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1
p. 279-281
« Le nouveau Roy a de la valeur, & de l'intrepidité. [...] »
Début :
Le nouveau Roy a de la valeur, & de l'intrepidité. [...]
Mots clefs :
Roi d'Angleterre, Valeurs, Naissance, Mariage, Anne Hyde, Comte, Enfants, Princesse, Duc
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texteReconnaissance textuelle : « Le nouveau Roy a de la valeur, & de l'intrepidité. [...] »
Le nouveau Roy a de la
valeur , & de l'intrepidité. Il
eft ferme dans fes réſolutions,
& garde inviolablement fa
parole. Il nâquit le 14. Octobre
1633. & en 1660. il épouſa
Anne Hyde , Fille du Milord
Edouard Hyde , grand Chan280
MERCURE
celier d'Angleterre , & depuis
Comte de Clarendon , dont
il a eu plufieurs Fils qui n'ont
point vécu. Il luy eft feulement
refté deux Filles de ce
Mariage , fçavoir Marie Prin
ceffe d'York , qui en 1677.
époufa Guillaume Henry de
Naffau , Prince d'Orange , &
Anne Princeffe d'York , mariée
depuis peu de temps au
Prince George, Frere du Roy
de Dannemark . Madame la
Ducheffe d'York étant morte
le 10. Avril 1671. il épouſa en
fecondes Nopces le 30. Septembre
1673. Marie Eleonor
GALANT : 281
d'Efte , Princeffe de Modene,
Fille du Duc François. C'eſt
le charme de toute l'Angle
terre. Elle méne une vie
exemplaire , & l'ambition n'a
jamais efté capable de luy
faire faire aucune fauffe dé
marche.
valeur , & de l'intrepidité. Il
eft ferme dans fes réſolutions,
& garde inviolablement fa
parole. Il nâquit le 14. Octobre
1633. & en 1660. il épouſa
Anne Hyde , Fille du Milord
Edouard Hyde , grand Chan280
MERCURE
celier d'Angleterre , & depuis
Comte de Clarendon , dont
il a eu plufieurs Fils qui n'ont
point vécu. Il luy eft feulement
refté deux Filles de ce
Mariage , fçavoir Marie Prin
ceffe d'York , qui en 1677.
époufa Guillaume Henry de
Naffau , Prince d'Orange , &
Anne Princeffe d'York , mariée
depuis peu de temps au
Prince George, Frere du Roy
de Dannemark . Madame la
Ducheffe d'York étant morte
le 10. Avril 1671. il épouſa en
fecondes Nopces le 30. Septembre
1673. Marie Eleonor
GALANT : 281
d'Efte , Princeffe de Modene,
Fille du Duc François. C'eſt
le charme de toute l'Angle
terre. Elle méne une vie
exemplaire , & l'ambition n'a
jamais efté capable de luy
faire faire aucune fauffe dé
marche.
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Résumé : « Le nouveau Roy a de la valeur, & de l'intrepidité. [...] »
Le nouveau roi d'Angleterre, né le 14 octobre 1633, est connu pour sa valeur et son intrepidité. Il épousa Anne Hyde en 1660, avec qui il eut deux filles : Marie et Anne. Après le décès d'Anne en 1671, il se remaria avec Marie Éléonore d'Este en 1673. Cette dernière est admirée pour sa vie exemplaire.
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2
p. 812-813
ALLEMAGNE.
Début :
Mr. Brawe, Ministre Plenipotentiaire du Duc de Brunswick-Wolfembutel ; reçut [...]
Mots clefs :
Troupes, Roi d'Angleterre, Roi de Prusse
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLE MAGNE.
Mr.Duc de Brunfwick-Wolfembutel ; reçur r . Brawe , Miniftre Plenipotentiaire du
le 13 Mars , des mains de l'Empereur , Pinvef
titure
AVRIL. 813 1730 :
titure du Duché de Brunfwick .
On apprend de Caffel que le Roy de Suede
doit y aller faire un voyage inceffamment ,
pour prendre poffeffion de fes nouveaux Etats.
On a publié à Drefde une Ordonnance du
Roy de Pologne, par laquelle il eft défendu aux
Lutheriens de cette Ville , fous des peines tresrigoureuſes
, de fe trouver aux Offices & autres
Ceremonies de la Chapelle Catholique du Palais.
Le 30 Mars , on celebra dans la Chapelle de
l'Imperatrice Amelie , à Vienne , une des Fêtes
annuelles de l'Ordre de la Croiſade. Il y cut
pendant la journée treize exhortations , aufquelles
les Dames de cet Ordre fe trouverent alter
nativement..
On a eu avis de Berlin, que les differends entre
le Roy d'Angleterre & le Roy de Pruffe ,.
étoient accommodez & qu'on devoit faire inceffamment
l'échange des Soldats Hanovriens
& Pruffiens, qui ont donné lieu à ces differends.
L'Evêque de Bamberg & de Wurtbourg , Vice-
Chancelier de l'Empire , a promis de fournir à
S. M. I. 6000. hommes de fes Troupes.
Le General Wallis doit commander celles
qu'on envoye en Sicile. Elles formeront un
Corps de 14000. hommes.
Le fecond Corps de Troupes , deftiné pour
la Lombardie & la Calabre eft en marche. Le 28
Mars on fit partir encore pour l'Italie huit Bataillons
, quatre Compagnies de Grenadiers &
quatorze Eſcadrons qu'on a tiré d'Hongrie .
Mr.Duc de Brunfwick-Wolfembutel ; reçur r . Brawe , Miniftre Plenipotentiaire du
le 13 Mars , des mains de l'Empereur , Pinvef
titure
AVRIL. 813 1730 :
titure du Duché de Brunfwick .
On apprend de Caffel que le Roy de Suede
doit y aller faire un voyage inceffamment ,
pour prendre poffeffion de fes nouveaux Etats.
On a publié à Drefde une Ordonnance du
Roy de Pologne, par laquelle il eft défendu aux
Lutheriens de cette Ville , fous des peines tresrigoureuſes
, de fe trouver aux Offices & autres
Ceremonies de la Chapelle Catholique du Palais.
Le 30 Mars , on celebra dans la Chapelle de
l'Imperatrice Amelie , à Vienne , une des Fêtes
annuelles de l'Ordre de la Croiſade. Il y cut
pendant la journée treize exhortations , aufquelles
les Dames de cet Ordre fe trouverent alter
nativement..
On a eu avis de Berlin, que les differends entre
le Roy d'Angleterre & le Roy de Pruffe ,.
étoient accommodez & qu'on devoit faire inceffamment
l'échange des Soldats Hanovriens
& Pruffiens, qui ont donné lieu à ces differends.
L'Evêque de Bamberg & de Wurtbourg , Vice-
Chancelier de l'Empire , a promis de fournir à
S. M. I. 6000. hommes de fes Troupes.
Le General Wallis doit commander celles
qu'on envoye en Sicile. Elles formeront un
Corps de 14000. hommes.
Le fecond Corps de Troupes , deftiné pour
la Lombardie & la Calabre eft en marche. Le 28
Mars on fit partir encore pour l'Italie huit Bataillons
, quatre Compagnies de Grenadiers &
quatorze Eſcadrons qu'on a tiré d'Hongrie .
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Résumé : ALLEMAGNE.
En mars 1730, le duc de Brunswick-Wolfenbüttel a reçu la plénipotence impériale. Le roi de Suède envisageait de se rendre en Allemagne pour prendre possession de ses nouveaux États. À Dresde, une ordonnance du roi de Pologne interdisait aux luthériens d'assister aux cérémonies de la chapelle catholique du palais, sous peine de sanctions sévères. Le 30 mars, une fête annuelle de l'Ordre de la Croisade a été célébrée à Vienne. À Berlin, les différends entre le roi d'Angleterre et le roi de Prusse ont été résolus, et un échange de soldats hanovriens et prussiens était imminent. L'évêque de Bamberg et de Wurtzbourg, vice-chancelier de l'Empire, a promis de fournir 6 000 hommes à l'empereur. Le général Wallis devait commander les troupes envoyées en Sicile, formant un corps de 14 000 hommes. Un second corps de troupes, destiné à la Lombardie et à la Calabre, était en marche. Le 28 mars, huit bataillons, quatre compagnies de grenadiers et quatorze escadrons provenant de Hongrie ont été envoyés en Italie.
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3
p. 819-821
GRANDE BRETAGNE.
Début :
Le 9. du mois dernier, le Colonel Charles se presenta à la Cour de Old-Baily, pour répondre [...]
Mots clefs :
Roi d'Angleterre
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE .
E 9. du mois dernier , le Colonel Charles fe
prefenta à la Cour de Old- Baily , pour ré→
pondre à l'accufation de viol & de rapt , intenté
contre:
820 MERCURE DE FRANCE
contre lui la nommée Anne Blond , fa Do- par
meftique. Le fait ayant été prouvé par témoins ,
ce Colonel fut convaincu de crime capital, arrêté
par l'ordre des Juges & conduit dans la priſon de
Newgate. Comme il fera vrai-femblablement con
damné à mort dans la feffion prochaine de ce
Tribunal , tous fes biens , qui font très-confiderables,
étans dans le cas de confifcation , le Grand-
Baily de Weſtminſter alla le même jour au foir
à la maifon de ce Colonel pour faifir tous fes Effets,
mais fes Domeftiques ayant fait une vigoureufe
réfiftance , l'execution fut remife au lendemain
, qu'on enleva de chez lui une grande quantité
de Vaiffelle d'argent , de très -beaux Meubles,
un Caroffe , une Berline & vingt Chevaux. Le
même jour il fut défendu au Teneur de Livres dè
la Mer du Sud de faire aucun tranſport des Actions
appartenantes à ce Colonel , qui a été déjà
condamné en Ecoffe pour un pareil crime dont
il obtint fa grace.
Le 11. de Mars on convint dans la Chambre
des Communes , de dreffer un Bill pour déclarer
incapables d'avoir féance dans la Chambre & d'y
donner leurs voix, tous ceux qui ont des penfions
particulieres du Roi , ou des Charges auprès de
S. M.
On affure que le Vice- Amiral Cavendifch"
commandera l'Efcadre Angloife, que le Roi doit
joindre à celle que S. M. Cath. fait équiper pour
tranfporter les 6000. hommes de Troupes Efpagnoles
qu'il a deffein d'envoyer en Italic.
Le Frederick , Vaiffeau de la Compagnie des
Indes Orientales , eft arrivé à Plimouth , venant
de Moka & de Bombay , d'où il étoit parti le 27.
Juillet dernier. Sa principale Charge confifte en
Caffé , d'où il apporte 2905. Balles .
}
Le Roi a donné fon confentement Royal a
1'Acte
AVRIL . 1730. 821
1
P'Acte qui défend à fes Sujets de prêter aucune
fomme aux Puiffances Etrangeres fans la permiffron
expreffe de S. M.
Le 13. Avril , le Roi & la Reine allerent au
Theatre de Drury - Lane , voir la Comédie du
Moine Efpagnol . Quelques jours auparavant le
Prince de Galles & la Princeffe Royale , virent
fur le Théatre du Marché au Foin l'Opera de
Jules Cefar.
E 9. du mois dernier , le Colonel Charles fe
prefenta à la Cour de Old- Baily , pour ré→
pondre à l'accufation de viol & de rapt , intenté
contre:
820 MERCURE DE FRANCE
contre lui la nommée Anne Blond , fa Do- par
meftique. Le fait ayant été prouvé par témoins ,
ce Colonel fut convaincu de crime capital, arrêté
par l'ordre des Juges & conduit dans la priſon de
Newgate. Comme il fera vrai-femblablement con
damné à mort dans la feffion prochaine de ce
Tribunal , tous fes biens , qui font très-confiderables,
étans dans le cas de confifcation , le Grand-
Baily de Weſtminſter alla le même jour au foir
à la maifon de ce Colonel pour faifir tous fes Effets,
mais fes Domeftiques ayant fait une vigoureufe
réfiftance , l'execution fut remife au lendemain
, qu'on enleva de chez lui une grande quantité
de Vaiffelle d'argent , de très -beaux Meubles,
un Caroffe , une Berline & vingt Chevaux. Le
même jour il fut défendu au Teneur de Livres dè
la Mer du Sud de faire aucun tranſport des Actions
appartenantes à ce Colonel , qui a été déjà
condamné en Ecoffe pour un pareil crime dont
il obtint fa grace.
Le 11. de Mars on convint dans la Chambre
des Communes , de dreffer un Bill pour déclarer
incapables d'avoir féance dans la Chambre & d'y
donner leurs voix, tous ceux qui ont des penfions
particulieres du Roi , ou des Charges auprès de
S. M.
On affure que le Vice- Amiral Cavendifch"
commandera l'Efcadre Angloife, que le Roi doit
joindre à celle que S. M. Cath. fait équiper pour
tranfporter les 6000. hommes de Troupes Efpagnoles
qu'il a deffein d'envoyer en Italic.
Le Frederick , Vaiffeau de la Compagnie des
Indes Orientales , eft arrivé à Plimouth , venant
de Moka & de Bombay , d'où il étoit parti le 27.
Juillet dernier. Sa principale Charge confifte en
Caffé , d'où il apporte 2905. Balles .
}
Le Roi a donné fon confentement Royal a
1'Acte
AVRIL . 1730. 821
1
P'Acte qui défend à fes Sujets de prêter aucune
fomme aux Puiffances Etrangeres fans la permiffron
expreffe de S. M.
Le 13. Avril , le Roi & la Reine allerent au
Theatre de Drury - Lane , voir la Comédie du
Moine Efpagnol . Quelques jours auparavant le
Prince de Galles & la Princeffe Royale , virent
fur le Théatre du Marché au Foin l'Opera de
Jules Cefar.
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le 9 du mois dernier, le colonel Charles fut jugé à la Cour de Old Bailey pour viol et rapt. Reconnu coupable grâce à des témoignages, il fut incarcéré à Newgate et ses biens risquent la confiscation. Le Grand-Bailli de Westminster tenta de saisir ses effets, mais les domestiques s'opposèrent à cette action. Le lendemain, des objets de valeur furent enlevés, incluant de la vaisselle d'argent, des meubles, un carrosse, une berline et vingt chevaux. Le teneur de livres de la Mer du Sud reçut l'ordre de bloquer les actions du colonel, déjà condamné pour un crime similaire. Le 11 mars, la Chambre des Communes décida de rédiger un projet de loi pour déclarer inéligibles les personnes ayant des pensions ou des charges auprès du roi. Le vice-amiral Cavendish fut nommé pour commander l'escadre anglaise transportant 6 000 hommes de troupes espagnoles en Italie. Le vaisseau Frederick, de la Compagnie des Indes Orientales, arriva à Plymouth avec 2 905 balles de café. Le roi approuva un acte interdisant aux sujets de prêter de l'argent aux puissances étrangères sans autorisation. Le 13 avril, le roi et la reine assistèrent à la comédie 'Le Moine Espagnol' au théâtre de Drury Lane, tandis que le prince de Galles et la princesse royale virent l'opéra 'Jules César' au théâtre du Marché au Foin quelques jours auparavant.
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4
p. 1653-1659
INSTALLATION du Duc de Cumberland & des Comtes de Chesterfield & de Burlington, Chevaliers de l'Ordre de la Jarretiere, faite à Windsor, le 29 Juin dernier.
Début :
Les Chevaliers qui étoient presens à cette Installation étoient LE ROY, Souverain de [...]
Mots clefs :
Duc de Cumberland, Comte de Chesterfield, Chevaliers, Roi d'Angleterre, Chancelier, Comte, Roi, Chanoines, Cérémonie, Chapelle
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texteReconnaissance textuelle : INSTALLATION du Duc de Cumberland & des Comtes de Chesterfield & de Burlington, Chevaliers de l'Ordre de la Jarretiere, faite à Windsor, le 29 Juin dernier.
INSTALLATION du Duc de
Cumberland & des Comtes de Chefter
field & de Burlington , Chevaliers de
l'Ordre de la Jarretiere, faite à windfor, le
29 Juin dernier.
Lalla
Es Chevaliers qui étoient prefens à cette Inf
tallation étoient LE ROY , Souverain de
l'Ordre , le Pr. de Galles , les Ducs de Somerset ,
d'Argyle , de Kent , de Dorfet , de Montagu , de
Newcaſtle , de Grafton , de Bolton,de Richmond;
les Comtes de S :rafford , de Peterborough & de
Scarborough ; & le Chevalier Robert Walpole
Après que les Chevaliers, les Officiers de l'Ordre,
les pauvres Chevaliers , les Chanoines de la Cha
pelle de S. George, & les autres perfonnes qui ont
droit d'affifter a l'Installation , eurent pris leurs
places dans cette Chapelle , le Roy y entra, & fut
reçu par les Chevaliers. Il fe rendit enfuite en
Proceffion dans la Chambre du Chapitre . Le Duc
de Cumberland & les Comtes de Cheſterfield &
de Burlington refterent à l'entrée de cette Chambre
fur des Chaifes qu'on y avoit placées pour
eux .
Le Roy ayant nommé M. Anftis pour exercer
la charge de Garter, ou premier Heraut d'Armes
d'Angleterre. S. M. lui ordonna d'introduire dans
la Chambre le Duc de Cumberland. S. A. R. füt
reçue à la porte par les deux plus anciens Chevaliers
, qui font les Ducs de Somerfet & d'Argyle,
lefquels conduifirent le Duc de Cumberland au
haut bout de la Chambre. Garter prefenta la Robe
de S.A.R. aux Chevaliers, qui l'en revêtirent ,
Hy pendant
1654 MERCURE DE FRANCE
pendant que le Chancelier de l'Ordre lifoit l'Admonition.
Prenez cette Robe , &c. Les mêmes
Chevaliers mirent enfuite à S. A. R. fa Ceinture
& fon Epée.Garter introduifit auffi les deux Comtes
, qui furent reçûs avec les mêmes ceremonies
par les deux plus jeunes Chevaliers ; fçavoir le
Duc de Richmond & le Chevalier Robert Walpole
, après quoi on fe rendit en Proceffion dans
le Choeur de la Chapelle. Cette Proceffion fe fit
avec beaucoup de ceremonie.
Les pauvres Chevaliers & les Chanoines de la
Chapelle y entrerent deux à deux , firent le tour
du Choeur, & ayant fait la révérence devant l'Autel
& l'Eftrade deftinée pour le Roy , ils fe mirent
à leurs places. Les Chevaliers de l'Ordre entrerent
enfuite, & après avoir fait de pareilles révérences
, ils fe mirent fous leurs Bannieres. Les
Officiers & les Prélats de l'Ordre y entrerent avec
les mêmes cérémonles ; & après eux vint le Roy,
précédé du Duc de S.Albans , portant l'Epée d'Etat.
La queue de la Robe de S.M. étoit portée par
les Fils ainez des Ducs de Grafton & de Dorfet, &
par le Maître de la Garde- Robe. Le Roy après
avoir fait la révérence devant l'Autel , fe mit fur
fon Eftrade. Enfuite Garter vint au milieu du
Choeur , y fit fes révérences , tenant le Sceptre
dans la main , & fe tourna vers le Pr, de Galles ,
qui là - deffus quitta fa Banniere ; & après avoir
fait la révérence devant l'Autel & le Roy , il alla
s'affeoir fur fa place , les autres Chevaliers refterent
debout fous leurs Bannieres.
L'Evêque de Winchefter , Prélat de l'Ordre ,
ayant été conduit à l'Autel avec deux Chanoines
de la Chapelle, Garter prit la Banniere du feu Duc
d'York , qu'il remit aux deux plus anciens Chevaliers
, & ceux-cy, après les révérences ordinaires,
la porterent au Prélat de l'Ordre, qui la donna
JUILLET . 1730. 1655
na aux deux Chanoines , pour la placer à côté de
l'Autel. Garter remit enfuite l'Epée du feu Duc
d'York au Duc de Kent & au Comte de Stafford,
& le Cafque avec le Cimier au Comte de Peterborough
& au Duc de Dorfet , qui porterent pareillement
ces Enfeignes au Prélat de l'Ordre, La
même cérémonie fut obfervée touchant la Banniere
, l'Epée & le Cafque des feus Ducs de Devonshire
& Comte de Lincoln .
Aprés cette cérémonie,Garter fe rendit au milieu
du Choeur , fit fes révérences ordinaires ; 86
s'étant tourné vers le plus ancien Chevalier , il lui
fit un figne de fa Verge. Le Chevalier quitta làdeffus
fa Banniere & alla fe mettre à fa place fur
l'Eftrade. Garter fit la même chofe aux autres
Chevaliers,à chacun fuivant fon ancienneté.Après
que tous les Chevaliers eurent pris leurs places ,
Garder appella les deux plus anciens Chevaliers
nommez.par le Roy ,, pour inſtaller le Duc de
Cumberland.
2
Ces deux Chevaliers defcendirent de leur Eftrade,'
& s'étant remis fous leurs Bannieres , les pauvres
Chevaliers & les Hérauts d'Armes fortirent de la
Chapelle , marcherent proceffionellement vers la
Chambre du Chapitre , & fe rangerent aux deux
côtez de la Porte.
Les deux plus anciens Chevaliers , accompagnez
des Officiers de l'Ordre , entrerent enfuite
dans la chambre du Chapitre , d'où ils conduifirent
le Duc de Cumberland au Choeur. S. A. R.
marchant entre les deux Chevaliers , fut menée
directement à fon Eftrade , le Roy l'ayant , à
caufe de fon grand âge , difpenfé du ferment
que les Chevaliers doivent prêter avant que d'y
entrer.
-Les deux Chevaliers ayant reçu des mains de
Garter, affifté du Chancelier de l'Ordre , le Man-
H vj
teau,
1656 MERCURE DE FRANCE
teau , le Chaperon , & le grand Collier de l'Ordre
, en revêtirent le Duc de Cumberland , &
après avoir préfenté à S. A. R. le Livre des Statuts
de l'Ordre , ils luy mirent fur la tête le Bonnet
de l'Ordre , & la firent affeoir . Le Duc de
Cumberland fe leva auffi -tôt ; & après qu'il eût
fait fes revérences , les deux Chevaliers l'embraf
ferent , & fe rendirent enfuite à leur place.
On obferva les mêmes Cerémonies pour l'Inallation
des Comtes de Cheſterfield & de Burlington
, avec cette difference que les deux nouveaux
Chevaliers prêterent ferment à leur en
trée dans le Choeur , ce qui fe fait de la maniere
fuivante. Garter ayant à ſa droite le Greffier de
l'Ordre , porta le Nouveau Teftament & la forme
du Serment , & à fa gauche l'Huiffier à la
verge noire , s'approche du Chevalier ; l'Huiffier
prend enfuite le Nouveau Teftament , le tient
ouvert , & le Chevalier met la main droite fur
ce Livre , pendant que le Greffier lit tout haut le
Serment ordinaire , après quoy le Chevalier baife
le Livre.
Après que les deux Comtes eurent été inſtalez
, le Comte de Chefterfield par le Duc de Kent
& par le Comte de Strafford , & le Comte de
Burlington par le Comte de Peterboroug & par
le Duc de Dorfet , an commença le Service Divin
, qui fut interrompu pour faire les Offrandes
ordinaires ; ce qui fe fit de la maniere fuivante :
Les Chevaliers ayant été fommez par Garter de
defcendre de leurs Eftradęs , allerent , après les
revérences ordinaires , fe mettre fous leurs Bannieres
, le Prince de Calles & le Duc de Cumberland
firent la même chofe. Le Prelat de l'Ordre
accompagné de deux Chanoines , fe mit devant
l'Autel , tenant le Baffin d'or deſtiné pour
recevoir les Offrandes des Chevaliers.
Enfuite
JUILLET . 1730. 1657.
Enfuite le Roy proceffionellement alla à l'Autel :
Sa M. étoit précedée par Garter , le Greffier &
le Chancelier de l'Ordre , & par le Duc de Saint
Albans , portant l'Epée d'Etat : le Duc de Somerset
, nommé par le Roy pour luy préfenter
l'Offrande , & le Duc de Grafton , en qualité de
Chambellan de la Maifon de S. M. fe mirent
derriere le Roy , le premier à la droite , & l'autre
à la gauche. S. M. en fe levant de fa place
pour aller à l'Offrande , fit une revérence vers
' Autel ; elle en fit une ſeconde vers le milieu da
Choeur , & une troifiéme en approchant de la
balustrade de l'Autel . Le Roy y étant arrivé , fe
mit à genoux fur deux carreaux placez fur un
riche tapis , ôta fon bonnet , & mit dans le baffin
P'Offrande qui luy avoit été préfentée par le Duc
de Somerfet ; après quoy S. M. fit en fe levant
une reverence , une feconde au bas du degré ,
une troifiéme au milieu du Choeur , & une quatriéme
lorfqu'elle fut retournée à fa place , toutes
vers l'Autel.
.
Ceux qui avoient accompagné le Roy firent
de pareilles revérences , & retournerent , les deux
Chevaliers fous leur Banniere , & les autres à
leurs places refpectives .
t
On avoit pendant ce temps- là ôté le riche Tapis
& les deux Carreaux , fur lesquels le Roy
s'étoit mis à genoux , & on en avoit mis d'autres
pour les Chevaliers qui furent conduits á
PAutel par
deux Heraults d'armes , & ils firent
leurs Offrandes. Le Prince de Galles y alla le premiet
, enfuite le Duc de Cumberland , & enfuite
les autres Chevaliers , chacun fuivant "fon ancienneté.
Les Chevaliers & les Officiers de l'Or
dre ayant repris leurs places , on continua le
Service Divin , après lequel les pauvres Chevaliers
& les Chanoines fortirent en proceffion de
la
1658 MERCURE DE FRANCE.
la Chapelle , & allerent fe ranger dans la Sale
des Gardes.
Les Heraults d'armes , les Chevaliers & les
. Officiers de l'Ordre fortirent de la même maniere
, & allerent dans la Sale de Prefence ; ils
furent fuivis par le Roy , précedé du Vice-
Chambellan , portant l'Epée d'Etat , du Chancelier
& du Prelat de l'Ordre , du Duc de Cum →
berland , & du Prince de Galles. S. M. paffa par
la Salle de Prefence , y falua les Chevaliers en
ôtant fon Bonnet , & fe retira dans fon Appartement.
Le Dîner étant prêt , le Roy fe rendit en proceffion
, précedé des Heraults d'armes , des Chevaliers
, du Duc de Cumberland , du Prince de
Galles , & du Prelat de l'Ordre , dans la Sale de
S. George. S. M. y étant arrivée , fe mit à table,
ayan à fa droite le Prince de Galles , & à fa
gauche le Duc de Cumberland . Les Chevaliers
fe mirent à une autre table ; ils étoient rangez
fur une même ligne , & avoient le Bonnet fur la
tête. Après le premier Service , on porta au Roy
une Coupe d'or , & S. M. but aux Chevaliers
qui fe tinrent debout & découverts , & après
qu'on eût porté à chaque Chevalier un verre de
ils firent raiſon au Roy , & ſe remirent à
leurs places.
vin ,
Le fecond Service étant fini , Garter s'étant
approché de la Table du Roy avec les ceremo
nies ordinaires , cria trois fois Largeffe , & pro
nonça les Titres du Roy en Latin , en François
& en Anglois. S'étant enfuite tourné vers le Duc
de Cumberland , il cria deux fois Largeffe , &
prononça pareillement les Titres de S. A. R. en
Anglois feulement ; ce qui étant fait , il s'approcha
de la Table des Chevaliers , & cria une fois
Largeffe pour le Comte de Chesterfield , & une
autre
JUILLET . 1730. 165s
autre fois pour le Comte de Burlington , & pro
nonça auffi leurs Titres en Anglois, Après qu'on
eût dîné les Chevaliers fe leverent , & fe rangerent
dans la Sale ; le Prelat de l'Ordre dit enfuite
Graces , après quoy les Chevaliers firent
une revérence au Roy , qui ôta fon Bonnet & les
falua. S. M. précedée des Chevaliers & des Officiers
de l'Ordre , fe rendit enfuite dans la Sale
de S George , dans celle de Prefence , d'où après
les avoir encore faluez , il fe retira dans fon Appartement.
Cumberland & des Comtes de Chefter
field & de Burlington , Chevaliers de
l'Ordre de la Jarretiere, faite à windfor, le
29 Juin dernier.
Lalla
Es Chevaliers qui étoient prefens à cette Inf
tallation étoient LE ROY , Souverain de
l'Ordre , le Pr. de Galles , les Ducs de Somerset ,
d'Argyle , de Kent , de Dorfet , de Montagu , de
Newcaſtle , de Grafton , de Bolton,de Richmond;
les Comtes de S :rafford , de Peterborough & de
Scarborough ; & le Chevalier Robert Walpole
Après que les Chevaliers, les Officiers de l'Ordre,
les pauvres Chevaliers , les Chanoines de la Cha
pelle de S. George, & les autres perfonnes qui ont
droit d'affifter a l'Installation , eurent pris leurs
places dans cette Chapelle , le Roy y entra, & fut
reçu par les Chevaliers. Il fe rendit enfuite en
Proceffion dans la Chambre du Chapitre . Le Duc
de Cumberland & les Comtes de Cheſterfield &
de Burlington refterent à l'entrée de cette Chambre
fur des Chaifes qu'on y avoit placées pour
eux .
Le Roy ayant nommé M. Anftis pour exercer
la charge de Garter, ou premier Heraut d'Armes
d'Angleterre. S. M. lui ordonna d'introduire dans
la Chambre le Duc de Cumberland. S. A. R. füt
reçue à la porte par les deux plus anciens Chevaliers
, qui font les Ducs de Somerfet & d'Argyle,
lefquels conduifirent le Duc de Cumberland au
haut bout de la Chambre. Garter prefenta la Robe
de S.A.R. aux Chevaliers, qui l'en revêtirent ,
Hy pendant
1654 MERCURE DE FRANCE
pendant que le Chancelier de l'Ordre lifoit l'Admonition.
Prenez cette Robe , &c. Les mêmes
Chevaliers mirent enfuite à S. A. R. fa Ceinture
& fon Epée.Garter introduifit auffi les deux Comtes
, qui furent reçûs avec les mêmes ceremonies
par les deux plus jeunes Chevaliers ; fçavoir le
Duc de Richmond & le Chevalier Robert Walpole
, après quoi on fe rendit en Proceffion dans
le Choeur de la Chapelle. Cette Proceffion fe fit
avec beaucoup de ceremonie.
Les pauvres Chevaliers & les Chanoines de la
Chapelle y entrerent deux à deux , firent le tour
du Choeur, & ayant fait la révérence devant l'Autel
& l'Eftrade deftinée pour le Roy , ils fe mirent
à leurs places. Les Chevaliers de l'Ordre entrerent
enfuite, & après avoir fait de pareilles révérences
, ils fe mirent fous leurs Bannieres. Les
Officiers & les Prélats de l'Ordre y entrerent avec
les mêmes cérémonles ; & après eux vint le Roy,
précédé du Duc de S.Albans , portant l'Epée d'Etat.
La queue de la Robe de S.M. étoit portée par
les Fils ainez des Ducs de Grafton & de Dorfet, &
par le Maître de la Garde- Robe. Le Roy après
avoir fait la révérence devant l'Autel , fe mit fur
fon Eftrade. Enfuite Garter vint au milieu du
Choeur , y fit fes révérences , tenant le Sceptre
dans la main , & fe tourna vers le Pr, de Galles ,
qui là - deffus quitta fa Banniere ; & après avoir
fait la révérence devant l'Autel & le Roy , il alla
s'affeoir fur fa place , les autres Chevaliers refterent
debout fous leurs Bannieres.
L'Evêque de Winchefter , Prélat de l'Ordre ,
ayant été conduit à l'Autel avec deux Chanoines
de la Chapelle, Garter prit la Banniere du feu Duc
d'York , qu'il remit aux deux plus anciens Chevaliers
, & ceux-cy, après les révérences ordinaires,
la porterent au Prélat de l'Ordre, qui la donna
JUILLET . 1730. 1655
na aux deux Chanoines , pour la placer à côté de
l'Autel. Garter remit enfuite l'Epée du feu Duc
d'York au Duc de Kent & au Comte de Stafford,
& le Cafque avec le Cimier au Comte de Peterborough
& au Duc de Dorfet , qui porterent pareillement
ces Enfeignes au Prélat de l'Ordre, La
même cérémonie fut obfervée touchant la Banniere
, l'Epée & le Cafque des feus Ducs de Devonshire
& Comte de Lincoln .
Aprés cette cérémonie,Garter fe rendit au milieu
du Choeur , fit fes révérences ordinaires ; 86
s'étant tourné vers le plus ancien Chevalier , il lui
fit un figne de fa Verge. Le Chevalier quitta làdeffus
fa Banniere & alla fe mettre à fa place fur
l'Eftrade. Garter fit la même chofe aux autres
Chevaliers,à chacun fuivant fon ancienneté.Après
que tous les Chevaliers eurent pris leurs places ,
Garder appella les deux plus anciens Chevaliers
nommez.par le Roy ,, pour inſtaller le Duc de
Cumberland.
2
Ces deux Chevaliers defcendirent de leur Eftrade,'
& s'étant remis fous leurs Bannieres , les pauvres
Chevaliers & les Hérauts d'Armes fortirent de la
Chapelle , marcherent proceffionellement vers la
Chambre du Chapitre , & fe rangerent aux deux
côtez de la Porte.
Les deux plus anciens Chevaliers , accompagnez
des Officiers de l'Ordre , entrerent enfuite
dans la chambre du Chapitre , d'où ils conduifirent
le Duc de Cumberland au Choeur. S. A. R.
marchant entre les deux Chevaliers , fut menée
directement à fon Eftrade , le Roy l'ayant , à
caufe de fon grand âge , difpenfé du ferment
que les Chevaliers doivent prêter avant que d'y
entrer.
-Les deux Chevaliers ayant reçu des mains de
Garter, affifté du Chancelier de l'Ordre , le Man-
H vj
teau,
1656 MERCURE DE FRANCE
teau , le Chaperon , & le grand Collier de l'Ordre
, en revêtirent le Duc de Cumberland , &
après avoir préfenté à S. A. R. le Livre des Statuts
de l'Ordre , ils luy mirent fur la tête le Bonnet
de l'Ordre , & la firent affeoir . Le Duc de
Cumberland fe leva auffi -tôt ; & après qu'il eût
fait fes revérences , les deux Chevaliers l'embraf
ferent , & fe rendirent enfuite à leur place.
On obferva les mêmes Cerémonies pour l'Inallation
des Comtes de Cheſterfield & de Burlington
, avec cette difference que les deux nouveaux
Chevaliers prêterent ferment à leur en
trée dans le Choeur , ce qui fe fait de la maniere
fuivante. Garter ayant à ſa droite le Greffier de
l'Ordre , porta le Nouveau Teftament & la forme
du Serment , & à fa gauche l'Huiffier à la
verge noire , s'approche du Chevalier ; l'Huiffier
prend enfuite le Nouveau Teftament , le tient
ouvert , & le Chevalier met la main droite fur
ce Livre , pendant que le Greffier lit tout haut le
Serment ordinaire , après quoy le Chevalier baife
le Livre.
Après que les deux Comtes eurent été inſtalez
, le Comte de Chefterfield par le Duc de Kent
& par le Comte de Strafford , & le Comte de
Burlington par le Comte de Peterboroug & par
le Duc de Dorfet , an commença le Service Divin
, qui fut interrompu pour faire les Offrandes
ordinaires ; ce qui fe fit de la maniere fuivante :
Les Chevaliers ayant été fommez par Garter de
defcendre de leurs Eftradęs , allerent , après les
revérences ordinaires , fe mettre fous leurs Bannieres
, le Prince de Calles & le Duc de Cumberland
firent la même chofe. Le Prelat de l'Ordre
accompagné de deux Chanoines , fe mit devant
l'Autel , tenant le Baffin d'or deſtiné pour
recevoir les Offrandes des Chevaliers.
Enfuite
JUILLET . 1730. 1657.
Enfuite le Roy proceffionellement alla à l'Autel :
Sa M. étoit précedée par Garter , le Greffier &
le Chancelier de l'Ordre , & par le Duc de Saint
Albans , portant l'Epée d'Etat : le Duc de Somerset
, nommé par le Roy pour luy préfenter
l'Offrande , & le Duc de Grafton , en qualité de
Chambellan de la Maifon de S. M. fe mirent
derriere le Roy , le premier à la droite , & l'autre
à la gauche. S. M. en fe levant de fa place
pour aller à l'Offrande , fit une revérence vers
' Autel ; elle en fit une ſeconde vers le milieu da
Choeur , & une troifiéme en approchant de la
balustrade de l'Autel . Le Roy y étant arrivé , fe
mit à genoux fur deux carreaux placez fur un
riche tapis , ôta fon bonnet , & mit dans le baffin
P'Offrande qui luy avoit été préfentée par le Duc
de Somerfet ; après quoy S. M. fit en fe levant
une reverence , une feconde au bas du degré ,
une troifiéme au milieu du Choeur , & une quatriéme
lorfqu'elle fut retournée à fa place , toutes
vers l'Autel.
.
Ceux qui avoient accompagné le Roy firent
de pareilles revérences , & retournerent , les deux
Chevaliers fous leur Banniere , & les autres à
leurs places refpectives .
t
On avoit pendant ce temps- là ôté le riche Tapis
& les deux Carreaux , fur lesquels le Roy
s'étoit mis à genoux , & on en avoit mis d'autres
pour les Chevaliers qui furent conduits á
PAutel par
deux Heraults d'armes , & ils firent
leurs Offrandes. Le Prince de Galles y alla le premiet
, enfuite le Duc de Cumberland , & enfuite
les autres Chevaliers , chacun fuivant "fon ancienneté.
Les Chevaliers & les Officiers de l'Or
dre ayant repris leurs places , on continua le
Service Divin , après lequel les pauvres Chevaliers
& les Chanoines fortirent en proceffion de
la
1658 MERCURE DE FRANCE.
la Chapelle , & allerent fe ranger dans la Sale
des Gardes.
Les Heraults d'armes , les Chevaliers & les
. Officiers de l'Ordre fortirent de la même maniere
, & allerent dans la Sale de Prefence ; ils
furent fuivis par le Roy , précedé du Vice-
Chambellan , portant l'Epée d'Etat , du Chancelier
& du Prelat de l'Ordre , du Duc de Cum →
berland , & du Prince de Galles. S. M. paffa par
la Salle de Prefence , y falua les Chevaliers en
ôtant fon Bonnet , & fe retira dans fon Appartement.
Le Dîner étant prêt , le Roy fe rendit en proceffion
, précedé des Heraults d'armes , des Chevaliers
, du Duc de Cumberland , du Prince de
Galles , & du Prelat de l'Ordre , dans la Sale de
S. George. S. M. y étant arrivée , fe mit à table,
ayan à fa droite le Prince de Galles , & à fa
gauche le Duc de Cumberland . Les Chevaliers
fe mirent à une autre table ; ils étoient rangez
fur une même ligne , & avoient le Bonnet fur la
tête. Après le premier Service , on porta au Roy
une Coupe d'or , & S. M. but aux Chevaliers
qui fe tinrent debout & découverts , & après
qu'on eût porté à chaque Chevalier un verre de
ils firent raiſon au Roy , & ſe remirent à
leurs places.
vin ,
Le fecond Service étant fini , Garter s'étant
approché de la Table du Roy avec les ceremo
nies ordinaires , cria trois fois Largeffe , & pro
nonça les Titres du Roy en Latin , en François
& en Anglois. S'étant enfuite tourné vers le Duc
de Cumberland , il cria deux fois Largeffe , &
prononça pareillement les Titres de S. A. R. en
Anglois feulement ; ce qui étant fait , il s'approcha
de la Table des Chevaliers , & cria une fois
Largeffe pour le Comte de Chesterfield , & une
autre
JUILLET . 1730. 165s
autre fois pour le Comte de Burlington , & pro
nonça auffi leurs Titres en Anglois, Après qu'on
eût dîné les Chevaliers fe leverent , & fe rangerent
dans la Sale ; le Prelat de l'Ordre dit enfuite
Graces , après quoy les Chevaliers firent
une revérence au Roy , qui ôta fon Bonnet & les
falua. S. M. précedée des Chevaliers & des Officiers
de l'Ordre , fe rendit enfuite dans la Sale
de S George , dans celle de Prefence , d'où après
les avoir encore faluez , il fe retira dans fon Appartement.
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Résumé : INSTALLATION du Duc de Cumberland & des Comtes de Chesterfield & de Burlington, Chevaliers de l'Ordre de la Jarretiere, faite à Windsor, le 29 Juin dernier.
Le 29 juin, le Duc de Cumberland et les Comtes de Chesterfield et de Burlington ont été installés comme Chevaliers de l'Ordre de la Jarretière à Windsor. La cérémonie, présidée par le Roi, Souverain de l'Ordre, a réuni plusieurs dignitaires, dont le Prince de Galles et divers Ducs et Comtes. La procession a débuté dans la Chapelle de Saint-Georges, où les participants ont pris leurs places respectives. Le Duc de Cumberland a été introduit par le Garter, ou premier Héraut d'Armes, et revêtu de la robe de l'Ordre par les Ducs de Somerset et d'Argyle. Les Comtes de Chesterfield et de Burlington ont été introduits de manière similaire par les Ducs de Richmond et Robert Walpole. Après les cérémonies d'investiture, les nouveaux Chevaliers ont prêté serment et ont été conduits à leurs places. La cérémonie s'est poursuivie par un service divin, des offrandes à l'autel, et un dîner où le Roi a porté un toast aux nouveaux Chevaliers. Les titres des nouveaux Chevaliers ont été proclamés par le Garter, et la cérémonie s'est conclue par des salutations et des prières.
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5
p. 1879-1880
GRANDE BRETAGNE.
Début :
On a publié à Gibraltar le nouveau Traité de Pacification que M. Jean Russel, Ministre [...]
Mots clefs :
Roi d'Angleterre, Traité de paix, Commerce, Roi du Maroc
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : GRANDE BRETAGNE.
GRANDE BRETAGNE.
Na publié à Gibraltar le nouveau Traité de
Pacification que M. Jean Ruffel , Miniftre
Plenipotentiaire du Roi d'Angleterre , a conclu
avec le Roi de Maroc depuis quelques mois ; il
eft ftipulé par les principaux Articles de ce Traité
que tous les Maures ou Juifs , Sujets du Roi de
Maroc , auront la liberté de commercer dans la
Ville de Gibraltar & dans l'Ile de Minorque ;
qu'il leur fera permis d'y féjourner pendant 30.
jours toutes les fois qu'ils y apporteront des Marchandifes
de leur Pays, ou qu'ils viendront ache
ter de celles de l'Europe ; que les Sujets du Roi
d'Angleterre qui pour leur commerce feront
obligés de féjourner dans les Villes de la dépendance
du Royaume de Maroc , ne feront pas
contraints , en cas de conteftation avec les habitans
de ces Villes , de comparoître devant le Cadi
, ou Juge du lieu , & qu'il ne fera permis qu'au
Gouverneur de la Ville & au Conful de la Nation
Angloife de connoître de ces differends ;
que tous les Sujets de S. M. Brit . tant Anglois
qu'Hannoveriens qui feront pris par les mateurs
du Roi de Maroc fur quelque Vaiffeau
ce puiffe être , feront mis en liberté & renvoyés
à Gibraltar ; qu'il fera permis aux Commiffaires
Anglois d'acheter des provifions & tout ce qui
leur fera neceffaire , tant pour les Vaiffeaux de
Guerre du Roi d'Angleterre que pour la Garnifon
de Gibraltar dans tous les Ports du Roi de
Maroc , au prix courant du marché , & que ces
provifions feront portées à bord des Vaiffeaux
Anglois fans payer aucun droit de fortie. Tous
les autres Articles de ce Traité confirment celui
que
qui
1880 MERCURE DE FRANCE
qui fut conclu il y a quelques années entre le feu
Roi d'Angleterre George I. & le feu Roi de Maroc
, pere de celui qui regne aujourd'hui.
On apprend de Londres que le Prince Guillaume
, Vaiffeau de la Compagnie de la Mer du
Sud , étant entierement chargé pour Cartagene
& Porto- Bello , a defcendu la Riviere jufqu'à
Long-Reach , au - deffus de Gravefend ; & perfonne
ne s'étant prefenté de la part du Roi
d'Efpagne pour le jauger & le meſurer , conformément
au Traité de l'Affiente , les Directeurs
l'ont fait jauger par quatre perfonnes dignes de
foi , aufquelles on a fait prêter ferment , & on
croit que leur Certificat fera fuffifant s'il ne fe
préfente aucun Agent de S. M. Cath. après un
délai raifonnable .
Les fept Chefs des Nations Indiennes dont
nous avons parlé , qui étoient à Windfor depuis
quelque tems , ayant pris congé de L. M. font
allés à Londres pour voir ce qu'il y a de plus
curieux dans cette Ville , en attendant qu'il y ait
un Vaiffeau prêt à partir pour les tranfporter
dans leur Pays.
Cinq Voleurs arrêtés à Londres au commencement
de ce mois , ont déclaré dans leur Interrogatoire
qu'ils avoient formé le deffein de voler
le Roi & la Reine lorfque L. M. iroient le matin
fe promener à pied , fans Gardes , dans le Parc
de Windfor..
Na publié à Gibraltar le nouveau Traité de
Pacification que M. Jean Ruffel , Miniftre
Plenipotentiaire du Roi d'Angleterre , a conclu
avec le Roi de Maroc depuis quelques mois ; il
eft ftipulé par les principaux Articles de ce Traité
que tous les Maures ou Juifs , Sujets du Roi de
Maroc , auront la liberté de commercer dans la
Ville de Gibraltar & dans l'Ile de Minorque ;
qu'il leur fera permis d'y féjourner pendant 30.
jours toutes les fois qu'ils y apporteront des Marchandifes
de leur Pays, ou qu'ils viendront ache
ter de celles de l'Europe ; que les Sujets du Roi
d'Angleterre qui pour leur commerce feront
obligés de féjourner dans les Villes de la dépendance
du Royaume de Maroc , ne feront pas
contraints , en cas de conteftation avec les habitans
de ces Villes , de comparoître devant le Cadi
, ou Juge du lieu , & qu'il ne fera permis qu'au
Gouverneur de la Ville & au Conful de la Nation
Angloife de connoître de ces differends ;
que tous les Sujets de S. M. Brit . tant Anglois
qu'Hannoveriens qui feront pris par les mateurs
du Roi de Maroc fur quelque Vaiffeau
ce puiffe être , feront mis en liberté & renvoyés
à Gibraltar ; qu'il fera permis aux Commiffaires
Anglois d'acheter des provifions & tout ce qui
leur fera neceffaire , tant pour les Vaiffeaux de
Guerre du Roi d'Angleterre que pour la Garnifon
de Gibraltar dans tous les Ports du Roi de
Maroc , au prix courant du marché , & que ces
provifions feront portées à bord des Vaiffeaux
Anglois fans payer aucun droit de fortie. Tous
les autres Articles de ce Traité confirment celui
que
qui
1880 MERCURE DE FRANCE
qui fut conclu il y a quelques années entre le feu
Roi d'Angleterre George I. & le feu Roi de Maroc
, pere de celui qui regne aujourd'hui.
On apprend de Londres que le Prince Guillaume
, Vaiffeau de la Compagnie de la Mer du
Sud , étant entierement chargé pour Cartagene
& Porto- Bello , a defcendu la Riviere jufqu'à
Long-Reach , au - deffus de Gravefend ; & perfonne
ne s'étant prefenté de la part du Roi
d'Efpagne pour le jauger & le meſurer , conformément
au Traité de l'Affiente , les Directeurs
l'ont fait jauger par quatre perfonnes dignes de
foi , aufquelles on a fait prêter ferment , & on
croit que leur Certificat fera fuffifant s'il ne fe
préfente aucun Agent de S. M. Cath. après un
délai raifonnable .
Les fept Chefs des Nations Indiennes dont
nous avons parlé , qui étoient à Windfor depuis
quelque tems , ayant pris congé de L. M. font
allés à Londres pour voir ce qu'il y a de plus
curieux dans cette Ville , en attendant qu'il y ait
un Vaiffeau prêt à partir pour les tranfporter
dans leur Pays.
Cinq Voleurs arrêtés à Londres au commencement
de ce mois , ont déclaré dans leur Interrogatoire
qu'ils avoient formé le deffein de voler
le Roi & la Reine lorfque L. M. iroient le matin
fe promener à pied , fans Gardes , dans le Parc
de Windfor..
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Résumé : GRANDE BRETAGNE.
Le texte évoque plusieurs accords et événements impliquant la Grande-Bretagne. Un nouveau traité de pacification entre le Royaume-Uni et le Maroc a été publié à Gibraltar. Ce traité autorise les sujets marocains, qu'ils soient Maures ou Juifs, à commercer et séjourner à Gibraltar et à Minorque pendant 30 jours. Les sujets britanniques au Maroc sont exemptés de la juridiction locale en cas de litige, les différends étant résolus par le gouverneur de la ville et le consul britannique. Les Britanniques capturés par des navires marocains doivent être libérés et renvoyés à Gibraltar. Les commissaires britanniques peuvent acheter des provisions dans les ports marocains sans droits de sortie. Ce traité confirme un accord antérieur entre le roi George I et le père du roi marocain actuel. Par ailleurs, le prince Guillaume a descendu la rivière jusqu'à Long-Reach à bord d'un vaisseau de la Compagnie de la Mer du Sud, en direction de Carthagène et Porto-Bello. En l'absence d'agents espagnols, les directeurs ont fait jauger le vaisseau par des personnes dignes de foi. Enfin, sept chefs indiens, ayant pris congé du roi à Windsor, attendent à Londres un vaisseau pour retourner dans leur pays. Cinq voleurs arrêtés à Londres ont avoué avoir projeté de voler le roi et la reine lors de leurs promenades à pied et sans gardes au parc de Windsor.
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6
p. 165-169
Discours du Roy au Parlement, &c. [titre d'après la table]
Début :
MYLORDS ET MESSIEURS, C'est un grand plaisir pour moi [...]
Mots clefs :
Discours, Roi d'Angleterre, Chambre des pairs, Espagne, Chambre des communes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Discours du Roy au Parlement, &c. [titre d'après la table]
idi , le Roy se rendit en Cortège en la Chambre des Pairs , ayant mandé les Communes.S M. fit l'ouverture de la Scéance du Parlement par le.
Discours suivant.
MYLORDS ET MESSIEURS,
C'est un grand plaisir pour moi de pouvoir vous dire que les esperances que je vous ai données de
temps en temps , de voir la tranquillité de l'Europe rétablie et affermie , sont à present entierement
accomplies,je m'assure que la part du crédit et de
l'influence que la Couronne d'Angleterre a eue dans
La réussite de cette affaire , comme on le reconnoît au dehors , sera agréable à mon peuple , et que vous en aurez de la reconnoissance..
On sçait que depuis le temps de la conclusion,
de la Quadruple Alliance , les diferentes Cours de
l'Europe ont cherché les moyens d'exécuter ce qui
avoit été convenu par les Puissances principales pour la succession de Toscane , et des Duchez de
Parme et de Plaisance , en faveur d'un Infant
d'Espagne
2
18 MERCURE DE FRANCE
Espagne , mais les interets differens et opposez
difficiles à concilier et à réunir pour faire réussir
une affaire de si grande importance; les vues éten
dues et les esperances qu'on avoit conçûës de chaque côté, d'obtenir de plus grands avantages , les ja- ·
lousies naturelles et les défiances que de tels principes
et des desseins contraires les uns aux autres , ont
fait naître parmi les differentes Puissances interessées avoit tenu en suspens et dans l'inéxécution ;
ce quela Cour d'Espagne avoit extrêmement àcœur,,
et avoit causé des troubles et des désordes qui ont
embarassé les affaires de l'Europe pendant plusieurs
années , et dans lesquels les interêts particuliers de
cette Nation ont été envelopez. ,
Vous avez été de temps en temps informez des :
differentes mesures et négociations qu'on a employées
de tous côtez durant cette situation incertaine des affaires , et vous m'avez mis en état de continuer
mes soins , pour conserver les droits et possessions .
de ce Royaume, la paix et la balance de l'Europe
Les articles préliminaires et les transactions qui les
ont suivies , n'ayant pas répondu aux attentes de la
Cour d'Espagne , et ayant causéde la froideur et du mécontentement entre les Parties contractantes di
premier Traité de Vienne , furent le fondement et là
cause du Traité de Séville , et détruisirent parla :
cette union , qui avoit fait naître tant de crainte et allarmé le monde si long- temps.
L'exécution du Traité de Séville étoit la grande
difficulté qui restoit encore ; et quelqu'insurmontable qu'on a crût,j'aipar lesecours etparlaconfiance que vous avez euë en moi , été en état de la vaincre par des Traitez justes et honorables , sans en
venir aux extrémitez , sans courir le hazard ni
m'exposer à la dépense qu'auroit causé une rupture··
générale , et sans allumer la guerre dans aucune
partie de l'Europe... Parme
JANVIER 1732: 167-
Parme et Plaisance sont à présent dans l'actuelle ·
possession de l'Infant Don Carlos. Six mille Espagnols ont été tranquillement reçus et mis en quar-.
tiers dans le Duché de Toscane , afin d'assurer à ce
Prince, du propre consentement et de l'agrément du Grand Duc, la survivance à ses Etats ; et l'on a:
fait une convention de famille entre les Cours d'Espagne et de Toscane , pour conserver la Paixet l'a
mitié entre ses deux Maisons pendant la vie du
Grand Duc.
Pour perfectionner et finir cet Ouvrage ennuyeux,
conduit au travers d'une suite de changement et de ·
vicissitude infinie , et embarassé de toutes les diffe .
rentes vûës d'interêts et d'ambition ; j'ay conclu le :
dernier Traité de Vienne , oùje ne suis entré dans ;
aucuns engagemens contraires aux précédens Trai
tez, ni qui tendent à agrandir ou diminuer lepouvoir ou le poids d'aucun Potentat ; le but n'étant, &
de conserver une juste balance et d'éviter la confusion que les nouveaux changemens et de nouveaux troubles , que les évenemens futurs feroient
naitre , causeroient inévitablement, et dans lesquels .
PAngleterre ne pourroit jamais demeurer tranquille
ni être spectatrice oisive.
que
Quandcela aura été bien consideréet qu'on verra
queles playes qui ont saigné long-temps , sont entierement consolidées ; les jalousies sans fondement cesseront , la paix et la bonne harmonie reviendront
ensemble , toute défiance et soupçon , effet naturel des
délais réitérez , artificieusement insinués et indus-..
trieusement augmentez et aggravez , seront éloignez ; une mutuelle satisfaction sera la conséquence
de la ponctuelle et effective exécution de tous nos
Engagemens , dont on se ressouviendra toujours
avec beaucoup d'égard et d'honneur pour la Couronne et pour cette Nation , et qui mettra ceux quiJu
13 MERCURE DE FRANCE
·
sont immédiatement intéressez , dans une obliga--
tion indispensable d'en avoir la reconnoissance que
P'honneur et la justice demandent.
MESSIEURS de la Chambre des
Communes ,
On remettra devant vous les estimations où l'é--
tat des dépenses pour le service de l'année courante , qui , comme vous le remarquerez, sont beau coup moins considérables que celles des années précédentes. C'est un plaisir pour moi de soulager mes :
Sujets quand le temps le permet , vous avez veu les
heureux effets de votre ancien zele et fermeté , le
succès a accompagné mes mesures et vous recueillez
le fruit de mes efforts et de votre confiance en moy.
C'est pour vous une satisfaction de sçavoir quetour
tes les dépenses que vous avez faites en dernier lieu,
sont amplement recompensées, en en évitant de beaucoup plus grandes.
MYLORDS ET MESSIEURS ,
Je mepromets que cette heureuse situation des affaires vous donnera des dispositions unanimes et un juste zele pour le bien public , telles qu'elles convien
nenta un Parlement qui connoit les grands bonheurs
dont il jouit. Le devoir et l'affection de mes Sujets ·
sont toute la reconnoissance queje désire pour l'amour paternel que j'ai pour eux , et pour l'interêt que
jeprends en tout ce qui les regarde.. Mon gouvernement n'a de sureté que dans -ce
qui peut contribuer également à votre bonheur et
ala protection de mon peuple , et votre prosperité n'a
de fondement que dans la défense et le soutien de
mon gouvernement. Notre sureté est mutuelle , nas
intérêts sont inséparables. ·
Le Roy étant sorti de la Chambre , les Sei
gneurs
JANVIER. 1732. 169
gneurs résolurent unanimement de présenter une
adresse à S M. pour le remercier de sa Harangue,
Les Communes retirées dans leur Chambre , y
prirent une semblable résolution.
Discours suivant.
MYLORDS ET MESSIEURS,
C'est un grand plaisir pour moi de pouvoir vous dire que les esperances que je vous ai données de
temps en temps , de voir la tranquillité de l'Europe rétablie et affermie , sont à present entierement
accomplies,je m'assure que la part du crédit et de
l'influence que la Couronne d'Angleterre a eue dans
La réussite de cette affaire , comme on le reconnoît au dehors , sera agréable à mon peuple , et que vous en aurez de la reconnoissance..
On sçait que depuis le temps de la conclusion,
de la Quadruple Alliance , les diferentes Cours de
l'Europe ont cherché les moyens d'exécuter ce qui
avoit été convenu par les Puissances principales pour la succession de Toscane , et des Duchez de
Parme et de Plaisance , en faveur d'un Infant
d'Espagne
2
18 MERCURE DE FRANCE
Espagne , mais les interets differens et opposez
difficiles à concilier et à réunir pour faire réussir
une affaire de si grande importance; les vues éten
dues et les esperances qu'on avoit conçûës de chaque côté, d'obtenir de plus grands avantages , les ja- ·
lousies naturelles et les défiances que de tels principes
et des desseins contraires les uns aux autres , ont
fait naître parmi les differentes Puissances interessées avoit tenu en suspens et dans l'inéxécution ;
ce quela Cour d'Espagne avoit extrêmement àcœur,,
et avoit causé des troubles et des désordes qui ont
embarassé les affaires de l'Europe pendant plusieurs
années , et dans lesquels les interêts particuliers de
cette Nation ont été envelopez. ,
Vous avez été de temps en temps informez des :
differentes mesures et négociations qu'on a employées
de tous côtez durant cette situation incertaine des affaires , et vous m'avez mis en état de continuer
mes soins , pour conserver les droits et possessions .
de ce Royaume, la paix et la balance de l'Europe
Les articles préliminaires et les transactions qui les
ont suivies , n'ayant pas répondu aux attentes de la
Cour d'Espagne , et ayant causéde la froideur et du mécontentement entre les Parties contractantes di
premier Traité de Vienne , furent le fondement et là
cause du Traité de Séville , et détruisirent parla :
cette union , qui avoit fait naître tant de crainte et allarmé le monde si long- temps.
L'exécution du Traité de Séville étoit la grande
difficulté qui restoit encore ; et quelqu'insurmontable qu'on a crût,j'aipar lesecours etparlaconfiance que vous avez euë en moi , été en état de la vaincre par des Traitez justes et honorables , sans en
venir aux extrémitez , sans courir le hazard ni
m'exposer à la dépense qu'auroit causé une rupture··
générale , et sans allumer la guerre dans aucune
partie de l'Europe... Parme
JANVIER 1732: 167-
Parme et Plaisance sont à présent dans l'actuelle ·
possession de l'Infant Don Carlos. Six mille Espagnols ont été tranquillement reçus et mis en quar-.
tiers dans le Duché de Toscane , afin d'assurer à ce
Prince, du propre consentement et de l'agrément du Grand Duc, la survivance à ses Etats ; et l'on a:
fait une convention de famille entre les Cours d'Espagne et de Toscane , pour conserver la Paixet l'a
mitié entre ses deux Maisons pendant la vie du
Grand Duc.
Pour perfectionner et finir cet Ouvrage ennuyeux,
conduit au travers d'une suite de changement et de ·
vicissitude infinie , et embarassé de toutes les diffe .
rentes vûës d'interêts et d'ambition ; j'ay conclu le :
dernier Traité de Vienne , oùje ne suis entré dans ;
aucuns engagemens contraires aux précédens Trai
tez, ni qui tendent à agrandir ou diminuer lepouvoir ou le poids d'aucun Potentat ; le but n'étant, &
de conserver une juste balance et d'éviter la confusion que les nouveaux changemens et de nouveaux troubles , que les évenemens futurs feroient
naitre , causeroient inévitablement, et dans lesquels .
PAngleterre ne pourroit jamais demeurer tranquille
ni être spectatrice oisive.
que
Quandcela aura été bien consideréet qu'on verra
queles playes qui ont saigné long-temps , sont entierement consolidées ; les jalousies sans fondement cesseront , la paix et la bonne harmonie reviendront
ensemble , toute défiance et soupçon , effet naturel des
délais réitérez , artificieusement insinués et indus-..
trieusement augmentez et aggravez , seront éloignez ; une mutuelle satisfaction sera la conséquence
de la ponctuelle et effective exécution de tous nos
Engagemens , dont on se ressouviendra toujours
avec beaucoup d'égard et d'honneur pour la Couronne et pour cette Nation , et qui mettra ceux quiJu
13 MERCURE DE FRANCE
·
sont immédiatement intéressez , dans une obliga--
tion indispensable d'en avoir la reconnoissance que
P'honneur et la justice demandent.
MESSIEURS de la Chambre des
Communes ,
On remettra devant vous les estimations où l'é--
tat des dépenses pour le service de l'année courante , qui , comme vous le remarquerez, sont beau coup moins considérables que celles des années précédentes. C'est un plaisir pour moi de soulager mes :
Sujets quand le temps le permet , vous avez veu les
heureux effets de votre ancien zele et fermeté , le
succès a accompagné mes mesures et vous recueillez
le fruit de mes efforts et de votre confiance en moy.
C'est pour vous une satisfaction de sçavoir quetour
tes les dépenses que vous avez faites en dernier lieu,
sont amplement recompensées, en en évitant de beaucoup plus grandes.
MYLORDS ET MESSIEURS ,
Je mepromets que cette heureuse situation des affaires vous donnera des dispositions unanimes et un juste zele pour le bien public , telles qu'elles convien
nenta un Parlement qui connoit les grands bonheurs
dont il jouit. Le devoir et l'affection de mes Sujets ·
sont toute la reconnoissance queje désire pour l'amour paternel que j'ai pour eux , et pour l'interêt que
jeprends en tout ce qui les regarde.. Mon gouvernement n'a de sureté que dans -ce
qui peut contribuer également à votre bonheur et
ala protection de mon peuple , et votre prosperité n'a
de fondement que dans la défense et le soutien de
mon gouvernement. Notre sureté est mutuelle , nas
intérêts sont inséparables. ·
Le Roy étant sorti de la Chambre , les Sei
gneurs
JANVIER. 1732. 169
gneurs résolurent unanimement de présenter une
adresse à S M. pour le remercier de sa Harangue,
Les Communes retirées dans leur Chambre , y
prirent une semblable résolution.
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Résumé : Discours du Roy au Parlement, &c. [titre d'après la table]
Le roi s'est rendu à la Chambre des Pairs pour ouvrir la séance du Parlement par un discours. Il a annoncé que les espoirs de rétablir la tranquillité en Europe étaient accomplis, mettant en avant le rôle de la Couronne d'Angleterre dans cette réussite. Depuis la Quadruple Alliance, les cours européennes cherchaient à exécuter les accords concernant la succession de la Toscane et des duchés de Parme et de Plaisance en faveur d'un infant d'Espagne. Cependant, les intérêts divergents et les défiances avaient retardé l'exécution de ces accords, causant des troubles en Europe. Le roi a mentionné les différentes mesures et négociations employées durant cette période incertaine, visant à conserver les droits et possessions du Royaume, ainsi que la paix et la balance en Europe. Les articles préliminaires et les transactions du premier Traité de Vienne n'ayant pas répondu aux attentes de la Cour d'Espagne, ils furent à l'origine du Traité de Séville. L'exécution de ce traité fut facilitée par des accords justes et honorables, évitant ainsi une rupture générale et une guerre en Europe. Parme et Plaisance sont désormais sous la possession de l'infant Don Carlos, et des Espagnols ont été installés en Toscane pour assurer la succession. Une convention de famille entre les cours d'Espagne et de Toscane a été conclue pour maintenir la paix et l'amitié. Le roi a conclu le dernier Traité de Vienne, visant à conserver une juste balance et à éviter de nouveaux troubles. Le roi a souligné que les dépenses pour l'année courante étaient moins considérables que les années précédentes, remerciant ses sujets pour leur zèle et leur confiance. Il a exprimé son désir de voir le Parlement uni et zélé pour le bien public, soulignant que la sécurité et la prospérité mutuelles dépendaient de la défense et du soutien réciproques. À la fin du discours, les seigneurs et les communes ont résolu de présenter une adresse au roi pour le remercier de sa harangue.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 194
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Quelques vaisseaux de guerre ont ordre de se tenir prêts à faire voile de Spithead le 20 du mois [...]
Mots clefs :
Londres, Roi d'Angleterre, Vaisseaux
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE - BRETAGNE.
DE LONDRES , lele 17 Octobre.
Quelques vaiffeaux de guerre ont ordre de fe
tenir prêts à faire voile de Spithead le 20 du mois
prochain , pour eſcorter en Afie les navires de
la Compagnie des Indes Orientales.
Le bruit court que le Roi a deffein d'inſtituer en
Irlande un Ordre de chevalerie , qui portera le
nom de Saint Patrice. Cet Ordre , à ce qu'on prétend
, fera compofé de trente & un Chevaliers.
Ils porteront une étoile en broderie d'or fur leurs
habits , & leur cordon fera orangé . L'Evêque de
Kildare, Doyen de l'Eglife de Chriſt , fera Grand
Aumônier de cet Ordre dans lequel on ne pourra
être admis fi l'on n'eſt Pair , ou du moins fi l'on
n'a été membre du Parlement d'Irlande .
On a reçu de Stebbing , dans le Comté d'Effex ;
la nouvelle de la mort du fieur Jacques Powel . Sa
groffeur monstrueufe l'avoit rendu célébre ; il
avoit environ ſeize pieds d'Angleterre de circon
férence , & il peloit fix cens cinquante livres.
Ona inoculé la petite vérole aux Princes Henri ,
Guillaume & Frederic ; & cette opération a en
tout le fuccès qu'on en attendoit,
DE LONDRES , lele 17 Octobre.
Quelques vaiffeaux de guerre ont ordre de fe
tenir prêts à faire voile de Spithead le 20 du mois
prochain , pour eſcorter en Afie les navires de
la Compagnie des Indes Orientales.
Le bruit court que le Roi a deffein d'inſtituer en
Irlande un Ordre de chevalerie , qui portera le
nom de Saint Patrice. Cet Ordre , à ce qu'on prétend
, fera compofé de trente & un Chevaliers.
Ils porteront une étoile en broderie d'or fur leurs
habits , & leur cordon fera orangé . L'Evêque de
Kildare, Doyen de l'Eglife de Chriſt , fera Grand
Aumônier de cet Ordre dans lequel on ne pourra
être admis fi l'on n'eſt Pair , ou du moins fi l'on
n'a été membre du Parlement d'Irlande .
On a reçu de Stebbing , dans le Comté d'Effex ;
la nouvelle de la mort du fieur Jacques Powel . Sa
groffeur monstrueufe l'avoit rendu célébre ; il
avoit environ ſeize pieds d'Angleterre de circon
férence , & il peloit fix cens cinquante livres.
Ona inoculé la petite vérole aux Princes Henri ,
Guillaume & Frederic ; & cette opération a en
tout le fuccès qu'on en attendoit,
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 17 octobre à Londres, plusieurs vaisseaux de guerre ont été préparés pour escorter des navires de la Compagnie des Indes Orientales en Afrique. Des rumeurs indiquent que le roi envisage de créer en Irlande un Ordre de chevalerie nommé Saint Patrice, composé de trente-et-un chevaliers portant une étoile en broderie d'or et un cordon orangé. L'évêque de Kildare serait nommé Grand Aumônier, et l'admission serait réservée aux pairs ou anciens membres du Parlement d'Irlande. La mort de Jacques Powel, connu pour sa taille imposante, a été annoncée. Powel mesurait environ seize pieds de circonférence et pesait six cent cinquante livres. Par ailleurs, les princes Henri, Guillaume et Frédéric ont été inoculés contre la petite vérole avec succès.
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8
p. 111-147
« MEMOIRES historiques, militaires & politiques de l'Europe, depuis l'élévation [...] »
Début :
MEMOIRES historiques, militaires & politiques de l'Europe, depuis l'élévation [...]
Mots clefs :
Mémoires historiques, Suède, Angleterre, Prince, Pape, Clergé, Cour, Royaume, Divorce, Divorce de Henri VIII, Henri VIII, Roi d'Angleterre, Catherine d'Aragon, Révolutions en Suède, Conjuration de Fiesque, Conjuration , Politique, Danemark
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « MEMOIRES historiques, militaires & politiques de l'Europe, depuis l'élévation [...] »
MEMOIRES hiftoriques , militaires &
politiques de l'Europe , depuis l'élévation
de Charles- Quint au thrône de l'Empire ,
jufqu'au traité d'Aix - la-Chapelle en 1748.
Par M. l'Abbé Raynal , de la Société royale
de Londres , & de l'Académie royale des
Sciences & Belles Lettres de Pruffe . Se
vend chez Durand , au Griffon , rue Saint
-Jacques ; 1754 , 3 vol . in- 8 °.
J'ai déja rendu compte des deux pres
miers volumes de mon ouvrage , je vais
donner l'extrait du troifieme ; il renferme
trois morceaux.
112 MERCURE DE FRANCE.
Hiftoire des révolutions arrivées en Suede
depuis 1515 jufqu'en 1544.
La Suede qui avoit jetté un fi grand éclat ,
lorfque fes habitans , connus fous le nom
de Goths , renverferent l'Empire romain &
changerent la face de l'Europe , étoit retombée
peu -à-peu dans l'obfcurité . Des dif
fenfions domeftiques & les vices du gouvernement
, avoient formé une efpece
d'anarchie , qui auroit cent fois perdu le
Royaume fi les peuples voifins avoient eu
des loix plus fages . Toutes les nations du
Nord languiffoient dans la même barbarie ,
& l'afcendant que les unes pouvoient prendre
fur les autres , ne devoit point venir
de la fupériorité de politique , mais du
bonheur des circonftances ; elles furent
pour le Dannemarc.
Marguerite qui y regnoit , joignoit à
»l'ambition ordinaire à fon fexe , une fui-
» te de vûes qu'il n'a pas fi communément.
» Elle parloit avec grace , & fçavoit em-
»ployer au befoin ce ton de fentiment , qui
» tient fouvent lieu de raifon & qui la rend
toujours plus forte. Contre l'ufage des
» Souverains , elle abandonnoit les appa-
» rences de l'autorité pour l'autorité même ;
» & elle retenoit le Clergé dans fes inté-
» rêts , en lui faifant prendre des déférences
DECEMBRE. 1754 113
»
ور
»
"
pour du crédit. Ce qu'elle faifoit éclater
de magnificence , n'avoit jamais pour ob-
»jet fes goûts , mais fa place ; & foit qu'el-
» le donnât , foit qu'elle récompenfât , c'é
»toit toujours en Reine & au profit de la
Royauté. Lorfque fes projets n'étoient
pas traversés par la loi , elle la faifoit
» obferver avec une fermeté louable ; &
» l'ordre public étoit ce qu'elle aimoit le
» mieux après fes intérêts particuliers . On
» n'a gueres pouffé plus loin qu'elle le faifoit
le talent de paroître redoutable fans
l'être : elle intimidoit fes ennerais par
» d'autres ennemis qu'elle avoit l'art de
» faire croire fes partifans. Ce que fes
» moeurs avoient d'irrégulier étoit réparé
» dans l'efprit des peuples par les dons
» qu'elle faifoit aux Eglifes. Ces facrifices
» coûtoient à fon caractere ; mais fa politique
les faifoit à fa réputation.
"
"
Cette Princeffe entreprit de réunir la
Suede à fes autres Etats , & elle y réuſſit :
mais les Danois ayant abufé de leur fupériorité
, les Suédois trouverent bientôt l'occafion
de fecouer un joug qu'ils déteftoient
, & ils fe donnerent un maître qui
prit le titre d'Aminiftrateur. Les Rois de
Dannemarc n'abandonnerent pas les droits
qu'ils prétendoient avoir fur la Suede , &
ce fut une fource de guerres longues &
114 MERCURE DE FRANCE .
fanglantes entre ces deux Etats.
Chriftiern étoit monté fur le thrône de
Dannemarc ; c'étoit un monftre , qui prefque
au fortir de l'enfance avoit pouffé aux
derniers excès tous les vices , & n'avoit
pas même le mafque d'une vertu . Il ne
chercha point à rapprocher les Suedois du
traité d'union des deux Royaumes , il ne
chercha qu'à les foumettre. Le mécontentement
du Clergé de Suede étoit une difpofition
favorable pour ce Prince. Les Evêques
avoient joui d'une autorité fi étendue
fous les Rois Danois , qu'ils croyoient
ne devoir rien oublier pour ramener les
mêmes circonftances. L'Adminiftrateur
étant mort , ils voulurent mettre à fa place
Elric Trolle , vieillard timide , indolent
irréfolu , & qu'ils auroient fait fervir à
leurs vûes ; mais ce projet échoua. Stenon ,
fils du dernier Adminiftrateur , fut élu , &
il fit conférer l'Archevêché d'Upfal au fils
de Trolle ; démarche qu'il crut propre ,
fans doute , à confoler fon rival de fon
exclufion . Ĉe bienfait politique n'eut pas
le fuccès qu'il en attendoit . Trolle plus humilié
que touché du tendre & généreux
intérêt que ce Prince avoit pris à lui , fit
éclater un reffentiment qui allarma égale
ment pour Stenon & pour la patrie. Le
jeune Prélat ne pouvoit pas fe conføler de
DECEM BR E. 1754. 115
n'être que le fecond dans un état qu'il avoit
compté gouverner d'abord ſous le nom de
fon pere , & dans la fuite fous le fien . Son
mécontentement éclata bientôt.Il fe mit à la
tête du Clergé , s'unit avec les Danois , &
corrompit le Gouverneur de quelques places
fortes. Stenon inftruit de tout ce qui
fe tramoit contre l'Etat , convoqua le Sénat
, & Trolle fut reconnu pour l'auteur
& le chef de la confpiration. L'Archevêque
déterminé à la ruine de fon pays , par
un reffentiment que les contretems rendoient
plus vif, ne daigna ni juftifier fa
conduite , ni fe plaindre de fes complices :
il fe retira dans le châreau de Steke , en
attendant du fecours de Chriftiern. A perne
l'Adminiftrateur eut - il commencé le
fiége de cette place , que les Danois vinrent
faire une defcente près de Stockolm ;
Stenon y marcha avec une partie de fon
armée , & il fe livra un combat auffi fanglant
qu'il devoit l'être au commencement
d'une campagne entre deux nations rivales
, dans une occafion décifive & pour de
grands intérêts. La victoire fe déclara pour
La Suede , les Danois regagnerent leurs
vaiſſeaux , & l'Archevêque fut obligé de
fe rendre. Les Etats le déclarerent ennemi
de la patrie , l'obligerent de renoncer à fa
dignité , & le condamnerent à finir fés
jours dans un cloître.
116 MERCURE DE FRANCE.
"
23
» Quand le Pape n'auroit pas été follicité
par le Prélat dépofé & par Chriftiern
» de s'élever contre ce jugement , il l'au- |
» roit fait. La Cour de Rome dont les droits
» n'avoient pas été auffi bien éclaircis
» qu'ils l'ont été depuis , appuyoit indiffé-
» remment le Clergé dans toutes les affai-
» res , avec une vivacité & une fierté qui
» ne fe démentirent pas en cette occaſion .
» Elle fit menacer les Etats & l'Adminif
» trateur des cenfures de l'Eglife , s'il ne
rétabliffoient fans tarder l'Archevêque
fur fon fiége , & dans tous les avantages
» dont on l'avoit privé.
"
» Il eft glorieux pour l'humanité que
» dans un fiécle où la Philofophie avoit fait
» fi peu de progrès , un peuple entier ait
» diftingué l'autorité légitime du chef de
» la religion , de l'abus qu'il en peut faire.
» Les Suédois en marquant beaucoup de
» refpect au Souverain Pontife , parurent
» affez tranquilles fur les foudres qu'il préparoit
contr'eux. Ils témoignerent de la
répugnance à lui defobéir ; mais enfin ils
» lui defobéirent , & ils aimerent mieux
» l'avoir pour ennemi que de rifquer de
» rallumer dans leur patrie le feu des
» guerres civiles qu'ils avoient eu tant de
peine à éteindre. Si cette généreufe réfolution
avoit été accompagnée d'un ex-
"
و د
DECEMBRE. 1754 117
cès d'emportement , Rome fe feroit trou-
» vée heureufe : dans la réfolution où elle
» étoit de pouffer les chofes à l'extrêmité ,
elle auroit voula paroître forcée à des
❞ violences par des outrages qui les juftifiaffent.
L'impoffibilité de mettre les apparences
de fon côté , ne lui fit pas aban-
» donner fes vûes : elle mit en interdit la
» Suede , excommunia l'Administrateur &
» le Sénat , ordonna le rétabliſſement de
» Trolle , & pour comble d'injuftice , chargea
le Roi de Dannemarc de procurer
" par la voie des armes l'exécution d'une
Bulle fi odieufe.
و د
Chriſtiern étoit & fe montra digne d'une
telle commiffion. Il entra en Suede , & mit
tout à feu & à fang ; après bien des ravages
& bien des cruautés , les Suédois furent
défaits dans une bataille où Stenon fut
rué ; cet événement fit la deftinée de la
Suede ; tout tomba dans une confufion
horrible. Trolle qui avoit profité des malheurs
publics pour remonter fur fon fiége ,
convoqua les Etats. La craintelou la féduc
tion y firent reconnoître fans obftacle l'au
torité de Chriftiern , qui commença par
immoler à fon reffentiment & à fon ambition
tout ce qui auroit pu lui faire quelque
ombrage. Il fit maffacrer les Seigneurs
les plus diftingués de Suede & tout ce qui
118 MERCURE DE FRANCE.
reltoit d'hommes puiffans affectionnés à
leur patrie , ou aimés des peuples. Avec ces
victimes expira l'efpérance & prefque le
defir de la liberté. Les loix anciennes furent
abrogées , le defpotifme porté au dernier
période , & il ne fe fit aucun mouve
ment . Rien ne caufoit & ne pouvoit caufer
d'inquiétude à Chriftiern que la
fonne de Guftave Vaſa.
per-
Ce jeune Seigneur defcendoit des anciens
Rois de Suede , & s'étoit fignalé dans
plufieurs occafions ; c'étoit un homme fupérieur
, né pour l'honneur de fa nation
& de fon fiécle , qui n'eut point de vices ,
peu de défauts , de grandes vertus & encore
plus de grands talens.
Retenu en Dannemarc par une perfidie ,
il avoit trouvé l'occafion de s'échapper des
mains de Chriftiern , & s'étoit caché dans
les montagnes de la Dalecarlie. Après avoir
erré long- tems , forcé par le befoin de travailler
aux mines , il trouva enfin chez un
Curé un afyle , qui devint le berceâu de la
liberté , de la gloire & du bonheur de la
Suede. De concert avec cet Eccléfiaftique ,
homme fage , defintéreffé , inftruit , accrédité
, zélé pour fa patrie , Guftave commença
par échauffer les efprits , & il profita
du premier feu de l'enthoufiafme qu'il fit
aaître pour fe faire un parti. A la tête de
DECEMBRE. 1754. 119
par
quatre cens hommes il emporta d'affaut
une place commandée le Gouverneur
de la province ; fes premiers fuccès donnerent
de l'audace ; fa petite armée s'accrut
à vûe d'oeil , & il n'eût qu'à fe montrer
dans les provinces voisines de la Dalecarlie
pour les foulever. La timidité & l'indolence
du Viceroi que Chriftiern avoit
laiffé en Suede , donna à Guſtave le tems
de faire des progrès plus confidérables , de
groffir & de difcipliner fes troupes . Trolle
faifit le tems où les Dalecarliens s'étoient
retirés dans leurs pays pour faire la moiffon
; il fe mit à la tête de quatre mille
hommes , & alla attaquer brufquement
Guftave , qui n'étoit pas affez fort pour
l'attendre. Ce léger échec fut bientôt réparé
par Guftave , qui l'attaqua à fon tour
fi vivement , que l'Archevêque échappa à
peine avec la dixieme partie de fes troupes.
Les vainqueurs marcherent droit à Stockholm
; le Viceroi & l'Archevêque , dans la
crainte que quelque malheureux hazard
ne les fit tomber entre les mains de leurs
ennemis , s'enfuirent en Dannemarc . Leur
retraite fut un événement décifif pour
mécontens. L'indépendance du Royaume
parut affez affurée
pour qu'on crût pouvoir
convoquer fans rifque les Etats Généraux
, & donner quelque forme à un
,
les
120 MERCURE DE FRANCE.
Gouvernement qui n'en avoit point .
» L'affemblée ne fut pas nombreufe ; il
ne s'y trouva de Députés que ceux que
» l'amour de la patrie & la haine des tyrans
» élevoient au - deffus de tous les périls.
» Les réfolutions des hommes de ce carac-
» tere ne pouvoient manquer d'être har-
» dies & leurs démarches vigoureufes . Ils
» renoncerent folemnellement à l'obéïffan
» ce qu'ils avoient promife à Chriftiern ,
» éleverent leur Général , qui n'avoit dû
» jufqu'alors for autorité qu'à fon coura-
» ge , à la dignité d'Adminiftrateur , & ar-
» rêterent qu'on continueroit à faire une
» guerre vive & fanglante.
Tandis que Guftave reprenoit fur les
Danois les places qui leur reftoient en Suede
& qu'il formoit le fiége de Stockholm ;
la révolution qui fe fit en Dannemarc affûra
l'indépendance de la Suede. La tyrannie
& les excès de Chriftiern révolterent fes
fujets , & leur infpirerent une réfolution
violente . Ils déthrônerent ce Prince , qui
fe retira auprès de Charles - Quint fon beaufrere
, & ils placerent fur le thrône Frideric
, Duc de Holſtein.
Cet événement ôta aux Danois , qui
étoient encore en Suede , le courage , l'efpérance
& la force de s'y maintenir. Ceux
qui défendoient Stockholm offrirent de
capituler;
DECEMBRE . 1754. 125
capituler ; mais l'Adminiftrateur laiffa traîner
le fiége , fous prétexte de le finir d'une
maniere plus honorable , mais en effet pour
obliger par ce fantôme de péril les Etats
Généraux de lui déférer la couronne . Cette
politique étoit plus artificieufe que néceffaire.
Guftave fut proclamé Roi avec une
unanimité & un enthouſiaſme qui étoient
fûrement les fuites de la plus vive admiration
& d'une efpece d'idolâtrie . L'union
que fit ce Prince avec Frideric , acheva
d'établir la tranquillité , la gloire & l'indépendance
de la Suede. Guftave ne fongea
plus qu'à réformer l'intérieur du Royaume
, en fubftituant de bonnes loix à la barbarie
ancienne, & une police fage aux abus
introduits par les troubles civils. Il fut
éclairé , foutenu & dirigé dans fes vûes
par un homme célebre , qu'il eft important
de connoître à fond.
Ce confident habile fe nommoit Larz-
Anderfon , né de parens obfcurs & fans
fortune. Il avoit commencé à fe diftinguer
dans l'Eglife ; mais dégoûté d'une carriere
où l'on n'avançoit que par les fuffrages de
la multitude , il s'attacha à la Cour. » Guftave
démêla bientôt dans la foule des
» courtifans empreffés à lui plaire, un hom-
» me propre à le fervir ; & dédaignant
»toutes ces petites expériences fi néceffai-
11. Fol.
و د
F
22 MERCURE DE FRANCE.
» res aux Princes médiocres , & qui ne leur
»fuffifent même pas , il l'éleva tout de
» fuite au premier pofte du Royaume , &
» le fit fon Chancelier,
و ر
» Anderſon juſtifia cette hardieffe . C'é-
» toit un génie que la nature avoit fait pro-
» fond , & que les réflexions avoient étendu,
Quoiqu'il eut l'ambition des grandes
places , il avoit encore plus l'ambition
» des grandes chofes , & il aimoit mieux
voir croître fa réputation que fon crédit.
» Il n'étoit pas citoyen dans ce fens qu'il fe
» fût facrifié pour fa patrie ; mais il méri-
>> toit ce beau nom , fi on veut l'accorder
» aux Miniftres qui ont des idées aflez juf-
» tes pour croire que leur gloire eft infé-
»parable de celle de leur Roi & de leur na-
» tion. L'exemple de ceux qui l'avoient pré-
» cédé ni le jugement de ceux qui le devoient
» fuivre , n'étoient pas la régle de fa con-
»duite ; fes projets n'étoient cités qu'à fon
» tribunal & à celui de fon maître. Cette
» indépendance qui ne peut être fentie que
» par ceux qui l'ont , étoit accompagnée
» d'une fagacité qui faififfoit tout , depuis
»les premiers principes jufqu'aux dernie-
" res conféquences , & d'une lumiere qui
» fourniffoit des vûes fublimes & les expédiens
propres à les faire réuffir . Letalent
» de hâter les événemens fans les précipi
ter lui étoit comme naturel ; & en par
و د
39
DECEMBRE. 1754 123
-99
93
و د
roiffant céder quelquefois aux difficultés,
il venoit toujours à bout de les furmonter.
L'étude de l'hiftoire & fes réflexions
» l'avoient affermi contre les murmures ,
les tumultes , les révoltes même ; & il
» étoit convaincu qu'avec du courage , du
fang froid & de la politique on vient
» tôt ou tard à bout de fubjuguer les hom-
" mes & de les ramener à leurs intérêts. Il
fçavoit le détail des loix comme un Ma-
» giftrat , & en poffédoit l'efprit en Légiflateur.
On réfiftoit d'autant moins à fon
éloquence , qu'elle partoit d'une raifon
» forte . Ce Miniftre appartenoit plus à un
autre âge qu'à celui où il vivoit ; & fes
» contemporains qui n'étoient pas à beau-
>> coup près auffi avancés que lui , n'apperçurent
pas toute l'élévation de fon ca-
» ractere , ni l'influence qu'il eut fur les
» révolutions qu'éprouva la Suede .
บ
93
"
Ce Royaume étoit la proye des Eccléfiaftiques
: leur autorité pouvoit exciter de
nouveaux troubles , & ils poffédoient tout
l'argent , toutes les richeffes de la Suede . I
falloit trouver un prétexte pour les dépouiller.
Anderſon en imagina un ; c'étoit
d'introduire le Luthéranifme , qui faifoit
des progrès rapides en Allemagne , & qu'il
avoit adopté par cet efprit d'inquiétude fi
ordinaire à ceux qui font nés plus grands
Fij
124 MERCURE DE FRANCE .
que leur condition. Guſtave adopta les
vûes de fon Chancelier ; mais cette révolution
ne pouvoit fe faire que par dégrés :
on laiffa le tems au Luthéranifme de s'établir
dans le Royaume. Des Docteurs de
réputation qu'on fit venir d'Allemagne , lui
donnerent de l'éclat ; la faveur qu'ils parurent
avoir, leurs déclamations, le goût de la
nouveauté entraînerent bientôt une partie
de la nation . A mefure que le Luthéranifme
faifoit des conquêtes fur le Royaume ,
Guftave en faifoit fur le Clergé. Il commença
par abolir une efpece d'impôt que
les Curés avoient mis fur certains péchés .
Il ôta aux Evêques le droit qu'ils avoient
ufurpé d'hériter de tous les Eccléfiaftiques
du fecond ordre. Les troupes furent mifes
en quartier d'hiver fur les terres du Clergé ,
ce qui étoit fans exemple : enfin il propofa
de prendre les deux tiers des dîmes pour
l'entretien des troupes , & une partie de
l'argenterie & des cloches des Eglifes riches
pour abolir , en payant les étrangers ,
les privileges odieux dont ils jouiffoient.
Ces expédiens furent généralement approuvés
; & s'il y eut quelque mécontentement
, il n'éclata pas.
Guftave mit la derniere main à fes grands
deffeins, en convoquant les Etats Généraux
à Vefteras en 1527. Les innovations qu'il
DECEMBRE . 1754. 125
propofa pour achever d'écrafer la puiffance
du Clergé , parurent trop hardies , &
le ton de defpotifine qu'il prit étoit trop
nouveaupour ne pas exciter quelques mou.
vemens ; mais ils n'eurent point de fuites .
Les troubles furent bientôt appaifés , & ce
que les Etats avoient arrêté fut établi fans
obftacle. » Le mépris pour la Communion
» Romaine fuivit la ruine & l'aviliffement
» du Clergé , qui avoient été le but de tou-
» tes les innovations qu'on venoit d'intro-
» duire. Guftave fe déclara enfin Luthe-
» rien , & toute la nation voulut être de
» la religion du Prince . Rien ne prouve
» les progrès de l'efprit de fervitude dans
» un Etat , comme l'influence du Souverain
fur la croyance des peuples. Le facrifice
de fes opinions qui coûte fi peu à
» la Cour , où on n'a proprement que des
préjugés , eft fi grand à la ville & dans
» les provinces où on a des principes ,
» qu'il prépare à tous les autres facrifices ,
» & même les affure . Auffi lorfque Guf-
» tave demanda aux Etats en 1544 , que
» la Couronne qui avoit toujours été élec-
» tive fû: déclarée héréditaire , il n'éprou
» ya point de contradictions .
" Tel fut le dernier acte d'un des regnes
les plus éclatans que le Nord ai vû ;
» nous ajouterions d'un des plus heureux ,
Fiij
126 MERCURE DE FRANCE.
»fi Guſtave avoit été auffi jufte qu'il étoir
»grand , & fi en faifant par fon caractere
»le bonheur de la génération qu'il gou-
» vernoit , il n'avoit pas préparé le mal-
» heur de celles qui devoient la fuivre ,
en établiffant un defpotifme dont fes fuc-
»ceffeurs ne pouvoient manquer d'abuſer .
Hiftoire du divorce de Henri VIII. Roi
d'Angleterre , & de Catherine d' Arragon ,
depuis 1527 jufqu'en 1534.
Henri VII , furnommé dans l'hiftoire le
Salomon de l'Angleterre , voulut rendre à
fa couronne , par une alliance avantageufe,
l'éclat que les guerres civiles lui avoient
fait perdre , & il obtint pour le Prince de
Galles fon fils , Catherine d'Arragon . Ce
mariage ne fut pas heureux ; le jeune Prince
mourut un an après , à l'âge de quinze
ou de feize ans. Cet événement pouvoit
Fompre les liens qui uniffoient l'Espagne
& l'Angleterre , & qui les rendoient redoutables
à tous leurs voifins. Pour calmer
les inquiétudes des deux Puiffances , il fut
arrêté que le nouveau Prince de Galles
épouferoit la veuve de fon frere . Pour former
ces nouveaux noeuds , on eut befoin
d'une difpenfe , & le Pape Jules fecond
l'accorda,
DECEMBRE. 1754. 127
Henri & fa belle-four furent fiancés
folemnellement en 150;, & le Prince qui
n'avoit alors que douze ans , n'eut pas
plutôt atteint fa quatorziéme année qu'il
it en préſence de plufieurs témoins une
proteftation en forme contre le confentement
qu'il avoit donné. Cette proteſtation
fut tenue fecrette jufqu'à la mort de
Henri VII en 1509 , & le mariage fur
célébré la même année . » Catherine avoit
» des vertus , mais les agrémens de fon
» fexe lui manquerent. Elle n'avoit ni grace
» ni dignité , ni defir de plaire ; fa triftefle
» & fon indolence augmenterent avec l'âge
» & les infirmités . Le dégoût de Henri qui
»> ne l'avoit jamais aimée , devint infen-
» fiblement extrême , & ouvrit le coeur de
» ce Prince à une paffion fort vive pour
» Anne de Boulen.
Anne étoit plus que belle , elle étoit
piquante. Ses traits manquoient de régularité
; il en réfultoit cependant un
enfemble qui furpaffoit la beauté même.
» Une taille parfaite , le goût de la danfe ,
» une voix touchante , & le talent de
jouer avec grace de plufieurs inftru-
» mens , relevoient en elle l'éclat de la
premiere jeuneffe. Quoique la France
ne fût pas alors autant qu'elle l'a été
depuis en poffeffion de fervir de modele
"
Fiiij
128 MERCURE DE FRANCE.
» aux autres peuples , Anne y avoit pris
» des manieres , un ton , des modes , qui
» fixerent fur elle les yeux & prefque l'ad-
» miration de la Cour de Londres. Cette
premiere impreffion fut foutenue par une
» converfation vive & légere , par un enjouement
ingénieux & de tous les inftans.
Les foupçons que pouvoit faire naître
fon air libre & trop carreffant, étoient
détruits par fon âge & par fa diffipation.
Elle ne montroit de l'empreffement
"que pour les plaifirs & pour les fêtes ; &
il paroiffoit fi peu d'art dans fa conduite Ᏺ
qu'il étoit prefque impoffible de lui fup-
»pofer des projets. Sa coquetterie ne fit
pas & ne devoit pas faire des impref-
»lions fâcheufes on la regarda comme
» une fuite de l'éducation frivole qu'elle
avoit reçue , & non comme un vice du
» coeur, ou le fruit de la réflexion . Les
» événemens prouverent que fon caractere
» avoit échappé aux courtifans les plus dé-
» liés : elle fe trouva diffimulée , profonde
, ambitieufe , & fut tout cela à un
» haut dégré & avant vingt ans.
Percy parut le premier fenfible aux char
mes d'Anne , ou fut , fi l'on veut , le premier
féduit par fon adreffe. Ses foins furent
acceptés , & leur union alloit être
confommée fi l'amour du Roi n'y avoit mis
DECEMBRE. 1754. 129
1
obftacle. Percy fut forcé de renoncer à fa
maîtrelle : Henri déclara lui-même à Anne
les fentimens qu'il avoit pour elle , mais
il la trouva plus fiere qu'il ne l'avoit cru.
Eclairée fur la violence de la paffion qu'elle
avoit infpirée , elle parut plus offenfée que
Alattée des propofitions du Prince , & lui
fignifia qu'elle feroit fa femme ou ne lui
feroit rien. C'est à cette époque que les
écrivains Catholiques fixent la premiere
idée qu'eut Henri de faire divorce avec
Catherine ; les Proteftans la font remonter
plus haut. On n'eft pas moins embarraſſé
fur la date précife de la réfolution qu'il
en prit ; on auroit évité de longues & ameres
conteftations , fi on avoit été affez
defintéreffé de part & d'autre , pour voir
que le Cardinal Wolfey étoit l'unique ,
ou du moins la principale caufe de ce
grand événement.
Cet homme célébre , rapidement paffé
de la condition la plus baffe au miniſtere
& à la pourpre , avoit d'abord embraffé le
parti de l'Empereur , & il l'abandonna
enfuite , parce qu'il vit que ce Prince l'avoit
trompé par les fauffes efpérances qu'il
lui avoit données de le placer fur le trône
de l'Eglife . Wolfey voulut humilier Charles-
Quint , en faisant répudier Catherine
d'Arragon fa tante. Ce Cardinal porta
Fv
130 MERCURE DE FRANCE..
dans cet odieux procès plus d'adreffe que :
la paffion n'en permet ordinairement , &
plus de circonfpection qu'on ne l'auroit:
dû efpérer de la hauteur & de l'emporte--
ment de fon caractere. Il commença par
perfuader le Confeffeur du Roi , dont les .
remontrances firent naître des doutes dans
l'efprit de Henri , & ces fcrupules joints à
la décision de quelques Théologiens , le
déciderent entierement pour le divorce..
Sa réfolution ne tarda pas d'éclater. Trois
Ambaffadeurs François étant arrivés en Angleterre
, conclurent fans beaucoup de difficultés
, un traité de paix perpétuelle entre
les deux nations , & ils arrêterent que:
Marie , fille de Henri , épouferoit François
I. ou fon fecond fils le Duc d'Orléans
.
"
"
» L'Evêque de Tarbes , celui des Am-
» baffadeurs qui avoit le plus le talent des
" affaires , & le feul qui eut le fecret de
» celle-là , parut environ huit jours après
la fignature du traité , mécontent d'une
» négociation dont le fuccès éroit regardé
» comme complet. Son chagrin fut remar
» qué comme il le devoit être , & on cher-
» cha à en deviner la caufe . Le public s'é-
" puifa à l'ordinaire en conjectures , & les
gens en place en queftions. Lorfque le
» Prélat crut avoir affez long-tems tenu
DECEMBRE. 1754. 131
les efprits en fufpens , il fe laiffa arra-
» chet fon fecret : il dit avec un certain
embarras affez ordinaire à ceux qui ont
des vérités fâcheufes à annoncer aux
Princes , qu'il craignoit beaucoup qu'u-
»ne partie des liens que venoient de for-
>> mer les deux nations , ne fuffent bien-
» tôt rompus , & qu'en particulier le mariage
projetté ne pût pas s'exécuter. Preffé
» de s'expliquer fur le myftere que renfer-
» moient ces dernieres paroles , il avoua
» qu'il croyoit nulle l'union de Henri &
» de Catherine , & qu'il étoit inftruit que
» les Théologiens les plus habiles ne pen-
» foient pas autrement que lui.
» Le Roi parut frappé de ce difcours
» comme il l'eût été d'un coup de foudre ;
fon but étoit de perfuader par cet éton-
» nement à l'Europe que le premier doute
» fur fon mariage lui étoit venu à cette oc--
» cafion.
Les fcrupules de l'Evêque de Tarbes furent
regardés comme des vérités incontef
tables , & il partit fur le champ pour l'I--
talie un Miniſtre , chargé de folliciter au--
près du Saint Siége la diffolution du ma--
riage avec Catherine .
Člement VII . qui gouvernoit alors , étoit
encore prifonnier au Château Saint - Ange.-
Le fecours prompt & affuré qu'on lui pro-
Fvj
132 MERCURE DE FRANCE.
mit , l'auroit infailliblement déterminé à
faire ce qu'on exigeoit de lui , s'il n'eût
été arrêté par la crainte de Charles - Quint.
Lorfque le Pape fut libre , les négociateurs
Anglois devinrent plus preffans , mais leur
adreffe & leur activité ne purent vaincre
fes irréfolutions. Il vint à bout de faire
naître des obftacles & des incidens fort
naturels , qui reculoient la décifion de cette
affaire . Après bien des détours & des lenteurs
, preflé par les inftances de l'Angleterre
, Clement établit enfin Wolfey juge
de l'affaire du divorce , & on lui donna
pour adjoint le Cardinal de Campege , qui
s'étoit trouvé du goût des deux Cours.
Il n'y avoit qu'à fuivre la négociation
de Campege , pour être convaincu que le
Pape ne donneroit jamais les mains à un
projet contraire aux intérêts de fon Siége
& à ceux de fa maifon , & qu'il vouloit
feulement obtenir par ce moyen un traitement
plus avantageux de Charles. Quint.
L'affaire fe rempliffoit tous les jours de
nouvelles difficultés. Henri que fa paffion
mettoit dans un état violent , fatigué
de tant d'indécifions , envoya de nouveau
à Clément deux Miniftres pour preffer l'exécution
de fon projet ; mais leurs infinuations
n'ayant pas eu le fuccès qu'ils
s'étoient promis , ils eurent recours à des
DECEMBRE. 1754 133
moyens odieux. Ils joignirent aux reproches
les plus humilians , des menaces effrayantes.
On faifoit craindre au Pape d'être déposé ,
fous prétexte que fon élection avoit été
irréguliere ; que l'Angleterre ne fecouât un
joug qui devenoit tous les jours plus dur &
plus injufte , & que l'Europe entiere éclairée
& enhardie par un exemple fi frappant ,
ne renonçât à l'ancien préjugé qui la tenoit
fous la domination du S. Siége. Ces
moyens ne réuffirent pas , & l'affaire du
divorce fut ramenée au tribunal de Wolfey
& de Campege. Les Légats , après l'examen
de cette caufe finguliere , citerent le
Roi & la Reine pour le 18 Juin 1529. La
Reine comparut devant eux , mais les recufa
pour juges , & ne voulut jamais fe
défifter de fa récufation . » On l'auroit peut-
» être crue occupée de fa vengeance , fi
nenfe précipitant devant toute l'aflemblée
" aux pieds du Roi , elle n'avoit fait voir
» qu'il n'y avoit dans fon coeur que le défir
» & peut- être l'efpérance de regagner un
» coeur qu'elle avoit malheureufement perdu.
Cette pofture , fon amour & fes infortunes
lui infpirerent tout ce qu'on
peut imaginer de plus modeste , de plus
» tendre & de plus touchant. Dès qu'elle
» eut fini de parler , elle fe retira , & alla
attendre dans l'obfcurité , dans les lar134
MERCURE DE FRANCE.
" mes & dans l'incertitude les effets d'une
» fcene aufli attendriffante que celle qui
» venoit de fe paller.
» Le denouement de ce coup de théatre
» ne fut pas tel qu'on avoit cru pouvoir
» l'efpérer. Tout l'attendriffement qu'on
avoit remarqué dans le Prince fe réduifoit
à une compaffion ftérile , & à des
éloges vagues. Henri rendit justice à la
» conduite exemplaire , à l'humeur douce ,
» à la foumiffion fans bornes de Cathe-
» rine ; & il parut fâché que la religion &
la confcience ne lui permiffent pas de
finir fes jours avec une Reine malheureufe
, qui n'avoit jamais rien dit ni rien-
»fait que de louable .
Tandis que Campege éloignoit tant qu'il
pouvoit la décifion de cette affaire , l'Empereur
fit un traité à Barcelone , dans lequel
il traitoit favorablement le S. Siége
dans la vûe de fe venger , fur tout du Roi
d'Angleterre , qui l'infultoit cruellement
dans la perfonne de fa tante. Le Pape immédiatement
après fon raccommodement
avec l'Empereur , évoqua l'affaire du divorce
, & fe rendit par cette démarche foible
& imprudente , l'inftrument d'une hai
ne , d'un orgueil , d'une politique qu'il auroit
dû traverfer , & dont il pouvoit trèsaifément
devenir la victime.
DECEMBRE.
1754. 135
Campege s'en retourna à Rome , & Wol- .
fey fut immolé au reffentiment du Roi ; il
fe vit accablé d'une fuite d'accufations
d'opprobres & de malheurs qui le conduifirent
au tombeau.
Henri dont les contretems ne faifoient
qu'irriter la paffion , fut obligé de chercher
d'autres moyens on lui confeilla deconfulter
toutes les Univerfités de l'Europe.
Celle d'Oxford & de Cambridge étoient
vendues à la Cour , & déclarerent le mariage
nul. Celles de France furent affez
partagées , & la Sorbonne , divifée en plufieurs
factions , ne céda qu'à des vûes d'intérêt
& de politique à la volonté du Roi
& à l'argent d'Angleterre. Le dernier de
ces moyens fut feul affez puiffant pour gagner
les Univerfités d'Italie . La fureur de
fe vendre étoit montée à tel point qu'on
avoit un Théologien pour un écu ; quelquefois
pour deux une Communauté entiere
, & qu'un Couvent de Cordeliers
paffa pour cher parce qu'il en coûtoit dix.
Mais les Théologiens Allemans ne cederent
ni à la féduction ni aux follicitations ,.
& refuferent de fe déclarer pour le divorce.
La Cour de Rome vit ces manoeuvres
avec une indifférence méprifante : c'étoit
un étrange aveuglement de penfer qu'on
136 MERCURE DE FRANCE.
la fubjugueroit par les décisions de quelques
Théologiens . Cette Cour trop intéreffée
depuis long-tems , & trop politique
pour fe conduire par les maximes foibles ,
bornées & incertaines des cafuiftes , regardoit
malheureufement moins la religion
comme fa fin , que comme un moyen d'y
arriver.
Henri qui voyoit avec douleur le peu
de fruit qu'il tiroit de toutes fes démarches
, forma , pour fe venger de Clement ,
le deffein de lui enlever l'Angleterre . Il
commença par défendre , fous des peines
capitales , de recevoir aucune expédition
de Rome qui ne fût appuyée de fon autorité
. Il attaqua les privileges du Clergé , &
dépouilla le Pape de fes droits les plus effentiels.
Dans le même tems , Catherine
preffée de nouveau de confentir au divorce
, & toujours ferme dans ſon refus , fut
obligée de s'éloigner de la Cour , où elle
ne retourna jamais.
Le Roi d'Angleterre voulut enfin terminer
fes irréfolutions , en fuivant le confeil
que lui donna François I. de fe paffer
de la difpenfe du Pape , & d'époufer fans
délai une femme aimable , qui étoit devenue
néceffaire à fon bonheur. Le mariage
fe fit , & demeura fecret jufqu'à la
groffeffe d'Anne de Boulen , qui força de
DECEMBRE . 1754. 137
le rendre public avant même qu'on eût pû
déclarer nul celui de Catherine. Cette derniere
opération fut l'ouvrage de Cranmer ,
Archevêque de Cantorbery , qui engagea
le Clergé d'Angleterre à prononcer fur
l'affaire du divorce ; & malgré la précaution
qu'avoit prife le Pape de fe referver
la connoiffance de ce grand procès , le ma--
riage fut caffé folemnellement. Anne entra
en triomphe dans Londres , & y fut reçue
avec un éclat & une magnificence finguliere
.
Clément apprit avec un dépit fenfible
ce qui venoit de fe paffer : il fit une Bulle
qui excommunioit Henri & Anne de Boulen
, s'ils ne fe quittoient dans quelques
mois ; & après de nouvelles négociations
pour terminer cette affaire , le Pape affembla
fon Confiftoire , & le réfultat fut une
fentence qui obligeoit le Prince à repren
dre Catherine , fous peine d'excommunication
pour lui , & d'interdit pour fon
Royaume. Le Parlement avoit prévenu ce
jugement par une loi qu'il avoit faite quelques
jours aparavant , & qui défendoit de
reconnoître l'autorité du Pape. Henri recueillir
le fruit d'une politique profonde &
fuivie ; & fans faire d'autres changemens
dans la religion , il défendit tout commerce
avec le S. Siége , & voulut être lui -même
138 MERCURE DE FRANCE.
chef de l'Eglife dans fon Royaume . La nation
adopta les idées fchifmatiques qu'on
lui préfentoit ; elle fuivit depuis les opinion
de Zuingle fous Edouard , retourna à
la communion de Rome fous Marie , & fe
forma fous Elizabeth un culte qu'elle profeffe
encore aujourd'hui , fous le nom de
Religion Anglicane.
Hiftoire de la conjuration de Fiefque
en 1546 & 1547.
André Doria délivra en 1528 la République
de Gênes du joug de la France ,
& y établit l'ordre qui fubfifte encore aujourd'hui,
Ce plan de Gouvernement , le feul
peut-être qui pût convenir au caractere
» des Génois , & à la fituation où ils fe
» trouvoient , les devoit raffurer naturelle-
» ment contre les entreprifes de Doria . Si
» ce grand Capitaine eût en réellement
» les vûes que lui ont fuppofées la plupart
" des hiftoriens , ou il auroit laillé fon
"pays dans l'anarchie , ou il y auroit éta-
39
bli des loix mauvaifes , ou il fe feroit
" emparé de la dignité de Doge ; trois
» voies qu'il lui étoit aifé de prendre , &
» dont chacune devoit prefque néceffaire-
» ment le rendre maître de la République.:
33
DECEMBRE. 1754. 139
» Avec un peu d'attention , on démêle
» qu'il ne cherchoit ni à être tyran ni à
» être citoyen , & qu'il vouloit fe venger
» feulement de la France , qu'il avoit bien
fervie , & dont il étoit mal traité. Ce
projet qui étoit connu de tout le monde
, & celui de maintenir la révolution ,
» l'autorifoit , fans qu'on en prît ombrage ,
» à fe charger , comme il fit , du comman
dement des galeres de Charles Quint . 11
eft vrai que ce moyen avoit quelque
» chofe d'équivoque , & qu'il pouvoit fer-
» vir à opprimer la liberté publique auffi
bien qu'à la défendre : mais l'ordre que
» Doria avoit d'abord établi dans l'Etat ,
étoit une preuve de modération , que ce
» qu'il avoit laiffé voir d'ambition ne de-
» voit gueres affoiblir , & que fa conduite
» fortifioit extrêmement. Content de l'em-
» pire que lui donnoient fur les efprits &
>> fur les coeurs les grandes chofes qu'il
» avoit faites , il paroiffoit préférer de
» bonne foi la tranquillité de la vie privée
» à l'embarras des grandes places , & fe
» livrer aux affaires plutôt par zéle que
" par goût. Il y a apparence que des dehors
auffi impofans auroient trouvé une
» confiance entiere , fans la préfomption:
» & les hauteurs d'un parent éloigné qu'il.
avoit adopté pour fils ..
140 MERCURE DE FRANCE.
Ce jeune homme fe nommoit Jeannetin
Doria : condamné dès fes premieres années
à des travaux obfcurs , l'yvreffe où le jetta
le changement de fa fortune lui donna un
orgueil & des manieres qui révolterent
tout ce qui avoit de l'élévation dans l'ame ,
& fingulierement Jean- Louis de Fiefque ,
Comte de Lavagna. Ce jeune Seigneur ,
l'homme le plus riche de la République ,
éroit magnifique , aimable & féduifant :
avec un grand nombre de qualités brillan
res , il avoit l'apparence de plufieurs vertus.
» L'inquiétude qui le pouffoit aux gran-
» des places , venoit du defir qu'il avoit de
» faire de grandes chofes ; l'ambition ne
» lui étoit infpirée que par la gloire. Une
" erreur , qui étoit plutôt un malheur de
» fon âge qu'un défaut de fon efprit , lui
» fit confondre la célébrité avec une répu-
" tation fondée : il alla jufqu'à croire qu'il
» lui fuffiroit d'occuper de lui fes contem-
" porains , pour llaaiiffffeerr uunn grand nom à la
» poftérité. Tous ceux qui l'avoient étu-
» dié & qui fe connoiffoient en hommes ,
» lui trouvoient à vingt- deux ans une po-
»litique très- raffinée & une diffimulation
impénétrable : il leur paroiffoit né pour
» affervir fa patrie ou pour l'illuftrer .
Fiefque ne pouvoit manquer d'être mécontent
de la fituation où fe trouvoit la
DECEMBRE.
1754. 141
République . Il lui parut également indigne
de lui de vivre dans l'obfcurité , ou d'en
fortir par la faveur d'un homme qu'il méprifoit.
» Entre plufieurs moyens que lui
و ر
préfenta une imagination forte & impé-
» tueufe , celui de faire périr les Doria fut
» le feul qui lui parût infaillible , & il s'y
» arrêta avec beaucoup de fang-froid & de
» fermeté. La néceffité de changer la for-
» me du Gouvernement pour foutenir
» une démarche auffi hardie , ne l'effraya
» pas , & fut peut -être fans qu'il s'en dou-
» tât un motif de plus : il devoit paroître
» doux à un homme de fon caractere d'ab-
» battre d'un même coup fes ennemis , &
» de fe placer à la tête d'un Etat affez puif-
» fant. La révolution devoit être l'ouvrage
» du génie feul pour la maintenir , la
force étoit néceflaire , & Fiefque qui le
» vit , penſa à ſe ménager l'appui de la
» France.
Cette Cour entra aifément dans les vûes
de Fiefque ; & dans l'efpérance de fe venger
de Doria & de reprendre le Milanès fur
l'Empereur , elle accorda des fecours confidérables.
Fiefque inftruit que les mêmes
paffions qui lui avoient rendu la Cour de
France favorable , regnoient à celle du
Pape , s'occuppa du foin de les mettre en
jeu. Il alla lui-même à Rome pour négo142
MERCURE DE FRANCE.
cier cette affaire , & il écarta les foupçons
que ce voyage pouvoit faire naître , par,
l'attention qu'il eut au milieu de fes projets
de ne paroître occupé que de fes plaifirs
, & par l'art de cacher des deffeins
profonds fous un air frivole. Il trouva
Paul III. auffi bien difpofé qu'il le fouhaitoit
, & ce Pontife approuva la révolution
avec de grands éloges .
Fiefque ne s'occupa plus que du foin
de mettre la derniere main à fon entre-"
prife , & il ne put en être détourné
par les
remontrances d'un de fes plus zélés partifans
: c'étoit Vincent Calcagno , homme
d'un certain âge , & qui avoit une efpéce
de paffion pour le jeune Comte. » Comme
" il avoit le fens droit , les grandes entre-
» prifes commencoient par lui être toujours
fufpectes . Il étoit d'ailleurs né timide ,
» & les réflexions ou l'expérience qui chan
» gent quelquefois les caracteres , l'avoient
» affermi dans le fien. Tout ce qui avoit
» l'air trop élevé lui paroiffoit chimérique ,
" & il regardoit comme imprudent tout
» ce qu'on abandonnoit au hazard. Son
imagination étoit plus aifément étonnee
» que fon coeur ; & il étoit ferme jufques
» dans les périls qu'il avoit prévûs & qu'il
ور
و ر
avoit craints.
Le chef de la conjuration forma d'i
DECEMBRE. 1754. 143
bord fon attention à ne pas fe laiffer pénétrer
, & il fe rendit en effet impénétrable.
Sa conduite avoit quelque chofe de fi naturel
& de fiaifé , qu'il n'étoit pas poffible d'y
foupçonner le moindre myftere. André Doria
, malgré la profonde connoiffance qu'il
-avoit des hommes , fe laiffa impofer par ces
apparences , & Jeannetin fut féduit par les
témoignages d'eftime & d'attachement que
Fiefque lui prodigua.
Le Comte fçut fe concilier les négocians
, cette précieufe portion de citoyens
fi honorée dans le gouvernement populaire
, fi opprimée dans le defpotique , fi
négligée dans le monarchique , & fi méprifée
dans l'ariftocratique , en leur exagérant
le tyrannique orgueil des nobles
& en leur laiffant entrevoir la poffibilité
-de s'en délivrer. Par là il s'affuroit du peuple
, qui fuit aveuglément le mouvement
qui lui eft communiqué par ceux qui le font
travailler ou qui le font vivre un extérieur
brillant , des manieres ouvertes & polies
, des bienfaits répandus adroitement ,
acheverent de lui gagner la multitude.
Il ne manquoit à Fiefque que des fol-
' dats. Il eut une occafion favorable , & qui
fe préfentoit naturellement , d'en lever dans
fes terres. Il prit des arrangemens fecrets
avec Pierre- Louis Farnefe Duc de Parme
144 MERCURE DE FRANCE.
& de Plaifance , qui lui promit un fecours
de deux mille hommes. Il fit venir une
galere qui lui appartenoit , dans le port de
Gênes fes amis débaucherent quelques
foldats de la garnifon , & s'affurerent dedix
mille habitans déterminés : avec ces forces
réunies , les conjurés crurent qu'il étoit
tems de prendre une derniere réfolution.
La nuit du premier au fecond Janvier
fut l'inftant arrêté pour l'exécution de leur
projet . L'époque étoit adroitement fixée.
Comme le Doge qui fortoit de place le
premier du mois , ne pouvoit être remplacé
que le quatre , la République devoit fe
trouver dans une eſpèce d'anarchie , dont
il étoit poffible de tirer parti.
Un des chefs de la conjuration , & un
de ceux fur qui Fiefque comptoit le plus ,
étoit Jean Baptifte Verrina , » homme bra-
» ve , impétueux , éloquent : il avoit l'efprit
vafte , mais déréglé ; le coeur élevé ,
» mais corrompu . Son penchant l'entraî
»noit au crime , & le mauvais état de
» fes affaires le lui rendoit prefque indifpenfable.
Une imagination vive &
» forte lui préfentoit fans ceffe des projets
finguliers & hardis , dont il n'examinoit
» jamais ni la juftice ni les refforts , &
» dont il prévoyoit rarement les fuites. Il
étoit ennemi de tout repos , du fien
33
par
inquiétude ,
DÉCEMBRE. 1754. 145
99
inquiétude , de celui des autres par ambition
. Le Gouvernement établi dans fa
patrie lui déplaifoit , précisément parce
qu'il y étoit établi ; & tous ceux qui
» entreprendroient de le changer étoient
fûrs de trouver en lui des confeils dangereux
& des fervices utiles . Ce caractere
»l'avoit rendu cher à Fiefque , dont il régloit
les plaifirs , partageoit la fortune
» & dirigeoit en quelque maniere les paf-
"
fions.
>
Le jour arrêté pour la révolution commençoit
à luire , que les conjurés firent les
dernieres difpofitions. Verrina fe rendit à
l'entrée de la nuit fur la galere de Fieſque
qui étoit fon pofte ; il donna par un coup
de canon le fignal de l'attaque , & l'action
fut auffi - tôt engagée dans l'ordre qui avoit
été projetté. On commença par attaquer
ceux qui défendoient les portes de la ville
les plus effentielles , & dont on ſe rendit
bientôt maître . Jeannetin s'étant éveillé au
bruit , & étant accouru , fut reconnu &
maffacré fur le champ. André Doria euc
le tems de fe fauver dans un château à
quinze mille de Gênes . Cette lâcheté dans
un vieillard célébre par fa valeur , ne doit
furprendre que ceux qui ne connoiffent pas
les hommes .
Les avantages que remporterent les con-
II.Fol, G
146 MERCURE DE FRANCE.
jurés , redoubla leur activité & leur courage
: après s'être fortifiés à la hâte dans les
poftes dont ils s'étoient emparés , ils ſe
répandirent dans les rues en criant , Fiefque
& liberté. Ces deux mots , dont l'un rappelloit
à un grand nombre d'ouvriers le
nom de leur bienfaicteur , & l'autre réveil
loit dans tous les efprits l'idée du plus
grand des biens , féduifirent la populace ,
qui prit auffi-tôt les armes.
Les tentatives que fit le Sénat pour oppofer
la force aux conjurés ayant été funeftes
, il tourna fes'vûes vers la négociation.
Anfaldo Juftiniani , un des Sénateurs
députés , s'avança dans le lieu du tumulte
, & demanda froidement à parler au
nom de la République , au Comte de Fiefque
. Cet homme dangereux n'étoit plus ;
en voulant paffer fur une galere , il étoit
tombé dans la mer , & s'y étoit noyé. » Le
» fecret pouvoit être facilement gardé juf-
» qu'à la fin de l'action , fans la vanité
» puérilę de Jerôme , qui répondit à Juſ
» tiniani qu'il n'y avoit plus d'autre Com-
» te de Fiefque que lui , & qu'il n'écou-
» teroit les propofitions qu'on avoit à lui
faire , que lorfqu'on lui auroit livré le
Palais . Une réponſe auffi imprudente
» eut les fuites qu'elle devoit avoir. Le Sénat
raſſuré par le feul événement qui pût
"
DECEMBRE. 1754. 147.
changer fur le champ & d'une maniere
» ftable la fituation des chofes , montra de
» la fermeté ; & les conjurés , par une rai-
» fon contraire , perdirent toute leur au-
ور
"
dace. A mefure que la mort de leur
» cheffe répandoit , & elle fe répandit fort
» vîte , on voyoit les efprits fe refroidir ,
le-courage expirer dans tous les coeurs ,
& les armes tomber des mains . Ceux
»même que des haines plus vives , de
plus grands intérêts, ou un caractere plus
emporté avoient rendus jufqu'alors plus
» redoutables que les autres , fe laiffoient
» abbattre par la terreur commune. La ré-
» volution fut fi générale , qu'au point du
" jour il n'y avoit pas un feul factieux dans
» les rues de Gênes : ils étoient tous reti-
» rés dans leurs maifons , difperfés dans
» la campagne , ou retranchés dans quel-
» que pofte .
Aing finit cette confpiration , qui par
l'événement établit fur des fondemens prefque
inébranlables l'autorité qu'on avoit
voulu détruire.
politiques de l'Europe , depuis l'élévation
de Charles- Quint au thrône de l'Empire ,
jufqu'au traité d'Aix - la-Chapelle en 1748.
Par M. l'Abbé Raynal , de la Société royale
de Londres , & de l'Académie royale des
Sciences & Belles Lettres de Pruffe . Se
vend chez Durand , au Griffon , rue Saint
-Jacques ; 1754 , 3 vol . in- 8 °.
J'ai déja rendu compte des deux pres
miers volumes de mon ouvrage , je vais
donner l'extrait du troifieme ; il renferme
trois morceaux.
112 MERCURE DE FRANCE.
Hiftoire des révolutions arrivées en Suede
depuis 1515 jufqu'en 1544.
La Suede qui avoit jetté un fi grand éclat ,
lorfque fes habitans , connus fous le nom
de Goths , renverferent l'Empire romain &
changerent la face de l'Europe , étoit retombée
peu -à-peu dans l'obfcurité . Des dif
fenfions domeftiques & les vices du gouvernement
, avoient formé une efpece
d'anarchie , qui auroit cent fois perdu le
Royaume fi les peuples voifins avoient eu
des loix plus fages . Toutes les nations du
Nord languiffoient dans la même barbarie ,
& l'afcendant que les unes pouvoient prendre
fur les autres , ne devoit point venir
de la fupériorité de politique , mais du
bonheur des circonftances ; elles furent
pour le Dannemarc.
Marguerite qui y regnoit , joignoit à
»l'ambition ordinaire à fon fexe , une fui-
» te de vûes qu'il n'a pas fi communément.
» Elle parloit avec grace , & fçavoit em-
»ployer au befoin ce ton de fentiment , qui
» tient fouvent lieu de raifon & qui la rend
toujours plus forte. Contre l'ufage des
» Souverains , elle abandonnoit les appa-
» rences de l'autorité pour l'autorité même ;
» & elle retenoit le Clergé dans fes inté-
» rêts , en lui faifant prendre des déférences
DECEMBRE. 1754 113
»
ور
»
"
pour du crédit. Ce qu'elle faifoit éclater
de magnificence , n'avoit jamais pour ob-
»jet fes goûts , mais fa place ; & foit qu'el-
» le donnât , foit qu'elle récompenfât , c'é
»toit toujours en Reine & au profit de la
Royauté. Lorfque fes projets n'étoient
pas traversés par la loi , elle la faifoit
» obferver avec une fermeté louable ; &
» l'ordre public étoit ce qu'elle aimoit le
» mieux après fes intérêts particuliers . On
» n'a gueres pouffé plus loin qu'elle le faifoit
le talent de paroître redoutable fans
l'être : elle intimidoit fes ennerais par
» d'autres ennemis qu'elle avoit l'art de
» faire croire fes partifans. Ce que fes
» moeurs avoient d'irrégulier étoit réparé
» dans l'efprit des peuples par les dons
» qu'elle faifoit aux Eglifes. Ces facrifices
» coûtoient à fon caractere ; mais fa politique
les faifoit à fa réputation.
"
"
Cette Princeffe entreprit de réunir la
Suede à fes autres Etats , & elle y réuſſit :
mais les Danois ayant abufé de leur fupériorité
, les Suédois trouverent bientôt l'occafion
de fecouer un joug qu'ils déteftoient
, & ils fe donnerent un maître qui
prit le titre d'Aminiftrateur. Les Rois de
Dannemarc n'abandonnerent pas les droits
qu'ils prétendoient avoir fur la Suede , &
ce fut une fource de guerres longues &
114 MERCURE DE FRANCE .
fanglantes entre ces deux Etats.
Chriftiern étoit monté fur le thrône de
Dannemarc ; c'étoit un monftre , qui prefque
au fortir de l'enfance avoit pouffé aux
derniers excès tous les vices , & n'avoit
pas même le mafque d'une vertu . Il ne
chercha point à rapprocher les Suedois du
traité d'union des deux Royaumes , il ne
chercha qu'à les foumettre. Le mécontentement
du Clergé de Suede étoit une difpofition
favorable pour ce Prince. Les Evêques
avoient joui d'une autorité fi étendue
fous les Rois Danois , qu'ils croyoient
ne devoir rien oublier pour ramener les
mêmes circonftances. L'Adminiftrateur
étant mort , ils voulurent mettre à fa place
Elric Trolle , vieillard timide , indolent
irréfolu , & qu'ils auroient fait fervir à
leurs vûes ; mais ce projet échoua. Stenon ,
fils du dernier Adminiftrateur , fut élu , &
il fit conférer l'Archevêché d'Upfal au fils
de Trolle ; démarche qu'il crut propre ,
fans doute , à confoler fon rival de fon
exclufion . Ĉe bienfait politique n'eut pas
le fuccès qu'il en attendoit . Trolle plus humilié
que touché du tendre & généreux
intérêt que ce Prince avoit pris à lui , fit
éclater un reffentiment qui allarma égale
ment pour Stenon & pour la patrie. Le
jeune Prélat ne pouvoit pas fe conføler de
DECEM BR E. 1754. 115
n'être que le fecond dans un état qu'il avoit
compté gouverner d'abord ſous le nom de
fon pere , & dans la fuite fous le fien . Son
mécontentement éclata bientôt.Il fe mit à la
tête du Clergé , s'unit avec les Danois , &
corrompit le Gouverneur de quelques places
fortes. Stenon inftruit de tout ce qui
fe tramoit contre l'Etat , convoqua le Sénat
, & Trolle fut reconnu pour l'auteur
& le chef de la confpiration. L'Archevêque
déterminé à la ruine de fon pays , par
un reffentiment que les contretems rendoient
plus vif, ne daigna ni juftifier fa
conduite , ni fe plaindre de fes complices :
il fe retira dans le châreau de Steke , en
attendant du fecours de Chriftiern. A perne
l'Adminiftrateur eut - il commencé le
fiége de cette place , que les Danois vinrent
faire une defcente près de Stockolm ;
Stenon y marcha avec une partie de fon
armée , & il fe livra un combat auffi fanglant
qu'il devoit l'être au commencement
d'une campagne entre deux nations rivales
, dans une occafion décifive & pour de
grands intérêts. La victoire fe déclara pour
La Suede , les Danois regagnerent leurs
vaiſſeaux , & l'Archevêque fut obligé de
fe rendre. Les Etats le déclarerent ennemi
de la patrie , l'obligerent de renoncer à fa
dignité , & le condamnerent à finir fés
jours dans un cloître.
116 MERCURE DE FRANCE.
"
23
» Quand le Pape n'auroit pas été follicité
par le Prélat dépofé & par Chriftiern
» de s'élever contre ce jugement , il l'au- |
» roit fait. La Cour de Rome dont les droits
» n'avoient pas été auffi bien éclaircis
» qu'ils l'ont été depuis , appuyoit indiffé-
» remment le Clergé dans toutes les affai-
» res , avec une vivacité & une fierté qui
» ne fe démentirent pas en cette occaſion .
» Elle fit menacer les Etats & l'Adminif
» trateur des cenfures de l'Eglife , s'il ne
rétabliffoient fans tarder l'Archevêque
fur fon fiége , & dans tous les avantages
» dont on l'avoit privé.
"
» Il eft glorieux pour l'humanité que
» dans un fiécle où la Philofophie avoit fait
» fi peu de progrès , un peuple entier ait
» diftingué l'autorité légitime du chef de
» la religion , de l'abus qu'il en peut faire.
» Les Suédois en marquant beaucoup de
» refpect au Souverain Pontife , parurent
» affez tranquilles fur les foudres qu'il préparoit
contr'eux. Ils témoignerent de la
répugnance à lui defobéir ; mais enfin ils
» lui defobéirent , & ils aimerent mieux
» l'avoir pour ennemi que de rifquer de
» rallumer dans leur patrie le feu des
» guerres civiles qu'ils avoient eu tant de
peine à éteindre. Si cette généreufe réfolution
avoit été accompagnée d'un ex-
"
و د
DECEMBRE. 1754 117
cès d'emportement , Rome fe feroit trou-
» vée heureufe : dans la réfolution où elle
» étoit de pouffer les chofes à l'extrêmité ,
elle auroit voula paroître forcée à des
❞ violences par des outrages qui les juftifiaffent.
L'impoffibilité de mettre les apparences
de fon côté , ne lui fit pas aban-
» donner fes vûes : elle mit en interdit la
» Suede , excommunia l'Administrateur &
» le Sénat , ordonna le rétabliſſement de
» Trolle , & pour comble d'injuftice , chargea
le Roi de Dannemarc de procurer
" par la voie des armes l'exécution d'une
Bulle fi odieufe.
و د
Chriſtiern étoit & fe montra digne d'une
telle commiffion. Il entra en Suede , & mit
tout à feu & à fang ; après bien des ravages
& bien des cruautés , les Suédois furent
défaits dans une bataille où Stenon fut
rué ; cet événement fit la deftinée de la
Suede ; tout tomba dans une confufion
horrible. Trolle qui avoit profité des malheurs
publics pour remonter fur fon fiége ,
convoqua les Etats. La craintelou la féduc
tion y firent reconnoître fans obftacle l'au
torité de Chriftiern , qui commença par
immoler à fon reffentiment & à fon ambition
tout ce qui auroit pu lui faire quelque
ombrage. Il fit maffacrer les Seigneurs
les plus diftingués de Suede & tout ce qui
118 MERCURE DE FRANCE.
reltoit d'hommes puiffans affectionnés à
leur patrie , ou aimés des peuples. Avec ces
victimes expira l'efpérance & prefque le
defir de la liberté. Les loix anciennes furent
abrogées , le defpotifme porté au dernier
période , & il ne fe fit aucun mouve
ment . Rien ne caufoit & ne pouvoit caufer
d'inquiétude à Chriftiern que la
fonne de Guftave Vaſa.
per-
Ce jeune Seigneur defcendoit des anciens
Rois de Suede , & s'étoit fignalé dans
plufieurs occafions ; c'étoit un homme fupérieur
, né pour l'honneur de fa nation
& de fon fiécle , qui n'eut point de vices ,
peu de défauts , de grandes vertus & encore
plus de grands talens.
Retenu en Dannemarc par une perfidie ,
il avoit trouvé l'occafion de s'échapper des
mains de Chriftiern , & s'étoit caché dans
les montagnes de la Dalecarlie. Après avoir
erré long- tems , forcé par le befoin de travailler
aux mines , il trouva enfin chez un
Curé un afyle , qui devint le berceâu de la
liberté , de la gloire & du bonheur de la
Suede. De concert avec cet Eccléfiaftique ,
homme fage , defintéreffé , inftruit , accrédité
, zélé pour fa patrie , Guftave commença
par échauffer les efprits , & il profita
du premier feu de l'enthoufiafme qu'il fit
aaître pour fe faire un parti. A la tête de
DECEMBRE. 1754. 119
par
quatre cens hommes il emporta d'affaut
une place commandée le Gouverneur
de la province ; fes premiers fuccès donnerent
de l'audace ; fa petite armée s'accrut
à vûe d'oeil , & il n'eût qu'à fe montrer
dans les provinces voisines de la Dalecarlie
pour les foulever. La timidité & l'indolence
du Viceroi que Chriftiern avoit
laiffé en Suede , donna à Guſtave le tems
de faire des progrès plus confidérables , de
groffir & de difcipliner fes troupes . Trolle
faifit le tems où les Dalecarliens s'étoient
retirés dans leurs pays pour faire la moiffon
; il fe mit à la tête de quatre mille
hommes , & alla attaquer brufquement
Guftave , qui n'étoit pas affez fort pour
l'attendre. Ce léger échec fut bientôt réparé
par Guftave , qui l'attaqua à fon tour
fi vivement , que l'Archevêque échappa à
peine avec la dixieme partie de fes troupes.
Les vainqueurs marcherent droit à Stockholm
; le Viceroi & l'Archevêque , dans la
crainte que quelque malheureux hazard
ne les fit tomber entre les mains de leurs
ennemis , s'enfuirent en Dannemarc . Leur
retraite fut un événement décifif pour
mécontens. L'indépendance du Royaume
parut affez affurée
pour qu'on crût pouvoir
convoquer fans rifque les Etats Généraux
, & donner quelque forme à un
,
les
120 MERCURE DE FRANCE.
Gouvernement qui n'en avoit point .
» L'affemblée ne fut pas nombreufe ; il
ne s'y trouva de Députés que ceux que
» l'amour de la patrie & la haine des tyrans
» élevoient au - deffus de tous les périls.
» Les réfolutions des hommes de ce carac-
» tere ne pouvoient manquer d'être har-
» dies & leurs démarches vigoureufes . Ils
» renoncerent folemnellement à l'obéïffan
» ce qu'ils avoient promife à Chriftiern ,
» éleverent leur Général , qui n'avoit dû
» jufqu'alors for autorité qu'à fon coura-
» ge , à la dignité d'Adminiftrateur , & ar-
» rêterent qu'on continueroit à faire une
» guerre vive & fanglante.
Tandis que Guftave reprenoit fur les
Danois les places qui leur reftoient en Suede
& qu'il formoit le fiége de Stockholm ;
la révolution qui fe fit en Dannemarc affûra
l'indépendance de la Suede. La tyrannie
& les excès de Chriftiern révolterent fes
fujets , & leur infpirerent une réfolution
violente . Ils déthrônerent ce Prince , qui
fe retira auprès de Charles - Quint fon beaufrere
, & ils placerent fur le thrône Frideric
, Duc de Holſtein.
Cet événement ôta aux Danois , qui
étoient encore en Suede , le courage , l'efpérance
& la force de s'y maintenir. Ceux
qui défendoient Stockholm offrirent de
capituler;
DECEMBRE . 1754. 125
capituler ; mais l'Adminiftrateur laiffa traîner
le fiége , fous prétexte de le finir d'une
maniere plus honorable , mais en effet pour
obliger par ce fantôme de péril les Etats
Généraux de lui déférer la couronne . Cette
politique étoit plus artificieufe que néceffaire.
Guftave fut proclamé Roi avec une
unanimité & un enthouſiaſme qui étoient
fûrement les fuites de la plus vive admiration
& d'une efpece d'idolâtrie . L'union
que fit ce Prince avec Frideric , acheva
d'établir la tranquillité , la gloire & l'indépendance
de la Suede. Guftave ne fongea
plus qu'à réformer l'intérieur du Royaume
, en fubftituant de bonnes loix à la barbarie
ancienne, & une police fage aux abus
introduits par les troubles civils. Il fut
éclairé , foutenu & dirigé dans fes vûes
par un homme célebre , qu'il eft important
de connoître à fond.
Ce confident habile fe nommoit Larz-
Anderfon , né de parens obfcurs & fans
fortune. Il avoit commencé à fe diftinguer
dans l'Eglife ; mais dégoûté d'une carriere
où l'on n'avançoit que par les fuffrages de
la multitude , il s'attacha à la Cour. » Guftave
démêla bientôt dans la foule des
» courtifans empreffés à lui plaire, un hom-
» me propre à le fervir ; & dédaignant
»toutes ces petites expériences fi néceffai-
11. Fol.
و د
F
22 MERCURE DE FRANCE.
» res aux Princes médiocres , & qui ne leur
»fuffifent même pas , il l'éleva tout de
» fuite au premier pofte du Royaume , &
» le fit fon Chancelier,
و ر
» Anderſon juſtifia cette hardieffe . C'é-
» toit un génie que la nature avoit fait pro-
» fond , & que les réflexions avoient étendu,
Quoiqu'il eut l'ambition des grandes
places , il avoit encore plus l'ambition
» des grandes chofes , & il aimoit mieux
voir croître fa réputation que fon crédit.
» Il n'étoit pas citoyen dans ce fens qu'il fe
» fût facrifié pour fa patrie ; mais il méri-
>> toit ce beau nom , fi on veut l'accorder
» aux Miniftres qui ont des idées aflez juf-
» tes pour croire que leur gloire eft infé-
»parable de celle de leur Roi & de leur na-
» tion. L'exemple de ceux qui l'avoient pré-
» cédé ni le jugement de ceux qui le devoient
» fuivre , n'étoient pas la régle de fa con-
»duite ; fes projets n'étoient cités qu'à fon
» tribunal & à celui de fon maître. Cette
» indépendance qui ne peut être fentie que
» par ceux qui l'ont , étoit accompagnée
» d'une fagacité qui faififfoit tout , depuis
»les premiers principes jufqu'aux dernie-
" res conféquences , & d'une lumiere qui
» fourniffoit des vûes fublimes & les expédiens
propres à les faire réuffir . Letalent
» de hâter les événemens fans les précipi
ter lui étoit comme naturel ; & en par
و د
39
DECEMBRE. 1754 123
-99
93
و د
roiffant céder quelquefois aux difficultés,
il venoit toujours à bout de les furmonter.
L'étude de l'hiftoire & fes réflexions
» l'avoient affermi contre les murmures ,
les tumultes , les révoltes même ; & il
» étoit convaincu qu'avec du courage , du
fang froid & de la politique on vient
» tôt ou tard à bout de fubjuguer les hom-
" mes & de les ramener à leurs intérêts. Il
fçavoit le détail des loix comme un Ma-
» giftrat , & en poffédoit l'efprit en Légiflateur.
On réfiftoit d'autant moins à fon
éloquence , qu'elle partoit d'une raifon
» forte . Ce Miniftre appartenoit plus à un
autre âge qu'à celui où il vivoit ; & fes
» contemporains qui n'étoient pas à beau-
>> coup près auffi avancés que lui , n'apperçurent
pas toute l'élévation de fon ca-
» ractere , ni l'influence qu'il eut fur les
» révolutions qu'éprouva la Suede .
บ
93
"
Ce Royaume étoit la proye des Eccléfiaftiques
: leur autorité pouvoit exciter de
nouveaux troubles , & ils poffédoient tout
l'argent , toutes les richeffes de la Suede . I
falloit trouver un prétexte pour les dépouiller.
Anderſon en imagina un ; c'étoit
d'introduire le Luthéranifme , qui faifoit
des progrès rapides en Allemagne , & qu'il
avoit adopté par cet efprit d'inquiétude fi
ordinaire à ceux qui font nés plus grands
Fij
124 MERCURE DE FRANCE .
que leur condition. Guſtave adopta les
vûes de fon Chancelier ; mais cette révolution
ne pouvoit fe faire que par dégrés :
on laiffa le tems au Luthéranifme de s'établir
dans le Royaume. Des Docteurs de
réputation qu'on fit venir d'Allemagne , lui
donnerent de l'éclat ; la faveur qu'ils parurent
avoir, leurs déclamations, le goût de la
nouveauté entraînerent bientôt une partie
de la nation . A mefure que le Luthéranifme
faifoit des conquêtes fur le Royaume ,
Guftave en faifoit fur le Clergé. Il commença
par abolir une efpece d'impôt que
les Curés avoient mis fur certains péchés .
Il ôta aux Evêques le droit qu'ils avoient
ufurpé d'hériter de tous les Eccléfiaftiques
du fecond ordre. Les troupes furent mifes
en quartier d'hiver fur les terres du Clergé ,
ce qui étoit fans exemple : enfin il propofa
de prendre les deux tiers des dîmes pour
l'entretien des troupes , & une partie de
l'argenterie & des cloches des Eglifes riches
pour abolir , en payant les étrangers ,
les privileges odieux dont ils jouiffoient.
Ces expédiens furent généralement approuvés
; & s'il y eut quelque mécontentement
, il n'éclata pas.
Guftave mit la derniere main à fes grands
deffeins, en convoquant les Etats Généraux
à Vefteras en 1527. Les innovations qu'il
DECEMBRE . 1754. 125
propofa pour achever d'écrafer la puiffance
du Clergé , parurent trop hardies , &
le ton de defpotifine qu'il prit étoit trop
nouveaupour ne pas exciter quelques mou.
vemens ; mais ils n'eurent point de fuites .
Les troubles furent bientôt appaifés , & ce
que les Etats avoient arrêté fut établi fans
obftacle. » Le mépris pour la Communion
» Romaine fuivit la ruine & l'aviliffement
» du Clergé , qui avoient été le but de tou-
» tes les innovations qu'on venoit d'intro-
» duire. Guftave fe déclara enfin Luthe-
» rien , & toute la nation voulut être de
» la religion du Prince . Rien ne prouve
» les progrès de l'efprit de fervitude dans
» un Etat , comme l'influence du Souverain
fur la croyance des peuples. Le facrifice
de fes opinions qui coûte fi peu à
» la Cour , où on n'a proprement que des
préjugés , eft fi grand à la ville & dans
» les provinces où on a des principes ,
» qu'il prépare à tous les autres facrifices ,
» & même les affure . Auffi lorfque Guf-
» tave demanda aux Etats en 1544 , que
» la Couronne qui avoit toujours été élec-
» tive fû: déclarée héréditaire , il n'éprou
» ya point de contradictions .
" Tel fut le dernier acte d'un des regnes
les plus éclatans que le Nord ai vû ;
» nous ajouterions d'un des plus heureux ,
Fiij
126 MERCURE DE FRANCE.
»fi Guſtave avoit été auffi jufte qu'il étoir
»grand , & fi en faifant par fon caractere
»le bonheur de la génération qu'il gou-
» vernoit , il n'avoit pas préparé le mal-
» heur de celles qui devoient la fuivre ,
en établiffant un defpotifme dont fes fuc-
»ceffeurs ne pouvoient manquer d'abuſer .
Hiftoire du divorce de Henri VIII. Roi
d'Angleterre , & de Catherine d' Arragon ,
depuis 1527 jufqu'en 1534.
Henri VII , furnommé dans l'hiftoire le
Salomon de l'Angleterre , voulut rendre à
fa couronne , par une alliance avantageufe,
l'éclat que les guerres civiles lui avoient
fait perdre , & il obtint pour le Prince de
Galles fon fils , Catherine d'Arragon . Ce
mariage ne fut pas heureux ; le jeune Prince
mourut un an après , à l'âge de quinze
ou de feize ans. Cet événement pouvoit
Fompre les liens qui uniffoient l'Espagne
& l'Angleterre , & qui les rendoient redoutables
à tous leurs voifins. Pour calmer
les inquiétudes des deux Puiffances , il fut
arrêté que le nouveau Prince de Galles
épouferoit la veuve de fon frere . Pour former
ces nouveaux noeuds , on eut befoin
d'une difpenfe , & le Pape Jules fecond
l'accorda,
DECEMBRE. 1754. 127
Henri & fa belle-four furent fiancés
folemnellement en 150;, & le Prince qui
n'avoit alors que douze ans , n'eut pas
plutôt atteint fa quatorziéme année qu'il
it en préſence de plufieurs témoins une
proteftation en forme contre le confentement
qu'il avoit donné. Cette proteſtation
fut tenue fecrette jufqu'à la mort de
Henri VII en 1509 , & le mariage fur
célébré la même année . » Catherine avoit
» des vertus , mais les agrémens de fon
» fexe lui manquerent. Elle n'avoit ni grace
» ni dignité , ni defir de plaire ; fa triftefle
» & fon indolence augmenterent avec l'âge
» & les infirmités . Le dégoût de Henri qui
»> ne l'avoit jamais aimée , devint infen-
» fiblement extrême , & ouvrit le coeur de
» ce Prince à une paffion fort vive pour
» Anne de Boulen.
Anne étoit plus que belle , elle étoit
piquante. Ses traits manquoient de régularité
; il en réfultoit cependant un
enfemble qui furpaffoit la beauté même.
» Une taille parfaite , le goût de la danfe ,
» une voix touchante , & le talent de
jouer avec grace de plufieurs inftru-
» mens , relevoient en elle l'éclat de la
premiere jeuneffe. Quoique la France
ne fût pas alors autant qu'elle l'a été
depuis en poffeffion de fervir de modele
"
Fiiij
128 MERCURE DE FRANCE.
» aux autres peuples , Anne y avoit pris
» des manieres , un ton , des modes , qui
» fixerent fur elle les yeux & prefque l'ad-
» miration de la Cour de Londres. Cette
premiere impreffion fut foutenue par une
» converfation vive & légere , par un enjouement
ingénieux & de tous les inftans.
Les foupçons que pouvoit faire naître
fon air libre & trop carreffant, étoient
détruits par fon âge & par fa diffipation.
Elle ne montroit de l'empreffement
"que pour les plaifirs & pour les fêtes ; &
il paroiffoit fi peu d'art dans fa conduite Ᏺ
qu'il étoit prefque impoffible de lui fup-
»pofer des projets. Sa coquetterie ne fit
pas & ne devoit pas faire des impref-
»lions fâcheufes on la regarda comme
» une fuite de l'éducation frivole qu'elle
avoit reçue , & non comme un vice du
» coeur, ou le fruit de la réflexion . Les
» événemens prouverent que fon caractere
» avoit échappé aux courtifans les plus dé-
» liés : elle fe trouva diffimulée , profonde
, ambitieufe , & fut tout cela à un
» haut dégré & avant vingt ans.
Percy parut le premier fenfible aux char
mes d'Anne , ou fut , fi l'on veut , le premier
féduit par fon adreffe. Ses foins furent
acceptés , & leur union alloit être
confommée fi l'amour du Roi n'y avoit mis
DECEMBRE. 1754. 129
1
obftacle. Percy fut forcé de renoncer à fa
maîtrelle : Henri déclara lui-même à Anne
les fentimens qu'il avoit pour elle , mais
il la trouva plus fiere qu'il ne l'avoit cru.
Eclairée fur la violence de la paffion qu'elle
avoit infpirée , elle parut plus offenfée que
Alattée des propofitions du Prince , & lui
fignifia qu'elle feroit fa femme ou ne lui
feroit rien. C'est à cette époque que les
écrivains Catholiques fixent la premiere
idée qu'eut Henri de faire divorce avec
Catherine ; les Proteftans la font remonter
plus haut. On n'eft pas moins embarraſſé
fur la date précife de la réfolution qu'il
en prit ; on auroit évité de longues & ameres
conteftations , fi on avoit été affez
defintéreffé de part & d'autre , pour voir
que le Cardinal Wolfey étoit l'unique ,
ou du moins la principale caufe de ce
grand événement.
Cet homme célébre , rapidement paffé
de la condition la plus baffe au miniſtere
& à la pourpre , avoit d'abord embraffé le
parti de l'Empereur , & il l'abandonna
enfuite , parce qu'il vit que ce Prince l'avoit
trompé par les fauffes efpérances qu'il
lui avoit données de le placer fur le trône
de l'Eglife . Wolfey voulut humilier Charles-
Quint , en faisant répudier Catherine
d'Arragon fa tante. Ce Cardinal porta
Fv
130 MERCURE DE FRANCE..
dans cet odieux procès plus d'adreffe que :
la paffion n'en permet ordinairement , &
plus de circonfpection qu'on ne l'auroit:
dû efpérer de la hauteur & de l'emporte--
ment de fon caractere. Il commença par
perfuader le Confeffeur du Roi , dont les .
remontrances firent naître des doutes dans
l'efprit de Henri , & ces fcrupules joints à
la décision de quelques Théologiens , le
déciderent entierement pour le divorce..
Sa réfolution ne tarda pas d'éclater. Trois
Ambaffadeurs François étant arrivés en Angleterre
, conclurent fans beaucoup de difficultés
, un traité de paix perpétuelle entre
les deux nations , & ils arrêterent que:
Marie , fille de Henri , épouferoit François
I. ou fon fecond fils le Duc d'Orléans
.
"
"
» L'Evêque de Tarbes , celui des Am-
» baffadeurs qui avoit le plus le talent des
" affaires , & le feul qui eut le fecret de
» celle-là , parut environ huit jours après
la fignature du traité , mécontent d'une
» négociation dont le fuccès éroit regardé
» comme complet. Son chagrin fut remar
» qué comme il le devoit être , & on cher-
» cha à en deviner la caufe . Le public s'é-
" puifa à l'ordinaire en conjectures , & les
gens en place en queftions. Lorfque le
» Prélat crut avoir affez long-tems tenu
DECEMBRE. 1754. 131
les efprits en fufpens , il fe laiffa arra-
» chet fon fecret : il dit avec un certain
embarras affez ordinaire à ceux qui ont
des vérités fâcheufes à annoncer aux
Princes , qu'il craignoit beaucoup qu'u-
»ne partie des liens que venoient de for-
>> mer les deux nations , ne fuffent bien-
» tôt rompus , & qu'en particulier le mariage
projetté ne pût pas s'exécuter. Preffé
» de s'expliquer fur le myftere que renfer-
» moient ces dernieres paroles , il avoua
» qu'il croyoit nulle l'union de Henri &
» de Catherine , & qu'il étoit inftruit que
» les Théologiens les plus habiles ne pen-
» foient pas autrement que lui.
» Le Roi parut frappé de ce difcours
» comme il l'eût été d'un coup de foudre ;
fon but étoit de perfuader par cet éton-
» nement à l'Europe que le premier doute
» fur fon mariage lui étoit venu à cette oc--
» cafion.
Les fcrupules de l'Evêque de Tarbes furent
regardés comme des vérités incontef
tables , & il partit fur le champ pour l'I--
talie un Miniſtre , chargé de folliciter au--
près du Saint Siége la diffolution du ma--
riage avec Catherine .
Člement VII . qui gouvernoit alors , étoit
encore prifonnier au Château Saint - Ange.-
Le fecours prompt & affuré qu'on lui pro-
Fvj
132 MERCURE DE FRANCE.
mit , l'auroit infailliblement déterminé à
faire ce qu'on exigeoit de lui , s'il n'eût
été arrêté par la crainte de Charles - Quint.
Lorfque le Pape fut libre , les négociateurs
Anglois devinrent plus preffans , mais leur
adreffe & leur activité ne purent vaincre
fes irréfolutions. Il vint à bout de faire
naître des obftacles & des incidens fort
naturels , qui reculoient la décifion de cette
affaire . Après bien des détours & des lenteurs
, preflé par les inftances de l'Angleterre
, Clement établit enfin Wolfey juge
de l'affaire du divorce , & on lui donna
pour adjoint le Cardinal de Campege , qui
s'étoit trouvé du goût des deux Cours.
Il n'y avoit qu'à fuivre la négociation
de Campege , pour être convaincu que le
Pape ne donneroit jamais les mains à un
projet contraire aux intérêts de fon Siége
& à ceux de fa maifon , & qu'il vouloit
feulement obtenir par ce moyen un traitement
plus avantageux de Charles. Quint.
L'affaire fe rempliffoit tous les jours de
nouvelles difficultés. Henri que fa paffion
mettoit dans un état violent , fatigué
de tant d'indécifions , envoya de nouveau
à Clément deux Miniftres pour preffer l'exécution
de fon projet ; mais leurs infinuations
n'ayant pas eu le fuccès qu'ils
s'étoient promis , ils eurent recours à des
DECEMBRE. 1754 133
moyens odieux. Ils joignirent aux reproches
les plus humilians , des menaces effrayantes.
On faifoit craindre au Pape d'être déposé ,
fous prétexte que fon élection avoit été
irréguliere ; que l'Angleterre ne fecouât un
joug qui devenoit tous les jours plus dur &
plus injufte , & que l'Europe entiere éclairée
& enhardie par un exemple fi frappant ,
ne renonçât à l'ancien préjugé qui la tenoit
fous la domination du S. Siége. Ces
moyens ne réuffirent pas , & l'affaire du
divorce fut ramenée au tribunal de Wolfey
& de Campege. Les Légats , après l'examen
de cette caufe finguliere , citerent le
Roi & la Reine pour le 18 Juin 1529. La
Reine comparut devant eux , mais les recufa
pour juges , & ne voulut jamais fe
défifter de fa récufation . » On l'auroit peut-
» être crue occupée de fa vengeance , fi
nenfe précipitant devant toute l'aflemblée
" aux pieds du Roi , elle n'avoit fait voir
» qu'il n'y avoit dans fon coeur que le défir
» & peut- être l'efpérance de regagner un
» coeur qu'elle avoit malheureufement perdu.
Cette pofture , fon amour & fes infortunes
lui infpirerent tout ce qu'on
peut imaginer de plus modeste , de plus
» tendre & de plus touchant. Dès qu'elle
» eut fini de parler , elle fe retira , & alla
attendre dans l'obfcurité , dans les lar134
MERCURE DE FRANCE.
" mes & dans l'incertitude les effets d'une
» fcene aufli attendriffante que celle qui
» venoit de fe paller.
» Le denouement de ce coup de théatre
» ne fut pas tel qu'on avoit cru pouvoir
» l'efpérer. Tout l'attendriffement qu'on
avoit remarqué dans le Prince fe réduifoit
à une compaffion ftérile , & à des
éloges vagues. Henri rendit justice à la
» conduite exemplaire , à l'humeur douce ,
» à la foumiffion fans bornes de Cathe-
» rine ; & il parut fâché que la religion &
la confcience ne lui permiffent pas de
finir fes jours avec une Reine malheureufe
, qui n'avoit jamais rien dit ni rien-
»fait que de louable .
Tandis que Campege éloignoit tant qu'il
pouvoit la décifion de cette affaire , l'Empereur
fit un traité à Barcelone , dans lequel
il traitoit favorablement le S. Siége
dans la vûe de fe venger , fur tout du Roi
d'Angleterre , qui l'infultoit cruellement
dans la perfonne de fa tante. Le Pape immédiatement
après fon raccommodement
avec l'Empereur , évoqua l'affaire du divorce
, & fe rendit par cette démarche foible
& imprudente , l'inftrument d'une hai
ne , d'un orgueil , d'une politique qu'il auroit
dû traverfer , & dont il pouvoit trèsaifément
devenir la victime.
DECEMBRE.
1754. 135
Campege s'en retourna à Rome , & Wol- .
fey fut immolé au reffentiment du Roi ; il
fe vit accablé d'une fuite d'accufations
d'opprobres & de malheurs qui le conduifirent
au tombeau.
Henri dont les contretems ne faifoient
qu'irriter la paffion , fut obligé de chercher
d'autres moyens on lui confeilla deconfulter
toutes les Univerfités de l'Europe.
Celle d'Oxford & de Cambridge étoient
vendues à la Cour , & déclarerent le mariage
nul. Celles de France furent affez
partagées , & la Sorbonne , divifée en plufieurs
factions , ne céda qu'à des vûes d'intérêt
& de politique à la volonté du Roi
& à l'argent d'Angleterre. Le dernier de
ces moyens fut feul affez puiffant pour gagner
les Univerfités d'Italie . La fureur de
fe vendre étoit montée à tel point qu'on
avoit un Théologien pour un écu ; quelquefois
pour deux une Communauté entiere
, & qu'un Couvent de Cordeliers
paffa pour cher parce qu'il en coûtoit dix.
Mais les Théologiens Allemans ne cederent
ni à la féduction ni aux follicitations ,.
& refuferent de fe déclarer pour le divorce.
La Cour de Rome vit ces manoeuvres
avec une indifférence méprifante : c'étoit
un étrange aveuglement de penfer qu'on
136 MERCURE DE FRANCE.
la fubjugueroit par les décisions de quelques
Théologiens . Cette Cour trop intéreffée
depuis long-tems , & trop politique
pour fe conduire par les maximes foibles ,
bornées & incertaines des cafuiftes , regardoit
malheureufement moins la religion
comme fa fin , que comme un moyen d'y
arriver.
Henri qui voyoit avec douleur le peu
de fruit qu'il tiroit de toutes fes démarches
, forma , pour fe venger de Clement ,
le deffein de lui enlever l'Angleterre . Il
commença par défendre , fous des peines
capitales , de recevoir aucune expédition
de Rome qui ne fût appuyée de fon autorité
. Il attaqua les privileges du Clergé , &
dépouilla le Pape de fes droits les plus effentiels.
Dans le même tems , Catherine
preffée de nouveau de confentir au divorce
, & toujours ferme dans ſon refus , fut
obligée de s'éloigner de la Cour , où elle
ne retourna jamais.
Le Roi d'Angleterre voulut enfin terminer
fes irréfolutions , en fuivant le confeil
que lui donna François I. de fe paffer
de la difpenfe du Pape , & d'époufer fans
délai une femme aimable , qui étoit devenue
néceffaire à fon bonheur. Le mariage
fe fit , & demeura fecret jufqu'à la
groffeffe d'Anne de Boulen , qui força de
DECEMBRE . 1754. 137
le rendre public avant même qu'on eût pû
déclarer nul celui de Catherine. Cette derniere
opération fut l'ouvrage de Cranmer ,
Archevêque de Cantorbery , qui engagea
le Clergé d'Angleterre à prononcer fur
l'affaire du divorce ; & malgré la précaution
qu'avoit prife le Pape de fe referver
la connoiffance de ce grand procès , le ma--
riage fut caffé folemnellement. Anne entra
en triomphe dans Londres , & y fut reçue
avec un éclat & une magnificence finguliere
.
Clément apprit avec un dépit fenfible
ce qui venoit de fe paffer : il fit une Bulle
qui excommunioit Henri & Anne de Boulen
, s'ils ne fe quittoient dans quelques
mois ; & après de nouvelles négociations
pour terminer cette affaire , le Pape affembla
fon Confiftoire , & le réfultat fut une
fentence qui obligeoit le Prince à repren
dre Catherine , fous peine d'excommunication
pour lui , & d'interdit pour fon
Royaume. Le Parlement avoit prévenu ce
jugement par une loi qu'il avoit faite quelques
jours aparavant , & qui défendoit de
reconnoître l'autorité du Pape. Henri recueillir
le fruit d'une politique profonde &
fuivie ; & fans faire d'autres changemens
dans la religion , il défendit tout commerce
avec le S. Siége , & voulut être lui -même
138 MERCURE DE FRANCE.
chef de l'Eglife dans fon Royaume . La nation
adopta les idées fchifmatiques qu'on
lui préfentoit ; elle fuivit depuis les opinion
de Zuingle fous Edouard , retourna à
la communion de Rome fous Marie , & fe
forma fous Elizabeth un culte qu'elle profeffe
encore aujourd'hui , fous le nom de
Religion Anglicane.
Hiftoire de la conjuration de Fiefque
en 1546 & 1547.
André Doria délivra en 1528 la République
de Gênes du joug de la France ,
& y établit l'ordre qui fubfifte encore aujourd'hui,
Ce plan de Gouvernement , le feul
peut-être qui pût convenir au caractere
» des Génois , & à la fituation où ils fe
» trouvoient , les devoit raffurer naturelle-
» ment contre les entreprifes de Doria . Si
» ce grand Capitaine eût en réellement
» les vûes que lui ont fuppofées la plupart
" des hiftoriens , ou il auroit laillé fon
"pays dans l'anarchie , ou il y auroit éta-
39
bli des loix mauvaifes , ou il fe feroit
" emparé de la dignité de Doge ; trois
» voies qu'il lui étoit aifé de prendre , &
» dont chacune devoit prefque néceffaire-
» ment le rendre maître de la République.:
33
DECEMBRE. 1754. 139
» Avec un peu d'attention , on démêle
» qu'il ne cherchoit ni à être tyran ni à
» être citoyen , & qu'il vouloit fe venger
» feulement de la France , qu'il avoit bien
fervie , & dont il étoit mal traité. Ce
projet qui étoit connu de tout le monde
, & celui de maintenir la révolution ,
» l'autorifoit , fans qu'on en prît ombrage ,
» à fe charger , comme il fit , du comman
dement des galeres de Charles Quint . 11
eft vrai que ce moyen avoit quelque
» chofe d'équivoque , & qu'il pouvoit fer-
» vir à opprimer la liberté publique auffi
bien qu'à la défendre : mais l'ordre que
» Doria avoit d'abord établi dans l'Etat ,
étoit une preuve de modération , que ce
» qu'il avoit laiffé voir d'ambition ne de-
» voit gueres affoiblir , & que fa conduite
» fortifioit extrêmement. Content de l'em-
» pire que lui donnoient fur les efprits &
>> fur les coeurs les grandes chofes qu'il
» avoit faites , il paroiffoit préférer de
» bonne foi la tranquillité de la vie privée
» à l'embarras des grandes places , & fe
» livrer aux affaires plutôt par zéle que
" par goût. Il y a apparence que des dehors
auffi impofans auroient trouvé une
» confiance entiere , fans la préfomption:
» & les hauteurs d'un parent éloigné qu'il.
avoit adopté pour fils ..
140 MERCURE DE FRANCE.
Ce jeune homme fe nommoit Jeannetin
Doria : condamné dès fes premieres années
à des travaux obfcurs , l'yvreffe où le jetta
le changement de fa fortune lui donna un
orgueil & des manieres qui révolterent
tout ce qui avoit de l'élévation dans l'ame ,
& fingulierement Jean- Louis de Fiefque ,
Comte de Lavagna. Ce jeune Seigneur ,
l'homme le plus riche de la République ,
éroit magnifique , aimable & féduifant :
avec un grand nombre de qualités brillan
res , il avoit l'apparence de plufieurs vertus.
» L'inquiétude qui le pouffoit aux gran-
» des places , venoit du defir qu'il avoit de
» faire de grandes chofes ; l'ambition ne
» lui étoit infpirée que par la gloire. Une
" erreur , qui étoit plutôt un malheur de
» fon âge qu'un défaut de fon efprit , lui
» fit confondre la célébrité avec une répu-
" tation fondée : il alla jufqu'à croire qu'il
» lui fuffiroit d'occuper de lui fes contem-
" porains , pour llaaiiffffeerr uunn grand nom à la
» poftérité. Tous ceux qui l'avoient étu-
» dié & qui fe connoiffoient en hommes ,
» lui trouvoient à vingt- deux ans une po-
»litique très- raffinée & une diffimulation
impénétrable : il leur paroiffoit né pour
» affervir fa patrie ou pour l'illuftrer .
Fiefque ne pouvoit manquer d'être mécontent
de la fituation où fe trouvoit la
DECEMBRE.
1754. 141
République . Il lui parut également indigne
de lui de vivre dans l'obfcurité , ou d'en
fortir par la faveur d'un homme qu'il méprifoit.
» Entre plufieurs moyens que lui
و ر
préfenta une imagination forte & impé-
» tueufe , celui de faire périr les Doria fut
» le feul qui lui parût infaillible , & il s'y
» arrêta avec beaucoup de fang-froid & de
» fermeté. La néceffité de changer la for-
» me du Gouvernement pour foutenir
» une démarche auffi hardie , ne l'effraya
» pas , & fut peut -être fans qu'il s'en dou-
» tât un motif de plus : il devoit paroître
» doux à un homme de fon caractere d'ab-
» battre d'un même coup fes ennemis , &
» de fe placer à la tête d'un Etat affez puif-
» fant. La révolution devoit être l'ouvrage
» du génie feul pour la maintenir , la
force étoit néceflaire , & Fiefque qui le
» vit , penſa à ſe ménager l'appui de la
» France.
Cette Cour entra aifément dans les vûes
de Fiefque ; & dans l'efpérance de fe venger
de Doria & de reprendre le Milanès fur
l'Empereur , elle accorda des fecours confidérables.
Fiefque inftruit que les mêmes
paffions qui lui avoient rendu la Cour de
France favorable , regnoient à celle du
Pape , s'occuppa du foin de les mettre en
jeu. Il alla lui-même à Rome pour négo142
MERCURE DE FRANCE.
cier cette affaire , & il écarta les foupçons
que ce voyage pouvoit faire naître , par,
l'attention qu'il eut au milieu de fes projets
de ne paroître occupé que de fes plaifirs
, & par l'art de cacher des deffeins
profonds fous un air frivole. Il trouva
Paul III. auffi bien difpofé qu'il le fouhaitoit
, & ce Pontife approuva la révolution
avec de grands éloges .
Fiefque ne s'occupa plus que du foin
de mettre la derniere main à fon entre-"
prife , & il ne put en être détourné
par les
remontrances d'un de fes plus zélés partifans
: c'étoit Vincent Calcagno , homme
d'un certain âge , & qui avoit une efpéce
de paffion pour le jeune Comte. » Comme
" il avoit le fens droit , les grandes entre-
» prifes commencoient par lui être toujours
fufpectes . Il étoit d'ailleurs né timide ,
» & les réflexions ou l'expérience qui chan
» gent quelquefois les caracteres , l'avoient
» affermi dans le fien. Tout ce qui avoit
» l'air trop élevé lui paroiffoit chimérique ,
" & il regardoit comme imprudent tout
» ce qu'on abandonnoit au hazard. Son
imagination étoit plus aifément étonnee
» que fon coeur ; & il étoit ferme jufques
» dans les périls qu'il avoit prévûs & qu'il
ور
و ر
avoit craints.
Le chef de la conjuration forma d'i
DECEMBRE. 1754. 143
bord fon attention à ne pas fe laiffer pénétrer
, & il fe rendit en effet impénétrable.
Sa conduite avoit quelque chofe de fi naturel
& de fiaifé , qu'il n'étoit pas poffible d'y
foupçonner le moindre myftere. André Doria
, malgré la profonde connoiffance qu'il
-avoit des hommes , fe laiffa impofer par ces
apparences , & Jeannetin fut féduit par les
témoignages d'eftime & d'attachement que
Fiefque lui prodigua.
Le Comte fçut fe concilier les négocians
, cette précieufe portion de citoyens
fi honorée dans le gouvernement populaire
, fi opprimée dans le defpotique , fi
négligée dans le monarchique , & fi méprifée
dans l'ariftocratique , en leur exagérant
le tyrannique orgueil des nobles
& en leur laiffant entrevoir la poffibilité
-de s'en délivrer. Par là il s'affuroit du peuple
, qui fuit aveuglément le mouvement
qui lui eft communiqué par ceux qui le font
travailler ou qui le font vivre un extérieur
brillant , des manieres ouvertes & polies
, des bienfaits répandus adroitement ,
acheverent de lui gagner la multitude.
Il ne manquoit à Fiefque que des fol-
' dats. Il eut une occafion favorable , & qui
fe préfentoit naturellement , d'en lever dans
fes terres. Il prit des arrangemens fecrets
avec Pierre- Louis Farnefe Duc de Parme
144 MERCURE DE FRANCE.
& de Plaifance , qui lui promit un fecours
de deux mille hommes. Il fit venir une
galere qui lui appartenoit , dans le port de
Gênes fes amis débaucherent quelques
foldats de la garnifon , & s'affurerent dedix
mille habitans déterminés : avec ces forces
réunies , les conjurés crurent qu'il étoit
tems de prendre une derniere réfolution.
La nuit du premier au fecond Janvier
fut l'inftant arrêté pour l'exécution de leur
projet . L'époque étoit adroitement fixée.
Comme le Doge qui fortoit de place le
premier du mois , ne pouvoit être remplacé
que le quatre , la République devoit fe
trouver dans une eſpèce d'anarchie , dont
il étoit poffible de tirer parti.
Un des chefs de la conjuration , & un
de ceux fur qui Fiefque comptoit le plus ,
étoit Jean Baptifte Verrina , » homme bra-
» ve , impétueux , éloquent : il avoit l'efprit
vafte , mais déréglé ; le coeur élevé ,
» mais corrompu . Son penchant l'entraî
»noit au crime , & le mauvais état de
» fes affaires le lui rendoit prefque indifpenfable.
Une imagination vive &
» forte lui préfentoit fans ceffe des projets
finguliers & hardis , dont il n'examinoit
» jamais ni la juftice ni les refforts , &
» dont il prévoyoit rarement les fuites. Il
étoit ennemi de tout repos , du fien
33
par
inquiétude ,
DÉCEMBRE. 1754. 145
99
inquiétude , de celui des autres par ambition
. Le Gouvernement établi dans fa
patrie lui déplaifoit , précisément parce
qu'il y étoit établi ; & tous ceux qui
» entreprendroient de le changer étoient
fûrs de trouver en lui des confeils dangereux
& des fervices utiles . Ce caractere
»l'avoit rendu cher à Fiefque , dont il régloit
les plaifirs , partageoit la fortune
» & dirigeoit en quelque maniere les paf-
"
fions.
>
Le jour arrêté pour la révolution commençoit
à luire , que les conjurés firent les
dernieres difpofitions. Verrina fe rendit à
l'entrée de la nuit fur la galere de Fieſque
qui étoit fon pofte ; il donna par un coup
de canon le fignal de l'attaque , & l'action
fut auffi - tôt engagée dans l'ordre qui avoit
été projetté. On commença par attaquer
ceux qui défendoient les portes de la ville
les plus effentielles , & dont on ſe rendit
bientôt maître . Jeannetin s'étant éveillé au
bruit , & étant accouru , fut reconnu &
maffacré fur le champ. André Doria euc
le tems de fe fauver dans un château à
quinze mille de Gênes . Cette lâcheté dans
un vieillard célébre par fa valeur , ne doit
furprendre que ceux qui ne connoiffent pas
les hommes .
Les avantages que remporterent les con-
II.Fol, G
146 MERCURE DE FRANCE.
jurés , redoubla leur activité & leur courage
: après s'être fortifiés à la hâte dans les
poftes dont ils s'étoient emparés , ils ſe
répandirent dans les rues en criant , Fiefque
& liberté. Ces deux mots , dont l'un rappelloit
à un grand nombre d'ouvriers le
nom de leur bienfaicteur , & l'autre réveil
loit dans tous les efprits l'idée du plus
grand des biens , féduifirent la populace ,
qui prit auffi-tôt les armes.
Les tentatives que fit le Sénat pour oppofer
la force aux conjurés ayant été funeftes
, il tourna fes'vûes vers la négociation.
Anfaldo Juftiniani , un des Sénateurs
députés , s'avança dans le lieu du tumulte
, & demanda froidement à parler au
nom de la République , au Comte de Fiefque
. Cet homme dangereux n'étoit plus ;
en voulant paffer fur une galere , il étoit
tombé dans la mer , & s'y étoit noyé. » Le
» fecret pouvoit être facilement gardé juf-
» qu'à la fin de l'action , fans la vanité
» puérilę de Jerôme , qui répondit à Juſ
» tiniani qu'il n'y avoit plus d'autre Com-
» te de Fiefque que lui , & qu'il n'écou-
» teroit les propofitions qu'on avoit à lui
faire , que lorfqu'on lui auroit livré le
Palais . Une réponſe auffi imprudente
» eut les fuites qu'elle devoit avoir. Le Sénat
raſſuré par le feul événement qui pût
"
DECEMBRE. 1754. 147.
changer fur le champ & d'une maniere
» ftable la fituation des chofes , montra de
» la fermeté ; & les conjurés , par une rai-
» fon contraire , perdirent toute leur au-
ور
"
dace. A mefure que la mort de leur
» cheffe répandoit , & elle fe répandit fort
» vîte , on voyoit les efprits fe refroidir ,
le-courage expirer dans tous les coeurs ,
& les armes tomber des mains . Ceux
»même que des haines plus vives , de
plus grands intérêts, ou un caractere plus
emporté avoient rendus jufqu'alors plus
» redoutables que les autres , fe laiffoient
» abbattre par la terreur commune. La ré-
» volution fut fi générale , qu'au point du
" jour il n'y avoit pas un feul factieux dans
» les rues de Gênes : ils étoient tous reti-
» rés dans leurs maifons , difperfés dans
» la campagne , ou retranchés dans quel-
» que pofte .
Aing finit cette confpiration , qui par
l'événement établit fur des fondemens prefque
inébranlables l'autorité qu'on avoit
voulu détruire.
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Résumé : « MEMOIRES historiques, militaires & politiques de l'Europe, depuis l'élévation [...] »
Le texte extrait des 'Mémoires historiques, militaires & politiques de l'Europe' de l'Abbé Raynal couvre la période de l'élévation de Charles Quint au trône de l'Empire jusqu'au traité d'Aix-la-Chapelle en 1748. Il se concentre sur les révolutions en Suède de 1515 à 1544. La Suède, autrefois puissante sous les Goths, était retombée dans l'obscurité en raison de divisions internes et de vices gouvernementaux. Marguerite, reine du Danemark, ambitieuse et politique, chercha à réunir la Suède à ses autres États. Les Suédois se rebellèrent contre le joug danois et se donnèrent un administrateur. Les conflits entre la Suède et le Danemark s'intensifièrent sous le règne de Christiern, un monarque cruel et tyrannique. Christiern chercha à soumettre les Suédois et exploita les mécontentements du clergé. Stenon, fils du dernier administrateur, fut élu pour succéder à l'administrateur décédé, mais des conspirations menées par Trolle, un archevêque déchu, compliquèrent la situation. Stenon dut faire face à une rébellion soutenue par les Danois et le clergé. Après une victoire suédoise, Trolle fut déclaré ennemi de la patrie et exilé. Le pape, sollicité par Trolle et Christiern, menaça les Suédois d'excommunication s'ils ne rétablissaient pas Trolle. Les Suédois refusèrent de se soumettre pour éviter des guerres civiles. Rome excommunia alors l'administrateur et le Sénat, et ordonna à Christiern de rétablir Trolle par la force. Christiern envahit la Suède, semant la destruction et la cruauté. Stenon fut tué, et Christiern établit une tyrannie en Suède. Cependant, Gustave Vasa, descendant des anciens rois de Suède, s'échappa du Danemark et rallia les Suédois. Avec l'aide d'un curé, Gustave mobilisa les Dalécarliens et remporta plusieurs victoires, forçant Christiern à fuir. Gustave fut proclamé administrateur et continua la guerre contre les Danois. Une révolution au Danemark déposa Christiern, et Frédéric de Holstein monta sur le trône. Gustave fut finalement proclamé roi de Suède avec l'unanimité du peuple. Il se consacra à réformer le royaume, substituant de bonnes lois à la barbarie ancienne et introduisant une police sage. Il fut soutenu dans ses réformes par Lars-Anderfon, un homme célèbre et habile. Parallèlement, Henri VIII, roi d'Angleterre, chercha à divorcer de Catherine d'Arragon pour épouser Anne Boleyn. Le cardinal Wolsey joua un rôle clé dans cette décision. Henri consulta les universités européennes, certaines déclarant le mariage nul, d'autres refusant. Henri finit par se passer de la dispense papale et épousa Anne Boleyn. Le pape excommunia Henri, mais le Parlement anglais défendit l'autorité papale. Henri devint chef de l'Église en Angleterre, initiant la Réforme anglicane. Le texte décrit également une conjuration à Gênes en décembre 1754, orchestrée par le Comte Fiesque. Fiesque, timide et prudent, réussit à gagner la confiance des négociants et du peuple. Il conclut un arrangement secret avec Pierre-Louis Farnèse, Duc de Parme et de Plaisance, qui lui promit un soutien militaire. La nuit du 1er au 2 janvier fut choisie pour l'exécution du projet. L'attaque débuta par la prise des portes de la ville les plus essentielles. Les conjurés prirent rapidement le contrôle des rues en criant 'Fiesque et liberté'. Cependant, Fiesque mourut en tombant à la mer, ce qui refroidit les ardeurs des conjurés, qui se dispersèrent. La conjuration échoua, renforçant ainsi l'autorité qu'elle avait voulu détruire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 205
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Aujourd'hui le Roi s'est rendu à la Chambre des Pairs avec les cérémonies accoutumées, & Sa [...]
Mots clefs :
Roi d'Angleterre, Chambre des communes
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE- BRETAGNE.
DE LONDRES , le 14 Novembre.
Aujourd'hui le Roi s'eft rendu à la Chambre
des Pairs avec les cérémonies accoutumées , & Sa
Majesté ayant mandé la Chambre des Communes ,.
a fait l'ouverture du Parlement par un fort beau
Difcours.
Le fieur Henriques vient de publier un nouveau
projet pour acquitter les dettes de la nation
, par le moyen d'une Lotterie qui durera dix
ans. Il en a remis aujourd'hui des copies à tous
les Membres de la Chambre des Communes.
Le 15 Novembre les Seigneurs préſenterent
au Roi leur adreffe , à laquelle Sa Majefté répondit
: » MYLORDS , je vous remercie des marques
>> que vous me donnez de votre affection & de vo-
» tre fidelité . Le zele que vous montrez pour ma
» perfonne & pour mon gouvernement , ne peut
» manquer de produire les meilleurs effets , tant
» au dedans qu'au dehors. Je n'uferai jamais de
>> votre confiance que pour le véritable intérêt de
» mon peuple.
DE LONDRES , le 14 Novembre.
Aujourd'hui le Roi s'eft rendu à la Chambre
des Pairs avec les cérémonies accoutumées , & Sa
Majesté ayant mandé la Chambre des Communes ,.
a fait l'ouverture du Parlement par un fort beau
Difcours.
Le fieur Henriques vient de publier un nouveau
projet pour acquitter les dettes de la nation
, par le moyen d'une Lotterie qui durera dix
ans. Il en a remis aujourd'hui des copies à tous
les Membres de la Chambre des Communes.
Le 15 Novembre les Seigneurs préſenterent
au Roi leur adreffe , à laquelle Sa Majefté répondit
: » MYLORDS , je vous remercie des marques
>> que vous me donnez de votre affection & de vo-
» tre fidelité . Le zele que vous montrez pour ma
» perfonne & pour mon gouvernement , ne peut
» manquer de produire les meilleurs effets , tant
» au dedans qu'au dehors. Je n'uferai jamais de
>> votre confiance que pour le véritable intérêt de
» mon peuple.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 14 novembre, le roi de Grande-Bretagne a ouvert le Parlement et prononcé un discours. Henriques a proposé un projet de loterie pour rembourser les dettes nationales. Le 15 novembre, les Seigneurs ont adressé une lettre au roi, qui a exprimé sa gratitude et affirmé utiliser leur confiance pour l'intérêt du peuple.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 173
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Le Roi vient de nommer le Lord Harford, pour remplacer, en qualité de son Ambassadeur [...]
Mots clefs :
Roi d'Angleterre
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE - BRETAGNE.
DE LONDRES , le 13 Février .
Le Roi vient de nommer le Lord Harford ,
pour remplacer , en qualité de fon Ambaffadeur
extraordinaire auprès du Roi de France , le feu
Comte d'Albemarle.
DE LONDRES , le 13 Février .
Le Roi vient de nommer le Lord Harford ,
pour remplacer , en qualité de fon Ambaffadeur
extraordinaire auprès du Roi de France , le feu
Comte d'Albemarle.
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11
p. 226-231
« Ordonnance du Roi, portant déclaration de guerre contre le Roi [...] »
Début :
Ordonnance du Roi, portant déclaration de guerre contre le Roi [...]
Mots clefs :
Ordonnance du roi, Déclaration de guerre, Roi d'Angleterre, Amérique septentrionale, Marines
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texteReconnaissance textuelle : « Ordonnance du Roi, portant déclaration de guerre contre le Roi [...] »
ORDONNANCE du Roi , portant déclaration
de guerre contre le Roi d'Angleterre , du 9 Juin
1756. De par le Roi. Toute l'Europe fçait que
le Roi d'Angleterre a été en 1754 l'agreſſeur de
JUILLET. 1756. 117
poffeffions du Roi dans l'Amérique feptentrionale
, & qu'au mois de Juin de l'année derniere, la
Marine Angloife, au mépris du droit des gens & de.
la foi des Traités , a commencé à exercer contre
les Vaiffeaux de Sa Majesté , & contre la naviga- ,
tion & le commerce de fes fujets , les hoftilités
les plus violentes.
Le Roi juftement offenfé de cette infidélité , &
de l'infulte faite à fon pavillon , n'a fufpendu pendant
huit mois les effets de fon reffentiment , &
ce qu'il devoit à la dignité de fa Couronne , que
par la crainte d'expofer l'Europe aux malheurs.
d'une nouvelle
guerre.
C'eſt dans une vue fi falutaire que la France n'a
d'abord opposé aux procédés injurieux de l'Angleterre
, que la conduite la plus modérée.
Tandis que la Marine Angloife enlevoit par les
violences les plus odieufes , & quelquefois par les
plus lâches artifices , les Vaiffeaux François qui
navigeoient avec confiance fous la fauve-garde de
la foi publique , Sa Majesté renvoyoit en Angle
terre une Frégate dont la Marine Françoife s'étoit
emparée , & les Bâtimens Anglois continuoient
tranquillement leur commerce dans les Ports
de France.
Tandis qu'on traitoit avec la plus grande dureté
dans les Iſles Britanniques les Soldats & les
Matelots François , & qu'on franchiffoit à leur
égard les bornes que la loi naturelle & P'humanité
ont prefcrites aux droits même les plus rigoureux
de la guerre , les Anglois voyageoient & habitoient
librement en France fous la protection des
égards que les peuples civilifés fe doivent réci
proquement.
Tandis que les Minifties Anglois , fous l'apparence
de la bonne foi , en impofoient à l'Ambaf
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
Tadeur du Roi par de fauffes proteftations , on
exécutoit déja dans toutes les parties de l'Amérique
feptentrionale , des ordres directement contraires
aux affurances trompeufes qu'ils donnoient
d'une prochaine conciliation .
Tandis que la Cour de Londres épuifoit l'art
de l'intrigue & les fubfides de l'Angleterre pour
foulever les autres Puiffances contre la Cour de
France , le Roi ne leur demandoit pas même les
fecours que des garanties ou des Traités défenfifs ,.
l'autorifoient à exiger , & ne leur confeilloit que
des mesures convenables à leur repos & à leur
sûreté .
Telle a été la conduite des deux Nations. Le
contrafte frappant de leurs procédés doit convaincre
toute l'Europe des vues de jaloufie , d'ambition
& de cupidité qui animent l'une , & des principes
d'honneur , de juftice & de modération fur
lefquels l'autre fe conduit.
Le Roi avoit eſpéré que le Roi d'Angleterre ne
confultant enfin que les regles de l'équité & les
intérêts de fa propre gloire , défavoueroit les excès
fcandaleux aufquels fes Officiers de mer ne ceffoient
de fe porter.
Sa Majefté lui en avoit même fourni un moyen
auffi jufte que décent , en lui demandant la reftitution
prompte & entiere des Vaiffeaux François
pris par la Marine Angloife , & lui avoit offert
fous cette condition préliminaire d'entrer en négociation
fur les autres fatisfactions qu'Elle avoit
droit d'attendre , & de fe prêter à une conciliation
am- able fur les différends qui concernent l'Amérique.
Le Roi d'Angleterre ayant rejetté cette propofition
, le Roi ne vit dans ce refus que la Déclaration
de guerre la plus authentique , ainfi que
JUILLET. 1756. 229
Sa Majefté l'avoit annoncé dans fa réquifition .
La Cour Britannique pouvoit donc fe difpenfer
de remplir une formalité devenue inutile : un
motif plus effentiel auroit de l'engager à ne pas
foumettre au jugement de l'Europe les prétendus
griefs que le Roi d'Angleterre a allégués contre la
France dans la Déclaration de guerre qu'il a fait
publier à Londres .
Les imputations vagues que cet écrit renferme ,
n'ont en effet aucune réalité dans le fonds ; & la
maniere dont elles font exposées , en prouveroit
feule la foibleffe , fi leur fauffeté n'avoit déja été
folidement démontrée dans le Mémoire que le
Roi a fait remettre à toutes les Cours , & qui contient
le précis des faits avec les preuves juftificatives
qui ont rapport à la préſente guerre & aux
négociations qui l'ont précédée.
Il y a cependant un fait important dont il n'a
point été parlé dans ce Mémoire , parce qu'il n'étoit
pas poffible de prévoir que l'Angleterre por
teroit auffi loin qu'elle vient de le faire , fon peu
de délicateffe fur le choix des moyens de faire
illufion .
Il s'agit des ouvrages conftruits à Dunkerque ,
& des troupes que le Roi a fait affembler fur fes
côtes de l'Océan .
Qui ne croiroit , à entendre le Roi d'Angleterre
dans fa Déclaration de guerre , que ces deux
objets ont déterminé l'ordre qu'il a donné de fe
faifir en mer des Vaiffeaux appartenans au Roi &
à fes ' ujets ?
Cepen tant perfonne n'ignore qu'on n'a com
mencé de travailler à Dunkerque , qu'après la
prife de deux Vaiffeaux de Sa Majesté , attaqués en
pleine paix par une efcadre de treize Vaiffeaux
Anglois. Il est également connu de tout , le
230 MERCURE
DE FRANCE .
monde , que la Marine Angloife s'emparoit de
puis plus de fix mois des Bâtimens François , lorfqu'à
la fin de Février dernier , les premiers Bataillons
que le Roi a fait paffer fur fes côtes maritimes
, fe font mis en marche.
Si le Roi d'Angleterre réfléchit jamais fur l'infidélité
des rapports qui lui ont été faits à ces
deux égards , pardonnera- t'il à ceux qui l'ont engagé
à avancer des faits dont la fuppofition ne
peut pas même être colorée par les apparences les
moins fpécieuſes ?
par
Ce que le Roi fe doit à lui- même & ce qu'il
doit à fes fujets , l'a enfin obligé de repouffer la
force la force ; mais conftamment fidele à fes
fentimens naturels de juftice & de modération ,
Sa Majesté n'a dirigé fes opérations militaires que
contre le Roi d'Angleterre fon agreffeur , & toutes
fés négociations politiques n'ont eu pour objet
que
de juftifier la confiance que les autres Nations
de l'Europe ont dans fon amitié & dans la droiture
de fes intentions.
feroit inutile d'entrer dans un détail plus
étendu des motifs qui ont forcé le Roi à envoyer
un Corps de fes troupes dans l'ile Minorque , &
qui obligent aujourd'hui Sa Majeſté à déclarer la
guerre au Roi d'Angleterre , comme Elle la lui
déclare par mer & pir terre .
En agiffant par des principes fi dignes de déterminer
ſes réſolutions , Elle eſt aſſurée de trouver
dans la juſtice de fa caufe dans la valeur de
fes troupes , dans l'amour de fes fujets les reffources
qu'elle a toujours éprouvées de leur part , &
Elle compte principalement fur la protection du
Dieu des Armées .
ORDONNE & enjoint Sa Majeſté à tous fes fu- |
jets , vaſſaux & ferviteurs , de courre fus aux ſujets
JUILLET. 1756. 231
du Roi d'Angleterre ; leur fait très- expreffes inhi
bitions & défenfes d'avoir ci- après avec eux aucu
ne communication , commerce ni intelligence
à peine de la vie : & , en conféquence , Sa Majefté
a dès-à-préfent révoqué & révoque toutes permiffions
, paffeports , fauvegardes & fauf-conduits
contraires à la préfente , qui pourroient avoir été
accordés par Elle ou par fes Lieutenans généraux
& autres fes Officiers , & les a déclarés nuls & de
nul effet & valeur ; défendant à qui que ce foit ,
d'y avoir aucun égard. MANDE & ordonne Sa Majefté
à Monfeigneur le Duc de Penthievre , Amiral
de France , aux Maréchaux de France , Gouverneurs
& Lieutenans Généraux pour Sa Majesté
en fes Provinces & Armées , Maréchaux de Camp,
Colonels , Meftres de Camp, Capitaines , Chefs &
Conducteurs de fes Gens de guerre, tant de cheval
que de pied , François & étrangers , & tous autres
fes Officiers qu'il appartiendra , que le contenu en
la préfente ils faffent exécuter, chacun à fon égard,
dans l'étendue de leur pouvoir & jurifdictions : CAR
TELLE EST LA VOLONTÉ DE SA MAJESTÉ , Laquelle
veut & entend que la préfente foit publiée & affichée
en toutes fes villes ,tant maritimes qu'autres &
en tous les Ports , Havres & autres lieux de fon
Royaume & terres de fon obéiffance que befoin
fera , à ce qu'aucun n'en prétende caufe d'ignorance.
Fait à Verſailles lé neuf Juin mil fept cent
cinquante-fix. Signé , LOUIS ; & plus bas , M. P.
DE VOYER D'ARGENSON.
Cette Déclaration de Guerre fut publiée le 16
Juin à Paris.
de guerre contre le Roi d'Angleterre , du 9 Juin
1756. De par le Roi. Toute l'Europe fçait que
le Roi d'Angleterre a été en 1754 l'agreſſeur de
JUILLET. 1756. 117
poffeffions du Roi dans l'Amérique feptentrionale
, & qu'au mois de Juin de l'année derniere, la
Marine Angloife, au mépris du droit des gens & de.
la foi des Traités , a commencé à exercer contre
les Vaiffeaux de Sa Majesté , & contre la naviga- ,
tion & le commerce de fes fujets , les hoftilités
les plus violentes.
Le Roi juftement offenfé de cette infidélité , &
de l'infulte faite à fon pavillon , n'a fufpendu pendant
huit mois les effets de fon reffentiment , &
ce qu'il devoit à la dignité de fa Couronne , que
par la crainte d'expofer l'Europe aux malheurs.
d'une nouvelle
guerre.
C'eſt dans une vue fi falutaire que la France n'a
d'abord opposé aux procédés injurieux de l'Angleterre
, que la conduite la plus modérée.
Tandis que la Marine Angloife enlevoit par les
violences les plus odieufes , & quelquefois par les
plus lâches artifices , les Vaiffeaux François qui
navigeoient avec confiance fous la fauve-garde de
la foi publique , Sa Majesté renvoyoit en Angle
terre une Frégate dont la Marine Françoife s'étoit
emparée , & les Bâtimens Anglois continuoient
tranquillement leur commerce dans les Ports
de France.
Tandis qu'on traitoit avec la plus grande dureté
dans les Iſles Britanniques les Soldats & les
Matelots François , & qu'on franchiffoit à leur
égard les bornes que la loi naturelle & P'humanité
ont prefcrites aux droits même les plus rigoureux
de la guerre , les Anglois voyageoient & habitoient
librement en France fous la protection des
égards que les peuples civilifés fe doivent réci
proquement.
Tandis que les Minifties Anglois , fous l'apparence
de la bonne foi , en impofoient à l'Ambaf
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
Tadeur du Roi par de fauffes proteftations , on
exécutoit déja dans toutes les parties de l'Amérique
feptentrionale , des ordres directement contraires
aux affurances trompeufes qu'ils donnoient
d'une prochaine conciliation .
Tandis que la Cour de Londres épuifoit l'art
de l'intrigue & les fubfides de l'Angleterre pour
foulever les autres Puiffances contre la Cour de
France , le Roi ne leur demandoit pas même les
fecours que des garanties ou des Traités défenfifs ,.
l'autorifoient à exiger , & ne leur confeilloit que
des mesures convenables à leur repos & à leur
sûreté .
Telle a été la conduite des deux Nations. Le
contrafte frappant de leurs procédés doit convaincre
toute l'Europe des vues de jaloufie , d'ambition
& de cupidité qui animent l'une , & des principes
d'honneur , de juftice & de modération fur
lefquels l'autre fe conduit.
Le Roi avoit eſpéré que le Roi d'Angleterre ne
confultant enfin que les regles de l'équité & les
intérêts de fa propre gloire , défavoueroit les excès
fcandaleux aufquels fes Officiers de mer ne ceffoient
de fe porter.
Sa Majefté lui en avoit même fourni un moyen
auffi jufte que décent , en lui demandant la reftitution
prompte & entiere des Vaiffeaux François
pris par la Marine Angloife , & lui avoit offert
fous cette condition préliminaire d'entrer en négociation
fur les autres fatisfactions qu'Elle avoit
droit d'attendre , & de fe prêter à une conciliation
am- able fur les différends qui concernent l'Amérique.
Le Roi d'Angleterre ayant rejetté cette propofition
, le Roi ne vit dans ce refus que la Déclaration
de guerre la plus authentique , ainfi que
JUILLET. 1756. 229
Sa Majefté l'avoit annoncé dans fa réquifition .
La Cour Britannique pouvoit donc fe difpenfer
de remplir une formalité devenue inutile : un
motif plus effentiel auroit de l'engager à ne pas
foumettre au jugement de l'Europe les prétendus
griefs que le Roi d'Angleterre a allégués contre la
France dans la Déclaration de guerre qu'il a fait
publier à Londres .
Les imputations vagues que cet écrit renferme ,
n'ont en effet aucune réalité dans le fonds ; & la
maniere dont elles font exposées , en prouveroit
feule la foibleffe , fi leur fauffeté n'avoit déja été
folidement démontrée dans le Mémoire que le
Roi a fait remettre à toutes les Cours , & qui contient
le précis des faits avec les preuves juftificatives
qui ont rapport à la préſente guerre & aux
négociations qui l'ont précédée.
Il y a cependant un fait important dont il n'a
point été parlé dans ce Mémoire , parce qu'il n'étoit
pas poffible de prévoir que l'Angleterre por
teroit auffi loin qu'elle vient de le faire , fon peu
de délicateffe fur le choix des moyens de faire
illufion .
Il s'agit des ouvrages conftruits à Dunkerque ,
& des troupes que le Roi a fait affembler fur fes
côtes de l'Océan .
Qui ne croiroit , à entendre le Roi d'Angleterre
dans fa Déclaration de guerre , que ces deux
objets ont déterminé l'ordre qu'il a donné de fe
faifir en mer des Vaiffeaux appartenans au Roi &
à fes ' ujets ?
Cepen tant perfonne n'ignore qu'on n'a com
mencé de travailler à Dunkerque , qu'après la
prife de deux Vaiffeaux de Sa Majesté , attaqués en
pleine paix par une efcadre de treize Vaiffeaux
Anglois. Il est également connu de tout , le
230 MERCURE
DE FRANCE .
monde , que la Marine Angloife s'emparoit de
puis plus de fix mois des Bâtimens François , lorfqu'à
la fin de Février dernier , les premiers Bataillons
que le Roi a fait paffer fur fes côtes maritimes
, fe font mis en marche.
Si le Roi d'Angleterre réfléchit jamais fur l'infidélité
des rapports qui lui ont été faits à ces
deux égards , pardonnera- t'il à ceux qui l'ont engagé
à avancer des faits dont la fuppofition ne
peut pas même être colorée par les apparences les
moins fpécieuſes ?
par
Ce que le Roi fe doit à lui- même & ce qu'il
doit à fes fujets , l'a enfin obligé de repouffer la
force la force ; mais conftamment fidele à fes
fentimens naturels de juftice & de modération ,
Sa Majesté n'a dirigé fes opérations militaires que
contre le Roi d'Angleterre fon agreffeur , & toutes
fés négociations politiques n'ont eu pour objet
que
de juftifier la confiance que les autres Nations
de l'Europe ont dans fon amitié & dans la droiture
de fes intentions.
feroit inutile d'entrer dans un détail plus
étendu des motifs qui ont forcé le Roi à envoyer
un Corps de fes troupes dans l'ile Minorque , &
qui obligent aujourd'hui Sa Majeſté à déclarer la
guerre au Roi d'Angleterre , comme Elle la lui
déclare par mer & pir terre .
En agiffant par des principes fi dignes de déterminer
ſes réſolutions , Elle eſt aſſurée de trouver
dans la juſtice de fa caufe dans la valeur de
fes troupes , dans l'amour de fes fujets les reffources
qu'elle a toujours éprouvées de leur part , &
Elle compte principalement fur la protection du
Dieu des Armées .
ORDONNE & enjoint Sa Majeſté à tous fes fu- |
jets , vaſſaux & ferviteurs , de courre fus aux ſujets
JUILLET. 1756. 231
du Roi d'Angleterre ; leur fait très- expreffes inhi
bitions & défenfes d'avoir ci- après avec eux aucu
ne communication , commerce ni intelligence
à peine de la vie : & , en conféquence , Sa Majefté
a dès-à-préfent révoqué & révoque toutes permiffions
, paffeports , fauvegardes & fauf-conduits
contraires à la préfente , qui pourroient avoir été
accordés par Elle ou par fes Lieutenans généraux
& autres fes Officiers , & les a déclarés nuls & de
nul effet & valeur ; défendant à qui que ce foit ,
d'y avoir aucun égard. MANDE & ordonne Sa Majefté
à Monfeigneur le Duc de Penthievre , Amiral
de France , aux Maréchaux de France , Gouverneurs
& Lieutenans Généraux pour Sa Majesté
en fes Provinces & Armées , Maréchaux de Camp,
Colonels , Meftres de Camp, Capitaines , Chefs &
Conducteurs de fes Gens de guerre, tant de cheval
que de pied , François & étrangers , & tous autres
fes Officiers qu'il appartiendra , que le contenu en
la préfente ils faffent exécuter, chacun à fon égard,
dans l'étendue de leur pouvoir & jurifdictions : CAR
TELLE EST LA VOLONTÉ DE SA MAJESTÉ , Laquelle
veut & entend que la préfente foit publiée & affichée
en toutes fes villes ,tant maritimes qu'autres &
en tous les Ports , Havres & autres lieux de fon
Royaume & terres de fon obéiffance que befoin
fera , à ce qu'aucun n'en prétende caufe d'ignorance.
Fait à Verſailles lé neuf Juin mil fept cent
cinquante-fix. Signé , LOUIS ; & plus bas , M. P.
DE VOYER D'ARGENSON.
Cette Déclaration de Guerre fut publiée le 16
Juin à Paris.
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Résumé : « Ordonnance du Roi, portant déclaration de guerre contre le Roi [...] »
Le 9 juin 1756, le Roi de France a émis une ordonnance déclarant la guerre au Roi d'Angleterre. Cette décision fait suite à des agressions britanniques contre les possessions françaises en Amérique du Nord, débutées en 1754 et intensifiées en juin 1755, violant ainsi le droit des gens et les traités en vigueur. La France avait initialement réagi avec modération, renvoyant une frégate anglaise capturée et permettant aux navires anglais de continuer leur commerce en France. Cependant, l'Angleterre a traité durement les soldats et matelots français, exécutant des ordres contraires aux assurances de conciliation données à l'ambassadeur français. La France a tenté d'éviter l'implication d'autres puissances européennes et a espéré une résolution pacifique en demandant la restitution des navires français capturés. Le refus britannique a été interprété comme une déclaration de guerre. La Cour britannique a publié des griefs vagues et infondés contre la France, notamment concernant les travaux à Dunkerque et les troupes assemblées sur les côtes françaises, justifiés par les attaques anglaises précédentes. En réponse, le Roi de France a décidé de riposter par la force, tout en restant fidèle à ses principes de justice et de modération. Il a ordonné à ses sujets de cesser toute communication avec les sujets anglais et a révoqué toutes les permissions contraires. La déclaration de guerre a été publiée le 16 juin à Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 191-192
De VERSAILLES, le 20 Novembre.
Début :
Le Roi a donné l'Abbaye de Jouy, Ordre de S. Benoît, [...]
Mots clefs :
Abbaye, Ordre, Diocèse, Archevêque, Vicaire, Religieuse, Deuil, Cour, Roi d'Angleterre, Sceau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De VERSAILLES, le 20 Novembre.
De VERSAILLES , le 20 Novembre.
E Rol a donné l'Abbaye de Jouy , Ordre de
S. Benoît , Diocéfe de Sens , à l'Archevêque de
Tours.
Celle de S. Faron , Ordre de S. Benoît , Diocèle
de Meaux , à l'Abbé de Soulange , Vicaire Général
du Diocéfe de Vannes & Aumônier de Madame
Adelaide.
Celle de Préaux , Ordre de S. Benoît , Diocèle
de Lifieux , à la Dame de Gimel de Lantilhac ,
192 MERCURE DE FRANCE.
C
Religieufe de l'Abbaye de la Régle à Limoges.
Et le Prieuré de Neufchâtel, Diocéle de Rouen,
à la Dame de Rofée , Religieufe Bénédictine du
Monaftére de Belfond à Rouen .
Le 24 du mois dernier , Sa Majeſté tint le
Sceau.
La Cour a pris le deuil pour trois ſemaines à
l'occafion de la mort du Roi d'Angleterre . Ce
Prince mourut fubitement âgé de foixante & dixfept
ans.
Le 12 de ce mois , la Reine & Monfeigneur le
Dauphin fe rendirent à la Chapelle pour y tenir
fur les Fonts de Baptême un fils du fieur Thierry,
Moufquetaire , & Huiffier de la Chambre du Roi ,
que Sa Majefté nomma Marie - Louis . L'Abbé de
-Saint- Hermine , fon Aumônier de Quartier , fit
la Cérémonie.
Le 17 , le Roi tint le Sceau.
E Rol a donné l'Abbaye de Jouy , Ordre de
S. Benoît , Diocéfe de Sens , à l'Archevêque de
Tours.
Celle de S. Faron , Ordre de S. Benoît , Diocèle
de Meaux , à l'Abbé de Soulange , Vicaire Général
du Diocéfe de Vannes & Aumônier de Madame
Adelaide.
Celle de Préaux , Ordre de S. Benoît , Diocèle
de Lifieux , à la Dame de Gimel de Lantilhac ,
192 MERCURE DE FRANCE.
C
Religieufe de l'Abbaye de la Régle à Limoges.
Et le Prieuré de Neufchâtel, Diocéle de Rouen,
à la Dame de Rofée , Religieufe Bénédictine du
Monaftére de Belfond à Rouen .
Le 24 du mois dernier , Sa Majeſté tint le
Sceau.
La Cour a pris le deuil pour trois ſemaines à
l'occafion de la mort du Roi d'Angleterre . Ce
Prince mourut fubitement âgé de foixante & dixfept
ans.
Le 12 de ce mois , la Reine & Monfeigneur le
Dauphin fe rendirent à la Chapelle pour y tenir
fur les Fonts de Baptême un fils du fieur Thierry,
Moufquetaire , & Huiffier de la Chambre du Roi ,
que Sa Majefté nomma Marie - Louis . L'Abbé de
-Saint- Hermine , fon Aumônier de Quartier , fit
la Cérémonie.
Le 17 , le Roi tint le Sceau.
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Résumé : De VERSAILLES, le 20 Novembre.
Le 20 novembre, plusieurs abbayes et prieurés ont été attribués à divers dignitaires religieux. L'Abbaye de Jouy, Ordre de Saint Benoît, Diocèse de Sens, a été donnée à l'Archévêque de Tours. L'Abbaye de Saint Faron, Ordre de Saint Benoît, Diocèse de Meaux, a été attribuée à l'Abbé de Soulange, Vicaire Général du Diocèse de Vannes et Aumônier de Madame Adelaide. L'Abbaye de Préaux, Ordre de Saint Benoît, Diocèse de Lifieux, a été confiée à la Dame de Gimel de Lantilhac. La Religieuse de l'Abbaye de la Règle à Limoges et le Prieuré de Neufchâtel, Diocèse de Rouen, ont été donnés à la Dame de Rosée, Religieuse Bénédictine du Monastère de Belfond à Rouen. Le 24 du mois précédent, Sa Majesté a tenu le Sceau et la Cour a observé un deuil de trois semaines à la suite du décès du Roi d'Angleterre, âgé de soixante-dix-sept ans. Le 12 novembre, la Reine et Monseigneur le Dauphin se sont rendus à la Chapelle pour le baptême d'un fils du sieur Thierry, Mousquetaire et Huissier de la Chambre du Roi, nommé Marie-Louis. La cérémonie a été effectuée par l'Abbé de Saint-Hermine, Aumônier de Quartier. Le 17 novembre, le Roi a de nouveau tenu le Sceau.
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p. 209
D'OSNABRUCK, le 1 Mars 1764.
Début :
Le 27 du mois dernier, le Prince Frédéric, Fils aîné du Roi [...]
Mots clefs :
Prince, Roi d'Angleterre, Électeur d'Hanovre, Élection, Évêque
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texteReconnaissance textuelle : D'OSNABRUCK, le 1 Mars 1764.
D'OsNABRvcK , le 1 Mars 1764.
Le 27 du mois dernier , le Prince Frédéric, Fils
puîné du Roi d'Angleterre, Electeur d'Hanovre,
fut élu d'une voix unanime Evêque & Prince de
cette Ville.
Le 27 du mois dernier , le Prince Frédéric, Fils
puîné du Roi d'Angleterre, Electeur d'Hanovre,
fut élu d'une voix unanime Evêque & Prince de
cette Ville.
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