O D E.
VIlle, * qu'après tant de conquêtes ,
Le fier Anglois ne put dompter ,
Sortez de l'allarme où vous êtes ,
Et cessez de vous attrister ;
Le fils de votre auguste Prince ,
Seul espoir de cette Province ,
Survit au danger de ses maux ,
Un secours divin l'en préserve ,
* Les Anglois du temps de leur invasion ne pusentjamais prendre la Ville de Montargis.
I. Vol Cvj La
2578 MERCURE DE FRANCE
),
La Providence le conserve
Pour multiplier les Héros.
Par le venin le plus à craindre ,
Tous ses sens étoient affoiblis ;
Sa vie étoit prête à s'éteindre ,
Avant deux lustres accomplis;
Mais par une crise subite ,
Ce jeune Prince ressuscite ,
Sa beauté renaît avec lui.
Grand-Dieu , ce miracle s'opere }
Par les saintes vertus d'un Pere ,
Qui met en vous tout son appuy.
M
De la pompe qui l'environne ,
Il méprise les vains attraits ,
La ferveur que sa foi lui donne ,
Aspire à des biens plus parfaits :
Ennemi du plaisir frivole ,
Son cœur se dévouë et s'immole ,
Aux rigueurs de l'austerité ,
Et pour soulager l'indigence,
Une liberale dépense ,
Se regle sur sa charité.
Qu'il est rare de voir paroître ,
I. Vol. Uni
DECEMBRE. 1732. 2579
Un Prince qui dès son printemps ,
Des voluptez se rend le maître ,
Par des triomphes si constans !
Grands du monde , je vous appelle .
Ouvrez les yeux sur ce Modele ,
Exempt de toute passion ,
Et dont l'oreille favorable ,
N'est jamais sourde au miserable ,
Qui gémit dans l'oppression.
M
Mais qu'entends- je , quel coup funeste ,
Vient renouveller nos frayeurs !
Est-ce donc le courroux Celeste ,
Qui veut redoubler nos malheurs !
Ce Prince accablé de tristesse ,
Près d'un Fils souffrant qu'il caresse
Est frappé du même venin.
Seigneur , secourez l'un et l'autre
Pour votre gloire et pour la nôtre ;
Je crains tout autre Medecin.
M
Rassurons-nous , calmons nos craintes ,
Déja nos vœux sont exaucez ,
Ils sont tous deux hors des atteintes ,
Dont leurs jours étoient menacez.
Livrons donc nos cœurs à la joye ,
Il est temps qu'elle se déploye,
I, Vol. Que
2580 MERCURE DE FRANCE
Que nos feux brillent dans les airs ,
Et qu'une Ville si fidele ,
Témoigne du moins par son zele ,
Combien ses Princes lui sont chers.