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Détail
Liste
1
p. 299-323
Particularitez touchant le Voyage de M. le Chevalier de Chaumont à Siam. [titre d'après la table]
Début :
Je ne croyois pas qu'en fermant ma Lettre, je vous [...]
Mots clefs :
Chevalier de Chaumont, Siam, Roi, France, Roi de Siam, Dignité, Monarque, Ordre, Ambassadeur, Siamois, Audience, Favori, Prince, Chine, Brest, Ambassadeurs, Palais, Temps, Princesse, Nouvelles, Canon, Cap de Bonne-Espérance, Gloire, Santé du roi, Éléphants, Alexandre de Chaumont
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texteReconnaissance textuelle : Particularitez touchant le Voyage de M. le Chevalier de Chaumont à Siam. [titre d'après la table]
Je ne croyois pas qu'en
fermant ma Lettre , je vous
300 MERCURE
apprendrois des nouvelles de
M le Chevalier de Chau
mont Ambaffadeur de France
auprés du Roy de Siam.
On le croyoit encore à fix
mille liques d'icy lors qu'il
arriva a Verſailles le 24.de ce
mois. Il en a fait douze mille
en moins d'un an , & n'a employé
que 15. mois & demy
en tout fon Voyage. Il partit
de Breft le 3. Mars de
l'année derniere
, avec un
Vaiffeau du Roy nommé
Loyfeau , inonté de 36. pieces
de Canon, & la Fregate nom
mée la Maligne , montée de
GALANT. 3or
301
3
24. Il arriva en dix jours au
Tropique du Cancer du mef
me vent , dont il avoit ap
pareillé au fortir du Porr , aprés
quoy il doubla le Cap
de bonne Efperance fans le
reconnoiftre
. Il arriva à Batavia
le 1. Aouft , & à l'entrée
du Royaume
de Siam au
commencement de Septembre.
Comme il y a peu d'ha
bitations fur cette route , &
que l'on va par eau jufques
à Siam , le Roy avoit fait bâtir
, & meubler des Maifons
de cinq lieuës en cinq lieuës
pour le recevoir , & avoit en302
MERCURE
"
voyé des Officiers pour le
traiter. Il partoit tous les
jours deux nouveaux Mandarins
de Siam qui venoient
luy faire compliment de la
part du Roy,& plus il appro
choit de cette Capitale , plus
les Mandarins qu'on envoyoit
au devant de luy , éroient
élevez en dignité ,
& un des deux derniers qui
vint le complimenter, eft l'un
des trois Ambaffadeurs que
ce Monarque a nommez
pour venir en France , & que
Sa Majefté a envoyé querir
à Breft. Mr Le Chevalier de
GALANT. 203
#
Chaumont trouva un Palais
à Siam qui avoit efté baſty
exprés & meublé pour luy
Sa Table y a toûjours efté
fervie en vaiffelle d'or , & les
Tables de ceux de fa fuite en
vaiflelle d'argent. Comme
les environs de Siam font
inondez fix mois de l'année,
& que l'on eftoit au temps de
cette inondation , il y avoir
fur la Riviere un nombre
infiny de petits Bateaux dorez
que les Siamois appellent
Balons. On y voit une efpece
de Trône dans le milieu ,
où les plus confiderables ont
7
304 MERCURE
accoûtumé de fe placer. Ces
Bâtimens tiennent environ
dix ou douze perſonnes . Le
jour que M le Chevalier de
Chaumonteut Audience , le
Roy deSiam en envoya vingt
des fiens qui eftoient d'une
tres - grande magnificence ,
pour luy & fa fuite. Il y eut ce
jour la cent mille hommes de
Milices commandez pour
luy faire plus d'honneur .
Cette Audience fut remar¹
quable par trois circonftane
ces qui furent d'un grand é
clat pour la gloire de la France,
& particulierement pour
GALANT. 305
FaPerfonne duRoy , en faveur
de qui le Roy de Siam fe dépoüilla
de tout ce qui fait
foiftrefa grandeur en de pa
Pa
reilles occafions . Les Am
baffadeurs ont de coûtume
d'entrer feuls à fon Audience,
& douze Gentilshommes
que M le Chevalier de
Chaumont avoit menez a
vec luy ,
l'accompagnerent
,.
& furentaffis fur des Tabou
rets durant l'Audience , peng
dant que toute la Cour étoip
couchée le ventre , & la face
contre terre . Les Ambaffi
deurs ont auffi coûtune: de:
Juin 1686 .
306 MERCURE
a
fe profterner ainfi , & M' le
Chevalier de Chaumont en
fut difpenfé, quoy que le Favory
& le premier Miniftre
du Roy fuffent profternez.
Les Roys de Siam ne prennent
jamais de Lettres de la
main d'aucun Ambaffadeur ,
& ceMonarque prit la Lettre
de Sa Majefté de la propre
main de Mle Chevalier de
Chaumont. Il demanda des
nouvelles de la Santé duRoy,
de celle de Monfeigneur le
Dauphin , de Madame la
Dauphine , de Monſeigneur
le Duc de Bourgogne , de
GALANT. 307
8
Monfeigneur le Duc d'An
jou , & de Monfieur. L'Au
dience finie , M' l'Ambafladeur
, & toute fa fuite furent
traitez dans le Palais avec
toute la magnificence ima
ginable,fuivant les manieres
du Païs , & le Roy pour luy
marquer une plus grande
diſtinction , luy envoya trois
plats des Mers les plus exquis
de fa Table. Aprés cette Au
dience folemnelle , M de
Chaumont en eut plufieurs
r
particulieres de ce Roy , dans
lefquelles il caufa familiere
ment avec luy. Ce Prince fit
Cij
3c8 MERCURE
paroiftre beaucoup d'efprit ,
& de bon fens. I parla du
Roy avec admiration , &
fit voir que toutes les gran
des actions ne luy eftoient
pas inconnues , & je puis
vous dire fur cet Article
que j'appris dés le temps que
fes deux Envoyez eftoient
icy , que ce Monarque faifoit
traduire en Siamois tout:
ce qu'on imprime des meri
veilles de la Vie du Roy , &
que ce que je vous en ay fou - 1
vent mandé , & que vous me
permettez de rendre public,
aprés l'avoir envoyé,
ous
c
GALANT. 309
de
avoit efté aufli mis en cette
Langue. Le Roy de Siam
pria M le Chevalier de
Chaumont de vifiter quel
ques -unes de fes Places , &
permettre qu'un Ingenieur
qu'il avoit amené avec
luy , en allaſt voir quelques
autres pour remarquer le
defaut des Fortifications .
M ' le Chevalier de Chaumont
a mené avec luy juf
ques à Siam fix Jefuites des
plus habiles de leur Ordre
en toutes les parties de Ma
thematiques , fur tour en
Aftronomie , fi eftimée en
310 MERCURE
}
fa Chine , où ils font principalement
deftinez , & où ces
connoiffances peuvent eftre
d'une grande utilité pour a
chever d'y établir le Chri
ftianifme. Ils y vont pourveus
de Lunettes d'approche
& d'Inftrumen's de
Mathematique d'une nou
velle conftruction , pour faires
des Obfervations , qu'ils
ont ordre d'envoyersicy à
Academie des Sciences
par toutes les occafions qu'
ils en auront. Ils doivent
joindre à la Chine les Peres
de leur Ordre, à qui ces for
GALANT 31r
?
tes de Sciences ont acquis
les bonnes graces du Prince
Tartare qui gouverne aujourd'huy
ce grand Empi
re . Sa Majefté , outre leur
Paffage , & les Inftrumens
dont Elle les a fait fournir
abondamment , leur donne
des Penfions annuelles , afin
rien ne leur manque, &
que
qu'ils ne foient à charge à
perfonne. Ils ont ordre auffi
d'entrer dans la connoiffance
des Arts , & de tout ce
qui peut contribuer à faire
fleurir icy ce qui eft encore
fufceptible de quelque per312
MERGURE
fection, de forte que ce pra
jet peut eltre mis au nom
bre d'une infinité
d'autres
qui s'executent
, & qui marquent
que le Roy n'épargne
ny foin ny dépenfe, pour les
bien de l'Eglife , & pour aug
menter la gloire de fon Re-
& la felicité de fes Peu
1
gne, &
ples.no
wh dae
,
it ,
Le
Roy
de
Siam
ayang
fceu
que
ces
fix
Jeſuites
eftoient
venus
avec
M
de
Chaumont
, les
voulut
en
tretenir
, & comme
il arriva
une
Eclipfe
en
ce
tempsla,
ces
Peres
firent
voir
à
GALANT 313.
ce Monarque, par le moyen
de leurs Lunettes , des chofes
qui le furprirent extrémement
, de maniere qu'il offrit
de leur faire bâtir une
Eglife , & une Maiſon , &
de les entretenir , s'ils vouloient
demeurer à Siam
mais comme ils ne pouvoient
accepter des offres fi
avantageufes , eftant deſtinez
pour la Chine , il fut refolu
que l'un d'eux reviendroit
en France , & qu'il en
ameneroit fix autres Peres
quand les Ambaffadeurs s'en
retourneront. Ce choix eft
Fuin 1686.
Dd
734 MERCURE
器
3
tombe fur le Pere Tachard,
qui apporte au Pere de la
Chaife , de la part de ca
Prince , un Crucifix dont le
Chrift eft d'or , & la Crois
d'un bois que les Siamois
eftiment plus que l'or mefme
, à caufe des grandes veri
tus qu'on luy attribuë. diff
Le Roy de Siam nourrit
dix mille Elephans , ce qui
luy doit revenir à des for
mes immenſes, puis que l'entretien
d'un Elephant re
vient icy à deux mille écuss
Mais quand on les nourriroit
à meilleur compte en ce
60000000 Millionsthe
.COM MI
F
GALANT.N
3
Païs-là leur nourriture: ne
doit pas laiffer que de coû
ter beaucoup . Co Monarque
seft veuf, & n'a qu'une Fille,
qu'on appelle la Princeffe
Reyne. Elle a trois grandes
Provinces far lefquelles elle
regne fouverainement,auffr
bien que fur toute faMaiſonl
Une des Filles qui la fervent
ayant dit des chofes dont
elle nendevoir pas parler ,
cette Princeffe la jugen elle
mefme , & ordonna qu'elle
auroit la bouche coufue. Les
ftime que le Roy fon pere at
pour le Roy , luy en ayant
Dd ij
36 MERCURE
fait prendre beaucoup pour
tous les François , comme je
vous lay marqué plufieurs
fois , il en demanda dix ou
douze à M' le Chevalier de
Chaumont quelque temps
avant que cet Ambaffadeur
partift de Siam. M' Fourbin
Lieutenant de Vaiffeau eft
dece nombre, avec un Ingenieur,
un Trompette , & plufeurs
autres,qui connoiffant
l'inclination que ce Roy a
pour la France , & fur tout
pour Sa Majefté, n'ont point,
fait de difficulté de le fatisfaire,
en demeurant à Siam. Il
S
GALANT 37
a honoré Mile Chevalier del
Chaumont de la premiere
Dignité de fon Royaume, &
la fait Oya. Je ne fuis pas en
core affez inftruit de ce que
c'eft que cette Dignité, pour
vous en dire davantage,mais
j'efpere vous en éclaircir lei
mois prochain . Comme il fa
loit pour eftrereceu , faire de
vant le Roy beaucoup de fi
gures qui approchoient de la
genuflexion , & ſe profterner
plufieurs fois , ce Prince en
difpenfa Mª de Chaumont ,{
& luy envoya les marques
de cette Dignité . Outre tous
Id 1 d in
6
18 MERCURE
les Preſens qu'il luy a faits,
il luy a donnés quand il eft
party , tous les meubles du
Palais qu'il eftoit logé , mais
Mide Chaumont n'en a pris
qu'une partie , & la donnél
coux qu'il avoit apportezide
France, pourife meubler une
chainbre , avec une Chaifea
Porcours fort magnifique,au
Favory du Roy de Siam , qui
elt né Grec , & qui fait profeffon
de la Religion Ca
tholique. Ce Favory eft élevé
à une Dignité qui eft audeffus
du premier Miniſtre
appellé le Barcalon . M teChe
GALANTM319:
valier de Chaumont a fait de l
grandes liberalitez à ceux
qui lay ont apportédes Preg
fens de ce Monarque , & a
donné un tres- beau Miroir à
la Princeffe Reyne. Jamais
on n'a vû un fi bon ordre que
celuy qu'il avoit mis dans fa
Mailon. Ses Domestiques
n'ont fait aucun defordre, &
il avoit impoſé des peines
pour châtier fur l'heure ceux
qui contreviendroient à fes
Reglemens, de forte qu'il eft
party deceRoyaume là avec
l'admiration de la Cour &
des Peuples. Le Favory du
Dd iiij
220 MERCURE
Royle vint conduiré juſques :
au lieu où ils eft rembarqué,
qui eft à plus de 40 lieues
de Siam, & le regala magnifiquement.
Après quoy M²:
deChaumont's embarqua a
vec les ttrrooiiss Ambaffadeurs
if viennent vend Siamois ent
qui
France , & qui ont cinquan
të perſonnes à leur ſuite . Si
toft qu'il fut embarqué,il fa
lãa de cinquante volées de
Canon ceux qui l'avoient ac
compagne jufqu'à fon embarquement.
Ces Ambaffa
deurs apportent beaucoup
de Prefens pour le Roy,pour
GALANT 32k
?
toute la Maifon Royale , &
pour les Miniftres. Je ne
vous en feray point aujour
d'huy de dénombrement
mais je ne fçaurois m'empê
cher de vous dire que parmy
ces Prefens, il y a de tres
beauxCanons fondus à Siam,
dont toute la garniture eft
d'argent. Il y auffi de riches
érofes , une infinité de Por
celaines fingulieres , des Cabinets
de la Chine , & quantité
d'Ouvrages des plus curieux
des Indes, & du Japon.
M'de Chaumont arriva le 19.
de ce mois dans le Port de
1-
322 MERCURE
Breft , & depois que Valco
de Gama a doublé le Cap des
Bonne Efperance , & que
Chriftophe Colomb a dési
couvert l'Amerique , il n'y al
aucun exemple d'une plus
grande diligence navale en
fair de Navigation de long
cours. Mais l'Etoile du Roy
guidoit cet Ambaffadeur , &
e'eftoit affez , puis qu'elle reghe
fur les Mers comme fur
la Terre. Si cette Relation
n'eft pas tout- à - fait exacte ,
vous n'en devez pas eftre
furpriſe. A peine ay je pu
avoir deux jours pour ramal
GALANT. 323
fer ce que je vous mande , &
apparemment vous n'atten
diez pas de moy ce mois- cy
tant de recherches curieus
fes fur cette matiere. Je con
tinueray le mois prochain, &
fije me fuis abufé en quel
que chofe , je vous le feray
fçavoir.
fermant ma Lettre , je vous
300 MERCURE
apprendrois des nouvelles de
M le Chevalier de Chau
mont Ambaffadeur de France
auprés du Roy de Siam.
On le croyoit encore à fix
mille liques d'icy lors qu'il
arriva a Verſailles le 24.de ce
mois. Il en a fait douze mille
en moins d'un an , & n'a employé
que 15. mois & demy
en tout fon Voyage. Il partit
de Breft le 3. Mars de
l'année derniere
, avec un
Vaiffeau du Roy nommé
Loyfeau , inonté de 36. pieces
de Canon, & la Fregate nom
mée la Maligne , montée de
GALANT. 3or
301
3
24. Il arriva en dix jours au
Tropique du Cancer du mef
me vent , dont il avoit ap
pareillé au fortir du Porr , aprés
quoy il doubla le Cap
de bonne Efperance fans le
reconnoiftre
. Il arriva à Batavia
le 1. Aouft , & à l'entrée
du Royaume
de Siam au
commencement de Septembre.
Comme il y a peu d'ha
bitations fur cette route , &
que l'on va par eau jufques
à Siam , le Roy avoit fait bâtir
, & meubler des Maifons
de cinq lieuës en cinq lieuës
pour le recevoir , & avoit en302
MERCURE
"
voyé des Officiers pour le
traiter. Il partoit tous les
jours deux nouveaux Mandarins
de Siam qui venoient
luy faire compliment de la
part du Roy,& plus il appro
choit de cette Capitale , plus
les Mandarins qu'on envoyoit
au devant de luy , éroient
élevez en dignité ,
& un des deux derniers qui
vint le complimenter, eft l'un
des trois Ambaffadeurs que
ce Monarque a nommez
pour venir en France , & que
Sa Majefté a envoyé querir
à Breft. Mr Le Chevalier de
GALANT. 203
#
Chaumont trouva un Palais
à Siam qui avoit efté baſty
exprés & meublé pour luy
Sa Table y a toûjours efté
fervie en vaiffelle d'or , & les
Tables de ceux de fa fuite en
vaiflelle d'argent. Comme
les environs de Siam font
inondez fix mois de l'année,
& que l'on eftoit au temps de
cette inondation , il y avoir
fur la Riviere un nombre
infiny de petits Bateaux dorez
que les Siamois appellent
Balons. On y voit une efpece
de Trône dans le milieu ,
où les plus confiderables ont
7
304 MERCURE
accoûtumé de fe placer. Ces
Bâtimens tiennent environ
dix ou douze perſonnes . Le
jour que M le Chevalier de
Chaumonteut Audience , le
Roy deSiam en envoya vingt
des fiens qui eftoient d'une
tres - grande magnificence ,
pour luy & fa fuite. Il y eut ce
jour la cent mille hommes de
Milices commandez pour
luy faire plus d'honneur .
Cette Audience fut remar¹
quable par trois circonftane
ces qui furent d'un grand é
clat pour la gloire de la France,
& particulierement pour
GALANT. 305
FaPerfonne duRoy , en faveur
de qui le Roy de Siam fe dépoüilla
de tout ce qui fait
foiftrefa grandeur en de pa
Pa
reilles occafions . Les Am
baffadeurs ont de coûtume
d'entrer feuls à fon Audience,
& douze Gentilshommes
que M le Chevalier de
Chaumont avoit menez a
vec luy ,
l'accompagnerent
,.
& furentaffis fur des Tabou
rets durant l'Audience , peng
dant que toute la Cour étoip
couchée le ventre , & la face
contre terre . Les Ambaffi
deurs ont auffi coûtune: de:
Juin 1686 .
306 MERCURE
a
fe profterner ainfi , & M' le
Chevalier de Chaumont en
fut difpenfé, quoy que le Favory
& le premier Miniftre
du Roy fuffent profternez.
Les Roys de Siam ne prennent
jamais de Lettres de la
main d'aucun Ambaffadeur ,
& ceMonarque prit la Lettre
de Sa Majefté de la propre
main de Mle Chevalier de
Chaumont. Il demanda des
nouvelles de la Santé duRoy,
de celle de Monfeigneur le
Dauphin , de Madame la
Dauphine , de Monſeigneur
le Duc de Bourgogne , de
GALANT. 307
8
Monfeigneur le Duc d'An
jou , & de Monfieur. L'Au
dience finie , M' l'Ambafladeur
, & toute fa fuite furent
traitez dans le Palais avec
toute la magnificence ima
ginable,fuivant les manieres
du Païs , & le Roy pour luy
marquer une plus grande
diſtinction , luy envoya trois
plats des Mers les plus exquis
de fa Table. Aprés cette Au
dience folemnelle , M de
Chaumont en eut plufieurs
r
particulieres de ce Roy , dans
lefquelles il caufa familiere
ment avec luy. Ce Prince fit
Cij
3c8 MERCURE
paroiftre beaucoup d'efprit ,
& de bon fens. I parla du
Roy avec admiration , &
fit voir que toutes les gran
des actions ne luy eftoient
pas inconnues , & je puis
vous dire fur cet Article
que j'appris dés le temps que
fes deux Envoyez eftoient
icy , que ce Monarque faifoit
traduire en Siamois tout:
ce qu'on imprime des meri
veilles de la Vie du Roy , &
que ce que je vous en ay fou - 1
vent mandé , & que vous me
permettez de rendre public,
aprés l'avoir envoyé,
ous
c
GALANT. 309
de
avoit efté aufli mis en cette
Langue. Le Roy de Siam
pria M le Chevalier de
Chaumont de vifiter quel
ques -unes de fes Places , &
permettre qu'un Ingenieur
qu'il avoit amené avec
luy , en allaſt voir quelques
autres pour remarquer le
defaut des Fortifications .
M ' le Chevalier de Chaumont
a mené avec luy juf
ques à Siam fix Jefuites des
plus habiles de leur Ordre
en toutes les parties de Ma
thematiques , fur tour en
Aftronomie , fi eftimée en
310 MERCURE
}
fa Chine , où ils font principalement
deftinez , & où ces
connoiffances peuvent eftre
d'une grande utilité pour a
chever d'y établir le Chri
ftianifme. Ils y vont pourveus
de Lunettes d'approche
& d'Inftrumen's de
Mathematique d'une nou
velle conftruction , pour faires
des Obfervations , qu'ils
ont ordre d'envoyersicy à
Academie des Sciences
par toutes les occafions qu'
ils en auront. Ils doivent
joindre à la Chine les Peres
de leur Ordre, à qui ces for
GALANT 31r
?
tes de Sciences ont acquis
les bonnes graces du Prince
Tartare qui gouverne aujourd'huy
ce grand Empi
re . Sa Majefté , outre leur
Paffage , & les Inftrumens
dont Elle les a fait fournir
abondamment , leur donne
des Penfions annuelles , afin
rien ne leur manque, &
que
qu'ils ne foient à charge à
perfonne. Ils ont ordre auffi
d'entrer dans la connoiffance
des Arts , & de tout ce
qui peut contribuer à faire
fleurir icy ce qui eft encore
fufceptible de quelque per312
MERGURE
fection, de forte que ce pra
jet peut eltre mis au nom
bre d'une infinité
d'autres
qui s'executent
, & qui marquent
que le Roy n'épargne
ny foin ny dépenfe, pour les
bien de l'Eglife , & pour aug
menter la gloire de fon Re-
& la felicité de fes Peu
1
gne, &
ples.no
wh dae
,
it ,
Le
Roy
de
Siam
ayang
fceu
que
ces
fix
Jeſuites
eftoient
venus
avec
M
de
Chaumont
, les
voulut
en
tretenir
, & comme
il arriva
une
Eclipfe
en
ce
tempsla,
ces
Peres
firent
voir
à
GALANT 313.
ce Monarque, par le moyen
de leurs Lunettes , des chofes
qui le furprirent extrémement
, de maniere qu'il offrit
de leur faire bâtir une
Eglife , & une Maiſon , &
de les entretenir , s'ils vouloient
demeurer à Siam
mais comme ils ne pouvoient
accepter des offres fi
avantageufes , eftant deſtinez
pour la Chine , il fut refolu
que l'un d'eux reviendroit
en France , & qu'il en
ameneroit fix autres Peres
quand les Ambaffadeurs s'en
retourneront. Ce choix eft
Fuin 1686.
Dd
734 MERCURE
器
3
tombe fur le Pere Tachard,
qui apporte au Pere de la
Chaife , de la part de ca
Prince , un Crucifix dont le
Chrift eft d'or , & la Crois
d'un bois que les Siamois
eftiment plus que l'or mefme
, à caufe des grandes veri
tus qu'on luy attribuë. diff
Le Roy de Siam nourrit
dix mille Elephans , ce qui
luy doit revenir à des for
mes immenſes, puis que l'entretien
d'un Elephant re
vient icy à deux mille écuss
Mais quand on les nourriroit
à meilleur compte en ce
60000000 Millionsthe
.COM MI
F
GALANT.N
3
Païs-là leur nourriture: ne
doit pas laiffer que de coû
ter beaucoup . Co Monarque
seft veuf, & n'a qu'une Fille,
qu'on appelle la Princeffe
Reyne. Elle a trois grandes
Provinces far lefquelles elle
regne fouverainement,auffr
bien que fur toute faMaiſonl
Une des Filles qui la fervent
ayant dit des chofes dont
elle nendevoir pas parler ,
cette Princeffe la jugen elle
mefme , & ordonna qu'elle
auroit la bouche coufue. Les
ftime que le Roy fon pere at
pour le Roy , luy en ayant
Dd ij
36 MERCURE
fait prendre beaucoup pour
tous les François , comme je
vous lay marqué plufieurs
fois , il en demanda dix ou
douze à M' le Chevalier de
Chaumont quelque temps
avant que cet Ambaffadeur
partift de Siam. M' Fourbin
Lieutenant de Vaiffeau eft
dece nombre, avec un Ingenieur,
un Trompette , & plufeurs
autres,qui connoiffant
l'inclination que ce Roy a
pour la France , & fur tout
pour Sa Majefté, n'ont point,
fait de difficulté de le fatisfaire,
en demeurant à Siam. Il
S
GALANT 37
a honoré Mile Chevalier del
Chaumont de la premiere
Dignité de fon Royaume, &
la fait Oya. Je ne fuis pas en
core affez inftruit de ce que
c'eft que cette Dignité, pour
vous en dire davantage,mais
j'efpere vous en éclaircir lei
mois prochain . Comme il fa
loit pour eftrereceu , faire de
vant le Roy beaucoup de fi
gures qui approchoient de la
genuflexion , & ſe profterner
plufieurs fois , ce Prince en
difpenfa Mª de Chaumont ,{
& luy envoya les marques
de cette Dignité . Outre tous
Id 1 d in
6
18 MERCURE
les Preſens qu'il luy a faits,
il luy a donnés quand il eft
party , tous les meubles du
Palais qu'il eftoit logé , mais
Mide Chaumont n'en a pris
qu'une partie , & la donnél
coux qu'il avoit apportezide
France, pourife meubler une
chainbre , avec une Chaifea
Porcours fort magnifique,au
Favory du Roy de Siam , qui
elt né Grec , & qui fait profeffon
de la Religion Ca
tholique. Ce Favory eft élevé
à une Dignité qui eft audeffus
du premier Miniſtre
appellé le Barcalon . M teChe
GALANTM319:
valier de Chaumont a fait de l
grandes liberalitez à ceux
qui lay ont apportédes Preg
fens de ce Monarque , & a
donné un tres- beau Miroir à
la Princeffe Reyne. Jamais
on n'a vû un fi bon ordre que
celuy qu'il avoit mis dans fa
Mailon. Ses Domestiques
n'ont fait aucun defordre, &
il avoit impoſé des peines
pour châtier fur l'heure ceux
qui contreviendroient à fes
Reglemens, de forte qu'il eft
party deceRoyaume là avec
l'admiration de la Cour &
des Peuples. Le Favory du
Dd iiij
220 MERCURE
Royle vint conduiré juſques :
au lieu où ils eft rembarqué,
qui eft à plus de 40 lieues
de Siam, & le regala magnifiquement.
Après quoy M²:
deChaumont's embarqua a
vec les ttrrooiiss Ambaffadeurs
if viennent vend Siamois ent
qui
France , & qui ont cinquan
të perſonnes à leur ſuite . Si
toft qu'il fut embarqué,il fa
lãa de cinquante volées de
Canon ceux qui l'avoient ac
compagne jufqu'à fon embarquement.
Ces Ambaffa
deurs apportent beaucoup
de Prefens pour le Roy,pour
GALANT 32k
?
toute la Maifon Royale , &
pour les Miniftres. Je ne
vous en feray point aujour
d'huy de dénombrement
mais je ne fçaurois m'empê
cher de vous dire que parmy
ces Prefens, il y a de tres
beauxCanons fondus à Siam,
dont toute la garniture eft
d'argent. Il y auffi de riches
érofes , une infinité de Por
celaines fingulieres , des Cabinets
de la Chine , & quantité
d'Ouvrages des plus curieux
des Indes, & du Japon.
M'de Chaumont arriva le 19.
de ce mois dans le Port de
1-
322 MERCURE
Breft , & depois que Valco
de Gama a doublé le Cap des
Bonne Efperance , & que
Chriftophe Colomb a dési
couvert l'Amerique , il n'y al
aucun exemple d'une plus
grande diligence navale en
fair de Navigation de long
cours. Mais l'Etoile du Roy
guidoit cet Ambaffadeur , &
e'eftoit affez , puis qu'elle reghe
fur les Mers comme fur
la Terre. Si cette Relation
n'eft pas tout- à - fait exacte ,
vous n'en devez pas eftre
furpriſe. A peine ay je pu
avoir deux jours pour ramal
GALANT. 323
fer ce que je vous mande , &
apparemment vous n'atten
diez pas de moy ce mois- cy
tant de recherches curieus
fes fur cette matiere. Je con
tinueray le mois prochain, &
fije me fuis abufé en quel
que chofe , je vous le feray
fçavoir.
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Résumé : Particularitez touchant le Voyage de M. le Chevalier de Chaumont à Siam. [titre d'après la table]
Le texte décrit le voyage et la mission diplomatique du Chevalier de Chaumont, ambassadeur de France au Siam. Parti de Brest le 3 mars de l'année précédente avec deux navires, il arriva à Versailles le 24 juin, après avoir parcouru 12 000 lieues en moins de 15 mois et demi. Son itinéraire inclut le passage du Tropique du Cancer, du Cap de Bonne Espérance, ainsi que des escales à Batavia et au Siam. À son arrivée, le roi de Siam avait préparé des maisons et des mandarins pour l'accueillir et lui offrit une audience solennelle avec des honneurs exceptionnels, permettant à Chaumont et à ses gentilshommes de rester assis tandis que la cour était prosternée. Le roi de Siam manifesta une grande admiration pour le roi de France et ses actions, demandant des nouvelles de la famille royale française et offrant des présents somptueux. Chaumont visita également des places fortes et permit à un ingénieur de vérifier les fortifications. Il était accompagné de six jésuites, experts en mathématiques et astronomie, destinés à la Chine pour y établir le christianisme. Impressionné par leurs connaissances, le roi de Siam offrit de leur construire une église et une maison. Le roi de Siam, veuf, a une fille, la princesse Reine, qui règne souverainement sur trois grandes provinces. Chaumont reçut la première dignité du royaume, devenant Oya, et fut dispensé de certaines prosternations. Il refusa une partie des meubles du palais mais offrit des présents, dont un miroir à la princesse Reine. Il quitta le Siam avec l'admiration de la cour et du peuple, accompagné par le favori du roi jusqu'à son embarquement. Les ambassadeurs siamois, au nombre de trois, l'accompagnèrent en France avec une suite de cinquante personnes, apportant des présents pour le roi de France et la maison royale. Chaumont arriva à Brest le 19 juin, marquant une grande diligence navale.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 114-117
Depart du Cap de Bonne-Esperance pour Brest, du 26. Mars 1686.
Début :
Mars. Fait au nort ouest 30. lieuës. de mesme 14 [...]
Mots clefs :
Cap de Bonne-Espérance, Brest, Nord, Ouest, Alexandre de Chaumont
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Depart du Cap de Bonne-Esperance pour Brest, du 26. Mars 1686.
Departdu Cap de Bonne-
Esperance pour Brest ,
du 26. Mars 1686.
Mars.
Ait au nort oueſt 30. lieuës.
demeſme
f
14
de meſme 19
Au oueſt nort oueſt 12
Au nort nort oueſt I
Au nortt oueſt 26
demeſme 20
Au nort nort oueſt 29
Au nort oueft 20.
demeſme
31
de meſme
38
I
Nortoueſt quart d'oueſt
2
38
Au nortqueſt 38
DU VOYAGE DE SIAM . ITS
de meſme
Aunort oueſt d'oueſt
40
35
Au nort oueſt
2
36
de meſine 46
de mefme
40
de meſme
Σ
34
de meſme
39
de mefme
42
de meſime
32
de meſme 31
de meſme 37
demeſme 36
An nort oueſt quart d'oueft 34
Au nort oueſt
33
Au nort oueſt
27
de meſme 28
Au nort oueſt 24
de meſme 24
demeſme 21
de meſme 29
Au nort nort 27
demeſme 19
Au nort oueſt 17
de meſme 29
८
Kiij
116 RELATION
demeſme 24
demeſme 18
de meſme 30
Aunort oueſt quart d'ouest 27
nimalmalmalm
Entre le nort oueſt & le nort
oueſt nort
Au nort oueſt quart nort
Au nort nort oueſt
37 3
29
3
37
demeſme
33.
Au nort nort oueſt eſt le nort
I
4
nort 40
Au nort nort oueſt :
35
Au nort quart nort oueſt 35
113
Au nort 363
Au nort quart nortoueſt 32
Au nort
311
Au nort eft 22
Au nort eſt quart nort 29
Au nort eft 26
Aunort
de meſme
de meſme
de meſme
299
Aunort oueſt nort 12
4
14
27
DU VOYAGE DE SIAM. 117
Aunort eft quart nort 22
demeſme
40
Au nort eft
38
de meſme
1142
31
demefme
39
de meſme
24-
A eſt quart nort eſt
I
22
veu Corue & Flores au norr 18
de meſme
30
Au nort eſt quart nort 26
Au nort nort eft
25
Au nort eſt quart eſt
2
26
3
demeſme
30
Au nort eft quart de nort 53
de meſme 22층
3
Au Sud eſteſt 1
173
Aeſt
34-
Aeft
SI
demefme
50
demeſme
27
demeſme
35
demeſme
35
demeſme
20
Total 4209. lieuës
Esperance pour Brest ,
du 26. Mars 1686.
Mars.
Ait au nort oueſt 30. lieuës.
demeſme
f
14
de meſme 19
Au oueſt nort oueſt 12
Au nort nort oueſt I
Au nortt oueſt 26
demeſme 20
Au nort nort oueſt 29
Au nort oueft 20.
demeſme
31
de meſme
38
I
Nortoueſt quart d'oueſt
2
38
Au nortqueſt 38
DU VOYAGE DE SIAM . ITS
de meſme
Aunort oueſt d'oueſt
40
35
Au nort oueſt
2
36
de meſine 46
de mefme
40
de meſme
Σ
34
de meſme
39
de mefme
42
de meſime
32
de meſme 31
de meſme 37
demeſme 36
An nort oueſt quart d'oueft 34
Au nort oueſt
33
Au nort oueſt
27
de meſme 28
Au nort oueſt 24
de meſme 24
demeſme 21
de meſme 29
Au nort nort 27
demeſme 19
Au nort oueſt 17
de meſme 29
८
Kiij
116 RELATION
demeſme 24
demeſme 18
de meſme 30
Aunort oueſt quart d'ouest 27
nimalmalmalm
Entre le nort oueſt & le nort
oueſt nort
Au nort oueſt quart nort
Au nort nort oueſt
37 3
29
3
37
demeſme
33.
Au nort nort oueſt eſt le nort
I
4
nort 40
Au nort nort oueſt :
35
Au nort quart nort oueſt 35
113
Au nort 363
Au nort quart nortoueſt 32
Au nort
311
Au nort eft 22
Au nort eſt quart nort 29
Au nort eft 26
Aunort
de meſme
de meſme
de meſme
299
Aunort oueſt nort 12
4
14
27
DU VOYAGE DE SIAM. 117
Aunort eft quart nort 22
demeſme
40
Au nort eft
38
de meſme
1142
31
demefme
39
de meſme
24-
A eſt quart nort eſt
I
22
veu Corue & Flores au norr 18
de meſme
30
Au nort eſt quart nort 26
Au nort nort eft
25
Au nort eſt quart eſt
2
26
3
demeſme
30
Au nort eft quart de nort 53
de meſme 22층
3
Au Sud eſteſt 1
173
Aeſt
34-
Aeft
SI
demefme
50
demeſme
27
demeſme
35
demeſme
35
demeſme
20
Total 4209. lieuës
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Résumé : Depart du Cap de Bonne-Esperance pour Brest, du 26. Mars 1686.
Le document relate un voyage maritime initié au Cap de Bonne-Espérance le 26 mars 1686, avec Brest comme destination finale. Le texte précise les directions et les distances parcourues quotidiennement. Les directions principales sont le nord-ouest, le nord et l'ouest, avec des distances variant de 1 à 53 lieues. Parmi les repères notables observés, les îles Corvo et Flores sont aperçues au nord. Le périple s'achève après avoir couvert une distance totale de 4209 lieues.
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3
p. 17-20
Description de la Ville. [titre d'après la table]
Début :
Brest est une Ville située sur le panchant d'une [...]
Mots clefs :
Brest, Description
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Description de la Ville. [titre d'après la table]
Breft est un Ville firuées
B
18 Voyage des Amb.
د
fur le panchant d'une
Colline du coſté du Port .
Un fort bon Chasteau élevé
fur un roc défend
l'entrée de ce Port , qui
eft dans un Golfe où la
Mer entre par quatre endroits
differens . On l'eftime
le meilleur de tousles
Ports de l'Europe. Les
Navires y font toujours à
flot , & c'eſt le Magazin
de l'Amirauté de France
pour tous ceux qui vont
fur l'Ocean . On ne doit
de Siam.
pas s'étonner aprés cela
fi je dis que les Ambaſſadeurs
furent ſalüez à Breft
de fix cens coups de Canons
. On ne peut rien ajoûter
à la galanteric & à
la magnificence que M
Decluſeaux, Intendant de
la Marine , fit paroiſtre
en cette occafion , pour
répondre aux intentionss
du Roy ; je croy pouvoir
dire, aux intentions de Sa
Majesté , puiſque l'appro..
bation qu'Elle a donnéeà
Bij
20 Voyage des Amb.
cette Reception د
a fait
connoiſtre qu'Elle en auroit
envoyé les ordres ,
s'il y euſt eu lieu de croire
qu'ils fuffent venus en fi
peu de temps.
B
18 Voyage des Amb.
د
fur le panchant d'une
Colline du coſté du Port .
Un fort bon Chasteau élevé
fur un roc défend
l'entrée de ce Port , qui
eft dans un Golfe où la
Mer entre par quatre endroits
differens . On l'eftime
le meilleur de tousles
Ports de l'Europe. Les
Navires y font toujours à
flot , & c'eſt le Magazin
de l'Amirauté de France
pour tous ceux qui vont
fur l'Ocean . On ne doit
de Siam.
pas s'étonner aprés cela
fi je dis que les Ambaſſadeurs
furent ſalüez à Breft
de fix cens coups de Canons
. On ne peut rien ajoûter
à la galanteric & à
la magnificence que M
Decluſeaux, Intendant de
la Marine , fit paroiſtre
en cette occafion , pour
répondre aux intentionss
du Roy ; je croy pouvoir
dire, aux intentions de Sa
Majesté , puiſque l'appro..
bation qu'Elle a donnéeà
Bij
20 Voyage des Amb.
cette Reception د
a fait
connoiſtre qu'Elle en auroit
envoyé les ordres ,
s'il y euſt eu lieu de croire
qu'ils fuffent venus en fi
peu de temps.
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Résumé : Description de la Ville. [titre d'après la table]
Le texte présente la ville de Brest, située sur le flanc d'une colline près d'un port protégé par un château fortifié sur un rocher. Ce port, situé dans un golfe où la mer pénètre par quatre points, est considéré comme le meilleur d'Europe, permettant aux navires de rester à flot en permanence. Il sert de magasin pour l'Amirauté de France pour les expéditions océaniques. Lors de la réception des ambassadeurs, soixante coups de canon ont été tirés. M. Decluseaux, Intendant de la Marine, a montré une grande galanterie et magnificence, conformément aux intentions du roi. La réception a reçu l'approbation royale, indiquant que des ordres similaires auraient été envoyés si les ambassadeurs étaient arrivés plus tôt.
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4
p. 20-29
Reception faite à Brest aux Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Début :
Cependant Mr Decluseaux manquoit non seulement d'ordres, mais il [...]
Mots clefs :
Roi, Vaisseaux, Grandeur, Desclouzeaux, Réception, Brest, Ambassadeurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Reception faite à Brest aux Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Cependant
M'Decluſeaux manquoit
non feulement d'ordres ,
mais il n'avoit meſme l'exemple
d'aucune Ville
qui euſt reçu avant luy
ces Ambaſfadeurs , puis
qu'ils avoient abordé à
Breft , & qu'ils eftoient
encore dans les Vaiffeaux
de Siam. 21
où ils s'eftoient embarquez
pour venir en France
; mais il fe fonda fur
la grandeur d'ame du
Roy , qui ne furpaffe pas
moins en honnefteté& en
reconnoiffance tout ce
qu'il y a jamais eu de Souverains
, qu'il les furpaffe
en prudence & en valeur.
Ainfi il crut avec beaucoup
de raiſon , que c'eſtoit
répondre aux intentions
de ce grand Monarque,
que de faire rendre de
22 Voyage des Amb.
fort grands honneurs aux
Ambaſſadeurs d'un puiffant
Roy , qui avoit receu
ceux de Sa Majefté
d'une maniere toute extraordinaire
, & les avoit
diftinguez de tous les Ambaffadeurs
d'Europe &
d'Afie Cet Intendantauffi
galant que magnifique ,
impatient de faire éclater
fon zele en s'acquittant
de toutes les choses qu'il
croyoit devoir eftre agréables
à Sa Majesté ,
de Siam. 23
convia les Ambaſſadeurs
de venir incognito fouper
- dans la Ville ,& les traita
avec quantité de Perſonnes
confiderables de l'un
& de l'autre fexe. Toute
-l'Aſſemblée fut ſurpriſe
de leur trouver des ma-
¡nieres fiaiſées ; leur efprit
parut dans tout ce qu'ils
dirent , & ils firent voir
beaucoup d'honneſteré ,
fans defcendre de la grandeur
que leur caractere
demandoit. Ils retourne
24 Voyage des Amb.
rent coucher dans leurs
Vaiffeaux , & firent leur
Entrée le lendemain , accompagnez
de foixante
ou quatre- vingt Chaloupes
,& au bruit d'un nombre
infimy de coups de Canon.
Enfin on leur fit tous
les honneurs qu'ils pouvoient
attendre . M de
Cintré , Lieutenant de
Roy , fit ceux de la Citadelle,
lors qu'ilsy allerent,
&on tira le Canon. M.
Decluſeaux les traitajul
qu'à
de Siam. 25
qu'à ce que l'on fuft venu
les recevoir de la part du
- Roy. Pendant ce temps-
: la ils fatisfirent leur curio-
- ſite ſur tout ce qui meri-
- toit d'eſtre vû dedans &
dehorslaVille. On los mena
dans les Magaſins ,
• dont ils furent extremement
furpris , & encore
plus de voir que bien qu'il
y euſt quarante gros Vaifſeaux
en Mer , fans ceux
1 qui estoient dans le Porr ,
ces Magaſins pouvoient
S
11
1 C
26 Voyage des Amb.
fournir dequoy en équiper
encore un plus grand
nombre. Ils vifiterent le
Port , & entrerent dans
trois Vaiſſeaux , qui pour
la grandeur , la ſculpture,
& la dorure , furpaſſent
tous ceux dont onajamais
entendu parler. Ces Vaifſeaux
font , le Soleil Royal,
la Couronne , & la Reyne.
Ils les vifiterent avec une
exactitude qu'on ne sçauroit
exprimer , ils en prirent
meſme les meſures ,
de Siam. 27
&écrivirent tout ce qui
regarde ces trois Vaiffeaux
. Ils en font de mefme
de tout ce qu'ils
voyent , & s'enferment
tous les foirs aprés le Sou
pé avec pluſieurs Secretaires.
Ils te relifent les
- uns aux autres tout ce
qu'ils ont remarqué , &
les uns pouvant fe fouvenir
d'une choſe que les
- autres peuvent avoir ou-
- bliée , ils font ainſi jour
pour jour , un Journal
Cij
28 Voyage des Amb.
exact de ce qu'ils ont vu.
Il fut mefme reſolu entre
eux avant leur départ de
Breft , qu'ils envoyeroient
à droit & à gauche fur le
chemin quelques Mandarins
, & un Interprete ,
pour examiner ce qui leur
paroiſtroit de plus curieux
,& pour demander
lors qu'ils verroient des
Chaſteaux , quels en étoient
les Seigneurs , &
tout ce qu'il y auroit à
fçavoir fur leur qualité &
de Siam. 29
leurs fervices On dit qu'ils
fe fontacquitez fi exactement
de cette commif
fion , que non ſeulement
ils ont fait une eſpece
d'Inventaire de tout ce
qu'ils ont vù , mais qu'ils
ont mefme compré jufques
aux Arbres des lieux
qu'ils ont viſitez .
M'Decluſeaux manquoit
non feulement d'ordres ,
mais il n'avoit meſme l'exemple
d'aucune Ville
qui euſt reçu avant luy
ces Ambaſfadeurs , puis
qu'ils avoient abordé à
Breft , & qu'ils eftoient
encore dans les Vaiffeaux
de Siam. 21
où ils s'eftoient embarquez
pour venir en France
; mais il fe fonda fur
la grandeur d'ame du
Roy , qui ne furpaffe pas
moins en honnefteté& en
reconnoiffance tout ce
qu'il y a jamais eu de Souverains
, qu'il les furpaffe
en prudence & en valeur.
Ainfi il crut avec beaucoup
de raiſon , que c'eſtoit
répondre aux intentions
de ce grand Monarque,
que de faire rendre de
22 Voyage des Amb.
fort grands honneurs aux
Ambaſſadeurs d'un puiffant
Roy , qui avoit receu
ceux de Sa Majefté
d'une maniere toute extraordinaire
, & les avoit
diftinguez de tous les Ambaffadeurs
d'Europe &
d'Afie Cet Intendantauffi
galant que magnifique ,
impatient de faire éclater
fon zele en s'acquittant
de toutes les choses qu'il
croyoit devoir eftre agréables
à Sa Majesté ,
de Siam. 23
convia les Ambaſſadeurs
de venir incognito fouper
- dans la Ville ,& les traita
avec quantité de Perſonnes
confiderables de l'un
& de l'autre fexe. Toute
-l'Aſſemblée fut ſurpriſe
de leur trouver des ma-
¡nieres fiaiſées ; leur efprit
parut dans tout ce qu'ils
dirent , & ils firent voir
beaucoup d'honneſteré ,
fans defcendre de la grandeur
que leur caractere
demandoit. Ils retourne
24 Voyage des Amb.
rent coucher dans leurs
Vaiffeaux , & firent leur
Entrée le lendemain , accompagnez
de foixante
ou quatre- vingt Chaloupes
,& au bruit d'un nombre
infimy de coups de Canon.
Enfin on leur fit tous
les honneurs qu'ils pouvoient
attendre . M de
Cintré , Lieutenant de
Roy , fit ceux de la Citadelle,
lors qu'ilsy allerent,
&on tira le Canon. M.
Decluſeaux les traitajul
qu'à
de Siam. 25
qu'à ce que l'on fuft venu
les recevoir de la part du
- Roy. Pendant ce temps-
: la ils fatisfirent leur curio-
- ſite ſur tout ce qui meri-
- toit d'eſtre vû dedans &
dehorslaVille. On los mena
dans les Magaſins ,
• dont ils furent extremement
furpris , & encore
plus de voir que bien qu'il
y euſt quarante gros Vaifſeaux
en Mer , fans ceux
1 qui estoient dans le Porr ,
ces Magaſins pouvoient
S
11
1 C
26 Voyage des Amb.
fournir dequoy en équiper
encore un plus grand
nombre. Ils vifiterent le
Port , & entrerent dans
trois Vaiſſeaux , qui pour
la grandeur , la ſculpture,
& la dorure , furpaſſent
tous ceux dont onajamais
entendu parler. Ces Vaifſeaux
font , le Soleil Royal,
la Couronne , & la Reyne.
Ils les vifiterent avec une
exactitude qu'on ne sçauroit
exprimer , ils en prirent
meſme les meſures ,
de Siam. 27
&écrivirent tout ce qui
regarde ces trois Vaiffeaux
. Ils en font de mefme
de tout ce qu'ils
voyent , & s'enferment
tous les foirs aprés le Sou
pé avec pluſieurs Secretaires.
Ils te relifent les
- uns aux autres tout ce
qu'ils ont remarqué , &
les uns pouvant fe fouvenir
d'une choſe que les
- autres peuvent avoir ou-
- bliée , ils font ainſi jour
pour jour , un Journal
Cij
28 Voyage des Amb.
exact de ce qu'ils ont vu.
Il fut mefme reſolu entre
eux avant leur départ de
Breft , qu'ils envoyeroient
à droit & à gauche fur le
chemin quelques Mandarins
, & un Interprete ,
pour examiner ce qui leur
paroiſtroit de plus curieux
,& pour demander
lors qu'ils verroient des
Chaſteaux , quels en étoient
les Seigneurs , &
tout ce qu'il y auroit à
fçavoir fur leur qualité &
de Siam. 29
leurs fervices On dit qu'ils
fe fontacquitez fi exactement
de cette commif
fion , que non ſeulement
ils ont fait une eſpece
d'Inventaire de tout ce
qu'ils ont vù , mais qu'ils
ont mefme compré jufques
aux Arbres des lieux
qu'ils ont viſitez .
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Résumé : Reception faite à Brest aux Ambassadeurs. [titre d'après la table]
Le texte décrit l'arrivée des ambassadeurs de Siam en France et les préparatifs de leur accueil. M. D'Cluseaux, en l'absence d'ordres et d'exemples précédents, s'appuie sur la grandeur d'âme du roi de France pour déterminer les honneurs à leur accorder. Il organise une réception incognito où les ambassadeurs sont traités avec respect et curiosité. Le lendemain, ils font une entrée officielle à Brest, accompagnés de chaloupes et de salves de canon. Ils visitent divers lieux, notamment des magasins et des vaisseaux, et sont impressionnés par les ressources et la grandeur des navires français. Les ambassadeurs prennent des notes détaillées et rédigent un journal de leurs observations. Avant leur départ de Brest, ils avaient prévu d'envoyer des mandarins et un interprète pour explorer et documenter des lieux et des châteaux, recueillant des informations sur leurs propriétaires et leurs services.
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5
p. 343-347
Suite du Journal de l'Ambassade de Siam en France. [titre d'après la table]
Début :
Aprés vous avoir envoyé en quatre Lettres differentes, un Journal [...]
Mots clefs :
Ambassade de Siam, France, Mots, Roi, Ville, Sa Majesté, Brest
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite du Journal de l'Ambassade de Siam en France. [titre d'après la table]
Aprésvous avoir envoyé en
quatre Lettres différentes
, lli1.,
Journal de l'Ambassade de Siam
en France, je croy devoirajouter
icy pour ne pas laisser cette Anv
ballade imparfaite, que les Ambassadeursontpassé
le Carnaval à
Brest en attendant que tout fust
press pour leur embarquement,
êç que leurs Balots fussentarrivez.
Ils y ont pris cous lesdivertissemens
de la Saison. Ils ont plusieursfoisesté
au Bal,& laTable
.quê leRoy leur entretenait estant
grande, nlag-nifique, & propre,
les perlonnesles plus qualifiées de
la Ville, sontsouvent venue;»manger
avec eux. Ils y on!d^iK*uré
24. jours, fie pendant cetemps
on a reccu l'ordre d'eux. Voicy
les mots qu'ils ont donnez.
Le Pcrt defvre.
Sa Vertufait n ftrfmcritç*
Sa grandeurfait nostre !èurft-r..
Se) Maximesseronsnos-Rqief.
.Jeferayvoirce/picfay vcn*.
-
.7 eseray vozr ce ecj ~zy veuLe
Vainqueur de la ViEfoire.
Sen Mifiotre fera nojtrc leïlitre.
A/onexemple nous vaincrons.
Son étoile nous guide.
Nos Voijins feront jaloux de nofire
gloire.
TJofte exemple leur rervira de Loy.
Se) profperite^feront nosfè.'icitez-
Retour triomphdnt.
11 rlie de sa fumierc.
Famille unie ,
Ministres éi-lairez,
Ses dons font precieux.
Sa memoire nomfera chere.
Regne glorieux.
La !"jlice gouverne Jonfoudre.
A (en mérité les vents obéiront.
La Renommée(idelle.
Le Méritéallie à la Vertu.
La bouche ne peut exprimer ce que
le coeur Cent.
Fartage entre la douleur & lajole,
- Vous voyez dans ces mots le
metme esprit qu'ils ont fait paroiftre
dans les quatre Relations
que je vous ay envoyées. Tout
ce qu'ils ont connu du Roy pendant
qu'ils ont demeuré en France
, tout ce qu'ils pensent de Sa
Majesté
,
& l'usàgequ'ils veulent
faire de ce qu'ils ont veu, est compris
dans ces24. mots donnez. Le
jour qu'ils partirent s'estant tournez
du costé du lieu oùon leur
dit que pouvoir estre le Roy, ils
joignirent les mains,les éleverent,
& firent cinq profondes inclinations
,comme pourremercier Sa
Majesté de tous les bons traitement
qu'ils avoient reçus. Ils forrirent
ensuite pour s'embarquer,
ce qu'ils firent au bruit de trois
décharges de toute l'Artillerie de
la Ville, &: de celle de tous les
Vaisseaux, dont le Port de Brest
estoit remply. Ainsi l'on peut dire
que tout leur a marqué la grandeurde
la France jusques au moment
qu'ils en ont quitté les Costes.
Ils sont partis les larmes aux
yeux ,
&. sur tout en embrassant
M'Torf, qui s'est si bien acquité
delaCommission que le Roy luy
avoit confiée.
quatre Lettres différentes
, lli1.,
Journal de l'Ambassade de Siam
en France, je croy devoirajouter
icy pour ne pas laisser cette Anv
ballade imparfaite, que les Ambassadeursontpassé
le Carnaval à
Brest en attendant que tout fust
press pour leur embarquement,
êç que leurs Balots fussentarrivez.
Ils y ont pris cous lesdivertissemens
de la Saison. Ils ont plusieursfoisesté
au Bal,& laTable
.quê leRoy leur entretenait estant
grande, nlag-nifique, & propre,
les perlonnesles plus qualifiées de
la Ville, sontsouvent venue;»manger
avec eux. Ils y on!d^iK*uré
24. jours, fie pendant cetemps
on a reccu l'ordre d'eux. Voicy
les mots qu'ils ont donnez.
Le Pcrt defvre.
Sa Vertufait n ftrfmcritç*
Sa grandeurfait nostre !èurft-r..
Se) Maximesseronsnos-Rqief.
.Jeferayvoirce/picfay vcn*.
-
.7 eseray vozr ce ecj ~zy veuLe
Vainqueur de la ViEfoire.
Sen Mifiotre fera nojtrc leïlitre.
A/onexemple nous vaincrons.
Son étoile nous guide.
Nos Voijins feront jaloux de nofire
gloire.
TJofte exemple leur rervira de Loy.
Se) profperite^feront nosfè.'icitez-
Retour triomphdnt.
11 rlie de sa fumierc.
Famille unie ,
Ministres éi-lairez,
Ses dons font precieux.
Sa memoire nomfera chere.
Regne glorieux.
La !"jlice gouverne Jonfoudre.
A (en mérité les vents obéiront.
La Renommée(idelle.
Le Méritéallie à la Vertu.
La bouche ne peut exprimer ce que
le coeur Cent.
Fartage entre la douleur & lajole,
- Vous voyez dans ces mots le
metme esprit qu'ils ont fait paroiftre
dans les quatre Relations
que je vous ay envoyées. Tout
ce qu'ils ont connu du Roy pendant
qu'ils ont demeuré en France
, tout ce qu'ils pensent de Sa
Majesté
,
& l'usàgequ'ils veulent
faire de ce qu'ils ont veu, est compris
dans ces24. mots donnez. Le
jour qu'ils partirent s'estant tournez
du costé du lieu oùon leur
dit que pouvoir estre le Roy, ils
joignirent les mains,les éleverent,
& firent cinq profondes inclinations
,comme pourremercier Sa
Majesté de tous les bons traitement
qu'ils avoient reçus. Ils forrirent
ensuite pour s'embarquer,
ce qu'ils firent au bruit de trois
décharges de toute l'Artillerie de
la Ville, &: de celle de tous les
Vaisseaux, dont le Port de Brest
estoit remply. Ainsi l'on peut dire
que tout leur a marqué la grandeurde
la France jusques au moment
qu'ils en ont quitté les Costes.
Ils sont partis les larmes aux
yeux ,
&. sur tout en embrassant
M'Torf, qui s'est si bien acquité
delaCommission que le Roy luy
avoit confiée.
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Résumé : Suite du Journal de l'Ambassade de Siam en France. [titre d'après la table]
Le texte décrit le séjour des ambassadeurs de Siam à Brest pendant le Carnaval, en attendant leur embarquement. Leur séjour a duré 24 jours, durant lesquels ils ont participé à divers divertissements, tels que des bals et des repas, en compagnie de personnalités locales. Ils ont reçu des ordres et formulé des vœux pour le roi de France, exprimant leur admiration et leur respect pour sa vertu, sa grandeur et son mérite. Les ambassadeurs ont également manifesté leur gratitude pour l'accueil et les bons traitements reçus en France. Lors de leur départ, ils ont salué le roi et embarqué sous les salves d'artillerie, symbolisant la grandeur de la France. Ils ont quitté les côtes françaises avec émotion, notamment en prenant congé de M. Torf, qui avait bien accompli sa mission.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 86-90
MARINE.
Début :
Du Havre le 8. Avril. Le Vaisseau du Roy le [...]
Mots clefs :
Le Havre, Dunkerque, La Rochelle, Morlaix, Brest, Cherbourg
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MARINE.
JQMrArR<INE. ^]>
? DuHavreleS. Avril.
-- tmw&
Le Vaisseau du Roy se
* Sephirea. prisun Vaisseau
Angiois chargé de Sucre
du Bresil, & decent cinquante
pieces de Vin de
MJderc. J&nïi &V
'"Mic~.
DeDunquerque le13.Avril
i^uon
La Renommée a pris
un Bastiment Hotiandors
chargé de Moruë
,
& la
Marie-Charlotte en a pris
unHambourgeoischargré
de Cuivre,d'Acier, d'Amidon
,& de plusieurs
autreseffets, letoutesti-
..me cent mille livres.
De la Rochelle le 16. Avril.
,t
-
La Corvette du Roy
laRenée tJ , commandée
parMr Foüilleuse,a pris à
l'abordage le Marlborough,
Corsaire de Grenezey
Le Capitaine & le
Lieutenant ont esté bieslez
à mort ,
& plusieurs
autresont eslé tuez, i&;
blessez.
DeMorlaix le 17. Avril.
MrChauvel de Jonval
a pris un Navire Anglois
de ii. canons,chargé de
plomb, d'Estain
,
de Harengs
,
de Sardines, &
d'autresMarchandises.
«
De Brestle 29. Avril.
Le Vaisseaula Couronne
de S. Malo, de huit canons,
a pris un Corsaire -de
de Grenefey
,
de dix canons,
& de 72. hommes
d'équipage.
De Cherbourg le 29.Avril.
Mr Fontaine a amene
unNavire chargé d'Orge,
qu'il a pris à la coste d'Angleterre
où l'équipage
s'est fauyé*•
De Brestle 30 -
Le Ltiz-,lnçay- a pris un
Vaisseau Anglois forti de
Cork,chargé de Froment
& d'Orge pour Lisbonne.
Mr du Tertre Daniel a
pris un Paquebot Anglois
allant à la Jamaïque.
MrChauvel de Dunval
a pris deux Bastiments
Hollandois chargez de
Pois; & un Armateur de
Dunquerque a amené un
NyavirieAnnglo
? DuHavreleS. Avril.
-- tmw&
Le Vaisseau du Roy se
* Sephirea. prisun Vaisseau
Angiois chargé de Sucre
du Bresil, & decent cinquante
pieces de Vin de
MJderc. J&nïi &V
'"Mic~.
DeDunquerque le13.Avril
i^uon
La Renommée a pris
un Bastiment Hotiandors
chargé de Moruë
,
& la
Marie-Charlotte en a pris
unHambourgeoischargré
de Cuivre,d'Acier, d'Amidon
,& de plusieurs
autreseffets, letoutesti-
..me cent mille livres.
De la Rochelle le 16. Avril.
,t
-
La Corvette du Roy
laRenée tJ , commandée
parMr Foüilleuse,a pris à
l'abordage le Marlborough,
Corsaire de Grenezey
Le Capitaine & le
Lieutenant ont esté bieslez
à mort ,
& plusieurs
autresont eslé tuez, i&;
blessez.
DeMorlaix le 17. Avril.
MrChauvel de Jonval
a pris un Navire Anglois
de ii. canons,chargé de
plomb, d'Estain
,
de Harengs
,
de Sardines, &
d'autresMarchandises.
«
De Brestle 29. Avril.
Le Vaisseaula Couronne
de S. Malo, de huit canons,
a pris un Corsaire -de
de Grenefey
,
de dix canons,
& de 72. hommes
d'équipage.
De Cherbourg le 29.Avril.
Mr Fontaine a amene
unNavire chargé d'Orge,
qu'il a pris à la coste d'Angleterre
où l'équipage
s'est fauyé*•
De Brestle 30 -
Le Ltiz-,lnçay- a pris un
Vaisseau Anglois forti de
Cork,chargé de Froment
& d'Orge pour Lisbonne.
Mr du Tertre Daniel a
pris un Paquebot Anglois
allant à la Jamaïque.
MrChauvel de Dunval
a pris deux Bastiments
Hollandois chargez de
Pois; & un Armateur de
Dunquerque a amené un
NyavirieAnnglo
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Résumé : MARINE.
En avril, plusieurs prises de navires ont été réalisées par des vaisseaux français. Le 13 avril, la Renommée a capturé un navire hollandais chargé de morue, et la Marie-Charlotte a pris un navire hambourgeois transportant du cuivre, de l'acier, de l'amidon et d'autres marchandises, évaluées à environ cent mille livres. Le 16 avril, la corvette royale la Renée a pris à l'abordage le Marlborough, un corsaire de Grenesey, tuant le capitaine, le lieutenant et plusieurs membres d'équipage. Le 17 avril, M. Chauvel de Jonval a capturé un navire anglais de onze canons chargé de plomb, d'étain, de harengs, de sardines et d'autres marchandises. Le 29 avril, le vaisseau la Couronne de Saint-Malo a pris un corsaire de Grenesey de dix canons et 72 hommes d'équipage. À Cherbourg, M. Fontaine a amené un navire chargé d'orge pris au large des côtes anglaises. Le 30 avril, M. du Tertre Daniel a capturé un paquebot anglais se rendant en Jamaïque, et M. Chauvel de Dunval a pris deux navires hollandais chargés de pois. De plus, un armateur de Dunkerque a amené un navire anglais.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 13-29
EXTRAIT d'un manuscrit par quelques François, dont on n'avoit encore eu aucunes nouvelles, parce qu'il s'en sauva que deux, qui ne sont arrivez à Brest que depuis quelques mois.
Début :
Il y a quelques années que dix François escortez de [...]
Mots clefs :
Brest, Roi, Hommes, Nation, Français, Peuple, Rivière, Pays, Découverte, Mississippi
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'un manuscrit par quelques François, dont on n'avoit encore eu aucunes nouvelles, parce qu'il s'en sauva que deux, qui ne sont arrivez à Brest que depuis quelques mois.
.Ex-'TRAIT
d'un manuscrit de rua.
yageentrepris parquelques
François, donton
n'avait encore eu aucunes
nouvelles,parce
qud'eilunxe,qsu'einnessaounvtaarqruievez,
a Brestque depuis
quelques mots* I L y a quelques années
que dix François escortez
de deuxSauvages,estant
partisde Montreal,&s'estant
arrestez dans le pays
des Illinois, & sur le bord
de la riviere de Mififtapy,
ils eurent envied'aller à la
découverte. Ils prirent
trois Canotsd'écorce pour
remonter Misissipy
,
sur
lesquels ayant fait cent
cinquante lieuës,ils trouverent
un sault qui les obligea
à faire pendant six
lieuës un portage ,
aprés
lequel ils se rembarquerent
sur le mesmefleuve,
& remonterent encore
quarante lieues sans trouvsr
aucune Nation. Ils
chafiercnr pendant un
mois & demy
,
& tenterent
quelque nouvelle découverte
;enfin ils trouverent
une riviere à quatorze
lieuës de là qui couroit au
Sud Sud-Ouest ce qui
leur fie croire qu'elle alloit
se rendre dans la mer du
Sud, ayant son cours opposé
à celles qui vont se
rendre dans la mer du
Nord. ils resolurent de
porter leurs Canots, pour
y naviger. Dans ce trajet
ils trouverent des lions,
des leopards
,
des tigres,
qui ne leur firent aucun
mal. Estant entrez dans
cette riviere, &: estant descendus
environ centcinquante
lieuës,ilstrouverent
une grande Nation,
qu'on appelle Escaniba,
qui occupe pour le moins
deux cens lieuësde pays,
dans lequelils trouverent
plu sieurs villes,villages
forts, dont les maisons sont
basties de bois & d'écorces.
Ilsont un Roy qui
se dit Descendant de Montcztmu,
& quiestordinairement
habillé de peaux
d'hommes, qui fontcommunes
en ces pays-là,les
peu ples mesme s'en habillent
aum.
Ils font policés en leurs
manieres, Idolatres,leurs
Idoles font affreuses & d'une
grandeur énorme
,
lesquelles
sont dans le Palais
du Roy. Il y en a deux entre
autres, dont l'une est de
figure humaine, armée de
lances & de traits, tenant
un pied enterre,& l'autre
en l'air
* avec la main sur
une figure decheval, comme
s'il vouloit le monter.
Ils disent quec'estla ftai
tuë d'un de leurs Roys qui
qui a filé grand conqueranr.
Cette statuë a dans
la bouche une escarboucle
de formequarrée,&grosse
comme un oeuf d'houtarde
,
qui brille & éc laire
pendant la nuit comme
un feu. L'autre de ces Idoles
estune femme, qui eH:
une Reine montéeen selle
sur une figure de Licorne
à costé de quatre grands
chiens. Ces figures sont
d'or fin nlafIif, & très- malfaites.
Elles sont placées
sur une estradequiest aussi
d'or,& de trente piedsen
quarré. Entre les deux fta*
tuës on entre dans l'appartement
duRoypar unvestibule
magnifique, c'est
là où se tient la garde du
Roy composée de deux
cens hommes.
-.. Le Palais du Roy est
tres grand, & a trois étages
,
les murailles de
huit pieds, font d'or massifen
carreaux rangez l'un
sur l'autre comme des briques
, avec des cram pons
& des barres de mesme
métal,le resteest decharpente
couverte de bois
JeRoy :t y demeure seul avec
ses femmes.À --vj.
'h'
Ces peuples font un.
grand commerce d'or; on
n'a pu deviner avec quel..
le Nation, si ce n'est,laJaponnoise
; car ils le tran sportent
fort loinparcaravannes,
& ils direntà nos
François, qu'ily avoit six
Lunes de chemin jusqu'à
cette Nation. Nos avanturiers
virent partir une
de ces caravannes dans le
tempsde leur sejour, COIHT.-
posée de plus de trois cens
boeufs tous chargez d'or
cscortez d'un pareil nombre
de cavaliers armez dis
lances & de flèches , avec
une espece de poignard;
la Nation leur donne en
- troc du fer, de l'acier, Irlz
des armes blanches. Ils
n'ont point l'usage de l'escriture,
ilsontuneespece
d'écorce apprestée comme
du papier
,
sur laquelle ils
marquent la quantité d'os
dont le conducteur est
chargé
).
& dont il doit
compter a sonretour.
,.
Le Roy s'a ppelle Agauzan,
qui veut dire en leur
langage,le Grand Roy;
il n'a aucune guerre , &
cependant il a tousjours
cent mille hommes tant
Cavalerie qu'Infanterie»
Leurs trompettes font
droites & d'or, dont ils sonnent
fort mal, & des especes
de tambours portez
par des boeufs, faits comme
des chaudrons d'or ,
couverts de peaux de cerfs;
les troupes s'exercent une
fois la semaine en presence
du Roy.
Ces peuples font basanez
, hideux, la teste Ion:"
gue & estroite, parce qu'on
leur ferre la teste estant
jeunes avec du bois ; les
femmes y sont belles &
blanches comme en Europe
; elles ont aussibien
que les hommes de grandes
oreilles qu'ils estiment
une beauté,&qu'ils chargent
danneaux dor ; ife
ont aussi les ongles fort
grands, & cela est une distinéction
,
les hommes les
plus velus y sont les plus
-beàux.,
La poligamie y cffc en
usage, & ils le mettent peu
en peine de la conduite
desfilles, pourveu qu'elles
ne soient point engagées.
Ils aiment la joye & la
danse,mangent beaucoup,
font du vin de palme
,
ôc
ont d'autres boissons3
grands fumeurs, le tabac
y est bon, ôc vient sans
cftre cultivé;ils receurent
parfaitement bien lesFrançois
qui estoient les prcmiers
Européensqu'ils eussent
veus.
Le Roy voulutles retenir
,
& les marier, & il
leur fit promettre de revenir.
Ils estoient surpris de
l'effet des fusils
, • & les
craignoientsifort qu'ils
D'oÍtrCnr enapprocher.
Lepaysest fort tempere,
on y vit jusqu'à une extrêmevieillesse
,&les peuples
ne sontsujets à aucune
maladie.
On y trouve toutes fortes
de fruitstant d'Europe
que des Indes. Ily a du
bled (1'Inde) & dela folle
avoine aussi bonne & au-ni
blancheque le ris; ils font
du pain de l'un & de l'autre,
on n'y cultive que le
bled d'Inde, les plaines y
sont belles, les paturages
excellents, & remplis de
toutes fortes d'animaux,
les rivieres poissonneuses,
& les terres & les bois remplis
d'oiseaux
,
de perroquets
,de singes,& d'animaux
singuliers. La ville
capitale est esloignéed'environ
six lieuës de la riviere
de Missi
, qui veut dire
Riviere d'or ony l.
Nos François,après avoir
pris congé du Roy , promirent
de revenir dans
trente six Lunes, & d'apporter
du corail, des nasfades
& d'autres marchandises
du Canada, pour troquer
contre de l'or. Ils en
fonc si peu de cas que le
Roy leur dit d'en prendre
à leur discretion
,
de maniere
qu'ils s'en chargerent
,
& prirent chacun
soixante barres d'environ
une palme de long, & du
poids r de quatre livres.
Deux de nos avanturiers
eurent la curiosité d'aller
voir l'endroit d'où l'on tire
cet or,ils rapporterentque
les mines estoient dans le
creux des montagnes, ôc
quedans lesdebordemens
les eaux les entraisnoient,
& que la seicheresse estant
venuë on en trouvoit de
gros monceaux sur le lit
des terres qui demeurent
àsec quatremois de l'année.
Lapluspart denosFrançois
furent maffectez dans
leur retour auxembouchures
du fleuve saint Laurent
, par un forban Anglois;
il n'yen a que deux
qui
quise soient échappez,&
qui après une longue captivité
en différences bayes
aux Indes orientales
, occidentales
,& à laChine,
sesonsenfin rendus à Brest,
ils assurent sur leur teste,
que si l'on veut les conduire
à Mi/ifli-py.ilsretrouveront
aisément le chemin
qu'ils ont fait, &c conduit,
rontàce nouveau Perou.
d'un manuscrit de rua.
yageentrepris parquelques
François, donton
n'avait encore eu aucunes
nouvelles,parce
qud'eilunxe,qsu'einnessaounvtaarqruievez,
a Brestque depuis
quelques mots* I L y a quelques années
que dix François escortez
de deuxSauvages,estant
partisde Montreal,&s'estant
arrestez dans le pays
des Illinois, & sur le bord
de la riviere de Mififtapy,
ils eurent envied'aller à la
découverte. Ils prirent
trois Canotsd'écorce pour
remonter Misissipy
,
sur
lesquels ayant fait cent
cinquante lieuës,ils trouverent
un sault qui les obligea
à faire pendant six
lieuës un portage ,
aprés
lequel ils se rembarquerent
sur le mesmefleuve,
& remonterent encore
quarante lieues sans trouvsr
aucune Nation. Ils
chafiercnr pendant un
mois & demy
,
& tenterent
quelque nouvelle découverte
;enfin ils trouverent
une riviere à quatorze
lieuës de là qui couroit au
Sud Sud-Ouest ce qui
leur fie croire qu'elle alloit
se rendre dans la mer du
Sud, ayant son cours opposé
à celles qui vont se
rendre dans la mer du
Nord. ils resolurent de
porter leurs Canots, pour
y naviger. Dans ce trajet
ils trouverent des lions,
des leopards
,
des tigres,
qui ne leur firent aucun
mal. Estant entrez dans
cette riviere, &: estant descendus
environ centcinquante
lieuës,ilstrouverent
une grande Nation,
qu'on appelle Escaniba,
qui occupe pour le moins
deux cens lieuësde pays,
dans lequelils trouverent
plu sieurs villes,villages
forts, dont les maisons sont
basties de bois & d'écorces.
Ilsont un Roy qui
se dit Descendant de Montcztmu,
& quiestordinairement
habillé de peaux
d'hommes, qui fontcommunes
en ces pays-là,les
peu ples mesme s'en habillent
aum.
Ils font policés en leurs
manieres, Idolatres,leurs
Idoles font affreuses & d'une
grandeur énorme
,
lesquelles
sont dans le Palais
du Roy. Il y en a deux entre
autres, dont l'une est de
figure humaine, armée de
lances & de traits, tenant
un pied enterre,& l'autre
en l'air
* avec la main sur
une figure decheval, comme
s'il vouloit le monter.
Ils disent quec'estla ftai
tuë d'un de leurs Roys qui
qui a filé grand conqueranr.
Cette statuë a dans
la bouche une escarboucle
de formequarrée,&grosse
comme un oeuf d'houtarde
,
qui brille & éc laire
pendant la nuit comme
un feu. L'autre de ces Idoles
estune femme, qui eH:
une Reine montéeen selle
sur une figure de Licorne
à costé de quatre grands
chiens. Ces figures sont
d'or fin nlafIif, & très- malfaites.
Elles sont placées
sur une estradequiest aussi
d'or,& de trente piedsen
quarré. Entre les deux fta*
tuës on entre dans l'appartement
duRoypar unvestibule
magnifique, c'est
là où se tient la garde du
Roy composée de deux
cens hommes.
-.. Le Palais du Roy est
tres grand, & a trois étages
,
les murailles de
huit pieds, font d'or massifen
carreaux rangez l'un
sur l'autre comme des briques
, avec des cram pons
& des barres de mesme
métal,le resteest decharpente
couverte de bois
JeRoy :t y demeure seul avec
ses femmes.À --vj.
'h'
Ces peuples font un.
grand commerce d'or; on
n'a pu deviner avec quel..
le Nation, si ce n'est,laJaponnoise
; car ils le tran sportent
fort loinparcaravannes,
& ils direntà nos
François, qu'ily avoit six
Lunes de chemin jusqu'à
cette Nation. Nos avanturiers
virent partir une
de ces caravannes dans le
tempsde leur sejour, COIHT.-
posée de plus de trois cens
boeufs tous chargez d'or
cscortez d'un pareil nombre
de cavaliers armez dis
lances & de flèches , avec
une espece de poignard;
la Nation leur donne en
- troc du fer, de l'acier, Irlz
des armes blanches. Ils
n'ont point l'usage de l'escriture,
ilsontuneespece
d'écorce apprestée comme
du papier
,
sur laquelle ils
marquent la quantité d'os
dont le conducteur est
chargé
).
& dont il doit
compter a sonretour.
,.
Le Roy s'a ppelle Agauzan,
qui veut dire en leur
langage,le Grand Roy;
il n'a aucune guerre , &
cependant il a tousjours
cent mille hommes tant
Cavalerie qu'Infanterie»
Leurs trompettes font
droites & d'or, dont ils sonnent
fort mal, & des especes
de tambours portez
par des boeufs, faits comme
des chaudrons d'or ,
couverts de peaux de cerfs;
les troupes s'exercent une
fois la semaine en presence
du Roy.
Ces peuples font basanez
, hideux, la teste Ion:"
gue & estroite, parce qu'on
leur ferre la teste estant
jeunes avec du bois ; les
femmes y sont belles &
blanches comme en Europe
; elles ont aussibien
que les hommes de grandes
oreilles qu'ils estiment
une beauté,&qu'ils chargent
danneaux dor ; ife
ont aussi les ongles fort
grands, & cela est une distinéction
,
les hommes les
plus velus y sont les plus
-beàux.,
La poligamie y cffc en
usage, & ils le mettent peu
en peine de la conduite
desfilles, pourveu qu'elles
ne soient point engagées.
Ils aiment la joye & la
danse,mangent beaucoup,
font du vin de palme
,
ôc
ont d'autres boissons3
grands fumeurs, le tabac
y est bon, ôc vient sans
cftre cultivé;ils receurent
parfaitement bien lesFrançois
qui estoient les prcmiers
Européensqu'ils eussent
veus.
Le Roy voulutles retenir
,
& les marier, & il
leur fit promettre de revenir.
Ils estoient surpris de
l'effet des fusils
, • & les
craignoientsifort qu'ils
D'oÍtrCnr enapprocher.
Lepaysest fort tempere,
on y vit jusqu'à une extrêmevieillesse
,&les peuples
ne sontsujets à aucune
maladie.
On y trouve toutes fortes
de fruitstant d'Europe
que des Indes. Ily a du
bled (1'Inde) & dela folle
avoine aussi bonne & au-ni
blancheque le ris; ils font
du pain de l'un & de l'autre,
on n'y cultive que le
bled d'Inde, les plaines y
sont belles, les paturages
excellents, & remplis de
toutes fortes d'animaux,
les rivieres poissonneuses,
& les terres & les bois remplis
d'oiseaux
,
de perroquets
,de singes,& d'animaux
singuliers. La ville
capitale est esloignéed'environ
six lieuës de la riviere
de Missi
, qui veut dire
Riviere d'or ony l.
Nos François,après avoir
pris congé du Roy , promirent
de revenir dans
trente six Lunes, & d'apporter
du corail, des nasfades
& d'autres marchandises
du Canada, pour troquer
contre de l'or. Ils en
fonc si peu de cas que le
Roy leur dit d'en prendre
à leur discretion
,
de maniere
qu'ils s'en chargerent
,
& prirent chacun
soixante barres d'environ
une palme de long, & du
poids r de quatre livres.
Deux de nos avanturiers
eurent la curiosité d'aller
voir l'endroit d'où l'on tire
cet or,ils rapporterentque
les mines estoient dans le
creux des montagnes, ôc
quedans lesdebordemens
les eaux les entraisnoient,
& que la seicheresse estant
venuë on en trouvoit de
gros monceaux sur le lit
des terres qui demeurent
àsec quatremois de l'année.
Lapluspart denosFrançois
furent maffectez dans
leur retour auxembouchures
du fleuve saint Laurent
, par un forban Anglois;
il n'yen a que deux
qui
quise soient échappez,&
qui après une longue captivité
en différences bayes
aux Indes orientales
, occidentales
,& à laChine,
sesonsenfin rendus à Brest,
ils assurent sur leur teste,
que si l'on veut les conduire
à Mi/ifli-py.ilsretrouveront
aisément le chemin
qu'ils ont fait, &c conduit,
rontàce nouveau Perou.
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Résumé : EXTRAIT d'un manuscrit par quelques François, dont on n'avoit encore eu aucunes nouvelles, parce qu'il s'en sauva que deux, qui ne sont arrivez à Brest que depuis quelques mois.
Un groupe de dix Français, accompagné de deux autochtones, quitta Montréal pour explorer le pays des Illinois, près de la rivière Mississippi. Ils entreprirent une expédition en remontant le Mississippi sur trois canots d'écorce, parcourant environ 150 lieues avant de rencontrer un obstacle les forçant à faire un portage de six lieues. Après avoir remonté encore 40 lieues sans rencontrer de nation, ils découvrirent une rivière coulant vers le sud-sud-ouest, qu'ils pensèrent mener à la mer du Sud. En naviguant sur cette rivière, ils parcoururent environ 150 lieues et trouvèrent une grande nation appelée Escaniba, occupant au moins 200 lieues de territoire. Cette nation possédait plusieurs villes fortifiées avec des maisons en bois et en écorce. Leur roi, se prétendant descendant de Montezuma, était souvent vêtu de peaux humaines. Les habitants étaient idolâtres, avec des idoles énormes et affreuses dans le palais royal. Ils pratiquaient un grand commerce d'or, transporté par caravanes de bœufs, et échangeaient l'or contre du fer et des armes blanches. Le roi, nommé Agauzan, disposait d'une armée de 100 000 hommes et vivait dans un palais en or massif. Les Français furent bien accueillis et promirent de revenir avec des marchandises pour échanger contre de l'or. Cependant, lors de leur retour, la plupart furent capturés par un forban anglais, et seuls deux survivants parvinrent à Brest après une longue captivité. Ils affirmèrent pouvoir retrouver le chemin du 'nouveau Pérou' s'ils étaient conduits au Mississippi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 212-216
LETTRE à Madame de ***, sur une Fête donnée à Brest.
Début :
Je vous l'avois bien dit, Madame, avant de partir de Paris, que vous seriez [...]
Mots clefs :
Fête, Brest, Marquis de Constant, Navire, Fleurs, Colonnes, Décors, Baldaquins, Beauté, Buste du roi, Statues, Musique, Bal, Banquets
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE à Madame de ***, sur une Fête donnée à Brest.
LETTRE à Madame de *** ſur une
Fête donnée à Breft.
JE vous l'avois bien dit , Madame , avant de
partir de Paris , que vous feriez bientôt furieuſe
de n'avoir pas été de notre voyage , & je gage que
vous allez l'être. Me voilà arrivée à Brest. Vous
croyez peut- être que je vais vous parler de la mer,
& des préparatifs formidables que l'on fait dans
ce port contre les Anglois ? J'ai vraiment bien
d'autres merveilles à vous conter . Je fors d'un palais
des Fées , d'une maison de campagne fur l'eau :
j'y ai vu des jardins , des bois . Oh ! je voudrois
tout vous dire à la fois , ou plutôt je voudrois y
être encore. Laiffez -moi du moins vous donner
une idée des charmes d'une fête que les Graces
feules devroient décrire , & qu'un Général feul
de mer peut donner. M. le Marquis de Conflans
qui commande l'eſcadre qui eft en rade , vient
de donner cette fête en l'honneur de celle de
NOVEMBRE. 1756. 213
Roi. C'eft de fon vaiffeau que je fors : voilà le
château enchanté. Il y avoit invité toutes les
- femmes de cette ville , avec plufieurs étrangeres
voyageuses comme moi. Nous y fûmes toutes
avec lui dans une petite flotte de canots le plus
galamment équipés , & aufli leftes que nos cabriolets.
En vérité , ce font des magiciens que ces Meffieurs
les Marins : j'imaginois devoir entrer en
arrivant à bord du Soleil royal , dans une citadelle
de bois , hériffée de quatre - vingts canons , &
- c'eft fur le gazon d'abord que j'ai marché. Pai
levé les yeux pour appercevoir une girouette , j'étois
fous un lambri de feuillages émaillés de
fleurs ; enfin dans une allée de myrthes & de lauriers.
Le paffavant ( je vous prie de croire que
je fuis déja un peu marine ; & que j'en fçais les
termes ; je vous les expliquerai à mon retour ) ,
le paffavant donc étoit métamorphofé en cette
belle allée qui régnoit tout autour du vaiffeau ; &
- en faifoit une promenade délicieufe : les vents
ne fouffloient ce jour- là que pour répandre l'efprit
des fleurs dont tout le vaiffeau étoit paré.
L'intervalle qui fépare les deux paffavants , étoit
rempli par un plancher très- uni , & formoit un
fallon fpacieux. Ce fut dans ce fallon que j'entrai
enfuite trois de fes côtés étoient ornés de co-
-lonnes d'ifs dans l'ordre Ionique , entrelaffés de
gairlandes de fleurs ; leurs chapiteaux foutenoient
une galerie auffi militaire qu'elle étoit agréable
aux yeux par tous les trophées de Neptune &
de Mars , dont on l'avoit décorée : le fond du
fallon étoit terminé par un baldaquin de verdure
; on y voyoit le portrait du Roi peint de
grandeur naturelle , & appuyé fur une pouppe de
vaiffeau, Près de lui la Renommée lui préfentoit
214 MERCURE DE FRANCE.
d'une main des lauriers , fe foutenant de l'autre
fur l'épaule du Miniftre de la marine , indiqué par
La caffette des Sceaux : tout l'enſemble de ce tableau
repréfentoit très bien l'emblême de la
gloire que notre augufte Monarque vient d'acquérir
fur la mer.
-
Le Général enchanté des éloges que tout le
monde donnoit à cette maniere ingénieuſe de célébrer
les victoires du Roi & les fuccès de fa
marine triomphante même en renaiffant , nous
conduifit delà dans une autre falle auffi vafte ,
mais décorée différemment ; c'est le gaillard d'arriere
où nous étions ( je vous déroute furieufement
, Madame , par tous ces noms- là , mais
je vous l'ai promis , je vous les apprendrai tous ) :
elle étoit tendue de blanc , vous auriez dit d'une
mouffeline ; ce font leurs pavillons de fignaux.
Le grand mât du vaiffeau qui eft au milieu ,
& qui féparoit ces deux falles , étoit revêtu de
myrthes touffus , dans lefquels on avoit pratiqué
avec art une niche en verdure fleurie , où étoit
placé le bufte du Roi fur un piédeſtal élégamment
orné. Nous appellâmes ces deux falles , l'une
de Mars , & l'autre de l'Amour. Ce fut là qu'on
fervit un repas avec autant de magnificence que
de goût ; une table immenfe étoit couverte des
cryftaux les plus joliment imaginés du monde.
Je fçais bien , pour moi , que j'étois devant le
fiege de Mahon , & tout auprès d'une efcadre
Françoife , dont nos vaiffeaux défignés par de petits
pavillons de taffetas blanc , faifoient prefque
fortir à force de voiles , une troupe de pavillons
rouges qui s'enfuyoient devant eux.
Une bonne fymphonie , que l'on n'appercevoir
point , anima tout le dîner ; fur le foir on chanta
folemnellement un Te Deum en musique. Il fut
NOVEMBRE. 1756. 215
Tuivi d'une falve de moufqueterie & de canons, que
tirerent tous les vaiffeaux de la rade : mais de façon
à nous donner l'image d'un combat naval
fpectacle auffi gracieux à poudre feulement , qu'il
doit être terrible à boulets . Je l'ai donc vu auffi ,
Madame, & avec la même gaieté que je fus enfuite
au bal . Le foleil ne fe coucha point , ou celui
où nous étions prit fa place : mille bougies allumées
parmi les feuillages , furent les feux que jetta
le foleil royal & jamais illumination plus brillante
n'avoit éclairé un bal plus galant, ni mieux ordonné.
Les favoris d'Amphitrite vont fans doute dans
leurs voyages de temps en temps à Paphos ou à
Idalie . Ils ne font point du tout Loups de mer , &
j'apperçus dans nos allées de myrthes une foule de
jeunes marins , qui me fembloient conter leurs
peines , & s'y prendre comme à Paris : croyez
qu'ils fçavent galamment chanter leur Roi & leurs
maîtreffes. Lifez plutôt cette chanſon , ou chantez-
là : car je vous l'envoie notée . C'est une production
marine d'un des Officiers du vaiſſeau , &
une efquiffe de la fête , & de ma rélation aufli.
Mais je vais la finir pour ne pas achever de vous
défefpérer de n'être pas venue.
Le bal ne fut interrompu que par un ambigu
fervi avec une profufion & une délicateffe qui ne
laiffoient rien à défirer . Nous y fûmes d'une folie......
Les Dames de Breft furtout étoient d'une
gaieté charmante , & bien faites pour en infpirer,
bien dignes auffi de la fête que nous célébrions.
Elles n'aiment pas le Roi , elles en font amoureufes.
Nous y aurions paffé la nuit , fi les inftrumens
ne nous euffent rappellé dans la falle du bal, qui recommença
avec encore plus de vivacité & de plaifir
qu'auparavant. Je n'en fuis fortie qu'au jour . J'ai
fini par danſer la Mahon , & je ſuis revenye vîte
216 MERCURE DE FRANCE.
vous écrire au ſon des violons qui , j'imagine ,
frappent encore mes oreilles . Adieu , Madame. Je
pars au premier jour pour revenir vous voir. Que
je vais vous parler marine ! Ce fera le fruit de mes
voyages : mais vous qui les aimez fi peu , ne faites
pas de même au moins d'une voyageufe que vous
fçavez vous être attachée bien fincérement , toute
charmante & toute jolie que vous êtes.
Fête donnée à Breft.
JE vous l'avois bien dit , Madame , avant de
partir de Paris , que vous feriez bientôt furieuſe
de n'avoir pas été de notre voyage , & je gage que
vous allez l'être. Me voilà arrivée à Brest. Vous
croyez peut- être que je vais vous parler de la mer,
& des préparatifs formidables que l'on fait dans
ce port contre les Anglois ? J'ai vraiment bien
d'autres merveilles à vous conter . Je fors d'un palais
des Fées , d'une maison de campagne fur l'eau :
j'y ai vu des jardins , des bois . Oh ! je voudrois
tout vous dire à la fois , ou plutôt je voudrois y
être encore. Laiffez -moi du moins vous donner
une idée des charmes d'une fête que les Graces
feules devroient décrire , & qu'un Général feul
de mer peut donner. M. le Marquis de Conflans
qui commande l'eſcadre qui eft en rade , vient
de donner cette fête en l'honneur de celle de
NOVEMBRE. 1756. 213
Roi. C'eft de fon vaiffeau que je fors : voilà le
château enchanté. Il y avoit invité toutes les
- femmes de cette ville , avec plufieurs étrangeres
voyageuses comme moi. Nous y fûmes toutes
avec lui dans une petite flotte de canots le plus
galamment équipés , & aufli leftes que nos cabriolets.
En vérité , ce font des magiciens que ces Meffieurs
les Marins : j'imaginois devoir entrer en
arrivant à bord du Soleil royal , dans une citadelle
de bois , hériffée de quatre - vingts canons , &
- c'eft fur le gazon d'abord que j'ai marché. Pai
levé les yeux pour appercevoir une girouette , j'étois
fous un lambri de feuillages émaillés de
fleurs ; enfin dans une allée de myrthes & de lauriers.
Le paffavant ( je vous prie de croire que
je fuis déja un peu marine ; & que j'en fçais les
termes ; je vous les expliquerai à mon retour ) ,
le paffavant donc étoit métamorphofé en cette
belle allée qui régnoit tout autour du vaiffeau ; &
- en faifoit une promenade délicieufe : les vents
ne fouffloient ce jour- là que pour répandre l'efprit
des fleurs dont tout le vaiffeau étoit paré.
L'intervalle qui fépare les deux paffavants , étoit
rempli par un plancher très- uni , & formoit un
fallon fpacieux. Ce fut dans ce fallon que j'entrai
enfuite trois de fes côtés étoient ornés de co-
-lonnes d'ifs dans l'ordre Ionique , entrelaffés de
gairlandes de fleurs ; leurs chapiteaux foutenoient
une galerie auffi militaire qu'elle étoit agréable
aux yeux par tous les trophées de Neptune &
de Mars , dont on l'avoit décorée : le fond du
fallon étoit terminé par un baldaquin de verdure
; on y voyoit le portrait du Roi peint de
grandeur naturelle , & appuyé fur une pouppe de
vaiffeau, Près de lui la Renommée lui préfentoit
214 MERCURE DE FRANCE.
d'une main des lauriers , fe foutenant de l'autre
fur l'épaule du Miniftre de la marine , indiqué par
La caffette des Sceaux : tout l'enſemble de ce tableau
repréfentoit très bien l'emblême de la
gloire que notre augufte Monarque vient d'acquérir
fur la mer.
-
Le Général enchanté des éloges que tout le
monde donnoit à cette maniere ingénieuſe de célébrer
les victoires du Roi & les fuccès de fa
marine triomphante même en renaiffant , nous
conduifit delà dans une autre falle auffi vafte ,
mais décorée différemment ; c'est le gaillard d'arriere
où nous étions ( je vous déroute furieufement
, Madame , par tous ces noms- là , mais
je vous l'ai promis , je vous les apprendrai tous ) :
elle étoit tendue de blanc , vous auriez dit d'une
mouffeline ; ce font leurs pavillons de fignaux.
Le grand mât du vaiffeau qui eft au milieu ,
& qui féparoit ces deux falles , étoit revêtu de
myrthes touffus , dans lefquels on avoit pratiqué
avec art une niche en verdure fleurie , où étoit
placé le bufte du Roi fur un piédeſtal élégamment
orné. Nous appellâmes ces deux falles , l'une
de Mars , & l'autre de l'Amour. Ce fut là qu'on
fervit un repas avec autant de magnificence que
de goût ; une table immenfe étoit couverte des
cryftaux les plus joliment imaginés du monde.
Je fçais bien , pour moi , que j'étois devant le
fiege de Mahon , & tout auprès d'une efcadre
Françoife , dont nos vaiffeaux défignés par de petits
pavillons de taffetas blanc , faifoient prefque
fortir à force de voiles , une troupe de pavillons
rouges qui s'enfuyoient devant eux.
Une bonne fymphonie , que l'on n'appercevoir
point , anima tout le dîner ; fur le foir on chanta
folemnellement un Te Deum en musique. Il fut
NOVEMBRE. 1756. 215
Tuivi d'une falve de moufqueterie & de canons, que
tirerent tous les vaiffeaux de la rade : mais de façon
à nous donner l'image d'un combat naval
fpectacle auffi gracieux à poudre feulement , qu'il
doit être terrible à boulets . Je l'ai donc vu auffi ,
Madame, & avec la même gaieté que je fus enfuite
au bal . Le foleil ne fe coucha point , ou celui
où nous étions prit fa place : mille bougies allumées
parmi les feuillages , furent les feux que jetta
le foleil royal & jamais illumination plus brillante
n'avoit éclairé un bal plus galant, ni mieux ordonné.
Les favoris d'Amphitrite vont fans doute dans
leurs voyages de temps en temps à Paphos ou à
Idalie . Ils ne font point du tout Loups de mer , &
j'apperçus dans nos allées de myrthes une foule de
jeunes marins , qui me fembloient conter leurs
peines , & s'y prendre comme à Paris : croyez
qu'ils fçavent galamment chanter leur Roi & leurs
maîtreffes. Lifez plutôt cette chanſon , ou chantez-
là : car je vous l'envoie notée . C'est une production
marine d'un des Officiers du vaiſſeau , &
une efquiffe de la fête , & de ma rélation aufli.
Mais je vais la finir pour ne pas achever de vous
défefpérer de n'être pas venue.
Le bal ne fut interrompu que par un ambigu
fervi avec une profufion & une délicateffe qui ne
laiffoient rien à défirer . Nous y fûmes d'une folie......
Les Dames de Breft furtout étoient d'une
gaieté charmante , & bien faites pour en infpirer,
bien dignes auffi de la fête que nous célébrions.
Elles n'aiment pas le Roi , elles en font amoureufes.
Nous y aurions paffé la nuit , fi les inftrumens
ne nous euffent rappellé dans la falle du bal, qui recommença
avec encore plus de vivacité & de plaifir
qu'auparavant. Je n'en fuis fortie qu'au jour . J'ai
fini par danſer la Mahon , & je ſuis revenye vîte
216 MERCURE DE FRANCE.
vous écrire au ſon des violons qui , j'imagine ,
frappent encore mes oreilles . Adieu , Madame. Je
pars au premier jour pour revenir vous voir. Que
je vais vous parler marine ! Ce fera le fruit de mes
voyages : mais vous qui les aimez fi peu , ne faites
pas de même au moins d'une voyageufe que vous
fçavez vous être attachée bien fincérement , toute
charmante & toute jolie que vous êtes.
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Résumé : LETTRE à Madame de ***, sur une Fête donnée à Brest.
La lettre relate une fête somptueuse organisée par le Marquis de Conflans à Brest, à bord de son vaisseau, en novembre 1756, en l'honneur des victoires du Roi. L'auteure, après avoir voyagé à Brest, met en avant les merveilles observées plutôt que les préparatifs militaires contre les Anglais. Le vaisseau, transformé en palais enchanté, accueillait des femmes de la ville et des étrangères, transportées en canots élégamment équipés. Les invités découvraient un décor enchanteur avec des jardins, des bois et des allées de myrtes et de lauriers. Le pont principal, métamorphosé en promenade délicieuse, était paré de fleurs et de verdure. Un salon spacieux, orné de colonnes et de trophées, abritait un portrait du Roi et des symboles de la gloire maritime. La fête se poursuivait dans une autre salle, tendue de blanc, où un repas somptueux a été servi. Une symphonie et un Te Deum animaient le dîner, suivi d'une salve de mousqueterie et de canons imitant un combat naval. La soirée se concluait par un bal illuminé par des bougies, avec des marins chantant des chansons en l'honneur du Roi et de leurs maîtresses. Les dames de Brest, particulièrement gaies et charmantes, participaient avec enthousiasme à la fête, qui se prolongeait jusqu'au matin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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