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1
p. 269-272
Dons faits par le Roy d'Espagne, [titre d'après la table]
Début :
Le Roy d'Espagne a nommé Don Juan-Antonio de Amezaga [...]
Mots clefs :
Dons, Roi d'Espagne
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texteReconnaissance textuelle : Dons faits par le Roy d'Espagne, [titre d'après la table]
Le Roy d'Efpagne a nommé Don Juan Antonio de
Amezaga Lieutenant general ,
pour fervir en Arragon fous les
ordres de Mrle Comte d'Aguilar , & le Gouvernement de
Malaga a cfté donné à Don
Baltazar de Amezaga fon frere Maréchal de Camp.
-
S. M. C. a auffi fait DonJuan
Ifidore de Padilla Gouverneur
Z iij
270 MERCURE
d'Orihuela Brigadier, en confi
deration de fes fervices.
DonJuan- Antonio de Amezaga a fervi toute fa vie
dans la Cavalerie , oùil s'est élevé par degrez ; ce qui prouve
qu'il ne doit le rang qu'il occupe à prefent qu'à fon feul merite & à fa feule valeur. Il eſt
d'une des meilleures Maifons
de Caftille , & il a l'honneur
d'eftre allié par les femmes à
Male Duc de Medina Céli .
Don Juan eft parent de Don
Jofeph de Amezaga Gouverneur d'une Place confiderable
de Caftille. Mrs d'Amezaga
+ GALANT
270
ont toûjours marqué beaucoup de zele pour les interefts
de Sa Majesté Catholique. Ces
~deux illuftres freres , tous deux
élevez fous ce regne aux premieres dignitez de la guerre ,
ont donné de frequentes marques qu'elles eftoient encore
plus dues à leur valeur & à leurs
fervices qu'à leur naiffance ,
quoy qu'elle foit des plus quaAifiées.
Don Ifidore de Padilla qui a
efté fair Brigadier , porte un
nom qui eft en veneration en
Efpagne. Loranzo Padilla Archidiacre de Malaga & qui viZ iiij
272 MERCURE
voit dans le feiziéme fiecle
fut Hiftoriographe de Charlequint. Il publia un Catalogue
des Saints d'Espagne. François
de Padilla fon neveu fe diftingua par fon fçavoir ; il enfei
gna la Theologie à Seville avec
un fuccés éclatant & fut Chanoine de Malaga ; il
fa une Hiftoire Ecclefiaftique
d'Espagne , & une Chronolo
gie des Conciles.
Amezaga Lieutenant general ,
pour fervir en Arragon fous les
ordres de Mrle Comte d'Aguilar , & le Gouvernement de
Malaga a cfté donné à Don
Baltazar de Amezaga fon frere Maréchal de Camp.
-
S. M. C. a auffi fait DonJuan
Ifidore de Padilla Gouverneur
Z iij
270 MERCURE
d'Orihuela Brigadier, en confi
deration de fes fervices.
DonJuan- Antonio de Amezaga a fervi toute fa vie
dans la Cavalerie , oùil s'est élevé par degrez ; ce qui prouve
qu'il ne doit le rang qu'il occupe à prefent qu'à fon feul merite & à fa feule valeur. Il eſt
d'une des meilleures Maifons
de Caftille , & il a l'honneur
d'eftre allié par les femmes à
Male Duc de Medina Céli .
Don Juan eft parent de Don
Jofeph de Amezaga Gouverneur d'une Place confiderable
de Caftille. Mrs d'Amezaga
+ GALANT
270
ont toûjours marqué beaucoup de zele pour les interefts
de Sa Majesté Catholique. Ces
~deux illuftres freres , tous deux
élevez fous ce regne aux premieres dignitez de la guerre ,
ont donné de frequentes marques qu'elles eftoient encore
plus dues à leur valeur & à leurs
fervices qu'à leur naiffance ,
quoy qu'elle foit des plus quaAifiées.
Don Ifidore de Padilla qui a
efté fair Brigadier , porte un
nom qui eft en veneration en
Efpagne. Loranzo Padilla Archidiacre de Malaga & qui viZ iiij
272 MERCURE
voit dans le feiziéme fiecle
fut Hiftoriographe de Charlequint. Il publia un Catalogue
des Saints d'Espagne. François
de Padilla fon neveu fe diftingua par fon fçavoir ; il enfei
gna la Theologie à Seville avec
un fuccés éclatant & fut Chanoine de Malaga ; il
fa une Hiftoire Ecclefiaftique
d'Espagne , & une Chronolo
gie des Conciles.
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Résumé : Dons faits par le Roy d'Espagne, [titre d'après la table]
Le roi d'Espagne a nommé Don Juan Antonio de Amezaga Lieutenant général en Aragon sous les ordres du Comte d'Aguilar. Don Baltazar de Amezaga, frère de Don Juan Antonio et Maréchal de Camp, a été désigné pour gouverner Malaga. De plus, Don Juan Isidore de Padilla a été nommé Gouverneur d'Orihuela et promu Brigadier. Don Juan Antonio de Amezaga, issu d'une famille noble de Castille alliée aux Ducs de Medina Céli, a passé sa carrière dans la cavalerie, gravissant les échelons par son mérite. Les Amezaga ont toujours montré un grand zèle pour les intérêts du roi. Les deux frères ont fréquemment démontré que leurs honneurs étaient dus à leur valeur et à leurs services. Don Isidore de Padilla, promu Brigadier, porte un nom vénéré en Espagne. Lorenzo Padilla, Archidiacre de Malaga au XVIe siècle, fut historiographe de Charles Quint. François de Padilla, neveu de Lorenzo, se distingua par son savoir et enseigna la théologie à Séville. Il écrivit une Histoire Ecclésiastique d'Espagne et une Chronologie des Conciles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 351-353
Affaires d'Espagne. [titre d'après la table]
Début :
Je n'ay rien de nouveau à vous dire d'Espagne, parce que toutes les choses [...]
Mots clefs :
Espagne, Fidélité, Reine, Roi d'Espagne
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texteReconnaissance textuelle : Affaires d'Espagne. [titre d'après la table]
mes d'équipage.
Je n'ay rien de nouveau à vous dire
d'Espagne , parce que toutes les chofes
dont je vous ay déja parlé , continuent
à s'executer de même, & fi je pouvois
y ajoûter quelque chofe d'avantageux,
ce qui eft impoffible , je vous dirois que
l'extrême fidelité des Efpagnols pour
leur legitime Souverain , & leur ardeur
de combatre , femble augmenter tous
les jours ; mais cependant elles font à un
point qu'il eft impoffible qu'elles puiffent aller plus loin. Tous les Royaumes
du Roy d'Espagne continuent de fournir à l'envy tout ce que la nature produit
dans toutes leursVilles, & ils offrent tous
les jours avecun empreffement à S.M.C.
quelque chofe de nouveau. Ce Monarque a fans ceffe travaillé avec application à tout ce qui regardoit la Campagne , afin que rien ne manquât à fes
Gg ij
352 MERCURE
Troupes lorfqu'elle s'ouvriroit. Il a
montré luy-mefme l'exemple à fes Sujets par les grands Reglemens qu'il a
faits dans fa Maiſon , dont il a tout reglé luy-mefme , en forte que fa dépense
fera fort modique , & qu'il n'y aura rien
de fuperflu ; mais en mefme temps il a
tellement pourvû à tout ce qui regarde
les Troupes , qu'elles auront abondamment tout ce qui leur fera neceffaire
fans aucune exception.
La Reine pour y contribuer de fon
cofté, a fait des chofes furprenantes , &
qui ont fait redoubler l'amour & l'admiration que tous les Espagnols ont toujours eues pour cette Princeffe , & dés
qu'on lui a donné quelque chofe de trop
magnifique, ou en trop grande quantité
& de fuperflu , elle a voulu qu'on le retranchât en difant toûjours que cela pouvoit fervir, à l'entretien des Trouppes, &
qu'enfin s'il eftoit befoin pour les encourager , ce qui n'eftoit pas pourtant
neceffaire , elle iroit à la tefte des Troupes , le Prince des Afturies entre fes bras
pour les animer , ce que je crois vous
GALANT 353
*
2
avoir déja rapporté , cette Princeffe
l'ayant fouvent dit. Enfin rien n'eſt égal
àtoutce qui fe paffe aujourd'huy en Efpagne , tant du cofté du Roy & de la
Reine, que de celuy de toute la Nation,
& l'on n'a rien vu de pareil dans aucun
fiecle. Les Ennemis de cette Nation ne
peuvent eux-mêmes s'empêcher de louer
fon zele &fa fidelité, & eftant perfuadez
que rien n'est capable de l'en faire manquer ; ils commencent à douter que leur
entrepriſe puiffe reüffir , & de la maniere que les chofes fe paffent en Espagne,
ils font perfuadez que le Ciel protegera
toujours les Efpagnols , tant à caufe de
leur extrême fidelité que de la grandeur
de leur zele , & que le defordre nefe
mettra pas dans une Armée où le luxe
ne regne pas.
Je n'ay rien de nouveau à vous dire
d'Espagne , parce que toutes les chofes
dont je vous ay déja parlé , continuent
à s'executer de même, & fi je pouvois
y ajoûter quelque chofe d'avantageux,
ce qui eft impoffible , je vous dirois que
l'extrême fidelité des Efpagnols pour
leur legitime Souverain , & leur ardeur
de combatre , femble augmenter tous
les jours ; mais cependant elles font à un
point qu'il eft impoffible qu'elles puiffent aller plus loin. Tous les Royaumes
du Roy d'Espagne continuent de fournir à l'envy tout ce que la nature produit
dans toutes leursVilles, & ils offrent tous
les jours avecun empreffement à S.M.C.
quelque chofe de nouveau. Ce Monarque a fans ceffe travaillé avec application à tout ce qui regardoit la Campagne , afin que rien ne manquât à fes
Gg ij
352 MERCURE
Troupes lorfqu'elle s'ouvriroit. Il a
montré luy-mefme l'exemple à fes Sujets par les grands Reglemens qu'il a
faits dans fa Maiſon , dont il a tout reglé luy-mefme , en forte que fa dépense
fera fort modique , & qu'il n'y aura rien
de fuperflu ; mais en mefme temps il a
tellement pourvû à tout ce qui regarde
les Troupes , qu'elles auront abondamment tout ce qui leur fera neceffaire
fans aucune exception.
La Reine pour y contribuer de fon
cofté, a fait des chofes furprenantes , &
qui ont fait redoubler l'amour & l'admiration que tous les Espagnols ont toujours eues pour cette Princeffe , & dés
qu'on lui a donné quelque chofe de trop
magnifique, ou en trop grande quantité
& de fuperflu , elle a voulu qu'on le retranchât en difant toûjours que cela pouvoit fervir, à l'entretien des Trouppes, &
qu'enfin s'il eftoit befoin pour les encourager , ce qui n'eftoit pas pourtant
neceffaire , elle iroit à la tefte des Troupes , le Prince des Afturies entre fes bras
pour les animer , ce que je crois vous
GALANT 353
*
2
avoir déja rapporté , cette Princeffe
l'ayant fouvent dit. Enfin rien n'eſt égal
àtoutce qui fe paffe aujourd'huy en Efpagne , tant du cofté du Roy & de la
Reine, que de celuy de toute la Nation,
& l'on n'a rien vu de pareil dans aucun
fiecle. Les Ennemis de cette Nation ne
peuvent eux-mêmes s'empêcher de louer
fon zele &fa fidelité, & eftant perfuadez
que rien n'est capable de l'en faire manquer ; ils commencent à douter que leur
entrepriſe puiffe reüffir , & de la maniere que les chofes fe paffent en Espagne,
ils font perfuadez que le Ciel protegera
toujours les Efpagnols , tant à caufe de
leur extrême fidelité que de la grandeur
de leur zele , & que le defordre nefe
mettra pas dans une Armée où le luxe
ne regne pas.
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Résumé : Affaires d'Espagne. [titre d'après la table]
En Espagne, la fidélité des Espagnols envers leur souverain légitime et leur ardeur au combat croissent chaque jour. Tous les royaumes du roi d'Espagne fournissent abondamment les ressources nécessaires. Le monarque a préparé la campagne en établissant des règlements stricts pour réduire les dépenses superflues tout en assurant que les troupes disposent de tout le nécessaire. La reine a également contribué en réduisant les dépenses excessives pour les rediriger vers l'entretien des troupes. Elle a exprimé sa volonté de mener les troupes au combat si nécessaire, accompagnant le prince des Asturies. La nation entière montre un zèle et une fidélité exceptionnels, impressionnant même les ennemis, qui reconnaissent la détermination et la loyauté des Espagnols. Cette situation unique en Espagne laisse présager une protection divine en raison de leur fidélité et de leur zèle.
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3
p. 317-351
Suite des Nouvelles d'Espagne. [titre d'après la table]
Début :
Extrait d'une Lettre d'Aranda du 31. Septembre. [...]
Mots clefs :
Madrid, Aranda, Vitoria, Ennemis, Espagne, Tolède, Roi d'Espagne, Armée du roi
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texteReconnaissance textuelle : Suite des Nouvelles d'Espagne. [titre d'après la table]
Extrait d'une Lettre d'Aranda
du 31.Septembre.
DOmJoseph Vallejo
, Colonel deCavalerie
,
qui
avoit estédetachépour inco rmoder
les Ennemis, ayant esté
informé que le General Wet-
ZCI
,
qui commande les Troupes
de VElecteur Palatin marchoit
vers L'Aragon avec un
Colonel. L'Ï une escorte de
deux cens Chevaux
,
marcha
le 30. dans le dessein de les
combattre.Illesjoignità Vaidés
et deux lêltCStcy.) où il
les attaqua si vivementque
malgré la grande resistance
qu'ils firent ils furententièrement
défaits. Plus de cinquante
furent tuez, &soixante
faitsprisonniers avec
un Capitaine C, unautre
Officier &' on prit tous U$
Equipages du General dans
lesquels on trouva plus detrois
mille Pistolesen or, &beau*
coup de Vaisselled'Argent
le toutfut pillé. Ce. General
(fg- le Colonel avec le reste de
leurs Cavaliers,sesauverent
aSizuenca<5oùlesEn.emii It Siguença ou CS.- n ': em¡.~ avaientzoo.Fantaffins$
mais ne s'y croyant pas en
seureté
, par la crainte qu'ils
avoient des habitans
,
demanderent
à capituler. On leur
accorda un passeportqu'ils demanderent
pour quatorze personnes.
Aprés cette action qui
ne cousta que quelques Cavaliers
à Mr de Vallejo
,
il envoya
icy les prisonniers
, &
marcha le lendemain à Guadalara
afin de pouvoir observer
les Ennemis de plus prés.
LEtrois Octobre le
Roy d'ESpsgne,& Monsieur
de Vendosme arriverent
à Tordesillas sur l£
Duero pouraller se mettre
à la teste de l'Armée
qui estoit à Salamanque
& qui devoit estrejointe,
par les Garnisons de Pampelune,
de Jaca en Aragon,
de Fontarabie, de S.
Sebastien & du Passage
ces Garnisons devant estre
relevées Dar d'autres Tioupes
;)
sçavoir celles de Pampelune
& de Jaca; par trois
Regiments tirez de Bayone
,
& celles de S. Sebastien
, de Fonrarabie & du
Passage par de nouvelles
Troupes que les Estats de
Biscaye
,
d'A lava & de
Guipuscoa doivent lever
& entretenir à leurs dé- pens.
DesLettres deMadrid du
4, portent que l'Archiduc
n'y estoit entré que le 28.
Septembre,qu'il estoit precedé
parle Regiment de
Cavalerie de Galvés,&
accompagné de ses Gardes
; qu'il entra par la ruë
d'Alcala &: qu'il continua
sa marche par la Grande
ruë jUÍllutà la Porte de
Guadalaxara, qu'il allai
l'Eglise deNostre-Dame
d'Atocha où il entendit la
Messe ; qu'il alla ensuite,
sansentrer au Palais; à la
Maison de Campagne de
Ivlrle Comte d'Aguilar&
-de-'li'auPirdo où ilestoit
encore le 4. qu'une partie
estoit dans le Voisinage ,
ôtl'autre le long de la Riviere
deXarama ;qu'elle
n'estoit composée que de
14000. hommes de Troupes
reglées &d'environ
Z500. Miquelests ou Bandits
qui faisoient de grands
desordres
,
ayantpilléplusieursVillages
aux,,, environs
du Pardo, & commis
plusieurs Sacrileges dans
les Eglises en emportant
les Vases, Sacrez & en jettant
les hosties consacrées
par terre; que les Curez
quiavoientesté en demander
justice au Comte de
Staremberg avoient ea
pour reponse, qu'il ne pouvoit
empescher ces desordres
faute d'argent dequoy
payer les Troupes ,
que la Ville de Madrid
n'estoit gouvernée que pas
les Alcaldes; que les Generaux
avoient reglé la contribution
à quarente deux
mille Ecus par mois, &
qu'on en avoit fait le premier
payement d'un Magatin
de farine que la Reine
avoitordonnéde jetter
parce q'uelle estoit gastée,
& de laquelle neanmoins
les Ennemis faisoient faire
du pain pour leurs Troupes
;qu'ils tiroienc des contributions
en grains des
autres lieux, ce qui n'empeschoit
pas que le pain ne fustbeaucoup plus cher à
Mad11d qua 1ordmairc.
Voicy ce que porte uneletre
de Madrid. Malgrécette
cherté du pain le peuple ria
pointvouluramasserl'Argent
que l'Archiduc a fait jetter
dans les rucs,CM ce mesme peuple
ordinairement amateur des
Spectaclesserenferma dans le
temps des Illuminations, &
assomma quelques Comediens
qui avoient joüé dans un des
Fauxbourgs un Prologue de
rejoüissance
,& mesme que le
Poëte qui l'avoitcomposé,
avoit aujjt esté trouvé mort le
lendemain dans la rot,
:' LE Roy d'Espagne
arrivaà Salamanque le 5.
avec Monsieur de Vendosme
,
où ils ne demeurerent
qu'un jour parce que l'Arméecontinuoit
de marcher
vers Placentia quoy
que toutes les Troupes
n'eussent pas encore joint.
Elle trouvoit par tout une
grandeabondance de vivres
& de fourages, & il
arrivoit ous les jours des
Recruës & des Corps de
Troupes tirées de divers
endroits.
• tes Regiments de Castille
& de Madrid passerent
le 15.enrevûë devant
sa Majesté Catholique qui
les trouvacomplets &en
tres bon estat. On a distribué
des Officiers François
quiestoient sans employ,
dans les Regiments où il
en manquoit. L'Estramadure
a donné des Chevaux
de remonte pour la Cavalerie,
& il y avoit quarente
pieces de Canon en estat
de marcher.
On a mis la Cavalerie
en quartier de rafraichissement
en attendant la
jonction du r<.fte des
Troupes
,
à l'exception de
neufcens Chevaux qui ont
esté detachez vers Talavera
de la Reyna,pour mieux
observer les mouvements
des Ennemis.Les Dragons,
commandez par Mr le
Comte Mahoni sontallez
a Oropezaen deçade Talavera;
toute l'Infanterie
partit le 17. pour aller camper
à Casa Tejada à huit
lieues de Placentia.
Un détachement de la
Garnison de Pampelune,
joint
joint par un bon nombre
d'habitans armez ayant
pane l'Ebre s'est emparé
de la Ville de Corella où
les Ennemis avoient des
Troupes, entre Calahorra
,
& Tudela
,
& a fait la
Garnison prisonniere.Plusieurs
Maisons de mal intentionnez
ontesté pillées,
entr'autres ce ledu nommé
Ferrer qui a esté aussi
rasée parce queson Fils
estoit à teste dela Garnison.
Copied'uneLettre écrite
deVittoria du 21.
Octobre. JE reçois une lettre de
D. Henriquez deCavaillas
Capitaine au Regiment
de Toledequin'a point
quitté le Roy depuis sa
sortie de Madrid. Il me
marque que depuis l'arrivée
de S. M. C. à Placentia
les Troupes estoient
campées entreCoria &Almara
; que Mrde Vendosllle
estantentré dans cette
derniere Place avec un
gros detachementen avoit
fait rompre le Pont le 14.
& que ceGeneral ayant ensuite
marché le long du
Tage pourreconnoistre la
disposition de l'Armée de
l'Archiduc dans laCastille
, il s'avança jusquà une
lieuë d'Oropesa où il fut
attaqué par 500. Cavaliers
Alemans embusquez qui
le prirent par derriere 6c
crurent pouvoir l'enveloper.
Son detachemenc n'estoit
que de 260. Cavaliers
avec lesquelsil fit une
sivigoureiife deffense qu'il
mit les ennemis en fuite
,
entua ou blessa plus de
ioo. & en prit 41. quiont
eslé amenez hier icy. Il dit
que l'Archiduc ne paroilt
plus avoir le dessein defaire
la jonction des Troupes
de Portugal depuis que
8000. hommes de (es troupesqui
s'estoient avancez
vers Albuquerqueavoienc
retourné sur leurs pas à l'aproche
de l'ArméeEfpagnole.
Mr de Vendosme
alla encore hier reconnoiftre
rAmee Ennemiequi a
remonte le lage. Mr b
Marquis de Bay tient les
Portugais dans le refpetl:.
On amena hier au Camp
ii. Miquelers qui couroient
les Montagnes de
Tolede dont quelqoues-uns
assurent que l'Archiduc
meditoit La retraitte dans
l'Arragon. Nous attendons
lereste de l'Artillerieavec
les munitions Se les provisions
de bouchepour8jours
qui feront prêtes au plus
tard le 18. après quoy nous
marcherons aux Ennemis
qui desolent la Castillepar
leursvexations. On nous
écrit icy de la frontiere de
Navarrecjue les Ennemis
retirent les petites garni-*
fons qui font sur la Frontiere.
d'Arragon dont ils
forment un Corps a Saragosse
avec lequel ilspré-,
tendent assurer le paisage
dCe cettae Proivilncelpear la.
Extrait d'une autre
Lettre de Vittoria.
LE Roy d'Espagne a
devancé huit mille Portugaise
de2,4.heuresy &sejtemparédu
Pontd'Almaraz. On
erojoit quilefloïtimpojjïble de
les prévenir & on a admiré
la diligence quesa M. C. c-
Mr de Vendosme ont fait
ainsi que Mr le Marquis de
Bay qui les a ensuite con•>'
traints de se retirer:LArchiduceffort
embarrassépourfç
retirer noyant que quinze
mille hommes dont trois mille
font malades. Il ravage les
Maisons & Chasteaux des
Grands & brusle beaucoupde
Villages aux environs de
Madrid. On a surpris une
lettre de /'Archidu:hejje 2
Aiadamefd Mere par laquelle
elle luy mande que les affaires
du Roy son Mary*
vont si mal que ii cela continueelle
apprehende que
les Catalans ne prennent
des resolutions violentes.
&Armée J^Jpagnolc efl
presentement de vingt deux
mille hommes effiaifs. Le
Roy cherche à donnerBataille
; maisMonsîeur de Vertdosme
le retient, le suppliant
de temporiser enattendantMr
le Duc de Moailles. La Ville
de Cadiz a vingt quatre Bataillons
y
taillons
y
& a offert au Roy
J'Espagne de luyen envoyer ce
quilluy plairoit. Sa Majeflé
atémoignéqu'il ejioitnecejfau
requ'ils restassentJ & qu'elle
estoit très Jatisfaite dailleurs
.de leur bonne volonté.
A Vittoria le13.
«
Offabre.
L'Armée du Roy
d'Espagne est prefente-
Hienc composée de douze lmille hommes de pied & de sept mille chevaux; &
, cp nombre est effedtify- le
Roy attend encore deux
millechevaux dans peu de
jours, de forte qu'il (ira.
bien plus fort en Cavalerie
que sesEnnemis. l'A rgent
n'a pointmanquéjur.
qu'àpreient,$d'onne/çauroit
pouffer plus loin la ûr
délité que le font tous les
peuples d'Espagne. Le
Royaume de Murcie a pri$
les Armes dans la refoluçion
de se bien deffendre si
les Ennemis viennent 1attaquer,
celuy de Valence
en a fait autant. Il court
un bruit depuis hier midy
que les Ennemis feignant
-d'envoyer un detachemenc
à Tolede se retirent
véritablement ce qui est
fort naturel à croire s'il est
vray que les Portugais se
soient retirezcomme on
le publie. La Province de
Biicaye vient de donner
5000. pistoles à la Reine;
Il vient de tems en tems de
pareils petits lecours icy
aussi bien qu'à tArmée du
Roy d'Espagne.
Quelques traitres avoient
tramé une conspirationà
Tortose; mais elle a ellé
decouverte, & les auteurs
ont été pris &arrestez. Un
autretraître avoit livré aux
Ennemisla Ville de Xerès
de los Cavalleros vers
la Frontière de l'Alentejo,
mais il n'en ont pas profité
j'en estant retirez après
avoir néanmoins fait farter
quelques fortifications
lX. bruslé quelques munitions.
On vient de recevoir
nouvelle que les Ennemis
marchentàS. Pozuelo qui
est sur le chemin de Tolede
; cestaussi celuy d'Aragon
& de Valençe. On ne
sçait point lequel ils prendront,
Latesse de Armée
du Roy decpaone ea à
Talavera de la Reina àn.
lieuës de Madrid On dit
mesme que le Colonel Vallejo
est à Alcala. Nous
sommes icy dans un tresvilain
pays entouré de
montagnes;mais qui est
bon pour la feurecé de la
Reine.
A Vînoriale 3°,Oélobrea
tat-des affaires ¿,Ef.
P (,-;?Ï' n'est pas augi mauvais
que vous l'avek. pu croire.
LesEnnemis font toujours
campez aux environs de Madrid.
L'Archiduc est au Pardo.
Les Villagessontpillez &'
bruslezjusqu'aux Eglises où
les Anglois& les Holandois
font des impietez & des sacrileges
abominables.LesMaisons
de tous lesFrançois&de
tous ceux qui ont suivi la
Couront estépilléesà Madrid,
& la noflre par consequent ,
ejl du nombre. Les François
ont eu ordre de sortir de cette
Ville dans 24. heures sous
peine de la viey &les Dames
qui font restées à Madrid,
ordre d'aller à Tolede ; la plus
part ontdéja obey
, & les autres
se disposent à le faire.
Ellesfont prés de 60. dans le
cas. On nefait quelle peut
estrel'intentiondel'Archiduc,
à moins qu'il ne croye engager
par-là les Marisqui font auprès
du Roy & de la Reine
d'aller trouver leurs femmes.
Ony a ordonné encore à tous
ceux qui ont des Armes
,
de
les porter a la Caza delCampo
; on craint que ce ne foit
dans la vue defaire un pillage
général ensortant de Cette
Capitale. Mrle Marquisde
Manfera, qui ayant prés de
cent ans, n'avoit pas pusuivre
le Roy,quelque bonne en'"
viequ'ilen eust, estant rcflêà
Madrid, le GeneralStanhope
lalla voir pour l'exhorter
d'allerse mettre aux pieds du
Roy Carlos tercero. illuy
répondit qu'il pouvoit le
mettre aux pieds de l'Archiduc
d'Autriche, ter~
dontse servent les Espagnols
pour dire assurer de leurs respects;
qu'ill'honoroitcomme
un grand Prince; qu'il
pouvoit luy dire de sapart,
quil n'avoit qu'un Dieu,
uneLoy & un Roy; que
son Dieu & sa Loy H1y
estoient connus; que pour
son Roy,s'il ignoroit qui
il estoit,il luy apprenoit
quec'estoitPhilippeV. de
Bourbon legitime Roy
d'Espagne, a qui il avait
presté le ferment defidèle
lé
;
qu'il ne vouloit pas que
le peu de joursqu'il avoità
vivre, fussent tachez,
de l'infamie de luy estre
parjure; quec'estoitlà tout
ce qu'il pouvoir dire de sa
part à l'Archiduc. Ilfiâit
son discours, en disant qu'il
estoit las d'estre debout,
& qu'il s'alloit coucher.
De-la le General Stanhope
fut chez Mrle Marquis de
Frezno, qui luy répondit en
substance la mesmechose,ajoustant
que l'Archiduc estoit
maist. e de le traitter comme
prisonnier; mais que
sans son grand âge & ses
infirmitez qui l'avoient
mis hors d'estat de suivre
son Roy, il ne l'auroit pas
trouvé à Madrid.
Monsieur de Vendosme efi
charmé de lafidélité des peuples.
Elle va dela de tout ce
que l'on en peut dire.Je ne vous
enciteray qu'un exemple qui
vousferajuger du reste. Les
Ennemis ayant ordonné dans
un Village près de Madrid
qu'oncriastvivat Carlostercero,
tes habitants crierent
vivat Felippé Quinto. On
les menaça dufeu;ils crierent
encore plus fort; onmit lefeu
à leursMaisonsilss'assemblerent,
& danserent autour
desflames jusqu'à ce que tout
just redu t encendres, disant
que c'estoient leurs illuminations
& leurs feux de jojt
qu'ilssaisoient par avarie?
pour le retour de leur Roy à
Madrid.Ce détail, & les
réponses de Mr de Manfera
& de Mr de Frezno au
General Stanbope ontesté envoyées
à la Reine dans ces
mesmes termes.
Le R<jy esttousjours depuis
le 19. à Casa Tejada
,
soft
Armée en quartier
,
qui se
peutassemblerendeuxjoursa
trois lieues de-là. Mr de Vallejo
est avec un détachement
entreSegovie & Madrid;
Mrde, Bagamonteavec500.
Chevaux, à Torre Lodana
prés l'Escurial ; MrMahoni,
avec lesDragons de l'Armée
à Calçada d'Oropeza
, &
MrLanceroti avecun autre
détachement, à Talavera de
la Reyna. On estinformé par
ces Officiers. Generaux
,
de
toutceque font les Ennemis.,
les paysans ayant un grand
foin de les en instruire, & les
Ennemissontsipeu informe";\.
de ce qui nousregarde
, que
dans des lettres qu'onleura
surprisces derniersjours, leurs
Generaux demandaient s'il
estoitvray que Mr de Vendosme
eust joint Philippe V.
Onprend la plupartde leurs
Courriers, ce qui nous est trèsutilepoursçavoirl'eflat
omils
sont
, & quellessont leurs
intentions: lesilencedes paysans
à leur égard, & le peu
d'avisquonleur donne, ont
fait dire icy 3quele secours
de France qui vientjoindre
Mrde JSloailIcs enCatalogne,
aura joint avant quils sçachent
quilsoit party de Dauphiné'.
Il
y d'autres Lettres
qui portentqueMrdeVendosmeavoitdétache
4000.
Chevaux sur les ailes de
l'Arméedel'Archiduc;
,qu'il avoit plus de seize
,cens prifonners ; que les
Ennemis ayant fait une
descente sur les Costes du
Royaume de Valence, Mr
Gaëtano les avoit repoussez
avec les Troupes de
Murcie, & qu'il y en avoit
eu quatre cens Tele pris ou
de tuez.
du 31.Septembre.
DOmJoseph Vallejo
, Colonel deCavalerie
,
qui
avoit estédetachépour inco rmoder
les Ennemis, ayant esté
informé que le General Wet-
ZCI
,
qui commande les Troupes
de VElecteur Palatin marchoit
vers L'Aragon avec un
Colonel. L'Ï une escorte de
deux cens Chevaux
,
marcha
le 30. dans le dessein de les
combattre.Illesjoignità Vaidés
et deux lêltCStcy.) où il
les attaqua si vivementque
malgré la grande resistance
qu'ils firent ils furententièrement
défaits. Plus de cinquante
furent tuez, &soixante
faitsprisonniers avec
un Capitaine C, unautre
Officier &' on prit tous U$
Equipages du General dans
lesquels on trouva plus detrois
mille Pistolesen or, &beau*
coup de Vaisselled'Argent
le toutfut pillé. Ce. General
(fg- le Colonel avec le reste de
leurs Cavaliers,sesauverent
aSizuenca<5oùlesEn.emii It Siguença ou CS.- n ': em¡.~ avaientzoo.Fantaffins$
mais ne s'y croyant pas en
seureté
, par la crainte qu'ils
avoient des habitans
,
demanderent
à capituler. On leur
accorda un passeportqu'ils demanderent
pour quatorze personnes.
Aprés cette action qui
ne cousta que quelques Cavaliers
à Mr de Vallejo
,
il envoya
icy les prisonniers
, &
marcha le lendemain à Guadalara
afin de pouvoir observer
les Ennemis de plus prés.
LEtrois Octobre le
Roy d'ESpsgne,& Monsieur
de Vendosme arriverent
à Tordesillas sur l£
Duero pouraller se mettre
à la teste de l'Armée
qui estoit à Salamanque
& qui devoit estrejointe,
par les Garnisons de Pampelune,
de Jaca en Aragon,
de Fontarabie, de S.
Sebastien & du Passage
ces Garnisons devant estre
relevées Dar d'autres Tioupes
;)
sçavoir celles de Pampelune
& de Jaca; par trois
Regiments tirez de Bayone
,
& celles de S. Sebastien
, de Fonrarabie & du
Passage par de nouvelles
Troupes que les Estats de
Biscaye
,
d'A lava & de
Guipuscoa doivent lever
& entretenir à leurs dé- pens.
DesLettres deMadrid du
4, portent que l'Archiduc
n'y estoit entré que le 28.
Septembre,qu'il estoit precedé
parle Regiment de
Cavalerie de Galvés,&
accompagné de ses Gardes
; qu'il entra par la ruë
d'Alcala &: qu'il continua
sa marche par la Grande
ruë jUÍllutà la Porte de
Guadalaxara, qu'il allai
l'Eglise deNostre-Dame
d'Atocha où il entendit la
Messe ; qu'il alla ensuite,
sansentrer au Palais; à la
Maison de Campagne de
Ivlrle Comte d'Aguilar&
-de-'li'auPirdo où ilestoit
encore le 4. qu'une partie
estoit dans le Voisinage ,
ôtl'autre le long de la Riviere
deXarama ;qu'elle
n'estoit composée que de
14000. hommes de Troupes
reglées &d'environ
Z500. Miquelests ou Bandits
qui faisoient de grands
desordres
,
ayantpilléplusieursVillages
aux,,, environs
du Pardo, & commis
plusieurs Sacrileges dans
les Eglises en emportant
les Vases, Sacrez & en jettant
les hosties consacrées
par terre; que les Curez
quiavoientesté en demander
justice au Comte de
Staremberg avoient ea
pour reponse, qu'il ne pouvoit
empescher ces desordres
faute d'argent dequoy
payer les Troupes ,
que la Ville de Madrid
n'estoit gouvernée que pas
les Alcaldes; que les Generaux
avoient reglé la contribution
à quarente deux
mille Ecus par mois, &
qu'on en avoit fait le premier
payement d'un Magatin
de farine que la Reine
avoitordonnéde jetter
parce q'uelle estoit gastée,
& de laquelle neanmoins
les Ennemis faisoient faire
du pain pour leurs Troupes
;qu'ils tiroienc des contributions
en grains des
autres lieux, ce qui n'empeschoit
pas que le pain ne fustbeaucoup plus cher à
Mad11d qua 1ordmairc.
Voicy ce que porte uneletre
de Madrid. Malgrécette
cherté du pain le peuple ria
pointvouluramasserl'Argent
que l'Archiduc a fait jetter
dans les rucs,CM ce mesme peuple
ordinairement amateur des
Spectaclesserenferma dans le
temps des Illuminations, &
assomma quelques Comediens
qui avoient joüé dans un des
Fauxbourgs un Prologue de
rejoüissance
,& mesme que le
Poëte qui l'avoitcomposé,
avoit aujjt esté trouvé mort le
lendemain dans la rot,
:' LE Roy d'Espagne
arrivaà Salamanque le 5.
avec Monsieur de Vendosme
,
où ils ne demeurerent
qu'un jour parce que l'Arméecontinuoit
de marcher
vers Placentia quoy
que toutes les Troupes
n'eussent pas encore joint.
Elle trouvoit par tout une
grandeabondance de vivres
& de fourages, & il
arrivoit ous les jours des
Recruës & des Corps de
Troupes tirées de divers
endroits.
• tes Regiments de Castille
& de Madrid passerent
le 15.enrevûë devant
sa Majesté Catholique qui
les trouvacomplets &en
tres bon estat. On a distribué
des Officiers François
quiestoient sans employ,
dans les Regiments où il
en manquoit. L'Estramadure
a donné des Chevaux
de remonte pour la Cavalerie,
& il y avoit quarente
pieces de Canon en estat
de marcher.
On a mis la Cavalerie
en quartier de rafraichissement
en attendant la
jonction du r<.fte des
Troupes
,
à l'exception de
neufcens Chevaux qui ont
esté detachez vers Talavera
de la Reyna,pour mieux
observer les mouvements
des Ennemis.Les Dragons,
commandez par Mr le
Comte Mahoni sontallez
a Oropezaen deçade Talavera;
toute l'Infanterie
partit le 17. pour aller camper
à Casa Tejada à huit
lieues de Placentia.
Un détachement de la
Garnison de Pampelune,
joint
joint par un bon nombre
d'habitans armez ayant
pane l'Ebre s'est emparé
de la Ville de Corella où
les Ennemis avoient des
Troupes, entre Calahorra
,
& Tudela
,
& a fait la
Garnison prisonniere.Plusieurs
Maisons de mal intentionnez
ontesté pillées,
entr'autres ce ledu nommé
Ferrer qui a esté aussi
rasée parce queson Fils
estoit à teste dela Garnison.
Copied'uneLettre écrite
deVittoria du 21.
Octobre. JE reçois une lettre de
D. Henriquez deCavaillas
Capitaine au Regiment
de Toledequin'a point
quitté le Roy depuis sa
sortie de Madrid. Il me
marque que depuis l'arrivée
de S. M. C. à Placentia
les Troupes estoient
campées entreCoria &Almara
; que Mrde Vendosllle
estantentré dans cette
derniere Place avec un
gros detachementen avoit
fait rompre le Pont le 14.
& que ceGeneral ayant ensuite
marché le long du
Tage pourreconnoistre la
disposition de l'Armée de
l'Archiduc dans laCastille
, il s'avança jusquà une
lieuë d'Oropesa où il fut
attaqué par 500. Cavaliers
Alemans embusquez qui
le prirent par derriere 6c
crurent pouvoir l'enveloper.
Son detachemenc n'estoit
que de 260. Cavaliers
avec lesquelsil fit une
sivigoureiife deffense qu'il
mit les ennemis en fuite
,
entua ou blessa plus de
ioo. & en prit 41. quiont
eslé amenez hier icy. Il dit
que l'Archiduc ne paroilt
plus avoir le dessein defaire
la jonction des Troupes
de Portugal depuis que
8000. hommes de (es troupesqui
s'estoient avancez
vers Albuquerqueavoienc
retourné sur leurs pas à l'aproche
de l'ArméeEfpagnole.
Mr de Vendosme
alla encore hier reconnoiftre
rAmee Ennemiequi a
remonte le lage. Mr b
Marquis de Bay tient les
Portugais dans le refpetl:.
On amena hier au Camp
ii. Miquelers qui couroient
les Montagnes de
Tolede dont quelqoues-uns
assurent que l'Archiduc
meditoit La retraitte dans
l'Arragon. Nous attendons
lereste de l'Artillerieavec
les munitions Se les provisions
de bouchepour8jours
qui feront prêtes au plus
tard le 18. après quoy nous
marcherons aux Ennemis
qui desolent la Castillepar
leursvexations. On nous
écrit icy de la frontiere de
Navarrecjue les Ennemis
retirent les petites garni-*
fons qui font sur la Frontiere.
d'Arragon dont ils
forment un Corps a Saragosse
avec lequel ilspré-,
tendent assurer le paisage
dCe cettae Proivilncelpear la.
Extrait d'une autre
Lettre de Vittoria.
LE Roy d'Espagne a
devancé huit mille Portugaise
de2,4.heuresy &sejtemparédu
Pontd'Almaraz. On
erojoit quilefloïtimpojjïble de
les prévenir & on a admiré
la diligence quesa M. C. c-
Mr de Vendosme ont fait
ainsi que Mr le Marquis de
Bay qui les a ensuite con•>'
traints de se retirer:LArchiduceffort
embarrassépourfç
retirer noyant que quinze
mille hommes dont trois mille
font malades. Il ravage les
Maisons & Chasteaux des
Grands & brusle beaucoupde
Villages aux environs de
Madrid. On a surpris une
lettre de /'Archidu:hejje 2
Aiadamefd Mere par laquelle
elle luy mande que les affaires
du Roy son Mary*
vont si mal que ii cela continueelle
apprehende que
les Catalans ne prennent
des resolutions violentes.
&Armée J^Jpagnolc efl
presentement de vingt deux
mille hommes effiaifs. Le
Roy cherche à donnerBataille
; maisMonsîeur de Vertdosme
le retient, le suppliant
de temporiser enattendantMr
le Duc de Moailles. La Ville
de Cadiz a vingt quatre Bataillons
y
taillons
y
& a offert au Roy
J'Espagne de luyen envoyer ce
quilluy plairoit. Sa Majeflé
atémoignéqu'il ejioitnecejfau
requ'ils restassentJ & qu'elle
estoit très Jatisfaite dailleurs
.de leur bonne volonté.
A Vittoria le13.
«
Offabre.
L'Armée du Roy
d'Espagne est prefente-
Hienc composée de douze lmille hommes de pied & de sept mille chevaux; &
, cp nombre est effedtify- le
Roy attend encore deux
millechevaux dans peu de
jours, de forte qu'il (ira.
bien plus fort en Cavalerie
que sesEnnemis. l'A rgent
n'a pointmanquéjur.
qu'àpreient,$d'onne/çauroit
pouffer plus loin la ûr
délité que le font tous les
peuples d'Espagne. Le
Royaume de Murcie a pri$
les Armes dans la refoluçion
de se bien deffendre si
les Ennemis viennent 1attaquer,
celuy de Valence
en a fait autant. Il court
un bruit depuis hier midy
que les Ennemis feignant
-d'envoyer un detachemenc
à Tolede se retirent
véritablement ce qui est
fort naturel à croire s'il est
vray que les Portugais se
soient retirezcomme on
le publie. La Province de
Biicaye vient de donner
5000. pistoles à la Reine;
Il vient de tems en tems de
pareils petits lecours icy
aussi bien qu'à tArmée du
Roy d'Espagne.
Quelques traitres avoient
tramé une conspirationà
Tortose; mais elle a ellé
decouverte, & les auteurs
ont été pris &arrestez. Un
autretraître avoit livré aux
Ennemisla Ville de Xerès
de los Cavalleros vers
la Frontière de l'Alentejo,
mais il n'en ont pas profité
j'en estant retirez après
avoir néanmoins fait farter
quelques fortifications
lX. bruslé quelques munitions.
On vient de recevoir
nouvelle que les Ennemis
marchentàS. Pozuelo qui
est sur le chemin de Tolede
; cestaussi celuy d'Aragon
& de Valençe. On ne
sçait point lequel ils prendront,
Latesse de Armée
du Roy decpaone ea à
Talavera de la Reina àn.
lieuës de Madrid On dit
mesme que le Colonel Vallejo
est à Alcala. Nous
sommes icy dans un tresvilain
pays entouré de
montagnes;mais qui est
bon pour la feurecé de la
Reine.
A Vînoriale 3°,Oélobrea
tat-des affaires ¿,Ef.
P (,-;?Ï' n'est pas augi mauvais
que vous l'avek. pu croire.
LesEnnemis font toujours
campez aux environs de Madrid.
L'Archiduc est au Pardo.
Les Villagessontpillez &'
bruslezjusqu'aux Eglises où
les Anglois& les Holandois
font des impietez & des sacrileges
abominables.LesMaisons
de tous lesFrançois&de
tous ceux qui ont suivi la
Couront estépilléesà Madrid,
& la noflre par consequent ,
ejl du nombre. Les François
ont eu ordre de sortir de cette
Ville dans 24. heures sous
peine de la viey &les Dames
qui font restées à Madrid,
ordre d'aller à Tolede ; la plus
part ontdéja obey
, & les autres
se disposent à le faire.
Ellesfont prés de 60. dans le
cas. On nefait quelle peut
estrel'intentiondel'Archiduc,
à moins qu'il ne croye engager
par-là les Marisqui font auprès
du Roy & de la Reine
d'aller trouver leurs femmes.
Ony a ordonné encore à tous
ceux qui ont des Armes
,
de
les porter a la Caza delCampo
; on craint que ce ne foit
dans la vue defaire un pillage
général ensortant de Cette
Capitale. Mrle Marquisde
Manfera, qui ayant prés de
cent ans, n'avoit pas pusuivre
le Roy,quelque bonne en'"
viequ'ilen eust, estant rcflêà
Madrid, le GeneralStanhope
lalla voir pour l'exhorter
d'allerse mettre aux pieds du
Roy Carlos tercero. illuy
répondit qu'il pouvoit le
mettre aux pieds de l'Archiduc
d'Autriche, ter~
dontse servent les Espagnols
pour dire assurer de leurs respects;
qu'ill'honoroitcomme
un grand Prince; qu'il
pouvoit luy dire de sapart,
quil n'avoit qu'un Dieu,
uneLoy & un Roy; que
son Dieu & sa Loy H1y
estoient connus; que pour
son Roy,s'il ignoroit qui
il estoit,il luy apprenoit
quec'estoitPhilippeV. de
Bourbon legitime Roy
d'Espagne, a qui il avait
presté le ferment defidèle
lé
;
qu'il ne vouloit pas que
le peu de joursqu'il avoità
vivre, fussent tachez,
de l'infamie de luy estre
parjure; quec'estoitlà tout
ce qu'il pouvoir dire de sa
part à l'Archiduc. Ilfiâit
son discours, en disant qu'il
estoit las d'estre debout,
& qu'il s'alloit coucher.
De-la le General Stanhope
fut chez Mrle Marquis de
Frezno, qui luy répondit en
substance la mesmechose,ajoustant
que l'Archiduc estoit
maist. e de le traitter comme
prisonnier; mais que
sans son grand âge & ses
infirmitez qui l'avoient
mis hors d'estat de suivre
son Roy, il ne l'auroit pas
trouvé à Madrid.
Monsieur de Vendosme efi
charmé de lafidélité des peuples.
Elle va dela de tout ce
que l'on en peut dire.Je ne vous
enciteray qu'un exemple qui
vousferajuger du reste. Les
Ennemis ayant ordonné dans
un Village près de Madrid
qu'oncriastvivat Carlostercero,
tes habitants crierent
vivat Felippé Quinto. On
les menaça dufeu;ils crierent
encore plus fort; onmit lefeu
à leursMaisonsilss'assemblerent,
& danserent autour
desflames jusqu'à ce que tout
just redu t encendres, disant
que c'estoient leurs illuminations
& leurs feux de jojt
qu'ilssaisoient par avarie?
pour le retour de leur Roy à
Madrid.Ce détail, & les
réponses de Mr de Manfera
& de Mr de Frezno au
General Stanbope ontesté envoyées
à la Reine dans ces
mesmes termes.
Le R<jy esttousjours depuis
le 19. à Casa Tejada
,
soft
Armée en quartier
,
qui se
peutassemblerendeuxjoursa
trois lieues de-là. Mr de Vallejo
est avec un détachement
entreSegovie & Madrid;
Mrde, Bagamonteavec500.
Chevaux, à Torre Lodana
prés l'Escurial ; MrMahoni,
avec lesDragons de l'Armée
à Calçada d'Oropeza
, &
MrLanceroti avecun autre
détachement, à Talavera de
la Reyna. On estinformé par
ces Officiers. Generaux
,
de
toutceque font les Ennemis.,
les paysans ayant un grand
foin de les en instruire, & les
Ennemissontsipeu informe";\.
de ce qui nousregarde
, que
dans des lettres qu'onleura
surprisces derniersjours, leurs
Generaux demandaient s'il
estoitvray que Mr de Vendosme
eust joint Philippe V.
Onprend la plupartde leurs
Courriers, ce qui nous est trèsutilepoursçavoirl'eflat
omils
sont
, & quellessont leurs
intentions: lesilencedes paysans
à leur égard, & le peu
d'avisquonleur donne, ont
fait dire icy 3quele secours
de France qui vientjoindre
Mrde JSloailIcs enCatalogne,
aura joint avant quils sçachent
quilsoit party de Dauphiné'.
Il
y d'autres Lettres
qui portentqueMrdeVendosmeavoitdétache
4000.
Chevaux sur les ailes de
l'Arméedel'Archiduc;
,qu'il avoit plus de seize
,cens prifonners ; que les
Ennemis ayant fait une
descente sur les Costes du
Royaume de Valence, Mr
Gaëtano les avoit repoussez
avec les Troupes de
Murcie, & qu'il y en avoit
eu quatre cens Tele pris ou
de tuez.
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Résumé : Suite des Nouvelles d'Espagne. [titre d'après la table]
La lettre d'Aranda du 31 septembre 1706 décrit plusieurs événements militaires et politiques en Espagne. Le colonel Vallejo a attaqué et vaincu les troupes du général Wet-ZCI près de Vaidés et de Lécetcy, tuant plus de cinquante ennemis et en capturant soixante. Les Espagnols ont également pillé des équipements précieux, incluant trois mille pistoles en or et de la vaisselle d'argent. Les généraux ennemis se sont réfugiés à Siguenza. L'archiduc, confronté à la retraite de ses troupes, a ravagé des maisons et villages autour de Madrid. Une lettre interceptée indique que les affaires du roi d'Espagne sont en difficulté, ce qui inquiète les Catalans. L'armée espagnole, forte de quinze mille hommes dont trois mille malades, attend des renforts. Cadix a proposé son aide au roi, mais celui-ci a refusé, se déclarant satisfait de leur bonne volonté. À Vittoria, l'armée du roi d'Espagne compte douze mille hommes de pied et sept mille chevaux, avec deux mille autres chevaux attendus. Les royaumes de Murcie et de Valence se préparent à se défendre. Des conspirations à Tortose et des trahisons à Xerès ont été découvertes et réprimées. Les ennemis se dirigent vers S. Pozuelo, tandis que l'armée du roi est à Talavera de la Reina. Le 30 octobre à Vitoria, les ennemis campent autour de Madrid, pillant et brûlant les villages, y compris les églises. Les Français ont reçu l'ordre de quitter Madrid, et les dames doivent se rendre à Tolède. Les habitants de Madrid restent fidèles à Philippe V. Les marquis de Manfera et de Frezno ont refusé de se rendre à l'archiduc, affirmant leur loyauté envers Philippe V. Le roi est à Casa Tejada, et plusieurs détachements surveillent les mouvements ennemis. Les courriers ennemis sont souvent interceptés, fournissant des informations précieuses sur leurs intentions et mouvements.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 295-299
Suite des Nouvelles d'Espagne.
Début :
Depuis ma derniere, on a sçu que les Ennemis estoient [...]
Mots clefs :
Vitoria, Ennemis, Roi d'Espagne, Noailles, Tolède, Madrid
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite des Nouvelles d'Espagne.
Suite des Nouvelles
-d'Efpagnc.
A Vittoria le ij,
Novembre.
Depuis
ma derniert, on
afçu que les Ennemis estoient
tousjours à Val de Moro, qui
riejlquà 4. lieues de Madrid,
qu'ils avoient mis4000.
hommes dans Tolcde;J
qu'ils l'alloient fortifier.
Par leCourrier qui arriva
hier icy,on a apprisque lesEnnemis
vendoientle boisJecharbon
& les autres choses quils
avoient amassées à Madrid,
obligeantmesme lesBourgeois
à les acheter; ce qui afait
dire qu'ils ne veulentpas garderMadridnirefierà
Tolede;
maison ne peutpas encore efire
long tempssanssavoir la- resolution
qu'ilsprendrontquand
ils sçauront que la tesie des
Troupes que le Roy envoye à
son petit Fils entre actuelle-
Menten Roussillon, & que le
tout
toutyfera le20. de cemois ,
de maniere que Mrde Noailles
agira dans peu de jours.
On ne peut rien comprendre
aux desseins des Ennemis
ni à leurs vues, le Roy d'Espagne
ayant actuellementplus
de vingtmille hommes,
estant bienplusfort, en Cavalerie
que
les
Ennemis, ce qui
le met en estatetenlever les
vivresdes Ennemis de quelque
part qu'ils veulent les tirer.
Mr de Noailles entrant
en Catalogne avec53. Bataillons
53. Escadrons
,
est en
estat detout entreprendre. Ensin
noussommes à la Deïllc db:
quelques grande action, &
tpeut-estre de la decisionde ton? £cettegrande affaire.
,
':':\ De Vittoria le 14.
Novembre.
LA Reine a reçu un
Courrier du Roy, quiluy
écrit qu'il avoit fait la revuedesonarmée,
qui consiée
en seize mille cinq
cens hommes d'Infanterie,
& onze mille cinq -cen$.
chevaux,sanscompter lez
tambours & les trompettes;
l'Archiduc se fortifié
toûjours à Tolede, Scl'èn
ne peut encore pénetrer (es
desseins.
-d'Efpagnc.
A Vittoria le ij,
Novembre.
Depuis
ma derniert, on
afçu que les Ennemis estoient
tousjours à Val de Moro, qui
riejlquà 4. lieues de Madrid,
qu'ils avoient mis4000.
hommes dans Tolcde;J
qu'ils l'alloient fortifier.
Par leCourrier qui arriva
hier icy,on a apprisque lesEnnemis
vendoientle boisJecharbon
& les autres choses quils
avoient amassées à Madrid,
obligeantmesme lesBourgeois
à les acheter; ce qui afait
dire qu'ils ne veulentpas garderMadridnirefierà
Tolede;
maison ne peutpas encore efire
long tempssanssavoir la- resolution
qu'ilsprendrontquand
ils sçauront que la tesie des
Troupes que le Roy envoye à
son petit Fils entre actuelle-
Menten Roussillon, & que le
tout
toutyfera le20. de cemois ,
de maniere que Mrde Noailles
agira dans peu de jours.
On ne peut rien comprendre
aux desseins des Ennemis
ni à leurs vues, le Roy d'Espagne
ayant actuellementplus
de vingtmille hommes,
estant bienplusfort, en Cavalerie
que
les
Ennemis, ce qui
le met en estatetenlever les
vivresdes Ennemis de quelque
part qu'ils veulent les tirer.
Mr de Noailles entrant
en Catalogne avec53. Bataillons
53. Escadrons
,
est en
estat detout entreprendre. Ensin
noussommes à la Deïllc db:
quelques grande action, &
tpeut-estre de la decisionde ton? £cettegrande affaire.
,
':':\ De Vittoria le 14.
Novembre.
LA Reine a reçu un
Courrier du Roy, quiluy
écrit qu'il avoit fait la revuedesonarmée,
qui consiée
en seize mille cinq
cens hommes d'Infanterie,
& onze mille cinq -cen$.
chevaux,sanscompter lez
tambours & les trompettes;
l'Archiduc se fortifié
toûjours à Tolede, Scl'èn
ne peut encore pénetrer (es
desseins.
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Résumé : Suite des Nouvelles d'Espagne.
Le texte décrit des événements militaires en Espagne. Les ennemis sont positionnés à Val de Moro, près de Madrid, et ont renforcé leurs troupes à Tolède. Ils vendent des ressources amassées à Madrid, indiquant qu'ils ne prévoient pas de s'y établir durablement. La situation est incertaine en raison de l'arrivée prochaine de troupes françaises en Roussillon. Le roi d'Espagne dispose de plus de vingt mille hommes et d'une cavalerie supérieure, lui permettant de menacer les approvisionnements ennemis. Monsieur de Noailles, avec 53 bataillons et 53 escadrons, est prêt à intervenir en Catalogne. La reine a reçu des informations selon lesquelles l'armée du roi compte seize mille cinq cents hommes d'infanterie et onze mille cinq cents chevaux, sans compter les tambours et les trompettes. L'archiduc continue de se fortifier à Tolède, mais ses intentions restent obscures.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 187-206
Suite des Nouvelles d'Espagne depuis le mois passé.
Début :
Du Camp de Casa Texada le 15. Novemb. Par Mr [...]
Mots clefs :
Ennemis, Armée, Archiduc, Madrid, Espagne, Roi d'Espagne, Chevaux, Cavalerie, Fourrages, Retraite, Casatejada, Vitoria
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite des Nouvelles d'Espagne depuis le mois passé.
Suite des Nouvelles
d'Espagne depuisle
mois passé.
Du Camp de Casa
Texada le
15.
ISIovemb.
ParMrdeC***.
Nous sommes tousjours
icy dans la mesme
situation à reparer l'Armée
du Royde tout cequi luy
manquoit
,
& à remonter
laCavalerie. Les Ennemis
ont quitté Madrid.Ils marchent
pour passer le Tage
au pont d'Aranjuez. Ils seront
sur le chemin de retourner
en Arragon, & en
Catalogne. Leur retraite
eu: à prés de cent lieuës.
Nous mettrons quatre mille
Chevauxaprés eux, pendant
que le reste de l'Armée
les suivra. Par des Let.
tres que nous ayons interceptées
de l'Archiduc , d'hier,il se plaint à l'Archiduchese
de l'opiniastreté
de Mr de Staremberg
d'avoir voulu venir à Madrid
, & d'estre resté si
longtemps dans ce pays.
Il luy avouë qu'ils sont
dans là plus mauvaise situation
du monde, &
beaucoup plus mal que
quand ils estoient assiegez
dans Barcelone; que l'E£'
pagne a presentement un
bon General en la personne
deMr le Duc de Vendosme.
Lettre de Vittoria le 16.
Novembre.
I le/ï arrivé aprés rnidy,
un Gardedu l{oy. ,de l^Compagnied'ossone
, qui ayoit:
esté envoyé pour sçavoir ce
qui se passoit à Madrid. Il
en eflparty le12..& a rapportéqueleu.
lesEnnemis
avoiententièrementretire toutes
les Troupes quilsy avoient
après avoir enlevé tout ce qui
pouvoitJervira leursubsistance
j & pillé quelques Maisons.
Celles de Mr le Marquis
de Sant-Iago, de Mrs de
Mejorada
, & de Campo
Florido3font du nombre Ils
ont ordonné à tous les Conseils
ou Prefidios que l'Archiduc
àvoit establis
,
desuivrel'Armee.
Mr Ducasse a écrit a
Mr le C. de Lionne que la
Reine avoit esté informée
dés le 8. que les Ennemis
devoient se mettre en marche
le 10. qu'il seroit édifié
toute sa vie de la fidelité
des Espagnols dont il avoit
eu des témoignages dans
une grande estenduë de
pays qu'il avoit traversée
pour se rendre à l'Armée
de SaMajesté Catholique.
Les Ennemis avoient
surpris les Villes de Ciudad
Rodrigo& d'Almagro
dans la Manche, d'où
ils tiroient des vivres & des
fourages ; mais Mr de Figueroa,
à la teste de la Noblesse&
des Peuplesd'Andalousie,
les en chasserent
peu de temps aprésqu'ils
s'en furent emparez, & envoyerentà
SaMajesté Catholique
le Corregidor
d'Almagro,lié suruiiAfne,
pour le punir de sa rebellion.
Lesdétachements
que les Ennemis avoient
dans ces deux Postes, furent
faits prisonniers. Leur
Armée commença alors à
manquer de vivres & de
fourages,
fourages
, leRoyd'Espagne
ayant envoyé plusieurs
corps de Cavalerie pour
occuper les passages.
Le Comte de Starem-
)erg avoitdés le6. fait par-
~ir un grand nombre de
chariots pour conduire à
Daroca les malades qui esoient
à Madrid.
Les vivresestoient fort
:hers dans cette capitale;
nais les habitans loin d'en
:stre affligez
,
se réjeüisoient
par avance du reour
de leur Roy legitime,
persuadez que l'abondance
y seroit aussitostrestablie.
On ne peut trop loüer
la fermeté avec laquelle ils
avoient refusé non seulement
de donner leurs armes
à l'Archiduc; mais
aussi de les vendre.Ce Prince
n'avoit pas jugé a propos
de les ycontraindre
dans l'apprehension que ce
la ne causast quelque tumulte
dont les fuites lu)
auroient sans doute elle
desavantageuses. Il n'avoi
non plus osé donner de
ordres pour réprimer la
liberté que les habitan
prenoient de témoigner
laverfion qu'ils avoient
pour luy par leurs discours
& par leurs actions, & qui
alloit jusqu'au point que
les Marchands tenoient
leurs boutiques fermées.
Des queles Ennemis furent
sortis de Madrid, le
Peuple nonobstant la grande
cherté des vivres, voulut
donner des marques
publiques de sa joye; mais
Mr de Sanguinetto quien
est Corregidor -; que le
Roy d'Espagne y avoit
laissé, & qui n'en a point
fait là-fpticlion pendant le
sejour que les Ennemis y
ont fait, les obligea à differer
leurs réjoüissances
jusqu'àceque les Ennemis
fussent éloignez.
Le lendemain de leur
départ,Don Feliciano de
Bracatiiot-itie,queSa MajestéCatholiqueavoit
chargé
d'y conduire un grand
convoy de grains, & de
toutes fortes de provisions,
arriva prés du Pont appellé
de Segovie
,
où les Députez
de la Ville al crent audevant
de luy. On nedoit
point estre surpris de
cette diligence; on estoit
bien informé du jour que
les Ennemis devoient fortir
de cette capitale, & le
• Roy avoit donné tous les
ordres necessaires pour amasser
toutes ces provisions
, & pour les tenir à
portée de les y faireentrer
aussi-tost après leur départ,
afin d'y restablir l'abondance.
En effet
,
le pain qui
valoit douze fols avant
l'arrivée dece convoy, ne
se vendit plus le lendemain
quil fut entré que depuis
deux à trois fols. On n'entendit
aprés cela dans toutes
les rues que des cris
de VivatFélipo Quinto;on
sonnatoutes les Cloches ;
ce n'estoient dans toutes les
ruës que feux de joye &illuminations,
avec un grand
nombrede Portraits deSa
Majesté Catholique.
Du Quartier Royal de
Casa Texada le zz*
Novembre.
L
es Troupes Ennemies
ùrcupenr encore Tolede , San
Pozuelo
,
Chinchon
, ~&
quelques autres Lieux des environs.
Leurs Généraux ont
ordonné aux habitansde mener
à Tolede quatre -vingt
Chariots chargez de Fascines.
On ne doute point que ce ne
soit pour couvrir le dessein
qu'ilsont deseretirer Nostre
Cavalerie qui estois cantonnée
dans plusieurs Villages aux
environs de celuy-cy
,
marcha
ily a quatre jours pour aller
dans le voisinage de Talavera
de la Reyna. Le 19. le Royfit
la revûë de huitBataillons de
ses deux Regiments des Gardes
Espagnoles ~e Walones.
Le20. SaMajestépassaaussi
en revûë 2 1. autres Bataillons
qui estoient campez prés
d'Almaraz
, c- hier toutes
ces Troupes partirent pour se
rendre en quatre jours à Talavera.
Demain le Roy doitpartir
d'icy pour aller coucher à
Casalda
, ~& le lendemain à
Talaveraoù il trouveratoute
son Infanterie campée.
Sa Afajeflévient d'avoir
avis certain que les Ennemis
ont fait passer toute leur Armée
du costé de Chinchon,&
rompre le Pont de Zamora
pour assurer leu'" retraite; que
le Comte de Staremberg,pour
se decharger de l'Archiduc
dans une conjoncture si delicate
,
l'avoit envoyé devant
sous une escorte de mille Chevaux
pour se rendre en diligence
à Pastrana. Ainsion ne
doute plus de la retraite des
Ennemisen Catalogne.
Extrait d'une Lettre de
Vittoriadu23.
L
es Ennemis ont enfin
abandonnéMadridsans avoir
osé ~fare de pillage general.
Ils ont neanmoins emmené
une grande quantité de v ivres
qu'ils avoient ramassez.., efe
sontsaisis de tous les Chevaux
~& autres bestes de charge, apparemment
pour emporter les
effets qu'ils ont enlevez dans
les Lieux des environs qu'ils
ontentièrement saccagez sans
avoirépargné les Eglisesoù
ils ont commis de grands sacrileges.
Extrait d'une Lettre du
Camp de Casa Texada
du 19. Novembre.
L'ArméeduRoyquia
des vivrespourplusieursmoig
est en marche. Plusieurs detachements
de Cavaleriese sont
avancez pour incommoder les
Ennemisdans leurmarche. Le
reste de la Cavalerie est arrivé
à Talavera de la Reyna & le Roy marche à la , teste de
l'Infanterie, ~0* d'une partie
de ses Gardes du Corps. Tous
les Soldats font habillez de
nef&sontremplis de bonne
volonté.
Des Lettres de Barcelone,
venuës par Marseille,
portent qu'on avoit esté
plus de trois Semaines sans
avoir de nouvelles de l'Archiduc,
le Gouverneur de
Lerida ayant enlevé huit
Couriers de suite. Toutes
les Lettres qu'on leur a
trouvées marquoient le
mauvais estat de sesaffaires.)&
l'impossibilitéqu'il
yavoit de se maintenir en
Espagne
,
s'il ne recevoit
promptemenc un puissant
secours.
NoAvVeimttorbiarele.27.
'cft tout de bon que les
Ennemis se retirent. on a sçû
hier au soirqu'ils ont passé le
Xarama doitils ontfait rompre
les Ponts. L'Archiduc a
prisles devants avecmille chevaux.
Il coucha le 21. à Pastrana,
& il s'enva, à grandes
journées. Le Roy d'Espagne
a pajjé à Talavera de lte
Reyna,&s'estmesme avancé
pins
en deçà en remontant le
long du Tage. On a envoyé
plusieurs détachements aprés
l'Armée ennemiepourl'embarajjer
dans sa marche. Je ne
doutepoint queparl'ordinaire
prochain je ne vous mande le
jourde nostre departpourMadrid
: les chemins sont pourtant
bien mauvais
, mais la
ecine se déplaistfort icy.
d'Espagne depuisle
mois passé.
Du Camp de Casa
Texada le
15.
ISIovemb.
ParMrdeC***.
Nous sommes tousjours
icy dans la mesme
situation à reparer l'Armée
du Royde tout cequi luy
manquoit
,
& à remonter
laCavalerie. Les Ennemis
ont quitté Madrid.Ils marchent
pour passer le Tage
au pont d'Aranjuez. Ils seront
sur le chemin de retourner
en Arragon, & en
Catalogne. Leur retraite
eu: à prés de cent lieuës.
Nous mettrons quatre mille
Chevauxaprés eux, pendant
que le reste de l'Armée
les suivra. Par des Let.
tres que nous ayons interceptées
de l'Archiduc , d'hier,il se plaint à l'Archiduchese
de l'opiniastreté
de Mr de Staremberg
d'avoir voulu venir à Madrid
, & d'estre resté si
longtemps dans ce pays.
Il luy avouë qu'ils sont
dans là plus mauvaise situation
du monde, &
beaucoup plus mal que
quand ils estoient assiegez
dans Barcelone; que l'E£'
pagne a presentement un
bon General en la personne
deMr le Duc de Vendosme.
Lettre de Vittoria le 16.
Novembre.
I le/ï arrivé aprés rnidy,
un Gardedu l{oy. ,de l^Compagnied'ossone
, qui ayoit:
esté envoyé pour sçavoir ce
qui se passoit à Madrid. Il
en eflparty le12..& a rapportéqueleu.
lesEnnemis
avoiententièrementretire toutes
les Troupes quilsy avoient
après avoir enlevé tout ce qui
pouvoitJervira leursubsistance
j & pillé quelques Maisons.
Celles de Mr le Marquis
de Sant-Iago, de Mrs de
Mejorada
, & de Campo
Florido3font du nombre Ils
ont ordonné à tous les Conseils
ou Prefidios que l'Archiduc
àvoit establis
,
desuivrel'Armee.
Mr Ducasse a écrit a
Mr le C. de Lionne que la
Reine avoit esté informée
dés le 8. que les Ennemis
devoient se mettre en marche
le 10. qu'il seroit édifié
toute sa vie de la fidelité
des Espagnols dont il avoit
eu des témoignages dans
une grande estenduë de
pays qu'il avoit traversée
pour se rendre à l'Armée
de SaMajesté Catholique.
Les Ennemis avoient
surpris les Villes de Ciudad
Rodrigo& d'Almagro
dans la Manche, d'où
ils tiroient des vivres & des
fourages ; mais Mr de Figueroa,
à la teste de la Noblesse&
des Peuplesd'Andalousie,
les en chasserent
peu de temps aprésqu'ils
s'en furent emparez, & envoyerentà
SaMajesté Catholique
le Corregidor
d'Almagro,lié suruiiAfne,
pour le punir de sa rebellion.
Lesdétachements
que les Ennemis avoient
dans ces deux Postes, furent
faits prisonniers. Leur
Armée commença alors à
manquer de vivres & de
fourages,
fourages
, leRoyd'Espagne
ayant envoyé plusieurs
corps de Cavalerie pour
occuper les passages.
Le Comte de Starem-
)erg avoitdés le6. fait par-
~ir un grand nombre de
chariots pour conduire à
Daroca les malades qui esoient
à Madrid.
Les vivresestoient fort
:hers dans cette capitale;
nais les habitans loin d'en
:stre affligez
,
se réjeüisoient
par avance du reour
de leur Roy legitime,
persuadez que l'abondance
y seroit aussitostrestablie.
On ne peut trop loüer
la fermeté avec laquelle ils
avoient refusé non seulement
de donner leurs armes
à l'Archiduc; mais
aussi de les vendre.Ce Prince
n'avoit pas jugé a propos
de les ycontraindre
dans l'apprehension que ce
la ne causast quelque tumulte
dont les fuites lu)
auroient sans doute elle
desavantageuses. Il n'avoi
non plus osé donner de
ordres pour réprimer la
liberté que les habitan
prenoient de témoigner
laverfion qu'ils avoient
pour luy par leurs discours
& par leurs actions, & qui
alloit jusqu'au point que
les Marchands tenoient
leurs boutiques fermées.
Des queles Ennemis furent
sortis de Madrid, le
Peuple nonobstant la grande
cherté des vivres, voulut
donner des marques
publiques de sa joye; mais
Mr de Sanguinetto quien
est Corregidor -; que le
Roy d'Espagne y avoit
laissé, & qui n'en a point
fait là-fpticlion pendant le
sejour que les Ennemis y
ont fait, les obligea à differer
leurs réjoüissances
jusqu'àceque les Ennemis
fussent éloignez.
Le lendemain de leur
départ,Don Feliciano de
Bracatiiot-itie,queSa MajestéCatholiqueavoit
chargé
d'y conduire un grand
convoy de grains, & de
toutes fortes de provisions,
arriva prés du Pont appellé
de Segovie
,
où les Députez
de la Ville al crent audevant
de luy. On nedoit
point estre surpris de
cette diligence; on estoit
bien informé du jour que
les Ennemis devoient fortir
de cette capitale, & le
• Roy avoit donné tous les
ordres necessaires pour amasser
toutes ces provisions
, & pour les tenir à
portée de les y faireentrer
aussi-tost après leur départ,
afin d'y restablir l'abondance.
En effet
,
le pain qui
valoit douze fols avant
l'arrivée dece convoy, ne
se vendit plus le lendemain
quil fut entré que depuis
deux à trois fols. On n'entendit
aprés cela dans toutes
les rues que des cris
de VivatFélipo Quinto;on
sonnatoutes les Cloches ;
ce n'estoient dans toutes les
ruës que feux de joye &illuminations,
avec un grand
nombrede Portraits deSa
Majesté Catholique.
Du Quartier Royal de
Casa Texada le zz*
Novembre.
L
es Troupes Ennemies
ùrcupenr encore Tolede , San
Pozuelo
,
Chinchon
, ~&
quelques autres Lieux des environs.
Leurs Généraux ont
ordonné aux habitansde mener
à Tolede quatre -vingt
Chariots chargez de Fascines.
On ne doute point que ce ne
soit pour couvrir le dessein
qu'ilsont deseretirer Nostre
Cavalerie qui estois cantonnée
dans plusieurs Villages aux
environs de celuy-cy
,
marcha
ily a quatre jours pour aller
dans le voisinage de Talavera
de la Reyna. Le 19. le Royfit
la revûë de huitBataillons de
ses deux Regiments des Gardes
Espagnoles ~e Walones.
Le20. SaMajestépassaaussi
en revûë 2 1. autres Bataillons
qui estoient campez prés
d'Almaraz
, c- hier toutes
ces Troupes partirent pour se
rendre en quatre jours à Talavera.
Demain le Roy doitpartir
d'icy pour aller coucher à
Casalda
, ~& le lendemain à
Talaveraoù il trouveratoute
son Infanterie campée.
Sa Afajeflévient d'avoir
avis certain que les Ennemis
ont fait passer toute leur Armée
du costé de Chinchon,&
rompre le Pont de Zamora
pour assurer leu'" retraite; que
le Comte de Staremberg,pour
se decharger de l'Archiduc
dans une conjoncture si delicate
,
l'avoit envoyé devant
sous une escorte de mille Chevaux
pour se rendre en diligence
à Pastrana. Ainsion ne
doute plus de la retraite des
Ennemisen Catalogne.
Extrait d'une Lettre de
Vittoriadu23.
L
es Ennemis ont enfin
abandonnéMadridsans avoir
osé ~fare de pillage general.
Ils ont neanmoins emmené
une grande quantité de v ivres
qu'ils avoient ramassez.., efe
sontsaisis de tous les Chevaux
~& autres bestes de charge, apparemment
pour emporter les
effets qu'ils ont enlevez dans
les Lieux des environs qu'ils
ontentièrement saccagez sans
avoirépargné les Eglisesoù
ils ont commis de grands sacrileges.
Extrait d'une Lettre du
Camp de Casa Texada
du 19. Novembre.
L'ArméeduRoyquia
des vivrespourplusieursmoig
est en marche. Plusieurs detachements
de Cavaleriese sont
avancez pour incommoder les
Ennemisdans leurmarche. Le
reste de la Cavalerie est arrivé
à Talavera de la Reyna & le Roy marche à la , teste de
l'Infanterie, ~0* d'une partie
de ses Gardes du Corps. Tous
les Soldats font habillez de
nef&sontremplis de bonne
volonté.
Des Lettres de Barcelone,
venuës par Marseille,
portent qu'on avoit esté
plus de trois Semaines sans
avoir de nouvelles de l'Archiduc,
le Gouverneur de
Lerida ayant enlevé huit
Couriers de suite. Toutes
les Lettres qu'on leur a
trouvées marquoient le
mauvais estat de sesaffaires.)&
l'impossibilitéqu'il
yavoit de se maintenir en
Espagne
,
s'il ne recevoit
promptemenc un puissant
secours.
NoAvVeimttorbiarele.27.
'cft tout de bon que les
Ennemis se retirent. on a sçû
hier au soirqu'ils ont passé le
Xarama doitils ontfait rompre
les Ponts. L'Archiduc a
prisles devants avecmille chevaux.
Il coucha le 21. à Pastrana,
& il s'enva, à grandes
journées. Le Roy d'Espagne
a pajjé à Talavera de lte
Reyna,&s'estmesme avancé
pins
en deçà en remontant le
long du Tage. On a envoyé
plusieurs détachements aprés
l'Armée ennemiepourl'embarajjer
dans sa marche. Je ne
doutepoint queparl'ordinaire
prochain je ne vous mande le
jourde nostre departpourMadrid
: les chemins sont pourtant
bien mauvais
, mais la
ecine se déplaistfort icy.
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Résumé : Suite des Nouvelles d'Espagne depuis le mois passé.
En novembre, l'armée française est stationnée à Casa Texada, où elle répare et renforce ses troupes, notamment la cavalerie. Les ennemis, ayant quitté Madrid, se dirigent vers le Tage au pont d'Aranjuez, en direction de l'Aragon et de la Catalogne, à environ cent lieues de distance. Les Français envoient quatre mille cavaliers à leur poursuite, tandis que le reste de l'armée les suit. Des lettres interceptées révèlent que l'Archiduc se plaint de la situation désastreuse de ses troupes, pire que lors du siège de Barcelone, et reconnaît la compétence du Duc de Vendôme. À Madrid, les ennemis ont retiré toutes leurs troupes après avoir pillé certaines maisons et ordonné aux conseils de suivre l'armée. Les habitants de Madrid, malgré la cherté des vivres, se réjouissent du retour imminent de leur roi légitime. Les ennemis ont également surpris les villes de Ciudad Rodrigo et d'Almagro, mais ont été chassés par Monsieur de Figueroa. Les vivres et les fourrages manquent à l'armée ennemie, le roi d'Espagne ayant envoyé des corps de cavalerie pour occuper les passages. Le Comte de Staremberg a évacué les malades de Madrid vers Daroca. À Madrid, les habitants ont refusé de donner ou vendre leurs armes à l'Archiduc. Après le départ des ennemis, un convoi de grains est arrivé, rétablissant l'abondance et provoquant des réjouissances publiques. Les troupes ennemies occupent encore quelques lieux autour de Tolède, mais leur retraite vers la Catalogne semble imminente. L'armée du roi est en marche, bien approvisionnée et prête au combat.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 259-262
Dons faits par le Roy d'Espagne.
Début :
Le 20. Decembre le Roy d'Espagne donna à Mr le [...]
Mots clefs :
Dons, Roi d'Espagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Dons faits par le Roy d'Espagne.
Dons faits par le Roy.
d'Espagne.
Le20. Decembre le Roy
d'Espagne donna à Mr le
Marquis de Jamaïca,à
prefencque de Veraguas,
la Commanderie d'Aravaca
vacante par le decez de
1.. MrleDucdeVillada.oi 1
Celled'Alinge,vacante
par le decez de Me la
Comtesse de Monterey;à
MrleMarquis de Castil- 1
lar, Intendant General. 2
Celle de la Sarçat, vacante
par le decez de Mr le
Duc de Veraguas,à Mr le 1
Comte deGermiencourt,
Maréchal général des Lo- !
gisde la Cavalerie.
Celle de Liveravacante
par le decez de Mr le
Marquis de Lançaroté, à
Mrle Marquis de Muya,
fils de Mr le Duc d'Escalona.
D'autres qui estoient
aussi vacantes ont esté données
à Mr le Marquis de
Valdecanas, Capitaine general
,
à Dom Antonio
d'Amezaga, à Don Joseph
de Armendaris & à Mr le
Comte Mahoni, Lieutenants
Generaux, 8<. àMrs
Graston, Pimentel & Toalba.
Mr de Bonnetot fils du
feu Premier President de la
Chambre des Comptes de
Roüen, & beau-frere du
Premier President du Parlement
de cette Ville, a
acheté le Regiment donc
feu Mr de Louvignies,
Gouverneur de Lerida estoit
Colonel. Il l'a payé
70000. liv:argent comptant.
d'Espagne.
Le20. Decembre le Roy
d'Espagne donna à Mr le
Marquis de Jamaïca,à
prefencque de Veraguas,
la Commanderie d'Aravaca
vacante par le decez de
1.. MrleDucdeVillada.oi 1
Celled'Alinge,vacante
par le decez de Me la
Comtesse de Monterey;à
MrleMarquis de Castil- 1
lar, Intendant General. 2
Celle de la Sarçat, vacante
par le decez de Mr le
Duc de Veraguas,à Mr le 1
Comte deGermiencourt,
Maréchal général des Lo- !
gisde la Cavalerie.
Celle de Liveravacante
par le decez de Mr le
Marquis de Lançaroté, à
Mrle Marquis de Muya,
fils de Mr le Duc d'Escalona.
D'autres qui estoient
aussi vacantes ont esté données
à Mr le Marquis de
Valdecanas, Capitaine general
,
à Dom Antonio
d'Amezaga, à Don Joseph
de Armendaris & à Mr le
Comte Mahoni, Lieutenants
Generaux, 8<. àMrs
Graston, Pimentel & Toalba.
Mr de Bonnetot fils du
feu Premier President de la
Chambre des Comptes de
Roüen, & beau-frere du
Premier President du Parlement
de cette Ville, a
acheté le Regiment donc
feu Mr de Louvignies,
Gouverneur de Lerida estoit
Colonel. Il l'a payé
70000. liv:argent comptant.
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Résumé : Dons faits par le Roy d'Espagne.
Le 20 décembre, le roi d'Espagne a attribué plusieurs commanderies. La Commanderie d'Aravaca a été donnée au Marquis de Jamaïca, préfet de Veraguas, après le décès du Duc de Villada. La Commanderie d'Alinge a été attribuée au Marquis de Castillar, Intendant Général, suite au décès de la Comtesse de Monterey. La Commanderie de la Sarçat a été octroyée au Comte de Germiencourt, Maréchal général des Logis de la Cavalerie, après le décès du Duc de Veraguas. La Commanderie de Livera a été attribuée au Marquis de Muya, fils du Duc d'Escalona, suite au décès du Marquis de Lançaroté. D'autres commanderies vacantes ont été attribuées à plusieurs personnes, dont le Marquis de Valdecanas, Capitaine général, Dom Antonio d'Amezaga, Don Joseph de Armendaris, le Comte Mahoni, Lieutenants Généraux, ainsi qu'à Messieurs Graston, Pimentel et Toalba. Par ailleurs, Monsieur de Bonnetot a acheté le régiment du défunt Monsieur de Louvignies, Gouverneur de Lerida, pour 70 000 livres en argent comptant.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 99-100
Dons du Roy d'Espagne.
Début :
Le Roy d'Espagne a donné la Toison à Mr le [...]
Mots clefs :
Roi d'Espagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Dons du Roy d'Espagne.
Dons du Roy d'EJpagrje* Le Roy d'Espagnea -
donné laToisonaMr le
Comte d'Estaire, de l'illustre
Maison de Montmorency,
& à Mr de Beaufremont
de l'illustreMaison
de ce nom. Il est frere de
feu'rvfr le Marquis de Liftenoy
,
tué dans Aire au
dernier siege.
Le Roy d'Espagne a fait
le Prince de San Buono,
qui est depuis huitans son
Ambassadeur àVenise
,
Grand d'Espagne de la
premiere classe, en consideration
de sa fidelité de
de ses services,
donné laToisonaMr le
Comte d'Estaire, de l'illustre
Maison de Montmorency,
& à Mr de Beaufremont
de l'illustreMaison
de ce nom. Il est frere de
feu'rvfr le Marquis de Liftenoy
,
tué dans Aire au
dernier siege.
Le Roy d'Espagne a fait
le Prince de San Buono,
qui est depuis huitans son
Ambassadeur àVenise
,
Grand d'Espagne de la
premiere classe, en consideration
de sa fidelité de
de ses services,
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8
p. 240-242
« Le Roy d'Espagne a fait une promotion de Maréchaux [...] »
Début :
Le Roy d'Espagne a fait une promotion de Maréchaux [...]
Mots clefs :
Roi d'Espagne, Maréchaux, Brigadiers
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texteReconnaissance textuelle : « Le Roy d'Espagne a fait une promotion de Maréchaux [...] »
te Roy d'Espagne a faitune
promotion de Maréchaux
deCamp& de Brigadiers.
-
Mare'chaux DE CAMP.
M. le Marquis de villa-.
-
tuerce.
Don Antonio Marin.
D. Antoniodel Castillo.
D. Pedro AriésdeOsores
D PatricioLaules.
M.le Vicomte d'Autresal.
M. le Comte de Rivieres..
Don Joseph de Chaves. ;
D.
D. Loüisde Cordoua.
D. FabricioRufo.
M. le Marquis de Palavicini
Mr le Baron de Huart.
Mrle Chevalier du Bas.
Don Marcos d'Araziel.
D. Francisco Ribadeo.
D Francisco Ybanes.
D. Antonio Piñatelli.
BRIGADIERS.
Don Diego Gonsales.
Mr le Comte de Gomiecourt.
D. Juan de Zercçeda.
D. Liberato Espinosa.
D. Felix d'Aragon.
D. Lope de Oses.
D. Nicolas San Séverine.
D. Joseph Vallejo.
Mr leComte de Melun.
Don Francisco de Evoli.
D. Fernando Costanzo.
D. Antonio deGusman.
D. Carlos de Arizaga.
Mr le Marquis deTorre-
Mayor.
Don Juan d'Aranda.
D. Loüis d' Apante.
D.Pedro Rubio.
Mr le Comte de Salvatierra.
promotion de Maréchaux
deCamp& de Brigadiers.
-
Mare'chaux DE CAMP.
M. le Marquis de villa-.
-
tuerce.
Don Antonio Marin.
D. Antoniodel Castillo.
D. Pedro AriésdeOsores
D PatricioLaules.
M.le Vicomte d'Autresal.
M. le Comte de Rivieres..
Don Joseph de Chaves. ;
D.
D. Loüisde Cordoua.
D. FabricioRufo.
M. le Marquis de Palavicini
Mr le Baron de Huart.
Mrle Chevalier du Bas.
Don Marcos d'Araziel.
D. Francisco Ribadeo.
D Francisco Ybanes.
D. Antonio Piñatelli.
BRIGADIERS.
Don Diego Gonsales.
Mr le Comte de Gomiecourt.
D. Juan de Zercçeda.
D. Liberato Espinosa.
D. Felix d'Aragon.
D. Lope de Oses.
D. Nicolas San Séverine.
D. Joseph Vallejo.
Mr leComte de Melun.
Don Francisco de Evoli.
D. Fernando Costanzo.
D. Antonio deGusman.
D. Carlos de Arizaga.
Mr le Marquis deTorre-
Mayor.
Don Juan d'Aranda.
D. Loüis d' Apante.
D.Pedro Rubio.
Mr le Comte de Salvatierra.
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Résumé : « Le Roy d'Espagne a fait une promotion de Maréchaux [...] »
Le roi d'Espagne a promu plusieurs maréchaux de camp et brigadiers. Parmi les maréchaux figurent le marquis de Villaturce, don Antonio Marin et don Antonio del Castillo. Les brigadiers promus incluent don Diego Gonsales, le comte de Gomiecourt et don Juan de Zercçeda.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 99-144
JOURNAL veritable de tout ce qui s'est passé à Madrid de plus remarquable depuis le 20. Aoust 1710. jusqu'au 3. Decembre de la mesme année, jour auquel Sa M. C. rentra dans cette Capitale.
Début :
Dés le moment qu'on eut appris le malheureux succez [...]
Mots clefs :
Madrid, Roi d'Espagne, Philippe V
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texteReconnaissance textuelle : JOURNAL veritable de tout ce qui s'est passé à Madrid de plus remarquable depuis le 20. Aoust 1710. jusqu'au 3. Decembre de la mesme année, jour auquel Sa M. C. rentra dans cette Capitale.
if O U R NA L
veritabledetout ce qui
s'est pajjea Madrid
de plus remarquable
depuis le 20. Aoust
1710jusqu'au 3. De-
L:,,.,( de la mesme
aSnaAnéde.,jourauquel
C. 1.H-f1.- dans
cetteCapitale.
D
és le momentqu'on
"ur appris le malheureux
JUCCCZ qu'eurent le 18.
Aoust 1710. les armes du
Roy d'Espagne à la batail- -
le de Saragosse
,
dont la
nouvelle arriva à Madrid
le 20.Aoust,chacun fut saisi
d'unetristesse profonde,
ôc la consternation fut generale
dans toute la Ville,
sur tout lorsqu'on fçucjj
avec certitude que leurs
Majestez avec toute leur
Maison se preparoient as1
en sortir pour se retirer Mi
Valladolid
, ce qui s'exe":':
cuta le 9. de Septembre aujj
matin sur le rapport qu'on
eut que les Ennemis estoient
déja aux environ
deCuença. On n'a jamais
veu dans Madrid un plus
triste spectacle
; tous les
habitants fondoient en
larmes, en voyant le départ
precipité pour ne pas
dire la fuite de leurs Majestez.
Elles furent accompagnées
dans leur malheur
de tous les Conseils,
de tous les Grands,&de
tous les Nobles, sans que
rien put les retenir, ni la
crainte de perdre leurs
biens ni l'attachement à
leurs famillesnon pasmesme
l'amour.
Je dis cecy par rapport
a un jeune Amant
Espagnol qui sacrifia son
amour au zele qu'ilavoit
pour son Roy; c'estune
avanture qui méritébien u
qu'on la raconte ayeco
toutes lès circonstances.
Je vous la donneray sé-^
parement à la suitede ces
Journal, Elle y seraà sa,£
place, puisque le retour
de Philippe V. à Madrid
en fit le dénouement
,
commeson départenembrouilla
l'intrigue.
Ilyeut plusieursDames
qui suivirent la Reine
,
les
autres leurs Maris,& celles
qui ne purent suivre se
retirerent dans des Convents
: en forte qu'il ne
resta dans Madrid ni aux
environs que quelques
Ministres rebelles qui avoient
abandonné le parti
du Roy. Le Duc de Veraguas
,
President du Conseil
& des Ordres, & Conseillerd'Estat
, mourut le
mesme jour du départ de
Sa Majesté, de douleur de
n'avoirpulasuivre,àcause
de ses grandes infirmitez.
Le nouveau Duc,sonfils,
pour ne pas differer un
moment à donner au Roy
des preuves de sa fidelité,
partit aussi-tost, & suivit
Sa MajeHé sans avoir rendu
les derniers devoirs à
son pere.
Aprés le depart de leurs
Majestez
, & de tant de
personnes considerables
,
la Ville de Madrid demeura
semblable à un desert
,
& dans une tristesse incroyable.
Le 21. de Septembre le
General Stanhope Envoyé
extraordinaire d'Angleterre
auprès de l'Archiduc
vint à l'Hostel de Ville,
pour lui demander de sa
part l'obéïssance , & sur
rheure 4. Echevins furent
députés du Corps
,
pour l'aller rendre à l'Ar..
chiducqui estoit pour lors
à Alcala d'Henares.
Sur le soir du mesme
jour21. Septembre, on publia
icy le mesme Edit qui
avoit esté publié à Sarra-
, gosse le 21. Aoust, menaçant
de punir suivanttoute
la rigueur des Loix , «
ceux qui ne voudroient
pas le reconnoistre pour
leur Souverain.
Le mesme jour on publia
encore trois autres
Edits qui furent affichés
par toute laVille. Le premier
pour retenir chacun
dans ion devoir fous peine
de la vie. Le second portoit
commandement à
tous les soldats dePhilippe
V. qui seroient encore
dans Madrid ou dans les
Hospitaux
,
de se presenter
en personneouunau-
tre pour euxdans 24. heures
fous peine de la vie.
Le troisiémeestoit un ordre
de relascher tous les
prisonniers d'Estat
, en-à
-
joignantà tous les Geolliersd'y
satisfaire.
Aprés que tous ces ordres
eurent esté donnez,
le General Stanhopeprit
son logement dans une
maisonde plaisance située
hors de la Ville, & appelléela
Floride; & sonDétachement
se campa aux
environs de la Ville surle
bord du Mançanarés.
Il y eut pendant trois
nuits quelques illuminations
dont les habitants
esteignoient une partie
pendant qu'on allumoit
l'autre, & de toures les
cloches qui devoient sonner
on en sonna fort peu
parce que tous les Sacristainssurpris
de voir arriver
tant d'heretiques, mirent
tous leurs soins à preserver
du pillage ce qu'ils
avoient de plus précieux,
ôc la Connerie fut mesme
interrompuë en quelques
endroits parce que les Anglois
pillerent jusqu'aux
cordes des cloches quand
ils ne trouvoient rien de
meilleur à prendre.
Le 22. de Septembre le
General Sranhope envoya
au Couvent de Nostre-
Dame d'Atoche un Capiraine
avec 60. Cavaliers
pour en enlever tous les
Drapeaux & Etendars que
Philippe V. avoit offerts
depuis la guerre. On les
distribua aux Soldats de
chaque Nation sur laquelle
ils avoient esté pris, particulierement
à la bataille
dAlmanza. Il les porcerent
en triomphe partoutes
les ruës decette Ville
avec autant de fierté que
s'ils les eussent remportez
d'un combat, & non pas
détachées des murs d'un
Eglise. Ils les porterent
ainsijusqu'àleurcamp qui
estoit entre Madrid&Alcala.
Ensuite les vols devinrent
si frequents dans la
Ville qu'on n'a pas cesse
un seul moment d'estre
dans la crainte d'un pillage
general.
Ce mesme jour Dom
Antonio Sanguineto que
Philippe V.avoit fait Lieutenant
Général de Police
à Madrid par interim
Jonna , par ordre du General
Stanhope unMandement
-qUi portoit qu'on
<ut à recevoir fous peine
de la vie,toutes fortes de
Monnoves , tant dans la
Ville que hors d'icelle
foit quelles fussent du,
Royaume ou estrangeres,
suivant le prix courant
dont il donnaune explication
par rapport à celles
de Portugal. ir,
Le 26. toute l'A rmée
Ennemie vint camper aux
environs de Cavillejas, &
l'Archiduc prit son logement
dans la maison de
plaisance du Comte d'Aguilar
qui n'est qu'à une
lieuë de cette Ville. Ce
mesme jour on ordonna
des illuminations par toute
laVille pour le 28. jour
que l'Archiduc choisit
pour entendre la Messe à
Nostre-Dame d'Atocha,
après laquelle accompa- 1
gné de ses Gardes,estanc
entré
entré dans la Ville par la
ruë d'Atocha, il fut le long
d'icelle jusqu'à la porte
deGuadalaxara,puis ayant
repris par la grande ruë,
il forcir par la porte d'Alcala,
& se retira à la susdite
maison de campagne, fort
mal satisfait du peu d'empressement
qu'onavoit eu
d'accourir aux endroits
par où il passoit.
Le premier Octobre il
y eut feste au Palais pour
celebrer le jour auquel
l'Archiduc entroit dans sa
27eannée: mais peu de
persnnes ,
& fort peu
connues s'y trouverent
pour luy baiserles mains.
Il y eut aussi une Assemblée
d'Alcades ou Juges
dans laquelle Dom Francisco
Alvares Guerrero
présida. Les principaux
estoient Don Joséph Sotelo,
DonAdresPinto de
- Lara
,
Don Joseph Palacios
,
Don Augustin de
Cardenas, Don Louis de
la Sevilla
, & Don Pedro
Infante. Don Pedro Zamires
y fit la fonction de
Procureur du Roy. On y
nomma 40 Huissiers ou
Sergens. On ordonna ensuite
à toutes les Dames
qui s'estoient retirées dans
des Convents,de revenir
occu perleurs mai sons
faure de , quoy on y mettroit
Garnison.
Le 4. du mesme mois
onleva leCamp de Cavillejas,
& l'armée ennemie
s'avança jusqu'au Pardo.
Ce sur alors qu'on commença
d'exiler tous ceux
qui ne furent pas trouvez
agreables au gouvernement
present, & lesaccusations
qui furent portées
àceteffet devant les Juges
contre lesfidels serviteurs
duRoyPhilippe, & contre
les François,se trouverenten
si grande quantiré
qu'ils furent obligez
de n'y pas faire l'attention
qu'en attendoient les delateurs,
pour nepas voir
la Ville depourvûë d'honnestes
gens, quoyque la
plus grande partie se fût
déjaretirée& miseà couvert
dans des aziles saj',.'
crez.
Le6. dumefme mois le
<
Marquis de Palamares fut
eslu nouveau Lieutenant
General de la Ville
,
à la
place de Don Sanguineto
Yzaias, & prit possession
decette Charge.
Le 7. on ordonna à tous
les habitants de la Ville
fous peine de la vie de faire
une déclaration exacte
de tous les Chevaux qu'ils
avoient dans leurs maisons
, pour en former un
Regiment fous le nom de
Madrid,dont on fit Colonel
Don Bonifacio Maurique
de Lara ; mais l'o.
béïssance aveugle que l'on
eust pour cetordre rigoureux
ne hit nullement recompensée,
car le General
Stanhope s'empara detous
les Chevaux sans en faire
aucun paiement. On ordonna
aussi dans le mesme
temps de lever deux Regiments
d'Infanterie
, auxquels
on donna le nom de
Tolede& deGuadalaxara;
le premier eut pour Colonel
le Comte de la Puebla
de Portugal, & l'on nomma
pour le second Don
Antonio de Villaroël, tous.
deux Lieutenans Generaux.
Le 12. on envoya une
Lettre circulaire à toutes
les Dames de qualité, portant
ordre de se rendre en
quatre jours àTolede. Il
yeneutquelquesunes qui
obéïrent, mais la plufparc
resterent chez elles.
Le 14. on commença à
monter laGarde au Palais,
& le15. on ordonna à tous
les François de sortir de la
Ville dans 24. heures fous
peine de la vie.
Le 19. Don Raimon Vilana
Piolasenvoya une
Lettre circu laire à tous les
Couvents & Superieurs
d'iceux, pour les avertir
qu'ilseussent à decouvrir
aux Juges qui feroient envoyez
, tous les biens qu'ils
tenoient cachez,& qui
appartenoient à ceux qui
avoient suivi & suivoient
actuellement le party de
PhilippeV.
Le 22. il y eut une Afsemblée
de Theologiens,
Jurisconsultes
,
& Docteurs
en Droit, pour deliberer
de se rendre maistre
de
de tout ce qui estoit retenu
caché dans les Maisons
Religieuses & Couvent.
Le resultat fut qu'il falloit
visiter partout ®istrer
jusqu'aux Tombeaux ôc
Sepultures des morts ,
à
propos de quoy DonFrancisco
Parga,Vicaire de la
Paroisse de San Gines
homme tres-attaché , au
parti du Roy Philippe,
ayant esté misau nombre
des proscrits
,
& estanc
mort sur les entrefaites,
le conseil ne laissa pas de
luy faire signifier son bannissement.
Un Espagnol qui
se trouva auprés du
Corps mort, dans le
moment que le porteur
de
*
la significationarrivoit
, luy demanda fierement
ce qu'il vouloit;
l'Argoafil dit qu'il venoit
signifîer le bannit
sementàDonFrancisco:
he par dios, dit l'Espagnol
relevant sa moustache,
vos venir tardè Ar*
goafil, D. Francisco esta
bien lexos; qui veutdire,
vousveneT^tardHmjfîer9
Don Francisco estdesja
bien loin.
Cemesme jour le nouveau
Gouverneur Don
Maurique donna un Arrest
qui declaroitentr'autres
choses que quiconque
de jour & de nuit, d'une
voix haute ou basse crieroit
Vive Philippe V. seroit
executé à mort sur le
champ.
A l'occasionde cetArrest
un Bourgeois paria
contre un autre qu il y
contreviendroit publiquement
; je parie que
nonditl'autre,& jeparie
un quadruple:non reprit
celuy-cy, je ne veux rien
parier,je gagnerayassez
en contentant mon zele;
aussi-tost il s'équipa à
peu prés en Colporteur
François, &C tenant pluheurs
imprimez fous son
bras, il marmotoit tout
bas: Arrestqui dessendà
toutespersonnes,etc. Se
quand il estoit parvenu
aux mots Vive Philippe
cinq, illes crioit de toute
sa force, en sortequ'on
n'entendoit crier que
VivePhilippe V. partout
où il passoit. Onsesaisit
de luy ; il réponditfroidement
,qu'avez vous à
me dire, je publie l'Arrest
du Gouverneur. Le
faux Colporteur reçut
force bourades , mais il
se sauva, ravi de s'estre
satisfait à si bon marché
Le 20, du mesme mois
Dom Francisco Quincozes
fit publier que tous les
gens de guerre prisonniers
ou autres qui auroient
servi dans les Troupes
de Philippe V. eussent
à se presenter dans 2,4,
heures fous peine de chastimenc
arbitraire
, & de
confiscations de leurs
biens dont l'accusateur
auroit la troisiéme partie.
Il delivra au/G les ordres
pour envoyer en exil un
grand nombre d'Ecclesiastiques
tant Seculiers que
Reguliers; & dés lesjours
suivants on bannit hors
de la Ville les PP. Blanto
& Atynila
,
Su perieurs de
l'Ordre de S. Dominique,
avec le Gardien de l'Eglise
de S. Bernard, & le Pere
Cardona de l'Ordre des
Agonisans.
Le 28. l'Armée Ennemie
changea de camp,&
vint à Villaverda
Le 29. le Confcil de Castille
s'assembla fous les
ordres du Marquisde Castillo,
Gouverneur par interim
;assisté de Don FernandoGarcia-
Bazan, de
Don Joseph Garfupcy
,
de
Don Francisco. Alvarez-
Guerrero, de Don Manuel
de Gamboa, nouveauPrefident
de laChambre
,de Don Joseph de la
Serna, en qualité de Procureur
du Roy, & de Don
Migueld'Espinosa,Secretaire
de la Chambre. On
nomma ensuite pour President
du Conseil des Finances
,Don Atanafio de
Estaripa,Evesque de Licopoli,
& pour Conseillers
Assesseurs,le Marquis de
Fuente Humosa, Don
Manuel de S. Martin &
Benavente, Dom Joseph
de Palavos,les Comtes de
Belmont & de Clavijo
Don Manuel Salcedo ôc
Morequecho, Don Sebastien
Valero- Montero
»
pour Procureur du Roy
& Don Juan Manuel de
Bargos, pour Secretaire.
On establit aussi une
Chambre de Justice & une
Chambre des Compres
3 &l'on créa pour Conseillers
dans la premiere
Don Simon llavez ,
, Don
Joseph deOmagna,Don
Miguel de Mata , Don
Juan de Soto-Maya, &
Don Francisco de Melgar;
ce dernier faisoit la fonction
de Procureur du Roy.
Les Conseillers de la
Chambre des Comtes furent
le Marquis de Cavillejas,
Don AndresdeAvila,
Don Diego de Burgos,
& Don Francisco de Sylveira,
DonPrudenico Gregorio
de la Fuente eut la
Charge de Procureur du
Rofy.
-- On forma de plus un
Conseil des Indesles Seigneurs
qui le composerent
furent Don Pedro
Gamarra & Arhaga, le
Comte de Paredes
,
Don
Zamon Portocarrero ,
Don Joseph de Hugarté
,
Dom Sancho de Castro
:J Don Joseph Escals, pour
Procureur du ROY;r& Don
Domingo Lopez- Calo,
pour Secretaire. Pour le
Conseil des Ordres, on ne
put achever de le former
entierement.
Pendant ce nouveau
gouvernement on a eu la
douleur de vo~ire
publiquement au milieu
des ruës de cette grande
Ville, des Ca lices des Patenes,
desCiboires& de
toutes sortes d'Ornements
& de Vases sacrez qui avoientesté
pillez dans nos
Eglises.
Le 2. de Novembre on
publiaunEdit portant désense
à toutes fortes de
personnes d'aller auCamp
fous peine de 200. coups
de foüet.
Le 5. la farine des Magasinspublics
ayant manque
,
aussi-bien que celle
qu'on avoit tirée des Couvenrs,
des Boulangeries,
& des maisons paniculicres
, la Ville commençaà
manquer de pain, de viande
,
de vin
,
& de toutes
fortes de poissons & de legumes
necessaires à la vie,
sans que l'on vit aucun
moyen d'y remedier
, ce
qui la reduisit à la derniere
extremité;nonobstant laquelleon
ne laissa pas d'obliger
les habitants fous
peine de trahison de porter
au Camp, pendant les
trois jours suivans, tous les
cochons, les poulets, les
legumes, & les autres choses
qui pourroient se trouver
dans la Ville.
Le 8 jour dudit mois
Don Francisco de Quincozes
fit publier trois Edirs.
Le premier que les
gens de guerre qui ne s'estoient
pas encore presentés,
eussent à le faire dans
24. heures fous peine de la
vie; & dcffcnfe à toutes
personnes de les tenir cachés,
fous les mesmes peines.
Le second portoit ordre
de luy remettre sans
délay tous les habits, les
munitions ,
poudre,balles,
& autres instrumens
de guerre , ou train d'artillerie
qui se trouveroient
dans laVille. Letroisiéme
réïteroit un autre donné
cy devant, deluy remettre
incessamment entre
les mains toutes les armes,
alfucsJ fusils ,&c.
Le 9 jour dédié à la
Sainte Vierge tous les
nouveauxConseils establis
par l'Archiduc
, reçurent
ordre de passer à Tolede.
Le II. ils se mirent tous
en marche avec l'armée
qui prit le mesme chemin
de Campozuelos.
Lemesme jour II. Novembre
,l'Archiduc estant àCompozuelos, signa de
sa main un Décret paraphé
de Don Zamon Vilana
,
& adressé au Lieutenant
General de Police à
Tolede ;
il contenoit en
substance
,
qu'ayant appris
que les. Ennemis par
leurs detestables artifices
faisoient passer pour rigoureux
le Décret par luy
rendu
rendu le 12. du mois précedent
, par lequelil estoit
enjoint & ordonné àtoutes
les femmes
, veuves,
& filles des Grands d'Er..
pagne,& de tous les Nobles
de la nation qui suivoient
le party de Philippe
V. de quitter Madrid pour
aller à Tolede
;
qu'il ordonnait,
pour marquer
fès égards pour les Dames.
de condition, que toutes
les susdites personnes qui
auroient obéi & executcr
le susdit Décret du 18. Octobre
,
peussent en toute
seureté retourner à Madrid
; sur quoy une Dame
Espagnole dit: las cortesias
tardadas intienengroeta con las
Damas: que lescourtoisies
tardives perdent leur grace
auprés des Dames.
Le n. du mesme mois
on vie paroistre aux environs
de laChapelle de
l'Ange Gardien, éloignée.
de cetteVille d'un quart
de lieuë,. un petit corps
de Troupes de Philippe
V. ce qui causa une si
grande joye que Don
Antonio Sanguineto qui
depuis le depart des Ennemis
avoit repris les fonctions
de Lieutenant General
de Police, craignant
qu'iln'en arrivât quelques
desordres, prit toutes les
précautions necessaires
dans une conjoncture si
epineuse
, ce qui luy a
merité l'approbation generale.
Enfin le 25. les deux
RegimentsdePignatelli,
& de S. Jacques, commandez
parDonFeliciano
de Bracamonte, Maréchal
de Camp, firent
leur entrée au Buen-Retiro
,
& le24. jour auquel
nostre Monarque avoic
esté proclame Roy, ils entrerent
dans Madrid par
la ruë d'A lcala, puis par
la grande ruë, passerent
par la porte de Guadalaxara,
& poursuivirent le
long de la rue Nostre-
Dame par où ilssortirent
d'Arocha, d'où ils se renidirent
à Vallejas.
Le mesme jour le Roy
confirma Don Antonio
Sanguineto dans sa Charge
de Lieutenant de Police
Le 3,, Décembre pour
de S.FrançoisXavier,Sa
M.Cfut àNostre Dame
d'Atocha sur les trois heures
aprèsmidy, ou après
avoir fait chanterle Te,
Deum, il monta àcheval
accompagnéde MrleDuc
de Vendosme des principaux
Officiers de son Armée
& de saMaison, de
tous les Nobles &Grands
duRoyaume&de ses Gardes
du Corps, il fit [ott
entréepublique
,
où le
concours du peuple fut
si grand & les marques
de joye qu'il donna si extraordinaires
,
qu'il n'est
pas facile d'en juger sainement
sans en avoir esté
le témoin oculaire.
Pendantque leRoyentroit
à Madrid, on apprit
que le 3. Décembre les
Ennemisavoiententièrement
évacuéToledele29.
Novembre5que cetteVille
qu'ils avoient choisie
pour faire leur Place d'Armes,
avoir elle abandonnée
avec tant de précipitation
, que ne pouvant
sauver les Magasinsqu'ils
avoient mis dans l'Alcaçar
& dans plusieurs maifons,
y avoient mis le feu,
& placé une meche qui
dévoie faire saurer soixante
barils de poudre, ce qui
auroit détruit ce Palais
magnifique. Mais que les
habitans y estant accourus
en diligence,avoient oste
la meche & esteint le feu ;
qu'ils furent si irritez contre
les Ennemis, qu'ils prirent
les armes & chargerent
leur arriéré garde,en
quoy ils furent secondez
par cinq cens Chevaux que
Dom Pedro Ronquillo faisait entrer par une Porte,
pendant que les Ennemis fuyaient par l'autre.
veritabledetout ce qui
s'est pajjea Madrid
de plus remarquable
depuis le 20. Aoust
1710jusqu'au 3. De-
L:,,.,( de la mesme
aSnaAnéde.,jourauquel
C. 1.H-f1.- dans
cetteCapitale.
D
és le momentqu'on
"ur appris le malheureux
JUCCCZ qu'eurent le 18.
Aoust 1710. les armes du
Roy d'Espagne à la batail- -
le de Saragosse
,
dont la
nouvelle arriva à Madrid
le 20.Aoust,chacun fut saisi
d'unetristesse profonde,
ôc la consternation fut generale
dans toute la Ville,
sur tout lorsqu'on fçucjj
avec certitude que leurs
Majestez avec toute leur
Maison se preparoient as1
en sortir pour se retirer Mi
Valladolid
, ce qui s'exe":':
cuta le 9. de Septembre aujj
matin sur le rapport qu'on
eut que les Ennemis estoient
déja aux environ
deCuença. On n'a jamais
veu dans Madrid un plus
triste spectacle
; tous les
habitants fondoient en
larmes, en voyant le départ
precipité pour ne pas
dire la fuite de leurs Majestez.
Elles furent accompagnées
dans leur malheur
de tous les Conseils,
de tous les Grands,&de
tous les Nobles, sans que
rien put les retenir, ni la
crainte de perdre leurs
biens ni l'attachement à
leurs famillesnon pasmesme
l'amour.
Je dis cecy par rapport
a un jeune Amant
Espagnol qui sacrifia son
amour au zele qu'ilavoit
pour son Roy; c'estune
avanture qui méritébien u
qu'on la raconte ayeco
toutes lès circonstances.
Je vous la donneray sé-^
parement à la suitede ces
Journal, Elle y seraà sa,£
place, puisque le retour
de Philippe V. à Madrid
en fit le dénouement
,
commeson départenembrouilla
l'intrigue.
Ilyeut plusieursDames
qui suivirent la Reine
,
les
autres leurs Maris,& celles
qui ne purent suivre se
retirerent dans des Convents
: en forte qu'il ne
resta dans Madrid ni aux
environs que quelques
Ministres rebelles qui avoient
abandonné le parti
du Roy. Le Duc de Veraguas
,
President du Conseil
& des Ordres, & Conseillerd'Estat
, mourut le
mesme jour du départ de
Sa Majesté, de douleur de
n'avoirpulasuivre,àcause
de ses grandes infirmitez.
Le nouveau Duc,sonfils,
pour ne pas differer un
moment à donner au Roy
des preuves de sa fidelité,
partit aussi-tost, & suivit
Sa MajeHé sans avoir rendu
les derniers devoirs à
son pere.
Aprés le depart de leurs
Majestez
, & de tant de
personnes considerables
,
la Ville de Madrid demeura
semblable à un desert
,
& dans une tristesse incroyable.
Le 21. de Septembre le
General Stanhope Envoyé
extraordinaire d'Angleterre
auprès de l'Archiduc
vint à l'Hostel de Ville,
pour lui demander de sa
part l'obéïssance , & sur
rheure 4. Echevins furent
députés du Corps
,
pour l'aller rendre à l'Ar..
chiducqui estoit pour lors
à Alcala d'Henares.
Sur le soir du mesme
jour21. Septembre, on publia
icy le mesme Edit qui
avoit esté publié à Sarra-
, gosse le 21. Aoust, menaçant
de punir suivanttoute
la rigueur des Loix , «
ceux qui ne voudroient
pas le reconnoistre pour
leur Souverain.
Le mesme jour on publia
encore trois autres
Edits qui furent affichés
par toute laVille. Le premier
pour retenir chacun
dans ion devoir fous peine
de la vie. Le second portoit
commandement à
tous les soldats dePhilippe
V. qui seroient encore
dans Madrid ou dans les
Hospitaux
,
de se presenter
en personneouunau-
tre pour euxdans 24. heures
fous peine de la vie.
Le troisiémeestoit un ordre
de relascher tous les
prisonniers d'Estat
, en-à
-
joignantà tous les Geolliersd'y
satisfaire.
Aprés que tous ces ordres
eurent esté donnez,
le General Stanhopeprit
son logement dans une
maisonde plaisance située
hors de la Ville, & appelléela
Floride; & sonDétachement
se campa aux
environs de la Ville surle
bord du Mançanarés.
Il y eut pendant trois
nuits quelques illuminations
dont les habitants
esteignoient une partie
pendant qu'on allumoit
l'autre, & de toures les
cloches qui devoient sonner
on en sonna fort peu
parce que tous les Sacristainssurpris
de voir arriver
tant d'heretiques, mirent
tous leurs soins à preserver
du pillage ce qu'ils
avoient de plus précieux,
ôc la Connerie fut mesme
interrompuë en quelques
endroits parce que les Anglois
pillerent jusqu'aux
cordes des cloches quand
ils ne trouvoient rien de
meilleur à prendre.
Le 22. de Septembre le
General Sranhope envoya
au Couvent de Nostre-
Dame d'Atoche un Capiraine
avec 60. Cavaliers
pour en enlever tous les
Drapeaux & Etendars que
Philippe V. avoit offerts
depuis la guerre. On les
distribua aux Soldats de
chaque Nation sur laquelle
ils avoient esté pris, particulierement
à la bataille
dAlmanza. Il les porcerent
en triomphe partoutes
les ruës decette Ville
avec autant de fierté que
s'ils les eussent remportez
d'un combat, & non pas
détachées des murs d'un
Eglise. Ils les porterent
ainsijusqu'àleurcamp qui
estoit entre Madrid&Alcala.
Ensuite les vols devinrent
si frequents dans la
Ville qu'on n'a pas cesse
un seul moment d'estre
dans la crainte d'un pillage
general.
Ce mesme jour Dom
Antonio Sanguineto que
Philippe V.avoit fait Lieutenant
Général de Police
à Madrid par interim
Jonna , par ordre du General
Stanhope unMandement
-qUi portoit qu'on
<ut à recevoir fous peine
de la vie,toutes fortes de
Monnoves , tant dans la
Ville que hors d'icelle
foit quelles fussent du,
Royaume ou estrangeres,
suivant le prix courant
dont il donnaune explication
par rapport à celles
de Portugal. ir,
Le 26. toute l'A rmée
Ennemie vint camper aux
environs de Cavillejas, &
l'Archiduc prit son logement
dans la maison de
plaisance du Comte d'Aguilar
qui n'est qu'à une
lieuë de cette Ville. Ce
mesme jour on ordonna
des illuminations par toute
laVille pour le 28. jour
que l'Archiduc choisit
pour entendre la Messe à
Nostre-Dame d'Atocha,
après laquelle accompa- 1
gné de ses Gardes,estanc
entré
entré dans la Ville par la
ruë d'Atocha, il fut le long
d'icelle jusqu'à la porte
deGuadalaxara,puis ayant
repris par la grande ruë,
il forcir par la porte d'Alcala,
& se retira à la susdite
maison de campagne, fort
mal satisfait du peu d'empressement
qu'onavoit eu
d'accourir aux endroits
par où il passoit.
Le premier Octobre il
y eut feste au Palais pour
celebrer le jour auquel
l'Archiduc entroit dans sa
27eannée: mais peu de
persnnes ,
& fort peu
connues s'y trouverent
pour luy baiserles mains.
Il y eut aussi une Assemblée
d'Alcades ou Juges
dans laquelle Dom Francisco
Alvares Guerrero
présida. Les principaux
estoient Don Joséph Sotelo,
DonAdresPinto de
- Lara
,
Don Joseph Palacios
,
Don Augustin de
Cardenas, Don Louis de
la Sevilla
, & Don Pedro
Infante. Don Pedro Zamires
y fit la fonction de
Procureur du Roy. On y
nomma 40 Huissiers ou
Sergens. On ordonna ensuite
à toutes les Dames
qui s'estoient retirées dans
des Convents,de revenir
occu perleurs mai sons
faure de , quoy on y mettroit
Garnison.
Le 4. du mesme mois
onleva leCamp de Cavillejas,
& l'armée ennemie
s'avança jusqu'au Pardo.
Ce sur alors qu'on commença
d'exiler tous ceux
qui ne furent pas trouvez
agreables au gouvernement
present, & lesaccusations
qui furent portées
àceteffet devant les Juges
contre lesfidels serviteurs
duRoyPhilippe, & contre
les François,se trouverenten
si grande quantiré
qu'ils furent obligez
de n'y pas faire l'attention
qu'en attendoient les delateurs,
pour nepas voir
la Ville depourvûë d'honnestes
gens, quoyque la
plus grande partie se fût
déjaretirée& miseà couvert
dans des aziles saj',.'
crez.
Le6. dumefme mois le
<
Marquis de Palamares fut
eslu nouveau Lieutenant
General de la Ville
,
à la
place de Don Sanguineto
Yzaias, & prit possession
decette Charge.
Le 7. on ordonna à tous
les habitants de la Ville
fous peine de la vie de faire
une déclaration exacte
de tous les Chevaux qu'ils
avoient dans leurs maisons
, pour en former un
Regiment fous le nom de
Madrid,dont on fit Colonel
Don Bonifacio Maurique
de Lara ; mais l'o.
béïssance aveugle que l'on
eust pour cetordre rigoureux
ne hit nullement recompensée,
car le General
Stanhope s'empara detous
les Chevaux sans en faire
aucun paiement. On ordonna
aussi dans le mesme
temps de lever deux Regiments
d'Infanterie
, auxquels
on donna le nom de
Tolede& deGuadalaxara;
le premier eut pour Colonel
le Comte de la Puebla
de Portugal, & l'on nomma
pour le second Don
Antonio de Villaroël, tous.
deux Lieutenans Generaux.
Le 12. on envoya une
Lettre circulaire à toutes
les Dames de qualité, portant
ordre de se rendre en
quatre jours àTolede. Il
yeneutquelquesunes qui
obéïrent, mais la plufparc
resterent chez elles.
Le 14. on commença à
monter laGarde au Palais,
& le15. on ordonna à tous
les François de sortir de la
Ville dans 24. heures fous
peine de la vie.
Le 19. Don Raimon Vilana
Piolasenvoya une
Lettre circu laire à tous les
Couvents & Superieurs
d'iceux, pour les avertir
qu'ilseussent à decouvrir
aux Juges qui feroient envoyez
, tous les biens qu'ils
tenoient cachez,& qui
appartenoient à ceux qui
avoient suivi & suivoient
actuellement le party de
PhilippeV.
Le 22. il y eut une Afsemblée
de Theologiens,
Jurisconsultes
,
& Docteurs
en Droit, pour deliberer
de se rendre maistre
de
de tout ce qui estoit retenu
caché dans les Maisons
Religieuses & Couvent.
Le resultat fut qu'il falloit
visiter partout ®istrer
jusqu'aux Tombeaux ôc
Sepultures des morts ,
à
propos de quoy DonFrancisco
Parga,Vicaire de la
Paroisse de San Gines
homme tres-attaché , au
parti du Roy Philippe,
ayant esté misau nombre
des proscrits
,
& estanc
mort sur les entrefaites,
le conseil ne laissa pas de
luy faire signifier son bannissement.
Un Espagnol qui
se trouva auprés du
Corps mort, dans le
moment que le porteur
de
*
la significationarrivoit
, luy demanda fierement
ce qu'il vouloit;
l'Argoafil dit qu'il venoit
signifîer le bannit
sementàDonFrancisco:
he par dios, dit l'Espagnol
relevant sa moustache,
vos venir tardè Ar*
goafil, D. Francisco esta
bien lexos; qui veutdire,
vousveneT^tardHmjfîer9
Don Francisco estdesja
bien loin.
Cemesme jour le nouveau
Gouverneur Don
Maurique donna un Arrest
qui declaroitentr'autres
choses que quiconque
de jour & de nuit, d'une
voix haute ou basse crieroit
Vive Philippe V. seroit
executé à mort sur le
champ.
A l'occasionde cetArrest
un Bourgeois paria
contre un autre qu il y
contreviendroit publiquement
; je parie que
nonditl'autre,& jeparie
un quadruple:non reprit
celuy-cy, je ne veux rien
parier,je gagnerayassez
en contentant mon zele;
aussi-tost il s'équipa à
peu prés en Colporteur
François, &C tenant pluheurs
imprimez fous son
bras, il marmotoit tout
bas: Arrestqui dessendà
toutespersonnes,etc. Se
quand il estoit parvenu
aux mots Vive Philippe
cinq, illes crioit de toute
sa force, en sortequ'on
n'entendoit crier que
VivePhilippe V. partout
où il passoit. Onsesaisit
de luy ; il réponditfroidement
,qu'avez vous à
me dire, je publie l'Arrest
du Gouverneur. Le
faux Colporteur reçut
force bourades , mais il
se sauva, ravi de s'estre
satisfait à si bon marché
Le 20, du mesme mois
Dom Francisco Quincozes
fit publier que tous les
gens de guerre prisonniers
ou autres qui auroient
servi dans les Troupes
de Philippe V. eussent
à se presenter dans 2,4,
heures fous peine de chastimenc
arbitraire
, & de
confiscations de leurs
biens dont l'accusateur
auroit la troisiéme partie.
Il delivra au/G les ordres
pour envoyer en exil un
grand nombre d'Ecclesiastiques
tant Seculiers que
Reguliers; & dés lesjours
suivants on bannit hors
de la Ville les PP. Blanto
& Atynila
,
Su perieurs de
l'Ordre de S. Dominique,
avec le Gardien de l'Eglise
de S. Bernard, & le Pere
Cardona de l'Ordre des
Agonisans.
Le 28. l'Armée Ennemie
changea de camp,&
vint à Villaverda
Le 29. le Confcil de Castille
s'assembla fous les
ordres du Marquisde Castillo,
Gouverneur par interim
;assisté de Don FernandoGarcia-
Bazan, de
Don Joseph Garfupcy
,
de
Don Francisco. Alvarez-
Guerrero, de Don Manuel
de Gamboa, nouveauPrefident
de laChambre
,de Don Joseph de la
Serna, en qualité de Procureur
du Roy, & de Don
Migueld'Espinosa,Secretaire
de la Chambre. On
nomma ensuite pour President
du Conseil des Finances
,Don Atanafio de
Estaripa,Evesque de Licopoli,
& pour Conseillers
Assesseurs,le Marquis de
Fuente Humosa, Don
Manuel de S. Martin &
Benavente, Dom Joseph
de Palavos,les Comtes de
Belmont & de Clavijo
Don Manuel Salcedo ôc
Morequecho, Don Sebastien
Valero- Montero
»
pour Procureur du Roy
& Don Juan Manuel de
Bargos, pour Secretaire.
On establit aussi une
Chambre de Justice & une
Chambre des Compres
3 &l'on créa pour Conseillers
dans la premiere
Don Simon llavez ,
, Don
Joseph deOmagna,Don
Miguel de Mata , Don
Juan de Soto-Maya, &
Don Francisco de Melgar;
ce dernier faisoit la fonction
de Procureur du Roy.
Les Conseillers de la
Chambre des Comtes furent
le Marquis de Cavillejas,
Don AndresdeAvila,
Don Diego de Burgos,
& Don Francisco de Sylveira,
DonPrudenico Gregorio
de la Fuente eut la
Charge de Procureur du
Rofy.
-- On forma de plus un
Conseil des Indesles Seigneurs
qui le composerent
furent Don Pedro
Gamarra & Arhaga, le
Comte de Paredes
,
Don
Zamon Portocarrero ,
Don Joseph de Hugarté
,
Dom Sancho de Castro
:J Don Joseph Escals, pour
Procureur du ROY;r& Don
Domingo Lopez- Calo,
pour Secretaire. Pour le
Conseil des Ordres, on ne
put achever de le former
entierement.
Pendant ce nouveau
gouvernement on a eu la
douleur de vo~ire
publiquement au milieu
des ruës de cette grande
Ville, des Ca lices des Patenes,
desCiboires& de
toutes sortes d'Ornements
& de Vases sacrez qui avoientesté
pillez dans nos
Eglises.
Le 2. de Novembre on
publiaunEdit portant désense
à toutes fortes de
personnes d'aller auCamp
fous peine de 200. coups
de foüet.
Le 5. la farine des Magasinspublics
ayant manque
,
aussi-bien que celle
qu'on avoit tirée des Couvenrs,
des Boulangeries,
& des maisons paniculicres
, la Ville commençaà
manquer de pain, de viande
,
de vin
,
& de toutes
fortes de poissons & de legumes
necessaires à la vie,
sans que l'on vit aucun
moyen d'y remedier
, ce
qui la reduisit à la derniere
extremité;nonobstant laquelleon
ne laissa pas d'obliger
les habitants fous
peine de trahison de porter
au Camp, pendant les
trois jours suivans, tous les
cochons, les poulets, les
legumes, & les autres choses
qui pourroient se trouver
dans la Ville.
Le 8 jour dudit mois
Don Francisco de Quincozes
fit publier trois Edirs.
Le premier que les
gens de guerre qui ne s'estoient
pas encore presentés,
eussent à le faire dans
24. heures fous peine de la
vie; & dcffcnfe à toutes
personnes de les tenir cachés,
fous les mesmes peines.
Le second portoit ordre
de luy remettre sans
délay tous les habits, les
munitions ,
poudre,balles,
& autres instrumens
de guerre , ou train d'artillerie
qui se trouveroient
dans laVille. Letroisiéme
réïteroit un autre donné
cy devant, deluy remettre
incessamment entre
les mains toutes les armes,
alfucsJ fusils ,&c.
Le 9 jour dédié à la
Sainte Vierge tous les
nouveauxConseils establis
par l'Archiduc
, reçurent
ordre de passer à Tolede.
Le II. ils se mirent tous
en marche avec l'armée
qui prit le mesme chemin
de Campozuelos.
Lemesme jour II. Novembre
,l'Archiduc estant àCompozuelos, signa de
sa main un Décret paraphé
de Don Zamon Vilana
,
& adressé au Lieutenant
General de Police à
Tolede ;
il contenoit en
substance
,
qu'ayant appris
que les. Ennemis par
leurs detestables artifices
faisoient passer pour rigoureux
le Décret par luy
rendu
rendu le 12. du mois précedent
, par lequelil estoit
enjoint & ordonné àtoutes
les femmes
, veuves,
& filles des Grands d'Er..
pagne,& de tous les Nobles
de la nation qui suivoient
le party de Philippe
V. de quitter Madrid pour
aller à Tolede
;
qu'il ordonnait,
pour marquer
fès égards pour les Dames.
de condition, que toutes
les susdites personnes qui
auroient obéi & executcr
le susdit Décret du 18. Octobre
,
peussent en toute
seureté retourner à Madrid
; sur quoy une Dame
Espagnole dit: las cortesias
tardadas intienengroeta con las
Damas: que lescourtoisies
tardives perdent leur grace
auprés des Dames.
Le n. du mesme mois
on vie paroistre aux environs
de laChapelle de
l'Ange Gardien, éloignée.
de cetteVille d'un quart
de lieuë,. un petit corps
de Troupes de Philippe
V. ce qui causa une si
grande joye que Don
Antonio Sanguineto qui
depuis le depart des Ennemis
avoit repris les fonctions
de Lieutenant General
de Police, craignant
qu'iln'en arrivât quelques
desordres, prit toutes les
précautions necessaires
dans une conjoncture si
epineuse
, ce qui luy a
merité l'approbation generale.
Enfin le 25. les deux
RegimentsdePignatelli,
& de S. Jacques, commandez
parDonFeliciano
de Bracamonte, Maréchal
de Camp, firent
leur entrée au Buen-Retiro
,
& le24. jour auquel
nostre Monarque avoic
esté proclame Roy, ils entrerent
dans Madrid par
la ruë d'A lcala, puis par
la grande ruë, passerent
par la porte de Guadalaxara,
& poursuivirent le
long de la rue Nostre-
Dame par où ilssortirent
d'Arocha, d'où ils se renidirent
à Vallejas.
Le mesme jour le Roy
confirma Don Antonio
Sanguineto dans sa Charge
de Lieutenant de Police
Le 3,, Décembre pour
de S.FrançoisXavier,Sa
M.Cfut àNostre Dame
d'Atocha sur les trois heures
aprèsmidy, ou après
avoir fait chanterle Te,
Deum, il monta àcheval
accompagnéde MrleDuc
de Vendosme des principaux
Officiers de son Armée
& de saMaison, de
tous les Nobles &Grands
duRoyaume&de ses Gardes
du Corps, il fit [ott
entréepublique
,
où le
concours du peuple fut
si grand & les marques
de joye qu'il donna si extraordinaires
,
qu'il n'est
pas facile d'en juger sainement
sans en avoir esté
le témoin oculaire.
Pendantque leRoyentroit
à Madrid, on apprit
que le 3. Décembre les
Ennemisavoiententièrement
évacuéToledele29.
Novembre5que cetteVille
qu'ils avoient choisie
pour faire leur Place d'Armes,
avoir elle abandonnée
avec tant de précipitation
, que ne pouvant
sauver les Magasinsqu'ils
avoient mis dans l'Alcaçar
& dans plusieurs maifons,
y avoient mis le feu,
& placé une meche qui
dévoie faire saurer soixante
barils de poudre, ce qui
auroit détruit ce Palais
magnifique. Mais que les
habitans y estant accourus
en diligence,avoient oste
la meche & esteint le feu ;
qu'ils furent si irritez contre
les Ennemis, qu'ils prirent
les armes & chargerent
leur arriéré garde,en
quoy ils furent secondez
par cinq cens Chevaux que
Dom Pedro Ronquillo faisait entrer par une Porte,
pendant que les Ennemis fuyaient par l'autre.
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Résumé : JOURNAL veritable de tout ce qui s'est passé à Madrid de plus remarquable depuis le 20. Aoust 1710. jusqu'au 3. Decembre de la mesme année, jour auquel Sa M. C. rentra dans cette Capitale.
Entre le 20 août et le 3 décembre 1710, Madrid connut des événements marquants suite à la défaite des armées espagnoles à la bataille de Saragosse. La nouvelle de cette défaite, arrivée le 20 août, plongea la ville dans la tristesse et la consternation. Le roi Philippe V et sa cour quittèrent Madrid le 9 septembre pour Valladolid, craignant l'avancée des ennemis. Cette fuite fut accompagnée par les conseillers, les grands et les nobles, ainsi que par certaines dames suivant la reine, tandis que d'autres se retiraient dans des couvents. Le duc de Veraguas et son fils moururent le jour même du départ du roi. Après le départ des autorités, Madrid devint déserte et plongée dans une tristesse incroyable. Le général Stanhope, envoyé extraordinaire d'Angleterre, arriva le 21 septembre et demanda l'obéissance à l'archiduc. Des édits furent publiés, menaçant de punir ceux qui ne reconnaîtraient pas l'archiduc comme souverain et ordonnant la présentation des soldats de Philippe V. Des illuminations et des vols fréquents ajoutèrent à l'agitation. Le 22 septembre, Stanhope envoya des troupes pour enlever les drapeaux offerts par Philippe V. Des mesures rigoureuses furent prises, y compris l'exil des personnes non agréables au nouveau gouvernement et la confiscation des biens. Le 26 septembre, l'armée ennemie campa aux environs de Madrid, et l'archiduc prit ses quartiers dans une maison de plaisance. Des fêtes et des assemblées furent organisées, mais avec peu de participation. Le 4 octobre, le camp de Cavillejas fut levé, et l'armée ennemie avança jusqu'au Pardo. Des régiments furent levés, et des ordres rigoureux furent donnés, comme la déclaration des chevaux et l'exil des Français. Des théologiens et jurisconsultes délibérèrent sur la confiscation des biens cachés dans les maisons religieuses. Des arrestations et des bannissements furent effectués, et des gouverneurs furent nommés pour maintenir l'ordre. Un Conseil des Indes fut formé avec des membres tels que Don Pedro Gamarra et le Comte de Paredes. Pendant cette période, des objets sacrés furent pillés dans les églises. Le 2 novembre, un édit interdit aux personnes d'aller au camp sous peine de 200 coups de fouet. Le 5 novembre, la ville manqua de nourriture et de biens essentiels, et les habitants furent contraints de fournir des provisions aux troupes. Le 8 novembre, Don Francisco de Quincozes publia trois édits concernant la mobilisation des troupes et la remise des armes et munitions. Le 9 novembre, les nouveaux conseils établis par l'Archiduc reçurent l'ordre de se rendre à Tolède. Le 11 novembre, l'Archiduc signa un décret permettant aux femmes et filles des Grands d'Espagne de revenir à Madrid. Le même jour, des troupes de Philippe V apparurent près de Madrid, causant une grande joie. Le 25 novembre, les régiments de Pignatelli et de Saint-Jacques entrèrent à Madrid. Le 3 décembre, le roi fut proclamé et entra publiquement dans la ville, accompagné de nobles et de troupes. Pendant son entrée, il fut appris que les ennemis avaient évacué Tolède le 29 novembre, abandonnant des magasins et mettant le feu à des bâtiments. Les habitants de Tolède éteignirent le feu et attaquèrent les ennemis en retraite.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 121
DONS DU ROY D'ESPAGNE.
Début :
Le Roy a donné l'Ordre de la Toison d'Or au [...]
Mots clefs :
Roi d'Espagne, Ordre de la Toison d'Or
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texteReconnaissance textuelle : DONS DU ROY D'ESPAGNE.
DONS DU ROY
D'E SPAGNE.
Le Roya donné l'Ordre
de laToison d'Orau
Duc d'Atri, Napolitain.
D'E SPAGNE.
Le Roya donné l'Ordre
de laToison d'Orau
Duc d'Atri, Napolitain.
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11
p. 150-156
CEREMONIE de la Renonciation.
Début :
Le quinz Mars Monseigneur le Duc de Berry estant venu [...]
Mots clefs :
Renonciation, Chapelle, Lettres patentes, Cérémonie, Roi d'Espagne, Couronne d'Espagne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CEREMONIE de la Renonciation.
CEREMONIE
de la Renonciation.
LE quinze Mars Monfeiigneur
le Duc de Berry cf..
tant venu en cette VilIe"fc
rendit au Palais, accompagné
de Monsieur le Duc
d'Orléans, &ils allerent
entendre la Mesle à la-fainte
Chapelle. Deux Présidents
à Mortier & deux
Conseillers députez par le
Parlement, pour le recevoir
, vinrent l'y prendre,
& le conduisirent à la grande
Chambfe, où il prit fà
place. Ensuite Monsieur le
Duc d'Orléans, prie aulïi
la sienne, de mesme que le
Duc d'Anguien, le Prince
de Conti, le Duc du Maine
& le Comte de Toulouse.
Les Pairs Ecclesiastiques
qui s'y trouverent, estoient rArcheveCque Duc de
Reims, l'E vesque Duc de
Laon
3
l'Evesque Ducde
Langres, l'Evefaue Comre
de Chaalons, & rEvetauc
Comte de Noyon. Puisles
Ducs de laTremorille., de
Sully, de Richelieu
,
de
Saint Simon, de la Force,
de Rohan, d'Estre'es, de
la Meilleraye, de Villeroy,
de Saint Aignan, de Tret
mes, rEvefque de Metz
Duc de Coislin
,
de Villars
, de Berwik, d'Antin,
& de Chaulnes. Comme
il s'agissoit de faire registrer
les Lettres Patentes
données par le Roy, sur la
Renonciation du Roy d'EC
pagne , aux Droits de sa
naiÍfance & à ceux de ses
descendants sur la Couronne
de France, de mesme
que la Renonciation de
Monseigneur le Duc de
Berry, & celle de Monsieur
le Duc d'Orleans à
leurs Droits & à ceux de
leurs defeendants ,sur la
Couronne d'Espagne
,
ôc
de faire tirer des Registres
les Lettres par lesquelles les
Droits du Roy d'Espagne à
la Couronne de France luy
avoient esté conservez,
lorsqu'il partit pour Madrid
,
le sieur de Mesmes
PremierPrésident
, ayant
expliqué les intentions du
Roy, le sieur Joly de Fleury
Advocat General présensa
les Lettres Parentes.
de Sa Majelté;, qui furent
leues,aussi bien que tous
les autres Adtes qui y ef.
toient joints. L'Arrest
d'Enregistrement fut ensuite
prononcé suivant les
Conclusions du Procureur
General.
Le Duc de Shrewsbury
Ambassadeur de la Reine
de la grande Bretagne & le
sieur Prior l'un des Plenipotentiaires
de Sa Majeslé
Britannique
,
furent tesmoins
de cette fonaion qui
doit faire une condition essentielle
des Traittez de
paixyle Duc d'Ossone nommé
par le Roy d'Espagne
pour la traitter,& la signer
en son nom aux Conférences
d'Utrecht, se trouvant
encore à Paris
J
le sieur
DonCornejo Secretaire de
l'ambassade pourSaMajesté
Catholique en cette
Ville & Royaume, a asfifié
à cette ceremonie qui
s'eil faite trèssolemnellemène,
& où il s'esttrouvé
un grand nombre de personnes
distingueés , d'Estrangers
& de peuple. Le
Duc d'Ossonne, & le sieur
Don Felix Cornejo, le Duc
de S hrewsbury & le sieur
Prior estoient placez dans
la mesme Lanterne. Ces
AmbaÍfadeurs avoient demandé
d'efire mis dans le
mesmelieu.Cette Ceremonie
fera memorable par la
réunion des trois Nations
qui ont eIlé si long
- temps
opposées.
de la Renonciation.
LE quinze Mars Monfeiigneur
le Duc de Berry cf..
tant venu en cette VilIe"fc
rendit au Palais, accompagné
de Monsieur le Duc
d'Orléans, &ils allerent
entendre la Mesle à la-fainte
Chapelle. Deux Présidents
à Mortier & deux
Conseillers députez par le
Parlement, pour le recevoir
, vinrent l'y prendre,
& le conduisirent à la grande
Chambfe, où il prit fà
place. Ensuite Monsieur le
Duc d'Orléans, prie aulïi
la sienne, de mesme que le
Duc d'Anguien, le Prince
de Conti, le Duc du Maine
& le Comte de Toulouse.
Les Pairs Ecclesiastiques
qui s'y trouverent, estoient rArcheveCque Duc de
Reims, l'E vesque Duc de
Laon
3
l'Evesque Ducde
Langres, l'Evefaue Comre
de Chaalons, & rEvetauc
Comte de Noyon. Puisles
Ducs de laTremorille., de
Sully, de Richelieu
,
de
Saint Simon, de la Force,
de Rohan, d'Estre'es, de
la Meilleraye, de Villeroy,
de Saint Aignan, de Tret
mes, rEvefque de Metz
Duc de Coislin
,
de Villars
, de Berwik, d'Antin,
& de Chaulnes. Comme
il s'agissoit de faire registrer
les Lettres Patentes
données par le Roy, sur la
Renonciation du Roy d'EC
pagne , aux Droits de sa
naiÍfance & à ceux de ses
descendants sur la Couronne
de France, de mesme
que la Renonciation de
Monseigneur le Duc de
Berry, & celle de Monsieur
le Duc d'Orleans à
leurs Droits & à ceux de
leurs defeendants ,sur la
Couronne d'Espagne
,
ôc
de faire tirer des Registres
les Lettres par lesquelles les
Droits du Roy d'Espagne à
la Couronne de France luy
avoient esté conservez,
lorsqu'il partit pour Madrid
,
le sieur de Mesmes
PremierPrésident
, ayant
expliqué les intentions du
Roy, le sieur Joly de Fleury
Advocat General présensa
les Lettres Parentes.
de Sa Majelté;, qui furent
leues,aussi bien que tous
les autres Adtes qui y ef.
toient joints. L'Arrest
d'Enregistrement fut ensuite
prononcé suivant les
Conclusions du Procureur
General.
Le Duc de Shrewsbury
Ambassadeur de la Reine
de la grande Bretagne & le
sieur Prior l'un des Plenipotentiaires
de Sa Majeslé
Britannique
,
furent tesmoins
de cette fonaion qui
doit faire une condition essentielle
des Traittez de
paixyle Duc d'Ossone nommé
par le Roy d'Espagne
pour la traitter,& la signer
en son nom aux Conférences
d'Utrecht, se trouvant
encore à Paris
J
le sieur
DonCornejo Secretaire de
l'ambassade pourSaMajesté
Catholique en cette
Ville & Royaume, a asfifié
à cette ceremonie qui
s'eil faite trèssolemnellemène,
& où il s'esttrouvé
un grand nombre de personnes
distingueés , d'Estrangers
& de peuple. Le
Duc d'Ossonne, & le sieur
Don Felix Cornejo, le Duc
de S hrewsbury & le sieur
Prior estoient placez dans
la mesme Lanterne. Ces
AmbaÍfadeurs avoient demandé
d'efire mis dans le
mesmelieu.Cette Ceremonie
fera memorable par la
réunion des trois Nations
qui ont eIlé si long
- temps
opposées.
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Résumé : CEREMONIE de la Renonciation.
Le 15 mars, le Duc de Berry et le Duc d'Orléans arrivèrent en ville et assistèrent à la messe à la Sainte Chapelle. Ils furent ensuite conduits à la grande Chambre du Parlement par des représentants. Divers pairs ecclésiastiques et laïcs, dont l'Archevêque Duc de Reims et le Duc de La Trémoille, étaient présents. La cérémonie concernait l'enregistrement des Lettres Patentes du Roi sur la renonciation du Roi d'Espagne et des Ducs de Berry et d'Orléans à leurs droits sur la Couronne de France. Le Premier Président, sieur de Mesmes, expliqua les intentions du Roi, et l'Avocat Général, sieur Joly de Fleury, présenta les documents, qui furent lus et enregistrés. Le Duc de Shrewsbury, Ambassadeur de la Reine de Grande-Bretagne, et le Duc d'Ossone, représentant le Roi d'Espagne, témoignèrent de la cérémonie. Un grand nombre de personnes distinguées et d'étrangers assistèrent à cette réunion solennelle des trois nations autrefois opposées.
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12
p. 136-138
Espagne & Portugal.
Début :
On a défendu dans ce Royaume l'usage des dorures, tant sur les [...]
Mots clefs :
Roi d'Espagne, Troupes, Conseil, Cour, Marquis, Dorures
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texteReconnaissance textuelle : Espagne & Portugal.
Espagne & Portugal.
N a défendu dans ce Royaume
\î-/ l'usage des dorures , tant sor les
habits qu'aux carossej , 6c autres équi
pages
1
7 A N 'V 1^ R rjti t\r
pages ; on n'a excepté que les ornemens
des Eglises. .
On mande de Malaga que plusieurs
bâtimens en étoient partis fous l'eícorte
de deux Galeres , pour transporter fur les
côtes d'Afrique les troupes destinées à
relever la Garnison de Mellille.
le deuil , à l'occaíion de la mort de Mon
sieur le Duc d'Orleans.
Le Roy a donné la Charge de JugeÇonservateur
des Boucheries au Mar
quis d'Aranda , 'Membre du Conseil d'E
tat , Se de celui de la Chambre : celle de
Directeur des Hôpitaux & des Comedies
à Don Pascal de Villa.Campa , Conseil
ler aux mêmes Conseils , Se celle d'Ins
pecteur des Fontaines publiques à Doa
Le Roy d'Espagne que Sa Majesté Por
tugaise a prié d'être le Parain du dernier
Infant , dont la Reine est accouchée^, *
nommé le Prince du Bresil' pour le tenir
fia son nom fur les Fonts de Baptême.
Le Czar a nommé deux Officiers Ge
neraux de ses troupes pour ses Envoyez
extraordinaires en Espagne ^ Se en Por
tugal.
Le 5. Decembre le Marquis de Capichelatro
, Ambassadeur du Roy d'Espa
gne à la .Cour de Liíbone , eut sa pre-
La Cour doit prendre pour trois mois
G rniere
i.3 8 MERCURE DE FRANCE.
miere audience publique du Roy, étant
.conduit par M. le Marquis de Angeja ,
Conseiller d'Etat , & Visiteur des Finan
ces. Son cortege étoit magnifique 8c nom
breux , Se on admira la richeslè & la
beauté de ses équipages.
N a défendu dans ce Royaume
\î-/ l'usage des dorures , tant sor les
habits qu'aux carossej , 6c autres équi
pages
1
7 A N 'V 1^ R rjti t\r
pages ; on n'a excepté que les ornemens
des Eglises. .
On mande de Malaga que plusieurs
bâtimens en étoient partis fous l'eícorte
de deux Galeres , pour transporter fur les
côtes d'Afrique les troupes destinées à
relever la Garnison de Mellille.
le deuil , à l'occaíion de la mort de Mon
sieur le Duc d'Orleans.
Le Roy a donné la Charge de JugeÇonservateur
des Boucheries au Mar
quis d'Aranda , 'Membre du Conseil d'E
tat , Se de celui de la Chambre : celle de
Directeur des Hôpitaux & des Comedies
à Don Pascal de Villa.Campa , Conseil
ler aux mêmes Conseils , Se celle d'Ins
pecteur des Fontaines publiques à Doa
Le Roy d'Espagne que Sa Majesté Por
tugaise a prié d'être le Parain du dernier
Infant , dont la Reine est accouchée^, *
nommé le Prince du Bresil' pour le tenir
fia son nom fur les Fonts de Baptême.
Le Czar a nommé deux Officiers Ge
neraux de ses troupes pour ses Envoyez
extraordinaires en Espagne ^ Se en Por
tugal.
Le 5. Decembre le Marquis de Capichelatro
, Ambassadeur du Roy d'Espa
gne à la .Cour de Liíbone , eut sa pre-
La Cour doit prendre pour trois mois
G rniere
i.3 8 MERCURE DE FRANCE.
miere audience publique du Roy, étant
.conduit par M. le Marquis de Angeja ,
Conseiller d'Etat , & Visiteur des Finan
ces. Son cortege étoit magnifique 8c nom
breux , Se on admira la richeslè & la
beauté de ses équipages.
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Résumé : Espagne & Portugal.
En Espagne, l'usage des dorures a été interdit sur les habits, carrosses et équipements, sauf pour les ornements des églises. Des troupes ont été envoyées de Malaga vers les côtes d'Afrique pour renforcer la garnison de Mellille. Le deuil a été observé à la suite du décès du Duc d'Orléans. Le roi d'Espagne a nommé plusieurs personnes à des postes clés : le Marquis d'Aranda comme Juge-Conservateur des Boucheries, Don Pascal de Villa-Campa comme Directeur des Hôpitaux et des Comédies, et une personne non nommée comme Inspecteur des Fontaines publiques. Au Portugal, le roi a demandé au roi d'Espagne d'être le parrain du dernier infant, nommé Prince du Brésil. Le Czar a désigné deux officiers généraux comme envoyés extraordinaires en Espagne et au Portugal. Le Marquis de Capichelatro, ambassadeur d'Espagne à Lisbonne, a eu sa première audience publique avec le roi du Portugal, accompagné par le Marquis de Angeja. La cour portugaise doit prendre des congés pour trois mois.
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13
p. 390-403
DESCRIPTION de la Fête & du Feu d'Artifice tiré sur la Riviere, à Paris, entre le Pont-Neuf & le Pont Royal, au sujet de la Naissance du DAUPHIN, par ordre du Roy d'Espagne, & par les soins de M M. le Marquis de Santa-Cruz & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique.
Début :
Les préparatifs immenses & la dépense veritablement Royale de cette superbe Fête, [...]
Mots clefs :
Naissance du Dauphin, Fête, Feu d'artifice, Paris, Roi d'Espagne, Spectacle, Jardin, Hôtel de Bouillon, Musique, Ambassadeurs d'Espagne
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texteReconnaissance textuelle : DESCRIPTION de la Fête & du Feu d'Artifice tiré sur la Riviere, à Paris, entre le Pont-Neuf & le Pont Royal, au sujet de la Naissance du DAUPHIN, par ordre du Roy d'Espagne, & par les soins de M M. le Marquis de Santa-Cruz & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique.
DESCRIPTION de la Fête & du
Fen d'Artifice tiré sur la Rivière , *
Paris , entre If P'ont- Neuf & le Pont
Royal , au sujet de la Naijsance du ■
Dau p h i ri , par ordre du Roy d'Espa- !
gné , & par les foins de MM. le Mar
quis de Sanca-Cruz & de Barrenechea,
^Ambassadeurs Extraordinaires & Plé
nipotentiaires de S. M, Catholique.
LEs préparatifs immenses & la dépense ve-"
ritablement Royale de cette superbe Fête,'
dans l'execution de laquelle on a, pour ainsi
dire, forcé la nature, & surmonté tous les
obstacles de la Saison , méritent bien que le
Mercure de France en parle d'une manière i
en pouvoir donner une idée à ceux qui n'ons
pas été à portée de voir un spectacle auíS
■éclatant , lequel a parfaitement répondu aux
ordres que M M. les Ambassadeurs d'Espagne
avoient reçus du Roy , leur Maître , S. M. O
ayant voulu à l'occasion de cet heureux évé
nement , exprimer avec pompe dans la Capi
tale du Royaume , ses tendres sentimens pour
le Roi , son Neveu , & mêler fa joye avec
celle de toute la France.
On fçait assez Jes marques de joye qu'ont
fait paroître le Roi & la Reine d'Espagne de
l'heureux Accouchement de la Reine ; mais
íjuelques brillantes & générales qu'ayent été
les Fêtes qu'on a données dans leurs Etats l
ÍSCCC
t ù '.-ìjìò LIìjRARY.
A5TCR, LENOX AND
TILOEM FOUMOATlONâ.
FEVRIER. î73«. 391
î
eette occasion , elles n'ont pas encore été pro
portionnées à ce que L. M, C. ont senti dans
le coeur.
M M de Santa- Cruz & de Barrenechea ont
agi avec tant de sagacité , tant de grandeur
cl'ame , de discernement , cie goût , & sur touç
avec tact de zèle pour le service de S. M.
qu'il a résulté de leur application & de l'étenduë
de leurs lumières , une iclatante Fête,
où la grandeur » la variété & la magnificence
ont également régné.
L'Hpcel de Bouillon , situé fur le Quai de*
Theatins , vis-à-vis le Louvre , que léDuode
ce nom â bien voulu prêter . avec la noblesse
& les manières qa j font ordinaires aux person
nes de son rang , a servi de principale Scène.
C'étoit comme le centre de la Fête & du
spectacle , qui fut heureusement favorisé d'une
très- belle nuit.
Le ti. Janvier > à six heures du soir , tou
tes les Illuminations parurent dans l'éclat &
dans le brillant qu'il eít plus aisé de s'i
maginer que de décrire. La Façade de l'Hôtel
de Bouillon présentoit aux yeux sept Porques
de lumières ; on liloit au-dessus de ceìui
du milieu , qui étoit formé par la porte
de L'Hôtel , une Inscription Latine qui man-
Suoit l'union & le bonheur de la France & -
e l'îíspagne. Les ceimres des Portiques étoient
«lecórés alternativement par des Dauphins de
relief entrclaíTés > & par les Chifres du Roi ;
le tòut rehaussé d'or. Le vuide des Portiques
étoit occupé par des Emblèmes peintes en
camayeux , dans des Médaillons ornés de guir
landes. Au premier adroite, la France étòh;
'représentée sous la figure d'une belle femme,
gui montre à, l'Efpagne le Dauphin entre les
sjjî MERCURE DE FRANCE.
hus de Lncint. Çe Vers d'Ovide ctoit au ba<*
"3*1» nostrum curvi porunt Delphine; amorem.
Au deuxième Portique , à gauche , TEspagne
montroit à la France le jeune Dauphin,
armé d'un casque & d'une cuirasse que J'Amour
conduit. , & lui présente. Et ce Vers de
Iroj/erce.
Sed tibi fuífidio Delphinum eurrere vidi.
Les deux Portiques ensuite n'attiroient pas
*.ant les regards ; mais en revanche les go
siers altérés y couroient ayee grand empres
sement s car de deux mûries de Lion dorés ,
couloient deux Fontaines de vin pour lè
peuple.
On voyoit au Médaillon du troisième Poe- ,
tique un Coq , simbole de la France } qui
s'addressoit au Lion , simbole de l'Espagne,
<Bi ce Vers à' Ovide. Met amorphofi
ÌJttnc dtio concordes anima vivemus in uni,
L'amour qui entre dans cet Emblème . Ii«
ensemble le Coq , le Lion & le Dauphin.
Sur le dernier Portique de la gauche , un
Xion paroissoit donner au Coq des assurances
d'une íînceie amitié par ce Vers de Virgile»
f>ispeream fi te fuerit tnihi chariot alttr.
L'Amour au bas avec un Dauphin à ses
pieds, gravoit ces paroies fur le marbre 8c
fur l'airain pour en marquer lá solidité 8c la
jRncerité.
Un entablement formé par des lampions ,
leguoit
'FEVRIER. iys0; -9J
tegnoit sur les Portiques i il étoit surmonté
par une Galerie découverte , dont la Balustra
de étoit formée par des Qirandoles d'une fi
gure agréable; I* Architecture de toute la Fa
çade de l'Hôtel de Bouillon étoit ingénieu
sement dessinée par des Lampions , & enri
chie de Lustres & de Girandoles aux Tru
meaux , dans les Croisées & fur les Comble»,
On voyoit fur la principale porte un Dau
phin de relief ■ en marbre blanc , rthaussc
d'or & couronné > accompagné de Lys , re
présentés en lumière ; à quoi on a pou
voir appliquer ce Vers d'Ovide :
p f*cr* frogcn'tes d'tgna ptrente tuo.
L'interieur de la Cour étoit aussi illumines
non seulement par des Chambranles à toutes
les Croisées julqu'à celles des deux aîles qui
jendent iur le Quay , mais encore jusques fur
le faite du Bâtiment où l'on avoit placé des
Girandoles & des Pots à feu.
D'autres Portiques de lumières décoroienc
encore le pourtour de cette Cour. On lisoit
au-dessus de celui du milieu , où est la Porte
id'Entrée , cette Inscription tirée d'un Vers de
IroÇerce.
luce.ït é» toti fiamm* secund* dôme.
A l'appLomb de cette porte , fur les Corn*
bles , on avoic élevé une Tour lumineuse,
faisant allusion aux Tours de Castille ; elle
étoit acompagnée des,Chiísres & du princi
pal Attribut des Armes de Philippe V.
Toute ì'ordonnance de cette Illumination
* été conduite pai le S. Beauûre , 1e fils *
594 MERCURE DE FRANCE. -.
Architecte de la Ville de Paris, qui en, ~
donné les Dcsstins.
La surface de la Rivière , vis-à-vis l'HôteJ
de Bouillon , offroit un spectacle d'une autrç
espece , dont les yeux étoient également en-
'chantés & éblouis. C'étoit un vaste Jardin >
de l'un â l'autre Rivage du Fleuve , qui â
cet endroit a environ 90- toises de large , sur^
un espace de 70. dans fa loneueur. La si-N
tuation étoit des plus magnifiques & des
plus avantageuses , étant naturellement dé
corée par le Qiiay du Collège des Quatre:
ÎNations d'un côté , par celui des GaUeries dp
Louvre de l'autre , &c aux deux bouts , pat
je Pont-Neuf & par le Pont Royal.
Deux Rochers isolés ou Montagnes escar
pées , Simbole des Monts Pirennées > qui
séparent la France de í'Espagne , formciénc
le principal objet de ce::e pompeuse décor
ration- au milieu de la Rivière. Les deux
Monts étoient joints par leurs Bases fur un
Plan d'environ 140. pieds de íong , fur 60.
de large , & séparés par leur cime de près
de 40. pieds , ayant chacun 9i. pieds d'élé
vation au-deííus de la surface de l'eau 8c
des deux grands Bateaux fur lesquels touc
i'Edihce étoit construit.
On voyoit une agréable variété fur ces
Montagnes. s où la nature étoit imitée avec
beaucoup d'art, dans tout ce qu'elle a d'a
greste & de sauvage. Dans un endroit c'étoient
des crevasses avec des quartiers de Rochers ;
en saillie 5 dans d'autres , des Plantes & des I
Arbustes , des Cascades , des Napes & chu
tes d'eau , imitées par des gases d'argent ,
des Antres , des Cavernes &c. Il y avoir,
couc au pourtour, à fleur d'eau, des Jirenes,
•: 4n
TEVRIER. ryto.
ces Tritons , des Néréides & autres Mons
tres marins.
A une certaine distance , au-dessus & audeilous
des Rochers , en voyoit à fleur d'eau
deux Parceres de lumières qui occupoient
chacun un espace de 18. toises fur i/. donc
Jes bordures etoient ornées alternativemcnc
dlrs & d'Orangers, avec leurs fruits, de
ii. pieds de hauc, chargez de lumières. Le
deflein des Parceres étoic trace? & figuré d'une
mamete variée & agréable par des Terrines,
îe^rs Sa2°n lc dc diveises Cou*
Du milieu de chacun de ces Parteres s'éltì
voient des espèces de Rochers jusqu'à la hau
teur de if. pieds , fur un Plan de J0. pieda
í^'i",? . »V01t,Placé au dessus une Figure
Colossale, bronzée en ronde bosse de 16
pieds de proportion. A l'un c'étoit lê Fleuve*
du Guadalquivir , avec un Lion au bas. On
Jifoit en Lettres d'or, fur l'Urnede ce Fleuve,
ces deux Vers d'Ovide ;
Ho» iOi melior quìsqutm , nec •mmnthr tquì.
Rex fuit aut UU reverentior ulla Dearum.
Et à l'autre Partere c'éroit la Rivière de
Seine avec un Coq. On voyoit fur l'Urne,
d ou 1 eau du Fleuve paroisloit sortir cn gaze
d argent, ces Vers de Tiíulle:
St longé ante alias omnes mitijftmm muter.
Issue Pater , quo non alter amabìlitr.
Aux deux cotez des Parteres & dés deux
rfoncs regnoieht fix Platebandes fur t. lignes
au* a fieiu 4 eau , ornées & décorées fans
I le
MERCURE DE FRANCE.
Je même goûc des Parteres. Les trois de cha
que cócé occupoienc un espace^ de plus decent
pieds de long fur if. de large.
■ Deux Terrasses de charpente , à doubles
Rampes de 10. piés de haut, étoient adoste'es
aux Quais dés deux cotez , oc se terminoienç
en Gradins jusques fur le rivage. Elles regnoient
fur toute la longueur du Jardin, &
occupoienc un terrain de 4oS« piés fur la même
ligne , en y comprenant une fuite de Décora
tions rustiques , qui semblaient servir d'appuy
à ces deux grands Perrons , le tpue étoit garni
d'une si grande quantité de Terrines , que les
yeux en étoient éblouis , & les ténèbres de la
nuit entièrement dissipées. Le mouvement des
lumières , qui en les confondant leur donnoit
encore plus d'éclat , faisoit un tel effet à unecertaine
distance, qu'on croyoit voir des Napcs.
8í des Cascades de feu donc les Spectateu r s.
étoient enchantez.
Entre ces Terrasses lumineuses & le brillant
Jardin , à la hauteur des deux Montagnes , otv
avoic placé deux Bateaux de 70. piés de long ,
£ár M- de large, d'une forme singulière 8e
agréable , ornez de sculpture & dorez. Dtimk
lieu de chacun de ces Bateaux, s'élevoit une
espece de Temple Octogone, couvert enjnaflierede
Baldaquin , soutenu par huit Palmiers
àvec des Quirlandes , des lestons de Fleurs ,
& des Lustres de exista*. Les Bateaux étoient ,
remplis de Musiciens pour les fanfares qu'on
enteodoic alternativement. Les Timbales , les
Trompettes, les Cors de Chasse, les Hautbois^
frappoient agréablement l'oreille.
Surla partie la plus élevée du Temple .placé
j3u côté de l'Hôcd de Bouillon, «nlifoir, ce
Vexs de TìíhUs, [ ,.' ... ... / .. ;-. . i
tl Omnibus
FEVRIER. 1730:
Bmnihus ille die s Çtmpr natal! 1 agatur. , "
Pour Inscription sur l'autre Temple du c$J
*é du Louvre > onlisoit cet autre Vers du mème
toc te.
o quantum fttix , ter que quat erque dits»
Le sommet de ces deux magnifiques G09*1
doles étoit terminé par de gros Fanaux & par
<ies Etandarts , fur lesquels on avoir represen- «
*é des Dauphins & des Amours.
Les quatre coins .de ce vaste , lumineux Sfí
magnifique Jardin, étojent terminez par 4-
brillantcs Tours , couvertes de Lampions ì
plaques de fer-blapc , qui augmentoient cop-
Cderablement l'éclat des lumières , &■ qui per
dant le iour faisoient paroître les Tours comm«
argentées. Elles fembloient s'élever fut q.uat«ji
Terrafles de lumières , ayant 18. piés de diamettre
, fur 70. de haut, en y .comprenant le*
Etendarts aux Armes de France & d'Espagne,
Îu'on y avoit aròorez, à un petit Mât chargé
'un gros Fallot.
C'elt du haut de ces Tours que coinmene*
une partie de l'artisice de ce grand Spectacle ,
après que le signal en eut été donné par une
décharge de Boëces & de Canons , placez fur
le Quay du côré des Thuilleries , 8c après que;
les Princes & Princesses du Sang, les AmbaG»
fadeurs & Minières Etrangers , & les Sei
gneurs & Dames de la Cour , invitez à la Fête,
furent arrivez à l'Hôtel de Bouillon.
On vit partir en même teins de ces Toifr$
les Fusées d'Honneur, & ensuite quantitf
d'autres Auiâces , Soleils fixes & touinans,
'.' I ij Gerbes >
MERCURE t>E FRANCE.
Gerbes, &c. après quoi commença leSpec*
tacle d'un Combat fur la Rivière , dans Jëfc intervales
& les allées du Jardin , de douze
Monstres Marins, tous differens, figurez fur aurantde
Bateaux dé plus de io. píésdelong, d'où
on vie forcir une grande quantité de Serpen
teaux , de Grenades , Balons d'eau , & autres
Artifices qui plongeoientdans laRiviere>& qui
en reíTortoient avec une extrême vitesse , pre
nant différentes formes » comme de Serpens ,
&r.
Pour troisième Acte de cet agréable Spectaclè,
on fit partir i'abord du bas des deux
Montagnes, &r ensuite par gradation, des Sail
lies , des Crevasses , des Cavitez , & enfin
du sommet des deux Monts une très-grande
quantité d'Artifice suivi & diversifie , ce qui
cevoit former comme deux Montagnes de feu
-dont l'action n'etoit interrompue que par des
Volcans clairs & ,brillans , qui fortoient â plu
sieurs reprises de tous côrez & du sommet des
Rochers. Les intervales des differens tems ausvrjuels
les Volcans partoient , écoient remplis
par des Fòugades très- vives par le grand
nombre & par la singularité des Fusées. La
fin fut marquée par plusieurs Girandes.
• Après que les yeux d'un grand nombre, oa
plutôt d'un monde de Spectateurs , eurent ctê
afïez long- tems & allez agréablement occupez
de ce qui se passoit dans l'air , la surface des
eaux attira tous les regards. On la voyoit ptac
inrervales presque entièrement couverte d'arrtifice
-, Dauphins brillans qui s'élevoient &r le
replongeoient, & mille autres Figures animées
& éclatantes , Jets deau , ou plutôt de feu %
& Gerbes flotantes fur des plateaux , qui fà?^
fcient un agréable contraste, par leur état pai»
Ê ETRIER. 1730. 3
sible, avec la vivacité & le bruit éclatant des
autres feux ; enrìn on auroit dit qu'il n'y avoir>
pïus d'antipatie entre le feu & l'eau , & que*
ces deux Elemens si opposez , s'étoient réunis
pour faire un charmant badinage en faveur de
cette superbe Fête.
Après tout l' Artifice* terminé par une secorw
de iàlve de Canon , il devoir sortir une lu
mière éclatante du centre des deux Monta
gnes , pour désigner un Soleil- Levant » de ji»
pieds de diamettre , & rester fixe fur son horiíon,
avec ces mots à'Ovide au tour du Disque i
Ijubil» disjecit. Et en méme-tems s'élever un
Arc-en- Ciel de 40 piés d'ouverture , très-vif
& trés lumineux, avec ses couleurs naturelles,
& la Déesse Iris au -dessus . les deux extremitez
liant les sommets des Montagnes , ce qui
fera plus sensible dans la Planche cy -jointe,
dette Inscription saisok allusion au Traits
d'Alliance conclu depuis peu.
• JEttma fiat CòncorÀi* Rcgum.
Toute l'Ordonnance de ce Spectacle fur Is
Rivière , dont les Ambassadeurs Plénipoten
tiaires d'Espagne ont fourni les pensées , a été
conduire & dessinée par le íìeur Servandoni ,
Florentin , Peintre & Architecte , premier
Peintre de PAcademie Royale de Musique,
très-connu par beaucoup d'autres Décorations
<run excellent gout , qu'il a heureusement
faites , en Italie , en France , & en Angle
terre. Toutes les Illuminations ont été exé
cutées fur ses Desseins , par les sieurs Berthelin
&rÒ'erard, Chandeliers Illuminateurs' or
dinaires des plaisirs du Roy. Quelques Lam
pions à Plaque qu'ils ont nouvellement ima
ginés 1 ontfa.it beaucoup d'effet.
1 iij Nous
4o ó MÊRCURtf DE FRANCE.
Nous n'entreprendrons point de donner une
idée de la vûë admirable que produiíoit la
fpule des Spectateurs de tous états , de tout
âge & de tout sexe, dans des Bateaux fur la
Rîvïere , fur les deux Quais & fur les deux
Ponts , fur les Terrasses . les Balcons & nux
fe'hêtres du Louvre , des Hôtels & des Maisons
des deux cotez ; moins encore du coup d'oeit
magnifique, éclatants? tói;í-à fait fupeibe de
lá Galerie de l'Hòtel de Bouillon , & des Ter-*
rasses en Amphithéâtre qui- s'y joignoient ,
couverts & ornez d'une manière convenable,
oû étoient placei tous les Princes , Princesses,
Seigneurs &c Dames invitez à la Pêtc, tous
en habits neufs magnifiques , qui , à l'envi , se
difputoient la richesse, legout & la magni
ficence , & dont plusieurs , avec tout ce qu'on
p'eUt employer de dorures, de broderies &r de
superbes Etoffes , étoient encore enrichis de
Garnitures ccmplettes de Pierreries.,
Dans la Galerie du grand Appartement de
l'Hòtel de Bouillon , on avoit dressé un Théâ
tre très- bien décoré par le sieur Servandoni ,
& disposé d'une manière convenable aux íìj
ches ofrietnêns de la Galerie, dont les Specta
teurs occupoient les deux tiers. Le Rideau du
Théâtre prefentoit aux yeux un Lion, Ufv
Dauphin & des Amòufs , fur un Globe Ter*
reítre, avec quelques attributs de la Fêcç. On
Hfoit au-dessus: Mrs. Egl.
. Clark T)tum sohles
, Jlspìce vmturo Utantur ut cm nia secU.
C'est dans cette Galerie que toute l'illuslre
Compagnie fe rendit aptes tout í" Artifice, pour
j voir une Pastorale dé la composition de M. de
la
FEVRîER. 1730. 461
/* Serre 3c un Ballet. Toute la Musique est dfc
M. R t bel , le Ris , Compositeur de la Musique
de la Chambre du Roy. La Scène se passoit dans,
íin Paysage au pied des Pirenées. Ce Diver
tissement» généralement goûté , fut exécuté
par l'élite des Acteurs de l'Opera, qui ont été
gratifiez par des Bijoux d'or , d'un prix
considérable , outre leurs habits , qui étoient
-euflì riches que convenables» Le sieur Lavtl
avoit composé le Ballet j il y dansa avec te
sieur Dtngtvìlle & les Dlles Prévost & Salil
chantoient dans la Piece. , les Dlle» utntier ,
Pelifur, Le Maure , &c. & les fieurs Tribut, ,
Vun , &c.
Après ce Spectacle, toute 1" Assemblée" i
composée de tout ce qu'il y à de grand par la
.naissance & par les dignitez dans le Royaume,)
& des Ministres Etrangers > passa dans le grand
8alon de 108. piés de long, fur 4 s. de large
& n. d'élévation dans Oeuvre , construit ex
près dans le Jardin , & élevé jusqu'au plein
sied du Vestibule & des Appartemens bas da
Hôtel de Bouillon.
Cette magnifique Salle, destinée à un superbe
Festin , étoi: percée de sept portes , trcis gran
des & quatre moindres. Huit Cabinets hors
d'oeuvre de n. pieds en quarréj distribuez aux
iquatres Angles , & dans les intervales des co
tez , étoierit destinez pour les Bufets , pendant
le Souper & pendant le Bal. Cette Salle , éclai
rée par un très-grand nombre de Lustres de
cristal & de Girandoles garnies de bougies
étoit décorée & richement ornée par leíieur
Titoísy Sculpteur & Décorateur , qui a trèsbien
réiislî , surtout dans les bas- reliefs do
rez, où l'on voyoit les attributs de différentes
Divinitesj de Bacchus , de l' Abondance, &rc,
I iiij enfin
'49i MERCURE t)E FRANCE;
ènfin on avoit sçû allier la plus grande srîmp*
tuosité â tout ce qui peut procurer Sc inspires
la joyè & la gayeté.
Les illustres Convives priez, se placèrent i
fix tablâsS de cinquante couverts chacune >
fervks à quatre Services , en gras & en maigre,
dans la plus grande magnificence & avec au
tant de délicateflè que d'abondance. Au Des
sert on but l£S Santez Royales au bruit de l'Ar
tillerie. Deux autres tables de ja» couverts
chacune , furent servies en Ambigu dans deux
Appartemens à plein pied du Vestibule.
Après le Festin on remonta dans la Galerie
de la Pastorale , où l'on entendit un charmant
Concert de Voix & d'Inítrumens. On y executa
le cinquième Acte de l'Opera de Phaeton,
après quoi on retourna dans le grand Salon,
qu'on trouva préparé pour le Bal , avec six
rangs de Gradins tout autour, fur lesquels on
ne vit jamais une feule place vuide jusqu'à
sept heures du matin. Il est aisé de comprendre
le charmant effet que dévoient faire à la clarté
vive des lumières , la richesse de la parure âc
, k brillant des Pierreries des Seigneurs & des
Dames de cette auguste Assemblée.
Vers les deux heures après minuit on laisíà
entrer les personnes invitées au Bal par billet,
& peu de temps après tous les Masques qui se
présentèrent, ce qui rendit le Bal très- nom
breux & très-animé jusqu'au grand jour qu'on
se retira plein d'admiration d'une si belle Fête
& charmé des manières nobles , & polies des
en avoient fait les honneurs avec tant de di
gnité. Ces Ministres avoient donné de si bons
ordres , que pendant tout le Bal les Rafraîenissemens
de toutes les espèces qu'on avoic
:FE VRI ER. 1750. 40$
pû ìiîiaginer , dans la plus grande abondance
& la plus grande délicatesse, furent présentez
de tous côcez , enforte qu'on n'avoit pas mê
me le temps de souhaiter , & chose assez rare
dans ces sortes de Fêtes » malgré la foule pro-,
digieule.il n'est pas arrivé le moindre désordre.
Fen d'Artifice tiré sur la Rivière , *
Paris , entre If P'ont- Neuf & le Pont
Royal , au sujet de la Naijsance du ■
Dau p h i ri , par ordre du Roy d'Espa- !
gné , & par les foins de MM. le Mar
quis de Sanca-Cruz & de Barrenechea,
^Ambassadeurs Extraordinaires & Plé
nipotentiaires de S. M, Catholique.
LEs préparatifs immenses & la dépense ve-"
ritablement Royale de cette superbe Fête,'
dans l'execution de laquelle on a, pour ainsi
dire, forcé la nature, & surmonté tous les
obstacles de la Saison , méritent bien que le
Mercure de France en parle d'une manière i
en pouvoir donner une idée à ceux qui n'ons
pas été à portée de voir un spectacle auíS
■éclatant , lequel a parfaitement répondu aux
ordres que M M. les Ambassadeurs d'Espagne
avoient reçus du Roy , leur Maître , S. M. O
ayant voulu à l'occasion de cet heureux évé
nement , exprimer avec pompe dans la Capi
tale du Royaume , ses tendres sentimens pour
le Roi , son Neveu , & mêler fa joye avec
celle de toute la France.
On fçait assez Jes marques de joye qu'ont
fait paroître le Roi & la Reine d'Espagne de
l'heureux Accouchement de la Reine ; mais
íjuelques brillantes & générales qu'ayent été
les Fêtes qu'on a données dans leurs Etats l
ÍSCCC
t ù '.-ìjìò LIìjRARY.
A5TCR, LENOX AND
TILOEM FOUMOATlONâ.
FEVRIER. î73«. 391
î
eette occasion , elles n'ont pas encore été pro
portionnées à ce que L. M, C. ont senti dans
le coeur.
M M de Santa- Cruz & de Barrenechea ont
agi avec tant de sagacité , tant de grandeur
cl'ame , de discernement , cie goût , & sur touç
avec tact de zèle pour le service de S. M.
qu'il a résulté de leur application & de l'étenduë
de leurs lumières , une iclatante Fête,
où la grandeur » la variété & la magnificence
ont également régné.
L'Hpcel de Bouillon , situé fur le Quai de*
Theatins , vis-à-vis le Louvre , que léDuode
ce nom â bien voulu prêter . avec la noblesse
& les manières qa j font ordinaires aux person
nes de son rang , a servi de principale Scène.
C'étoit comme le centre de la Fête & du
spectacle , qui fut heureusement favorisé d'une
très- belle nuit.
Le ti. Janvier > à six heures du soir , tou
tes les Illuminations parurent dans l'éclat &
dans le brillant qu'il eít plus aisé de s'i
maginer que de décrire. La Façade de l'Hôtel
de Bouillon présentoit aux yeux sept Porques
de lumières ; on liloit au-dessus de ceìui
du milieu , qui étoit formé par la porte
de L'Hôtel , une Inscription Latine qui man-
Suoit l'union & le bonheur de la France & -
e l'îíspagne. Les ceimres des Portiques étoient
«lecórés alternativement par des Dauphins de
relief entrclaíTés > & par les Chifres du Roi ;
le tòut rehaussé d'or. Le vuide des Portiques
étoit occupé par des Emblèmes peintes en
camayeux , dans des Médaillons ornés de guir
landes. Au premier adroite, la France étòh;
'représentée sous la figure d'une belle femme,
gui montre à, l'Efpagne le Dauphin entre les
sjjî MERCURE DE FRANCE.
hus de Lncint. Çe Vers d'Ovide ctoit au ba<*
"3*1» nostrum curvi porunt Delphine; amorem.
Au deuxième Portique , à gauche , TEspagne
montroit à la France le jeune Dauphin,
armé d'un casque & d'une cuirasse que J'Amour
conduit. , & lui présente. Et ce Vers de
Iroj/erce.
Sed tibi fuífidio Delphinum eurrere vidi.
Les deux Portiques ensuite n'attiroient pas
*.ant les regards ; mais en revanche les go
siers altérés y couroient ayee grand empres
sement s car de deux mûries de Lion dorés ,
couloient deux Fontaines de vin pour lè
peuple.
On voyoit au Médaillon du troisième Poe- ,
tique un Coq , simbole de la France } qui
s'addressoit au Lion , simbole de l'Espagne,
<Bi ce Vers à' Ovide. Met amorphofi
ÌJttnc dtio concordes anima vivemus in uni,
L'amour qui entre dans cet Emblème . Ii«
ensemble le Coq , le Lion & le Dauphin.
Sur le dernier Portique de la gauche , un
Xion paroissoit donner au Coq des assurances
d'une íînceie amitié par ce Vers de Virgile»
f>ispeream fi te fuerit tnihi chariot alttr.
L'Amour au bas avec un Dauphin à ses
pieds, gravoit ces paroies fur le marbre 8c
fur l'airain pour en marquer lá solidité 8c la
jRncerité.
Un entablement formé par des lampions ,
leguoit
'FEVRIER. iys0; -9J
tegnoit sur les Portiques i il étoit surmonté
par une Galerie découverte , dont la Balustra
de étoit formée par des Qirandoles d'une fi
gure agréable; I* Architecture de toute la Fa
çade de l'Hôtel de Bouillon étoit ingénieu
sement dessinée par des Lampions , & enri
chie de Lustres & de Girandoles aux Tru
meaux , dans les Croisées & fur les Comble»,
On voyoit fur la principale porte un Dau
phin de relief ■ en marbre blanc , rthaussc
d'or & couronné > accompagné de Lys , re
présentés en lumière ; à quoi on a pou
voir appliquer ce Vers d'Ovide :
p f*cr* frogcn'tes d'tgna ptrente tuo.
L'interieur de la Cour étoit aussi illumines
non seulement par des Chambranles à toutes
les Croisées julqu'à celles des deux aîles qui
jendent iur le Quay , mais encore jusques fur
le faite du Bâtiment où l'on avoit placé des
Girandoles & des Pots à feu.
D'autres Portiques de lumières décoroienc
encore le pourtour de cette Cour. On lisoit
au-dessus de celui du milieu , où est la Porte
id'Entrée , cette Inscription tirée d'un Vers de
IroÇerce.
luce.ït é» toti fiamm* secund* dôme.
A l'appLomb de cette porte , fur les Corn*
bles , on avoic élevé une Tour lumineuse,
faisant allusion aux Tours de Castille ; elle
étoit acompagnée des,Chiísres & du princi
pal Attribut des Armes de Philippe V.
Toute ì'ordonnance de cette Illumination
* été conduite pai le S. Beauûre , 1e fils *
594 MERCURE DE FRANCE. -.
Architecte de la Ville de Paris, qui en, ~
donné les Dcsstins.
La surface de la Rivière , vis-à-vis l'HôteJ
de Bouillon , offroit un spectacle d'une autrç
espece , dont les yeux étoient également en-
'chantés & éblouis. C'étoit un vaste Jardin >
de l'un â l'autre Rivage du Fleuve , qui â
cet endroit a environ 90- toises de large , sur^
un espace de 70. dans fa loneueur. La si-N
tuation étoit des plus magnifiques & des
plus avantageuses , étant naturellement dé
corée par le Qiiay du Collège des Quatre:
ÎNations d'un côté , par celui des GaUeries dp
Louvre de l'autre , &c aux deux bouts , pat
je Pont-Neuf & par le Pont Royal.
Deux Rochers isolés ou Montagnes escar
pées , Simbole des Monts Pirennées > qui
séparent la France de í'Espagne , formciénc
le principal objet de ce::e pompeuse décor
ration- au milieu de la Rivière. Les deux
Monts étoient joints par leurs Bases fur un
Plan d'environ 140. pieds de íong , fur 60.
de large , & séparés par leur cime de près
de 40. pieds , ayant chacun 9i. pieds d'élé
vation au-deííus de la surface de l'eau 8c
des deux grands Bateaux fur lesquels touc
i'Edihce étoit construit.
On voyoit une agréable variété fur ces
Montagnes. s où la nature étoit imitée avec
beaucoup d'art, dans tout ce qu'elle a d'a
greste & de sauvage. Dans un endroit c'étoient
des crevasses avec des quartiers de Rochers ;
en saillie 5 dans d'autres , des Plantes & des I
Arbustes , des Cascades , des Napes & chu
tes d'eau , imitées par des gases d'argent ,
des Antres , des Cavernes &c. Il y avoir,
couc au pourtour, à fleur d'eau, des Jirenes,
•: 4n
TEVRIER. ryto.
ces Tritons , des Néréides & autres Mons
tres marins.
A une certaine distance , au-dessus & audeilous
des Rochers , en voyoit à fleur d'eau
deux Parceres de lumières qui occupoient
chacun un espace de 18. toises fur i/. donc
Jes bordures etoient ornées alternativemcnc
dlrs & d'Orangers, avec leurs fruits, de
ii. pieds de hauc, chargez de lumières. Le
deflein des Parceres étoic trace? & figuré d'une
mamete variée & agréable par des Terrines,
îe^rs Sa2°n lc dc diveises Cou*
Du milieu de chacun de ces Parteres s'éltì
voient des espèces de Rochers jusqu'à la hau
teur de if. pieds , fur un Plan de J0. pieda
í^'i",? . »V01t,Placé au dessus une Figure
Colossale, bronzée en ronde bosse de 16
pieds de proportion. A l'un c'étoit lê Fleuve*
du Guadalquivir , avec un Lion au bas. On
Jifoit en Lettres d'or, fur l'Urnede ce Fleuve,
ces deux Vers d'Ovide ;
Ho» iOi melior quìsqutm , nec •mmnthr tquì.
Rex fuit aut UU reverentior ulla Dearum.
Et à l'autre Partere c'éroit la Rivière de
Seine avec un Coq. On voyoit fur l'Urne,
d ou 1 eau du Fleuve paroisloit sortir cn gaze
d argent, ces Vers de Tiíulle:
St longé ante alias omnes mitijftmm muter.
Issue Pater , quo non alter amabìlitr.
Aux deux cotez des Parteres & dés deux
rfoncs regnoieht fix Platebandes fur t. lignes
au* a fieiu 4 eau , ornées & décorées fans
I le
MERCURE DE FRANCE.
Je même goûc des Parteres. Les trois de cha
que cócé occupoienc un espace^ de plus decent
pieds de long fur if. de large.
■ Deux Terrasses de charpente , à doubles
Rampes de 10. piés de haut, étoient adoste'es
aux Quais dés deux cotez , oc se terminoienç
en Gradins jusques fur le rivage. Elles regnoient
fur toute la longueur du Jardin, &
occupoienc un terrain de 4oS« piés fur la même
ligne , en y comprenant une fuite de Décora
tions rustiques , qui semblaient servir d'appuy
à ces deux grands Perrons , le tpue étoit garni
d'une si grande quantité de Terrines , que les
yeux en étoient éblouis , & les ténèbres de la
nuit entièrement dissipées. Le mouvement des
lumières , qui en les confondant leur donnoit
encore plus d'éclat , faisoit un tel effet à unecertaine
distance, qu'on croyoit voir des Napcs.
8í des Cascades de feu donc les Spectateu r s.
étoient enchantez.
Entre ces Terrasses lumineuses & le brillant
Jardin , à la hauteur des deux Montagnes , otv
avoic placé deux Bateaux de 70. piés de long ,
£ár M- de large, d'une forme singulière 8e
agréable , ornez de sculpture & dorez. Dtimk
lieu de chacun de ces Bateaux, s'élevoit une
espece de Temple Octogone, couvert enjnaflierede
Baldaquin , soutenu par huit Palmiers
àvec des Quirlandes , des lestons de Fleurs ,
& des Lustres de exista*. Les Bateaux étoient ,
remplis de Musiciens pour les fanfares qu'on
enteodoic alternativement. Les Timbales , les
Trompettes, les Cors de Chasse, les Hautbois^
frappoient agréablement l'oreille.
Surla partie la plus élevée du Temple .placé
j3u côté de l'Hôcd de Bouillon, «nlifoir, ce
Vexs de TìíhUs, [ ,.' ... ... / .. ;-. . i
tl Omnibus
FEVRIER. 1730:
Bmnihus ille die s Çtmpr natal! 1 agatur. , "
Pour Inscription sur l'autre Temple du c$J
*é du Louvre > onlisoit cet autre Vers du mème
toc te.
o quantum fttix , ter que quat erque dits»
Le sommet de ces deux magnifiques G09*1
doles étoit terminé par de gros Fanaux & par
<ies Etandarts , fur lesquels on avoir represen- «
*é des Dauphins & des Amours.
Les quatre coins .de ce vaste , lumineux Sfí
magnifique Jardin, étojent terminez par 4-
brillantcs Tours , couvertes de Lampions ì
plaques de fer-blapc , qui augmentoient cop-
Cderablement l'éclat des lumières , &■ qui per
dant le iour faisoient paroître les Tours comm«
argentées. Elles fembloient s'élever fut q.uat«ji
Terrafles de lumières , ayant 18. piés de diamettre
, fur 70. de haut, en y .comprenant le*
Etendarts aux Armes de France & d'Espagne,
Îu'on y avoit aròorez, à un petit Mât chargé
'un gros Fallot.
C'elt du haut de ces Tours que coinmene*
une partie de l'artisice de ce grand Spectacle ,
après que le signal en eut été donné par une
décharge de Boëces & de Canons , placez fur
le Quay du côré des Thuilleries , 8c après que;
les Princes & Princesses du Sang, les AmbaG»
fadeurs & Minières Etrangers , & les Sei
gneurs & Dames de la Cour , invitez à la Fête,
furent arrivez à l'Hôtel de Bouillon.
On vit partir en même teins de ces Toifr$
les Fusées d'Honneur, & ensuite quantitf
d'autres Auiâces , Soleils fixes & touinans,
'.' I ij Gerbes >
MERCURE t>E FRANCE.
Gerbes, &c. après quoi commença leSpec*
tacle d'un Combat fur la Rivière , dans Jëfc intervales
& les allées du Jardin , de douze
Monstres Marins, tous differens, figurez fur aurantde
Bateaux dé plus de io. píésdelong, d'où
on vie forcir une grande quantité de Serpen
teaux , de Grenades , Balons d'eau , & autres
Artifices qui plongeoientdans laRiviere>& qui
en reíTortoient avec une extrême vitesse , pre
nant différentes formes » comme de Serpens ,
&r.
Pour troisième Acte de cet agréable Spectaclè,
on fit partir i'abord du bas des deux
Montagnes, &r ensuite par gradation, des Sail
lies , des Crevasses , des Cavitez , & enfin
du sommet des deux Monts une très-grande
quantité d'Artifice suivi & diversifie , ce qui
cevoit former comme deux Montagnes de feu
-dont l'action n'etoit interrompue que par des
Volcans clairs & ,brillans , qui fortoient â plu
sieurs reprises de tous côrez & du sommet des
Rochers. Les intervales des differens tems ausvrjuels
les Volcans partoient , écoient remplis
par des Fòugades très- vives par le grand
nombre & par la singularité des Fusées. La
fin fut marquée par plusieurs Girandes.
• Après que les yeux d'un grand nombre, oa
plutôt d'un monde de Spectateurs , eurent ctê
afïez long- tems & allez agréablement occupez
de ce qui se passoit dans l'air , la surface des
eaux attira tous les regards. On la voyoit ptac
inrervales presque entièrement couverte d'arrtifice
-, Dauphins brillans qui s'élevoient &r le
replongeoient, & mille autres Figures animées
& éclatantes , Jets deau , ou plutôt de feu %
& Gerbes flotantes fur des plateaux , qui fà?^
fcient un agréable contraste, par leur état pai»
Ê ETRIER. 1730. 3
sible, avec la vivacité & le bruit éclatant des
autres feux ; enrìn on auroit dit qu'il n'y avoir>
pïus d'antipatie entre le feu & l'eau , & que*
ces deux Elemens si opposez , s'étoient réunis
pour faire un charmant badinage en faveur de
cette superbe Fête.
Après tout l' Artifice* terminé par une secorw
de iàlve de Canon , il devoir sortir une lu
mière éclatante du centre des deux Monta
gnes , pour désigner un Soleil- Levant » de ji»
pieds de diamettre , & rester fixe fur son horiíon,
avec ces mots à'Ovide au tour du Disque i
Ijubil» disjecit. Et en méme-tems s'élever un
Arc-en- Ciel de 40 piés d'ouverture , très-vif
& trés lumineux, avec ses couleurs naturelles,
& la Déesse Iris au -dessus . les deux extremitez
liant les sommets des Montagnes , ce qui
fera plus sensible dans la Planche cy -jointe,
dette Inscription saisok allusion au Traits
d'Alliance conclu depuis peu.
• JEttma fiat CòncorÀi* Rcgum.
Toute l'Ordonnance de ce Spectacle fur Is
Rivière , dont les Ambassadeurs Plénipoten
tiaires d'Espagne ont fourni les pensées , a été
conduire & dessinée par le íìeur Servandoni ,
Florentin , Peintre & Architecte , premier
Peintre de PAcademie Royale de Musique,
très-connu par beaucoup d'autres Décorations
<run excellent gout , qu'il a heureusement
faites , en Italie , en France , & en Angle
terre. Toutes les Illuminations ont été exé
cutées fur ses Desseins , par les sieurs Berthelin
&rÒ'erard, Chandeliers Illuminateurs' or
dinaires des plaisirs du Roy. Quelques Lam
pions à Plaque qu'ils ont nouvellement ima
ginés 1 ontfa.it beaucoup d'effet.
1 iij Nous
4o ó MÊRCURtf DE FRANCE.
Nous n'entreprendrons point de donner une
idée de la vûë admirable que produiíoit la
fpule des Spectateurs de tous états , de tout
âge & de tout sexe, dans des Bateaux fur la
Rîvïere , fur les deux Quais & fur les deux
Ponts , fur les Terrasses . les Balcons & nux
fe'hêtres du Louvre , des Hôtels & des Maisons
des deux cotez ; moins encore du coup d'oeit
magnifique, éclatants? tói;í-à fait fupeibe de
lá Galerie de l'Hòtel de Bouillon , & des Ter-*
rasses en Amphithéâtre qui- s'y joignoient ,
couverts & ornez d'une manière convenable,
oû étoient placei tous les Princes , Princesses,
Seigneurs &c Dames invitez à la Pêtc, tous
en habits neufs magnifiques , qui , à l'envi , se
difputoient la richesse, legout & la magni
ficence , & dont plusieurs , avec tout ce qu'on
p'eUt employer de dorures, de broderies &r de
superbes Etoffes , étoient encore enrichis de
Garnitures ccmplettes de Pierreries.,
Dans la Galerie du grand Appartement de
l'Hòtel de Bouillon , on avoit dressé un Théâ
tre très- bien décoré par le sieur Servandoni ,
& disposé d'une manière convenable aux íìj
ches ofrietnêns de la Galerie, dont les Specta
teurs occupoient les deux tiers. Le Rideau du
Théâtre prefentoit aux yeux un Lion, Ufv
Dauphin & des Amòufs , fur un Globe Ter*
reítre, avec quelques attributs de la Fêcç. On
Hfoit au-dessus: Mrs. Egl.
. Clark T)tum sohles
, Jlspìce vmturo Utantur ut cm nia secU.
C'est dans cette Galerie que toute l'illuslre
Compagnie fe rendit aptes tout í" Artifice, pour
j voir une Pastorale dé la composition de M. de
la
FEVRîER. 1730. 461
/* Serre 3c un Ballet. Toute la Musique est dfc
M. R t bel , le Ris , Compositeur de la Musique
de la Chambre du Roy. La Scène se passoit dans,
íin Paysage au pied des Pirenées. Ce Diver
tissement» généralement goûté , fut exécuté
par l'élite des Acteurs de l'Opera, qui ont été
gratifiez par des Bijoux d'or , d'un prix
considérable , outre leurs habits , qui étoient
-euflì riches que convenables» Le sieur Lavtl
avoit composé le Ballet j il y dansa avec te
sieur Dtngtvìlle & les Dlles Prévost & Salil
chantoient dans la Piece. , les Dlle» utntier ,
Pelifur, Le Maure , &c. & les fieurs Tribut, ,
Vun , &c.
Après ce Spectacle, toute 1" Assemblée" i
composée de tout ce qu'il y à de grand par la
.naissance & par les dignitez dans le Royaume,)
& des Ministres Etrangers > passa dans le grand
8alon de 108. piés de long, fur 4 s. de large
& n. d'élévation dans Oeuvre , construit ex
près dans le Jardin , & élevé jusqu'au plein
sied du Vestibule & des Appartemens bas da
Hôtel de Bouillon.
Cette magnifique Salle, destinée à un superbe
Festin , étoi: percée de sept portes , trcis gran
des & quatre moindres. Huit Cabinets hors
d'oeuvre de n. pieds en quarréj distribuez aux
iquatres Angles , & dans les intervales des co
tez , étoierit destinez pour les Bufets , pendant
le Souper & pendant le Bal. Cette Salle , éclai
rée par un très-grand nombre de Lustres de
cristal & de Girandoles garnies de bougies
étoit décorée & richement ornée par leíieur
Titoísy Sculpteur & Décorateur , qui a trèsbien
réiislî , surtout dans les bas- reliefs do
rez, où l'on voyoit les attributs de différentes
Divinitesj de Bacchus , de l' Abondance, &rc,
I iiij enfin
'49i MERCURE t)E FRANCE;
ènfin on avoit sçû allier la plus grande srîmp*
tuosité â tout ce qui peut procurer Sc inspires
la joyè & la gayeté.
Les illustres Convives priez, se placèrent i
fix tablâsS de cinquante couverts chacune >
fervks à quatre Services , en gras & en maigre,
dans la plus grande magnificence & avec au
tant de délicateflè que d'abondance. Au Des
sert on but l£S Santez Royales au bruit de l'Ar
tillerie. Deux autres tables de ja» couverts
chacune , furent servies en Ambigu dans deux
Appartemens à plein pied du Vestibule.
Après le Festin on remonta dans la Galerie
de la Pastorale , où l'on entendit un charmant
Concert de Voix & d'Inítrumens. On y executa
le cinquième Acte de l'Opera de Phaeton,
après quoi on retourna dans le grand Salon,
qu'on trouva préparé pour le Bal , avec six
rangs de Gradins tout autour, fur lesquels on
ne vit jamais une feule place vuide jusqu'à
sept heures du matin. Il est aisé de comprendre
le charmant effet que dévoient faire à la clarté
vive des lumières , la richesse de la parure âc
, k brillant des Pierreries des Seigneurs & des
Dames de cette auguste Assemblée.
Vers les deux heures après minuit on laisíà
entrer les personnes invitées au Bal par billet,
& peu de temps après tous les Masques qui se
présentèrent, ce qui rendit le Bal très- nom
breux & très-animé jusqu'au grand jour qu'on
se retira plein d'admiration d'une si belle Fête
& charmé des manières nobles , & polies des
en avoient fait les honneurs avec tant de di
gnité. Ces Ministres avoient donné de si bons
ordres , que pendant tout le Bal les Rafraîenissemens
de toutes les espèces qu'on avoic
:FE VRI ER. 1750. 40$
pû ìiîiaginer , dans la plus grande abondance
& la plus grande délicatesse, furent présentez
de tous côcez , enforte qu'on n'avoit pas mê
me le temps de souhaiter , & chose assez rare
dans ces sortes de Fêtes » malgré la foule pro-,
digieule.il n'est pas arrivé le moindre désordre.
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Résumé : DESCRIPTION de la Fête & du Feu d'Artifice tiré sur la Riviere, à Paris, entre le Pont-Neuf & le Pont Royal, au sujet de la Naissance du DAUPHIN, par ordre du Roy d'Espagne, & par les soins de M M. le Marquis de Santa-Cruz & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique.
Une fête somptueuse fut organisée à Paris pour célébrer la naissance du Dauphin d'Espagne. Cette célébration, ordonnée par le roi d'Espagne et orchestrée par les ambassadeurs espagnols, les marquis de Santa-Cruz et de Barrenechea, visait à exprimer la joie et les sentiments affectueux du roi d'Espagne envers son neveu, le roi de France. La fête se déroula sur la rivière entre le Pont Neuf et le Pont Royal, malgré les obstacles saisonniers. Les préparatifs furent immenses et la dépense royale. L'Hôtel de Bouillon, situé sur le quai des Théatins, servit de scène principale. Sa façade était illuminée avec sept portiques de lumières, des inscriptions latines célébrant l'union entre la France et l'Espagne, et des emblèmes peints en camaïeux. La rivière fut transformée en un vaste jardin illuminé, avec des rochers symbolisant les Pyrénées, des cascades d'eau imitées par des jets d'argent, et des figures marines. Deux bateaux ornés de temples octogones et de musiciens naviguaient sur la rivière. Le spectacle inclut un combat de monstres marins, des feux d'artifice formant des montagnes de feu, et des jets d'eau brillants. Le spectacle se conclut par une salve de canon, révélant un soleil levant et un arc-en-ciel avec la déesse Iris, symbolisant l'alliance entre les deux royaumes. L'ensemble de l'organisation fut dirigée par le peintre et architecte florentin Servandoni. Par ailleurs, une autre fête fut organisée dans un grand salon de l'Hôtel de Bouillon, destiné à un festin. Cette salle, percée de sept portes et ornée de huit cabinets pour les buffets, était éclairée par de nombreux lustres et girandoles. Le sculpteur et décorateur Titoisy réalisa des bas-reliefs représentant des divinités comme Bacchus et l'Abondance. Les convives, placés à six tables de cinquante couverts chacune, dégustèrent des mets en abondance et en magnificence. Après le festin, ils assistèrent à un concert exécutant le cinquième acte de l'opéra de Phaëton, suivi d'un bal jusqu'à sept heures du matin. Les rafraîchissements furent servis en abondance et avec délicatesse, sans désordre malgré la foule. Les ministres ayant organisé la fête reçurent des éloges pour leur dignité et leurs bonnes manières.
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13
DESCRIPTION de la Fête & du Feu d'Artifice tiré sur la Riviere, à Paris, entre le Pont-Neuf & le Pont Royal, au sujet de la Naissance du DAUPHIN, par ordre du Roy d'Espagne, & par les soins de M M. le Marquis de Santa-Cruz & de Barrenechea, Ambassadeurs Extraordinaires & Plenipotentiaires de S. M. Catholique.
14
p. 2073
ESPAGNE.
Début :
Le Roi & la Reine accompagnés du Prince & de la Princesse des Asturies, de l'Infant [...]
Mots clefs :
Roi d'Espagne, Reine d'Espagne
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE.
ESPAGNE.
E Roi & la Reine accompagnés du Prince
& de la Princeffe des Afturies , de l'Infant
Don Carlos, & de l'Infant Don Philippe , partirent
de Cazalla le 20. du mois dernier pour retourner
Seville , où L. M. arriverent le 23. au
foir. L'Infant Don Louis & les Infantes Dona
. Marie Thereſe & Dona Marie Antoinette Ferdinande
, ne partirent de Cazalla que le 22. pour
aller joindre L. M.
Le Roi a nommé le Marquis de Caftellar , Secretaire
d'Etat au département de la Guerre ,
pour fon Ambaffadeur Extraordinaire à la Cour
du Roi T. Ch. & le premier Commis de ce département
fera les fonctions de Secretaire d'Etar
pendant l'Ambaffade de ce Miniftre.
La Flotte de la Nouvelle Efpagne qui partit du
Port de Cadix le 8. d'Août de l'année derniere ,
y arriva de la Vera- Cruz le 18. du mois dernier:
elle eft compofée de trois Vaiffeaux de Guerre &
de 8. Navires Marchands.
On apprend de Seville que L. M. & les Princes
& Princeffes de la Famille Royale jouiffoient
d'une parfaite fanté au Palais de l'Alcaçar , ou
l'Infant Don Louis & les Infantes Dona Marie
Therefe & Dona Marie Antoinette Ferdinande ,
étoient arrivés de Cazalla le 25. du mois dernier.
E Roi & la Reine accompagnés du Prince
& de la Princeffe des Afturies , de l'Infant
Don Carlos, & de l'Infant Don Philippe , partirent
de Cazalla le 20. du mois dernier pour retourner
Seville , où L. M. arriverent le 23. au
foir. L'Infant Don Louis & les Infantes Dona
. Marie Thereſe & Dona Marie Antoinette Ferdinande
, ne partirent de Cazalla que le 22. pour
aller joindre L. M.
Le Roi a nommé le Marquis de Caftellar , Secretaire
d'Etat au département de la Guerre ,
pour fon Ambaffadeur Extraordinaire à la Cour
du Roi T. Ch. & le premier Commis de ce département
fera les fonctions de Secretaire d'Etar
pendant l'Ambaffade de ce Miniftre.
La Flotte de la Nouvelle Efpagne qui partit du
Port de Cadix le 8. d'Août de l'année derniere ,
y arriva de la Vera- Cruz le 18. du mois dernier:
elle eft compofée de trois Vaiffeaux de Guerre &
de 8. Navires Marchands.
On apprend de Seville que L. M. & les Princes
& Princeffes de la Famille Royale jouiffoient
d'une parfaite fanté au Palais de l'Alcaçar , ou
l'Infant Don Louis & les Infantes Dona Marie
Therefe & Dona Marie Antoinette Ferdinande ,
étoient arrivés de Cazalla le 25. du mois dernier.
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Résumé : ESPAGNE.
Le Roi et la Reine d'Espagne, accompagnés du Prince et de la Princesse des Asturies, de l'Infant Don Carlos et de l'Infant Don Philippe, ont quitté Cazalla le 20 du mois précédent pour retourner à Séville, où ils sont arrivés le 23. L'Infant Don Louis et les Infantes Dona Marie Thérèse et Dona Marie Antoinette Ferdinande ont quitté Cazalla le 22 pour rejoindre le Roi et la Reine. Le Roi a nommé le Marquis de Castañar Secrétaire d'État au département de la Guerre et Ambassadeur Extraordinaire à la Cour du Roi Très Chrétien. Le premier commis de ce département assurera les fonctions de Secrétaire d'État pendant l'ambassade de ce ministre. La flotte de la Nouvelle-Espagne, partie du port de Cadix le 8 août de l'année précédente, est revenue à Vera-Cruz le 18 du mois précédent. Elle était composée de trois vaisseaux de guerre et de huit navires marchands. Le 25 du mois précédent, l'Infant Don Louis et les Infantes Dona Marie Thérèse et Dona Marie Antoinette Ferdinande sont arrivés au Palais de l'Alcázar à Séville. Leurs Majestés et les Princes et Princesses de la famille royale jouissaient d'une parfaite santé.
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15
p. 2518
ESPAGNE
Début :
Le 18. Octobre, le Roi & la Reine accompagnez du Prince, de la Princesse des Asturies & [...]
Mots clefs :
Roi d'Espagne, Reine d'Espagne, Vaisseau, Japon, Tremblement de terre
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE
ESPAGNE
pour
E 18. Octobre , le Roi & la Reine accompa
Lgnez du Prince , de la Princeffe des Afturies &
des Infants, arriverent du Port de fainte Mariè au
Palais de l'Alcaçar de Seville , après avoir été retenus
quelques jours fur le Guadalquivir par les
vents contraires . Les Infantes Dona Marie- Therefe
& Dona Marie- Antoinette Ferdinande qui
y vont par terre , n'y font pas encore arrivées.
Tous les Vaiffeaux de tranfport qu'on avoit
fretez l'été dernier , ont été renvoyez dans leurs
Ports , à la réſerve de ceux qui étoient deſtinez à
tranſporter de la Cavalerie " qu'on a retenuë
une nouvelle convention.
par
On a appris par un Vaiffeau arrivé à Cadix ,
qu'on avoit conduit à Carthagene 16 millions de
pieces de huit , pour les employer à l'achat des
Marchandifes d'Europe qu'on doit vendre à la
prochaine Foire , & qu'on y attendoit encore 8.
à 10. millions .
On a appris par des Lettres de Lisbonne de la
fin du mois dernier , qu'il y avoit eu au Japon un
Tremblement de terre des plus terribles ; que la
Ville de Macao , qui en eft la Capitale , avoit été
entierement détruite , & qu'il y avoit péri plus
d'un million d'habitans .
pour
E 18. Octobre , le Roi & la Reine accompa
Lgnez du Prince , de la Princeffe des Afturies &
des Infants, arriverent du Port de fainte Mariè au
Palais de l'Alcaçar de Seville , après avoir été retenus
quelques jours fur le Guadalquivir par les
vents contraires . Les Infantes Dona Marie- Therefe
& Dona Marie- Antoinette Ferdinande qui
y vont par terre , n'y font pas encore arrivées.
Tous les Vaiffeaux de tranfport qu'on avoit
fretez l'été dernier , ont été renvoyez dans leurs
Ports , à la réſerve de ceux qui étoient deſtinez à
tranſporter de la Cavalerie " qu'on a retenuë
une nouvelle convention.
par
On a appris par un Vaiffeau arrivé à Cadix ,
qu'on avoit conduit à Carthagene 16 millions de
pieces de huit , pour les employer à l'achat des
Marchandifes d'Europe qu'on doit vendre à la
prochaine Foire , & qu'on y attendoit encore 8.
à 10. millions .
On a appris par des Lettres de Lisbonne de la
fin du mois dernier , qu'il y avoit eu au Japon un
Tremblement de terre des plus terribles ; que la
Ville de Macao , qui en eft la Capitale , avoit été
entierement détruite , & qu'il y avoit péri plus
d'un million d'habitans .
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Résumé : ESPAGNE
Le 18 octobre, le Roi et la Reine d'Espagne, accompagnés du Prince, de la Princesse des Asturies et des Infants, sont arrivés au Palais de l'Alcázar de Séville après un retard causé par des vents contraires sur le Guadalquivir. Les Infantes Dona Marie-Thérèse et Dona Marie-Antoinette Ferdinande, qui voyageaient par terre, n'étaient pas encore arrivées. Tous les vaisseaux de transport loués l'été précédent ont été renvoyés, sauf ceux destinés à la cavalerie, retenus par une nouvelle convention. Un vaisseau à Cadix a rapporté que 16 millions de pièces de huit avaient été conduits à Carthagène pour acheter des marchandises d'Europe à la prochaine foire, avec 8 à 10 millions supplémentaires attendus. Des lettres de Lisbonne ont annoncé un tremblement de terre au Japon, détruisant Macao et causant la mort de plus d'un million d'habitants.
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16
p. 1629-1635
ESPAGNE. TRADUCTION d'un Decret de S. M. Catholique.
Début :
Mon intention étant de ne laisser séparé du sein de [...]
Mots clefs :
Espagne, Traduction d'un décret, Toute-Puissance, Roi d'Espagne, Tribunaux, Alicante, Flotte, Armée, Oran
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texteReconnaissance textuelle : ESPAGNE. TRADUCTION d'un Decret de S. M. Catholique.
ESPAGNE.
TRADUCTION d'un Decret
de S. M. Catholique.
Mo
2
On intention étant de ne laisser séparé dis
sein de l'Eglise et de notre Religion Catho
lique , aucun des Domaines que la Divine Provi
dence remit à mes soins , quand elle me plaça sur le Trône de cette Monarchie , et qui par la superiorité
et la multitude de mes ennemis , m'ont été vioLemment et frauduleusement enlevez. J'ai médité
de tout temps la maniere dont je pourrois les réunirs .
mais comme la diversité des Evenemens m'a
empêchéjusqu'à present de parvenir à ce but tant
souhaité, je n'ai pu employer, selon ma volonté , les forces que la-Toute-Puissance m'a confiées; et quoique je ne sois pas aujourd'hui entierement libre d'autres soins , j'ai résolu de ne point differer à recouvrer l'importante Place d'Oran, qui a été autrefois l'objet de la pieté et de la valeur de la Nation
Espagnole ; et ayant principalement consideré
cette Place étant au pouvoir des Barbares Affri- que
cains, la porte est fermée à la Propagation de notre sacrée Religion , et qu'elle leur sert de moyen pour
mettre en esclavage les Habitans des Côtes immé--
·diates del'Espagne et d'ailleurs ayant dejustes raisons de craindre que les Barbares unefois instruits a
faire la guerre par Mer et par Terre , ne se préva- lent de cette Place et de son Port , pour causer des
fatalitez et des dommages aux Provinces voisines
de ce Royaume , si unefois elles étoient moins pourvûës de Troupes qu'elles ne le sont aujourd'hui.
Pour parveniravec l'assistance du Tout-Puissant ,
àun but si important , j'ai ordonné de faire assem-
:
H blox
1630 MERCURE DE FRANCE
>
dans
bler auprès d'Alicante un Corps de 30. mille hommes, s'il en est besoin , tant d'Infanterie que de
Cavalerie , pourvûs de tous les Vivres , Artillerie ,
Munitions et Outils convenables pour quelque entreprise considerable , sous les ordres du Capitaine General le Comte de Montemar et d'autres Officiers Generaux et particuliers que j'ai nommez
dont l'experience et la valeur me font esperer un
succès glorieux ; embarquez par mes ordres ,
un nombre suffisant de Navires ,
par les Escadres des Vaisseaux , des Galeres et
des Galiotes que j'ai fait armer, ils partent pour
le recouvrement d'Oran ; et comme toutes les pré- cautions humaines ne peuvent rien sans le secours de la Toute-Puissance , j'ordonne que ce Decret de
mon Conseil soit communiqué aux Archevêques ,
Evêques , Chapitres Ecclesiastiques , Villes et Bourgs
de mes Royaumes , comme on l'a pratiqué dans
d'autres occasions , afin d'obtenir , par des Prieres ,
et escortez
que le Tout-Puissant benisse et protege mes Armes
et mes vives ardeurs pour une Expedition si importante . Donné à Seville , le 6. Juin 1732. Signé,
MOY LE ROY. Et au bas est écrit , A
'Archevêque , Gouverneur du Conseil de Castille.
Le 25. Juin , les Tribunaux , le Corps de Ville
de Madrid , le Clergé Séculier et les Religieux
des Ordres Mandians , se rendirent à l'Eglise de
la Paroisse de sainte Marie de Almuneda , où en
vertu du Decret du Roy , adressé au Président
du Conseil de Castille , on commença des Prieres publiques pour demander à Dieu ses graces
et ses benedictions pour le succès de l'entreprise
de S. M. Cath. sur la Ville d'Oran en Afrique. L'ouverture de la Neuvaine se par une Procession generale qui sortit de cette Eglise, et se renfit
dit
JUILLET. 1732 : 1631
dit à celle de Sainte Croix. Le lendemain la mê
me Procession alla de la Paroisse de S. Jacques
à la Chapelle de N. Dame d'Atocha , et le 27. à
l'Eglise des Capucins de S. Antoine.
Le même jour , le Cardinal d'Astorga , Archevêque de Tolede , fit aussi l'ouverture des
Prieres publiques dans son Eglise Métropolitaine , dont relevoit autrefois la Ville d'Oran depuis la conquête qui en fut faite en 1509. par le
Cardinal Ximenes de Cisneros.
On a appris d'Alicante , que la Fotte du Roy
avoit mis à la voile le 15. du mois dernier , et
qu'on l'avoit perduë de vûë le 16.
Les Officiers Generaux qui commandent
dans l'Armée du Roy , embarquez sur cette
Flote , sont , le Comte de Montemar , qui en est
Capitaine General ; le Comte de Bureta ; Don
Philippe Dupuy ; le Comte de Zueveghen ; le
Marquis de Rerves ; le Vicomte del Puerto ,
Don Jerôme de Solis , le Marquis de Grassia
Real , le Comte de Roy- de - Ville , le Baron de
Sandrasqui, le Marquis de Montreal , Don Louis
d'Acosta , Don Gonçales de Carvagal´, le Marquis de Pozoblanco , Don François de Valanza ,
Don Jean Gonçales , Don Antoine Alvarés de
Bonorques , le Marquis de Santa- Cruz , et Don
Louis Dormay , Lieutenans Generaux ; Don Jo- seph Ybanez , Don André de Benincasa , Don
Barthelemy Ladron , Don Jean- Bapt. de Gages,
Don Renaud Mac- Donel , Don Jean Ely , le
Comte de Cecil , Don Nicolas Sangro , Don
Michel Cavanillas , Don Gregoire Gualoy Pueyo,
Don Dominique Sangro , Don Lelio Caraffe ,
Don François Ocampo , Don Joseph de Vicaria,
Don Isidore Germa , le Marquis de la Mina , le
Comte de Mariani , Don Luc Ferdinand PatinHij ho
1632 MERCURE DE FRANCE
Don
ho et Don André d'Afffito , Maréchaux de
Camp ; Don Sebastien d'Eselava , Don Manuel
de Sada-y- Antillon , Don Philippe Ramirez ,
Don Jean -François d'Horcasitas , Don Greg
Filtz Gerald , le Duc de S. Blas , Don Diegue
Fonce , Don Sauveur Joseph de Roldan , Jacques de Sylva , le Marquis de Baldacannas.et
Don Charles Vander Cruzen , Brigadiers.
Par la Liste publiée à Séville , des Régimens
employez à cette expedition , ces Troupes consistent en 32. Bataillons , faisant.21.23000 . hommes , 12. Escadrons , faisant 1676. hommes , er
12. Escadros de . Dragons , montant à 1709. hommes , ensemble 26377. hommes. L'Artillerie
consiste en 110. Pieces de Canon , dont. 60. porlivres de balle , 20. 16. livres , 16. 12.
livres , et 14. 4. livres , et 60 Mortiers , sçavoir , 20. de 18 et 40. de 12. pouces de circonference ;
Il y a cent Bombardiers , 25. Mineurs et 40. Ingenieurs. Outre les Escadrons marquez cy- dessus,
4. Régimens de. Cavalerie de 3 Escadrons chacun , ainsi que quelques Bataillons , ont ordre de
se tenir prêts à être transportez en Afrique , en
cas de besoin.
tent 240
" On a appris depuis de, Séville , que la Flote
partie d'Alicante , étoit composée de 12. Vaisseaux de ligne , 2 Frégates , 2. Galiotes à Bom
bes , sept Galeres , dix -huit Galiotes à Rames , 12. Barques longues armées , et plus de :
joo. Bâtimens de transport ; que cette Flate
avoit été retenue pendant 7. jours au Cap de Palos , par les vents contraires , qu'elle n'en étoit
partie que
le 24. et que le 25. elle étoit devant
Oran que les vents, contraires avoient fait retar
der le débarquement jusqu'au 28 au soir ; que
le 29. à la pointe du jour , les Troupes débarquées
JUILLET. 17325 1633
quées avoient commencé à s'étendre du côté de
la Plage des Aiguades , qui est à une lieuë au
Couchant du Château d'Almarza , ou Mazarquibir ; qu'elles s'y étoient mises en Bataille sur
einq lignes ; que pendant que ces lignes se for
moient , les Maures avoient paru au nombre de
10. à 12000 hommes divisez en plusieurs troupes , pour être moins exposez au grand feu de
PArtillerie des Vaisseaux et des Galeres ; qu'on
avoit remarqué que le premier coup de Canon
tiré par la Galere le S. Joseph , avoit emporté l'Etendart de la plus nombreuse Troupe des Mau
res , ce qui les avoit fait reculer ; que toutes les
Troupes du Roy , tant Infanterie que Cavalerie ;
avoient débarqué malgré les escarmouches continuelles des Ennemis , et qu'il n'y avoit eu qu'un
petit nombre de Soldats blessez ; que les Maureg
ayant reconnu que tout le débarquement étoit
fait , leur Commandant avoit envoyé un Déta
chement de Cavalerie pour enlever beaucoup de
Soldats qui étoient restez à une Fontaine un peur
éloignée du Camp des Espagnols ; que le Comte de Montemar averti de cette marche avoit envoyé contre eux un détachement de 16. Compa gnies de Grenadiers , commandé par Don Luc
Ferdinand Patinho , et de 400. Cavaliers, sous les
ordres du Marquis de la Mina , pour favoriser la
retraite de ces Soldats écartez, mais qu'une partie
du Régiment du Prince , qui par hazard avois
débarqué du même côté de la Fontaine , avoit eté
suffisant pour repousser les Maures , et pour
obliger à se retirer sur le haut de la Montagne.
Les Lettres reçûës en dernier lieu de Seville portent , que le 5. le 6. et le 7. de ce mois , Don
Diegue Yopuli , le Comte de Valhermoso , et le
Marquis de la Mina , y avoient été dépêchez par
H iij
les
le
1624 MERCURE DE FRANCE
le Comte de Montemar , pour apporter au Roy
la nouvelle et le détail du Combat qui s'étoit
donné le 30. du mois dernier aux environs de
Mazarquibir , entre l'Armée de S M. Cat. et celle des Maures. Ces Lettres ajoûtent que les Maures avoient été défaits et mis en fuite , et que le
premier de ce mois l'Armée du Roy avoit prisle Château de Mazarquibir , la Ville et les Forts
d'Oran ; qu'on y avoit trouvé 138. pieces de
Canon, parmi lesquelles il y en avoit 87. de
bronze , 7. Mortiers , une grande quantité de Fusils. , de Sabres et d'autres Armes , et beaucoup
de Munitions de guerre et de Provisions , que la
fuite précipitée des Maures ne leur a pas permis d'emporter.
Pour rendre graces à Dieu d'un succès si heureux , le Roy a écrit dans les principales Villes
de son Royaume , pour y faire chanter le Te
Deum , et en consequence des ordres de S. M.
on a fait à Sevi le une Procession generale du
Clergé Séculier et Régulier , à laquelle l'Archevêque et le Corps de Ville ont assisté, et on a exposé à la veneration publique le Corps du Roy S. Ferdinand.
Les. on chanta le Te Deum, et on fit une se
conde Procession , qui alla faire sa Station à la
Chapelle où l'on conserve le Corps de ce S. Roy.
Le 6. on recommença une Neuvaine dans l'Église de N. Dame de l'Antiga , où il y a une
Image miraculeuse de la sainte Vierge , devant
Jaque le S. Ferdinand alloit souvent faire ses
prieres.
Le 9. il y eut à Madrid des Réjouissances publiques , des Feux d'Artifices et des Illuminations
qui ont duré trois nuits consécutives , à l'occasion de la nouvelle du débarquement , et on les
:
JUILLET. 1732. 1635
a recommencées depuis pour la Prise d'Oran
et de Mazarquibir.
On apprend d'Alger , que la Regence avoit fait
de grands préparatifs pour sa deffense , en cas
que la Ville fût attaquée ; que le vieux et le nouveau Mole , étoient garnis de Troupes et d'Artillerie , que le Dey avoit renforcé de 9000.
hommes la Garnison d'Oran , où il avoit fait
entrer quelques Ingenieurs étrangers , pour la
deffense des Ouvrages ; qu'il y avoit actuellement à Alger 14000. hommes de Troupes re- glées , sans compter les Milices de la Ville , et
que la Régence pouvoit mettre en campagne un
Corps de 15000. hommes de Cavalerie,
TRADUCTION d'un Decret
de S. M. Catholique.
Mo
2
On intention étant de ne laisser séparé dis
sein de l'Eglise et de notre Religion Catho
lique , aucun des Domaines que la Divine Provi
dence remit à mes soins , quand elle me plaça sur le Trône de cette Monarchie , et qui par la superiorité
et la multitude de mes ennemis , m'ont été vioLemment et frauduleusement enlevez. J'ai médité
de tout temps la maniere dont je pourrois les réunirs .
mais comme la diversité des Evenemens m'a
empêchéjusqu'à present de parvenir à ce but tant
souhaité, je n'ai pu employer, selon ma volonté , les forces que la-Toute-Puissance m'a confiées; et quoique je ne sois pas aujourd'hui entierement libre d'autres soins , j'ai résolu de ne point differer à recouvrer l'importante Place d'Oran, qui a été autrefois l'objet de la pieté et de la valeur de la Nation
Espagnole ; et ayant principalement consideré
cette Place étant au pouvoir des Barbares Affri- que
cains, la porte est fermée à la Propagation de notre sacrée Religion , et qu'elle leur sert de moyen pour
mettre en esclavage les Habitans des Côtes immé--
·diates del'Espagne et d'ailleurs ayant dejustes raisons de craindre que les Barbares unefois instruits a
faire la guerre par Mer et par Terre , ne se préva- lent de cette Place et de son Port , pour causer des
fatalitez et des dommages aux Provinces voisines
de ce Royaume , si unefois elles étoient moins pourvûës de Troupes qu'elles ne le sont aujourd'hui.
Pour parveniravec l'assistance du Tout-Puissant ,
àun but si important , j'ai ordonné de faire assem-
:
H blox
1630 MERCURE DE FRANCE
>
dans
bler auprès d'Alicante un Corps de 30. mille hommes, s'il en est besoin , tant d'Infanterie que de
Cavalerie , pourvûs de tous les Vivres , Artillerie ,
Munitions et Outils convenables pour quelque entreprise considerable , sous les ordres du Capitaine General le Comte de Montemar et d'autres Officiers Generaux et particuliers que j'ai nommez
dont l'experience et la valeur me font esperer un
succès glorieux ; embarquez par mes ordres ,
un nombre suffisant de Navires ,
par les Escadres des Vaisseaux , des Galeres et
des Galiotes que j'ai fait armer, ils partent pour
le recouvrement d'Oran ; et comme toutes les pré- cautions humaines ne peuvent rien sans le secours de la Toute-Puissance , j'ordonne que ce Decret de
mon Conseil soit communiqué aux Archevêques ,
Evêques , Chapitres Ecclesiastiques , Villes et Bourgs
de mes Royaumes , comme on l'a pratiqué dans
d'autres occasions , afin d'obtenir , par des Prieres ,
et escortez
que le Tout-Puissant benisse et protege mes Armes
et mes vives ardeurs pour une Expedition si importante . Donné à Seville , le 6. Juin 1732. Signé,
MOY LE ROY. Et au bas est écrit , A
'Archevêque , Gouverneur du Conseil de Castille.
Le 25. Juin , les Tribunaux , le Corps de Ville
de Madrid , le Clergé Séculier et les Religieux
des Ordres Mandians , se rendirent à l'Eglise de
la Paroisse de sainte Marie de Almuneda , où en
vertu du Decret du Roy , adressé au Président
du Conseil de Castille , on commença des Prieres publiques pour demander à Dieu ses graces
et ses benedictions pour le succès de l'entreprise
de S. M. Cath. sur la Ville d'Oran en Afrique. L'ouverture de la Neuvaine se par une Procession generale qui sortit de cette Eglise, et se renfit
dit
JUILLET. 1732 : 1631
dit à celle de Sainte Croix. Le lendemain la mê
me Procession alla de la Paroisse de S. Jacques
à la Chapelle de N. Dame d'Atocha , et le 27. à
l'Eglise des Capucins de S. Antoine.
Le même jour , le Cardinal d'Astorga , Archevêque de Tolede , fit aussi l'ouverture des
Prieres publiques dans son Eglise Métropolitaine , dont relevoit autrefois la Ville d'Oran depuis la conquête qui en fut faite en 1509. par le
Cardinal Ximenes de Cisneros.
On a appris d'Alicante , que la Fotte du Roy
avoit mis à la voile le 15. du mois dernier , et
qu'on l'avoit perduë de vûë le 16.
Les Officiers Generaux qui commandent
dans l'Armée du Roy , embarquez sur cette
Flote , sont , le Comte de Montemar , qui en est
Capitaine General ; le Comte de Bureta ; Don
Philippe Dupuy ; le Comte de Zueveghen ; le
Marquis de Rerves ; le Vicomte del Puerto ,
Don Jerôme de Solis , le Marquis de Grassia
Real , le Comte de Roy- de - Ville , le Baron de
Sandrasqui, le Marquis de Montreal , Don Louis
d'Acosta , Don Gonçales de Carvagal´, le Marquis de Pozoblanco , Don François de Valanza ,
Don Jean Gonçales , Don Antoine Alvarés de
Bonorques , le Marquis de Santa- Cruz , et Don
Louis Dormay , Lieutenans Generaux ; Don Jo- seph Ybanez , Don André de Benincasa , Don
Barthelemy Ladron , Don Jean- Bapt. de Gages,
Don Renaud Mac- Donel , Don Jean Ely , le
Comte de Cecil , Don Nicolas Sangro , Don
Michel Cavanillas , Don Gregoire Gualoy Pueyo,
Don Dominique Sangro , Don Lelio Caraffe ,
Don François Ocampo , Don Joseph de Vicaria,
Don Isidore Germa , le Marquis de la Mina , le
Comte de Mariani , Don Luc Ferdinand PatinHij ho
1632 MERCURE DE FRANCE
Don
ho et Don André d'Afffito , Maréchaux de
Camp ; Don Sebastien d'Eselava , Don Manuel
de Sada-y- Antillon , Don Philippe Ramirez ,
Don Jean -François d'Horcasitas , Don Greg
Filtz Gerald , le Duc de S. Blas , Don Diegue
Fonce , Don Sauveur Joseph de Roldan , Jacques de Sylva , le Marquis de Baldacannas.et
Don Charles Vander Cruzen , Brigadiers.
Par la Liste publiée à Séville , des Régimens
employez à cette expedition , ces Troupes consistent en 32. Bataillons , faisant.21.23000 . hommes , 12. Escadrons , faisant 1676. hommes , er
12. Escadros de . Dragons , montant à 1709. hommes , ensemble 26377. hommes. L'Artillerie
consiste en 110. Pieces de Canon , dont. 60. porlivres de balle , 20. 16. livres , 16. 12.
livres , et 14. 4. livres , et 60 Mortiers , sçavoir , 20. de 18 et 40. de 12. pouces de circonference ;
Il y a cent Bombardiers , 25. Mineurs et 40. Ingenieurs. Outre les Escadrons marquez cy- dessus,
4. Régimens de. Cavalerie de 3 Escadrons chacun , ainsi que quelques Bataillons , ont ordre de
se tenir prêts à être transportez en Afrique , en
cas de besoin.
tent 240
" On a appris depuis de, Séville , que la Flote
partie d'Alicante , étoit composée de 12. Vaisseaux de ligne , 2 Frégates , 2. Galiotes à Bom
bes , sept Galeres , dix -huit Galiotes à Rames , 12. Barques longues armées , et plus de :
joo. Bâtimens de transport ; que cette Flate
avoit été retenue pendant 7. jours au Cap de Palos , par les vents contraires , qu'elle n'en étoit
partie que
le 24. et que le 25. elle étoit devant
Oran que les vents, contraires avoient fait retar
der le débarquement jusqu'au 28 au soir ; que
le 29. à la pointe du jour , les Troupes débarquées
JUILLET. 17325 1633
quées avoient commencé à s'étendre du côté de
la Plage des Aiguades , qui est à une lieuë au
Couchant du Château d'Almarza , ou Mazarquibir ; qu'elles s'y étoient mises en Bataille sur
einq lignes ; que pendant que ces lignes se for
moient , les Maures avoient paru au nombre de
10. à 12000 hommes divisez en plusieurs troupes , pour être moins exposez au grand feu de
PArtillerie des Vaisseaux et des Galeres ; qu'on
avoit remarqué que le premier coup de Canon
tiré par la Galere le S. Joseph , avoit emporté l'Etendart de la plus nombreuse Troupe des Mau
res , ce qui les avoit fait reculer ; que toutes les
Troupes du Roy , tant Infanterie que Cavalerie ;
avoient débarqué malgré les escarmouches continuelles des Ennemis , et qu'il n'y avoit eu qu'un
petit nombre de Soldats blessez ; que les Maureg
ayant reconnu que tout le débarquement étoit
fait , leur Commandant avoit envoyé un Déta
chement de Cavalerie pour enlever beaucoup de
Soldats qui étoient restez à une Fontaine un peur
éloignée du Camp des Espagnols ; que le Comte de Montemar averti de cette marche avoit envoyé contre eux un détachement de 16. Compa gnies de Grenadiers , commandé par Don Luc
Ferdinand Patinho , et de 400. Cavaliers, sous les
ordres du Marquis de la Mina , pour favoriser la
retraite de ces Soldats écartez, mais qu'une partie
du Régiment du Prince , qui par hazard avois
débarqué du même côté de la Fontaine , avoit eté
suffisant pour repousser les Maures , et pour
obliger à se retirer sur le haut de la Montagne.
Les Lettres reçûës en dernier lieu de Seville portent , que le 5. le 6. et le 7. de ce mois , Don
Diegue Yopuli , le Comte de Valhermoso , et le
Marquis de la Mina , y avoient été dépêchez par
H iij
les
le
1624 MERCURE DE FRANCE
le Comte de Montemar , pour apporter au Roy
la nouvelle et le détail du Combat qui s'étoit
donné le 30. du mois dernier aux environs de
Mazarquibir , entre l'Armée de S M. Cat. et celle des Maures. Ces Lettres ajoûtent que les Maures avoient été défaits et mis en fuite , et que le
premier de ce mois l'Armée du Roy avoit prisle Château de Mazarquibir , la Ville et les Forts
d'Oran ; qu'on y avoit trouvé 138. pieces de
Canon, parmi lesquelles il y en avoit 87. de
bronze , 7. Mortiers , une grande quantité de Fusils. , de Sabres et d'autres Armes , et beaucoup
de Munitions de guerre et de Provisions , que la
fuite précipitée des Maures ne leur a pas permis d'emporter.
Pour rendre graces à Dieu d'un succès si heureux , le Roy a écrit dans les principales Villes
de son Royaume , pour y faire chanter le Te
Deum , et en consequence des ordres de S. M.
on a fait à Sevi le une Procession generale du
Clergé Séculier et Régulier , à laquelle l'Archevêque et le Corps de Ville ont assisté, et on a exposé à la veneration publique le Corps du Roy S. Ferdinand.
Les. on chanta le Te Deum, et on fit une se
conde Procession , qui alla faire sa Station à la
Chapelle où l'on conserve le Corps de ce S. Roy.
Le 6. on recommença une Neuvaine dans l'Église de N. Dame de l'Antiga , où il y a une
Image miraculeuse de la sainte Vierge , devant
Jaque le S. Ferdinand alloit souvent faire ses
prieres.
Le 9. il y eut à Madrid des Réjouissances publiques , des Feux d'Artifices et des Illuminations
qui ont duré trois nuits consécutives , à l'occasion de la nouvelle du débarquement , et on les
:
JUILLET. 1732. 1635
a recommencées depuis pour la Prise d'Oran
et de Mazarquibir.
On apprend d'Alger , que la Regence avoit fait
de grands préparatifs pour sa deffense , en cas
que la Ville fût attaquée ; que le vieux et le nouveau Mole , étoient garnis de Troupes et d'Artillerie , que le Dey avoit renforcé de 9000.
hommes la Garnison d'Oran , où il avoit fait
entrer quelques Ingenieurs étrangers , pour la
deffense des Ouvrages ; qu'il y avoit actuellement à Alger 14000. hommes de Troupes re- glées , sans compter les Milices de la Ville , et
que la Régence pouvoit mettre en campagne un
Corps de 15000. hommes de Cavalerie,
Fermer
Résumé : ESPAGNE. TRADUCTION d'un Decret de S. M. Catholique.
Le 6 juin 1732, le roi d'Espagne promulgue un décret visant à récupérer la ville d'Oran, alors sous contrôle des Barbaresques. Le roi exprime son intention de réunir les domaines séparés de l'Église et de la religion catholique, enlevés par la force et la fraude. La possession d'Oran par les Barbaresques empêche la propagation de la religion catholique et menace les côtes espagnoles. Pour cette raison, il ordonne l'assemblage d'une armée de 30 000 hommes près d'Alicante, sous le commandement du Comte de Montemar, et la préparation d'une flotte composée de vaisseaux, galères et galiotes. Le décret appelle également à des prières publiques pour obtenir la bénédiction divine. Le 25 juin 1732, des prières publiques sont organisées à Madrid et dans d'autres villes pour le succès de l'expédition. La flotte, partie le 15 juin, atteint Oran le 25 juin. Malgré des vents contraires et des escarmouches avec les Maures, les troupes espagnoles débarquent et commencent à s'étendre. Le 30 juin, un combat a lieu près de Mazarquivir, où les Maures sont défaits. Le 1er juillet, l'armée espagnole prend le château de Mazarquivir, la ville et les forts d'Oran, y trouvant une grande quantité d'armes et de munitions. Pour célébrer cette victoire, le roi ordonne des actions de grâce, notamment des processions et des Te Deum dans les principales villes du royaume. Des réjouissances publiques sont organisées à Madrid. Alger, de son côté, avait préparé des défenses, mais celles-ci n'ont pas suffi à empêcher la prise d'Oran.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
17
p. 1866-1874
SECONDE LETTRE de M. D. L. R. écrite à M. le Marquis de B. au sujet de la Priste d'Oran, &c.
Début :
La premiere nouvelle, Monsieur, de la conquête d'Oran, est venuë ici par un Courier [...]
Mots clefs :
Conquête d'Oran, Roi d'Espagne, Flotte, Bâtiments, Ennemis, Armée, Marquis de Santa Cruz
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SECONDE LETTRE de M. D. L. R. écrite à M. le Marquis de B. au sujet de la Priste d'Oran, &c.
SECONDE LETTRE de M. D. L. R.
écrite à M. le Marquis de B. au sujet de
la Prise d'Oran , &c.
L
A premiere nouvelle , Monsieur , de la conquête d'Oran , est venue ici par un Courier
Extraordinaire dépêché de Séville le 10. de co
3
mois
A OUST. 1732. 1867
mois au Marquis de Castellar, Ambassadeur d'Es
pagne , lequel arriva à Paris le 20. Ce Ministrer
en fit part au Roy le lendemain , et présenta
S. M. une Lettre du Roy d'Espagne sur ce sujet.
Quelques jours après il donna un grand repas
aux Ministres Etrangers, aux Grands d'Espagne,
et aux Chevaliers de la Toison d'Or. Il y eut le
soir des Illuminations et une Fête entiere dans
son Hôtel ; on peut dire que toute la Ville y a
pris une grande part ; mais venons au détail que
vous avez droit d'attendre de moy sur cet Evene- ment.
Le premier soin du Roy d'Espagne , avant
que sa Flote se mit en Mer , a été de recomman der à Dieu le succès d'une entreprise si impor
tante , et d'ordonner des Prieres publiques dans
tous ses Etats. S. M. rendit pour cela un Decret
solemnel que je vais transcrire ici dans la Langue de l'Original , sçachant d'ailleurs que les
principales Langues de l'Europe vous sont fami lieres.
;
Siendo mi Real animo non, dejar separado del
gremio de laYglezia , y de nuestra Catholica Religion parte alguna de los Dominios que la Divina
Providega intrego a mi cuidado , quando me co- loco en el trono de esta Monarquia , y que la superioridad , y multiplicidad de mis enemigos arranco despues de mi obediencia violenta y fraudalen
tamente , he miditado en todos tiempos reunirlas
pero como la diversidad de las experimentadas contingincias ha embarazado hasta a hora el logro de
mis deseos , no hepodido ante aplicar a este importante'fin las considerables fuerzas que la Divina
omnipotencia hafiado in mi arbitrio ; y al presente
a unque no enteramente libre de ostros evidados
he resuelto no dilatar el de recobrar la importante
I ij Plaza
1668 MERCURE DE FRANCE
Plaza de Oran , que ha sido ostras vezer objecto
ร
valor , y de la piedad Christiana de la Nacion
spannola, considerandomuy principalmente que estando esta Plaza en poder de los Barbaros Africa- nos es una Purta Cerrada a la estencion de nuestra
Sagrada Religion , y abierta à la esclavidad de
los Habitadores de las immediatas Costas de Espanna , non sin fundato rezelo de que instruida esta Nacion de la guerra de Mar y tierra le facilite
la situacion de esta Paza y Puerto formidables , y
`fatales Ventay as sobre las vezings Provincias de
estos Ceynos , si tal Vez sehallazen entregadas al
descuido , o menos prorcidas de las fuerzas militares, conque presentemente, con la assistencia del
todo proderoso quedan superabundamente resguardadas , para et logro de tan importantefin he mandadojuntar en Alicante un exercito de hasta 30 M.
Infantes, y Cavallos ( si fuere menester ) provedido
de todos los viveros , Artilleria , municiones , y persechos correspondientes aquelquera ardua empressa
baxo las ordines del Capitan general Conde de Monsemar, y de mas Officiales Generales, y particulares , que he nombrado , y de Cuyas experiencias ,
y valor meprometo qualquera exito favorable , y
glorioso para que embarcados en el considerable numero de embarcaciones preventidas y escortadas de
las Esquadras de Navios , Galeras , y Galeotas
que a estefin he madato aprestar , passen immediamente a la recuperacion de mencionada Plaza de
Oran. Yporque todas las prevenciones humanas no
pueden sin los auxilios de la divina omnipotencia
assegurar el logro de empressa alguna , mando que
por la Camara se comunique luego esta determinacion a los Arzobispos , Obispos , y Cabildos Echlesiasticos , y atodas las Cuidades , y Villas de e
mes Reynos , segun se ha hecho en Otras occasiones,
*
+ estospara
A CUST. 1732 1869
para que se emplene en las Publicas , fervorosas Ro
gativas altodo Poderoso , afin que proteja mis reales
armas, y mes vivos deseos in tan importante expedicion. Expedido in Sevilla à 6 de Junio de 1732 .
Executese assi al Arzobispo Governador de Consejo
de Castilla. Yo EL REY.
Cet Acte de la pieté du Roy fut reçu avec un
applaudissement universel , principalement par
le Clergé. Un même zele parut aussi- tôt enflammer tous les cœurs , et par toute la Monarchie
d'Espagne on fit des vœux et on repeta ces grandes et édifiantes paroles qui furent autrefois prononcées avec tant de succès par le fameux Cardinal qui fit la premiere conquête d'Oran , * elles
méritent d'être transmises à la Posterité. Seigneur , ayez pitié de votre Peuple , et n'abandonnez
point votre héritage à des Barbares qui vous meconnoissent. Assistez-nous , puisque nous ne mettons
notre confiance qu'en vous et que nous n'adorons
que vous. Quoique nous n'ayons , mon Dieu , d'autre pensée ni d'autre dessein que d'étendre votre
sainte Foy et defaire honorer votre S. Nom ; nous
ne pouvons rien , toutefois , si vous ne nous prétez
la force de votre bras tout-puissant. Qu'est- ce que
peut la fragilité humaine sans votre secours La
puissance , l'Empire , la vertu , n'appartiennent qu'à
vous. Faites connoître à ceux qui vous haissent que
vous nous protegez , et ils seront confondus. Envoyez
le secours d'enhaut ; brisez la force de vos Ennemis et dissipez-les , afin qu'ils scachent qu'il n'y a que
vous qui êtes notre Dieu , qui combattez pour nous.
Cependant la Flotte équipée en la Baye d'Alicant , étant prête , et les derniers ordres de la Cour étant arrivez , elle mit à la voile le 15. de
Frias de Bello Oran. Art. XIV.
I iij. Juin
1870. MERCURE DE FRANCE
Juin , composée de plus de 5oo. Bâtimens de
transport de douze Vaisseaux de ligne , deux
Frégates , deux Galiotes à Bombes , sept Galeres ,
dix-huit Galiotes à Rames , et douze Barques
longes armées. Elle trouva bien- tôt des vents
contraires qui l'obligerent de rester pendant sept
jours à l'abri du Cap de Palos , d'où elle partit le 24. favorisée d'un bon vent qui la fit entrer dans le Canal , ensorte que le 25. elle se trouva
à la vue de la Côte d'Oran ; cependant les vents
contraires et la rapidité des courans ,
mirent pas de mouiller dans la Baye de cette
Ville avant le 28. Ce moüillage se fit sans perdre
aucun Bâtiment. Le 29. au point du jour on
commença de faire la descente en la Plage dite
des Aiguadas , à une lieuë à l'Ouest du Château
Almarza ou Marzalquibir , par le moyen de
Joo. Chaloupes formant une ligne , soutenuë de
tout le feu des Vaisseaux et des Galeres.
ne lui perLes Ennemis , qui s'étoient avancez au nombre
de dix ou douze mille Turcs ou Maures , divisez
en plusieurs troupes , voulurent s'opposer au dé- barquement; mais l'Artillerie des Vaisseaux et
des Galeres ayant redoublé son feu , et le principal Etendart des Ennemis ayant été abatu par Je premier coup de Canon que tira la Galere
S. Joseph , ils reculerent jusqu'à une certaine
* Ces Etendars sont ordinairement faits de quelque riche Etoffe dont le fond est verd et qui a servi a orner le Tombeau de Mahomet. Il y a au milieu
La Profession de Foy ordinaire ALLAH , ALLAH ,
c. en caracteres Arabes , brodez d'or ou d'argent
quelquefois de Perles. Rien n'est plus capable de
consterner les Infideles , que l'enlevement "d'un tel
Etendart.
distance.
A OUST. 1732. 1871
distance. Dans le même temps les Troupes du
Roy sauterent à terre. Toute l'Infanterie acheva
de débarquer le même jour avec une partie de la
Cavalerie, le tout dans un très bon ordre , mal
gré les continuelles escarmouches des Maures ,
ensorte qu'il n'y eut que quelques Soldats de blessez dans l'Armée du Roy.
Dès que les Ennemis eurent vů que la descente.
étoit faite , ils tenterent avec, un Corps de leur
Cavalerie , de tomber sur une troupe de Soldats
Espagnols, qui s'étoient écartez pour se rafrai
chir à une Fontaine assez éloignée de l'Armée ,
mais ce mouvement ayant été apperçu du General , il détacha 16. Compagnies de Grenadiers';
commandées par Don Lucas Fernando Patino ,
Maréchal de Camp , et 400. Chevaliers sous les
ordres du Marquis de las- Minas , aussi Maréchal de Camp , pour leur couper la retraite et pour s'emparer d'un poste avantageux qui étoit à la droite de l'Armée. Chrétienne. Le hazard
voulut que le Régiment du Prince étant débarqué du côté de la même Fontaine , une partie de
ce Régiment chargea les Maures , ce qui empêcha de les couper ; mas on se saisit toûjours du
poste en question , avantage qui les força tous à
gagner le haut de la Montagne et qui donna la facilité de pourvoir l'Armée d'eau pour deux
jours , afin de se mettre aussi -tôt en marche pour scontinuer ses progrès.
Le 30. Juin on se hâta de construire un Fort
sur la Plage, au pied de la Montagne del Sancto,
pour assurer la communication , la subsistance
de Armée et le reste du Débarquement ; mais le
Détachement qui couvroir les Travailleurs , s'étant peu à peu engagé avec les Maures , qui le
chargeoient avec beaucoup de violence , fut obliI´ iiij gé
1872 MERCURE DE FRANCE
gé de faire un mouvement vers la Ligne et les
Postes qui pouvoient le secourir ; ce qui ne suffisant pas , le General fit avancer quelques Compagnies de Grenadiers; mais la multitude et le feu
des Barbares augmentant toûjours , le General accourut lui- même , et fut enfin obligé de mettre toute l'Armée en mouvement.
Le Comte de Montemar marcha d'abord en
six colomnes pour se saisir des Montagnes d'où
les ennemis étoient descendus , ce qui fut heureusement executé , après un combat très- opiniâtré ; ensorte que les Troupes du Roy s'établirent principalement sur la Montagne del Sanco,
qui commande la Forteresse de Marzarquibir , ce
qui coupa aux Maures toute communication
et leur ota tout espoir. }
En effet le lendemain premier Juillet , l'Armée
s'étant mise en marche pour aller chercher les
ennemis , on apprit que les Infideles avoient abandonné la Place et les Forts d'Oran , et qu'ayant
le Bey ou Commandant à leur tête , ils avoient
pris le parti de se retirer , ou plutôt de s'enfuir à
la faveur de la nuit. Le Bey étoit au milieu de
sa Garde , suivi de 200. chevaux chargez de ses
effets les plus précieux ; ensorte que l'Arméa
Chrétienne trouva la Place deserte , quantité de
meubles dans la maison du Bey , les Magazins.
remplis de munitions de toute espece , et un Camp
formé par des Baraques entre Oran et le Fort de
Marzalquibir.. - i
On a sçu que le jour du combat- l'Armée des
Maures étoit de 220co. Africains , et de 2000.
Turcs , dont une partie étoit de la Garnison de
Marzalquibir , qui ne purent entrer dans la Forteresse , les Troupes Chrétiennes s'étant emparées
très à propos de la Montagne del Sancto. Cetre,
action
AOUST. 17521 1873
action a été sanglante et il y est péri un grand
nombre d'infideles , àતે en juger par la quantité de
riches dépouilles , d'argent monnoyé, d'Armes
et de Harnois garnis d'orfévrerie , &c qui furent ...le partage des Soldats.
On a trouvé dans les Forteresses 138 pieces
de Canon , dont-87. sont de fonte , Sept Mortiers
et une grande quantité de munitions de guerre et
de bouche. Il y avoit dans le Mole d'Oran , une
grande Galiote et cinq Brigantins pour la course , qui furent pareillement abandonnez par les Maures.
Dans l'Armée du Roy il n'y a eu que 30 hom- mes de tuez et cent de blessez. Deux Officiersseulement sont du nombre des morts et six du
nombre des blessez.
Le 2 Juillet, le Gouverneur Turc de la Forteresse
de Marzarquibir, ayant été sommé de se rendré.il
sortit avec sa Garnison de 150. Tures , mais un
grand nombre d'Africains qui étoient dans la
Place , prirent le parti de se jetter dans la Mer
et d'aller à la nage rejoindre leur Armée.
Voilà , Monsieur , le précis de ce que j'ai lu
dans plusieurs Lettres originales écrites du Campdevant Oran le 30. Juin, et de Séville le 6. et le 8.
de Juillet. Le succès , comme vous voyez , a été
dès plus heureux. On donne de justes éloges au
Comte de Montemar, General, aux Officiers Generaux et aux autres Officiers qui ont servi sous
ses ordres , et à la valeur des Troupes , sur tout
aux Grenadiers , qur, malgré la résistance , le
grand feu des Ennemis et la situation des lieux
escarpez et difficiles , les ont enfin entierement:
défaits et mis en déroute.
J'aurai soin de vous instruire des suites de ces
heureux évenement. Je suis, &c.
AParis , ce 4. Août 17320
فل
Dy
1874 MERCURE DE FRANCE
J'apprends , en fermant ma Lettre , que le Roy
d'Espagne a nommé Gouverneur d'Oran le Marquis de Santa Cruz , qui l'étoit de Ceuta, et qui
a servi dans cette Expedition en sa qualité de
Maréchal de Camp. C'est le même que vous avez
connu ici et qui étoit Ambassadeur Plénipotentiaire du Roi d'Espagne au Congrès de Cambray,
écrite à M. le Marquis de B. au sujet de
la Prise d'Oran , &c.
L
A premiere nouvelle , Monsieur , de la conquête d'Oran , est venue ici par un Courier
Extraordinaire dépêché de Séville le 10. de co
3
mois
A OUST. 1732. 1867
mois au Marquis de Castellar, Ambassadeur d'Es
pagne , lequel arriva à Paris le 20. Ce Ministrer
en fit part au Roy le lendemain , et présenta
S. M. une Lettre du Roy d'Espagne sur ce sujet.
Quelques jours après il donna un grand repas
aux Ministres Etrangers, aux Grands d'Espagne,
et aux Chevaliers de la Toison d'Or. Il y eut le
soir des Illuminations et une Fête entiere dans
son Hôtel ; on peut dire que toute la Ville y a
pris une grande part ; mais venons au détail que
vous avez droit d'attendre de moy sur cet Evene- ment.
Le premier soin du Roy d'Espagne , avant
que sa Flote se mit en Mer , a été de recomman der à Dieu le succès d'une entreprise si impor
tante , et d'ordonner des Prieres publiques dans
tous ses Etats. S. M. rendit pour cela un Decret
solemnel que je vais transcrire ici dans la Langue de l'Original , sçachant d'ailleurs que les
principales Langues de l'Europe vous sont fami lieres.
;
Siendo mi Real animo non, dejar separado del
gremio de laYglezia , y de nuestra Catholica Religion parte alguna de los Dominios que la Divina
Providega intrego a mi cuidado , quando me co- loco en el trono de esta Monarquia , y que la superioridad , y multiplicidad de mis enemigos arranco despues de mi obediencia violenta y fraudalen
tamente , he miditado en todos tiempos reunirlas
pero como la diversidad de las experimentadas contingincias ha embarazado hasta a hora el logro de
mis deseos , no hepodido ante aplicar a este importante'fin las considerables fuerzas que la Divina
omnipotencia hafiado in mi arbitrio ; y al presente
a unque no enteramente libre de ostros evidados
he resuelto no dilatar el de recobrar la importante
I ij Plaza
1668 MERCURE DE FRANCE
Plaza de Oran , que ha sido ostras vezer objecto
ร
valor , y de la piedad Christiana de la Nacion
spannola, considerandomuy principalmente que estando esta Plaza en poder de los Barbaros Africa- nos es una Purta Cerrada a la estencion de nuestra
Sagrada Religion , y abierta à la esclavidad de
los Habitadores de las immediatas Costas de Espanna , non sin fundato rezelo de que instruida esta Nacion de la guerra de Mar y tierra le facilite
la situacion de esta Paza y Puerto formidables , y
`fatales Ventay as sobre las vezings Provincias de
estos Ceynos , si tal Vez sehallazen entregadas al
descuido , o menos prorcidas de las fuerzas militares, conque presentemente, con la assistencia del
todo proderoso quedan superabundamente resguardadas , para et logro de tan importantefin he mandadojuntar en Alicante un exercito de hasta 30 M.
Infantes, y Cavallos ( si fuere menester ) provedido
de todos los viveros , Artilleria , municiones , y persechos correspondientes aquelquera ardua empressa
baxo las ordines del Capitan general Conde de Monsemar, y de mas Officiales Generales, y particulares , que he nombrado , y de Cuyas experiencias ,
y valor meprometo qualquera exito favorable , y
glorioso para que embarcados en el considerable numero de embarcaciones preventidas y escortadas de
las Esquadras de Navios , Galeras , y Galeotas
que a estefin he madato aprestar , passen immediamente a la recuperacion de mencionada Plaza de
Oran. Yporque todas las prevenciones humanas no
pueden sin los auxilios de la divina omnipotencia
assegurar el logro de empressa alguna , mando que
por la Camara se comunique luego esta determinacion a los Arzobispos , Obispos , y Cabildos Echlesiasticos , y atodas las Cuidades , y Villas de e
mes Reynos , segun se ha hecho en Otras occasiones,
*
+ estospara
A CUST. 1732 1869
para que se emplene en las Publicas , fervorosas Ro
gativas altodo Poderoso , afin que proteja mis reales
armas, y mes vivos deseos in tan importante expedicion. Expedido in Sevilla à 6 de Junio de 1732 .
Executese assi al Arzobispo Governador de Consejo
de Castilla. Yo EL REY.
Cet Acte de la pieté du Roy fut reçu avec un
applaudissement universel , principalement par
le Clergé. Un même zele parut aussi- tôt enflammer tous les cœurs , et par toute la Monarchie
d'Espagne on fit des vœux et on repeta ces grandes et édifiantes paroles qui furent autrefois prononcées avec tant de succès par le fameux Cardinal qui fit la premiere conquête d'Oran , * elles
méritent d'être transmises à la Posterité. Seigneur , ayez pitié de votre Peuple , et n'abandonnez
point votre héritage à des Barbares qui vous meconnoissent. Assistez-nous , puisque nous ne mettons
notre confiance qu'en vous et que nous n'adorons
que vous. Quoique nous n'ayons , mon Dieu , d'autre pensée ni d'autre dessein que d'étendre votre
sainte Foy et defaire honorer votre S. Nom ; nous
ne pouvons rien , toutefois , si vous ne nous prétez
la force de votre bras tout-puissant. Qu'est- ce que
peut la fragilité humaine sans votre secours La
puissance , l'Empire , la vertu , n'appartiennent qu'à
vous. Faites connoître à ceux qui vous haissent que
vous nous protegez , et ils seront confondus. Envoyez
le secours d'enhaut ; brisez la force de vos Ennemis et dissipez-les , afin qu'ils scachent qu'il n'y a que
vous qui êtes notre Dieu , qui combattez pour nous.
Cependant la Flotte équipée en la Baye d'Alicant , étant prête , et les derniers ordres de la Cour étant arrivez , elle mit à la voile le 15. de
Frias de Bello Oran. Art. XIV.
I iij. Juin
1870. MERCURE DE FRANCE
Juin , composée de plus de 5oo. Bâtimens de
transport de douze Vaisseaux de ligne , deux
Frégates , deux Galiotes à Bombes , sept Galeres ,
dix-huit Galiotes à Rames , et douze Barques
longes armées. Elle trouva bien- tôt des vents
contraires qui l'obligerent de rester pendant sept
jours à l'abri du Cap de Palos , d'où elle partit le 24. favorisée d'un bon vent qui la fit entrer dans le Canal , ensorte que le 25. elle se trouva
à la vue de la Côte d'Oran ; cependant les vents
contraires et la rapidité des courans ,
mirent pas de mouiller dans la Baye de cette
Ville avant le 28. Ce moüillage se fit sans perdre
aucun Bâtiment. Le 29. au point du jour on
commença de faire la descente en la Plage dite
des Aiguadas , à une lieuë à l'Ouest du Château
Almarza ou Marzalquibir , par le moyen de
Joo. Chaloupes formant une ligne , soutenuë de
tout le feu des Vaisseaux et des Galeres.
ne lui perLes Ennemis , qui s'étoient avancez au nombre
de dix ou douze mille Turcs ou Maures , divisez
en plusieurs troupes , voulurent s'opposer au dé- barquement; mais l'Artillerie des Vaisseaux et
des Galeres ayant redoublé son feu , et le principal Etendart des Ennemis ayant été abatu par Je premier coup de Canon que tira la Galere
S. Joseph , ils reculerent jusqu'à une certaine
* Ces Etendars sont ordinairement faits de quelque riche Etoffe dont le fond est verd et qui a servi a orner le Tombeau de Mahomet. Il y a au milieu
La Profession de Foy ordinaire ALLAH , ALLAH ,
c. en caracteres Arabes , brodez d'or ou d'argent
quelquefois de Perles. Rien n'est plus capable de
consterner les Infideles , que l'enlevement "d'un tel
Etendart.
distance.
A OUST. 1732. 1871
distance. Dans le même temps les Troupes du
Roy sauterent à terre. Toute l'Infanterie acheva
de débarquer le même jour avec une partie de la
Cavalerie, le tout dans un très bon ordre , mal
gré les continuelles escarmouches des Maures ,
ensorte qu'il n'y eut que quelques Soldats de blessez dans l'Armée du Roy.
Dès que les Ennemis eurent vů que la descente.
étoit faite , ils tenterent avec, un Corps de leur
Cavalerie , de tomber sur une troupe de Soldats
Espagnols, qui s'étoient écartez pour se rafrai
chir à une Fontaine assez éloignée de l'Armée ,
mais ce mouvement ayant été apperçu du General , il détacha 16. Compagnies de Grenadiers';
commandées par Don Lucas Fernando Patino ,
Maréchal de Camp , et 400. Chevaliers sous les
ordres du Marquis de las- Minas , aussi Maréchal de Camp , pour leur couper la retraite et pour s'emparer d'un poste avantageux qui étoit à la droite de l'Armée. Chrétienne. Le hazard
voulut que le Régiment du Prince étant débarqué du côté de la même Fontaine , une partie de
ce Régiment chargea les Maures , ce qui empêcha de les couper ; mas on se saisit toûjours du
poste en question , avantage qui les força tous à
gagner le haut de la Montagne et qui donna la facilité de pourvoir l'Armée d'eau pour deux
jours , afin de se mettre aussi -tôt en marche pour scontinuer ses progrès.
Le 30. Juin on se hâta de construire un Fort
sur la Plage, au pied de la Montagne del Sancto,
pour assurer la communication , la subsistance
de Armée et le reste du Débarquement ; mais le
Détachement qui couvroir les Travailleurs , s'étant peu à peu engagé avec les Maures , qui le
chargeoient avec beaucoup de violence , fut obliI´ iiij gé
1872 MERCURE DE FRANCE
gé de faire un mouvement vers la Ligne et les
Postes qui pouvoient le secourir ; ce qui ne suffisant pas , le General fit avancer quelques Compagnies de Grenadiers; mais la multitude et le feu
des Barbares augmentant toûjours , le General accourut lui- même , et fut enfin obligé de mettre toute l'Armée en mouvement.
Le Comte de Montemar marcha d'abord en
six colomnes pour se saisir des Montagnes d'où
les ennemis étoient descendus , ce qui fut heureusement executé , après un combat très- opiniâtré ; ensorte que les Troupes du Roy s'établirent principalement sur la Montagne del Sanco,
qui commande la Forteresse de Marzarquibir , ce
qui coupa aux Maures toute communication
et leur ota tout espoir. }
En effet le lendemain premier Juillet , l'Armée
s'étant mise en marche pour aller chercher les
ennemis , on apprit que les Infideles avoient abandonné la Place et les Forts d'Oran , et qu'ayant
le Bey ou Commandant à leur tête , ils avoient
pris le parti de se retirer , ou plutôt de s'enfuir à
la faveur de la nuit. Le Bey étoit au milieu de
sa Garde , suivi de 200. chevaux chargez de ses
effets les plus précieux ; ensorte que l'Arméa
Chrétienne trouva la Place deserte , quantité de
meubles dans la maison du Bey , les Magazins.
remplis de munitions de toute espece , et un Camp
formé par des Baraques entre Oran et le Fort de
Marzalquibir.. - i
On a sçu que le jour du combat- l'Armée des
Maures étoit de 220co. Africains , et de 2000.
Turcs , dont une partie étoit de la Garnison de
Marzalquibir , qui ne purent entrer dans la Forteresse , les Troupes Chrétiennes s'étant emparées
très à propos de la Montagne del Sancto. Cetre,
action
AOUST. 17521 1873
action a été sanglante et il y est péri un grand
nombre d'infideles , àતે en juger par la quantité de
riches dépouilles , d'argent monnoyé, d'Armes
et de Harnois garnis d'orfévrerie , &c qui furent ...le partage des Soldats.
On a trouvé dans les Forteresses 138 pieces
de Canon , dont-87. sont de fonte , Sept Mortiers
et une grande quantité de munitions de guerre et
de bouche. Il y avoit dans le Mole d'Oran , une
grande Galiote et cinq Brigantins pour la course , qui furent pareillement abandonnez par les Maures.
Dans l'Armée du Roy il n'y a eu que 30 hom- mes de tuez et cent de blessez. Deux Officiersseulement sont du nombre des morts et six du
nombre des blessez.
Le 2 Juillet, le Gouverneur Turc de la Forteresse
de Marzarquibir, ayant été sommé de se rendré.il
sortit avec sa Garnison de 150. Tures , mais un
grand nombre d'Africains qui étoient dans la
Place , prirent le parti de se jetter dans la Mer
et d'aller à la nage rejoindre leur Armée.
Voilà , Monsieur , le précis de ce que j'ai lu
dans plusieurs Lettres originales écrites du Campdevant Oran le 30. Juin, et de Séville le 6. et le 8.
de Juillet. Le succès , comme vous voyez , a été
dès plus heureux. On donne de justes éloges au
Comte de Montemar, General, aux Officiers Generaux et aux autres Officiers qui ont servi sous
ses ordres , et à la valeur des Troupes , sur tout
aux Grenadiers , qur, malgré la résistance , le
grand feu des Ennemis et la situation des lieux
escarpez et difficiles , les ont enfin entierement:
défaits et mis en déroute.
J'aurai soin de vous instruire des suites de ces
heureux évenement. Je suis, &c.
AParis , ce 4. Août 17320
فل
Dy
1874 MERCURE DE FRANCE
J'apprends , en fermant ma Lettre , que le Roy
d'Espagne a nommé Gouverneur d'Oran le Marquis de Santa Cruz , qui l'étoit de Ceuta, et qui
a servi dans cette Expedition en sa qualité de
Maréchal de Camp. C'est le même que vous avez
connu ici et qui étoit Ambassadeur Plénipotentiaire du Roi d'Espagne au Congrès de Cambray,
Fermer
Résumé : SECONDE LETTRE de M. D. L. R. écrite à M. le Marquis de B. au sujet de la Priste d'Oran, &c.
En 1732, la prise d'Oran par les Espagnols fut annoncée par un courrier extraordinaire de Séville à Paris le 20 juin. Avant l'expédition, le roi d'Espagne ordonna des prières publiques dans tous ses États pour assurer le succès de l'entreprise. Une flotte composée de plus de 500 bâtiments quitta Alicante le 15 juin et arriva devant Oran le 28 juin. Le débarquement des troupes espagnoles eut lieu le 29 juin, malgré la résistance des ennemis, qui furent repoussés par l'artillerie des vaisseaux. Les Espagnols construisirent un fort sur la plage pour sécuriser la communication et la subsistance de l'armée. Le 30 juin, les troupes espagnoles prirent les montagnes stratégiques, forçant les Maures à se retirer. Le 1er juillet, l'armée chrétienne trouva la place d'Oran désertée par les ennemis, qui avaient fui pendant la nuit. Les Espagnols découvrirent des munitions et des richesses abandonnées. La bataille fit 30 morts et 100 blessés dans les rangs espagnols. Le 2 juillet, la forteresse de Marzarquivir se rendit. Le roi d'Espagne nomma le Marquis de Santa Cruz gouverneur d'Oran. Le texte mentionne également une personne connue en tant qu'Ambassadeur Plénipotentiaire du Roi d'Espagne au Congrès de Cambray, sans fournir de détails supplémentaires sur cette personne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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18
p. 1216-1217
Entrée solemnelle de D. Carlos à Naples, [titre d'après la table]
Début :
Le 15. May, un Courrier dépêché de Madrid apporta à l'Infant Don Carlos le Diplôme par [...]
Mots clefs :
Roi d'Espagne, Roi de Naples, Naples, Dépêche, Habitants, Te Deum, Entrée solennelle, Infant Don Carlos
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Entrée solemnelle de D. Carlos à Naples, [titre d'après la table]
Le 15. May , un Courrier dépêché de Madrid
apporta à l'Infant Don Carlos le Diplôme par
lequel le Roy d'Espagne le déclare Roy de Naples
, et enjoint à tous les Seigneurs , Barons et
autres Habitans du Royaume , de le reconnoître
en cette qualité , et aux Magistrats des Villes
qui n'ont pas encore nommé des Députez pour
lui prêter serment de fidelité de lui en envoyer
incessamment , sous peine d'être regardez comme
rebelles et traitez selon toutes les rigueurs de
la guerre.
Ce Diplôme fut affiché et publié le même jour ,
et tous les Tribunaux en corps allerent rendre
hommage à leur nouveau Souverain qui fit ou
vrir les prisons , accorda la grace aux Criminels
2
I. Vol.
et
JUIN. 1734.: 1217
er ordonna qu'on distribuât de l'argent au
Peuple.
On chanta le Te Deum ; le soir il y eut des
Feux et des Illuminations dans toutes les rues ,
et les Habitans donnerent les plus grandes démonstrations
de joye.
Le Gouvernement a donné ordre qu'on frappât
de la Monnoye d'or et d'argent pour des
sommes considerables , au coin du nouveau Roy
de Naples.
Sa Majesté , qui étoit allée le 27. May dîner
à Baye , y reçut par le Marquis de Castellar ,
que le Comte de Montemar a dépêché au Roy
d'Espagne , la premiere nouvelle de la victoire
remportée le à Bitonto dans la Pouille , par
les Troupes Espagnoles sur celles de l'Empereur ,
commandées par le Comte de Viscomti.
*
25.
Le Roy revint aussi - tôt à Naples , où il trouva
un grand concours de Peuple qui cherchoit à lui,
marquer par ses acclamations , la part qu'il prenoit
à cet évenement, S M fit chanter ce jour là
le Te Deum dans sa Chapelle , et le lendemain il
alla en ceremonie à l'Eglise de S. Janvier , où il
fit rendre à Dieu de solemnelles actions de graces
de cette victoire , à l'occasion de laquelle il
y a cû dans la Ville pendant trois jours des Illu
minations et d'autres marques de réjouissance.
apporta à l'Infant Don Carlos le Diplôme par
lequel le Roy d'Espagne le déclare Roy de Naples
, et enjoint à tous les Seigneurs , Barons et
autres Habitans du Royaume , de le reconnoître
en cette qualité , et aux Magistrats des Villes
qui n'ont pas encore nommé des Députez pour
lui prêter serment de fidelité de lui en envoyer
incessamment , sous peine d'être regardez comme
rebelles et traitez selon toutes les rigueurs de
la guerre.
Ce Diplôme fut affiché et publié le même jour ,
et tous les Tribunaux en corps allerent rendre
hommage à leur nouveau Souverain qui fit ou
vrir les prisons , accorda la grace aux Criminels
2
I. Vol.
et
JUIN. 1734.: 1217
er ordonna qu'on distribuât de l'argent au
Peuple.
On chanta le Te Deum ; le soir il y eut des
Feux et des Illuminations dans toutes les rues ,
et les Habitans donnerent les plus grandes démonstrations
de joye.
Le Gouvernement a donné ordre qu'on frappât
de la Monnoye d'or et d'argent pour des
sommes considerables , au coin du nouveau Roy
de Naples.
Sa Majesté , qui étoit allée le 27. May dîner
à Baye , y reçut par le Marquis de Castellar ,
que le Comte de Montemar a dépêché au Roy
d'Espagne , la premiere nouvelle de la victoire
remportée le à Bitonto dans la Pouille , par
les Troupes Espagnoles sur celles de l'Empereur ,
commandées par le Comte de Viscomti.
*
25.
Le Roy revint aussi - tôt à Naples , où il trouva
un grand concours de Peuple qui cherchoit à lui,
marquer par ses acclamations , la part qu'il prenoit
à cet évenement, S M fit chanter ce jour là
le Te Deum dans sa Chapelle , et le lendemain il
alla en ceremonie à l'Eglise de S. Janvier , où il
fit rendre à Dieu de solemnelles actions de graces
de cette victoire , à l'occasion de laquelle il
y a cû dans la Ville pendant trois jours des Illu
minations et d'autres marques de réjouissance.
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Résumé : Entrée solemnelle de D. Carlos à Naples, [titre d'après la table]
Le 15 mai, un courrier de Madrid informe l'Infant Don Carlos qu'il est proclamé roi de Naples par le roi d'Espagne. Un diplôme ordonne à tous les seigneurs, barons et habitants du royaume de reconnaître Don Carlos comme roi et aux magistrats des villes de lui prêter serment de fidélité sous peine de rébellion. Le diplôme est affiché et publié le même jour. Les tribunaux rendent hommage à Don Carlos, qui libère les prisonniers, accorde la grâce aux criminels et distribue de l'argent au peuple. Des célébrations, incluant le chant du Te Deum et des illuminations, ont lieu. Le gouvernement ordonne la frappe de monnaie au nom du nouveau roi. Le 27 mai, Don Carlos apprend la victoire espagnole à Bitonto contre les troupes de l'empereur. À son retour à Naples, il fait chanter le Te Deum et organise des réjouissances publiques pour célébrer cette victoire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 148-158
Histoire abrégée des guerres des Algériens avec les Hollandois, traduite de l'Allemand, par M. Radix de Sainte-Foy. 1755.
Début :
Selon toute apparence, Alger, ainsi que toute la côte de Barbarie, fut peuplée [...]
Mots clefs :
Vaisseaux, Guerre, Algériens, États généraux , Ennemis, Espagnols, Roi d'Espagne, Barbarie, Hollandais
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texteReconnaissance textuelle : Histoire abrégée des guerres des Algériens avec les Hollandois, traduite de l'Allemand, par M. Radix de Sainte-Foy. 1755.
Hiftoire abrégée des guerres des Algériens avec
les Hollandois , traduite de l'Allemand ,
par M. Radix de Sainte- Foy . 1755 .
Elon toute apparence , Alger, ainfi que
toute la côte de Barbarie , fut peuplée
d'abord par les Egyptiens . Les Pheniciens
y établirent enfuite des colonies , & y bâtirent
Utique & Carthage. Depuis, tous les
petits Princes de la côte furent fubjugués
par les Carthaginois , ou devinrent leurs
tributaires : mais ces Princes , las enfin de
la domination Garthaginoife , s'offrirent
aux Romains pour leur aider à foumettre
Carthage. Ceux- ci refterent maîtres de la
côte jufqu'au cinquiéme fiécle , que les
Vandales s'en emparerent. Les Barbares
furent obligés dans la fuite de rendre leur
AOUST. 1755. 149
conquête aux Empereurs Romains , ou
pour mieux dire , aux Empereurs Grecs ,
qui poffederent cette côte , jufqu'à ce que
les Califes Sarrazins , fucceffeurs de Mahomet
envahirent dans le feptiéme fiécle
toute la partie feptentrionale de l'Afrique,
auquel tems l'Alger que nous connoiffons
devint la ville capitale de la Mauritanie .
Alger dépendit enfuite , premierement de
la ville de Conftantine , & fucceffivement
de Bugie , d'Hyppone , & enfin de Tremecen
, ou Telencin , jufqu'à l'incurfion
des Barbares Mahométans , qui diviferent
la côte de Barbarie en plufieurs royaumes ,
entre lefquels étoient Alger , Tunis & Tripoli
. Quelques fiécles après , la ville d'Alger
devint tributaire du Roi de Tunis ,
qui promit de lui laiffer , comme à une
République , la jouiffance de fes privileges.
L'an 1510 , Alger fe foumit par crainte
du Roi d'Espagne à un riche More ,
nommé Sélim Eutimi ; cependant quelques
années après , Ferdinand , Roi d'Efpagne ,
la prit , bâtit une forte citadelle fur la place
où eft à préfent le port , & y mit une
nombreuſe garnifon. Après la mort de
Ferdinand , les Algériens chercherent à fecouer
le joug des Efpagnols , & vers l'an
1516 ils appellerent à leur fecours le fameux
Pirate Barberouffe qui vint , maffa-
G iij
150 MERCURE DE FRANCE.
cra Eutimi , s'érigea lui - même en Roid'Alger
, & regna jufqu'en l'année 1517 ,
qu'il fut tué dans un combat. Les Algériens
élurent pour leur Roi Héreddin Barberouffe
fon frere ; mais comme il n'étoit
pas en état de faire tête à fes ennemis , &
fur tout aux Efpagnols , il eut recours à
la Porte , & rendit tributaire du Grand
Seigneur Alger , & une grande partie de
la côte de Barbarie .
Les Algériens enflés d'une telle protection
, en devinrent plus audacieux à pillerles
vaiffeaux Chrétiens ; l'on vit de jour
en jour accroître leur infolence. L'Empereur
Charlequint irrité de leurs pirateries,
vint affiéger Alger l'an 1 541 , avec cent
gros vaiffeaux , & dix- huit grandes galeres
qui portoient en tout vingt- deux mille
hommes : mais une tempête violente & un
ouragan terrible qui s'éleverent le 20 Octobre
, firent couler à fond tous les vaiffeaux
& quinze galeres , pendant que les
troupes de débarquement furent pourfuivies
dans leur retraite précipitée . La plus
grande partie fut paffée au fil de l'épée , &
l'Empereur lui -même eût bien de la peine
à regagner la Sicile avec une feule galere.
De ce moment , Alger devint une retraite
formidable de Pirates , & un nid de voleurs
. Sa marine augmenta , & les courfes
A O UST. 1755 15 !
de fes Barbares habitans , firent un grand
tort aux Chrétiens , principalement aux
habitans des Pays-Bas , fur- tout depuis
l'année 1590 que ceux - ci commencerent
à étendre leur commerce par le Détroit de
Gibraltar en Italie , & même jufqu'au Levant.
Enfin au commencement du dix-feptiéme
fiécle le mal devint fi grand que les
Etats Généraux fe déterminerent en 1612
à envoyer à Conftantinople , en qualité
d'Ambaſſadeur , le fieur Cornelius Hage
pour obtenir par un traité , à l'exemple des
autres nations , un commerce libre dans
toutes les provinces dépendantes de la Porte.
Cette Ambaffade eut un fuccès fi heureux
, que les Turcs dans le vingt & unié-.
me article du traité défendirent aux Algé
riens de jamais faire le moindre tort aux
vaiffeaux hollandois , fous quelque prétexte
que ce put être : Mais ceux - ci fe
conformerent mal à cette défenſe , foit
que l'autorité des Turcs fut affez peu refpectée
dans la Barbarie , foit que la Porte
ne pût donner affez de fecours à ceux
d'Alger & de Tunis contre les infultes des
Efpagnols établis à Oran : d'ailleurs , les
premiers repréfenterent que fi on les em →
pêchoit d'aller en courfe , il leur étoit abe
folument impoffible d'entretenir le nombre
G
iiij
152 MERCURE DE FRANCE .
néceſſaire de Janiffaires. La Porte fut donc
obligée de fermer les yeux fur leurs procé
dés , & ils continuerent d'attaquer indifféremment
amis & ennemis.
Cependant en 1617 , à la follicitation
de Cornelius Hage , la Porte renouvella la
défenfe faite aux Algériens , de prendre
les bâtimens hollandois ; mais ils continuerent
à les arrêter , & à s'emparer de
toutes les marchandiſes appartenantes aux
Efpagnols & aux Italiens ; & fur les plaintes
réitérées , en 1619 ils écrivirent aux
Etats Genéraux une lettre , dans laquelle
ils leurs faifoient connoître » qu'ils ne
pouvoient nullement ceffer de vifiter
leurs navires , & d'en enlever toutes les
" marchandiſes des Efpagnols & des Ita
» liens , mais qu'afin qu'ils n'en fouffrif
fent aucun tort , ils leurs promettoient
de leur en payer exactement le fret .
و و
-
Les Etats Généraux leur objecterent
que cette propofition étoit formellement
oppofée au traité fait en 1612 , avec le
Grand Seigneur , & ils les menacerent ,
s'ils refufoient plus long- tems de s'y conformer
, de les traiter en ennemis . En effet
en l'année 1619 leurs Hautes Puiffances
commencerent contre ces Corfaires des
hoftilités ouvertes.
Les Algériens , dans l'efpace de treize
A O UST. 1755. 153
mois,prirent aux Hollandois cent quarantetrois
vaiſſeaux , ceux-ci leur en prirent auffi
plufieurs ; & leur animofité étoit fi forte
contre ces Pirates , que tous ceux qu'ils
prenoient étoient incontinent jettés à la
mer ; mais les Hollandois virent bientôt
que la guerre ne conduifoit pas à leur objet
; ils firent de nouvelles propofitions
aufquelles les Algériens répondirent » que
» leurs Hautes Puiffances pouvoient en-
» voyer quelqu'un avec des vaiffeaux de
»guerre pour emmener les efclaves , &
qu'ils verroient alors que » leur paix
feroit une véritable paix , leur parole une
parole inviolable , & leurs affurances des
furetés. Cependant la fauffeté de cette promeffe
s'eft foutenue jufqu'à préfent.
39
Dans le mois de Juin 1622 , les Etats
Généraux envoyerent le fieur Pinacker
Profeffeur dans l'Univerfité de Groningue,
à Alger , où il arriva le 3 Septembre ; il
fit tant par fes négociations qu'il obtint
que la vifite des vaiffeaux hollandois cefferoit
, & que les prifonniers feroient mis
en liberté & afin d'ôter tout prétexte aux
Pirates , leurs Hautes Puiffances ordonnerent
que tous leurs vaiffeaux deftinés pour
le Détroit de Gibraltar ou pour le Levant ,
feroient munis d'un paffeport , qui déclareroit
que les Capitaines étoient vé-
,
:
»
Gy
154 MERCURE DE FRANCE.
و ر
ritablement Hollandois , & qu'ils avoient
» fait ferment que leurs vaiffeaux , auffi-
» bien que leur chargement , n'apparte-
» noient ni en entier ni en partie aux en-
» nemis du Grand Seigneur.
Leurs Hautes Puiffances publierent dans
la même année une défenfe aux vaiffeaux
marchands de ne plus fortir fans eſcorte.
Malgré ces précautions la paix fut encore
rompue par les Algériens , dont la puiffance
augmenta tellement , qu'en l'année
1659 ils mirent en mer , en différentes
efcadres , feize vaiffeaux de guerre de
vingt quatre à trente- fix piéces de canon ,
de quatre à cinq cens hommes d'équipage
, & deux galeres de vingt- deux à vingthuit
paires de rames , ayant à bord un pareil
nombre d'hommes ; alors les vaiffeaux
de guerre hollandois coururent eux - mêmes
rifque d'être enlevés avec les marchands
auxquels ils fervoient d'efcorte .
On avoit déja employé plufieurs moyens
pour détruire cette ville corfaire , & le fameux
Amiral Ruiter fut envoyé en 1655
pour brûler ces Barbarefques dans leur
port ; cependant ce projet échoua à cauſe
d'un trop grand calme , & c'eft alors que
ce grand Amiral dit , que celui qui voudroit
attaquer la ville ou le port d'Alger , devroit
avoir pour lui le foleil & la lune , le jour &
A O UST. 1755. 155
la nuit , le vent & le tems ; le vent favoiable
pour s'approcher de la ville & pour
s'en éloigner , le tems clair & ferein pour
découvrir l'entrée de la rade , ou au moins
un Pilote habile à qui la fituation des lieux
fut entierement connue fans compter
qu'il faudroit que les habitans de la ville
ignoraflent abfolument ce deffein , parce
que pour peu qu'ils fuffent fur leurs gardes
, il leur feroit facile d'empêcher l'entrée
des vaiffeaux dans leur port.
›
Cependant perfonne n'a attaqué ces
Corfaires avec plus d'avantage , perfonne
ne leur a fait plus de tort que le méme
Amiral Ruiter , & n'a fçu mieux les combattre.
Il les ferra de fi près , & jetta fi
fort l'allarme parmi eux ; que leurs foldats
refufoient de s'embarquer : deforte
qu'en l'année 1662 ils furent obligés de
demander le rétabliffement de la paix aux
mêmes conditions qu'ils venoient de la renouveller
avec les Anglois, c'est- à- dire que
»leurs armateurs, lorfqu'ils rencontreroient
» un vaiffeau Hollandois , feroient obligés
d'envoyer à fon bord deux hommes de leur
Ȏquipage pour demander amiablement s'il
» n'avoit pas des hommes ou des marchan-
» difes qui appartiendroient à leurs ennemis.
Cette ftipulation fut rejettée , &
ils furent fort heureux d'obtenir des Hol
Gvj
156 MERCURE DE FRANCE.
landois la paix le 16 Novembre 1662 fous
cette condition : Vaiffeau libre , marchandifes
libres , nulle vifite .
"
La ville d'Alger & fes châteaux étoient
alors garnis de fept cens quatre - vingtcinq
pieces de canon , dont toutes les bouches
étoient tournées vers la mer , & les
rénégats difoient fecrettement à l'Amiral
Ruiter , que fi les Etats Généraux vou-
» loient que la paix fut bien obſervée , ils
» ne devoient jamais laiffer fortir aucun
vaiffeau marchand fans efcorte , "qu'ils
» devoient avoir un bon nombre de vaif-
"feaux de guerre dans la Méditerranée , &
» les faire voir quelquefois fur la rade d'Alfous
prétexte de faire de l'eau , pour
tenir dans la crainte les ennemis , parce
» que fans cela les Algériens pourroient
facilement enfreindre les traités.
» ger ,
Dans la paix de 662 , la Régence d'Alger
ftipula deux ou trois articles pour prévenir
dans la fuite des tems toute occafion
de différens fâcheux : 1 ° . » Qu'il fe-
» roit défendu à tous les Hollandois de
tirer fur les vaiffeaux algériens qu'ils
» pourroient rencontrer. 2 °. Que les Etats
» Généraux feroient faire un fceau particulier
pour les paffeports de mer , qu'ils
l'enverroient au Conful d'Alger , qui
l'imprimeroit fur tous les pleins pouvoirs
» des Armateurs algériens , afin que ceux-
39
X
AOUST. 1755. 157
ci puffent conftater la vérité des paffe-
» ports , en confrontant le fceau des Hollandois
avec le leur. 3 ° . Que les Etats
» Généraux auroient feuls le droit d'accor-
» der les paffeports de mer.
Ceci eft d'autant plus remarquable que
l'Amiral Ruiter écrivit peu de tems après
aux Etats Généraux , que les Hambour
geois avoient des correfpondans à Amfterdam
, qui pour de l'argent faifoient ferment
que les vaiffeaux appartenoient à des
négocians de cette ville , & qu'il avoit auffi
découvert que plufieurs Confuls ne faifoient
nul fcrupule de délivrer des paſſeports
à des Capitaines de vaiffeaux étrangers
.
Quoiqu'il en foit , la paix ne
ne dura
pas
long- tems ; car dès l'année fuivante 1663 ,
les Algériens vifiterent de nouveau quelques
vaiffeaux hollandois , ils rompirent
par conféquent le traité , & enleverent
diverfes marchandifes , fous le prétexte
qu'elles appartenoient à leurs ennemis , &
que la ratification du traité des Etats Géneraux
, ainfi que le payement de la rançon
des Efclaves hollandois , avoit tardé
trop long tems .
La guerre recommença donc encore
une fois , & l'Amiral Tromp prit le 10
Janvier 1664 deux vaiffeaux algériens
+18 MERCURE DE FRANCE.
qui emmenoient deux prifes avec eux.
Cette perte fit un fi grand tort à ces Pirates
qu'ils promirent de » rendre toutes
» les marchandifes qu'ils avoient enlevées
» fur mer , d'exécuter à l'avenir religieufement
le traité , & même de rompre la
"
paix avec les Anglois , fi les Etats Gé-
» néraux étoient bien difpofés à la faire
» avec eux . Leurs Hautes Puiffances ,
bien loin de prêter l'oreille à ces propoftions
captieufes , propoferent à la France ,
à l'Efpagne & à l'Angleterre de fe joindre
à eux pour envoyer une flotte qui pourfuivroit
par- tour ces Barbares , bloqueroit
leurs ports , & empêcheroit abfolument
leurs croifieres & leurs pirateries , fans
jamais entendre à aucune propofition de
paix de leurs part , mais aucune de ces
trois Puiffances ne voulut s'y prêter ; cependant
les Hollandois envoyerent l'Amiral
Ruiter avec une flotte de douze vaiffeaux
de guerre dans la Méditerranée , &
à Alger pour hâter la conclufion du traité
avec la Régence ; mais les Algériens le
retinrent long- tems fans fujet , & l'amuferent
fous des prétextes frivoles ; deſorte
qu'il fe vit obligé de leur déclarer la guerre
par ordre de leurs Hautes Puiffances.
On donnera lafuite dans le Mercure du
mois prochain.
les Hollandois , traduite de l'Allemand ,
par M. Radix de Sainte- Foy . 1755 .
Elon toute apparence , Alger, ainfi que
toute la côte de Barbarie , fut peuplée
d'abord par les Egyptiens . Les Pheniciens
y établirent enfuite des colonies , & y bâtirent
Utique & Carthage. Depuis, tous les
petits Princes de la côte furent fubjugués
par les Carthaginois , ou devinrent leurs
tributaires : mais ces Princes , las enfin de
la domination Garthaginoife , s'offrirent
aux Romains pour leur aider à foumettre
Carthage. Ceux- ci refterent maîtres de la
côte jufqu'au cinquiéme fiécle , que les
Vandales s'en emparerent. Les Barbares
furent obligés dans la fuite de rendre leur
AOUST. 1755. 149
conquête aux Empereurs Romains , ou
pour mieux dire , aux Empereurs Grecs ,
qui poffederent cette côte , jufqu'à ce que
les Califes Sarrazins , fucceffeurs de Mahomet
envahirent dans le feptiéme fiécle
toute la partie feptentrionale de l'Afrique,
auquel tems l'Alger que nous connoiffons
devint la ville capitale de la Mauritanie .
Alger dépendit enfuite , premierement de
la ville de Conftantine , & fucceffivement
de Bugie , d'Hyppone , & enfin de Tremecen
, ou Telencin , jufqu'à l'incurfion
des Barbares Mahométans , qui diviferent
la côte de Barbarie en plufieurs royaumes ,
entre lefquels étoient Alger , Tunis & Tripoli
. Quelques fiécles après , la ville d'Alger
devint tributaire du Roi de Tunis ,
qui promit de lui laiffer , comme à une
République , la jouiffance de fes privileges.
L'an 1510 , Alger fe foumit par crainte
du Roi d'Espagne à un riche More ,
nommé Sélim Eutimi ; cependant quelques
années après , Ferdinand , Roi d'Efpagne ,
la prit , bâtit une forte citadelle fur la place
où eft à préfent le port , & y mit une
nombreuſe garnifon. Après la mort de
Ferdinand , les Algériens chercherent à fecouer
le joug des Efpagnols , & vers l'an
1516 ils appellerent à leur fecours le fameux
Pirate Barberouffe qui vint , maffa-
G iij
150 MERCURE DE FRANCE.
cra Eutimi , s'érigea lui - même en Roid'Alger
, & regna jufqu'en l'année 1517 ,
qu'il fut tué dans un combat. Les Algériens
élurent pour leur Roi Héreddin Barberouffe
fon frere ; mais comme il n'étoit
pas en état de faire tête à fes ennemis , &
fur tout aux Efpagnols , il eut recours à
la Porte , & rendit tributaire du Grand
Seigneur Alger , & une grande partie de
la côte de Barbarie .
Les Algériens enflés d'une telle protection
, en devinrent plus audacieux à pillerles
vaiffeaux Chrétiens ; l'on vit de jour
en jour accroître leur infolence. L'Empereur
Charlequint irrité de leurs pirateries,
vint affiéger Alger l'an 1 541 , avec cent
gros vaiffeaux , & dix- huit grandes galeres
qui portoient en tout vingt- deux mille
hommes : mais une tempête violente & un
ouragan terrible qui s'éleverent le 20 Octobre
, firent couler à fond tous les vaiffeaux
& quinze galeres , pendant que les
troupes de débarquement furent pourfuivies
dans leur retraite précipitée . La plus
grande partie fut paffée au fil de l'épée , &
l'Empereur lui -même eût bien de la peine
à regagner la Sicile avec une feule galere.
De ce moment , Alger devint une retraite
formidable de Pirates , & un nid de voleurs
. Sa marine augmenta , & les courfes
A O UST. 1755 15 !
de fes Barbares habitans , firent un grand
tort aux Chrétiens , principalement aux
habitans des Pays-Bas , fur- tout depuis
l'année 1590 que ceux - ci commencerent
à étendre leur commerce par le Détroit de
Gibraltar en Italie , & même jufqu'au Levant.
Enfin au commencement du dix-feptiéme
fiécle le mal devint fi grand que les
Etats Généraux fe déterminerent en 1612
à envoyer à Conftantinople , en qualité
d'Ambaſſadeur , le fieur Cornelius Hage
pour obtenir par un traité , à l'exemple des
autres nations , un commerce libre dans
toutes les provinces dépendantes de la Porte.
Cette Ambaffade eut un fuccès fi heureux
, que les Turcs dans le vingt & unié-.
me article du traité défendirent aux Algé
riens de jamais faire le moindre tort aux
vaiffeaux hollandois , fous quelque prétexte
que ce put être : Mais ceux - ci fe
conformerent mal à cette défenſe , foit
que l'autorité des Turcs fut affez peu refpectée
dans la Barbarie , foit que la Porte
ne pût donner affez de fecours à ceux
d'Alger & de Tunis contre les infultes des
Efpagnols établis à Oran : d'ailleurs , les
premiers repréfenterent que fi on les em →
pêchoit d'aller en courfe , il leur étoit abe
folument impoffible d'entretenir le nombre
G
iiij
152 MERCURE DE FRANCE .
néceſſaire de Janiffaires. La Porte fut donc
obligée de fermer les yeux fur leurs procé
dés , & ils continuerent d'attaquer indifféremment
amis & ennemis.
Cependant en 1617 , à la follicitation
de Cornelius Hage , la Porte renouvella la
défenfe faite aux Algériens , de prendre
les bâtimens hollandois ; mais ils continuerent
à les arrêter , & à s'emparer de
toutes les marchandiſes appartenantes aux
Efpagnols & aux Italiens ; & fur les plaintes
réitérées , en 1619 ils écrivirent aux
Etats Genéraux une lettre , dans laquelle
ils leurs faifoient connoître » qu'ils ne
pouvoient nullement ceffer de vifiter
leurs navires , & d'en enlever toutes les
" marchandiſes des Efpagnols & des Ita
» liens , mais qu'afin qu'ils n'en fouffrif
fent aucun tort , ils leurs promettoient
de leur en payer exactement le fret .
و و
-
Les Etats Généraux leur objecterent
que cette propofition étoit formellement
oppofée au traité fait en 1612 , avec le
Grand Seigneur , & ils les menacerent ,
s'ils refufoient plus long- tems de s'y conformer
, de les traiter en ennemis . En effet
en l'année 1619 leurs Hautes Puiffances
commencerent contre ces Corfaires des
hoftilités ouvertes.
Les Algériens , dans l'efpace de treize
A O UST. 1755. 153
mois,prirent aux Hollandois cent quarantetrois
vaiſſeaux , ceux-ci leur en prirent auffi
plufieurs ; & leur animofité étoit fi forte
contre ces Pirates , que tous ceux qu'ils
prenoient étoient incontinent jettés à la
mer ; mais les Hollandois virent bientôt
que la guerre ne conduifoit pas à leur objet
; ils firent de nouvelles propofitions
aufquelles les Algériens répondirent » que
» leurs Hautes Puiffances pouvoient en-
» voyer quelqu'un avec des vaiffeaux de
»guerre pour emmener les efclaves , &
qu'ils verroient alors que » leur paix
feroit une véritable paix , leur parole une
parole inviolable , & leurs affurances des
furetés. Cependant la fauffeté de cette promeffe
s'eft foutenue jufqu'à préfent.
39
Dans le mois de Juin 1622 , les Etats
Généraux envoyerent le fieur Pinacker
Profeffeur dans l'Univerfité de Groningue,
à Alger , où il arriva le 3 Septembre ; il
fit tant par fes négociations qu'il obtint
que la vifite des vaiffeaux hollandois cefferoit
, & que les prifonniers feroient mis
en liberté & afin d'ôter tout prétexte aux
Pirates , leurs Hautes Puiffances ordonnerent
que tous leurs vaiffeaux deftinés pour
le Détroit de Gibraltar ou pour le Levant ,
feroient munis d'un paffeport , qui déclareroit
que les Capitaines étoient vé-
,
:
»
Gy
154 MERCURE DE FRANCE.
و ر
ritablement Hollandois , & qu'ils avoient
» fait ferment que leurs vaiffeaux , auffi-
» bien que leur chargement , n'apparte-
» noient ni en entier ni en partie aux en-
» nemis du Grand Seigneur.
Leurs Hautes Puiffances publierent dans
la même année une défenfe aux vaiffeaux
marchands de ne plus fortir fans eſcorte.
Malgré ces précautions la paix fut encore
rompue par les Algériens , dont la puiffance
augmenta tellement , qu'en l'année
1659 ils mirent en mer , en différentes
efcadres , feize vaiffeaux de guerre de
vingt quatre à trente- fix piéces de canon ,
de quatre à cinq cens hommes d'équipage
, & deux galeres de vingt- deux à vingthuit
paires de rames , ayant à bord un pareil
nombre d'hommes ; alors les vaiffeaux
de guerre hollandois coururent eux - mêmes
rifque d'être enlevés avec les marchands
auxquels ils fervoient d'efcorte .
On avoit déja employé plufieurs moyens
pour détruire cette ville corfaire , & le fameux
Amiral Ruiter fut envoyé en 1655
pour brûler ces Barbarefques dans leur
port ; cependant ce projet échoua à cauſe
d'un trop grand calme , & c'eft alors que
ce grand Amiral dit , que celui qui voudroit
attaquer la ville ou le port d'Alger , devroit
avoir pour lui le foleil & la lune , le jour &
A O UST. 1755. 155
la nuit , le vent & le tems ; le vent favoiable
pour s'approcher de la ville & pour
s'en éloigner , le tems clair & ferein pour
découvrir l'entrée de la rade , ou au moins
un Pilote habile à qui la fituation des lieux
fut entierement connue fans compter
qu'il faudroit que les habitans de la ville
ignoraflent abfolument ce deffein , parce
que pour peu qu'ils fuffent fur leurs gardes
, il leur feroit facile d'empêcher l'entrée
des vaiffeaux dans leur port.
›
Cependant perfonne n'a attaqué ces
Corfaires avec plus d'avantage , perfonne
ne leur a fait plus de tort que le méme
Amiral Ruiter , & n'a fçu mieux les combattre.
Il les ferra de fi près , & jetta fi
fort l'allarme parmi eux ; que leurs foldats
refufoient de s'embarquer : deforte
qu'en l'année 1662 ils furent obligés de
demander le rétabliffement de la paix aux
mêmes conditions qu'ils venoient de la renouveller
avec les Anglois, c'est- à- dire que
»leurs armateurs, lorfqu'ils rencontreroient
» un vaiffeau Hollandois , feroient obligés
d'envoyer à fon bord deux hommes de leur
Ȏquipage pour demander amiablement s'il
» n'avoit pas des hommes ou des marchan-
» difes qui appartiendroient à leurs ennemis.
Cette ftipulation fut rejettée , &
ils furent fort heureux d'obtenir des Hol
Gvj
156 MERCURE DE FRANCE.
landois la paix le 16 Novembre 1662 fous
cette condition : Vaiffeau libre , marchandifes
libres , nulle vifite .
"
La ville d'Alger & fes châteaux étoient
alors garnis de fept cens quatre - vingtcinq
pieces de canon , dont toutes les bouches
étoient tournées vers la mer , & les
rénégats difoient fecrettement à l'Amiral
Ruiter , que fi les Etats Généraux vou-
» loient que la paix fut bien obſervée , ils
» ne devoient jamais laiffer fortir aucun
vaiffeau marchand fans efcorte , "qu'ils
» devoient avoir un bon nombre de vaif-
"feaux de guerre dans la Méditerranée , &
» les faire voir quelquefois fur la rade d'Alfous
prétexte de faire de l'eau , pour
tenir dans la crainte les ennemis , parce
» que fans cela les Algériens pourroient
facilement enfreindre les traités.
» ger ,
Dans la paix de 662 , la Régence d'Alger
ftipula deux ou trois articles pour prévenir
dans la fuite des tems toute occafion
de différens fâcheux : 1 ° . » Qu'il fe-
» roit défendu à tous les Hollandois de
tirer fur les vaiffeaux algériens qu'ils
» pourroient rencontrer. 2 °. Que les Etats
» Généraux feroient faire un fceau particulier
pour les paffeports de mer , qu'ils
l'enverroient au Conful d'Alger , qui
l'imprimeroit fur tous les pleins pouvoirs
» des Armateurs algériens , afin que ceux-
39
X
AOUST. 1755. 157
ci puffent conftater la vérité des paffe-
» ports , en confrontant le fceau des Hollandois
avec le leur. 3 ° . Que les Etats
» Généraux auroient feuls le droit d'accor-
» der les paffeports de mer.
Ceci eft d'autant plus remarquable que
l'Amiral Ruiter écrivit peu de tems après
aux Etats Généraux , que les Hambour
geois avoient des correfpondans à Amfterdam
, qui pour de l'argent faifoient ferment
que les vaiffeaux appartenoient à des
négocians de cette ville , & qu'il avoit auffi
découvert que plufieurs Confuls ne faifoient
nul fcrupule de délivrer des paſſeports
à des Capitaines de vaiffeaux étrangers
.
Quoiqu'il en foit , la paix ne
ne dura
pas
long- tems ; car dès l'année fuivante 1663 ,
les Algériens vifiterent de nouveau quelques
vaiffeaux hollandois , ils rompirent
par conféquent le traité , & enleverent
diverfes marchandifes , fous le prétexte
qu'elles appartenoient à leurs ennemis , &
que la ratification du traité des Etats Géneraux
, ainfi que le payement de la rançon
des Efclaves hollandois , avoit tardé
trop long tems .
La guerre recommença donc encore
une fois , & l'Amiral Tromp prit le 10
Janvier 1664 deux vaiffeaux algériens
+18 MERCURE DE FRANCE.
qui emmenoient deux prifes avec eux.
Cette perte fit un fi grand tort à ces Pirates
qu'ils promirent de » rendre toutes
» les marchandifes qu'ils avoient enlevées
» fur mer , d'exécuter à l'avenir religieufement
le traité , & même de rompre la
"
paix avec les Anglois , fi les Etats Gé-
» néraux étoient bien difpofés à la faire
» avec eux . Leurs Hautes Puiffances ,
bien loin de prêter l'oreille à ces propoftions
captieufes , propoferent à la France ,
à l'Efpagne & à l'Angleterre de fe joindre
à eux pour envoyer une flotte qui pourfuivroit
par- tour ces Barbares , bloqueroit
leurs ports , & empêcheroit abfolument
leurs croifieres & leurs pirateries , fans
jamais entendre à aucune propofition de
paix de leurs part , mais aucune de ces
trois Puiffances ne voulut s'y prêter ; cependant
les Hollandois envoyerent l'Amiral
Ruiter avec une flotte de douze vaiffeaux
de guerre dans la Méditerranée , &
à Alger pour hâter la conclufion du traité
avec la Régence ; mais les Algériens le
retinrent long- tems fans fujet , & l'amuferent
fous des prétextes frivoles ; deſorte
qu'il fe vit obligé de leur déclarer la guerre
par ordre de leurs Hautes Puiffances.
On donnera lafuite dans le Mercure du
mois prochain.
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Résumé : Histoire abrégée des guerres des Algériens avec les Hollandois, traduite de l'Allemand, par M. Radix de Sainte-Foy. 1755.
Le texte 'Histoire abrégée des guerres des Algériens avec les Hollandois' décrit les conflits entre les Algériens et les Hollandais, en situant les événements dans un contexte historique riche. Alger et la côte de Barbarie ont été successivement peuplées par les Égyptiens, les Phéniciens, les Carthaginois, les Romains, les Vandales, les Byzantins, et enfin les Arabes musulmans. Alger est devenue la capitale de la Mauritaine sous les Califes Sarrazins. Au XVIe siècle, Alger est passée sous la domination espagnole avant de se libérer avec l'aide du pirate Barberousse. Sous la protection de l'Empire ottoman, les Algériens ont intensifié leurs attaques contre les navires chrétiens, notamment ceux des Pays-Bas. En 1612, les États Généraux des Provinces-Unies ont envoyé un ambassadeur à Constantinople pour obtenir un traité garantissant la sécurité de leurs navires. Cependant, les Algériens ont continué leurs attaques, menant à des hostilités ouvertes en 1619. Les conflits ont culminé avec des prises de navires des deux côtés. En 1622, un accord a été négocié pour cesser les visites des navires hollandais et libérer les prisonniers. Malgré des précautions, la paix a été rompue à plusieurs reprises. En 1659, la puissance navale algérienne a atteint son apogée, forçant les Hollandais à renforcer leur escorte. L'amiral Ruiter a tenté de détruire Alger en 1655, mais sans succès. En 1662, une paix a été conclue avec des conditions strictes pour éviter les différends futurs. Cependant, la paix n'a pas duré, et les Algériens ont repris leurs attaques en 1663. La guerre a repris, et l'amiral Tromp a capturé des navires algériens en 1664. Les Algériens ont proposé de rendre les marchandises et de respecter le traité, mais les Hollandais ont refusé, préférant une alliance avec d'autres puissances pour contrer les pirates. Par ailleurs, les Algériens ont retenu des individus pendant une longue période sans motif valable, en utilisant des prétextes futiles. Cette situation a conduit à une déclaration de guerre par ordre des autorités supérieures de la partie retenue.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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20
p. 207
DE MADRID, le 12 Août.
Début :
Le 12 de ce mois, à quatre heures & demie du matin, Ferdinand VI, Roi d'Espagne [...]
Mots clefs :
Ferdinand VI, Décès, Roi d'Espagne, Reine, Gouvernement, Nouveau roi, Charles III, Deuil
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE MADRID, le 12 Août.
DE MADRID , le 12 Août.
Le
12
dc
ce
mois
,
à
quatre heures
&
demie
du
matin
,
Ferdinand
VI
,
Roi
d'Eſpagne
&
des
Indes
,
mourut
au
Palais
de
Villaviciofa
,
dans
la
quatorziéme année de
fon
régne
.
Il
étoit
âgé
de
quarante
-cinq ans
,
dix
mois
&
dix
-
fept jours
.
Du
19
.
Après
la
mort du
Roi
,
la
Reine
Douairiere
a
pris
en
main
le
Gouvernement
,
juſqu'à
l'arri-
vée de
notre
nouveau Roi
,
Charles
III
.
Le
corps
du
Roi
défunt a
été
tranſporté
au Couvent des
Religieufes
de
la
Vifitation
de Madrid
,
où
il
a
été
inhumé
avec
les
cérémonies accoutumées
.
La
Cour
a
pris le
deuil
pour
fix
mois
.
Le
12
dc
ce
mois
,
à
quatre heures
&
demie
du
matin
,
Ferdinand
VI
,
Roi
d'Eſpagne
&
des
Indes
,
mourut
au
Palais
de
Villaviciofa
,
dans
la
quatorziéme année de
fon
régne
.
Il
étoit
âgé
de
quarante
-cinq ans
,
dix
mois
&
dix
-
fept jours
.
Du
19
.
Après
la
mort du
Roi
,
la
Reine
Douairiere
a
pris
en
main
le
Gouvernement
,
juſqu'à
l'arri-
vée de
notre
nouveau Roi
,
Charles
III
.
Le
corps
du
Roi
défunt a
été
tranſporté
au Couvent des
Religieufes
de
la
Vifitation
de Madrid
,
où
il
a
été
inhumé
avec
les
cérémonies accoutumées
.
La
Cour
a
pris le
deuil
pour
fix
mois
.
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Résumé : DE MADRID, le 12 Août.
Le 12 août, Ferdinand VI, roi d'Espagne et des Indes, est décédé à 45 ans après quatorze années de règne. La reine douairière a assuré l'intérim jusqu'à l'arrivée de Charles III. Le roi a été inhumé au couvent des Religieuses de la Visitation de Madrid. La cour a observé un deuil de six mois.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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21
p. 213-216
DE PARIS, le 19 Janvier 1760, & jours suivans.
Début :
Le 15 de ce mois, on fit dans l'Eglise Métropolitaine de cette Ville, [...]
Mots clefs :
Service religieux, Repos de l'âme, Roi d'Espagne, Madame, Cérémonies, Église, Décorations, Autel, Oraison funèbre, Marbre, Voûte, Colonne, Lumières, Registres publics, Décès, Mariages, Baptêmes, Tremblement de terre, Secousses, Vaisseaux, Combat, Loterie de l'école royale militaire, Tirage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 19 Janvier 1760, & jours suivans.
De PARIS , le 19 Janvier 1760 , &jours fuivans .
Le 1s de ce mois , on fit dans l'Eglife Métropolitaine
de cette Ville , un Service folemnel , par
ordre du Roi , pour le repos de l'ame de Ferdinand
, VI du nom , Roi d'Espagne , & de Marie-
Madelaine de Portugal , Reine d'Espagne , fon
époufe . Sa Majefté avoit nommé pour le grand
deuil du Roi d'Eſpagne, Monfeigneur le Dauphin ,
le Duc d'Orléans , le Prince de Condé ; & pour
celui de la Reine d'Espagne , Madame la Dauphine
, Madame , & Madame Victoire . Ces Princes
& Princeffes s'étant rendus à l'Archevêché , où
le Marquis de Dreux, Grand Maître des Cérémonies
, & le fieur de Nantouillet , Maître des Cérémonies
en furvivance , allerent les prendre ,
lorfque tout fut prêt. Ils les conduifirent à l'Eglife ;
ils entrèrent par la grande porte , & furent pla
cés dans les hautes Italles , à droite & à gauche.
Plusieurs Archevêques & Evêques affiftèrent à
cette cérémonie , ainfi que le Parlement , la
Chambre des Comptes , la Cour des Aides , l'Univerfité
, & le Corps de Ville. L'Archevêque de
Paris y officia pontificalement. L'Evêque de Vence
prononça l'Oraifon funèbre.
Le portail de l'Eglife étoit tendu en noir , avec
trois lès de velours, chargés d'écuffons , entre lelquels
étoient placés trois cartels chargés des
armes & des chiffres du Roi & de la Reine d'ELpagne
Le pourtour du choeur , étoit décoré d'un ordre
Ionique , en pilaftres & arcades , furmonté d'un
entablement , dont la frife étoit femée de fleursde-
lys d'or. Cette architecture étoit figurée en
marbre antique, & tous les ornemens étoient
dorés. Ses arcades étoient garnies de rideaux
noirs , rayés d'hermine , retroulés avec des cordons
treffés en or. Au-deffus de l'entablement ,
214 MERCURE DE FRANCE.
étoit un attique , orné à l'aplomb des arcades ,
de grands écullons aux armes d'Espagne , foutenus
par des lions , entourés de palmes & de guirlandes
en or , accompagnés de chiffres du Roi &
de la Rei e d'Espagne , fur un fond d'azur , groupés
de branches de cyprès.
L'Autel , élevé de plufieurs marches , étoit au
pied d'une niche , en marbre blanc. Le fond de
la niche étoit rempli par le fymbole de la Divinité
, entouré de nuages & de grands rayons dorés.
Au haut de l'attique , terminé en fronton, un
grand dais étoit placé en baldaquin , avec des
rideaux pendans & retrouffés , rayés d'hermine.
Le Catafalque , placé à l'entrée du choeur , étoit
fur un plan quarré long. Aux quatre angles, s'élevoient
quatre focles ,; d'où partoient , quatre
corps folides . Deux colonnes , d'ordre Ionique ,
étoient engagées dans chacun de ces corps , &
portoient un entablement pareil à celui de l'architecture
du choeur. Les deux petites faces de ce monument
, étoient difpofées en arcades . Les deux
grands côtés étoient terminés , quarrément , par
la plate-bande de l'entablement . Les colonnes de
verd antique , avoient leurs bafes & leurs chapiteaux
en or. Les corps folides étoient en marbre
jaune antique , avec des encadremens renfoncés ,
chargés de trophées militaires , & de médaillons
en or , liés par des guirlandes de lauriers.
Une pyramide de brêche violette, portée par un
piédeſtal de même marbre , terminoit le monument.
Sur les quatre faces de ce piédeſtal, étoient
les Ecuffons d'Eſpagne en relief, fupportés par
deux lions ; & fur les faces de la pyramide , des
Ecuffons d'Anjou , en or.
Sous la voute du Catafalque , fur une eſtrade
élevée de fix marches , pofoit un focle de verd
campan , chargé fur fes faces de bas-reliefs & de
agures de marbre en ronde boffe. Au-deffus du foFEVRIER
. 1760. 215
cle & fur les griffes de lion , étoit un farcophage
de porphire , couvert d'un drap mortuaire en or,
chargé des écuffons d'Eſpagne en broderie d'or ,
avec deux couronnes voilées d'un crêpe .
Le Catafalque étoit couvert d'un grand poêle à
quatre rideaux pendans & retrouflés , noirs , &
rayés d'hermine.
Toute cette décoration étoit dans le goût antique.
Ses ornemens , étoient du meilleur choix.
Leur éclat étoit relevé par le grand nombre &
par l'heureufe difpofition des lumieres. Il y avoit
beaucoup de richeffe dans les détails , beaucoup
de nobleſſe & de magnificence dans l'enfemble.
Cette pompe funèbre , ordonnée de la part de
Sa Majesté , par le Duc de Duras , Pair de France ,
premier Gentilhomme de la Chambre du Roi ,
a été dirigée par le fieur de la Ferté , Intendant
des Menus- plaifirs du Roi , fur les deffeins du fieur
Michel Ange Slodtz , Deffinateur ordinaire de la
Chambre & du Cabinet de Sa Majeſté .
Suivant les regiftres publics des Eglifes Paroiffiales
de cette Ville , il eft mort , pendant le cours
de l'année derniére , 18446 perfonnes ; il s'y eſt
fait 4059 mariages ; il y a eu 19058 baptêmes ; &
le nombre des enfans trouvés monte à 5 264.
Le 20 Janvier, on a reſſenti ici , à dix heures & un
quart du foir , une légère ſecoufle de tremblement
de terre ; mais elle a été fi peu fenfible , que trèspeu
de perfonnes s'en font apperçues . On l'a reffentie
plus diftinctement , à Verlailles. On a appris
depuis, que ce tremblement de terre a été fenti
à Amfterdam , à Leyde & à Utrecht. Les lettres
de Bruxelles & de Cologne , parlent de quelques
fecoufles qui le précédèrent le 19. Il a été affez
violent dans ces deux Villes . Suivant les lettres de
Cologne , on a reffenti une nouvelle fecouffe le
21 , vers les quatre heures du matin. A Peronne,
les fecouffes du 20 au foir, durerent deux ou trois
216 MERCURE DE FRANCE.
minutes , & effrayerent plufieurs perfonnes , qui
fortirent précipitamment de leurs maifons , de
crainte d'être écralées fur leurs ruines. On a ap .
pris auffi , que le 22 de Décembre , la fecouffe di
tremblement de terre s'étoit faite fentir dans la
Norwege & dans le Duché de Holſtein . Cette fecoulle
a été précédée , en divers , endroits par un
violent coup de tonnerre.L'ébranlement a été confidérable,
à Hadersleben. Dans quelques villes, routes
les tuilles ont été jettées par terre. Cet accident
n'a pas eu d'autres fuites.
Le 1 Février , le fieur Gigot , Recteur de l'Uni-¸
verfité , accompagné des Doyens des quatre Facultés
& des Procureurs des Nations , ſe rendit à Verfailles
; & fuivant l'ancien ufage, il préſenta un
cierge au Roi , à la Reine , à Monfeigneur le Dauphin
, à Madame la Dauphine , & à Monfeigneur
le Duc de Bourgogne.
Le mêmejour, le Pere Aubert, Docteur de Sorbonne
, & Commandeur de l'Ordre de Notre
Dame de la Mercy , Rédemption des Captifs, accompagné
de trois Religieux de cet Ordre , eut
l'honneur de préfenter à la Reine un cierge , en
hommage & en reconnoillance de leur établiſſement
à Paris , par la feue Reine Marie de Médicis.
On a reçu avis de Toulon , que les vaiffeaux &
les frégates , qui étoient à Cadix depuis le combat
du fieur de la Clue , font rentrés dans le premier
de ces deux ports , au nombre de cinq vaiſſeaux &
trois frégates. Ils étoient fortis de Cadix immédiatement
après la tempête qui avoit difperfé l'Efcadre
Angloife.
Le tirage de la Loterie de l'Ecole Royale Militaire
, s'eft fait le s de Février , en la manière
accoutumée. Les Numéros fortis de la roue de
fortune font 39 , 30 , 64 , 28 , 56. Le prochain
tirage fe fera le 6 du mois de Mars.
Le 1s de ce mois , on fit dans l'Eglife Métropolitaine
de cette Ville , un Service folemnel , par
ordre du Roi , pour le repos de l'ame de Ferdinand
, VI du nom , Roi d'Espagne , & de Marie-
Madelaine de Portugal , Reine d'Espagne , fon
époufe . Sa Majefté avoit nommé pour le grand
deuil du Roi d'Eſpagne, Monfeigneur le Dauphin ,
le Duc d'Orléans , le Prince de Condé ; & pour
celui de la Reine d'Espagne , Madame la Dauphine
, Madame , & Madame Victoire . Ces Princes
& Princeffes s'étant rendus à l'Archevêché , où
le Marquis de Dreux, Grand Maître des Cérémonies
, & le fieur de Nantouillet , Maître des Cérémonies
en furvivance , allerent les prendre ,
lorfque tout fut prêt. Ils les conduifirent à l'Eglife ;
ils entrèrent par la grande porte , & furent pla
cés dans les hautes Italles , à droite & à gauche.
Plusieurs Archevêques & Evêques affiftèrent à
cette cérémonie , ainfi que le Parlement , la
Chambre des Comptes , la Cour des Aides , l'Univerfité
, & le Corps de Ville. L'Archevêque de
Paris y officia pontificalement. L'Evêque de Vence
prononça l'Oraifon funèbre.
Le portail de l'Eglife étoit tendu en noir , avec
trois lès de velours, chargés d'écuffons , entre lelquels
étoient placés trois cartels chargés des
armes & des chiffres du Roi & de la Reine d'ELpagne
Le pourtour du choeur , étoit décoré d'un ordre
Ionique , en pilaftres & arcades , furmonté d'un
entablement , dont la frife étoit femée de fleursde-
lys d'or. Cette architecture étoit figurée en
marbre antique, & tous les ornemens étoient
dorés. Ses arcades étoient garnies de rideaux
noirs , rayés d'hermine , retroulés avec des cordons
treffés en or. Au-deffus de l'entablement ,
214 MERCURE DE FRANCE.
étoit un attique , orné à l'aplomb des arcades ,
de grands écullons aux armes d'Espagne , foutenus
par des lions , entourés de palmes & de guirlandes
en or , accompagnés de chiffres du Roi &
de la Rei e d'Espagne , fur un fond d'azur , groupés
de branches de cyprès.
L'Autel , élevé de plufieurs marches , étoit au
pied d'une niche , en marbre blanc. Le fond de
la niche étoit rempli par le fymbole de la Divinité
, entouré de nuages & de grands rayons dorés.
Au haut de l'attique , terminé en fronton, un
grand dais étoit placé en baldaquin , avec des
rideaux pendans & retrouffés , rayés d'hermine.
Le Catafalque , placé à l'entrée du choeur , étoit
fur un plan quarré long. Aux quatre angles, s'élevoient
quatre focles ,; d'où partoient , quatre
corps folides . Deux colonnes , d'ordre Ionique ,
étoient engagées dans chacun de ces corps , &
portoient un entablement pareil à celui de l'architecture
du choeur. Les deux petites faces de ce monument
, étoient difpofées en arcades . Les deux
grands côtés étoient terminés , quarrément , par
la plate-bande de l'entablement . Les colonnes de
verd antique , avoient leurs bafes & leurs chapiteaux
en or. Les corps folides étoient en marbre
jaune antique , avec des encadremens renfoncés ,
chargés de trophées militaires , & de médaillons
en or , liés par des guirlandes de lauriers.
Une pyramide de brêche violette, portée par un
piédeſtal de même marbre , terminoit le monument.
Sur les quatre faces de ce piédeſtal, étoient
les Ecuffons d'Eſpagne en relief, fupportés par
deux lions ; & fur les faces de la pyramide , des
Ecuffons d'Anjou , en or.
Sous la voute du Catafalque , fur une eſtrade
élevée de fix marches , pofoit un focle de verd
campan , chargé fur fes faces de bas-reliefs & de
agures de marbre en ronde boffe. Au-deffus du foFEVRIER
. 1760. 215
cle & fur les griffes de lion , étoit un farcophage
de porphire , couvert d'un drap mortuaire en or,
chargé des écuffons d'Eſpagne en broderie d'or ,
avec deux couronnes voilées d'un crêpe .
Le Catafalque étoit couvert d'un grand poêle à
quatre rideaux pendans & retrouflés , noirs , &
rayés d'hermine.
Toute cette décoration étoit dans le goût antique.
Ses ornemens , étoient du meilleur choix.
Leur éclat étoit relevé par le grand nombre &
par l'heureufe difpofition des lumieres. Il y avoit
beaucoup de richeffe dans les détails , beaucoup
de nobleſſe & de magnificence dans l'enfemble.
Cette pompe funèbre , ordonnée de la part de
Sa Majesté , par le Duc de Duras , Pair de France ,
premier Gentilhomme de la Chambre du Roi ,
a été dirigée par le fieur de la Ferté , Intendant
des Menus- plaifirs du Roi , fur les deffeins du fieur
Michel Ange Slodtz , Deffinateur ordinaire de la
Chambre & du Cabinet de Sa Majeſté .
Suivant les regiftres publics des Eglifes Paroiffiales
de cette Ville , il eft mort , pendant le cours
de l'année derniére , 18446 perfonnes ; il s'y eſt
fait 4059 mariages ; il y a eu 19058 baptêmes ; &
le nombre des enfans trouvés monte à 5 264.
Le 20 Janvier, on a reſſenti ici , à dix heures & un
quart du foir , une légère ſecoufle de tremblement
de terre ; mais elle a été fi peu fenfible , que trèspeu
de perfonnes s'en font apperçues . On l'a reffentie
plus diftinctement , à Verlailles. On a appris
depuis, que ce tremblement de terre a été fenti
à Amfterdam , à Leyde & à Utrecht. Les lettres
de Bruxelles & de Cologne , parlent de quelques
fecoufles qui le précédèrent le 19. Il a été affez
violent dans ces deux Villes . Suivant les lettres de
Cologne , on a reffenti une nouvelle fecouffe le
21 , vers les quatre heures du matin. A Peronne,
les fecouffes du 20 au foir, durerent deux ou trois
216 MERCURE DE FRANCE.
minutes , & effrayerent plufieurs perfonnes , qui
fortirent précipitamment de leurs maifons , de
crainte d'être écralées fur leurs ruines. On a ap .
pris auffi , que le 22 de Décembre , la fecouffe di
tremblement de terre s'étoit faite fentir dans la
Norwege & dans le Duché de Holſtein . Cette fecoulle
a été précédée , en divers , endroits par un
violent coup de tonnerre.L'ébranlement a été confidérable,
à Hadersleben. Dans quelques villes, routes
les tuilles ont été jettées par terre. Cet accident
n'a pas eu d'autres fuites.
Le 1 Février , le fieur Gigot , Recteur de l'Uni-¸
verfité , accompagné des Doyens des quatre Facultés
& des Procureurs des Nations , ſe rendit à Verfailles
; & fuivant l'ancien ufage, il préſenta un
cierge au Roi , à la Reine , à Monfeigneur le Dauphin
, à Madame la Dauphine , & à Monfeigneur
le Duc de Bourgogne.
Le mêmejour, le Pere Aubert, Docteur de Sorbonne
, & Commandeur de l'Ordre de Notre
Dame de la Mercy , Rédemption des Captifs, accompagné
de trois Religieux de cet Ordre , eut
l'honneur de préfenter à la Reine un cierge , en
hommage & en reconnoillance de leur établiſſement
à Paris , par la feue Reine Marie de Médicis.
On a reçu avis de Toulon , que les vaiffeaux &
les frégates , qui étoient à Cadix depuis le combat
du fieur de la Clue , font rentrés dans le premier
de ces deux ports , au nombre de cinq vaiſſeaux &
trois frégates. Ils étoient fortis de Cadix immédiatement
après la tempête qui avoit difperfé l'Efcadre
Angloife.
Le tirage de la Loterie de l'Ecole Royale Militaire
, s'eft fait le s de Février , en la manière
accoutumée. Les Numéros fortis de la roue de
fortune font 39 , 30 , 64 , 28 , 56. Le prochain
tirage fe fera le 6 du mois de Mars.
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Résumé : DE PARIS, le 19 Janvier 1760, & jours suivans.
Le 1er janvier 1760, un service solennel fut organisé dans l'église métropolitaine de Paris pour honorer la mémoire de Ferdinand VI, roi d'Espagne, et de Marie-Madeleine de Portugal, reine d'Espagne. Ce service fut ordonné par le roi de France, qui désigna le Dauphin, le Duc d'Orléans et le Prince de Condé pour le grand deuil du roi d'Espagne, et Madame la Dauphine, Madame et Madame Victoire pour celui de la reine d'Espagne. Les princes et princesses furent conduits à l'église par le Marquis de Dreux et le sieur de Nantouillet. La cérémonie fut assistée par plusieurs archevêques, évêques, ainsi que par le Parlement, la Chambre des Comptes, la Cour des Aides, l'Université et le Corps de Ville. L'archevêque de Paris officia pontificalement, et l'évêque de Vence prononça l'oraison funèbre. L'église était somptueusement décorée : le portail était tendu de noir avec des écussons, le chœur orné d'un ordre ionique en pilastres et arcades, et un catafalque richement décoré. La décoration, dirigée par le sieur de la Ferté et conçue par Michel Ange Slodtz, était dans le goût antique et d'une grande magnificence. Les registres publics des églises paroissiales de Paris indiquèrent 18 446 décès, 4 059 mariages, 19 058 baptêmes et 5 264 enfants trouvés pour l'année précédente. Le 20 janvier, une légère secousse de tremblement de terre fut ressentie à Paris, plus distinctement à Versailles, et signalée à Amsterdam, Leyde, Utrecht, Bruxelles et Cologne. Des secousses furent également ressenties en Norvège et dans le Duché de Holstein. Le 1er février, le sieur Gigot, recteur de l'Université, présenta un cierge au roi, à la reine et à d'autres membres de la famille royale à Versailles. Le même jour, le Père Aubert présenta un cierge à la reine en reconnaissance de l'établissement de l'Ordre de Notre Dame de la Mercy à Paris. Des nouvelles de Toulon indiquèrent le retour de vaisseaux et de frégates à Cadix après une tempête. Enfin, le tirage de la loterie de l'École Royale Militaire eut lieu le 6 février, avec les numéros 39, 30, 64, 28 et 56.
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22
p. 192-193
De VERSAILLES, le 9 Octobre.
Début :
Le 7 de ce mois, Dom Jaime Massones de Lima, Ambassadeur [...]
Mots clefs :
Ambassadeur extraordinaire, Roi d'Espagne, Audience, Décès, Reine d'Espagne, Comte, Monseigneur, Madame, Princesse, Deuil
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De VERSAILLES, le 9 Octobre.
De VERSAILLES , le 9 Octobre.
E 7 de ce mois , Dom Jaime Maffones de
Lima , Ambaffadeur extraordinaire du Roi d'Efpagne
eur , en long manteau de deuil , une Audience
particuliere du Roi , dans laquelle il fit
part a Sa Majeté de la mort de la Reine d'Efpagne.
Il fut conduit à cette Audience , ainfi qu'à
celles de la Reine , de Monfeigneur le Dauphin ,
de Madame la Dauphine , de Monſeigneur le Duc
de Bourgogne , de Monfeigneur le Duc de Berry ,
de Monteigneur le Comte de Provence , de Monfeigneur
le Comte d'Artois , de Madame , de Madame
A lélaïde , & de Meldames Victoire , Sophie
& Louife , par le fieur de la Live , Introducteur
des Amballadeurs. Cette Princelle , qui eft
morte le 27 du mois dernier , fe nommoit Marie-
Amélie ;
NOVEMBRE. 1960 . 193
Amélie ; elle étoit fille aînée du Roi de Pologne ,
Electeur de Saxe , & de Marie-Jolephe d'Autriche ,
fille de l'Empereur Jofeph. Elle étoit âgée de
trente-cinq ans , dix mois & trois jours . Elle avoit
époufé , le 19 Juin 1738 , Dom Carlos , alors Roi
de Naples & des Deux- Siciles. La Cour a pris ,
le 9 , le deuil pour cette Princelle , pour un mois.
E 7 de ce mois , Dom Jaime Maffones de
Lima , Ambaffadeur extraordinaire du Roi d'Efpagne
eur , en long manteau de deuil , une Audience
particuliere du Roi , dans laquelle il fit
part a Sa Majeté de la mort de la Reine d'Efpagne.
Il fut conduit à cette Audience , ainfi qu'à
celles de la Reine , de Monfeigneur le Dauphin ,
de Madame la Dauphine , de Monſeigneur le Duc
de Bourgogne , de Monfeigneur le Duc de Berry ,
de Monteigneur le Comte de Provence , de Monfeigneur
le Comte d'Artois , de Madame , de Madame
A lélaïde , & de Meldames Victoire , Sophie
& Louife , par le fieur de la Live , Introducteur
des Amballadeurs. Cette Princelle , qui eft
morte le 27 du mois dernier , fe nommoit Marie-
Amélie ;
NOVEMBRE. 1960 . 193
Amélie ; elle étoit fille aînée du Roi de Pologne ,
Electeur de Saxe , & de Marie-Jolephe d'Autriche ,
fille de l'Empereur Jofeph. Elle étoit âgée de
trente-cinq ans , dix mois & trois jours . Elle avoit
époufé , le 19 Juin 1738 , Dom Carlos , alors Roi
de Naples & des Deux- Siciles. La Cour a pris ,
le 9 , le deuil pour cette Princelle , pour un mois.
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Résumé : De VERSAILLES, le 9 Octobre.
Le 9 octobre, Dom Jaime Maffones de Lima, ambassadeur extraordinaire du roi d'Espagne, a annoncé au roi de France la mort de la reine d'Espagne lors d'une audience particulière. Il a également été reçu par la reine, le dauphin, la dauphine, les ducs de Bourgogne et de Berry, les comtes de Provence et d'Artois, ainsi que par plusieurs princesses, dont Madame Élisabeth et Mesdames Victoire, Sophie et Louise. La reine décédée, Marie-Amélie, était la fille aînée du roi de Pologne et électeur de Saxe, et de Marie-Josèphe d'Autriche, fille de l'empereur Joseph. Elle avait 35 ans, 10 mois et 3 jours. Marie-Amélie avait épousé Dom Carlos, roi de Naples et des Deux-Siciles, le 19 juin 1738. La cour française a observé un deuil d'un mois en sa mémoire à partir du 9 octobre.
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