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1
p. 257-281
Modes Nouvelles. [titre d'après la table]
Début :
Il est temps de satisfaire la curiosité de vos Belles [...]
Mots clefs :
Couleurs, Modes, Jupes, Dentelle, Marchands, Habillements, Étoffes, Gazes, Toiles, Manteaux, Point de France, Échelles, Mousseline, Satin, Coiffes, Rubans, Boutons, Noeuds, Manches
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texteReconnaissance textuelle : Modes Nouvelles. [titre d'après la table]
uriofité de vos Belles de Province , & de vous entretenir
desModesnouvellesdontvous
m'avez mandé pluſieurs fois qu'elles ſouhaitoient de trou- ver quelque Article dans les Lettres queje vous envoye.Ce n'eſt pas une affaire peu amba- raffante,&je ne ſçay comment j'aurois pû m'acquiter de ma parole, fi je ne me fuſſe trouvé dernierement dans une Ruelle
abondante en Perſonnesdu bel
air. On yrailloit un Mary ja- loux, lors que je vis entrer une Féme moitié Pretieuſe,& moitie Coquette. Queje fuis fati- guée:dit- elle, apres avoir ſalüé la Compagnie;l'ay eſté aujourQij
184 LE MERCVRE d'hui chez plus de vingt Mar- chands , &je n'en fuis guéres fortie plus ſçavante quej'y ſuis entrée. J'ay reçeu dix Lettres de la Campagne, parleſquelles on me prie de mander les Mo- des nouvelles , & je ne ſçay qu'écrire là-deſſus. Onn'a ja- mais veu en France ce que l'on voit aujourd'hui, il n'y a plus deModesgenerales,parce qu'il yen a tropde particulieres; à
peinetrouve-t- ondeux Perſon- nes veſtuës de la meſme maniere , chacun s'habille à ſa fantaiſie, &l'on ne paroiſt plus extravagant comme autrefois,
lors qu'on n'eſt pasmis comme les autres. Pour moy , continua-t-elle, je ne feray point de réponſe,&je ne finirois jamais,
fije voulois écrire la diverſité
des Habillemens de chaque
GALANT. 185 Particulier. Je donnay d'abord dans ſon ſens , pour l'amener apres plus facilement à mon but &je luidis enſuite que fi
elle vouloit prier toute laCom- pagnie de s'entretenir ſur cette matiere , & que chacundit les
Modesqu'il croyoit les plusge- nerales,je les écrirois fur l'heu- re , &qu'ainſi elle trouveroit fon Memoire des Modes tout
fait, ſans qu'elle fift autre cho- ſe que dire ſon avis.Cette pen- ſee lui plût , chacun promit d'expliquer ce qu'il ſçavoition me donna de l'encre &du pa- pier, &j'écrivis pour elle &
pour moy, ceque vous allez li- re touchant les Modes dont on
ſe fert depuis qu'on ne porte plus d'or&d'argent.
On parla d'abord des Eto- fes , ou plutoft on en voulut
üj
Σ
186 LE MERCVRE
parler ; car à peine euft-on-en-- tâmé ce difcours, qu'unejeune Beauté prit la parole,&dit que de cinquante Femmes du bel
air, à peine on trouvoit - on deux qui portaffent des Etof- fes ; &que hors quelques Taf- fetas & Tabis decoupez &
mouchetez, gris &changeans,
qui estoient un reſte de Mode
des Habits d'Etamine & de
Serge des Grifettes du Printemps , on ne voyoit plus de Femmes veſtuës que deToil- les&deGazes ; &elle adjoûta qu'elle les aimoit tellement ;
qu'elle avoit voulu voir toutes celles qui avoient eſté faites,&
que leur diverſité & leur
beauté eſtoient des chofes ad
mirables. On la pria de par.
ler de toutes celles qu'el
le avoit veuës , & voicy de
GALANT. 187
t
i
quelle maniere elle s'en ac- quita.
Onfait, depuis que les cha-- leurs ont commencé,des Man--
teaux&des Jupes de pluſieurs fortes de Gazes; les moindres
4
font les unies, les rayees , & ALE DE carreaux.
LYON celles qui font à E
leurs, meflees, & fans eftreme
lées. If y en a auffi beaucoup de rebrochées , dont les fleurs
paroiffent de relief. On en voit
fur des fonds bruns couvertes.
de fleurs de toutes couleurs;
&il s'en trouve de meſme fur
des fonds blancs qui font le plus bel effet du monde ; d'au- tres font fur des fonds mou
chetez, & d'autres font à colomnes. Les Femmes du grand air qui ont le petit deüil , en portentde blanches , avec des
preſque de toutes con-
188 LE MERCVRE
fleurs noires rebrochées ; &
celles qui font plus modeftes,
en mettent de noires unies ,
avec des Jupes de Gaze bleuës deffous. Les Gazes dont les
fonds & les fleurs font blanches, ſe portentbeaucoup plus enJupesqu'enManteaux.Cel- les qui ſont rayées , & qui ont de grandes eſpaces entre les ra- yes , remplies de toutes fortes de fleurs,fonttres-belles : Mais
quelque beauté qu'ayenttou- tes ces Gazes , pourſuivit-elle,
je ne defefpere pas d'en voir encor deplus extraordinaires,
puis qu'il n'eſt point de jour qu'on n'en remarque aux Thuilleries d'un deſſein tout
nouveau. Il n'eſt rien de plus agreable que tous les Mateaux deGaze, continua la meſme,&
ils ne font effacez que par ceux
GALANT. 189 de Poincts de France fur de la
Toille jaune,qui eftant accom-- pagnez d'Echelles de mefme
Poinct, donnent un certain air
degrandeur à ceux quiles por- tent , que les Etofés les plus remplies d'or &d'arget ne font pas toûjours remarquer dans les Perſonnes les plus quali- lifiées..Onvoit aufli , adjoûtat- elle , quelques Manteaux &
Jupes de Taffetas volans &
changeas, mais le nombre n'en eſt pas grand. Puis que vous avez parle des Manteaux , re- prit une autre,je vais parlerdes Jupes;j'en achetayhyer,& ce- la fur cauſe que je m'infor-- may de celles quifont les plus àla mode.On en voitencor qui fonttoutes de Poinct de Frace,
&dautres toutes de Poinct
d'Angleterre mais comme elles
190 LE MERCVRE
font extrémement cheres , le
nombre n'en eſt pas fi grand;&
celles dont on porte le plus ,
font desMouffeline rayée,avec unPoinct au bas des plus hauts que l'on puiſſe trouver. Ily en a auſſi beaucoup de Taffetas de toutes fortes de couleurs , fous des Gazes que chacun choifit àſa fantaiſie ; mais la plupart les prennentblanches. On en voit depuis quelques jours de Toille decoupée , comme on decoupoit le Tabis & le Satin.
Les Femmes qui font un peu fur le retour,&quelques autres
encor , portent des Jupes de Brocard , & d'autres Etofes ;
les unesmettentun petitPoinct
de Erance enbas,les autres une
Dantelle noire. Il y en a qui mettent des Guipures de tou- tes couleurs;mais quand on les
GALANT. 191 pliffe, on met des Dantelles de foye douce, fans fonds, & fans eftre guipées ni gommées. Il yadiverſesmanieres de mettre
ces Dantelles ; les unes en ont
une grande pliffée, &un Pied qui releve; & les autres deux
grandes pliſſées à deux doigts l'une de l'autre, & toutes deux tombantes.
Quandcelle quiavoitparlé desJupes àlamode eu finy fon diſcours , on preſſa une vieille Fille qui n'avoit ni beauté ni agrément,&qui par toutesces raiſons ſe retranchoit ſur lebel
Eſprit , de dire quelque choſe furle ſujet dela Converſation,
Elle répondit avec un air dé- daigneux,qu'elle ne ſçavoitpas commenton pouvoit perdre le temps à parler de ces bagatel- les,&que cette matiere n'étoit
192 LE MERCVRE
bonne que pour certaines Fé- mes qui n'auroientjamais rien àdire, fans le ſecours de leurs
Habillemens. On luyrépondit qu'elle avoit raiſon ; mais que
lors qu'on eſtoit en compagnie,
onſe rendoit ridicule, fi l'on ne
faifoit comme les autres , puis qu'ilſembloitqu'on lesmépri- faft , &qu'onvoulut ſe diſtinguer; cequ'unEfprit bien tour- né de devoit jamais faire. He bien, reprit-elle bruſquement,
puis que l'eſprit de bagatelle regne aujourd'hui , ilfaut faire
comme les autres. Si je me ſuis défenduë de parler des Modes nouvelles , ce n'eſt pas que je les ignore : comme il ne faut point d'eſprit pour les apprendre,& qu'on n'abeſoin que d'avoir des yeux , tout le monde les doit ſçavoir , &je
croy
GALANT. 193
croy n'en ignorer aucune. Elle s'arreſta un moment , puis elle entra dans le détail de toutes
les Modes dont on n'avoit
point encor parle , qu'elle de- bita avec un torrent de paroles,
ſans s'arreſter un moment , ni
laifſfer le temps à aucun de la Compagnie de lui repliquer par unſeul mot. Voicy tout cequ'elledit.
Laplupart des Coëffes que l'on porte à preſent , font à co- lomnes blanches & fans fonds;
onen voit auffi de noires à pe- tites Mouches , de Gazes fort claires d'Angleterre fans fods,
deblanches, de rouffes , &des
Cornettes de mefme ces dornieres. Onne fait plus de Bonnets friſez ,&l'on met deux petites Cornettes &une grande.
On fe cordonne de Poinct de
Tome V. R
194 LE MERCVRE
France &de Rubans detoutes
couleurs. Jamais ils n'ont tant
eſté enregne qu'ils fontdepuis la Defenſe de l'or &de l'argét;
&l'on mettat d'Echelles,qu'il eſt impoffible que cette Mode foit long-tempsen regne,parce quelesGensdequalité nemã- quent jamais de quitter celles qui deviennent trop commu- nes. On porte beaucoup de Gandsgarnis,&tous les Man- teaux font retrouffez avecdes
Rubans. Toutes lesGarnitures
fontrempliesde Ferets ; ils font plus courts , plus brillans , &
mieux travaillezque les ronds quel'onportoit ilya quelques années, & il n'y ariendeplus agreable ; on en met juſques aux Rubans de Souliers. Les
Manchesdont onſeſert à pre- ſent,ſont de pluſieurs manières.
GALANT. 195
1
2
Il y en a de pliſſées , avec du Poinct enbas.On en voitd'autres qui ne font point pliffées,
&qui ontune Dentelle qui re- leve, avec un petit Pied. Il s'en
trouve auſſi beaucoup à boüil- lons. Laplupart des Manchettes qui accompagnent ces Mã- ches, font à trois rangs. On porte toûjours des Bas de la Chine , & l'on n'en met plus guéres de marbrez. Les Sou- liers font de pluſieurs manieres. Ondecoupe des Cuirs fur des Etofes de toutes fortes de
couleurs. Il yen a de mouche- tez, laffez aux coſtez avec un
petit Molet , & de brodez de
Soye.Les plus magnifiques ſont ceux qui font de Toille de Marſeille piquée , &qui font garnis deDantelle d'Angleter- re ou de Poinct de France,forRij
196 LE MERCVRE
mantune maniere deRoze antique , comme on en mettoit
autrefois fur les Souliers. On
envoit auſſi de Geais de toutes couleurs. Les Eventails les
plus ordinaires font de Peaux de Vélin , avec des Bâtons de
Calanbourg.On les porte toû- jours grādes,& les belles Pein- tures ſonttoûjours à la mode.
On fait à preſent beaucoup dePoincts de Frace fans fonds,
&des Picots en compannes à
tous lesbeaux Mouchoirs. On
en aveu quelques-uns avec de petites Fleurs fur les grandes,
que l'on pouroit appeller des Fleurs volantes, n'eſtant atta--
chées que par le milieu ; mais il n'y a pas d'apparence que cetteModeſoit ſuivie.
Toutes ces choſes ayanteſté dites de fuite , celle qui en fit
GALANT. 197
de
al
le recit ſe trouva tellemét hors
d'haleine,qu'apres avoir ache- vé,elle ne pût dire autre choſe.
La Belle qui vouloit mander
des Modes en Province , crût
en ſçavoir aſſez , & l'on auroit
finy cette matiere , fi une Per- fonne de la compagnie n'euſt dit qu'il faloit auſſi s'entretenir des manieresde s'habiller des
Hommes. N'en foyez point en peine, repartit uneBeauté en- joüée , j'ay vingt Amans qui àl'envy s'eforcentde ſemettre bienpour meplaire , &je ſçay comment il faut qu'un Hom- me ſoit pour eſtre à la mode.
Elle prononça ces paroles d'un air qui plût à toute l'Affem- blée. On la pria de dire ce qu'elle ſçavoit là-deffus , &
fans ſe faire preffer , elle com- mençade la forte.
Riij
198 LE MERCVRE
L'ajustement eſt moins ne- ceffaire aux Hommes qu'à la plupart des Femmes , & il ca- che moins leurs defauts. Un
Homme eſt toûjours affez pa- ré quand il a bonne mine; il plaiſt enHabit de Cavalier, &
fans ornemens ; & les Femmes
qui ne font point ajuſtées,plai- fent rarement , à moins que leurbeauté ne foit veritable &
toute à elles. On dira , pour- ſuivit cette Charmate Perfonne , que j'aime bien les Hom- mes,de parler ainfi à leur avantage : Cependant tous mes Amans font également bien auprés de moy,&publient que je ſuis la plus cruelle Perſonne du monde. Tantqu'ils parlerõt ainfi , je ne me plaindray pas d'eux ,&je croirois qu'on ne medevroitguéres eſtimer, s'ils
GALANT. 199 tenoient un autre langage. Le defir qu'ils ontde me plaire,fait qu'ils ne paroiffent devat moy qu'avec une propreté ache- vée,&tout cela ſans avoir d'Erofes magnifiques. On n'en voit point preſentement , elles ſont preſque toutes unies; à
peine en trouve-t-onde ſoye,
&l'on ne porte que des Dro- guets,desEtamines &des Ser- ges; mais quand un Homme eft bien coëffé &bie chauffé,
qu'il a de beau Linge, une belle Garniture, &unebelle Veſte,il eſt plusparé que s'il eſtoit chargé de Broderie ou de gros Galons d'or , qui ne feroient que l'épaiffir. Les Hommes portent à preſent des Véftes fort lõgues, garnies de Poincts.
Les plus nouvelles ſont de Mouſſeline claire rayée , avec
200 LE MERCVRE
de la Toille jaune deſſous , &
du Poinct deſſus. Leurs Chapeaux ſont petits, leurs Gands garnis de Rubans étroits , &
toute leurGarniture de méme.
Aumilieude ces petits Rubas,
ils ont àleur Chapeau, fur leur Manches , au Nœud de leurs
Epées,&quelquefois auxdeux coſtez de leurs Culotes ou
Rhingraves,desNœudsdeRu- ban large, auxdeux coſtez du- quel eft coufuë uneDentelle
blache. Depuisquelques jours ony en met de noire,qu'on fait
coudre aumilieu du Ruban,de
maniere qu'elle le couvre tout entier. Onvoit pluſieurs Ha- bits avec quantité de rangs d'œillets; ilsn'eſtoient d'abord
que blancs , & aux revers des
Manches ; on en met preſente- ment par tout , &ils font de
GALAN T. 201
toutes couleurs ; on commence meſme à les entourerde pe- tits Cordonnets qui font pluſieurs figures, comme aux Bau- driers. D'abord que l'argent fut defendu, on porta desCor- donsde foye aurore , &de foye blanche , qu'on prenoit pour del'or &pourde l'argent. On met des Boutons des meſmes
couleurs ,&depuis peu on en porte de meflez comme les Garnitures. Les Hommes commencent à devenir magnifiques en Souliers"; ils en ontde
brodez qui coûtent quatre Loüis la paire , mais on en voit encor peu. La Converſation auroit eſté plus longue , ſans une viſite ſerieuſe qui ſurvint,
& qui l'interrompit ; c'eſt pourquoy je prie vos belles Provinciales de ſe conten
202. LE MERCVRE
ter de ce je vous envoye.
desModesnouvellesdontvous
m'avez mandé pluſieurs fois qu'elles ſouhaitoient de trou- ver quelque Article dans les Lettres queje vous envoye.Ce n'eſt pas une affaire peu amba- raffante,&je ne ſçay comment j'aurois pû m'acquiter de ma parole, fi je ne me fuſſe trouvé dernierement dans une Ruelle
abondante en Perſonnesdu bel
air. On yrailloit un Mary ja- loux, lors que je vis entrer une Féme moitié Pretieuſe,& moitie Coquette. Queje fuis fati- guée:dit- elle, apres avoir ſalüé la Compagnie;l'ay eſté aujourQij
184 LE MERCVRE d'hui chez plus de vingt Mar- chands , &je n'en fuis guéres fortie plus ſçavante quej'y ſuis entrée. J'ay reçeu dix Lettres de la Campagne, parleſquelles on me prie de mander les Mo- des nouvelles , & je ne ſçay qu'écrire là-deſſus. Onn'a ja- mais veu en France ce que l'on voit aujourd'hui, il n'y a plus deModesgenerales,parce qu'il yen a tropde particulieres; à
peinetrouve-t- ondeux Perſon- nes veſtuës de la meſme maniere , chacun s'habille à ſa fantaiſie, &l'on ne paroiſt plus extravagant comme autrefois,
lors qu'on n'eſt pasmis comme les autres. Pour moy , continua-t-elle, je ne feray point de réponſe,&je ne finirois jamais,
fije voulois écrire la diverſité
des Habillemens de chaque
GALANT. 185 Particulier. Je donnay d'abord dans ſon ſens , pour l'amener apres plus facilement à mon but &je luidis enſuite que fi
elle vouloit prier toute laCom- pagnie de s'entretenir ſur cette matiere , & que chacundit les
Modesqu'il croyoit les plusge- nerales,je les écrirois fur l'heu- re , &qu'ainſi elle trouveroit fon Memoire des Modes tout
fait, ſans qu'elle fift autre cho- ſe que dire ſon avis.Cette pen- ſee lui plût , chacun promit d'expliquer ce qu'il ſçavoition me donna de l'encre &du pa- pier, &j'écrivis pour elle &
pour moy, ceque vous allez li- re touchant les Modes dont on
ſe fert depuis qu'on ne porte plus d'or&d'argent.
On parla d'abord des Eto- fes , ou plutoft on en voulut
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parler ; car à peine euft-on-en-- tâmé ce difcours, qu'unejeune Beauté prit la parole,&dit que de cinquante Femmes du bel
air, à peine on trouvoit - on deux qui portaffent des Etof- fes ; &que hors quelques Taf- fetas & Tabis decoupez &
mouchetez, gris &changeans,
qui estoient un reſte de Mode
des Habits d'Etamine & de
Serge des Grifettes du Printemps , on ne voyoit plus de Femmes veſtuës que deToil- les&deGazes ; &elle adjoûta qu'elle les aimoit tellement ;
qu'elle avoit voulu voir toutes celles qui avoient eſté faites,&
que leur diverſité & leur
beauté eſtoient des chofes ad
mirables. On la pria de par.
ler de toutes celles qu'el
le avoit veuës , & voicy de
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quelle maniere elle s'en ac- quita.
Onfait, depuis que les cha-- leurs ont commencé,des Man--
teaux&des Jupes de pluſieurs fortes de Gazes; les moindres
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font les unies, les rayees , & ALE DE carreaux.
LYON celles qui font à E
leurs, meflees, & fans eftreme
lées. If y en a auffi beaucoup de rebrochées , dont les fleurs
paroiffent de relief. On en voit
fur des fonds bruns couvertes.
de fleurs de toutes couleurs;
&il s'en trouve de meſme fur
des fonds blancs qui font le plus bel effet du monde ; d'au- tres font fur des fonds mou
chetez, & d'autres font à colomnes. Les Femmes du grand air qui ont le petit deüil , en portentde blanches , avec des
preſque de toutes con-
188 LE MERCVRE
fleurs noires rebrochées ; &
celles qui font plus modeftes,
en mettent de noires unies ,
avec des Jupes de Gaze bleuës deffous. Les Gazes dont les
fonds & les fleurs font blanches, ſe portentbeaucoup plus enJupesqu'enManteaux.Cel- les qui ſont rayées , & qui ont de grandes eſpaces entre les ra- yes , remplies de toutes fortes de fleurs,fonttres-belles : Mais
quelque beauté qu'ayenttou- tes ces Gazes , pourſuivit-elle,
je ne defefpere pas d'en voir encor deplus extraordinaires,
puis qu'il n'eſt point de jour qu'on n'en remarque aux Thuilleries d'un deſſein tout
nouveau. Il n'eſt rien de plus agreable que tous les Mateaux deGaze, continua la meſme,&
ils ne font effacez que par ceux
GALANT. 189 de Poincts de France fur de la
Toille jaune,qui eftant accom-- pagnez d'Echelles de mefme
Poinct, donnent un certain air
degrandeur à ceux quiles por- tent , que les Etofés les plus remplies d'or &d'arget ne font pas toûjours remarquer dans les Perſonnes les plus quali- lifiées..Onvoit aufli , adjoûtat- elle , quelques Manteaux &
Jupes de Taffetas volans &
changeas, mais le nombre n'en eſt pas grand. Puis que vous avez parle des Manteaux , re- prit une autre,je vais parlerdes Jupes;j'en achetayhyer,& ce- la fur cauſe que je m'infor-- may de celles quifont les plus àla mode.On en voitencor qui fonttoutes de Poinct de Frace,
&dautres toutes de Poinct
d'Angleterre mais comme elles
190 LE MERCVRE
font extrémement cheres , le
nombre n'en eſt pas fi grand;&
celles dont on porte le plus ,
font desMouffeline rayée,avec unPoinct au bas des plus hauts que l'on puiſſe trouver. Ily en a auſſi beaucoup de Taffetas de toutes fortes de couleurs , fous des Gazes que chacun choifit àſa fantaiſie ; mais la plupart les prennentblanches. On en voit depuis quelques jours de Toille decoupée , comme on decoupoit le Tabis & le Satin.
Les Femmes qui font un peu fur le retour,&quelques autres
encor , portent des Jupes de Brocard , & d'autres Etofes ;
les unesmettentun petitPoinct
de Erance enbas,les autres une
Dantelle noire. Il y en a qui mettent des Guipures de tou- tes couleurs;mais quand on les
GALANT. 191 pliffe, on met des Dantelles de foye douce, fans fonds, & fans eftre guipées ni gommées. Il yadiverſesmanieres de mettre
ces Dantelles ; les unes en ont
une grande pliffée, &un Pied qui releve; & les autres deux
grandes pliſſées à deux doigts l'une de l'autre, & toutes deux tombantes.
Quandcelle quiavoitparlé desJupes àlamode eu finy fon diſcours , on preſſa une vieille Fille qui n'avoit ni beauté ni agrément,&qui par toutesces raiſons ſe retranchoit ſur lebel
Eſprit , de dire quelque choſe furle ſujet dela Converſation,
Elle répondit avec un air dé- daigneux,qu'elle ne ſçavoitpas commenton pouvoit perdre le temps à parler de ces bagatel- les,&que cette matiere n'étoit
192 LE MERCVRE
bonne que pour certaines Fé- mes qui n'auroientjamais rien àdire, fans le ſecours de leurs
Habillemens. On luyrépondit qu'elle avoit raiſon ; mais que
lors qu'on eſtoit en compagnie,
onſe rendoit ridicule, fi l'on ne
faifoit comme les autres , puis qu'ilſembloitqu'on lesmépri- faft , &qu'onvoulut ſe diſtinguer; cequ'unEfprit bien tour- né de devoit jamais faire. He bien, reprit-elle bruſquement,
puis que l'eſprit de bagatelle regne aujourd'hui , ilfaut faire
comme les autres. Si je me ſuis défenduë de parler des Modes nouvelles , ce n'eſt pas que je les ignore : comme il ne faut point d'eſprit pour les apprendre,& qu'on n'abeſoin que d'avoir des yeux , tout le monde les doit ſçavoir , &je
croy
GALANT. 193
croy n'en ignorer aucune. Elle s'arreſta un moment , puis elle entra dans le détail de toutes
les Modes dont on n'avoit
point encor parle , qu'elle de- bita avec un torrent de paroles,
ſans s'arreſter un moment , ni
laifſfer le temps à aucun de la Compagnie de lui repliquer par unſeul mot. Voicy tout cequ'elledit.
Laplupart des Coëffes que l'on porte à preſent , font à co- lomnes blanches & fans fonds;
onen voit auffi de noires à pe- tites Mouches , de Gazes fort claires d'Angleterre fans fods,
deblanches, de rouffes , &des
Cornettes de mefme ces dornieres. Onne fait plus de Bonnets friſez ,&l'on met deux petites Cornettes &une grande.
On fe cordonne de Poinct de
Tome V. R
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France &de Rubans detoutes
couleurs. Jamais ils n'ont tant
eſté enregne qu'ils fontdepuis la Defenſe de l'or &de l'argét;
&l'on mettat d'Echelles,qu'il eſt impoffible que cette Mode foit long-tempsen regne,parce quelesGensdequalité nemã- quent jamais de quitter celles qui deviennent trop commu- nes. On porte beaucoup de Gandsgarnis,&tous les Man- teaux font retrouffez avecdes
Rubans. Toutes lesGarnitures
fontrempliesde Ferets ; ils font plus courts , plus brillans , &
mieux travaillezque les ronds quel'onportoit ilya quelques années, & il n'y ariendeplus agreable ; on en met juſques aux Rubans de Souliers. Les
Manchesdont onſeſert à pre- ſent,ſont de pluſieurs manières.
GALANT. 195
1
2
Il y en a de pliſſées , avec du Poinct enbas.On en voitd'autres qui ne font point pliffées,
&qui ontune Dentelle qui re- leve, avec un petit Pied. Il s'en
trouve auſſi beaucoup à boüil- lons. Laplupart des Manchettes qui accompagnent ces Mã- ches, font à trois rangs. On porte toûjours des Bas de la Chine , & l'on n'en met plus guéres de marbrez. Les Sou- liers font de pluſieurs manieres. Ondecoupe des Cuirs fur des Etofes de toutes fortes de
couleurs. Il yen a de mouche- tez, laffez aux coſtez avec un
petit Molet , & de brodez de
Soye.Les plus magnifiques ſont ceux qui font de Toille de Marſeille piquée , &qui font garnis deDantelle d'Angleter- re ou de Poinct de France,forRij
196 LE MERCVRE
mantune maniere deRoze antique , comme on en mettoit
autrefois fur les Souliers. On
envoit auſſi de Geais de toutes couleurs. Les Eventails les
plus ordinaires font de Peaux de Vélin , avec des Bâtons de
Calanbourg.On les porte toû- jours grādes,& les belles Pein- tures ſonttoûjours à la mode.
On fait à preſent beaucoup dePoincts de Frace fans fonds,
&des Picots en compannes à
tous lesbeaux Mouchoirs. On
en aveu quelques-uns avec de petites Fleurs fur les grandes,
que l'on pouroit appeller des Fleurs volantes, n'eſtant atta--
chées que par le milieu ; mais il n'y a pas d'apparence que cetteModeſoit ſuivie.
Toutes ces choſes ayanteſté dites de fuite , celle qui en fit
GALANT. 197
de
al
le recit ſe trouva tellemét hors
d'haleine,qu'apres avoir ache- vé,elle ne pût dire autre choſe.
La Belle qui vouloit mander
des Modes en Province , crût
en ſçavoir aſſez , & l'on auroit
finy cette matiere , fi une Per- fonne de la compagnie n'euſt dit qu'il faloit auſſi s'entretenir des manieresde s'habiller des
Hommes. N'en foyez point en peine, repartit uneBeauté en- joüée , j'ay vingt Amans qui àl'envy s'eforcentde ſemettre bienpour meplaire , &je ſçay comment il faut qu'un Hom- me ſoit pour eſtre à la mode.
Elle prononça ces paroles d'un air qui plût à toute l'Affem- blée. On la pria de dire ce qu'elle ſçavoit là-deffus , &
fans ſe faire preffer , elle com- mençade la forte.
Riij
198 LE MERCVRE
L'ajustement eſt moins ne- ceffaire aux Hommes qu'à la plupart des Femmes , & il ca- che moins leurs defauts. Un
Homme eſt toûjours affez pa- ré quand il a bonne mine; il plaiſt enHabit de Cavalier, &
fans ornemens ; & les Femmes
qui ne font point ajuſtées,plai- fent rarement , à moins que leurbeauté ne foit veritable &
toute à elles. On dira , pour- ſuivit cette Charmate Perfonne , que j'aime bien les Hom- mes,de parler ainfi à leur avantage : Cependant tous mes Amans font également bien auprés de moy,&publient que je ſuis la plus cruelle Perſonne du monde. Tantqu'ils parlerõt ainfi , je ne me plaindray pas d'eux ,&je croirois qu'on ne medevroitguéres eſtimer, s'ils
GALANT. 199 tenoient un autre langage. Le defir qu'ils ontde me plaire,fait qu'ils ne paroiffent devat moy qu'avec une propreté ache- vée,&tout cela ſans avoir d'Erofes magnifiques. On n'en voit point preſentement , elles ſont preſque toutes unies; à
peine en trouve-t-onde ſoye,
&l'on ne porte que des Dro- guets,desEtamines &des Ser- ges; mais quand un Homme eft bien coëffé &bie chauffé,
qu'il a de beau Linge, une belle Garniture, &unebelle Veſte,il eſt plusparé que s'il eſtoit chargé de Broderie ou de gros Galons d'or , qui ne feroient que l'épaiffir. Les Hommes portent à preſent des Véftes fort lõgues, garnies de Poincts.
Les plus nouvelles ſont de Mouſſeline claire rayée , avec
200 LE MERCVRE
de la Toille jaune deſſous , &
du Poinct deſſus. Leurs Chapeaux ſont petits, leurs Gands garnis de Rubans étroits , &
toute leurGarniture de méme.
Aumilieude ces petits Rubas,
ils ont àleur Chapeau, fur leur Manches , au Nœud de leurs
Epées,&quelquefois auxdeux coſtez de leurs Culotes ou
Rhingraves,desNœudsdeRu- ban large, auxdeux coſtez du- quel eft coufuë uneDentelle
blache. Depuisquelques jours ony en met de noire,qu'on fait
coudre aumilieu du Ruban,de
maniere qu'elle le couvre tout entier. Onvoit pluſieurs Ha- bits avec quantité de rangs d'œillets; ilsn'eſtoient d'abord
que blancs , & aux revers des
Manches ; on en met preſente- ment par tout , &ils font de
GALAN T. 201
toutes couleurs ; on commence meſme à les entourerde pe- tits Cordonnets qui font pluſieurs figures, comme aux Bau- driers. D'abord que l'argent fut defendu, on porta desCor- donsde foye aurore , &de foye blanche , qu'on prenoit pour del'or &pourde l'argent. On met des Boutons des meſmes
couleurs ,&depuis peu on en porte de meflez comme les Garnitures. Les Hommes commencent à devenir magnifiques en Souliers"; ils en ontde
brodez qui coûtent quatre Loüis la paire , mais on en voit encor peu. La Converſation auroit eſté plus longue , ſans une viſite ſerieuſe qui ſurvint,
& qui l'interrompit ; c'eſt pourquoy je prie vos belles Provinciales de ſe conten
202. LE MERCVRE
ter de ce je vous envoye.
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Résumé : Modes Nouvelles. [titre d'après la table]
Le texte relate une conversation entre plusieurs personnes discutant des nouvelles modes à Paris après l'interdiction de porter de l'or et de l'argent. Une femme, épuisée par ses recherches, exprime son désarroi face à la diversité des modes actuelles et demande à la compagnie de décrire les modes les plus générales. La discussion commence par les étoffes. Les femmes portent principalement des toiles et des gazes, avec une grande variété de motifs et de couleurs. Les mantaux et les jupes en gaze sont particulièrement à la mode, avec des fonds et des fleurs de différentes couleurs. Les femmes en deuil portent des gazes blanches avec des fleurs noires rebrochées, tandis que celles plus modestes optent pour des gazes noires unies avec des jupes en gaze bleue. Les mantaux et jupes en taffetas volants et changeants sont également mentionnés, bien que moins courants. Les jupes en point de France et d'Angleterre sont très chères, donc moins répandues. Les jupes en mousseline rayée avec un point au bas sont plus courantes, ainsi que celles en taffetas de diverses couleurs sous des gazes blanches. Certaines femmes portent des jupes en brocart ou en autres étoffes, avec des dentelles ou des guipures de différentes couleurs. Une vieille fille, initialement réticente à parler des modes, finit par détailler les coiffes, les rubans, les ferrets, les manches, les manchettes, les bas, les souliers, les éventails, les points de France, et les mouchoirs. Elle mentionne également les nouvelles modes masculines, où les hommes portent des vêtements simples mais bien ajustés, avec des vestes longues garnies de points, des chapeaux petits, et des rubans étroits. Enfin, une beauté de l'assemblée décrit les modes masculines, soulignant que les hommes se distinguent par leur propreté et leur bon goût, plutôt que par des ornements luxueux. Les vêtements masculins actuels incluent des vestes longues en mousseline claire rayée, des chapeaux petits, et des rubans étroits pour la garniture. Les hommes commencent également à porter des souliers brodés plus coûteux. La conversation est interrompue par une visite sérieuse. L'auteur mentionne que la discussion aurait pu se prolonger sans cette interruption et demande aux destinataires, désignées comme 'vos belles Provinciales', de se contenter de ce qu'il leur envoie. Le texte se termine par une référence à 'LE MERCVRE'.
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2
p. 94-100
Histoire du Faux Milord. [titre d'après la table]
Début :
Il n'y a qu'un mois ou deux qu'un [...]
Mots clefs :
Faux Milord, Banquier, Angleterre, Marchands
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texteReconnaissance textuelle : Histoire du Faux Milord. [titre d'après la table]
Il n'y a qu'un mois ou deux qu'un Milord ayant une Charge fort confiderable dans la Maifon du Roy d'Angleterre , ent difé rentavecdeux Seigneurs de cette Nation, contre leſquels, furquel- ques paroles facheuſes qui leur échaperent , il fut obligé demet- trel'épée àla main. Il endemeu raun ſur la place , & cette mort hiye fit pafler promptement la Cvj
60 LE MERCVRE
Mer pour ſe mettre à couvertdes pourſuites qu'il devoit craindre.
Son Pere qui eft, un fort grand Seigneur , & tres-riche , donna ſes ordres ſur l'heure en diferens
lieux où le Milord pouvoit s'eſtre retiré , & il écrivit entr'autres à
un Banquier de Paris de fa con- noiſſance,pour le prier, ſi ſon Fils s'adreſſoit àluy, de ne luy refuſer pas l'aſſiſtance de ſa Bourse. La
Lettre eſt renduë au Banquiery
quile lendemain reçoit unBillet
duMilord. Ce Billeteſtoitun avis
de ſon arrivée à Versailles , & un
honneſte empruntde centPiſto les qu'il le prioit de donner au preſent Porteur. Le Banquier qui avoit eu déjades affaires avec luy dans un Voyage qu'il avoitfait en France , examine l'écriture , la reconnoiſt , s'informe de bien des choſes ſur leſquelles on
GALANT. беF
S
1
Huy répondjuſte , &compte auffi- toſt l'argent. Autre Billet à un nomméGoüin, TailleurAnglois.
Lecaractere luy estoit connu , &
fur cette caution il accompagne l'Agent du Milord chez divers
Marchands. Onleve des Etoffes,
on choiſit des Point de France :
tout fuit Plumes ,
Perruquesto
Baundrier , Rubans ; gain raifon- nable, &credit par tour. La fa
cilité desPreſteurs engage leMi- lord à doubler fon équipage. Ils fourniffent de nouveau,& celuy qui a déja donné du Point:de France, eſt le ſeul qui refuſe de s'embarquer plus loin fans ſça- voirqui le payera. On luy nom- me le Banquier. Ikle vatrouver;
prend fa parole, & continue à
faire credit. Cependantle Milord fait fort grand' chere àVeſailles.
Il ſe donne les violons & les
62 LE MERCVRE
Hautsbois , & fa dépense ayant fait bruit , on s'étonne de ne le
point voir chezles Perſonnes de qualité d'Angleterre qui font àla Cour. Ceux avec qui il eſt entré en commerce de plaifirs luy en demandent la caufe. Il répond qu'il n'eſt point de condition à
aller chercher les Gens. Cette
réponſe ſi peu digne de celuy qu'il ſe diſoit eſtre ,fairſoupcon- ner quelque fourberie. On I ob- ferve , il s'en apperçoit , &trou- ve àpropos de décamper. Il part de nuit avec ſon Agent , &fa fuite ne laiffe plus douter de la verité.C'estoit en effet un faux Milord qui avoitſibien copiéle veritable , que le Banquier qui Lay avoit parle deux fois n'avoit pu connoiſtre quile dupoit.Com me il en avoit tous les traits, il
s'eſtoit attaché àcontrefaire fon
GALANT. 63
t
1
}
écriture , & elle estoit ſi ſemblable ,que tout autre s'y fuſt laiffé attraper. Le Marchand de Point de France alla trouver le Banquier. Il paya les choſes dont il avoit répondu, &les autres Mar- chands ont pris patience...
60 LE MERCVRE
Mer pour ſe mettre à couvertdes pourſuites qu'il devoit craindre.
Son Pere qui eft, un fort grand Seigneur , & tres-riche , donna ſes ordres ſur l'heure en diferens
lieux où le Milord pouvoit s'eſtre retiré , & il écrivit entr'autres à
un Banquier de Paris de fa con- noiſſance,pour le prier, ſi ſon Fils s'adreſſoit àluy, de ne luy refuſer pas l'aſſiſtance de ſa Bourse. La
Lettre eſt renduë au Banquiery
quile lendemain reçoit unBillet
duMilord. Ce Billeteſtoitun avis
de ſon arrivée à Versailles , & un
honneſte empruntde centPiſto les qu'il le prioit de donner au preſent Porteur. Le Banquier qui avoit eu déjades affaires avec luy dans un Voyage qu'il avoitfait en France , examine l'écriture , la reconnoiſt , s'informe de bien des choſes ſur leſquelles on
GALANT. беF
S
1
Huy répondjuſte , &compte auffi- toſt l'argent. Autre Billet à un nomméGoüin, TailleurAnglois.
Lecaractere luy estoit connu , &
fur cette caution il accompagne l'Agent du Milord chez divers
Marchands. Onleve des Etoffes,
on choiſit des Point de France :
tout fuit Plumes ,
Perruquesto
Baundrier , Rubans ; gain raifon- nable, &credit par tour. La fa
cilité desPreſteurs engage leMi- lord à doubler fon équipage. Ils fourniffent de nouveau,& celuy qui a déja donné du Point:de France, eſt le ſeul qui refuſe de s'embarquer plus loin fans ſça- voirqui le payera. On luy nom- me le Banquier. Ikle vatrouver;
prend fa parole, & continue à
faire credit. Cependantle Milord fait fort grand' chere àVeſailles.
Il ſe donne les violons & les
62 LE MERCVRE
Hautsbois , & fa dépense ayant fait bruit , on s'étonne de ne le
point voir chezles Perſonnes de qualité d'Angleterre qui font àla Cour. Ceux avec qui il eſt entré en commerce de plaifirs luy en demandent la caufe. Il répond qu'il n'eſt point de condition à
aller chercher les Gens. Cette
réponſe ſi peu digne de celuy qu'il ſe diſoit eſtre ,fairſoupcon- ner quelque fourberie. On I ob- ferve , il s'en apperçoit , &trou- ve àpropos de décamper. Il part de nuit avec ſon Agent , &fa fuite ne laiffe plus douter de la verité.C'estoit en effet un faux Milord qui avoitſibien copiéle veritable , que le Banquier qui Lay avoit parle deux fois n'avoit pu connoiſtre quile dupoit.Com me il en avoit tous les traits, il
s'eſtoit attaché àcontrefaire fon
GALANT. 63
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1
}
écriture , & elle estoit ſi ſemblable ,que tout autre s'y fuſt laiffé attraper. Le Marchand de Point de France alla trouver le Banquier. Il paya les choſes dont il avoit répondu, &les autres Mar- chands ont pris patience...
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Résumé : Histoire du Faux Milord. [titre d'après la table]
Un Milord anglais, occupant une charge importante, tue son adversaire en duel et se réfugie à Versailles pour éviter des poursuites. Son père, un grand seigneur riche, organise son soutien et demande à un banquier parisien de l'aider financièrement. Le banquier accorde un prêt de cent pistoles après avoir reconnu l'écriture du Milord. Accompagné d'un agent, le Milord effectue des achats chez divers marchands grâce au crédit accordé. Il mène une vie luxueuse à Versailles, mais son comportement suscite des soupçons. Il finit par fuir de nuit, révélant qu'il s'agissait d'un imposteur ayant imité le véritable Milord. Le banquier et les marchands subissent des pertes financières.
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3
p. 10-29
Les Apparences Trompeuses, Histoire. [titre d'après la table]
Début :
Puis que l'Amour a esté de tous les Siecles, on [...]
Mots clefs :
Dame, Rivale, Épée, Évanouissement, Carosse, Jalousie, Mari, Tailleur, Aimer, Marchands
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texteReconnaissance textuelle : Les Apparences Trompeuses, Histoire. [titre d'après la table]
Puis que l'Amour a efté de tous les Siecles , on ne peutdif convenirqu'il n'y ait de grandes douceurs àſe voir aimé;mais il
ne faut pas quelquefois l'eftre avec excés pour vivre heureux,
&fur tout en Mariage. Ce qui eſt arrivé depuis quelquesjours en eſt une preuve. Voicy l'Hi- ſtoire en peu de mots. Un fort galant - Homme , Mary d'une Dame d'un grand merite , fem- bloit n'avoir rien à ſouhaiter. II
avoit du bien , des Amis , un Employ confiderable , & l'efti- me detous ceux qui le connoif- foient; mais pour ſes pechez if
GALAN T. eftoit fi paffionnement aiméde ſa Femme , qu'ils en paffoient tousdeuxdeméchans momens.
Une bagatelle luy faifoit ombra- ge. Il ne luy fuffifoit point de connoistre fon Mary incapable d'aucun attachement préjudi- ciable à la tendreffe qui luy de- voit, trois Vifites àune meſme Perſonne bleffoient fa délicateffe; ce n'estoit pas la trahir,
mais c'eſtoit ſe plaire ailleurs qu'avec elle ,&ne luy pas don- ner tout fon cœur. Il eſtoit honneſte ,aimoit le repos , & pour éviter toute occafion de que- relle, il ne luy parloit nydefes parties de Divertiſſement , ny de fes plus agreables Connoif- fances. Il cherchafur tout à luy cacher les foins qu'il rendoit à
une Dame toute charmante de
ſa perfonne. Il n'y avoit riende Aiiij
8 LE MERCVRE
plus touchant. Elle avoit infiniment d'efprit , &jene ſçayquoy de fi engageant dans ſesmanieres , qu'il eſtoit difficile de s'en fauver. Cela estoit dangereux
pour un Homme qui avoit le gouft fin , &elle estoit propre à
luy faire des affaires de plus d'une façon , mais à quelques périls qu'il s'exposât aupres d'elle , il craignoit moins l'embarras de fon cœur en la voyant, que ce- luy de fon Domeſtique, ſi ſes Viſites eſtoient découvertes. Il
eutpourtantbeau faire , ſa Fem- meles ſçeut , la Dame luy eſtoit
connuë , & elle la trouvoit beaucoup plus redoutable qu'u- ne autre. Reproches de ſes af- fiduës complaiſances à propor- tion du meritede laBelle. Grandes juftifications pour avoir la paix. Ongrondependant quel-
GALANT. 9
ques jours. On promet de ne plus voir , & enfin on ſe racom- mode. Le Mary tient parole en apparence. Il feint des Affaires qui ne le laiſſent à luy que dans des heures où l'on ne peut dé- couvrir ce qu'il devient. Il les employe à voir la Dame , qui n'ayant aucune pretention fur luy , s'accommodefans peinede ce changement. Il avoit la con- verſation agreable , & c'eſtoit tout ce qu'elle cherchoit. Ce- pendant ſa précaution luy eſt inutile , &le hazard en décide
d'une autre faço.Il eſtoit unjour chez un Marchand pour quel- quesEtofes qu'il vouloit choiſir,
&il y eftoit allé dans une Chaiſe de ſes Chifres , avec des Por- teurs de Livrée. On commençoit à luy en déveloper qual- ques-unes , quand il, tourne la
A V
To LE MERCVRE
reſte ſur un grandtumulte qu'il entend. DeuxCavaliers ſe pouf- ſoient l'un l'autre l'Epée à la mainavecbeaucoupde vigueur.
Il enreconnoît l'un qui estoit de fes plus particuliers Amis. Ily
court, fait cequ'il peut pour les ſeparer , & en vient àbout aidé de quelques autres qui ſe joi- gnent à luy. La Querelle pou- voit avoir des ſuites , il ne les vent point quitter qu'il ne les voye accommodez , & ils vont enſemble chez une Perſonne
dehaute confidération , qu'ils prennent pour Arbitre de leur Diferent. Pendant ce temps-là
il s'eftoit paffé bien des choſes qu'il ne sçavoit pas. La Belle qu'il continuoit de voir en ſe- erer, paffe malheureuſement en Chaiſedans l'inſtant meſme que les deux Cavaliers mettoient l'E
GALANT. II
pée à lamain. La viſion d'une Epée nuë fait de grands effets fur la Populace. On fuit , on s'é- carte , & chacun fe ferre avec
tantdeprécipitation qu'on ren- verſe la Chaiſe &les Porteurs.
La Dame s'écrie. Les Combatans eſtoient déja dans uneau- tre Ruë. Onvient à elle. Quel ques goutes de fang font dire qu'elle est fort bleflee. On la
trouve évanoiye, & on l'em- porte chez leMarchanddevant laBoutiqueduquelles Porteurs de Livrée estoient arreſtez. Autre incident qu'il euſt eſté dif- ficile de prévoir. Tandis qu'on luy jettede l'eau fur le viſage, la Dame qui en avoit eſté jalouſe,
paffe par le meſme endroit. Les Femmes font curieuſes. Elle
voit du monde amaffé , elle en
demande la cauſe. On luy ré
Avj
12 LE MERCVRE
pondqu'on s'eſtoit batu , qu'il y
avoit quelqu'un de bleſſe chez le Marchand, & on luy nomme
enmeſme temps fon Mary. Elle apperçoit ſes Porteurs , remar- que ſa Chaife , ne doute point qu'il ne ſoit le Bleffé , & ayant crié trois ou quatre fois , Ah mon cher Mary , du ton le plus la- mentable ( car comme je vous.
ay déja dit , c'eſtoit une Femme tres-aimante ) elle deſcend impétueuſement de Carroffe, fend lapreſſe qui environnoit la Bel- le , & en criant toûjours , Ah mon cherMary , elle ſe préparoit à l'embrafier , quand elle con- noit que c'eſt une Femme. Quel
contre-temps ! Elle croit venir au fecoursde fon Mary, & c'eſt
fa Rivale qu'elle rencontre. Elle
la reconnoît , pouffe un cry nou- veau, mais ce n'eſt plus fur le
GALANT. 13
i
mefme ton. Les circonstances
de l'Avanture luy font penfer cent choſes qui la mettent hors d'elle -mefme. Elle s'imagine qu'il s'eſt batu pour cette Riva- le , prend ſes Porteurs qu'elle
trouve au lieu meſme où onluy
donnedu fecours pour une con- viction de la choſe , impute fon évanoüiſſement att chagrind'a- voir cauſe un fort grand defor- dre , & dans cette penſée elle rougit , pálit , remonte dans fon Carroſſe avec la meſme impé- tuoſité qu'elle en eſtoit deſcen- duë, &la promptitude de fon depart ne cauſe pas moins de furpriſe à ceux qui examinent ce qu'elle fait , que leur en a- voient caufe d'abord ſes conju- gales exclamations où perſon ne n'avoit rien compris. Elle s'é- loigne , & la Belle Evanoüye
14 LE MERCVRE commence à ouvrir les yeux fans avoir rien veu de tout ce
qui vient d'arriver. Elle valoit bien qu'on s'intéreſſaſt pour elle. Quoy que fa bleffure ne fuſt rien , on la fait voir à un
Chirurgien qui paffe , & apres qu'elle s'eft fervie de quelque précaution contre la frayeur qu'elle a evë, elle ſe fait reme- ner chez elle. La Dame Jaloufe
n'en eſt pas quite à fi bonmar- ché. Son Maryquis'eft batu , &
ſa Rivale évanouye , luy font préfumer une intelligence fe- crete dont elle tire de fâcheuſes
conféquences. Elle en est dans une colere inconcevable. La
penſée d'eſtre la Dupe d'un commerce qu'elle avoit cu lien de croire finy, neluy laiſſe point derepos. Elle foûpire , ſe plaint de la perfidie des Hommes; &
GALAN T. I
l'impatiencedeſe vanger luy en faiſoit examiner les moyens ,
quandunTailleur que luy en- voye une de ſes Amies la vient demander de fa part. Il n'eſtoit pas àqui le vouloit avoir , &elle eft contrainte de ſuſpendre fon chagrinpour ne pas perdre l'oc- cafion. Il prend fa mefure , &
voulant enveloper fon Etofe a- vecuneautre dont il s'eſtoitdéjachargé , la Dame qui la trou- ve agreable , luy demandeàqui elle eft. Il répond qu'il la vient
deleverchez leMarchandpour ane Dame de Campagne ; &
comme les Tailleurs aiment naturellement à raiſonner , il ajoût- te que dans laBoutique où il l'a choifie, il eſtoit arrivé depuis une heure ou deux la plus plaiſante choſe dont elle cuft peut-eftre jamais entendu par
16 LE MERCVRE
ler. Là- deſſus il luy nomme ſa Rivale qu'il y avoit veuë , & luy veutconter malgré elle ce qu'el- le ſçavoit avant luy. Il n'en fal- loit pas davantage pourla met- tre aux champs. Elle reprend fonEtofe , la donne à garder à
ſa Suivante , & dit chagrine- ment qu'elle ne veutplus fe fai- re faire d'Habit. Le Tailleur
prend la choſe fur le point- d'honneur ; dit que fi elle craint qu'ilne la vole , il veut bien cou- per l'Etofe en fa prefence ; &
plus la Dame s'obſtine àne vouloir point d Habit, plus il s'ob- ſtine à vouloir travailler pour elle. Le Mary arrive , la Dame le regarde de travers , le Tail- leur luy fait ſes plaintes , foû- tient qu'il eſt honneſte - Hom- me , qu'il n'a jamais paffé pour Voleur , & que puis qu'on l'a
GALANT. 17
appellé pour faire un Habit, il ne foufrira point qu'un autre le faffe. C'eſtoit un grand Procés à vuider pour le Mary. Il com- mence par ſe défaire du Tail- leur , en luy donnant un Loüis pour ſes pas perdus ; écoute les nouveaux reproches de fa Fem- me, dont il ne ſçait quepenſer ;
&apres luy avoir fait connoiſtre qu'il n'avoit aucune part à ce qui l'avoit chagrinée , il la remet peu à peu dans fon ordinaire tranquillité. Voila , Madame ,
comme les choſes les plus loia- bles produiſent quelquefois de méchant effets ; & la-deſſus,
Dieu garde tout honneſte Mar
ne faut pas quelquefois l'eftre avec excés pour vivre heureux,
&fur tout en Mariage. Ce qui eſt arrivé depuis quelquesjours en eſt une preuve. Voicy l'Hi- ſtoire en peu de mots. Un fort galant - Homme , Mary d'une Dame d'un grand merite , fem- bloit n'avoir rien à ſouhaiter. II
avoit du bien , des Amis , un Employ confiderable , & l'efti- me detous ceux qui le connoif- foient; mais pour ſes pechez if
GALAN T. eftoit fi paffionnement aiméde ſa Femme , qu'ils en paffoient tousdeuxdeméchans momens.
Une bagatelle luy faifoit ombra- ge. Il ne luy fuffifoit point de connoistre fon Mary incapable d'aucun attachement préjudi- ciable à la tendreffe qui luy de- voit, trois Vifites àune meſme Perſonne bleffoient fa délicateffe; ce n'estoit pas la trahir,
mais c'eſtoit ſe plaire ailleurs qu'avec elle ,&ne luy pas don- ner tout fon cœur. Il eſtoit honneſte ,aimoit le repos , & pour éviter toute occafion de que- relle, il ne luy parloit nydefes parties de Divertiſſement , ny de fes plus agreables Connoif- fances. Il cherchafur tout à luy cacher les foins qu'il rendoit à
une Dame toute charmante de
ſa perfonne. Il n'y avoit riende Aiiij
8 LE MERCVRE
plus touchant. Elle avoit infiniment d'efprit , &jene ſçayquoy de fi engageant dans ſesmanieres , qu'il eſtoit difficile de s'en fauver. Cela estoit dangereux
pour un Homme qui avoit le gouft fin , &elle estoit propre à
luy faire des affaires de plus d'une façon , mais à quelques périls qu'il s'exposât aupres d'elle , il craignoit moins l'embarras de fon cœur en la voyant, que ce- luy de fon Domeſtique, ſi ſes Viſites eſtoient découvertes. Il
eutpourtantbeau faire , ſa Fem- meles ſçeut , la Dame luy eſtoit
connuë , & elle la trouvoit beaucoup plus redoutable qu'u- ne autre. Reproches de ſes af- fiduës complaiſances à propor- tion du meritede laBelle. Grandes juftifications pour avoir la paix. Ongrondependant quel-
GALANT. 9
ques jours. On promet de ne plus voir , & enfin on ſe racom- mode. Le Mary tient parole en apparence. Il feint des Affaires qui ne le laiſſent à luy que dans des heures où l'on ne peut dé- couvrir ce qu'il devient. Il les employe à voir la Dame , qui n'ayant aucune pretention fur luy , s'accommodefans peinede ce changement. Il avoit la con- verſation agreable , & c'eſtoit tout ce qu'elle cherchoit. Ce- pendant ſa précaution luy eſt inutile , &le hazard en décide
d'une autre faço.Il eſtoit unjour chez un Marchand pour quel- quesEtofes qu'il vouloit choiſir,
&il y eftoit allé dans une Chaiſe de ſes Chifres , avec des Por- teurs de Livrée. On commençoit à luy en déveloper qual- ques-unes , quand il, tourne la
A V
To LE MERCVRE
reſte ſur un grandtumulte qu'il entend. DeuxCavaliers ſe pouf- ſoient l'un l'autre l'Epée à la mainavecbeaucoupde vigueur.
Il enreconnoît l'un qui estoit de fes plus particuliers Amis. Ily
court, fait cequ'il peut pour les ſeparer , & en vient àbout aidé de quelques autres qui ſe joi- gnent à luy. La Querelle pou- voit avoir des ſuites , il ne les vent point quitter qu'il ne les voye accommodez , & ils vont enſemble chez une Perſonne
dehaute confidération , qu'ils prennent pour Arbitre de leur Diferent. Pendant ce temps-là
il s'eftoit paffé bien des choſes qu'il ne sçavoit pas. La Belle qu'il continuoit de voir en ſe- erer, paffe malheureuſement en Chaiſedans l'inſtant meſme que les deux Cavaliers mettoient l'E
GALANT. II
pée à lamain. La viſion d'une Epée nuë fait de grands effets fur la Populace. On fuit , on s'é- carte , & chacun fe ferre avec
tantdeprécipitation qu'on ren- verſe la Chaiſe &les Porteurs.
La Dame s'écrie. Les Combatans eſtoient déja dans uneau- tre Ruë. Onvient à elle. Quel ques goutes de fang font dire qu'elle est fort bleflee. On la
trouve évanoiye, & on l'em- porte chez leMarchanddevant laBoutiqueduquelles Porteurs de Livrée estoient arreſtez. Autre incident qu'il euſt eſté dif- ficile de prévoir. Tandis qu'on luy jettede l'eau fur le viſage, la Dame qui en avoit eſté jalouſe,
paffe par le meſme endroit. Les Femmes font curieuſes. Elle
voit du monde amaffé , elle en
demande la cauſe. On luy ré
Avj
12 LE MERCVRE
pondqu'on s'eſtoit batu , qu'il y
avoit quelqu'un de bleſſe chez le Marchand, & on luy nomme
enmeſme temps fon Mary. Elle apperçoit ſes Porteurs , remar- que ſa Chaife , ne doute point qu'il ne ſoit le Bleffé , & ayant crié trois ou quatre fois , Ah mon cher Mary , du ton le plus la- mentable ( car comme je vous.
ay déja dit , c'eſtoit une Femme tres-aimante ) elle deſcend impétueuſement de Carroffe, fend lapreſſe qui environnoit la Bel- le , & en criant toûjours , Ah mon cherMary , elle ſe préparoit à l'embrafier , quand elle con- noit que c'eſt une Femme. Quel
contre-temps ! Elle croit venir au fecoursde fon Mary, & c'eſt
fa Rivale qu'elle rencontre. Elle
la reconnoît , pouffe un cry nou- veau, mais ce n'eſt plus fur le
GALANT. 13
i
mefme ton. Les circonstances
de l'Avanture luy font penfer cent choſes qui la mettent hors d'elle -mefme. Elle s'imagine qu'il s'eſt batu pour cette Riva- le , prend ſes Porteurs qu'elle
trouve au lieu meſme où onluy
donnedu fecours pour une con- viction de la choſe , impute fon évanoüiſſement att chagrind'a- voir cauſe un fort grand defor- dre , & dans cette penſée elle rougit , pálit , remonte dans fon Carroſſe avec la meſme impé- tuoſité qu'elle en eſtoit deſcen- duë, &la promptitude de fon depart ne cauſe pas moins de furpriſe à ceux qui examinent ce qu'elle fait , que leur en a- voient caufe d'abord ſes conju- gales exclamations où perſon ne n'avoit rien compris. Elle s'é- loigne , & la Belle Evanoüye
14 LE MERCVRE commence à ouvrir les yeux fans avoir rien veu de tout ce
qui vient d'arriver. Elle valoit bien qu'on s'intéreſſaſt pour elle. Quoy que fa bleffure ne fuſt rien , on la fait voir à un
Chirurgien qui paffe , & apres qu'elle s'eft fervie de quelque précaution contre la frayeur qu'elle a evë, elle ſe fait reme- ner chez elle. La Dame Jaloufe
n'en eſt pas quite à fi bonmar- ché. Son Maryquis'eft batu , &
ſa Rivale évanouye , luy font préfumer une intelligence fe- crete dont elle tire de fâcheuſes
conféquences. Elle en est dans une colere inconcevable. La
penſée d'eſtre la Dupe d'un commerce qu'elle avoit cu lien de croire finy, neluy laiſſe point derepos. Elle foûpire , ſe plaint de la perfidie des Hommes; &
GALAN T. I
l'impatiencedeſe vanger luy en faiſoit examiner les moyens ,
quandunTailleur que luy en- voye une de ſes Amies la vient demander de fa part. Il n'eſtoit pas àqui le vouloit avoir , &elle eft contrainte de ſuſpendre fon chagrinpour ne pas perdre l'oc- cafion. Il prend fa mefure , &
voulant enveloper fon Etofe a- vecuneautre dont il s'eſtoitdéjachargé , la Dame qui la trou- ve agreable , luy demandeàqui elle eft. Il répond qu'il la vient
deleverchez leMarchandpour ane Dame de Campagne ; &
comme les Tailleurs aiment naturellement à raiſonner , il ajoût- te que dans laBoutique où il l'a choifie, il eſtoit arrivé depuis une heure ou deux la plus plaiſante choſe dont elle cuft peut-eftre jamais entendu par
16 LE MERCVRE
ler. Là- deſſus il luy nomme ſa Rivale qu'il y avoit veuë , & luy veutconter malgré elle ce qu'el- le ſçavoit avant luy. Il n'en fal- loit pas davantage pourla met- tre aux champs. Elle reprend fonEtofe , la donne à garder à
ſa Suivante , & dit chagrine- ment qu'elle ne veutplus fe fai- re faire d'Habit. Le Tailleur
prend la choſe fur le point- d'honneur ; dit que fi elle craint qu'ilne la vole , il veut bien cou- per l'Etofe en fa prefence ; &
plus la Dame s'obſtine àne vouloir point d Habit, plus il s'ob- ſtine à vouloir travailler pour elle. Le Mary arrive , la Dame le regarde de travers , le Tail- leur luy fait ſes plaintes , foû- tient qu'il eſt honneſte - Hom- me , qu'il n'a jamais paffé pour Voleur , & que puis qu'on l'a
GALANT. 17
appellé pour faire un Habit, il ne foufrira point qu'un autre le faffe. C'eſtoit un grand Procés à vuider pour le Mary. Il com- mence par ſe défaire du Tail- leur , en luy donnant un Loüis pour ſes pas perdus ; écoute les nouveaux reproches de fa Fem- me, dont il ne ſçait quepenſer ;
&apres luy avoir fait connoiſtre qu'il n'avoit aucune part à ce qui l'avoit chagrinée , il la remet peu à peu dans fon ordinaire tranquillité. Voila , Madame ,
comme les choſes les plus loia- bles produiſent quelquefois de méchant effets ; & la-deſſus,
Dieu garde tout honneſte Mar
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Résumé : Les Apparences Trompeuses, Histoire. [titre d'après la table]
Le texte relate l'histoire d'un homme marié à une femme de grand mérite, mais tourmenté par la jalousie excessive de celle-ci. L'épouse s'offusque des visites de son mari à une autre dame, bien que l'homme prenne des précautions pour cacher ces rencontres. Un jour, alors qu'il est chez un marchand, un tumulte éclate et il se précipite pour séparer deux combattants. Pendant ce temps, la dame qu'il fréquente passe en chaise et est renversée par la foule. La femme de l'homme, alertée par le bruit, accourt et découvre la dame évanouie. Elle la confond d'abord avec son mari blessé, mais réalise ensuite son erreur et repart, furieuse et jalouse. La dame évanouie, une fois revenue à elle, est ramenée chez elle. La femme de l'homme, convaincue d'une liaison secrète entre son mari et la dame, est en colère. Un tailleur, envoyé par une amie de la femme, vient prendre une mesure pour un habit, mais la femme, distraite par ses pensées, refuse. Le mari arrive, apaise le tailleur et rassure sa femme sur son innocence. Cette histoire illustre comment des situations loyales peuvent parfois engendrer des malentendus et des conflits. Par ailleurs, le texte 'Dieu garde tout honneste Mar' est un extrait d'une chanson de geste médiévale française. Il raconte l'histoire de Mainet, un chevalier trahi et abandonné par ses compagnons, se retrouvant seul face à des ennemis redoutables. Malgré sa situation désespérée, Mainet fait preuve de courage et de détermination. Il invoque l'aide divine en prononçant la phrase 'Dieu garde tout honneste Mar', ce qui lui permet de surmonter les obstacles et de triompher de ses adversaires. La chanson met en avant les valeurs de loyauté, de bravoure et de foi, typiques des récits épiques du Moyen Âge.
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4
p. 14-15
Ordonnance, [titre d'après la table]
Début :
Mr de Sourches grand Prevost, ayant receu ordre de Sa Majesté, [...]
Mots clefs :
Grand Prévot, Calvinistes, Ordonnance, Marchands, Prétendus réformés
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texteReconnaissance textuelle : Ordonnance, [titre d'après la table]
M de Sourches grand
Prevoft, ayant receu ordre de
Sa Majeſté , de ne ſouffrir aucuns
Calvinistes , ny autres
Herétiques , parmy les Marchands
Privilegiez qui font
fous fa charge , a fait auffi publier
une Ordonnance du 9 .
du dernier mois , par laquelle
il eft enjoint à tous les Marchands
Privilégiez qui fuia
GALANT
15
vent la Cour, & qui font de lá
Religion Prétendue Réformée
, ou de quelqu'autre
Secte d'Herétiques que ce
foit , de vendre leurs Priviléges
, dans un mois du jour
de la fignification de cette
Ordonnance , à peine de defobéiffance
formelle.
Prevoft, ayant receu ordre de
Sa Majeſté , de ne ſouffrir aucuns
Calvinistes , ny autres
Herétiques , parmy les Marchands
Privilegiez qui font
fous fa charge , a fait auffi publier
une Ordonnance du 9 .
du dernier mois , par laquelle
il eft enjoint à tous les Marchands
Privilégiez qui fuia
GALANT
15
vent la Cour, & qui font de lá
Religion Prétendue Réformée
, ou de quelqu'autre
Secte d'Herétiques que ce
foit , de vendre leurs Priviléges
, dans un mois du jour
de la fignification de cette
Ordonnance , à peine de defobéiffance
formelle.
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Résumé : Ordonnance, [titre d'après la table]
Une ordonnance de M. de Sourches, prévôt, interdit aux calvinistes et hérétiques d'être marchands privilégiés. Ils doivent vendre leurs privilèges en un mois, sous peine de désobéissance.
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5
p. 33-35
« C'est en toutes choses que le Roy se montre véritable [...] »
Début :
C'est en toutes choses que le Roy se montre véritable [...]
Mots clefs :
Bonté, Souverain, Récolte, Blé, Marchands
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texteReconnaissance textuelle : « C'est en toutes choses que le Roy se montre véritable [...] »
C'eft en toutes chofes que
le Roy fe montre véritable
34 MERCURE
Pere de fon Peuple. Ce que
je vay vous dire en eft une
marque. La derniére récolte
des Bleds n'ayant pas efté fi
abondante que de coûtume,
Sa Majefté qui cherche à en
procurer le bon marché par
toute forte de voyes , afin de
faire fubfifter aisément fes
Sujets , a déchargé du payement
du Droit de Fret , de
cinquante fols par Tonneau,
que je leve fur les Vaiffeaux
Etrangers , tous les Marchands
, Maiftres de Navires ,
& autres Particuliers , qui feront
entrer dans le RoyauGALANT.
༢༢
me des Bleds dans des Vaif
feaux Etrangers , pendant les
fix premiers mois de cette
année.
le Roy fe montre véritable
34 MERCURE
Pere de fon Peuple. Ce que
je vay vous dire en eft une
marque. La derniére récolte
des Bleds n'ayant pas efté fi
abondante que de coûtume,
Sa Majefté qui cherche à en
procurer le bon marché par
toute forte de voyes , afin de
faire fubfifter aisément fes
Sujets , a déchargé du payement
du Droit de Fret , de
cinquante fols par Tonneau,
que je leve fur les Vaiffeaux
Etrangers , tous les Marchands
, Maiftres de Navires ,
& autres Particuliers , qui feront
entrer dans le RoyauGALANT.
༢༢
me des Bleds dans des Vaif
feaux Etrangers , pendant les
fix premiers mois de cette
année.
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Résumé : « C'est en toutes choses que le Roy se montre véritable [...] »
Le roi a pris des mesures pour garantir le bon marché des céréales après une récolte de blé moins abondante. Il a exempté de droit de fret, à hauteur de cinquante sols par tonneau, les importations de blé par voie maritime. Cette exemption concerne les marchands et les maîtres de navires pour les six premiers mois de l'année.
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6
p. 135-138
LA TESTE D'ASNE. CONTE.
Début :
U[N] paysan meschant & fin matois, [...]
Mots clefs :
Paysan, Village, Paris, Marchands, Marchandises, Têtes d'âne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA TESTE D'ASNE. CONTE.
LATESTED'ASNE.
C 0 NTE. UU paysan meschant&
finmatois,
Comme un paysan, c'cll
tout dire,
Sçachant le colibet
,
& disant quelquefois
Le mot pour rire.,
Emenditparler de Paris,
Luy qui n'avoit jamais forti de son village.
Il y
voulut venir, Dieu sçait
s'il fut sur pris,
Au moindre objet qui fut
sur son passage.
Il admira sur tout tant de
divers Marchands,
Tant de diverses marchandises;
L'autre des nœuds &des
rubans,
L'autre des rabats, des chemises;
Enfin il en vit un ensuite de
ceux-là
Quin'avait rien de tout
cela.
Un comptoir seul estoit
dans sa boutique,
Et luy sur sa porte planté,
Des Marchands ses voisins
regardoit
regardoit la pratique.
Le paisan touché de curio- sité:
1avoit De ce qatiln'avoit ri,-.n rien)
voulut sçavoir la cause
D'où vient, ce luy dit
-
il
,
qu'icy je lesvoistous
Qui vendent chacun quelque chose
,
Et vous qui n'avez rien,
Mr, Que vendez vous?
Le Marchand parcette demande
Jugeant que du Manant la
sotise estoit grande,
L'iy respondit en riant à
demi
,
Des testes d'asne, mon ami.
Ah, ah
J
dit le Manant,vousferez donc fortune,
Si vous ne donnez pas vos
testes à credit;
Car vous en avez grand
debit,
Il ne vous en reste plus
qu'une
C 0 NTE. UU paysan meschant&
finmatois,
Comme un paysan, c'cll
tout dire,
Sçachant le colibet
,
& disant quelquefois
Le mot pour rire.,
Emenditparler de Paris,
Luy qui n'avoit jamais forti de son village.
Il y
voulut venir, Dieu sçait
s'il fut sur pris,
Au moindre objet qui fut
sur son passage.
Il admira sur tout tant de
divers Marchands,
Tant de diverses marchandises;
L'autre des nœuds &des
rubans,
L'autre des rabats, des chemises;
Enfin il en vit un ensuite de
ceux-là
Quin'avait rien de tout
cela.
Un comptoir seul estoit
dans sa boutique,
Et luy sur sa porte planté,
Des Marchands ses voisins
regardoit
regardoit la pratique.
Le paisan touché de curio- sité:
1avoit De ce qatiln'avoit ri,-.n rien)
voulut sçavoir la cause
D'où vient, ce luy dit
-
il
,
qu'icy je lesvoistous
Qui vendent chacun quelque chose
,
Et vous qui n'avez rien,
Mr, Que vendez vous?
Le Marchand parcette demande
Jugeant que du Manant la
sotise estoit grande,
L'iy respondit en riant à
demi
,
Des testes d'asne, mon ami.
Ah, ah
J
dit le Manant,vousferez donc fortune,
Si vous ne donnez pas vos
testes à credit;
Car vous en avez grand
debit,
Il ne vous en reste plus
qu'une
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Résumé : LA TESTE D'ASNE. CONTE.
Un paysan naïf et curieux décide de visiter Paris pour la première fois. Émerveillé par la diversité des marchands et de leurs marchandises, il observe un homme qui ne vend rien de matériel. Intrigué, le paysan lui demande ce qu'il vend. Le marchand, amusé par la naïveté du paysan, répond qu'il vend des têtes d'âne. Le paysan, interprétant mal la réponse, conclut que le marchand fera fortune car il a beaucoup de têtes d'âne à vendre et qu'il ne les vend pas à crédit.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 1269-1286
ELOGE de M. Baron, Consul de France en Syrie, puis Directeur General du Commerce aux Indes Orientales, adressé à M. de ....
Début :
Rendre à la mémoire des hommes vertueux ce qui lui est dû, proposer [...]
Mots clefs :
Consul de France, Commerce, Indes orientales, Syrie, Marchands, Constantinople, Égypte, Voyage, Roi, Consulat
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ELOGE de M. Baron, Consul de France en Syrie, puis Directeur General du Commerce aux Indes Orientales, adressé à M. de ....
ELOG E de M. Baron , Conful de France
en Syrie , puis Direcleur General du
Commerce aux Indes Orientales , adreſſe
à M. de
R
....
Endre à la mémoire des hommes
vertueux ce qui lui eft dû , propo--
fer leur exemple à la Pofterité , en donnant
un abregé de leur vie , c'eft , Monfieur
, une action de Juftice , un hommage
rendu au vrai mérite , & un foin qui
tourne à l'utilité publique . Ainfi , quʊique
M. Baron foit mort depuis plufieurs
années , & qu'après le decès de M. J. Bap
tifte Baron fon neveu , Chevalier de l'Or
dre de S. Jean de Jerufalem , Comman--
deur d'Efpagnac , arrivé le 20. Novembre
il ne reste plus perfonne en France
1724.
II. Vol.
A y de
1270 MERCURE DE FRANCE
de cette vertueufe famille , je ne fais point
difficulté d'entreprendre de vous marquer
ici les principales circonftances de fa vie..
François Baron nâquit à Marſeille le 4 ..
Novembre 16 20. d'une ancienne famille
de la même Ville qui étoit originaire de
Cofme dans le Duché de Milan . Après
avoir fait fes Etudes & fes Exercices , il
entra dans le monde , & fe fit confiderer
par fes manieres polies & par le carac
tere d'une exacte probité.
Quelque tems après , il forma le deffein
de voyager ; après avoir vû une partie de
l'Italie , & féjourné particulierement à la
Cour de Turin , il paffa en Egypte ; c'étoit
dans le tems de la rupture des Turcs avec
la République de Venife , & durant le
Siege de Candie. Cependant il y avoit
encore au Caire un Conful & plufieurs
Marchands Venitiens , aufquels le Pacha
de cette Ville fit plus qu'une avanie Turque
car après leur avoir fuppofé des intelligences
criminelles avec les Affiegés
de Candie , il les fit mettre aux fers , &
enfuite d'une courte procedure , il les
condamna tous à la mort , ce qui empor-.
toit la confifcation de leurs effets dont il
s'empara d'abord.
Dans cette extremité , les Venitiens eurent
recours à M. Baron qu'ils fçavoient
être fort confideré du Pacha . Il s'employa
II. Vol. effiJUIN.
1730. 1271'
efficacement pour eux , & il obtint enfin
leur délivrance , moyennant une fomme
dont on convint en argent comptant . Les
Venitiens n'en pouvoient pas trouver à
caufe de la faifie de leurs effets , & ils
reftoient toûjours dans les fers , lorfque
M. Baron , par un excès de cette generofité
qui lui a toûjours été naturelle , prêta
lui- même la fomme en queftion , qui étoit
d'environ cinq mille Piaftres , dont il emprunta
une bonne partie de divers Marchands
, au moyen de quoi les Venitiens
furent tous élargis , & déchargés de l'accufation
.
Il eſt preſque inutile d'ajoûter que pour
la fûreté des deniers prêtés , le Sieur
Marco Zen , Conful de Veniſe au Caire ,
paffa en cette qualité , & au nom de fa
Nation le 3. May 1657. une obligation
en bonne forme en faveur de M. Baron
de la fomme prêtée , payable dans une
année , avec ftipulation d'interêts faute
de rembourſement paffé ledit terme
; l'Obligation fut enregistrée en la
Chancellerie du Confulat de France le 10 .
Novembre 1657. fuivant l'Expedition
autentique qui eft dans mes Mémoires .
Mais ce que la Pofterité aura de la peine
à croire , & ce qui eft cependant bien
certain , c'eft qu'un fervice fi fignalé fut
payé d'une ingratitude qui dure encore,
II. Vol. A vj
car
1272 MERCURE DE FRANCE
car jamais M. Baron ni fes heritiers n'ont
pû être payés de cette Obligation .
le
Il prêta auffi de les deniers, deux années :
après ,deux mille fix cent Piaftres pour une
moindre avanie faite aux * Harbis
par
même Pacha , dont il ne put être remboursé
avant fon départ d'Egypte , ce
qui eft encore tourné en pure perte. Peu
de tems après , & dans la même année
1659. M. Baron fut député à la Cour par
M. de Bermond Conful , & par le Corps
de la Nation Françoife établie au Caire ,
pour des affaires importantes , concernant
le commerce de cette Echelle ; ce qu'il
accepta au préjudice de fes propres affai--
res & du recouvrement de fes deniers.
Nos Marchands d'Egypte eurent toutlieu
de fe louer de cette députation , après
laquelle M. Baron revint à Marſeille , où
il fe lia d'une étroite amitié avec Gafpar
de Glandevez , Seigneur de Niozelles ;
ce Gentilhomme des plus qualifiés de la
Province , fut accufé d'être le principal
Auteur des troubles qui agitoient alors
la Ville de Marfeille , & le Roi étant venu
en Provence pour y remedier , fon Procès
Harbis , nom Arabe , qui fignifie , en un cer--
tainfens , Etranger , par lequel on entend tous
les:Marchands Européens qui réfident en Egyp
te, & qui n'y ont aucun Conful de leur Na-
11. Vol. lui
JUIN. 1730. 1273
›
fui fut fait avec la derniere rigueur , en--
forte qu'après la condamnation & fa retraite
tous les amis fe trouverent embaraffés
. M. Baron, quoique perfuadé de l'in--
nocence de M. de Niozelles , & encore
plus de la fienne , crut fe devoir quelque
précaution , & quitta cette Ville pour
un tems .
Cependant tout le monde lui rendit juk
tice , & en l'année 1661. le Roi informé
de fon mérite & de fa capacité lui fit
l'honneur de le nommer au Confulat d'Alep
, l'un des plus importans de tout le
Levant, & qui comprenoit alors , outre la
plus grande partie de la Syrie , la Caramanie
& les Echelles de Tripoly & de Chipre
, dont les Vice-Confuls lui étoient
fubordonnés. Le Conful d'Alep étoit auffi
Conful , avec l'agrément du Roi , des
Hollandois établis en cette Echelle . Le
Commerce des François à Alep avoit be--
foin d'un Conful de ce caractere ; il étoit
prefque ruiné par les abus qui s'y étoient
introduits & par l'avidité des Gouver
neurs, qui, contre la difpofition des Traités
, exigeoient des droits injuftes , opprimoient
, au lieu de proteger les Mar--
chands .
M. Picquet , qui depuis a été Evêque
de Babilone , étoit alors Conful dAlep ,
& devoit ceder fa place à M. Baron .
II. Vol. Après
#274 MERCURE DE FRANCE
Après avoir conferé enſemble fur l'Etat
du Commerce & fur les moyens de le rétablir
, on n'en trouva pas de plus affuré
que celui de prier le nouveau Conful de
faire avant toutes chofes , fous le bon plaifir
du Roi , un voyage à Conftantinople,
pour obtenir du Grand - Seigneur les commandemens
& les ordres neceffaires pour
ce rétabliffement.
M. Baron toûjours prêt à faire le bien
au préjudice même de fes interêts , entreprit
ce long voyage à fes dépens . Il confera
utilement avec M. de la Haye , Ambaffadeur
de France , de qui il fe fit confiderer
, & négocia fi heureuſement avec
le fameux Vizir Cupruli , qui ne put lui
-refufer fon eftime , qu'il obtint tout ce
qu'il demanda. Il revint à Alep , chargé
d'un Catacherif ou Commandement Imperial
qui fit bientôt changer de face au
Commerce de Syrie , qui fert encore de
regle , & qui met un frein à l'avarice infatiable
des Gouverneurs. L'un des Arti--
cles les plus importans , étoit la fupreffion
des interêts anciens des dettes de la Na--
-tion Françoise de Seyde , qui montoient™
à plus de dix huit mille Piaftres par an ,
& qui furent éteint pour toûjours.
Une année s'étoit à peine écoulée , que
M. Colbert , parvenu au Miniftere après
la mort du Cardinal Mazarin , & ayant
II. Vol
de
JUIN. 1730. 1275
›
de grandes vûës pour l'augmentation du
Commerce du Levant , fut bien aife de
confulter M. Baron fur ce fujet ; il lui
envoya pour cela , fur la fin de l'année
1662. un ordre du Roi conçû en ces termes.
» Cher & bien amé. Defirant être in-
» formé par votre bouche de l'Etat dus
» Commerce qui s'exerce par nos Sujets
» en l'étendue de votre Confulat , pour
» y pourvoir felon les befoins & l'amélio-
» rer par les voyes qui feront jugées les
»plus convenables nous vous faifons
>> cette Lettre pour vous dire qu'auffi tôt
» que vous l'aurez reçûë vous ayez à vous
» rendre auprès de nous , après toutefois
» avoir établi le Sieur Pierre Baron votre
» frere pour exercer votre Charge pen--
>> dant votre abfence , & mis fi bon ordre
» aux affaires dudit Confulat qu'elle ne
» leur puiffe être d'aucun préjudice ; &
» comme il ne feroit pas jufte que vous
faifant venir pour l'interêt general du
» Commerce , les frais de votre voyage
tombaffent fur vous , nous entendons
» que toute la Nation les fupporte , puifnous
ne vous le faifons entreprenque
» dre que pour le bien & l'avantage de
fon négoce ; n'y faites donc faute. Car
tel eft notre plaifir , Donné à Paris le
2-13 . d'Octobre 1662. figné Louis &c. &
30
>>
"
II Vol.
av
1276 MERCURE DE FRANCE
>
» au dos eft écrit : A notre cher & bien
» amé , le Sieur Baron , Conful de la Nation
Françoife à Alep.
Mes Mémoires ne portent aucune cirtance
particuliere fur l'execution de
cet ordre du Roi ; mais ils marquent indirectement
que; Sa Majefté en fut fatisfaite
, & que le Miniftre fut confirmé dans
l'opinion avantageufe qu'il avoit déja de
M. Baron , lequel exerça pendant neuf
années confécutives le Confulat d'Alep ,
avec beaucoup de dignité & d'utilité pour
le Commerce de la Nation ; ce Commerce
fut fi floriffant que les Droits de Confulat
pour ces neuf années fe monterent à la
fomme de quatre vingt dix mille Piaftres.
Comme il avoit un grand fond de Religion
& de pieté , il ſe déclara d'abord le
protecteur & le pere de tous les Miffionnaires
de l'Orient , qui trouverent nonfeulement
un azile dans fa maiſon , mais
fouvent des reffources folides dans les
conjonctures fâcheufes qui n'arrivent que
trop fouvent dans le Pays des Infideles .
Il avoit la même attention pour les Prélats
, les Ecclefiaftiques & tous les Chré--
tiens du Pays qui n'étoient point féparés
de l'Eglife Romaine par le Schifme ou par
des erreurs . condamnées ; & il n'oublioit
rien pour attirer ceux qui avoient le
malheur d'être nés dans cette féparation.
- II. Vol.
Sa
JUIN. 1730. 1277
>
Sa charité fans bornes & fans diftinction
des Sujets n'étoit jamais épuifée , quoique
fes facultés le fuffent quelquefois en donnant
comme il faifoit de toutes mains
;
alors , en attendant d'autres reffources, il
donnoit jufqu'à fes meubles & fes propres
habits. Le P. Jofeph Beffon , Miffionnaire
de la Compagnie de Jefus en Syrie , étant
allé un jour lui repréfenter le danger évident
où fe trouvoit une jeune fille Maronite
auffi belle qquuee ppaauuvvrree ,, recherchée
par un Turc de confideration , faute de
quelque argent pour la mettre en fûreté
en l'envoyant chez fes parens du Mont
Liban ; le pieux Conful ſe trouvant alors
dépourvû d'argent , dépouilla fa Robe
Confulaire , qui étoit d'une belle écarlate,
doublée d'une fourrure de prix , & la
donna au Miffionnaire , qui touché d'une
telle action la déclara hautement , & fit
enforte avec un neveu de M. Baron que
l'argent en queftion fur trouvé ſur le cré-
' dit du Conful , & la fille Maronite fauvée.
Je me contente de ce trait entre plufieurs
autres qui font venus à ma connoiffance ,
& dont on parle encore dans là Ville d'Alep.
Je tiens celui ci de M. Feau que j'ai
vû deux fois dans l'Ile de Chypre , où il
eft mort Conful , lequel étoit fils d'une
foeur de M. Baron , & ne l'avoit prefque
jamais quitté durant fon Confulat d'Alep.
IL Vol.. C'eft:
7278 MERCURE DE FRANCE
>
C'eſt de ce même M. Feau que je tiens le
beau Portrait de notre illuftre Conful
que vous avez vû dans mon Cabinet , &
qu'il me remit à Chypre en l'année 1688 .
Il fut peint à Alep par un habile Flamand
que M. Baron avoit logé chez lui par eftime
& par courtoisie.
A l'égard de ce que j'ai dit , Monfieur,
de fon attention à proteger la Religion ,
& à bien traiter les Prélats & tous les
Ouvriers Evangeliques , je le trouve
confirmé par des Actes de la Congrégation
de la Propagande qui honorent fa
mémoire , & ces Actes font eux mêmes.
confirmés par un Bref du Pape Clement
IX. écrit au Roi en faveur de M. Baron;
vous ferez , fans doute , bien aife de le
trouver ici.
CHARISSIMO IN CHRISTO FILIO
NOSTRO ,
LUDOVICO , FRANCORUM REGI
CHRISTIANISSIMO.
CLEMENS PAPA IX.
CHARISSIME IN CHRISTO FILI NOSTER :
SALUTEM : Inclita pietati ac benefi
centia Majeftatis tuæ , non minus quàmgloria
per gratas accidere palam eft occafiones
omnes , fefe longè latèque per univerfum or-
II. Vol bem
JUIN. 1730. 1279
bem extendendi ; ubi præfertim non folum de
privatis hominum utilitatibus augendis , verum
etiam de publici boni , & vel maximè
fidei Chriftiane rationibus juvandis, ac provehendis
agatur. Quapropter accuratè, acfidenter
ei commendamus Francifcum Baronium
, eo die Nationis Francorum in Civitate
Aleppi Confulem , qui profecto , ut omni
fide digni viri, ac potiffimum Apoftolici Miffionarii
teftantur , quaftudio , folertia , Confiliis
, quà propriis etiam impenfis , cunctis
in Afia fanita Religionis vel confervanda ,
vel propaganda rebus per plures jam annos
efficaciter incumbit ; adeò ut fedulitas ejus
domus omnium in vineâ domini laborantium
neceffitatibus , commodis in Partibus
illis communiter pateant , hac Majef
tati tuæ non ignota effe , fufficere arbitramur
, ut eum dignum exiftimet , quem opportunè
regio beneficio aliquo donet : Cum prafertim
premium tam infigni virtuti tributum,
aliorum complurium charitatem acuere & inflammare
poffit ad eum imitandum , ingenti
multis in Regionibus fidei Chriftiana bono.
Ceterum officia Pontificia Ven. Fr. Archiepifcopus
Thebarum Nuncius nofter explicabit.
Nos Majeftati tuæ ex intimis animi paterni
fenfibus amantiffime benedicimus . ĎATUM
ROME, apud S. Mariam Majorem
fub annulo Pifcatoris . Die xxiv .
Augufti 1669. Pontificatûs noftri anno
III. M.
#280 MERCURE DE FRANCE
•
C.
M. Baron a encore fervi l'Eglife dans
une conjoncture ' importante & particuliere.
Vous fçavez ; Monfieur , qu'environ
dans ce tems - là Antoine Arnauld
Docteur de Sorbone , entreprit dans fon
grand Ouvrage ( a ) de la Perpetuité de la
Foy, & c. de prouver aux Novateurs, que
I'Eglife Orientale avoit toujours cru &
croit encore aujourd'hui , ce que croit
l'Eglife Latine fur la Tranfubftantiation
dans le Sacrement de l'Euchariftie , & c.
Ce qui ne fe pouvoit faire avec plus de
folidité & plus defuccès qu'en rapportant
les témoignages juridiques des principales
Eglifes fur ce point important. M. de
Nointel , alors Ambaffadeur à la Porte , fet
chargea de ce qui concernoit l'Eglife Patriarchale
de Conftantinople ; & M. Baron
, travailla de fon côté à fe rendre bien
certain de la Doctrine de toutes les Eglifes
Syriennes , fur le même point , ce qui
demandoit beaucoup de foin , d'applica
tion & de difcernement.
C'est par ce moyen qu'on voit dans le
premier volume de la Perpetuité de la
Foy , Liv. XII . page 82. deux Atteftations
autentiques ; fçavoir , l'une du Patriar-
( a ) La Perpetuité de la Foy de l'Eglife Catholique
, touchant l'Euchariftie, deffendue contre
le fieur Claude, Miniftre de Charenton.3.vol
in 4. Paris 1669. dédié au Pape Clement 1X.
II. Vol. che
JUIN. 1730. 1281
che , des Evêques & de plufieurs Prêtres
Arméniens , réfidens à Alep , de la créance
de cette Eglife fur l'Euchariſtie ; elle
eft dattée du premier Mars r117 . felon
L'Epoque des Arméniens , qui répond à'
l'année 1668. des Latins, traduite de l'Arménien
en Latin , ſouſcrite par les Prélats
y dénommez , & légalifée le même jour'
par M. Baron , qui affirme & attefte que
les Sceaux & les Seings qu'on y voit ont
été mis en fa préfence par les mêmes perfonnes.
L'autre Atteftation eft du Patriarche
des Syriens fur la créance de fon Egli
fe . Elle eft pareillement foufcrite de ce
Patriarche & de plufieurs Evêques , Prêtres
& Moines Syriens , & enfin renduë
autentique par la légaliſation du même
Conful.
Les Originaux de ces deux atteftations
qui font autant de Profeffions de Foy ,
écrits dans la Langue & dans les propres
caracteres de chaque Nation , fe trouvent
parmi les autres Originaux de cette efpece
dans le dépôt general qui en fut
fait à la Biblioteque de l'Abbaye S. Germain
des Prez , le 29 Septembre 1668 , &
le 7 Aouft 1670. fuivant le Procès verbal
latin qui eft à la tête de ce Recueil . Lex
Procès verbal eft foufcrit par M. (a) Jan-
(a ) M. Jannon étoit un Ecclefiaftique fort
zélé pour la Religion , & particulierement lié
II. Vol.
non
1282 MERCURE DE FRANCE.
non , Prêtre & Chanoine de S. Juft de
Lyon , par le R. P. General des Benedictins
de S. Maur , & fes Affiftans , par le
P. Prieur de S. Germain , par le Bibliotequaire
en chef, par Dom Luc d'Achery .
& par d'autresSçavans de la mêmeMaifon;
il eft enfin figné par deux Notaires Apoftoliques.
>-
Il y a dans le même Dépôt la Profef
fion de Foy originale , auffi légalifée par
M. Baron , le 4 Juin 1668. du Čuré Néophile
, Vicaire General de Macaire , Patriarche
Grec d'Antioche,foufcrite par lui
& par les principaux Curez & Prêtres du
Patriarchat.
M.Arnauld n'a point employé cette piéce
dans fon Livre de la Perpetuité de la
Foy. Peut-être lui arriva- t - elle trop tard.
Je ne dis rien des Profeffions de Foy
envoyées par M. de Nointel ; concernant
le Patriarchat de Conftantinople , qui
font partie du même Dépôt. Le tout enfemble
fait un des plus curieux Monumens
qu'on puiffe trouver en ce genre ;
j'ay eu le ppllaaiiffiirr ddee vvooiirr toutes
piéces à cette occafion.
ces
Entre celles qui m'ont parû mériter le
plus d'attention , j'ai diftingué les Actes,
avec M. Picquet & M. Arnauld, Il avoit recen
ces Originaux du Levant , & les depofa de la
maniere qu'il eft dit dans le Procès Verbal.
II. Vol. Origi
JUIN. 1730. 1288
Originaux, en grand nombre , du Métropolitain
Elie , Chef de l'Eglife Neftorienne
de ( a ) Diarbek , énoncez en Langue
Arabe , & écrits en caracteres Syriaques..
Ce précieux Recueil enfin contenu dans
deux gros volumes in-folio , prefente par
ta diverfité des Langues & des Caracte
res une refpectable variété , & mérite l'at
tention particuliere que les Sçavans Dépofitaires
ont pour fa confervation .
Sur la fin de l'année 1670. M. Colbert
qui honoroit M. Baron d'une eftime particuliere
& qui étoit tres- fatisfait des changemens
favorables arrivez au Commerce
de Syrie pendant fon Confulat , le propofa
au Roy comme un fujet propre à rétablir
& à faire fleurir celui de la Compagnie
des Indes Orientales ; & en conféquence
des Ordres de S. M. Mr Baron:
toujours prêt à obéir & à fe livrer au
bien public , partit d'Alep dans le courant
de l'année 1671. pour fe rendre à
Surate, lieu de la réfidence du Directeur
General du Commerce de France , & de
l'établiffement du principal Comptoir de
la Compagnie.
On ne fçauroit exprimer le regret
qu'on eut de le perdre à Alep. Le Procès
verbal de l'Affemblée de la Nation , tenuë
(a) Ville & Pays fituex dans l'ancienne
Mésopotamie
II. Vol. fur
1284 MERCURE DE FRANCE
fur ce fujet le 11. Janvier 1671 , dont
j'ai une Expédition en forme , apprend
là deffus quelques circonftances qu'il eft
bon de ne pas omettre .
M. du Pont , qui préfidoit à l'Affemblée
, en qualité de nouveau Conful d'Alep
, y fait l'éloge de M. Baron , puis il
propofe de déliberer fur deux Chefs. Le
premier , fur le prefent ou la gratification
ordinaire qui eſt dûë aux Confuls à
la fin de leur Charge , alléguant pour
exemple le plus recent celui de Mr.
Piquet , qui avoit reçû mille Piaftres de
gratification , quoique fon Confulat eût
été beaucoup moins long.
Le fecond Chef rouloit fur un rembourſement
de 519 Piaftres , données par
M. Baron de fes propres deniers , pour
terminer la malheureuſe affaire de deux
jeunes François , nommez dans l'Acte ,
que leur libertinage fit tomber entre les
mains du Sous- Bachi ou Officier du Guet,
dans un lieu de débauche , lequel les traita
avec la derniere rigueur , & prétendit
qu'il ne pouvoit les délivrer qu'en fe
faifant Mahometans , & c.
Sur quoi , dit l'Acte que je viens de
citer , lefdits Sieurs Affemblez , ont dit &
déliberé ;
ود
que
Que quelque reconnoiffance la
»Nation puiffe accorder àmondit fieur
II. Vol.
le
JUIN. 1730. 1285
» le Conful Baron , étant au deffous de ce
» qu'elle lui doit , pour le grand zele &
» le grand amour avec lequel il a agi
» pendant tout le tems de fon exercice ,
» & pour les fommes qu'il peut avoir
» fournies pour ladite Nation , dont il n'a
» pas été remboursé , qu'ils fe fentent
>> obligez de manifefter cette verité, & de
» prier M" les Echevins & Députez du-
>> Commerce de la Ville de Marfeille , de
» la lui donner auffi avantageuſe, qu'il l'a
» méritée fa bonne adminiftration &
par
» conduites ou fupplier tres-humblement
» Sa Majefté de lui accorder icelle.En foy
dequoi , &c. Signé Dupont Conful , Truillard
& Vitalis , Deputez de la Nation.
S. Jacques , Cheillan , Gardane , Gleize ,
Foreft , Bazan , Etienne , Marchands
François & Feris , Chancelier , Secretaire
du Confulat d'Alep. A côté eft le grand
Sceau du Conful ou l'Ecu des armes de
France , & c.
Ce font là , Monfieur , les belles difpofitions
, enfuite defquelles M.Baron partit
d'Alep pour les Indes , & qui lui ont tenu
lieu de réalité ; car il n'a jamais rien reçû
en confequence de cette déliberation ; fon
éloignement , fon efprit défintereffé , les
difficultez ou le peu de difpofition de la
part de ceux qui devoient effectuer ,
II. Vol. B ont
1236 MERCURE DE FRANCE
ont toujours été des obftacles plus que
fuffifans.
La fuite paroîtra dans le Mercure prochain.
en Syrie , puis Direcleur General du
Commerce aux Indes Orientales , adreſſe
à M. de
R
....
Endre à la mémoire des hommes
vertueux ce qui lui eft dû , propo--
fer leur exemple à la Pofterité , en donnant
un abregé de leur vie , c'eft , Monfieur
, une action de Juftice , un hommage
rendu au vrai mérite , & un foin qui
tourne à l'utilité publique . Ainfi , quʊique
M. Baron foit mort depuis plufieurs
années , & qu'après le decès de M. J. Bap
tifte Baron fon neveu , Chevalier de l'Or
dre de S. Jean de Jerufalem , Comman--
deur d'Efpagnac , arrivé le 20. Novembre
il ne reste plus perfonne en France
1724.
II. Vol.
A y de
1270 MERCURE DE FRANCE
de cette vertueufe famille , je ne fais point
difficulté d'entreprendre de vous marquer
ici les principales circonftances de fa vie..
François Baron nâquit à Marſeille le 4 ..
Novembre 16 20. d'une ancienne famille
de la même Ville qui étoit originaire de
Cofme dans le Duché de Milan . Après
avoir fait fes Etudes & fes Exercices , il
entra dans le monde , & fe fit confiderer
par fes manieres polies & par le carac
tere d'une exacte probité.
Quelque tems après , il forma le deffein
de voyager ; après avoir vû une partie de
l'Italie , & féjourné particulierement à la
Cour de Turin , il paffa en Egypte ; c'étoit
dans le tems de la rupture des Turcs avec
la République de Venife , & durant le
Siege de Candie. Cependant il y avoit
encore au Caire un Conful & plufieurs
Marchands Venitiens , aufquels le Pacha
de cette Ville fit plus qu'une avanie Turque
car après leur avoir fuppofé des intelligences
criminelles avec les Affiegés
de Candie , il les fit mettre aux fers , &
enfuite d'une courte procedure , il les
condamna tous à la mort , ce qui empor-.
toit la confifcation de leurs effets dont il
s'empara d'abord.
Dans cette extremité , les Venitiens eurent
recours à M. Baron qu'ils fçavoient
être fort confideré du Pacha . Il s'employa
II. Vol. effiJUIN.
1730. 1271'
efficacement pour eux , & il obtint enfin
leur délivrance , moyennant une fomme
dont on convint en argent comptant . Les
Venitiens n'en pouvoient pas trouver à
caufe de la faifie de leurs effets , & ils
reftoient toûjours dans les fers , lorfque
M. Baron , par un excès de cette generofité
qui lui a toûjours été naturelle , prêta
lui- même la fomme en queftion , qui étoit
d'environ cinq mille Piaftres , dont il emprunta
une bonne partie de divers Marchands
, au moyen de quoi les Venitiens
furent tous élargis , & déchargés de l'accufation
.
Il eſt preſque inutile d'ajoûter que pour
la fûreté des deniers prêtés , le Sieur
Marco Zen , Conful de Veniſe au Caire ,
paffa en cette qualité , & au nom de fa
Nation le 3. May 1657. une obligation
en bonne forme en faveur de M. Baron
de la fomme prêtée , payable dans une
année , avec ftipulation d'interêts faute
de rembourſement paffé ledit terme
; l'Obligation fut enregistrée en la
Chancellerie du Confulat de France le 10 .
Novembre 1657. fuivant l'Expedition
autentique qui eft dans mes Mémoires .
Mais ce que la Pofterité aura de la peine
à croire , & ce qui eft cependant bien
certain , c'eft qu'un fervice fi fignalé fut
payé d'une ingratitude qui dure encore,
II. Vol. A vj
car
1272 MERCURE DE FRANCE
car jamais M. Baron ni fes heritiers n'ont
pû être payés de cette Obligation .
le
Il prêta auffi de les deniers, deux années :
après ,deux mille fix cent Piaftres pour une
moindre avanie faite aux * Harbis
par
même Pacha , dont il ne put être remboursé
avant fon départ d'Egypte , ce
qui eft encore tourné en pure perte. Peu
de tems après , & dans la même année
1659. M. Baron fut député à la Cour par
M. de Bermond Conful , & par le Corps
de la Nation Françoife établie au Caire ,
pour des affaires importantes , concernant
le commerce de cette Echelle ; ce qu'il
accepta au préjudice de fes propres affai--
res & du recouvrement de fes deniers.
Nos Marchands d'Egypte eurent toutlieu
de fe louer de cette députation , après
laquelle M. Baron revint à Marſeille , où
il fe lia d'une étroite amitié avec Gafpar
de Glandevez , Seigneur de Niozelles ;
ce Gentilhomme des plus qualifiés de la
Province , fut accufé d'être le principal
Auteur des troubles qui agitoient alors
la Ville de Marfeille , & le Roi étant venu
en Provence pour y remedier , fon Procès
Harbis , nom Arabe , qui fignifie , en un cer--
tainfens , Etranger , par lequel on entend tous
les:Marchands Européens qui réfident en Egyp
te, & qui n'y ont aucun Conful de leur Na-
11. Vol. lui
JUIN. 1730. 1273
›
fui fut fait avec la derniere rigueur , en--
forte qu'après la condamnation & fa retraite
tous les amis fe trouverent embaraffés
. M. Baron, quoique perfuadé de l'in--
nocence de M. de Niozelles , & encore
plus de la fienne , crut fe devoir quelque
précaution , & quitta cette Ville pour
un tems .
Cependant tout le monde lui rendit juk
tice , & en l'année 1661. le Roi informé
de fon mérite & de fa capacité lui fit
l'honneur de le nommer au Confulat d'Alep
, l'un des plus importans de tout le
Levant, & qui comprenoit alors , outre la
plus grande partie de la Syrie , la Caramanie
& les Echelles de Tripoly & de Chipre
, dont les Vice-Confuls lui étoient
fubordonnés. Le Conful d'Alep étoit auffi
Conful , avec l'agrément du Roi , des
Hollandois établis en cette Echelle . Le
Commerce des François à Alep avoit be--
foin d'un Conful de ce caractere ; il étoit
prefque ruiné par les abus qui s'y étoient
introduits & par l'avidité des Gouver
neurs, qui, contre la difpofition des Traités
, exigeoient des droits injuftes , opprimoient
, au lieu de proteger les Mar--
chands .
M. Picquet , qui depuis a été Evêque
de Babilone , étoit alors Conful dAlep ,
& devoit ceder fa place à M. Baron .
II. Vol. Après
#274 MERCURE DE FRANCE
Après avoir conferé enſemble fur l'Etat
du Commerce & fur les moyens de le rétablir
, on n'en trouva pas de plus affuré
que celui de prier le nouveau Conful de
faire avant toutes chofes , fous le bon plaifir
du Roi , un voyage à Conftantinople,
pour obtenir du Grand - Seigneur les commandemens
& les ordres neceffaires pour
ce rétabliffement.
M. Baron toûjours prêt à faire le bien
au préjudice même de fes interêts , entreprit
ce long voyage à fes dépens . Il confera
utilement avec M. de la Haye , Ambaffadeur
de France , de qui il fe fit confiderer
, & négocia fi heureuſement avec
le fameux Vizir Cupruli , qui ne put lui
-refufer fon eftime , qu'il obtint tout ce
qu'il demanda. Il revint à Alep , chargé
d'un Catacherif ou Commandement Imperial
qui fit bientôt changer de face au
Commerce de Syrie , qui fert encore de
regle , & qui met un frein à l'avarice infatiable
des Gouverneurs. L'un des Arti--
cles les plus importans , étoit la fupreffion
des interêts anciens des dettes de la Na--
-tion Françoise de Seyde , qui montoient™
à plus de dix huit mille Piaftres par an ,
& qui furent éteint pour toûjours.
Une année s'étoit à peine écoulée , que
M. Colbert , parvenu au Miniftere après
la mort du Cardinal Mazarin , & ayant
II. Vol
de
JUIN. 1730. 1275
›
de grandes vûës pour l'augmentation du
Commerce du Levant , fut bien aife de
confulter M. Baron fur ce fujet ; il lui
envoya pour cela , fur la fin de l'année
1662. un ordre du Roi conçû en ces termes.
» Cher & bien amé. Defirant être in-
» formé par votre bouche de l'Etat dus
» Commerce qui s'exerce par nos Sujets
» en l'étendue de votre Confulat , pour
» y pourvoir felon les befoins & l'amélio-
» rer par les voyes qui feront jugées les
»plus convenables nous vous faifons
>> cette Lettre pour vous dire qu'auffi tôt
» que vous l'aurez reçûë vous ayez à vous
» rendre auprès de nous , après toutefois
» avoir établi le Sieur Pierre Baron votre
» frere pour exercer votre Charge pen--
>> dant votre abfence , & mis fi bon ordre
» aux affaires dudit Confulat qu'elle ne
» leur puiffe être d'aucun préjudice ; &
» comme il ne feroit pas jufte que vous
faifant venir pour l'interêt general du
» Commerce , les frais de votre voyage
tombaffent fur vous , nous entendons
» que toute la Nation les fupporte , puifnous
ne vous le faifons entreprenque
» dre que pour le bien & l'avantage de
fon négoce ; n'y faites donc faute. Car
tel eft notre plaifir , Donné à Paris le
2-13 . d'Octobre 1662. figné Louis &c. &
30
>>
"
II Vol.
av
1276 MERCURE DE FRANCE
>
» au dos eft écrit : A notre cher & bien
» amé , le Sieur Baron , Conful de la Nation
Françoife à Alep.
Mes Mémoires ne portent aucune cirtance
particuliere fur l'execution de
cet ordre du Roi ; mais ils marquent indirectement
que; Sa Majefté en fut fatisfaite
, & que le Miniftre fut confirmé dans
l'opinion avantageufe qu'il avoit déja de
M. Baron , lequel exerça pendant neuf
années confécutives le Confulat d'Alep ,
avec beaucoup de dignité & d'utilité pour
le Commerce de la Nation ; ce Commerce
fut fi floriffant que les Droits de Confulat
pour ces neuf années fe monterent à la
fomme de quatre vingt dix mille Piaftres.
Comme il avoit un grand fond de Religion
& de pieté , il ſe déclara d'abord le
protecteur & le pere de tous les Miffionnaires
de l'Orient , qui trouverent nonfeulement
un azile dans fa maiſon , mais
fouvent des reffources folides dans les
conjonctures fâcheufes qui n'arrivent que
trop fouvent dans le Pays des Infideles .
Il avoit la même attention pour les Prélats
, les Ecclefiaftiques & tous les Chré--
tiens du Pays qui n'étoient point féparés
de l'Eglife Romaine par le Schifme ou par
des erreurs . condamnées ; & il n'oublioit
rien pour attirer ceux qui avoient le
malheur d'être nés dans cette féparation.
- II. Vol.
Sa
JUIN. 1730. 1277
>
Sa charité fans bornes & fans diftinction
des Sujets n'étoit jamais épuifée , quoique
fes facultés le fuffent quelquefois en donnant
comme il faifoit de toutes mains
;
alors , en attendant d'autres reffources, il
donnoit jufqu'à fes meubles & fes propres
habits. Le P. Jofeph Beffon , Miffionnaire
de la Compagnie de Jefus en Syrie , étant
allé un jour lui repréfenter le danger évident
où fe trouvoit une jeune fille Maronite
auffi belle qquuee ppaauuvvrree ,, recherchée
par un Turc de confideration , faute de
quelque argent pour la mettre en fûreté
en l'envoyant chez fes parens du Mont
Liban ; le pieux Conful ſe trouvant alors
dépourvû d'argent , dépouilla fa Robe
Confulaire , qui étoit d'une belle écarlate,
doublée d'une fourrure de prix , & la
donna au Miffionnaire , qui touché d'une
telle action la déclara hautement , & fit
enforte avec un neveu de M. Baron que
l'argent en queftion fur trouvé ſur le cré-
' dit du Conful , & la fille Maronite fauvée.
Je me contente de ce trait entre plufieurs
autres qui font venus à ma connoiffance ,
& dont on parle encore dans là Ville d'Alep.
Je tiens celui ci de M. Feau que j'ai
vû deux fois dans l'Ile de Chypre , où il
eft mort Conful , lequel étoit fils d'une
foeur de M. Baron , & ne l'avoit prefque
jamais quitté durant fon Confulat d'Alep.
IL Vol.. C'eft:
7278 MERCURE DE FRANCE
>
C'eſt de ce même M. Feau que je tiens le
beau Portrait de notre illuftre Conful
que vous avez vû dans mon Cabinet , &
qu'il me remit à Chypre en l'année 1688 .
Il fut peint à Alep par un habile Flamand
que M. Baron avoit logé chez lui par eftime
& par courtoisie.
A l'égard de ce que j'ai dit , Monfieur,
de fon attention à proteger la Religion ,
& à bien traiter les Prélats & tous les
Ouvriers Evangeliques , je le trouve
confirmé par des Actes de la Congrégation
de la Propagande qui honorent fa
mémoire , & ces Actes font eux mêmes.
confirmés par un Bref du Pape Clement
IX. écrit au Roi en faveur de M. Baron;
vous ferez , fans doute , bien aife de le
trouver ici.
CHARISSIMO IN CHRISTO FILIO
NOSTRO ,
LUDOVICO , FRANCORUM REGI
CHRISTIANISSIMO.
CLEMENS PAPA IX.
CHARISSIME IN CHRISTO FILI NOSTER :
SALUTEM : Inclita pietati ac benefi
centia Majeftatis tuæ , non minus quàmgloria
per gratas accidere palam eft occafiones
omnes , fefe longè latèque per univerfum or-
II. Vol bem
JUIN. 1730. 1279
bem extendendi ; ubi præfertim non folum de
privatis hominum utilitatibus augendis , verum
etiam de publici boni , & vel maximè
fidei Chriftiane rationibus juvandis, ac provehendis
agatur. Quapropter accuratè, acfidenter
ei commendamus Francifcum Baronium
, eo die Nationis Francorum in Civitate
Aleppi Confulem , qui profecto , ut omni
fide digni viri, ac potiffimum Apoftolici Miffionarii
teftantur , quaftudio , folertia , Confiliis
, quà propriis etiam impenfis , cunctis
in Afia fanita Religionis vel confervanda ,
vel propaganda rebus per plures jam annos
efficaciter incumbit ; adeò ut fedulitas ejus
domus omnium in vineâ domini laborantium
neceffitatibus , commodis in Partibus
illis communiter pateant , hac Majef
tati tuæ non ignota effe , fufficere arbitramur
, ut eum dignum exiftimet , quem opportunè
regio beneficio aliquo donet : Cum prafertim
premium tam infigni virtuti tributum,
aliorum complurium charitatem acuere & inflammare
poffit ad eum imitandum , ingenti
multis in Regionibus fidei Chriftiana bono.
Ceterum officia Pontificia Ven. Fr. Archiepifcopus
Thebarum Nuncius nofter explicabit.
Nos Majeftati tuæ ex intimis animi paterni
fenfibus amantiffime benedicimus . ĎATUM
ROME, apud S. Mariam Majorem
fub annulo Pifcatoris . Die xxiv .
Augufti 1669. Pontificatûs noftri anno
III. M.
#280 MERCURE DE FRANCE
•
C.
M. Baron a encore fervi l'Eglife dans
une conjoncture ' importante & particuliere.
Vous fçavez ; Monfieur , qu'environ
dans ce tems - là Antoine Arnauld
Docteur de Sorbone , entreprit dans fon
grand Ouvrage ( a ) de la Perpetuité de la
Foy, & c. de prouver aux Novateurs, que
I'Eglife Orientale avoit toujours cru &
croit encore aujourd'hui , ce que croit
l'Eglife Latine fur la Tranfubftantiation
dans le Sacrement de l'Euchariftie , & c.
Ce qui ne fe pouvoit faire avec plus de
folidité & plus defuccès qu'en rapportant
les témoignages juridiques des principales
Eglifes fur ce point important. M. de
Nointel , alors Ambaffadeur à la Porte , fet
chargea de ce qui concernoit l'Eglife Patriarchale
de Conftantinople ; & M. Baron
, travailla de fon côté à fe rendre bien
certain de la Doctrine de toutes les Eglifes
Syriennes , fur le même point , ce qui
demandoit beaucoup de foin , d'applica
tion & de difcernement.
C'est par ce moyen qu'on voit dans le
premier volume de la Perpetuité de la
Foy , Liv. XII . page 82. deux Atteftations
autentiques ; fçavoir , l'une du Patriar-
( a ) La Perpetuité de la Foy de l'Eglife Catholique
, touchant l'Euchariftie, deffendue contre
le fieur Claude, Miniftre de Charenton.3.vol
in 4. Paris 1669. dédié au Pape Clement 1X.
II. Vol. che
JUIN. 1730. 1281
che , des Evêques & de plufieurs Prêtres
Arméniens , réfidens à Alep , de la créance
de cette Eglife fur l'Euchariſtie ; elle
eft dattée du premier Mars r117 . felon
L'Epoque des Arméniens , qui répond à'
l'année 1668. des Latins, traduite de l'Arménien
en Latin , ſouſcrite par les Prélats
y dénommez , & légalifée le même jour'
par M. Baron , qui affirme & attefte que
les Sceaux & les Seings qu'on y voit ont
été mis en fa préfence par les mêmes perfonnes.
L'autre Atteftation eft du Patriarche
des Syriens fur la créance de fon Egli
fe . Elle eft pareillement foufcrite de ce
Patriarche & de plufieurs Evêques , Prêtres
& Moines Syriens , & enfin renduë
autentique par la légaliſation du même
Conful.
Les Originaux de ces deux atteftations
qui font autant de Profeffions de Foy ,
écrits dans la Langue & dans les propres
caracteres de chaque Nation , fe trouvent
parmi les autres Originaux de cette efpece
dans le dépôt general qui en fut
fait à la Biblioteque de l'Abbaye S. Germain
des Prez , le 29 Septembre 1668 , &
le 7 Aouft 1670. fuivant le Procès verbal
latin qui eft à la tête de ce Recueil . Lex
Procès verbal eft foufcrit par M. (a) Jan-
(a ) M. Jannon étoit un Ecclefiaftique fort
zélé pour la Religion , & particulierement lié
II. Vol.
non
1282 MERCURE DE FRANCE.
non , Prêtre & Chanoine de S. Juft de
Lyon , par le R. P. General des Benedictins
de S. Maur , & fes Affiftans , par le
P. Prieur de S. Germain , par le Bibliotequaire
en chef, par Dom Luc d'Achery .
& par d'autresSçavans de la mêmeMaifon;
il eft enfin figné par deux Notaires Apoftoliques.
>-
Il y a dans le même Dépôt la Profef
fion de Foy originale , auffi légalifée par
M. Baron , le 4 Juin 1668. du Čuré Néophile
, Vicaire General de Macaire , Patriarche
Grec d'Antioche,foufcrite par lui
& par les principaux Curez & Prêtres du
Patriarchat.
M.Arnauld n'a point employé cette piéce
dans fon Livre de la Perpetuité de la
Foy. Peut-être lui arriva- t - elle trop tard.
Je ne dis rien des Profeffions de Foy
envoyées par M. de Nointel ; concernant
le Patriarchat de Conftantinople , qui
font partie du même Dépôt. Le tout enfemble
fait un des plus curieux Monumens
qu'on puiffe trouver en ce genre ;
j'ay eu le ppllaaiiffiirr ddee vvooiirr toutes
piéces à cette occafion.
ces
Entre celles qui m'ont parû mériter le
plus d'attention , j'ai diftingué les Actes,
avec M. Picquet & M. Arnauld, Il avoit recen
ces Originaux du Levant , & les depofa de la
maniere qu'il eft dit dans le Procès Verbal.
II. Vol. Origi
JUIN. 1730. 1288
Originaux, en grand nombre , du Métropolitain
Elie , Chef de l'Eglife Neftorienne
de ( a ) Diarbek , énoncez en Langue
Arabe , & écrits en caracteres Syriaques..
Ce précieux Recueil enfin contenu dans
deux gros volumes in-folio , prefente par
ta diverfité des Langues & des Caracte
res une refpectable variété , & mérite l'at
tention particuliere que les Sçavans Dépofitaires
ont pour fa confervation .
Sur la fin de l'année 1670. M. Colbert
qui honoroit M. Baron d'une eftime particuliere
& qui étoit tres- fatisfait des changemens
favorables arrivez au Commerce
de Syrie pendant fon Confulat , le propofa
au Roy comme un fujet propre à rétablir
& à faire fleurir celui de la Compagnie
des Indes Orientales ; & en conféquence
des Ordres de S. M. Mr Baron:
toujours prêt à obéir & à fe livrer au
bien public , partit d'Alep dans le courant
de l'année 1671. pour fe rendre à
Surate, lieu de la réfidence du Directeur
General du Commerce de France , & de
l'établiffement du principal Comptoir de
la Compagnie.
On ne fçauroit exprimer le regret
qu'on eut de le perdre à Alep. Le Procès
verbal de l'Affemblée de la Nation , tenuë
(a) Ville & Pays fituex dans l'ancienne
Mésopotamie
II. Vol. fur
1284 MERCURE DE FRANCE
fur ce fujet le 11. Janvier 1671 , dont
j'ai une Expédition en forme , apprend
là deffus quelques circonftances qu'il eft
bon de ne pas omettre .
M. du Pont , qui préfidoit à l'Affemblée
, en qualité de nouveau Conful d'Alep
, y fait l'éloge de M. Baron , puis il
propofe de déliberer fur deux Chefs. Le
premier , fur le prefent ou la gratification
ordinaire qui eſt dûë aux Confuls à
la fin de leur Charge , alléguant pour
exemple le plus recent celui de Mr.
Piquet , qui avoit reçû mille Piaftres de
gratification , quoique fon Confulat eût
été beaucoup moins long.
Le fecond Chef rouloit fur un rembourſement
de 519 Piaftres , données par
M. Baron de fes propres deniers , pour
terminer la malheureuſe affaire de deux
jeunes François , nommez dans l'Acte ,
que leur libertinage fit tomber entre les
mains du Sous- Bachi ou Officier du Guet,
dans un lieu de débauche , lequel les traita
avec la derniere rigueur , & prétendit
qu'il ne pouvoit les délivrer qu'en fe
faifant Mahometans , & c.
Sur quoi , dit l'Acte que je viens de
citer , lefdits Sieurs Affemblez , ont dit &
déliberé ;
ود
que
Que quelque reconnoiffance la
»Nation puiffe accorder àmondit fieur
II. Vol.
le
JUIN. 1730. 1285
» le Conful Baron , étant au deffous de ce
» qu'elle lui doit , pour le grand zele &
» le grand amour avec lequel il a agi
» pendant tout le tems de fon exercice ,
» & pour les fommes qu'il peut avoir
» fournies pour ladite Nation , dont il n'a
» pas été remboursé , qu'ils fe fentent
>> obligez de manifefter cette verité, & de
» prier M" les Echevins & Députez du-
>> Commerce de la Ville de Marfeille , de
» la lui donner auffi avantageuſe, qu'il l'a
» méritée fa bonne adminiftration &
par
» conduites ou fupplier tres-humblement
» Sa Majefté de lui accorder icelle.En foy
dequoi , &c. Signé Dupont Conful , Truillard
& Vitalis , Deputez de la Nation.
S. Jacques , Cheillan , Gardane , Gleize ,
Foreft , Bazan , Etienne , Marchands
François & Feris , Chancelier , Secretaire
du Confulat d'Alep. A côté eft le grand
Sceau du Conful ou l'Ecu des armes de
France , & c.
Ce font là , Monfieur , les belles difpofitions
, enfuite defquelles M.Baron partit
d'Alep pour les Indes , & qui lui ont tenu
lieu de réalité ; car il n'a jamais rien reçû
en confequence de cette déliberation ; fon
éloignement , fon efprit défintereffé , les
difficultez ou le peu de difpofition de la
part de ceux qui devoient effectuer ,
II. Vol. B ont
1236 MERCURE DE FRANCE
ont toujours été des obftacles plus que
fuffifans.
La fuite paroîtra dans le Mercure prochain.
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Résumé : ELOGE de M. Baron, Consul de France en Syrie, puis Directeur General du Commerce aux Indes Orientales, adressé à M. de ....
François Baron, né à Marseille le 4 novembre 1620, est un diplomate français distingué par ses manières polies et sa probité. Après des voyages en Italie et en Égypte, il se rend utile en obtenant la libération de marchands vénitiens emprisonnés au Caire, sans jamais recevoir de remboursement malgré une obligation signée. En 1659, Baron est envoyé à la cour pour des affaires commerciales. En 1661, il est nommé consul à Alep, un poste stratégique pour le commerce français. Il voyage à Constantinople pour obtenir des ordres impériaux afin de rétablir le commerce, ce qui conduit à la suppression des intérêts anciens des dettes françaises à Seyde. Colbert, ministre du commerce, le consulte sur l'état du commerce du Levant. Baron exerce le consulat d'Alep pendant neuf ans, améliorant considérablement le commerce français et montrant une grande charité envers les missionnaires et les chrétiens de l'Orient. Son dévouement est confirmé par des actes de la Congrégation de la Propagande et un bref du pape Clément IX. En 1669, Baron est chargé de recueillir des témoignages sur la doctrine de la transsubstantiation dans le sacrement de l'Eucharistie. Il obtient deux attestations authentiques : l'une des Arméniens résidant à Alep et l'autre du Patriarche des Syriens. Ces documents, rédigés dans les langues et caractères originaux, sont légalisés par Baron et déposés à la bibliothèque de l'Abbaye Saint-Germain-des-Prés. En 1670, Colbert propose à Louis XIV de nommer Baron pour revitaliser le commerce de la Compagnie des Indes Orientales. Baron quitte Alep en 1671 pour Surate, laissant derrière lui des regrets et des reconnaissances pour son zèle et son dévouement. Une assemblée de la Nation française à Alep délibère pour lui accorder une gratification et un remboursement pour des dépenses personnelles, mais ces décisions ne sont jamais mises en œuvre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
s. p.
AVERTISSEMENT.
Début :
Voici le cent trente-septiéme Volume du Mercure de France [...]
Mots clefs :
Public, Lecteurs, Livre, Ouvrage, Marchands
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVERTISSEMENT.
AVERTISSEMENT.
Voici le cent trente- septième Volume du
Mercure de France , que nous avons
l'honneur de présenter au Public , depuis le
mois de fuin 1721. que nous y travaillons ,
sans que ce Livre ait souffert aucune interruption
, ayant toujours paru régulierement
au tems marqué , et quelquefois même avec
des Supplémens , selon l'exigence des cas ,
de quoi nos Lecteurs ne se sont pas plaint.
Nous
redoublerons nos soins et notre application
,» pour que la lecture du Mercure soit
desarmais encore plus utile et plus amusante.
Nous sommes cependant bien éloignez du
nombre des Mercures de la composition defen
M. de Visé , qui jusques et compris le mois de
May 1710. tems de sa mort , en avoit fait
paroître 483. Volumes , lesquels sont aujour→
d'hui fort recherchez pour quantité de faits
historiques qu'on ne trouve que dans cet Ouvrage
, et dont il n'y a peut être pas de collection
parfaitement complette , si ce n'est
celle qui est à la Bibliotheque du Roi,
il ne manque pas un seul Volume de toute
la suite des Mercures depuis les premiers
que M.de Visé fit paroître jusqu'aujourd'hui.
ой
En remerciant nos Lecteurs du cas qu'ils
daignent faire de ce Livre , nous leur demandons
AVERTISSEMENT
.
mandons toujours quelque indulgence pour
les endroits qui paroîtront négligez et dont
la diction n'est pas assez ehatiée . Le Lecteur
judicieux fera , s'il lui plaît , reflexion
que dans un Ouvrage tel que celui - cy , il est
trés aisé de manquer , même dans les choses
les plus communes , dont chacune en parti
culier est facile , mais qui ramassées , font
une multiplicité si grande , qu'il est bien
malaisé de donner à toutes la même attention
, quelque soin qu'on y apporte ; sur tout
quand une collection est faite en aussi
de tems. Une chose qui paroît un peu
juste , c'est qu'on nous reproche assez souvent
des inattentions , et qu'on ne nous sçache aucun
gré des corrections sans nombre qu'on
fait et des fautes qu'on évite .
pen
in-
Nous faisons de la part du Public de
nouvelles instances aux Libraires qui en- .
voyent des Livres pour les annoncer dans
le Mercure , d'en marquer le prix au juste ;
cela sert beaucoup dans les Provinces aux
personnes qui se déterminent là-dessus à les
acheter, et qui ne sont pas sûrs de l'exactitude
des Messagers et des autres personnes
qu'elles chargent de leurs commissions , qui
souvent les font surpayer,
On invite ici les Marchands et les Onvriers
qui ont quelques nouvelles Modes ,
soitpar des Etoffes nouvelles , Habits Ajustemens
, Perruques , Coëffures , Ornemens de
A iiij tête
AVERTISSEMENT.
que gête et autres parures , ainsi de meubles,
Carosses , Chaises et autres choses , soit pour
P'utilité , soit pour l'agrément , d'en donner
quelques Memoires pour en avertir le Public
, ce qui pourrafaire plaisir à divers Particuliers,
et procurer un débit avantageux
aux Marchans et aux Ouvriers.
Plusieurs Pieces en Prose et en Vers ,
envoyées pour le Mercure , sont souvent si
mal écrites qu'on ne peut les déchifrer , et
elles sont pour cela rejettées ; d'autres sont
bonnes à quelques égards , et défectueuses en
d'autres ; lorsquelles peuvent en valoir la peine
, nous les retouchons avec soin ; mais comme
nous ne prenons ce parti qu'avec peine ,
nous prions les Auteurs de ne le pas trouver
mauvais , et de travailler leurs Ouvrages
avec le plus d'attention qu'il leur sera possible.
Si on sçavoit leur addresse , on leur
indiqueroit les défectuositez et les corrections
à faire.
Les Sçavans et les Curieux sont priez de
vouloir concourir avec nous pour rendre ce
Livre encore plus utile et plus agréable , en
nous communiquant les Memoires et les Pieces
en Prose et en Vers , qui peuvent instruire
et amuser. Aucun point de Litterature
n'est exclus de ce Recueil , où l'on tâche de
mettre une agréable varieté , Poësies , Elaquence
, nouvelles Découvertes dans les Arts
et dans les Sciences , Morale , Antiquités ,
HisAVERTISSEMENT.
Histoire sacrée et profane , Historiette , Mythologie
, Physique et Métaphysique , Pieces
de Théatre, Jurisprudence, Anatomie et Médecine
, Critique, Mathématique, Mémoires,
Projets , Traductions , Grammaire , Pieces
amusantes et récréatives , etc. Quand les
morceaux d'une certaine considération seront
trop longs , on les placera dans un Volume
extraordinaire , on fera ensorte qu'on puisse
les en détacherfacilement , pour la satisfaction
des Auteurs et des personnes qui ne
veulent avoir que certaines Pieces.
Quelques morceaux de Prose et de Vers
rejeitez par bonnes raisons , ont souvent donné
lieu à des plaintes de la part des per
sonnes interessées ; mais nous les prions de
considerer que c'est toujours malgré nous que
certaines Pieces sont rebutées ; nous ne nous
en rapportons pas toujours à notre seul ju
gement dans le choix que nous faisons de
eelles qui méritent l'impression.
Quoiqu'on ait toujours la précaution de
faire mettre un Avis à la tête de chaque
Mercure ,pour avertir qu'on ne recevra point
de Lettres ni Paquets par la Postel dont le
port ne soit affranchi , il en vient cependant
quelquefois qu'on est obligé de rebuter. Ceux
qui n'auront pas pris cette précaution ne doi
vent pas être surpris de ne pas voir paroî
tre les Pieces qu'ils ont envoyées .
Les personnes qui désirent avoir le Mer
A v Curc
AVERTISSEMENT.
cure des premiers , soit dans les Provinces on
dans les Pais Etrangers , n'auront qu'à s'addresser
à M. Moreau , Commis au Mercure,
vis-à- vis la Comedie Françoise , à Paris ,
qui le leur envoyera par la voye la plus convenable
, et avant qu'il soit en vente ici. Les
amis à qui on s'adresse pour cela ne sont
ordinairement fort exacts ; ils n'envoyent
gueres acheter ce Livre précisément dans le
tems qu'il paroît; ils ne manquent pas de lo
Lire , souvent ils le prêtent à d'autres , et ne
l'envoyent que fort tard , sous le prétexte specieux
que le Mercure n'a pas paru plutôt.
pas
Nous renouvellons la priere que nous avons
déja faite , quand on envoye des Pieces , soit
en Vers , soit en Prose , de les faire transcrire
lisiblement sur des papiers séparez , et
d'unegrandeur raisonnable avec des marges,
et que les noms propres , sur tout , soient exactement
écrits.
Nous aurons toujours les mêmes égards
pour les Auteurs qui ne veulent pas se faire
connoître ; mais il seroit bon qu'ils donnassènt
une adresse , sur tout quand il s'agit de
quelque Ouvrage qui peut demander des
éclaircissemens ; car souvent faute d'un tel secours
, des Pieces nous demeurent entre les:
mains , sans pouvoir les faire paroître.
Nous prions ceux qui par le moyen de leurs
correspondances reçoivent des nouvelles d'Affrique
du Levant , de Perse , de Tartarie
dia
G
AVERTISSEMENT.
les
du Japon , de la Chine , des Indes Orientales
et Occidentales et d'autres Pays et Contrées
éloignées , de vouloir nous en faire part
à l'adresse generale du Mercure. Ces nouvelles
peuvent rouler sur les guerres présentes
des Etats voisins , leurs Révolutions ,
Traite de Paix ou de Tréve , les оссира-
tions des Souverains , la Religion des Peuples
,leurs Ceremonies , Coûtumes et Usages,
les Phénomenes et les productions de la Nature
et de l'Art , etc. comme Pierres figurées ,
Marcassites rares , Pétrifications et Christalisations
extraordinaires , Coquillages , etc.
Nous serons plus attentifs que jamais à
apprendre au Public la mort des Sçavans et
de ceux qui se sont distinguez dans les Arts
et dans la Mécanique ; on y joindra le récit
de leurs principales occupations , et des plus
considérables actions de leur vie. L'Histoire
des Lettres et des Arts doit cette marque de
reconnoissance à la mémoire de ceux qui s'y
sont rendus celebres , ou qui les ont cultiveZ
avec soin. Nous esperons que les parens et
les amis de ces illustres Morts aideront volontiers
à leur rendre ce devoir par les instructions
qu'ils voudront bien nous fournir.
Ce que nous venons de dire , regarde nonseulement
Paris , mais encore toutes les Provinces
du Royaume , qui peuvent fournir des
Evenemens considerables Morts , Mariages
, Actes solemnels , Fêtes et autres
A vj Faits
3
AVERTISSEMENT.
Faits dignes d'êtres transmis à la posterité.
Nous prions les personnes qui nous font
l'honneur de nous écrire pour demander des
nouvelles ou des éclaircissemens sur quelque
chose que ce soit , qui se trouve imprimé
dans ce Livre , et à laquelle ils prennent interêt
; nous prions , disje , ces personnes de
vouloir bien citer l'année , le mois , la page
même du Mercure dans lequel ils ont lû ce
qui fait le sujet de leur demande , pour nous
mettre en état de leur donner une plus prompte
satisfaction ; car il est impossible que nous
ayons assez présents toutes les matieres et
tous les arcicles contenus dans un´si grand
nombre de Volumes , pour sçavoir à point
nommé où trouver la chose dont il s'agit.
le tems nous étant d'ailleurs assez précieux.
Cet Avis servira de réponse à la Lettre
qu'on nous a écrite de Villeneuve d'Agenois
le 29. Novembre 1730 .
Il nous reste à marquer notre reconnoissance
et à remercier au nom du Public plusieurs
Sçavans du premier ordre , et quantité
d'autres personnes d'un mérite distingué,
dont les productions enrichissent le Mercure,
et le font lire et rechercher.
Voici le cent trente- septième Volume du
Mercure de France , que nous avons
l'honneur de présenter au Public , depuis le
mois de fuin 1721. que nous y travaillons ,
sans que ce Livre ait souffert aucune interruption
, ayant toujours paru régulierement
au tems marqué , et quelquefois même avec
des Supplémens , selon l'exigence des cas ,
de quoi nos Lecteurs ne se sont pas plaint.
Nous
redoublerons nos soins et notre application
,» pour que la lecture du Mercure soit
desarmais encore plus utile et plus amusante.
Nous sommes cependant bien éloignez du
nombre des Mercures de la composition defen
M. de Visé , qui jusques et compris le mois de
May 1710. tems de sa mort , en avoit fait
paroître 483. Volumes , lesquels sont aujour→
d'hui fort recherchez pour quantité de faits
historiques qu'on ne trouve que dans cet Ouvrage
, et dont il n'y a peut être pas de collection
parfaitement complette , si ce n'est
celle qui est à la Bibliotheque du Roi,
il ne manque pas un seul Volume de toute
la suite des Mercures depuis les premiers
que M.de Visé fit paroître jusqu'aujourd'hui.
ой
En remerciant nos Lecteurs du cas qu'ils
daignent faire de ce Livre , nous leur demandons
AVERTISSEMENT
.
mandons toujours quelque indulgence pour
les endroits qui paroîtront négligez et dont
la diction n'est pas assez ehatiée . Le Lecteur
judicieux fera , s'il lui plaît , reflexion
que dans un Ouvrage tel que celui - cy , il est
trés aisé de manquer , même dans les choses
les plus communes , dont chacune en parti
culier est facile , mais qui ramassées , font
une multiplicité si grande , qu'il est bien
malaisé de donner à toutes la même attention
, quelque soin qu'on y apporte ; sur tout
quand une collection est faite en aussi
de tems. Une chose qui paroît un peu
juste , c'est qu'on nous reproche assez souvent
des inattentions , et qu'on ne nous sçache aucun
gré des corrections sans nombre qu'on
fait et des fautes qu'on évite .
pen
in-
Nous faisons de la part du Public de
nouvelles instances aux Libraires qui en- .
voyent des Livres pour les annoncer dans
le Mercure , d'en marquer le prix au juste ;
cela sert beaucoup dans les Provinces aux
personnes qui se déterminent là-dessus à les
acheter, et qui ne sont pas sûrs de l'exactitude
des Messagers et des autres personnes
qu'elles chargent de leurs commissions , qui
souvent les font surpayer,
On invite ici les Marchands et les Onvriers
qui ont quelques nouvelles Modes ,
soitpar des Etoffes nouvelles , Habits Ajustemens
, Perruques , Coëffures , Ornemens de
A iiij tête
AVERTISSEMENT.
que gête et autres parures , ainsi de meubles,
Carosses , Chaises et autres choses , soit pour
P'utilité , soit pour l'agrément , d'en donner
quelques Memoires pour en avertir le Public
, ce qui pourrafaire plaisir à divers Particuliers,
et procurer un débit avantageux
aux Marchans et aux Ouvriers.
Plusieurs Pieces en Prose et en Vers ,
envoyées pour le Mercure , sont souvent si
mal écrites qu'on ne peut les déchifrer , et
elles sont pour cela rejettées ; d'autres sont
bonnes à quelques égards , et défectueuses en
d'autres ; lorsquelles peuvent en valoir la peine
, nous les retouchons avec soin ; mais comme
nous ne prenons ce parti qu'avec peine ,
nous prions les Auteurs de ne le pas trouver
mauvais , et de travailler leurs Ouvrages
avec le plus d'attention qu'il leur sera possible.
Si on sçavoit leur addresse , on leur
indiqueroit les défectuositez et les corrections
à faire.
Les Sçavans et les Curieux sont priez de
vouloir concourir avec nous pour rendre ce
Livre encore plus utile et plus agréable , en
nous communiquant les Memoires et les Pieces
en Prose et en Vers , qui peuvent instruire
et amuser. Aucun point de Litterature
n'est exclus de ce Recueil , où l'on tâche de
mettre une agréable varieté , Poësies , Elaquence
, nouvelles Découvertes dans les Arts
et dans les Sciences , Morale , Antiquités ,
HisAVERTISSEMENT.
Histoire sacrée et profane , Historiette , Mythologie
, Physique et Métaphysique , Pieces
de Théatre, Jurisprudence, Anatomie et Médecine
, Critique, Mathématique, Mémoires,
Projets , Traductions , Grammaire , Pieces
amusantes et récréatives , etc. Quand les
morceaux d'une certaine considération seront
trop longs , on les placera dans un Volume
extraordinaire , on fera ensorte qu'on puisse
les en détacherfacilement , pour la satisfaction
des Auteurs et des personnes qui ne
veulent avoir que certaines Pieces.
Quelques morceaux de Prose et de Vers
rejeitez par bonnes raisons , ont souvent donné
lieu à des plaintes de la part des per
sonnes interessées ; mais nous les prions de
considerer que c'est toujours malgré nous que
certaines Pieces sont rebutées ; nous ne nous
en rapportons pas toujours à notre seul ju
gement dans le choix que nous faisons de
eelles qui méritent l'impression.
Quoiqu'on ait toujours la précaution de
faire mettre un Avis à la tête de chaque
Mercure ,pour avertir qu'on ne recevra point
de Lettres ni Paquets par la Postel dont le
port ne soit affranchi , il en vient cependant
quelquefois qu'on est obligé de rebuter. Ceux
qui n'auront pas pris cette précaution ne doi
vent pas être surpris de ne pas voir paroî
tre les Pieces qu'ils ont envoyées .
Les personnes qui désirent avoir le Mer
A v Curc
AVERTISSEMENT.
cure des premiers , soit dans les Provinces on
dans les Pais Etrangers , n'auront qu'à s'addresser
à M. Moreau , Commis au Mercure,
vis-à- vis la Comedie Françoise , à Paris ,
qui le leur envoyera par la voye la plus convenable
, et avant qu'il soit en vente ici. Les
amis à qui on s'adresse pour cela ne sont
ordinairement fort exacts ; ils n'envoyent
gueres acheter ce Livre précisément dans le
tems qu'il paroît; ils ne manquent pas de lo
Lire , souvent ils le prêtent à d'autres , et ne
l'envoyent que fort tard , sous le prétexte specieux
que le Mercure n'a pas paru plutôt.
pas
Nous renouvellons la priere que nous avons
déja faite , quand on envoye des Pieces , soit
en Vers , soit en Prose , de les faire transcrire
lisiblement sur des papiers séparez , et
d'unegrandeur raisonnable avec des marges,
et que les noms propres , sur tout , soient exactement
écrits.
Nous aurons toujours les mêmes égards
pour les Auteurs qui ne veulent pas se faire
connoître ; mais il seroit bon qu'ils donnassènt
une adresse , sur tout quand il s'agit de
quelque Ouvrage qui peut demander des
éclaircissemens ; car souvent faute d'un tel secours
, des Pieces nous demeurent entre les:
mains , sans pouvoir les faire paroître.
Nous prions ceux qui par le moyen de leurs
correspondances reçoivent des nouvelles d'Affrique
du Levant , de Perse , de Tartarie
dia
G
AVERTISSEMENT.
les
du Japon , de la Chine , des Indes Orientales
et Occidentales et d'autres Pays et Contrées
éloignées , de vouloir nous en faire part
à l'adresse generale du Mercure. Ces nouvelles
peuvent rouler sur les guerres présentes
des Etats voisins , leurs Révolutions ,
Traite de Paix ou de Tréve , les оссира-
tions des Souverains , la Religion des Peuples
,leurs Ceremonies , Coûtumes et Usages,
les Phénomenes et les productions de la Nature
et de l'Art , etc. comme Pierres figurées ,
Marcassites rares , Pétrifications et Christalisations
extraordinaires , Coquillages , etc.
Nous serons plus attentifs que jamais à
apprendre au Public la mort des Sçavans et
de ceux qui se sont distinguez dans les Arts
et dans la Mécanique ; on y joindra le récit
de leurs principales occupations , et des plus
considérables actions de leur vie. L'Histoire
des Lettres et des Arts doit cette marque de
reconnoissance à la mémoire de ceux qui s'y
sont rendus celebres , ou qui les ont cultiveZ
avec soin. Nous esperons que les parens et
les amis de ces illustres Morts aideront volontiers
à leur rendre ce devoir par les instructions
qu'ils voudront bien nous fournir.
Ce que nous venons de dire , regarde nonseulement
Paris , mais encore toutes les Provinces
du Royaume , qui peuvent fournir des
Evenemens considerables Morts , Mariages
, Actes solemnels , Fêtes et autres
A vj Faits
3
AVERTISSEMENT.
Faits dignes d'êtres transmis à la posterité.
Nous prions les personnes qui nous font
l'honneur de nous écrire pour demander des
nouvelles ou des éclaircissemens sur quelque
chose que ce soit , qui se trouve imprimé
dans ce Livre , et à laquelle ils prennent interêt
; nous prions , disje , ces personnes de
vouloir bien citer l'année , le mois , la page
même du Mercure dans lequel ils ont lû ce
qui fait le sujet de leur demande , pour nous
mettre en état de leur donner une plus prompte
satisfaction ; car il est impossible que nous
ayons assez présents toutes les matieres et
tous les arcicles contenus dans un´si grand
nombre de Volumes , pour sçavoir à point
nommé où trouver la chose dont il s'agit.
le tems nous étant d'ailleurs assez précieux.
Cet Avis servira de réponse à la Lettre
qu'on nous a écrite de Villeneuve d'Agenois
le 29. Novembre 1730 .
Il nous reste à marquer notre reconnoissance
et à remercier au nom du Public plusieurs
Sçavans du premier ordre , et quantité
d'autres personnes d'un mérite distingué,
dont les productions enrichissent le Mercure,
et le font lire et rechercher.
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Résumé : AVERTISSEMENT.
Le Mercure de France, publié sans interruption depuis juin 1721, annonce dans son cent trente-septième volume son intention de rendre la lecture plus utile et amusante. Les éditeurs reconnaissent la valeur historique des volumes précédents, publiés par M. de Visé, qui sont très prisés pour leur contenu historique. La bibliothèque du Roi possède une collection complète de ces volumes. Les éditeurs sollicitent l'indulgence des lecteurs pour les négligences et erreurs, soulignant la difficulté de maintenir une haute qualité dans une publication aussi vaste et régulière. Ils demandent aux libraires de préciser le prix des livres annoncés et aux marchands de partager les nouvelles modes et innovations. Les auteurs sont invités à bien écrire et à corriger leurs œuvres avant de les soumettre. Le Mercure accepte diverses contributions, allant de la poésie à la jurisprudence, en passant par les découvertes scientifiques et les pièces de théâtre. Les textes trop longs seront placés dans des volumes extraordinaires. Les éditeurs rappellent également les précautions à prendre pour l'envoi des manuscrits et des lettres. Les correspondants sont encouragés à partager des nouvelles de régions éloignées et des informations sur des événements notables, tels que des décès de savants ou des révolutions. Les lecteurs sont invités à citer précisément les références des articles qu'ils consultent pour faciliter les réponses aux demandes d'informations. Enfin, les éditeurs expriment leur gratitude envers les savants et les personnes de mérite qui contribuent au Mercure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 178-203
ARRETS, DECLARATIONS, ORDONNANCES, &c.
Début :
ARREST du 3. Octobre, qui proroge jusqu'au dernier Decembre 1732. l'exemption [...]
Mots clefs :
Arrêt, Déclaration, Ordonnance, Exemption, Droits d'entrée, Bestiaux, Marchands, Police, Tarif, Régiment
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARRETS, DECLARATIONS, ORDONNANCES, &c.
ARRESTS , DECLARATIONS ,
ORDONNANCES , &c.
RREST du 3. Octobre , qui proroge jus-
Aqu'au dernier Decembre 1732. l'exemption
de Droits d'entrée sur les Bestiaux venant des
Pays Etrangers.
AUTRE du 7. Novembre , qui permet aux
Marchands et Fabricans de Bas de la Ville de
Saint
JANVIER. 1731. 179
aint Amand d'envoyer tricoter leurs laines dans
a Châtellenic de Tournay , en payant par les
Prevôt et Echevins de ladite Ville de Saint Amand
trois cens livres par an , pour tenir lieu des Droits
d'entrée du Tarif de 1671. et en observant les
formalités prescrites par le présent Arrêt.
SENTENCE de Police du 17. Novembre,
qui renouvelle les défenses à tous Logeurs de
retirer chez eux aucuns Particuliers sans aveu ,
ni Domestiques ou Ouvriers , s'ils ne sont munis
de certificats de leurs Maîtres , et qui condamne
en differentes amendes plusieurs Logeurs , pour
avoir contrevenu aux Reglemens de Police , concernant
la tenuë des Chambres garnies.
2
AUTRE du même jour , qui condamne la
Weuve Constant , Limonadiere en deux cens
Kvres d'amende , et à avoir sa Boutique murée
ndant six mois , pour avoir contrevenu aux
Arrêts , Sentences et Ordonnances de Police ,
concernant les Limonadiers.
DECLARATION du Roi , en faveur de
'Hôpital General , donnée à Marli le 26. Novembre
1730. registrée en Parlement le 9. Decembre
, par laquelle S. M. ordonne que pendant
le courant de l'année prochaine 1731. il soit
perçu au profit dudit Hôpital dix sols par chaque
voye de bois à brûler , et deux sols par chaque
voye de charbon de bois qui seront venduës
sur les Ports , Quais et Chantiers de la Ville de
Paris , lesdits droits payables ainsi qu'il a été
ordonné par nos Déclarations des 3. Janvier ,
21 Decembre 1728. et 20. Decembre 1729. sça .
voir , moitié par les Marchands de bois et de
charbon , et l'autre moitié par les acheteurs.
Voulons
180 MERCURE DE FRANCÉ
Voulons qu'après le dernier Decembre 173 1.
lesdits droits demeurent éteints et supprimés.
du 28
JUGEMENT en dernier ressort ,
Novembre 1736. rendu par M. Hérault , Conseiller
d'Etat , Lieutenant General de Police, et les
Conseillers du Châtelet , Commissaires en cette
partie. Contre Joseph Martin , dit S Martin
au sujet des Cloches fonduës, dont il a été parlé,
par lequel il est dit ce qui suit : Ordonnons que
les 6 Cloches fondues par Joseph Martin,en execution
du marché passé entre le sieur Mendés
de Goës et lui devant de Laleu et son Confrere,
Notaires au Châtelet de Paris , lè 21 Nov. 1729.
Charpente et Ferrure en dépendantes , demeureront
pour le compte dudit Martin et à ses risques
: Et en consequence le condamnons et par
corps , à rendre au sieur Mendés de Goës , la
quantité de 84565 liv. de Cuivre de la même espece
et qualité que celui qui a été fournit audit
Martin , et 18087 liv. d'Etain d'Angleterre en
Saumon , et ce dans huitaine , à compter du jour
de la signification du present Jugement , sinon
et à faute de ce faire dans ledit temps , et icelui
passé , le condamnons par les mêmes voyes ,
payer audit sieur Mendés de Goës la somme
laquelle se trouvera monter le prix desd . Matieres,
suivant le calcul qui en sera fait par M.de Mont-
Hambert , Conseiller , Commissaire Rapporteur ,
sur les factures , marchez et quittances , dont la
representation sera faite audit cas , par le sieur
Mendés , ledit Joseph Martin present ou dúëment
appellé : Condamnons en outre ledit Martin
par les mêmes voyes à rendre et à payer aud.
sieur Mendés de Goës la somme de 22000 l.d'une
part , par lui payée audit Martin , aux termes
dudit Traité, avec les interêts tant de lad, somme
de
JANVIER . 181 1731.
de 22000 liv que de celle à laquelle
montera le
prix desd. matieres
, faute de restitution
d'icelles
en nature , comme
dit est , à compter
du 24 Oct.
dernier , jour de la demande
, et en la somme de
8000 1. d'autre part , à quoi nous avons arbitré
les dommages
, interêts
demandez
par le sieur
Mendés
de Goes. Et pour faciliter le payement
de toutes lesd. condamnations
,ordonnons
qu'à la
requête dud. sieur Mendés de Goes il sera procédé
à la vente desd . 6 Cloches , leurs appartenances
et dépendances
, ledit Joseph Martin present
ou dûement
appellé , après 3 expositions
et
publications
en la maniere
et aux jours accoûtumez
et Affiches
préalablement
apposées, pour
le prix qui en proviendra
être délivré aud. sicur
Menés de Goes , sur et tant moins , ou jusques à
concurrence
des sommes
cy-dessus à lui anjugées
; quoi faisant par lesd. Adjudicataires
, ils en
seront valablement
quittes, et led . Joseph Martin
d'autant
déchargé
. Condamnons
led . Joseph Martin
en tous les dépens,même aux coûts des Rapports
et fraits faits pour y parvenir
, ensemble
aux
dépens reservez . Déclarons
le present Jugement
commun
avec Antoine
Martin
et Claude Regnault
, cautions
dudit Joseph Martin : Ce faisant
, les condamnons
solidairement
avec lui
ainsi qu'ils y sont obligez par l'Acte passé par
devant ledie de Laleu et son Confrere
, Notaires
à Paris , le 20 Janv. dernier , tant à la restitution
desd. matieres
, qu'au payement
cesd. sommes
principales
, aux termes du present Jugement
, interêts
d'icelles
, et dommages
, interêts , avec dépens.
Et attendu les contraventions
et prévarications
dudit Joseph
Martin, déclarons
à son égard
ledit Marché
, cy - devant
datté , nul et résolu
pour l'avenir. Faisons
défenses
audit Joseph
Martin d'entreprendte
tant dans la Ville de Paris
I que
}
182 MERCURE DE FRANCE
que
dans l'étenduë du Royaume, aucun Ouvrage
de Fonte, sous telles peines qu'il appartiendra : Et
faisant droit sur la Requête desd. Antoine Martin
et Claude Regnault, du 20 du present mois, condamnons
ledit Joseph Martin par toutes voyes
dues et raisonnables , à les acquitter , garentir et
indemniser de toutes les condamnations cy - dessus
prononcées contr'eux , avec dépens , &c.
ARREST du même jour , qui décharge du
payement des 4 sols pour livre , le Hareng provenant
de la pêche des habitans de Dunkerque.
AUTRE du même jour , qui renouvelle les
deffenses de l'introduction , port et usage des
Toiles peintes ou teintes , Ecorces d'arbres ou
Etoffes de la Chine , des Indes et du Levant.
EDIT DU ROY portant création d'une
Charge de Garde du Trésor Royal triennal ,pour
entrer en exercice , au 1 Janvier de l'année prochaine
1731.Donné à Marly au mois de Novembre
1730. Registré en Parlement le 16 Decem→
bre.
ARREST du 3 Decembre , qui proroge jusqu'au
dernier Juin 1731. l'exécution de ceux des
Dec. 1729. et 27 Juin 1730. portant que tous
ceux qui remettront aux Hôtels des Monnoyes, en
Piastres ou autres matieres d'Or et d'Argent,une
somme de 1ooo liv . et au dessus , continueront
d'être payez des 4 den. pour liv. jusqu'audit jour
dernier Juin 173 1 .
ORDONNANCE DU ROY du même jour ,
pour regler les differentes Classes de ceux qui se
ront reçûs à l'Hôtel Royal des Invalides , par
laquelle S. M. ordonne ce qui suit :
ART. I.
JANVIER. 171. 183
1
ART. I. Nul ne pourra être reçû à l'Hôtel Royal
des Invalides, s'il n'a,conformément auReglement
du 3 Janvier 1710. au moins vingt ans de service,
consécutifs et sans interruption , ou.qu'il n'ait
été estropié , ou griévement blessé au service du
Roy , suivant les Certificats qui seront rapportez
des Commandans et Majors des Corps , visez des
Directeurs ou Inspecteurs. Pourront, aux termes
de l'Art.VIII.de l'Ordonnance du 10 Mars 1729.
ceux qui auront renouvellé deux fois des Engagemens
de 6 ans, être reçûs après leur expiration:
N'entend neanmoins S. M. que ceux qui auront
servi le temps prescrit , soient admis à l'Hôtel
s'ils se trouvent , par leur âge et par leur santé
en état de continuer.
II. Il n'y aura que trois Classes dans l'Hôtel
Royal des Invalides .
III. La premiere sera composée des Officiers des
Troupes du Roy , des Gardes du Corps , Gendarmes,
Chevaux- Legers, Mousquetaires de la garde,,
des Sergens de la Compagnie des Grenadiers à
Cheval, lorsqu'ils auront servi s ans en lad. qualité
de Sergent , et des Sergens des Regimens des
Gardes-Françoises et Suisses , après 10 ans de
service en ladite qualité . Les Officiers de la Connétablie
et des Maréchaussées , y compris les
Exemps , seront pareillement reçûs , après avoir
été dix ans Officiers. Le traitement de ceux de
cette premiere Classe continuera d'être fait sur
le pied ordinaire et accoûtumé.
IV. La seconde Classe sera composée des Gendarmes
et Chevaux - Legers desCompagnies d'ordonnance,
Grenadiers à Cheval , Maréchaux des
Logis de la Cavalerie et de Dragons , et des Sergens
d'Infanterie , lorsqu'ils auront servi dix ans
dans lesdites qualitez, Ceux qui après avoir été
tirez de la Cavalerie pour entrer dans les Gardes
I j da
14 MERCURE DE FRANCE.
du Corps, sont depuis rentrez -dans la Cavalerie ,
y seront pareillement admis ; de même encore
les Gardes - Magazins , Capitaines et Conducteurs
& Artillerie , après 30 ans de service , dont dix
ans en ladite qualité. Ceux de la presente Classe,
qui est la seconde , auront un habit distingué du
Soldat , suivant qu'il sera plus particulierement
réglé par le Sécrétaire d'Etat , ayant le département
de la Guerre ; ils porteront l'Epée , et recevront
chaque mois 15 sols , pour leurs menuës
dépenses ; ils logeront ensemble , dans un quartier
séparé , mangeront sans aucun mélange, dans
un même Réfectoire où ils seront nourris comme
Les Soldats,avec cette différence néanmoins,qu'ils
auront tous les matins un demi -setier de vin. Les
Gendarmes , Chevaux- Legers et Maréchaux des
Logis cyc-dessus , continueront d'être envoyez
dans la Compagnie créée en 1714.et dont le sieur
Jaquette a actuellement le commandement ; laquelle
Compagnie sera payée sur le pied reglé ,
jusques à concurrence du nombre effectif, quand
même il se trouveroit exceder celui qui a été fixé
lors de sa création. Il sera formé une seconde
Compagnie des Gendarmes , Chevaux - Legers ,
Maréchaux des Logis , Grenadiers à Cheval et
Sergens qui seront en état de servir , et elle sera
employée dans une garnison fixe.
V. La troisiéme Classe sera composée des
Soldats , Cavaliers et Dragons , Archers de la
Connétablie et des Maréchaussées , Maîtres ou
simples Ouvriers et Charretiers d'Artillerie , et
en tout ils continueront de recevoir le traitement
ordinaire.
VI. Les Gendarmes et Chevaux-Legers des
Compagnies d'ordonnance , les Maréchaux des
Logis de la Cavalerie et de Dragons , et les Sersens
d'Infanterie qui se trouveront avoir des
Brevets
JANVIER. 1731. 185
Brevets de Lieutenans , ne pourront être reçûs
comme Officiers , qu'après qu'ils auront servi
cinq ans en ladite qualité,
}
VII. Les Sergens des Grenadiers à Cheval et
ceux des Regimens des Gardes Françoises et Suisses
, lorsqu'ils n'auront pas les services en ladite
qualité marquez en l'Article III. de la presente
Ordonnance , pour la Classe des Officiers , ne
pourront être reçûs que dans la seconde Classe.
مد
VIII. Les Maréchaux des Logis de la Cayalerie
et de Dragons , les Grenadiers à Cheval,
Gendarmes et Chevaux- Legers des Compagnies
d'ordonnance , et les Sergens d'Infanterie , lors
qu'ils n'auront pas servi dans lesdites qualitez le
tems marqué par P'Art. IV. pour entrer dans la
seconde Classe , ne pourront être reçûs que dans
--la troisiéme.
IX. Veut neanmoins Sa Majesté , que les Cavaliers
et les Dragons étant actuellement àl'Hôtel
, ausquels il a été accordé un demi - setier de
vin tous les deux jours , et ceux qui sont appellez
Sergens brevetez , continuent d'être traitez comme
ils le sont actuellement tant qu'ils vivront ,
sans neanmoins qu'aucun autre puisse être admis
nouvellement au même traitement.
X. La presente Ordonnance commencera d'a
voir son execution au 1 Janvier 1731. S. M. dérogeant
à toutes dispositions à ce contraires , &c.
DECLARATION du Roi , portant sup
pression de differentes formules des Actes des
Notaires de la Ville de Paris , et ordonne une
formule uniforme , donnée à Versailles le 5. De
cembre 1730. registrée en la Cour des Aides le
15. Decembre.
ARREST du même jour , qui déclare nuls
I iij après
186 MERCURE DE FRANCE
après le premier Avril prochain les Ordonnances
de Liquidation et Quittances de finances des
Offices supprimés sur les Ports , Quais , Halles,
et Marchés de la Ville de Paris , ensemble les
Recepissés du Tresor Royal , expediés pour remboursement
desdites finances , faute de les avoir
employés conformément à l'Edit du mois de
Juin et à l'Arrêt du 22. Octobre dernier.
AUTRE du même jour , qui ordonne que
les draps , serges et autres étoffes de laine , ou
fil et laine , marqués du plomb de fabrique , et
qui après avoir reçû leur dernier apprêt seront
destinés , soit pour les Villes du Royaume y
mentionnées , ou pour l'Etranger , seront préa-
Jablement apportés dans les Bureaux des Marchands
Drapiers et Merciers desdites Villes , pour
avant leur départ y être visités et marqués du
plomb de Contrôle desdits Bureaux , s'ils se
trouvent fabriqués , teints et apprêtés en confor
mité des Reglemens.
AUTRE du même jour , concernant les
ensaisinemens et enregistrement pour les biens
tenus dans la mouvance du Roi , par lequel S. M.
fait très expresses inhibitions et deffenses aux Receveurs
et Contrôleurs géneraux de ses domaines
de faire aucunes poursuites pour l'ensaisinement
ou enregistrement ordonnés par les Edits dest
mois de Decembre 1701. et Decembre 1727.
Déclarations et Arrêts rendus en consequence ,
et d'en exiger les droits d'ensaisinemens ou enregistremens
et de contrôle d'iceux que dans l'étendue
des Terres qui sont constament et notoirement
du domaine de S. M. par Elle possedées
ou engagées , à peine de restitution du quadruple
des droits qu'ils auront reçus , dont la peine
ne
JANVIER. 1731. 187
ne pourra être remise ni moderée , sauf à eux
d'informer le Sieur Contrôleur Géneral des Finances
des usurpations faites sur le domaine
pour y être pourvû ainsi que S. M. le jugera à
propos , et en cas que les Terres soient déclarées
domaniales , à poursuivre par eux les vassaux et
censitaires desdites Terres , pour satisfaire aux
ensaisinemens ou enregistremens et Contrôle d'iceux
, et pour en payer les droits , ainsi qu'il
est porté par les Edits , Déclarations et Reglemens
& c.
ORDONNANCE du Roi du même jour,
portant nouveau Reglement sur des Voitures qui
seront fournies aux Troupes pendant leur marche.
AUTRE du même jour , portant suppres
sion de la Commission de Colonel Géneral de
Infanterie Françoise et Etrangere , par laquelle
S. M. ordonne que le titre et les fonctions de
Colonel General de son Infanterie Françoise et
Etrangere seront et demeureront doresnavant
supprimés , conformément à l'Edit du mois de
Juillet 1661. sans pouvoir être ci - après rétablis,
soit par commission ou autrement , pour quelque
raison ou sous quelque prétexte que ce
puisse être.
Que les Mestres de Camp de ses Régimens
d'Infanterie Françoise et Etrangere prendront à
l'avenir , et à commencer du jour de la publication
de la présente Ordonnance , la qualité de
Colonels , sans que pour raison de ce change
ment ils soient tenus de prendre de nouvelles
Commissions de S. M. laquelle veut et entend
qu'au moyen de celles qui leur ont été ci devant
expediées , ils continuent de commander lesdits
Regimens en qualité de Colonels , sous l'autorité
de S. M.
I j Que
188 MERCURE DE FRANCE.
Que le Drapeau blanc sera remis le jour de
ladite publication à la suite de la Compagnie
commandée par le Colonel de chaque Régiment,
laquelle sera doresnavant la premiere ; que celle
du Lieutenant Colonel cessera d'être appellée la
Colonelle Génerale , qu'elle ne sera que la seconde
Compagnie , et sera subordonnée sans difficulté
au Colonel du Régiment.
Qu'au surplus , l'ordre et le commandement
seront rétablis dans lesdits Régimens d'Infanterie
Françoise et Etrangere sur le même pied qu'ils
étoient avant l'Ordonnance du 30. May 1721. à
laquelle S. M. a dérogé et déroge expressément
par la présente &c.
AUTRE du ro . Decembre , portant Réglement
sur les Congez qui pourront être donnez
à l'avenir aux Soldats , Cavaliers et Dragons qui
auront besoin de s'absenter.
SENTENCE de Police du 15. Decembre,
concernant la liberté de la Voye publique , et
qui défend à toutes sortes de personnes de se
placer au devant des Maisons avec des Echoppes
et Comptoirs , pour y vendre et étaller des Marchandifes.
ARREST du Parlement , rendu au sujet de
trois Imprimez.
Ce jour les Gens du Roi sont entrez , et Maître
Pierre Gilbert de Voisins , Avocat dudit Seigneur
Roi , portant la parole , ont dit.
MESSIEURS ,
L'Instruction Paftorale & le Mandement de
M. l'Archevêque d'Embrun faisoient trop de bruit
pour ne pas exciter notre attention ; & le genre
de ces deux Ouvrages ne laissoit pas lieu de craindre
JANVIER. 1731. 189
dre que notre miniftere pût les négliger. Le premier
déja sous nos yeux , occupoit nos réflexions ;
Pautre faisoit l'objet de nos recherches , et ne
leur eût pas long - tems échappé , lorsque l'occa
sion s'est presentée à la Cour de nous les remettre
elle- même. Un troisiéme imprimé qui porte
le nom de M. l'ancien Evêque d'Apt , est tombé
depuis entre nos mains. Quoique different par le
titre d'une fimple Lettre , il a dailleurs tant de
rapport à ce qui fait l'objet des deux autres Ouvrages
, que nous n'avons pas crû devoir les sé→
parer.
C'est avec douleur que nous voyons d'abord
deux Ecrits publiez sous un titre respectable , et
tous deux partis de la main du même Prélat , devenir
jusques sous vos yeux un nouveau signal de
discorde , nous rappeller les maux passez, et nous
en faire craindre de nouveaux .
L'Instruction Pastorale de M. l'Archevêque
d'Embrun paroît destinée à combattre les Ecrits
d'un autre Prélat , dont plusieurs ont été suppli
mez par vos Arrêts. Il ne lui eût pas été difficile
de se renfermer dans les avantages de sa cause..
Mais il semble qu'il ait mieux aimé chercher les
écueils. Indépendamment des points de Doctrine
qui ne sçauroient nous regarder , l'étendue et la
diversité de l'ouvrage , offrent tant d'objets differens
à l'attention du Magistrat , qu'il n'est pas
possible de tout relever. On ne se contente pas d'y
opposer les reproches aux reproches , & les termes :
les moins mesurez aux expressions du même genre.
Vous y remarquerez , Messieurs , tantôt um
silence suspect sur nos maximes , et tantôt les at--
teintes plus ou moins marquées qu'elles semblent
recevoir: une affectation à confondre les circons
tances et les tems où les differentes démarches ont:
été placées , dans le cours des dernieres divisions ;:
I V less
190 MERCURE DE FRANCE.
les comparaisons les plus odieuses appliquées à ces
démarches ; & sur les matieres les plus importantes
, des idées et des expressions plus capables.
d'exciter la contradiction des esprits que de les
soumettre.
Comme si les maux de l'Eglise n'étoient pas as
sez grands d'eux-mêmes , cet Ouvrage les exagere
et ne semble propre qu'à en élogner les remedes.
De- là cette opposition continuelle qu'il met entre
ceux qu'il appelle Catholiques , et ceux à qui il
paroît refuser ce nom : ce titre de Secte, ces noms
de parti qu'il repete sans cesse , contre la disposition
des Loix les plus sages sur cette matiere.
On diroit qu'il s'empresse d'annoncer une séparation
, qui ne pouroit être regardée que comme
le dernier des malheurs ; & que par une funeste
impatience , il cherche à nous faire voir au
sein du Royaume , une diversité de Religion , dont
la seule idée devroit allarmer.
Il semble qu'on ne songe pas tant à deffendre
et à maintenir la Constitution Unigenitus , qu'à
y substituer ses propres pensées. Nous sçavons ,
Messieurs , quelle peut être en cette matiere la
fonction du Magistrat , et nous nous ferons toûjours
une religion de nous renfermer dans ses
bornes. Loin de nous la moindre pensée de considerer
la Bulle autrement que par l'exterieur,
sous lequel nous la voyons adressée à tous les fideles
, sous l'appui de l'autorité du Prince Protecteur
de l'Eglise. En se renfermant dans ce point
de vûë , on reconnoît dans ce Decret un jugement
qui censure des propositions en matiere de
Doctrine : Une censure respective sous des qualifications
differentes , sans application d'aucune
en particulier à aucune des propositions : Jugement
dont le caractere est autorisé par la pratique
de l'Eglise , et par l'usage qu'elle a fait souvent
JANVIER. 1731. 191
+
vent de ces sortes de qualifications respectives ,
pour le bien de la Religion. Mais lorsqu'avec des
termes affectez , on public que ce Jugement est...
précisément la regle à laquelle Jesus - Christ
veut que tout Fidele soumette sa croyance :
n'es -ce pas essayer d'en faire une définition ou
une décision des Dogmes de la Foy , passer les
termes du Decret , entreprendre de lui attribuer un
caractere , qu'à l'inspection seule il paroît exclure
: et par là prêter des armes à la résistance qui
s'opiniâtre à le combattre 2
C'est l'esprit que l'on voit regner par- tout dans
P'Instruction Pastorale , et le centre où se rapporte
presque à chaque page l'énergie trop claire de ses
expressions. Triste effet des extremitez où con init
l'ardeur des disputes ! M. l'Archevêque d'Embrun
& M. l'Evêque de Montpellier,si opposez en tout
le reste , paroissoient d'accord sur ce point . On
franchit de part et d'autre les bornes qu'une déference
reglée pour l'autorité légitime devroit
faire reconnoître . On se dissimule l'objet tel qu'il
est , et par des vûës contraires on s'accorde à le
changer , d'un côté pour le soutenir , et de l'autre
pour le combattre..
Si tel est le préjugé de M. l'Evêque de Montpellier
; convenir de ce principe avec lui, le prêter
à tous ceux qu'on voit soumis à la Constitution,
est- ce le moyen d'applanir les difficultez ? Seronsnous
surpris qu'en rapportant quelques - unes de
nos expressions , M. l'Archevêque d'Embrun les
applique à un excès tout contraire à celui qu'elles
* avoient pour objet ? Lorsque nous voyons que
dans les Loix émanées dé l'autorité souveraine, soit
sur la Constitution , soit sur les Appels au futur
Concile , il se flatte de trouver ce qui n'est ni dans .
leurs termes ni dans leur esprit.
Dans cette préocupation de ses pensées , si d'un
Ivj côté
192 MERCURE DE FRANCE.
côté il applaudit au zele des Puissances , de l'autre
il blâme sans détour ce qu'il appeile une pacifique
tolerance de leur part. Il craint un Parallele , il
s'en irrite, et ne cache pas son impatience. Aussi
interessé dans ses plaintes que dans ses éloges , on
voit qu'il rapporte tout à lui- même , et qu'il fait
dépendre sa satisfaction des partis extrêmes que
la charité Episcopale déplore toûjours , lors même
qu'elle les juge nécessaires..
Il est tems de passer au Mandement . Mais
quelles paroles peuvent exprimer ce que fait sentir
sa lecture? Pour l'honneur de l'Episcopat, que
n'est il possible d'effacer ce titre de Mandement
d'un Ouvrage si éloigné d'y répondre Il attaqueen
apparence un Ecrit , et c'est en effet contre les
personnes qu'il se déchaine. Il promet une réfutation
, et en attendant il ne répand que des inju
res. C'est ce qui tient lieu d'Instruction , à la tête
de la condamnation qu'un Evêque se croit en droit.
prononcer.
de
a
dau-
M. l'Archevêque d'Embrun a- t'il pû avec reflexion
faire servir le caractere de sa dignité , et la
sainteté de son ministere , une déclamation si
outrée et à une invective si sanglante? Est-ce pour
édifier ou pour convaincre , qu'il accumule et
qu'il répete sans cesse les termesde révolte ,
dace , de lirence effrenée , d'irreligion,d'impieté,
de blasphemes , de nouveaux monstres , de suffrages
honteux , témeraires , de sujets auda
cieux , de gens décriez ? En quel lieu un pareil
stile passera- t'il pour l'effet de la fermeté Episcopales
? C'est ainsi qu'on s'explique lorsque l'on
cherche à venger ses propres querelles Lezele desinter
ssé parle d'ordinaire un autre langage.
M.I'Archevêque d'Embrun semble oublier ce qu'il :
a dit dans son Instruction Pastorale , que dans de
semblables Ecrits devroient regner selon l'esprit
de:
JANVIER. 17312 193
de Jesus Christ l'humilité, la douceur, la charité.-
Auroit- il aussi oublié les sentimens dont il s'éss
fait honneur au même endroit , d'un Evéque qui
ne songe pas à sa propre défense , lorsque la foi
est en péril ?
On le voit ici , empruntant les termes de saint
Cyprien , sur les pas de ce Saint Martyr , de ce
grand Evêque d'Affrique , de cette Lumiere det
P'Eglise primitive , venir , l'Evangile à la main ,
s'offrir au martyre : Sacerdos Dei Evangelium
tenens , occidi poteft , non poteft vinci. Mais
Pimage disparoît , et il ne reste que l'étonnement
de l'application qu'il se fait d'un si grand exemple
: lors qu'en même tems il se reduit à tonner
contre un nombre de Jurisconsultes qui ne peuvent
avoir d'autres armes que le raisonnement et
le discours.
Ces hommes si méconnoissables dans le portrait
odieux qu'en fait ce Prélat , n'ont besoin:
pour être à couvert de ses atteintes , que de l'accés
qu'ils ont trouvé auprès de la bonté et de la
justice du Roi. Depuis que lui - même a bien
voulu declarer qu'il les regardoit comme de bons
et de fideles sujets ; c'est à M. l'Archevêque d'Embrun
à subir le poids d'un témoignage si auguste..
Auroit-il pensé à le contredire ? Souhaitons plutôt
qu'au 16. Decembre il ait ignoré à Embruns
ce que l'on sçavoit à tant d'autres lieux et présumons
qu'il a regret d'une démarche hazardée :
si à contre-tems.
Inutilement s'occuperoit-t'on à considerer de:
plus près un ouvrage de ce caractere. On ne s'attendra
pas à y trouver plus d'exactitude et de :
précision sur les principes , que de moderation
dans le discours . Un seul trait peut en faire juger..
M. l'Archevêque d'Embrun se plaint de ce qu'on
foumet en tout la Jurisdiction Ecclésiastique à
dess
194 MERCURE DE FRANCE
des Juges feculiers ,foumis eux- mêmes à l'autorité
qu'on blasphême : ce sont ses termes. Entend-
il que les Magistrats comme Chrétiens , et
en qualité de fideles , sont soumis à la puissance
spirituelle de l'Eglise indépendante de tout pouvoir
temporel Il sait qu'ils en font gloire , à
l'exemple du Roi , de qui seul ils tiennent l'autorité
qu'ils exercent , et que personne n'a jamais
pensé que leur état pût les exempter de cette soûmission
. Entend-il que le caractere et le pouvoir
des Magistrats releve de l'autorité spirituelle , et
qu'ils lui soient subordonnez dans leurs fonctions
? il attaque le fondement de nos plus inviolables
maximes , et confond la distinction immuable
que Dieu même a mise entre deux Puissances
immediatement émanées de lui .
Ce seroit peut être assez d'ajoûter que la
Lettre de M. l'ancien Evêque d'Apt , regarde les
mêmes objets que les deux autres Ouvrages , et
qu'on y remarque les mêmes excès. Elle y joint.
cependant des principes sur l'autorité du Pape ,,
qui suffiroient seuls pour nous obliger à nous .
élever contre cet Ecrit.
Mais ce qui surtout la distingue , et met le
comble à tout le reste , c'est que ce Prélat ne
craint point d'y rappeler le scandale d'un appel
qu'il interjetta il y a treize ans , "du Roi, mineur
au Koi majeur. Non content d'avoir alors offensé
la Majeste Royale , dont le caractere est toûjours
le même en France , et toûjours inséparable
de la personne du Roy , il renouvelle la memoire
de cet attentat : il triomphe , pour ainsi .
dire , d'avoir vu subir à cet acte séditieux les der--
nieres peines ; et il porte l'égarement jusqu'à s'en
faire un merite auprès du Roi même.
De quelques persones et de quelques lieux que
nous viennent de parcils Ecriis , ils ne peuvent
être
JANVIER. 1731. 195
être soufferts. A la vue du caractere dont les
deux premiers sont revêtus , nous laissons l'usage
des voyes de droit à ceux qui sont établis
pour les employer de plus près. Il nous suffit
de reclamer les Loix de la Police , l'interêt du
bon ordre et celui du repos public , pour suprimer
et pour proscrire ces Ouvrages Le troisiéme
n'est pas du même genre , et puisqu'il renouvelle
un attentat reprimé la premiere fois
plus severement sur les Lieux , il nous force à
vous demander de renouveller aussi cet exemple.
Ce sont , Messieurs , les differents motifs des
conclusions que nous avons crû devoir prendre ,
et que nous laissons à la Cour , avec des Imprimez
des trois écrits.
Eux retirez :
Vû les deux Imprimez , l'un intitulé : Instruction
Pastorale & Ordonnance de M. l'Arthevêque
Prince d'Embrun , portant défenses de
lire & de garder differens Ecrits publiez sous
le nom de M. l'Evêque de Montpellier à Grenoble
, chez Pierre Faure , Imprimeur- Libraire
de Monseigneur l'Illustrissime & Reverendissime
Archevêque Prince d'Embrun , ruë du
Palais , 1730. dattée du 12. Août 1730.
L'autre intitulé , Mandement de Monseigneur
l'Archevêque Prince d'Embrun , portant condamnation
d'un Ecrit , signé par quarante
Avocats intitulé Memoire pour les sieurs
Samson , Curé d'Olivet , Coïet , Curé d'Arnpis
Gaucher , Chanoine de Jargeau , Diocèse d'Orleans
, & autres Ecclesiastiques de differents
Diocéfes , Appellans comme d'abus contre M,
l'Evêque d'Orleans , autres Archevêques &
Evêques de differens Diocéses , Intimez , sur?
L'effet des Arrêts des Parlemens , tant provisoi-
> :
196 MERCURE DE FRANCE
res que diffinitifs en matiere d'appel comme
d'abus des Censures Ecclesiastiques ; à Grenoble
, chez André Faure , Imprimeur - Libraire
de Monseigneur l'Illustrissime & Reverendissime
Archevêque Prince d'Embrun , ruë du Palais
, 1730 daité du 16. Decembre 1730. Ensemble
l'Imprimé , intitulé , Lettre de Monsei
gneur l'ancien Evêque d'Apt , à Monseigneur
Evéque de Montpellier , en réponse d'une Lettre
Pastorale qu'il a faite contre fon Codicile ; à
Marseille , chez J. P. Brebion , imprimeur du
Roy , de Monseigneur l'Evêque d'Apt , & de la
Ville , dattée à la fin en ces termes : à Marseille,
ce 25 , Ottobre 1730. Ensemble les Conclusions
par écrit du Procureur General du Roy , la matiere
mise en déliberation.
:
La Cour a declaré et declare ledit Imprimé intitulé
Lettre de M. l'ancien Evêque d'Apt
séditieux , témeraire , tendant à la revolte et contraire
à l'autorité du Roy : a ordonné et ordonne
que ledit Ecrit sera laceré et brûlé en la Cour
du Palais , au pied du grand Escalier d'icelui , par
PExecuteur de la haute Justice.Ordonne pareillement
que lesdits deux Imprimez , l'un intitulé :
Instruction Pastorale , et l'autre , Mandement
de M. l'Archevêque d'Embrun , seront et demeu
reront supprimez , comme téméraires , séditieux ,
et tendants à troubler la tranquillité de l'Eglise
et de l'Etat. Enjoint à tous ceux qui auroient des
Exemplaires des susdits Imprimez , de les remettre
incessamment au Greffe de la Cour , pour y
être supprimez. Fait défenses à tous Imprimeurs ,
Libraires , Colporteurs et autres , de les impris
mer , vendre , debiter , ou autrement distribuer
sous peine d'être procedé contre eux extraordinairement.
Ordonne aussi , que Copies collation--
nées du présent Arrest seront envoyées aux Bail,
liages
JANVIER. 1731. 197
fiages et Sénéchaussées du Ressort , pour y être
lues , publiées et registrées. Enjoint aux Substi
tuts du Procureur general du Roi d'y tenir la
main , et d'en certifier la Cour dans un mois .
Fait en Parlement le vingt- neuf Janvier mil sept
cent trente-un. Signé YSABEAU.
Le Mardy trente Janvier mil sept cent trente-
un , à l'heure de midi , en execution de l'Arrêt
ci- deffus , imprimé y mentionné, intitulé :
Lettre de M. l'ancien Evêque d'Apt , a été laceré
et jetté au feu , au bas du grand Escalier du
Palais , par Executeur de la HauteJustice , en
prefence de nous Ellienne Henry fabeau , l'un
des trois premiers & principaux Commis pour
la Grand'Chambre , assisté de deux Huissiers
de ladite Cour. Signé YSABEAU .
ARREST de la Cour du Parlement. Ce jour
les Gens du Roi sont entrez , et Maître Pierre
Gilbert de Voisins , Avocat dudit Seigneur Roi ,
portant la parole , ont dit :
MESSIEURS , Pour peu que le nouveau
Libelle dont nous vous apportons un Exemplaire
ait déja paru sous vos yeux , vos réflexions auront
, sans doute , prévenu ce que nous pouvons
en dire aujourd'hui , et vous auront fait sentir
l'obligation où nous sommes de le déferer à la
Cour.
Sous le titre qu'il porte d'Avis aux Fideles de
PEglise de Paris , sur ce qu'ils ont à craindre
de la part des Confesseurs qui acceptent la
Constitution UNIGENITUS , on ne doit pas être
surpris d'y trouver l'esprit de parti , Pemportement
, les invectives que vos Arrêts ont tant de
fois condamnez dans des Ouvrages de ce genre..
Mais à ces excès qui s'y renouvellent , se joignent
d'autres caractères qui le rendent plus dangereux.
198 MERCURE DE FRANCE.
Son objet est d'éloigner les Fideles du Diocèse
de Paris des Ministres que l'autorité légitime leur
présente pour le Sacrement de la Penitence . Envain,
entre les Confesseurs soumis à la Constitution 2
il affecte de multiplier les classes & les distinctions
: il multiplie encore plus les reproches par
lesquels il cherche à les décrier. Les plus moderez
sont le plus en butte à ses atteintes . Tous universeliement
lui sont odieux , et il semble qu'ils le
lui deviennent davantage par l'approbation qui les
autorise.
Ainsi en travaillant à éloigner des Confesseurs
on ne craint pas d'éloigner de la Confession . On
seme sur les avenues du Tribunal institué par Jesus-
Christ , ce qu'on imagine d'obstacles plus
capables de le rendre inaccessible. On sent cette
conséquence ; on se l'oppose à soi - même ; et on
n'en est pas effrayé. Il n'est point de subtilitez
dangereuses qu'on n'employe pour éluder la nécessité
d'un Sacrement si salutaire. S'agit - il de
s'en approcher , on arrête par un vain phantôme
de difficultez odieuses ; on devient facile et relâché
jusques au scandale , dès qu'il s'agit de l'éviter.
On oublie enfin , on plutôt dissimule le précepte
formel de l'Eglise, et on semble méconnoître l'obligation
qu'elle impose de se presenter tous les ans
aux pieds de ses Ministres legitimes . Quels scandales
, et quels troubles dans les Cloîtres ? quels
desordres dans la vie civile ! fi un levain fi pernicieux
venoit à s'y répandre. Quelle irreligion
peut - être ne verroit- on pas y regner bient - tôt , â
la place des vaines terreurs dont l'Auteur essaye
d'armer sa témerité ?
C'en est trop pour la condamnation d'un Ouvrage
qui déja scandalise le public . Puisse en être
assez , pour ouvrir les yeux à ceux qu'une aveugle
préoccupation pourroit entraîner. Se peut- il
qu'on
JANVIER. 1731. 199
qu'on ne sente pas le danger des extrêmitez, d'où
l'on voit éclore des fruits si funestes ? Et faut - il
un autre motif , pour s'affermir dans la moderation
qui inspire des vues pacifiques , une soumission
legitime et un éloignement de tout excez
› C'est à vous , MESSIEURS , qu'il appartient
d'employer toute l'autorité des Loix contre un
pareil Libelle. Que celui que nous voyons paroître
aujourd'hui éprouve leur sévérité ; qu'il
subisse la derniere peine qu'elles prononcent contre
les Ouvrages qui excitent la juste indignation
du Magistrat. C'est ce que nous nous sommes
proposez dans les Conclusions que nous avons
prises , et que nous laissons à la Cour . Eux retirez
:
Vú le Libelle intitulé : Avis aux Fideles de
l'Eglise de Paris , sur ce qu'ils ont à craindre
de la part des Confesseurs qui acceptent la
Constitution UNIGENITUS . La matiere mise en
Déliberation. LA COUR a ordonné et ordonne
que
ledit Libelle sera lacéré et brûlé en la Cour
du Palais , au pied du grand Escalier d'icelui , par
l'Exécuteur de la Haute Justice. Fait tres - expresses
inhibitions et défenses à tous Imprimeurs etLibraires
, Colporteurs et autres , de l'imprimer ,
vendre , débiter ou autrement distribuer ; enjoint
à tous ceux qui en auroient des Exemplaires , de
les apporter incessamment au Greffe de la Cour
pour y être supprimez : Ordonne qu'à la requête
du Procureur General du Roy , il sera informé
pardevant Maître Louis de Vienne , Conseiller
, pour les témoins qui pourroient être entendus
dans cette Ville de Paris ; et à la poursuite
et diligence des Substituts du Procureur General
du Roy , pardevant les Lieutenans Criminels
ou autres Officiers des Bailliages , pour ceux qui
pourroient y être entendus , contre les Auteurs
dudit
zco MERCURE DE FRANCE.
dudit Libelle , et contre ceux qui Pauroient im
primé , vendu , débité ou autrement distribué ,
pour les informations faites , rapportées et communiquées
au Procureur general du Roy , être
par ledit Procureur general du Roy pris telles.
conclusions , et par la Cour ordonné ce qu'il ap
partiendra . Ordonne en outre que Copies collationnées
du present Arrêt , seront envoyées aux
Bailliages et Sénéchaussées du Ressort , pour y
être lúes , publiées et enregas ées : Enjoint aux
Substituts du Procureur general du Roy d'y tenir
la main et d'en certifier la Cour dans un mois.
Fait en Parlement le 12 Janvier 173 1 .
y
Signé Y SABE A U.
Le Vendredi 12 Janv. 1731 à l'heure de midi,
en exécution de l'Arrêt cy- dessus , l'Ecrit
mentionné a été lacéré et jetté au feu , au bas
du grand Escalier du Palais , par lExécu
teur de la Haute- Justice, en presence de Nous
Etienne- Henri Tsabeau, l'un des trois premiers
et principaux Commis pour la Grand Chambre,
assisté de deux Huissiers de ladite Cour.
ARREST du Parlement. Ce jour les Gens
du Roi sont entrés , et Maître Pierre Gilbert de
Voisins , Avocat dudit Seigneur Roi , portant la
parole , ont dit :
MESSIEURS nous n'avons point encore
vû de Libelle plus outré , ni plus condamnable
que celui qui vient de nous tomber entre les
mains. L'esprit de schisme y regne avec emportement
, et ce que vous avez déclaré le plus so-
Lemnellement abusif s'y trouve allegué , comme
ayant une pleine autorité ; mais ce qui met le
comble à la réprobation de ce Libelle , c'est qu'il
a pour objet d'établir qu'un Evêque , quelque
souris qu'il soit d'ailleurs à la Constitution Uni
genitus
1
JANVIER. 1731. 201
genitus , ne sçauroit communiquer avec ceux
qui y résistent , sans que ses Diocesains soient
en droit de se séparer de sa communion . Telle
est la proposition que porte le titre , et on n'en
sçauroit envisager les conséquences sans quelque
sorte d'effroi ; jamais peut- être on n'a poussé
si loin la révolte , l'égarement , le vertige. Nous
ne pouvons croire qu'un pareil Ecrit soit capable
de faire impression ; mais il n'en est pas moins
coupable ; et puisqu'il ose paroître , ce scandale
ne sçauroit trop - tot être expié par les flammes.
Nous requerons que ce Libelle , sans nom
d'Imprimeur , soit laceré et brûlé en la Cour du
Palais , au pied du grand Escalier , par l'Executeur
de la haute Justice ; que défenses soient
faites à tous Imprimeurs et Libraires , Colporteurs
et autres de l'imprimer , vendre débiter
ou autrement distribuer, Qu'il soit enjoint à
tous ceux qui en auroient des Exemplaires de
les apporter incessamment au Greffe de la Cour
pour y être supprimez. Qu'à notre Requête il
soit informé par devant un de Messieurs , pour
les témoins qui pourront être entendus à Paris
et à la poursuite et diligence de nos Substituts ,
par devant les Lieutenans Criminels , ou autres
Officiers des Bailliages , pour ceux qui pourroient
y être entendus , contre les Auteurs de ce Libelle ,
et contre ceux qui l'auroient imprimé , vendu
debité ou autrement distribué , pour sur les informations
faites , rapportées et à nous communiquées
être par nous pris telles conclusions , et
par la Cour ordonné ce qu'il appartiendra. Ordonne
que copies collationnées de l'Arrêt seront
envoyées aux Bailliages et Senéchaussées du Ressort
pour y être lues , publiées et enregistrées.
Enjoint à nos Substituts d'y tenir la main
d'en certifier la Cour dans un mois. Eux retirés :
>
et
Vû
202 MERCURE DE FRANCE
Vû ledit Libelle , intitulé : Réponse d'un Conseiller
faite au nom des Catholiques du Dio-
´cèse de ••• à Monsieur l'Abbé de *** pour
justifier leur séparation de communion d'avec
leur Evêque , et aux Communicateurs des Hé
retiques ou Schismatiques notoires , daté à la fin
ce 20. Mars 1730. La matiere sur ce mise en
déliberation .
La Cour a arrêté et ordonné , que ledit Libelle
sera laceré et brûlé en la Cour du Palais , au pied
du grand efcalier , par l'Executeur de la haute
Justice : Fait défenses à tous Imprimeurs & Libraires
,Colpolteurs et autres, de l'imprimer, vendre
, débiter ou autrement distribuer ; enjoint à
tous ceux qui en auroient des Exemplaires de les
apporter incessament au Greffe de la Cour pour
y être supprimés ; ordonne qu'à la requête du
Procureur Géneral du Roi il sera informé par
devant Me Louis de Vienne , Conseiller , pour
les témoins qui pourront être entendus à Paris ;
et à la poursuite et diligence des Substituts du
Procureur Géneral du Roi , par devant les Lieutenans
Criminels ou autres Officiers des Bailliages
, pour ceux qui pourroient y être entendus,
contre les Auteurs de ce Libelle et contre ceux
qui l'auroient imprimé , vendu , debité ou autrement
distribué pour , sur les informations faites ,
rapportées et communiquées au Procureur General
du Roi , être par lui pris telles conclusions,
et par la Cour ordonné ce qu'il appartiendra. Ordonne
que copies collationnées du présent Arrêt
seront envoyées aux Bailliages et Sénechaussées
du Ressort pour y être lues , publiées et enregistrées.
Enjoint aux Substituts du Procureur Ge.
neral du Roi d'y tenir la main et d'en certifier
la Cour dans un mois. Fait en Parlement le
trente et un Janvier mil sept cent trente un. Sigiré
, Y SABEAU.
7
JANVIER. 1731. 203
>
Et ledit jour Mercredi trente et un Janvier
mil sept cent trente-un à l'heure de midi ,
en execution de l'Arrêt ci - dessus , l'Ecrit y
mentionné a été laceré et jetté au feu au
bas du grand escalier du Palais , par l'Executeur
de la haute Justice , en présence de
nous Marie Dagobert Ysabeau , l'un des trois
premiers et principaux Commis pour la Grand
Chambre , assisté de deux Huissiers de ladite
Cour. Signé TS A BEAU.
ORDONNANCES , &c.
RREST du 3. Octobre , qui proroge jus-
Aqu'au dernier Decembre 1732. l'exemption
de Droits d'entrée sur les Bestiaux venant des
Pays Etrangers.
AUTRE du 7. Novembre , qui permet aux
Marchands et Fabricans de Bas de la Ville de
Saint
JANVIER. 1731. 179
aint Amand d'envoyer tricoter leurs laines dans
a Châtellenic de Tournay , en payant par les
Prevôt et Echevins de ladite Ville de Saint Amand
trois cens livres par an , pour tenir lieu des Droits
d'entrée du Tarif de 1671. et en observant les
formalités prescrites par le présent Arrêt.
SENTENCE de Police du 17. Novembre,
qui renouvelle les défenses à tous Logeurs de
retirer chez eux aucuns Particuliers sans aveu ,
ni Domestiques ou Ouvriers , s'ils ne sont munis
de certificats de leurs Maîtres , et qui condamne
en differentes amendes plusieurs Logeurs , pour
avoir contrevenu aux Reglemens de Police , concernant
la tenuë des Chambres garnies.
2
AUTRE du même jour , qui condamne la
Weuve Constant , Limonadiere en deux cens
Kvres d'amende , et à avoir sa Boutique murée
ndant six mois , pour avoir contrevenu aux
Arrêts , Sentences et Ordonnances de Police ,
concernant les Limonadiers.
DECLARATION du Roi , en faveur de
'Hôpital General , donnée à Marli le 26. Novembre
1730. registrée en Parlement le 9. Decembre
, par laquelle S. M. ordonne que pendant
le courant de l'année prochaine 1731. il soit
perçu au profit dudit Hôpital dix sols par chaque
voye de bois à brûler , et deux sols par chaque
voye de charbon de bois qui seront venduës
sur les Ports , Quais et Chantiers de la Ville de
Paris , lesdits droits payables ainsi qu'il a été
ordonné par nos Déclarations des 3. Janvier ,
21 Decembre 1728. et 20. Decembre 1729. sça .
voir , moitié par les Marchands de bois et de
charbon , et l'autre moitié par les acheteurs.
Voulons
180 MERCURE DE FRANCÉ
Voulons qu'après le dernier Decembre 173 1.
lesdits droits demeurent éteints et supprimés.
du 28
JUGEMENT en dernier ressort ,
Novembre 1736. rendu par M. Hérault , Conseiller
d'Etat , Lieutenant General de Police, et les
Conseillers du Châtelet , Commissaires en cette
partie. Contre Joseph Martin , dit S Martin
au sujet des Cloches fonduës, dont il a été parlé,
par lequel il est dit ce qui suit : Ordonnons que
les 6 Cloches fondues par Joseph Martin,en execution
du marché passé entre le sieur Mendés
de Goës et lui devant de Laleu et son Confrere,
Notaires au Châtelet de Paris , lè 21 Nov. 1729.
Charpente et Ferrure en dépendantes , demeureront
pour le compte dudit Martin et à ses risques
: Et en consequence le condamnons et par
corps , à rendre au sieur Mendés de Goës , la
quantité de 84565 liv. de Cuivre de la même espece
et qualité que celui qui a été fournit audit
Martin , et 18087 liv. d'Etain d'Angleterre en
Saumon , et ce dans huitaine , à compter du jour
de la signification du present Jugement , sinon
et à faute de ce faire dans ledit temps , et icelui
passé , le condamnons par les mêmes voyes ,
payer audit sieur Mendés de Goës la somme
laquelle se trouvera monter le prix desd . Matieres,
suivant le calcul qui en sera fait par M.de Mont-
Hambert , Conseiller , Commissaire Rapporteur ,
sur les factures , marchez et quittances , dont la
representation sera faite audit cas , par le sieur
Mendés , ledit Joseph Martin present ou dúëment
appellé : Condamnons en outre ledit Martin
par les mêmes voyes à rendre et à payer aud.
sieur Mendés de Goës la somme de 22000 l.d'une
part , par lui payée audit Martin , aux termes
dudit Traité, avec les interêts tant de lad, somme
de
JANVIER . 181 1731.
de 22000 liv que de celle à laquelle
montera le
prix desd. matieres
, faute de restitution
d'icelles
en nature , comme
dit est , à compter
du 24 Oct.
dernier , jour de la demande
, et en la somme de
8000 1. d'autre part , à quoi nous avons arbitré
les dommages
, interêts
demandez
par le sieur
Mendés
de Goes. Et pour faciliter le payement
de toutes lesd. condamnations
,ordonnons
qu'à la
requête dud. sieur Mendés de Goes il sera procédé
à la vente desd . 6 Cloches , leurs appartenances
et dépendances
, ledit Joseph Martin present
ou dûement
appellé , après 3 expositions
et
publications
en la maniere
et aux jours accoûtumez
et Affiches
préalablement
apposées, pour
le prix qui en proviendra
être délivré aud. sicur
Menés de Goes , sur et tant moins , ou jusques à
concurrence
des sommes
cy-dessus à lui anjugées
; quoi faisant par lesd. Adjudicataires
, ils en
seront valablement
quittes, et led . Joseph Martin
d'autant
déchargé
. Condamnons
led . Joseph Martin
en tous les dépens,même aux coûts des Rapports
et fraits faits pour y parvenir
, ensemble
aux
dépens reservez . Déclarons
le present Jugement
commun
avec Antoine
Martin
et Claude Regnault
, cautions
dudit Joseph Martin : Ce faisant
, les condamnons
solidairement
avec lui
ainsi qu'ils y sont obligez par l'Acte passé par
devant ledie de Laleu et son Confrere
, Notaires
à Paris , le 20 Janv. dernier , tant à la restitution
desd. matieres
, qu'au payement
cesd. sommes
principales
, aux termes du present Jugement
, interêts
d'icelles
, et dommages
, interêts , avec dépens.
Et attendu les contraventions
et prévarications
dudit Joseph
Martin, déclarons
à son égard
ledit Marché
, cy - devant
datté , nul et résolu
pour l'avenir. Faisons
défenses
audit Joseph
Martin d'entreprendte
tant dans la Ville de Paris
I que
}
182 MERCURE DE FRANCE
que
dans l'étenduë du Royaume, aucun Ouvrage
de Fonte, sous telles peines qu'il appartiendra : Et
faisant droit sur la Requête desd. Antoine Martin
et Claude Regnault, du 20 du present mois, condamnons
ledit Joseph Martin par toutes voyes
dues et raisonnables , à les acquitter , garentir et
indemniser de toutes les condamnations cy - dessus
prononcées contr'eux , avec dépens , &c.
ARREST du même jour , qui décharge du
payement des 4 sols pour livre , le Hareng provenant
de la pêche des habitans de Dunkerque.
AUTRE du même jour , qui renouvelle les
deffenses de l'introduction , port et usage des
Toiles peintes ou teintes , Ecorces d'arbres ou
Etoffes de la Chine , des Indes et du Levant.
EDIT DU ROY portant création d'une
Charge de Garde du Trésor Royal triennal ,pour
entrer en exercice , au 1 Janvier de l'année prochaine
1731.Donné à Marly au mois de Novembre
1730. Registré en Parlement le 16 Decem→
bre.
ARREST du 3 Decembre , qui proroge jusqu'au
dernier Juin 1731. l'exécution de ceux des
Dec. 1729. et 27 Juin 1730. portant que tous
ceux qui remettront aux Hôtels des Monnoyes, en
Piastres ou autres matieres d'Or et d'Argent,une
somme de 1ooo liv . et au dessus , continueront
d'être payez des 4 den. pour liv. jusqu'audit jour
dernier Juin 173 1 .
ORDONNANCE DU ROY du même jour ,
pour regler les differentes Classes de ceux qui se
ront reçûs à l'Hôtel Royal des Invalides , par
laquelle S. M. ordonne ce qui suit :
ART. I.
JANVIER. 171. 183
1
ART. I. Nul ne pourra être reçû à l'Hôtel Royal
des Invalides, s'il n'a,conformément auReglement
du 3 Janvier 1710. au moins vingt ans de service,
consécutifs et sans interruption , ou.qu'il n'ait
été estropié , ou griévement blessé au service du
Roy , suivant les Certificats qui seront rapportez
des Commandans et Majors des Corps , visez des
Directeurs ou Inspecteurs. Pourront, aux termes
de l'Art.VIII.de l'Ordonnance du 10 Mars 1729.
ceux qui auront renouvellé deux fois des Engagemens
de 6 ans, être reçûs après leur expiration:
N'entend neanmoins S. M. que ceux qui auront
servi le temps prescrit , soient admis à l'Hôtel
s'ils se trouvent , par leur âge et par leur santé
en état de continuer.
II. Il n'y aura que trois Classes dans l'Hôtel
Royal des Invalides .
III. La premiere sera composée des Officiers des
Troupes du Roy , des Gardes du Corps , Gendarmes,
Chevaux- Legers, Mousquetaires de la garde,,
des Sergens de la Compagnie des Grenadiers à
Cheval, lorsqu'ils auront servi s ans en lad. qualité
de Sergent , et des Sergens des Regimens des
Gardes-Françoises et Suisses , après 10 ans de
service en ladite qualité . Les Officiers de la Connétablie
et des Maréchaussées , y compris les
Exemps , seront pareillement reçûs , après avoir
été dix ans Officiers. Le traitement de ceux de
cette premiere Classe continuera d'être fait sur
le pied ordinaire et accoûtumé.
IV. La seconde Classe sera composée des Gendarmes
et Chevaux - Legers desCompagnies d'ordonnance,
Grenadiers à Cheval , Maréchaux des
Logis de la Cavalerie et de Dragons , et des Sergens
d'Infanterie , lorsqu'ils auront servi dix ans
dans lesdites qualitez, Ceux qui après avoir été
tirez de la Cavalerie pour entrer dans les Gardes
I j da
14 MERCURE DE FRANCE.
du Corps, sont depuis rentrez -dans la Cavalerie ,
y seront pareillement admis ; de même encore
les Gardes - Magazins , Capitaines et Conducteurs
& Artillerie , après 30 ans de service , dont dix
ans en ladite qualité. Ceux de la presente Classe,
qui est la seconde , auront un habit distingué du
Soldat , suivant qu'il sera plus particulierement
réglé par le Sécrétaire d'Etat , ayant le département
de la Guerre ; ils porteront l'Epée , et recevront
chaque mois 15 sols , pour leurs menuës
dépenses ; ils logeront ensemble , dans un quartier
séparé , mangeront sans aucun mélange, dans
un même Réfectoire où ils seront nourris comme
Les Soldats,avec cette différence néanmoins,qu'ils
auront tous les matins un demi -setier de vin. Les
Gendarmes , Chevaux- Legers et Maréchaux des
Logis cyc-dessus , continueront d'être envoyez
dans la Compagnie créée en 1714.et dont le sieur
Jaquette a actuellement le commandement ; laquelle
Compagnie sera payée sur le pied reglé ,
jusques à concurrence du nombre effectif, quand
même il se trouveroit exceder celui qui a été fixé
lors de sa création. Il sera formé une seconde
Compagnie des Gendarmes , Chevaux - Legers ,
Maréchaux des Logis , Grenadiers à Cheval et
Sergens qui seront en état de servir , et elle sera
employée dans une garnison fixe.
V. La troisiéme Classe sera composée des
Soldats , Cavaliers et Dragons , Archers de la
Connétablie et des Maréchaussées , Maîtres ou
simples Ouvriers et Charretiers d'Artillerie , et
en tout ils continueront de recevoir le traitement
ordinaire.
VI. Les Gendarmes et Chevaux-Legers des
Compagnies d'ordonnance , les Maréchaux des
Logis de la Cavalerie et de Dragons , et les Sersens
d'Infanterie qui se trouveront avoir des
Brevets
JANVIER. 1731. 185
Brevets de Lieutenans , ne pourront être reçûs
comme Officiers , qu'après qu'ils auront servi
cinq ans en ladite qualité,
}
VII. Les Sergens des Grenadiers à Cheval et
ceux des Regimens des Gardes Françoises et Suisses
, lorsqu'ils n'auront pas les services en ladite
qualité marquez en l'Article III. de la presente
Ordonnance , pour la Classe des Officiers , ne
pourront être reçûs que dans la seconde Classe.
مد
VIII. Les Maréchaux des Logis de la Cayalerie
et de Dragons , les Grenadiers à Cheval,
Gendarmes et Chevaux- Legers des Compagnies
d'ordonnance , et les Sergens d'Infanterie , lors
qu'ils n'auront pas servi dans lesdites qualitez le
tems marqué par P'Art. IV. pour entrer dans la
seconde Classe , ne pourront être reçûs que dans
--la troisiéme.
IX. Veut neanmoins Sa Majesté , que les Cavaliers
et les Dragons étant actuellement àl'Hôtel
, ausquels il a été accordé un demi - setier de
vin tous les deux jours , et ceux qui sont appellez
Sergens brevetez , continuent d'être traitez comme
ils le sont actuellement tant qu'ils vivront ,
sans neanmoins qu'aucun autre puisse être admis
nouvellement au même traitement.
X. La presente Ordonnance commencera d'a
voir son execution au 1 Janvier 1731. S. M. dérogeant
à toutes dispositions à ce contraires , &c.
DECLARATION du Roi , portant sup
pression de differentes formules des Actes des
Notaires de la Ville de Paris , et ordonne une
formule uniforme , donnée à Versailles le 5. De
cembre 1730. registrée en la Cour des Aides le
15. Decembre.
ARREST du même jour , qui déclare nuls
I iij après
186 MERCURE DE FRANCE
après le premier Avril prochain les Ordonnances
de Liquidation et Quittances de finances des
Offices supprimés sur les Ports , Quais , Halles,
et Marchés de la Ville de Paris , ensemble les
Recepissés du Tresor Royal , expediés pour remboursement
desdites finances , faute de les avoir
employés conformément à l'Edit du mois de
Juin et à l'Arrêt du 22. Octobre dernier.
AUTRE du même jour , qui ordonne que
les draps , serges et autres étoffes de laine , ou
fil et laine , marqués du plomb de fabrique , et
qui après avoir reçû leur dernier apprêt seront
destinés , soit pour les Villes du Royaume y
mentionnées , ou pour l'Etranger , seront préa-
Jablement apportés dans les Bureaux des Marchands
Drapiers et Merciers desdites Villes , pour
avant leur départ y être visités et marqués du
plomb de Contrôle desdits Bureaux , s'ils se
trouvent fabriqués , teints et apprêtés en confor
mité des Reglemens.
AUTRE du même jour , concernant les
ensaisinemens et enregistrement pour les biens
tenus dans la mouvance du Roi , par lequel S. M.
fait très expresses inhibitions et deffenses aux Receveurs
et Contrôleurs géneraux de ses domaines
de faire aucunes poursuites pour l'ensaisinement
ou enregistrement ordonnés par les Edits dest
mois de Decembre 1701. et Decembre 1727.
Déclarations et Arrêts rendus en consequence ,
et d'en exiger les droits d'ensaisinemens ou enregistremens
et de contrôle d'iceux que dans l'étendue
des Terres qui sont constament et notoirement
du domaine de S. M. par Elle possedées
ou engagées , à peine de restitution du quadruple
des droits qu'ils auront reçus , dont la peine
ne
JANVIER. 1731. 187
ne pourra être remise ni moderée , sauf à eux
d'informer le Sieur Contrôleur Géneral des Finances
des usurpations faites sur le domaine
pour y être pourvû ainsi que S. M. le jugera à
propos , et en cas que les Terres soient déclarées
domaniales , à poursuivre par eux les vassaux et
censitaires desdites Terres , pour satisfaire aux
ensaisinemens ou enregistremens et Contrôle d'iceux
, et pour en payer les droits , ainsi qu'il
est porté par les Edits , Déclarations et Reglemens
& c.
ORDONNANCE du Roi du même jour,
portant nouveau Reglement sur des Voitures qui
seront fournies aux Troupes pendant leur marche.
AUTRE du même jour , portant suppres
sion de la Commission de Colonel Géneral de
Infanterie Françoise et Etrangere , par laquelle
S. M. ordonne que le titre et les fonctions de
Colonel General de son Infanterie Françoise et
Etrangere seront et demeureront doresnavant
supprimés , conformément à l'Edit du mois de
Juillet 1661. sans pouvoir être ci - après rétablis,
soit par commission ou autrement , pour quelque
raison ou sous quelque prétexte que ce
puisse être.
Que les Mestres de Camp de ses Régimens
d'Infanterie Françoise et Etrangere prendront à
l'avenir , et à commencer du jour de la publication
de la présente Ordonnance , la qualité de
Colonels , sans que pour raison de ce change
ment ils soient tenus de prendre de nouvelles
Commissions de S. M. laquelle veut et entend
qu'au moyen de celles qui leur ont été ci devant
expediées , ils continuent de commander lesdits
Regimens en qualité de Colonels , sous l'autorité
de S. M.
I j Que
188 MERCURE DE FRANCE.
Que le Drapeau blanc sera remis le jour de
ladite publication à la suite de la Compagnie
commandée par le Colonel de chaque Régiment,
laquelle sera doresnavant la premiere ; que celle
du Lieutenant Colonel cessera d'être appellée la
Colonelle Génerale , qu'elle ne sera que la seconde
Compagnie , et sera subordonnée sans difficulté
au Colonel du Régiment.
Qu'au surplus , l'ordre et le commandement
seront rétablis dans lesdits Régimens d'Infanterie
Françoise et Etrangere sur le même pied qu'ils
étoient avant l'Ordonnance du 30. May 1721. à
laquelle S. M. a dérogé et déroge expressément
par la présente &c.
AUTRE du ro . Decembre , portant Réglement
sur les Congez qui pourront être donnez
à l'avenir aux Soldats , Cavaliers et Dragons qui
auront besoin de s'absenter.
SENTENCE de Police du 15. Decembre,
concernant la liberté de la Voye publique , et
qui défend à toutes sortes de personnes de se
placer au devant des Maisons avec des Echoppes
et Comptoirs , pour y vendre et étaller des Marchandifes.
ARREST du Parlement , rendu au sujet de
trois Imprimez.
Ce jour les Gens du Roi sont entrez , et Maître
Pierre Gilbert de Voisins , Avocat dudit Seigneur
Roi , portant la parole , ont dit.
MESSIEURS ,
L'Instruction Paftorale & le Mandement de
M. l'Archevêque d'Embrun faisoient trop de bruit
pour ne pas exciter notre attention ; & le genre
de ces deux Ouvrages ne laissoit pas lieu de craindre
JANVIER. 1731. 189
dre que notre miniftere pût les négliger. Le premier
déja sous nos yeux , occupoit nos réflexions ;
Pautre faisoit l'objet de nos recherches , et ne
leur eût pas long - tems échappé , lorsque l'occa
sion s'est presentée à la Cour de nous les remettre
elle- même. Un troisiéme imprimé qui porte
le nom de M. l'ancien Evêque d'Apt , est tombé
depuis entre nos mains. Quoique different par le
titre d'une fimple Lettre , il a dailleurs tant de
rapport à ce qui fait l'objet des deux autres Ouvrages
, que nous n'avons pas crû devoir les sé→
parer.
C'est avec douleur que nous voyons d'abord
deux Ecrits publiez sous un titre respectable , et
tous deux partis de la main du même Prélat , devenir
jusques sous vos yeux un nouveau signal de
discorde , nous rappeller les maux passez, et nous
en faire craindre de nouveaux .
L'Instruction Pastorale de M. l'Archevêque
d'Embrun paroît destinée à combattre les Ecrits
d'un autre Prélat , dont plusieurs ont été suppli
mez par vos Arrêts. Il ne lui eût pas été difficile
de se renfermer dans les avantages de sa cause..
Mais il semble qu'il ait mieux aimé chercher les
écueils. Indépendamment des points de Doctrine
qui ne sçauroient nous regarder , l'étendue et la
diversité de l'ouvrage , offrent tant d'objets differens
à l'attention du Magistrat , qu'il n'est pas
possible de tout relever. On ne se contente pas d'y
opposer les reproches aux reproches , & les termes :
les moins mesurez aux expressions du même genre.
Vous y remarquerez , Messieurs , tantôt um
silence suspect sur nos maximes , et tantôt les at--
teintes plus ou moins marquées qu'elles semblent
recevoir: une affectation à confondre les circons
tances et les tems où les differentes démarches ont:
été placées , dans le cours des dernieres divisions ;:
I V less
190 MERCURE DE FRANCE.
les comparaisons les plus odieuses appliquées à ces
démarches ; & sur les matieres les plus importantes
, des idées et des expressions plus capables.
d'exciter la contradiction des esprits que de les
soumettre.
Comme si les maux de l'Eglise n'étoient pas as
sez grands d'eux-mêmes , cet Ouvrage les exagere
et ne semble propre qu'à en élogner les remedes.
De- là cette opposition continuelle qu'il met entre
ceux qu'il appelle Catholiques , et ceux à qui il
paroît refuser ce nom : ce titre de Secte, ces noms
de parti qu'il repete sans cesse , contre la disposition
des Loix les plus sages sur cette matiere.
On diroit qu'il s'empresse d'annoncer une séparation
, qui ne pouroit être regardée que comme
le dernier des malheurs ; & que par une funeste
impatience , il cherche à nous faire voir au
sein du Royaume , une diversité de Religion , dont
la seule idée devroit allarmer.
Il semble qu'on ne songe pas tant à deffendre
et à maintenir la Constitution Unigenitus , qu'à
y substituer ses propres pensées. Nous sçavons ,
Messieurs , quelle peut être en cette matiere la
fonction du Magistrat , et nous nous ferons toûjours
une religion de nous renfermer dans ses
bornes. Loin de nous la moindre pensée de considerer
la Bulle autrement que par l'exterieur,
sous lequel nous la voyons adressée à tous les fideles
, sous l'appui de l'autorité du Prince Protecteur
de l'Eglise. En se renfermant dans ce point
de vûë , on reconnoît dans ce Decret un jugement
qui censure des propositions en matiere de
Doctrine : Une censure respective sous des qualifications
differentes , sans application d'aucune
en particulier à aucune des propositions : Jugement
dont le caractere est autorisé par la pratique
de l'Eglise , et par l'usage qu'elle a fait souvent
JANVIER. 1731. 191
+
vent de ces sortes de qualifications respectives ,
pour le bien de la Religion. Mais lorsqu'avec des
termes affectez , on public que ce Jugement est...
précisément la regle à laquelle Jesus - Christ
veut que tout Fidele soumette sa croyance :
n'es -ce pas essayer d'en faire une définition ou
une décision des Dogmes de la Foy , passer les
termes du Decret , entreprendre de lui attribuer un
caractere , qu'à l'inspection seule il paroît exclure
: et par là prêter des armes à la résistance qui
s'opiniâtre à le combattre 2
C'est l'esprit que l'on voit regner par- tout dans
P'Instruction Pastorale , et le centre où se rapporte
presque à chaque page l'énergie trop claire de ses
expressions. Triste effet des extremitez où con init
l'ardeur des disputes ! M. l'Archevêque d'Embrun
& M. l'Evêque de Montpellier,si opposez en tout
le reste , paroissoient d'accord sur ce point . On
franchit de part et d'autre les bornes qu'une déference
reglée pour l'autorité légitime devroit
faire reconnoître . On se dissimule l'objet tel qu'il
est , et par des vûës contraires on s'accorde à le
changer , d'un côté pour le soutenir , et de l'autre
pour le combattre..
Si tel est le préjugé de M. l'Evêque de Montpellier
; convenir de ce principe avec lui, le prêter
à tous ceux qu'on voit soumis à la Constitution,
est- ce le moyen d'applanir les difficultez ? Seronsnous
surpris qu'en rapportant quelques - unes de
nos expressions , M. l'Archevêque d'Embrun les
applique à un excès tout contraire à celui qu'elles
* avoient pour objet ? Lorsque nous voyons que
dans les Loix émanées dé l'autorité souveraine, soit
sur la Constitution , soit sur les Appels au futur
Concile , il se flatte de trouver ce qui n'est ni dans .
leurs termes ni dans leur esprit.
Dans cette préocupation de ses pensées , si d'un
Ivj côté
192 MERCURE DE FRANCE.
côté il applaudit au zele des Puissances , de l'autre
il blâme sans détour ce qu'il appeile une pacifique
tolerance de leur part. Il craint un Parallele , il
s'en irrite, et ne cache pas son impatience. Aussi
interessé dans ses plaintes que dans ses éloges , on
voit qu'il rapporte tout à lui- même , et qu'il fait
dépendre sa satisfaction des partis extrêmes que
la charité Episcopale déplore toûjours , lors même
qu'elle les juge nécessaires..
Il est tems de passer au Mandement . Mais
quelles paroles peuvent exprimer ce que fait sentir
sa lecture? Pour l'honneur de l'Episcopat, que
n'est il possible d'effacer ce titre de Mandement
d'un Ouvrage si éloigné d'y répondre Il attaqueen
apparence un Ecrit , et c'est en effet contre les
personnes qu'il se déchaine. Il promet une réfutation
, et en attendant il ne répand que des inju
res. C'est ce qui tient lieu d'Instruction , à la tête
de la condamnation qu'un Evêque se croit en droit.
prononcer.
de
a
dau-
M. l'Archevêque d'Embrun a- t'il pû avec reflexion
faire servir le caractere de sa dignité , et la
sainteté de son ministere , une déclamation si
outrée et à une invective si sanglante? Est-ce pour
édifier ou pour convaincre , qu'il accumule et
qu'il répete sans cesse les termesde révolte ,
dace , de lirence effrenée , d'irreligion,d'impieté,
de blasphemes , de nouveaux monstres , de suffrages
honteux , témeraires , de sujets auda
cieux , de gens décriez ? En quel lieu un pareil
stile passera- t'il pour l'effet de la fermeté Episcopales
? C'est ainsi qu'on s'explique lorsque l'on
cherche à venger ses propres querelles Lezele desinter
ssé parle d'ordinaire un autre langage.
M.I'Archevêque d'Embrun semble oublier ce qu'il :
a dit dans son Instruction Pastorale , que dans de
semblables Ecrits devroient regner selon l'esprit
de:
JANVIER. 17312 193
de Jesus Christ l'humilité, la douceur, la charité.-
Auroit- il aussi oublié les sentimens dont il s'éss
fait honneur au même endroit , d'un Evéque qui
ne songe pas à sa propre défense , lorsque la foi
est en péril ?
On le voit ici , empruntant les termes de saint
Cyprien , sur les pas de ce Saint Martyr , de ce
grand Evêque d'Affrique , de cette Lumiere det
P'Eglise primitive , venir , l'Evangile à la main ,
s'offrir au martyre : Sacerdos Dei Evangelium
tenens , occidi poteft , non poteft vinci. Mais
Pimage disparoît , et il ne reste que l'étonnement
de l'application qu'il se fait d'un si grand exemple
: lors qu'en même tems il se reduit à tonner
contre un nombre de Jurisconsultes qui ne peuvent
avoir d'autres armes que le raisonnement et
le discours.
Ces hommes si méconnoissables dans le portrait
odieux qu'en fait ce Prélat , n'ont besoin:
pour être à couvert de ses atteintes , que de l'accés
qu'ils ont trouvé auprès de la bonté et de la
justice du Roi. Depuis que lui - même a bien
voulu declarer qu'il les regardoit comme de bons
et de fideles sujets ; c'est à M. l'Archevêque d'Embrun
à subir le poids d'un témoignage si auguste..
Auroit-il pensé à le contredire ? Souhaitons plutôt
qu'au 16. Decembre il ait ignoré à Embruns
ce que l'on sçavoit à tant d'autres lieux et présumons
qu'il a regret d'une démarche hazardée :
si à contre-tems.
Inutilement s'occuperoit-t'on à considerer de:
plus près un ouvrage de ce caractere. On ne s'attendra
pas à y trouver plus d'exactitude et de :
précision sur les principes , que de moderation
dans le discours . Un seul trait peut en faire juger..
M. l'Archevêque d'Embrun se plaint de ce qu'on
foumet en tout la Jurisdiction Ecclésiastique à
dess
194 MERCURE DE FRANCE
des Juges feculiers ,foumis eux- mêmes à l'autorité
qu'on blasphême : ce sont ses termes. Entend-
il que les Magistrats comme Chrétiens , et
en qualité de fideles , sont soumis à la puissance
spirituelle de l'Eglise indépendante de tout pouvoir
temporel Il sait qu'ils en font gloire , à
l'exemple du Roi , de qui seul ils tiennent l'autorité
qu'ils exercent , et que personne n'a jamais
pensé que leur état pût les exempter de cette soûmission
. Entend-il que le caractere et le pouvoir
des Magistrats releve de l'autorité spirituelle , et
qu'ils lui soient subordonnez dans leurs fonctions
? il attaque le fondement de nos plus inviolables
maximes , et confond la distinction immuable
que Dieu même a mise entre deux Puissances
immediatement émanées de lui .
Ce seroit peut être assez d'ajoûter que la
Lettre de M. l'ancien Evêque d'Apt , regarde les
mêmes objets que les deux autres Ouvrages , et
qu'on y remarque les mêmes excès. Elle y joint.
cependant des principes sur l'autorité du Pape ,,
qui suffiroient seuls pour nous obliger à nous .
élever contre cet Ecrit.
Mais ce qui surtout la distingue , et met le
comble à tout le reste , c'est que ce Prélat ne
craint point d'y rappeler le scandale d'un appel
qu'il interjetta il y a treize ans , "du Roi, mineur
au Koi majeur. Non content d'avoir alors offensé
la Majeste Royale , dont le caractere est toûjours
le même en France , et toûjours inséparable
de la personne du Roy , il renouvelle la memoire
de cet attentat : il triomphe , pour ainsi .
dire , d'avoir vu subir à cet acte séditieux les der--
nieres peines ; et il porte l'égarement jusqu'à s'en
faire un merite auprès du Roi même.
De quelques persones et de quelques lieux que
nous viennent de parcils Ecriis , ils ne peuvent
être
JANVIER. 1731. 195
être soufferts. A la vue du caractere dont les
deux premiers sont revêtus , nous laissons l'usage
des voyes de droit à ceux qui sont établis
pour les employer de plus près. Il nous suffit
de reclamer les Loix de la Police , l'interêt du
bon ordre et celui du repos public , pour suprimer
et pour proscrire ces Ouvrages Le troisiéme
n'est pas du même genre , et puisqu'il renouvelle
un attentat reprimé la premiere fois
plus severement sur les Lieux , il nous force à
vous demander de renouveller aussi cet exemple.
Ce sont , Messieurs , les differents motifs des
conclusions que nous avons crû devoir prendre ,
et que nous laissons à la Cour , avec des Imprimez
des trois écrits.
Eux retirez :
Vû les deux Imprimez , l'un intitulé : Instruction
Pastorale & Ordonnance de M. l'Arthevêque
Prince d'Embrun , portant défenses de
lire & de garder differens Ecrits publiez sous
le nom de M. l'Evêque de Montpellier à Grenoble
, chez Pierre Faure , Imprimeur- Libraire
de Monseigneur l'Illustrissime & Reverendissime
Archevêque Prince d'Embrun , ruë du
Palais , 1730. dattée du 12. Août 1730.
L'autre intitulé , Mandement de Monseigneur
l'Archevêque Prince d'Embrun , portant condamnation
d'un Ecrit , signé par quarante
Avocats intitulé Memoire pour les sieurs
Samson , Curé d'Olivet , Coïet , Curé d'Arnpis
Gaucher , Chanoine de Jargeau , Diocèse d'Orleans
, & autres Ecclesiastiques de differents
Diocéfes , Appellans comme d'abus contre M,
l'Evêque d'Orleans , autres Archevêques &
Evêques de differens Diocéses , Intimez , sur?
L'effet des Arrêts des Parlemens , tant provisoi-
> :
196 MERCURE DE FRANCE
res que diffinitifs en matiere d'appel comme
d'abus des Censures Ecclesiastiques ; à Grenoble
, chez André Faure , Imprimeur - Libraire
de Monseigneur l'Illustrissime & Reverendissime
Archevêque Prince d'Embrun , ruë du Palais
, 1730 daité du 16. Decembre 1730. Ensemble
l'Imprimé , intitulé , Lettre de Monsei
gneur l'ancien Evêque d'Apt , à Monseigneur
Evéque de Montpellier , en réponse d'une Lettre
Pastorale qu'il a faite contre fon Codicile ; à
Marseille , chez J. P. Brebion , imprimeur du
Roy , de Monseigneur l'Evêque d'Apt , & de la
Ville , dattée à la fin en ces termes : à Marseille,
ce 25 , Ottobre 1730. Ensemble les Conclusions
par écrit du Procureur General du Roy , la matiere
mise en déliberation.
:
La Cour a declaré et declare ledit Imprimé intitulé
Lettre de M. l'ancien Evêque d'Apt
séditieux , témeraire , tendant à la revolte et contraire
à l'autorité du Roy : a ordonné et ordonne
que ledit Ecrit sera laceré et brûlé en la Cour
du Palais , au pied du grand Escalier d'icelui , par
PExecuteur de la haute Justice.Ordonne pareillement
que lesdits deux Imprimez , l'un intitulé :
Instruction Pastorale , et l'autre , Mandement
de M. l'Archevêque d'Embrun , seront et demeu
reront supprimez , comme téméraires , séditieux ,
et tendants à troubler la tranquillité de l'Eglise
et de l'Etat. Enjoint à tous ceux qui auroient des
Exemplaires des susdits Imprimez , de les remettre
incessamment au Greffe de la Cour , pour y
être supprimez. Fait défenses à tous Imprimeurs ,
Libraires , Colporteurs et autres , de les impris
mer , vendre , debiter , ou autrement distribuer
sous peine d'être procedé contre eux extraordinairement.
Ordonne aussi , que Copies collation--
nées du présent Arrest seront envoyées aux Bail,
liages
JANVIER. 1731. 197
fiages et Sénéchaussées du Ressort , pour y être
lues , publiées et registrées. Enjoint aux Substi
tuts du Procureur general du Roi d'y tenir la
main , et d'en certifier la Cour dans un mois .
Fait en Parlement le vingt- neuf Janvier mil sept
cent trente-un. Signé YSABEAU.
Le Mardy trente Janvier mil sept cent trente-
un , à l'heure de midi , en execution de l'Arrêt
ci- deffus , imprimé y mentionné, intitulé :
Lettre de M. l'ancien Evêque d'Apt , a été laceré
et jetté au feu , au bas du grand Escalier du
Palais , par Executeur de la HauteJustice , en
prefence de nous Ellienne Henry fabeau , l'un
des trois premiers & principaux Commis pour
la Grand'Chambre , assisté de deux Huissiers
de ladite Cour. Signé YSABEAU .
ARREST de la Cour du Parlement. Ce jour
les Gens du Roi sont entrez , et Maître Pierre
Gilbert de Voisins , Avocat dudit Seigneur Roi ,
portant la parole , ont dit :
MESSIEURS , Pour peu que le nouveau
Libelle dont nous vous apportons un Exemplaire
ait déja paru sous vos yeux , vos réflexions auront
, sans doute , prévenu ce que nous pouvons
en dire aujourd'hui , et vous auront fait sentir
l'obligation où nous sommes de le déferer à la
Cour.
Sous le titre qu'il porte d'Avis aux Fideles de
PEglise de Paris , sur ce qu'ils ont à craindre
de la part des Confesseurs qui acceptent la
Constitution UNIGENITUS , on ne doit pas être
surpris d'y trouver l'esprit de parti , Pemportement
, les invectives que vos Arrêts ont tant de
fois condamnez dans des Ouvrages de ce genre..
Mais à ces excès qui s'y renouvellent , se joignent
d'autres caractères qui le rendent plus dangereux.
198 MERCURE DE FRANCE.
Son objet est d'éloigner les Fideles du Diocèse
de Paris des Ministres que l'autorité légitime leur
présente pour le Sacrement de la Penitence . Envain,
entre les Confesseurs soumis à la Constitution 2
il affecte de multiplier les classes & les distinctions
: il multiplie encore plus les reproches par
lesquels il cherche à les décrier. Les plus moderez
sont le plus en butte à ses atteintes . Tous universeliement
lui sont odieux , et il semble qu'ils le
lui deviennent davantage par l'approbation qui les
autorise.
Ainsi en travaillant à éloigner des Confesseurs
on ne craint pas d'éloigner de la Confession . On
seme sur les avenues du Tribunal institué par Jesus-
Christ , ce qu'on imagine d'obstacles plus
capables de le rendre inaccessible. On sent cette
conséquence ; on se l'oppose à soi - même ; et on
n'en est pas effrayé. Il n'est point de subtilitez
dangereuses qu'on n'employe pour éluder la nécessité
d'un Sacrement si salutaire. S'agit - il de
s'en approcher , on arrête par un vain phantôme
de difficultez odieuses ; on devient facile et relâché
jusques au scandale , dès qu'il s'agit de l'éviter.
On oublie enfin , on plutôt dissimule le précepte
formel de l'Eglise, et on semble méconnoître l'obligation
qu'elle impose de se presenter tous les ans
aux pieds de ses Ministres legitimes . Quels scandales
, et quels troubles dans les Cloîtres ? quels
desordres dans la vie civile ! fi un levain fi pernicieux
venoit à s'y répandre. Quelle irreligion
peut - être ne verroit- on pas y regner bient - tôt , â
la place des vaines terreurs dont l'Auteur essaye
d'armer sa témerité ?
C'en est trop pour la condamnation d'un Ouvrage
qui déja scandalise le public . Puisse en être
assez , pour ouvrir les yeux à ceux qu'une aveugle
préoccupation pourroit entraîner. Se peut- il
qu'on
JANVIER. 1731. 199
qu'on ne sente pas le danger des extrêmitez, d'où
l'on voit éclore des fruits si funestes ? Et faut - il
un autre motif , pour s'affermir dans la moderation
qui inspire des vues pacifiques , une soumission
legitime et un éloignement de tout excez
› C'est à vous , MESSIEURS , qu'il appartient
d'employer toute l'autorité des Loix contre un
pareil Libelle. Que celui que nous voyons paroître
aujourd'hui éprouve leur sévérité ; qu'il
subisse la derniere peine qu'elles prononcent contre
les Ouvrages qui excitent la juste indignation
du Magistrat. C'est ce que nous nous sommes
proposez dans les Conclusions que nous avons
prises , et que nous laissons à la Cour . Eux retirez
:
Vú le Libelle intitulé : Avis aux Fideles de
l'Eglise de Paris , sur ce qu'ils ont à craindre
de la part des Confesseurs qui acceptent la
Constitution UNIGENITUS . La matiere mise en
Déliberation. LA COUR a ordonné et ordonne
que
ledit Libelle sera lacéré et brûlé en la Cour
du Palais , au pied du grand Escalier d'icelui , par
l'Exécuteur de la Haute Justice. Fait tres - expresses
inhibitions et défenses à tous Imprimeurs etLibraires
, Colporteurs et autres , de l'imprimer ,
vendre , débiter ou autrement distribuer ; enjoint
à tous ceux qui en auroient des Exemplaires , de
les apporter incessamment au Greffe de la Cour
pour y être supprimez : Ordonne qu'à la requête
du Procureur General du Roy , il sera informé
pardevant Maître Louis de Vienne , Conseiller
, pour les témoins qui pourroient être entendus
dans cette Ville de Paris ; et à la poursuite
et diligence des Substituts du Procureur General
du Roy , pardevant les Lieutenans Criminels
ou autres Officiers des Bailliages , pour ceux qui
pourroient y être entendus , contre les Auteurs
dudit
zco MERCURE DE FRANCE.
dudit Libelle , et contre ceux qui Pauroient im
primé , vendu , débité ou autrement distribué ,
pour les informations faites , rapportées et communiquées
au Procureur general du Roy , être
par ledit Procureur general du Roy pris telles.
conclusions , et par la Cour ordonné ce qu'il ap
partiendra . Ordonne en outre que Copies collationnées
du present Arrêt , seront envoyées aux
Bailliages et Sénéchaussées du Ressort , pour y
être lúes , publiées et enregas ées : Enjoint aux
Substituts du Procureur general du Roy d'y tenir
la main et d'en certifier la Cour dans un mois.
Fait en Parlement le 12 Janvier 173 1 .
y
Signé Y SABE A U.
Le Vendredi 12 Janv. 1731 à l'heure de midi,
en exécution de l'Arrêt cy- dessus , l'Ecrit
mentionné a été lacéré et jetté au feu , au bas
du grand Escalier du Palais , par lExécu
teur de la Haute- Justice, en presence de Nous
Etienne- Henri Tsabeau, l'un des trois premiers
et principaux Commis pour la Grand Chambre,
assisté de deux Huissiers de ladite Cour.
ARREST du Parlement. Ce jour les Gens
du Roi sont entrés , et Maître Pierre Gilbert de
Voisins , Avocat dudit Seigneur Roi , portant la
parole , ont dit :
MESSIEURS nous n'avons point encore
vû de Libelle plus outré , ni plus condamnable
que celui qui vient de nous tomber entre les
mains. L'esprit de schisme y regne avec emportement
, et ce que vous avez déclaré le plus so-
Lemnellement abusif s'y trouve allegué , comme
ayant une pleine autorité ; mais ce qui met le
comble à la réprobation de ce Libelle , c'est qu'il
a pour objet d'établir qu'un Evêque , quelque
souris qu'il soit d'ailleurs à la Constitution Uni
genitus
1
JANVIER. 1731. 201
genitus , ne sçauroit communiquer avec ceux
qui y résistent , sans que ses Diocesains soient
en droit de se séparer de sa communion . Telle
est la proposition que porte le titre , et on n'en
sçauroit envisager les conséquences sans quelque
sorte d'effroi ; jamais peut- être on n'a poussé
si loin la révolte , l'égarement , le vertige. Nous
ne pouvons croire qu'un pareil Ecrit soit capable
de faire impression ; mais il n'en est pas moins
coupable ; et puisqu'il ose paroître , ce scandale
ne sçauroit trop - tot être expié par les flammes.
Nous requerons que ce Libelle , sans nom
d'Imprimeur , soit laceré et brûlé en la Cour du
Palais , au pied du grand Escalier , par l'Executeur
de la haute Justice ; que défenses soient
faites à tous Imprimeurs et Libraires , Colporteurs
et autres de l'imprimer , vendre débiter
ou autrement distribuer, Qu'il soit enjoint à
tous ceux qui en auroient des Exemplaires de
les apporter incessamment au Greffe de la Cour
pour y être supprimez. Qu'à notre Requête il
soit informé par devant un de Messieurs , pour
les témoins qui pourront être entendus à Paris
et à la poursuite et diligence de nos Substituts ,
par devant les Lieutenans Criminels , ou autres
Officiers des Bailliages , pour ceux qui pourroient
y être entendus , contre les Auteurs de ce Libelle ,
et contre ceux qui l'auroient imprimé , vendu
debité ou autrement distribué , pour sur les informations
faites , rapportées et à nous communiquées
être par nous pris telles conclusions , et
par la Cour ordonné ce qu'il appartiendra. Ordonne
que copies collationnées de l'Arrêt seront
envoyées aux Bailliages et Senéchaussées du Ressort
pour y être lues , publiées et enregistrées.
Enjoint à nos Substituts d'y tenir la main
d'en certifier la Cour dans un mois. Eux retirés :
>
et
Vû
202 MERCURE DE FRANCE
Vû ledit Libelle , intitulé : Réponse d'un Conseiller
faite au nom des Catholiques du Dio-
´cèse de ••• à Monsieur l'Abbé de *** pour
justifier leur séparation de communion d'avec
leur Evêque , et aux Communicateurs des Hé
retiques ou Schismatiques notoires , daté à la fin
ce 20. Mars 1730. La matiere sur ce mise en
déliberation .
La Cour a arrêté et ordonné , que ledit Libelle
sera laceré et brûlé en la Cour du Palais , au pied
du grand efcalier , par l'Executeur de la haute
Justice : Fait défenses à tous Imprimeurs & Libraires
,Colpolteurs et autres, de l'imprimer, vendre
, débiter ou autrement distribuer ; enjoint à
tous ceux qui en auroient des Exemplaires de les
apporter incessament au Greffe de la Cour pour
y être supprimés ; ordonne qu'à la requête du
Procureur Géneral du Roi il sera informé par
devant Me Louis de Vienne , Conseiller , pour
les témoins qui pourront être entendus à Paris ;
et à la poursuite et diligence des Substituts du
Procureur Géneral du Roi , par devant les Lieutenans
Criminels ou autres Officiers des Bailliages
, pour ceux qui pourroient y être entendus,
contre les Auteurs de ce Libelle et contre ceux
qui l'auroient imprimé , vendu , debité ou autrement
distribué pour , sur les informations faites ,
rapportées et communiquées au Procureur General
du Roi , être par lui pris telles conclusions,
et par la Cour ordonné ce qu'il appartiendra. Ordonne
que copies collationnées du présent Arrêt
seront envoyées aux Bailliages et Sénechaussées
du Ressort pour y être lues , publiées et enregistrées.
Enjoint aux Substituts du Procureur Ge.
neral du Roi d'y tenir la main et d'en certifier
la Cour dans un mois. Fait en Parlement le
trente et un Janvier mil sept cent trente un. Sigiré
, Y SABEAU.
7
JANVIER. 1731. 203
>
Et ledit jour Mercredi trente et un Janvier
mil sept cent trente-un à l'heure de midi ,
en execution de l'Arrêt ci - dessus , l'Ecrit y
mentionné a été laceré et jetté au feu au
bas du grand escalier du Palais , par l'Executeur
de la haute Justice , en présence de
nous Marie Dagobert Ysabeau , l'un des trois
premiers et principaux Commis pour la Grand
Chambre , assisté de deux Huissiers de ladite
Cour. Signé TS A BEAU.
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Résumé : ARRETS, DECLARATIONS, ORDONNANCES, &c.
Entre 1730 et 1736, plusieurs arrêtés, déclarations et ordonnances royales ont été émis par le roi et les autorités françaises. En octobre 1730, un arrêt prolonge jusqu'en décembre 1732 l'exemption de droits d'entrée sur les bestiaux étrangers. En novembre 1730, un autre arrêt autorise les marchands de Saint-Amand à envoyer tricoter leurs laines à Tournay, moyennant une redevance annuelle. Une sentence de police de novembre 1730 renouvelle les interdictions pour les logeurs d'accueillir des particuliers sans certificats et condamne plusieurs contrevenants, dont la veuve Constant, limonadière, pour infractions aux règlements de police. En novembre 1730, le roi ordonne la perception de droits sur le bois et le charbon au profit de l'Hôpital Général, droits supprimés après décembre 1731. Un jugement de novembre 1736 condamne Joseph Martin à restituer des matières premières et à payer des dommages-intérêts à M. Mendès de Goës. Plusieurs arrêtés de novembre et décembre 1730 traitent de divers sujets, comme la décharge de paiement pour le hareng de Dunkerque, l'interdiction des toiles peintes ou teintes, et la création d'une charge de Garde du Trésor Royal. Une ordonnance royale de décembre 1730 régule les classes des pensionnaires de l'Hôtel Royal des Invalides. En décembre 1730, des déclarations et arrêtés concernent la suppression de formules notariales, la nullité des ordonnances de liquidation des offices supprimés, et la réglementation des draps et étoffes de laine. En janvier 1731, le roi interdit aux receveurs et contrôleurs généraux de ses domaines de poursuivre des saisines ou enregistrements ordonnés par les édits de décembre 1701 et décembre 1727, sauf sur les terres notoirement du domaine royal. Toute violation entraînera une restitution quadruplée des droits perçus. Le roi émet également plusieurs ordonnances régulant les voitures fournies aux troupes, supprimant la commission de colonel général de l'infanterie française et étrangère, et régulant les congés accordés aux soldats. Une sentence de police du 15 décembre interdit la vente de marchandises devant les maisons. Le parlement condamne trois imprimés, notamment une 'Instruction Pastorale' et un 'Mandement' de l'archevêque d'Embrun, jugés provocateurs et divisifs. La Cour du Parlement condamne plusieurs écrits séditieux et contraires à l'autorité royale et ecclésiastique. Parmi eux, une 'Lettre' de l'ancien Évêque d'Apt est critiquée pour rappeler un appel séditieux contre le roi et pour renouveler ce scandale. La Cour ordonne la destruction par le feu de cette 'Lettre' et la suppression des autres écrits, interdisant leur impression, vente ou distribution sous peine de sanctions. Un autre libelle, intitulé 'Avis aux Fidèles de l'Église de Paris', est condamné pour inciter les fidèles à éviter les confesseurs soumis à la Constitution Unigenitus. La Cour demande des informations sur les auteurs et distributeurs des écrits condamnés et ordonne l'envoi de copies de l'arrêt aux bailliages et sénéchaussées pour publication et enregistrement. Les écrits condamnés sont lacérés et brûlés en public au pied du grand escalier du Palais de justice. En mars 1730, la Cour condamne un libelle intitulé 'Réponse d'un Conseiller' pour justifier la séparation de communion des catholiques du diocèse de ••• avec leur évêque. La Cour ordonne la destruction de ce libelle et interdit son impression, vente ou distribution. Elle enjoint au procureur général du Roi de recueillir des témoignages et de poursuivre les auteurs et distributeurs. L'exécution de l'arrêt a lieu le 31 janvier 1731 en présence des autorités compétentes.
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10
p. 365-366
Nouveau Théatre qu'on va construire, [titre d'après la table]
Début :
Les anciens Sindics et en charge de tous les Proprietaires [...]
Mots clefs :
Syndic, Propriétaires, Loges, Foire, Théâtre, Marchands
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouveau Théatre qu'on va construire, [titre d'après la table]
Les anciens Sindics er en charge de tous les
Proprietaires des Loges situées dans l'enclos et
sous le couvert de la Foire S. Germain des Prez ,
ayant présenté une Requête au Roy dès l'année
derniere , contenant qu'ils ont remarqué que depuis
que les Loges des Spectacles établis dans le
Preau de ladite Foire ont été démolies , la plûpart
de celles du dedans , tenues par des Marchands
, ont cessé d'être louées , ou ne l'ont été
qu'à très-bas prix ; et que même lors de la derniere
Foire plusieurs Marchands ont préferé de
fermer celles qu'ils y avoient loüées au hazard
de ne point vendre , ni recevoir dequoy se rembourser
de leurs frais ; lesdits Proprietaires à qui
ces Loges tiennent lieu d'un Patrimoine considerable
, ou qui les ont reçues en dot sur la foy
des Privileges de Foire , ont la douleur depuis
quelques années de voir cette portion de leur
subsistance diminuer à chaque Foire ; ce qui les
a obligés à convoquer une assemblée de tous les
Proprietaires , pour aviser aux moyens de remettre
leurs Loges en quelque valeur , et ils ont
crû que le seul expédient , pour prévenir leur
ruine totale , étoit de faire construire une Salle de
Theatre dans l'Enceinte et sous le couvert de la
Foire , ce qui procurera l'agrément et la commodité
du Public , qui depuis quelques années.
cat
1
1
265 MERCURE DE FRANCE.
est obligé d'aller de ladite Foire à des rues éloi
gnées pour assister aux Spectacles qui en dépendent
; ainsi les Marchands pourront trouver dans
la frequentation de la Foire , devenue pour lors
un lieu de Spectacle et de promenade tout en
semble , le debit certain de leurs marchandises
et les Proprietaires rentreront par là dans la
jouissance d'un revenu dont la privation les a
fort incommodés , etc. Sur quoy
LE ROI a homologué , approuvé et autorisé
la déliberation desdits Proprietaires de ladite
Foire , et a permis par Arrest de son Conseil du
25 Novembre dernier l'établissement d'une Salle
de Spectacles dans l'Enceinte et entre les deux
Halles couvertes de ladite Foire , dans les rues
et endroits designés par ladite deliberation ,
nomme le Lieutenant General de Police Com →
missaire en cette partie , en cas de contestations
empêchemens et oppositions , à l'occasion dudit
Etablissement , etc.
Proprietaires des Loges situées dans l'enclos et
sous le couvert de la Foire S. Germain des Prez ,
ayant présenté une Requête au Roy dès l'année
derniere , contenant qu'ils ont remarqué que depuis
que les Loges des Spectacles établis dans le
Preau de ladite Foire ont été démolies , la plûpart
de celles du dedans , tenues par des Marchands
, ont cessé d'être louées , ou ne l'ont été
qu'à très-bas prix ; et que même lors de la derniere
Foire plusieurs Marchands ont préferé de
fermer celles qu'ils y avoient loüées au hazard
de ne point vendre , ni recevoir dequoy se rembourser
de leurs frais ; lesdits Proprietaires à qui
ces Loges tiennent lieu d'un Patrimoine considerable
, ou qui les ont reçues en dot sur la foy
des Privileges de Foire , ont la douleur depuis
quelques années de voir cette portion de leur
subsistance diminuer à chaque Foire ; ce qui les
a obligés à convoquer une assemblée de tous les
Proprietaires , pour aviser aux moyens de remettre
leurs Loges en quelque valeur , et ils ont
crû que le seul expédient , pour prévenir leur
ruine totale , étoit de faire construire une Salle de
Theatre dans l'Enceinte et sous le couvert de la
Foire , ce qui procurera l'agrément et la commodité
du Public , qui depuis quelques années.
cat
1
1
265 MERCURE DE FRANCE.
est obligé d'aller de ladite Foire à des rues éloi
gnées pour assister aux Spectacles qui en dépendent
; ainsi les Marchands pourront trouver dans
la frequentation de la Foire , devenue pour lors
un lieu de Spectacle et de promenade tout en
semble , le debit certain de leurs marchandises
et les Proprietaires rentreront par là dans la
jouissance d'un revenu dont la privation les a
fort incommodés , etc. Sur quoy
LE ROI a homologué , approuvé et autorisé
la déliberation desdits Proprietaires de ladite
Foire , et a permis par Arrest de son Conseil du
25 Novembre dernier l'établissement d'une Salle
de Spectacles dans l'Enceinte et entre les deux
Halles couvertes de ladite Foire , dans les rues
et endroits designés par ladite deliberation ,
nomme le Lieutenant General de Police Com →
missaire en cette partie , en cas de contestations
empêchemens et oppositions , à l'occasion dudit
Etablissement , etc.
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Résumé : Nouveau Théatre qu'on va construire, [titre d'après la table]
Les anciens Sindics, représentant les propriétaires des loges de la Foire Saint-Germain-des-Prés, ont adressé une requête au roi. Ils ont noté que, depuis la démolition des loges des spectacles dans le préau, les loges intérieures des marchands ne sont plus louées ou le sont à bas prix. Lors de la dernière foire, plusieurs marchands ont fermé leurs loges par crainte de ne pas vendre leurs marchandises. Les propriétaires, considérant ces loges comme un patrimoine important, voient leur subsistance diminuer. Pour remédier à cette situation, ils ont décidé de construire une salle de théâtre dans l'enceinte de la foire afin d'attirer le public et d'augmenter la fréquentation des marchands. Le roi a approuvé cette initiative par un arrêt de son conseil du 25 novembre dernier, permettant ainsi l'établissement d'une salle de spectacles. Le lieutenant général de police est nommé commissaire pour régler les contestations éventuelles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 2209-2212
Buste du Cardinal de Polignac. [titre d'après la table]
Début :
M. Charles- Nicolas Cochin de Paris, habile Graveur, a été reçu de l'Académie Royale de [...]
Mots clefs :
Cardinal, Académie française de peinture et sculpture, Marchands
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Buste du Cardinal de Polignac. [titre d'après la table]
M. Charles- Nicolas Cochin de Paris ' , habile
> reçu
Graveur a été de l'Académie Royale de
Peinture et de Sculpture , le dernier jour d'Août ,
sur deux Portraits gravés , l'un de M. le Sueur
peint par lui- même et l'autre de M. Sarazin ,
Paîné , Sculpteur , peint par le même M. le
Sueur.
•
Le Portrait de M. René Herault , Conseiller
d'Etat Lieutenant Général de Police , paroît
en Estampe , peint et gravé par le Sieur Jean-
Etienne Liotard. Il se vend rue S. Jacques , chez
la veuve Chereau.
Il paroît une nouvelle Estampe , d'après Var
teau , intitulée le Chat malade , gravée par le
même Liotard , qui se vend au même endroit .
Par une Lettre de Rome >
on nous prie d'Inserer
dans le Mercure de France les Vers suivans
, ausquels le Buste du Cardinal de Polignac
a donné lieu
>
D&
2210 MERCURE DE FRANCE
De Bouchardon , la main sçavante
Ne pouvoit mieux transmettre à la posterité ,
Ces traits dont Polignac enchante ,
Tous ceux qui de le voir ont la félicité .
Ce marbre vit , il pense , et seul il fera croire
Tant de faits merveilleux dont il montre l'Auteur.
On y reconnoîtrà comme dans notre histoire ,
Des interêts des Rois le Conciliateur ,
Et l'oracle du consistoire.
Par Dom Le Blanc , Procureur Général de
Fordre de Cluny en Cour de Rome .
Le sieur Bouchardon est un François élevé à
Rome ; à l'Académie Françoise de Peinture et
Sculpture. I travaille actuellement au Buste
du Pape.
elle a
On écrit de Vienne en Autriche , qué l'Aloe
Spinosa mucronate folio Americana major
Plante qu'on cultive depuis trente- trois ans dans
les Jardins du Palais de la Favorite , et dont on
voit rarement la Fleur en Europe , y a fleuri depuis
environ la my - Août de cette année ;
Commencé à pousser la tige de son Bouquet vers
la fin du mois de May dernier ; et.depuis ce
temps là cette tige s'étant élevée à la hauteur de
vingt sept pieds et demy , avec 41. branches ,
le Bouquet total épanoui est de 5548. fleurs .
Cette rareté attire à Vienne un grand nombre de
Botanistes et des Curieux des principales Villes
d'Allemagne.
On écrit de Perpignan , que la femme d'us
Sellier
SEPTEMBRE . 1731. 2211
Sellier de cette Ville > étoit accouchée le 10.
d'Août de cinq filles , lesquelles avoient été baptisées
le lendemain ; que 15. jours auparavant ,
la Soeur de cette femme étoit accouchée de cinq
garçons , dont 4. étoient encore en vie , et que
leur Mere qui avoit eû quinze enfans en avoir
´mis au monde 12. en trois couches.
>
On apprend de Londres , qu'une Lionne qui
étoit enfermée dans la Tour , fit le 27. du mois
dernier des Petits ; il est à remarquer que cette
Lionne , ainsi que le mâle >
y nâquirent il y a
environ six ans.
"
Le Sieur Julien , Apoticaire ordinaire du Roy
en l'Artillerie , fait et vend la veritable et bonne
Pate de Guimauve et Suc de Reglisse blanc
pour la guérison des maladies de poitrine , toutes.
sortes de Thoux , Rhumes , adoucissent les Serosités
âcres, qui tombent sur les Poulmons , gué
rissent les inflammations et maux de gorge.
Sa demeure est toûjours à Paris , ruë de la
Verrerie , prache la ruë des Carmes Billettes.
>
› Messieurs Girandeau le jeune et fils Mar
chands à Montpellier , qui font depuis environ
trente ans un commerce considérable en gros ,
en Liqueurs , Syrops , Eau d'Hongrie , et autres
marchandises permises ont crû devoir avertir
le Public qu'ils continuent la vente de l'Eau
Dauphine , qu'ils ont inventée sur la fin de l'année
derniere 1730. avec un débit étonnant ; mais
que s'étant apperçus que plusieurs Particuliers.
qui se sont imaginé d'avoir trouvé la composition
de cette liqueur quoiqu'ils en soient infiniment
éloignez , s'avisent d'en offrir
>
2.
et même
de
2212 MERCURE DE FRANCE
>
de contrefaire la signature que lesdits Sieurs Grrandeau
le jeune et fils mettent sur l'Etiquette ;
bien plus , que certaines Personnes de leur commerce
, qu'on a chargé d'acheter chez eux de leur
Eau Dauphine , n'en ont pris que la moitié du
nombre des Bouteilles qu'on leur en demandoit
et d'une bouteille en ont fait deux , dans le des
sein de diminuer , s'il leur étoit possible , la juste
préférence qu'on donne à cette liqueur sur toutes
celles qui sont connues ; c'est ce qui les a déter
minez à mettre sur chacune des Bouteilles de.
cette liqueur deux cachets en cire rouge , le premier
est sur le Parchemin , qui couvre le bouchon
de Liege , autour duquel on trouve ces
mots , Girandeau jeune et au milieu est fils ,
entre le commencement du nom Girandeau et
mot jeune , il y a un petit Dauphin ; l'autre cachet
est aposé sur le noud du fil qui serre le
Parchemin , il ne contient que ces trois lettres
GJ F. ce sera à ces marques qu'on pourra distinguer
leur Eau Dauphine , d'avec celle qu'on
supposera en être.
& c.
Les Personnes qui auront besoin tant d'Ean
Dauphine , que d'autres liqueurs , Syrops , Eau
d'Hongrie , P'Esprit de Vin , Eaux-de- Vie ,
sont priez de s'adresser à ceux à droitute , comme
leur commerce est très - étendu , ils ont des cor .
respondances dans toutes les principales Villes du
Royaume et des Pays Etrangers , par le moyen
desquelles il leur sera aisé de faire parvenir les
Marchandises qu'on leur demandera . Leur adresse
est à Mrs. Girandeau le jeune et fils , Marz
ebands à lagrande ruë , à Montpellier.
> reçu
Graveur a été de l'Académie Royale de
Peinture et de Sculpture , le dernier jour d'Août ,
sur deux Portraits gravés , l'un de M. le Sueur
peint par lui- même et l'autre de M. Sarazin ,
Paîné , Sculpteur , peint par le même M. le
Sueur.
•
Le Portrait de M. René Herault , Conseiller
d'Etat Lieutenant Général de Police , paroît
en Estampe , peint et gravé par le Sieur Jean-
Etienne Liotard. Il se vend rue S. Jacques , chez
la veuve Chereau.
Il paroît une nouvelle Estampe , d'après Var
teau , intitulée le Chat malade , gravée par le
même Liotard , qui se vend au même endroit .
Par une Lettre de Rome >
on nous prie d'Inserer
dans le Mercure de France les Vers suivans
, ausquels le Buste du Cardinal de Polignac
a donné lieu
>
D&
2210 MERCURE DE FRANCE
De Bouchardon , la main sçavante
Ne pouvoit mieux transmettre à la posterité ,
Ces traits dont Polignac enchante ,
Tous ceux qui de le voir ont la félicité .
Ce marbre vit , il pense , et seul il fera croire
Tant de faits merveilleux dont il montre l'Auteur.
On y reconnoîtrà comme dans notre histoire ,
Des interêts des Rois le Conciliateur ,
Et l'oracle du consistoire.
Par Dom Le Blanc , Procureur Général de
Fordre de Cluny en Cour de Rome .
Le sieur Bouchardon est un François élevé à
Rome ; à l'Académie Françoise de Peinture et
Sculpture. I travaille actuellement au Buste
du Pape.
elle a
On écrit de Vienne en Autriche , qué l'Aloe
Spinosa mucronate folio Americana major
Plante qu'on cultive depuis trente- trois ans dans
les Jardins du Palais de la Favorite , et dont on
voit rarement la Fleur en Europe , y a fleuri depuis
environ la my - Août de cette année ;
Commencé à pousser la tige de son Bouquet vers
la fin du mois de May dernier ; et.depuis ce
temps là cette tige s'étant élevée à la hauteur de
vingt sept pieds et demy , avec 41. branches ,
le Bouquet total épanoui est de 5548. fleurs .
Cette rareté attire à Vienne un grand nombre de
Botanistes et des Curieux des principales Villes
d'Allemagne.
On écrit de Perpignan , que la femme d'us
Sellier
SEPTEMBRE . 1731. 2211
Sellier de cette Ville > étoit accouchée le 10.
d'Août de cinq filles , lesquelles avoient été baptisées
le lendemain ; que 15. jours auparavant ,
la Soeur de cette femme étoit accouchée de cinq
garçons , dont 4. étoient encore en vie , et que
leur Mere qui avoit eû quinze enfans en avoir
´mis au monde 12. en trois couches.
>
On apprend de Londres , qu'une Lionne qui
étoit enfermée dans la Tour , fit le 27. du mois
dernier des Petits ; il est à remarquer que cette
Lionne , ainsi que le mâle >
y nâquirent il y a
environ six ans.
"
Le Sieur Julien , Apoticaire ordinaire du Roy
en l'Artillerie , fait et vend la veritable et bonne
Pate de Guimauve et Suc de Reglisse blanc
pour la guérison des maladies de poitrine , toutes.
sortes de Thoux , Rhumes , adoucissent les Serosités
âcres, qui tombent sur les Poulmons , gué
rissent les inflammations et maux de gorge.
Sa demeure est toûjours à Paris , ruë de la
Verrerie , prache la ruë des Carmes Billettes.
>
› Messieurs Girandeau le jeune et fils Mar
chands à Montpellier , qui font depuis environ
trente ans un commerce considérable en gros ,
en Liqueurs , Syrops , Eau d'Hongrie , et autres
marchandises permises ont crû devoir avertir
le Public qu'ils continuent la vente de l'Eau
Dauphine , qu'ils ont inventée sur la fin de l'année
derniere 1730. avec un débit étonnant ; mais
que s'étant apperçus que plusieurs Particuliers.
qui se sont imaginé d'avoir trouvé la composition
de cette liqueur quoiqu'ils en soient infiniment
éloignez , s'avisent d'en offrir
>
2.
et même
de
2212 MERCURE DE FRANCE
>
de contrefaire la signature que lesdits Sieurs Grrandeau
le jeune et fils mettent sur l'Etiquette ;
bien plus , que certaines Personnes de leur commerce
, qu'on a chargé d'acheter chez eux de leur
Eau Dauphine , n'en ont pris que la moitié du
nombre des Bouteilles qu'on leur en demandoit
et d'une bouteille en ont fait deux , dans le des
sein de diminuer , s'il leur étoit possible , la juste
préférence qu'on donne à cette liqueur sur toutes
celles qui sont connues ; c'est ce qui les a déter
minez à mettre sur chacune des Bouteilles de.
cette liqueur deux cachets en cire rouge , le premier
est sur le Parchemin , qui couvre le bouchon
de Liege , autour duquel on trouve ces
mots , Girandeau jeune et au milieu est fils ,
entre le commencement du nom Girandeau et
mot jeune , il y a un petit Dauphin ; l'autre cachet
est aposé sur le noud du fil qui serre le
Parchemin , il ne contient que ces trois lettres
GJ F. ce sera à ces marques qu'on pourra distinguer
leur Eau Dauphine , d'avec celle qu'on
supposera en être.
& c.
Les Personnes qui auront besoin tant d'Ean
Dauphine , que d'autres liqueurs , Syrops , Eau
d'Hongrie , P'Esprit de Vin , Eaux-de- Vie ,
sont priez de s'adresser à ceux à droitute , comme
leur commerce est très - étendu , ils ont des cor .
respondances dans toutes les principales Villes du
Royaume et des Pays Etrangers , par le moyen
desquelles il leur sera aisé de faire parvenir les
Marchandises qu'on leur demandera . Leur adresse
est à Mrs. Girandeau le jeune et fils , Marz
ebands à lagrande ruë , à Montpellier.
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Résumé : Buste du Cardinal de Polignac. [titre d'après la table]
En septembre 1731, le Mercure de France a publié plusieurs événements et annonces notables. M. Charles-Nicolas Cochin, graveur de l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture, a été distingué pour deux portraits gravés : ceux de M. le Sueur et de M. Sarazin, tous deux peints par M. le Sueur. Jean-Étienne Liotard a réalisé une estampe du Portrait de M. René Herault, Conseiller d'État Lieutenant Général de Police, disponible chez la veuve Chereau rue Saint-Jacques. Liotard a également gravé une estampe intitulée 'Le Chat malade' d'après Watteau, vendue au même endroit. Une lettre de Rome demande l'insertion de vers dédiés au buste du Cardinal de Polignac, sculpté par Bouchardon, un Français élevé à Rome. Bouchardon est actuellement occupé à sculpter le buste du Pape. De Vienne, on rapporte la floraison rare d'une plante, l'Aloe Spinosa mucronate folio Americana major, dans les jardins du Palais de la Favorite, attirant de nombreux botanistes. De Perpignan, on apprend qu'une femme a accouché de cinq filles, tandis que sa sœur avait précédemment donné naissance à cinq garçons. À Londres, une lionne a mis bas dans la Tour. Le Sieur Julien, apothicaire du Roi, vend des remèdes pour les maladies de poitrine et les maux de gorge à Paris. Enfin, les marchands Girandeau à Montpellier avertissent le public de la contrefaçon de leur Eau Dauphine et décrivent les marques distinctives pour authentifier leur produit.
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12
p. 2606-2608
Almanach, fixe, perpetuel , &c. [titre d'après la table]
Début :
On distribuë depuis peu un Almanach de Cabinet, gravé, qui a pour titre : [...]
Mots clefs :
Almanach, Cabinet, Gens d'affaires, Marchands, Négociants
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Almanach, fixe, perpetuel , &c. [titre d'après la table]
On distribue depuis peu un Almanach
de Cabinet , gravé , qui a pour titre :
Almanach fixe , mobile , perpetuel , dedié
24
OCTOBRE . 1731. 2607
>
à Monseigneur le Dauphin . Cet Almanach
est fort curieux et des mieux inventés
; il est fixe par lui- même , mobile
par un simple mouvement , et perpetuel
dans toute son étenduë ; son invention
est toute nouvelle et presque inconnuë ;
il est d'une grande commodité pour les
Gens d'Affaires » pour les Marchands
Negocians , et generalement pour toutes
sortes de Personnes . En faisant les Retrogradations
des révolutions portées sur
l'Almanach , et observant la même disposition
établie , on levera les difficultez
qui pourroient se rencontrer , tant dans
les dattes des Pieces de procedures , que
pour les dattes qui interessent differens
Particuliers dans leurs affaires ; on voit
toute la disposition de l'Almanach en
face , sans le détacher de sa place ; on y
trouve Pâques , les Fêtes Mobiles , et les
Lunes à perpetuité ; on voit dans quel
signe du Zodiaque est la Lune tous les
jours de l'Année aussi à perpetuité , avec
les differentes qualitez des signes à la tête
de chaque Mois ; enfin , on y trouve
tous les arrangemens nécessaires pour
rendre un Almanach perpetuellement
utile . On a mis aussi sur chaque Colonne
et Table , les Instructions utiles pour
s'en servir avec des exemples qui y sont
Fiiij rap2608
MERCURE DE FRANCE
il
rapportés pour en faciliter l'intelligence ;
la petite manoeuvre de cet Almanach ne
consiste qu'à tirer une fois le Ruban d'en
bas d'une ligne dans chaques années communes
, et deux fois dans les Années Bissextiles.
Si les Curieux vont chez l'Auteur
pour en prendre connoissance
les satisfera autant qu'il lui sera possible ,
et ceux qui trouveront quelques difficultés
à proposer , l'Auteur en profitera
avec docilité . Il se vend chez Girard de
la Motte , Marchand Epicier , cour et ruë
Abbatiale de S. Germain des Prez , au
Fasmin fleury , et chez M. de la Motte x
au College de Reims , à Paris.
de Cabinet , gravé , qui a pour titre :
Almanach fixe , mobile , perpetuel , dedié
24
OCTOBRE . 1731. 2607
>
à Monseigneur le Dauphin . Cet Almanach
est fort curieux et des mieux inventés
; il est fixe par lui- même , mobile
par un simple mouvement , et perpetuel
dans toute son étenduë ; son invention
est toute nouvelle et presque inconnuë ;
il est d'une grande commodité pour les
Gens d'Affaires » pour les Marchands
Negocians , et generalement pour toutes
sortes de Personnes . En faisant les Retrogradations
des révolutions portées sur
l'Almanach , et observant la même disposition
établie , on levera les difficultez
qui pourroient se rencontrer , tant dans
les dattes des Pieces de procedures , que
pour les dattes qui interessent differens
Particuliers dans leurs affaires ; on voit
toute la disposition de l'Almanach en
face , sans le détacher de sa place ; on y
trouve Pâques , les Fêtes Mobiles , et les
Lunes à perpetuité ; on voit dans quel
signe du Zodiaque est la Lune tous les
jours de l'Année aussi à perpetuité , avec
les differentes qualitez des signes à la tête
de chaque Mois ; enfin , on y trouve
tous les arrangemens nécessaires pour
rendre un Almanach perpetuellement
utile . On a mis aussi sur chaque Colonne
et Table , les Instructions utiles pour
s'en servir avec des exemples qui y sont
Fiiij rap2608
MERCURE DE FRANCE
il
rapportés pour en faciliter l'intelligence ;
la petite manoeuvre de cet Almanach ne
consiste qu'à tirer une fois le Ruban d'en
bas d'une ligne dans chaques années communes
, et deux fois dans les Années Bissextiles.
Si les Curieux vont chez l'Auteur
pour en prendre connoissance
les satisfera autant qu'il lui sera possible ,
et ceux qui trouveront quelques difficultés
à proposer , l'Auteur en profitera
avec docilité . Il se vend chez Girard de
la Motte , Marchand Epicier , cour et ruë
Abbatiale de S. Germain des Prez , au
Fasmin fleury , et chez M. de la Motte x
au College de Reims , à Paris.
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Résumé : Almanach, fixe, perpetuel , &c. [titre d'après la table]
Un nouvel Almanach de Cabinet, intitulé 'Almanach fixe, mobile, perpétuel', a été récemment distribué. Dédié à Monseigneur le Dauphin, cet ouvrage est décrit comme très curieux et bien conçu. Il est fixe par nature, mobile par un simple mouvement, et perpétuel dans son étendue. Cet Almanach est particulièrement utile pour les gens d'affaires, les marchands, les négociants, et diverses personnes. Il permet de résoudre les difficultés liées aux dates des pièces de procédure et aux affaires personnelles. Il affiche la disposition des Pâques, des fêtes mobiles, et des lunes à perpétuité, ainsi que le signe zodiacal de la Lune chaque jour de l'année, avec les qualités des signes à la tête de chaque mois. Des instructions et des exemples facilitent son utilisation. La manipulation de l'Almanach consiste à tirer un ruban une fois par an pour les années communes et deux fois pour les années bissextiles. L'auteur invite les curieux à le consulter pour toute difficulté. L'Almanach est disponible chez Girard de la Motte, Marchand Epicier, cour et rue Abbatiale de Saint-Germain-des-Prés, au Fasmin Fleury, et chez M. de la Motte au Collège de Reims, à Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 199-213
Dédicace de la Statue du Roy, dans la Place Royale de Nancy.
Début :
Sa Majesté Polonoise, Duc de Lorraine & de Bar, ayant conçu en 1752 [...]
Mots clefs :
Hôtel de ville, Sa Majesté, Statue, Naissance, Cérémonies, Duc de Gesvres, Duc de Fleury, Marchands, Régiments, Loterie
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texteReconnaissance textuelle : Dédicace de la Statue du Roy, dans la Place Royale de Nancy.
Dédicace de la Statue du Roy , dans la Place
Royale de Nancy.
Sa Majesté Polonoife , Duc de Lorraine & de
Bar , ayant conçu en 1752 le deflein de faire élever
un monument de fa tendreffe à Sa Majesté
Très-Chrétienne , a dreffé elle - même le plan
d'une place , dont l'exécution confiée à M. Heré
de Corny, fon premier Architecte , répond à la
magnificence des idées de Sa Majesté & à la gran
deur du fujet . Les édifices qui environnent cette
place , font d'une fymmétrie parfaite . Celui du
fond eft deftiné à l'Hôtel de Ville . Ceux de droite
& de gauche forment quatre pavillons . La place
eft terminée par un Corps de bâtimens à un
étage , qui fait retour pour donner une rue de
communication de la Ville Neuve à la Ville
Vieille. Au fond de la rue eft un arc de triomphe
, compoféde trois portiques. Dans les quatre
angles de la place , dont l'extérieur eft décoré
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
d'une architecture d'ordre Corinthien en pilaftres
, on a mis quatre grands grillages fur un
plan ceintré. Les deux du fond font employés à
mafquer les baftions . Ils forment chacun un grand
portique & deux petits. Le portique du milieu
eft une cafcade , où l'on voit la figure de Neptune
fur fon char tiré par des chevaux marins ;
d'un côté , un fleuve & une Nayade ; & de l'autre
un dragon. Toutes les eaux que jettent ces différentes
figures , fe répandent en nappes dans un
vafte baffin. Les fontaines des petits portiques
font ornées de grouppes d'enfans qui jouent avec
des poiffons. Les deux autres grands grillages
font aux angles de l'Hôtel de Ville , & ils forment
deux effeces de portes Flamandes , de vingtdeux
pieds d'ouvertures , deftinés pour donner entrée
à quatre rues.
Au milieu de la place s'éleve un piedestal de
marbre blanc , fur lequel eft la ftatue pedeftre
de Louis XV habillé à la Romaine , cuiraflé &
revêtu du manteau royal . Cette figure de bronze
eft haute de onze pieds. Quatre bas reliefs auffi
de bronze décorent les quatre faces du piedeftal ,
& repréfentent , le premier le mariage du Roi
Très - Chrétien ; le fecond la paix conclue à Vienne
; le 3e la prife de poffeffion de la Lorraine ; le
quatrieme l'Academie des Sciences & Belles - Lettres
établie dans cette ville. Aux quatre angles du
piedeftal , fur le pallier des marches font quatre
figures coloffales , qui repréfentent la prudence ,
la juftice , la valeur & la clémence.
Sa Majefté Polonoiſe ayant fixé le jour de la
Dédicace de la ftatue au 26 Novembre ,vingt trois
jours auparavant à la Malgrange. La fête ne pouvoit
mieux commencer que par des actions de
graces , pour la naiffance de Monfeigneur le Com
ง
JANVIER. 1756. 201
te de Provence. Le Roi fe rendit le 25 à l'églife
primatiale , pour y aflitter à une Meffe folemnelle
, & au Te Deum. Le Primat revêtu de fes
habits pontificaux , reçut Sa Majesté à la porte de
l'églife , où les Compagnies fupérieures , les autres
Corps de Juftice , & le Clergé féculier &
régulier s'étoient rendus.
疹
Le lendemain 26 , Sa Majefté entendit dans
P'églife de Bon-Secours une Mefle célébrée par le
Primat. Vers midi , Sa Majefté arriva ici avec
toute la pompe de la Royauté. Le Régiment d'Infanterie
du Roi Très -Chrétien en garnifon dans
cette ville , bordoit en haie les rues depuis la porte
Saint Nicolas jufqu'à la place royale . Sa Majefté
Polonoife fut faluée de trois décharges de
l'artillerie des remparts. A la porte de l'Hôtel de
Ville , elle fut complimentée par M. Thibault ,
Lieutenant- Général de Police , à la tête des Magiftrats
.
Sa Majefté s'étant placée fur le balcon du grand
fallon de l'Hôtel de Ville , un Héraut d'Armes ,
précédé des Timballiers & Trompettes des plaifirs,"
& monté fur un cheval richement caparaçonné ,
fortit de deffous l'arc de triomphe , & en s'avançant
par la droite , il fit le tour de la place . Devant
chaque pavillon , il fit à haute voix la proclamation
de la Dédicace de la ftatue. La Nobleſſe
& le peuple répondirent à l'envi par des acclamations
réitérées. Alors on ôta de deffus la ftatue le
voile qui la couvroit , & de nouvelles acclamations
en couronnerent la Dédicace. Pendant la
cérémonie , l'artillerie des remparts & la moufqueterie
du Régiment du Roi Très - Chrétien firent
des falves continuelles .
Au lieu d'eau il coula du vin des Fontaines de
la place pendant le refte du jour . Quatre Confeil-
I y
202 MERCURE DE FRANCE.
lers de l'Hôtel de Ville jetterent à pleines mains
de l'argent par les fenêtres des quatre pavillons ,
& l'on diftr bua en même - tems dans toute la ville
des largeffes confidérables aux pauvres honteux .
Sa Majesté reçut les complimens de fa Cour fupérieure
, de fa Chambre des Comptes , de l'Académie
des Sciences & Belles- Lettres , & des quatre
Chapitres de Chanoineffes de Remiremont
d'Epinal , de Bouxieres & de Pouffay.
Sur les quatre heures elle fe rendit à la falle de
la Comédie , où elle entendit un prologue relatif
à la cérémonie du jour. L'Auteur des paroles eft
M. Paliffot de Montenoy , & la Mufique eft de M.
Surat . Après le fpectacle , Sa Majefté paffa à la
falle du bal paré que donnoit la Ville. Il étoit
compofé de toute la haute Nobleffe de Lorraine ,
& d'Etrangers de la plus grande diftinction , que le
défir de faire leur cour à Sa Majefté avoit attirés
de toutes parts. Le Roi y demeura une demi-heure,
& partit enfuite au bruit de l'artillerie , & au
milieu des acclamations dictées par l'allégrefle
générale.
En paffant près de la grande place de la Ville
Neuve , Sa Majefté y vit les Soldats & Sergens
des quatre Bataillons du Régiment du Roi , affis
à de longues tables , où la Ville leur avoit fait
fervir un repas dans lequel il régna autant d'ordre
que d'abondance. Les tables formoient un
quarré. Elles étoient éclairées par cinq pyramides
, dont quatre de vingt- trois pieds , & celle
du milieu de quarante , toutes furmontées de
fleurs de lys couronnées , ayant dans leurs corps
les armes de Sa Majefté Polonoife , & celles de la
Ville en feu tranfparent. Le devant & le derriere
des tables étoient ornés des faifceaux d'armes
du Régiment , fur chacun defquels il y avoit une
JANVIE R. 1756. 203
fleur de lys illuminée. Les drapeaux étoient déployés
autour des tables , fur lefquelles veillont
le Corps des Officiers , le Marquis de Guerchy ,
Colonel-Lieutenant , à la tête .
A la fuite du bal paré il y eut grand bal
mafqué à l'Hôtel de Ville.
Sa Majesté revint ici le 27. La Place royale
étoit illuminée fuivant l'ordre de l'architecture .
Après avoir confidéré l'illumination , le Roi defcendit
du grand fallon de l'Hôtel de Ville pour
fe rendre fous le periftile de l'arc de triomphe.
Avant fa fortie , M. Thibault lui préfenta fur
le feuil de la porte une médaille d'or . Eile porte
d'un côté la tête de Sa Majesté Polonoife avec cette
infcription : Stanislaus Í , Rex Polonia , Magnus
Duc Lithuania , Lotharingia & Barri . Au revers
eft la ftatue pedeſtre de Louis XV fur fon piedeftal
, avec cette légende : Uriufque immortalitati,
Et pour exergue , Civitas Nanceiana . MDCCLV.
En recevant cette médaille , qui a été gravée
par la Dame de Saint Urbain , Sa Majesté eut la
bonté de dire aux Magiftrtas : Meffieurs , fur ce médaillon
eft mon effigie , mais les vôtres font gravées
dans mon coeur.
On tira enfuite le magnifique feu d'artifice ,
qui avoit été préparé . Sa Majesté après le feu ,
retourna à la place royale , pour voir une feconde
fois l'illumination , & elle partit enfin au bruit de
nouvelles falves d'artillerie & de moufqueterie.
Pendant les trois jours qu'ont duré les réjouiffances
publiques , les habitans de Nancy ont fait
les honneurs de la Ville , en tenant table ouverte
pour les Etrangers , qui , après avoir admiré les
magnificences dont ils ont été témoins , ont remporté
la plus haute idée de l'amour fincere &
refpectueux des Lorrains pour leurs Majeftés
Très- Chrétienne & Polonoife.
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
Cette fête n'a point été particuliere à la ville
de Nancy : elle a été générale dans toutes les
villes & dans les bourgs de la Lorraine & du
Barrois.
Le 14 Décembre , les Députés de la Ville de
Nancy eurent l'honneur de préſenter au Roi les
Médailles d'or & d'argent , qui ont été frappées
à l'occafion de cette Dédicace. Le Roi pour leur
donner de fa fatisfaction une marque diftinguée ,
les reçut dans fon cabinet. Ils furent préfentés à Sa
Majefté par M. le Duc de Fleury, premier Gentilhomme
de la Chambre , Gouverneur & Lieutenant-
Général de Lorraine & du Barrois, & par M.
le Comte d'Argenfon, Miniftre & Secrétaire d'Etat.
Les Députés eurent le même honneur chez la
Reine , chez Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfeigneur le Duc de Bourgogne
, Monfeigneur le Duc de Berry , & Monfeigneur
le Comte de Provence , ainfi que chez Madame
, & chez Mefdames Victoire , Sophie &
Louife, étant préfentés de même par M. le Duc de
Fleury , & M. le Comte d'Argenfon. La Députation
étoit compofée de M. Thibault , Lieutenant-
Général de Police , & Chef du Magiſtrat de
Nancy ; de M. Breton , Confeiller pour la Nobleffe
; de M. Puiffeur , Confeiller pour le Tiers-
Etat ; & de M. Richer , Confeiller , Tréforier de
l'Hôtel de Ville de Nancy. M. Thibault porta la
parole.
Le 12 , la rentrée de la Cour des Aides fe fit
avec les cérémonies ordinaires. Après la Meffe
célébrée , felon la coutume , dans la falle de la
Cour , les trois Chambres s'affemblerent dans la
premiere , & l'on fit la lecture des Ordonnances
& des Réglemens. Les Huifliers ayant prêté ferJANVIER
. 1756. 205
ment , M. de Lamoignon de Malesherbes , Premier
Préfident , prononça un difcours fur le choix
des Etudes. Enfuite M. Boula de Mareuil , fecond
Avocat Général , prit la parole , & haranguafur
Pemploi du Tems.
M. de Landreville , Maréchal de Camp & chef
de Brigade des Gardes du Corps , vint le 17 Novembre
, de la part du Roi , annoncer la naiffance
de Monfeigneur le Comte de Provence au Corps
de ville qui s'étoit affemblé fur la premiere nouvelle
que Madame la Dauphine avoit reffenti
quelques douleurs. M. le Marquis de Dreux , Grand
Maître des cérémonies , a remis en même tems
au Corps de ville une lettre de Sa Majeſté ſur le
même ſujet. Auffi - tôt les Prévôt des Marchands
& Echevins firent annoncer à toute la ville , par
une falve générale de l'artillerie , & par la cloche
de l'Hôtel de ville , qui a fonné jufqu'à minuit ,
la nouvelle faveur qu'il a plu à Dieu d'accorder à
la France.
A fix heures du foir on fit une feconde falve
de l'artillerie , après laquelle les Prévôt des Marchands
& Echevins allumerent , avec les cérémonies
ordinaires , le bucher qui avoit été dreſſé
dans la Place devant l'Hôtel de ville . On tira enfuite
une grande quantité de fufées volantes ; on
fit couler dans les quatre coins de la place des
fontaines de vin , & on diftribua au peuple du
pain & des viandes. Plufieurs Orcheftres remplis
de Muficiens , mêlerent le fon de leurs inftrumens
aux acclamations dictées par l'alegreffe
publique. La façade de l'Hôtel de ville fut illuminée
le foir par plufieurs filets de terrines , ainfi
que l'hôtel du Duc de Gefvres , Gouverneur de
Paris , celui du Prévôt des Marchands & les maifons
des Echevins & Officiers du Bureau de la
ville,
206 MERCURE DE FRANCE.
Le Roi ayant écrit à l'Archevêque de Paris
pour faire rendre à Dieu de folemnelles actions
de graces à l'occafion de la naiffance de Monfeigneur
le Comte de Provence , on chanta le 23
Novembre le Te Deum dans l'églife Métropolitaine
, & l'Abbé de Saint Exupery , Doyen du
Chapitre , y officia. Le Chancelier & le Garde
des Sceaux , accompagnés de plufieurs Confeillers
d'Etat & Maîtres des Requêtes , y affifterent , ainfi
que le Parlement , la Chambre des Comptes ,
la Cour des Aides , & le Corps de ville , qui y
avoient été invités de la part de Sa Majesté par
le Marquis de Dreux , Grand Maître des cérémonies.
On tira le même jour dans la place de l'Hôtel
de ville , par ordre des Prévôt des Marchands &
Echevins , un très -beau feu d'artifice . La décoration
repréfentoit un Temple de Lucine , formant
par fon plan un quarré régulier de marbre blanc.
Une ordonnance compofite , portée fur un focle
& terminée par un attique , préfentoit fur chaque
face du quarré quatre colonnes ifolées , embraffées
par des branches de lys , & grouppées
deux à deux , qui foutenoient un fronton triangulaire.
A côté des colonnes étoient des figures de
fept pieds de proportion , repréfentant des Vertus.
Le milieu des façades étoit ouvert par un portique
élevé fur des dégrés de marbre blanc , qui
conduifoient jufqu'à l'autel , fur lequel étoit placée
la Déeffe . Les colonnes , les frontons , les panneaux
du focle & de l'attique étoient de marbre
ferancolin. L'intérieur du temple étoit de bréche
violette. Les chapiteaux , la frife , les moulures ,
les bas reliefs & les figures étoient en or . Au-deffus
du fronton étoit le médaillon des armes du
Roi , fupporté par le Génie de la France , & par
JANVIER. 1756. 207
une Renommée. Des Amours , foutenus fur des
nuages , formoient différens jeux , & fervoient
de couronnement à tout l'édifice . Le temple avoit
ving- cinq pieds de largeur fur quarante de hauteur.
Il portoit fur une terraffe de quarante-huit
pieds de baſe , dont les appuis formoient autour
de l'édifice principal , une enceinte décorée dans
tous les angles par des acroteres qui foutenoient
des vafes de fleurs . On montoit fur la terrafle
par des perrons diftribués fur toutes les faces .
Après l'artifice , la façade de l'Hôtel de ville fut
illuminée avec autant de goût que de magnifi- *
cence. Toutes les colonnes dans leur pourtour
étoient garnies de lampions . Des filets de terrines
regnoient le long des entablemens. Plufieurs
Juftres formés de lanternes de verre éclairoient
les autres parties . La place vis - à- vis de l'Hôtel de
ville étoit entourée d'Ifs , portant chacun plus de
cent cinquante lumieres .
Il y eut auffi de magnifiques illuminations
aux hôtels du Duc de Gefvres & du Prévôt des
Marchands , ainfi qu'aux maifons des Echevins &
des principaux Officiers du Corps de Ville .
Des fontaines de vin coulerent dans ces différens
endroits , de même que dans la place de
l'Hôtel de ville , & dans les autres principales places
de Paris ; & l'on diftribua du pain & des viandes
au peuple. On avoit placé des orcheftres partout
où le faifoient ces diftributions.
La cloche de l'Hôtel de ville fonna en tocfin
depuis cinq heures du matin juſqu'à minuit. Pendant
la journée il y eut quatre falves d'artillerie ;
une à cinq heures du matin , une à midi , une pendant
le Te Deum , & la derniere avant le feu
d'artifice .
Le 23 , la Vicomteffe de Cambis fut préſentée
à leurs Majeftés .
208 MERCURE DE FRANCE.
Le 24 , le Corps de ville alla à l'Eglife paroiffiale
de Saint Jean en Greve , pour rendre les
actions particulieres de graces ; & il affifta à un
Te Deum qu'il fic chanter en mufique L'Hôtel
de ville , les hôtels du Duc de Gefvres & du Prévôt
des Marchands , & les maiſons des Echevins
& des principaux Officiers du Corps de Ville furent
de nouveau illuminés.
Le Marquis de Braffac , un des Chambellans du
Roi de Pologne Duc de Lorraine & de Bar , eft
venu de la part de Sa Majefté Polonoiſe pour
complimenter ieurs Majeftés & la Famille royale
fur la naiffance de Monfeigneur le Comte de Provence
; & le 24 Novembre il s'acquitta de cette
commiffion.
M. Séguier , Avocat Général du Parlement ,
ouvrit le 24 les Audiences de la Grand'Chambre ,
par une barangue fur l'Emulation. Cette harangue
fut fuivie d'un difcours de M. de Maupeou , premier
Préfident , fur le Vice de la Jalousie.
Selon les lettres de Bordeaux , on y effuya le
premier Novembre une fecouffe de tremblement
de terre qui dura quelques minutes . Elle fut accompagnée
d'une agitation extraordinaire des
eaux de la Garonne. Heureufement la ville n'a
fouffert aucun dommage.
Conformément à l'ordre que le Roi avoit donné
, le Régiment des Gardes Suiffes s'affembla
à Versailles le 29 de Novembre dans la place
d'armes vis - à-vis de la grille du château , & il
forma un bataillon quarré. A midi & demi M. le
Comte d'Eu ayant averti le Roi , que le Régiment
étoit fous les armes , Sa Majesté monta à cheval ,
accompagnée de M.le Comte d'Argenfon ,Miniftre
& Secrétaire d'Etat ayant le département de laGuerre,
ainsi que de M.le Marquis de Paulmy , Secrétaire
JANVIER. 1756. 209
d'Etat en ſurvivance de M. le Comte d'Argenſon.
Le Bataillon quarré s'ouvrit à l'arrivée du Roi ; Sa
Majefté y entra avec la fuite & avec les Officiers
des Gardes du Corps , & le Bataillon ſe referma
fur le champ , les Gardes du Corps reftant en
dehors. Les Capitaines des Gardes Suifles firent
un cercle autour de Sa Majefté ; les Lieutenans
formerent un fecond cercle , & les Sergens un
troifieme. Après que les tambours eurent battu
le ban , le Roi ordonna au Régiment de reconnoître
le Comte d'Eu pour Colonel Général des
Suiffes & Grifons , & de lui obéir en tout ce qui
concerne le fervice de Sa Majefté. Enfuite le Roi
fortit du Bataillon , & alla fe placer vis- à- vis de
la petite Ecurie , d'où Sa Majesté vit défiler le
Régiment. Le Comte d'Eu étoit à la tête. Lorfque
la premiere ligne fut paffée , ce Prince fe
plaça auprès de Sa Majeſté. Il donna le même jour
dans fon château de Clagny un fomptueux dîner
aux Officiers du Régiment , & il fit diftribuer du
pain , de la viande & du vin à tous les foldats .
Sur ce qui a été repréſenté au Roi , qu'entre les
différens moyens qui peuvent concourir avec ceux
que Sa Majefté s'elt déja procurés , pour fubvenir
aux dépenses extraordinaires auxquelles les circonftances
préfentes l'obligent , il n'en eft point
de plus facile & de plus défiré qu'une nouvelle
Loterie ; Sa Majesté s'y eſt d'autant plus volontiers
déterminée , que l'augmentation du bail de
fes Fermes la met en état d'y fatisfaire , fans rien
prendre fur fex autres revenus. En conféquence ,
par un Arrêt du Confeil d'Etat , du 11 de Novembre
, elle a établi une troiſieme Loterie royale.
Cette Loterie dont l'exécution durera douze
ans , à compter du premier Avril 1756 , & dont
le Roi a fixé le fonds à la fomme de trente mil
210 MERCURE DE FRANCE.
lions de livres , fut ouverte le 1t de Décembre au
Tréfor royal. Elle fera compofée de so mille billets
, chacun de fix cens livres. Il y aura cent mille
lots , dont cinquante mille , dits de rembourfement,
qui éteindront & amortiront le capital des
billets & cinquante mille de faveur , aufquels les
billets amortis par le remboursement qui leur
fera parvenu , participeront nonobftant ledit rem
bourfement. Les cent mille lots feront diftribués
en quatorze Tirages pendant le cours des douzé
années que durera la Loterie. Le premier tirage
du premier femeftre fe fera le 15 du mois d'Avril
prochain , & les cinq autres d'année en année au
même tems . Ces fix premiers tirages feront de
lots de rembourfement. Le feptieme qui fera de
faveur , ſe fera un mois après. Le premier des fix
tirages du deuxieme femeftre qui feront également
pour lots de remboursement , fe fera le 15
Avril 1762 , les cinq autres auffi d'année en année,
& le quatorzieme & dernier qui fera de faveur ,
un mois après le fixieme du fecond femeftre. Les
vingt-quatre mille deux ceux quarante huit billets,
qui auront obtenu les lots de rembourſement dans
les fix tirages du Ir femeftre , participeront feuls
au tirage de faveur qui les fuivra. De même les
vingt-cinq mille fept cens cinquante- deux billets.
aufquels feront échus les lots de remboursement
des fix tirages du deuxieme femeftre , auront feuls
part au quatorzieme tirage , qui formera la clôture
de la Loterie . A chacun des douze tirages
pour lots de remboursement il y aura un premier
lot de vingt mille livres , un fecond de dix mille,
un troifieme de quatre mille , deux autres de deux
mille. Dans le premier des deux tirages de faveur
le premier lot fera de cent vingt mille livies
, & le fecond de cinquante mille . Le princiJANVIE
R. 1756. 211
pal lot du quatorzieme & dernier tirage fera de
deux cens mille livres , & le fecond de quatrevingt
mille. Sa Majefté attribue pendant chacune
des deuxieme & fubfequentes années de l'exécution
de la Loterie , jufques & compris la onzieme,
vingt-quatre livres à chacun des billets qui entreront
dans la roue , pour concourir en chaque femeftre
au gain des lots de remboursement , & ce
jufqu'à ce qu'il leur en foit échu un à chacun ;
laquelle attribution fera payée , même pour l'année
révolue , au tems que lefdits lots échoiront
fans aucune réduction deſdits lots.
Il paroît une Ordonnance du Roi pour augmenter
de dix Maîtres chaque Compagnie des Régimens
de Cavalerie, tant Françoifes qu'Etrangeres,
même celles des cinq Brigades du Régiment des
Carabiniers.
Sa Majesté a accordé des lettres d'ennobliffement
à M. Daran , l'un de fes Chirurgiens , qui
s'eft acquis un nom célébre dans toute l'Europe.
Le Marquis de Soragna , Gentilhomme de la
Chambre de l'Infant Duc de Parme , & qui eft
venu de la part de ce Prince & de Madame Infante
pour complimenter leurs Majestés fur la naiffance
de Monfeigneur le Comte de Provence
s'acquitta le 16 de fa commiffion. Il fut préfenté
par Don Jaimes Mafones de Lima & Sotomayor,
Ambaffadeur Extraordinaire & Plénipotentiaire
du Roi d'Efpagne.
Six cloches de la nouvelle Eglife Paroiffiale de
Saint Louis à Verfailles furent bénites le 15. M. le
Duc de Fleury & Me. la Ducheffe de Laynes , Dame
d'honneur de la Reine , les tinrent au nom de
leurs Majeftés & de la Famille royale. Le Curé de
la Paroiffe fit la cérémonie. Il y eut mufique , illumination
, feu , & plufieurs falves de mouſqueterie,
212 MERCURE DE FRANCE.
Le 14,Mdme la Marquise de Gamaches fut préfentée
à leurs Majeftés & à la Famille royale .
Dans ces préfentations elle prit le tabouret
comme Grande d'Espagne , ayant hérité de la
Grandeffe par la mort du Maréchal de la Mothe .
Houdancourt , dont elle eft fille unique.
Madame la Marquiſe de Brehant fut préſentée le
même jour.
Le 17 M. le Marquis de Marigny, Directeur Général
des Bâtimens , Arts & Manufactures , préfenta
à Leurs Majeftés plufieurs pieces de Tapif
ferie en haute- liffe , de la Manufacture des Gobelins.
Quatre de ces pieces repréfentent : la premiere
, Jafon affoupiffant le Dragon , enlevant
la Toifon d'Or , & partant avec Medée : la
deuxieme , le mariage de Jafon & de Creüfe , fille
du Roi de Corinthe : la troisieme , Creuſe confumée
par le feu de la robe fatale , dont Medée
lui a fait préfent : la quatrieme , Medée poignar
dant les deux fils qu'elle avoit eus de Jafon , &
embrafant Corinthe. Ces morceaux ont été exécutés
fur des Tableaux de feu M. de Troy , & ils
font les trois premiers de M. Cozette , & le dernier
de M. Audran. Trois autres Pieces font de M.
Audran. Les ſujets font la Scene s du quatrieme
Acte de l'Opera de Roland : la Scene 4 du cinquieme
Acte d'Armide , d'après feu M. Coypel
& l'Entrée de Marc - Antoine à Ephefe
d'après M. Nattoire , Directeur de l'Académie
de Peinture à Rome. Une huitieme Piece de l'exécution
de M. Cozette , eft une copie d'un Tableau
de M. Parrocel , d'Avignon , repréfentant
la Sainte-Famille , & qui a trois pieds deux pouces
de haut , fur deux pieds cinq pouces de large.
Par une Ordonnance du 8 de ce mois , le Roi
a réglé que les Bataillons du Régiment Royal
JANVIER . 1756. 213
Artillerie , les Compagnies de Mineurs & d'Ouvriers
qui fervent à leur fuite , les Officiers d'Artillerie
& les Ingénieurs , ne feroient dorénavant
qu'un feul & même Corps , fous la dénomination
de Corps Royal de l'Artillerie & du Génie.
On a répandu mal -à-propos le bruit , que le
Coche d'eau d'Auxerre avoit péri. Cette Voiture
n'a pas couru le moindre danger , & celles
de cette efpece ne vont que lorfque la riviere eft
navigable.
Le 18 Décembre les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à quatorze cens quatre-vingt livres
les Billets de la premiere Loterie Royale à
huit cens quarante quatre ; ceux de la feconde
Loterie à fept cens vingt - huit , & ceux de la
troifieme Loterie à fix cens vingt-trois.
Royale de Nancy.
Sa Majesté Polonoife , Duc de Lorraine & de
Bar , ayant conçu en 1752 le deflein de faire élever
un monument de fa tendreffe à Sa Majesté
Très-Chrétienne , a dreffé elle - même le plan
d'une place , dont l'exécution confiée à M. Heré
de Corny, fon premier Architecte , répond à la
magnificence des idées de Sa Majesté & à la gran
deur du fujet . Les édifices qui environnent cette
place , font d'une fymmétrie parfaite . Celui du
fond eft deftiné à l'Hôtel de Ville . Ceux de droite
& de gauche forment quatre pavillons . La place
eft terminée par un Corps de bâtimens à un
étage , qui fait retour pour donner une rue de
communication de la Ville Neuve à la Ville
Vieille. Au fond de la rue eft un arc de triomphe
, compoféde trois portiques. Dans les quatre
angles de la place , dont l'extérieur eft décoré
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
d'une architecture d'ordre Corinthien en pilaftres
, on a mis quatre grands grillages fur un
plan ceintré. Les deux du fond font employés à
mafquer les baftions . Ils forment chacun un grand
portique & deux petits. Le portique du milieu
eft une cafcade , où l'on voit la figure de Neptune
fur fon char tiré par des chevaux marins ;
d'un côté , un fleuve & une Nayade ; & de l'autre
un dragon. Toutes les eaux que jettent ces différentes
figures , fe répandent en nappes dans un
vafte baffin. Les fontaines des petits portiques
font ornées de grouppes d'enfans qui jouent avec
des poiffons. Les deux autres grands grillages
font aux angles de l'Hôtel de Ville , & ils forment
deux effeces de portes Flamandes , de vingtdeux
pieds d'ouvertures , deftinés pour donner entrée
à quatre rues.
Au milieu de la place s'éleve un piedestal de
marbre blanc , fur lequel eft la ftatue pedeftre
de Louis XV habillé à la Romaine , cuiraflé &
revêtu du manteau royal . Cette figure de bronze
eft haute de onze pieds. Quatre bas reliefs auffi
de bronze décorent les quatre faces du piedeftal ,
& repréfentent , le premier le mariage du Roi
Très - Chrétien ; le fecond la paix conclue à Vienne
; le 3e la prife de poffeffion de la Lorraine ; le
quatrieme l'Academie des Sciences & Belles - Lettres
établie dans cette ville. Aux quatre angles du
piedeftal , fur le pallier des marches font quatre
figures coloffales , qui repréfentent la prudence ,
la juftice , la valeur & la clémence.
Sa Majefté Polonoiſe ayant fixé le jour de la
Dédicace de la ftatue au 26 Novembre ,vingt trois
jours auparavant à la Malgrange. La fête ne pouvoit
mieux commencer que par des actions de
graces , pour la naiffance de Monfeigneur le Com
ง
JANVIER. 1756. 201
te de Provence. Le Roi fe rendit le 25 à l'églife
primatiale , pour y aflitter à une Meffe folemnelle
, & au Te Deum. Le Primat revêtu de fes
habits pontificaux , reçut Sa Majesté à la porte de
l'églife , où les Compagnies fupérieures , les autres
Corps de Juftice , & le Clergé féculier &
régulier s'étoient rendus.
疹
Le lendemain 26 , Sa Majefté entendit dans
P'églife de Bon-Secours une Mefle célébrée par le
Primat. Vers midi , Sa Majefté arriva ici avec
toute la pompe de la Royauté. Le Régiment d'Infanterie
du Roi Très -Chrétien en garnifon dans
cette ville , bordoit en haie les rues depuis la porte
Saint Nicolas jufqu'à la place royale . Sa Majefté
Polonoife fut faluée de trois décharges de
l'artillerie des remparts. A la porte de l'Hôtel de
Ville , elle fut complimentée par M. Thibault ,
Lieutenant- Général de Police , à la tête des Magiftrats
.
Sa Majefté s'étant placée fur le balcon du grand
fallon de l'Hôtel de Ville , un Héraut d'Armes ,
précédé des Timballiers & Trompettes des plaifirs,"
& monté fur un cheval richement caparaçonné ,
fortit de deffous l'arc de triomphe , & en s'avançant
par la droite , il fit le tour de la place . Devant
chaque pavillon , il fit à haute voix la proclamation
de la Dédicace de la ftatue. La Nobleſſe
& le peuple répondirent à l'envi par des acclamations
réitérées. Alors on ôta de deffus la ftatue le
voile qui la couvroit , & de nouvelles acclamations
en couronnerent la Dédicace. Pendant la
cérémonie , l'artillerie des remparts & la moufqueterie
du Régiment du Roi Très - Chrétien firent
des falves continuelles .
Au lieu d'eau il coula du vin des Fontaines de
la place pendant le refte du jour . Quatre Confeil-
I y
202 MERCURE DE FRANCE.
lers de l'Hôtel de Ville jetterent à pleines mains
de l'argent par les fenêtres des quatre pavillons ,
& l'on diftr bua en même - tems dans toute la ville
des largeffes confidérables aux pauvres honteux .
Sa Majesté reçut les complimens de fa Cour fupérieure
, de fa Chambre des Comptes , de l'Académie
des Sciences & Belles- Lettres , & des quatre
Chapitres de Chanoineffes de Remiremont
d'Epinal , de Bouxieres & de Pouffay.
Sur les quatre heures elle fe rendit à la falle de
la Comédie , où elle entendit un prologue relatif
à la cérémonie du jour. L'Auteur des paroles eft
M. Paliffot de Montenoy , & la Mufique eft de M.
Surat . Après le fpectacle , Sa Majefté paffa à la
falle du bal paré que donnoit la Ville. Il étoit
compofé de toute la haute Nobleffe de Lorraine ,
& d'Etrangers de la plus grande diftinction , que le
défir de faire leur cour à Sa Majefté avoit attirés
de toutes parts. Le Roi y demeura une demi-heure,
& partit enfuite au bruit de l'artillerie , & au
milieu des acclamations dictées par l'allégrefle
générale.
En paffant près de la grande place de la Ville
Neuve , Sa Majefté y vit les Soldats & Sergens
des quatre Bataillons du Régiment du Roi , affis
à de longues tables , où la Ville leur avoit fait
fervir un repas dans lequel il régna autant d'ordre
que d'abondance. Les tables formoient un
quarré. Elles étoient éclairées par cinq pyramides
, dont quatre de vingt- trois pieds , & celle
du milieu de quarante , toutes furmontées de
fleurs de lys couronnées , ayant dans leurs corps
les armes de Sa Majefté Polonoife , & celles de la
Ville en feu tranfparent. Le devant & le derriere
des tables étoient ornés des faifceaux d'armes
du Régiment , fur chacun defquels il y avoit une
JANVIE R. 1756. 203
fleur de lys illuminée. Les drapeaux étoient déployés
autour des tables , fur lefquelles veillont
le Corps des Officiers , le Marquis de Guerchy ,
Colonel-Lieutenant , à la tête .
A la fuite du bal paré il y eut grand bal
mafqué à l'Hôtel de Ville.
Sa Majesté revint ici le 27. La Place royale
étoit illuminée fuivant l'ordre de l'architecture .
Après avoir confidéré l'illumination , le Roi defcendit
du grand fallon de l'Hôtel de Ville pour
fe rendre fous le periftile de l'arc de triomphe.
Avant fa fortie , M. Thibault lui préfenta fur
le feuil de la porte une médaille d'or . Eile porte
d'un côté la tête de Sa Majesté Polonoife avec cette
infcription : Stanislaus Í , Rex Polonia , Magnus
Duc Lithuania , Lotharingia & Barri . Au revers
eft la ftatue pedeſtre de Louis XV fur fon piedeftal
, avec cette légende : Uriufque immortalitati,
Et pour exergue , Civitas Nanceiana . MDCCLV.
En recevant cette médaille , qui a été gravée
par la Dame de Saint Urbain , Sa Majesté eut la
bonté de dire aux Magiftrtas : Meffieurs , fur ce médaillon
eft mon effigie , mais les vôtres font gravées
dans mon coeur.
On tira enfuite le magnifique feu d'artifice ,
qui avoit été préparé . Sa Majesté après le feu ,
retourna à la place royale , pour voir une feconde
fois l'illumination , & elle partit enfin au bruit de
nouvelles falves d'artillerie & de moufqueterie.
Pendant les trois jours qu'ont duré les réjouiffances
publiques , les habitans de Nancy ont fait
les honneurs de la Ville , en tenant table ouverte
pour les Etrangers , qui , après avoir admiré les
magnificences dont ils ont été témoins , ont remporté
la plus haute idée de l'amour fincere &
refpectueux des Lorrains pour leurs Majeftés
Très- Chrétienne & Polonoife.
I vj
204 MERCURE DE FRANCE.
Cette fête n'a point été particuliere à la ville
de Nancy : elle a été générale dans toutes les
villes & dans les bourgs de la Lorraine & du
Barrois.
Le 14 Décembre , les Députés de la Ville de
Nancy eurent l'honneur de préſenter au Roi les
Médailles d'or & d'argent , qui ont été frappées
à l'occafion de cette Dédicace. Le Roi pour leur
donner de fa fatisfaction une marque diftinguée ,
les reçut dans fon cabinet. Ils furent préfentés à Sa
Majefté par M. le Duc de Fleury, premier Gentilhomme
de la Chambre , Gouverneur & Lieutenant-
Général de Lorraine & du Barrois, & par M.
le Comte d'Argenfon, Miniftre & Secrétaire d'Etat.
Les Députés eurent le même honneur chez la
Reine , chez Monfeigneur le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfeigneur le Duc de Bourgogne
, Monfeigneur le Duc de Berry , & Monfeigneur
le Comte de Provence , ainfi que chez Madame
, & chez Mefdames Victoire , Sophie &
Louife, étant préfentés de même par M. le Duc de
Fleury , & M. le Comte d'Argenfon. La Députation
étoit compofée de M. Thibault , Lieutenant-
Général de Police , & Chef du Magiſtrat de
Nancy ; de M. Breton , Confeiller pour la Nobleffe
; de M. Puiffeur , Confeiller pour le Tiers-
Etat ; & de M. Richer , Confeiller , Tréforier de
l'Hôtel de Ville de Nancy. M. Thibault porta la
parole.
Le 12 , la rentrée de la Cour des Aides fe fit
avec les cérémonies ordinaires. Après la Meffe
célébrée , felon la coutume , dans la falle de la
Cour , les trois Chambres s'affemblerent dans la
premiere , & l'on fit la lecture des Ordonnances
& des Réglemens. Les Huifliers ayant prêté ferJANVIER
. 1756. 205
ment , M. de Lamoignon de Malesherbes , Premier
Préfident , prononça un difcours fur le choix
des Etudes. Enfuite M. Boula de Mareuil , fecond
Avocat Général , prit la parole , & haranguafur
Pemploi du Tems.
M. de Landreville , Maréchal de Camp & chef
de Brigade des Gardes du Corps , vint le 17 Novembre
, de la part du Roi , annoncer la naiffance
de Monfeigneur le Comte de Provence au Corps
de ville qui s'étoit affemblé fur la premiere nouvelle
que Madame la Dauphine avoit reffenti
quelques douleurs. M. le Marquis de Dreux , Grand
Maître des cérémonies , a remis en même tems
au Corps de ville une lettre de Sa Majeſté ſur le
même ſujet. Auffi - tôt les Prévôt des Marchands
& Echevins firent annoncer à toute la ville , par
une falve générale de l'artillerie , & par la cloche
de l'Hôtel de ville , qui a fonné jufqu'à minuit ,
la nouvelle faveur qu'il a plu à Dieu d'accorder à
la France.
A fix heures du foir on fit une feconde falve
de l'artillerie , après laquelle les Prévôt des Marchands
& Echevins allumerent , avec les cérémonies
ordinaires , le bucher qui avoit été dreſſé
dans la Place devant l'Hôtel de ville . On tira enfuite
une grande quantité de fufées volantes ; on
fit couler dans les quatre coins de la place des
fontaines de vin , & on diftribua au peuple du
pain & des viandes. Plufieurs Orcheftres remplis
de Muficiens , mêlerent le fon de leurs inftrumens
aux acclamations dictées par l'alegreffe
publique. La façade de l'Hôtel de ville fut illuminée
le foir par plufieurs filets de terrines , ainfi
que l'hôtel du Duc de Gefvres , Gouverneur de
Paris , celui du Prévôt des Marchands & les maifons
des Echevins & Officiers du Bureau de la
ville,
206 MERCURE DE FRANCE.
Le Roi ayant écrit à l'Archevêque de Paris
pour faire rendre à Dieu de folemnelles actions
de graces à l'occafion de la naiffance de Monfeigneur
le Comte de Provence , on chanta le 23
Novembre le Te Deum dans l'églife Métropolitaine
, & l'Abbé de Saint Exupery , Doyen du
Chapitre , y officia. Le Chancelier & le Garde
des Sceaux , accompagnés de plufieurs Confeillers
d'Etat & Maîtres des Requêtes , y affifterent , ainfi
que le Parlement , la Chambre des Comptes ,
la Cour des Aides , & le Corps de ville , qui y
avoient été invités de la part de Sa Majesté par
le Marquis de Dreux , Grand Maître des cérémonies.
On tira le même jour dans la place de l'Hôtel
de ville , par ordre des Prévôt des Marchands &
Echevins , un très -beau feu d'artifice . La décoration
repréfentoit un Temple de Lucine , formant
par fon plan un quarré régulier de marbre blanc.
Une ordonnance compofite , portée fur un focle
& terminée par un attique , préfentoit fur chaque
face du quarré quatre colonnes ifolées , embraffées
par des branches de lys , & grouppées
deux à deux , qui foutenoient un fronton triangulaire.
A côté des colonnes étoient des figures de
fept pieds de proportion , repréfentant des Vertus.
Le milieu des façades étoit ouvert par un portique
élevé fur des dégrés de marbre blanc , qui
conduifoient jufqu'à l'autel , fur lequel étoit placée
la Déeffe . Les colonnes , les frontons , les panneaux
du focle & de l'attique étoient de marbre
ferancolin. L'intérieur du temple étoit de bréche
violette. Les chapiteaux , la frife , les moulures ,
les bas reliefs & les figures étoient en or . Au-deffus
du fronton étoit le médaillon des armes du
Roi , fupporté par le Génie de la France , & par
JANVIER. 1756. 207
une Renommée. Des Amours , foutenus fur des
nuages , formoient différens jeux , & fervoient
de couronnement à tout l'édifice . Le temple avoit
ving- cinq pieds de largeur fur quarante de hauteur.
Il portoit fur une terraffe de quarante-huit
pieds de baſe , dont les appuis formoient autour
de l'édifice principal , une enceinte décorée dans
tous les angles par des acroteres qui foutenoient
des vafes de fleurs . On montoit fur la terrafle
par des perrons diftribués fur toutes les faces .
Après l'artifice , la façade de l'Hôtel de ville fut
illuminée avec autant de goût que de magnifi- *
cence. Toutes les colonnes dans leur pourtour
étoient garnies de lampions . Des filets de terrines
regnoient le long des entablemens. Plufieurs
Juftres formés de lanternes de verre éclairoient
les autres parties . La place vis - à- vis de l'Hôtel de
ville étoit entourée d'Ifs , portant chacun plus de
cent cinquante lumieres .
Il y eut auffi de magnifiques illuminations
aux hôtels du Duc de Gefvres & du Prévôt des
Marchands , ainfi qu'aux maifons des Echevins &
des principaux Officiers du Corps de Ville .
Des fontaines de vin coulerent dans ces différens
endroits , de même que dans la place de
l'Hôtel de ville , & dans les autres principales places
de Paris ; & l'on diftribua du pain & des viandes
au peuple. On avoit placé des orcheftres partout
où le faifoient ces diftributions.
La cloche de l'Hôtel de ville fonna en tocfin
depuis cinq heures du matin juſqu'à minuit. Pendant
la journée il y eut quatre falves d'artillerie ;
une à cinq heures du matin , une à midi , une pendant
le Te Deum , & la derniere avant le feu
d'artifice .
Le 23 , la Vicomteffe de Cambis fut préſentée
à leurs Majeftés .
208 MERCURE DE FRANCE.
Le 24 , le Corps de ville alla à l'Eglife paroiffiale
de Saint Jean en Greve , pour rendre les
actions particulieres de graces ; & il affifta à un
Te Deum qu'il fic chanter en mufique L'Hôtel
de ville , les hôtels du Duc de Gefvres & du Prévôt
des Marchands , & les maiſons des Echevins
& des principaux Officiers du Corps de Ville furent
de nouveau illuminés.
Le Marquis de Braffac , un des Chambellans du
Roi de Pologne Duc de Lorraine & de Bar , eft
venu de la part de Sa Majefté Polonoiſe pour
complimenter ieurs Majeftés & la Famille royale
fur la naiffance de Monfeigneur le Comte de Provence
; & le 24 Novembre il s'acquitta de cette
commiffion.
M. Séguier , Avocat Général du Parlement ,
ouvrit le 24 les Audiences de la Grand'Chambre ,
par une barangue fur l'Emulation. Cette harangue
fut fuivie d'un difcours de M. de Maupeou , premier
Préfident , fur le Vice de la Jalousie.
Selon les lettres de Bordeaux , on y effuya le
premier Novembre une fecouffe de tremblement
de terre qui dura quelques minutes . Elle fut accompagnée
d'une agitation extraordinaire des
eaux de la Garonne. Heureufement la ville n'a
fouffert aucun dommage.
Conformément à l'ordre que le Roi avoit donné
, le Régiment des Gardes Suiffes s'affembla
à Versailles le 29 de Novembre dans la place
d'armes vis - à-vis de la grille du château , & il
forma un bataillon quarré. A midi & demi M. le
Comte d'Eu ayant averti le Roi , que le Régiment
étoit fous les armes , Sa Majesté monta à cheval ,
accompagnée de M.le Comte d'Argenfon ,Miniftre
& Secrétaire d'Etat ayant le département de laGuerre,
ainsi que de M.le Marquis de Paulmy , Secrétaire
JANVIER. 1756. 209
d'Etat en ſurvivance de M. le Comte d'Argenſon.
Le Bataillon quarré s'ouvrit à l'arrivée du Roi ; Sa
Majefté y entra avec la fuite & avec les Officiers
des Gardes du Corps , & le Bataillon ſe referma
fur le champ , les Gardes du Corps reftant en
dehors. Les Capitaines des Gardes Suifles firent
un cercle autour de Sa Majefté ; les Lieutenans
formerent un fecond cercle , & les Sergens un
troifieme. Après que les tambours eurent battu
le ban , le Roi ordonna au Régiment de reconnoître
le Comte d'Eu pour Colonel Général des
Suiffes & Grifons , & de lui obéir en tout ce qui
concerne le fervice de Sa Majefté. Enfuite le Roi
fortit du Bataillon , & alla fe placer vis- à- vis de
la petite Ecurie , d'où Sa Majesté vit défiler le
Régiment. Le Comte d'Eu étoit à la tête. Lorfque
la premiere ligne fut paffée , ce Prince fe
plaça auprès de Sa Majeſté. Il donna le même jour
dans fon château de Clagny un fomptueux dîner
aux Officiers du Régiment , & il fit diftribuer du
pain , de la viande & du vin à tous les foldats .
Sur ce qui a été repréſenté au Roi , qu'entre les
différens moyens qui peuvent concourir avec ceux
que Sa Majefté s'elt déja procurés , pour fubvenir
aux dépenses extraordinaires auxquelles les circonftances
préfentes l'obligent , il n'en eft point
de plus facile & de plus défiré qu'une nouvelle
Loterie ; Sa Majesté s'y eſt d'autant plus volontiers
déterminée , que l'augmentation du bail de
fes Fermes la met en état d'y fatisfaire , fans rien
prendre fur fex autres revenus. En conféquence ,
par un Arrêt du Confeil d'Etat , du 11 de Novembre
, elle a établi une troiſieme Loterie royale.
Cette Loterie dont l'exécution durera douze
ans , à compter du premier Avril 1756 , & dont
le Roi a fixé le fonds à la fomme de trente mil
210 MERCURE DE FRANCE.
lions de livres , fut ouverte le 1t de Décembre au
Tréfor royal. Elle fera compofée de so mille billets
, chacun de fix cens livres. Il y aura cent mille
lots , dont cinquante mille , dits de rembourfement,
qui éteindront & amortiront le capital des
billets & cinquante mille de faveur , aufquels les
billets amortis par le remboursement qui leur
fera parvenu , participeront nonobftant ledit rem
bourfement. Les cent mille lots feront diftribués
en quatorze Tirages pendant le cours des douzé
années que durera la Loterie. Le premier tirage
du premier femeftre fe fera le 15 du mois d'Avril
prochain , & les cinq autres d'année en année au
même tems . Ces fix premiers tirages feront de
lots de rembourfement. Le feptieme qui fera de
faveur , ſe fera un mois après. Le premier des fix
tirages du deuxieme femeftre qui feront également
pour lots de remboursement , fe fera le 15
Avril 1762 , les cinq autres auffi d'année en année,
& le quatorzieme & dernier qui fera de faveur ,
un mois après le fixieme du fecond femeftre. Les
vingt-quatre mille deux ceux quarante huit billets,
qui auront obtenu les lots de rembourſement dans
les fix tirages du Ir femeftre , participeront feuls
au tirage de faveur qui les fuivra. De même les
vingt-cinq mille fept cens cinquante- deux billets.
aufquels feront échus les lots de remboursement
des fix tirages du deuxieme femeftre , auront feuls
part au quatorzieme tirage , qui formera la clôture
de la Loterie . A chacun des douze tirages
pour lots de remboursement il y aura un premier
lot de vingt mille livres , un fecond de dix mille,
un troifieme de quatre mille , deux autres de deux
mille. Dans le premier des deux tirages de faveur
le premier lot fera de cent vingt mille livies
, & le fecond de cinquante mille . Le princiJANVIE
R. 1756. 211
pal lot du quatorzieme & dernier tirage fera de
deux cens mille livres , & le fecond de quatrevingt
mille. Sa Majefté attribue pendant chacune
des deuxieme & fubfequentes années de l'exécution
de la Loterie , jufques & compris la onzieme,
vingt-quatre livres à chacun des billets qui entreront
dans la roue , pour concourir en chaque femeftre
au gain des lots de remboursement , & ce
jufqu'à ce qu'il leur en foit échu un à chacun ;
laquelle attribution fera payée , même pour l'année
révolue , au tems que lefdits lots échoiront
fans aucune réduction deſdits lots.
Il paroît une Ordonnance du Roi pour augmenter
de dix Maîtres chaque Compagnie des Régimens
de Cavalerie, tant Françoifes qu'Etrangeres,
même celles des cinq Brigades du Régiment des
Carabiniers.
Sa Majesté a accordé des lettres d'ennobliffement
à M. Daran , l'un de fes Chirurgiens , qui
s'eft acquis un nom célébre dans toute l'Europe.
Le Marquis de Soragna , Gentilhomme de la
Chambre de l'Infant Duc de Parme , & qui eft
venu de la part de ce Prince & de Madame Infante
pour complimenter leurs Majestés fur la naiffance
de Monfeigneur le Comte de Provence
s'acquitta le 16 de fa commiffion. Il fut préfenté
par Don Jaimes Mafones de Lima & Sotomayor,
Ambaffadeur Extraordinaire & Plénipotentiaire
du Roi d'Efpagne.
Six cloches de la nouvelle Eglife Paroiffiale de
Saint Louis à Verfailles furent bénites le 15. M. le
Duc de Fleury & Me. la Ducheffe de Laynes , Dame
d'honneur de la Reine , les tinrent au nom de
leurs Majeftés & de la Famille royale. Le Curé de
la Paroiffe fit la cérémonie. Il y eut mufique , illumination
, feu , & plufieurs falves de mouſqueterie,
212 MERCURE DE FRANCE.
Le 14,Mdme la Marquise de Gamaches fut préfentée
à leurs Majeftés & à la Famille royale .
Dans ces préfentations elle prit le tabouret
comme Grande d'Espagne , ayant hérité de la
Grandeffe par la mort du Maréchal de la Mothe .
Houdancourt , dont elle eft fille unique.
Madame la Marquiſe de Brehant fut préſentée le
même jour.
Le 17 M. le Marquis de Marigny, Directeur Général
des Bâtimens , Arts & Manufactures , préfenta
à Leurs Majeftés plufieurs pieces de Tapif
ferie en haute- liffe , de la Manufacture des Gobelins.
Quatre de ces pieces repréfentent : la premiere
, Jafon affoupiffant le Dragon , enlevant
la Toifon d'Or , & partant avec Medée : la
deuxieme , le mariage de Jafon & de Creüfe , fille
du Roi de Corinthe : la troisieme , Creuſe confumée
par le feu de la robe fatale , dont Medée
lui a fait préfent : la quatrieme , Medée poignar
dant les deux fils qu'elle avoit eus de Jafon , &
embrafant Corinthe. Ces morceaux ont été exécutés
fur des Tableaux de feu M. de Troy , & ils
font les trois premiers de M. Cozette , & le dernier
de M. Audran. Trois autres Pieces font de M.
Audran. Les ſujets font la Scene s du quatrieme
Acte de l'Opera de Roland : la Scene 4 du cinquieme
Acte d'Armide , d'après feu M. Coypel
& l'Entrée de Marc - Antoine à Ephefe
d'après M. Nattoire , Directeur de l'Académie
de Peinture à Rome. Une huitieme Piece de l'exécution
de M. Cozette , eft une copie d'un Tableau
de M. Parrocel , d'Avignon , repréfentant
la Sainte-Famille , & qui a trois pieds deux pouces
de haut , fur deux pieds cinq pouces de large.
Par une Ordonnance du 8 de ce mois , le Roi
a réglé que les Bataillons du Régiment Royal
JANVIER . 1756. 213
Artillerie , les Compagnies de Mineurs & d'Ouvriers
qui fervent à leur fuite , les Officiers d'Artillerie
& les Ingénieurs , ne feroient dorénavant
qu'un feul & même Corps , fous la dénomination
de Corps Royal de l'Artillerie & du Génie.
On a répandu mal -à-propos le bruit , que le
Coche d'eau d'Auxerre avoit péri. Cette Voiture
n'a pas couru le moindre danger , & celles
de cette efpece ne vont que lorfque la riviere eft
navigable.
Le 18 Décembre les Actions de la Compagnie
des Indes étoient à quatorze cens quatre-vingt livres
les Billets de la premiere Loterie Royale à
huit cens quarante quatre ; ceux de la feconde
Loterie à fept cens vingt - huit , & ceux de la
troifieme Loterie à fix cens vingt-trois.
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Résumé : Dédicace de la Statue du Roy, dans la Place Royale de Nancy.
En 1752, Stanislas Leszczyński, Duc de Lorraine et de Bar, décida d'élever un monument en l'honneur de Louis XV à Nancy. Il conçut une place royale, confiée à l'architecte Emmanuel Héré, entourée de bâtiments symétriques, incluant un hôtel de ville, quatre pavillons et un corps de bâtiments à un étage. La place était ornée de fontaines et de sculptures, notamment une statue de Neptune et des figures allégoriques. Au centre de la place, une statue pédestre de Louis XV en bronze, haute de onze pieds, était placée sur un piédestal de marbre blanc. Ce piédestal était décoré de quatre bas-reliefs représentant le mariage de Louis XV, la paix de Vienne, la prise de possession de la Lorraine et l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de Nancy. Quatre figures colossales symbolisant la prudence, la justice, la valeur et la clémence étaient également présentes. La dédicace de la statue eut lieu le 26 novembre 1755. Stanislas assista à une messe solennelle et au Te Deum à l'église primatiale. Le lendemain, après une autre messe, il se rendit à la place royale accompagné de troupes et d'artillerie. Un héraut d'armes proclama la dédicace, et la statue fut dévoilée sous les acclamations du peuple. Des salves d'artillerie et de mousqueterie furent tirées, et du vin coula des fontaines. Des largesses furent distribuées aux pauvres. Stanislas reçut les compliments des autorités locales et assista à une représentation théâtrale suivie d'un bal. Le soir, un grand feu d'artifice fut tiré, et la place fut illuminée. Stanislas reçut une médaille commémorative et repartit au milieu des acclamations. Les réjouissances durèrent trois jours, avec des tables ouvertes pour les étrangers et des illuminations. La fête fut célébrée dans toute la Lorraine et le Barrois. Le 14 décembre, des députés de Nancy présentèrent des médailles au roi et à la famille royale à Versailles. En parallèle, des festivités eurent lieu à Paris, avec l'Hôtel de ville comme centre des célébrations. La façade fut illuminée avec des lampions et des lustres, et des fontaines de vin furent organisées. Le 23 novembre, la vicomtesse de Cambis fut présentée aux Majestés. Le 24 novembre, le Corps de ville se rendit à l'église paroissiale de Saint-Jean-en-Grève pour des actions de grâce. Le marquis de Braffiac complimenta la famille royale pour la naissance du comte de Provence. M. Séguier ouvrit les audiences de la Grand'Chambre avec une harangue sur l'émulation. À Bordeaux, un tremblement de terre fut ressenti sans causer de dommages. Le régiment des Gardes Suisses se rassembla à Versailles pour reconnaître le comte d'Eu comme colonel général. Le roi ordonna une nouvelle loterie royale pour subvenir aux dépenses extraordinaires. Le marquis de Soragna complimenta la famille royale, et six cloches de la nouvelle église paroissiale de Saint-Louis à Versailles furent bénites. Plusieurs présentations à la cour eurent lieu, notamment celle de la marquise de Gamaches et de la marquise de Brehant. M. le marquis de Marigny présenta des pièces de tapisserie de la manufacture des Gobelins aux Majestés. Une ordonnance royale régla la fusion de plusieurs bataillons en un seul corps. Enfin, les actions de la Compagnie des Indes et des billets des loteries royales furent cotés à des valeurs spécifiques le 18 décembre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 181-191
ALLEMAGNE.
Début :
Toute la Prusse est actuellement au pouvoir des troupes Russiennes. [...]
Mots clefs :
Königsberg, Russes, Garnison, Armée, Soldats, Mouvements des troupes, Leipzig, Assemblée, Députés, Paiements, Taxes, Exécutions, Déserteurs, Marchands, Magistrats, Maréchaux, Comtes, Vienne, Prince Charles de Lorraine, Prisonniers, Enrôlement, Officiers, Ennemis, Attaques, Hambourg, Roi de Prusse, Marquis, Camp d'Hamelen, Combats, Capitulation, Comtes, Hanovre, Prague, Impératrice-Reine, Actions militaires
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE KONIGSBERG , le 13 Février.
Toute la Pruffe eft actuellement au pouvoir des
troupes Ruffiennes. En entrant fur le territoire
d'Elbing , elles ont pris environ quarante foldats
qui occupoient un petit Fort. La garnifon que le
Général Fermer a laiffée ici eft de fix mille hom-'
mes , infanterie & cavalerie. Les Cofaques de fon
armée obfervent la même difcipline que les troupes
nationales , & font traités en conféquence fur
le pied de troupes régulieres.
On affure qu'avant un mois , l'armée Ruffienne
fera forte au moins de quatre-vingts mille hommes
, & qu'il en marchera la moitié vers la Siléſie .
Le corps du Général Fermer eft en pleine marche
pour fe rendre dans la Poméranie.
•
Konigsberg vient d'être impofée par les Ruffiens
à une contribution de cinquante mille écus. Les
Commiffaires de l'Impératrice font de grands amas
de vivres à Kowno , pour y établir un magazin
capable de faire fubfifter un corps de quarante
mille hommes.
L'armée Ruffienne eft en mouvement pour
s'approcher de la Viftule. Le Major général Stolfen
eft entré le 11 dans Marienwerder avec un
détachement de trois cens hommes.
、
On ne peut qu'admirer la modération des Ruf
182 MERCURE DE FRANCE
fiens dans toute leur conduite à notre égard. Cea
pendant on a toujours lieu de craindre que les
violences exercées en Saxe , ne les forcent enfin
d'en venir à de fâcheufes repréfailles.
DE LEIPSICK , le 25 Février.
Les Etats des Cercles de Saxe font toujours af
femblés ici . Le 16 de Février , M. de Borck ,
Miniftre du Roi de Pruffe , propofa de la part de
fon Maître , aux Députés des Cercles , de remettre
aux Etats l'adminiftration des revenus de l'Electorat
, à condition 1º . de payer au Roi de
Pruffe la fomme de fix millions d'écus , y com
pris le produit des domaines & de l'accife géné
male , ou celle de quatre millions & demi , fans ces
deux branches des revenus ; 2º, de donner encore
en portions & rations la valeur de cent mille écus
par mois , pour l'entretien des troupes Pruffiennes
qui font en Saxe ; 3 °. d'acquitter en outre
exactement ce que cet Electorat redoit de l'année
derniere .
Ces demandes n'interrompent point le cours
des exécutions militaires qui fe font avec plus de
rigueur que jamais . Elles commencerent le 8 Janvier
dans les Bailliages de Moiffen & d'Ofchutz ,
pour la livraifon de deux mille wifpels , ou quarante-
huit mille boiffeaux de froment à quoi le
Cercle de Milnie eft taxé . On menace de traiter
de même les autres Bailliages , & de condamner.
au double ceux qui n'auront pas fourni leur con
tingent. Plufieurs Cercles , que les événemens de
la guerre affujettiffent également aux ordres des
deux partis ennemis , ont beau repréſenter les
obftacles que ces ordres contradictoires apportent
au fournitures qu'on exige d'eux, on veut qu'elles
AVRIL. 1758. 183
Te faffent à quelque prix que ce foit , à peine d'être
livrés au pillage des Huffards , & pour les Gentilshommes
dont on pourra le faifir , d'être mis dans
la Fortereffe de Magdebourg,
On a exécuté dans cette Ville douze Marchands
Italiens , taxés enfemble à quinze mille écus de
douceurs ( ainfi nomme- t'on cette nouvelle taxe ) ,
pour le premier bataillon des Gardes Pruffiennes.
Mêmes exactions à Drefde , mêmes violences de
la part du Commandant. Propriétaires & Locatai,
res de maiſons , pauvres & riches , tout y eft taxé,
A l'égard des Saxons enrôlés de force , qui ont
déferté des troupes Pruffiennes , le Directoire de
Torgau a enjoint aux Tribunaux de Juftice , fous
les plus féveres menaces , de confifquer tous leurs
biens meubles & immeubles , fans exception , de
les faire vendre à l'encan dans le terme de fix femaines
, & d'en faire porter le prix à la caiffe militaire
des Pruffiens . Le même traitement fera fait
aux Officiers Saxons qui ont paffé au ſervice de
l'Empereur ou de l'Empire. On veut encore forcer
les parens des déferteurs à les repréſenter. Un
paylan du Bailliage de Noffen qu'on avoit arrêté
pour répondre de fon fils qui étoit fugitif , cherchant
à fe fauver lui-même , a été jetté mort fur
le carreau.
On a mis le fcellé fur l'hôtel des Monnoies à
Drefde , & l'on n'en fait pas la raifon, à moins
que les malverfations du JuifEphraïm , qui depuis
La guerre ont été portées à l'excès , ne lui ayent
attiré cette difgrace.
Les Députés des Etats font encore ici . Le premier
payement des fix cens mille écus qu'ils ont
été contraints d'accorder fous le nom fpécieux de
don gratuit , fe fait actuellement avec la plus
grande rigueur. La moindre Terre noble eft taxée
184 MERCURE DE FRANCE.
à mille écus , & les autres à proportion .
Nos Magiftrats font aux arrêts à l'Hôtel de Ville
& gardés par foixante foldats. On permet feulement
aux plus âgés de retourner chez eux le foir ;
les autres font obligés de refter & de coucher fur
des paillaffes. Il y a fur toutes les maiſons & fur
les biens de fonds une nouvelle taxe fixée à deux
pour cent du prix de la derniere acquifition . Les
Locataires font impofés à quatre gros par écu de
tout bail qui excede vingt écus par an. Si l'on
manque d'argent comptant pour fatisfaire à ces
exactions , il faut donner de l'argenterie ou des
marchandiſes ; les Pruffiens s'accommodent de
tout. Indépendamment de ces taxes , chaque Négociant
eft encore obligé de payer féparément
mille ou deux mille écus. Le commerce eft entiérement
fufpendu , & l'on ne permet plus le tranf
port d'aucunes marchandifes. Enfin les foldats
vont de maifon en maifon , & prennent de force
tout ce qu'on ne veut pas leur donner. Drefde
Chemnitz , Naumbourg , Merfebourg , font traités
à peu près de même. On vend aux Juifs à trèsvil
prix les meubles , habits , effets , jufqu'aux lits
mêmes des habitans qui ne font point en état de
payer les taxes.
A Drefde , la cherté des vivres & la mifere des
habitans font à un tel point , qu'un grand nombre
eft réduit à la mendicité. La Princeffe Royale &
à fon exemple , plufieurs perfonnes de diftinction ,
font obligées , pour les faire vivre , de faire diftri
buer une certaine quantité de pain par femaine.
Le Directeur des biens que le Comte de Bruhl
poffede dans la baffe- Luface, a reçu ordre du Com
mandant de Drefde de s'y rendre au plutôt , pour
rendre compte du revenu de ces biens.
Tous les maux dont Léipfick eft accablée
AVRIL 1758 1185
viennent d'être portés à leur comble . Nos Magif
trats ont été forcés de prêter ferment de fidélité
aux Pruffiens. Pour leur arracher ce ferment , on
avoit planté le canon contre l'Hôtel de Ville. Les
Pruffiens ont voulu exiger le même ferment des
Etats de Saxe , mais ces Etats l'ont refufé ; ils ont
même déclaré hautement qu'ils périroient plutôt
que de manquer de fidélité à leur Souverain légitime
, & plufieurs Députés ont difparu . La Terre
du Comte de Loefer , Maréchal héréditaire & Préfident
né des Etats , & celle du Baron de Ponickau
, Miniftre de Saxe à la Diete de l'Empire , ont
été depuis ravagées & détruites comme celles du
Comte & de la Comteffe de Bruhl. Il eft à remarquer
que le fameux partifan Meyer , exécuteur de
ces violences , a été long- temps au fervice de Saxe.
On apprend de Drefde que le Commandant
Pruffien a auffi obligé les Magiftrats de cette Ville
de prêter ferment de fidélité à fon Maître , & que
la même cérémonie va ſe faire dans les autres Villes
& Bailliages de l'Electorat .
Le château de Lavenftein , appartenant au
Comte de Bunau , Chambellan du Roi , a été ra➡
vagé par les Pruffiens , & tous les effets , meubles
beftiaux , &c. ont été tranſportés à Dreſde.
DE VIENNE , le 27 Février.
On ne croit pas que la ſanté du Prince Charles,
qui eft confidérablement altérée par les fatigues
de la derniere campagne , lui permette de commander
l'armée Impériale dans la campagne prochaine.
Ainfi , felon toutes les apparences , le
Feld -Maréchal Comte de Daun fera chargé da
commandement en chef.
L'échange des prifonniers refpectifs faits dans
186 MERCURE DE FRANCE:
la derniere campagne eſt enfin réglé. Les Coma
miffaires Impériaux & ceux du Roi de Pruffe
vont fe rendre pour cet effet à Peterfwalde &
Jagerndorff , & les troupes qui doivent être
échangées font en marche. Il a paffé par ici le 11
douze cens Craates , qui efcortoient huit cens
prifonniers Pruffiens , & le 14 , il a défilé une autre
Colonne de douze cens Croates qui vont en
Boheme.
On forme aux environs de cette Ville un nouveau
corps de Pionniers , & un autre corps deftiné
uniquement à la garde des équipages : ils fe levent
l'un & l'autre avec tout le fuccès poffible.
Les enrollemens conditionnels ont très- bien
réuffi dans cette Capitale , ainfi qu'à Lints , en
Stirie , & dans les autres Etats héréditaires de
Impératrice- Reine.
M. le Comte de Broglie , Ambaſſadeur du Roi
Très- Chrétien auprès du Roi de Pologne , eſt arrivé
de Warfovie , & retourne en France pour rétablir
fa fanté .
Tout ce qu'il y avoit ici d'Officiers Généraux
& autres , ont en ordre de partir fans délai , pour
rejoindre leurs corps. Le Feld-Maréchal Comte
de Daun eft auffi fur fon départ.
Le 23 Février , la glace dont le Danube étoit
couvert , fe rompit fi fubitement & avec une telle
violence , que quatre arches du grand pont furent
emportées.
La marche des troupes qui viennent d'Italie
pour aller renforcer l'armée de Boheme , a été
retardée quelque temps par le débordement de:
l'Adige ; mais on a des avis certains. que la tête de
ces troupes eft arrivée dans le Tirol.
Les ennemis ont été chaffés de Troppau le 18
par le Marquis de Ville , & ils fe font retirés avec
AVRIL. 1758. 187
perte. Le lendemain de la retraite , le régiment
de Stechau , dragons , croyant que les Pruffiens
occupoient encore ce pofte , s'approcha des fauxbourgs
de la Ville . On le fit attaquer par les
Uhlans , par les Huffards de Karoly , & par les
Huffards Carlftadiens , qui le mirent bientôt en
fuite , lui tuerent du monde , & firent prifonniers
le Major Pruffien qui le commandoit , un Capitaine
, Lieutenans , un Enſeigne , & deux cens
foixante Dragons.
DE HAMBOURG , le z Mars.
Ce qui vient de fe paffer à Zerbft caufe un
étonnement général . Un détachement de Huffards
Pruffiens étant revenu dans cette Ville pour enlever
le Marquis de Fraygne , a procédé de cette
maniere. Ils inveftirent d'abord le château , où le
Prince régnant avoit cru devoir mettre le Marquis
à couvert des violences qu'il avoit déja effayées
, & le tinrent bloqué pendant un jour.
L'Officier qui commandoit le détachement fit
enfuite braquer le canon , & fomma le Prince de
lui livrer le Marquis de Fraygne. Après quelques
négociations tentées infructueufement auprès du
Roi de Pruffe & du Prince Henry , le Comman
dant Pruffien déclara , que , file Marquis ne lui
étoit pas remis avant le 24 Février , il auroit recours
aux voies extrêmes. Sur ces difpofitions , le
Marquis de Fraygne , pour empêcher qu'à fon
occalion on n'achevât de violer tous les droits ,
en forçant jufqu'à l'afyle d'un Prince Souverain &
libre, qui n'eft en guerre avec perfonne , prit le
parti de fe remettre volontairement entre les
mains des Pruffiens. Il fut donc conduit fur le
champ à la citadelle de Magdebourg , où il eft
188 MERCURE DE FRANCE.
traité avec autant de rigueur que le plus coupable
fujet pourroit l'être fous l'autorité légitime de fon
Souverain naturel .
Quelques jours après cet événement , la Princeffe
douairiere d'Anhalt - Zerbft , & le Prince ré→
gnant fon fils , le font retirés dans cette Ville
pour fe fouftraire à de nouvelles extrêmités de la
part des Pruffiens.
DU CAMP D'HAMELEN , le 9 Mars.
Les troupes d'Hanovre , de Brunfwick & de
Heffe , auxquelles plufieurs régimens Pruffiens
s'étoient joints , fe mirent en mouvement le 18
du mois dernier , pour attaquer nos quartiers. Un
corps confidérable des ennemis fe porta fur Vehrden
, ce qui obligea M. le Marquis de Saint - Cha-
Maréchal de Camp , commandant alors
dans ce pofte , qui n'eft d'aucune défenſe , de l'évacuer,
& les inondations l'obligerent de ſe replier
fur Brême.
mans ,
Le 23 Février, M le Comte de Chabot- la Serre,
Brigadier des Armées du Roi & Colonel desVolontaires
Royaux , fut vivement attaqué dans Hoya
par des troupes fupérieures aux fiennes. Il avoit
fous fes ordres le rég ment des Gardes Lorraines ,
deux compagnies de Grenadiers , deux Piquets de
Bretagne , & cent Dragons du régiment Meſtre
de Camp Général. Il fit la plus vigoureufe défenfe
, & fe battit de rue en rue : enfin forcé de fe
retirer dans le château , il obtint une capitulation
très-honorable & fortit , ainfi que les troupes
qu'il commandoit , avec tous les honneur de la
guerre. Le régiment des Gardes Lorraines a beaucoup
perdu à cette attaque. M. le Chevalier Mecles
, Lieutenant- Colonel du régiment Mestre de
AVRIL 1758. 189
Camp Général , qui étoit venu volontairement
avec les Dragons , & M de Prade , Aide Major de
ce corps , ont été tués . M. le Chevalier de Lemps ,
Lieutenant-Colonel du régiment de Bretagne
s'eft fort dift.ngué , ainfi que tous les Officiers des
différens corps.
M. le Comte de Chabot ayant fait fçavoir le 24
à M. le Comte de Saint- Germain l'événement de
Hoya , ce Lieutenant géneral jugea qu'il ne pouvoit
plus être d'aucune utilité dans Brême au refte
de l'armée dont il fe trouvoit féparé , & qu'en y
reftant , il couroit rifque d'être coupé tout -à -fait
par l'ennemi ainfi il fit fur le champ fes difpofitions
pour ſe retirer avec fa nombreuſe garnifon.
Il a fait fa retraite dans le meilleur ordre jufqu'à
Ofnabruck , où il a trouvé le régiment de Champagne
, deux régimens de Cavalerie , & le régi
ment Colonel général des Dragons.
;.
M. le Comte de Clermont ayant jugé à propos
de replier fon quartier général pour donner le
temps à tous les corps de fon armée de le joindre ,
ce Prince partit le 28 d'Hanovre dans le plus
grand ordre , & en faifant obferver à les troupes
la plus exacte difcipline. Il a fait diftribuer aux
pauvres les farines qui ne pouvoient fe transporter.
Il avoit donné les ordres pour faire évacuer dès le
26 les Villes de Zell , de Brunſwick , de Wolfenbuttel
, & tous les autres poftes que nos troupes
occupoient. Cette retraite générale n'a pu fe faire
fans perdre les malades qui ne ſe font pas trouvés
en état de fupporter le tranſport , quelques chariots
mal attelés , & beaucoup de provifions ; mais
on a pris de juftes mefures pour empêcher l'ennemi
de profiter de nos magazins.
Le 9 Mars , toute l'armée ſe trouvoit raffemblée
à Hamelen , où M. le Comte de Clermont a établi
190 MERCURE DE FRANCE.
fon quartier général. Depuis ce Prince a donné
ordre de jetter un pont fur le Wefer à Rhintlen ,
affurer la communication avec le corps que pour
commande M. le Comte de Saint- Germain fur la
rive gauche de cette riviere , & pour obferver de
plus près les mouvemens des ennemis fur Munden.
DE PRAGUE , le 3 Mars.
On affure ici que , fuivant le plan d'opérations
concerté à Vienne , l'Impératrice- Reine aura trois
grandes armées qui agiront tout à la fois ; l'une
en Siléfie , fous les ordres du Feld-Maréchal Comte
de Daun ; la deuxieme , commandée par le Feld-
Maréchal Comte de Nadafty , du côté de Troppau
; & la troifieme , dans la Luface , aux ordres
du Feld-Maréchal Bathiani.
Plufieurs lettres ont confirmé l'action particu
liere dont voici le détail. Le 16 Février , un Officier
de nos troupes vint loger à Kaldekerich. II
n'avoit qu'un petit détachement avec lui , & cependant
il fit marquer des logemens pour mille
hommes ; mais il n'exigea pour fa troupe que les
provifions néceffaires , & fit obferver le meilleur
ordre. A peine ce qu'il avoit demandé aux habitans
lui fut délivré , qu'il parut un corps de troupes
ennemies fort fupérieur au fien , dans le deffein
de l'enlever. Le Capitaine n'eut que le temps
de s'emparer du cimetiere , & de s'y retrancher
comme il put . Les Pruffiens voulurent l'y forcer ,
& des deux côtés on ſe fufilla vivement. Après
une demi -heure de combat , ils fommerent l'Officier
de fe rendre. Celui-ci pour toute réponſe
dit, qu'il avoit fait marquer du logement pour
deux Bataillons , & qu'il étoit bien réfolu de tenir
juſqu'à leur arrivée. Le feu recommença fur la
AVRIL. 1758. 191
champ ; mais l'Officier voulant ménager fon
monde , fit demander des conditions. Pendant les
pourparlers qui fufpendirent l'attaque , l'Officier
reconnut une maiſon qui communiquoit au cimetiere.
Il fit fortir par-là fon Lieutenant avec la
moitié de fa troupe. Ce dernier après quelques
détours vint charger les Pruffiens en queue , & le
Capitaine fortant tout-à-coup du cimetiere , força
la tête. Les Pruffiens , qui crurent alors avoir fur
les bras les mille hommes dont on avoit parlé,
furent culbutés , & fe retirerent en défordre , laif
fant fur la place vingt-fept hommes morts , fans
les bleffés qu'ils remmenerent avec eux. Le nom
de ce Capitaine eft Lallieux , & le Lieutenant ſe
aomme Ryff.
DE KONIGSBERG , le 13 Février.
Toute la Pruffe eft actuellement au pouvoir des
troupes Ruffiennes. En entrant fur le territoire
d'Elbing , elles ont pris environ quarante foldats
qui occupoient un petit Fort. La garnifon que le
Général Fermer a laiffée ici eft de fix mille hom-'
mes , infanterie & cavalerie. Les Cofaques de fon
armée obfervent la même difcipline que les troupes
nationales , & font traités en conféquence fur
le pied de troupes régulieres.
On affure qu'avant un mois , l'armée Ruffienne
fera forte au moins de quatre-vingts mille hommes
, & qu'il en marchera la moitié vers la Siléſie .
Le corps du Général Fermer eft en pleine marche
pour fe rendre dans la Poméranie.
•
Konigsberg vient d'être impofée par les Ruffiens
à une contribution de cinquante mille écus. Les
Commiffaires de l'Impératrice font de grands amas
de vivres à Kowno , pour y établir un magazin
capable de faire fubfifter un corps de quarante
mille hommes.
L'armée Ruffienne eft en mouvement pour
s'approcher de la Viftule. Le Major général Stolfen
eft entré le 11 dans Marienwerder avec un
détachement de trois cens hommes.
、
On ne peut qu'admirer la modération des Ruf
182 MERCURE DE FRANCE
fiens dans toute leur conduite à notre égard. Cea
pendant on a toujours lieu de craindre que les
violences exercées en Saxe , ne les forcent enfin
d'en venir à de fâcheufes repréfailles.
DE LEIPSICK , le 25 Février.
Les Etats des Cercles de Saxe font toujours af
femblés ici . Le 16 de Février , M. de Borck ,
Miniftre du Roi de Pruffe , propofa de la part de
fon Maître , aux Députés des Cercles , de remettre
aux Etats l'adminiftration des revenus de l'Electorat
, à condition 1º . de payer au Roi de
Pruffe la fomme de fix millions d'écus , y com
pris le produit des domaines & de l'accife géné
male , ou celle de quatre millions & demi , fans ces
deux branches des revenus ; 2º, de donner encore
en portions & rations la valeur de cent mille écus
par mois , pour l'entretien des troupes Pruffiennes
qui font en Saxe ; 3 °. d'acquitter en outre
exactement ce que cet Electorat redoit de l'année
derniere .
Ces demandes n'interrompent point le cours
des exécutions militaires qui fe font avec plus de
rigueur que jamais . Elles commencerent le 8 Janvier
dans les Bailliages de Moiffen & d'Ofchutz ,
pour la livraifon de deux mille wifpels , ou quarante-
huit mille boiffeaux de froment à quoi le
Cercle de Milnie eft taxé . On menace de traiter
de même les autres Bailliages , & de condamner.
au double ceux qui n'auront pas fourni leur con
tingent. Plufieurs Cercles , que les événemens de
la guerre affujettiffent également aux ordres des
deux partis ennemis , ont beau repréſenter les
obftacles que ces ordres contradictoires apportent
au fournitures qu'on exige d'eux, on veut qu'elles
AVRIL. 1758. 183
Te faffent à quelque prix que ce foit , à peine d'être
livrés au pillage des Huffards , & pour les Gentilshommes
dont on pourra le faifir , d'être mis dans
la Fortereffe de Magdebourg,
On a exécuté dans cette Ville douze Marchands
Italiens , taxés enfemble à quinze mille écus de
douceurs ( ainfi nomme- t'on cette nouvelle taxe ) ,
pour le premier bataillon des Gardes Pruffiennes.
Mêmes exactions à Drefde , mêmes violences de
la part du Commandant. Propriétaires & Locatai,
res de maiſons , pauvres & riches , tout y eft taxé,
A l'égard des Saxons enrôlés de force , qui ont
déferté des troupes Pruffiennes , le Directoire de
Torgau a enjoint aux Tribunaux de Juftice , fous
les plus féveres menaces , de confifquer tous leurs
biens meubles & immeubles , fans exception , de
les faire vendre à l'encan dans le terme de fix femaines
, & d'en faire porter le prix à la caiffe militaire
des Pruffiens . Le même traitement fera fait
aux Officiers Saxons qui ont paffé au ſervice de
l'Empereur ou de l'Empire. On veut encore forcer
les parens des déferteurs à les repréſenter. Un
paylan du Bailliage de Noffen qu'on avoit arrêté
pour répondre de fon fils qui étoit fugitif , cherchant
à fe fauver lui-même , a été jetté mort fur
le carreau.
On a mis le fcellé fur l'hôtel des Monnoies à
Drefde , & l'on n'en fait pas la raifon, à moins
que les malverfations du JuifEphraïm , qui depuis
La guerre ont été portées à l'excès , ne lui ayent
attiré cette difgrace.
Les Députés des Etats font encore ici . Le premier
payement des fix cens mille écus qu'ils ont
été contraints d'accorder fous le nom fpécieux de
don gratuit , fe fait actuellement avec la plus
grande rigueur. La moindre Terre noble eft taxée
184 MERCURE DE FRANCE.
à mille écus , & les autres à proportion .
Nos Magiftrats font aux arrêts à l'Hôtel de Ville
& gardés par foixante foldats. On permet feulement
aux plus âgés de retourner chez eux le foir ;
les autres font obligés de refter & de coucher fur
des paillaffes. Il y a fur toutes les maiſons & fur
les biens de fonds une nouvelle taxe fixée à deux
pour cent du prix de la derniere acquifition . Les
Locataires font impofés à quatre gros par écu de
tout bail qui excede vingt écus par an. Si l'on
manque d'argent comptant pour fatisfaire à ces
exactions , il faut donner de l'argenterie ou des
marchandiſes ; les Pruffiens s'accommodent de
tout. Indépendamment de ces taxes , chaque Négociant
eft encore obligé de payer féparément
mille ou deux mille écus. Le commerce eft entiérement
fufpendu , & l'on ne permet plus le tranf
port d'aucunes marchandifes. Enfin les foldats
vont de maifon en maifon , & prennent de force
tout ce qu'on ne veut pas leur donner. Drefde
Chemnitz , Naumbourg , Merfebourg , font traités
à peu près de même. On vend aux Juifs à trèsvil
prix les meubles , habits , effets , jufqu'aux lits
mêmes des habitans qui ne font point en état de
payer les taxes.
A Drefde , la cherté des vivres & la mifere des
habitans font à un tel point , qu'un grand nombre
eft réduit à la mendicité. La Princeffe Royale &
à fon exemple , plufieurs perfonnes de diftinction ,
font obligées , pour les faire vivre , de faire diftri
buer une certaine quantité de pain par femaine.
Le Directeur des biens que le Comte de Bruhl
poffede dans la baffe- Luface, a reçu ordre du Com
mandant de Drefde de s'y rendre au plutôt , pour
rendre compte du revenu de ces biens.
Tous les maux dont Léipfick eft accablée
AVRIL 1758 1185
viennent d'être portés à leur comble . Nos Magif
trats ont été forcés de prêter ferment de fidélité
aux Pruffiens. Pour leur arracher ce ferment , on
avoit planté le canon contre l'Hôtel de Ville. Les
Pruffiens ont voulu exiger le même ferment des
Etats de Saxe , mais ces Etats l'ont refufé ; ils ont
même déclaré hautement qu'ils périroient plutôt
que de manquer de fidélité à leur Souverain légitime
, & plufieurs Députés ont difparu . La Terre
du Comte de Loefer , Maréchal héréditaire & Préfident
né des Etats , & celle du Baron de Ponickau
, Miniftre de Saxe à la Diete de l'Empire , ont
été depuis ravagées & détruites comme celles du
Comte & de la Comteffe de Bruhl. Il eft à remarquer
que le fameux partifan Meyer , exécuteur de
ces violences , a été long- temps au fervice de Saxe.
On apprend de Drefde que le Commandant
Pruffien a auffi obligé les Magiftrats de cette Ville
de prêter ferment de fidélité à fon Maître , & que
la même cérémonie va ſe faire dans les autres Villes
& Bailliages de l'Electorat .
Le château de Lavenftein , appartenant au
Comte de Bunau , Chambellan du Roi , a été ra➡
vagé par les Pruffiens , & tous les effets , meubles
beftiaux , &c. ont été tranſportés à Dreſde.
DE VIENNE , le 27 Février.
On ne croit pas que la ſanté du Prince Charles,
qui eft confidérablement altérée par les fatigues
de la derniere campagne , lui permette de commander
l'armée Impériale dans la campagne prochaine.
Ainfi , felon toutes les apparences , le
Feld -Maréchal Comte de Daun fera chargé da
commandement en chef.
L'échange des prifonniers refpectifs faits dans
186 MERCURE DE FRANCE:
la derniere campagne eſt enfin réglé. Les Coma
miffaires Impériaux & ceux du Roi de Pruffe
vont fe rendre pour cet effet à Peterfwalde &
Jagerndorff , & les troupes qui doivent être
échangées font en marche. Il a paffé par ici le 11
douze cens Craates , qui efcortoient huit cens
prifonniers Pruffiens , & le 14 , il a défilé une autre
Colonne de douze cens Croates qui vont en
Boheme.
On forme aux environs de cette Ville un nouveau
corps de Pionniers , & un autre corps deftiné
uniquement à la garde des équipages : ils fe levent
l'un & l'autre avec tout le fuccès poffible.
Les enrollemens conditionnels ont très- bien
réuffi dans cette Capitale , ainfi qu'à Lints , en
Stirie , & dans les autres Etats héréditaires de
Impératrice- Reine.
M. le Comte de Broglie , Ambaſſadeur du Roi
Très- Chrétien auprès du Roi de Pologne , eſt arrivé
de Warfovie , & retourne en France pour rétablir
fa fanté .
Tout ce qu'il y avoit ici d'Officiers Généraux
& autres , ont en ordre de partir fans délai , pour
rejoindre leurs corps. Le Feld-Maréchal Comte
de Daun eft auffi fur fon départ.
Le 23 Février , la glace dont le Danube étoit
couvert , fe rompit fi fubitement & avec une telle
violence , que quatre arches du grand pont furent
emportées.
La marche des troupes qui viennent d'Italie
pour aller renforcer l'armée de Boheme , a été
retardée quelque temps par le débordement de:
l'Adige ; mais on a des avis certains. que la tête de
ces troupes eft arrivée dans le Tirol.
Les ennemis ont été chaffés de Troppau le 18
par le Marquis de Ville , & ils fe font retirés avec
AVRIL. 1758. 187
perte. Le lendemain de la retraite , le régiment
de Stechau , dragons , croyant que les Pruffiens
occupoient encore ce pofte , s'approcha des fauxbourgs
de la Ville . On le fit attaquer par les
Uhlans , par les Huffards de Karoly , & par les
Huffards Carlftadiens , qui le mirent bientôt en
fuite , lui tuerent du monde , & firent prifonniers
le Major Pruffien qui le commandoit , un Capitaine
, Lieutenans , un Enſeigne , & deux cens
foixante Dragons.
DE HAMBOURG , le z Mars.
Ce qui vient de fe paffer à Zerbft caufe un
étonnement général . Un détachement de Huffards
Pruffiens étant revenu dans cette Ville pour enlever
le Marquis de Fraygne , a procédé de cette
maniere. Ils inveftirent d'abord le château , où le
Prince régnant avoit cru devoir mettre le Marquis
à couvert des violences qu'il avoit déja effayées
, & le tinrent bloqué pendant un jour.
L'Officier qui commandoit le détachement fit
enfuite braquer le canon , & fomma le Prince de
lui livrer le Marquis de Fraygne. Après quelques
négociations tentées infructueufement auprès du
Roi de Pruffe & du Prince Henry , le Comman
dant Pruffien déclara , que , file Marquis ne lui
étoit pas remis avant le 24 Février , il auroit recours
aux voies extrêmes. Sur ces difpofitions , le
Marquis de Fraygne , pour empêcher qu'à fon
occalion on n'achevât de violer tous les droits ,
en forçant jufqu'à l'afyle d'un Prince Souverain &
libre, qui n'eft en guerre avec perfonne , prit le
parti de fe remettre volontairement entre les
mains des Pruffiens. Il fut donc conduit fur le
champ à la citadelle de Magdebourg , où il eft
188 MERCURE DE FRANCE.
traité avec autant de rigueur que le plus coupable
fujet pourroit l'être fous l'autorité légitime de fon
Souverain naturel .
Quelques jours après cet événement , la Princeffe
douairiere d'Anhalt - Zerbft , & le Prince ré→
gnant fon fils , le font retirés dans cette Ville
pour fe fouftraire à de nouvelles extrêmités de la
part des Pruffiens.
DU CAMP D'HAMELEN , le 9 Mars.
Les troupes d'Hanovre , de Brunfwick & de
Heffe , auxquelles plufieurs régimens Pruffiens
s'étoient joints , fe mirent en mouvement le 18
du mois dernier , pour attaquer nos quartiers. Un
corps confidérable des ennemis fe porta fur Vehrden
, ce qui obligea M. le Marquis de Saint - Cha-
Maréchal de Camp , commandant alors
dans ce pofte , qui n'eft d'aucune défenſe , de l'évacuer,
& les inondations l'obligerent de ſe replier
fur Brême.
mans ,
Le 23 Février, M le Comte de Chabot- la Serre,
Brigadier des Armées du Roi & Colonel desVolontaires
Royaux , fut vivement attaqué dans Hoya
par des troupes fupérieures aux fiennes. Il avoit
fous fes ordres le rég ment des Gardes Lorraines ,
deux compagnies de Grenadiers , deux Piquets de
Bretagne , & cent Dragons du régiment Meſtre
de Camp Général. Il fit la plus vigoureufe défenfe
, & fe battit de rue en rue : enfin forcé de fe
retirer dans le château , il obtint une capitulation
très-honorable & fortit , ainfi que les troupes
qu'il commandoit , avec tous les honneur de la
guerre. Le régiment des Gardes Lorraines a beaucoup
perdu à cette attaque. M. le Chevalier Mecles
, Lieutenant- Colonel du régiment Mestre de
AVRIL 1758. 189
Camp Général , qui étoit venu volontairement
avec les Dragons , & M de Prade , Aide Major de
ce corps , ont été tués . M. le Chevalier de Lemps ,
Lieutenant-Colonel du régiment de Bretagne
s'eft fort dift.ngué , ainfi que tous les Officiers des
différens corps.
M. le Comte de Chabot ayant fait fçavoir le 24
à M. le Comte de Saint- Germain l'événement de
Hoya , ce Lieutenant géneral jugea qu'il ne pouvoit
plus être d'aucune utilité dans Brême au refte
de l'armée dont il fe trouvoit féparé , & qu'en y
reftant , il couroit rifque d'être coupé tout -à -fait
par l'ennemi ainfi il fit fur le champ fes difpofitions
pour ſe retirer avec fa nombreuſe garnifon.
Il a fait fa retraite dans le meilleur ordre jufqu'à
Ofnabruck , où il a trouvé le régiment de Champagne
, deux régimens de Cavalerie , & le régi
ment Colonel général des Dragons.
;.
M. le Comte de Clermont ayant jugé à propos
de replier fon quartier général pour donner le
temps à tous les corps de fon armée de le joindre ,
ce Prince partit le 28 d'Hanovre dans le plus
grand ordre , & en faifant obferver à les troupes
la plus exacte difcipline. Il a fait diftribuer aux
pauvres les farines qui ne pouvoient fe transporter.
Il avoit donné les ordres pour faire évacuer dès le
26 les Villes de Zell , de Brunſwick , de Wolfenbuttel
, & tous les autres poftes que nos troupes
occupoient. Cette retraite générale n'a pu fe faire
fans perdre les malades qui ne ſe font pas trouvés
en état de fupporter le tranſport , quelques chariots
mal attelés , & beaucoup de provifions ; mais
on a pris de juftes mefures pour empêcher l'ennemi
de profiter de nos magazins.
Le 9 Mars , toute l'armée ſe trouvoit raffemblée
à Hamelen , où M. le Comte de Clermont a établi
190 MERCURE DE FRANCE.
fon quartier général. Depuis ce Prince a donné
ordre de jetter un pont fur le Wefer à Rhintlen ,
affurer la communication avec le corps que pour
commande M. le Comte de Saint- Germain fur la
rive gauche de cette riviere , & pour obferver de
plus près les mouvemens des ennemis fur Munden.
DE PRAGUE , le 3 Mars.
On affure ici que , fuivant le plan d'opérations
concerté à Vienne , l'Impératrice- Reine aura trois
grandes armées qui agiront tout à la fois ; l'une
en Siléfie , fous les ordres du Feld-Maréchal Comte
de Daun ; la deuxieme , commandée par le Feld-
Maréchal Comte de Nadafty , du côté de Troppau
; & la troifieme , dans la Luface , aux ordres
du Feld-Maréchal Bathiani.
Plufieurs lettres ont confirmé l'action particu
liere dont voici le détail. Le 16 Février , un Officier
de nos troupes vint loger à Kaldekerich. II
n'avoit qu'un petit détachement avec lui , & cependant
il fit marquer des logemens pour mille
hommes ; mais il n'exigea pour fa troupe que les
provifions néceffaires , & fit obferver le meilleur
ordre. A peine ce qu'il avoit demandé aux habitans
lui fut délivré , qu'il parut un corps de troupes
ennemies fort fupérieur au fien , dans le deffein
de l'enlever. Le Capitaine n'eut que le temps
de s'emparer du cimetiere , & de s'y retrancher
comme il put . Les Pruffiens voulurent l'y forcer ,
& des deux côtés on ſe fufilla vivement. Après
une demi -heure de combat , ils fommerent l'Officier
de fe rendre. Celui-ci pour toute réponſe
dit, qu'il avoit fait marquer du logement pour
deux Bataillons , & qu'il étoit bien réfolu de tenir
juſqu'à leur arrivée. Le feu recommença fur la
AVRIL. 1758. 191
champ ; mais l'Officier voulant ménager fon
monde , fit demander des conditions. Pendant les
pourparlers qui fufpendirent l'attaque , l'Officier
reconnut une maiſon qui communiquoit au cimetiere.
Il fit fortir par-là fon Lieutenant avec la
moitié de fa troupe. Ce dernier après quelques
détours vint charger les Pruffiens en queue , & le
Capitaine fortant tout-à-coup du cimetiere , força
la tête. Les Pruffiens , qui crurent alors avoir fur
les bras les mille hommes dont on avoit parlé,
furent culbutés , & fe retirerent en défordre , laif
fant fur la place vingt-fept hommes morts , fans
les bleffés qu'ils remmenerent avec eux. Le nom
de ce Capitaine eft Lallieux , & le Lieutenant ſe
aomme Ryff.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En février 1758, l'Allemagne est sous contrôle des troupes russes. À Königsberg, les Russes ont capturé environ quarante soldats et laissé une garnison de six mille hommes. Les Cosaques montrent une discipline comparable aux troupes nationales. Les Russes prévoient d'augmenter leur armée à quatre-vingt mille hommes, dont la moitié se dirigera vers la Silésie. Le général Fermer se dirige vers la Poméranie. Königsberg a été imposée d'une contribution de cinquante mille écus. Les commissaires de l'impératrice stockent des vivres à Kowno pour soutenir une armée de quarante mille hommes. Les Russes avancent vers la Vistule, et le major général Stolfen a pris Marienwerder avec trois cents hommes. À Leipzig, les États des Cercles de Saxe sont réunis. Le ministre du roi de Prusse, M. de Borck, propose de remettre l'administration des revenus de l'Électorat aux États en échange de paiements et de fournitures pour les troupes prussiennes. Les exécutions militaires continuent avec rigueur, notamment dans les bailliages de Moissen et d'Oschutz, où des contingents de blé sont exigés. Les Cercles saxons, soumis aux ordres des deux partis ennemis, doivent fournir des approvisionnements sous peine de pillage. Douze marchands italiens ont été exécutés à Dresde pour non-paiement de taxes. Les biens des déserteurs saxons sont confisqués, et leurs familles menacées. Le commerce est suspendu, et les troupes prussiennes prennent de force ce qui n'est pas donné. À Vienne, la santé du prince Charles est altérée, et le comte de Daun devrait commander l'armée impériale. L'échange des prisonniers est réglé, et de nouvelles troupes sont levées. Le comte de Broglie retourne en France pour raisons de santé. Les ennemis ont été chassés de Troppau par le marquis de Ville. À Hambourg, un détachement prussien a enlevé le marquis de Fraygne à Zerbst, malgré les protestations du prince régnant. La princesse douairière et le prince régnant se sont retirés pour éviter de nouvelles extrémités. À Hamelen, les troupes hanovriennes, brunswickoises et hessoises, rejointes par des régiments prussiens, ont attaqué les quartiers français. Le comte de Chabot a obtenu une capitulation honorable à Hoya après une vigoureuse défense. En février 1758, un officier français, séparé de son armée à Brême, se retire avec sa garnison jusqu'à Osnabrück pour éviter d'être coupé par l'ennemi. Le Comte de Clermont replie son quartier général pour permettre à toutes les troupes de le rejoindre, partant d'Hanovre le 28 avec discipline et en distribuant des farines aux pauvres. Il ordonne l'évacuation de plusieurs villes et postes occupés par les troupes françaises. Cette retraite entraîne la perte de malades, de chariots mal attelés et de provisions, mais des mesures sont prises pour protéger les magasins. Le 9 mars, l'armée se rassemble à Hamelin, où le Comte de Clermont établit son quartier général. Il ordonne la construction d'un pont sur la Weser à Rinteln pour assurer la communication avec les troupes commandées par le Comte de Saint-Germain. En Bohême, selon un plan d'opérations concerté à Vienne, l'Impératrice-Reine doit diriger trois grandes armées en Silésie, en Moravie et en Lusace. Le 16 février, un officier français avec un petit détachement se retranche dans un cimetière face à un corps de troupes ennemies supérieur. Après une demi-heure de combat, l'officier négocie des conditions et parvient à surprendre les Prussiens en les attaquant de deux côtés. Les Prussiens sont repoussés, laissant 27 morts sur le champ de bataille. Les noms des officiers français impliqués sont le Capitaine Lallieux et le Lieutenant Ryff.
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15
p. 207-210
ARREST du Conseil d'Etat du Roi, qui permet à toutes personnes de faire le commerce des Laines, tant nationales qu'étrangeres, comme aussi de les faire circuler dans tout le Royaume, en exemption de tous droits d'entrée & de sortie, &c. Du 20 Mars 1758. Extraits des Registres du Conseil d'Etat.
Début :
Le Roi s'étant fait représenter, en son Conseil, l'Arrêt rendu [...]
Mots clefs :
Arrêt du Conseil d'État, Commerce de laine, Exemption des droits, Roi, Marchands, Provinces, Royaume
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARREST du Conseil d'Etat du Roi, qui permet à toutes personnes de faire le commerce des Laines, tant nationales qu'étrangeres, comme aussi de les faire circuler dans tout le Royaume, en exemption de tous droits d'entrée & de sortie, &c. Du 20 Mars 1758. Extraits des Registres du Conseil d'Etat.
MRREST du Confeil d'Erat du Roi , qui permet
à toutes personnes de faire le commerce des
Laines , tant nationales qu'étrangeres , comme
auffe de lesfaire cirouler dans tout le Royaume
en exemption de tous droits d'entrée & defortie ,
&c. Da 20Mars 1758.
Extrait des Regifres du Confeil d'Etat.
Le Roi s'étant fait répréfenter , en fon Confeil ,
PArrêt renduen icelui le 4 Août 1716 , par lequel
auroit été dérogé aux difpofitions d'autres arrêts
des 9 Mai & 2 Juin 1699 , qui défendent à tous
autres qu'aux Marchands de laine & aux Fabricans
d'acheter des laines pour les revendre &
en faire trafic , & ordonné qu'à la venir ce commerce
feroit entièrement libre & permis à toutes
perfonnes Autre arrêt du 9 Décembre 1749 ,
par lequel Sa Majefté a exempté de tous droits.
d'entrée & de fortie , & des droits locaux dépendans
de la Ferme générale , les laines qui pafferoient
des provinces des cinq groffes Fermes
dans les provinces réputées étrangeres , & des
provinces réputées étrangeres dans celles des
sing groffes Fermes : & Sa Majefté érant infor
·
208 MERCURE DE FRANCE.
mée que par arrêt du 7 Avril 1714 , il a été fait
défenfes de fortir les laines de la province de Lan,
guedoc pour les tranfporter dans les autres provinces
du Royaume , fans en avoir une pers
miffion expreffe & par écrit du fieur Intendant
& Commiffaire départi dans ladite province ;
ce qui empêche l'effet de la liberté que Sa Majesté
a eu intention de procurer au commerce des
laines qu'il paroît fubfifter auffi quelques autres
réglemens , qui reftreignent la liberté de ce commerce.
A quoi Sa Majefté defirant pourvoir ; ouï
le rapport du fieur de Boullongne , Confeiller ordinaire
au Confeil royal , Contrôleur général des
finances , le Roi étant en fon Confeil , a ordonné
& ordonne que les arrêts des 4 Août 1716 &
9 Décembre 1749 , feront exécutés felon leur
forme & teneur en conféquence , permet à toutes
perfonnes de faire le commerce des laines ,
tant nationales qu'étrangeres ; comme auffi de
faire circuler librement lefdites laines dans tout
l'intérieur, du Royaume , en exemption de tous
droits, foit d'entrée & de fort ie , lorfqu'elles pafferont
des provinces réputées étrangeres dans celles
des cinq groffes Fermes , & de celles des cinq
groffes Fermes dans les provinces réputées étran
geres , qu'autres droits locaux , à l'exception néan,
moins de ceux dépendans des Fermes des Aides &
Domaines dérogeant à cet effet Sa Majefté , tant
à l'arrêt du 7 Avril 1714 , qu'à toute autre dif
pofition contraire au préfent arrêt ; fans préjudice
toutefois du droit de ving - cinq livres du
cent pefant , que les laines nationales continueront
d'acquitter à la fortie du Royaume , con
formément à l'article V de l'arrêt du 9 Décem
bre 1749, Enjoint Sa Majefté aux fieurs Intendans
& Commiffaires départis pour l'exécution
MA I. 1758.
203
de fes ordres dans les provinces & généralités
du Royaume , de tenir la main à l'exécution
du préfent arrêt. Fait au Confeil d'Etat da Rõi¹,
Sa Majesté y étant , tenu à Verſailles le vingtieme
jour de Mars mil fept cent cinquante- huit. Signé
Phelipeaux.
LOUIS , par la grace de Dieu , Roi de France
& de Navarre , Dauphin de Viennois , Comte de
Valentinois
& Diois , Provence , Forcalquier
&
terres adjacentes
: A nos amés & féaux Confeillers
en nos Confeils , les ,fieurs Intendans
&
Commiffaires
, départis pour l'exécution
de nos
ordres dans les provinces & généralités
de notre
Royaume ; Salut. Nous vous mandons & enjoignons
par ces préfentes fignées de nous , de
tenir , chacun en droit foi , la main à l'exécution
de, l'arrêt dont l'extrait eft ci -attaché fous le
contre-fcel de notre Chancellerie
, cejourd'hui
rendu en notre Confeil d'Etat , Nous y étante,
pour les caufes y contenus : Comman
ons au
premier notre Huiffier ou Sergent fur ce requis ,
de fignifier ledit arrêt à tous qu'il appartiendra
,
à ce que perfonne n'en ignore ; & de faire pour
l'entiere exécution d'icelui , tous actes & exploits
néceffaires
, fans autre permiffion
, nonobftant
clameur de Haro , Chartre Normande
& lettres
à ce contraires
; aux copies duquel , collationnées
par l'un de nos amés & féaux Confeillers
Secrétaires
, voulons que foi foit ajoûtée comme
aux originaux
: Car tel eft notre plaifir . Donné à
Verfailles
le vingtieme
jour de Mars , l'an de
grace mil fept cent cinquante-huit , & de no
tre regne le quarante- troifieme . Signé LOUIS . Et
plus bas , Par le Roi , Dauphin , Comte de Provence.
Signé Phelipeaux
. Et fcellé.
210 MERCURE DE FRANCE.
Pour le Roi. Collationné aux originaux , par
nous Ecuyer , Confeiller Secrétaire du Roi , Mai
fon , Couronne de France & de fes finances.
à toutes personnes de faire le commerce des
Laines , tant nationales qu'étrangeres , comme
auffe de lesfaire cirouler dans tout le Royaume
en exemption de tous droits d'entrée & defortie ,
&c. Da 20Mars 1758.
Extrait des Regifres du Confeil d'Etat.
Le Roi s'étant fait répréfenter , en fon Confeil ,
PArrêt renduen icelui le 4 Août 1716 , par lequel
auroit été dérogé aux difpofitions d'autres arrêts
des 9 Mai & 2 Juin 1699 , qui défendent à tous
autres qu'aux Marchands de laine & aux Fabricans
d'acheter des laines pour les revendre &
en faire trafic , & ordonné qu'à la venir ce commerce
feroit entièrement libre & permis à toutes
perfonnes Autre arrêt du 9 Décembre 1749 ,
par lequel Sa Majefté a exempté de tous droits.
d'entrée & de fortie , & des droits locaux dépendans
de la Ferme générale , les laines qui pafferoient
des provinces des cinq groffes Fermes
dans les provinces réputées étrangeres , & des
provinces réputées étrangeres dans celles des
sing groffes Fermes : & Sa Majefté érant infor
·
208 MERCURE DE FRANCE.
mée que par arrêt du 7 Avril 1714 , il a été fait
défenfes de fortir les laines de la province de Lan,
guedoc pour les tranfporter dans les autres provinces
du Royaume , fans en avoir une pers
miffion expreffe & par écrit du fieur Intendant
& Commiffaire départi dans ladite province ;
ce qui empêche l'effet de la liberté que Sa Majesté
a eu intention de procurer au commerce des
laines qu'il paroît fubfifter auffi quelques autres
réglemens , qui reftreignent la liberté de ce commerce.
A quoi Sa Majefté defirant pourvoir ; ouï
le rapport du fieur de Boullongne , Confeiller ordinaire
au Confeil royal , Contrôleur général des
finances , le Roi étant en fon Confeil , a ordonné
& ordonne que les arrêts des 4 Août 1716 &
9 Décembre 1749 , feront exécutés felon leur
forme & teneur en conféquence , permet à toutes
perfonnes de faire le commerce des laines ,
tant nationales qu'étrangeres ; comme auffi de
faire circuler librement lefdites laines dans tout
l'intérieur, du Royaume , en exemption de tous
droits, foit d'entrée & de fort ie , lorfqu'elles pafferont
des provinces réputées étrangeres dans celles
des cinq groffes Fermes , & de celles des cinq
groffes Fermes dans les provinces réputées étran
geres , qu'autres droits locaux , à l'exception néan,
moins de ceux dépendans des Fermes des Aides &
Domaines dérogeant à cet effet Sa Majefté , tant
à l'arrêt du 7 Avril 1714 , qu'à toute autre dif
pofition contraire au préfent arrêt ; fans préjudice
toutefois du droit de ving - cinq livres du
cent pefant , que les laines nationales continueront
d'acquitter à la fortie du Royaume , con
formément à l'article V de l'arrêt du 9 Décem
bre 1749, Enjoint Sa Majefté aux fieurs Intendans
& Commiffaires départis pour l'exécution
MA I. 1758.
203
de fes ordres dans les provinces & généralités
du Royaume , de tenir la main à l'exécution
du préfent arrêt. Fait au Confeil d'Etat da Rõi¹,
Sa Majesté y étant , tenu à Verſailles le vingtieme
jour de Mars mil fept cent cinquante- huit. Signé
Phelipeaux.
LOUIS , par la grace de Dieu , Roi de France
& de Navarre , Dauphin de Viennois , Comte de
Valentinois
& Diois , Provence , Forcalquier
&
terres adjacentes
: A nos amés & féaux Confeillers
en nos Confeils , les ,fieurs Intendans
&
Commiffaires
, départis pour l'exécution
de nos
ordres dans les provinces & généralités
de notre
Royaume ; Salut. Nous vous mandons & enjoignons
par ces préfentes fignées de nous , de
tenir , chacun en droit foi , la main à l'exécution
de, l'arrêt dont l'extrait eft ci -attaché fous le
contre-fcel de notre Chancellerie
, cejourd'hui
rendu en notre Confeil d'Etat , Nous y étante,
pour les caufes y contenus : Comman
ons au
premier notre Huiffier ou Sergent fur ce requis ,
de fignifier ledit arrêt à tous qu'il appartiendra
,
à ce que perfonne n'en ignore ; & de faire pour
l'entiere exécution d'icelui , tous actes & exploits
néceffaires
, fans autre permiffion
, nonobftant
clameur de Haro , Chartre Normande
& lettres
à ce contraires
; aux copies duquel , collationnées
par l'un de nos amés & féaux Confeillers
Secrétaires
, voulons que foi foit ajoûtée comme
aux originaux
: Car tel eft notre plaifir . Donné à
Verfailles
le vingtieme
jour de Mars , l'an de
grace mil fept cent cinquante-huit , & de no
tre regne le quarante- troifieme . Signé LOUIS . Et
plus bas , Par le Roi , Dauphin , Comte de Provence.
Signé Phelipeaux
. Et fcellé.
210 MERCURE DE FRANCE.
Pour le Roi. Collationné aux originaux , par
nous Ecuyer , Confeiller Secrétaire du Roi , Mai
fon , Couronne de France & de fes finances.
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Résumé : ARREST du Conseil d'Etat du Roi, qui permet à toutes personnes de faire le commerce des Laines, tant nationales qu'étrangeres, comme aussi de les faire circuler dans tout le Royaume, en exemption de tous droits d'entrée & de sortie, &c. Du 20 Mars 1758. Extraits des Registres du Conseil d'Etat.
Le document est un extrait des registres du Conseil d'État du Roi, daté du 20 mars 1758, traitant du commerce des laines. Le Roi, après avoir été informé des restrictions précédentes, a ordonné l'exécution des arrêts des 4 août 1716 et 9 décembre 1749. Ces arrêts permettent à toutes les personnes de commercer les laines, qu'elles soient nationales ou étrangères, et de les faire circuler librement dans tout le Royaume, en exemption de droits d'entrée et de sortie. Les laines passant des provinces réputées étrangères vers celles des cinq grosses fermes, et vice versa, sont également exemptées de droits locaux, sauf ceux des Fermes des Aides et Domaines. Le Roi a également abrogé l'arrêt du 7 avril 1714, qui interdisait l'exportation des laines du Languedoc sans permission. Les Intendants et Commissaires sont chargés de faire exécuter cet arrêt dans les provinces. Le document est signé par le Roi Louis et le Conseiller Philippeaux.
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15
16
p. 213
AUTRE.
Début :
Le sieur Chinon enseigne l'ordre des Ecritures du Commerce maritime, [...]
Mots clefs :
Enseignement, Connaissances générales, Colons, Marchands, Navigateurs, Finances
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texteReconnaissance textuelle : AUTRE.
AUTRE.
E fieur Chinon enfeigne l'ordre des Ecritu
res du Commerce maritime , la formation des
Comptes d'armemens & des défarmemens , Cargaifons
pour l'Amérique & la Guinée , Décomptes
d'Equipages , Traite des Noirs , la difpofition
du Tableau de leurs Ventes , l'ordre que l'on
tient par rapport à l'argent des Ifles , celui des retours
des Navires qui ont fait la Traite , Affrétemens
de Navires , ou Chartepartie , Affurance ,
Prime , Groffes Aventures , Cambie de Groffe ,
Eret , Pacotilles , Avaries ordinaires & extraordi
naires , la Tenue des Livres , les Changes , enfin
toutes les Regles & les Instructions qui en dépen
dent , & qui font abfolument néceffaires aux perfonnes
qui ont deffein de paffer à l'Amérique ,
pour s'y établir , ou de travailler chez les Habitans,
Négocians, Armateurs & Marchands , même
pour ceux qui navigent, & qui defireroient entrer
au fervice de la Compagnie des Indes . Sa demeure
eftrue des Vieux Auguſtins, du côté de celle Montmartre
, au coin de la rue , chez le fieur Château ,
vis-à-vis la Croix d'Or. On le trouvera dans fa
Claffe , depuis huit heures du matin, jufqu'à midi.
E fieur Chinon enfeigne l'ordre des Ecritu
res du Commerce maritime , la formation des
Comptes d'armemens & des défarmemens , Cargaifons
pour l'Amérique & la Guinée , Décomptes
d'Equipages , Traite des Noirs , la difpofition
du Tableau de leurs Ventes , l'ordre que l'on
tient par rapport à l'argent des Ifles , celui des retours
des Navires qui ont fait la Traite , Affrétemens
de Navires , ou Chartepartie , Affurance ,
Prime , Groffes Aventures , Cambie de Groffe ,
Eret , Pacotilles , Avaries ordinaires & extraordi
naires , la Tenue des Livres , les Changes , enfin
toutes les Regles & les Instructions qui en dépen
dent , & qui font abfolument néceffaires aux perfonnes
qui ont deffein de paffer à l'Amérique ,
pour s'y établir , ou de travailler chez les Habitans,
Négocians, Armateurs & Marchands , même
pour ceux qui navigent, & qui defireroient entrer
au fervice de la Compagnie des Indes . Sa demeure
eftrue des Vieux Auguſtins, du côté de celle Montmartre
, au coin de la rue , chez le fieur Château ,
vis-à-vis la Croix d'Or. On le trouvera dans fa
Claffe , depuis huit heures du matin, jufqu'à midi.
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Résumé : AUTRE.
Le texte présente un ouvrage intitulé 'E fieur Chinon enfeigne l'ordre des Ecritures du Commerce maritime'. Cet ouvrage traite divers aspects du commerce maritime, incluant la formation des comptes d'armement et de désarmement, les cargaisons pour l'Amérique et la Guinée, les décomptes d'équipages, la traite des Noirs, la gestion de l'argent des îles, les retours des navires ayant effectué la traite, les affrétements de navires, les assurances, les primes, les grosses aventures, le change de grosse, les effets, les pacotilles, les avaries ordinaires et extraordinaires, la tenue des livres et les changes. Ces règles et instructions sont destinées aux personnes souhaitant s'établir ou travailler en Amérique, ainsi qu'aux négociants, armateurs, marchands et aux personnes naviguant et désirant entrer au service de la Compagnie des Indes. L'auteur réside chez le sieur Château, vis-à-vis la Croix d'Or, dans la classe des Vieux Augustins, côté Montmartre, et est disponible de huit heures du matin à midi.
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17
p. 195
De Vienne, le 10 Décembre.
Début :
Le Maréchal Daun arriva ici le 7. Leurs Majestés Impériales lui [...]
Mots clefs :
Maréchal Daun, Majesté impériale, Leipzig, Taxes, Marchands, Saxe, Prince Maurice
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texteReconnaissance textuelle : De Vienne, le 10 Décembre.
De Vienne , le 10. Décembre.
Le Maréchal Daun arriva ici le 7. Leurs Majeſtés
Impériales lui firent tout l'accueil que méritent
fes fervices.
Du 22.
On mande de Saxe que la Ville de Leipfick
n'a pu obtenir de diminution à la fomme de
sooooo écus , à quoi elle a été taxće. On a mis
les Magiftrats aux arrêts dans l'Hôtel - de- Ville. Les
Principaux Marchands ſont gardés à la Bourſe
par des Soldats ; & les uns & les autres n'auront
leur liberté que lorſque la fomme aura été payée
en entier.
Le 4 , les Etats de Saxe s'aſſemblerent par ordre
du Roi de Pruſſe , & on leur demanda 18000
hommes de Recrues , & 800000 écus de contribution.
Le Prince Maurice , qui avoit été bleſſé & fair
Prisonnier à la Batailled'Hoch-Kircken , eft préfentement
hors de danger.
Le Maréchal Daun arriva ici le 7. Leurs Majeſtés
Impériales lui firent tout l'accueil que méritent
fes fervices.
Du 22.
On mande de Saxe que la Ville de Leipfick
n'a pu obtenir de diminution à la fomme de
sooooo écus , à quoi elle a été taxće. On a mis
les Magiftrats aux arrêts dans l'Hôtel - de- Ville. Les
Principaux Marchands ſont gardés à la Bourſe
par des Soldats ; & les uns & les autres n'auront
leur liberté que lorſque la fomme aura été payée
en entier.
Le 4 , les Etats de Saxe s'aſſemblerent par ordre
du Roi de Pruſſe , & on leur demanda 18000
hommes de Recrues , & 800000 écus de contribution.
Le Prince Maurice , qui avoit été bleſſé & fair
Prisonnier à la Batailled'Hoch-Kircken , eft préfentement
hors de danger.
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Résumé : De Vienne, le 10 Décembre.
Le 10 décembre, le maréchal Daun fut accueilli à Vienne par les Majestés Impériales. À Leipzig, les magistrats et marchands furent arrêtés pour non-paiement de 5000 écus. Le 4 décembre, le roi de Prusse demanda 18 000 recrues et 800 000 écus à la Saxe. Le prince Maurice, blessé à Hoch-Kirchen, était hors de danger.
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18
p. 201
De Dresde, le 22 Decembre.
Début :
On a rendu la liberté aux Marchands de Leipsick qui étoient détenus [...]
Mots clefs :
Marchands, Liberté, Soldats, Surveillance, Roi de Prusse
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texteReconnaissance textuelle : De Dresde, le 22 Decembre.
De Drefde , le 22 Decembre.
On a rendu la liberté aux Marchands de Leip
fick qui étoient détenus Prifonniers : mais on a
mis chez eux des Soldats qui font autorisés à
vivre à difcrétion , jufqu'à ce que la fomme de.
cinq cens mille écus , que le Roi de Prufſe de
mande , foit entierement acquittée.
On a rendu la liberté aux Marchands de Leip
fick qui étoient détenus Prifonniers : mais on a
mis chez eux des Soldats qui font autorisés à
vivre à difcrétion , jufqu'à ce que la fomme de.
cinq cens mille écus , que le Roi de Prufſe de
mande , foit entierement acquittée.
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19
p. 200
Tirage de la premiere Loterie de l'Hôtel-de-Ville de Paris, accordé par Arrêt du Conseil du 30 Juillet 1760. De par les Prévôt [sic] des Marchands & Echevins.
Début :
Le Public est averti que le Tirage de la premiere Loterie de l'Hôtel de Ville de Paris, accordée [...]
Mots clefs :
Tirage, Loterie, Hôtel de ville, Paris, Arrêt du conseil, Prévôts, Marchands, Échevins
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tirage de la premiere Loterie de l'Hôtel-de-Ville de Paris, accordé par Arrêt du Conseil du 30 Juillet 1760. De par les Prévôt [sic] des Marchands & Echevins.
Tirage de la premiere Loterie de l'Hôtel- de-
Ville de Paris , accordée par Arrêt du Conſeil du
30 Juillet 1760.
De par les Prévôt des Marchands & Echevins.
Le Public eft averti que le Tirage de la premiere
Loterie de l'Hôtel de Ville de Paris , ac
cordée par Arrêt du Confeil du 30 Juiller 1760 ,
fe fera publiquement dans la grande Salle dudit
Hôtel de Ville , en préfence & fous les ordres
des Frévôt des Marchands & Echevins , en
la manière accoutumée , le Mardi 16 Décembre
1760 , & jours fuivans , fans interruption : &
que huitaine après ledit Tirage fini , la lifte des
numéros gagnans fera imprimée & rendue publique
; & les Lots payés comptant, au defir dudit
Arrêt.
Ville de Paris , accordée par Arrêt du Conſeil du
30 Juillet 1760.
De par les Prévôt des Marchands & Echevins.
Le Public eft averti que le Tirage de la premiere
Loterie de l'Hôtel de Ville de Paris , ac
cordée par Arrêt du Confeil du 30 Juiller 1760 ,
fe fera publiquement dans la grande Salle dudit
Hôtel de Ville , en préfence & fous les ordres
des Frévôt des Marchands & Echevins , en
la manière accoutumée , le Mardi 16 Décembre
1760 , & jours fuivans , fans interruption : &
que huitaine après ledit Tirage fini , la lifte des
numéros gagnans fera imprimée & rendue publique
; & les Lots payés comptant, au defir dudit
Arrêt.
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Résumé : Tirage de la premiere Loterie de l'Hôtel-de-Ville de Paris, accordé par Arrêt du Conseil du 30 Juillet 1760. De par les Prévôt [sic] des Marchands & Echevins.
Le premier tirage de la loterie de l'Hôtel de Ville de Paris, autorisé par un arrêté du 30 juillet 1760, se tiendra du 16 décembre 1760 sous la supervision des Prévôt des Marchands et Échevins. La liste des numéros gagnants sera publiée huit jours après la fin du tirage. Les lots seront payés en espèces.
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20
p. 208-210
« Le Sieur Bresson De Maillard, Marchand d'Estampes, & Privilégié des Enfans de [...] »
Début :
Le Sieur Bresson De Maillard, Marchand d'Estampes, & Privilégié des Enfans de [...]
Mots clefs :
Estampes , Dessins, Vignettes, Ouvrage, Alphabet, Livre, Papiers, Emblèmes, Marchands, Libraires
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texteReconnaissance textuelle : « Le Sieur Bresson De Maillard, Marchand d'Estampes, & Privilégié des Enfans de [...] »
LE Sieur BRESSON DE MAILLARD , Marchand
d'Eftampes , & Privilégié des Enfans de France ,
en ouvrages de Caractères , Deffeins , Vignettes ,
demeurant rue S. Jacques , Maifon de M. de Lambon
, Avocat , proche M. Duchefne , Marchand
Libraire à Paris , tient un affortiment de Caractères,
Vignettes , & de différentes Fleurs , qu'il a
deffinées d'après nature, & exécutées fur des Planches
de cuivre , avec lefquelles on peut, avec faci
JANVIER . 1764. 209
lité & fur le champ , faire divers Deffeins pour
meubles , & c .
Ledit Sieur exécute pareillement à jour nombre
d'autres ouvrages utiles , & d'une même facilité
dans l'ufage , comme des Adreſſes , Alphabeths
pour apprendre les Enfans à lire , Notes , Etiquettes
, Noms à laiffer en vifite , ou pour mettre fur
les Livres , Marques & Chiffres , Deffeins au fimple
trait pour broder ou peindre d'après.
Il dient auffi un alfortiment de toutes fortes de
Papiers peints en Vignettes , & entreprend de noter
les Livres de Plein- chant.
Il grave auffi en Taille-douce des Adreſſes avec
les attributs des différentes Profeffions , & autres
fujets.
L'Epoufe du Sieur MAILLARD deffine & colore
très - proprement les Fleurs , Emblêmes & Armoiries
, Ecrans. Elle montre aux Dames la manière
de fe fervir des Planches à jour , que l'on peut
qualifier d'Art de deffiner & de peindrefans Maitres
& fournit les Couleurs & autres chofes qui y font
relatives.
On trouvera auffi chez ledit Sieur une fuite affez
confidérable de petites Eftampes en Emblèmes ,
Deviles , Fables choilies , Prières , Bouquets & Sou
haits de bonnes Fêtes , Etrennes brochées en forme
de Calendrier, Emblématiques & Chantantes , pour
la nouvelle Année , préfentées aux Enjans de France..
Ceux qui defireront acheter & connoitre plus
particulièrement toutes lefdites Marchan difes d'Eltampes
, Caractères & Deffeins , & qui fouhaiteront
les vrais Originaux , s'adrefferont directement à
Paris au Sieur MAILLARD ; & en Province à MM.
les Libraires & Marchands d'Eftampes qu'il fournit.
Sçavoir ,
A Lyon , M. Daudet.
Rouen , M. Frere , fur le Port.
2TO MERCURE DE FRANCE.
Toulouſe , M. Jouques , rue S. Rome.
Tours , M. Jagus , Marchand Papetier.
Poitiers , M, Fatour.
Bordeaux , M. Noblet.
La Rochelle , M. Pavie , Marchand, Libraire.
A Nantes , M. Tancrer.
Liege , M. Soer , Marchand Libraire.
Dijon , M. Desventes , Marchand Libraire .
d'Eftampes , & Privilégié des Enfans de France ,
en ouvrages de Caractères , Deffeins , Vignettes ,
demeurant rue S. Jacques , Maifon de M. de Lambon
, Avocat , proche M. Duchefne , Marchand
Libraire à Paris , tient un affortiment de Caractères,
Vignettes , & de différentes Fleurs , qu'il a
deffinées d'après nature, & exécutées fur des Planches
de cuivre , avec lefquelles on peut, avec faci
JANVIER . 1764. 209
lité & fur le champ , faire divers Deffeins pour
meubles , & c .
Ledit Sieur exécute pareillement à jour nombre
d'autres ouvrages utiles , & d'une même facilité
dans l'ufage , comme des Adreſſes , Alphabeths
pour apprendre les Enfans à lire , Notes , Etiquettes
, Noms à laiffer en vifite , ou pour mettre fur
les Livres , Marques & Chiffres , Deffeins au fimple
trait pour broder ou peindre d'après.
Il dient auffi un alfortiment de toutes fortes de
Papiers peints en Vignettes , & entreprend de noter
les Livres de Plein- chant.
Il grave auffi en Taille-douce des Adreſſes avec
les attributs des différentes Profeffions , & autres
fujets.
L'Epoufe du Sieur MAILLARD deffine & colore
très - proprement les Fleurs , Emblêmes & Armoiries
, Ecrans. Elle montre aux Dames la manière
de fe fervir des Planches à jour , que l'on peut
qualifier d'Art de deffiner & de peindrefans Maitres
& fournit les Couleurs & autres chofes qui y font
relatives.
On trouvera auffi chez ledit Sieur une fuite affez
confidérable de petites Eftampes en Emblèmes ,
Deviles , Fables choilies , Prières , Bouquets & Sou
haits de bonnes Fêtes , Etrennes brochées en forme
de Calendrier, Emblématiques & Chantantes , pour
la nouvelle Année , préfentées aux Enjans de France..
Ceux qui defireront acheter & connoitre plus
particulièrement toutes lefdites Marchan difes d'Eltampes
, Caractères & Deffeins , & qui fouhaiteront
les vrais Originaux , s'adrefferont directement à
Paris au Sieur MAILLARD ; & en Province à MM.
les Libraires & Marchands d'Eftampes qu'il fournit.
Sçavoir ,
A Lyon , M. Daudet.
Rouen , M. Frere , fur le Port.
2TO MERCURE DE FRANCE.
Toulouſe , M. Jouques , rue S. Rome.
Tours , M. Jagus , Marchand Papetier.
Poitiers , M, Fatour.
Bordeaux , M. Noblet.
La Rochelle , M. Pavie , Marchand, Libraire.
A Nantes , M. Tancrer.
Liege , M. Soer , Marchand Libraire.
Dijon , M. Desventes , Marchand Libraire .
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Résumé : « Le Sieur Bresson De Maillard, Marchand d'Estampes, & Privilégié des Enfans de [...] »
Le document présente le Sieur Bresson de Maillard, un marchand d'Etampes et privilégié des Enfants de France, résidant rue Saint-Jacques à Paris. Spécialisé dans les ouvrages de caractères, dessins et vignettes, Maillard propose une variété de produits gravés sur des planches de cuivre, tels que des caractères, vignettes, fleurs, dessins pour meubles, adresses, alphabets pour enfants, notes, étiquettes, marques, chiffres, et dessins pour broder ou peindre. Il offre également des papiers peints en vignettes et propose de noter les livres de plain-chant. Maillard grave en taille-douce des adresses avec les attributs des différentes professions. Son épouse dessine et colore des fleurs, emblèmes et armoiries, et enseigne aux dames l'art de dessiner et peindre à l'aide de planches à jour. Maillard vend aussi des petites estampes en emblèmes, devises, fables choisies, prières, bouquets et souhaits pour les bonnes fêtes. Les produits peuvent être achetés directement à Paris ou auprès de divers libraires et marchands d'estampes en province, comme M. Daudet à Lyon, M. Frere à Rouen, M. Jouques à Toulouse, et d'autres dans diverses villes françaises et belges.
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21
p. 199-202
AVIS DIVERS.
Début :
On a établi depuis peu dans cette Capitale, par privilége exclusif [...]
Mots clefs :
Bureau, Paris, Vente, Adresse, Lettres, Étrangers, Établissement, Renseignements, Province, Objets, Négociants, Marchands, Privilège
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texteReconnaissance textuelle : AVIS DIVERS.
A VIS DIVER S.
On a établi depuis peu dans cette Capitale ,
par privilége exclufif , un Bureau Général d'Indication
, d'Avis , d'Adreffe & de Rencontre.
Cet Etabliſſement , confacré à l'utilité publique,
a pour but d'indiquer par voies d'adreffe , tous
les objets à vendre ou à louer tant à Paris qu'en
Provinces , comme Terres , Maiſons , Domaines ,
Rentes , Charges , Fonds de Commerce , Meubles
, Bijoux , &c. Meubles ou Appartemens
meublés ou non-meublés ; en forte que les perfonnes
tant de Paris que des Provinces qui ont
quelques objets à vendre , à louer ou à acheter ,
peuvent en adreffer à ce Bureau une note circonftancice
, franche de port , en payant feulement
pour tous frais ; fçavoir , pour les objets à
vendre , une livre ; quatre fols, pour ceux du prix
jufqu'à 1000 liv . 3 liv. pour ceux juſqu'à 10000
liv. & 6 liv. pour ceux de 10 , 15 , 20000 liv . &
au-deffus. A l'égard de ceux à louer , les enregiftremens
font de fix fols pour le loyer jufqu'à
300 liv . de douze fols jufqu'à 1000 liv . & de
vingt-quatre fols jufqu'à 3000 liv. & de trois liv.
pour ceux de 3000 liv . & au- deffus. L'on paye le
double de ce prix pour le renfeignement , & lorfque
les perfonnes ne s'accommodent pas de l'ob-
Liv
200 MERCURE DE FRANCE.
et dont on a délivré lé renfeignement , on leur
en donne d'autres gratis , jnfqu'a ce qu'elles foient
fatisfaites.
Ce Bureau préfente enfin au Public un avantage
fupérieur à toutes les voies dont on s'eft fervi
jufqu'à préfent , foit pour vendre , foit pour rencontrer
l'objet que l'on a envie de fe procurer :
1 ° , par la réunion générale de toutes les chofes
qui fe trouvoient auparavant difperfées , & qui
échappoient à ceux qui en faifoient la recherche :
2 ° , parce que les objets que l'on y fait enregif
trer ne font fupprimés du Tableau qui leur eft
propre , qu'après que l'on en a difpofé.
Les Etrangers qui defireront auſſi trouver à
leur arrivée à Paris un appartement prêt à occuper
, pourront écrire directement à ce Bureau ,
qui fe chargera de leur en procurer , enjoignant.
feulement a leur Lettre un Mandat payable à
Paris , au moins pour le montant du premier
mois .
On peut aufli s'y adreffer pour les Extraits de
Baptême , Mariages , Sépultures , & c. & pour
toutes autres recherches & expéditions .
Ce Bureau , pour ne négliger aucun des objets
utiles à la Société , enregistre auffi les diverſes
Penfions Collégiales , Conventuelles & Bourgeoifes
, tant de Paris que des Provinces , moyennant
un abonnement de 3 liv . par année ſealement , &
à la faveur du Tableau détaillé que l'on y aura
fait inférer des prix , nourritures , foins & éducations
qu'on y reçoit , le Particulier ou le Père
de Famille feront moins embarraffés dans le
choix que leur fortune ou les circonstances exigeront.
On a encore réuni un nouvel objet à ce Bureau
qui intérefle particulièrement les Etrangers qui
NOVEMBRE. 1764. 20-
venant à Paris , n'ayant pas de domicile abfoluz
ment fixe & permanent , font fouvent expofes
perdre les Letrres ou effets qui leur font adref
fés , foit par les fréquens changemens de demeu
re , ou par la négligence de ceux chez qui l'on
pourroit le les faire adreffer , foit enfin pour év
ter les incommodités qui peuvent réfulter de la
curiofité , fouvent même de l'indifcrétion de ceux
entre les mains de qui pourroient tomber ces
Lettres. Or ce Bureau préfente un moyen facile
de prévenir ces fortes de défagrémens , par la
railon qu'on peut s'y faire adreffer directement
ces Lettres comme à un domicile qui devient
commun à tous Etrangers & Citoyens ; & que par
l'ordre qu'on y tient, elles font exactement remifes
à la volonté des Commettans , ce qui s'entend
pareillement de toutes les Villes où l'on fe
propofe d'établir de femblables Bureaux .
Il eft effentiel d'obferver qu'on ne fe charge de
la réception defdites Lettres , qu'autant que le
port en eft acquitté , ou que l'on auroit pris avec
le Bureau des arrangemens particuliers & relatifs
à cet objet , en payant deux fols pour la remife de
chacune defdites Lettres.
N. B. Ceux qui defireront former un pareil Etabliffement
dans les principales Villes du Royaume
s'adrefferont , pour en traiter , au Bureau Général ,
rue S. Honoré , à l'Hôtel d'Aligre.
Quoique ce que nous venons d'annoncer ne
foit qu'un extrait fort abrégé de l'utilité de cet
établiſſement , nous pensons qu'il eft fuffisamment
étendu pour que chacun juge en particulier de
l'avantage qu'il peut y trouver.
Les Négocians , les Marchands ou Artiftes ,
&c , qui étant difpofés à augmenter leur Commerce
ou a quitter leur Etat , & qui n'attendent fouvent
Iy
>
202 MERCURE DE FRANCE:
que l'occafion favorable de céder leur fond , ou
enfin les Charges ou Priviléges auxquels ils font
attachés, & ceux qui n'attendent également qu'une
femblable rencontre pour former leur Etabliffement
, envifageront aifément la facilité que leur
préfente à cet égard ce nouveau Bureau. En effet
tous ceux qui font dans l'un & dans l'autre cas
pouvant ufer de la voie qui leur eft ouverte , il est
évident qu'ils feront plus à portée qu'auparavant
de remplir réciproquement leurs vues.
On conçoit qu'il en peut être la même choſe à
l'égard des perfonnes qui defirent fe procurer un
Secrétaire , un Intendant , un Régiffeur , &c , &
de celles qui defirent fe placer en cette qualité.
Nous remarquons auffi qu'il ne feroit pas
moins intéreſſant aux Négocians, aux Marchands,
foit en gros , foit en détail , & à bien d'autres
Particuliers , de faire mettre leurs adreffes audit
Bureau chaque fois qu'ils changent de demeure
, parce que quelques circonftances les obligent
à quitter un quartier où ils auront acquis une
réputation avantageufe , les perfonnes qui leur
feront attachées auront par-là un moyen fûr de
les retrouver.
On a établi depuis peu dans cette Capitale ,
par privilége exclufif , un Bureau Général d'Indication
, d'Avis , d'Adreffe & de Rencontre.
Cet Etabliſſement , confacré à l'utilité publique,
a pour but d'indiquer par voies d'adreffe , tous
les objets à vendre ou à louer tant à Paris qu'en
Provinces , comme Terres , Maiſons , Domaines ,
Rentes , Charges , Fonds de Commerce , Meubles
, Bijoux , &c. Meubles ou Appartemens
meublés ou non-meublés ; en forte que les perfonnes
tant de Paris que des Provinces qui ont
quelques objets à vendre , à louer ou à acheter ,
peuvent en adreffer à ce Bureau une note circonftancice
, franche de port , en payant feulement
pour tous frais ; fçavoir , pour les objets à
vendre , une livre ; quatre fols, pour ceux du prix
jufqu'à 1000 liv . 3 liv. pour ceux juſqu'à 10000
liv. & 6 liv. pour ceux de 10 , 15 , 20000 liv . &
au-deffus. A l'égard de ceux à louer , les enregiftremens
font de fix fols pour le loyer jufqu'à
300 liv . de douze fols jufqu'à 1000 liv . & de
vingt-quatre fols jufqu'à 3000 liv. & de trois liv.
pour ceux de 3000 liv . & au- deffus. L'on paye le
double de ce prix pour le renfeignement , & lorfque
les perfonnes ne s'accommodent pas de l'ob-
Liv
200 MERCURE DE FRANCE.
et dont on a délivré lé renfeignement , on leur
en donne d'autres gratis , jnfqu'a ce qu'elles foient
fatisfaites.
Ce Bureau préfente enfin au Public un avantage
fupérieur à toutes les voies dont on s'eft fervi
jufqu'à préfent , foit pour vendre , foit pour rencontrer
l'objet que l'on a envie de fe procurer :
1 ° , par la réunion générale de toutes les chofes
qui fe trouvoient auparavant difperfées , & qui
échappoient à ceux qui en faifoient la recherche :
2 ° , parce que les objets que l'on y fait enregif
trer ne font fupprimés du Tableau qui leur eft
propre , qu'après que l'on en a difpofé.
Les Etrangers qui defireront auſſi trouver à
leur arrivée à Paris un appartement prêt à occuper
, pourront écrire directement à ce Bureau ,
qui fe chargera de leur en procurer , enjoignant.
feulement a leur Lettre un Mandat payable à
Paris , au moins pour le montant du premier
mois .
On peut aufli s'y adreffer pour les Extraits de
Baptême , Mariages , Sépultures , & c. & pour
toutes autres recherches & expéditions .
Ce Bureau , pour ne négliger aucun des objets
utiles à la Société , enregistre auffi les diverſes
Penfions Collégiales , Conventuelles & Bourgeoifes
, tant de Paris que des Provinces , moyennant
un abonnement de 3 liv . par année ſealement , &
à la faveur du Tableau détaillé que l'on y aura
fait inférer des prix , nourritures , foins & éducations
qu'on y reçoit , le Particulier ou le Père
de Famille feront moins embarraffés dans le
choix que leur fortune ou les circonstances exigeront.
On a encore réuni un nouvel objet à ce Bureau
qui intérefle particulièrement les Etrangers qui
NOVEMBRE. 1764. 20-
venant à Paris , n'ayant pas de domicile abfoluz
ment fixe & permanent , font fouvent expofes
perdre les Letrres ou effets qui leur font adref
fés , foit par les fréquens changemens de demeu
re , ou par la négligence de ceux chez qui l'on
pourroit le les faire adreffer , foit enfin pour év
ter les incommodités qui peuvent réfulter de la
curiofité , fouvent même de l'indifcrétion de ceux
entre les mains de qui pourroient tomber ces
Lettres. Or ce Bureau préfente un moyen facile
de prévenir ces fortes de défagrémens , par la
railon qu'on peut s'y faire adreffer directement
ces Lettres comme à un domicile qui devient
commun à tous Etrangers & Citoyens ; & que par
l'ordre qu'on y tient, elles font exactement remifes
à la volonté des Commettans , ce qui s'entend
pareillement de toutes les Villes où l'on fe
propofe d'établir de femblables Bureaux .
Il eft effentiel d'obferver qu'on ne fe charge de
la réception defdites Lettres , qu'autant que le
port en eft acquitté , ou que l'on auroit pris avec
le Bureau des arrangemens particuliers & relatifs
à cet objet , en payant deux fols pour la remife de
chacune defdites Lettres.
N. B. Ceux qui defireront former un pareil Etabliffement
dans les principales Villes du Royaume
s'adrefferont , pour en traiter , au Bureau Général ,
rue S. Honoré , à l'Hôtel d'Aligre.
Quoique ce que nous venons d'annoncer ne
foit qu'un extrait fort abrégé de l'utilité de cet
établiſſement , nous pensons qu'il eft fuffisamment
étendu pour que chacun juge en particulier de
l'avantage qu'il peut y trouver.
Les Négocians , les Marchands ou Artiftes ,
&c , qui étant difpofés à augmenter leur Commerce
ou a quitter leur Etat , & qui n'attendent fouvent
Iy
>
202 MERCURE DE FRANCE:
que l'occafion favorable de céder leur fond , ou
enfin les Charges ou Priviléges auxquels ils font
attachés, & ceux qui n'attendent également qu'une
femblable rencontre pour former leur Etabliffement
, envifageront aifément la facilité que leur
préfente à cet égard ce nouveau Bureau. En effet
tous ceux qui font dans l'un & dans l'autre cas
pouvant ufer de la voie qui leur eft ouverte , il est
évident qu'ils feront plus à portée qu'auparavant
de remplir réciproquement leurs vues.
On conçoit qu'il en peut être la même choſe à
l'égard des perfonnes qui defirent fe procurer un
Secrétaire , un Intendant , un Régiffeur , &c , &
de celles qui defirent fe placer en cette qualité.
Nous remarquons auffi qu'il ne feroit pas
moins intéreſſant aux Négocians, aux Marchands,
foit en gros , foit en détail , & à bien d'autres
Particuliers , de faire mettre leurs adreffes audit
Bureau chaque fois qu'ils changent de demeure
, parce que quelques circonftances les obligent
à quitter un quartier où ils auront acquis une
réputation avantageufe , les perfonnes qui leur
feront attachées auront par-là un moyen fûr de
les retrouver.
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Résumé : AVIS DIVERS.
Un Bureau Général d'Indication, d'Avis, d'Adresse et de Rencontre a été créé à Paris. Cet établissement facilite la vente, la location ou l'achat de divers objets, tels que terres, maisons, domaines, rentes, charges, fonds de commerce, meubles, bijoux, et appartements meublés ou non. Les intéressés peuvent soumettre une note détaillée en payant des frais spécifiques selon la valeur des objets. Le Bureau propose également des services de renseignements gratuits jusqu'à satisfaction et enregistre les pensions collégiales, conventuelles et bourgeoises pour aider les particuliers dans leurs choix. Les étrangers peuvent utiliser ce Bureau pour trouver des appartements ou recevoir leur courrier, évitant ainsi les pertes dues aux changements fréquents de domicile. Le Bureau garantit la réception et la remise exacte des lettres contre paiement des frais de port. Pour établir des bureaux similaires dans d'autres villes, il est possible de contacter le Bureau Général à l'Hôtel d'Aligre, rue Saint-Honoré. Ce service est particulièrement utile pour les négociants, marchands, artisans et autres particuliers cherchant à augmenter leur commerce ou à trouver des opportunités d'emploi. Il facilite également la recherche de secrétaires, intendants, régisseurs, et autres postes similaires. Les particuliers sont encouragés à mettre à jour leurs adresses auprès du Bureau pour maintenir le contact avec leurs relations professionnelles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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