éviter la confufion
& n'être point obligée de citer l'âge de
chaque Demoiselle , je fuivrai l'ordre des Claffes.
Comme il fera neceffaire de parler de leur temperamment
, j'ai cru devoir me difpenfer de vous
marquer leurs noms. Les Demoifelles Noires font
dans leur vingtiéme année ; les Bleues ont depuis
dix-fept jufqu'à vingt ans ; les Jaunes depuis quatorze
jufqu'à dix fept ; les Vertes , depuis onze
jufqu'à quatorze , les Rouges , depuis fept jufqu'à
onze.
Demoiselles NOIRES . 19. Infirme , quoique replette
, & fe plaignant d'une douleur habituelle
au côté droit , eut une Fiévre affez forte , des
II. Vol. D iiij maux
2846 MERCURE DE FRANCE
maux de reins & une pefanteur de tête . Elle fut
faignée du pied le 1 & le 2 jour , & le 3 abondamment
purgée avec l'Emétique. Immédiatement
après la petite Vérole parut en petite quantité.
Dans la fupuration , un mal de gorge
étouffement confiderable donnerent de l'inquiétude.
Une troifiéme faignée du pied la diffipa.
& un
2º. D'une forte conftitution , eût la Fiévre
très-vive,un grand accablement, la poitrine ferrée
& un mal de tête des plus violens. En quatre jours
elle fut faignée huit fois du pied. Le cinquiéme
on donna l'Emétique en lavage , qu'on continua
plufieurs jours. Les accidens diminuerent par ces
évacuations ; mais la convalefcence avoit de la
peine à fe montrer. Vers le 20. à la fuite d'un
mouvement de Fiévre plus fort & d'une augmentation
de mal de tête , la petite Vérole fe declara.
Comme elle ne parut pas confidérable par la
quantité,& que les accidens fe calmerent , on ne
fit rien jufqu'au temps de la fupuration , qu'on
fut obligé de purger la malade,& de foûtenir l'évacuation
à caufe d'une bouffifure confidérable
& que la tête redevenoit pefante.
30. Tres-infirme depuis long-temps, & épuisée
par beaucoup de maladies , eut la Fiévre & une
pefanteur de tête confidérable. On la faigna du
pied le 1 & le 2 jour. Le 3 il furvint un dévoiement
fereux ; on purgea la malade avec deux
grains de Tartre émétique , qu'on réitera le lenlemain.
L'éruption fe fit , & le refte de la maladie
fe paffa fans accidens , quoique la petite Vérole
fut fort abondante & prefentât un mauvais
aspect.
4°. D'une bonne fanté , tomba dans un accablement
profond , la Fiévre étoit forte & la tête
prife ; on lui tira d'abord fix paletes de fang du
pied. La faignée fut réiterée le ſoir , dans la nuit
II. Vel. &
DECEMBRE. 1730. 2847
& le lendemain , le troifiéme jour il furvint une
perte abondante ; la petite Vérole fortit en médiocre
quantité , la Fiévre & les accidens furent
plus moderés , le 2 , le 3 & le 4 de l'éruption.
Les , la perte ceffa, le tranfport devint plus violent
& fut accompagné de convulfions . În tenta
quatre grains de Tartre émétique en lavage ,
qu'on réitera fans fuccez. La Fievre ayant redoublé
du 5 au 6 , on réitera la faignée du pied ; il falut
encore y revenir le lendemain une fixiéme &
feptiéme fois, enfuite les boiffons émétiſées qu'on
fut obligé de changer jufqu'à en confommer
plus de trente grains en 24 heures , & d'y joindre
les Ptifannes laxatives. Il fallut continuer les
évacuations jufqu'au 18 de l'éruption , à cauſe de
la pefanteur de tête qui fe renouvellois ; des Symcopes
dans le temps des convulfions firent recourir
au Lilium deux fois . Il eft à remarquer que
fur la fin , lorfque le tranfport ceffoit , la vue
reftoit éteinte, & que la malade fe plaignoit d'une
péfanteur , & d'un froid infuportable à la tête
enfin tous les accidens difparurent & la malade
revint en convalefcence.
;
5º. D'un temperamment robufte , fa maladie
commença par une Fiévre forte , avec des redoublemens
fréquens , des maux de reins & une
grande pefanteur de tête ; on la faigna du pied.
La nuit il y eu du tranſport ; on réitera la faignée
la même nuit , & le lendemain ; le 3 il y eut
du relâche dans la Fiévre ; on jetta fix grains de
Tartre émétique fur la boiffon ; l'évacuation fut
ample , la petite Vérole fortit confluante, les accidens
& la Fiévre diminuerent, la liberté du ventre
fut foûtenue par une boiffon émétiſée. Du 4
aus de l'éruption , la Fiévre devint plus forte ,
la gorge & la tête enflerent fi prodigieufement ,
qu'il fallut faire deux faignées dupied ; on char-
>
II. Vol: D Y gea
2848 MERCURE DE FRANCE
gea enfuite davantage les boiffons émétifées, l'é
vacuation diffipa les accidens. La nuit du 10 au
1 la tête devint plus pefante & la gorge plus
ferrée. On revint aux évacuations , qu'on continua
jufqu'à la convaleſcence.
6º. Délicate , fentit d'abord du mal aux reins
& à la tête, avec peu de Fiévre , on la faigna du
pied. La nuit fuivante la fiévre devint forte , le
poux paru embarraffé ; on réitera la faignée du
pied deux fois , la fiévre & le mal de tête ayant
diminué , le 3 on la purgea avec l'émétique
abondamment ; à l'entrée du 4 la petite Vérole
fortit confluante , la fiévre diminua confiderablement.
Du 3 au 4 de l'éruption , la gorge fut
tres douloureufe , la tête enfla exceffivement , il
furvint une forte hémoragie , la tête étoit embaraffée
, on revint à la faignée du pied , qu'ilfailut
réiterer jufqu'à la fixième fois , alors l'hémoragie
ceffa , & les autres accidens diminuerent ; on
chargea les boiffons d'émétique , & on les continua
jufqu'au 14 de l'éruption , que tous les
accidens difparurent.
I
7. D'une affez bonne fanté , eut des maux de
reins & de tête , & la fiévre affez forte ; on la
faigna du pied le 1 & le a jour , le 3 elle fut purgée
avec l'émétique en lavage . La petite Vérole
fortit le 4, en médiocre quantité , la fiévre & les
accidens tomberent dans la fupuration, la tête devint
fort lourde , la fiévre étoit forte , on réitera
la faignée du pied jufqu'à la quatrième fois , on
y joignit les boiffons émétifées , & tous les accidens
cefferent.
Demoiselles BLEUES. 8. Languiffantes. de pâles
couleurs depuis long - temps , avoit effuie une
diffen rie extrême , pour laquelle on l'avoit faignée
8 fois, dont elle étoit à peine rétablie, tomba
dans un profond accablement , avec des élan
11. Vola cemen
DECEMBRE. 1730. 2849
cemens à la tête & une fiévre fi vive , qu'il fallut la
faigner 3 fois du pied le mêmejour. Le lendemain.
le poux s'étant un peu relâché, on tenta un lavage
de Tartre émétique; les élancemens de tête qui augmentoient,
obligerent de l'interrompre. A la fin
du 3 la petiteVérole fortit confluante,la fiévre& les .
accidens diminuerent fort peu. Le 3 de l'éruption
la petite Vérole n'avoit prefque point fait de progrès
, on revint à la faignée du pied , les boiffons
émétifées pafferent. La petite Vérole fit du progrès
& il y cut plus de modération dans les accidens
jufques au 6. La nuit fuivante la fiévre devint
plus forte , les élancemens à la tête furent
extrêmes , on la refaigna 2 fois du pied & les
boiffons émétifées furent continuées plufieurs
jours de fuite. La convalefcence ne fe montra que
yers le 17. Il y eut plufieurs Sincopes dans le
cours de la maladie qui firent recourir au Lilium.
9. Sujette à de fréquents éréfipelles à la tête
fentit tout à coup un violent mal de tête,il parut
une difpofition éréfipélateufe au vifage. La fiévre
devint quarte , la malade fut faignée du pied les
a premiers jours ; le 3 il y eut du relâche , on
lui donna 4 grains de Tartre émétique en lavage,
l'évacuation fut abondante & produifit un calme
de trois jours ; la fiévre fe ralluma, le mal de tête
& les élancemens furent extrêmes ; on revint à la
faignée du pied 2 fois le même jour . Le lendemain
la petite Vérole fe déclara en médiocre
quantité , avec une difpofition éréfipélateuſe ; la
fiévre & les accidens perfifterent. Comme il n'y
avoit point de diminution le 3. de l'éruption , on
la faigna , on jetta quelques grains de Tartre
émétique fur les boiffons ; malgré ce fecours ,
aídé des lavemens , les élancemens à la tête & la
fiévre augmenterent à un point , qu'il fallut la
11. Vol. D vj refai
2850 MERCURE DE FRANCE
refaigner dans le temps de la fupuration une fixiéme
& feptiéme fois du pied , & entretenir les
boiffons émétifées jufqu'au is de l'éruption que
l'état de la malade fut affuré.
10. D'un temperament robufte , avec de l'embonpoint
, eut une fiévre forte , de grands maux
de reins & la tête extrêmement pefante ; on la
faigna 2 fois du pied le 1 jour ; dès le fecond la
petite Vérole parut confluante ; la fiévre & les
autres accidens ne diminuerent prefque point;les
boutons ne faifoient aucun progrès . On réitera
la faignée du pied le 1 & le 2 jour de l'éruptions
il y eut quelque relâche. Les boiffons furent égui
fées par le Tartre émétique , mais une perte
abondante qui furvint , obligea de le fufpendre.
Le même état continua jufqu'au temps de la fapuration
que la fiévre devint plus vive , avec
des feux à la tête & un gouflement prodigieux .
On réitera deux fois la faignée du pied; on chargea
les boiffons de Tartre émétique , quoique la
perte continua. Les premieres évacuations firent
ceffer la perte & modererent les autres accidens ;
il fallut infifter fur la liberté du ventre pour
combattre la pefanteur de tête , juſqu'au 16 de
l'éruption que la convalefcence parut.
11. Peu forte , tomba dans un grand affou
piffement ; la fiévre & l'accablement étoient confiderables.
Les deux premiers jours elle fut faignée
du pied 3 fois. Le 3 , il y eut quelque degré
de moderation dans la fievre ; on tenta l'émetique
en lavage ; mais comme les accidens
augmentoient , il fallut l'interrompre & revenir
à la faignée du pied . La petite Verole fortit le
4 , la fievre fut plus moderée. Le 4 de l'éruption
on tenta de nouveau les boiffons émétifées ; la
fievre devint plus forte ; on les fufpendit ; on fit
une cinquiéme faignée du pied à l'entrée de la
II. Vola ſup
DECEMBRE. 1730. 2851
.
fupuration ; alors les boiffons émétifées pafferent
; on les continua juſqu'à la fin de la maladie,
parce que la tête redevenoit pefante dès que le
ventre ceffoit d'aller.
12. D'une bonne fanté , fut prise d'une fievre
qui augmentoit par redoublement , accompagnée
de maux de reins & d'une violente douleur de
tête. Les 2 premiers jours on la faigna 3 fois du
pied. Le 3 & le 4 on effaya le Tartre émetique
en lavage , fans prefque aucun fruit ; les , la petite
Verole fortit très- abondante , & en mêmetemps
il furvint une pcrte ; la fievre ſe ſoutint .
Le z de l'éruption , la tête fut priſe ; on revint à
la faignée du pied . Les accidens ayant augmenté
à l'entrée de la fuppuration , on fir une cinquiéme
faignée du pied , & on jetta, malgré la perte,
quelques grains de Tartre émetique fur la boiffon.
Ôn continua les évacuations , jufqu'à ce que tous
les accidens euffent entierement diſparu.
2
13. D'un bon temperament , eut une fievre &
un mal de reins , des élancemens à la tête violens
qui obligerent de la faigner 3 fois du pied les 2
premiers jours. Le 3 on chargea la boiffon de
Tartre émetique ; la petite Verole fortit pendant
l'évacuation & fut affez abondante , mais la
fievre perfifta . Le 3 de l'éruption elle devint plus
forte , la tête s'embaraffa , on recourut à la faignée
du pied, & on la réitera pour la cinquième
fois dans la fupuration , parce que l'embaras de
la tête fubfiftoit , & qu'il y avoit une tenfion generale.
Les boiffons émetifées pafferent avec le
fecours des lavemens enfuite , & il fallut foutenir
les évacuations jufqu'au 14. de l'éruption .
14. D'une forte fanté , eut une fievre & un
mal de tête fort vifs ; les 2 premiers jours , elle
fut faignée 3 fois du pied ; le 3 purgée avec l'émetique
, immédiatement après la petite Vérole
II. Vol
fortit
2852 MERCURE DE FRANCE
fortit abondamment; il reftoit encore de la fieyre.
Le 3 de l'éruption , la tête devint fort pefante ;
on revint à la faignée du pied & on éguifa les
boiffons de Tartre émetique , jufqu'à la conva¬
lefcence , pour empêcher que la tête ne s'embaraffât.
Le 4,
་
15.Bien conftituée, eut d'abord une fievre tres- violente
avec des élancemens à la tête & un faigne.
ment de nez confiderable. On la faigna 3 fois du
pied la même nuit . Il parut le lendemain quelque
modération dans la fievre & dans les accidens.On
tenta l'émetique en lavage , qu'on continua le 3 .
la petite Verole fortit en médiocre quan→
tité,mais elle fut accompagnée d'une oppreffion &
d'un fond d'affoupiffement ; la fievre étoit affez
forte ; on revint à la faignée & à l'émetique.L'abondance
des évacuations procura de la modération
dans les accidens jufqu'au 5. La nuit du 5 au
6 , les boutons rentrerent , & à leur place parut
un Eréfipelle univerfel. La fievre & l'affoupiffement
devinrent plus forts ; la tête ſe prit , le poux
étoit embaraffé , ou réitera la faignée du pied 2
fois à peu de diftance ; quelques heures après on
revint à l'émetique en lavage , on foutint les évacuations
par des Prifannes laxatives. Dans le tems
des évacuations il furvint une Syncope fi forte ,
qu'on fut obligé de recourir au Lilium .La petite
Verole reprit fon cours , les accidens fe modererent
, on continua les évacuations juſqu'au 14 de
P'éruption que tous les accidens furent calmez.
16. Délicate , eut une fievre affez forte , un faignement
de nez , & la tête extrêmement lourde .
Le 1 jour elle fut faignée 2 fois du pied ; la petite
Verole fortit le 2 abondante, entremêlée de marques
pourprées. Le 3 , on employa les boiffons
émetifées , l'évacuation modera les accidens. La
fievre fe foutenoit , elle augmenta vivement du s
IL, Vol.
au •
9
DECEMBRE. 1730. 2853
au 6 de l'éruption ; la tête fe prit , on réitera la
faignée du pied la nuit & le lendemain pour la
cinquième fois. Enfuite on continua les boiffons
émetifées , qu'il fallut foutenir jufqu'au 14.
17. Très-forte , tomba dans un accablement
profond , la tête prife , des convulfions & des
fyncopes ; la fievre étoit forte , le poux embaraffé
.Ces accidens augmenterent à tel point qu'on
fut obligé de faigner la malade du pied , f fois
en moins de 30 heures ; enfuite l'émétique en lavage
, qu'il fallut aider par les lavemens & des
ptifannes laxatives; on infifta fur l'émétique for
tement ; à la fin le ventre ſe déboucha , l'évacuation
fut foutenuë , & la nuit du 3 au 4 la petite
Verole fortit abondamment , les accidens fe calmerent
, & la maladie finit fans autre fecours
qu'une boiſſon émetifée , aux aproches de la fupuration
, parce que la tête redevenoir pefante.
Damoifelles JAUNES. 18. D'une bonne fanté..
Sa fievre marqua d'abord entiere ; au troifiéme
accès elle devint continuë ; la douleur de tête étant
devenue forte , on la faigna du pied ; il fallut réiterer
la nuit & le lendemain. On purgea la ma→
lade avec l'émetique , l'évacuation fut abondante
, & fuivie d'un relâchement prefque entier.
Trois jours fe pafferent dans le même calme. La
petite Verole parut le quatriéme en médiocre
quantité & fans accidens , le 4 de l'éruption les
boutons difparurent, la fievre fe railuma , la tête
fut prife avec de violents étouffemens ; on revint
à la faignée du pied , qu'on repeta 3 fois à peu de
diftance. Toute l'habitude du corps étoit devenue:
érefipelateufe. Le 6 , la malade fouffroit exceffivement
, il fallut faire une e faignée du pied..
Quelques heures après on chargea la boiffon de
Tartre émetique , la tenfion érefipelateufe dimi
nua ; les boutons reprirent corps , on foutint les
Io. Vola
éva
2854 MERCURE DE FRANCE
évacuations jufqu'au 17 de l'éruption pour def
fendre la tête qui fe reprenoit de tems en tems.
19. La poitrine délicate , parut fort afſoupie
avec une fievre ardente ; on la faigna 2 fois du
pied le même jour ; dès le foir il parut quelquesboutons
, fans que les accidens euffent diminués ;
la peau devint pourprée ; on revint à la faignée
du pied le 2 , & le 3 la petite Verole ne faifoit
aucun progrès , & les accidens avoient fort peu
relâché. Les de l'éruption, la fievre augmenta, on
fit une se faignée ; il furvint un vomiffement
que l'on foutint par une boiffon émetifée. Les
accidens fe calmerent , on continua la même
boiffon le refte de la maladie.
20. D'une grande délicateffe , fut prise d'un
mal de tête & d'une fievre fi forte , qu'on fut obligé
de la faigner cinq fois du pied les deux premiers
jours. Le 3. il y eut de la modération
on mit trois grains de tartre fur la boiſſon. A
la fuite de l'évacuation , la petite Verole fortit
& tous les accidens tomberent .
21. D'une forte fanté , eut la fievre , des maux
de coeur & une pefanteur de tête confiderable.
Le premier jour on la faigna deux fois du pied.
Dès le fecond la petite Verole fortit très- abondante.
La pefanteur de tête continuoit : on chargea
les boiffons de tartre émetique qu'il fallut
continuer toute la maladie , & les foutenir par
des ptifanes laxatives ; car dès que le ventre ceffoit
de couler , la pefanteur de tête augmentoit.
L'état de la malade ne fut certain que vers le 14.
de l'éruption .
22. D'un temperament délicat , avoit une fievre
vive & des redoublemens fréquens. La tête étoit
menacée ; on la faigna du pied quatre fois les
deux premiers jours. Le la 3 on purgea avec
l'émetique en lavage ; l'éruption fe fit. L'embardda
Vol
ras
DECEMBRE. 1730. 2855
ras de la tête continuoit encore le 3. de l'éruption
; on fit une cinquiéme faignée du pied ; l'émetique
en lavage fut repeté chaque jour juſqu'
la fin de la maladie .
que
23. Foible , fe plaignoit d'un grand mal de
tête , quoique la fievre ne fut pas forte. Une faignée
du pied calma cette douleur pendant deux
jours. Le 3. elle eut un tranfport & un étouffement
violent fans la fievre fut beaucoup augmentée
; on fit une feconde & une troifiéme faignée
du pied , & enfuite l'émetique en lavage.
La petite Verole fe déclara à la fin de l'évacuation
; mais fon progrès fut lent , la tête demeura
embaraffée , on réitera chaque jour l'émetique
en lavage. Le 6. de l'éruption le poux parut embaraffé
, le tranfport étoit plus violent , & la tête
avoit prodigieufement enflé ; on fit une cinquié
me faignée du pied qui produifit un relâchement)
fenfible. On infifta fur les évacuations , & tous
les accidens fe calmerent.
24. Bien conftituée , eut des élancemens à la
tête , & une fievre vive qui augmentoit à differentes
heures . Les deux premiers jours elle fut
faignée du pied trois fois. Le 3. il furvint un af
foupiffement , un tranfport & des étouffemens
fréquents ; on fut obligé de réiterer la faignée'
du pied deux fois ; il falut y revenir le lendemain
pour la fixième fois , enfuite l'émetique en lavage
; comme elle avoit de la peine à pouffer , on
eut recours aux ptifannes laxatives. Après deux
jours d'évacution la petite Verole fortit , & tous
les accidens tomberent.
25. D'une fanté foible , eut la fievre & mal à
la tête pendant près de huit jours fans fe plaindre
; alors la fievre & le mal de tête ayant augmenté
, elle fut faignée trois fois du pied en deux
jours , & purgée enfuite avec l'émétique en la-
II. Vol. vage!
2856 MERCURE DE FRANCE
vage. Le furlendemain la petite Verole fe déclara
; commè les accidens réfiftoient encore , on
continua les boiffons émetifées jufqu'à la fin de
la maladie .
26. D'une bonne conftitution ,fut prise d'un vo .
miffement & d'un accablement confiderable . La
fievre étoit forte , & marquoit par redoublemens .
Elle fut faignée trois fois du pied les deux premiers
jours ; le 3 purgée avec l'émetique en
lavage , la petite Verole fortit abondamment , les
accidens fe modererent. A l'entrée de la fuppuration
, la malade tomba dans une fincope qui
fut fuivie de mouvemens convulfifs & d'une
falivation abondante. Comme la fievre n'avait
pas augmenté à proportion des accidens , on fe
contenta de revenir au tartre émetique dont il
fallut aider l'effet par les ptifanes laxatives. Dès
que les évacuations diminuoient , il furvenoit des
étouffemens , ce qui obligea de les continuer juf
qu'au quatorze de l'éruption.
1. A
27. D'une bonne fanté , eut une fievre forte ,
accompagnée d'un point fixe dans les reins ,
d'un faignement de nez & d'une douleur de tête
infuportabie. On la faigna quatre fois du pied los
deux premiers jours.. Le 3. il y eut de la modération
, le 4. elle fut purgée avec l'émetique en
lavage ; la petite Verole fortit confluante , les
accidens diminuerent confiderablement ; on favorifa
la liberté du ventre par quelques grains
de tartre émetique fur la boiffon jufqu'à la fin
de la maladie , qui fe termina fans aucun autre
accident.
"
28. Sujette aux maux d'eftomach eut les mêmes
douleurs. Comme elles augmentoient , qu'il
y avoit de la fievre , accompagnée de mal de tête ,
on la faigna du pied le 3 , fes & le 6. Le 7. elle
tomba dans la tranfport , le poux étoit concen-
II. Vol. tré ;
DECEMBRE. 1730. 2857
éré ; on lui donna un lavage de tartre émetique ,
l'évacuation ne fut pas abondante , la fievre devint
plus forte , & l'embarras de la tête continuoit
. On fit deux faignées du pied à peu de diftance
, & on revint à l'émetique qui paffa plus
heureufement. La petite Verole fortit , & ne fut
fuivie d'aucun accident .
: on
D'une forte ſanté , tomba dans un abbatement
extrême , quoique la fievre ne fut pas forte :
la faigna du pied. Le 2. la fievre augmenta , la
faignée fut réiterée. La nuit fuivante la malade
cut de fortes convulfions & une fincope qui fut
portée à l'excès . Il fallut recourir au Lilium
& le repéter au delà des dofes ordinaires : le
poux revint : on fit une troifiéme faignée du pied,
& immédiatement après on donna l'émetique
l'évacuation fut abondante. La petite Verole fortit
en grande quantité , & les accidens commencerent
à fe calmer. On continua les boiffons émetifées
jufqu'à la fin de la maladie , à cauſe que
la tête n'étoit pas dans fon caractere ordinaire.
30. Infirme , eut une fievre vive , accompagnée
d'élancemens à la tête , le poux étoit embaraffé :
on fit trois faignées du pied les deux premiers
jours. La nuit du 2 au 3. la tête fut menacée ,
on revint à la faignée du pied , qui produifit un
relâchement dans la fievre ; l'émetique en lavage
fut employé le lendemain. Après l'évacuation
la petite Verole fortit en médiocre quantité , les
accidens diminuerent ; mais comme il reftoit un
fond de fievre , & que la tête laiffoit quelque inquiétude
on continua les boiffons émetifées
jufqu'à la fin de la maladie.
>
31. Sujette à une toux habituelle , & crachant
quelquefois du fang , fut prife d'une fievre trèsvive
fuivie de fréquents redoublemens. Les
deux premiers jours on fit trois faignées du
II. Vel. pied..
2858 MERCURE DE FRANCË
pied. Le 3. la tête fe prit : on réïtera la faignée
du pied qui produifit quelque modération dans
la fievre. La nuit du 4. la malade tomba dans
un affoupiffement profond ; le poux étoit emba
raffé , on tenta l'émetique inutilement , il fallut
revenir à une cinquiéme faignée du pied . Quelques
heures après la malade eut de fortes convulfions
, accompagnées de fréquentes fyncopes ,
on revint à l'émetique qu'on cut bien de la peins
à faire avaler. Comme il n'agiffoit point , on
força la dofe , le vomiffement débaraffa la tête.
Cependant fur le foir les convulfions redoublerent
, le hoquet fut fréquent & les extrémités
devinrent froides. On infifta fur l'émerique qui
à la fin produifit une abondante évacuation , les
accidens fe calmerent , la petite Verole fortit
très abondante , & finit fans donner d'autre inquiétude.
32. D'une fanté languiffante , cut une fievre
qui varioit à toute heure , accompagnée d'un
grand mal de tête ; elle fut faignée du pied , &
purgée le lendemain avec l'émetique en lavage.
Le foir la malade entra dans un calme parfait ;
les . la fiévre fe ralluma & fut accompagnée
d'un rire continuel & forcé ; on la faigna deux
fois du pied le même jour. Le lendemain la petite
Verole fortit affez abondante , cependant la
fievre & l'embarras de la tête continuerent. Le
3. de l'éruption , la malade tomba dans un aſſoupiffement
profond ; le poux étoit envelopé , on
fit une quatriéme faignée du pied , & enfuite
l'émetique en lavage qu'on réitera le lendemain ,
alors le poux fe dévelopa ; la petite Verole fit du
progrès ; la tête demeura pourtant embaraffée
on continua les boiflons émetifées jufques dans
le fort de la fupuration . Comme la tête étoit un
peu plus libre , & que la fievre avoit augmenté ,
II. Vol. 01 .
DECEMBRE. 1730. 2859
on en fufpendit l'uſage . 24. heures après la petite
Verole rentra: le tranfport accompagné de convulfrons
fut violent, la gorge prodigieufement enflée :
on revint à la faignée du pied , & immédiatement
après l'émerique , l'évacuation fut abondante ; la
petite Verole reprit cours , les accidens fe calmerent
; mais on ne difcontinua plus l'ufage de
la boiffon émetifée , aidée par les lavemens juſqu'au
16. de l'éruption qui termina la maladie.
Demoiselles VERTES . 33. D'une mauvaiſe
fanté , tomba dans un grand accablement , la
févre étoit vive ; elle fut faignée trois fois du
pied le même jour , la petite Verole fortit abondamment.
Il reftoit un fond de fievre à la malade
qui ayant mal à la gorge depuis long- tems
ne put rien avaler le 2 & le 3. de l'éruption . Le
4. on réitera la faignée , & les boiffons émetifées
pafferent enfuite , il falut les continuer le refte
de la maladie à caufe que la gorge & la tête
étoient menacées .
34 D'une fanté foible , cut des maux de reins ,
de violens élancemens à la tête & une fievre quartes
on la faigna deux fois du pied à une heure
de diſtance , on réitera la faignée le lendemain.
Le 3. il y eut du mieux , on employa le tartre
émetique en lavage , la perite Verole fortit trés
abondante , il y eut une remiffion prefque entiere
. A l'entrée de la fupuration la tête devint
fort pefante , la malade y fentoit de grands feux,
la fievre n'étant point forte , on fe contenta
d'employer les boiffons émetifées pendant la fupuration.
35. D'un temperament foible , eut d'abord peu
de fievre. Le 3. la fievre s'alluma avec un violent
tranfport , on la faigna trois fois du pied à
peu de distance , la fievre fe modera , on mit
trois grains de tartre émetique fur la boiffon.
14. Vol.
Après
2860 MERCURE DE FRANCE
Après l'évacuation la petite Verole fortit confluante
, la tête refta embaraffée , & la fievre ,
quoique moderée , perfiftoit ; on réitera la faignée
du pied le 3. de l'éruption , & on reprit
l'ufage des boiffons émetifées , qu'on continua
jufqu'au 14. de l'éruption que la tête fut totalement
debarraffée.
36. D'une forte fanté , eut de grands maux de
reins , un faignement de nez , la fievre étoit vive,
& fuivie de redoublemens . Les deux premiers
jours on la faigna du pied trois fois , à l'entrée
du 4. on reitera la faignée , la petite Verole ne
fit que fe montrer pendant deux jours , & dif-
La malade tomba dans un accablement
parut.
& un affoupiffement profond , le poux étoit petit ;
on jetta quatre grains de tartre émetique fur la
boiffon , l'évacuation fut abondante. La petite
Verole fit des progrès , & les accidens tomberent,
la fupuration fut longue , mais elle n'exigea aucun
fecours.
37. Délicate , avoit de la fievre depuis plufieurs
jours , & mal à la tête ; elle fut faignée & purgée.
Il y eut du mieux pendant huit jours , enfuite
elle tomba dans une fincope forte , la tête.
fe prit , la fievre étoit vive ; on la faigna deux
fois du pied à une heure de diftance. Quelque
tems après il y eut du relâche dans la fievre , on
mit quatre grains de tartre dans la boiffon , on
infifta fur le même remede . Le lendemain l'évacuation
fut forte , les accidens diminuerent , la
petite Verole fortit abondament , on continua
les évacuations juſqu'à la fin de la maladie.
38. D'une délicateffe extrême , eut un grand
accablement , la tête embarraffée , & une fievre
vive qui augmentoit par redoublemens ; le premier
jour on lui fit 2. faignées du pied ; le 2. on
réitera ; le 3. il y avoit quelque relâche , on
11. Vol "
mit
DECEMBRE. 1730. 2.86-1
mit deux grains de Tartre émetique fur la boiffon
, la petite Verole fortit confluante , la fievre &
l'embarras de tête diminuerent confiderablement,
il reftoit encore une grande pefanteur qui détermina
à continuer la boiffon émetiſée pendant le
refte de la maladie , qui par ce moyen finit heureufement.
39. D'un bon tempérament , eut un grand accablement
, un point fixe dans les reins ; la fievre
étoit forte & le poux embarraffé , des redoublemens
fréquents , le tranfport s'y joignit ; le premier
jour on lafaigna deux fois du pied , on réi
tira la faignée la nuit , le lendemain la fievre étoit
relâchée , on mit 4. grains de Tartre émetique
fur la boiffon ; la petite Verole fortit confluante,
du 3 au 4 les accidens tomberent prefque entierement;
le 4 de l'éruption la petite Verole rentra,
la tête fe prit , il y avoit de l'embarras dans le
poux & des étouffemens frequens ; on fit une 4° .
& se. faignée du pied , & enfuite l'émetique en
lavage fur lequel on infifta ; l'évacuation fur
abondante , la petite Verole reprit corps , les ac
cidens diminuerent , on continua la boiffon émetifée
jufqu'au 14. de l'éruption qu'on foutenoit
les lavemens : dès le ventre ceffoit d'aller
l'embarras de la tête & les étouffemens reparoif
foient .
par
que
40. Damoifelles ROUGES. Fort replette ,
tomba dans un grand affoupiffement , la fievre
étoit forte , la refpiration gênée ; elle fut faignée
3. fois du pied les 2. premiers jours ; le 3. on mit
3. grains de Tartre émetique fur la boiffon ;
L'embarras de la tête ceffa , la petite Verole
fortit en grande quantité , les accidens fe calmerent
, la fuppuration fut très- laborieufe ; mais
comme la fievre n'étoit pas forte , on fe contenta
de tenir le ventre libre par les boiffons émetiſées,
AI. Volo
2862 MERCURE DE FRANCE
& les lavemens jufqu'à la fin de la maladie.
41. D'une forte fanté, eut la fievre vive , accompagnée
de tranfport ; on la faigna 2. fois du
pied le même jour ; le lendemain le relâchement
de la fievre donna lieu à Pémetique ; l'évacuation
fut abondante & fuivie de l'éruption , l'embarras
de la tête & un mouvement de fievre continuoits
on infifta fur la boiffon émetifée pendant toute
la maladie , parce que la tête fe broüilloit dès que
le ventre n'alloit plus.
1
42. Delicate , fut près de 8. jours languiffante,
eut enfuite un éclat de tranfport & un rire forcé
qui ne difcontinuoit pas ; la fievre n'étoit pas vive;
elle fut faignée 3. fois du pied les 2. premiers jours
& purgée le 3. avec l'émerique ; une éruption
abondante fuivit de près l'évacuation ; les accidens
diminuerent , mais il reftoit une pente à l'affoupiffement
& la tête n'étoit pas entierement libre
, ce qui détermina à continuer les boiffons
émetifées pendant la maladie.
43. Valetudinaire , eut la fievre par redoublemens
; la tête étoit prife , elle fut faignée 2. fois
du pied le premier jour ; le fecond , à la faveur
d'une rémiffion fenfible dans le poux , on tenta
l'émetique qu'il fallut interrompre & revenir à la
faignée le foir ; le 3. la tête étoit toujours priſe ,
mais le poux étoit petit ; après quelques grains
de Tartre émetique fur la boiffon qui n'agiffoient
pas , on donna le vin d'Eſpagne émetique ; l'évacuation
fut foutenuë le lendemain , le 5. P'éruption
fut très -abondante , les accidens fe calmerent
; on aida la liberté du ventre dans le cours
de la maladie , parce que la tête avoit une difpotion
à s'embarafler.
44. D'une bonne fanté , eut une forte fievre ,
accompagnée d'un faignement de néz. On fit 3 .
Laignées du pied le premier jour ; la petite Ve
11. Vol
role
DECEMBRE. 1730. 2863
role fortit le lendemain ; comme les accidens s'étoient
moderez , on ne fit rien juſqu'au 3. de l'éruption
que la fievre augmenta ; la tête ſe prit ,
on revint à la faignée du pied , & enfuite à l'émetique
en lavage ; les évacuations débarafferent la
tête , on les a continuées jufqu'à la fin de la fupuration.
45. D'une fanté médiocre , fut prife d'un grand
accablement ; la fievre étoit forte , on la faigna
2 fois du pied le premier jour ; un peu de relâche
le lendemain détermina à donner un lavage de
Tartre émetique; l'évacuation fut fuivie d'un calme
de 4. jours ; la fievre fe ralluma , le tranſport
& de fortes convulfions s'y joignirent , le poux
étoit embaraffé ; on refit deux faignées du pied à
peu de diftance , & immediatement après l'émetique
en lavage ; on foutint l'évacuation ; la petite
Verole fortit le lendemain , accompagnée de
marques pourprées ; les accidens ſe modererent ,
on a foutenu foigneuſement la liberté du ventre
jufqu'à la fin de la maladie.
45. Robufte , eut une groffe fievre , accompa
gnée d'un faignement de nez & de violens élancemens
à la tête ; on la faigna du pied & la petite
Verole parut le même jour confluante. Les accidens
ne diminuerent point ; les boutons ne faifoient
aucun progrès ; la faignée du pied fut réïterée
le 2. & le 3. La nuit du 3. au 4. de l'éruption
il furvint un redoublement vif ; on refaigna
la Malade , elle fut vuidée le lendemain avec l'E
netique en lavage. L'évacuation qui fut abondante
modera les accidens jufqu'au 7. que la
fievre devint plus forte ; la tête fe prit & enfla
prodigieufement. On réïtera la faignée du pied
& l'ufage des boiffons émetifées qui furent continuées
jufqu'à la fin de la maladie.
47. Bien conftituée , fut lauguiffante plufieurs
11. Vol.
jours E
2864 MERCURE DE FRANCE
jours , la petite Verole fortit en petite quantité
fans accident ni mouvement de fievre. Le 4. de
P'éruption elle tomba dans un affoupiffement ;
la tête fut prife , il furvint un faignement de nez ;
on fit deux faignées du pied à peu de diftance , &
Pufage d'une boiffon emetifée qu'on continuą
plufieurs jours , débaraffa la tête.
48. Infirme & fujette à des coliques d'eftomach
, eut le même accident , accompagné d'une
fievre très-vive & d'une grande pefanteur de tête;
elle fut faignée quatre fois du pied les deux premiers
jours , le trois il y eut de la moderation ;
on jetta 4. grains de Tartre émetique fur la boif
fon , qui pafferene heureufement , & à la fin de
Pévacuation la petite Verole fortit ; il a fallu
foutenir la liberté du ventre le reſte de la maladie,
pour combattre la pefanteur de tête.
49. D'une médiocre fanté , eut une grande pefanteur
de tête , un faignement de nez , la fievre
étoit vive , les 2. premiers jours elle fut faignée
4. fois du pied ; le 3. la petite Verole fortit , le
4. l'éruption ne faifoit nul progrès ; on éguifa les
boiffons de quelques grains de Tartre émetique ,
il fallut en augmenter la doſe dans les tems de la
fupuration.
so, Dune délicateffe extrême , la fievre & les
accidens ne furent pas confiderables ; on ne fit
rien , la petite Verole fortit en médiocre quantité.
A l'entrée de la fupuration là fievre devint vive ,
la tête fè prit ; on fit deux faignées du pied à peu
de diftance , & les boiffons émetifées enfuite
qu'on continua jufqu'au 12. de l'éruption .
SI. DAMES RELIGIEUSES. Agée de
8, ans , d'un tempérament affez fort , quoique
fujette à des maux d'eftomach , cut une fievre des
plus vives , un grand accablement , des maux de
teins , un fond d'affoupiffement & des friffonne-
11. Vols
mens
DECEMBRE. 1730. 2865
3.
mens continuels ; on lui fit quatre fortes faignées
du pied les deux premiers jours ; comme il y eur
de la modération dans la fievre , le elle fut purgée
avec quatre grains de Tartre émetique en layage
, qui produifirent peu d'effet . On y revint le
lendemain , l'évacuation fut plus heureuſe , la petite
Verole fe déclara confluante & fut accompagnée
d'un fond de fievre & d'affoupiffement ; on
continua les boiffons émetifées qu'on aidoit par
les lavemens foir & matin. Malgré ces fecours le
. de l'éruption le ventre ne coula plus , l'affoupiffement
devint profond ; la fievte n'ayant pas
augmenté à proportion des autres accidens , on
fe contenta de doubler la doſe de l'émetique ; le
ventre ne s'ouvrant pas , on infifta fur le même
remede , aidé par les Ptifannes laxatives ; enfin on
eut recours au vin d'Efpagne émerique qui fut
fuivi d'une évacuation abondante . La Malade
avoit pris dans les 24 heures la valeur de plus de
30 grains de Tartre émetique ; la petite Verole
repouffa , la tête fut déchargée ; on continua les
boiffons émetifées jufqu'à la fin de la maladie :
l'état de la Malade n'a été certain que vers le 15
de l'éruption.
52. Agée de 56 ans , d'un temperament trèsdélicat
, fujette à cracher du fang , & les jambes
fouvent enflées , eut une fievre affez vive , accompagnée
de maux de reins & d'une grande
douleur de tête , on la faigna deux fois du pied
les deux premiers jours ; le 3. il y eut un dévoiement
; on mit deux grains de Tartre fur la boiffon
, qu'on réitera le lendemain. La petite Verole
fortit à la fin du 4. en médiocre quantité, tous les
accidens fe modererent. Le 5. de l'éruption , la
pefanteur de tête & le dévoiement recommencerent
, on mit encore deux. grains de Tartre fur
la boiffon , on les repeta le lendemain & la maladie
finit heureuſement. Eij 53
2866 MERCURE DE FRANCE
53. Agée de 24. ans , d'un tempérament fort
vif , dans une difpofition à une fievre étique , eut
des élancemens à la tête , des maux de reins , des
fux dans la poitrine ; la fievre étoit forte , elle
fut faignée trois fois du pied les 2 premiers jours,
il y eut peu de moderation le 3. Le 4. elle étoit
plus fenfible ; on mit deux grains de Tartre fur
la boiffon ; la petite Verole fortit en affez grande
quantité. Le 3. de l'éruption la fievre & les élancemens
à la tête augmenterent ; on revint à la faignée
du pied qui calma les accidens ; le refte de
la maladie elle n'eut befoin que d'une Eau de
Pavot pour calmer les tiraillemens de poitrine
qui fe réveilloient de tems en tems , plutôt comme
une fuite de fa difpofition habituelle , que de
la maladie preſente.
>
54. Agée de 23. ans , fortoit d'une fluxion de
poitrine , pour laquelle on avoit été obligé de la
faigner plufieurs fois ; la convalefcence n'étoit
pas entièrement confirmée , lorfqu'elle fut prife -
d'une fievre vive , accompagnée d'élancemens à
la tête , & en même- tems d'une perte confiderable.
On fit 2. faignées du pied le premier jour
le 3. on réitera ; de la moderation dans la
fievre & dans la perte firent paffer à un lavage
de Tartre émetique ; l'évacuation fut ample , elle
diminua tous les accidens , fit ceffer la perte . La
petite Verole fortit abondante ; le 5. l'éruption ,
la pefanteur de tête revint , on mit quelques
grains de Tartre fur la boiffon, qui ne produifirent
prefque aucun effet ; la pefanteur de tête fut plus
forte & la fievre augmenta , on fit une quatrième
faignée du pied & enfuite les boiffons émetifées
pafferent heureufement , on en continua l'ufage
jufqu'à la fin de la maladie.
55. Agée de 35. ans , d'un bon temperament
& fort replete,cut de violens maux de reins,la tête
14 Vol
CxDECEMBRE
. 1730. 2867
extrémement pefante & la fievre forte ; on fit 4.
grandes faignées du pied les deux premiers jours ;
le 4. il fallut réiterer quelque moderation
donna lieu à l'émetique en lavage ; après l'évacuation
la petite Verole fortit confluante ; il reftoit
encore de la pefanteur à la tête ; on inſiſta
fur les boiffons émetifées qu'il fallut aider plus
d'une fois par des Ptifannes laxatives & les lavemens
jufqu'au 14. de l'éruption .
Voilà,Madame,un Extrait bien fidele du Journal
de nos Malades ; j'y ai trouvé qu'en 3. mois nous
avons fait près de 500. faignées du pied , &
donné environ 2000. grains de Tartre émetique ;
à la verité je comprens toujours dans nos petites
Veroles , les fievres du même tems , parce qu'excepté
les boutons , c'étoit le même caractere , &
qu'on y a employé les mêmes fecours ; j'en citerai
feulement une des plus fortes pour exemple.
>
Mle *** âgée de 18. ans , avoit de l'embonpoint
& des couleurs vives , toutefois fujette aux
maux de tête ; elle tomba dans un grand accablement
la fievre étoit forte & la pefanteur de tête extrême
, elle avoit des maux de reins,des envies de
vomir & un fond d'oppreffion ; on la faigna 5 .
fois du pied les deux premiers jours ; le 3, un peu
de modération fit tenter l'émetique en "lavage
mais inutilement ; la fievre augmenta , on réïtera
la faignée le foir ; le 4. il y eut du mieux ; on
revint à l'émetique , on y joignit le fecours des
lavemens ; on continua le 5. le 6. & le 7. la pefanteur
de tête diminuoit à mefure des évacuations
. Du 8. au 9. la fievre devint plus forte , la
tête fe prit totalement ; on apperçut quelques
mouvemens convulfifs ; il fe répandit un engourdiffement
abfolu fur tout le côté droit ; on fit
2. faignées du pied à peu de diſtance; la fievre ſe
modera , & on revint à l'émetique en lavage ; les
II. Vol.
éva- E iij
2868 MERCURE DE FRANCE
évacuations foutenues pendant plufieurs jours
diffiperent enfin les accidens , & là convalefcence
commença vers le 20 .
Notre Medecin avoit extrémement fimplifié
notre travail , la boiffon étoit l'eau naturelle ; on
la faifoit tiédir lorfque les malades étoient dans
la moiteur ; la nourriture , un bouillon fort fimple
que l'on fuprimoit les premiers jours , & méme
dans le cours de la maladie , lorfque les accidens
étoient violens. On changeoit les Malades
de linge & de lit dans tous les tems de la maladie,
lorfqu'elles en avoient befoin. Il n'y avoit ni plus
de couvertures , ni plus de feu dans les Infirme
ries que pendant les autres maladies . Les lavemens
étoient d'un ufage journalier. Quelque narcotique
, du Lilium dans les fyncopes fortes , nul
remede exterieur pour préferver les Malades de
l'impreffion que cette maladie laiffe ordinairement,
perfuadez qu'ils font inutiles, & que c'eft du caractere
du fang que dépend cette impreffion,du refte
la faignée & l'émetique. On adopte fans peine
une pratique aufli fimple, fur tout lorfqu'elle eft
fuivie d'un fuccès auffi heureux . Il paroiffoit difficile
à croire à ceux qui n'en ont pas été témoins.
De plus de 125. Demoifelles, il n'en eft pas inort
une feule , & de 7. Religieufes & une Soeur , nous
n'en avons perdu qu'une , plus encore par fes
grandes infirmitez & fon âge avancé , que par la
maladie courante qui ne put pas fortir
J'avoue qu'il y a des années où la petite Verole
n'eft pas meurtriere, & qu'elle feroit peu de ravage
, quand même on n'y donneroit aucun fecours;
mais celle-cy étoit bien differente , l'excès où l'on
a été obligé de porter la faignée du pied & les autres
évacuations dans la plupart des Malades , ne
prouve que trop fa violence. Dans le Village de S.
Cyr,où cette maladie étoit en même tems répan-
II. Vol
duë ,
DECEMBRE . 1730. 2869
2
due , & fans autre fecours que celui qu'admet le
préjugé, on a perdu un grand nombre de Malades;
or fi la petite Verole a fait beaucoup de defordre
dans un Village où la jeuneffe jouit d'une forte
fanté , parce qu'elle vit dans une liberté entiere
quel ravage n'auroit-elle pas fait avec de fi foibles
fecours dans une Maifon où un grand nombre
de Demoifelles raffemblées dès leur enfance , vi
vent dans une grande régularité & dans une con
tention d'efprit perpetuelle à remplir leur devoir,
on parconfequent les meilleures fantez ne font pas
fans nuage, & parmi lesquelles il y en a beaucoup
d'infirmes ?
Mais s'il a fallu porter les évacuations auffi
loin dans des perfonnes qui menent une vie fimple
, que ne faudrait - il point faire dans celles
dont le fang nourri d'excès & de Liqueurs fpiritueufes
eft toujours prêt à s'enflammer ?
Ce n'eft pas pour faire valoir nos foins que
fais ici ces Reflexions , c'eft uniquement pour
détruire la prévention où prefque tout le monde
eft de croire que l'émetique & la faignée font
d'un ufage dangereux , fur tout lorfque la petite
Verole eft fortie. Je vous avoue que je fuis indi
gnée contre moi- même d'avoir penfé de la forte
autrefois , revenue de mon erreur , je ne laiffe
paffer aucune occafion d'écrire ou de parler des
prodiges que la faignée & l'émetique ont operez
chez nous dans cette maladie. Je fuis bien affurée
que vous ne trouverez pas l'expreffion trop forte,
fi vous vous faites une idée qui approche de la
réalité fur les horreurs où nous nous fommes
trouvées. Il y a eu des nuits où nous avions 5. à
6.Malades à tel point d'extrémité, qu'on n'auroit
ofé répondre de la vie d'aucune pour quelques
heures. Il nous eft arrivé plus d'une fois d'abandonner
une Malade avec la veine ouverte dans
II. Vol. Ejuj l'eau
2870 MERCURE DE FRANCE
l'eau pour courir à une autre qui tomboit dans
an accident plus brufque. Nous ne manquions
pas alors de propofer à notre Medecin d'employer
une quantité de remedes vantez pour cette malaladie
, comme la Poudre de la Comteffe , le Befoard
, la Poudre de Vipere , le Sang de Bouquetin
, &c. mais il nous répondoit froidement que
´ces cas là étoient trop férieux pour s'en tenir à
des amufemens. Les Vefiçatoires furent rejettez ,
même en nous difant leur effet étoit d'entreque
tenir & de fondre le fang , deux écueils les plus
redoutables dans cette maladie.
Je crois n'avoir pas befoin de vous dire que ce
récit eft d'une grande exactitude , je fuis perfuadée
que vous n'aurez aucun doute fur cela ; mais comme
vous pouriez le faire lire à d'autres perfonnes ,
& que je fuis bien aife que le parti de la verité ait
de la force , j'ai prié Mefdames de Garnier , de
Vaudancour , de Montchevreuil , d'examiner s'il
ne me feroit point échappé d'alterer ou de groffir
quelque circonftance , & d'y mettre leurs fignatures
, fi elles le trouvoient dans une exacte verité.
Leur témoignage doit faire foi , puifque les deux
premieres ont foutenu le fort du travail en qualité
d'Infirmieres principales , & que la troifiéme partageoit
avec moi les foins de l'Apoticairerie . J'ai
l'honneur d'être , &c. Signé , Soeurs de Garnier.
De Vaudancour. De Montchevreüil. De Texier.
AS. Cyr , ce 30. Août 1730.
de lui communiquer une Lettre qui nous
eft tombée entre les mains ; elle eft d'une
Religienfe de S. Cyr , qui rend compte à
une de fes amies , de la conduite qu'on a
tenue dans la petite Vérole , dont cette
Maifon a été affligée cette année. Nous
aurions fouhaité pouvoir la donner en
entier; mais comme il n'étoit pas poffible
de la renfermer dans un feul volume
nous nous fommes déterminez à retrancher
de cent trente articles qu'elle contenoit
ceux qui étoient les moins interreffans.
1
L eft aifé de voir par votre Lettre, MADAME ,
qu'on ne nous a point épargnées dans le Public
fur la conduite que nous avons tenue dans la
petite Verole , dont notre Maiſon vient d'être
accablée . On nous blafme fur tour de n'avoir pas
féparé du reste de la Maifon celles qui en ont été
attaquées. Des perfonnes refpectables , dites -vous,
nous accufent de témerité & d'imprudence . Le
reproche auroit fans doute été plus loin , fi l'on
avoit fçû le traitement, avant que d'être informé
du fuccès. Je vais vous rendre compte de ce qui
s'eft paffé chez nous dans cette occafion ; ce fera
un expofé fimple de notre conduite. Vous y
verrez la maniere dont on a penfé fur la crainte
de gagner la petite Vérole , les moyens dont on
s'eft fervi pour la détruire;les obſervations qu'on
a faites , l'ordre qu'on a gardé dans les Infirmeries,
l'état des malades & les remedes qu'on a em-
LI, Vol. ployez
DECEMBRE. 1730. 2841
ployez. L'efperance de nous juftifier du moins
auprès de vous , me fait entreprendre ce détail.
Les preuves que j'ai de votre amitié pour notre
Mailon & de votre indulgence pour moi , achevent
de m'y déterminer ; je ne vous écrirai que
des faits ils fuffiront pour les perfonnes équitables
& fenfées .
Au commencement de cette année nous eûmes
à S. Cyr quelques Fiévres malignes . Vers les
premiers jours de Février , il parut tout à coup
quatorze petites Véroles. L'effroi fe rendit auffitôt
dans la Maiſon. Madame la Superieure confulta
le Medecin , fur le parti qu'il y avoit à
prendre , en prefence des Infirmieres & de plufieurs
autres Religieufes. Le temps feul , nous
dit-il , ou la conftitution particuliere de l'air
difpofe infenfiblement les liqueurs à produire la
petite Vérole , bien- tôt l'experience vous convaincra
que cette caufe agit également fur toutes
les perfonnes qui habitent le même lieu ; que la
fréquentation des malades n'y a aucune part , &
qu'il est bien plus fage de ne point féparer les
malades , & de ne mettre aucune difference dans
leur fervice. Il ajouta pour celles qui étoient
chargées du foin des Infirmeries , que l'ancienne
méthode de donner des cordiaux & de procurer
une chaleur exceffive aux malades , étoit meurtriere
, que l'Emétique & la Saignée étoient prefles
feuls fecours fur lefquels il y eut à compter
, & que dans les cas preffans , il faudroit y
recourir , pour ainfi dire , fans nombre & fans
mefure.
que
Un pareil difcours , de tou autre , nous auroit
paru fort étrange ; mais comme il nous eft atta
ché depuis plufieurs années , & qu'il a notre confiance
, fa maniere de penfer fut notre regle. On
laila les malades enfemble , & tout le monde
II. Vol com- Dij
4
2842 MERCURE DE FRANCE
cominença à fe raffurer . Dix- huit ou vingt jours
s'écoulerent & la convalefcence de nos malades
s'avançoit , lorfqu'il nous furvint en moins de
trois jours près de cinquante petites Véroles.
L'inquiétude vint , mais nous trouvâmes dans
cet évenement même de quoi la diffiper. 1. Prefque
aucune des dernieres malades , n'avoit eu de
communication avec les précédentes . 2. Nos Infirmieres
auffi - bien que Madame la Superieure ,
qui partageoit leurs travaux , étoient préfervées
au milieu des malades , quoique la pluſpart n'euffent
point en la petite Vérole.Ces deux faits diffiperent
nos préventions , & l'expérience du paffé
nous rendit cette vérité plus fenfible.
L'ancien ufage de la Maiſon étoit de ſéparer
les malades au moindre foupçon de petite Vérole
; malgré cette précaution,nos Journaux font
foy , qu'il n'y avoit pas moins de malades , &
nous fçavons par le témoignage des anciennes ,
que celles qui avoient le plus d'attention à fuír le
danger , étoient ordinairement plutôt attaquées
que les autres,
Mais fi la chofe étoit alors égale pour le nombre
, lorfque la communication étoit févérement
interdite , il n'en étoit plus de même pour les inconveniens.
La féparation jettoit dans les malades
qu'on tranfportoit un effroy inévitable , qui
en augmentoit infiniment le danger. C'étoit au
commencement de l'éruption qu'on les changeoit
de lieu ; moment précieux pour agir &
qu'on ne retrouve quelquefois plus dans le cours
de la maladie ; ( on fçait à quel point la crainte
ralentit le mouvement du coeur , & qu'elle donne
occafion à l'air d'agir fur les liqueurs avec plus
de force ) d'ailleurs , au milieu de la confternation
, le fecours manque , peu de perfonnes ont
affez de courage pour folliciter les malades , &
LL. Vol.
nc
DECEMBRE. 1730. 2843
ne le font qu'en tremblant. La Maiſon regrette
encore les funeftes fuites & la féparation à laquelle
on étoit autrefois affervi.
Affranchies de bonne heure des préjugez ordinaires
, nous fûmes en état d'examiner les differens
momens qui fe paffoient dans nos petites
Véroles , & de les comparer aux veritez que
nous avions déja apperçues. Notre Medecin nous
les dévelopoit d'une maniere fi fimple, que nous
étions à portée de les entendre. Elles ont tant de
rapport entr'elles qu'elles forment une démonftration
pour les perfonnes qui aiment à voir
clair.
;
Pendant trois mois que la petite Vérole a regné
à S.Cyr , nous n'avons pas eu une feule maladie
d'une autre nature les fantés délicates
étoient plus fermes , quelques perfonnes qui
avoient eu déja la petite Vérole , font venues à
l'Infirmerie avec des maux de Coeur , des douleurs
de reins , une pefanteur de Tête & la Fiévre
vive ; tous ces accidens ont ordinairement
diminué du 3 au 4, & le refte de la maladie a été
fi conforme à la petite Vérole, que quoi qu'il n'y
ait point eu d'éruption , nous n'avons pas douté
que ce ne fut une vraye Fiévre de petite Vérole.
On ne pouvoit les diftinguer au commencement
que parce que la malade avoit eu déja la petite
Vérole ; car il eft prefque fans exemple que quelqu'une
dans la maiſon l'ait euë veritablement
deux fois .
Toutes nos malades en general ont rendu une
Bile extremement verte dans les petites Véroles
dans les Fiévres du même caractere , dans les
convalefcences , dans les perfonnes qui ont été
purgées par précaution ou après des chutes ; nous
avons toujours remarqué le même caractere
d'humeur. Dès que le temps changeoit, nous re-
11. Vol.
Diij mar2844
MERCURE DE FRANCÈ
marquions du changement dans nos petites Véroles
, & lorfque le vent tournoit bruſquement
au Nord ,
ordinairement les accidens reparoiffoient
ou devenoient plus preffans.
De plus de vingt perfonnes qui ont rempli les
diverfes fonctions de l'Infirmerie , dont plus de
la moitié n'avoient pas eu la petite Vérole , une
feule en a été attaquée , encore par un effet viſible
de la frayeur ; car ce fut à la fuite d'un Difcours,
fur la crainte de gagner cette maladie , dont elle
fut fi vivement faifie, qu'elle tomba ſur le champ
dans des
friffonnemens qui ne cefferent que par
l'éruption.
Raffemblons ces faits & convenons du vrai,
Puifqu'il n'y a eu aucun autre genre de maladie
à S. Cyr pendant plus de trois mois que la
petite Vérole y a régné ; puifque toutes les
fonnes de la Maiſon qui ont été purgées dans
perquelque
circonftance que ce fut , ont rendu une
bile
extrémement verte; puifque les
changemens
de temps, en ont régulierement produit dans nos
malades ,, que d'ailleurs les perfonnes écartées des
malades , en ont été par proportion moins ga-
Tanties que celles qui en approchoient, & ces faits
conftament obfervez dans une
Communauté de
près de quatre cent perfonnes ; où l'on a compté
130 malades ; il faut
neceffairement reconnoître
une caufe generale dans l'air ,
de cette maladie , & avouer que la
fréquentation , pour feul principe
des malades n'y a aucune part.
Les differentes époques de petite Vérole qu'a
eues notre Maiſon , font voir qu'elle attaque plus
de perfonnes àproportion qu'il s'eft écoulé plus de
temps fans qu'elle y ait paru. En 1715. nous en
eûmes près de cent ; il n'y avoit alors pas plus de
quatre ans que nous en étions exemtes. Depuis il
n'en a pas paru à S. Cyr , & la Maiſon s'eſt preſ-
11. Vel.
que
DECEMBRE 1730. 2845
que entierement renouvellée; ainfi il n'eft pas furprenant
qu'en dernier lieu , le nombre de nos
malades ait été plus confidérable .
Nous remarquâmes dès les premiers temps que
celles qui n'avoient pas été faignées & purgées
dans le commencement de leur maladie , avoient
une fupuration & une convalefcence plus difficiles.
Dans la fuite on a d'abord employé ces fetours
, pour peu que la Fiévre fut forte , & on
prenoit foin de faire les faignées fort grandes
pour ne pas effrayer le nombre ; très- fouvent des
petites Véroles qui s'annonçoient par les accidens
les plus effrayans , prenoient un caractere heureux
après trois ou quatre faignées du pied , brufquement
faites , & d'amples évacuations , procurées
par l'Emétique .
Je viens à l'état de nos malades , je ne m'arreterai
point fur les accidens ordinaires , ni fur la
figure des boutons à laquelle notre Médecin ne
faifoit aucune attention à moins qu'ils n'euffent
difparu. Vous verrez par les partis qu'il a pris
dans les cas particuliers , que le feul dégré de la
Fiévre , comparé avec l'état du cerveau , a toujours
déterminé fa conduite. Pour éviter la confufion
& n'être point obligée de citer l'âge de
chaque Demoiselle , je fuivrai l'ordre des Claffes.
Comme il fera neceffaire de parler de leur temperamment
, j'ai cru devoir me difpenfer de vous
marquer leurs noms. Les Demoifelles Noires font
dans leur vingtiéme année ; les Bleues ont depuis
dix-fept jufqu'à vingt ans ; les Jaunes depuis quatorze
jufqu'à dix fept ; les Vertes , depuis onze
jufqu'à quatorze , les Rouges , depuis fept jufqu'à
onze.
Demoiselles NOIRES . 19. Infirme , quoique replette
, & fe plaignant d'une douleur habituelle
au côté droit , eut une Fiévre affez forte , des
II. Vol. D iiij maux
2846 MERCURE DE FRANCE
maux de reins & une pefanteur de tête . Elle fut
faignée du pied le 1 & le 2 jour , & le 3 abondamment
purgée avec l'Emétique. Immédiatement
après la petite Vérole parut en petite quantité.
Dans la fupuration , un mal de gorge
étouffement confiderable donnerent de l'inquiétude.
Une troifiéme faignée du pied la diffipa.
& un
2º. D'une forte conftitution , eût la Fiévre
très-vive,un grand accablement, la poitrine ferrée
& un mal de tête des plus violens. En quatre jours
elle fut faignée huit fois du pied. Le cinquiéme
on donna l'Emétique en lavage , qu'on continua
plufieurs jours. Les accidens diminuerent par ces
évacuations ; mais la convalefcence avoit de la
peine à fe montrer. Vers le 20. à la fuite d'un
mouvement de Fiévre plus fort & d'une augmentation
de mal de tête , la petite Vérole fe declara.
Comme elle ne parut pas confidérable par la
quantité,& que les accidens fe calmerent , on ne
fit rien jufqu'au temps de la fupuration , qu'on
fut obligé de purger la malade,& de foûtenir l'évacuation
à caufe d'une bouffifure confidérable
& que la tête redevenoit pefante.
30. Tres-infirme depuis long-temps, & épuisée
par beaucoup de maladies , eut la Fiévre & une
pefanteur de tête confidérable. On la faigna du
pied le 1 & le 2 jour. Le 3 il furvint un dévoiement
fereux ; on purgea la malade avec deux
grains de Tartre émétique , qu'on réitera le lenlemain.
L'éruption fe fit , & le refte de la maladie
fe paffa fans accidens , quoique la petite Vérole
fut fort abondante & prefentât un mauvais
aspect.
4°. D'une bonne fanté , tomba dans un accablement
profond , la Fiévre étoit forte & la tête
prife ; on lui tira d'abord fix paletes de fang du
pied. La faignée fut réiterée le ſoir , dans la nuit
II. Vel. &
DECEMBRE. 1730. 2847
& le lendemain , le troifiéme jour il furvint une
perte abondante ; la petite Vérole fortit en médiocre
quantité , la Fiévre & les accidens furent
plus moderés , le 2 , le 3 & le 4 de l'éruption.
Les , la perte ceffa, le tranfport devint plus violent
& fut accompagné de convulfions . În tenta
quatre grains de Tartre émétique en lavage ,
qu'on réitera fans fuccez. La Fievre ayant redoublé
du 5 au 6 , on réitera la faignée du pied ; il falut
encore y revenir le lendemain une fixiéme &
feptiéme fois, enfuite les boiffons émétiſées qu'on
fut obligé de changer jufqu'à en confommer
plus de trente grains en 24 heures , & d'y joindre
les Ptifannes laxatives. Il fallut continuer les
évacuations jufqu'au 18 de l'éruption , à cauſe de
la pefanteur de tête qui fe renouvellois ; des Symcopes
dans le temps des convulfions firent recourir
au Lilium deux fois . Il eft à remarquer que
fur la fin , lorfque le tranfport ceffoit , la vue
reftoit éteinte, & que la malade fe plaignoit d'une
péfanteur , & d'un froid infuportable à la tête
enfin tous les accidens difparurent & la malade
revint en convalefcence.
;
5º. D'un temperamment robufte , fa maladie
commença par une Fiévre forte , avec des redoublemens
fréquens , des maux de reins & une
grande pefanteur de tête ; on la faigna du pied.
La nuit il y eu du tranſport ; on réitera la faignée
la même nuit , & le lendemain ; le 3 il y eut
du relâche dans la Fiévre ; on jetta fix grains de
Tartre émétique fur la boiffon ; l'évacuation fut
ample , la petite Vérole fortit confluante, les accidens
& la Fiévre diminuerent, la liberté du ventre
fut foûtenue par une boiffon émétiſée. Du 4
aus de l'éruption , la Fiévre devint plus forte ,
la gorge & la tête enflerent fi prodigieufement ,
qu'il fallut faire deux faignées dupied ; on char-
>
II. Vol: D Y gea
2848 MERCURE DE FRANCE
gea enfuite davantage les boiffons émétifées, l'é
vacuation diffipa les accidens. La nuit du 10 au
1 la tête devint plus pefante & la gorge plus
ferrée. On revint aux évacuations , qu'on continua
jufqu'à la convaleſcence.
6º. Délicate , fentit d'abord du mal aux reins
& à la tête, avec peu de Fiévre , on la faigna du
pied. La nuit fuivante la fiévre devint forte , le
poux paru embarraffé ; on réitera la faignée du
pied deux fois , la fiévre & le mal de tête ayant
diminué , le 3 on la purgea avec l'émétique
abondamment ; à l'entrée du 4 la petite Vérole
fortit confluante , la fiévre diminua confiderablement.
Du 3 au 4 de l'éruption , la gorge fut
tres douloureufe , la tête enfla exceffivement , il
furvint une forte hémoragie , la tête étoit embaraffée
, on revint à la faignée du pied , qu'ilfailut
réiterer jufqu'à la fixième fois , alors l'hémoragie
ceffa , & les autres accidens diminuerent ; on
chargea les boiffons d'émétique , & on les continua
jufqu'au 14 de l'éruption , que tous les
accidens difparurent.
I
7. D'une affez bonne fanté , eut des maux de
reins & de tête , & la fiévre affez forte ; on la
faigna du pied le 1 & le a jour , le 3 elle fut purgée
avec l'émétique en lavage . La petite Vérole
fortit le 4, en médiocre quantité , la fiévre & les
accidens tomberent dans la fupuration, la tête devint
fort lourde , la fiévre étoit forte , on réitera
la faignée du pied jufqu'à la quatrième fois , on
y joignit les boiffons émétifées , & tous les accidens
cefferent.
Demoiselles BLEUES. 8. Languiffantes. de pâles
couleurs depuis long - temps , avoit effuie une
diffen rie extrême , pour laquelle on l'avoit faignée
8 fois, dont elle étoit à peine rétablie, tomba
dans un profond accablement , avec des élan
11. Vola cemen
DECEMBRE. 1730. 2849
cemens à la tête & une fiévre fi vive , qu'il fallut la
faigner 3 fois du pied le mêmejour. Le lendemain.
le poux s'étant un peu relâché, on tenta un lavage
de Tartre émétique; les élancemens de tête qui augmentoient,
obligerent de l'interrompre. A la fin
du 3 la petiteVérole fortit confluante,la fiévre& les .
accidens diminuerent fort peu. Le 3 de l'éruption
la petite Vérole n'avoit prefque point fait de progrès
, on revint à la faignée du pied , les boiffons
émétifées pafferent. La petite Vérole fit du progrès
& il y cut plus de modération dans les accidens
jufques au 6. La nuit fuivante la fiévre devint
plus forte , les élancemens à la tête furent
extrêmes , on la refaigna 2 fois du pied & les
boiffons émétifées furent continuées plufieurs
jours de fuite. La convalefcence ne fe montra que
yers le 17. Il y eut plufieurs Sincopes dans le
cours de la maladie qui firent recourir au Lilium.
9. Sujette à de fréquents éréfipelles à la tête
fentit tout à coup un violent mal de tête,il parut
une difpofition éréfipélateufe au vifage. La fiévre
devint quarte , la malade fut faignée du pied les
a premiers jours ; le 3 il y eut du relâche , on
lui donna 4 grains de Tartre émétique en lavage,
l'évacuation fut abondante & produifit un calme
de trois jours ; la fiévre fe ralluma, le mal de tête
& les élancemens furent extrêmes ; on revint à la
faignée du pied 2 fois le même jour . Le lendemain
la petite Vérole fe déclara en médiocre
quantité , avec une difpofition éréfipélateuſe ; la
fiévre & les accidens perfifterent. Comme il n'y
avoit point de diminution le 3. de l'éruption , on
la faigna , on jetta quelques grains de Tartre
émétique fur les boiffons ; malgré ce fecours ,
aídé des lavemens , les élancemens à la tête & la
fiévre augmenterent à un point , qu'il fallut la
11. Vol. D vj refai
2850 MERCURE DE FRANCE
refaigner dans le temps de la fupuration une fixiéme
& feptiéme fois du pied , & entretenir les
boiffons émétifées jufqu'au is de l'éruption que
l'état de la malade fut affuré.
10. D'un temperament robufte , avec de l'embonpoint
, eut une fiévre forte , de grands maux
de reins & la tête extrêmement pefante ; on la
faigna 2 fois du pied le 1 jour ; dès le fecond la
petite Vérole parut confluante ; la fiévre & les
autres accidens ne diminuerent prefque point;les
boutons ne faifoient aucun progrès . On réitera
la faignée du pied le 1 & le 2 jour de l'éruptions
il y eut quelque relâche. Les boiffons furent égui
fées par le Tartre émétique , mais une perte
abondante qui furvint , obligea de le fufpendre.
Le même état continua jufqu'au temps de la fapuration
que la fiévre devint plus vive , avec
des feux à la tête & un gouflement prodigieux .
On réitera deux fois la faignée du pied; on chargea
les boiffons de Tartre émétique , quoique la
perte continua. Les premieres évacuations firent
ceffer la perte & modererent les autres accidens ;
il fallut infifter fur la liberté du ventre pour
combattre la pefanteur de tête , juſqu'au 16 de
l'éruption que la convalefcence parut.
11. Peu forte , tomba dans un grand affou
piffement ; la fiévre & l'accablement étoient confiderables.
Les deux premiers jours elle fut faignée
du pied 3 fois. Le 3 , il y eut quelque degré
de moderation dans la fievre ; on tenta l'émetique
en lavage ; mais comme les accidens
augmentoient , il fallut l'interrompre & revenir
à la faignée du pied . La petite Verole fortit le
4 , la fievre fut plus moderée. Le 4 de l'éruption
on tenta de nouveau les boiffons émétifées ; la
fievre devint plus forte ; on les fufpendit ; on fit
une cinquiéme faignée du pied à l'entrée de la
II. Vola ſup
DECEMBRE. 1730. 2851
.
fupuration ; alors les boiffons émétifées pafferent
; on les continua juſqu'à la fin de la maladie,
parce que la tête redevenoit pefante dès que le
ventre ceffoit d'aller.
12. D'une bonne fanté , fut prise d'une fievre
qui augmentoit par redoublement , accompagnée
de maux de reins & d'une violente douleur de
tête. Les 2 premiers jours on la faigna 3 fois du
pied. Le 3 & le 4 on effaya le Tartre émetique
en lavage , fans prefque aucun fruit ; les , la petite
Verole fortit très- abondante , & en mêmetemps
il furvint une pcrte ; la fievre ſe ſoutint .
Le z de l'éruption , la tête fut priſe ; on revint à
la faignée du pied . Les accidens ayant augmenté
à l'entrée de la fuppuration , on fir une cinquiéme
faignée du pied , & on jetta, malgré la perte,
quelques grains de Tartre émetique fur la boiffon.
Ôn continua les évacuations , jufqu'à ce que tous
les accidens euffent entierement diſparu.
2
13. D'un bon temperament , eut une fievre &
un mal de reins , des élancemens à la tête violens
qui obligerent de la faigner 3 fois du pied les 2
premiers jours. Le 3 on chargea la boiffon de
Tartre émetique ; la petite Verole fortit pendant
l'évacuation & fut affez abondante , mais la
fievre perfifta . Le 3 de l'éruption elle devint plus
forte , la tête s'embaraffa , on recourut à la faignée
du pied, & on la réitera pour la cinquième
fois dans la fupuration , parce que l'embaras de
la tête fubfiftoit , & qu'il y avoit une tenfion generale.
Les boiffons émetifées pafferent avec le
fecours des lavemens enfuite , & il fallut foutenir
les évacuations jufqu'au 14. de l'éruption .
14. D'une forte fanté , eut une fievre & un
mal de tête fort vifs ; les 2 premiers jours , elle
fut faignée 3 fois du pied ; le 3 purgée avec l'émetique
, immédiatement après la petite Vérole
II. Vol
fortit
2852 MERCURE DE FRANCE
fortit abondamment; il reftoit encore de la fieyre.
Le 3 de l'éruption , la tête devint fort pefante ;
on revint à la faignée du pied & on éguifa les
boiffons de Tartre émetique , jufqu'à la conva¬
lefcence , pour empêcher que la tête ne s'embaraffât.
Le 4,
་
15.Bien conftituée, eut d'abord une fievre tres- violente
avec des élancemens à la tête & un faigne.
ment de nez confiderable. On la faigna 3 fois du
pied la même nuit . Il parut le lendemain quelque
modération dans la fievre & dans les accidens.On
tenta l'émetique en lavage , qu'on continua le 3 .
la petite Verole fortit en médiocre quan→
tité,mais elle fut accompagnée d'une oppreffion &
d'un fond d'affoupiffement ; la fievre étoit affez
forte ; on revint à la faignée & à l'émetique.L'abondance
des évacuations procura de la modération
dans les accidens jufqu'au 5. La nuit du 5 au
6 , les boutons rentrerent , & à leur place parut
un Eréfipelle univerfel. La fievre & l'affoupiffement
devinrent plus forts ; la tête ſe prit , le poux
étoit embaraffé , ou réitera la faignée du pied 2
fois à peu de diftance ; quelques heures après on
revint à l'émetique en lavage , on foutint les évacuations
par des Prifannes laxatives. Dans le tems
des évacuations il furvint une Syncope fi forte ,
qu'on fut obligé de recourir au Lilium .La petite
Verole reprit fon cours , les accidens fe modererent
, on continua les évacuations juſqu'au 14 de
P'éruption que tous les accidens furent calmez.
16. Délicate , eut une fievre affez forte , un faignement
de nez , & la tête extrêmement lourde .
Le 1 jour elle fut faignée 2 fois du pied ; la petite
Verole fortit le 2 abondante, entremêlée de marques
pourprées. Le 3 , on employa les boiffons
émetifées , l'évacuation modera les accidens. La
fievre fe foutenoit , elle augmenta vivement du s
IL, Vol.
au •
9
DECEMBRE. 1730. 2853
au 6 de l'éruption ; la tête fe prit , on réitera la
faignée du pied la nuit & le lendemain pour la
cinquième fois. Enfuite on continua les boiffons
émetifées , qu'il fallut foutenir jufqu'au 14.
17. Très-forte , tomba dans un accablement
profond , la tête prife , des convulfions & des
fyncopes ; la fievre étoit forte , le poux embaraffé
.Ces accidens augmenterent à tel point qu'on
fut obligé de faigner la malade du pied , f fois
en moins de 30 heures ; enfuite l'émétique en lavage
, qu'il fallut aider par les lavemens & des
ptifannes laxatives; on infifta fur l'émétique for
tement ; à la fin le ventre ſe déboucha , l'évacuation
fut foutenuë , & la nuit du 3 au 4 la petite
Verole fortit abondamment , les accidens fe calmerent
, & la maladie finit fans autre fecours
qu'une boiſſon émetifée , aux aproches de la fupuration
, parce que la tête redevenoir pefante.
Damoifelles JAUNES. 18. D'une bonne fanté..
Sa fievre marqua d'abord entiere ; au troifiéme
accès elle devint continuë ; la douleur de tête étant
devenue forte , on la faigna du pied ; il fallut réiterer
la nuit & le lendemain. On purgea la ma→
lade avec l'émetique , l'évacuation fut abondante
, & fuivie d'un relâchement prefque entier.
Trois jours fe pafferent dans le même calme. La
petite Verole parut le quatriéme en médiocre
quantité & fans accidens , le 4 de l'éruption les
boutons difparurent, la fievre fe railuma , la tête
fut prife avec de violents étouffemens ; on revint
à la faignée du pied , qu'on repeta 3 fois à peu de
diftance. Toute l'habitude du corps étoit devenue:
érefipelateufe. Le 6 , la malade fouffroit exceffivement
, il fallut faire une e faignée du pied..
Quelques heures après on chargea la boiffon de
Tartre émetique , la tenfion érefipelateufe dimi
nua ; les boutons reprirent corps , on foutint les
Io. Vola
éva
2854 MERCURE DE FRANCE
évacuations jufqu'au 17 de l'éruption pour def
fendre la tête qui fe reprenoit de tems en tems.
19. La poitrine délicate , parut fort afſoupie
avec une fievre ardente ; on la faigna 2 fois du
pied le même jour ; dès le foir il parut quelquesboutons
, fans que les accidens euffent diminués ;
la peau devint pourprée ; on revint à la faignée
du pied le 2 , & le 3 la petite Verole ne faifoit
aucun progrès , & les accidens avoient fort peu
relâché. Les de l'éruption, la fievre augmenta, on
fit une se faignée ; il furvint un vomiffement
que l'on foutint par une boiffon émetifée. Les
accidens fe calmerent , on continua la même
boiffon le refte de la maladie.
20. D'une grande délicateffe , fut prise d'un
mal de tête & d'une fievre fi forte , qu'on fut obligé
de la faigner cinq fois du pied les deux premiers
jours. Le 3. il y eut de la modération
on mit trois grains de tartre fur la boiſſon. A
la fuite de l'évacuation , la petite Verole fortit
& tous les accidens tomberent .
21. D'une forte fanté , eut la fievre , des maux
de coeur & une pefanteur de tête confiderable.
Le premier jour on la faigna deux fois du pied.
Dès le fecond la petite Verole fortit très- abondante.
La pefanteur de tête continuoit : on chargea
les boiffons de tartre émetique qu'il fallut
continuer toute la maladie , & les foutenir par
des ptifanes laxatives ; car dès que le ventre ceffoit
de couler , la pefanteur de tête augmentoit.
L'état de la malade ne fut certain que vers le 14.
de l'éruption .
22. D'un temperament délicat , avoit une fievre
vive & des redoublemens fréquens. La tête étoit
menacée ; on la faigna du pied quatre fois les
deux premiers jours. Le la 3 on purgea avec
l'émetique en lavage ; l'éruption fe fit. L'embardda
Vol
ras
DECEMBRE. 1730. 2855
ras de la tête continuoit encore le 3. de l'éruption
; on fit une cinquiéme faignée du pied ; l'émetique
en lavage fut repeté chaque jour juſqu'
la fin de la maladie .
que
23. Foible , fe plaignoit d'un grand mal de
tête , quoique la fievre ne fut pas forte. Une faignée
du pied calma cette douleur pendant deux
jours. Le 3. elle eut un tranfport & un étouffement
violent fans la fievre fut beaucoup augmentée
; on fit une feconde & une troifiéme faignée
du pied , & enfuite l'émetique en lavage.
La petite Verole fe déclara à la fin de l'évacuation
; mais fon progrès fut lent , la tête demeura
embaraffée , on réitera chaque jour l'émetique
en lavage. Le 6. de l'éruption le poux parut embaraffé
, le tranfport étoit plus violent , & la tête
avoit prodigieufement enflé ; on fit une cinquié
me faignée du pied qui produifit un relâchement)
fenfible. On infifta fur les évacuations , & tous
les accidens fe calmerent.
24. Bien conftituée , eut des élancemens à la
tête , & une fievre vive qui augmentoit à differentes
heures . Les deux premiers jours elle fut
faignée du pied trois fois. Le 3. il furvint un af
foupiffement , un tranfport & des étouffemens
fréquents ; on fut obligé de réiterer la faignée'
du pied deux fois ; il falut y revenir le lendemain
pour la fixième fois , enfuite l'émetique en lavage
; comme elle avoit de la peine à pouffer , on
eut recours aux ptifannes laxatives. Après deux
jours d'évacution la petite Verole fortit , & tous
les accidens tomberent.
25. D'une fanté foible , eut la fievre & mal à
la tête pendant près de huit jours fans fe plaindre
; alors la fievre & le mal de tête ayant augmenté
, elle fut faignée trois fois du pied en deux
jours , & purgée enfuite avec l'émétique en la-
II. Vol. vage!
2856 MERCURE DE FRANCE
vage. Le furlendemain la petite Verole fe déclara
; commè les accidens réfiftoient encore , on
continua les boiffons émetifées jufqu'à la fin de
la maladie .
26. D'une bonne conftitution ,fut prise d'un vo .
miffement & d'un accablement confiderable . La
fievre étoit forte , & marquoit par redoublemens .
Elle fut faignée trois fois du pied les deux premiers
jours ; le 3 purgée avec l'émetique en
lavage , la petite Verole fortit abondamment , les
accidens fe modererent. A l'entrée de la fuppuration
, la malade tomba dans une fincope qui
fut fuivie de mouvemens convulfifs & d'une
falivation abondante. Comme la fievre n'avait
pas augmenté à proportion des accidens , on fe
contenta de revenir au tartre émetique dont il
fallut aider l'effet par les ptifanes laxatives. Dès
que les évacuations diminuoient , il furvenoit des
étouffemens , ce qui obligea de les continuer juf
qu'au quatorze de l'éruption.
1. A
27. D'une bonne fanté , eut une fievre forte ,
accompagnée d'un point fixe dans les reins ,
d'un faignement de nez & d'une douleur de tête
infuportabie. On la faigna quatre fois du pied los
deux premiers jours.. Le 3. il y eut de la modération
, le 4. elle fut purgée avec l'émetique en
lavage ; la petite Verole fortit confluante , les
accidens diminuerent confiderablement ; on favorifa
la liberté du ventre par quelques grains
de tartre émetique fur la boiffon jufqu'à la fin
de la maladie , qui fe termina fans aucun autre
accident.
"
28. Sujette aux maux d'eftomach eut les mêmes
douleurs. Comme elles augmentoient , qu'il
y avoit de la fievre , accompagnée de mal de tête ,
on la faigna du pied le 3 , fes & le 6. Le 7. elle
tomba dans la tranfport , le poux étoit concen-
II. Vol. tré ;
DECEMBRE. 1730. 2857
éré ; on lui donna un lavage de tartre émetique ,
l'évacuation ne fut pas abondante , la fievre devint
plus forte , & l'embarras de la tête continuoit
. On fit deux faignées du pied à peu de diftance
, & on revint à l'émetique qui paffa plus
heureufement. La petite Verole fortit , & ne fut
fuivie d'aucun accident .
: on
D'une forte ſanté , tomba dans un abbatement
extrême , quoique la fievre ne fut pas forte :
la faigna du pied. Le 2. la fievre augmenta , la
faignée fut réiterée. La nuit fuivante la malade
cut de fortes convulfions & une fincope qui fut
portée à l'excès . Il fallut recourir au Lilium
& le repéter au delà des dofes ordinaires : le
poux revint : on fit une troifiéme faignée du pied,
& immédiatement après on donna l'émetique
l'évacuation fut abondante. La petite Verole fortit
en grande quantité , & les accidens commencerent
à fe calmer. On continua les boiffons émetifées
jufqu'à la fin de la maladie , à cauſe que
la tête n'étoit pas dans fon caractere ordinaire.
30. Infirme , eut une fievre vive , accompagnée
d'élancemens à la tête , le poux étoit embaraffé :
on fit trois faignées du pied les deux premiers
jours. La nuit du 2 au 3. la tête fut menacée ,
on revint à la faignée du pied , qui produifit un
relâchement dans la fievre ; l'émetique en lavage
fut employé le lendemain. Après l'évacuation
la petite Verole fortit en médiocre quantité , les
accidens diminuerent ; mais comme il reftoit un
fond de fievre , & que la tête laiffoit quelque inquiétude
on continua les boiffons émetifées
jufqu'à la fin de la maladie.
>
31. Sujette à une toux habituelle , & crachant
quelquefois du fang , fut prife d'une fievre trèsvive
fuivie de fréquents redoublemens. Les
deux premiers jours on fit trois faignées du
II. Vel. pied..
2858 MERCURE DE FRANCË
pied. Le 3. la tête fe prit : on réïtera la faignée
du pied qui produifit quelque modération dans
la fievre. La nuit du 4. la malade tomba dans
un affoupiffement profond ; le poux étoit emba
raffé , on tenta l'émetique inutilement , il fallut
revenir à une cinquiéme faignée du pied . Quelques
heures après la malade eut de fortes convulfions
, accompagnées de fréquentes fyncopes ,
on revint à l'émetique qu'on cut bien de la peins
à faire avaler. Comme il n'agiffoit point , on
força la dofe , le vomiffement débaraffa la tête.
Cependant fur le foir les convulfions redoublerent
, le hoquet fut fréquent & les extrémités
devinrent froides. On infifta fur l'émerique qui
à la fin produifit une abondante évacuation , les
accidens fe calmerent , la petite Verole fortit
très abondante , & finit fans donner d'autre inquiétude.
32. D'une fanté languiffante , cut une fievre
qui varioit à toute heure , accompagnée d'un
grand mal de tête ; elle fut faignée du pied , &
purgée le lendemain avec l'émetique en lavage.
Le foir la malade entra dans un calme parfait ;
les . la fiévre fe ralluma & fut accompagnée
d'un rire continuel & forcé ; on la faigna deux
fois du pied le même jour. Le lendemain la petite
Verole fortit affez abondante , cependant la
fievre & l'embarras de la tête continuerent. Le
3. de l'éruption , la malade tomba dans un aſſoupiffement
profond ; le poux étoit envelopé , on
fit une quatriéme faignée du pied , & enfuite
l'émetique en lavage qu'on réitera le lendemain ,
alors le poux fe dévelopa ; la petite Verole fit du
progrès ; la tête demeura pourtant embaraffée
on continua les boiflons émetifées jufques dans
le fort de la fupuration . Comme la tête étoit un
peu plus libre , & que la fievre avoit augmenté ,
II. Vol. 01 .
DECEMBRE. 1730. 2859
on en fufpendit l'uſage . 24. heures après la petite
Verole rentra: le tranfport accompagné de convulfrons
fut violent, la gorge prodigieufement enflée :
on revint à la faignée du pied , & immédiatement
après l'émerique , l'évacuation fut abondante ; la
petite Verole reprit cours , les accidens fe calmerent
; mais on ne difcontinua plus l'ufage de
la boiffon émetifée , aidée par les lavemens juſqu'au
16. de l'éruption qui termina la maladie.
Demoiselles VERTES . 33. D'une mauvaiſe
fanté , tomba dans un grand accablement , la
févre étoit vive ; elle fut faignée trois fois du
pied le même jour , la petite Verole fortit abondamment.
Il reftoit un fond de fievre à la malade
qui ayant mal à la gorge depuis long- tems
ne put rien avaler le 2 & le 3. de l'éruption . Le
4. on réitera la faignée , & les boiffons émetifées
pafferent enfuite , il falut les continuer le refte
de la maladie à caufe que la gorge & la tête
étoient menacées .
34 D'une fanté foible , cut des maux de reins ,
de violens élancemens à la tête & une fievre quartes
on la faigna deux fois du pied à une heure
de diſtance , on réitera la faignée le lendemain.
Le 3. il y eut du mieux , on employa le tartre
émetique en lavage , la perite Verole fortit trés
abondante , il y eut une remiffion prefque entiere
. A l'entrée de la fupuration la tête devint
fort pefante , la malade y fentoit de grands feux,
la fievre n'étant point forte , on fe contenta
d'employer les boiffons émetifées pendant la fupuration.
35. D'un temperament foible , eut d'abord peu
de fievre. Le 3. la fievre s'alluma avec un violent
tranfport , on la faigna trois fois du pied à
peu de distance , la fievre fe modera , on mit
trois grains de tartre émetique fur la boiffon.
14. Vol.
Après
2860 MERCURE DE FRANCE
Après l'évacuation la petite Verole fortit confluante
, la tête refta embaraffée , & la fievre ,
quoique moderée , perfiftoit ; on réitera la faignée
du pied le 3. de l'éruption , & on reprit
l'ufage des boiffons émetifées , qu'on continua
jufqu'au 14. de l'éruption que la tête fut totalement
debarraffée.
36. D'une forte fanté , eut de grands maux de
reins , un faignement de nez , la fievre étoit vive,
& fuivie de redoublemens . Les deux premiers
jours on la faigna du pied trois fois , à l'entrée
du 4. on reitera la faignée , la petite Verole ne
fit que fe montrer pendant deux jours , & dif-
La malade tomba dans un accablement
parut.
& un affoupiffement profond , le poux étoit petit ;
on jetta quatre grains de tartre émetique fur la
boiffon , l'évacuation fut abondante. La petite
Verole fit des progrès , & les accidens tomberent,
la fupuration fut longue , mais elle n'exigea aucun
fecours.
37. Délicate , avoit de la fievre depuis plufieurs
jours , & mal à la tête ; elle fut faignée & purgée.
Il y eut du mieux pendant huit jours , enfuite
elle tomba dans une fincope forte , la tête.
fe prit , la fievre étoit vive ; on la faigna deux
fois du pied à une heure de diftance. Quelque
tems après il y eut du relâche dans la fievre , on
mit quatre grains de tartre dans la boiffon , on
infifta fur le même remede . Le lendemain l'évacuation
fut forte , les accidens diminuerent , la
petite Verole fortit abondament , on continua
les évacuations juſqu'à la fin de la maladie.
38. D'une délicateffe extrême , eut un grand
accablement , la tête embarraffée , & une fievre
vive qui augmentoit par redoublemens ; le premier
jour on lui fit 2. faignées du pied ; le 2. on
réitera ; le 3. il y avoit quelque relâche , on
11. Vol "
mit
DECEMBRE. 1730. 2.86-1
mit deux grains de Tartre émetique fur la boiffon
, la petite Verole fortit confluante , la fievre &
l'embarras de tête diminuerent confiderablement,
il reftoit encore une grande pefanteur qui détermina
à continuer la boiffon émetiſée pendant le
refte de la maladie , qui par ce moyen finit heureufement.
39. D'un bon tempérament , eut un grand accablement
, un point fixe dans les reins ; la fievre
étoit forte & le poux embarraffé , des redoublemens
fréquents , le tranfport s'y joignit ; le premier
jour on lafaigna deux fois du pied , on réi
tira la faignée la nuit , le lendemain la fievre étoit
relâchée , on mit 4. grains de Tartre émetique
fur la boiffon ; la petite Verole fortit confluante,
du 3 au 4 les accidens tomberent prefque entierement;
le 4 de l'éruption la petite Verole rentra,
la tête fe prit , il y avoit de l'embarras dans le
poux & des étouffemens frequens ; on fit une 4° .
& se. faignée du pied , & enfuite l'émetique en
lavage fur lequel on infifta ; l'évacuation fur
abondante , la petite Verole reprit corps , les ac
cidens diminuerent , on continua la boiffon émetifée
jufqu'au 14. de l'éruption qu'on foutenoit
les lavemens : dès le ventre ceffoit d'aller
l'embarras de la tête & les étouffemens reparoif
foient .
par
que
40. Damoifelles ROUGES. Fort replette ,
tomba dans un grand affoupiffement , la fievre
étoit forte , la refpiration gênée ; elle fut faignée
3. fois du pied les 2. premiers jours ; le 3. on mit
3. grains de Tartre émetique fur la boiffon ;
L'embarras de la tête ceffa , la petite Verole
fortit en grande quantité , les accidens fe calmerent
, la fuppuration fut très- laborieufe ; mais
comme la fievre n'étoit pas forte , on fe contenta
de tenir le ventre libre par les boiffons émetiſées,
AI. Volo
2862 MERCURE DE FRANCE
& les lavemens jufqu'à la fin de la maladie.
41. D'une forte fanté, eut la fievre vive , accompagnée
de tranfport ; on la faigna 2. fois du
pied le même jour ; le lendemain le relâchement
de la fievre donna lieu à Pémetique ; l'évacuation
fut abondante & fuivie de l'éruption , l'embarras
de la tête & un mouvement de fievre continuoits
on infifta fur la boiffon émetifée pendant toute
la maladie , parce que la tête fe broüilloit dès que
le ventre n'alloit plus.
1
42. Delicate , fut près de 8. jours languiffante,
eut enfuite un éclat de tranfport & un rire forcé
qui ne difcontinuoit pas ; la fievre n'étoit pas vive;
elle fut faignée 3. fois du pied les 2. premiers jours
& purgée le 3. avec l'émerique ; une éruption
abondante fuivit de près l'évacuation ; les accidens
diminuerent , mais il reftoit une pente à l'affoupiffement
& la tête n'étoit pas entierement libre
, ce qui détermina à continuer les boiffons
émetifées pendant la maladie.
43. Valetudinaire , eut la fievre par redoublemens
; la tête étoit prife , elle fut faignée 2. fois
du pied le premier jour ; le fecond , à la faveur
d'une rémiffion fenfible dans le poux , on tenta
l'émetique qu'il fallut interrompre & revenir à la
faignée le foir ; le 3. la tête étoit toujours priſe ,
mais le poux étoit petit ; après quelques grains
de Tartre émetique fur la boiffon qui n'agiffoient
pas , on donna le vin d'Eſpagne émetique ; l'évacuation
fut foutenuë le lendemain , le 5. P'éruption
fut très -abondante , les accidens fe calmerent
; on aida la liberté du ventre dans le cours
de la maladie , parce que la tête avoit une difpotion
à s'embarafler.
44. D'une bonne fanté , eut une forte fievre ,
accompagnée d'un faignement de néz. On fit 3 .
Laignées du pied le premier jour ; la petite Ve
11. Vol
role
DECEMBRE. 1730. 2863
role fortit le lendemain ; comme les accidens s'étoient
moderez , on ne fit rien juſqu'au 3. de l'éruption
que la fievre augmenta ; la tête ſe prit ,
on revint à la faignée du pied , & enfuite à l'émetique
en lavage ; les évacuations débarafferent la
tête , on les a continuées jufqu'à la fin de la fupuration.
45. D'une fanté médiocre , fut prife d'un grand
accablement ; la fievre étoit forte , on la faigna
2 fois du pied le premier jour ; un peu de relâche
le lendemain détermina à donner un lavage de
Tartre émetique; l'évacuation fut fuivie d'un calme
de 4. jours ; la fievre fe ralluma , le tranſport
& de fortes convulfions s'y joignirent , le poux
étoit embaraffé ; on refit deux faignées du pied à
peu de diftance , & immediatement après l'émetique
en lavage ; on foutint l'évacuation ; la petite
Verole fortit le lendemain , accompagnée de
marques pourprées ; les accidens ſe modererent ,
on a foutenu foigneuſement la liberté du ventre
jufqu'à la fin de la maladie.
45. Robufte , eut une groffe fievre , accompa
gnée d'un faignement de nez & de violens élancemens
à la tête ; on la faigna du pied & la petite
Verole parut le même jour confluante. Les accidens
ne diminuerent point ; les boutons ne faifoient
aucun progrès ; la faignée du pied fut réïterée
le 2. & le 3. La nuit du 3. au 4. de l'éruption
il furvint un redoublement vif ; on refaigna
la Malade , elle fut vuidée le lendemain avec l'E
netique en lavage. L'évacuation qui fut abondante
modera les accidens jufqu'au 7. que la
fievre devint plus forte ; la tête fe prit & enfla
prodigieufement. On réïtera la faignée du pied
& l'ufage des boiffons émetifées qui furent continuées
jufqu'à la fin de la maladie.
47. Bien conftituée , fut lauguiffante plufieurs
11. Vol.
jours E
2864 MERCURE DE FRANCE
jours , la petite Verole fortit en petite quantité
fans accident ni mouvement de fievre. Le 4. de
P'éruption elle tomba dans un affoupiffement ;
la tête fut prife , il furvint un faignement de nez ;
on fit deux faignées du pied à peu de diftance , &
Pufage d'une boiffon emetifée qu'on continuą
plufieurs jours , débaraffa la tête.
48. Infirme & fujette à des coliques d'eftomach
, eut le même accident , accompagné d'une
fievre très-vive & d'une grande pefanteur de tête;
elle fut faignée quatre fois du pied les deux premiers
jours , le trois il y eut de la moderation ;
on jetta 4. grains de Tartre émetique fur la boif
fon , qui pafferene heureufement , & à la fin de
Pévacuation la petite Verole fortit ; il a fallu
foutenir la liberté du ventre le reſte de la maladie,
pour combattre la pefanteur de tête.
49. D'une médiocre fanté , eut une grande pefanteur
de tête , un faignement de nez , la fievre
étoit vive , les 2. premiers jours elle fut faignée
4. fois du pied ; le 3. la petite Verole fortit , le
4. l'éruption ne faifoit nul progrès ; on éguifa les
boiffons de quelques grains de Tartre émetique ,
il fallut en augmenter la doſe dans les tems de la
fupuration.
so, Dune délicateffe extrême , la fievre & les
accidens ne furent pas confiderables ; on ne fit
rien , la petite Verole fortit en médiocre quantité.
A l'entrée de la fupuration là fievre devint vive ,
la tête fè prit ; on fit deux faignées du pied à peu
de diftance , & les boiffons émetifées enfuite
qu'on continua jufqu'au 12. de l'éruption .
SI. DAMES RELIGIEUSES. Agée de
8, ans , d'un tempérament affez fort , quoique
fujette à des maux d'eftomach , cut une fievre des
plus vives , un grand accablement , des maux de
teins , un fond d'affoupiffement & des friffonne-
11. Vols
mens
DECEMBRE. 1730. 2865
3.
mens continuels ; on lui fit quatre fortes faignées
du pied les deux premiers jours ; comme il y eur
de la modération dans la fievre , le elle fut purgée
avec quatre grains de Tartre émetique en layage
, qui produifirent peu d'effet . On y revint le
lendemain , l'évacuation fut plus heureuſe , la petite
Verole fe déclara confluante & fut accompagnée
d'un fond de fievre & d'affoupiffement ; on
continua les boiffons émetifées qu'on aidoit par
les lavemens foir & matin. Malgré ces fecours le
. de l'éruption le ventre ne coula plus , l'affoupiffement
devint profond ; la fievte n'ayant pas
augmenté à proportion des autres accidens , on
fe contenta de doubler la doſe de l'émetique ; le
ventre ne s'ouvrant pas , on infifta fur le même
remede , aidé par les Ptifannes laxatives ; enfin on
eut recours au vin d'Efpagne émerique qui fut
fuivi d'une évacuation abondante . La Malade
avoit pris dans les 24 heures la valeur de plus de
30 grains de Tartre émetique ; la petite Verole
repouffa , la tête fut déchargée ; on continua les
boiffons émetifées jufqu'à la fin de la maladie :
l'état de la Malade n'a été certain que vers le 15
de l'éruption.
52. Agée de 56 ans , d'un temperament trèsdélicat
, fujette à cracher du fang , & les jambes
fouvent enflées , eut une fievre affez vive , accompagnée
de maux de reins & d'une grande
douleur de tête , on la faigna deux fois du pied
les deux premiers jours ; le 3. il y eut un dévoiement
; on mit deux grains de Tartre fur la boiffon
, qu'on réitera le lendemain. La petite Verole
fortit à la fin du 4. en médiocre quantité, tous les
accidens fe modererent. Le 5. de l'éruption , la
pefanteur de tête & le dévoiement recommencerent
, on mit encore deux. grains de Tartre fur
la boiffon , on les repeta le lendemain & la maladie
finit heureuſement. Eij 53
2866 MERCURE DE FRANCE
53. Agée de 24. ans , d'un tempérament fort
vif , dans une difpofition à une fievre étique , eut
des élancemens à la tête , des maux de reins , des
fux dans la poitrine ; la fievre étoit forte , elle
fut faignée trois fois du pied les 2 premiers jours,
il y eut peu de moderation le 3. Le 4. elle étoit
plus fenfible ; on mit deux grains de Tartre fur
la boiffon ; la petite Verole fortit en affez grande
quantité. Le 3. de l'éruption la fievre & les élancemens
à la tête augmenterent ; on revint à la faignée
du pied qui calma les accidens ; le refte de
la maladie elle n'eut befoin que d'une Eau de
Pavot pour calmer les tiraillemens de poitrine
qui fe réveilloient de tems en tems , plutôt comme
une fuite de fa difpofition habituelle , que de
la maladie preſente.
>
54. Agée de 23. ans , fortoit d'une fluxion de
poitrine , pour laquelle on avoit été obligé de la
faigner plufieurs fois ; la convalefcence n'étoit
pas entièrement confirmée , lorfqu'elle fut prife -
d'une fievre vive , accompagnée d'élancemens à
la tête , & en même- tems d'une perte confiderable.
On fit 2. faignées du pied le premier jour
le 3. on réitera ; de la moderation dans la
fievre & dans la perte firent paffer à un lavage
de Tartre émetique ; l'évacuation fut ample , elle
diminua tous les accidens , fit ceffer la perte . La
petite Verole fortit abondante ; le 5. l'éruption ,
la pefanteur de tête revint , on mit quelques
grains de Tartre fur la boiffon, qui ne produifirent
prefque aucun effet ; la pefanteur de tête fut plus
forte & la fievre augmenta , on fit une quatrième
faignée du pied & enfuite les boiffons émetifées
pafferent heureufement , on en continua l'ufage
jufqu'à la fin de la maladie.
55. Agée de 35. ans , d'un bon temperament
& fort replete,cut de violens maux de reins,la tête
14 Vol
CxDECEMBRE
. 1730. 2867
extrémement pefante & la fievre forte ; on fit 4.
grandes faignées du pied les deux premiers jours ;
le 4. il fallut réiterer quelque moderation
donna lieu à l'émetique en lavage ; après l'évacuation
la petite Verole fortit confluante ; il reftoit
encore de la pefanteur à la tête ; on inſiſta
fur les boiffons émetifées qu'il fallut aider plus
d'une fois par des Ptifannes laxatives & les lavemens
jufqu'au 14. de l'éruption .
Voilà,Madame,un Extrait bien fidele du Journal
de nos Malades ; j'y ai trouvé qu'en 3. mois nous
avons fait près de 500. faignées du pied , &
donné environ 2000. grains de Tartre émetique ;
à la verité je comprens toujours dans nos petites
Veroles , les fievres du même tems , parce qu'excepté
les boutons , c'étoit le même caractere , &
qu'on y a employé les mêmes fecours ; j'en citerai
feulement une des plus fortes pour exemple.
>
Mle *** âgée de 18. ans , avoit de l'embonpoint
& des couleurs vives , toutefois fujette aux
maux de tête ; elle tomba dans un grand accablement
la fievre étoit forte & la pefanteur de tête extrême
, elle avoit des maux de reins,des envies de
vomir & un fond d'oppreffion ; on la faigna 5 .
fois du pied les deux premiers jours ; le 3, un peu
de modération fit tenter l'émetique en "lavage
mais inutilement ; la fievre augmenta , on réïtera
la faignée le foir ; le 4. il y eut du mieux ; on
revint à l'émetique , on y joignit le fecours des
lavemens ; on continua le 5. le 6. & le 7. la pefanteur
de tête diminuoit à mefure des évacuations
. Du 8. au 9. la fievre devint plus forte , la
tête fe prit totalement ; on apperçut quelques
mouvemens convulfifs ; il fe répandit un engourdiffement
abfolu fur tout le côté droit ; on fit
2. faignées du pied à peu de diſtance; la fievre ſe
modera , & on revint à l'émetique en lavage ; les
II. Vol.
éva- E iij
2868 MERCURE DE FRANCE
évacuations foutenues pendant plufieurs jours
diffiperent enfin les accidens , & là convalefcence
commença vers le 20 .
Notre Medecin avoit extrémement fimplifié
notre travail , la boiffon étoit l'eau naturelle ; on
la faifoit tiédir lorfque les malades étoient dans
la moiteur ; la nourriture , un bouillon fort fimple
que l'on fuprimoit les premiers jours , & méme
dans le cours de la maladie , lorfque les accidens
étoient violens. On changeoit les Malades
de linge & de lit dans tous les tems de la maladie,
lorfqu'elles en avoient befoin. Il n'y avoit ni plus
de couvertures , ni plus de feu dans les Infirme
ries que pendant les autres maladies . Les lavemens
étoient d'un ufage journalier. Quelque narcotique
, du Lilium dans les fyncopes fortes , nul
remede exterieur pour préferver les Malades de
l'impreffion que cette maladie laiffe ordinairement,
perfuadez qu'ils font inutiles, & que c'eft du caractere
du fang que dépend cette impreffion,du refte
la faignée & l'émetique. On adopte fans peine
une pratique aufli fimple, fur tout lorfqu'elle eft
fuivie d'un fuccès auffi heureux . Il paroiffoit difficile
à croire à ceux qui n'en ont pas été témoins.
De plus de 125. Demoifelles, il n'en eft pas inort
une feule , & de 7. Religieufes & une Soeur , nous
n'en avons perdu qu'une , plus encore par fes
grandes infirmitez & fon âge avancé , que par la
maladie courante qui ne put pas fortir
J'avoue qu'il y a des années où la petite Verole
n'eft pas meurtriere, & qu'elle feroit peu de ravage
, quand même on n'y donneroit aucun fecours;
mais celle-cy étoit bien differente , l'excès où l'on
a été obligé de porter la faignée du pied & les autres
évacuations dans la plupart des Malades , ne
prouve que trop fa violence. Dans le Village de S.
Cyr,où cette maladie étoit en même tems répan-
II. Vol
duë ,
DECEMBRE . 1730. 2869
2
due , & fans autre fecours que celui qu'admet le
préjugé, on a perdu un grand nombre de Malades;
or fi la petite Verole a fait beaucoup de defordre
dans un Village où la jeuneffe jouit d'une forte
fanté , parce qu'elle vit dans une liberté entiere
quel ravage n'auroit-elle pas fait avec de fi foibles
fecours dans une Maifon où un grand nombre
de Demoifelles raffemblées dès leur enfance , vi
vent dans une grande régularité & dans une con
tention d'efprit perpetuelle à remplir leur devoir,
on parconfequent les meilleures fantez ne font pas
fans nuage, & parmi lesquelles il y en a beaucoup
d'infirmes ?
Mais s'il a fallu porter les évacuations auffi
loin dans des perfonnes qui menent une vie fimple
, que ne faudrait - il point faire dans celles
dont le fang nourri d'excès & de Liqueurs fpiritueufes
eft toujours prêt à s'enflammer ?
Ce n'eft pas pour faire valoir nos foins que
fais ici ces Reflexions , c'eft uniquement pour
détruire la prévention où prefque tout le monde
eft de croire que l'émetique & la faignée font
d'un ufage dangereux , fur tout lorfque la petite
Verole eft fortie. Je vous avoue que je fuis indi
gnée contre moi- même d'avoir penfé de la forte
autrefois , revenue de mon erreur , je ne laiffe
paffer aucune occafion d'écrire ou de parler des
prodiges que la faignée & l'émetique ont operez
chez nous dans cette maladie. Je fuis bien affurée
que vous ne trouverez pas l'expreffion trop forte,
fi vous vous faites une idée qui approche de la
réalité fur les horreurs où nous nous fommes
trouvées. Il y a eu des nuits où nous avions 5. à
6.Malades à tel point d'extrémité, qu'on n'auroit
ofé répondre de la vie d'aucune pour quelques
heures. Il nous eft arrivé plus d'une fois d'abandonner
une Malade avec la veine ouverte dans
II. Vol. Ejuj l'eau
2870 MERCURE DE FRANCE
l'eau pour courir à une autre qui tomboit dans
an accident plus brufque. Nous ne manquions
pas alors de propofer à notre Medecin d'employer
une quantité de remedes vantez pour cette malaladie
, comme la Poudre de la Comteffe , le Befoard
, la Poudre de Vipere , le Sang de Bouquetin
, &c. mais il nous répondoit froidement que
´ces cas là étoient trop férieux pour s'en tenir à
des amufemens. Les Vefiçatoires furent rejettez ,
même en nous difant leur effet étoit d'entreque
tenir & de fondre le fang , deux écueils les plus
redoutables dans cette maladie.
Je crois n'avoir pas befoin de vous dire que ce
récit eft d'une grande exactitude , je fuis perfuadée
que vous n'aurez aucun doute fur cela ; mais comme
vous pouriez le faire lire à d'autres perfonnes ,
& que je fuis bien aife que le parti de la verité ait
de la force , j'ai prié Mefdames de Garnier , de
Vaudancour , de Montchevreuil , d'examiner s'il
ne me feroit point échappé d'alterer ou de groffir
quelque circonftance , & d'y mettre leurs fignatures
, fi elles le trouvoient dans une exacte verité.
Leur témoignage doit faire foi , puifque les deux
premieres ont foutenu le fort du travail en qualité
d'Infirmieres principales , & que la troifiéme partageoit
avec moi les foins de l'Apoticairerie . J'ai
l'honneur d'être , &c. Signé , Soeurs de Garnier.
De Vaudancour. De Montchevreüil. De Texier.
AS. Cyr , ce 30. Août 1730.
Fermer
Résumé : Lettre sur la petite Vérole, dont les Religieuses & les Demoiselles de S. Cyr ont été affligées, [titre d'après la table]
En 1730, une religieuse de la Maison de Saint-Cyr écrit à une amie pour expliquer la gestion de l'épidémie de petite vérole qui a frappé la communauté. Elle répond aux critiques publiques concernant la décision de ne pas séparer les malades du reste de la Maison. Le médecin a recommandé de ne pas isoler les malades et de privilégier l'émétique et la saignée comme traitements. La lettre détaille les observations faites pendant l'épidémie, notamment l'absence de contagion par fréquentation des malades et l'influence des conditions atmosphériques sur la maladie. La religieuse mentionne également les différentes classes de malades et les traitements spécifiques administrés. Les symptômes courants incluent la fièvre, des maux de tête, des vomissements et des douleurs diverses. Les traitements principaux consistent en des saignées, des purgations avec du tartre émétique, et l'administration de boissons émétiques. Les patientes sont classées en fonction de leur constitution : délicates, en bonne santé, robustes ou infirmes. Les traitements visent à réduire la fièvre, calmer les maux de tête et les convulsions, et favoriser l'évacuation par des purgations et des saignées. Les soins incluent également des changements de linge, des lavements, et une alimentation simple. Les résultats sont globalement positifs, avec une seule religieuse décédée en raison de ses grandes infirmités et de son âge avancé. L'auteur réfute l'idée que l'émétique et la saignée soient dangereux, surtout lorsque la maladie est fortifiée. Elle témoigne des effets bénéfiques de ces traitements, ayant elle-même changé d'avis après avoir observé leurs résultats positifs. Les vésicatoires étaient rejetés en raison de leurs effets potentiellement dangereux sur le sang. Les sœurs Garnier, Vaudancour, et Montchevreuil, ayant joué des rôles clés en tant qu'infirmières et apothicaires, attestent de la vérité du récit. Le document est signé par les sœurs et daté du 30 août 1730.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 2400-2402
LETTRE écrite de Paris, le 30 Aoust 1731. sur la petite Verole.
Début :
Vous feriez plaisir, Monsieur, à plusieurs personnes, d'inserer dans le Mercure de [...]
Mots clefs :
Petite vérole, Maladie contagieuse, Médecins physiciens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Paris, le 30 Aoust 1731. sur la petite Verole.
LETTRE écrite de Paris; le 30 Aouſt 17 3:10
sur la petite Verole.
V à
Ous feriez plaisir , Monsieur , plusieurs
personnes , d'inserer dans le Mercure de
France , la question suivante.
Il y a quelques jours que dans une compagaie-
Qui
OCTOBRE . 1731. 240
bù il se trouva deux Médecins : il s'éleva une
dispute touchant la petite Vérole , sçavoir :
Si c'est une maladie contagieuse.
Hippocrate dit . oui , et Galien dit non. Quoi
que la question ne soit pas nouvelle , il est certain
qu'elle n'a pas encore été traitée comme elle
pourroit l'être. On ne sçait encore qu'en croire ,
et cependant l'affirmative cause bien des desor
dres. La frayeur que cette maladie inspire , fait
en quelque sorte renoncer aux devoirs les plus
sacrez de la nature ; une mere tendre se refuse
l'enfant le plus cheri, et le laisse à la discretion
d'une main étrangere ; le fils évite son pere , les .
umis se fuyent ; enfin les personnes les mieux
unies se séparent et se privent de toute consolation
, tant que cette maladie dure. On raisonna
beaucoup sur l'Expedient des Anglois , avec
leur Infertion, et quelqu'un de la Compagnie les
compara à de braves soldats qui s'essayent à tirer
les uns sur les autres , avec des Fusils chargez à
balles , dont tous les coups ne portent pas.
D'un autre côté , la négative fait faire bien des
imprudences. On blâme ceux qui sont attaquez.
de la petite Vérole pour avoir été dans des en
droits où elle étoit , et l'on ne manque pas d'en
attribuer la cause à leurs démarches, s'ils en échapent
sans l'avoir , on est dans l'admiration ; ne
seroit-ce pas une erreur de part et d'autre ? De
quelque façon que la chose soit décidée , pourvû
qu'elle le soit , le public. sçauroit du moins
à quoi s'en tenir.
On voit quelquefois s'élever dans la litterature
entre de grands adversaires des disputes sur des
choses moins importantes , et après replique sur
repli
2402 MERCURE DE FRANCE
replique tous les suffrages se réunir.La question
proposée n'est assurément pas indifferente ; er
quelques habiles Médecins Physiciens , qu'on
verroit aux prises là - dessus ,ne manqueroient pas
d'attirer l'attention du public . Quoiqu'on en dise,
il est constant que ces Messieurs sont recherchez,
et qu'on ne sent que trop souvent le besoin qu'on
a d'eux . Nous en passons communément par tout
ce qu'ils veulent , et nous mettons tous les jours ,
avec confiance , notre vie entre leurs mains.
Le public , sans être Medecin de profession ;
n'en est pas pour cela moins capable de juger
cette affaire , comme il en a jugé d'autres qui
sembloient n'être pas de sa competence ; et le
vaincu dans cette espece de combat, auroit constamment
autant de gloire que le vainqueur.
Vous n'ignorez pas , Monsieur , combien les
sentimens sont partagez là - dessus. Si en proposant
cette question il se trouvoit quelqu'un qui
découvrit nettement la vérité , vous obligeriez,
Monsieur , votre , &c.
sur la petite Verole.
V à
Ous feriez plaisir , Monsieur , plusieurs
personnes , d'inserer dans le Mercure de
France , la question suivante.
Il y a quelques jours que dans une compagaie-
Qui
OCTOBRE . 1731. 240
bù il se trouva deux Médecins : il s'éleva une
dispute touchant la petite Vérole , sçavoir :
Si c'est une maladie contagieuse.
Hippocrate dit . oui , et Galien dit non. Quoi
que la question ne soit pas nouvelle , il est certain
qu'elle n'a pas encore été traitée comme elle
pourroit l'être. On ne sçait encore qu'en croire ,
et cependant l'affirmative cause bien des desor
dres. La frayeur que cette maladie inspire , fait
en quelque sorte renoncer aux devoirs les plus
sacrez de la nature ; une mere tendre se refuse
l'enfant le plus cheri, et le laisse à la discretion
d'une main étrangere ; le fils évite son pere , les .
umis se fuyent ; enfin les personnes les mieux
unies se séparent et se privent de toute consolation
, tant que cette maladie dure. On raisonna
beaucoup sur l'Expedient des Anglois , avec
leur Infertion, et quelqu'un de la Compagnie les
compara à de braves soldats qui s'essayent à tirer
les uns sur les autres , avec des Fusils chargez à
balles , dont tous les coups ne portent pas.
D'un autre côté , la négative fait faire bien des
imprudences. On blâme ceux qui sont attaquez.
de la petite Vérole pour avoir été dans des en
droits où elle étoit , et l'on ne manque pas d'en
attribuer la cause à leurs démarches, s'ils en échapent
sans l'avoir , on est dans l'admiration ; ne
seroit-ce pas une erreur de part et d'autre ? De
quelque façon que la chose soit décidée , pourvû
qu'elle le soit , le public. sçauroit du moins
à quoi s'en tenir.
On voit quelquefois s'élever dans la litterature
entre de grands adversaires des disputes sur des
choses moins importantes , et après replique sur
repli
2402 MERCURE DE FRANCE
replique tous les suffrages se réunir.La question
proposée n'est assurément pas indifferente ; er
quelques habiles Médecins Physiciens , qu'on
verroit aux prises là - dessus ,ne manqueroient pas
d'attirer l'attention du public . Quoiqu'on en dise,
il est constant que ces Messieurs sont recherchez,
et qu'on ne sent que trop souvent le besoin qu'on
a d'eux . Nous en passons communément par tout
ce qu'ils veulent , et nous mettons tous les jours ,
avec confiance , notre vie entre leurs mains.
Le public , sans être Medecin de profession ;
n'en est pas pour cela moins capable de juger
cette affaire , comme il en a jugé d'autres qui
sembloient n'être pas de sa competence ; et le
vaincu dans cette espece de combat, auroit constamment
autant de gloire que le vainqueur.
Vous n'ignorez pas , Monsieur , combien les
sentimens sont partagez là - dessus. Si en proposant
cette question il se trouvoit quelqu'un qui
découvrit nettement la vérité , vous obligeriez,
Monsieur , votre , &c.
Fermer
Résumé : LETTRE écrite de Paris, le 30 Aoust 1731. sur la petite Verole.
Dans une lettre datée du 30 août 1731, deux médecins débattent de la nature contagieuse de la petite vérole. L'un soutient la contagiosité, suivant Hippocrate, tandis que l'autre la nie, suivant Galien. Cette controverse, bien que non nouvelle, reste non résolue et cause des désordres sociaux. La peur de la maladie pousse les gens à éviter leurs proches. La lettre mentionne la méthode anglaise de l'inoculation, comparée à des soldats tirant avec des fusils. La négation de la contagiosité mène à des imprudences, tandis que l'affirmation cause des séparations. La lettre suggère que la question doit être traitée par des médecins compétents et que le public est capable de juger cette affaire. Elle appelle à une résolution claire pour éviter les erreurs et les souffrances inutiles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
8
p. 2407-2411
« On mande de Barcelonne, que la petite Verole est devenuë epidemique cette année dans [...] »
Début :
On mande de Barcelonne, que la petite Verole est devenuë epidemique cette année dans [...]
Mots clefs :
Petite vérole, Catalogne, Bonnet de Docteur en Théologie, Tremblement de terre, Estampe, Violon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « On mande de Barcelonne, que la petite Verole est devenuë epidemique cette année dans [...] »
On mande de Barcelonne , que la petite Ve
role est devenue epidemique cette année dans
toute la Catalogne , qu'elle attaque toutes sortes
de Personnes et à tout âge mais qu'elle n'est
pas mortelle. On mande au contraire de Milan
que la même maladie y fait de grands ravages ,
et qu'il y est mort depuis quelque temps plus de
3000. Enfans,
-
On apprend de Lisbonne , que le 31. Aoust ,
le P. Pierre de la Conception , Religieux du
Tiers Ordre de S. François , reçût le Bonnet
de Docteur en Theologie dans l'Université de
Coimbre. C'est le premier Religieux de l'Ordre
de S. François qui ait été reçû Docteur
› non.
seulement dans cette Université , mais dans toutes
les autres du Royaume de Portugal : il eût
pour Parrain le P. Manuel de S. Jerome , Provincial
du Tiers-Ordre de S. François en Por
tugal.
Les Académies Litteraires se multiplient ent
Portugal ; outre celle de l'Histoire établie à Lisbonne
et celle de Guimaraens , qui a publić :
depuis peu diverses Pieces de Poësie , qui sont
fort applaudies , il vient de s'en établir une nou◄
velle dans la Ville de Braga.
2408 MERCURE DE FRANCE
On apprend en même temps de la Ville de
Chaves en Portugal , que le 8. Août on y avoit
essuyé une Tempête affreuse , qui s'étoit formée
autour d'une Montagne voisine de cette Ville ,
qu'en très-peu de temps la Riviere d'Avelans
s'étoit tellement enflée par la Pluye , que dans
l'espace de trois heures elle avoit entrainé toutes
les Maisons voisines , déraciné tous les Arbres
et fait perir une partie des Habitans.
?
Le Comte d'Orrery , sçavant Anglois , mort
depuis peu , a laissé à l'Université d'Oxford ,
sa belle Bibliotheque qu'on estime 6000. livres
sterlings.
On apprend de la Haye , que le Docteur Desaguliers
y donne depuis le mois dernier , un
cours de Philosophie experimentale , auquel assistent
un grand nombre de Personnes de distinction
le Duc de Lorraine , aussi curieux que
versé dans ce genre de Science , l'a honoré plusieurs
fois de sa presence.
::
On a appris en dernier lieu de la Chine ,
que le Tremblement de Terre dont nous avons
déja parlé , arrivé à Pekim et aux environs , le
30. Septembre 1730. à dix heures trois quarts
fût si violent et si subit , qu'il ne
de se mettre en su-
>
le
temps
›
du matin
donna à personne
reté. Au moment qu'on l'apperçût on vît les
Maisons tomber : l'effort se faisoit par- dessous ,
et les Murailles s'élevoient comme si ç'eût été
l'effet d'une Mine. La premiere sécoussé qui fût
P'unique violente ne dura qu'une minute , et
dans ce peu de temps elle renversa la moitié de
la Ville de Pekin. On compte déja plus de cent
mille personnes qui ont péri
OCTOBRE. 1731. 2409
A quatre lieues au Nord de Pekin , la Terre
s'est ouverte ; il en est sorti une fumée ou un
Brouillard épais ; la Terre s'est trouvée ensuite
couverte d'une eau noire en un endroit , jaúnatre
dans un autre , noire et rougeatre
ailleurs e
un gros Village appellé Tcha - ho a été entie
rement abîmé.
>
"
2
On n'est pas encore sans crainte le Tremblement
n'êtant pas fini. Le jour qu'il commença
, il y eût huit ou neuf secousses mais legeres
; depuis le 30. Septembre jusqu'au 12. d'Öctobre
, il y en cût 23. Lorsque a premiere secousse
se fit sentir P'Empereur étoit dans une
Barque sur un Canal de ses Jardins ; il se prosterna
aussi tôt , acora l'Esprit du Ciel , et l'invoqua
, en s'accusant et attribuant ce fleau du
Ciel à sa négligence dans le Gouvernement. .
>
On écrit de Florence , que le Riposodi Rafaele
paroît imprimé avec de nouvelles figures. C'est
un Dialogue sur la Feinture et la Sculpture ,
très bien écrit et très estimé où l'on traitte
de l'invention , de la disposition , du choix des
attitudes , du dessein et du coloris.
>
Il paroît une nouvelle Estampe dont le
sujet est la Ceremonie du Mariage de Louis
XIV avec Marie Therese d'Autriche. Elle est
de parei le grandeur des six qui ont déja paru ,
dont cinq sont gravées par le celebre SEBASTIEN
LE CLERC , la sixiéme representant l'Entrevuë
des deux Rois Louis XIV. et Philippe IV. Roi
d'Espagne , et celle qui donne lieu à cet article
sont du Sieur Jeorat , d'après aes Tableaux de
Ja composition de M. Le Brun ces deux dernieres
Estampes se vendent chez ledit Jcorat ,
•
Graveur
AIO MERCURE DE FRANCE
>
Graveur , ruë S. Jacques , vis - à- vis les Mathu
rins au Livre d'Or. On trouve aussi chez lui
beaucoup d'Estampes du même Sebastien Le
Clerc , son Beau Pere ; cet avis est d'autant plus
necessaire , que l'on expose en Public quantité
de copies des ouvrages de cet excellent Maître ;
et qu'à deux entr'autres ( l'Académie des Sciences
et des beaux Arts , et l'Entrée d'Alexandre
dans Babilone ) pour les rendre plus conformes
aux Originales , on en a imité jusqu'aux dedicaces
avec le nom de l'Auteur , exactitude , à la
verité , dont le motif est aussi visible que condamnable
par les honnêtes gens et par les cu
rieux intelligens.
Le Sieur le Blanc , Fondeur du Roy , extrê
mement connu par les beaux Ouvrages qu'il fair
d'un Métal de sa composition , couleur d'Or ,
qu'on a bien de la peine à distinguer du vrai or ,
nous prie d'avertir le Public , qu'il est trompé
tous les jours par de méchants Ouvriers , qui
veulent imiter sa composition et son travail , se
Bervant même de son nom pour vendre de mauvaises
Marchandises. Le Sr. le Blanc fait depuis
dix ans un grand débit de ses ouvrages , qu'on
peut voir chez le Roy , chez les Princes et chez
quantité de Seigneurs de la Ville et de la Cour,
Il demeure dans le Cloître S. Germain l'Au
xerrois.
Les Curieux trouveront chez lui quantité d'ouvrages
de goût , utiles et agréables , comme ornemens
de toute espece , Boucles , Pommes de
Cannes , Gardes d'Epées , Tabatieres , Garnitures
de Boutons , Flambeaux , Toilettes , Bras
Lustres , sur-tout de Table , Grilles à feu , & c.
Le
THE
NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND TILDEN
FOUNDATIONS
.
O IL
ASTOR, LENOX AND
TILDEN FOUNDATIONS
.
Le
OCTOBRE. 1731. 2411
Le Sieur Aubert , Intendant de la Musique
de S. A. S. M. le Duc , vient de donner au Public
un quatriéme Livre de Sonnates ; les Ouvra➡
,
de cet Auteur sont très recherchez. Il suffira
de dire qu'il a sçû joindre dans ce dernier , le
beau chant et les au neuf. On le peut
graces
executer sur la Flute comme sur le Violon ; il
donnera aussi dans le cours de l'Hyver prochain
sa quatriéme suite de Concert de Simphonie ;
on trouvera tous ses ouvrages chez le Sr. Boivin,
rue S. Honoré , à laregle d'or , le Sr. le Clerc ,
rue du Roule , à la Croix d'or , et chez l'Auteur
ruë S. Honoré , vis - à- vis la ruë de Gre➡
nelle , aux Dames de France. Il fera les envois
en Province tels qu'on les souhaittera , en lui
écrivant et lui marquant une adresse exacte.
Le prix de ce Livre de Sonnates est de 8. liv.
et celui de ses Concerts de Symphonie est de
3. liv. 12. fols.
› Papillon , Graveur en bois ruë S. Louis ,
près le Palais , à Paris , donne avis que le petit
Almanach de Paris , pour l'Année 1732. sera
augmenté et embelli de plusieurs choses curieuses.
Avec deux nouvelles planches des mois
qui feront la moitié de l'Année complette .
role est devenue epidemique cette année dans
toute la Catalogne , qu'elle attaque toutes sortes
de Personnes et à tout âge mais qu'elle n'est
pas mortelle. On mande au contraire de Milan
que la même maladie y fait de grands ravages ,
et qu'il y est mort depuis quelque temps plus de
3000. Enfans,
-
On apprend de Lisbonne , que le 31. Aoust ,
le P. Pierre de la Conception , Religieux du
Tiers Ordre de S. François , reçût le Bonnet
de Docteur en Theologie dans l'Université de
Coimbre. C'est le premier Religieux de l'Ordre
de S. François qui ait été reçû Docteur
› non.
seulement dans cette Université , mais dans toutes
les autres du Royaume de Portugal : il eût
pour Parrain le P. Manuel de S. Jerome , Provincial
du Tiers-Ordre de S. François en Por
tugal.
Les Académies Litteraires se multiplient ent
Portugal ; outre celle de l'Histoire établie à Lisbonne
et celle de Guimaraens , qui a publić :
depuis peu diverses Pieces de Poësie , qui sont
fort applaudies , il vient de s'en établir une nou◄
velle dans la Ville de Braga.
2408 MERCURE DE FRANCE
On apprend en même temps de la Ville de
Chaves en Portugal , que le 8. Août on y avoit
essuyé une Tempête affreuse , qui s'étoit formée
autour d'une Montagne voisine de cette Ville ,
qu'en très-peu de temps la Riviere d'Avelans
s'étoit tellement enflée par la Pluye , que dans
l'espace de trois heures elle avoit entrainé toutes
les Maisons voisines , déraciné tous les Arbres
et fait perir une partie des Habitans.
?
Le Comte d'Orrery , sçavant Anglois , mort
depuis peu , a laissé à l'Université d'Oxford ,
sa belle Bibliotheque qu'on estime 6000. livres
sterlings.
On apprend de la Haye , que le Docteur Desaguliers
y donne depuis le mois dernier , un
cours de Philosophie experimentale , auquel assistent
un grand nombre de Personnes de distinction
le Duc de Lorraine , aussi curieux que
versé dans ce genre de Science , l'a honoré plusieurs
fois de sa presence.
::
On a appris en dernier lieu de la Chine ,
que le Tremblement de Terre dont nous avons
déja parlé , arrivé à Pekim et aux environs , le
30. Septembre 1730. à dix heures trois quarts
fût si violent et si subit , qu'il ne
de se mettre en su-
>
le
temps
›
du matin
donna à personne
reté. Au moment qu'on l'apperçût on vît les
Maisons tomber : l'effort se faisoit par- dessous ,
et les Murailles s'élevoient comme si ç'eût été
l'effet d'une Mine. La premiere sécoussé qui fût
P'unique violente ne dura qu'une minute , et
dans ce peu de temps elle renversa la moitié de
la Ville de Pekin. On compte déja plus de cent
mille personnes qui ont péri
OCTOBRE. 1731. 2409
A quatre lieues au Nord de Pekin , la Terre
s'est ouverte ; il en est sorti une fumée ou un
Brouillard épais ; la Terre s'est trouvée ensuite
couverte d'une eau noire en un endroit , jaúnatre
dans un autre , noire et rougeatre
ailleurs e
un gros Village appellé Tcha - ho a été entie
rement abîmé.
>
"
2
On n'est pas encore sans crainte le Tremblement
n'êtant pas fini. Le jour qu'il commença
, il y eût huit ou neuf secousses mais legeres
; depuis le 30. Septembre jusqu'au 12. d'Öctobre
, il y en cût 23. Lorsque a premiere secousse
se fit sentir P'Empereur étoit dans une
Barque sur un Canal de ses Jardins ; il se prosterna
aussi tôt , acora l'Esprit du Ciel , et l'invoqua
, en s'accusant et attribuant ce fleau du
Ciel à sa négligence dans le Gouvernement. .
>
On écrit de Florence , que le Riposodi Rafaele
paroît imprimé avec de nouvelles figures. C'est
un Dialogue sur la Feinture et la Sculpture ,
très bien écrit et très estimé où l'on traitte
de l'invention , de la disposition , du choix des
attitudes , du dessein et du coloris.
>
Il paroît une nouvelle Estampe dont le
sujet est la Ceremonie du Mariage de Louis
XIV avec Marie Therese d'Autriche. Elle est
de parei le grandeur des six qui ont déja paru ,
dont cinq sont gravées par le celebre SEBASTIEN
LE CLERC , la sixiéme representant l'Entrevuë
des deux Rois Louis XIV. et Philippe IV. Roi
d'Espagne , et celle qui donne lieu à cet article
sont du Sieur Jeorat , d'après aes Tableaux de
Ja composition de M. Le Brun ces deux dernieres
Estampes se vendent chez ledit Jcorat ,
•
Graveur
AIO MERCURE DE FRANCE
>
Graveur , ruë S. Jacques , vis - à- vis les Mathu
rins au Livre d'Or. On trouve aussi chez lui
beaucoup d'Estampes du même Sebastien Le
Clerc , son Beau Pere ; cet avis est d'autant plus
necessaire , que l'on expose en Public quantité
de copies des ouvrages de cet excellent Maître ;
et qu'à deux entr'autres ( l'Académie des Sciences
et des beaux Arts , et l'Entrée d'Alexandre
dans Babilone ) pour les rendre plus conformes
aux Originales , on en a imité jusqu'aux dedicaces
avec le nom de l'Auteur , exactitude , à la
verité , dont le motif est aussi visible que condamnable
par les honnêtes gens et par les cu
rieux intelligens.
Le Sieur le Blanc , Fondeur du Roy , extrê
mement connu par les beaux Ouvrages qu'il fair
d'un Métal de sa composition , couleur d'Or ,
qu'on a bien de la peine à distinguer du vrai or ,
nous prie d'avertir le Public , qu'il est trompé
tous les jours par de méchants Ouvriers , qui
veulent imiter sa composition et son travail , se
Bervant même de son nom pour vendre de mauvaises
Marchandises. Le Sr. le Blanc fait depuis
dix ans un grand débit de ses ouvrages , qu'on
peut voir chez le Roy , chez les Princes et chez
quantité de Seigneurs de la Ville et de la Cour,
Il demeure dans le Cloître S. Germain l'Au
xerrois.
Les Curieux trouveront chez lui quantité d'ouvrages
de goût , utiles et agréables , comme ornemens
de toute espece , Boucles , Pommes de
Cannes , Gardes d'Epées , Tabatieres , Garnitures
de Boutons , Flambeaux , Toilettes , Bras
Lustres , sur-tout de Table , Grilles à feu , & c.
Le
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, LENOX
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FOUNDATIONS
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.
Le
OCTOBRE. 1731. 2411
Le Sieur Aubert , Intendant de la Musique
de S. A. S. M. le Duc , vient de donner au Public
un quatriéme Livre de Sonnates ; les Ouvra➡
,
de cet Auteur sont très recherchez. Il suffira
de dire qu'il a sçû joindre dans ce dernier , le
beau chant et les au neuf. On le peut
graces
executer sur la Flute comme sur le Violon ; il
donnera aussi dans le cours de l'Hyver prochain
sa quatriéme suite de Concert de Simphonie ;
on trouvera tous ses ouvrages chez le Sr. Boivin,
rue S. Honoré , à laregle d'or , le Sr. le Clerc ,
rue du Roule , à la Croix d'or , et chez l'Auteur
ruë S. Honoré , vis - à- vis la ruë de Gre➡
nelle , aux Dames de France. Il fera les envois
en Province tels qu'on les souhaittera , en lui
écrivant et lui marquant une adresse exacte.
Le prix de ce Livre de Sonnates est de 8. liv.
et celui de ses Concerts de Symphonie est de
3. liv. 12. fols.
› Papillon , Graveur en bois ruë S. Louis ,
près le Palais , à Paris , donne avis que le petit
Almanach de Paris , pour l'Année 1732. sera
augmenté et embelli de plusieurs choses curieuses.
Avec deux nouvelles planches des mois
qui feront la moitié de l'Année complette .
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Résumé : « On mande de Barcelonne, que la petite Verole est devenuë epidemique cette année dans [...] »
En 1731, plusieurs événements historiques et culturels marquants ont eu lieu. En Catalogne, une épidémie de variole est devenue endémique, affectant toutes les classes d'âge sans être mortelle. À Milan, la variole a causé la mort de plus de 3000 enfants. Au Portugal, le Père Pierre de la Conception a obtenu le bonnet de docteur en théologie à l'Université de Coimbre, devenant le premier religieux de l'Ordre de Saint-François à recevoir ce titre dans le pays. Les académies littéraires se sont multipliées avec de nouvelles créations à Braga et Guimaraens. À Chaves, une tempête a causé des ravages et entraîné la mort de nombreux habitants. Le Comte d'Orrery a légué sa bibliothèque à l'Université d'Oxford. À La Haye, le Docteur Desaguliers a donné des cours de philosophie expérimentale, fréquentés par des personnalités distinguées. En Chine, un violent tremblement de terre a frappé Pékin, causant la mort de plus de cent mille personnes et des destructions massives. À Florence, un dialogue sur la peinture et la sculpture a été publié. Une nouvelle estampe représentant le mariage de Louis XIV avec Marie-Thérèse d'Autriche a été mise en vente. Le fondeur Le Blanc a averti contre les contrefaçons de ses œuvres. Le musicien Aubert a publié un quatrième livre de sonates et annoncé une suite de concerts pour l'hiver prochain. Enfin, le graveur Papillon a annoncé l'augmentation et l'embellissement de l'Almanach de Paris pour l'année 1732.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 3066-3070
Fête à l'Hôtel de Condé, et Vers sur la Duchesse de Bourbon. [titre d'après la table]
Début :
Le 19. de ce mois, il y eut une Fête à l'Hôtel de Condé, où le cœur eut encore [...]
Mots clefs :
Petite vérole, Médecin, Art, Monarque, Duchesse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Fête à l'Hôtel de Condé, et Vers sur la Duchesse de Bourbon. [titre d'après la table]
Le 19. de ce mois , il y eut une Fête
à l'Hôtel de Condé , où le coeur eut encore
plus de part que la pompe et la ma
gnificence que le sujet demandoit . Les
Officiers et domestiques de la jeune Du
chesse de Bourbon universellement secondez
des voeux de la Cour et de la
Ville , firent tirer un Feu d'artifice et
quantité de Fusées volantes , ce qui fuc
terminé par une grande Symphonie , en
réjouissance du rétablissement de la santé
de cette aimable et vertueuse Prin
Messe
DECEMBRE. 1737. 3067
•
EPITRE à M. Chirac, Premier Medecin
du Roy , sur la maniere de traiter la petite
Verole , à l'occasion de la Duchesse
de Bourbon.
Oi
Toi qu'on vit,jeune encor, renverser le Rem
part ,
Que l'usage opposoit aux progrès de ton Art,
Vainqueur des préjugez , pour qui de la Nature ,
Les plus profonds secrets n'ont point de nuie
obcure ,
Chirac , jette les yeux sur le juste tribut ,
Que la France te rend pour prix de son salut.
C'est peu que de veiller sur les jours du Monarque,,
Les Sujets par tes soins échappent à la Parque.
Trop heureux qui te suit dans le nouveau che
min ,
Par où tu fais tomber le ciseau de sa main !
Pour remporter sur elle une double victoire
Un Eleve chéri s'associe à ta gloire ;
De tes sages conseils empruntant le secours;
D'une grande Princesse il prolonge les jours :
Tu t'expliques par lui , c'est par toi qu'il opere ;
Même Laurier couronne et le fils et le pere,
Rival digne de toi , ferme à suivre tes pas ,
Combien à l'Univers il conserve d'appas ! !
Quel respect nous saisit , quel amour nous une
famine ,
1. Vol. Gavj Lors
3068 MERCURE DE FRANCE
Lorsque dans un beau corps habite une belle ame !
Que la vertu pour nous a des charmes puissans !
Elle dispute aux Dieux nos coeurs et notre encens,
Voi ces gerbes de feu s'élancer vers les nuës ;
De leur rapidité les causes sont connues ;
Elles vont à l'envi d'un vol audacieux ,
Du plus cher de feurs dons rendre graces aux
Cieux.
T
Oui , divine Duchesse , un Peuple qui t'adore ,
Şignale ainsi l'ardeur qui pour toi le devore,
Et donnant un champ libre aux transports de son
coeur ,
En celebre à la fois et l'objet et l'Auteur.
Nous l'avons déja vû , cet Eleve si sage ,
Sur ton auguste Epoux commencer son Ouvrage
Te donner par avance un gage de sa foy ,
Quand il sçauva des jours qui devoient être à toi.
Triomphe, heureux Chirac? à l'éclat qui te frapp
Tu ne peux méconnoître un vrai fils d'Esculape..
C'est ta parfaite image ; entre tes nourissons ,
Nul ne porta plus loin le fruit de tes leçons .
Son Ouvrage est le tien ; je vais donc pour ta
gloire ,
De ses nombreux succès consacrer la memoire ::
Muses , secondez- moi du haut du double Mont..
Je commence par vous , Charolois et Clermont.
11, sauva , digne Sang d'un vrai foudre du guerr
Des attraits que le Ciel envioit à la Terre ,
Combien II. Kola
DECEMBRE 1731. 3069.
Combien d'autres sans lui victimes de la mort ,
Auroient vû par sa faux trañcher leur triste sort
Approchez ; du vainqueur ornez le Char insigne,
Aiguillon , Rochechouart , Aumont , Lauraguais;
Ligne ,
Venez vous joindre encor à ce Char glorieux ,
Montauban et Choseuil , et Saint Just , et Puisieux
;
Qu'un soin reconnoissant sur leurs pas vous conduise
,
Vous , Langeac , vous , d'Autroy , vous , Saint
Aignan , vous , Guise ,
Tessé , Colándre , Avray , Blancmenil , Monts
mirel ;
Son Art vous secourut dans un péril mortel.
Dans la jeune saison ! dira l'aigre censure ,
L'honneur qu'on fait à l'Art , n'est dû qu'à la
Nature.
Eh bien , pour la confondre,, accours , et prends
ton rang ,
Toi , dont l'hyver de l'âge, avoit glacé le sang ,
Toi , Lassay , dont les ans rassemblent seize
lustres ;
Quel triomphe est fondé sur des noms plus illustres.
25
Cependant la victoire attachée à ses pas ,
Contre un fleau cruel ne nous rassureroit pas ;
En vain , sage Pilote , il bravoit les orages ,
L'écueil étoit fameux par cent et cent nauffrages,
En vain un jour sinistre entre tant d'heureux
jours
3070 MERCURE DE FRANCE
2
Avoit seul de sa gloire interrompu le cours
Le murmure et la crainte, enfans de l'ignorance,,
Venoient de ses succès affaiblir l'esperance ;
1
Mais quelle sureté n'entra point dans nos coeurs
Quand tu pris soin , Chirac , de calmer nos
frayeurs
Et d'un sage principe approuvant la conduite ,
Des succès de son Art , tu garantis la suite ?
Tu daignas publier devant milfe témoins ,*
Que , des jours précieux confiez à ses soins ,'
Ton coeur se reposoit sur sa prudence extrême ,
que le voir agir , c'étoit agir toi-même.
De ta décision le bruit se répandit ,
Des jours de la Princesse elle nous répondit
Le péril disparut , et ce nouveau Miracle
D'un vrai fils d'Apollon justifia l'Oracle..
à l'Hôtel de Condé , où le coeur eut encore
plus de part que la pompe et la ma
gnificence que le sujet demandoit . Les
Officiers et domestiques de la jeune Du
chesse de Bourbon universellement secondez
des voeux de la Cour et de la
Ville , firent tirer un Feu d'artifice et
quantité de Fusées volantes , ce qui fuc
terminé par une grande Symphonie , en
réjouissance du rétablissement de la santé
de cette aimable et vertueuse Prin
Messe
DECEMBRE. 1737. 3067
•
EPITRE à M. Chirac, Premier Medecin
du Roy , sur la maniere de traiter la petite
Verole , à l'occasion de la Duchesse
de Bourbon.
Oi
Toi qu'on vit,jeune encor, renverser le Rem
part ,
Que l'usage opposoit aux progrès de ton Art,
Vainqueur des préjugez , pour qui de la Nature ,
Les plus profonds secrets n'ont point de nuie
obcure ,
Chirac , jette les yeux sur le juste tribut ,
Que la France te rend pour prix de son salut.
C'est peu que de veiller sur les jours du Monarque,,
Les Sujets par tes soins échappent à la Parque.
Trop heureux qui te suit dans le nouveau che
min ,
Par où tu fais tomber le ciseau de sa main !
Pour remporter sur elle une double victoire
Un Eleve chéri s'associe à ta gloire ;
De tes sages conseils empruntant le secours;
D'une grande Princesse il prolonge les jours :
Tu t'expliques par lui , c'est par toi qu'il opere ;
Même Laurier couronne et le fils et le pere,
Rival digne de toi , ferme à suivre tes pas ,
Combien à l'Univers il conserve d'appas ! !
Quel respect nous saisit , quel amour nous une
famine ,
1. Vol. Gavj Lors
3068 MERCURE DE FRANCE
Lorsque dans un beau corps habite une belle ame !
Que la vertu pour nous a des charmes puissans !
Elle dispute aux Dieux nos coeurs et notre encens,
Voi ces gerbes de feu s'élancer vers les nuës ;
De leur rapidité les causes sont connues ;
Elles vont à l'envi d'un vol audacieux ,
Du plus cher de feurs dons rendre graces aux
Cieux.
T
Oui , divine Duchesse , un Peuple qui t'adore ,
Şignale ainsi l'ardeur qui pour toi le devore,
Et donnant un champ libre aux transports de son
coeur ,
En celebre à la fois et l'objet et l'Auteur.
Nous l'avons déja vû , cet Eleve si sage ,
Sur ton auguste Epoux commencer son Ouvrage
Te donner par avance un gage de sa foy ,
Quand il sçauva des jours qui devoient être à toi.
Triomphe, heureux Chirac? à l'éclat qui te frapp
Tu ne peux méconnoître un vrai fils d'Esculape..
C'est ta parfaite image ; entre tes nourissons ,
Nul ne porta plus loin le fruit de tes leçons .
Son Ouvrage est le tien ; je vais donc pour ta
gloire ,
De ses nombreux succès consacrer la memoire ::
Muses , secondez- moi du haut du double Mont..
Je commence par vous , Charolois et Clermont.
11, sauva , digne Sang d'un vrai foudre du guerr
Des attraits que le Ciel envioit à la Terre ,
Combien II. Kola
DECEMBRE 1731. 3069.
Combien d'autres sans lui victimes de la mort ,
Auroient vû par sa faux trañcher leur triste sort
Approchez ; du vainqueur ornez le Char insigne,
Aiguillon , Rochechouart , Aumont , Lauraguais;
Ligne ,
Venez vous joindre encor à ce Char glorieux ,
Montauban et Choseuil , et Saint Just , et Puisieux
;
Qu'un soin reconnoissant sur leurs pas vous conduise
,
Vous , Langeac , vous , d'Autroy , vous , Saint
Aignan , vous , Guise ,
Tessé , Colándre , Avray , Blancmenil , Monts
mirel ;
Son Art vous secourut dans un péril mortel.
Dans la jeune saison ! dira l'aigre censure ,
L'honneur qu'on fait à l'Art , n'est dû qu'à la
Nature.
Eh bien , pour la confondre,, accours , et prends
ton rang ,
Toi , dont l'hyver de l'âge, avoit glacé le sang ,
Toi , Lassay , dont les ans rassemblent seize
lustres ;
Quel triomphe est fondé sur des noms plus illustres.
25
Cependant la victoire attachée à ses pas ,
Contre un fleau cruel ne nous rassureroit pas ;
En vain , sage Pilote , il bravoit les orages ,
L'écueil étoit fameux par cent et cent nauffrages,
En vain un jour sinistre entre tant d'heureux
jours
3070 MERCURE DE FRANCE
2
Avoit seul de sa gloire interrompu le cours
Le murmure et la crainte, enfans de l'ignorance,,
Venoient de ses succès affaiblir l'esperance ;
1
Mais quelle sureté n'entra point dans nos coeurs
Quand tu pris soin , Chirac , de calmer nos
frayeurs
Et d'un sage principe approuvant la conduite ,
Des succès de son Art , tu garantis la suite ?
Tu daignas publier devant milfe témoins ,*
Que , des jours précieux confiez à ses soins ,'
Ton coeur se reposoit sur sa prudence extrême ,
que le voir agir , c'étoit agir toi-même.
De ta décision le bruit se répandit ,
Des jours de la Princesse elle nous répondit
Le péril disparut , et ce nouveau Miracle
D'un vrai fils d'Apollon justifia l'Oracle..
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Résumé : Fête à l'Hôtel de Condé, et Vers sur la Duchesse de Bourbon. [titre d'après la table]
Le 19 décembre 1737, une fête fut organisée à l'Hôtel de Condé pour célébrer le rétablissement de la santé de la Duchesse de Bourbon. Cette célébration inclut un feu d'artifice, des fusées volantes et une grande symphonie. La Cour et la Ville exprimèrent leur soutien à la jeune Duchesse. Une épître fut dédiée à M. Chirac, Premier Médecin du Roi, pour son traitement de la petite vérole, notamment en faveur de la Duchesse de Bourbon. L'épître loue Chirac pour ses compétences médicales et son rôle dans le sauvetage de nombreux patients, y compris des membres de la noblesse. Le médecin est comparé à un fils d'Esculape, symbole de la médecine, et son élève est également célébré pour ses succès. L'épître énumère plusieurs nobles sauvés par les soins de Chirac et de son élève, soulignant ainsi l'impact de leur art médical. Le texte se termine par une réflexion sur la sécurité apportée par les compétences de Chirac, qui rassura la Cour et le public face à la maladie.
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10
p. 2491-2492
MORTS DES PAYS ETRANGERS.
Début :
Le Roi Victor Amedée II. Pere du Roi de Sardaigne, mourut le 31 Octobre dernier à [...]
Mots clefs :
Roi Victor Amedée II, Sardaigne, Duc de Savoie, Petite vérole, Vienne, Jeunes personnes
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texteReconnaissance textuelle : MORTS DES PAYS ETRANGERS.
MORTS DES PAYS ETRANGERS.
E Roi Victor Amedée II. Pere du Roi de
Sardaigne ,mourut le 31 Octobredernier
Montcalier. Ce Prince étoit né le 14 Mai 1666.
Il étoit fils de Charles- Emanuel , Duc de Savoye ,
mort le 12 Juin 1675. et de Marie-Jeanne- Baptiste de Savoye , fille ainée du Duc de Nemours,
sa seconde femme , laquelle mourut le 15 Mars
1724. agée de 80 ans. Il avoit épousé le 10.
Avril 1684. Anne-Marie d'Orleans , fille puisnée
de Philippe , Fils de France , Frere unique du feu
Roi Louis XIV. laquelle mourut le 26 Août 1728. âgée de 59 ans presque accomplis ; il
avoit eu de ce Mariage un Prince né le 8 Novembre 1697. mort une heure après ; VictorAmedée-Joseph- Philippe , né le 6. Mai 1699.
.mort le 22 Mars 1715. Charles - Emanuel- Victor , à présent Roi de Sardaigne , né le 27 Avril
1701. Emanuel Philibert , Duc de Chablais , né
le premier Décembre 1705. mort le 19 du même
mois , Marie- Adelaïde, née le 6 Décembre 1685.
mariée le Décembre 1697. à Louis , Duc de
Bourgogne , puis Dauphin de Viennois , Pere
du Roi Très- Chrétien , laquelle mourut le 12.
Février 1712. et Marie- Louise- Gabrielle , née le
17 Septembre 1688. mariée le 11 Septembre 1701.
au Roi d'Espagne , et morte le 14. Février
1714
Le Roi Victor avoit été couronné Roi de Sicileà Palerme le 24 Décembre 1713. en vertu de
la cession que le Roi d'Espagne Philippe V. lui
2492 MERCURE DE FRANCE
en avoit faite par le Traité d'Utrecht ; mais par
le Traité de la Quadruple Alliance qui fut signe à Londres au mois d'Août 1718. il étoit convenu d'échanger avec l'Empereur le Royaume de
Sicile contre celui de Sardaigne dont il prit alors
le Titre. Après un Regne de 55 ans , pendant lequel il s'est acquis la réputation d'un des plus
grands Princes de son tems, il fit en plein Con
seil le 3 Septembre 1730. une abdication genera
le de tous ses Etats en faveur du Prince de Piémont son Fils , qu'il fit reconnoître pour son Successeur.
Charles-Emanuel-Victor , Roi de Sardaigne ;
depuis cette abdication , a épousé en premieres
Nôces le 13 Mars 1722. Anne- Christine- Louisey
fille de Theodore , Comte Palatin de Sultzbach
qui mourut le 12 Mars 1723. étant accouchée
cinqjours auparavant de Victor- Amedée- Theo
dore , Duc d'Aoste , mort le 11 Août 1725. Il a
épousé en secondes Nôces le 2 Juillet 1724. Poli
xene Christine Jeanne , fille d'Ernest- Léopold
Landgrave de Hesse- Rheinfels- Rottembourg , at
d'Eleonore-Marie- Anne de Louvenstein , dont
il a eu Victor- Amedée - Marie , né à Turin le 26
Juin 1726 à présent Duc de Savoye et Prince
de Piémont Joseph Charles- Emanuel , Duc
d'Aoste , né le 17 Mai 1731. et deux Princesses ,
l'une née le 28 Fevrier 1728. l'autre le 19 Mars
1730.
>
On apprend d'Allemagne que la petite verole
qui régne à Vienne depuis environ trois mois
a attaqué presque toutes les jeunes personnes de
la Ville , dont plusieurs sont mortes dans les
cinq ou six premiers jours de leur maladie : le
jeune Marquis de Rofrano , Prince de Capece ,
Napolitain , a été de ce nombre.
E Roi Victor Amedée II. Pere du Roi de
Sardaigne ,mourut le 31 Octobredernier
Montcalier. Ce Prince étoit né le 14 Mai 1666.
Il étoit fils de Charles- Emanuel , Duc de Savoye ,
mort le 12 Juin 1675. et de Marie-Jeanne- Baptiste de Savoye , fille ainée du Duc de Nemours,
sa seconde femme , laquelle mourut le 15 Mars
1724. agée de 80 ans. Il avoit épousé le 10.
Avril 1684. Anne-Marie d'Orleans , fille puisnée
de Philippe , Fils de France , Frere unique du feu
Roi Louis XIV. laquelle mourut le 26 Août 1728. âgée de 59 ans presque accomplis ; il
avoit eu de ce Mariage un Prince né le 8 Novembre 1697. mort une heure après ; VictorAmedée-Joseph- Philippe , né le 6. Mai 1699.
.mort le 22 Mars 1715. Charles - Emanuel- Victor , à présent Roi de Sardaigne , né le 27 Avril
1701. Emanuel Philibert , Duc de Chablais , né
le premier Décembre 1705. mort le 19 du même
mois , Marie- Adelaïde, née le 6 Décembre 1685.
mariée le Décembre 1697. à Louis , Duc de
Bourgogne , puis Dauphin de Viennois , Pere
du Roi Très- Chrétien , laquelle mourut le 12.
Février 1712. et Marie- Louise- Gabrielle , née le
17 Septembre 1688. mariée le 11 Septembre 1701.
au Roi d'Espagne , et morte le 14. Février
1714
Le Roi Victor avoit été couronné Roi de Sicileà Palerme le 24 Décembre 1713. en vertu de
la cession que le Roi d'Espagne Philippe V. lui
2492 MERCURE DE FRANCE
en avoit faite par le Traité d'Utrecht ; mais par
le Traité de la Quadruple Alliance qui fut signe à Londres au mois d'Août 1718. il étoit convenu d'échanger avec l'Empereur le Royaume de
Sicile contre celui de Sardaigne dont il prit alors
le Titre. Après un Regne de 55 ans , pendant lequel il s'est acquis la réputation d'un des plus
grands Princes de son tems, il fit en plein Con
seil le 3 Septembre 1730. une abdication genera
le de tous ses Etats en faveur du Prince de Piémont son Fils , qu'il fit reconnoître pour son Successeur.
Charles-Emanuel-Victor , Roi de Sardaigne ;
depuis cette abdication , a épousé en premieres
Nôces le 13 Mars 1722. Anne- Christine- Louisey
fille de Theodore , Comte Palatin de Sultzbach
qui mourut le 12 Mars 1723. étant accouchée
cinqjours auparavant de Victor- Amedée- Theo
dore , Duc d'Aoste , mort le 11 Août 1725. Il a
épousé en secondes Nôces le 2 Juillet 1724. Poli
xene Christine Jeanne , fille d'Ernest- Léopold
Landgrave de Hesse- Rheinfels- Rottembourg , at
d'Eleonore-Marie- Anne de Louvenstein , dont
il a eu Victor- Amedée - Marie , né à Turin le 26
Juin 1726 à présent Duc de Savoye et Prince
de Piémont Joseph Charles- Emanuel , Duc
d'Aoste , né le 17 Mai 1731. et deux Princesses ,
l'une née le 28 Fevrier 1728. l'autre le 19 Mars
1730.
>
On apprend d'Allemagne que la petite verole
qui régne à Vienne depuis environ trois mois
a attaqué presque toutes les jeunes personnes de
la Ville , dont plusieurs sont mortes dans les
cinq ou six premiers jours de leur maladie : le
jeune Marquis de Rofrano , Prince de Capece ,
Napolitain , a été de ce nombre.
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Résumé : MORTS DES PAYS ETRANGERS.
Victor-Amédée II, roi de Sardaigne, est décédé le 31 octobre. Né le 14 mai 1666, il était le fils de Charles-Emmanuel, duc de Savoie, et de Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie. Il épousa Anne-Marie d'Orléans le 10 avril 1684. Leur union donna naissance à plusieurs enfants, dont Charles-Emmanuel-Victor, roi de Sardaigne, et Marie-Adélaïde, mariée à Louis, duc de Bourgogne. Victor-Amédée II fut couronné roi de Sicile à Palerme le 24 décembre 1713, avant d'échanger ce royaume contre celui de Sardaigne en 1718. Après un règne de 55 ans, il abdiqua en faveur de son fils le 3 septembre 1730. Charles-Emmanuel-Victor se maria deux fois : d'abord avec Anne-Christine-Louise, puis avec Polixène Christine Jeanne, avec qui il eut plusieurs enfants, dont Victor-Amédée-Marie, duc de Savoie, et Joseph Charles-Emmanuel, duc d'Aoste. Le texte mentionne également une épidémie de petite vérole à Vienne, ayant causé la mort de plusieurs jeunes personnes, dont le jeune Marquis de Rofrano, Prince de Capece, Napolitain.
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11
p. 2497-2501
MALADIE de Monseigneur le Duc d'Orleans, et Actions de Graces renduës pour son heureuse guérison.
Début :
Tout le monde sçait que la pieté de M. le Duc d'Orleans, Premier Prince du Sang, le [...]
Mots clefs :
Duc d'Orléans, Guérison, Maladie, Actions de grâce, Convalescence, Petite vérole, Te Deum, Église, Cérémonie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MALADIE de Monseigneur le Duc d'Orleans, et Actions de Graces renduës pour son heureuse guérison.
MALADIE de Monseigneur le Due
d'Orleans , et Actions de Gracès renduës
pourson heureuseguérison.
Out le monde sçait que la pieté de M. le TDucd'Orleans ,Fremier Prince du Sang , le
porte à faire des Retraites dans l'Abbaye Royale de Sainte Geneviève. Ce Prince venoit de finir
une de ces Retraites , qui avoit duré 17 jours ,
lorsque M. le Duc de Chartres fut attaqué de la
petite
2498 MERCURE DE FRANCE
à
petite verole. M. le Duc d'Orleans , en vrai Pere,
ne le quitta pas d'un moment. Aussi- tôt qu'il le vît en convalescence , il pensa se retirer de
nouveau à sainte Geneviève. Il y arriva le Jeudi
matin 30 Octobre , ayant déja eu un accès de
fiévre , une diete rigoureuse n'empêcha pas le
mal d'augmenter. Le vendredi 31. on conclut à
la saignée du bras , ce qui fut éxecuté par le
sieur Marsolan , premier Chirurgien de S. A.-S.
qui avoit été de cet avis
La petite verole déclarée , le Prince résolut de
rester à Sainte Geneviève. S. A. R. Madame la
Duchesse d'Orleans, accourut promptement : dans
Cette visite et dans celles qui suivirent , on la vûe des heures entieres devant le S. Sacrement. La
Reine d'Espagne vint le Samedi , Fête de la Toussaints , et les jours suivans , employant chaque
fois beaucoup de tems à la priere , pour implorer
le secours du Ciel. Ces Augustes et pieuses Prin-.
cesses faisoient distribuer en sortant des aumônes considérables.
Le Dimanche matin 2 Novembre , M. l'Arche◄
vêque de Paris vint à Sainte Geneviève , y celébra
la Messe , et salua M. le Duc d'Orleans, malgré
les instances réïterées de S. A. S. qui lui fit représenter poliment qu'un Archevêque , obligé de
communiquer avec toutes sortes de personnes, ne
pouvoit prendre à cet égard trop de précau tions.
Déja les grands Officiers de S. A. S. et les personnes qui en pareil cas deviennent absolument
necessaires , s'étoient rendues du Palais Royal à
Sainte Geneviève. Du nombre de ces derniers
sont le sieur Terre , premier Medecin , et le sieur
Vernage Medecin , le sieur Marsolan , premier
Chirurgien , et le sieur Imbert , Apotiquaire, qui
our
DE
LA
VILLE
NOVEMBRE HOTHEQUE
. 1732.
1732. 249 .
ent conduit la maladie avec prudence et tout
succès possible. On pourroit croire que ce concours auroit causé quelque dérangement dans la
Communauté , mais il n'y en a point eu par la
sagesse de tous ces Officiers.
ger
La maladie qui n'avoit eu aucun mauvais symp
tôme, n'a pas été sujette à des crises fâcheuses , il
n'y a eu de fiévre qu'autant qu'il en falloit pour
faciliter l'éruption , et la fiévre n'étoit pas même
accompagnée de mal de tête. La vie toute frugale
que mene S. A. S. a infiniment contribué à abrela maladie. L'unique attention des Medecins
étoit d'empêcher quele Prince ne s'appliquât trops
il ne voulut cependant pas interrompre ses lectures de pieté , il se faisoit lire assidûment quelques endroits choisis de l'Ecriture-Sainte et des
Peres , et comme on prit la liberté de lui représenter que cela lui pourroit nuire , l'ame , répon
dit-il, est préferable au corps. Accoûtumé à suivre
ce grand principe en santé , il l'a genereusement
suivi dans la maladie. Si- tôt qu'il pût aller à sa
Tribune , qui est de plein pied à son Appartement , et qui donne sur le Sanctuaire , il y assis
ta aux Offices divins. Le peuple en étant informé s'empressa de tourner les yeux vers cette
Tribune , et attira une foule qui ne cessoit d'applaudir et d'admirer.
Le Vendredi 14 Novembre › M. le Duc de
Chartres , à peine sorti de convalescence , vint rendre ses devoirs à S. A. S. son Pere , la conso❤
lation fut entiere de part et d'autre. Le jeune.
Prince marqua des sentimens superieurs à son
âge. Il monta ensuite à la Bibliotheque , et prit
plaisir à voir les curiositez qui s'y conser- vent.
LYON
$
1893
Les Chanoines Réguliers de sainte Genevieve chez
1
2500 MERCURE DE FRANCE
C
2
p
chez qui tout cela s'est passé , ont crû ne pou-"
voir trop faire éclater leur joye. Le Lundi 17
Novembre, ils chanterent une Messe Solemnelle
d'Actions de graces , celebrée pontificalement
par l'Abbé. Le Te Deum suivit la Messe. Dans
cette grande Cerémonie parurent pour la premiere fois les Ornemens faits de l'Etoffe prétieuse dont M. le Duc d'Orleans fit présent quand il nomma la premiere des nouvelles Cloches. Au
Chant on joignit l'Orgue , accompagnée d'Ins trumens.
L'Eglise ornée de Tapisseries magnifiques ,
comme dans là solemnité de sainte Genevieve ,
sembloit avoir perdu cet air de vetusté qui lui
est propre. Des Lustres disposez avec cimetrie ,
et garnis de Bougies , faisoient un fort bel effet :
mais ce qui frappoit davantage étoit la Châsse
de sainte Geneviève , qu'on avoit découverte par
devant , ce qui se fait très-rarement. La Châsse
devenue ainsi plus visible , étoit entourée d'une
quantité de Cierges avantageusement distribués
par differens étages , ce qui faisoit briller les riches pierreries du devant. M. le Duc d'Orleans
assista à la cerémonie dans sa Tribune. M. le
Duc de Chartres vint l'y joindre , et pendant le
Te Deum il-édifia extrêmement par sa pieté , qui
exprimoit une vive reconnoissance.
LaReine d'Espagne étoit dans sa Tribune ordinaire,parée deDamas cramoisi;unTapis deVelours
à Galons et Crepine d'or en paroit le dehors. Visà-vis on voyoit la Tribune de S. A. R. Madame
la Duchesse d'Orleans , et des Princesses de la Maison d'Orleans. Dans l'avant- Sanctuaire orné de Tapis , et dans le Chœur étoient placez
plusieurs Seigneurs et d'autres personnes de disTinc
NOVEMBRE. 1732. 2500
tinction Le Rondpoint et les Chapelles se remplirent également d'Ecclesiastiques , de Gentilshommes , d'Officiers , &c. La Nef le fût d'un
monde infini que la joye de la guérison du Prin- ee avoit attiré. L'Action de Graces fut terminée
par la Benediction pontificale de l'Abbé de sainte Geneviève.
Le soir de la veille de la cerémonie , la Tour
de sainte Geneviève qui par sa situation et par sa
hauteur est apperçue de tout Paris et de la Cam-
·pagne , fut illuminée d'une infinité de Lampions,
et les nouvelles Cloches récemment posées dans
la Tour se firent long- tems entendre. Pareilles illuminations et sonnerie se firent le Lundy au soir,
jour de la Cerémonie. 14
Le 12. de Novembre le Gouverneur du Château de S. Cloud , fit chanter dans la Chapelle du
Château un Te Deum en Musique, en Actions de
graces du parfait rétablissement de la santé de
M le Duc d'Orleans et de M. leDuc deChartres:
le Te Deum auquel M. le Duc de Chartres assis- "ta , fut suivi d'un grand Feu d'artifice et de quantité d'illuminations ; des Fontaines de vin et des
Violons attirerent tous les habitans de S. Cloud
et des environs qui passerent toute la nuit en réjouissances.
d'Orleans , et Actions de Gracès renduës
pourson heureuseguérison.
Out le monde sçait que la pieté de M. le TDucd'Orleans ,Fremier Prince du Sang , le
porte à faire des Retraites dans l'Abbaye Royale de Sainte Geneviève. Ce Prince venoit de finir
une de ces Retraites , qui avoit duré 17 jours ,
lorsque M. le Duc de Chartres fut attaqué de la
petite
2498 MERCURE DE FRANCE
à
petite verole. M. le Duc d'Orleans , en vrai Pere,
ne le quitta pas d'un moment. Aussi- tôt qu'il le vît en convalescence , il pensa se retirer de
nouveau à sainte Geneviève. Il y arriva le Jeudi
matin 30 Octobre , ayant déja eu un accès de
fiévre , une diete rigoureuse n'empêcha pas le
mal d'augmenter. Le vendredi 31. on conclut à
la saignée du bras , ce qui fut éxecuté par le
sieur Marsolan , premier Chirurgien de S. A.-S.
qui avoit été de cet avis
La petite verole déclarée , le Prince résolut de
rester à Sainte Geneviève. S. A. R. Madame la
Duchesse d'Orleans, accourut promptement : dans
Cette visite et dans celles qui suivirent , on la vûe des heures entieres devant le S. Sacrement. La
Reine d'Espagne vint le Samedi , Fête de la Toussaints , et les jours suivans , employant chaque
fois beaucoup de tems à la priere , pour implorer
le secours du Ciel. Ces Augustes et pieuses Prin-.
cesses faisoient distribuer en sortant des aumônes considérables.
Le Dimanche matin 2 Novembre , M. l'Arche◄
vêque de Paris vint à Sainte Geneviève , y celébra
la Messe , et salua M. le Duc d'Orleans, malgré
les instances réïterées de S. A. S. qui lui fit représenter poliment qu'un Archevêque , obligé de
communiquer avec toutes sortes de personnes, ne
pouvoit prendre à cet égard trop de précau tions.
Déja les grands Officiers de S. A. S. et les personnes qui en pareil cas deviennent absolument
necessaires , s'étoient rendues du Palais Royal à
Sainte Geneviève. Du nombre de ces derniers
sont le sieur Terre , premier Medecin , et le sieur
Vernage Medecin , le sieur Marsolan , premier
Chirurgien , et le sieur Imbert , Apotiquaire, qui
our
DE
LA
VILLE
NOVEMBRE HOTHEQUE
. 1732.
1732. 249 .
ent conduit la maladie avec prudence et tout
succès possible. On pourroit croire que ce concours auroit causé quelque dérangement dans la
Communauté , mais il n'y en a point eu par la
sagesse de tous ces Officiers.
ger
La maladie qui n'avoit eu aucun mauvais symp
tôme, n'a pas été sujette à des crises fâcheuses , il
n'y a eu de fiévre qu'autant qu'il en falloit pour
faciliter l'éruption , et la fiévre n'étoit pas même
accompagnée de mal de tête. La vie toute frugale
que mene S. A. S. a infiniment contribué à abrela maladie. L'unique attention des Medecins
étoit d'empêcher quele Prince ne s'appliquât trops
il ne voulut cependant pas interrompre ses lectures de pieté , il se faisoit lire assidûment quelques endroits choisis de l'Ecriture-Sainte et des
Peres , et comme on prit la liberté de lui représenter que cela lui pourroit nuire , l'ame , répon
dit-il, est préferable au corps. Accoûtumé à suivre
ce grand principe en santé , il l'a genereusement
suivi dans la maladie. Si- tôt qu'il pût aller à sa
Tribune , qui est de plein pied à son Appartement , et qui donne sur le Sanctuaire , il y assis
ta aux Offices divins. Le peuple en étant informé s'empressa de tourner les yeux vers cette
Tribune , et attira une foule qui ne cessoit d'applaudir et d'admirer.
Le Vendredi 14 Novembre › M. le Duc de
Chartres , à peine sorti de convalescence , vint rendre ses devoirs à S. A. S. son Pere , la conso❤
lation fut entiere de part et d'autre. Le jeune.
Prince marqua des sentimens superieurs à son
âge. Il monta ensuite à la Bibliotheque , et prit
plaisir à voir les curiositez qui s'y conser- vent.
LYON
$
1893
Les Chanoines Réguliers de sainte Genevieve chez
1
2500 MERCURE DE FRANCE
C
2
p
chez qui tout cela s'est passé , ont crû ne pou-"
voir trop faire éclater leur joye. Le Lundi 17
Novembre, ils chanterent une Messe Solemnelle
d'Actions de graces , celebrée pontificalement
par l'Abbé. Le Te Deum suivit la Messe. Dans
cette grande Cerémonie parurent pour la premiere fois les Ornemens faits de l'Etoffe prétieuse dont M. le Duc d'Orleans fit présent quand il nomma la premiere des nouvelles Cloches. Au
Chant on joignit l'Orgue , accompagnée d'Ins trumens.
L'Eglise ornée de Tapisseries magnifiques ,
comme dans là solemnité de sainte Genevieve ,
sembloit avoir perdu cet air de vetusté qui lui
est propre. Des Lustres disposez avec cimetrie ,
et garnis de Bougies , faisoient un fort bel effet :
mais ce qui frappoit davantage étoit la Châsse
de sainte Geneviève , qu'on avoit découverte par
devant , ce qui se fait très-rarement. La Châsse
devenue ainsi plus visible , étoit entourée d'une
quantité de Cierges avantageusement distribués
par differens étages , ce qui faisoit briller les riches pierreries du devant. M. le Duc d'Orleans
assista à la cerémonie dans sa Tribune. M. le
Duc de Chartres vint l'y joindre , et pendant le
Te Deum il-édifia extrêmement par sa pieté , qui
exprimoit une vive reconnoissance.
LaReine d'Espagne étoit dans sa Tribune ordinaire,parée deDamas cramoisi;unTapis deVelours
à Galons et Crepine d'or en paroit le dehors. Visà-vis on voyoit la Tribune de S. A. R. Madame
la Duchesse d'Orleans , et des Princesses de la Maison d'Orleans. Dans l'avant- Sanctuaire orné de Tapis , et dans le Chœur étoient placez
plusieurs Seigneurs et d'autres personnes de disTinc
NOVEMBRE. 1732. 2500
tinction Le Rondpoint et les Chapelles se remplirent également d'Ecclesiastiques , de Gentilshommes , d'Officiers , &c. La Nef le fût d'un
monde infini que la joye de la guérison du Prin- ee avoit attiré. L'Action de Graces fut terminée
par la Benediction pontificale de l'Abbé de sainte Geneviève.
Le soir de la veille de la cerémonie , la Tour
de sainte Geneviève qui par sa situation et par sa
hauteur est apperçue de tout Paris et de la Cam-
·pagne , fut illuminée d'une infinité de Lampions,
et les nouvelles Cloches récemment posées dans
la Tour se firent long- tems entendre. Pareilles illuminations et sonnerie se firent le Lundy au soir,
jour de la Cerémonie. 14
Le 12. de Novembre le Gouverneur du Château de S. Cloud , fit chanter dans la Chapelle du
Château un Te Deum en Musique, en Actions de
graces du parfait rétablissement de la santé de
M le Duc d'Orleans et de M. leDuc deChartres:
le Te Deum auquel M. le Duc de Chartres assis- "ta , fut suivi d'un grand Feu d'artifice et de quantité d'illuminations ; des Fontaines de vin et des
Violons attirerent tous les habitans de S. Cloud
et des environs qui passerent toute la nuit en réjouissances.
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Résumé : MALADIE de Monseigneur le Duc d'Orleans, et Actions de Graces renduës pour son heureuse guérison.
Le texte relate la maladie et la guérison du Duc d'Orléans, premier Prince du Sang, qui contracta la petite vérole après une retraite de 17 jours à l'Abbaye Royale de Sainte Geneviève. Son fils, le Duc de Chartres, fut également atteint. Malgré sa propre maladie, le Duc d'Orléans resta à Sainte Geneviève pour être auprès de son fils. La Duchesse d'Orléans et la Reine d'Espagne vinrent lui rendre visite, priant pour sa guérison et distribuant des aumônes. La maladie du Duc d'Orléans fut soignée avec prudence par ses médecins et chirurgiens, notamment le sieur Marsolan et le sieur Terre. La maladie évolua favorablement sans symptômes graves, facilitée par le mode de vie frugal du Duc. Il continua ses lectures de piété malgré les recommandations médicales. Le 2 novembre, l'Archevêque de Paris vint célébrer la messe à Sainte Geneviève. Le 14 novembre, le Duc de Chartres, convalescent, rendit visite à son père. Le 17 novembre, les Chanoines de Sainte Geneviève célébrèrent une messe solennelle d'actions de grâces, accompagnée d'un Te Deum et d'une illumination de la tour de Sainte Geneviève. La cérémonie fut marquée par la présence de nombreuses personnalités et l'ornementation somptueuse de l'église. Le soir du 17 novembre, des illuminations et des sonneries de cloches eurent lieu. Le 12 novembre, un Te Deum et un feu d'artifice furent organisés au Château de Saint-Cloud pour célébrer le rétablissement des deux Ducs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 193-194
ITALIE.
Début :
Un courier extraordinaire dépêché de Madrid, a apporté la démission que l'Infant Dom Louis fait [...]
Mots clefs :
Turin, Rome, Petite vérole
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE ROME , le 8 Octobre.
Un courier extraordinaire dépêché de Madrid ,
a apporté la démiffion que l'Infant Dom Louis fait
du Cardinalat & des Archevêchés de Tolede & de
Seville.
La réponſe du Saint Pere au fujet des penfions
que l'Infant Dom Louis demande de conferver
far les Archevêchés de Tolede & de Seville , eſt
partie pour Madrid.
La petite vérole a fait des ravages affreux dans
cette capitale , & l'on compte qu'elle y a enlevé
plus de fix mille perfonnes.
Dans une maison de gens du commun , la mere
& fix enfans font morts de cette maladie, & le pere,
de douleur , a perdu l'efprit.
DE TURIN , le 12 Octobre.
Lo Prince dont Madame Infante , Ducheffe de
Savoye eft accouchée le s de ce mois , a été bap¬
I. Vol. 1
194 MERCURE DE FRANCE.
:
tifé le même jour. Il a eu le Roi pour parrein , &
la Princeffe Félicité pour marreine, & il a été nom,
mé Amédée Alexandre- Marie, Ce Prince portera
le titre de Duc de Montferrat.
DE ROME , le 8 Octobre.
Un courier extraordinaire dépêché de Madrid ,
a apporté la démiffion que l'Infant Dom Louis fait
du Cardinalat & des Archevêchés de Tolede & de
Seville.
La réponſe du Saint Pere au fujet des penfions
que l'Infant Dom Louis demande de conferver
far les Archevêchés de Tolede & de Seville , eſt
partie pour Madrid.
La petite vérole a fait des ravages affreux dans
cette capitale , & l'on compte qu'elle y a enlevé
plus de fix mille perfonnes.
Dans une maison de gens du commun , la mere
& fix enfans font morts de cette maladie, & le pere,
de douleur , a perdu l'efprit.
DE TURIN , le 12 Octobre.
Lo Prince dont Madame Infante , Ducheffe de
Savoye eft accouchée le s de ce mois , a été bap¬
I. Vol. 1
194 MERCURE DE FRANCE.
:
tifé le même jour. Il a eu le Roi pour parrein , &
la Princeffe Félicité pour marreine, & il a été nom,
mé Amédée Alexandre- Marie, Ce Prince portera
le titre de Duc de Montferrat.
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Résumé : ITALIE.
Le 8 octobre, l'Infant Dom Louis a renoncé au cardinalat et aux archevêchés de Tolède et de Séville. La réponse du pape sur ses pensions a été envoyée à Madrid. La petite vérole y a causé plus de six mille morts. Le 12 octobre, à Turin, la Duchesse de Savoie a accouché d'un prince nommé Amédée Alexandre-Marie, Duc de Montferrat.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 163-178
EXTRAIT du rapport de M. Hosty, Docteur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris, pendant son séjour à Londres, au sujet de l'Inoculation.
Début :
Ma profession de Médecin, ma qualité de sujet de la Grande Bretagne, [...]
Mots clefs :
Inoculation, Médecin, Faculté de médecine de Paris, Angleterre, Londres, Hôpital, Enfant, Maladie, Petite vérole
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du rapport de M. Hosty, Docteur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris, pendant son séjour à Londres, au sujet de l'Inoculation.
MEDECINE.
EXTRAIT du rapport de M. Hofty ,
Docteur- Régent de la Faculté de Médeci
ne de Paris , pendant ſon féjour à Londres,
au fujet de l'Inoculation .
Mite de fujet de la Grande Bretagne ,
A profeffion de Médecin , ma qualité
& la connoiffance que j'ai de la langue ,
m'ont procuré l'avantage d'être appellé de164
MERCURE DE FRANCE.
puis la paix par la plupart de més compatriotes
, qui voyagent à Paris , & qui y
font tombés malades , & de m'entretenir
avec eux fur ce qui pouvoit être relatif à
la pratique de la Médecine en Angleterre ;
mais pour me mettre encore plus au fait
j'ai formé le deffein de me tranfporter à
Londres , afin d'y juger par moi- même des
variations arrivées depuis quelques années
en ce pays dans l'art de guérir.
Les fuccès conftans qu'a depuis trente
ans à Londres l'Inoculation de la petite
vérole , & les avantages que la France
pourroit retirer en l'introduifant chez elle ,
m'ont fur-tout déterminé à entreprendre
ce voyage .
J'arrivai à Londres le 12 Mars 1755 .
Mon premier foin fut d'aller voir MM .
Cox Willmod , Médecin du Roi , Hoadly ,
Garnier , Ranby , Mideleton , Hawkins ,
Gataker , Truifdal , Adair , Taylor , Heberdin
, Médecin de la Cour , Shaw , Kirk
Patrick , auteur de l'analyse de l'Inoculation
, le Docteur Maty , auteur du Journal
britannique , M. Pringle , connu par fon
excellent ouvrage fur les maladies des armées
, qui eft en commerce de lettres avec
M. Senac , les Docteurs Clephane , Jarnagagne,
Connel, MM . Bell, Pingfton , Brumfield,
Wal , Chirurgien de l'Hôpital de l'Inocu-
1
A O UST. 1755 : 165
lation , Tompkins , Chirurgien des Enfans
trouvés , M. Morton qui en eft le Médecin.
Je cite tous ces Meffieurs comme autant
de garans de la vérité de ce rapport.
Ce font les praticiens les plus employés à
Londres , & les plus connus en France.
Il n'eft pas poffible de marquer plus de
zéle pour le bien du genre humain qu'ils
en ont fait éclater à mes yeux , ni plus
d'envie de répandre dans toute l'Europe
une pratique qu'ils jugent fi falutaire.
Les facilités qu'ils m'ont procurées pour
l'exécution de mon projet en font des
preuves autentiques .
L'Evêque de Worceſter , fi recommandable
par fa charité envers les pauvres , ce
Prélat qu'on peut regarder comme le fondateur
de l'Hôpital de l'Inoculation dont
il eft actuellemeut Préfident , & qui fans
contrédit eft l'homme d'Angleterre le plus
éclairé fur tous les faits qui concernent
l'Inoculation , s'eft fait un mérite de m'inftruire
de tout ce qui y avoit rapport :
d'ailleurs , la protection dont m'a honoré
M. le Duc de Mirepoix à la recommendation
de M. Rouillé , Miniftre des affaires
étrangeres , & la connoiffance que j'avois
déja faite à Paris de plufieurs Seigneurs
anglois , ne m'ont laiffé rien à defirer fur
ce qui faifoit le principal objet de mon
voyage.
166 MERCURE DE FRANCE.
Pendant le tems que j'ai été à Londres
j'ai fuivi tant aux Hôpitaux qu'en ville
deux cens cinquante-deux perfonnes ino
culées , de différens âges & de conditions
différentes , qui m'ont fourni les obſerva
tions fuivantes . *
Le fujet qu'on veut inoculer étant préparé
, on lui fait une incifion très - légere à
un ou aux deux bras , fuivant l'idée de l'Inoculateur
; on y infére un fil impreigné de
la matiere variolique bien choifie , on
daiffe ce fil dans l'incifion l'efpace de
trente-fix heures , on l'ôte enfuite. Quelques-
uns appliquent fur la plaie une emplâtre
, mais d'autres n'y mettent rien du
tout ; elle paroît ordinairement guérie au
bout de quarante heures ; mais le troifiéme
ou quatrième jour elle s'enflamme de
nouveau , les bords en deviennent rouges,
J'en ai vû inoculer depuis l'âge de trois jufqu'à
vingt-huit , & même jufqu'à trente- fix ans.
&
Il me paroît démontré que les adultes qu'on
voit inoculer à préfent , font les enfans d'autant
de gens autrefois ennemis de cette pratique , qui
ne le font rendus qu'à l'évidence du fuccès ,
qui forment aujourd'hui des preuves éclatantes
du progrès & de la bonté de cette méthode. J'ofe
dire que dans peu d'années il ne ſe trouvera perfonne
en Angleterre , à l'âge de quinze ans , qui
n'ait eu la petite vérole naturellement , ou par
infertion.
A O UST . 1755. 167
fignes prefque certains que l'infertion a
bien pris. Le cinq ou fix on apperçoit une
ligne blanche dans le milieu , l'urine eft
de couleur de citron , indications plus fu
res que les précédentes. Le feptiéme ou le
huitième , le malade qui jufqu'alors n'a
point apperçu de changement dans fon
état , commence à fentir une douleur plus
ou moins vive , à une aiffelle , & quelquefois
aux deux . C'eſt pour l'ordinaire le
premier fymptome , enfuite un malaiſe ,
une fievre plus ou moins forte , un mal
de tête , de reins , des naufées fuivies de
vomiffemens . Le neuvième ou le dixiéme
il paroît une fueur très - abondante , ac
compagnée d'une éruption milliaire par
tout le corps. Ces deux fymptomes prééédent
communément de vingt- quatre heures
, plus ou moins , l'éruption de la petite
verole , & difparoiffent avec les autres , a
mefare que
fe fait cette éruption , qui
arrive pour l'ordinaire vers le dixiéme
jour de l'infertion ; dès qu'elle eft parfaite
le malade ne fouffre plus , il eft cenfé hors
de danger , puifqu'autant que l'expérience
me l'a fait voir , l'on n'a rien à craindre
de la fievre de fuppuration , qui eft fi dangereufe
, & fouvent fi funefte dans cette
maladie , lorfqu'on l'a naturellement . Les
inoculés paffent prefque toujours ce roms
}
16S MERCURE DE FRANCE.
fans fievre & fans accident , ce que les
Médecins regardent comme une preuve
convaincante des avantages de l'inoculation
; la fuppuration finit vers le feizième,
& la deffication vers le vingtiéme . On
purge plufieurs fois le malade , on lui donne
alors des alimens plus folides. Pendant
le cours de la maladie on ne permet que
des végétaux , ou des chofes légeres en
ufage dans le
des
que
pays , telles
des afperges , &c, mais ni viande ni poiffon.
navets
Les ulceres de l'incifion fe dilatent &
fuppurent confidérablement vers l'état de
la maladie ; cette fuppuration continue
quelquefois après le traitement , ce qui
provient principalement de la profondeur
de l'incifion , & n'arrive que très- rarement
depuis qu'on ne fait plus qu'une incifion
très-fuperficielle , ou pour mieux dire une
égratignure ; les fymptomes font quelquefois
fi légers , & le nombre des boutons fi
petit , qu'à la diete près , le malade vit à
fon ordinaire , s'occupe & s'amufe fuivant
fon âge , & n'eft pas obligé de garder
le lit. L'Envoyé de Dannemarck en Angleterre
qui s'eft fait inoculer avec la permiffion
de fa Cour & du confentement de
fa famille , à qui cette maladie a été fouvent
fatale , n'a prefque rien changé à fa
maniere
AOUST. 1755: 169
maniere de vivre accoutumée ; c'eft de
tui-même que j'ai eu le détail journalier
de fon traitement .
Le fils de l'Ambaffadeur de Sardaigne
s'eft foumis avec le même fuccès à cette
pratique.
Je paffe aux effets de cette méthode .
Les deux cens cinquante -deux perſonnes
que j'ai vûes inoculées , ont toutes
été guéries fans aucunes fuites fâcheufes ,
elles m'ont paru fe fortifier après le traitement,
& pas une d'elles n'a été marquée;
mais ce qui m'a bien furpris , c'eft que
ceux - mêmes qui avoient beaucoup de
boutons & fort gros , ne paroiffoient pref
que pas rouges après la deffication , comme
ils le font dans la petite vérole naturelle.
L'avantage de conferver la beauté
n'a pas peu contribué à accréditer cette
méthode , auffi eft-il rare de voir à Londres
quelqu'un au- deffous de vingt ans
défiguré par la petite vérole , à moins que
ce ne foit parmi le bas peuple qui n'a pas
le moyen de fe faire inoculer , où qui conferve
encore les anciens préjugés .
OBSERVATIONS PARTICULIERES.
19. Des deux cens cinquante - deux perfonnes
dont j'ai fuivi l'inoculation , deux
H
170 MERCURE DE FRANCE.
feulement m'ont paru en danger. L'un
étoit le fils du Major Jennings , homme de
condition , fort riche , âgé de trois ans ,
inoculé avec fa foeur , âgée de quatre ans ,
& fa gouvernante âgée de vingt trois. Cet
enfant a eu fix accès de convulfions dans
l'efpace de dix- huit heures , immédiatement
avant l'éruption , ce qui a donné de
vives allarmes à fes parens , mais non aux
Médecins ni aux Chirurgiens ; il a évacué
par le moyen de deux remedes , l'éruption
s'eft bien faite , & auffi- tôt tous les acci
dens ont difparu . Au refte cet enfant eft
fujet à ces accès convulfifs , il en avoit eus
antérieurement dans deux autres maladies.
2°. Il m'a paru que les enfans délicats
& les filles avoient les fymptomes moins
violens , plufieurs praticiens n'ont fait aucunes
obfervations là-deffus .
3°. Les Anglois pour fauver leurs enfans
du danger de cette maladie , m'ont
paru anticiper fur l'âge convénable en les
faifant inoculer à la mammelle & au - def
fous de quatre ans . J'ai obfervé conftamment
que l'âge depuis quatre ans jufqu'à
quinze , étoit le plus propre , & que les
perfonnes au -deffus de quinze fouffroient
moins les enfans au-deffous de quatre que
ans. Cette remarque eft conforme à celles
des gens de l'art.
;
AOUST. 1755. 171
” . J'ai vû des adultes des deux fexes ,
même forts , replets & très- robuftes guérir
fans accident , & d'une façon furprenante,
5°. Quoiqu'on choififfe pour l'inoculation
le tems qui fuit immédiatement les
régles , elles furviennent cependant prefque
toujours dans le cours de la maladie
ont plus ou moins de durée , & finiffent
fans aucun accident.
6°. J'ai vû plufieurs perfonnes n'avoir
que très-peu de boutons , quelquefois feulement
autour de l'incifion , comme la
fille du Comte de Fitz Williams . Un adulte
en eut une douzaine ; le premier lui
vint au gros doigt du pied , remarque curieufe
, & qui prouve inconteftablement
que le virus a circulé par toute la maffe du
fang , quoiqu'il n'y eut que peu de boutons.
Quelquefois la feule fuppuration des
ulceres tient lieu de tout.
7°. Les fymptomes & l'éruption paroiffent
quelquefois fort tard . La fille de Mylord
Dalkitk à qui ils n'ont paru que le
quatorziéme jour après l'infertion , & un
enfant trouvé , dont je parlerai plus bas ,
auquel ils n'ont paru que le vingt-fix en
font des exemples.
8°. Cinq perfonnes n'ont pu prendre la
petite vérole , quoiqu'on eut réitéré l'infertion
; l'un étoit en ville , & les quatre
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
autres aux Hôpitaux ; & quoiqu'ils fuffent
tous cinq expofés pendant le traitement
des autres à l'infection , ils ne la contracterent
pas.
Les deux Hôpitaux dans lefquels fe pra
tique cette méthode , font celui de la petite
verole , ainfi nommé , parce que l'on
n'y traite que cette feule maladie , foit naturelle
, foit artificielle , & celui des Enfans
trouvés. J'ai apporté tout ce qui regarde
l'établiffement & les réglemens de ces Hôpitaux
, auffi - bien que l'hiftoire de l'inoculation
, depuis le jour de leur établiſſement
jufqu'à celui de mon départ , qui m'ont été
remis par ordre du Commité : en voici
le détail . *
Depuis le 26 Septembre 1746 , jour de
l'ouverture de l'Hôpital de l'Inoculation ,
jufqu'au 14 Mai 1755 , il y a eu fix cens
quatre inoculés , y compris quatre- vingtdix-
fept de cette année. Les cinq premieres
années de fon établiſſement cette méthode
Y étant encore dans fon enfance , & l'hôpital
n'étant pas encore en état de fournir
toutes les commodités aux malades , de cent
trente une perfonnes , il en eft mort deux ;
l'une attaquée de vers , l'autre foupçonnée
d'avoir cette maladie naturellement dans
le tems de fon inoculation * . Les quatre
* L'Hôpital pour l'Inoculation eft encore bieg
A O UST. 1755 . 173
dernieres années , de quatre cens foixantetreize
, un feul eft mort ; & fuivant les regiftres
de ce même hôpital , de neuf perfonnes
qui ont la petite vérole naturelle ,
il en meurt deux .
Depuis 1741 , on a inoculé aux Enfans
trouvés deux cens quarante-fept , dont un
feul eft mort , ce que l'on croit , par un
accident étranger à l'inoculation.
à
Total des inoculés dans les deux Hôpitaux
,
Morts ,
851.
4.
La premiere fois que je vifitai l'Hôpital
de l'Inoculation , je fus témoin d'un contrafte
bien frappant. Il y avoit fur le même
quarré deux falles ; l'une deftinée à la
petite vérole naturelle , l'autre à la petite
vérole , qui s'y donne par infertion. Dans
la premiere de ces falles je vis des malades
qui excitoient non feulement la compaffion
, mais la terreur , hideux , gémiffans
, prêts à rendre l'ame ; on les auroit
cru frappés de la maladie la plus cruelle
& la plus dégoûtante. Dans l'autre falle
pauvre , ce qui oblige de mettre les inoculés avec
ceux qui font attaqués de la petite vérole naturelle
ce qui ne peut manquer d'infecter l'air , &
de rendre en cet endroit la pratique de l'inoculation
plus fujette à des accidens qu'ailleurs,
Hiij
174 MERCURE DE FRANCE.
on n'entendoit ni cris de douleur , ni voix
mourante ; on ne voyoit ni fouffrance ni
accidens , ni même aucun malaiſe : au contraire
les malades étoient gais , & jouoient
entr'eux. Il y avoit vingt-fix filles inocu-
1ées , depuis l'âge de dix ans jufqu'à vingtquatre
, qui n'étoient point alitées , qui
couroient les unes après les autres , & fe
divertiffoient comme on a coutume de le
faire à cet âge , lorfqu'on fe porte bien .
J'eus occafion de faire aux Enfans trou
vés une obfervation très intéreffante fur le
nommé Claringdon , âgé de cinq ans , qui
fe trouva pris de la rougeole , fans que
T'on s'en fût apperçu , dans le tems qu'il fut
inoculé. Le lendemain les fymptomes de
la rougeole fe manifefterent avec affez de
violence pour faire craindre pour fa vie ,
les taches parurent au tems ordinaire ; la
maladie prenant fon cours fe termina heureufement.
Le vingt- fixième jour de l'inoculation
la petite vérole parut en affez
grande quantité , & eut fon cours fans
aucun accident remarquable . Le malade
guérit des deux maladies , ce qui prouve le
peu de danger de cette pratique , & que
l'humeur de la petite vérole eft différente
des autres humeurs , & ne fe mêle point
avec elles.
AOUST. 1755 175
FAITS ET INFORMATIONS.
1º. Je n'ai pu trouver dans tout Londres
un feul Medecin , Chirurgien ou
Apoticaire qui s'oppofât à l'inoculation ,
ils en font au contraire tellement partifans
qu'ils font tous inoculer leurs propres
enfans. Ils regardent cette pratique
comme la plus grande découverte que
l'on ait fait en médecine depuis Hyppocrate
.
J'ai vu inoculer avec fuccès les deux
filles du Docteur Ruffel , l'une âgée de 2 9
ans , l'autre de 23 .
20. M. Ranby , premier chirurgien du
Roy d'Angleterre m'a affuré avoir inoculé
plus de 1600 perfonnes fans qu'il en foit
mort une feule. M. Bell , éleve de M. Morand
, 90 , avec le même fuccès. Enfin
M. Hadow , médecin à Warvick & ami du
docteur Pringle , inocule depuis 18 ans
avec un fuccès furprenant (a) .
( a ) Le Docteur Pringle connu de M. Senac , a
écrit au docteur Hadow pendant mon féjour à
Londres , pour le prier de répondre à quelques
queftions que j'avois faites par écrit . J'ai reçu la
réponse aux trois premieres avec une lettre du
Docteur Pringle , depuis mon arrivée à Paris . J'ajoute
ici la traduction des deux lettres . Ces Mefhieurs
me promettent de répondre aux douze autres
questions.
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE.
3°. Il ne fe trouve pas un feul exemple
qu'une perfonne qui ait eu la petite vérole
bien caractérisée par l'inoculation , l'ait eu
une feconde fois , cela eft fondé fur plu
fieurs expériences réïtérées & bien avérées.
Pour décider que le malade eft à l'abri de
cette infection , ils ne demandent qu'une
preuve non équivoque que le virus a opéré
fur la maffe du fang : quelques boutons fur
le corps , ou la fuppuration des incifions
fans éruption leur fuffifent.
4°. Il ne fe trouve pas d'exemple d'aucune
autre humeur fcorbutique , &c. qui
ait été introduite par l'inoculation , cela
eft même confirmé par quelques expériences
, hardies à la vérité ; auffi l'on ne s'inquiette
plus à cet égard d'ailleurs il eſt
facile par le choix du fujet qui fournit la
matiere d'en éviter le rifque (a).
5. Il ne fe trouve point un médecin à
Londres , autant que je l'ai pû apprendre ,
qui croye que l'on ait la petite vérole plufieurs
fois (b).
(a ) L'exemple de la complication de la rougeole
& de la petite vérole dans l'enfant trouvé
dont je viens de parler , me paroît ne laiffer aucun
doute là -deffus.
(b ) Le docteur Maty , qui avoit eu la petite.
vérole naturelle , voulant fe convaincre de ce fait,
s'eft inoculé lui-même fans pouvoir . ſe la donnen
AOUST. 1755. 177
6. Les Catholiques s'y foumettent ainſi
que les Proteftans , Mylord Dillon a fait
inoculer fon fils & fa fille aînée ; Madame
Chelldon , fa parente , craignant beaucoup
cette maladie , s'eft fait inoculer ce printemps
à l'âge de trente- fix ans , & mere de
douze enfans aufquels elle a ainfi donné
l'exemple du courage.
La fille du Duc de Beaufort , âgée de 15
ans, m'a fourni un fecond exemple de réfolution
, elle s'eft fait inoculer le 25 Avril
dernier de fon propre mouvement . On la
regarde comme la beauté de l'Angleterre ;
tout le monde s'intéreffoit à cet évenement ,
& le fuccès a répondu aux voeux que le
public formoit pour elle. J'ai retardé mon
retour de quinze jours pour affifter à fon
traitement.
Je pourrois citer plufieurs autres obfervations
curieufes & intéreffantes touchant
cette pratique que je tiens de perſonnes
très- dignes de foi , mais voyant que ce
rapport paffe les bornes convenables , &
n'ayant d'autres but que de rapporter fimplement
ce que j'ai vâ , & nullement de
décider la queſtion , je finirai en affurant
que les libéralités des perfonnes prévenues
autrefois contre cette pratique par religion
Ce détail ſe trouve dans fon Journal Britannique
des mois de Novembre & Décembre 1754
Hv
178 MERCURE DE FRANCE.
ou par quelque autre motif, font aujour
d'hui le principal revenu de l'hôpital de
l'inoculation , & que les regiftres font
remplis d'exemples curieux & touchans de
peres & meres qui ayant été maltraités par
la petite vérole naturelle ont eu recours
malgré leurs préjugés à l'inoculation fouvent
pour fe conferver l'unique enfant qui
leur reftoit.
EXTRAIT du rapport de M. Hofty ,
Docteur- Régent de la Faculté de Médeci
ne de Paris , pendant ſon féjour à Londres,
au fujet de l'Inoculation .
Mite de fujet de la Grande Bretagne ,
A profeffion de Médecin , ma qualité
& la connoiffance que j'ai de la langue ,
m'ont procuré l'avantage d'être appellé de164
MERCURE DE FRANCE.
puis la paix par la plupart de més compatriotes
, qui voyagent à Paris , & qui y
font tombés malades , & de m'entretenir
avec eux fur ce qui pouvoit être relatif à
la pratique de la Médecine en Angleterre ;
mais pour me mettre encore plus au fait
j'ai formé le deffein de me tranfporter à
Londres , afin d'y juger par moi- même des
variations arrivées depuis quelques années
en ce pays dans l'art de guérir.
Les fuccès conftans qu'a depuis trente
ans à Londres l'Inoculation de la petite
vérole , & les avantages que la France
pourroit retirer en l'introduifant chez elle ,
m'ont fur-tout déterminé à entreprendre
ce voyage .
J'arrivai à Londres le 12 Mars 1755 .
Mon premier foin fut d'aller voir MM .
Cox Willmod , Médecin du Roi , Hoadly ,
Garnier , Ranby , Mideleton , Hawkins ,
Gataker , Truifdal , Adair , Taylor , Heberdin
, Médecin de la Cour , Shaw , Kirk
Patrick , auteur de l'analyse de l'Inoculation
, le Docteur Maty , auteur du Journal
britannique , M. Pringle , connu par fon
excellent ouvrage fur les maladies des armées
, qui eft en commerce de lettres avec
M. Senac , les Docteurs Clephane , Jarnagagne,
Connel, MM . Bell, Pingfton , Brumfield,
Wal , Chirurgien de l'Hôpital de l'Inocu-
1
A O UST. 1755 : 165
lation , Tompkins , Chirurgien des Enfans
trouvés , M. Morton qui en eft le Médecin.
Je cite tous ces Meffieurs comme autant
de garans de la vérité de ce rapport.
Ce font les praticiens les plus employés à
Londres , & les plus connus en France.
Il n'eft pas poffible de marquer plus de
zéle pour le bien du genre humain qu'ils
en ont fait éclater à mes yeux , ni plus
d'envie de répandre dans toute l'Europe
une pratique qu'ils jugent fi falutaire.
Les facilités qu'ils m'ont procurées pour
l'exécution de mon projet en font des
preuves autentiques .
L'Evêque de Worceſter , fi recommandable
par fa charité envers les pauvres , ce
Prélat qu'on peut regarder comme le fondateur
de l'Hôpital de l'Inoculation dont
il eft actuellemeut Préfident , & qui fans
contrédit eft l'homme d'Angleterre le plus
éclairé fur tous les faits qui concernent
l'Inoculation , s'eft fait un mérite de m'inftruire
de tout ce qui y avoit rapport :
d'ailleurs , la protection dont m'a honoré
M. le Duc de Mirepoix à la recommendation
de M. Rouillé , Miniftre des affaires
étrangeres , & la connoiffance que j'avois
déja faite à Paris de plufieurs Seigneurs
anglois , ne m'ont laiffé rien à defirer fur
ce qui faifoit le principal objet de mon
voyage.
166 MERCURE DE FRANCE.
Pendant le tems que j'ai été à Londres
j'ai fuivi tant aux Hôpitaux qu'en ville
deux cens cinquante-deux perfonnes ino
culées , de différens âges & de conditions
différentes , qui m'ont fourni les obſerva
tions fuivantes . *
Le fujet qu'on veut inoculer étant préparé
, on lui fait une incifion très - légere à
un ou aux deux bras , fuivant l'idée de l'Inoculateur
; on y infére un fil impreigné de
la matiere variolique bien choifie , on
daiffe ce fil dans l'incifion l'efpace de
trente-fix heures , on l'ôte enfuite. Quelques-
uns appliquent fur la plaie une emplâtre
, mais d'autres n'y mettent rien du
tout ; elle paroît ordinairement guérie au
bout de quarante heures ; mais le troifiéme
ou quatrième jour elle s'enflamme de
nouveau , les bords en deviennent rouges,
J'en ai vû inoculer depuis l'âge de trois jufqu'à
vingt-huit , & même jufqu'à trente- fix ans.
&
Il me paroît démontré que les adultes qu'on
voit inoculer à préfent , font les enfans d'autant
de gens autrefois ennemis de cette pratique , qui
ne le font rendus qu'à l'évidence du fuccès ,
qui forment aujourd'hui des preuves éclatantes
du progrès & de la bonté de cette méthode. J'ofe
dire que dans peu d'années il ne ſe trouvera perfonne
en Angleterre , à l'âge de quinze ans , qui
n'ait eu la petite vérole naturellement , ou par
infertion.
A O UST . 1755. 167
fignes prefque certains que l'infertion a
bien pris. Le cinq ou fix on apperçoit une
ligne blanche dans le milieu , l'urine eft
de couleur de citron , indications plus fu
res que les précédentes. Le feptiéme ou le
huitième , le malade qui jufqu'alors n'a
point apperçu de changement dans fon
état , commence à fentir une douleur plus
ou moins vive , à une aiffelle , & quelquefois
aux deux . C'eſt pour l'ordinaire le
premier fymptome , enfuite un malaiſe ,
une fievre plus ou moins forte , un mal
de tête , de reins , des naufées fuivies de
vomiffemens . Le neuvième ou le dixiéme
il paroît une fueur très - abondante , ac
compagnée d'une éruption milliaire par
tout le corps. Ces deux fymptomes prééédent
communément de vingt- quatre heures
, plus ou moins , l'éruption de la petite
verole , & difparoiffent avec les autres , a
mefare que
fe fait cette éruption , qui
arrive pour l'ordinaire vers le dixiéme
jour de l'infertion ; dès qu'elle eft parfaite
le malade ne fouffre plus , il eft cenfé hors
de danger , puifqu'autant que l'expérience
me l'a fait voir , l'on n'a rien à craindre
de la fievre de fuppuration , qui eft fi dangereufe
, & fouvent fi funefte dans cette
maladie , lorfqu'on l'a naturellement . Les
inoculés paffent prefque toujours ce roms
}
16S MERCURE DE FRANCE.
fans fievre & fans accident , ce que les
Médecins regardent comme une preuve
convaincante des avantages de l'inoculation
; la fuppuration finit vers le feizième,
& la deffication vers le vingtiéme . On
purge plufieurs fois le malade , on lui donne
alors des alimens plus folides. Pendant
le cours de la maladie on ne permet que
des végétaux , ou des chofes légeres en
ufage dans le
des
que
pays , telles
des afperges , &c, mais ni viande ni poiffon.
navets
Les ulceres de l'incifion fe dilatent &
fuppurent confidérablement vers l'état de
la maladie ; cette fuppuration continue
quelquefois après le traitement , ce qui
provient principalement de la profondeur
de l'incifion , & n'arrive que très- rarement
depuis qu'on ne fait plus qu'une incifion
très-fuperficielle , ou pour mieux dire une
égratignure ; les fymptomes font quelquefois
fi légers , & le nombre des boutons fi
petit , qu'à la diete près , le malade vit à
fon ordinaire , s'occupe & s'amufe fuivant
fon âge , & n'eft pas obligé de garder
le lit. L'Envoyé de Dannemarck en Angleterre
qui s'eft fait inoculer avec la permiffion
de fa Cour & du confentement de
fa famille , à qui cette maladie a été fouvent
fatale , n'a prefque rien changé à fa
maniere
AOUST. 1755: 169
maniere de vivre accoutumée ; c'eft de
tui-même que j'ai eu le détail journalier
de fon traitement .
Le fils de l'Ambaffadeur de Sardaigne
s'eft foumis avec le même fuccès à cette
pratique.
Je paffe aux effets de cette méthode .
Les deux cens cinquante -deux perſonnes
que j'ai vûes inoculées , ont toutes
été guéries fans aucunes fuites fâcheufes ,
elles m'ont paru fe fortifier après le traitement,
& pas une d'elles n'a été marquée;
mais ce qui m'a bien furpris , c'eft que
ceux - mêmes qui avoient beaucoup de
boutons & fort gros , ne paroiffoient pref
que pas rouges après la deffication , comme
ils le font dans la petite vérole naturelle.
L'avantage de conferver la beauté
n'a pas peu contribué à accréditer cette
méthode , auffi eft-il rare de voir à Londres
quelqu'un au- deffous de vingt ans
défiguré par la petite vérole , à moins que
ce ne foit parmi le bas peuple qui n'a pas
le moyen de fe faire inoculer , où qui conferve
encore les anciens préjugés .
OBSERVATIONS PARTICULIERES.
19. Des deux cens cinquante - deux perfonnes
dont j'ai fuivi l'inoculation , deux
H
170 MERCURE DE FRANCE.
feulement m'ont paru en danger. L'un
étoit le fils du Major Jennings , homme de
condition , fort riche , âgé de trois ans ,
inoculé avec fa foeur , âgée de quatre ans ,
& fa gouvernante âgée de vingt trois. Cet
enfant a eu fix accès de convulfions dans
l'efpace de dix- huit heures , immédiatement
avant l'éruption , ce qui a donné de
vives allarmes à fes parens , mais non aux
Médecins ni aux Chirurgiens ; il a évacué
par le moyen de deux remedes , l'éruption
s'eft bien faite , & auffi- tôt tous les acci
dens ont difparu . Au refte cet enfant eft
fujet à ces accès convulfifs , il en avoit eus
antérieurement dans deux autres maladies.
2°. Il m'a paru que les enfans délicats
& les filles avoient les fymptomes moins
violens , plufieurs praticiens n'ont fait aucunes
obfervations là-deffus .
3°. Les Anglois pour fauver leurs enfans
du danger de cette maladie , m'ont
paru anticiper fur l'âge convénable en les
faifant inoculer à la mammelle & au - def
fous de quatre ans . J'ai obfervé conftamment
que l'âge depuis quatre ans jufqu'à
quinze , étoit le plus propre , & que les
perfonnes au -deffus de quinze fouffroient
moins les enfans au-deffous de quatre que
ans. Cette remarque eft conforme à celles
des gens de l'art.
;
AOUST. 1755. 171
” . J'ai vû des adultes des deux fexes ,
même forts , replets & très- robuftes guérir
fans accident , & d'une façon furprenante,
5°. Quoiqu'on choififfe pour l'inoculation
le tems qui fuit immédiatement les
régles , elles furviennent cependant prefque
toujours dans le cours de la maladie
ont plus ou moins de durée , & finiffent
fans aucun accident.
6°. J'ai vû plufieurs perfonnes n'avoir
que très-peu de boutons , quelquefois feulement
autour de l'incifion , comme la
fille du Comte de Fitz Williams . Un adulte
en eut une douzaine ; le premier lui
vint au gros doigt du pied , remarque curieufe
, & qui prouve inconteftablement
que le virus a circulé par toute la maffe du
fang , quoiqu'il n'y eut que peu de boutons.
Quelquefois la feule fuppuration des
ulceres tient lieu de tout.
7°. Les fymptomes & l'éruption paroiffent
quelquefois fort tard . La fille de Mylord
Dalkitk à qui ils n'ont paru que le
quatorziéme jour après l'infertion , & un
enfant trouvé , dont je parlerai plus bas ,
auquel ils n'ont paru que le vingt-fix en
font des exemples.
8°. Cinq perfonnes n'ont pu prendre la
petite vérole , quoiqu'on eut réitéré l'infertion
; l'un étoit en ville , & les quatre
Hij
172 MERCURE DE FRANCE.
autres aux Hôpitaux ; & quoiqu'ils fuffent
tous cinq expofés pendant le traitement
des autres à l'infection , ils ne la contracterent
pas.
Les deux Hôpitaux dans lefquels fe pra
tique cette méthode , font celui de la petite
verole , ainfi nommé , parce que l'on
n'y traite que cette feule maladie , foit naturelle
, foit artificielle , & celui des Enfans
trouvés. J'ai apporté tout ce qui regarde
l'établiffement & les réglemens de ces Hôpitaux
, auffi - bien que l'hiftoire de l'inoculation
, depuis le jour de leur établiſſement
jufqu'à celui de mon départ , qui m'ont été
remis par ordre du Commité : en voici
le détail . *
Depuis le 26 Septembre 1746 , jour de
l'ouverture de l'Hôpital de l'Inoculation ,
jufqu'au 14 Mai 1755 , il y a eu fix cens
quatre inoculés , y compris quatre- vingtdix-
fept de cette année. Les cinq premieres
années de fon établiſſement cette méthode
Y étant encore dans fon enfance , & l'hôpital
n'étant pas encore en état de fournir
toutes les commodités aux malades , de cent
trente une perfonnes , il en eft mort deux ;
l'une attaquée de vers , l'autre foupçonnée
d'avoir cette maladie naturellement dans
le tems de fon inoculation * . Les quatre
* L'Hôpital pour l'Inoculation eft encore bieg
A O UST. 1755 . 173
dernieres années , de quatre cens foixantetreize
, un feul eft mort ; & fuivant les regiftres
de ce même hôpital , de neuf perfonnes
qui ont la petite vérole naturelle ,
il en meurt deux .
Depuis 1741 , on a inoculé aux Enfans
trouvés deux cens quarante-fept , dont un
feul eft mort , ce que l'on croit , par un
accident étranger à l'inoculation.
à
Total des inoculés dans les deux Hôpitaux
,
Morts ,
851.
4.
La premiere fois que je vifitai l'Hôpital
de l'Inoculation , je fus témoin d'un contrafte
bien frappant. Il y avoit fur le même
quarré deux falles ; l'une deftinée à la
petite vérole naturelle , l'autre à la petite
vérole , qui s'y donne par infertion. Dans
la premiere de ces falles je vis des malades
qui excitoient non feulement la compaffion
, mais la terreur , hideux , gémiffans
, prêts à rendre l'ame ; on les auroit
cru frappés de la maladie la plus cruelle
& la plus dégoûtante. Dans l'autre falle
pauvre , ce qui oblige de mettre les inoculés avec
ceux qui font attaqués de la petite vérole naturelle
ce qui ne peut manquer d'infecter l'air , &
de rendre en cet endroit la pratique de l'inoculation
plus fujette à des accidens qu'ailleurs,
Hiij
174 MERCURE DE FRANCE.
on n'entendoit ni cris de douleur , ni voix
mourante ; on ne voyoit ni fouffrance ni
accidens , ni même aucun malaiſe : au contraire
les malades étoient gais , & jouoient
entr'eux. Il y avoit vingt-fix filles inocu-
1ées , depuis l'âge de dix ans jufqu'à vingtquatre
, qui n'étoient point alitées , qui
couroient les unes après les autres , & fe
divertiffoient comme on a coutume de le
faire à cet âge , lorfqu'on fe porte bien .
J'eus occafion de faire aux Enfans trou
vés une obfervation très intéreffante fur le
nommé Claringdon , âgé de cinq ans , qui
fe trouva pris de la rougeole , fans que
T'on s'en fût apperçu , dans le tems qu'il fut
inoculé. Le lendemain les fymptomes de
la rougeole fe manifefterent avec affez de
violence pour faire craindre pour fa vie ,
les taches parurent au tems ordinaire ; la
maladie prenant fon cours fe termina heureufement.
Le vingt- fixième jour de l'inoculation
la petite vérole parut en affez
grande quantité , & eut fon cours fans
aucun accident remarquable . Le malade
guérit des deux maladies , ce qui prouve le
peu de danger de cette pratique , & que
l'humeur de la petite vérole eft différente
des autres humeurs , & ne fe mêle point
avec elles.
AOUST. 1755 175
FAITS ET INFORMATIONS.
1º. Je n'ai pu trouver dans tout Londres
un feul Medecin , Chirurgien ou
Apoticaire qui s'oppofât à l'inoculation ,
ils en font au contraire tellement partifans
qu'ils font tous inoculer leurs propres
enfans. Ils regardent cette pratique
comme la plus grande découverte que
l'on ait fait en médecine depuis Hyppocrate
.
J'ai vu inoculer avec fuccès les deux
filles du Docteur Ruffel , l'une âgée de 2 9
ans , l'autre de 23 .
20. M. Ranby , premier chirurgien du
Roy d'Angleterre m'a affuré avoir inoculé
plus de 1600 perfonnes fans qu'il en foit
mort une feule. M. Bell , éleve de M. Morand
, 90 , avec le même fuccès. Enfin
M. Hadow , médecin à Warvick & ami du
docteur Pringle , inocule depuis 18 ans
avec un fuccès furprenant (a) .
( a ) Le Docteur Pringle connu de M. Senac , a
écrit au docteur Hadow pendant mon féjour à
Londres , pour le prier de répondre à quelques
queftions que j'avois faites par écrit . J'ai reçu la
réponse aux trois premieres avec une lettre du
Docteur Pringle , depuis mon arrivée à Paris . J'ajoute
ici la traduction des deux lettres . Ces Mefhieurs
me promettent de répondre aux douze autres
questions.
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE.
3°. Il ne fe trouve pas un feul exemple
qu'une perfonne qui ait eu la petite vérole
bien caractérisée par l'inoculation , l'ait eu
une feconde fois , cela eft fondé fur plu
fieurs expériences réïtérées & bien avérées.
Pour décider que le malade eft à l'abri de
cette infection , ils ne demandent qu'une
preuve non équivoque que le virus a opéré
fur la maffe du fang : quelques boutons fur
le corps , ou la fuppuration des incifions
fans éruption leur fuffifent.
4°. Il ne fe trouve pas d'exemple d'aucune
autre humeur fcorbutique , &c. qui
ait été introduite par l'inoculation , cela
eft même confirmé par quelques expériences
, hardies à la vérité ; auffi l'on ne s'inquiette
plus à cet égard d'ailleurs il eſt
facile par le choix du fujet qui fournit la
matiere d'en éviter le rifque (a).
5. Il ne fe trouve point un médecin à
Londres , autant que je l'ai pû apprendre ,
qui croye que l'on ait la petite vérole plufieurs
fois (b).
(a ) L'exemple de la complication de la rougeole
& de la petite vérole dans l'enfant trouvé
dont je viens de parler , me paroît ne laiffer aucun
doute là -deffus.
(b ) Le docteur Maty , qui avoit eu la petite.
vérole naturelle , voulant fe convaincre de ce fait,
s'eft inoculé lui-même fans pouvoir . ſe la donnen
AOUST. 1755. 177
6. Les Catholiques s'y foumettent ainſi
que les Proteftans , Mylord Dillon a fait
inoculer fon fils & fa fille aînée ; Madame
Chelldon , fa parente , craignant beaucoup
cette maladie , s'eft fait inoculer ce printemps
à l'âge de trente- fix ans , & mere de
douze enfans aufquels elle a ainfi donné
l'exemple du courage.
La fille du Duc de Beaufort , âgée de 15
ans, m'a fourni un fecond exemple de réfolution
, elle s'eft fait inoculer le 25 Avril
dernier de fon propre mouvement . On la
regarde comme la beauté de l'Angleterre ;
tout le monde s'intéreffoit à cet évenement ,
& le fuccès a répondu aux voeux que le
public formoit pour elle. J'ai retardé mon
retour de quinze jours pour affifter à fon
traitement.
Je pourrois citer plufieurs autres obfervations
curieufes & intéreffantes touchant
cette pratique que je tiens de perſonnes
très- dignes de foi , mais voyant que ce
rapport paffe les bornes convenables , &
n'ayant d'autres but que de rapporter fimplement
ce que j'ai vâ , & nullement de
décider la queſtion , je finirai en affurant
que les libéralités des perfonnes prévenues
autrefois contre cette pratique par religion
Ce détail ſe trouve dans fon Journal Britannique
des mois de Novembre & Décembre 1754
Hv
178 MERCURE DE FRANCE.
ou par quelque autre motif, font aujour
d'hui le principal revenu de l'hôpital de
l'inoculation , & que les regiftres font
remplis d'exemples curieux & touchans de
peres & meres qui ayant été maltraités par
la petite vérole naturelle ont eu recours
malgré leurs préjugés à l'inoculation fouvent
pour fe conferver l'unique enfant qui
leur reftoit.
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Résumé : EXTRAIT du rapport de M. Hosty, Docteur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris, pendant son séjour à Londres, au sujet de l'Inoculation.
Le Dr. Hofty, Docteur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris, a effectué un séjour à Londres pour étudier l'inoculation de la petite vérole, une pratique médicale couronnée de succès depuis trente ans. Grâce à ses compétences linguistiques et médicales, Hofty a été consulté par de nombreux compatriotes malades à Paris, ce qui l'a incité à se rendre à Londres pour observer les méthodes locales. À Londres, Hofty a rencontré des médecins et chirurgiens éminents, tels que Cox Willmoth, Médecin du Roi, et l'Évêque de Worcester, fondateur de l'Hôpital de l'Inoculation. Il a suivi 252 personnes inoculées, de différents âges et conditions, et a observé les procédures et les symptômes de la maladie. L'inoculation consiste à faire une incision légère sur le bras, y introduire un fil imprégné de matière variolique, et laisser la plaie se guérir. Les symptômes apparaissent généralement entre le troisième et le dixième jour, avec une éruption de boutons qui se résorbe vers le vingtième jour. Hofty a noté que les adultes inoculés étaient souvent des enfants de parents autrefois opposés à cette pratique, mais convaincus par son succès. Il a également observé que les symptômes étaient moins violents chez les enfants délicats et les filles. Les Anglais pratiquent l'inoculation dès l'âge de quatre ans, jugé le plus propice. Les hôpitaux londoniens pratiquant l'inoculation sont l'Hôpital de la petite vérole et celui des Enfants trouvés. Depuis l'ouverture de l'Hôpital de l'Inoculation en 1746, sur 851 inoculés, seulement quatre sont morts, contre deux sur neuf pour la petite vérole naturelle. Hofty a constaté un contraste frappant entre les malades atteints naturellement et ceux inoculés, ces derniers ne montrant presque aucun malaise ou souffrance. En août 1755, un observateur a noté une expérience intéressante concernant un enfant nommé Claringdon, âgé de cinq ans, qui contracta la rougeole peu après avoir été inoculé contre la variole. La rougeole se manifesta violemment le lendemain, mais l'enfant guérit sans complications. Vingt-cinq jours après l'inoculation, la variole apparut en grande quantité et se déroula sans incidents, prouvant ainsi que l'inoculation est peu dangereuse et que l'humeur de la variole ne se mélange pas avec d'autres maladies. À Londres, aucun médecin, chirurgien ou apothicaire ne s'opposait à l'inoculation, la considérant comme une grande découverte médicale. Plusieurs chirurgiens et médecins ont inoculé des centaines de personnes avec succès. Il n'existe aucun cas documenté de réinfection par la variole après une inoculation réussie. Les expériences montrent également que d'autres humeurs morbides, comme le scorbut, ne sont pas introduites par l'inoculation. Les catholiques et les protestants, y compris des nobles comme Mylord Dillon et la fille du Duc de Beaufort, se soumettent à l'inoculation. Les libéralités des personnes autrefois prévenues contre cette pratique contribuent désormais au revenu de l'hôpital de l'inoculation. Les registres de l'hôpital contiennent de nombreux exemples de parents ayant recours à l'inoculation pour protéger leurs enfants.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 226-227
DU NORD.
Début :
On n'apprend poin que les derniers tremblemens ayant causé de dommages dans aucune Ville [...]
Mots clefs :
Copenhague, Trondheim, Tremblement de terre, Agitation des eaux, Dégâts, Petite vérole, Malades, Inoculation de la petite vérole sur des enfants, Guérison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DU NORD.
DU NORD.
DE COPPENHAGUE, le 8 Janvier.
On n'apprend point que les derniers tremble.
mens ayent caufé de dommages dans aucune Ville
de Danemarck. Les effets produits par les fecouffes
ont été beaucoup moins fenfibles fur terre ,
que fur les eaux. Celles d'un Lac du Comté de
Laurvig ont éprouvé une agitation extraordinaire.
Les liens d'un train de bois de charpente
fe font rompus , & tout le bois a été difperfé.
Quelques barques ont été jettées fur le rivage ,
mais une feule a été fubmergée par les flots.
DE DRONTHEIM , le 16 Janvier.
La petite vérole ayant fait ici beaucoup de ravage
l'année derniere , M. Wachsmuth , Chirurgien
, a cru rendre fervice à cette Ville , en y introduifant
l'ufage de l'inoculation . Il en a fair
l'effai fur un de les enfans , âgé de deux ans. Cette
premiere expérience ayant réuffi , on en aten¬
MAR S. 17565 227
té plufieurs autres . Elles ont eu toutes un égal
fuccès , & il y a déja eu quarante enfans inoculés
. Un jeune homme de vingt- deux ans , ne fe
fouvenant pas s'il avoit eu la petite vérole , fe
l'eft fait donner par la même méthode . L'inocu
lation n'a produit aucun effet , & le jeune homme
n'en a point été incommodé .
DE COPPENHAGUE, le 8 Janvier.
On n'apprend point que les derniers tremble.
mens ayent caufé de dommages dans aucune Ville
de Danemarck. Les effets produits par les fecouffes
ont été beaucoup moins fenfibles fur terre ,
que fur les eaux. Celles d'un Lac du Comté de
Laurvig ont éprouvé une agitation extraordinaire.
Les liens d'un train de bois de charpente
fe font rompus , & tout le bois a été difperfé.
Quelques barques ont été jettées fur le rivage ,
mais une feule a été fubmergée par les flots.
DE DRONTHEIM , le 16 Janvier.
La petite vérole ayant fait ici beaucoup de ravage
l'année derniere , M. Wachsmuth , Chirurgien
, a cru rendre fervice à cette Ville , en y introduifant
l'ufage de l'inoculation . Il en a fair
l'effai fur un de les enfans , âgé de deux ans. Cette
premiere expérience ayant réuffi , on en aten¬
MAR S. 17565 227
té plufieurs autres . Elles ont eu toutes un égal
fuccès , & il y a déja eu quarante enfans inoculés
. Un jeune homme de vingt- deux ans , ne fe
fouvenant pas s'il avoit eu la petite vérole , fe
l'eft fait donner par la même méthode . L'inocu
lation n'a produit aucun effet , & le jeune homme
n'en a point été incommodé .
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Résumé : DU NORD.
En janvier 1756, des tremblements de terre ont eu lieu au Danemark et en Norvège. À Copenhague, ces secousses n'ont pas causé de dommages significatifs dans les villes danoises. Les effets ont été plus notables sur les eaux, notamment dans un lac du comté de Laurvig, où des liens d'un train de bois se sont rompus et des barques ont été jetées sur le rivage, une seule étant submergée. À Drontheim, la variole a causé de nombreux décès en 1755. Le chirurgien M. Wachsmuth a introduit l'inoculation pour prévenir la maladie. Après une première expérience réussie sur un enfant de deux ans, quarante autres enfants ont été inoculés avec succès. Un jeune homme de vingt-deux ans, incertain d'avoir déjà contracté la variole, s'est également fait inoculer sans effet secondaire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 237-238
AVIS.
Début :
Lecomte, Vinaigrier ordinaire du Roi & de la Reine, [...]
Mots clefs :
Lecomte, Vinaigrier, Vinaigre à la tronchin, Petite vérole, Rougeole, Maladies pestilentielles, Soin préventif, Vinaigre de turbie, Moutarde, Maladies des soldats
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVIS.
AVIS.
ECOMTE , Vinaigrier ordinaire du Roi &
de la Reine , des Princes & Princeſſes de la Cour ,
donne avis au Public qu'il a fini , & met en
vente le vinaigre à la tronchin , qui eft un excellent
préfervatifcontre la petite Vérole , la Rougeole
, & autres maladies peftilencielles : fes vertus
font fi grandes , qu'il eft utile & même néceffaire
d'en avoir un flacon fur foi , afin d'être
à portée dans le beſoin de s'en frotter les temples
& mains , & d'en refpirer : il eft non feulement
utile aux perfonnes qui font obligées par
état de traiter & garder les malades , mais encore
à celles qui les vifitent par devoir , ou par
amitié, Il eft d'une qualité au deffus du vinaigre
des quatre voleurs , & eft approuvé de la Faculté
de la Cour. La maniere de s'en fervir eft de
tremper deux bracelets de toile préparée dans
ledit vinaigre , & d'en mettre un fur chaque
poignet tous les foirs en fe couchant ; on en
238 MERCURE DE FRANCE.
4
trouve de tout préparé chez ledit Lecomte.
Ledit Lecomte continue toujours avec fuccès
la vente du vinaigre fans pareil , qui non feulement
blanchit la peau du vifage , mais a encore
beaucoup d'autres propriétés.
Et le Radical , dit Turbie, pour la parfaite guérifon
des maux de dents. Le Romain qui les
blanchit & les conferve , ainfi que la bouche ,
& arrête le progrès de la carie . Sa poudre &
tartre de vinaigre préparé qui conferve l'émail
des dents , détruifant le limon qui s'y attache ,
& empêche qu'elles fe déchauffent.
Il vient d'augmenter fa Moutarde aux capres , &
aux anchois qui eft d'un goût agréable & gracieux ;
elle fe conferve deux ans dans fa même bonté.
Meffieurs les Officiers - Généraux & autres, trouveront
toujours chez lui pour les proviſions de
l'armée , tous les vinaigres qu'ils defireront ,
auffi -bien que les moutardes & fruits confits au
vinaigre , étant le mieux afforti , & en ayant déja
fourni beaucoup pendant les campagnes dernieres.
11 fe croit indifpenfablement obligé pour l'intérêt
de l'Etat & pour le bien public , d'annoncer
fon Vinaigre Royal , qui guérit la gangrene
la plus invétérée & abandonnée , auffi- bien
que les coups de feu , ce qui eft abfolument néceffaire
aux perfonnes qui font dans les armées ;
c'est ce que l'expérience prouve tous les jours.
Ledit Lecomte auroit déja fait inférer dans le
Mercure de France fon Vinaigre nouveau à la
tronchin , s'il n'avoit eu une grande maladie ,
dont il eft parfaitement rétabli ; quoique quelques-
uns de fes confreres ayent répandu dans les
provinces , où il continue de faire de confiderables
envois , qu'il étoit mort.
Sa demeure est toujours au quai de l'Ecole , près
le Pont- neuf , à la Renominée des vinaigres fins .
ECOMTE , Vinaigrier ordinaire du Roi &
de la Reine , des Princes & Princeſſes de la Cour ,
donne avis au Public qu'il a fini , & met en
vente le vinaigre à la tronchin , qui eft un excellent
préfervatifcontre la petite Vérole , la Rougeole
, & autres maladies peftilencielles : fes vertus
font fi grandes , qu'il eft utile & même néceffaire
d'en avoir un flacon fur foi , afin d'être
à portée dans le beſoin de s'en frotter les temples
& mains , & d'en refpirer : il eft non feulement
utile aux perfonnes qui font obligées par
état de traiter & garder les malades , mais encore
à celles qui les vifitent par devoir , ou par
amitié, Il eft d'une qualité au deffus du vinaigre
des quatre voleurs , & eft approuvé de la Faculté
de la Cour. La maniere de s'en fervir eft de
tremper deux bracelets de toile préparée dans
ledit vinaigre , & d'en mettre un fur chaque
poignet tous les foirs en fe couchant ; on en
238 MERCURE DE FRANCE.
4
trouve de tout préparé chez ledit Lecomte.
Ledit Lecomte continue toujours avec fuccès
la vente du vinaigre fans pareil , qui non feulement
blanchit la peau du vifage , mais a encore
beaucoup d'autres propriétés.
Et le Radical , dit Turbie, pour la parfaite guérifon
des maux de dents. Le Romain qui les
blanchit & les conferve , ainfi que la bouche ,
& arrête le progrès de la carie . Sa poudre &
tartre de vinaigre préparé qui conferve l'émail
des dents , détruifant le limon qui s'y attache ,
& empêche qu'elles fe déchauffent.
Il vient d'augmenter fa Moutarde aux capres , &
aux anchois qui eft d'un goût agréable & gracieux ;
elle fe conferve deux ans dans fa même bonté.
Meffieurs les Officiers - Généraux & autres, trouveront
toujours chez lui pour les proviſions de
l'armée , tous les vinaigres qu'ils defireront ,
auffi -bien que les moutardes & fruits confits au
vinaigre , étant le mieux afforti , & en ayant déja
fourni beaucoup pendant les campagnes dernieres.
11 fe croit indifpenfablement obligé pour l'intérêt
de l'Etat & pour le bien public , d'annoncer
fon Vinaigre Royal , qui guérit la gangrene
la plus invétérée & abandonnée , auffi- bien
que les coups de feu , ce qui eft abfolument néceffaire
aux perfonnes qui font dans les armées ;
c'est ce que l'expérience prouve tous les jours.
Ledit Lecomte auroit déja fait inférer dans le
Mercure de France fon Vinaigre nouveau à la
tronchin , s'il n'avoit eu une grande maladie ,
dont il eft parfaitement rétabli ; quoique quelques-
uns de fes confreres ayent répandu dans les
provinces , où il continue de faire de confiderables
envois , qu'il étoit mort.
Sa demeure est toujours au quai de l'Ecole , près
le Pont- neuf , à la Renominée des vinaigres fins .
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Résumé : AVIS.
Ecomte, vinaigrier ordinaire du Roi, de la Reine et des Princes de la Cour, annonce la vente de vinaigre à la tronchin, un préventif contre la petite vérole, la rougeole et autres maladies pestilentielles. Ce vinaigre est recommandé pour se frotter les temples et les mains, et pour en respirer les vapeurs. Il est utile aux personnes soignant ou visitant des malades. Le vinaigre à la tronchin est de meilleure qualité que le vinaigre des quatre voleurs et est approuvé par la Faculté de la Cour. La méthode d'utilisation consiste à tremper des bracelets de toile dans le vinaigre et à les porter sur les poignets chaque soir. Ecomte vend également divers produits, notamment un vinaigre pour blanchir la peau, un remède pour les maux de dents, et une moutarde aux câpres et aux anchois. Il fournit des vinaigres, moutardes et fruits confits au vinaigre pour les provisions de l'armée. Son vinaigre royal est efficace contre la gangrène et les blessures par armes à feu, essentiel pour les personnes dans les armées. Ecomte réside au quai de l'Ecole, près du Pont-Neuf, à la Renommée des vinaigres fins. Il dément les rumeurs de sa mort propagées par certains de ses confrères, affirmant s'être rétabli d'une maladie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 179-180
DU NORD
Début :
Il se trouvoit dans l'armée destinée à agir contre le Roi de Prusse, [...]
Mots clefs :
Saint-Petersbourg, Roi de Prusse, Impératrice de Russie, Officiers russes, Copenhague, Inoculation, Petite vérole, Succès, Norvège, Secousses
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texteReconnaissance textuelle : DU NORD
DU NORD
DE PETERSBOURG , le 26 Février.
"
Il fe trouvoit dans l'armée deftinée à agir con
tre le Roi de Pruffe , plufieurs Officiers nés fujets
de ce Prince. L'Impératrice n'a point voulu less
Hvj
180 MERCURE DE FRANCE.
obliger de porter les armes contre leur Souverain.
Ils ont été remplacés par des Officiers Ruffiens
dans les Régimens où ils étoient employés , &
le Feld-Maréchal Apraxin les ayant renvoyés ici ,
on les fait partir fucceffivement , pour aller remplir
les nouveaux poftes qu'on leur deftine.
DE COPENHAGUE , le 18 Février.
Le Roi dîna les de ce mois chez le Préfident
Ogier , Ambaffadeur de Sa Majefté Très- Chrétienne.
Depuis fix mois , plus de cent perfonnes
ont été inoculées de la petite vérole en cette Ville.
Aucune n'eft morte , ni ne reffent la moindre incommodité.
Selon les lettres écrites de diverfes
Provinces , l'inoculation y a le même fuccès . On
a eu quelque peine à introduire cette méthode en
Norwege , mais elle commence à s'y établir.
On mande de Norwege , que le premier , le
19 , le 22 , le 23 , le 24 & le 25 du mois dernier ,
on a entendu dans la Province d'Aggerhus plufleurs
bruits fouterreins , & que le 4 de ce mois
on y a fenti deux fecouffes de tremblement de:
terre.
DE PETERSBOURG , le 26 Février.
"
Il fe trouvoit dans l'armée deftinée à agir con
tre le Roi de Pruffe , plufieurs Officiers nés fujets
de ce Prince. L'Impératrice n'a point voulu less
Hvj
180 MERCURE DE FRANCE.
obliger de porter les armes contre leur Souverain.
Ils ont été remplacés par des Officiers Ruffiens
dans les Régimens où ils étoient employés , &
le Feld-Maréchal Apraxin les ayant renvoyés ici ,
on les fait partir fucceffivement , pour aller remplir
les nouveaux poftes qu'on leur deftine.
DE COPENHAGUE , le 18 Février.
Le Roi dîna les de ce mois chez le Préfident
Ogier , Ambaffadeur de Sa Majefté Très- Chrétienne.
Depuis fix mois , plus de cent perfonnes
ont été inoculées de la petite vérole en cette Ville.
Aucune n'eft morte , ni ne reffent la moindre incommodité.
Selon les lettres écrites de diverfes
Provinces , l'inoculation y a le même fuccès . On
a eu quelque peine à introduire cette méthode en
Norwege , mais elle commence à s'y établir.
On mande de Norwege , que le premier , le
19 , le 22 , le 23 , le 24 & le 25 du mois dernier ,
on a entendu dans la Province d'Aggerhus plufleurs
bruits fouterreins , & que le 4 de ce mois
on y a fenti deux fecouffes de tremblement de:
terre.
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Résumé : DU NORD
Le texte décrit deux événements distincts. À Saint-Pétersbourg, le 26 février, plusieurs officiers prussiens servaient dans une armée destinée à agir contre leur propre roi. L'impératrice a refusé de les obliger à combattre leur souverain et les a remplacés par des officiers russes. À Copenhague, le 18 février, le roi a dîné chez le président Ogier, ambassadeur de France. Depuis six mois, plus de cent personnes ont été inoculées contre la petite vérole à Copenhague sans complications. Cette méthode a également réussi dans diverses provinces, bien que son introduction en Norvège ait rencontré des difficultés. Par ailleurs, des bruits souterrains et des tremblements de terre ont été signalés dans la province d'Aggerhus en Norvège les 1er, 19, 22, 23, 24 et 25 du mois précédent, ainsi que le 4 du mois en cours.
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17
p. 200
DE COPPENHAGUE, le 16 Décembre.
Début :
La Princesse Louise, seconde Fille du Roi qui vient d'avoir la petite vérole, [...]
Mots clefs :
Princesse, Petite vérole, Guérison, Épidémies
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texteReconnaissance textuelle : DE COPPENHAGUE, le 16 Décembre.
De COPPENHAGUE , le 16 Décembre.
A Princeffe Louife , feconde Fille du Roi
qui vient d'avoir la petite vérole , eft actuellament
hors de danger . Cette maladie a fait ici de
grands ravages pendant quatre mois . Il y mearoit
plus de cent perfonnes par ſemaine,
A Princeffe Louife , feconde Fille du Roi
qui vient d'avoir la petite vérole , eft actuellament
hors de danger . Cette maladie a fait ici de
grands ravages pendant quatre mois . Il y mearoit
plus de cent perfonnes par ſemaine,
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18
p. 203
DE COPPENHAGUE, le 2 Janvier.
Début :
Depuis que Sa Majesté st parfaitement rétablie, le genre de sa maladie [...]
Mots clefs :
Sa Majesté, Maladie, Petite vérole, Ravages, Épidémies, Décès
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texteReconnaissance textuelle : DE COPPENHAGUE, le 2 Janvier.
De COPPENHAGUE , le 2 Janvier.
Depuis que Sa Majefté eft parfaitement rétablie
, le genre de fa maladie n'eft plus un mystère.
La crainte d'allarmer fes fujets , dans un temps'
où la petite vérole faifoit de cruels ravages , avoit
fait câcher foigneufement que le Roi en étoit
attaqué. Il y a eu des momens où l'on a été dans
de grandes appréhenfions pour fa vie Cette maladie
épidémique , diminue beaucoup . Nous n'avons
perdu, la femaine dernière , qu'un cinquième
des perfonnes qui mouroient dans les femaines
précédentes.
Depuis que Sa Majefté eft parfaitement rétablie
, le genre de fa maladie n'eft plus un mystère.
La crainte d'allarmer fes fujets , dans un temps'
où la petite vérole faifoit de cruels ravages , avoit
fait câcher foigneufement que le Roi en étoit
attaqué. Il y a eu des momens où l'on a été dans
de grandes appréhenfions pour fa vie Cette maladie
épidémique , diminue beaucoup . Nous n'avons
perdu, la femaine dernière , qu'un cinquième
des perfonnes qui mouroient dans les femaines
précédentes.
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Résumé : DE COPPENHAGUE, le 2 Janvier.
Le 2 janvier, le roi de Copenhague s'est rétabli de la variole, maladie tenue secrète par crainte d'alarmer ses sujets. La variole faisait des ravages, mais l'épidémie diminue. La semaine dernière, le taux de mortalité a chuté à un cinquième des semaines précédentes.
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19
p. 204-208
De PARIS, le 13 Juin 1763.
Début :
Le 26 du mois dernier, le Roi fit dans la Plaine des Sablons la revue des [...]
Mots clefs :
Revue de la garde, Régiments, Comte, Monseigneur, Parlement, Conseillers, Prince, Lit de justice, Naissance, Princesse, Nominations, Inoculation, Débat, Petite vérole, Interdiction, Loterie de l'Hôtel-de-ville, Tirage, Loterie de l'école royale militaire
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texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 13 Juin 1763.
De PARIS , le 13 Juin 1763 .
Le 26 du mois dernier , le Roi fit dans la Plai
ne des Sablons la revue des Gardes Françoiſes &
des Gardes Suifles . Sa Majeſté paſſa dans les rangs,
& les deux Régimens défilérent devant Elle après.
avoir fait l'exercice. Madame la Dauphine , Mgr
le Duc de Berry , Mgr le Comte de Provence
Madame Adélaïde , Mefdames Sophie & Louiſe
ont affifté à cette revue , ainfi que le Prince de
Condé & le Prince de Lamballe .
Le Parlement ayant reçu , le 30 du mois der◄
nier , les Ordres du Roi par le Marquis de Dreux ,
Grand - Maître des Cérémonies , s'affembla le
lendemain 31 pour le Lit de Juſtice que Sa Majefté
avoir réfolu de tenir.
Vers les onze heures & demie du matin , le
Roi arriva ayant dans fon caroffe Monſeigneur
le Dauphin , Sa Majesté étoit accompagnée d'un
nombreux détachement de fes Gardes du Corps ,
du quartier des Gendarmes de fa Garde , de
celui des Chevaux-Légers & d'un détachement
JUILLET. 1763. 205
des Moufquetaires de chacune des deux Com
pagnies. Devant le Carroffe du Roi étoit le Vol
du Cabinet. Sa Majeſté deſcendit à là Sainte Chapelle
, où le Chancelier s'étoit rendu , Elle étoit
accompagnée du nombre ordinaire de Confeillers
d'Etat & des Maîtres des Requêtes : les Maré
chaux de France y étoient pareillement affemblés
, ainfi que les Chevaliers des Ordres , les'
Gouverneurs & Lieutenans- Généraux de Province ,
nommés par Sa Majefté pour avoir l'honneur
de l'accompagner: Le Duc d'Orléans , le Duc
de Chartres , le Prince de Condé , le Comte de
Clermont , le Prince de Conti & le Comte de
la Marche y avoient auffi devancé Sa Majesté.
Le Roi précédé de fa Cour , du Roi d'Armes &
des Hérauts , monta les degrés au fon des trompettes
, Hautbois , Fifres & Tambours de l'Ecurie
& de la Chambre. Deux Huiffiers de la Chambre
portoient leurs Maffes devant Sa Majesté.
Lorfque le Roi eut entendu la Meffe , qui fut
célébrée par un de fes Chapelains , quatre Préfidens
& fix Confeillers , députés par le Parle
ment , vinrent recevoir Sa Majefté , & la conduifirent
à la Grand'Chambre. Le Roi s'étant
affis fur fon Trône , & les féances ayant été
prifes , Sa Majesté fit enregiftrer deux Edits &
une Déclaration . Le Roi fortit enfuite dans le
même ordre qu'il étoit entré.
Sa Majefté trouva , ainfi qu'à fon arrivée , les
Gardes Françoifes & Suiffes qui formoient une
double haye dans les rues , fur le Pont- Neuf
& fur les Quais , depuis le Palais jufqu'à l'extrémité
du Quai des Thuilleries .
Les Pairs qui ont affifté à ce Lit de Juftice ,
font l'Archevêque Duc de Rheims , l'Evêque Duc
de Langres , l'Evêque Comte de Noyon , les Ducs
206 MERCURE DE FRANCE .
de Sully , de Luynes , de Briffac , de Richelieu ,
de Rohan- Chabot , de Mortemart , de Trefmes
de Saint -Cloud , de Firs-James , de Chaulnes
de Rohan-Rohan , de Villars - Brancas , de Valentinois
, de Biron , de la Valliere , d'Aiguillon ,
de Fleury , de Duras . de la Vauguyon , de
Choifeul & de Praflin. Les Maréchaux de Balincourt
, Clermont - Tonnerre , d'Eftrées & de
Contades y ont eu féance
étant entrés avec
le Roi.
Le Prince de Rochefort nommé pour repréfenter
en cette occafion , le Grand Ecuyer de
France , a porté l'Epée Royale .
On a appris ici la mort de Marie- Victoire - Anne
de Savoye , titrée Mlle de Carignan , décédée
le 18 du mois dernier.
Cette Princefle née le 12 Février 1687 , étoit
fille d'Emmanuel- Philbert-Amédée de Savoye ,
Prince de Carignan en Piémont , mort le 23.
Avril 1709 , & d'Ange- Carherine d'Eft-Modene,
morte le 18 Juillet 1712 , & Soeur de Victor-
Amédée , Prince de Carignan , mort le 4 Août
1741 , Père de Louis - Victor-Amédée- Jofeph, aujourd'hui
Premier Prince du Sang de Sardaigne
& Prince de Carignan , & avoit pour Ayeul Thomas
François de Savoye , Prince de Carignan
l'un des fils de Charles- Emmanuel I. du nom ,
Duc de Savoye , furnommé le Grand , & Frère
pumé de Victor- Amédée , Duc de Savoye , Bif-
Ayeul de Sa Majefté le Roi de Sardaigne actuellement
régnant.
•
Le Lieutenant Général de Police & le Subfticus
du Procureur Général du Roi au Châteler , ayant .
repréſenté au Parlement , qu'il s'élevoit dans le
Public un murmure général , contre l'indifcrétion
de quelques-uns des partfans de l'inoculation de
JUILLET. 1763. 207
la petite vérole , contre les Inoculateurs & contreceux
qui , en attendant l'effet de l'Inoculation
qu'ils ont reçue, reftent fans précaution dans la
Société, le Parlement , d'après ces confidérations
& l'expofé des Gens du Roi fur le même fujet , la
rendu le 8 de ce mois un Arrêt qui ordonne que
la Faculté de Médecine de l'Univerfité de cette
Ville fera tenue de s'affembler pour donner
un avis précis fur l'inoculation , fes avantages ou
inconvéniens , & fur les précautions auxquelles
il conviendroit d'affujettir ceux qui pratiqueroient
l'inoculation ou qui la recevroient , fup-.
pofé qu'elle dût être permife ou tolérée ; que
cet avis feroit remis au Procureur Général du
Roi, pour être communiqué à la Faculté de Théologie
, qui s'affemblera en conféquence , & donnera
fuivant les ulages , fon avis fur le même objet ,
lequel fera de même remis au Procureur- Général,
pour être pris par la Cour , ſur ces avis ,
telles conclufions qu'il appartiendra : en attendant
, la Cour défend provifoirement à toutes
perfonnes de pratiquer l'inoculation , & de fe faire
inoculer dans les Villes & Fauxbourgs du reffort
du Parlement, & à celles qui auroient été inoculées,
de communiquer avec d'autres perfonnes que
celles qui font néceffaires à leur foulagement ,
depuis le jour qu'elles auront été inoculées jufqu'au
délai de fix femaines après leur guérifon.
Le vingt - neuviéme Tirage de la Loterie de
l'Hôtel- de-Ville , s'eft fait le 2 Mai en la maniere
accoutumée. Le Lot de cinquante mille liv.
eſt échu au Numéro 26161 , celui de vingt mille
livres au Numéro 39981 , & les deux de dix mille
livres aux Numéros 38880 & 37127 .
Le 6 Juin , on a tiré la Loterie de l'Ecole Royale
Militaire. Les numéros fortis de la roue de for208
MERCURE DE FRANCE.
tune , font , 40 , 65 , 43 , 15 , 5s . Le prochain
tirage fe fera les Juillet.
Le 26 du mois dernier , le Roi fit dans la Plai
ne des Sablons la revue des Gardes Françoiſes &
des Gardes Suifles . Sa Majeſté paſſa dans les rangs,
& les deux Régimens défilérent devant Elle après.
avoir fait l'exercice. Madame la Dauphine , Mgr
le Duc de Berry , Mgr le Comte de Provence
Madame Adélaïde , Mefdames Sophie & Louiſe
ont affifté à cette revue , ainfi que le Prince de
Condé & le Prince de Lamballe .
Le Parlement ayant reçu , le 30 du mois der◄
nier , les Ordres du Roi par le Marquis de Dreux ,
Grand - Maître des Cérémonies , s'affembla le
lendemain 31 pour le Lit de Juſtice que Sa Majefté
avoir réfolu de tenir.
Vers les onze heures & demie du matin , le
Roi arriva ayant dans fon caroffe Monſeigneur
le Dauphin , Sa Majesté étoit accompagnée d'un
nombreux détachement de fes Gardes du Corps ,
du quartier des Gendarmes de fa Garde , de
celui des Chevaux-Légers & d'un détachement
JUILLET. 1763. 205
des Moufquetaires de chacune des deux Com
pagnies. Devant le Carroffe du Roi étoit le Vol
du Cabinet. Sa Majeſté deſcendit à là Sainte Chapelle
, où le Chancelier s'étoit rendu , Elle étoit
accompagnée du nombre ordinaire de Confeillers
d'Etat & des Maîtres des Requêtes : les Maré
chaux de France y étoient pareillement affemblés
, ainfi que les Chevaliers des Ordres , les'
Gouverneurs & Lieutenans- Généraux de Province ,
nommés par Sa Majefté pour avoir l'honneur
de l'accompagner: Le Duc d'Orléans , le Duc
de Chartres , le Prince de Condé , le Comte de
Clermont , le Prince de Conti & le Comte de
la Marche y avoient auffi devancé Sa Majesté.
Le Roi précédé de fa Cour , du Roi d'Armes &
des Hérauts , monta les degrés au fon des trompettes
, Hautbois , Fifres & Tambours de l'Ecurie
& de la Chambre. Deux Huiffiers de la Chambre
portoient leurs Maffes devant Sa Majesté.
Lorfque le Roi eut entendu la Meffe , qui fut
célébrée par un de fes Chapelains , quatre Préfidens
& fix Confeillers , députés par le Parle
ment , vinrent recevoir Sa Majefté , & la conduifirent
à la Grand'Chambre. Le Roi s'étant
affis fur fon Trône , & les féances ayant été
prifes , Sa Majesté fit enregiftrer deux Edits &
une Déclaration . Le Roi fortit enfuite dans le
même ordre qu'il étoit entré.
Sa Majefté trouva , ainfi qu'à fon arrivée , les
Gardes Françoifes & Suiffes qui formoient une
double haye dans les rues , fur le Pont- Neuf
& fur les Quais , depuis le Palais jufqu'à l'extrémité
du Quai des Thuilleries .
Les Pairs qui ont affifté à ce Lit de Juftice ,
font l'Archevêque Duc de Rheims , l'Evêque Duc
de Langres , l'Evêque Comte de Noyon , les Ducs
206 MERCURE DE FRANCE .
de Sully , de Luynes , de Briffac , de Richelieu ,
de Rohan- Chabot , de Mortemart , de Trefmes
de Saint -Cloud , de Firs-James , de Chaulnes
de Rohan-Rohan , de Villars - Brancas , de Valentinois
, de Biron , de la Valliere , d'Aiguillon ,
de Fleury , de Duras . de la Vauguyon , de
Choifeul & de Praflin. Les Maréchaux de Balincourt
, Clermont - Tonnerre , d'Eftrées & de
Contades y ont eu féance
étant entrés avec
le Roi.
Le Prince de Rochefort nommé pour repréfenter
en cette occafion , le Grand Ecuyer de
France , a porté l'Epée Royale .
On a appris ici la mort de Marie- Victoire - Anne
de Savoye , titrée Mlle de Carignan , décédée
le 18 du mois dernier.
Cette Princefle née le 12 Février 1687 , étoit
fille d'Emmanuel- Philbert-Amédée de Savoye ,
Prince de Carignan en Piémont , mort le 23.
Avril 1709 , & d'Ange- Carherine d'Eft-Modene,
morte le 18 Juillet 1712 , & Soeur de Victor-
Amédée , Prince de Carignan , mort le 4 Août
1741 , Père de Louis - Victor-Amédée- Jofeph, aujourd'hui
Premier Prince du Sang de Sardaigne
& Prince de Carignan , & avoit pour Ayeul Thomas
François de Savoye , Prince de Carignan
l'un des fils de Charles- Emmanuel I. du nom ,
Duc de Savoye , furnommé le Grand , & Frère
pumé de Victor- Amédée , Duc de Savoye , Bif-
Ayeul de Sa Majefté le Roi de Sardaigne actuellement
régnant.
•
Le Lieutenant Général de Police & le Subfticus
du Procureur Général du Roi au Châteler , ayant .
repréſenté au Parlement , qu'il s'élevoit dans le
Public un murmure général , contre l'indifcrétion
de quelques-uns des partfans de l'inoculation de
JUILLET. 1763. 207
la petite vérole , contre les Inoculateurs & contreceux
qui , en attendant l'effet de l'Inoculation
qu'ils ont reçue, reftent fans précaution dans la
Société, le Parlement , d'après ces confidérations
& l'expofé des Gens du Roi fur le même fujet , la
rendu le 8 de ce mois un Arrêt qui ordonne que
la Faculté de Médecine de l'Univerfité de cette
Ville fera tenue de s'affembler pour donner
un avis précis fur l'inoculation , fes avantages ou
inconvéniens , & fur les précautions auxquelles
il conviendroit d'affujettir ceux qui pratiqueroient
l'inoculation ou qui la recevroient , fup-.
pofé qu'elle dût être permife ou tolérée ; que
cet avis feroit remis au Procureur Général du
Roi, pour être communiqué à la Faculté de Théologie
, qui s'affemblera en conféquence , & donnera
fuivant les ulages , fon avis fur le même objet ,
lequel fera de même remis au Procureur- Général,
pour être pris par la Cour , ſur ces avis ,
telles conclufions qu'il appartiendra : en attendant
, la Cour défend provifoirement à toutes
perfonnes de pratiquer l'inoculation , & de fe faire
inoculer dans les Villes & Fauxbourgs du reffort
du Parlement, & à celles qui auroient été inoculées,
de communiquer avec d'autres perfonnes que
celles qui font néceffaires à leur foulagement ,
depuis le jour qu'elles auront été inoculées jufqu'au
délai de fix femaines après leur guérifon.
Le vingt - neuviéme Tirage de la Loterie de
l'Hôtel- de-Ville , s'eft fait le 2 Mai en la maniere
accoutumée. Le Lot de cinquante mille liv.
eſt échu au Numéro 26161 , celui de vingt mille
livres au Numéro 39981 , & les deux de dix mille
livres aux Numéros 38880 & 37127 .
Le 6 Juin , on a tiré la Loterie de l'Ecole Royale
Militaire. Les numéros fortis de la roue de for208
MERCURE DE FRANCE.
tune , font , 40 , 65 , 43 , 15 , 5s . Le prochain
tirage fe fera les Juillet.
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Résumé : De PARIS, le 13 Juin 1763.
Le 26 mai 1763, le roi passa en revue les Gardes Françaises et les Gardes Suisses à la Plaine des Sablons en présence de plusieurs membres de la famille royale, dont Madame la Dauphine, Mgr le Duc de Berry, Mgr le Comte de Provence, Madame Adélaïde, Mesdames Sophie et Louise, ainsi que le Prince de Condé et le Prince de Lamballe. Le 30 mai, le Parlement reçut les ordres du roi transmis par le Marquis de Dreux et se réunit le lendemain pour un Lit de Justice. Le roi, accompagné du Dauphin et d'un détachement de ses Gardes du Corps, des Gendarmes, des Chevaux-Légers et des Mousquetaires, fut accueilli par le Chancelier et divers dignitaires à la Sainte-Chapelle. Après une messe, il se rendit à la Grand'Chambre où il fit enregistrer deux édits et une déclaration. Les Pairs présents incluaient plusieurs archevêques, évêques et ducs, ainsi que les maréchaux de Balincourt, Clermont-Tonnerre, d'Estrées et de Contades. Le Prince de Rochefort porta l'Épée Royale. On annonça également la mort de Marie-Victoire-Anne de Savoie, titrée Mlle de Carignan, décédée le 18 mai. Elle était la fille d'Emmanuel-Philibert-Amédée de Savoie et d'Ange-Catherine d'Este-Modène. Le Lieutenant Général de Police et le Substitut du Procureur Général du Roi informèrent le Parlement des murmures publics contre l'inoculation de la petite vérole. Le Parlement ordonna à la Faculté de Médecine de se réunir pour évaluer les avantages et inconvénients de l'inoculation et les précautions à prendre. En attendant, l'inoculation fut provisoirement interdite. Le 2 mai, le vingt-neuvième tirage de la Loterie de l'Hôtel-de-Ville eut lieu, attribuant les lots de 50 000, 20 000 et 10 000 livres aux numéros 26161, 39981, 38880 et 37127. Le 6 juin, la Loterie de l'École Royale Militaire fut tirée, avec les numéros 40, 65, 43, 15 et 55 sortis de la roue de fortune.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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20
p. 192
De VIENNE, le 21 Novembre 1763.
Début :
Madame l'Archiduchesse Infante a été attaquée, le 18 de ce mois, [...]
Mots clefs :
Archiduchesse, Maux, Reins, Petite vérole, Symptômes, Guérison
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De VIENNE, le 21 Novembre 1763.
De VIENNE , le 21 Novembre 1763.
Madame l'Archiducheffe Infante a été attaquée,
le 18 de ce mois , d'une fiévre affez forte , accompagnée
de maux de reins : elle a été faignée
le 19. Le lendemain la petite vérole s'eſt manifeftée
, elle eft aflez abondante , mais elle eft fortie
avec des fymptômes favorables , fans qu'on
puille encore juger fi elle eft de bonne ou de¹
mauvaiſe eſpéce. Cette Princeffe eft aujourd'hui
aufli bien que fon état le comporte.
Madame l'Archiducheffe Infante a été attaquée,
le 18 de ce mois , d'une fiévre affez forte , accompagnée
de maux de reins : elle a été faignée
le 19. Le lendemain la petite vérole s'eſt manifeftée
, elle eft aflez abondante , mais elle eft fortie
avec des fymptômes favorables , fans qu'on
puille encore juger fi elle eft de bonne ou de¹
mauvaiſe eſpéce. Cette Princeffe eft aujourd'hui
aufli bien que fon état le comporte.
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21
p. 158-159
MORTS.
Début :
Marc-Pierre de Voyer de Paulmy, Comte d'Argenson, Grand-Croix & [...]
Mots clefs :
Comte d'Argenson, Ministre, Marquis, Décès, Petite vérole, Épouse, Veuve
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Marc- Pierre de Voyer de Paulmy , Comte d'Argenfon
, Grand - Croix & Chevalier Garde des
NOVEMBRE . 1764. 159
Sceaux Honoraire de l'Ordre de S. Louis , Minif
tre & ancien Secrétaire d'Etat au Département de
la Guerre & de Paris , Honoraire de l'Académie
des Infcriptions & de celle des Sciences , cidevant
Surintendant - Général des Poftes & Relais
'de France , eft mort à Paris le 23 Août , âgé de
foixante-huit ans.
- Charles Nicolas - Matthieu de Boele , Marquis
de Moulins , Chevalier de l'Odre de S. Louis &
Maréchal de Camp des Armées du Roi , eft mort ,
le 4 Septembre , de la petite vérole , âgé de
foixante-cinq ans.
-
Pierre Chrift Edouard - François de Thumery
de Boiffife , Chevaleer de S. Jean de Jérufalem
, Commandeur de Haute- Aveſne , eſt mort
à Paris le 29 Août , âgé de foixante - dix - neuf
ans.
Louife Françoife Heuze de Vologer , épouſe
de Chriftian -Fréderic Dagobert, Comte de Walduer
de Freundftein , Lieutenant- Général des Armées
du Roi , Grand - Croix de l'Ordre du Mérite
Militaire & Colonel d'un Régiment Suiffe , eſt
mort , le 21 Août , dans fon Château d'Elleweiller
en Alface , âgée de foixante- treize ans.
Anne Geoffroi d'Autrechaux , épouſe du ſieur
de Fortia , Marquis de Pilles , Gouverneur de
Marſeille , eft morte à Hieres en Provence , âgée
de cinquante ans .
Elifabeth de Fieubet , Veuve d'Antoine - Louis-
François Lefevre de Caumartin , Marquis de Saint-
Ange & Confeiller d'Etat , eft morte à Paris , le
29 Août , dans la foixante - quatrième année de
fon âge .
Marc- Pierre de Voyer de Paulmy , Comte d'Argenfon
, Grand - Croix & Chevalier Garde des
NOVEMBRE . 1764. 159
Sceaux Honoraire de l'Ordre de S. Louis , Minif
tre & ancien Secrétaire d'Etat au Département de
la Guerre & de Paris , Honoraire de l'Académie
des Infcriptions & de celle des Sciences , cidevant
Surintendant - Général des Poftes & Relais
'de France , eft mort à Paris le 23 Août , âgé de
foixante-huit ans.
- Charles Nicolas - Matthieu de Boele , Marquis
de Moulins , Chevalier de l'Odre de S. Louis &
Maréchal de Camp des Armées du Roi , eft mort ,
le 4 Septembre , de la petite vérole , âgé de
foixante-cinq ans.
-
Pierre Chrift Edouard - François de Thumery
de Boiffife , Chevaleer de S. Jean de Jérufalem
, Commandeur de Haute- Aveſne , eſt mort
à Paris le 29 Août , âgé de foixante - dix - neuf
ans.
Louife Françoife Heuze de Vologer , épouſe
de Chriftian -Fréderic Dagobert, Comte de Walduer
de Freundftein , Lieutenant- Général des Armées
du Roi , Grand - Croix de l'Ordre du Mérite
Militaire & Colonel d'un Régiment Suiffe , eſt
mort , le 21 Août , dans fon Château d'Elleweiller
en Alface , âgée de foixante- treize ans.
Anne Geoffroi d'Autrechaux , épouſe du ſieur
de Fortia , Marquis de Pilles , Gouverneur de
Marſeille , eft morte à Hieres en Provence , âgée
de cinquante ans .
Elifabeth de Fieubet , Veuve d'Antoine - Louis-
François Lefevre de Caumartin , Marquis de Saint-
Ange & Confeiller d'Etat , eft morte à Paris , le
29 Août , dans la foixante - quatrième année de
fon âge .
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Résumé : MORTS.
En novembre 1764, plusieurs personnalités notables sont décédées. Marc-Pierre de Voyer de Paulmy, Comte d'Argenfon, Grand-Croix et Chevalier Garde des Sceaux Honoraire de l'Ordre de Saint-Louis, ancien Secrétaire d'État au Département de la Guerre et de Paris, et Surintendant Général des Postes et Relais de France, est mort à Paris le 23 août à l'âge de soixante-huit ans. Charles Nicolas Matthieu de Boele, Marquis de Moulins, Chevalier de l'Ordre de Saint-Louis et Maréchal de Camp des Armées du Roi, est décédé le 4 septembre de la petite vérole à l'âge de soixante-cinq ans. Pierre Christ Edouard François de Thumery de Boissise, Chevalier de Saint-Jean de Jérusalem et Commandeur de Haute-Avesnes, est mort à Paris le 29 août à l'âge de soixante-dix-neuf ans. Louise Françoise Heuze de Vologer, épouse de Christian-Frédéric Dagobert, Comte de Walduer de Freundstein, Lieutenant-Général des Armées du Roi, Grand-Croix de l'Ordre du Mérite Militaire et Colonel d'un Régiment Suisse, est décédée le 21 août dans son château d'Elleweiller en Alsace à l'âge de soixante-treize ans. Anne Geoffroi d'Autrechaux, épouse du sieur de Fortia, Marquis de Pilles et Gouverneur de Marseille, est morte à Hyères en Provence à l'âge de cinquante ans. Élisabeth de Fieubet, veuve d'Antoine-Louis-François Lefevre de Caumartin, Marquis de Saint-Ange et Conseiller d'État, est décédée à Paris le 29 août à l'âge de soixante-quatre ans.
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