Résultats : 59 texte(s)
Accéder à la liste des genres littéraires.
Détail
Liste
1
p. 78-79
DE LA CIGALE, ET DE LA FOURMY. FABLE. RONDEAU.
Début :
Le temps n'est plus de la belle saison, [...]
Mots clefs :
Temps, Dîner, Moisson
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE LA CIGALE, ET DE LA FOURMY. FABLE. RONDEAU.
DE LA CIGALE,
ССКОЯ
L
ET DE LA FOVRMY.
FABLE
RONDEAU.
Etemps n'est plus de la bellefaiſon L'Hyverapproche,&Neige
flocon
àgros
Tombe du Ciel , Cigale verdelette ,
Nechanteplus, autreſoin l'inquiette,
C'est de diſner dont il est question,
Mais où diſner ? car de provision Il n'en estpoint , point de précaution ,
D'aller aux Champs fuccer la tendre
berbette,
Le tempsn'estplus.
Elle va droit à l'Habitation
Dela Fourmy, belle reception
*
A
GALANT. ST Mais rien de plus , ilfautfaire diette;
Quand on est vieux , c'est trop tard qu'on regrette Les joursperdus , &defaire moiffon
Letempsn'est plus.
ССКОЯ
L
ET DE LA FOVRMY.
FABLE
RONDEAU.
Etemps n'est plus de la bellefaiſon L'Hyverapproche,&Neige
flocon
àgros
Tombe du Ciel , Cigale verdelette ,
Nechanteplus, autreſoin l'inquiette,
C'est de diſner dont il est question,
Mais où diſner ? car de provision Il n'en estpoint , point de précaution ,
D'aller aux Champs fuccer la tendre
berbette,
Le tempsn'estplus.
Elle va droit à l'Habitation
Dela Fourmy, belle reception
*
A
GALANT. ST Mais rien de plus , ilfautfaire diette;
Quand on est vieux , c'est trop tard qu'on regrette Les joursperdus , &defaire moiffon
Letempsn'est plus.
Fermer
Résumé : DE LA CIGALE, ET DE LA FOURMY. FABLE. RONDEAU.
La fable 'De la Cigale et de la Fourmi' raconte comment une cigale, sans provisions en hiver, regrette de ne pas avoir fait de réserves. Elle demande de l'aide à la fourmi, qui refuse, soulignant qu'il est trop tard pour regretter les jours perdus. Le thème central est l'importance de la prévoyance.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 93-111
LE PERROQUET ET LA GUENUCHE. FABLE. A MADEMOISELLE DE M**
Début :
Il nous arriva hier de Lisbonne une Barque chargée de [...]
Mots clefs :
Perroquet, Guenuche, Amour, Animaux, Galanterie, Berger, Conversation, Belle, Laide, Inconstance, Métamorphose, Portugal, Histoire, Morale
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE PERROQUET ET LA GUENUCHE. FABLE. A MADEMOISELLE DE M**
LE
PERROQUET
ET LA GUENUCHE.
7
FABLE.
A MADEMOISELLE DE M**
1
Lnous arriva hier de Lisbonneune
Barque chargéedeSinges &de Per- roquets. Vousjugezbien, Mademoiselle,
GALANT 61
que je n'ay pas perduune si belle occa- fion devous tenirparole. F'aychoisipar- my cegrand nombre un Perroquet d'un plumage tres particulier , &une Gue- nuche d'une petiteſſefort rare. Ce qu'il yade fâcheux , c'est que le Perroquet
neparle point François , que la Guenu- che ne sçait point danser , &que mesme elle est encore habillée à la Portugaise;
mais vous serez peut-estre bien aise d'estre leur Maiſtreſſe en toutes façons.
Vos Leçons leur apprendront la belle maniere. Tous les autres Perroquets ne Sçavent prononcerque des injures grof- fieres , & quand vous aurezinſtruit le voſtre , il sçaura dire des malices inge- nieuses. A voſtre Ecole la Guenuche
apprendra bien- toft la Bourrée & le
Menuët ; &fi vous avezſoin de l'ha biller à la mode & de voſtremain ,je
gage qu'on la trouvera plus propre &
demeilleur air que vostre petite laide Voisine. Cependant comme vous n'en- tendrez point d'abord le jargon ny de la Guenuche ny du Perroquet , je me crois obligé en vous les envoyant, d'estre aupres de vous leur Interprete. SansSça-
62 LE MERCVRE
voir la Langue de leur Pays, j'ay bien- toft compris leurs discours, parce qu'ils estoient tendres &amoureux..
Entendre àdemymotfut toûjoursmon
partage;
Si- toſt que l'on parle d'amour ,
Iln'eſt point pour moy de langage Qui ne foit clair comme le jour.
Pour vous ma , jeune Demoiselle,
Quand memes en François l'amour fertd'entretien ,
Malgré tout voſtre Eſprit , vous ne ré- pondez rien Et vousn'entendez pas la langue ma- ternelle;
Vous voila cependant dans la belle ſaiſon ,
Vous avez quatorze ans, à cet âge, ma Belle,
N'entendre pas l'Amour , mafoy cela s'appelle N'entendre pas raiſon.
Jeveux aujourd'huy tâcher devous rendre raisonnable , en vous faisant comprendre l'Histoire amoureuse de
GALAN T. 63 vostre Guenuche & de vostre Perroquet.
Aufſi- toft que ces deux petits Animauxfurent entre mes mains , ils parle- rent entr'eux certain jargon Moresque,
&j'entendis quele Perroquet reprochoit àla Guenucheſes ſingeries , & la Gue- nuche luy reprochoitſon caquet. Comme leursdiscours meſemblerent aſſez plai- Sans, j'entray dans leur conversation.
Ils enfurent d'abordsurpris , mais en- fin nous devinſmes familiers &fûmes bien toſt ſi grands Amis , que je les obligeay àme conter leurHistoire. Le Perroquet , comme le plus grand Cau- feur , voulut estre l'Historien ; &vo cy en François àpeu pres comme il pliqua en Moresque.. *
LYON
1893-
MaMere me donna le jour
Dans un Climat de la Guinée ,
Où le Soleil joint à l'Amour ,
Enflame tout toute l'année.
L'on n'y voit point de Cœur glacé,
N'yde Bergere indiferente;
Quand unBerger eſt empreſſé LaBergere ſe montre ardente.
64 LE MERCVRE
Là je vivois jadis enBerger fort coquet,
Aujourd'huyje ſuis Perroquet,
Car , helas ! ma Coqueterie ,
Queje nommois Galanterie ,
Choqua le cruel Cupidon ,
Qui ſans m'accorder de pardon ,
Fit de moy la Métamorphoſe ,
Queje vais vous conter en Profe.
Sur les bords du Fleuve Niger on ne fait pas l'amour ainſi que fur les bords de la Seine on du Rhône. On m'a dit
qu'icyla constance paſſe pour une vertu,
là elle paſſeroit pour un vice : En France un Amant bien reglé n'a beſoin que d'une Amante , &ſouvent en ayant une , il en a trop ; mais en Ethiopie les Galans ont beſoin de diverſes Maiſtref.
Ses , &nostre miserable Roy qui mourut ilyaquelque temps dans ce Royaume,
pourroit estre un témoin de cette verité.
Estant Berger je voyois ſuivant noftre coustume diverſesBergeres , &je témoi gnois à toutes beaucoup d'amour,mais àlaveritéje n'en reſſentois queres. Dans ma conversation, dans mes Chansons
GALANT. 65 dans mes Billets , je paroiſſois l' Amant du monde leplus ardent , &dans mon cœur ie mesentois fort tranquille; enfin tout mon amour n'estoit que du caquet.
Mais,helas ! depuis ce temps j'ay bien appris que Cupidon est un Dieu qui pu- nit cruellement le mensonge. Pour com.
mencer àse vanger demoy , il me fit devenir trop veritablement amoureux d'une petite Laide , plus volage &plus.
coquette que je n'estois , &c'est iuste.
ment Dame Guenuche que vous voyez là , qui a esté Bergere dans le temps que i'estois Berger. Apresavoir trompé tant de Perſonnes parmesfaux Sermens , ie ne pûs pas mesine perfuader mapetite Laide par des veritez tres- constantes.
Cependantpour mefaire mieux enrager,
au commencement elle fit mine de m'aimer, elle affecta toutes les petites ma- nieres d'une Perſonnefort paſſionnée, &
quand elle me vit bien ſenſiblement tou- ché , elle me fit cent malices & mequit- ta enfin pour un autre Bergerauffi laid qu'un vieux Singe.
Dieux ! qu'un Berger vivroit content
66 LE MERCVRE
Silchangeoit auffi-toft que changeſon Amante !
Mais,helas ! que de maux nous cauſe
une Inconftante,
Quandon ne peut être inconſtant !
L'amourque ieſentois pour mapetite Ingrate , & la haine que i'avois pour mon laid Rival , me mirent dans untel
deſeſpoir , que ie quitay mes Moutons,
&laſocietédes autres Bergers. Je m'en allay comme un furieux ,errant dans lesDeserts : ie déchiray mes habits , ie me couvris defeüilles d'arbres , &enfin
icdevins tout-à-fait infensé. L'Amour alors me voyantdans une Forest en estat demourir ,voulut meſauver la vie , &
ie nesçay si cefutparpitiéouparven- geance. Il changea mapeau &monha- bit en plumesde la couteur des feüilles
qui me couvroient , ma bouche en bec ,
mes bras en cuiſſes , &ainfi du reſte de
mon Corps. Voila comme ie me trouvay Perroquet , &ie vousiureque ien'en ay point confervé de regret.
Nehaïſſant plus monRival,
GALANT. 67 Etn'aimantplus mon Inconſtante Je ſens monAme plus contente ,
D'animer pour toûjours le Corps d'un Animal ,
Que celuy d'un Berger ,quand l'A- mour le tourmente.
Mapetite Laide ne demeura pas auſſiſans châtiment , parce qu'elle n'a- voit aiméqu'en apparence, & que toute fa tendreſſe n'avoit esté que fingerie ;
l'Amour n'ayant point esté trompépar ſes grimaces , voulut punirfonhipocri fie ,comme il avoit puny mon liberti- nage. Il la changea donc en Guenuche ; &comme c'estoit unepetite Berge- re fort laide &fort malicieuse , il n'eut
pas beaucoup depeine àfaire ce changement.
Depuis cette double Metamorphose nousavons vescu, maMaiſtreſſe &moy,
dans les Solitudes & dans les Forests.
Cependant nous n'eſtions pas tout -à-fait Sauvages , & cela est si vray que nous noussommes laislé prendre aux premiers Hommes qui ſeſont preſentez. D'abord onnous mena en Portugal , où l'humeur
68 LE MERCVRE
de la Nation ne nous plaiſoit gueres,
parcequele caquet &les fingeriesn'y ont pas tant de coursqu'en France , ou i'ap- prens que nous sommes auiourd'huy.
Nous nousyplaifons ſans doute ,parce que nous avons encoreconfervéquelque choſe de nostre premier caractere. Pour moy quipendantque i'estois Berger di- fois centfleurettesfans penser àce queie difois,iedis encore eftant Perroquet cent parolesfanssçavoir ce que ie dis. Pour ma Maistreffe , qui estant Bergerecon- trefaisoit l' Amante ſansſentird'amour,
&qui de plusfaisoit tous les jours mil- temalices , estant Guenuche elle enfait
encore, & contrefait mille choſesqu'elle voit faire.
Voila , me dit le Perroquet , noſtre Histoireiusques icy : c'est àvous, Mon- fieur, ànous apprendre le reſte. Dites- nous pourquoy nous sommes entre vos mains , &àquoy nousſommes deſtinez,
puis que vous nousfaitespartirpourun SecondVoyage. Acette question i'ay ré- pondude cettemaniere.
Allez trop heureux Animaux ,
GALAN T. 69
Voicy la fin de tous vos maux :
Aprenez que l'on vous deſtine Pour aller faire les plaiſirs D'une belle & jeune Blondine ,
Quidonne mille ardens defirs,
Etqui cauſe mille ſoûpirs Amille Amans qui n'oſent dire ,
Belle, c'est pour vous qu'on ſoûpire;
Vous, Peroquet , & nuit &jour ,
Vous luy pourrez parler d'amour ;
Vous pourrez dire , ie vous aime,
Sans vous attirer ſon courroux.
Que mon bonheur ſeroit extrême
Si j'ofois parler comme vous !
Vous Guenuche, VOS fingeries LYON
Loin de luy donnerdu chagrin,
La charmeront ſoir & matin ;
ODieux ! que'mes Galanteries N'ont-elles le meſmedeſtin !
C'est ainsi , Mademoiselle , que finit la conversation que i'ay cue avecvostre Perroquet & vostre Guenuche. L'ay crû que ie devois vous enfaire part,
quevousferiez bien aiſe deſçavoir leurs
Avantures, le pourrois bien tirer de cette Hiftoire une belle Morale en faveur de
70 LE MERCVRE l'Amour; mais belas ,je n'oferoisavec vous moraliſerſur cette matiere.
De Marſeille.
PERROQUET
ET LA GUENUCHE.
7
FABLE.
A MADEMOISELLE DE M**
1
Lnous arriva hier de Lisbonneune
Barque chargéedeSinges &de Per- roquets. Vousjugezbien, Mademoiselle,
GALANT 61
que je n'ay pas perduune si belle occa- fion devous tenirparole. F'aychoisipar- my cegrand nombre un Perroquet d'un plumage tres particulier , &une Gue- nuche d'une petiteſſefort rare. Ce qu'il yade fâcheux , c'est que le Perroquet
neparle point François , que la Guenu- che ne sçait point danser , &que mesme elle est encore habillée à la Portugaise;
mais vous serez peut-estre bien aise d'estre leur Maiſtreſſe en toutes façons.
Vos Leçons leur apprendront la belle maniere. Tous les autres Perroquets ne Sçavent prononcerque des injures grof- fieres , & quand vous aurezinſtruit le voſtre , il sçaura dire des malices inge- nieuses. A voſtre Ecole la Guenuche
apprendra bien- toft la Bourrée & le
Menuët ; &fi vous avezſoin de l'ha biller à la mode & de voſtremain ,je
gage qu'on la trouvera plus propre &
demeilleur air que vostre petite laide Voisine. Cependant comme vous n'en- tendrez point d'abord le jargon ny de la Guenuche ny du Perroquet , je me crois obligé en vous les envoyant, d'estre aupres de vous leur Interprete. SansSça-
62 LE MERCVRE
voir la Langue de leur Pays, j'ay bien- toft compris leurs discours, parce qu'ils estoient tendres &amoureux..
Entendre àdemymotfut toûjoursmon
partage;
Si- toſt que l'on parle d'amour ,
Iln'eſt point pour moy de langage Qui ne foit clair comme le jour.
Pour vous ma , jeune Demoiselle,
Quand memes en François l'amour fertd'entretien ,
Malgré tout voſtre Eſprit , vous ne ré- pondez rien Et vousn'entendez pas la langue ma- ternelle;
Vous voila cependant dans la belle ſaiſon ,
Vous avez quatorze ans, à cet âge, ma Belle,
N'entendre pas l'Amour , mafoy cela s'appelle N'entendre pas raiſon.
Jeveux aujourd'huy tâcher devous rendre raisonnable , en vous faisant comprendre l'Histoire amoureuse de
GALAN T. 63 vostre Guenuche & de vostre Perroquet.
Aufſi- toft que ces deux petits Animauxfurent entre mes mains , ils parle- rent entr'eux certain jargon Moresque,
&j'entendis quele Perroquet reprochoit àla Guenucheſes ſingeries , & la Gue- nuche luy reprochoitſon caquet. Comme leursdiscours meſemblerent aſſez plai- Sans, j'entray dans leur conversation.
Ils enfurent d'abordsurpris , mais en- fin nous devinſmes familiers &fûmes bien toſt ſi grands Amis , que je les obligeay àme conter leurHistoire. Le Perroquet , comme le plus grand Cau- feur , voulut estre l'Historien ; &vo cy en François àpeu pres comme il pliqua en Moresque.. *
LYON
1893-
MaMere me donna le jour
Dans un Climat de la Guinée ,
Où le Soleil joint à l'Amour ,
Enflame tout toute l'année.
L'on n'y voit point de Cœur glacé,
N'yde Bergere indiferente;
Quand unBerger eſt empreſſé LaBergere ſe montre ardente.
64 LE MERCVRE
Là je vivois jadis enBerger fort coquet,
Aujourd'huyje ſuis Perroquet,
Car , helas ! ma Coqueterie ,
Queje nommois Galanterie ,
Choqua le cruel Cupidon ,
Qui ſans m'accorder de pardon ,
Fit de moy la Métamorphoſe ,
Queje vais vous conter en Profe.
Sur les bords du Fleuve Niger on ne fait pas l'amour ainſi que fur les bords de la Seine on du Rhône. On m'a dit
qu'icyla constance paſſe pour une vertu,
là elle paſſeroit pour un vice : En France un Amant bien reglé n'a beſoin que d'une Amante , &ſouvent en ayant une , il en a trop ; mais en Ethiopie les Galans ont beſoin de diverſes Maiſtref.
Ses , &nostre miserable Roy qui mourut ilyaquelque temps dans ce Royaume,
pourroit estre un témoin de cette verité.
Estant Berger je voyois ſuivant noftre coustume diverſesBergeres , &je témoi gnois à toutes beaucoup d'amour,mais àlaveritéje n'en reſſentois queres. Dans ma conversation, dans mes Chansons
GALANT. 65 dans mes Billets , je paroiſſois l' Amant du monde leplus ardent , &dans mon cœur ie mesentois fort tranquille; enfin tout mon amour n'estoit que du caquet.
Mais,helas ! depuis ce temps j'ay bien appris que Cupidon est un Dieu qui pu- nit cruellement le mensonge. Pour com.
mencer àse vanger demoy , il me fit devenir trop veritablement amoureux d'une petite Laide , plus volage &plus.
coquette que je n'estois , &c'est iuste.
ment Dame Guenuche que vous voyez là , qui a esté Bergere dans le temps que i'estois Berger. Apresavoir trompé tant de Perſonnes parmesfaux Sermens , ie ne pûs pas mesine perfuader mapetite Laide par des veritez tres- constantes.
Cependantpour mefaire mieux enrager,
au commencement elle fit mine de m'aimer, elle affecta toutes les petites ma- nieres d'une Perſonnefort paſſionnée, &
quand elle me vit bien ſenſiblement tou- ché , elle me fit cent malices & mequit- ta enfin pour un autre Bergerauffi laid qu'un vieux Singe.
Dieux ! qu'un Berger vivroit content
66 LE MERCVRE
Silchangeoit auffi-toft que changeſon Amante !
Mais,helas ! que de maux nous cauſe
une Inconftante,
Quandon ne peut être inconſtant !
L'amourque ieſentois pour mapetite Ingrate , & la haine que i'avois pour mon laid Rival , me mirent dans untel
deſeſpoir , que ie quitay mes Moutons,
&laſocietédes autres Bergers. Je m'en allay comme un furieux ,errant dans lesDeserts : ie déchiray mes habits , ie me couvris defeüilles d'arbres , &enfin
icdevins tout-à-fait infensé. L'Amour alors me voyantdans une Forest en estat demourir ,voulut meſauver la vie , &
ie nesçay si cefutparpitiéouparven- geance. Il changea mapeau &monha- bit en plumesde la couteur des feüilles
qui me couvroient , ma bouche en bec ,
mes bras en cuiſſes , &ainfi du reſte de
mon Corps. Voila comme ie me trouvay Perroquet , &ie vousiureque ien'en ay point confervé de regret.
Nehaïſſant plus monRival,
GALANT. 67 Etn'aimantplus mon Inconſtante Je ſens monAme plus contente ,
D'animer pour toûjours le Corps d'un Animal ,
Que celuy d'un Berger ,quand l'A- mour le tourmente.
Mapetite Laide ne demeura pas auſſiſans châtiment , parce qu'elle n'a- voit aiméqu'en apparence, & que toute fa tendreſſe n'avoit esté que fingerie ;
l'Amour n'ayant point esté trompépar ſes grimaces , voulut punirfonhipocri fie ,comme il avoit puny mon liberti- nage. Il la changea donc en Guenuche ; &comme c'estoit unepetite Berge- re fort laide &fort malicieuse , il n'eut
pas beaucoup depeine àfaire ce changement.
Depuis cette double Metamorphose nousavons vescu, maMaiſtreſſe &moy,
dans les Solitudes & dans les Forests.
Cependant nous n'eſtions pas tout -à-fait Sauvages , & cela est si vray que nous noussommes laislé prendre aux premiers Hommes qui ſeſont preſentez. D'abord onnous mena en Portugal , où l'humeur
68 LE MERCVRE
de la Nation ne nous plaiſoit gueres,
parcequele caquet &les fingeriesn'y ont pas tant de coursqu'en France , ou i'ap- prens que nous sommes auiourd'huy.
Nous nousyplaifons ſans doute ,parce que nous avons encoreconfervéquelque choſe de nostre premier caractere. Pour moy quipendantque i'estois Berger di- fois centfleurettesfans penser àce queie difois,iedis encore eftant Perroquet cent parolesfanssçavoir ce que ie dis. Pour ma Maistreffe , qui estant Bergerecon- trefaisoit l' Amante ſansſentird'amour,
&qui de plusfaisoit tous les jours mil- temalices , estant Guenuche elle enfait
encore, & contrefait mille choſesqu'elle voit faire.
Voila , me dit le Perroquet , noſtre Histoireiusques icy : c'est àvous, Mon- fieur, ànous apprendre le reſte. Dites- nous pourquoy nous sommes entre vos mains , &àquoy nousſommes deſtinez,
puis que vous nousfaitespartirpourun SecondVoyage. Acette question i'ay ré- pondude cettemaniere.
Allez trop heureux Animaux ,
GALAN T. 69
Voicy la fin de tous vos maux :
Aprenez que l'on vous deſtine Pour aller faire les plaiſirs D'une belle & jeune Blondine ,
Quidonne mille ardens defirs,
Etqui cauſe mille ſoûpirs Amille Amans qui n'oſent dire ,
Belle, c'est pour vous qu'on ſoûpire;
Vous, Peroquet , & nuit &jour ,
Vous luy pourrez parler d'amour ;
Vous pourrez dire , ie vous aime,
Sans vous attirer ſon courroux.
Que mon bonheur ſeroit extrême
Si j'ofois parler comme vous !
Vous Guenuche, VOS fingeries LYON
Loin de luy donnerdu chagrin,
La charmeront ſoir & matin ;
ODieux ! que'mes Galanteries N'ont-elles le meſmedeſtin !
C'est ainsi , Mademoiselle , que finit la conversation que i'ay cue avecvostre Perroquet & vostre Guenuche. L'ay crû que ie devois vous enfaire part,
quevousferiez bien aiſe deſçavoir leurs
Avantures, le pourrois bien tirer de cette Hiftoire une belle Morale en faveur de
70 LE MERCVRE l'Amour; mais belas ,je n'oferoisavec vous moraliſerſur cette matiere.
De Marſeille.
Fermer
Résumé : LE PERROQUET ET LA GUENUCHE. FABLE. A MADEMOISELLE DE M**
La fable 'Le Perroquet et la Guenuche' est adressée à Mademoiselle de M**. L'auteur décrit l'arrivée d'une barque de Lisbonne transportant des singes et des perroquets. Parmi eux, il choisit un perroquet au plumage particulier et une guenuche de petite taille. Cependant, le perroquet ne parle pas français et la guenuche ne sait pas danser, étant encore vêtue à la portugaise. L'auteur espère que la demoiselle pourra leur apprendre les bonnes manières, la danse et les habits à la mode. L'auteur raconte ensuite l'histoire amoureuse du perroquet et de la guenuche. Originaires de Guinée, ils vivaient autrefois comme bergers. Le perroquet, coquet et galant, séduisait plusieurs bergères sans ressentir de véritable amour. Cupidon le punit en le rendant amoureux d'une laide et volage bergère, la guenuche. Après avoir été trompé, le perroquet tomba dans le désespoir et fut transformé en perroquet. La guenuche, punie pour son hypocrisie, fut transformée en guenuche. Les deux animaux vécurent ensuite dans les solitudes et les forêts avant d'être capturés et emmenés au Portugal, puis en France. L'auteur les destine à la demoiselle, espérant qu'ils pourront lui parler d'amour et la charmer par leurs danses et leurs grimaces.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
3
p. 303-306
LA CORNEILLE DÉPLUMÉE. FABLE.
Début :
Une Corneille ambitieuse, [...]
Mots clefs :
Corneille, Amour, Paon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA CORNEILLE DÉPLUMÉE. FABLE.
LACORNEILLE
omDE'PLUMEE
257 TO 15HISVEITSHMUSY
jup , mom pABLENG UD 157 .
UNe Corneille ambitieuſe,
Et qui mefloit à fon ambition
Un autre dangereux poifonos fo
Car elle effoit fort amoureufe
D'un jeune Paon qu'elle trouvoitfort
-161 beau,
- Mais qui par un malheurpour elle,
SysNe la trouvoit point du tont belle.
Geraccident n'eft pas nouveauss ser
L'Amour est un petit Barbare,
Qui par caprice unit, fepare,
Et de deux coeurs bleffe , dit- on,
L'un d'une Fleche d'or, l'autre d'une dé
plomb .
Noftre pauvre Corneille eftoit donc bien à
plaindre,
D'avoirpour lagrandeur unfot enteftement,
304
Extraordinaire
Et de pouvoir justement craindre
D'aimerfort inutilement.
Unfeul de ces deux maux feroit tourner
la tefte;
Auffi la malheureuſe Befte,
Pourvouloir s'agrandir, & pour vouloir
aimer,
Sentoit des maux qu'on ne peut exprimer;
Et comme d'eftrefeulfoulage,
Ellepritfon vol un beau jour
Dans unfombre & petit Boccage,
Pourmieux refver à fon amour.
Là, pleine defoucy, chagrine, défolée,
Ellefit de chaque Arbre un defes Confidens,
Luy découvrit fesfeux ardens;
Mais apres quelques tours d'allée.
Plufieurs plumes de Paon luy frapérent les
yeux;
Cefutpour elle un trésor précieux.
Elle croit pouvoirfatisfaire
Son ambition, fon amour.
Béniffant donc cet heureuxjour,
du
Mercure Galant. 305
Et méprifantfon habit ordinaire,
Elle amaffe foigneufement
Ces plumes, & s'enfait un riche ajufte--
ment.
Apres qu'ellefe fut de laforte parée,
Et quelque temps confiderée,
Elleva fe fourrer parmy les autres Paons
Ceftoi ungrandplaisir devoir fa conte
nance. R
Tous rirent bien, comme ) êpenſe,
Sur fon plumage noir voyant tous ces
brillans
1
Mais enfin chacun d'eux, piqué de l'info-
A
lence,
al se jetta furfon pauvre
corps,
Que malgré
tousles vains efforts
L'on
accommoda
d'importance
.
On luy reprit tout l'ornement
,
Mais on lefit violemment
Et je fuis bien trompé fi jamais la Cor---
neille
S'avife defourbe pareille .
It eft plufieurs Corneilles aujourd'huy,,
2. deFanvier, 1685, Cc.
For
ordinibrati
traordin
&
Qui fe parent du bien d'autruy.
Gente Dame enbeauté pindade
veille,
Pour qui tant de Sotsfont des voeux,
Reprenez luy or fauxcheveux,
Son blanc,fon vermillon , n'eft plas qu'une
a raid twis
Corneille
.
Cet Homme en fon éclat plus orgueilleux
qu'un Paon,
940
Et dont le revenu d'un anno kat
Eeroit d'un autre la richeſſe,
Reprenez-luy ce qu'il aprise
Par violence oupar adreffe,
** *N'eftplus qu'un Gueux dans le mépris,
Ce Rimeur affamé de louange & de gloire,
Et qui, fil'on voulons
le croire,
Et le mieux fait des beaux Efprits,
Qu'on examine fes Ecrits,
De luy tout ce qu'on pourra dire,
Eft quila bien apris à lire..
omDE'PLUMEE
257 TO 15HISVEITSHMUSY
jup , mom pABLENG UD 157 .
UNe Corneille ambitieuſe,
Et qui mefloit à fon ambition
Un autre dangereux poifonos fo
Car elle effoit fort amoureufe
D'un jeune Paon qu'elle trouvoitfort
-161 beau,
- Mais qui par un malheurpour elle,
SysNe la trouvoit point du tont belle.
Geraccident n'eft pas nouveauss ser
L'Amour est un petit Barbare,
Qui par caprice unit, fepare,
Et de deux coeurs bleffe , dit- on,
L'un d'une Fleche d'or, l'autre d'une dé
plomb .
Noftre pauvre Corneille eftoit donc bien à
plaindre,
D'avoirpour lagrandeur unfot enteftement,
304
Extraordinaire
Et de pouvoir justement craindre
D'aimerfort inutilement.
Unfeul de ces deux maux feroit tourner
la tefte;
Auffi la malheureuſe Befte,
Pourvouloir s'agrandir, & pour vouloir
aimer,
Sentoit des maux qu'on ne peut exprimer;
Et comme d'eftrefeulfoulage,
Ellepritfon vol un beau jour
Dans unfombre & petit Boccage,
Pourmieux refver à fon amour.
Là, pleine defoucy, chagrine, défolée,
Ellefit de chaque Arbre un defes Confidens,
Luy découvrit fesfeux ardens;
Mais apres quelques tours d'allée.
Plufieurs plumes de Paon luy frapérent les
yeux;
Cefutpour elle un trésor précieux.
Elle croit pouvoirfatisfaire
Son ambition, fon amour.
Béniffant donc cet heureuxjour,
du
Mercure Galant. 305
Et méprifantfon habit ordinaire,
Elle amaffe foigneufement
Ces plumes, & s'enfait un riche ajufte--
ment.
Apres qu'ellefe fut de laforte parée,
Et quelque temps confiderée,
Elleva fe fourrer parmy les autres Paons
Ceftoi ungrandplaisir devoir fa conte
nance. R
Tous rirent bien, comme ) êpenſe,
Sur fon plumage noir voyant tous ces
brillans
1
Mais enfin chacun d'eux, piqué de l'info-
A
lence,
al se jetta furfon pauvre
corps,
Que malgré
tousles vains efforts
L'on
accommoda
d'importance
.
On luy reprit tout l'ornement
,
Mais on lefit violemment
Et je fuis bien trompé fi jamais la Cor---
neille
S'avife defourbe pareille .
It eft plufieurs Corneilles aujourd'huy,,
2. deFanvier, 1685, Cc.
For
ordinibrati
traordin
&
Qui fe parent du bien d'autruy.
Gente Dame enbeauté pindade
veille,
Pour qui tant de Sotsfont des voeux,
Reprenez luy or fauxcheveux,
Son blanc,fon vermillon , n'eft plas qu'une
a raid twis
Corneille
.
Cet Homme en fon éclat plus orgueilleux
qu'un Paon,
940
Et dont le revenu d'un anno kat
Eeroit d'un autre la richeſſe,
Reprenez-luy ce qu'il aprise
Par violence oupar adreffe,
** *N'eftplus qu'un Gueux dans le mépris,
Ce Rimeur affamé de louange & de gloire,
Et qui, fil'on voulons
le croire,
Et le mieux fait des beaux Efprits,
Qu'on examine fes Ecrits,
De luy tout ce qu'on pourra dire,
Eft quila bien apris à lire..
Fermer
Résumé : LA CORNEILLE DÉPLUMÉE. FABLE.
Le texte relate l'histoire d'une corneille amoureuse d'un jeune paon qui ne la trouve pas belle. L'amour est décrit comme un barbare capricieux qui unit et sépare les cœurs. Tourmentée par son amour non réciproque et son désir de grandeur, la corneille vole des plumes de paon pour se parer et se rendre plus belle. Elle se joint aux paons, mais ceux-ci, offensés par son audace, l'attaquent et lui arrachent les plumes. Le texte se conclut par une morale sur les dangers de l'ambition et de l'imitation, comparant les corneilles modernes à des individus qui se parent du bien d'autrui. Il critique également ceux qui s'enrichissent aux dépens des autres et les flatteurs qui recherchent la louange et la gloire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
4
p. 121-130
LE LOUP, LE RENARD, ET LA MULE. FABLE.
Début :
Je vous envoye une Fable que vous trouverez aussi finement / Helas, que n'ay-je encor mon heureuse ignorance ! [...]
Mots clefs :
Loup, Renard, Mule, Ignorance, Instruit, Hasard, Ennui
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE LOUP, LE RENARD, ET LA MULE. FABLE.
Je vous envoye une Fable
que vous trouverez auffi finement
tournée que toutes
les autres que vous avez déja
leuës de M' de la Barre de
Tours. Vous me mandiez
qu'il vous ennuyoit de ne plus
rien voir de luy , & heureuſement
j'ay dequoy vous fatisfaire.
[ Fevrier 1685.
L
122 MERCURE
5252525252525252
LE LOUP,
LE RENARD,
ET LA MULE.
FABLE .
HElas, que n'ay-je encor mon
heureuse ignorance!
Qu'il m'eftfâcheux, Iris , d'eftre trop
bien inftruit!
Je vous aimois ,&j'avois l'espérance
Que par devoir oupar reconnoif-
Sance
Vous me feriez goûter le fruit
Que méritoient mesfeux, mesfoins
& ma conftance;
Mais aujourd'huy mon espoir eft
détruit,
GALANT. 123
Et par ce que vous m'avez dit
F'ay connu vostre coeur &fon indiférence.
`Hélas, que n'ay-je encor mon heureuſe
ignorance!
Qu'ilm'eftfâcheux, Iris, d'eftre trop
bien inftruit!
$2
Mon Rival a parfon abſence
Evité la trifle Sentence,
Qui le pouvoit réduire où me voila
réduit.
Il n'est pas plus aimé, j'y vois de l'aparence;
Maisfon malheur n'estpoint en évidence.
Fene goûteray plus l'espoir dont il
jouit:
Ah, trop malheureufefcience!
Voyez l'ennuy cruel que vous avez
produit.
Lij
124 MERCURE
Hélas que n'ay-je encor mon heureuſe
ignorance!
Qu'ilm'estfacheux, Iris , d'eftre trop
bien inftruit!
Sa
Ainfiparloit un pauvre Diable,
Trop curieux pourfon malheur,
Qui voulant lire au fond du coeur
D'une jeune Beauté qui n'étoit pas
traitable,
cc que le Loup
va voir dans
r vit ce
cette Fable.
25
Sire le Loup & Sire le Renard,
Animaux exerçans par tout la tyrannie
Se rencontrerent par hazard,
Tous deux ne cherchant point mauvaife
compagnie,
Nefe plaifantpas moins , qu'avec plus
méchans qu'eux;
GALANT. 125
Enfin donc, par hazard, s'étant trouvez
tous deux.
Apres quelque ceremonie,
Comme il convient à Gensfçachans
leur pain manger
.
Ils font un petit tour de promenade
enfemble.
Ilfautfçavoir comme un Berger,
A leur affecttousfes Moutons r'af-
Jemble,
Et comme tout Mananpour Volatille
tremble,
Renard & Loup, par tout conduisant
le
danger.
Ils marcherent parlant du beau icmps, ›
de la pluye,
Car Couple qui ne s'aime
Et qu'aucun commerce ne lie,
pas,
A des narrez bien longs trouvefort
peu d'appas..
Pour animer leur tefte- à- tefte,;
L
iij
126 MERCURE
3
Que n'ont- ils quelque Tiers ?un Tiers
eft un fecours,
Quifert beaucoup,lors que le Couple
eftbefte:
De cecy nous voyons lapreuve tous les
jours.
Ce Tiers à point nomméparut dans
un palage
Grave & penfif, mais qui n'étoit
pointfot,
Rouge de poil , de moyen Age,
C'eficit une Mule , en un mot.
Nos deux Meffieurs y viennent tout
en nage,
Pour accourir ils avoient pris le
trot.
Eftant un peu remis , le Loupfit la
Harangue
,
Mais, comme vousfçavez, il a mauvaife
langue,
Et ne pût pas perfuader
GALANT. 127
La Mule à découvrir comment elle
s'apelle.
Sire Renard, s'aproche plusprés d'elle ,
Afin de mieux luy demander
Ses qualités,fen nom, &fanaiffance ,
Car, ny le Loup , ny luy , n'eurent,
dit- il,jamais,
Ny l'honneur de la voir , ny de fa
connoiffance.
Avouray- je mon ignorance,
Dit la Mule ? excufez l'aveu queje
vous fais,
( Il est un peu d'une Pecore ).
Foy d'Animal d'honneur , je ne
fçay pas mon nom.
Bon , c'eft railler, dit le Loup.
Non,
Non, repartit la Mule, il eft vray,
je l'ignore,
Mes Parens, pour raiſon , ne me
l'ont point appris.
Liiij
128 MERCURE
D'un teldifcours nos Gens eftant
Surpris,
Tousdeux s'obtinerent encore
A la preffer àqui mieux mieux;
Mais la Mule en fçavoit plus
Roux.
Qui de vous deux fçait le
mieux lire,
Leur dit- elle?Le Loup luy dit d'abord,
c'eft moy.
Le Renard ne dit rien, voulantfça.
voir pourquoy
Se fait cette demande. A mon pied
de derriere ,
Dit la Mule , mon nom est écrit ,
lifez donc .
Qii , moy , dit le Renard ? lireje
ne fçûs onc ,
Difant ces mots , il tourna le der-
-riere.
Je lis comme un Doccur , Oh,
montrez , dit le Loup .
GALANT. 129
La Mule en luy montrant , vous luy
lache un grand coup
Defon Fer à crampons au milieu du
vifage,
Et de ce coup ilfut étendu roide
mort.
Tant pis pour vous , Signor
Dottor,
Dit le Renard ,fuyant fans parler,
davantage.
$2
Or fus , lequel est le plusfage
A voftre avis , de ces deux Animaux?
Je tiens pour le Renard , & pourfon.
ignorance,
Une fachenfe experience ,
Nous faifant voir , que fi par la
fcience
de bien, il vient beau-
Il vient un peu de bien,
coup de maux.
130 MERCURE
A propos de cette Fable,
vous ferez bien aife d'aprendre
que le S Blageart en doit
debiter un Recueil au commencement
du mois prochain
, fous le Tître de Fables
Nouvelles
. Je ne vous
puis dire qui en eft l'Autheur.
Je fçay feulement que plufieurs
Perfonnes d'efprit qui
les ont veuës , les eftiment
fort , & difent en les loüant,
que l'Illuftre M ' de la Fontaine
qui a pouffé ſi loin ce
genre d'écrire , les lira luymefme
avec plaifir .
que vous trouverez auffi finement
tournée que toutes
les autres que vous avez déja
leuës de M' de la Barre de
Tours. Vous me mandiez
qu'il vous ennuyoit de ne plus
rien voir de luy , & heureuſement
j'ay dequoy vous fatisfaire.
[ Fevrier 1685.
L
122 MERCURE
5252525252525252
LE LOUP,
LE RENARD,
ET LA MULE.
FABLE .
HElas, que n'ay-je encor mon
heureuse ignorance!
Qu'il m'eftfâcheux, Iris , d'eftre trop
bien inftruit!
Je vous aimois ,&j'avois l'espérance
Que par devoir oupar reconnoif-
Sance
Vous me feriez goûter le fruit
Que méritoient mesfeux, mesfoins
& ma conftance;
Mais aujourd'huy mon espoir eft
détruit,
GALANT. 123
Et par ce que vous m'avez dit
F'ay connu vostre coeur &fon indiférence.
`Hélas, que n'ay-je encor mon heureuſe
ignorance!
Qu'ilm'eftfâcheux, Iris, d'eftre trop
bien inftruit!
$2
Mon Rival a parfon abſence
Evité la trifle Sentence,
Qui le pouvoit réduire où me voila
réduit.
Il n'est pas plus aimé, j'y vois de l'aparence;
Maisfon malheur n'estpoint en évidence.
Fene goûteray plus l'espoir dont il
jouit:
Ah, trop malheureufefcience!
Voyez l'ennuy cruel que vous avez
produit.
Lij
124 MERCURE
Hélas que n'ay-je encor mon heureuſe
ignorance!
Qu'ilm'estfacheux, Iris , d'eftre trop
bien inftruit!
Sa
Ainfiparloit un pauvre Diable,
Trop curieux pourfon malheur,
Qui voulant lire au fond du coeur
D'une jeune Beauté qui n'étoit pas
traitable,
cc que le Loup
va voir dans
r vit ce
cette Fable.
25
Sire le Loup & Sire le Renard,
Animaux exerçans par tout la tyrannie
Se rencontrerent par hazard,
Tous deux ne cherchant point mauvaife
compagnie,
Nefe plaifantpas moins , qu'avec plus
méchans qu'eux;
GALANT. 125
Enfin donc, par hazard, s'étant trouvez
tous deux.
Apres quelque ceremonie,
Comme il convient à Gensfçachans
leur pain manger
.
Ils font un petit tour de promenade
enfemble.
Ilfautfçavoir comme un Berger,
A leur affecttousfes Moutons r'af-
Jemble,
Et comme tout Mananpour Volatille
tremble,
Renard & Loup, par tout conduisant
le
danger.
Ils marcherent parlant du beau icmps, ›
de la pluye,
Car Couple qui ne s'aime
Et qu'aucun commerce ne lie,
pas,
A des narrez bien longs trouvefort
peu d'appas..
Pour animer leur tefte- à- tefte,;
L
iij
126 MERCURE
3
Que n'ont- ils quelque Tiers ?un Tiers
eft un fecours,
Quifert beaucoup,lors que le Couple
eftbefte:
De cecy nous voyons lapreuve tous les
jours.
Ce Tiers à point nomméparut dans
un palage
Grave & penfif, mais qui n'étoit
pointfot,
Rouge de poil , de moyen Age,
C'eficit une Mule , en un mot.
Nos deux Meffieurs y viennent tout
en nage,
Pour accourir ils avoient pris le
trot.
Eftant un peu remis , le Loupfit la
Harangue
,
Mais, comme vousfçavez, il a mauvaife
langue,
Et ne pût pas perfuader
GALANT. 127
La Mule à découvrir comment elle
s'apelle.
Sire Renard, s'aproche plusprés d'elle ,
Afin de mieux luy demander
Ses qualités,fen nom, &fanaiffance ,
Car, ny le Loup , ny luy , n'eurent,
dit- il,jamais,
Ny l'honneur de la voir , ny de fa
connoiffance.
Avouray- je mon ignorance,
Dit la Mule ? excufez l'aveu queje
vous fais,
( Il est un peu d'une Pecore ).
Foy d'Animal d'honneur , je ne
fçay pas mon nom.
Bon , c'eft railler, dit le Loup.
Non,
Non, repartit la Mule, il eft vray,
je l'ignore,
Mes Parens, pour raiſon , ne me
l'ont point appris.
Liiij
128 MERCURE
D'un teldifcours nos Gens eftant
Surpris,
Tousdeux s'obtinerent encore
A la preffer àqui mieux mieux;
Mais la Mule en fçavoit plus
Roux.
Qui de vous deux fçait le
mieux lire,
Leur dit- elle?Le Loup luy dit d'abord,
c'eft moy.
Le Renard ne dit rien, voulantfça.
voir pourquoy
Se fait cette demande. A mon pied
de derriere ,
Dit la Mule , mon nom est écrit ,
lifez donc .
Qii , moy , dit le Renard ? lireje
ne fçûs onc ,
Difant ces mots , il tourna le der-
-riere.
Je lis comme un Doccur , Oh,
montrez , dit le Loup .
GALANT. 129
La Mule en luy montrant , vous luy
lache un grand coup
Defon Fer à crampons au milieu du
vifage,
Et de ce coup ilfut étendu roide
mort.
Tant pis pour vous , Signor
Dottor,
Dit le Renard ,fuyant fans parler,
davantage.
$2
Or fus , lequel est le plusfage
A voftre avis , de ces deux Animaux?
Je tiens pour le Renard , & pourfon.
ignorance,
Une fachenfe experience ,
Nous faifant voir , que fi par la
fcience
de bien, il vient beau-
Il vient un peu de bien,
coup de maux.
130 MERCURE
A propos de cette Fable,
vous ferez bien aife d'aprendre
que le S Blageart en doit
debiter un Recueil au commencement
du mois prochain
, fous le Tître de Fables
Nouvelles
. Je ne vous
puis dire qui en eft l'Autheur.
Je fçay feulement que plufieurs
Perfonnes d'efprit qui
les ont veuës , les eftiment
fort , & difent en les loüant,
que l'Illuftre M ' de la Fontaine
qui a pouffé ſi loin ce
genre d'écrire , les lira luymefme
avec plaifir .
Fermer
Résumé : LE LOUP, LE RENARD, ET LA MULE. FABLE.
La lettre, datée de février 1685, accompagne une fable intitulée 'Le Loup, le Renard et la Mule'. L'expéditeur répond à une demande de son destinataire, qui s'ennuyait de ne plus recevoir de nouvelles de M. de la Barre de Tours. La fable narre la rencontre fortuite entre un loup et un renard, deux animaux tyranniques, qui se promènent ensemble par ennui. Ils croisent une mule qui ignore son propre nom. Le loup et le renard tentent de découvrir ce nom. La mule les défie de lire son nom écrit sur son pied arrière. Le loup accepte et se fait frapper par le fer à crampons de la mule, ce qui le tue. Le renard, plus prudent, refuse et s'enfuit. La morale de la fable suggère que la prudence et l'ignorance peuvent parfois éviter des maux. La lettre mentionne également qu'un certain S. Blageart publiera prochainement un recueil de fables nouvelles, appréciées par plusieurs personnes d'esprit, et que même l'illustre M. de la Fontaine les lirait avec plaisir.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
5
p. 68-74
LES ARBRES CHOISIS PAR LES DEUX. FABLE.
Début :
Parmy les Fables nouvelles que le Sieur Blageart debite, & / Tout ce qui reluit n'est pas or, [...]
Mots clefs :
Arbres, Prudence, Fruits, Fleurs, Automne, Cieux, Univers, Plantes, Enfants, Minerve
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES ARBRES CHOISIS PAR LES DEUX. FABLE.
Parmy les Fables nouvel
les que le Sieur Blageart debite
, & qui ſont ſi eſtimées
du Public , il y en a une qui
porte pour titre , Les Arbres
choifis par les Dieux. M' de la
Barre de Tours a mis en Vers
cette même Fable. Je vous
GALANT. 69
l'envoye.Vous ferez ſans doute
bien aiſe de voir comment
deux Autheurs , qui ont tous
deux beaucoup de talent à
bien conter , auront traité la
meſme matiere.
Szsssess S2552 SSS
LES ARBRES
CHOISIS PAR LES DIEUX.
FABLE.
Tout ce qui veluit n'estpas or, 2
C'est une verité dont on tombe d'accord.
Si vous voulez avec prudences
70 MERCURE
Fugerd'un objettel qu'il eſt's
Regardez s'il est bon ,Sans trop voir
s'il vous plaiſt,
Etne voustrompez pas àlasimple apparence.
Confiderez levray , ne pensez point
au beau,
Au plaisant préferez l'utile,
Lesfruits aux fleurs, lefecond au
Sterile,
LeSolide au brillant , l'Automne au
Renouveau.
Sima Morale eft veritable,
Fen croy le sens commun , j'en croy
mesme.la Fable..
52
Un jour Jupin &tous les autres
Dicux,
Dans la grande SaledesCicux,
Tinrent le divin Conſiſtoire...
Ony traita milleſujets divers
GALANT. 71
Qui concernoient la Police & la
gloire
De ce vaste Univers .
Quand on parlades Arbres& des
Plantes,
Et de leurs Ames vegetantes,
Onfit , dans ce Conseil d'Etat,
De creux raisonnemens , car fur chas
quemiftere
Comme l'on peutjuger , les Dieux en
Sçaventfaire,
Mais creux ou non , voicy le réful.
tat.
Sçavoir, que chacun d'eux fist un
choix volontaire
De l' Arbre qui pourroit luy plaire,
Pour ensuitele proteger,
Etle garderde tout danger,
Comme dufeu du Ciel , des Vents,
des Orages,
Des Eaux, des longs Hyvers , & des
autresravages
72 MERCURE
Le Chesne fur ce pied futchoisi par
Fupin,
Cibelle aprés luy prit le Pin,
Apollon le Dieu de la Live
Pour certaines raisons , s'appliqua le
Laurier,
Hercule le haut Peuplier,
Dame Cypris quifait que d'amouron
Soupire
Prit avec ſon Enfant les Myrthes
amoureuх:
Enfin , àqui pis pis , &non àqui
mieux mieux
Chacun choisit àboulle- veuë.
Minerve dont au Ciel laſageſſe eft
connue,
S'écria d'un air furieux
Non , je ne puis fouffrir une telle
béveuë
Voſtre Conſeil a la berluë,
Et voſtre choixeſt indigne des
Dieux. Pren
F
GALANT. 73
Prendre des Plantes inutiles,
Arbres ſans rapport, infertiles,
Etpropres à jetter au feu .
Pins & Lauriers, Peupliers,Myr.
thes , Cheſnes,
Ne font - ce pas des Plantes
vaines?
Pourquoy donc les choiſir ? Arreſtez-
vous un peu
Ma fille, dit fupin, ſçachez noſtre
penſée.
Noſtre protection ſembloit intéreffée
En la donnant aux Arbres portant
fruits ;
Nous ne voulons rien davantage
Que l'écorce & que le feüilla.
ge;
Il eſt des Dieux puiſſans de proteger
gratis.
Avril 1685. G
24. MERCURE
C'eſt pouffer un peu loin voſtre
délicateſſe,
Dit Minerve , je fais confifter ma
fagefle
A faire un choix qu'approuve la
raifon:
J'ay choiſi l'Olivier,j'en trouve le
fruitbon ,
Le feüillage m'en plaift ..... Que
Minerve eſt aimable !
Interrompit Jupin en l'embras-
Sant
Ouy , ma fille , c'eſt peu que d'aimer
le plaiſant
Joignons pour eſtre heureux l'utile
à l'agréable.
les que le Sieur Blageart debite
, & qui ſont ſi eſtimées
du Public , il y en a une qui
porte pour titre , Les Arbres
choifis par les Dieux. M' de la
Barre de Tours a mis en Vers
cette même Fable. Je vous
GALANT. 69
l'envoye.Vous ferez ſans doute
bien aiſe de voir comment
deux Autheurs , qui ont tous
deux beaucoup de talent à
bien conter , auront traité la
meſme matiere.
Szsssess S2552 SSS
LES ARBRES
CHOISIS PAR LES DIEUX.
FABLE.
Tout ce qui veluit n'estpas or, 2
C'est une verité dont on tombe d'accord.
Si vous voulez avec prudences
70 MERCURE
Fugerd'un objettel qu'il eſt's
Regardez s'il est bon ,Sans trop voir
s'il vous plaiſt,
Etne voustrompez pas àlasimple apparence.
Confiderez levray , ne pensez point
au beau,
Au plaisant préferez l'utile,
Lesfruits aux fleurs, lefecond au
Sterile,
LeSolide au brillant , l'Automne au
Renouveau.
Sima Morale eft veritable,
Fen croy le sens commun , j'en croy
mesme.la Fable..
52
Un jour Jupin &tous les autres
Dicux,
Dans la grande SaledesCicux,
Tinrent le divin Conſiſtoire...
Ony traita milleſujets divers
GALANT. 71
Qui concernoient la Police & la
gloire
De ce vaste Univers .
Quand on parlades Arbres& des
Plantes,
Et de leurs Ames vegetantes,
Onfit , dans ce Conseil d'Etat,
De creux raisonnemens , car fur chas
quemiftere
Comme l'on peutjuger , les Dieux en
Sçaventfaire,
Mais creux ou non , voicy le réful.
tat.
Sçavoir, que chacun d'eux fist un
choix volontaire
De l' Arbre qui pourroit luy plaire,
Pour ensuitele proteger,
Etle garderde tout danger,
Comme dufeu du Ciel , des Vents,
des Orages,
Des Eaux, des longs Hyvers , & des
autresravages
72 MERCURE
Le Chesne fur ce pied futchoisi par
Fupin,
Cibelle aprés luy prit le Pin,
Apollon le Dieu de la Live
Pour certaines raisons , s'appliqua le
Laurier,
Hercule le haut Peuplier,
Dame Cypris quifait que d'amouron
Soupire
Prit avec ſon Enfant les Myrthes
amoureuх:
Enfin , àqui pis pis , &non àqui
mieux mieux
Chacun choisit àboulle- veuë.
Minerve dont au Ciel laſageſſe eft
connue,
S'écria d'un air furieux
Non , je ne puis fouffrir une telle
béveuë
Voſtre Conſeil a la berluë,
Et voſtre choixeſt indigne des
Dieux. Pren
F
GALANT. 73
Prendre des Plantes inutiles,
Arbres ſans rapport, infertiles,
Etpropres à jetter au feu .
Pins & Lauriers, Peupliers,Myr.
thes , Cheſnes,
Ne font - ce pas des Plantes
vaines?
Pourquoy donc les choiſir ? Arreſtez-
vous un peu
Ma fille, dit fupin, ſçachez noſtre
penſée.
Noſtre protection ſembloit intéreffée
En la donnant aux Arbres portant
fruits ;
Nous ne voulons rien davantage
Que l'écorce & que le feüilla.
ge;
Il eſt des Dieux puiſſans de proteger
gratis.
Avril 1685. G
24. MERCURE
C'eſt pouffer un peu loin voſtre
délicateſſe,
Dit Minerve , je fais confifter ma
fagefle
A faire un choix qu'approuve la
raifon:
J'ay choiſi l'Olivier,j'en trouve le
fruitbon ,
Le feüillage m'en plaift ..... Que
Minerve eſt aimable !
Interrompit Jupin en l'embras-
Sant
Ouy , ma fille , c'eſt peu que d'aimer
le plaiſant
Joignons pour eſtre heureux l'utile
à l'agréable.
Fermer
Résumé : LES ARBRES CHOISIS PAR LES DEUX. FABLE.
Le texte présente la fable 'Les Arbres choisis par les Dieux' et sa mise en vers par M. de la Barre de Tours. Cette fable illustre la sagesse de choisir avec prudence et discernement, en privilégiant l'utile au plaisant. Elle relate une assemblée des dieux où chacun choisit un arbre à protéger. Jupiter opte pour le chêne, Cybèle pour le pin, Apollon pour le laurier, Hercule pour le peuplier, et Vénus pour les myrtes. Minerve, déçue par ces choix, critique les dieux pour avoir sélectionné des arbres inutiles. Jupiter explique que leur protection vise à préserver l'écorce et le feuillage, sans chercher de fruits. Minerve, insistant sur la raison, choisit l'olivier pour son fruit et son feuillage agréable. Jupiter approuve ce choix, soulignant l'importance de joindre l'utile à l'agréable.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
6
p. 182-187
LE COQ D'INDE DÉPLUMÉ. FABLE.
Début :
L'Envie est un grand defaut, & il n'y a rien de plus / Un jour les Oyseaux de nos Bois [...]
Mots clefs :
Envie, Défauts, Oiseaux, Voix, Chanter, Air, Rossignol, Victoire, Corbeau, Coq d'Inde, Prix, Coeur, Honneur, Beauté, Estime
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE COQ D'INDE DÉPLUMÉ. FABLE.
L'Envie eſt un grand defaut
, & il n'y a rien de plus
dangereux que de l'écouter.
La Fable qui fuit nous le fait
aſſez connoiſtre .
GALANT. 183
25522-5252552-2555
LE COQ D'INDE
DEPLUME' .
FABLE.
Njourles Oyseauxdenos
Bois
Diſputerent entr'eux de la plus belle
voix.
Ils'agiffoit d'acquerir de l'eſtime ;
On déterminal' Airque l'on devoit
chanter.
C'estoit unAir grand &fublime ,
On vintde toutes parts àdeſſein d'écouter,
Etpourjugerde cette Affaire.
Un Chardonnet d'abordyparutfur
1
lesvangs,
(
184 MERCURE
Maissa voix estoitsi vulgaire,
Quenonobstantſes Partisans,
Ellen'eutpas ledonde plaire.
Un Reffignolfurvient, mais un des
plusfçavans,
Etd'une voix auffi douce quefortes
Ses tonsſemblentfi beaux,sijustes,
Sitouchans,
Que de cent Piques il l'emporte,
Etmesme de l'aveu des autres Prétendans
Chacun luy donne la victoire.
Ilest vray qu'un Corbeau voulutternirsa
gloire;
Mais malgré ses croaſſemens,
On rendit justice au mérite.
Luy, par une prudente & modefte
conduite,
Auffi-tostse casha, de peur des Complimens.
La Diſpute estoit doncfinie,
GALANT. 185
1
Lors qu'un vicux Poulet d'Inde, émû
dejalousie,
Ofa bien la recommencer....
Quelques Poulettesfes Voisines,
Sans eſprit,fansbon goust, inquiettes,..
chagrines,
A cela le vinrent pouffer...
Adisputer le Prix fortement il s'en
gages
CeChantre du dernier étage,
Qui n'avoit jamais dit que pi, pi,
pia,pia,
Du Vainqueur hardiment condamna
le ramages
LeRoffignolleſceut,&peu s'enfoucia..
Afon aise il luy laiſſa dire
Tout ce qu'il avoit fur le coear.
Le Coq d'Inde, au lien de lay nuive,
Nelayfit qu'un fort grand hon-.
neur. 33
CetOyseau népour la Cuisine
Avril 1685.
186 MERCURE
Nepouvoit, diſoit il,fouffrirces rou
lemens,
Ces fredons redoublez, & ces faux
agrémens
Qui nesefont que parroutine.
Ilaimoit dans le Chant cettefimpli
cité
Qui n'a rienqui ſoit affecté.
Ses plaintespar tout retentiſſent;
Ases raisons d'abord les Oyfons
applaudiſſent.
On fait donc affembler les Oyfeaux
d'alentour,
Pourjuger de la Voix charmante.
Ilvintdes Epreviers, avec quelque
Vautour,
Gensſujets àla paraquante. )
Mesme on invita des Coucous
Des Chauveſouris, des Hibous,
Pourrendre la Troupe nombreuse.
En leurpréſence enfin le Coqd' Inde
chanta,
GALANT. 187
Etfa voix leur parut fi rude &fi piteuse
Qu'en un moment chacun d'eux
secanta
Cependant noftre Chantre estoittout
horsd'haleine,..
1
Lors qu'un grandEprevierde couroux:
s'enflama,
Sautafur luy, le dépluma,
Pour luy faire payer la peine.
Ainsi l'on voit deſottes Gens ,
Enteſtez de leur propre eftime,.
Qui ,foiten Profe,foit en Rime,
Veulent qu'on rie à leurs dépens..
, & il n'y a rien de plus
dangereux que de l'écouter.
La Fable qui fuit nous le fait
aſſez connoiſtre .
GALANT. 183
25522-5252552-2555
LE COQ D'INDE
DEPLUME' .
FABLE.
Njourles Oyseauxdenos
Bois
Diſputerent entr'eux de la plus belle
voix.
Ils'agiffoit d'acquerir de l'eſtime ;
On déterminal' Airque l'on devoit
chanter.
C'estoit unAir grand &fublime ,
On vintde toutes parts àdeſſein d'écouter,
Etpourjugerde cette Affaire.
Un Chardonnet d'abordyparutfur
1
lesvangs,
(
184 MERCURE
Maissa voix estoitsi vulgaire,
Quenonobstantſes Partisans,
Ellen'eutpas ledonde plaire.
Un Reffignolfurvient, mais un des
plusfçavans,
Etd'une voix auffi douce quefortes
Ses tonsſemblentfi beaux,sijustes,
Sitouchans,
Que de cent Piques il l'emporte,
Etmesme de l'aveu des autres Prétendans
Chacun luy donne la victoire.
Ilest vray qu'un Corbeau voulutternirsa
gloire;
Mais malgré ses croaſſemens,
On rendit justice au mérite.
Luy, par une prudente & modefte
conduite,
Auffi-tostse casha, de peur des Complimens.
La Diſpute estoit doncfinie,
GALANT. 185
1
Lors qu'un vicux Poulet d'Inde, émû
dejalousie,
Ofa bien la recommencer....
Quelques Poulettesfes Voisines,
Sans eſprit,fansbon goust, inquiettes,..
chagrines,
A cela le vinrent pouffer...
Adisputer le Prix fortement il s'en
gages
CeChantre du dernier étage,
Qui n'avoit jamais dit que pi, pi,
pia,pia,
Du Vainqueur hardiment condamna
le ramages
LeRoffignolleſceut,&peu s'enfoucia..
Afon aise il luy laiſſa dire
Tout ce qu'il avoit fur le coear.
Le Coq d'Inde, au lien de lay nuive,
Nelayfit qu'un fort grand hon-.
neur. 33
CetOyseau népour la Cuisine
Avril 1685.
186 MERCURE
Nepouvoit, diſoit il,fouffrirces rou
lemens,
Ces fredons redoublez, & ces faux
agrémens
Qui nesefont que parroutine.
Ilaimoit dans le Chant cettefimpli
cité
Qui n'a rienqui ſoit affecté.
Ses plaintespar tout retentiſſent;
Ases raisons d'abord les Oyfons
applaudiſſent.
On fait donc affembler les Oyfeaux
d'alentour,
Pourjuger de la Voix charmante.
Ilvintdes Epreviers, avec quelque
Vautour,
Gensſujets àla paraquante. )
Mesme on invita des Coucous
Des Chauveſouris, des Hibous,
Pourrendre la Troupe nombreuse.
En leurpréſence enfin le Coqd' Inde
chanta,
GALANT. 187
Etfa voix leur parut fi rude &fi piteuse
Qu'en un moment chacun d'eux
secanta
Cependant noftre Chantre estoittout
horsd'haleine,..
1
Lors qu'un grandEprevierde couroux:
s'enflama,
Sautafur luy, le dépluma,
Pour luy faire payer la peine.
Ainsi l'on voit deſottes Gens ,
Enteſtez de leur propre eftime,.
Qui ,foiten Profe,foit en Rime,
Veulent qu'on rie à leurs dépens..
Fermer
7
p. 31-34
L'HONNEUR. FABLE. Par Monsieur De F**
Début :
Dans l'âge d'or que l'on nous vante tant, [...]
Mots clefs :
Honneur, Règne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'HONNEUR. FABLE. Par Monsieur De F**
L'HONNEUR
(.FA BLE.
ParMonsieurDeF**
Danstâged'orquel'on
nousvantetant,
Où l'on vivoitsans loix
1- '(J/fanJ CJntrainte
9 On croit quAmour eut
un regne éclatant:
C'eji une erreur9 issutsi
peu content
Qj£aJupiterilporta cette
plainte.
J'ajdes Sujetsj mais ils
fonttropfournis,
Dit-il) je regne,&je
riaypointdegloires
J'aimerois mieux dompter
des ennemis9
Je ne veuxplus d'Empirefans
ruiEfoire.
Ace difeoursJupinrenjt
&produit
L'aufiereHonneur, epouruenfail
des Belles,
Rivald'Amour, & Chef
defisRebelles.
Qui peut beaucoup avec
un peu de bruit.
L'Enfantmutin le con-
Jfidereenfacey
De près, de loin, (5puis.
sassant unfaut,
Pere des Dieux,dit-il,
jete rendsgrâcey
Tu m'as faitla le Adonfî
tre qu'ilmefaut:
ENVOY.
Fiere Beauté, vous que
riennesurmontet
Je ne dis pas, vous vous
rendrez, un jour;
Mais après tout, ceci
nestpointun Conte)
LHonneurfutfait pour thonneurde tjimour*
(.FA BLE.
ParMonsieurDeF**
Danstâged'orquel'on
nousvantetant,
Où l'on vivoitsans loix
1- '(J/fanJ CJntrainte
9 On croit quAmour eut
un regne éclatant:
C'eji une erreur9 issutsi
peu content
Qj£aJupiterilporta cette
plainte.
J'ajdes Sujetsj mais ils
fonttropfournis,
Dit-il) je regne,&je
riaypointdegloires
J'aimerois mieux dompter
des ennemis9
Je ne veuxplus d'Empirefans
ruiEfoire.
Ace difeoursJupinrenjt
&produit
L'aufiereHonneur, epouruenfail
des Belles,
Rivald'Amour, & Chef
defisRebelles.
Qui peut beaucoup avec
un peu de bruit.
L'Enfantmutin le con-
Jfidereenfacey
De près, de loin, (5puis.
sassant unfaut,
Pere des Dieux,dit-il,
jete rendsgrâcey
Tu m'as faitla le Adonfî
tre qu'ilmefaut:
ENVOY.
Fiere Beauté, vous que
riennesurmontet
Je ne dis pas, vous vous
rendrez, un jour;
Mais après tout, ceci
nestpointun Conte)
LHonneurfutfait pour thonneurde tjimour*
Fermer
Résumé : L'HONNEUR. FABLE. Par Monsieur De F**
Le texte 'L'HONNEUR' de Monsieur De F** traite de la relation entre l'Amour et l'Honneur. Jupiter, lassé de son règne sans défi, crée l'Honneur comme rival de l'Amour. L'Honneur, symbolisé par un Enfant mutin, remercie Jupiter pour sa force. Le poème se conclut par une adresse à une 'Fiere Beauté', soulignant que l'Honneur a été créé pour l'honneur de l'Amour.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
8
p. 49-53
LE VIEIL OYSEAU. Fable.
Début :
Un vieux Rossignol de ce bois [...]
Mots clefs :
Oiseau, Cocuage, Mariage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE VIEIL OYSEAU. Fable.
LE VIEIL OYSEAU.
FABLE.
UNvieux Roffignol de
ce bois
Laiffa femmejeune & fringante :
Auffitôt d'amans plus de
trente ,
Et chacun d'étaler fa voix ,
On ne vit onc mufique fi
charmante.
Pas un ne plut pourtant,c'étoient oyfeaux de Cour,
Juin 1712 E
.
MERCURE
Leftes d'atour,
Le col beau , la plume luifante ,
Au furplus pas un fol de
rente.
La belle aimoit l'argent , &
qui n'en avoit pas
Eftoit elle fans appas. pour
Tendres regards , douces
paroles
N'y faifoient rien, il faloit
des piftoles.
Ce fut par là qu'en vint à
bouti
Un riche oyfeau de ce bocage;
Richeje dis,car c'étoir tout:
GALANT.
Durefte vieux , de noir plu
mage ,
Oyfeau d'un étrange jargon ,
Caron dit qu'il parloitGaſIl n'étoit femine un peu jolie
Dans tous nos bois ,
A quicent fois / m
Enfon patois
Il n'eût conté fon amou
reuſe envie.odi
L'affreuſe pieyo emmc0
Et la fauyette tour à tour
Avoient écouté fon amour,
Sans en avoir l'ame atten
drie. Eij
4
"
152 MERCURE
Mais enfin il plaît en ce
jour,
Et fans retour
Il fe marie :
L'affaire fe conclut, dit-on,
Avant que le printemps expire.
Tous les oyfeaux n'en font
que rire ,
Et s'en vont chantant fur
ce ton :
Quand on a l'âge
De foixante ans ,
Comme l'oyfeau du noir
plumage ,
Plus de bon temps ;
En mariage
GALANT 33
Le cocủage
N'eft pas le mal
Le plus fatal ;
Ce qu'on doit craindre da
vantage
En mariage
Quand on a l'âge
De foixante ans ,
Eft d'aller voir en peu de
remps
Le noir rivag
FABLE.
UNvieux Roffignol de
ce bois
Laiffa femmejeune & fringante :
Auffitôt d'amans plus de
trente ,
Et chacun d'étaler fa voix ,
On ne vit onc mufique fi
charmante.
Pas un ne plut pourtant,c'étoient oyfeaux de Cour,
Juin 1712 E
.
MERCURE
Leftes d'atour,
Le col beau , la plume luifante ,
Au furplus pas un fol de
rente.
La belle aimoit l'argent , &
qui n'en avoit pas
Eftoit elle fans appas. pour
Tendres regards , douces
paroles
N'y faifoient rien, il faloit
des piftoles.
Ce fut par là qu'en vint à
bouti
Un riche oyfeau de ce bocage;
Richeje dis,car c'étoir tout:
GALANT.
Durefte vieux , de noir plu
mage ,
Oyfeau d'un étrange jargon ,
Caron dit qu'il parloitGaſIl n'étoit femine un peu jolie
Dans tous nos bois ,
A quicent fois / m
Enfon patois
Il n'eût conté fon amou
reuſe envie.odi
L'affreuſe pieyo emmc0
Et la fauyette tour à tour
Avoient écouté fon amour,
Sans en avoir l'ame atten
drie. Eij
4
"
152 MERCURE
Mais enfin il plaît en ce
jour,
Et fans retour
Il fe marie :
L'affaire fe conclut, dit-on,
Avant que le printemps expire.
Tous les oyfeaux n'en font
que rire ,
Et s'en vont chantant fur
ce ton :
Quand on a l'âge
De foixante ans ,
Comme l'oyfeau du noir
plumage ,
Plus de bon temps ;
En mariage
GALANT 33
Le cocủage
N'eft pas le mal
Le plus fatal ;
Ce qu'on doit craindre da
vantage
En mariage
Quand on a l'âge
De foixante ans ,
Eft d'aller voir en peu de
remps
Le noir rivag
Fermer
Résumé : LE VIEIL OYSEAU. Fable.
La fable 'Le Vieil Oiseau' relate l'histoire d'un vieux rossignol vivant dans un bois, marié à une jeune et joyeuse épouse. De nombreux prétendants, tous des oiseaux de cour, tentent de séduire la jeune femme avec leurs chants et leurs apparences soignées, mais elle préfère l'argent. Un riche rossignol du bocage, bien que laid et parlant un langage étrange, parvient à la séduire grâce à sa richesse. Malgré les moqueries des autres oiseaux, le couple se marie avant l'arrivée du printemps. La morale de la fable est que, à un âge avancé, le cocuage n'est pas le pire mal en mariage, mais plutôt le risque de mourir rapidement après le mariage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
9
p. 115-121
FABLE addressée à Mercure.
Début :
Les bons Rois sont des Dieux les vivantes images, [...]
Mots clefs :
Fable, Mercure, Lion, Journal espagnol, Couronne d'Espagne, Guerre franco-espagnole
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : FABLE addressée à Mercure.
FABLE
addreffée à Mercure.
Les bons Rois font des Dieux
les vivantes images ,
•Kij
116 MERCURE
Et puifquefur la terre ilsfont
Jes Lieutenans,
Etats , Villes , Sujets en rendant leurs hommages.
Comme aux Divinitez leur
doivent des prefens.
Sur ce fujet , Seigneur
Mercure ,
Si vous voulez par avanture
Inftruire la Pofterité;
J'ay reduit dans ces vers , dont
vousprendrez lecture ,
Un Journal Espagnol plein
defincerité.
Quand par l'ordre du Ciel
Philippe dans l'Efpagne
GALANT. 117
Reçeut les honneurs fouverains ,
Un Lion qu'en tous lieuxfon
grand cœur accompagne ,
Lion apprivoife , Lion des
plus humains ,
Autrefois amené des deferts
Affriquains ,
Député de Léon en quitta la
Campagne
Pour offrir au Monarque une
Couronne d'or,
Que l'on porta dans le
Trefor,
D'Afie originaire, &d'antique
famille
Vint un fage Elephant, Spectacle tout nouveau,
18 MERCURE
Qui pour l'hommage de
Caftille
Sur fon dos élevé préſentoit
un Chaft au.
Ainfi pouffé de vive & noble
jaloufic
Unfier chevald'Andaloufie
Apportoit un riche harnois
Qui fervit , comme on croit , à
Xerxes autrefois.
}
Pour une pareille Ambaffade
Sortit des &Forefts de
Grenade
Un Cerf, dont chaque cor de
grenades orné
Eit voir pompeufement, Panis
malcouronnés alana
GALANT. 119
Du fidel Pays des Nobles
Afturies
En vain l'homme croyoit a
river des premiers.
( Pouvoit-il devancer de fi
legers Courriers?)
Pour orner du Palais les
longues Galleries
Par tout il voit mefl : r les lys
& les lauriers.
Il présente une toile , où la
Gloire découvre
Des Augufte Bourbons mille
& mille neveux ,
Que dans Madrid er dans
le Louvre
Adoreront un jour tant de
peuples heureux
120 MERCURE
Reünis par lafoy d'une illuſtre
alliance
Qui fera triompher & l'Ef
pagne & la France.
Le Monarque content de leur
foumiffion ,
Et des prefens offerts pour leur
reconnoiẞance ,
Leur promit fa protection ;
Sa liberté marqua fa bienveillance.
De la Catalogne à l'inftant
A tortueux replis arrive un
long Serpent,
Qui tient entre fes dents une
rofe incarnate,
Teinte
+
GALANT. 126
Teinte du beau fang de
Venus
D'une Courfine & delicate
Alors d'un vain plaifir les
yeuxfont pre-venus
Mais ,fuis loin, dit le Roys
c'eft en vainqu'on meflate:
Tu caches ton venin qui peut
faire mourir..
De charbons enflamez on deKoit te couvrir.
Retourne à Barcelonne, &
rentré en ta mafure.
Là tous font tes pareils , amis
2003 de l'imposture,
Gens plus méchants que tog
qui te ferontperir.
Octobre 1712.
addreffée à Mercure.
Les bons Rois font des Dieux
les vivantes images ,
•Kij
116 MERCURE
Et puifquefur la terre ilsfont
Jes Lieutenans,
Etats , Villes , Sujets en rendant leurs hommages.
Comme aux Divinitez leur
doivent des prefens.
Sur ce fujet , Seigneur
Mercure ,
Si vous voulez par avanture
Inftruire la Pofterité;
J'ay reduit dans ces vers , dont
vousprendrez lecture ,
Un Journal Espagnol plein
defincerité.
Quand par l'ordre du Ciel
Philippe dans l'Efpagne
GALANT. 117
Reçeut les honneurs fouverains ,
Un Lion qu'en tous lieuxfon
grand cœur accompagne ,
Lion apprivoife , Lion des
plus humains ,
Autrefois amené des deferts
Affriquains ,
Député de Léon en quitta la
Campagne
Pour offrir au Monarque une
Couronne d'or,
Que l'on porta dans le
Trefor,
D'Afie originaire, &d'antique
famille
Vint un fage Elephant, Spectacle tout nouveau,
18 MERCURE
Qui pour l'hommage de
Caftille
Sur fon dos élevé préſentoit
un Chaft au.
Ainfi pouffé de vive & noble
jaloufic
Unfier chevald'Andaloufie
Apportoit un riche harnois
Qui fervit , comme on croit , à
Xerxes autrefois.
}
Pour une pareille Ambaffade
Sortit des &Forefts de
Grenade
Un Cerf, dont chaque cor de
grenades orné
Eit voir pompeufement, Panis
malcouronnés alana
GALANT. 119
Du fidel Pays des Nobles
Afturies
En vain l'homme croyoit a
river des premiers.
( Pouvoit-il devancer de fi
legers Courriers?)
Pour orner du Palais les
longues Galleries
Par tout il voit mefl : r les lys
& les lauriers.
Il présente une toile , où la
Gloire découvre
Des Augufte Bourbons mille
& mille neveux ,
Que dans Madrid er dans
le Louvre
Adoreront un jour tant de
peuples heureux
120 MERCURE
Reünis par lafoy d'une illuſtre
alliance
Qui fera triompher & l'Ef
pagne & la France.
Le Monarque content de leur
foumiffion ,
Et des prefens offerts pour leur
reconnoiẞance ,
Leur promit fa protection ;
Sa liberté marqua fa bienveillance.
De la Catalogne à l'inftant
A tortueux replis arrive un
long Serpent,
Qui tient entre fes dents une
rofe incarnate,
Teinte
+
GALANT. 126
Teinte du beau fang de
Venus
D'une Courfine & delicate
Alors d'un vain plaifir les
yeuxfont pre-venus
Mais ,fuis loin, dit le Roys
c'eft en vainqu'on meflate:
Tu caches ton venin qui peut
faire mourir..
De charbons enflamez on deKoit te couvrir.
Retourne à Barcelonne, &
rentré en ta mafure.
Là tous font tes pareils , amis
2003 de l'imposture,
Gens plus méchants que tog
qui te ferontperir.
Octobre 1712.
Fermer
Résumé : FABLE addressée à Mercure.
Le texte, adressé à Mercure, célèbre les bons rois qui deviennent des dieux vivants et reçoivent des hommages. Il relate l'accession au trône de Philippe en Espagne, où divers animaux symboliques offrent des présents. Un lion, représentant Léon, apporte une couronne d'or. Un éléphant d'Asie, pour la Castille, présente un chast. Un cheval d'Andalousie offre un riche harnois ayant appartenu à Xerxès. Un cerf des Asturies, orné de grenades, apporte des présents pompeux. Un homme du Pays Basque offre une toile montrant la gloire des Bourbons, qui seront adorés en Espagne et en France grâce à une alliance illustre. Le roi, satisfait de ces hommages, promet sa protection et sa bienveillance. Un serpent de Catalogne, tenant une rose incarnate, est repoussé par le roi, qui le renvoie à Barcelone, le comparant à des imposteurs. Le texte se conclut en octobre 1712.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
10
p. 207-211
FABLE.
Début :
Tous les animaux faisant leur cour au Lion malade, & [...]
Mots clefs :
Lion, Renard, Fable, Loup, Vieillesse, Médisance
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : FABLE.
FABLE.
TOus les animaux faisant
leur cour au Lion malade,
ôc le Renard n'y paj-
pii&nc point, le Loup savisa
de dire au Lion que Id
,
Renard faisoit peu de cas
de lui. Dans le moment le
Renard arrive, qui avoit
,tout entendu; voyant le
Lion en colere contre lui
il lui dit hardiment: Vousn.
ave^ perfo%ne.plujattentif
que moy à ce qui vous, 'ltgar..
4e>ïet°k occupéàchercher un
remède pourvotre w~,
l'ai enfin trouvé.Ilfaut, ditil,
si uoùs uoullez guérir de,
vôtrerhumatisme, écorcher les
Loup tout pif,votamettra
jtfn*[dpeautoute chaude.cs
qui fut executésur lecharnt)-
£flui
Celui qui louë trop, 6c
clui qui critique trop ne
roit pas avoir assez d'esprit
pour se faire valoir par
oy-même. C'estunemarque
qu'on n'est point conent
desafortune,quand on
e fait ou l'esclave,oul'ennemi
de la fortuned'autrui.
Si nousn'avionspoint de
défauts, nous ne ferions pas
i attentifs àen remarquer
dans lesautres. «
Ceux qui ont sujet d'apprehender
qu'on dise du
mnalide'eurxsen,disent les pre'•
La plupartnedisent du
mald'autrui, que parce qu'-
ils ne sont pas en état de
lui en faire.
L'habitude de médire est
quasiincorrigible. ^IJuand
une fois le Lion a léché du
làng;" il en demeure toûjours
friand. 'jLa vieillesse
ne corrigepas l'âpreté de
l'espritcomme celle du vin.
On peut dire que lamedifance
est un commerce ;
car tel qui vousdit du mal
d'autruien dira également
de vous à un autre: ainsi
,: cf¡
t'eftvous porter pour rem-.
porter.
ENIGME
TOus les animaux faisant
leur cour au Lion malade,
ôc le Renard n'y paj-
pii&nc point, le Loup savisa
de dire au Lion que Id
,
Renard faisoit peu de cas
de lui. Dans le moment le
Renard arrive, qui avoit
,tout entendu; voyant le
Lion en colere contre lui
il lui dit hardiment: Vousn.
ave^ perfo%ne.plujattentif
que moy à ce qui vous, 'ltgar..
4e>ïet°k occupéàchercher un
remède pourvotre w~,
l'ai enfin trouvé.Ilfaut, ditil,
si uoùs uoullez guérir de,
vôtrerhumatisme, écorcher les
Loup tout pif,votamettra
jtfn*[dpeautoute chaude.cs
qui fut executésur lecharnt)-
£flui
Celui qui louë trop, 6c
clui qui critique trop ne
roit pas avoir assez d'esprit
pour se faire valoir par
oy-même. C'estunemarque
qu'on n'est point conent
desafortune,quand on
e fait ou l'esclave,oul'ennemi
de la fortuned'autrui.
Si nousn'avionspoint de
défauts, nous ne ferions pas
i attentifs àen remarquer
dans lesautres. «
Ceux qui ont sujet d'apprehender
qu'on dise du
mnalide'eurxsen,disent les pre'•
La plupartnedisent du
mald'autrui, que parce qu'-
ils ne sont pas en état de
lui en faire.
L'habitude de médire est
quasiincorrigible. ^IJuand
une fois le Lion a léché du
làng;" il en demeure toûjours
friand. 'jLa vieillesse
ne corrigepas l'âpreté de
l'espritcomme celle du vin.
On peut dire que lamedifance
est un commerce ;
car tel qui vousdit du mal
d'autruien dira également
de vous à un autre: ainsi
,: cf¡
t'eftvous porter pour rem-.
porter.
ENIGME
Fermer
Résumé : FABLE.
La fable raconte la visite des animaux auprès d'un lion malade. Le loup, jaloux du renard, accuse ce dernier de se moquer du lion. Le renard, ayant entendu, explique au lion qu'il cherchait un remède pour sa maladie et suggère d'écorcher le loup et de lui appliquer sa peau chaude, ce qui est exécuté. La morale de la fable est que ceux qui louent ou critiquent excessivement les autres manquent d'esprit pour se valoriser eux-mêmes. Elle souligne également que les personnes mécontentes de leur propre sort peuvent devenir les esclaves ou les ennemis de la fortune des autres. De plus, elle observe que chacun est attentif aux défauts des autres parce qu'il en a lui-même. L'énigme mentionnée à la fin du texte n'est pas développée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
11
p. 33-35
LA FABLE des deux Jalousies.
Début :
L'Hymen capricieux un jour par fantaisie Maria la Haine à l'Amour ; [...]
Mots clefs :
Hymen, Haine, Amour, Jalousie, Divorce
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA FABLE des deux Jalousies.
LA FABLE
des deux Jalcusies.
LHymencapricieux un
jour parfantaisie
Maria la Haine al'Amour's
Ils eurentdés lepremier
jour
Deuxfilles
;
qu'on nom-
, ma toutes euxJalousse.
l L'une étoitnoire afaire
peur
3
Ressemblantpourtant à
safoeur
Comme noire a blanche
magie.
De la Haine Amourse
lassa
Fit divorce y
3
&fàudain
dans les airs s'élançaj
SurJonaîle emportant
lafleur blanche e5
legere,
Parqui les vraisam
font tendrement +
jaloux.
La noire Jraloufie 0*la
Hainefit mere
Resterent à l'Hymen,
qui toujours en colere3
Pour se vanger d",I.
mour les envoye aux
époux.
des deux Jalcusies.
LHymencapricieux un
jour parfantaisie
Maria la Haine al'Amour's
Ils eurentdés lepremier
jour
Deuxfilles
;
qu'on nom-
, ma toutes euxJalousse.
l L'une étoitnoire afaire
peur
3
Ressemblantpourtant à
safoeur
Comme noire a blanche
magie.
De la Haine Amourse
lassa
Fit divorce y
3
&fàudain
dans les airs s'élançaj
SurJonaîle emportant
lafleur blanche e5
legere,
Parqui les vraisam
font tendrement +
jaloux.
La noire Jraloufie 0*la
Hainefit mere
Resterent à l'Hymen,
qui toujours en colere3
Pour se vanger d",I.
mour les envoye aux
époux.
Fermer
Résumé : LA FABLE des deux Jalousies.
La fable des deux Jalousies, filles de l'Hymen et de la Haine à l'Amour, raconte la naissance de deux sœurs, l'une noire et l'autre blanche. Après un divorce, la Jalousie noire resta avec l'Hymen et la Jalousie blanche fut emportée par Jonaïle. L'Hymen envoya les deux Jalousies aux époux pour se venger.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
12
p. 173-206
LE VERLUISANT, L'ABEILLE, ET LE VER-A-SOYE. FABLE.
Début :
On ne voit point de si pestite Beste, [...]
Mots clefs :
Fable, Verluisant, Abeille, Amour, Nature, Musique, Rejet , Morale, Mariage, Ver
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE VERLUISANT, L'ABEILLE, ET LE VER-A-SOYE. FABLE.
LE VERLVISANT,
L'ABEILLE,
ET LE V E R-A-S O Y E.
FABLE.
On ne
voit point de si
-~ petite Beste, ;: ~S
Qui dans sa jeune,ou sa vieillefaison, I
Ne se mette l'amour, en
P' , ~i teste.i H
Et qui ne croye encor le
,' faire avecraison. A
Ce que je dis estveritable,
La preuve en est dans cette
table.
Sous le pied d'une Ruche
un certain Verluisant
Logeoit; & ce Logis estoit
assez plaisant.
Nostre bonne Mere NaLturc,
Soit à dessein, foit par hazard
* De ses faveurs au Vers ajvoit
fait bonne part.
Il
,
trouvoit. pour sa
*
nour- ~-xiture*i: ')
A quatre pas dequoy inan.
; geravec plaisïr '., - l*
Herbe seche
,
Herbe fraîche
, il n'avoit qu'à
choisir
S'il en vouloir faire pâture,
Tout alloit sélon son desir.
Mais helas ! du moment
--
f ..: :.
qu'on,aime ,'. -;:
A moins que ce ne soit par
un bonheur extrême,.r.
Il faut se réfoudreàiou ffrir.
L'Amour est unvray crou- :ble-£este,••
Des Hommes en ont pu
:., mourir; ; i Voyons comme ihtraita
une beste.
Dans la Ruche, lieu propre
& très- bien habité,
Entre plusieurs, logeoit
certaine jeune Abeille,
Dont lecoeur à l'amour estoit
assez porté.
Ce n'estoit pas grande merveille
A cette passion le Sexe fé.
,'r- minin
Est enclin,-
Autant & plus que ness le
masculin.
Ajoutez que le voisinage
Donnant les moyens de Ce
: voir
Matin <3e soit,
Insensiblement on s'engage.
Venons au Ver. Il avoic de
l'esprit
Il n'estoit rien de beau, ny
de bon, qu'il n'apprît>
Aussi jamais n'avoit on veu
Reprile
En belles qualitez aucanc
que iuy fertile.
il dançoit & chantoit fore
agréablement
;
Mais ce que l'on trouvoie
de rare,
Et dans un Ver qui l'est a£
surément,
C'estqu'iljoüoit dela Guitare
Panablemenr.
Enfin pour la galanterie
Il avoit un si beau talent,
Qu'en Prose cpmme en
,'. Poësie,,
Cestoit un Aucheur excellent.
Quvrage en Vers , Bitlejr*
& Lettre,
Le tout estant de sa façon,
On n'y trouvoit plus rien
-; n' • a mettre :
Et Voirureencomparaiso.ln,
<
Auroit auprès de luy passé
pour un Oyso1n.
Voila le Ver. Quant à
l'Abeille,
Et pour l'esprit, & pour le
corps,
De la Nature elle eut les
plus riches trésors.
Du Monde ellepassoit pour
huitième Merveille,
Ellejoüitdu Clavessin,
Elle avoir appris WMusi-j
v que, ;>
Parloit Italien, &-' mesme
un peuLatin.
Sa mémoire estoit angéli-
.que,-/
?
';!:-j
Aussi l'exerçoit-elle avec
juste raison.
Elle lisoit la Fable,elle lisoit
l'Histoire,
Elle lisoit, cela se peut-il
croire?
Jusques aux Livresde Blazon.
S'il faut parler de sa personne
,
Quoyqu'elle eust assez
- d'embonpoint,
Sa
-
mtaiillge nestooisngranndee &,
Et le bon air n'y manquoit
",. :',':' point. -.. ,-:
Au reste,c'écoituneBlonde,
Dont le teint blanc, frais,
,
& poly,
L'eust fait seul passer dans
le monde
Pour l'Objet le plus accomply.
Cependant malgré tous
ces charmes,
L'Histoire dit que nostre
Verluifant
Eust bravé son pouvoir, s'il
n'eust rendu les armes
Au regard tendre & languissant,
Dont ( quand il plaisoit à la
Dame) Le coeur le plus glacé se
sentoittouten flaâmmee..
C'est en vain qu'on voudroit
resister à l'Amour.
Tortoutard ,
quoyqu'on
fasse, ilest Maistre à son
- tour.
Ce petit Dieu
,
de toute :/i!:: chosè- En ce monde à son grédispcrfe.
L'Abeille est amoureuse,&
leVer amoureux,
Sans que cependant tous
les deux
De leur trou ble secret sçachent
d'abord la cause ;
Mais comme en eux ce
trouble est tous les jours
plus grand
,
L'un &l'autre bientostl'ap-
,
prend.
LeVerestenhumeur chagriné,
Quand il ne voit pas favoisine
;
Et del'Abeille lechagrin
C'est de ne point voirson Voisin.
Quesi quelque doux te steàteste
Se rencontre pour nos A- mans,
Ils ne font que trop voir
dans cesheureux momens
Que l'un de l'autre est la
conqueste.
En mille & mille occasions
Que leur donnoïclafoli-.
tude,
Sans soucy
,
sans inquiétude,
Satisfaisant leurs payions,,
Ils passerent deuxans dans
ce doux badinage.
Mais à la fin eslans surpris,
Il fallut que le Versortist
duvoisinage.
C'estoir le seul moyen- de
dissiperl'ombrage -
Que les Parens de l'Abeille
avoienc pris.
Tout d'un coup il plia bagage,
Et
Et crut àfranchement:par-
-
ler,
Qu'afin de fauter mieux,il alloitreculer.
C'estoitagir en Ver tressage;
Mais par malheur, le pau-
.< vreDiablealla
Pis que de CaribdeenSylla.
,
Comme il ne voyoit plus
qu'une fois la semaine,'.::
Encarincognito,toujours
mesmeavecpeiné,
L-'objetde ses tcadr£$rar mours. ; >
°,r-
Luy quipouvoit le voir autrefoistous
les jours 1
Par un revers en tel cas or-
A mesure qu'il futmoins Veu, -
,}
( Qui de l'Abeille l'auroit
A ) J. -
A mesure il cessa deplaire.
De plus, Dame Avarice
;-""Y" vint mettredusien,
Elle qui tous lesjours: de
etant de maux-c
Les Parens
-
del'Abeille .Lvoietbeaucoupde
Bien è]
Et ceux duGalant n'a-
-r-.r.l'Oi'yûticvnt•'ntn-jr,p ''L
Q(I tourau plus si peu de
chose
Que jen'ose
Là-dessus seulement sous-
Ecdevouloirlesaccoupler
Ec devouloir les accoupler,
Lecoup paroissoit impossible-
A l'Abeille on ditbien&
-
beau,:
(
Qu'ondoimeroit sur lemu-
-4 i
seau,
Si plusau Verluisanton la
:., :-Noÿoit fenCble;
Quenfin elle devoir avoir
Sur.sarichesse un autre esi,
poir,
Puisque leMielpouvoir làmettre
enl'alliance
Du plus riche Animal de
France. »'i I
Fy d'un Ver, disoit-on,qui
napour tout vaillant
Qu'une etincelle de brillant.
Or donc parheureuse.
rencontre,
A nostreVerluifantunjour
L'inconstante Abeille se
moncre. :,
Il luy parla d'abord de son
amour.
Elle recoure sans repondre.
Questce donc qui peut vous
confondre,
Luy dit ce Ver,luy-mesme
confondu
De ce qu'à ses propos elle
n'arépon d u?
Ay je quelque Rival à craindre
?
Non de cela, dit elle, il ne
fautpasvous plaindre; ',"
Si l'airfroid dont J'agis fait
vostre estonnement,
Je m'en vaisvous contersans feindre,
Ce qui causece changement.
Tous mes Parens
, ne vous
:
déplaiseT
SortiGensquisontfort à leur*
aise.
Et lesyoftrpjs3,mvm.vçuil
enseriezlefin,
N'ont pasun semblable destin.
Il est vrayquevous eKr
, (7
moychétive Abeille, >v--V
Nostrecondition si trouve ast
,
sezpareille.
Mais onnecomptepointsur
cettif-éXae. ; Dans laplupart des Maria.
ges ; Etce qui les fautchez les Sages,
Ce n'estquelaréalité --,
Ergo. Parmes
Biensseulsestantrecommandable,
Je dois fairechoixd' un Party
que vd.M Wtfâïfar
table*
Mes Parens à nos feux n'ont
jamaisconsenty.
Ainsicherchez une Maistresse
Quiveuille bien recevoiren
payement
V..ps douceurs& vopre ten- Ànjjf-:
Jy renonce, & dés ce moment
Jelésseavosdpftrfilibertétçttte
entiere
,
Dese donnerailleurscarriere.
L'Abetil^difp.arçi(t vkVer
au desespoir
A tout cela qu'eust-il pû
dire?
Si vous desurezJesçavoir,
Il est dans ceRondeau, vous
n'avez qu'à le lire.
Un tendre coeur fait tout
mon bien;
Et pour n'avoir que cesoustien;
Jeseraytoujoursmiserable;
Car dans ce temps abominable,
On regarde un Gueux comme
un Chien.
• Des amitiez le seul lien,
Argent
,
bel argent, cejl le
tien;
Etsanstoyl'onenvoyeau
-
,
Un.-:Dia£/e tendre coeur.
Tay mon sort, chacun à le
,::. ; :'
,
:-:, sien , Mais
Mais en est-ilcomme le mien?
En est-il d'aussu deplorable ?
Non,non,jesuisinconsolable,
Si l'Abeillecompte pour rien
Vn tendre coeur.
Pendant qu'ainsi nostre
Vermoralise,
L'Abeille sans s'en soucier,
Prend sonessorjusque sur
un Meurier,
Où si-tost qu'elle se suc
n1ise)
Ses yeux d'un ver-à foye
attaquent la franchise.
(Sur ces Arbres tousjours
,.
Ver-àsoye esterrant. )*
Ce Ver la voit, l'aborde,
& dit en son langage,
Aprés l'humble salut que
l'Abeille luy rend;
A veniren ces lieux quelsujet
vous engage?
Vous n'y trouverez point de Fleur,
? Mais en récompense mon cteu-Y
Vient s'offrir à vostre pillage.
Pour vous il est sans aucun
fiel,
Vous en pourriez faire du
Miel;
Belle Abeille,daignezleprendre.
Nostre Abeille sans plus attendre,
Aprés un regard des plus
doux,
Luy dit, Tout de bon, m'aimez-
vous ?
A peine encor m'avez - vous
veuë ;
Et cependant, sivous quittez
ces lieux;
Répond le Ver,vostreabsence
me tuë
, Je ne puis vivreesloigné de
vos jeux.
Je ne sçaurois aussi sans défiance
Croire , un amoursi prompt, si
plein de violence,
Repartl'Abeille au Ver.
; Mais en cas que demain
Vous yresserntieez pareille m.Lar-
Vousviendrez chez,moy me le
dire
y Et vous n'yvviaendirnez p.as en
jidtf'u, beau Ver,je me
retire.
..-"" r'
Quandl'Abeille esten sa
Maison
, .', Ellesonge à sonavanture,
Èt par leSiecle d'or en soymesme
elle jure
Qu'elle fera tres prompte
1
guérison
De la blessure
,
Qu'au coeur du Ver-à soye
ont fait ses doux appas,
Si l'Animal porte les pas
Le lendemain du costé de
la Ruc he.
Quoy,jiii-n-rûistt-igueuxde
Verluisant, Disoit elleenreste hiffanc>
Ilfl!tj¡OÚ rjM'r je fasseCrache.
Vivent mes nouvelles amours
Ah, quellejoye !
Jevais coulerle reste de mes
jours
Et dans le miel
, & dans la
soye.
Elle passa la nuit à raisonnerainsi;
Et des le grand marin elle
n'eut desoucy
Que de demeurer sur sa
Porte,
Croyant de moment en
moment
Qu'il faut que le bon vent
y porte
LebeauVer
,
son nouvel
-
Amant, Il en arriva d'autre sorte,
Pour elle c'estoit temps
perdu.
Son Ver-à soye étoit dodu,
Et marchoit lentement,suivy
de l'équipage
Qu'un Ver semblable à luy
méne à son Mariage.
Le Rendez-vous estoitun
Rendez-vous d'amour;
Mais pour faire un pareil
voyage, Au pesant Ver-à-soye ilfalloit
plus d'un jour.
Quoyqu'il en fust,voicyla
triste destinée
Qu'autour delaRuchetraînoit
Le pauvre Verluisant. Son
ame abandonnée
Au plus mortel chagrin
sans ccèe examinoit
Par où pouvoir adoucir
l'Inhumaine.
Sur Je feüil dela Ruche il
la surprit le soir.
Elle n'estoit pas là sans
doute pour le voir.
J\I*aure^-rusMpoint pitié, luy.
dit il, de ma peine?
Je vous aime tousjours, &..
vousnem'aimezplus
Ingrate, insensible , insidelle,
Que dites-vousune flâmesi
belle?
Messoûpirs si conjlansferont-
-
ilssuperstus?
Enfin, tout de bon, dois-je
croire
v
Que contre rno) vous soyezen
courroux,
Et que vous perdiez la mémoire
De tout ce que l'Amour m'a
faitfaire pour vous ?
Vil Animal
,
Infecte teméraire,
Qu'a'Vez vousfaitqu'envous
trompant
Répond l'Abeill3e, & que
pouviez vous faire ?
Ce que j'ayfait, dit le Ver
en rampant ? Je m'en vay vous l'apprendre,
Abeilie trop légere.
J'ay fait, nonsans de grands
travaux ,
Pour vous conter mes doleances
Messoins, mes soucis, mesfouf
frances, -
Tous les joursmille Vers nouveaux.
J'ayfait cent t7 cent Madrigaux
Sur la moindre de vos absences;
J'ay fait des Odes & des
Stances,
Chansons
,
Triolets, & Rondeaux.
J'ay fait pour vous des Epigrammes
)
Et mesme quelquesAnagrammes
y Le tout d'unstile pur & net.
Et s'il eust esté necessaire
, J'avoistelle ardeur de VOUA plaire,
Que jcujje esté jusqu'au Sonnet.
De tout cela je vous tiens
peu de compte,
Répond l'Abeille, & je
mourrois de honte,
Si javois de l'attachement
Pour un Amant
Dontleplussolide merite
Consiste en beaux discours; dés
mes plus jeunes ans
On m'offusquoit de cetEncens.
JaimeAujourd'huy celuy de la
Marmite.
Elle rentre en sa Ruche, en
disantce beau mot.
Aussi le Verluisantestoit-il
un grand sot,
D'oseraspireràla proye,
Que fuivanc les regles du
temps
Doit attraperle riche Verà
soye.
Qu'il soit donc sage à fcs
dépens,
Et secontente d'une Mouche
>
Qui n'aura comme luy,
que l'esprit & la bouc he,
Il passera par là pour un
Ver de bon sens.
,.J'ay prétendu qu'en cet- te Fable,
Pour que lque Amant peutéstre
Histoireverita ble,
Et les Filles, &les Garçons,
Trouveroient de bonnes
leçons.
Les unes sur l'obéïssance
Que rend l'Abeille aux
droits de la naissance,
Profiteront en la lisant;
Et les autres sujetsàl'aveugle
tendresse,
Quand ils voudront choisir
uneMaistresse,
Consulteront leVerluisant;
Il sçait dans l'amoureuse affaire
Comme est punile Temeraire.
L'ABEILLE,
ET LE V E R-A-S O Y E.
FABLE.
On ne
voit point de si
-~ petite Beste, ;: ~S
Qui dans sa jeune,ou sa vieillefaison, I
Ne se mette l'amour, en
P' , ~i teste.i H
Et qui ne croye encor le
,' faire avecraison. A
Ce que je dis estveritable,
La preuve en est dans cette
table.
Sous le pied d'une Ruche
un certain Verluisant
Logeoit; & ce Logis estoit
assez plaisant.
Nostre bonne Mere NaLturc,
Soit à dessein, foit par hazard
* De ses faveurs au Vers ajvoit
fait bonne part.
Il
,
trouvoit. pour sa
*
nour- ~-xiture*i: ')
A quatre pas dequoy inan.
; geravec plaisïr '., - l*
Herbe seche
,
Herbe fraîche
, il n'avoit qu'à
choisir
S'il en vouloir faire pâture,
Tout alloit sélon son desir.
Mais helas ! du moment
--
f ..: :.
qu'on,aime ,'. -;:
A moins que ce ne soit par
un bonheur extrême,.r.
Il faut se réfoudreàiou ffrir.
L'Amour est unvray crou- :ble-£este,••
Des Hommes en ont pu
:., mourir; ; i Voyons comme ihtraita
une beste.
Dans la Ruche, lieu propre
& très- bien habité,
Entre plusieurs, logeoit
certaine jeune Abeille,
Dont lecoeur à l'amour estoit
assez porté.
Ce n'estoit pas grande merveille
A cette passion le Sexe fé.
,'r- minin
Est enclin,-
Autant & plus que ness le
masculin.
Ajoutez que le voisinage
Donnant les moyens de Ce
: voir
Matin <3e soit,
Insensiblement on s'engage.
Venons au Ver. Il avoic de
l'esprit
Il n'estoit rien de beau, ny
de bon, qu'il n'apprît>
Aussi jamais n'avoit on veu
Reprile
En belles qualitez aucanc
que iuy fertile.
il dançoit & chantoit fore
agréablement
;
Mais ce que l'on trouvoie
de rare,
Et dans un Ver qui l'est a£
surément,
C'estqu'iljoüoit dela Guitare
Panablemenr.
Enfin pour la galanterie
Il avoit un si beau talent,
Qu'en Prose cpmme en
,'. Poësie,,
Cestoit un Aucheur excellent.
Quvrage en Vers , Bitlejr*
& Lettre,
Le tout estant de sa façon,
On n'y trouvoit plus rien
-; n' • a mettre :
Et Voirureencomparaiso.ln,
<
Auroit auprès de luy passé
pour un Oyso1n.
Voila le Ver. Quant à
l'Abeille,
Et pour l'esprit, & pour le
corps,
De la Nature elle eut les
plus riches trésors.
Du Monde ellepassoit pour
huitième Merveille,
Ellejoüitdu Clavessin,
Elle avoir appris WMusi-j
v que, ;>
Parloit Italien, &-' mesme
un peuLatin.
Sa mémoire estoit angéli-
.que,-/
?
';!:-j
Aussi l'exerçoit-elle avec
juste raison.
Elle lisoit la Fable,elle lisoit
l'Histoire,
Elle lisoit, cela se peut-il
croire?
Jusques aux Livresde Blazon.
S'il faut parler de sa personne
,
Quoyqu'elle eust assez
- d'embonpoint,
Sa
-
mtaiillge nestooisngranndee &,
Et le bon air n'y manquoit
",. :',':' point. -.. ,-:
Au reste,c'écoituneBlonde,
Dont le teint blanc, frais,
,
& poly,
L'eust fait seul passer dans
le monde
Pour l'Objet le plus accomply.
Cependant malgré tous
ces charmes,
L'Histoire dit que nostre
Verluifant
Eust bravé son pouvoir, s'il
n'eust rendu les armes
Au regard tendre & languissant,
Dont ( quand il plaisoit à la
Dame) Le coeur le plus glacé se
sentoittouten flaâmmee..
C'est en vain qu'on voudroit
resister à l'Amour.
Tortoutard ,
quoyqu'on
fasse, ilest Maistre à son
- tour.
Ce petit Dieu
,
de toute :/i!:: chosè- En ce monde à son grédispcrfe.
L'Abeille est amoureuse,&
leVer amoureux,
Sans que cependant tous
les deux
De leur trou ble secret sçachent
d'abord la cause ;
Mais comme en eux ce
trouble est tous les jours
plus grand
,
L'un &l'autre bientostl'ap-
,
prend.
LeVerestenhumeur chagriné,
Quand il ne voit pas favoisine
;
Et del'Abeille lechagrin
C'est de ne point voirson Voisin.
Quesi quelque doux te steàteste
Se rencontre pour nos A- mans,
Ils ne font que trop voir
dans cesheureux momens
Que l'un de l'autre est la
conqueste.
En mille & mille occasions
Que leur donnoïclafoli-.
tude,
Sans soucy
,
sans inquiétude,
Satisfaisant leurs payions,,
Ils passerent deuxans dans
ce doux badinage.
Mais à la fin eslans surpris,
Il fallut que le Versortist
duvoisinage.
C'estoir le seul moyen- de
dissiperl'ombrage -
Que les Parens de l'Abeille
avoienc pris.
Tout d'un coup il plia bagage,
Et
Et crut àfranchement:par-
-
ler,
Qu'afin de fauter mieux,il alloitreculer.
C'estoitagir en Ver tressage;
Mais par malheur, le pau-
.< vreDiablealla
Pis que de CaribdeenSylla.
,
Comme il ne voyoit plus
qu'une fois la semaine,'.::
Encarincognito,toujours
mesmeavecpeiné,
L-'objetde ses tcadr£$rar mours. ; >
°,r-
Luy quipouvoit le voir autrefoistous
les jours 1
Par un revers en tel cas or-
A mesure qu'il futmoins Veu, -
,}
( Qui de l'Abeille l'auroit
A ) J. -
A mesure il cessa deplaire.
De plus, Dame Avarice
;-""Y" vint mettredusien,
Elle qui tous lesjours: de
etant de maux-c
Les Parens
-
del'Abeille .Lvoietbeaucoupde
Bien è]
Et ceux duGalant n'a-
-r-.r.l'Oi'yûticvnt•'ntn-jr,p ''L
Q(I tourau plus si peu de
chose
Que jen'ose
Là-dessus seulement sous-
Ecdevouloirlesaccoupler
Ec devouloir les accoupler,
Lecoup paroissoit impossible-
A l'Abeille on ditbien&
-
beau,:
(
Qu'ondoimeroit sur lemu-
-4 i
seau,
Si plusau Verluisanton la
:., :-Noÿoit fenCble;
Quenfin elle devoir avoir
Sur.sarichesse un autre esi,
poir,
Puisque leMielpouvoir làmettre
enl'alliance
Du plus riche Animal de
France. »'i I
Fy d'un Ver, disoit-on,qui
napour tout vaillant
Qu'une etincelle de brillant.
Or donc parheureuse.
rencontre,
A nostreVerluifantunjour
L'inconstante Abeille se
moncre. :,
Il luy parla d'abord de son
amour.
Elle recoure sans repondre.
Questce donc qui peut vous
confondre,
Luy dit ce Ver,luy-mesme
confondu
De ce qu'à ses propos elle
n'arépon d u?
Ay je quelque Rival à craindre
?
Non de cela, dit elle, il ne
fautpasvous plaindre; ',"
Si l'airfroid dont J'agis fait
vostre estonnement,
Je m'en vaisvous contersans feindre,
Ce qui causece changement.
Tous mes Parens
, ne vous
:
déplaiseT
SortiGensquisontfort à leur*
aise.
Et lesyoftrpjs3,mvm.vçuil
enseriezlefin,
N'ont pasun semblable destin.
Il est vrayquevous eKr
, (7
moychétive Abeille, >v--V
Nostrecondition si trouve ast
,
sezpareille.
Mais onnecomptepointsur
cettif-éXae. ; Dans laplupart des Maria.
ges ; Etce qui les fautchez les Sages,
Ce n'estquelaréalité --,
Ergo. Parmes
Biensseulsestantrecommandable,
Je dois fairechoixd' un Party
que vd.M Wtfâïfar
table*
Mes Parens à nos feux n'ont
jamaisconsenty.
Ainsicherchez une Maistresse
Quiveuille bien recevoiren
payement
V..ps douceurs& vopre ten- Ànjjf-:
Jy renonce, & dés ce moment
Jelésseavosdpftrfilibertétçttte
entiere
,
Dese donnerailleurscarriere.
L'Abetil^difp.arçi(t vkVer
au desespoir
A tout cela qu'eust-il pû
dire?
Si vous desurezJesçavoir,
Il est dans ceRondeau, vous
n'avez qu'à le lire.
Un tendre coeur fait tout
mon bien;
Et pour n'avoir que cesoustien;
Jeseraytoujoursmiserable;
Car dans ce temps abominable,
On regarde un Gueux comme
un Chien.
• Des amitiez le seul lien,
Argent
,
bel argent, cejl le
tien;
Etsanstoyl'onenvoyeau
-
,
Un.-:Dia£/e tendre coeur.
Tay mon sort, chacun à le
,::. ; :'
,
:-:, sien , Mais
Mais en est-ilcomme le mien?
En est-il d'aussu deplorable ?
Non,non,jesuisinconsolable,
Si l'Abeillecompte pour rien
Vn tendre coeur.
Pendant qu'ainsi nostre
Vermoralise,
L'Abeille sans s'en soucier,
Prend sonessorjusque sur
un Meurier,
Où si-tost qu'elle se suc
n1ise)
Ses yeux d'un ver-à foye
attaquent la franchise.
(Sur ces Arbres tousjours
,.
Ver-àsoye esterrant. )*
Ce Ver la voit, l'aborde,
& dit en son langage,
Aprés l'humble salut que
l'Abeille luy rend;
A veniren ces lieux quelsujet
vous engage?
Vous n'y trouverez point de Fleur,
? Mais en récompense mon cteu-Y
Vient s'offrir à vostre pillage.
Pour vous il est sans aucun
fiel,
Vous en pourriez faire du
Miel;
Belle Abeille,daignezleprendre.
Nostre Abeille sans plus attendre,
Aprés un regard des plus
doux,
Luy dit, Tout de bon, m'aimez-
vous ?
A peine encor m'avez - vous
veuë ;
Et cependant, sivous quittez
ces lieux;
Répond le Ver,vostreabsence
me tuë
, Je ne puis vivreesloigné de
vos jeux.
Je ne sçaurois aussi sans défiance
Croire , un amoursi prompt, si
plein de violence,
Repartl'Abeille au Ver.
; Mais en cas que demain
Vous yresserntieez pareille m.Lar-
Vousviendrez chez,moy me le
dire
y Et vous n'yvviaendirnez p.as en
jidtf'u, beau Ver,je me
retire.
..-"" r'
Quandl'Abeille esten sa
Maison
, .', Ellesonge à sonavanture,
Èt par leSiecle d'or en soymesme
elle jure
Qu'elle fera tres prompte
1
guérison
De la blessure
,
Qu'au coeur du Ver-à soye
ont fait ses doux appas,
Si l'Animal porte les pas
Le lendemain du costé de
la Ruc he.
Quoy,jiii-n-rûistt-igueuxde
Verluisant, Disoit elleenreste hiffanc>
Ilfl!tj¡OÚ rjM'r je fasseCrache.
Vivent mes nouvelles amours
Ah, quellejoye !
Jevais coulerle reste de mes
jours
Et dans le miel
, & dans la
soye.
Elle passa la nuit à raisonnerainsi;
Et des le grand marin elle
n'eut desoucy
Que de demeurer sur sa
Porte,
Croyant de moment en
moment
Qu'il faut que le bon vent
y porte
LebeauVer
,
son nouvel
-
Amant, Il en arriva d'autre sorte,
Pour elle c'estoit temps
perdu.
Son Ver-à soye étoit dodu,
Et marchoit lentement,suivy
de l'équipage
Qu'un Ver semblable à luy
méne à son Mariage.
Le Rendez-vous estoitun
Rendez-vous d'amour;
Mais pour faire un pareil
voyage, Au pesant Ver-à-soye ilfalloit
plus d'un jour.
Quoyqu'il en fust,voicyla
triste destinée
Qu'autour delaRuchetraînoit
Le pauvre Verluisant. Son
ame abandonnée
Au plus mortel chagrin
sans ccèe examinoit
Par où pouvoir adoucir
l'Inhumaine.
Sur Je feüil dela Ruche il
la surprit le soir.
Elle n'estoit pas là sans
doute pour le voir.
J\I*aure^-rusMpoint pitié, luy.
dit il, de ma peine?
Je vous aime tousjours, &..
vousnem'aimezplus
Ingrate, insensible , insidelle,
Que dites-vousune flâmesi
belle?
Messoûpirs si conjlansferont-
-
ilssuperstus?
Enfin, tout de bon, dois-je
croire
v
Que contre rno) vous soyezen
courroux,
Et que vous perdiez la mémoire
De tout ce que l'Amour m'a
faitfaire pour vous ?
Vil Animal
,
Infecte teméraire,
Qu'a'Vez vousfaitqu'envous
trompant
Répond l'Abeill3e, & que
pouviez vous faire ?
Ce que j'ayfait, dit le Ver
en rampant ? Je m'en vay vous l'apprendre,
Abeilie trop légere.
J'ay fait, nonsans de grands
travaux ,
Pour vous conter mes doleances
Messoins, mes soucis, mesfouf
frances, -
Tous les joursmille Vers nouveaux.
J'ayfait cent t7 cent Madrigaux
Sur la moindre de vos absences;
J'ay fait des Odes & des
Stances,
Chansons
,
Triolets, & Rondeaux.
J'ay fait pour vous des Epigrammes
)
Et mesme quelquesAnagrammes
y Le tout d'unstile pur & net.
Et s'il eust esté necessaire
, J'avoistelle ardeur de VOUA plaire,
Que jcujje esté jusqu'au Sonnet.
De tout cela je vous tiens
peu de compte,
Répond l'Abeille, & je
mourrois de honte,
Si javois de l'attachement
Pour un Amant
Dontleplussolide merite
Consiste en beaux discours; dés
mes plus jeunes ans
On m'offusquoit de cetEncens.
JaimeAujourd'huy celuy de la
Marmite.
Elle rentre en sa Ruche, en
disantce beau mot.
Aussi le Verluisantestoit-il
un grand sot,
D'oseraspireràla proye,
Que fuivanc les regles du
temps
Doit attraperle riche Verà
soye.
Qu'il soit donc sage à fcs
dépens,
Et secontente d'une Mouche
>
Qui n'aura comme luy,
que l'esprit & la bouc he,
Il passera par là pour un
Ver de bon sens.
,.J'ay prétendu qu'en cet- te Fable,
Pour que lque Amant peutéstre
Histoireverita ble,
Et les Filles, &les Garçons,
Trouveroient de bonnes
leçons.
Les unes sur l'obéïssance
Que rend l'Abeille aux
droits de la naissance,
Profiteront en la lisant;
Et les autres sujetsàl'aveugle
tendresse,
Quand ils voudront choisir
uneMaistresse,
Consulteront leVerluisant;
Il sçait dans l'amoureuse affaire
Comme est punile Temeraire.
Fermer
Résumé : LE VERLUISANT, L'ABEILLE, ET LE VER-A-SOYE. FABLE.
La fable 'Le Verluisant, l'Abeille, et le Ver-à-soye' raconte l'histoire d'un ver nommé Verluisant, qui vit sous une ruche et bénéficie des faveurs de la nature pour sa nourriture. Cependant, Verluisant est tourmenté par l'amour et tombe amoureux d'une abeille habitant la ruche. Cette abeille est décrite comme ayant de nombreux talents et qualités, mais elle ne répond pas aux avances de Verluisant. L'abeille, bien que charmée par les talents de Verluisant, finit par le repousser en raison de sa condition sociale inférieure. Elle rencontre ensuite un ver-à-soye, qui lui déclare son amour. Après une nuit de réflexion, l'abeille décide de se rendre au rendez-vous avec le ver-à-soye, laissant Verluisant dans le désespoir. Verluisant, désespéré, tente de comprendre pourquoi l'abeille l'a rejeté. Il lui rappelle tous les efforts qu'il a faits pour elle, mais l'abeille reste insensible à ses discours. Elle lui avoue préférer un amant plus riche et plus solide, comme le ver-à-soye. Verluisant est alors qualifié de sot pour avoir osé aspirer à l'abeille, et on lui conseille de se contenter d'une mouche. La fable se conclut par une morale destinée aux jeunes amants, leur apprenant à respecter les droits de la naissance et à éviter la témérité en matière d'amour.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
13
p. 160-165
L'INDIEN ET LE SOLEIL, FABLE.
Début :
Grand Roy, qui vois les Arts d'un regard favorable, [...]
Mots clefs :
Roi, Indien, Fable, Soleil
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'INDIEN ET LE SOLEIL, FABLE.
V I N D I E N
ETLE SOLEIL,
FABLE.
GRandRoy
,
qui vois
les Arts d'un regard
favorable,
Et dont avec transport
j'éprouvela honte
Sou,ffre
Souffre qu'ici la Verite
Se cache un moment feus
la Fable.
UNhabitant de i3Inde
adoroit le Soleil.
Vn Zjéle renaissant nuit
é5jour le devore,
Etyplein de l'objet qu'il
adore,
L'ardeur de le loüer interrompt
son sommeil.
Quelquefois célébrant sa
lumiere seconde
D'un regard attentifaille
suitdansson cours,
MAdmire en lui l'Ame du
monde s
Toûjours chantant,&se
plaignant toujours
Qj£acequ'ilJent nul terme
ne réponde.
Il peint tantôt le celeste
lfambeau
Vainement assiegé par les
sombres nuages,
Et bten-tost vainqueur
des orages
Reparoissant encore plus
beau.
Il fait Hymnte sur
Hymne, en remplit
la contrée s
Tout accourt àsa voix, f5
chacun l'écoutant,
Benssoit la puissance en
ses vers célebrée,
Tandis que duplaisir de
la voir adorée
Le chantre se tient trop
content,
Le Soleil touché de ce
zJle,
Surfis cLamps dessechez,
jette un oeilcaî-eslàns.
Soudain,moisson double
plusbelle
, Verger fertile t5 steurissant.
Soleil, dit l'Indien, je
rends à tes largejjes
Tout l'hommage que je
leur doi :
Tes bienfaitscependant
n'acquiérentriensur
mois
Tu peux augmenter mes
richesses
Mais non pas mon ZLele
I pourtoî.
ETLE SOLEIL,
FABLE.
GRandRoy
,
qui vois
les Arts d'un regard
favorable,
Et dont avec transport
j'éprouvela honte
Sou,ffre
Souffre qu'ici la Verite
Se cache un moment feus
la Fable.
UNhabitant de i3Inde
adoroit le Soleil.
Vn Zjéle renaissant nuit
é5jour le devore,
Etyplein de l'objet qu'il
adore,
L'ardeur de le loüer interrompt
son sommeil.
Quelquefois célébrant sa
lumiere seconde
D'un regard attentifaille
suitdansson cours,
MAdmire en lui l'Ame du
monde s
Toûjours chantant,&se
plaignant toujours
Qj£acequ'ilJent nul terme
ne réponde.
Il peint tantôt le celeste
lfambeau
Vainement assiegé par les
sombres nuages,
Et bten-tost vainqueur
des orages
Reparoissant encore plus
beau.
Il fait Hymnte sur
Hymne, en remplit
la contrée s
Tout accourt àsa voix, f5
chacun l'écoutant,
Benssoit la puissance en
ses vers célebrée,
Tandis que duplaisir de
la voir adorée
Le chantre se tient trop
content,
Le Soleil touché de ce
zJle,
Surfis cLamps dessechez,
jette un oeilcaî-eslàns.
Soudain,moisson double
plusbelle
, Verger fertile t5 steurissant.
Soleil, dit l'Indien, je
rends à tes largejjes
Tout l'hommage que je
leur doi :
Tes bienfaitscependant
n'acquiérentriensur
mois
Tu peux augmenter mes
richesses
Mais non pas mon ZLele
I pourtoî.
Fermer
Résumé : L'INDIEN ET LE SOLEIL, FABLE.
La fable 'Le Soleil' se déroule en Inde et raconte l'histoire d'un habitant qui adore le Soleil et est inspiré par sa lumière. Cet homme célèbre le Soleil jour et nuit, admirant son rôle dans le monde et chantant ses louanges. Ses hymnes attirent une foule qui bénit la puissance du Soleil. Ému par cet amour, le Soleil, par un simple regard, fait croître les récoltes et rend les vergers fertiles. L'Indien, reconnaissant, rend hommage aux bienfaits du Soleil mais souligne que, bien que le Soleil puisse augmenter ses richesses, il ne peut accroître son zèle et son amour pour lui.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
14
p. 266-271
NARCICE. FABLE.
Début :
Jadis vivoit au pied du Mont Parnasse [...]
Mots clefs :
Narcisse, Coeur, Nymphes, Berger, Beau, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NARCICE. FABLE.
NARCICE
FABLE.
Adis vivoit au pied du
Mont Parnaffe
Un Berger plus beau que
le jour ,
Qui préferoit le plaifir de
GALANT. 267
la
Chaffe
Aux tendres douceurs de
l'Amour.
C'eftoit en vain que Nymphes
& Bergeres
Abandonnoient le foin de
leurs affaires ,
Pour aller groffirfa Cours
Carplutoft avec un crible
On euft deffeché la Mer,
Que porté cet Infenfible ,
En charmant tout , à fe
Laiffercharmer.
a
C'eftoit enfin une chofe im
poffible ,
Z
ij
268 MERCURE
Temoin l'avanture d'Echo.
Cette Nymphe trop fufceptible
,
Avoit de
l'embonpoint , les
yeux vifs , le teint beau,
L'air enchanté , la taille
faite à peindre ,
A la voir on euft
aiſement
Juré qu'ellen'auroitjamais
lieu de fe plaindre
De la cruauté d'un Amant.
Cependant de fonfort admirezl'injustice,
GALANT . 269
Elle fecha furfespieds de
douleur
,
Devoirnoftre Berger
ciffe
Nar
Luy refufer l'empire defon
coeur .
Auffi ne tarda-t ilguére
D'enpayerlafolle encheres
Carunjourqu'ilrefvoitfur
les bords d'un Ruiffeau
Aux cruels effets de fes
charmes ,
Quiportant dans les coeurs.
de charmantes allarmes,
Mettoient pourtant les
Z iij
270 MERCURE
Nymphes au tombeau ,
Il apperceut fa figure dans
l'eau.
A cette veuë ilfentit dans
fon ame
Naître des mouvemens de
tendreffe de flame.
Ilfe méconnut & foudain
De la raifon ayant perdus
Pufage,
Dans les convulfions d'une
amoureuse rage
Ilplongea tout veftu (fans
doute dans fonfein ,
Amour, tu mis ce funefte
GALANT . 271
deffein )
Defirant de jouir par un
prompt Mariage
De fa froide & mouvante
Image.
C'est ainsi que noftre Blondin
Périt à la fleur de fon age,
Pour avoi, eu le coeur trop
libertin.
Quiconque l'imite eft peu
Jage ,
Et court rifque d'avoir un
Semblable deftin.
FABLE.
Adis vivoit au pied du
Mont Parnaffe
Un Berger plus beau que
le jour ,
Qui préferoit le plaifir de
GALANT. 267
la
Chaffe
Aux tendres douceurs de
l'Amour.
C'eftoit en vain que Nymphes
& Bergeres
Abandonnoient le foin de
leurs affaires ,
Pour aller groffirfa Cours
Carplutoft avec un crible
On euft deffeché la Mer,
Que porté cet Infenfible ,
En charmant tout , à fe
Laiffercharmer.
a
C'eftoit enfin une chofe im
poffible ,
Z
ij
268 MERCURE
Temoin l'avanture d'Echo.
Cette Nymphe trop fufceptible
,
Avoit de
l'embonpoint , les
yeux vifs , le teint beau,
L'air enchanté , la taille
faite à peindre ,
A la voir on euft
aiſement
Juré qu'ellen'auroitjamais
lieu de fe plaindre
De la cruauté d'un Amant.
Cependant de fonfort admirezl'injustice,
GALANT . 269
Elle fecha furfespieds de
douleur
,
Devoirnoftre Berger
ciffe
Nar
Luy refufer l'empire defon
coeur .
Auffi ne tarda-t ilguére
D'enpayerlafolle encheres
Carunjourqu'ilrefvoitfur
les bords d'un Ruiffeau
Aux cruels effets de fes
charmes ,
Quiportant dans les coeurs.
de charmantes allarmes,
Mettoient pourtant les
Z iij
270 MERCURE
Nymphes au tombeau ,
Il apperceut fa figure dans
l'eau.
A cette veuë ilfentit dans
fon ame
Naître des mouvemens de
tendreffe de flame.
Ilfe méconnut & foudain
De la raifon ayant perdus
Pufage,
Dans les convulfions d'une
amoureuse rage
Ilplongea tout veftu (fans
doute dans fonfein ,
Amour, tu mis ce funefte
GALANT . 271
deffein )
Defirant de jouir par un
prompt Mariage
De fa froide & mouvante
Image.
C'est ainsi que noftre Blondin
Périt à la fleur de fon age,
Pour avoi, eu le coeur trop
libertin.
Quiconque l'imite eft peu
Jage ,
Et court rifque d'avoir un
Semblable deftin.
Fermer
Résumé : NARCICE. FABLE.
Le texte présente la fable de 'Narcisse', un berger vivant au pied du Mont Parnasse, passionné par la chasse et indifférent aux charmes amoureux. Plusieurs nymphes et bergères tentèrent de capter son attention sans succès. La fable met en scène Écho, une nymphe séduisante, qui fut également rejetée par Narcisse. Un jour, en se penchant sur un ruisseau, Narcisse aperçut son reflet et en tomba amoureux, incapable de se reconnaître. Il plongea dans l'eau et se noya, désirant épouser son image. La fable conclut que quiconque imite Narcisse risque de subir un destin similaire en raison de son cœur libertin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
15
p. 245-250
LE ROSSIGNOL, ET LE MOINEAU. FABLE.
Début :
Je ne doute point qu'on ne détourne volontiers les yeux / Le tendre Rossignol, & le galant Moineau, [...]
Mots clefs :
Moineau, Rossignol, Pièces
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE ROSSIGNOL, ET LE MOINEAU. FABLE.
Je ne doute point qu'on
1 ne détourne volontiers les
1 yeux de sur ces funestes objets
, pour lire avec plaisir
• les pieces suivantes.
:.
J'ay appris qu'un jeune
homme, qui meurt d'envie
d'estre bien tost aucheur;
comme moy , aux dépens
du public, se donne tous les,
foins imaginables pour ramasser
les pieces fugitives.
quin'ont point estéimprimées,
qu'il destine à lacomposition
d'un recueil qu'il
veut faire mettre fous la
presse. Il tire toute la matiere
de son ouvrage des fragments
de Mrs Vergier, Go-,
dart,Morfontaine, S.Gilles,
Pavillon,Lainé, Pradon,
Rochefort, le Conte, Mlle
Deshouillieres, & plusieurs
autres. Il peut faire ce qu'il
luy plaira des plus vifs endroits
des poësies de ces autheurs
;mais je luy promets (avant que son Livre paroisse,)
de détacher de ces ma.
nuscrits ( que j'ay heureusement
comme luy ) les pieces
qui me conviédront davantage,&
de ne luylaisser,
autant que je pourray ,
de
ces ouvrages, que pour l'impression
deHollande.Voicy
à bon compte deux Fables,
dont l'une est signée
dunom dePavillon,& autre
deLaine, jenerépondrois
pas que quelqu'un
n'eust contrefait leurs
seings.
LE ROSSIGNOL,
ET LE MOINEAU.
FABLE.
LErendre Rossîgnol,&
le galant Moineau,
L'un & l'autre charmez
d'une jeune Fauvette,
Sur la branche d'un arbrisseau
Parlerent un jour d'amou..
rette.
Le petit chanterel par des
airs doucereux
S'efforçoit d'amollir le coeur
de cette belle;
Je ferai, disoitil,tousjours
tendre& fidele,
Si vous voulez me rendre
heureux.
De mes douces chansons
vous sçavezl'harmonie.
Elles ont merirélesuffrage
des Dieux.
Deformais je les sacrifie
A chanter vostre nom , vos
beautez en tous lieux
Les échos de , ces bois les
rediront sans ce(Ie,
Et j'aurai tant de foin de les
rendre éclatants,
Que vostre coeur enfin fera
content.
Et moy, dit le Moineau, je
vous baiserai tant!
Acemotfutjugé le procez
à l'instant
En faveur de l'oiseau qui
porte gorge noire,
On renvoïa l'oiseau chantant.
Voila la fin de mon histoire.
PAVILLON.
1 ne détourne volontiers les
1 yeux de sur ces funestes objets
, pour lire avec plaisir
• les pieces suivantes.
:.
J'ay appris qu'un jeune
homme, qui meurt d'envie
d'estre bien tost aucheur;
comme moy , aux dépens
du public, se donne tous les,
foins imaginables pour ramasser
les pieces fugitives.
quin'ont point estéimprimées,
qu'il destine à lacomposition
d'un recueil qu'il
veut faire mettre fous la
presse. Il tire toute la matiere
de son ouvrage des fragments
de Mrs Vergier, Go-,
dart,Morfontaine, S.Gilles,
Pavillon,Lainé, Pradon,
Rochefort, le Conte, Mlle
Deshouillieres, & plusieurs
autres. Il peut faire ce qu'il
luy plaira des plus vifs endroits
des poësies de ces autheurs
;mais je luy promets (avant que son Livre paroisse,)
de détacher de ces ma.
nuscrits ( que j'ay heureusement
comme luy ) les pieces
qui me conviédront davantage,&
de ne luylaisser,
autant que je pourray ,
de
ces ouvrages, que pour l'impression
deHollande.Voicy
à bon compte deux Fables,
dont l'une est signée
dunom dePavillon,& autre
deLaine, jenerépondrois
pas que quelqu'un
n'eust contrefait leurs
seings.
LE ROSSIGNOL,
ET LE MOINEAU.
FABLE.
LErendre Rossîgnol,&
le galant Moineau,
L'un & l'autre charmez
d'une jeune Fauvette,
Sur la branche d'un arbrisseau
Parlerent un jour d'amou..
rette.
Le petit chanterel par des
airs doucereux
S'efforçoit d'amollir le coeur
de cette belle;
Je ferai, disoitil,tousjours
tendre& fidele,
Si vous voulez me rendre
heureux.
De mes douces chansons
vous sçavezl'harmonie.
Elles ont merirélesuffrage
des Dieux.
Deformais je les sacrifie
A chanter vostre nom , vos
beautez en tous lieux
Les échos de , ces bois les
rediront sans ce(Ie,
Et j'aurai tant de foin de les
rendre éclatants,
Que vostre coeur enfin fera
content.
Et moy, dit le Moineau, je
vous baiserai tant!
Acemotfutjugé le procez
à l'instant
En faveur de l'oiseau qui
porte gorge noire,
On renvoïa l'oiseau chantant.
Voila la fin de mon histoire.
PAVILLON.
Fermer
Résumé : LE ROSSIGNOL, ET LE MOINEAU. FABLE.
Le texte relate une compétition entre deux individus pour rassembler des pièces littéraires non imprimées afin de les publier. Un jeune homme souhaite compiler des fragments d'œuvres de divers auteurs tels que Vergier, Godeau, Morfontaine, S.Gilles, Pavillon, Lainé, Pradon, Rochefort, le Conte, et Mlle Deshouillères. L'auteur du texte, également intéressé par ces manuscrits, menace de publier les pièces qu'il possède en Hollande avant que le jeune homme ne puisse le faire. Le texte inclut également deux fables. La première, signée Pavillon, raconte la rivalité entre un rossignol et un moineau pour obtenir l'amour d'une fauvette. Le rossignol promet des chansons douces et fidèles, tandis que le moineau propose des baisers. La fauvette choisit le moineau, préférant ses baisers aux chansons du rossignol.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
16
p. 251-257
LES DEUX FORTUNES. FABLE.
Début :
Deux hommes voyageants un jour, [...]
Mots clefs :
Fortune, Savoir
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES DEUX FORTUNES. FABLE.
LES DEUX FORTUNES.
FABLE.
DEux hommes voyageants
un jour,
- Enchemintrouvèrent Mercure,
Ce Dieu les attendoit au
bout d'un carrefour,
Sous son immortelle figure.
Les voiladevant luy dans
une humble posture:
Levez-vous, leur dit il,&
me faites sçavoir
En quel lieu vous allez, quel
desseinestlevostre?
Nous allons
,
dirent ils, à
Preneste pour voir
Quel doit estre le fort & de
l'un, & de l'autre.
Vous pouvez, leur répond
leDieu,
Le sçavoir aisement sans aller
à Preneste,
Sans partir mesme de ce
lieu.
Car je fuis envoyé de la
voute celeste
Par le maistre absolu du deC.
tin des humains,
Pour vous faire sçavoir que
de vostre fortune
Il remet le choix dans vos
mains.
Mais comme la race morcelle.,
Connoist deux fortunes
pour elle,
Et que les deux differents
noms,
Dont parmi vous on les appelle,
Ne sont pas ceux dont nous
usons.
Pour choisir avec connoifsance
,
Ecoutez de toutes les deux
La veritable difference.
La mauvaise fortune a des
dehors fascheux,
Aux méprix elle est exposée,
Et la vie avec elle est dure ôc
mal aisée;
Mais ce quelle a d'avance
geux
C'est qu'elle forme à lafa-,
gesse
;
Que pour la temperance, &I
pour la fermeté
C'efl: une excellente mai-f
trefle,
Qu'elle est contraire à lamolesTe,
Etquelle aime la vérité.
Quant à l'autre fortune à
qui lemonde donne
Le nom favorable de bon*
ne,
Elle a d'agreables dehors.
Elle dispose des trésors
,
Et l'abondancel'environne.
A sa fuite font les plaisirs,
Rien ne s'oppose à ses desirs>
Par tout elle a la préseance,
Autour d'elle tout est fournis;
Mais par malheur en recompense,
Elle est sujette à l'arrogance
, Elle n'a point de vrais amis,
D'ordinaire enfin pour tout
dire,
EUe n'a point de favoris
Dont le coeur ne devienne
pire.
Je n'en veux point estre à
ce prix
Dit l'un des voyageurs; l'autre dit au contraire,
J'en veux bien courir le hasard
, ---
Et des biens, & des maux du
choix qu'ils sçavent faire:
Ils eurent chacun d'eux
dans la suite leur part.
Mercure de leur choixchargéde
rendre compte,
,
Fend lesairs, & d'une aile
prompte
Enporte la nouvelle aux
Çieux,
deux,
Le bruit en mesmetemps
s'en répandentous lieux,
Et divers jugements des
choix divers se firent.
A l'un les Mortels applaudirent,
L'autre sur approuvé des
Dieux.
Laine.
FABLE.
DEux hommes voyageants
un jour,
- Enchemintrouvèrent Mercure,
Ce Dieu les attendoit au
bout d'un carrefour,
Sous son immortelle figure.
Les voiladevant luy dans
une humble posture:
Levez-vous, leur dit il,&
me faites sçavoir
En quel lieu vous allez, quel
desseinestlevostre?
Nous allons
,
dirent ils, à
Preneste pour voir
Quel doit estre le fort & de
l'un, & de l'autre.
Vous pouvez, leur répond
leDieu,
Le sçavoir aisement sans aller
à Preneste,
Sans partir mesme de ce
lieu.
Car je fuis envoyé de la
voute celeste
Par le maistre absolu du deC.
tin des humains,
Pour vous faire sçavoir que
de vostre fortune
Il remet le choix dans vos
mains.
Mais comme la race morcelle.,
Connoist deux fortunes
pour elle,
Et que les deux differents
noms,
Dont parmi vous on les appelle,
Ne sont pas ceux dont nous
usons.
Pour choisir avec connoifsance
,
Ecoutez de toutes les deux
La veritable difference.
La mauvaise fortune a des
dehors fascheux,
Aux méprix elle est exposée,
Et la vie avec elle est dure ôc
mal aisée;
Mais ce quelle a d'avance
geux
C'est qu'elle forme à lafa-,
gesse
;
Que pour la temperance, &I
pour la fermeté
C'efl: une excellente mai-f
trefle,
Qu'elle est contraire à lamolesTe,
Etquelle aime la vérité.
Quant à l'autre fortune à
qui lemonde donne
Le nom favorable de bon*
ne,
Elle a d'agreables dehors.
Elle dispose des trésors
,
Et l'abondancel'environne.
A sa fuite font les plaisirs,
Rien ne s'oppose à ses desirs>
Par tout elle a la préseance,
Autour d'elle tout est fournis;
Mais par malheur en recompense,
Elle est sujette à l'arrogance
, Elle n'a point de vrais amis,
D'ordinaire enfin pour tout
dire,
EUe n'a point de favoris
Dont le coeur ne devienne
pire.
Je n'en veux point estre à
ce prix
Dit l'un des voyageurs; l'autre dit au contraire,
J'en veux bien courir le hasard
, ---
Et des biens, & des maux du
choix qu'ils sçavent faire:
Ils eurent chacun d'eux
dans la suite leur part.
Mercure de leur choixchargéde
rendre compte,
,
Fend lesairs, & d'une aile
prompte
Enporte la nouvelle aux
Çieux,
deux,
Le bruit en mesmetemps
s'en répandentous lieux,
Et divers jugements des
choix divers se firent.
A l'un les Mortels applaudirent,
L'autre sur approuvé des
Dieux.
Laine.
Fermer
Résumé : LES DEUX FORTUNES. FABLE.
Dans la fable 'Les Deux Fortunes', deux voyageurs rencontrent Mercure, qui leur offre de choisir leur fortune sans se rendre à Preneste. Mercure distingue deux types de fortunes : la mauvaise, qui, bien que difficile, enseigne la patience, la fermeté et la vérité, et la bonne, qui procure des plaisirs et des richesses mais peut mener à l'arrogance et à l'absence d'amis sincères. Le premier voyageur refuse la bonne fortune, tandis que le second l'accepte. Mercure rapporte leurs choix aux cieux, où les avis divergent : les mortels approuvent le premier choix, tandis que les dieux approuvent le second.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
17
p. 270-274
LE CYGNE FABLE ALLEGORIQUE.
Début :
La Gent Cygne, & la Gent Heronne, [...]
Mots clefs :
Cygne, Roi, Gloire, Paix, Plaisir
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE CYGNE FABLE ALLEGORIQUE.
LE CYGNE
FABLE ALLEGORIQUE.
LA Gent Cygne, & la
GentHèronne,
Pour un canal à sable d'or
Contestoient; la pesche estoitbonne;
Chacun vouloit avoir &
poisons,& trésor.
La guerre se declare
,
&!
tambours, & trompettes
Des Combats donnentle
signal;
Troupes bien lestes
,
bien!
& completres,
Desja des deux costez suivent
leur General.
Mais le Roy Cygne, habile
entre tous les Monarques,
A connoistre ses gents, à les
bien employer,
Se servoit d'un Hector,vray
substitut des Parques,
Ne tout exprés pour guerroyer.
L'Hector Cygne aux Herons
livre mainte bataille;
lJeoint eunsembrle rufe, & va- Les surprend, en pieces les
taille,
Est blessé cependant: Vulcain
de sa tenaille
N'avoit pas travaillé le harnois
du seigneur,
Mais au combat rentré, de
victoire en victoire,
Il reduit les Herons à souhaiter
la paix.
Le Roy Cygne consent à
combler leurs souhaits;
C'est son Hector qui traite;
& pourcomble de gloire
Il est tout à la fois & le
triomphateur,
Et l'heureux pacificateur.
Ainsi par cette paix insigne,
Où le Heron se vit fournis,
Le canal reste au peuple
--
Cygne,
D'ailleurs quittes & bons
amis.
Quant au Cygne guerrier,
ses faits,sa grandeur,
d'ame
»
Eurent leur prix, Apollon
le reclame,
D'olive & de laurier le couronne
à plaisir ;
De plus luy fait un doux
loisir.
Le voila transporté sur les
bords du Permesse,
Où tout est charmé de ses
fons.
La troupe desneuf soeurs
autour de luy s'empresse
Il rend caresse , pour caresse;
Leur plaisir est sa gloire &
le sien leurs chansons.
FABLE ALLEGORIQUE.
LA Gent Cygne, & la
GentHèronne,
Pour un canal à sable d'or
Contestoient; la pesche estoitbonne;
Chacun vouloit avoir &
poisons,& trésor.
La guerre se declare
,
&!
tambours, & trompettes
Des Combats donnentle
signal;
Troupes bien lestes
,
bien!
& completres,
Desja des deux costez suivent
leur General.
Mais le Roy Cygne, habile
entre tous les Monarques,
A connoistre ses gents, à les
bien employer,
Se servoit d'un Hector,vray
substitut des Parques,
Ne tout exprés pour guerroyer.
L'Hector Cygne aux Herons
livre mainte bataille;
lJeoint eunsembrle rufe, & va- Les surprend, en pieces les
taille,
Est blessé cependant: Vulcain
de sa tenaille
N'avoit pas travaillé le harnois
du seigneur,
Mais au combat rentré, de
victoire en victoire,
Il reduit les Herons à souhaiter
la paix.
Le Roy Cygne consent à
combler leurs souhaits;
C'est son Hector qui traite;
& pourcomble de gloire
Il est tout à la fois & le
triomphateur,
Et l'heureux pacificateur.
Ainsi par cette paix insigne,
Où le Heron se vit fournis,
Le canal reste au peuple
--
Cygne,
D'ailleurs quittes & bons
amis.
Quant au Cygne guerrier,
ses faits,sa grandeur,
d'ame
»
Eurent leur prix, Apollon
le reclame,
D'olive & de laurier le couronne
à plaisir ;
De plus luy fait un doux
loisir.
Le voila transporté sur les
bords du Permesse,
Où tout est charmé de ses
fons.
La troupe desneuf soeurs
autour de luy s'empresse
Il rend caresse , pour caresse;
Leur plaisir est sa gloire &
le sien leurs chansons.
Fermer
Résumé : LE CYGNE FABLE ALLEGORIQUE.
Le texte relate une fable allégorique intitulée 'Le Cygne'. Deux groupes, la Gent Cygne et la Gent Hèronne, se disputent un canal à sable d'or, convoité pour ses poissons et son trésor. Une guerre éclate entre les deux factions. Le Roy Cygne, connu pour son habileté à utiliser ses sujets, confie la direction des batailles à Hector, un guerrier exceptionnel. Hector mène de nombreuses batailles contre les Herons, les surprend et les vainc malgré ses blessures. Les Herons demandent ensuite la paix, que le Roy Cygne accepte. Hector négocie les termes de la paix, et le canal reste aux Cygnes, les deux parties devenant quittes et amis. Hector est récompensé par Apollon, qui le couronne d'olive et de laurier et lui offre un doux loisir. Transporté sur les bords du Permesse, il est entouré des neuf sœurs (les Muses), qui chantent pour lui, et il trouve sa gloire dans leur plaisir.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
18
p. 1538-1540
LE CORBEAU ET LE PIGEON. FABLE. A M. l'Abbé Desfontaines. Par M. Richer.
Début :
Le passé nous instruit à prévoir l'avenir. [...]
Mots clefs :
Corbeau, Pigeon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE CORBEAU ET LE PIGEON. FABLE. A M. l'Abbé Desfontaines. Par M. Richer.
LE CORBEAU ET LE PIGEON.
FABLE.
A M.Abbé Desfontaines.Par M. Richer:
LE
E paffé nous inftruit à prévoir l'avenir.-
C'est ce qui rend l'hiftoire utile ;
It ce fameux Théatre en accidens fertile ,
Nous enfeigne à les prévenir.
Je fçai bien que la multitude ,
Du paffé méprifant l'étude ,
Re
JUILLET . 1730. 1539
Regarde feulement ce qu'on fait aujourd'hui.
Auffi voit-on cet ignorant Vulgaire ,
#
ว
Aveugle en fa conduite , infenfé , temeraire.
Par l'Hiftoire on devient fage aux dépens d'au
trui ;
C'eft l'Ecole de la prudence.
Les Petits & les Grands y lifent leur devoir ;
Et qui s'applique à la fçavoir ,
Jeune , du vieux Neftor fait voir l'experience.
Qui n'en reconnoîtra le prix ,.
En lifant les fages Ecrits
2
Des grands Hiftoriens & de Rome & d'Athenes
A leur exemple , Desfontaines ,
Orné de grace & de préciſion ,
Aux faits puifés chez eux joint la refléxion . -
Ce crayon fçavant & fidele ,
Qui des Vainqueurs de l'Univers
Peint fi bien les vertus & les vices divers ,
Pour rendre l'homme fage offre plus d'un mo✈
dele
Ma Fable va le dire encor mieux que ces Vers.-
Un Corbeau , jeune encor , fçavoit déja l'hiftoire
De tous les Oifeaux differens ;
De plus , il prédiſoit la pluye & le beau tems,
Iffu de en pere fils (le fait eft bien notoire ) .
Du vieux Corbeaù dè Corvinus..
Le fçavoir dans fa Race étoit héreditaire.
Notre
1540 MERCURE DE FRANCE
Notre Docteur diſoit à l'Oiſeau de Venus ,
Oifeau fort neuf dont la tête legere
Se gouvernoit au gré du vent )
Fayons au plutôt , mon enfant
Ne vois-tu pas avec ſon arbalête ,
S'avancer vers nous ce pié plat ?
Quoique je ne fois pas un mets fort délicat ,
Je pars. Le voilà qui s'apprête
A décocher´un trait qui me fait peut ;
Et par tradition je fçai que tes 'femblables '
Ont péri maintefois par ces traits redoutables:™-
Comme moi , préviens le malheur.
Notre Pigeoneau peu docile ,
Malgré l'avis , refta tranquile."
Tai toi , répliqua t'il , je võis clair , Dieu merci.
Le Manant que tu crains , eft encor loin d'ici ;
Il ne nous cherche pas ; demeurons . Bagatelle ,
Repartit le Corbeau , fuyant à tire d'afle.
Cependant l'homme approche ; alors le Pigeonpart
;
Mais il s'en avifa trop tard.
IF eft percé dans l'air d'une fleche mortelle ;
Tandis que le Corbeau de fageffe pourvûe 57
Evite le danger prévů.
FABLE.
A M.Abbé Desfontaines.Par M. Richer:
LE
E paffé nous inftruit à prévoir l'avenir.-
C'est ce qui rend l'hiftoire utile ;
It ce fameux Théatre en accidens fertile ,
Nous enfeigne à les prévenir.
Je fçai bien que la multitude ,
Du paffé méprifant l'étude ,
Re
JUILLET . 1730. 1539
Regarde feulement ce qu'on fait aujourd'hui.
Auffi voit-on cet ignorant Vulgaire ,
#
ว
Aveugle en fa conduite , infenfé , temeraire.
Par l'Hiftoire on devient fage aux dépens d'au
trui ;
C'eft l'Ecole de la prudence.
Les Petits & les Grands y lifent leur devoir ;
Et qui s'applique à la fçavoir ,
Jeune , du vieux Neftor fait voir l'experience.
Qui n'en reconnoîtra le prix ,.
En lifant les fages Ecrits
2
Des grands Hiftoriens & de Rome & d'Athenes
A leur exemple , Desfontaines ,
Orné de grace & de préciſion ,
Aux faits puifés chez eux joint la refléxion . -
Ce crayon fçavant & fidele ,
Qui des Vainqueurs de l'Univers
Peint fi bien les vertus & les vices divers ,
Pour rendre l'homme fage offre plus d'un mo✈
dele
Ma Fable va le dire encor mieux que ces Vers.-
Un Corbeau , jeune encor , fçavoit déja l'hiftoire
De tous les Oifeaux differens ;
De plus , il prédiſoit la pluye & le beau tems,
Iffu de en pere fils (le fait eft bien notoire ) .
Du vieux Corbeaù dè Corvinus..
Le fçavoir dans fa Race étoit héreditaire.
Notre
1540 MERCURE DE FRANCE
Notre Docteur diſoit à l'Oiſeau de Venus ,
Oifeau fort neuf dont la tête legere
Se gouvernoit au gré du vent )
Fayons au plutôt , mon enfant
Ne vois-tu pas avec ſon arbalête ,
S'avancer vers nous ce pié plat ?
Quoique je ne fois pas un mets fort délicat ,
Je pars. Le voilà qui s'apprête
A décocher´un trait qui me fait peut ;
Et par tradition je fçai que tes 'femblables '
Ont péri maintefois par ces traits redoutables:™-
Comme moi , préviens le malheur.
Notre Pigeoneau peu docile ,
Malgré l'avis , refta tranquile."
Tai toi , répliqua t'il , je võis clair , Dieu merci.
Le Manant que tu crains , eft encor loin d'ici ;
Il ne nous cherche pas ; demeurons . Bagatelle ,
Repartit le Corbeau , fuyant à tire d'afle.
Cependant l'homme approche ; alors le Pigeonpart
;
Mais il s'en avifa trop tard.
IF eft percé dans l'air d'une fleche mortelle ;
Tandis que le Corbeau de fageffe pourvûe 57
Evite le danger prévů.
Fermer
Résumé : LE CORBEAU ET LE PIGEON. FABLE. A M. l'Abbé Desfontaines. Par M. Richer.
La fable 'Le Corbeau et le Pigeon' de M. Richer, dédiée à l'Abbé Desfontaines, souligne l'importance de l'histoire pour anticiper et éviter les dangers futurs. Elle met en avant l'utilité de l'étude du passé, accessible à tous, y compris aux ignorants et aux téméraires. L'histoire est présentée comme une école de prudence pour les jeunes et les vieux. La fable raconte l'histoire d'un jeune corbeau, fils du vieux Corvinus, qui connaît l'histoire des oiseaux et peut prédire le temps. Un jour, il avertit un pigeonneau de l'approche d'un homme armé d'une arbalète. Le pigeonneau, confiant, reste tranquille. Le corbeau, prévenant, s'enfuit à temps, tandis que le pigeonneau est touché par une flèche mortelle. Cette fable illustre comment la connaissance historique et la prudence permettent d'éviter les dangers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
19
p. 1967-1969
LE RENARD ET L'ASNE, FABLE.
Début :
Dispensateur des Trésors du Parnasse, [...]
Mots clefs :
Renard, Âne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE RENARD ET L'ASNE, FABLE.
LE RENARD ET L'ASNE ,
FABLE.
Difpenfateur des Tréfors du Parnaſſe ,
Phoebus , flambeau du Firmament ,
Daignez favorifer dans fa badine audace
La tentative d'un enfant.
N'ayant fenti dès fes plus tendres ans
Que les brouillards de l'Hypocrêne ;
Souffrez du moins que fes pas chancelans
Suivent de loin le cours de la Fontaine.
Au tems jadis , mille ans avant Deſcartes ,
Qui même de l'inftinct privoit les Animaux ,
Sire Lion , leur Roi , par diverſes Pancartés ,
Nomma hauts Jufticiers , Baillifs & Senéchaux .
Le
1968 MERCURE DE FRANCE
Le projet étoit bon ; il aimoit la Juftice ;
Car , difoit- il ( parlant du Loup )
Qui défendra l'Agneau des dents de ce filou ,
S'il le vouloit gober par goût ou par caprice
Voulons que nos Edits foient donc notifiés
Dans le Reffort de notre dépendance ,
Et que Sujets choifis , avec quelque finance
Soient à l'inftant Bailli -fiés.
Dans le Païs de Sapience
Certain Renard étoit le Senéchal ;
Martin Baudet , parlant par reverence
En étoit Procureur fifcal.
Le premier poffedoit maint tour de Gibeciere,
De feu Maître Gonin il tiroit ſon eſtoc ;
Et quand Janot Lapin plaidoit contre fon frere
L'un perdoit fon Procès , l'autre reftoit au croc.
Dame Poulle plaidant devant Seigneur Renard,
Le fin Matois plumoit fa Cliente à merveilles ;'
Martin , en bon Docteur , fecoüant les oreilles ,
Toujours avec trois dez concluoit au hazard .
Le malheur fut encor que de cette Juftice ,
Pour faire un bon Trio , le Chat fut le Greffier ,
Et
SEPTEMBRE . 1730. 1969
Et la griffe de ce dernier
Des Cliens échapés excroquoit aîle ou cuiffe.
L'ordre du Roi fi mal executé ,
Rendit ces maux d'autant plus incroyables
Que ces monftres impitoyables
Se flattoient de l'impunité.
C'eft ainfi que fouvent tous les hommes déci
dent ;
La partialité guide leurs fentimens.
Défions-nous des jugemens
Où l'ignorance & l'interêt préfident.
FABLE.
Difpenfateur des Tréfors du Parnaſſe ,
Phoebus , flambeau du Firmament ,
Daignez favorifer dans fa badine audace
La tentative d'un enfant.
N'ayant fenti dès fes plus tendres ans
Que les brouillards de l'Hypocrêne ;
Souffrez du moins que fes pas chancelans
Suivent de loin le cours de la Fontaine.
Au tems jadis , mille ans avant Deſcartes ,
Qui même de l'inftinct privoit les Animaux ,
Sire Lion , leur Roi , par diverſes Pancartés ,
Nomma hauts Jufticiers , Baillifs & Senéchaux .
Le
1968 MERCURE DE FRANCE
Le projet étoit bon ; il aimoit la Juftice ;
Car , difoit- il ( parlant du Loup )
Qui défendra l'Agneau des dents de ce filou ,
S'il le vouloit gober par goût ou par caprice
Voulons que nos Edits foient donc notifiés
Dans le Reffort de notre dépendance ,
Et que Sujets choifis , avec quelque finance
Soient à l'inftant Bailli -fiés.
Dans le Païs de Sapience
Certain Renard étoit le Senéchal ;
Martin Baudet , parlant par reverence
En étoit Procureur fifcal.
Le premier poffedoit maint tour de Gibeciere,
De feu Maître Gonin il tiroit ſon eſtoc ;
Et quand Janot Lapin plaidoit contre fon frere
L'un perdoit fon Procès , l'autre reftoit au croc.
Dame Poulle plaidant devant Seigneur Renard,
Le fin Matois plumoit fa Cliente à merveilles ;'
Martin , en bon Docteur , fecoüant les oreilles ,
Toujours avec trois dez concluoit au hazard .
Le malheur fut encor que de cette Juftice ,
Pour faire un bon Trio , le Chat fut le Greffier ,
Et
SEPTEMBRE . 1730. 1969
Et la griffe de ce dernier
Des Cliens échapés excroquoit aîle ou cuiffe.
L'ordre du Roi fi mal executé ,
Rendit ces maux d'autant plus incroyables
Que ces monftres impitoyables
Se flattoient de l'impunité.
C'eft ainfi que fouvent tous les hommes déci
dent ;
La partialité guide leurs fentimens.
Défions-nous des jugemens
Où l'ignorance & l'interêt préfident.
Fermer
Résumé : LE RENARD ET L'ASNE, FABLE.
Le texte présente la fable 'Le Renard et l'Asne'. L'auteur, se décrivant comme un enfant, demande l'inspiration des muses et de Phébus. Il situe l'histoire dans une époque antérieure à Descartes, où le lion, roi des animaux, désigna des juges pour administrer la justice. Le renard fut nommé sénéchal et Martin Baudet procureur fiscal. Le renard manipulait les procès par des ruses, tandis que Martin concluait souvent au hasard. Le chat, greffier, exploitait les clients échappés. Cette justice corrompue et partiale engendra de nombreux maux, les juges se croyant intouchables. La fable met en garde contre les jugements où l'ignorance et l'intérêt personnel dominent.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
20
p. 701-704
LE LION ET LA BREBIS, FABLE.
Début :
Vous qui des grands recherchez l'assistance, [...]
Mots clefs :
Lion, Brebis, Protection, Toison, Fable, Justice, Puissance, Fourrure
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE LION ET LA BREBIS, FABLE.
LE LION ET LA BREBIS ,
V
FABLE.
Ous qui des grands recherchez l'assistance ,
N'allez pas avec eux vous lier d'interêt , ´
Si vous donnez plus que la reverence 2
Vous êtes perdus pour jamais.
Un Lion , mais Lion du plus sublime étage ,
Et des plus nobles d'alentour ,
Lion puissant Siegneur , qui par haut parentage ,
Etoit des mieux venus en Cour ,
Joua , dit- on , un vilain tour ,
A la Brebis , sa voisine , peu sage.
Voici le cas ; le bêlant animal ,
Voulant s'avancer , se produire ,
Pour maîtriser ceux qui pouvoient lui naire ,
Et l'emporter sur maint et maint Rival ;
Il faut , dit- il , choisir une Puissance ,
Envers et contre tous qui puisse nous munir ,
Et réprimer l'insolence ,
De l'Escroqueur , qui contre notre engeance®,
Diij
Aima
702 MERCURE DE FRANCE
Aima toûjours tant à sevir.
Ainsi pensoit la Bête à Laine ,
Aussi-tôt dit , aussi-tôt fait ;
Elle court à perte d'haleine ,
Chez le Lion , pour le voir à souhait ,
Et lui faire sa réverence .
Celui- cy de bonne accointance ,.
Avec beaucoup d'affectation ,
Lui promet sa protection.
Grande amitié de part et d'autre ,
Mais par présens falloit l'entretenir ,
Seigneur Lion , le bon apôtre ,
Eût voulu déja les tenir.
D'abord on n'exigea que la simple courbette ,
Que constante assiduité :
Mais bien-tôt la Bête sujette ,
N'en fut quitte à si bon marché ;
Laissant là sa délicatesse ,
Notre Patron s'arma de hardiesse
Et la pria de lui prêter ,
Maintes feuilles qu'avoit amassé la pécore ,
Pour subsister durant l'âpre saison
Cette demande qui l'honore ,
Lui fait donner au Patron 2.
Le feuillage ,
Qu'elle avoit fait à son Village ,
Voiturer à grands frais par Maître Aliboron..
Ce ne fur tout , et comme dit l'adage ,
Plus
AVRIL. 703 1731 .
Plus on a , plus on veut avoir ,
Chez tous les Grands c'est maxime en usage.
Ainsi donc le Lion venant à concevoir ,
Que s'approchoit le tems de la froidure ,
Pensa comment d'une saison si dure ,
Il éviteroit les rigueurs ;
Puis tout à coup songeant à sa Cliente ,
>
En vain, dit- il , je me tourmente ,
Pour de chimeriques malheurs ;
Notre Brebis de sa véture ,
Nous fera chaude couverture.
Bien disoit vrai , le benin animal
De sa Toison lui fait une fourure ,
Si bien que tant que l'hyver dure ,
Le Protecteur ne ressent aucun mal.
A sa porte souvent l'autre cria misere ,
Voulut qu'on la payât et qu'on finît l'affaire .
Pas le moindre petit retour ;
Et qui pis est , la pécore bêlante ,
N'osa plaider pour un si vilain tour ;
Trop bien sçavoit que la Justice est lente ,
A condamner les gens de Cour.
Tout ce que fit la bête aux frimats exposée ,
C'est qu'à son dain déniaisée ,
N'ayant de quoi manger , ni se vétir ,
Elle jura bien fort de n'y plus revenir..
Cet Apologue est pour confondre ,
Ceux qui se livrent trop à de puissans amis ,
D. iiij
Car
704 MERCURE DE * FRANCE
A
Car il est plus d'une Brebis ,
Quipar les Grands se laisse tondre.'
Par René-Vincent Desf *** .
V
FABLE.
Ous qui des grands recherchez l'assistance ,
N'allez pas avec eux vous lier d'interêt , ´
Si vous donnez plus que la reverence 2
Vous êtes perdus pour jamais.
Un Lion , mais Lion du plus sublime étage ,
Et des plus nobles d'alentour ,
Lion puissant Siegneur , qui par haut parentage ,
Etoit des mieux venus en Cour ,
Joua , dit- on , un vilain tour ,
A la Brebis , sa voisine , peu sage.
Voici le cas ; le bêlant animal ,
Voulant s'avancer , se produire ,
Pour maîtriser ceux qui pouvoient lui naire ,
Et l'emporter sur maint et maint Rival ;
Il faut , dit- il , choisir une Puissance ,
Envers et contre tous qui puisse nous munir ,
Et réprimer l'insolence ,
De l'Escroqueur , qui contre notre engeance®,
Diij
Aima
702 MERCURE DE FRANCE
Aima toûjours tant à sevir.
Ainsi pensoit la Bête à Laine ,
Aussi-tôt dit , aussi-tôt fait ;
Elle court à perte d'haleine ,
Chez le Lion , pour le voir à souhait ,
Et lui faire sa réverence .
Celui- cy de bonne accointance ,.
Avec beaucoup d'affectation ,
Lui promet sa protection.
Grande amitié de part et d'autre ,
Mais par présens falloit l'entretenir ,
Seigneur Lion , le bon apôtre ,
Eût voulu déja les tenir.
D'abord on n'exigea que la simple courbette ,
Que constante assiduité :
Mais bien-tôt la Bête sujette ,
N'en fut quitte à si bon marché ;
Laissant là sa délicatesse ,
Notre Patron s'arma de hardiesse
Et la pria de lui prêter ,
Maintes feuilles qu'avoit amassé la pécore ,
Pour subsister durant l'âpre saison
Cette demande qui l'honore ,
Lui fait donner au Patron 2.
Le feuillage ,
Qu'elle avoit fait à son Village ,
Voiturer à grands frais par Maître Aliboron..
Ce ne fur tout , et comme dit l'adage ,
Plus
AVRIL. 703 1731 .
Plus on a , plus on veut avoir ,
Chez tous les Grands c'est maxime en usage.
Ainsi donc le Lion venant à concevoir ,
Que s'approchoit le tems de la froidure ,
Pensa comment d'une saison si dure ,
Il éviteroit les rigueurs ;
Puis tout à coup songeant à sa Cliente ,
>
En vain, dit- il , je me tourmente ,
Pour de chimeriques malheurs ;
Notre Brebis de sa véture ,
Nous fera chaude couverture.
Bien disoit vrai , le benin animal
De sa Toison lui fait une fourure ,
Si bien que tant que l'hyver dure ,
Le Protecteur ne ressent aucun mal.
A sa porte souvent l'autre cria misere ,
Voulut qu'on la payât et qu'on finît l'affaire .
Pas le moindre petit retour ;
Et qui pis est , la pécore bêlante ,
N'osa plaider pour un si vilain tour ;
Trop bien sçavoit que la Justice est lente ,
A condamner les gens de Cour.
Tout ce que fit la bête aux frimats exposée ,
C'est qu'à son dain déniaisée ,
N'ayant de quoi manger , ni se vétir ,
Elle jura bien fort de n'y plus revenir..
Cet Apologue est pour confondre ,
Ceux qui se livrent trop à de puissans amis ,
D. iiij
Car
704 MERCURE DE * FRANCE
A
Car il est plus d'une Brebis ,
Quipar les Grands se laisse tondre.'
Par René-Vincent Desf *** .
Fermer
Résumé : LE LION ET LA BREBIS, FABLE.
La fable 'Le Lion et la Brebis' relate l'histoire d'une brebis cherchant protection auprès d'un lion puissant. Le lion accepte de la protéger en échange de présents. Initialement, il demande de la courbette et de l'assiduité, puis exige des feuilles que la brebis a amassées pour l'hiver. La brebis, soumise, lui fournit ce qu'il demande. Lorsque l'hiver arrive, le lion utilise la laine de la brebis pour se couvrir sans compensation. La brebis, malgré ses plaintes, n'ose pas réclamer justice, sachant que les puissants sont protégés par la lenteur de la justice. Elle finit par jurer de ne plus jamais chercher la protection des grands. Cette fable met en garde contre les dangers de s'allier à des puissants qui peuvent exploiter et abandonner ceux qui leur font confiance.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
21
p. 805-806
A M. HERAULT, CONSEILLER D'ETAT, ET LIEUTENANT GENERAL DE POLICE. LE LYNX. Fable.
Début :
Au milieu des travaux, où brille ta prudence, [...]
Mots clefs :
Lynx, Prudence, Simplicité, Vertu, Larcins, Vice, Sphynx, Vigilance , Équité
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A M. HERAULT, CONSEILLER D'ETAT, ET LIEUTENANT GENERAL DE POLICE. LE LYNX. Fable.
A M. HERAULT,
CONSEILLER D'ETAT ,
ET LIEUTENANT GENERAL DE POLICE
LE LYNX. Fable.
Au milieu des travaux , où brille ta prudence ,
Herault , je te demande un instant d'audiance ;
Daigne me l'accorder , et souffre que ma voix ,
Loin du monde et du bruit t'appelle dans les bois ;
D'autres pour acquerir l'honneur de ton estime ,
Pourront avec éclat prendre un essor sublime ,
Mon style manque d'art , mais sa simplicité ,
Sçait rendre à la vertu ce qu'elle a merité.
Certaine Chronique rapporte ,
Que dans une Forêt pleine d'Oiseaux divers
Et d'animaux de toute sorte ,
Entra jadis l'esprit pervers :
Aussi- tôt les larcins , les meurtres ,
Les trahisons , le brigandage ,
le
carnage ,
Y vinrent déployer leurs coupables fureurs ;
La
806 MERCURE DE FRANCE
La raison du plus fort emportoit la balance ,
Le vice triomphoit , la timide innocence ,
Perdoit ses soupirs et ses pleurs :
Sultan Lyon , dont l'ame genereuse ,
Souffroit avec chagrin de pareils attentats »»
Résolut d'extirper du sein de ses Etats ,
Cette licence dangereuse ;
Pour remplir un projet si beau ,
Il se servit du ministere
D'un Lynx qui suivoit le flambeau ,
De l'Equité la plus austere..
A son aspect les crimes confondus ,
Chercherent en vain un azile
Sa vigilance et ses soins assidus.
Rendirent la Forêt tranquille ;
Le Pigeon du Vautour méprisa la fureur ,
Et l'innocent Agneau vit le Loup sans terreur.
Sage Magistrat , cette Fable ,
N'a point l'obscurité des Enigmes du Sphynx ,
Paris de son repos à tes soins redevable ,
Verra facilement que ma Muse équitable ,
Ne songeoit qu'à toi seul en dépeignant le Lynx
I Par M.de Gastera..
CONSEILLER D'ETAT ,
ET LIEUTENANT GENERAL DE POLICE
LE LYNX. Fable.
Au milieu des travaux , où brille ta prudence ,
Herault , je te demande un instant d'audiance ;
Daigne me l'accorder , et souffre que ma voix ,
Loin du monde et du bruit t'appelle dans les bois ;
D'autres pour acquerir l'honneur de ton estime ,
Pourront avec éclat prendre un essor sublime ,
Mon style manque d'art , mais sa simplicité ,
Sçait rendre à la vertu ce qu'elle a merité.
Certaine Chronique rapporte ,
Que dans une Forêt pleine d'Oiseaux divers
Et d'animaux de toute sorte ,
Entra jadis l'esprit pervers :
Aussi- tôt les larcins , les meurtres ,
Les trahisons , le brigandage ,
le
carnage ,
Y vinrent déployer leurs coupables fureurs ;
La
806 MERCURE DE FRANCE
La raison du plus fort emportoit la balance ,
Le vice triomphoit , la timide innocence ,
Perdoit ses soupirs et ses pleurs :
Sultan Lyon , dont l'ame genereuse ,
Souffroit avec chagrin de pareils attentats »»
Résolut d'extirper du sein de ses Etats ,
Cette licence dangereuse ;
Pour remplir un projet si beau ,
Il se servit du ministere
D'un Lynx qui suivoit le flambeau ,
De l'Equité la plus austere..
A son aspect les crimes confondus ,
Chercherent en vain un azile
Sa vigilance et ses soins assidus.
Rendirent la Forêt tranquille ;
Le Pigeon du Vautour méprisa la fureur ,
Et l'innocent Agneau vit le Loup sans terreur.
Sage Magistrat , cette Fable ,
N'a point l'obscurité des Enigmes du Sphynx ,
Paris de son repos à tes soins redevable ,
Verra facilement que ma Muse équitable ,
Ne songeoit qu'à toi seul en dépeignant le Lynx
I Par M.de Gastera..
Fermer
Résumé : A M. HERAULT, CONSEILLER D'ETAT, ET LIEUTENANT GENERAL DE POLICE. LE LYNX. Fable.
Le texte est une fable dédiée à M. Hérault, conseiller d'État et lieutenant général de police. L'auteur sollicite son attention pour lui présenter une fable. Cette fable relate comment une forêt, autrefois paisible, fut perturbée par le vice, entraînant des larcins, des meurtres, des trahisons et des brigandages. Indigné par ces actes, le sultan Lyon décida d'y mettre fin. Il choisit un lynx, symbole de vigilance et d'équité, pour rétablir l'ordre. Grâce à la vigilance du lynx, la forêt retrouva la tranquillité, permettant aux animaux innocents de vivre sans crainte. L'auteur compare Hérault au lynx, soulignant que, comme ce dernier, Hérault veille sur Paris et y maintient l'ordre et la justice.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
22
s. p.
LA METEMPSICOSE, FABLE.
Début :
Qui du monde connoît la Carte, [...]
Mots clefs :
Métempsycose, Singe, Âne, Roi du ténébreux séjour, Perroquet
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA METEMPSICOSE, FABLE.
LA METEMPSICOSE ,
FABLE.
Ui du monde connoit la Carte,
Spait qu'il abonde en prestiges
divers ;
De la droite raison plus ou moins on s'écarte ,
Et les Humains ont chacun leurtravers.
Il est sur tout certaine engeance ,
Qui
994 MERCURE
3
DE FRANCE
Qui défigure l'homme et qui pullula en France .
Que l'on fuit dans tous les climats ,
Lt que ces Vers ne corrigeront
pas.
Un vieux Singe étant mort , son ombre Calotine,
Sollicita l'Epoux de Proserpine ,
Pour revoir la clarté du jour“ ;
Le Roi du tenebreux séjour,
Lui voulant ôter sa souplesse ,
Sa malice sur tour , et sa vivacité ,
Du corps d'un Asne alloit la faire hôtesse ;
Ainsi l'avoit -il arrêté :
Mais l'Ombre après quelques gambades
Et deux ou trois Pantalonades ,
Dont le bon Pluton rit bien fort ,
Obtient du Dieu de se choisir un sort
Et lui demande avec instance ,
La faveur de passer au corps d'un Perroquet .
C'est , disoit- elle , mon paquet ;
Carje pourrai du moins dans cette résidence ;
Conserver avec l'homme un peu de ressemblance
On sçait qu'étant Singe autrefois ,
J'imitois son air et son geste ;
Et joiiant ici de mon reste ,
Je le copierai de la voix.
L'ame du Singe à peine anime un verd plumage;
Qu'une vieille Fachette et le met dans la cage.
Bayard comme elle , il charmoit son ennui
Au
AMAY. 1731.998.
Aux Passans il chantoit leur game ,
Causoit le long du jour avec la bonne femme,,
Qui ne parloit plus sensément que lui.
Le Sire en fit aisément la conquête...
A son nouveau talent d'étourdir le quartier ,
Il joint , je ne sçai quoi , de son premier métier:
En Arlequin il remuoit la tête ,
Faisoit craquer son bec , formoit differens sons
Il agitoit sa queue en cent et cent façons ,
Et joüoit les Marionnettes.
La vieille mettant ses Lunettes ,
Ne se lassoit de l'admirer ,
Triste d'être un peu sourde ,et souvent d'ignorer,
Ce qu'avoit dit son Peroquet fertile.
Au demeurant , suivant son stile
Le drôle aimoit à sirotter >
La vieille aussi ; l'âge de radotter
Est assez la saison de boire;
L'une tint bon , l'autre s'en trouva mal .
Notre emplumé pour n'être assez frugal ,
Se vit encor contraint de passer l'Onde noire .
Il reparut devant Pluton ,
Qui le privant de la parole ,
Vouloit le renvoyer dans le corps d'une Sole.
L'autre craignant sur tout de devenir Poisson ,
Eut recours à son Protocole ,
Vous fit nouvelle cabriole ,
Joia sa farce, et plut. On sçait que quelquefois ,
A iij
Peu
996 MERCURE DE FRANCE
Peu de chose amuse les Rois.
Selon son goût , enfin le Dieu le fit renaître ,
Et de l'homme lui donna l'être :
> Mais n'osant pas en faire un Mortel vertueux
Un sage , il le destine au corps d'un petit Maître,
D'un brouillon , d'un présomptueux ,
Portant la tête au vent , de soi-même idolâtre ,
Importun , fanfaron , d'ennuyeux entretien ,
Parlant beaucoup , ne disant rien ;
Vrai personnage de Théatre ,
It d'ordinaire aussi personnage de Cour."
Mercure , en cet état , le rencontrant un jour ;
Je t'ai vû n'aguere au Tenare ,
S'écria -t'il , tu n'es qu'un composé bizarre ,
Et du Singe , et du Perroquet.
Grace à ton geste , ainsi qu'à ton caquet ,
Ton ridicule se consomme.
D'un semblable mêlange on ne fait qu'un so
homme ,
Et nul n'est pris à cet appas .
Ainsi le Dieu traita la chose.
O ! combien de gens ici bas ,
Me feroient croire à la Métempsicose.
M. Tanevot..
FABLE.
Ui du monde connoit la Carte,
Spait qu'il abonde en prestiges
divers ;
De la droite raison plus ou moins on s'écarte ,
Et les Humains ont chacun leurtravers.
Il est sur tout certaine engeance ,
Qui
994 MERCURE
3
DE FRANCE
Qui défigure l'homme et qui pullula en France .
Que l'on fuit dans tous les climats ,
Lt que ces Vers ne corrigeront
pas.
Un vieux Singe étant mort , son ombre Calotine,
Sollicita l'Epoux de Proserpine ,
Pour revoir la clarté du jour“ ;
Le Roi du tenebreux séjour,
Lui voulant ôter sa souplesse ,
Sa malice sur tour , et sa vivacité ,
Du corps d'un Asne alloit la faire hôtesse ;
Ainsi l'avoit -il arrêté :
Mais l'Ombre après quelques gambades
Et deux ou trois Pantalonades ,
Dont le bon Pluton rit bien fort ,
Obtient du Dieu de se choisir un sort
Et lui demande avec instance ,
La faveur de passer au corps d'un Perroquet .
C'est , disoit- elle , mon paquet ;
Carje pourrai du moins dans cette résidence ;
Conserver avec l'homme un peu de ressemblance
On sçait qu'étant Singe autrefois ,
J'imitois son air et son geste ;
Et joiiant ici de mon reste ,
Je le copierai de la voix.
L'ame du Singe à peine anime un verd plumage;
Qu'une vieille Fachette et le met dans la cage.
Bayard comme elle , il charmoit son ennui
Au
AMAY. 1731.998.
Aux Passans il chantoit leur game ,
Causoit le long du jour avec la bonne femme,,
Qui ne parloit plus sensément que lui.
Le Sire en fit aisément la conquête...
A son nouveau talent d'étourdir le quartier ,
Il joint , je ne sçai quoi , de son premier métier:
En Arlequin il remuoit la tête ,
Faisoit craquer son bec , formoit differens sons
Il agitoit sa queue en cent et cent façons ,
Et joüoit les Marionnettes.
La vieille mettant ses Lunettes ,
Ne se lassoit de l'admirer ,
Triste d'être un peu sourde ,et souvent d'ignorer,
Ce qu'avoit dit son Peroquet fertile.
Au demeurant , suivant son stile
Le drôle aimoit à sirotter >
La vieille aussi ; l'âge de radotter
Est assez la saison de boire;
L'une tint bon , l'autre s'en trouva mal .
Notre emplumé pour n'être assez frugal ,
Se vit encor contraint de passer l'Onde noire .
Il reparut devant Pluton ,
Qui le privant de la parole ,
Vouloit le renvoyer dans le corps d'une Sole.
L'autre craignant sur tout de devenir Poisson ,
Eut recours à son Protocole ,
Vous fit nouvelle cabriole ,
Joia sa farce, et plut. On sçait que quelquefois ,
A iij
Peu
996 MERCURE DE FRANCE
Peu de chose amuse les Rois.
Selon son goût , enfin le Dieu le fit renaître ,
Et de l'homme lui donna l'être :
> Mais n'osant pas en faire un Mortel vertueux
Un sage , il le destine au corps d'un petit Maître,
D'un brouillon , d'un présomptueux ,
Portant la tête au vent , de soi-même idolâtre ,
Importun , fanfaron , d'ennuyeux entretien ,
Parlant beaucoup , ne disant rien ;
Vrai personnage de Théatre ,
It d'ordinaire aussi personnage de Cour."
Mercure , en cet état , le rencontrant un jour ;
Je t'ai vû n'aguere au Tenare ,
S'écria -t'il , tu n'es qu'un composé bizarre ,
Et du Singe , et du Perroquet.
Grace à ton geste , ainsi qu'à ton caquet ,
Ton ridicule se consomme.
D'un semblable mêlange on ne fait qu'un so
homme ,
Et nul n'est pris à cet appas .
Ainsi le Dieu traita la chose.
O ! combien de gens ici bas ,
Me feroient croire à la Métempsicose.
M. Tanevot..
Fermer
Résumé : LA METEMPSICOSE, FABLE.
La fable 'La Métempsycose' relate les aventures de l'âme d'un singe après sa mort. L'âme, sous forme d'ombre, demande à Pluton de revoir la lumière. Pluton, voulant la punir, décide de la réincarner en âne, mais l'âme choisit de devenir un perroquet. Adoptée par une vieille femme, le perroquet meurt après avoir trop mangé et reparaît devant Pluton, qui envisage de le réincarner en poisson. L'âme, par une cabriole, plaît à Pluton, qui la réincarne alors en homme, un 'petit maître' présomptueux. Mercure reconnaît en cet homme un mélange de singe et de perroquet, soulignant son ridicule. La fable se conclut par une réflexion sur la métempsycose et les comportements humains qui pourraient y faire croire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
23
p. 1252-1254
L'AIGLON ET LE GEAY. FABLE. Présentée à Monseigneur le Comte de Clermont, par M. de Castera, au sujet du Livre intitulé le Théatre des Passions et de la Fortune, que l'Autheur a dedié à son Altesse Serenissime.
Début :
Dans un agréable Bocage, [...]
Mots clefs :
Bocage, Aiglon, Geay, Oiseau, Orgueil, Rossignols, Naïveté, Vérité, Style
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'AIGLON ET LE GEAY. FABLE. Présentée à Monseigneur le Comte de Clermont, par M. de Castera, au sujet du Livre intitulé le Théatre des Passions et de la Fortune, que l'Autheur a dedié à son Altesse Serenissime.
JUIN 1731. 1241
}
****************
LETTRE de M. D. L. R. sur un
Ouvrage du R. P. Feijoo , Benedictin
Espagnol.
.
entre les
傻
l'Ouvrage dont vous avez entendu
parler. C'est M. Boyer , Docteur en Me
decine de la Faculté de Montpellier , et
Docteur- Régent en celle de Paris , qui l'a
apporté d'Eſpagne , depuis peu de tems .
Vous sçavez que ce Medecin partit d'ici
sur la fin du mois de Juillet dernier pour
le rétablissement de la santé de M. le
Marquis de Brancars , Ambassadeur de
France à la Cour de S. M. Catholique ;
vous sçavez aussi qu'il a fait un voyage
heureux, et qu'il a ramené M. l'Ambassa
deur parfaitement guéri.
Mais vous pouvez ignorer que notre
Medecin , toujours attentif sur la Litte
rature , et mettant tout à profit à cet
égard , quand il est obligé de voyager ,
n'a pas manqué d'apporter plusieurs Li
vres Espagnols , des meilleurs et des plus
nouveaux. Celui pour lequel vous vous
interessez , ne pouvoit pas être oublié ;
en voici le Titre.
I. Vol. THEA
1242 MERCURE DE FRANCE
THEATRO CRITICO , UNIVERSAL,
O Discursos varios en toto genero de Ma
terias para desengano de Errores comunes.
Dedicado A RP P. Fr. Joseph de Bar
nuero , General de la Congregacion de San
Benito de Espana , Inglaterra , & c. Escrito
por El M. R. P. M. Fr. Benito Jeronymo
Feijoo , Maestro General de la Religion de
San Benito , y Cathedratico de Visperas de
Theologia de la Universidad de Oviedo.
Tercera Impression En Madrid : En la
Imprenta de Francisco del Hierro , Anno de
M. DCC . XXIX . C'est-à -dire , THEA
TRE CRITIQUE UNIVERSEL , ou Discours
divers sur toute sorte de sujets pour désa
buser les hommes des erreurs communes
et ordinaires . Dédié au Reverendissime
Pere General de la Congrégation de saint
Benoît , établie en Espagne , en Angle
terre, &c. Composé par le R. P. BENOIST
JEROSME FEIJOO , Maître ou Professeur
General dans la même Congrégation ,
Professeur en Thélogie de l'Université
d'Oviedo; quatre Volumes in 4% Troisiéme
Edition. A Madrid , de l'Imprimerie de
François del Hierro , M. DCC. XXIX .
On trouve à la tête du premier Vo
lume une Epitre Dédicatoire fort bien
tournée , adressée au R. P. General Jo
seph de Barnuero , lequel , outre cette
I.Vol.
qualité
JUIN. 1731. 1243
qualité , avoit été le Maître des Etudes
de Théologie de l'Auteur , dans l'Uni
versité de Salamanque. Les Approba
tions de divers Docteurs suivent cette
Dédicace.
Une courte Préface qui déclare les in
tentions du P. Feijoo , et qui fait voir
l'ordre et la disposition de tout son Ou
vrage , est précedée d'une Lettre de Don
Louis de Salazar , Commandeur de l'Or
dre de Calatrava , Conseiller du Conseil
Royal des Ordres , et premier Historio
graphe de Castille et des Indes . Cette
Lettre écrite à notre Auteur le 11. Août
1726. est un Eloge raisonné de son Théa
tre critique ; on peut dire que le suffrage
de ce Seigneur en a entraîné quantité
d'autres , et qu'il n'avoit paru depuis
long- temps de Livre en Espagne plus ge
neralement estimé. D'un autre côté le
R. P. Jean de Champverd , de la Com
pagnie de Jesus , Docteur et Professeur
en Théologie de l'Université d'Alcala ,
Théologien du Roi , et Examinateur Sy
nodal de l'Archevêché de Tolede , pa
roît si content de cet Ouvrage , qu'il nous
assure dans son Approbation , que son
Auteur devoit être appellé le Maître Ge
neral de tous les Arts et des Sciences.
Ce premier Volume de 400. pages
I. Vol. contient
1244 MERCURE DE FRANCE
contient seize Discours divisez chacun en
plusieurs Paragraphes ou Articles . Le
1. Discours est intitulé la Voix du Peuple.
Le II. la Vertu et le Vice. Le III . L'ob
scurité et la haute fortune. IV. La plus
fine Politique. V. La Medecine. VI. Ré
gime pour la conservation de la santé.
VII. La Deffense de la Profession Litte
raire. VIII. L'Astrologie Judiciaire et les
Almanachs. IX. Les Eclipses. X. Les Co
metes. XI. Les Années Climateriques .
XII. La Vieillesse du Monde. XIII . Con
tre les Philosophes modernes . XIV. La
Musique des Eglises . XV. Parallele des
Langues. XVI . Apologie des femmes.
Toutes ces Dissertations fournissent une
lecture agréable et variée , elles sont bien
écrites , et instruisent de beaucoup de
choses. Les Medecins ne sont pas bien
traitez dans la V. s'ils s'avisent de mar
quer à notre Auteur quelque ressenti
ment , les Femmes , et sur tout les Fem
mes sçavantes et vertueuses , seront obli
gées , par reconnoissance , de prendre sa
deffense ; car rien n'est plus recherché
plus obligeant , plus étendu dans le I.Vo
lume , que la XVI. et derniere Disserta
tion , qui est toute employée à la deffense
du beau Sexe. Vous en jugerez si je puis
un jour vous en procurer la lecture .
I. Vol
Passons
JUIN. 1731.
1245
S
1
e.
Passons cependant au second Volume.
T.II. seconde Edition M. DCC . XXX .
Ce volume , comme le précedent, est orné
d'une Dedicace , addressée à un autre
Mecéne , et munie d'Approbations ma
gnifiques. La plus étendue et la plus fla
teuse , est sans doute celle du R. P. Este
van de la Torre , Professeur géneral des
Benedictins d'Espagne , Abbé de S. Vin
cent d'Oviedo , Professeur en Théologie ,
et de l'Ecriture Sainte en l'Université de
la même Ville , lequel paroît si prévenu
du merite de cet ouvrage , et de la haute
capacité de son Autheur , qu'il ne fait
point de difficulté de lui appliquer ce que
le Sçavant P. Mabillon a dit de l'ouvrage
de S. Bernard , de Consideratione , addressé
au Pape Eugene. Hac sane fuit Bernardi
dexteritas , ut , quam primum ejus Libri de
Consideratione in publicum prodiere , eos
certatim exquisierunt , lectitarunt , amave
runt universi. L'Approbateur ne doutant
point qu'il n'arrive la même chose à l'égard
de ce second volume , n'oublie pas dans
cette occasion d'appliquer aussi à nôtre
Autheur ce passage connu de l'Ecriture .
Faciendi plures Libros nullus eft finis.
Ecclesiast. C. 12.v. 12. C'est , dit- il , sui
vre à la lettre le conseil du Sage , on ne
doit , pour ainsi dire , point finir quand
1. Vol. on
1246 MERCURE DE FRANCE
on écrit des livres qui enseignent à dé
tromper les hommes de leurs erreurs , et
à établir des veritez . Enfin le R. P. Joseph
Navajas, Trinitaire, Professeur en Théo
logie , et Examinateur de l'Archevêché
de Toléde , en donnant aussi son attache
et ces éloges à ce livre , ne craint pas de
rien exagerer en le nommant une Biblio
theque entiere.
Hic liber est , Lector , librorum magna sup→
pellex.
Et non exigua Bibliotheca , lege.
Les Dissertations contenues dans ce
second Tome de plus de 400. pages , sont
précedées d'une assés courte Preface , la
quelle a deux principaux Objets : le pre
mier de remercier le public du favorable
accueil qu'il a fait au premier volume ,
le second de parler de quelques envieux ,
qui ont publié des écrits peu mésurés
contre ce livre. Chose inévitable et arri
vée dans tous les temps , à l'égard même
des Autheurs du premier merite. Sur
quoy le P. Feijoo nous parle des disgra
ces qu'eurent à essuyer en France deux cé
lebres Académiciens , sçavoir Pierre Cor
neille et Jean -Louis de Balzac , que les
suffrages du public dédomagerent ample
I. Vol. ment
JUIN. 1731 1247
ment, sur tout , dit- il , le grand Corneille,
qui ne succomba point sous le poids du
credit d'un fameux Ministre , et de la
censure de l'Academie el formidable Cuer
po
de la Academia Francesa , non pas , ajoû
te-t'il, qu'il veuille se comparer à ces deux
grands Genies , mais rappellant seulement
ce fameux exemple,à cause de la parité de
situation où la Fortune le met aujour
d'hui . Il se justifie ensuite sur le titre de
son Ouvrage,où il ne trouve rien de cette
présomption que ses Adversaires luy ont
reprochée. Il a jugé à propos , nous dit-il ,
enfin , par le conseil de personnes sages ,
de publier à la fin de ce second Tome
les deux réponses Apologetiques qu'on y
trouvera. Celle qui regarde le Docteur
Ros est en latin , parceque ce Docteur l'a
attaqué en la même Langue . Il a aussi fait
imprimer la lettre Apologetique du Doc
teur Martinez , crainte, dit il , que ce trait
précieux de sa plume ne soit enseveli dans
l'oubli , tout ce que ce sage et éloquent
Autheur écrit étant digne de l'immorta
lité ; c'est ainsi que nôtre autheur parle
de son Adversaire . A l'égard de la criti
que du Docteur Ros , elle étoit trop lon
gue pour l'imprimer pareillement à la
fin de ce second volume.
>
Les Dissertations qui le composent sont
4. Vol.
au
1248 MERCURE DE FRANCE
au nombre de quinze , dont je me con
tenterai de vous rapporter les titres. I.
Les Guerres Philosophiques . II . L'Histoi
re Naturelle. III. L'Art Divinatoire.
I V. Les Propheties supposées. V. L'Usage
de la Magie . VI. Les modes. VII. La
Vieillesse Morale du Genre Humain .
VIII. La Science Aparente et Superfi
ciele. IX. L'Antipathie entre les Fran
çois et les Espagnols. X. Les Jours Cri
tiques. XI. Le Poids de l'Air. XII . La
Sphere du Feu. XIII. L'Antiperistase .
XIV. Paradoxes Phisiques . XV. Table
contenant la comparaison des Nations..
Ces quinze Discours sont suivis de trois
morceaux de Critique anoncés dans la
Préface, qui ont été composez dépuis l'im
pression du premier volume , lequel en a été
l'occasion.Le premier est intituléCarta De
fensiva & c. ou , Lettre Apologetique de
Don Martin Martinez Docteur en Mede
cine , Medecin de la Maison du Roy, Pro
fesseur d'Anatomie , et actuellement Presi
dent de la Societé Royale des Sciences de
Seville & c.Sur le premier Tome du Thea
tre critique universel du R. P. Feijoo . Il y a
de trés bonnes choses dans cette Lettre ,
elle donne our ainsi dire , un nouveau
lustre au Theatre critique , sur lequel l'Au
theur avoit prié le Medecin de lui mar
I.Vol.
quer
JUIN. 1731. 1249
quer ses sentimens. Il s'en acquitte en
parcourant toutes les dissertations , et en
discourant sommairement sur chacune.
Il paroît que ce Docteur a réservé toute
son érudition , et toute sa critique , à
l'égard de celle qui regarde la Medecine.
Le P. Feijoo a dû s'y attendre aprés tout
ce qu'il a dit de cette science dans sa V.
Dissert. du premier vol. M. Martinez fait
non seulement l'Apologie de la Medeci
ne et des Medecins , mais l'Eloge de cette
Science , et de ceux qui l'ont professée
dans tous les temps ; sur quoy ce Doc
teur nous étale une grande lecture et des
Recherches singulieres. Je vais en éfleurer
quelques -unes. Les Egyptiens , dit il
faisoient des Medecins leurs Prêtres , et
des Prêtres leurs Rois , sur quoy les an
ciens Historiens nous ont conservé cette
formule. Medicus non es ; nolo te constitue
re Regem. Giges et Sapor Rois des Medes
ont été Medecins , sans parler des Prin
ces qui l'ont pareillement été parmi les
Perses , les Arabes , les Syriens & c . La lis
te de ces Rois ou Princes Medecins , est
longue chez nôtre Docteur , et on est tout
étonné d'y trouver des Sujets d'un grand
nom , mais peu connus de côté la ; par
exemple , Hercule , Alexandre le Grand ,
l'Empereur Hadrien &c. Vous jugez bien ,
I. Vol.
Monsieur
1250 MERCURE DE FRANCE
Monsieur que le Pere de la Medecine
Grecque , le Prince , et le Chef de tous'
les Medecins qui sont venus depuis , je
veux dire, Hippocrate , n'est pas oublié;
il finit par lui sa liste et ses éloges , en re
marquant que les Grecs rendirent à ce
grand Homme des honneurs divins , et les
mêmes qu'ils rendoient à Hercule. M.
Martinez pouvoit ajoûter qu'on frappa
aussi pour lui des Medailles ; vous avez
vû . Monsieur , chez
chez moy la
gravure
d'une de ces Medailles où l'on voit d'un
côté la tête d'Hippocrate et autour IП...
TOY et sur le Revers le fameux Baton
d'Esculape entouré d'un Serpent avec ce
mot KION , pour signifier que la
Medaille a été frappée par les habitans de
l'Isle de Cos , Patrie d'Hippocrate , sur
quoy je vous entretiendrai un jour plus
précisement dans un autre Ecrit .
,
Les Medecins chrétiens d'un rang il
lustre , sont joints à ceux du Paganisme.
L'Auteur prend les choses de bien haut ,
il trouve dans des temps posterieurs des
Papes , des Cardinaux , des Prelats Me
decins ; je vous renvoye là dessus au livre
même.
Le second morceau de critique est la Ré
ponse du P. Feijoo à la lettre dont je viens
de vous donner une idée du Docteur
I. Vol. Martinez
JUIN. 1731.
7251
Martinez. Cette Réponse est sage et ac
compagnée de tous les égards , et de tous
les ménagemens qui ne se rencontrent
guéres ordinairement entre des Sçavans
qui écrivent l'un contre l'autre , pour
soutenir des opinions differentes . L'habi
le et poli Benedictin avoue même obli
geamment à son Antagoniste , qu'il ne
fait aucun doute que dans cette contesta
tion litteraire ils ne soient au fond tous
deux de même sentiment ; car , dit- il ,
vous ne disconvenez point que la Mede
cine ne soit accompagnée d'incertitude ,
et moi je n'ay jamais nié positivement
l'utilité de cette Science. Quoique la
Réponse dont il s'agit icy soit addressée
au Docteur Martinez même , elle est pré
cedée d'une Epitre Dedicatoire à l'Illus
triss. Don Fr. Joseph Garcia , Evêque de
Siguenza , pour le remercier de l'accueil
favorable qu'il a fait au premier vol . du
Theatre Critique, et pour le prier de pro
teger également et l'ouvrage et l'Autheur.
Je ne vous dirai rien de la derniere
Piece , parce qu'elle roule a peu prés sur
le même sujet , et que je suis bien aise
que vous en jugiez un jour par vous mê
me ; je me prépare cependant à vous ren
dre compte de la suite de cet Ouvrage
et je suis toujours. & c.
A Paris ce 19. Fevrier 1731 .
I. Vol. с L'AIGLON
1252 MERCURE DE FRANCE
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
L'AIGLON ET LE GEAY.
FABLE.
Presentée à Monseigneur le Comte de Cler
mont , par M. de Castera , au sujet du
Livre intitulé le Théatre des Passions et
de la Fortune , que l'Autheur a dedié à
Son Altesse Serenissime.
D Ans un agréable Bocage .
Brilloit un Aiglon glorieux ,
Affable , doux , de beau plumage.
Et qui portoit dans l'éclat de ses yeux
L'infaillible Présage
D'une ame noble et d'un coeur généreux ;
Dés le moment de sa naissance
Hebé , les Graces , et l'Amour ,
Auprés de lui fixerent leur séjour ,
Pour prendre soin de son enfance ;
Jamais les accents douloureux ,
D'un Oyseau triste et malheureux ,
A son oreille en vain ne se firent entendre :
Exempt du chimerique orgueil ,
Qui des grands aveuglés est l'ordinaire écueil ;
De son rang il sçavoit descendre ;
Il sçavoit asservir son coeur ,
Aux Loix d'une amitié tendre et pleine d'ardeurs
1
1. Vol.
Rossignols ,
JUIN.
1253 1731.
Rossignols , Serins et Fauvettes ,
Eternisoient la gloire de leur nom ;
En consacrant à cet illustre Aiglon,
Leurs Refrains et leur's Chansonnettes
Parmi les aimables accents ,
་ ་
Dont ces Chantres Divins varioient leurMusique,'
Un Geay d'humeur simple et rustique ,
Ösa mêler ces fredons glapissants :
Son jargon étoit rude ,
Mais il parloit avec naïveté.
Dire toujours la verité ,
C'étoit et sa Devise et son unique étude.
On lui cria quelle témérité
Enfle aujourd'hui ta voix sans methode et sans
grace ?
Entre les Hôtes du Parnasse.
Apollon ne t'a point compté :
Je sçais bien,repond- t'il, que ma voix est grossiere,
Mais aussi je connois la générosité ,
Qui de l'Auguste Aiglon forme le caractére ,
Mon hommage est juste et sincere ,
Il ne sera point rebuté ;
L'Offrande d'un berger qui vit dans l'innocence ;
Touche le coeur des Immortels ;
Souvent plus de Magnificence
Attire leur mépris , et ternit leurs Autels ;
D'ailleurs , si pour louer cet Aiglon magnanime ?
Il faut àson merite égaler notre voix ,
I. Vol
Les
Cij
1254 MERCURE DE FRANCE
Les plus sçavants Hôtes des bois
N'ont pû l'entreprendre sans crime,
Seigneur , cette allusion ,
Exempte de tout nuage ,
Sous le Portrait de l'Aiglon ,
Dépeint icy vôtre image.
tel que le Geay sans étude et sans fard,
J'ose vous consacrer
mes veilles
¿
D'autres
pourront
avec plus d'Art
Prendre un style pompeux pour charmer vos
oreilles ;
Pour moy
Ecrire poliment surpasse mon pouvoir ,
Je dis ce que je pense , et c'est tout mon sçavoir,
}
****************
LETTRE de M. D. L. R. sur un
Ouvrage du R. P. Feijoo , Benedictin
Espagnol.
.
entre les
傻
l'Ouvrage dont vous avez entendu
parler. C'est M. Boyer , Docteur en Me
decine de la Faculté de Montpellier , et
Docteur- Régent en celle de Paris , qui l'a
apporté d'Eſpagne , depuis peu de tems .
Vous sçavez que ce Medecin partit d'ici
sur la fin du mois de Juillet dernier pour
le rétablissement de la santé de M. le
Marquis de Brancars , Ambassadeur de
France à la Cour de S. M. Catholique ;
vous sçavez aussi qu'il a fait un voyage
heureux, et qu'il a ramené M. l'Ambassa
deur parfaitement guéri.
Mais vous pouvez ignorer que notre
Medecin , toujours attentif sur la Litte
rature , et mettant tout à profit à cet
égard , quand il est obligé de voyager ,
n'a pas manqué d'apporter plusieurs Li
vres Espagnols , des meilleurs et des plus
nouveaux. Celui pour lequel vous vous
interessez , ne pouvoit pas être oublié ;
en voici le Titre.
I. Vol. THEA
1242 MERCURE DE FRANCE
THEATRO CRITICO , UNIVERSAL,
O Discursos varios en toto genero de Ma
terias para desengano de Errores comunes.
Dedicado A RP P. Fr. Joseph de Bar
nuero , General de la Congregacion de San
Benito de Espana , Inglaterra , & c. Escrito
por El M. R. P. M. Fr. Benito Jeronymo
Feijoo , Maestro General de la Religion de
San Benito , y Cathedratico de Visperas de
Theologia de la Universidad de Oviedo.
Tercera Impression En Madrid : En la
Imprenta de Francisco del Hierro , Anno de
M. DCC . XXIX . C'est-à -dire , THEA
TRE CRITIQUE UNIVERSEL , ou Discours
divers sur toute sorte de sujets pour désa
buser les hommes des erreurs communes
et ordinaires . Dédié au Reverendissime
Pere General de la Congrégation de saint
Benoît , établie en Espagne , en Angle
terre, &c. Composé par le R. P. BENOIST
JEROSME FEIJOO , Maître ou Professeur
General dans la même Congrégation ,
Professeur en Thélogie de l'Université
d'Oviedo; quatre Volumes in 4% Troisiéme
Edition. A Madrid , de l'Imprimerie de
François del Hierro , M. DCC. XXIX .
On trouve à la tête du premier Vo
lume une Epitre Dédicatoire fort bien
tournée , adressée au R. P. General Jo
seph de Barnuero , lequel , outre cette
I.Vol.
qualité
JUIN. 1731. 1243
qualité , avoit été le Maître des Etudes
de Théologie de l'Auteur , dans l'Uni
versité de Salamanque. Les Approba
tions de divers Docteurs suivent cette
Dédicace.
Une courte Préface qui déclare les in
tentions du P. Feijoo , et qui fait voir
l'ordre et la disposition de tout son Ou
vrage , est précedée d'une Lettre de Don
Louis de Salazar , Commandeur de l'Or
dre de Calatrava , Conseiller du Conseil
Royal des Ordres , et premier Historio
graphe de Castille et des Indes . Cette
Lettre écrite à notre Auteur le 11. Août
1726. est un Eloge raisonné de son Théa
tre critique ; on peut dire que le suffrage
de ce Seigneur en a entraîné quantité
d'autres , et qu'il n'avoit paru depuis
long- temps de Livre en Espagne plus ge
neralement estimé. D'un autre côté le
R. P. Jean de Champverd , de la Com
pagnie de Jesus , Docteur et Professeur
en Théologie de l'Université d'Alcala ,
Théologien du Roi , et Examinateur Sy
nodal de l'Archevêché de Tolede , pa
roît si content de cet Ouvrage , qu'il nous
assure dans son Approbation , que son
Auteur devoit être appellé le Maître Ge
neral de tous les Arts et des Sciences.
Ce premier Volume de 400. pages
I. Vol. contient
1244 MERCURE DE FRANCE
contient seize Discours divisez chacun en
plusieurs Paragraphes ou Articles . Le
1. Discours est intitulé la Voix du Peuple.
Le II. la Vertu et le Vice. Le III . L'ob
scurité et la haute fortune. IV. La plus
fine Politique. V. La Medecine. VI. Ré
gime pour la conservation de la santé.
VII. La Deffense de la Profession Litte
raire. VIII. L'Astrologie Judiciaire et les
Almanachs. IX. Les Eclipses. X. Les Co
metes. XI. Les Années Climateriques .
XII. La Vieillesse du Monde. XIII . Con
tre les Philosophes modernes . XIV. La
Musique des Eglises . XV. Parallele des
Langues. XVI . Apologie des femmes.
Toutes ces Dissertations fournissent une
lecture agréable et variée , elles sont bien
écrites , et instruisent de beaucoup de
choses. Les Medecins ne sont pas bien
traitez dans la V. s'ils s'avisent de mar
quer à notre Auteur quelque ressenti
ment , les Femmes , et sur tout les Fem
mes sçavantes et vertueuses , seront obli
gées , par reconnoissance , de prendre sa
deffense ; car rien n'est plus recherché
plus obligeant , plus étendu dans le I.Vo
lume , que la XVI. et derniere Disserta
tion , qui est toute employée à la deffense
du beau Sexe. Vous en jugerez si je puis
un jour vous en procurer la lecture .
I. Vol
Passons
JUIN. 1731.
1245
S
1
e.
Passons cependant au second Volume.
T.II. seconde Edition M. DCC . XXX .
Ce volume , comme le précedent, est orné
d'une Dedicace , addressée à un autre
Mecéne , et munie d'Approbations ma
gnifiques. La plus étendue et la plus fla
teuse , est sans doute celle du R. P. Este
van de la Torre , Professeur géneral des
Benedictins d'Espagne , Abbé de S. Vin
cent d'Oviedo , Professeur en Théologie ,
et de l'Ecriture Sainte en l'Université de
la même Ville , lequel paroît si prévenu
du merite de cet ouvrage , et de la haute
capacité de son Autheur , qu'il ne fait
point de difficulté de lui appliquer ce que
le Sçavant P. Mabillon a dit de l'ouvrage
de S. Bernard , de Consideratione , addressé
au Pape Eugene. Hac sane fuit Bernardi
dexteritas , ut , quam primum ejus Libri de
Consideratione in publicum prodiere , eos
certatim exquisierunt , lectitarunt , amave
runt universi. L'Approbateur ne doutant
point qu'il n'arrive la même chose à l'égard
de ce second volume , n'oublie pas dans
cette occasion d'appliquer aussi à nôtre
Autheur ce passage connu de l'Ecriture .
Faciendi plures Libros nullus eft finis.
Ecclesiast. C. 12.v. 12. C'est , dit- il , sui
vre à la lettre le conseil du Sage , on ne
doit , pour ainsi dire , point finir quand
1. Vol. on
1246 MERCURE DE FRANCE
on écrit des livres qui enseignent à dé
tromper les hommes de leurs erreurs , et
à établir des veritez . Enfin le R. P. Joseph
Navajas, Trinitaire, Professeur en Théo
logie , et Examinateur de l'Archevêché
de Toléde , en donnant aussi son attache
et ces éloges à ce livre , ne craint pas de
rien exagerer en le nommant une Biblio
theque entiere.
Hic liber est , Lector , librorum magna sup→
pellex.
Et non exigua Bibliotheca , lege.
Les Dissertations contenues dans ce
second Tome de plus de 400. pages , sont
précedées d'une assés courte Preface , la
quelle a deux principaux Objets : le pre
mier de remercier le public du favorable
accueil qu'il a fait au premier volume ,
le second de parler de quelques envieux ,
qui ont publié des écrits peu mésurés
contre ce livre. Chose inévitable et arri
vée dans tous les temps , à l'égard même
des Autheurs du premier merite. Sur
quoy le P. Feijoo nous parle des disgra
ces qu'eurent à essuyer en France deux cé
lebres Académiciens , sçavoir Pierre Cor
neille et Jean -Louis de Balzac , que les
suffrages du public dédomagerent ample
I. Vol. ment
JUIN. 1731 1247
ment, sur tout , dit- il , le grand Corneille,
qui ne succomba point sous le poids du
credit d'un fameux Ministre , et de la
censure de l'Academie el formidable Cuer
po
de la Academia Francesa , non pas , ajoû
te-t'il, qu'il veuille se comparer à ces deux
grands Genies , mais rappellant seulement
ce fameux exemple,à cause de la parité de
situation où la Fortune le met aujour
d'hui . Il se justifie ensuite sur le titre de
son Ouvrage,où il ne trouve rien de cette
présomption que ses Adversaires luy ont
reprochée. Il a jugé à propos , nous dit-il ,
enfin , par le conseil de personnes sages ,
de publier à la fin de ce second Tome
les deux réponses Apologetiques qu'on y
trouvera. Celle qui regarde le Docteur
Ros est en latin , parceque ce Docteur l'a
attaqué en la même Langue . Il a aussi fait
imprimer la lettre Apologetique du Doc
teur Martinez , crainte, dit il , que ce trait
précieux de sa plume ne soit enseveli dans
l'oubli , tout ce que ce sage et éloquent
Autheur écrit étant digne de l'immorta
lité ; c'est ainsi que nôtre autheur parle
de son Adversaire . A l'égard de la criti
que du Docteur Ros , elle étoit trop lon
gue pour l'imprimer pareillement à la
fin de ce second volume.
>
Les Dissertations qui le composent sont
4. Vol.
au
1248 MERCURE DE FRANCE
au nombre de quinze , dont je me con
tenterai de vous rapporter les titres. I.
Les Guerres Philosophiques . II . L'Histoi
re Naturelle. III. L'Art Divinatoire.
I V. Les Propheties supposées. V. L'Usage
de la Magie . VI. Les modes. VII. La
Vieillesse Morale du Genre Humain .
VIII. La Science Aparente et Superfi
ciele. IX. L'Antipathie entre les Fran
çois et les Espagnols. X. Les Jours Cri
tiques. XI. Le Poids de l'Air. XII . La
Sphere du Feu. XIII. L'Antiperistase .
XIV. Paradoxes Phisiques . XV. Table
contenant la comparaison des Nations..
Ces quinze Discours sont suivis de trois
morceaux de Critique anoncés dans la
Préface, qui ont été composez dépuis l'im
pression du premier volume , lequel en a été
l'occasion.Le premier est intituléCarta De
fensiva & c. ou , Lettre Apologetique de
Don Martin Martinez Docteur en Mede
cine , Medecin de la Maison du Roy, Pro
fesseur d'Anatomie , et actuellement Presi
dent de la Societé Royale des Sciences de
Seville & c.Sur le premier Tome du Thea
tre critique universel du R. P. Feijoo . Il y a
de trés bonnes choses dans cette Lettre ,
elle donne our ainsi dire , un nouveau
lustre au Theatre critique , sur lequel l'Au
theur avoit prié le Medecin de lui mar
I.Vol.
quer
JUIN. 1731. 1249
quer ses sentimens. Il s'en acquitte en
parcourant toutes les dissertations , et en
discourant sommairement sur chacune.
Il paroît que ce Docteur a réservé toute
son érudition , et toute sa critique , à
l'égard de celle qui regarde la Medecine.
Le P. Feijoo a dû s'y attendre aprés tout
ce qu'il a dit de cette science dans sa V.
Dissert. du premier vol. M. Martinez fait
non seulement l'Apologie de la Medeci
ne et des Medecins , mais l'Eloge de cette
Science , et de ceux qui l'ont professée
dans tous les temps ; sur quoy ce Doc
teur nous étale une grande lecture et des
Recherches singulieres. Je vais en éfleurer
quelques -unes. Les Egyptiens , dit il
faisoient des Medecins leurs Prêtres , et
des Prêtres leurs Rois , sur quoy les an
ciens Historiens nous ont conservé cette
formule. Medicus non es ; nolo te constitue
re Regem. Giges et Sapor Rois des Medes
ont été Medecins , sans parler des Prin
ces qui l'ont pareillement été parmi les
Perses , les Arabes , les Syriens & c . La lis
te de ces Rois ou Princes Medecins , est
longue chez nôtre Docteur , et on est tout
étonné d'y trouver des Sujets d'un grand
nom , mais peu connus de côté la ; par
exemple , Hercule , Alexandre le Grand ,
l'Empereur Hadrien &c. Vous jugez bien ,
I. Vol.
Monsieur
1250 MERCURE DE FRANCE
Monsieur que le Pere de la Medecine
Grecque , le Prince , et le Chef de tous'
les Medecins qui sont venus depuis , je
veux dire, Hippocrate , n'est pas oublié;
il finit par lui sa liste et ses éloges , en re
marquant que les Grecs rendirent à ce
grand Homme des honneurs divins , et les
mêmes qu'ils rendoient à Hercule. M.
Martinez pouvoit ajoûter qu'on frappa
aussi pour lui des Medailles ; vous avez
vû . Monsieur , chez
chez moy la
gravure
d'une de ces Medailles où l'on voit d'un
côté la tête d'Hippocrate et autour IП...
TOY et sur le Revers le fameux Baton
d'Esculape entouré d'un Serpent avec ce
mot KION , pour signifier que la
Medaille a été frappée par les habitans de
l'Isle de Cos , Patrie d'Hippocrate , sur
quoy je vous entretiendrai un jour plus
précisement dans un autre Ecrit .
,
Les Medecins chrétiens d'un rang il
lustre , sont joints à ceux du Paganisme.
L'Auteur prend les choses de bien haut ,
il trouve dans des temps posterieurs des
Papes , des Cardinaux , des Prelats Me
decins ; je vous renvoye là dessus au livre
même.
Le second morceau de critique est la Ré
ponse du P. Feijoo à la lettre dont je viens
de vous donner une idée du Docteur
I. Vol. Martinez
JUIN. 1731.
7251
Martinez. Cette Réponse est sage et ac
compagnée de tous les égards , et de tous
les ménagemens qui ne se rencontrent
guéres ordinairement entre des Sçavans
qui écrivent l'un contre l'autre , pour
soutenir des opinions differentes . L'habi
le et poli Benedictin avoue même obli
geamment à son Antagoniste , qu'il ne
fait aucun doute que dans cette contesta
tion litteraire ils ne soient au fond tous
deux de même sentiment ; car , dit- il ,
vous ne disconvenez point que la Mede
cine ne soit accompagnée d'incertitude ,
et moi je n'ay jamais nié positivement
l'utilité de cette Science. Quoique la
Réponse dont il s'agit icy soit addressée
au Docteur Martinez même , elle est pré
cedée d'une Epitre Dedicatoire à l'Illus
triss. Don Fr. Joseph Garcia , Evêque de
Siguenza , pour le remercier de l'accueil
favorable qu'il a fait au premier vol . du
Theatre Critique, et pour le prier de pro
teger également et l'ouvrage et l'Autheur.
Je ne vous dirai rien de la derniere
Piece , parce qu'elle roule a peu prés sur
le même sujet , et que je suis bien aise
que vous en jugiez un jour par vous mê
me ; je me prépare cependant à vous ren
dre compte de la suite de cet Ouvrage
et je suis toujours. & c.
A Paris ce 19. Fevrier 1731 .
I. Vol. с L'AIGLON
1252 MERCURE DE FRANCE
XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
L'AIGLON ET LE GEAY.
FABLE.
Presentée à Monseigneur le Comte de Cler
mont , par M. de Castera , au sujet du
Livre intitulé le Théatre des Passions et
de la Fortune , que l'Autheur a dedié à
Son Altesse Serenissime.
D Ans un agréable Bocage .
Brilloit un Aiglon glorieux ,
Affable , doux , de beau plumage.
Et qui portoit dans l'éclat de ses yeux
L'infaillible Présage
D'une ame noble et d'un coeur généreux ;
Dés le moment de sa naissance
Hebé , les Graces , et l'Amour ,
Auprés de lui fixerent leur séjour ,
Pour prendre soin de son enfance ;
Jamais les accents douloureux ,
D'un Oyseau triste et malheureux ,
A son oreille en vain ne se firent entendre :
Exempt du chimerique orgueil ,
Qui des grands aveuglés est l'ordinaire écueil ;
De son rang il sçavoit descendre ;
Il sçavoit asservir son coeur ,
Aux Loix d'une amitié tendre et pleine d'ardeurs
1
1. Vol.
Rossignols ,
JUIN.
1253 1731.
Rossignols , Serins et Fauvettes ,
Eternisoient la gloire de leur nom ;
En consacrant à cet illustre Aiglon,
Leurs Refrains et leur's Chansonnettes
Parmi les aimables accents ,
་ ་
Dont ces Chantres Divins varioient leurMusique,'
Un Geay d'humeur simple et rustique ,
Ösa mêler ces fredons glapissants :
Son jargon étoit rude ,
Mais il parloit avec naïveté.
Dire toujours la verité ,
C'étoit et sa Devise et son unique étude.
On lui cria quelle témérité
Enfle aujourd'hui ta voix sans methode et sans
grace ?
Entre les Hôtes du Parnasse.
Apollon ne t'a point compté :
Je sçais bien,repond- t'il, que ma voix est grossiere,
Mais aussi je connois la générosité ,
Qui de l'Auguste Aiglon forme le caractére ,
Mon hommage est juste et sincere ,
Il ne sera point rebuté ;
L'Offrande d'un berger qui vit dans l'innocence ;
Touche le coeur des Immortels ;
Souvent plus de Magnificence
Attire leur mépris , et ternit leurs Autels ;
D'ailleurs , si pour louer cet Aiglon magnanime ?
Il faut àson merite égaler notre voix ,
I. Vol
Les
Cij
1254 MERCURE DE FRANCE
Les plus sçavants Hôtes des bois
N'ont pû l'entreprendre sans crime,
Seigneur , cette allusion ,
Exempte de tout nuage ,
Sous le Portrait de l'Aiglon ,
Dépeint icy vôtre image.
tel que le Geay sans étude et sans fard,
J'ose vous consacrer
mes veilles
¿
D'autres
pourront
avec plus d'Art
Prendre un style pompeux pour charmer vos
oreilles ;
Pour moy
Ecrire poliment surpasse mon pouvoir ,
Je dis ce que je pense , et c'est tout mon sçavoir,
Fermer
Résumé : L'AIGLON ET LE GEAY. FABLE. Présentée à Monseigneur le Comte de Clermont, par M. de Castera, au sujet du Livre intitulé le Théatre des Passions et de la Fortune, que l'Autheur a dedié à son Altesse Serenissime.
En juin 1731, une lettre mentionne un ouvrage du Père Benito Jerónimo Feijoo, bénédictin espagnol. Cet ouvrage, intitulé 'Théâtre critique universel' ou 'Discursos varios en todo genero de materias para desengano de errores comunes', est dédié au Père Joseph de Barnuero, général de la Congrégation de Saint-Benoît en Espagne et en Angleterre. L'ouvrage, en quatre volumes, a été imprimé pour la troisième fois à Madrid en 1729. Il contient des discours variés sur divers sujets visant à désabuser les hommes des erreurs communes. L'ouvrage a été apporté en France par M. Boyer, un médecin de la Faculté de Montpellier et docteur-régent à Paris, qui s'était rendu en Espagne pour soigner le Marquis de Brancars, ambassadeur de France. Boyer, attentif à la littérature, a rapporté plusieurs livres espagnols, dont celui de Feijoo. Le premier volume, de 400 pages, comprend seize discours sur des sujets tels que la voix du peuple, la vertu et le vice, la médecine, l'astrologie, et une apologie des femmes. Le second volume, également de plus de 400 pages, contient quinze discours et est précédé d'une préface remerciant le public et répondant à des critiques. Les approbations de divers docteurs soulignent la qualité et l'importance de l'ouvrage. Le Docteur Martinez, dans une lettre apologétique, défend la médecine et les médecins contre les critiques de Feijoo. Feijoo répond à Martinez de manière respectueuse, reconnaissant les incertitudes de la médecine tout en affirmant son utilité. L'ouvrage a reçu des éloges de plusieurs personnalités, notamment Don Luis de Salazar et le Père Jean de Champverd. Par ailleurs, une lettre et une fable intitulée 'L'Aiglon et le Geai' sont présentées à Monseigneur le Comte de Clermont par M. de Castera. La lettre, datée du 19 février 1731, mentionne que l'auteur ne commentera pas la dernière pièce, préférant que le destinataire en juge par lui-même. Il se prépare à rendre compte de la suite de l'ouvrage. La fable raconte l'histoire d'un aiglon glorieux, affable et doux, né avec des qualités nobles et un cœur généreux. Dès sa naissance, les Grâces, l'Amour et Hébé veillent sur lui. L'aiglon est exempt d'orgueil et sait descendre de son rang pour des amitiés tendres. Les rossignols, serins et fauvettes chantent sa gloire, tandis qu'un geai, avec une voix rude mais naïve, ose également lui rendre hommage. Le geai explique que sa vérité et sa sincérité sont plus précieuses que des louanges pompeuses. Il compare l'aiglon au Comte de Clermont, soulignant que son hommage, bien que simple, est sincère et touchant. Le geai affirme que les offrandes des bergers innocents peuvent toucher les cœurs des immortels, contrairement aux magnificences qui peuvent attirer le mépris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
24
p. 1450-1452
LE RENARD TROMPÉ. FABLE.
Début :
Certain Renard, lassé d'une longue abstinence, [...]
Mots clefs :
Renard, Jeûne, Coqs, Chant, Trompeur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE RENARD TROMPÉ. FABLE.
LE RENARD TROMPE
FABLE..
Certain Renard ,lassé d'une longue abſtinence,
Vouloit rompre son jeûne ,et se remplir la panse,
II. Vol. Lors
JUIN. 1731. 1450
Lorsque de quelques Coqs il entendit , le chant
Il court où de sa faim l'entraîne le penchant :
Il s'avance à dessein d'enlever quelque Poule ;
Maître. Renard approche , il se glisse , il se coule
Tant qu'il parvient , jusqu'à la basse Cour.
Il reconnoit la place , il tourne tout autour ;
Dans son chemin , il cherche une ouverture
Qui facilite la capture.
Il appercoit un trou par où commodément
Il croit entrer sans nul empêchement ;
Sans perdre de tems il s'y lance
Dans une entiere confiance..
Mais par malheur un funeste lacet ,,
'Arrête le Voleur et le prend au collet ::
En vain pour se tirer du danger qui le presse ) ,
Il a recours à sa souplesse ,
Le Maître l'apperçoit et d'un air goguenard ,,
Lui dit depuis long-tems avec impatience
Je desirois votre presence ::
:
Soyez le bien venu , Monseigneur le Renard ;;
Vous vouliez de mes Coqs faire bonne compôte
Mais pour le coup , vous contés sans votre Hôte ,
Ignorez -vous donc , mon ami ,
Qu'à Renard , Renard et demi ?
De mes Poules , vingt fois vous avez fait ripaille.
Mon bon Monsieur , répond notre Vaurien ,
Contrefaisant l'homme de bien.
II.Vol. J'ignore
1452 MERCURE DE FRANCE
€
F'ignoré jusqu'au goût de la moindre Volaille :
Jamais je ne vous ai fait tort ;
Jamais chez vous je n'ai fait de ravage ,
Et si je suis ici c'est par mon mauvais sort ;
Je venois de vos Coqs entendre le ramage ,
Qui de loin me sembloit assez mélodieux :
Puisque vous n'aimez pas les gens si curieux ,
Coupez ce filet , je vous prie ,
Je vous le promets par les Dieux ;;
Je vous jure que de ma vie ,
Vous ne me verrez dans ces lieux ;
En aide ainsi me soit le puissant Dieu Mercure
C'est ma foi bien dit , je vous jure
Reprit le Païsan déguainant son couteau ,
Je vais vous dégager des noeuds de cette corde ;
Tout en parlant le Païsan l'aborde ,
Et lui coupe le col sans toucher au cordeau.
Au sort de ce Renard tour trompeur doit s'at
tendre ;
Tel est pris souvent qui croit prendre,
FABLE..
Certain Renard ,lassé d'une longue abſtinence,
Vouloit rompre son jeûne ,et se remplir la panse,
II. Vol. Lors
JUIN. 1731. 1450
Lorsque de quelques Coqs il entendit , le chant
Il court où de sa faim l'entraîne le penchant :
Il s'avance à dessein d'enlever quelque Poule ;
Maître. Renard approche , il se glisse , il se coule
Tant qu'il parvient , jusqu'à la basse Cour.
Il reconnoit la place , il tourne tout autour ;
Dans son chemin , il cherche une ouverture
Qui facilite la capture.
Il appercoit un trou par où commodément
Il croit entrer sans nul empêchement ;
Sans perdre de tems il s'y lance
Dans une entiere confiance..
Mais par malheur un funeste lacet ,,
'Arrête le Voleur et le prend au collet ::
En vain pour se tirer du danger qui le presse ) ,
Il a recours à sa souplesse ,
Le Maître l'apperçoit et d'un air goguenard ,,
Lui dit depuis long-tems avec impatience
Je desirois votre presence ::
:
Soyez le bien venu , Monseigneur le Renard ;;
Vous vouliez de mes Coqs faire bonne compôte
Mais pour le coup , vous contés sans votre Hôte ,
Ignorez -vous donc , mon ami ,
Qu'à Renard , Renard et demi ?
De mes Poules , vingt fois vous avez fait ripaille.
Mon bon Monsieur , répond notre Vaurien ,
Contrefaisant l'homme de bien.
II.Vol. J'ignore
1452 MERCURE DE FRANCE
€
F'ignoré jusqu'au goût de la moindre Volaille :
Jamais je ne vous ai fait tort ;
Jamais chez vous je n'ai fait de ravage ,
Et si je suis ici c'est par mon mauvais sort ;
Je venois de vos Coqs entendre le ramage ,
Qui de loin me sembloit assez mélodieux :
Puisque vous n'aimez pas les gens si curieux ,
Coupez ce filet , je vous prie ,
Je vous le promets par les Dieux ;;
Je vous jure que de ma vie ,
Vous ne me verrez dans ces lieux ;
En aide ainsi me soit le puissant Dieu Mercure
C'est ma foi bien dit , je vous jure
Reprit le Païsan déguainant son couteau ,
Je vais vous dégager des noeuds de cette corde ;
Tout en parlant le Païsan l'aborde ,
Et lui coupe le col sans toucher au cordeau.
Au sort de ce Renard tour trompeur doit s'at
tendre ;
Tel est pris souvent qui croit prendre,
Fermer
Résumé : LE RENARD TROMPÉ. FABLE.
La fable 'Le Renard trompé' relate l'histoire d'un renard affamé qui pénètre dans une basse-cour par une ouverture. Il se fait capturer dans un piège. Le maître de la basse-cour, l'ayant vu, se moque de lui et lui rappelle ses précédentes tentatives de vol de poules. Le renard, feignant l'innocence, affirme être attiré par le chant des coqs et promet de ne plus revenir si on le libère. Le paysan, feignant de le croire, s'approche pour le libérer mais le tue en lui tranchant la gorge. La morale de cette fable est que ceux qui tentent de tromper les autres finissent souvent par être pris à leur propre jeu.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
25
p. 1928-1929
LE BAUDET ET LA JUMENT. FABLE.
Début :
Certain Baudet ambitieux, [...]
Mots clefs :
Baudet, Jument, Présomption , Conditions, Souche, Quinteux, Repos
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE BAUDET ET LA JUMENT. FABLE.
LE BAUDET ET LA JUMENT.
FABLE .
Certain Baudet ambitieux ,
Voulant établir sa noblesse ,
Vint offrir ses soins et ses voeux ;
'A Matrona , Jument que l'on nommoit Duchesse
( Duchesse par dérision
€
De sa vaine présomption. )
Il prit la résolution ,
De s'unir avec elle
Femme , disoit- il , d'un tel nom ,
Va changer ma condition
Et distinguer ma parentelle ;
Je puis faisant souche nouvelle ,
Avoir Mulets , non des Asnons ,
Casque en visiere et plume en tête .
Ils leveront la crête ,
Et porteront Caparagons ,)
Des Ecussons ,
Feront grand bruit , grands carillons ;
Auront des Charges dans l'Armée ,
Cela dit , à sa bien - aimée ,
Propose la conjonction ;
Martin est bien reçû , lors la conclusion
Se
A OUST. 3929 1731.
Se fait dans le même intervale ;
Baudet épouse la Cavalle ,
Ont ensemble petits Mulets ,
Mulet aîné , Mulets cadets ,
Aussi sots que leur pere ,
Et plus vains que leur mere
D'esprit quinteux ,
Tétus , hargneux ,
En trahison donnant ruades .
Faisant mille incartades ;
Mere et Mulets n'avoient que du mépris ,
Pour le papa Baudet , le meilleur des maris ,
S'il veut décider d'une affaire ,
Duchesse le fait taire ,
Lui disant , taisez - vous , Baudet ,
Laissez parler mon fils Mulet ,
Vous raisonnez comme une bête ;
Pauvre Baudet baisse la tête ,
Et maudit cent fois le moment ,
Qu'au lieu d'Anesse il prit Jument ;
Repos vaut mieux qu'honneur et que fortune ;
Qu'un chacun prenne sa chacune.
Van Rigyben,
FABLE .
Certain Baudet ambitieux ,
Voulant établir sa noblesse ,
Vint offrir ses soins et ses voeux ;
'A Matrona , Jument que l'on nommoit Duchesse
( Duchesse par dérision
€
De sa vaine présomption. )
Il prit la résolution ,
De s'unir avec elle
Femme , disoit- il , d'un tel nom ,
Va changer ma condition
Et distinguer ma parentelle ;
Je puis faisant souche nouvelle ,
Avoir Mulets , non des Asnons ,
Casque en visiere et plume en tête .
Ils leveront la crête ,
Et porteront Caparagons ,)
Des Ecussons ,
Feront grand bruit , grands carillons ;
Auront des Charges dans l'Armée ,
Cela dit , à sa bien - aimée ,
Propose la conjonction ;
Martin est bien reçû , lors la conclusion
Se
A OUST. 3929 1731.
Se fait dans le même intervale ;
Baudet épouse la Cavalle ,
Ont ensemble petits Mulets ,
Mulet aîné , Mulets cadets ,
Aussi sots que leur pere ,
Et plus vains que leur mere
D'esprit quinteux ,
Tétus , hargneux ,
En trahison donnant ruades .
Faisant mille incartades ;
Mere et Mulets n'avoient que du mépris ,
Pour le papa Baudet , le meilleur des maris ,
S'il veut décider d'une affaire ,
Duchesse le fait taire ,
Lui disant , taisez - vous , Baudet ,
Laissez parler mon fils Mulet ,
Vous raisonnez comme une bête ;
Pauvre Baudet baisse la tête ,
Et maudit cent fois le moment ,
Qu'au lieu d'Anesse il prit Jument ;
Repos vaut mieux qu'honneur et que fortune ;
Qu'un chacun prenne sa chacune.
Van Rigyben,
Fermer
Résumé : LE BAUDET ET LA JUMENT. FABLE.
La fable 'Le Baudet et la Jument' relate l'histoire d'un baudet ambitieux désirant établir sa noblesse en s'unissant à une jument nommée Duchesse, un titre moqueur soulignant sa vanité. Le baudet espère ainsi engendrer des mulets nobles et honorés, aptes à porter des armes et servir dans l'armée. La jument accepte, et leurs mulets naissent. Cependant, ces mulets se révèlent aussi stupides que leur père et plus vains que leur mère. Ils sont caractériels, têtus et hargneux, manquant de respect envers leur père. La jument et ses fils méprisent le baudet, le faisant taire et le rabaissant. Le baudet regrette alors son choix et maudit le moment où il a préféré la jument à une ânesse. La morale de la fable est que le repos vaut mieux que l'honneur et la fortune, et que chacun devrait choisir son partenaire avec sagesse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
26
p. 2352-2353
L'AMOUR ET L'INTÉRÊT. FABLE.
Début :
Le Dieu de l'Interêt et le Dieu de l'Amour [...]
Mots clefs :
Amour, Intérêt, Plaisir, Utile
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'AMOUR ET L'INTÉRÊT. FABLE.
L'AMOUR ET L'INTERET.
LE
FABLE.
E Dieu de l'Interêt et le Dieu de l'Amour
Chez certain Partisan se trouverent un jour
L'aventure étoit rare ; un même domicile
ጉ
Par
OCTOBRE 1731 2353
Par eux n'étoit pas habité ,
Chacun alloit de son côté ,
L'un au plaisir , l'autre à l'utile ;
Voici , dit l'interêt , un Enfant bien nipé ;
Beaux traits dorez , Carquois d'Ebene ,
La dupe paroît bonne , et je suis bien trompé
Si je n'en tire quelque Aubeine :
Veux-tu jouer , fils de Cypris?
J'ay des Bijoux à ton usage ,
Pour de l'argent prêté , je les reçûs en gage ,
Bracelets de Cheveux , entourez de Rubis ,
Bagues de sentimens qui couvrent un mystere¿
C'est un Tresor ! à qui le dites- vous ?
Je connois , dit l'Amour , le Prix de ces Bijoux ,,
Le Tarif en est à. Cithere ,
Ca , jouons ; masse un trait ; Paroli ; masse trois
Va le reste de mon Carquois.
Facilement Amour se picque :
Son Joueur , habile Narquois ,.
A bien- tot raflé la boutique.
L'Enfant dévalisé s'envolle au fond des bois ,
Cacher sa défaite et ses larmes :
Son Empire est soumis à de nouvelles loix ,
L'Interêt regne seul , et dispose des armes
Dont l'Amour usoit autrefois..
LE
FABLE.
E Dieu de l'Interêt et le Dieu de l'Amour
Chez certain Partisan se trouverent un jour
L'aventure étoit rare ; un même domicile
ጉ
Par
OCTOBRE 1731 2353
Par eux n'étoit pas habité ,
Chacun alloit de son côté ,
L'un au plaisir , l'autre à l'utile ;
Voici , dit l'interêt , un Enfant bien nipé ;
Beaux traits dorez , Carquois d'Ebene ,
La dupe paroît bonne , et je suis bien trompé
Si je n'en tire quelque Aubeine :
Veux-tu jouer , fils de Cypris?
J'ay des Bijoux à ton usage ,
Pour de l'argent prêté , je les reçûs en gage ,
Bracelets de Cheveux , entourez de Rubis ,
Bagues de sentimens qui couvrent un mystere¿
C'est un Tresor ! à qui le dites- vous ?
Je connois , dit l'Amour , le Prix de ces Bijoux ,,
Le Tarif en est à. Cithere ,
Ca , jouons ; masse un trait ; Paroli ; masse trois
Va le reste de mon Carquois.
Facilement Amour se picque :
Son Joueur , habile Narquois ,.
A bien- tot raflé la boutique.
L'Enfant dévalisé s'envolle au fond des bois ,
Cacher sa défaite et ses larmes :
Son Empire est soumis à de nouvelles loix ,
L'Interêt regne seul , et dispose des armes
Dont l'Amour usoit autrefois..
Fermer
Résumé : L'AMOUR ET L'INTÉRÊT. FABLE.
Le texte 'L'Amour et l'Intérêt' relate une rencontre entre les dieux de l'Amour et de l'Intérêt chez un partisan. L'Amour cherche le plaisir, tandis que l'Intérêt vise l'utile. Ce dernier observe un enfant bien vêtu et portant des bijoux précieux, y voyant une opportunité de profit. Il propose à l'Amour de jouer avec ces bijoux en gage. L'Amour, conscient de leur valeur, accepte mais perd rapidement. L'enfant, dépossédé, s'enfuit dans les bois pour cacher sa défaite. Cette aventure marque un changement de pouvoir, où l'Intérêt prend le contrôle des armes autrefois utilisées par l'Amour, établissant ainsi sa domination.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
27
p. 485-487
LE SEREIN ET LA LINOTE. FABLE.
Début :
Un Serein, jeune, beau, chantoit dans un bocage; [...]
Mots clefs :
Serein, Linotte, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE SEREIN ET LA LINOTE. FABLE.
LE SEREIN ET LA LINOTE,
FABLE.
UN Sereim , jeune , beau , chantoit dans un
bocage ;
Les Rossignols étoient jaloux
De la douceur de son ramage.
Malgré leur dépit et leur rage ,
Pour l'entendre , ils se taisoient tous.
Il apperçut une Linote ,
Dont l'air étoit vif, tendre et doux ;'
Dans ce Bois , lui dit-il , belle , que faites vous ?
Je ne fais rien ; si je sçavois la notte
Que je chanterois tendrement !
Lui répondit, en soûpirant , la belle ,
Avec un désir si charmant ,
Repliqua le Serein , brúlant d'amour pour elle
Que vous apprendrez promptement !
Sij'osois vous prier que sous ce verd feüillage
Je vous donnasse des leçons , 8
Bientôt vous charmeriez par vos tendres
chansons
Tous les Oiseaux du voisinage ,
Ah ! dit-elle , d'un ton flateur ,
Sera-ce assez de ma reconnoissance
Dij Pour
486 MERCURE DE FRANCE
Pour vous payer d'une telle faveur
C'est-là , je crois , la récompense
Que vous devez attendre de mon cœur.
Le Serein généreux et tendre ,
Par ses soupirs lui fit comprendre ,
Qu'il souhaittoit lui plaire seulement;
Qu'il ne vouloit d'autre païment
Que le doux plaisir de l'entendre
Chanter mélodieusement.
L'accord fut fait dans le moment.
En peu de temps elle scut la Musique ,
L'Amour est un Maître charmant ;
Quand à montrer , ce Dieu s'applique,
Que l'on apprend facilement !
D'abord que le Serein vit l'aimable Linotte
Se servir avec sentiment
Des charmes touchans de la notte ,
Vous chantez aussi-bien que moi,
Lui dit-il , recevez ma foy ,
C'est le prix que je veux , d'avoir scû vous inse
truire ;
La Linotte se prit à rire.
Cet aveu , lui dit- elle , est tout-à- fait nouveau ¿
Je vous croyois plus de cerveau ;
Grand mercy de votre Musique.
Adicu. Mon tendre coeur s'explique
En faveur d'un jeune Moineau,
Aux Champs , dans les Cours , dans les
Villes Tandis
MARS. 11327 487
Tandis que nous sommes utiles ,
Nous sommes toujours bien reçus ,
Mais d'abord que notre présence,
Semble exiger de la reconnoissance ,
On nous fuir , nous ne plaisons plus
M. L'AFFICHARD.
FABLE.
UN Sereim , jeune , beau , chantoit dans un
bocage ;
Les Rossignols étoient jaloux
De la douceur de son ramage.
Malgré leur dépit et leur rage ,
Pour l'entendre , ils se taisoient tous.
Il apperçut une Linote ,
Dont l'air étoit vif, tendre et doux ;'
Dans ce Bois , lui dit-il , belle , que faites vous ?
Je ne fais rien ; si je sçavois la notte
Que je chanterois tendrement !
Lui répondit, en soûpirant , la belle ,
Avec un désir si charmant ,
Repliqua le Serein , brúlant d'amour pour elle
Que vous apprendrez promptement !
Sij'osois vous prier que sous ce verd feüillage
Je vous donnasse des leçons , 8
Bientôt vous charmeriez par vos tendres
chansons
Tous les Oiseaux du voisinage ,
Ah ! dit-elle , d'un ton flateur ,
Sera-ce assez de ma reconnoissance
Dij Pour
486 MERCURE DE FRANCE
Pour vous payer d'une telle faveur
C'est-là , je crois , la récompense
Que vous devez attendre de mon cœur.
Le Serein généreux et tendre ,
Par ses soupirs lui fit comprendre ,
Qu'il souhaittoit lui plaire seulement;
Qu'il ne vouloit d'autre païment
Que le doux plaisir de l'entendre
Chanter mélodieusement.
L'accord fut fait dans le moment.
En peu de temps elle scut la Musique ,
L'Amour est un Maître charmant ;
Quand à montrer , ce Dieu s'applique,
Que l'on apprend facilement !
D'abord que le Serein vit l'aimable Linotte
Se servir avec sentiment
Des charmes touchans de la notte ,
Vous chantez aussi-bien que moi,
Lui dit-il , recevez ma foy ,
C'est le prix que je veux , d'avoir scû vous inse
truire ;
La Linotte se prit à rire.
Cet aveu , lui dit- elle , est tout-à- fait nouveau ¿
Je vous croyois plus de cerveau ;
Grand mercy de votre Musique.
Adicu. Mon tendre coeur s'explique
En faveur d'un jeune Moineau,
Aux Champs , dans les Cours , dans les
Villes Tandis
MARS. 11327 487
Tandis que nous sommes utiles ,
Nous sommes toujours bien reçus ,
Mais d'abord que notre présence,
Semble exiger de la reconnoissance ,
On nous fuir , nous ne plaisons plus
M. L'AFFICHARD.
Fermer
Résumé : LE SEREIN ET LA LINOTE. FABLE.
La fable 'Le Serein et la Linote' narre l'histoire d'un serein, un oiseau jeune et talentueux, qui chante dans un bocage. Les rossignols, jaloux de son talent, se taisent pour l'écouter. Le serein remarque une linote et lui propose de lui apprendre à chanter. La linote accepte sans montrer de reconnaissance. Après quelques leçons, la linote chante aussi bien que le serein, mais refuse de reconnaître ses efforts. Elle avoue préférer un jeune moineau. La morale de la fable est que tant que l'on est utile, on est bien reçu, mais dès que l'on attend de la reconnaissance, on est fui et ne plaît plus.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
28
p. 1138
FABLE Tirée des Oeuvres Angloises du Chevalier L'Ertrange, & rapportée dans le premier Tome du Spectateur. N° 23°
Début :
Une bande de polissons, au bord d'un Etang, quêtoient [...]
Mots clefs :
Grenouilles, Enfants
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : FABLE Tirée des Oeuvres Angloises du Chevalier L'Ertrange, & rapportée dans le premier Tome du Spectateur. N° 23°
FABLE
hha
Tirée des Oeuvres Angloifes du Chevalier
L'Ertrange, & rapportée dans le premier
Tome du Spectateur. Nº 23 °
UNNe bande de pólissons , au bord d'un Etang,
quêtoient des grenouilles , & à mesure que quelqu'unes d'entr'elles montroient la tête, aussitôt à grands coups de pierre ils luy faisoient
faire le plongeon : une de ces grenouilles dit :
Enfans , vous nesongez point que cecy , quoiqu'un
jeu pour vous , est une mortpour nous.
ΙΜΙΤΑΤΙ
hha
Tirée des Oeuvres Angloifes du Chevalier
L'Ertrange, & rapportée dans le premier
Tome du Spectateur. Nº 23 °
UNNe bande de pólissons , au bord d'un Etang,
quêtoient des grenouilles , & à mesure que quelqu'unes d'entr'elles montroient la tête, aussitôt à grands coups de pierre ils luy faisoient
faire le plongeon : une de ces grenouilles dit :
Enfans , vous nesongez point que cecy , quoiqu'un
jeu pour vous , est une mortpour nous.
ΙΜΙΤΑΤΙ
Fermer
29
p. 1138-1140
IMITATION DE LA MESME FABLE.
Début :
Ecole de mauvais plaisants, [...]
Mots clefs :
Enfants, Grenouilles, Ricochets, Marais
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IMITATION DE LA MESME FABLE.
ΙΜΙΤΑΤΙΟΝ
DE LA MESME FABLE.
EColede mauvais plaisants ,
Suppôts du Dieu de la Calotte,
Vous dont la coupable marotte ,
Enfante ces Ecrits sanglants ,
Où la vertu , l'honneur , et l'innocence
D'un public insolent deviennent le jouet ,
De votre cynique licence
Sentez- vous l'énorme forfaît ?
Des sottises d'autruy l'on est en droit de rire ,
Me direz-vous d'accord ; mais riez en tout bas ,
I. Vol. Me
JUIN. 1732. 1139
Et n'allez point avec fracas
Dans une infamante Satyre
Annoncer à tout l'Univers
Des fragiles mortels les plus obscurs travers ,
Travestir en noirceurs de legeres foiblesses,
Sous de grotesques traits déguiser les vertus ,
Eriger le zele en abus
Et les ménagements en perfides souplesses.
O vous ! qui vous plaisez à ces jeux inhu
mains,
Apprenez que souvent votre noire manie
Surpasse en ses excès des cruels assassing
L'impitoyable barbarie.
S'ils abregent nos jours, vous ravissez l'hon
neur ;
›
L'honneur , ce bien plus cher que n'est encor la vie ;
Venez dans une simple & juste allegorie
De vos mordants Ecrits reconnoître l'horreur,
Certains Enfans , troupe volage,
Troupe fuyant les importuns soucis ,
Un jour au bord d'un marécage
Vinrent égayer leurs esprits,
La malice , qui dès cet âge ,
Est des humains l'ordinaire appanage ,
fades
D'un plaisir innocent ne connoît point le prix ,
Se divertir sans nuire est un plaisir trop
Ainsi nos jeunes Gars , après mainte gambade ,
I. Vel. Maints
140 MERCURE DE FRANCE
114
Maints sauts , maints tours , maints
ricochets
Poussez sur la face des ondes ,
Voyant sortir de leurs grottes pros
fondes
Quelques habitans du Marais ,
Quittent tout pour courir sur ce peuple aquatique,
Et contre luy lancer mille & mille Cailloux,
Tant qu'eussiez crû voit un Ost en
courroux
Combattre l'ennemi de la chose publique.
Tel est le jeu qui plaît à nos rustauts ;
Sous leurs coups redoublez mainte grenouille expire
Et les grimauts à chaque coup de rireg
L'une d'elles enfin blessée au fond des eaux
Prête à mourir ainsi s'exprime.
Enfans , qui n'écoutez qu'un folâtre transport ,
Songez que ces ébats dont je fuis la victime ,
S'ils sont unjeupour vous , pour moy sont une mort.
DE LA MESME FABLE.
EColede mauvais plaisants ,
Suppôts du Dieu de la Calotte,
Vous dont la coupable marotte ,
Enfante ces Ecrits sanglants ,
Où la vertu , l'honneur , et l'innocence
D'un public insolent deviennent le jouet ,
De votre cynique licence
Sentez- vous l'énorme forfaît ?
Des sottises d'autruy l'on est en droit de rire ,
Me direz-vous d'accord ; mais riez en tout bas ,
I. Vol. Me
JUIN. 1732. 1139
Et n'allez point avec fracas
Dans une infamante Satyre
Annoncer à tout l'Univers
Des fragiles mortels les plus obscurs travers ,
Travestir en noirceurs de legeres foiblesses,
Sous de grotesques traits déguiser les vertus ,
Eriger le zele en abus
Et les ménagements en perfides souplesses.
O vous ! qui vous plaisez à ces jeux inhu
mains,
Apprenez que souvent votre noire manie
Surpasse en ses excès des cruels assassing
L'impitoyable barbarie.
S'ils abregent nos jours, vous ravissez l'hon
neur ;
›
L'honneur , ce bien plus cher que n'est encor la vie ;
Venez dans une simple & juste allegorie
De vos mordants Ecrits reconnoître l'horreur,
Certains Enfans , troupe volage,
Troupe fuyant les importuns soucis ,
Un jour au bord d'un marécage
Vinrent égayer leurs esprits,
La malice , qui dès cet âge ,
Est des humains l'ordinaire appanage ,
fades
D'un plaisir innocent ne connoît point le prix ,
Se divertir sans nuire est un plaisir trop
Ainsi nos jeunes Gars , après mainte gambade ,
I. Vel. Maints
140 MERCURE DE FRANCE
114
Maints sauts , maints tours , maints
ricochets
Poussez sur la face des ondes ,
Voyant sortir de leurs grottes pros
fondes
Quelques habitans du Marais ,
Quittent tout pour courir sur ce peuple aquatique,
Et contre luy lancer mille & mille Cailloux,
Tant qu'eussiez crû voit un Ost en
courroux
Combattre l'ennemi de la chose publique.
Tel est le jeu qui plaît à nos rustauts ;
Sous leurs coups redoublez mainte grenouille expire
Et les grimauts à chaque coup de rireg
L'une d'elles enfin blessée au fond des eaux
Prête à mourir ainsi s'exprime.
Enfans , qui n'écoutez qu'un folâtre transport ,
Songez que ces ébats dont je fuis la victime ,
S'ils sont unjeupour vous , pour moy sont une mort.
Fermer
Résumé : IMITATION DE LA MESME FABLE.
Le texte critique les écrivains satiriques, les qualifiant de 'mauvais plaisants' et de 'suppôts du Dieu de la Calotte'. Ces auteurs sont accusés de produire des écrits sanglants où la vertu, l'honneur et l'innocence sont moqués. Le narrateur condamne leur licence cynique, estimant que, bien que l'on puisse rire des sottises des autres, il est inacceptable de le faire de manière fracassante et infamante. Il dénonce la transformation des faiblesses en noirceurs et des vertus en traits grotesques, ainsi que l'érection du zèle en abus. Le texte compare ces écrivains à des enfants malicieux lançant des cailloux sur des grenouilles, causant leur mort. Une grenouille blessée exprime sa douleur, soulignant que ce qui est un jeu pour les enfants est une mort pour elle. Cette allégorie vise à montrer l'horreur des écrits mordants de ces auteurs, qui ravissent l'honneur des individus, un bien plus précieux que la vie elle-même.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
30
p. 2144-2148
LE SINGE, HERITIER PRESOMPTIF DU LION. FABLE.
Début :
La soif de l'or souvent démasque un politique [...]
Mots clefs :
Singe, Lion, Or, Envie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE SINGE, HERITIER PRESOMPTIF DU LION. FABLE.
LE SINGE,
HERITIER PRESOMPTIF
DU LION.
FABLE.
LA soif de l'or souvent démasque un politique :
Sous ce voile , grands Dieux , que l'homme es
different !
D'être ami genereux tel hardiment se pique ,
Qui
O.CTOBRE 1732. 2145
Qui n'est , mis au creuzet , qu'un avide rent.
Mais à ce propos veritable ,
S'il faut un exemple ajoûter ;
Sur ce point le Singe en ma Fable
Ne laisse rien à souhaiter.
>
Seigneur Lion au plus fort de son âge,
Avoit trois Châteaux à choisir
Hôtel en ville ; avec tel appanage ,
On peut varier son plaisir.
Item , chez lui table friande
Où l'on trouvoit tout à foison ,
Mets exquis , Gibier de saison
Vins délicats , bonne provende ;
Au reste point de successeur ,
Foible ressource de la vie ,
Mais qui sert de frein à l'envie
Contre un paisible possesseur.
Enfin , parmi sa parentelle ,
Un Singe étoit collateral ;
Singe amusant , mais animal
Manquant quelquefois de cervelle,
Je dis quelquefois seulement ;
Car le matois jouoit son rôle
Pour l'ordinaire habilement
Et manioit bien la parole.
Jamais , à l'entendre parler ,
APlutus ne fit la courbette ;
paz
C Hon
2146 MERCURE
DE FRANCE
Honneurs et fortune complette
N'avoient rien qui pût l'ébranler.
Soins empressés , minauderies ,
Caresses , jeux et singeries ,
S'adressoient à son cher Parent
Et rien du tout àson argent.
Arriva pourtant le contraire :
Unjour que le Seigneur Lion
Aux champs étoit , où nulle affaire
Ne l'attiroit que la belle saison ,
Le Singe en ville entend à ses oreilles
Par un frelon ces trois mots bourdonner.
Lion est mort ! Singe de s'étonner !
Bien-tôt après de s'écrier merveilles !
Ce coup flate trop ses desirs ;
Pas un doute sur la nouvelle !
Il n'apperçoit que des plaisirs.
Est-ce-là cet ami fidelle ?
Le perfide à l'instant quitte table et fats
teuil ,
Se compose et se met en deuil ,
Demande pour escorte un supôt de justice ;
D'abord , l'Ours du quartier requis pour cet of
fice ,
Accourt chez notre Singe , arrive mal leché ,
Pour Scribe suit un Chat d'une plume har
naché ,
L'heritier avec eux monte en leste équipage ,
Où Levriers déja sont mis en attelage ;
2
•
OCTOBRE. 1732. 2147
Un Barbet sur le siege assis grotesquement ,
Prend les renes fouette et fond chez le pa
rent.
>
Un Dogue grommelant se présente à la porte ,
Demande ce que veut la vorace cohorte ?
On l'instruit , on l'effraie , il deffend son pa lier ,
Le grand nombre l'accable , on gagne l'esca- lier.
D'un Cabinet bien- tôt les effets on cachete ;
Paroît dans le moment un Renard , fine tête ,
Qui voit qu'en étourdis l'on procede en ce lieu ,
Dit : Messieurs , cessez.... vîte et nous dites
adieu.
Il faut premierement constater l'aventure ,
Et prouver par extrait la mort la sépul
ture.
>
Pour sçavoir ce qu'il craint , il
tient ;
part impa
Il trouve le Lion gros , gras , se bien por- tant.
Menageant sa harangue en Orateur habile ,
Lui dit deux nors du tour qu'on lui jouoit en ville ,
Et ces deux mots allumerent sa bile.
Le Renard très - joyeux s'en retourne aussi- tôt ,
Dit que notre défunt mange et boit comme il
faut ;
Cij Qu'en
2148 MERCURE
DE FRANCE
Qu'en dépit de l'envie il est encor des nô-.
tres ;*
Qu'il ne veut chez Pluton si-tôt suivre tant
d'autres. La joye au même instant fut chez tous les voisins , Et Bacchus tout au mieux fit l'honneur de ses
vins. A la tristesse enfin , loin de ces lieux bannie
Succederent les ris , les jeux et l'harmonie,
Chacun fut satisfait , mais le. Singe chagrin ,
Bien penaut , ruminoit , craignoit fâcheux des
tin ;
Pour prévenir l'orage , il va demander grace ,
Mais une telle faute aisément ne s'efface ;
A peine on l'apperçoit qu'on lui lâche mi
raut ;
Celui- ci n'est pas seul ,. arrive encor Brifaut ;
Le Singe délogea sans Tambour ni Trompete
tes ,
Et ses chausses de peur n'en sont pas encor
nettes.
HERITIER PRESOMPTIF
DU LION.
FABLE.
LA soif de l'or souvent démasque un politique :
Sous ce voile , grands Dieux , que l'homme es
different !
D'être ami genereux tel hardiment se pique ,
Qui
O.CTOBRE 1732. 2145
Qui n'est , mis au creuzet , qu'un avide rent.
Mais à ce propos veritable ,
S'il faut un exemple ajoûter ;
Sur ce point le Singe en ma Fable
Ne laisse rien à souhaiter.
>
Seigneur Lion au plus fort de son âge,
Avoit trois Châteaux à choisir
Hôtel en ville ; avec tel appanage ,
On peut varier son plaisir.
Item , chez lui table friande
Où l'on trouvoit tout à foison ,
Mets exquis , Gibier de saison
Vins délicats , bonne provende ;
Au reste point de successeur ,
Foible ressource de la vie ,
Mais qui sert de frein à l'envie
Contre un paisible possesseur.
Enfin , parmi sa parentelle ,
Un Singe étoit collateral ;
Singe amusant , mais animal
Manquant quelquefois de cervelle,
Je dis quelquefois seulement ;
Car le matois jouoit son rôle
Pour l'ordinaire habilement
Et manioit bien la parole.
Jamais , à l'entendre parler ,
APlutus ne fit la courbette ;
paz
C Hon
2146 MERCURE
DE FRANCE
Honneurs et fortune complette
N'avoient rien qui pût l'ébranler.
Soins empressés , minauderies ,
Caresses , jeux et singeries ,
S'adressoient à son cher Parent
Et rien du tout àson argent.
Arriva pourtant le contraire :
Unjour que le Seigneur Lion
Aux champs étoit , où nulle affaire
Ne l'attiroit que la belle saison ,
Le Singe en ville entend à ses oreilles
Par un frelon ces trois mots bourdonner.
Lion est mort ! Singe de s'étonner !
Bien-tôt après de s'écrier merveilles !
Ce coup flate trop ses desirs ;
Pas un doute sur la nouvelle !
Il n'apperçoit que des plaisirs.
Est-ce-là cet ami fidelle ?
Le perfide à l'instant quitte table et fats
teuil ,
Se compose et se met en deuil ,
Demande pour escorte un supôt de justice ;
D'abord , l'Ours du quartier requis pour cet of
fice ,
Accourt chez notre Singe , arrive mal leché ,
Pour Scribe suit un Chat d'une plume har
naché ,
L'heritier avec eux monte en leste équipage ,
Où Levriers déja sont mis en attelage ;
2
•
OCTOBRE. 1732. 2147
Un Barbet sur le siege assis grotesquement ,
Prend les renes fouette et fond chez le pa
rent.
>
Un Dogue grommelant se présente à la porte ,
Demande ce que veut la vorace cohorte ?
On l'instruit , on l'effraie , il deffend son pa lier ,
Le grand nombre l'accable , on gagne l'esca- lier.
D'un Cabinet bien- tôt les effets on cachete ;
Paroît dans le moment un Renard , fine tête ,
Qui voit qu'en étourdis l'on procede en ce lieu ,
Dit : Messieurs , cessez.... vîte et nous dites
adieu.
Il faut premierement constater l'aventure ,
Et prouver par extrait la mort la sépul
ture.
>
Pour sçavoir ce qu'il craint , il
tient ;
part impa
Il trouve le Lion gros , gras , se bien por- tant.
Menageant sa harangue en Orateur habile ,
Lui dit deux nors du tour qu'on lui jouoit en ville ,
Et ces deux mots allumerent sa bile.
Le Renard très - joyeux s'en retourne aussi- tôt ,
Dit que notre défunt mange et boit comme il
faut ;
Cij Qu'en
2148 MERCURE
DE FRANCE
Qu'en dépit de l'envie il est encor des nô-.
tres ;*
Qu'il ne veut chez Pluton si-tôt suivre tant
d'autres. La joye au même instant fut chez tous les voisins , Et Bacchus tout au mieux fit l'honneur de ses
vins. A la tristesse enfin , loin de ces lieux bannie
Succederent les ris , les jeux et l'harmonie,
Chacun fut satisfait , mais le. Singe chagrin ,
Bien penaut , ruminoit , craignoit fâcheux des
tin ;
Pour prévenir l'orage , il va demander grace ,
Mais une telle faute aisément ne s'efface ;
A peine on l'apperçoit qu'on lui lâche mi
raut ;
Celui- ci n'est pas seul ,. arrive encor Brifaut ;
Le Singe délogea sans Tambour ni Trompete
tes ,
Et ses chausses de peur n'en sont pas encor
nettes.
Fermer
Résumé : LE SINGE, HERITIER PRESOMPTIF DU LION. FABLE.
La fable 'Le Singe, héritier présomptif du Lion' relate l'histoire d'un singe, parent du Lion, qui simule l'amitié et la loyauté envers ce dernier. Le Lion, propriétaire de trois châteaux et d'une table abondante, n'a pas de successeur, ce qui suscite l'envie du Singe. Un jour, le Singe apprend la fausse nouvelle de la mort du Lion et se rend chez lui avec une escorte composée d'un Ours, d'un Chat, de lévriers et d'un Barbet. Il est arrêté par un Dogue. Un Renard, découvrant la supercherie, informe le Lion de la tentative du Singe. Furieux, le Lion chasse le Singe, qui s'enfuit pris de peur. La fable met en lumière la cupidité et la perfidie du Singe, démasquées par la ruse du Renard.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
31
p. 2398-2399
LA CHENILLE ET LA FEMME, FABLE.
Début :
Chenille, effroyable animal, [...]
Mots clefs :
Chenille, Femme, Papillon, Toilette
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA CHENILLE ET LA FEMME, FABLE.
{ LA CHENILLE ET LA FEMME
FABLE.
Henille , effroyable animal ,
Dont le voisinage importune ,
Qu'à nos arbres tu fais de mal !
'Ah! Dieux , je crois en sentir une.
La Chenille ayant entendu
Ce qu'une Femme disoit d'elle ,
Sans se fâcher a répondu :
Ma laideur n'est point éternelle ,
Bien-tôt changée en Papillon ,
J'aurai des couleurs admirables ;
Du blanc , du bleu , du vermillon ,
BE
NOVEMBRE. 1732 2399.
LADE
Et je serai des plus aimables. VILLE
BIBLIO
HEQUE
LYON
Plus d'une belle à ce qu'on dit,
Est de moi l'image complette ;
Chenille en sortanr de son lit ,
Papillon après sa toilette.
FABLE.
Henille , effroyable animal ,
Dont le voisinage importune ,
Qu'à nos arbres tu fais de mal !
'Ah! Dieux , je crois en sentir une.
La Chenille ayant entendu
Ce qu'une Femme disoit d'elle ,
Sans se fâcher a répondu :
Ma laideur n'est point éternelle ,
Bien-tôt changée en Papillon ,
J'aurai des couleurs admirables ;
Du blanc , du bleu , du vermillon ,
BE
NOVEMBRE. 1732 2399.
LADE
Et je serai des plus aimables. VILLE
BIBLIO
HEQUE
LYON
Plus d'une belle à ce qu'on dit,
Est de moi l'image complette ;
Chenille en sortanr de son lit ,
Papillon après sa toilette.
Fermer
Résumé : LA CHENILLE ET LA FEMME, FABLE.
La fable 'La Chenille et la Femme' présente une chenille critiquée par une femme pour sa laideur. La chenille répond qu'elle se transformera en papillon aux couleurs admirables. Elle compare ce processus à celui de certaines femmes qui se transforment après leur toilette.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
32
p. 2444-2445
COENA INSPERATA.
Début :
Piscator liquidis coenam quarebat in undis [...]
Mots clefs :
Coena, Agros, Aura
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COENA INSPERATA.
COENA INSPERATA,
Iscator liquidis cœnam quarebat in undis ,
Mendaci involvens funera cæca dape ;
Frustra : namferri male conscia lusit inanes
Lubrica Prada , dolo callidiore , dolos.
Ergo domum repetens , ripaque iratus iniquæ
Ibat :: nec vacuo spes erat ulla cibi.
Ecce repentino sonuerunt &thera motu
Respicit , attonitum vox iterataferit.
>
Nam
NOVEMBR E. 1732 2445.
Namque Gruem rapti Piscis spolia ampla feren tem
Cognate urgebant , sœva caterva , Grues.
Dum cupit hostilem saxis compescere rixam;
Decidit in medios causafuroris agros.
Natura invidiam Fors vicit : quodque negâ
rant.
Immites undo, mitior Aura dedit.
Quo labor , et Cura? sunt ipsa pericula tanti ?
Fortuna optatas sponte ministrat opes.
Renatus Gillot
Iscator liquidis cœnam quarebat in undis ,
Mendaci involvens funera cæca dape ;
Frustra : namferri male conscia lusit inanes
Lubrica Prada , dolo callidiore , dolos.
Ergo domum repetens , ripaque iratus iniquæ
Ibat :: nec vacuo spes erat ulla cibi.
Ecce repentino sonuerunt &thera motu
Respicit , attonitum vox iterataferit.
>
Nam
NOVEMBR E. 1732 2445.
Namque Gruem rapti Piscis spolia ampla feren tem
Cognate urgebant , sœva caterva , Grues.
Dum cupit hostilem saxis compescere rixam;
Decidit in medios causafuroris agros.
Natura invidiam Fors vicit : quodque negâ
rant.
Immites undo, mitior Aura dedit.
Quo labor , et Cura? sunt ipsa pericula tanti ?
Fortuna optatas sponte ministrat opes.
Renatus Gillot
Fermer
Résumé : COENA INSPERATA.
Un pêcheur échoue à attraper des poissons et rentre frustré. Il aperçoit des grues avec un poisson volé, mais chute en tentant de les arrêter. La nature et le destin lui offrent ensuite des conditions favorables. Le texte conclut sur la fortune qui procure parfois des biens sans effort.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
33
p. 1077-[1]078
IMITATION de la Fable Latine qui a pour titre, Caena insperata, inserée dans le Mercure de Novembre.
Début :
Un pecheur sur les bords d'une Rive profonde, [...]
Mots clefs :
Pêcheur, Poisson, Airs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IMITATION de la Fable Latine qui a pour titre, Caena insperata, inserée dans le Mercure de Novembre.
IMITATION de la Fable Latinė
qui a pour titre , Cæna insperata , inserée
dans le Mercure de Novembre .
UN pecheur sur les bords d'une Rive profonde
,
Qui dans les eaux à jeun cherchoit un bon repas,
L'autre jour préparoit aux Hahitans de l'Onde ,
Sous des mets imposteurs un funeste trépas ;
Mais en vain ; ce jour - là la Nation muette
I. Vol B vj Voit
7078 MERCURE DE FRANCE
Voit le danger caché sous ces mets délicats ,
Et fait une sage retraite ;
Le Goujon même n'y mord pas.
Que faire ! il se retire , il fuit des bords ingrats ;
Mais vuide à son taudis , tandis qu'il s'achemine ,
Et que d'autres moyens en soi-même il rumine ,
Il entend dans les Airs un terrible fracas .
Une Gruë avoit fait ce qu'il n'avoit pû faire ,
Et sa Troupe comme elle avide et sanguinaire ,
Pour avoir son butin lui livroit cent combats .
Notre Pêcheur alloit à coups de pierre ,
Terminer soudain cette guerre ,
Quand à ses pieds par un merveilleux cas ,
Choit un Poisson , sujet de ses débats.
Fortune , c'est-là ton ouvrage ,
Un Pêcheur , quand tu veux , cherche en vain
dans les Mers ,
Un Poisson que sans peine il trouve dans les Airs.
L'inconstance est ton apanage ,
Et le caprice te conduit ;
Te plairas tu toujours , volage ,
A fuir qui te cherche , à chercher qui te fuit ?
De Montpellier.
qui a pour titre , Cæna insperata , inserée
dans le Mercure de Novembre .
UN pecheur sur les bords d'une Rive profonde
,
Qui dans les eaux à jeun cherchoit un bon repas,
L'autre jour préparoit aux Hahitans de l'Onde ,
Sous des mets imposteurs un funeste trépas ;
Mais en vain ; ce jour - là la Nation muette
I. Vol B vj Voit
7078 MERCURE DE FRANCE
Voit le danger caché sous ces mets délicats ,
Et fait une sage retraite ;
Le Goujon même n'y mord pas.
Que faire ! il se retire , il fuit des bords ingrats ;
Mais vuide à son taudis , tandis qu'il s'achemine ,
Et que d'autres moyens en soi-même il rumine ,
Il entend dans les Airs un terrible fracas .
Une Gruë avoit fait ce qu'il n'avoit pû faire ,
Et sa Troupe comme elle avide et sanguinaire ,
Pour avoir son butin lui livroit cent combats .
Notre Pêcheur alloit à coups de pierre ,
Terminer soudain cette guerre ,
Quand à ses pieds par un merveilleux cas ,
Choit un Poisson , sujet de ses débats.
Fortune , c'est-là ton ouvrage ,
Un Pêcheur , quand tu veux , cherche en vain
dans les Mers ,
Un Poisson que sans peine il trouve dans les Airs.
L'inconstance est ton apanage ,
Et le caprice te conduit ;
Te plairas tu toujours , volage ,
A fuir qui te cherche , à chercher qui te fuit ?
De Montpellier.
Fermer
Résumé : IMITATION de la Fable Latine qui a pour titre, Caena insperata, inserée dans le Mercure de Novembre.
Le texte décrit une imitation de la fable latine 'Cæna insperata', publiée dans le Mercure de Novembre. L'histoire suit un pêcheur sur les bords d'une rivière profonde. Ce pêcheur, cherchant un repas, utilise des appâts empoisonnés pour attraper des poissons. Cependant, les poissons reconnaissent le danger et évitent les appâts. Déçu, le pêcheur se retire. En rentrant chez lui, il entend un bruit de combat. Une grue et sa troupe attaquent un poisson, que le pêcheur convoitait. Alors qu'il tente d'intervenir, un poisson tombe miraculeusement à ses pieds. La fable met en lumière l'inconstance de la fortune, qui offre souvent ce que l'on cherche sans effort là où on ne l'attend pas. Le texte se conclut par une réflexion sur l'inconstance et le caprice de la fortune. L'auteur de cette fable est originaire de Montpellier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
34
p. 1276-1278
ULISSE ET CIRCÉ. FABLE.
Début :
L'un de l'autre charmez dans leur Isle enchantée, [...]
Mots clefs :
Moineaux, Printemps, Amour, Oiseaux, Bonheur, Amants, Coeur, Ulysse, Circé
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ULISSE ET CIRCÉ. FABLE.
ULISSE ET CIRCE'.
FABLE.
L'un de l'autre charmez dans leur Isle en- chantée ,
La Fille du Soleil et son Amant un jour ,
De leur félicité rendoient grace à l'Amour ;
Par deux Oiseaux leur vûë est arrêtée ,
Ulisse les observe ( objets interessants ! )
Un trouble se répand dans leur ame attendrie à
Il regarde Circé ; la même rêverie ,
Tenoit enchantez tous ses sens.
Hé quoi dit- il, leur flâme ainsi favorisée ;
N'excite point encor d'inutiles désirs !
Ils n'éprouvent jamais dans de si doux plaisirs ,
La triste oeconomie aux Mortels imposée !
Il est vrai , les Moineaux s'aiment bien tendres
ment ,
Reprit la jeune Enchanteresse ;
Ne peut-on s'élever jusques à leur tendresse ?
Mon Art ne fut jamais employé vainement :
Que tardons- nous ? l'Amour sera d'intelligence ;
II. Vol. Oui
N. 1733 1277
Oui , c'est toi , Dieu charmant , qui nous ouvres
les yeux ,
Nous n'allons acquerir ces dons délicieux ,
Que pour mieux sentir ta puissance.
A ces mots ces Amans par l'espoir animez ,
En Moineaux tout- à - coup se trouvent trans
formez.
Des Aquilons alors l'influence bannie ,
Cédoit aux doux Zéphirs , la Terre rajeunie ;
Bien-tôt il n'est Palmiers , Mirthes , Cedres , Ro
seaux ,
Où cent fois ces heureux Oiseaux ,
Ne se soient assurez de leur métamorphose .
Quel exemple combien de Spectacles char
mans
Aux Nymphes de Circé chaque jour il expose
Elles comptent tous les momens
De ce changement admirable ;
Jamais l'Art des Enchantemens ,
Ne leur parut si respectable :
Mais ce Printemps si cher passa rapidement ,
Er dans ces mêmes lieux témoins de leur yvresse
On les voit, ces Oiseaux , séparez sans tristesse ,
Ou rejoints sans empressement.
Tous deux se retraçant leur commmune avan¬
ture ,
En formant les Moineaux , disoient- ils, la Nature
De leur bonheur s'occupoit foiblement ,
Il n'est qu'un seul plaisir , un seul nous rend
sensibles;
1278 MERCURE DE FRANCE
Le Printemps nous l'inspire , ô destins inflêxibles
!
Il s'envole avec le Printemps ,
Et dans cette absence fatale ,
Nous n'avons point un coeur pour remplir l'ing
tervale ,
Par ces troubles secrets , par ces ravissemens ,
Qui font le bonheur des Amans.
Quel don nous échappoit avec la forme hu →
maine ?
Reprenons , reprenons ce coeur ,
Source des biens parfaits , favorable Enchanteur,
Qui mêle un certain charme à sa plus triste peine,
Qui ménageant notre espoir , nos désirs ,
Au comble du bonheur par degrés nous amene ,
Et ces degrez sont autant de plaisirs.
Le Héros et l'Enchanteresse ,
Reprennent à l'instant leur forme et leur tendresse
,
Détrompez des faux biens qu'ils avoient éprouvez
,
Pour transmettre aux Amans un si puissant
exemple ,
Au véritable Amour ils élevent un Temple ,
"
Et sur l'Autel ces mots furent gravez ,
Au destin des Moineaux ne portez point envie ,
Mortels , un coeur sensible est le suprême bien ,
Aimez , vous le pouvez, tout le temps de la vie ;
Aimez bien tendrement , tout le reste n'est rien.
FABLE.
L'un de l'autre charmez dans leur Isle en- chantée ,
La Fille du Soleil et son Amant un jour ,
De leur félicité rendoient grace à l'Amour ;
Par deux Oiseaux leur vûë est arrêtée ,
Ulisse les observe ( objets interessants ! )
Un trouble se répand dans leur ame attendrie à
Il regarde Circé ; la même rêverie ,
Tenoit enchantez tous ses sens.
Hé quoi dit- il, leur flâme ainsi favorisée ;
N'excite point encor d'inutiles désirs !
Ils n'éprouvent jamais dans de si doux plaisirs ,
La triste oeconomie aux Mortels imposée !
Il est vrai , les Moineaux s'aiment bien tendres
ment ,
Reprit la jeune Enchanteresse ;
Ne peut-on s'élever jusques à leur tendresse ?
Mon Art ne fut jamais employé vainement :
Que tardons- nous ? l'Amour sera d'intelligence ;
II. Vol. Oui
N. 1733 1277
Oui , c'est toi , Dieu charmant , qui nous ouvres
les yeux ,
Nous n'allons acquerir ces dons délicieux ,
Que pour mieux sentir ta puissance.
A ces mots ces Amans par l'espoir animez ,
En Moineaux tout- à - coup se trouvent trans
formez.
Des Aquilons alors l'influence bannie ,
Cédoit aux doux Zéphirs , la Terre rajeunie ;
Bien-tôt il n'est Palmiers , Mirthes , Cedres , Ro
seaux ,
Où cent fois ces heureux Oiseaux ,
Ne se soient assurez de leur métamorphose .
Quel exemple combien de Spectacles char
mans
Aux Nymphes de Circé chaque jour il expose
Elles comptent tous les momens
De ce changement admirable ;
Jamais l'Art des Enchantemens ,
Ne leur parut si respectable :
Mais ce Printemps si cher passa rapidement ,
Er dans ces mêmes lieux témoins de leur yvresse
On les voit, ces Oiseaux , séparez sans tristesse ,
Ou rejoints sans empressement.
Tous deux se retraçant leur commmune avan¬
ture ,
En formant les Moineaux , disoient- ils, la Nature
De leur bonheur s'occupoit foiblement ,
Il n'est qu'un seul plaisir , un seul nous rend
sensibles;
1278 MERCURE DE FRANCE
Le Printemps nous l'inspire , ô destins inflêxibles
!
Il s'envole avec le Printemps ,
Et dans cette absence fatale ,
Nous n'avons point un coeur pour remplir l'ing
tervale ,
Par ces troubles secrets , par ces ravissemens ,
Qui font le bonheur des Amans.
Quel don nous échappoit avec la forme hu →
maine ?
Reprenons , reprenons ce coeur ,
Source des biens parfaits , favorable Enchanteur,
Qui mêle un certain charme à sa plus triste peine,
Qui ménageant notre espoir , nos désirs ,
Au comble du bonheur par degrés nous amene ,
Et ces degrez sont autant de plaisirs.
Le Héros et l'Enchanteresse ,
Reprennent à l'instant leur forme et leur tendresse
,
Détrompez des faux biens qu'ils avoient éprouvez
,
Pour transmettre aux Amans un si puissant
exemple ,
Au véritable Amour ils élevent un Temple ,
"
Et sur l'Autel ces mots furent gravez ,
Au destin des Moineaux ne portez point envie ,
Mortels , un coeur sensible est le suprême bien ,
Aimez , vous le pouvez, tout le temps de la vie ;
Aimez bien tendrement , tout le reste n'est rien.
Fermer
Résumé : ULISSE ET CIRCÉ. FABLE.
Le texte 'Ulysse et Circé' relate l'observation d'oiseaux s'aimant par Ulysse et Circé. Ulysse souhaite partager une telle félicité sans les contraintes humaines. Circé, enchanteresse, transforme les amants en moineaux pour qu'ils vivent pleinement leur amour. Ces oiseaux, symbolisant l'amour parfait, profitent de leur métamorphose dans un environnement idyllique. Leur bonheur est éphémère, car avec la fin du printemps, ils se retrouvent séparés sans tristesse ou réunis sans empressement. Ulysse et Circé réalisent alors que leur bonheur était incomplet sans les émotions humaines. Ils reprennent leur forme humaine et érigent un temple à l'amour véritable, gravant sur l'autel un message exhortant les mortels à aimer tendrement, car un cœur sensible est le suprême bien.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
35
p. 1924-1925
LE CHESNE ET LE LIERRE. FABLE.
Début :
Près d'un Chêne orgueilleux, dont la tête chenuë, [...]
Mots clefs :
Chêne, Lierre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE CHESNE ET LE LIERRE. FABLE.
LE CHESNE
ET LE LIERRE.
FABLE.
Rès d'un Chêne orgueilleux , dont la tête
chenuë ,
Sembloit se perdre dans la Nuë ,
Un Lieere languissoit , par terre humilié ;
Quoi , dit-il , on me foule au pié ,
Et je rampe dans la poussiere ,
Tandis qu'un Chesne audacieux ,
Menace les Cieux ,
De sa Tête altiere !
Mais ne pourrois - je donc m'élever commę
lui ?
Le Lierre ambitieux , ainsi parle et raisonne ;
Pour atteindre à ce Chesne , il faut dès aujour
d'hui ,
Que je m'attache à sa personne ,
( Une forte Protection ,
Ayde
SEPTEMBR E. 1733. 1925
'Ayde bien à l'ambition . )
Le Lierre se cramponne au Chesne qu'il embrasse
,
Dans ses Rameaux il s'entrelasse ,
Et voyant que bien- tôt il égale en hauteur ,
Son puissant protecteur ,
Le superbe applaudit à sa noble entreprise ;
Il n'est rien tel , dit- il , que vouloir s'élever ,
Mais il ne prévoit pas l'instant fatal de crise ,
Dont toute sa grandeur ne poura le sauver,
Le Vieux Chesne que la Coignée ,
Avoit épargné jusqu'alors ,
De ses pareils enfin , subit la destinée.
La Hache qui détruit les Arbres les plus forte
Le coupe jusqu'en sa racine ,
Et le Chesne du Lierre entraîne la ruine.
Ce dernier eut paré le coup qui l'a frappé ,
S'il eût sçu que des Grands épouser la fortune ,
Dans leur chute , avec eux commune
C'est vouloir être enveloppé.
P ILIER , de la Ferté sur Jouarie.
ET LE LIERRE.
FABLE.
Rès d'un Chêne orgueilleux , dont la tête
chenuë ,
Sembloit se perdre dans la Nuë ,
Un Lieere languissoit , par terre humilié ;
Quoi , dit-il , on me foule au pié ,
Et je rampe dans la poussiere ,
Tandis qu'un Chesne audacieux ,
Menace les Cieux ,
De sa Tête altiere !
Mais ne pourrois - je donc m'élever commę
lui ?
Le Lierre ambitieux , ainsi parle et raisonne ;
Pour atteindre à ce Chesne , il faut dès aujour
d'hui ,
Que je m'attache à sa personne ,
( Une forte Protection ,
Ayde
SEPTEMBR E. 1733. 1925
'Ayde bien à l'ambition . )
Le Lierre se cramponne au Chesne qu'il embrasse
,
Dans ses Rameaux il s'entrelasse ,
Et voyant que bien- tôt il égale en hauteur ,
Son puissant protecteur ,
Le superbe applaudit à sa noble entreprise ;
Il n'est rien tel , dit- il , que vouloir s'élever ,
Mais il ne prévoit pas l'instant fatal de crise ,
Dont toute sa grandeur ne poura le sauver,
Le Vieux Chesne que la Coignée ,
Avoit épargné jusqu'alors ,
De ses pareils enfin , subit la destinée.
La Hache qui détruit les Arbres les plus forte
Le coupe jusqu'en sa racine ,
Et le Chesne du Lierre entraîne la ruine.
Ce dernier eut paré le coup qui l'a frappé ,
S'il eût sçu que des Grands épouser la fortune ,
Dans leur chute , avec eux commune
C'est vouloir être enveloppé.
P ILIER , de la Ferté sur Jouarie.
Fermer
Résumé : LE CHESNE ET LE LIERRE. FABLE.
La fable 'Le Chêne et le Lierre' narre l'histoire d'un lierre modeste et d'un chêne arrogant. Le lierre, jaloux de la hauteur du chêne, choisit de s'y attacher pour grandir. Grâce à cette protection, le lierre atteint la même hauteur que le chêne. Un jour, le chêne est coupé par une hache, provoquant la chute du lierre. La morale de cette fable est que s'attacher à la fortune des puissants peut entraîner une chute commune en cas de déchéance de ces derniers. Le texte est daté de septembre 1733 et signé par P. Illier, de la Ferté sur Jouarie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
36
p. 2438-2440
Nouvelles Etrennes, Calendrier et Fables [titre d'après la table]
Début :
NOUVELLES ETRENNES, utiles et agréables, contenant un Recueil de Fables [...]
Mots clefs :
Fables, Idole, Dignité, Étrennes, Plaisirs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles Etrennes, Calendrier et Fables [titre d'après la table]
NOUVELLES ETRENNES , utiles et agréa
bles , contenant un Recueil de Fables
choisies , dans le goût de M. de la Fontaine
, sur de petits Airs et Vaudevilles
connus , notez à la fin , avec un Calen
drier de l'année 1734. A Paris , chez
Ph. Nic. Lottin , rue S. Jacques.
Voici quelques - unes de ces Fables qui
feront juger des autres.
LASNE portant une Idole , sot en dignité.
Sur l'Air : Nos plaisirs sont trop
peu durables.
Un Baudet portoit en voyage ,
Un faux Dieu que l'on adoroit ;
Et pour lui prenoit tout l'hommage ,
Qu'à son Idole on déférois,
C'est
NOVEMBRE. 1733 2439
C'est ainsi qu'un sot s'imagine ,
Que l'on rend à sa vanité ,
Les honneurs que l'on ne destine ,
Qu'à l'éclat de sa dignité.
LE CONSEIL DES RATS. Le
Grelot. Sur l'Air : Pour passer doucement
la vie.
Un Conseil dans une Guérlte ,
Fut tenu par le Peuple Rat ;
Tous dirent , pendons au plus vite ,
Une sonnette au cou du Chat.
Nous
sçaurons la marche et la route
Quand il viendra pour nous guetter :
C'étoit bien avisé sans doute ;
Mais il falloit executer.
Qui de nous ira , dit leur Doge,
'Au Matou mettre le Grelot ?
Mais en vain il les interroge ,
Bas un ne lui répond un mot.
Tout est plein , quand on délibere ,,
De courage et d'activité;
Mais pour agir , ce n'est plus guére ,
Que répugnance et lâcheté.
LA
2440 MERCURE DE FRANCE
LA MONTAGNE EN TRAVAIL,
Grand bruit , peu d'effet. Sur l'Air : Nos
plaisirs sont trop peu durables.
Autrefois la vaste Campagne ,
Frémissoit du mugissement ,
Que poussoit certaine Montagne ,
Dans un travail d'enfantement.
On croyoit qu'une Ville immense ,
Alloit naître après ces grands cris ;
Mais le fruit de cette esperance ,
Fut , n'en déplaise , une Souris.
Tous les jours le Monde se vante ,
Et promet avec grand éclat ;
Mais souvent tout ce qu'il enfante ,
Ne vaut pas mieux que, notre Rat.
bles , contenant un Recueil de Fables
choisies , dans le goût de M. de la Fontaine
, sur de petits Airs et Vaudevilles
connus , notez à la fin , avec un Calen
drier de l'année 1734. A Paris , chez
Ph. Nic. Lottin , rue S. Jacques.
Voici quelques - unes de ces Fables qui
feront juger des autres.
LASNE portant une Idole , sot en dignité.
Sur l'Air : Nos plaisirs sont trop
peu durables.
Un Baudet portoit en voyage ,
Un faux Dieu que l'on adoroit ;
Et pour lui prenoit tout l'hommage ,
Qu'à son Idole on déférois,
C'est
NOVEMBRE. 1733 2439
C'est ainsi qu'un sot s'imagine ,
Que l'on rend à sa vanité ,
Les honneurs que l'on ne destine ,
Qu'à l'éclat de sa dignité.
LE CONSEIL DES RATS. Le
Grelot. Sur l'Air : Pour passer doucement
la vie.
Un Conseil dans une Guérlte ,
Fut tenu par le Peuple Rat ;
Tous dirent , pendons au plus vite ,
Une sonnette au cou du Chat.
Nous
sçaurons la marche et la route
Quand il viendra pour nous guetter :
C'étoit bien avisé sans doute ;
Mais il falloit executer.
Qui de nous ira , dit leur Doge,
'Au Matou mettre le Grelot ?
Mais en vain il les interroge ,
Bas un ne lui répond un mot.
Tout est plein , quand on délibere ,,
De courage et d'activité;
Mais pour agir , ce n'est plus guére ,
Que répugnance et lâcheté.
LA
2440 MERCURE DE FRANCE
LA MONTAGNE EN TRAVAIL,
Grand bruit , peu d'effet. Sur l'Air : Nos
plaisirs sont trop peu durables.
Autrefois la vaste Campagne ,
Frémissoit du mugissement ,
Que poussoit certaine Montagne ,
Dans un travail d'enfantement.
On croyoit qu'une Ville immense ,
Alloit naître après ces grands cris ;
Mais le fruit de cette esperance ,
Fut , n'en déplaise , une Souris.
Tous les jours le Monde se vante ,
Et promet avec grand éclat ;
Mais souvent tout ce qu'il enfante ,
Ne vaut pas mieux que, notre Rat.
Fermer
Résumé : Nouvelles Etrennes, Calendrier et Fables [titre d'après la table]
Le document intitulé 'NOUVELLES ETRENNES, utiles et agréables' est un recueil de fables inspiré par Jean de La Fontaine, publié à Paris par Ph. Nic. Lottin pour l'année 1734. Il inclut des vaudevilles et un calendrier. Trois fables sont particulièrement mentionnées. La première, 'LASNE portant une Idole', raconte l'histoire d'un âne transportant une idole et recevant les honneurs destinés à la divinité. Elle illustre comment un sot peut s'imaginer que les honneurs lui sont rendus personnellement plutôt qu'à sa dignité. La deuxième fable, 'LE CONSEIL DES RATS', relate un conseil tenu par des rats pour attacher une clochette au cou d'un chat afin de le repérer. Aucun rat ne se porte volontaire pour exécuter le plan, illustrant la différence entre la délibération et l'action. La troisième fable, 'LA MONTAGNE EN TRAVAIL', décrit une montagne en travail d'enfantement, dont les cris annonçaient une grande ville, mais qui ne donna naissance qu'à une souris. Cette fable met en garde contre les promesses grandioses souvent décevantes. Le document se conclut par une référence au 'MERCURE DE FRANCE'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
37
p. 2580-2581
LE SOLEIL ET LES NUAGES. FABLE. A M. DE LA TOUR, Intendant de Bretagne ; par Mlle DE MALCRAIS de la Vigne du Croisic.
Début :
Jaloux de la Lueur féconde, [...]
Mots clefs :
Fable, Intendant, La Tour, Nuages, Rayons, Vice, Lieux, Nuages, Soleil
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE SOLEIL ET LES NUAGES. FABLE. A M. DE LA TOUR, Intendant de Bretagne ; par Mlle DE MALCRAIS de la Vigne du Croisic.
LE SOLEIL ET LES NUAGES.
FABLE
AM. DE LA TOUR , Intendant de Bretagne
; par Mlle DE MALCRA IS... de
la Vigne du Croisic...
JA
Aloux de la Lueur féconde ,
Que répand en tous lieux , sur la Terre et dans
l'Onde ,
Le brillant Astre des Saisons ,
Les Nuages un jour , contre lui se liguérent ,
Résolus d'obscurcir à jamais ses rayons.
Au jour prescrit en foule ils arriverents
Des différentes Régions.
Alors dans les Hautes campagnes™
Ces Escadrons épais s'élevant en Montagnes
Formant des Bastions,des Ramparts et des Forts,
S'entasserent, se condenserent ,
Au devant des Rayons de leur mieux se placerent.
Mais qu'en arri va til 2 après tous leurs efforts
1. Vol.
Pour
DECEMBRE. 1733. 2581
Pour trop s'enfler les uns créverent , -
D'autres furent fondus , les autres promptement ,
A bâtons rompus s'échapperent ,.
Portez sur les aîles du vent..
En vain le vice et sa sequele ,
Tâchent d'opprimer la vertu ♬
La vérité combat pour elle ,
Et le vice s'enfuit , ou demeure abbatu .
Intendant des Bretons , dont le rare mérite
D'un Employ souverain , soutient la dignité ,
Qui sçais conformer ta conduite ,
Aux Regles de la Probité ,
Ton esprit obligeant , humain , docte , équitable
Doit trouver en tous Lieux des coeurs reconnoissan
LA TOUR , je t'addresse ma Fable ;
Mieux qu'un autre tu peux en pénétrer lé sens .
FABLE
AM. DE LA TOUR , Intendant de Bretagne
; par Mlle DE MALCRA IS... de
la Vigne du Croisic...
JA
Aloux de la Lueur féconde ,
Que répand en tous lieux , sur la Terre et dans
l'Onde ,
Le brillant Astre des Saisons ,
Les Nuages un jour , contre lui se liguérent ,
Résolus d'obscurcir à jamais ses rayons.
Au jour prescrit en foule ils arriverents
Des différentes Régions.
Alors dans les Hautes campagnes™
Ces Escadrons épais s'élevant en Montagnes
Formant des Bastions,des Ramparts et des Forts,
S'entasserent, se condenserent ,
Au devant des Rayons de leur mieux se placerent.
Mais qu'en arri va til 2 après tous leurs efforts
1. Vol.
Pour
DECEMBRE. 1733. 2581
Pour trop s'enfler les uns créverent , -
D'autres furent fondus , les autres promptement ,
A bâtons rompus s'échapperent ,.
Portez sur les aîles du vent..
En vain le vice et sa sequele ,
Tâchent d'opprimer la vertu ♬
La vérité combat pour elle ,
Et le vice s'enfuit , ou demeure abbatu .
Intendant des Bretons , dont le rare mérite
D'un Employ souverain , soutient la dignité ,
Qui sçais conformer ta conduite ,
Aux Regles de la Probité ,
Ton esprit obligeant , humain , docte , équitable
Doit trouver en tous Lieux des coeurs reconnoissan
LA TOUR , je t'addresse ma Fable ;
Mieux qu'un autre tu peux en pénétrer lé sens .
Fermer
Résumé : LE SOLEIL ET LES NUAGES. FABLE. A M. DE LA TOUR, Intendant de Bretagne ; par Mlle DE MALCRAIS de la Vigne du Croisic.
La fable 'Le Soleil et les Nuages' relate la tentative des nuages de se liguer contre le soleil pour obscurcir ses rayons. Ils se rassemblèrent en masse pour former des obstacles, mais leurs efforts échouèrent. Certains nuages éclatèrent, d'autres fondirent, et les autres furent dispersés par le vent. Cette fable illustre que le vice et ses partisans tentent d'opprimer la vertu, mais la vérité finit toujours par triompher. Le texte loue également l'intendant de Bretagne pour son mérite, sa probité, et son esprit humain et équitable. L'auteur adresse cette fable à l'intendant, suggérant qu'il est particulièrement apte à en comprendre le sens.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
38
p. 277-279
LE CHESNE ET L'ORMEAU. FABLE.
Début :
Certain Chêne orgueilleux, qui se disoit cousin [...]
Mots clefs :
Chêne, Ormeau, Tempête
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE CHESNE ET L'ORMEAU. FABLE.
LE CHESNE ET L'ORMEAU .
C
FABL E.
Ertain Chêne orgueilleux , qui se disoit
cousin
Des nobles Chênes de Dodône ,
Prit le ton imposant d'un Sultan sur son Trône,
Pour tancer en ces mots un Ormeau son voisin
Misérable avorton , Arbre ignoble et débile ,
Voi combien je te suis utile ;
Je te mets à couvert des vents et des frimats ,
De l'orage et de la tempête ;
Tu fais pourtant si peu de cas ,
De mon attention à conserver ta tête ,
Qu'à regret tu me rends l'hommage qui m'est
dû ;
Toi , qui par ton exemple et ton zélê assidu ,
Devrois me procurer Phommage
م
De tous les Arbres du Village ;
Mais parle , vil Ormean ; sans moi , que seroistu
?
Quelque chose moins qu'un fêtu.
L'Ormeau reprit en son langage ;
Votre protection me fait beaucoup d'honneur
Mais il est pourtant vrai , Seigneur ,
Que j'aurois loin de vous profité davantaged
Dv Vous
278 MERCURE DE FRANCE
Vous m'offusquez par votre ombrage ;
Presque de tous côtez j'en suis envelopé ,
Vos rameaux quelquefois jusqu'au vif m'ong
frappé ,
Et m'ont causé plus de dommage ,
Que n'auroient fait les vents , la tempête et l'e
rage ;
Mais que veut dire ce courroux ,
Contre mon peu de complaisance ? "
Vous voulez des honneurs ? Quoi ! vous les avez
tous ;
Le Soleil ne luit que pour vous ;
Ay-je jamais frondé votre prééminence ?
Je vous entends , Seigneur. Un Esclave , entre
nous ,
Conviendroit à votre Excellence ,
Mais moi , j'aime ma liberté.
S'il plaisoit à la Providence ,
.
Bien- tôt quelque autre part je serais transplanté
Et je vous le dis net , tandis qu'aucun n'écoute
Cet Entretien ,
Votre voisinage , sans doute,
M'a fait plus de mal que de bien.
Je sçais, hélas ! ce qu'il m'en coute !
Ainsi par-là l'Ormeau . S'il eut été flateur
Il eut beni sa servitude ,
Vous devinez , ami Lecteur ,
Qu'il fut taxé d'ingratitude ;
>
L'orL'orgueil
n'est pas content d'un pareil Orateur.
Quiconque se parant du nom de Protecteur ;
N'est en effet qu'un fâcheux Maître ,
Sera facile à reconnoître
Aux traits du Chêne altier marquez dans ce
tableau ;
Quiconque est un ingrat , n'auroit jamais da
naître ;
Mais être ingrat comme l'Ormeau ,
Lecteur , tout de bon , est - ce l'être ?
F. M. F.
C
FABL E.
Ertain Chêne orgueilleux , qui se disoit
cousin
Des nobles Chênes de Dodône ,
Prit le ton imposant d'un Sultan sur son Trône,
Pour tancer en ces mots un Ormeau son voisin
Misérable avorton , Arbre ignoble et débile ,
Voi combien je te suis utile ;
Je te mets à couvert des vents et des frimats ,
De l'orage et de la tempête ;
Tu fais pourtant si peu de cas ,
De mon attention à conserver ta tête ,
Qu'à regret tu me rends l'hommage qui m'est
dû ;
Toi , qui par ton exemple et ton zélê assidu ,
Devrois me procurer Phommage
م
De tous les Arbres du Village ;
Mais parle , vil Ormean ; sans moi , que seroistu
?
Quelque chose moins qu'un fêtu.
L'Ormeau reprit en son langage ;
Votre protection me fait beaucoup d'honneur
Mais il est pourtant vrai , Seigneur ,
Que j'aurois loin de vous profité davantaged
Dv Vous
278 MERCURE DE FRANCE
Vous m'offusquez par votre ombrage ;
Presque de tous côtez j'en suis envelopé ,
Vos rameaux quelquefois jusqu'au vif m'ong
frappé ,
Et m'ont causé plus de dommage ,
Que n'auroient fait les vents , la tempête et l'e
rage ;
Mais que veut dire ce courroux ,
Contre mon peu de complaisance ? "
Vous voulez des honneurs ? Quoi ! vous les avez
tous ;
Le Soleil ne luit que pour vous ;
Ay-je jamais frondé votre prééminence ?
Je vous entends , Seigneur. Un Esclave , entre
nous ,
Conviendroit à votre Excellence ,
Mais moi , j'aime ma liberté.
S'il plaisoit à la Providence ,
.
Bien- tôt quelque autre part je serais transplanté
Et je vous le dis net , tandis qu'aucun n'écoute
Cet Entretien ,
Votre voisinage , sans doute,
M'a fait plus de mal que de bien.
Je sçais, hélas ! ce qu'il m'en coute !
Ainsi par-là l'Ormeau . S'il eut été flateur
Il eut beni sa servitude ,
Vous devinez , ami Lecteur ,
Qu'il fut taxé d'ingratitude ;
>
L'orL'orgueil
n'est pas content d'un pareil Orateur.
Quiconque se parant du nom de Protecteur ;
N'est en effet qu'un fâcheux Maître ,
Sera facile à reconnoître
Aux traits du Chêne altier marquez dans ce
tableau ;
Quiconque est un ingrat , n'auroit jamais da
naître ;
Mais être ingrat comme l'Ormeau ,
Lecteur , tout de bon , est - ce l'être ?
F. M. F.
Fermer
Résumé : LE CHESNE ET L'ORMEAU. FABLE.
La fable 'Le Chêne et l'Ormeau' oppose un Chêne orgueilleux à un Ormeau voisin. Le Chêne se vante de protéger l'Ormeau des vents, du froid, de l'orage et des tempêtes, mais reproche à l'Ormeau de ne pas lui rendre hommage. L'Ormeau rétorque qu'il souffre de l'ombre et des branches du Chêne, qui lui causent plus de dommages que les intempéries. Il affirme préférer être transplanté ailleurs plutôt que de subir le voisinage du Chêne. Le Chêne, offensé, accuse l'Ormeau d'ingratitude. La fable conclut en soulignant que l'orgueil du Chêne le rend insupportable et que l'ingratitude de l'Ormeau est relative, car il subit des préjudices réels.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
39
p. 860-861
LE COQ ET LE LIMAÇON, FABLE. Par M. Richer.
Début :
Un jeune Coq ambitieux [...]
Mots clefs :
Coq, Limaçon, Oiseau, Sommet
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE COQ ET LE LIMAÇON, FABLE. Par M. Richer.
LE COQ
ET LE LIMACON ,
S
FABLE,
Par M. Richer.
UN jeune Coq ambitieux
Et le mieux hupé da village,
Pour chanter ses exploits et montrer son pla
mage ,
Prétendoit se percher sur un Pin sourcilleux,
Enflé d'une telle espérance >
Il prend sa volée ; il s'élance ;
Mais quoique notre Oiseau ne fut pas des plus
lourds ,
Il fit de yains efforts , et retomba toujours.
Les Poules s'en railloient. Șa honte étoit extrê
me ;
Quand au sommet de l'arbre même ,
Qu'il ne pouvoit atteindre , il voit un Limaçon .
Pour un Oiseau şi fier quel surcroît de disgrace
!
India
MAY. 17347 361
Indigné que dans cette place
Ce méprisable insecte eut porté sa maison ,
Eh ! qui t'a mis si haut? lui dit - il en furie ,
Sçais-tu fendre les airst non , mais je sçais ram
per ,
Repart le Limaçon : avec cette industrie
Est-il sommet si haut qu'on ne puisse atraper è
ET LE LIMACON ,
S
FABLE,
Par M. Richer.
UN jeune Coq ambitieux
Et le mieux hupé da village,
Pour chanter ses exploits et montrer son pla
mage ,
Prétendoit se percher sur un Pin sourcilleux,
Enflé d'une telle espérance >
Il prend sa volée ; il s'élance ;
Mais quoique notre Oiseau ne fut pas des plus
lourds ,
Il fit de yains efforts , et retomba toujours.
Les Poules s'en railloient. Șa honte étoit extrê
me ;
Quand au sommet de l'arbre même ,
Qu'il ne pouvoit atteindre , il voit un Limaçon .
Pour un Oiseau şi fier quel surcroît de disgrace
!
India
MAY. 17347 361
Indigné que dans cette place
Ce méprisable insecte eut porté sa maison ,
Eh ! qui t'a mis si haut? lui dit - il en furie ,
Sçais-tu fendre les airst non , mais je sçais ram
per ,
Repart le Limaçon : avec cette industrie
Est-il sommet si haut qu'on ne puisse atraper è
Fermer
Résumé : LE COQ ET LE LIMAÇON, FABLE. Par M. Richer.
Dans la fable 'Le Coq et le Limacon' de M. Richer, un coq ambitieux tente en vain de se percher sur un pin. Après plusieurs échecs, il voit un limacon au sommet. Ce dernier explique qu'il a atteint cette hauteur en rampant patiemment.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
40
p. 879-881
LA NATURE ET L'ART. FABLE. A Mlle de N***.
Début :
Enflé de ses progrès et fier de ses appas, [...]
Mots clefs :
Nature, Art
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA NATURE ET L'ART. FABLE. A Mlle de N***.
LA NATURE ET L'ART .
FABLE.
A Mile de N **
ENAé de ses progrès et fier de sés appas ;
On dit qu'un jour à la Nature ,
L'Art voulut disputer le pas ;
Qui de nous deux ( dit- il ) a de l'Architecture , ]
De l'ingénieuse Peinture
Et de l'agreable Sculpture ,
Reglé les operations.
C'est l'Art , sa science féconde
Do
380 MERCURE DE FRANCE
De nouvelles productions ,
Chaque jour enrichit le Monde.
Au corps le plus matériel ,
L'Art donne un air leger et d'agréables formes
Qu'on s'en tienne au contraire au simple naturel !
Que de confusion et que d'objets informes,
Que l'Art les mette en oeuvre : à peine ils son
polis
Que nous les trouvons embellis.
En un mot , sans cet Art en Beautez si fertile
Tout ce que parmi vous la Nature produit ,
Mortels , deviendroit inutile.
Ton amour propre te séduit ,
Dit la Nature ; ch ! quelle est ta folic,
De vouloir me donner la Loy ?
Mais , là , parlons de bonne foi ,
Ces chef- d'oeuvres fameux que ton orgueil public
Sçais -tu bien qu'ils ne sont jamais de bon alloi
Qu'autant qu'ils approchent de moi
Cette simplicite que ton affecterie ,
Contre moi tourne en raillerie ,
Mon cher , ne va pas t'y tromper ,
Il te faut du travail pour pouvoir l'attraper
Et souvent ta main l'estropie .
Je ris quand je vois l'Art me traiter en Rival ,
Il me semble voir la Copie ,
Se mocquer de l'Original .
ENMAY:
888 1734
ENVO r.
Vous, qui par un noble partage ,
Faites éclater à nos yeux
Le rare et brillant assemblage ,,
Des talens les plus précieux ;
Daignez , charmante Iris , en lisant cette Fable ,
L'honorer d'un regard affable ,
Jadis par ses naïvetez , }
Pleines de graces nouvelles ,
D'instructions et de beautez ,
La Fontaine auprès des Belles
S'ouvrit un favorable accès ;
Je travaille pour vous , comme il rimoit pour
elles ,
Peut-être , je l'avoue , avec moins de succès ,
Vous avez bien reçû des dons de la Nature ;
Mais il n'en est aucun ( tout en vous m'en assure)
Que l'Art n'ait aussi cultivé ;
Un petit differend entre eux s'est élevé ,
La Nature vous fit ce qui dépendit d'elle,
Et l'Art , de son côté , vous favorisa fort ;
Je vous fais aujourd'hui Juge de leur querelle ,
C'est le moyen, je croi , qu'ils soient bien- tôt
d'accord .
Pesselier, de la Ferté sous-Foüars .
FABLE.
A Mile de N **
ENAé de ses progrès et fier de sés appas ;
On dit qu'un jour à la Nature ,
L'Art voulut disputer le pas ;
Qui de nous deux ( dit- il ) a de l'Architecture , ]
De l'ingénieuse Peinture
Et de l'agreable Sculpture ,
Reglé les operations.
C'est l'Art , sa science féconde
Do
380 MERCURE DE FRANCE
De nouvelles productions ,
Chaque jour enrichit le Monde.
Au corps le plus matériel ,
L'Art donne un air leger et d'agréables formes
Qu'on s'en tienne au contraire au simple naturel !
Que de confusion et que d'objets informes,
Que l'Art les mette en oeuvre : à peine ils son
polis
Que nous les trouvons embellis.
En un mot , sans cet Art en Beautez si fertile
Tout ce que parmi vous la Nature produit ,
Mortels , deviendroit inutile.
Ton amour propre te séduit ,
Dit la Nature ; ch ! quelle est ta folic,
De vouloir me donner la Loy ?
Mais , là , parlons de bonne foi ,
Ces chef- d'oeuvres fameux que ton orgueil public
Sçais -tu bien qu'ils ne sont jamais de bon alloi
Qu'autant qu'ils approchent de moi
Cette simplicite que ton affecterie ,
Contre moi tourne en raillerie ,
Mon cher , ne va pas t'y tromper ,
Il te faut du travail pour pouvoir l'attraper
Et souvent ta main l'estropie .
Je ris quand je vois l'Art me traiter en Rival ,
Il me semble voir la Copie ,
Se mocquer de l'Original .
ENMAY:
888 1734
ENVO r.
Vous, qui par un noble partage ,
Faites éclater à nos yeux
Le rare et brillant assemblage ,,
Des talens les plus précieux ;
Daignez , charmante Iris , en lisant cette Fable ,
L'honorer d'un regard affable ,
Jadis par ses naïvetez , }
Pleines de graces nouvelles ,
D'instructions et de beautez ,
La Fontaine auprès des Belles
S'ouvrit un favorable accès ;
Je travaille pour vous , comme il rimoit pour
elles ,
Peut-être , je l'avoue , avec moins de succès ,
Vous avez bien reçû des dons de la Nature ;
Mais il n'en est aucun ( tout en vous m'en assure)
Que l'Art n'ait aussi cultivé ;
Un petit differend entre eux s'est élevé ,
La Nature vous fit ce qui dépendit d'elle,
Et l'Art , de son côté , vous favorisa fort ;
Je vous fais aujourd'hui Juge de leur querelle ,
C'est le moyen, je croi , qu'ils soient bien- tôt
d'accord .
Pesselier, de la Ferté sous-Foüars .
Fermer
Résumé : LA NATURE ET L'ART. FABLE. A Mlle de N***.
Le texte présente une fable intitulée 'La Nature et l'Art'. Dans cette fable, l'Art et la Nature discutent de leurs mérites respectifs. L'Art se vante de ses contributions à l'architecture, la peinture et la sculpture, affirmant qu'il enrichit le monde de nouvelles productions et embellit les formes naturelles. La Nature critique l'orgueil de l'Art et souligne que ses chefs-d'œuvre ne valent que s'ils se rapprochent d'elle. Elle ajoute que l'Art nécessite beaucoup de travail et peut souvent déformer ses créations. La Nature se moque de l'Art, le comparant à une copie de l'original. Le texte se conclut par une dédicace à une personne nommée Iris, comparant l'auteur à La Fontaine et soulignant que tant la Nature que l'Art ont contribué aux talents de cette personne. L'auteur invite Iris à juger la querelle entre la Nature et l'Art pour qu'ils puissent s'accorder.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
41
p. 1259-1261
L'OURSE, LA GUENON, ET LE HIBOU. FABLE.
Début :
Par cas fortuit, ou quelqu'autre aventure, [...]
Mots clefs :
Ourse, Guenon, Hibou, Coeur, Nid
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'OURSE, LA GUENON, ET LE HIBOU. FABLE.
L'OURSE , LA GUENON,
ET LE HIBOU.
FABL E.
Ar cas fortuit , ou quelqu'autre
aventure ,
Une Ourse , une Guenon ,
societé ;
Du moins on croit la Nature que
N'avoit pas signé le Traité.
11. Vol
firent
A ij Quoi1260
MERCURE DE FRANCE
Quoiqu'il en soit l'un et l'autse ménage ,
Chaque mere ayant ses Petits ,
S'établit en même logis :
Il servoit seul à tout leur tripotage.
L'Ourse y lechoit chaque instant ses Oursons ;
La Guenon folatroit avec ses Nourrissons ,
Et les formoit au badinage ,
Sautant par-cy , sautant par - là ,
Dorlotant celui- cy , baisotant celui-la.
La Comere en rioit et ne pouvoit comprendre
Qu'on pût pour des magots avoir le coeur si
tendre ;
Dame Guenon comprenoit encor moins
La tendresse de l'Ourse. A quoi bon tant de soins;
Disoit- elle à
soi ,
par pour une masse informe ?
Un Ourson est un Monstre , un animal énormez
Il est si laid qu'il en fait peur ,
Un tel objet fait mal au coeur :
Pour le lecher , il faut être bien mere
Ou n'avoir pas beaucoup à faire.
Par malheur elle s'expliqua ,
,
Qu'arriva t'il ? Guenon n'est point discrete ,
Non - plus que femme n'est secrette.
L'Ourse tout de bon s'en choqua ,
Et sur même ton répliqua.
Grand procès , grand débat ; on met en parallele
Les Oursons, les Magots , et l'amour paternelle
Plaide , il faut voir ! au bruit vient un Hibou ,
JI. Vol.
Ayant
JUIN. 1261 734.
Qui près de- là gardoit et son nid et son trou
Ayant oui chaque Partie ,
A chacune il donna le tort.
Yous jugez toutes deux , dit- il , par simpatie ,
Je vais , pour vous mettre d'accord ,
Yous chercher un mignon plus digne de tendresse
,
C'est un bijou de mon espece.
Aussi- tôt il vole à son nid ,
Y prend , en apporte un petit
Joli , Dicu sçait , comme son pere ;
Rechigné comme une Megere ;
Et le montrant d'un air bouru ,
Mais pourtant avec complaisance :
Ourse , Guenon, dit- il , jugez de mon engeance,
Un semblable poupon n'est pas un malotru,
L'Ourse en pensa toute autre chose ,
Et la Guenon ne fut de même avis que lui .
Tous trois jugeoient fort bien dans la cause
d'autrui ,
Et fort mal en leur propre cause,
Aprenez de cette leçon ,
Que le coeur duppe la raison.
L. M. D. C.
ET LE HIBOU.
FABL E.
Ar cas fortuit , ou quelqu'autre
aventure ,
Une Ourse , une Guenon ,
societé ;
Du moins on croit la Nature que
N'avoit pas signé le Traité.
11. Vol
firent
A ij Quoi1260
MERCURE DE FRANCE
Quoiqu'il en soit l'un et l'autse ménage ,
Chaque mere ayant ses Petits ,
S'établit en même logis :
Il servoit seul à tout leur tripotage.
L'Ourse y lechoit chaque instant ses Oursons ;
La Guenon folatroit avec ses Nourrissons ,
Et les formoit au badinage ,
Sautant par-cy , sautant par - là ,
Dorlotant celui- cy , baisotant celui-la.
La Comere en rioit et ne pouvoit comprendre
Qu'on pût pour des magots avoir le coeur si
tendre ;
Dame Guenon comprenoit encor moins
La tendresse de l'Ourse. A quoi bon tant de soins;
Disoit- elle à
soi ,
par pour une masse informe ?
Un Ourson est un Monstre , un animal énormez
Il est si laid qu'il en fait peur ,
Un tel objet fait mal au coeur :
Pour le lecher , il faut être bien mere
Ou n'avoir pas beaucoup à faire.
Par malheur elle s'expliqua ,
,
Qu'arriva t'il ? Guenon n'est point discrete ,
Non - plus que femme n'est secrette.
L'Ourse tout de bon s'en choqua ,
Et sur même ton répliqua.
Grand procès , grand débat ; on met en parallele
Les Oursons, les Magots , et l'amour paternelle
Plaide , il faut voir ! au bruit vient un Hibou ,
JI. Vol.
Ayant
JUIN. 1261 734.
Qui près de- là gardoit et son nid et son trou
Ayant oui chaque Partie ,
A chacune il donna le tort.
Yous jugez toutes deux , dit- il , par simpatie ,
Je vais , pour vous mettre d'accord ,
Yous chercher un mignon plus digne de tendresse
,
C'est un bijou de mon espece.
Aussi- tôt il vole à son nid ,
Y prend , en apporte un petit
Joli , Dicu sçait , comme son pere ;
Rechigné comme une Megere ;
Et le montrant d'un air bouru ,
Mais pourtant avec complaisance :
Ourse , Guenon, dit- il , jugez de mon engeance,
Un semblable poupon n'est pas un malotru,
L'Ourse en pensa toute autre chose ,
Et la Guenon ne fut de même avis que lui .
Tous trois jugeoient fort bien dans la cause
d'autrui ,
Et fort mal en leur propre cause,
Aprenez de cette leçon ,
Que le coeur duppe la raison.
L. M. D. C.
Fermer
Résumé : L'OURSE, LA GUENON, ET LE HIBOU. FABLE.
La fable 'L'Ourse, la Guenon et le Hibou' met en scène deux mères, une ourse et une guenon, vivant avec leurs petits. L'ourse chérit ses oursons, tandis que la guenon joue avec ses magots. Chaque mère critique les soins de l'autre : l'ourse ne comprend pas la tendresse de la guenon, et la guenon trouve les oursons laids et informes. Un conflit éclate lorsque la guenon exprime son incompréhension, et l'ourse réagit de manière offensée. Leur dispute attire un hibou, qui tente de les réconcilier en leur montrant un de ses petits. Cependant, ni l'ourse ni la guenon ne trouvent le petit hibou attrayant. La fable conclut que chacun juge bien la cause des autres mais mal la sienne, illustrant que le cœur dupe souvent la raison.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
42
p. 47-48
LE PIGEON ET LE COQ. FABLE.
Début :
Oses-tu comparer à ma bonne fortune [...]
Mots clefs :
Pigeon, Coq
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE PIGEON ET LE COQ. FABLE.
LE PIGEON ET LE COQ.
O
FABLE.
LE COQ ,
Ses-tu comparer à ma bonne fortune
Une fauffe profpérité ?
LE PIGEON.
Mais la mienne n'en eft point une ,
Puifque je fuis content de ma félicité.
LE COQ.
Il faut plus de réalité .
LE PIGEON. ނ
Je ménage ma belle .
LE COQ
Et moi je l'importune.
L'amour eft favorable à la témérité.
Quel tourment que l'incertitude !
LE PIGEON.
De quelqu'efpoir je fuis flatté ....
LE COQ..
L'eſpoir tient à l'inquiétude ,
Et le coeur inquiet eſt toujours maltraité.
48 MERCURE DE FRANCE.
=
LE PIGEON.
J'efpere avoir touché la belle qui m'enchante .
LE CO2
Moi , j'en fuis fûr , on me l'a dit ;
Quand j'arrive , ma Poule chante.
LE PIGEON.
Ma Colombe a l'air interdit .
LE CO 2,
Elle veut donc qu'on la devine ,
Ta maîtreffe toute divine !
LE PIGEON.
Il est vrai que fa voix ne m'a point révelé
Le fecret enchanteur auquel j'oſe prétendre :
Mais l'Amour ne perd rien à paroître voilé.
Pour les coeurs délicats qu'il eft doux de s'entendre
Avant même d'avoir parlé.
O
FABLE.
LE COQ ,
Ses-tu comparer à ma bonne fortune
Une fauffe profpérité ?
LE PIGEON.
Mais la mienne n'en eft point une ,
Puifque je fuis content de ma félicité.
LE COQ.
Il faut plus de réalité .
LE PIGEON. ނ
Je ménage ma belle .
LE COQ
Et moi je l'importune.
L'amour eft favorable à la témérité.
Quel tourment que l'incertitude !
LE PIGEON.
De quelqu'efpoir je fuis flatté ....
LE COQ..
L'eſpoir tient à l'inquiétude ,
Et le coeur inquiet eſt toujours maltraité.
48 MERCURE DE FRANCE.
=
LE PIGEON.
J'efpere avoir touché la belle qui m'enchante .
LE CO2
Moi , j'en fuis fûr , on me l'a dit ;
Quand j'arrive , ma Poule chante.
LE PIGEON.
Ma Colombe a l'air interdit .
LE CO 2,
Elle veut donc qu'on la devine ,
Ta maîtreffe toute divine !
LE PIGEON.
Il est vrai que fa voix ne m'a point révelé
Le fecret enchanteur auquel j'oſe prétendre :
Mais l'Amour ne perd rien à paroître voilé.
Pour les coeurs délicats qu'il eft doux de s'entendre
Avant même d'avoir parlé.
Fermer
Résumé : LE PIGEON ET LE COQ. FABLE.
La fable 'Le Pigeon et le Coq' met en scène un dialogue entre un pigeon et un coq sur leurs expériences amoureuses. Le coq, confiant, compare sa situation à celle du pigeon, plus réservé. Le pigeon explique qu'il ménage sa compagne, tandis que le coq l'importune. Le coq affirme que l'amour rend téméraire et que l'incertitude est un tourment. Le pigeon, quant à lui, se flatte d'un espoir. Le coq insiste sur le fait que l'espoir est lié à l'inquiétude et que le cœur inquiet est toujours maltraité. Le pigeon espère avoir touché la belle qui l'enchante, tandis que le coq est sûr de son succès, affirmant que sa poule chante à son arrivée. Le pigeon note que sa colombe a l'air interdit, ce à quoi le coq répond qu'elle veut être devinée. Le pigeon reconnaît que la voix de sa compagne ne lui a pas révélé le secret enchanteur auquel il aspire, mais il croit que l'amour ne perd rien à paraître voilé, trouvant doux de s'entendre avant même d'avoir parlé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
43
p. 21
LA MEMOIRE ET L'OUBLI, FABLE.
Début :
On lit que la Divinité [...]
Mots clefs :
Mémoire, Oubli
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA MEMOIRE ET L'OUBLI, FABLE.
LA MEMOIRE ET L'OUBLI ,
O
FABLE.
N lit que la Divinité
Qui préside à notre Mémoire ,
Voyageoit un jour à côté
Du fleuve qu'on nomme Léthé,
Et qui dans l'Oubli nous fait boire.
L'une devoit aller loger chez la Bonté ,
C'étoit la Mémoire obligeante ;
Et l'autre fe fixer chez la Malignité ,
Pour le bien de l'humanité.
Nos voyageurs fe féparerent
Dans certain endroit limité ;
Mais par malheur ils s'égarerent .
Quelque démon , fans doute , en chemin apofté ,
Caufa cette fatalité.
Quoiqu'il en foit , près du Parjure ,
De la Malice & de l'Injure ,
La Mémoire eut bientôt domicile établi ;
Mais par une trifte aventure
Ce furent les Bienfaits qui logerent l'Oubli.
Puiffe un jour la reconnoiffance
Réparer ici-bas ce fatal quiproquo ;
Au fond de tous les coeurs ce defir prend naiffance
Ma Mufe n'en eft que l'écho
O
FABLE.
N lit que la Divinité
Qui préside à notre Mémoire ,
Voyageoit un jour à côté
Du fleuve qu'on nomme Léthé,
Et qui dans l'Oubli nous fait boire.
L'une devoit aller loger chez la Bonté ,
C'étoit la Mémoire obligeante ;
Et l'autre fe fixer chez la Malignité ,
Pour le bien de l'humanité.
Nos voyageurs fe féparerent
Dans certain endroit limité ;
Mais par malheur ils s'égarerent .
Quelque démon , fans doute , en chemin apofté ,
Caufa cette fatalité.
Quoiqu'il en foit , près du Parjure ,
De la Malice & de l'Injure ,
La Mémoire eut bientôt domicile établi ;
Mais par une trifte aventure
Ce furent les Bienfaits qui logerent l'Oubli.
Puiffe un jour la reconnoiffance
Réparer ici-bas ce fatal quiproquo ;
Au fond de tous les coeurs ce defir prend naiffance
Ma Mufe n'en eft que l'écho
Fermer
Résumé : LA MEMOIRE ET L'OUBLI, FABLE.
Le poème 'La mémoire et l'oubli' relate la séparation des divinités Mémoire et Oubli, qui se perdent et échangent leurs destinations. La Mémoire réside chez le Parjure, la Malice et l'Injure, tandis que l'Oubli s'installe chez les Bienfaits. Le poète espère que la reconnaissance corrige cette erreur, remplaçant l'oubli des méfaits par la mémoire des bienfaits.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
44
p. 68-69
LE TABLEAU ET L'EPONGE. FABLE.
Début :
Dans le cabinet curieux [...]
Mots clefs :
Tableau, Éponge
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE TABLEAU ET L'EPONGE. FABLE.
LE TABLEAU ET L'EPONGE.
D
FABLE.
Ans le cabinet curieux
D'un connoiffeur tel que Julienne ,
( Cette Fable , en paffant vaut , bien qu'on la retienne
)
Un vieux Tableau tenoit un rang fort glorieux :
Mais enfin il étoit bien vieux ,
Et du tems , les cruelles traces
Laiffent toujours quelques difgraces
Sur l'objet le plus précieux .
Un jour l'Eponge dit : il faut que je m'attache
A redonner à ce Tableau
Un luftre renaiffant , un éclat tout nouveau ;
FEVRIER. 69
1755 .
J'en puis ôter juſqu'à la moindre tache ,
Il n'en paroîtra que plus beau ;
C'eft , à ce que l'on dit , un excellent morceau ;
Mais tout le monde enfin ne fçait pas s'y connoître
,
Et l'excellence du pinceau
N'eft faite que pour l'oeil du maître :
Les taches frappent l'ignorant ;
Voilà le nombre le plus grand.
Vraiment , je te trouve plaifante ,
( S'écria le Tableau , d'un tel foin irrité )
Quel peut être l'objet de ta témérité ?
Pour guérir un prétendu vice ,
De ton zele aveugle & novice
Les foins feroient trop achetés ,
Tu ne me rendrois pas ſervice ,
Et tu profanerois mes auguftes beautés.
Ainfi les orgueilleux ignorent
Le prix d'un bon ami qui veut les diriger.
Eft- ce offenfer les gens que de les corriger
Des défauts qui les deshonorent ?
D
FABLE.
Ans le cabinet curieux
D'un connoiffeur tel que Julienne ,
( Cette Fable , en paffant vaut , bien qu'on la retienne
)
Un vieux Tableau tenoit un rang fort glorieux :
Mais enfin il étoit bien vieux ,
Et du tems , les cruelles traces
Laiffent toujours quelques difgraces
Sur l'objet le plus précieux .
Un jour l'Eponge dit : il faut que je m'attache
A redonner à ce Tableau
Un luftre renaiffant , un éclat tout nouveau ;
FEVRIER. 69
1755 .
J'en puis ôter juſqu'à la moindre tache ,
Il n'en paroîtra que plus beau ;
C'eft , à ce que l'on dit , un excellent morceau ;
Mais tout le monde enfin ne fçait pas s'y connoître
,
Et l'excellence du pinceau
N'eft faite que pour l'oeil du maître :
Les taches frappent l'ignorant ;
Voilà le nombre le plus grand.
Vraiment , je te trouve plaifante ,
( S'écria le Tableau , d'un tel foin irrité )
Quel peut être l'objet de ta témérité ?
Pour guérir un prétendu vice ,
De ton zele aveugle & novice
Les foins feroient trop achetés ,
Tu ne me rendrois pas ſervice ,
Et tu profanerois mes auguftes beautés.
Ainfi les orgueilleux ignorent
Le prix d'un bon ami qui veut les diriger.
Eft- ce offenfer les gens que de les corriger
Des défauts qui les deshonorent ?
Fermer
Résumé : LE TABLEAU ET L'EPONGE. FABLE.
La fable 'Le Tableau et l'Éponge' se déroule dans le cabinet d'un connaisseur nommé Julienne. Un vieux tableau y occupe une place prestigieuse. Une Éponge propose de nettoyer le tableau pour lui redonner éclat et lustre, affirmant pouvoir effacer toutes les taches. Le Tableau refuse, craignant que l'Éponge, par son zèle aveugle et novice, n'endommage ses beautés augustes. Le Tableau estime que les taches sont perçues par les ignorants, tandis que les connaisseurs apprécient l'excellence du pinceau. La fable illustre l'orgueil de ceux qui ignorent la valeur des conseils bienveillants et la nécessité de corriger les défauts qui les déshonorent.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
45
p. 58-59
LE FAGOT ET LA BUCHE. FABLE. Par MLLE ***
Début :
Le fagot & la buche en même cheminée [...]
Mots clefs :
Fagot, Bûche
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE FAGOT ET LA BUCHE. FABLE. Par MLLE ***
LE FAGOT ET LA BUCHE.}
FABLE.
Par MLLE ***
LE fagot & la buche en même cheminée
S'entretenoient un jour , dit- on , tout en brûlant
Dans le fond du foyer l'une étoit confinée ,
Et l'autre occupoit le devant .
Vois , difoit le fagot à la buche étonnée ,
Combien je mérite mon rang ?
La moindre étincelle m'allume ,
Et je ſuis fi brillant du feu qui me confume
Que pour s'en garantir , l'homme prend un écran.
Mais toi , lourde & maſſive , avant qu'on te réduife
Au point de t'enflammer un peu ,
Il faut que le foufflet s'épuife ,
Et que l'homme s'enrhume à te donner dú feu.
Pour fe juftifier , la buche alloit répondre ,
Lorfque le fagot s'éteignit.
La buche , en brûlant , le plaignit ;
Mais un chenet pour le confondre ,
Lui dit ces mots , qu'il entendit encor :
Le clinquant éblouit , & ne vaut jamais l'or.
Au jugement cette buche reffemble ;
L'efprit a bien l'air du fagot :
[
MA I.
59 1755.
Fagot fans buche eft un fort mauvais lot ,
Buche & fagot , heureux qui vous raffemble !
Paris , le 8 Mars 1755.
FABLE.
Par MLLE ***
LE fagot & la buche en même cheminée
S'entretenoient un jour , dit- on , tout en brûlant
Dans le fond du foyer l'une étoit confinée ,
Et l'autre occupoit le devant .
Vois , difoit le fagot à la buche étonnée ,
Combien je mérite mon rang ?
La moindre étincelle m'allume ,
Et je ſuis fi brillant du feu qui me confume
Que pour s'en garantir , l'homme prend un écran.
Mais toi , lourde & maſſive , avant qu'on te réduife
Au point de t'enflammer un peu ,
Il faut que le foufflet s'épuife ,
Et que l'homme s'enrhume à te donner dú feu.
Pour fe juftifier , la buche alloit répondre ,
Lorfque le fagot s'éteignit.
La buche , en brûlant , le plaignit ;
Mais un chenet pour le confondre ,
Lui dit ces mots , qu'il entendit encor :
Le clinquant éblouit , & ne vaut jamais l'or.
Au jugement cette buche reffemble ;
L'efprit a bien l'air du fagot :
[
MA I.
59 1755.
Fagot fans buche eft un fort mauvais lot ,
Buche & fagot , heureux qui vous raffemble !
Paris , le 8 Mars 1755.
Fermer
Résumé : LE FAGOT ET LA BUCHE. FABLE. Par MLLE ***
La fable 'Le fagot et la buche' raconte une conversation entre un fagot et une buche dans une cheminée. Le fagot, situé au-devant du foyer, se vante de s'enflammer rapidement et de briller intensément, contrairement à la buche, qui nécessite plus de temps et d'efforts pour s'enflammer. Avant que la buche puisse répondre, le fagot s'éteint. La buche exprime alors sa tristesse, mais un chenet intervient pour condamner le fagot, affirmant que l'apparence brillante du fagot n'a pas la même valeur que la buche. La morale de la fable souligne que l'esprit superficiel ressemble au fagot, tandis que la sagesse profonde est comparée à la buche. La fable se conclut par une réflexion sur la complémentarité entre le fagot et la buche, soulignant que leur union est bénéfique. Le texte est daté du 8 mars 1755.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
46
p. 38-39
LE MIROIR. FABLE I.
Début :
On voyoit au milieu d'une place publique, [...]
Mots clefs :
Miroir, Esprit
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE MIROIR. FABLE I.
LE MIROIR.
FABLE I.
ON voyoit au milieu d'une place publique ,
J'ignore chez quel peuple , il n'importe en quel
tems
Un Miroir merveilleux & d'utile fabrique ,
Où fe peignoit par art le naturel des gens.
Tout le monde accouroit à ce tableau fidéle.
Une coquette approche : elle y voit traits pour
traits
Ses petits ſoins jaloux & fes penchans fecrets.
Ha !` c'eſt ma voifine , dit- elle ;
C'eft fon efprit tout pur , je la reconnois là .
Le joli Miroir que voilà !
Et combien je m'en vais humilier la belle !
Un petit-maître fuccéda
Et la glace ,auffi - tôt préſente pour image ,
Tout Forgueil renfermé dans l'efprit d'un faquin .
Parbleu , je fuis ravi qu'on ait peint mon coufin ,
Dit l'homme , & je voudrois qu'il pût devenir
¡fage
t
En prenant des confeils de ce Miroir malin ..
JUIN.
39 1755.
" Après lui vint un vieux vilain
D'une efpece tout-à- fait rare .
Il tire une lunette , & fe regarde bien ;"
Puis ricanant d'un air bizare ,
C'est mon frere , dit- il , ce vieux fou , cet avare
Qui fe feroit fouetter pour accroître fon bien.
J'aurois un vrai plaifir à montrer fa léſine , ✨
Et pairois de bon coeur cette glace divine ,
Si l'on me la donnoit pour rien.
Dès que fut retiré ce ladre octogénaire ,
D'autres vinrent encor confulter le Miroir ;
Et chacun d'eux y vit fon voifin , fon compere ,
Sa belle -foeur , ou fa commere ;
Mais aucun ne s'y voulut voir .
Où l'envie apperçoit les foibleffes des autres
L'amour propre eft habile à nous voiler les nôtres .
Tout homme eft médifant & vain .
C'est un bonheur pour la Satyre :
Ses dures vérités ne nous feroient pas rire ,
Si la préfomption dont nâquit le dédain ,
Entre leurs traits & nous ne mettoit le prochain .
L. A.
FABLE I.
ON voyoit au milieu d'une place publique ,
J'ignore chez quel peuple , il n'importe en quel
tems
Un Miroir merveilleux & d'utile fabrique ,
Où fe peignoit par art le naturel des gens.
Tout le monde accouroit à ce tableau fidéle.
Une coquette approche : elle y voit traits pour
traits
Ses petits ſoins jaloux & fes penchans fecrets.
Ha !` c'eſt ma voifine , dit- elle ;
C'eft fon efprit tout pur , je la reconnois là .
Le joli Miroir que voilà !
Et combien je m'en vais humilier la belle !
Un petit-maître fuccéda
Et la glace ,auffi - tôt préſente pour image ,
Tout Forgueil renfermé dans l'efprit d'un faquin .
Parbleu , je fuis ravi qu'on ait peint mon coufin ,
Dit l'homme , & je voudrois qu'il pût devenir
¡fage
t
En prenant des confeils de ce Miroir malin ..
JUIN.
39 1755.
" Après lui vint un vieux vilain
D'une efpece tout-à- fait rare .
Il tire une lunette , & fe regarde bien ;"
Puis ricanant d'un air bizare ,
C'est mon frere , dit- il , ce vieux fou , cet avare
Qui fe feroit fouetter pour accroître fon bien.
J'aurois un vrai plaifir à montrer fa léſine , ✨
Et pairois de bon coeur cette glace divine ,
Si l'on me la donnoit pour rien.
Dès que fut retiré ce ladre octogénaire ,
D'autres vinrent encor confulter le Miroir ;
Et chacun d'eux y vit fon voifin , fon compere ,
Sa belle -foeur , ou fa commere ;
Mais aucun ne s'y voulut voir .
Où l'envie apperçoit les foibleffes des autres
L'amour propre eft habile à nous voiler les nôtres .
Tout homme eft médifant & vain .
C'est un bonheur pour la Satyre :
Ses dures vérités ne nous feroient pas rire ,
Si la préfomption dont nâquit le dédain ,
Entre leurs traits & nous ne mettoit le prochain .
L. A.
Fermer
Résumé : LE MIROIR. FABLE I.
Le texte relate l'existence d'un miroir magique installé sur une place publique, capable de révéler les traits de caractère des individus qui s'y regardent. Plusieurs personnes s'approchent du miroir et y voient les défauts de leurs voisins ou proches, mais jamais les leurs. Une coquette y observe les soins jaloux de sa voisine, un petit-maître y voit l'orgueil de son cousin, et un vieux vilain y perçoit l'avarice de son frère. Aucun observateur ne reconnaît ses propres défauts, préférant voir ceux des autres. Le texte conclut que l'envie et l'amour-propre empêchent les gens de voir leurs propres faiblesses, permettant ainsi à la satire de prospérer en se moquant des défauts des autres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
47
p. 39-42
LE MERLE. FABLE.
Début :
D'un bois fort écarté les divers habitans, [...]
Mots clefs :
Merle, Animaux, Homme
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE MERLE. FABLE.
LE MERLE.
FABLE.
D'un bois fort écarté les divers habitans ,
Animaux , la plupart fauvages , malfaiſans ,
40 MERCURE DE FRANCE.
De l'homme ignoroient l'exiſtence.
Nos femblables jamais ne pénétrerent là.
Un Merle en un couvent élevé dès l'enfance ,
Parvint , en voyageant , jufques chez ces gens - là ,
Il étoit beau parleur , & fortoit d'une cage
Où Merle de tout tems apprit à s'énoncer
En jeune oiſeau dévot & fage.
'Son zéle dans ce bois eut de quoi s'exercer .
Eclairons , difoit-il , nos freres miférables ;
Tout Merle à ce devoir par état engagé ,
Sous l'heureux joug de l'homme inftruit , apprie
voifé ,
Plus éclairé , plus faint , doit prêcher fes ſemblables.
Un jour donc notre oiſeau fur un arbre perché ,
Harangua vivement les plus confidérables
D'entre ces animaux à fon gré fi coupables.
Nouveau, Miffionnaire , il fuoit en prêchant.
D'abord on ne comprit fon difcours qu'avec peine
Il parloit d'un Etre puiffant
Qu'il nommoit homme , ayant l'univers pour
domaine ,
Sçachant tout , & pouvant , s'ils ne s'apprivoi
foient ,
Détruire par le feu toute leur race entiere:
Ours , tigres , fangliers étoient là qui bailloient
Mais à ce dernier trait ils dreffent la criniere.
Le Merle profitant d'un inftant précieux ,"
JUIN.
1755 42
Pagite , entre en fureur , & déploye à leurs yeux .
Les grands traits de l'art oratoire .
Efchine en fes difcours montroit moins d'action
On dit qu'il arracha des pleurs à l'auditoire.
Dans le bois chacun fonge à ſa converfion ,
Et tremble d'encourir la vengeance de l'homme.
Sur ce nouveau Roi qu'on leur nomme ,
Au docteur Merle ils font cent queſtions.
L'homme eft , répondoit- il , doué par la nature
De toutes les perfections.
Il a donc une belle hure ,
*
Dit le porc en l'interrompant ?
Sans doute qu'il reçut des cornes en partage ,
Dit le boeuf ? ( celui- ci ne fe trompoit pas tant
Le tigre prétendoit qu'il devoit faire rage
Avec les griffes & fes dents ;
Et l'ours qu'entre ſes bras il étouffoit les gens.
Les foibles s'en formoient des images pareilles ,
Et penfoient le douer d'attributs affez beaux ;
Le cerfen lui donnant des jambes de fufeaux ,
Et l'âne de longues oreilles.
Tout ce qui nous reffemble eft parfait à nos yeux :
Ces animaux fe peignoient l'homme
Comme l'homme fe peint le fouverain des cieux .
Les Sages prétendus de la Gréce & de Rome ,
Au poids de leur orgueil ofoient pefer les Dieux
Le peuple groffiffant ces traits injurieux ,
Repréfentoit l'Etre fuprême
42 MERCURE.DE FRANCE.
Plus ridicule que lui - même.
* Il est bien des Chrétiens qui n'en jugeht pas
mieux.
L. A.
Ces deux Fables font l'échantillon , ou
l'annonce d'un recueil de plufieurs autres
que l'Auteur doit bientôt donner au Public .
Je crois qu'elles doivent le prévenir en ſa
faveur.
FABLE.
D'un bois fort écarté les divers habitans ,
Animaux , la plupart fauvages , malfaiſans ,
40 MERCURE DE FRANCE.
De l'homme ignoroient l'exiſtence.
Nos femblables jamais ne pénétrerent là.
Un Merle en un couvent élevé dès l'enfance ,
Parvint , en voyageant , jufques chez ces gens - là ,
Il étoit beau parleur , & fortoit d'une cage
Où Merle de tout tems apprit à s'énoncer
En jeune oiſeau dévot & fage.
'Son zéle dans ce bois eut de quoi s'exercer .
Eclairons , difoit-il , nos freres miférables ;
Tout Merle à ce devoir par état engagé ,
Sous l'heureux joug de l'homme inftruit , apprie
voifé ,
Plus éclairé , plus faint , doit prêcher fes ſemblables.
Un jour donc notre oiſeau fur un arbre perché ,
Harangua vivement les plus confidérables
D'entre ces animaux à fon gré fi coupables.
Nouveau, Miffionnaire , il fuoit en prêchant.
D'abord on ne comprit fon difcours qu'avec peine
Il parloit d'un Etre puiffant
Qu'il nommoit homme , ayant l'univers pour
domaine ,
Sçachant tout , & pouvant , s'ils ne s'apprivoi
foient ,
Détruire par le feu toute leur race entiere:
Ours , tigres , fangliers étoient là qui bailloient
Mais à ce dernier trait ils dreffent la criniere.
Le Merle profitant d'un inftant précieux ,"
JUIN.
1755 42
Pagite , entre en fureur , & déploye à leurs yeux .
Les grands traits de l'art oratoire .
Efchine en fes difcours montroit moins d'action
On dit qu'il arracha des pleurs à l'auditoire.
Dans le bois chacun fonge à ſa converfion ,
Et tremble d'encourir la vengeance de l'homme.
Sur ce nouveau Roi qu'on leur nomme ,
Au docteur Merle ils font cent queſtions.
L'homme eft , répondoit- il , doué par la nature
De toutes les perfections.
Il a donc une belle hure ,
*
Dit le porc en l'interrompant ?
Sans doute qu'il reçut des cornes en partage ,
Dit le boeuf ? ( celui- ci ne fe trompoit pas tant
Le tigre prétendoit qu'il devoit faire rage
Avec les griffes & fes dents ;
Et l'ours qu'entre ſes bras il étouffoit les gens.
Les foibles s'en formoient des images pareilles ,
Et penfoient le douer d'attributs affez beaux ;
Le cerfen lui donnant des jambes de fufeaux ,
Et l'âne de longues oreilles.
Tout ce qui nous reffemble eft parfait à nos yeux :
Ces animaux fe peignoient l'homme
Comme l'homme fe peint le fouverain des cieux .
Les Sages prétendus de la Gréce & de Rome ,
Au poids de leur orgueil ofoient pefer les Dieux
Le peuple groffiffant ces traits injurieux ,
Repréfentoit l'Etre fuprême
42 MERCURE.DE FRANCE.
Plus ridicule que lui - même.
* Il est bien des Chrétiens qui n'en jugeht pas
mieux.
L. A.
Ces deux Fables font l'échantillon , ou
l'annonce d'un recueil de plufieurs autres
que l'Auteur doit bientôt donner au Public .
Je crois qu'elles doivent le prévenir en ſa
faveur.
Fermer
Résumé : LE MERLE. FABLE.
La fable 'Le Merle' narre l'histoire d'un merle élevé dans un couvent, qui voyage jusqu'à un bois habité par des animaux sauvages ignorant l'existence humaine. Le merle, bon orateur, décide de prêcher aux animaux pour les éclairer sur la puissance de l'homme. Il décrit l'homme comme un être tout-puissant capable de détruire toute leur race s'ils ne s'apprivoisent pas. Les animaux, d'abord perplexes, finissent par s'alarmer et posent de nombreuses questions au merle. Chaque animal imagine l'homme selon ses propres caractéristiques : le porc le voit avec une belle hure, le bœuf avec des cornes, le tigre avec des griffes et des dents. La fable critique les sages de la Grèce et de Rome, ainsi que certains chrétiens, pour avoir jugé les dieux ou le souverain divin de manière orgueilleuse et ridicule. Elle met en lumière la tendance humaine à projeter ses propres traits sur des entités supérieures.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
48
p. 21-23
L'OURS ET LE RAT, OU L'OURS PHILOSOPHE. FABLE.
Début :
Certain Ours mal léché n'ayant ri de ses jours, [...]
Mots clefs :
Rat, Ours, Philosophe
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'OURS ET LE RAT, OU L'OURS PHILOSOPHE. FABLE.
L'OURS ET LE RAT,
OU L'OURS PHILOSOPHE
FABLE.
Ertain Ours mal léché n'ayant ri de fes
jours ,
S'avifa de vouloir devenir philofophc.
On dit que Jupiter fit de la même étoffe
Les Philofophes & les Ours.
Tout fage étant d'humeur un tant ſoit
tale ,
peu bru
Un Ours peut embraffer cette profeffion.
Celui que j'introduis choifit dans la morale
Pour premiere vertu la modération.
Au fond d'un bois obſcur un antre folitaire
Lui parut propre à fon projet.
Rien dans ce lieu caché ne le pouvoit diftraire,
Il eſt vrai ; mais auffi feul en cette forêt ,
Quel mérite avoit- il de vaincre la colere
Tout hermite eſt bâti de cette façon là :
Ils cherchent les déferts , les bois , la folitudes
Hé mes amis , ce n'eft pas là
Que l'on peut de fon coeur faire une heureuſe
étude ;
Le vice y dort, mais n'y meurt pas
22 MERCURE DE FRANCE.
Il n'eft pas étonnant qu'à l'abri de l'injure
La vengeance foit fans appas.
Loin de tout bienfaiteur , c'eft chofe auffi très
sûre
Que vous ne ferez point ingrats.
Pauvres , vous ne fçauriez abuſer des richeffes ;
Payer des flateurs , des maîtreffes ,
Intenter d'injuftes procès.
Seuls , j'imagine bien que vous êtes difcrets :
Vous ne pouvez tromper par de fauffes careffes
Que quelques images de Saints :
Mais quel exemple auffi donnez - vous aux hu
mains ?
Je reviens à notre Ours qui plein d'un zéle extrême
,
Et brûlant d'arriver à la perfection ,
Refléchiffoit fur l'art de fe vaincre foi-même.
Un Rat interrompit fa méditation :
De notre fage alors le cerveau fe dérange.
Il fe livre aux accès d'une fureur étrange;
Rugit après ce Rat comme après un lion ,
Le pourfuit , l'atteint & le venge.
Vertueux fans effort dans un lâche loifir
On cache des penchans que l'on devroit pour
fuivre ;
Ce n'eft qu'un feu couvert toujours prêt à revivre
:
JUILLET.
17558 2.3
Bientôt au moindre fouffle il fçaura nous trahir.
Le coeur pour le former a beſoin d'exercice ,
Contre les paffions ardent à fe roidir ,
Jamais par la retraite il ne faut qu'il fléchiffe :
On doit édifier le monde & non le fuïr.
OU L'OURS PHILOSOPHE
FABLE.
Ertain Ours mal léché n'ayant ri de fes
jours ,
S'avifa de vouloir devenir philofophc.
On dit que Jupiter fit de la même étoffe
Les Philofophes & les Ours.
Tout fage étant d'humeur un tant ſoit
tale ,
peu bru
Un Ours peut embraffer cette profeffion.
Celui que j'introduis choifit dans la morale
Pour premiere vertu la modération.
Au fond d'un bois obſcur un antre folitaire
Lui parut propre à fon projet.
Rien dans ce lieu caché ne le pouvoit diftraire,
Il eſt vrai ; mais auffi feul en cette forêt ,
Quel mérite avoit- il de vaincre la colere
Tout hermite eſt bâti de cette façon là :
Ils cherchent les déferts , les bois , la folitudes
Hé mes amis , ce n'eft pas là
Que l'on peut de fon coeur faire une heureuſe
étude ;
Le vice y dort, mais n'y meurt pas
22 MERCURE DE FRANCE.
Il n'eft pas étonnant qu'à l'abri de l'injure
La vengeance foit fans appas.
Loin de tout bienfaiteur , c'eft chofe auffi très
sûre
Que vous ne ferez point ingrats.
Pauvres , vous ne fçauriez abuſer des richeffes ;
Payer des flateurs , des maîtreffes ,
Intenter d'injuftes procès.
Seuls , j'imagine bien que vous êtes difcrets :
Vous ne pouvez tromper par de fauffes careffes
Que quelques images de Saints :
Mais quel exemple auffi donnez - vous aux hu
mains ?
Je reviens à notre Ours qui plein d'un zéle extrême
,
Et brûlant d'arriver à la perfection ,
Refléchiffoit fur l'art de fe vaincre foi-même.
Un Rat interrompit fa méditation :
De notre fage alors le cerveau fe dérange.
Il fe livre aux accès d'une fureur étrange;
Rugit après ce Rat comme après un lion ,
Le pourfuit , l'atteint & le venge.
Vertueux fans effort dans un lâche loifir
On cache des penchans que l'on devroit pour
fuivre ;
Ce n'eft qu'un feu couvert toujours prêt à revivre
:
JUILLET.
17558 2.3
Bientôt au moindre fouffle il fçaura nous trahir.
Le coeur pour le former a beſoin d'exercice ,
Contre les paffions ardent à fe roidir ,
Jamais par la retraite il ne faut qu'il fléchiffe :
On doit édifier le monde & non le fuïr.
Fermer
Résumé : L'OURS ET LE RAT, OU L'OURS PHILOSOPHE. FABLE.
La fable 'L'Ours et le Rat, ou l'Ours philosophe' relate l'histoire d'un ours qui décide de devenir philosophe en adoptant la modération comme première vertu. Il se retire dans une grotte solitaire pour éviter les distractions. Cependant, la solitude ne suffit pas à vaincre la colère, car les vices persistent. Un rat interrompt l'ours, déclenchant une fureur en lui. Cette réaction montre que les vertus cachées peuvent resurgir facilement. La fable conclut que le cœur a besoin d'exercice et de confrontation avec le monde pour se former. Fuir la société n'est pas la voie vers la perfection morale.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
49
p. 49-51
LA NAISSANCE DE BACCHUS. FABLE.
Début :
Lorsque le maître du tonnerre [...]
Mots clefs :
Yeux, Coeur, Éclairs, Dieu
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA NAISSANCE DE BACCHUS. FABLE.
LA NAISSANCE DE BACCHUS.
FABL E.
Lorfque le maître du tonnerre
Quitta le céle fte féjour ,
Et vint le livrer fur la terre
Dans les bras de Sémele aux douceurs de l'amour
Il n'étoit point tel qu'à fa cour
Augufte , puiffant & terrible ;
Rien d'humain en lui ne paroiffoit aux yeux ,
que
Et tout ce qu'il porta des cieux ,
Ce fut un coeur tendre & fenfible.
Cependant , quel plus grand honneur !
Que pour une fimple mortelle
Un Dieu faffe de fa grandeur
Un beau facrifice à la belle ,
Qu'il préfere l'étrange faut
Des hommages qu'il vient lui rendre.
A ceux que l'on lui rend là -haut ?
Que pouvoit-elle encore attendre ?
Fatale curiofité !
Elle veut voir la Majeſté
Qui fait que tout l'Olympe adore
Celui qui venoit l'adorer ,
Et fa fierté demande encore
Qu'il vienne à fes yeux s'en parer.
C
Jo MERCURE DE FRANCE.
Que me demandez - vous , cruelle ,
Lui difoit le Dieu confterné ?
Obéiffez , répond Sémele ,
Mon coeur à ce prix feul vous étoit deſtiné.
L'ame de chagrin pénétrée ,
Il quitte ce funefte lieu ,
Et vole au célefte empirée
Transformer le mortel en Dieu.
Un fuperbe éclat l'environne.
Les tonnerres , les feux , les foudres , les éclairs
Qu'il lance du haut de fon trône ,
L'efcortent au loin dans les airs .
Cependant la troupe légere
Des amours , des plaifirs , des jeux ,
Suit en folâtrant , & tempére
Le feu qui brille dans fes yeux,
Que l'ambitieuſe Sémele
Dût s'applaudir de tant d'amour!
Jupiter revient à fa cour
Plus majestueux , plus fidele.
Qu'elle lui paîra de retour !
Mais , grands Dieux ! que vois-je ? qu'en◄
tens-je ? ...
Quel trouble enchaîne tous fes fens !
A ces éclairs éblouiffans
Son beau front eft couvert d'une pâleur étrange ,
Et d'un mortel effroi fon coeur fe fent faifir
Au fein du plaifir.
-
Plus prompt qu'Atalante
SEPTEMBRE 1755 .
Il court retenir
Et
Sa vie expirante.
Sur fa froide amante
Il cueille un foupir
Qu'éteint du defir
La foif dévorante.
Dieux ! par combien d'ardens tranſports ,
par quels baifers tout de flamme
Il cherche à rappeller fon ame ,
Qui déja touche aux fombres bords !
Mais hélas ! une nuit cruelle
Couvre les yeux de cette belle.
De ce funefte Hymen , Bacchus nâquit enfin ,
Charmant , mais dangereux , funefte Dieu du vin ,
De fon pere il reçut l'influence mortelle ,
Des foudres , des éclairs , l'éclat vif & divin ,
C'est ce feu pétillant dont le jus étincelle ,
Qui porte jufqu'au coeur fa douce impreffion ,
Mais le trouble affreux de Sémele ,
C'est celui de notre raison .
FABL E.
Lorfque le maître du tonnerre
Quitta le céle fte féjour ,
Et vint le livrer fur la terre
Dans les bras de Sémele aux douceurs de l'amour
Il n'étoit point tel qu'à fa cour
Augufte , puiffant & terrible ;
Rien d'humain en lui ne paroiffoit aux yeux ,
que
Et tout ce qu'il porta des cieux ,
Ce fut un coeur tendre & fenfible.
Cependant , quel plus grand honneur !
Que pour une fimple mortelle
Un Dieu faffe de fa grandeur
Un beau facrifice à la belle ,
Qu'il préfere l'étrange faut
Des hommages qu'il vient lui rendre.
A ceux que l'on lui rend là -haut ?
Que pouvoit-elle encore attendre ?
Fatale curiofité !
Elle veut voir la Majeſté
Qui fait que tout l'Olympe adore
Celui qui venoit l'adorer ,
Et fa fierté demande encore
Qu'il vienne à fes yeux s'en parer.
C
Jo MERCURE DE FRANCE.
Que me demandez - vous , cruelle ,
Lui difoit le Dieu confterné ?
Obéiffez , répond Sémele ,
Mon coeur à ce prix feul vous étoit deſtiné.
L'ame de chagrin pénétrée ,
Il quitte ce funefte lieu ,
Et vole au célefte empirée
Transformer le mortel en Dieu.
Un fuperbe éclat l'environne.
Les tonnerres , les feux , les foudres , les éclairs
Qu'il lance du haut de fon trône ,
L'efcortent au loin dans les airs .
Cependant la troupe légere
Des amours , des plaifirs , des jeux ,
Suit en folâtrant , & tempére
Le feu qui brille dans fes yeux,
Que l'ambitieuſe Sémele
Dût s'applaudir de tant d'amour!
Jupiter revient à fa cour
Plus majestueux , plus fidele.
Qu'elle lui paîra de retour !
Mais , grands Dieux ! que vois-je ? qu'en◄
tens-je ? ...
Quel trouble enchaîne tous fes fens !
A ces éclairs éblouiffans
Son beau front eft couvert d'une pâleur étrange ,
Et d'un mortel effroi fon coeur fe fent faifir
Au fein du plaifir.
-
Plus prompt qu'Atalante
SEPTEMBRE 1755 .
Il court retenir
Et
Sa vie expirante.
Sur fa froide amante
Il cueille un foupir
Qu'éteint du defir
La foif dévorante.
Dieux ! par combien d'ardens tranſports ,
par quels baifers tout de flamme
Il cherche à rappeller fon ame ,
Qui déja touche aux fombres bords !
Mais hélas ! une nuit cruelle
Couvre les yeux de cette belle.
De ce funefte Hymen , Bacchus nâquit enfin ,
Charmant , mais dangereux , funefte Dieu du vin ,
De fon pere il reçut l'influence mortelle ,
Des foudres , des éclairs , l'éclat vif & divin ,
C'est ce feu pétillant dont le jus étincelle ,
Qui porte jufqu'au coeur fa douce impreffion ,
Mais le trouble affreux de Sémele ,
C'est celui de notre raison .
Fermer
Résumé : LA NAISSANCE DE BACCHUS. FABLE.
Le texte raconte la naissance de Bacchus, fils de Jupiter et de Sémele. Jupiter, sous une forme humaine, séduit Sémele. Curieuse, Sémele demande à voir Jupiter dans toute sa majesté divine. Malgré les avertissements, Jupiter accède à sa demande et se révèle dans sa splendeur, entouré de tonnerres, de feux et de foudres. Éblouie et terrifiée, Sémele ne survit pas à cette vision. Avant sa mort, Jupiter recueille un souffle de vie sur les lèvres de Sémele pour donner naissance à Bacchus. Ce dernier hérite des pouvoirs de son père, notamment les foudres et les éclairs, et devient le dieu du vin, à la fois charmant et dangereux. La mort de Sémele symbolise le trouble de la raison humaine face à la divinité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
50
p. 58-60
LES DEUX FOURNEAUX. FABLE. A Mme Bourette, ci-devant Mme Curé.
Début :
De deux fourneaux, une muraille antique [...]
Mots clefs :
Fourneaux, Teinturier, Liqueurs, Feu, Goût, Charlotte Reynier Bourette
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES DEUX FOURNEAUX. FABLE. A Mme Bourette, ci-devant Mme Curé.
LES DEUX FOURNEAUX.
FABLE .
A Mme Bourette , ci- devant Mme Curé.
De deux fourneaux , une muraille antique
E
Faifoit la féparation.
Ces fourneaux n'étant point dans la même boutique
,
Ils n'avoient pas non plus la même fonction.
L'un , d'un diftillateur , ( à ce que dit l'hiftoire :)
Servoit à diftiller les charmantes liqueurs.
Sur l'autre , un teinturier dans fon laboratoire
Faifoit bouillir fes diverfes couleurs ,
Dès que les ouvriers avoient fait leur journée ,
Le feu n'exhalant plus ni flamme ni fumée ;
Les fourneaux , à travers le vieux mur mitoyen ,
De converfer enſemble , avoient trouvé moyen :
Celui du teinturier difoit à fon confrere :
Le goût & l'odorat par vos ſoins font flatés ,
Au lieu que de mon miniſtere
L'un & l'autre fouvent le fentent rebutés .
Lors le diftillateur lui répondit : Mon frere ,
Vous avez votre utilité.
Dans moi , le feu par fon activité ,
Des fleurs , des fruits , abforbe la nature ;
SEPTEMBRE. 1755. 59
Mais par vos foins , ainfi que la peinture
Qui fe fait admirer par fon beau coloris ;
Vous faites que les yeux font charmés , éblouis.
Vous femblez donner l'être aux plus aimables
chofes ;
Et même furpaffer par vos métamorphofes ,
L'azur qui brille au ciel , & la neige des lys ,
Et le feu du corail , & le vermeil des rofes.
Lyon , les Gobelins font valoir vos talens .
Vos travaux ont rendu ces endroits opulens.
C'eſt par le ponceau fin , par la riche écarlate
Que leur magnificence éclate.
Ne vous plaignez donc plus. Quant à flater le
goût
Par mes liqueurs délicieuſes ,
A la fanté du corps fouvent pernicieuſes ;
Voilà tout mon mérite Eh ! qui peut avoir tout
On ne joint pas toujours l'utile à l'agréable .
Confolez -vous , l'utile eft toujours préférable :
Cependant , quand on peut les réunir tous deux ,
C'eſt-là ce qui s'appelle avoir un fort heureux.
Oui , dit le Teinturier : c'eſt un double avantage.
Mais vous l'avez fur moi , tel eft votre appanage.
Par le beau coloris de vos douces liqueurs
Vous charmez à la fois & les yeux & les coeurs.
Eh qui joint mieux que vous l'agréable à l'utile ș
Le goût & l'odorat ne me font point la cour ;
Mais ils fuivront toujours celui qui leur diftille
L'eau d'or & le parfait amour.
C vj
60 MERCURE DE FRANCE.
Le fourneau d'un Poëte eft fon cerveau fans
doute.
Pour faire quelques vers je fçai ce qu'il m'en
coûte.
Bourette , mieux que moi , vous fentez cette ardeur
,
Dont le fils de Latone enflamme maint auteur.
Ne comparons donc pas nos fourneaux l'un à
l'autre ;
Le mien eft de beaucoup inférieur au vôtre.
J. L. Cappon.
Maître Teinturier , & Bedeau des Saints
Innocens à Paris.
Ces qualités doivent fervir de paffeport
aux vers que l'on vient de lire.
FABLE .
A Mme Bourette , ci- devant Mme Curé.
De deux fourneaux , une muraille antique
E
Faifoit la féparation.
Ces fourneaux n'étant point dans la même boutique
,
Ils n'avoient pas non plus la même fonction.
L'un , d'un diftillateur , ( à ce que dit l'hiftoire :)
Servoit à diftiller les charmantes liqueurs.
Sur l'autre , un teinturier dans fon laboratoire
Faifoit bouillir fes diverfes couleurs ,
Dès que les ouvriers avoient fait leur journée ,
Le feu n'exhalant plus ni flamme ni fumée ;
Les fourneaux , à travers le vieux mur mitoyen ,
De converfer enſemble , avoient trouvé moyen :
Celui du teinturier difoit à fon confrere :
Le goût & l'odorat par vos ſoins font flatés ,
Au lieu que de mon miniſtere
L'un & l'autre fouvent le fentent rebutés .
Lors le diftillateur lui répondit : Mon frere ,
Vous avez votre utilité.
Dans moi , le feu par fon activité ,
Des fleurs , des fruits , abforbe la nature ;
SEPTEMBRE. 1755. 59
Mais par vos foins , ainfi que la peinture
Qui fe fait admirer par fon beau coloris ;
Vous faites que les yeux font charmés , éblouis.
Vous femblez donner l'être aux plus aimables
chofes ;
Et même furpaffer par vos métamorphofes ,
L'azur qui brille au ciel , & la neige des lys ,
Et le feu du corail , & le vermeil des rofes.
Lyon , les Gobelins font valoir vos talens .
Vos travaux ont rendu ces endroits opulens.
C'eſt par le ponceau fin , par la riche écarlate
Que leur magnificence éclate.
Ne vous plaignez donc plus. Quant à flater le
goût
Par mes liqueurs délicieuſes ,
A la fanté du corps fouvent pernicieuſes ;
Voilà tout mon mérite Eh ! qui peut avoir tout
On ne joint pas toujours l'utile à l'agréable .
Confolez -vous , l'utile eft toujours préférable :
Cependant , quand on peut les réunir tous deux ,
C'eſt-là ce qui s'appelle avoir un fort heureux.
Oui , dit le Teinturier : c'eſt un double avantage.
Mais vous l'avez fur moi , tel eft votre appanage.
Par le beau coloris de vos douces liqueurs
Vous charmez à la fois & les yeux & les coeurs.
Eh qui joint mieux que vous l'agréable à l'utile ș
Le goût & l'odorat ne me font point la cour ;
Mais ils fuivront toujours celui qui leur diftille
L'eau d'or & le parfait amour.
C vj
60 MERCURE DE FRANCE.
Le fourneau d'un Poëte eft fon cerveau fans
doute.
Pour faire quelques vers je fçai ce qu'il m'en
coûte.
Bourette , mieux que moi , vous fentez cette ardeur
,
Dont le fils de Latone enflamme maint auteur.
Ne comparons donc pas nos fourneaux l'un à
l'autre ;
Le mien eft de beaucoup inférieur au vôtre.
J. L. Cappon.
Maître Teinturier , & Bedeau des Saints
Innocens à Paris.
Ces qualités doivent fervir de paffeport
aux vers que l'on vient de lire.
Fermer
Résumé : LES DEUX FOURNEAUX. FABLE. A Mme Bourette, ci-devant Mme Curé.
La fable 'Les Deux Fourneaux' relate l'histoire de deux fourneaux séparés par une muraille antique, chacun ayant une fonction distincte. Le premier appartient à un distillateur et sert à produire des liqueurs, tandis que le second, utilisé par un teinturier, sert à faire bouillir diverses couleurs. Chaque soir, ils conversent à travers le mur. Le fourneau du teinturier admire les liqueurs du distillateur, qui flattent le goût et l'odorat, contrairement à son propre travail qui rebute souvent ces sens. Le distillateur souligne l'utilité de chacun : son fourneau extrait la nature des fleurs et des fruits, tandis que celui du teinturier charme les yeux par ses couleurs, comparables à la beauté de la nature et des arts. Le teinturier reconnaît que les liqueurs du distillateur charment à la fois les yeux et les cœurs, combinant l'utile et l'agréable. Le distillateur conclut en affirmant que, bien que l'utile soit préférable, réunir les deux est idéal. La fable se termine par une comparaison des fourneaux à ceux des poètes, soulignant que chaque métier a ses propres mérites et utilités.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer