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Détail
Liste
1601
p. 179-180
De VIENNE, le 20 Septembre.
Début :
Selon les nouvelles de Constantinople, la révolte du Pacha d'Iconium [...]
Mots clefs :
Révolte, Pacha , Grand seigneur, Fêtes, Mariage, Comte, Concert, Repas, Bal, Procession, Commémorations, Siège, Nominations
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texteReconnaissance textuelle : De VIENNE, le 20 Septembre.
De VIENNE , le 20 Septembre."
SELON
ELON les nouvelles de Conftantinople , la révolte
du Pacha d'Iconium commence à donner de
l'inquiétude au Divan. Ce Pacha , à la tête de
quinze mille hommes , s'eft mis en marche de fon
Gouvernement vers cette Capitale . On prétend
que le Grand-Seigneur la fait allurer de la grâce
s'il rentroit dans fon devoir ; mais on ne croit pas
que ce Rebelle fe laiffe prendre à ce piege , & il
faudra employer la force pour le foumettre .
Les fêtes préparées pour le mariage de l'Archi-
Duc Jofeph avec l'Infante Ifabelle , viennent de
commencer. La nouvelle de la conclufion de ce
mariage fut apportée le 14 de ce mois , par le
Comte de Kaunitz-Rittberg , Chambellan de leurs
Majeftés Impériales , fils aîné du Comte de ce
nom , Chancelier de Cour & d'Etat ; la Cour ſe
mit , à cette occafion , en grand gala pour trois
jours , & leurs Majeftés Impériales furent compli
mentées par les Ambaffadeurs & les Miniftres,
étrangers , ainfi que par la haute Nobleffe. Elles
dînerent enfuite en Public avec les Archiducs Jofeph
, Charles & Léopold , quatre des Archidscheffes
, & avec le Prince Charles & la Princeffe
Charlotte de Lorraine. On exécuta un beau Concert
pendant le repas. Le foir , il y eur un bal paré
qui fut fuivi d'un grand fouper. Le matin , Leurs
Majeftés Impériales , accompagnées de l'Archiduc
Jofeph , avoient affifté à la Proceffion qui fe fait
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
annnellement , en mémoire de la levée du Siége
de cette Capitale , par les Turcs en 1683. L'Artillerie
des remparts fit une triple falve , à chacune
defquelles la Garniſon répondit par le feu de fa
Moufquetterie.
Le Comte de Palfi , Général d'Infanterie , fut
déclaré, le même jour, Capitaine de la Compagnie
des Gardes du Corps , formée par le Royaume de
Hongrie, pour
la Garde de l'Archiduc & de l'Archiduchelle
.
On a reçu
de Parme , le détail fuivant des cérémonies
qui ont été faites , à l'occafion du Mariage
de l'Archiduc Jofeph avec l'Infante Ifabelle.
SELON
ELON les nouvelles de Conftantinople , la révolte
du Pacha d'Iconium commence à donner de
l'inquiétude au Divan. Ce Pacha , à la tête de
quinze mille hommes , s'eft mis en marche de fon
Gouvernement vers cette Capitale . On prétend
que le Grand-Seigneur la fait allurer de la grâce
s'il rentroit dans fon devoir ; mais on ne croit pas
que ce Rebelle fe laiffe prendre à ce piege , & il
faudra employer la force pour le foumettre .
Les fêtes préparées pour le mariage de l'Archi-
Duc Jofeph avec l'Infante Ifabelle , viennent de
commencer. La nouvelle de la conclufion de ce
mariage fut apportée le 14 de ce mois , par le
Comte de Kaunitz-Rittberg , Chambellan de leurs
Majeftés Impériales , fils aîné du Comte de ce
nom , Chancelier de Cour & d'Etat ; la Cour ſe
mit , à cette occafion , en grand gala pour trois
jours , & leurs Majeftés Impériales furent compli
mentées par les Ambaffadeurs & les Miniftres,
étrangers , ainfi que par la haute Nobleffe. Elles
dînerent enfuite en Public avec les Archiducs Jofeph
, Charles & Léopold , quatre des Archidscheffes
, & avec le Prince Charles & la Princeffe
Charlotte de Lorraine. On exécuta un beau Concert
pendant le repas. Le foir , il y eur un bal paré
qui fut fuivi d'un grand fouper. Le matin , Leurs
Majeftés Impériales , accompagnées de l'Archiduc
Jofeph , avoient affifté à la Proceffion qui fe fait
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
annnellement , en mémoire de la levée du Siége
de cette Capitale , par les Turcs en 1683. L'Artillerie
des remparts fit une triple falve , à chacune
defquelles la Garniſon répondit par le feu de fa
Moufquetterie.
Le Comte de Palfi , Général d'Infanterie , fut
déclaré, le même jour, Capitaine de la Compagnie
des Gardes du Corps , formée par le Royaume de
Hongrie, pour
la Garde de l'Archiduc & de l'Archiduchelle
.
On a reçu
de Parme , le détail fuivant des cérémonies
qui ont été faites , à l'occafion du Mariage
de l'Archiduc Jofeph avec l'Infante Ifabelle.
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Résumé : De VIENNE, le 20 Septembre.
Le 20 septembre, des nouvelles de Constantinople signalent une révolte du Pacha d'Iconium, qui inquiète le Divan. À la tête de quinze mille hommes, ce Pacha avance vers la capitale. Le Grand-Seigneur lui propose la grâce s'il se soumet, mais son acceptation est incertaine, rendant une intervention militaire possible. À Vienne, les festivités pour le mariage de l'Archiduc Joseph avec l'Infante Isabelle ont débuté. La nouvelle du mariage a été annoncée le 14 septembre par le Comte de Kaunitz-Rittberg. La cour s'est mise en grand gala pendant trois jours, avec des compliments des ambassadeurs, ministres étrangers et haute noblesse. Un dîner public, un concert et un bal ont suivi. Le matin, les Majestés Impériales ont assisté à une procession commémorant la levée du siège de Vienne par les Turcs en 1683. Le Comte de Palfi a été nommé Capitaine de la Compagnie des Gardes du Corps hongrois pour la garde de l'Archiduc et de l'Archiduchesse. Des détails des cérémonies du mariage à Parme ont également été reçus.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1602
p. 180-186
DÉTAIL de tout ce qui s'est passé depuis l'arrivée de M. le Prince de LICHTENSTEIN jusqu'au 4.
Début :
M. le Prince de Lichtenstein arriva à Parme le 1 Septembre ; [...]
Mots clefs :
Prince du Lichtenstein, Infant, Audience, Palais, Prince Ferdinand , Ministres, Officiers, Audience publique, Comte, Marquis, Valets, Honneurs, Carosse, Bataillons, Armes, Pages, Dames, Noblesse, Empereur, Gentilshommes, Opéra, Infante
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texteReconnaissance textuelle : DÉTAIL de tout ce qui s'est passé depuis l'arrivée de M. le Prince de LICHTENSTEIN jusqu'au 4.
DETAIL de tout ce qui s'eft paffé depuis l'arrivée
de M. le Prince de LICHTENSTEIN jufqu'au 4 .
M. le Prince de Lichtenſtein arriva à Parme le
1 Septembre ; auflitôt après , il fit informer M.
Dutillot , par un de fes Gentilshommes.
M. Dutillot fe tranfporta chez lui , & lui donna
l'heure que l'Infant avoit fixé pour fon audience
particuliere.
Cette audience fut le lendemain à midi & demi;
M.Dutillot alla prendre M. le Prince de Lichtenftein
au Palais Palavicini où il eſt logé , & l'amena
chez l'Infant , il le conduifit enfuite chez le Prince
Ferdinand , de là à l'appartement de Madame
Infante Ifabelle , où le trouva auffi Madame Louiſe ..
M.le Prince de Lichtenſtein, fut au fortir du Palais
, rendre la vifire à M. Dutillot ; fortit de chez
Ge Miniftre , & y revint dîner avec les Miniftres de
France , d'Espagne , de Turin , de Gènes & de
Malte ; M. le Comte de Neuilly , M le Bailli de
Breteuil , M. l'Abbé de Canillac & M. le Comte
de Mercy . Il amena avec lui les huit Chambellans
qui l'ont accompagné , & deux Officiers Majors..
OCTOBRE. 1760. 185
M. Dutillot avoit invité le Capitaine & le Major
des Gardes du Corps , le grand Ecuyer & le premier
Ecuyer de l'Infant , le Gouverneur du Frince
Ferdinand , des Gentilshommes de la Chambre ,
des Majordomes , des Dames du Palais , M. l'Evêque
de Plaifance , frere du feu Chancelier Criftiani
chargé par l'Infant , à caufe de la mort de
l'Evêque de Parme , de la cérémonie du mariage )
& quelques Perfonnes de la premiere Nobleffe du
Pays.
Après le dîner , M. de Lichtenftein retourna à
fon Hôtel , où il reçut des vifites .
Le troifiéme jour fixé pour l'Audience publique,
M. le Comte Peroli , Introducteur, partit du
Palais à onze heures & demie , dans un caroffe
de l'Infant attelé à huit chevaux ; ce caroffe étoit
précédé par un autre à fix chevaux ( vuide ) , &
fuivi par trois autres attelés à huit chevaux ; dans
chacun de ces caroffes , étoit un Majordome.
Un Officier de l'Ecurie étoit à cheval à la tête
de ce Cortége ; douze Valets de pied étoient fur
deux files aux deux côtés de la voiture de l'Infant
, où étoit M. l'Introducteur , trois derriere ce
carofie , & deux derriere chacun des autres .
Deux Palfreniers à cheval ſuivoient l'Officier
de l'Ecurie
M. le Comte Peroli fut dans cet ordre prendre
chez lui M. le Marquis Palavicini , premier Gentilhomme
de la Chambre , que l'Infant avoir
chargé de faire les honneurs à M. le Prince de
Lichtenſtein .
M. de Palavicini monta dans le même caroffe ,
dans lequel étoit venu M. le Comte Peroli ; ce
dernier lui donna la droite.
Ils furent dans le même ordre chez M. le Prin
ce de Lichtenſtein.
Ils monterent l'efcalier , fuivis des trois Majordomes
qui les avoient accompagnés : les
182 MERCURE DE FRANCE. 1
douze valets de pieds fuivoient fur deux files.
M. le Prince de Lichtenſtein étoit venu au-devant
d'eux, & avoit defcendu deux marches; il les conduifitjufques
à la chambre. MM . les Majordomest
refterent à la piéce la plus voisine de cette chambre
, où ils entrerent un moment après M. de
Palavicini & M. Peroli , à qui M. le Prince de
Lichtenſtein avoit fait partout les honneurs des
Portes.
On defcendit de chez M. le Prince , qui fit
toujours les honneurs à M. de Palavicini jufques
au bas de fon efcalier ; où étant arrivé , M. de
Palavicini lui fit les honneurs du caroffe , il y
monta , fe plaça feul dans le fond , M. de Pałavicini
fur le devant à droite , M. Peroli à gauche.
MM. les Majordomes firent également les
bonneurs des caroffes de l'Infant dans lesquels
ils étoient venus , aux huit Chambellans .
On fe mit en marche dans l'ordre fuivant :
Un Officier de l'Ecurie de l'Infant , & deur
Palfreniers à cheval.
Le caroffe de M. l'Introducteur , à fix chevaux ,
vuide.
Deux Suiffes , de M. le Prince de Lichtenſtein ,
à cheval.
24 Valets de pied.
6 Coureurs.
6 Heyducs.
12 Palfreniers , tenant chacun un cheval par la
bride.
9 Officiers , de la Maifon de M. le Prince , à
cheval.
Son Ecuyer.
& Pages, dont deux Hongrois, & fix Allemands
Quatre Gentilshommes.
Le caroffe de l'Infant , où étoit M. le Prince de
Lichtenſtein , M. de Palavicini & M. Peroli , 1 %
Valets de pied de l'Infant aux deux côtés.
OCTOBRE . 1760 . 184
Un grand caroffe d'entrée , à M. le Prince,
attelé à 8 chevaux.
Les trois caroffes de l'Infant , dont les Majordomes
faifoient les honneurs.
A une diſtance de 30 ou 40 pas , trois autres
carolles , à M. le Prince de Lichtenſtein , attelés à
huit chevaux .
Les rues étoient bordées , depuis l'Hôtel Palavicini
jufques au Palais , par les deux Bataillons du
Régiment de Parme habillés de neuf, à-peu-près
comme le Corps des Grenadiers de France
douze Compagnies de Grenadiers.
> &
Les Troupes préfentoient les armes , les tambours
rappelloient , & les Officiers ont falué du
chapeau .
La Garde du Palais étoit formée devant la
porte; elle préfentoit les armes ; les tambours rappelloient
, & les Officiers ont falué du chapeau.
12 Suifles des Portes étoient fous la voute de
l'entrée du Palais.
80 Hallebardiers de la Garde de S. A. R. bordoient
l'escalier fur deux files, depuis la premiere
marche juſques au pallier d'en- haut ; & les deux
portes qui donnent de ce pallier à l'appartement
de l'Infant & à celui de Madame Ifabelle , étoient
gardées par quatre de ces mêmes Hallebardiers ,
la hallebarde fur l'épaule.
M. Le Comte Rimbaldefi, Maître des Cérémonies,
vint recevoir M. le Prince au bas de l'efcalier
& marcha devant lui.
La Livrée de l'Infant précédoit fur deux files ;
celle de M. le Prince fuivoit ce Seigneur , qui mar
choit entre M. le Marquis Palavicini & l'Introducteur.
La Livrée de M. le Prince s'arrêta dans deur
anti-falles avec celle de l'Infant ; deux Suiffes de la
porte empêchoient celle des particuliers d'y entrer,
184 MERCURE DE FRANCE.
M. le Prince de Lichtenstein , toujours précédé
par le Maître des Cérémonies , & ayant M. de Pala
vicini à fa droite & l'Introducteur à ſa gauche, traverfa
la Salle des Gardes : les Gardes du Corps
étoient fous les armes. Le Capitaine des Gardes le
reçut à la porte de la Salle en dedans, prit la place
de M. l'Introducteur à côté de lui , & marcha
ainfi à toutes les Audiences. L'Introducteur s'étoit
avancé d'un pas , & marchoit à côté du Maître
des Cérémonies . M. le Prince étoit précédé par
les Officiers de fa Maiſon qui s'arrêterent dans la
prémiere antichambre après la Salle des Gardes ,
par les Pages qui s'arrêterent dans l'antichambre
après celle où étoient reftés les Officiers de fa
Maifon , & avant celle où étoient les Pages de
S. A. R. par fes quatre Gentilshommes qui entrerentjufques
dans la piéce du Sallon de l'Audience
de l'Infant ; & par les huit Chambellans de l'Empereur
qui les précédérent jufques aux pieds , da
Throne .
Toutes les Dames de la Nobleffe du Pays &
Etrangeres , s'étoient rendues le matin chez Madame
Ifabelle .
La Nobleffe de l'Etat , les Seigneurs les plus
diftingués d'Italie , & l'Infant , étoient placés autour
de fon thrône , & rempliffoient douze Piéces
que traverfa M. le Prince de Lichtenftein , depuis
celle où s'étoient arrêtés fes Pages juſques à la
porte de la Salle de l'Audience.
Certe Salle eft , très-vaffe , & avoit été richement
& galamment ornée ; le dais de l'Infant étoit au
fond , vis-à-vis de la porte , par où entra M. le
Prince de Lichtenftein .
Au moment où ce Seigneur parut dans la Salle,
S. A. R. fe leva du fauteuil , ou il étoit affis , falua
M. le Prince de Lichtenftein & remit fon chapeau.
M.le Prince fe couvrit , & expola l'objet de fa
million..
OCTOBRE. 1760. r&'s
M. le Comte de S. Vital fut envoyé , avec deux
Gentilshommes de la Chambre , & deux Majordomes
prendre Madame Infante Ifabelle dans fon
appartement. Elle entra dans la Salle d'audience
par une porte pratiquée à côté du dais, précédée des
perfonnes qui avoient été envoyées pour la chercher
, & fuivie par Madame de Gonzales , Madame
la Comteffe de Siffa , & cing Dames du Palais.
M. le Prince de Lichtenſtein s'adreſſant à Madame
Infante Ifabelle , lui répéta la demande qu'il
avoit faite à S. A. R. Madame fe tourna du côté de
l'Infant , comme pour lui demander fon approbation
; après quoi elle répondit à M. le Prince de
Lichtenſtein , & reçut de lui une Lettre de la main
de l'Archiduc , & le portrait de ce Prince ; enfuite
elle fe retira dans fon appartement.
L'Infant & M. le Prince de Lichtenstein resterent
découverts , tout le tems que Madame Infante
Ifabelle refta dans la Salle .
M. le Prince de Lichtenftein préfenta à l'Infant
Les huit Chambellans de l'Empereur.
M. le Prince de Lichtenſtein forrit de l'audience
de l'Infant dans le même ordre qu'il yétoit entré ,
& marcha dans ce même ordre à celle du Prince
Ferdinand ; le cérémonial y fut obfervé comme à
celle de l'Infant.
M. le Prince de Lichtenstein paffa de cette audience
à celle de Madame Infante Ifabelle. Tour y
fut obfervé comme aux précédentes, excepté que M.
le Prince ne fe couvrit qu'un moment , ôta fon chapeau
, & refta découvert julques à ce qu'il fortît.
Il paffa à l'Audience de Madame Louife où tout
fut exactement obfervé comme à celle de Madame
Infante Iíabelle.
Il fut conduit enfuite dans l'appartement qui
lui avoit été préparé à la Cour , par M. de Palavicini,
M. l'Introducteur & le Maître des Cérémo186
MERCURE DE FRANCE.
nies.Il y fut fuivi par quantité de Nobleſſe .
M. de Lichtenſtein arrivé dans cet appartement
, y fut vifité par un Gentilhomme de la
Chambre de la part dé l'Infant.
Un moment après , M. le Comte de S. Vital ,
fur auffi lui annoncer que S. A. R. le faifoit
traiter. Il lui préſenta en même- tems le Majordome
, le Comte de S. Vital , le Capitaine des
Gardes , le Gouverneur du Prince Ferdinand ,
des Gentilshommes de la Chambre , le Maître
des Cérémonies , l'Introducteur , quatre Chambellans
de l'Empereur , M. le Marquis Canoffa , &
quelques autres perfonnes de la Nobleſſe du Pays ,
& Allemande.
M. Le Prince fut fervi par les Officiers de l'Infant
, propofés pour fervir S. A. R. à table :
toutes les autres perfonnes furent fervies par la
livrée de S. A. R.
On ne s'étoit mis à table qu'après que l'Infant
eut dîné.
Après le repas , M. de Lichtenſtein paſſa chez
l'Infant lui faire une vifite , & en fortit un moment
après pour retourner dans ſon appartement,
où il reçut des vifites.
Afept heures & demie , on paffa au Théâtre
pour voir l'Opéra. L'Infant & Madame Ifabelle
furent , avec leur Cour , dans la grande loge du
milieu , appellée la loge de la Couronne. M. le
Prince de Lichtenſtein étoit , avec quelques Scigneurs
de fa fuite , dans celle qui eft la plus près
du Théâtre à droite.
Trois Majordomes avoient été chargés par
l'Infant , de faire les honneurs du Théâtre où
tout fe paffa dans le plus grand ordre.
Le parterre & les loges étoient remplis de
toute la Nobleffe du Pays , & Etrangeres , qui
avoient pu y contenir.
de M. le Prince de LICHTENSTEIN jufqu'au 4 .
M. le Prince de Lichtenſtein arriva à Parme le
1 Septembre ; auflitôt après , il fit informer M.
Dutillot , par un de fes Gentilshommes.
M. Dutillot fe tranfporta chez lui , & lui donna
l'heure que l'Infant avoit fixé pour fon audience
particuliere.
Cette audience fut le lendemain à midi & demi;
M.Dutillot alla prendre M. le Prince de Lichtenftein
au Palais Palavicini où il eſt logé , & l'amena
chez l'Infant , il le conduifit enfuite chez le Prince
Ferdinand , de là à l'appartement de Madame
Infante Ifabelle , où le trouva auffi Madame Louiſe ..
M.le Prince de Lichtenſtein, fut au fortir du Palais
, rendre la vifire à M. Dutillot ; fortit de chez
Ge Miniftre , & y revint dîner avec les Miniftres de
France , d'Espagne , de Turin , de Gènes & de
Malte ; M. le Comte de Neuilly , M le Bailli de
Breteuil , M. l'Abbé de Canillac & M. le Comte
de Mercy . Il amena avec lui les huit Chambellans
qui l'ont accompagné , & deux Officiers Majors..
OCTOBRE. 1760. 185
M. Dutillot avoit invité le Capitaine & le Major
des Gardes du Corps , le grand Ecuyer & le premier
Ecuyer de l'Infant , le Gouverneur du Frince
Ferdinand , des Gentilshommes de la Chambre ,
des Majordomes , des Dames du Palais , M. l'Evêque
de Plaifance , frere du feu Chancelier Criftiani
chargé par l'Infant , à caufe de la mort de
l'Evêque de Parme , de la cérémonie du mariage )
& quelques Perfonnes de la premiere Nobleffe du
Pays.
Après le dîner , M. de Lichtenftein retourna à
fon Hôtel , où il reçut des vifites .
Le troifiéme jour fixé pour l'Audience publique,
M. le Comte Peroli , Introducteur, partit du
Palais à onze heures & demie , dans un caroffe
de l'Infant attelé à huit chevaux ; ce caroffe étoit
précédé par un autre à fix chevaux ( vuide ) , &
fuivi par trois autres attelés à huit chevaux ; dans
chacun de ces caroffes , étoit un Majordome.
Un Officier de l'Ecurie étoit à cheval à la tête
de ce Cortége ; douze Valets de pied étoient fur
deux files aux deux côtés de la voiture de l'Infant
, où étoit M. l'Introducteur , trois derriere ce
carofie , & deux derriere chacun des autres .
Deux Palfreniers à cheval ſuivoient l'Officier
de l'Ecurie
M. le Comte Peroli fut dans cet ordre prendre
chez lui M. le Marquis Palavicini , premier Gentilhomme
de la Chambre , que l'Infant avoir
chargé de faire les honneurs à M. le Prince de
Lichtenſtein .
M. de Palavicini monta dans le même caroffe ,
dans lequel étoit venu M. le Comte Peroli ; ce
dernier lui donna la droite.
Ils furent dans le même ordre chez M. le Prin
ce de Lichtenſtein.
Ils monterent l'efcalier , fuivis des trois Majordomes
qui les avoient accompagnés : les
182 MERCURE DE FRANCE. 1
douze valets de pieds fuivoient fur deux files.
M. le Prince de Lichtenſtein étoit venu au-devant
d'eux, & avoit defcendu deux marches; il les conduifitjufques
à la chambre. MM . les Majordomest
refterent à la piéce la plus voisine de cette chambre
, où ils entrerent un moment après M. de
Palavicini & M. Peroli , à qui M. le Prince de
Lichtenſtein avoit fait partout les honneurs des
Portes.
On defcendit de chez M. le Prince , qui fit
toujours les honneurs à M. de Palavicini jufques
au bas de fon efcalier ; où étant arrivé , M. de
Palavicini lui fit les honneurs du caroffe , il y
monta , fe plaça feul dans le fond , M. de Pałavicini
fur le devant à droite , M. Peroli à gauche.
MM. les Majordomes firent également les
bonneurs des caroffes de l'Infant dans lesquels
ils étoient venus , aux huit Chambellans .
On fe mit en marche dans l'ordre fuivant :
Un Officier de l'Ecurie de l'Infant , & deur
Palfreniers à cheval.
Le caroffe de M. l'Introducteur , à fix chevaux ,
vuide.
Deux Suiffes , de M. le Prince de Lichtenſtein ,
à cheval.
24 Valets de pied.
6 Coureurs.
6 Heyducs.
12 Palfreniers , tenant chacun un cheval par la
bride.
9 Officiers , de la Maifon de M. le Prince , à
cheval.
Son Ecuyer.
& Pages, dont deux Hongrois, & fix Allemands
Quatre Gentilshommes.
Le caroffe de l'Infant , où étoit M. le Prince de
Lichtenſtein , M. de Palavicini & M. Peroli , 1 %
Valets de pied de l'Infant aux deux côtés.
OCTOBRE . 1760 . 184
Un grand caroffe d'entrée , à M. le Prince,
attelé à 8 chevaux.
Les trois caroffes de l'Infant , dont les Majordomes
faifoient les honneurs.
A une diſtance de 30 ou 40 pas , trois autres
carolles , à M. le Prince de Lichtenſtein , attelés à
huit chevaux .
Les rues étoient bordées , depuis l'Hôtel Palavicini
jufques au Palais , par les deux Bataillons du
Régiment de Parme habillés de neuf, à-peu-près
comme le Corps des Grenadiers de France
douze Compagnies de Grenadiers.
> &
Les Troupes préfentoient les armes , les tambours
rappelloient , & les Officiers ont falué du
chapeau .
La Garde du Palais étoit formée devant la
porte; elle préfentoit les armes ; les tambours rappelloient
, & les Officiers ont falué du chapeau.
12 Suifles des Portes étoient fous la voute de
l'entrée du Palais.
80 Hallebardiers de la Garde de S. A. R. bordoient
l'escalier fur deux files, depuis la premiere
marche juſques au pallier d'en- haut ; & les deux
portes qui donnent de ce pallier à l'appartement
de l'Infant & à celui de Madame Ifabelle , étoient
gardées par quatre de ces mêmes Hallebardiers ,
la hallebarde fur l'épaule.
M. Le Comte Rimbaldefi, Maître des Cérémonies,
vint recevoir M. le Prince au bas de l'efcalier
& marcha devant lui.
La Livrée de l'Infant précédoit fur deux files ;
celle de M. le Prince fuivoit ce Seigneur , qui mar
choit entre M. le Marquis Palavicini & l'Introducteur.
La Livrée de M. le Prince s'arrêta dans deur
anti-falles avec celle de l'Infant ; deux Suiffes de la
porte empêchoient celle des particuliers d'y entrer,
184 MERCURE DE FRANCE.
M. le Prince de Lichtenstein , toujours précédé
par le Maître des Cérémonies , & ayant M. de Pala
vicini à fa droite & l'Introducteur à ſa gauche, traverfa
la Salle des Gardes : les Gardes du Corps
étoient fous les armes. Le Capitaine des Gardes le
reçut à la porte de la Salle en dedans, prit la place
de M. l'Introducteur à côté de lui , & marcha
ainfi à toutes les Audiences. L'Introducteur s'étoit
avancé d'un pas , & marchoit à côté du Maître
des Cérémonies . M. le Prince étoit précédé par
les Officiers de fa Maiſon qui s'arrêterent dans la
prémiere antichambre après la Salle des Gardes ,
par les Pages qui s'arrêterent dans l'antichambre
après celle où étoient reftés les Officiers de fa
Maifon , & avant celle où étoient les Pages de
S. A. R. par fes quatre Gentilshommes qui entrerentjufques
dans la piéce du Sallon de l'Audience
de l'Infant ; & par les huit Chambellans de l'Empereur
qui les précédérent jufques aux pieds , da
Throne .
Toutes les Dames de la Nobleffe du Pays &
Etrangeres , s'étoient rendues le matin chez Madame
Ifabelle .
La Nobleffe de l'Etat , les Seigneurs les plus
diftingués d'Italie , & l'Infant , étoient placés autour
de fon thrône , & rempliffoient douze Piéces
que traverfa M. le Prince de Lichtenftein , depuis
celle où s'étoient arrêtés fes Pages juſques à la
porte de la Salle de l'Audience.
Certe Salle eft , très-vaffe , & avoit été richement
& galamment ornée ; le dais de l'Infant étoit au
fond , vis-à-vis de la porte , par où entra M. le
Prince de Lichtenftein .
Au moment où ce Seigneur parut dans la Salle,
S. A. R. fe leva du fauteuil , ou il étoit affis , falua
M. le Prince de Lichtenftein & remit fon chapeau.
M.le Prince fe couvrit , & expola l'objet de fa
million..
OCTOBRE. 1760. r&'s
M. le Comte de S. Vital fut envoyé , avec deux
Gentilshommes de la Chambre , & deux Majordomes
prendre Madame Infante Ifabelle dans fon
appartement. Elle entra dans la Salle d'audience
par une porte pratiquée à côté du dais, précédée des
perfonnes qui avoient été envoyées pour la chercher
, & fuivie par Madame de Gonzales , Madame
la Comteffe de Siffa , & cing Dames du Palais.
M. le Prince de Lichtenſtein s'adreſſant à Madame
Infante Ifabelle , lui répéta la demande qu'il
avoit faite à S. A. R. Madame fe tourna du côté de
l'Infant , comme pour lui demander fon approbation
; après quoi elle répondit à M. le Prince de
Lichtenſtein , & reçut de lui une Lettre de la main
de l'Archiduc , & le portrait de ce Prince ; enfuite
elle fe retira dans fon appartement.
L'Infant & M. le Prince de Lichtenstein resterent
découverts , tout le tems que Madame Infante
Ifabelle refta dans la Salle .
M. le Prince de Lichtenftein préfenta à l'Infant
Les huit Chambellans de l'Empereur.
M. le Prince de Lichtenſtein forrit de l'audience
de l'Infant dans le même ordre qu'il yétoit entré ,
& marcha dans ce même ordre à celle du Prince
Ferdinand ; le cérémonial y fut obfervé comme à
celle de l'Infant.
M. le Prince de Lichtenstein paffa de cette audience
à celle de Madame Infante Ifabelle. Tour y
fut obfervé comme aux précédentes, excepté que M.
le Prince ne fe couvrit qu'un moment , ôta fon chapeau
, & refta découvert julques à ce qu'il fortît.
Il paffa à l'Audience de Madame Louife où tout
fut exactement obfervé comme à celle de Madame
Infante Iíabelle.
Il fut conduit enfuite dans l'appartement qui
lui avoit été préparé à la Cour , par M. de Palavicini,
M. l'Introducteur & le Maître des Cérémo186
MERCURE DE FRANCE.
nies.Il y fut fuivi par quantité de Nobleſſe .
M. de Lichtenſtein arrivé dans cet appartement
, y fut vifité par un Gentilhomme de la
Chambre de la part dé l'Infant.
Un moment après , M. le Comte de S. Vital ,
fur auffi lui annoncer que S. A. R. le faifoit
traiter. Il lui préſenta en même- tems le Majordome
, le Comte de S. Vital , le Capitaine des
Gardes , le Gouverneur du Prince Ferdinand ,
des Gentilshommes de la Chambre , le Maître
des Cérémonies , l'Introducteur , quatre Chambellans
de l'Empereur , M. le Marquis Canoffa , &
quelques autres perfonnes de la Nobleſſe du Pays ,
& Allemande.
M. Le Prince fut fervi par les Officiers de l'Infant
, propofés pour fervir S. A. R. à table :
toutes les autres perfonnes furent fervies par la
livrée de S. A. R.
On ne s'étoit mis à table qu'après que l'Infant
eut dîné.
Après le repas , M. de Lichtenſtein paſſa chez
l'Infant lui faire une vifite , & en fortit un moment
après pour retourner dans ſon appartement,
où il reçut des vifites.
Afept heures & demie , on paffa au Théâtre
pour voir l'Opéra. L'Infant & Madame Ifabelle
furent , avec leur Cour , dans la grande loge du
milieu , appellée la loge de la Couronne. M. le
Prince de Lichtenſtein étoit , avec quelques Scigneurs
de fa fuite , dans celle qui eft la plus près
du Théâtre à droite.
Trois Majordomes avoient été chargés par
l'Infant , de faire les honneurs du Théâtre où
tout fe paffa dans le plus grand ordre.
Le parterre & les loges étoient remplis de
toute la Nobleffe du Pays , & Etrangeres , qui
avoient pu y contenir.
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Résumé : DÉTAIL de tout ce qui s'est passé depuis l'arrivée de M. le Prince de LICHTENSTEIN jusqu'au 4.
Le 1er septembre 1760, le Prince de Lichtenstein arriva à Parme et fut informé par M. Dutillot de l'heure de son audience privée avec l'Infant, fixée au lendemain à midi et demi. L'audience débuta au Palais Palavicini, où M. Dutillot accompagna le Prince de Lichtenstein chez l'Infant, puis chez le Prince Ferdinand, et enfin chez l'Infante Isabelle, en présence de Madame Louise. Après l'audience, le Prince de Lichtenstein rendit visite à M. Dutillot et dîna avec divers ministres, dont ceux de France, d'Espagne, de Turin, de Gênes et de Malte. Le troisième jour, pour l'audience publique, un cortège composé de plusieurs carrosses et de nombreux valets se rendit chez le Marquis Palavicini, premier Gentilhomme de la Chambre, qui fut chargé de faire les honneurs au Prince de Lichtenstein. Le cortège se dirigea ensuite vers l'hôtel du Prince de Lichtenstein, où il fut accueilli et conduit à l'intérieur. Le cortège, incluant le Prince de Lichtenstein, le Marquis Palavicini et l'Introducteur, se rendit au Palais de l'Infant. Les rues étaient bordées par des troupes en uniforme, et la garde du Palais était formée. À l'intérieur, le Prince de Lichtenstein traversa plusieurs salles ornées, où étaient présents la noblesse du pays et des étrangers. L'Infant se leva et salua le Prince, qui exposa l'objet de sa mission. Madame Infante Isabelle fut ensuite amenée dans la salle d'audience et reçut une lettre et un portrait de l'Archiduc. Le Prince de Lichtenstein présenta les Chambellans de l'Empereur à l'Infant et passa aux audiences du Prince Ferdinand et de Madame Infante Isabelle, suivant le même cérémonial. Il fut ensuite conduit dans son appartement à la Cour, où il reçut diverses visites de la noblesse. Après le dîner, le Prince de Lichtenstein rendit visite à l'Infant et retourna dans son appartement. En soirée, il se rendit au théâtre pour assister à l'opéra, où l'Infant et Madame Isabelle occupaient la loge royale, tandis que le Prince de Lichtenstein était dans une loge voisine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1603
p. 187
Note des Personnes qui sont venues à Parme, avec M. le Prince de Lichtenstein.
Début :
Sçavoir. Chambellans de leurs Majestés Impériales. M. le Prince François De [...]
Mots clefs :
Chevalier, Prince, Comte, Conseiller, Maréchal, Major de cavalerie, Liste
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texteReconnaissance textuelle : Note des Personnes qui sont venues à Parme, avec M. le Prince de Lichtenstein.
Note des Perfonnes qui font venues à Parme ,
avec M. le Prince de Lichtenftein .
SCAVO I R.
Chambellans de
leurs Majeftés,
Impériales.
M. le Prince FRANÇOIS DE
LICHTENSTEIN , fon frére.
JEAN DE LICHTENSTEIN.
Le Comte ERNEST DE
KAUNITZ RITTBERG .
Son frere , DOMINIQUE DE
KAUNITZ..
Le Comte de LESTIER .
Le Comte de LAMBERG,
Le Comte BATHYANI.
Le Comte de PUTFFY .
Le Chevalier THOMASOLI . Majors deCava
M. BULDALSI . Slerie.
M. de LOCHENKHAL , Confeiller Aulique de
leurs Majeftés Impériales .
M. le Maréchal Comte BOTTA ADORNO .
M. le Comte de SÁLM .
M. le Comte de PAAR , Grand -Maître des Poftes.
avec M. le Prince de Lichtenftein .
SCAVO I R.
Chambellans de
leurs Majeftés,
Impériales.
M. le Prince FRANÇOIS DE
LICHTENSTEIN , fon frére.
JEAN DE LICHTENSTEIN.
Le Comte ERNEST DE
KAUNITZ RITTBERG .
Son frere , DOMINIQUE DE
KAUNITZ..
Le Comte de LESTIER .
Le Comte de LAMBERG,
Le Comte BATHYANI.
Le Comte de PUTFFY .
Le Chevalier THOMASOLI . Majors deCava
M. BULDALSI . Slerie.
M. de LOCHENKHAL , Confeiller Aulique de
leurs Majeftés Impériales .
M. le Maréchal Comte BOTTA ADORNO .
M. le Comte de SÁLM .
M. le Comte de PAAR , Grand -Maître des Poftes.
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Résumé : Note des Personnes qui sont venues à Parme, avec M. le Prince de Lichtenstein.
Le document énumère les visiteurs accompagnant le Prince François de Liechtenstein à Parme, incluant des nobles et dignitaires impériaux. Parmi eux figurent Jean de Liechtenstein, les comtes Ernest et Dominique de Kaunitz, les comtes de Lestier, de Lamberg, Bathyani, de Putffy, et le chevalier Thomasoli. Sont également mentionnés M. Buldalsi, M. de Lochenkhal, le maréchal comte Botta Adorno, le comte de Sálm et le comte de Paar.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1604
p. 187-203
Suite de la Relation de tout ce qui s'est passé depuis.
Début :
L'Opera que l'on représenta, est composé de trois Actes ; il est intitulé [...]
Mots clefs :
Opéra, Amour, Hymen, Dieux, Querelles, Humanité, Destin, Campagne, Mer, Nymphe, Conseils, Magnificence, Enchantements, Merveilles, Fête, Noblesse, Ministres étrangers, Comte, Dîner, Marquis, Cérémonie, Mariage, Escadrons, Église, Décorations, Cortège, Ornements, Argent, Or, Étoffes, Arcades, Nef, Lumières, Sanctuaire, Hallebardiers, Chevaux, Capitaine, Carosse, Anneaux, Salle, Repas, Plats, Palais, Union, Temple, Jardins, Colonnes, Pyramides, Beauté, Clémence, Fécondité, Douceur, Figures, Dignité, Intelligence, Fontaines, Illuminations, Feu d'artifice, Guirlandes, Fleurs, Bal, Archiduchesse, Officiers, Chevaliers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite de la Relation de tout ce qui s'est passé depuis.
Suite de la Relation de tout ce qui s'eft
paffé depuis.
L'Opera que l'on repréſenta , eft compofé de
trois Actes ; il eft intitulé les Fétes de L'Hymen
pour les nôces de LL. AA. RR. &c. il eft précédé
d'un Prologue.
Ce Prologue , qui a pour Titre le Triomphe de
PAmour , eft une querelle que les Dieux font à
l'Amour , fur les maux qu'il ne ceffe de faire
aux hommes . L'Amour convient de toutes ces
fauces, & obtient fon pardon en faveur de l'Union ,
qu'il vient de faire de la vertu & de la beauté,
188 MERCURE DE FRANCE.
Les fajets des trois Actes qui compofent l'Opéra
font féparés. C'est une licence que l'on a cru
devoir prendre à caufe du merveilleux & de la
galanterie qu'apportent avec eux des fujers fabuleux
& variés , qui femblent mieux convenir à la
Fête qu'on a célébrée .
L'Acte d'Aris eft le premier. L'Amour par ordre
du Deftin , ceffe d'être aveugle ; il jette fes premiers
regards fur Iris , & en devient amoureux ;
Iris le prend pour le Zéphire ; mais revenue de
fon erreur, elle en devient éprife , diffipe les nuages
qu'Aquilon jaloux lui oppofe fans ceffe , &
sunit à l'Amour pour rendre au monde les jours
les plus beaux & les plus fereins.
Le fecond Acte , eft celui de Sapho . Le Poëte
a feint cette dixiéme Muſe , amoureufe d'Alcée
celèbre Poëte Lyrique natif de Lesbos : il a
feint aufli Doris , fils de Neptune , amant de Sapho
, qui fe voyant préferer fon rival , a recours
a fon pére , & le prie de le vanger par la mort
de l'un & de l'autre. Neptune écoute les voeux
de fon fiis ; & par le fecours d'Eole , & des vents
fouléve tellement les eaux , que les habitans de
la campagne craignent d'ètre fubmergés : 1
paroît lui-même fur une vague qui s'élève beaucoup
au defius des autres ; menace de tour
inonder , fi dans une heure , Sapho n'eft pas fenible
à l'amour de fon fils il rentre dans le fein
de la mer , qui continue dans la plus grande
agitation .
Sapho invoque Apollon , & l'Amour. Une
Lyre defcend du Ciel attachée à des guirlandes
de fleurs ; un arc s'élève dans la Mer à l'endroit
où elle doit avoir fes bornes , & les lui marque
pour l'avenir.
Sapho prend la Lyre : à mesure qu'elle chante
les prodiges opérés par Apollon , & l'Amour ;
OCTOBRE. 1760. 189
la Mer fe calme & fe retire au lieu où elle
étoit avant le débordement ; remplie des infpirations
divines , & de l'enthousiasme poétique ,
elle voit dans l'avenir la fuitte nombreufe des
héros , dont elle doit célébrer l'alliance , annonce
le bonheur dont l'Univers doit jouir ; & par fon
mariage avec Alcée , accomplit le triomphe de
l'harmonie , & de l'amour.
Le troifiéme Acte eft intitulé Eglé. Cette Nymphe
eft amoureufe de Chromis ; Alcée fa compagne
l'eft de Lincée .Elles fe plaifent enſemble
à faire foupirer leurs Amants , en leur cachant
leur tendreffe ; enfin Eglé dit à Chromis qu'elle
l'aimera , lorfqu'elle verra les eaux d'un torrent
enchaînées ; Alcée promet à Lincée de l'aimer
quand Eglé aimera Chromis.
Ces deux jeunes Faunes , déſeſpérés , fe confultent
enſemble , & vont trouver Silene pour qu'il
les aide de fes confeils . Ce vieillard leur demande
où ils ont laillé Eglé & Alcée ; ils répondent
qu'elles font à cueillir des mûres pour lui
teindre le vifage, lorfqu'elles le trouveront endormi
. Silene confole les deux Faunes, leur ordonne
de ſe retirer , leur promet de les fervir , & fe
met fur un lit de gazon où il feint de dormir
en attendant les deux Nymphes. Elles arrivent
avec des guirlandes de fleurs , en enchaînent Si-
Lene qu'elles croyent endormi ; elles le pouffents
il feint de s'éveiller & montre de la colere :
mais bien-tôt après il leur conte la fable d'Acis
& Galatée. Au milieu de cette fable , il s'arrête
comme infpiré , & leur conſeille d'aller trouver
Prothée , de le furprendre endormi , & de l'enchaîner
fans s'épouvanter des différentes formes
qu'il prendra , parce qu'à la fin il parlera , & leur
apprendra des chofes merveilleules.
Elles remercient Silene , & le quittent pour al190
MERCURE DE FRANCE:
ler chercher Prothée ; Chromis & Lincée les accoma
pagnent. Elles le furprennent , l'enchaînent , &
ferrent toujours plus fes liens , à mesure qu'il change
de forme ; il fe change enfin en un Torrent
qui refte immobile : toutes les Nymphes admirent
ce prodige . Silene arrive , rapelle à Eglé le ferment
qu'elle a fait d'être à Chromis lorſqu'elle
verra enchaîner un torrent ; Eglé confent à être
unie à Chromis , & Alcée tient auffi fa parole à
Lincée ; les Faunes & les Nymphes applaudiffent
à cette union,& Silene; au lieu de finir la fable qu'il
fe fouvient d'avoir commencée , ordonne aux Faunes,
& aux Nymphes, de célébrer cet heureux jour,
en repréfentant par leurs danfes , les amours
d'Acis , & Galatée.
L'Italie a vû dans cette occafion renaître fur la
fcène les enchantemens , & la nouveauté de ce
fpectacle digne de l'admiration des étrangers , par
la magnificence , la vérité , & le bon goût qui eft
diftribué dans l'exécution de toutes ces parties. Les
machines employées aux différens prodiges amenés
par le Sujet , ont eu le plus grand fuccès ;
& le Théâtre actuellement difpofé par les machines
à recevoir tout ce que l'imagination peut fournir
de plus merveilleux , retracera chaque fois le
fouvenir de la fête pour laquelle il fert la premiere
fois.
Après l'Opéra l'Infant & Madame Infante Iſabelle,
furent à l'hôtel Palavicini où M. le Prince de
Lichtenſtein avoit fait préparer une Fête, à laquelle
toute la Nobleſſe fut invitée ; plufieurs tables furent
abondamment ſervies , ainſi que quantité de
rafraîchiffemens. On y danſa juſqu'au matin.
1
Le lendemain, M. le Prince de Lichtenſtein donna
un fuperbe dîner à tous les Miniftres étrangers ,
& à la Nobleffe la plus confidérable de l'Etat , &
Etrangere . Le foir il y eut Opéra.
OCTOBRE. 1760. Iol
Le Vendredi cinq , M. le Comte de Rochechouart
donna un grand dîner à M. le Prince de
Lichtenſtein & aux mêmes perfonnes qui avoient
dîné chez lui la veille . Il y eut Opéra le foir.
Le Samedi fix , M. de Lichtenſtein le Prince
dîna chez M. le Marquis de Revilla . Il y eut le foir
affemblée au Palais.
Le Dimanche ſept, jour fixé pour la Cérémonie
du Mariage , les Troupes prirent les Armes dès le
matin ; deux bataillons du Régiment de Parme &
quatorze Compagnies de Grenadiers borderent
les rues par où le Cortége devoit paffer.
Six cens Carabiniers formèrent quatre eſcadrons
fur la place , deux defquelles y retterent , jufques
après que le cortége y eut paffé ; les deux autres
furent repartis pour fermer toutes les rues qui
viennent aboutir à celles par où les Princes pafferent:
chaque troupe étoit formée fur deux rangs ,
à trente pas derriere l'Infanterie qui occupoit le
débouché de la rue.
" L'Eglife Cathédrale , où fe fit la cérémonie ,
étoit magnifiquement décorée. Les Peintures du
Corrége , & des autres excellents Maîtres dont ce
vafte Edifice fe trouve orné dans les voutes , &
dans les frifes , donnant des bornes à la richeffe
de la décoration projettée pour cette Augufte cérémonie
; on fut obligé de fe contenter d'orner
les pilaftres , les arcades , & les baffes nefs de damas
cramoifi à fleurs , enrichis de grandes lames
d'étoffes d'argent , de deux pieds de large; lefquelles
interrompoient fymétriquenient , d'espace
en efpace, le cours du damas d'une maniere agréable
& gracieufe; les impoftes fur lesquelles repofent
les arcades , étoient entourées d'une riche
pente du même damas , pliffée & terminée par
une frange d'or , ainfi que les rideaux qui ornoient
le dedans des arcades , & qui étoient retrouffés
192 MERCURE DE FRANCE.
vers l'impofte , pour donner lieu de découvrir la
décoration des chapelles , & des nefs laterales . Aux
deux côtés de la porte de lagrande nef étoient deur
orcheftres , parées dans le même goût que le refte
de l'Eglife : elles étoient remplies de trente Muficiens
que l'on avoit fait venir pour jouer des
fanfares , depuis le moment où les Princes defcen➡
dirent de carolles , juſqu'a celui où ils furent entrés
dans le fanctuaire ; les deux tribunes qui fe'
trouvent près du Maître Autel , étoient remplies
des Muficiens de la Chambre de S. A. R. qui exé-'
cuterent fupérieurement d'excellentes fymphonies
à deux choeurs.
Le Maître-Autel , beaucoup plus étendu qu'à
l'ordinaire , le trouvoit richement paré d'étoffe
d'or , & couvert d'une quantité de lumieres . Du
côté de l'Evangile , étoit le dais de S. A. R. du
côté de l'Epitre , étoit la Cathetra , deftinée pour
l'Evêque de Plaifance , qui devoit faire la cérémonie.
Au milieu du Sanctuaire , qui étoit couvert de
tapis de la Savonerie , étoit un prie- Dieu , cou-'
vert d'un grand tapis de velours cramoihi galonné
d'or , ainfi que trois couffins , qui étoient pofés
au bas.
Les latereaux du Sanctuaire , furent remplis
par un nombre infini de Nobleffe. Aux deux côtés ,
en face du Maître - Autel , étoient deux grands parquets
décorés dans la même ordonnance de l'Eglife
, l'un defquels étoit deftiné pour tous les
Miniftres Etrangers , l'autre pour les Dames de
la premiere diftinction .
Le Sanctuaire étoit gardé par les Gardes du
Corps de S. A. R. le veftibule du Sanctuaire ainfi
que les degrés qui defcendent à la grande nef
& toute cette nef jufqu'à la porte de l'Eglife
étoir bordée par la garde des Hallebardiers
Royaux. M.
OCTOBRE. 1760.
M.Je Prince de Lichtenſtein partit à 11 heures de
195
l'Hôtel Palavicini où il étoit logé pour le rendre à
la Cathédrale,fon cortége marchoit dans le même
ordre que le jour de fon Audience publique ; il fut
reçu à la porte de L'Eglife par le Chapitre qui le
complimenta. Sa Livrée entra dans la nef du milieu
& fe rangea des deux côtés devant les Hailebardiers
Royaux.
Pendant ce tems- là le cortége de la Cour s'étoit
mis en mrcche dans l'ordre fuivant.
Quarante Hallebardiers Royaux ouvroient la
marche ; la mufique de cette Compagnie étoit à
la tête.
Le Commandant de l'Ecurie & deux Officiers
de l'Ecurie à cheval , quatre Palfreniers les fuivoient
à pied .
I caroffe à fix chevaux pour le Maître des
Cérémonies & trois
Majordomes.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à fix chevaux, quatre Dames du Palais.
I caroffe à fix chevaux , quatre Dames du Palais.
I caroffe àfix chevaux , quatre
Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à 8 chevaux. Le Gentilhomme de la
Chambre de fervice à l'Infant.
Le premier Ecuyer , le Majordome de ſervice.
I caroffe à huit chevaux . Le ſervice de Madame
Infante Ifabelle.
Les trompettes & timballes des Gardes du
Corps , avec feize Gardes.
1 caroffe à huit chevaux , l'Infant.
Le Capitaine des Gardes , le Grand Ecuyer.
I caroffe à 8 chevaux ,¡Madame InfanteÏfabelle,
Madame de Gonzales , Madame de Siſſa .
La Compagnie des Gardes du Corps ayant à
II. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
leur tête le Lieutenant , l'Enſeigne , & huic
Exempts.
2 caroffes de refpect vuidės , attelés à 8 chevaux.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
Tous les Pages marchoient à pied aux deux côtés
des caroffes des Princes .
On arriva dans cet ordre à la porte de l'Eglife :
on marchoit lentement pour donner aux perfonnes
qui étoient dans les caroffes qui précédoient
ceux des Princes , le temps de defcendre .
M.le Prince de Lichtenſtein attendoit à la porte
de l'Eglife.
Pendant que l'Infant defcendoit de fon carolle,
Le Maître desCérémonies fut prendre M.le Prince
Liechtenſtein & le conduifit à la portiere du caroffe
de Madame Infantelfabelle . L'Infant s'en aprocha
auffi & reçut la main droite de Madame fa fille en
defcendant du caroffe;M. le Prince reçur la main
gauche.
Ils marcherent ainfi jufqu'au prie- Dieu qui fe
trouvoit dans le Sanctuaire en face du Maître-
Autel , où ils fe mirent à genoux fur les couffins
qui étoient au bas de ce prie- Dieu. L'Infant occupa
celui de la droite ; Madame Ifabelle celui
du milieu ; M. de Lichtenſtein celui de la gauche.
Ils fe leverent un moment après , & s'approcherent
des degrés de l'Autel ; l'Evêque déranda
à M. le Prince s'il avoit le pouvoir d'épouler Mae
InfanteIfabelle, au nom de l'Archiduc Jofeph ; fes
Pouvoirs furent lus à haute voix par un Secretaire
impérial , après quoi le Chancelier de l'Evêché
lutauffi à haute voix la Difpenfe du Pape .
Le refte de la Cérémonie fut exécutée ſuivant le
Rituel ordinaire de l'Eglife , excepté que l'anneau
fut préfenté à Madame l'Archiduchelle par M. le
Prince de Lichtenftein , fur une foucoupe , & qu'elle
le mit elle-même à fon doigt.
OCTOBRE. 1760.
195
Après cette cérémonie , Madame l'Archiducheffe
retourna au Pri - Dieu , ayant toujours M.
de Lichtenſtein à la gauche. Après une courte
priere , les Princes fe remirent en marche pour
fortir de l'Eglife dans le même ordre qu'ils y
étoient entrés ; l'Infant & M. de Lichtenttein
donnerent la main à Madaine
l'Archiducheffe
pour monter dans fon carolle , l'Infant monta
dans le fien , & M. le Prince fut joindre les
équipages qui l'attendoient à une des portes latérales
de l'Eglife.
l'on
On le mit en marche pour retourner au Palais
par un chemin plus long que celui
avoit fait en venant du Palais à la Cathédrale
que
afin que tout le Peuple , & une quantité prodigieufe
d'Etrangers qui s'étoient rendus à Parme
pullent voir la magnificence , de cette marche.
Le Cortége de M. le Prince de Lichtenſtein
précédoit celui de la Cour , de 60 ou 80 pas . Les
Troupes qui bordoient les rues lui préfenterent
les armes , les tambours rappelloient , & les
Officiers le faluerent du chapeau .
Pendant l'efpace qui étoit entre le caroffe de
M. de Lichtenftein & celui de l'Infant , l'Infanterie
mit la bayonnette au bout du fufl. Lorsqu'ils
pafferent , on préſenta les armes , les tambours
battirent au champ , & les Officiers faluerent de
l'eſponton .
M. de Lichtenſtein defcendit à la porte du Palais
pour y attendre Madame l'Archiducheſſe ;
l'Infant aufuôt arrivé defcendit de fon caroffe ,
& s'avança à la portiere de celui de Madame
l'Archiducheffe fa fille pour lui donner la main.
Elle fut conduite à ſon
appartement par l'Infant
& M. de Lichtenftein toujours dans l'ordre
obfervé
précédemment , c'eft à dire l'Infant à
fa droite , & M. de Lichtenſtein à la gauche ;
I j
196 MERCURE DE FRANCE.
yne quantité prodigieufe de Nobleffe rem pliffoit
le Palais .
S. A. R. l'Infant fe retira dans fon appartement
, après avoir reſté un moment dans celui
de la fille ; qui , après que l'Infant fut retiré
donna fa main à baifer à tous les Sujets de la
Maifon d'Autriche qui fe trouverent préfens.
L'heure du repas étant arrivée , le Maître des
Cérémonies fut avertir l'Infant , & marcha devant
lui jufques à l'appartement de Madame
l'Archiducheffe , où S. A. R. s'étoit propofée de
l'aller prendre pour la conduire à la table de
nôces.
2
Cette table étoit préparée dans la falle d'audience
, de façon que les trois fiéges fe trouvoient
fous le dais ; il n'y avoit pas de fauteuil ,
mais trois chaifes à dos parfaitement égales.
Madame l'Archiducheſſe entra dans la falle &
fut conduite à table par Monfeigneur l'Infant à
qui elle donnoit la main droite , & M. le Prince
de Lichtenſtein à qui elle donnoit la main gauche
; elle fe plaça au milieu , l'Infant à fa droite ,
& M. de Lichtenftein à fa gauche ; le Maître des
Cérémonies avoit toujours précédé les Princes jufques
à la table.
M. le Comte de S. Vital , Gouverneur de la
Maifon de S. A. R. avec tous les Majordomes ,
excepté celui qui étoit de fervice , furent prendre
lés plats au buffet , & les apporterent ſur la table
dans l'ordre ci-après.
L'Huifier des viandes entre deux Gardes du
Corps , la carabine fur l'épaule : les Gardes s'arrêterent
à la porte de la falle .
Le Maître des Cérémonies marchoit feul quatre
pas après l'Huiffier des viandes.
Douze Pages , portant chacun un plat.
Six Majordomes , portant chacun un plat.
OCTOBRE. 1760. 197
M. le Comte de S. Vital , marchant feul immédiatement
après ,
Le Contrôleur de la Bouche.
Quatre Gardes du Corps la carabine fur l'épaule
, qui fe font arrêtés au même endroit que
les deux premiers.
Le Majordome de fervice prit les plats des
mains des autres Majordomes , & des Pages , &
les arrangea fur la table. Pendant ce temps ,
M. de S. Vital fut fe mettre derriere les Princes
pour fervir Madame l'Archiducheffe , il lui ap
procha fa chaife , celle de l'Infant fut approchée
par un Majordone , & celle de M. le Prince de
Lichtentein par un Gentilhomme de la Maiſon
de S. A R. Madame l'Archiducheffe fut fervie
par M. de S. Vital , l'infant le fut à l'ordinaire
par le entilhomme de la Chambre de fervice ,
& M. le Prince de Lichtenſtein par un Gentilhomme
de la Maiſon.
Ce repas fut fervi avec toute la magnificence
& tout le goût imaginable.
Au fortir de table , Madame l'Archiducheffe
fut reconduite dans fon appartement dans le mê -
me ordre qui avoit été observé en venant à table.
Il n'y eut plus rien jufqu'au foir.
L
Toute la Nobleffe étoit invitée de fe rendre à
huit heures du foir au Palais du Jardin , pour de
là , voir tirer un feu d'artifice , & voir en même
temps une fuperbe illumination difpofée dans le
Jardin . L'ordonnance en étoit riche & galante.
Le Palais du jardin fut dès fept heures rempli
d'un grand nombre de Nobleffe. M. le Prince de
Lichtenftein s'y rendit à fept heures & demie. Le
Prince Ferdinand & Madame Louife , s'y rendirent
peu après , & l'Infant & Madame l'Archiduchefle
y arriverent à huit heures précifes.
Le feu d'artifice fut appliqué à un monument
· Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
Hlevé au milieu d'une très- grande place dans le
jardin de Parme , & faifoit face au Palais où les
Princes fe tranfportérent pour en voir l'effet .
Il repréfentoit l'union de l'Amour & de l'hymen
dans le Temple de Minerve. Ce Temple
étoit élevé fur un grand fondement amtique , dont
la forme étoit ovale , de quatre - vingt - dix - huit
pieds de longueur , fur foixante- quatre pieds de
large ; un grand focle de porphyre , comprenant.
dans fa hauteur les gradins qui formoient les deux
entrées principales du Temple , s'élevoit au-delfus
de ce fondement , & contournoit la baſe de ce
monument , qui étoit orné de vingt- quatre colonnes
d'ordre Dorique entourées de guirlandes
de fleurs. Il avoit quatre faces égales , & fes angles
étoient flanqués de quatre pyramides ifolées
dédiées aux Arts & portant leurs attributs en trophées.
Ces Pyramides étoient environnées de quatre
colonnes du même ordre , formant des avantcorne
à jour , rachetés fur les angles du quarré
du Temple , en forme de tours ou de baftions.
L'entablement étoit décoré de guirlandes de
fleurs dans la frife , & les quatre avant- corps. de
colonnes qui couvroient les Pyramides , foutenoient
fur chaque face des médaillons , en tout au
nombre de ſeize , moitié appuyés ſur la frife &
l'architrave de cet ordre , & moitié tombant dans
le vuide de l'entre- colonne. Ils repréſentoient
des tableaux où étoient peintes les qualités vertueufes
de l'Archiduc & de Madame Iſabelle
comme la nobleffe , la magnanimité , la Majesté
Royale , la libéralité , la jeunelle , la beauté , la
bonté , la clémence , la fécondité , la douceur ,
l'amour de la gloire , l'amour de la Patrie , l'amour
des Sciences , l'amour des Arts , l'enjoûment
& l'affabilité .
Au- deffus des quatre tours des Colonnes , s'élevoir
OCTOBRE. 1760. 199
au milieu des trophées Militaires, un piédeftal portant
des renommées,fur les quatre portes ou Arcades
de ce Temple étoient les Écuffons de l'Archiduc
& de Madame Ifabelle , au milieu de deux
vales ,de Parfums , & appuyé fur le focle qui couronnait
la Corniche .
Au -dellus de ce Socle, dont le plan étoit quarré
comme le Temple , s'élevoit une attique ronde
en forme de Piédeftal couronnée d'un dôme ouvert
par le haur & décoré de guirlandes de fleurs .
Ce Piédeſtal fervita porterautour dela Naillance
du dôme 12 Figures réprefentant les Jeux , les
Ris, & les Plairs , danfant & formant une chaîne
de guirlandes autour de ce monument.
Les quatre portes du Temple étoient décorées &
comme gardées par huit Figures repréſentantes la
vigilance , la dignité , l'Intelligence , la pureté ,
le filence , la douceur , & le courage , qui compo.
fept enfemble toutes les vertus qui caractérisent.
la fagelle.
Au milieu de ce temple dont la forme intérieure.
étoit octogone rachetant une voûte ronde & farbaillée
, étoit la Figure de Minerve fur différens
plans de quées , réuniffant entre fes bras les Figures
de l'Amour & de l'Hymen.
Sur les deux aîles du focle qui joignoit toute la
longueur du fondement ovale , & qui comprenoit
toute la hauteur des perrons , étoient de chaque
côté les autels de l'Amour & de l'Hymen .
Quatre fontaines de feu élevées fur des rochers
qui fortoient de terre contribuoient à la richeſſe de
la bafe de ce monument , en même tems qu'elles
augmentoient l'effet des différens tableaux de feu
qui fortoient de cet édifice deftiné à faire éclater
la joie publique que procure cet événement.
L'Illumination générale de cette machine d'Artifice
fur accompagnée de deux Phénomènes qui
I iv
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif :
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir ſur le ſommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illumination
générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baſſes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plane
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée .
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
de
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges .
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui par
devant , & on defcendoit de-là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchefe
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenſtein
prit fon Audience de congé ; tout fut obſervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
I v
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils mon
troient chacun le Globe du Monde tranſparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage.
Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & balles ; les miroirs de feu , les
pots à- feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen➡
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête auguſte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame :
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Tur
quie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
par une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danſerent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande 9
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
1 ་
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent , '
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommet du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baffes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe ſe ren fit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal maſqué .
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui ſéparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryſtal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlandes
de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheſſe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenftein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fut à celle de
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Madame l'Archiducheffe , avant d'être conduit à
celle du Prince Ferdinand.
Après l'Audience de Madame Louife , M. le
Prince , au lieu de retourner dans fon appartement
a la Cour , defcendit par le grand efcalier ,
& fut monter dans fon Caroffe qui l'attendoit a la
porte du Palais , pour le ramener à l'Hôtel Palavicini
.
Le Maître des Cérémonies l'accompagna juf
qu'au bas de l'efcalier , M. de Palavicini & M.
Introducteur jufques à la portiere de la voiture ,
qui ne fur fermée que quand ces Meffieurs fe futent
retirés.
Le foir , il y eut Opéra.
Le 9. l'Infant fut dîner chez M. de Lichtenſtein.
Lé foir , il y eut Opéra.
Le to M. le Prince de Lichtenſtein dina chez M.
Dutillot , & partit après dîner pour Cafalmajor.
Le foir , il y eut Aflemblée au Paļais .
Le 11. au matin tous les Corps de l'Etat , le
Militaire , la Nobleffe , & la Maifon de S. A R.
eurent l'honneur de baifer la main à Madame
l'Archiducheffe .
Il y eut Opéra , le ſoir.
Le .les Princes n'ont reçu perfonne .
Le 13. S. A. R. Madame l'Archiducheffe partit
à dix heures du matin pour le rendre à Cafalmajor:
elle y a été accompagnée par Madame de
Gonzales , Madame de Silla , quatre Dames du
Pálais , des Majordomes , & huit Gentilshommes
de la Chambre ; elle étoit faivîe d'un nombre de
Pages , d'Ecuyers , de fon premier fervice , & defon
fervice du fecond Ordre , du Commandant de
l'Ecurie de deux Officiers des Ecuries , du Sellier >
du Maréchal , du Charron & de 24 Palfreniers à
Cheval;elle étoit éfcortée par des Gardes du Corps.
Les rues par lesquelles elle a pallé, étoient bordées
OCTOBRE , 1760. 203
de troupes , on avoit difpofé des Détachemens de
Cavalerie & d'Infanterie fur différens endroits de
la roure.
Des Bataillons Provinciaux , fix Compagnies de
Grenadiers, un Bataillon du Régiment de Parme ,
& les deux Compagnies de Grenadiers de inême
Régiment, étoient difpofées fur les bords du Pô ,
en deçà de la tête du Pont. Elle y a trouvé des
Elcadrons de Gardes du Corps & de Cavalerie. Elle
eft arrivée à Cafalmajor à midi & deux minutes.
M. le Comte de S. Vital eft chargé de la Cérémonie
de la remife , un Secrétaire du Cabinet de
l'Acte de certe ' remiſe .
S. A. R. s'arrête demain à Cafalmajor pour y
donner la main à bailer aux Deputés de la Lombardie
Autrichienne , aux Chambres Souveraines ,
& à la Nobleffe. Le lundi elle ira à Mantoue, où elle
s'arrêtera encore un jour, pour un objet ſemblable.
paffé depuis.
L'Opera que l'on repréſenta , eft compofé de
trois Actes ; il eft intitulé les Fétes de L'Hymen
pour les nôces de LL. AA. RR. &c. il eft précédé
d'un Prologue.
Ce Prologue , qui a pour Titre le Triomphe de
PAmour , eft une querelle que les Dieux font à
l'Amour , fur les maux qu'il ne ceffe de faire
aux hommes . L'Amour convient de toutes ces
fauces, & obtient fon pardon en faveur de l'Union ,
qu'il vient de faire de la vertu & de la beauté,
188 MERCURE DE FRANCE.
Les fajets des trois Actes qui compofent l'Opéra
font féparés. C'est une licence que l'on a cru
devoir prendre à caufe du merveilleux & de la
galanterie qu'apportent avec eux des fujers fabuleux
& variés , qui femblent mieux convenir à la
Fête qu'on a célébrée .
L'Acte d'Aris eft le premier. L'Amour par ordre
du Deftin , ceffe d'être aveugle ; il jette fes premiers
regards fur Iris , & en devient amoureux ;
Iris le prend pour le Zéphire ; mais revenue de
fon erreur, elle en devient éprife , diffipe les nuages
qu'Aquilon jaloux lui oppofe fans ceffe , &
sunit à l'Amour pour rendre au monde les jours
les plus beaux & les plus fereins.
Le fecond Acte , eft celui de Sapho . Le Poëte
a feint cette dixiéme Muſe , amoureufe d'Alcée
celèbre Poëte Lyrique natif de Lesbos : il a
feint aufli Doris , fils de Neptune , amant de Sapho
, qui fe voyant préferer fon rival , a recours
a fon pére , & le prie de le vanger par la mort
de l'un & de l'autre. Neptune écoute les voeux
de fon fiis ; & par le fecours d'Eole , & des vents
fouléve tellement les eaux , que les habitans de
la campagne craignent d'ètre fubmergés : 1
paroît lui-même fur une vague qui s'élève beaucoup
au defius des autres ; menace de tour
inonder , fi dans une heure , Sapho n'eft pas fenible
à l'amour de fon fils il rentre dans le fein
de la mer , qui continue dans la plus grande
agitation .
Sapho invoque Apollon , & l'Amour. Une
Lyre defcend du Ciel attachée à des guirlandes
de fleurs ; un arc s'élève dans la Mer à l'endroit
où elle doit avoir fes bornes , & les lui marque
pour l'avenir.
Sapho prend la Lyre : à mesure qu'elle chante
les prodiges opérés par Apollon , & l'Amour ;
OCTOBRE. 1760. 189
la Mer fe calme & fe retire au lieu où elle
étoit avant le débordement ; remplie des infpirations
divines , & de l'enthousiasme poétique ,
elle voit dans l'avenir la fuitte nombreufe des
héros , dont elle doit célébrer l'alliance , annonce
le bonheur dont l'Univers doit jouir ; & par fon
mariage avec Alcée , accomplit le triomphe de
l'harmonie , & de l'amour.
Le troifiéme Acte eft intitulé Eglé. Cette Nymphe
eft amoureufe de Chromis ; Alcée fa compagne
l'eft de Lincée .Elles fe plaifent enſemble
à faire foupirer leurs Amants , en leur cachant
leur tendreffe ; enfin Eglé dit à Chromis qu'elle
l'aimera , lorfqu'elle verra les eaux d'un torrent
enchaînées ; Alcée promet à Lincée de l'aimer
quand Eglé aimera Chromis.
Ces deux jeunes Faunes , déſeſpérés , fe confultent
enſemble , & vont trouver Silene pour qu'il
les aide de fes confeils . Ce vieillard leur demande
où ils ont laillé Eglé & Alcée ; ils répondent
qu'elles font à cueillir des mûres pour lui
teindre le vifage, lorfqu'elles le trouveront endormi
. Silene confole les deux Faunes, leur ordonne
de ſe retirer , leur promet de les fervir , & fe
met fur un lit de gazon où il feint de dormir
en attendant les deux Nymphes. Elles arrivent
avec des guirlandes de fleurs , en enchaînent Si-
Lene qu'elles croyent endormi ; elles le pouffents
il feint de s'éveiller & montre de la colere :
mais bien-tôt après il leur conte la fable d'Acis
& Galatée. Au milieu de cette fable , il s'arrête
comme infpiré , & leur conſeille d'aller trouver
Prothée , de le furprendre endormi , & de l'enchaîner
fans s'épouvanter des différentes formes
qu'il prendra , parce qu'à la fin il parlera , & leur
apprendra des chofes merveilleules.
Elles remercient Silene , & le quittent pour al190
MERCURE DE FRANCE:
ler chercher Prothée ; Chromis & Lincée les accoma
pagnent. Elles le furprennent , l'enchaînent , &
ferrent toujours plus fes liens , à mesure qu'il change
de forme ; il fe change enfin en un Torrent
qui refte immobile : toutes les Nymphes admirent
ce prodige . Silene arrive , rapelle à Eglé le ferment
qu'elle a fait d'être à Chromis lorſqu'elle
verra enchaîner un torrent ; Eglé confent à être
unie à Chromis , & Alcée tient auffi fa parole à
Lincée ; les Faunes & les Nymphes applaudiffent
à cette union,& Silene; au lieu de finir la fable qu'il
fe fouvient d'avoir commencée , ordonne aux Faunes,
& aux Nymphes, de célébrer cet heureux jour,
en repréfentant par leurs danfes , les amours
d'Acis , & Galatée.
L'Italie a vû dans cette occafion renaître fur la
fcène les enchantemens , & la nouveauté de ce
fpectacle digne de l'admiration des étrangers , par
la magnificence , la vérité , & le bon goût qui eft
diftribué dans l'exécution de toutes ces parties. Les
machines employées aux différens prodiges amenés
par le Sujet , ont eu le plus grand fuccès ;
& le Théâtre actuellement difpofé par les machines
à recevoir tout ce que l'imagination peut fournir
de plus merveilleux , retracera chaque fois le
fouvenir de la fête pour laquelle il fert la premiere
fois.
Après l'Opéra l'Infant & Madame Infante Iſabelle,
furent à l'hôtel Palavicini où M. le Prince de
Lichtenſtein avoit fait préparer une Fête, à laquelle
toute la Nobleſſe fut invitée ; plufieurs tables furent
abondamment ſervies , ainſi que quantité de
rafraîchiffemens. On y danſa juſqu'au matin.
1
Le lendemain, M. le Prince de Lichtenſtein donna
un fuperbe dîner à tous les Miniftres étrangers ,
& à la Nobleffe la plus confidérable de l'Etat , &
Etrangere . Le foir il y eut Opéra.
OCTOBRE. 1760. Iol
Le Vendredi cinq , M. le Comte de Rochechouart
donna un grand dîner à M. le Prince de
Lichtenſtein & aux mêmes perfonnes qui avoient
dîné chez lui la veille . Il y eut Opéra le foir.
Le Samedi fix , M. de Lichtenſtein le Prince
dîna chez M. le Marquis de Revilla . Il y eut le foir
affemblée au Palais.
Le Dimanche ſept, jour fixé pour la Cérémonie
du Mariage , les Troupes prirent les Armes dès le
matin ; deux bataillons du Régiment de Parme &
quatorze Compagnies de Grenadiers borderent
les rues par où le Cortége devoit paffer.
Six cens Carabiniers formèrent quatre eſcadrons
fur la place , deux defquelles y retterent , jufques
après que le cortége y eut paffé ; les deux autres
furent repartis pour fermer toutes les rues qui
viennent aboutir à celles par où les Princes pafferent:
chaque troupe étoit formée fur deux rangs ,
à trente pas derriere l'Infanterie qui occupoit le
débouché de la rue.
" L'Eglife Cathédrale , où fe fit la cérémonie ,
étoit magnifiquement décorée. Les Peintures du
Corrége , & des autres excellents Maîtres dont ce
vafte Edifice fe trouve orné dans les voutes , &
dans les frifes , donnant des bornes à la richeffe
de la décoration projettée pour cette Augufte cérémonie
; on fut obligé de fe contenter d'orner
les pilaftres , les arcades , & les baffes nefs de damas
cramoifi à fleurs , enrichis de grandes lames
d'étoffes d'argent , de deux pieds de large; lefquelles
interrompoient fymétriquenient , d'espace
en efpace, le cours du damas d'une maniere agréable
& gracieufe; les impoftes fur lesquelles repofent
les arcades , étoient entourées d'une riche
pente du même damas , pliffée & terminée par
une frange d'or , ainfi que les rideaux qui ornoient
le dedans des arcades , & qui étoient retrouffés
192 MERCURE DE FRANCE.
vers l'impofte , pour donner lieu de découvrir la
décoration des chapelles , & des nefs laterales . Aux
deux côtés de la porte de lagrande nef étoient deur
orcheftres , parées dans le même goût que le refte
de l'Eglife : elles étoient remplies de trente Muficiens
que l'on avoit fait venir pour jouer des
fanfares , depuis le moment où les Princes defcen➡
dirent de carolles , juſqu'a celui où ils furent entrés
dans le fanctuaire ; les deux tribunes qui fe'
trouvent près du Maître Autel , étoient remplies
des Muficiens de la Chambre de S. A. R. qui exé-'
cuterent fupérieurement d'excellentes fymphonies
à deux choeurs.
Le Maître-Autel , beaucoup plus étendu qu'à
l'ordinaire , le trouvoit richement paré d'étoffe
d'or , & couvert d'une quantité de lumieres . Du
côté de l'Evangile , étoit le dais de S. A. R. du
côté de l'Epitre , étoit la Cathetra , deftinée pour
l'Evêque de Plaifance , qui devoit faire la cérémonie.
Au milieu du Sanctuaire , qui étoit couvert de
tapis de la Savonerie , étoit un prie- Dieu , cou-'
vert d'un grand tapis de velours cramoihi galonné
d'or , ainfi que trois couffins , qui étoient pofés
au bas.
Les latereaux du Sanctuaire , furent remplis
par un nombre infini de Nobleffe. Aux deux côtés ,
en face du Maître - Autel , étoient deux grands parquets
décorés dans la même ordonnance de l'Eglife
, l'un defquels étoit deftiné pour tous les
Miniftres Etrangers , l'autre pour les Dames de
la premiere diftinction .
Le Sanctuaire étoit gardé par les Gardes du
Corps de S. A. R. le veftibule du Sanctuaire ainfi
que les degrés qui defcendent à la grande nef
& toute cette nef jufqu'à la porte de l'Eglife
étoir bordée par la garde des Hallebardiers
Royaux. M.
OCTOBRE. 1760.
M.Je Prince de Lichtenſtein partit à 11 heures de
195
l'Hôtel Palavicini où il étoit logé pour le rendre à
la Cathédrale,fon cortége marchoit dans le même
ordre que le jour de fon Audience publique ; il fut
reçu à la porte de L'Eglife par le Chapitre qui le
complimenta. Sa Livrée entra dans la nef du milieu
& fe rangea des deux côtés devant les Hailebardiers
Royaux.
Pendant ce tems- là le cortége de la Cour s'étoit
mis en mrcche dans l'ordre fuivant.
Quarante Hallebardiers Royaux ouvroient la
marche ; la mufique de cette Compagnie étoit à
la tête.
Le Commandant de l'Ecurie & deux Officiers
de l'Ecurie à cheval , quatre Palfreniers les fuivoient
à pied .
I caroffe à fix chevaux pour le Maître des
Cérémonies & trois
Majordomes.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à fix chevaux, quatre Dames du Palais.
I caroffe à fix chevaux , quatre Dames du Palais.
I caroffe àfix chevaux , quatre
Gentilshommes
de la Chambre.
I caroffe à 8 chevaux. Le Gentilhomme de la
Chambre de fervice à l'Infant.
Le premier Ecuyer , le Majordome de ſervice.
I caroffe à huit chevaux . Le ſervice de Madame
Infante Ifabelle.
Les trompettes & timballes des Gardes du
Corps , avec feize Gardes.
1 caroffe à huit chevaux , l'Infant.
Le Capitaine des Gardes , le Grand Ecuyer.
I caroffe à 8 chevaux ,¡Madame InfanteÏfabelle,
Madame de Gonzales , Madame de Siſſa .
La Compagnie des Gardes du Corps ayant à
II. Vol. I
194 MERCURE DE FRANCE.
leur tête le Lieutenant , l'Enſeigne , & huic
Exempts.
2 caroffes de refpect vuidės , attelés à 8 chevaux.
I caroffe à fix chevaux , quatre Gentilshommes
de la Chambre.
Tous les Pages marchoient à pied aux deux côtés
des caroffes des Princes .
On arriva dans cet ordre à la porte de l'Eglife :
on marchoit lentement pour donner aux perfonnes
qui étoient dans les caroffes qui précédoient
ceux des Princes , le temps de defcendre .
M.le Prince de Lichtenſtein attendoit à la porte
de l'Eglife.
Pendant que l'Infant defcendoit de fon carolle,
Le Maître desCérémonies fut prendre M.le Prince
Liechtenſtein & le conduifit à la portiere du caroffe
de Madame Infantelfabelle . L'Infant s'en aprocha
auffi & reçut la main droite de Madame fa fille en
defcendant du caroffe;M. le Prince reçur la main
gauche.
Ils marcherent ainfi jufqu'au prie- Dieu qui fe
trouvoit dans le Sanctuaire en face du Maître-
Autel , où ils fe mirent à genoux fur les couffins
qui étoient au bas de ce prie- Dieu. L'Infant occupa
celui de la droite ; Madame Ifabelle celui
du milieu ; M. de Lichtenſtein celui de la gauche.
Ils fe leverent un moment après , & s'approcherent
des degrés de l'Autel ; l'Evêque déranda
à M. le Prince s'il avoit le pouvoir d'épouler Mae
InfanteIfabelle, au nom de l'Archiduc Jofeph ; fes
Pouvoirs furent lus à haute voix par un Secretaire
impérial , après quoi le Chancelier de l'Evêché
lutauffi à haute voix la Difpenfe du Pape .
Le refte de la Cérémonie fut exécutée ſuivant le
Rituel ordinaire de l'Eglife , excepté que l'anneau
fut préfenté à Madame l'Archiduchelle par M. le
Prince de Lichtenftein , fur une foucoupe , & qu'elle
le mit elle-même à fon doigt.
OCTOBRE. 1760.
195
Après cette cérémonie , Madame l'Archiducheffe
retourna au Pri - Dieu , ayant toujours M.
de Lichtenſtein à la gauche. Après une courte
priere , les Princes fe remirent en marche pour
fortir de l'Eglife dans le même ordre qu'ils y
étoient entrés ; l'Infant & M. de Lichtenttein
donnerent la main à Madaine
l'Archiducheffe
pour monter dans fon carolle , l'Infant monta
dans le fien , & M. le Prince fut joindre les
équipages qui l'attendoient à une des portes latérales
de l'Eglife.
l'on
On le mit en marche pour retourner au Palais
par un chemin plus long que celui
avoit fait en venant du Palais à la Cathédrale
que
afin que tout le Peuple , & une quantité prodigieufe
d'Etrangers qui s'étoient rendus à Parme
pullent voir la magnificence , de cette marche.
Le Cortége de M. le Prince de Lichtenſtein
précédoit celui de la Cour , de 60 ou 80 pas . Les
Troupes qui bordoient les rues lui préfenterent
les armes , les tambours rappelloient , & les
Officiers le faluerent du chapeau .
Pendant l'efpace qui étoit entre le caroffe de
M. de Lichtenftein & celui de l'Infant , l'Infanterie
mit la bayonnette au bout du fufl. Lorsqu'ils
pafferent , on préſenta les armes , les tambours
battirent au champ , & les Officiers faluerent de
l'eſponton .
M. de Lichtenſtein defcendit à la porte du Palais
pour y attendre Madame l'Archiducheſſe ;
l'Infant aufuôt arrivé defcendit de fon caroffe ,
& s'avança à la portiere de celui de Madame
l'Archiducheffe fa fille pour lui donner la main.
Elle fut conduite à ſon
appartement par l'Infant
& M. de Lichtenftein toujours dans l'ordre
obfervé
précédemment , c'eft à dire l'Infant à
fa droite , & M. de Lichtenſtein à la gauche ;
I j
196 MERCURE DE FRANCE.
yne quantité prodigieufe de Nobleffe rem pliffoit
le Palais .
S. A. R. l'Infant fe retira dans fon appartement
, après avoir reſté un moment dans celui
de la fille ; qui , après que l'Infant fut retiré
donna fa main à baifer à tous les Sujets de la
Maifon d'Autriche qui fe trouverent préfens.
L'heure du repas étant arrivée , le Maître des
Cérémonies fut avertir l'Infant , & marcha devant
lui jufques à l'appartement de Madame
l'Archiducheffe , où S. A. R. s'étoit propofée de
l'aller prendre pour la conduire à la table de
nôces.
2
Cette table étoit préparée dans la falle d'audience
, de façon que les trois fiéges fe trouvoient
fous le dais ; il n'y avoit pas de fauteuil ,
mais trois chaifes à dos parfaitement égales.
Madame l'Archiducheſſe entra dans la falle &
fut conduite à table par Monfeigneur l'Infant à
qui elle donnoit la main droite , & M. le Prince
de Lichtenſtein à qui elle donnoit la main gauche
; elle fe plaça au milieu , l'Infant à fa droite ,
& M. de Lichtenftein à fa gauche ; le Maître des
Cérémonies avoit toujours précédé les Princes jufques
à la table.
M. le Comte de S. Vital , Gouverneur de la
Maifon de S. A. R. avec tous les Majordomes ,
excepté celui qui étoit de fervice , furent prendre
lés plats au buffet , & les apporterent ſur la table
dans l'ordre ci-après.
L'Huifier des viandes entre deux Gardes du
Corps , la carabine fur l'épaule : les Gardes s'arrêterent
à la porte de la falle .
Le Maître des Cérémonies marchoit feul quatre
pas après l'Huiffier des viandes.
Douze Pages , portant chacun un plat.
Six Majordomes , portant chacun un plat.
OCTOBRE. 1760. 197
M. le Comte de S. Vital , marchant feul immédiatement
après ,
Le Contrôleur de la Bouche.
Quatre Gardes du Corps la carabine fur l'épaule
, qui fe font arrêtés au même endroit que
les deux premiers.
Le Majordome de fervice prit les plats des
mains des autres Majordomes , & des Pages , &
les arrangea fur la table. Pendant ce temps ,
M. de S. Vital fut fe mettre derriere les Princes
pour fervir Madame l'Archiducheffe , il lui ap
procha fa chaife , celle de l'Infant fut approchée
par un Majordone , & celle de M. le Prince de
Lichtentein par un Gentilhomme de la Maiſon
de S. A R. Madame l'Archiducheffe fut fervie
par M. de S. Vital , l'infant le fut à l'ordinaire
par le entilhomme de la Chambre de fervice ,
& M. le Prince de Lichtenſtein par un Gentilhomme
de la Maiſon.
Ce repas fut fervi avec toute la magnificence
& tout le goût imaginable.
Au fortir de table , Madame l'Archiducheffe
fut reconduite dans fon appartement dans le mê -
me ordre qui avoit été observé en venant à table.
Il n'y eut plus rien jufqu'au foir.
L
Toute la Nobleffe étoit invitée de fe rendre à
huit heures du foir au Palais du Jardin , pour de
là , voir tirer un feu d'artifice , & voir en même
temps une fuperbe illumination difpofée dans le
Jardin . L'ordonnance en étoit riche & galante.
Le Palais du jardin fut dès fept heures rempli
d'un grand nombre de Nobleffe. M. le Prince de
Lichtenftein s'y rendit à fept heures & demie. Le
Prince Ferdinand & Madame Louife , s'y rendirent
peu après , & l'Infant & Madame l'Archiduchefle
y arriverent à huit heures précifes.
Le feu d'artifice fut appliqué à un monument
· Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
Hlevé au milieu d'une très- grande place dans le
jardin de Parme , & faifoit face au Palais où les
Princes fe tranfportérent pour en voir l'effet .
Il repréfentoit l'union de l'Amour & de l'hymen
dans le Temple de Minerve. Ce Temple
étoit élevé fur un grand fondement amtique , dont
la forme étoit ovale , de quatre - vingt - dix - huit
pieds de longueur , fur foixante- quatre pieds de
large ; un grand focle de porphyre , comprenant.
dans fa hauteur les gradins qui formoient les deux
entrées principales du Temple , s'élevoit au-delfus
de ce fondement , & contournoit la baſe de ce
monument , qui étoit orné de vingt- quatre colonnes
d'ordre Dorique entourées de guirlandes
de fleurs. Il avoit quatre faces égales , & fes angles
étoient flanqués de quatre pyramides ifolées
dédiées aux Arts & portant leurs attributs en trophées.
Ces Pyramides étoient environnées de quatre
colonnes du même ordre , formant des avantcorne
à jour , rachetés fur les angles du quarré
du Temple , en forme de tours ou de baftions.
L'entablement étoit décoré de guirlandes de
fleurs dans la frife , & les quatre avant- corps. de
colonnes qui couvroient les Pyramides , foutenoient
fur chaque face des médaillons , en tout au
nombre de ſeize , moitié appuyés ſur la frife &
l'architrave de cet ordre , & moitié tombant dans
le vuide de l'entre- colonne. Ils repréſentoient
des tableaux où étoient peintes les qualités vertueufes
de l'Archiduc & de Madame Iſabelle
comme la nobleffe , la magnanimité , la Majesté
Royale , la libéralité , la jeunelle , la beauté , la
bonté , la clémence , la fécondité , la douceur ,
l'amour de la gloire , l'amour de la Patrie , l'amour
des Sciences , l'amour des Arts , l'enjoûment
& l'affabilité .
Au- deffus des quatre tours des Colonnes , s'élevoir
OCTOBRE. 1760. 199
au milieu des trophées Militaires, un piédeftal portant
des renommées,fur les quatre portes ou Arcades
de ce Temple étoient les Écuffons de l'Archiduc
& de Madame Ifabelle , au milieu de deux
vales ,de Parfums , & appuyé fur le focle qui couronnait
la Corniche .
Au -dellus de ce Socle, dont le plan étoit quarré
comme le Temple , s'élevoit une attique ronde
en forme de Piédeftal couronnée d'un dôme ouvert
par le haur & décoré de guirlandes de fleurs .
Ce Piédeſtal fervita porterautour dela Naillance
du dôme 12 Figures réprefentant les Jeux , les
Ris, & les Plairs , danfant & formant une chaîne
de guirlandes autour de ce monument.
Les quatre portes du Temple étoient décorées &
comme gardées par huit Figures repréſentantes la
vigilance , la dignité , l'Intelligence , la pureté ,
le filence , la douceur , & le courage , qui compo.
fept enfemble toutes les vertus qui caractérisent.
la fagelle.
Au milieu de ce temple dont la forme intérieure.
étoit octogone rachetant une voûte ronde & farbaillée
, étoit la Figure de Minerve fur différens
plans de quées , réuniffant entre fes bras les Figures
de l'Amour & de l'Hymen.
Sur les deux aîles du focle qui joignoit toute la
longueur du fondement ovale , & qui comprenoit
toute la hauteur des perrons , étoient de chaque
côté les autels de l'Amour & de l'Hymen .
Quatre fontaines de feu élevées fur des rochers
qui fortoient de terre contribuoient à la richeſſe de
la bafe de ce monument , en même tems qu'elles
augmentoient l'effet des différens tableaux de feu
qui fortoient de cet édifice deftiné à faire éclater
la joie publique que procure cet événement.
L'Illumination générale de cette machine d'Artifice
fur accompagnée de deux Phénomènes qui
I iv
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif :
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir ſur le ſommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illumination
générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baſſes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plane
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée .
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
de
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges .
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui par
devant , & on defcendoit de-là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchefe
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenſtein
prit fon Audience de congé ; tout fut obſervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
I v
200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils mon
troient chacun le Globe du Monde tranſparent
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage.
Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommer du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & balles ; les miroirs de feu , les
pots à- feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen➡
tes avenues en étoile , qui y conduifent ; enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête auguſte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame :
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe fe ren lit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal mafqué.
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui feparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryftal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlan
des de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Tur
quie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle ,
par une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheffe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danſerent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenſtein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande 9
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fur à celle de
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200 MERCURE DE FRANCE
fe voyoient à droite & à gauche à une certaine dif
tance du feu & comme dans le lointain. Ils montroient
chacun le Globe du Monde tranfparent , '
d'un diamètre confidérable , environnés dans l'air
d'un cercle de feu , en figne de l'allégreffe que
qu'infpire à tout l'Univers cet Augufte Mariage
. Une grande quantité de fufées fortoient
également de derriere ces Phénomènes , & formoient
en l'air des Bouquets qui , dirigés pour fe
réunir fur le fommet du Temple , conftruifoient
une voute de feu , qui le couvroit continuelle
ment.
Tout ce Spectacle étoit accompagné d'une illu
mination générale dans le jardin ; les terraffes décorées
d'ifs , de girandoles & de cordons de lu
mieres hautes & baffes ; les miroirs de feu , les
pots à-feu formant des cordons élevés , toutes les
allées éclairées fur différens deffeins , & l'illumination
de toute la façade du Palais qui fait face à
l'entrée de ce jardin , auffi bien que les différen
tes avenues en étoile , qui y conduifent enfin
rien ne fut oublié pour rendre cette Fête augufte
& digne de fon Souverain.
Après le feu d'artifice , l'Infant & Madame
l'Archiducheffe furent fouper. Pendant ce tems
toute la Nobleffe ſe ren fit au Théâtre , que l'on
avoit préparé pour y donner un Bal maſqué .
On avoit élevé le Parterre à la hauteur du plan
cher du Théâtre , & l'on avoit pratiqué fur ce
même Théâtre , des Loges folides , femblables à
celles de la Salle ; de façon que le Theâtre &
le Parterre ne faifoient qu'une grande Salle
ovale , applatie par les flancs , & toute entourrée
de trois rangs de Loges les unes fur les autres ;
cette Salle étoit ornée de guirlandes de fleurs , &
de gazes bleues & argent , qui fe rattachoient galamment
aux montants qui ſéparent les Loges , &
OCTOBRE. 1760. 201
qui tomboient en feftons fur les appuis des Loges ,
d'une maniere agréable & pleine de goût ; elle
étoit éclairée par une quantité de luftres de cryftal
ornés de guirlandes de petites fleurs , & par
des bras de cryſtal ornés de même , appliqués contre
les appuis des Loges des rangs fupérieurs ; c'étoit
à ces bras que venoient s'attacher les guirlandes
de fleurs , qui ornoient le devant des Loges.
On entroit dans cette Salle par la Loge de la couronne
qui s'avance fur le Parterre , comme les
Amphithéâtres employés en France dans les Salles
des Spectacles ; on en avoit coupé l'appui pardevant
, & on defcendoit de -là dans le corps de la
Salle par quatre degrés couverts de tapis de Turquie.
Toutes les Loges étoient remplies , tant celles
pratiquées fur le Théâtre que celles de la Salle
pår une grande quantité de Dames & de Cavaliers
ment parés.
Madame l'Archiducheſſe étant arrivée , on ouvrit
le Bal par une Allemande , où douze perfonnes
danferent enſemble : Madame l'Archiduchele
donnoit la main au Prince François , neveu de M.
le Prince de Lichtenftein . On danſa jufqu'à quatre
heures du matin ; & pendant tout le tems que
durat le Bal , les Officiers de la maiſon de l'Infant
fervirent abondamment de toutes fortes de rafraîchiflemens.
Tout fe paffa avec beaucoup d'ordre ,
& tout le monde fortit extrêmement fatisfait.
Le lendemain 8 , M. le Prince de Lichtenftein
prit fon Audience de congé ; tout fut obfervé à
cette Audience comme à celle de la demande ,
excepté que l'Introducteur , le Maître des Cérémonies
, & M. le Marquis Palavicini , furent pren .
dre.M. le Prince dans l'Appartement qu'il occupoit
à la Cour ; & que M. de Lichtenſtein , en
fortant de l'Audience de l'Infant , fut à celle de
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Madame l'Archiducheffe , avant d'être conduit à
celle du Prince Ferdinand.
Après l'Audience de Madame Louife , M. le
Prince , au lieu de retourner dans fon appartement
a la Cour , defcendit par le grand efcalier ,
& fut monter dans fon Caroffe qui l'attendoit a la
porte du Palais , pour le ramener à l'Hôtel Palavicini
.
Le Maître des Cérémonies l'accompagna juf
qu'au bas de l'efcalier , M. de Palavicini & M.
Introducteur jufques à la portiere de la voiture ,
qui ne fur fermée que quand ces Meffieurs fe futent
retirés.
Le foir , il y eut Opéra.
Le 9. l'Infant fut dîner chez M. de Lichtenſtein.
Lé foir , il y eut Opéra.
Le to M. le Prince de Lichtenſtein dina chez M.
Dutillot , & partit après dîner pour Cafalmajor.
Le foir , il y eut Aflemblée au Paļais .
Le 11. au matin tous les Corps de l'Etat , le
Militaire , la Nobleffe , & la Maifon de S. A R.
eurent l'honneur de baifer la main à Madame
l'Archiducheffe .
Il y eut Opéra , le ſoir.
Le .les Princes n'ont reçu perfonne .
Le 13. S. A. R. Madame l'Archiducheffe partit
à dix heures du matin pour le rendre à Cafalmajor:
elle y a été accompagnée par Madame de
Gonzales , Madame de Silla , quatre Dames du
Pálais , des Majordomes , & huit Gentilshommes
de la Chambre ; elle étoit faivîe d'un nombre de
Pages , d'Ecuyers , de fon premier fervice , & defon
fervice du fecond Ordre , du Commandant de
l'Ecurie de deux Officiers des Ecuries , du Sellier >
du Maréchal , du Charron & de 24 Palfreniers à
Cheval;elle étoit éfcortée par des Gardes du Corps.
Les rues par lesquelles elle a pallé, étoient bordées
OCTOBRE , 1760. 203
de troupes , on avoit difpofé des Détachemens de
Cavalerie & d'Infanterie fur différens endroits de
la roure.
Des Bataillons Provinciaux , fix Compagnies de
Grenadiers, un Bataillon du Régiment de Parme ,
& les deux Compagnies de Grenadiers de inême
Régiment, étoient difpofées fur les bords du Pô ,
en deçà de la tête du Pont. Elle y a trouvé des
Elcadrons de Gardes du Corps & de Cavalerie. Elle
eft arrivée à Cafalmajor à midi & deux minutes.
M. le Comte de S. Vital eft chargé de la Cérémonie
de la remife , un Secrétaire du Cabinet de
l'Acte de certe ' remiſe .
S. A. R. s'arrête demain à Cafalmajor pour y
donner la main à bailer aux Deputés de la Lombardie
Autrichienne , aux Chambres Souveraines ,
& à la Nobleffe. Le lundi elle ira à Mantoue, où elle
s'arrêtera encore un jour, pour un objet ſemblable.
Fermer
Résumé : Suite de la Relation de tout ce qui s'est passé depuis.
Le texte relate les festivités entourant le mariage des Altesses Royales, notamment Madame l'Archiduchesse à Parme. Les célébrations incluent la représentation de l'opéra 'Les Fêtes de l'Hymen', composé de trois actes indépendants précédés d'un prologue intitulé 'Le Triomphe de l'Amour'. Ce prologue met en scène une querelle entre les dieux et l'Amour, qui obtient leur pardon pour l'union de la vertu et de la beauté. Les trois actes de l'opéra sont 'Aris', 'Sapho' et 'Eglé', chacun racontant des histoires d'amour et d'interventions divines. Les festivités comprennent des réceptions et des dîners offerts par des nobles tels que le Prince de Liechtenstein et le Comte de Rochechouart, avec des représentations d'opéra et des danses. La cérémonie de mariage à la cathédrale est décrite avec une décoration somptueuse et une procession ordonnée. Les troupes et les gardes assurent la sécurité, et la cérémonie religieuse suit le rituel ordinaire avec quelques adaptations spécifiques. Après la cérémonie, les princes retournent au palais dans le même ordre qu'à l'arrivée. Les événements incluent également un feu d'artifice et une illumination dans le jardin du palais, représentant l'union de l'Amour et de l'Hymen, suivi d'un bal masqué au théâtre. Madame l'Archiduchesse ouvre le bal avec le Prince François. Le lendemain, le Prince de Liechtenstein prend congé selon les cérémonies protocolaires. Les festivités se poursuivent avec des audiences et des repas officiels. Le 11 octobre, divers corps de l'État rendent hommage à Madame l'Archiduchesse. Le 13 octobre, elle quitte pour Casalmaggiore, escortée par des troupes et des dignitaires, et arrive à midi. Elle prévoit de s'arrêter à Casalmaggiore et à Mantoue pour saluer les députés et la noblesse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1605
p. 207
De VERSAILLES, le 2 Octobre.
Début :
Le 29 du mois dernier, le Roi tint le sceau. Sa Majesté a donné l'Abbaye [...]
Mots clefs :
Sceau, Roi, Abbaye, Ordre, Diocèse, Prieuré, Religieuse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De VERSAILLES, le 2 Octobre.
De VERSAILLES , le 2 Octobre.
L 29 du mois dernier , le Roi tint le fceau.
B
Sa Majefté a donné l'Abbaye de Saint Antoine,
Ordre de Cieaux , Diocèle & fauxbourg de Paris ,
à la Dame de Beauvau-Craon , Religeufe de celle
de Juvigni ;
L'Abbaye de la Regle , Ordre de Saint Benoît ,
Diocèle de Limoges , à la Dame de Bois- jolland ,
Religieufe de celle de Saint Aufonne ;
L'Abbaye de Nidoifeau , Ordre de Saint Benoît ,
Diocèse d'Angers , à la Dame de Scépeaux ,
Religieufe de celle d'Eftival , Diocèle du Mans ;
L'Abbaye de la Vaflin , Ordre de Saint Benoît ,
Diocèfe de Clermont , à la Dame de la Salle ,
Religieufe de la même Abbaye ;
Et le Prieuré de la Ferté - Milon , à la Dame
de Rochelambert , Religieufe du même Monaftere.
L 29 du mois dernier , le Roi tint le fceau.
B
Sa Majefté a donné l'Abbaye de Saint Antoine,
Ordre de Cieaux , Diocèle & fauxbourg de Paris ,
à la Dame de Beauvau-Craon , Religeufe de celle
de Juvigni ;
L'Abbaye de la Regle , Ordre de Saint Benoît ,
Diocèle de Limoges , à la Dame de Bois- jolland ,
Religieufe de celle de Saint Aufonne ;
L'Abbaye de Nidoifeau , Ordre de Saint Benoît ,
Diocèse d'Angers , à la Dame de Scépeaux ,
Religieufe de celle d'Eftival , Diocèle du Mans ;
L'Abbaye de la Vaflin , Ordre de Saint Benoît ,
Diocèfe de Clermont , à la Dame de la Salle ,
Religieufe de la même Abbaye ;
Et le Prieuré de la Ferté - Milon , à la Dame
de Rochelambert , Religieufe du même Monaftere.
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Résumé : De VERSAILLES, le 2 Octobre.
Le 29 septembre, le Roi a attribué plusieurs abbayes et prieurés. L'Abbaye de Saint-Antoine à Paris a été donnée à la Dame de Beauvau-Craon. L'Abbaye de la Règle à Limoges à la Dame de Bois-jolland. L'Abbaye de Nidifau à Angers à la Dame de Scépeaux. L'Abbaye de la Vauisle à Clermont à la Dame de la Salle. Le Prieuré de la Ferté-Milon à la Dame de Rochelambert.
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1606
p. 207-208
De PARIS, le 4 Octobre.
Début :
Le 21 du mois dernier, on fit la Dédicace de l'Eglise Paroissiale [...]
Mots clefs :
Église, Dédicace, Évêque, Clergé, Monseigneur le Dauphin, Madame la Dauphine, Archevêque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 4 Octobre.
De PARIS , le 4 Octobre,
Le 21 du mois dernier , on fit la Dédicace de
l'Eglife Paroiffiale de Choifi- le- Roi : cette Eglife
fur dédiée fous l'invocation de Saint Louis , Roi
de France , & de Saint Nicolas , Evêque de Myrre.
Cette Cérémonie fut faite par l'Archevêque de
Paris , affifté des Archevêques d'Aries , de Tours ,
de Befançon , de Touloufe , d'Alby , & des Evêques
de Grenoble , de Chartres , d'Orléans , de
208 MERCURE DE FRANCE.
Meaux , de Metz & d'Autun , en qualité de
Co-Confécrateurs . Les autres Evêques qui fe trouvoient
ici y affiftérent avec les Agens Généraux
du Clergé , fur l'invitation qui leur en avoit été
faite de la part de Sa Majefté. Le Roi , la Reine ,
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine ,
& Mefdames , affifterent à cette Cérémonie.
L'Archevêque de Paris , les Archevêques & Evêques
Co-Confécrateurs , les autres Evêques qui
avoient affifté à la Cérémonie , & les deux Agens
Généraux du Clergé , eurent l'honneur de dîner
avec Sa Majesté .
Le 21 du mois dernier , on fit la Dédicace de
l'Eglife Paroiffiale de Choifi- le- Roi : cette Eglife
fur dédiée fous l'invocation de Saint Louis , Roi
de France , & de Saint Nicolas , Evêque de Myrre.
Cette Cérémonie fut faite par l'Archevêque de
Paris , affifté des Archevêques d'Aries , de Tours ,
de Befançon , de Touloufe , d'Alby , & des Evêques
de Grenoble , de Chartres , d'Orléans , de
208 MERCURE DE FRANCE.
Meaux , de Metz & d'Autun , en qualité de
Co-Confécrateurs . Les autres Evêques qui fe trouvoient
ici y affiftérent avec les Agens Généraux
du Clergé , fur l'invitation qui leur en avoit été
faite de la part de Sa Majefté. Le Roi , la Reine ,
Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine ,
& Mefdames , affifterent à cette Cérémonie.
L'Archevêque de Paris , les Archevêques & Evêques
Co-Confécrateurs , les autres Evêques qui
avoient affifté à la Cérémonie , & les deux Agens
Généraux du Clergé , eurent l'honneur de dîner
avec Sa Majesté .
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Résumé : De PARIS, le 4 Octobre.
Le 21 septembre, l'église paroissiale de Choisy-le-Roi a été dédiée sous la protection de Saint Louis et Saint Nicolas. La cérémonie, présidée par l'archevêque de Paris, a réuni plusieurs archevêques et évêques. Le roi, la reine, le dauphin, la dauphine et Mesdames y ont assisté. Un dîner a suivi avec Sa Majesté.
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1607
p. 183-188
De VIENNE, le 10 Octobre.
Début :
La nouvelle Archiduchesse étant arrivée le 13 du mois dernier [...]
Mots clefs :
Archiduchesse, Comte, Ministre plénipotentiaire, Duc, Cour, Déplacements, Mondanités, Bal, Repas, Princesse, Chevalier, Décorations, Magnificence, Évêque, Bourgeoises, Château, Majestés impériales, Archiduc, Concert, Carosse, Arc de triomphe, Bénédiction, Église, Symphonie, Célébrations, Constantinople, Rébellion
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De VIENNE, le 10 Octobre.
De VIENNE ,le 10 Oftobre.
A nouvelle Archiducheffe étant arrivée le
13 du mois dernier à midi à Cafal- Maggiore ,
fut remife par le Comte de Saint Vital , Grand-
Maître , & Miniftre Plénipotentiaire de l'Infant
Duc de Parme , de Plaiſance & de Guaftalle , entre
les mains du Prince de Lichtenſtein , chargé
de la recevoir au nom de Leurs Majestés Impériales
, & de l'accompagner jufqu'à Vienne. La
Cour qui l'avoit fuivie de Parme , prit alors publiquement
congé d'elle en lui baifant la main , &
fa nouvelle Cour lui fut préfentée , & eut le même.
honneur . La Princeffe , après avoir auffi donné
fa main à baifer à un grand nombre de perfonnes
de diftinction , qui étoient venues de divers endroits
pour la complimenter , dîna en public fous
le dais. Elle fe rendit le foir à la falle que les Etats
de Milan avoient fait préparer. On y exécuta un
Concert dans lequel plufieurs excellentes voix fe
firent entendre. La Ville fut illuminée cette nuit ,
ainfi que la fuivante ..
L'Archiducheffe partit le 15 au matin de Caſal-
Maggiore pour le rendre à Mantoue. Elle y arriva
vers une heure, après midi , au bruit d'une
triple décharge de l'artillerie . Une double haie
de troupes bordoit les rues depuis la porte de la
Ville jufqu'au Château , où elle defcendit . Après
184 MERCURE DE FRANCE.
avoir pris quelques momens de repos , elle donna
fa main à baifer à une grande quantité de No.
bleffe du Milanois. Elle dîna enfuite en public ,
& le foir Elle affifta à un Concert qui fut exécuté
au Théâtre du Château ; après quoi Elle ſe rendit
au Bal où Elle retta quelque temps. Le lendemain
16 , Elle féjourna dans la même Ville , Elle parcourut
en caroffe les principales rues. Elle parur
très -fatisfaite de leur décoration . Le Duc de Modène
, qui fe trouva à Montignano , eut l'honneur
de la complimenter.
Le 17 , la Princefle continua fa route. A fon
arrivée à Rovera -Bella dans les Etats de Venife
qu'elle devoit traverfer , Elle fut reçue & compli
mentée au nom de la République par le Chevalier
Contarini , Commandant de Vérone , accompagné
de vingt -quatre Nobles . Deux détachemens de
Cavalerie des Troupes Vénitiennes fe joignirent à
fon escorte . On avoit conftruit à Caftel - Nuovo ,
où la Princeffe devoit dîner , un Bâtiment , dont
l'intérieur étoit magnifiquement décoré en glaces ,
en cryftaux & en tapis. Ce fut là que l'Archiduchelle
defcendit. Elle y dina en public . Il y eur
enfuite onze tables fervies magnifiquement , par
ordre de la République , pour la Cour de l'Archiduchelle
& pour la Nobleffe qui fe trouvoit à
Caftel-Nuovo. Au départ de la Princeffe , le Chevalier
Contarinila pria , au nom de la République ,
d'accepter les glaces , les cryftaux & les tapis qui
avoient fervi d'ameublement à la falle où Elle
avoit dîné. Le Chevalier Contarini ſe trouva encore
avec la même députation au pont d'Etích , où l'on
devoit fortir des Etats de Venife , & il y prit congé
de l'Archiducheffe , qui lui témoigna la plus gran
de fatisfaction des attentions de la République , &
de la magnificence avec laquelle elle avoit été
reçue.
NOVEMBRE. 1760.
185
On arriva le même ſoir à Ala ; la Princeffe y
fut complimentée au nom de l'Evêque de Trente.
Elle en partit le 19 , & Elle a continué fa marche
par Trente , Bolzano , Brixen , & par la Carinthie.
Elle a trouvé dans toutes les Villes de fa route
des Troupes & des Compagnies bourgeoifes fous
les armes , & l'on s'eft empreffé partout à lui témoigner
par des fêtes la joie de fon augufte union
avec l'Archiduc Jofeph. Cette Princefle arriva enfin
le i de ce mois au matin à Laxembourg où Elle
dîna . Elle partit enfuite pour le Château de Belvedere
, où Elle refta jufqu'au 6 , jour de la célébration
de fon mariage.
Le 2 , Leurs Majeftés Impériales , accompagnées
de l'Archiduc Jofeph , des deux Archiducheffes
aînées , du Prince Charles & de la Princelle
Charlotte de Lorraine , fe rendirent vers le midi
au Belvedere , pour faire la premiere vifite à l'Archiduchelle
; Elles dinèrent enfuite en particulier
avec cette Princeffe que le refte de la Famille Impériale
vint complimenter l'après - midi. Il y eut le
foir dans la Galerie un magnifique Concert , dans
lequel plufieurs Muficiens dú premier ordre , appellés
de divers endroits de l'Europe , firent connoître
leurs talens . Les Ambaffadeurs & Miniftres
Etrangers , les Confeillers d'Etat & les Principaux
Officiers de la Maifon de Leurs Majeftés Impériales
, furent préfentés le même foir à l'Archiducheffe
& eurent l'honneur de lui baiſer la main . Le
lendemain , il y eut encore concert au Belvedere.
Le 4 , jour de la fête de l'Empereur , la Cour
fut en Gala , & Sa Majefte Impériale reçut les
complimens accoutumés. La nouvelle garde des
Nobles Hongrois , qui étoit arrivée le 2 de Pref
bourg, fe rendit fur la place du Palais , & après
avoir fait le maniement des armes & plufieurs
186 MERCURE DE FRANCE.
évolutions , elle fut admiſe à l'honneur de baifer
la main de l'Empereur..
L'Archiducheffe fit , le 6 , fon entrée publique
dans cette Capitale. Elle partit du Beldevere à
deux heures après- midi. Les Trompettes & les
Timbales des Etats d'Autriche ouvroient la marche.
Après eux , venoient un grand nombre de
Caroffes remplis par diverfes perfonnes de la
Cour ou de la Maifon de Leurs Majeftés Impériales.
Ils étoient fuivis du Carolle du Grand Ecuyer
où étoient cet Oficier & le Grand- Maître de la
Maifon de l'Archiducheffe . Le Caroffe du Prince
de Lichtenſtein , avec le Cortége nombreux qui
Favoit accompagné dans fon Ambaffade , marchoic
enfuite & précédoit le Caroffe de l'Archiducheffe ,
dans lequel étoit la Comteffe d'Erdodi , Grand-
Maîtrelle de fa Maiſon . Ce Caroffe étoit fuivi par
fix Pages à cheval , par plufieurs Sous- Ecuyers ,
par un détachement des Gardes-du-Corps , par la
garde des Nobles Hongrois , & par quelques au
tres Caroffes dans lefquels étoient plufieurs perfonnes
de la Cour. La Marche étoit fermée par un
détachement du Régiment des Dragons de l'Archiduc
Jofeph.
On avoit élevé plufieurs Arcs-de-triomphe en
divers quartiers de la Ville qui étoient décorés
avec goût & magnificence. Les rues étoient bordées
par la Bourgeoifie qui étoit fous les armes , &
vêtue de beaux uniformes.
On fe rendit dans cet ordre à l'Eglife des Auguftins-
Déchauffés , où l'Archiducheffe artiva vers
les cinq heures du foir. Leurs Majeftés Impériales
vinrent la recevoir à l'entrée de l'Eglife , & l'Arehiduc
Jofeph lui donna la main lorfqu'elle defcendit
de fon Caroffe. La Princeffe , après avoir
reçu ainfi que l'Archiduc, la bénédiction du Nonce
& l'eau benite que ce Prince leur préſenta , fut
NOVEMBRE. 1760. 187
conduite par l'Impératrice dans une Chapelle par
ticuliere pendant qu'on chantoit quelques Prieres,
après lefquelles Leurs Majeftés Impériales , précé
dées du Nonce & du Clergé , fe rendirent dans le
Choeur. Leurs Majeftés Impériales fe placèrent
fous le dais du côté de l'Evangile. L'Archiduc &
P'Archiducheffe , vêtus de drap d'argent , fe placerent
en face du Grand - Autel . Après quelques
Prieres , le Nonce leur donna la Bénédiction Nuptiale
;
il entonna le Te Deum qui fut chanté par la
Mufique de la Cour. Leurs Majeftés Impériales
fortirent de l'Eglife , & Elles rentrèrent au Palais
avec toute la Famille Impériale par la Galerie
qui conduit de ce Palais à l'Eglife. L'Archiducheffe
prit enfuite quelque repos , après quoi , Elle donna
fa main à baifer à plufieurs Miniftres & Confeillers
d'Etat , aux Généraux , & aux perfonnes de la
haute Nobleffe , qui n'avoient pas encore reçu cer
honneur.
A huit heures du foir ,. Leurs Majeftés Timpé
riales , les nouveaux Epoux , les Archiducs Charles
& Léopold , les quatre Archiducheffes aînées ,
le Prince Charles & la Princeffe Charlotte de Lorraine
, fe rendirent à la falle du feftin. Cette falle
avoit été décorée par le Chevalier Servandoni ş
elle étoit éclairée par un très- grand nombre de
luftres & de Girandoles de cryftal ; celles des
quatre coins avoient vingt cinq pieds de hauteurs ,
portées par des groupes d'Amours. Le dais étoit
d'une forme nouvelle , & décoré par le même Artifte
de figures fymboliques en fculpture . La Cour :
entra dans cette falle au bruit des fanfares . L'Empereur
& l'impératrice fe placerent fous le dais ,
& l'Archiducheffe à droite , entre l'Empereur &
F'Archiduc. La table fut fervie en vailfelle d'or
nouvellement faite , & d'un travail exquis. Une
nombreuſe troupe de Muficiens exécura , pendant
188 MERCURE DE FRANCE.
le repas , des fymphonies & des morceaux de mu
fique vocale , analogues à l'objet de la Fête. La
falle étoit remplie d'une foule de Spectateus placés
fur un amphithéâtre & fur une tribune , & l'on
donna au Peuple la permiffion d'y entrer fucceffivement.
Le feftin Impérial étant fini , Leurs
Majeftés retournerent dans leurs appartemens ,
& la Princeffe fut conduite dans celui qui lui étoit
deftiné. Il y eut pendant la nuit une illumination
générale.
On célébra le lendemain , dans l'Eglife des Auguftins
, une Meffe en inufique pour la prospérité
des nouveaux Epoux. L'Archevêque de Vienne
officia , & toure la Cour y affifta. Leurs Majeftés
Impériales dînerent enfuite en public , & le
foir on exécuta , for le Théâtre de la Cour , un
nouvel Opéra , intitulé Alcide al Bivio , piéce allégorique
, dont les paroles font de l'Abbé Metaftafio
, & la musique du fieur Haffe . Le Spectacle
fut terminé par un Ballet ingénieux du ſieur
Angiolini.
Selon les nouvelles de Conftantinople , le Pacha
d'Iconium perfifie dans fa rébellion . Il a
évité les différens piéges qu'on lui avoit dreffés ,
& après avoir battu quelques corps de troupes
qu'on avoit envoyés contre lui , il a pris , aur
environs d'Erferom , une pofition avantageuſe ,
qui le met en état de réfifter à des forces trèsfupérieures.
Les mêmes nouvelles portent qu'une
des Sultanes eft enceinte de quatre mois ; ce qui
fait beaucoup de plaifir dans cette Capitale , où
F'on conçoit l'efpérance de voir naître un Succeffeur
à fa Hautelle.
A nouvelle Archiducheffe étant arrivée le
13 du mois dernier à midi à Cafal- Maggiore ,
fut remife par le Comte de Saint Vital , Grand-
Maître , & Miniftre Plénipotentiaire de l'Infant
Duc de Parme , de Plaiſance & de Guaftalle , entre
les mains du Prince de Lichtenſtein , chargé
de la recevoir au nom de Leurs Majestés Impériales
, & de l'accompagner jufqu'à Vienne. La
Cour qui l'avoit fuivie de Parme , prit alors publiquement
congé d'elle en lui baifant la main , &
fa nouvelle Cour lui fut préfentée , & eut le même.
honneur . La Princeffe , après avoir auffi donné
fa main à baifer à un grand nombre de perfonnes
de diftinction , qui étoient venues de divers endroits
pour la complimenter , dîna en public fous
le dais. Elle fe rendit le foir à la falle que les Etats
de Milan avoient fait préparer. On y exécuta un
Concert dans lequel plufieurs excellentes voix fe
firent entendre. La Ville fut illuminée cette nuit ,
ainfi que la fuivante ..
L'Archiducheffe partit le 15 au matin de Caſal-
Maggiore pour le rendre à Mantoue. Elle y arriva
vers une heure, après midi , au bruit d'une
triple décharge de l'artillerie . Une double haie
de troupes bordoit les rues depuis la porte de la
Ville jufqu'au Château , où elle defcendit . Après
184 MERCURE DE FRANCE.
avoir pris quelques momens de repos , elle donna
fa main à baifer à une grande quantité de No.
bleffe du Milanois. Elle dîna enfuite en public ,
& le foir Elle affifta à un Concert qui fut exécuté
au Théâtre du Château ; après quoi Elle ſe rendit
au Bal où Elle retta quelque temps. Le lendemain
16 , Elle féjourna dans la même Ville , Elle parcourut
en caroffe les principales rues. Elle parur
très -fatisfaite de leur décoration . Le Duc de Modène
, qui fe trouva à Montignano , eut l'honneur
de la complimenter.
Le 17 , la Princefle continua fa route. A fon
arrivée à Rovera -Bella dans les Etats de Venife
qu'elle devoit traverfer , Elle fut reçue & compli
mentée au nom de la République par le Chevalier
Contarini , Commandant de Vérone , accompagné
de vingt -quatre Nobles . Deux détachemens de
Cavalerie des Troupes Vénitiennes fe joignirent à
fon escorte . On avoit conftruit à Caftel - Nuovo ,
où la Princeffe devoit dîner , un Bâtiment , dont
l'intérieur étoit magnifiquement décoré en glaces ,
en cryftaux & en tapis. Ce fut là que l'Archiduchelle
defcendit. Elle y dina en public . Il y eur
enfuite onze tables fervies magnifiquement , par
ordre de la République , pour la Cour de l'Archiduchelle
& pour la Nobleffe qui fe trouvoit à
Caftel-Nuovo. Au départ de la Princeffe , le Chevalier
Contarinila pria , au nom de la République ,
d'accepter les glaces , les cryftaux & les tapis qui
avoient fervi d'ameublement à la falle où Elle
avoit dîné. Le Chevalier Contarini ſe trouva encore
avec la même députation au pont d'Etích , où l'on
devoit fortir des Etats de Venife , & il y prit congé
de l'Archiducheffe , qui lui témoigna la plus gran
de fatisfaction des attentions de la République , &
de la magnificence avec laquelle elle avoit été
reçue.
NOVEMBRE. 1760.
185
On arriva le même ſoir à Ala ; la Princeffe y
fut complimentée au nom de l'Evêque de Trente.
Elle en partit le 19 , & Elle a continué fa marche
par Trente , Bolzano , Brixen , & par la Carinthie.
Elle a trouvé dans toutes les Villes de fa route
des Troupes & des Compagnies bourgeoifes fous
les armes , & l'on s'eft empreffé partout à lui témoigner
par des fêtes la joie de fon augufte union
avec l'Archiduc Jofeph. Cette Princefle arriva enfin
le i de ce mois au matin à Laxembourg où Elle
dîna . Elle partit enfuite pour le Château de Belvedere
, où Elle refta jufqu'au 6 , jour de la célébration
de fon mariage.
Le 2 , Leurs Majeftés Impériales , accompagnées
de l'Archiduc Jofeph , des deux Archiducheffes
aînées , du Prince Charles & de la Princelle
Charlotte de Lorraine , fe rendirent vers le midi
au Belvedere , pour faire la premiere vifite à l'Archiduchelle
; Elles dinèrent enfuite en particulier
avec cette Princeffe que le refte de la Famille Impériale
vint complimenter l'après - midi. Il y eut le
foir dans la Galerie un magnifique Concert , dans
lequel plufieurs Muficiens dú premier ordre , appellés
de divers endroits de l'Europe , firent connoître
leurs talens . Les Ambaffadeurs & Miniftres
Etrangers , les Confeillers d'Etat & les Principaux
Officiers de la Maifon de Leurs Majeftés Impériales
, furent préfentés le même foir à l'Archiducheffe
& eurent l'honneur de lui baiſer la main . Le
lendemain , il y eut encore concert au Belvedere.
Le 4 , jour de la fête de l'Empereur , la Cour
fut en Gala , & Sa Majefte Impériale reçut les
complimens accoutumés. La nouvelle garde des
Nobles Hongrois , qui étoit arrivée le 2 de Pref
bourg, fe rendit fur la place du Palais , & après
avoir fait le maniement des armes & plufieurs
186 MERCURE DE FRANCE.
évolutions , elle fut admiſe à l'honneur de baifer
la main de l'Empereur..
L'Archiducheffe fit , le 6 , fon entrée publique
dans cette Capitale. Elle partit du Beldevere à
deux heures après- midi. Les Trompettes & les
Timbales des Etats d'Autriche ouvroient la marche.
Après eux , venoient un grand nombre de
Caroffes remplis par diverfes perfonnes de la
Cour ou de la Maifon de Leurs Majeftés Impériales.
Ils étoient fuivis du Carolle du Grand Ecuyer
où étoient cet Oficier & le Grand- Maître de la
Maifon de l'Archiducheffe . Le Caroffe du Prince
de Lichtenſtein , avec le Cortége nombreux qui
Favoit accompagné dans fon Ambaffade , marchoic
enfuite & précédoit le Caroffe de l'Archiducheffe ,
dans lequel étoit la Comteffe d'Erdodi , Grand-
Maîtrelle de fa Maiſon . Ce Caroffe étoit fuivi par
fix Pages à cheval , par plufieurs Sous- Ecuyers ,
par un détachement des Gardes-du-Corps , par la
garde des Nobles Hongrois , & par quelques au
tres Caroffes dans lefquels étoient plufieurs perfonnes
de la Cour. La Marche étoit fermée par un
détachement du Régiment des Dragons de l'Archiduc
Jofeph.
On avoit élevé plufieurs Arcs-de-triomphe en
divers quartiers de la Ville qui étoient décorés
avec goût & magnificence. Les rues étoient bordées
par la Bourgeoifie qui étoit fous les armes , &
vêtue de beaux uniformes.
On fe rendit dans cet ordre à l'Eglife des Auguftins-
Déchauffés , où l'Archiducheffe artiva vers
les cinq heures du foir. Leurs Majeftés Impériales
vinrent la recevoir à l'entrée de l'Eglife , & l'Arehiduc
Jofeph lui donna la main lorfqu'elle defcendit
de fon Caroffe. La Princeffe , après avoir
reçu ainfi que l'Archiduc, la bénédiction du Nonce
& l'eau benite que ce Prince leur préſenta , fut
NOVEMBRE. 1760. 187
conduite par l'Impératrice dans une Chapelle par
ticuliere pendant qu'on chantoit quelques Prieres,
après lefquelles Leurs Majeftés Impériales , précé
dées du Nonce & du Clergé , fe rendirent dans le
Choeur. Leurs Majeftés Impériales fe placèrent
fous le dais du côté de l'Evangile. L'Archiduc &
P'Archiducheffe , vêtus de drap d'argent , fe placerent
en face du Grand - Autel . Après quelques
Prieres , le Nonce leur donna la Bénédiction Nuptiale
;
il entonna le Te Deum qui fut chanté par la
Mufique de la Cour. Leurs Majeftés Impériales
fortirent de l'Eglife , & Elles rentrèrent au Palais
avec toute la Famille Impériale par la Galerie
qui conduit de ce Palais à l'Eglife. L'Archiducheffe
prit enfuite quelque repos , après quoi , Elle donna
fa main à baifer à plufieurs Miniftres & Confeillers
d'Etat , aux Généraux , & aux perfonnes de la
haute Nobleffe , qui n'avoient pas encore reçu cer
honneur.
A huit heures du foir ,. Leurs Majeftés Timpé
riales , les nouveaux Epoux , les Archiducs Charles
& Léopold , les quatre Archiducheffes aînées ,
le Prince Charles & la Princeffe Charlotte de Lorraine
, fe rendirent à la falle du feftin. Cette falle
avoit été décorée par le Chevalier Servandoni ş
elle étoit éclairée par un très- grand nombre de
luftres & de Girandoles de cryftal ; celles des
quatre coins avoient vingt cinq pieds de hauteurs ,
portées par des groupes d'Amours. Le dais étoit
d'une forme nouvelle , & décoré par le même Artifte
de figures fymboliques en fculpture . La Cour :
entra dans cette falle au bruit des fanfares . L'Empereur
& l'impératrice fe placerent fous le dais ,
& l'Archiducheffe à droite , entre l'Empereur &
F'Archiduc. La table fut fervie en vailfelle d'or
nouvellement faite , & d'un travail exquis. Une
nombreuſe troupe de Muficiens exécura , pendant
188 MERCURE DE FRANCE.
le repas , des fymphonies & des morceaux de mu
fique vocale , analogues à l'objet de la Fête. La
falle étoit remplie d'une foule de Spectateus placés
fur un amphithéâtre & fur une tribune , & l'on
donna au Peuple la permiffion d'y entrer fucceffivement.
Le feftin Impérial étant fini , Leurs
Majeftés retournerent dans leurs appartemens ,
& la Princeffe fut conduite dans celui qui lui étoit
deftiné. Il y eut pendant la nuit une illumination
générale.
On célébra le lendemain , dans l'Eglife des Auguftins
, une Meffe en inufique pour la prospérité
des nouveaux Epoux. L'Archevêque de Vienne
officia , & toure la Cour y affifta. Leurs Majeftés
Impériales dînerent enfuite en public , & le
foir on exécuta , for le Théâtre de la Cour , un
nouvel Opéra , intitulé Alcide al Bivio , piéce allégorique
, dont les paroles font de l'Abbé Metaftafio
, & la musique du fieur Haffe . Le Spectacle
fut terminé par un Ballet ingénieux du ſieur
Angiolini.
Selon les nouvelles de Conftantinople , le Pacha
d'Iconium perfifie dans fa rébellion . Il a
évité les différens piéges qu'on lui avoit dreffés ,
& après avoir battu quelques corps de troupes
qu'on avoit envoyés contre lui , il a pris , aur
environs d'Erferom , une pofition avantageuſe ,
qui le met en état de réfifter à des forces trèsfupérieures.
Les mêmes nouvelles portent qu'une
des Sultanes eft enceinte de quatre mois ; ce qui
fait beaucoup de plaifir dans cette Capitale , où
F'on conçoit l'efpérance de voir naître un Succeffeur
à fa Hautelle.
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Résumé : De VIENNE, le 10 Octobre.
Le 13 octobre, l'archiduchesse arriva à Casal-Maggiore, où elle fut remise au prince de Liechtenstein par le comte de Saint Vital. La cour de Parme lui présenta ses adieux, et elle rencontra sa nouvelle cour. Elle dîna en public et assista à un concert, tandis que la ville était illuminée. Le 15 octobre, elle se dirigea vers Mantoue, accueillie par une triple salve d'artillerie et une haie de troupes. Elle rencontra le duc de Modène à Montignano. Le 17 octobre, elle poursuivit son voyage à travers les États de Venise, où elle fut reçue par le chevalier Contarini. Elle dîna à Castel-Nuovo et reçut des cadeaux de la République de Venise. Son itinéraire se poursuivit par Ala, Trente, Bolzano, Brixen et la Carinthie, où elle fut accueillie par des troupes et des fêtes. Le 1er novembre, elle arriva à Laxembourg et séjourna au château de Belvedere jusqu'au 6 novembre, jour de son mariage. Le 2 novembre, les Majestés Impériales lui rendirent visite au Belvedere. Le 6 novembre, l'archiduchesse fit son entrée publique à Vienne, accompagnée d'une procession solennelle et d'arcs de triomphe. Elle se rendit à l'église des Augustins-Déchaussés pour la bénédiction nuptiale, suivie d'un festin impérial et d'une illumination générale. Le lendemain, une messe fut célébrée pour la prospérité des nouveaux époux, suivie d'un opéra allégorique.
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1608
p. 191
De Rome, le 26 Septembre.
Début :
On écrit de Naples que le sieur Bignon, chargé de porter au Roi [...]
Mots clefs :
Naples, Roi des deux Siciles, Ordre, Cordon, Vaisseau
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texteReconnaissance textuelle : De Rome, le 26 Septembre.
De
Rome , le 26
Septembre .
On écrit de
Naples que le fieur
Bignon ,
chargé
de porter au Roi des Deux - Siciles le Cordon de
l'Ordre du Saint- Elprit , y eft arrivé , le 12 , à
bord du
Vaiſſeau de guerre
Efpagnol le Ferme,
Rome , le 26
Septembre .
On écrit de
Naples que le fieur
Bignon ,
chargé
de porter au Roi des Deux - Siciles le Cordon de
l'Ordre du Saint- Elprit , y eft arrivé , le 12 , à
bord du
Vaiſſeau de guerre
Efpagnol le Ferme,
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1609
p. *192-192
De Londres, le 10 Octobre.
Début :
On apporta, le 5 de ce mois, au Roi la nouvelle que la Ville [...]
Mots clefs :
Montréal, Capitulation, Ministère, Gazette extraordinaire, Français, Religion
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texteReconnaissance textuelle : De Londres, le 10 Octobre.
De Londres , le 10 Octobre.
On apporta , le S de ce mois , au Roi la nouvelle
que la Ville de Montréal avoit capitulé le 8
du mois dernier. Le Miniftere a fait imprimer
une
Cazette extraordinaire
, pour faire part au Public
de cet événement. Par la Capitulation , les troupes
Françoifes
qui défendoient
le Canada doivent
être traníportées en France aux frais de Sa Majeté
, & ne ferviront point pendant cette guerre,
Les habitans du Pays font maintenus
dans leurs
priviléges & dans le libre exercice de leur Religion.
On apporta , le S de ce mois , au Roi la nouvelle
que la Ville de Montréal avoit capitulé le 8
du mois dernier. Le Miniftere a fait imprimer
une
Cazette extraordinaire
, pour faire part au Public
de cet événement. Par la Capitulation , les troupes
Françoifes
qui défendoient
le Canada doivent
être traníportées en France aux frais de Sa Majeté
, & ne ferviront point pendant cette guerre,
Les habitans du Pays font maintenus
dans leurs
priviléges & dans le libre exercice de leur Religion.
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Résumé : De Londres, le 10 Octobre.
Le 10 octobre, Londres annonce la capitulation de Montréal le 8 septembre. Les troupes françaises seront rapatriées en France aux frais du roi. Les habitants conservent leurs privilèges et la liberté religieuse. Une gazette extraordinaire informe le public.
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1610
p. 192-193
De VERSAILLES, le 9 Octobre.
Début :
Le 7 de ce mois, Dom Jaime Massones de Lima, Ambassadeur [...]
Mots clefs :
Ambassadeur extraordinaire, Roi d'Espagne, Audience, Décès, Reine d'Espagne, Comte, Monseigneur, Madame, Princesse, Deuil
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texteReconnaissance textuelle : De VERSAILLES, le 9 Octobre.
De VERSAILLES , le 9 Octobre.
E 7 de ce mois , Dom Jaime Maffones de
Lima , Ambaffadeur extraordinaire du Roi d'Efpagne
eur , en long manteau de deuil , une Audience
particuliere du Roi , dans laquelle il fit
part a Sa Majeté de la mort de la Reine d'Efpagne.
Il fut conduit à cette Audience , ainfi qu'à
celles de la Reine , de Monfeigneur le Dauphin ,
de Madame la Dauphine , de Monſeigneur le Duc
de Bourgogne , de Monfeigneur le Duc de Berry ,
de Monteigneur le Comte de Provence , de Monfeigneur
le Comte d'Artois , de Madame , de Madame
A lélaïde , & de Meldames Victoire , Sophie
& Louife , par le fieur de la Live , Introducteur
des Amballadeurs. Cette Princelle , qui eft
morte le 27 du mois dernier , fe nommoit Marie-
Amélie ;
NOVEMBRE. 1960 . 193
Amélie ; elle étoit fille aînée du Roi de Pologne ,
Electeur de Saxe , & de Marie-Jolephe d'Autriche ,
fille de l'Empereur Jofeph. Elle étoit âgée de
trente-cinq ans , dix mois & trois jours . Elle avoit
époufé , le 19 Juin 1738 , Dom Carlos , alors Roi
de Naples & des Deux- Siciles. La Cour a pris ,
le 9 , le deuil pour cette Princelle , pour un mois.
E 7 de ce mois , Dom Jaime Maffones de
Lima , Ambaffadeur extraordinaire du Roi d'Efpagne
eur , en long manteau de deuil , une Audience
particuliere du Roi , dans laquelle il fit
part a Sa Majeté de la mort de la Reine d'Efpagne.
Il fut conduit à cette Audience , ainfi qu'à
celles de la Reine , de Monfeigneur le Dauphin ,
de Madame la Dauphine , de Monſeigneur le Duc
de Bourgogne , de Monfeigneur le Duc de Berry ,
de Monteigneur le Comte de Provence , de Monfeigneur
le Comte d'Artois , de Madame , de Madame
A lélaïde , & de Meldames Victoire , Sophie
& Louife , par le fieur de la Live , Introducteur
des Amballadeurs. Cette Princelle , qui eft
morte le 27 du mois dernier , fe nommoit Marie-
Amélie ;
NOVEMBRE. 1960 . 193
Amélie ; elle étoit fille aînée du Roi de Pologne ,
Electeur de Saxe , & de Marie-Jolephe d'Autriche ,
fille de l'Empereur Jofeph. Elle étoit âgée de
trente-cinq ans , dix mois & trois jours . Elle avoit
époufé , le 19 Juin 1738 , Dom Carlos , alors Roi
de Naples & des Deux- Siciles. La Cour a pris ,
le 9 , le deuil pour cette Princelle , pour un mois.
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Résumé : De VERSAILLES, le 9 Octobre.
Le 9 octobre, Dom Jaime Maffones de Lima, ambassadeur extraordinaire du roi d'Espagne, a annoncé au roi de France la mort de la reine d'Espagne lors d'une audience particulière. Il a également été reçu par la reine, le dauphin, la dauphine, les ducs de Bourgogne et de Berry, les comtes de Provence et d'Artois, ainsi que par plusieurs princesses, dont Madame Élisabeth et Mesdames Victoire, Sophie et Louise. La reine décédée, Marie-Amélie, était la fille aînée du roi de Pologne et électeur de Saxe, et de Marie-Josèphe d'Autriche, fille de l'empereur Joseph. Elle avait 35 ans, 10 mois et 3 jours. Marie-Amélie avait épousé Dom Carlos, roi de Naples et des Deux-Siciles, le 19 juin 1738. La cour française a observé un deuil d'un mois en sa mémoire à partir du 9 octobre.
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Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1611
p. 193-197
De PARIS, le 25 Octobre.
Début :
Sa Majesté, par son Edit portant établissement de l'Ecole Royale [...]
Mots clefs :
Édit, École royale militaire, Admission, Enfants, Comte, Majestés impériales, Célébration, Mariage, Général, Prisonniers, Magasins, Prince de Deux-Ponts, Place, Attaque, Garnison, Marquis, Prince héréditaire, Blessés et morts, Combat, Infanterie, Troupes, Ennemis, Officiers, Pertes, Loterie de l'école royale militaire, Tirage
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texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 25 Octobre.
De PARIS , le 25 Octobre
€ Sa Majellé , par fon Edit portant établiſſement
de l'Ecole Royale Militaire , avoit ordonné que ,
dans l'admiffion des Enfans qui feroient préſentés
pour entrer dans cette Ecole , on donnât la préférence
à ceux dont les Peres feroient encore actuéllement
au Service , fe réſervant néanmoins de
s'expliquer dans la fuite fur les cas où l'on pour
roit s'écarter de cette régle , ainfi que fur quelques
autres difpofitions du même Edit . Elle vient d'ordonner
par une nouvelle Déclaration , que les Enfans
des Peres que leurs bleffures , ou des infirmi
tés & des accidens naturels auront mis hors d'état
de lui continuer leurs fervices , foient reçus concurremment
avec ceux dont les Peres font encore
dans les Armées. Sa Majesté entend auffi que les
Enfans des Peres qui ont obtenu la permiffion de
fe retirer , après trente années de fervice , jouiffent
du même privilége.
Le Comte de Colloredo , Chambellan de l'Em--
pereur & de l'Impératrice , Reine de Hongrie &
de Bohême , que Leurs Majeftés Impériales ont
envoyé pour annoncer au Roi la célébration du
Mariage de l'Infante Ifabelle avec l'Archi fuc Jofeph
, arriva en cette Ville le 18 de ce mois ; il
alla le lendemain à Fontainebleau , & il s'ac
quitta de fa commiflion auprès du Roi. Il fut
préfenté à Sa Majesté par le Comte de Starhem-
I
194 MERCURE DE FRANCE.
berg , Amballadeur de Leurs Majeftés Impéria
les. Le Comte de Colloredo fut préfenté le mê-.
me jour à Monfeigneur le Dauphin , à Madame
la Dauphine, & à Madame Adélaïde, à Meſdames
Victoire , Sophie & Louife. Il fe rendit le 20 à
Verfailles , où il fut préfenté à la Reine , à Monfeigneur
le Duc de Bourgogne , Monſeigneur le
Duc de Berry, Monfeigneur le Comte de Provence
, Monfeigneur le Comte d'Artois , & à
Madame.
Nous apprenons encore que le Général Comte
de Lafcy eft entré , le 9 de ce mois , dans Berlin ,
en même temps que les Ruffes. La Garniſon de
cette Ville , compofée de trois mille hommes , a
été faite prifonniere de guerre. Les Commandans
des troupes Autrichiennes & Ruffes ont fait
obferver la plus grande difcipline . Il n'eſt entré
dans Berlin & dans Poftdam que quelques bataillons
de Grenadiers néceffaires pour garder
ces deux Places . Les Officiers des deux Nations
n'y font entrés qu'avec des permiffions par écrit
de leurs Généraux , de forte qu'il ne s'y eft pas
commis le moindre défordre , & les boutiques
des Marchands n'ont pas été fermées. Mais on a
ruiné les Fabriques de toute efpéce qui ont rapport
à la guerre. On a abandonné aux Soldats
tous les magafins remplis d'effets deſtinés à l'entretien
& à l'habillement des troupes Pruffiennes.
On a trouvé dans Berlin & dans Potſdam une
grande quantité d'armes dont on a détruit les
Manufactures , ainfi que les Fonderies d'artille
rie.
Les Ruffes ont exigé quinze cens mille écus de
contributions.
Le Prince de Deux- Ponts ayant appris que le
Roi de Pruffe avoit détaché feize mille hommes
de fon armée pour fecourir Wittemberg , prit la
NOVEMBRE. 1760. 195
réfolution de brufquer le fiége qu'il faifoit de cette
Place , en l'attaquant en même temps de plufieurs
côtés ; ce qui fut exécuté le 13. Le Commandant
de Wittemberg , qui n'avoit porté fon attention
que fur la partie la plus foible de la Place , fe
trouvant preflé de toutes parts , prit le parti de
faire battre la chamade , & de capituler le 14 au
matin ; il s'est rendu prifonnier de guerre avec
fa Garniſon , aux mêmes conditions qui avoient
été accordées à la ville de Torgau . Cette Garnifon
étoit de trois Bataillons & de quatre cens
Soldats convalefcens. On a trouvé dans la Ville
trente piéces de canon , dont douze de vingt- quatre
livres , huit mortiers , & une grande quantité
de munitions. Toutes les fortifications ont été
rafées.
On a reçu le 20 de ce mois un Courier dépêché
le 16 au foir par le Marquis de Caftries ,
Lieutenant Général , pour apporter la nouvelle
d'un Combat qui s'eſt donné le même jour près
de Rhinberg , entre les troupes du Roi , qui étoient
à les ordres , & celles qui étoient commandées
par le Prince Héréditaire de Brunfwik. L'action
a commencé une heure avant le jour , & après
un feu très- long & très- vif , le Prince Héréditaire
a été forcé de ſe retirer avec une perte trèsconfidérable
, laiffant en notre pouvoir le plus
grand nombre de fes Bleffés .
On a appris par un autre Courier dépêché le
18 , que le Prince Héréditaire de Brunfwik arepaffé
le Rhin fur les deux Ponts qu'il avoit établis
au-deffous de Wefel , & qu'il a entierement levé
le fiége de cette Place . On affure qu'il avoit pris
le chemin de Halleren fur la Lippe. Son arrieregarde
a été attaquée vivement en deçà du Rhin ,
& elle a été forcée de paffer ce fleuve en déſor-
I ij
196 MERCURE DE FRANCE
1
dre , après avoir perdu beaucoup de monde , &
fans avoir pû replier fes ponts , dont nous fommes
reflés maîtres . Dès le is , le Marquis de Caftries
avoit fait attaquer le pofte de Rhinberg ,
qu'on avoit emporté l'épée la main . Il avoit
fait entrer en même temps dans Wefel , le fieur
de Boisclaireau , Brigadier , avec fix cens hommes
d'élite. Le 18 , il y a fait entrer huit Batail-
Ions.
Le corps aux ordres du Prince Héréditaire de
vant Wefel étoit d'environ vingt- cinq mille hommes
; mais il paroît n'avoir eu au Combat que
quinze mille hommes d'Infanterie , & trois à
quatre mille chevaux . La difficulté du terein n'à
permis au Marquis de Caftries de faire combattre
que les quatre brigades d'Infanterie, de Normanmandie
, d'Auvergne , de la Tour- Dupin & d'Alface.
Ces troupes ont combattu avec la plus grande
valeur & avec la plus grande fermeré , ainfi que
la troupe
du fieur Fifcher , qui a foutenu les premiers
éfforts des ennemis à l'Abbaye de Clofter-
Camp. On n'a pas encore de détail de tout ce qui
s'eft paffé pendant l'action , ni l'état des Officiers
qui ont été tués ou bleffés ; on fçait feulement
que le Marquis de Segur , Lieutenant Général , a
été bleffé légèrement & qu'il a été fait priſonnier.
Les Marquis de Perufe & de la Tour-Dupin & le
Baron de Vangen , Brigadiers , ont auffi été bleffés
, & ce dernier a étéfait prifonnier. La Gendarmerie
, qui étoit à l'action , n'a perdu d'Officiers'
que le fieur de Greneville qui a été tué. Le Marquis
de Caftries fait les plus grands éloges des
Troupes & des Officiers Généraux & particuliers
qui ont combattu.
Nous donnerons ci- après la perte que nous avons
faire à cette journée.
NOVEMBRE. 1760. 197
Le tirage de la Loterie de l'Ecole Royale Mili
taire s'eft fait , en la maniere accoutuinée , dans
'Hôtel-de- Ville de Paris , le de ce mois. Les
Numeros qui font fortis de la roue de fortune font
57, 32 , 26 , 84 , 38. Le prochain tirage fe fera
le 6 du mois de Novembre.
€ Sa Majellé , par fon Edit portant établiſſement
de l'Ecole Royale Militaire , avoit ordonné que ,
dans l'admiffion des Enfans qui feroient préſentés
pour entrer dans cette Ecole , on donnât la préférence
à ceux dont les Peres feroient encore actuéllement
au Service , fe réſervant néanmoins de
s'expliquer dans la fuite fur les cas où l'on pour
roit s'écarter de cette régle , ainfi que fur quelques
autres difpofitions du même Edit . Elle vient d'ordonner
par une nouvelle Déclaration , que les Enfans
des Peres que leurs bleffures , ou des infirmi
tés & des accidens naturels auront mis hors d'état
de lui continuer leurs fervices , foient reçus concurremment
avec ceux dont les Peres font encore
dans les Armées. Sa Majesté entend auffi que les
Enfans des Peres qui ont obtenu la permiffion de
fe retirer , après trente années de fervice , jouiffent
du même privilége.
Le Comte de Colloredo , Chambellan de l'Em--
pereur & de l'Impératrice , Reine de Hongrie &
de Bohême , que Leurs Majeftés Impériales ont
envoyé pour annoncer au Roi la célébration du
Mariage de l'Infante Ifabelle avec l'Archi fuc Jofeph
, arriva en cette Ville le 18 de ce mois ; il
alla le lendemain à Fontainebleau , & il s'ac
quitta de fa commiflion auprès du Roi. Il fut
préfenté à Sa Majesté par le Comte de Starhem-
I
194 MERCURE DE FRANCE.
berg , Amballadeur de Leurs Majeftés Impéria
les. Le Comte de Colloredo fut préfenté le mê-.
me jour à Monfeigneur le Dauphin , à Madame
la Dauphine, & à Madame Adélaïde, à Meſdames
Victoire , Sophie & Louife. Il fe rendit le 20 à
Verfailles , où il fut préfenté à la Reine , à Monfeigneur
le Duc de Bourgogne , Monſeigneur le
Duc de Berry, Monfeigneur le Comte de Provence
, Monfeigneur le Comte d'Artois , & à
Madame.
Nous apprenons encore que le Général Comte
de Lafcy eft entré , le 9 de ce mois , dans Berlin ,
en même temps que les Ruffes. La Garniſon de
cette Ville , compofée de trois mille hommes , a
été faite prifonniere de guerre. Les Commandans
des troupes Autrichiennes & Ruffes ont fait
obferver la plus grande difcipline . Il n'eſt entré
dans Berlin & dans Poftdam que quelques bataillons
de Grenadiers néceffaires pour garder
ces deux Places . Les Officiers des deux Nations
n'y font entrés qu'avec des permiffions par écrit
de leurs Généraux , de forte qu'il ne s'y eft pas
commis le moindre défordre , & les boutiques
des Marchands n'ont pas été fermées. Mais on a
ruiné les Fabriques de toute efpéce qui ont rapport
à la guerre. On a abandonné aux Soldats
tous les magafins remplis d'effets deſtinés à l'entretien
& à l'habillement des troupes Pruffiennes.
On a trouvé dans Berlin & dans Potſdam une
grande quantité d'armes dont on a détruit les
Manufactures , ainfi que les Fonderies d'artille
rie.
Les Ruffes ont exigé quinze cens mille écus de
contributions.
Le Prince de Deux- Ponts ayant appris que le
Roi de Pruffe avoit détaché feize mille hommes
de fon armée pour fecourir Wittemberg , prit la
NOVEMBRE. 1760. 195
réfolution de brufquer le fiége qu'il faifoit de cette
Place , en l'attaquant en même temps de plufieurs
côtés ; ce qui fut exécuté le 13. Le Commandant
de Wittemberg , qui n'avoit porté fon attention
que fur la partie la plus foible de la Place , fe
trouvant preflé de toutes parts , prit le parti de
faire battre la chamade , & de capituler le 14 au
matin ; il s'est rendu prifonnier de guerre avec
fa Garniſon , aux mêmes conditions qui avoient
été accordées à la ville de Torgau . Cette Garnifon
étoit de trois Bataillons & de quatre cens
Soldats convalefcens. On a trouvé dans la Ville
trente piéces de canon , dont douze de vingt- quatre
livres , huit mortiers , & une grande quantité
de munitions. Toutes les fortifications ont été
rafées.
On a reçu le 20 de ce mois un Courier dépêché
le 16 au foir par le Marquis de Caftries ,
Lieutenant Général , pour apporter la nouvelle
d'un Combat qui s'eſt donné le même jour près
de Rhinberg , entre les troupes du Roi , qui étoient
à les ordres , & celles qui étoient commandées
par le Prince Héréditaire de Brunfwik. L'action
a commencé une heure avant le jour , & après
un feu très- long & très- vif , le Prince Héréditaire
a été forcé de ſe retirer avec une perte trèsconfidérable
, laiffant en notre pouvoir le plus
grand nombre de fes Bleffés .
On a appris par un autre Courier dépêché le
18 , que le Prince Héréditaire de Brunfwik arepaffé
le Rhin fur les deux Ponts qu'il avoit établis
au-deffous de Wefel , & qu'il a entierement levé
le fiége de cette Place . On affure qu'il avoit pris
le chemin de Halleren fur la Lippe. Son arrieregarde
a été attaquée vivement en deçà du Rhin ,
& elle a été forcée de paffer ce fleuve en déſor-
I ij
196 MERCURE DE FRANCE
1
dre , après avoir perdu beaucoup de monde , &
fans avoir pû replier fes ponts , dont nous fommes
reflés maîtres . Dès le is , le Marquis de Caftries
avoit fait attaquer le pofte de Rhinberg ,
qu'on avoit emporté l'épée la main . Il avoit
fait entrer en même temps dans Wefel , le fieur
de Boisclaireau , Brigadier , avec fix cens hommes
d'élite. Le 18 , il y a fait entrer huit Batail-
Ions.
Le corps aux ordres du Prince Héréditaire de
vant Wefel étoit d'environ vingt- cinq mille hommes
; mais il paroît n'avoir eu au Combat que
quinze mille hommes d'Infanterie , & trois à
quatre mille chevaux . La difficulté du terein n'à
permis au Marquis de Caftries de faire combattre
que les quatre brigades d'Infanterie, de Normanmandie
, d'Auvergne , de la Tour- Dupin & d'Alface.
Ces troupes ont combattu avec la plus grande
valeur & avec la plus grande fermeré , ainfi que
la troupe
du fieur Fifcher , qui a foutenu les premiers
éfforts des ennemis à l'Abbaye de Clofter-
Camp. On n'a pas encore de détail de tout ce qui
s'eft paffé pendant l'action , ni l'état des Officiers
qui ont été tués ou bleffés ; on fçait feulement
que le Marquis de Segur , Lieutenant Général , a
été bleffé légèrement & qu'il a été fait priſonnier.
Les Marquis de Perufe & de la Tour-Dupin & le
Baron de Vangen , Brigadiers , ont auffi été bleffés
, & ce dernier a étéfait prifonnier. La Gendarmerie
, qui étoit à l'action , n'a perdu d'Officiers'
que le fieur de Greneville qui a été tué. Le Marquis
de Caftries fait les plus grands éloges des
Troupes & des Officiers Généraux & particuliers
qui ont combattu.
Nous donnerons ci- après la perte que nous avons
faire à cette journée.
NOVEMBRE. 1760. 197
Le tirage de la Loterie de l'Ecole Royale Mili
taire s'eft fait , en la maniere accoutuinée , dans
'Hôtel-de- Ville de Paris , le de ce mois. Les
Numeros qui font fortis de la roue de fortune font
57, 32 , 26 , 84 , 38. Le prochain tirage fe fera
le 6 du mois de Novembre.
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Résumé : De PARIS, le 25 Octobre.
En octobre 1760, plusieurs événements militaires et administratifs ont marqué la scène politique et militaire. Le roi a décrété que les enfants des pères blessés, malades ou ayant obtenu la permission de se retirer après trente années de service soient admis à l'École Royale Militaire, aux mêmes conditions que ceux dont les pères sont encore en service. Le comte de Colloredo, représentant de l'empereur et de l'impératrice, est arrivé à Paris pour annoncer le mariage de l'infante Isabelle avec l'archiduc Joseph. Il a été reçu par le roi et plusieurs membres de la famille royale. Sur le front militaire, le général comte de Laffy, accompagné des Russes, a pris Berlin et fait prisonnier la garnison de la ville. Les troupes autrichiennes et russes ont montré une discipline exemplaire. Par ailleurs, le prince de Deux-Ponts a conquis Wittemberg après un assaut. Le marquis de Castries a remporté une victoire près de Rhinberg contre le prince héréditaire de Brunswick, forçant ce dernier à lever le siège de Wesel. À Paris, le tirage de la loterie de l'École Royale Militaire a eu lieu, révélant les numéros gagnants : 57, 32, 26, 84 et 38. Ces événements illustrent une période intense d'activités diplomatiques et militaires, marquée par des décisions royales, des alliances matrimoniales et des succès militaires significatifs.
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1612
p. 201
MARIAGE.
Début :
Le 22 Septembre 1760, Très Haut & Très-Puissant Seigneur Timoleon [...]
Mots clefs :
Seigneur, Comte, Marquis, Dame, Demoiselle, Fille, Fils, Contrat de mariage, Bénédiction nuptiale
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARIAGE.
MARIAGE.
}
Le 22 Septembre 1760 , Très Haut & Trèse'
Puillant Seigneur Timoleon - Antoine - Jofeph-
François-Louis- Alexandre Comte d'Elpinay , de
Saint Luc , Marquis de Lignery , fils de défunt
Très Haut & Très - Puiffant Seigneur François
d'Efpinay de Saint- Luc , Marquis de Lignery ,
Meftre de Camp de Cavalerie , & de Très- Haute
& Très- Puillante Dame Marie Madeleine- Louife-
Catherine de Samfon , Dame de Lorcheres , fut
marié dans la Chapelle de l'Archevêché à Rouen
avec Très - Haute & Très Puillante Demoiſelle
Marie - Bernardine Cadot de Sebeville , fille du
défunt Très- Haut & Très- Puillant Seigneur Bernardin
- François Calot , Marquis de Sebeville ,
Colonel du Régiment du Vieux - Languedoc Dragons
, & de Très - Haute & Très Puiflante Dame
Barbe Anzeray de Courvaudon.
La Bénédiction Nuptiale leur fut donnée par
M. l'Archevêque de Rouen .
Leur Contrat de Mariage avoir été figné par le
Roi , la Reine & la Famille Royale , le 14 Sep
tembre.
}
Le 22 Septembre 1760 , Très Haut & Trèse'
Puillant Seigneur Timoleon - Antoine - Jofeph-
François-Louis- Alexandre Comte d'Elpinay , de
Saint Luc , Marquis de Lignery , fils de défunt
Très Haut & Très - Puiffant Seigneur François
d'Efpinay de Saint- Luc , Marquis de Lignery ,
Meftre de Camp de Cavalerie , & de Très- Haute
& Très- Puillante Dame Marie Madeleine- Louife-
Catherine de Samfon , Dame de Lorcheres , fut
marié dans la Chapelle de l'Archevêché à Rouen
avec Très - Haute & Très Puillante Demoiſelle
Marie - Bernardine Cadot de Sebeville , fille du
défunt Très- Haut & Très- Puillant Seigneur Bernardin
- François Calot , Marquis de Sebeville ,
Colonel du Régiment du Vieux - Languedoc Dragons
, & de Très - Haute & Très Puiflante Dame
Barbe Anzeray de Courvaudon.
La Bénédiction Nuptiale leur fut donnée par
M. l'Archevêque de Rouen .
Leur Contrat de Mariage avoir été figné par le
Roi , la Reine & la Famille Royale , le 14 Sep
tembre.
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Résumé : MARIAGE.
Le 22 septembre 1760, Timoléon-Antoine-Joseph-François-Louis-Alexandre Comte d'Elpinay, Marquis de Lignery, a épousé Marie Bernardine Cadot de Sebeville. La cérémonie s'est déroulée dans la Chapelle de l'Archevêché à Rouen. Le contrat de mariage avait été signé par le Roi, la Reine et la Famille Royale le 14 septembre.
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1613
p. 209-212
CATALOGUE des Cartes héraldiques du sieur DUBUISSON, Généalogiste & Doreur du Roi, avec Privilege du Roi, 1760.
Début :
Le Tableau de l'honneur, ou abrégé méthodique de la Science du Blason. [...]
Mots clefs :
Héraldique, Tableau, Chronologie des papes, Noms de famille, Blasons, Empereurs, Rois de France, Rois d'Angleterre, Reines, Rois d'Espagne, Régentes, Colonels, Aumôniers, Chevaliers, Nobles, Maisons, Familles
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CATALOGUE des Cartes héraldiques du sieur DUBUISSON, Généalogiste & Doreur du Roi, avec Privilege du Roi, 1760.
CATALOGUE des Cartes héraldiques du fieur Du-
BUISSON , Généalogifte & Doteur du Roi , avec
Privilege du Roi , 1760 .
Le Tab eau de l'honneur , ou abrégé méthodique
de la Science du Blafon . 2 feuilles.
Chronologie des Papes & anti- Papes , depuis la
maillance de l'Egliſe juſqu'en 1758 , contenant
110 MERCURE DE FRANCE. -
leurs noms de Papes , leurs noms de famille ,
leurs pays ; la date de leur élévation , le temps
de leur Pontificat , leur mort & les armes de ceux
qui en ont portées , jufqu'à préfent , 3 F.
Noms , qualité , Armes & Blafon de tous les
Papes & Cardinaux François de naillance , de ceux
qui ont été nommés par nos Rois , & de ceux qui
ont poffédé des Archevêchés & Evêchés en France
jufqu'à préfent , 3 F.
Grands - Maîtres de Saint Jean de Jérufalem ,
dit de Malte , depuis leur création juſqu'à préfent
, 1 F.
Chronologie des Empereurs & Impératrices
d'Occident , depuis Charlemagne jufqu'à préfent
, 2 F.
Généalogie des Rois de France , depuis le commencement
de cette Monarchie jufqu'à préſent
9 F.
Chronologie des Rois & des Reines de France ,
depuis Pharamond jufqu'à préfent , 2 F.
Chronologie des Rois d'Angleterre , depuis Egbert
, premier Roi des Saxons Occidentaux ; jufqu'à
préfent , 2 F.
Chronologie des Rois & Reines de Portugal , &
des Algarbes , depuis Hugues Caper jufqu'à préfent
, I F.
Généalogie des Rois & Reines d'Espagne , depuis
le commencement de cette Monarchie jufqu'à
préfent , 9 F.
Chronologie des Rois & Reines d'Espagne , depuis
l'Erection du Comté de Caftille en Royaume ,
par Sanche IV. dit le Grand , Roi de Navarre
jufqu'à préfent , 1 F.
t Les Rois & Reines des deux Siciles , depuis leur
origne jufqu'à préſent , 2 F.
Les Dauphins de France , depuis la ceffion du
Dauphiné faite par Humbert , dernier Dauphin
Viennois , jufqu'à préſent , 1 F.
NOVEMBRE. 1760. 21F
Les 32 quartiers paternels & maternels de
Monfeigneur Louis Dauphin de France , 1 F.
Les Ducs & Pairs de France , depuis 1701 juf
qu'à préfent , 1 F.
Les Régents & Régentes du Royaume de France,
depuis leur origine jufqu'à préfent , 1 F.
Les Grands Sénéchaux & Connétables de France
, depuis le Regne du Roi Hugues- Capet jul
qu'à préfent , Ě.
Chanceliers & Gardes des Sceaux de France ,
depuis le Regne de S. Louis jufqu'à préſent , 2 F.
Maréchaux de France , depuis le Regne du Roi
Philippe-Augufte jufqu'à préfent , 3 F.
Les Grands Amiraux & Généraux des Galéres ,
depuis le Regne du Roi S. Louis juſqu'à préſent
2 F.
>
Grands Maitres des Arbalêtriers , & Grands-
Maîtres de l'Artillerie de France , depuis leur origine
jufqu'à préfent , 2 F.
Portes- Oriflâmes & Colonels Généraux de l'Infanterie
Françoife , depuis leur Création jufqu'à
préfent , F.
Grands Aumôniers de France , depuis leur ori→
gine jufqu'à préfent , i F.
Grands Maîtres de France , depuis leur origine
jufqu'à préfent , 1 F.
+
Grands Ecuyers de France , depuis leur Création
jufqu'à préfent , 1 F.
Grands Chambriers & Grands Chambellans de
France , depuis leur origine jufqu'à préfent , 2 F.
Grands Bouteillers ou Grands Echanfons
Grands Panetiers , & Grands Queux de France
depuis leur Création jufqu'à préfent , 2 F.
Grands Veneurs , Grands Louvetiers & Grands
Fauconniers de France , depuis leur origine jufqu'à
préfent , 2 F.
Tous les Chevaliers Commandeurs de l'Ordre
212 MERCURE DE FRANCE.
du Saint Elprit , créés par Louis XV. du nom ร
Ve Chef de l'Ordre , jufqu'à préfent , 4 F.
Généalogie & Defcendance de l'illufire Maiſon
de Croy , F.
La Cour des Monnoyes telle qu'elle eft en là
préſente année , 1 F.
Confeillers du Roi & Quartiniers de la Ville
de Paris , depuis l'année 15oo jufqu'à préfent , F.
Carte générale des Rois & Princes de l'Europe
, 2 E.
Nobiliaire de Normandie , 2.7 F.
Nobiliaire de Bretagne , 10 F.
Nobiliaire de Picardie , 2 F.
Nobiliaire de Champagne , 4 F.
Le Grand-Confeil tel qu'il eft à préſent , 2 F.
Armorial des principales Maifons & Familles
du Royaume , enrichi de 4000 Ecuflons
leurs explications , noms de Famille & Seignen
rie , deux volumes in- 12.
BUISSON , Généalogifte & Doteur du Roi , avec
Privilege du Roi , 1760 .
Le Tab eau de l'honneur , ou abrégé méthodique
de la Science du Blafon . 2 feuilles.
Chronologie des Papes & anti- Papes , depuis la
maillance de l'Egliſe juſqu'en 1758 , contenant
110 MERCURE DE FRANCE. -
leurs noms de Papes , leurs noms de famille ,
leurs pays ; la date de leur élévation , le temps
de leur Pontificat , leur mort & les armes de ceux
qui en ont portées , jufqu'à préfent , 3 F.
Noms , qualité , Armes & Blafon de tous les
Papes & Cardinaux François de naillance , de ceux
qui ont été nommés par nos Rois , & de ceux qui
ont poffédé des Archevêchés & Evêchés en France
jufqu'à préfent , 3 F.
Grands - Maîtres de Saint Jean de Jérufalem ,
dit de Malte , depuis leur création juſqu'à préfent
, 1 F.
Chronologie des Empereurs & Impératrices
d'Occident , depuis Charlemagne jufqu'à préfent
, 2 F.
Généalogie des Rois de France , depuis le commencement
de cette Monarchie jufqu'à préſent
9 F.
Chronologie des Rois & des Reines de France ,
depuis Pharamond jufqu'à préfent , 2 F.
Chronologie des Rois d'Angleterre , depuis Egbert
, premier Roi des Saxons Occidentaux ; jufqu'à
préfent , 2 F.
Chronologie des Rois & Reines de Portugal , &
des Algarbes , depuis Hugues Caper jufqu'à préfent
, I F.
Généalogie des Rois & Reines d'Espagne , depuis
le commencement de cette Monarchie jufqu'à
préfent , 9 F.
Chronologie des Rois & Reines d'Espagne , depuis
l'Erection du Comté de Caftille en Royaume ,
par Sanche IV. dit le Grand , Roi de Navarre
jufqu'à préfent , 1 F.
t Les Rois & Reines des deux Siciles , depuis leur
origne jufqu'à préſent , 2 F.
Les Dauphins de France , depuis la ceffion du
Dauphiné faite par Humbert , dernier Dauphin
Viennois , jufqu'à préſent , 1 F.
NOVEMBRE. 1760. 21F
Les 32 quartiers paternels & maternels de
Monfeigneur Louis Dauphin de France , 1 F.
Les Ducs & Pairs de France , depuis 1701 juf
qu'à préfent , 1 F.
Les Régents & Régentes du Royaume de France,
depuis leur origine jufqu'à préfent , 1 F.
Les Grands Sénéchaux & Connétables de France
, depuis le Regne du Roi Hugues- Capet jul
qu'à préfent , Ě.
Chanceliers & Gardes des Sceaux de France ,
depuis le Regne de S. Louis jufqu'à préſent , 2 F.
Maréchaux de France , depuis le Regne du Roi
Philippe-Augufte jufqu'à préfent , 3 F.
Les Grands Amiraux & Généraux des Galéres ,
depuis le Regne du Roi S. Louis juſqu'à préſent
2 F.
>
Grands Maitres des Arbalêtriers , & Grands-
Maîtres de l'Artillerie de France , depuis leur origine
jufqu'à préfent , 2 F.
Portes- Oriflâmes & Colonels Généraux de l'Infanterie
Françoife , depuis leur Création jufqu'à
préfent , F.
Grands Aumôniers de France , depuis leur ori→
gine jufqu'à préfent , i F.
Grands Maîtres de France , depuis leur origine
jufqu'à préfent , 1 F.
+
Grands Ecuyers de France , depuis leur Création
jufqu'à préfent , 1 F.
Grands Chambriers & Grands Chambellans de
France , depuis leur origine jufqu'à préfent , 2 F.
Grands Bouteillers ou Grands Echanfons
Grands Panetiers , & Grands Queux de France
depuis leur Création jufqu'à préfent , 2 F.
Grands Veneurs , Grands Louvetiers & Grands
Fauconniers de France , depuis leur origine jufqu'à
préfent , 2 F.
Tous les Chevaliers Commandeurs de l'Ordre
212 MERCURE DE FRANCE.
du Saint Elprit , créés par Louis XV. du nom ร
Ve Chef de l'Ordre , jufqu'à préfent , 4 F.
Généalogie & Defcendance de l'illufire Maiſon
de Croy , F.
La Cour des Monnoyes telle qu'elle eft en là
préſente année , 1 F.
Confeillers du Roi & Quartiniers de la Ville
de Paris , depuis l'année 15oo jufqu'à préfent , F.
Carte générale des Rois & Princes de l'Europe
, 2 E.
Nobiliaire de Normandie , 2.7 F.
Nobiliaire de Bretagne , 10 F.
Nobiliaire de Picardie , 2 F.
Nobiliaire de Champagne , 4 F.
Le Grand-Confeil tel qu'il eft à préſent , 2 F.
Armorial des principales Maifons & Familles
du Royaume , enrichi de 4000 Ecuflons
leurs explications , noms de Famille & Seignen
rie , deux volumes in- 12.
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Résumé : CATALOGUE des Cartes héraldiques du sieur DUBUISSON, Généalogiste & Doreur du Roi, avec Privilege du Roi, 1760.
Le document est un catalogue de cartes héraldiques du généalogiste et doreur du Roi, Du Buisson, daté de 1760. Il présente diverses chronologies et généalogies historiques. Parmi les œuvres listées, figure 'Le Tableau de l'honneur, ou abrégé méthodique de la Science du Blason' en deux feuilles. Le catalogue inclut des chronologies des Papes et anti-Papes depuis la fondation de l'Église jusqu'en 1758, des Papes et cardinaux français, des Grands Maîtres de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, des Empereurs et Impératrices d'Occident depuis Charlemagne, ainsi que des Rois de France, d'Angleterre, de Portugal, d'Espagne, des Deux-Siciles, et des Dauphins de France. Il couvre également les Ducs et Pairs de France, les Régents, les Grands Sénéchaux, les Chanceliers, les Maréchaux, les Grands Amiraux, les Grands Aumôniers, les Grands Écuyers, et divers autres hauts dignitaires français. Le catalogue mentionne des généalogies spécifiques comme celle de la Maison de Croy, et des nobiliaires de régions françaises telles que la Normandie, la Bretagne, la Picardie, et la Champagne. Enfin, il inclut un armorial des principales maisons et familles du royaume, enrichi de 4000 écussons.
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1614
p. 184
De WARSOVIE, le 10 Octobre.
Début :
Le 5 de ce mois, jour anniversaire de l'élection de Sa Majesté [...]
Mots clefs :
Anniversaire, Élection, Célébration, Marquis, Ambassadeur, Audience, Prince
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De WARSOVIE, le 10 Octobre.
De WARSOVIE , le ro Octobre.
Les de ce mois, jour anniverfaire de l'élection
de Sa Majeſté , on célébra cet événement par les
réjouiffancesaccoutumées . Le même jour , le Marquis
de Paulmy , Ambaffadeur de Sa Majesté Très-
Chrétienne , auprès du Roi & de la République ,
fit fon entrée dans cette Ville . Il fut conduit à
l'Audience de Sa Majeſté , par le Prince Czartorifky
, Palatin de Ruffie > avec tous les honneurs &
les cérémonies d'uſage.
Les de ce mois, jour anniverfaire de l'élection
de Sa Majeſté , on célébra cet événement par les
réjouiffancesaccoutumées . Le même jour , le Marquis
de Paulmy , Ambaffadeur de Sa Majesté Très-
Chrétienne , auprès du Roi & de la République ,
fit fon entrée dans cette Ville . Il fut conduit à
l'Audience de Sa Majeſté , par le Prince Czartorifky
, Palatin de Ruffie > avec tous les honneurs &
les cérémonies d'uſage.
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1615
p. 185
De COPPENHAGUE, le 20 Octobre.
Début :
On célébra le 16 de ce mois, dans cette Capitale [...]
Mots clefs :
Célébration, Anniversaire, Couronne, Maison d'Oldenbourg
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De COPPENHAGUE, le 20 Octobre.
De COPPENHAGUE , le 20 Octobre.
On célébra le 16 de cé mois , dans cette Capitale
& dans tout le Royaume , le centiéme anniverfaire
du jour auquel la Couronne de Dannemark
fut rendue héréditaire dans la Maifon d'Oldenbourg
On célébra le 16 de cé mois , dans cette Capitale
& dans tout le Royaume , le centiéme anniverfaire
du jour auquel la Couronne de Dannemark
fut rendue héréditaire dans la Maifon d'Oldenbourg
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1616
p. 189-190
De MADRID, le 14 Octobre.
Début :
Le Comte de Ricla, que le Roi avoit nommé son Ministre [...]
Mots clefs :
Comte, Ministre, Cour de Russie, Marquis, Ambassadeur, Siège, Reconstruction
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De MADRID, le 14 Octobre.
De MADRID , le 14 Octobre.
Le Comte de Ricla , que le Roi avoit nommé
fon Miniftre Plénipotentiaire à la Cour de Ruffie,
ayant demandé que Sa Majefté voulût bien le
difpenfer de remplir cette deftination , Elle
choisi pour le remplacer , avec le même caractè
re , le Marquis de Almodovas , un de fes Majordommes
.
Don Jofeph Torrefo , Ambaffadeur ordinaire
de notre Cour auprès du Roi de Portugal , eft
parti pour le rendre à fa deſtination.
On apprend de Lisbonne que les Marattes ont
mis le fiége devant Goa qu'ils preffent avec
beaucoup d'ardeur. Don Joachim d'Acofta , Miniftre
& Secrétaire d'Etat de la Marine a été dif,
gracié. On s'occupe à rebâtir, cette Capitale. Les
Infants Dom Antoine & Dom Jofeph , freres napurels
du Roi de Portugal , ne font plus gardés fi
Ego MERCURE DE FRANCE.
rigoureuſement dans leur retraite. Ces deux Prin
ces ont la liberté de le voir , & on eſpére qu'ils
rentreront bientôt en grâce.
Le Comte de Ricla , que le Roi avoit nommé
fon Miniftre Plénipotentiaire à la Cour de Ruffie,
ayant demandé que Sa Majefté voulût bien le
difpenfer de remplir cette deftination , Elle
choisi pour le remplacer , avec le même caractè
re , le Marquis de Almodovas , un de fes Majordommes
.
Don Jofeph Torrefo , Ambaffadeur ordinaire
de notre Cour auprès du Roi de Portugal , eft
parti pour le rendre à fa deſtination.
On apprend de Lisbonne que les Marattes ont
mis le fiége devant Goa qu'ils preffent avec
beaucoup d'ardeur. Don Joachim d'Acofta , Miniftre
& Secrétaire d'Etat de la Marine a été dif,
gracié. On s'occupe à rebâtir, cette Capitale. Les
Infants Dom Antoine & Dom Jofeph , freres napurels
du Roi de Portugal , ne font plus gardés fi
Ego MERCURE DE FRANCE.
rigoureuſement dans leur retraite. Ces deux Prin
ces ont la liberté de le voir , & on eſpére qu'ils
rentreront bientôt en grâce.
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Résumé : De MADRID, le 14 Octobre.
Le 14 octobre à Madrid, le Roi a accepté la démission du Comte de Ricla, nommé à la Cour de Russie, et l'a remplacé par le Marquis de Almodóvar. Don José Torref est parti pour Lisbonne. Les Marattes assiègent Goa. Don Joachim d'Acost a été disgracié. La reconstruction de la capitale continue. Les Infants Dom Antoine et Dom Joseph peuvent voir le Roi, espérant un retour en grâce.
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1617
p. 190
De ROME, le 3 Novembre.
Début :
Le tour que prend notre démêlé avec la Cour de Portugal, [...]
Mots clefs :
Cour, Tensions, Portugal, Sénat, Gênes, Réconciliation, Nobles, Naples, Statue, Honneur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De ROME, le 3 Novembre.
De ROME , Le 3 Novembre.
Letour que prend notre démêlé avec la Cour de
Portugal, caufe ici beaucoup d'inquiétude. La bonne
intelligence entre notre Cour & la République
de Génes, ne prend pas un meilleur tour. Le Sénat
de Génes exige pour préliminaire de réconciliation,
que le Vifiteur Apoftolique foit rappellé de l'Ile de
Corfe.
Dans la derniere affemblée des Nobles tenue au
Capitole , la famille des Comtes de Renaldis , originaires
du Frioul, fut aggrégée au Corps de la Nobleffe
Romaine.
On apprend que la Ville de Naples a réfolu
d'élever une Statue de Bronze en l'honneur de
Don Carlos , pour marque de reconnoiffance des
beaux établiffemens que ce Prince a faits pendant
qu'il a été fur le Trône des deux Siciles.
Letour que prend notre démêlé avec la Cour de
Portugal, caufe ici beaucoup d'inquiétude. La bonne
intelligence entre notre Cour & la République
de Génes, ne prend pas un meilleur tour. Le Sénat
de Génes exige pour préliminaire de réconciliation,
que le Vifiteur Apoftolique foit rappellé de l'Ile de
Corfe.
Dans la derniere affemblée des Nobles tenue au
Capitole , la famille des Comtes de Renaldis , originaires
du Frioul, fut aggrégée au Corps de la Nobleffe
Romaine.
On apprend que la Ville de Naples a réfolu
d'élever une Statue de Bronze en l'honneur de
Don Carlos , pour marque de reconnoiffance des
beaux établiffemens que ce Prince a faits pendant
qu'il a été fur le Trône des deux Siciles.
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Résumé : De ROME, le 3 Novembre.
Le 3 novembre, à Rome, les relations avec le Portugal et la République de Gênes restent tendues. Gênes exige le rappel du Visiteur Apostolique de Corse. La famille des Comtes de Renaldis est intégrée à la Noblesse Romaine. Naples érige une statue à Don Carlos pour ses réformes.
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1618
p. 190
De LONDRES, le 4 Novembre.
Début :
On apprit, le 15 du mois dernier, dans cette Ville [...]
Mots clefs :
Décès, Roi, Georges II, Lords, Proclamation, Successeur, Georges III
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De LONDRES, le 4 Novembre.
De LONDRES , le 4 Novembre.
On apprit , le 25 du mois dernier , dans cette
Ville la mort du Roi Georges II . arrivée le même
jour à Kinfington vers les huit heures du matin .
Auffitôt les Lords du Confeil privé s'affemblerent
à l'hôtel de Carleton , & ils y drefferent l'acte de
proclamation du nouveau Roi. Le lendemain , cer
acte fut publié dans lesquatre principaux quartiers
de la Ville ; après quoi le Roi Georges III . recut
les complimens accoutumés,& il créa Membre du
Confeil le Duc d'Yorck fon frere, qui prit féance à
côté de lui.
On apprit , le 25 du mois dernier , dans cette
Ville la mort du Roi Georges II . arrivée le même
jour à Kinfington vers les huit heures du matin .
Auffitôt les Lords du Confeil privé s'affemblerent
à l'hôtel de Carleton , & ils y drefferent l'acte de
proclamation du nouveau Roi. Le lendemain , cer
acte fut publié dans lesquatre principaux quartiers
de la Ville ; après quoi le Roi Georges III . recut
les complimens accoutumés,& il créa Membre du
Confeil le Duc d'Yorck fon frere, qui prit féance à
côté de lui.
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Résumé : De LONDRES, le 4 Novembre.
Le 25 octobre, la mort du roi Georges II a été annoncée à Londres. Les Lords du Conseil privé ont rédigé l'acte de proclamation du roi Georges III, publié le lendemain dans les principaux quartiers de la ville. Georges III a reçu les compliments habituels et a nommé son frère, le Duc d'Yorck, au Conseil.
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1619
p. 191-192
De VERSAILLES, le 20 Novembre.
Début :
Le Roi a donné l'Abbaye de Jouy, Ordre de S. Benoît, [...]
Mots clefs :
Abbaye, Ordre, Diocèse, Archevêque, Vicaire, Religieuse, Deuil, Cour, Roi d'Angleterre, Sceau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De VERSAILLES, le 20 Novembre.
De VERSAILLES , le 20 Novembre.
E Rol a donné l'Abbaye de Jouy , Ordre de
S. Benoît , Diocéfe de Sens , à l'Archevêque de
Tours.
Celle de S. Faron , Ordre de S. Benoît , Diocèle
de Meaux , à l'Abbé de Soulange , Vicaire Général
du Diocéfe de Vannes & Aumônier de Madame
Adelaide.
Celle de Préaux , Ordre de S. Benoît , Diocèle
de Lifieux , à la Dame de Gimel de Lantilhac ,
192 MERCURE DE FRANCE.
C
Religieufe de l'Abbaye de la Régle à Limoges.
Et le Prieuré de Neufchâtel, Diocéle de Rouen,
à la Dame de Rofée , Religieufe Bénédictine du
Monaftére de Belfond à Rouen .
Le 24 du mois dernier , Sa Majeſté tint le
Sceau.
La Cour a pris le deuil pour trois ſemaines à
l'occafion de la mort du Roi d'Angleterre . Ce
Prince mourut fubitement âgé de foixante & dixfept
ans.
Le 12 de ce mois , la Reine & Monfeigneur le
Dauphin fe rendirent à la Chapelle pour y tenir
fur les Fonts de Baptême un fils du fieur Thierry,
Moufquetaire , & Huiffier de la Chambre du Roi ,
que Sa Majefté nomma Marie - Louis . L'Abbé de
-Saint- Hermine , fon Aumônier de Quartier , fit
la Cérémonie.
Le 17 , le Roi tint le Sceau.
E Rol a donné l'Abbaye de Jouy , Ordre de
S. Benoît , Diocéfe de Sens , à l'Archevêque de
Tours.
Celle de S. Faron , Ordre de S. Benoît , Diocèle
de Meaux , à l'Abbé de Soulange , Vicaire Général
du Diocéfe de Vannes & Aumônier de Madame
Adelaide.
Celle de Préaux , Ordre de S. Benoît , Diocèle
de Lifieux , à la Dame de Gimel de Lantilhac ,
192 MERCURE DE FRANCE.
C
Religieufe de l'Abbaye de la Régle à Limoges.
Et le Prieuré de Neufchâtel, Diocéle de Rouen,
à la Dame de Rofée , Religieufe Bénédictine du
Monaftére de Belfond à Rouen .
Le 24 du mois dernier , Sa Majeſté tint le
Sceau.
La Cour a pris le deuil pour trois ſemaines à
l'occafion de la mort du Roi d'Angleterre . Ce
Prince mourut fubitement âgé de foixante & dixfept
ans.
Le 12 de ce mois , la Reine & Monfeigneur le
Dauphin fe rendirent à la Chapelle pour y tenir
fur les Fonts de Baptême un fils du fieur Thierry,
Moufquetaire , & Huiffier de la Chambre du Roi ,
que Sa Majefté nomma Marie - Louis . L'Abbé de
-Saint- Hermine , fon Aumônier de Quartier , fit
la Cérémonie.
Le 17 , le Roi tint le Sceau.
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Résumé : De VERSAILLES, le 20 Novembre.
Le 20 novembre, plusieurs abbayes et prieurés ont été attribués à divers dignitaires religieux. L'Abbaye de Jouy, Ordre de Saint Benoît, Diocèse de Sens, a été donnée à l'Archévêque de Tours. L'Abbaye de Saint Faron, Ordre de Saint Benoît, Diocèse de Meaux, a été attribuée à l'Abbé de Soulange, Vicaire Général du Diocèse de Vannes et Aumônier de Madame Adelaide. L'Abbaye de Préaux, Ordre de Saint Benoît, Diocèse de Lifieux, a été confiée à la Dame de Gimel de Lantilhac. La Religieuse de l'Abbaye de la Règle à Limoges et le Prieuré de Neufchâtel, Diocèse de Rouen, ont été donnés à la Dame de Rosée, Religieuse Bénédictine du Monastère de Belfond à Rouen. Le 24 du mois précédent, Sa Majesté a tenu le Sceau et la Cour a observé un deuil de trois semaines à la suite du décès du Roi d'Angleterre, âgé de soixante-dix-sept ans. Le 12 novembre, la Reine et Monseigneur le Dauphin se sont rendus à la Chapelle pour le baptême d'un fils du sieur Thierry, Mousquetaire et Huissier de la Chambre du Roi, nommé Marie-Louis. La cérémonie a été effectuée par l'Abbé de Saint-Hermine, Aumônier de Quartier. Le 17 novembre, le Roi a de nouveau tenu le Sceau.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1620
p. 193-195
De PARIS, le 22 Novembre.
Début :
Il paroît une Déclaration du Roi, en date du 18 Septembre dernier, [...]
Mots clefs :
Déclaration du roi, Officiers, Exemption, Taille, Évêque, Chanoines, Prieuré, Contrôleur général des finances, Parlement, Conseil, Loterie de l'école royale militaire, Tirage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 22 Novembre.
De PARIS , le 22 Novembre.
Il paroît une Déclaration du Roi , en date du
18 Septembre dernier , par laquelle Sa Majefté
rétablit les Officiers Commenfaux de fa Maiſon ,
& autres , à qui l'exemption de la Taille perfonnelle
eft accordée , dans la jouillance de cette
exemption , à commencer du premier Octobre de
cette année , nonobſtant la ſuſpenſion ordonnée
par la Délcaration du 17 Avril 1759.
Sa Majeſté informée par l'Evêque d'Orléans
de l'extrême modicité des revenus des Chanoines-
Comtes de Brioude , a confenti à l'union de la
Manfe Abbatiale de l'Abbaye de Charroux , Diocèle
de Poitiers , & de plufieurs Prieurés qui en dépendent
, pour en être les fruits & revenus unis
en leur faveur . Ces Chanoines Comtes de Brioude
, pénétrés de cette grace , fe font affemblés
capitulairement , & ils ont arrêté , pour perpétuer
leur refpectueuse reconnoiffance envers Sa
Majefté , de fonder une Grand'-Melle , qui fera
I
194 MERCURE DE FRANCE.
célébrée annuellement le lendemain de la Fête
de Saint Louis , afin de demander plus particulièrement
à Dieu la confervation de Sa Majefté &
de la Famille Royale. Ils ont auffi arrêté que le
Comte de Montmorillon feroit député pour faire
agréer , de la part du Chapitre , à l'Evêque d'Or
léans , des Lettres de Comte Honoraire de Briou
de , pour lui témoigner combien ils font fenfibles
aux repréſentations qu'il a faites à Sa Majeſté en
faveur de la Nobleffe qui compofe ce Corps.
Le fieur Bertin , Contrôleur général des Finances
, ayant préſenté au Roi le plan qu'il a formé
pour la difpenfation des revenus de Sa Majefté
dans l'année 1761 , le Roi l'a fait examiner en fon
Confeil , où il a été unanimement approuvé. Par
cet arrangement les fonds font faits pour les dépenfes
de la guerre de terre & de mer de la campagne
prochaine , pour celles de la Maifon de Sa
Majefté , pour le payement des rentes de l'Hôtelde-
Ville & de toutes les autres rentes quifont
payées jufqu'à préfent ; & cela fans nouveaux impôts
& emprunts.
Le douze de ce mois l'ouverture du Parlement
fe fit avec les Cérémonies accoutumées , par une
Mefle folemnelle , à laquelle le fieur Molé , Premier
Préſident , & les Chambres affiftérent , &
qui fut célébrée par l'Abbé de Sailly , Chantre de
la Sainte- Chapelle , & Aumônier de Madame la
Dauphine.
> La Cour des Aydes fit auffi , le 12 la rentrée
ordinaire de ſes Séances . Après la Meſſe , le fieur
de Lamoignon de Malesherbes , Premier Prédent
, fit un Diſcours ſur la Prudence dont le Magiftrat
doit ufer ; & le fieur Clément de Barville ',
Avocat Général , fit voir dans fa Harangue combien
le Magiftrat doit mettre d'âme dans fes
fonctions.
DECEMBRE. 1760: 195
Le 13 de ée mois , Dom Tilly , Abbé de l'Or
dre des Prémontrés , reçut , dans l'Eglife des
Carmelites de la rue Saint Jacques , l'abjuration
de la Dame veuve du brave Capitaine Thurot ,
à laquelle il fit un Difcours éloquent fur les Vérités
de la Religion.
Le tirage de la Loterie de l'Ecole Royale Militaire
, s'eft fait en la manière accoutumée , dans
l'Hôtel-de -Ville de Paris , le 6 de ce mois. Les
numéros fortis de la roue de fortune font , 6 ,
20 , 38 , 52 , 57 ; le prochain tirage fe fera le
ƒ du mois de Décembre.
Il paroît une Déclaration du Roi , en date du
18 Septembre dernier , par laquelle Sa Majefté
rétablit les Officiers Commenfaux de fa Maiſon ,
& autres , à qui l'exemption de la Taille perfonnelle
eft accordée , dans la jouillance de cette
exemption , à commencer du premier Octobre de
cette année , nonobſtant la ſuſpenſion ordonnée
par la Délcaration du 17 Avril 1759.
Sa Majeſté informée par l'Evêque d'Orléans
de l'extrême modicité des revenus des Chanoines-
Comtes de Brioude , a confenti à l'union de la
Manfe Abbatiale de l'Abbaye de Charroux , Diocèle
de Poitiers , & de plufieurs Prieurés qui en dépendent
, pour en être les fruits & revenus unis
en leur faveur . Ces Chanoines Comtes de Brioude
, pénétrés de cette grace , fe font affemblés
capitulairement , & ils ont arrêté , pour perpétuer
leur refpectueuse reconnoiffance envers Sa
Majefté , de fonder une Grand'-Melle , qui fera
I
194 MERCURE DE FRANCE.
célébrée annuellement le lendemain de la Fête
de Saint Louis , afin de demander plus particulièrement
à Dieu la confervation de Sa Majefté &
de la Famille Royale. Ils ont auffi arrêté que le
Comte de Montmorillon feroit député pour faire
agréer , de la part du Chapitre , à l'Evêque d'Or
léans , des Lettres de Comte Honoraire de Briou
de , pour lui témoigner combien ils font fenfibles
aux repréſentations qu'il a faites à Sa Majeſté en
faveur de la Nobleffe qui compofe ce Corps.
Le fieur Bertin , Contrôleur général des Finances
, ayant préſenté au Roi le plan qu'il a formé
pour la difpenfation des revenus de Sa Majefté
dans l'année 1761 , le Roi l'a fait examiner en fon
Confeil , où il a été unanimement approuvé. Par
cet arrangement les fonds font faits pour les dépenfes
de la guerre de terre & de mer de la campagne
prochaine , pour celles de la Maifon de Sa
Majefté , pour le payement des rentes de l'Hôtelde-
Ville & de toutes les autres rentes quifont
payées jufqu'à préfent ; & cela fans nouveaux impôts
& emprunts.
Le douze de ce mois l'ouverture du Parlement
fe fit avec les Cérémonies accoutumées , par une
Mefle folemnelle , à laquelle le fieur Molé , Premier
Préſident , & les Chambres affiftérent , &
qui fut célébrée par l'Abbé de Sailly , Chantre de
la Sainte- Chapelle , & Aumônier de Madame la
Dauphine.
> La Cour des Aydes fit auffi , le 12 la rentrée
ordinaire de ſes Séances . Après la Meſſe , le fieur
de Lamoignon de Malesherbes , Premier Prédent
, fit un Diſcours ſur la Prudence dont le Magiftrat
doit ufer ; & le fieur Clément de Barville ',
Avocat Général , fit voir dans fa Harangue combien
le Magiftrat doit mettre d'âme dans fes
fonctions.
DECEMBRE. 1760: 195
Le 13 de ée mois , Dom Tilly , Abbé de l'Or
dre des Prémontrés , reçut , dans l'Eglife des
Carmelites de la rue Saint Jacques , l'abjuration
de la Dame veuve du brave Capitaine Thurot ,
à laquelle il fit un Difcours éloquent fur les Vérités
de la Religion.
Le tirage de la Loterie de l'Ecole Royale Militaire
, s'eft fait en la manière accoutumée , dans
l'Hôtel-de -Ville de Paris , le 6 de ce mois. Les
numéros fortis de la roue de fortune font , 6 ,
20 , 38 , 52 , 57 ; le prochain tirage fe fera le
ƒ du mois de Décembre.
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Résumé : De PARIS, le 22 Novembre.
Le 22 novembre, une déclaration royale rétablit les officiers commensaux de la Maison du Roi et d'autres exemptés de la taille personnelle à partir du 1er octobre 1760. Le Roi, informé par l'évêque d'Orléans des faibles revenus des Chanoines-Comtes de Brioude, a autorisé l'union de la Manse Abbatiale de l'Abbaye de Charroux et de plusieurs prieurés en leur faveur. Les chanoines ont décidé de fonder une grand-messe annuelle pour la conservation du Roi et de la famille royale, et de nommer le Comte de Montmorillon comte honoraire de Brioude. Le Contrôleur général des Finances, Bertin, a présenté un plan pour la gestion des revenus royaux en 1761, approuvé par le Conseil du Roi, visant à financer les dépenses de guerre, la maison royale et le paiement des rentes sans nouveaux impôts ni emprunts. Le 12 novembre, le Parlement a ouvert sa session avec des cérémonies solennelles, et la Cour des Aydes a repris ses séances. Le Premier Président, Molé, et l'Avocat Général, Clément de Barville, ont prononcé des discours sur la prudence et l'engagement du magistrat. Le 13 novembre, Dom Tilly a reçu l'abjuration de la veuve du Capitaine Thurot dans l'église des Carmélites. Le tirage de la loterie de l'École Royale Militaire a eu lieu le 6 novembre avec les numéros 6, 20, 38, 52, 57, et le prochain tirage est prévu pour le 15 décembre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1621
p. 200
Tirage de la premiere Loterie de l'Hôtel-de-Ville de Paris, accordé par Arrêt du Conseil du 30 Juillet 1760. De par les Prévôt [sic] des Marchands & Echevins.
Début :
Le Public est averti que le Tirage de la premiere Loterie de l'Hôtel de Ville de Paris, accordée [...]
Mots clefs :
Tirage, Loterie, Hôtel de ville, Paris, Arrêt du conseil, Prévôts, Marchands, Échevins
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Tirage de la premiere Loterie de l'Hôtel-de-Ville de Paris, accordé par Arrêt du Conseil du 30 Juillet 1760. De par les Prévôt [sic] des Marchands & Echevins.
Tirage de la premiere Loterie de l'Hôtel- de-
Ville de Paris , accordée par Arrêt du Conſeil du
30 Juillet 1760.
De par les Prévôt des Marchands & Echevins.
Le Public eft averti que le Tirage de la premiere
Loterie de l'Hôtel de Ville de Paris , ac
cordée par Arrêt du Confeil du 30 Juiller 1760 ,
fe fera publiquement dans la grande Salle dudit
Hôtel de Ville , en préfence & fous les ordres
des Frévôt des Marchands & Echevins , en
la manière accoutumée , le Mardi 16 Décembre
1760 , & jours fuivans , fans interruption : &
que huitaine après ledit Tirage fini , la lifte des
numéros gagnans fera imprimée & rendue publique
; & les Lots payés comptant, au defir dudit
Arrêt.
Ville de Paris , accordée par Arrêt du Conſeil du
30 Juillet 1760.
De par les Prévôt des Marchands & Echevins.
Le Public eft averti que le Tirage de la premiere
Loterie de l'Hôtel de Ville de Paris , ac
cordée par Arrêt du Confeil du 30 Juiller 1760 ,
fe fera publiquement dans la grande Salle dudit
Hôtel de Ville , en préfence & fous les ordres
des Frévôt des Marchands & Echevins , en
la manière accoutumée , le Mardi 16 Décembre
1760 , & jours fuivans , fans interruption : &
que huitaine après ledit Tirage fini , la lifte des
numéros gagnans fera imprimée & rendue publique
; & les Lots payés comptant, au defir dudit
Arrêt.
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Résumé : Tirage de la premiere Loterie de l'Hôtel-de-Ville de Paris, accordé par Arrêt du Conseil du 30 Juillet 1760. De par les Prévôt [sic] des Marchands & Echevins.
Le premier tirage de la loterie de l'Hôtel de Ville de Paris, autorisé par un arrêté du 30 juillet 1760, se tiendra du 16 décembre 1760 sous la supervision des Prévôt des Marchands et Échevins. La liste des numéros gagnants sera publiée huit jours après la fin du tirage. Les lots seront payés en espèces.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1623
p. 62-66
EXTRAIT d'une Lettre écrite par M. LOUIS BERANGER, Officier sur la Frégate la Modeste, à M. BERANGER, son oncle, à Paris. A Lestague, le 22 Octobre 1762.
Début :
MON CHER ONCLE, Je vous apprends avec une satisfaction entière, l'agréable nouvelle de notre arrivée [...]
Mots clefs :
Capitaine, Frégate, Vaisseaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite par M. LOUIS BERANGER, Officier sur la Frégate la Modeste, à M. BERANGER, son oncle, à Paris. A Lestague, le 22 Octobre 1762.
EXTRAIT d'une Lettre écrite par
M. LOUIS BERANGER , Officier
fur la Frégate la Modefte , à M.
BERANGER , fon oncle , à Paris.
A Leftague , le 22 Octobre 1762.
MONON CHER ONCLE .
Je vous apprends avec une fatisfaction
entière , l'agréable nouvelle de notre arrivée
à Leftague. La Ville de Marſeille
retentit de l'allégreffe publique , & j'ai
voulu qu'elle allât jufqu'à vous : je n'en
fuis pas furpris , notre charge eft au-deffus
de trois millions & demi , & prèſque
tous les Habitans de cette Ville
y ont directement ou indirectement
quelque intérêt .
Je puis dire à la louange de notre Capitaine
, qu'il fait revivre en lui les
Jean Bart & les Caffart ; fa fermeté, fon
fang-froid & fa prudence dans les combats
, font dignes d'admiration .
Le combat langlant que nous avons
livré à une Frégate Angloife de 36
canons , le 18 Septembre dernier , en
** M . Louis Simon.
JANVIER. 1763. 63.
embouquant le détroit de Gibraltar,
juftifie ce que j'avance de ce Capitaine.
Après neuf heures de combat , voyant
que nous avions plufieurs coups de
canons à fleur-d'eau , qui nous incommodoient
beaucoup : Ilfaut, dit-il, mes
enfans , aborder notre ennemi ; je fuis
étonné de combattre fi long - temps fans
en triompher. Dans l'inftant , nous portâmes
l'abordée fur la Frégate Angloife ,
qui l'évita ; ce que nous réiterâmes
trois fois avec beaucoup d'adreffe dans
la manoeuvre ; & quoiqu'elle eût le
vent pour elle , elle ne l'évita la dernière
fois que par miracle . Alors l'ennemi
fe décida à prendre fa bordée au large ,
& nous tourna fon talon. Nous fimes
voile pour entrer à Tariffe , où nous
mouillâmes ; mais nous en fortîmes bientôt
pour aalllleerr àà CCeeuuttaa ,, ne trouvant
point dans ce Port ni la fûreté ni les
fécours néceffaires pour nous radouber.
Arrivés à Ceuta , nous y trouvâmes
ce que nous cherchions. Vingt - cinq
jours après , nous appareillâmes pour
en fortir à la faveur de la nuit , avec
un vent für O- frais , ayant toutes nos
voiles au vent , même nos coutelas ;
& nous pafsâmes prefque bord à bord
de plufieurs vaiffeaux de guerre Anglais
64 MERCURE DE FRANCE .
qui nous bloquoient : nous rangeâmes
les côtes de Barbarie , & nous nous trouvâmes
au lever de l'aurore fur Malaga, où
nous apprîmes que la côte étoit nette . Le
règne du même vent pendant trois jours
nous fit arriver à la hauteur de Mahon
où nous primes un Sénau Anglois chargé
de moutons & de poules venant d'Alger
, qui nous a obligés en arrivant ici
à faire dix- huit jours de quarantaine.
Vous avez fans doute appris l'hiftoire
de notre traverfée , des prifes prodigieufes
que nous avons faites , & qui
donnent à M. le Marquis de Roux ,
notre Armateur , au moins deux millions
de bénéfice : il s'agiffoit pour lui
de cent mille livres.de rente confiés à la
Providence. La grande confiance qu'il
avoit en nous, n'a pas été compromiſe :
il avoit donné l'ordre furprenant à notre
Capitaine de bruler tous les vaiffeaux
Anglois qui faifoient la traite des Négres
en Guinée ; ce qui a été exécuté à
la rigueur. Nous avons brulé douze
prifes : nous en avons amariné trois, trois
autres chargés de troupes , remiſes à M.
de Blenac ; & nous en avons expédié
deux à Londres contenant les équipages
des douze vaiffeaux. Dans ce nombre
elt comprife une Frégate de vingt-huit
JANVIER . 1763 . 65
piéces de canon qui faifoit l'admiration
des Conftructeurs Anglois , & qui étoit
la meilleure voiliere qu'on ait jamais vûe.
Nous y avons pris douze barriques des
plus précieufes marchandifes. Le Capitaine
Anglois a demandé à genoux la
rançon de cette Frégate , & a offert
cinq mille livres fterling de la coque
feule. Le Capitaine Simon lui a répondu
:
Il en coûte beaucoup à mon coeur de
refufer des graces qu'on me demande à
genoux ; mais dans cette circonftance
je fuis forcé d'immoler à ma Nation &
les cinq mille livres fterling que vous
m'offrez, & les regrets de ne pouvoir
vous obliger. Votre Frégate exiftante
pourroit s'emparer à l'avenir de quelques
vaiffeaux François : voilà précisément le
motif de mon facrifice ; & en prononçant
, elle n'en prendra certainement
point , il y a mis le feu de fa propre
main.
C'eſt à cette occafion que M. le Marquis
de Roux , écrivant au Capitaine
Simon, au moment de notre arrivée ici ,
pour lui témoigner fa joie , lui mande :
l'action mémorable que tu as faite , mon
ami , d'avoir brûlé la Frégate Angloife
de 28 canons, au mépris de cinq mille liv.
66 MERCURE DE FRANCE.
fterlings de rançon , eft fi relative à ma
façon de penfer , que les termes que je
voudrois employer pour t'en remercier,
ne me font pas connus .
M. LOUIS BERANGER , Officier
fur la Frégate la Modefte , à M.
BERANGER , fon oncle , à Paris.
A Leftague , le 22 Octobre 1762.
MONON CHER ONCLE .
Je vous apprends avec une fatisfaction
entière , l'agréable nouvelle de notre arrivée
à Leftague. La Ville de Marſeille
retentit de l'allégreffe publique , & j'ai
voulu qu'elle allât jufqu'à vous : je n'en
fuis pas furpris , notre charge eft au-deffus
de trois millions & demi , & prèſque
tous les Habitans de cette Ville
y ont directement ou indirectement
quelque intérêt .
Je puis dire à la louange de notre Capitaine
, qu'il fait revivre en lui les
Jean Bart & les Caffart ; fa fermeté, fon
fang-froid & fa prudence dans les combats
, font dignes d'admiration .
Le combat langlant que nous avons
livré à une Frégate Angloife de 36
canons , le 18 Septembre dernier , en
** M . Louis Simon.
JANVIER. 1763. 63.
embouquant le détroit de Gibraltar,
juftifie ce que j'avance de ce Capitaine.
Après neuf heures de combat , voyant
que nous avions plufieurs coups de
canons à fleur-d'eau , qui nous incommodoient
beaucoup : Ilfaut, dit-il, mes
enfans , aborder notre ennemi ; je fuis
étonné de combattre fi long - temps fans
en triompher. Dans l'inftant , nous portâmes
l'abordée fur la Frégate Angloife ,
qui l'évita ; ce que nous réiterâmes
trois fois avec beaucoup d'adreffe dans
la manoeuvre ; & quoiqu'elle eût le
vent pour elle , elle ne l'évita la dernière
fois que par miracle . Alors l'ennemi
fe décida à prendre fa bordée au large ,
& nous tourna fon talon. Nous fimes
voile pour entrer à Tariffe , où nous
mouillâmes ; mais nous en fortîmes bientôt
pour aalllleerr àà CCeeuuttaa ,, ne trouvant
point dans ce Port ni la fûreté ni les
fécours néceffaires pour nous radouber.
Arrivés à Ceuta , nous y trouvâmes
ce que nous cherchions. Vingt - cinq
jours après , nous appareillâmes pour
en fortir à la faveur de la nuit , avec
un vent für O- frais , ayant toutes nos
voiles au vent , même nos coutelas ;
& nous pafsâmes prefque bord à bord
de plufieurs vaiffeaux de guerre Anglais
64 MERCURE DE FRANCE .
qui nous bloquoient : nous rangeâmes
les côtes de Barbarie , & nous nous trouvâmes
au lever de l'aurore fur Malaga, où
nous apprîmes que la côte étoit nette . Le
règne du même vent pendant trois jours
nous fit arriver à la hauteur de Mahon
où nous primes un Sénau Anglois chargé
de moutons & de poules venant d'Alger
, qui nous a obligés en arrivant ici
à faire dix- huit jours de quarantaine.
Vous avez fans doute appris l'hiftoire
de notre traverfée , des prifes prodigieufes
que nous avons faites , & qui
donnent à M. le Marquis de Roux ,
notre Armateur , au moins deux millions
de bénéfice : il s'agiffoit pour lui
de cent mille livres.de rente confiés à la
Providence. La grande confiance qu'il
avoit en nous, n'a pas été compromiſe :
il avoit donné l'ordre furprenant à notre
Capitaine de bruler tous les vaiffeaux
Anglois qui faifoient la traite des Négres
en Guinée ; ce qui a été exécuté à
la rigueur. Nous avons brulé douze
prifes : nous en avons amariné trois, trois
autres chargés de troupes , remiſes à M.
de Blenac ; & nous en avons expédié
deux à Londres contenant les équipages
des douze vaiffeaux. Dans ce nombre
elt comprife une Frégate de vingt-huit
JANVIER . 1763 . 65
piéces de canon qui faifoit l'admiration
des Conftructeurs Anglois , & qui étoit
la meilleure voiliere qu'on ait jamais vûe.
Nous y avons pris douze barriques des
plus précieufes marchandifes. Le Capitaine
Anglois a demandé à genoux la
rançon de cette Frégate , & a offert
cinq mille livres fterling de la coque
feule. Le Capitaine Simon lui a répondu
:
Il en coûte beaucoup à mon coeur de
refufer des graces qu'on me demande à
genoux ; mais dans cette circonftance
je fuis forcé d'immoler à ma Nation &
les cinq mille livres fterling que vous
m'offrez, & les regrets de ne pouvoir
vous obliger. Votre Frégate exiftante
pourroit s'emparer à l'avenir de quelques
vaiffeaux François : voilà précisément le
motif de mon facrifice ; & en prononçant
, elle n'en prendra certainement
point , il y a mis le feu de fa propre
main.
C'eſt à cette occafion que M. le Marquis
de Roux , écrivant au Capitaine
Simon, au moment de notre arrivée ici ,
pour lui témoigner fa joie , lui mande :
l'action mémorable que tu as faite , mon
ami , d'avoir brûlé la Frégate Angloife
de 28 canons, au mépris de cinq mille liv.
66 MERCURE DE FRANCE.
fterlings de rançon , eft fi relative à ma
façon de penfer , que les termes que je
voudrois employer pour t'en remercier,
ne me font pas connus .
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite par M. LOUIS BERANGER, Officier sur la Frégate la Modeste, à M. BERANGER, son oncle, à Paris. A Lestague, le 22 Octobre 1762.
La lettre de M. Louis Béranger, officier sur la frégate la Modeste, datée du 22 octobre 1762, informe son oncle de leur arrivée à Leftague. La ville de Marseille a accueilli leur retour avec enthousiasme, car leur cargaison dépasse trois millions et demi, impliquant directement ou indirectement la plupart des habitants. Le capitaine est loué pour sa fermeté, son sang-froid et sa prudence, comparé à des figures historiques comme Jean Bart et Caffart. Un combat mémorable contre une frégate anglaise de 36 canons le 18 septembre près du détroit de Gibraltar est décrit. Après neuf heures de combat, le capitaine a ordonné l'abordage, mais l'ennemi a évité plusieurs tentatives avant de battre en retraite. Ils ont ensuite navigué vers Tarifa, puis Ceuta pour réparations, et ont échappé à des vaisseaux anglais en bloquant. Ils ont capturé plusieurs navires anglais, notamment une frégate de 28 canons, qu'ils ont brûlée malgré une offre de rançon. Le marquis de Roux, leur armateur, a bénéficié de prises prodigieuses, lui assurant au moins deux millions de bénéfice.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1624
p. 73-80
DISSERTATION de M. de SAINT-FOIX, au sujet de la Statue Equestre d'un de nos Rois, qui est dans l'Eglise de Nôtre-Dame de Paris.
Début :
M. le Président Heinaut dit qu'en mémoire de la victoire que Philippe [...]
Mots clefs :
Statue équestre, Nécrologe, Église de Notre-Dame de Paris, Cheval, Chroniques
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DISSERTATION de M. de SAINT-FOIX, au sujet de la Statue Equestre d'un de nos Rois, qui est dans l'Eglise de Nôtre-Dame de Paris.
NOUVELLES LITTERAIRES.
DISSERTATION de M. de SAINTFOIX
, au fujet de la Statue Equeftre
d'un de nos Rois , qui eft dans
l'Eglife de Notre-Dame de Paris.
M. le Préfident Heinaut dit qu'en
mémoire de la victoire que Philippe
le Bel avoit remportée fur les Flamans
à Mons en Puelle , le 18 Août
1304 , on éleva à Notre- Dame une Statue
équestre de ce Prince , & qu'il fonda
une rente de cent livres à l'Eglife
de Notre- Dame de Paris. Il y a eu ,
ajoute- t-il , des méprifes fur ce monument
que quelques Auteurs , & entr'autres
Nicole Gilles , ont attribué à Philippe
de Valois ; mais pour s'aflurer
de la vérité du fait , il n'y a qu'à lire le
Nécrologe de l'Eglife de Notre-Dame
de Paris , ainfi que la fixiéme Leçon
du Breviaire de Paris , où il eft fait
commémoration de cette victoire au 18
I. Vol.
D
74 MERCURE DE FRANCE.
Août , jour auquel fe donna la bataille
de Mons en Puelle , au lieu que celle
de Caffel, fe donna le
23 Août.
M. Le Préfident Heinaut ne s'eft
pas
fans doute fouvenu qu'un Hiftorien ,
témoin oculaire & qui a écrit l'hiſtoire
de fon temps depuis 1301 jufqu'en
1340 , en parlant de Philippe le Bel &
de la bataille de Mons en Puelle , dit
fimplement que ce Prince , en actions
de grâces de cette victoire , fit des fondations
à Nôtre-Dame , à S. Denis &
dans plufieurs autres Eglifes ; au lieu
que ce même Historien , en parlant
de Philippe de Valois & de la bataille
de Caffel , dit que Philippe de Valois ,
à fon retour en France , alla à S. Denis
& enfuite à Nôtre-Dame de Paris , où
il monta fur le même cheval & fe fit
armer des mêmes armes qu'il avoit
dans le combat , & les préfenta en offrande
à la Sainte Vierge : Rex vere
(Philippus ** Valefius ) in Francia exiftens
, beatum Dionifuum primitus devote
& humiliter vifitavit , & poftea ivit Parifios
, & Ecclefiam Beatæ Mariæ ingreffus
coram imagine eifdem armis
quibus in bello armatus fuerat , fe armari
fecit & fuper equum cui exiftenti
* Continuat. Guill . de Nangis , p. 61.6.
** Continuat. Guill, de Nangis , p . 737•
JANVIER. 1763. 75
in bello infederat , afcenfus , Bear
Mariæ cui fe in hoc belli periculo facturum
dona voverat , Ecclefiæ ejufdem
arma & equum deferens , devotiffime
præfentavit , eidem de tanti evafione periculi
gratias agens.
On prétend que s'il y a dans quelques
manufcrits ivit Parifios , il y a dans
d'autres ivit Carnutum , c'est-à-dire à
Chartres , & que ce fut dans l'Eglife de
Chartres que Philippe de Valois entra à
cheval , & fit l'offrande de fon cheval
& de fes armes , comme Philippe le Bel
avoit fait vingt- quatre ans auparavant
dans l'Eglife Cathédrale de Paris . Mais
eft-il naturel que l'Hiftorien contemporain
de ces deux Princes,ayant rapporté
l'action de Philippe de Valois , n'eût pas
parlé de la même action faite par Philippe
le Bel , fur- tout lorfqu'il fait mention
des fondations que fit Philippe le
Bel en mémoire & reconnoiffance de
la victoire qu'il avoit remportée à Mons
en Puelle ?
Joignons à ce témoignage de l'hiftorien
contemporain , celui d'un manufcrit
qui paroît être de 1360 , cotté H ,
numero 22 , & faifant partie des manufcrits
que le Chapitre de Notre-Dame
a donnés au Roi : il y eft dit que Phi-
Dij
76 MERCURE DE FRANCE.
>
lippe de Valois , après la bataille de Caffel
, l'an 1328 , entra tout arméfurfon
deftrier en l'Eglife de Notre- Dame de
Paris & lui offrit ledit cheval & fes
armes en oblation , la remerciant de la
victoire qu'il avoit obtenue par fon interceffion
; & que la repréfentation dudit
Roi eft affife fur deux piliers devant l'image
de ladite Dame , en la Nef de ladite
Eglife.
On peut encore ajouter à ces autorités
, celle des grandes Chroniques de
France , manufcrit de l'an 1380 : elles
difent que Philippe de Valois monta fur
fon deftrier , & ainfi entra dans l'Eglife
de Notre-Dame de Paris , & très - dévotement
la remercia , & lui préfenta ledit
cheval fur lequel il étoit monté , & toutes
fes armures.
Á l'égard du Nécrologe de l'Eglife A
de Nôtre- Dame de Paris , il y eft fimplement
parlé d'une fondation de cent livres
de rente , faite par Philippe le Bel en
actions de graces de la victoire qu'il
avoit remportée à Mons en Puelle ; &
comme il n'y eft point dit que ce Prince
entra dans l'Eglife de Notre - Dame à
cheval , & qu'il fit l'offrande de fon
cheval & de fes armes à la Vierge
c'eft encore une preuve que ce ne fut
point lui , mais Philippe de Valois qui
JANVIER. 1763. 77
entra de la forte dans cette Eglife , &
qui fit cette offrande. L'apoftille qui eft
à la marge de ce Nécrologe , eft d'un
ftyle & d'une écriture très-moderne , &
par conféquent ne prouve rien.
Je conviens que les nouveaux Breviaires
de Paris portent : Philippus Pulcher
reverfus poftea Lutetiam , in ejufdem
Bafilicæ pronao ftatuamfuam equeftrem
, eamque armatam coram Beatæ
Virginis imagine , in perenne collati beneficii
monumentum , erigi voluit. Mais
dans les anciens Breviaires il n'y a que
ces mots , in Ecclefia Parifienfi , propter
commemorationem victoria Philippi Pulchri
, fit duplum. Non feulement on
n'y trouve pas les trois leçons qu'on a
faites & inférées pour Philippe le Bel
dans les nouveaux Breviaires , mais au
contraire on trouve les deux Leçons
fuivantes :
*
LECTIO QUINTA.
Quod intelligens gloriofa memoriæ
Rex Philippus Valefius , cum opitulante
Deo per merita Beata Virginis
Matris , infignem victoriam de rebellibus
Flandris obtinuiffet , quæ contigit
anno 1328 , acturus Deo & Sanc-
* Breviar. Ecclefia Parifienfis. Festa Augufti ,
anno 1584.
D iij
78 MERCURE DE FRANCE.
tæ Virgini gratias , triumphans & equitans
Ecclefiam Beata Maria Parifiis
ingreffus eft , non vaná oftentatione elatus
, fed Deo , per quem de ancipiti bello
evaferat , profunda humilitate fubjectus.
LECTIO SEXTA.
Itaque & æquum & arma in quibus
vicerat , gloriofiffimae Virgini devovit :
atque ut teftimonium tanti beneficii pofteritati
relinqueret , ftatuit ut infra octavam
affumptionis ejufdem genitricis
Dei , dies ifta duplo celebrior haberetur
, & propter affumptionis Beatæ Mariæ
folemnitatem , & propter tanta victoriæ
nullis abolendam temporibus memoriam.
On demandera fans doute pourquoi
ces changemens dans les nouveaux breviaires
? je répondrai que je n'en fais pas
la raifon ; mais que de mauvais efprits
pourroient s'imaginer qu'attendu la rente
de cent livres fondée par Philippe le
Bel , pour qu'on fit commémoration de
fa victoire , on a jugé que ce Prince méritoit
qu'on fe fouvînt de lui ; au lieu
qu'on a cru qu'on pouvoit enfin oublier
Philippe de Valois , qui n'avoit donné
àl'Eglife que fes armes & fon cheval .
Dans le récit de la bataille de Caffel
on voit que l'attaque des ennemis fut
affez foudaine & imprévue ; mais que
JANVIER. 1763. 79
cependant Philippe de Valois eut le
temps de s'armer à moitié & de monter
à cheval ; au lieu qu'à la bataille de
Mons en Puelle , Philippe le Bel fut
furpris dans fa tente & combattit à pied
jufqu'à ce que plufieurs Seigneurs étant
accourus a fon fecours , il eut le temps
de monter à cheval. Or , s'il avoit voulu
qu'on mit fa ftatue à Notre - Dame , il
n'eft pas douteux qu'il s'y feroit fait repréfenter
à pied , comme au moment
du plus grand danger , & par conféquent
le plus glorieux pour lui. Je fais
cette remarque * en réponſe à ce qu'a dit
Moreau de Mautour qui , pour foutenir fon
opinion , fe déguife à lui- même les faits .
Je crois que tout ce que je viens de
rapporter doit déterminer à changer
l'infcription nouvelle qu'on a mife à
Notre-Dame , & à y mettre : Rex Philippus
Valefius , &c. au lieu de Rex Philippus
Pulcher. D'ailleurs on a eu tort
de critiquer la fin de cette infcription
& de dire qu'il n'eft pas vraisemblable
qu'un Roi foit entré dans une Eglife
à cheval , parce que cela auroit été
trop indécent. Une pareille critique décéle
un homme peu verfé dans l'étude de
notre hiftoire & de nos anciennes moeurs
* Mém, de l'Acad. des Infcript. T. 3. p. 299.
Div
80 MERCURE DE FRANCE.
*
& coutumes ; il y auroit vu qu'au fervice
fait à S. Denis , en 1389, pour Ber
trand Duguefclin , par l'ordre de Charles
VI , les Chevaliers qui menoient le deuil
entrerent dans l'Eglife fur des chevaux
caparaçonnés de noir , & que l'Evêque
qui célébroit la Meffe , defcendit de l'Autel
après l'Evangile ; & que s'étant placé
à la porte du choeur , il reçut l'offrande
des chevaux , en leur mettant la main
fur la tête.
DISSERTATION de M. de SAINTFOIX
, au fujet de la Statue Equeftre
d'un de nos Rois , qui eft dans
l'Eglife de Notre-Dame de Paris.
M. le Préfident Heinaut dit qu'en
mémoire de la victoire que Philippe
le Bel avoit remportée fur les Flamans
à Mons en Puelle , le 18 Août
1304 , on éleva à Notre- Dame une Statue
équestre de ce Prince , & qu'il fonda
une rente de cent livres à l'Eglife
de Notre- Dame de Paris. Il y a eu ,
ajoute- t-il , des méprifes fur ce monument
que quelques Auteurs , & entr'autres
Nicole Gilles , ont attribué à Philippe
de Valois ; mais pour s'aflurer
de la vérité du fait , il n'y a qu'à lire le
Nécrologe de l'Eglife de Notre-Dame
de Paris , ainfi que la fixiéme Leçon
du Breviaire de Paris , où il eft fait
commémoration de cette victoire au 18
I. Vol.
D
74 MERCURE DE FRANCE.
Août , jour auquel fe donna la bataille
de Mons en Puelle , au lieu que celle
de Caffel, fe donna le
23 Août.
M. Le Préfident Heinaut ne s'eft
pas
fans doute fouvenu qu'un Hiftorien ,
témoin oculaire & qui a écrit l'hiſtoire
de fon temps depuis 1301 jufqu'en
1340 , en parlant de Philippe le Bel &
de la bataille de Mons en Puelle , dit
fimplement que ce Prince , en actions
de grâces de cette victoire , fit des fondations
à Nôtre-Dame , à S. Denis &
dans plufieurs autres Eglifes ; au lieu
que ce même Historien , en parlant
de Philippe de Valois & de la bataille
de Caffel , dit que Philippe de Valois ,
à fon retour en France , alla à S. Denis
& enfuite à Nôtre-Dame de Paris , où
il monta fur le même cheval & fe fit
armer des mêmes armes qu'il avoit
dans le combat , & les préfenta en offrande
à la Sainte Vierge : Rex vere
(Philippus ** Valefius ) in Francia exiftens
, beatum Dionifuum primitus devote
& humiliter vifitavit , & poftea ivit Parifios
, & Ecclefiam Beatæ Mariæ ingreffus
coram imagine eifdem armis
quibus in bello armatus fuerat , fe armari
fecit & fuper equum cui exiftenti
* Continuat. Guill . de Nangis , p. 61.6.
** Continuat. Guill, de Nangis , p . 737•
JANVIER. 1763. 75
in bello infederat , afcenfus , Bear
Mariæ cui fe in hoc belli periculo facturum
dona voverat , Ecclefiæ ejufdem
arma & equum deferens , devotiffime
præfentavit , eidem de tanti evafione periculi
gratias agens.
On prétend que s'il y a dans quelques
manufcrits ivit Parifios , il y a dans
d'autres ivit Carnutum , c'est-à-dire à
Chartres , & que ce fut dans l'Eglife de
Chartres que Philippe de Valois entra à
cheval , & fit l'offrande de fon cheval
& de fes armes , comme Philippe le Bel
avoit fait vingt- quatre ans auparavant
dans l'Eglife Cathédrale de Paris . Mais
eft-il naturel que l'Hiftorien contemporain
de ces deux Princes,ayant rapporté
l'action de Philippe de Valois , n'eût pas
parlé de la même action faite par Philippe
le Bel , fur- tout lorfqu'il fait mention
des fondations que fit Philippe le
Bel en mémoire & reconnoiffance de
la victoire qu'il avoit remportée à Mons
en Puelle ?
Joignons à ce témoignage de l'hiftorien
contemporain , celui d'un manufcrit
qui paroît être de 1360 , cotté H ,
numero 22 , & faifant partie des manufcrits
que le Chapitre de Notre-Dame
a donnés au Roi : il y eft dit que Phi-
Dij
76 MERCURE DE FRANCE.
>
lippe de Valois , après la bataille de Caffel
, l'an 1328 , entra tout arméfurfon
deftrier en l'Eglife de Notre- Dame de
Paris & lui offrit ledit cheval & fes
armes en oblation , la remerciant de la
victoire qu'il avoit obtenue par fon interceffion
; & que la repréfentation dudit
Roi eft affife fur deux piliers devant l'image
de ladite Dame , en la Nef de ladite
Eglife.
On peut encore ajouter à ces autorités
, celle des grandes Chroniques de
France , manufcrit de l'an 1380 : elles
difent que Philippe de Valois monta fur
fon deftrier , & ainfi entra dans l'Eglife
de Notre-Dame de Paris , & très - dévotement
la remercia , & lui préfenta ledit
cheval fur lequel il étoit monté , & toutes
fes armures.
Á l'égard du Nécrologe de l'Eglife A
de Nôtre- Dame de Paris , il y eft fimplement
parlé d'une fondation de cent livres
de rente , faite par Philippe le Bel en
actions de graces de la victoire qu'il
avoit remportée à Mons en Puelle ; &
comme il n'y eft point dit que ce Prince
entra dans l'Eglife de Notre - Dame à
cheval , & qu'il fit l'offrande de fon
cheval & de fes armes à la Vierge
c'eft encore une preuve que ce ne fut
point lui , mais Philippe de Valois qui
JANVIER. 1763. 77
entra de la forte dans cette Eglife , &
qui fit cette offrande. L'apoftille qui eft
à la marge de ce Nécrologe , eft d'un
ftyle & d'une écriture très-moderne , &
par conféquent ne prouve rien.
Je conviens que les nouveaux Breviaires
de Paris portent : Philippus Pulcher
reverfus poftea Lutetiam , in ejufdem
Bafilicæ pronao ftatuamfuam equeftrem
, eamque armatam coram Beatæ
Virginis imagine , in perenne collati beneficii
monumentum , erigi voluit. Mais
dans les anciens Breviaires il n'y a que
ces mots , in Ecclefia Parifienfi , propter
commemorationem victoria Philippi Pulchri
, fit duplum. Non feulement on
n'y trouve pas les trois leçons qu'on a
faites & inférées pour Philippe le Bel
dans les nouveaux Breviaires , mais au
contraire on trouve les deux Leçons
fuivantes :
*
LECTIO QUINTA.
Quod intelligens gloriofa memoriæ
Rex Philippus Valefius , cum opitulante
Deo per merita Beata Virginis
Matris , infignem victoriam de rebellibus
Flandris obtinuiffet , quæ contigit
anno 1328 , acturus Deo & Sanc-
* Breviar. Ecclefia Parifienfis. Festa Augufti ,
anno 1584.
D iij
78 MERCURE DE FRANCE.
tæ Virgini gratias , triumphans & equitans
Ecclefiam Beata Maria Parifiis
ingreffus eft , non vaná oftentatione elatus
, fed Deo , per quem de ancipiti bello
evaferat , profunda humilitate fubjectus.
LECTIO SEXTA.
Itaque & æquum & arma in quibus
vicerat , gloriofiffimae Virgini devovit :
atque ut teftimonium tanti beneficii pofteritati
relinqueret , ftatuit ut infra octavam
affumptionis ejufdem genitricis
Dei , dies ifta duplo celebrior haberetur
, & propter affumptionis Beatæ Mariæ
folemnitatem , & propter tanta victoriæ
nullis abolendam temporibus memoriam.
On demandera fans doute pourquoi
ces changemens dans les nouveaux breviaires
? je répondrai que je n'en fais pas
la raifon ; mais que de mauvais efprits
pourroient s'imaginer qu'attendu la rente
de cent livres fondée par Philippe le
Bel , pour qu'on fit commémoration de
fa victoire , on a jugé que ce Prince méritoit
qu'on fe fouvînt de lui ; au lieu
qu'on a cru qu'on pouvoit enfin oublier
Philippe de Valois , qui n'avoit donné
àl'Eglife que fes armes & fon cheval .
Dans le récit de la bataille de Caffel
on voit que l'attaque des ennemis fut
affez foudaine & imprévue ; mais que
JANVIER. 1763. 79
cependant Philippe de Valois eut le
temps de s'armer à moitié & de monter
à cheval ; au lieu qu'à la bataille de
Mons en Puelle , Philippe le Bel fut
furpris dans fa tente & combattit à pied
jufqu'à ce que plufieurs Seigneurs étant
accourus a fon fecours , il eut le temps
de monter à cheval. Or , s'il avoit voulu
qu'on mit fa ftatue à Notre - Dame , il
n'eft pas douteux qu'il s'y feroit fait repréfenter
à pied , comme au moment
du plus grand danger , & par conféquent
le plus glorieux pour lui. Je fais
cette remarque * en réponſe à ce qu'a dit
Moreau de Mautour qui , pour foutenir fon
opinion , fe déguife à lui- même les faits .
Je crois que tout ce que je viens de
rapporter doit déterminer à changer
l'infcription nouvelle qu'on a mife à
Notre-Dame , & à y mettre : Rex Philippus
Valefius , &c. au lieu de Rex Philippus
Pulcher. D'ailleurs on a eu tort
de critiquer la fin de cette infcription
& de dire qu'il n'eft pas vraisemblable
qu'un Roi foit entré dans une Eglife
à cheval , parce que cela auroit été
trop indécent. Une pareille critique décéle
un homme peu verfé dans l'étude de
notre hiftoire & de nos anciennes moeurs
* Mém, de l'Acad. des Infcript. T. 3. p. 299.
Div
80 MERCURE DE FRANCE.
*
& coutumes ; il y auroit vu qu'au fervice
fait à S. Denis , en 1389, pour Ber
trand Duguefclin , par l'ordre de Charles
VI , les Chevaliers qui menoient le deuil
entrerent dans l'Eglife fur des chevaux
caparaçonnés de noir , & que l'Evêque
qui célébroit la Meffe , defcendit de l'Autel
après l'Evangile ; & que s'étant placé
à la porte du choeur , il reçut l'offrande
des chevaux , en leur mettant la main
fur la tête.
Fermer
Résumé : DISSERTATION de M. de SAINT-FOIX, au sujet de la Statue Equestre d'un de nos Rois, qui est dans l'Eglise de Nôtre-Dame de Paris.
Le texte aborde la controverse entourant la statue équestre d'un roi français située dans l'église Notre-Dame de Paris. M. le Président Heinaut affirme que cette statue commémore la victoire de Philippe le Bel à Mons-en-Pévèle le 18 août 1304, et qu'il a fondé une rente de cent livres pour cette église. Cependant, Nicole Gilles et d'autres auteurs attribuent cette statue à Philippe de Valois, vainqueur de la bataille de Cassel le 23 août 1328. Pour clarifier cette confusion, plusieurs sources historiques sont mentionnées. Le Nécrologe de l'église Notre-Dame de Paris et le Breviaire de Paris font référence à la victoire de Philippe le Bel. Guillaume de Nangis, un historien contemporain, décrit les actions de grâce de Philippe le Bel après Mons-en-Pévèle et celles de Philippe de Valois après Cassel, où ce dernier offrit son cheval et ses armes à Notre-Dame de Paris. Les Grandes Chroniques de France confirment que Philippe de Valois entra à cheval dans l'église Notre-Dame après la bataille de Cassel et y offrit son cheval et ses armes. Le Nécrologe de Notre-Dame mentionne seulement la fondation de Philippe le Bel sans parler d'une offrande équestre, ce qui renforce l'idée que cette action fut réalisée par Philippe de Valois. Le texte critique les modifications apportées aux nouveaux Breviaires de Paris, qui attribuent la statue à Philippe le Bel, et plaide pour une correction de l'inscription afin de refléter correctement l'hommage rendu à Philippe de Valois. Il conclut en soulignant l'importance de respecter les coutumes historiques et les témoignages contemporains pour éviter les erreurs d'interprétation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
1625
p. 80-109
ESSAI historique sur ABRAHAM DUQUESNE, Lieutenant Général des Armées Navales de France. Non ille pro patriâ timidus perire. Horat.
Début :
DE tous les Etats qui concourent à la gloire de la patrie, il n'en est point [...]
Mots clefs :
Profession des armes, Noblesse, Oisiveté, Vrai noble, Citoyen, Siècle de Louis XIV, Académie de Marseille, Héros, Courage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ESSAI historique sur ABRAHAM DUQUESNE, Lieutenant Général des Armées Navales de France. Non ille pro patriâ timidus perire. Horat.
ESSAI hiftorique fur ABRAHAM
DUQUESNE Lieutenant Général
des Armées Navales de France. ( a )
Non ille pro patriâ timidus perire.
Horat.
D
E tous les Etats qui concourent à
la gloire de la patrie , il n'en eft point
de plus utile ni de plus honorable que
la profeffion des armes. De tout temps
elle fut fpécialement dévolue à notre
Nobleffe , deſtinée par état à fervir fon
( a ) Ce Sujet a été proposé par l'Académié
de Marſeille pour la diſtribution des Prix du 25
Août 1762 .
* V. p . 2 32. & 2 33. de ce ſecond volume .
7 81
JANVIER. 1763.
Roi. Ce n'est qu'en prodiguant fon fang
qu'elle reléve fa fplendeur & s'immortalife
dans les faſtes de la postérité : elle
fe flétrit au contraire dans une honteuſe
oifiveté. Qui peut compter fans interruption
une longue fuite d'ayeux qui
ont facrifié leurs vies pour le falut de la
Patrie , fe glorifiera-t-il de fa nobleffe ,
s'il ne marche fur leurs traces dans la
carriere de l'honneur ? Qu'eft - ce en effet
qu'un grand nom fans vertus ? Un héros ,
le premier de fa race , fera toujours préféré
au Noble faftueux , qui ne fonde
fon illuftration que furfes titres. La naiffance
eft un effet du hafard ; mais la
vertu , jointe à la valeur , diftingue &
caractériſe le vrai Noble , le Citoyen &
tout bon François.
Volez, s'écrioit l'illuftre Vendôme à
fes ,foldats , volez où l'honneur vous
appelle ; fongez que vous êtes François
! ....
(b) Duquesne , nom à jamais immortel
! Duquefne , l'un des plus grands
hommes de fon fiécle , fe dévoua au
fervice de mer dès fa plus tendre jeuneffe .
(b) Abraham Duquesne nâquit en Normandie
l'an 1610 , d'une famille noble & habituée de
puis longtemps dans cette Province.
D v
82 MERCURE DE FRANCE.
Son pere (c) Abraham Duquesne , blanchit
fous les armes , connut fes talens
& les perfectionna. Ce fut fous cet
illuftre père que notre jeune héros fit fes
premieres campagnes. Ils contribuerent
T'un & l'autre par l'éclat de leurs exploits
à la gloire du fiécle de Louis XIV.
C'eſt être vraiment grand que de travailler
à la grandeur des autres ; c'eſt le
comble de l'héroïfme que de concourir à
la gloire de fon Prince & à celle de l'Etat.
(d) Sanctuaire des Mufes & des Sciences
, dépofitaire des merveilles de mon
héros , je devrois fans doute dans un
humble filence vous entendre ici , Meſfieurs
, prodiguer les juftes louanges qui
font dues à ce grand homme. C'eft dans
(c ) Abraham Duquesne , père de notre Héros ,
mâquit au Bourg de Blangi dans le Comté d'Eu ,
de parens pauvres & Calviniftes . 'S'étant retiré de
bonne heure à Dieppe , il y apprit la Carte marine
, fe mit fur les vaiffeaux , & fe rendit capable
d'être Pilote. Après avoir exercé quelque temps
cette profeffion , il paffa en Suéde , obtint une
place de Pilote dans les vaiffeaux de la Reine
Chriftine ; fut choifi enfuite par cette Princeffe
pour conduire quelques vaiffeaux en France , &
s'étant diftingué dans cette occafion , il fut fait
Capitaine de vaiffeau dans l'Armée Navale de
France.
(d) L'Auteur s'adreffe ici à l'Académie de Marfeille.
JANVIER. 1763. 83
vos ports qu'il préféra de fixer fon féjour
: c'est là qu'il employa ces jours fi
précieux de la jeuneffe à acquérir la
fcience qui fait les grands hommes. On
le voyoit toujours affidu aux écoles de
la marine , toujours attentif aux exercices
& à la manoeuvre des Matelots ;
toujours avide de s'inftruire , entrer dans
les moindres détails . Il favoit qu'on ne
doit rien ignorer dans l'état qu'on embraffe
; bien différent de cette jeuneffe
éfféminée qui néglige l'étude , & lui
préfére fans honte l'cifiveté des Cours ,
où la Nobleffe fe dégrade , où le coeur
s'amollit , où les moeurs enfin fe corrom-
-pent par l'air contagieux que fouvent
on y refpire.
Si je ne puis , à l'exemple de Duquefne
, prodiguer mon fang pour le falut
de l'Etat ; qu'il me foit du moins permis
, comme Citoyen , d'élever ma foible
voix pour immortalifer un de fes
illuftres défenfeurs. N'y auroit- il pas une
forte d'ingratitude , fi animé par l'organe
refpectable d'une des plus célébres
Académies du Royaume , on ne
confacroit pas à la gloire de ce Hiros
une partie de fes veilles , pour ajouter
de nouveaux lauriers à ceux dont il a
été couronné tant de fois ? Je connois
D vj
84 MERCURE DE FRANCE.
mon infuffifance , MM. mais j'ofe me
flatter que vous applaudirez à mon zéle.
On ne peut fe rappeller l'horrible attentat
qui plaça Louis le Jufte fur le Trône
dans un âge encore tendre. La mort
précipitée d'un Prince , l'amour de fes
Sujets & la terreur de fes Ennemis ,
laiffa l'Etat en proye au Démon de la
difcorde. Habile à profiter d'une minorité
qui devoit être longue , ce Monf
tre , le plus cruel ennemi du genre
humain , alluma le flambeau de la
guerre ; la Religion en fut le prétexte
Ipécieux , l'ambition des Grands la fe-
.conda , & l'Etat en fut la victime. Des
Puiffances voifines & formidables fembloient
mettre le comble aux malheurs
de la France menacée de toutes parts.
Richelieu ( e ) paroît : le Génie fans vigueur
& prèfque engourdi fe réveille
a fa voix ; les Arts renaiffent , la Marine
fe rétablit , & le Commerce , ce
canal précieux qui porte la circulation
& la vie dans tous les membres de l'Etat,
( e ) En 1627 le Cardinal de Richelieu fit fupprimer
la Charge d'Amiral dont étoit revêtu le
Duc de Montmorenci , & celle de Connétable vacante
par la mort de Lefdiguieres . Il fe fit créer
Chef & Surintendant Général de la Navigation
& du Commerce.
JANVIER. 1763. . 85
ranime ce corps fans chaleur & prèſque
anéanti .
Richelieu , Politique fublime , renouvelle
l'alliance avec les Hollandois
porte les premiers coups à la Maiſon
d'Autriche , ce Coloffe éffrayant , qui
faifoit trembler l'Europe ; prépare la
deftruction des Huguenots en France
& médite la prife de la Rochelle , boulevard
formidable qui fervoit d'afyle à
l'héréfie & de retraite aux Rebelles .
,
Déja la Flotte Angloife s'avance vers
l'ifle de Rhé , à la follicitation des
Rochelois & du Duc de Rohan leur
· Chef.
Quel délire n'excite pas le fanatiſme !
Le Citoyen s'arme contre le Citoyen ;
Les Grands , qui par leur naiffance &
leur rang doivent être les défenfeurs de
l'Etat , s'en déclarent les plus cruels ennemis.
Le voile facré de la Religion
couvre leur ambition démesurée : tout
leur paroît permis , dès que tout leur
paroît poffible.
Abraham Duquesne , Calviniste , demande
à ne point fervir dans l'Armée
Royale : il l'obtient ; mais fon zèle pour
la Patrie l'engage à folliciter un autre
emploi. Il fait que la différence des
fentimens ne préfcrit point contre la
86 MERCURE DE FRANCE.
fidélité qu'il a jurée à fon Roi & à l'Etat.
Ses devoirs gravés dans fon coeur
font puifés dans ces principes inébranlables
de la Religion naturelle , fondement
de toutes les autres Religions.
L'amour des François pour leur Prince
ne fut jamais pour eux une loi tyrannique:
c'eft un penchant naturel , auquel
ils fe livrent d'autant plus volontiers ,
qu'ils y attachent leur bonheur & leur
gloire.
Généreux Marfeillois ! braves François
la fidélité à votre Roi eft votre
premiere vertu. Vos premiers fentimens
font les premieres chaînes qui vous attachent
inviolablement à votre Prince :
vos premiers voeux , vos premiers defirs
furent toujours de vous facrifier mille
fois pour fon falut & pour celui de la
Patrie .
Notre brave Guerrier fe tranſporte
d'un autre côté avec fon Efcadre. Son
fils âgé de 17 ans , commandoit un vaiffeau
fous fes ordres . Sa valeur annonça
dès-lors fa future grandeur , & la
force de fon génie lui tint lieu de plus
d'expérience ; mais le Ciel dont les décrets
fon impénétrables , le priva bientôt
de ce généreux père : pris par les
Efpagnols a fon retour de Suéde , il
JANVIER. 1763 . 87
reçut
le coup
de la mort
dans
un combat
inégal
. (f)
Quel coup de foudre pour un fils
également doué d'une belle âme & d'un
coeur excellent !
Brave Duquesne : ah ! fi la Parque
cruelle a tranché le fil d'une vie fi belle
& fi glorieufe , vous revivez de nouveau
par la gloire & les exploits de ce jeune
guerrier.
(g) La furpriſe de Tréves par les Epagnols
& l'enlévement de l'Electeur
(f) Le vieux Duquesne mourut à Dunkerque
l'an 1635 , dans les fentimens de la Religion
Prétendue Réformée.
(g ) Quoique jufques- là il n'y eût point eu de
rupture ouverte entre la France & l'Espagne ,
parce que , foit en Italie , foit en Allemagne ,
les Eſpagnols ne fervoient que comme auxiliaires
, en vertu des Traités. d'alliance entre les
deux Branches de la Maiſon d'Autriche ; la prifon
de l'Electeur produifit cependant la guèrre.
qui dura depuis 1635 jufqu'à la paix des Pyrénées
& le mariage de Louis XIV. Le Cardinal
Infant , Gouverneur des Pays- Bas , ayant refufé
à ce Monarque la liberté de l'Electeur , força le
Roi à lui déclarer la guerre & à interdire tout
Commerce entre les deux Nations.
En 1637 on attaqua l'Ile de Sainte Marguerite
& de les Forts , qui furent rendus au Comte
d'Harcourt 43 jours après fa defcente dans Lifle.
Les Espagnols perdirent 1 500 hommes ; & le
jeune Duquesne fe trouva à cette attaque.
N
88 MERCURE DE FRANCE.
firent voler Duquefne aux ifles de Sainte-
Marguerite. Il en forme l'attaque. La
réfiftance opiniâtre des Affiégés ne le
rebute point ; plus elle eft vive , plus fon
activité redouble. Les difficultés femblent
ne ſe préſenter que pour ajouter
à l'éclat de fon triomphe ; & les Efpagnols
ne fe multiplient que pour aug
menter le nombre des victimes qu'il
facrifie aux mânes de fonère.
Mais ce n'eft encore ici qu'un foible
crayon de ce qu'ils avoient à craindre
de fon habileté & de fon courage. On le
voit bientôt près du Môle de Gattary (h),
attaquer une Flotte de dix-huit vaiffeaux.
Dix-fept font pris , & le dix-huitiéme
mis hors de combat.
Intrépide , il ne connoît aucun danger.
Son courage le porte à Saint-Ogue ( i ) ;
il attaque les vaiffeaux qui font dans le
port ; & ce fut dans la chaleur du combat,
que bleffé d'un coup de moufquet ,
il fit à la Patrie la premiere offrande de
ce fang précieux qu'il prodigua fi géné-
( h ) En 1638, Duquefne contribua beaucoup à
la défaite des Efpagnols devant Gattary en Bilcaye.
( i ) En 1639 , il fut bleffé dans le Port de
& Ogue.
IAN VIER. 1763.
89
reuſement dans la fuite à Tarragone (k) ,
à Barcelone ( 1) , à la prife de Perpignan
(m) , & au Cap de Gattes .
Le fang ne s'épuife jamais , fi l'on en
croit les Héros , & le courage femble
fuppléer aux forces de la nature. Plus le
fang coule , plus il devient pur ; & fi la
guèrre eft le fléau de l'humanité , elle
eft aux yeux du Héros l'école de la
valeur & le creufet de la nobleffe.
Funeſte préjugé qui ne s'accordera
jamais avec les maximes du vrai Philofophe
, qui ne regarde la guèrre que
(k ) En 1641 , la Motte- Houdancourt , Commandant
en Catalogne , après avoir pris la Ville
& le Château de Conftantin & quelques autres
Places , vint mettre le fiége devant Tarragonne.
L'Armée Espagnolle qui y étoit enfermée fouffroit
beaucoup de la difette. On fit des efforts
incroyables pour la ravitailler , ce qui donna
lieu à un combat où le Général François défit
un grand nombre d'ennemis . L'Archevêque de
Bordeaux qui bloquoit Tarragonne par mer , attaqua
41 Galéres Eſpagnolles & en prit 12. Ce
fut dans cette action que Duquesne fut encore
dangereufement bleſſé .
•
( i ) En 1642 , il reçut de nouvelles bleſſures devant
Barcelone dans le temps de la priſe de
Perpignan qui fe rendit au Roi après trois mois
de fiége.
( m ) En 1643 , il répandit fon fang à la Bataille
qui le donna au Cap de Gattes.
90 MERCURE DE FRANCE .
comme le fléau du genre humain
comme un gouffre affreux , où tant de
Héros font enfévelis , tant d'hommes
facrifiés ; moins fouvent au bien de l'Etat
qu'aux capricés des Puiffances & à
l'imprudence des Généraux !
Je vous en attefte , ombres chères à
la patrie Intrépide Bayard ! Brave
Turenne ! Vaillant Duguai-Trouin ! Illuftre
Barwik ! vous qui n'allâtes moif
fonner tant de lauriers chez les ennemis
, que pour rapporter à vos concitoyens
le précieux rameau de la Paix .
(n) Richelieu meurt , & fa mort fut
pour les Espagnols l'événement le plus
heureux ils crurent le génie de la
France abattu & enfeveli avec ce grand
homme mais quelle furprife ! Louis le
Grand monte fur le Trône , & le génie
du gouvernement s'affied à côté du
Monarque. Nouvel Augufte ; fon fiécle
fut celui des Sciences & des beaux Arts :
il produifit ces grands hommes
ces
hommes immortels , dont les noms célébres
pafferont d'âge en âge , & feront
( n .) Les Espagnols furent battus prèfque partout
cette année. Le Maréchal de la Motte en
Catalogne conferva toujours fur eux la fupériorité
, & fit échouer toutes leurs entrepriſes.
JANVIER. 1763. 91
l'admiration de la postérité la plus reculée
.
(o) Duquefne part pour la Suéde ; fon
nom y eft connu ; fa réputation le précéde.
Les exploits fameux & les fervices
fignalés de fon illuftre père étoient profondément
gravés , ( non für des monumens
que le temps peut détruire , ou que
fouvent la flatterie éléve moins au mérite
qu'à l'orgueil des mortels & au faſte
de la décoration ; ) mais dans les coeurs
des Suédois , monumens plus fincères
& plus folides. Le Peuple , dont le fuffrage
n'eft point équivoque , accourt en
foule , fait éclater fa joie ; joie toujours
pure & véritable , lorfqu'elle a pour objet
le mérite d'un grand homme.
Bien différent de ces Guerriers qui
paffent dans le fein des plaifirs , &
dans les douceurs d'un indigne repos
(o ) En 1644 , Duquefne alla fervir en Suéde. Il
fut fait d'abord Major-Général de l'Armée Navale
, enfuite Vice- Amiral . C'est en cette qualité
qu'il fervoit le jour de la fameufe bataille où les
Danois furent entierement défaits. Il aborda lui
deuxième leur Vaiffeau Amiral appelé la Pctience.
Le Général Danois fut tué. Le Roi de
Dannemarck eût été fait prifonnier , fi ce Prince
bleffé à l'oeil d'un éclat de bois près d'un canon
qu'il pointoit , n'eût été obligé de fortir de
ee Vaiffeau la veille de l'action.
92 MERCURE DE FRANCE.
à
le loifir que leur laiffe la Patrie ; ce
fut pour l'employer utilement que vous
paffâtes au fervice de la Suéde , invincible
Duquesne ! Qui connut jamais
mieux que vous le prix du temps ? Qui
jamais mieux que vous , fçut le mettre
profit ? Ce temps finéceffaire peut-être
à votre repos , en même -temps fi utile
& fi glorieux à la Patrie , vous le deftinez
à fecourir les Suédois nos fidéles
Alliés , & à les garantir de l'injufte
ufurpation des Danois. Les titres éclatans
qui font l'appanage du vrai mérite
, qui jamais ne furent fufpects ,
lorfqu'ils font donnés par une Nation
étrangère , vous font juftement prodigués.
Nommé Vice Amiral , vous fervîtes
en cette qualité à la fameufe journée
où les Danois furent défaits.
Déja les deux Flottes font en préfence
mille bouches d'airain vomiffent
la foudre & la mort. Un jour artificiel
inventé par la fureur des hommes,
femble cacher aux combattans ce jour
doux & bienfaifant qui éclaire la nature.
Les vaiffeaux s'élancent contre les vaiffeaux.
Mille débris éclatans obfcurciffent
l'air , & font dans le même inf
tant engloutis dans les eaux. De tristes
lambeaux de malheureux couvrent la
JANVIER. 1763. 93
Turface des mers. Le défordre fe met
dans l'Armée Danoife . La confufion des
Matelots , le cris des Officiers , le découragement
des foldats , tour lui annonce
une prompte défaite.
D'un autre côté , le bon ordre fe
maintient dans l'Armée Suédoife. La
bonne contenance des Officiers éxcite
la confiance du Matelot , occupé à la
manoeuvre. Duquefne fe fignale on
croiroit à le voir que la victoire eft à fes
ordres. Au-deffus de toute crainte , il
fend les flots ; & fe faifant jour à travers
la flotte ennemie , il aborde lui
deuxième le vaiffeau Amiral. Il s'élance
au milieu du fang & du carnage . Le
choc eft furieux ; mais rien ne réfifte à
l'ardeur de fon courage. Son bras invincible
porte par-tout la mort. Le Général
Danois tombe fous fes coups : il
fe rend maître du vaiffeau. Le vaincu
implore la clémence du vainqueur , &
le Roi lui-même eût fubi le même fort ,
fi un événement inopiné n'eût ravi à
Duquefne cette illuftre conquête.
(p ) La Suéde étonnée retentiffoit des
(p) En 1647 il fut rappellé en France & commanda
cette année & la fuivante une des Eſcadres
qui furent envoyées à l'expédition de Naples. Le
Roi d'Espagne battu de tous côtés , voyoit avec
94 MERCURE DE FRANCE.
louanges de mon Héros , lorfqu'il fut
rappellé en France. La voix de fa Patrie
fe fait entendre il ne délibére
>
chagrin le Rouffillon & la Catalogne entre les
mains des François. Naples révoltée contre lui ,
venoit de fe donner au Duc de Guife . Celui- ci ,
qui ne paffa que pour un Avanturier audacieux ,
parce qu'il ne réuffit pas , avoit eu du moins la
gloire d'aborder feul dans une barque au milieu
de la Flotte Efpagnole , & de défendre Naples
fans autre fecours que fon courage.
La Sicile depuis le temps des Tyrans de Syracufe
, a toujours été fubjuguée par des Etrangers;
affervie fucceffivement aux Romains , aux Vandales
, aux Arabes , aux Normans , fous le val
felage des Papes , aux François , aux Allemands ,
aux Efpagnols : haïllant prèfque toujours fes
maîtres , le révoltant contre eux , fans faire de
véritables efforts dignes de la liberté , & éxcitant
continuellement des féditions pour changer de
chaînes .
En 1674 , les Magiftrats de Meffine venoient
d'allumer une guèrre civile contre leurs Gouverneurs
& d'appeller la France à leur fecours. Une
Flotte Efpagnole bloquoit leur port ; ils étoient
réduits aux extrémités de la famine..
En 1675 , le Chevalier de Valbelle vint d'abord
avec quelques Frégates à travers la Flotte
Efpagnole. Il porta à Meffine des vivres , des årmes
& des foldats. Ayant enfuite tenté d'y conduire
un nouveau fecours , les Galéres Eſpagnoles
& quelques Vaiffeaux Hollandois entreprirent
de lui difputer l'entrée du canal. Il y eut un combat
; le paffage fut forcé , & le convoj arriva heureufement,
JANVIER. 1763 .
point ; il s'arrache à la gloire & aux
applaudiffemens pour voler à ſon ſecours.
Il eft auffi -tôt chargé du commandement
de l'Efcadre deſtinée a l'expédition
de Naples. Puiffe tout François
, à l'exemple de ce grand homme
facrifier les intérêts les plus chers à l'amour
de fon devoir !
où
La France déchirée par les guerres
civiles fous les Régnes des Valois ,
Régne malheureux , où l'ambition des
Grands & la fureur des Hérétiques la
mirent à deux doigts de fa perte ,
l'enthouſiaſme aveugle du fanatiſme
infpiroit les plus éxécrables maximes.
La France , dis- je , dans ces temps de
troubles & d'horreurs , n'avoit pu entretenir
fa Marine ; fon rétabliffement
étoit dû à la fage prévoyance de Richelieu
.
Mazarin dont les vues furent moins
étendues , la négligea. Il étoit réſervé
au généreux Duquesne de la réparer
par fon défintéreſſement.
Vrai citoyen , il penfe que fon patrimoine
eft celui de l'Etat. Général vertueux
, la gloire de le fervir eft l'unique
récompenfe qu'il ambitionne. Il arme à
fes frais plufieurs vaiffeaux. Il vole au
fecours de l'Armée Royale , qui tenoit
96 MERCURE DE FRANCE.
bloquée la ville de Bourdeaux . Il eft
rencontré par une Efcadre,Angloife. On
veut lui faire baiffer pavillon : c'est ici
que l'orgueil peut être une vertu dans
les Héros. Son courage dicte fon refus.
Le combat s'engage, & il y eft dangereufement
bleffé. Il fe retire glorieufement ,
quoiqu'avec des forces inégales. Obligé
de s'arrêter à Breft pour faire radouber
fes vaiffeaux , il revole à Bourdeaux
fans attendre l'entière guérifon de fes
bleffures . La Flotte Efpagnole arrive
en même temps que lui dans la rivière :
elle s'oppose à fon paffage. La barrière
eft forcée : il entre en préfence des Efpagnols
, & fa belle manoeuvre oblige la
ville de fe rendre.
Anne d'Autriche , Régente du Royaume
, qui n'ignoroit pas que ces fuccès
n'étoient dûs qu'à la valeur & à la générofité
de Duquesne , crut qu'il étoit
de fa gloire de le récompenfer : elle lui
donna le château & l'ifle d'Indred , qui
étoient du Domaine de Sa Majeſté.
Ce n'eft que par les bienfaits qu'on
réuffit à s'attacher les hommes. Le feul
efpoir d'une récompenfe glorieufe peut
produire des Héros. La fage politique
d'un Etat eft de favoir les multiplier par
un appas fi juſte & fi raiſonnable.
Deux
JANVIER . 1763 . 97
- Deux Provinces envahies par les François
font trembler le Roi Catholique
pour le refte de fes Etats. Naples révoltée
contre fon Souverain ; les Siciliens ,
peuple inconftant , venoient de fe donner
au Duc de Guife , dernier Prince
de cette branche d'une Maifon fi féconde
en hommes illuftres , mais dangereux
.
(9 ) Le Roi d'Espagne eft contraint
par la révolte de Meffine d'implorer le
( q ) En 1676 , l'Efpagne appella les Hollandois
pour défendre la Sicile. Rhuiter fut chargé
de cette expédition. Les François qui réunis aux
Anglois , n'avoient pu battre les flottes de la
Hollande , l'emporterent feuls fur les Hollandois
& les Elpagnols . Le Duc de Vivonne obligé
de refter dans Meffine , pour contenir le Peuple
déja mécontent de les défenfeurs , laiffa donner
cette bataille par Duquesne , Lieutenant- Général
des Armées Navales ; homme auffi fingulier que
Rhuiter, parvenu comme lui au commandement
par fon mérite .
Rhuiter dont la mémoire eft encore dans la
plus grande vénération en Hollande , avoit commencé
par être Valet & Mouffe de Vaiſſeau ; il
n'en fur que plus refpectable. Le Confeil d'Elpagne
lui donna le Titre & les Patentes de Duc ,
dignité frivole pour un Républicain. Ces Patentes
n'arriverent qu'après la mort . Les enfans de
Rhuiter refuferent ce Titre fi brigué dans nos
Monarchies , mais qui n'eſt pas préférable au nom
de bon Citoyen ..
I. Vol. E
98 MERCURE
DE FRANCE .
fecours des Hollandois fes anciens ennemis.
Rhuiter , le fameux Rhuiter , un
des plus grands hommes de fon fiécle
à la tête d'une Efcadre de vingt-trois
vaiffeaux , joint l'Efcadre Efpagnole ,
compofée de vingt.
C'est contre ces forces formidables
que Duquesne devenu Lieutenant Général
des Armés Navales, va combattre.
C'est ici que l'éloge de mon Héros
va devenir plus intéreffant ; c'eft ici
que l'étendue de fon génie , fon activité
, fa valeur vont paroître dans tout
leur jour ; c'eft contre Rhuiter enfin
contre le Capitaine de fon fiécle qui jouiffoit
de la plus haute réputation , que l'Europe
étonnée admire fa fupériorité .
Toulon le voit partir à la tête de 20
vaiffeaux, efcortant un grand convoi de
munitions pour Meffine. Un pareil
nombre de vaiffeaux s'offre à fa rencontre
à la vue de Stromboli ; c'eft
Rhuiter qui les commande. Duquesne
attaque , Rhuiter plie. Preuilli , qui
commande l'avant- garde , charge celle
des Hollandois , la met en défordre , &
Duquefne fait entrer fon convoi dans
Meffine .
Les Flottes combinées d'Efpagne &
de Hollande font voile vers Agofta
JANVIER . 1763 . 99
dans l'efpérance qu'il s'y feroit quelques
mouvemens en leur faveur. L'Efcadre
Françoife fort du Port de Meffine pour les
combattre. Duquefne découvre les ennemis
à travers le Golfe de Catane. Les
Efpagnols & les Hollandois viennent à
lui avec l'avantage du vent ; avantage
qui décide prèfque toujours des combats
de Mer. Rhuiter fond fur la Flotte Françoife
; il eft repouffé avec perte & attaqué
lui-même. C'est là que nos deux
Généraux mettent en ufage tout ce que
la valeur & la prudence , tout ce que
la fupériorité du génie & la préfence
d'efprit peuvent fuggérer aux grands
Hommes. On les voit attentifs à profiter
de leurs avantages , ou à réparer
leurs pertes , donner des ordres à propos
& avec intelligence, fe porter aux endroits
où leur préfence eft néceſſaire :
nul danger ne les étonne : Ruither &
Duquefne fe multiplient ; on les voit
fur tous les vaiffeaux diriger la manouvre
, animer les foldats par leur exemple ,
voler au fecours des foibles & encourager
les forts. Les Galères d'Efpagne
dégagent quatre de leurs vaiffeaux qui
étoient fur le point d'être pris. Rhuiter
dans la chaleur de l'action , reçoit le
coup de la mort ; il tombe ; & LOUIS
E ij
100 MERCURE DE FRANCE.
LE GRA ND en eft affligé. En vain des
Courtisans lui difent qu'il eft défait d'un
Ennemi redoutable : rien , dit - il , ne
peut empêcher d'être fenfible à la mort
d'un grand Homme.
Je dois ajouter à la gloire de mon
Héros le témoignage authentique que
lui rendit Rhuiter dans les différentes
actions qu'il eut à foutenir contre les
François il difoit franchement qu'il
ne craignoit que Duquefne. Les grands
Hommes fe rendent juftice : la jaloufie ,
vice des âmes baffes , ne peut offufquer
leur raifon , ni corrompre leur coeur.
Durquefne toujours infatiguable, pourfuit
les deux Flottes , les attaque pour
la troifiéme fois , & aucun vaiffeau ne
ne lui eût échappé , fi les ombres de
la nuit & le Port de Syracufe ne les
euffent mis à couvert.
LOUIS ( r) donne la paix à l'Europe;
(* ) Le Roi d'Angleterre ayant commencé la
guerre pour l'intérêt de la France , étoit fur le
point de fe liguer avec le Prince d'Orange qui
venoit d'époufer fa niéce . Louis XIV. donna la
paix à l'Europe . Les Ennemis licentierent leurs
troupes extraordinaires ; il garda les fiennes ,
fis en quelque forte de la paix un temps de conquêtes.
Depuis Charlemagne on n'avoit vu aucun
Prince agir ainfi en' Maître , en Juge des Souve-
#ains , & conquérir des Pays par des Arrêts. La
&
"
JANVIER. 1763 . ΙΟΥ
il en préfcrit lui - même les conditions
en Vainqueur. Pour affurer le repos de
fes Peuples , & contenir fes Ennemis
dans le refpe &t & la crainte , ce Monarque
porte fa Marine au- delà des efpérances
de la France , & de l'Europe
étonnée . Soixante mille matelots font à
fa folde ; & des Loix auffi fages que
févères préfcrivent à ces hommes groffiers
les régles de leurs devoirs . Des
fommes immenfes font employées à
conftruire le Port de Toulon fur la
Méditérannée , celui de Breft , de Dunkerque
, du Havre - de - Grace & de Rochefort
fur l'Océan . L'école de la Marine
eft inftituée dans ces différens
Ports. Une foule de jeune nobleſſe vient
s'inftruire auprès des grands Hommes
que le mérite a défignés pour maîtres.
( s ) Le Roi avoit plus de cent vaifpuiffance
formidable de ce Monarque qui s'étendoit
ainfi de tous côtés , & acquéroit pendant la
paix plus que fes prédéceffeurs n'avoient acquis
par la guerre , réveilla les allarmes de l'Europe.
L'Empire , la Hollande , la Suéde même , firent
un traité d'affociation . Les Anglois menacerent.
Les Eſpagnols voulurent la guèrre . Le Prince d'Orange
remua tout pour l'allumer ; mais aucune
de ces Puiſſances n'ofa porter les premiers coups.
(s) En 1681 Duquefne attaqua les Tripolitains ,
& les obligea à conclure une paix très- glorieufe
E iij
102 MERCURE DE FRANCE .
>
feaux de ligne ; ils ne reftoient pas oififs
dans fes Ports. Ses Efcadres fous le
commandement de Duquefne nettoyoient
les Mers infectées par les Corfaires
d'Alger & de Tripoli. Notre Hé
ros à la tête de fix vaiffeaux va jufques
dans le Port de Chio attaquer les Tripolitains
; & le Capitan Bacha ne peut
avec quarante Galéres les mettre à l'abri
des foudres du Général François . Ces
Africains fe foumettent & n'obtiennent
la paix qu'à la prière & par l'entremife
du Grand- Seigneur.
( t ) LOUIS veut fe venger d'Alger.
>
pour la France. Ils rendirent un Vaiffeau François
qu'ils avoient pris , tout le canon , les armes
tout l'équipage , & un très-grand nombre de
Chrétiens qu'ils avoient fait esclaves.
(t ) En 1683 Louis XIV. fe vengea d'Alger
avec le fecours d'un art nouveau , dont la découverte
fut due à cette attention qu'il avoit d'exciter
tous les génies de fon fiécle. Cer art funeſte ,
mais furprenant , eft celui des galiotes a bombes ,
avec lesquelles on peut réduire des villes mariti
mes en cendres. Bernard Renaud , plus connu
fous le nom du Petit Renaud , fut l'auteur de
cette invention . Ce jeune homme , fans avoir jamais
fervi fur les vaiffeaux , étoit cependant par
fon génie un excellent Marin . Colbert , qui déterroit
le mérite dans l'obfcurité , l'avoit fouvent
appellé au Confeil de marine , même en préfence
du Roi. C'étoit par les foins & fur les lu
JANVIER. 1763. 103
Duquesne attaque ces Corfaries , brûle
leurs vaiffeaux , confume une partie de
la Ville par le moyen d'une forte d'artillerie
jufqu'alors inconnue & qui par
la fuite fera un des plus terribles fléaux
de l'humanité. Ce Monarque généreux
dont la grande âme fçavoit toujours
mettre des bornes à ſa vengeance , avoit
mieres de Renaud que l'on fuivoit depuis peu une
méthode plus réguliére & plus facile pour la conftruction
des vailleaux . Il ofa propofer dans le
Confeil de bombarder Alger avec une Flotte. On
n'avoit pas d'idées que des mortiers à bombes
puffent n'être pas polés fur un terrein folide. La
propofition révolta Il éffuya les contradictions &
les railleries que tout inventeur doit attendre ;
mais fa fermeté & cette éloquence qu'ont d'ordinaire
les hommes frappés de leurs inventions
déterminérent le Roi à permettre l'élai de cette
nouveauté . Renaud fit conftruire cinq vaiffeaux
plus petits que les vaiffeaux ordinaires mais plus
forts de bois , fans ponts , avec un faux tillac à
fonds de cale , fur lequel on maçonna des creux ,
où l'on mit les mortiers. Il partit avec cet équipage
fous les ordres de Duquefne , qui étoit chargé
de l'entrepriſe. Ce Général & les Algériens
furent étonnés de l'effet des bombes . Outre deux
vaiffeaux de ces Corfaires qu'il brula , le feu des
bombes confuma une partie de la ville : mais cet
art porté bientôt chez les autres Nations , ne fervit
qu'à multiplier les calamités humaines . La Marine
ainfi perfectionnée en peu d'années , étoir
le fruit des foins du grand Colbert.
E iv
104 MERCURE DE FRANCE.
épargné les Algériens. Ces Corfaires infolens
s'en prévalurent & le contraignirent
de les punir de nouveau. Il fit
bombarder leur Ville pour la feconde
fois l'année fuivante. Le dommage fut
très- confidérable dans cette Capitale.
Les Vaiffeaux & les Galéres furent pris,
brûlés ou coulés à fond ; un grand
nombre de maifons renverfées , des
magafins ruinés. La néeeffité leur fir
demander la paix. LOUIS la leur accorda.
On éxigea pour préliminaires de
rendre fans rançon plus de fix cens Chrétiens
efclaves , & de payer une fomme
d'argent , punition dure & fenfible
pour des Corfaires ! Tunis & Tripoli
firent à leur exemple les mêmes foumiffions
.
(u) Gênes avoit vendu des munitions
( u ) En 1684 , la République de Gênes ayant
refufé de ſe ſoumettre aux ordres de Louis XIV ,
& comptant trop fur le fecours de l'Eſpagne , ſe
vit fur le point d'être détruite de fond en comble
par l'effet des bombes. Elle fut forcée de céder.
Le Roi exigea que le Doge & quatre principaux
Sénateurs vinffent implorer fa clémence
dans fon Palais de Verſailles ; & de peur que
les Génois n'éludaffent la fatisfaction
dérobaffent quelque chofe à fa gloire , il voulut
que le Doge qui viendroit lui demander pardon,
& ne
JANVIER. 1763 . 105
+
de guèrre aux Algériens . Elle conftruifoit
quatre Galéres pour l'Espagne .
Le Monarque François lui défend par
fon Envoyé de les lancer à l'eau , &
la menace d'un châtiment prompt
& rigoureux fi elle refufe de fe foumettre
à fes volontés. Les Génois irrités
de cette entréprife fur leur liberté ,
n'y eurent aucun égard. Duquesne fort
de Toulon à la tête de 14 Vaiffeaux ,
20 Galéres , 10 Galiotes a bombes &
plufieurs Frégates. Il fe préfente devant
Gênes . Les 10 Galiotes y jettent
quatorze mille bombes & réduifent en
cendres une partie de fes Palais. Quatre
mille foldats débarquent , & portent le
fer & le feu dans les fauxbourgs. Le
Génois effrayé craint la ruine totale de
fes Etats. Ces fiers Républicains humiliés
par des progrès fi rapides , députent
fût continué dans fa Principauté , malgré la loi
perpétuelle de Gênes , qui ôte cette dignité à tout
Doge abfent un moment de la Ville . Le Doge
arriva a Verſailles le 22 de Février 1685 , demanda
pardon au Roi . Cegrand Prince , qui dans
toutes les actions de fa viejoignoit la politeffe à la
dignité , traita de Doge & les Senateurs avecautant
de bonté que de fafte. Ses Miniftres leur firent fentir
plus de fierté. Aufli le Doge difoit : Je Roi ôte à
nos coeurs la liberté , mais les Miniftres nous la
rrendent.
Ew
106 MERCURE DE FRANCE.
le Doge avec quatre Sénateurs , pour
aller demander pardon au Roi . Ils fe
rendent à Verfailles. Le Monarque , qui
favoit que la véritable grandeur confifte
particuliérement à oublier les injures ,
paroît fatisfait , les reçoit avec bonté ,
& les traite avec magnificence.
L'hiftoire des temps femble terminer
à ce dernier trait les glorieux exploits de
mon héros. Je finirai fon éloge par l'apologie
de fon coeur , auffi recommandable
par fon défintéreffement
noble & fublime par fes vertus .
> que
J'en appelle au témoignage de l'Afie ,
de l'Afrique & de l'Europe . Quelle foule
de témoins de fa valeur & de fon âme
bienfaifante ! Des Chrétiens arrachés à
l'esclavage viennent dans les tranſports
de la joie la plus pure , pénétrés des fentimens
de la plus vive reconnoiffance
baifer ces mains généreufes qui ont brifé
leurs fers.
O Duquefne ! à quels fentimens délicieux
ton âme ne fe livroit- elle pas ,
en voyant couler ces larmes précieufes
que la grandeur de cette action , que
l'héroïsme de la vertu , que l'amour de
l'humanité & l'admiration font répandre
! Qu'il eft glorieux pour toi de régner
ainfi fur les coeurs & de te les
JANVIER. 1763. 107
attacher par les bienfaits ! On t'offre
des rançons ; ton âme généreufe en
eft offenfée . Toute la récompenfe que
ton grand coeur ambitionne eft le feul
plaifir du bienfait .
(x) Duquefne arrive à la Cour. Son
nom vole de bouche en bouche . Il
perce la foule des Courtifans , il pénétre
jufqu'au Roi . Il lit dans fes yeux
pleins de majefté qu'il a gagné l'eftime
de fon Maître ; & c'eft la feule récompenfe
à laquelle il afpire : mais
LOUIS dont la grande âme ne laiffa
jamais le mérite & les fervices fans récompenfe
, lui donna & à fa poftérité
, comme un monument éternel de fa
bienveillance , la terre Dubouchet qu'il
érigea en Marquifat.
Duquefne en ceffant de combattre ,
n'en fert pas moins la Patrie . Dans une
retraite honorable , il forme des voeux
(x) Le Roi qui honoroit Duquesne d'une eftime
particuliere pour fon mérite , ne pouvant à cauſe
de la religion qu'il profelloit , le récompenfer
avec tout l'éclat qu'il auroit fouhaité , n'a pas
laiffé de lui donner & à fa poftérité une marque
de fa bienveillance , en lui faifant don de la Tèrre
Du bouchet , qui eft une des plus belles du Royaume
, fituée auprès d'Etampes. Il l'érigea en Marquifat
, lui ôta fon premier nom , & lui donna
celui de Duquefae.
E vj
108 MERCURE DE FRANCE.
pour fon Prince , & pour l'Etat. Adoré
de fa Famille , il inftruit fes enfans &
leur apprend à marcher fur fes traces.
Témoin de leur valeur & de l'éclat de
leurs exploits , il fe voit convaincu que
fon fang illuftre ne pouvoit dégénérer.
Quels motifs de confolation pour ce
refpectable Guerrier dans un âge où
les infirmités fe multiplient , où la fenfibilité
augmente , où les organes d'un
corps épuifé s'affaiffent & fe détruifent.
Il attend la mort avec affurance ; il envifage
avec fermeté le terme de fa carrière.
(y ) Duquesne meurt enfin ; il meurt
( yCe grand homme qui étoit né Calvinifte ,
mourut dans la même créance , à Paris , le 2 Février
1688 , après avoir vêcu 78 ans avec une
vigueur & une fanté extraordinaire . Son coeur
fut porté dans le Temple de la Ville d'Aubonne ,
dans le canton de Berne en Suiffe , où fon fils aîné
Henri Duquesne , Baron du lieu , lui fit placer
une épitaphe. Il avoit époufé Gabrielle de Bernière
, dont il a laiffé quatre fils.
Henri , l'aîné de fes enfans , formé aux armes
dès fa plus tendre jeuneffe , s'y est toujours diftingué.
Conftamment attaché à la Religion Proteftante
, il fe retira dans une Tèrre qu'il avoit
acquife en Suiffe , avec la permiffion du Roi. Il
mourut à Genève le 11 Novembre 1722 , âgé de
près de 71 ans , eftimé , aimé & regretté de tous
ceux qui le connoilloient.
JANVIER. 1763 . rog
•
en héros il emporte dans le tombeau
les pleurs de fa famille , les juftes regrets
de la France , & l'eftime de l'Europe
entiere .
DAGUES DE CLAIRFONTAINE.
Le fecond, Abraham , Capitaine de Vaiffeau ,
fe fignala auffi en plufieurs occafions importantes
. En 1683 , il prit & emmena à Toulon le
Prince de Montefarchio , Général de l'Armée Efpagnole
, & en 1684 dans la defcente de Gênes ,
il foutint le bataillon qu'il y commandoit avec
beaucoup de valeur.
Le troifiéme , Ifaac , & le quatrième , Jacob ,
furent des Officiers très recommandables par
leur mérite & leur courage.
Duquesne avoit auffi plufieurs frères , qui font
tous morts dans le Service. L'un d'eux , Capitaine
de Vaiffeau , fut tué d'un coup de canon. Il
laiffa un fils , Duquefne Monier , qui après s'être
Egnalé en diverses occafions , & avoir eu un bras
emporté , fut fait Chef d'Eſcadre en 1705.
DUQUESNE Lieutenant Général
des Armées Navales de France. ( a )
Non ille pro patriâ timidus perire.
Horat.
D
E tous les Etats qui concourent à
la gloire de la patrie , il n'en eft point
de plus utile ni de plus honorable que
la profeffion des armes. De tout temps
elle fut fpécialement dévolue à notre
Nobleffe , deſtinée par état à fervir fon
( a ) Ce Sujet a été proposé par l'Académié
de Marſeille pour la diſtribution des Prix du 25
Août 1762 .
* V. p . 2 32. & 2 33. de ce ſecond volume .
7 81
JANVIER. 1763.
Roi. Ce n'est qu'en prodiguant fon fang
qu'elle reléve fa fplendeur & s'immortalife
dans les faſtes de la postérité : elle
fe flétrit au contraire dans une honteuſe
oifiveté. Qui peut compter fans interruption
une longue fuite d'ayeux qui
ont facrifié leurs vies pour le falut de la
Patrie , fe glorifiera-t-il de fa nobleffe ,
s'il ne marche fur leurs traces dans la
carriere de l'honneur ? Qu'eft - ce en effet
qu'un grand nom fans vertus ? Un héros ,
le premier de fa race , fera toujours préféré
au Noble faftueux , qui ne fonde
fon illuftration que furfes titres. La naiffance
eft un effet du hafard ; mais la
vertu , jointe à la valeur , diftingue &
caractériſe le vrai Noble , le Citoyen &
tout bon François.
Volez, s'écrioit l'illuftre Vendôme à
fes ,foldats , volez où l'honneur vous
appelle ; fongez que vous êtes François
! ....
(b) Duquesne , nom à jamais immortel
! Duquefne , l'un des plus grands
hommes de fon fiécle , fe dévoua au
fervice de mer dès fa plus tendre jeuneffe .
(b) Abraham Duquesne nâquit en Normandie
l'an 1610 , d'une famille noble & habituée de
puis longtemps dans cette Province.
D v
82 MERCURE DE FRANCE.
Son pere (c) Abraham Duquesne , blanchit
fous les armes , connut fes talens
& les perfectionna. Ce fut fous cet
illuftre père que notre jeune héros fit fes
premieres campagnes. Ils contribuerent
T'un & l'autre par l'éclat de leurs exploits
à la gloire du fiécle de Louis XIV.
C'eſt être vraiment grand que de travailler
à la grandeur des autres ; c'eſt le
comble de l'héroïfme que de concourir à
la gloire de fon Prince & à celle de l'Etat.
(d) Sanctuaire des Mufes & des Sciences
, dépofitaire des merveilles de mon
héros , je devrois fans doute dans un
humble filence vous entendre ici , Meſfieurs
, prodiguer les juftes louanges qui
font dues à ce grand homme. C'eft dans
(c ) Abraham Duquesne , père de notre Héros ,
mâquit au Bourg de Blangi dans le Comté d'Eu ,
de parens pauvres & Calviniftes . 'S'étant retiré de
bonne heure à Dieppe , il y apprit la Carte marine
, fe mit fur les vaiffeaux , & fe rendit capable
d'être Pilote. Après avoir exercé quelque temps
cette profeffion , il paffa en Suéde , obtint une
place de Pilote dans les vaiffeaux de la Reine
Chriftine ; fut choifi enfuite par cette Princeffe
pour conduire quelques vaiffeaux en France , &
s'étant diftingué dans cette occafion , il fut fait
Capitaine de vaiffeau dans l'Armée Navale de
France.
(d) L'Auteur s'adreffe ici à l'Académie de Marfeille.
JANVIER. 1763. 83
vos ports qu'il préféra de fixer fon féjour
: c'est là qu'il employa ces jours fi
précieux de la jeuneffe à acquérir la
fcience qui fait les grands hommes. On
le voyoit toujours affidu aux écoles de
la marine , toujours attentif aux exercices
& à la manoeuvre des Matelots ;
toujours avide de s'inftruire , entrer dans
les moindres détails . Il favoit qu'on ne
doit rien ignorer dans l'état qu'on embraffe
; bien différent de cette jeuneffe
éfféminée qui néglige l'étude , & lui
préfére fans honte l'cifiveté des Cours ,
où la Nobleffe fe dégrade , où le coeur
s'amollit , où les moeurs enfin fe corrom-
-pent par l'air contagieux que fouvent
on y refpire.
Si je ne puis , à l'exemple de Duquefne
, prodiguer mon fang pour le falut
de l'Etat ; qu'il me foit du moins permis
, comme Citoyen , d'élever ma foible
voix pour immortalifer un de fes
illuftres défenfeurs. N'y auroit- il pas une
forte d'ingratitude , fi animé par l'organe
refpectable d'une des plus célébres
Académies du Royaume , on ne
confacroit pas à la gloire de ce Hiros
une partie de fes veilles , pour ajouter
de nouveaux lauriers à ceux dont il a
été couronné tant de fois ? Je connois
D vj
84 MERCURE DE FRANCE.
mon infuffifance , MM. mais j'ofe me
flatter que vous applaudirez à mon zéle.
On ne peut fe rappeller l'horrible attentat
qui plaça Louis le Jufte fur le Trône
dans un âge encore tendre. La mort
précipitée d'un Prince , l'amour de fes
Sujets & la terreur de fes Ennemis ,
laiffa l'Etat en proye au Démon de la
difcorde. Habile à profiter d'une minorité
qui devoit être longue , ce Monf
tre , le plus cruel ennemi du genre
humain , alluma le flambeau de la
guerre ; la Religion en fut le prétexte
Ipécieux , l'ambition des Grands la fe-
.conda , & l'Etat en fut la victime. Des
Puiffances voifines & formidables fembloient
mettre le comble aux malheurs
de la France menacée de toutes parts.
Richelieu ( e ) paroît : le Génie fans vigueur
& prèfque engourdi fe réveille
a fa voix ; les Arts renaiffent , la Marine
fe rétablit , & le Commerce , ce
canal précieux qui porte la circulation
& la vie dans tous les membres de l'Etat,
( e ) En 1627 le Cardinal de Richelieu fit fupprimer
la Charge d'Amiral dont étoit revêtu le
Duc de Montmorenci , & celle de Connétable vacante
par la mort de Lefdiguieres . Il fe fit créer
Chef & Surintendant Général de la Navigation
& du Commerce.
JANVIER. 1763. . 85
ranime ce corps fans chaleur & prèſque
anéanti .
Richelieu , Politique fublime , renouvelle
l'alliance avec les Hollandois
porte les premiers coups à la Maiſon
d'Autriche , ce Coloffe éffrayant , qui
faifoit trembler l'Europe ; prépare la
deftruction des Huguenots en France
& médite la prife de la Rochelle , boulevard
formidable qui fervoit d'afyle à
l'héréfie & de retraite aux Rebelles .
,
Déja la Flotte Angloife s'avance vers
l'ifle de Rhé , à la follicitation des
Rochelois & du Duc de Rohan leur
· Chef.
Quel délire n'excite pas le fanatiſme !
Le Citoyen s'arme contre le Citoyen ;
Les Grands , qui par leur naiffance &
leur rang doivent être les défenfeurs de
l'Etat , s'en déclarent les plus cruels ennemis.
Le voile facré de la Religion
couvre leur ambition démesurée : tout
leur paroît permis , dès que tout leur
paroît poffible.
Abraham Duquesne , Calviniste , demande
à ne point fervir dans l'Armée
Royale : il l'obtient ; mais fon zèle pour
la Patrie l'engage à folliciter un autre
emploi. Il fait que la différence des
fentimens ne préfcrit point contre la
86 MERCURE DE FRANCE.
fidélité qu'il a jurée à fon Roi & à l'Etat.
Ses devoirs gravés dans fon coeur
font puifés dans ces principes inébranlables
de la Religion naturelle , fondement
de toutes les autres Religions.
L'amour des François pour leur Prince
ne fut jamais pour eux une loi tyrannique:
c'eft un penchant naturel , auquel
ils fe livrent d'autant plus volontiers ,
qu'ils y attachent leur bonheur & leur
gloire.
Généreux Marfeillois ! braves François
la fidélité à votre Roi eft votre
premiere vertu. Vos premiers fentimens
font les premieres chaînes qui vous attachent
inviolablement à votre Prince :
vos premiers voeux , vos premiers defirs
furent toujours de vous facrifier mille
fois pour fon falut & pour celui de la
Patrie .
Notre brave Guerrier fe tranſporte
d'un autre côté avec fon Efcadre. Son
fils âgé de 17 ans , commandoit un vaiffeau
fous fes ordres . Sa valeur annonça
dès-lors fa future grandeur , & la
force de fon génie lui tint lieu de plus
d'expérience ; mais le Ciel dont les décrets
fon impénétrables , le priva bientôt
de ce généreux père : pris par les
Efpagnols a fon retour de Suéde , il
JANVIER. 1763 . 87
reçut
le coup
de la mort
dans
un combat
inégal
. (f)
Quel coup de foudre pour un fils
également doué d'une belle âme & d'un
coeur excellent !
Brave Duquesne : ah ! fi la Parque
cruelle a tranché le fil d'une vie fi belle
& fi glorieufe , vous revivez de nouveau
par la gloire & les exploits de ce jeune
guerrier.
(g) La furpriſe de Tréves par les Epagnols
& l'enlévement de l'Electeur
(f) Le vieux Duquesne mourut à Dunkerque
l'an 1635 , dans les fentimens de la Religion
Prétendue Réformée.
(g ) Quoique jufques- là il n'y eût point eu de
rupture ouverte entre la France & l'Espagne ,
parce que , foit en Italie , foit en Allemagne ,
les Eſpagnols ne fervoient que comme auxiliaires
, en vertu des Traités. d'alliance entre les
deux Branches de la Maiſon d'Autriche ; la prifon
de l'Electeur produifit cependant la guèrre.
qui dura depuis 1635 jufqu'à la paix des Pyrénées
& le mariage de Louis XIV. Le Cardinal
Infant , Gouverneur des Pays- Bas , ayant refufé
à ce Monarque la liberté de l'Electeur , força le
Roi à lui déclarer la guerre & à interdire tout
Commerce entre les deux Nations.
En 1637 on attaqua l'Ile de Sainte Marguerite
& de les Forts , qui furent rendus au Comte
d'Harcourt 43 jours après fa defcente dans Lifle.
Les Espagnols perdirent 1 500 hommes ; & le
jeune Duquesne fe trouva à cette attaque.
N
88 MERCURE DE FRANCE.
firent voler Duquefne aux ifles de Sainte-
Marguerite. Il en forme l'attaque. La
réfiftance opiniâtre des Affiégés ne le
rebute point ; plus elle eft vive , plus fon
activité redouble. Les difficultés femblent
ne ſe préſenter que pour ajouter
à l'éclat de fon triomphe ; & les Efpagnols
ne fe multiplient que pour aug
menter le nombre des victimes qu'il
facrifie aux mânes de fonère.
Mais ce n'eft encore ici qu'un foible
crayon de ce qu'ils avoient à craindre
de fon habileté & de fon courage. On le
voit bientôt près du Môle de Gattary (h),
attaquer une Flotte de dix-huit vaiffeaux.
Dix-fept font pris , & le dix-huitiéme
mis hors de combat.
Intrépide , il ne connoît aucun danger.
Son courage le porte à Saint-Ogue ( i ) ;
il attaque les vaiffeaux qui font dans le
port ; & ce fut dans la chaleur du combat,
que bleffé d'un coup de moufquet ,
il fit à la Patrie la premiere offrande de
ce fang précieux qu'il prodigua fi géné-
( h ) En 1638, Duquefne contribua beaucoup à
la défaite des Efpagnols devant Gattary en Bilcaye.
( i ) En 1639 , il fut bleffé dans le Port de
& Ogue.
IAN VIER. 1763.
89
reuſement dans la fuite à Tarragone (k) ,
à Barcelone ( 1) , à la prife de Perpignan
(m) , & au Cap de Gattes .
Le fang ne s'épuife jamais , fi l'on en
croit les Héros , & le courage femble
fuppléer aux forces de la nature. Plus le
fang coule , plus il devient pur ; & fi la
guèrre eft le fléau de l'humanité , elle
eft aux yeux du Héros l'école de la
valeur & le creufet de la nobleffe.
Funeſte préjugé qui ne s'accordera
jamais avec les maximes du vrai Philofophe
, qui ne regarde la guèrre que
(k ) En 1641 , la Motte- Houdancourt , Commandant
en Catalogne , après avoir pris la Ville
& le Château de Conftantin & quelques autres
Places , vint mettre le fiége devant Tarragonne.
L'Armée Espagnolle qui y étoit enfermée fouffroit
beaucoup de la difette. On fit des efforts
incroyables pour la ravitailler , ce qui donna
lieu à un combat où le Général François défit
un grand nombre d'ennemis . L'Archevêque de
Bordeaux qui bloquoit Tarragonne par mer , attaqua
41 Galéres Eſpagnolles & en prit 12. Ce
fut dans cette action que Duquesne fut encore
dangereufement bleſſé .
•
( i ) En 1642 , il reçut de nouvelles bleſſures devant
Barcelone dans le temps de la priſe de
Perpignan qui fe rendit au Roi après trois mois
de fiége.
( m ) En 1643 , il répandit fon fang à la Bataille
qui le donna au Cap de Gattes.
90 MERCURE DE FRANCE .
comme le fléau du genre humain
comme un gouffre affreux , où tant de
Héros font enfévelis , tant d'hommes
facrifiés ; moins fouvent au bien de l'Etat
qu'aux capricés des Puiffances & à
l'imprudence des Généraux !
Je vous en attefte , ombres chères à
la patrie Intrépide Bayard ! Brave
Turenne ! Vaillant Duguai-Trouin ! Illuftre
Barwik ! vous qui n'allâtes moif
fonner tant de lauriers chez les ennemis
, que pour rapporter à vos concitoyens
le précieux rameau de la Paix .
(n) Richelieu meurt , & fa mort fut
pour les Espagnols l'événement le plus
heureux ils crurent le génie de la
France abattu & enfeveli avec ce grand
homme mais quelle furprife ! Louis le
Grand monte fur le Trône , & le génie
du gouvernement s'affied à côté du
Monarque. Nouvel Augufte ; fon fiécle
fut celui des Sciences & des beaux Arts :
il produifit ces grands hommes
ces
hommes immortels , dont les noms célébres
pafferont d'âge en âge , & feront
( n .) Les Espagnols furent battus prèfque partout
cette année. Le Maréchal de la Motte en
Catalogne conferva toujours fur eux la fupériorité
, & fit échouer toutes leurs entrepriſes.
JANVIER. 1763. 91
l'admiration de la postérité la plus reculée
.
(o) Duquefne part pour la Suéde ; fon
nom y eft connu ; fa réputation le précéde.
Les exploits fameux & les fervices
fignalés de fon illuftre père étoient profondément
gravés , ( non für des monumens
que le temps peut détruire , ou que
fouvent la flatterie éléve moins au mérite
qu'à l'orgueil des mortels & au faſte
de la décoration ; ) mais dans les coeurs
des Suédois , monumens plus fincères
& plus folides. Le Peuple , dont le fuffrage
n'eft point équivoque , accourt en
foule , fait éclater fa joie ; joie toujours
pure & véritable , lorfqu'elle a pour objet
le mérite d'un grand homme.
Bien différent de ces Guerriers qui
paffent dans le fein des plaifirs , &
dans les douceurs d'un indigne repos
(o ) En 1644 , Duquefne alla fervir en Suéde. Il
fut fait d'abord Major-Général de l'Armée Navale
, enfuite Vice- Amiral . C'est en cette qualité
qu'il fervoit le jour de la fameufe bataille où les
Danois furent entierement défaits. Il aborda lui
deuxième leur Vaiffeau Amiral appelé la Pctience.
Le Général Danois fut tué. Le Roi de
Dannemarck eût été fait prifonnier , fi ce Prince
bleffé à l'oeil d'un éclat de bois près d'un canon
qu'il pointoit , n'eût été obligé de fortir de
ee Vaiffeau la veille de l'action.
92 MERCURE DE FRANCE.
à
le loifir que leur laiffe la Patrie ; ce
fut pour l'employer utilement que vous
paffâtes au fervice de la Suéde , invincible
Duquesne ! Qui connut jamais
mieux que vous le prix du temps ? Qui
jamais mieux que vous , fçut le mettre
profit ? Ce temps finéceffaire peut-être
à votre repos , en même -temps fi utile
& fi glorieux à la Patrie , vous le deftinez
à fecourir les Suédois nos fidéles
Alliés , & à les garantir de l'injufte
ufurpation des Danois. Les titres éclatans
qui font l'appanage du vrai mérite
, qui jamais ne furent fufpects ,
lorfqu'ils font donnés par une Nation
étrangère , vous font juftement prodigués.
Nommé Vice Amiral , vous fervîtes
en cette qualité à la fameufe journée
où les Danois furent défaits.
Déja les deux Flottes font en préfence
mille bouches d'airain vomiffent
la foudre & la mort. Un jour artificiel
inventé par la fureur des hommes,
femble cacher aux combattans ce jour
doux & bienfaifant qui éclaire la nature.
Les vaiffeaux s'élancent contre les vaiffeaux.
Mille débris éclatans obfcurciffent
l'air , & font dans le même inf
tant engloutis dans les eaux. De tristes
lambeaux de malheureux couvrent la
JANVIER. 1763. 93
Turface des mers. Le défordre fe met
dans l'Armée Danoife . La confufion des
Matelots , le cris des Officiers , le découragement
des foldats , tour lui annonce
une prompte défaite.
D'un autre côté , le bon ordre fe
maintient dans l'Armée Suédoife. La
bonne contenance des Officiers éxcite
la confiance du Matelot , occupé à la
manoeuvre. Duquefne fe fignale on
croiroit à le voir que la victoire eft à fes
ordres. Au-deffus de toute crainte , il
fend les flots ; & fe faifant jour à travers
la flotte ennemie , il aborde lui
deuxième le vaiffeau Amiral. Il s'élance
au milieu du fang & du carnage . Le
choc eft furieux ; mais rien ne réfifte à
l'ardeur de fon courage. Son bras invincible
porte par-tout la mort. Le Général
Danois tombe fous fes coups : il
fe rend maître du vaiffeau. Le vaincu
implore la clémence du vainqueur , &
le Roi lui-même eût fubi le même fort ,
fi un événement inopiné n'eût ravi à
Duquefne cette illuftre conquête.
(p ) La Suéde étonnée retentiffoit des
(p) En 1647 il fut rappellé en France & commanda
cette année & la fuivante une des Eſcadres
qui furent envoyées à l'expédition de Naples. Le
Roi d'Espagne battu de tous côtés , voyoit avec
94 MERCURE DE FRANCE.
louanges de mon Héros , lorfqu'il fut
rappellé en France. La voix de fa Patrie
fe fait entendre il ne délibére
>
chagrin le Rouffillon & la Catalogne entre les
mains des François. Naples révoltée contre lui ,
venoit de fe donner au Duc de Guife . Celui- ci ,
qui ne paffa que pour un Avanturier audacieux ,
parce qu'il ne réuffit pas , avoit eu du moins la
gloire d'aborder feul dans une barque au milieu
de la Flotte Efpagnole , & de défendre Naples
fans autre fecours que fon courage.
La Sicile depuis le temps des Tyrans de Syracufe
, a toujours été fubjuguée par des Etrangers;
affervie fucceffivement aux Romains , aux Vandales
, aux Arabes , aux Normans , fous le val
felage des Papes , aux François , aux Allemands ,
aux Efpagnols : haïllant prèfque toujours fes
maîtres , le révoltant contre eux , fans faire de
véritables efforts dignes de la liberté , & éxcitant
continuellement des féditions pour changer de
chaînes .
En 1674 , les Magiftrats de Meffine venoient
d'allumer une guèrre civile contre leurs Gouverneurs
& d'appeller la France à leur fecours. Une
Flotte Efpagnole bloquoit leur port ; ils étoient
réduits aux extrémités de la famine..
En 1675 , le Chevalier de Valbelle vint d'abord
avec quelques Frégates à travers la Flotte
Efpagnole. Il porta à Meffine des vivres , des årmes
& des foldats. Ayant enfuite tenté d'y conduire
un nouveau fecours , les Galéres Eſpagnoles
& quelques Vaiffeaux Hollandois entreprirent
de lui difputer l'entrée du canal. Il y eut un combat
; le paffage fut forcé , & le convoj arriva heureufement,
JANVIER. 1763 .
point ; il s'arrache à la gloire & aux
applaudiffemens pour voler à ſon ſecours.
Il eft auffi -tôt chargé du commandement
de l'Efcadre deſtinée a l'expédition
de Naples. Puiffe tout François
, à l'exemple de ce grand homme
facrifier les intérêts les plus chers à l'amour
de fon devoir !
où
La France déchirée par les guerres
civiles fous les Régnes des Valois ,
Régne malheureux , où l'ambition des
Grands & la fureur des Hérétiques la
mirent à deux doigts de fa perte ,
l'enthouſiaſme aveugle du fanatiſme
infpiroit les plus éxécrables maximes.
La France , dis- je , dans ces temps de
troubles & d'horreurs , n'avoit pu entretenir
fa Marine ; fon rétabliffement
étoit dû à la fage prévoyance de Richelieu
.
Mazarin dont les vues furent moins
étendues , la négligea. Il étoit réſervé
au généreux Duquesne de la réparer
par fon défintéreſſement.
Vrai citoyen , il penfe que fon patrimoine
eft celui de l'Etat. Général vertueux
, la gloire de le fervir eft l'unique
récompenfe qu'il ambitionne. Il arme à
fes frais plufieurs vaiffeaux. Il vole au
fecours de l'Armée Royale , qui tenoit
96 MERCURE DE FRANCE.
bloquée la ville de Bourdeaux . Il eft
rencontré par une Efcadre,Angloife. On
veut lui faire baiffer pavillon : c'est ici
que l'orgueil peut être une vertu dans
les Héros. Son courage dicte fon refus.
Le combat s'engage, & il y eft dangereufement
bleffé. Il fe retire glorieufement ,
quoiqu'avec des forces inégales. Obligé
de s'arrêter à Breft pour faire radouber
fes vaiffeaux , il revole à Bourdeaux
fans attendre l'entière guérifon de fes
bleffures . La Flotte Efpagnole arrive
en même temps que lui dans la rivière :
elle s'oppose à fon paffage. La barrière
eft forcée : il entre en préfence des Efpagnols
, & fa belle manoeuvre oblige la
ville de fe rendre.
Anne d'Autriche , Régente du Royaume
, qui n'ignoroit pas que ces fuccès
n'étoient dûs qu'à la valeur & à la générofité
de Duquesne , crut qu'il étoit
de fa gloire de le récompenfer : elle lui
donna le château & l'ifle d'Indred , qui
étoient du Domaine de Sa Majeſté.
Ce n'eft que par les bienfaits qu'on
réuffit à s'attacher les hommes. Le feul
efpoir d'une récompenfe glorieufe peut
produire des Héros. La fage politique
d'un Etat eft de favoir les multiplier par
un appas fi juſte & fi raiſonnable.
Deux
JANVIER . 1763 . 97
- Deux Provinces envahies par les François
font trembler le Roi Catholique
pour le refte de fes Etats. Naples révoltée
contre fon Souverain ; les Siciliens ,
peuple inconftant , venoient de fe donner
au Duc de Guife , dernier Prince
de cette branche d'une Maifon fi féconde
en hommes illuftres , mais dangereux
.
(9 ) Le Roi d'Espagne eft contraint
par la révolte de Meffine d'implorer le
( q ) En 1676 , l'Efpagne appella les Hollandois
pour défendre la Sicile. Rhuiter fut chargé
de cette expédition. Les François qui réunis aux
Anglois , n'avoient pu battre les flottes de la
Hollande , l'emporterent feuls fur les Hollandois
& les Elpagnols . Le Duc de Vivonne obligé
de refter dans Meffine , pour contenir le Peuple
déja mécontent de les défenfeurs , laiffa donner
cette bataille par Duquesne , Lieutenant- Général
des Armées Navales ; homme auffi fingulier que
Rhuiter, parvenu comme lui au commandement
par fon mérite .
Rhuiter dont la mémoire eft encore dans la
plus grande vénération en Hollande , avoit commencé
par être Valet & Mouffe de Vaiſſeau ; il
n'en fur que plus refpectable. Le Confeil d'Elpagne
lui donna le Titre & les Patentes de Duc ,
dignité frivole pour un Républicain. Ces Patentes
n'arriverent qu'après la mort . Les enfans de
Rhuiter refuferent ce Titre fi brigué dans nos
Monarchies , mais qui n'eſt pas préférable au nom
de bon Citoyen ..
I. Vol. E
98 MERCURE
DE FRANCE .
fecours des Hollandois fes anciens ennemis.
Rhuiter , le fameux Rhuiter , un
des plus grands hommes de fon fiécle
à la tête d'une Efcadre de vingt-trois
vaiffeaux , joint l'Efcadre Efpagnole ,
compofée de vingt.
C'est contre ces forces formidables
que Duquesne devenu Lieutenant Général
des Armés Navales, va combattre.
C'est ici que l'éloge de mon Héros
va devenir plus intéreffant ; c'eft ici
que l'étendue de fon génie , fon activité
, fa valeur vont paroître dans tout
leur jour ; c'eft contre Rhuiter enfin
contre le Capitaine de fon fiécle qui jouiffoit
de la plus haute réputation , que l'Europe
étonnée admire fa fupériorité .
Toulon le voit partir à la tête de 20
vaiffeaux, efcortant un grand convoi de
munitions pour Meffine. Un pareil
nombre de vaiffeaux s'offre à fa rencontre
à la vue de Stromboli ; c'eft
Rhuiter qui les commande. Duquesne
attaque , Rhuiter plie. Preuilli , qui
commande l'avant- garde , charge celle
des Hollandois , la met en défordre , &
Duquefne fait entrer fon convoi dans
Meffine .
Les Flottes combinées d'Efpagne &
de Hollande font voile vers Agofta
JANVIER . 1763 . 99
dans l'efpérance qu'il s'y feroit quelques
mouvemens en leur faveur. L'Efcadre
Françoife fort du Port de Meffine pour les
combattre. Duquefne découvre les ennemis
à travers le Golfe de Catane. Les
Efpagnols & les Hollandois viennent à
lui avec l'avantage du vent ; avantage
qui décide prèfque toujours des combats
de Mer. Rhuiter fond fur la Flotte Françoife
; il eft repouffé avec perte & attaqué
lui-même. C'est là que nos deux
Généraux mettent en ufage tout ce que
la valeur & la prudence , tout ce que
la fupériorité du génie & la préfence
d'efprit peuvent fuggérer aux grands
Hommes. On les voit attentifs à profiter
de leurs avantages , ou à réparer
leurs pertes , donner des ordres à propos
& avec intelligence, fe porter aux endroits
où leur préfence eft néceſſaire :
nul danger ne les étonne : Ruither &
Duquefne fe multiplient ; on les voit
fur tous les vaiffeaux diriger la manouvre
, animer les foldats par leur exemple ,
voler au fecours des foibles & encourager
les forts. Les Galères d'Efpagne
dégagent quatre de leurs vaiffeaux qui
étoient fur le point d'être pris. Rhuiter
dans la chaleur de l'action , reçoit le
coup de la mort ; il tombe ; & LOUIS
E ij
100 MERCURE DE FRANCE.
LE GRA ND en eft affligé. En vain des
Courtisans lui difent qu'il eft défait d'un
Ennemi redoutable : rien , dit - il , ne
peut empêcher d'être fenfible à la mort
d'un grand Homme.
Je dois ajouter à la gloire de mon
Héros le témoignage authentique que
lui rendit Rhuiter dans les différentes
actions qu'il eut à foutenir contre les
François il difoit franchement qu'il
ne craignoit que Duquefne. Les grands
Hommes fe rendent juftice : la jaloufie ,
vice des âmes baffes , ne peut offufquer
leur raifon , ni corrompre leur coeur.
Durquefne toujours infatiguable, pourfuit
les deux Flottes , les attaque pour
la troifiéme fois , & aucun vaiffeau ne
ne lui eût échappé , fi les ombres de
la nuit & le Port de Syracufe ne les
euffent mis à couvert.
LOUIS ( r) donne la paix à l'Europe;
(* ) Le Roi d'Angleterre ayant commencé la
guerre pour l'intérêt de la France , étoit fur le
point de fe liguer avec le Prince d'Orange qui
venoit d'époufer fa niéce . Louis XIV. donna la
paix à l'Europe . Les Ennemis licentierent leurs
troupes extraordinaires ; il garda les fiennes ,
fis en quelque forte de la paix un temps de conquêtes.
Depuis Charlemagne on n'avoit vu aucun
Prince agir ainfi en' Maître , en Juge des Souve-
#ains , & conquérir des Pays par des Arrêts. La
&
"
JANVIER. 1763 . ΙΟΥ
il en préfcrit lui - même les conditions
en Vainqueur. Pour affurer le repos de
fes Peuples , & contenir fes Ennemis
dans le refpe &t & la crainte , ce Monarque
porte fa Marine au- delà des efpérances
de la France , & de l'Europe
étonnée . Soixante mille matelots font à
fa folde ; & des Loix auffi fages que
févères préfcrivent à ces hommes groffiers
les régles de leurs devoirs . Des
fommes immenfes font employées à
conftruire le Port de Toulon fur la
Méditérannée , celui de Breft , de Dunkerque
, du Havre - de - Grace & de Rochefort
fur l'Océan . L'école de la Marine
eft inftituée dans ces différens
Ports. Une foule de jeune nobleſſe vient
s'inftruire auprès des grands Hommes
que le mérite a défignés pour maîtres.
( s ) Le Roi avoit plus de cent vaifpuiffance
formidable de ce Monarque qui s'étendoit
ainfi de tous côtés , & acquéroit pendant la
paix plus que fes prédéceffeurs n'avoient acquis
par la guerre , réveilla les allarmes de l'Europe.
L'Empire , la Hollande , la Suéde même , firent
un traité d'affociation . Les Anglois menacerent.
Les Eſpagnols voulurent la guèrre . Le Prince d'Orange
remua tout pour l'allumer ; mais aucune
de ces Puiſſances n'ofa porter les premiers coups.
(s) En 1681 Duquefne attaqua les Tripolitains ,
& les obligea à conclure une paix très- glorieufe
E iij
102 MERCURE DE FRANCE .
>
feaux de ligne ; ils ne reftoient pas oififs
dans fes Ports. Ses Efcadres fous le
commandement de Duquefne nettoyoient
les Mers infectées par les Corfaires
d'Alger & de Tripoli. Notre Hé
ros à la tête de fix vaiffeaux va jufques
dans le Port de Chio attaquer les Tripolitains
; & le Capitan Bacha ne peut
avec quarante Galéres les mettre à l'abri
des foudres du Général François . Ces
Africains fe foumettent & n'obtiennent
la paix qu'à la prière & par l'entremife
du Grand- Seigneur.
( t ) LOUIS veut fe venger d'Alger.
>
pour la France. Ils rendirent un Vaiffeau François
qu'ils avoient pris , tout le canon , les armes
tout l'équipage , & un très-grand nombre de
Chrétiens qu'ils avoient fait esclaves.
(t ) En 1683 Louis XIV. fe vengea d'Alger
avec le fecours d'un art nouveau , dont la découverte
fut due à cette attention qu'il avoit d'exciter
tous les génies de fon fiécle. Cer art funeſte ,
mais furprenant , eft celui des galiotes a bombes ,
avec lesquelles on peut réduire des villes mariti
mes en cendres. Bernard Renaud , plus connu
fous le nom du Petit Renaud , fut l'auteur de
cette invention . Ce jeune homme , fans avoir jamais
fervi fur les vaiffeaux , étoit cependant par
fon génie un excellent Marin . Colbert , qui déterroit
le mérite dans l'obfcurité , l'avoit fouvent
appellé au Confeil de marine , même en préfence
du Roi. C'étoit par les foins & fur les lu
JANVIER. 1763. 103
Duquesne attaque ces Corfaries , brûle
leurs vaiffeaux , confume une partie de
la Ville par le moyen d'une forte d'artillerie
jufqu'alors inconnue & qui par
la fuite fera un des plus terribles fléaux
de l'humanité. Ce Monarque généreux
dont la grande âme fçavoit toujours
mettre des bornes à ſa vengeance , avoit
mieres de Renaud que l'on fuivoit depuis peu une
méthode plus réguliére & plus facile pour la conftruction
des vailleaux . Il ofa propofer dans le
Confeil de bombarder Alger avec une Flotte. On
n'avoit pas d'idées que des mortiers à bombes
puffent n'être pas polés fur un terrein folide. La
propofition révolta Il éffuya les contradictions &
les railleries que tout inventeur doit attendre ;
mais fa fermeté & cette éloquence qu'ont d'ordinaire
les hommes frappés de leurs inventions
déterminérent le Roi à permettre l'élai de cette
nouveauté . Renaud fit conftruire cinq vaiffeaux
plus petits que les vaiffeaux ordinaires mais plus
forts de bois , fans ponts , avec un faux tillac à
fonds de cale , fur lequel on maçonna des creux ,
où l'on mit les mortiers. Il partit avec cet équipage
fous les ordres de Duquefne , qui étoit chargé
de l'entrepriſe. Ce Général & les Algériens
furent étonnés de l'effet des bombes . Outre deux
vaiffeaux de ces Corfaires qu'il brula , le feu des
bombes confuma une partie de la ville : mais cet
art porté bientôt chez les autres Nations , ne fervit
qu'à multiplier les calamités humaines . La Marine
ainfi perfectionnée en peu d'années , étoir
le fruit des foins du grand Colbert.
E iv
104 MERCURE DE FRANCE.
épargné les Algériens. Ces Corfaires infolens
s'en prévalurent & le contraignirent
de les punir de nouveau. Il fit
bombarder leur Ville pour la feconde
fois l'année fuivante. Le dommage fut
très- confidérable dans cette Capitale.
Les Vaiffeaux & les Galéres furent pris,
brûlés ou coulés à fond ; un grand
nombre de maifons renverfées , des
magafins ruinés. La néeeffité leur fir
demander la paix. LOUIS la leur accorda.
On éxigea pour préliminaires de
rendre fans rançon plus de fix cens Chrétiens
efclaves , & de payer une fomme
d'argent , punition dure & fenfible
pour des Corfaires ! Tunis & Tripoli
firent à leur exemple les mêmes foumiffions
.
(u) Gênes avoit vendu des munitions
( u ) En 1684 , la République de Gênes ayant
refufé de ſe ſoumettre aux ordres de Louis XIV ,
& comptant trop fur le fecours de l'Eſpagne , ſe
vit fur le point d'être détruite de fond en comble
par l'effet des bombes. Elle fut forcée de céder.
Le Roi exigea que le Doge & quatre principaux
Sénateurs vinffent implorer fa clémence
dans fon Palais de Verſailles ; & de peur que
les Génois n'éludaffent la fatisfaction
dérobaffent quelque chofe à fa gloire , il voulut
que le Doge qui viendroit lui demander pardon,
& ne
JANVIER. 1763 . 105
+
de guèrre aux Algériens . Elle conftruifoit
quatre Galéres pour l'Espagne .
Le Monarque François lui défend par
fon Envoyé de les lancer à l'eau , &
la menace d'un châtiment prompt
& rigoureux fi elle refufe de fe foumettre
à fes volontés. Les Génois irrités
de cette entréprife fur leur liberté ,
n'y eurent aucun égard. Duquesne fort
de Toulon à la tête de 14 Vaiffeaux ,
20 Galéres , 10 Galiotes a bombes &
plufieurs Frégates. Il fe préfente devant
Gênes . Les 10 Galiotes y jettent
quatorze mille bombes & réduifent en
cendres une partie de fes Palais. Quatre
mille foldats débarquent , & portent le
fer & le feu dans les fauxbourgs. Le
Génois effrayé craint la ruine totale de
fes Etats. Ces fiers Républicains humiliés
par des progrès fi rapides , députent
fût continué dans fa Principauté , malgré la loi
perpétuelle de Gênes , qui ôte cette dignité à tout
Doge abfent un moment de la Ville . Le Doge
arriva a Verſailles le 22 de Février 1685 , demanda
pardon au Roi . Cegrand Prince , qui dans
toutes les actions de fa viejoignoit la politeffe à la
dignité , traita de Doge & les Senateurs avecautant
de bonté que de fafte. Ses Miniftres leur firent fentir
plus de fierté. Aufli le Doge difoit : Je Roi ôte à
nos coeurs la liberté , mais les Miniftres nous la
rrendent.
Ew
106 MERCURE DE FRANCE.
le Doge avec quatre Sénateurs , pour
aller demander pardon au Roi . Ils fe
rendent à Verfailles. Le Monarque , qui
favoit que la véritable grandeur confifte
particuliérement à oublier les injures ,
paroît fatisfait , les reçoit avec bonté ,
& les traite avec magnificence.
L'hiftoire des temps femble terminer
à ce dernier trait les glorieux exploits de
mon héros. Je finirai fon éloge par l'apologie
de fon coeur , auffi recommandable
par fon défintéreffement
noble & fublime par fes vertus .
> que
J'en appelle au témoignage de l'Afie ,
de l'Afrique & de l'Europe . Quelle foule
de témoins de fa valeur & de fon âme
bienfaifante ! Des Chrétiens arrachés à
l'esclavage viennent dans les tranſports
de la joie la plus pure , pénétrés des fentimens
de la plus vive reconnoiffance
baifer ces mains généreufes qui ont brifé
leurs fers.
O Duquefne ! à quels fentimens délicieux
ton âme ne fe livroit- elle pas ,
en voyant couler ces larmes précieufes
que la grandeur de cette action , que
l'héroïsme de la vertu , que l'amour de
l'humanité & l'admiration font répandre
! Qu'il eft glorieux pour toi de régner
ainfi fur les coeurs & de te les
JANVIER. 1763. 107
attacher par les bienfaits ! On t'offre
des rançons ; ton âme généreufe en
eft offenfée . Toute la récompenfe que
ton grand coeur ambitionne eft le feul
plaifir du bienfait .
(x) Duquefne arrive à la Cour. Son
nom vole de bouche en bouche . Il
perce la foule des Courtifans , il pénétre
jufqu'au Roi . Il lit dans fes yeux
pleins de majefté qu'il a gagné l'eftime
de fon Maître ; & c'eft la feule récompenfe
à laquelle il afpire : mais
LOUIS dont la grande âme ne laiffa
jamais le mérite & les fervices fans récompenfe
, lui donna & à fa poftérité
, comme un monument éternel de fa
bienveillance , la terre Dubouchet qu'il
érigea en Marquifat.
Duquefne en ceffant de combattre ,
n'en fert pas moins la Patrie . Dans une
retraite honorable , il forme des voeux
(x) Le Roi qui honoroit Duquesne d'une eftime
particuliere pour fon mérite , ne pouvant à cauſe
de la religion qu'il profelloit , le récompenfer
avec tout l'éclat qu'il auroit fouhaité , n'a pas
laiffé de lui donner & à fa poftérité une marque
de fa bienveillance , en lui faifant don de la Tèrre
Du bouchet , qui eft une des plus belles du Royaume
, fituée auprès d'Etampes. Il l'érigea en Marquifat
, lui ôta fon premier nom , & lui donna
celui de Duquefae.
E vj
108 MERCURE DE FRANCE.
pour fon Prince , & pour l'Etat. Adoré
de fa Famille , il inftruit fes enfans &
leur apprend à marcher fur fes traces.
Témoin de leur valeur & de l'éclat de
leurs exploits , il fe voit convaincu que
fon fang illuftre ne pouvoit dégénérer.
Quels motifs de confolation pour ce
refpectable Guerrier dans un âge où
les infirmités fe multiplient , où la fenfibilité
augmente , où les organes d'un
corps épuifé s'affaiffent & fe détruifent.
Il attend la mort avec affurance ; il envifage
avec fermeté le terme de fa carrière.
(y ) Duquesne meurt enfin ; il meurt
( yCe grand homme qui étoit né Calvinifte ,
mourut dans la même créance , à Paris , le 2 Février
1688 , après avoir vêcu 78 ans avec une
vigueur & une fanté extraordinaire . Son coeur
fut porté dans le Temple de la Ville d'Aubonne ,
dans le canton de Berne en Suiffe , où fon fils aîné
Henri Duquesne , Baron du lieu , lui fit placer
une épitaphe. Il avoit époufé Gabrielle de Bernière
, dont il a laiffé quatre fils.
Henri , l'aîné de fes enfans , formé aux armes
dès fa plus tendre jeuneffe , s'y est toujours diftingué.
Conftamment attaché à la Religion Proteftante
, il fe retira dans une Tèrre qu'il avoit
acquife en Suiffe , avec la permiffion du Roi. Il
mourut à Genève le 11 Novembre 1722 , âgé de
près de 71 ans , eftimé , aimé & regretté de tous
ceux qui le connoilloient.
JANVIER. 1763 . rog
•
en héros il emporte dans le tombeau
les pleurs de fa famille , les juftes regrets
de la France , & l'eftime de l'Europe
entiere .
DAGUES DE CLAIRFONTAINE.
Le fecond, Abraham , Capitaine de Vaiffeau ,
fe fignala auffi en plufieurs occafions importantes
. En 1683 , il prit & emmena à Toulon le
Prince de Montefarchio , Général de l'Armée Efpagnole
, & en 1684 dans la defcente de Gênes ,
il foutint le bataillon qu'il y commandoit avec
beaucoup de valeur.
Le troifiéme , Ifaac , & le quatrième , Jacob ,
furent des Officiers très recommandables par
leur mérite & leur courage.
Duquesne avoit auffi plufieurs frères , qui font
tous morts dans le Service. L'un d'eux , Capitaine
de Vaiffeau , fut tué d'un coup de canon. Il
laiffa un fils , Duquefne Monier , qui après s'être
Egnalé en diverses occafions , & avoir eu un bras
emporté , fut fait Chef d'Eſcadre en 1705.
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Résumé : ESSAI historique sur ABRAHAM DUQUESNE, Lieutenant Général des Armées Navales de France. Non ille pro patriâ timidus perire. Horat.
Abraham Duquesne, lieutenant général des armées navales de France, incarne l'importance de la profession des armes pour la gloire de la patrie. Né en Normandie en 1610 dans une famille noble, il suivit les traces de son père, également nommé Abraham Duquesne, pilote et capitaine de vaisseau. Duquesne se distingua rapidement par son zèle et sa dévotion pour la marine, acquérant des compétences qui le marquèrent. Au cours de sa carrière, Duquesne participa à de nombreuses campagnes maritimes, notamment pendant la guerre contre l'Espagne. Il joua un rôle crucial dans plusieurs batailles, comme l'attaque des îles de Sainte-Marguerite, la défaite des Espagnols devant Gattary, et les combats à Tarragone, Barcelone, et Perpignan. Son courage et son habileté furent reconnus à travers divers exploits, où il fut souvent blessé mais continua toujours à se battre pour la patrie. En 1644, Duquesne servit en Suède et fut nommé Vice-Amiral, participant à une bataille où les Danois furent vaincus. Il aborda le vaisseau amiral danois et tua le général ennemi. En 1647, il fut rappelé en France et commanda des escadres lors de l'expédition de Naples. En 1674, les magistrats de Messine appelèrent la France à leur secours, bloqués par une flotte espagnole. Duquesne força le passage et livra des vivres et des armes à Messine. En 1676, il combattit et vainquit les flottes combinées de l'Espagne et des Pays-Bas commandées par l'amiral Rhuiter. Duquesne força le passage de Messine et remporta plusieurs victoires navales. Louis XIV, impressionné par ses succès, renforça la marine française, construisant des ports et instituant des écoles de marine. Duquesne fut récompensé pour ses services, recevant le château et l'île d'Indret. En 1681, il attaqua les Tripolitains et les força à conclure une paix glorieuse. Il nettoya également les mers des corsaires d'Alger et de Tripoli, libérant des esclaves chrétiens. En 1683, Louis XIV se venger des Algériens en utilisant des galiotes à bombes, une invention de Bernard Renaud. Cette attaque détruisit une partie de la ville d'Alger et força les Algériens à demander la paix, libérant des esclaves et payant une somme d'argent. Tunis et Tripoli suivirent cet exemple. En 1684, la République de Gênes, ayant refusé de se soumettre à Louis XIV, fut bombardée et contrainte de céder. Le Doge et quatre Sénateurs se rendirent à Versailles pour implorer la clémence du roi. Duquesne reçut des honneurs pour ses services, notamment la terre de Du Bouchet érigée en marquisat. Il mourut à Paris le 2 février 1688, à l'âge de 78 ans. Ses fils, notamment Henri, se distinguèrent également dans le service militaire et diplomatique.
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1626
p. 185-186
De HAMBOURG, le 15 Octobre.
Début :
IL est à craindre que les différends qui s'élevent entre le Roi de Danemarck & l'Impératrice de [...]
Mots clefs :
Régence, Prince, Roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De HAMBOURG, le 15 Octobre.
De HAMBOUrg , le i 15 Octobre.
IL eft à craindre que les différends qui s'élevent
entre le Roi de Danemarck & l'Impératrice de
Ruffie au fujet de l'adminiſtration du Duché de
Holftein n'ayent des fuites plus fâcheufes qu'on
ne l'avoit d'abord imaginé. La ceffion que le Roi
de Suéde a faite de fes droits au Roi de Dannemarck
par une convention particuliere , dont la
Ruffie ni les Princes freres de Sa Majeſté Suédoiſe
n'ont eu aucune connoiffance, ne fera vraisemblablement
pas reconnue ni adoptée par la Czarines
& cette Princeffe étant déclarée tutrice du Prince
fon fils , ne paroît pas difpoflée à partager le gouvernement
de les Etats . La Régence de Kiel avoit
dépêché un Courier à Petersbourg pour informer
Sa Majesté Impériale que le Roi de Dannemarck
avoit nommé des Commiffaires qui devoient régir
en fon nom le Duché de Holſtein pendant la
minorité du jeune Duc Paul Petrowitz . Au retour
du Courier la Régence de Kiel a fait arracher publiquement
les placards que les Commiffaires de
la Cour de Coppenhague avoient fait afficher
pour faire reconnoître l'autorité du Roi leur
maître & leurs pouvoirs. Le Prince George ,
nommé Gouverneur Général du Holſtein , doit
s'arrêter ici jufqu'à ce que ces différends foient
terminés.
186 MERCURE DE FRANCE.
Tout eft dans la plus grande confuſion à Mittau.
Le parti du Duc de Biren s'accroît chaque
jour. Ce Prince pourroit cependant rencontrer encore
des obftacles pour l'inveftiture des Duchés
de Courlande & de Semigalle , parce qu'il doit la
recevoir du Roi & de la République de Pologne ,
qui ont le droit de Souveraineté fur ces Fiefs . Le
parti du Prince Charles paroît difpofé a défendre
avec vigueur l'élection de ce Prince.
IL eft à craindre que les différends qui s'élevent
entre le Roi de Danemarck & l'Impératrice de
Ruffie au fujet de l'adminiſtration du Duché de
Holftein n'ayent des fuites plus fâcheufes qu'on
ne l'avoit d'abord imaginé. La ceffion que le Roi
de Suéde a faite de fes droits au Roi de Dannemarck
par une convention particuliere , dont la
Ruffie ni les Princes freres de Sa Majeſté Suédoiſe
n'ont eu aucune connoiffance, ne fera vraisemblablement
pas reconnue ni adoptée par la Czarines
& cette Princeffe étant déclarée tutrice du Prince
fon fils , ne paroît pas difpoflée à partager le gouvernement
de les Etats . La Régence de Kiel avoit
dépêché un Courier à Petersbourg pour informer
Sa Majesté Impériale que le Roi de Dannemarck
avoit nommé des Commiffaires qui devoient régir
en fon nom le Duché de Holſtein pendant la
minorité du jeune Duc Paul Petrowitz . Au retour
du Courier la Régence de Kiel a fait arracher publiquement
les placards que les Commiffaires de
la Cour de Coppenhague avoient fait afficher
pour faire reconnoître l'autorité du Roi leur
maître & leurs pouvoirs. Le Prince George ,
nommé Gouverneur Général du Holſtein , doit
s'arrêter ici jufqu'à ce que ces différends foient
terminés.
186 MERCURE DE FRANCE.
Tout eft dans la plus grande confuſion à Mittau.
Le parti du Duc de Biren s'accroît chaque
jour. Ce Prince pourroit cependant rencontrer encore
des obftacles pour l'inveftiture des Duchés
de Courlande & de Semigalle , parce qu'il doit la
recevoir du Roi & de la République de Pologne ,
qui ont le droit de Souveraineté fur ces Fiefs . Le
parti du Prince Charles paroît difpofé a défendre
avec vigueur l'élection de ce Prince.
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Résumé : De HAMBOURG, le 15 Octobre.
Le texte décrit des tensions politiques entre le Roi de Danemark et l'Impératrice de Russie concernant l'administration du Duché de Holstein. La cession des droits suédois au Danemark, réalisée sans l'accord de la Russie, pourrait ne pas être reconnue par l'Impératrice, tutrice du Prince Paul Petrowitz. La Régence de Kiel a informé l'Impératrice de la nomination de commissaires danois pour régir le Duché pendant la minorité du jeune Duc, mais a ensuite retiré les affiches annonçant cette nomination. Le Prince George, Gouverneur Général du Holstein, attend la résolution de ces différends avant de prendre ses fonctions. Par ailleurs, à Mittau, la situation est confuse en raison des rivalités entre les partisans du Duc de Biren et ceux du Prince Charles pour l'investiture des Duchés de Courlande et de Semigalle, dont la souveraineté est partagée entre le Roi de Pologne et la République de Pologne.
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1627
p. 186-188
DE VIENNE, le 3 Novembre.
Début :
L'Impératrice de Russie ayant fait proposer à l'Impératrice Reine, & au Roi de Prusse, de faire [...]
Mots clefs :
Impératrice, Europe, Intérêt, Saxe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE VIENNE, le 3 Novembre.
DE VIENNE , le 3 Novembre.
L'Impératrice de Ruflie ayant fair propofer à
l'Impératrice Reine , & au Roi de Prutie , de faire
évacuer la Saxe par leurs troupes refpectives
notre augufte Souveraine a fait répondre à certe
propofition par la déclaration fuivante.
Le tendre & vif intérêt que Sa Majesté l'Im-
» pératrice de toutes les Raffies témoigne prendre
au trifte fort de la Saxe opprimée , la compaf-
>>-fion qu'excitent dans fon coeur bienfaisant les
revers qu'éprouve depuis tant d'années le Roi
de Pologne , les fentimens d'humanité qui lui
» ont dicté la propofition d'évacuer les Etats
>> Electoraux de Saxe , énoncée dans la noté re-
» miſe à M. l'Ambaffadeur Comte de Mercy
» tout cela n'a pu qu'affecter fenfiblement S. M.
» l'Impératrice Reine. Elle trouve dans les vues
D
& les intentions de S. M. l'Impératrice de
>> toutes les Rullies tant de conformité aux faits
par lefquels S. M. a conftamment prouvé fon
» amitié pour le Roi de Pologne , qu'Elle defire
» avec ardeur pouvoir concourir à ce que la juf
>> tice & l'humanité ne permettent pas de lui re-
>> fufer .
و ر
و د
>> Toute l'Europe voit les efforts que S. M.
l'Impératrice fait & foutient pour la défenſe &
JANVIER. 1763. 187
» la délivrance de la Saxe. Il n'a pas dépendu
» d'Elle que fon ami le Roi de Pologne ne jouît
» de la plus grande tranquillité au milieu de la
» guerre qui défole les propres Etats de S. M.
» l'Impératrice Reine . Elle ne lui a jamais de-
» mandé ni fecours , ni démarche , ni démonf-
» tration , qui puffent lui attirer l'inimitié de S.
» M. Pruffienne , & , le voyant malgré cela enve-
» loppé dans la guerre , S. M. n'a pas balancé un
» moment à lui offrir & à lui donner réellement
» tous les fecours qui pouvoient dépendre d'Elle.
>> Ces circonftances juftifient fans doute aux
yeux de l'univers la fatisfaction que doit lui
» donner la différence qu'il y a entre défendre .
"
פכ
و ر
25
& opprimer un pays ; mais S. M. n'en eft que
» plus animée à rechercher & à embraffer tous
» les moyens propres à conduire à une paix jufte
» & raifonnable ; & comme S M. l'Impéra-
» trice de toutes les Ruffies regarde comme telle
» l'évacuation de la Saxe , il ne s'agira que de
» conftater , par les fentimens de S., M. Pruf
» fienne fur cet objet , la certnude des expérances
» qu'on pourroit en avoir conçues. Ainfi , dès que
le Roi de Pruffe fe fera expliqué fur le temps &
» la maniere d'évacuer le dits Etats Electoraux de
» Saxe pour ce qui regarde fon armée , S. M..
Impératrice Reine , de concert avec fes Alliés ,:
» ne tardera , certainement pas à y apporter tou ›
» tes les facilitées que S. M. le Roi de Pologne
peut le promettre d'ailleurs de fon amitié , &
qui feroit propres à faire connoître de plus eni
>> plus à S. M. l'Impératrice de toutes les Rules
» combien l'on fouhaite de voir les defirs , fur un
» objet fi intéreffant , fuivis de tout le fuccès que
» mérite la grandeur d'âme qui les lui a inſpiɔɔ
rés. ».
»
כ כ
כ כ
188 MERCURE DE FRANCE.
On voit par cette réponſe , que l'Impératrice
Reine donneroit volontiers les mains à l'arrangement
qu'on propofe , mais auquel il paroît que
le Roi de Pruffe eft fort éloigné de confentir .
L'Impératrice de Ruflie ayant fair propofer à
l'Impératrice Reine , & au Roi de Prutie , de faire
évacuer la Saxe par leurs troupes refpectives
notre augufte Souveraine a fait répondre à certe
propofition par la déclaration fuivante.
Le tendre & vif intérêt que Sa Majesté l'Im-
» pératrice de toutes les Raffies témoigne prendre
au trifte fort de la Saxe opprimée , la compaf-
>>-fion qu'excitent dans fon coeur bienfaisant les
revers qu'éprouve depuis tant d'années le Roi
de Pologne , les fentimens d'humanité qui lui
» ont dicté la propofition d'évacuer les Etats
>> Electoraux de Saxe , énoncée dans la noté re-
» miſe à M. l'Ambaffadeur Comte de Mercy
» tout cela n'a pu qu'affecter fenfiblement S. M.
» l'Impératrice Reine. Elle trouve dans les vues
D
& les intentions de S. M. l'Impératrice de
>> toutes les Rullies tant de conformité aux faits
par lefquels S. M. a conftamment prouvé fon
» amitié pour le Roi de Pologne , qu'Elle defire
» avec ardeur pouvoir concourir à ce que la juf
>> tice & l'humanité ne permettent pas de lui re-
>> fufer .
و ر
و د
>> Toute l'Europe voit les efforts que S. M.
l'Impératrice fait & foutient pour la défenſe &
JANVIER. 1763. 187
» la délivrance de la Saxe. Il n'a pas dépendu
» d'Elle que fon ami le Roi de Pologne ne jouît
» de la plus grande tranquillité au milieu de la
» guerre qui défole les propres Etats de S. M.
» l'Impératrice Reine . Elle ne lui a jamais de-
» mandé ni fecours , ni démarche , ni démonf-
» tration , qui puffent lui attirer l'inimitié de S.
» M. Pruffienne , & , le voyant malgré cela enve-
» loppé dans la guerre , S. M. n'a pas balancé un
» moment à lui offrir & à lui donner réellement
» tous les fecours qui pouvoient dépendre d'Elle.
>> Ces circonftances juftifient fans doute aux
yeux de l'univers la fatisfaction que doit lui
» donner la différence qu'il y a entre défendre .
"
פכ
و ر
25
& opprimer un pays ; mais S. M. n'en eft que
» plus animée à rechercher & à embraffer tous
» les moyens propres à conduire à une paix jufte
» & raifonnable ; & comme S M. l'Impéra-
» trice de toutes les Ruffies regarde comme telle
» l'évacuation de la Saxe , il ne s'agira que de
» conftater , par les fentimens de S., M. Pruf
» fienne fur cet objet , la certnude des expérances
» qu'on pourroit en avoir conçues. Ainfi , dès que
le Roi de Pruffe fe fera expliqué fur le temps &
» la maniere d'évacuer le dits Etats Electoraux de
» Saxe pour ce qui regarde fon armée , S. M..
Impératrice Reine , de concert avec fes Alliés ,:
» ne tardera , certainement pas à y apporter tou ›
» tes les facilitées que S. M. le Roi de Pologne
peut le promettre d'ailleurs de fon amitié , &
qui feroit propres à faire connoître de plus eni
>> plus à S. M. l'Impératrice de toutes les Rules
» combien l'on fouhaite de voir les defirs , fur un
» objet fi intéreffant , fuivis de tout le fuccès que
» mérite la grandeur d'âme qui les lui a inſpiɔɔ
rés. ».
»
כ כ
כ כ
188 MERCURE DE FRANCE.
On voit par cette réponſe , que l'Impératrice
Reine donneroit volontiers les mains à l'arrangement
qu'on propofe , mais auquel il paroît que
le Roi de Pruffe eft fort éloigné de confentir .
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Résumé : DE VIENNE, le 3 Novembre.
Le 3 novembre, l'Impératrice de Russie a proposé à l'Impératrice Reine et au Roi de Prusse d'évacuer la Saxe par leurs troupes respectives. En réponse, l'Impératrice Reine a exprimé sa gratitude pour l'intérêt et la compassion de l'Impératrice de Russie envers la Saxe et le Roi de Pologne. Elle a souligné la conformité des vues de l'Impératrice de Russie avec ses propres efforts pour aider le Roi de Pologne. L'Impératrice Reine a également mentionné les efforts constants de l'Impératrice de Russie pour la défense et la délivrance de la Saxe, et son soutien inconditionnel malgré les risques d'inimitié avec la Prusse. Elle a exprimé son désir de contribuer à une paix juste et raisonnable, notamment l'évacuation de la Saxe. L'Impératrice Reine a conclu en affirmant qu'elle apporterait toutes les facilités nécessaires dès que le Roi de Prusse se serait expliqué sur les modalités d'évacuation, en concertation avec ses alliés.
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1628
p. 188-189
De DRESDE, le 26 Octobre.
Début :
Le Baron de Haddick poursuivant avec activité le plan qu'il avoit concerté pour déloger les [...]
Mots clefs :
Postes avantageux, Armée de l'Empire, Reddition
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De DRESDE, le 26 Octobre.
De DRESDE , le 26 Octobre.
Le Baron de Haddick pourſuivant avec activité
le plan qu'il avoit concerté pour déloger les
poftes avantageux qu'il occupoit en Saxe , prit
la réfolution d'attaquer à la fois les différens corps
des ennemis. Le Prince de Stolberg , à la tête de
l'Armée de l'Empire , a été chargé de la premiére
attaque , qui étoit la plus importante. La feconde
attaque , qui a très bien réuli , étoit conduite
par le Général Weczey ; la troifiéme , par le Général
Lucfinsky ; la quatrième , par le Colonel
Schiebel , aux ordres du fieur Bagendorff , Général
- Major au Service de Saxe ; & la cinquiéme a
été dirigée par le Général Butler , au Village de
Conradsdorff; où le Général Haddick s'eft tenu >
parce que c'étoit à-peu-près là le centre du terrein
où fé faifoient les différentes attaques.
Cette affaire , qui s'eft paffée le is près de Freyberg
, a coûté aux Impériaux quatorze cens hommes
tant tués que bleffés. On compte que les Pruf
hens en ont eu deux mille taés & bleffés , & autant
de prifonniers. On leur a pris dans l'action
douze piéces de canon & deux autres dans la
retraite , avec onze drapeaux & un étendard .
• Le 23 les ennemis évacuerent Chemnitz , mais
ils laifferent encore un piquet à Ponig.
Le Général Haddick a appris le 17 par un Courier
du Maréchal de Daun que Schweidnitz avoit
été rendue le 9 , & que la garniſon étoit priſonniere
de guerre. La reddition de cette Place a été
déterminée par l'effet d'un obus, qui étant tombé
JANVIER. 1763. 189
dans le laboratoire du Fort Javernick , y avoit
mis le feu , & avoit fait fauter quatre cens hommes
avec une grande partie de cet ouvrage.
Comme cet accident rendoit le Fort aifé à emporter
, le Comte de Gualco a affemblé les principaux
Officiers de la garnifon pour délibérer fur
le parti qu'il y avoit à prendre. Il a été convenu
unanimement qu'il n'étoit plus poffible de défendre
la Place , d'autant qu'il ne reftoit plus
de poudre depuis l'accident du Fort Javernick :
Le Roi de Prufle a comblé d'éloges le Commandant
& toute la garnifon. Il leur a dit qu'ils
avoient donné un bel exemple à imiter à ceux
qui auroient à défendre des Places , & que
leur longue réſiſtance lui coûtoit plus de huit mile
hommes. Les Autrichiens ont eu dans ce fiége
vingt-cinq Officiers tués , cinquante-huit bleflés ,
& deux mille huit cens foldats tant tués que
bleffés.
Le Baron de Haddick pourſuivant avec activité
le plan qu'il avoit concerté pour déloger les
poftes avantageux qu'il occupoit en Saxe , prit
la réfolution d'attaquer à la fois les différens corps
des ennemis. Le Prince de Stolberg , à la tête de
l'Armée de l'Empire , a été chargé de la premiére
attaque , qui étoit la plus importante. La feconde
attaque , qui a très bien réuli , étoit conduite
par le Général Weczey ; la troifiéme , par le Général
Lucfinsky ; la quatrième , par le Colonel
Schiebel , aux ordres du fieur Bagendorff , Général
- Major au Service de Saxe ; & la cinquiéme a
été dirigée par le Général Butler , au Village de
Conradsdorff; où le Général Haddick s'eft tenu >
parce que c'étoit à-peu-près là le centre du terrein
où fé faifoient les différentes attaques.
Cette affaire , qui s'eft paffée le is près de Freyberg
, a coûté aux Impériaux quatorze cens hommes
tant tués que bleffés. On compte que les Pruf
hens en ont eu deux mille taés & bleffés , & autant
de prifonniers. On leur a pris dans l'action
douze piéces de canon & deux autres dans la
retraite , avec onze drapeaux & un étendard .
• Le 23 les ennemis évacuerent Chemnitz , mais
ils laifferent encore un piquet à Ponig.
Le Général Haddick a appris le 17 par un Courier
du Maréchal de Daun que Schweidnitz avoit
été rendue le 9 , & que la garniſon étoit priſonniere
de guerre. La reddition de cette Place a été
déterminée par l'effet d'un obus, qui étant tombé
JANVIER. 1763. 189
dans le laboratoire du Fort Javernick , y avoit
mis le feu , & avoit fait fauter quatre cens hommes
avec une grande partie de cet ouvrage.
Comme cet accident rendoit le Fort aifé à emporter
, le Comte de Gualco a affemblé les principaux
Officiers de la garnifon pour délibérer fur
le parti qu'il y avoit à prendre. Il a été convenu
unanimement qu'il n'étoit plus poffible de défendre
la Place , d'autant qu'il ne reftoit plus
de poudre depuis l'accident du Fort Javernick :
Le Roi de Prufle a comblé d'éloges le Commandant
& toute la garnifon. Il leur a dit qu'ils
avoient donné un bel exemple à imiter à ceux
qui auroient à défendre des Places , & que
leur longue réſiſtance lui coûtoit plus de huit mile
hommes. Les Autrichiens ont eu dans ce fiége
vingt-cinq Officiers tués , cinquante-huit bleflés ,
& deux mille huit cens foldats tant tués que
bleffés.
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Résumé : De DRESDE, le 26 Octobre.
Le 26 octobre, le Baron de Haddick a orchestré cinq attaques simultanées en Saxe pour déloger les forces ennemies. Le Prince de Stolberg a dirigé la principale offensive, tandis que les autres étaient menées par les Généraux Weczey, Lucfinsky, le Colonel Schiebel sous les ordres du Général Bagendorff, et le Général Butler. Haddick a supervisé les opérations depuis Conradsdorff. Cette bataille près de Freyberg a entraîné la perte de 1 400 hommes pour les Impériaux et environ 2 000 pertes et autant de prisonniers pour les Prussiens, ainsi que la capture de quatorze pièces de canon et onze drapeaux. Le 23 octobre, les ennemis ont évacué Chemnitz mais ont laissé un poste à Ponig. Le 17 octobre, Haddick a appris la reddition de Schweidnitz, causée par un obus ayant détruit le laboratoire du Fort Javernick et tué 400 hommes. Le Comte de Gualco a conclu qu'il était impossible de défendre la place faute de poudre. Le Roi de Prusse a félicité la garnison pour sa résistance, soulignant que la défense lui avait coûté plus de 8 000 hommes. Les Autrichiens ont perdu 25 officiers tués, 58 blessés, et 2 800 soldats tués ou blessés.
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1629
p. 189-190
Du 4 Novembre.
Début :
Les affaires de la Saxe viennent d'éprouver encore une révolution. Le Prince Henri ayant rassemblé [...]
Mots clefs :
Retraite, Saxe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Du 4 Novembre.
Les affaires de la Saxe viennent d'éprouver encore
une révolution . Le Prince Henri ayant raffemblé
la plus grande partie de fes forces derriere
le Zetterwald , en a débouché le 28 du mois dernier
, & a replié le même jour tous les avantpoftes
de l'Armée du Prince de Stolberg . Le lendemain
29 , à la pointe du jour , les Pruffiens ont
attaqué par quatre différens points la pofition de
Freyberg , dont ils fe font emparés après une réfiftance
de plus de huit heures . La fupériorité du
nombre leur a donné cet avantage fur les troupes
de l'Empire , qui n'ont pas pû être renforcées
allez promptement par le Général Butler. On
eftime la perte des Impériaux à deux ou trois
mille hommes & à quelques piéces de canon.
190 MERCURE DE FRANCE.
Leur retraite s'eft cependant faire fans défordre ,
& le Prince de Stolberg a pris une pofition qu'il
eſpére de pouvoir foutenir entre Freyberg & Fravenſtein.
Suivant des nouvelles très- poſitives de Gorlitz ,
du 2 de ce mois , un nouveau Corps Pruffien eſt
en marche pour fe rendre en Saxe. On le croit de
- quinze Elcadrons & quatorze Bataillons. On
affure que le Roi de Prulle le commande en perfonne
, ayant fous les ordres les Généraux Ziethen
, Lentulas & Rammin , & l'on ajoute qu'il
prend fa route par la Baffe-Luface.
Le Général Maquire s'eft démis , pour cauſe
d'indifpofition , du commandement de l'Armée
campée près de Fravenſtein , & il a été remplacé
par le Général de Wied.
une révolution . Le Prince Henri ayant raffemblé
la plus grande partie de fes forces derriere
le Zetterwald , en a débouché le 28 du mois dernier
, & a replié le même jour tous les avantpoftes
de l'Armée du Prince de Stolberg . Le lendemain
29 , à la pointe du jour , les Pruffiens ont
attaqué par quatre différens points la pofition de
Freyberg , dont ils fe font emparés après une réfiftance
de plus de huit heures . La fupériorité du
nombre leur a donné cet avantage fur les troupes
de l'Empire , qui n'ont pas pû être renforcées
allez promptement par le Général Butler. On
eftime la perte des Impériaux à deux ou trois
mille hommes & à quelques piéces de canon.
190 MERCURE DE FRANCE.
Leur retraite s'eft cependant faire fans défordre ,
& le Prince de Stolberg a pris une pofition qu'il
eſpére de pouvoir foutenir entre Freyberg & Fravenſtein.
Suivant des nouvelles très- poſitives de Gorlitz ,
du 2 de ce mois , un nouveau Corps Pruffien eſt
en marche pour fe rendre en Saxe. On le croit de
- quinze Elcadrons & quatorze Bataillons. On
affure que le Roi de Prulle le commande en perfonne
, ayant fous les ordres les Généraux Ziethen
, Lentulas & Rammin , & l'on ajoute qu'il
prend fa route par la Baffe-Luface.
Le Général Maquire s'eft démis , pour cauſe
d'indifpofition , du commandement de l'Armée
campée près de Fravenſtein , & il a été remplacé
par le Général de Wied.
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Résumé : Du 4 Novembre.
Le Prince Henri a repoussé les avant-postes de l'armée du Prince de Stolberg le 28 du mois dernier derrière le Zetterwald. Le lendemain, les Prussiens ont pris la position de Freyberg après huit heures de résistance, profitant de leur supériorité numérique. Les troupes impériales, non renforcées à temps par le Général Butler, ont subi des pertes estimées entre deux et trois mille hommes ainsi que quelques pièces de canon, mais se sont retirées sans désordre. Le Prince de Stolberg a pris une nouvelle position entre Freyberg et Fravenstein. Selon des nouvelles de Gorlitz, un nouveau corps prussien, composé de quinze escadrons et quatorze bataillons, se dirige vers la Saxe, commandé par le Roi de Prusse et assisté des Généraux Ziethen, Lentulus et Rammin. Par ailleurs, le Général Maguire a démissionné pour indisposition et a été remplacé par le Général de Wied au commandement de l'armée près de Fravenstein.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1630
p. 196-199
De VERSAILLES, le 20 Novembre.
Début :
Le Prince Ferdinand de Brunswick ayant reçu le 14 au soir un courier de la Cour de Londres [...]
Mots clefs :
Préliminaires de paix entre la France et l'Angleterre, Majesté britannique, Lieutenant général des armées du roi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De VERSAILLES, le 20 Novembre.
De VERSAILLES , le 20 Novembre.
Le Prince Ferdinand de Brunſwick ayant reçu
le 14 au foir un courier de la Cour de Londres
qui lui apprenoit la fignature des préliminaires
de paix entre la France & l'Angleterre , a arrêté
le lendemain , felon les ordres de Sa Majeft
Britannique , avec les Maréchaux d'Eftrées & de
Soubife , munis des ordres du Roi , une fufpenfion
d'armes générale pour les deux armées. En
voici la copie.
CONVENTION arrétée entre l'armée Françoiſe
& l'armée Britannique .
Nous Claude-Louis -François de Regnier,Comte
de Guerchy , Lieutenant- Général des Armées
du Roi , Chevalier de fes Ordres , Colonel - Lieu-
Gouver- tenant de fon Régiment d'Infanterie ,
neur des Ville & Château d'Huningue , muni
des pouvoirs de Meffieurs les Maréchaux Comte
d'Eftrées & Prince de Soubife , commandans én
chefs les armées de Sa Majefté en Allemagne.
Et George Howard , Lieutenant - Général des
Armées de Sa Majefté Britannique , Colonel des
Bafs , le troifiéme Régiment d'Infanterie de Sa
Majeſté , muni des pouvoirs de Son Alteffe SéJANVIER
. 1763 .
197
réniffime Mgr le Duc Ferdinand de Brunſwick &
de Lunebourg , &c &c. commandant en chef
l'armée de Sa Majesté Britannique en Allemagne.
D'après la connoiffance donnée à nos Généraux
refpectifs de la fignature des préliminaires
de la paix , le 3 de ce mois de Novembre à Fontainebleau
, entre le Roi & le Roi d'Eſpagne ,
d'une part ; & le Roi d'Angleterre , de l'autre ; &
nos Généraux defirant faire ceffer , le plutôt poffible
, toute éffufion de fang & les calamnités des
pays quiforment le théâtre de la guerre ; Nous
fommes convenus , en leurs noms & avec leur
approbation , de ce qui fuit :
1.Qu'une fufpenfion d'armes entre toutes les
troupes des deux armées aura lieu , du jour de
la fignature & de la ratification , par les deux
Généraux , de la préfente convention , & le plutôt
poffible , par les troupes qui en font éloignées.
2º. Il y aura une ligne de démarcation , pour
féparer les deux armées , (pécifiée ci- après .
Pour le centre des deux armées ; le cours de la
Lahn , depuis la fource jufqu'à la jonction avec
l'Ohm , & delà , en remontant cette riviere jufqu'à
Merlan. Pour la droite de l'armée Françoife
& la gauche de l'armée Britannique ; pallant
par Lauterbach , & de là fe dirigeant en droiture
fur la Fulde en longeant la riviere d'Alfeld , en
laillant Schlitz devant foi , & enfuite pallant la
Fulde par Hunfeld , Fladungen , & la riviere qui
y palle & va ſe jetter dans la Sala .
A la gauche de l'armée Françoiſe & à la droite
de l'armée Britannique ; depuis les fources de la
Lahn jufqu'à celles de Lenn , & enfuite le cour
de cette derniere riviere , à travers le Duché de
Weftphalie ; & de là , cette même ligne aboutira
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
1
à Nehem fur le Roër , paffera à Uuna , Dormon
de , Alteren , Coesfelt , & finira aux frontieres de
la Hollande.
3. La Garnison de Ziegenhayn fe tiendra tranquille
, & payera dorénavant les beſoins , argent
comptant ,jufqu'à ce qu'elle évacue la Place.
Il lui fera indiqué un endroit pour couper le
bois néceffaire pour fon chauffage , & qui lui fera
fourni pour fon argent au prix établi & connu
dans le pays.
Et , pour pleine & entiere exécution de la préfente
Convention , Nous l'avons fignée , & y
avons mis le fceau de nos armes , lequel fera de
pleine valeur pour être inviolablement obfervée ,
ainfi que fi elle étoit fignée par nos Généraux mêmes
; & pour plus grande affurance , après en
avoir obtenu le pouvoir de nos Généraux , Nous
déclarons qu'elle fera par eux ratifiée . Fait au
Pont de Brükmüle , fur l'Ohm , le quinzieme de
Novembre, milfept cent foixante- deux , à midi.
( Signé ) LE COMTE DE GUERCHY
& G. HOWARD , Lieutenant - Général,
NOUS , LOUIS - CESAR , COMTE D'ETRÉES
Maréchal de France , commandant les armées du
Roi en Allemagne , Gouverneur de Metz & du
Pays Meflin , Miniftre d'Etat , Chevalier des Ordres
du Roi. Et CHARLES DE ROHAN , PRINCE DE
SOUBISE , Pair & Maréchal de France , Miniftre
d'Etat , Capitaine - Lieutenant des Gendarmes de
la Garde ordinaire du Roi , Gouverneur & Lieutenant-
Général pour Sa Majefté des Provinces de
Flandre & de Haynault , Gouverneur particulier
des Ville & Citadelle de Lille , commandant les
armées du Roi en Allemagne , & c.
Et NOUS FERDINAND , par la grace de Dieu ,
JANVIER. 1763. 199
DUC DE BRUNSWICK ET DE LUNEBOURG , Feld
Maréchal des Armées de Sa Majeſté Prufſienne ,
Colonel d'un Régiment d'Infanterie , Gouverneur
de la Forterelle de Magdebourg , Chevalier des
Ordres de l'Aigle Nair & de Saint Jean de Jerufalem
, commandant en chef l'Armée de Sa Majefté
Britanique en Allemagne , & c.
Après avoir pris la lecture des conditions qui
ont été arrêtées avec M. le Comte de Guerchy
Lieutenant- Général des Armées du Roi , & M.
Howard , Lieutenant- Général des Armées de Sa
Majesté Britanique , fignées aujourd'hui , & contenant
trois articles : DECLARONS que nous avons
pour agréables les conditions portées dans lefdits
articles ; & promettons de les faire exécuter de
bonne foi dans tous les points. EN FOI DE QUOI
Nous avons figné les préfentes , & y avons fait
appofer le fceau de nos armes. FAIT au Pont de
Brükmüle , fur l'Ohm , le quinzième jour de Novembre
milfept centfoixante- deux , à deux heures
après-midi. Signé ) LE MARECHAL D'ESTREES.
LE MARECHAL PRINCE DE SOUBISE
; & FERDINAND , Duc de BrunSWICK
ET DE LUNEBOUrg.
Le Prince Ferdinand de Brunſwick ayant reçu
le 14 au foir un courier de la Cour de Londres
qui lui apprenoit la fignature des préliminaires
de paix entre la France & l'Angleterre , a arrêté
le lendemain , felon les ordres de Sa Majeft
Britannique , avec les Maréchaux d'Eftrées & de
Soubife , munis des ordres du Roi , une fufpenfion
d'armes générale pour les deux armées. En
voici la copie.
CONVENTION arrétée entre l'armée Françoiſe
& l'armée Britannique .
Nous Claude-Louis -François de Regnier,Comte
de Guerchy , Lieutenant- Général des Armées
du Roi , Chevalier de fes Ordres , Colonel - Lieu-
Gouver- tenant de fon Régiment d'Infanterie ,
neur des Ville & Château d'Huningue , muni
des pouvoirs de Meffieurs les Maréchaux Comte
d'Eftrées & Prince de Soubife , commandans én
chefs les armées de Sa Majefté en Allemagne.
Et George Howard , Lieutenant - Général des
Armées de Sa Majefté Britannique , Colonel des
Bafs , le troifiéme Régiment d'Infanterie de Sa
Majeſté , muni des pouvoirs de Son Alteffe SéJANVIER
. 1763 .
197
réniffime Mgr le Duc Ferdinand de Brunſwick &
de Lunebourg , &c &c. commandant en chef
l'armée de Sa Majesté Britannique en Allemagne.
D'après la connoiffance donnée à nos Généraux
refpectifs de la fignature des préliminaires
de la paix , le 3 de ce mois de Novembre à Fontainebleau
, entre le Roi & le Roi d'Eſpagne ,
d'une part ; & le Roi d'Angleterre , de l'autre ; &
nos Généraux defirant faire ceffer , le plutôt poffible
, toute éffufion de fang & les calamnités des
pays quiforment le théâtre de la guerre ; Nous
fommes convenus , en leurs noms & avec leur
approbation , de ce qui fuit :
1.Qu'une fufpenfion d'armes entre toutes les
troupes des deux armées aura lieu , du jour de
la fignature & de la ratification , par les deux
Généraux , de la préfente convention , & le plutôt
poffible , par les troupes qui en font éloignées.
2º. Il y aura une ligne de démarcation , pour
féparer les deux armées , (pécifiée ci- après .
Pour le centre des deux armées ; le cours de la
Lahn , depuis la fource jufqu'à la jonction avec
l'Ohm , & delà , en remontant cette riviere jufqu'à
Merlan. Pour la droite de l'armée Françoife
& la gauche de l'armée Britannique ; pallant
par Lauterbach , & de là fe dirigeant en droiture
fur la Fulde en longeant la riviere d'Alfeld , en
laillant Schlitz devant foi , & enfuite pallant la
Fulde par Hunfeld , Fladungen , & la riviere qui
y palle & va ſe jetter dans la Sala .
A la gauche de l'armée Françoiſe & à la droite
de l'armée Britannique ; depuis les fources de la
Lahn jufqu'à celles de Lenn , & enfuite le cour
de cette derniere riviere , à travers le Duché de
Weftphalie ; & de là , cette même ligne aboutira
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
1
à Nehem fur le Roër , paffera à Uuna , Dormon
de , Alteren , Coesfelt , & finira aux frontieres de
la Hollande.
3. La Garnison de Ziegenhayn fe tiendra tranquille
, & payera dorénavant les beſoins , argent
comptant ,jufqu'à ce qu'elle évacue la Place.
Il lui fera indiqué un endroit pour couper le
bois néceffaire pour fon chauffage , & qui lui fera
fourni pour fon argent au prix établi & connu
dans le pays.
Et , pour pleine & entiere exécution de la préfente
Convention , Nous l'avons fignée , & y
avons mis le fceau de nos armes , lequel fera de
pleine valeur pour être inviolablement obfervée ,
ainfi que fi elle étoit fignée par nos Généraux mêmes
; & pour plus grande affurance , après en
avoir obtenu le pouvoir de nos Généraux , Nous
déclarons qu'elle fera par eux ratifiée . Fait au
Pont de Brükmüle , fur l'Ohm , le quinzieme de
Novembre, milfept cent foixante- deux , à midi.
( Signé ) LE COMTE DE GUERCHY
& G. HOWARD , Lieutenant - Général,
NOUS , LOUIS - CESAR , COMTE D'ETRÉES
Maréchal de France , commandant les armées du
Roi en Allemagne , Gouverneur de Metz & du
Pays Meflin , Miniftre d'Etat , Chevalier des Ordres
du Roi. Et CHARLES DE ROHAN , PRINCE DE
SOUBISE , Pair & Maréchal de France , Miniftre
d'Etat , Capitaine - Lieutenant des Gendarmes de
la Garde ordinaire du Roi , Gouverneur & Lieutenant-
Général pour Sa Majefté des Provinces de
Flandre & de Haynault , Gouverneur particulier
des Ville & Citadelle de Lille , commandant les
armées du Roi en Allemagne , & c.
Et NOUS FERDINAND , par la grace de Dieu ,
JANVIER. 1763. 199
DUC DE BRUNSWICK ET DE LUNEBOURG , Feld
Maréchal des Armées de Sa Majeſté Prufſienne ,
Colonel d'un Régiment d'Infanterie , Gouverneur
de la Forterelle de Magdebourg , Chevalier des
Ordres de l'Aigle Nair & de Saint Jean de Jerufalem
, commandant en chef l'Armée de Sa Majefté
Britanique en Allemagne , & c.
Après avoir pris la lecture des conditions qui
ont été arrêtées avec M. le Comte de Guerchy
Lieutenant- Général des Armées du Roi , & M.
Howard , Lieutenant- Général des Armées de Sa
Majesté Britanique , fignées aujourd'hui , & contenant
trois articles : DECLARONS que nous avons
pour agréables les conditions portées dans lefdits
articles ; & promettons de les faire exécuter de
bonne foi dans tous les points. EN FOI DE QUOI
Nous avons figné les préfentes , & y avons fait
appofer le fceau de nos armes. FAIT au Pont de
Brükmüle , fur l'Ohm , le quinzième jour de Novembre
milfept centfoixante- deux , à deux heures
après-midi. Signé ) LE MARECHAL D'ESTREES.
LE MARECHAL PRINCE DE SOUBISE
; & FERDINAND , Duc de BrunSWICK
ET DE LUNEBOUrg.
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Résumé : De VERSAILLES, le 20 Novembre.
Le 20 novembre, le Prince Ferdinand de Brunswick a reçu une communication de la Cour de Londres annonçant la signature des préliminaires de paix entre la France et l'Angleterre. Le lendemain, il a ordonné, avec les Maréchaux d'Estrées et de Soubise, une suspension générale des hostilités entre les deux armées. Une convention a été établie entre l'armée française et l'armée britannique, signée par Claude-Louis-François de Regnier, Comte de Guerchy, et George Howard. Cette convention prévoit une suspension d'armes entre les troupes des deux armées à partir de la signature et de la ratification par les deux généraux. Une ligne de démarcation a été définie pour séparer les deux armées, incluant des points spécifiques tels que le cours de la Lahn, la Fulde, et la Lenn. La garnison de Ziegenhayn doit rester tranquille et subvenir à ses besoins en attendant son évacuation. La convention a été signée au Pont de Brükmüle sur l'Ohm, le 15 novembre 1762, par les représentants des deux armées.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1631
p. 199-201
De PARIS, le 22 Novembre 1762.
Début :
Les Lettres de Londres ont confirmé la nouvelle que le Fort Saint-Jean de Terre-neuve avoit [...]
Mots clefs :
Fort, Escadre, Vaisseaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 22 Novembre 1762.
Les Lettres de Londres ont confirmé la nouvelle
que le Fort Saint - Jean de Terre- neuve avoit
été repris par les Anglois , & que le Chevalier de
Ternay leur avoit échappé ; mais on a fuppofé
mal - à - propos que cet Officier avoit cinq vaiffeaux
de guerre . Son efcadre n'étoit compofée que des
vailleaux le Robufte , de foixante quatorze canons
, & l'Eveillé de foixante- quatre ; de la Frégate
la Licorne de trente canons , & d'une flute
nommée la Garonne , de vingt-huit .
Le 31 du mois dernier la Maréchale de Broglie
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
eft accouchée d'un fils dans fon château de Bro
glie en Normandie.
L'escadre du Roi , commandée par le Comte de
Blenac , eft partie de Saint- Domingue le 7 Sepsembre
, & eſt arrivée à Breſt le 8 de ce mois.
La ville de Callel , où commandoit le Baron de
Diesback , a été obligée par le manque de fubfiftances
de ſe rendre aux Alliés le premier de ce
mois. La garniſon en eft fortie avec les honneurs
de la guerre , tambour battant , méche allumée ,
avec armes & bagages .
Le 12 , l'ouverture du Parlement s'eft faire avec
les cérémonies accoutumées , par une Meffe folemnelle
, à laquelle le fieur Molé , premier Préfident
, & les Chambres affifterent , & qui fut célébrée
par l'Abbé de Sailly , Chantre de la Sainte
Chapelle , & Aumônier de Madame la Dauphine.
Le 20 , le Duc de Bedfort a reçu on Courier de
fa Cour , avec la ratification des articles prélimi
naires de la Paix , figné à Fontainebleau , le trois
de ce mois , entre la France , l'Eſpagne & l'Angleterre.
-Le Marquis de Grimaldy a reçu le même jour
un Courier de Madrid , qui lui a apporté la ratification
de Sa Majefté Catholique.
Le vingt- deuxième tirage de la Lotterie de
l'Hôtel- de- Ville , s'eft fait le 20 de ce mois. Le
Lot de cinquante mille livre eſt échu au Numero
87329 , celui de vingt mille au Nunero 87187 ,
& les deux de dix mille aux Numeros 85367 , &
92964
Le cinq on tira la Lotterie de l'Ecole- Royale-
Militaire. Les Numeros fortis de la roue de fortune
, font , 31 , 87 , 54 , 20 , 53. Le prochain
tirage fe fera le 4 Décembre .
Il paroît que la nouvelle du Combat Naval qui
JANVIER. 1763. 201
s'eft , dit- on , donné le fept Septembre dernier,
entre les Galeres de la Religion & plufieurs Vaiffeaux
Barbarefques , n'a aucun fondement. Cette
nouvelle , qui s'eft d'abord répandue en Italie fembloit
être confirmée par une prétendue Lettre de
Malthe , du 30 Septembre , qu'on vient d'inférer
dans les Gazettes étrangères ; mais on a reçu dans
cette Ville des lettres du cinq Otobre , dans lef
quelles on annonce l'arrivée des Galeres , fans y
faire la plus légére mention de ce combat.
que le Fort Saint - Jean de Terre- neuve avoit
été repris par les Anglois , & que le Chevalier de
Ternay leur avoit échappé ; mais on a fuppofé
mal - à - propos que cet Officier avoit cinq vaiffeaux
de guerre . Son efcadre n'étoit compofée que des
vailleaux le Robufte , de foixante quatorze canons
, & l'Eveillé de foixante- quatre ; de la Frégate
la Licorne de trente canons , & d'une flute
nommée la Garonne , de vingt-huit .
Le 31 du mois dernier la Maréchale de Broglie
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
eft accouchée d'un fils dans fon château de Bro
glie en Normandie.
L'escadre du Roi , commandée par le Comte de
Blenac , eft partie de Saint- Domingue le 7 Sepsembre
, & eſt arrivée à Breſt le 8 de ce mois.
La ville de Callel , où commandoit le Baron de
Diesback , a été obligée par le manque de fubfiftances
de ſe rendre aux Alliés le premier de ce
mois. La garniſon en eft fortie avec les honneurs
de la guerre , tambour battant , méche allumée ,
avec armes & bagages .
Le 12 , l'ouverture du Parlement s'eft faire avec
les cérémonies accoutumées , par une Meffe folemnelle
, à laquelle le fieur Molé , premier Préfident
, & les Chambres affifterent , & qui fut célébrée
par l'Abbé de Sailly , Chantre de la Sainte
Chapelle , & Aumônier de Madame la Dauphine.
Le 20 , le Duc de Bedfort a reçu on Courier de
fa Cour , avec la ratification des articles prélimi
naires de la Paix , figné à Fontainebleau , le trois
de ce mois , entre la France , l'Eſpagne & l'Angleterre.
-Le Marquis de Grimaldy a reçu le même jour
un Courier de Madrid , qui lui a apporté la ratification
de Sa Majefté Catholique.
Le vingt- deuxième tirage de la Lotterie de
l'Hôtel- de- Ville , s'eft fait le 20 de ce mois. Le
Lot de cinquante mille livre eſt échu au Numero
87329 , celui de vingt mille au Nunero 87187 ,
& les deux de dix mille aux Numeros 85367 , &
92964
Le cinq on tira la Lotterie de l'Ecole- Royale-
Militaire. Les Numeros fortis de la roue de fortune
, font , 31 , 87 , 54 , 20 , 53. Le prochain
tirage fe fera le 4 Décembre .
Il paroît que la nouvelle du Combat Naval qui
JANVIER. 1763. 201
s'eft , dit- on , donné le fept Septembre dernier,
entre les Galeres de la Religion & plufieurs Vaiffeaux
Barbarefques , n'a aucun fondement. Cette
nouvelle , qui s'eft d'abord répandue en Italie fembloit
être confirmée par une prétendue Lettre de
Malthe , du 30 Septembre , qu'on vient d'inférer
dans les Gazettes étrangères ; mais on a reçu dans
cette Ville des lettres du cinq Otobre , dans lef
quelles on annonce l'arrivée des Galeres , fans y
faire la plus légére mention de ce combat.
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Résumé : De PARIS, le 22 Novembre 1762.
Le texte relate divers événements historiques. Les Lettres de Londres confirment la reprise du Fort Saint-Jean de Terre-Neuve par les Anglais et l'échappée du Chevalier de Ternay. Son escadre, contrairement aux suppositions, comptait cinq vaisseaux : le Robuste, l'Éveillé, la frégate La Licorne et la flute La Garonne. La Maréchale de Broglie a accouché d'un fils le 31 du mois précédent. L'escadre du Roi, dirigée par le Comte de Blenac, est partie de Saint-Domingue le 7 septembre et est arrivée à Brest le 8 du mois en cours. La ville de Callel, commandée par le Baron de Diesback, s'est rendue aux Alliés le 1er du mois en raison du manque de subsistances, permettant à la garnison de sortir avec les honneurs de la guerre. Le 12, l'ouverture du Parlement a eu lieu avec les cérémonies habituelles, présidée par le sieur Molé et célébrée par l'Abbé de Sailly. Le 20, le Duc de Bedford et le Marquis de Grimaldi ont reçu des courriers confirmant la ratification des articles préliminaires de la paix signés à Fontainebleau entre la France, l'Espagne et l'Angleterre. Le 20, le vingt-deuxième tirage de la loterie de l'Hôtel-de-Ville a eu lieu, attribuant des lots à plusieurs numéros. Le 5, le tirage de la loterie de l'École-Royale-Militaire a été effectué. Enfin, une nouvelle d'un combat naval entre les galères de la Religion et des vaisseaux barbaresques s'est révélée infondée, confirmée par des lettres du 5 octobre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1632
p. 206-212
ARTICLES Préliminaires de Paix entre le Roi, le Roi de la Grande-Bretagne & le Roi d'Espagne, signés à Fontainebleau le 3 Novembre 1762.
Début :
AU NOM DE LA TRÈS-SAINTE TRINITÉ. LE Roi Très-Chrétien & le Roi de la Grande-Bretagne [...]
Mots clefs :
Paix, Îles de la Grenade, Îles de la Guadeloupe, La Nouvelle-Orléans, Dunkerque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARTICLES Préliminaires de Paix entre le Roi, le Roi de la Grande-Bretagne & le Roi d'Espagne, signés à Fontainebleau le 3 Novembre 1762.
ARTICLES Préliminaires de Paix entre le Roi ,
le Roi de la Grande-Bretagne & le Roi d'Ef
pagne , fignés à Fontainebleau le 3 Novembre
1762.
AU NOM DE LA TRE'S - SAINTE TRINITÉ.
E Roi Très- Chrétien & le Roi de la Grande-
Bretagne , animés du defir réciproque de
rétablir entre eux l'union & la bonne intelligence
, tant pour le bien de l'humanité en général ,
que pour celui de leurs Royaumes , Etats & Sujers
refpectifs , ayant réfléchi peu après la rupture
entre la Grande - Bretagne & l'Efpagne , fur l'état
de la négociation de l'année paflée , qui malheureufement
n'a pas eu l'effet qu'on s'en étoit
promis , ainfi que
fur les points en difpute entre
les Couronnes de la Grande-Bretagne & d'Efpagne
; Leurs Majeftés Très- Chrétienne & Britannique
, ont entamé une correſpondance pour chercher
les moyens d'ajuster les différends qui fubfiftent
entre leurfdites Majeftés . En même-temps ,
le Roi Très- Chrétien ayant fait part au Roi d'Efpagne
de ces heureufes difpofitions , Sa Majefté
Catholique s'eft trouvée animée du même zéle
pour le bien de l'humanité & celui de fes Sujets ,
& réfolue à étendre & multiplier les fruits de la
paix par fon concours à de filouables intentions .
En conféquence , Leurs Majeftés Très- Chrétienne
, Britannique & Catholique , ayant muremeut
confidéré tous les points ci- deffus , ainfi que lès
JANVIER. 1763. 207
différens événemens furvenus pendant le cours
de la préfente négociation , font convenues d'un
commun accord des Articles ci après , qui ferviront
de bale au Traité de paix futur . A l'effet
de quoi Sa Majefté Très - Chrétienne a nommě
& aurorifé le fieur Cefar Gabriel de Choifeul ,
Duc de Praflin , Pair de France , Chevalier de
fes Ordres , Lieutenant - Général de fes Armées ,
Confeiller en tous fes Confeils , & Miniftre &
Sécrétaire d'Etat & de fes Commandemens & Finances
; Sa Majefté Britannique le Sr Jean Duc
& Comte de Bedford Marquis de Tavistock, &c.
Miniftre d'Etat du Roi de la Grande- Bretagne ,
Lieutenant Général de fes Armées , Garde de fon
Sceau Privé , Chevalier du très - noble Ordre de
la Jarretiere , & Miniftre Plénipotentiaire de Sa
Majesté Britannique près Sa Majesté Très Chrétienne
; & Sa Majesté Catholique a pareillement
nommé & autorifé Don Jerôme Grimaldi , Marquis
de Grimaldi , Chevalier des Ordres du Roi
Très -Chrétien , Gentilhomme de la Chambre
de Sa Majefté Catholique avec exercice , & fon
Ambaladeur Extraordinaire près de Sa Majefté
Très-Chrétienne ; lefquels , après s'être duement
communiqués leurs pleins pouvoirs en bonne forme
, font convenus des Articles fuivans.
ARTICLE PREMIER.
Aulli tôt que les Préliminaires feront fignés &
ratifiés , l'amitié fincère fera rétablie entre Sa
Majefté Très- Chrétienne & Sa Majeté Britannique,
& entre Sa Majefté Britannique & Sa Majefé
Catholique , leurs Royauines , Etats & Sujers
, par mer & par terre , dans toutes les parties
du monde . Il fera envoyé des Ordres aux
Armées & Efcadres , ainfi qu'aux Sujets des trois
Puiffances , de ceffer toute hoftilité , & de vivie
208 MERCURE DE FRANCE .
dans la plus parfaite union , en oubliant le paffé
, dont leurs Souverains leur donnent l'ordre
& l'exemple ; & pour l'exécution de cet Article .
il fera donné de part & d'autre , des Paffeports
de mer aux Vaiffeaux qui feront expédiés pour
en porter la nouvelle dans les poffeffions refpectives
des trois Puillances.
Art. 2. Sa Majeſté Très- Chrétienne renonce à
toutes les prétentions qu'Elle a formées autrefois
ou pû former à la Nouvelle- Ecoffe ou l'Acadie ,
en toutes les parties , & la garantit toute entiere,
& avec toutes les dépendances , au Roi de la
Grande-Bretagne. De plus , Sa Majeſté Très-
Chrétienne céde & garantit à Sadite Majefté Britannique
, en toute propriété , le Canada avec
toutes les dépendances , ainfi que l'Ile du Cap
Breton & toutes les autres Ifles dans le Golfe &
Fleuve Saint-Laurent , fans reſtriction & fans
qu'il foit libre de revenir fous aucun prétexte contre
cette ceffion & garantie , ni de troubler la
Grande-Bretagne dans les poffeffions fulmentionnées.
De fon côté , Sa Majefté Britannique convient
d'accorder aux Habitans du Canada , la
liberté de la Religion Catholique. En conféquence
, Elle donnera les ordres les plus précis & les
plus effectifs pour que fes nouveaux Sujets Catholique
Romains puiffent profeffer le culte de leur
Religion felon le rit de l'Eglife Romaine , en tant
que le permettent les loix de la Grande-Bretagne.
Sa Majesté Britannique convient en outre que les
Habitans François ou autres qui auroient été Sujets
du Roi Très- Chrétien en Canada pourront fe
retirer en toute fûreté & liberté où bon leur femblera
, & pourront vendre leurs biens , pourvû
que ce foit à des Sujets de Sa Majesté Britannique,
& tranfporter leurs effets , ainfi que leurs
JANVIER. 1763. 209
"
perfonnes , fans être gênés dans leur émigration
fous quelque prétexte que ce puiffe être hors
celui de dettes ou de procès criminels ; le terme
limité pour cette émigration étant fixé à l'espace
de dix- huit mois , à compter du jour de la ratification
du Traité définitif.
Art. 3. Les Sujets de la France auront la liberté
de la pêche & de la fécherie fur une partie des
côtes de l'Ile de Terre-Neuve , telle qu'elle eft
pécifiée par l'Article 13 du Traité d'Utrecht , lequel
Article fera confirmé & renouvellé par le
prochain Traité définitif , ( à l'exception de ce qui
regarde l'Ifle du Cap Breton , ainfi que les autres
Ifles dans l'embouchure & dans le Golfe Saint-
Laurent ) , & Sa Majefté Britannique confent de
laiffer aux Sujets du Roi Très- Chrétien la liberté
de pêcher dans le Golfe Saint - Laurent , à condition
que les Sujets de la France n'exercent ladite
pêche qu'à la diſtance de trois lieues de toures
les côtes appartenantes à la Grande- Bretagne ,
foit celles du Continent , foit celles des lles fituées
dans ledit Golfe Saint - Laurent ; & pour ce
qui concerne la pêche hors dudit Golfe , les Sujers
de Sa Majeſté Très - Chrétienne ne l'exerceront
qu'à la diftance de quinze lieues des côtes de
I'lfle du Cap Breton .
Art. 4. Le Roi de la Grande - Bretagne céde les
Inles de Saint- Pierre & de Miquelon , en toute
propriété , à Sa Majefté Très- Chrétienne , pour
fervir d'abri aux Pêcheurs François , & Sadite
Majefté s'oblige , fur fa parole Royale , à ne point
fortifier lesdites Ifles , à n'y établir que des Bâtimens
civils pour la commodité de la pêche , &
à n'y entretenir qu'une garde de cinquante hommes
pour la police.
Art. 5. La Ville & le Port de Dunkerque feront
210 MERCURE DE FRANCE.
mis dans l'état fixé par le dernier Traité d'Aix
1a -Chapelle & par les Traités antérieurs ; la Cunette
fubfiftera telle qu'elle eft aujourd'hui, pourvu
que les Ingénieurs Anglois , nommés par Sa
Majefté Britannique , & reçus à Dunkerque par
ordre de Sa Majesté Très- Chrétienne , vérifient
que cette Cunette n'eft utile que pour la falubrité
de l'air & la fanté des habitans .
Art. 6. Afin de rétablir la paix fur des fondemens
folides & durables , & écarter pour jamais
tout fujet de diſpace par rapport aux limites des
Territoires François & Britanniques fur le Continent
de l'Amérique , il eft convenų qu'à l'avenir
les confins entre les Etats de Sa Majefté Très-
Chrétienne & ceux de S. M. Britannique en cette
partie du monde , feront irrévocablement fixés
par une ligne tirée au milieu du fleuve Miffiffipi ,
depuis fa naiflance jufqu'à la riviere Iberville , &
de la par une ligne tirée au milieu de cette riviere
& des lacs Maurepas & Pontchartrain jufqu'à
la mer ; & à cette fin le Roi Très- Chrétien
céde en toute propriété & garantit , à Sa Majeſté
Britannique la riviere & le Port de la Mobile , &
tout ce qu'il pofféde ou a dû pofféder du côté
gauche du fleuve du Miffilipi , à l'exception de
fa Ville de la Nouvelle- Orléans & de l'Ifle dans
laquelle elle eft fituée , qui demeureront à la
France , bien entendu que la navigation du
fleuve Miffiffipi fera également libre , tant aux
Sujets de la Grande- Bretagne comme à ceux de
la France , dans toute fa largeur & dans toute
fon étendue , depuis la foarce jufqu'à la mer , &
nommément cette partie qui eft entre la fuſdite
Ifle de la Nouvelle-Orléans & la rive droite de ce
fleuve , auffi bien que l'entrée & la fortie par fon
embouchure. Il eft de plus ftipulé que lès BâtiJANVIER.
1763 .
211
mens appartenans aux Sujets de l'une ou de l'autre
Nation ne pourront être arrêtés , vilités ni
affujettis au payement d'aucun droit quelconque .
Les ftipulations inférées dans l'Article 2. en fa
veur des habitans du Canada auront lieu de même
pour les habitans des pays cédés par cet Article
.
Art . 7. Le Roi de la Grande - Bretagne reftituera
à la France les Ifles de la Guadeloupe , de Marie-
Galante , de la Defirade , de la Martinique & de
Belle- Ifle , & les Places de ces Ifles feront rendues
dans le même état où elles étoient quand la conquête
en a été faite par les armes Britanniques ;
bien entendu que le terme de dix-huit mois , à
compter du jour de la ratification du Traité définitif
fera accordé aux Sujets de Sa Majesté Britannique
qui le feroient établis dans lesdites Ifles
& antres endroits reftitués à la France par le Traité
définitif, pour vendre leurs biens , recouvrer leurs
dettes & tranfporter leurs effets , ainfi que leurs
perfonnes , fans être gênés à caule de leur Religion,
ou fous quelque prétexte que ce puiffe être ;
hors celui de dettes ou de procès criminels .
Art. 8. Le Roi Très- Chrétien céde & garantit à
Sa Majesté Britannique en toute propriété les Ifles
de la Grenade & les Grenadins , avec les mêmes
ftipulations en faveur des habitans de cette Colo
nie, inférées dans l'Art . 2. pour ceux du Canada ; &
le partage des les appellées Neutres eft convenu
& fixé de manière que celles de Saint-Vincent , la
Dominique & Tabago resteront en toute propriété
à l'Angleterre , & que celle de Sainte-Lucie fera
remife a la France , pour enjouir pareillement en
toute propriété , les deux Couronnes fe garantiffant
réciproquement le partage ainfi ftipulé.
Art. 9. Sa Majesté Britannique reftituera à la
1
212 MERCURE DE FRANCE.
France l'Ile de Gorée , dans l'état où elle s'eft
trouvée quand elle a été conquife , & Sa Majesté
Très-Chrétienne céde en toute propriété & garantit
au Roi de la Grande- Bretagne le Sénégal.
Art. 10. Dans les Indes Orientales , la Grande-
Bretagne reftituera à la France les différens Comptoirs
qu'avoit cette Couronne fur la côte de Coromandel
, ainfi que fur celle de Malabar, auffi- bien
que dans le Bengale , au commencement des
hoftilités entre les deux Compagnies dans l'année
1749 , dans l'état où ils font aujourd'hui , à condition
que Sa Majesté Très - Chrétienne renonce
aux acquifitions qu'Elle a faites fur la côte de Coromandel
depuis ledit commencement des hoftilités
entre les deux Compagnies dans l'année 1749.
Sa Majesté Très - Chrétienne reftituera de fon côté
tout ce qu'elle pourra avoir conquis fur la Grande-
Bretagne aux Indes Orientales pendant la préſente
guerre , & Elle s'engage auffi à ne point ériger
de fortifications & à n'entretenir aucunes troupes
dans le Bengale,
Art. 11. L'Ifle de Minorque fera reftituée à Sa
Majefté Britannique , ainfi que le fort Saint Philippe
, dans le même état où ils fe font trouvés
lorfque la conquête en a été faite par les armes du
Roi Très Chretien , & avec l'Artillerie qui y étoit
lors de la priſe de ladite Ifle & dudit Fort.
le Roi de la Grande-Bretagne & le Roi d'Ef
pagne , fignés à Fontainebleau le 3 Novembre
1762.
AU NOM DE LA TRE'S - SAINTE TRINITÉ.
E Roi Très- Chrétien & le Roi de la Grande-
Bretagne , animés du defir réciproque de
rétablir entre eux l'union & la bonne intelligence
, tant pour le bien de l'humanité en général ,
que pour celui de leurs Royaumes , Etats & Sujers
refpectifs , ayant réfléchi peu après la rupture
entre la Grande - Bretagne & l'Efpagne , fur l'état
de la négociation de l'année paflée , qui malheureufement
n'a pas eu l'effet qu'on s'en étoit
promis , ainfi que
fur les points en difpute entre
les Couronnes de la Grande-Bretagne & d'Efpagne
; Leurs Majeftés Très- Chrétienne & Britannique
, ont entamé une correſpondance pour chercher
les moyens d'ajuster les différends qui fubfiftent
entre leurfdites Majeftés . En même-temps ,
le Roi Très- Chrétien ayant fait part au Roi d'Efpagne
de ces heureufes difpofitions , Sa Majefté
Catholique s'eft trouvée animée du même zéle
pour le bien de l'humanité & celui de fes Sujets ,
& réfolue à étendre & multiplier les fruits de la
paix par fon concours à de filouables intentions .
En conféquence , Leurs Majeftés Très- Chrétienne
, Britannique & Catholique , ayant muremeut
confidéré tous les points ci- deffus , ainfi que lès
JANVIER. 1763. 207
différens événemens furvenus pendant le cours
de la préfente négociation , font convenues d'un
commun accord des Articles ci après , qui ferviront
de bale au Traité de paix futur . A l'effet
de quoi Sa Majefté Très - Chrétienne a nommě
& aurorifé le fieur Cefar Gabriel de Choifeul ,
Duc de Praflin , Pair de France , Chevalier de
fes Ordres , Lieutenant - Général de fes Armées ,
Confeiller en tous fes Confeils , & Miniftre &
Sécrétaire d'Etat & de fes Commandemens & Finances
; Sa Majefté Britannique le Sr Jean Duc
& Comte de Bedford Marquis de Tavistock, &c.
Miniftre d'Etat du Roi de la Grande- Bretagne ,
Lieutenant Général de fes Armées , Garde de fon
Sceau Privé , Chevalier du très - noble Ordre de
la Jarretiere , & Miniftre Plénipotentiaire de Sa
Majesté Britannique près Sa Majesté Très Chrétienne
; & Sa Majesté Catholique a pareillement
nommé & autorifé Don Jerôme Grimaldi , Marquis
de Grimaldi , Chevalier des Ordres du Roi
Très -Chrétien , Gentilhomme de la Chambre
de Sa Majefté Catholique avec exercice , & fon
Ambaladeur Extraordinaire près de Sa Majefté
Très-Chrétienne ; lefquels , après s'être duement
communiqués leurs pleins pouvoirs en bonne forme
, font convenus des Articles fuivans.
ARTICLE PREMIER.
Aulli tôt que les Préliminaires feront fignés &
ratifiés , l'amitié fincère fera rétablie entre Sa
Majefté Très- Chrétienne & Sa Majeté Britannique,
& entre Sa Majefté Britannique & Sa Majefé
Catholique , leurs Royauines , Etats & Sujers
, par mer & par terre , dans toutes les parties
du monde . Il fera envoyé des Ordres aux
Armées & Efcadres , ainfi qu'aux Sujets des trois
Puiffances , de ceffer toute hoftilité , & de vivie
208 MERCURE DE FRANCE .
dans la plus parfaite union , en oubliant le paffé
, dont leurs Souverains leur donnent l'ordre
& l'exemple ; & pour l'exécution de cet Article .
il fera donné de part & d'autre , des Paffeports
de mer aux Vaiffeaux qui feront expédiés pour
en porter la nouvelle dans les poffeffions refpectives
des trois Puillances.
Art. 2. Sa Majeſté Très- Chrétienne renonce à
toutes les prétentions qu'Elle a formées autrefois
ou pû former à la Nouvelle- Ecoffe ou l'Acadie ,
en toutes les parties , & la garantit toute entiere,
& avec toutes les dépendances , au Roi de la
Grande-Bretagne. De plus , Sa Majeſté Très-
Chrétienne céde & garantit à Sadite Majefté Britannique
, en toute propriété , le Canada avec
toutes les dépendances , ainfi que l'Ile du Cap
Breton & toutes les autres Ifles dans le Golfe &
Fleuve Saint-Laurent , fans reſtriction & fans
qu'il foit libre de revenir fous aucun prétexte contre
cette ceffion & garantie , ni de troubler la
Grande-Bretagne dans les poffeffions fulmentionnées.
De fon côté , Sa Majefté Britannique convient
d'accorder aux Habitans du Canada , la
liberté de la Religion Catholique. En conféquence
, Elle donnera les ordres les plus précis & les
plus effectifs pour que fes nouveaux Sujets Catholique
Romains puiffent profeffer le culte de leur
Religion felon le rit de l'Eglife Romaine , en tant
que le permettent les loix de la Grande-Bretagne.
Sa Majesté Britannique convient en outre que les
Habitans François ou autres qui auroient été Sujets
du Roi Très- Chrétien en Canada pourront fe
retirer en toute fûreté & liberté où bon leur femblera
, & pourront vendre leurs biens , pourvû
que ce foit à des Sujets de Sa Majesté Britannique,
& tranfporter leurs effets , ainfi que leurs
JANVIER. 1763. 209
"
perfonnes , fans être gênés dans leur émigration
fous quelque prétexte que ce puiffe être hors
celui de dettes ou de procès criminels ; le terme
limité pour cette émigration étant fixé à l'espace
de dix- huit mois , à compter du jour de la ratification
du Traité définitif.
Art. 3. Les Sujets de la France auront la liberté
de la pêche & de la fécherie fur une partie des
côtes de l'Ile de Terre-Neuve , telle qu'elle eft
pécifiée par l'Article 13 du Traité d'Utrecht , lequel
Article fera confirmé & renouvellé par le
prochain Traité définitif , ( à l'exception de ce qui
regarde l'Ifle du Cap Breton , ainfi que les autres
Ifles dans l'embouchure & dans le Golfe Saint-
Laurent ) , & Sa Majefté Britannique confent de
laiffer aux Sujets du Roi Très- Chrétien la liberté
de pêcher dans le Golfe Saint - Laurent , à condition
que les Sujets de la France n'exercent ladite
pêche qu'à la diſtance de trois lieues de toures
les côtes appartenantes à la Grande- Bretagne ,
foit celles du Continent , foit celles des lles fituées
dans ledit Golfe Saint - Laurent ; & pour ce
qui concerne la pêche hors dudit Golfe , les Sujers
de Sa Majeſté Très - Chrétienne ne l'exerceront
qu'à la diftance de quinze lieues des côtes de
I'lfle du Cap Breton .
Art. 4. Le Roi de la Grande - Bretagne céde les
Inles de Saint- Pierre & de Miquelon , en toute
propriété , à Sa Majefté Très- Chrétienne , pour
fervir d'abri aux Pêcheurs François , & Sadite
Majefté s'oblige , fur fa parole Royale , à ne point
fortifier lesdites Ifles , à n'y établir que des Bâtimens
civils pour la commodité de la pêche , &
à n'y entretenir qu'une garde de cinquante hommes
pour la police.
Art. 5. La Ville & le Port de Dunkerque feront
210 MERCURE DE FRANCE.
mis dans l'état fixé par le dernier Traité d'Aix
1a -Chapelle & par les Traités antérieurs ; la Cunette
fubfiftera telle qu'elle eft aujourd'hui, pourvu
que les Ingénieurs Anglois , nommés par Sa
Majefté Britannique , & reçus à Dunkerque par
ordre de Sa Majesté Très- Chrétienne , vérifient
que cette Cunette n'eft utile que pour la falubrité
de l'air & la fanté des habitans .
Art. 6. Afin de rétablir la paix fur des fondemens
folides & durables , & écarter pour jamais
tout fujet de diſpace par rapport aux limites des
Territoires François & Britanniques fur le Continent
de l'Amérique , il eft convenų qu'à l'avenir
les confins entre les Etats de Sa Majefté Très-
Chrétienne & ceux de S. M. Britannique en cette
partie du monde , feront irrévocablement fixés
par une ligne tirée au milieu du fleuve Miffiffipi ,
depuis fa naiflance jufqu'à la riviere Iberville , &
de la par une ligne tirée au milieu de cette riviere
& des lacs Maurepas & Pontchartrain jufqu'à
la mer ; & à cette fin le Roi Très- Chrétien
céde en toute propriété & garantit , à Sa Majeſté
Britannique la riviere & le Port de la Mobile , &
tout ce qu'il pofféde ou a dû pofféder du côté
gauche du fleuve du Miffilipi , à l'exception de
fa Ville de la Nouvelle- Orléans & de l'Ifle dans
laquelle elle eft fituée , qui demeureront à la
France , bien entendu que la navigation du
fleuve Miffiffipi fera également libre , tant aux
Sujets de la Grande- Bretagne comme à ceux de
la France , dans toute fa largeur & dans toute
fon étendue , depuis la foarce jufqu'à la mer , &
nommément cette partie qui eft entre la fuſdite
Ifle de la Nouvelle-Orléans & la rive droite de ce
fleuve , auffi bien que l'entrée & la fortie par fon
embouchure. Il eft de plus ftipulé que lès BâtiJANVIER.
1763 .
211
mens appartenans aux Sujets de l'une ou de l'autre
Nation ne pourront être arrêtés , vilités ni
affujettis au payement d'aucun droit quelconque .
Les ftipulations inférées dans l'Article 2. en fa
veur des habitans du Canada auront lieu de même
pour les habitans des pays cédés par cet Article
.
Art . 7. Le Roi de la Grande - Bretagne reftituera
à la France les Ifles de la Guadeloupe , de Marie-
Galante , de la Defirade , de la Martinique & de
Belle- Ifle , & les Places de ces Ifles feront rendues
dans le même état où elles étoient quand la conquête
en a été faite par les armes Britanniques ;
bien entendu que le terme de dix-huit mois , à
compter du jour de la ratification du Traité définitif
fera accordé aux Sujets de Sa Majesté Britannique
qui le feroient établis dans lesdites Ifles
& antres endroits reftitués à la France par le Traité
définitif, pour vendre leurs biens , recouvrer leurs
dettes & tranfporter leurs effets , ainfi que leurs
perfonnes , fans être gênés à caule de leur Religion,
ou fous quelque prétexte que ce puiffe être ;
hors celui de dettes ou de procès criminels .
Art. 8. Le Roi Très- Chrétien céde & garantit à
Sa Majesté Britannique en toute propriété les Ifles
de la Grenade & les Grenadins , avec les mêmes
ftipulations en faveur des habitans de cette Colo
nie, inférées dans l'Art . 2. pour ceux du Canada ; &
le partage des les appellées Neutres eft convenu
& fixé de manière que celles de Saint-Vincent , la
Dominique & Tabago resteront en toute propriété
à l'Angleterre , & que celle de Sainte-Lucie fera
remife a la France , pour enjouir pareillement en
toute propriété , les deux Couronnes fe garantiffant
réciproquement le partage ainfi ftipulé.
Art. 9. Sa Majesté Britannique reftituera à la
1
212 MERCURE DE FRANCE.
France l'Ile de Gorée , dans l'état où elle s'eft
trouvée quand elle a été conquife , & Sa Majesté
Très-Chrétienne céde en toute propriété & garantit
au Roi de la Grande- Bretagne le Sénégal.
Art. 10. Dans les Indes Orientales , la Grande-
Bretagne reftituera à la France les différens Comptoirs
qu'avoit cette Couronne fur la côte de Coromandel
, ainfi que fur celle de Malabar, auffi- bien
que dans le Bengale , au commencement des
hoftilités entre les deux Compagnies dans l'année
1749 , dans l'état où ils font aujourd'hui , à condition
que Sa Majesté Très - Chrétienne renonce
aux acquifitions qu'Elle a faites fur la côte de Coromandel
depuis ledit commencement des hoftilités
entre les deux Compagnies dans l'année 1749.
Sa Majesté Très - Chrétienne reftituera de fon côté
tout ce qu'elle pourra avoir conquis fur la Grande-
Bretagne aux Indes Orientales pendant la préſente
guerre , & Elle s'engage auffi à ne point ériger
de fortifications & à n'entretenir aucunes troupes
dans le Bengale,
Art. 11. L'Ifle de Minorque fera reftituée à Sa
Majefté Britannique , ainfi que le fort Saint Philippe
, dans le même état où ils fe font trouvés
lorfque la conquête en a été faite par les armes du
Roi Très Chretien , & avec l'Artillerie qui y étoit
lors de la priſe de ladite Ifle & dudit Fort.
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Résumé : ARTICLES Préliminaires de Paix entre le Roi, le Roi de la Grande-Bretagne & le Roi d'Espagne, signés à Fontainebleau le 3 Novembre 1762.
Le document expose les Articles Préliminaires de Paix entre le Roi de France, le Roi de Grande-Bretagne et le Roi d'Espagne, signés à Fontainebleau le 3 novembre 1762. Les monarques, motivés par le désir de rétablir l'union et la bonne intelligence, ont engagé des négociations pour résoudre les différends entre leurs couronnes. Le Roi de France a informé le Roi d'Espagne de ces dispositions, et ce dernier a exprimé son accord pour promouvoir la paix. Les points clés des négociations incluent le rétablissement de l'amitié entre les trois puissances dès la ratification des préliminaires, marquant la cessation des hostilités. La France renonce à la Nouvelle-Écosse et au Canada, que la Grande-Bretagne garantit en toute propriété. La Grande-Bretagne accorde aux habitants du Canada la liberté de pratiquer la religion catholique et permet leur émigration. Les sujets français conserveront la liberté de pêcher sur certaines côtes de Terre-Neuve et dans le golfe Saint-Laurent, sous certaines conditions. La Grande-Bretagne cède les îles de Saint-Pierre et Miquelon à la France pour servir d'abri aux pêcheurs français, avec des restrictions sur les fortifications. La ville et le port de Dunkerque seront maintenus dans l'état fixé par les traités antérieurs. Les frontières entre les territoires français et britanniques en Amérique seront fixées par une ligne tirée au milieu du fleuve Mississippi et de la rivière Iberville. La Grande-Bretagne restituera à la France plusieurs îles des Antilles et des comptoirs en Inde. Les îles de Saint-Vincent, la Dominique et Tobago resteront à l'Angleterre, tandis que Sainte-Lucie sera rendue à la France. La Grande-Bretagne restituera l'île de Gorée à la France, et la France cédera le Sénégal à la Grande-Bretagne. Enfin, la Grande-Bretagne et la France restitueront mutuellement les comptoirs et territoires conquis pendant la guerre, avec des conditions spécifiques sur les fortifications et les troupes. Les plénipotentiaires nommés par chaque monarque ont convenu de ces articles, qui serviront de base au traité de paix futur.
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1633
p. 213
PRIX de la Volaille & du Gibier des premieres qualités, à Paris, pendant la fin du mois de Décembre.
Début :
GROS Chapons, la pièce, 5 liv. 4 liv. 10 s. Poulardes, 3 liv. 2 liv. 10s. [...]
Mots clefs :
Dindon, Poulet, Canard
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texteReconnaissance textuelle : PRIX de la Volaille & du Gibier des premieres qualités, à Paris, pendant la fin du mois de Décembre.
GROS Chapons , la pièce , s liv. 4 liv . 10 f.
Poulardes , liv. 2 liv. 10f. 3
Dindon commun , 4 liv , 3 liv . 10 , 2 liv. 10.
Poulet gras , 2 liv ,
Poulet commun ,
I liv. f , 1 liv. s.
I liv. f, 1 liv. & 15 f.
Levreau , 3 liv , 2 liv. 10 f.
Lapreaur liv . & 15 f..
Canard fauvage , 2 liv . 15 f, 2 liv. 10 f, 2 live
Bécaffes , 3 liv , 2 liv . 10 f. & 2 liv. § ſ.
Bécaffines , 1 liv . 10 f
I
Perdreau rouge , 2 liv. 10 f. 2 liv.
Perdreau gris , liv . s f, 1 liv. & Is
Pluvier , 2 liv. 5 f , 2 liv , 1 liv. 15 f.
Agneau , 1 liv , to liv , liv.
༨
9
Cochon de lait , 7 liv. & liv.
Allouetes , le paquet , i liv. & 15 f.
f.
Prix des Grains du même temps.
Froment , le feptier , 1s liv. s f , à 16 liv. 5. H
en a été vendu à 12 liv . 10 f. & 15 liv.
Seigle 7 liv. 10 f. à 9 liv.
Orge , 8 liv. 10 f. à 9 liv. 5.
Avoine , 16 à 18 liv . 10 f.
Avoine en banne , 16 à 16 liv. 10 f.
Farine blutée , le boiffeau , 1 liv. s f, 1 liv. 9 f.
+
1.
214 MERCURE DE FRANCE .
Menus Grains.
Lentilles , le feptier , 25 à 52 liv .
Lentilles à la Reine , 24 liv .
Sarrazin , 9 liv. 10 f.
Vefce , 17 à 18 liv.
Poulardes , liv. 2 liv. 10f. 3
Dindon commun , 4 liv , 3 liv . 10 , 2 liv. 10.
Poulet gras , 2 liv ,
Poulet commun ,
I liv. f , 1 liv. s.
I liv. f, 1 liv. & 15 f.
Levreau , 3 liv , 2 liv. 10 f.
Lapreaur liv . & 15 f..
Canard fauvage , 2 liv . 15 f, 2 liv. 10 f, 2 live
Bécaffes , 3 liv , 2 liv . 10 f. & 2 liv. § ſ.
Bécaffines , 1 liv . 10 f
I
Perdreau rouge , 2 liv. 10 f. 2 liv.
Perdreau gris , liv . s f, 1 liv. & Is
Pluvier , 2 liv. 5 f , 2 liv , 1 liv. 15 f.
Agneau , 1 liv , to liv , liv.
༨
9
Cochon de lait , 7 liv. & liv.
Allouetes , le paquet , i liv. & 15 f.
f.
Prix des Grains du même temps.
Froment , le feptier , 1s liv. s f , à 16 liv. 5. H
en a été vendu à 12 liv . 10 f. & 15 liv.
Seigle 7 liv. 10 f. à 9 liv.
Orge , 8 liv. 10 f. à 9 liv. 5.
Avoine , 16 à 18 liv . 10 f.
Avoine en banne , 16 à 16 liv. 10 f.
Farine blutée , le boiffeau , 1 liv. s f, 1 liv. 9 f.
+
1.
214 MERCURE DE FRANCE .
Menus Grains.
Lentilles , le feptier , 25 à 52 liv .
Lentilles à la Reine , 24 liv .
Sarrazin , 9 liv. 10 f.
Vefce , 17 à 18 liv.
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Résumé : PRIX de la Volaille & du Gibier des premieres qualités, à Paris, pendant la fin du mois de Décembre.
Le texte fournit une liste de prix de divers produits alimentaires et grains à une époque donnée. Les volailles incluent les gros chapons à 4 livres 10 sous, les poulardes à 2 livres 10 sous, les dindons communs entre 2 livres 10 sous et 4 livres, et les poulets gras à 2 livres. Les autres animaux comprennent le levreau à 2 livres 10 sous, le lapereau à 1 livre 15 sous, et le canard sauvage entre 2 livres et 2 livres 15 sous. Les perdreaux rouges et gris varient entre 1 livre et 2 livres 10 sous, et le pluvier entre 1 livre 15 sous et 2 livres 5 sous. L'agneau et le cochon de lait sont respectivement vendus entre 1 livre et 10 livres, et à 7 livres. Les alouettes sont vendues par paquet à 1 livre 15 sous. Pour les grains, le froment est entre 12 livres 10 sous et 16 livres 5 sous le septier, le seigle entre 7 livres 10 sous et 9 livres, l'orge entre 8 livres 10 sous et 9 livres 5 sous, et l'avoine entre 16 et 18 livres 10 sous. La farine blutée est entre 1 livre 5 sous et 1 livre 9 sous le boisseau. Parmi les menus grains, les lentilles varient entre 25 et 52 livres le septier, les lentilles à la Reine à 24 livres, le sarrazin à 9 livres 10 sous, et la vesce entre 17 et 18 livres.
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1634
p. 214
Fourages.
Début :
Par Ordonnance de Police du 7 Décembre dernier, le prix des Foins a été réglé & fini depuis [...]
Mots clefs :
Foins, Amende
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texteReconnaissance textuelle : Fourages.
Fourages.
Par Ordonnance de Police du 7 Décembre
dernier , le prix des Foins a été réglé & fini depuis
21 , 22 , 23 , 24 , 25 & jufqu'à 26 liv ,
avec défenles de vendre à plus haut prix , fous
peine de 300 liv. d'amende & de confiſcation .
Par Ordonnance de Police du 7 Décembre
dernier , le prix des Foins a été réglé & fini depuis
21 , 22 , 23 , 24 , 25 & jufqu'à 26 liv ,
avec défenles de vendre à plus haut prix , fous
peine de 300 liv. d'amende & de confiſcation .
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1635
p. 14-15
LE MAQUIGNON, FABLE.
Début :
CHEZ un Maquignon mon voisin Je ne voyois jamais étriller que des rosses. [...]
Mots clefs :
Carrosses, Secret
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texteReconnaissance textuelle : LE MAQUIGNON, FABLE.
LE MAQUIGNON,
FABLE.
CHEZ un Maquignon mon voifin
Je ne voyois jamais étriller que des roffes.
Cependant maint gens à carroffes
En achetoient foir & matin
Quel est votre fecret , dis - je au Maître Gonin ,
Pour vendre ainfi vos haridelles ?
J'ai , dit -il , magazin de houffes des plus belles ,
Je les leur jette fur le dos ,
Je les bride bien haut , en avant je les pouffe ,
JANVIER. 1763 . 15
Je manége vingt pas , elles plaifent aux Sots.
Que j'ai vû depuis ce propos ,
De roffes fous de belles houffes !
Par le même.
FABLE.
CHEZ un Maquignon mon voifin
Je ne voyois jamais étriller que des roffes.
Cependant maint gens à carroffes
En achetoient foir & matin
Quel est votre fecret , dis - je au Maître Gonin ,
Pour vendre ainfi vos haridelles ?
J'ai , dit -il , magazin de houffes des plus belles ,
Je les leur jette fur le dos ,
Je les bride bien haut , en avant je les pouffe ,
JANVIER. 1763 . 15
Je manége vingt pas , elles plaifent aux Sots.
Que j'ai vû depuis ce propos ,
De roffes fous de belles houffes !
Par le même.
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Résumé : LE MAQUIGNON, FABLE.
La fable 'Le Maquignon' décrit un maquignon vendant des chevaux de mauvaise qualité. Il les orne de housses élégantes, les bride haut et les fait marcher pour les rendre attrayants. L'observateur conclut en ayant vu de nombreux chevaux de mauvaise qualité ornés de belles housses, soulignant la tromperie par l'apparence.
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1636
p. 158-171
SUITE des Nouvelles Politiques du I. Vol. de Janvier 1762, & des Préliminaires de la Paix.
Début :
ART. 11. La France restituera tous les pays appartenans à l'Electorat d'Hanovte, au Landgrave [...]
Mots clefs :
Électorat, Artillerie, Ratification, Préliminaires, Amirauté
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texteReconnaissance textuelle : SUITE des Nouvelles Politiques du I. Vol. de Janvier 1762, & des Préliminaires de la Paix.
SUITE des Nouvelles Politiques du
I. Vol. de Janvier 1762 , & des Préliminaires
de la Paix.
II. ART. 11. La France reftituera tous les pays appartenans
à l'Electorat d'Hanovte , au Landgrave
de Heffe ; au Duc de Brunſwick & au Comte de
la Lippe- Buckebourg , qui fe trouvent ou le trouveron't
occupés par les armes de Sa Majesté Très-
Chrétienne. Les Places de ces différens pays feront
rendues dans le même état où elles étoient quand.
la conquête en a été faite par les armes Françoifes,
& les pièces d'artillerie , qui auront eté tranfportées
ailleurs , feront remplacées par le même
nombre , de même calibre , poids & métal . Pour
ce qui eft des ôtages éxigés ou donnés pendant la
guerre jufqu'à ce jour , ils feront renvoyés fans
rançon.
Art.13. Après la ratification des préliminaires ,
la France évacuera , auffi-tôt que faire fe pourra ,
les Places de Cleves , Wefel & Gueldres , & géné
ralement tous les pays appartenans au Roi de
Pruffe , & au même tems les armées Françoife &
Britanniqué évacueront tous les pays qu'elles occupent
ou pourroient occuper pour lors en Weftphalie
, Baffe - Saxe , fur le Bas-Rhin , le Haut-
Rhin & dans tout l'Empire, & le retireront chacune
dans les Etats de leurs Souverains refpectifs ; &
Leurs Majeftés Très - Chrétienne & Britannique
s'engagent de plus & fe promettent de ne fournir
aucun fecours dans aucun genre à leurs Alliés ref
pectifs qui resteront engagés dans la guerre actuelle
en Allemagne.
JANVIER. 1763. 159
Art. 14. Les Villes d'Oftende & de Nieuport , fe
ront évacuées par les troupes de Sa Majeffé Très-
Chrétienne aufli - tôt après la fignature des préfens
préliminaires.
Art. 15. La décifion des priſes faites en tems de
paix par les Sujets de la Grande-Bretagne fur les
Efpagnols, fera remife aux Cours de Juftice de
l'Amirauté de la Grande-Bretagne , conformément
aux réglés établies parmi toutes les Nations,
de forte que la validité defdites pries entre les
Nations Elpagnole & Britannique fera décidée &
jugée felon le droit des gens & felon les Traités
dans les Cours de Juftice de la Nation qui aura
fait la capture.
Art. 16. Sa Majeſté Britanniqué fera démolir
toutes les fortifications que fes Sujets pourront
avoir érigées dans la Baye de Honduras & autres.
lieux du Territoire d'Efpagne dans cette partie du
monde quatre mois après la ratification du Traité
définitif, & Sa Majeftć Catholique ne permettra
point à l'avenir que les Sujets de Sa Majefté Britannique
, ou leurs Ouvriers , foient inquiétés ou
moleftés , fous aucun prétexte que ce foit , dans
leur occupation de couper , charger & tranfporter)
le bois de teinture ou de campêche ; & pour cet
effet ils pourront bâtir fans empêchement , & occuper
fans interruption les maifons & les magasins
qui feront néceffaires pour eux , pour leurs familles
& pour leurs effets ; & Sadite Majeſté Catholique
leur affare par cet Article l'entiére jouiffance
de ce qui eft ftipulé ci- deffus.
Art. 17. Sa Majefté Catholique fe défifté de
toute prétention qu'Elle peut avoir formée au
droit de pêcher aux environs de l'Ifle de Terre-
Neuve.
Art. 18. Le Roi de la Grande-Bretagne reftie
$ 160 MERCURE DE FRANCE.
tuera à l'Eſpagne tout ce qu'il a conquis dans l'Me
de Cuba , avec la Place de la Havane ; & cette
Place , auffi - bien que toutes les autres Places de
ladite Ifle , feront rendues dans le même état où
elles étoient quand elles ont été conquiſes par les
armes de Sa Majefté Britannique.
Art. 19. En conféquence de la reftitution ftipulée
dans l'Article précédent , Sa Majefté Catholique
céde & garantit en toute propriété à Sa Majeſté
Britannique tout ce que l'Espagne poffède fur le
Continent de l'Amérique Septentrionale à l'Eft ou
au Sud- Est , du fleuve Miffiffipi ; & Sa Majeſté
Britannique convient d'accorder aux habitans de
e pays ci- deffus cédé , la liberté de la Religion
Catholique ; en conféquence , elle donnera les
ordres les plus précis & les plus effectifs pour que
fes nouveaux Sujets Catholiques Romains puiffent
profeffer le culte de-leur Religion felon le Rit de
l'Eglife Romaine , en tant que le permettent les
loix de la Grande-Bretagne. Sa Majeſté Britannique
convient , en outre , que les habitans Elpagnols
, ou autres qui auroient été Sujets du Roi
Catholique dans ledit pays , pourront ſe retirer en
toute fureté & liberté où bon leur femblera , &
pourront vendre leurs biens , pourvu que ce foit
à des sujets de Sa Majefté Britannique , & tranfporter
leurs effets , ainfi que leurs perfonnes , fans
être gênés dans leur émigration , fous quelque
prétexte que cepuiffe être , hors celui de dettes ou
de procès criminels , le terme limité pour cette
émigration étant fixé à l'efpace de dix -huit mois à
compter du jour de la ratification du Traité définitif.
Il eft de plus ftipulé que Sa Majesté Catholique
aura la faculté de faire tranſporter tous les effets
qui peuvent luiappartenir , foit artillerie ou autres .
Art. 20. Le Roi de Portugal , Allié de Sa MaJANVIER.
1763. 161
jefté Britannique , eft fpécialement compris dans
les préfens Articles préliminaires , & Leurs Majeftes
Très-Chrétienne & Catholique s'engagent
de rétablir l'ancienne paix & amitié entr'Elles &
Sa Majefté Très - Fidèle , & elles promettent ,"
1º. Qu'il y aura une ceffation totale d'hoftilités
entre les Couronnes d'Espagne & de Portugal , &
entre les troupes Françoiles & Efpagnoles d'une
part , & les troupes Portugaifes & celles de leurs
Alliés de l'autre , immédiatement après la ratification
de ces préliminaires , & qu'il y aura une pareille
ceffation d'hoftilités entre les forces refpectives
des Rois Très-Chrétien & Catholique , d'une
part , & celle du Roi Très- Fidèle de l'autre , en
toutes les autres parties du monde , tant par terre
que par mer ; laquelle ceffation fera fixée fur les
mêmes époques , & fous les mêmes conditions ,
que celles entre la France , l'Espagne & la Grande-
Bretagne , & continuera juſqu'à la conclufion du
Traité définitif entre la France , la Grande- Bretagne
, l'Espagne & le Portugal. 2 °. Que toutes
les Places & Pays en Europe de Sa Majesté Très-
Fidèle , qui pourront avoir été con quis par les ar
mées Françoiſes & Efpagnoles , feront reftitués
dans le même état où ils étoient quand la conquête
en a été faite ; & qu'à l'égard des Colonies
Portugaifes , en Amérique ou ailleurs , s'il y étoit
arrivé quelque changement , toutes chofes feront
remiſes fur le même pied où elles étoient avant la
préfente guerre , & le Roi Très- Fidèle ſera invité
d'accéder aux préfens Articles préliminaires le
plutôt qu'il fera poffible .
Art. 21. Tous les Pays & Territoires qui pourroient
avoir été conquis dans quelque partie du
monde que ce foit , par les armes de Leurs Majeftés
Très-Chrétienne & Catholique , ainfi que
162 MERCURE DE FRANCE.
par celles de Leurs Majeftés Britannique & Très-
Fidéle , qui ne font pas compris dans les préfens
Articles , ni à titre de ceffions , ni à titre de reftitutions
, feront rendus fans difficulté & fans exiger
de compenfations.
LR
Art. XXII. Comme il eft néceffaire de défigner
une époque fixe pour les reftitutions & les éva
cuations à faire par chacune des Hautes Parties
contractantes ; il eft convenu que les troupes
Françoifes & Britanniques procéderont immé
diatement après la ratification des préliminaires
à l'évacuation des Pays qu'elles occupent dans
l'Empire ou ailleurs , conformément aux Afticles
XII & XIII . L'Ifle de Belle - Iſle ſera évacuée
fix femaines après la ratification du Traité définitif
, ou plutôt fi faire fe peut. La Guadeloupe ,
la Défirade , Marie- Galande , la Martinique &
Sainte-Lucie , trois mois après la ratification du
Traité définitif , ou plutôt fi faire le peur. La
Grande-Bretagne entrera pareillement au bour
de trois mois après la ratification du Traité définitif
, ou plutôt fi faire fe peut , en poffeffion de la
riviere & du Port de la Mobile , & de tout ce
qui doit former les limites du Territoire de la
Grande-Bretagne du côté du fleuve de Millipi ,
telles qu'elles font ſpécifiées dans l'Article VT.
L'Ife de Gorée fera évacuée par la Grande-Bretagne
trois mois après la ratification du Traité
définitif , & l'Ifle de Minorque par la France à la
même époque , ou plutôt fi faire fe peut ; & ,"
felon les conditions de l'Article IV , la France entrera
de même en poffeffion des ifles de Saint-
Pierre & de Miquelon au bout de trois mois. Les
Comptoirs aux Indes Orientales feront rendus
fix mois après la ratification du Traité définitif ,
ou pluôt , fi faire le peut. L'ifle de Cuba , avec la
JANVIER. 1763. 163
Place de la Havane , fera reftituée trois mois
après la ratification du Traité définitif , ou plurtôt
fifaire le peut. Et en même temps la Grande-
Bretagne entrera en poffeffion du pays cédé par
l'Espagne , felon l'article XIX. Toutes les Places
& Pays de Sa Majefté Très- Fidèle en Europe feront
reftitués immédiatement après la ratification
du Traité définitif ; & les Colonies Portugaifes
, qui pourront avoir été conquifes , feront
reftituées dans l'efpace de trois mois dans les
Indes Occidentales , & de fix mois dans les Indes
Orientales , après la ratification du Traité définitif
, ou plutôt fi faire fe peut. En conféquence de
quoi les ordres néceffaires feront envoyés par
chacune des Hautes Parties contractantes avec
les paffeports réciproques pour les vaiffeaux qui les
porteront immédiatement après la ratification du
Traité définitif .
?
Art. XXIII. Tous les Traités de quelque nature
que ce foit , qui exiftoient avant la préfente
guèrre , tant entre leurs Majeftés Très-Chrétienne
& Britannique , qu'entre leurs Majeftés Catholique
& Britannique auffi bien qu'entre aucu
ne des Puiffances ci- deſſus nommées , & Sa Matrès-
Fidéle , feront , comme ils le font effective
ment , renouvellés & confirmés dans tous leurs
points auxquels il n'eft pas dérogé par les pré-
Tens Articles préliminaires , nonobftant tout ce
qui pourroit avoir été ftipulé au contraire par
aucune des Hautes parties contractantes &
toutes lefdites Parties déclarent qu'elles ne permettront
pas qu'il fubfifte aucun privilége , grace
ou indulgence contraires aux Traités ci -deffus
confirmés.
Art. XXIV . Les prifonniers faits refpectivement
par les armes de Leurs Majeftés Très- Chré164
MERCURE DE FRANCE.
tienne , Catholique, Britannique , & Très - Fidèle ,
par terre & par mer ,feront rendus après la ratification
du Traité définitif , réciproquement & de
bonne foi , fans rançon , en payant les dettes
qu'ils auront contractées durant leur captivité ,
& chaque Couronne foldera refpectivement les
avances qui auront été faites pour la ſubſiſtance
& l'entretien de fes prifonniers par le Souverain
du pays où ils auront été detenus , conformément
aux reçus & états conftatés , & autres titres
authentiques qui feront fournis de part & d'autre.
•
Art. XXV. Pour prévenir tous fujets de plaintes
& de conteftations qui pourroient naître à l'occafion
des Vaiffeaux marchandiſes ou autres
effets qui feroient pris par mer ; on eft convenu
réciproquement que les Vaiffeaux , marchandifes
& effets qui feroient pris dans la Manche & dans
les Mers du Nord , après l'efpace de douze jours ,
à compter depuis la ratification des préfens Articles
préliminaires , feront de part & d'autre reftitués
réciproquement ; que le terme fera de fix
femaines pour les prifes faites depuis la Manche ,
les Mers Britanniques & les Mers du Nord , jufqu'aux
ifles Canaries inclufivement , foit dans l'Océan
, foit dans la Méditerranée ; de trois mois >
depuis lefdites Illes Canaries jufqu'à la Ligne
Equinoxiale ou l'Equateur ; enfin de fix mois audelà
de ladite Ligne Equinoxiale ou l'Equateur ,
& dans tous les autres endroits du monde fans
aucune exception , ni autre diftinction plus particulière
de temps & de lieu.
Art. XXVI . Les ratifications des préfens Articles
préliminaires feront expédiées en bonne &
due forme, & échangées dans l'efpace d'un mois ,
ou plutôt fifaire fe peut , à compter du jour de
a fignature des préfens Articles.
JANVIER. 1763. 165
En foi de quoi , Nous fouffignés , Miniftres
Plénipotentiaires de Sa Majesté Très - Chrétienne ,"
Sa Majefté Catholique & de Sa Majesté Britanrien
vertu de nos pleins pouvoirs refpetifs
, avons figné les préfens Articles prélimina
res , & y avons fait appofer le cachet de nos
que ,
armes.
Fait à Fontainebleau , le troifiéme de Novembre
mil fept cent ſoixante- deux.
CHOISEUL , LE MARQUIS BEDFORD.
DUC DE DE GRIMALDI . C. P.,S.
PRASLIN . DECLARATION fignée à Fontainebleau le 3
Novembre 1762 .
Sa Majefté Très- Chrétienne déclare qu'en accordant
l'Article XIII des préliminaires fignés
cejourd'hui , Elle n'entend pas renoncer au droit
d'acquitter fes dettes envers fes Alliés , & qu'on
ne doit pas regarder comme une infraction audit
Article les remiſes qui pourroient être faites de fa
part dans l'objet d'acquitter les arrérages qui peu .
vent être dûs pour les fubfides des années précédentes.
En foi de quoi je fouffigné Miniftre Plénipotentiaire
de Sa Majefté Très- Chrétienne , ai figné
la préſente Déclaration , & y ai fait appoſer le
cachet de mes armes.
Fait à Fontainebleau le trois de Novembre mil
fept cent foixante - deux.
Signé , CHOISEUL , Duc de Praflin.
De DANTZICK , le 10 Novembre 1762.
Le Comte Soltikow eft arrivé dans cette Ville
le-31 du mois dernier , & il en eft reparti hier
1
166 MERCURE DE FRANCE .
a
pour le rendre en France , où il va réſider en
qualité d'Envoyé Extraordinaire de la Rufie. Il
eu pendant fon féjour ici plufieurs conférences
avec le Comte de Romanzow.
Malgré toutes les précautions que l'on a prifes
dans le Dannemarck , la contagion qui attaque
les bêtes à cornes a pénétré dans la Séelande & s'y
manifeftée avec violence.
Le Chambellan de Larrey eft parti le 6 de
Coppenhague , pour le rendre en Hollande , delà
à Paris , & enſuite à Madrid , où il va réſider
en qualité d'Envoye Extraordinaire de Dannemarck.
Du Quartier Général près de GLATZ , le 18
Novembre.
Le départ du Maréchal de Daun paroît arrêté
pour le 20. Pendant fon abſence , le Général
O-Danel commandera dans tout le Pays , & il
aura fon quartier Général à Neuſtadt , près de
Nachoden en Bohême , fur les Frontiers du Com.
té de Glatz . Le Baron de Podstatsky , Lieutenant
Général , commandera en Haute- Silèfie &
en Moravie
De HAMBOURG , le 19 Novembre.
>
Le Marquis d'Havrincourt , ci-devant Ambaffadeur
de Sa Majesté Très - Chrétienne
étant arrivé dans cette Ville , le Sénat lui a
envoyé , le 13 au matin , une députation compofée
d'un Syndic & d'un Sénateur , pour le
complimenter & lui offrir le préfent auquel on
a donné le nom de vins de ville.
De DRESDE , le 22 Novembre.
On a beaucoup exagéré la perteque les Impé
JAN VIER. 1763. 167
riaux ont faite dans la derniere affairede Freyberg:
elle fe monte en tout à trois mille hommes & à
environ vingt- quatre piéces de canon . On croir
qu'il n'y a eu d'étendards & de drapeaux perdus
que ceux des régimens Hongrois de Giulai & d'Efterhafi
, qui font prefqu'entiérement détruits . Les
troupes de l'Empire le font très - bien conduites
dans cette affaire : on doit aux deux régimens
de Zollern & de Bareith le falut du Corps des
Grenadiers . Ce Corps auroit été taillé en piéces
par la Cavalerie Pruffienne , qui le chargeoit par
derriere , fi elle n'avoit et arrêtée & battue par
les deux Régimens Impériaux.
Le Corps Pruffien , qui étoit déja venu reconnoître
le Landsberg , s'en eft approché de nou
veau le 7. L'Officier qui commandoit dans les
retranchemens établis fur cette montagne , avoit
ordre de ne pas rifquer un engagement ; mais
il a différé trop long-temps de faire fa retraite ;
les Pruffiens l'ont enveloppé & fes troupes ont
été difperfées dans la forêt de Tharand , où il
avoit été obligé de fe jetter. Il a perdu environ
quatre cens hommes & quatre piéces de canon .
Les Pruffiens ont fait diverfes incurfions en Bohème
quelques uns de leurs détachemens ont pouf
fé même jufqu'à trois lieues de Prague , dont on
affure que les portes ont été fermées pendant
vingt- quatre heures ..
On fait monter à quinze ou feize mille hommes
le fecours que le Prince Henri a reçu de Siléfie.
L'Armée de l'Empire a cu auſſi un renfort
confidérable.
Le Général Loudon , qui étoit dangereuſement ,
malade à Giersdhorf , commence à fe rétablir.
Suivant les nouvelles de Siléfie , tour y eft fort
tranquille.
168 MERCURE DE FRANCE.
1
On eſpére qu'il y aura entre les deux Armées
ennemies en Saxe une tréve , comme il y en a
une entre les Armées de Siléfie.
Le Roi de Pruffe eft encore à Meiffen , & fair
abattre tous les arbres fruitiers des environs . Le
17 les Pruſſiens ont repris poſte à Fravenſtein . Le
Prince Henri eft allé prendre les quartiers d'hyver
à Chemnitz. Le Général Hulfen aura les fiens à
Freyberg.
De RATISBONNE , le 15 Novembre.
Le 10 de ce mois , le Miniftre Directorial de
Mayence a fait porter à la Dictature publique un
Decret Impérial Aulique , par lequel Sa Majeſté
Impériale notifie à l'Empire le choix qu'elle a
fait du Prince Chriftian- Charles de Stolberg ,
pour commander l'Armée d'exécution de l'Empire.
De STUTTGARD , le 18 Novembre.
La nuit du 13 au 14 de ce mois le feu a pris à
l'aîle droite du Château neuf du Duc de Wirtemberg.
Ce bâtiment venoit d'être achevé : il n'y
manquoit que quelques meubles , & le Prince
étoit à la veille de l'occuper . Tout a été confumé
par les flammes , & il n'eft refté que les murs.
C'eft une perte qu'on évalue à deux cens mille
florins.
De MADRID , le 16 Novembre.
Le Baron de Gleichen , Envoyé extraordinaire
de Sa Majefté Danoife , eut le 4 une audience
du Roi , dans laquelle il préfenta fes Lettres de
récréance , & prit congé de Sa Majesté pour aller
réfider à la Cour de France en qualité de Miniſtre
Plénipotentiaire du Roi fon Souverain.
Le
JANVIER. 1763. 169
Le 13 le Roi donna une audience particuliere
au fieur Doublet , qui doit réfider en cette Cour
avec le caractere d'Envoyé extraordinaire des
Etats Généraux des Provinces-Unies. Ce Miniſtre
préſenta fes Lettres de créance à Sa Majesté.
De ROME , le 12 Novembre.
Le Cardinal Merlini eft mort la nuit derniere
d'une goute remontée. Il vaque par - là un cinquiéme
Chapeau dans le facré Collège , en comptant
celui qui eſt réſervé à la nomination du Roi
de Portugal.
L'Abbé de Verf , Auditeur de Rote pour la
France , eft arrivé ici hier au foir , & ce matin il
a eu l'honneur d'être préſenté au Souverain Pontife
, au Cardinal Rezzonico & au Cardinal Secrétaire
d'Etat , par le Chevalier de la Houze ,
chargé des affaires du Roi auprès du Saint Siége.
圈
De GENES, le 29 Novembre.
Le petit Confeil ayant réduit , le 24 ,
le nombre
des quinze Candidats à celui de fix , le Grand-
Confeil élut , le jour fuivant , pour nouveau Doge
le fieur Rudolphe Brignolé , oncle de la Princeffe
de Monaco ; il a reçu à cette occafion les
complimens des Miniftres Etrangers & de la Nobleffe.
Un piquet , compofé de trente Grenadiers &
foixante Soldats des troupes de la République, fut
commandé , le 3 de ce mois
, pour attaquer la
Tour de Sainte Marie della Chiapella dans l'Ifle
de Corfe. Les Rebelles firent d'abord la plus vigoureuſe
réfiftance ; mais la Tour fut bientôt
emportée de vive force par les Grenadiers & la
Garniſon fut conduite à la Baſtie.
II. Vol H
170 MERCURE DE FRANCE .
Le même détachement a pris enfuite & brulé
un magaſin confidérable que les Rebelles avoient
à Tomino , & qui étoit rempli de fafcines.
Le Gouvernement a fait partir le 20 pour la
Baftie douze mille hommes , qui ont été repartis
fur différens Bâtimens.
&
On écrit de Lixourne que les Génois le font
emparés des Pays de Zifco , de Mira & de Luri ,
que les Rebelles avoient abandonné Tomino .
Suivant d'autres lettres du même endroit , du
26 de ce mois , on a appris par un Navire nouvellement
arrivé de la Baftie , qu'il y avoit eu
un combat très-vif entre un Détachement des
Troupes de la République & les Rebelles près de
Rogliani au Cap Corfe; que les Génois , après
avoir eu d'abord quelques défavantages , avoient
chargé l'Ennemi fi vigoureufement , qu'ils l'avoient
mis en fuite , & s'étoient emparés de Rogliani.
De TURIN , le Décembre.
Le Bailli de Breteuil , Ambaſſadeur de Malte
à Rome , eft arrivé avanthier en cette Ville ; il
a eu aujourd'hui fes audiences du Roi & de la
Famille Royale , & il compte partir inceffamment
pour fe rendre au lieu de fa réfidence.
De LONDRES , le 31 Novembre.
le 24
Le Duc de Nivernois ayant été admis ,
de ce mois , à l'Audience du Roi en qualité d'Ambaffadeur
Extraordinaire de France , adreſſa à Sa
Majefté le Difcours - ſuivant :
1
» SIRE ,
» Une réconciliation cordiale entre deux puif
fans Monarques qui font faits pour s'aimer ;
JANVIER. 1763. 171
» une union de ſyſtême durable entre deux gran .
>> des Cours que leurs intérêts bien entendus rap-
» prochent l'une de l'autre une liaifon fincére &
» folide entre deux refpectables Nations que de
« malheureux préjugés ont trop louvent diviſées,
» voilà , SIRE , l'époque brillante des premiers
» momens du régné de Votre Majesté ; & cette
» époque fera en même temps celle du bonheur
» rétabli dans les quatre Parties du Monde C'eft
» à la félicité univerfelle que le nom , la gloire
>> & les vertus de Votre Majeſté feront unis pour
» jamais dans les Faftes de l'Hiftoire , & la Pol-
» térité
Y lira avec un fentiment de refpect ce
» Traité qui entre tous les Traités portera pour
» caractère diſtinctif celui d'une bonne foi non
» équivoque & d'une folidité inébranlable . Qu'il
» me foit permis de me féliciter à vos pieds
» SIRE , du bonheur d'avoir été choiſi par le Roi
» mon Maître , pour fervir entre Votre Majeſté
» & Lui d'organe aux nobles fentimens de deux
» coeurs fidignes l'un de l'autre , & pour travail-
» ler à cet Ouvrage facré qui affure la gloire
de Votre Majeſté en faiſant le bonheur de l'hu-
« manité entiere.
ל כ
·
Le Comte d'Egremont a donné avis au Lord
Maire d'un Courier qui a apporté de Paris le 26
l'échange des ratifications des Articles préliminaires
de la Paix . Cette nouvelle a été annoncée au
Public par le canon du Parc & de la Tour.
On parle beaucoup du mariage de la Princeffe
Augufte , Soeur du Roi , avec le Prince Héréditaire
de Brunſwick , on affure que ce Prince
qui commence à ſe rétablir , ſe rendra ici avec
le Prince Ferdinand dans le mois de Janvier ou
de Février prochain.
I. Vol. de Janvier 1762 , & des Préliminaires
de la Paix.
II. ART. 11. La France reftituera tous les pays appartenans
à l'Electorat d'Hanovte , au Landgrave
de Heffe ; au Duc de Brunſwick & au Comte de
la Lippe- Buckebourg , qui fe trouvent ou le trouveron't
occupés par les armes de Sa Majesté Très-
Chrétienne. Les Places de ces différens pays feront
rendues dans le même état où elles étoient quand.
la conquête en a été faite par les armes Françoifes,
& les pièces d'artillerie , qui auront eté tranfportées
ailleurs , feront remplacées par le même
nombre , de même calibre , poids & métal . Pour
ce qui eft des ôtages éxigés ou donnés pendant la
guerre jufqu'à ce jour , ils feront renvoyés fans
rançon.
Art.13. Après la ratification des préliminaires ,
la France évacuera , auffi-tôt que faire fe pourra ,
les Places de Cleves , Wefel & Gueldres , & géné
ralement tous les pays appartenans au Roi de
Pruffe , & au même tems les armées Françoife &
Britanniqué évacueront tous les pays qu'elles occupent
ou pourroient occuper pour lors en Weftphalie
, Baffe - Saxe , fur le Bas-Rhin , le Haut-
Rhin & dans tout l'Empire, & le retireront chacune
dans les Etats de leurs Souverains refpectifs ; &
Leurs Majeftés Très - Chrétienne & Britannique
s'engagent de plus & fe promettent de ne fournir
aucun fecours dans aucun genre à leurs Alliés ref
pectifs qui resteront engagés dans la guerre actuelle
en Allemagne.
JANVIER. 1763. 159
Art. 14. Les Villes d'Oftende & de Nieuport , fe
ront évacuées par les troupes de Sa Majeffé Très-
Chrétienne aufli - tôt après la fignature des préfens
préliminaires.
Art. 15. La décifion des priſes faites en tems de
paix par les Sujets de la Grande-Bretagne fur les
Efpagnols, fera remife aux Cours de Juftice de
l'Amirauté de la Grande-Bretagne , conformément
aux réglés établies parmi toutes les Nations,
de forte que la validité defdites pries entre les
Nations Elpagnole & Britannique fera décidée &
jugée felon le droit des gens & felon les Traités
dans les Cours de Juftice de la Nation qui aura
fait la capture.
Art. 16. Sa Majeſté Britanniqué fera démolir
toutes les fortifications que fes Sujets pourront
avoir érigées dans la Baye de Honduras & autres.
lieux du Territoire d'Efpagne dans cette partie du
monde quatre mois après la ratification du Traité
définitif, & Sa Majeftć Catholique ne permettra
point à l'avenir que les Sujets de Sa Majefté Britannique
, ou leurs Ouvriers , foient inquiétés ou
moleftés , fous aucun prétexte que ce foit , dans
leur occupation de couper , charger & tranfporter)
le bois de teinture ou de campêche ; & pour cet
effet ils pourront bâtir fans empêchement , & occuper
fans interruption les maifons & les magasins
qui feront néceffaires pour eux , pour leurs familles
& pour leurs effets ; & Sadite Majeſté Catholique
leur affare par cet Article l'entiére jouiffance
de ce qui eft ftipulé ci- deffus.
Art. 17. Sa Majefté Catholique fe défifté de
toute prétention qu'Elle peut avoir formée au
droit de pêcher aux environs de l'Ifle de Terre-
Neuve.
Art. 18. Le Roi de la Grande-Bretagne reftie
$ 160 MERCURE DE FRANCE.
tuera à l'Eſpagne tout ce qu'il a conquis dans l'Me
de Cuba , avec la Place de la Havane ; & cette
Place , auffi - bien que toutes les autres Places de
ladite Ifle , feront rendues dans le même état où
elles étoient quand elles ont été conquiſes par les
armes de Sa Majefté Britannique.
Art. 19. En conféquence de la reftitution ftipulée
dans l'Article précédent , Sa Majefté Catholique
céde & garantit en toute propriété à Sa Majeſté
Britannique tout ce que l'Espagne poffède fur le
Continent de l'Amérique Septentrionale à l'Eft ou
au Sud- Est , du fleuve Miffiffipi ; & Sa Majeſté
Britannique convient d'accorder aux habitans de
e pays ci- deffus cédé , la liberté de la Religion
Catholique ; en conféquence , elle donnera les
ordres les plus précis & les plus effectifs pour que
fes nouveaux Sujets Catholiques Romains puiffent
profeffer le culte de-leur Religion felon le Rit de
l'Eglife Romaine , en tant que le permettent les
loix de la Grande-Bretagne. Sa Majeſté Britannique
convient , en outre , que les habitans Elpagnols
, ou autres qui auroient été Sujets du Roi
Catholique dans ledit pays , pourront ſe retirer en
toute fureté & liberté où bon leur femblera , &
pourront vendre leurs biens , pourvu que ce foit
à des sujets de Sa Majefté Britannique , & tranfporter
leurs effets , ainfi que leurs perfonnes , fans
être gênés dans leur émigration , fous quelque
prétexte que cepuiffe être , hors celui de dettes ou
de procès criminels , le terme limité pour cette
émigration étant fixé à l'efpace de dix -huit mois à
compter du jour de la ratification du Traité définitif.
Il eft de plus ftipulé que Sa Majesté Catholique
aura la faculté de faire tranſporter tous les effets
qui peuvent luiappartenir , foit artillerie ou autres .
Art. 20. Le Roi de Portugal , Allié de Sa MaJANVIER.
1763. 161
jefté Britannique , eft fpécialement compris dans
les préfens Articles préliminaires , & Leurs Majeftes
Très-Chrétienne & Catholique s'engagent
de rétablir l'ancienne paix & amitié entr'Elles &
Sa Majefté Très - Fidèle , & elles promettent ,"
1º. Qu'il y aura une ceffation totale d'hoftilités
entre les Couronnes d'Espagne & de Portugal , &
entre les troupes Françoiles & Efpagnoles d'une
part , & les troupes Portugaifes & celles de leurs
Alliés de l'autre , immédiatement après la ratification
de ces préliminaires , & qu'il y aura une pareille
ceffation d'hoftilités entre les forces refpectives
des Rois Très-Chrétien & Catholique , d'une
part , & celle du Roi Très- Fidèle de l'autre , en
toutes les autres parties du monde , tant par terre
que par mer ; laquelle ceffation fera fixée fur les
mêmes époques , & fous les mêmes conditions ,
que celles entre la France , l'Espagne & la Grande-
Bretagne , & continuera juſqu'à la conclufion du
Traité définitif entre la France , la Grande- Bretagne
, l'Espagne & le Portugal. 2 °. Que toutes
les Places & Pays en Europe de Sa Majesté Très-
Fidèle , qui pourront avoir été con quis par les ar
mées Françoiſes & Efpagnoles , feront reftitués
dans le même état où ils étoient quand la conquête
en a été faite ; & qu'à l'égard des Colonies
Portugaifes , en Amérique ou ailleurs , s'il y étoit
arrivé quelque changement , toutes chofes feront
remiſes fur le même pied où elles étoient avant la
préfente guerre , & le Roi Très- Fidèle ſera invité
d'accéder aux préfens Articles préliminaires le
plutôt qu'il fera poffible .
Art. 21. Tous les Pays & Territoires qui pourroient
avoir été conquis dans quelque partie du
monde que ce foit , par les armes de Leurs Majeftés
Très-Chrétienne & Catholique , ainfi que
162 MERCURE DE FRANCE.
par celles de Leurs Majeftés Britannique & Très-
Fidéle , qui ne font pas compris dans les préfens
Articles , ni à titre de ceffions , ni à titre de reftitutions
, feront rendus fans difficulté & fans exiger
de compenfations.
LR
Art. XXII. Comme il eft néceffaire de défigner
une époque fixe pour les reftitutions & les éva
cuations à faire par chacune des Hautes Parties
contractantes ; il eft convenu que les troupes
Françoifes & Britanniques procéderont immé
diatement après la ratification des préliminaires
à l'évacuation des Pays qu'elles occupent dans
l'Empire ou ailleurs , conformément aux Afticles
XII & XIII . L'Ifle de Belle - Iſle ſera évacuée
fix femaines après la ratification du Traité définitif
, ou plutôt fi faire fe peut. La Guadeloupe ,
la Défirade , Marie- Galande , la Martinique &
Sainte-Lucie , trois mois après la ratification du
Traité définitif , ou plutôt fi faire le peur. La
Grande-Bretagne entrera pareillement au bour
de trois mois après la ratification du Traité définitif
, ou plutôt fi faire fe peut , en poffeffion de la
riviere & du Port de la Mobile , & de tout ce
qui doit former les limites du Territoire de la
Grande-Bretagne du côté du fleuve de Millipi ,
telles qu'elles font ſpécifiées dans l'Article VT.
L'Ife de Gorée fera évacuée par la Grande-Bretagne
trois mois après la ratification du Traité
définitif , & l'Ifle de Minorque par la France à la
même époque , ou plutôt fi faire fe peut ; & ,"
felon les conditions de l'Article IV , la France entrera
de même en poffeffion des ifles de Saint-
Pierre & de Miquelon au bout de trois mois. Les
Comptoirs aux Indes Orientales feront rendus
fix mois après la ratification du Traité définitif ,
ou pluôt , fi faire le peut. L'ifle de Cuba , avec la
JANVIER. 1763. 163
Place de la Havane , fera reftituée trois mois
après la ratification du Traité définitif , ou plurtôt
fifaire le peut. Et en même temps la Grande-
Bretagne entrera en poffeffion du pays cédé par
l'Espagne , felon l'article XIX. Toutes les Places
& Pays de Sa Majefté Très- Fidèle en Europe feront
reftitués immédiatement après la ratification
du Traité définitif ; & les Colonies Portugaifes
, qui pourront avoir été conquifes , feront
reftituées dans l'efpace de trois mois dans les
Indes Occidentales , & de fix mois dans les Indes
Orientales , après la ratification du Traité définitif
, ou plutôt fi faire fe peut. En conféquence de
quoi les ordres néceffaires feront envoyés par
chacune des Hautes Parties contractantes avec
les paffeports réciproques pour les vaiffeaux qui les
porteront immédiatement après la ratification du
Traité définitif .
?
Art. XXIII. Tous les Traités de quelque nature
que ce foit , qui exiftoient avant la préfente
guèrre , tant entre leurs Majeftés Très-Chrétienne
& Britannique , qu'entre leurs Majeftés Catholique
& Britannique auffi bien qu'entre aucu
ne des Puiffances ci- deſſus nommées , & Sa Matrès-
Fidéle , feront , comme ils le font effective
ment , renouvellés & confirmés dans tous leurs
points auxquels il n'eft pas dérogé par les pré-
Tens Articles préliminaires , nonobftant tout ce
qui pourroit avoir été ftipulé au contraire par
aucune des Hautes parties contractantes &
toutes lefdites Parties déclarent qu'elles ne permettront
pas qu'il fubfifte aucun privilége , grace
ou indulgence contraires aux Traités ci -deffus
confirmés.
Art. XXIV . Les prifonniers faits refpectivement
par les armes de Leurs Majeftés Très- Chré164
MERCURE DE FRANCE.
tienne , Catholique, Britannique , & Très - Fidèle ,
par terre & par mer ,feront rendus après la ratification
du Traité définitif , réciproquement & de
bonne foi , fans rançon , en payant les dettes
qu'ils auront contractées durant leur captivité ,
& chaque Couronne foldera refpectivement les
avances qui auront été faites pour la ſubſiſtance
& l'entretien de fes prifonniers par le Souverain
du pays où ils auront été detenus , conformément
aux reçus & états conftatés , & autres titres
authentiques qui feront fournis de part & d'autre.
•
Art. XXV. Pour prévenir tous fujets de plaintes
& de conteftations qui pourroient naître à l'occafion
des Vaiffeaux marchandiſes ou autres
effets qui feroient pris par mer ; on eft convenu
réciproquement que les Vaiffeaux , marchandifes
& effets qui feroient pris dans la Manche & dans
les Mers du Nord , après l'efpace de douze jours ,
à compter depuis la ratification des préfens Articles
préliminaires , feront de part & d'autre reftitués
réciproquement ; que le terme fera de fix
femaines pour les prifes faites depuis la Manche ,
les Mers Britanniques & les Mers du Nord , jufqu'aux
ifles Canaries inclufivement , foit dans l'Océan
, foit dans la Méditerranée ; de trois mois >
depuis lefdites Illes Canaries jufqu'à la Ligne
Equinoxiale ou l'Equateur ; enfin de fix mois audelà
de ladite Ligne Equinoxiale ou l'Equateur ,
& dans tous les autres endroits du monde fans
aucune exception , ni autre diftinction plus particulière
de temps & de lieu.
Art. XXVI . Les ratifications des préfens Articles
préliminaires feront expédiées en bonne &
due forme, & échangées dans l'efpace d'un mois ,
ou plutôt fifaire fe peut , à compter du jour de
a fignature des préfens Articles.
JANVIER. 1763. 165
En foi de quoi , Nous fouffignés , Miniftres
Plénipotentiaires de Sa Majesté Très - Chrétienne ,"
Sa Majefté Catholique & de Sa Majesté Britanrien
vertu de nos pleins pouvoirs refpetifs
, avons figné les préfens Articles prélimina
res , & y avons fait appofer le cachet de nos
que ,
armes.
Fait à Fontainebleau , le troifiéme de Novembre
mil fept cent ſoixante- deux.
CHOISEUL , LE MARQUIS BEDFORD.
DUC DE DE GRIMALDI . C. P.,S.
PRASLIN . DECLARATION fignée à Fontainebleau le 3
Novembre 1762 .
Sa Majefté Très- Chrétienne déclare qu'en accordant
l'Article XIII des préliminaires fignés
cejourd'hui , Elle n'entend pas renoncer au droit
d'acquitter fes dettes envers fes Alliés , & qu'on
ne doit pas regarder comme une infraction audit
Article les remiſes qui pourroient être faites de fa
part dans l'objet d'acquitter les arrérages qui peu .
vent être dûs pour les fubfides des années précédentes.
En foi de quoi je fouffigné Miniftre Plénipotentiaire
de Sa Majefté Très- Chrétienne , ai figné
la préſente Déclaration , & y ai fait appoſer le
cachet de mes armes.
Fait à Fontainebleau le trois de Novembre mil
fept cent foixante - deux.
Signé , CHOISEUL , Duc de Praflin.
De DANTZICK , le 10 Novembre 1762.
Le Comte Soltikow eft arrivé dans cette Ville
le-31 du mois dernier , & il en eft reparti hier
1
166 MERCURE DE FRANCE .
a
pour le rendre en France , où il va réſider en
qualité d'Envoyé Extraordinaire de la Rufie. Il
eu pendant fon féjour ici plufieurs conférences
avec le Comte de Romanzow.
Malgré toutes les précautions que l'on a prifes
dans le Dannemarck , la contagion qui attaque
les bêtes à cornes a pénétré dans la Séelande & s'y
manifeftée avec violence.
Le Chambellan de Larrey eft parti le 6 de
Coppenhague , pour le rendre en Hollande , delà
à Paris , & enſuite à Madrid , où il va réſider
en qualité d'Envoye Extraordinaire de Dannemarck.
Du Quartier Général près de GLATZ , le 18
Novembre.
Le départ du Maréchal de Daun paroît arrêté
pour le 20. Pendant fon abſence , le Général
O-Danel commandera dans tout le Pays , & il
aura fon quartier Général à Neuſtadt , près de
Nachoden en Bohême , fur les Frontiers du Com.
té de Glatz . Le Baron de Podstatsky , Lieutenant
Général , commandera en Haute- Silèfie &
en Moravie
De HAMBOURG , le 19 Novembre.
>
Le Marquis d'Havrincourt , ci-devant Ambaffadeur
de Sa Majesté Très - Chrétienne
étant arrivé dans cette Ville , le Sénat lui a
envoyé , le 13 au matin , une députation compofée
d'un Syndic & d'un Sénateur , pour le
complimenter & lui offrir le préfent auquel on
a donné le nom de vins de ville.
De DRESDE , le 22 Novembre.
On a beaucoup exagéré la perteque les Impé
JAN VIER. 1763. 167
riaux ont faite dans la derniere affairede Freyberg:
elle fe monte en tout à trois mille hommes & à
environ vingt- quatre piéces de canon . On croir
qu'il n'y a eu d'étendards & de drapeaux perdus
que ceux des régimens Hongrois de Giulai & d'Efterhafi
, qui font prefqu'entiérement détruits . Les
troupes de l'Empire le font très - bien conduites
dans cette affaire : on doit aux deux régimens
de Zollern & de Bareith le falut du Corps des
Grenadiers . Ce Corps auroit été taillé en piéces
par la Cavalerie Pruffienne , qui le chargeoit par
derriere , fi elle n'avoit et arrêtée & battue par
les deux Régimens Impériaux.
Le Corps Pruffien , qui étoit déja venu reconnoître
le Landsberg , s'en eft approché de nou
veau le 7. L'Officier qui commandoit dans les
retranchemens établis fur cette montagne , avoit
ordre de ne pas rifquer un engagement ; mais
il a différé trop long-temps de faire fa retraite ;
les Pruffiens l'ont enveloppé & fes troupes ont
été difperfées dans la forêt de Tharand , où il
avoit été obligé de fe jetter. Il a perdu environ
quatre cens hommes & quatre piéces de canon .
Les Pruffiens ont fait diverfes incurfions en Bohème
quelques uns de leurs détachemens ont pouf
fé même jufqu'à trois lieues de Prague , dont on
affure que les portes ont été fermées pendant
vingt- quatre heures ..
On fait monter à quinze ou feize mille hommes
le fecours que le Prince Henri a reçu de Siléfie.
L'Armée de l'Empire a cu auſſi un renfort
confidérable.
Le Général Loudon , qui étoit dangereuſement ,
malade à Giersdhorf , commence à fe rétablir.
Suivant les nouvelles de Siléfie , tour y eft fort
tranquille.
168 MERCURE DE FRANCE.
1
On eſpére qu'il y aura entre les deux Armées
ennemies en Saxe une tréve , comme il y en a
une entre les Armées de Siléfie.
Le Roi de Pruffe eft encore à Meiffen , & fair
abattre tous les arbres fruitiers des environs . Le
17 les Pruſſiens ont repris poſte à Fravenſtein . Le
Prince Henri eft allé prendre les quartiers d'hyver
à Chemnitz. Le Général Hulfen aura les fiens à
Freyberg.
De RATISBONNE , le 15 Novembre.
Le 10 de ce mois , le Miniftre Directorial de
Mayence a fait porter à la Dictature publique un
Decret Impérial Aulique , par lequel Sa Majeſté
Impériale notifie à l'Empire le choix qu'elle a
fait du Prince Chriftian- Charles de Stolberg ,
pour commander l'Armée d'exécution de l'Empire.
De STUTTGARD , le 18 Novembre.
La nuit du 13 au 14 de ce mois le feu a pris à
l'aîle droite du Château neuf du Duc de Wirtemberg.
Ce bâtiment venoit d'être achevé : il n'y
manquoit que quelques meubles , & le Prince
étoit à la veille de l'occuper . Tout a été confumé
par les flammes , & il n'eft refté que les murs.
C'eft une perte qu'on évalue à deux cens mille
florins.
De MADRID , le 16 Novembre.
Le Baron de Gleichen , Envoyé extraordinaire
de Sa Majefté Danoife , eut le 4 une audience
du Roi , dans laquelle il préfenta fes Lettres de
récréance , & prit congé de Sa Majesté pour aller
réfider à la Cour de France en qualité de Miniſtre
Plénipotentiaire du Roi fon Souverain.
Le
JANVIER. 1763. 169
Le 13 le Roi donna une audience particuliere
au fieur Doublet , qui doit réfider en cette Cour
avec le caractere d'Envoyé extraordinaire des
Etats Généraux des Provinces-Unies. Ce Miniſtre
préſenta fes Lettres de créance à Sa Majesté.
De ROME , le 12 Novembre.
Le Cardinal Merlini eft mort la nuit derniere
d'une goute remontée. Il vaque par - là un cinquiéme
Chapeau dans le facré Collège , en comptant
celui qui eſt réſervé à la nomination du Roi
de Portugal.
L'Abbé de Verf , Auditeur de Rote pour la
France , eft arrivé ici hier au foir , & ce matin il
a eu l'honneur d'être préſenté au Souverain Pontife
, au Cardinal Rezzonico & au Cardinal Secrétaire
d'Etat , par le Chevalier de la Houze ,
chargé des affaires du Roi auprès du Saint Siége.
圈
De GENES, le 29 Novembre.
Le petit Confeil ayant réduit , le 24 ,
le nombre
des quinze Candidats à celui de fix , le Grand-
Confeil élut , le jour fuivant , pour nouveau Doge
le fieur Rudolphe Brignolé , oncle de la Princeffe
de Monaco ; il a reçu à cette occafion les
complimens des Miniftres Etrangers & de la Nobleffe.
Un piquet , compofé de trente Grenadiers &
foixante Soldats des troupes de la République, fut
commandé , le 3 de ce mois
, pour attaquer la
Tour de Sainte Marie della Chiapella dans l'Ifle
de Corfe. Les Rebelles firent d'abord la plus vigoureuſe
réfiftance ; mais la Tour fut bientôt
emportée de vive force par les Grenadiers & la
Garniſon fut conduite à la Baſtie.
II. Vol H
170 MERCURE DE FRANCE .
Le même détachement a pris enfuite & brulé
un magaſin confidérable que les Rebelles avoient
à Tomino , & qui étoit rempli de fafcines.
Le Gouvernement a fait partir le 20 pour la
Baftie douze mille hommes , qui ont été repartis
fur différens Bâtimens.
&
On écrit de Lixourne que les Génois le font
emparés des Pays de Zifco , de Mira & de Luri ,
que les Rebelles avoient abandonné Tomino .
Suivant d'autres lettres du même endroit , du
26 de ce mois , on a appris par un Navire nouvellement
arrivé de la Baftie , qu'il y avoit eu
un combat très-vif entre un Détachement des
Troupes de la République & les Rebelles près de
Rogliani au Cap Corfe; que les Génois , après
avoir eu d'abord quelques défavantages , avoient
chargé l'Ennemi fi vigoureufement , qu'ils l'avoient
mis en fuite , & s'étoient emparés de Rogliani.
De TURIN , le Décembre.
Le Bailli de Breteuil , Ambaſſadeur de Malte
à Rome , eft arrivé avanthier en cette Ville ; il
a eu aujourd'hui fes audiences du Roi & de la
Famille Royale , & il compte partir inceffamment
pour fe rendre au lieu de fa réfidence.
De LONDRES , le 31 Novembre.
le 24
Le Duc de Nivernois ayant été admis ,
de ce mois , à l'Audience du Roi en qualité d'Ambaffadeur
Extraordinaire de France , adreſſa à Sa
Majefté le Difcours - ſuivant :
1
» SIRE ,
» Une réconciliation cordiale entre deux puif
fans Monarques qui font faits pour s'aimer ;
JANVIER. 1763. 171
» une union de ſyſtême durable entre deux gran .
>> des Cours que leurs intérêts bien entendus rap-
» prochent l'une de l'autre une liaifon fincére &
» folide entre deux refpectables Nations que de
« malheureux préjugés ont trop louvent diviſées,
» voilà , SIRE , l'époque brillante des premiers
» momens du régné de Votre Majesté ; & cette
» époque fera en même temps celle du bonheur
» rétabli dans les quatre Parties du Monde C'eft
» à la félicité univerfelle que le nom , la gloire
>> & les vertus de Votre Majeſté feront unis pour
» jamais dans les Faftes de l'Hiftoire , & la Pol-
» térité
Y lira avec un fentiment de refpect ce
» Traité qui entre tous les Traités portera pour
» caractère diſtinctif celui d'une bonne foi non
» équivoque & d'une folidité inébranlable . Qu'il
» me foit permis de me féliciter à vos pieds
» SIRE , du bonheur d'avoir été choiſi par le Roi
» mon Maître , pour fervir entre Votre Majeſté
» & Lui d'organe aux nobles fentimens de deux
» coeurs fidignes l'un de l'autre , & pour travail-
» ler à cet Ouvrage facré qui affure la gloire
de Votre Majeſté en faiſant le bonheur de l'hu-
« manité entiere.
ל כ
·
Le Comte d'Egremont a donné avis au Lord
Maire d'un Courier qui a apporté de Paris le 26
l'échange des ratifications des Articles préliminaires
de la Paix . Cette nouvelle a été annoncée au
Public par le canon du Parc & de la Tour.
On parle beaucoup du mariage de la Princeffe
Augufte , Soeur du Roi , avec le Prince Héréditaire
de Brunſwick , on affure que ce Prince
qui commence à ſe rétablir , ſe rendra ici avec
le Prince Ferdinand dans le mois de Janvier ou
de Février prochain.
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Résumé : SUITE des Nouvelles Politiques du I. Vol. de Janvier 1762, & des Préliminaires de la Paix.
En janvier 1762, les préliminaires de paix incluent plusieurs articles clés. La France doit restituer les pays occupés appartenant à l'Électorat d'Hanovre, au Landgrave de Hesse, au Duc de Brunswick et au Comte de la Lippe-Bückeburg, ainsi que les places fortes dans leur état d'avant la conquête. Les otages seront renvoyés sans rançon. Après ratification, la France évacuera les places de Clèves, Wesel et Gueldre, ainsi que d'autres territoires occupés en Westphalie, Basse-Saxe et sur le Rhin. Les troupes françaises et britanniques se retireront dans leurs États respectifs, et les souverains s'engageront à ne pas fournir de secours à leurs alliés encore en guerre. Les villes d'Ostende et de Nieuport seront évacuées par les troupes françaises. Les prises faites en temps de paix par les sujets britanniques sur les Espagnols seront jugées par les cours de justice de l'Amirauté britannique. La Grande-Bretagne démolira les fortifications érigées dans la baie de Honduras et garantira la liberté de religion aux habitants des territoires cédés. L'Espagne restituera Cuba et la Havane, et cèdera à la Grande-Bretagne les territoires au sud-est du Mississippi. Les Portugais seront inclus dans les préliminaires, et les hostilités cesseront entre les couronnes d'Espagne et de Portugal. Tous les territoires conquis seront restitués sans compensation. Les troupes françaises et britanniques procéderont à l'évacuation des pays occupés immédiatement après la ratification des préliminaires. Les prisonniers seront rendus réciproquement et sans rançon. Les traités existants avant la guerre seront renouvelés et confirmés. Les ratifications des articles préliminaires seront échangées dans un délai d'un mois. La France déclare qu'elle n'entend pas renoncer à acquitter ses dettes envers ses alliés. En novembre et décembre 1762, plusieurs événements diplomatiques et militaires sont rapportés. Le 3 novembre, un document est signé à Fontainebleau par le Duc de Choiseul. Le Comte Soltikow arrive à Dantzick le 31 octobre et repart pour la France en tant qu'Envoyé Extraordinaire de Russie. Le Chambellan de Larrey se rend en Hollande, puis à Paris et Madrid en tant qu'Envoyé Extraordinaire du Danemark. Le Maréchal de Daun quitte son poste, laissant le Général O-Danel commander en Bohême et le Baron de Podstatsky en Silésie et Moravie. Le Marquis d'Havrincourt, ancien Ambassadeur de France, est accueilli à Hambourg par le Sénat. À Dresde, les pertes impériales lors d'une bataille sont évaluées à trois mille hommes et vingt-quatre pièces de canon. Les Prussiens effectuent des incursions en Bohême et reçoivent des renforts en Silésie. Le Roi de Prusse est à Meissen et les troupes prussiennes reprennent position à Fravenstein. À Ratisbonne, le Prince Christian-Charles de Stolberg est choisi pour commander l'Armée d'exécution de l'Empire. Un incendie détruit une aile du château du Duc de Wurtemberg à Stuttgart. À Madrid, le Baron de Gleichen devient Ministre Plénipotentiaire du Danemark en France, et le sieur Doublet est nommé Envoyé extraordinaire des Provinces-Unies. À Rome, le Cardinal Merlini décède et l'Abbé de Vers est présenté au Souverain Pontife. À Gênes, Rudolph Brignolé est élu Doge et des opérations militaires sont menées contre des rebelles. À Turin, le Bailli de Breteuil, Ambassadeur de Malte, arrive et est reçu par la famille royale. À Londres, le Duc de Nivernois est reçu en tant qu'Ambassadeur de France et annonce l'échange des ratifications des Articles préliminaires de la Paix.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1637
p. 172-174
De VERSAILLES, le 8 Décembre 1762.
Début :
LES Cours de Madrid & de Londres ayant ratifié les Articles préliminaires de la Paix qui ont été [...]
Mots clefs :
Cours, Ambassadeur, Famille royale
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texteReconnaissance textuelle : De VERSAILLES, le 8 Décembre 1762.
De VERSAILLES , le 8 Décembre 1762 .
LES
Es Cours de Madrid & de Londres ayant ratifié
les Articles préliminaires de la Paix qui ont été
fignés à Fontainebleau le 3 du mois dernier , l'échange
des ratifications s'eft faire ici le 22 dans
la forme ordinaire .
Le 23 , le Lord , Duc de Bedford , Ambaſſadeur
Extraordinaire & Plénipotentiaire de Sa Majefté
Britannique , eut une audience particuliére du
Roi , dans laquelle il remit fes lettres de créance
à Sa Majesté. Il fut conduit à cette audience ,
ainfi qu'à celles de la Reine , de Mgr le Dauphin
, de Madame la Dauphine , de Mgr le Duc
de Berry , de Mgr le Comte de Provence , de
Mgr le Comte d'Artois, de Madame , de Madame
Adélaïde , & de Meſdames Victoire , Sophie &
Louiſe , par le fieur de la Live , Introducteur des
Ambaſſadeurs. &
Le Prince de Condé eft arrivé le 23 à la
Cour , & il a fait les révérences à Leurs Majeftés
& à la Famille Royale.
Le 26 , Sa Majesté a accordé au Duc de Praflin,
Miniftre & Secrétaire d'Etat , ayant le Département
des Affaires Etrangeres , la charge de
de Lieutenant Général en Bretagne , vacante
par la mort du Duc de Chatillon . Le même jour
Sa Majefté a difpofé du Gouvernement de Vanne
& Auray en Bretagne , en faveur du Marquis de
JANVIER. 1763 . 173
Montclare , fecond fils du Duc d'Ayen , Chevalier
des Ordres du Roi , & Capitaine d'une des
Compagnie de fes Gardes.
Le 28 Leurs Majeftés , ainſi que la Famille
Royale , fignerent les contrats de mariage du
Marquis Dupleffy- Grénédant avec Demoiſelle de
Maillé ; & du Marquis de Levy avec Demoiselle
de la Reyniere .
Le 30 la Ducheffe de Bedfort , épouse de l'Amballadeur
Extraordinaire & Plénipotentiaire de Sa
Majefté Britannique , a été préſentée au Roi , à la
Reine & à la Famille Royale , avec les cérémonies
accoutumées.
Le 3 de ce mois le Comte d'Affry , ci- devant .
Ambaſſadeur du Roi près les Etats Généraux des
Provinces-Unies , & Lieutenant - Colonel des Gardes
Suiffes , a été préſenté à Sa Majesté par le
Duc de Praflin , comme Miniftre des Affaires
étrangeres , & par le Duc de Choiſeul , comme
Colonel Général des Suiffes .
Le 4 le Maréchal d'Eftrées eſt arrivé à la Cour.
Il a été préfenté le même jour à Leurs Majeſtés ,
ainfi qu'à la Famille Royale.
>
Le 6 on a célébré dans l'Eglife Paroiffiale de
Notre-Dame de Versailles un Service pour le
repos de l'ame de Louife-Elifabeth de France ,
Ducheffe de Parme. La Reine y a aſſiſté , ainſi
que Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine
, Madame Adelaïde , & Mefdames Victoire,
Sophie & Louiſe.
Le Marquis de Montclare , fecond fils du Duc
d'Ayen , a pris , avec l'agrément du Roi , le
nom de Marquis de Noailles.
Le Duc de la Roche - Guyon , petit - fils du Due
de la Rochefoucault , a obtenu auffi l'agrément
du Roi pour prendre le nom de Duc de la Roche-
H iij
174 MERCURE DE FRANCE.
foucault ; & fon contrat de mariage avec la Demoiſelle
de Gand a été figné le 7 par Leurs Majeftés
& par la Famille Royale.
Le Roi a difpofé de l'Archevêché de Reims en
faveur de l'Archevêque de Narbonne , Grand-
Aumônier de France. L'Archevêché de Narbonne
a été donné à l'Archevêque de Toulouſe.
Sa Majesté a accordé l'Abbaye de Saint Jean
des Vignes , Ordre de S. Auguftin , Diocèfe &
Ville de Soiffons , au Bailli de Solàr de Breille ,
Ambaffadeur du Roi de Sardaigne à la Cour de
France .
Et l'Abbaye de Ronceray , Ordre de Saint Benoît
, Diocèle d'Angers , à la Dame d'Aubeterre.
Sa Majefté , toujours attentive à protéger le
mérite & à encourager le zèle de ſes Sujets , a fait
préfent d'une épée au Capitaine Simon , Commandant
ci- devant la Frégate la Modefte , de
Marſeille, Ce Capitaine s'eft particulièrement
diftingué dans les courfes à la côte d'Afrique , où
il a troublé efficacement le commerce des ennemis
pour la traite des Négres.
LES
Es Cours de Madrid & de Londres ayant ratifié
les Articles préliminaires de la Paix qui ont été
fignés à Fontainebleau le 3 du mois dernier , l'échange
des ratifications s'eft faire ici le 22 dans
la forme ordinaire .
Le 23 , le Lord , Duc de Bedford , Ambaſſadeur
Extraordinaire & Plénipotentiaire de Sa Majefté
Britannique , eut une audience particuliére du
Roi , dans laquelle il remit fes lettres de créance
à Sa Majesté. Il fut conduit à cette audience ,
ainfi qu'à celles de la Reine , de Mgr le Dauphin
, de Madame la Dauphine , de Mgr le Duc
de Berry , de Mgr le Comte de Provence , de
Mgr le Comte d'Artois, de Madame , de Madame
Adélaïde , & de Meſdames Victoire , Sophie &
Louiſe , par le fieur de la Live , Introducteur des
Ambaſſadeurs. &
Le Prince de Condé eft arrivé le 23 à la
Cour , & il a fait les révérences à Leurs Majeftés
& à la Famille Royale.
Le 26 , Sa Majesté a accordé au Duc de Praflin,
Miniftre & Secrétaire d'Etat , ayant le Département
des Affaires Etrangeres , la charge de
de Lieutenant Général en Bretagne , vacante
par la mort du Duc de Chatillon . Le même jour
Sa Majefté a difpofé du Gouvernement de Vanne
& Auray en Bretagne , en faveur du Marquis de
JANVIER. 1763 . 173
Montclare , fecond fils du Duc d'Ayen , Chevalier
des Ordres du Roi , & Capitaine d'une des
Compagnie de fes Gardes.
Le 28 Leurs Majeftés , ainſi que la Famille
Royale , fignerent les contrats de mariage du
Marquis Dupleffy- Grénédant avec Demoiſelle de
Maillé ; & du Marquis de Levy avec Demoiselle
de la Reyniere .
Le 30 la Ducheffe de Bedfort , épouse de l'Amballadeur
Extraordinaire & Plénipotentiaire de Sa
Majefté Britannique , a été préſentée au Roi , à la
Reine & à la Famille Royale , avec les cérémonies
accoutumées.
Le 3 de ce mois le Comte d'Affry , ci- devant .
Ambaſſadeur du Roi près les Etats Généraux des
Provinces-Unies , & Lieutenant - Colonel des Gardes
Suiffes , a été préſenté à Sa Majesté par le
Duc de Praflin , comme Miniftre des Affaires
étrangeres , & par le Duc de Choiſeul , comme
Colonel Général des Suiffes .
Le 4 le Maréchal d'Eftrées eſt arrivé à la Cour.
Il a été préfenté le même jour à Leurs Majeſtés ,
ainfi qu'à la Famille Royale.
>
Le 6 on a célébré dans l'Eglife Paroiffiale de
Notre-Dame de Versailles un Service pour le
repos de l'ame de Louife-Elifabeth de France ,
Ducheffe de Parme. La Reine y a aſſiſté , ainſi
que Monfeigneur le Dauphin , Madame la Dauphine
, Madame Adelaïde , & Mefdames Victoire,
Sophie & Louiſe.
Le Marquis de Montclare , fecond fils du Duc
d'Ayen , a pris , avec l'agrément du Roi , le
nom de Marquis de Noailles.
Le Duc de la Roche - Guyon , petit - fils du Due
de la Rochefoucault , a obtenu auffi l'agrément
du Roi pour prendre le nom de Duc de la Roche-
H iij
174 MERCURE DE FRANCE.
foucault ; & fon contrat de mariage avec la Demoiſelle
de Gand a été figné le 7 par Leurs Majeftés
& par la Famille Royale.
Le Roi a difpofé de l'Archevêché de Reims en
faveur de l'Archevêque de Narbonne , Grand-
Aumônier de France. L'Archevêché de Narbonne
a été donné à l'Archevêque de Toulouſe.
Sa Majesté a accordé l'Abbaye de Saint Jean
des Vignes , Ordre de S. Auguftin , Diocèfe &
Ville de Soiffons , au Bailli de Solàr de Breille ,
Ambaffadeur du Roi de Sardaigne à la Cour de
France .
Et l'Abbaye de Ronceray , Ordre de Saint Benoît
, Diocèle d'Angers , à la Dame d'Aubeterre.
Sa Majefté , toujours attentive à protéger le
mérite & à encourager le zèle de ſes Sujets , a fait
préfent d'une épée au Capitaine Simon , Commandant
ci- devant la Frégate la Modefte , de
Marſeille, Ce Capitaine s'eft particulièrement
diftingué dans les courfes à la côte d'Afrique , où
il a troublé efficacement le commerce des ennemis
pour la traite des Négres.
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Résumé : De VERSAILLES, le 8 Décembre 1762.
En décembre 1762, les cours de Madrid et de Londres ont ratifié les articles préliminaires de la paix signés à Fontainebleau le 3 décembre. Les ratifications ont été échangées le 22 décembre. Le Lord Duc de Bedford a présenté ses lettres de créance le 23 décembre, ainsi que le Prince de Condé. Le Duc de Praslin a été nommé Lieutenant Général en Bretagne et le Marquis de Montclare a reçu le gouvernement de Vannes et Auray. Le 28 décembre, des contrats de mariage ont été signés par le Roi et la famille royale. Le 30 décembre, la Duchesse de Bedford a été présentée au Roi et à la Reine. En janvier 1763, le Comte d'Affry et le Maréchal d'Estrées ont été présentés au Roi. Un service religieux a été célébré pour Louise-Élisabeth de France, Duchesse de Parme. Le Marquis de Montclare a obtenu l'autorisation de porter le nom de Marquis de Noailles, et le Duc de la Roche-Guyon celui de Duc de la Rochefoucault. Le Roi a nommé de nouveaux archevêques et accordé des abbayes. Le Capitaine Simon a été récompensé pour ses actions contre le commerce des esclaves.
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1638
p. 174-180
De PARIS, le 10 Décembre.
Début :
Le 24 du mois dernier, la principale cloche de l'Eglife Métropolitaine, Primatiale & Patriarchale [...]
Mots clefs :
Église métropolitaine, Évêque de Nevers, Académie française, Académie royale des sciences, Prix d'éloquence latine, Hostilités
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texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 10 Décembre.
De PARIS , le ro Décembre
Le 24 du mois dernier , la principale cloche
de l'Eglife Métropolitaine , Primatiale & Patriarchale
de Bourges , a été bénite par l'Evêque
de Nevers , & nommée Louife- Adelaide par
Monfeigneur le Duc de Berry, repréfenté par le
Marquis de l'Hôpital , Chevalier des Ordres du
Roi , Grand & Premier Ecuyer de Madame , &c.
& par Madame Adelaïde , repréſentée par la
Dame Charlotte - Marguerite de Menou , époufe
du fieur Dodart , Meftre de Camp de Cavalerie ,
Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de Saint
Louis , & frere du Geur Dodart , Intendant de la
J
JANVIER. 1763. 175
Généralité de Berry. L'un & l'autre ont été conduits
par le Chapitre & la Nobleffe de la Ville &
de la Province à l'Eglife Cathédrale , où la céré
monie s'eft faite avec beaucoup de pompe , aux
acclamations d'un concours unanime de citoyens
de tous états , qui n'ont celle d'exprimer de la
maniere la plus vive , les voeux ardens qu'ils
font pour la confervation & la prospérité de notre
Monarque & de fon augufte Famille. Après la
cérémonie l'Evêque de Nevers , le Marquis de
l'Hôpital & la Dame Dodart , fe font rendus avec
la plus grande partie du Chapitre & toute la
Nobleffe , chez le fiear Dodart, Intendant de la
Province , qui leur a fait fervir un dîner magnifique.
Le 4 de ce mois l'Académie Françoiſe a élu
l'Abbé de Voifenon pour remplir la place vacante
par la mort du fieur Folyor de Crébillon .
Le 6 le Marquis de l'Hôpital , Lieutenant
Général des Armées du Roi , Chevalier de fes
Ordres , de l'Ordre de Saint Lazare & de celul
de Saint Janvier de Naples , premier Ecuyer
de Madame , s'eft rendu au Couvent des Religieux
de l'Obfervance , revêtu des marques
defdits Ordres , & précédé du Héraut & l'Huiffier
des Ordres du Roi , tous deux en habit de céré
monie , pour préfider , au nom de Sa Majesté
au Chapitre de l'Ordre de Saint Michel : il Y
reçu Chevalier de cer Ordre , avec les cérémonies
accoutumées , le fieur Dupré , Commiffaire
ordinaire d'Artillerie. Le Marquis de l'Hôpital
& les Chevaliers fe font rendus enfuite en pro
ceffion à l'Eglife , & y ont affifté au Service qu'on
y célebre tous les ans pour les Rois , les Princes
& les Chevaliers décédés.
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE .
Le fieur Briffon de l'Académie Royale des
Sciences , qui commença , l'année derniere , à
faire des Cours particuliers de Phyfique Expérimentale
, le propoſe d'en recommencer un dans
les premiers jours de Janvier. Ceux qui voudront
affifter à ce cours , doivent le faire infcrire chez
lui , au Collège de Navarre , rue & montagne Ste
Géneviève.
L'Univerfité de cette Ville propofe pour Sujet
du Prix d'Eloquence Latine , fondé par le fieur
Coignard , la queftion fuivante : Quanti populorum
interfit , eadem in omnibus fcholis publicis de
Religione , de Moribus & Litteris doceri.
On a appris , par les nouvelles d'Angleterre ,
que le Bureau des Poftes de Londres a recommencé
, le 6 du préfent mois de Décembre, d'envoyer
fon paquebot à Calais , pour y apporter la
malle d'Angleterre pour la France , & y prendre
en échange celle de France pour l'Angleterre ;
ainfi cette correfpondance réciproque ne fe fera
plus par la voie d'Oftende , ce qui la rendra &
plus prompte & plus régulière qu'elle ne l'a été
pendant la guerre ; en conféquence , les lettres
de France pour l'Angleterre , qui pendant cette
guerre partoient de Paris les Lundi & Vendredi ,
ont recommencé le 8 du même mois d'en partir
, comme ci- devant , les Mercredi & Samedi
de chaque femaine. Les Couriers de Londres partiront
réguliérement tous les Lundi & Jeudi.
Sa Majefté vient de publier fucceffivement
trois Ordonnances , l'une du 20 Novembre, l'autre
du 22 , & la troifiéme du 25 du même
mois .
La premiere concerne les Milices : elle enjoint
aux Régimens de Grenadiers Royaux & Bataillons
de Milice de partir des lieux où ils font ,
1
JANVIER. 1763. 177
pour retourner inceffammenr dans leurs Provinces.
Par la feconde , il eft défendu aux troupes de
Sa Majefté , qui entreront dans le Royaume , ou
qui auront ordre de paffer d'une Province dans
une autre, de fe charger d'aucunes marchandifes
, faux fel , ni faux tabac , fur les peines y contenues.
La troifiéme a pour objet de réformer les Régimens
d'infanterie de Bearn , Hainaut , Breffe ,
la Marche-Province , Brie , Soiffonnois , Ifle de
France , Royal- Lorraine , Royal - Barrois &
Royal- Cantabres.
Cette derniere Ordonnance eft composée de
trente- cinq articles. Il eft dit dans le XXII , le
XXIII & le XXIV , que les Colonels desdits
Régimens réformés jouiront de quinze cens liv.
de penfion fur le Tréfor Royal , jufqu'à ce qu'ils
foient remplacés ; de plus , que Sa Majeſté donnera
fes ordres , pour leur faire rembourfer le
prix qu'ils auront payé pour leur Régiment , fuivant
le prix fixé par Sa Majefté ; que tous les autres
Officiers defdits Régimens jouiront en penfion
fur le Tréfor Royal , favoir , les Lieutenans
Colonels , de douze cens livres ; les Majors ," de
huit cens livres ; les Capitaines de Grenadiers , de
cinq cens livres ; les Capitaines de Fusiliers , qui
auront vingt ans de fervice , de quatre cens liv.
ceux qui n'auront pas vingt ans de fervice ,
de
trois cens livres feulement , ainfi que les Aide-
Majors. Voulant au furplus Sa Majesté que lefdites
penfions ne foyent payées qu'à ceux defdits
Officiers qui fe retireront chez eux & non ailleurs.
•
A l'égard des Lieutenans & Enfeignes qui feront
réformés , Sa Majefté entend qu'ils le re-
Hv
178 MERCURE DE FRANCE .
tirent dans leurs Provinces pour y remplir les
emplois qu'elle leur deftine , le réſervant de leur
faire connoître fes intentions fur cet objet , lorſqu'on
lui aura rendu compte de leurs fervices & de
leurs talens , & c. & c.
Il vient de paroître une Ordonnanc du Roi ,
concernant les termes de la ceffation des hoftilités
en mer : en voici la teneur.
DE PAR LE ROI.
ee SA MAJESTÉ ayant ratifié le 22 du préfent
» mois de Novembre les articles préliminaires de
» la paix , fignés à Fontainebleau le 3 du même
» mois , entre les Miniftres Plénipotentiaires de
> France , d'Elpagne & de la Grande- Bretagne ;
D
par l'um deiquels articles il eft porté qu'il y
> aura ceffation d'hoftilités par mer , fuivant les
» termes & efpaces de temps ci- après expliqués ,
» à compter du jour de la ratification defdits ar-.
» ticles préliminaires , & ftipulé que les Vaif-
» feaux , marchandiſes ou autres effets qui fe-
> ront pris par mer , après lefdits termes & efpa-
» ces de temps , feront réciproquement reftitués ;
» Elle a ordonné & ordonne que les Vailleaux ,
» marchandiſes & effets appartenant à Leurs Majeftés
Britannique & Très - Fidéle , & à leurs Su-
» jets , qui pourront être pris dans la Manche ou
» dans les Mers du Nord , après l'espace de
» douzejours , à compter du 22 du préfent mois
» de Novembre , leur feront reltitués ; que le ter-
>> me fera de fix femaines pour les prifes faites
» depuis la Manche, les mers Britanniques & Fran.
>> çoiſes & les mers du Nord , jufqu'aux Ifles Cana-
>> ries inclufivement , foit dans l'Océan , foit dans
» la Méditerranée; que le terme fera de trois mois
» depuis lefdites Ifles Canaries jufqu'à la Ligne
>>Equinoxiale ou l'Equateur ; enfin de fix mois , à
כ כ
1
JANVIER. 1763. 179
→
*
» compter de la même date du 2.2 du préfent
» mois de Novembre au delà de ladite Ligne
>> Equinoctiale ou l'Equateur , & dans tous les
>> autres endroits du monde fans aucune ex-
>> ception , ni autre diftinction plus particuliere
» de temps & de lieux. Défend Sa Majesté à tous,
» fes Sujets , de quelque qualité & condition qu'ils
» foient , d'exercer aucun acte d'hoftilité par mer,
» contre les Sujets de Leurs Majeftés Britannique
» & Très Fidele , ni de leur caufer aucun préju-
» dice ou dommage , après l'expiration des épo-
» ques ci- deffus mentionnées . MANDE & ordonne
» Sa Majesté à M. le Duc de Penthievre , Amiral
» de France , aux Vice- Amiraux , Lieutenans- Gé◄
» néraux , Intendans , Chefs d'Eſcadre , Com-
» miffaires Généraux & Ordonnateurs de la Ma-
>> rine , & autres Officiers qu'il appartiendra , de
» tenir la main à l'exécution de la préſente Or-
» donnance ; & aux Officiers de l'Amirauté , de
la faire lire , enregistrer , publier & afficher
» par- tout où befoin fera , afin que perfonne n'en
>> prétende caufe d'ignorance. FAIT à Verlailles ,
» le vingt- trois Novembre mil fept cent foixante-
» deux. Signé , LOUIS. Et plus bas , LE DUC DE
» CHOISEUL. >>
L'Ordonnance du Roi eft fuivie du Mande
ment adreffé par le Duc de Penthievre , Amiral de
France, à tous les Officiers de la Marine , pour
l'exécution de ladite Ordonnance.
Le Roi d'Angleterre a fair publier également à
Londres une Proclamation pour la ceffation des
hoftilités fur mer. Comme elle eft conforme à
l'Ordonnance du Roi , il eſt inurile d'en donner ici
I a traduction ,
Le vingt- troifiéme tirage de la Lotterie de
H vj
180 MERCURE DE FRANCE .
l'Hôtel-de-Ville s'eft fait le 25 Décembre en la
maniere accoutumée. Le lot de cinquante mille
livres eſt échu au numero 3029 ; celui de vingt
mille livres au numero 18764 , & les deux de dix
mille livres aux numeros 8383 & 9213 ,
Le 4 du même mois on a tiré la Loterie de l'Ecole
Royale Militaire . Les numéros fortis de la
roue de fortune font 71 , 8
, 41 , 64 , 35. Le prochain
tirage ſe fera le s Janvier 1763.
Le 24 du mois dernier , la principale cloche
de l'Eglife Métropolitaine , Primatiale & Patriarchale
de Bourges , a été bénite par l'Evêque
de Nevers , & nommée Louife- Adelaide par
Monfeigneur le Duc de Berry, repréfenté par le
Marquis de l'Hôpital , Chevalier des Ordres du
Roi , Grand & Premier Ecuyer de Madame , &c.
& par Madame Adelaïde , repréſentée par la
Dame Charlotte - Marguerite de Menou , époufe
du fieur Dodart , Meftre de Camp de Cavalerie ,
Chevalier de l'Ordre Royal & Militaire de Saint
Louis , & frere du Geur Dodart , Intendant de la
J
JANVIER. 1763. 175
Généralité de Berry. L'un & l'autre ont été conduits
par le Chapitre & la Nobleffe de la Ville &
de la Province à l'Eglife Cathédrale , où la céré
monie s'eft faite avec beaucoup de pompe , aux
acclamations d'un concours unanime de citoyens
de tous états , qui n'ont celle d'exprimer de la
maniere la plus vive , les voeux ardens qu'ils
font pour la confervation & la prospérité de notre
Monarque & de fon augufte Famille. Après la
cérémonie l'Evêque de Nevers , le Marquis de
l'Hôpital & la Dame Dodart , fe font rendus avec
la plus grande partie du Chapitre & toute la
Nobleffe , chez le fiear Dodart, Intendant de la
Province , qui leur a fait fervir un dîner magnifique.
Le 4 de ce mois l'Académie Françoiſe a élu
l'Abbé de Voifenon pour remplir la place vacante
par la mort du fieur Folyor de Crébillon .
Le 6 le Marquis de l'Hôpital , Lieutenant
Général des Armées du Roi , Chevalier de fes
Ordres , de l'Ordre de Saint Lazare & de celul
de Saint Janvier de Naples , premier Ecuyer
de Madame , s'eft rendu au Couvent des Religieux
de l'Obfervance , revêtu des marques
defdits Ordres , & précédé du Héraut & l'Huiffier
des Ordres du Roi , tous deux en habit de céré
monie , pour préfider , au nom de Sa Majesté
au Chapitre de l'Ordre de Saint Michel : il Y
reçu Chevalier de cer Ordre , avec les cérémonies
accoutumées , le fieur Dupré , Commiffaire
ordinaire d'Artillerie. Le Marquis de l'Hôpital
& les Chevaliers fe font rendus enfuite en pro
ceffion à l'Eglife , & y ont affifté au Service qu'on
y célebre tous les ans pour les Rois , les Princes
& les Chevaliers décédés.
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE .
Le fieur Briffon de l'Académie Royale des
Sciences , qui commença , l'année derniere , à
faire des Cours particuliers de Phyfique Expérimentale
, le propoſe d'en recommencer un dans
les premiers jours de Janvier. Ceux qui voudront
affifter à ce cours , doivent le faire infcrire chez
lui , au Collège de Navarre , rue & montagne Ste
Géneviève.
L'Univerfité de cette Ville propofe pour Sujet
du Prix d'Eloquence Latine , fondé par le fieur
Coignard , la queftion fuivante : Quanti populorum
interfit , eadem in omnibus fcholis publicis de
Religione , de Moribus & Litteris doceri.
On a appris , par les nouvelles d'Angleterre ,
que le Bureau des Poftes de Londres a recommencé
, le 6 du préfent mois de Décembre, d'envoyer
fon paquebot à Calais , pour y apporter la
malle d'Angleterre pour la France , & y prendre
en échange celle de France pour l'Angleterre ;
ainfi cette correfpondance réciproque ne fe fera
plus par la voie d'Oftende , ce qui la rendra &
plus prompte & plus régulière qu'elle ne l'a été
pendant la guerre ; en conféquence , les lettres
de France pour l'Angleterre , qui pendant cette
guerre partoient de Paris les Lundi & Vendredi ,
ont recommencé le 8 du même mois d'en partir
, comme ci- devant , les Mercredi & Samedi
de chaque femaine. Les Couriers de Londres partiront
réguliérement tous les Lundi & Jeudi.
Sa Majefté vient de publier fucceffivement
trois Ordonnances , l'une du 20 Novembre, l'autre
du 22 , & la troifiéme du 25 du même
mois .
La premiere concerne les Milices : elle enjoint
aux Régimens de Grenadiers Royaux & Bataillons
de Milice de partir des lieux où ils font ,
1
JANVIER. 1763. 177
pour retourner inceffammenr dans leurs Provinces.
Par la feconde , il eft défendu aux troupes de
Sa Majefté , qui entreront dans le Royaume , ou
qui auront ordre de paffer d'une Province dans
une autre, de fe charger d'aucunes marchandifes
, faux fel , ni faux tabac , fur les peines y contenues.
La troifiéme a pour objet de réformer les Régimens
d'infanterie de Bearn , Hainaut , Breffe ,
la Marche-Province , Brie , Soiffonnois , Ifle de
France , Royal- Lorraine , Royal - Barrois &
Royal- Cantabres.
Cette derniere Ordonnance eft composée de
trente- cinq articles. Il eft dit dans le XXII , le
XXIII & le XXIV , que les Colonels desdits
Régimens réformés jouiront de quinze cens liv.
de penfion fur le Tréfor Royal , jufqu'à ce qu'ils
foient remplacés ; de plus , que Sa Majeſté donnera
fes ordres , pour leur faire rembourfer le
prix qu'ils auront payé pour leur Régiment , fuivant
le prix fixé par Sa Majefté ; que tous les autres
Officiers defdits Régimens jouiront en penfion
fur le Tréfor Royal , favoir , les Lieutenans
Colonels , de douze cens livres ; les Majors ," de
huit cens livres ; les Capitaines de Grenadiers , de
cinq cens livres ; les Capitaines de Fusiliers , qui
auront vingt ans de fervice , de quatre cens liv.
ceux qui n'auront pas vingt ans de fervice ,
de
trois cens livres feulement , ainfi que les Aide-
Majors. Voulant au furplus Sa Majesté que lefdites
penfions ne foyent payées qu'à ceux defdits
Officiers qui fe retireront chez eux & non ailleurs.
•
A l'égard des Lieutenans & Enfeignes qui feront
réformés , Sa Majefté entend qu'ils le re-
Hv
178 MERCURE DE FRANCE .
tirent dans leurs Provinces pour y remplir les
emplois qu'elle leur deftine , le réſervant de leur
faire connoître fes intentions fur cet objet , lorſqu'on
lui aura rendu compte de leurs fervices & de
leurs talens , & c. & c.
Il vient de paroître une Ordonnanc du Roi ,
concernant les termes de la ceffation des hoftilités
en mer : en voici la teneur.
DE PAR LE ROI.
ee SA MAJESTÉ ayant ratifié le 22 du préfent
» mois de Novembre les articles préliminaires de
» la paix , fignés à Fontainebleau le 3 du même
» mois , entre les Miniftres Plénipotentiaires de
> France , d'Elpagne & de la Grande- Bretagne ;
D
par l'um deiquels articles il eft porté qu'il y
> aura ceffation d'hoftilités par mer , fuivant les
» termes & efpaces de temps ci- après expliqués ,
» à compter du jour de la ratification defdits ar-.
» ticles préliminaires , & ftipulé que les Vaif-
» feaux , marchandiſes ou autres effets qui fe-
> ront pris par mer , après lefdits termes & efpa-
» ces de temps , feront réciproquement reftitués ;
» Elle a ordonné & ordonne que les Vailleaux ,
» marchandiſes & effets appartenant à Leurs Majeftés
Britannique & Très - Fidéle , & à leurs Su-
» jets , qui pourront être pris dans la Manche ou
» dans les Mers du Nord , après l'espace de
» douzejours , à compter du 22 du préfent mois
» de Novembre , leur feront reltitués ; que le ter-
>> me fera de fix femaines pour les prifes faites
» depuis la Manche, les mers Britanniques & Fran.
>> çoiſes & les mers du Nord , jufqu'aux Ifles Cana-
>> ries inclufivement , foit dans l'Océan , foit dans
» la Méditerranée; que le terme fera de trois mois
» depuis lefdites Ifles Canaries jufqu'à la Ligne
>>Equinoxiale ou l'Equateur ; enfin de fix mois , à
כ כ
1
JANVIER. 1763. 179
→
*
» compter de la même date du 2.2 du préfent
» mois de Novembre au delà de ladite Ligne
>> Equinoctiale ou l'Equateur , & dans tous les
>> autres endroits du monde fans aucune ex-
>> ception , ni autre diftinction plus particuliere
» de temps & de lieux. Défend Sa Majesté à tous,
» fes Sujets , de quelque qualité & condition qu'ils
» foient , d'exercer aucun acte d'hoftilité par mer,
» contre les Sujets de Leurs Majeftés Britannique
» & Très Fidele , ni de leur caufer aucun préju-
» dice ou dommage , après l'expiration des épo-
» ques ci- deffus mentionnées . MANDE & ordonne
» Sa Majesté à M. le Duc de Penthievre , Amiral
» de France , aux Vice- Amiraux , Lieutenans- Gé◄
» néraux , Intendans , Chefs d'Eſcadre , Com-
» miffaires Généraux & Ordonnateurs de la Ma-
>> rine , & autres Officiers qu'il appartiendra , de
» tenir la main à l'exécution de la préſente Or-
» donnance ; & aux Officiers de l'Amirauté , de
la faire lire , enregistrer , publier & afficher
» par- tout où befoin fera , afin que perfonne n'en
>> prétende caufe d'ignorance. FAIT à Verlailles ,
» le vingt- trois Novembre mil fept cent foixante-
» deux. Signé , LOUIS. Et plus bas , LE DUC DE
» CHOISEUL. >>
L'Ordonnance du Roi eft fuivie du Mande
ment adreffé par le Duc de Penthievre , Amiral de
France, à tous les Officiers de la Marine , pour
l'exécution de ladite Ordonnance.
Le Roi d'Angleterre a fair publier également à
Londres une Proclamation pour la ceffation des
hoftilités fur mer. Comme elle eft conforme à
l'Ordonnance du Roi , il eſt inurile d'en donner ici
I a traduction ,
Le vingt- troifiéme tirage de la Lotterie de
H vj
180 MERCURE DE FRANCE .
l'Hôtel-de-Ville s'eft fait le 25 Décembre en la
maniere accoutumée. Le lot de cinquante mille
livres eſt échu au numero 3029 ; celui de vingt
mille livres au numero 18764 , & les deux de dix
mille livres aux numeros 8383 & 9213 ,
Le 4 du même mois on a tiré la Loterie de l'Ecole
Royale Militaire . Les numéros fortis de la
roue de fortune font 71 , 8
, 41 , 64 , 35. Le prochain
tirage ſe fera le s Janvier 1763.
Fermer
Résumé : De PARIS, le 10 Décembre.
Le 24 novembre 1762, la principale cloche de la cathédrale de Bourges a été bénite par l'évêque de Nevers et nommée Louise-Adélaïde par le duc de Berry, représenté par le marquis de l'Hôpital. La cérémonie, marquée par une grande pompe, a réuni un concours unanime de citoyens exprimant leurs vœux pour la conservation et la prospérité du monarque et de sa famille. Après la cérémonie, l'évêque de Nevers, le marquis de l'Hôpital et la dame Dodart se sont rendus chez le sieur Dodart, intendant de la province, pour un dîner magnifique. Le 4 janvier 1763, l'Académie Française a élu l'abbé de Voisenon pour remplacer le sieur Folyor de Crébillon. Le 6 janvier, le marquis de l'Hôpital a présidé au chapitre de l'Ordre de Saint-Michel, où le sieur Dupré a été reçu chevalier. Ensuite, ils ont assisté à un service à l'église pour les rois, princes et chevaliers décédés. Le sieur Brisson, de l'Académie Royale des Sciences, a proposé de recommencer ses cours de physique expérimentale en janvier. L'Université de Paris a annoncé un sujet pour le prix d'éloquence latine. Les services postaux entre Londres et Calais ont repris, rendant la correspondance plus prompte et régulière. Le roi a publié plusieurs ordonnances. La première concerne le retour des régiments de grenadiers et de milice dans leurs provinces. La seconde interdit aux troupes de transporter des marchandises. La troisième réforme plusieurs régiments d'infanterie, accordant des pensions aux officiers réformés. Une autre ordonnance royale concerne la cessation des hostilités en mer, stipulant les termes de restitution des prises maritimes après la ratification des articles préliminaires de paix. Le tirage de la loterie de l'Hôtel-de-Ville a eu lieu le 25 décembre, et celui de la loterie de l'École Royale Militaire le 4 janvier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1639
p. 182-188
« Ls 23 de ce mois, Sa Majesté Impériale a reçu les marques de l'Ordre de l'Aigle noir, des mains [...] »
Début :
Ls 23 de ce mois, Sa Majesté Impériale a reçu les marques de l'Ordre de l'Aigle noir, des mains [...]
Mots clefs :
Duc, Traité, Général, Cour, Ministre, Règlement, Moscou, Vienne, Camp de l'armée autrichienne, Silésie, Dresde, Erlangen, Franconie, Hambourg, Ratisbonne, Madrid, Málaga, Civitavecchia, Bastia, Turin, Londres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Ls 23 de ce mois, Sa Majesté Impériale a reçu les marques de l'Ordre de l'Aigle noir, des mains [...] »
NOUVELLES POLITIQUES.
Janvier 1763. II. Vol.
De Moscou , le 30 Novembre 1762.
Ls 23 de ce mois , Sa Majeſté Impériale a reçu
les marques de l'Ordre de l'Aigle noir , des mains
du Baron de Goltz , Miniftre du Roi de Pruffe. LE23:
On adécouvert une confpiration qui s'étoit tramée
contre l'Impératrice . Les Chefs du complot
étoient les trois freres Gourieff , Officiers des Gardes
Ifmael , & les deux Hroufchef, dont l'un étoit
Officier , & l'autre Maréchal des Logis du Régiment
d'Engermanie. Les coupables , fur le rapport
des Juges , ont été condamnés par le Sénat
à être écartelés. Mais fa Majefté Impériale a commué
leur fupplice rigoureux , en un genre de
punition , qui n'avoit pas encore été employé en
Ruffie. Les coupables ont été conduits dans une
place publique le 8 de ce mois ; là ils ont été dégradés
de nobleffe ; le Bourreau les a fouffletés ,
leur a brifé leurs épées par deffus leurs têtes ;
après quoi , ils ont été transférés en Sibérie .
De VIENNE , le 25 Décembre.
&
L'Empereur & l'impératrice font dans la
plus grande affliction de la mort de l'Archidu
JANVIER. 1763. 183
cheffe Jeanne ; cette jeune Princeffe , après avoir
lutté pendant vingt - quatre jours contre une maladie
cruelle , a enfin fuccombé Jeudi dernier
entre quatre & cinq heures après midi. C'étoit
la cinquième des Archiduchelles filles de leurs
Majeltés Impériales & Royales. Elle fe nommoit
Jeanne- Gabrielle- Jofeph - Antoine , & étoit née le
4 Février 1750. Son corps a été inhumé fans cérémonie
, parce qu'ily a eu dans les derniers jours
de fa maladie , qui étoit une fiévre milliaire , une
érruption pourpreufe. La Cour prendra le deuil
pour trois mois.
Du Camp de l'Armée Autrichienne en Siléfie
le 26 Novembre 1762 .
Le Général de Bethlem , qui a pris fon Quartier
Général à Jagerndorff , occupe vingt- fix Villages
de la Haute- Siléfie Pruffienne. L'amniſtie
dont il eft convenu avec le Général Werner depuis
le 1 de ce mois , n'a point de terme fixe :
mais on nepourra le rompre , de l'un ou de l'autre
côté , qu'en s'avertiffant trois jours auparavant.
La même convention a eu lieu entre le Maréchal
de Daun & le Prince de Bevern.
Le Général Beck a pris fon quartier d'hyver à
Wartha , & le Baron de Loudon a établi le fien à
Scharfeneck. Le Général O- Donel remplace le
Maréchal de Dun pendant Phyver.
De DRESDE , le Décembre ,
La fufpenfion d'armes entre les armées Autrichienne
& Pruffienne n'a été réglée qu'après de
grands débats de part & d'autre. On eft convenu
de fixer une ligne de féparation entre les quartiers
refpectifs des deux Armées. La Ligne commence
à Marckliffa , paffe à Lobau , Bautzen , Ca-,7
184 MERCURE DE FRANCE .
mentz , Konigsbruck , vient finir à Groffenhayn,
& fuit le Canal qui communique de la Schvartz-
Elfter à l'Elbe . Les Autrichiens confervent de leur
côté le terrein qui eft entre le cours de la riviére
& celui du ruiffeau de Klein- Triebfche , en gagnant
la forêt de Tharand qui leur refte. Leur
ligne fuit la Wilde-Weifferitz jufqu'à ſa ſource
& de-là continue au pied des montagnes juſqu'à
Olmitz & Adorff , afin de couvrir la Bohème . Le
Général Haddick a détaché de fon Armée huit
Bataillons & quatre Régimens de Cavalerie ,
pour les joindre à l'Armée de l'Empire .
EXTRAIT d'une Lettre écrite d'Erlang en Franconie
, le 7 Décembre.
On apprend de Bareuth que l'Armée de l'Empire
s'avance en force , pour obliger les Pruffiens
à fe retirer du Cercle. L'avant- garde , après avoir
repoufflé le Corps du Comte de Schulembourg ,
qui étoit à Creuffen , eſt arrivée à Saint Jean près
de Bareuth . Un Régiment de Cuiraffiers Autrichiens
& un Régiment de Dragons fe font portés à
Virbens & Neuftadt fur le Kulm , aux ordres du
Général Pellegrini. Le Prince de Stolberg doit
être de fa perfonne à Weiden , & le Général k léefel
doit avancer par le Haut Palatinat . On allure
que ces difpofitions ont déja fait retirer les Pruffiens
des environs de Bareuth On préfume que le
Général Kleift ne tiendra point à Bamberg , &
qu'il s'empreffera de rentrer en Saxe , pour ne
pas expofer aux hazards de la guerre le butin
confidérable qu'il a enlevé dans la Franconie.
On mande de Leipfick que le Roi de Pruffe s'eft
tranſporté à Gotha ; que la ville de Nuremberg a
été fermée il y a quelques jours, & que le Général
Kleift y eft entré avec un détachement pour y lever
des contributions.
JANVIER . 1763. 185
De la FRANCONIE , le 4 Décembre .
Le Corps du Général Kleift s'eft replié jufqu'à
Schleuffingen , où il a été renforcé par celui de
Trimbach , compofé de mille hommes. Le Général
Comte de Neuwied occupe les environs de
Plauen. L'Armée de l'Empire a établi fon quartier
général à Lauff , à quelques lieues de Nuremberg
, & l'on a diftribué des troupes dans les
villages circonvoisins. Cette Armée vient d'être
renforcée par fix Régimens Autrichiens , un Corps
de Huffards & un de Croates. Il eſt resté fix mille.
hommes dans le pays de Bareuth , afin de couvrir
les endroits les plus exposés.
De HAMBOURG , le 20 Décembre.
Suivant les nouvelles de Warfovie , le Comte
de Keyferling , Envoyé extraordinaire de Ruffie
auprès du Roi & de la République de Pologne ,
eft arrivé dans cette Capitale à la fin de Novembre.
On prétend qu'il eft chargé de traiter l'affaire
de la Courlande , & de concilier , s'il eft poffible
, les intérêts du Duc de Biren avec ceux du
Prince Charles ; mais on ne fait rien de précis fur
les véritables intentions de la Cour de Ruffie >
quoiqu'elles paroiffent très-favorables au Duc
Erneft- Jean.
Le fieur Simolin , Miniftre de Ruffie auprès du
Duc de Biren , a reçu de Mofcou des dépêches ,
par lesquelles on lui marque que la difcuffion qui
s'étoit élevée entre fa Cour & celle de Dannemarck
, au ſujet du Holſtein , étoit entiérement
terminée.
De RATISBONNE , le 20 Décembre.
Le Cercle de Baviere a formé une délibération
186 MERCURE DE FRANCE.
dont l'objet eft de prier l'Empereur de vouloir bien
permettre que l'on détachât de l'Armée de l'Empire
le contingent de ce Cerccle pour couvrir les
Etats qui le compofent . Le Cercle de Suabe , affemblé
à Ulm , a formé , à ce qu'on prétend , la
même délibération .
On mande de Berlin que le Comte de Finckenſtein
, Miniftre & Secrétaire d'Etat au département
des Affaires étrangeres, eft parti de cette
Ville le 13 de grand matin pour le rendre à Leipfick
, où Sa Majefté Pruffienne l'a mandé . Cette
nouvelle donne quelques efperances pour la paix
en Allemagne .
De MADRID , le 7 Décembre.
Avant- hier il eft arrivé de Paris un Courier
qui a apporté les ratifications des articles préliminaires
de Paix conclus entre cette Cour & celle de
France , d'une part ; & l'Angleterre & le Portugal
, de l'autre , & fignés le 3 Novembre dernier.
Sa Majefté a fait expédier auffi tot les ordres néceffaires
pour la ceffation des hoftilités.
De MALAGA , le 16 Novembre.
Le fieur Perrier de Salvert , Lieutenant de la
Frégate Françoife l'Oiseau , commandée par le
Chevalier de Modene , eft arrivée dans ce Port
avec cent quatre - vingt hommes de l'équipage,
On a fu de lui les détails fuivans concernant la
prife de ce bâtiment.
Le 23 Octobre dernier le Chevalier de Modène
découvrit , à la hauteur du Cap de Palos , un
Navire Anglois , auquel il donna la chaffe ; mais
ayant reconnu que c'étoit un vaifleau de guerre
fupérieur en force , il abandonna fa pourſuite &
prit chaffe à ſon tour . Vers les cinq heures du
JANVIER . 1763. 187
foir le vaiffeau ennemi l'atteignit , & le força de
fe rendre après un combat très - vif , qui dura
trois heures. La Frégate reçut trente coups de
canon à fleur d'eau ; quarante- huit hommes
furent mis hors de combat , & il y en eut treize
de tués , du nombre defquels font les fieurs de
Gineftous , de Mauperthuis & de Sainte - Croix .
Le Chevalier de Modene a eu le bras droit emporté
d'un coup de mitraille ; le fieur Perrier de
Salvert une forte contufion au bras , & le fieur de
Chalus une légére bleffure à la main . L'ennemia
eu vingt hommes tués ou bleflés . Le bâtiment Anglois
eft la Brune , Frégate de trente- quatre piéces
de canon & de deux cens foixante hommes
d'équipage. Elle a conduit fa priſe à Gibraltar ,
où eft refté le Chevalier de Modene , dont la
bleffure ne laiffe pas craindre pour ſa vie .
De CIVITA-VECCHIA , le 16 Décembre.
Les démêlés de la Cour de Rome avec la République
de Gênes fubfiftent toujours dans le
même état. La République a demandé la médiation
du Roi des deux Siciles , & l'Abbé Cazali
eft actuellement à Naples pour négocier
cette affaire.
On a déja commencé à deffécher les Marais
Pontins , & les premiers travaux ont été fort heureux
; mais il eft à craindre que cette belle &
grande entreprife ne fott funefte aux habitans des
campagnes voisines , & peut-être de Rome même.
Le remuement de ces terres marécageules pourroit
bien dans les chaleurs dé l'été infecter l'air ,
& répandre des maladies dans les environs.
De la BASTIE , le 22 Novembre.
1
Il n'eſt pas vrai , comme on l'avoit appris d'un
188 MERCURE DE FRANCE.
Navire arrivé ici dernierement , que nos trou?
pes le foient emparées de Rogliani. Paſcal Paoli ,
eft encore à Cafinca.
Le Vifiteur Apoftolique eſt toujours dans l'Etat
de Gênes , quoiqu'on ait répandu le bruit qu'il :
en étoit parti pour retourner en Italie.
De TURIN , le 2p Décembre.
La Princeffe Polixene de Savoye , fille du
Prince de Carignan , eft morte le zo , d'une maladie
de langueur , qui étoit la fuite d'une fiévre
inflammatoire avec oppreffion de poitrine . Elle
n'étoit agée que de feize ans ; la Cour prendra
le deuil demain à cette occafion , & le portera
quinze jours.
De LONDRES , le 16 Décembre.
Le Duc de Nivernois a eu aujoud'hui fa
premiere audience du Duc d'Yorck , Frere du
Roi. Ce Miniftre a toujours de fréquentes conférences
avec les Miniftres du Roi , au füjer
du Traité définitif, auquel les difpofitions de la
Nation ne paroillent apporter aucune difficulté.
Janvier 1763. II. Vol.
De Moscou , le 30 Novembre 1762.
Ls 23 de ce mois , Sa Majeſté Impériale a reçu
les marques de l'Ordre de l'Aigle noir , des mains
du Baron de Goltz , Miniftre du Roi de Pruffe. LE23:
On adécouvert une confpiration qui s'étoit tramée
contre l'Impératrice . Les Chefs du complot
étoient les trois freres Gourieff , Officiers des Gardes
Ifmael , & les deux Hroufchef, dont l'un étoit
Officier , & l'autre Maréchal des Logis du Régiment
d'Engermanie. Les coupables , fur le rapport
des Juges , ont été condamnés par le Sénat
à être écartelés. Mais fa Majefté Impériale a commué
leur fupplice rigoureux , en un genre de
punition , qui n'avoit pas encore été employé en
Ruffie. Les coupables ont été conduits dans une
place publique le 8 de ce mois ; là ils ont été dégradés
de nobleffe ; le Bourreau les a fouffletés ,
leur a brifé leurs épées par deffus leurs têtes ;
après quoi , ils ont été transférés en Sibérie .
De VIENNE , le 25 Décembre.
&
L'Empereur & l'impératrice font dans la
plus grande affliction de la mort de l'Archidu
JANVIER. 1763. 183
cheffe Jeanne ; cette jeune Princeffe , après avoir
lutté pendant vingt - quatre jours contre une maladie
cruelle , a enfin fuccombé Jeudi dernier
entre quatre & cinq heures après midi. C'étoit
la cinquième des Archiduchelles filles de leurs
Majeltés Impériales & Royales. Elle fe nommoit
Jeanne- Gabrielle- Jofeph - Antoine , & étoit née le
4 Février 1750. Son corps a été inhumé fans cérémonie
, parce qu'ily a eu dans les derniers jours
de fa maladie , qui étoit une fiévre milliaire , une
érruption pourpreufe. La Cour prendra le deuil
pour trois mois.
Du Camp de l'Armée Autrichienne en Siléfie
le 26 Novembre 1762 .
Le Général de Bethlem , qui a pris fon Quartier
Général à Jagerndorff , occupe vingt- fix Villages
de la Haute- Siléfie Pruffienne. L'amniſtie
dont il eft convenu avec le Général Werner depuis
le 1 de ce mois , n'a point de terme fixe :
mais on nepourra le rompre , de l'un ou de l'autre
côté , qu'en s'avertiffant trois jours auparavant.
La même convention a eu lieu entre le Maréchal
de Daun & le Prince de Bevern.
Le Général Beck a pris fon quartier d'hyver à
Wartha , & le Baron de Loudon a établi le fien à
Scharfeneck. Le Général O- Donel remplace le
Maréchal de Dun pendant Phyver.
De DRESDE , le Décembre ,
La fufpenfion d'armes entre les armées Autrichienne
& Pruffienne n'a été réglée qu'après de
grands débats de part & d'autre. On eft convenu
de fixer une ligne de féparation entre les quartiers
refpectifs des deux Armées. La Ligne commence
à Marckliffa , paffe à Lobau , Bautzen , Ca-,7
184 MERCURE DE FRANCE .
mentz , Konigsbruck , vient finir à Groffenhayn,
& fuit le Canal qui communique de la Schvartz-
Elfter à l'Elbe . Les Autrichiens confervent de leur
côté le terrein qui eft entre le cours de la riviére
& celui du ruiffeau de Klein- Triebfche , en gagnant
la forêt de Tharand qui leur refte. Leur
ligne fuit la Wilde-Weifferitz jufqu'à ſa ſource
& de-là continue au pied des montagnes juſqu'à
Olmitz & Adorff , afin de couvrir la Bohème . Le
Général Haddick a détaché de fon Armée huit
Bataillons & quatre Régimens de Cavalerie ,
pour les joindre à l'Armée de l'Empire .
EXTRAIT d'une Lettre écrite d'Erlang en Franconie
, le 7 Décembre.
On apprend de Bareuth que l'Armée de l'Empire
s'avance en force , pour obliger les Pruffiens
à fe retirer du Cercle. L'avant- garde , après avoir
repoufflé le Corps du Comte de Schulembourg ,
qui étoit à Creuffen , eſt arrivée à Saint Jean près
de Bareuth . Un Régiment de Cuiraffiers Autrichiens
& un Régiment de Dragons fe font portés à
Virbens & Neuftadt fur le Kulm , aux ordres du
Général Pellegrini. Le Prince de Stolberg doit
être de fa perfonne à Weiden , & le Général k léefel
doit avancer par le Haut Palatinat . On allure
que ces difpofitions ont déja fait retirer les Pruffiens
des environs de Bareuth On préfume que le
Général Kleift ne tiendra point à Bamberg , &
qu'il s'empreffera de rentrer en Saxe , pour ne
pas expofer aux hazards de la guerre le butin
confidérable qu'il a enlevé dans la Franconie.
On mande de Leipfick que le Roi de Pruffe s'eft
tranſporté à Gotha ; que la ville de Nuremberg a
été fermée il y a quelques jours, & que le Général
Kleift y eft entré avec un détachement pour y lever
des contributions.
JANVIER . 1763. 185
De la FRANCONIE , le 4 Décembre .
Le Corps du Général Kleift s'eft replié jufqu'à
Schleuffingen , où il a été renforcé par celui de
Trimbach , compofé de mille hommes. Le Général
Comte de Neuwied occupe les environs de
Plauen. L'Armée de l'Empire a établi fon quartier
général à Lauff , à quelques lieues de Nuremberg
, & l'on a diftribué des troupes dans les
villages circonvoisins. Cette Armée vient d'être
renforcée par fix Régimens Autrichiens , un Corps
de Huffards & un de Croates. Il eſt resté fix mille.
hommes dans le pays de Bareuth , afin de couvrir
les endroits les plus exposés.
De HAMBOURG , le 20 Décembre.
Suivant les nouvelles de Warfovie , le Comte
de Keyferling , Envoyé extraordinaire de Ruffie
auprès du Roi & de la République de Pologne ,
eft arrivé dans cette Capitale à la fin de Novembre.
On prétend qu'il eft chargé de traiter l'affaire
de la Courlande , & de concilier , s'il eft poffible
, les intérêts du Duc de Biren avec ceux du
Prince Charles ; mais on ne fait rien de précis fur
les véritables intentions de la Cour de Ruffie >
quoiqu'elles paroiffent très-favorables au Duc
Erneft- Jean.
Le fieur Simolin , Miniftre de Ruffie auprès du
Duc de Biren , a reçu de Mofcou des dépêches ,
par lesquelles on lui marque que la difcuffion qui
s'étoit élevée entre fa Cour & celle de Dannemarck
, au ſujet du Holſtein , étoit entiérement
terminée.
De RATISBONNE , le 20 Décembre.
Le Cercle de Baviere a formé une délibération
186 MERCURE DE FRANCE.
dont l'objet eft de prier l'Empereur de vouloir bien
permettre que l'on détachât de l'Armée de l'Empire
le contingent de ce Cerccle pour couvrir les
Etats qui le compofent . Le Cercle de Suabe , affemblé
à Ulm , a formé , à ce qu'on prétend , la
même délibération .
On mande de Berlin que le Comte de Finckenſtein
, Miniftre & Secrétaire d'Etat au département
des Affaires étrangeres, eft parti de cette
Ville le 13 de grand matin pour le rendre à Leipfick
, où Sa Majefté Pruffienne l'a mandé . Cette
nouvelle donne quelques efperances pour la paix
en Allemagne .
De MADRID , le 7 Décembre.
Avant- hier il eft arrivé de Paris un Courier
qui a apporté les ratifications des articles préliminaires
de Paix conclus entre cette Cour & celle de
France , d'une part ; & l'Angleterre & le Portugal
, de l'autre , & fignés le 3 Novembre dernier.
Sa Majefté a fait expédier auffi tot les ordres néceffaires
pour la ceffation des hoftilités.
De MALAGA , le 16 Novembre.
Le fieur Perrier de Salvert , Lieutenant de la
Frégate Françoife l'Oiseau , commandée par le
Chevalier de Modene , eft arrivée dans ce Port
avec cent quatre - vingt hommes de l'équipage,
On a fu de lui les détails fuivans concernant la
prife de ce bâtiment.
Le 23 Octobre dernier le Chevalier de Modène
découvrit , à la hauteur du Cap de Palos , un
Navire Anglois , auquel il donna la chaffe ; mais
ayant reconnu que c'étoit un vaifleau de guerre
fupérieur en force , il abandonna fa pourſuite &
prit chaffe à ſon tour . Vers les cinq heures du
JANVIER . 1763. 187
foir le vaiffeau ennemi l'atteignit , & le força de
fe rendre après un combat très - vif , qui dura
trois heures. La Frégate reçut trente coups de
canon à fleur d'eau ; quarante- huit hommes
furent mis hors de combat , & il y en eut treize
de tués , du nombre defquels font les fieurs de
Gineftous , de Mauperthuis & de Sainte - Croix .
Le Chevalier de Modene a eu le bras droit emporté
d'un coup de mitraille ; le fieur Perrier de
Salvert une forte contufion au bras , & le fieur de
Chalus une légére bleffure à la main . L'ennemia
eu vingt hommes tués ou bleflés . Le bâtiment Anglois
eft la Brune , Frégate de trente- quatre piéces
de canon & de deux cens foixante hommes
d'équipage. Elle a conduit fa priſe à Gibraltar ,
où eft refté le Chevalier de Modene , dont la
bleffure ne laiffe pas craindre pour ſa vie .
De CIVITA-VECCHIA , le 16 Décembre.
Les démêlés de la Cour de Rome avec la République
de Gênes fubfiftent toujours dans le
même état. La République a demandé la médiation
du Roi des deux Siciles , & l'Abbé Cazali
eft actuellement à Naples pour négocier
cette affaire.
On a déja commencé à deffécher les Marais
Pontins , & les premiers travaux ont été fort heureux
; mais il eft à craindre que cette belle &
grande entreprife ne fott funefte aux habitans des
campagnes voisines , & peut-être de Rome même.
Le remuement de ces terres marécageules pourroit
bien dans les chaleurs dé l'été infecter l'air ,
& répandre des maladies dans les environs.
De la BASTIE , le 22 Novembre.
1
Il n'eſt pas vrai , comme on l'avoit appris d'un
188 MERCURE DE FRANCE.
Navire arrivé ici dernierement , que nos trou?
pes le foient emparées de Rogliani. Paſcal Paoli ,
eft encore à Cafinca.
Le Vifiteur Apoftolique eſt toujours dans l'Etat
de Gênes , quoiqu'on ait répandu le bruit qu'il :
en étoit parti pour retourner en Italie.
De TURIN , le 2p Décembre.
La Princeffe Polixene de Savoye , fille du
Prince de Carignan , eft morte le zo , d'une maladie
de langueur , qui étoit la fuite d'une fiévre
inflammatoire avec oppreffion de poitrine . Elle
n'étoit agée que de feize ans ; la Cour prendra
le deuil demain à cette occafion , & le portera
quinze jours.
De LONDRES , le 16 Décembre.
Le Duc de Nivernois a eu aujoud'hui fa
premiere audience du Duc d'Yorck , Frere du
Roi. Ce Miniftre a toujours de fréquentes conférences
avec les Miniftres du Roi , au füjer
du Traité définitif, auquel les difpofitions de la
Nation ne paroillent apporter aucune difficulté.
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Résumé : « Ls 23 de ce mois, Sa Majesté Impériale a reçu les marques de l'Ordre de l'Aigle noir, des mains [...] »
En janvier 1763, plusieurs événements politiques et militaires significatifs ont été rapportés. À Moscou, le 23 novembre 1762, l'Impératrice de Russie a reçu l'Ordre de l'Aigle noir des mains du Baron de Goltz. Une conspiration contre l'Impératrice, impliquant les frères Gourieff et les frères Hroufchef, a été découverte. Les conspirateurs ont été condamnés par le Sénat à être écartelés, mais l'Impératrice a commué leur peine en dégradation et exil en Sibérie. À Vienne, l'Empereur et l'Impératrice étaient en deuil suite à la mort de l'Archiduchesse Jeanne, décédée après une maladie de vingt-quatre jours. Son corps a été inhumé sans cérémonie en raison d'une éruption pourpreuse. Sur le front militaire, en Silésie, le Général de Bethlem occupait plusieurs villages et une amnistie avait été conclue avec le Général Werner. Les Autrichiens et les Prussiens ont convenu d'une ligne de séparation pour leurs quartiers respectifs. En Franconie, l'Armée de l'Empire avançait pour repousser les Prussiens, et des troupes ont été déployées pour couvrir les régions exposées. À Dresde, la suspension d'armes entre les armées autrichienne et prussienne a été réglée après de longs débats. Les Autrichiens ont conservé des territoires stratégiques pour couvrir la Bohème. En Pologne, le Comte de Keyferling est arrivé à Varsovie pour traiter de l'affaire de la Courlande. À Madrid, les ratifications des articles préliminaires de paix entre la France, l'Angleterre, et le Portugal ont été signées, mettant fin aux hostilités. En Méditerranée, la frégate française l'Oiseau a été capturée par un navire anglais après un combat intense. Le Chevalier de Modène a été blessé et conduit à Gibraltar. À Civita-Vecchia, les travaux de drainage des Marais Pontins ont commencé, mais des inquiétudes subsistent quant aux risques sanitaires. À Turin, la Princesse Polixène de Savoie est décédée à l'âge de seize ans, et la Cour a observé un deuil de quinze jours. À Londres, le Duc de Nivernois a eu sa première audience avec le Duc d'Yorck, et des conférences fréquentes ont lieu en vue de finaliser un traité définitif.
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1640
p. 188-190
De VERSAILLES, le 20 décembre.
Début :
LE 12 de ce mois , le Duc de Praslin prêta serment entre les mains du Roi pour la Lieutenance [...]
Mots clefs :
Diocèse de Verdun, Maladie des yeux, Lieutenance-générale, Contrôleur général des finances
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texteReconnaissance textuelle : De VERSAILLES, le 20 décembre.
De VERSAILLES , le 20 Décembre.
LSB 12 de ce mois , le Duc de Praflin prêta
ferment entre les mains du Roi pour la Lieutenance-
Générale de la Province de Bretagne.
Le Premier Préſident du Parlement de Dombes ,
accompagné des Députés de ce Parlement , fur
préfenté au Roi , à la Reine , & à la Famille
Royale. La Comteffe de Levis cut le même hon
I
JANVIER. 1763. 189
neur , & fut préſentée par la Maréchale de Mirepoix
. Le même jour , Leurs Majeftés , ainfi
que la Famille Royale , fignerent le Contrat
de Mariage du Marquis de Noailles avec la
Demoiſelle de Drofmenil .
que
Le 13 , l'Evêque de Tulles a prêté ferment'
entre les mains de Sa Majefté dans la Chapelle
du Château.
Le fieur de Sulauze , Conful , & chargé des
affaires du Roi à Tunis , ayant demandé la retraite
, Sa Majeſté a nommé à cette Place le
fieur de Saizien , Secrétaire du Duc de Praflin
Miniftre & Secrétaire d'Etat au département des
Affaires étrangeres.
Le 21 le fieur de Mello , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi de Portugal , eut une audience partieuliere
du Roi , dans laquelle il remit fes Lettres
de créance à Sa Majefté . Il fut conduit à cette
audience, ainfi qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin , de Madame la Dauphine ,
de Monfeigneur le Duc de Berry , de Monfei
gneur le Comte de Provence , de Monfeigneur le
Comte d'Artois , de Madame , de Madame Adélaïde
& de Mefdames Victoire , Sophie & Louiſe ,
par le fieur de la Live , Introducteur des Ambaffadeurs.
La Comteffe de Sommyewe a eu l'honneur
d'être préfentée le 19 à Leurs Majeftés & à la
Famille Royale par la Comteffe de Choiſeul-
Beaupré. Le même jour le Chevalier de Beautteville
a été préfenté au Roi , en qualité d'Ambaſſadeur
de Sa Majeſté en Suiffe , par le Duc de
Choiseul.
Le 22 , le Maréchal Prince de Soubife eft arrivé
à la Cour , & a eu l'honneur de faire les révé
rences à Leurs Majeftés & à la Famille Royale.
190 MERCURE DE FRANCE.
Le 28 la Comteſſe de Saint - Simon- Sandricourt
a eu l'honneur d'être préfentée à Leurs Majeftés ,
ainfi qu'à la Famille Royale , par la Comteffe
d'Helmftalt.
Le fieur Bertin , Controlleur Général des Finances
, a prêté ferment entre les mains de Sa
Majefté le 26 pour la Charge de Grand Tréforier.
de l'Ordre du Saint Eſprit.
Le Roi a donné l'Abbaye du Gard , Ordre de
Citeaux , Dioceſe d'Amiens , à l'Abbé de Talleyrand
, Aumonier de Sa Majefté , & Vicaire Général
du Diocéfe de Verdun. Celle du Breuil ,
Ordre de Saint Benoît , Diocéfe d'Evreux , à
l'Abbé de Beguilhan de l'Arbouft , Abbé de Saint
Chignan , Maître de l'Oratoire de Sa Majefté ,
ci-devant Vicaire Général du Diocéfe de Meaux ;
& de celle des Chanoineſſes de Lons - le - Saunier
Ordre de Sainte Claire , Diocéfe de Besançon , à
la Dame de Montigny , Chanoineffe du même
Chapitre.
Le Roi vient de créer une Charge de Médecin
Oculifte , attaché à fa Perfonne , & en a donné
le Brevet au Sieur Demours Médecin de la
Faculté de Paris , qui depuis plus de 30 ans s'eſt
appliqué avec fuccès au traitement des maladies
des yeux qui ne demandent pas l'opération
de la main .
LSB 12 de ce mois , le Duc de Praflin prêta
ferment entre les mains du Roi pour la Lieutenance-
Générale de la Province de Bretagne.
Le Premier Préſident du Parlement de Dombes ,
accompagné des Députés de ce Parlement , fur
préfenté au Roi , à la Reine , & à la Famille
Royale. La Comteffe de Levis cut le même hon
I
JANVIER. 1763. 189
neur , & fut préſentée par la Maréchale de Mirepoix
. Le même jour , Leurs Majeftés , ainfi
que la Famille Royale , fignerent le Contrat
de Mariage du Marquis de Noailles avec la
Demoiſelle de Drofmenil .
que
Le 13 , l'Evêque de Tulles a prêté ferment'
entre les mains de Sa Majefté dans la Chapelle
du Château.
Le fieur de Sulauze , Conful , & chargé des
affaires du Roi à Tunis , ayant demandé la retraite
, Sa Majeſté a nommé à cette Place le
fieur de Saizien , Secrétaire du Duc de Praflin
Miniftre & Secrétaire d'Etat au département des
Affaires étrangeres.
Le 21 le fieur de Mello , Miniftre Plénipotentiaire
du Roi de Portugal , eut une audience partieuliere
du Roi , dans laquelle il remit fes Lettres
de créance à Sa Majefté . Il fut conduit à cette
audience, ainfi qu'à celles de la Reine , de Monfeigneur
le Dauphin , de Madame la Dauphine ,
de Monfeigneur le Duc de Berry , de Monfei
gneur le Comte de Provence , de Monfeigneur le
Comte d'Artois , de Madame , de Madame Adélaïde
& de Mefdames Victoire , Sophie & Louiſe ,
par le fieur de la Live , Introducteur des Ambaffadeurs.
La Comteffe de Sommyewe a eu l'honneur
d'être préfentée le 19 à Leurs Majeftés & à la
Famille Royale par la Comteffe de Choiſeul-
Beaupré. Le même jour le Chevalier de Beautteville
a été préfenté au Roi , en qualité d'Ambaſſadeur
de Sa Majeſté en Suiffe , par le Duc de
Choiseul.
Le 22 , le Maréchal Prince de Soubife eft arrivé
à la Cour , & a eu l'honneur de faire les révé
rences à Leurs Majeftés & à la Famille Royale.
190 MERCURE DE FRANCE.
Le 28 la Comteſſe de Saint - Simon- Sandricourt
a eu l'honneur d'être préfentée à Leurs Majeftés ,
ainfi qu'à la Famille Royale , par la Comteffe
d'Helmftalt.
Le fieur Bertin , Controlleur Général des Finances
, a prêté ferment entre les mains de Sa
Majefté le 26 pour la Charge de Grand Tréforier.
de l'Ordre du Saint Eſprit.
Le Roi a donné l'Abbaye du Gard , Ordre de
Citeaux , Dioceſe d'Amiens , à l'Abbé de Talleyrand
, Aumonier de Sa Majefté , & Vicaire Général
du Diocéfe de Verdun. Celle du Breuil ,
Ordre de Saint Benoît , Diocéfe d'Evreux , à
l'Abbé de Beguilhan de l'Arbouft , Abbé de Saint
Chignan , Maître de l'Oratoire de Sa Majefté ,
ci-devant Vicaire Général du Diocéfe de Meaux ;
& de celle des Chanoineſſes de Lons - le - Saunier
Ordre de Sainte Claire , Diocéfe de Besançon , à
la Dame de Montigny , Chanoineffe du même
Chapitre.
Le Roi vient de créer une Charge de Médecin
Oculifte , attaché à fa Perfonne , & en a donné
le Brevet au Sieur Demours Médecin de la
Faculté de Paris , qui depuis plus de 30 ans s'eſt
appliqué avec fuccès au traitement des maladies
des yeux qui ne demandent pas l'opération
de la main .
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Résumé : De VERSAILLES, le 20 décembre.
Le 20 décembre, le Duc de Praflin prêta serment pour la Lieutenance-Générale de la Province de Bretagne. Le Premier Président du Parlement de Dombes et la Comtesse de Lévis furent présentés au Roi, à la Reine et à la Famille Royale. Le même jour, le contrat de mariage du Marquis de Noailles avec la Demoiselle de Drofsmenil fut signé par Leurs Majestés et la Famille Royale. Le 13 janvier, l'Évêque de Tulle prêta serment au Roi. Le Sieur de Saizien fut nommé pour remplacer le Sieur de Sulauze, Consul et chargé des affaires du Roi à Tunis. Le 21 janvier, le Sieur de Mello, Ministre Plénipotentiaire du Roi de Portugal, remit ses lettres de créance au Roi et à la Famille Royale. La Comtesse de Sommyewe et le Chevalier de Beautteville furent présentés à Leurs Majestés. Le Maréchal Prince de Soubise arriva à la Cour le 22 janvier. La Comtesse de Saint-Simon-Sandricourt fut présentée à Leurs Majestés le 28 janvier. Le Sieur Bertin, Contrôleur Général des Finances, prêta serment pour la Charge de Grand Trésorier de l'Ordre du Saint-Esprit. Le Roi attribua plusieurs abbayes à des abbés et chanoinesses et créa une Charge de Médecin Oculiste, attribuée au Sieur Demours.
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1641
p. 190-192
Du 8 Janvier 1763.
Début :
Le premier de ce mois, les Princes & Princesses, ainsi que les Seigneurs & Dames de la [...]
Mots clefs :
Diocèse de Blois, Ambassadeur extraordinaire, Abbé
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texteReconnaissance textuelle : Du 8 Janvier 1763.
Du 8 Janvier 1763.
Le premier de ce mois , les Princes & Princelles
, ainfi que les Seigneurs & Dames de la
Cour , ont rendu leurs refpects au Roi à l'occafion
de la nouvelle année. Le Corps de Ville de
Paris a eu le même honneur.
Les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint Elprit s'étant affemblés dans le
JANVIER. 1763. 191
Cabinet du Roi vers les onze heures du matin ,
Sa Majeſté a tenu un Chapitre dans lequel Elle
a nommé Chevalier de cet Ordre le Prince de
Lamballe , fils du Duc Penthievre. Après le Chapitre
, le Roi s'eft rendu à la Chapelle précédé
du Duc d'Orléans , du Duc de Chartres , du
Prince de Condé , du Comte de la Marche , du
Duc de l'enthievre & des Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre . Les deux Huifiers
portoient leurs maffes devant Sa Majesté qui
étoit revêtue du Manteau Royal , le Collier de
l'Ordre pardeffus , ainfi que celui de l'Ordre de
la Toifon d'or. L'Evêque Duc de Langres , Prélat
Commandeur a célébré la Grand'Melle à laquelle
la Reine , Madame la Dauphine , Madame
Adélaïde , & Meſdames Victoire Sophie &
Louife ont affifté dans la Tribune. La Comteffe
de Beaumont a fait la quête. Après la Melle
le Roi fut reconduit à fon Appartement en la
>
maniere accoutumée .
Le même jour , le Marquis d'Aubeterre fut
préfenté à Sa Majesté en qualité d'Ambaſſadeur
Extraordinaire à Rome , par le Duc de Praflin.
Le Roi vient d'accorder les grandes entrées à
la Princelle de Talmont.
Le 2 , Leurs Majeftés , ainsi que la Famille
Royale , fignerent le contrat de mariage du Marquis
de Bellunce avec la Demoiſelle de Drofmenil
, cadette .
Le Roi vient de faire Duc à brévet le Maréchal
d'Eftrées .
Le Comte de Luſace eſt arrivé ici le 4 .
Le Roi a nommé à l'Evêché de l'Efcar l'Abbé
de Noé , Vicaire Général du Diocéfe de Rouen ;
& à l'Evêché d'Aleth l'Abbé de la Cropte de
Chanterac , Vicaire Général du Diocéle d'Autun.
192 MERCURE DE FRANCE .
Sa Majefté a donné l'Abbaye de Sablonceaux ,
Ordre de S. Auguſtin , Diocéle de Saintes , à l'Abbé
Duglas , Vicaire Général du Diocéſe d'Auch ;
celle de Loc - Dieu , Ordre de Cîteaux , Diocéfe de
Rhodès , à l'Abbé Gaſton , Précepteur du Prince
de Lamballe ; & celle de S. Cyprien- les - Poitiers ,
Ordre de S. Benoît , Diocéfe de Poitiers , à l'Abbé
de Lantillac , Vicaire Général du Diocéfe de
Blois.
Le premier de ce mois , les Princes & Princelles
, ainfi que les Seigneurs & Dames de la
Cour , ont rendu leurs refpects au Roi à l'occafion
de la nouvelle année. Le Corps de Ville de
Paris a eu le même honneur.
Les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint Elprit s'étant affemblés dans le
JANVIER. 1763. 191
Cabinet du Roi vers les onze heures du matin ,
Sa Majeſté a tenu un Chapitre dans lequel Elle
a nommé Chevalier de cet Ordre le Prince de
Lamballe , fils du Duc Penthievre. Après le Chapitre
, le Roi s'eft rendu à la Chapelle précédé
du Duc d'Orléans , du Duc de Chartres , du
Prince de Condé , du Comte de la Marche , du
Duc de l'enthievre & des Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre . Les deux Huifiers
portoient leurs maffes devant Sa Majesté qui
étoit revêtue du Manteau Royal , le Collier de
l'Ordre pardeffus , ainfi que celui de l'Ordre de
la Toifon d'or. L'Evêque Duc de Langres , Prélat
Commandeur a célébré la Grand'Melle à laquelle
la Reine , Madame la Dauphine , Madame
Adélaïde , & Meſdames Victoire Sophie &
Louife ont affifté dans la Tribune. La Comteffe
de Beaumont a fait la quête. Après la Melle
le Roi fut reconduit à fon Appartement en la
>
maniere accoutumée .
Le même jour , le Marquis d'Aubeterre fut
préfenté à Sa Majesté en qualité d'Ambaſſadeur
Extraordinaire à Rome , par le Duc de Praflin.
Le Roi vient d'accorder les grandes entrées à
la Princelle de Talmont.
Le 2 , Leurs Majeftés , ainsi que la Famille
Royale , fignerent le contrat de mariage du Marquis
de Bellunce avec la Demoiſelle de Drofmenil
, cadette .
Le Roi vient de faire Duc à brévet le Maréchal
d'Eftrées .
Le Comte de Luſace eſt arrivé ici le 4 .
Le Roi a nommé à l'Evêché de l'Efcar l'Abbé
de Noé , Vicaire Général du Diocéfe de Rouen ;
& à l'Evêché d'Aleth l'Abbé de la Cropte de
Chanterac , Vicaire Général du Diocéle d'Autun.
192 MERCURE DE FRANCE .
Sa Majefté a donné l'Abbaye de Sablonceaux ,
Ordre de S. Auguſtin , Diocéle de Saintes , à l'Abbé
Duglas , Vicaire Général du Diocéſe d'Auch ;
celle de Loc - Dieu , Ordre de Cîteaux , Diocéfe de
Rhodès , à l'Abbé Gaſton , Précepteur du Prince
de Lamballe ; & celle de S. Cyprien- les - Poitiers ,
Ordre de S. Benoît , Diocéfe de Poitiers , à l'Abbé
de Lantillac , Vicaire Général du Diocéfe de
Blois.
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Résumé : Du 8 Janvier 1763.
Le 1er janvier 1763, la cour a rendu hommage au roi pour la nouvelle année, suivie par le Corps de Ville de Paris. Le Prince de Lamballe a été nommé Chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit. Le roi a ensuite assisté à la messe célébrée par l'Évêque Duc de Langres, en présence de la reine et des princesses. Le Marquis d'Aubeterre a été présenté comme Ambassadeur Extraordinaire à Rome, et la Princesse de Talmont a reçu les grandes entrées. Le 2 janvier, le contrat de mariage du Marquis de Bellunce avec Mademoiselle de Drosmenil a été signé par la famille royale. Le roi a élevé le Maréchal d'Estrées au rang de duc et a nommé plusieurs évêques et abbés, dont l'Abbé de Noé à l'évêché de l'Évêché et l'Abbé de la Cropte de Chanterac à l'évêché d'Aleth. Le Comte de Lusace est arrivé à la cour le 4 janvier.
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1642
p. 192-193
De PARIS, le 24 Décembre 1762.
Début :
Le sieur Gor, Commissaire général des fontes de l'Artillerie, a fondu le 20 Novembre dernier, à [...]
Mots clefs :
Département des affaires étrangères, Prince du sang, Statue équestre
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texteReconnaissance textuelle : De PARIS, le 24 Décembre 1762.
De PARIS , le 24 Décembre 1762.
Le fieur Gor, Commiſſaire général des fontes de
l'Artillerie , a fondu le 20 Novembre dernier ,
l'Arfénal , les deux figures en bronze qui doivent
accompagner la Statue Equeftre du Roi que la Ville
de Reims fait élever en l'honneur de Sa Majefté .
Cette Statue fera pofée au milieu d'une Place à la
conftruction de laquelle on travaille actuellement
fur les deffins & la conduite du ſieur le Gendre ,
Ingénieur en Chef des Ponts & Chauffées de la
Province de Champagne. Les deux Figures ont
été coulées du même jet , & l'opération a parfaitement
réuffi . On ne tardera pas de jetter en
fonte la Statue même. Ce Monument , qui fait ,
tant d'honneur au zéle & au goût de la Ville de
Reims , eft de la compofition du fieur Pigalle ,
Artiſte célébre , qui a mérité d'être choisi pour
fuccéder aux travaux du grand Bouchardon , par
Bouchardon lui- même.
L'Ordre Royal , Militaire & Hofpitalier de Notre-
Dame du Mont Carmel & de S. Lazare de
Jérufalem , a fait célébrer le Lundi , 20 de ce
mois , dans la Chapelle du Louvre , la fête de
S. Lazare , Patron de l'Ordre . Le Comte de faint
Florentin a affifté à cette cérémonie avec les
Grands Officiers & plufieurs Chevaliers & Commandeurs
Eccléfiaftiques , tous en habits de cérémonie
JANVIER. 1763. 193
>
monie de l'Ordre. L'Abbé de Schulemberg
Commandeur Eccléfiaftique de l'Ordre , y a officié
, le 22 du mcme mois , on a célébré dans la
même Chapelle l'anniverfaire pour les Chevaliers
défunts.
Le 20 , le Duc de Praflin , Miniftre & Secrétaire
d'Etat , ayant le Département des Affaires
Etrangères , fut reçu & prit féance au Parlement
en qualité de Pair de France. Le Duc d'Orléans ,
le Prince de Condé , le Comte de Clermont , le
Prince de Conti , le Comte de la Marche , Princes
du Sang , & la plupart des Pairs Eccléfiaftiques
& Séculiers , affifterent à la réception.
Le fieur Gor, Commiſſaire général des fontes de
l'Artillerie , a fondu le 20 Novembre dernier ,
l'Arfénal , les deux figures en bronze qui doivent
accompagner la Statue Equeftre du Roi que la Ville
de Reims fait élever en l'honneur de Sa Majefté .
Cette Statue fera pofée au milieu d'une Place à la
conftruction de laquelle on travaille actuellement
fur les deffins & la conduite du ſieur le Gendre ,
Ingénieur en Chef des Ponts & Chauffées de la
Province de Champagne. Les deux Figures ont
été coulées du même jet , & l'opération a parfaitement
réuffi . On ne tardera pas de jetter en
fonte la Statue même. Ce Monument , qui fait ,
tant d'honneur au zéle & au goût de la Ville de
Reims , eft de la compofition du fieur Pigalle ,
Artiſte célébre , qui a mérité d'être choisi pour
fuccéder aux travaux du grand Bouchardon , par
Bouchardon lui- même.
L'Ordre Royal , Militaire & Hofpitalier de Notre-
Dame du Mont Carmel & de S. Lazare de
Jérufalem , a fait célébrer le Lundi , 20 de ce
mois , dans la Chapelle du Louvre , la fête de
S. Lazare , Patron de l'Ordre . Le Comte de faint
Florentin a affifté à cette cérémonie avec les
Grands Officiers & plufieurs Chevaliers & Commandeurs
Eccléfiaftiques , tous en habits de cérémonie
JANVIER. 1763. 193
>
monie de l'Ordre. L'Abbé de Schulemberg
Commandeur Eccléfiaftique de l'Ordre , y a officié
, le 22 du mcme mois , on a célébré dans la
même Chapelle l'anniverfaire pour les Chevaliers
défunts.
Le 20 , le Duc de Praflin , Miniftre & Secrétaire
d'Etat , ayant le Département des Affaires
Etrangères , fut reçu & prit féance au Parlement
en qualité de Pair de France. Le Duc d'Orléans ,
le Prince de Condé , le Comte de Clermont , le
Prince de Conti , le Comte de la Marche , Princes
du Sang , & la plupart des Pairs Eccléfiaftiques
& Séculiers , affifterent à la réception.
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Résumé : De PARIS, le 24 Décembre 1762.
Le 24 décembre 1762, à Paris, le commissaire général des fontes de l'Artillerie, le sieur Gor, a annoncé la fonte de deux figures en bronze destinées à la statue équestre du roi à Reims. Ces figures, coulées le 20 novembre précédent à l'Arsenal, accompagneront la statue commandée par la ville de Reims. La statue, conçue par Jean-Baptiste Pigalle, succédera aux travaux de Bouchardon. La place où sera installée la statue est en construction sous la direction de l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées de Champagne, le sieur le Gendre. L'Ordre Royal, Militaire et Hospitalier de Notre-Dame du Mont Carmel et de Saint Lazare de Jérusalem a célébré la fête de Saint Lazare le 20 décembre et l'anniversaire des Chevaliers défunts le 22 décembre dans la chapelle du Louvre. Le 20 janvier 1763, le duc de Praslin a été reçu au Parlement en qualité de Pair de France, en présence de plusieurs Pairs ecclésiastiques et séculiers.
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1643
p. 210-211
PRIX courant des Grains du 8 de ce mois.
Début :
FROMENT, le septier, 15 liv. 5 s. à 16 liv. 10 s. Il en a été vendu 12 liv. à 15 liv. 10 s. [...]
Mots clefs :
Beurre, Oeufs, Volaille, Gibier, Grains
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PRIX courant des Grains du 8 de ce mois.
PRIX courant des Grains du 8
de ce mois.
FROMENT , le feptier , 15 liv . 5 f. à 16 liv. 10 f.
11 en a été vendu 12 liv .
Méteil , 9 liv . 10 ſ.
à
Seigle 8 liv . 10 f. 9 liv. ‹ f.
Orge , & liv. 10 f. à 9 liv.
Is liv. 10 f
Avoine , is liv. 10 f. à 18 liv . 10 f.
Avoine en banne , 16 liv . à 16 liv. 10f.
Lentilles 28 liv. 56 liv.
Haricots , 26 à 34 liv.
Vefce , 12 à 18 liv .
Sarrafin , 8 à 9 liv.
VOLAILLE & gibier à la mi-Janvier.
Gros Chapons , la pièce , 4 liv, 10 f. & 3 liv."
Poulardes , 3 liv. 2 liv. 10 f
Dindons gras , 6 liv . 4 liv . 10 f.
Poulet gras , 1 liv. 15 f. 1 liv. 10 f.
Poulet commun , I liv s f. 1 liv.
Lievre & Levreau , 3 liv . 10f, 9 liv , 2 liv . 10f.
Lapreau , liv. 5f.
Perdreau rouge , 2 liv. s f, 1 liv . 15 f. & 1 1.5 fo 5
Perdreau gris , 1 liv. 5 f, 1 liv. & 15
Canard de Rouen , 4 liv . & 3 liv .
f.
Canard fauvage , 2 liv. s f, 2 liv. & 1liv. 10
JANVIER. 1763. 211
Cercelle , 2 liv . & 1 liv. 10 f.
Pluvier , 2 liv , & 1 liv . 10 f.
Pigeon , 1 liv. &· 15 ·f.
Bécaffe , 2 liv. 15 f , 2 liv. 10 f.
Bécalline , 2 liv . & 1 livi IO f.
Marcaffin , to liv, & 7 liv .
Cochon de lait , 6 liv . & 4 liv.
Alouettes, le paquet , 1 liv. 10 f; 2 liv. 5 C.
Beurres & Cufs.
Le prix des Beurres n'a point varié depuis no- !
treprécédent Article. Les OEufs de Gournai ont
été vendus 43 liv . le millier. Ceux de Lonjumeau
42 liv. & ceux de Picardie 38 liv.
FOIRE S. GERMAIN,
La Foire S. Germain des Prez ouvrira le 3 Fé
vrier. On fait que la franchiſe ne dure que is
jours , quoique la Foire continue jufqu'à la dere
niere femaine de Carême."
de ce mois.
FROMENT , le feptier , 15 liv . 5 f. à 16 liv. 10 f.
11 en a été vendu 12 liv .
Méteil , 9 liv . 10 ſ.
à
Seigle 8 liv . 10 f. 9 liv. ‹ f.
Orge , & liv. 10 f. à 9 liv.
Is liv. 10 f
Avoine , is liv. 10 f. à 18 liv . 10 f.
Avoine en banne , 16 liv . à 16 liv. 10f.
Lentilles 28 liv. 56 liv.
Haricots , 26 à 34 liv.
Vefce , 12 à 18 liv .
Sarrafin , 8 à 9 liv.
VOLAILLE & gibier à la mi-Janvier.
Gros Chapons , la pièce , 4 liv, 10 f. & 3 liv."
Poulardes , 3 liv. 2 liv. 10 f
Dindons gras , 6 liv . 4 liv . 10 f.
Poulet gras , 1 liv. 15 f. 1 liv. 10 f.
Poulet commun , I liv s f. 1 liv.
Lievre & Levreau , 3 liv . 10f, 9 liv , 2 liv . 10f.
Lapreau , liv. 5f.
Perdreau rouge , 2 liv. s f, 1 liv . 15 f. & 1 1.5 fo 5
Perdreau gris , 1 liv. 5 f, 1 liv. & 15
Canard de Rouen , 4 liv . & 3 liv .
f.
Canard fauvage , 2 liv. s f, 2 liv. & 1liv. 10
JANVIER. 1763. 211
Cercelle , 2 liv . & 1 liv. 10 f.
Pluvier , 2 liv , & 1 liv . 10 f.
Pigeon , 1 liv. &· 15 ·f.
Bécaffe , 2 liv. 15 f , 2 liv. 10 f.
Bécalline , 2 liv . & 1 livi IO f.
Marcaffin , to liv, & 7 liv .
Cochon de lait , 6 liv . & 4 liv.
Alouettes, le paquet , 1 liv. 10 f; 2 liv. 5 C.
Beurres & Cufs.
Le prix des Beurres n'a point varié depuis no- !
treprécédent Article. Les OEufs de Gournai ont
été vendus 43 liv . le millier. Ceux de Lonjumeau
42 liv. & ceux de Picardie 38 liv.
FOIRE S. GERMAIN,
La Foire S. Germain des Prez ouvrira le 3 Fé
vrier. On fait que la franchiſe ne dure que is
jours , quoique la Foire continue jufqu'à la dere
niere femaine de Carême."
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Résumé : PRIX courant des Grains du 8 de ce mois.
Le document détaille les prix des grains et des volailles à Paris au début de l'année 1763. Pour les grains, le froment est vendu entre 15 livres 5 sous et 16 livres 10 sous, le méteil à 9 livres 10 sous, le seigle entre 8 livres 10 sous et 9 livres, l'orge entre 6 livres 10 sous et 9 livres, et l'avoine entre 15 livres 10 sous et 18 livres 10 sous. Les légumes secs comme les lentilles et les haricots sont respectivement à 28-56 livres et 26-34 livres. Les prix des volailles et gibiers à la mi-janvier montrent des variations : les gros chapons entre 4 livres 10 sous et 3 livres, les poulardes entre 3 livres et 2 livres 10 sous, et les dindons gras entre 6 livres et 4 livres 10 sous. Les œufs de différentes régions sont vendus entre 38 livres et 43 livres le millier. La foire Saint-Germain-des-Prés est prévue pour ouvrir le 3 février, avec une franchise de 15 jours malgré la continuité de la foire jusqu'à la dernière semaine de Carême.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1644
s. p.
HÔTEL DES DEUX COMPAGNIES DES MOUSQUETAIRES.
Début :
M. De Saint-Foix va donner incessamment un Supplément à ses Essais [...]
Mots clefs :
Mousquetaires, Ouvrage, Ennemi, Attaque, Cavalerie, Gouverneur, Compagnies
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : HÔTEL DES DEUX COMPAGNIES DES MOUSQUETAIRES.
M.De Saint-Foixva donner inceffamment
un Supplément à fes Effais
hiftoriques fur Paris . On étoit étonné
qu'ayant fait mention de tant de palais
& d'hôtels de cette Capitale , il n'eût pas
parlé des deux hôtels des Moufquetaires ;
voici l'article qu'il nous a communiqué .
Quelle clarté , quelle netteté , quel ton
fimple , naturel & facile ! D'autres ont
A iij
6 MERCURE DE FRANCE .
marré ; M. de Saint- Foix peint. D'ail
leurs , il cite fes garans , à chaque fair
qu'il rapporté.
HÔTEL DES DEUX COMPAGNIES
DES MOUSQUETAÍRES .
Un Spartiate vantoit à un étranger
l'intrépidité avec laquelle les jeunes
gens de Sparte combattoient & s'expofoient
à tous les dangers : je ferois étonné
(a) , lui répondit cet étranger , qu'ils
ne cherchaffent pas la mort , attendu la
vie trifte , ennuyeufe & dure qu'ils menent
& que vous menez tous dans votre
république. On ne dira pas que les plaifirs
manquent à Paris ; qu'on y eft trifte
& morne comme à Lacédémone , &
que la nobleffe Françoife n'eft brave
que par mauvaiſe humeur contre la
vie.
9
La première Compagnie des Moufquétaires
fut créée en 1622, Elle fe
diftingua dans toutes les occafions. Ce
fut au pas de Suze , dont elle força les
trois retranchemens , l'épée à la main ,
que Louis XIII , qui y étoit en perfonne
, dit que ce qui lui plaifoit tou-
( a ) Vid. Craggium de Republ. Laced. Lib. 3.
Inftit. 8.
FEVRIER. 1763 . 7
jours dans fes Moufquetaires , c'étoit
cette gayeté célére avec laquelle ils marchoient
à tout ce qu'on leur difoit d'attaquer.
A la bataille des Dunes , le grand
Condé , qui fervoit alors contre la
France , les fit charger quatre fois par
des corps bien fupérieurs en nombre
fans pouvoir les dépofter du terrein
qu'ils occupoient.
La feconde Compagnie ne fut mife
fur le même pied que la première , & le
Roi ne s'en déclara le Capitaine qu'en
1665 .
2
La guerre entre la France & l'Efpagne
ayant recommencé en 1667`, à
Poccafion des droits de la Reine , les
Moufquetaires fuivirent le Roi en Flandres
, & continuerent d'y faire le fervice
à pied & à cheval à tous les fiéges. A
celui de Lille ils furent commandés
pour l'attaque de la demie-lune & l'emporterent
en moins d'un quart-d'heure .
Le lendemain le Gouverneur battit la
chamade ; & lorfque la capitulation fut
fignée , & que les Moufquetaires fe
furent emparés de la porte qu'il livroit ,
il fut étonné de voir que la plupart
étoient des jeunes gens de dix - fept , dixhuit
ou vingt ans .
En 1668 ils marcherent en Franche-
A iv
8 MERCURE DE FRANCE .
Comté : Dole fut la feule ville qui parut
vouloir foutenir un fiége ; mais à peine
avions -nous ouvert la tranchée
, que
trente ou quarante Moufquetaires (b)fe
jetterent dans le chemin couvert ; le
grand Condé arriva dans l'inftant &
voyant que leur audacieufe témérité en
avoit impofé à l'ennemi qui fuyoit , il
les fit foutenir par de l'infanterie &
réuffir dans une attaque où ils auroient
dû payer de leurs vies l'imprudence de
leur courage. Dole fe rendit le lendemain
.
,
En 1669 , Louis XIV joignit un
détachement de cent Moufquetaires aux
autres troupes qu'il envoyoit en Candie.
Ils fe fignalerent par tous les efforts
de la plus grande valeur dans la fortie
que fit le Duc de Navailles , & où la
cavalerie Turque fut mife dans une entiere
déroute . Deux jours après , ils défendirent
la brêche du côté de la Sabionnaire
, & repoufferent les Turcs à
tous les affauts qu'ils y donnerent. Deux
Maréchaux des logis & trente Moufquetaires
y furent bleffés , & deux Brigadiers
tués.
En. 1672 Louis XIV déclara la guerre
( b ) Journal de la conquête de la Franche- Comté
en 1668 .
FEVRIER. 1763. 9
la Hollande , & le 12 Juin les Moufquetaires
pafferent le Rhin à la nage
avec les autres efcadrons de la Maiſon.
Au fiége de Maſtrick , en 1673 , la
premiere Compagnie fut commandée
pour l'attaque de la demie-lune féche ,
tandis que la feconde attaqueroit les paliffades
entre cette demie-lune & l'ouvrage
à corne. On donne le fignal , elles
marchent ; & malgré la vigoureuſe réfiftance
de l'ennemi , malgré le feu des
fournaux qu'il fait jouer & les éclats terribles
des grenades qu'il jette fans ceffe ,
ces ouvrages furent emportés prefqu'en
même temps . L'action du lendemain fut
encore plus vive & plus meurtrière ; on
croyoit les logemens affurés & les
Moufquetaires étoient rentrés dans le
camp ;l'ennemi fit jouer tout-à- coup un
fourneau que nous n'avions pas découvert
dans la demie-lune ; on. dut crain --
dre qu'il n'y en eût d'autres. Farjaux ,
Gouverneur de la Place , qui s'étoit mis
à la tête des meilleures , troupes de fa
garnifon , profitant de ce moment d'al-
Farme , rentra dans cet ouvrage , en
chaffa nos foldats on commanda de
nouveau les Moufquétaires (c) pour le
2*
( o) Relation du Duc de Montmouth à Charles
II. Recueil depièces . p . 139.
Av
10 MERCURE DE FRANCE .
reprendre , & ils le reprirent ; mais
après un combat des plus fanglans &
des plus opiniâtres ; cinquante-trois
Moufquetaires y furent bleffés , trente .
fept tués avec le Comte d'Artagnan
Commandant de la première Compagnie.
Les Moufquetaires qui en revinrent
, dit Peliffon ( d ) , avoient tous
leurs épées fanglantes jufqu'aux gardes
, & fauffées des coups qu'ils avoient
donnés .
Deux fortes barricades & un retranchement
autour de l'Eglife de S. Etienne
, défendoient les approches de la citadelle
de Befançon ; les Moufquetaires ,
le 20 Mai 1674 , à dix heures du matin ,
marchent deux cens pas à découvert
fous tout le feu du canon & de la moufqueterie
de l'ennemi , forcent ces deux
barricades & ce retranchement , &
mettent nos travailleurs en état de commencer
le logement fur le glacis .
Louis XIV, le 21 Avril 1676, affiégea
Condé , une des plus fortes places du
Hainaut ; le prince d'Orange marcha
auffitôt pout la fecourir ; la communication
entre nos quartiers étoit très-difficile
à caufe de l'inondation , & nos
lignes embraffoient une fi grande éten-
( d ) T. 1. p. 325.
9
FEVRIER. 1763. 11
,
due de terrein , qu'il n'étoit pas poffible
de les défendre contre une armée , fut
elle-même bien inférieure à la nôtre ;
il falloit donc , ou marcher au devant de
l'ennemi & le combattre , ou preffer le
fiége par une attaque fi vive , que la
place fut obligée de fe rendre avant l'arrivée
du fecours. La nuit du 25 au 26
Avril , les deux Compagnies des Moufquetaires
, à la tête de plufieurs détachemens
d'infanterie , furent commandées
pour cette attaque ; fi jamais leur
valeur & l'émulation qu'elle infpire ;
ont rendu un fervice important , ce fut
en cette occafion : un jour de plus ou
de moins , dit Peliffon (e) , étoit de la
plus grande conféquence dans la conjoncture
des chofes ; ainfi les nôtres
ajoute-t-il , avoient ordre de ne fe point
arrêter , s'il fe pouvoit , que tout nefût
emporté. Tout le fut , les paliffades , le
foffé , la contrefcarpe , l'ouvrage avancé
, la feconde contrefcarpe avec des
redoutes fur fes angles faillans , & des
fourneaux au-deffous , les deux baſtions
détachés & leur courtine ; l'ennemi ,
dans aucun de ces ouvrages , ne put
foutenir l'impétuofité de nos affauts ;
( e) T. 3. p. 20 & 21 .
A vj
12 MERCURE DE FRANCE.
les (f) Moufquetaires , fuivis des Grenadiers
des régimens d'Artois & du
Maine , pénétrerent jufques dans lá
baffe ville ; le Gouverneur confterné fit
battre la chamade , envoya promptement
des ôtages , & fe rendit à difcrétion.
Dans ces différentes attaques , qui
furent fi vives qu'elles femblerent n'en
faire qu'une , il n'y eut qu'onze Moufquetaires
tués , & dix-fept bleffés ; la
Hoguette , Enfeigne de la premiere
Compagnie , y reçut un coup de pique
dans la cuiffe ; un des fourneaux fit
fauter Jauvelle , Capitaine-Lieutenant
de la feconde , & de Vins Sous- Lieutenant
; il en furent quittes pour quelques
meurtriffures.
De bonnes fortifications & bien entretenues
, des munitions de guerre &
des vivres en abondance ; une artillerie
des plus formidables für les remparts
& dans chaque ouvrage ; trois à quatre
mille hommes de garnifon ; la haine
des bourgeois contre la France , & leur
affection pour le gouvernement Efpagnol
tout fembloit annoncer que le
fiége de Valenciennes feroit long , pénible
& très-meurtrier. Le côté de la
( fJourna! du Maréchald'Humieres. Recueil de
pieces . p. 147.
FEVRIER. 1763. 13
étoit
ville qu'embraffoit notre attaque ,
défendu par une demie-lune à droite ,
& une autre à gauche , en avant d'un
ouvrage couronné , paliffadé , fraizé
& dont le foffé étoit coupé de plufieurs
traverſes. Dans cet ouvrage couronné ,
il y avoit encore une demie - lune avec
un bon foffé , le tout bien revêtu ; audelà
de cette demie-lune , un bras de
l'Eſcaut ; enfuite un ouvrage apellé le
pâté , & enfin le grand cours de l'Efcaut
, profond , rapide , coulant &
fervant de foflé entre le pâté & la muraille
de la ville dont les remparts , beaux
& larges , protégeoient par leur canon ,
& celui de deux baftions , toutes ces
défenſes extérieures . Le 9 Mars 1677
on avoit ouvert la tranchée. Le 16 au
foir , les Moufquetaires furent commandés
avec (g ) les Grenadiers de la Maifon
, & de gros détachemens du régiment
des Gardes & de celui de Picardie.
Le 17 , à neuf heures du matin ,
ils marcherent à l'attaque de l'ouvrage (h)
(g ) Les Grenadiers à Cheval , créés à la fin de
l'année 1676 , & unis à la Maifon du Roi. Cette
Compagnie ne fut d'abord que de quatre-vingtquatre
Maîtres . On les appelloit les Riotors du
nom de leur commandant.
( h) On palla derrière les deux demies- lunes
14 MERCURE DE FRANCE.
peu couronné , & l'emporterent en affez
de temps. Bientôt après , dit Peliffon
le Roi, à leurs habits rouges , diftingua
fort bien fes Moufquetaires (i) qui étoient
dans la demie-lune enfermée dans l'ouvrage
couronné ; cela paroiſſoit incroyable
, ajoute-t-il , car l'ordre étoit de fe
loger dans l'ouvrage couronné & de
s'arrêter là ; de quoi le Roi fe contentoit
pour cette fois. Si ce commencement
d'action parut incroyable , on dut être
encore bien plus étonné de la fuite. Il y
avoit , fur le petit bras de l'Eſcaut , un
pont qui communiquoit de cette demie
-lune au pâté , & à l'entrée de ce
pont , une barriere de groffes piéces de
bois pointues , avec un guichet au milieu
où il ne pouvoit paffer qu'un homme à la
fois. Tandis qu'une partie de ceux des
Moufquetaires qui y arriverent les premiers,
tâchoit d'en forcer l'entrée , les
autres monterent au haut de la barriere ,
bravant les coups de piques & de fufils ,
& fauterent de l'autre côté , l'épée à la
main ; l'ennemi épouvanté s'enfuit
avancées , fans les attaquer , parce qu'elles tomboient
d'elles- mêmes , & qu'on en devenoit les
maîtres en prenant l'ouvrage couronné qui les
dominoit.
( i ) T. 3. p. 172 .
FEVRIER. 1763. 15
.
abandonnant la défenfe du guichet ; on
le pourfuit fur le pont , on arrive au
pâté , on attaque cet ouvrage , & il fut
auffi rapidement emporté que l'ouvrage
couronné & la demie-lune ; mais on
alloit y être infailliblement écrasé par le
canon du rempart ; les Moufquetaires (k)
blancs apperçurent une petite porte qu'ils
enfoncerent ( 1) , & ils virent un
efcalier dérobé , pratiqué dans l'épaiffeur
du mur , & par lequel ils monterent
au haut du pâté ; ils y trouverent
une autre porte qui donnoit entrée dans
une galerie , conftruite fur le grand canal
de l'Efcaut , & qui les conduifit au
rempart , d'où ils defcendirent dans la
ville & enfilerent une rue au milieu
de laquelle étoit un pont fur un troifiéme
bras de l'Efcaut qui la traverſoit.
Moiffac , cornette , & la Barre , maréchal
des logis , qui étoient à leur tête
en logerent une partie dans les maifons
les plus proches , afin qu'ils puffent , des
fenêtres , protéger par leur feu ceux qui
défendroient le pont , & qui le défendirent
en effet avec une valeur incroyable
; la cavalerie de la garniſon ,
( k ) Ibid. 192 .
( 4 ) On les appelloit alors ainſi , à cauſe de
leurs chevaux blancs.
16 MERCURE DE FRANCE.
qui les affaillit jufqu'à trois fois , ne put
jamais les ébranler ni les enfoncer , mal--
gré leur petit nombre ; l'infanterie pou--
voit venir les prendre par derriere , en
paffant par le rempart ; mais elle y trouva
la plus grande partie des Moufquetaires
noirs , & les Grenadiers de la :
Maifon , qui la repoufferent vigoureufement.
La bourgeoifie s'étonnoit ;
l'Hôtel-de-Ville s'affembloit ; on entra
en quelque pour-parler avec Moiffac
qui reçut & donna des ôtages ; on députa
vers le Roi ; il en étoit temps
pour empêcher que la ville ne fut
pillée ; les foldats du régiment des Gardes
Françoifes , & de celui de Picardie
commençoient à y entrer en foule
quelques grenadiers de la Maiſon ayant
baiffé le (m) pont-levis du grand canal
de l'Efcaut. Je ne fais fi l'hiftoire , dit
Larrey , fournit bien des exemples d'une:
action fi brufque & fi heureufe , & de la
prife , en fi peu de temps , d'une grande
& forte ville qui ne manquoit de rien
(m ) J'ai dit que le grand cours ou canal de
l'Efcaut couloit & fervoit de follé entre la muraille
de la ville & le pâté ; les Moufquetaires ,.
ayant pris le pâté , feroient entrés dans la ville
pêle-mêle avec les fuyards , fi les affiégés n'avoient
pas promptement levé ce pont- levis·
17 FEVRIER. 1763.
pour fa défenfe. Tout en tient du prodige
, ajoute-t-il , & tout enfut attribué
à l'heureufe témérité des Moufquetaires.
Elle fut heureufe , parce que le fens
froid & la prudence acheverent ce que
l'ardeur & le feu du courage avoient
commencé. Tout y caractériſe la vraie
valeur , cette valeur qui éléve l'homme
au-deffus de lui-même , & qui fouvent
le fait triompher contre toute apparence .
& malgré le danger évident où il femble
s'être précipité.
Le 17 Mars 1677 , les Moufquetaires
avoient pris Valenciennes ; le 11 Avril
ils déciderent du gain de la bataille à
Caffel. Notre armée étoit commandée
par Monfieur , frere du Roi ; le Prin
ce d'Orange commandoit celle des ennemis
. Nous les prévînmes au paffage
d'un ruiffeau , & nous enfonçames &
mîmes en fuite les premieres troupes
qui fe préfenterent ; mais nous trouvâmes
aprèsplus de difficulté , dit (n) Peliffon ;
car quelques régimens d'infanterie , &
particulierement celui des gardes duPrince
d'Orange , fe firent tailler en pièces ,
fans que pas un foldat quitát fa place
&fon rang. Notre cavalerie , ajoute- t- il ,
qu'ils attendoient derriere des hayes , les
( a) T. 3.p.231.
18 MERCURE DE FRANCE.
piques baiffées , s'avanca , mais n'ofa
jamais les joindre , jufqu'à ce que les
Moufquetaires , pied à terre , deux bataillons
de Navarre & deux d'Humieres,
les allerent tous tuer , l'épée à la main.
Il dit dans une autre lettre que les Mouf
quetaires (o) étant defcendus de cheval ,
firent des merveilles , mais qu'en fe retirant
pour aller reprendre leurs chevaux,
ilsfaillirent à faire reculer quelques-
uns de nos bataillons qui lesfuivoient
, & qui crurent qu'ils avoient été
repouffés. Atravers cette narration féche
& peu exacte , repréfentons nous les
gardes du Prince d'Orange , foutenus
de deux autres bataillons , ayant devant
eux un foffé & des haies , leur premier
rang compofé de piquiers , & les
autres faifant un feu terrible fur notre
cavalerie qui tente de franchir le foffé
fe rompt deux fois & fe rebute ; on
commande les Moufquetaires , reffource
ordinaire (p) dans ces fortes d'occa-
( 0) T. 3. p. 289.
(p ) Au fiége d'Ypres , en 1678 , a l'attaque
de la contrefcarpe , nos troupes , dit Peliffon 2
( T. 3. p. 337. ) n'allerent point avec leur vigueur
ordinaire ; un détachement des Mousquetaires
ajoute- t-il , de cinquante feulement , rétablit l'affaire
; ilsfe mirent au-devant de tous , fans dire
FEVRIER. 1763. 19
fions ils mettent pied à terre , marchent
, & il femble que le foffé s'eft
applani , que les haies ont difparu devant
eux , & que leur impétueufe célérité
a devancé & rendu fans effet le feu
de l'ennemi ; ils joignent ces coloffes
armés de piques , les enfoncent , les terraffent
& font voir que la véritable
force dépend de la fupériorité de l'ame.
Laiffant enfuite achever la défaite & le
carnage aux bataillons qui les ont fuivis
, ils retournent promptement reprendre
leurs chevaux , & fe montrer
prêts à exécuter les nouveaux ordres
qu'on voudra leur donner. Ils ne tarderent
pas à en recevoir ; ils chargerent
& mirent en fuite ( q ) un corps affez
autre chofe que gare , comme s'il n'eût été queftion
que de paffer quelque chemin . Ils fe jetterent
dans la contrefcarpe , l'épée à la main , & forcerent
l'ennemi de l'abandonner. Ypres capitula le
lendemain .
En 1691 , au fiége de Mons , les deux batailfons
chargés de l'attaque de l'ouvrage à corhe ,
ayant été repouffés & paroiffant rebutés , Louis
XIV dit , avec quelque dépit , qu'il y enverroit
des troupes qui ne reculeroient pas. En effet les
Moufqueraires qu'il y envoya le lendemain , prirent
cet ouvrage.
(q ) Mémoires des expéditions Militaires de la
guerre de Hollande.
20 MERCURE DE FRANCE.
confidérable de cavalerie qui faifoit
différens mouvemens für leur gauche ,
& dont l'objet étoit de s'approcher de
S. Omer (r) & d'y jetter du fecours.
Le lendemain de cette mémorable
journée , Monfieur , en envoyant quelques
ordres aux commandans des deux
Compagnies , leur écrivit qu'elles avoient
ébauché la victoire & donné le branle à
toute l'affaire.
Je ne les fuivrai point aux fiéges d'Ypres
, de Courtrai , de Philifbourg , de
Mons , ( s ) de Namur ; les actions qu'ils
y firent ne méritent pas moins d'être
confacrées dans les faftes militaires de
la nation , que celles que je viens de
rapporter , mais mon deffein n'a pas été
d'entreprendre leur hiftoire , & il ne me
refte qu'à les confidérer dans ces momens
malheureux , ces circonstances fa→
tales qui font peut-être l'épreuve la plus
fure du vrai courage. La bataille de Ra-
( r ) Monfieur affiégeoit S. Omer , & avoit
marché au-devant du Prince d'Orange qui venoit
pour fecourir cette Place.
(s ) A l'attaque de la caffotte , M, de Mau--
pertuis leur dit que fi quelqu'un d'eux , avant
L'action engagée , fe précipitoit & avançoit hors de
fon rang , il avoit ordre de le tuer . le Roisi ayant
remarqué avec une extrême fenfibilité , que leur trop
Lardeur leur étoit quelquefois funefte.
FEVRIER. 1763 . 21
millies ſe donna le 23 Mai 1706, jour de
la Pentecôte. Notre armée étoit de quarante
mille hommes; celle des ennemis(t)
de foixante-cinq mille . LesGardes duRoi ,
les Gendarmes , les Chevaux- Légers
les Moufquetaires & les Grenadiers à
cheval compofoient la premiere ligne
de notre aîle droite ; ( u ) ils percerent
& enfoncerent quatre lignes de l'aîle
gauche des ennemis , firent des priſonniers
& prirent fix piéces de canon ;
mais il n'étoit que trop facile à Milord
Malboroug de leur arracher la victoire
en profitant des mauvaifes difpofitions
qu'avoient faites nos Généraux &
des fautes qu'il firent encore pendant
l'action fix bataillons , avec quelques
régimens de dragons , qu'ils avoient mis
dans le vallon de Tavieres , ne pouvoient
que foiblement protéger & couvrir
le flanc de notre aîle droite : un
marais impraticable entre notre aîle
gauche & l'aile droite de l'ennemi ,
empêchoit qu'elles ne puffent réciproquement
agir l'une contre l'autre : ainfi
Malboroug ne rifquant rien en dégarniffant
cette aîle droite , qui ne pouvoit
( t) Larrey.
(u ) Rapin de Toiras , continuat.
22 MERCURE DE FRANCE.
être attaquée , en tira cinquante eſcadrons
pour fortifier fon aîle gauche ; de
forte que la Maifon du Roi , qui avoit
percé & enfoncé , comme je l'ai dit ,
quatre lignes de cette aîle gauche , vit
tout-à-coup fe former devant elle des
efcadrons tout frais & derriere lefquels
fe rallioient les quatre lignes qu'elle
avoit battues & difperfées. Malboroug
fit en même temps attaquer , par toute
fa réſerve , les fix bataillons que nous
avions dans le vallon de Tavieress ;; ils ne
purent réfifter à la fupériorité du nombre
, & par leur déroute , tout le côté
de notre aile droite fe trouva découvert ;
la cavalerie qui compofoit la feconde
ligne de cette aîle , derriere la Maifon
du Roi , tenta de préfenter le front
en appuyant fur fa droite , & faifant un
mouvement par fa gauche ; mais cette
évolution ne put pas être affez prompte
devant un ennemi qui s'avançoit avec
rapidité & qui la prenoit en flanc ; les
efcadrons les plus proches furent culbutés
; les autres prirent la fuite ; la Maiſon
du Roi , attaquée de front , en flanc &
par derriere , fe fit jour & joignit notre
aile gauche. On voit que tandis que
Malboroug tiroit des troupes de fon
aile droite pour les porter à fon aîle
FEVRIER. 1763 . 23
>
gauche , fi nos généraux en avoient pareillement
tiré de leur aîle gauche pour
fortifier leur aîle droite , & furtout les
fix bataillons qui étoient dans le vallon
de Tavieres il y a toute apparence
que la victoire nous feroit demeurée . On
voit encore , par les relations mêmes
des ennemis , que la perte étoit à-peuprès
égale de part & d'autre ; qu'ils ne
penfoient point à nous pourſuivre; qu'ils
n'auroient donc remporté de toute cette
action que le ftérile honneur d'avoir
gagné le champ de bataille ; que notre
aîle gauche, avec la Maifon du Roi , fit
tranquillement fa retraite & ne fut
point entamée ; que même l'infanterie
& la cavalerie de l'aîle droite , quoique
battues , fe retiroient en affez bon
ordre , ( x ) lorsqu'un accident imprévu
rendit cette journée une des
plus funeftes pour la France ; quelques
chariots ayant rompu dans un
défilé , & le paffage étant embarraffé
elles crurent entendre l'ennemi qui les
pourſuivoit ; la difparution de leurs généraux
& le peu d'eftime qu'elles avoient
pour eux , ajouterent fans doute à cette
terreur panique ; elles fe débandent
& fuyent de tous côtés ; Malboroug
( x) Rapin de Toiras, continuat,
24
MERCURE
DE FRANCE
.
C
averti par les coureurs qu'il avoit en
avant , détache une partie de fa cavalerie
& fes dragons qui tombent fur
ces troupes en défordre , & ne font
des prifonniers que lorfqu'ils font las
de tuer ; bagages , artillerie , caiffons ,
tout fut pris.
Je n'entrerai en aucuns détails fur la
bataille de Malplaquet ; la Maifon du
Roi chargea quatre fois la cavalerie
des ennemis , & quatre fois la plia &
la renverfa fur fon infanterie ; quand
nous abandonnâmes le champ de bataille
, elle fit l'arriere- garde ; c'étoit le
lion bleffé qui fe retire ; dès que l'ennemi
qui nous fuivoit , s'avançoit de
trop près , elle fe retournoit , & auffitôt
il fe replioit. Les Moufquetaires firent
voir dans cette jonrnée à quel
point l'honneur fçait captiver le naturel
& commander au caractère ; cette troupe
qu'on peint fi vive fi ardente
toujours empreffée d'attaquer & frémiffant
d'impatience fous la main qui l'arrête
, refta pendant cinq heures expoſée
au feu d'une baterie de trente Piéces
de canon ; leur contenance parut toujours
ferme & tranquille dans cette
pofition & ces momens critiques où il
n'eft pas même permis de quitter fon
rang
FEVRIER . 1763. 25
rang pour s'élancer contre la foudre qui
s'allume , & n'en être du moins écrasé
qu'en marchant pour l'attaquer ; ce
mouvement fi naturel feroit regardé
comme un inftant de foibleffe ; il faut
refter immobile devant la mort , l'attendre
, l'enviſager , toujours prête à nous
frapper , & frappant fans ceffe autour
de nous. Au fiége de Philisbourg , en
1734 , quand on fit entrer la Maifon du
Roi dans les Lignes , les Moufquetaires
furent encore expofés à une canonade
très-vive , & la foutinrentavec le même
fang froid : cependant nous fortions
d'une longue paix , & la plupart voyoient
la guerre pour la première fois. Pourrions
- nous être avares d'éloges envers
une troupe dont l'honneur & la haute
réputation femblent s'imprimer dans
l'ame d'un jeune homme dès qu'il y
eft entré ? Lorfqu'à Ramillies , à Malplaquet
, à Etinguen , elle ramène fes
débris fanglans que l'ennemi n'oſe attaquer
, nous paroîtra-t-elle moins recommandable
que lorfqu'elle éleve des
trophées à fon Maître dans la plaine
de Fontenoi ?
un Supplément à fes Effais
hiftoriques fur Paris . On étoit étonné
qu'ayant fait mention de tant de palais
& d'hôtels de cette Capitale , il n'eût pas
parlé des deux hôtels des Moufquetaires ;
voici l'article qu'il nous a communiqué .
Quelle clarté , quelle netteté , quel ton
fimple , naturel & facile ! D'autres ont
A iij
6 MERCURE DE FRANCE .
marré ; M. de Saint- Foix peint. D'ail
leurs , il cite fes garans , à chaque fair
qu'il rapporté.
HÔTEL DES DEUX COMPAGNIES
DES MOUSQUETAÍRES .
Un Spartiate vantoit à un étranger
l'intrépidité avec laquelle les jeunes
gens de Sparte combattoient & s'expofoient
à tous les dangers : je ferois étonné
(a) , lui répondit cet étranger , qu'ils
ne cherchaffent pas la mort , attendu la
vie trifte , ennuyeufe & dure qu'ils menent
& que vous menez tous dans votre
république. On ne dira pas que les plaifirs
manquent à Paris ; qu'on y eft trifte
& morne comme à Lacédémone , &
que la nobleffe Françoife n'eft brave
que par mauvaiſe humeur contre la
vie.
9
La première Compagnie des Moufquétaires
fut créée en 1622, Elle fe
diftingua dans toutes les occafions. Ce
fut au pas de Suze , dont elle força les
trois retranchemens , l'épée à la main ,
que Louis XIII , qui y étoit en perfonne
, dit que ce qui lui plaifoit tou-
( a ) Vid. Craggium de Republ. Laced. Lib. 3.
Inftit. 8.
FEVRIER. 1763 . 7
jours dans fes Moufquetaires , c'étoit
cette gayeté célére avec laquelle ils marchoient
à tout ce qu'on leur difoit d'attaquer.
A la bataille des Dunes , le grand
Condé , qui fervoit alors contre la
France , les fit charger quatre fois par
des corps bien fupérieurs en nombre
fans pouvoir les dépofter du terrein
qu'ils occupoient.
La feconde Compagnie ne fut mife
fur le même pied que la première , & le
Roi ne s'en déclara le Capitaine qu'en
1665 .
2
La guerre entre la France & l'Efpagne
ayant recommencé en 1667`, à
Poccafion des droits de la Reine , les
Moufquetaires fuivirent le Roi en Flandres
, & continuerent d'y faire le fervice
à pied & à cheval à tous les fiéges. A
celui de Lille ils furent commandés
pour l'attaque de la demie-lune & l'emporterent
en moins d'un quart-d'heure .
Le lendemain le Gouverneur battit la
chamade ; & lorfque la capitulation fut
fignée , & que les Moufquetaires fe
furent emparés de la porte qu'il livroit ,
il fut étonné de voir que la plupart
étoient des jeunes gens de dix - fept , dixhuit
ou vingt ans .
En 1668 ils marcherent en Franche-
A iv
8 MERCURE DE FRANCE .
Comté : Dole fut la feule ville qui parut
vouloir foutenir un fiége ; mais à peine
avions -nous ouvert la tranchée
, que
trente ou quarante Moufquetaires (b)fe
jetterent dans le chemin couvert ; le
grand Condé arriva dans l'inftant &
voyant que leur audacieufe témérité en
avoit impofé à l'ennemi qui fuyoit , il
les fit foutenir par de l'infanterie &
réuffir dans une attaque où ils auroient
dû payer de leurs vies l'imprudence de
leur courage. Dole fe rendit le lendemain
.
,
En 1669 , Louis XIV joignit un
détachement de cent Moufquetaires aux
autres troupes qu'il envoyoit en Candie.
Ils fe fignalerent par tous les efforts
de la plus grande valeur dans la fortie
que fit le Duc de Navailles , & où la
cavalerie Turque fut mife dans une entiere
déroute . Deux jours après , ils défendirent
la brêche du côté de la Sabionnaire
, & repoufferent les Turcs à
tous les affauts qu'ils y donnerent. Deux
Maréchaux des logis & trente Moufquetaires
y furent bleffés , & deux Brigadiers
tués.
En. 1672 Louis XIV déclara la guerre
( b ) Journal de la conquête de la Franche- Comté
en 1668 .
FEVRIER. 1763. 9
la Hollande , & le 12 Juin les Moufquetaires
pafferent le Rhin à la nage
avec les autres efcadrons de la Maiſon.
Au fiége de Maſtrick , en 1673 , la
premiere Compagnie fut commandée
pour l'attaque de la demie-lune féche ,
tandis que la feconde attaqueroit les paliffades
entre cette demie-lune & l'ouvrage
à corne. On donne le fignal , elles
marchent ; & malgré la vigoureuſe réfiftance
de l'ennemi , malgré le feu des
fournaux qu'il fait jouer & les éclats terribles
des grenades qu'il jette fans ceffe ,
ces ouvrages furent emportés prefqu'en
même temps . L'action du lendemain fut
encore plus vive & plus meurtrière ; on
croyoit les logemens affurés & les
Moufquetaires étoient rentrés dans le
camp ;l'ennemi fit jouer tout-à- coup un
fourneau que nous n'avions pas découvert
dans la demie-lune ; on. dut crain --
dre qu'il n'y en eût d'autres. Farjaux ,
Gouverneur de la Place , qui s'étoit mis
à la tête des meilleures , troupes de fa
garnifon , profitant de ce moment d'al-
Farme , rentra dans cet ouvrage , en
chaffa nos foldats on commanda de
nouveau les Moufquétaires (c) pour le
2*
( o) Relation du Duc de Montmouth à Charles
II. Recueil depièces . p . 139.
Av
10 MERCURE DE FRANCE .
reprendre , & ils le reprirent ; mais
après un combat des plus fanglans &
des plus opiniâtres ; cinquante-trois
Moufquetaires y furent bleffés , trente .
fept tués avec le Comte d'Artagnan
Commandant de la première Compagnie.
Les Moufquetaires qui en revinrent
, dit Peliffon ( d ) , avoient tous
leurs épées fanglantes jufqu'aux gardes
, & fauffées des coups qu'ils avoient
donnés .
Deux fortes barricades & un retranchement
autour de l'Eglife de S. Etienne
, défendoient les approches de la citadelle
de Befançon ; les Moufquetaires ,
le 20 Mai 1674 , à dix heures du matin ,
marchent deux cens pas à découvert
fous tout le feu du canon & de la moufqueterie
de l'ennemi , forcent ces deux
barricades & ce retranchement , &
mettent nos travailleurs en état de commencer
le logement fur le glacis .
Louis XIV, le 21 Avril 1676, affiégea
Condé , une des plus fortes places du
Hainaut ; le prince d'Orange marcha
auffitôt pout la fecourir ; la communication
entre nos quartiers étoit très-difficile
à caufe de l'inondation , & nos
lignes embraffoient une fi grande éten-
( d ) T. 1. p. 325.
9
FEVRIER. 1763. 11
,
due de terrein , qu'il n'étoit pas poffible
de les défendre contre une armée , fut
elle-même bien inférieure à la nôtre ;
il falloit donc , ou marcher au devant de
l'ennemi & le combattre , ou preffer le
fiége par une attaque fi vive , que la
place fut obligée de fe rendre avant l'arrivée
du fecours. La nuit du 25 au 26
Avril , les deux Compagnies des Moufquetaires
, à la tête de plufieurs détachemens
d'infanterie , furent commandées
pour cette attaque ; fi jamais leur
valeur & l'émulation qu'elle infpire ;
ont rendu un fervice important , ce fut
en cette occafion : un jour de plus ou
de moins , dit Peliffon (e) , étoit de la
plus grande conféquence dans la conjoncture
des chofes ; ainfi les nôtres
ajoute-t-il , avoient ordre de ne fe point
arrêter , s'il fe pouvoit , que tout nefût
emporté. Tout le fut , les paliffades , le
foffé , la contrefcarpe , l'ouvrage avancé
, la feconde contrefcarpe avec des
redoutes fur fes angles faillans , & des
fourneaux au-deffous , les deux baſtions
détachés & leur courtine ; l'ennemi ,
dans aucun de ces ouvrages , ne put
foutenir l'impétuofité de nos affauts ;
( e) T. 3. p. 20 & 21 .
A vj
12 MERCURE DE FRANCE.
les (f) Moufquetaires , fuivis des Grenadiers
des régimens d'Artois & du
Maine , pénétrerent jufques dans lá
baffe ville ; le Gouverneur confterné fit
battre la chamade , envoya promptement
des ôtages , & fe rendit à difcrétion.
Dans ces différentes attaques , qui
furent fi vives qu'elles femblerent n'en
faire qu'une , il n'y eut qu'onze Moufquetaires
tués , & dix-fept bleffés ; la
Hoguette , Enfeigne de la premiere
Compagnie , y reçut un coup de pique
dans la cuiffe ; un des fourneaux fit
fauter Jauvelle , Capitaine-Lieutenant
de la feconde , & de Vins Sous- Lieutenant
; il en furent quittes pour quelques
meurtriffures.
De bonnes fortifications & bien entretenues
, des munitions de guerre &
des vivres en abondance ; une artillerie
des plus formidables für les remparts
& dans chaque ouvrage ; trois à quatre
mille hommes de garnifon ; la haine
des bourgeois contre la France , & leur
affection pour le gouvernement Efpagnol
tout fembloit annoncer que le
fiége de Valenciennes feroit long , pénible
& très-meurtrier. Le côté de la
( fJourna! du Maréchald'Humieres. Recueil de
pieces . p. 147.
FEVRIER. 1763. 13
étoit
ville qu'embraffoit notre attaque ,
défendu par une demie-lune à droite ,
& une autre à gauche , en avant d'un
ouvrage couronné , paliffadé , fraizé
& dont le foffé étoit coupé de plufieurs
traverſes. Dans cet ouvrage couronné ,
il y avoit encore une demie - lune avec
un bon foffé , le tout bien revêtu ; audelà
de cette demie-lune , un bras de
l'Eſcaut ; enfuite un ouvrage apellé le
pâté , & enfin le grand cours de l'Efcaut
, profond , rapide , coulant &
fervant de foflé entre le pâté & la muraille
de la ville dont les remparts , beaux
& larges , protégeoient par leur canon ,
& celui de deux baftions , toutes ces
défenſes extérieures . Le 9 Mars 1677
on avoit ouvert la tranchée. Le 16 au
foir , les Moufquetaires furent commandés
avec (g ) les Grenadiers de la Maifon
, & de gros détachemens du régiment
des Gardes & de celui de Picardie.
Le 17 , à neuf heures du matin ,
ils marcherent à l'attaque de l'ouvrage (h)
(g ) Les Grenadiers à Cheval , créés à la fin de
l'année 1676 , & unis à la Maifon du Roi. Cette
Compagnie ne fut d'abord que de quatre-vingtquatre
Maîtres . On les appelloit les Riotors du
nom de leur commandant.
( h) On palla derrière les deux demies- lunes
14 MERCURE DE FRANCE.
peu couronné , & l'emporterent en affez
de temps. Bientôt après , dit Peliffon
le Roi, à leurs habits rouges , diftingua
fort bien fes Moufquetaires (i) qui étoient
dans la demie-lune enfermée dans l'ouvrage
couronné ; cela paroiſſoit incroyable
, ajoute-t-il , car l'ordre étoit de fe
loger dans l'ouvrage couronné & de
s'arrêter là ; de quoi le Roi fe contentoit
pour cette fois. Si ce commencement
d'action parut incroyable , on dut être
encore bien plus étonné de la fuite. Il y
avoit , fur le petit bras de l'Eſcaut , un
pont qui communiquoit de cette demie
-lune au pâté , & à l'entrée de ce
pont , une barriere de groffes piéces de
bois pointues , avec un guichet au milieu
où il ne pouvoit paffer qu'un homme à la
fois. Tandis qu'une partie de ceux des
Moufquetaires qui y arriverent les premiers,
tâchoit d'en forcer l'entrée , les
autres monterent au haut de la barriere ,
bravant les coups de piques & de fufils ,
& fauterent de l'autre côté , l'épée à la
main ; l'ennemi épouvanté s'enfuit
avancées , fans les attaquer , parce qu'elles tomboient
d'elles- mêmes , & qu'on en devenoit les
maîtres en prenant l'ouvrage couronné qui les
dominoit.
( i ) T. 3. p. 172 .
FEVRIER. 1763. 15
.
abandonnant la défenfe du guichet ; on
le pourfuit fur le pont , on arrive au
pâté , on attaque cet ouvrage , & il fut
auffi rapidement emporté que l'ouvrage
couronné & la demie-lune ; mais on
alloit y être infailliblement écrasé par le
canon du rempart ; les Moufquetaires (k)
blancs apperçurent une petite porte qu'ils
enfoncerent ( 1) , & ils virent un
efcalier dérobé , pratiqué dans l'épaiffeur
du mur , & par lequel ils monterent
au haut du pâté ; ils y trouverent
une autre porte qui donnoit entrée dans
une galerie , conftruite fur le grand canal
de l'Efcaut , & qui les conduifit au
rempart , d'où ils defcendirent dans la
ville & enfilerent une rue au milieu
de laquelle étoit un pont fur un troifiéme
bras de l'Efcaut qui la traverſoit.
Moiffac , cornette , & la Barre , maréchal
des logis , qui étoient à leur tête
en logerent une partie dans les maifons
les plus proches , afin qu'ils puffent , des
fenêtres , protéger par leur feu ceux qui
défendroient le pont , & qui le défendirent
en effet avec une valeur incroyable
; la cavalerie de la garniſon ,
( k ) Ibid. 192 .
( 4 ) On les appelloit alors ainſi , à cauſe de
leurs chevaux blancs.
16 MERCURE DE FRANCE.
qui les affaillit jufqu'à trois fois , ne put
jamais les ébranler ni les enfoncer , mal--
gré leur petit nombre ; l'infanterie pou--
voit venir les prendre par derriere , en
paffant par le rempart ; mais elle y trouva
la plus grande partie des Moufquetaires
noirs , & les Grenadiers de la :
Maifon , qui la repoufferent vigoureufement.
La bourgeoifie s'étonnoit ;
l'Hôtel-de-Ville s'affembloit ; on entra
en quelque pour-parler avec Moiffac
qui reçut & donna des ôtages ; on députa
vers le Roi ; il en étoit temps
pour empêcher que la ville ne fut
pillée ; les foldats du régiment des Gardes
Françoifes , & de celui de Picardie
commençoient à y entrer en foule
quelques grenadiers de la Maiſon ayant
baiffé le (m) pont-levis du grand canal
de l'Efcaut. Je ne fais fi l'hiftoire , dit
Larrey , fournit bien des exemples d'une:
action fi brufque & fi heureufe , & de la
prife , en fi peu de temps , d'une grande
& forte ville qui ne manquoit de rien
(m ) J'ai dit que le grand cours ou canal de
l'Efcaut couloit & fervoit de follé entre la muraille
de la ville & le pâté ; les Moufquetaires ,.
ayant pris le pâté , feroient entrés dans la ville
pêle-mêle avec les fuyards , fi les affiégés n'avoient
pas promptement levé ce pont- levis·
17 FEVRIER. 1763.
pour fa défenfe. Tout en tient du prodige
, ajoute-t-il , & tout enfut attribué
à l'heureufe témérité des Moufquetaires.
Elle fut heureufe , parce que le fens
froid & la prudence acheverent ce que
l'ardeur & le feu du courage avoient
commencé. Tout y caractériſe la vraie
valeur , cette valeur qui éléve l'homme
au-deffus de lui-même , & qui fouvent
le fait triompher contre toute apparence .
& malgré le danger évident où il femble
s'être précipité.
Le 17 Mars 1677 , les Moufquetaires
avoient pris Valenciennes ; le 11 Avril
ils déciderent du gain de la bataille à
Caffel. Notre armée étoit commandée
par Monfieur , frere du Roi ; le Prin
ce d'Orange commandoit celle des ennemis
. Nous les prévînmes au paffage
d'un ruiffeau , & nous enfonçames &
mîmes en fuite les premieres troupes
qui fe préfenterent ; mais nous trouvâmes
aprèsplus de difficulté , dit (n) Peliffon ;
car quelques régimens d'infanterie , &
particulierement celui des gardes duPrince
d'Orange , fe firent tailler en pièces ,
fans que pas un foldat quitát fa place
&fon rang. Notre cavalerie , ajoute- t- il ,
qu'ils attendoient derriere des hayes , les
( a) T. 3.p.231.
18 MERCURE DE FRANCE.
piques baiffées , s'avanca , mais n'ofa
jamais les joindre , jufqu'à ce que les
Moufquetaires , pied à terre , deux bataillons
de Navarre & deux d'Humieres,
les allerent tous tuer , l'épée à la main.
Il dit dans une autre lettre que les Mouf
quetaires (o) étant defcendus de cheval ,
firent des merveilles , mais qu'en fe retirant
pour aller reprendre leurs chevaux,
ilsfaillirent à faire reculer quelques-
uns de nos bataillons qui lesfuivoient
, & qui crurent qu'ils avoient été
repouffés. Atravers cette narration féche
& peu exacte , repréfentons nous les
gardes du Prince d'Orange , foutenus
de deux autres bataillons , ayant devant
eux un foffé & des haies , leur premier
rang compofé de piquiers , & les
autres faifant un feu terrible fur notre
cavalerie qui tente de franchir le foffé
fe rompt deux fois & fe rebute ; on
commande les Moufquetaires , reffource
ordinaire (p) dans ces fortes d'occa-
( 0) T. 3. p. 289.
(p ) Au fiége d'Ypres , en 1678 , a l'attaque
de la contrefcarpe , nos troupes , dit Peliffon 2
( T. 3. p. 337. ) n'allerent point avec leur vigueur
ordinaire ; un détachement des Mousquetaires
ajoute- t-il , de cinquante feulement , rétablit l'affaire
; ilsfe mirent au-devant de tous , fans dire
FEVRIER. 1763. 19
fions ils mettent pied à terre , marchent
, & il femble que le foffé s'eft
applani , que les haies ont difparu devant
eux , & que leur impétueufe célérité
a devancé & rendu fans effet le feu
de l'ennemi ; ils joignent ces coloffes
armés de piques , les enfoncent , les terraffent
& font voir que la véritable
force dépend de la fupériorité de l'ame.
Laiffant enfuite achever la défaite & le
carnage aux bataillons qui les ont fuivis
, ils retournent promptement reprendre
leurs chevaux , & fe montrer
prêts à exécuter les nouveaux ordres
qu'on voudra leur donner. Ils ne tarderent
pas à en recevoir ; ils chargerent
& mirent en fuite ( q ) un corps affez
autre chofe que gare , comme s'il n'eût été queftion
que de paffer quelque chemin . Ils fe jetterent
dans la contrefcarpe , l'épée à la main , & forcerent
l'ennemi de l'abandonner. Ypres capitula le
lendemain .
En 1691 , au fiége de Mons , les deux batailfons
chargés de l'attaque de l'ouvrage à corhe ,
ayant été repouffés & paroiffant rebutés , Louis
XIV dit , avec quelque dépit , qu'il y enverroit
des troupes qui ne reculeroient pas. En effet les
Moufqueraires qu'il y envoya le lendemain , prirent
cet ouvrage.
(q ) Mémoires des expéditions Militaires de la
guerre de Hollande.
20 MERCURE DE FRANCE.
confidérable de cavalerie qui faifoit
différens mouvemens für leur gauche ,
& dont l'objet étoit de s'approcher de
S. Omer (r) & d'y jetter du fecours.
Le lendemain de cette mémorable
journée , Monfieur , en envoyant quelques
ordres aux commandans des deux
Compagnies , leur écrivit qu'elles avoient
ébauché la victoire & donné le branle à
toute l'affaire.
Je ne les fuivrai point aux fiéges d'Ypres
, de Courtrai , de Philifbourg , de
Mons , ( s ) de Namur ; les actions qu'ils
y firent ne méritent pas moins d'être
confacrées dans les faftes militaires de
la nation , que celles que je viens de
rapporter , mais mon deffein n'a pas été
d'entreprendre leur hiftoire , & il ne me
refte qu'à les confidérer dans ces momens
malheureux , ces circonstances fa→
tales qui font peut-être l'épreuve la plus
fure du vrai courage. La bataille de Ra-
( r ) Monfieur affiégeoit S. Omer , & avoit
marché au-devant du Prince d'Orange qui venoit
pour fecourir cette Place.
(s ) A l'attaque de la caffotte , M, de Mau--
pertuis leur dit que fi quelqu'un d'eux , avant
L'action engagée , fe précipitoit & avançoit hors de
fon rang , il avoit ordre de le tuer . le Roisi ayant
remarqué avec une extrême fenfibilité , que leur trop
Lardeur leur étoit quelquefois funefte.
FEVRIER. 1763 . 21
millies ſe donna le 23 Mai 1706, jour de
la Pentecôte. Notre armée étoit de quarante
mille hommes; celle des ennemis(t)
de foixante-cinq mille . LesGardes duRoi ,
les Gendarmes , les Chevaux- Légers
les Moufquetaires & les Grenadiers à
cheval compofoient la premiere ligne
de notre aîle droite ; ( u ) ils percerent
& enfoncerent quatre lignes de l'aîle
gauche des ennemis , firent des priſonniers
& prirent fix piéces de canon ;
mais il n'étoit que trop facile à Milord
Malboroug de leur arracher la victoire
en profitant des mauvaifes difpofitions
qu'avoient faites nos Généraux &
des fautes qu'il firent encore pendant
l'action fix bataillons , avec quelques
régimens de dragons , qu'ils avoient mis
dans le vallon de Tavieres , ne pouvoient
que foiblement protéger & couvrir
le flanc de notre aîle droite : un
marais impraticable entre notre aîle
gauche & l'aile droite de l'ennemi ,
empêchoit qu'elles ne puffent réciproquement
agir l'une contre l'autre : ainfi
Malboroug ne rifquant rien en dégarniffant
cette aîle droite , qui ne pouvoit
( t) Larrey.
(u ) Rapin de Toiras , continuat.
22 MERCURE DE FRANCE.
être attaquée , en tira cinquante eſcadrons
pour fortifier fon aîle gauche ; de
forte que la Maifon du Roi , qui avoit
percé & enfoncé , comme je l'ai dit ,
quatre lignes de cette aîle gauche , vit
tout-à-coup fe former devant elle des
efcadrons tout frais & derriere lefquels
fe rallioient les quatre lignes qu'elle
avoit battues & difperfées. Malboroug
fit en même temps attaquer , par toute
fa réſerve , les fix bataillons que nous
avions dans le vallon de Tavieress ;; ils ne
purent réfifter à la fupériorité du nombre
, & par leur déroute , tout le côté
de notre aile droite fe trouva découvert ;
la cavalerie qui compofoit la feconde
ligne de cette aîle , derriere la Maifon
du Roi , tenta de préfenter le front
en appuyant fur fa droite , & faifant un
mouvement par fa gauche ; mais cette
évolution ne put pas être affez prompte
devant un ennemi qui s'avançoit avec
rapidité & qui la prenoit en flanc ; les
efcadrons les plus proches furent culbutés
; les autres prirent la fuite ; la Maiſon
du Roi , attaquée de front , en flanc &
par derriere , fe fit jour & joignit notre
aile gauche. On voit que tandis que
Malboroug tiroit des troupes de fon
aile droite pour les porter à fon aîle
FEVRIER. 1763 . 23
>
gauche , fi nos généraux en avoient pareillement
tiré de leur aîle gauche pour
fortifier leur aîle droite , & furtout les
fix bataillons qui étoient dans le vallon
de Tavieres il y a toute apparence
que la victoire nous feroit demeurée . On
voit encore , par les relations mêmes
des ennemis , que la perte étoit à-peuprès
égale de part & d'autre ; qu'ils ne
penfoient point à nous pourſuivre; qu'ils
n'auroient donc remporté de toute cette
action que le ftérile honneur d'avoir
gagné le champ de bataille ; que notre
aîle gauche, avec la Maifon du Roi , fit
tranquillement fa retraite & ne fut
point entamée ; que même l'infanterie
& la cavalerie de l'aîle droite , quoique
battues , fe retiroient en affez bon
ordre , ( x ) lorsqu'un accident imprévu
rendit cette journée une des
plus funeftes pour la France ; quelques
chariots ayant rompu dans un
défilé , & le paffage étant embarraffé
elles crurent entendre l'ennemi qui les
pourſuivoit ; la difparution de leurs généraux
& le peu d'eftime qu'elles avoient
pour eux , ajouterent fans doute à cette
terreur panique ; elles fe débandent
& fuyent de tous côtés ; Malboroug
( x) Rapin de Toiras, continuat,
24
MERCURE
DE FRANCE
.
C
averti par les coureurs qu'il avoit en
avant , détache une partie de fa cavalerie
& fes dragons qui tombent fur
ces troupes en défordre , & ne font
des prifonniers que lorfqu'ils font las
de tuer ; bagages , artillerie , caiffons ,
tout fut pris.
Je n'entrerai en aucuns détails fur la
bataille de Malplaquet ; la Maifon du
Roi chargea quatre fois la cavalerie
des ennemis , & quatre fois la plia &
la renverfa fur fon infanterie ; quand
nous abandonnâmes le champ de bataille
, elle fit l'arriere- garde ; c'étoit le
lion bleffé qui fe retire ; dès que l'ennemi
qui nous fuivoit , s'avançoit de
trop près , elle fe retournoit , & auffitôt
il fe replioit. Les Moufquetaires firent
voir dans cette jonrnée à quel
point l'honneur fçait captiver le naturel
& commander au caractère ; cette troupe
qu'on peint fi vive fi ardente
toujours empreffée d'attaquer & frémiffant
d'impatience fous la main qui l'arrête
, refta pendant cinq heures expoſée
au feu d'une baterie de trente Piéces
de canon ; leur contenance parut toujours
ferme & tranquille dans cette
pofition & ces momens critiques où il
n'eft pas même permis de quitter fon
rang
FEVRIER . 1763. 25
rang pour s'élancer contre la foudre qui
s'allume , & n'en être du moins écrasé
qu'en marchant pour l'attaquer ; ce
mouvement fi naturel feroit regardé
comme un inftant de foibleffe ; il faut
refter immobile devant la mort , l'attendre
, l'enviſager , toujours prête à nous
frapper , & frappant fans ceffe autour
de nous. Au fiége de Philisbourg , en
1734 , quand on fit entrer la Maifon du
Roi dans les Lignes , les Moufquetaires
furent encore expofés à une canonade
très-vive , & la foutinrentavec le même
fang froid : cependant nous fortions
d'une longue paix , & la plupart voyoient
la guerre pour la première fois. Pourrions
- nous être avares d'éloges envers
une troupe dont l'honneur & la haute
réputation femblent s'imprimer dans
l'ame d'un jeune homme dès qu'il y
eft entré ? Lorfqu'à Ramillies , à Malplaquet
, à Etinguen , elle ramène fes
débris fanglans que l'ennemi n'oſe attaquer
, nous paroîtra-t-elle moins recommandable
que lorfqu'elle éleve des
trophées à fon Maître dans la plaine
de Fontenoi ?
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Résumé : HÔTEL DES DEUX COMPAGNIES DES MOUSQUETAIRES.
Un supplément aux Essais historiques sur Paris de M. de Saint-Foix a été publié, incluant un article sur les hôtels des Mousquetaires. L'auteur de ce texte salue la clarté et la précision de Saint-Foix, qui cite toujours ses sources. L'article aborde les deux compagnies des Mousquetaires, créées en 1622 et 1665. La première compagnie se distingua notamment au siège de Suze et à la bataille des Dunes. En 1667, lors de la guerre entre la France et l'Espagne, les Mousquetaires suivirent le roi en Flandres et participèrent à plusieurs sièges, comme ceux de Lille et de Dole. En 1669, ils combattirent en Candie aux côtés du duc de Navailles. En 1672, ils traversèrent le Rhin à la nage lors de la guerre contre la Hollande et participèrent à divers sièges, tels que ceux de Mastrick et de Besançon. En 1676, ils assiégèrent Condé et en 1677, Valenciennes, où ils montrèrent une grande bravoure et une stratégie efficace, permettant la prise rapide de la ville. Les Mousquetaires se distinguèrent par leur bravoure et leur discipline. Le 17 mars 1677, ils prirent Valenciennes et le 11 avril, ils jouèrent un rôle crucial dans la bataille de Cassel, où ils chargèrent à pied et repoussèrent les troupes ennemies malgré une forte résistance. Leur intervention permit de renverser le cours de la bataille. Ils se distinguèrent également lors des sièges d'Ypres, de Courtrai, de Philisbourg, de Mons et de Namur. Lors de la bataille de Ramillies en 1706, ils perçèrent les lignes ennemies mais furent finalement repoussés en raison de mauvaises dispositions stratégiques. À Malplaquet, ils montrèrent une grande discipline en restant immobiles sous le feu ennemi pendant cinq heures. Leur courage et leur dévouement furent également notables lors du siège de Philisbourg en 1734. Le texte met en avant leur valeur et leur capacité à surmonter les dangers, illustrant ainsi leur rôle essentiel dans les victoires militaires françaises.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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1645
p. 47
INSCRIPTIO LUDOVICI XV Effigiei Pedestris REMIS Civium amore, Principibus & Regni Ministris Liberaliter applaudentibus, Mox erigendæ.
Début :
DILECTUS LODOIX Laudem cognomen adimpler Absque pari Regem, Populorum gaudia, dicit. [...]
Mots clefs :
Lodoix, Regem, Regis, Gentis
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texteReconnaissance textuelle : INSCRIPTIO LUDOVICI XV Effigiei Pedestris REMIS Civium amore, Principibus & Regni Ministris Liberaliter applaudentibus, Mox erigendæ.
INSCRIPTIO
LUDOVICI XV
Effigiei Pedeftris
REMIS Civium amore ,
Principibus & Regni Miniftris
Liberaliter applaudentibus ,
Mox erigendæ.
DILECTUS LODOIX Laudem cognomen adimpler
Abfque pari Regem , Populorum gaudia , dicit .
Præfulgens oculis ftat . Dotes cordibus infunt.
Regis , Gentis , Amor felicia tempora fancit.
LUDOVICI XV
Effigiei Pedeftris
REMIS Civium amore ,
Principibus & Regni Miniftris
Liberaliter applaudentibus ,
Mox erigendæ.
DILECTUS LODOIX Laudem cognomen adimpler
Abfque pari Regem , Populorum gaudia , dicit .
Præfulgens oculis ftat . Dotes cordibus infunt.
Regis , Gentis , Amor felicia tempora fancit.
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1646
p. 57-58
Sur la paix avec l'Angleterre.
Début :
NIVERNOIS, ma Patrie, à quelle gloire insigne [...]
Mots clefs :
Patrie, Gloire, Traité, Mazarini
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texteReconnaissance textuelle : Sur la paix avec l'Angleterre.
Sur la paix avec l'Angleterre.
NIVERNOIS , ma Patrie , à quelle gloire infigne:
Ton renom , par la Paix , va - t- il être porté?-
Mazarini , ton Chef , rédige le Traité ;
Cv
58 MERCURE DE FRANCE .
Et l'un de res enfans le confacre & le figne.
N'envions déſormais ni le rang , ni l'éclat ,
Qu'emprunte de Paris l'lfle- de- France altière :
La Province qui rend le calme à tout l'Etat
En eft à coup für la première.
Par le même.
* La plupart des biens patrimoniaux de
M. le Duc de Praflinfont fitués dans le Nivernois.
NIVERNOIS , ma Patrie , à quelle gloire infigne:
Ton renom , par la Paix , va - t- il être porté?-
Mazarini , ton Chef , rédige le Traité ;
Cv
58 MERCURE DE FRANCE .
Et l'un de res enfans le confacre & le figne.
N'envions déſormais ni le rang , ni l'éclat ,
Qu'emprunte de Paris l'lfle- de- France altière :
La Province qui rend le calme à tout l'Etat
En eft à coup für la première.
Par le même.
* La plupart des biens patrimoniaux de
M. le Duc de Praflinfont fitués dans le Nivernois.
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Résumé : Sur la paix avec l'Angleterre.
Le texte évoque la paix avec l'Angleterre et la contribution du Nivernois. Mazarin rédige le traité, signé par un enfant du Nivernois. Cette province, apportant le calme à l'État, devient la première. Les biens du Duc de Praslin se trouvent principalement dans le Nivernois.
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1647
p. 179-181
De WARSOVIE, le 2 Janvier 1763.
Début :
Suivant les nouvelles qu'on reçoit de Courlande, la situation du Duc Charles devient [...]
Mots clefs :
Duc, Séquestrer, Majesté impériale, Soldats
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texteReconnaissance textuelle : De WARSOVIE, le 2 Janvier 1763.
De WARSOVIE , le 2 Janvier 1763.
Suivant les nouvelles qu'on reçoit de Courlande
, la fituation du Duc Charles devient
plus critique de jour en jour . Ce Prince ,
pour donner une preuve de fa conſtance
refte à Mittau , jufqu'à ce qu'il foit contraint
d'abandonner fes Etats. Cependant le
fieur Simolin , Réfident de Rutfie , a eu ordre de
fa Cour de féqueftrer les revenus domaniaux du
Duché , & il a adreffé à cet effet le 24 du mois
dernier , aux Adminiſtrateurs & Engagiftes qui en
font chargés , une Lettre circulaire dont voici la
copie :
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
MONSIEUR >
» Sa Majesté Impériale , ma très- clémente
» Souveraine , a appris avec autant de furpriſe
>> que de fenfibilité que Son Alteffe Royale le
» Prince Charles , fans avoir égard ni à la bonne
intelligence qui doit régner entre voifins , ni à
>> plufieurs éxemples précédens , avoit refuſé de
>> laiffer prendre aux troupes Ruffes des quartiers
» d'hyver dans les Etats , & que , témoignant ou-
>> vertement des difpofitions contraires aux in-
»tentions de Sa Majefté Impériale , il n'avoit
» voulu donner aucune facilité pour les mettre à
portée de fe procurer les chofes les plus né-
>> ceffaires à leur fubfiftance.
و ر
» En conféquence , Sa Majefté Impériale a
>>jugé équitable de mettre en féquestre tous les
> revenus du Duché de Courlande & de Semigalle
, de quelque nature qu'ils foient , & elle
>>m'a envoyé une commiffion expreffe pour établir
ce féqueftre , touchant lequel j'ai déja fait
> toutes les difpofitions néceffaires .
» C'eſt en vertu de cette commiffion que j'ai
>> l'honneur de vous informer , en votre qualité
»d'Adminiſtrateur du Bien Domanial , que ce
» Bien étant compris dans le Séqueftre Impé-
» rial , les revenus doivent y être déposés . Je
» vous prie donc de faire remettre à la Ĉaiſſe Im-
» périale établie ici , au plus tard le 10 de ce
» mois , les revenus d'une demi-année , & de ne
» rien payer ni faire payer à la Caiffe Ducale ,
» jufqu'à ce que vous receviez de nouvelles infor-
➜mations ; finon vous vous expoſerez aux fâcheux
» inconvéniens , non-feulement de payer une ſeconde
fois , mais encore d'être deftitué de la
>>geſtion du Domaine.
FEVRIER. 1763. 181
Vous voudrez bien donner tous vos foins à
» l'éxécution des volontés de Sa Majesté Impériale
, relativement à la portion du Domaine
» dont vous êtes chargé , & m'honorer d'une
→prompte réponſe En attendant , les foldats ref-
» teront, pour cet objet , chez vous juſqu'à nou-
» vel ordre.
Suivant les nouvelles qu'on reçoit de Courlande
, la fituation du Duc Charles devient
plus critique de jour en jour . Ce Prince ,
pour donner une preuve de fa conſtance
refte à Mittau , jufqu'à ce qu'il foit contraint
d'abandonner fes Etats. Cependant le
fieur Simolin , Réfident de Rutfie , a eu ordre de
fa Cour de féqueftrer les revenus domaniaux du
Duché , & il a adreffé à cet effet le 24 du mois
dernier , aux Adminiſtrateurs & Engagiftes qui en
font chargés , une Lettre circulaire dont voici la
copie :
H vj
180 MERCURE DE FRANCE.
MONSIEUR >
» Sa Majesté Impériale , ma très- clémente
» Souveraine , a appris avec autant de furpriſe
>> que de fenfibilité que Son Alteffe Royale le
» Prince Charles , fans avoir égard ni à la bonne
intelligence qui doit régner entre voifins , ni à
>> plufieurs éxemples précédens , avoit refuſé de
>> laiffer prendre aux troupes Ruffes des quartiers
» d'hyver dans les Etats , & que , témoignant ou-
>> vertement des difpofitions contraires aux in-
»tentions de Sa Majefté Impériale , il n'avoit
» voulu donner aucune facilité pour les mettre à
portée de fe procurer les chofes les plus né-
>> ceffaires à leur fubfiftance.
و ر
» En conféquence , Sa Majefté Impériale a
>>jugé équitable de mettre en féquestre tous les
> revenus du Duché de Courlande & de Semigalle
, de quelque nature qu'ils foient , & elle
>>m'a envoyé une commiffion expreffe pour établir
ce féqueftre , touchant lequel j'ai déja fait
> toutes les difpofitions néceffaires .
» C'eſt en vertu de cette commiffion que j'ai
>> l'honneur de vous informer , en votre qualité
»d'Adminiſtrateur du Bien Domanial , que ce
» Bien étant compris dans le Séqueftre Impé-
» rial , les revenus doivent y être déposés . Je
» vous prie donc de faire remettre à la Ĉaiſſe Im-
» périale établie ici , au plus tard le 10 de ce
» mois , les revenus d'une demi-année , & de ne
» rien payer ni faire payer à la Caiffe Ducale ,
» jufqu'à ce que vous receviez de nouvelles infor-
➜mations ; finon vous vous expoſerez aux fâcheux
» inconvéniens , non-feulement de payer une ſeconde
fois , mais encore d'être deftitué de la
>>geſtion du Domaine.
FEVRIER. 1763. 181
Vous voudrez bien donner tous vos foins à
» l'éxécution des volontés de Sa Majesté Impériale
, relativement à la portion du Domaine
» dont vous êtes chargé , & m'honorer d'une
→prompte réponſe En attendant , les foldats ref-
» teront, pour cet objet , chez vous juſqu'à nou-
» vel ordre.
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Résumé : De WARSOVIE, le 2 Janvier 1763.
Le 2 janvier 1763, des nouvelles de Courlande rapportent une détérioration de la situation du Duc Charles à Mittau, malgré les difficultés croissantes. Le représentant russe, le sieur Simolin, a reçu l'ordre de séquestrer les revenus domaniaux du Duché de Courlande. Le 24 décembre précédent, Simolin a envoyé une lettre circulaire aux administrateurs et engagistes, leur ordonnant de déposer les revenus d'une demi-année à la Caisse Impériale avant le 10 février. Cette mesure est motivée par le refus du Duc Charles d'accorder des quartiers d'hiver aux troupes russes et de fournir des nécessités de subsistance. Les administrateurs doivent cesser tout paiement à la Caisse Ducale jusqu'à nouvel ordre, sous peine de sanctions.
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1648
p. 181
De VIENNE, le 6 Janvier 1763. EXTRAIT d'une Lettre écrite de LEIPSICK, le premier Janvier 1763.
Début :
Nous pouvons enfin espérer de voir bientôt finir nos malheurs. Il y a une négociation ouverte [...]
Mots clefs :
Impératrice, Reine, Conseiller
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texteReconnaissance textuelle : De VIENNE, le 6 Janvier 1763. EXTRAIT d'une Lettre écrite de LEIPSICK, le premier Janvier 1763.
De VIENNE, le 6 Janvier 1763 .
EXTRAIT d'une Lettre écrite de LEIPSICK , le
premier Janvier 1763.
Nous pouvons enfin efpérer de voir bientôt
finir nos malheurs . Il y a une négociation ou
verte entre l'Impératrice Reine & Sa Majeſté
Pruffienne pour le rétabliffement de la Paix. Les
Plénipotentiaires font , de la part de la Cour de
Vienne , le fieur de Colembach , Confeiller , &
l'un des premiers Commis des Affaires Etrangè
res; & de la part du Roi de Pruffe , le fieur Hertzberg
, Confeiller de ce Prince. Ils fe font affemblés
à Hubertzbourg , Maiſon de Plaifance de Sa Majefté
Polonoife. Après une conférence très-longue,
le Miniftre Pruffien s'eft rendu ici pour en
rendre compte à fon Maître & pour recevoir fes
ordres. Il y eft encore actuellement ; mais on
préfume que fon féjour ne fera pas long , & qu'il
partira muni des inftructions néceffaires à la réconciliation
des deux Puiffances. Il paroît qu'elles
defirent également de voir bientôt le fuccès de
cette négociation , afin d'épargner , pendant qu'il
en eft temps encore, une partie des frais de la campagne
prochaine , ou de fe préparer plus vigou
reufement à la continuation de la guerra
EXTRAIT d'une Lettre écrite de LEIPSICK , le
premier Janvier 1763.
Nous pouvons enfin efpérer de voir bientôt
finir nos malheurs . Il y a une négociation ou
verte entre l'Impératrice Reine & Sa Majeſté
Pruffienne pour le rétabliffement de la Paix. Les
Plénipotentiaires font , de la part de la Cour de
Vienne , le fieur de Colembach , Confeiller , &
l'un des premiers Commis des Affaires Etrangè
res; & de la part du Roi de Pruffe , le fieur Hertzberg
, Confeiller de ce Prince. Ils fe font affemblés
à Hubertzbourg , Maiſon de Plaifance de Sa Majefté
Polonoife. Après une conférence très-longue,
le Miniftre Pruffien s'eft rendu ici pour en
rendre compte à fon Maître & pour recevoir fes
ordres. Il y eft encore actuellement ; mais on
préfume que fon féjour ne fera pas long , & qu'il
partira muni des inftructions néceffaires à la réconciliation
des deux Puiffances. Il paroît qu'elles
defirent également de voir bientôt le fuccès de
cette négociation , afin d'épargner , pendant qu'il
en eft temps encore, une partie des frais de la campagne
prochaine , ou de fe préparer plus vigou
reufement à la continuation de la guerra
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Résumé : De VIENNE, le 6 Janvier 1763. EXTRAIT d'une Lettre écrite de LEIPSICK, le premier Janvier 1763.
Le 6 janvier 1763, une lettre de Leipzig révèle des négociations en cours entre l'Impératrice Reine et le Roi de Prusse pour rétablir la paix. Les plénipotentiaires sont le sieur de Colembach, conseiller des Affaires Étrangères de la Cour de Vienne, et le sieur Hertzberg, conseiller du Roi de Prusse. Ils se sont rencontrés à Hubertusbourg, résidence du Roi de Pologne. Après une longue conférence, le ministre prussien est retourné à Berlin pour informer son souverain et obtenir des instructions. Son séjour à Berlin doit être bref afin de repartir rapidement avec les directives nécessaires à la réconciliation. Les deux parties souhaitent accélérer les négociations pour éviter les coûts d'une prochaine campagne ou se préparer à la poursuite des hostilités.
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1649
p. 183
De RATISBONNE, le 6 Janvier 1763.
Début :
On a appris ici avec une grande satisfaction que leurs Majestés Très Chrétienne & Britannique [...]
Mots clefs :
Neutralité, Médiation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De RATISBONNE, le 6 Janvier 1763.
De RATISBONNE , le 6 Janvier 1763 .
On a appris ici avec une grande ſatisfaction
que leurs Majeſtés Très - Chrétienne & Britannique
étoient convenues d'agir de concert & d'inter
pofer leurs bons offices , pour établir , fous la
médiation de la France & de l'Angleterre , une
neutralité dans l'Empire , pendant tout le temps
que la guerre fubfiftera entre l'Impératrice- Reine
& le Roi de Prufle. La propofition a dû en être
faite aux Cours de Vienne & de Berlin , & l'on
attend inceffamment leur réponſe.
On a appris ici avec une grande ſatisfaction
que leurs Majeſtés Très - Chrétienne & Britannique
étoient convenues d'agir de concert & d'inter
pofer leurs bons offices , pour établir , fous la
médiation de la France & de l'Angleterre , une
neutralité dans l'Empire , pendant tout le temps
que la guerre fubfiftera entre l'Impératrice- Reine
& le Roi de Prufle. La propofition a dû en être
faite aux Cours de Vienne & de Berlin , & l'on
attend inceffamment leur réponſe.
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Résumé : De RATISBONNE, le 6 Janvier 1763.
Le 6 janvier 1763, à Ratisbonne, la France et la Grande-Bretagne ont proposé une neutralité dans l'Empire durant le conflit entre l'Impératrice-Reine et le roi de Prusse. Cette initiative, soumise à Vienne et Berlin, vise à établir une médiation entre les deux cours.
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1650
p. 185-186
De LONDRES, le 6 Janvier 1763.
Début :
Sa Majesté, suivant les représentations qui lui ont été faites par la Sérénissime République de [...]
Mots clefs :
Majesté, Sérénissime République, Pettie vérole
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De LONDRES, le 6 Janvier 1763.
De LONDRES , le 6 Janvier 1763.
Sa Majefté , fuivant les repréſentations qui lui
ont été faites par la Séréniffime République de
Gènes , par une déclaration arrêtée le 29 du
mois dernier , enjoint & ordonne exprellément
à tous les Sujets de ne donner ni fournir aide ,
affiftance , appui ni fecours , de quelque manière
que ce puiffe être , à aucun des habitans de l'Ile
de Corſe , actuellement révoltés contre ladite
Séréniffime République , fous peine d'encourir
non-feulement l'indignation de Sa Majeſté , mais
encore telle punition que la Loi inflige contre
ceux qui violent volontairement les traités de Sa
Majefté , & portent atteinte à la paix & amitié
qui fubfiftent entre elle & tout Prince ou Etat
étrangers.
Le Prince de Solre , fils du Prince de Croy, a
186 MERCURE DE FRANCE.
été attaqué ici de la petite vérole. Les deux Méđeeins
célébres auxquels il a été confié ſe ſont ſurtour
attachés , dans ce traitement , à obéir à la
nature , en la ſuivant pas à pas fans vouloir l'afflujettir
aux régles arbitraires de l'art. Il n'y a perfonne
ici qui ne fe foir vivement intéreſſé au danger
de ce jeune Prince qui a fçu le mériter une
eftime univerſelle : le courage qu'il a montré
l'habileté de fes Médecins , & les foins du Dac
de Nivernois , qui lui a tenu lieu de pere , ont
raffuré tout le monde fur fon état. Ce Prince eft
entierement hors de danger.
Sa Majefté , fuivant les repréſentations qui lui
ont été faites par la Séréniffime République de
Gènes , par une déclaration arrêtée le 29 du
mois dernier , enjoint & ordonne exprellément
à tous les Sujets de ne donner ni fournir aide ,
affiftance , appui ni fecours , de quelque manière
que ce puiffe être , à aucun des habitans de l'Ile
de Corſe , actuellement révoltés contre ladite
Séréniffime République , fous peine d'encourir
non-feulement l'indignation de Sa Majeſté , mais
encore telle punition que la Loi inflige contre
ceux qui violent volontairement les traités de Sa
Majefté , & portent atteinte à la paix & amitié
qui fubfiftent entre elle & tout Prince ou Etat
étrangers.
Le Prince de Solre , fils du Prince de Croy, a
186 MERCURE DE FRANCE.
été attaqué ici de la petite vérole. Les deux Méđeeins
célébres auxquels il a été confié ſe ſont ſurtour
attachés , dans ce traitement , à obéir à la
nature , en la ſuivant pas à pas fans vouloir l'afflujettir
aux régles arbitraires de l'art. Il n'y a perfonne
ici qui ne fe foir vivement intéreſſé au danger
de ce jeune Prince qui a fçu le mériter une
eftime univerſelle : le courage qu'il a montré
l'habileté de fes Médecins , & les foins du Dac
de Nivernois , qui lui a tenu lieu de pere , ont
raffuré tout le monde fur fon état. Ce Prince eft
entierement hors de danger.
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Résumé : De LONDRES, le 6 Janvier 1763.
Le 6 janvier 1763, le roi de Grande-Bretagne a publié une déclaration interdisant à ses sujets d'aider les habitants de l'île de Corse, alors en rébellion contre la République de Gênes. Cette mesure vise à éviter les violations des traités et à maintenir la paix avec les États étrangers. Toute violation de cet ordre sera sévèrement punie. Par ailleurs, le Prince de Solre, fils du Prince de Croy, a contracté la petite vérole à Londres. Deux médecins renommés l'ont soigné en suivant les indications naturelles plutôt que des règles arbitraires. La population locale était très inquiète pour sa santé. Le courage du prince, l'habileté des médecins et les soins du Duc de Nivernois, qui agissait comme un père, ont rassuré tout le monde. Le prince est désormais hors de danger.
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