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1
p. 93-111
L'ISLE DES PESCHEURS. Historiette traduite de l'Italien par M. de Pré***.
Début :
Une femme trés-sensible à l'ambitionm & encore plus à [...]
Mots clefs :
Veuve, Pêcheur, Mélancolie, Amour, Magicienne, Oracle, Sacrifice, Résolution, Consolation, Mariage
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texteReconnaissance textuelle : L'ISLE DES PESCHEURS. Historiette traduite de l'Italien par M. de Pré***.
L'ISLE
DES PESCHEURS.
Hitoriette traduite de l'Italien
parM.dePrè***.
UNe femme trés-sensible
à l'ambition, & encore
plus à l'amour, venoit
de perdre son mari
qu'elle , aimoit, & qui
étoit Gouverneur de
l'Isle des Pescheurs.
Elle se retira dans le
creuxd'un rocher, dont
elle ne sortoit que pour
aller pleurer sur le bord
de la mer.
Unpescheur mélancolique,
& qui pour
pescher seul s'écartoit
toûjours des autres, alla
un jour pescher de bon
matin, & se plaça sur
le bout d'un rocher, proche
decelui qu'habitoit
Zauraa. (c'étoit le nom
de la veuve ) Quoique
depuis son veuvage elle
1
n'eût éie capable de
prendre aucun plaisir,
elle trouva que celui de
la pesche étoit si mélancolique,
qu'il convenoit
à une personneaffligée:
elle regarda la pesche un
peu detemps, & ensuite
elle regarda le pescheur.
Il avoit aussi l'air
fort mélancolique; cest
ce qui luyplut d'abord:
elle s'approcha de luy,
8G se mit à pleurer. Le
gescheur, qui nesçavoit
que lui dire, se mit à
pleurer aussi, & ce fut
toute la conversation de
cette premiere entrevuë.
Zauraa rentra dans son
rocher,& le pêcheurss'en
retourna dans sa cabane.
Toute la nuit Zauraa
pensa à son défunt mari
,
& par malheur pour
elle elle n'y peut penser
sans pleurer, ni pleurer
sans se souvenir de celui
qui avoit pleuré de compagnie
-
avec elle: elle
jugea
jugea que deux pleureursvalentmieux
qu'-
un, & font plus d'honneur
au défunt. Elle retourna
àl'endroit de la
peschepouryrencontrer
son second. Dés la
pointe du jour il ne manqua
pas de s'y trouver;
carilavoitresoludeconsoler
la veuve. D'abord
ils reprirent les pleurs
où ils lesavoientlaissez
de bonesprit, & qui
sçavoit que 1g meilleur
moyen de retirer quelqu'un
de sadouleur,c'est
d'yentrer d'abord avec
lui, se mità parlerainsi.
En vérité, Madame,
vous avez bien raifonde
pleurer Monsieur vôtre
mari; car c'étoit le
meilleur & le plus honjiete
homme du monde.
Comment donc, dit
la veuve, est-ceque vous
le connoissez?Non pas,
Madame, répondit le
pescheur:mais j'en juge
par la maniere dont vous
le pleurez. Après plusieurs
autres discours de
la même espece, enfin le
pescheur la consola de si
bonne grace, qu'elle benissoit
presque le sujet
d'affliction qui luyavoit
attiré un tel consolateur.
Elle l'aima pendant quelque
temps sans s'en ap-
- percevoir;car siere comme
elle Tétoit, elle ailroit
rompu d'abord tout
commerce. Le pescheur
qui s'en étoit apperçû
d'abord, avoit fait confidence
de sa bonne fortune
à la suivante de la
veuve, à qui il promit
tout si elle conduisoit la
chose jusqu'à un bon
mariage.
Cette suivante étoit
une espece de magicienne,
c'est à dire une espece
de fourbe qui avoit
lû des livres de magic,
d'Astrologie, de Chiromancie
,& autres de pareille
trempe. Un foir,
que sa maîtresse rêvoit
profondément au pescheur,
elle lui prit la
main en badinant, &
par certaines lignes redoublées
qu'elle vit dans
sa main, elle devina qu'-
elle étoit destinée à se
remarier. Ce mot deremarier
l'irrita si fort,
que la suivante eût voulu
le retenir, 6L n'en
pnarlaépelus.de la jour-
Le lendemain cette
fiere veuve voyant à son
ordinaire pêscher le pescheur,
se surprit dans un
mouvement detendresse
si fort, qu'elle ne pouvoit
plus le meconnoître.
Elle en eut tant
d'horreur, qu'elle fut
prête à se précipiter dans
la mer:on dit même qu'-
elle s'y précipita,& que
le pescheur la repescha
aussitôt. Quoy qu'il en
foit
,
ello resolut de ne
le plus voir, & elle n'eût
jamais crû pouvoir tenir
sa resolution ;elle la tint
pourtant: mais quels
combatsnéprouvat-elle
point?Tantôt elle regardoit
avec horreur
l'objet de sa foiblesse;
tantôt elle prenoit plaisir
à penser à lui malgré
elle:encertains momens
elle vouloit mourir, en
d'autres momens elle se
feiitoit delà^iipeiîtîoïi
à vi vre. Enfin^a. Magicienne,
qui devinoit tout
de - qu'elle ne ---vouloi-t
point luidire,siten forte
, avec le temps & l'amour,
que la veuve conftritit'à
êtrepresenteà
Uhê^efthêmerveiHeufc
que la Magicienne * lui
Èro?o«sa, &C qui se passa
enjtféfrte'fortc.-; Entre les herbes qu'-
elleconnoissoit, il y en
avoit une pour la-qu-cllc-
,
les poissons avoient tant
d'antipatie, quelle les
faifoic fuir du plus loin
qu'ils la sentoient. Du
jus de cette herbe le pescheur
alloit toutes les
nuits froter les filetsde
ses camarades, en sorte
que pendant huit jours
on ne pur prendre aucun
poisson dans toute fine.
Les voila desolez ; car
ils ne vivoient que de
leur pesche, c'étoit tout
leur commerce.
On eut recours a l'oracle
feur & .trés-seur
car l'oracle dépendoitdu
Sacrificateur, & le Sacrificateur
dépendoitde
la Magicienne. En un
mot elle fit dire à l'oracle
que le poisson ne
viendroit point se prendre
si la veuve de leur
Gouverneur ne leur donnoit
pour chef le pescheuren
question.Apres
cela l'oracle fitunebelle
genealogie au pescheur,
pour le rendre plus digne
de commander: ensuite
sur la foy de l'oracle
on depura vers la
veuve,quirefusa, autant
qu'il en fut besoin
pour persuader qu'elle
ne se fûtjamais mariée
sans la necessité absoluë
qu'il y a d'obéir aux oracles.
Enfin l(histoireditqu'-
elle se maria pour le bien
public; que l'amourdu
bien public lui fit prendre
son mariage en patience
aussi bien qu'à son
mari, qui pour ne jamais
oublier sa baffe extraction
,fit élever un monument
magnifique, avec
un trophée superbe, ou
il appendit son habit ruftique
, sa ligne, ses filets;&
toute sadépoüille
de pescheur, & fitgraver
ces vers au-dessous.
Rustiques omemens de
mapauvrefamille,
Filets
, guetres,sabots
es barette &man- 9
dille,
Je n'ai pas de regret de
*7 * vous avoir quittez
Mais je veux vousgarder
dans mes antiquitez.,
Pour me servir un jour
contre la vaine
gloire.
C'ejl par vous que je
veux commencermon
histoire
A ceux qui curieux de
mesillustresfaits, Mecroiroientvolontiers
descendu desJafets.
Lorsque vous me verrez
un jour par avanture
Succombantsous lepoids
d'une injuste dorure,
'B,Ouff dans mon jabot
comme un pigeon
patu y, Faites-moyJouvenirque
vous m avez, vêtu.
Si quelquefatpajépour
illustrer ma race,
Retranche à mes ayeux
lefiltteS lanasse Pour , me passer sur le
rapé
D'une antique Principauté
,
Pour lors,mes chers hA"
bits,contrecetteimposture
Vous vous érigerez, en
preuves de roture.
DES PESCHEURS.
Hitoriette traduite de l'Italien
parM.dePrè***.
UNe femme trés-sensible
à l'ambition, & encore
plus à l'amour, venoit
de perdre son mari
qu'elle , aimoit, & qui
étoit Gouverneur de
l'Isle des Pescheurs.
Elle se retira dans le
creuxd'un rocher, dont
elle ne sortoit que pour
aller pleurer sur le bord
de la mer.
Unpescheur mélancolique,
& qui pour
pescher seul s'écartoit
toûjours des autres, alla
un jour pescher de bon
matin, & se plaça sur
le bout d'un rocher, proche
decelui qu'habitoit
Zauraa. (c'étoit le nom
de la veuve ) Quoique
depuis son veuvage elle
1
n'eût éie capable de
prendre aucun plaisir,
elle trouva que celui de
la pesche étoit si mélancolique,
qu'il convenoit
à une personneaffligée:
elle regarda la pesche un
peu detemps, & ensuite
elle regarda le pescheur.
Il avoit aussi l'air
fort mélancolique; cest
ce qui luyplut d'abord:
elle s'approcha de luy,
8G se mit à pleurer. Le
gescheur, qui nesçavoit
que lui dire, se mit à
pleurer aussi, & ce fut
toute la conversation de
cette premiere entrevuë.
Zauraa rentra dans son
rocher,& le pêcheurss'en
retourna dans sa cabane.
Toute la nuit Zauraa
pensa à son défunt mari
,
& par malheur pour
elle elle n'y peut penser
sans pleurer, ni pleurer
sans se souvenir de celui
qui avoit pleuré de compagnie
-
avec elle: elle
jugea
jugea que deux pleureursvalentmieux
qu'-
un, & font plus d'honneur
au défunt. Elle retourna
àl'endroit de la
peschepouryrencontrer
son second. Dés la
pointe du jour il ne manqua
pas de s'y trouver;
carilavoitresoludeconsoler
la veuve. D'abord
ils reprirent les pleurs
où ils lesavoientlaissez
de bonesprit, & qui
sçavoit que 1g meilleur
moyen de retirer quelqu'un
de sadouleur,c'est
d'yentrer d'abord avec
lui, se mità parlerainsi.
En vérité, Madame,
vous avez bien raifonde
pleurer Monsieur vôtre
mari; car c'étoit le
meilleur & le plus honjiete
homme du monde.
Comment donc, dit
la veuve, est-ceque vous
le connoissez?Non pas,
Madame, répondit le
pescheur:mais j'en juge
par la maniere dont vous
le pleurez. Après plusieurs
autres discours de
la même espece, enfin le
pescheur la consola de si
bonne grace, qu'elle benissoit
presque le sujet
d'affliction qui luyavoit
attiré un tel consolateur.
Elle l'aima pendant quelque
temps sans s'en ap-
- percevoir;car siere comme
elle Tétoit, elle ailroit
rompu d'abord tout
commerce. Le pescheur
qui s'en étoit apperçû
d'abord, avoit fait confidence
de sa bonne fortune
à la suivante de la
veuve, à qui il promit
tout si elle conduisoit la
chose jusqu'à un bon
mariage.
Cette suivante étoit
une espece de magicienne,
c'est à dire une espece
de fourbe qui avoit
lû des livres de magic,
d'Astrologie, de Chiromancie
,& autres de pareille
trempe. Un foir,
que sa maîtresse rêvoit
profondément au pescheur,
elle lui prit la
main en badinant, &
par certaines lignes redoublées
qu'elle vit dans
sa main, elle devina qu'-
elle étoit destinée à se
remarier. Ce mot deremarier
l'irrita si fort,
que la suivante eût voulu
le retenir, 6L n'en
pnarlaépelus.de la jour-
Le lendemain cette
fiere veuve voyant à son
ordinaire pêscher le pescheur,
se surprit dans un
mouvement detendresse
si fort, qu'elle ne pouvoit
plus le meconnoître.
Elle en eut tant
d'horreur, qu'elle fut
prête à se précipiter dans
la mer:on dit même qu'-
elle s'y précipita,& que
le pescheur la repescha
aussitôt. Quoy qu'il en
foit
,
ello resolut de ne
le plus voir, & elle n'eût
jamais crû pouvoir tenir
sa resolution ;elle la tint
pourtant: mais quels
combatsnéprouvat-elle
point?Tantôt elle regardoit
avec horreur
l'objet de sa foiblesse;
tantôt elle prenoit plaisir
à penser à lui malgré
elle:encertains momens
elle vouloit mourir, en
d'autres momens elle se
feiitoit delà^iipeiîtîoïi
à vi vre. Enfin^a. Magicienne,
qui devinoit tout
de - qu'elle ne ---vouloi-t
point luidire,siten forte
, avec le temps & l'amour,
que la veuve conftritit'à
êtrepresenteà
Uhê^efthêmerveiHeufc
que la Magicienne * lui
Èro?o«sa, &C qui se passa
enjtféfrte'fortc.-; Entre les herbes qu'-
elleconnoissoit, il y en
avoit une pour la-qu-cllc-
,
les poissons avoient tant
d'antipatie, quelle les
faifoic fuir du plus loin
qu'ils la sentoient. Du
jus de cette herbe le pescheur
alloit toutes les
nuits froter les filetsde
ses camarades, en sorte
que pendant huit jours
on ne pur prendre aucun
poisson dans toute fine.
Les voila desolez ; car
ils ne vivoient que de
leur pesche, c'étoit tout
leur commerce.
On eut recours a l'oracle
feur & .trés-seur
car l'oracle dépendoitdu
Sacrificateur, & le Sacrificateur
dépendoitde
la Magicienne. En un
mot elle fit dire à l'oracle
que le poisson ne
viendroit point se prendre
si la veuve de leur
Gouverneur ne leur donnoit
pour chef le pescheuren
question.Apres
cela l'oracle fitunebelle
genealogie au pescheur,
pour le rendre plus digne
de commander: ensuite
sur la foy de l'oracle
on depura vers la
veuve,quirefusa, autant
qu'il en fut besoin
pour persuader qu'elle
ne se fûtjamais mariée
sans la necessité absoluë
qu'il y a d'obéir aux oracles.
Enfin l(histoireditqu'-
elle se maria pour le bien
public; que l'amourdu
bien public lui fit prendre
son mariage en patience
aussi bien qu'à son
mari, qui pour ne jamais
oublier sa baffe extraction
,fit élever un monument
magnifique, avec
un trophée superbe, ou
il appendit son habit ruftique
, sa ligne, ses filets;&
toute sadépoüille
de pescheur, & fitgraver
ces vers au-dessous.
Rustiques omemens de
mapauvrefamille,
Filets
, guetres,sabots
es barette &man- 9
dille,
Je n'ai pas de regret de
*7 * vous avoir quittez
Mais je veux vousgarder
dans mes antiquitez.,
Pour me servir un jour
contre la vaine
gloire.
C'ejl par vous que je
veux commencermon
histoire
A ceux qui curieux de
mesillustresfaits, Mecroiroientvolontiers
descendu desJafets.
Lorsque vous me verrez
un jour par avanture
Succombantsous lepoids
d'une injuste dorure,
'B,Ouff dans mon jabot
comme un pigeon
patu y, Faites-moyJouvenirque
vous m avez, vêtu.
Si quelquefatpajépour
illustrer ma race,
Retranche à mes ayeux
lefiltteS lanasse Pour , me passer sur le
rapé
D'une antique Principauté
,
Pour lors,mes chers hA"
bits,contrecetteimposture
Vous vous érigerez, en
preuves de roture.
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Résumé : L'ISLE DES PESCHEURS. Historiette traduite de l'Italien par M. de Pré***.
Le texte relate l'histoire de Zauraa, une veuve sensible et amoureuse, qui se retire dans un rocher après la perte de son mari, gouverneur de l'Isle des Pêcheurs. Elle y pleure sa douleur sur le bord de la mer. Un pêcheur mélancolique, qui s'isole pour pêcher, la rencontre et partage sa tristesse. Ils pleurent ensemble sans échanger un mot. Zauraa, incapable de trouver du réconfort, retourne voir le pêcheur le lendemain. Ils discutent de son défunt mari, et le pêcheur la console avec tant de grâce qu'elle finit par l'aimer sans s'en rendre compte. Le pêcheur, aidé par la suivante de Zauraa, une magicienne, cherche à l'épouser. La magicienne prédit à Zauraa qu'elle se remariera, ce qui la perturbe. Malgré ses efforts pour éviter le pêcheur, Zauraa finit par céder à ses sentiments. La magicienne utilise ses pouvoirs pour manipuler la situation. Elle fait en sorte que les pêcheurs de l'île ne puissent plus attraper de poissons, ce qui les pousse à consulter l'oracle. L'oracle, contrôlé par la magicienne, déclare que le pêcheur doit devenir le chef de l'île pour que la pêche reprenne. Zauraa accepte finalement de l'épouser pour le bien public. Le pêcheur, devenu gouverneur, fait ériger un monument avec ses anciens vêtements de pêcheur et des vers gravés, rappelant ses origines modestes et mettant en garde contre la vanité.
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2
p. 1825-1826
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Meaux, le 10. Juillet 1731. au sujet d'un Loup enragé.
Début :
Il est arrivé aux environs de Meaux, une Scene si Tragique, et une action [...]
Mots clefs :
Cantons, Loup enragé, Meaux, Pêcheur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Meaux, le 10. Juillet 1731. au sujet d'un Loup enragé.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Meaux ,
le 10. Juillet 1731. au sujet d'un Loup
enragé.
I
$
L est arrivé aux environs de Meaux
une Scene si Tragique , et une action
si heroïque de la part d'un pauvre Pêcheur
, que je crois , Monsieur , que vous
ne serés pas fâché de l'inserer dans vôtre
Journal. Le 25. Juin dernier , un Loup
enragé sortant des Bois de Changi , se
jetta sur Marie Posé , femme d'Etienne
Lucas , et lui mangea une partie du bras ,
ensuite il attaqua Marie Couvrechef , de
la Paroisse d'Isle , femme d'un nommé
Colinet , lui emporta les Joües et lui
perça le gosier , Marie Gaillet de la Pároisse
d'Armentiere , femme de Charles
Turisieu , fut morduë à la main droite ,
eut le pouce emporté , et Fautre main
percée. Ce Loup passa ensuite la Riviere
de Marne , et aborda prés le Moulin de
S. Jean les deux Jumeaux. Jacques La-
1 v voisier
1626 MERCURE DE FRANCE
voisier , Pêcheur , de la Paroisse de Villers,
en voulant attacher son Batteau , en fur
saisi par
le poignet , cet homme vigoureux
qui avoit déja appris les ravages de
ce cruel Animal , et se croyant perdu
sans ressource , prit la résolution de faire
perir le Loup , et de sauver ses compatriotes
: Tayant pris par le train de derriere ,
il le terrassa , et lui mit le genqüil sur le
col ; le Loup à force de se débattre s'étant
dégagé , le blessa ; mais le Pêcheur le prit
par une orcille , le terrassa pour la secon
de fois , et le tint si serré sous lui , qu'on
cut le temps de venir à son secours. II
dit alors à un homme qui étoit armé.
d'une hache de lui casser hardiment la
tête , et qu'il ne quitteroit le Loup qu'a¬
prés qu'il seroit bien assuré de sa mort,,
ce qui fut bientôt exécuté. Ce pauvre
malheureux, a le corps entierement percé
des dents de ce furieux Animal . Trois
Curés de ces Cantons ont attesté les . Faits
que je viens de vous narrer veritables ,
et l'indigence de ces pauvres gens blessés
, qui sont par là hors d'état de gagner
leurs vies et tout- à - fait dignes de la compassion
du Public.
le 10. Juillet 1731. au sujet d'un Loup
enragé.
I
$
L est arrivé aux environs de Meaux
une Scene si Tragique , et une action
si heroïque de la part d'un pauvre Pêcheur
, que je crois , Monsieur , que vous
ne serés pas fâché de l'inserer dans vôtre
Journal. Le 25. Juin dernier , un Loup
enragé sortant des Bois de Changi , se
jetta sur Marie Posé , femme d'Etienne
Lucas , et lui mangea une partie du bras ,
ensuite il attaqua Marie Couvrechef , de
la Paroisse d'Isle , femme d'un nommé
Colinet , lui emporta les Joües et lui
perça le gosier , Marie Gaillet de la Pároisse
d'Armentiere , femme de Charles
Turisieu , fut morduë à la main droite ,
eut le pouce emporté , et Fautre main
percée. Ce Loup passa ensuite la Riviere
de Marne , et aborda prés le Moulin de
S. Jean les deux Jumeaux. Jacques La-
1 v voisier
1626 MERCURE DE FRANCE
voisier , Pêcheur , de la Paroisse de Villers,
en voulant attacher son Batteau , en fur
saisi par
le poignet , cet homme vigoureux
qui avoit déja appris les ravages de
ce cruel Animal , et se croyant perdu
sans ressource , prit la résolution de faire
perir le Loup , et de sauver ses compatriotes
: Tayant pris par le train de derriere ,
il le terrassa , et lui mit le genqüil sur le
col ; le Loup à force de se débattre s'étant
dégagé , le blessa ; mais le Pêcheur le prit
par une orcille , le terrassa pour la secon
de fois , et le tint si serré sous lui , qu'on
cut le temps de venir à son secours. II
dit alors à un homme qui étoit armé.
d'une hache de lui casser hardiment la
tête , et qu'il ne quitteroit le Loup qu'a¬
prés qu'il seroit bien assuré de sa mort,,
ce qui fut bientôt exécuté. Ce pauvre
malheureux, a le corps entierement percé
des dents de ce furieux Animal . Trois
Curés de ces Cantons ont attesté les . Faits
que je viens de vous narrer veritables ,
et l'indigence de ces pauvres gens blessés
, qui sont par là hors d'état de gagner
leurs vies et tout- à - fait dignes de la compassion
du Public.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Meaux, le 10. Juillet 1731. au sujet d'un Loup enragé.
Le 25 juin 1731, un loup enragé provenant des bois de Changi attaqua plusieurs personnes près de Meaux. Marie Posé, femme d'Etienne Lucas, perdit une partie de son bras. Marie Couvrechef, femme de Colinet, eut les joues arrachées et le gosier percé. Marie Gaillet, femme de Charles Turisieu, fut mordue à la main droite, perdant son pouce et ayant l'autre main percée. Le loup traversa ensuite la rivière Marne et attaqua Jacques Lavoisier, un pêcheur de la paroisse de Villers. Conscient des ravages causés par le loup, Lavoisier décida de le neutraliser. Après avoir été mordu, il parvint à terrasser le loup à deux reprises et demanda à un homme armé d'une hache de lui fracasser le crâne. Lavoisier fut gravement blessé, mais ses actions permirent de sauver d'autres personnes. Trois curés attestèrent la véracité des faits et l'indigence des victimes, désormais incapables de subvenir à leurs besoins.
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3
p. 1077-[1]078
IMITATION de la Fable Latine qui a pour titre, Caena insperata, inserée dans le Mercure de Novembre.
Début :
Un pecheur sur les bords d'une Rive profonde, [...]
Mots clefs :
Pêcheur, Poisson, Airs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : IMITATION de la Fable Latine qui a pour titre, Caena insperata, inserée dans le Mercure de Novembre.
IMITATION de la Fable Latinė
qui a pour titre , Cæna insperata , inserée
dans le Mercure de Novembre .
UN pecheur sur les bords d'une Rive profonde
,
Qui dans les eaux à jeun cherchoit un bon repas,
L'autre jour préparoit aux Hahitans de l'Onde ,
Sous des mets imposteurs un funeste trépas ;
Mais en vain ; ce jour - là la Nation muette
I. Vol B vj Voit
7078 MERCURE DE FRANCE
Voit le danger caché sous ces mets délicats ,
Et fait une sage retraite ;
Le Goujon même n'y mord pas.
Que faire ! il se retire , il fuit des bords ingrats ;
Mais vuide à son taudis , tandis qu'il s'achemine ,
Et que d'autres moyens en soi-même il rumine ,
Il entend dans les Airs un terrible fracas .
Une Gruë avoit fait ce qu'il n'avoit pû faire ,
Et sa Troupe comme elle avide et sanguinaire ,
Pour avoir son butin lui livroit cent combats .
Notre Pêcheur alloit à coups de pierre ,
Terminer soudain cette guerre ,
Quand à ses pieds par un merveilleux cas ,
Choit un Poisson , sujet de ses débats.
Fortune , c'est-là ton ouvrage ,
Un Pêcheur , quand tu veux , cherche en vain
dans les Mers ,
Un Poisson que sans peine il trouve dans les Airs.
L'inconstance est ton apanage ,
Et le caprice te conduit ;
Te plairas tu toujours , volage ,
A fuir qui te cherche , à chercher qui te fuit ?
De Montpellier.
qui a pour titre , Cæna insperata , inserée
dans le Mercure de Novembre .
UN pecheur sur les bords d'une Rive profonde
,
Qui dans les eaux à jeun cherchoit un bon repas,
L'autre jour préparoit aux Hahitans de l'Onde ,
Sous des mets imposteurs un funeste trépas ;
Mais en vain ; ce jour - là la Nation muette
I. Vol B vj Voit
7078 MERCURE DE FRANCE
Voit le danger caché sous ces mets délicats ,
Et fait une sage retraite ;
Le Goujon même n'y mord pas.
Que faire ! il se retire , il fuit des bords ingrats ;
Mais vuide à son taudis , tandis qu'il s'achemine ,
Et que d'autres moyens en soi-même il rumine ,
Il entend dans les Airs un terrible fracas .
Une Gruë avoit fait ce qu'il n'avoit pû faire ,
Et sa Troupe comme elle avide et sanguinaire ,
Pour avoir son butin lui livroit cent combats .
Notre Pêcheur alloit à coups de pierre ,
Terminer soudain cette guerre ,
Quand à ses pieds par un merveilleux cas ,
Choit un Poisson , sujet de ses débats.
Fortune , c'est-là ton ouvrage ,
Un Pêcheur , quand tu veux , cherche en vain
dans les Mers ,
Un Poisson que sans peine il trouve dans les Airs.
L'inconstance est ton apanage ,
Et le caprice te conduit ;
Te plairas tu toujours , volage ,
A fuir qui te cherche , à chercher qui te fuit ?
De Montpellier.
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Résumé : IMITATION de la Fable Latine qui a pour titre, Caena insperata, inserée dans le Mercure de Novembre.
Le texte décrit une imitation de la fable latine 'Cæna insperata', publiée dans le Mercure de Novembre. L'histoire suit un pêcheur sur les bords d'une rivière profonde. Ce pêcheur, cherchant un repas, utilise des appâts empoisonnés pour attraper des poissons. Cependant, les poissons reconnaissent le danger et évitent les appâts. Déçu, le pêcheur se retire. En rentrant chez lui, il entend un bruit de combat. Une grue et sa troupe attaquent un poisson, que le pêcheur convoitait. Alors qu'il tente d'intervenir, un poisson tombe miraculeusement à ses pieds. La fable met en lumière l'inconstance de la fortune, qui offre souvent ce que l'on cherche sans effort là où on ne l'attend pas. Le texte se conclut par une réflexion sur l'inconstance et le caprice de la fortune. L'auteur de cette fable est originaire de Montpellier.
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