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1
p. 74-76
Benédiction de la Chapelle du Seminaire des Irlandois. [titre d'après la table]
Début :
En vous parlant de Benediction & d'Abbaïe, je ne dois pas oublier [...]
Mots clefs :
Abbé, Chapelle, Séminaire, Prêtre, Cérémonie
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texteReconnaissance textuelle : Benédiction de la Chapelle du Seminaire des Irlandois. [titre d'après la table]
En vous parlant de Benediction
& d'Abbaïe , je ne dois
GALAN T. 7.5
pas oublier à vous dire , que le
Dimanche 31. de l'autre mois
Monfieur l'Abbé Cheron , Chanoine
de l'Eglife de Paris , &
Official de Monfieur l'Archevefque
,
fit par fon ordre la Bene →
diction de la Chappelle du Séminaire
des Preftres Irlandois , Ruë
des Vignes , Fauxbourg faint
Marceau. La Benédiction eftant
faite , ce même Abbé celebra
la Meffe , affifté de Monfieur Fils
Patrick , Abbé de Leix , Supérieur
de ce Seminaire , & de tous
les Preftres qui le compofent. Il
y eut un fort grand concours de
Peuple. Monfieur le Duc de Richelieu
, & Monfieur le marquis
de Chandenier , furent prefens
àcette Ceremonie, auffi bien que
Meffieurs les Prefidens de meſmes
& de Bailleul , & autres Perſonnes
de rang. Le Roy voulant
23
D 2
76 MERCURE
donner retraite à tant de pauvres
Preftres & Ecoliers que la
Religión Catholique oblige à fortir
d'Angleterre , d'Ecoffe & d'Irlande
, établit ce Seminaire
en 1672 .
& d'Abbaïe , je ne dois
GALAN T. 7.5
pas oublier à vous dire , que le
Dimanche 31. de l'autre mois
Monfieur l'Abbé Cheron , Chanoine
de l'Eglife de Paris , &
Official de Monfieur l'Archevefque
,
fit par fon ordre la Bene →
diction de la Chappelle du Séminaire
des Preftres Irlandois , Ruë
des Vignes , Fauxbourg faint
Marceau. La Benédiction eftant
faite , ce même Abbé celebra
la Meffe , affifté de Monfieur Fils
Patrick , Abbé de Leix , Supérieur
de ce Seminaire , & de tous
les Preftres qui le compofent. Il
y eut un fort grand concours de
Peuple. Monfieur le Duc de Richelieu
, & Monfieur le marquis
de Chandenier , furent prefens
àcette Ceremonie, auffi bien que
Meffieurs les Prefidens de meſmes
& de Bailleul , & autres Perſonnes
de rang. Le Roy voulant
23
D 2
76 MERCURE
donner retraite à tant de pauvres
Preftres & Ecoliers que la
Religión Catholique oblige à fortir
d'Angleterre , d'Ecoffe & d'Irlande
, établit ce Seminaire
en 1672 .
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Résumé : Benédiction de la Chapelle du Seminaire des Irlandois. [titre d'après la table]
Le 31 du mois précédent, la chapelle du Séminaire des Prêtres Irlandois a été bénie par l'Abbé Cheron. L'Abbé Patrick et les prêtres du séminaire ont assisté à la messe. Le Duc de Richelieu et d'autres personnalités étaient présents. Le roi avait fondé ce séminaire en 1672 pour accueillir les catholiques d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 319-323
Les Ambassadeurs voyent le Roy en allant à la Chapelle, & entendent ensuite la Messe de Sa Majesté, [titre d'après la table]
Début :
Le jour qu'ils allerent à la Messe du Roy, on les paça [...]
Mots clefs :
Messe du roi, Chapelle, Roi, Appartement, Marbre, Ornements
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texteReconnaissance textuelle : Les Ambassadeurs voyent le Roy en allant à la Chapelle, & entendent ensuite la Messe de Sa Majesté, [titre d'après la table]
Le jour qu'ils allerent à la
Meſſe du Roy , on les plaça
pour voir paffer Sa Majesté
306 Suite du Voyage
dans la premiere piece de
l'Appartement de Marbre ;
toutes les portes qui forment
une longue enfilade eſtoient
ouvertes . Ils examinerent la
longueur de ce vaſte & riche
Appartement , dont tous les
ornemens ſont de Marbres
précieux , & qui eſt embelly
de pluſieurs Colomnes de mê
me matiere. Il y a au bout de
cét Appartement un Cabinet
des Bains, où l'on ne voit que
de l'Or , du Marbre , & de
tres - belles Peintures , avec
tous les ornemens & les commoditez
qui conviennent à ce
licu. Il eſt au deſſus du grand
des Amb. de Siam.
307
Appartement de Sa Majeſté ,
& en occupe toute l'étenduë.
Aprés que les Ambaſſadeurs
eurent veu paffer ce Prince ,
qui eſtoit accompagné d'une
fort nombreuſe Cour , entre
deux rangs formez par les
Cent - Suiffes de la Garde ,
dont les Tambours & les Fifres
ſe faifoient entendre , ils
furent conduits à la Tribune ;
& lorſqu'ils eurent commencé
à examiner la Chapelle ,
on leur dit , qu'elle ne ſervoit
à Sa Majesté qu'en attendant
qu'on eust achevé d'en bâtir une
plus belle , à laquelle Elle faisoit
travailler. L'Ambaſſadeur
308 Suite du Voyage
doutoit répondit , Qu'il ne
point qu'un Roy auffi pieux que
l'est ce Monarque , ne logeat
encore mieux ſon Dieu que luymesme.
Comme il eſtoit ce
jour-là Dimanche , ils virent
preſenter le Pain - Benît au
Roy , & demanderent qu'on
leur expliquât ce que c'eſtoit
que cette Ceremonie &
pourquoi on preſentoit ce
Pain. Ils écouterent la mи-
ſique avec attention , & parurent
y prendre beaucoup
de plaiſir. Ils remarquerent
la pieté du Roy , qui les édifia
beaucoup ; & aprés avoir
demeuré à genoux pendant
د
toute
1
des Amb. de Siam.
309
toute la meſſe , ils ſortirent
fort fatisfaits , tant de nos Ceremonies
, que d'avoir veu là
toute la Court fort commodement.
Meſſe du Roy , on les plaça
pour voir paffer Sa Majesté
306 Suite du Voyage
dans la premiere piece de
l'Appartement de Marbre ;
toutes les portes qui forment
une longue enfilade eſtoient
ouvertes . Ils examinerent la
longueur de ce vaſte & riche
Appartement , dont tous les
ornemens ſont de Marbres
précieux , & qui eſt embelly
de pluſieurs Colomnes de mê
me matiere. Il y a au bout de
cét Appartement un Cabinet
des Bains, où l'on ne voit que
de l'Or , du Marbre , & de
tres - belles Peintures , avec
tous les ornemens & les commoditez
qui conviennent à ce
licu. Il eſt au deſſus du grand
des Amb. de Siam.
307
Appartement de Sa Majeſté ,
& en occupe toute l'étenduë.
Aprés que les Ambaſſadeurs
eurent veu paffer ce Prince ,
qui eſtoit accompagné d'une
fort nombreuſe Cour , entre
deux rangs formez par les
Cent - Suiffes de la Garde ,
dont les Tambours & les Fifres
ſe faifoient entendre , ils
furent conduits à la Tribune ;
& lorſqu'ils eurent commencé
à examiner la Chapelle ,
on leur dit , qu'elle ne ſervoit
à Sa Majesté qu'en attendant
qu'on eust achevé d'en bâtir une
plus belle , à laquelle Elle faisoit
travailler. L'Ambaſſadeur
308 Suite du Voyage
doutoit répondit , Qu'il ne
point qu'un Roy auffi pieux que
l'est ce Monarque , ne logeat
encore mieux ſon Dieu que luymesme.
Comme il eſtoit ce
jour-là Dimanche , ils virent
preſenter le Pain - Benît au
Roy , & demanderent qu'on
leur expliquât ce que c'eſtoit
que cette Ceremonie &
pourquoi on preſentoit ce
Pain. Ils écouterent la mи-
ſique avec attention , & parurent
y prendre beaucoup
de plaiſir. Ils remarquerent
la pieté du Roy , qui les édifia
beaucoup ; & aprés avoir
demeuré à genoux pendant
د
toute
1
des Amb. de Siam.
309
toute la meſſe , ils ſortirent
fort fatisfaits , tant de nos Ceremonies
, que d'avoir veu là
toute la Court fort commodement.
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Résumé : Les Ambassadeurs voyent le Roy en allant à la Chapelle, & entendent ensuite la Messe de Sa Majesté, [titre d'après la table]
Les ambassadeurs de Siam visitèrent la messe du roi de France et furent placés dans la première pièce de l'Appartement de Marbre, admirant sa longueur et sa richesse décorée de marbres précieux et de colonnes. À l'extrémité de cet appartement se trouvait un cabinet des bains orné d'or, de marbre et de belles peintures. Ils observèrent le roi passer, accompagné de sa cour et des Cent-Suisses, puis furent conduits à la tribune pour examiner la chapelle, temporaire en attendant une construction plus belle. L'ambassadeur exprima son admiration pour la piété du roi, notant que ce dernier logeait son Dieu aussi bien que lui-même. Ils assistèrent à la présentation du pain bénit au roi et demandèrent des explications sur cette cérémonie. Ils écoutèrent attentivement la musique et furent édifiés par la piété du roi, qui resta à genoux pendant toute la messe. Ils sortirent satisfaits, tant par les cérémonies observées que par la commodité avec laquelle ils purent voir toute la cour.
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3
p. 150-156
CEREMONIE de la Renonciation.
Début :
Le quinz Mars Monseigneur le Duc de Berry estant venu [...]
Mots clefs :
Renonciation, Chapelle, Lettres patentes, Cérémonie, Roi d'Espagne, Couronne d'Espagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CEREMONIE de la Renonciation.
CEREMONIE
de la Renonciation.
LE quinze Mars Monfeiigneur
le Duc de Berry cf..
tant venu en cette VilIe"fc
rendit au Palais, accompagné
de Monsieur le Duc
d'Orléans, &ils allerent
entendre la Mesle à la-fainte
Chapelle. Deux Présidents
à Mortier & deux
Conseillers députez par le
Parlement, pour le recevoir
, vinrent l'y prendre,
& le conduisirent à la grande
Chambfe, où il prit fà
place. Ensuite Monsieur le
Duc d'Orléans, prie aulïi
la sienne, de mesme que le
Duc d'Anguien, le Prince
de Conti, le Duc du Maine
& le Comte de Toulouse.
Les Pairs Ecclesiastiques
qui s'y trouverent, estoient rArcheveCque Duc de
Reims, l'E vesque Duc de
Laon
3
l'Evesque Ducde
Langres, l'Evefaue Comre
de Chaalons, & rEvetauc
Comte de Noyon. Puisles
Ducs de laTremorille., de
Sully, de Richelieu
,
de
Saint Simon, de la Force,
de Rohan, d'Estre'es, de
la Meilleraye, de Villeroy,
de Saint Aignan, de Tret
mes, rEvefque de Metz
Duc de Coislin
,
de Villars
, de Berwik, d'Antin,
& de Chaulnes. Comme
il s'agissoit de faire registrer
les Lettres Patentes
données par le Roy, sur la
Renonciation du Roy d'EC
pagne , aux Droits de sa
naiÍfance & à ceux de ses
descendants sur la Couronne
de France, de mesme
que la Renonciation de
Monseigneur le Duc de
Berry, & celle de Monsieur
le Duc d'Orleans à
leurs Droits & à ceux de
leurs defeendants ,sur la
Couronne d'Espagne
,
ôc
de faire tirer des Registres
les Lettres par lesquelles les
Droits du Roy d'Espagne à
la Couronne de France luy
avoient esté conservez,
lorsqu'il partit pour Madrid
,
le sieur de Mesmes
PremierPrésident
, ayant
expliqué les intentions du
Roy, le sieur Joly de Fleury
Advocat General présensa
les Lettres Parentes.
de Sa Majelté;, qui furent
leues,aussi bien que tous
les autres Adtes qui y ef.
toient joints. L'Arrest
d'Enregistrement fut ensuite
prononcé suivant les
Conclusions du Procureur
General.
Le Duc de Shrewsbury
Ambassadeur de la Reine
de la grande Bretagne & le
sieur Prior l'un des Plenipotentiaires
de Sa Majeslé
Britannique
,
furent tesmoins
de cette fonaion qui
doit faire une condition essentielle
des Traittez de
paixyle Duc d'Ossone nommé
par le Roy d'Espagne
pour la traitter,& la signer
en son nom aux Conférences
d'Utrecht, se trouvant
encore à Paris
J
le sieur
DonCornejo Secretaire de
l'ambassade pourSaMajesté
Catholique en cette
Ville & Royaume, a asfifié
à cette ceremonie qui
s'eil faite trèssolemnellemène,
& où il s'esttrouvé
un grand nombre de personnes
distingueés , d'Estrangers
& de peuple. Le
Duc d'Ossonne, & le sieur
Don Felix Cornejo, le Duc
de S hrewsbury & le sieur
Prior estoient placez dans
la mesme Lanterne. Ces
AmbaÍfadeurs avoient demandé
d'efire mis dans le
mesmelieu.Cette Ceremonie
fera memorable par la
réunion des trois Nations
qui ont eIlé si long
- temps
opposées.
de la Renonciation.
LE quinze Mars Monfeiigneur
le Duc de Berry cf..
tant venu en cette VilIe"fc
rendit au Palais, accompagné
de Monsieur le Duc
d'Orléans, &ils allerent
entendre la Mesle à la-fainte
Chapelle. Deux Présidents
à Mortier & deux
Conseillers députez par le
Parlement, pour le recevoir
, vinrent l'y prendre,
& le conduisirent à la grande
Chambfe, où il prit fà
place. Ensuite Monsieur le
Duc d'Orléans, prie aulïi
la sienne, de mesme que le
Duc d'Anguien, le Prince
de Conti, le Duc du Maine
& le Comte de Toulouse.
Les Pairs Ecclesiastiques
qui s'y trouverent, estoient rArcheveCque Duc de
Reims, l'E vesque Duc de
Laon
3
l'Evesque Ducde
Langres, l'Evefaue Comre
de Chaalons, & rEvetauc
Comte de Noyon. Puisles
Ducs de laTremorille., de
Sully, de Richelieu
,
de
Saint Simon, de la Force,
de Rohan, d'Estre'es, de
la Meilleraye, de Villeroy,
de Saint Aignan, de Tret
mes, rEvefque de Metz
Duc de Coislin
,
de Villars
, de Berwik, d'Antin,
& de Chaulnes. Comme
il s'agissoit de faire registrer
les Lettres Patentes
données par le Roy, sur la
Renonciation du Roy d'EC
pagne , aux Droits de sa
naiÍfance & à ceux de ses
descendants sur la Couronne
de France, de mesme
que la Renonciation de
Monseigneur le Duc de
Berry, & celle de Monsieur
le Duc d'Orleans à
leurs Droits & à ceux de
leurs defeendants ,sur la
Couronne d'Espagne
,
ôc
de faire tirer des Registres
les Lettres par lesquelles les
Droits du Roy d'Espagne à
la Couronne de France luy
avoient esté conservez,
lorsqu'il partit pour Madrid
,
le sieur de Mesmes
PremierPrésident
, ayant
expliqué les intentions du
Roy, le sieur Joly de Fleury
Advocat General présensa
les Lettres Parentes.
de Sa Majelté;, qui furent
leues,aussi bien que tous
les autres Adtes qui y ef.
toient joints. L'Arrest
d'Enregistrement fut ensuite
prononcé suivant les
Conclusions du Procureur
General.
Le Duc de Shrewsbury
Ambassadeur de la Reine
de la grande Bretagne & le
sieur Prior l'un des Plenipotentiaires
de Sa Majeslé
Britannique
,
furent tesmoins
de cette fonaion qui
doit faire une condition essentielle
des Traittez de
paixyle Duc d'Ossone nommé
par le Roy d'Espagne
pour la traitter,& la signer
en son nom aux Conférences
d'Utrecht, se trouvant
encore à Paris
J
le sieur
DonCornejo Secretaire de
l'ambassade pourSaMajesté
Catholique en cette
Ville & Royaume, a asfifié
à cette ceremonie qui
s'eil faite trèssolemnellemène,
& où il s'esttrouvé
un grand nombre de personnes
distingueés , d'Estrangers
& de peuple. Le
Duc d'Ossonne, & le sieur
Don Felix Cornejo, le Duc
de S hrewsbury & le sieur
Prior estoient placez dans
la mesme Lanterne. Ces
AmbaÍfadeurs avoient demandé
d'efire mis dans le
mesmelieu.Cette Ceremonie
fera memorable par la
réunion des trois Nations
qui ont eIlé si long
- temps
opposées.
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Résumé : CEREMONIE de la Renonciation.
Le 15 mars, le Duc de Berry et le Duc d'Orléans arrivèrent en ville et assistèrent à la messe à la Sainte Chapelle. Ils furent ensuite conduits à la grande Chambre du Parlement par des représentants. Divers pairs ecclésiastiques et laïcs, dont l'Archevêque Duc de Reims et le Duc de La Trémoille, étaient présents. La cérémonie concernait l'enregistrement des Lettres Patentes du Roi sur la renonciation du Roi d'Espagne et des Ducs de Berry et d'Orléans à leurs droits sur la Couronne de France. Le Premier Président, sieur de Mesmes, expliqua les intentions du Roi, et l'Avocat Général, sieur Joly de Fleury, présenta les documents, qui furent lus et enregistrés. Le Duc de Shrewsbury, Ambassadeur de la Reine de Grande-Bretagne, et le Duc d'Ossone, représentant le Roi d'Espagne, témoignèrent de la cérémonie. Un grand nombre de personnes distinguées et d'étrangers assistèrent à cette réunion solennelle des trois nations autrefois opposées.
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4
p. 163-171
« Mre Toussaint de Forbin Cardinal de Janson Commandeur de l'Ordre du S. Esprit [...] »
Début :
Mre Toussaint de Forbin Cardinal de Janson Commandeur de l'Ordre du S. Esprit [...]
Mots clefs :
Seigneur, Cardinal, Aumônier, Élection, Chapelle, Ambassadeur, Alliances
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texteReconnaissance textuelle : « Mre Toussaint de Forbin Cardinal de Janson Commandeur de l'Ordre du S. Esprit [...] »
Cardinal de J nson Commandeur
de l'Ordre du S.
Esprit & Comte de Beauvais
Vidame de Gerberoy
3
Pair
& Grand Aumônier de Fran-
, ce Abbé de saint Pierre de
Corbie, Precüilly
,
de Marchicnnes
,
& des Avigny, fut d'abord Evêque de
Digneen i6$6. facié le
1 4.
May 1657. transféré à Marseilleen
1669 puis Evêque
Comte de Beauvais le 14.
Aoust1679 Il futen1673.
Ambassadeur Extraordinaire
en Pologne, après la more
du Roy Michel il contribua
à l'Election du Roy
Jean Sobieski, retourna une
seconde fois Ambadadeur
en ce Royaume en 1680.
fut fait Commandeur des
Ordres en 16857. nommé
par le Roy de Pologne au
Cardinalat & futcrééparlé
Pape Alexandre VIII. en
la secondecréation qu'il fit
le 13. Fevrier 1690.luyenvoya
en France le Bonnet
par l'Abbé Trenisani Camerier
de Sa Sainteté, il le
receutdes mains du Royen
laChapelle de Versaillesle2.
Avril de la rr:ême année)
ensuite il fut à Rome ou il
arriva le 2., Juillet&y receut
le Chapeau, le 10. il s'cft
trouvé en cette Ville aux
Conclaves duPape Innocent
X11.& Clement XI &ya
resté pour lesinterrests dela
France aveccaractere d'Ambassadeur&
chargé de toutes
les affaires
,
puis cfla-nt
retourne en France en 1766.
& la Chargede Grand Aumônierestant
vacante par la
mort du Cardinal deCossin
luy donna en reconnoissance
de ses services & en presta
ferment le 14Juillet de la
même année, depuis ce
temps il n'est plus sorry de
France & est mort à Paris
le 24. Mars 1713. âgé de
83. ans d'où son corps a esté
porté à Beauvais.
Toussint de Forbin de
Janson estoit filsdeGispard
de Forbin Marquis de Janson
,&de Claire de Libetat
sa seconde femme
,
issuë
d'une famille ancienne de
Provence descenduë de Guillaume
de Forbin qui estoit
marié à Marseille en 1 380.
avecGaufride Rousse ou de
Roux
,
de laquelle sortie
Jean deForbin
,
duquel toute
la Maison de Forbin
descend.Il partagea en 1415.
avec ses frercs
,
lesquels ils
eurent posterité qui est finie
il y a long temps,& estant
âgé de 73. ans il testa en
1453. & laissa d'Isoarde de
Martin son épouse trois fils
Jean, Palamedes
,
& Jacques
de Forbin,qui furent tous
mariez & ont fait les trois
principales branches de cette
maison, Jean fut Seigneur
d.: Bardent
,
Palamedes suc
Seigneur de Soliers,& Jacques
fut Seigneur de Gar.o-:
dane
,
laquelle branche de
Gardane ne subsiste plus
qu'en une branche de caders,
l'aînée estant finie, de celle
qui Íllbfillc: estissu le Chevalier
deForbinCapitaine d'utt
des Vaisseaux du Roy, & cydevant
Grand Amiral du
Roy de Siam,la branche des
Seigneurs de Soliersissue de
Palamedes de Forbin surnommé
le Grand qui fut
Gouverneur & grand-Sencchal
de Provence, & Gouverneur
de Dauphiné,Louis,
de Forbin son fils Seigneur
du Luc & deSoliers
,
fut
premier President en la
Chambre des Comptes de
Provence, & plusieurs fois
Ambassadeur pour la France
aux pays Etrangers
,
soutint
vigoureusement ses interests
au Concile de Lattan fous le
Pape Leon X. il fut pere de
François de Forbin Seigneur
deSoliers quifut marié avec
Catherine d'AnjouDame
de saintRemy & de saint
Canal Marquise de Pont i
Mousson dans le Duché de
Bar
,
fille & heriere de Jean
d'Anjou Marquis de Pont
a' Moullon,fils naturel du
Roy René. Cette branche
s'est toûjours soutenue avec
honneur jusques aujourd'huy
& dont est Jean de
ForbinMarquis de Solicrs
Marquis de saint Remy Bi
S.Canal Chevalier d'Honneur
de Madame Doüairiere
d'Orléans qui a plufieursr
enfans de Francoise Amat
fille du Seigneur) du Poët
i- & toute les autres branches
delà maifonde Forbin font
iflae de Jean de Forbin qui
fut Seigneur de Bardent
& de luy font dcfccndus les
Marquis de ]anion, les Seigneurs
de la Roque
,
les
Marquis d'Oppede
,
& les
Seigneur de fainte Croix
dans toutes Icfquelles branches
il y a eu des Seigneurs
de tres-grande diftin&ioft,
& desalliances trcs. confidcrables.
de l'Ordre du S.
Esprit & Comte de Beauvais
Vidame de Gerberoy
3
Pair
& Grand Aumônier de Fran-
, ce Abbé de saint Pierre de
Corbie, Precüilly
,
de Marchicnnes
,
& des Avigny, fut d'abord Evêque de
Digneen i6$6. facié le
1 4.
May 1657. transféré à Marseilleen
1669 puis Evêque
Comte de Beauvais le 14.
Aoust1679 Il futen1673.
Ambassadeur Extraordinaire
en Pologne, après la more
du Roy Michel il contribua
à l'Election du Roy
Jean Sobieski, retourna une
seconde fois Ambadadeur
en ce Royaume en 1680.
fut fait Commandeur des
Ordres en 16857. nommé
par le Roy de Pologne au
Cardinalat & futcrééparlé
Pape Alexandre VIII. en
la secondecréation qu'il fit
le 13. Fevrier 1690.luyenvoya
en France le Bonnet
par l'Abbé Trenisani Camerier
de Sa Sainteté, il le
receutdes mains du Royen
laChapelle de Versaillesle2.
Avril de la rr:ême année)
ensuite il fut à Rome ou il
arriva le 2., Juillet&y receut
le Chapeau, le 10. il s'cft
trouvé en cette Ville aux
Conclaves duPape Innocent
X11.& Clement XI &ya
resté pour lesinterrests dela
France aveccaractere d'Ambassadeur&
chargé de toutes
les affaires
,
puis cfla-nt
retourne en France en 1766.
& la Chargede Grand Aumônierestant
vacante par la
mort du Cardinal deCossin
luy donna en reconnoissance
de ses services & en presta
ferment le 14Juillet de la
même année, depuis ce
temps il n'est plus sorry de
France & est mort à Paris
le 24. Mars 1713. âgé de
83. ans d'où son corps a esté
porté à Beauvais.
Toussint de Forbin de
Janson estoit filsdeGispard
de Forbin Marquis de Janson
,&de Claire de Libetat
sa seconde femme
,
issuë
d'une famille ancienne de
Provence descenduë de Guillaume
de Forbin qui estoit
marié à Marseille en 1 380.
avecGaufride Rousse ou de
Roux
,
de laquelle sortie
Jean deForbin
,
duquel toute
la Maison de Forbin
descend.Il partagea en 1415.
avec ses frercs
,
lesquels ils
eurent posterité qui est finie
il y a long temps,& estant
âgé de 73. ans il testa en
1453. & laissa d'Isoarde de
Martin son épouse trois fils
Jean, Palamedes
,
& Jacques
de Forbin,qui furent tous
mariez & ont fait les trois
principales branches de cette
maison, Jean fut Seigneur
d.: Bardent
,
Palamedes suc
Seigneur de Soliers,& Jacques
fut Seigneur de Gar.o-:
dane
,
laquelle branche de
Gardane ne subsiste plus
qu'en une branche de caders,
l'aînée estant finie, de celle
qui Íllbfillc: estissu le Chevalier
deForbinCapitaine d'utt
des Vaisseaux du Roy, & cydevant
Grand Amiral du
Roy de Siam,la branche des
Seigneurs de Soliersissue de
Palamedes de Forbin surnommé
le Grand qui fut
Gouverneur & grand-Sencchal
de Provence, & Gouverneur
de Dauphiné,Louis,
de Forbin son fils Seigneur
du Luc & deSoliers
,
fut
premier President en la
Chambre des Comptes de
Provence, & plusieurs fois
Ambassadeur pour la France
aux pays Etrangers
,
soutint
vigoureusement ses interests
au Concile de Lattan fous le
Pape Leon X. il fut pere de
François de Forbin Seigneur
deSoliers quifut marié avec
Catherine d'AnjouDame
de saintRemy & de saint
Canal Marquise de Pont i
Mousson dans le Duché de
Bar
,
fille & heriere de Jean
d'Anjou Marquis de Pont
a' Moullon,fils naturel du
Roy René. Cette branche
s'est toûjours soutenue avec
honneur jusques aujourd'huy
& dont est Jean de
ForbinMarquis de Solicrs
Marquis de saint Remy Bi
S.Canal Chevalier d'Honneur
de Madame Doüairiere
d'Orléans qui a plufieursr
enfans de Francoise Amat
fille du Seigneur) du Poët
i- & toute les autres branches
delà maifonde Forbin font
iflae de Jean de Forbin qui
fut Seigneur de Bardent
& de luy font dcfccndus les
Marquis de ]anion, les Seigneurs
de la Roque
,
les
Marquis d'Oppede
,
& les
Seigneur de fainte Croix
dans toutes Icfquelles branches
il y a eu des Seigneurs
de tres-grande diftin&ioft,
& desalliances trcs. confidcrables.
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Résumé : « Mre Toussaint de Forbin Cardinal de Janson Commandeur de l'Ordre du S. Esprit [...] »
Toussint de Forbin de Janson fut un homme d'Église et diplomate français. Il débuta comme évêque de Digne en 1656, fut transféré à Marseille en 1669, puis devint évêque comte de Beauvais en 1679. En 1673, il servit comme ambassadeur extraordinaire en Pologne, facilitant l'élection du roi Jean Sobieski. Il retourna en Pologne en 1680 et fut fait commandeur des Ordres en 1685. Nommé cardinal par le roi de Pologne, il fut créé cardinal par le pape Alexandre VIII le 13 février 1690. Il participa aux conclaves des papes Innocent XII et Clément XI, représentant la France. De retour en France en 1706, il devint Grand Aumônier de France après la mort du cardinal de Cossin. Il mourut à Paris le 24 mars 1713 à l'âge de 83 ans et fut inhumé à Beauvais. Toussint de Forbin de Janson était fils de Gispard de Forbin, marquis de Janson, et de Claire de Libetat. La famille Forbin, d'origine provençale, descend de Guillaume de Forbin, marié en 1380. Jean de Forbin eut trois fils fondant les principales branches de la famille, dont la branche des marquis de Janson.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 140-144
Ceremonie du Couronnement du Roy & de la Reine de Sicile.
Début :
Les lettres de Palerme du mois de Janvier portent qu'on [...]
Mots clefs :
Roi de Sicile, Reine de Sicile, Archevêque, Palerme, Évêques, Chapelle, Sceptre
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texteReconnaissance textuelle : Ceremonie du Couronnement du Roy & de la Reine de Sicile.
Ceremonie du CouronnementduRoy
eftdela
Reine de Sicile.
Les lettres de Palerme
du mois de Janvier portent
qu'on fit le z*. Decembre à
Palerme la ceremonie du
Couronnement du Roy Ôc
de laReine de Sicile. L'Archevêque
-
de Palerme fit
cette fonction,assisté des
Evêques de Mazzara, de
Syracuse & de Cefalu. LEglise
Metropolitaine étoit
ornée magnifiquemene,
& on prepara un trône pour
le Roy du côté de l'Evangile,
& un pour la Reine
quiavoitundegrédemoins.
Les ornemens royaux avoient
été mis dans une
Chapelle voisine. Sur les
quinze heures d'Italie leurs
Majestezse rendirent àl'Eglise.
Le Roy de Sicile alla
d'abord dans une Chapelle
prendre des habits militaires,&
àl'entrée du Choeur
il fut reçû par deux Evêques
qui le conduisirent à l'autel,
où il file presentéàl'Archevêque,
auquel ils demanderent
qu'il le couronnât. D'abord
on lui presenta la Prosession
de Foy,qu'il fiten
mettant la main sur les Evãgiles.
On recita les prieres
prescrites dans lePontifical,
durant lesquelles le Roy étoit
à genoux prosterné sur
descarreaux.Aprés la benediâimlil
se leva, & se mit à
genoux devant l'Archevêque,
qui lui fit les onctions
sur le bras droit & entre les
épaules LaMesse futcommencée,
&au Graduelle
Roy alla dans la Chapelle se
revêtir du manteau royal.
Aprés le Graduel, l'Archevêque
s'assit,la mitre en tête;
le Roy descendit du trône,
&conduit par les deux
Evêques, il reçut à genoux
l'épée nuë,&la rendit à l'Archevêque,
qui l'aïantfaitremettre
dans le fourreau, la
lui ceignit. Sa Maj. la tira;&
l'ayant élevée, la remit de
même.Puis leRoy à genoux
reçut la couronne,que l'Archevêque
lui mit sur la tête
y & le sceptre en main. Le
grand Ecuyer porta l'épée
devant le Roy,lorsque l'Archevêque,
accompagné des
deux Assistans le cõduisit ôc
le plaça sur le trône, après
quoy le TeDeumfut chanté.
La Reine fut couronnéeensuite,
reçut les onctions,puis
elle fut revêtuë du manteau
royal. A l'Offertoire, leurs
Maj. allerentàl'offrande, la
couronne en tête ôc le sceptre
en main.Ces ceremonies
furentaccompagnéesd'une
triple salve d'artillerie.
eftdela
Reine de Sicile.
Les lettres de Palerme
du mois de Janvier portent
qu'on fit le z*. Decembre à
Palerme la ceremonie du
Couronnement du Roy Ôc
de laReine de Sicile. L'Archevêque
-
de Palerme fit
cette fonction,assisté des
Evêques de Mazzara, de
Syracuse & de Cefalu. LEglise
Metropolitaine étoit
ornée magnifiquemene,
& on prepara un trône pour
le Roy du côté de l'Evangile,
& un pour la Reine
quiavoitundegrédemoins.
Les ornemens royaux avoient
été mis dans une
Chapelle voisine. Sur les
quinze heures d'Italie leurs
Majestezse rendirent àl'Eglise.
Le Roy de Sicile alla
d'abord dans une Chapelle
prendre des habits militaires,&
àl'entrée du Choeur
il fut reçû par deux Evêques
qui le conduisirent à l'autel,
où il file presentéàl'Archevêque,
auquel ils demanderent
qu'il le couronnât. D'abord
on lui presenta la Prosession
de Foy,qu'il fiten
mettant la main sur les Evãgiles.
On recita les prieres
prescrites dans lePontifical,
durant lesquelles le Roy étoit
à genoux prosterné sur
descarreaux.Aprés la benediâimlil
se leva, & se mit à
genoux devant l'Archevêque,
qui lui fit les onctions
sur le bras droit & entre les
épaules LaMesse futcommencée,
&au Graduelle
Roy alla dans la Chapelle se
revêtir du manteau royal.
Aprés le Graduel, l'Archevêque
s'assit,la mitre en tête;
le Roy descendit du trône,
&conduit par les deux
Evêques, il reçut à genoux
l'épée nuë,&la rendit à l'Archevêque,
qui l'aïantfaitremettre
dans le fourreau, la
lui ceignit. Sa Maj. la tira;&
l'ayant élevée, la remit de
même.Puis leRoy à genoux
reçut la couronne,que l'Archevêque
lui mit sur la tête
y & le sceptre en main. Le
grand Ecuyer porta l'épée
devant le Roy,lorsque l'Archevêque,
accompagné des
deux Assistans le cõduisit ôc
le plaça sur le trône, après
quoy le TeDeumfut chanté.
La Reine fut couronnéeensuite,
reçut les onctions,puis
elle fut revêtuë du manteau
royal. A l'Offertoire, leurs
Maj. allerentàl'offrande, la
couronne en tête ôc le sceptre
en main.Ces ceremonies
furentaccompagnéesd'une
triple salve d'artillerie.
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Résumé : Ceremonie du Couronnement du Roy & de la Reine de Sicile.
En décembre, le couronnement du roi et de la reine de Sicile eut lieu à Palerme. L'Archevêque de Palerme, assisté des Évêques de Mazzara, de Syracuse et de Cefalu, officia dans l'église métropolitaine ornée pour l'occasion. À quinze heures, leurs Majestés se rendirent à l'église. Le roi, vêtu d'habits militaires, fut conduit à l'autel par deux évêques. Il reçut la profession de foi en posant la main sur les Évangiles et pria à genoux. Après la bénédiction et les onctions, il se revêtit du manteau royal et reçut l'épée, la couronne et le sceptre. Le Te Deum fut chanté. La reine fut ensuite couronnée, reçut les onctions et fut revêtue du manteau royal. À l'Offertoire, leurs Majestés allèrent à l'offrande, couronnés et sceptre en main, accompagnés d'une triple salve d'artillerie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 220-239
RELATION d'Espagne.
Début :
On a parlé cy dessus du jour de la mort de la Reine [...]
Mots clefs :
Reine d'Espagne, Corps de la reine, Roi, Marquise de Crèvecoeur, Gardes du corps, Mules, Gentilshommes, Cercueil, Maison du roi, Chapelle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : RELATION d'Espagne.
RELATION
d'Espagne.
ON a parlé cy deffus dị
jour de la mort de la Reine
qui arriva le 14. Février
fur les huit heures trois
quarts du matin ; une demie
heure avant elle avoit
encore reçu le Viatique
avec une parfaite connoif
fance. C'eftoit pour la troifiéme
fois depuis un mois
qu'elle avoit eu recours à
ce divin remede , le lendemain
on ouvrit & on emGALANT
. 221
Meffeibauma
le corps de cette
Princeffe , c'estoit à Madame
la Princeffe comme
Cameira Major , de ne le
point abbandonner juſqu'à
ce qu'il fut depofé au Panteon
de l'Efcurial ; mais
les foins que la charge de
Gouvernante de
gneurs les Princes exigent
de S. A. ne lui permirent
pas de les quitter ; Madame
la Marquiſe de Crevecoeur
fut nommée pour
tenir fa place en cette funefte
occafion Les Dames
du Palais aidées des
Tiij
222 MERCURE
Camariftes habillerent le
Corps d'un des plus beaux
habits de fa Majefté. On
difpofa une Eftrade dans
le Sallon neuf appellé de
l'Hymenée , elle eftoit haute
d'un pied & demi , & en
pente comme les amphithéatres
des Salles deftinées
aux Spectacles publics : on
y dreffa un Lit à colonnes
dont les plantes & le ciel
eftoient de groffe broderie
d'or des plus magnifiques
un riche Dais furmontoit
le lit : on mit fur
ce lit le Corps de la Reine :
GALANT 223
>
elle eftoit coëffée en che-
Veux telle qu'elle cftoït
aux jours folennels. Elle
paroiffoit comme endormie
, on la reconnoilloit :
fes traits on'ftoient point
changes Elle avoit des
gands blancs à fes mains
avec lefquels elle tenoit une
Croix de Caravaca. L'EC
trade & tout le Sallon eftoient
couverts des plus
beaux tapis de pieds qu'on
puiffe voir ; Il eftoit tendu
d'une belle rapiflerie à l'an-
:
tique , qu'on nomme de
Gorillas à la tefte droite
Tij
224 MERCURE
du lit , un Exempt des
Gardes du Corps eftoit en
pied vêtu de noir , fon bâton
à la main : il avoit auprés
de luy deux des Gardes
qu'on appelle , los Monteros
de Espinoffa. Vers le
milieu du lit du mefme
cofté Madame la Marquife
de Crevecoeur en grand
deüil , un voile transparant
fur les yeux , eftoit affife
fur un Carreau . Madame
de Robeck eftoit du cofté
gauche avec un pareil nom
bre de ces Gardes .. Ces
Dames avoient chacune au
GALANT . 225
prés d'elles une des Veuves
du Palais qu'on appelle
Damas de honor , au pied du
lit fur la droite , un de ces
Monteros, dont on vient de
Parler eftoit debout comme
les autres , & tenoit
une Couronne fermée , de
vermeil doré ; & un de fes
camarades eftoit fur la
gauche tenant un Sceptre
qui paroiffoit de mefme
métail brillant de pierres
précieuſes , en forme d'une
boule de cristal . Le Manteau
Royal pendoit au milieu
des pieds. du lit.. Au
226 MERCURE
*
bas de l'eftrade , il y avoit
un Autel Ifolé à la Romaine
garni d'un grand Crueifix
& de fix grands Chan
deliers d'argent : à droite il
y avoit trois autres Autels
garnis de même & autant à
gauche. Du cofté de l'Evangile
du premier Autel eftoit
le pliant du Conneftable
, & le Banc des Grands
de la meſme maniere qu'on
le voit à la Chapelle, & de
l'autre cofté étoit le banc
des Chapelains d'honneur ,
à l'autre bout du Sallon il y
avoit un petit Cancel defti
GALANT . 227
né pour les Chantres & la
mufique. Tout ce Sallon
ainſi diſpoſé étoit éclairé
par 16. chandeliers de pied
fort elevés & tous d'argent ,
placés fur l'eftrade , & autour
du lit , garnis chacun
d'un flambeau de cire jaune.
Les chandeliers des 7.autels
garnis de gros cierges de la
même circ; de forte que tout
le Sallon eftoit éclairé par
58. lumieres. Le Dimanche.
13 . Février aprés midy
le Corps de la Reine qui
eftoit expofé fur un lit de
parade depuis trois fois 24,
228 MERCURE
heures , fut mis dans un
cercueil de plomb avec
l'habit magnifique de tiffu
à fonds d'or à fleurs naturelles
, dont il eftoit vêtu :
H fut pour cela configné
par Madame la Marquifede
Crevecoeur qui faifoit
les fonctions de Cameiramajor
au Duc d'Escalone
Grand Maiffre de la Maifon
du Roy fuivant l'étiquete
, en preſence du Patriarche
triarche des Indes , des Pre-
Latschofis pour les fonctions
ecclefiaftiques de l'enter
rement , afliſté des Grands ,
GALANT. 229
des Gentils hommes de la
Chambre des Majordomes
du Roy, & des Dames de la
Reine,& comme le Corps de
fa Majefté ne rempliffoit
pas tout le cercueil on y
mit des oreillers pour l'empefcher
de vaciller. LeCercueil
de plomb fut mis dans
un autre de bois , & l'un
& l'autre de ces Cercuëils
avoit une ouverture vis-àvis
de la tefte comme une
petite feneftre fermant à
clef. Le cercueil de bois
eftoit couvert & garni partout
d'un tiffu couleur de
230 MERCURE
chair à fond d'argent. Le
Corps fut ainfi deſcendu de
l'Appartement où il eftoit
par l'Escalier qui aboutit
au Zaguan , C'eſt à- dire au
Parvis qui eft au bas d'un
des petits Escaliers du Palais
. Là il fut mis par les
Majordomes & par les Gentils.
hommes de la Maifon
du Roy fur une litiere portée
deux Mules capapar
raçonnées d'une riche etoffe
pareille à celle dont le
cercueil de bois étoit garni,
& alors la marche commença
de la maniere qui
fuit.
GALANT. 231
Les Arguacils de la
Cour au nombre de douzé
marchoient à la tefte ; enfuite
on vit paroître douze
Religieux Carmes chauffés,
12. Auguftins.
12. Francifcains.
12. Dominicains.
Tous ces Religieux eftoient
à Cheval , ayant chacun
un Flambeau à la main ,
2 . Alcades de Cour.
12. Gentils-hommes de
la Maiſon Royale.
Les Officiers de l'Ecurie
du
Roy.
12. Gentilshommes de
la bouche.
22 MERCURE
La Croix de la Chapelle
Royale portée par un Preftre
en furplis qui étoit à
cheval.
Un Fourrier de la Chapelle.
Un Aide de l'Oratoire.
12. Chapelains du Roy.
Les Majordomes.
Les Grands d'Eſpagne
au nombres de quinze ou
feize.
Quatre Trompettes des
Gardes du Corps fonnans
avec des fourdines ..
La Litiere avec le Corps.
Madame la Marquiſe de
Crevecoeur
GALANT . 233.
a
Crevecoeur faifant les fonctions
de Cameira major eltoit
dans un Caroffe à fix
Mules , mais le Caroffe ni
les Mules n'eftoient point
drappés.
12. Pages avec des flambeaux
.
12. Monteros de Efpinoffa.
Le Prélat en Caroffe à
fix Mules qui n'eftoit point
drapé.
Le Grand Maistre de la
Maiſon du Roy auffi dans
un Caroffe à fix mules non
drapé.
Mars
1714.
ལ
a
234 MERCURE
Les Gentils hommes de
la Chambre.
Une Litiere de reſpect
ou pluftoft de rechange.
Un Lieutenant des Gardes
du Corps fuivi de 60 .
de ces Gardes qui fermoient
la marche .
On remarqua que les
Grands & les autres Seigneurs
eftoient fimpleni
ment vêtus de noir en cravate
& fans manteau
houffes traînantes , & qu'ils
eftoient precedés chacun
de deux de leurs laquais à
pied & avec des flambeaux
GALANT. 235
pour les éclairer à l'exception
du Doc d'Efcalone
Grand Maiftre de la Maifon
du Roy , qui eftoit en
capuche de grand dueil avec un
manteau à longue queuë.
Ce cortege marcha toute
la nuit. Il arriva le lundyfur
les fept heures du matin 19 .
Fevrier au portique de FELcurial.
Le Corps de la Reine
fur mis fur une table . Madame
de Crevecoeur donna
les clefs des Cercueils
au Grand Maiftre de la
Maiſon du Roy. Ce Seigheur
tine toujours dans
Vij
236 MERCURE
cette pompe la premiere
place , & c'eft proprement
lui qui mena le deüil. Il en
ouvrit la premiere petite
fenêtre & fit voir le visage
de fa Maiftreffe au Prieur
& à la Communauté des
Jeromiſtes de ce magnifique
Convent.
Ils s'étoient avancés proceffionnellement
jufqu'à ce
Portique pour recevoir le
Corps . Enfuite les clefs furent
remifes à Madame de
Crevecoeur , & fept Grands
porterent le Corps de la
Reine jufqu'au pied du
GALANT. 237
Mauſolée qui avoit été elevé
au milieu de l'Eglife de
l'Efcurial. Les Moines let
placerent au haut de ce
Maufolée , la Couronne &
le Sceptre furent mis fur
des couffins a cofté du
Corps de fa Majeſté , & le
Mauſolée fut entourré de
tous ceux qui efſtoient dy
cortége felon leur rang.
Madame de Crevecoeur.
eftoit affiſe ſur un Carreau
à la tefte du Maufolée accompagnée
de deux Dames
d'honneur de la Rei
ne.
238 MERCURE
Alors l'Office commen
ça par les Vigiles des
Morts , enfuite le Prélat
dit la Meffe , affifté feu
lement d'un Diacre & d'un
Soudiacre. Aprés la Meſſe
on fit les encencemens . Le
Corps fut defcendu du
Maufolée . Les clefs des
deux cercueils furent remifes
par Madame de Cre
vecoeur au Grand Maistre .
La premiere feneftre fut
ouverte , & le corps fut reconnu
une feconde fois
par les Moines & defcendu
par eux & par les Grands
GALANT. 239
1
au petit , Pantheon ou les
Corps des Rois & Reines
d'Espagne qui ont eu des
enfans , demeurent des
douze & quinze ans , pour
eftre defféchés & mis enfuite
dans les Urnes du
grand Pantheon qui leur
font deftinées. Ceux du
Roy Charles H. & de la
Reine Marianne n'y ont
été mis qu'à la fin de 1713 ,
d'Espagne.
ON a parlé cy deffus dị
jour de la mort de la Reine
qui arriva le 14. Février
fur les huit heures trois
quarts du matin ; une demie
heure avant elle avoit
encore reçu le Viatique
avec une parfaite connoif
fance. C'eftoit pour la troifiéme
fois depuis un mois
qu'elle avoit eu recours à
ce divin remede , le lendemain
on ouvrit & on emGALANT
. 221
Meffeibauma
le corps de cette
Princeffe , c'estoit à Madame
la Princeffe comme
Cameira Major , de ne le
point abbandonner juſqu'à
ce qu'il fut depofé au Panteon
de l'Efcurial ; mais
les foins que la charge de
Gouvernante de
gneurs les Princes exigent
de S. A. ne lui permirent
pas de les quitter ; Madame
la Marquiſe de Crevecoeur
fut nommée pour
tenir fa place en cette funefte
occafion Les Dames
du Palais aidées des
Tiij
222 MERCURE
Camariftes habillerent le
Corps d'un des plus beaux
habits de fa Majefté. On
difpofa une Eftrade dans
le Sallon neuf appellé de
l'Hymenée , elle eftoit haute
d'un pied & demi , & en
pente comme les amphithéatres
des Salles deftinées
aux Spectacles publics : on
y dreffa un Lit à colonnes
dont les plantes & le ciel
eftoient de groffe broderie
d'or des plus magnifiques
un riche Dais furmontoit
le lit : on mit fur
ce lit le Corps de la Reine :
GALANT 223
>
elle eftoit coëffée en che-
Veux telle qu'elle cftoït
aux jours folennels. Elle
paroiffoit comme endormie
, on la reconnoilloit :
fes traits on'ftoient point
changes Elle avoit des
gands blancs à fes mains
avec lefquels elle tenoit une
Croix de Caravaca. L'EC
trade & tout le Sallon eftoient
couverts des plus
beaux tapis de pieds qu'on
puiffe voir ; Il eftoit tendu
d'une belle rapiflerie à l'an-
:
tique , qu'on nomme de
Gorillas à la tefte droite
Tij
224 MERCURE
du lit , un Exempt des
Gardes du Corps eftoit en
pied vêtu de noir , fon bâton
à la main : il avoit auprés
de luy deux des Gardes
qu'on appelle , los Monteros
de Espinoffa. Vers le
milieu du lit du mefme
cofté Madame la Marquife
de Crevecoeur en grand
deüil , un voile transparant
fur les yeux , eftoit affife
fur un Carreau . Madame
de Robeck eftoit du cofté
gauche avec un pareil nom
bre de ces Gardes .. Ces
Dames avoient chacune au
GALANT . 225
prés d'elles une des Veuves
du Palais qu'on appelle
Damas de honor , au pied du
lit fur la droite , un de ces
Monteros, dont on vient de
Parler eftoit debout comme
les autres , & tenoit
une Couronne fermée , de
vermeil doré ; & un de fes
camarades eftoit fur la
gauche tenant un Sceptre
qui paroiffoit de mefme
métail brillant de pierres
précieuſes , en forme d'une
boule de cristal . Le Manteau
Royal pendoit au milieu
des pieds. du lit.. Au
226 MERCURE
*
bas de l'eftrade , il y avoit
un Autel Ifolé à la Romaine
garni d'un grand Crueifix
& de fix grands Chan
deliers d'argent : à droite il
y avoit trois autres Autels
garnis de même & autant à
gauche. Du cofté de l'Evangile
du premier Autel eftoit
le pliant du Conneftable
, & le Banc des Grands
de la meſme maniere qu'on
le voit à la Chapelle, & de
l'autre cofté étoit le banc
des Chapelains d'honneur ,
à l'autre bout du Sallon il y
avoit un petit Cancel defti
GALANT . 227
né pour les Chantres & la
mufique. Tout ce Sallon
ainſi diſpoſé étoit éclairé
par 16. chandeliers de pied
fort elevés & tous d'argent ,
placés fur l'eftrade , & autour
du lit , garnis chacun
d'un flambeau de cire jaune.
Les chandeliers des 7.autels
garnis de gros cierges de la
même circ; de forte que tout
le Sallon eftoit éclairé par
58. lumieres. Le Dimanche.
13 . Février aprés midy
le Corps de la Reine qui
eftoit expofé fur un lit de
parade depuis trois fois 24,
228 MERCURE
heures , fut mis dans un
cercueil de plomb avec
l'habit magnifique de tiffu
à fonds d'or à fleurs naturelles
, dont il eftoit vêtu :
H fut pour cela configné
par Madame la Marquifede
Crevecoeur qui faifoit
les fonctions de Cameiramajor
au Duc d'Escalone
Grand Maiffre de la Maifon
du Roy fuivant l'étiquete
, en preſence du Patriarche
triarche des Indes , des Pre-
Latschofis pour les fonctions
ecclefiaftiques de l'enter
rement , afliſté des Grands ,
GALANT. 229
des Gentils hommes de la
Chambre des Majordomes
du Roy, & des Dames de la
Reine,& comme le Corps de
fa Majefté ne rempliffoit
pas tout le cercueil on y
mit des oreillers pour l'empefcher
de vaciller. LeCercueil
de plomb fut mis dans
un autre de bois , & l'un
& l'autre de ces Cercuëils
avoit une ouverture vis-àvis
de la tefte comme une
petite feneftre fermant à
clef. Le cercueil de bois
eftoit couvert & garni partout
d'un tiffu couleur de
230 MERCURE
chair à fond d'argent. Le
Corps fut ainfi deſcendu de
l'Appartement où il eftoit
par l'Escalier qui aboutit
au Zaguan , C'eſt à- dire au
Parvis qui eft au bas d'un
des petits Escaliers du Palais
. Là il fut mis par les
Majordomes & par les Gentils.
hommes de la Maifon
du Roy fur une litiere portée
deux Mules capapar
raçonnées d'une riche etoffe
pareille à celle dont le
cercueil de bois étoit garni,
& alors la marche commença
de la maniere qui
fuit.
GALANT. 231
Les Arguacils de la
Cour au nombre de douzé
marchoient à la tefte ; enfuite
on vit paroître douze
Religieux Carmes chauffés,
12. Auguftins.
12. Francifcains.
12. Dominicains.
Tous ces Religieux eftoient
à Cheval , ayant chacun
un Flambeau à la main ,
2 . Alcades de Cour.
12. Gentils-hommes de
la Maiſon Royale.
Les Officiers de l'Ecurie
du
Roy.
12. Gentilshommes de
la bouche.
22 MERCURE
La Croix de la Chapelle
Royale portée par un Preftre
en furplis qui étoit à
cheval.
Un Fourrier de la Chapelle.
Un Aide de l'Oratoire.
12. Chapelains du Roy.
Les Majordomes.
Les Grands d'Eſpagne
au nombres de quinze ou
feize.
Quatre Trompettes des
Gardes du Corps fonnans
avec des fourdines ..
La Litiere avec le Corps.
Madame la Marquiſe de
Crevecoeur
GALANT . 233.
a
Crevecoeur faifant les fonctions
de Cameira major eltoit
dans un Caroffe à fix
Mules , mais le Caroffe ni
les Mules n'eftoient point
drappés.
12. Pages avec des flambeaux
.
12. Monteros de Efpinoffa.
Le Prélat en Caroffe à
fix Mules qui n'eftoit point
drapé.
Le Grand Maistre de la
Maiſon du Roy auffi dans
un Caroffe à fix mules non
drapé.
Mars
1714.
ལ
a
234 MERCURE
Les Gentils hommes de
la Chambre.
Une Litiere de reſpect
ou pluftoft de rechange.
Un Lieutenant des Gardes
du Corps fuivi de 60 .
de ces Gardes qui fermoient
la marche .
On remarqua que les
Grands & les autres Seigneurs
eftoient fimpleni
ment vêtus de noir en cravate
& fans manteau
houffes traînantes , & qu'ils
eftoient precedés chacun
de deux de leurs laquais à
pied & avec des flambeaux
GALANT. 235
pour les éclairer à l'exception
du Doc d'Efcalone
Grand Maiftre de la Maifon
du Roy , qui eftoit en
capuche de grand dueil avec un
manteau à longue queuë.
Ce cortege marcha toute
la nuit. Il arriva le lundyfur
les fept heures du matin 19 .
Fevrier au portique de FELcurial.
Le Corps de la Reine
fur mis fur une table . Madame
de Crevecoeur donna
les clefs des Cercueils
au Grand Maiftre de la
Maiſon du Roy. Ce Seigheur
tine toujours dans
Vij
236 MERCURE
cette pompe la premiere
place , & c'eft proprement
lui qui mena le deüil. Il en
ouvrit la premiere petite
fenêtre & fit voir le visage
de fa Maiftreffe au Prieur
& à la Communauté des
Jeromiſtes de ce magnifique
Convent.
Ils s'étoient avancés proceffionnellement
jufqu'à ce
Portique pour recevoir le
Corps . Enfuite les clefs furent
remifes à Madame de
Crevecoeur , & fept Grands
porterent le Corps de la
Reine jufqu'au pied du
GALANT. 237
Mauſolée qui avoit été elevé
au milieu de l'Eglife de
l'Efcurial. Les Moines let
placerent au haut de ce
Maufolée , la Couronne &
le Sceptre furent mis fur
des couffins a cofté du
Corps de fa Majeſté , & le
Mauſolée fut entourré de
tous ceux qui efſtoient dy
cortége felon leur rang.
Madame de Crevecoeur.
eftoit affiſe ſur un Carreau
à la tefte du Maufolée accompagnée
de deux Dames
d'honneur de la Rei
ne.
238 MERCURE
Alors l'Office commen
ça par les Vigiles des
Morts , enfuite le Prélat
dit la Meffe , affifté feu
lement d'un Diacre & d'un
Soudiacre. Aprés la Meſſe
on fit les encencemens . Le
Corps fut defcendu du
Maufolée . Les clefs des
deux cercueils furent remifes
par Madame de Cre
vecoeur au Grand Maistre .
La premiere feneftre fut
ouverte , & le corps fut reconnu
une feconde fois
par les Moines & defcendu
par eux & par les Grands
GALANT. 239
1
au petit , Pantheon ou les
Corps des Rois & Reines
d'Espagne qui ont eu des
enfans , demeurent des
douze & quinze ans , pour
eftre defféchés & mis enfuite
dans les Urnes du
grand Pantheon qui leur
font deftinées. Ceux du
Roy Charles H. & de la
Reine Marianne n'y ont
été mis qu'à la fin de 1713 ,
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Résumé : RELATION d'Espagne.
La Reine d'Espagne est décédée le 14 février à huit heures et demie du matin. Elle avait reçu le Viatique une demi-heure avant son décès, ce qui était la troisième fois en un mois. Le lendemain, son corps fut préparé pour les funérailles. Madame la Princesse, en tant que Cameira Major, aurait dû veiller sur le corps jusqu'à son dépôt au Panthéon de l'Escurial, mais ses responsabilités de gouvernante l'en empêchèrent. Madame la Marquise de Crevecoeur fut nommée pour la remplacer. Le corps de la Reine fut habillé d'un de ses plus beaux habits et exposé dans le Salon neuf de l'Hymenée, sur un lit richement décoré. Elle était coiffée en cheveux, comme aux jours solennels, et tenait une Croix de Caravaca. L'estrade et le salon étaient couverts de beaux tapis et tendus de rapisserie antique. Des gardes et des dames du palais, accompagnées de veuves du palais appelées Damas de honor, veillaient autour du lit. Le 13 février, après-midi, le corps de la Reine, exposé depuis trois jours, fut placé dans un cercueil de plomb, puis dans un cercueil de bois, tous deux ornés de tissu. Le cercueil fut descendu et placé sur une litière portée par deux mules, et le cortège funéraire commença. Ce cortège, composé de divers dignitaires, religieux, et gardes, marcha toute la nuit et arriva le 19 février au portique de l'Escurial. Le corps fut ensuite placé dans un mausolée au milieu de l'église de l'Escurial, où une messe fut célébrée. Après la messe, le corps fut descendu dans le petit Panthéon pour y rester douze à quinze ans avant d'être placé dans les urnes du grand Panthéon.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 1653-1659
INSTALLATION du Duc de Cumberland & des Comtes de Chesterfield & de Burlington, Chevaliers de l'Ordre de la Jarretiere, faite à Windsor, le 29 Juin dernier.
Début :
Les Chevaliers qui étoient presens à cette Installation étoient LE ROY, Souverain de [...]
Mots clefs :
Duc de Cumberland, Comte de Chesterfield, Chevaliers, Roi d'Angleterre, Chancelier, Comte, Roi, Chanoines, Cérémonie, Chapelle
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texteReconnaissance textuelle : INSTALLATION du Duc de Cumberland & des Comtes de Chesterfield & de Burlington, Chevaliers de l'Ordre de la Jarretiere, faite à Windsor, le 29 Juin dernier.
INSTALLATION du Duc de
Cumberland & des Comtes de Chefter
field & de Burlington , Chevaliers de
l'Ordre de la Jarretiere, faite à windfor, le
29 Juin dernier.
Lalla
Es Chevaliers qui étoient prefens à cette Inf
tallation étoient LE ROY , Souverain de
l'Ordre , le Pr. de Galles , les Ducs de Somerset ,
d'Argyle , de Kent , de Dorfet , de Montagu , de
Newcaſtle , de Grafton , de Bolton,de Richmond;
les Comtes de S :rafford , de Peterborough & de
Scarborough ; & le Chevalier Robert Walpole
Après que les Chevaliers, les Officiers de l'Ordre,
les pauvres Chevaliers , les Chanoines de la Cha
pelle de S. George, & les autres perfonnes qui ont
droit d'affifter a l'Installation , eurent pris leurs
places dans cette Chapelle , le Roy y entra, & fut
reçu par les Chevaliers. Il fe rendit enfuite en
Proceffion dans la Chambre du Chapitre . Le Duc
de Cumberland & les Comtes de Cheſterfield &
de Burlington refterent à l'entrée de cette Chambre
fur des Chaifes qu'on y avoit placées pour
eux .
Le Roy ayant nommé M. Anftis pour exercer
la charge de Garter, ou premier Heraut d'Armes
d'Angleterre. S. M. lui ordonna d'introduire dans
la Chambre le Duc de Cumberland. S. A. R. füt
reçue à la porte par les deux plus anciens Chevaliers
, qui font les Ducs de Somerfet & d'Argyle,
lefquels conduifirent le Duc de Cumberland au
haut bout de la Chambre. Garter prefenta la Robe
de S.A.R. aux Chevaliers, qui l'en revêtirent ,
Hy pendant
1654 MERCURE DE FRANCE
pendant que le Chancelier de l'Ordre lifoit l'Admonition.
Prenez cette Robe , &c. Les mêmes
Chevaliers mirent enfuite à S. A. R. fa Ceinture
& fon Epée.Garter introduifit auffi les deux Comtes
, qui furent reçûs avec les mêmes ceremonies
par les deux plus jeunes Chevaliers ; fçavoir le
Duc de Richmond & le Chevalier Robert Walpole
, après quoi on fe rendit en Proceffion dans
le Choeur de la Chapelle. Cette Proceffion fe fit
avec beaucoup de ceremonie.
Les pauvres Chevaliers & les Chanoines de la
Chapelle y entrerent deux à deux , firent le tour
du Choeur, & ayant fait la révérence devant l'Autel
& l'Eftrade deftinée pour le Roy , ils fe mirent
à leurs places. Les Chevaliers de l'Ordre entrerent
enfuite, & après avoir fait de pareilles révérences
, ils fe mirent fous leurs Bannieres. Les
Officiers & les Prélats de l'Ordre y entrerent avec
les mêmes cérémonles ; & après eux vint le Roy,
précédé du Duc de S.Albans , portant l'Epée d'Etat.
La queue de la Robe de S.M. étoit portée par
les Fils ainez des Ducs de Grafton & de Dorfet, &
par le Maître de la Garde- Robe. Le Roy après
avoir fait la révérence devant l'Autel , fe mit fur
fon Eftrade. Enfuite Garter vint au milieu du
Choeur , y fit fes révérences , tenant le Sceptre
dans la main , & fe tourna vers le Pr, de Galles ,
qui là - deffus quitta fa Banniere ; & après avoir
fait la révérence devant l'Autel & le Roy , il alla
s'affeoir fur fa place , les autres Chevaliers refterent
debout fous leurs Bannieres.
L'Evêque de Winchefter , Prélat de l'Ordre ,
ayant été conduit à l'Autel avec deux Chanoines
de la Chapelle, Garter prit la Banniere du feu Duc
d'York , qu'il remit aux deux plus anciens Chevaliers
, & ceux-cy, après les révérences ordinaires,
la porterent au Prélat de l'Ordre, qui la donna
JUILLET . 1730. 1655
na aux deux Chanoines , pour la placer à côté de
l'Autel. Garter remit enfuite l'Epée du feu Duc
d'York au Duc de Kent & au Comte de Stafford,
& le Cafque avec le Cimier au Comte de Peterborough
& au Duc de Dorfet , qui porterent pareillement
ces Enfeignes au Prélat de l'Ordre, La
même cérémonie fut obfervée touchant la Banniere
, l'Epée & le Cafque des feus Ducs de Devonshire
& Comte de Lincoln .
Aprés cette cérémonie,Garter fe rendit au milieu
du Choeur , fit fes révérences ordinaires ; 86
s'étant tourné vers le plus ancien Chevalier , il lui
fit un figne de fa Verge. Le Chevalier quitta làdeffus
fa Banniere & alla fe mettre à fa place fur
l'Eftrade. Garter fit la même chofe aux autres
Chevaliers,à chacun fuivant fon ancienneté.Après
que tous les Chevaliers eurent pris leurs places ,
Garder appella les deux plus anciens Chevaliers
nommez.par le Roy ,, pour inſtaller le Duc de
Cumberland.
2
Ces deux Chevaliers defcendirent de leur Eftrade,'
& s'étant remis fous leurs Bannieres , les pauvres
Chevaliers & les Hérauts d'Armes fortirent de la
Chapelle , marcherent proceffionellement vers la
Chambre du Chapitre , & fe rangerent aux deux
côtez de la Porte.
Les deux plus anciens Chevaliers , accompagnez
des Officiers de l'Ordre , entrerent enfuite
dans la chambre du Chapitre , d'où ils conduifirent
le Duc de Cumberland au Choeur. S. A. R.
marchant entre les deux Chevaliers , fut menée
directement à fon Eftrade , le Roy l'ayant , à
caufe de fon grand âge , difpenfé du ferment
que les Chevaliers doivent prêter avant que d'y
entrer.
-Les deux Chevaliers ayant reçu des mains de
Garter, affifté du Chancelier de l'Ordre , le Man-
H vj
teau,
1656 MERCURE DE FRANCE
teau , le Chaperon , & le grand Collier de l'Ordre
, en revêtirent le Duc de Cumberland , &
après avoir préfenté à S. A. R. le Livre des Statuts
de l'Ordre , ils luy mirent fur la tête le Bonnet
de l'Ordre , & la firent affeoir . Le Duc de
Cumberland fe leva auffi -tôt ; & après qu'il eût
fait fes revérences , les deux Chevaliers l'embraf
ferent , & fe rendirent enfuite à leur place.
On obferva les mêmes Cerémonies pour l'Inallation
des Comtes de Cheſterfield & de Burlington
, avec cette difference que les deux nouveaux
Chevaliers prêterent ferment à leur en
trée dans le Choeur , ce qui fe fait de la maniere
fuivante. Garter ayant à ſa droite le Greffier de
l'Ordre , porta le Nouveau Teftament & la forme
du Serment , & à fa gauche l'Huiffier à la
verge noire , s'approche du Chevalier ; l'Huiffier
prend enfuite le Nouveau Teftament , le tient
ouvert , & le Chevalier met la main droite fur
ce Livre , pendant que le Greffier lit tout haut le
Serment ordinaire , après quoy le Chevalier baife
le Livre.
Après que les deux Comtes eurent été inſtalez
, le Comte de Chefterfield par le Duc de Kent
& par le Comte de Strafford , & le Comte de
Burlington par le Comte de Peterboroug & par
le Duc de Dorfet , an commença le Service Divin
, qui fut interrompu pour faire les Offrandes
ordinaires ; ce qui fe fit de la maniere fuivante :
Les Chevaliers ayant été fommez par Garter de
defcendre de leurs Eftradęs , allerent , après les
revérences ordinaires , fe mettre fous leurs Bannieres
, le Prince de Calles & le Duc de Cumberland
firent la même chofe. Le Prelat de l'Ordre
accompagné de deux Chanoines , fe mit devant
l'Autel , tenant le Baffin d'or deſtiné pour
recevoir les Offrandes des Chevaliers.
Enfuite
JUILLET . 1730. 1657.
Enfuite le Roy proceffionellement alla à l'Autel :
Sa M. étoit précedée par Garter , le Greffier &
le Chancelier de l'Ordre , & par le Duc de Saint
Albans , portant l'Epée d'Etat : le Duc de Somerset
, nommé par le Roy pour luy préfenter
l'Offrande , & le Duc de Grafton , en qualité de
Chambellan de la Maifon de S. M. fe mirent
derriere le Roy , le premier à la droite , & l'autre
à la gauche. S. M. en fe levant de fa place
pour aller à l'Offrande , fit une revérence vers
' Autel ; elle en fit une ſeconde vers le milieu da
Choeur , & une troifiéme en approchant de la
balustrade de l'Autel . Le Roy y étant arrivé , fe
mit à genoux fur deux carreaux placez fur un
riche tapis , ôta fon bonnet , & mit dans le baffin
P'Offrande qui luy avoit été préfentée par le Duc
de Somerfet ; après quoy S. M. fit en fe levant
une reverence , une feconde au bas du degré ,
une troifiéme au milieu du Choeur , & une quatriéme
lorfqu'elle fut retournée à fa place , toutes
vers l'Autel.
.
Ceux qui avoient accompagné le Roy firent
de pareilles revérences , & retournerent , les deux
Chevaliers fous leur Banniere , & les autres à
leurs places refpectives .
t
On avoit pendant ce temps- là ôté le riche Tapis
& les deux Carreaux , fur lesquels le Roy
s'étoit mis à genoux , & on en avoit mis d'autres
pour les Chevaliers qui furent conduits á
PAutel par
deux Heraults d'armes , & ils firent
leurs Offrandes. Le Prince de Galles y alla le premiet
, enfuite le Duc de Cumberland , & enfuite
les autres Chevaliers , chacun fuivant "fon ancienneté.
Les Chevaliers & les Officiers de l'Or
dre ayant repris leurs places , on continua le
Service Divin , après lequel les pauvres Chevaliers
& les Chanoines fortirent en proceffion de
la
1658 MERCURE DE FRANCE.
la Chapelle , & allerent fe ranger dans la Sale
des Gardes.
Les Heraults d'armes , les Chevaliers & les
. Officiers de l'Ordre fortirent de la même maniere
, & allerent dans la Sale de Prefence ; ils
furent fuivis par le Roy , précedé du Vice-
Chambellan , portant l'Epée d'Etat , du Chancelier
& du Prelat de l'Ordre , du Duc de Cum →
berland , & du Prince de Galles. S. M. paffa par
la Salle de Prefence , y falua les Chevaliers en
ôtant fon Bonnet , & fe retira dans fon Appartement.
Le Dîner étant prêt , le Roy fe rendit en proceffion
, précedé des Heraults d'armes , des Chevaliers
, du Duc de Cumberland , du Prince de
Galles , & du Prelat de l'Ordre , dans la Sale de
S. George. S. M. y étant arrivée , fe mit à table,
ayan à fa droite le Prince de Galles , & à fa
gauche le Duc de Cumberland . Les Chevaliers
fe mirent à une autre table ; ils étoient rangez
fur une même ligne , & avoient le Bonnet fur la
tête. Après le premier Service , on porta au Roy
une Coupe d'or , & S. M. but aux Chevaliers
qui fe tinrent debout & découverts , & après
qu'on eût porté à chaque Chevalier un verre de
ils firent raiſon au Roy , & ſe remirent à
leurs places.
vin ,
Le fecond Service étant fini , Garter s'étant
approché de la Table du Roy avec les ceremo
nies ordinaires , cria trois fois Largeffe , & pro
nonça les Titres du Roy en Latin , en François
& en Anglois. S'étant enfuite tourné vers le Duc
de Cumberland , il cria deux fois Largeffe , &
prononça pareillement les Titres de S. A. R. en
Anglois feulement ; ce qui étant fait , il s'approcha
de la Table des Chevaliers , & cria une fois
Largeffe pour le Comte de Chesterfield , & une
autre
JUILLET . 1730. 165s
autre fois pour le Comte de Burlington , & pro
nonça auffi leurs Titres en Anglois, Après qu'on
eût dîné les Chevaliers fe leverent , & fe rangerent
dans la Sale ; le Prelat de l'Ordre dit enfuite
Graces , après quoy les Chevaliers firent
une revérence au Roy , qui ôta fon Bonnet & les
falua. S. M. précedée des Chevaliers & des Officiers
de l'Ordre , fe rendit enfuite dans la Sale
de S George , dans celle de Prefence , d'où après
les avoir encore faluez , il fe retira dans fon Appartement.
Cumberland & des Comtes de Chefter
field & de Burlington , Chevaliers de
l'Ordre de la Jarretiere, faite à windfor, le
29 Juin dernier.
Lalla
Es Chevaliers qui étoient prefens à cette Inf
tallation étoient LE ROY , Souverain de
l'Ordre , le Pr. de Galles , les Ducs de Somerset ,
d'Argyle , de Kent , de Dorfet , de Montagu , de
Newcaſtle , de Grafton , de Bolton,de Richmond;
les Comtes de S :rafford , de Peterborough & de
Scarborough ; & le Chevalier Robert Walpole
Après que les Chevaliers, les Officiers de l'Ordre,
les pauvres Chevaliers , les Chanoines de la Cha
pelle de S. George, & les autres perfonnes qui ont
droit d'affifter a l'Installation , eurent pris leurs
places dans cette Chapelle , le Roy y entra, & fut
reçu par les Chevaliers. Il fe rendit enfuite en
Proceffion dans la Chambre du Chapitre . Le Duc
de Cumberland & les Comtes de Cheſterfield &
de Burlington refterent à l'entrée de cette Chambre
fur des Chaifes qu'on y avoit placées pour
eux .
Le Roy ayant nommé M. Anftis pour exercer
la charge de Garter, ou premier Heraut d'Armes
d'Angleterre. S. M. lui ordonna d'introduire dans
la Chambre le Duc de Cumberland. S. A. R. füt
reçue à la porte par les deux plus anciens Chevaliers
, qui font les Ducs de Somerfet & d'Argyle,
lefquels conduifirent le Duc de Cumberland au
haut bout de la Chambre. Garter prefenta la Robe
de S.A.R. aux Chevaliers, qui l'en revêtirent ,
Hy pendant
1654 MERCURE DE FRANCE
pendant que le Chancelier de l'Ordre lifoit l'Admonition.
Prenez cette Robe , &c. Les mêmes
Chevaliers mirent enfuite à S. A. R. fa Ceinture
& fon Epée.Garter introduifit auffi les deux Comtes
, qui furent reçûs avec les mêmes ceremonies
par les deux plus jeunes Chevaliers ; fçavoir le
Duc de Richmond & le Chevalier Robert Walpole
, après quoi on fe rendit en Proceffion dans
le Choeur de la Chapelle. Cette Proceffion fe fit
avec beaucoup de ceremonie.
Les pauvres Chevaliers & les Chanoines de la
Chapelle y entrerent deux à deux , firent le tour
du Choeur, & ayant fait la révérence devant l'Autel
& l'Eftrade deftinée pour le Roy , ils fe mirent
à leurs places. Les Chevaliers de l'Ordre entrerent
enfuite, & après avoir fait de pareilles révérences
, ils fe mirent fous leurs Bannieres. Les
Officiers & les Prélats de l'Ordre y entrerent avec
les mêmes cérémonles ; & après eux vint le Roy,
précédé du Duc de S.Albans , portant l'Epée d'Etat.
La queue de la Robe de S.M. étoit portée par
les Fils ainez des Ducs de Grafton & de Dorfet, &
par le Maître de la Garde- Robe. Le Roy après
avoir fait la révérence devant l'Autel , fe mit fur
fon Eftrade. Enfuite Garter vint au milieu du
Choeur , y fit fes révérences , tenant le Sceptre
dans la main , & fe tourna vers le Pr, de Galles ,
qui là - deffus quitta fa Banniere ; & après avoir
fait la révérence devant l'Autel & le Roy , il alla
s'affeoir fur fa place , les autres Chevaliers refterent
debout fous leurs Bannieres.
L'Evêque de Winchefter , Prélat de l'Ordre ,
ayant été conduit à l'Autel avec deux Chanoines
de la Chapelle, Garter prit la Banniere du feu Duc
d'York , qu'il remit aux deux plus anciens Chevaliers
, & ceux-cy, après les révérences ordinaires,
la porterent au Prélat de l'Ordre, qui la donna
JUILLET . 1730. 1655
na aux deux Chanoines , pour la placer à côté de
l'Autel. Garter remit enfuite l'Epée du feu Duc
d'York au Duc de Kent & au Comte de Stafford,
& le Cafque avec le Cimier au Comte de Peterborough
& au Duc de Dorfet , qui porterent pareillement
ces Enfeignes au Prélat de l'Ordre, La
même cérémonie fut obfervée touchant la Banniere
, l'Epée & le Cafque des feus Ducs de Devonshire
& Comte de Lincoln .
Aprés cette cérémonie,Garter fe rendit au milieu
du Choeur , fit fes révérences ordinaires ; 86
s'étant tourné vers le plus ancien Chevalier , il lui
fit un figne de fa Verge. Le Chevalier quitta làdeffus
fa Banniere & alla fe mettre à fa place fur
l'Eftrade. Garter fit la même chofe aux autres
Chevaliers,à chacun fuivant fon ancienneté.Après
que tous les Chevaliers eurent pris leurs places ,
Garder appella les deux plus anciens Chevaliers
nommez.par le Roy ,, pour inſtaller le Duc de
Cumberland.
2
Ces deux Chevaliers defcendirent de leur Eftrade,'
& s'étant remis fous leurs Bannieres , les pauvres
Chevaliers & les Hérauts d'Armes fortirent de la
Chapelle , marcherent proceffionellement vers la
Chambre du Chapitre , & fe rangerent aux deux
côtez de la Porte.
Les deux plus anciens Chevaliers , accompagnez
des Officiers de l'Ordre , entrerent enfuite
dans la chambre du Chapitre , d'où ils conduifirent
le Duc de Cumberland au Choeur. S. A. R.
marchant entre les deux Chevaliers , fut menée
directement à fon Eftrade , le Roy l'ayant , à
caufe de fon grand âge , difpenfé du ferment
que les Chevaliers doivent prêter avant que d'y
entrer.
-Les deux Chevaliers ayant reçu des mains de
Garter, affifté du Chancelier de l'Ordre , le Man-
H vj
teau,
1656 MERCURE DE FRANCE
teau , le Chaperon , & le grand Collier de l'Ordre
, en revêtirent le Duc de Cumberland , &
après avoir préfenté à S. A. R. le Livre des Statuts
de l'Ordre , ils luy mirent fur la tête le Bonnet
de l'Ordre , & la firent affeoir . Le Duc de
Cumberland fe leva auffi -tôt ; & après qu'il eût
fait fes revérences , les deux Chevaliers l'embraf
ferent , & fe rendirent enfuite à leur place.
On obferva les mêmes Cerémonies pour l'Inallation
des Comtes de Cheſterfield & de Burlington
, avec cette difference que les deux nouveaux
Chevaliers prêterent ferment à leur en
trée dans le Choeur , ce qui fe fait de la maniere
fuivante. Garter ayant à ſa droite le Greffier de
l'Ordre , porta le Nouveau Teftament & la forme
du Serment , & à fa gauche l'Huiffier à la
verge noire , s'approche du Chevalier ; l'Huiffier
prend enfuite le Nouveau Teftament , le tient
ouvert , & le Chevalier met la main droite fur
ce Livre , pendant que le Greffier lit tout haut le
Serment ordinaire , après quoy le Chevalier baife
le Livre.
Après que les deux Comtes eurent été inſtalez
, le Comte de Chefterfield par le Duc de Kent
& par le Comte de Strafford , & le Comte de
Burlington par le Comte de Peterboroug & par
le Duc de Dorfet , an commença le Service Divin
, qui fut interrompu pour faire les Offrandes
ordinaires ; ce qui fe fit de la maniere fuivante :
Les Chevaliers ayant été fommez par Garter de
defcendre de leurs Eftradęs , allerent , après les
revérences ordinaires , fe mettre fous leurs Bannieres
, le Prince de Calles & le Duc de Cumberland
firent la même chofe. Le Prelat de l'Ordre
accompagné de deux Chanoines , fe mit devant
l'Autel , tenant le Baffin d'or deſtiné pour
recevoir les Offrandes des Chevaliers.
Enfuite
JUILLET . 1730. 1657.
Enfuite le Roy proceffionellement alla à l'Autel :
Sa M. étoit précedée par Garter , le Greffier &
le Chancelier de l'Ordre , & par le Duc de Saint
Albans , portant l'Epée d'Etat : le Duc de Somerset
, nommé par le Roy pour luy préfenter
l'Offrande , & le Duc de Grafton , en qualité de
Chambellan de la Maifon de S. M. fe mirent
derriere le Roy , le premier à la droite , & l'autre
à la gauche. S. M. en fe levant de fa place
pour aller à l'Offrande , fit une revérence vers
' Autel ; elle en fit une ſeconde vers le milieu da
Choeur , & une troifiéme en approchant de la
balustrade de l'Autel . Le Roy y étant arrivé , fe
mit à genoux fur deux carreaux placez fur un
riche tapis , ôta fon bonnet , & mit dans le baffin
P'Offrande qui luy avoit été préfentée par le Duc
de Somerfet ; après quoy S. M. fit en fe levant
une reverence , une feconde au bas du degré ,
une troifiéme au milieu du Choeur , & une quatriéme
lorfqu'elle fut retournée à fa place , toutes
vers l'Autel.
.
Ceux qui avoient accompagné le Roy firent
de pareilles revérences , & retournerent , les deux
Chevaliers fous leur Banniere , & les autres à
leurs places refpectives .
t
On avoit pendant ce temps- là ôté le riche Tapis
& les deux Carreaux , fur lesquels le Roy
s'étoit mis à genoux , & on en avoit mis d'autres
pour les Chevaliers qui furent conduits á
PAutel par
deux Heraults d'armes , & ils firent
leurs Offrandes. Le Prince de Galles y alla le premiet
, enfuite le Duc de Cumberland , & enfuite
les autres Chevaliers , chacun fuivant "fon ancienneté.
Les Chevaliers & les Officiers de l'Or
dre ayant repris leurs places , on continua le
Service Divin , après lequel les pauvres Chevaliers
& les Chanoines fortirent en proceffion de
la
1658 MERCURE DE FRANCE.
la Chapelle , & allerent fe ranger dans la Sale
des Gardes.
Les Heraults d'armes , les Chevaliers & les
. Officiers de l'Ordre fortirent de la même maniere
, & allerent dans la Sale de Prefence ; ils
furent fuivis par le Roy , précedé du Vice-
Chambellan , portant l'Epée d'Etat , du Chancelier
& du Prelat de l'Ordre , du Duc de Cum →
berland , & du Prince de Galles. S. M. paffa par
la Salle de Prefence , y falua les Chevaliers en
ôtant fon Bonnet , & fe retira dans fon Appartement.
Le Dîner étant prêt , le Roy fe rendit en proceffion
, précedé des Heraults d'armes , des Chevaliers
, du Duc de Cumberland , du Prince de
Galles , & du Prelat de l'Ordre , dans la Sale de
S. George. S. M. y étant arrivée , fe mit à table,
ayan à fa droite le Prince de Galles , & à fa
gauche le Duc de Cumberland . Les Chevaliers
fe mirent à une autre table ; ils étoient rangez
fur une même ligne , & avoient le Bonnet fur la
tête. Après le premier Service , on porta au Roy
une Coupe d'or , & S. M. but aux Chevaliers
qui fe tinrent debout & découverts , & après
qu'on eût porté à chaque Chevalier un verre de
ils firent raiſon au Roy , & ſe remirent à
leurs places.
vin ,
Le fecond Service étant fini , Garter s'étant
approché de la Table du Roy avec les ceremo
nies ordinaires , cria trois fois Largeffe , & pro
nonça les Titres du Roy en Latin , en François
& en Anglois. S'étant enfuite tourné vers le Duc
de Cumberland , il cria deux fois Largeffe , &
prononça pareillement les Titres de S. A. R. en
Anglois feulement ; ce qui étant fait , il s'approcha
de la Table des Chevaliers , & cria une fois
Largeffe pour le Comte de Chesterfield , & une
autre
JUILLET . 1730. 165s
autre fois pour le Comte de Burlington , & pro
nonça auffi leurs Titres en Anglois, Après qu'on
eût dîné les Chevaliers fe leverent , & fe rangerent
dans la Sale ; le Prelat de l'Ordre dit enfuite
Graces , après quoy les Chevaliers firent
une revérence au Roy , qui ôta fon Bonnet & les
falua. S. M. précedée des Chevaliers & des Officiers
de l'Ordre , fe rendit enfuite dans la Sale
de S George , dans celle de Prefence , d'où après
les avoir encore faluez , il fe retira dans fon Appartement.
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Résumé : INSTALLATION du Duc de Cumberland & des Comtes de Chesterfield & de Burlington, Chevaliers de l'Ordre de la Jarretiere, faite à Windsor, le 29 Juin dernier.
Le 29 juin, le Duc de Cumberland et les Comtes de Chesterfield et de Burlington ont été installés comme Chevaliers de l'Ordre de la Jarretière à Windsor. La cérémonie, présidée par le Roi, Souverain de l'Ordre, a réuni plusieurs dignitaires, dont le Prince de Galles et divers Ducs et Comtes. La procession a débuté dans la Chapelle de Saint-Georges, où les participants ont pris leurs places respectives. Le Duc de Cumberland a été introduit par le Garter, ou premier Héraut d'Armes, et revêtu de la robe de l'Ordre par les Ducs de Somerset et d'Argyle. Les Comtes de Chesterfield et de Burlington ont été introduits de manière similaire par les Ducs de Richmond et Robert Walpole. Après les cérémonies d'investiture, les nouveaux Chevaliers ont prêté serment et ont été conduits à leurs places. La cérémonie s'est poursuivie par un service divin, des offrandes à l'autel, et un dîner où le Roi a porté un toast aux nouveaux Chevaliers. Les titres des nouveaux Chevaliers ont été proclamés par le Garter, et la cérémonie s'est conclue par des salutations et des prières.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 165-171
« Le 1 de Janvier, les Princes et Princesses du Sang, et les Seigneurs et [...] »
Début :
Le 1 de Janvier, les Princes et Princesses du Sang, et les Seigneurs et [...]
Mots clefs :
Cour, Roi, Reine, Messe, Chapelle, Chevaliers, Marquis, Ordre, Prélat, Académie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 1 de Janvier, les Princes et Princesses du Sang, et les Seigneurs et [...] »
FRANCE ,
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE
2.
E de Janvier , les Princes et Princesses
du Sang , et les Seigneurs et
Dames de la Cour eurent l'honneur de
complimenter le Roy et la Reine sur la
nouvelle année .
Les Prevot des Marchands et Echevins,
accompagnez des autres Officiers du
Corps de Ville , rendirent à cette occasion
leurs respects à L. M. à Monseigneur
le Dauphin , à Monseign . le Duc
d'Anjou , et à Mesdames de France.
Le même jour , les Chevaliers , Commandeurs
et Officiers de l'Ordre du S.Esprit
, s'étant rendus dans le Cabinet du
Rey , pour l'accompagner à la Messe ;
S. M. tint Chapitre , et proposa pour être
Chevaliers de cet Ordre , le Duc de
Duras , le Duc de Lévy , le Prince de
Tingry , le Comte de Broglio , Ambassadeur
du Roy en Angleterre , le Comte
de Chatillon , le Marquis de Beringhen
premier Ecuyer , le Comte de Rottembourg
, Ambassadeur Extraordinaire du
Roy en Espagne , et le Marquis de la
Fare. Lorsque le Roy en eût signé le
R v Rôle
166 MERCURE DE FRANCE
Rôle , il le remit au Marquis de Breteuil,
Commandeur , Prevôt et Maître des Céremonies
de l'Ordre , qui sortit du Cabinet
pour le faire proclamer par le Hérault.
S. M. se rendit ensuite à la Chapelle
du Château de Versailles , étant précédée
du Duc d'Orleans , du Duc de Bourbon ,
du Comte de Charolois , du Comte de
Clermont , du Duc du Maine , du Pr . de
Dombes , du Comte d'Eu , du Comte de
Toulouse et des Chevaliers , Commandeurs
et Officiers de l'Ordre . Le Roy ,
devant lequel les deux Huissiers de la
Chambre portoient leurs Masses , étoient
en Manteau , le Collier de l'Ordre pardessus
, ainsi que les Chevaliers. S.M.après
avoir assisté à la grande Messe , qui fut
célébrée par l'Abbé Tesnieres, Chapelain
ordinaire de la Chapelle de Musique , fut
reconduit dans son appartement , dans lẹ
même ordre qui avoit été observé en allant
à la Chapelle .
La Reine accompagnée des Dames de
sa Cour , entendit la Messe dans sa Tribune.
L'après midy , L. M. entendirent les
Vêpres , chantées par la Musique,
Le 3. la Reine communia dans la Chapelle
du Château , par les mains du Cardinal
de Fleury , son Grand Aumônier.
Le
JANVIER. 1731. 167
44
mé
Le six , le Pere Boyer , Théatin , nompar
le Roy à l'Evêché de Mirepoix
, fut sacré dans l'Eglise des Minimes
de la Place Royale, par l'Archevêque
de Rouen , assisté des Evêques de Laon et
de Tarbes. Le 12 , ce nouveau Prélat prêta
serment de fidelité entre les mains du
Roy.
Le7 , le Roy et la Reine partirent de
Versailles , pour aller coucher au Château
de Marly , d'où L. M. revinrent à Versailles
le 27. Elles retournerent à Marly
le 3 Février.
Le 14 , l'Abbé de Besons , nommé par
le Roy à l'Evêché de Carcassonne , fut
sacré dans l'Eglise des Théatins , par l'Evêque
Comte de Châlons , assisté de l'Evêque
de Tarbes et de l'Evêque Comte
de Beauvais. Le 21 , il prêta serment de
fidelité entre les mains du Roy.
Le 25 , la Lotterie de la Compagnie des
Indes , pour le remboursement des Actions
, fut tirée en la maniere accoutu
mée , à l'Hôtel de la Compagnie. La Liste
des Num, des Actions et dixième d'Ac-.
tions qui doivent être remboursez , a été
rendue publique , faisant en tout le nom ,
bre de trois cens Actions .
H vj Le
168 MER CURE DE FRANCE
Le 28. l'Abbé de Vaugiraud , ' nommé
par le Roi à l'Evêché d'Angers , fut
sacré dans la Chapelle du Séminaire de
S. Sulpice par l'Evêque de Soissons
nommé à l'Archevêché de Sens , assisté
de l'Evêque Titulaire d'Europée et de
PEvêque de Tarbes. Il prêta serment de
fidelité le 30. entre les mains du Roi.
"
Le 3. de ce mois , il y eut Concert François
au Château des Thuilleries , M. Mouret
fit chanter un Divertissement de sa
composition , qui a pour titre : La Beauté
couronnée. Il fut suivi d'une suite de simphonie
Françoise très bien executée . La
Dile Le Maure chanta la Cantate de Zephire
et Flore , et la De Petitpas la Cantatille
d'Endimion. Le Concert fut terminé
par le Motet Lauda Jerusalem , mis
en Musique par l'Abbé Gaveau.
, Le to. le Sr Toscano Italien , habile
Joueur de Violon , executa un Concerto
qui fut très applaudi. Il y a eu pendant
ce mois Concert tous les Mercredis ; on
y a chanté differens Divertissemens qui
ont toujours été terminés par un Motet
de M. de la Lande.
Le Roi a donné la place de Conseiller
Etat ordinaire , vacante par la mort de
M. Ferrand , à M. d'Harlai , Intendant
da
JANVIER. 1731 . 16.9
de la Generalité de Paris , et S. M. a
nommé Conseiller d'Etat M. Orry , Con
trôleur General des Finances.
On écrit de Tours que l'Académie de
Musique qui y est établie se soutient avec
tant d'émulation , qu'il n'y a plus de place
pour ceux qui désirent s'y agréger . Les
Dames et les Demoiselles de cette Ville
se font un plaisir d'y chanter et concou
rent à l'envi à un divertissement si noble.
Quatre jeunes Académiciens voulurent le
30. de ce mois signaler leur reconnoissance
par un Bal de nuit ; ils choisirent pour
le donner la Sale même du Concert , où
elles avoient merité pendant toute l'année
des applaudissemens toujours nouveaux.
Cette Sale fut ornée des plus beaux
meubles ; toutes les personnes distinguées
de la Ville et des environs furent invitées .
Les Portraits du Roi et de la Reine , placés
dans les endroits les plus éminens
imprimerent le respect et redoublerent
La joye ; neuf grands lustres éclairoient
moins que les autres illuminations qui
furent variées de toutes parts avec autant
de goût que de profusion ; la Cour et la
Façade du Bâtiment étoient ornées de
lampions er de terrines qui produisoient
un très bel effet . Des vins , des liqueurs
et des rafraîchissemens de toute espece
accom
170 MERCURE DE FRANCE ..
accompagnoient les fruits prodigués com- ,
me ils devoient l'être dans le Jardin de
la France ; mais ce qui flatta le plus la
Jeunesse Académicienne qui fit trèsgalament
les honneurs du Bal , c'est la
politesse , la tranquilité et l'ordre avec
lequel il fut executé. Cette Fête brillante ,
qui dura jusqu'à 9. heures du matin , a
reçu tous les applaudissemens qu'elle mérite.
Le Public a été mal informé par les
bruits qui ont couru au sujet de la maladie
dont la Communauté des Religieuses
de l'Abbaye Royale de Montmartre
a été affligée . Il y est mort au commencement
de l'année huit Religieuses du
même mal qui commençoit par un grand
accablement , la fievre et une douleur sous
la mamelle droite , ce qui étoit suivi
d'un crachement de sang qui duroit douze
heures ; ensuite les crachats devenoient
rouillés , la tête lourde et peu doulou-,
reuse , avec un dévoyement. M. Silva y
ayant été envoyé par ordre du Roi , il
reconnut que le fond de la maladie étoit
une fievre maligne , provenant principalement
des mauvaises nourritures , et
en ayant informé la Cour , S. M. toujours
attentive au bien de ses Sujets , a
ouvert sur ce pieux Monastere ses mains
bien
JANVIER. 171 1731.
bien faisantes , et la maladie a cessé.
Le Marquis de Lyonne , incommodé
d'une loupe au bras droit , se mit le mois
passé entre les mains d'un Maréchal ferrand
qu'on lui avoit vanté pour ces sortes
de cures. L'Operateur employa d'abord
des fondans qui ne firent qu'irriter
la tumeur ; les caustiques qu'il appliqua
ensuite réduisirent le malade , après des
douleurs excessives , à la derniere extremité.
Alors on manda le S Faget , Chirurgien
Juré , et de S. A. S. Madame la
Duchesse Doüairiere , qui ayant appellé
les Sr Sylva , Petit et Duphénix , qui virent
l'état déplorable du bras et de la
playe où la gangrene se découvroit avec
tous ses simptômes les plus fâcheux . Dans
le moment le S Faget , du commun avis,
ouvrit le bras depuis la partie supérieure
jusqu'au pli , détacha la tumeur qui pesoit
deux livres , et l'enleva ; l'opération
dura deux minutes. La vigilance de ces
Mrs , secondée du courage et du temperament
du malade font esperer une par
faite guerison..
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE
2.
E de Janvier , les Princes et Princesses
du Sang , et les Seigneurs et
Dames de la Cour eurent l'honneur de
complimenter le Roy et la Reine sur la
nouvelle année .
Les Prevot des Marchands et Echevins,
accompagnez des autres Officiers du
Corps de Ville , rendirent à cette occasion
leurs respects à L. M. à Monseigneur
le Dauphin , à Monseign . le Duc
d'Anjou , et à Mesdames de France.
Le même jour , les Chevaliers , Commandeurs
et Officiers de l'Ordre du S.Esprit
, s'étant rendus dans le Cabinet du
Rey , pour l'accompagner à la Messe ;
S. M. tint Chapitre , et proposa pour être
Chevaliers de cet Ordre , le Duc de
Duras , le Duc de Lévy , le Prince de
Tingry , le Comte de Broglio , Ambassadeur
du Roy en Angleterre , le Comte
de Chatillon , le Marquis de Beringhen
premier Ecuyer , le Comte de Rottembourg
, Ambassadeur Extraordinaire du
Roy en Espagne , et le Marquis de la
Fare. Lorsque le Roy en eût signé le
R v Rôle
166 MERCURE DE FRANCE
Rôle , il le remit au Marquis de Breteuil,
Commandeur , Prevôt et Maître des Céremonies
de l'Ordre , qui sortit du Cabinet
pour le faire proclamer par le Hérault.
S. M. se rendit ensuite à la Chapelle
du Château de Versailles , étant précédée
du Duc d'Orleans , du Duc de Bourbon ,
du Comte de Charolois , du Comte de
Clermont , du Duc du Maine , du Pr . de
Dombes , du Comte d'Eu , du Comte de
Toulouse et des Chevaliers , Commandeurs
et Officiers de l'Ordre . Le Roy ,
devant lequel les deux Huissiers de la
Chambre portoient leurs Masses , étoient
en Manteau , le Collier de l'Ordre pardessus
, ainsi que les Chevaliers. S.M.après
avoir assisté à la grande Messe , qui fut
célébrée par l'Abbé Tesnieres, Chapelain
ordinaire de la Chapelle de Musique , fut
reconduit dans son appartement , dans lẹ
même ordre qui avoit été observé en allant
à la Chapelle .
La Reine accompagnée des Dames de
sa Cour , entendit la Messe dans sa Tribune.
L'après midy , L. M. entendirent les
Vêpres , chantées par la Musique,
Le 3. la Reine communia dans la Chapelle
du Château , par les mains du Cardinal
de Fleury , son Grand Aumônier.
Le
JANVIER. 1731. 167
44
mé
Le six , le Pere Boyer , Théatin , nompar
le Roy à l'Evêché de Mirepoix
, fut sacré dans l'Eglise des Minimes
de la Place Royale, par l'Archevêque
de Rouen , assisté des Evêques de Laon et
de Tarbes. Le 12 , ce nouveau Prélat prêta
serment de fidelité entre les mains du
Roy.
Le7 , le Roy et la Reine partirent de
Versailles , pour aller coucher au Château
de Marly , d'où L. M. revinrent à Versailles
le 27. Elles retournerent à Marly
le 3 Février.
Le 14 , l'Abbé de Besons , nommé par
le Roy à l'Evêché de Carcassonne , fut
sacré dans l'Eglise des Théatins , par l'Evêque
Comte de Châlons , assisté de l'Evêque
de Tarbes et de l'Evêque Comte
de Beauvais. Le 21 , il prêta serment de
fidelité entre les mains du Roy.
Le 25 , la Lotterie de la Compagnie des
Indes , pour le remboursement des Actions
, fut tirée en la maniere accoutu
mée , à l'Hôtel de la Compagnie. La Liste
des Num, des Actions et dixième d'Ac-.
tions qui doivent être remboursez , a été
rendue publique , faisant en tout le nom ,
bre de trois cens Actions .
H vj Le
168 MER CURE DE FRANCE
Le 28. l'Abbé de Vaugiraud , ' nommé
par le Roi à l'Evêché d'Angers , fut
sacré dans la Chapelle du Séminaire de
S. Sulpice par l'Evêque de Soissons
nommé à l'Archevêché de Sens , assisté
de l'Evêque Titulaire d'Europée et de
PEvêque de Tarbes. Il prêta serment de
fidelité le 30. entre les mains du Roi.
"
Le 3. de ce mois , il y eut Concert François
au Château des Thuilleries , M. Mouret
fit chanter un Divertissement de sa
composition , qui a pour titre : La Beauté
couronnée. Il fut suivi d'une suite de simphonie
Françoise très bien executée . La
Dile Le Maure chanta la Cantate de Zephire
et Flore , et la De Petitpas la Cantatille
d'Endimion. Le Concert fut terminé
par le Motet Lauda Jerusalem , mis
en Musique par l'Abbé Gaveau.
, Le to. le Sr Toscano Italien , habile
Joueur de Violon , executa un Concerto
qui fut très applaudi. Il y a eu pendant
ce mois Concert tous les Mercredis ; on
y a chanté differens Divertissemens qui
ont toujours été terminés par un Motet
de M. de la Lande.
Le Roi a donné la place de Conseiller
Etat ordinaire , vacante par la mort de
M. Ferrand , à M. d'Harlai , Intendant
da
JANVIER. 1731 . 16.9
de la Generalité de Paris , et S. M. a
nommé Conseiller d'Etat M. Orry , Con
trôleur General des Finances.
On écrit de Tours que l'Académie de
Musique qui y est établie se soutient avec
tant d'émulation , qu'il n'y a plus de place
pour ceux qui désirent s'y agréger . Les
Dames et les Demoiselles de cette Ville
se font un plaisir d'y chanter et concou
rent à l'envi à un divertissement si noble.
Quatre jeunes Académiciens voulurent le
30. de ce mois signaler leur reconnoissance
par un Bal de nuit ; ils choisirent pour
le donner la Sale même du Concert , où
elles avoient merité pendant toute l'année
des applaudissemens toujours nouveaux.
Cette Sale fut ornée des plus beaux
meubles ; toutes les personnes distinguées
de la Ville et des environs furent invitées .
Les Portraits du Roi et de la Reine , placés
dans les endroits les plus éminens
imprimerent le respect et redoublerent
La joye ; neuf grands lustres éclairoient
moins que les autres illuminations qui
furent variées de toutes parts avec autant
de goût que de profusion ; la Cour et la
Façade du Bâtiment étoient ornées de
lampions er de terrines qui produisoient
un très bel effet . Des vins , des liqueurs
et des rafraîchissemens de toute espece
accom
170 MERCURE DE FRANCE ..
accompagnoient les fruits prodigués com- ,
me ils devoient l'être dans le Jardin de
la France ; mais ce qui flatta le plus la
Jeunesse Académicienne qui fit trèsgalament
les honneurs du Bal , c'est la
politesse , la tranquilité et l'ordre avec
lequel il fut executé. Cette Fête brillante ,
qui dura jusqu'à 9. heures du matin , a
reçu tous les applaudissemens qu'elle mérite.
Le Public a été mal informé par les
bruits qui ont couru au sujet de la maladie
dont la Communauté des Religieuses
de l'Abbaye Royale de Montmartre
a été affligée . Il y est mort au commencement
de l'année huit Religieuses du
même mal qui commençoit par un grand
accablement , la fievre et une douleur sous
la mamelle droite , ce qui étoit suivi
d'un crachement de sang qui duroit douze
heures ; ensuite les crachats devenoient
rouillés , la tête lourde et peu doulou-,
reuse , avec un dévoyement. M. Silva y
ayant été envoyé par ordre du Roi , il
reconnut que le fond de la maladie étoit
une fievre maligne , provenant principalement
des mauvaises nourritures , et
en ayant informé la Cour , S. M. toujours
attentive au bien de ses Sujets , a
ouvert sur ce pieux Monastere ses mains
bien
JANVIER. 171 1731.
bien faisantes , et la maladie a cessé.
Le Marquis de Lyonne , incommodé
d'une loupe au bras droit , se mit le mois
passé entre les mains d'un Maréchal ferrand
qu'on lui avoit vanté pour ces sortes
de cures. L'Operateur employa d'abord
des fondans qui ne firent qu'irriter
la tumeur ; les caustiques qu'il appliqua
ensuite réduisirent le malade , après des
douleurs excessives , à la derniere extremité.
Alors on manda le S Faget , Chirurgien
Juré , et de S. A. S. Madame la
Duchesse Doüairiere , qui ayant appellé
les Sr Sylva , Petit et Duphénix , qui virent
l'état déplorable du bras et de la
playe où la gangrene se découvroit avec
tous ses simptômes les plus fâcheux . Dans
le moment le S Faget , du commun avis,
ouvrit le bras depuis la partie supérieure
jusqu'au pli , détacha la tumeur qui pesoit
deux livres , et l'enleva ; l'opération
dura deux minutes. La vigilance de ces
Mrs , secondée du courage et du temperament
du malade font esperer une par
faite guerison..
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Résumé : « Le 1 de Janvier, les Princes et Princesses du Sang, et les Seigneurs et [...] »
En janvier 1731, plusieurs événements marquants eurent lieu à la cour. Le 2 janvier, les membres de la cour, les Prévôt des Marchands et Échevins, ainsi que les Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit rendirent hommage au Roi et à la Reine. Le Roi proposa sept nouveaux Chevaliers pour cet Ordre, dont le Duc de Duras, le Duc de Lévy et le Comte de Broglio. Après la Messe, célébrée par l'Abbé Tesnières, le Roi retourna dans son appartement, tandis que la Reine écouta la Messe dans sa Tribune. L'après-midi, le Roi écouta les Vêpres chantées par la Musique. Le 3 janvier, la Reine communia dans la Chapelle du Château. Le 6 janvier, le Père Boyer fut sacré Évêque de Mirepoix et prêta serment de fidélité au Roi le 12 janvier. Le 7 janvier, le Roi et la Reine se rendirent au Château de Marly, où ils revinrent le 27 janvier. Le 3 février, ils retournèrent à Marly. Le 14 janvier, l'Abbé de Besons fut sacré Évêque de Carcassonne et prêta serment le 21 janvier. Le 25 janvier, la Lotterie de la Compagnie des Indes fut tirée à l'Hôtel de la Compagnie, remboursant trois cents actions. Le 28 janvier, l'Abbé de Vaugiraud fut sacré Évêque d'Angers et prêta serment le 30 janvier. Des concerts eurent lieu au Château des Tuileries, avec des œuvres de M. Mouret et de l'Abbé Gaveau, et le Sr Toscano exécuta un concerto. Des concerts se tinrent également tous les mercredis du mois. Le Roi nomma M. d'Harlay Conseiller d'État ordinaire et M. Orry Contrôleur Général des Finances. À Tours, l'Académie de Musique connut un grand succès avec des concerts et un bal organisé par des Académiciens le 30 janvier. La Communauté des Religieuses de l'Abbaye Royale de Montmartre fut affectée par une maladie due à de mauvaises nourritures, et le Roi intervint pour améliorer leur situation. Le Marquis de Lyonne subit une opération réussie pour enlever une tumeur au bras.
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9
p. 284-294
ELOGE de Madame de Bois de la Pierre. Lettre écrite à M. D. L. R. par M. A. D. V. D.
Début :
Je m'acquite, Monsieur, de ce que je vous ai promis au sujet de la mort [...]
Mots clefs :
Monastère, Normandie, Canton, Religieuse, Modestie , Poésie, Gaieté, Chapelle, Noblesse, Madame de Bois de la Pierre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ELOGE de Madame de Bois de la Pierre. Lettre écrite à M. D. L. R. par M. A. D. V. D.
ELOGE de Madame de Bois de la Pierre.
Lettre écrite à M. D. L. R. par M. A.
D. V. D.
J
E m'acquite , Monsieur , de ce que
je vous ai promis au sujet de la mort
de Madame de Bois de la Pierre . Tout
notre Canton s'interesse tellement à la
Ferte que nous avons faite de cette pieuse
et sçavante Dame , qu'il a fallu laisser
passer
FEVRIER. 1731. 285
passer quelque tems pour recueillir de
ses Parens et de ses amis affligés les instructions
dont j'avois besoin pour rendre
à sa mémoire les devoirs qui lui sont
si legitimement dûs , et pour satisfaire
aussi à mon inclination et à mes engagemens.
,
par
Mais je dois vous dire Monsieur
avant toutes choses, que je n'aurois jamais,
eu cette satisfaction entiere , si je n'avois
pas été particulierement aidé la Lettre
que M. l'Abbé Morel de Breteuil ,
dont vous connoissez le mérite et la réputation
, écrivit sur ce sujet à Madame
de Courteilles , Religieuse Religieuse de Chaize-
Dieu , Monastere celebre de l'Ordre de
Fontevraud , et digne soeur de notre illustre
defunte , laquelle m'a aussi fait
l'honneur de me donner des instructions.
Cet Abbé étoit plus en état que personne
de faire connoître son veritable caractere,
et de parler dignement de ses rares qualités
, aussi a t'il fait un Portrait très - ressemblant
et des mieux executés , comme
vous le verrez dans la suite de ma Lettre.
Louise Marie de Lanfernat nâquit au
Château de Courteilles le 4. Decembre.
1663. de parens nés dans la Religion
P. R. Ils éleverent leurs Enfans dans
cette même secte ; mais Dieu ayant éclairé
en differens tems le Pere et la Mere , it's
firent
286 MERCURE DE FRANCE
firent aussi en differens tems leur abju
ration , exemple qui fut suivi des deux
filles qui composoient alors toute leur
famille , sçavoir , la Dame dont il s'agit
ici , et Madame de Courteilles , sa soeur ,
aujourd'hui, comme je l'ai dit , Religieuse
de Fontevraud ; elles eurent un frere qui
fut tué à l'Armée.
1
>
La premiere se trouvant au décès de
ses pere et mere seule heritiere de son
nom et de sa Maison en Normandie
par conséquent Dame de Courteilles le
Guerin , du Teil , de Chammoteux & c.
épousa François de l'Omosne , Seigneur
de Bois de la Pierre , Exempt des Gardes
du Corps du Roi , Chevalier de S. Louis,
lequel fut tué en 1709. à la Bataille de
Malplaquay , dont elle n'eut point d'Enfans.
Madame de Bois de la Pierre fut sensiblement
touchée de cette perte ; mais
soumise aux ordres du Ciel , elle mit à
profit son adversité , et ne s'occupa presque
plus que de sa Religion . Le tems qui
fui restoit après ses exercices de pieté fur
rempli par l'étude , et destiné à entretenir
un agréable commerce , avec un nombre
choisi de personnes vertueuses et
éclairées , ce qui a duré jusqu'à sa mort.
Pour entrer là- dessus dans quelque détail
, empruntons une meilleure plume
que
FEVRIER . 1735. 287
que la mienne. Trouvez bon , Monsieur,
que j'inserc ici la Lettre de l'illustre Abbé
dont je vous ai parlé au commencement;
vous m'en sçaurez gré , et le Public avec
yous.
גכ
Ce n'est point négligence , Madame,
c'est surprise , si j'ai differé jusqu'à ce
»jour de vous écrire ; on m'avoit assuré
>> qu'on vous avoit caché la perte que vous
avez faite agréez donc que je joigne
>> mes regrets aux vôtres , ils ne sont que
trop justes ; mais je vois un moyen in-
> nocent de les adoucir ; vous trouverez
» bon que je le mette en oeuvre pour
votre consolation et pour la mienne,
» C'est , Madame , de retracer à nos
>>yeux quelques- uns des traits qui ont
>> rendu cette chere defunte si digne de
>> l'amitié et de la veneration des person-
» nes qui la connoissoient , et qui ont eu
avec elle quelque relation ."
» Avec un esprit solide , capable des
» choses les plus relevées , et rempli des
>> lumieres que peut donner une longue
»application , Madame de Bois de la
»Pierre étoit d'une modestie admirable
» et sa bonté naturelle lui faisoit trouver
» du plaisir à converser avec les person-
»nes les plus simples , même avec des
»Enfans.
Un rare talent pour la Poësie qu'elle
avoit
288 MERCURE DE FRANCE
}
et
» avoit cultivé dès sa plus grande Jeu-
» nesse , ne lui enfla point le coeur ,
»les louanges que ce talent lui attira
» non plus que la liaison qu'il mit entre elle
» et les meilleurs esprits de son tems , ne
» la rendirent point présomptueuse. Elle
>> écrivoit en Prose avec une facilité , une
élegance , une précision qui étonnoient
» les plus habiles de ses amis , et elle en
» eut d'un génie fort au - dessus du com-
>>
>> mun.
Consultée sur toute sorte d'Ouvrages ,
» elle donnoit des avis remplis de justesse.
» Par tout y brilloient cette honnêteté et
» ces manieres gracieuses qui la firent tou-
» jours respecter des personnes qui avoient
» quelque goût pour la vraye et naïve po-
» litesse . Ce caractere domina chez elle
» dans tous les tems et dans toute sa con-
» duite.
ןכ
Sa plus forte inclination fut toujours
» d'obliger ceux qui avoient avec elle
quelque societé. Son extrême attention
» à eviter tout ce qui pourroit faire de la
» peine de sa part , lui avoit appris à dis-
» cerner les défauts opposés dans les au-
» tres. Elle y étoit bien sensible, mais elle
» étoit ingénieuse à les excuser ; les Es-
» prits vains , présomptueux , envieux
médisans , critiques , lui étoient fort à
charge ; elle se contentoit dans ces occafions
FEVRIER. 1731. 289
casions de quelques traits délicats , ca-`
» pables de corriger des personnes intel-
» ligentes et attentives , sans choquer
>> inutilement celles qui manquent de ces
» qualités.
La bonté de son coeur éclatoit sur tout
» dans sa Maison , jamais elle ne contrista
>> sans une necessité bien marquée aucun
» de ceux qui la servoient ; rien ne la fla-
» toit plus que de voir regner chez elle
» un air de gayeté et de satisfaction , et
» elle ne dédaignoit pas d'en procurer de
>> tems en tems les innocens moyens.
» A l'égard de ses amis , elle ne croyoit
» jamais avoir assez fait pour eux ; elle
prévenoit leurs demandes avec un soin
qui alloit jusqu'au scrupule , et jamais
» ils ne lui en firent d'inutiles . Elle avoit
»
» pour les pauvres et pour les affligés une
» tendresse de Mere . Nulles paroles ne
» peuvent exprimer les sentimens qu'elle
» eut pour sa très digne soeur.
>>
"
»
Tout cela dans Madame de Bois de la
Pierre paroissoit comme naturel ; mais
» un grand fonds de pieté en relevoit infiniment
le mérite. Elle avoit embrassé
» la Religion Catholique dans toute la
sincerité de son coeur ; elle en avoit
» gouté et penetré l'esprit , et si sa naissance
, une excellente éducation et la
candeur de son ame avoient quelque
">
part
190 MERCURE DE FRANCE.
>
» part à tant d'actions dignes de l'estime
» du monde même , elle n'ignoroit pas
» l'essentiel , qui est de faire tout dans
» la vûë de plaire à Dieu. C'étoit une
>> douceur toute chrétienne une sage
» humilité , une charité éclairée qui for-
» moient une conduite si exemplaire .
» L'apparence , ou si cela se peut dire ,
le phantôme de ces vertus peut bien se
>> rencontrer dans une fausse Religion et
» dans le parti de l'heresie , mais leur réa-
» lité ne se trouve que dans la vraye Egli-
» se , aussi ne se lassoit - elle point de ren-
» dre graces à Dieu de son heureux chan-
» gement.
Elle souhaita d'avoir dans sa Maison
» une Chapelle , afin d'assister tous les
» jours aux saints Mysteres , et de parti-
» ciper plus fréquemment à la victime
» de notre salut , car éloignée de son
» Eglise Paroissiale et des autres Eglises
» de son quartier , il s'en falloit beau-
» coup que sa dévotion ne fut satisfaite
>> sur ces points.
22
Ses longues infirmités et plusieurs
grandes maladies par lesquelles il a plû
à Dieu de la préparer à la mort , ne
»l'avoient point rendue d'une humeur
» sombre et fâcheuse ; on l'a toujours vûe
la même jusqu'à la fin . Je sens bien ,
disoit- elle , un peu avant que Dieu
Pait
FEVRIER. 1731. 29
W
l'ait appellée , que je n'ai plus qu'un
» soufle de vie ; mais par la bonté divine,
»je ne me trouve point fort effrayée de
» cette derniere heure : j'ai une entiere
>> confiance dans le sacrifice du Sauveur.
>>
Enfin Dieu la frappa pour la derniere
»fois , et permit que son esprit fut pres
>> que aussi abbatu que son corps ; mais
" pour lui faire consommer le sacrifice
de sa vie d'une maniere plus parfaite ,
» pour consoler un peu sa Maison deso-
» lée , et pour édifier ceux qui entendroient
» parler de sa mort , il lui rendit toute
» sa raison , afin qu'elle participat aux
» Sacremens de l'Eglise , ce qu'elle fit
» d'une maniere touchante. Elle rendit
» ensuite son esprit à Dieu et mourut
» dans la paix du Seigneur le 14. du mois.
de Septembre dernier dans le même
» lieu où elle avoit pris naissance.
" Je prie Dieu pour elle , bien per-
»suadé qu'elle sera bientôt en état de me
rendre au centuple ce que j'aurai tâché
de faire pour le repos éternel de son
ame. J'ai l'honneur d'être en une sincere
societé de douleur avec vous , et
avec un très profond respect , Madame,
votre &c. figné MOREL , Prêtre.
A Breteuil le 18. Octobre 1739.
Je n'ai , Monsieur , que peu de chose
292 MERCURE DE FRANCE
à ajouter à ce que vous venez de lire . Il
est bon de ne pas vous laisser ignorer
que cette sçavante Dame a fait plusieurs
Ouvrages qui mériteroient d'être publiés.
Voici ceux qui sont venus à ma connoissance.
L'Histoire du Monastere de
Chaize-Dieu , dont elle étoit voisine , et
où demeure aujourd'hui Madame sa soeur,
dont les grandes qualités mériteraient dés
à présent un Eloge. Ce Monastere nommé
dans les Chartes Casa Dei , fut fondé
dans le 12. siecle par l'ancienne Maison
de Laigle ; il est très distingué dans l'Ordre
de Fontevraud , et encore aujourd'hui
il est composé de soixante Dames de
Choeur , de la premiere Noblesse des
quatre Diocèses qui l'environnent. Il est
de celui d'Evreux , et situé à deux lieuës
de Verneuil , de Breteuil et de Laigle , au
milieu de ces trois Villes. Vous en parlerez,
sans doute, dans la suite de votre Voyage
Litteraire de Normandie.
L'Histoire de l'ancienne Maison de Laigle.
La Genealogie avec les preuves de
toute la veritable noblesse de notre Pays;
on y voit la sienne avec toutes les preu-,
ves qu'elle avoit recueillies des Provinces
de Bourgogne et de Champagne , où il
y a encore des Branches de la Maison
de Lanfernat. Elle est originaire de Brie.
Un Gentilhomme de cette Maison vint
s'établir
·
FEVRIER. 1731. 293
s'établir dans le Perche en 1490. c'étoit
le Trisayeul de notre Sçavante . Lanfernat
porte d'Azur à trois Lozanges d'Or , deux
et une , un Casque de front , pour Supports
un Ange et un Sauvage , et pour Cri ou
Devise : QUI FAIT BIEN L'ENFER
N'A.
Elle a de plus rassemblé plusieurs Mémoires
pour servir à l'Histoire de Normandie
, dans lesquels il se trouve quantité
de choses curieuses qui regardent les
Comtes d'Evreux , les Ducs d'Alençon ,
les Comtes de Mortain , de Mortagne
de Ponthieu , de Breteuil & c.
Enfin cette Dame étoit en relation avec
beaucoup de personnes de Lettres d'un
nom distingué , comme le R. P. de Monfaucon
à qui elle a communiqué bien des
choses pour ses Monumens de la Monar
chie & c. M. de Fontenelle et autres
Membres des differentes Académies , dont
on a trouvé plusieurs Lettres dans son
Cabinet. On y a trouvé aussi l'Histoire
Génealogique de la Maison Royale de France
&c. que le feu P. Simplicien lui avoit
envoyée par reconnoissance des Mémoires
qu'elle lui avoit fournis en grand
nombre. Je n'oublierai pas le sçavant
Charles d'Hozier encore vivant , fils du
celebre Pierre d'Hozier , votre compatrioté
, que vous n'avez pas oublié dans
Marseille Sçavante &c.
Elle
294 MERCURE DE FRANCE
Elle étoit petite niéce de l'Abbé Tallemant
l'ancien , et niéce du dernier , dont
elle a gardé quantité de Lettres qui pourront
un jour faire une suite curieuse de
leur commerce Litteraire .
Quand les scellés apposés dans sa Maison
seront levés , j'aurai de plus grands
éclaircissemens à vous donner pour tout
ce qui concerne Histoire , Erudition
Littérature , par rapport à cette illustre
Dame. Je suis toujours , Monsieur &c.
A Evreux le 15. Decembre 1730.
Lettre écrite à M. D. L. R. par M. A.
D. V. D.
J
E m'acquite , Monsieur , de ce que
je vous ai promis au sujet de la mort
de Madame de Bois de la Pierre . Tout
notre Canton s'interesse tellement à la
Ferte que nous avons faite de cette pieuse
et sçavante Dame , qu'il a fallu laisser
passer
FEVRIER. 1731. 285
passer quelque tems pour recueillir de
ses Parens et de ses amis affligés les instructions
dont j'avois besoin pour rendre
à sa mémoire les devoirs qui lui sont
si legitimement dûs , et pour satisfaire
aussi à mon inclination et à mes engagemens.
,
par
Mais je dois vous dire Monsieur
avant toutes choses, que je n'aurois jamais,
eu cette satisfaction entiere , si je n'avois
pas été particulierement aidé la Lettre
que M. l'Abbé Morel de Breteuil ,
dont vous connoissez le mérite et la réputation
, écrivit sur ce sujet à Madame
de Courteilles , Religieuse Religieuse de Chaize-
Dieu , Monastere celebre de l'Ordre de
Fontevraud , et digne soeur de notre illustre
defunte , laquelle m'a aussi fait
l'honneur de me donner des instructions.
Cet Abbé étoit plus en état que personne
de faire connoître son veritable caractere,
et de parler dignement de ses rares qualités
, aussi a t'il fait un Portrait très - ressemblant
et des mieux executés , comme
vous le verrez dans la suite de ma Lettre.
Louise Marie de Lanfernat nâquit au
Château de Courteilles le 4. Decembre.
1663. de parens nés dans la Religion
P. R. Ils éleverent leurs Enfans dans
cette même secte ; mais Dieu ayant éclairé
en differens tems le Pere et la Mere , it's
firent
286 MERCURE DE FRANCE
firent aussi en differens tems leur abju
ration , exemple qui fut suivi des deux
filles qui composoient alors toute leur
famille , sçavoir , la Dame dont il s'agit
ici , et Madame de Courteilles , sa soeur ,
aujourd'hui, comme je l'ai dit , Religieuse
de Fontevraud ; elles eurent un frere qui
fut tué à l'Armée.
1
>
La premiere se trouvant au décès de
ses pere et mere seule heritiere de son
nom et de sa Maison en Normandie
par conséquent Dame de Courteilles le
Guerin , du Teil , de Chammoteux & c.
épousa François de l'Omosne , Seigneur
de Bois de la Pierre , Exempt des Gardes
du Corps du Roi , Chevalier de S. Louis,
lequel fut tué en 1709. à la Bataille de
Malplaquay , dont elle n'eut point d'Enfans.
Madame de Bois de la Pierre fut sensiblement
touchée de cette perte ; mais
soumise aux ordres du Ciel , elle mit à
profit son adversité , et ne s'occupa presque
plus que de sa Religion . Le tems qui
fui restoit après ses exercices de pieté fur
rempli par l'étude , et destiné à entretenir
un agréable commerce , avec un nombre
choisi de personnes vertueuses et
éclairées , ce qui a duré jusqu'à sa mort.
Pour entrer là- dessus dans quelque détail
, empruntons une meilleure plume
que
FEVRIER . 1735. 287
que la mienne. Trouvez bon , Monsieur,
que j'inserc ici la Lettre de l'illustre Abbé
dont je vous ai parlé au commencement;
vous m'en sçaurez gré , et le Public avec
yous.
גכ
Ce n'est point négligence , Madame,
c'est surprise , si j'ai differé jusqu'à ce
»jour de vous écrire ; on m'avoit assuré
>> qu'on vous avoit caché la perte que vous
avez faite agréez donc que je joigne
>> mes regrets aux vôtres , ils ne sont que
trop justes ; mais je vois un moyen in-
> nocent de les adoucir ; vous trouverez
» bon que je le mette en oeuvre pour
votre consolation et pour la mienne,
» C'est , Madame , de retracer à nos
>>yeux quelques- uns des traits qui ont
>> rendu cette chere defunte si digne de
>> l'amitié et de la veneration des person-
» nes qui la connoissoient , et qui ont eu
avec elle quelque relation ."
» Avec un esprit solide , capable des
» choses les plus relevées , et rempli des
>> lumieres que peut donner une longue
»application , Madame de Bois de la
»Pierre étoit d'une modestie admirable
» et sa bonté naturelle lui faisoit trouver
» du plaisir à converser avec les person-
»nes les plus simples , même avec des
»Enfans.
Un rare talent pour la Poësie qu'elle
avoit
288 MERCURE DE FRANCE
}
et
» avoit cultivé dès sa plus grande Jeu-
» nesse , ne lui enfla point le coeur ,
»les louanges que ce talent lui attira
» non plus que la liaison qu'il mit entre elle
» et les meilleurs esprits de son tems , ne
» la rendirent point présomptueuse. Elle
>> écrivoit en Prose avec une facilité , une
élegance , une précision qui étonnoient
» les plus habiles de ses amis , et elle en
» eut d'un génie fort au - dessus du com-
>>
>> mun.
Consultée sur toute sorte d'Ouvrages ,
» elle donnoit des avis remplis de justesse.
» Par tout y brilloient cette honnêteté et
» ces manieres gracieuses qui la firent tou-
» jours respecter des personnes qui avoient
» quelque goût pour la vraye et naïve po-
» litesse . Ce caractere domina chez elle
» dans tous les tems et dans toute sa con-
» duite.
ןכ
Sa plus forte inclination fut toujours
» d'obliger ceux qui avoient avec elle
quelque societé. Son extrême attention
» à eviter tout ce qui pourroit faire de la
» peine de sa part , lui avoit appris à dis-
» cerner les défauts opposés dans les au-
» tres. Elle y étoit bien sensible, mais elle
» étoit ingénieuse à les excuser ; les Es-
» prits vains , présomptueux , envieux
médisans , critiques , lui étoient fort à
charge ; elle se contentoit dans ces occafions
FEVRIER. 1731. 289
casions de quelques traits délicats , ca-`
» pables de corriger des personnes intel-
» ligentes et attentives , sans choquer
>> inutilement celles qui manquent de ces
» qualités.
La bonté de son coeur éclatoit sur tout
» dans sa Maison , jamais elle ne contrista
>> sans une necessité bien marquée aucun
» de ceux qui la servoient ; rien ne la fla-
» toit plus que de voir regner chez elle
» un air de gayeté et de satisfaction , et
» elle ne dédaignoit pas d'en procurer de
>> tems en tems les innocens moyens.
» A l'égard de ses amis , elle ne croyoit
» jamais avoir assez fait pour eux ; elle
prévenoit leurs demandes avec un soin
qui alloit jusqu'au scrupule , et jamais
» ils ne lui en firent d'inutiles . Elle avoit
»
» pour les pauvres et pour les affligés une
» tendresse de Mere . Nulles paroles ne
» peuvent exprimer les sentimens qu'elle
» eut pour sa très digne soeur.
>>
"
»
Tout cela dans Madame de Bois de la
Pierre paroissoit comme naturel ; mais
» un grand fonds de pieté en relevoit infiniment
le mérite. Elle avoit embrassé
» la Religion Catholique dans toute la
sincerité de son coeur ; elle en avoit
» gouté et penetré l'esprit , et si sa naissance
, une excellente éducation et la
candeur de son ame avoient quelque
">
part
190 MERCURE DE FRANCE.
>
» part à tant d'actions dignes de l'estime
» du monde même , elle n'ignoroit pas
» l'essentiel , qui est de faire tout dans
» la vûë de plaire à Dieu. C'étoit une
>> douceur toute chrétienne une sage
» humilité , une charité éclairée qui for-
» moient une conduite si exemplaire .
» L'apparence , ou si cela se peut dire ,
le phantôme de ces vertus peut bien se
>> rencontrer dans une fausse Religion et
» dans le parti de l'heresie , mais leur réa-
» lité ne se trouve que dans la vraye Egli-
» se , aussi ne se lassoit - elle point de ren-
» dre graces à Dieu de son heureux chan-
» gement.
Elle souhaita d'avoir dans sa Maison
» une Chapelle , afin d'assister tous les
» jours aux saints Mysteres , et de parti-
» ciper plus fréquemment à la victime
» de notre salut , car éloignée de son
» Eglise Paroissiale et des autres Eglises
» de son quartier , il s'en falloit beau-
» coup que sa dévotion ne fut satisfaite
>> sur ces points.
22
Ses longues infirmités et plusieurs
grandes maladies par lesquelles il a plû
à Dieu de la préparer à la mort , ne
»l'avoient point rendue d'une humeur
» sombre et fâcheuse ; on l'a toujours vûe
la même jusqu'à la fin . Je sens bien ,
disoit- elle , un peu avant que Dieu
Pait
FEVRIER. 1731. 29
W
l'ait appellée , que je n'ai plus qu'un
» soufle de vie ; mais par la bonté divine,
»je ne me trouve point fort effrayée de
» cette derniere heure : j'ai une entiere
>> confiance dans le sacrifice du Sauveur.
>>
Enfin Dieu la frappa pour la derniere
»fois , et permit que son esprit fut pres
>> que aussi abbatu que son corps ; mais
" pour lui faire consommer le sacrifice
de sa vie d'une maniere plus parfaite ,
» pour consoler un peu sa Maison deso-
» lée , et pour édifier ceux qui entendroient
» parler de sa mort , il lui rendit toute
» sa raison , afin qu'elle participat aux
» Sacremens de l'Eglise , ce qu'elle fit
» d'une maniere touchante. Elle rendit
» ensuite son esprit à Dieu et mourut
» dans la paix du Seigneur le 14. du mois.
de Septembre dernier dans le même
» lieu où elle avoit pris naissance.
" Je prie Dieu pour elle , bien per-
»suadé qu'elle sera bientôt en état de me
rendre au centuple ce que j'aurai tâché
de faire pour le repos éternel de son
ame. J'ai l'honneur d'être en une sincere
societé de douleur avec vous , et
avec un très profond respect , Madame,
votre &c. figné MOREL , Prêtre.
A Breteuil le 18. Octobre 1739.
Je n'ai , Monsieur , que peu de chose
292 MERCURE DE FRANCE
à ajouter à ce que vous venez de lire . Il
est bon de ne pas vous laisser ignorer
que cette sçavante Dame a fait plusieurs
Ouvrages qui mériteroient d'être publiés.
Voici ceux qui sont venus à ma connoissance.
L'Histoire du Monastere de
Chaize-Dieu , dont elle étoit voisine , et
où demeure aujourd'hui Madame sa soeur,
dont les grandes qualités mériteraient dés
à présent un Eloge. Ce Monastere nommé
dans les Chartes Casa Dei , fut fondé
dans le 12. siecle par l'ancienne Maison
de Laigle ; il est très distingué dans l'Ordre
de Fontevraud , et encore aujourd'hui
il est composé de soixante Dames de
Choeur , de la premiere Noblesse des
quatre Diocèses qui l'environnent. Il est
de celui d'Evreux , et situé à deux lieuës
de Verneuil , de Breteuil et de Laigle , au
milieu de ces trois Villes. Vous en parlerez,
sans doute, dans la suite de votre Voyage
Litteraire de Normandie.
L'Histoire de l'ancienne Maison de Laigle.
La Genealogie avec les preuves de
toute la veritable noblesse de notre Pays;
on y voit la sienne avec toutes les preu-,
ves qu'elle avoit recueillies des Provinces
de Bourgogne et de Champagne , où il
y a encore des Branches de la Maison
de Lanfernat. Elle est originaire de Brie.
Un Gentilhomme de cette Maison vint
s'établir
·
FEVRIER. 1731. 293
s'établir dans le Perche en 1490. c'étoit
le Trisayeul de notre Sçavante . Lanfernat
porte d'Azur à trois Lozanges d'Or , deux
et une , un Casque de front , pour Supports
un Ange et un Sauvage , et pour Cri ou
Devise : QUI FAIT BIEN L'ENFER
N'A.
Elle a de plus rassemblé plusieurs Mémoires
pour servir à l'Histoire de Normandie
, dans lesquels il se trouve quantité
de choses curieuses qui regardent les
Comtes d'Evreux , les Ducs d'Alençon ,
les Comtes de Mortain , de Mortagne
de Ponthieu , de Breteuil & c.
Enfin cette Dame étoit en relation avec
beaucoup de personnes de Lettres d'un
nom distingué , comme le R. P. de Monfaucon
à qui elle a communiqué bien des
choses pour ses Monumens de la Monar
chie & c. M. de Fontenelle et autres
Membres des differentes Académies , dont
on a trouvé plusieurs Lettres dans son
Cabinet. On y a trouvé aussi l'Histoire
Génealogique de la Maison Royale de France
&c. que le feu P. Simplicien lui avoit
envoyée par reconnoissance des Mémoires
qu'elle lui avoit fournis en grand
nombre. Je n'oublierai pas le sçavant
Charles d'Hozier encore vivant , fils du
celebre Pierre d'Hozier , votre compatrioté
, que vous n'avez pas oublié dans
Marseille Sçavante &c.
Elle
294 MERCURE DE FRANCE
Elle étoit petite niéce de l'Abbé Tallemant
l'ancien , et niéce du dernier , dont
elle a gardé quantité de Lettres qui pourront
un jour faire une suite curieuse de
leur commerce Litteraire .
Quand les scellés apposés dans sa Maison
seront levés , j'aurai de plus grands
éclaircissemens à vous donner pour tout
ce qui concerne Histoire , Erudition
Littérature , par rapport à cette illustre
Dame. Je suis toujours , Monsieur &c.
A Evreux le 15. Decembre 1730.
Fermer
Résumé : ELOGE de Madame de Bois de la Pierre. Lettre écrite à M. D. L. R. par M. A. D. V. D.
Madame de Bois de la Pierre, de son nom de naissance Louise Marie de Lanfernat, est née le 4 décembre 1663 au Château de Courteilles dans une famille protestante qui se convertit par la suite au catholicisme. Elle épousa François de l'Omosne, qui fut tué à la bataille de Malplaquet en 1709. N'ayant pas d'enfants, elle se consacra après cette perte à sa foi et à l'étude, cultivant des relations avec des personnes vertueuses et éclairées. L'Abbé Morel de Breteuil, dans une lettre à Madame de Courteilles, sœur de Madame de Bois de la Pierre et religieuse à Fontevraud, décrit son caractère comme étant marqué par un esprit solide, la modestie, la bonté, ainsi qu'un talent pour la poésie et la prose. Elle était également connue pour sa piété sincère et sa charité. Madame de Bois de la Pierre a écrit plusieurs ouvrages, parmi lesquels l'Histoire du Monastère de Chaize-Dieu, l'Histoire de l'ancienne Maison de Laigle, et des mémoires sur la noblesse et l'histoire de Normandie. Elle entretenait des relations avec des personnalités littéraires telles que le Père de Montfaucon et Fontenelle. Madame de Bois de la Pierre est décédée le 14 septembre 1730, entourée de sa famille et de ses amis, après avoir reçu les sacrements de l'Église.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 391-395
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le premier de ce mois, la Reine entendit la Messe [...]
Mots clefs :
Versailles, Roi, Reine, Chevaliers, Ordre, Chapelle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
FRANCE ,
Nouvelles de la Cour , de Paris , & c.
L'essedans la Chapelle du Château de Ver
sailles , et S. M. communia par les mains du
Cardinal de Fleuri , son Grand- Aumônier.
E premier de ce mois , la Reine entendit la
Le 2. Fête de la Purification de la Șainte Vierge,
les Chevaliers , Commandeurs et Officiers des
Ordres du Roi s'étant rendus vers les onze heures
dans le Cabinet de S. M. le Roi tint un Cha ,
pitre , dans lequel le Duc de Levi , le Prince de
Tingry , le Comte de Chatillon et le Marquis
de Beringhen , Premier Ecuyer , qui avoient été
compris dans la promotion des Chevaliers de
l'Ordre du S. Esprit , proposés par S. M. le premier
du mois dernier , furent admis après que
l'Abbé de Pompone , Chancelier des Ordres du
Roi , cut rapporté qu'ils avoient satisfait à ce
qui est porté par les Statuts. Le Chapitre étant
fini , les quatre Chevaliers qui venoient d'être
admis , ct qui s'étoient rendus dans l'appartement
du Roi en habits de Novice , furent introduits
dans le Cabinet , où S. M. les fit Chevaliers de
l'Ordre de S. Michel.
Le Roi sortit ensuite de son appartement pour
aller à la Chapelle du Château de Versailles ;
S. M. étoit précedée du Duc d'Orleans , du Duc
de Bourbon , du Comte de Clermont , du Duc
du Maine , du Prince de Dombes , du Comte
› d'Eu ,
2
292 MERCURE DE FRANCE
d'Eu , du Comte de Toulouse et des Chevaliers ,
Commandeurs et Officiers de l'Ordre ; les Novi
ces marchoient entre les Chevaliers et les Officiers.
Le Roi devant lequel les deux Huissiers de
fa Chambre portoient leurs Masses , étoit en
Manteau , le Collier de l'Ordre par dessus , ainsi
les Chevaliers et le Cardinal de Bissi , Prélat,
Commandeur de l'Ordre du S. Esprit , marchoit
derriere S. M.
que
Le Roi assista à la benediction des Cierges , à
Procession et à la Grande Messe , qui fut celébrée
par l'Abbé Tesnieres , Chapelain ordinaire
de la Chapelle de Musique , et lors qu'elle fut finie
, le Roi quitta son Prie - Dieu et monta à son
Trône auprés de l'Autel , où S. M. reçût les nouveaux
Chevaliers , deux à deux, avec les cerémonies
ordinaires . Le Duc de Chaulnes et le Duc de Tal
lard furent Parrains du Duc de Levy et du Prince
de Tingry ; le Marquis de Goebriant et le Marquis
de Livry le furent du Comte de Chatillon
et du Marquis de Beringhen. Les Chevaliers qui
venoient d'être reçûs ayant pris leurs places suivant
leur rang , le Roi sortit de la Chapelle , et
fut reconduit dans son appartement avec les ce →
rémonies accoûtumées. La Reine s'étoit renduë
avec les Dames de sa Cour dans la Tribune , d'où
elle avoit entendu la grande Messe.
Le premier Fevrier , M. Piat , Recteur de l'U
niversité , accompagné des Députés de sa Compagnie
, alla à Versailles présenter , selon l'usage,
un cierge au Roi et à la Reine. Il eut l'honneur
de haranguer L. M. séparément en présence de
leurs Cours . La même cerémonic fut observée à
l'égard de Monseigneur le Dauphin et de M. le
Duc d'Orleans , comme premier Prince du Sangs
de la Université alla chez M. le Cardinal Mi
nistre
FEVRIER. 1731. 393'
nistre , et ensuite chez M. le Chancelier et chez
M. le Garde des Sceaux , comme Chefs de la Justice
, et dans tous ces endroits M. le Recteur fit
des Harangues au nom de sa Compagnie , et
parla avec beaucoup d'éloquence et de dignité.
Le même jour , M. Chirac , Ancien Professeur
de l'Université de Montpellier , ci - devant Premier
Medecin du Duc d'Orleans , aujourd'hui
Premier Medecin du Roi , reçut au sujet de cette
Charge les complimens de la Faculté de Medecine
de Paris. M. Baron , Docteur Regent er
-Doyen de la Faculté , accompagné de huit Docteurs
, portant la parole , il parla en François
fort él quemment , et M. Chirac répondit avec
beaucoup de politesse et d'énergie.
Au commencement de ce mois , le Roi alla à
la Chasse dans le Parc de Versailles , et S. M.
tua en moins de trois heures de tems près de 300.
piéces de gibier , tant Lievres et Lapins que Farsans
et Perdrix.
Le 8, S. M.prit à Marli le divertissement d'une
course de Traîneaux sur la neige , qui représentoit
une chasse ; celui où le Roi étoit seul , étoit
suivi de quantité d'autres remplis de Seigneurs
et de Dames de la Cour. Les chevaux en étoient
singulierement et richement harnachés avec quantité
de noeuds de rubans , des aigrettes de plume
et des grelots. On avoit mis sur un grand Traineau
, conduit par le Comte de Fimarcon , la figure
d'un Cerf poursuivi par des Chiens , avec
des Piqueurs à cheval sonnant du cor , les autres
Traîneaux suivant à la file ; un autre grand Traîneau
en gondole , rempli de Dantes , étoit conduit
par le Comte de Roussi . Ce Divertissement
(I - qui
384 MERCURE DE FRANCE
qui fut fort goûté , dura prés de quatre heures .
La course passa deux fois sous les fenêtres de
l'appartement de la Reine.
> Le 31. du mois dernier vers les dix heures
du matin , le feu prit à une certaine quantité de
poudre et à des artifices qu'on travailloit dans une
maison à un étage du Faubourg S. Marceau , qui
sauta en l'air , et les maisons voisines ont été
fort endommagées. Une femme y a péri et plu
sieurs personnes ont été blessées. Le proprietaire
de ce Magasin est , dit- on , condamné à faire reparer
tous les dommages causés aux maisons cir-
Convoisines , ce qui avec la perte qu'il a faite
montera à plus de 50000. livres .
L'affaire de M. de la Jonchere , ci - devant
Trésorier General de l'Extraordinaire des Guerres
, a été terminée par Arrêt du Conseil du 16
Janvier dernier , qui le décharge des Jugemens
rendus à la Chambre de l'Arcenal , lesquels S M.
a déclaré comme non avenus..
Le 2 , Fête de la Purification de la Vierge , il y
eut Concert Spirituel au Château des Thuilleries,
qui commença par le Motet Exurgat Deus , de
M. de la Lande ; il fut suivi d'une Hymne à la
Vierge , chantée par la Dlle Le Maure. La Dlle
Erremens chanta un petit Motet , mis en Musique
par M. Mouret , qui fit beaucoup de plaisir ,
de même qu'un autre petit Motet nouveau de la
composition du sieur Le Maire. Le Concert fut
terminé par le Motet Dominus regnavit.
Le 15. de ce mois , la Reine accompagnée des
Dames de sa Cour , alla à l'Eglise Paroissiale de
Versailles , où S. M. assista au Sermon du Pere
Julien,
FEVRIER. 1731. 395
Julien , Religieux Recolet , et ensuite au Salut ,
pendant lequel le Te Deum fut chanté à l'occa
sion du jour de la Naissance du Roi.
Le 26 la Lotterie de la Compagnie des Indes
pour le remboursement des Actions fut tirée en
la maniere accoutumée à l'Hôtel de la Compagnie.
La liste des Numeros des Actions et Dixiémes
d'Actions , qui doivent être remboursées ,
a été rendue publique , faisant en tout le nombre
de 300. Actions.
Sur les représentations qui ont été faites que
les provisions du Carême ne sont pas assez abondantes
cette année , l'Archevêque de Paris a donné
un Mandement , par lequel il permet dans
tout son Diocese de manger des oeufs jusqu'au
Dimanche de la Passion. Le Parlement a aussi
rendu un Arrêt sur le même sujet.
Nouvelles de la Cour , de Paris , & c.
L'essedans la Chapelle du Château de Ver
sailles , et S. M. communia par les mains du
Cardinal de Fleuri , son Grand- Aumônier.
E premier de ce mois , la Reine entendit la
Le 2. Fête de la Purification de la Șainte Vierge,
les Chevaliers , Commandeurs et Officiers des
Ordres du Roi s'étant rendus vers les onze heures
dans le Cabinet de S. M. le Roi tint un Cha ,
pitre , dans lequel le Duc de Levi , le Prince de
Tingry , le Comte de Chatillon et le Marquis
de Beringhen , Premier Ecuyer , qui avoient été
compris dans la promotion des Chevaliers de
l'Ordre du S. Esprit , proposés par S. M. le premier
du mois dernier , furent admis après que
l'Abbé de Pompone , Chancelier des Ordres du
Roi , cut rapporté qu'ils avoient satisfait à ce
qui est porté par les Statuts. Le Chapitre étant
fini , les quatre Chevaliers qui venoient d'être
admis , ct qui s'étoient rendus dans l'appartement
du Roi en habits de Novice , furent introduits
dans le Cabinet , où S. M. les fit Chevaliers de
l'Ordre de S. Michel.
Le Roi sortit ensuite de son appartement pour
aller à la Chapelle du Château de Versailles ;
S. M. étoit précedée du Duc d'Orleans , du Duc
de Bourbon , du Comte de Clermont , du Duc
du Maine , du Prince de Dombes , du Comte
› d'Eu ,
2
292 MERCURE DE FRANCE
d'Eu , du Comte de Toulouse et des Chevaliers ,
Commandeurs et Officiers de l'Ordre ; les Novi
ces marchoient entre les Chevaliers et les Officiers.
Le Roi devant lequel les deux Huissiers de
fa Chambre portoient leurs Masses , étoit en
Manteau , le Collier de l'Ordre par dessus , ainsi
les Chevaliers et le Cardinal de Bissi , Prélat,
Commandeur de l'Ordre du S. Esprit , marchoit
derriere S. M.
que
Le Roi assista à la benediction des Cierges , à
Procession et à la Grande Messe , qui fut celébrée
par l'Abbé Tesnieres , Chapelain ordinaire
de la Chapelle de Musique , et lors qu'elle fut finie
, le Roi quitta son Prie - Dieu et monta à son
Trône auprés de l'Autel , où S. M. reçût les nouveaux
Chevaliers , deux à deux, avec les cerémonies
ordinaires . Le Duc de Chaulnes et le Duc de Tal
lard furent Parrains du Duc de Levy et du Prince
de Tingry ; le Marquis de Goebriant et le Marquis
de Livry le furent du Comte de Chatillon
et du Marquis de Beringhen. Les Chevaliers qui
venoient d'être reçûs ayant pris leurs places suivant
leur rang , le Roi sortit de la Chapelle , et
fut reconduit dans son appartement avec les ce →
rémonies accoûtumées. La Reine s'étoit renduë
avec les Dames de sa Cour dans la Tribune , d'où
elle avoit entendu la grande Messe.
Le premier Fevrier , M. Piat , Recteur de l'U
niversité , accompagné des Députés de sa Compagnie
, alla à Versailles présenter , selon l'usage,
un cierge au Roi et à la Reine. Il eut l'honneur
de haranguer L. M. séparément en présence de
leurs Cours . La même cerémonic fut observée à
l'égard de Monseigneur le Dauphin et de M. le
Duc d'Orleans , comme premier Prince du Sangs
de la Université alla chez M. le Cardinal Mi
nistre
FEVRIER. 1731. 393'
nistre , et ensuite chez M. le Chancelier et chez
M. le Garde des Sceaux , comme Chefs de la Justice
, et dans tous ces endroits M. le Recteur fit
des Harangues au nom de sa Compagnie , et
parla avec beaucoup d'éloquence et de dignité.
Le même jour , M. Chirac , Ancien Professeur
de l'Université de Montpellier , ci - devant Premier
Medecin du Duc d'Orleans , aujourd'hui
Premier Medecin du Roi , reçut au sujet de cette
Charge les complimens de la Faculté de Medecine
de Paris. M. Baron , Docteur Regent er
-Doyen de la Faculté , accompagné de huit Docteurs
, portant la parole , il parla en François
fort él quemment , et M. Chirac répondit avec
beaucoup de politesse et d'énergie.
Au commencement de ce mois , le Roi alla à
la Chasse dans le Parc de Versailles , et S. M.
tua en moins de trois heures de tems près de 300.
piéces de gibier , tant Lievres et Lapins que Farsans
et Perdrix.
Le 8, S. M.prit à Marli le divertissement d'une
course de Traîneaux sur la neige , qui représentoit
une chasse ; celui où le Roi étoit seul , étoit
suivi de quantité d'autres remplis de Seigneurs
et de Dames de la Cour. Les chevaux en étoient
singulierement et richement harnachés avec quantité
de noeuds de rubans , des aigrettes de plume
et des grelots. On avoit mis sur un grand Traineau
, conduit par le Comte de Fimarcon , la figure
d'un Cerf poursuivi par des Chiens , avec
des Piqueurs à cheval sonnant du cor , les autres
Traîneaux suivant à la file ; un autre grand Traîneau
en gondole , rempli de Dantes , étoit conduit
par le Comte de Roussi . Ce Divertissement
(I - qui
384 MERCURE DE FRANCE
qui fut fort goûté , dura prés de quatre heures .
La course passa deux fois sous les fenêtres de
l'appartement de la Reine.
> Le 31. du mois dernier vers les dix heures
du matin , le feu prit à une certaine quantité de
poudre et à des artifices qu'on travailloit dans une
maison à un étage du Faubourg S. Marceau , qui
sauta en l'air , et les maisons voisines ont été
fort endommagées. Une femme y a péri et plu
sieurs personnes ont été blessées. Le proprietaire
de ce Magasin est , dit- on , condamné à faire reparer
tous les dommages causés aux maisons cir-
Convoisines , ce qui avec la perte qu'il a faite
montera à plus de 50000. livres .
L'affaire de M. de la Jonchere , ci - devant
Trésorier General de l'Extraordinaire des Guerres
, a été terminée par Arrêt du Conseil du 16
Janvier dernier , qui le décharge des Jugemens
rendus à la Chambre de l'Arcenal , lesquels S M.
a déclaré comme non avenus..
Le 2 , Fête de la Purification de la Vierge , il y
eut Concert Spirituel au Château des Thuilleries,
qui commença par le Motet Exurgat Deus , de
M. de la Lande ; il fut suivi d'une Hymne à la
Vierge , chantée par la Dlle Le Maure. La Dlle
Erremens chanta un petit Motet , mis en Musique
par M. Mouret , qui fit beaucoup de plaisir ,
de même qu'un autre petit Motet nouveau de la
composition du sieur Le Maire. Le Concert fut
terminé par le Motet Dominus regnavit.
Le 15. de ce mois , la Reine accompagnée des
Dames de sa Cour , alla à l'Eglise Paroissiale de
Versailles , où S. M. assista au Sermon du Pere
Julien,
FEVRIER. 1731. 395
Julien , Religieux Recolet , et ensuite au Salut ,
pendant lequel le Te Deum fut chanté à l'occa
sion du jour de la Naissance du Roi.
Le 26 la Lotterie de la Compagnie des Indes
pour le remboursement des Actions fut tirée en
la maniere accoutumée à l'Hôtel de la Compagnie.
La liste des Numeros des Actions et Dixiémes
d'Actions , qui doivent être remboursées ,
a été rendue publique , faisant en tout le nombre
de 300. Actions.
Sur les représentations qui ont été faites que
les provisions du Carême ne sont pas assez abondantes
cette année , l'Archevêque de Paris a donné
un Mandement , par lequel il permet dans
tout son Diocese de manger des oeufs jusqu'au
Dimanche de la Passion. Le Parlement a aussi
rendu un Arrêt sur le même sujet.
Fermer
Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
En février 1731, plusieurs événements notables se déroulèrent à la cour de France. Le 1er février, la Reine assista à la messe dans la Chapelle du Château de Versailles, tandis que le Roi tint un chapitre pour admettre de nouveaux Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit. Les nouveaux Chevaliers intronisés furent le Duc de Levi, le Prince de Tingry, le Comte de Chatillon et le Marquis de Beringhen. Après la cérémonie, le Roi participa à la bénédiction des cierges, à la procession et à la grande messe, célébrée par l'Abbé Tesnieres. La Reine, accompagnée des Dames de sa Cour, écouta la messe depuis la tribune. Le même jour, M. Piat, Recteur de l'Université, accompagné des Députés de sa Compagnie, présenta un cierge au Roi et à la Reine à Versailles et prononça des harangues en leur présence. La même cérémonie fut observée auprès du Dauphin et du Duc d'Orléans. Le Recteur adressa également des harangues au Cardinal Ministre, au Chancelier et au Garde des Sceaux. M. Chirac, Premier Médecin du Roi, reçut les compliments de la Faculté de Médecine de Paris. Le 8 février, le Roi organisa une course de traîneaux à Marli, représentant une chasse, qui fut appréciée par la Cour. Le 31 janvier, un incendie dû à l'explosion de poudre endommagea plusieurs maisons dans le Faubourg Saint-Marceau, causant la mort d'une femme et blessant plusieurs personnes. Le 2 février, un concert spirituel eut lieu au Château des Tuileries, incluant des motets et des hymnes. Le 15 février, la Reine assista à un sermon et au Salut à l'Église Paroissiale de Versailles, où le Te Deum fut chanté pour célébrer la naissance du Roi. Le 26 février, la lotterie de la Compagnie des Indes pour le remboursement des actions fut tirée à l'Hôtel de la Compagnie. En raison de la pénurie de provisions de Carême, l'Archevêque de Paris permit la consommation d'œufs jusqu'au Dimanche de la Passion, et le Parlement rendit un arrêt sur le même sujet.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 1177-1181
« Le 9. aprés mydi, le Roy se rendit du Château de Marly à la Plaine des Sablons, [...] »
Début :
Le 9. aprés mydi, le Roy se rendit du Château de Marly à la Plaine des Sablons, [...]
Mots clefs :
Roi, Duc d'Orléans, Comte, Chevaliers, Grand-messe, Château de Marly, Reine, Officiers, Chapelle, Appartement
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 9. aprés mydi, le Roy se rendit du Château de Marly à la Plaine des Sablons, [...] »
Le 9. aprés mydi , le Roy se rendit du
Château de Marly à la Plaine des Sablons ,
où S. M, fit la revue des Regimens des
Girdes Françoises et Suisses , qui aprés
avoir fait l'Exercice , défilerent devant
le Roy. La Reine se trouva à cette revuë ,
et S. M. alla ensuite se promener au Cours.
Le to. May le Procez du Comte d'Agenois
fut jugé à la Grand'Chambre , l'Arrêt
porte que sans s'arrêter aux opositions
des 22. Ducs et Pairs de France , il sera
passé outre à la réception du Comte
d'Agenois en la dignité de Duc d'Aiguillon
, Pair de France , pour avoir rang et
stance au Parlement du jour de sa réception
, suivant l'Article 3. de l'Edit de
17 11. Dépens compensés.
Le
1178 MERCURE DE FRANCE
Le 13. jour de la Pentecôre ,. le; Che
valiers , Commandeurs et Officiers des
Ordres du Roy , s'étant , rendus vers les
onze heures dins le Cabinet de S. M.
le Roy tint un Chapitre dans lequel le
Duc de Duras et le Comte de Broglie qui
avoit été compris dans la promotion des
Chevaliers de l'Ordre du S. Esprit , proposés
par S. M. le 1. du mois de Janvier
dernier , furent admis , ainsi que le Comte
de Rottembourg , auquel S. M. a ordonné
qu'on envoya la Croix et le Cordon
bleu. Le Chapitre étant fini , le Duc de
Duras , le Comte de Broglie et le Marquis
de la Fare qui avoient été admis dans
le Chapitre tenu le 2 , de Fevrier dernier ,
s'étant rendus dans l'appartement du Roy
en habit, de Novices , furent introduits
dans le Cabinet , où S. M. les fit Chevaliers
de l'Ordre de S. Michel. Le Roy
sortit ensuite de son appartement pour
aller à la Chapelle du Château. S. M.
étoit précedée du Duc d'Orleans , du
Duc de Bourbon , du Comte de Charolois
, du Duc du Maine , du Prince de
Dombes , du Comte d'Eu , du Comte de
Toulouse , et des Chevaliers , Commandeurs
et Officiers de l'Ordre : les Novices
marchoient entre les Chevaliers et les
Officiers. Le Roy devant lequel les deux
Huissiers
MAY. 1731. 1179
Huissiers de la Chambre portoient leurs
Masses , étoit en manteau , le Collier de
l'Ordre par dessus , ainsi. que les Chevaliers
; et le Cardinal de Bissy , Prelat Commandeur
de l'Ordre du S. Esprit , marchoit
derriere S. M. Le Roy assista à la
Grande Messe , et lorsqu'elle fut finie ,.
S. M. quitta son Prie Dieu et monta à son
Trône auprés de l'Autel , où les trois nonveaux
Chevaliers furent réçûs avec les
Ceremonie; ordinaires , ayant pour Parrains
le Duc de Levy e le Marquis de
Brancas. Les Chevaliers qui venoient
d'être reçus , ayant pris leurs places suivant
leur rang , le Roy sortit de la Chipelle
, et fut réconduit dans son appartement
avec les Ceremonics accoutumées.
les La Reine qui avoit communié par
mains du Cardinal de Fleury , son Grand
Aumônier , se rendit avec les Dames de
Sa Cour dans la Tribune , où S. M. entendit
la Grande Messe .
,
L'aprés mydi , le Roy et la Reine accompagnés
du Duc d'Orleans , du Prince
de Conty , du Duc du Maine , du Prince
de Dombe , du Comte d'Eu et du Comte
de Toulouse , entendirent le Sermon
l'Abbé Causse , et ensuite les Vêpres.
Le14 le Roy révêtu du grand Collier de
FOrdre du S. Esprit , se rendit à la Chapelle
180 MERCURE DE FRANCE
pelle du Château , où S. M. entendit la
Messe et communia par les mains de l'Abbé
de Bellefons , Aumônier du Roy en
quartier. Ensuite le Roy toucha un grand
nombre de Malades.
Le jour de la Fête Dieu , le Roy accompagné
du Duc d'Orleans , du Prince de
Dombes , du Comté d'Eu , et de ses
Principaux Officiers , se rendit à l'Eglise
de la Paroisse de Versailles , où S. M. entendit
la Grande Messe , aprés avoir assisté
à la Procession qui vint suivant l'usage
à la Chapelle du Château . La Reine s'étoit
renduë å sa Tribune , avant que la Procession
arrivat , et S. M. y entendit la
Messe. Monseigneur le Dauphin , Monseigneur
le Duc d'Anjou , et Mesdames de
France , aprés avoir vû passer la Procession
, allerent à la Chapelle , où ils assisterent
à la Messe.
Le17. aprés mydi , le Roy fit au champ
de Mars prés du Château de Marly , la
revue des quatre Compagnies des Gardes
du Corps et de celle des Grenadiers à
cheval.
Le 22. le Duc de Bouflers prêta serment
prit séance au Parlement en qualité de
Pair de France.
Le 25. la Loterie de la Compagnie des
Indes , pour le remboursement des Actions
MAY. 1731 . 1181
tions ,fut tirée en la maniere accoutumée ,
à l'Hôtel de la Compagnie. La Liste des
Numeros gagnans des Actions , et dixiémes
d'Actions qui doivent être remboursées
, a été renduë publique ; faisant en
tout le nombre de 294. Actions.
Château de Marly à la Plaine des Sablons ,
où S. M, fit la revue des Regimens des
Girdes Françoises et Suisses , qui aprés
avoir fait l'Exercice , défilerent devant
le Roy. La Reine se trouva à cette revuë ,
et S. M. alla ensuite se promener au Cours.
Le to. May le Procez du Comte d'Agenois
fut jugé à la Grand'Chambre , l'Arrêt
porte que sans s'arrêter aux opositions
des 22. Ducs et Pairs de France , il sera
passé outre à la réception du Comte
d'Agenois en la dignité de Duc d'Aiguillon
, Pair de France , pour avoir rang et
stance au Parlement du jour de sa réception
, suivant l'Article 3. de l'Edit de
17 11. Dépens compensés.
Le
1178 MERCURE DE FRANCE
Le 13. jour de la Pentecôre ,. le; Che
valiers , Commandeurs et Officiers des
Ordres du Roy , s'étant , rendus vers les
onze heures dins le Cabinet de S. M.
le Roy tint un Chapitre dans lequel le
Duc de Duras et le Comte de Broglie qui
avoit été compris dans la promotion des
Chevaliers de l'Ordre du S. Esprit , proposés
par S. M. le 1. du mois de Janvier
dernier , furent admis , ainsi que le Comte
de Rottembourg , auquel S. M. a ordonné
qu'on envoya la Croix et le Cordon
bleu. Le Chapitre étant fini , le Duc de
Duras , le Comte de Broglie et le Marquis
de la Fare qui avoient été admis dans
le Chapitre tenu le 2 , de Fevrier dernier ,
s'étant rendus dans l'appartement du Roy
en habit, de Novices , furent introduits
dans le Cabinet , où S. M. les fit Chevaliers
de l'Ordre de S. Michel. Le Roy
sortit ensuite de son appartement pour
aller à la Chapelle du Château. S. M.
étoit précedée du Duc d'Orleans , du
Duc de Bourbon , du Comte de Charolois
, du Duc du Maine , du Prince de
Dombes , du Comte d'Eu , du Comte de
Toulouse , et des Chevaliers , Commandeurs
et Officiers de l'Ordre : les Novices
marchoient entre les Chevaliers et les
Officiers. Le Roy devant lequel les deux
Huissiers
MAY. 1731. 1179
Huissiers de la Chambre portoient leurs
Masses , étoit en manteau , le Collier de
l'Ordre par dessus , ainsi. que les Chevaliers
; et le Cardinal de Bissy , Prelat Commandeur
de l'Ordre du S. Esprit , marchoit
derriere S. M. Le Roy assista à la
Grande Messe , et lorsqu'elle fut finie ,.
S. M. quitta son Prie Dieu et monta à son
Trône auprés de l'Autel , où les trois nonveaux
Chevaliers furent réçûs avec les
Ceremonie; ordinaires , ayant pour Parrains
le Duc de Levy e le Marquis de
Brancas. Les Chevaliers qui venoient
d'être reçus , ayant pris leurs places suivant
leur rang , le Roy sortit de la Chipelle
, et fut réconduit dans son appartement
avec les Ceremonics accoutumées.
les La Reine qui avoit communié par
mains du Cardinal de Fleury , son Grand
Aumônier , se rendit avec les Dames de
Sa Cour dans la Tribune , où S. M. entendit
la Grande Messe .
,
L'aprés mydi , le Roy et la Reine accompagnés
du Duc d'Orleans , du Prince
de Conty , du Duc du Maine , du Prince
de Dombe , du Comte d'Eu et du Comte
de Toulouse , entendirent le Sermon
l'Abbé Causse , et ensuite les Vêpres.
Le14 le Roy révêtu du grand Collier de
FOrdre du S. Esprit , se rendit à la Chapelle
180 MERCURE DE FRANCE
pelle du Château , où S. M. entendit la
Messe et communia par les mains de l'Abbé
de Bellefons , Aumônier du Roy en
quartier. Ensuite le Roy toucha un grand
nombre de Malades.
Le jour de la Fête Dieu , le Roy accompagné
du Duc d'Orleans , du Prince de
Dombes , du Comté d'Eu , et de ses
Principaux Officiers , se rendit à l'Eglise
de la Paroisse de Versailles , où S. M. entendit
la Grande Messe , aprés avoir assisté
à la Procession qui vint suivant l'usage
à la Chapelle du Château . La Reine s'étoit
renduë å sa Tribune , avant que la Procession
arrivat , et S. M. y entendit la
Messe. Monseigneur le Dauphin , Monseigneur
le Duc d'Anjou , et Mesdames de
France , aprés avoir vû passer la Procession
, allerent à la Chapelle , où ils assisterent
à la Messe.
Le17. aprés mydi , le Roy fit au champ
de Mars prés du Château de Marly , la
revue des quatre Compagnies des Gardes
du Corps et de celle des Grenadiers à
cheval.
Le 22. le Duc de Bouflers prêta serment
prit séance au Parlement en qualité de
Pair de France.
Le 25. la Loterie de la Compagnie des
Indes , pour le remboursement des Actions
MAY. 1731 . 1181
tions ,fut tirée en la maniere accoutumée ,
à l'Hôtel de la Compagnie. La Liste des
Numeros gagnans des Actions , et dixiémes
d'Actions qui doivent être remboursées
, a été renduë publique ; faisant en
tout le nombre de 294. Actions.
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Résumé : « Le 9. aprés mydi, le Roy se rendit du Château de Marly à la Plaine des Sablons, [...] »
Du 9 au 17 mai 1731, plusieurs événements significatifs se déroulèrent à la cour de France. Le 9 mai, le roi passa en revue les régiments des Gardes Françaises et Suisses à la Plaine des Sablons, en présence de la reine. Le 10 mai, le procès du Comte d'Agenois fut jugé à la Grand'Chambre, confirmant sa réception en tant que Duc d'Aiguillon et Pair de France, malgré les oppositions des Ducs et Pairs. Le 13 mai, jour de la Pentecôte, le roi tint un chapitre des Ordres du Roy, admettant le Duc de Duras, le Comte de Broglie et le Comte de Rottembourg. Une cérémonie eut lieu à la Chapelle du Château, où les nouveaux Chevaliers furent reçus avec les cérémonies ordinaires. La reine communia et assista à la Grande Messe. L'après-midi, le roi et la reine écoutèrent un sermon et les vêpres. Le 14 mai, le roi, revêtu du grand Collier de l'Ordre du Saint-Esprit, entendit la messe et communia avant de toucher un grand nombre de malades. Le jour de la Fête Dieu, le roi et la reine assistèrent à la procession et à la messe à l'église paroissiale de Versailles. Le 17 mai, le roi passa en revue les compagnies des Gardes du Corps et des Grenadiers à cheval au champ de Mars près du Château de Marly. Le 22 mai, le Duc de Boufflers prêta serment et prit séance au Parlement en qualité de Pair de France. Le 25 mai, la loterie de la Compagnie des Indes pour le remboursement des actions fut tirée à l'Hôtel de la Compagnie, avec 294 actions remboursées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 1997-1999
« L'attention continuelle & particuliere que nous avons sur tout ce qui regarde les beaux Arts, [...] »
Début :
L'attention continuelle & particuliere que nous avons sur tout ce qui regarde les beaux Arts, [...]
Mots clefs :
Beaux Arts, Buste, Sculpture, Chapelle, Tableau, Assomption
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'attention continuelle & particuliere que nous avons sur tout ce qui regarde les beaux Arts, [...] »
L'attention continuelle & particuliere que nous
avons sur tout ce qui regarde les beaux Arts ,
nous oblige à ne pas garder le silence sur un Ouvrage public et singulier. On le voit à Paris dans
la Chapelle de la Vierge de l'Eglise Paroissiale
de S. Sauveur , où l'on a fait un heureux alliage
de la Peinture , de la Sculpture et de l'Architecture.
Cette Chapelle est peinte par M. Noël- Nico-
1998 MERCURE DE FRANCE
las Coypel , Peintre ordinaire du Roi , et Adjoint-Professeur en son Académie. L'Architecture de l'Autel est de M. Blondel , Architecte du
Roi , d'un ordre composite. Il est adossé contre
le mur des bas côtez de l'Eglise ; on le découvre
aisément par trois grandes arcades par où l'on
entre dans la Chapelle. Quatre pilliers dans les
encoigneures reçoivent la retombée de quatre
pendentifs qui rachetent le tambour d'une coupole de 22 pieds de diametre.
Le Tableau represente l'Assomption de la sainte Vierge. Elle paroît dans un ravissement de
joye convenable au Sujet ; plusieurs Anges l'en- vironnent dans différentes actions d'admiration
et de respect ; ce morceau comme sujet principal
occupe la partie qui eft précisément au- dessus de
P'Autel , & attire les premiers regards. Plusieurs
Groupes d'Anges , les uns peints , les autres en
sculpture de relief , sont representés dans les
pendentifs et sur le couronnement de l'Autel ;
quelques-uns forment des concerts , et la plus
grande partie pour honorer le Triomphe de la
Vierge , exposent à la vûë l'Arche d'Alliance ' et
ses autres symboles. Toutes ces Peintures et
Sculptures sont au- dessous de la Corniche , c'està- dire , à 19 ou 20 pieds de haut.
Le Plafond represente un Ciel qui s'ouvre pour
recevoir la sainte Vierge , le S. Esprit descend
au devant d'elle , le Pere Eternel est assis , ayant
J. C. à sa droite ; il est environné d'Anges et de
Saints Patriarches , et de quelques Saints du
nouveau Testament , n'y ayant introduit que
ceux qui y étoient placez lorsque la sainte Vierge y fut reçûe.
Cette voûte est presque platte , et n'a que sept
pouces de bombement. Les Sculptures que l'on voit
SEPTEMBR E. 1732. 1999
Voit dans cet Ouvrage sont de M. Jean- Baptiste
le Moine , le fils , Sculpteur de l'Académie Roya
le , qui dans une grande jeunesse a déja tout le
mérite d'un homme consommé dans son Art ,
& qui a sçû traiter sa Sculpture avec toute l'intelligence possible, pour qu'elle se liât avec la Peinture , M. Coypel ne s'étant servi de sculpture que dans les endroits où les saillies de l'Architecture
ne lui permettoient pas d'introduire la Peinture
et en même tems pour lier toute sa composition ;
ensorte que cela pût produire un même tout , et
donner plus de mouvement à tout le Sujet. Les
Curieux qui ont été voir cet Ouvrage , l'unique
que nous ayons en France de cette espece , ont
trouvé que les liaisons étoient justes , et que l'habile Peintre avoit heureusement rempli ce qu'on
attendoit de lui pour l'effet de cet Ouvrage singulier.
>
M. le Moine , dont nous venons de parler est
le même qui a fait depuis peu le Portrait du Roi
en Buste , d'une ressemblance parfaite , où l'on trouve toutes les finesses de l'Art. Ce Buste doit
servir de modele pour la Statue Equestre en bronze , à laquelle M. le Moine travaille actuellement pour la Ville de Bordeaux. On en voit
avec grand plaisir le modele dans son Attelier au Roule.
avons sur tout ce qui regarde les beaux Arts ,
nous oblige à ne pas garder le silence sur un Ouvrage public et singulier. On le voit à Paris dans
la Chapelle de la Vierge de l'Eglise Paroissiale
de S. Sauveur , où l'on a fait un heureux alliage
de la Peinture , de la Sculpture et de l'Architecture.
Cette Chapelle est peinte par M. Noël- Nico-
1998 MERCURE DE FRANCE
las Coypel , Peintre ordinaire du Roi , et Adjoint-Professeur en son Académie. L'Architecture de l'Autel est de M. Blondel , Architecte du
Roi , d'un ordre composite. Il est adossé contre
le mur des bas côtez de l'Eglise ; on le découvre
aisément par trois grandes arcades par où l'on
entre dans la Chapelle. Quatre pilliers dans les
encoigneures reçoivent la retombée de quatre
pendentifs qui rachetent le tambour d'une coupole de 22 pieds de diametre.
Le Tableau represente l'Assomption de la sainte Vierge. Elle paroît dans un ravissement de
joye convenable au Sujet ; plusieurs Anges l'en- vironnent dans différentes actions d'admiration
et de respect ; ce morceau comme sujet principal
occupe la partie qui eft précisément au- dessus de
P'Autel , & attire les premiers regards. Plusieurs
Groupes d'Anges , les uns peints , les autres en
sculpture de relief , sont representés dans les
pendentifs et sur le couronnement de l'Autel ;
quelques-uns forment des concerts , et la plus
grande partie pour honorer le Triomphe de la
Vierge , exposent à la vûë l'Arche d'Alliance ' et
ses autres symboles. Toutes ces Peintures et
Sculptures sont au- dessous de la Corniche , c'està- dire , à 19 ou 20 pieds de haut.
Le Plafond represente un Ciel qui s'ouvre pour
recevoir la sainte Vierge , le S. Esprit descend
au devant d'elle , le Pere Eternel est assis , ayant
J. C. à sa droite ; il est environné d'Anges et de
Saints Patriarches , et de quelques Saints du
nouveau Testament , n'y ayant introduit que
ceux qui y étoient placez lorsque la sainte Vierge y fut reçûe.
Cette voûte est presque platte , et n'a que sept
pouces de bombement. Les Sculptures que l'on voit
SEPTEMBR E. 1732. 1999
Voit dans cet Ouvrage sont de M. Jean- Baptiste
le Moine , le fils , Sculpteur de l'Académie Roya
le , qui dans une grande jeunesse a déja tout le
mérite d'un homme consommé dans son Art ,
& qui a sçû traiter sa Sculpture avec toute l'intelligence possible, pour qu'elle se liât avec la Peinture , M. Coypel ne s'étant servi de sculpture que dans les endroits où les saillies de l'Architecture
ne lui permettoient pas d'introduire la Peinture
et en même tems pour lier toute sa composition ;
ensorte que cela pût produire un même tout , et
donner plus de mouvement à tout le Sujet. Les
Curieux qui ont été voir cet Ouvrage , l'unique
que nous ayons en France de cette espece , ont
trouvé que les liaisons étoient justes , et que l'habile Peintre avoit heureusement rempli ce qu'on
attendoit de lui pour l'effet de cet Ouvrage singulier.
>
M. le Moine , dont nous venons de parler est
le même qui a fait depuis peu le Portrait du Roi
en Buste , d'une ressemblance parfaite , où l'on trouve toutes les finesses de l'Art. Ce Buste doit
servir de modele pour la Statue Equestre en bronze , à laquelle M. le Moine travaille actuellement pour la Ville de Bordeaux. On en voit
avec grand plaisir le modele dans son Attelier au Roule.
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Résumé : « L'attention continuelle & particuliere que nous avons sur tout ce qui regarde les beaux Arts, [...] »
La chapelle de l'église paroissiale de Saint-Sauveur à Paris présente une œuvre publique remarquable combinant peinture, sculpture et architecture. Noël Nicolas Coypel, peintre du roi et adjoint-professeur à l'Académie royale de peinture et de sculpture, a peint la chapelle. L'architecture de l'autel, de style composite, est conçue par Jacques-François Blondel, architecte du roi. L'autel est adossé au mur des bas-côtés de l'église et accessible par trois grandes arcades. Quatre piliers supportent des pendentifs qui soutiennent une coupole de 22 pieds de diamètre. Le tableau principal représente l'Assomption de la Vierge Marie, entourée d'anges en diverses attitudes d'admiration et de respect. Des groupes d'anges, peints et sculptés en relief, sont présents dans les pendentifs et sur le couronnement de l'autel. Le plafond illustre le ciel s'ouvrant pour recevoir la Vierge, avec le Saint-Esprit descendant à sa rencontre, le Père Éternel assis avec Jésus-Christ à sa droite, et des anges ainsi que des saints patriarches et saints du Nouveau Testament. Les sculptures sont réalisées par Jean-Baptiste le Moine, sculpteur de l'Académie royale, qui a su intégrer harmonieusement la sculpture et la peinture. Les visiteurs ont apprécié la justesse des liaisons entre les différents éléments artistiques. Le Moine a également réalisé un buste du roi, servant de modèle pour une statue équestre en bronze pour la ville de Bordeaux, visible dans son atelier au Roule.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 1521-1534
SUITE du Voyage de Basse Normandie. LETTRE XII.
Début :
Il est temps, Monsieur, de quitter l'Antique pour le Moderne ; je ne vous [...]
Mots clefs :
Comte de Matignon, Basse-Normandie, Torigny, Épitaphe, Épouse, Marbre, Château, Normandie, Maréchal de Matignon, Général, Chapelle, Mausolée
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texteReconnaissance textuelle : SUITE du Voyage de Basse Normandie. LETTRE XII.
SUITE du Voyage de Basse
Normandie.
LETTRE XH.
L est temps , Monsieur , de quitter
le
dirai plus rien de l'Inscription Romaine
de Torigny , si ce n'est peut- être quand
elle aura été exactement gravée avec ses
abbréviations bizares , &c. à quoi je songe
actuellement. Il ne sera queſtion dans
cette Lettre que de vous donner une
idée du Château de Torigny & de fes dépendances.
Ce Lieu charmant où nous
avons passé des momens si agréables ,
mérite bien cette attention de moi ; je
la dois aussi à votre curiosité et à la suite
de mes narrations sur le voyage de
Basse Normandie.
Le Château de Torigny , quoiqu'un
Cv
pew
1522 MERCURE DE FRANCE
peu irrégulier dans sa structure, a un certain
air de grandeur qui frape au premier
aspect. La premiere Entrée n'en est
point heureuse , étant occupée du côté
du Bourg , par la principale Eglise Paroissiale
. On trouve d'abord une grande
Porte , de laquelle on monte sur une
Terrasse spacieuse qui sert d'Avant-Cour;
elle est fort élevée , revêtuë de Masson->
nerie et ornée d'une Balustrade qui re- "
gne tout autour. On passe de là sur un
Pont- le-vis pour entrer dans la Cour
laquelle , aussi - bien que le Château , est
>
entourée de Fossez revêtus . Le Plan du
Château représente une Equierre , auxdeux
extrémitez de laquelle il y a deux
gros Pavillons et un troifiéme dans l'Angle.
Joachim , Sire de Matignon , Chevalier
de l'Ordre du Roy , et Lieutenant Géné
ral de Normandie , fit bâtir le premier et
le plus gros de ces Pavillons , il est tout
de Pierre de taille , d'un goût antique , et
fort élevé. La Maréchal de Matignon ,
Gouverneur de Guienne , &c. fit bâtir,
enfuite ce qui se trouve depuis ce Pavil
lon , jusqu'à celui qui termine l'Equierre
, lequel a été construit en 1692. par;
M. le Comte de Matignon ,
Les Faces de tout ce Château , depuis
le
JUILLET. 1733. 1523
le premier Pavillon , sont décorées d'un
ordre Dorique en bas et d'un ordre lonique
au dessus ; le tout avec un Bossage,
dont la dispofition des Assises , construites
alternativement de Pierres rouges
blanches et bleuâtres , fait un effet aussi
singulier qu'admirable .
Dans la face qui regarde la Cour , regnent
plusieurs Galleries, ornées de tresbelles
Peintures, qui représentent les principales
Alliances des Seigneurs de Matignon,
les Batailles où ils se sont distinguez ,
& c. De l'une de ces Gale ies on passe sur
une grande Terrasse , qui regne le long de
la face opposée, depuis le Pavillon de l'Angle,
jusqu'au Pavillon neuf.On a là en perspective
une magnifique Cascade et deux
grandes Piéces d'Eau des deux côtez ,
dont l'une fait face à l'Avant- Cour . Tout
cela , avec les Allées , les Bosquets et le
Terrain orné , qui s'étend plus d'une demi-
lieuë de ce même côté , fait un fort
bel effet à la vuë.
On voit aussi du même Endroit , environ
à une lieuë de distance , un petit
Château , bâti pour le plaisir de la Chasse ;
entre le premier Pavillon et celui de l'Angle
; dans un juste milieu , est un grand
Vestibule , qui conduit par un Pont - le
vis , dans un beau Parterre, et le Parterre
C vj
mê1524
MERCURE DE FRANCE
méne à l'Orangerie . Henry de Matignon ',
Lieutenant Général de Normandie , &c,
qui vivoit en 1680. la fit bâtir ; mais
comme depuis elle s'est trouvée trop
étroite pour le grand nombre d'Orangers
qu'il y a aujourd'hui , on se prépare
à en bâtir une autre beaucoup plus
belle et plus spacieuse. On passe de ce
Parterre sur une grande Terrasse , revêtuë
de Massonnerie , où l'on a encore une
tres belle vûë. On a aussi le plaisir l'Eté
de s'y promener à l'ombre d'une petite
Forêt d'Orangers , chose des plus rares
dans le fond de la Normandie. On voit
bien , au reste, que la situation du Terrain
étant d'elle - même assez ingrate , il
en a prodigieusement coûté en remuemens
de terres pour mettre les choses
dans la belle situation où elles sont.
Je ne vous dirai rien de l'interieur de
ce Château , tout y répond à sa magnificence
extérieure,àu bon goût , à la qualité
et à la distinction des Seigneurs qui
l'habitent .
Je passai un temps considérable dans
l'Eglise Paroissiale de S. Laurent , à examiner
les differens Mausolées et à lire les
Epitaphes de plusieurs Seigneurs qui y
sont inhumez. D'abord on me fit entrer
dans une Chapelle , qui est au côté droit
du
JUILLET. 1735. 1525
du Grand Autel , où est le Mausolée de
Joachim , Sire de Matignon , et de Fran
çoise de Daillon son Epouse , dont les figures,
de grandeur naturelle, s'y voyent
couchées , ayant à leurs pieds , l'une un
Lyon et l'autre un Chien . Une Epitaphe
en lettres d'or , sur un Marbre noir , apprend
que ce Seigneur étoit Chevalier
de l'Ordre du Roy , Conseiller d'Etat ,
Capitaine de so hommes d'Armes , Lieutenant
General en toute la Normandie.
Que n'ayant point eu d'Enfants de son
Epouse , veuve de Jacques de Rohan , ik
eût pour successeur en ligne collatérale
Jacques de Matignon , Maréchal de Fran
ce , représentant Jacques de Matignon ,
Seigneur de la Roche , son Pere , Frere
unique et puîné de Joachim . Icelui Jacque
, dir l'Epitaphe, fûr Colonel des Suisses
, et décéda aux Guerres de Piémont
en 1537. Joachim , son aîné , mourut en
1542 , et son Epouse en 1540.
Dans la même Chapelle est aussi inhumé
François , Sire de Matignon , fils de
Charles et de Madame Léonor d'Orleans .
Son Epitaphe ,gravée sur un Marbre noir,
au dessus de la Porte , doit avoir icy sa
place.
» Peu de personnes ont eu une nais-
» sance aussi illustre. Le sang de tout ce
qu'il
1526 MERCURE DE FRANCE
» qu'il y a de Souverain dans l'Europe ſe
» voit uni à l'ancienne Tige , dont il ti-
" roit son origine; ayant eu l'honneur de
» se voir au quatrième dégré , avec les
» Rois de France , d'Espagne et d'Angle-
» terre; son courage et ses actions répon-
» dirent à sa grande noblesse. Il se dis
» tingua dès l'âge de 16 ans , aux Guer-
» res d'Italie , sous son frere aîné , Jac-
" ques de Matignon , Comte de Thori
» gny , Colonel Général de la Cavalerie
» légere et se signala ensuite au Siége de
» la Rochelle et à l'Isle de Rhé , avec son
» Régiment d'Infanterie; et après fût Co-
» lonel de la Cavalerie , Maréchal de
Camp , et Lieutenant Général dans les
» Armées du Roy. Ses services lui firent
» mériter les Charges et Gouvernemens
» de ses Peres. Il fut le fixiéme Lieutenant
,
Général de cette Province , et le cin-
» quiéme Chevalier des Ordres du Roy ,
» avec le Seigneur Evêque de Lisieux son
» frere. Sa justice et sa bonté ont attiré les
» regrets de tous ceux qui étoient sous
» son Gouvernement. Il mourut à Tho-
> rigny , le 16 de Janvier 1675.
De cette Chapelle nous passâmes dans
une autre, qui est située derriere le Grand
Autel . On y voit plusieurs Mausolées ,
dont le plus distingué est celui du fameux
JUILLET. 1733 : 1527
meux Jacques , Sire de Matignon , Maréchal
de France , Gouverneur de Guyenne,
& c. Ce Monument est au milieu de la
Chapelle , prefque tout de, Marbre noir ,
veiné de blanc, et parfaitement bien travaillé
. Il est élevé sur une Base de trois
pieds de hauteur et de quatre de largeur ,
sur une longueur de huit pieds et demi.-
Cette Basé est ornée de Bas - reliefs historiques
et symboliques de Marbre blanc,
qui ont rapport à la vie toute guerriere
de ce Seigneur. Au dessus du Tombeau
on le voit representé à genoux , de grandeur
naturelle , avec Françoise * de Dail- ,
lon , son Epouse , en deux belles Figures .
de marbre grisatre , à l'exception des têtes
et des mains qui sont de marbre blanc.
Le Maréchal est revêtu du grand Manteau
et du Collier des Ordres du Roy , et
la Dame est vêtue et coeffée selon l'usage
-du temps . Le tout est parfaitement bien
exécuté , les Draperies en particulier ont
toute la légèreté et la hardiesse possible.
Aux quatre coins du Mausolée on a élevé
sut des Piédestaux , quatre Statuës de
Femmes , d'une belle Pierre blanche , qui
représentent la Religion, la Paix , la Pru-
* Cette Dame étoit fille du Comte du Lude et de
la mme Maison que Françoise de Dallon, Epouse
de Joachim de Matignon , oncle du Maréchal .
1
dence
1528 MERCURE DE FRANCE
dence et la Force, ayant à la main ou aux
pieds les symboles qui leur conviennent.
Les Piedestaux sont chargez de quelques
Vers François ,.en l'honneur de ces deux
Illustres Personnes , par rapport aux Figures
dont je viens de parler.
Ces Vers se sentent un peu du gout du
temps , mais on est dédommagé par la
lecture d'une Epitaphe latine du Maréchal
de Matignon , qui est gravée au dessous
de sa Figure , et qui contient un abbregé
de sa vie , qui finit , selon l'Epitaphe
, le 27 de Juillet 1597. à l'âge de 72
ans. Les expressions en sont nobles et
heureuses , les pensées justes . Elle est de
la composition de Philippe Desportes ,
Abbé de Tiron. On voit aussi sur le mê--
me Monument , une Epitaphe en François
, de la Dame de Daillon son Epouse ,
gravée de même au dessous de sa Représentation
, laquelle est aussi d'une noble
et édifiante simplicité. Les Armoiries de
cette Dame se voyent en Bronze aux deux
bouts du Tombeau . Elle portoit , écartelé
au premier et au quatriéme de Dail--
lon ; au second , de Craon ; au troisième,
de Laval , et sur le tout d'Illiers.
En Face de la Porte de la même Chapelle
, on voit sous une grande Arcade,
pratiquée dans le mur , et toute incrustée
de
JUILLET. 1733 . 1529
de Marbre , le Mausolée de Henri de Matignon
; il consiste en une espece d'Urne
de fix pieds de hauteur , de Marbre noir
jaspé , supportée par quatre pattes de
Lion , de Bronze. La figure de ce Seigneur
en Marbre blanc, de grandeur naturelle,
paroît au dessus , Il est representé assis sur
Urne , armé de toutes pieces , excepté
du Casque , sur lequel il est appuyé , tenant
en main un Bâton de Commandement.
Cette figure est d'une excellente.
beauté. On lit au dessus , contre le mur ,
une Epitaphe latine , dans laquelle entre
autres chofes , on louë sa piété , sa grande
charité , son inclination pour les Lettrès
, et sa protection envers les Sçavans.
Il mourut à Caen le 28 Decembre 1682.
dans la so année de son âge ; et Marie-
Françoise de la Lutumiere , son Epouse,
lui fit eriger ce Monument.
On voit à côté et dans le même Mur
un autre moindre Mausolée de trois
Enfans de la même Maison ; sçavoir
Jean-Louis- Charles , François et Leonor
de Matignon ; tous trois fils de Henri et
de la Dame de la Lutumiere , dont le plus
âgé n'avoit que dix ans lors de son décès
arrivé à Paris , le 17 Avril 1672. Ils sont
representez sur ce Monument , qui est
presque tout de Marbre blanc , soutenu
par
1530 MERCURE DE FRANCE
ya
par quatre figures de Lion . Il y a au dessous
une Epitaphe de l'ainé,accompagnée
de Vers François , & c .
Près de ce petit Mausolée sont deux
autres Epitaphes gravées sur une grande
Table de marbre , ornée de moulures , &c .
La premiere de Charles de Matignon
Comte de Torigny et de Gacé , Marquis
de Lonré , Baron de S. Lô , Chevalier
des Ordres du Roi , et Lieutenant General
en Normandie , honoré depuis par
le Roi Louis XIII . d'un Brevet de Maréchal
de France , et de la Lieutenance
Generale de ses Armées en Bourgogne.
Il étoit fils du Maréchal de Matignon , et
de Françoise de Daillon du Lude, il mourut
le 9 Juin 1648. âgé de 84 ans.
L'autre Epitaphe est de Léonor d'Orléans
, son Epouse , fille de Léonor d'Orléans
, Duc de Longueville , et d'Etouteville
, Comte Souverain de Neufchâtel
, et de Marie de Bourbon , Princesse
du Sang , fille de François de Bourbon ,
et nièce d'Antoine , Roi de Navarre.
Elle mourut à Torigny , le 6 Juin 1639 .
âgée de 66 ans . Sa Vie est ici représentée
comme un continuel Exercice de ' pieté
envers Dieu , et de charité envers les
pauvres.
Nous rentrâmes dans la Chapelle pour
lire
JUILLET. 1733- 1531
lire à côté d'un petit Autel , l'Epitaphe
du fils aîné du Maréchal de Matignon et
de Françoise de Daillon : sçavoir , Odet
de Matignon , qui fut Chevalier des
Ordres du Roi , Maréchal de Camp , &c.
et rendit de grands services militaires
sur tout à la Bataille d'Yvri , où il dégagea
le Roi , le retirant presque des mains
de ses Ennemis.Il mourut âgé de 40 ans ,
à Lons le Saunier , le 7 Août de l'année
1597. ne laissant point de posterité de la
Comtesse de Maure , son Epouse.
Enfin , nous lûmes dans le même licu
Epitaphe de Charles de Matignon
Comte de Gacé , &c . Colonel du Régiment
de Vermandois , Brigadier des Armées
du Roi , lequel après s'être signalé
en Hongrie , en Hollande , en Flandres ,
en Allemagne , et en Affrique , fut blessé
mortellement à la Bataille de Senef , et
finit ses jours à Charleroy le 26 Août
1674. àgé seulement de trente- trois ans.
Son corps fut transporté à Torigny.
-Si toutes les dates marquées dans ces
Monumens sont justes , comme il y a lieu
de le présumer , on pourra s'en servir
pour en rectifier quelques-unes dans
l'Ouvrage du Pere Anselme , et ailleurs,
où il est parlé de tous ces Seigneurs.
Quoique le Maréchal de Matignon
Gou1532
MERCURE DE FRANCE
Gouverneur de Guyenne , &c. ait été
l'un des plus grands Hommes de son
tems , je n'ai pas crû devoir rapporter
l'Epitaphe qui est sur son Mausolée , ni
devoir m'étendre autrement sur son sujet
, parce que sa vie a été écrite par
M. de Cailliere , et publiée à Paris chez.
Courbé en un volume in-fol. 1661. Livre
que tout le monde peut voir dans les
bonnes Bibliotheques.
Le Bourg de Torigny peut passer pour
une petite Ville à cause de son étenduë ,
et de son exemption. D'ailleurs , outre
ses deux Paroisses , S. Laurent , qui est la
principale , et Notre- Dame , il y a deux
Abbayes de l'Ordre de Citeaux . La premiere
d'Hommes , fondée au commencement
du XIV . siécle par un Archidiacre
d'Avranches , a pour Abbé Commanda
taire M. de la Chasteigneraye Ste Foy ;
la seconde de Filles est sous la conduite
de Madame de la Tour d'Auvergne. It
y a aussi dans ce Bourg un Hôpital de la
fondation de la Maison faite dans le dernier
siécle , où l'on reçoit les pauvres
malades , les Orphelins , et tous ceux qui
ne sont pas en état de gagner leur vie.
La Comté de Torigny est d'une fort
grande étenduë , et dans d'aussi beaux
droits qu'aucune autre Terre de cette qua
JUILLET. 1733. 1533
lité. M. de Matignon est aussi Seigneur
de S. Lô , Ville à deux lieues de distance
de Torigny , où l'on frappoit autrefois
de la Monnoye. De nouvelles et importantes
acquisitions , faites dans les Diocèses
de Bayeux et de Coûtances , font
qu'il n'y a pas dans toute la Province de
Normandie de Domaine plus beau et
plus étendu que le sien.
par
Je ne dois pas , en finissant ma Lettre ,
oublier de vous dire que de tous temps
le Château de Torigny a été l'abord et
le rendez-vous des Gens de Condition , et
des plus beaux esprits du pays ; attirez ,
moins la beauté du lieu , que par la
politesse et par l'affabilité des Maîtres.
Il seroit difficile de rencontrer ensemble.
trois personnes plus vénérables dans la
République des Lettres , chacune dans
son genre d'érudition , que le sçavant
M. Huet , Evêque d'Avranches , le fameux
St Evremont , et l'illustre M. de
Segrais , qui dans leur tems ont fait leurs
délices de ce séjour. En remontant plus
haut , on y a vû le sçavant Pere Mam -7
brun Jesuite , les Bochart et les Morins
de Caen , Malherbe , Sarrazin , Boisrobert
, G. André de la Roque l'Historien
les deux Corneilles , Brebeuf et autres
l'Elite des meilleursEsprits de cette gran-
.
>
de
1534 MERCURE DE FRANCE
de Province. Je suis , Monsieur , & c.
Dans la dixiéme Lettre imprimée dans
le Mercure d'Avril 1733. la mort du
Maréchal de Matignon est marquée page
696. en l'année 1594 il faut lire 1597.:
Il s'y est glissé quelques autres fautes
d'impression , on les corrigera de cette
maniere.
Page 707. ligne 8. consensitis , lisez consentitis.
P. 708. 1. 19. Provinciæ , lisez
Provincia . Le Lecteur intelligent suppléera
au reste.
Normandie.
LETTRE XH.
L est temps , Monsieur , de quitter
le
dirai plus rien de l'Inscription Romaine
de Torigny , si ce n'est peut- être quand
elle aura été exactement gravée avec ses
abbréviations bizares , &c. à quoi je songe
actuellement. Il ne sera queſtion dans
cette Lettre que de vous donner une
idée du Château de Torigny & de fes dépendances.
Ce Lieu charmant où nous
avons passé des momens si agréables ,
mérite bien cette attention de moi ; je
la dois aussi à votre curiosité et à la suite
de mes narrations sur le voyage de
Basse Normandie.
Le Château de Torigny , quoiqu'un
Cv
pew
1522 MERCURE DE FRANCE
peu irrégulier dans sa structure, a un certain
air de grandeur qui frape au premier
aspect. La premiere Entrée n'en est
point heureuse , étant occupée du côté
du Bourg , par la principale Eglise Paroissiale
. On trouve d'abord une grande
Porte , de laquelle on monte sur une
Terrasse spacieuse qui sert d'Avant-Cour;
elle est fort élevée , revêtuë de Masson->
nerie et ornée d'une Balustrade qui re- "
gne tout autour. On passe de là sur un
Pont- le-vis pour entrer dans la Cour
laquelle , aussi - bien que le Château , est
>
entourée de Fossez revêtus . Le Plan du
Château représente une Equierre , auxdeux
extrémitez de laquelle il y a deux
gros Pavillons et un troifiéme dans l'Angle.
Joachim , Sire de Matignon , Chevalier
de l'Ordre du Roy , et Lieutenant Géné
ral de Normandie , fit bâtir le premier et
le plus gros de ces Pavillons , il est tout
de Pierre de taille , d'un goût antique , et
fort élevé. La Maréchal de Matignon ,
Gouverneur de Guienne , &c. fit bâtir,
enfuite ce qui se trouve depuis ce Pavil
lon , jusqu'à celui qui termine l'Equierre
, lequel a été construit en 1692. par;
M. le Comte de Matignon ,
Les Faces de tout ce Château , depuis
le
JUILLET. 1733. 1523
le premier Pavillon , sont décorées d'un
ordre Dorique en bas et d'un ordre lonique
au dessus ; le tout avec un Bossage,
dont la dispofition des Assises , construites
alternativement de Pierres rouges
blanches et bleuâtres , fait un effet aussi
singulier qu'admirable .
Dans la face qui regarde la Cour , regnent
plusieurs Galleries, ornées de tresbelles
Peintures, qui représentent les principales
Alliances des Seigneurs de Matignon,
les Batailles où ils se sont distinguez ,
& c. De l'une de ces Gale ies on passe sur
une grande Terrasse , qui regne le long de
la face opposée, depuis le Pavillon de l'Angle,
jusqu'au Pavillon neuf.On a là en perspective
une magnifique Cascade et deux
grandes Piéces d'Eau des deux côtez ,
dont l'une fait face à l'Avant- Cour . Tout
cela , avec les Allées , les Bosquets et le
Terrain orné , qui s'étend plus d'une demi-
lieuë de ce même côté , fait un fort
bel effet à la vuë.
On voit aussi du même Endroit , environ
à une lieuë de distance , un petit
Château , bâti pour le plaisir de la Chasse ;
entre le premier Pavillon et celui de l'Angle
; dans un juste milieu , est un grand
Vestibule , qui conduit par un Pont - le
vis , dans un beau Parterre, et le Parterre
C vj
mê1524
MERCURE DE FRANCE
méne à l'Orangerie . Henry de Matignon ',
Lieutenant Général de Normandie , &c,
qui vivoit en 1680. la fit bâtir ; mais
comme depuis elle s'est trouvée trop
étroite pour le grand nombre d'Orangers
qu'il y a aujourd'hui , on se prépare
à en bâtir une autre beaucoup plus
belle et plus spacieuse. On passe de ce
Parterre sur une grande Terrasse , revêtuë
de Massonnerie , où l'on a encore une
tres belle vûë. On a aussi le plaisir l'Eté
de s'y promener à l'ombre d'une petite
Forêt d'Orangers , chose des plus rares
dans le fond de la Normandie. On voit
bien , au reste, que la situation du Terrain
étant d'elle - même assez ingrate , il
en a prodigieusement coûté en remuemens
de terres pour mettre les choses
dans la belle situation où elles sont.
Je ne vous dirai rien de l'interieur de
ce Château , tout y répond à sa magnificence
extérieure,àu bon goût , à la qualité
et à la distinction des Seigneurs qui
l'habitent .
Je passai un temps considérable dans
l'Eglise Paroissiale de S. Laurent , à examiner
les differens Mausolées et à lire les
Epitaphes de plusieurs Seigneurs qui y
sont inhumez. D'abord on me fit entrer
dans une Chapelle , qui est au côté droit
du
JUILLET. 1735. 1525
du Grand Autel , où est le Mausolée de
Joachim , Sire de Matignon , et de Fran
çoise de Daillon son Epouse , dont les figures,
de grandeur naturelle, s'y voyent
couchées , ayant à leurs pieds , l'une un
Lyon et l'autre un Chien . Une Epitaphe
en lettres d'or , sur un Marbre noir , apprend
que ce Seigneur étoit Chevalier
de l'Ordre du Roy , Conseiller d'Etat ,
Capitaine de so hommes d'Armes , Lieutenant
General en toute la Normandie.
Que n'ayant point eu d'Enfants de son
Epouse , veuve de Jacques de Rohan , ik
eût pour successeur en ligne collatérale
Jacques de Matignon , Maréchal de Fran
ce , représentant Jacques de Matignon ,
Seigneur de la Roche , son Pere , Frere
unique et puîné de Joachim . Icelui Jacque
, dir l'Epitaphe, fûr Colonel des Suisses
, et décéda aux Guerres de Piémont
en 1537. Joachim , son aîné , mourut en
1542 , et son Epouse en 1540.
Dans la même Chapelle est aussi inhumé
François , Sire de Matignon , fils de
Charles et de Madame Léonor d'Orleans .
Son Epitaphe ,gravée sur un Marbre noir,
au dessus de la Porte , doit avoir icy sa
place.
» Peu de personnes ont eu une nais-
» sance aussi illustre. Le sang de tout ce
qu'il
1526 MERCURE DE FRANCE
» qu'il y a de Souverain dans l'Europe ſe
» voit uni à l'ancienne Tige , dont il ti-
" roit son origine; ayant eu l'honneur de
» se voir au quatrième dégré , avec les
» Rois de France , d'Espagne et d'Angle-
» terre; son courage et ses actions répon-
» dirent à sa grande noblesse. Il se dis
» tingua dès l'âge de 16 ans , aux Guer-
» res d'Italie , sous son frere aîné , Jac-
" ques de Matignon , Comte de Thori
» gny , Colonel Général de la Cavalerie
» légere et se signala ensuite au Siége de
» la Rochelle et à l'Isle de Rhé , avec son
» Régiment d'Infanterie; et après fût Co-
» lonel de la Cavalerie , Maréchal de
Camp , et Lieutenant Général dans les
» Armées du Roy. Ses services lui firent
» mériter les Charges et Gouvernemens
» de ses Peres. Il fut le fixiéme Lieutenant
,
Général de cette Province , et le cin-
» quiéme Chevalier des Ordres du Roy ,
» avec le Seigneur Evêque de Lisieux son
» frere. Sa justice et sa bonté ont attiré les
» regrets de tous ceux qui étoient sous
» son Gouvernement. Il mourut à Tho-
> rigny , le 16 de Janvier 1675.
De cette Chapelle nous passâmes dans
une autre, qui est située derriere le Grand
Autel . On y voit plusieurs Mausolées ,
dont le plus distingué est celui du fameux
JUILLET. 1733 : 1527
meux Jacques , Sire de Matignon , Maréchal
de France , Gouverneur de Guyenne,
& c. Ce Monument est au milieu de la
Chapelle , prefque tout de, Marbre noir ,
veiné de blanc, et parfaitement bien travaillé
. Il est élevé sur une Base de trois
pieds de hauteur et de quatre de largeur ,
sur une longueur de huit pieds et demi.-
Cette Basé est ornée de Bas - reliefs historiques
et symboliques de Marbre blanc,
qui ont rapport à la vie toute guerriere
de ce Seigneur. Au dessus du Tombeau
on le voit representé à genoux , de grandeur
naturelle , avec Françoise * de Dail- ,
lon , son Epouse , en deux belles Figures .
de marbre grisatre , à l'exception des têtes
et des mains qui sont de marbre blanc.
Le Maréchal est revêtu du grand Manteau
et du Collier des Ordres du Roy , et
la Dame est vêtue et coeffée selon l'usage
-du temps . Le tout est parfaitement bien
exécuté , les Draperies en particulier ont
toute la légèreté et la hardiesse possible.
Aux quatre coins du Mausolée on a élevé
sut des Piédestaux , quatre Statuës de
Femmes , d'une belle Pierre blanche , qui
représentent la Religion, la Paix , la Pru-
* Cette Dame étoit fille du Comte du Lude et de
la mme Maison que Françoise de Dallon, Epouse
de Joachim de Matignon , oncle du Maréchal .
1
dence
1528 MERCURE DE FRANCE
dence et la Force, ayant à la main ou aux
pieds les symboles qui leur conviennent.
Les Piedestaux sont chargez de quelques
Vers François ,.en l'honneur de ces deux
Illustres Personnes , par rapport aux Figures
dont je viens de parler.
Ces Vers se sentent un peu du gout du
temps , mais on est dédommagé par la
lecture d'une Epitaphe latine du Maréchal
de Matignon , qui est gravée au dessous
de sa Figure , et qui contient un abbregé
de sa vie , qui finit , selon l'Epitaphe
, le 27 de Juillet 1597. à l'âge de 72
ans. Les expressions en sont nobles et
heureuses , les pensées justes . Elle est de
la composition de Philippe Desportes ,
Abbé de Tiron. On voit aussi sur le mê--
me Monument , une Epitaphe en François
, de la Dame de Daillon son Epouse ,
gravée de même au dessous de sa Représentation
, laquelle est aussi d'une noble
et édifiante simplicité. Les Armoiries de
cette Dame se voyent en Bronze aux deux
bouts du Tombeau . Elle portoit , écartelé
au premier et au quatriéme de Dail--
lon ; au second , de Craon ; au troisième,
de Laval , et sur le tout d'Illiers.
En Face de la Porte de la même Chapelle
, on voit sous une grande Arcade,
pratiquée dans le mur , et toute incrustée
de
JUILLET. 1733 . 1529
de Marbre , le Mausolée de Henri de Matignon
; il consiste en une espece d'Urne
de fix pieds de hauteur , de Marbre noir
jaspé , supportée par quatre pattes de
Lion , de Bronze. La figure de ce Seigneur
en Marbre blanc, de grandeur naturelle,
paroît au dessus , Il est representé assis sur
Urne , armé de toutes pieces , excepté
du Casque , sur lequel il est appuyé , tenant
en main un Bâton de Commandement.
Cette figure est d'une excellente.
beauté. On lit au dessus , contre le mur ,
une Epitaphe latine , dans laquelle entre
autres chofes , on louë sa piété , sa grande
charité , son inclination pour les Lettrès
, et sa protection envers les Sçavans.
Il mourut à Caen le 28 Decembre 1682.
dans la so année de son âge ; et Marie-
Françoise de la Lutumiere , son Epouse,
lui fit eriger ce Monument.
On voit à côté et dans le même Mur
un autre moindre Mausolée de trois
Enfans de la même Maison ; sçavoir
Jean-Louis- Charles , François et Leonor
de Matignon ; tous trois fils de Henri et
de la Dame de la Lutumiere , dont le plus
âgé n'avoit que dix ans lors de son décès
arrivé à Paris , le 17 Avril 1672. Ils sont
representez sur ce Monument , qui est
presque tout de Marbre blanc , soutenu
par
1530 MERCURE DE FRANCE
ya
par quatre figures de Lion . Il y a au dessous
une Epitaphe de l'ainé,accompagnée
de Vers François , & c .
Près de ce petit Mausolée sont deux
autres Epitaphes gravées sur une grande
Table de marbre , ornée de moulures , &c .
La premiere de Charles de Matignon
Comte de Torigny et de Gacé , Marquis
de Lonré , Baron de S. Lô , Chevalier
des Ordres du Roi , et Lieutenant General
en Normandie , honoré depuis par
le Roi Louis XIII . d'un Brevet de Maréchal
de France , et de la Lieutenance
Generale de ses Armées en Bourgogne.
Il étoit fils du Maréchal de Matignon , et
de Françoise de Daillon du Lude, il mourut
le 9 Juin 1648. âgé de 84 ans.
L'autre Epitaphe est de Léonor d'Orléans
, son Epouse , fille de Léonor d'Orléans
, Duc de Longueville , et d'Etouteville
, Comte Souverain de Neufchâtel
, et de Marie de Bourbon , Princesse
du Sang , fille de François de Bourbon ,
et nièce d'Antoine , Roi de Navarre.
Elle mourut à Torigny , le 6 Juin 1639 .
âgée de 66 ans . Sa Vie est ici représentée
comme un continuel Exercice de ' pieté
envers Dieu , et de charité envers les
pauvres.
Nous rentrâmes dans la Chapelle pour
lire
JUILLET. 1733- 1531
lire à côté d'un petit Autel , l'Epitaphe
du fils aîné du Maréchal de Matignon et
de Françoise de Daillon : sçavoir , Odet
de Matignon , qui fut Chevalier des
Ordres du Roi , Maréchal de Camp , &c.
et rendit de grands services militaires
sur tout à la Bataille d'Yvri , où il dégagea
le Roi , le retirant presque des mains
de ses Ennemis.Il mourut âgé de 40 ans ,
à Lons le Saunier , le 7 Août de l'année
1597. ne laissant point de posterité de la
Comtesse de Maure , son Epouse.
Enfin , nous lûmes dans le même licu
Epitaphe de Charles de Matignon
Comte de Gacé , &c . Colonel du Régiment
de Vermandois , Brigadier des Armées
du Roi , lequel après s'être signalé
en Hongrie , en Hollande , en Flandres ,
en Allemagne , et en Affrique , fut blessé
mortellement à la Bataille de Senef , et
finit ses jours à Charleroy le 26 Août
1674. àgé seulement de trente- trois ans.
Son corps fut transporté à Torigny.
-Si toutes les dates marquées dans ces
Monumens sont justes , comme il y a lieu
de le présumer , on pourra s'en servir
pour en rectifier quelques-unes dans
l'Ouvrage du Pere Anselme , et ailleurs,
où il est parlé de tous ces Seigneurs.
Quoique le Maréchal de Matignon
Gou1532
MERCURE DE FRANCE
Gouverneur de Guyenne , &c. ait été
l'un des plus grands Hommes de son
tems , je n'ai pas crû devoir rapporter
l'Epitaphe qui est sur son Mausolée , ni
devoir m'étendre autrement sur son sujet
, parce que sa vie a été écrite par
M. de Cailliere , et publiée à Paris chez.
Courbé en un volume in-fol. 1661. Livre
que tout le monde peut voir dans les
bonnes Bibliotheques.
Le Bourg de Torigny peut passer pour
une petite Ville à cause de son étenduë ,
et de son exemption. D'ailleurs , outre
ses deux Paroisses , S. Laurent , qui est la
principale , et Notre- Dame , il y a deux
Abbayes de l'Ordre de Citeaux . La premiere
d'Hommes , fondée au commencement
du XIV . siécle par un Archidiacre
d'Avranches , a pour Abbé Commanda
taire M. de la Chasteigneraye Ste Foy ;
la seconde de Filles est sous la conduite
de Madame de la Tour d'Auvergne. It
y a aussi dans ce Bourg un Hôpital de la
fondation de la Maison faite dans le dernier
siécle , où l'on reçoit les pauvres
malades , les Orphelins , et tous ceux qui
ne sont pas en état de gagner leur vie.
La Comté de Torigny est d'une fort
grande étenduë , et dans d'aussi beaux
droits qu'aucune autre Terre de cette qua
JUILLET. 1733. 1533
lité. M. de Matignon est aussi Seigneur
de S. Lô , Ville à deux lieues de distance
de Torigny , où l'on frappoit autrefois
de la Monnoye. De nouvelles et importantes
acquisitions , faites dans les Diocèses
de Bayeux et de Coûtances , font
qu'il n'y a pas dans toute la Province de
Normandie de Domaine plus beau et
plus étendu que le sien.
par
Je ne dois pas , en finissant ma Lettre ,
oublier de vous dire que de tous temps
le Château de Torigny a été l'abord et
le rendez-vous des Gens de Condition , et
des plus beaux esprits du pays ; attirez ,
moins la beauté du lieu , que par la
politesse et par l'affabilité des Maîtres.
Il seroit difficile de rencontrer ensemble.
trois personnes plus vénérables dans la
République des Lettres , chacune dans
son genre d'érudition , que le sçavant
M. Huet , Evêque d'Avranches , le fameux
St Evremont , et l'illustre M. de
Segrais , qui dans leur tems ont fait leurs
délices de ce séjour. En remontant plus
haut , on y a vû le sçavant Pere Mam -7
brun Jesuite , les Bochart et les Morins
de Caen , Malherbe , Sarrazin , Boisrobert
, G. André de la Roque l'Historien
les deux Corneilles , Brebeuf et autres
l'Elite des meilleursEsprits de cette gran-
.
>
de
1534 MERCURE DE FRANCE
de Province. Je suis , Monsieur , & c.
Dans la dixiéme Lettre imprimée dans
le Mercure d'Avril 1733. la mort du
Maréchal de Matignon est marquée page
696. en l'année 1594 il faut lire 1597.:
Il s'y est glissé quelques autres fautes
d'impression , on les corrigera de cette
maniere.
Page 707. ligne 8. consensitis , lisez consentitis.
P. 708. 1. 19. Provinciæ , lisez
Provincia . Le Lecteur intelligent suppléera
au reste.
Fermer
Résumé : SUITE du Voyage de Basse Normandie. LETTRE XII.
La lettre décrit le château de Torigny en Normandie, en mettant en avant sa grandeur malgré une structure irrégulière. L'entrée principale est occupée par l'église paroissiale, suivie d'une grande porte menant à une terrasse spacieuse. Le château est entouré de fossés revêtus et présente un plan en forme de quadrilatère avec trois pavillons. Joachim, Sire de Matignon, construisit le premier pavillon en pierre de taille, d'un goût antique. Le maréchal de Matignon et le comte de Matignon ajoutèrent d'autres parties du château, décorées d'ordres dorique et ionique avec un bossage alternant des pierres rouges, blanches et bleuâtres. Les galeries sont ornées de peintures représentant les alliances et les batailles des seigneurs de Matignon. Le château comprend également une cascade, des pièces d'eau, des allées, des bosquets et un terrain orné s'étendant sur plus d'une demi-lieue. Un petit château pour la chasse est visible à une lieue de distance. L'orangerie, construite par Henry de Matignon, est trop petite pour le nombre actuel d'orangers, et une nouvelle est en préparation. L'auteur ne décrit pas l'intérieur du château mais mentionne que tout y répond à sa magnificence extérieure. L'auteur passe un temps considérable dans l'église paroissiale de Saint-Laurent, examinant les mausolées et lisant les épitaphes des seigneurs de Matignon inhumés là. Parmi eux, Joachim, Sire de Matignon, et son épouse Françoise de Daillon, ainsi que François, Sire de Matignon, fils de Charles et de Léonor d'Orléans. Les mausolées de Jacques, Sire de Matignon, maréchal de France, et de Henri de Matignon, ainsi que ceux de leurs enfants et descendants, sont également détaillés. Les épitaphes fournissent des informations sur leurs vies, leurs titres et leurs actions militaires. Le bourg de Torigny, considéré comme une petite ville en raison de son étendue et de son exemption, comprend deux paroisses, Saint-Laurent et Notre-Dame, ainsi que deux abbayes cisterciennes. Il abrite également un hôpital fondé pour accueillir les pauvres malades, les orphelins et ceux incapables de subvenir à leurs besoins. La comté de Torigny est vaste et située dans une région particulièrement agréable. M. de Matignon est également seigneur de Saint-Lô, une ville distante de deux lieues de Torigny. Grâce à de récentes acquisitions dans les diocèses de Bayeux et de Coutances, le domaine de M. de Matignon est l'un des plus beaux et des plus étendus de Normandie. Le château de Torigny a toujours été un lieu de rassemblement pour les personnes de condition et les esprits brillants du pays, attirés par la politesse et l'affabilité des maîtres. Parmi les illustres visiteurs, on compte M. Huet, évêque d'Avranches, St Évremond, M. de Segrais, le père Maмбrun jésuite, les Bochart et les Morin de Caen, Malherbe, Sarrazin, Boisrobert, G. André de la Roque, les deux Corneille, Brebeuf, et d'autres esprits éminents de la province. Le texte mentionne également des erreurs d'impression dans une lettre publiée dans le Mercure d'Avril 1733, notamment concernant la date de décès du maréchal de Matignon, corrigée de 1594 à 1597.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 1624-1626
LETTRE de M. Duhan de Mezieres, Chanoine de la Cathédrale de Chartres, contenant la Description de cette Eglise, &c.
Début :
Dans le Voyage que la Reine a fait l'année passée à Chartres., S. M. fut si frappée de [...]
Mots clefs :
Cathédrale Notre-Dame de Chartres, Chartres, Église, Chapelle, Choeur, Chanoines, Voûtes, Croisée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. Duhan de Mezieres, Chanoine de la Cathédrale de Chartres, contenant la Description de cette Eglise, &c.
LETTRE de M. Duhan de Mezieres ,
Chanoine de la Cathédrale de Chartres ,
contenant la Description de cette Eglise
& c.
?
D passée chaperequ,J. M. fut si frappéede
Ans le Voyage que la Reine a fait l'année
la beauté et de la grandeur de cet ancien Temple
, dédié suivant la Tradition par les Druïdes
La Vierge qui devoit enfanter , qu'elle ne pouvoit
se lasser de s'en faire raconter l'Histoire ansienne
et moderne ; mais comme ceux d'entre
nous qui eurent l'honneur d'entretenir cette
pieuse Princesse , n'étoient pas alors entierement
instruits de certaines choses qui concernent cette.
Eglise , nous avons d'abord jugé à propos d'en
faire prendre les dimensions avec la derniere
exactitude , et c'est au nom de la Compagnie
que je vous prie aujourd'hui de les inserer dans
votre Journal , en attendant l'Histoire generale
de cette Eglise à laquelle on travaille , laquelle
nous nous ferons un plaisir de vous communiquer.
Ce Temple superbe , que nous osons comparer
aux plus celébres Eglises de l'Europe ,
dans oeuvre depuis les Portes Royales de la Nef
jusqu'à la grande Chapelle de * Ś. .Piat exclusi-
* La Chapelle de S. Piat est tout - à -fait hors de
l'Edifice , située au chevet de l'Eglise , sans alterer
la beauté du Rond-point , qui s'éleve beaucoup
au- dessus. On monte par un escalier de 20 degrez
à cette Chapelle , qui est à peu près de la granvement
,
JUILLET. 173. 1525
ainsi que
vement , soixante et dix toises de longueur , et
huit de largeur sans parler des Aîles et des
Chapelles. La longueur de la Nef est de trentesix
toises , et sa hauteur de dix - neuf toises ,
celle du Choeur et de la Croisée .
Le Choeur , loin de 20 toises , et large de
huit , comme la Nef , passe pour un . Chefd'oeuvre
d'Architecture. Le Pourtour de ce
majestueux Edifice , et les sept grandes fenêtres
ceintrées , qui en forment le Rond- point , font
l'étonnement des Architectes et des Sculpteurs
les plus entendus.
>
Les Voûtes des doubles Aîles du Choeur , et
celles des bas côtez de la Croisée , et de la Nef
sont hautes de dix toises , depuis le pavé jusqu'à
l'extrémité de leurs clefs. La Croisée a trentedeux
toises et demie de long sur sept toises de
large sans y comprendre les Aîles ou bas
côtez .
>
Les Clochers de cette Eglise que l'on découvre
du Bourg de Palaiseau à quatre lieuës de
Paris , ont soixante et trois toises d'élevation
jusqu'aux Globes , qui portent des Croix , surmontées
, l'une d'un grand Soleil de Bronze doré
, et l'autre d'une Lune de Bronze argenté.
Les six grosses Tours dont l'Eglise est environnée
, et qu'on regarde avec raison comme
l'un des plus beaux Ouvrages Gothiques qu'il y
ait en France , sont hautes de trente toises : elles
sont bâties dans le goût de celles de Notre-
Dame de Paris , et attendent des Aiguilles ou des
deur de la Sainte-Chapelle de Paris. Enfin , la
Chapelle de S. Piat , élevée sur des voutes , fournit
au-dessous une vaste Sale où le Chapitre
tient ses Assemblées.
Рука-
1626 MERCURE DE FRANCE
Pyramides pareilles à celles des Clochers.
L'Eglise souterraine de Chartres , respectable
par cette haute antiquité , que personne n'igno-
. re a cent quarante - cinq toises de circuit , sous
de très- fortes voûtes. Elle est ornée , comme
les Catacombes de Rome et de Naples , d'un
grand nombre de Chapelles obscures , qui
sont enrichies des dons de nos Rois ; Reines
& c.
•
L'Eglise de Chartres est desservie par soixante)
et dix- huit Chanoines , y compris l'Abbé de
Cluny , et celui de S. Jean de Chartres , qui en
qualité de Chanoines , sont obligez de commertre
quelqu'un du Chapitre pour officier en leur
place et ce nombre de Chanoines est sans
compter les dix -sept Dignitez , les Chapelains ,
les Marguilliers - Prêtres , les Musiciens et les Enfans
de Choeur , ce qui fait un Clergé des plus
nombreux du Royaume.
:
Aux jours solemnels , les Chanoines portent
une Robbe de couleur de Pourpre , et on peut
dire qu'il n'est guères d'Eglises , où l'Office divin
se fasse avec tant de majesté. Entre les cerémonies
singulieres qui y sont en usage , celle - ci
est la plus marquée. A toutes les grandes Messes
du jour , le Celébrant , dans la plus humble
posture , et le Clergé entier à genoux , interrompent
le saint Sacrifice , pour demander à
Dieu , en chantant l'Exaudiat en Musique , la
conservation de la Personne sacrée du Roi , et
de toute la Famille Royale , ce qui ne se pratique
en aucune autre Eglise du Royaume que
nous sçachions.
A Chartres , le 10 Juin 1733.
Chanoine de la Cathédrale de Chartres ,
contenant la Description de cette Eglise
& c.
?
D passée chaperequ,J. M. fut si frappéede
Ans le Voyage que la Reine a fait l'année
la beauté et de la grandeur de cet ancien Temple
, dédié suivant la Tradition par les Druïdes
La Vierge qui devoit enfanter , qu'elle ne pouvoit
se lasser de s'en faire raconter l'Histoire ansienne
et moderne ; mais comme ceux d'entre
nous qui eurent l'honneur d'entretenir cette
pieuse Princesse , n'étoient pas alors entierement
instruits de certaines choses qui concernent cette.
Eglise , nous avons d'abord jugé à propos d'en
faire prendre les dimensions avec la derniere
exactitude , et c'est au nom de la Compagnie
que je vous prie aujourd'hui de les inserer dans
votre Journal , en attendant l'Histoire generale
de cette Eglise à laquelle on travaille , laquelle
nous nous ferons un plaisir de vous communiquer.
Ce Temple superbe , que nous osons comparer
aux plus celébres Eglises de l'Europe ,
dans oeuvre depuis les Portes Royales de la Nef
jusqu'à la grande Chapelle de * Ś. .Piat exclusi-
* La Chapelle de S. Piat est tout - à -fait hors de
l'Edifice , située au chevet de l'Eglise , sans alterer
la beauté du Rond-point , qui s'éleve beaucoup
au- dessus. On monte par un escalier de 20 degrez
à cette Chapelle , qui est à peu près de la granvement
,
JUILLET. 173. 1525
ainsi que
vement , soixante et dix toises de longueur , et
huit de largeur sans parler des Aîles et des
Chapelles. La longueur de la Nef est de trentesix
toises , et sa hauteur de dix - neuf toises ,
celle du Choeur et de la Croisée .
Le Choeur , loin de 20 toises , et large de
huit , comme la Nef , passe pour un . Chefd'oeuvre
d'Architecture. Le Pourtour de ce
majestueux Edifice , et les sept grandes fenêtres
ceintrées , qui en forment le Rond- point , font
l'étonnement des Architectes et des Sculpteurs
les plus entendus.
>
Les Voûtes des doubles Aîles du Choeur , et
celles des bas côtez de la Croisée , et de la Nef
sont hautes de dix toises , depuis le pavé jusqu'à
l'extrémité de leurs clefs. La Croisée a trentedeux
toises et demie de long sur sept toises de
large sans y comprendre les Aîles ou bas
côtez .
>
Les Clochers de cette Eglise que l'on découvre
du Bourg de Palaiseau à quatre lieuës de
Paris , ont soixante et trois toises d'élevation
jusqu'aux Globes , qui portent des Croix , surmontées
, l'une d'un grand Soleil de Bronze doré
, et l'autre d'une Lune de Bronze argenté.
Les six grosses Tours dont l'Eglise est environnée
, et qu'on regarde avec raison comme
l'un des plus beaux Ouvrages Gothiques qu'il y
ait en France , sont hautes de trente toises : elles
sont bâties dans le goût de celles de Notre-
Dame de Paris , et attendent des Aiguilles ou des
deur de la Sainte-Chapelle de Paris. Enfin , la
Chapelle de S. Piat , élevée sur des voutes , fournit
au-dessous une vaste Sale où le Chapitre
tient ses Assemblées.
Рука-
1626 MERCURE DE FRANCE
Pyramides pareilles à celles des Clochers.
L'Eglise souterraine de Chartres , respectable
par cette haute antiquité , que personne n'igno-
. re a cent quarante - cinq toises de circuit , sous
de très- fortes voûtes. Elle est ornée , comme
les Catacombes de Rome et de Naples , d'un
grand nombre de Chapelles obscures , qui
sont enrichies des dons de nos Rois ; Reines
& c.
•
L'Eglise de Chartres est desservie par soixante)
et dix- huit Chanoines , y compris l'Abbé de
Cluny , et celui de S. Jean de Chartres , qui en
qualité de Chanoines , sont obligez de commertre
quelqu'un du Chapitre pour officier en leur
place et ce nombre de Chanoines est sans
compter les dix -sept Dignitez , les Chapelains ,
les Marguilliers - Prêtres , les Musiciens et les Enfans
de Choeur , ce qui fait un Clergé des plus
nombreux du Royaume.
:
Aux jours solemnels , les Chanoines portent
une Robbe de couleur de Pourpre , et on peut
dire qu'il n'est guères d'Eglises , où l'Office divin
se fasse avec tant de majesté. Entre les cerémonies
singulieres qui y sont en usage , celle - ci
est la plus marquée. A toutes les grandes Messes
du jour , le Celébrant , dans la plus humble
posture , et le Clergé entier à genoux , interrompent
le saint Sacrifice , pour demander à
Dieu , en chantant l'Exaudiat en Musique , la
conservation de la Personne sacrée du Roi , et
de toute la Famille Royale , ce qui ne se pratique
en aucune autre Eglise du Royaume que
nous sçachions.
A Chartres , le 10 Juin 1733.
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Résumé : LETTRE de M. Duhan de Mezieres, Chanoine de la Cathédrale de Chartres, contenant la Description de cette Eglise, &c.
La lettre de M. Duhan de Mezieres, chanoine de la Cathédrale de Chartres, met en lumière la beauté et la grandeur de cette église, traditionnellement dédiée par les Druïdes à la Vierge qui devait enfanter. Lors de son voyage, la Reine fut impressionnée par ce temple et demanda des récits sur son histoire. Pour répondre à cette demande, les dimensions de l'église furent mesurées avec précision. La cathédrale de Chartres est comparée aux plus célèbres églises d'Europe. Elle mesure 1525 toises de longueur. La nef mesure 36 toises de longueur et 19 toises de hauteur. Le chœur, long de 20 toises et large de 8, est considéré comme un chef-d'œuvre d'architecture. Les voûtes des doubles ailes du chœur et celles des bas-côtés de la croisée et de la nef atteignent 10 toises de hauteur. La croisée mesure 32 toises et demie de long sur 7 toises de large. Les clochers, visibles depuis le bourg de Palaiseau, atteignent 63 toises d'élévation. L'église est entourée de six tours gothiques hautes de 30 toises. La chapelle de Saint-Piat, située au chevet de l'église, mesure 70 toises de longueur et 8 de largeur. L'église souterraine, ornée de nombreuses chapelles, a un circuit de 145 toises. La cathédrale est desservie par 68 chanoines, en plus des dignités, chapelains, marguilliers-prêtres, musiciens et enfants de chœur. Lors des jours solennels, les chanoines portent des robes pourpres et interrompent le saint sacrifice pour prier pour la conservation du Roi et de la famille royale.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 793-798
« Le Roy a donné il y a déja quelque tems le Gouvernement de Thionville [...] »
Début :
Le Roy a donné il y a déja quelque tems le Gouvernement de Thionville [...]
Mots clefs :
Roi, Sa Majesté, Reine, Château, Musique, Camp, Régiment, Concert, Lieutenant, Chapelle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Roy a donné il y a déja quelque tems le Gouvernement de Thionville [...] »
E Roy a donné il y a déja quelque
tems le Gouvernement de Thionville
à M. de Sioujeat , Lieutenant General
de ses Armées ,
Le Marquis de Montrevel que le Roy
a nommé Maréchal de Camp par la Promotion
du 20 Février , étoit Mestre de
Camp du Regiment de Cavalerie de son
nom ; ce n'est pas le Colonel du Regiment
de Rouergue.
Le Marquis de Graville a été nommé
Mestre de Camp , Lieutenant du Regiment
de Cavalerie d'Orleans ; le Chevalier
de Castelane , Mestre de Camp Lieutenant
du Regiment de Dragons d'Orleans
et M. de Saint Simon , Mestre
de Camp Lieutenant du Regiment du
Mayne .
,
,
On a établi depuis peu
à l'Hôtel
Royal des Invalides une Ecole de
Trompettes pour servir dans les Troupes
du Roy. Ceux qu'on y admettra doivent
s'engager à servir pendant six ans . Ils
seront instruits aux dépens de Sa Majesté,
H iij
et
794 MERCURE DE FRANCE
et on augmentera leur paye à proportion
des progrès qu'ils feront .
Le 21 Mars , l'Evêque d'Evreux fut
scré dans l'Eglise du Noviciat des Jesuites
, par l'Archevêque de Rouen , assisté
des Evêques de Coutances et de Metz,
et le 25 il prêta serment de fidelité entre
les mains du Roy.
Le 31 du même mois il y eur Concert à Versailles
chez la Reine . M. Destouches Sur Intendant
de la Musique du Roy , fit chanter le Prologue
et le premier Acte de l'Opera de Tarsis ev
Zelie , dont le Poëme est de M. de la Serre , et
la Musique des sieurs Rebel et Francoeur .
Les et le 7 Avril , on continua le même Opera;
sa parfaite exécution fit beaucoup de plaisirs ,
tant pour les rôles et les choeurs que pour la
Sinphonie. Sa Majesté en témoigna beaucoup
de satisfaction.
Le 11 Avril , Dimanche de la Passion , il y
eut Concert Spirituel au Château des Thuilleries,
dans lequel les Diles Erremens , Petitpas , Julie
et une autre Dlie de Province , qui n'y avoit pas
encore paru , chanterent differents Motets avec
aplaudissement ; le Concert fut terminé par le
Miserere de M. de laLande ,
Les de ce mois , M. le Marquis de
Nicolaï , Conseiller au Parlement , reçu
en survivance le 18 Decembre 1731. dans
la Charge de Premier President de la
Chambre des Comptes , ayant vingtcinq
AVRIL. 1734.. 795
cinq ans accomplis , sur la démission de
M. son pere , prit possession de sa place
en ladite Chambre où la séance fut publique
et nombreuse. Elle commença par
une Audience qui a été plaidée pendant
trois matinées par Mrs Millet et Laverdy,
Avocats au Parlement; chacun dans son
Plaidoyer , prit occasion de faire un compliment
au nouveau Premier President
sur son merite personel et sur celui de
M. son Pere et de ses Ancêtres . Il est à
remarquer que ce Magistrat nouveau reçu
est le neuviéme de sa famille.
>
Le 6 de ce mois , le Roy fit dans la
Place d'Armes qui est entre le Château
et les Ecuries la revûe des deux Compagnies
des Mousquetaires de la Garde de
Sa Majesté . Le Roy passa dans les rangs
et ensuite les vir défiler par Escadrons et
par Brigades ; les Détachements qui feront
la Campagne étoient à la tête . Après
la revûë , les deux Compagnies entrerent
dans la cour du Château , et elles défi,
lerent devant la Reine. Monseigneur le
Dauphin et Mesdames de France se trou,
verent à cette revûë à laquelle le Duc
de Chartres étoit à Cheval auprès de Sa
Majesté.
›
Le 18 Dimanche des Rameaux, le même Concert
Hiij fut
796 MERCURE DE FRANCE
fut continué , et lesau tres jours de la Semaine
Sainte, on y a exécuté differents Motets deM. de
la Lande,et d'autres Maîtres modernes , le Sieur
Jeliote dont la voix fait tant de plaisir , s'y est
distingué par plusieurs morceaux qu'il a chantés
avec beaucoup d'aplaudissemens
le ainsi que
Sr Mondonville dans l'exécution de plusieurs
Concertoqu'il a joués sur le violon d'une maniere
Très brillante. Le même Concert a été continué
Jusqu'à la fin du mois.
Les dernieres Lettres de Madrid marquent
que le Prince des Asturies étoit
presque entierement guéri de l'Opération
que le St Petit lui a faite. On ajoute que
ce Chirurgien étoit sur son départ pour
revenir à Paris , où il sera de retour le
15 du mois prochain .
Le Dimanche des Rameaux , le Roy
accompagné du Duc du Maine , du Prince
de Dombes et du Comte d'Eu , assista
dans la Chapelle du Château , à la Benediction
desPalmes qui fut faite par l'Abbé
Brosseau , Chapelain ordinaire de la Chapelle
de Musique , qui en présenta une
à Sa Majesté le Roy assista à la Procession
, et après l'Evangile il adora la
Croix . Sa Majesté entendit ensuite la
Grande Messe célébrée par le même
Chapelain , et chantée par la Musique.
La Reine entendit la même Messe dans
sa Tribune.
:
L'après
AVRIL. 1734. 797
L'après midy Leurs Majestez entendirent
la Prédication du Pere Tainturier,
de la Compagnie de Jesus , et ensuite les
Vêpres.
9
Le Jeudi Saint , le Roy entendit le
Sermon de la Cêne du P. Painchinat
Cordelier du Convent de Paris , après
quoi l'Archevêque de Tours fit l'Absoute.
Le Roy lava les pieds à douze Pauvres ,
et Sa Majesté les servit à table : le Duc
de Bourbon Grand Maître de la Maison
du Roy , à la tête des Maîtres d'Hôtel ,
précedoit le Service .Monseigneur le Dauphin
, le Comte de Clermont , le Prince
de Conty , le Prince de Dombes , le
Comte d'Eu , le Comte de Toulouze et
les principaux Officiers de Sa Majesté
portoient les plats. Après cette cérémonie
le Roy se rendit à la Chapelle du Château ,
où sa Majesté entendit la Grande Messe ,
et assista à la Procession , et ensuite aux
Vêpres. La Reine entendit l'Office dans
sa Tribune , et l'après midy , Sa Majesté
entendit le Sermon de la Cêne du Pere
Jean François , Capucin , et l'Archevêque
de Rouen , Premier Aumônier de la
Reine , ayant fait l'Absoute , Sa Majesté
lava les pieds à douze pauvres filles , et
les servit à table . Le Marquis de Chamarande
, Premier Maître d'Hôtel de Sa
Hy Ma798
MERCURE DE FRANCE
•
Majesté précedoit leService dont les plats
étoient portez par les Princesses du Sang ,
par les Dames du Palais et par d'autres
Dames de la Cour .
:
Le Vendredy Saint , le Roy et la Reine
entendirent le Sermon de la Passion du
Pere Tainturier, de la Compagnie de Jesus
le Roy assista ensuite à l'Office , et
alla à l'Adoration de la Croix : la Reine
entendit l'Office dans la Tribune . Le soir
Leurs Majestez assistérent à l'Office des
Ténébres, qui fut chanté par la Musique .
Le Samedy Saint , le Roy revêtu du
Grand Collier de l'Ordre du Saint Esprit,
se rendità l'Eglise de la Paroisse du Château
, où Sa Majesté communia par les
mains du Cardinal de Rohan Grand
Aumônier de France. Le Roy toucha ensuite
un grand nombre de malades .
,
"
Le soir Leurs Majestez accompagnées
de Monseigneur le Dauphin et de Mesdames
de France assistérent dans la
Chapelle du Château aux Complies , et
au Salut , pendant lequel l'O Filii fut
chanté par la Musique.
tems le Gouvernement de Thionville
à M. de Sioujeat , Lieutenant General
de ses Armées ,
Le Marquis de Montrevel que le Roy
a nommé Maréchal de Camp par la Promotion
du 20 Février , étoit Mestre de
Camp du Regiment de Cavalerie de son
nom ; ce n'est pas le Colonel du Regiment
de Rouergue.
Le Marquis de Graville a été nommé
Mestre de Camp , Lieutenant du Regiment
de Cavalerie d'Orleans ; le Chevalier
de Castelane , Mestre de Camp Lieutenant
du Regiment de Dragons d'Orleans
et M. de Saint Simon , Mestre
de Camp Lieutenant du Regiment du
Mayne .
,
,
On a établi depuis peu
à l'Hôtel
Royal des Invalides une Ecole de
Trompettes pour servir dans les Troupes
du Roy. Ceux qu'on y admettra doivent
s'engager à servir pendant six ans . Ils
seront instruits aux dépens de Sa Majesté,
H iij
et
794 MERCURE DE FRANCE
et on augmentera leur paye à proportion
des progrès qu'ils feront .
Le 21 Mars , l'Evêque d'Evreux fut
scré dans l'Eglise du Noviciat des Jesuites
, par l'Archevêque de Rouen , assisté
des Evêques de Coutances et de Metz,
et le 25 il prêta serment de fidelité entre
les mains du Roy.
Le 31 du même mois il y eur Concert à Versailles
chez la Reine . M. Destouches Sur Intendant
de la Musique du Roy , fit chanter le Prologue
et le premier Acte de l'Opera de Tarsis ev
Zelie , dont le Poëme est de M. de la Serre , et
la Musique des sieurs Rebel et Francoeur .
Les et le 7 Avril , on continua le même Opera;
sa parfaite exécution fit beaucoup de plaisirs ,
tant pour les rôles et les choeurs que pour la
Sinphonie. Sa Majesté en témoigna beaucoup
de satisfaction.
Le 11 Avril , Dimanche de la Passion , il y
eut Concert Spirituel au Château des Thuilleries,
dans lequel les Diles Erremens , Petitpas , Julie
et une autre Dlie de Province , qui n'y avoit pas
encore paru , chanterent differents Motets avec
aplaudissement ; le Concert fut terminé par le
Miserere de M. de laLande ,
Les de ce mois , M. le Marquis de
Nicolaï , Conseiller au Parlement , reçu
en survivance le 18 Decembre 1731. dans
la Charge de Premier President de la
Chambre des Comptes , ayant vingtcinq
AVRIL. 1734.. 795
cinq ans accomplis , sur la démission de
M. son pere , prit possession de sa place
en ladite Chambre où la séance fut publique
et nombreuse. Elle commença par
une Audience qui a été plaidée pendant
trois matinées par Mrs Millet et Laverdy,
Avocats au Parlement; chacun dans son
Plaidoyer , prit occasion de faire un compliment
au nouveau Premier President
sur son merite personel et sur celui de
M. son Pere et de ses Ancêtres . Il est à
remarquer que ce Magistrat nouveau reçu
est le neuviéme de sa famille.
>
Le 6 de ce mois , le Roy fit dans la
Place d'Armes qui est entre le Château
et les Ecuries la revûe des deux Compagnies
des Mousquetaires de la Garde de
Sa Majesté . Le Roy passa dans les rangs
et ensuite les vir défiler par Escadrons et
par Brigades ; les Détachements qui feront
la Campagne étoient à la tête . Après
la revûë , les deux Compagnies entrerent
dans la cour du Château , et elles défi,
lerent devant la Reine. Monseigneur le
Dauphin et Mesdames de France se trou,
verent à cette revûë à laquelle le Duc
de Chartres étoit à Cheval auprès de Sa
Majesté.
›
Le 18 Dimanche des Rameaux, le même Concert
Hiij fut
796 MERCURE DE FRANCE
fut continué , et lesau tres jours de la Semaine
Sainte, on y a exécuté differents Motets deM. de
la Lande,et d'autres Maîtres modernes , le Sieur
Jeliote dont la voix fait tant de plaisir , s'y est
distingué par plusieurs morceaux qu'il a chantés
avec beaucoup d'aplaudissemens
le ainsi que
Sr Mondonville dans l'exécution de plusieurs
Concertoqu'il a joués sur le violon d'une maniere
Très brillante. Le même Concert a été continué
Jusqu'à la fin du mois.
Les dernieres Lettres de Madrid marquent
que le Prince des Asturies étoit
presque entierement guéri de l'Opération
que le St Petit lui a faite. On ajoute que
ce Chirurgien étoit sur son départ pour
revenir à Paris , où il sera de retour le
15 du mois prochain .
Le Dimanche des Rameaux , le Roy
accompagné du Duc du Maine , du Prince
de Dombes et du Comte d'Eu , assista
dans la Chapelle du Château , à la Benediction
desPalmes qui fut faite par l'Abbé
Brosseau , Chapelain ordinaire de la Chapelle
de Musique , qui en présenta une
à Sa Majesté le Roy assista à la Procession
, et après l'Evangile il adora la
Croix . Sa Majesté entendit ensuite la
Grande Messe célébrée par le même
Chapelain , et chantée par la Musique.
La Reine entendit la même Messe dans
sa Tribune.
:
L'après
AVRIL. 1734. 797
L'après midy Leurs Majestez entendirent
la Prédication du Pere Tainturier,
de la Compagnie de Jesus , et ensuite les
Vêpres.
9
Le Jeudi Saint , le Roy entendit le
Sermon de la Cêne du P. Painchinat
Cordelier du Convent de Paris , après
quoi l'Archevêque de Tours fit l'Absoute.
Le Roy lava les pieds à douze Pauvres ,
et Sa Majesté les servit à table : le Duc
de Bourbon Grand Maître de la Maison
du Roy , à la tête des Maîtres d'Hôtel ,
précedoit le Service .Monseigneur le Dauphin
, le Comte de Clermont , le Prince
de Conty , le Prince de Dombes , le
Comte d'Eu , le Comte de Toulouze et
les principaux Officiers de Sa Majesté
portoient les plats. Après cette cérémonie
le Roy se rendit à la Chapelle du Château ,
où sa Majesté entendit la Grande Messe ,
et assista à la Procession , et ensuite aux
Vêpres. La Reine entendit l'Office dans
sa Tribune , et l'après midy , Sa Majesté
entendit le Sermon de la Cêne du Pere
Jean François , Capucin , et l'Archevêque
de Rouen , Premier Aumônier de la
Reine , ayant fait l'Absoute , Sa Majesté
lava les pieds à douze pauvres filles , et
les servit à table . Le Marquis de Chamarande
, Premier Maître d'Hôtel de Sa
Hy Ma798
MERCURE DE FRANCE
•
Majesté précedoit leService dont les plats
étoient portez par les Princesses du Sang ,
par les Dames du Palais et par d'autres
Dames de la Cour .
:
Le Vendredy Saint , le Roy et la Reine
entendirent le Sermon de la Passion du
Pere Tainturier, de la Compagnie de Jesus
le Roy assista ensuite à l'Office , et
alla à l'Adoration de la Croix : la Reine
entendit l'Office dans la Tribune . Le soir
Leurs Majestez assistérent à l'Office des
Ténébres, qui fut chanté par la Musique .
Le Samedy Saint , le Roy revêtu du
Grand Collier de l'Ordre du Saint Esprit,
se rendità l'Eglise de la Paroisse du Château
, où Sa Majesté communia par les
mains du Cardinal de Rohan Grand
Aumônier de France. Le Roy toucha ensuite
un grand nombre de malades .
,
"
Le soir Leurs Majestez accompagnées
de Monseigneur le Dauphin et de Mesdames
de France assistérent dans la
Chapelle du Château aux Complies , et
au Salut , pendant lequel l'O Filii fut
chanté par la Musique.
Fermer
Résumé : « Le Roy a donné il y a déja quelque tems le Gouvernement de Thionville [...] »
En 1734, plusieurs événements militaires et religieux marquants ont eu lieu. Le roi a nommé M. de Sioujeat gouverneur de Thionville, Lieutenant Général de ses armées. Le Marquis de Montrevel a été promu Maréchal de Camp et était Maître de Camp du Régiment de Cavalerie du roi, sans être Colonel du Régiment de Rouergue. Le Marquis de Graville a été désigné Maître de Camp Lieutenant du Régiment de Cavalerie d'Orléans, le Chevalier de Castelane Maître de Camp Lieutenant du Régiment de Dragons d'Orléans, et M. de Saint Simon Maître de Camp Lieutenant du Régiment du Mayne. Une École de Trompettes a été établie à l'Hôtel Royal des Invalides pour servir dans les troupes du roi. Les trompettes y sont formés aux frais de Sa Majesté et reçoivent une augmentation de salaire proportionnelle à leurs progrès. Le 21 mars, l'Évêque d'Évreux a été sacré dans l'Église du Noviciat des Jésuites par l'Archevêque de Rouen, assisté des Évêques de Coutances et de Metz. Le 25 mars, il a prêté serment de fidélité au roi. Le 31 mars, un concert a eu lieu à Versailles chez la Reine, où M. Destouches, Surintendant de la Musique du roi, a fait chanter le prologue et le premier acte de l'opéra 'Tarsis et Zélie'. Les 6 et 7 avril, l'opéra a été continué, suscitant une grande satisfaction royale. Le 11 avril, un concert spirituel a été donné au Château des Tuileries, avec des motets chantés par les demoiselles Erremens, Petitpas, Julie et une autre chanteuse de province. Le concert s'est terminé par le 'Miserere' de M. de Lalande. Le Marquis de Nicolaï a pris possession de la charge de Premier Président de la Chambre des Comptes le 7 avril, après la démission de son père. Le 6 avril, le roi a passé en revue les Mousquetaires de la Garde à la Place d'Armes. Le 18 avril, un concert a été continué pendant la Semaine Sainte, avec des motets de M. de Lalande et d'autres maîtres modernes. Les lettres de Madrid indiquent que le Prince des Asturies était presque guéri d'une opération. Le roi a assisté à diverses cérémonies religieuses durant la Semaine Sainte, incluant la bénédiction des palmes, la messe, les vêpres, et le lavement des pieds. Le Vendredi Saint, le roi et la reine ont assisté au sermon de la Passion. Le Samedi Saint, le roi a communié et touché un grand nombre de malades.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
16
p. 195-202
« Le 13 Octobre le Commandeur de la Cerda, Envoyé extraordinaire du Roi de Portugal, eut [...] »
Début :
Le 13 Octobre le Commandeur de la Cerda, Envoyé extraordinaire du Roi de Portugal, eut [...]
Mots clefs :
Roi, Reine, Famille royale, Aumônier du roi, Évêque, Chapelle, Dauphine, Dauphin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 13 Octobre le Commandeur de la Cerda, Envoyé extraordinaire du Roi de Portugal, eut [...] »
LE 13 Octobre le Commandeur de la Cerda ,
Envoyé extraordinaire du Roi de Portugal , eut
une audience particuliere du Roi , dans laquelle
il préfenta à Sa Majefté une lettre de compliment
du Roi fon Maître , fur l'heureux accouchement
de Madame la Dauphine , & fur la naiffance de
Monfeigneur le Duc de Berry. Le Commandeur
de la Cerda fut conduit à cette audience par M.
Dufort , Introducteur des Ambaſſadeurs .
Le même jour leurs Majeftés accompagnées de
la Famille Royale , affifterent aux Vêpres & au
Salut dans la Chapelle du Château.
Le Roi a érigé la Terre de Marigny en Marquifat
, en faveur de M. de Vandiere , Directeur
& Ordonnateur Général des Bâtimens. Il a eu
l'honneur d'être préfenté le 9 à leurs Majeftés &
à la Famille royale , & d'entrer deux jours après
dans les carroffes du Roi.
L'ouverture de l'affemblée des Etats de Bretagne
s'eft faite à Rennes le 14 .
Le 15 , fête de Sainte Therefe , la Reine entendit
la Meffe dans l'Eglife du Couvent des Carmes
réclus des Loges.
Monfeigneur le Dauphin & Mefdames de
France affifterent l'après- midi au Salut dans la
même Eglife.
Le Comte de Sartiranne Ambaffadeur ordinaire
du Roi de Sardaigne , eut le même jour une
audience particuliere du Roi , dans laquelle il
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
donna part à Sa Majesté , au nom du Roi fon
Maître , de l'heureux accouchement de Madame
la Ducheffe de Savoye , & de la naiſſance d'un
Prince. Cet Ambaffadeur fut conduit à cette audience
, ainsi qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin , de Madame la Dauphine ,
de Madame Adelaide , & de Mefdames Victoire ,
Sophie & Louife , par le même Introducteur,
Suivant les lettres de Toulon , le Duc de Penthievre
vifita le 29 de Septembre la galere la
Brave. Ce Prince alla le jour fuivant à l'arfenal ,
pour voir les Gardes de la Marine faire l'exercice.
A fon paffage fur le port , il fat falué par le vaiſfeau
amiral & par les galeres . L'exercice des Gardes
de la Marine étant fini , le Duc de Penthievre
fe rendit à bord du vaiffeau le Foudroyant. Le premier
Octobre ce Prince vit le parc d'artillerie,,
& fit le tour des remparts du côté de la rade ; il
alla le 3 vifiter la grande tour. Après le dîner il
vifita le Fort de la Malgue , d'où il paffa à celui
d'Artigues. Le 4 vers les trois heures après- midi ,
le Duc de Penthievre s'embarqua fur un canot , &
fut fuivi par tous les canots , ainfi que par toutes
les barques & les chaloupes qui étoient dans le
port. Dès que le Prince parut dans la rade , les
quatre galeres definées à le conduire en Italie ,
& qui étoient prêtes à partir pour aller l'attendre
à Antibes , le faluerent à fon paffage , ce que fit
auffi la Frégate la Thetis. Toute cette flotille s'avança
à deux lieues en mer , & l'on donna au Duc
de Penthievre le divertiffement de la pêche du
thon. Au retour , les galeres qui avoient déja tiré
deux coups de canon pout annoncer leur départ ,
vinrent l'une après l'autre à force de rames paffer
devant le canot du Prince , & firent une nouvelle
falve de toute leur artillerie . Le tems étoit fi fa
DECEMBRE. 1754. 197
•
vorable pour la avigation , qu'une demi-heure
après on les perdit de vite. Lorfque le foleil fut
fous l'horizon , trois galiotes à bombes placées
dans la petite rade , tirerent chacune fix bombes.
Les le Prince fit le tour des remparts en dedans
de la ville. Sur les fept heures du foir les galiotes
tirerent encore vingt- quatre bombes , & le Duc
de Penthievre vit ce fpectacle de fon appartement.
Ce Prince partit le 7 de Toulon , & alla coucher
au Luc : il s'eft rendu le lendemain à Fréjus , &
le 9 à Antibes ; le 12 il est parti d'Antibes pour
Gênes.
Les nouvelles de Marſeille du 17 portent qu'il
y étoit arrivé à bord du vaiffeau Anglois le Deptford
, vingt-fept efclaves François qui ont été embarqués
fur ce bâtiment à Gibraltar , & qui avoient
été rachetés peu de tems auparavant dans le
Royaume de Maroc par les Religieux des Ordres
de la Sainte Trinité & de Notre-Dame de la
Mercy. Ces efclaves ayant fait leur quarantaine à
Carthagene , ont eu l'entrée le 13 , & ont été reçus
par les Peres François Baurans & Paulin Gobin
, Commiffaires des deux Ordres.
Le 19 & le 20 d'Octobre , leurs Majeftés accompagnées
de la Famille Royale , aflifterent aux
Vêpres & au Salut dans la Chapelle du Château .
Le Roi foupa le 20 au grand couvert chez la
Reine .
Le même jour la Marquife de Fontange fit fes
révérences au Roi , à la Reine & à la Famille
Royale,
Leurs Majeftés fignerent le même jour le contrat
de mariage du Comte de Salvert & de la
Demoiſelle de Sabrevois , fille de M. de Sabrevois
, Maréchal des camps & armées du Roi ,
Lieutenant général d'artillerie , & Commandant
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
en chef au départément général d'Alface , de
Bourgogne & de Franche Comté.
Le 20 l'Evêque de Gap nommé à l'Evêché d'Auxerre
, fit dans l'Eglife des Miffions étrangeres
la cérémonie de bénir le nouvel Abbé de l'Abbaye
réguliere de Saint Amand.
Le Roi a nommé Chevalier de l'Ordre de Saint
Michel M. Pitot , Penfionnaire vétéran de l'Académie
Royale des Sciences , Membre de la Société
Royale de Londres , Directeur du canal & des
travaux publics de la Province de Languedoc.
Le 22 M. Gualterio , Archevêque de Mira ,
Nonce ordinaire du Pape , eut une audience particuliere
du Roi , dans laquelle il préfenta à Sa
Majesté M. Molinari , Archevêque de Damas ,
qui paffe par la France pour fe rendre à fa Nonciature
de Bruxelles . M. Guakerio fut conduit à
cette audience , ainſi qu'à celles de la Reine , de
Monfeigneur le Dauphin , de Madame la Dauphine
, de Madame Adelaide & de Mefdames
Victoire , Sophie & Louife , par M. Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs .
›
Le Comte Turpin , Brigadier de cavalerie , &
Colonel d'un Régiment de Huffards , a préſenté
au Roi un ouvrage de fa compoſition fur l'Ars
militaire.
La place d'Aumônier du Roi , vacante par la
mort de M. l'Abbé de Caulincourt , a été donnée à
M.l'Abbé de Scey-Montbeillard , Abbé de l'Abbaye
de Saint André , Ordre de Prémontré , Diocefe
de Clermont.
Le Roi a envoyé au Parlement de Bretagne une
Déclaration datée du 8 Octobre , qui fut enregiftrée
le 17 du même mois.
Un Juif de Metz , âgé de trente-cinq ans , refut
le 10 Octobre à Saintes , par les mains de l'EDECEMBRE.
1754 199
vêque , les Sacremens de Baptême & de la Con
firmation. Il a eu pour parrein M. de Blair de
Boifmon , Intendant de la Rochelle , nommé à
l'Intendance de Valénciennes ; & pour marreine
la Dame de Parabere , Abbeffe de l'Abbaye de
Notre-Dame de Saintes , qui lui ont donné les
noms de Louis-Marie.
Depuis le 15 Octobre on a commencé à allu→
mer toutes les nuits à Calais , deux heures avant
& deux heures après la pleine mer , un fanal au
bout de la grande jettée du côté de l'oueft. Cela
s'obfervera pendant tout le tems de la pêche du
hareng , c'est - à- dire jufqu'au mois prochain , afin
de faciliter aux Pêcheurs l'entrée du port de Calais
. On en ufera de même deformais chaque année
dans cette faiſon.
Selon les lettres de Provence , la maison des
Penfionnaires établie à Aix le premier Octobre
1753 , au College Royal - Bourbon des Jefuites ,
en vertu d'un brevet du Roi , vient d'être achevée
Elle peut contenir jufqu'à cent jeunes gens,
Moyennant une nouvelle fondation , il y a actuellement
deux Profeffeurs de Rhétorique dans
ce College.
Le 24 l'Archevêque de Sens conféra le Sacrement
de la Confirmation à onze cens enfans dans
l'Eglife de la Communauté des Filles Bleues.
Le 26 le Roi quitta le deuil que Sa Majefté avoit
pris le 6 pour laReine Douairiere de Portugal.
Le Roi foupa le 27 au grand couvert chez la
Reine avec la Famille Royale.
Il a été fait par le Lord Powerscourt une ga.
geure , qu'il viendroit à cheval en deux heures de
la derniere maifon de Fontainebleau à la premiere
barriere des Gobelins . M. Baillon ,
loger de la Reine , a été chargé d'envoyer deux
Hor
I iiij
200 MERCURE DE FRANCE.
pendules à Fontainebleau , & d'en tenir deux à la
barriere des Gobelins fur la même heure , afin de
mefurer le tems que ce Seigneur Anglois employe
roit à fa courſe. Le 29 du mois dernier le Lord
Powerscourt eft parti de Fontainebleau à fept
heures neuf minutes quarante-cinq fecondes du
matin , & il eſt arrivé à huit heures quarante- fept
minutes vingt- fept fecondes à la barriere indiquée.
Il avoit deux relais fur la route. Une des
conditions de la gageure étoit qu'il ne monteroit
pas plus de trois chevaux , & il n'en a monté que
deux.
Selon les lettres de Gênes , le Duc de Penthievre
y eft arrivé le 19 Octobre , à trois heures
après- midi. Une députation de la République eft
allée le recevoir à fa galere , & l'a conduit au Pa-
Lais Brignolé , qui avoit été préparé pour le loge.
ment de ce Prince . Les Députés doivent l'accom
pagner par-tout pendant fon féjour à Gênes.
Le 31 , veille de la Fête de Tous les Saints , le
Roi & la Reine , accompagnés de la Famille royale
, affifterent au premieres Vêpres dans la Chapelle
du Château . Elles furent chantées par la Muſique ,
& l'Evêque de Chartres y officia.
Le premier Novembre , jour de la Fête , leurs
Majeftés accompagnées comme le jour précédent,
entendirent la grande Meffe célébrée pontificament
par le même Prélat . Le Roi , la Reine & la
Famille royale affifterent l'après- midi aux Vêpres
du jour chantées par la Mufique , aufquelles
Ï'Evêque de Chartres officia , & enfuite aux Vêpres
des Morts. Avant les Vêpres , leurs Majeftés
entendirent la Prédication du Pere de Neufville ,
de la Compagnie de Jeſus.
A l'occafion de la Fête , la Reine a communié
par les mains de l'Evêque de Chartres , fon preDECEMBRE
. 1754. 201
mier Aumônier ; Monfeigneur le Dauphin, par celles
de M. l'Abbé de Chabannes , Aumônier du Roi ;
Madame la Dauphine , par celles de M. l'Abbé de
Murat , fon Aumônier en quartier ; Madame Adelaïde,
par celles de l'Evêque de Meaux , fon premier
Aumônier ; & Mefd . Victoire , Sophie & Louiſe ,
par celles de M. l'Abbé Barc , Chapelain du Roi.
Le premier & le 3 , le Roi foupa au grand couvert
chez la Reine avec la Famille royale.
M. Pitrou , Ingénieur des ponts & chauffées ,
ayant fait anciennement par ordre du Roi la vifite
de la riviere de Marne depuis Châlons jufqu'à
Charenton , a eftimé à treize millions les dépenfes
néceffaires pour faciliter la navigation de cette
riviere. Un autre Ingénieur commis auffi par Sa
Majeſté , a viſité la riviere d'Yonne : il a jugé qu'il
falloit dépenfer dix millions pour la rendre navigable
jufqu'à fon embouchure dans la Seine . M.
Macary , privilegié du Roi pour la fûreté de la
navigation , a foumis à la décision du Confeil un
projet différent , pour que le tiers au moins des
denrées deftinées à la confommation de Paris , y
foient amenées dans tous les tems de l'année ,
hors les cas extraordinaires des glaces & des débordemens
& pour que les frais de transport foient
toujours les mêmes . Selon le devis , la dépenfe ne
montera qu'à quatre millions trois cens vingtneuf
mille fix cens foixante- fix livres . Une Compagnie
fournira les fonds , & il n'en coutera rien
au Roi ni au public . L'auteur du projet , s'il eft autorifé
, demande feulement pour l'exécuter avec
La Compagnie, & pour entretenir les ouvrages , un
droit médiocre de navigation , qui fera à la charge
des Maîtres de barques.
Le mémoire de M. Macary a été renvoyé par le
Confeil à Mr de Bernage ; Confeiller d'Etat or-
Ιν
202 MERCURE DE FRANCE.
dinaire , Prévôt des Marchands , pour que le Bureau
de la ville donne fon avis fur les propoſitions
qui y font continues.
Le 9 Novembre , le Roi déclara la nomination
au chapeau de Cardinal que Madame la Dauphine
a obtenu pour l'Archevêque de Sens , fon premier
Aumônier .
Le 12 , l'ouverture du Parlement fe fit avec les
cérémonies accoutumées , par une Meffe folemnelle
, que M. l'Abbé de Sailly , Chantre de la Sainte
Chapelle , célébra dans la Chapelle de la grande
Salle du Palais , & à laquelle M. de Maupeou , premier
Préfident , & les Chambres affifterent .
Le 13 , le Marquis de Malefpina qui eft venu
pour complimenter leurs Majeftés de la part de
I'Infant Duc & de Madame Infante Ducheffe de
Parme , fur la naiffance de Monfeigneur le Duc de
Berry , prit congé du Roi , de la Reine & de la Famille
royale.
Le Roi a fixé au 18 fon départ de Fontainebleau.
Des fix places de Docteurs Aggrégés qui étoient
vacantes dans la Faculté de Droit de Paris , les
trois premieres ont été adjugées par cette Faculté
à MM. Sauvage , Boyer & Lalourcey , Docteurs
de Paris. Le concours pour les trois autres places
doit s'ouvrir le 19 de Décembre.
On mande de Strasbourg que le Margrave &
la Margrave de Brandebourg- Bareith y ont paffé
en allant à Montpellier.
Les mêmes lettres marquent qu'on a effuyé
pendant le mois dernier plufieurs facheux orages
dans une partie de l'Alface.
Le 14 de ce mois , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à dix - huit cens trente livres ;
les Billets de la premiere lotterie royale , à fept
cens foixante -dix livres ; & ceux de la feconde , à
fix cens foixante- dix.
Envoyé extraordinaire du Roi de Portugal , eut
une audience particuliere du Roi , dans laquelle
il préfenta à Sa Majefté une lettre de compliment
du Roi fon Maître , fur l'heureux accouchement
de Madame la Dauphine , & fur la naiffance de
Monfeigneur le Duc de Berry. Le Commandeur
de la Cerda fut conduit à cette audience par M.
Dufort , Introducteur des Ambaſſadeurs .
Le même jour leurs Majeftés accompagnées de
la Famille Royale , affifterent aux Vêpres & au
Salut dans la Chapelle du Château.
Le Roi a érigé la Terre de Marigny en Marquifat
, en faveur de M. de Vandiere , Directeur
& Ordonnateur Général des Bâtimens. Il a eu
l'honneur d'être préfenté le 9 à leurs Majeftés &
à la Famille royale , & d'entrer deux jours après
dans les carroffes du Roi.
L'ouverture de l'affemblée des Etats de Bretagne
s'eft faite à Rennes le 14 .
Le 15 , fête de Sainte Therefe , la Reine entendit
la Meffe dans l'Eglife du Couvent des Carmes
réclus des Loges.
Monfeigneur le Dauphin & Mefdames de
France affifterent l'après- midi au Salut dans la
même Eglife.
Le Comte de Sartiranne Ambaffadeur ordinaire
du Roi de Sardaigne , eut le même jour une
audience particuliere du Roi , dans laquelle il
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
donna part à Sa Majesté , au nom du Roi fon
Maître , de l'heureux accouchement de Madame
la Ducheffe de Savoye , & de la naiſſance d'un
Prince. Cet Ambaffadeur fut conduit à cette audience
, ainsi qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin , de Madame la Dauphine ,
de Madame Adelaide , & de Mefdames Victoire ,
Sophie & Louife , par le même Introducteur,
Suivant les lettres de Toulon , le Duc de Penthievre
vifita le 29 de Septembre la galere la
Brave. Ce Prince alla le jour fuivant à l'arfenal ,
pour voir les Gardes de la Marine faire l'exercice.
A fon paffage fur le port , il fat falué par le vaiſfeau
amiral & par les galeres . L'exercice des Gardes
de la Marine étant fini , le Duc de Penthievre
fe rendit à bord du vaiffeau le Foudroyant. Le premier
Octobre ce Prince vit le parc d'artillerie,,
& fit le tour des remparts du côté de la rade ; il
alla le 3 vifiter la grande tour. Après le dîner il
vifita le Fort de la Malgue , d'où il paffa à celui
d'Artigues. Le 4 vers les trois heures après- midi ,
le Duc de Penthievre s'embarqua fur un canot , &
fut fuivi par tous les canots , ainfi que par toutes
les barques & les chaloupes qui étoient dans le
port. Dès que le Prince parut dans la rade , les
quatre galeres definées à le conduire en Italie ,
& qui étoient prêtes à partir pour aller l'attendre
à Antibes , le faluerent à fon paffage , ce que fit
auffi la Frégate la Thetis. Toute cette flotille s'avança
à deux lieues en mer , & l'on donna au Duc
de Penthievre le divertiffement de la pêche du
thon. Au retour , les galeres qui avoient déja tiré
deux coups de canon pout annoncer leur départ ,
vinrent l'une après l'autre à force de rames paffer
devant le canot du Prince , & firent une nouvelle
falve de toute leur artillerie . Le tems étoit fi fa
DECEMBRE. 1754. 197
•
vorable pour la avigation , qu'une demi-heure
après on les perdit de vite. Lorfque le foleil fut
fous l'horizon , trois galiotes à bombes placées
dans la petite rade , tirerent chacune fix bombes.
Les le Prince fit le tour des remparts en dedans
de la ville. Sur les fept heures du foir les galiotes
tirerent encore vingt- quatre bombes , & le Duc
de Penthievre vit ce fpectacle de fon appartement.
Ce Prince partit le 7 de Toulon , & alla coucher
au Luc : il s'eft rendu le lendemain à Fréjus , &
le 9 à Antibes ; le 12 il est parti d'Antibes pour
Gênes.
Les nouvelles de Marſeille du 17 portent qu'il
y étoit arrivé à bord du vaiffeau Anglois le Deptford
, vingt-fept efclaves François qui ont été embarqués
fur ce bâtiment à Gibraltar , & qui avoient
été rachetés peu de tems auparavant dans le
Royaume de Maroc par les Religieux des Ordres
de la Sainte Trinité & de Notre-Dame de la
Mercy. Ces efclaves ayant fait leur quarantaine à
Carthagene , ont eu l'entrée le 13 , & ont été reçus
par les Peres François Baurans & Paulin Gobin
, Commiffaires des deux Ordres.
Le 19 & le 20 d'Octobre , leurs Majeftés accompagnées
de la Famille Royale , aflifterent aux
Vêpres & au Salut dans la Chapelle du Château .
Le Roi foupa le 20 au grand couvert chez la
Reine .
Le même jour la Marquife de Fontange fit fes
révérences au Roi , à la Reine & à la Famille
Royale,
Leurs Majeftés fignerent le même jour le contrat
de mariage du Comte de Salvert & de la
Demoiſelle de Sabrevois , fille de M. de Sabrevois
, Maréchal des camps & armées du Roi ,
Lieutenant général d'artillerie , & Commandant
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
en chef au départément général d'Alface , de
Bourgogne & de Franche Comté.
Le 20 l'Evêque de Gap nommé à l'Evêché d'Auxerre
, fit dans l'Eglife des Miffions étrangeres
la cérémonie de bénir le nouvel Abbé de l'Abbaye
réguliere de Saint Amand.
Le Roi a nommé Chevalier de l'Ordre de Saint
Michel M. Pitot , Penfionnaire vétéran de l'Académie
Royale des Sciences , Membre de la Société
Royale de Londres , Directeur du canal & des
travaux publics de la Province de Languedoc.
Le 22 M. Gualterio , Archevêque de Mira ,
Nonce ordinaire du Pape , eut une audience particuliere
du Roi , dans laquelle il préfenta à Sa
Majesté M. Molinari , Archevêque de Damas ,
qui paffe par la France pour fe rendre à fa Nonciature
de Bruxelles . M. Guakerio fut conduit à
cette audience , ainſi qu'à celles de la Reine , de
Monfeigneur le Dauphin , de Madame la Dauphine
, de Madame Adelaide & de Mefdames
Victoire , Sophie & Louife , par M. Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs .
›
Le Comte Turpin , Brigadier de cavalerie , &
Colonel d'un Régiment de Huffards , a préſenté
au Roi un ouvrage de fa compoſition fur l'Ars
militaire.
La place d'Aumônier du Roi , vacante par la
mort de M. l'Abbé de Caulincourt , a été donnée à
M.l'Abbé de Scey-Montbeillard , Abbé de l'Abbaye
de Saint André , Ordre de Prémontré , Diocefe
de Clermont.
Le Roi a envoyé au Parlement de Bretagne une
Déclaration datée du 8 Octobre , qui fut enregiftrée
le 17 du même mois.
Un Juif de Metz , âgé de trente-cinq ans , refut
le 10 Octobre à Saintes , par les mains de l'EDECEMBRE.
1754 199
vêque , les Sacremens de Baptême & de la Con
firmation. Il a eu pour parrein M. de Blair de
Boifmon , Intendant de la Rochelle , nommé à
l'Intendance de Valénciennes ; & pour marreine
la Dame de Parabere , Abbeffe de l'Abbaye de
Notre-Dame de Saintes , qui lui ont donné les
noms de Louis-Marie.
Depuis le 15 Octobre on a commencé à allu→
mer toutes les nuits à Calais , deux heures avant
& deux heures après la pleine mer , un fanal au
bout de la grande jettée du côté de l'oueft. Cela
s'obfervera pendant tout le tems de la pêche du
hareng , c'est - à- dire jufqu'au mois prochain , afin
de faciliter aux Pêcheurs l'entrée du port de Calais
. On en ufera de même deformais chaque année
dans cette faiſon.
Selon les lettres de Provence , la maison des
Penfionnaires établie à Aix le premier Octobre
1753 , au College Royal - Bourbon des Jefuites ,
en vertu d'un brevet du Roi , vient d'être achevée
Elle peut contenir jufqu'à cent jeunes gens,
Moyennant une nouvelle fondation , il y a actuellement
deux Profeffeurs de Rhétorique dans
ce College.
Le 24 l'Archevêque de Sens conféra le Sacrement
de la Confirmation à onze cens enfans dans
l'Eglife de la Communauté des Filles Bleues.
Le 26 le Roi quitta le deuil que Sa Majefté avoit
pris le 6 pour laReine Douairiere de Portugal.
Le Roi foupa le 27 au grand couvert chez la
Reine avec la Famille Royale.
Il a été fait par le Lord Powerscourt une ga.
geure , qu'il viendroit à cheval en deux heures de
la derniere maifon de Fontainebleau à la premiere
barriere des Gobelins . M. Baillon ,
loger de la Reine , a été chargé d'envoyer deux
Hor
I iiij
200 MERCURE DE FRANCE.
pendules à Fontainebleau , & d'en tenir deux à la
barriere des Gobelins fur la même heure , afin de
mefurer le tems que ce Seigneur Anglois employe
roit à fa courſe. Le 29 du mois dernier le Lord
Powerscourt eft parti de Fontainebleau à fept
heures neuf minutes quarante-cinq fecondes du
matin , & il eſt arrivé à huit heures quarante- fept
minutes vingt- fept fecondes à la barriere indiquée.
Il avoit deux relais fur la route. Une des
conditions de la gageure étoit qu'il ne monteroit
pas plus de trois chevaux , & il n'en a monté que
deux.
Selon les lettres de Gênes , le Duc de Penthievre
y eft arrivé le 19 Octobre , à trois heures
après- midi. Une députation de la République eft
allée le recevoir à fa galere , & l'a conduit au Pa-
Lais Brignolé , qui avoit été préparé pour le loge.
ment de ce Prince . Les Députés doivent l'accom
pagner par-tout pendant fon féjour à Gênes.
Le 31 , veille de la Fête de Tous les Saints , le
Roi & la Reine , accompagnés de la Famille royale
, affifterent au premieres Vêpres dans la Chapelle
du Château . Elles furent chantées par la Muſique ,
& l'Evêque de Chartres y officia.
Le premier Novembre , jour de la Fête , leurs
Majeftés accompagnées comme le jour précédent,
entendirent la grande Meffe célébrée pontificament
par le même Prélat . Le Roi , la Reine & la
Famille royale affifterent l'après- midi aux Vêpres
du jour chantées par la Mufique , aufquelles
Ï'Evêque de Chartres officia , & enfuite aux Vêpres
des Morts. Avant les Vêpres , leurs Majeftés
entendirent la Prédication du Pere de Neufville ,
de la Compagnie de Jeſus.
A l'occafion de la Fête , la Reine a communié
par les mains de l'Evêque de Chartres , fon preDECEMBRE
. 1754. 201
mier Aumônier ; Monfeigneur le Dauphin, par celles
de M. l'Abbé de Chabannes , Aumônier du Roi ;
Madame la Dauphine , par celles de M. l'Abbé de
Murat , fon Aumônier en quartier ; Madame Adelaïde,
par celles de l'Evêque de Meaux , fon premier
Aumônier ; & Mefd . Victoire , Sophie & Louiſe ,
par celles de M. l'Abbé Barc , Chapelain du Roi.
Le premier & le 3 , le Roi foupa au grand couvert
chez la Reine avec la Famille royale.
M. Pitrou , Ingénieur des ponts & chauffées ,
ayant fait anciennement par ordre du Roi la vifite
de la riviere de Marne depuis Châlons jufqu'à
Charenton , a eftimé à treize millions les dépenfes
néceffaires pour faciliter la navigation de cette
riviere. Un autre Ingénieur commis auffi par Sa
Majeſté , a viſité la riviere d'Yonne : il a jugé qu'il
falloit dépenfer dix millions pour la rendre navigable
jufqu'à fon embouchure dans la Seine . M.
Macary , privilegié du Roi pour la fûreté de la
navigation , a foumis à la décision du Confeil un
projet différent , pour que le tiers au moins des
denrées deftinées à la confommation de Paris , y
foient amenées dans tous les tems de l'année ,
hors les cas extraordinaires des glaces & des débordemens
& pour que les frais de transport foient
toujours les mêmes . Selon le devis , la dépenfe ne
montera qu'à quatre millions trois cens vingtneuf
mille fix cens foixante- fix livres . Une Compagnie
fournira les fonds , & il n'en coutera rien
au Roi ni au public . L'auteur du projet , s'il eft autorifé
, demande feulement pour l'exécuter avec
La Compagnie, & pour entretenir les ouvrages , un
droit médiocre de navigation , qui fera à la charge
des Maîtres de barques.
Le mémoire de M. Macary a été renvoyé par le
Confeil à Mr de Bernage ; Confeiller d'Etat or-
Ιν
202 MERCURE DE FRANCE.
dinaire , Prévôt des Marchands , pour que le Bureau
de la ville donne fon avis fur les propoſitions
qui y font continues.
Le 9 Novembre , le Roi déclara la nomination
au chapeau de Cardinal que Madame la Dauphine
a obtenu pour l'Archevêque de Sens , fon premier
Aumônier .
Le 12 , l'ouverture du Parlement fe fit avec les
cérémonies accoutumées , par une Meffe folemnelle
, que M. l'Abbé de Sailly , Chantre de la Sainte
Chapelle , célébra dans la Chapelle de la grande
Salle du Palais , & à laquelle M. de Maupeou , premier
Préfident , & les Chambres affifterent .
Le 13 , le Marquis de Malefpina qui eft venu
pour complimenter leurs Majeftés de la part de
I'Infant Duc & de Madame Infante Ducheffe de
Parme , fur la naiffance de Monfeigneur le Duc de
Berry , prit congé du Roi , de la Reine & de la Famille
royale.
Le Roi a fixé au 18 fon départ de Fontainebleau.
Des fix places de Docteurs Aggrégés qui étoient
vacantes dans la Faculté de Droit de Paris , les
trois premieres ont été adjugées par cette Faculté
à MM. Sauvage , Boyer & Lalourcey , Docteurs
de Paris. Le concours pour les trois autres places
doit s'ouvrir le 19 de Décembre.
On mande de Strasbourg que le Margrave &
la Margrave de Brandebourg- Bareith y ont paffé
en allant à Montpellier.
Les mêmes lettres marquent qu'on a effuyé
pendant le mois dernier plufieurs facheux orages
dans une partie de l'Alface.
Le 14 de ce mois , les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à dix - huit cens trente livres ;
les Billets de la premiere lotterie royale , à fept
cens foixante -dix livres ; & ceux de la feconde , à
fix cens foixante- dix.
Fermer
Résumé : « Le 13 Octobre le Commandeur de la Cerda, Envoyé extraordinaire du Roi de Portugal, eut [...] »
Le 13 octobre, le Commandeur de la Cerda, envoyé extraordinaire du Roi de Portugal, a été reçu en audience privée par le Roi de France pour lui présenter une lettre de félicitations concernant l'accouchement de Madame la Dauphine et la naissance du Duc de Berry. Le même jour, Leurs Majestés et la Famille Royale ont assisté aux Vêpres et au Salut dans la Chapelle du Château. Le Roi a élevé la Terre de Marigny au rang de Marquisat en faveur de M. de Vandiere, Directeur et Ordonnateur Général des Bâtiments. Le 14 octobre, l'ouverture de l'assemblée des États de Bretagne a eu lieu à Rennes. Le 15 octobre, la Reine a entendu la messe dans l'église du Couvent des Carmes réclus des Loges, et le Dauphin ainsi que Mesdames de France ont assisté au Salut l'après-midi. Le Comte de Sartiranne, ambassadeur du Roi de Sardaigne, a informé le Roi de l'accouchement de la Duchesse de Savoie et de la naissance d'un prince. Le Duc de Penthièvre a visité plusieurs sites militaires et navals à Toulon avant de partir pour Gênes le 12 octobre. À Marseille, vingt-sept esclaves français ont été libérés et ramenés par les Religieux des Ordres de la Sainte Trinité et de Notre-Dame de la Mercy. Le 20 octobre, Leurs Majestés ont assisté aux Vêpres et au Salut, et le Roi a signé le contrat de mariage du Comte de Salvert et de Mademoiselle de Sabrevois. Le Roi a également nommé Chevalier de l'Ordre de Saint-Michel M. Pitot, et a reçu en audience l'Archevêque de Mira et l'Archevêque de Damas. Divers événements religieux et cérémoniels ont eu lieu, notamment la confirmation de nombreux enfants et la fin du deuil du Roi pour la Reine Douairière de Portugal. Le Lord Powerscourt a réalisé une course à cheval entre Fontainebleau et Paris. Le Duc de Penthièvre est arrivé à Gênes le 19 octobre. Le 1er novembre, le Roi et la Famille Royale ont assisté à des cérémonies religieuses à l'occasion de la Toussaint. Le Roi a également déclaré la nomination de l'Archevêque de Sens au chapeau de Cardinal. Le Parlement a ouvert sa session avec une messe solennelle. Le Marquis de Malespina a pris congé après avoir félicité la Famille Royale pour la naissance du Duc de Berry.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 193-201
DE MONTPELLIER.
Début :
On a trouvé il y a deux mois dans le tems que la neige [...]
Mots clefs :
Famille royale, Majesté, Roi, Reine, Musique, Évêque de Gap, Chapelle, Compagnie, Dauphin, Grand-messe, Père Griffet, Madame Adélaïde, Sophie Victoire, Louise Victoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE MONTPELLIER.
DE MONTPELLIER .
On atrouvé il y a deux mois dans le tems que
la neige étoit fur terre , un oifeau plus gros qu'un
Coq d'Inde , reffemblant affez à un Héron , ayant
une espece de couronne fur la tête avec deux grandes
plumes qui lui tomboient fur le dos. Il étoit
fi maigre que ne pouvant plus voler , des chiens
le prirent à Caftries, terre appartenant à M. le Marquis
de Caftres , à deux lieues de Montpellier. Il
avoit un anneau au pied, fur lequel étoient gravées
que voici : les lettres
C. W. F. M. Z. B. O.
NO. 74. A. 1752. U. G.
On nous a prié d'inférer dans l'article des nouvelles
cet événement , qui peut intéreffer la perfonne
à qui appartenoit cet oifeau. On pourroit
fçavoir par ce moyen d'où il eft venu , quelle étoit
fon efpece , & le tems où il s'eft fauvé de chez fon
maître.
Le 18 Mars, pendant la Meffe du Roi , l'Evêque de
Gap prêta ferment entre les mains de Sa Majeſté.
Le huitieme tirage de la premiere lotterie royale
fe fit le 19 & les jours fuivans , dans la grande
Salle de l'Hôtel de Ville , en préfence des Prévôt
des Marchands & Echevins. Le principal Lot
cft échu au numéro 6804 , & le fecond au numéro
16894. Le numéro 1628 a eu la premiere
Prime.
On fit le 22 de ce mois la proceffion folemnelle
, qu'on a coutume de faire tous les ans ,
en mémoire de la réduction de cette Capitale
fous l'obéiffance de Henri IV. Le Corps de Ville
y affifta fuivant l'ufage.
I
194 MERCURE DE FRANCE.
Le même jour l'Académie Françoife élut le
fieur de Châteaubrun , pour remplir la place vacante
dans cette Compagnie , par la mort du
Préſident de Montefquieu .
Le 23 , l'Evêque de Vence fut facré dans la
Chapelle du Séminaire de Saint Sulpice , par
l'Evêque de Beauvais , affifté des Evêques de
Soiffons & de Bazas , & le 24 , pendant la Meffe
du Roi , il prêta ferment de fidélité entre les
mains de Sa Majesté.
La Marquife de Sailly fut préfentée le 23 à
Leurs Majeftés & à la Famille Royale.
Le 23 , Dimanche des Rameaux , le Roi , accompagné
de Madame Adelaïde , & de Mefdames
Victoire , Sophie & Louiſe , aſſiſta dans
la Chapelle à la Bénédiction des Palmes. Cette
cérémonie fut faite par l'Abbé Gergoy , Chapelain
Ordinaire de la Chapelle - Mufique , lequel
préfenta une Palme à Sa Majefté. Après
la Proceffion , & après avoir adoré la Croix ,
le Roi entendit la grande Meffe , célébrée par
le même Chapelain , & chantée par la Mufique.
L'après-midi , le Roi entendit le Sermon du
Pere Griffet , de la Compagnie de Jeſus . Sa Majeſté
aſſiſta enfuite aux Vêpres , chantées par la
Mufique , & au ' Salut célébré par les Millionnaires.
La Reine , Monfeigneur le Dauphin & Madame
la Dauphine , affifterent dans la Tribune à
l'Office du matin & à celui de l'après -midi.
Le 27 , Jeudi Saint , l'Evêque de Gap ayant
fait l'Abfoute , & le Roi ayant entendu le Sermon
de l'Abbé de Trémouilhe , Chanoine &
Théologal de l'Eglife Métropolitaine de Tours ;
Sa Majefté a lave les pieds à douze pauvres ,
a
MAI. 1755. 195
& les a ſervis à table . Le Prince de Condé ,
Grand Maître de la Maiſon du Roi , étoit à la
tête des Maîtres d'Hôtel , & il précédoit le Service
, dont les plats ont été portés par Monfeigneur
le Dauphin , le Duc d'Orléans , le
Prince de Conti , le Comte de la Marche , le
Comte d'Eu , & par les principaux Officiers de
Sa Majesté. Après cette cérémonie , le Roi &
la Reine , accompagnés de la Famille Royale,
fe font rendus à la Chapelle , où Leurs Majeftés
ont entendu la grande Meffe , célébrée
par l'Abbé Gergoy , & ont affifté à la Proceffion
.
Leurs Majeftés ont affifté le 26 & le 27 à l'Office
des Ténebres , chanté par la Mufique.
L'Académie des Belles • Lettres de Marſeille
ayant réſervé le prix qu'elle devoit adjuger en
1754 , en aura cette année deux à diftribuer.
Elle donnera l'un de ces prix à un Poëme en
rimes plates , de cent cinquante vers au plus ,
& de cent au moins , dont le fujet fera : La
Réunion de la Provence à la Couronne. L'autre
prix eft deftiné à un Difcours d'un quart
d'heure , ou tout au plus d'une demi - heure
de lecture , lequel aura pour fujet : L'homme
eft plus grand par l'ufage defes talens , que par les
talens mêmes.
La Fregate la Gloire , qui a fait voile de Pondichery
le 10 Septembre 1754 , eft arrivée le
26 Mars au Port de l'Orient. On a appris par
ce bâtiment que le fieur Godeheu étoit dé
barqué le 2 Août à Pondichery , & que le fieur
Dupleix , qui lui a remis le Gouvernement des
étab iffemens de la Compagnie dans l'Inde , devoit
être parti au mois d'Octobre , pour revenir en
Europe.
Iij
196 MERCURE DE FRANCE.
Le 27 de Mars , la Reine entendit le
Sermon de la Cêne de l'Abbé de Tremouilhe ,
Chanoine & Théologal de l'Eglife Métropoli- ,
taine de Tours. L'Evêque de Gap fit enfuite.
Abfoute , après laquelle la Reine lava les pieds
à douze pauvres Filles , que Sa Majesté fervit
à table. Le Marquis de Chalmazel , premier
Maître d'Hôtel de la Reine , précéda le Service
, & les plats furent portés par Madame Adelaïde
, par Mefdames Victoire , Sophie & Louife,
par la Ducheffe d'Orleans , par les Dames du
Palais de la Reine , & les Dames de Compagnie
de Mefdames de France.
Leurs Majeftés & la Famille Royale fe rendirent
le même jour fur les dix heures du foir
à la Chapelle du Château , & firent leurs prieres
devant l'Autel , où le Saint Sacrement étoit '
en dépôt.
Le 28 , jour du Vendredi Saint , le Roi & la
Reine , accompagnés de Madame Adelaïde , &
de Mefdames Victoire & Sophie , entendirent
le Sermon de la Paffion du Pere Griffet , de la
Compagnie de Jefus. Après la Prédication , leurs
Majeftés affifterent à l'Office , & allerent à l'Adoration
de la Croix. L'après- midi , le Roi & la
Reine entendirent les Tenebres.
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dau
phine , & Madame Louife , affifterent à l'Offi
ce du matin & du foir dans la Tribune .
Le 29 , Samedi Saint , leurs Majeftés entendirent
la grande Meffe , célébrée par les Miffionnaires.
-
Elles affifterent l'après midi aux Complies ,
après lefquelles la Mufique chanta le Regina Cali
& PO Filii , de la compofition du fieur Mondonville
, Maître de Mufique de la Chapelle , en
quartier.
MAI 1755 197- 甲
enten-
Le 30 , Fête de Pâques , le Roi & la Reine ,
accompagnés de Mefdames de France ,
dirept dans la Chapelle du Château la grande
Meffe , à laquelle l'Evêque de Gap officia pontificalement
, & qui fut chantée par la Mu-.
fique.
L'après-midi , leurs Majeftés affifterent à la
Prédication du Pere Griffet , enfuite aux Vêpres
, chantées par la Mufique , auxquelles l'Evêque
de Gap officia ; & au Salut célébré par
les Miffionnaires , pendant lequel la Mufique
chanta l'O Filii.
Le 30 Monfeigneur le Duc de Bourgogne &
Madame dînerent avec la Reine .
Le même jour , la Comteffe de Marfan , Gouvernante
des Enfans de France , conduifit Monfeigneur
le Duc de Berry chez la Reine , pour
la premiere fois depuis la naiffance de ce
Prince.
Le Maréchal Duc de Belle- Ifle , en long
manteau de deuil , a fait fes révérences à leurs
Majeftés & à la Famille Royale , à occafion
de la mort de la Maréchale de Belle - Ifle .
Le 6 , l'Evêque de Rennes , le Duc de Rohan
& le Sr Baillon , Préfidens des trois Ordres des
Etats de Bretagne , & nommés pour présenter au
Roi la médaille & l'eftampe du monument que
les Etats ont fait élever à Rennes , en mémoire de
la convalescence & des victoires de Sa Majesté ,
s'acquitterent de ce devoir. Sa Majefté voulant
leur témoigner fa fatisfaction par une marque dif
tinguée , les reçut dans fon cabinet . L'Evêque de
Rennes porta la parole. Le Duc d'Aiguillon, Commandant
en Bretagne , accompagnoit la députation
; & le Comte de Saint - Florentin , Miniftre
& Secrétaire d'Etat ayant le département de cette
-
Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
province , préfenta les Députés au Roi , à la Reine
, & à la Famille royale.
L'Académie royale de Chirurgie tint le 10
Avril fon affemblée publique. A l'ouverture de la
féance, le Sr Morand , Secrétaire perpétuel , annonça
que l'Académie avoit ajugé le prix , Sur laquefsiondufeu
, ou cautere actuel , comme remede de chirurgie
, au Mémoire No. 20 , portant à la premiere
page l'emblême de la Salamandre , avec la devife ,
Nimium extinguit , defideratum renovat ; & à la
derniere page l'enblême du phénix avec la devife
Crematus ipfe refurgit . Le Sr Pipelet lut une obfervation
, Sur la cure d'une Hernie d'inteftins gangrenée
, accompagnée de quelques circonfiances fingulieres.
Cette lecture fut fuivie de celle d'un mémoire
du Sr Houftet , Sur une espece particuliere
d'exoftofe . Le troifieme mémoire qui fut lû , eft
du Sr Ruffel , & contient des obfervations , Sur
les bons effets des cauteres multipliés dans le cas de
l'épilepfie. Le Sr Louis lut un mémoire , Sur les
pierres urinaires , formées hors des voies urinaires.
La féance fut terminée par la lecture de l'histoire
d'une plaie au foie au diaphragme , guérie par
les foins du Sr du Bertrand.
Le Comte de Gifors , nouvellement arrivé des
voyages qu'il a faits dans différentes Cours de
l'Europe , rendit le 12 fes refpects à leurs Majeftés
, étant préfenté par le Maréchal Duc de Belle-
Ifle , fon pere.
Le 13 , la Comteffe d'Ayen fut préfentée à leurs
Majeftés & à la Famille royale par la Ducheffe
d'Ayen, fa belle - mere. En vertu du brevet d'honneurs
que le Roi a accordé au Comte d'Ayen , elle
prit le tabouret.
Mademoiſelle de Sens préſenta le même jour la
Marquise de Prulé.
MA I. 1755 . 199
Le même jour leurs Majeftés fignerent les
contrats de mariage du Comte de Coigny , Meſtre
de Camp général des Dragons , avec la Vicomteffe
douairiere de Chabot ; du Marquis de Bethu
ne , Meftre de Camp général de la Cavalerie ,
avec Demoiſelle Crozat de Thiers ; du Comte de
Ligny , avec Demoiſelle de Rambures ; du fieur
de Blair de Boifmont , Intendant de Valenciennes ,
avec Demoiſelle de Fleffelle ; & du fieur Dufort
Introdacteur des Ambaffadeurs , avec Demoiſelle
le Gendre.
Le Roi a donné fon agrément au mariage du
Vicomte de Merinville , Brigadier de Cavalerie ,
& Capitaine fous- Lieutenant des Gendarines de lá.
Garde ordinaire du Roi , avec la feconde fille da
Marquis de Lhôpital .
Le Marquis de Marigny , Directeur & Ordonnateur
général des Bâtimens & Jardins du Roi ,
ainfi que des Arts & Manufactures , préfenta le
13 à Sa Majefté les ouvrages de peinture & de
fculptute faits pendant l'année derniere par les
éleves protégés. Voici la lifte de ces ouvrages.
1º. Le Šauveur lavant les pieds à fes Apôtres , par
le fieur Fragonard , âgé de 22 ans , & depuis deux
ans dans l'école. 2°. Armide prête à poignarder
Renaud , & arrêtée par l'Amour. Ce tableau eft
du fieur Monet depuis dix-huit mois dans l'école ,
& âgé de 23 ans. 3. Mercure qui endort Argus ,
pour enlever lo métamorphofée en Géniffe , par le
fieur Brenet l'aîné , âgé de 16 ans dans l'école
depuis quinze mois. Saint Jerome en méditation
par le même. 4º, Un modele , dont le ſujet repréfente
le Tems , qui enchaîne l'Amour , par le fieur
Brenet le jeune , âgé de 20 ans , depuis fix mois
dans l'école. 5. Une figure allégorique , repréfentant
la Nobleffe , par le fieur d'Huez , âgé de
I iiij
200 MERCURE DE FRANCE.
24 ans , & entré dans l'école en même tems que
le fieur Brenet le jeune. 6°. Alexandre s'endormant
avec une boule d'or dans fa main , afin de
s'éveiller au bruit qu'elle fera en tombant . Mathathias
tuant un juif qui avoit facrifié aux Idoles
, & le Miniftre d'Antiochus qui l'y avoit förcé.
L'Auteur de ces deux derniers morceaux eft le
fieur Chardin , âgé de 22 ans , & qui n'eft que
depuis cinq mois dans l'école. Tous ces différens
ouvrages ont été expofés dans les grands appartemens.
Le 13 , Monfeigneur le Dauphin fit rendre dans
P'Eglife de la Paroiffe du Château , les Pains bénits
qui furent préfentés par l'Abbé de Laſcaris , Aumônier
de Sa Majesté.
Le même jour , les Députés des Etats de Bourgogne
eurent audience du Roi , ils furent préfentés
par le Prince de Condé , Gouverneur de la
Province , & par le Comte de Saint - Florentin ,
Miniftre & Secrétaire d'Etat , & conduits en la
maniere accoutumée par le Grand- Maître & le
Maître des Cérémonies.
La députation étoit compofée pour le Clergé,
de l'Abbé de Cîteaux , qui porta la parole ; du
Marquis d'Efcorailles , pour la Nobleffe ; de M.
Jouard , Maire de Châtillon - fur- Seine , pour le
Tiers -Etat ; de M. Bernard de Blancey , Secrétaire
des Etats ; de M. Rigoley d'Ogny , Tréforier de la
Province ; de M. Perchet , Procureur - Syndic
des Etats ; de M. Berault , Syndic du pays de
Breffe , & de M. Grumet , Syndic du pays de
Bugey.
Le Roi foupa le foir au grand couvert chez la
Reine , avec la Famille royale.
Le 14 , le Roi partit pour Choify , d'où l'on
attend demain Sa Majefté. Monſeigneur le Dau
MA I. 201 1755.
.
phin y alla le 16 , & Mefdames de France y font
allées le 17.
Monfeigneur le Duc de Bourgogne & Madame
fe promenerent le 14 à Marly, & le 19.à Trianon .
Leurs Majeftés entendirent le 14 de ce mois une
Meffe de Requiem , pendant laquelle le De profundis
fut chanté par la mufique , pour l'anniverfaire
de feu Monfeigneur le Dauphin , ayeul
du Roi.
Le fieur Folard , ci- devant Miniftre du Roi à la
Diette de l'Empire , a été nommé par Sa Majesté
pour aller réfider à Munich en qualité de fon Envoyé
extraordinaire auprès de l'Electeur de Baviere.
Selon les lettres d'Avignon , le Margrave & la
Margrave de Bareith , après y avoir féjourné quatre
mois , en font partis pour Marſeille , d'où ils fe
rendront en Italie.
Le 17 , les actions de la Compagnie des Indes
étoient à dix- fept cens dix livres : les billets de la
premiere Lotterie royale à huit cens vingt- cinq
livres ; & ceux de la feconde Lotterie , à fept cens
dix-fept.
On atrouvé il y a deux mois dans le tems que
la neige étoit fur terre , un oifeau plus gros qu'un
Coq d'Inde , reffemblant affez à un Héron , ayant
une espece de couronne fur la tête avec deux grandes
plumes qui lui tomboient fur le dos. Il étoit
fi maigre que ne pouvant plus voler , des chiens
le prirent à Caftries, terre appartenant à M. le Marquis
de Caftres , à deux lieues de Montpellier. Il
avoit un anneau au pied, fur lequel étoient gravées
que voici : les lettres
C. W. F. M. Z. B. O.
NO. 74. A. 1752. U. G.
On nous a prié d'inférer dans l'article des nouvelles
cet événement , qui peut intéreffer la perfonne
à qui appartenoit cet oifeau. On pourroit
fçavoir par ce moyen d'où il eft venu , quelle étoit
fon efpece , & le tems où il s'eft fauvé de chez fon
maître.
Le 18 Mars, pendant la Meffe du Roi , l'Evêque de
Gap prêta ferment entre les mains de Sa Majeſté.
Le huitieme tirage de la premiere lotterie royale
fe fit le 19 & les jours fuivans , dans la grande
Salle de l'Hôtel de Ville , en préfence des Prévôt
des Marchands & Echevins. Le principal Lot
cft échu au numéro 6804 , & le fecond au numéro
16894. Le numéro 1628 a eu la premiere
Prime.
On fit le 22 de ce mois la proceffion folemnelle
, qu'on a coutume de faire tous les ans ,
en mémoire de la réduction de cette Capitale
fous l'obéiffance de Henri IV. Le Corps de Ville
y affifta fuivant l'ufage.
I
194 MERCURE DE FRANCE.
Le même jour l'Académie Françoife élut le
fieur de Châteaubrun , pour remplir la place vacante
dans cette Compagnie , par la mort du
Préſident de Montefquieu .
Le 23 , l'Evêque de Vence fut facré dans la
Chapelle du Séminaire de Saint Sulpice , par
l'Evêque de Beauvais , affifté des Evêques de
Soiffons & de Bazas , & le 24 , pendant la Meffe
du Roi , il prêta ferment de fidélité entre les
mains de Sa Majesté.
La Marquife de Sailly fut préfentée le 23 à
Leurs Majeftés & à la Famille Royale.
Le 23 , Dimanche des Rameaux , le Roi , accompagné
de Madame Adelaïde , & de Mefdames
Victoire , Sophie & Louiſe , aſſiſta dans
la Chapelle à la Bénédiction des Palmes. Cette
cérémonie fut faite par l'Abbé Gergoy , Chapelain
Ordinaire de la Chapelle - Mufique , lequel
préfenta une Palme à Sa Majefté. Après
la Proceffion , & après avoir adoré la Croix ,
le Roi entendit la grande Meffe , célébrée par
le même Chapelain , & chantée par la Mufique.
L'après-midi , le Roi entendit le Sermon du
Pere Griffet , de la Compagnie de Jeſus . Sa Majeſté
aſſiſta enfuite aux Vêpres , chantées par la
Mufique , & au ' Salut célébré par les Millionnaires.
La Reine , Monfeigneur le Dauphin & Madame
la Dauphine , affifterent dans la Tribune à
l'Office du matin & à celui de l'après -midi.
Le 27 , Jeudi Saint , l'Evêque de Gap ayant
fait l'Abfoute , & le Roi ayant entendu le Sermon
de l'Abbé de Trémouilhe , Chanoine &
Théologal de l'Eglife Métropolitaine de Tours ;
Sa Majefté a lave les pieds à douze pauvres ,
a
MAI. 1755. 195
& les a ſervis à table . Le Prince de Condé ,
Grand Maître de la Maiſon du Roi , étoit à la
tête des Maîtres d'Hôtel , & il précédoit le Service
, dont les plats ont été portés par Monfeigneur
le Dauphin , le Duc d'Orléans , le
Prince de Conti , le Comte de la Marche , le
Comte d'Eu , & par les principaux Officiers de
Sa Majesté. Après cette cérémonie , le Roi &
la Reine , accompagnés de la Famille Royale,
fe font rendus à la Chapelle , où Leurs Majeftés
ont entendu la grande Meffe , célébrée
par l'Abbé Gergoy , & ont affifté à la Proceffion
.
Leurs Majeftés ont affifté le 26 & le 27 à l'Office
des Ténebres , chanté par la Mufique.
L'Académie des Belles • Lettres de Marſeille
ayant réſervé le prix qu'elle devoit adjuger en
1754 , en aura cette année deux à diftribuer.
Elle donnera l'un de ces prix à un Poëme en
rimes plates , de cent cinquante vers au plus ,
& de cent au moins , dont le fujet fera : La
Réunion de la Provence à la Couronne. L'autre
prix eft deftiné à un Difcours d'un quart
d'heure , ou tout au plus d'une demi - heure
de lecture , lequel aura pour fujet : L'homme
eft plus grand par l'ufage defes talens , que par les
talens mêmes.
La Fregate la Gloire , qui a fait voile de Pondichery
le 10 Septembre 1754 , eft arrivée le
26 Mars au Port de l'Orient. On a appris par
ce bâtiment que le fieur Godeheu étoit dé
barqué le 2 Août à Pondichery , & que le fieur
Dupleix , qui lui a remis le Gouvernement des
étab iffemens de la Compagnie dans l'Inde , devoit
être parti au mois d'Octobre , pour revenir en
Europe.
Iij
196 MERCURE DE FRANCE.
Le 27 de Mars , la Reine entendit le
Sermon de la Cêne de l'Abbé de Tremouilhe ,
Chanoine & Théologal de l'Eglife Métropoli- ,
taine de Tours. L'Evêque de Gap fit enfuite.
Abfoute , après laquelle la Reine lava les pieds
à douze pauvres Filles , que Sa Majesté fervit
à table. Le Marquis de Chalmazel , premier
Maître d'Hôtel de la Reine , précéda le Service
, & les plats furent portés par Madame Adelaïde
, par Mefdames Victoire , Sophie & Louife,
par la Ducheffe d'Orleans , par les Dames du
Palais de la Reine , & les Dames de Compagnie
de Mefdames de France.
Leurs Majeftés & la Famille Royale fe rendirent
le même jour fur les dix heures du foir
à la Chapelle du Château , & firent leurs prieres
devant l'Autel , où le Saint Sacrement étoit '
en dépôt.
Le 28 , jour du Vendredi Saint , le Roi & la
Reine , accompagnés de Madame Adelaïde , &
de Mefdames Victoire & Sophie , entendirent
le Sermon de la Paffion du Pere Griffet , de la
Compagnie de Jefus. Après la Prédication , leurs
Majeftés affifterent à l'Office , & allerent à l'Adoration
de la Croix. L'après- midi , le Roi & la
Reine entendirent les Tenebres.
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dau
phine , & Madame Louife , affifterent à l'Offi
ce du matin & du foir dans la Tribune .
Le 29 , Samedi Saint , leurs Majeftés entendirent
la grande Meffe , célébrée par les Miffionnaires.
-
Elles affifterent l'après midi aux Complies ,
après lefquelles la Mufique chanta le Regina Cali
& PO Filii , de la compofition du fieur Mondonville
, Maître de Mufique de la Chapelle , en
quartier.
MAI 1755 197- 甲
enten-
Le 30 , Fête de Pâques , le Roi & la Reine ,
accompagnés de Mefdames de France ,
dirept dans la Chapelle du Château la grande
Meffe , à laquelle l'Evêque de Gap officia pontificalement
, & qui fut chantée par la Mu-.
fique.
L'après-midi , leurs Majeftés affifterent à la
Prédication du Pere Griffet , enfuite aux Vêpres
, chantées par la Mufique , auxquelles l'Evêque
de Gap officia ; & au Salut célébré par
les Miffionnaires , pendant lequel la Mufique
chanta l'O Filii.
Le 30 Monfeigneur le Duc de Bourgogne &
Madame dînerent avec la Reine .
Le même jour , la Comteffe de Marfan , Gouvernante
des Enfans de France , conduifit Monfeigneur
le Duc de Berry chez la Reine , pour
la premiere fois depuis la naiffance de ce
Prince.
Le Maréchal Duc de Belle- Ifle , en long
manteau de deuil , a fait fes révérences à leurs
Majeftés & à la Famille Royale , à occafion
de la mort de la Maréchale de Belle - Ifle .
Le 6 , l'Evêque de Rennes , le Duc de Rohan
& le Sr Baillon , Préfidens des trois Ordres des
Etats de Bretagne , & nommés pour présenter au
Roi la médaille & l'eftampe du monument que
les Etats ont fait élever à Rennes , en mémoire de
la convalescence & des victoires de Sa Majesté ,
s'acquitterent de ce devoir. Sa Majefté voulant
leur témoigner fa fatisfaction par une marque dif
tinguée , les reçut dans fon cabinet . L'Evêque de
Rennes porta la parole. Le Duc d'Aiguillon, Commandant
en Bretagne , accompagnoit la députation
; & le Comte de Saint - Florentin , Miniftre
& Secrétaire d'Etat ayant le département de cette
-
Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
province , préfenta les Députés au Roi , à la Reine
, & à la Famille royale.
L'Académie royale de Chirurgie tint le 10
Avril fon affemblée publique. A l'ouverture de la
féance, le Sr Morand , Secrétaire perpétuel , annonça
que l'Académie avoit ajugé le prix , Sur laquefsiondufeu
, ou cautere actuel , comme remede de chirurgie
, au Mémoire No. 20 , portant à la premiere
page l'emblême de la Salamandre , avec la devife ,
Nimium extinguit , defideratum renovat ; & à la
derniere page l'enblême du phénix avec la devife
Crematus ipfe refurgit . Le Sr Pipelet lut une obfervation
, Sur la cure d'une Hernie d'inteftins gangrenée
, accompagnée de quelques circonfiances fingulieres.
Cette lecture fut fuivie de celle d'un mémoire
du Sr Houftet , Sur une espece particuliere
d'exoftofe . Le troifieme mémoire qui fut lû , eft
du Sr Ruffel , & contient des obfervations , Sur
les bons effets des cauteres multipliés dans le cas de
l'épilepfie. Le Sr Louis lut un mémoire , Sur les
pierres urinaires , formées hors des voies urinaires.
La féance fut terminée par la lecture de l'histoire
d'une plaie au foie au diaphragme , guérie par
les foins du Sr du Bertrand.
Le Comte de Gifors , nouvellement arrivé des
voyages qu'il a faits dans différentes Cours de
l'Europe , rendit le 12 fes refpects à leurs Majeftés
, étant préfenté par le Maréchal Duc de Belle-
Ifle , fon pere.
Le 13 , la Comteffe d'Ayen fut préfentée à leurs
Majeftés & à la Famille royale par la Ducheffe
d'Ayen, fa belle - mere. En vertu du brevet d'honneurs
que le Roi a accordé au Comte d'Ayen , elle
prit le tabouret.
Mademoiſelle de Sens préſenta le même jour la
Marquise de Prulé.
MA I. 1755 . 199
Le même jour leurs Majeftés fignerent les
contrats de mariage du Comte de Coigny , Meſtre
de Camp général des Dragons , avec la Vicomteffe
douairiere de Chabot ; du Marquis de Bethu
ne , Meftre de Camp général de la Cavalerie ,
avec Demoiſelle Crozat de Thiers ; du Comte de
Ligny , avec Demoiſelle de Rambures ; du fieur
de Blair de Boifmont , Intendant de Valenciennes ,
avec Demoiſelle de Fleffelle ; & du fieur Dufort
Introdacteur des Ambaffadeurs , avec Demoiſelle
le Gendre.
Le Roi a donné fon agrément au mariage du
Vicomte de Merinville , Brigadier de Cavalerie ,
& Capitaine fous- Lieutenant des Gendarines de lá.
Garde ordinaire du Roi , avec la feconde fille da
Marquis de Lhôpital .
Le Marquis de Marigny , Directeur & Ordonnateur
général des Bâtimens & Jardins du Roi ,
ainfi que des Arts & Manufactures , préfenta le
13 à Sa Majefté les ouvrages de peinture & de
fculptute faits pendant l'année derniere par les
éleves protégés. Voici la lifte de ces ouvrages.
1º. Le Šauveur lavant les pieds à fes Apôtres , par
le fieur Fragonard , âgé de 22 ans , & depuis deux
ans dans l'école. 2°. Armide prête à poignarder
Renaud , & arrêtée par l'Amour. Ce tableau eft
du fieur Monet depuis dix-huit mois dans l'école ,
& âgé de 23 ans. 3. Mercure qui endort Argus ,
pour enlever lo métamorphofée en Géniffe , par le
fieur Brenet l'aîné , âgé de 16 ans dans l'école
depuis quinze mois. Saint Jerome en méditation
par le même. 4º, Un modele , dont le ſujet repréfente
le Tems , qui enchaîne l'Amour , par le fieur
Brenet le jeune , âgé de 20 ans , depuis fix mois
dans l'école. 5. Une figure allégorique , repréfentant
la Nobleffe , par le fieur d'Huez , âgé de
I iiij
200 MERCURE DE FRANCE.
24 ans , & entré dans l'école en même tems que
le fieur Brenet le jeune. 6°. Alexandre s'endormant
avec une boule d'or dans fa main , afin de
s'éveiller au bruit qu'elle fera en tombant . Mathathias
tuant un juif qui avoit facrifié aux Idoles
, & le Miniftre d'Antiochus qui l'y avoit förcé.
L'Auteur de ces deux derniers morceaux eft le
fieur Chardin , âgé de 22 ans , & qui n'eft que
depuis cinq mois dans l'école. Tous ces différens
ouvrages ont été expofés dans les grands appartemens.
Le 13 , Monfeigneur le Dauphin fit rendre dans
P'Eglife de la Paroiffe du Château , les Pains bénits
qui furent préfentés par l'Abbé de Laſcaris , Aumônier
de Sa Majesté.
Le même jour , les Députés des Etats de Bourgogne
eurent audience du Roi , ils furent préfentés
par le Prince de Condé , Gouverneur de la
Province , & par le Comte de Saint - Florentin ,
Miniftre & Secrétaire d'Etat , & conduits en la
maniere accoutumée par le Grand- Maître & le
Maître des Cérémonies.
La députation étoit compofée pour le Clergé,
de l'Abbé de Cîteaux , qui porta la parole ; du
Marquis d'Efcorailles , pour la Nobleffe ; de M.
Jouard , Maire de Châtillon - fur- Seine , pour le
Tiers -Etat ; de M. Bernard de Blancey , Secrétaire
des Etats ; de M. Rigoley d'Ogny , Tréforier de la
Province ; de M. Perchet , Procureur - Syndic
des Etats ; de M. Berault , Syndic du pays de
Breffe , & de M. Grumet , Syndic du pays de
Bugey.
Le Roi foupa le foir au grand couvert chez la
Reine , avec la Famille royale.
Le 14 , le Roi partit pour Choify , d'où l'on
attend demain Sa Majefté. Monſeigneur le Dau
MA I. 201 1755.
.
phin y alla le 16 , & Mefdames de France y font
allées le 17.
Monfeigneur le Duc de Bourgogne & Madame
fe promenerent le 14 à Marly, & le 19.à Trianon .
Leurs Majeftés entendirent le 14 de ce mois une
Meffe de Requiem , pendant laquelle le De profundis
fut chanté par la mufique , pour l'anniverfaire
de feu Monfeigneur le Dauphin , ayeul
du Roi.
Le fieur Folard , ci- devant Miniftre du Roi à la
Diette de l'Empire , a été nommé par Sa Majesté
pour aller réfider à Munich en qualité de fon Envoyé
extraordinaire auprès de l'Electeur de Baviere.
Selon les lettres d'Avignon , le Margrave & la
Margrave de Bareith , après y avoir féjourné quatre
mois , en font partis pour Marſeille , d'où ils fe
rendront en Italie.
Le 17 , les actions de la Compagnie des Indes
étoient à dix- fept cens dix livres : les billets de la
premiere Lotterie royale à huit cens vingt- cinq
livres ; & ceux de la feconde Lotterie , à fept cens
dix-fept.
Fermer
Résumé : DE MONTPELLIER.
En mars 1755, près de Montpellier, un oiseau ressemblant à un héron et portant une couronne avec deux grandes plumes fut capturé. Cet oiseau, incapable de voler en raison de sa maigreur, portait un anneau au pied avec les lettres 'C. W. F. M. Z. B. O. NO. 74. A. 1752. U. G.' L'événement fut rapporté pour identifier son propriétaire. Le 18 mars, l'évêque de Gap prêta serment au roi. Les tirages de la première lotterie royale eurent lieu les 19 et jours suivants à l'Hôtel de Ville. Le principal lot échut au numéro 6804, et le second au numéro 16894. Le numéro 1628 remporta la première prime. Le 23 mars, l'évêque de Vence fut sacré dans la chapelle du Séminaire de Saint-Sulpice. La marquise de Sailly fut présentée au roi et à la famille royale. Le roi assista à la bénédiction des palmes et écouta un sermon. Le 27 mars, l'évêque de Gap administra l'absoute, et le roi lava les pieds de douze pauvres. L'Académie des Belles-Lettres de Marseille offrit deux prix : un pour un poème sur la réunion de la Provence à la couronne, et un autre pour un discours sur l'usage des talents. La frégate La Gloire, partie de Pondichéry le 10 septembre 1754, arriva au port de l'Orient le 26 mars. Elle apporta des nouvelles sur les gouverneurs des établissements de la Compagnie dans l'Inde. Le 30 mars, jour de Pâques, le roi et la reine assistèrent à la messe, à la prédication, aux vêpres et au salut. Le duc de Bourgogne et Madame dînèrent avec la reine. La comtesse de Marfan présenta le duc de Berry à la reine. Le 6 avril, l'évêque de Rennes, le duc de Rohan et M. Baillon présentèrent au roi une médaille et une estampe en mémoire des victoires du roi. L'Académie royale de Chirurgie tint une assemblée publique le 10 avril, où plusieurs mémoires médicaux furent lus. Le comte de Gifors rendit visite au roi après ses voyages en Europe. La comtesse d'Ayen fut présentée au roi et à la famille royale. Le roi signa des contrats de mariage pour plusieurs nobles. Le marquis de Marigny présenta au roi des œuvres de peinture et de sculpture réalisées par des élèves protégés. Le dauphin fit bénir des pains dans l'église du Château. Les députés des États de Bourgogne eurent audience avec le roi. Le roi soupa au grand couvert chez la reine avec la famille royale. Le 14 avril, le roi partit pour Choisy, suivi par le dauphin et Mesdames de France. Le duc de Bourgogne et Madame se promenèrent à Marly et à Trianon. Une messe de requiem fut célébrée en mémoire du dauphin, aïeul du roi. Le sieur Folard fut nommé ministre du roi à la Diète de l'Empire. Par ailleurs, le Margrave et la Margrave de Bareith, après avoir séjourné quatre mois à Avignon, se dirigent vers Marseille, d'où ils prévoient de se rendre en Italie. Le 17 mars, les actions de la Compagnie des Indes étaient cotées à 1 710 livres. Les billets de la première Lotterie royale étaient à 825 livres, tandis que ceux de la seconde Lotterie étaient à 717 livres.
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18
p. 211-219
« Le vaisseau le Bethune, appartenant à la Compagnie des Indes, [...] »
Début :
Le vaisseau le Bethune, appartenant à la Compagnie des Indes, [...]
Mots clefs :
Évêques, Archevêques, Roi, Cardinal, Messe, Chapelle, Abbé, Marquis, Chevalier, Famille royale
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le vaisseau le Bethune, appartenant à la Compagnie des Indes, [...] »
FRANCE.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE vaiffeau le Bethune , appartenant à la Compagnie
des Indes , eft entré le 10 Mai dans le port
de l'Orient. On a appris par ce bâtiment que M.
Dupleix étoit parti le 15 Octobre de Pondichery ,
& qu'il étoit arrivé le 25 Novembre à l'Ile de
France.
Le 16 de Mai , Fête de S. Jean Nepomucene ,
la Reine vint de Marly entendre le Sermon dans
l'égliſe des Recolets de Verſailles. Il fut pronon
cé par le P. Couterot , de la Congrégation des
Barnabites , & Prédicateur du Roi. Sa Majefté
affiſta enfuite au Salut , & retourna le foir à Marly.
Leurs Majeftés & Mefdames de France ſe rendirent
à Verfailles le jour fuivant pour y paffer les
Fêtes , & le 20 leurs Majeftés & Mefdames de
France retournent à Marly.
Le 17 , veille de la Fête de la Pentecôte , Monfeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine entendirent
à Marly dans la Chapelle du Château
les premieres Vêpres , aufquelles l'Archevêque de
Sens officia pontificalement , & qui furent chantées
par les Cordeliers de Noify.
212 MERCURE DE FRANCE.
Le 18 , jour de la Pentecôte , les Chevaliers ,
Commandeurs & Officiers de l'Ordre du Saint-
Efprit s'étant affemblés vers les onze heures du
du matin dans le cabinet du Roi , Sa Majefté
fortit de fon appartement pour aller à la Chapelle.
Le Roi , devant qui les deux Huiffiers de la
Chambre portoient leurs maffes , étoit en manteau
, le collier de l'Ordre par- deffus , ainfi que
celui de l'Ordre de la Toifon d'or . Sa Majesté
étoit précédée de Monfeigneur le Dauphin qui
étoit arrivé le matin , du Duc d'Orléans , du Prince
de Condé , du Comte de Clermont , du Prince
de Conty , du Comte de la Marche , du Comte
d'Eu , & des Chevaliers , Commandeurs & Officiers
de l'Ordre. L'Archevêque de Narbonne
Prélat , Commandeur de l'Ordre , célébra pontificalement
la grande Meffe , qui fut chantée par
la Mufique. Au fortir de la Chapelle le Roi fut
reconduit à fon appartement en la maniere accoutumée
.
>
La Reine & Meſdames de France entendirent
la grande Meffe dans la tribune.
Monfeigneur le Dauphin après la cérémonie ,
retourna joindre à Marly Madame la Dauphine ,
que des foupçons de groffeffe ont empêché de
quitter ce château.
Le Roi & la Reine accompagnés de Mesdames ,
affifterent l'après - midi à la prédication de l'Abbé
Bertier , Vicaire Général de l'Evêché de Troyes ,
& Doyen du Chapitre de Vezelai . Après le Sermon
leurs Majeftés entendirent les Vêpres chantées
par la Mufique , aufquelles l'Abbé Gergoy
officia , & le Salut célébré par les Miffionnaires.
Ce même jour la Marquife de Montmorin
Saint Herem fut préſentée au Roi & à la Reine ;
& leurs Majeftés fignerent le contrat de mariage
JUI N. 1755. 213
du Marquis de Merinville avec Dlle de Lhôpital.
Le Roi a donné fon agrément au mariage du
Marquis de Dreux , Maréchal de camp , & Grand
Maître des cérémonies de France , avec Dlle de
Pezé.
Le 19 , les Députés des Etats d'Artois eurent
audience du Roi . Ils furent préſentés à Sa Majesté
par le Duc de Chaulnes , Gouverneur de cette
province & de celle de Picardie ; & par le Comte
d'Argenfon , Miniftre & Secrétaire d'Etat , qui en
a le département . Selon l'uſage , ils ont été con◄
duits par le Marquis de Dreux , Grand Maître
des cérémonies. La députation étoit compofée
de l'Evêque d'Arras pour le Clergé , du Comte
de Douchen pour la Nobleffe , & de M. Goffe ,
ancien Echevin des ville & cité d'Arras , pour le
Tiers Etat . L'Evêque d'Arras porta la parole.
Jean-Marie de Bourbon , Duc de Châteauvilain,
fils de Louis-Jean - Marie de Bourbon , Duc de Penthievre
; & de feue Marie - Therefe- Félicité d'Eft
Princeffe de Modene , mourut le 19 à Paris , âgé
de fix ans fix mois & deux jours. Le même jour
le Prince de Dombes annonça cette mort au Roi.
La Reine communia le 20 par les mains de
L'Evêque de Chartres , fon premier Aumônier.
Il paroît trois arrêts du Confeil d'Etat . Le
premier caffe un arrêt du Parlement de Toulouſe ,
du 25 Février , & ordonne l'exécution de celui de
la Cour des Monnoies de Lyon , dụ 4 du même
mois. Le fecond ordonne que les fujets qui juftifieront
d'un apprentiffage & compagnonage chez
les Maîtres d'une ville quelconque du Royaume ,
dans laquelle il y aura Jurande , feront admis à
la maîtrife de leur profeffion dans les Communautés
d'arts & métiers de telle autre ville du
goyaume qu'ils jugeront à propos de choisir ,
214 MERCURE DE FRANCE.
l'exception des villes de Paris , Lyon , Lille &
Rouen. Par le troiſieme arrêt , le Roi commet
M. Doyen , Notaire , pour faire la recette des
portions qui reviennent aux Abbés & Chanoines
Réguliers de Sainte Genevieve dans les produits
des trois lotteries de S. Sulpice , des Enfans-Trouvés
& des Communautés.
L'Académie royale de Chirurgie , outre le prix
qu'elle adjuge tous les ans , donnera deformais
chaque année une autre medaille d'or à celui des
Chirurgiens , étrangers ou regnicoles , qui l'aura
méritée par un ouvrage fur quelque matiere de
Chirurgie que ce foit , au choix de l'auteur. Ce
fecond prix , dont la valeur fera de deux cens
livres , fera nommé Prix d'émulation . L'Académie
diftribuera de plus tous les ans cinq médailles
d'or , de cent francs chacune , à cinq Chirurgiens,
foit Académiciens de la claffe des Libres , foit
fimplement regnicoles , qui auront fourni pendant.
le cours de l'année un mémoire , ou trois obfervations
intéreffantes.
Un bâtiment nommé le Sainte-Helene , de Saint-
Malo , venant de la Martinique , a péri la nuit du
sau 6 de Mai dans le Golfe de Fos , près de Martigues.
Le navire le Grand Saint- Paul , de Marfeille
, a découvert à l'oueft du Cap Saint - Vincent
trois chabecs algériens. Une pinque de Corron
a rencontré fur la Guillâtre un vaiffeau , un chabec
& une galiotte de la même nation. Deuxi
autres bâtimens barbarefques ont été apperçus à
quelque diftance de la côte de Sardaigne.
Le 24 , leurs Majeftés fignerent le contrat de
mariage du Marquis de Dreux , Grand Maître des
cérémonies de France . avec Dlle de Pezé..
Elles fignerent le 25 celui du Marquis de Beranger
, Colonel dans le Corps des Grenadiers de
JUIN. 1755. 215
France , avec Dlle de Saffenage , fille du Marquis
de ce nom , Chevalier des ordres du Roi , &
Chevalier d'honneur de Madame la Dauphine.
En confidération de ce mariage , le Marquis de
Beranger a obtenu la furvivance de la charge de
Chevalier d'honneur de Madame la Dauphine ,
dont il ne doit exercer les fonctions qu'à vingtcinq
ans.
Le Roi a accordé au Marquis d'Efpagne la
charge de Sénéchal & Gouverneur du Comté de
Nebouzan .
Les Prélats & les Députés du fecond Ordre qui
compofent l'Affemblée générale du Clergé de
France, s'affemblerent le 25 de Mai chez le Cardi
nal de la Rochefoucauld pour remettre leurs procurations.
Ils tinrent le 27 une feconde Affemblée,
dans laquelle les procurations furent admifes. Le
28 , l'ouverture folemnelle de l'Affemblée fe fit
dans l'églife des Grands Auguftins , par la Meffe
du Saint-Efprit. Le Cardinal de la Rochefoucauld
y officia pontificalement , & tous les Députés y
communierent. Le fermon fut prononcé par l'Evêque
du Puy. Les Députés font , pour la province
de Paris , les Evêques de Meaux & de Blois , &
les Abbés Guillot de Montjoye & d'Apchon . Pour
la province de Lyon , les Evêques de Langres &
d'Autun , l'Abbé de Montjouvant , Comte de
Lyon , & l'Abbé de la Croix. Pour celle de Rouen,
les Evêques de Bayeux & d'Evreux , & les Abbés
de Saint-Aulaire & de Belbeuf. Pour celle de
Sens , l'Archevêque de Sens , l'Evêque de Nevers ,
l'Abbé de Murat de Baing , & l'Abbé d'Oſmond
de Medavy , Comte de Lyon. Pour celle de Reims,
les Evêques d'Amiens & de Senlis , & les Abbés
de Trudaine & de Modene . Pour celle de Tours
PArchevêque de Tours , l'Evêque de Quimper
216 MERCURE DE FRANCE.
les Abbés de Monteclair & de Soulange . Pour
celle de Bourges , le Cardinal de la Rochefoucauld
, Archevêque de Bourges ; l'Evêque du Puy,
& les Abbés de Fretat de Sarra & de Molin de
Mons. Pour celle d'Alby , l'Archevêque d'Alby ,
l'Evêque de Rhodès , & les Abbés de Roquigny
de Bulonde & de Langlade. Pour celle de Bordeaux
, les Evêques de Saintes & de Sarlat , & les
Abbés de Montefquiou & Dudon . Pour celle
d'Auch , l'Archevêque d'Auch ; l'Evêque d'Oleron
, & les Abbés de Berthier & de Larbouft . Pour
celle de Narbonne , l'Archevêque de Narbonne ,
P'Evêque de Montpellier , & les Abbés de Roquefort
& de Boizay de Courcenay. Pour celle de
Toulouſe , l'Archevêque de Toulouſe , l'Evêque
de Lavaur , & les Abbés de Bruyeres de Chalabre
& de Bauteville. Pour celle d'Aix , les Evêques de
Riez & d'Apt , & les Abbés de Gadagne & de Canorgue.
Pour celle d'Embrun , l'Archevêque
d'Embrun , l'Evêque de Glandeve , & les Abbés du
Queylard & de Baumel. Pour celle de Vienne , les
Evêques de Grenoble & de Die , & les Abbés de
Gouvernet & de Breves. Pour celle d'Arles , l'Atchevêque
d'Arles , l'Evêque de Saint -Paul Troischâteaux
, & les Abbés de Chapt de Raftignac &
d'Almant de Château - neuf. L'Affemblée a élu
pour Préfidens le Cardinal de la Rochefoucauld ,
P'Archevêque de Narbonne , l'Archevêque d'Embrun
, l'Archevêque d'Auch , l'Evêque de Bayeux ,
'Evêque de Langres , l'Evêque de Grenoble &
P'Evêque de Montpellier. L'Abbé de Coriolis ,
ancien Agent général du Clergé , eft Promoteur ;
l'Abbé de Raftignac , Vice- Promoteur ; l'Abbé
de Caftries , ancien Agent général , Secrétaire ;
l'Abbé d'Ofmond , Vice-Secrétaire. Les nouveaux
Agens généraux font l'Abbé de Crillon & l'Abbé.
de Jumilhac Le
J
JUIN. 1755. 217
Le 27 , l'Archevêque de Paris bénit dans l'églife
des Religieufes Bénédictines de Conflans , les
Guidons des Gendarmes de la Garde de Sa Majefe
Le détachement étoit de cinquante Gendarmes
& le Prince de Soubife à leur tête affitta à la
cérémonie.
M. Jean Crochet , Chanoine honoraire de l'églife
Cathédrale de Noyon , eft mort le 21 en
cette derniere ville , âgé de quatre-vingt -douze
ans. Il avoit été nommé Chanoine le 31 Mars
1676 , & il a vû deux fois renouveller fon Chapitre.
Ce fut le feu Cardinal de Retz qui fit accorder
à cet Eccléfiaftique la difpenfe d'âge pour
être Chanoine d'une Cathédrale .
Woldemar , Comte de Lowendalh & du Saint
Empire , Maréchal de France , Chevalier des ordres
du Roi , & des ordres de Saint - Alexandre
Neuski & de Saint- Hubert , Colonel d'un Régiment
d'Infanterie allemande de fon nom , un des
Académiciens honoraires de l'Académie royale
des Sciences , & ci - devant Général des armées de
l'Impératrice de Ruſſie , mourut à Paris le 27 de
ce mois. Lorsqu'il eſt entré au ſervice de Sa Ma◄
jefté , il étoit déja regardé comme un des plus
habiles Généraux de l'Europe. La priſe d'Oudenarde
, d'Oftende , de Nieuport & de Berg - opzoom
, & le fuccès de toutes les autres expéditions
dont il a été chargé , ont confirmé fa réputation.
Le Maréchal de Lowendalh étoit né à Hambourg
le 6 Avril 1700 , & il étoit fils de Woldemar , Baron
de Lowendalh , Chevalier des Ordres de l'Aigle-
blanc , de l'Elephant & de Danebrog , grand
Maréchal& Miniftre du Roi de Pologne , Electeur
de Saxe. Son grand - pere étoit Ulric Frederic ,
Gomte de Guldenloew , Chevalier de l'Ordre de
('Elephant , Maréchal Général des armées de Da
II. Vol. K
21S MERCURE DE FRANCE.
nemarck , Chancelier du même royaume & Viceroi
de Norwege , fils naturel de Frederic III ,
Roi de Danemarck. Au mois de Janvier 1747 , le
Maréchal de Lowendalh obtint des lettres de
naturalité pour lui, pour la Maréchale de Lowendalh
, & pour trois enfans qu'ils avoient eus en
pays étranger. Il a montré par fon zele pour la
gloire du Roi & pour les intérêts de la France ,
qu'en acquerant les priviléges des fujets nés dans
le Royaume , il avoit pris leurs fentimens .
Le 28 , les Actions de la Compagnie des Indes
étoient à dix fept cens foixante livres : les billets
de la premiere lotterie royale à huit cens cinquante
, & ceux de la feconde lotterie à fept cens qua
rante-cinq.
Le même jour , leurs Majeftés & la Famille
royale revinrent de Marly.
Le 29 , Fête du Saint Sacrement , le Roi accompagné
de Monfeigneur le Dauphin , de Madame
Adelaïde , & de Mefdames Victoire , Sophie
& Louife s'eft rendu à l'Eglife de Notre-Dame. Sa
Majefté y a entendu la grande Meffe , après avoir
affifté à la Proceffion qui eft venue felon l'uſage
à la Chapelle du Château. La Reine & Madame
la Dauphine ont reçu dans la Chapelle la benédiction
du Saint Sacrement. Leurs Majeſtés & la
Famille royale ont affifté cet après-midi aux Vêpres
chantées par la Mufique , aufquelles l'Abbé
Gergoy a officié , & au Salut célébré par les Miffionnaires
, pendant lequel la Mufique a chanté
une élévation , de la compofition de M. Blanchard
, Maître de la Muſique de la Chapelle en
quartier.
Dans l'Evêché d'Acqs douze villages ou ha
meaux , diverfes mailons de campagne & un grand
nombre de Moulins ont été réduits en cendres .
JUIN 1755. 219
Plufieurs perfonnes & quantité de beftiaux ont
péri dans les flammes. On fait monter à plus d'un
million la perte caufée par cet incendie. L'Evêque
d'Acqs a reffenti auffi vivement que l'exigeoit de
lui fa qualité de Pafteur la défolation d'une partie
de fon diocefe. Voyant d'honnêtes familles réduites
à la derniere mifere , il en a pris les enfans
fous fa protection ; if les a placés à fes dépens
dans des penfions , & il les y fait élever ſuivant
leur état. La charité de ce Prélat s'eft étendue fur
tous les autres malheureux qui ont fouffert , & il
leur a fait diftribuer du bled & de l'argent.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE vaiffeau le Bethune , appartenant à la Compagnie
des Indes , eft entré le 10 Mai dans le port
de l'Orient. On a appris par ce bâtiment que M.
Dupleix étoit parti le 15 Octobre de Pondichery ,
& qu'il étoit arrivé le 25 Novembre à l'Ile de
France.
Le 16 de Mai , Fête de S. Jean Nepomucene ,
la Reine vint de Marly entendre le Sermon dans
l'égliſe des Recolets de Verſailles. Il fut pronon
cé par le P. Couterot , de la Congrégation des
Barnabites , & Prédicateur du Roi. Sa Majefté
affiſta enfuite au Salut , & retourna le foir à Marly.
Leurs Majeftés & Mefdames de France ſe rendirent
à Verfailles le jour fuivant pour y paffer les
Fêtes , & le 20 leurs Majeftés & Mefdames de
France retournent à Marly.
Le 17 , veille de la Fête de la Pentecôte , Monfeigneur
le Dauphin & Madame la Dauphine entendirent
à Marly dans la Chapelle du Château
les premieres Vêpres , aufquelles l'Archevêque de
Sens officia pontificalement , & qui furent chantées
par les Cordeliers de Noify.
212 MERCURE DE FRANCE.
Le 18 , jour de la Pentecôte , les Chevaliers ,
Commandeurs & Officiers de l'Ordre du Saint-
Efprit s'étant affemblés vers les onze heures du
du matin dans le cabinet du Roi , Sa Majefté
fortit de fon appartement pour aller à la Chapelle.
Le Roi , devant qui les deux Huiffiers de la
Chambre portoient leurs maffes , étoit en manteau
, le collier de l'Ordre par- deffus , ainfi que
celui de l'Ordre de la Toifon d'or . Sa Majesté
étoit précédée de Monfeigneur le Dauphin qui
étoit arrivé le matin , du Duc d'Orléans , du Prince
de Condé , du Comte de Clermont , du Prince
de Conty , du Comte de la Marche , du Comte
d'Eu , & des Chevaliers , Commandeurs & Officiers
de l'Ordre. L'Archevêque de Narbonne
Prélat , Commandeur de l'Ordre , célébra pontificalement
la grande Meffe , qui fut chantée par
la Mufique. Au fortir de la Chapelle le Roi fut
reconduit à fon appartement en la maniere accoutumée
.
>
La Reine & Meſdames de France entendirent
la grande Meffe dans la tribune.
Monfeigneur le Dauphin après la cérémonie ,
retourna joindre à Marly Madame la Dauphine ,
que des foupçons de groffeffe ont empêché de
quitter ce château.
Le Roi & la Reine accompagnés de Mesdames ,
affifterent l'après - midi à la prédication de l'Abbé
Bertier , Vicaire Général de l'Evêché de Troyes ,
& Doyen du Chapitre de Vezelai . Après le Sermon
leurs Majeftés entendirent les Vêpres chantées
par la Mufique , aufquelles l'Abbé Gergoy
officia , & le Salut célébré par les Miffionnaires.
Ce même jour la Marquife de Montmorin
Saint Herem fut préſentée au Roi & à la Reine ;
& leurs Majeftés fignerent le contrat de mariage
JUI N. 1755. 213
du Marquis de Merinville avec Dlle de Lhôpital.
Le Roi a donné fon agrément au mariage du
Marquis de Dreux , Maréchal de camp , & Grand
Maître des cérémonies de France , avec Dlle de
Pezé.
Le 19 , les Députés des Etats d'Artois eurent
audience du Roi . Ils furent préſentés à Sa Majesté
par le Duc de Chaulnes , Gouverneur de cette
province & de celle de Picardie ; & par le Comte
d'Argenfon , Miniftre & Secrétaire d'Etat , qui en
a le département . Selon l'uſage , ils ont été con◄
duits par le Marquis de Dreux , Grand Maître
des cérémonies. La députation étoit compofée
de l'Evêque d'Arras pour le Clergé , du Comte
de Douchen pour la Nobleffe , & de M. Goffe ,
ancien Echevin des ville & cité d'Arras , pour le
Tiers Etat . L'Evêque d'Arras porta la parole.
Jean-Marie de Bourbon , Duc de Châteauvilain,
fils de Louis-Jean - Marie de Bourbon , Duc de Penthievre
; & de feue Marie - Therefe- Félicité d'Eft
Princeffe de Modene , mourut le 19 à Paris , âgé
de fix ans fix mois & deux jours. Le même jour
le Prince de Dombes annonça cette mort au Roi.
La Reine communia le 20 par les mains de
L'Evêque de Chartres , fon premier Aumônier.
Il paroît trois arrêts du Confeil d'Etat . Le
premier caffe un arrêt du Parlement de Toulouſe ,
du 25 Février , & ordonne l'exécution de celui de
la Cour des Monnoies de Lyon , dụ 4 du même
mois. Le fecond ordonne que les fujets qui juftifieront
d'un apprentiffage & compagnonage chez
les Maîtres d'une ville quelconque du Royaume ,
dans laquelle il y aura Jurande , feront admis à
la maîtrife de leur profeffion dans les Communautés
d'arts & métiers de telle autre ville du
goyaume qu'ils jugeront à propos de choisir ,
214 MERCURE DE FRANCE.
l'exception des villes de Paris , Lyon , Lille &
Rouen. Par le troiſieme arrêt , le Roi commet
M. Doyen , Notaire , pour faire la recette des
portions qui reviennent aux Abbés & Chanoines
Réguliers de Sainte Genevieve dans les produits
des trois lotteries de S. Sulpice , des Enfans-Trouvés
& des Communautés.
L'Académie royale de Chirurgie , outre le prix
qu'elle adjuge tous les ans , donnera deformais
chaque année une autre medaille d'or à celui des
Chirurgiens , étrangers ou regnicoles , qui l'aura
méritée par un ouvrage fur quelque matiere de
Chirurgie que ce foit , au choix de l'auteur. Ce
fecond prix , dont la valeur fera de deux cens
livres , fera nommé Prix d'émulation . L'Académie
diftribuera de plus tous les ans cinq médailles
d'or , de cent francs chacune , à cinq Chirurgiens,
foit Académiciens de la claffe des Libres , foit
fimplement regnicoles , qui auront fourni pendant.
le cours de l'année un mémoire , ou trois obfervations
intéreffantes.
Un bâtiment nommé le Sainte-Helene , de Saint-
Malo , venant de la Martinique , a péri la nuit du
sau 6 de Mai dans le Golfe de Fos , près de Martigues.
Le navire le Grand Saint- Paul , de Marfeille
, a découvert à l'oueft du Cap Saint - Vincent
trois chabecs algériens. Une pinque de Corron
a rencontré fur la Guillâtre un vaiffeau , un chabec
& une galiotte de la même nation. Deuxi
autres bâtimens barbarefques ont été apperçus à
quelque diftance de la côte de Sardaigne.
Le 24 , leurs Majeftés fignerent le contrat de
mariage du Marquis de Dreux , Grand Maître des
cérémonies de France . avec Dlle de Pezé..
Elles fignerent le 25 celui du Marquis de Beranger
, Colonel dans le Corps des Grenadiers de
JUIN. 1755. 215
France , avec Dlle de Saffenage , fille du Marquis
de ce nom , Chevalier des ordres du Roi , &
Chevalier d'honneur de Madame la Dauphine.
En confidération de ce mariage , le Marquis de
Beranger a obtenu la furvivance de la charge de
Chevalier d'honneur de Madame la Dauphine ,
dont il ne doit exercer les fonctions qu'à vingtcinq
ans.
Le Roi a accordé au Marquis d'Efpagne la
charge de Sénéchal & Gouverneur du Comté de
Nebouzan .
Les Prélats & les Députés du fecond Ordre qui
compofent l'Affemblée générale du Clergé de
France, s'affemblerent le 25 de Mai chez le Cardi
nal de la Rochefoucauld pour remettre leurs procurations.
Ils tinrent le 27 une feconde Affemblée,
dans laquelle les procurations furent admifes. Le
28 , l'ouverture folemnelle de l'Affemblée fe fit
dans l'églife des Grands Auguftins , par la Meffe
du Saint-Efprit. Le Cardinal de la Rochefoucauld
y officia pontificalement , & tous les Députés y
communierent. Le fermon fut prononcé par l'Evêque
du Puy. Les Députés font , pour la province
de Paris , les Evêques de Meaux & de Blois , &
les Abbés Guillot de Montjoye & d'Apchon . Pour
la province de Lyon , les Evêques de Langres &
d'Autun , l'Abbé de Montjouvant , Comte de
Lyon , & l'Abbé de la Croix. Pour celle de Rouen,
les Evêques de Bayeux & d'Evreux , & les Abbés
de Saint-Aulaire & de Belbeuf. Pour celle de
Sens , l'Archevêque de Sens , l'Evêque de Nevers ,
l'Abbé de Murat de Baing , & l'Abbé d'Oſmond
de Medavy , Comte de Lyon. Pour celle de Reims,
les Evêques d'Amiens & de Senlis , & les Abbés
de Trudaine & de Modene . Pour celle de Tours
PArchevêque de Tours , l'Evêque de Quimper
216 MERCURE DE FRANCE.
les Abbés de Monteclair & de Soulange . Pour
celle de Bourges , le Cardinal de la Rochefoucauld
, Archevêque de Bourges ; l'Evêque du Puy,
& les Abbés de Fretat de Sarra & de Molin de
Mons. Pour celle d'Alby , l'Archevêque d'Alby ,
l'Evêque de Rhodès , & les Abbés de Roquigny
de Bulonde & de Langlade. Pour celle de Bordeaux
, les Evêques de Saintes & de Sarlat , & les
Abbés de Montefquiou & Dudon . Pour celle
d'Auch , l'Archevêque d'Auch ; l'Evêque d'Oleron
, & les Abbés de Berthier & de Larbouft . Pour
celle de Narbonne , l'Archevêque de Narbonne ,
P'Evêque de Montpellier , & les Abbés de Roquefort
& de Boizay de Courcenay. Pour celle de
Toulouſe , l'Archevêque de Toulouſe , l'Evêque
de Lavaur , & les Abbés de Bruyeres de Chalabre
& de Bauteville. Pour celle d'Aix , les Evêques de
Riez & d'Apt , & les Abbés de Gadagne & de Canorgue.
Pour celle d'Embrun , l'Archevêque
d'Embrun , l'Evêque de Glandeve , & les Abbés du
Queylard & de Baumel. Pour celle de Vienne , les
Evêques de Grenoble & de Die , & les Abbés de
Gouvernet & de Breves. Pour celle d'Arles , l'Atchevêque
d'Arles , l'Evêque de Saint -Paul Troischâteaux
, & les Abbés de Chapt de Raftignac &
d'Almant de Château - neuf. L'Affemblée a élu
pour Préfidens le Cardinal de la Rochefoucauld ,
P'Archevêque de Narbonne , l'Archevêque d'Embrun
, l'Archevêque d'Auch , l'Evêque de Bayeux ,
'Evêque de Langres , l'Evêque de Grenoble &
P'Evêque de Montpellier. L'Abbé de Coriolis ,
ancien Agent général du Clergé , eft Promoteur ;
l'Abbé de Raftignac , Vice- Promoteur ; l'Abbé
de Caftries , ancien Agent général , Secrétaire ;
l'Abbé d'Ofmond , Vice-Secrétaire. Les nouveaux
Agens généraux font l'Abbé de Crillon & l'Abbé.
de Jumilhac Le
J
JUIN. 1755. 217
Le 27 , l'Archevêque de Paris bénit dans l'églife
des Religieufes Bénédictines de Conflans , les
Guidons des Gendarmes de la Garde de Sa Majefe
Le détachement étoit de cinquante Gendarmes
& le Prince de Soubife à leur tête affitta à la
cérémonie.
M. Jean Crochet , Chanoine honoraire de l'églife
Cathédrale de Noyon , eft mort le 21 en
cette derniere ville , âgé de quatre-vingt -douze
ans. Il avoit été nommé Chanoine le 31 Mars
1676 , & il a vû deux fois renouveller fon Chapitre.
Ce fut le feu Cardinal de Retz qui fit accorder
à cet Eccléfiaftique la difpenfe d'âge pour
être Chanoine d'une Cathédrale .
Woldemar , Comte de Lowendalh & du Saint
Empire , Maréchal de France , Chevalier des ordres
du Roi , & des ordres de Saint - Alexandre
Neuski & de Saint- Hubert , Colonel d'un Régiment
d'Infanterie allemande de fon nom , un des
Académiciens honoraires de l'Académie royale
des Sciences , & ci - devant Général des armées de
l'Impératrice de Ruſſie , mourut à Paris le 27 de
ce mois. Lorsqu'il eſt entré au ſervice de Sa Ma◄
jefté , il étoit déja regardé comme un des plus
habiles Généraux de l'Europe. La priſe d'Oudenarde
, d'Oftende , de Nieuport & de Berg - opzoom
, & le fuccès de toutes les autres expéditions
dont il a été chargé , ont confirmé fa réputation.
Le Maréchal de Lowendalh étoit né à Hambourg
le 6 Avril 1700 , & il étoit fils de Woldemar , Baron
de Lowendalh , Chevalier des Ordres de l'Aigle-
blanc , de l'Elephant & de Danebrog , grand
Maréchal& Miniftre du Roi de Pologne , Electeur
de Saxe. Son grand - pere étoit Ulric Frederic ,
Gomte de Guldenloew , Chevalier de l'Ordre de
('Elephant , Maréchal Général des armées de Da
II. Vol. K
21S MERCURE DE FRANCE.
nemarck , Chancelier du même royaume & Viceroi
de Norwege , fils naturel de Frederic III ,
Roi de Danemarck. Au mois de Janvier 1747 , le
Maréchal de Lowendalh obtint des lettres de
naturalité pour lui, pour la Maréchale de Lowendalh
, & pour trois enfans qu'ils avoient eus en
pays étranger. Il a montré par fon zele pour la
gloire du Roi & pour les intérêts de la France ,
qu'en acquerant les priviléges des fujets nés dans
le Royaume , il avoit pris leurs fentimens .
Le 28 , les Actions de la Compagnie des Indes
étoient à dix fept cens foixante livres : les billets
de la premiere lotterie royale à huit cens cinquante
, & ceux de la feconde lotterie à fept cens qua
rante-cinq.
Le même jour , leurs Majeftés & la Famille
royale revinrent de Marly.
Le 29 , Fête du Saint Sacrement , le Roi accompagné
de Monfeigneur le Dauphin , de Madame
Adelaïde , & de Mefdames Victoire , Sophie
& Louife s'eft rendu à l'Eglife de Notre-Dame. Sa
Majefté y a entendu la grande Meffe , après avoir
affifté à la Proceffion qui eft venue felon l'uſage
à la Chapelle du Château. La Reine & Madame
la Dauphine ont reçu dans la Chapelle la benédiction
du Saint Sacrement. Leurs Majeſtés & la
Famille royale ont affifté cet après-midi aux Vêpres
chantées par la Mufique , aufquelles l'Abbé
Gergoy a officié , & au Salut célébré par les Miffionnaires
, pendant lequel la Mufique a chanté
une élévation , de la compofition de M. Blanchard
, Maître de la Muſique de la Chapelle en
quartier.
Dans l'Evêché d'Acqs douze villages ou ha
meaux , diverfes mailons de campagne & un grand
nombre de Moulins ont été réduits en cendres .
JUIN 1755. 219
Plufieurs perfonnes & quantité de beftiaux ont
péri dans les flammes. On fait monter à plus d'un
million la perte caufée par cet incendie. L'Evêque
d'Acqs a reffenti auffi vivement que l'exigeoit de
lui fa qualité de Pafteur la défolation d'une partie
de fon diocefe. Voyant d'honnêtes familles réduites
à la derniere mifere , il en a pris les enfans
fous fa protection ; if les a placés à fes dépens
dans des penfions , & il les y fait élever ſuivant
leur état. La charité de ce Prélat s'eft étendue fur
tous les autres malheureux qui ont fouffert , & il
leur a fait diftribuer du bled & de l'argent.
Fermer
Résumé : « Le vaisseau le Bethune, appartenant à la Compagnie des Indes, [...] »
En mai 1755, plusieurs événements marquants ont eu lieu en France. Le 10 mai, le vaisseau Le Bethune, appartenant à la Compagnie des Indes, est arrivé au port de l'Orient. Il a rapporté que Dupleix avait quitté Pondichéry le 15 octobre et était arrivé à l'île de France le 25 novembre. Le 16 mai, la Reine a assisté à un sermon dans l'église des Recolets de Versailles pour la fête de Saint Jean Népomucène. Le 17 mai, le Dauphin et la Dauphine ont entendu les premières vêpres à Marly. Le 18 mai, jour de la Pentecôte, le Roi a assisté à la messe de l'Ordre du Saint-Esprit, accompagné de plusieurs dignitaires. La Reine et Mesdames de France ont écouté la messe dans la tribune. Le même jour, le Roi et la Reine ont assisté à un sermon et aux vêpres. Le 19 mai, les députés des États d'Artois ont eu audience auprès du Roi. Le Duc de Châteauvillain est décédé à Paris à l'âge de six ans et six mois. Le 20 mai, la Reine a communié. Plusieurs arrêts du Conseil d'État ont été publiés, concernant notamment les métiers et les lotteries. L'Académie royale de Chirurgie a annoncé de nouveaux prix pour les chirurgiens. Plusieurs incidents maritimes ont été signalés, incluant la perte du navire Sainte-Hélène près de Martigues et des rencontres avec des navires barbaresques. Le 24 mai, le Roi a signé le contrat de mariage du Marquis de Dreux. Le 25 mai, il a signé celui du Marquis de Béranger. Le Marquis d'Espagne a obtenu la charge de Sénéchal et Gouverneur du Comté de Nébouzan. L'Assemblée générale du Clergé de France s'est réunie à partir du 25 mai, avec la participation de nombreux prélats et députés. Le 27 mai, l'Archevêque de Paris a béni les guidons des Gendarmes de la Garde. Plusieurs décès notables ont été rapportés, dont celui du Chanoine Jean Crochet à Noyon et du Maréchal de Lowendahl à Paris. Le 28 mai, les actions de la Compagnie des Indes étaient à 1760 livres. Le 29 mai, pour la fête du Saint Sacrement, le Roi et la famille royale ont assisté à la messe et aux vêpres à Notre-Dame. Un incendie a détruit plusieurs villages et moulins dans l'évêché d'Acqs, causant des pertes évaluées à plus d'un million.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 156-171
ABRÉGÉ CHRONOLOGIQUE De l'histoire de la ville de Paris, contenant ce qui s'est passé de plus remarquable dans son enceinte, ou aux environs, par M. Poncet de la Grave, Avocat au Parlement.
Début :
SOUVERAINS. Jules-César. L'Ancienneté de la ville de Paris ne sçauroit [...]
Mots clefs :
Histoire de la ville de Paris, Jules César, Parisiens, Romains, Rois de France, Évêque, Église, Jovien, Julien, Valentinien, Gratien, Théodose, Childebert Ier, Clotaire Ier, Roi, Royaume, Chapelle, Abbaye, Reine
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ABRÉGÉ CHRONOLOGIQUE De l'histoire de la ville de Paris, contenant ce qui s'est passé de plus remarquable dans son enceinte, ou aux environs, par M. Poncet de la Grave, Avocat au Parlement.
ABRÉGÉ CHRONOLOGIQUE
De l'hiftoire de la ville de Paris , contenant ce
qui s'eft paffe de plus remarquable dans fon
enceinte, ou aux environs ; par M. Poncet
de la Grave , Avocat au Parlement .
SOUVERAINS .
Jules- Céfar.
'Ancienneté de la ville de Paris ne fçauroit
être mieux prouvée que par l'obfcurité
répandue fur fon origine.
Jules Céfar , (a) qui le premier en a fait
mention , l'appelle Lutetia , plufieurs Auteurs
, après lui , l'ont nommée différemment.
Elle fut affujettie aux Romains vers l'an
704 de la fondation de Rome , environ
cinquante ans avant la naiffance de Jeſus-
Chriſt. Jules - Céfar après en avoir fait la
conquête , y forma l'affemblée générale de
fes troupes , & partit enfuite pour l'Italie.
Les Parifiens profitent de fon abfence pour
fecouer le joug des Romains (b) .
(a) Comment. L. 6. (b ) Céfar , L. 7.
SEPTEMBRE. 1755. 157
Célar apprend leur révolte , rentre dans
les Gaules , fait le fiége de Gergovie , &
dépêche Labienus un de fes Lieutenans ,
contre les Parifiens . Ces derniers , inftruits
de fon retour , & de l'approche de Labićnus
, mettent le feu à leur ville , & vont
au-devant de lui fous le commandement
de Camulogene , vieillard d'une expérienconfommée
; leur armée eft défaite , &
Paris rentre pour la feconde fois fous la
domination des Romains.
Vers l'an 250 , faint Denis qui avoit été
fait prêtre à Rome , arrive à Paris , en eft
le premier Evêque , & après y avoir prêché
la Religion Chrétienne avec le prêtre
Ruftique & le Diacre Eleuthere . Il y reçoit
la couronne du martyre avec fes compagnons
fur le mont Martre , où ils eurent
tous les trois la tête tranchée. Leurs corps
furent enlevés par des perfonnes pieufes qui
les enterrerent dans un champ écarté de la
ville , fur lequel a depuis été bâtie l'égliſe
de l'Abbaye de faint Denis , actuellement
exiftante .
360-1-2 .
Julien proconful des Gaules , fait affembler
un concile à Paris ( c ) , auquel Victorin
Evêque & fucceffeur de faint Denis
(c) Premier concile de Paris,
158 MERCURE DE FRANCE.
préfida. Il y arrive lui-même , y féjourne
deux ans , & manque d'y périr par la vapeur
da charbon qu'on avoit allumé dans
fa chambre dans une urne de terre , fuivant
la coutume de ce tems - là .
Julien.
Julien eft proclamé Empereur à Paris
par les capitaines & foldats de fon armée ,
campée aux environs.
On fixe au regne de Julien la conftruction
du palais des Thermes , ou bains ,
dont on voit encore quelque refte dans
une maifon de la rue de la Harpe.
Jovien.
363 - 4 - 5 •
Jovien ayant fuccédé à Julien qui avoit
renoncé à la Religion chrétienne , caffe
toutes les loix que fon prédéceffeur avoit
faites contre les Chrétiens , & ne regne
que huit mois.
Valentinien I.
Valentinien I. arrive à Paris à la fin du
mois d'Octobre 365 , & y paffe l'hyver. ,
Nous avons de lui trois loix (d) dattées de
cette ville ; la premiere , pour la diftribution
des vivres ; la deuxieme pour l'or , l'ar-
(d) Cod. Theod. Tom. 2. chro. p, 76.
SEPTEMBRE. 1755 .
159
gent , & les autres métaux ; la troifiéme ,
pour les Officiers des monnoies.
Valens affocié à l'Empire.
366 , & c.
Valens défait en Age Procope qui s'étoit
fait proclamer Empereur ( e ) , & envoie fa
tête à Paris , à Valentinien fon frere.
Gratien.
Gratien , fils de Valentinien , fait quelque
féjour à Paris , y livre aux environs
une bataille à Maxime , qui avoit ufurpé
le titre d'Empereur ; il l'a perd , & eft
maffacré par fes ennemis.
Théodofe.
Saint Marcel , natif de Paris , occupe
le Siége Pontifical ; il meurt & fon corps
eft inhumé hors la ville dans une petite
chapelle dédiée à faint Clément .
ROIS DE FRANCE .
Pharamond. Clodion . Mérovée.
45.1--2--3 .
Les conquêtes d'Attila roi des Huns ,
& les ravages que fon armée faifoit aux
environs de Paris , allarment les Parifiens .
Sainte Genevieve effaye de calmer les ef-
( e ) Amm. Marcell . L. 27.
160 MERCURE DE FRANCE.
prits , les exhorte à mettre leur confiance
en Dieu , & leur prédit que ce Prince qui
fe faifoit appeller le fléau de Dieu , ne
paffera pas par Paris ; la chofe arriva comme
elle l'avoit dit , mais plufieurs en profirerent
pour l'accufer de fortilege. On alla
même jufqu'à délibérer de quel genre de
mort on la feroit mourir. Sur ces entrefaites
, l'Archidiacre d'Auxerre arriva à
Paris , & diffipa le complot.
454 , & c.
Les Francs fous la conduite de Mérovée ,
s'avancent vers la Seine ; traverfent la
Seine fous Childéric fon fucceffeur , &
ravagent les environs de Paris.
Childeric 1.
476 , &c.
Les François affiégent Paris , la ville
manque de vivres , & les affiégés font réduits
à la derniere extrêmité. Génevieve
(f) s'expofe feule pour le falut de la patrie ,
elle va elle -même à Arci fur Aube & à
Troyes , d'où elle revient avec plufieurs
batteaux chargés de bled . Childéric , malgré
ce fecours , fe rend maître de Paris ,
& en chaffe les Romains.
Clovis I.
Le Clergé & le Corps de Ville , à la fol-
(f) Vitafanita Genovefa. p. 146.
SEPTEMBRE. 1755. 161
licitation de fainte Génevieve , font batir
une Chapelle fur le tombeau de S. Denis.
507-8.
Clovis , premier Roi Chrétien , vient à
Paris après la fameufe bataille de Vouille
en Poitou , il y fixe le Siége principal de
fon Empire ; habite le Palais des Thermes ,
& fait bâtir l'Eglife de Saint Pierre & Saint
Paul , aujourd'hui Sainte Génevieve .
509-19.
Sainte Génevieve , déja très - avancée en
âge , meurt à Paris le trois Janvier 509. &
eft enterrée hors la ville du côté du Midi.
Les Parifiens remplis de vénération pour
cette Sainte , élevent une petite chapelle
fur fon tombeau .
511 , & c.
Rédaction de la Loi par Clovis ; ce prince
fonde l'abbaye Sainte Génevieve , meurt
& eft enterré dans l'églife qui étoit alors
fous l'invocation de S. Pierre & S. Paul.
Childebert.
Les quatre fils de Clovis , partagent le
royaume entr'eux . Thieri regne en Auftrafie
, Clodomir à Orléans , Childebert à
Paris , & Clotaire à Soiffons . Clodomir eft
tué dans une bataille contre les Bourguignons
& laiffe trois fils.
162 MERCURE DE FRANCE.
533, &c.
Clotaire inftruit de cet évenement ,
vient à Paris & délibere avec Childebert
fon frere , de priver leurs neveux du royaume
de leur pere , la réfolution prife , ils
font venir les trois princes , & Clotaire en
malfacre deux de fa propre main , le troifieme
, nommé Clodoalde fe fauve , & eft
rafé . On l'invoque fous le nom de faint
Cloud.
Childebert , Thieri & Clotaire partagent
entr'eux le royaume d'Orléans .
Clotilde fait inhumer les jeunes princes
Theobalde & Gonthier dans l'Eglife de
S. Pierre & S. Paul , & quitte enfuite
Paris pour revenir à Tours,
$43 , & c.
Mort de Clotilde , veuve de Clovis , à
Tours ; fon corps eft apporté à Paris , où
par les foins de Childebert & de Clotaire ,
elle eft enterrée à Sainte Génevieve auprès
de Clovis , & à côté de Clotilde fa fille
femme d'Amalaric , roi des Vifigoths .
Elle a été mife au nombre des Saints.
551-2-3-4 .
;
Childebert affemble un concile à Paris
(g ) les Evêques au nombre de vingt-fept , y
( g ) Deuxieme Concile de Paris.
SEPTEMBRE. 1755. 163
épofent Safaraque Evêque de cette capiale
, & le releguent dans un Monaftere.
Le feu prend à quelques maifons de
bois , & les flammes pouffées avec violence
font craindre un incendie général . Saint
Lubin Evêque de Chartres alors à Paris ,
fe met en prieres & l'embrafement ceffe .
555-6-7.
Childebert ( b ) par les confeils de
Saint Germain Evêque de Paris , fait rebâtir
la cathédrale , & lui donne de grands
biens.
Célebre ordonnance de Childebert ( i ) ,
qui ordonne le renversement de toutes les
idoles , & punition de cent coups de fouet
contre les efclaves qui profaneront le Dimanche
, & contre les perfonnes libres ,
d'une amande pécuniaire.
Troifieme concile de Paris ( k ) fous le
pontificat de Saint Germain. Ce concile
(1) auquel Probien Archevêque de Bourges
préfida , fit dix canons tendant à la
confervation des biens eccléfiaftiques & à
la liberté des élections des Evêques.
Childebert fonde l'abbaye S. Vincent ,
connue aujourd'huy fous le nom de Saint
(h) Apud Duch. tom. I. p . 464. ( i) Balut. capit.
Reg. Fr. L. I. p. 6. ( k ) Troiſieme concile de Paris.
( 1 ) Concile , tom. 5. p. 814.
164 MERCURE DE FRANCE.
Germain des Prés , & y dépofe outre l'étole
de ce premier titulaire , quantité de vafes
précieux qu'il avoit apportés de Tolede,
la dotte d'amples revenus , & lui accorde
de grands privileges. L'églife finie le 23
Décembre eft dédiée , & la regle de Saint
Benoît eft introduite dans cette Abbaye
peu de tems après.
S. Germain l'Auxerrois fondé par Childebert
, dont on voit la figure avec celle
de la reine Ultrogothe fa femme , au grand
portail de cette églife.
558.
Mort de Childebert enterré à Paris dans
l'égliſe de S. Germain des Prés , on voit
encore fon tombeau au milieu de cette
églife.
Premier exemple de la Loi fondamentale
qui n'admet que les mâles à la couronne.
Clotaire fuccede à fon frere à l'exclufion
de fes deux nieces .
Clotaire I.
559-60-61
.
Clotaire arrive à Paris , enleve tous les
tréfors de fon prédécefleur , y fait trèspeu
de féjour , retourne à Soiffons , & y
meurt laiffant quatre fils.
562-3-4-5 .
Chilpéric quoique le plus jeune , veut
<
SEPTEMBRE. 1755. 165
avoir Paris pour fon partage , fes trois
freres s'y oppofent , on tire au fort les
quatre royaumes , & il eft roi de Soiffons ,
Caribert.
Caribert a Paris en partage , & fait
gouter à fes fujets la douceur de la paix.
Interregne.
566.
Caribert meurt & eft enterré à S. Germain
des Prés , fes freres partagent fa fucceffion
, mais comme chacun vouloit avoir
la ville de Paris (m) , ils conviennent de la
pofféder tous trois par indivis fous la condition
qu'aucun des trois n'y entreroit fant
le confentement des deux autres , & que
celui qui violeroit le ferment perdroit dès
ce moment la part qu'il y auroit.
567 , &c.
Quatrième Concile de Paris ( n ) , convoqué
par Gontran , Roi d'Orléans & de
Bourgogne , dans l'églife S. Pierre & S.
Paul. Les Evêques du Royaume affemblés ,
au nombre de trente ( ) deux , propoſent
plufieurs voyes d'accommodement pour
(m ) Préfident Henault , Abrégé de l'Hiftoire de
France , page 12. (n ) Quatrieme concile de Paris.
(9) Concile , tom . V. p . 918 .
166 MERCURE DE FRANCE.
terminer les différends des deux Rois , Sigebert
& Chilperic , ce qui ne réuffic
574.
pas.
Sigebert paffe la Seine , à la tête d'une
puiffante armée, force Chilperic à demander
la paix, ravage les environs de Paris, &
fes foldats portent leursmains facriléges fur
le tombeau de S. Denis, qu'ils dépouillent
de fes ornemens.
575.
La paix eft conclue entre les deux Rois ;
mais à peine Sigebert s'eft- il retiré , que
Chilperic la viole. Sigebert indigné , s'avance
vers Paris , en ravage tous les environs
, fe rend maître de Rouen & de toute
la Neuftrie , & vient à Paris avec la Reine
Brunehaut & fes enfans.
Chilperic épouvanté de ce malheur &
de la mort de fon fils Théodebert , fe fauve
dans Tournai ; Sigebert l'y pourfuit ,
& met le fiége devant la ville . Il eſt aſſaſfiné
dans fon camp , & Chilperic revient
à Paris , où ayant trouvé la femme de fon
frere , il pille tous fes tréfors , & l'exile
à Rouen.
576.
Mort de S. Germain , Evêque de Paris ,
âgé d'environ quatre-vingt ans . Il eſt enterré
dans la chapelle de S. Symphorien ,
SEPTEMBRE . 1755. 167
au bas de l'églife S. Vincent , à préfent S.
Germain des Prés , au côté droit du veftibule.
577
Cinquiéme Concile de Paris ( p ) , tenu
dans l'églife S. Pierre & S. Paul , compofé
de quarante- cinq Evêques ( q ) affemblés
par ordre du Roi Chilperic pour juger la
caufe de Prétextat , Evêque de Rouen ,
accufé de trahifon . Ce Prélat , quoiqu'innocent
, s'avoua coupable , pour appaiſer
le Roi , qui lui avoit fait infinuer ce moyen
de le fléchir ; il fut néanmoins dépofé &
exilé dans l'ifle de Jerfai , où il demeura
jufqu'à la mort de Chilperic.
579,80 , 81 .
( r ) Le crime d'adultere alors puni de
mort à Paris. Etabliſſement de l'égliſe Saint
Julien le Pauvre , place Maubert.
582.
Il tombe à Paris une pluie de fang (S)
qui infecte tout ce qu'elle touche .
Chilperic laffé de l'infolence des Juifs
qui habitoient la rue de la Juiverie , entre
le pont Notre- Dame & le petit Pont ,
veut les forcer d'embraffer la Religion(t )
(p ) Cinquiéme Concile de Paris. ( 9 ) Greg.
Tur. liv. s . chap. 19. ( r ) Idem , liv. 5. chap. 35 .
(S ) Idem , liv. 16. c. § . ( t ) Idem , c . 17.
163 MERCURE DE FRANCE.
Chrétienne , quelques uns fe foumettent ,
les autres quittent le Royaume.
583.
La Seine & la Marne débordent confidérablement
. Plufieurs perfonnes font
noyées entre la cité & S. Laurent.
La veille de Pâques , Chilperic fort
brufquement de Paris , & y rentre à la fuite
d'une proceffion de reliques . Fait baptifer
fon fils par Ragncmode , Evêque de
Paris , qui fut fon parrein , & le nomma
Thiery. Chilperic (u) fait à cette occafion
des aumônes confidérables , & rend la
liberté aux prifonniers.
Ce Prince fort une feconde fois de Paris
, fait un traité avec les Ambaffadeurs
du Roi Childebert , contre Gontran , Roi
d'Orléans ; rentre enfuite dans la ville , en
fort de nouveau pour affembler fon armée
près de Melun , brûle & pille tout ce qui
fe trouve fur fon paffage , livre la bataille
à Gontran , la perd , demande la
paix , l'obtient , & rentre dans Paris.
$ 84.
Chilperic part pour Soiffons , d'où la
mort de fon fils Thieri le rappelle bientôt
à Paris. A peine y eft il arrivé , que la
Reine lui apprend qu'un bruit populaire
(1 ) Greg. Tur. ch. 25.
-
fait
SEPTEMBRE . 1755 169
fait foupçonner des femmes d'avoir fait
mourir le jeune Prince par des fortileges.
Le Roi les fait arrêter ; elles avouent leur
crime à la queſtion , & font punies de mort.
Monmole , Préfêt de Paris , compris
dans leur dépofition , avoue avoir reçu un
breuvage de leurs mains ; il eft chargé de
chaînes , & conduit en prifon , on lui fait
fon procès ; & lorfqu'il alloit être condamné
à perdre la tête , la Reine le fauve ,
& le fait conduire à Bordeaux , lieu de fa
naiffance , où il mourut de douleur en
arrivant .
Chilperic reçoit à Paris les Ambaſſadeurs
de l'Euvigilde , Roi des Vifigoths ,
qui lui demandent Rigonte fa fille en mariage
, pour Ricarede , fecond fils de leur
Roi.
Chilperic agrée cette alliance , fait préparer
un train magnifique pour conduire
Rigonte en Espagne. Il prend par force
des efclaves ou ferfs dans les villages voifins
pour groffir la fuite de la Princeffe.
Childebert II dépêche des An.baffadeurs
à Chilperic pour s'en plaindre.
Rigonte part , & le chariot caffe aux
portes de Paris. On prend cet accident à
mauvais augure. Effectivement la Princeffe
ne va que jufqu'à Toulouſe , parce
que Ricarede inftruit de la mort de Chil-
H
170 MERCURE DE FRANCE.
peric affaffiné à Chelles en revenant de la
chaffe , fait une autre alliance.
Prétextat , Evêque de Rouen, qui avoit
été déposé au cinquième Concile de Paris ,
& exilé dans l'ifle de Jerfai , eft rappellé
& rétabli fur fon fiége , la Reine Frédegonde
, devenue veuve , fe retire auprès
de l'Evêque de Paris , & fe foumet avec
Clotaire fon fils à Gontran , frere de Chilperic
arrivé à Paris , avec une armée formidable.
Childebert arrive quelque tems après ,
& les Parifiens lui refufent l'entrée de leur
ville .
585.
Gontran eft feul maître de Paris. Il
compoſe un Confeil pour le jeune Clotaire
, & oblige Frédegonde à quitter Paris
: elle fe retire au Vaudrueil , où elle
fouffre impatiemment de fe voir fans autorité.
Gontran tient une affemblée à Paris.
Les Amballadeurs du Roi Childebert s'y
rendent , & y font maltraités ; ils n'obtiennent
ni portion du Royaume de Paris ,
qu'ils demandent , ni la liberté de Frédegonde
, veuve du feu Roi Chilperic.
Le même Prince craignant d'être affaffiné
, fe retire à Châlons- fur-Saone , & reSEPTEMBRE.
1755. 171
vient l'année d'après à Paris , pour tenir
fur les fonts de baptême Clotaire fon
neveu. Il envoie à cet effet les Evêques
de Lyon , d'Autun & de Châlons , avec
plufieurs Officiers de fa maifon pour conduire
fon Neveu à Ruel , où il étoit alors.
Delà il part pour Nanterre , où la cérémonie
fut faite .
Childebert envoie des Ambaffadeurs
pour fe plaindre de l'infraction au dernier
traité. Gontran leur promet de nouveau
de l'exécuter.
Les corps de Clovis & de Mérouée font
trouvés & tranfportés dans l'églife de S.
Vincent , par ordre du Roi.
Un incendie confume prefque toute la
ville à l'exception des églifes.
Childebert & Gontran fe promettent
une fincere amitié dans l'affemblée d'Andelot
fur les confins du Royaume de Bourgogne
, près de Langres . Par ce traité , la
troifiéme partie de Paris & du territoire
qui avoit appartenu au Roi Sigebert
refta à Gontran , avec Châteaudun , Vendôme
, le pays d'Eftampes , & celui de
Chartres.
Gontran meurt.
On donnera la fuite le mois prochain.
* Greg. liv. 8 , chap. 33 .
De l'hiftoire de la ville de Paris , contenant ce
qui s'eft paffe de plus remarquable dans fon
enceinte, ou aux environs ; par M. Poncet
de la Grave , Avocat au Parlement .
SOUVERAINS .
Jules- Céfar.
'Ancienneté de la ville de Paris ne fçauroit
être mieux prouvée que par l'obfcurité
répandue fur fon origine.
Jules Céfar , (a) qui le premier en a fait
mention , l'appelle Lutetia , plufieurs Auteurs
, après lui , l'ont nommée différemment.
Elle fut affujettie aux Romains vers l'an
704 de la fondation de Rome , environ
cinquante ans avant la naiffance de Jeſus-
Chriſt. Jules - Céfar après en avoir fait la
conquête , y forma l'affemblée générale de
fes troupes , & partit enfuite pour l'Italie.
Les Parifiens profitent de fon abfence pour
fecouer le joug des Romains (b) .
(a) Comment. L. 6. (b ) Céfar , L. 7.
SEPTEMBRE. 1755. 157
Célar apprend leur révolte , rentre dans
les Gaules , fait le fiége de Gergovie , &
dépêche Labienus un de fes Lieutenans ,
contre les Parifiens . Ces derniers , inftruits
de fon retour , & de l'approche de Labićnus
, mettent le feu à leur ville , & vont
au-devant de lui fous le commandement
de Camulogene , vieillard d'une expérienconfommée
; leur armée eft défaite , &
Paris rentre pour la feconde fois fous la
domination des Romains.
Vers l'an 250 , faint Denis qui avoit été
fait prêtre à Rome , arrive à Paris , en eft
le premier Evêque , & après y avoir prêché
la Religion Chrétienne avec le prêtre
Ruftique & le Diacre Eleuthere . Il y reçoit
la couronne du martyre avec fes compagnons
fur le mont Martre , où ils eurent
tous les trois la tête tranchée. Leurs corps
furent enlevés par des perfonnes pieufes qui
les enterrerent dans un champ écarté de la
ville , fur lequel a depuis été bâtie l'égliſe
de l'Abbaye de faint Denis , actuellement
exiftante .
360-1-2 .
Julien proconful des Gaules , fait affembler
un concile à Paris ( c ) , auquel Victorin
Evêque & fucceffeur de faint Denis
(c) Premier concile de Paris,
158 MERCURE DE FRANCE.
préfida. Il y arrive lui-même , y féjourne
deux ans , & manque d'y périr par la vapeur
da charbon qu'on avoit allumé dans
fa chambre dans une urne de terre , fuivant
la coutume de ce tems - là .
Julien.
Julien eft proclamé Empereur à Paris
par les capitaines & foldats de fon armée ,
campée aux environs.
On fixe au regne de Julien la conftruction
du palais des Thermes , ou bains ,
dont on voit encore quelque refte dans
une maifon de la rue de la Harpe.
Jovien.
363 - 4 - 5 •
Jovien ayant fuccédé à Julien qui avoit
renoncé à la Religion chrétienne , caffe
toutes les loix que fon prédéceffeur avoit
faites contre les Chrétiens , & ne regne
que huit mois.
Valentinien I.
Valentinien I. arrive à Paris à la fin du
mois d'Octobre 365 , & y paffe l'hyver. ,
Nous avons de lui trois loix (d) dattées de
cette ville ; la premiere , pour la diftribution
des vivres ; la deuxieme pour l'or , l'ar-
(d) Cod. Theod. Tom. 2. chro. p, 76.
SEPTEMBRE. 1755 .
159
gent , & les autres métaux ; la troifiéme ,
pour les Officiers des monnoies.
Valens affocié à l'Empire.
366 , & c.
Valens défait en Age Procope qui s'étoit
fait proclamer Empereur ( e ) , & envoie fa
tête à Paris , à Valentinien fon frere.
Gratien.
Gratien , fils de Valentinien , fait quelque
féjour à Paris , y livre aux environs
une bataille à Maxime , qui avoit ufurpé
le titre d'Empereur ; il l'a perd , & eft
maffacré par fes ennemis.
Théodofe.
Saint Marcel , natif de Paris , occupe
le Siége Pontifical ; il meurt & fon corps
eft inhumé hors la ville dans une petite
chapelle dédiée à faint Clément .
ROIS DE FRANCE .
Pharamond. Clodion . Mérovée.
45.1--2--3 .
Les conquêtes d'Attila roi des Huns ,
& les ravages que fon armée faifoit aux
environs de Paris , allarment les Parifiens .
Sainte Genevieve effaye de calmer les ef-
( e ) Amm. Marcell . L. 27.
160 MERCURE DE FRANCE.
prits , les exhorte à mettre leur confiance
en Dieu , & leur prédit que ce Prince qui
fe faifoit appeller le fléau de Dieu , ne
paffera pas par Paris ; la chofe arriva comme
elle l'avoit dit , mais plufieurs en profirerent
pour l'accufer de fortilege. On alla
même jufqu'à délibérer de quel genre de
mort on la feroit mourir. Sur ces entrefaites
, l'Archidiacre d'Auxerre arriva à
Paris , & diffipa le complot.
454 , & c.
Les Francs fous la conduite de Mérovée ,
s'avancent vers la Seine ; traverfent la
Seine fous Childéric fon fucceffeur , &
ravagent les environs de Paris.
Childeric 1.
476 , &c.
Les François affiégent Paris , la ville
manque de vivres , & les affiégés font réduits
à la derniere extrêmité. Génevieve
(f) s'expofe feule pour le falut de la patrie ,
elle va elle -même à Arci fur Aube & à
Troyes , d'où elle revient avec plufieurs
batteaux chargés de bled . Childéric , malgré
ce fecours , fe rend maître de Paris ,
& en chaffe les Romains.
Clovis I.
Le Clergé & le Corps de Ville , à la fol-
(f) Vitafanita Genovefa. p. 146.
SEPTEMBRE. 1755. 161
licitation de fainte Génevieve , font batir
une Chapelle fur le tombeau de S. Denis.
507-8.
Clovis , premier Roi Chrétien , vient à
Paris après la fameufe bataille de Vouille
en Poitou , il y fixe le Siége principal de
fon Empire ; habite le Palais des Thermes ,
& fait bâtir l'Eglife de Saint Pierre & Saint
Paul , aujourd'hui Sainte Génevieve .
509-19.
Sainte Génevieve , déja très - avancée en
âge , meurt à Paris le trois Janvier 509. &
eft enterrée hors la ville du côté du Midi.
Les Parifiens remplis de vénération pour
cette Sainte , élevent une petite chapelle
fur fon tombeau .
511 , & c.
Rédaction de la Loi par Clovis ; ce prince
fonde l'abbaye Sainte Génevieve , meurt
& eft enterré dans l'églife qui étoit alors
fous l'invocation de S. Pierre & S. Paul.
Childebert.
Les quatre fils de Clovis , partagent le
royaume entr'eux . Thieri regne en Auftrafie
, Clodomir à Orléans , Childebert à
Paris , & Clotaire à Soiffons . Clodomir eft
tué dans une bataille contre les Bourguignons
& laiffe trois fils.
162 MERCURE DE FRANCE.
533, &c.
Clotaire inftruit de cet évenement ,
vient à Paris & délibere avec Childebert
fon frere , de priver leurs neveux du royaume
de leur pere , la réfolution prife , ils
font venir les trois princes , & Clotaire en
malfacre deux de fa propre main , le troifieme
, nommé Clodoalde fe fauve , & eft
rafé . On l'invoque fous le nom de faint
Cloud.
Childebert , Thieri & Clotaire partagent
entr'eux le royaume d'Orléans .
Clotilde fait inhumer les jeunes princes
Theobalde & Gonthier dans l'Eglife de
S. Pierre & S. Paul , & quitte enfuite
Paris pour revenir à Tours,
$43 , & c.
Mort de Clotilde , veuve de Clovis , à
Tours ; fon corps eft apporté à Paris , où
par les foins de Childebert & de Clotaire ,
elle eft enterrée à Sainte Génevieve auprès
de Clovis , & à côté de Clotilde fa fille
femme d'Amalaric , roi des Vifigoths .
Elle a été mife au nombre des Saints.
551-2-3-4 .
;
Childebert affemble un concile à Paris
(g ) les Evêques au nombre de vingt-fept , y
( g ) Deuxieme Concile de Paris.
SEPTEMBRE. 1755. 163
épofent Safaraque Evêque de cette capiale
, & le releguent dans un Monaftere.
Le feu prend à quelques maifons de
bois , & les flammes pouffées avec violence
font craindre un incendie général . Saint
Lubin Evêque de Chartres alors à Paris ,
fe met en prieres & l'embrafement ceffe .
555-6-7.
Childebert ( b ) par les confeils de
Saint Germain Evêque de Paris , fait rebâtir
la cathédrale , & lui donne de grands
biens.
Célebre ordonnance de Childebert ( i ) ,
qui ordonne le renversement de toutes les
idoles , & punition de cent coups de fouet
contre les efclaves qui profaneront le Dimanche
, & contre les perfonnes libres ,
d'une amande pécuniaire.
Troifieme concile de Paris ( k ) fous le
pontificat de Saint Germain. Ce concile
(1) auquel Probien Archevêque de Bourges
préfida , fit dix canons tendant à la
confervation des biens eccléfiaftiques & à
la liberté des élections des Evêques.
Childebert fonde l'abbaye S. Vincent ,
connue aujourd'huy fous le nom de Saint
(h) Apud Duch. tom. I. p . 464. ( i) Balut. capit.
Reg. Fr. L. I. p. 6. ( k ) Troiſieme concile de Paris.
( 1 ) Concile , tom. 5. p. 814.
164 MERCURE DE FRANCE.
Germain des Prés , & y dépofe outre l'étole
de ce premier titulaire , quantité de vafes
précieux qu'il avoit apportés de Tolede,
la dotte d'amples revenus , & lui accorde
de grands privileges. L'églife finie le 23
Décembre eft dédiée , & la regle de Saint
Benoît eft introduite dans cette Abbaye
peu de tems après.
S. Germain l'Auxerrois fondé par Childebert
, dont on voit la figure avec celle
de la reine Ultrogothe fa femme , au grand
portail de cette églife.
558.
Mort de Childebert enterré à Paris dans
l'égliſe de S. Germain des Prés , on voit
encore fon tombeau au milieu de cette
églife.
Premier exemple de la Loi fondamentale
qui n'admet que les mâles à la couronne.
Clotaire fuccede à fon frere à l'exclufion
de fes deux nieces .
Clotaire I.
559-60-61
.
Clotaire arrive à Paris , enleve tous les
tréfors de fon prédécefleur , y fait trèspeu
de féjour , retourne à Soiffons , & y
meurt laiffant quatre fils.
562-3-4-5 .
Chilpéric quoique le plus jeune , veut
<
SEPTEMBRE. 1755. 165
avoir Paris pour fon partage , fes trois
freres s'y oppofent , on tire au fort les
quatre royaumes , & il eft roi de Soiffons ,
Caribert.
Caribert a Paris en partage , & fait
gouter à fes fujets la douceur de la paix.
Interregne.
566.
Caribert meurt & eft enterré à S. Germain
des Prés , fes freres partagent fa fucceffion
, mais comme chacun vouloit avoir
la ville de Paris (m) , ils conviennent de la
pofféder tous trois par indivis fous la condition
qu'aucun des trois n'y entreroit fant
le confentement des deux autres , & que
celui qui violeroit le ferment perdroit dès
ce moment la part qu'il y auroit.
567 , &c.
Quatrième Concile de Paris ( n ) , convoqué
par Gontran , Roi d'Orléans & de
Bourgogne , dans l'églife S. Pierre & S.
Paul. Les Evêques du Royaume affemblés ,
au nombre de trente ( ) deux , propoſent
plufieurs voyes d'accommodement pour
(m ) Préfident Henault , Abrégé de l'Hiftoire de
France , page 12. (n ) Quatrieme concile de Paris.
(9) Concile , tom . V. p . 918 .
166 MERCURE DE FRANCE.
terminer les différends des deux Rois , Sigebert
& Chilperic , ce qui ne réuffic
574.
pas.
Sigebert paffe la Seine , à la tête d'une
puiffante armée, force Chilperic à demander
la paix, ravage les environs de Paris, &
fes foldats portent leursmains facriléges fur
le tombeau de S. Denis, qu'ils dépouillent
de fes ornemens.
575.
La paix eft conclue entre les deux Rois ;
mais à peine Sigebert s'eft- il retiré , que
Chilperic la viole. Sigebert indigné , s'avance
vers Paris , en ravage tous les environs
, fe rend maître de Rouen & de toute
la Neuftrie , & vient à Paris avec la Reine
Brunehaut & fes enfans.
Chilperic épouvanté de ce malheur &
de la mort de fon fils Théodebert , fe fauve
dans Tournai ; Sigebert l'y pourfuit ,
& met le fiége devant la ville . Il eſt aſſaſfiné
dans fon camp , & Chilperic revient
à Paris , où ayant trouvé la femme de fon
frere , il pille tous fes tréfors , & l'exile
à Rouen.
576.
Mort de S. Germain , Evêque de Paris ,
âgé d'environ quatre-vingt ans . Il eſt enterré
dans la chapelle de S. Symphorien ,
SEPTEMBRE . 1755. 167
au bas de l'églife S. Vincent , à préfent S.
Germain des Prés , au côté droit du veftibule.
577
Cinquiéme Concile de Paris ( p ) , tenu
dans l'églife S. Pierre & S. Paul , compofé
de quarante- cinq Evêques ( q ) affemblés
par ordre du Roi Chilperic pour juger la
caufe de Prétextat , Evêque de Rouen ,
accufé de trahifon . Ce Prélat , quoiqu'innocent
, s'avoua coupable , pour appaiſer
le Roi , qui lui avoit fait infinuer ce moyen
de le fléchir ; il fut néanmoins dépofé &
exilé dans l'ifle de Jerfai , où il demeura
jufqu'à la mort de Chilperic.
579,80 , 81 .
( r ) Le crime d'adultere alors puni de
mort à Paris. Etabliſſement de l'égliſe Saint
Julien le Pauvre , place Maubert.
582.
Il tombe à Paris une pluie de fang (S)
qui infecte tout ce qu'elle touche .
Chilperic laffé de l'infolence des Juifs
qui habitoient la rue de la Juiverie , entre
le pont Notre- Dame & le petit Pont ,
veut les forcer d'embraffer la Religion(t )
(p ) Cinquiéme Concile de Paris. ( 9 ) Greg.
Tur. liv. s . chap. 19. ( r ) Idem , liv. 5. chap. 35 .
(S ) Idem , liv. 16. c. § . ( t ) Idem , c . 17.
163 MERCURE DE FRANCE.
Chrétienne , quelques uns fe foumettent ,
les autres quittent le Royaume.
583.
La Seine & la Marne débordent confidérablement
. Plufieurs perfonnes font
noyées entre la cité & S. Laurent.
La veille de Pâques , Chilperic fort
brufquement de Paris , & y rentre à la fuite
d'une proceffion de reliques . Fait baptifer
fon fils par Ragncmode , Evêque de
Paris , qui fut fon parrein , & le nomma
Thiery. Chilperic (u) fait à cette occafion
des aumônes confidérables , & rend la
liberté aux prifonniers.
Ce Prince fort une feconde fois de Paris
, fait un traité avec les Ambaffadeurs
du Roi Childebert , contre Gontran , Roi
d'Orléans ; rentre enfuite dans la ville , en
fort de nouveau pour affembler fon armée
près de Melun , brûle & pille tout ce qui
fe trouve fur fon paffage , livre la bataille
à Gontran , la perd , demande la
paix , l'obtient , & rentre dans Paris.
$ 84.
Chilperic part pour Soiffons , d'où la
mort de fon fils Thieri le rappelle bientôt
à Paris. A peine y eft il arrivé , que la
Reine lui apprend qu'un bruit populaire
(1 ) Greg. Tur. ch. 25.
-
fait
SEPTEMBRE . 1755 169
fait foupçonner des femmes d'avoir fait
mourir le jeune Prince par des fortileges.
Le Roi les fait arrêter ; elles avouent leur
crime à la queſtion , & font punies de mort.
Monmole , Préfêt de Paris , compris
dans leur dépofition , avoue avoir reçu un
breuvage de leurs mains ; il eft chargé de
chaînes , & conduit en prifon , on lui fait
fon procès ; & lorfqu'il alloit être condamné
à perdre la tête , la Reine le fauve ,
& le fait conduire à Bordeaux , lieu de fa
naiffance , où il mourut de douleur en
arrivant .
Chilperic reçoit à Paris les Ambaſſadeurs
de l'Euvigilde , Roi des Vifigoths ,
qui lui demandent Rigonte fa fille en mariage
, pour Ricarede , fecond fils de leur
Roi.
Chilperic agrée cette alliance , fait préparer
un train magnifique pour conduire
Rigonte en Espagne. Il prend par force
des efclaves ou ferfs dans les villages voifins
pour groffir la fuite de la Princeffe.
Childebert II dépêche des An.baffadeurs
à Chilperic pour s'en plaindre.
Rigonte part , & le chariot caffe aux
portes de Paris. On prend cet accident à
mauvais augure. Effectivement la Princeffe
ne va que jufqu'à Toulouſe , parce
que Ricarede inftruit de la mort de Chil-
H
170 MERCURE DE FRANCE.
peric affaffiné à Chelles en revenant de la
chaffe , fait une autre alliance.
Prétextat , Evêque de Rouen, qui avoit
été déposé au cinquième Concile de Paris ,
& exilé dans l'ifle de Jerfai , eft rappellé
& rétabli fur fon fiége , la Reine Frédegonde
, devenue veuve , fe retire auprès
de l'Evêque de Paris , & fe foumet avec
Clotaire fon fils à Gontran , frere de Chilperic
arrivé à Paris , avec une armée formidable.
Childebert arrive quelque tems après ,
& les Parifiens lui refufent l'entrée de leur
ville .
585.
Gontran eft feul maître de Paris. Il
compoſe un Confeil pour le jeune Clotaire
, & oblige Frédegonde à quitter Paris
: elle fe retire au Vaudrueil , où elle
fouffre impatiemment de fe voir fans autorité.
Gontran tient une affemblée à Paris.
Les Amballadeurs du Roi Childebert s'y
rendent , & y font maltraités ; ils n'obtiennent
ni portion du Royaume de Paris ,
qu'ils demandent , ni la liberté de Frédegonde
, veuve du feu Roi Chilperic.
Le même Prince craignant d'être affaffiné
, fe retire à Châlons- fur-Saone , & reSEPTEMBRE.
1755. 171
vient l'année d'après à Paris , pour tenir
fur les fonts de baptême Clotaire fon
neveu. Il envoie à cet effet les Evêques
de Lyon , d'Autun & de Châlons , avec
plufieurs Officiers de fa maifon pour conduire
fon Neveu à Ruel , où il étoit alors.
Delà il part pour Nanterre , où la cérémonie
fut faite .
Childebert envoie des Ambaffadeurs
pour fe plaindre de l'infraction au dernier
traité. Gontran leur promet de nouveau
de l'exécuter.
Les corps de Clovis & de Mérouée font
trouvés & tranfportés dans l'églife de S.
Vincent , par ordre du Roi.
Un incendie confume prefque toute la
ville à l'exception des églifes.
Childebert & Gontran fe promettent
une fincere amitié dans l'affemblée d'Andelot
fur les confins du Royaume de Bourgogne
, près de Langres . Par ce traité , la
troifiéme partie de Paris & du territoire
qui avoit appartenu au Roi Sigebert
refta à Gontran , avec Châteaudun , Vendôme
, le pays d'Eftampes , & celui de
Chartres.
Gontran meurt.
On donnera la fuite le mois prochain.
* Greg. liv. 8 , chap. 33 .
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Résumé : ABRÉGÉ CHRONOLOGIQUE De l'histoire de la ville de Paris, contenant ce qui s'est passé de plus remarquable dans son enceinte, ou aux environs, par M. Poncet de la Grave, Avocat au Parlement.
L'ouvrage 'Abrégé chronologique de l'histoire de la ville de Paris' de M. Poncet de la Grave retrace les événements marquants de l'histoire de Paris. Jules César mentionne Paris sous le nom de Lutetia et la conquiert vers 704 avant J.-C. Après son départ, les Parisiens se révoltent mais sont vaincus et la ville est détruite. Saint Denis, premier évêque de Paris, prêche la religion chrétienne et est martyrisé vers 250. Julien, proclamé empereur à Paris, y construit le palais des Thermes. Valentinien I y séjourne en 365 et promulgue des lois. Gratien, fils de Valentinien, livre une bataille près de Paris. Sainte Geneviève calme les Parisiens lors des invasions d'Attila en 451. Clovis, après la bataille de Vouillé en 507, fixe sa capitale à Paris et y construit des églises. Childebert, fils de Clovis, règne à Paris et y organise plusieurs conciles. Clotaire I succède à Childebert et meurt en 561. Chilpéric, son frère, obtient Paris après un partage des royaumes. Le texte mentionne également des événements impliquant les rois francs Chilperic, Gontran, et Childebert II. Près de Melun, un personnage non nommé brûle et pille tout sur son passage, livre bataille à Gontran, la perd, demande la paix, l'obtient, et retourne à Paris. Chilperic part pour Soissons, mais la mort de son fils Thieri le rappelle à Paris. La reine informe Chilperic que des femmes sont soupçonnées d'avoir tué le jeune prince par sorcellerie. Ces femmes avouent leur crime sous la torture et sont exécutées. Monmole, préfet de Paris, est impliqué et exilé à Bordeaux, où il meurt. Chilperic reçoit des ambassadeurs du roi des Wisigoths, Euvigilde, qui demandent la main de Rigonte, fille de Chilperic, pour Ricarede. Chilperic accepte et prépare un cortège somptueux, mais Rigonte meurt en chemin. Prétextat, évêque de Rouen, est rappelé et rétabli. La reine Frédegonde, veuve de Chilperic, se retire auprès de l'évêque de Paris et se soumet à Gontran avec son fils Clotaire. Gontran devient maître de Paris et compose un conseil pour Clotaire, obligeant Frédegonde à quitter la ville. Childebert arrive plus tard et les Parisiens lui refusent l'entrée. Gontran tient une assemblée à Paris où les ambassadeurs de Childebert sont maltraités. Gontran se retire à Châlons-sur-Saône par crainte d'un assassinat. Il revient l'année suivante pour le baptême de Clotaire. Un incendie détruit presque toute la ville, sauf les églises. Childebert et Gontran se promettent amitié lors de l'assemblée d'Andelot, partageant une partie du territoire parisien. Gontran meurt ensuite.
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20
p. 187-189
ITALIE.
Début :
Aussi-tôt que le Pape fut mort, le Cardinal Colonne, Camerlingue de [...]
Mots clefs :
Rome, Mort du Pape, Benoit XIV, Églises, Vatican, Cortège, Chapelle, Médailles, Inscription, Bulle pontificale, Élection pontificale, Cardinaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALI E.
DE ROME ,
Auffi-tôt
le 13 Mai.
que le Pape fut mort , le Cardinal Coi
lonne , Camerlingue de l'Eglife & Majordôme du
188 MERCURE DE FRANCE:
palais Apoftolique , fe tranſporta dans le palais
Quirinal à l'appartement du Saint Pere , pour faire
la reconnoiffance du corps , & on lui remit l'Anneau
du Pécheur. Peu de temps après , la groffe
cloche du Capitole annonça la mort du Pontife ,
& enfuite toutes les cloches des Eglifes fonnerent.
Le lendemain 6 Mai , le corps du Saint Pere fut
ouvert , embaumé , & expofè fur un lit de parade
en habits pontificaux. Le foir à dix heures , on le
transféra du Quirinal au Vatican , & la marche fe
fit dans cet ordre : une compagnie de Chevaux-
Légers ; les trompettes fonnant en fourdine ; quarante
Eftafiers , & Valets d'écurie tenant des flam
beaux ; le Capitaine des Gardes Suiffes , & le Maître
des Cérémonies à cheval ; le corps du Pape
dans une fuperbe litiere découverte , les Gardes
Suiffes aux deux côtés , & les Pénitenciers de Saint
Pierre portant chacun un flambeau ; fept pieces
de canon ; une autre compagnie de Chevaux-
Légers & les Cuiraffiers , ayant leurs trompettes
& timbales drapées. Quand le convoi fut arrivé ,
le corps fut levé de la litiere & porté dans la Chapelle
Sixtine. Là , le Majordôme lui ôta le chapeau
Papal , & y fubftitua la thiarre . Le 7 ,
corps fut tranfporté à Saint Pierre dans la Chapelle
du Saint- Sacrement , & le peuple fut admis à
lui baifer les pieds. Le y au foir , le corps du Pape
fut mis dans un cercueil de bois de cedre , avec
une bourfe de velours cramoifi , où il y avoit 17
médailles d'or , 17 d'argent , & 17 de bronze. Ces
médailles , dont le nombre répond à celui des années
du Pontificat de Benoît XIV , repréfentent
d'un côté fon portrait & de Pautre les principales
actions de fon regne . Le cercueil de cedre fut embotté
dans une autre caifle de bois , & celle ci
dans un coffre de plomb avec cette infeription
le
JUILLET. 1758.
189
fimple : D. O. M. Benedictus XIV. Pont. Max,
Lambertinus Bononienfis. Vixit Annos LXXXIII.
Menfem I. Dies III. In fummo Pontificatu Ann,
XVII. Menf. VIII. Dies XVII. Obiit V Nonas
Maii. Anno M. DCC. LVIII. Des dix Congréga
tions qui doivent précéder l'entrée des Cardinaux
au Conclave , il s'en eft tenu jufqu'à préfent qua
tre. Dans la premiere qui fe tint le jour du décès
du Pontife , on lut la Bulle concernant l'élection
des Papes ; le Dataire & le Secretaire des Brefs
remirent au Saré College la caffette des Brefs
fignés & non expédiés ; le ſceau des Bulles & l'Anneau
du Pécheur furent rompus. Dans une autre
Congrégation , le Gouverneur de cette Ville fut
confirmé dans fa charge , & deux Orateurs furent
nommés , l'un pour faire l'Oraiſon funebre du
défunt Pontife , l'autre pour prononcer le Dif
cours touchant l'élection d'un Pape. Le Cardinal
d'Argenvilliers a obtenu la permiffion de refter
20 jours dans fon appartement au Quirinal , pour
rétablir fa fanté. Quoique pendant la vacance du
Saint Siege , les foldats du Capitole ayent feuls le
droit de garder les portes de la Ville , on a par
tagé cette fonction entr'eux & les foldats Corfes,
fans avoir égard aux proteftations des premiers,
Les prifonniers élargis à l'occafion de la mort du
Pape , commencent commettre du défordre ;
c'eſt pourquoi le Gouverneur a ordonné aux habi,
tans d'avoir toutes les nuits de la lumiere aux fenêtres
de leurs maiſons.
Des cinquante- cinq Cardinaux qui compoſent
aujourd'hui le Sacré College , il n'y a plus qu'une
feule créature du Pape Clément XI , une feule d'Innocent
XIII , une feule de Benoît XIII , & neuf de
Clément XII. Tous les autres ont été créés par
Benoît XIV , & il a laiffé quinze chapeaux vacaps .
DE ROME ,
Auffi-tôt
le 13 Mai.
que le Pape fut mort , le Cardinal Coi
lonne , Camerlingue de l'Eglife & Majordôme du
188 MERCURE DE FRANCE:
palais Apoftolique , fe tranſporta dans le palais
Quirinal à l'appartement du Saint Pere , pour faire
la reconnoiffance du corps , & on lui remit l'Anneau
du Pécheur. Peu de temps après , la groffe
cloche du Capitole annonça la mort du Pontife ,
& enfuite toutes les cloches des Eglifes fonnerent.
Le lendemain 6 Mai , le corps du Saint Pere fut
ouvert , embaumé , & expofè fur un lit de parade
en habits pontificaux. Le foir à dix heures , on le
transféra du Quirinal au Vatican , & la marche fe
fit dans cet ordre : une compagnie de Chevaux-
Légers ; les trompettes fonnant en fourdine ; quarante
Eftafiers , & Valets d'écurie tenant des flam
beaux ; le Capitaine des Gardes Suiffes , & le Maître
des Cérémonies à cheval ; le corps du Pape
dans une fuperbe litiere découverte , les Gardes
Suiffes aux deux côtés , & les Pénitenciers de Saint
Pierre portant chacun un flambeau ; fept pieces
de canon ; une autre compagnie de Chevaux-
Légers & les Cuiraffiers , ayant leurs trompettes
& timbales drapées. Quand le convoi fut arrivé ,
le corps fut levé de la litiere & porté dans la Chapelle
Sixtine. Là , le Majordôme lui ôta le chapeau
Papal , & y fubftitua la thiarre . Le 7 ,
corps fut tranfporté à Saint Pierre dans la Chapelle
du Saint- Sacrement , & le peuple fut admis à
lui baifer les pieds. Le y au foir , le corps du Pape
fut mis dans un cercueil de bois de cedre , avec
une bourfe de velours cramoifi , où il y avoit 17
médailles d'or , 17 d'argent , & 17 de bronze. Ces
médailles , dont le nombre répond à celui des années
du Pontificat de Benoît XIV , repréfentent
d'un côté fon portrait & de Pautre les principales
actions de fon regne . Le cercueil de cedre fut embotté
dans une autre caifle de bois , & celle ci
dans un coffre de plomb avec cette infeription
le
JUILLET. 1758.
189
fimple : D. O. M. Benedictus XIV. Pont. Max,
Lambertinus Bononienfis. Vixit Annos LXXXIII.
Menfem I. Dies III. In fummo Pontificatu Ann,
XVII. Menf. VIII. Dies XVII. Obiit V Nonas
Maii. Anno M. DCC. LVIII. Des dix Congréga
tions qui doivent précéder l'entrée des Cardinaux
au Conclave , il s'en eft tenu jufqu'à préfent qua
tre. Dans la premiere qui fe tint le jour du décès
du Pontife , on lut la Bulle concernant l'élection
des Papes ; le Dataire & le Secretaire des Brefs
remirent au Saré College la caffette des Brefs
fignés & non expédiés ; le ſceau des Bulles & l'Anneau
du Pécheur furent rompus. Dans une autre
Congrégation , le Gouverneur de cette Ville fut
confirmé dans fa charge , & deux Orateurs furent
nommés , l'un pour faire l'Oraiſon funebre du
défunt Pontife , l'autre pour prononcer le Dif
cours touchant l'élection d'un Pape. Le Cardinal
d'Argenvilliers a obtenu la permiffion de refter
20 jours dans fon appartement au Quirinal , pour
rétablir fa fanté. Quoique pendant la vacance du
Saint Siege , les foldats du Capitole ayent feuls le
droit de garder les portes de la Ville , on a par
tagé cette fonction entr'eux & les foldats Corfes,
fans avoir égard aux proteftations des premiers,
Les prifonniers élargis à l'occafion de la mort du
Pape , commencent commettre du défordre ;
c'eſt pourquoi le Gouverneur a ordonné aux habi,
tans d'avoir toutes les nuits de la lumiere aux fenêtres
de leurs maiſons.
Des cinquante- cinq Cardinaux qui compoſent
aujourd'hui le Sacré College , il n'y a plus qu'une
feule créature du Pape Clément XI , une feule d'Innocent
XIII , une feule de Benoît XIII , & neuf de
Clément XII. Tous les autres ont été créés par
Benoît XIV , & il a laiffé quinze chapeaux vacaps .
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Résumé : ITALIE.
Le 13 mai, après la mort du pape, le cardinal Colonna, en tant que Camerlingue, se rendit au palais Quirinal pour reconnaître le corps et reçut l'Anneau du Pécheur. La mort du pontife fut annoncée par les cloches des églises. Le 14 mai, le corps du pape fut embaumé et exposé en habits pontificaux. Le 15 mai, il fut transféré au Vatican, escorté par divers gardes et pénitenciers, puis placé dans la Chapelle Sixtine. Le 16 mai, le corps fut exposé à la Chapelle du Saint-Sacrement à Saint-Pierre, où le peuple put baiser ses pieds. Le 17 mai, le corps fut placé dans un cercueil de cèdre contenant des médailles représentant les actions du règne de Benoît XIV, puis dans une caisse de bois et un coffre de plomb avec une inscription. Quatre congrégations se tinrent avant le conclave, durant lesquelles l'Anneau du Pécheur et le sceau des bulles furent détruits, et des nominations furent faites. Pendant la vacance du Saint-Siège, des désordres furent commis par des prisonniers libérés, nécessitant des mesures de sécurité. Le Sacré Collège comptait 55 cardinaux, avec 15 chapeaux vacants.
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21
p. 192
MARIAGE.
Début :
Paul Etienne-Auguste, Duc de Beauvilliers, petit-fils du Duc de [...]
Mots clefs :
Duc, Petit-fils, Fille, Mariage, Bénédiction nuptiale, Chapelle
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGE.
MARIAGE.
Paul Etienne- Augufte , Duc de Beauvilliers ,
petit- fils du Duc de Saint-Aignan , a époufé , le
16 Novembre , Marie-Magdeleine de Roffet de
Fleury , fille du Duc de Fleury , premier Gentilhomme
de la Chambre du Roi. La Bénédiction
Nuptiale leur a été donnée dans la Chapelle de
l'Hôtel d'Humieres par l'Evêque de Chartres en
préfence du fieur du Lau d'Allemans , Curé de la
Paroille de S. Sulpice .
Paul Etienne- Augufte , Duc de Beauvilliers ,
petit- fils du Duc de Saint-Aignan , a époufé , le
16 Novembre , Marie-Magdeleine de Roffet de
Fleury , fille du Duc de Fleury , premier Gentilhomme
de la Chambre du Roi. La Bénédiction
Nuptiale leur a été donnée dans la Chapelle de
l'Hôtel d'Humieres par l'Evêque de Chartres en
préfence du fieur du Lau d'Allemans , Curé de la
Paroille de S. Sulpice .
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