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1
p. 273-275
BALADE.
Début :
Le Cavalier que vous me mandez qui se marie par amour dans / Dans ce Hameau je voy de toutes parts [...]
Mots clefs :
Hameau, Amour, Bacchus, Cérès, Hyménée
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texteReconnaissance textuelle : BALADE.
Le Cavalier que vous me mandez
qui se marie par amour dans
vostre Province, ne fuit pas l'avis
d'une Personne des plus spirituelles
de vostre beau Sexe. Je
parlede l'illettré Madame des
Houlieres, qui s'est déclarée sur
cette nlatÏere: par les Vers qui
suivent.
BALADE.
DAns ce HAmeAHje voy de tontes
parts
De beaux atours mainte Fillete ornée;
Je gagerois quequelque jeune Gars
Avec Catin unit sa destinée.
Elleal'oeil doux,Ile a les traits mi¡nars,.
L\iirgratieux, l'humeur point obstinée)
Maisgranddéfautgasse toussesattraits.
Pointriad'icits-Poiir belle qu'on {oiltée,
L' Amour languitlansBacchus & Cerés.
De doux propos & d'ttmottreux regards
On nesçauroitvivre toute tdnnée.
Jeunes v'aryf deviennenttoifVieillards,'
Quanileurconvientjeûner chaque journée;
Soucis p"lJàm chassentpensers çra'llaràs*
TendreJJè alors est en bref terminée;
S'il en paroiss, ce riefl qu'ad honoles.>
Far maints grands Clercs fAffaire examinée,
L'Amour languit fansBacchus & Cerés,
L'Atre entouré duntasaEnfascriards,
De Créanciers la Porte environnée,
D'untrifte hymen totales autres hasards,
Font endurerpeine d'Ame damnée,
Et donnentjoyeaivfeJ-'însbab'IUirds.
Minh'!s dont fut la tcfle couronne
Voironvoudrait transformez, en Cjprès. un tel desirpoint ne fuisétonnée,
L'Amour languit fansBacchus & Cerés.
1 - ENVOY.
V-ous, gui damourfîtivezlss Etendars,
Pointfiecroyez cauteleux Papelars3
DisansBeautésuffitpourthymenée.
Si vom voûtez, en toutfaireflorès,
'avecBeautéçrosse dot (oit donnée,
L'Amour languitsansBacchus &Cerés.
qui se marie par amour dans
vostre Province, ne fuit pas l'avis
d'une Personne des plus spirituelles
de vostre beau Sexe. Je
parlede l'illettré Madame des
Houlieres, qui s'est déclarée sur
cette nlatÏere: par les Vers qui
suivent.
BALADE.
DAns ce HAmeAHje voy de tontes
parts
De beaux atours mainte Fillete ornée;
Je gagerois quequelque jeune Gars
Avec Catin unit sa destinée.
Elleal'oeil doux,Ile a les traits mi¡nars,.
L\iirgratieux, l'humeur point obstinée)
Maisgranddéfautgasse toussesattraits.
Pointriad'icits-Poiir belle qu'on {oiltée,
L' Amour languitlansBacchus & Cerés.
De doux propos & d'ttmottreux regards
On nesçauroitvivre toute tdnnée.
Jeunes v'aryf deviennenttoifVieillards,'
Quanileurconvientjeûner chaque journée;
Soucis p"lJàm chassentpensers çra'llaràs*
TendreJJè alors est en bref terminée;
S'il en paroiss, ce riefl qu'ad honoles.>
Far maints grands Clercs fAffaire examinée,
L'Amour languit fansBacchus & Cerés,
L'Atre entouré duntasaEnfascriards,
De Créanciers la Porte environnée,
D'untrifte hymen totales autres hasards,
Font endurerpeine d'Ame damnée,
Et donnentjoyeaivfeJ-'însbab'IUirds.
Minh'!s dont fut la tcfle couronne
Voironvoudrait transformez, en Cjprès. un tel desirpoint ne fuisétonnée,
L'Amour languit fansBacchus & Cerés.
1 - ENVOY.
V-ous, gui damourfîtivezlss Etendars,
Pointfiecroyez cauteleux Papelars3
DisansBeautésuffitpourthymenée.
Si vom voûtez, en toutfaireflorès,
'avecBeautéçrosse dot (oit donnée,
L'Amour languitsansBacchus &Cerés.
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Résumé : BALADE.
Madame des Houlières a exprimé son avis sur le mariage par amour dans une ballade. Cette ballade décrit les qualités et les défauts des jeunes filles et met en garde contre les dangers de l'amour sans soutien matériel. Elle souligne que l'amour seul ne suffit pas pour un mariage heureux et durable, car il nécessite également des ressources, symbolisées par Bacchus et Cérès, représentant respectivement le vin et les récoltes. La ballade critique les mariages sans dot et met en avant les souffrances que peuvent endurer les couples sans ressources. Elle conclut en affirmant que l'amour languit sans le soutien matériel.
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2
p. 88-90
I.
Début :
Tréve à tous vos Festins, Partisans de Bacchus. [...]
Mots clefs :
Festins, Bacchus, Vigne vierge, Hiver, Feuillage
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texteReconnaissance textuelle : I.
T
I.
Réve à tous vos Feftins, Partifans
de Bacchus.
LeMercure vous donne une ftérileTreille,
Qui nepouvant jamais remplir voftre
Bouteille,
Vous marque affez par là que vous ne
boirez plus.
***
C'est une Vigne Vierge, & qui ne porte
pas.
du Mercure Galant
* q
Sa Soeur qui ne l'eft point, eft tous les ans
féconde:
Elle produit le Vin, qui plaiſt à bien du
monde,
Et quifait la douceur & l'ame des Re
pas.
*3
La Vigne Vierge rampe, & s'attache
aux Maifons,
Faifant à la Muraille un Tapis de Persdures
Ileft d'autant plus beau, qu'il vient de laż
Nature,
Qui l'étendtous les jours en diverfesfa--:
Cons.
$3
Enfaisant un Berceau de fonfeuillage?
épais,
Au jour le plus ferain vous avez un liem
Sombre,
Où malgré le Soleil vous allez prendre
l'ombre,
Pour vousmettre à voſtre aife, & làpren
dre lefrais.
Q. deJanvier 1685.
H.
90 Extraordinaire
Lors que l'Hyver approche, elle est toute
en rougeur;
On en prend la raisonfur ce qu'à noftre
veuë
Se voyant dépouiller & mettre toute nuë,,
Comme c'eft une Vierge, elle a de la pudeur.
Le P. Colin, C. de Sens ..
I.
Réve à tous vos Feftins, Partifans
de Bacchus.
LeMercure vous donne une ftérileTreille,
Qui nepouvant jamais remplir voftre
Bouteille,
Vous marque affez par là que vous ne
boirez plus.
***
C'est une Vigne Vierge, & qui ne porte
pas.
du Mercure Galant
* q
Sa Soeur qui ne l'eft point, eft tous les ans
féconde:
Elle produit le Vin, qui plaiſt à bien du
monde,
Et quifait la douceur & l'ame des Re
pas.
*3
La Vigne Vierge rampe, & s'attache
aux Maifons,
Faifant à la Muraille un Tapis de Persdures
Ileft d'autant plus beau, qu'il vient de laż
Nature,
Qui l'étendtous les jours en diverfesfa--:
Cons.
$3
Enfaisant un Berceau de fonfeuillage?
épais,
Au jour le plus ferain vous avez un liem
Sombre,
Où malgré le Soleil vous allez prendre
l'ombre,
Pour vousmettre à voſtre aife, & làpren
dre lefrais.
Q. deJanvier 1685.
H.
90 Extraordinaire
Lors que l'Hyver approche, elle est toute
en rougeur;
On en prend la raisonfur ce qu'à noftre
veuë
Se voyant dépouiller & mettre toute nuë,,
Comme c'eft une Vierge, elle a de la pudeur.
Le P. Colin, C. de Sens ..
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Résumé : I.
Le Mercure Galant de janvier 1685 compare deux types de vignes : la 'Vigne Vierge' et une vigne plus productive. La Vigne Vierge est stérile et ne produit pas de vin, symbolisant la fin de la consommation de vin. En revanche, sa sœur fertile produit un vin apprécié, apportant douceur et âme aux repas. La Vigne Vierge se distingue par sa croissance rampante, créant un tapis de verdure sur les murs et offrant de l'ombre en été. À l'approche de l'hiver, elle rougit, manifestant une pudeur virginale face à la nudité. Le texte met en avant les contrastes entre stérilité et fertilité, ainsi que les aspects esthétiques et pratiques des vignes.
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3
p. 68-72
A MADAME *** En luy envoyant un Cartaut de Muscat, au lieu de Bouquet, le jour de sa Feste.
Début :
Je vous envoye deux Lettres de Mr Vignier de Richelieu. / Je suis bien fâché, Illustre & Charmante Reyne, de ce que [...]
Mots clefs :
Reine, Illustre, Fleurs, Bacchus, Ennemi, Brillante, Belle, Bonheur, Liqueur
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texteReconnaissance textuelle : A MADAME *** En luy envoyant un Cartaut de Muscat, au lieu de Bouquet, le jour de sa Feste.
Je vous envoye deux Lettres
de M' Vignier de Richelieu
. Elles font d'un Caractere
GALANT. 69
à ne vous déplaire pas. L'une
à eftre écrite à une Dame , qui
ayant eu la Féve la veille des
Roys , fut nommée la Reyne
Marteffinde
..
52:SSS25ES : 5225555
A MADAME ***
Enluy envoyant unCartaut de Mufcat,
au lieu de Bouquet , le jour
defa Fefte.
E fuis bien fâché , Illuftre &
Charmante Reyne , de ce que
voftre Fefte arrive dans une Sai
fon où il n'y a pas de Fleurs affez
belles pour vous faire unBouquet .
Je fçay bien qu'en tout Temps,
70 MERCURE
L'Efté , l'Hyver, l'Automne , & le ?
Printemps,
Le Parnaffe a des Fleurs, mais helas,
quelle peine!
Quand on croit bien choisir, il arrive
Souvent,
Que loin d'avoir touché le coeur
d'une inhumaine,
Autant en emporte le Vent. "-
Je me fuis donc moins attaché é
à la forme qu'à la matiere du à
Bouquet. On ne me prendrà pass
fans doute pour un Galant de
Flore. On croira pluftoft que
Bacchus eft mon Patron, .
Mais qu'il le foit, ou qu'il ne le foit
peint,
Honnyfoit qui peut en mefdire;
Iefuisfriand au dernier points.
>
GALANT. 71
Du Fruit qui croit dansfou Em
pine.
Le froid eft l'ennemy des
Fleurs , & on les méprife dés
qu'elles ont perdu leur éclat ;
mais il n'en est pas de mefme de
ce charme des Humains. Plus il
géle , & plus il a de brillant & de
force pour fe faire aymer
.
C'eft une verité connuë,
Qu'ilfçaitparfa vive couleur,
Charmer d'abord la vuë
Et gagner enfuite le coeur.
J'efpere , Belle Reyne , que
vous en ferez l'épreuve .
Et que vostre gouft delicat,
M'aura pas de regret auchangez ·
72 MERCURE
Si je vous donne un Cartaut de
Mufcat,
Pour un Bouquet de fleur d'orange.
Quand vous ferez à Table avec
ces heureuſes Perfonnes que vous
avez honorées , des plus confiderables
Charges de voftre Cour,
ce ne vous fera pas un petit plaifir
de voir que toutes,
En beuvant de cette Liqueur,
Entonneront à voftre honneur,
Des Chansons à douzaine,
Qui toutes auront pour Refrein ,
Rien n'eftfi beau que noftre Reyne,
Et rien n'eftfi bon que fon Vin.
de M' Vignier de Richelieu
. Elles font d'un Caractere
GALANT. 69
à ne vous déplaire pas. L'une
à eftre écrite à une Dame , qui
ayant eu la Féve la veille des
Roys , fut nommée la Reyne
Marteffinde
..
52:SSS25ES : 5225555
A MADAME ***
Enluy envoyant unCartaut de Mufcat,
au lieu de Bouquet , le jour
defa Fefte.
E fuis bien fâché , Illuftre &
Charmante Reyne , de ce que
voftre Fefte arrive dans une Sai
fon où il n'y a pas de Fleurs affez
belles pour vous faire unBouquet .
Je fçay bien qu'en tout Temps,
70 MERCURE
L'Efté , l'Hyver, l'Automne , & le ?
Printemps,
Le Parnaffe a des Fleurs, mais helas,
quelle peine!
Quand on croit bien choisir, il arrive
Souvent,
Que loin d'avoir touché le coeur
d'une inhumaine,
Autant en emporte le Vent. "-
Je me fuis donc moins attaché é
à la forme qu'à la matiere du à
Bouquet. On ne me prendrà pass
fans doute pour un Galant de
Flore. On croira pluftoft que
Bacchus eft mon Patron, .
Mais qu'il le foit, ou qu'il ne le foit
peint,
Honnyfoit qui peut en mefdire;
Iefuisfriand au dernier points.
>
GALANT. 71
Du Fruit qui croit dansfou Em
pine.
Le froid eft l'ennemy des
Fleurs , & on les méprife dés
qu'elles ont perdu leur éclat ;
mais il n'en est pas de mefme de
ce charme des Humains. Plus il
géle , & plus il a de brillant & de
force pour fe faire aymer
.
C'eft une verité connuë,
Qu'ilfçaitparfa vive couleur,
Charmer d'abord la vuë
Et gagner enfuite le coeur.
J'efpere , Belle Reyne , que
vous en ferez l'épreuve .
Et que vostre gouft delicat,
M'aura pas de regret auchangez ·
72 MERCURE
Si je vous donne un Cartaut de
Mufcat,
Pour un Bouquet de fleur d'orange.
Quand vous ferez à Table avec
ces heureuſes Perfonnes que vous
avez honorées , des plus confiderables
Charges de voftre Cour,
ce ne vous fera pas un petit plaifir
de voir que toutes,
En beuvant de cette Liqueur,
Entonneront à voftre honneur,
Des Chansons à douzaine,
Qui toutes auront pour Refrein ,
Rien n'eftfi beau que noftre Reyne,
Et rien n'eftfi bon que fon Vin.
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Résumé : A MADAME *** En luy envoyant un Cartaut de Muscat, au lieu de Bouquet, le jour de sa Feste.
L'auteur d'une lettre s'adresse à une dame nommée 'la Reyne Marteffinde', qui a obtenu la faveur des rois. Il regrette que la fête de la dame ait lieu en une saison où les fleurs ne sont pas suffisamment belles pour lui offrir un bouquet. Il compare la difficulté de choisir des fleurs poétiques à celle de toucher le cœur d'une personne insensible. En remplacement d'un bouquet, il envoie un cartaut de muscat. L'auteur souligne que, contrairement aux fleurs, le charme humain gagne en force et en éclat avec le temps. Il espère que la dame appréciera le muscat et que, lors d'un repas avec des personnes importantes de sa cour, tous chanteront en son honneur, affirmant que rien n'est plus beau que leur reine et rien n'est meilleur que son vin.
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4
p. 163-165
Bassins de Saturne & de Bachus, [titre d'après la table]
Début :
Les Ambassadeurs virent encore deux grands Bassins qui sont du [...]
Mots clefs :
Bassin de Saturne, Bassin de Bacchus, Bassin, Saturne, Bacchus, Figure, Attributs, Satyres
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texteReconnaissance textuelle : Bassins de Saturne & de Bachus, [titre d'après la table]
Les Ambaſſadeurs virent
encore deux grands Baffins
- qui ſont du meſme coſté , &
ne ſont point enfermez. Le
premier eſt le Baffin de Saturne
, & le ſecond celuy de
Bacchus. Celuy de Saturne eſt
rond. La Figure qui le repre
ſente eſt accompagnée de
pluſieurs Enfans qui tiennent
les attributs de ce Vieillard
,& dont il fort pluſieurs
Iets d'eau. Satutne tient une
pierre que fa Femme luy
donna , en luy faiſant- croite
des Amb. de Siam.
149
qu'elle en eſtoit accouchée.
Ce Baffin reprefente l'Hiver.
Celúy de Bacchus qui marque
l'Automne , eſt de Figure
octogone. Bacchus eft au mi-
Heu accompagné de plufieurs
Satires , & environné
de tous ſes attributs ; de forte
que du tout enſemble , il
fort pluſieurs Jets d'eau.
Quatre autres Satyres , mais
plus éloignez , & qui font à
diſtance égale , l'environnent
encore , chacun avec un
Iets d'eau
encore deux grands Baffins
- qui ſont du meſme coſté , &
ne ſont point enfermez. Le
premier eſt le Baffin de Saturne
, & le ſecond celuy de
Bacchus. Celuy de Saturne eſt
rond. La Figure qui le repre
ſente eſt accompagnée de
pluſieurs Enfans qui tiennent
les attributs de ce Vieillard
,& dont il fort pluſieurs
Iets d'eau. Satutne tient une
pierre que fa Femme luy
donna , en luy faiſant- croite
des Amb. de Siam.
149
qu'elle en eſtoit accouchée.
Ce Baffin reprefente l'Hiver.
Celúy de Bacchus qui marque
l'Automne , eſt de Figure
octogone. Bacchus eft au mi-
Heu accompagné de plufieurs
Satires , & environné
de tous ſes attributs ; de forte
que du tout enſemble , il
fort pluſieurs Jets d'eau.
Quatre autres Satyres , mais
plus éloignez , & qui font à
diſtance égale , l'environnent
encore , chacun avec un
Iets d'eau
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Résumé : Bassins de Saturne & de Bachus, [titre d'après la table]
Le texte mentionne deux 'Baffins' observés par des ambassadeurs. Le premier, rond et lié à Saturne, représente l'hiver avec des enfants tenant les attributs de Saturne. Le second, octogonal et lié à Bacchus, symbolise l'automne avec des satyres et les attributs de Bacchus. Les deux figures versent plusieurs jets d'eau.
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5
p. 350
AIR NOUVEAU.
Début :
Je vous envoye une Chanson nouvelle ; elle est de Mr. / Le Vin est necessaire [...]
Mots clefs :
Vin, Bacchus, Amour, Pots
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AIR NOUVEAU.
Je vous envoye une Chanfon nouvelle ; elle eft de M
Charles.
AIR NOUVEAU.
LeVin eft neceffaire
Quandon veut vivre en repos ,
Si le Dieu d'Amour altere
ne plaire
Bachus vientfort à propos ; ~
Tous les deuxfçavent me
J'aimel'Amour & les Pots.
Charles.
AIR NOUVEAU.
LeVin eft neceffaire
Quandon veut vivre en repos ,
Si le Dieu d'Amour altere
ne plaire
Bachus vientfort à propos ; ~
Tous les deuxfçavent me
J'aimel'Amour & les Pots.
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6
p. 57-76
Articles contenant plusieurs curiositez qui peuvent instruire le Public & luy faire plaisir. [titre d'après la table]
Début :
Je passe d'un Article de Religion, à des Articles de Curiosité. [...]
Mots clefs :
Médailles, Bacchus, Bronze, Pierres gravées, Curiosité, Inscription grecque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Articles contenant plusieurs curiositez qui peuvent instruire le Public & luy faire plaisir. [titre d'après la table]
Je paffe d'un Article de Religion , à des Articles de Cu
riofité.
58 MERCURE
Entre les Pierres gravées antiques qui compofent le Cabinet du Roy , le plus riche &
le plus precieux qui foit dans
l'Europe , il y en a une gravée
en creux , &montée en bague,
qui eft un chef- d'œuvre de
l'Art. C'est une petite Cornaline tranfparente qui a efté deffinée en grand par l'illuftre
Mile le Hay , connuë fous le
nom de Mlle Cheron , &gravée
en Eſtampe par Mr Picard. On
croit que cette Pierre a fervy
de Cachet à Michel Ange , &
que Raphaël en a imité quelques figures dans fes tableaux.
GALANT 59
Elle a appartenu à Mr Bagarris , Garde du Cabinet d'Henry IV. enfuite à Mr Lothier,
Antiquaire d'Aix en Provence,
& Sa Majefté l'a acquife de fes
heritiers. L'Eftampe en a eſté
publiée dans le Journal des
Sçavans du mois de Janvier
dernier , & il y en a une explication par un fçavant Je
fuite dans les Memoires de
Trevoux de Fevrier. Mais Mr
Moreau de Mautour qui a remarqué dans ce Deffein & fur
cette Eftampe des choſes differentes de ce qui fe trouve fur
la Pierre originale , & fur les
60 MERCURE
empreintes , a pris occaſion de
faire une Differtation fur ce
fujet, & il a donné lieu à une
nouvelle Eftampe plus exacte ,
dediée à Mr l'Abbé Bignon ,
& gravée par Mr Montbard ,
ruë S. Jacques, où elle fe vend.
Il y a au bas de cette Eſtampè
un petit Extrait de fa Differ
tation. Mr Moreau de Mautour pretend que la graveure
dont l'empreinte forme un bas
relief, reprefente une espece de
Fefte de Sacrifice en l'honneur
de Bacchus , & en memoiredefa
naiffance. On voit le petit Bacchus alaité par Ino fa premiere
GALANT 61
nourrice. Prés d'elle est la belle
Hippa, autre nourrice celebréepar
Orphée dans fes Hymnes. Le
vieillard eft Athamas,ou le vieux,
Silene , ou un Faune , quifait la
fonction de Sacrificateur tient
une Patere pour les libations de
vinfur le feudeftiné pour le Sacrifice. Un Miniftre du Sacrifice
conduit un Bouc , victime qu'on
immoloit à Bacchus , &tient un
vafe destinépour recevoir lefang
de la victime. Un Satyre jouë
d'une espece de flute recourbée ,
inftrument employé dans les Sacrifices & les Feftes. Les Nymphes qui furent ainsi que les Sa
62 MERCURE
tyres , les Bacchantes &les Fau
nes de la fuire de Bacchus , portent des Corbeilles de fleurs &de
fruits , fimblables à celles
po toient fur leurs têtes les jeunes
filles d'Athenes dans les Festes
confacrées à ce Dieu , nommées
que
Canephoria. Une Bacchante enjouée prefente à un des deuxpetits
Amours, une Cimbale , efpece
d'inftrument en ufage dans les
Orgies. Les Amours conviennent
à Bacchus ; on les voit dépeints
enfemble dans Anacreon, &fur
les monumens antiques. Apollon
debout , une Patere à la main , eft
icy comme une Divinité. les que
GALANT 63
que
Egyptiens & les Grecs confondoient avec Bacchus. Les deux
arbres , dont l'un eft entouré de
pampres ,fontdela nature de ceux
Pline décrit , & qui font pro-
-prespour la vigne. Le Pefcheur
hors d'œuvre , a peut eftre raport
àune fiction ingenieufe & morale
de Theocritedans l'Idylle qui porte ce titre. Ce Poëte né à Syracufe, vivoit à la Cour de Ptolemée
Philadelphe , Roy d'Egypte , qui
inftituadans Alexandrie une Fifte
particuliere à l'honneur de Bacchus , felon Achenée , auquel
temps on peut fixer l'Epoque de
l'excellent Ouvrier de ce precieux
i
A
64 MERCURE
Monument, qui auroit prés de
deux mille ans d'antiquité.
Je dois , puifque j'ai commencé à vous parler d'antiquitez , vous entretenir de plufieurs articles curieux fur ce
fujet.
On a trouvé un Trefor de
Medailles depuis peu dans la
Terre d'un Gentilhomme peu
éloignée de cette Ville ; unCurieux qui a acheté ce qui en
reftoit , car une partie avoit
déja cfté diffipée ou fonduë
par les Auteurs de la découverte , en a eu fix mille fept
GALANT 65
censquarante , c'eſt à dire quarante livres pefant , & il a jugé
par l'examen qu'il en a fait que
les Medailles du bas Empire ,
ne font nullement à mépriſer ,
& qu'elles inftruiſent autant
que celles du haut Empire.
Aprés les avoir nettoyées il les
pefa , & il vit qu'il en falloit
communément cent foixante
pour faire une livre ; il prit enfuite quelques Medailles de
Bronze des deux premiers fic .
cles de l'Empire Romain, & il
vit que huit Medailles de ce
petit bronze eftoient à peu prés
du même poids que huit MeAvril 1710. F
66 MERCURE
dailles d'argent du haut Empire ; que quatre Medailles d'or ,
que deux Medailles de moyen
bronze , & qu'une Medaille
de grand bronze ; ce qui fournit une preuve que les Romains ont toûjours gardé des
proportions dans la fabrique
de leurs Monnoyes. Les Medailles du Trefor en queſtion
commencent à Valerien , c'eſtà dire à l'Empereur dont la
deftinée fut fi trifte , qui fuc
pris dans la guerre des Perfes ,
& qui mourut d'une maniere
tragique , & qu'elles finiffent à
Aurelien ; de forte qu'elles ne
GALANT 67
comprennent que le regne de
fix ou fept Empereurs. On
compte cependant dans cet
amas de Medailles feize ou dixfept Princes differens , car ou
tre les deux Imperatrices & les
deux jeunes Cefars qui appartiennent à la famille de Valerien , il y a des Quietus , des
Elianus , des Marius , je veux
dire quelques uns de ces Empereurs , qui ont feulement regné dans quelques Provinces
de l'Empire Romain. Les revers font admirables par leur
diverfité , & il en eft peu dans
le Recueil de Mr le Comte
Fij
68 MERCURE
Mezabarba,que l'on ne trouve
dans ce Trefor , & il y en a
même beaucoup que l'on ne
trouve dans le Recueil de ce pas
Comte , quoy qu'il foit le plus
ample & le plus fidelle qu'on
ait des Medailles Latines ; commeon le peut voir
qui en a efté fait.
par le livre
On a trouvé il у a déja
quelque temps auprés de Paris
une petite Figure de bronze
reprefentant un jeune homme
qui tient de la main gauche une
Patere & de la droite un vafc
courbe. Plufieurs Antiquaires
ont travaillé à l'explication de
GALANT 69
cette Figure , & le Pere Poupart fur tout , Religieux du
Tiers-Ordre de Saint François
à Picpus , a écrit fur ce fujet
une Lettre à Mr l'Evêque de
Soiffons , qui luy fait beaucoup
d'honneur par le tour inge
nieux & folide avec lequel il
explique cette Antique ; il pré
tend que c'eft un jeune homme qui fert à boire , & il fonde
fon fentiment fur la coûtume
des Anciens qui fe fervoient
de jeunes gens pour leur verfer à boire. Horace nous apprend que leur air eftoir gracieux , leur tefte couronnée
70 MERCURE
leur chevelure frifée, leur habit
ceint & retrouffé , tel qu'on reprefente le jeune homme de
la Figure; leur employ cftoit
de fervir le vin & de lever la
table. La coutume de fe fervir
de ces jeunes gens , ajoute le
Pere Poupart , eftoit une Imitation de la Fable deJupiter &
de Ganymede ; & les couronnes de ces jeunes gens eftoient
ordinairement de rofes & d'autres fleurs felon les Saifons.
Ciceron en parle dans une de
fes Oraifons contre Verrez.
Toutes ces chofes fetrouvant
dans la Figure en queſtion nô-
GALANT 71
tre fçavant Picpus prétend que
c'eſt un jeune homme qui fert
à boire , & non un Joueur de
Flute courbe comme quelques
autres l'ont prétendu. Il prouve enfin
par l'autorité de Stace
que c'eft une Patere dont on
fe fervoit pour faire des libations dans les repas . A l'égard
de la difficulté qui naiſt de
l'inftrument courbe que ce
jeune homme tient à la main
droite , le Pere Poupart croit
& avec fondement , que c'eſt
une de ces cornes dans leſquelles les Anciens beuvoient , &
dont Homère , Xenophon ,
72 MERCURE
P
Athenée & Plutarque parlent ,
& à l'égard de fa grandeur il
dit qu'il ne faut pas s'en étonner , parce que les Anciens
aimoient à boire de grands
coups. Le Pere Poupart parent
de Mr Poupart de l'Academie
des Sciences , mort depuis peu ,
eft connu par plufieurs ouvrages , & furtout par la Traduction Françoife de l'Apotheofe
de l'Empereur Claude par Se-
-neque avec des Notes.b
On a trouvé à Smyrne, une
ancienne Inſcription Grecque
qui donne de l'exercice à tous
les Antiquaires. C'eſt une Epitaphe
GALANT 73
taphe pour Heria Th:fbé , qui
eft qualifiée Monodiaria. C'eſt
unterme de Muſique qui fignifioit une femme qui chantoit
feule fur le Theatre. L'Auteur
de cette Epitaphe cft nommé
Choroula , c'est- à-dire Muficien , qui joüoit de la Flute pendant les chants du Choeur.
L'affemblage des voix & des
inftrumens,faifoit un des principaux agrémens des Pieces de
Theatre, & comme le dit Seneque , on ne diſtinguoit la
voix de perfonne en particulier , mais le concert de toutes
les voix charmoit les oreilles.
Avril 1710.0 G
74 MERCURE
Plufieurs Antiquaires d'Alle
magne ont publié leurs conjectures fur cette Infcription ;
mais celle qui a paru la plus autoriféc & qui a eu jufqu'à prefent le plus de partifans eft celle de Mr Gutberletti de Francker, qui a cette occafion a publié une fçavante Differtation
où il traite à fond la matiere
qui regarde les Joueurs de Flutes de Anciens. Il parle entreautres d'un certain Joueur
nommé Canus qui fit tant de
plaifir à l'Empereur Galba en
joüant de ſon inſtrument , que
c Prince luy donna defa pro-
GALANT 75
pre main cinq deniers , plutoſt
fans doute , pour luy tenir lieu
d'approbation que commeune
récompenſe. Mr Gutberlethi
parla avec beaucoup d'étenduë de la Mufique & du Chœur
des Anciens ; & il conclud que
Heria Thifbé à qui l'Infcription eſt conſacrée , eftoit une
Chanteufe , &nullement la celebre Thiſbé tant chantée par
Ovide à caufe de fes amours
& dela mort funefte avec Pyrame. Mr Gutberlethi cite
pour garent de fon fentiment
le celebre Guiter , qui dans fon
Treforparle de cette belle ChanGij
76 MERCURE
teufe à qui il donne de grandes loüanges. Cet Auteur rapporte quantité d'Infcriptions
qui fortifient fon ſentiment.
riofité.
58 MERCURE
Entre les Pierres gravées antiques qui compofent le Cabinet du Roy , le plus riche &
le plus precieux qui foit dans
l'Europe , il y en a une gravée
en creux , &montée en bague,
qui eft un chef- d'œuvre de
l'Art. C'est une petite Cornaline tranfparente qui a efté deffinée en grand par l'illuftre
Mile le Hay , connuë fous le
nom de Mlle Cheron , &gravée
en Eſtampe par Mr Picard. On
croit que cette Pierre a fervy
de Cachet à Michel Ange , &
que Raphaël en a imité quelques figures dans fes tableaux.
GALANT 59
Elle a appartenu à Mr Bagarris , Garde du Cabinet d'Henry IV. enfuite à Mr Lothier,
Antiquaire d'Aix en Provence,
& Sa Majefté l'a acquife de fes
heritiers. L'Eftampe en a eſté
publiée dans le Journal des
Sçavans du mois de Janvier
dernier , & il y en a une explication par un fçavant Je
fuite dans les Memoires de
Trevoux de Fevrier. Mais Mr
Moreau de Mautour qui a remarqué dans ce Deffein & fur
cette Eftampe des choſes differentes de ce qui fe trouve fur
la Pierre originale , & fur les
60 MERCURE
empreintes , a pris occaſion de
faire une Differtation fur ce
fujet, & il a donné lieu à une
nouvelle Eftampe plus exacte ,
dediée à Mr l'Abbé Bignon ,
& gravée par Mr Montbard ,
ruë S. Jacques, où elle fe vend.
Il y a au bas de cette Eſtampè
un petit Extrait de fa Differ
tation. Mr Moreau de Mautour pretend que la graveure
dont l'empreinte forme un bas
relief, reprefente une espece de
Fefte de Sacrifice en l'honneur
de Bacchus , & en memoiredefa
naiffance. On voit le petit Bacchus alaité par Ino fa premiere
GALANT 61
nourrice. Prés d'elle est la belle
Hippa, autre nourrice celebréepar
Orphée dans fes Hymnes. Le
vieillard eft Athamas,ou le vieux,
Silene , ou un Faune , quifait la
fonction de Sacrificateur tient
une Patere pour les libations de
vinfur le feudeftiné pour le Sacrifice. Un Miniftre du Sacrifice
conduit un Bouc , victime qu'on
immoloit à Bacchus , &tient un
vafe destinépour recevoir lefang
de la victime. Un Satyre jouë
d'une espece de flute recourbée ,
inftrument employé dans les Sacrifices & les Feftes. Les Nymphes qui furent ainsi que les Sa
62 MERCURE
tyres , les Bacchantes &les Fau
nes de la fuire de Bacchus , portent des Corbeilles de fleurs &de
fruits , fimblables à celles
po toient fur leurs têtes les jeunes
filles d'Athenes dans les Festes
confacrées à ce Dieu , nommées
que
Canephoria. Une Bacchante enjouée prefente à un des deuxpetits
Amours, une Cimbale , efpece
d'inftrument en ufage dans les
Orgies. Les Amours conviennent
à Bacchus ; on les voit dépeints
enfemble dans Anacreon, &fur
les monumens antiques. Apollon
debout , une Patere à la main , eft
icy comme une Divinité. les que
GALANT 63
que
Egyptiens & les Grecs confondoient avec Bacchus. Les deux
arbres , dont l'un eft entouré de
pampres ,fontdela nature de ceux
Pline décrit , & qui font pro-
-prespour la vigne. Le Pefcheur
hors d'œuvre , a peut eftre raport
àune fiction ingenieufe & morale
de Theocritedans l'Idylle qui porte ce titre. Ce Poëte né à Syracufe, vivoit à la Cour de Ptolemée
Philadelphe , Roy d'Egypte , qui
inftituadans Alexandrie une Fifte
particuliere à l'honneur de Bacchus , felon Achenée , auquel
temps on peut fixer l'Epoque de
l'excellent Ouvrier de ce precieux
i
A
64 MERCURE
Monument, qui auroit prés de
deux mille ans d'antiquité.
Je dois , puifque j'ai commencé à vous parler d'antiquitez , vous entretenir de plufieurs articles curieux fur ce
fujet.
On a trouvé un Trefor de
Medailles depuis peu dans la
Terre d'un Gentilhomme peu
éloignée de cette Ville ; unCurieux qui a acheté ce qui en
reftoit , car une partie avoit
déja cfté diffipée ou fonduë
par les Auteurs de la découverte , en a eu fix mille fept
GALANT 65
censquarante , c'eſt à dire quarante livres pefant , & il a jugé
par l'examen qu'il en a fait que
les Medailles du bas Empire ,
ne font nullement à mépriſer ,
& qu'elles inftruiſent autant
que celles du haut Empire.
Aprés les avoir nettoyées il les
pefa , & il vit qu'il en falloit
communément cent foixante
pour faire une livre ; il prit enfuite quelques Medailles de
Bronze des deux premiers fic .
cles de l'Empire Romain, & il
vit que huit Medailles de ce
petit bronze eftoient à peu prés
du même poids que huit MeAvril 1710. F
66 MERCURE
dailles d'argent du haut Empire ; que quatre Medailles d'or ,
que deux Medailles de moyen
bronze , & qu'une Medaille
de grand bronze ; ce qui fournit une preuve que les Romains ont toûjours gardé des
proportions dans la fabrique
de leurs Monnoyes. Les Medailles du Trefor en queſtion
commencent à Valerien , c'eſtà dire à l'Empereur dont la
deftinée fut fi trifte , qui fuc
pris dans la guerre des Perfes ,
& qui mourut d'une maniere
tragique , & qu'elles finiffent à
Aurelien ; de forte qu'elles ne
GALANT 67
comprennent que le regne de
fix ou fept Empereurs. On
compte cependant dans cet
amas de Medailles feize ou dixfept Princes differens , car ou
tre les deux Imperatrices & les
deux jeunes Cefars qui appartiennent à la famille de Valerien , il y a des Quietus , des
Elianus , des Marius , je veux
dire quelques uns de ces Empereurs , qui ont feulement regné dans quelques Provinces
de l'Empire Romain. Les revers font admirables par leur
diverfité , & il en eft peu dans
le Recueil de Mr le Comte
Fij
68 MERCURE
Mezabarba,que l'on ne trouve
dans ce Trefor , & il y en a
même beaucoup que l'on ne
trouve dans le Recueil de ce pas
Comte , quoy qu'il foit le plus
ample & le plus fidelle qu'on
ait des Medailles Latines ; commeon le peut voir
qui en a efté fait.
par le livre
On a trouvé il у a déja
quelque temps auprés de Paris
une petite Figure de bronze
reprefentant un jeune homme
qui tient de la main gauche une
Patere & de la droite un vafc
courbe. Plufieurs Antiquaires
ont travaillé à l'explication de
GALANT 69
cette Figure , & le Pere Poupart fur tout , Religieux du
Tiers-Ordre de Saint François
à Picpus , a écrit fur ce fujet
une Lettre à Mr l'Evêque de
Soiffons , qui luy fait beaucoup
d'honneur par le tour inge
nieux & folide avec lequel il
explique cette Antique ; il pré
tend que c'eft un jeune homme qui fert à boire , & il fonde
fon fentiment fur la coûtume
des Anciens qui fe fervoient
de jeunes gens pour leur verfer à boire. Horace nous apprend que leur air eftoir gracieux , leur tefte couronnée
70 MERCURE
leur chevelure frifée, leur habit
ceint & retrouffé , tel qu'on reprefente le jeune homme de
la Figure; leur employ cftoit
de fervir le vin & de lever la
table. La coutume de fe fervir
de ces jeunes gens , ajoute le
Pere Poupart , eftoit une Imitation de la Fable deJupiter &
de Ganymede ; & les couronnes de ces jeunes gens eftoient
ordinairement de rofes & d'autres fleurs felon les Saifons.
Ciceron en parle dans une de
fes Oraifons contre Verrez.
Toutes ces chofes fetrouvant
dans la Figure en queſtion nô-
GALANT 71
tre fçavant Picpus prétend que
c'eſt un jeune homme qui fert
à boire , & non un Joueur de
Flute courbe comme quelques
autres l'ont prétendu. Il prouve enfin
par l'autorité de Stace
que c'eft une Patere dont on
fe fervoit pour faire des libations dans les repas . A l'égard
de la difficulté qui naiſt de
l'inftrument courbe que ce
jeune homme tient à la main
droite , le Pere Poupart croit
& avec fondement , que c'eſt
une de ces cornes dans leſquelles les Anciens beuvoient , &
dont Homère , Xenophon ,
72 MERCURE
P
Athenée & Plutarque parlent ,
& à l'égard de fa grandeur il
dit qu'il ne faut pas s'en étonner , parce que les Anciens
aimoient à boire de grands
coups. Le Pere Poupart parent
de Mr Poupart de l'Academie
des Sciences , mort depuis peu ,
eft connu par plufieurs ouvrages , & furtout par la Traduction Françoife de l'Apotheofe
de l'Empereur Claude par Se-
-neque avec des Notes.b
On a trouvé à Smyrne, une
ancienne Inſcription Grecque
qui donne de l'exercice à tous
les Antiquaires. C'eſt une Epitaphe
GALANT 73
taphe pour Heria Th:fbé , qui
eft qualifiée Monodiaria. C'eſt
unterme de Muſique qui fignifioit une femme qui chantoit
feule fur le Theatre. L'Auteur
de cette Epitaphe cft nommé
Choroula , c'est- à-dire Muficien , qui joüoit de la Flute pendant les chants du Choeur.
L'affemblage des voix & des
inftrumens,faifoit un des principaux agrémens des Pieces de
Theatre, & comme le dit Seneque , on ne diſtinguoit la
voix de perfonne en particulier , mais le concert de toutes
les voix charmoit les oreilles.
Avril 1710.0 G
74 MERCURE
Plufieurs Antiquaires d'Alle
magne ont publié leurs conjectures fur cette Infcription ;
mais celle qui a paru la plus autoriféc & qui a eu jufqu'à prefent le plus de partifans eft celle de Mr Gutberletti de Francker, qui a cette occafion a publié une fçavante Differtation
où il traite à fond la matiere
qui regarde les Joueurs de Flutes de Anciens. Il parle entreautres d'un certain Joueur
nommé Canus qui fit tant de
plaifir à l'Empereur Galba en
joüant de ſon inſtrument , que
c Prince luy donna defa pro-
GALANT 75
pre main cinq deniers , plutoſt
fans doute , pour luy tenir lieu
d'approbation que commeune
récompenſe. Mr Gutberlethi
parla avec beaucoup d'étenduë de la Mufique & du Chœur
des Anciens ; & il conclud que
Heria Thifbé à qui l'Infcription eſt conſacrée , eftoit une
Chanteufe , &nullement la celebre Thiſbé tant chantée par
Ovide à caufe de fes amours
& dela mort funefte avec Pyrame. Mr Gutberlethi cite
pour garent de fon fentiment
le celebre Guiter , qui dans fon
Treforparle de cette belle ChanGij
76 MERCURE
teufe à qui il donne de grandes loüanges. Cet Auteur rapporte quantité d'Infcriptions
qui fortifient fon ſentiment.
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Résumé : Articles contenant plusieurs curiositez qui peuvent instruire le Public & luy faire plaisir. [titre d'après la table]
Le texte présente plusieurs objets antiques et leurs significations historiques. Une pierre gravée en creux, montée en bague, est décrite comme un chef-d'œuvre de l'art. Cette cornaline transparente, gravée par Mlle Cheron et estampée par Mr Picard, aurait appartenu à Michel-Ange et Raphaël. Elle a été acquise par le roi après avoir appartenu à plusieurs collectionneurs, dont Mr Bagarris et Mr Lothier. Une estampe de cette pierre a été publiée dans le Journal des Sçavans et les Mémoires de Trevoux, mais des divergences entre l'estampe et la pierre originale ont conduit Mr Moreau de Mautour à publier une nouvelle estampe plus exacte. La gravure représente une fête en l'honneur de Bacchus, montrant le dieu allaité par Ino, sa nourrice, ainsi que d'autres figures mythologiques comme Silène, un satyre, des nymphes et des bacchantes. Apollon est également présent, confondu avec Bacchus par les Égyptiens et les Grecs. La scène inclut des éléments comme des corbeilles de fleurs et de fruits, des instruments de musique et des victimes sacrificielles. Le texte mentionne également la découverte d'un trésor de médailles romaines, comprenant des pièces du bas Empire, jugées aussi instructives que celles du haut Empire. Ces médailles, trouvées dans la terre d'un gentilhomme, commencent avec l'empereur Valérien et se terminent avec Aurélien, couvrant le règne de six ou sept empereurs et incluant des princes ayant régné sur des provinces spécifiques. Enfin, le texte évoque une petite figure de bronze représentant un jeune homme servant à boire, interprétée par le Père Poupart comme une imitation de la fable de Jupiter et Ganymède. Une inscription grecque trouvée à Smyrne, dédiée à une chanteuse de théâtre nommée Heria Thisfbé, est également mentionnée, ainsi que les conjectures des antiquaires allemands sur cette inscription.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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7
p. 81-84
Cornaline antique. [titre d'après la table]
Début :
C'est dans cet esprit que Mr de M.... a fait [...]
Mots clefs :
Orphée, Cornaline, Bacchus, Hymnes
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Cornaline antique. [titre d'après la table]
C'est dans cet esprit:
que Mr de M.a fait
une Dissertation sur l'Estampe
d'une Cornaline
antique du Cabinet du
Roy, gravée par le lieur;
Monbart.
Je n'ay point lu ce que
les Mémoires de Trevoux
en ont dit dans le
mois de Juin dernier.
Ceux qui ne sont point
curieux de graveures antiques
peuvent aussi ne
pointlire lacourte réponse
que Mr deM. fait
icy. C'est luy qui va parler;
ce n'est plus moy.
On a ajouté au nom d'A..
lAmAS, le titre de Roy de
Thcbes
,
& ce n'est point
en cette qualité que je l'ay
cité; mais feulement comme
Mary d'Ino
, parce que
ce fut à l'un & à l'autre que
Mercure confia la premiere
éducation de Bacchus, selon
Apollodore.
On prétend que je devois
dire Qnomacrite au lieu d'Orphée
en parlant de ses
Hymnes. Je réponds que
ces Hymnes ont toujours
paru fous le nom d'Orphée;
que les Anciens confondoient
Bacchus avec Apollon
ou le Soleil. C'est le
sentiment de ce même Or.
phéedans sesHymnes,d Euripide
, de Virgile & Servius,
Lucain, Microbe &
autres.
On pretend que Pirgotelle
Graveur d'Alexandre
a esté l'Ouvrier de la Cornaline
en question;cette opinion
ne paroist pas vraysemblable,
J'ay fait voir dans ma
Dissertation le rapport que
peut avoir la figure du Pescheur
avec une Idille de
Theocrite.
que Mr de M.a fait
une Dissertation sur l'Estampe
d'une Cornaline
antique du Cabinet du
Roy, gravée par le lieur;
Monbart.
Je n'ay point lu ce que
les Mémoires de Trevoux
en ont dit dans le
mois de Juin dernier.
Ceux qui ne sont point
curieux de graveures antiques
peuvent aussi ne
pointlire lacourte réponse
que Mr deM. fait
icy. C'est luy qui va parler;
ce n'est plus moy.
On a ajouté au nom d'A..
lAmAS, le titre de Roy de
Thcbes
,
& ce n'est point
en cette qualité que je l'ay
cité; mais feulement comme
Mary d'Ino
, parce que
ce fut à l'un & à l'autre que
Mercure confia la premiere
éducation de Bacchus, selon
Apollodore.
On prétend que je devois
dire Qnomacrite au lieu d'Orphée
en parlant de ses
Hymnes. Je réponds que
ces Hymnes ont toujours
paru fous le nom d'Orphée;
que les Anciens confondoient
Bacchus avec Apollon
ou le Soleil. C'est le
sentiment de ce même Or.
phéedans sesHymnes,d Euripide
, de Virgile & Servius,
Lucain, Microbe &
autres.
On pretend que Pirgotelle
Graveur d'Alexandre
a esté l'Ouvrier de la Cornaline
en question;cette opinion
ne paroist pas vraysemblable,
J'ay fait voir dans ma
Dissertation le rapport que
peut avoir la figure du Pescheur
avec une Idille de
Theocrite.
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Résumé : Cornaline antique. [titre d'après la table]
Le texte discute d'une dissertation de Monsieur de M. portant sur une estampe d'une cornaline antique du Cabinet du Roy, gravée par Monbart. L'auteur n'a pas consulté les commentaires des Mémoires de Trevoux sur ce sujet et précise que ceux désintéressés par les gravures antiques peuvent ignorer sa réponse. Il clarifie une citation concernant Amasis, roi de Thèbes, en le mentionnant comme mari d'Ino, selon Apollodore. L'auteur répond à une critique sur l'utilisation du nom d'Orphée plutôt que Qnomacrite pour les Hymnes, en expliquant que les Anciens confondaient souvent Bacchus avec Apollon ou le Soleil, une confusion soutenue par plusieurs auteurs anciens. Il rejette également l'opinion selon laquelle Pirgotelle, graveur d'Alexandre, serait l'auteur de la cornaline. Enfin, l'auteur mentionne avoir établi un lien entre la figure du Pêcheur et une Idylle de Théocrite dans sa dissertation.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 280-290
Autre Traduction de l'Ode latine sur le Vin de Bourgogne.
Début :
Chere Feüillette Bourguignonne, [...]
Mots clefs :
Vin de Bourgogne, Bacchus, Jus
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Autre Traduction de l'Ode latine sur le Vin de Bourgogne.
Autre Traduction de
l'Odelatine sur le Vin
de Bourgogne.
Ces Odes font aflêk belles
en
latin pour mériter qu'on en
donne plusieurs traductions
en vers, afin qu'on puisse
trouver dans l'unequelque
beauté, qui aura peut- estre
échapé à tAuteur de l'autre.
Chere Feuillette Bourgui..,
gnonne,
Qui loges dans ton fein la
vermeille Santé, ,-
Les Plaisirs innocens,la douce Liberre,
Et que d'Amours badins
une troupe environne.
Je veux te consacrer ces
vers.
C'est toi qui d'un murt peux
faire un Demosthéne.
Qui peux à l'idiot sans étude
& sans peine
Donner en un instant mille
talens divers.
«
Onvoit des Soins la noire
engeance
Disparoistreàl'aspect de
ton jus enchanteur,
Et le pauvre quepresse un
rudeCollecteur,
Perdre le souvenir de sa triste indigence.
l
En vain la table offre des
mers
D'un superbe appareil, d'une faveur exquise
:
Si tu n'es du festin, le Bon
Goût lesméprise,
Et ne compte pour rien leurs
somptueuxapprêts.
Jusqu'auxcieux la Cham.
pagne éleve
De 1 son vin petillant la riante liqueur.
On fait qu'il brilleaux yeux,
qu'il chatoüille lecœur,
Qiil pique l'odorat d'une
agréblc féve.
Mais craignons un poison
couvert.
L'aspic est fous les fleurs.
Queseulement pargrace
Quand Beaune aura primé,
Reims occupant la place
Vienne legerement amuser
le defferc.
A toi, dont je chante la
gloire,
Nourrice des vieillards, pleine du lait divin
Qui réchauffe le fang, &
bannit le chagrin,
ChereTonne, à roi seule appartient la victoire.
Lorsque par les ans refroidi -
On n'a plus ce beau seuque
la jeunesse inspire,
Que, propice autrefois, Apollonse retire,
Et que, comme le corps, l'esprit est engourdi.
De l'âge, mieux que l'Hippocréne,
Tu guéris, vray nectar,
l'importune froideur,
Et soufflant au Poëte une
7 soudaine ardeur,
Du Sophocle glacé tu ranimes la veine.
Mieux que trompettes &
tambours
Tu serois au soldat affronter lesalarmes.
Luy qui languit à jeun sous
le poids de ses armes
Ne le sentiroit pas aidé de
ton secours.
Mais, loin d'exciter à la
guerre,
Toi qui cherches plutost les
danses &les jeux,
Sollicitela Paix, lente au gré
de nos vœux,
De ne plus differer le repos
de la terre.
Déjà par des foins empressez
Le financier t'appelleàsatable superbe;
Et dans peu nos bergers
vont étendus sur l'herbe
Noyer au fond des pots
tousleurs ennuis passez.
Qu'ailleurs Bacchus, hô- teinfidèle,
De nuages fâcheux occupe
le cerveau.
Qu'ilmine ailleurs les nerfs,
lent& secret bourreau,
Ou livre à l'estomacuneattaquecruelle:
De toi coule un jus pre-^
tieux,
Doux aux nerfs, à la telle,
ami de la poitrine,
Et
,
merveille sur tout rare
en la Medecine,
Remèdeenmême temps
sûr,& délicieux.
Le Sommeil sourd à nos
prières
S'enfuit-il loin de nous, attendu vainement?
Ce Dieu, si nous prenons de
ton sirop charmant,
Viendra de Tes pavots humecter nos paupieres.
Mais tout buveur doit se
regler.
Du modeste Bacchus c'est la
loi
loyla plus belle.
Tu veux qu'on la reîpcéteJ
&malheur au rc belle
Dont l'indigne attentatose
lavioler.
Veilletoujours, aimable
Tonne
, Veille à fortifier la Royale
fanté,
Afin que fous Louisla France en sureté
Puisse dompter enfin les fureurs de Bellonne.
Ainsi
,
d'une commune
voix
Ton vin qu'en ses costeaux
la Bourgogne voit naître,
Des vinslesplus fameux soit
reconnu le maistre,
Utile aux jours du Prince, &
digne de son choix.
l'Odelatine sur le Vin
de Bourgogne.
Ces Odes font aflêk belles
en
latin pour mériter qu'on en
donne plusieurs traductions
en vers, afin qu'on puisse
trouver dans l'unequelque
beauté, qui aura peut- estre
échapé à tAuteur de l'autre.
Chere Feuillette Bourgui..,
gnonne,
Qui loges dans ton fein la
vermeille Santé, ,-
Les Plaisirs innocens,la douce Liberre,
Et que d'Amours badins
une troupe environne.
Je veux te consacrer ces
vers.
C'est toi qui d'un murt peux
faire un Demosthéne.
Qui peux à l'idiot sans étude
& sans peine
Donner en un instant mille
talens divers.
«
Onvoit des Soins la noire
engeance
Disparoistreàl'aspect de
ton jus enchanteur,
Et le pauvre quepresse un
rudeCollecteur,
Perdre le souvenir de sa triste indigence.
l
En vain la table offre des
mers
D'un superbe appareil, d'une faveur exquise
:
Si tu n'es du festin, le Bon
Goût lesméprise,
Et ne compte pour rien leurs
somptueuxapprêts.
Jusqu'auxcieux la Cham.
pagne éleve
De 1 son vin petillant la riante liqueur.
On fait qu'il brilleaux yeux,
qu'il chatoüille lecœur,
Qiil pique l'odorat d'une
agréblc féve.
Mais craignons un poison
couvert.
L'aspic est fous les fleurs.
Queseulement pargrace
Quand Beaune aura primé,
Reims occupant la place
Vienne legerement amuser
le defferc.
A toi, dont je chante la
gloire,
Nourrice des vieillards, pleine du lait divin
Qui réchauffe le fang, &
bannit le chagrin,
ChereTonne, à roi seule appartient la victoire.
Lorsque par les ans refroidi -
On n'a plus ce beau seuque
la jeunesse inspire,
Que, propice autrefois, Apollonse retire,
Et que, comme le corps, l'esprit est engourdi.
De l'âge, mieux que l'Hippocréne,
Tu guéris, vray nectar,
l'importune froideur,
Et soufflant au Poëte une
7 soudaine ardeur,
Du Sophocle glacé tu ranimes la veine.
Mieux que trompettes &
tambours
Tu serois au soldat affronter lesalarmes.
Luy qui languit à jeun sous
le poids de ses armes
Ne le sentiroit pas aidé de
ton secours.
Mais, loin d'exciter à la
guerre,
Toi qui cherches plutost les
danses &les jeux,
Sollicitela Paix, lente au gré
de nos vœux,
De ne plus differer le repos
de la terre.
Déjà par des foins empressez
Le financier t'appelleàsatable superbe;
Et dans peu nos bergers
vont étendus sur l'herbe
Noyer au fond des pots
tousleurs ennuis passez.
Qu'ailleurs Bacchus, hô- teinfidèle,
De nuages fâcheux occupe
le cerveau.
Qu'ilmine ailleurs les nerfs,
lent& secret bourreau,
Ou livre à l'estomacuneattaquecruelle:
De toi coule un jus pre-^
tieux,
Doux aux nerfs, à la telle,
ami de la poitrine,
Et
,
merveille sur tout rare
en la Medecine,
Remèdeenmême temps
sûr,& délicieux.
Le Sommeil sourd à nos
prières
S'enfuit-il loin de nous, attendu vainement?
Ce Dieu, si nous prenons de
ton sirop charmant,
Viendra de Tes pavots humecter nos paupieres.
Mais tout buveur doit se
regler.
Du modeste Bacchus c'est la
loi
loyla plus belle.
Tu veux qu'on la reîpcéteJ
&malheur au rc belle
Dont l'indigne attentatose
lavioler.
Veilletoujours, aimable
Tonne
, Veille à fortifier la Royale
fanté,
Afin que fous Louisla France en sureté
Puisse dompter enfin les fureurs de Bellonne.
Ainsi
,
d'une commune
voix
Ton vin qu'en ses costeaux
la Bourgogne voit naître,
Des vinslesplus fameux soit
reconnu le maistre,
Utile aux jours du Prince, &
digne de son choix.
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Résumé : Autre Traduction de l'Ode latine sur le Vin de Bourgogne.
Le texte est une ode au vin de Bourgogne, vantant ses nombreuses vertus. Le vin est décrit comme apportant santé, plaisir et liberté, et capable de transformer une personne ordinaire en un orateur éloquent. Il soulage les pauvres et les malheureux, et son absence rend même les festins somptueux insignifiants. Le vin de Bourgogne est comparé à un nectar divin qui réchauffe le cœur et l'esprit, inspirant les poètes et guérissant les maux de l'âge. Il est également présenté comme un remède précieux en médecine, doux pour les nerfs et la tête, et capable d'apporter un sommeil réparateur. Le texte conclut en souhaitant que le vin de Bourgogne soit reconnu comme le maître des vins les plus célèbres, utile et digne des choix du prince, en l'occurrence Louis, pour assurer la sécurité et la domination de la France.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 153-168
LE CIDRE. ODE.
Début :
Qu'elles sont ces voix indiscrettes [...]
Mots clefs :
Cidre, Vin de Bourgogne, Vin de Champagne, Bacchus, Vignes, Poètes
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texteReconnaissance textuelle : LE CIDRE. ODE.
Le fieur Grenan , Bourguignon , Profeffeur de Seconde au College d'Harcour a fait une Ode latine à
la loüange du Vin de Bourgogne ; Mr Coffin Champenois Profeffeur de Secon
de au College de Beauvais,
répondit à l'Ode du fieur
Grenan, par une Ode pour la
défenſe du Vin de Bourgo.
gne,M' Duhamel Normand
154 MERCURE
Profeffeur de Rhetorique
au College des Graffins a
fait une Ode latine , fur le
Cidre en voicy la tra
duction.
LE CIDRE
ODE.
Qu'ellesfont ces voix
indifcrettes
Qui fe font entendre en
tous lieux?
Quoy, Mufes deuxfa
meux Poëtes
S'ofent quereller à vos
GALANT. 155
yeux?
Pourquelfujet leurvaine
audace.
Allarme-t-elle du ParI
naffe
Lespacifiques Habitans?
Pour du Vin ?je le crois
à
peine.
Quoy des buveurs de
L'Hippocrene
Le Vin feroit des combattans ?
Poëtes la Guerre eft
fatalle
156 MERGURE
Que caufe un vain entêtement:
La faute entre vous est
égálle
Pareilfera le chaftiment.
Car, pourquoy par vos
Vers infignes VV
Louer fi hautement, vos
Vignes
Et blafmerles autres Liqueurs?
Commefi Bourgogne &
Champagne
Seules du Pais de
Cocagne.
GALANT: 157
Renfermoient toutes les
douceurs.
Je veux bien que Bacchus excite
Le phlegme d'un trop
froid rimeur
Et que
irrite
du Guerrier il
Quelquesfois l'indolente
bumeur
Mais ce feu de peu de
durée
N'a qu'une ardeur accelerée
158 MERCURE
Qui naist & peris à la
fois
Et fi les deftins trop faciles
Laiffent vieillir ces imbecilles
La goutte
Babois.
les met aux
23
Mais Pomone tes
Privileges
Signalent bien mieux ta
liqueur
Tu mets dans ceux que
tu proteges
GALANT, 159
Un efpritfolide,ungrand
cœur
Témoins ces Heros dont
la gloire
Gravel au Temple de
memoire
Honore leur pofterité
Témoins les fçavans
dont la plume
Afçuparplus d'un beau
volume
S'acquerir l'immortalité.
Dieux, quelle Affemblée éclatante
160 MERCURE
D'eloquens & braves
CeZars !
Mufe, leur nombre m'épouvante,
Sauvons - nous, fuyons
les hazards.
Ce n'eft pas à mesfoibles
rithmes
A tracer les vertus fublimes
De ces grands foutiens
des Etats
Et vouloirfans voix &
Jansforce
Suivre une fi flateuſe
GALANT. 161
amorce
C'eſt courir fans fer
aux combats
Vous chers favoris de
Pom one
Qui beuvez fon jus à
longs traits
Contents des biens qu'elle
vous donne
Pour vous leVin eftfans
attraits Ne
Vous évitez cesfucs perfides
Qui rendent leurs beuMay 1712. O
162 MERCURE
veurs stupides
Ouquirenversefaraifon,
Et la liqueur traitreffe
&dure
Qui tranche & rompt.
mainte cointure
Eft pour vous un fatal
poifon.
Mais tels qu'une belle
Prairie
Qu'arrose un paisible
ruißeauties 20
Toujours verte toujours
fleurie Jackson is
TYM
JOIN
GALANT. 163
1.
N'offre rien aux yeux
que de beau,
Tels arrofez, du jus des
Pommes
Les Normand's entre
tous les hommes
Sontrobuftes &gracieux
Et grand gente en fa
2
courſe
Eft unfleuve qui dés la
fource
N'a rien eu que de
merveilleux
Ⓒ Cidre ! o celefte Ambroifie
O ij
164 MERCURE
Des dons que les Dieux
nous ontfaits ,
Quinteßence, Elixir de
vie ,
C'eft toy qui produis ces.
effets.
Poëtes , dans cette mer
d'ambre,
Dans ce charmant fus
de Septembre ,
Voyez fe jouer les Saphirs
Dieux, quelle exhalaifon
divine
S'elevant decettePifcine,
GALANT. 167
Mouille les ailes des Ze-
·
phirs.
Faut-il s'étonner fi la
Trouppe
Des Mufes, ces divines
Sœurs ,
Ayantgoûtédecette couppe...
En eftima tant les douceurs,
Side fon pays exilée
Elle enfut bien-toftconA folee, a
Ayantfait unplus digne
WM choixus
166 MERCURE
Enfinfifareconnoiffan
ce
Au Cidre donna lapuif
Cance
Que l'Hippocrene eut autrefois ?
學
Depuis cette heureuſe
arrivée
Le Cidre empreint d'un
feu divin
De lanature dépravée
Corrige le mauvais levain.
Dés-lors chez vous , belle
Neuftrie
GALANT. 167
Et la Sageße & Induf
trie
Trouverent uncharmant
Séjour.
Et l'on voit de vos riches
plages
Sortir de tous rangs , de
tous ages con
Mille grands hommes
chaque jour.
230
C'est ainsi, Deeßefincere's
Que vous répandez vos
faveurs
168 MERCURE
Sur chaque mortel qui
prefere
VoftreFus aux autres liqueurs.
Loin defouffrirqu'aucun
des vostres
Géde jamais la palme à
d'autres,
Vous comble leurs plus
douxfouhaits.
Vous, qui méprifez nos
breuvages ,
Poëtes dans le vin pew
fages,
Dorme , & n'écrivez
jamais.
la loüange du Vin de Bourgogne ; Mr Coffin Champenois Profeffeur de Secon
de au College de Beauvais,
répondit à l'Ode du fieur
Grenan, par une Ode pour la
défenſe du Vin de Bourgo.
gne,M' Duhamel Normand
154 MERCURE
Profeffeur de Rhetorique
au College des Graffins a
fait une Ode latine , fur le
Cidre en voicy la tra
duction.
LE CIDRE
ODE.
Qu'ellesfont ces voix
indifcrettes
Qui fe font entendre en
tous lieux?
Quoy, Mufes deuxfa
meux Poëtes
S'ofent quereller à vos
GALANT. 155
yeux?
Pourquelfujet leurvaine
audace.
Allarme-t-elle du ParI
naffe
Lespacifiques Habitans?
Pour du Vin ?je le crois
à
peine.
Quoy des buveurs de
L'Hippocrene
Le Vin feroit des combattans ?
Poëtes la Guerre eft
fatalle
156 MERGURE
Que caufe un vain entêtement:
La faute entre vous est
égálle
Pareilfera le chaftiment.
Car, pourquoy par vos
Vers infignes VV
Louer fi hautement, vos
Vignes
Et blafmerles autres Liqueurs?
Commefi Bourgogne &
Champagne
Seules du Pais de
Cocagne.
GALANT: 157
Renfermoient toutes les
douceurs.
Je veux bien que Bacchus excite
Le phlegme d'un trop
froid rimeur
Et que
irrite
du Guerrier il
Quelquesfois l'indolente
bumeur
Mais ce feu de peu de
durée
N'a qu'une ardeur accelerée
158 MERCURE
Qui naist & peris à la
fois
Et fi les deftins trop faciles
Laiffent vieillir ces imbecilles
La goutte
Babois.
les met aux
23
Mais Pomone tes
Privileges
Signalent bien mieux ta
liqueur
Tu mets dans ceux que
tu proteges
GALANT, 159
Un efpritfolide,ungrand
cœur
Témoins ces Heros dont
la gloire
Gravel au Temple de
memoire
Honore leur pofterité
Témoins les fçavans
dont la plume
Afçuparplus d'un beau
volume
S'acquerir l'immortalité.
Dieux, quelle Affemblée éclatante
160 MERCURE
D'eloquens & braves
CeZars !
Mufe, leur nombre m'épouvante,
Sauvons - nous, fuyons
les hazards.
Ce n'eft pas à mesfoibles
rithmes
A tracer les vertus fublimes
De ces grands foutiens
des Etats
Et vouloirfans voix &
Jansforce
Suivre une fi flateuſe
GALANT. 161
amorce
C'eſt courir fans fer
aux combats
Vous chers favoris de
Pom one
Qui beuvez fon jus à
longs traits
Contents des biens qu'elle
vous donne
Pour vous leVin eftfans
attraits Ne
Vous évitez cesfucs perfides
Qui rendent leurs beuMay 1712. O
162 MERCURE
veurs stupides
Ouquirenversefaraifon,
Et la liqueur traitreffe
&dure
Qui tranche & rompt.
mainte cointure
Eft pour vous un fatal
poifon.
Mais tels qu'une belle
Prairie
Qu'arrose un paisible
ruißeauties 20
Toujours verte toujours
fleurie Jackson is
TYM
JOIN
GALANT. 163
1.
N'offre rien aux yeux
que de beau,
Tels arrofez, du jus des
Pommes
Les Normand's entre
tous les hommes
Sontrobuftes &gracieux
Et grand gente en fa
2
courſe
Eft unfleuve qui dés la
fource
N'a rien eu que de
merveilleux
Ⓒ Cidre ! o celefte Ambroifie
O ij
164 MERCURE
Des dons que les Dieux
nous ontfaits ,
Quinteßence, Elixir de
vie ,
C'eft toy qui produis ces.
effets.
Poëtes , dans cette mer
d'ambre,
Dans ce charmant fus
de Septembre ,
Voyez fe jouer les Saphirs
Dieux, quelle exhalaifon
divine
S'elevant decettePifcine,
GALANT. 167
Mouille les ailes des Ze-
·
phirs.
Faut-il s'étonner fi la
Trouppe
Des Mufes, ces divines
Sœurs ,
Ayantgoûtédecette couppe...
En eftima tant les douceurs,
Side fon pays exilée
Elle enfut bien-toftconA folee, a
Ayantfait unplus digne
WM choixus
166 MERCURE
Enfinfifareconnoiffan
ce
Au Cidre donna lapuif
Cance
Que l'Hippocrene eut autrefois ?
學
Depuis cette heureuſe
arrivée
Le Cidre empreint d'un
feu divin
De lanature dépravée
Corrige le mauvais levain.
Dés-lors chez vous , belle
Neuftrie
GALANT. 167
Et la Sageße & Induf
trie
Trouverent uncharmant
Séjour.
Et l'on voit de vos riches
plages
Sortir de tous rangs , de
tous ages con
Mille grands hommes
chaque jour.
230
C'est ainsi, Deeßefincere's
Que vous répandez vos
faveurs
168 MERCURE
Sur chaque mortel qui
prefere
VoftreFus aux autres liqueurs.
Loin defouffrirqu'aucun
des vostres
Géde jamais la palme à
d'autres,
Vous comble leurs plus
douxfouhaits.
Vous, qui méprifez nos
breuvages ,
Poëtes dans le vin pew
fages,
Dorme , & n'écrivez
jamais.
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Résumé : LE CIDRE. ODE.
Le texte décrit une dispute littéraire entre trois professeurs de rhétorique concernant les mérites respectifs du vin de Bourgogne, du vin de Champagne et du cidre. Le professeur Grenan, originaire de Bourgogne, a composé une ode latine en l'honneur du vin de Bourgogne. En réponse, le professeur Coffin, Champenois, a écrit une ode pour défendre le vin de Champagne. Le professeur Duhamel, Normand, a ensuite composé une ode latine en faveur du cidre, dont une traduction est fournie. Dans son ode, Duhamel critique les querelles entre les poètes et souligne que les disputes sur le vin ne devraient pas diviser les habitants pacifiques. Il reconnaît que le vin peut exciter les passions, mais il souligne que ces effets sont de courte durée. Duhamel vante ensuite les mérites du cidre, affirmant qu'il procure un esprit solide et un grand cœur. Il cite des héros et des savants illustres qui ont bénéficié des bienfaits du cidre. Duhamel compare le cidre à une belle prairie toujours verte et fleurie, et loue les Normands pour leur robustesse et leur grâce. Il décrit le cidre comme une ambroisie, une quintessence de vie, capable de corriger les mauvaises mœurs. Il conclut en affirmant que le cidre répand ses faveurs sur tous ceux qui le préfèrent aux autres breuvages, et que ceux qui méprisent le cidre ne devraient pas écrire de poésie.
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10
p. 35-38
ARIANE, ET BACCHUS. CANTATE.
Début :
Ariane adoroit le volage Thesée ; [...]
Mots clefs :
Bacchus, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ARIANE, ET BACCHUS. CANTATE.
ARIANE, ET BACCHUS,
CANTATE.
Riane adoroitle volage Thesée;
. Il répondit lt>ng.temps' â ses foins afc.
íídus:
ïííaìs d'un amour 17 doux , fa constance est lassées
- H l'abandonne feule en des lieux inconnus i
Pans son cruel dépit , certe amante abusée ,
Exprime par ces mots ses regrets superflus , '
Implorant, mais en vain , la tendresse passée^
#un amant qui la fuit , & ne l'écoute plus* '
m
Plus' cruel que le íìinotaiire', .
Tu ris , ingrat ,de mes douleurs t'
Tu me trahis , & je t'adore ,
Tu m'abandonnes , & je meurst
Je n'exige plus que tu m'aimes ,
La haine est trop forte en ton coeur :
Ah ! pour prix de mes feux extrêmes ,'
Viens., prends pitié dé mon malheur.
MERCURE DE FRANCEPlus
crueí, &c.
Oui , dans mon desespoir , le seul [bien qui me
reste
Cestvous ,ô mort , je vole au.devant de vos'
coups ;
Venez mè délivrer du jour que je deteste',
ies malheureux humains né redoutent que
VOUS}'
Mais l'amour a rendu mon destin si funeste ,'
Qne le plus grand des maux me semblera trbpí
doux.
as.
Mais quel Dieu fait fremir les ondes ?
Quel éclat embellit les mers ?
Jusques dans leurs grottes profondes,'
lies Tritons font charmés par les plus doux
concerts,
Sur ces bords écartés Bacchus descend luimême;
les ris & les amours' volent devant ses pas ^
Ariane , quel est votre bonheur extrême !
Pour vous feule les Dieux visitent ces climats.
Regnez , adorable mortelle
Vous
JANVIER i7i?. w
Vous triomphez du plus. charmant des Dieux j
Rendez graces à l'iníidellc
Qui vous assure un fort íi glorieux.
m
Lorsqu'un mortd vous abandonne,
Vous enchaînez le coeur des immortels j
Si vous perdez une couronne
Tout l'univers vous dresse des autel»,
r . . ... . *
m
&egnex, &c.
X'amour de la plus douce chaîne ,
Unit ces illustres amans.,
Bacchus changea la plus affreuse peine
En des plaisirs durables & charmans.
Atiane jouit d'une gloire immortelle,
Sa couronne à l'instant s'éleve jusqu'aux cieuxt
Elle y brille à jamais d'une clarté nouvelle ,
JMonument éternel d'uníqrt si glorieux.
m
Si vos amans brisent leurs chaînes,
Beautez , n'implorez que Bacchus j
Courez , courez , noyez v.os peines ,
Pans les flots charmans de ion jus.
3i MERCURE DE FRANCE.
m
.L'amour toujours rempli d'aUarmes,
Tourmente les plus tendres coeurs j
Bacchus lui prête mille charmes^
Ou console de ses rigueursm
Si vos amans , &c.
Par M. P....
CANTATE.
Riane adoroitle volage Thesée;
. Il répondit lt>ng.temps' â ses foins afc.
íídus:
ïííaìs d'un amour 17 doux , fa constance est lassées
- H l'abandonne feule en des lieux inconnus i
Pans son cruel dépit , certe amante abusée ,
Exprime par ces mots ses regrets superflus , '
Implorant, mais en vain , la tendresse passée^
#un amant qui la fuit , & ne l'écoute plus* '
m
Plus' cruel que le íìinotaiire', .
Tu ris , ingrat ,de mes douleurs t'
Tu me trahis , & je t'adore ,
Tu m'abandonnes , & je meurst
Je n'exige plus que tu m'aimes ,
La haine est trop forte en ton coeur :
Ah ! pour prix de mes feux extrêmes ,'
Viens., prends pitié dé mon malheur.
MERCURE DE FRANCEPlus
crueí, &c.
Oui , dans mon desespoir , le seul [bien qui me
reste
Cestvous ,ô mort , je vole au.devant de vos'
coups ;
Venez mè délivrer du jour que je deteste',
ies malheureux humains né redoutent que
VOUS}'
Mais l'amour a rendu mon destin si funeste ,'
Qne le plus grand des maux me semblera trbpí
doux.
as.
Mais quel Dieu fait fremir les ondes ?
Quel éclat embellit les mers ?
Jusques dans leurs grottes profondes,'
lies Tritons font charmés par les plus doux
concerts,
Sur ces bords écartés Bacchus descend luimême;
les ris & les amours' volent devant ses pas ^
Ariane , quel est votre bonheur extrême !
Pour vous feule les Dieux visitent ces climats.
Regnez , adorable mortelle
Vous
JANVIER i7i?. w
Vous triomphez du plus. charmant des Dieux j
Rendez graces à l'iníidellc
Qui vous assure un fort íi glorieux.
m
Lorsqu'un mortd vous abandonne,
Vous enchaînez le coeur des immortels j
Si vous perdez une couronne
Tout l'univers vous dresse des autel»,
r . . ... . *
m
&egnex, &c.
X'amour de la plus douce chaîne ,
Unit ces illustres amans.,
Bacchus changea la plus affreuse peine
En des plaisirs durables & charmans.
Atiane jouit d'une gloire immortelle,
Sa couronne à l'instant s'éleve jusqu'aux cieuxt
Elle y brille à jamais d'une clarté nouvelle ,
JMonument éternel d'uníqrt si glorieux.
m
Si vos amans brisent leurs chaînes,
Beautez , n'implorez que Bacchus j
Courez , courez , noyez v.os peines ,
Pans les flots charmans de ion jus.
3i MERCURE DE FRANCE.
m
.L'amour toujours rempli d'aUarmes,
Tourmente les plus tendres coeurs j
Bacchus lui prête mille charmes^
Ou console de ses rigueursm
Si vos amans , &c.
Par M. P....
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Résumé : ARIANE, ET BACCHUS. CANTATE.
La cantate 'Ariane, et Bacchus' relate la douleur et le désespoir d'Ariane, abandonnée par Thésée. Elle souhaite la mort pour échapper à sa souffrance. Bacchus apparaît alors et lui manifeste son amour, transformant sa peine en bonheur et lui offrant une gloire immortelle. Ariane, adorée par un dieu, voit sa couronne s'élever jusqu'aux cieux, symbolisant sa nouvelle vie glorieuse et éternelle. La cantate se conclut par un conseil aux beautés abandonnées de se tourner vers Bacchus pour noyer leurs peines dans son vin et trouver consolation dans ses plaisirs. L'amour, bien que tourmentant, peut être adouci par les charmes de Bacchus.
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11
p. *2020-2020
CHANSON.
Début :
Divin Bacchus, charmant Amour, [...]
Mots clefs :
Bacchus
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CHANSON.
CHANSON.
Divin Bacchus , charmant Amour ,
Faites un deftin favorable ,
Aux Convives qui dans ce jour
Font tout l'honneur de cette Table.
Divin Bacchus , charmant Amour ,
Vous le deyez pour votre gloire ,
Puifqu'ils font pour aimer & boire
Les vrais Heros de votre Cour .
Divin Bacchus , charmant Amour ,
Faites un deftin favorable ,
Aux Convives qui dans ce jour
Font tout l'honneur de cette Table.
Divin Bacchus , charmant Amour ,
Vous le deyez pour votre gloire ,
Puifqu'ils font pour aimer & boire
Les vrais Heros de votre Cour .
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12
p. 2185-2191
EXTRAIT d'une Lettre d'un Curieux de Province à un ami de Paris, sur quelques restes de la Fête de Bacchus.
Début :
L'Annonce d'un volume in folio sur les Bacchanales, que je viens de lire [...]
Mots clefs :
Bacchus, Bacchanales, Paganisme
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre d'un Curieux de Province à un ami de Paris, sur quelques restes de la Fête de Bacchus.
EXTRAIT d'une Lettre d'un Curieux
de Province à un ami de Paris , fur quel
ques reftes de la Fête de Bacchus.
L
'Annonce d'un volume in folio fur
les Bacchanales , que je viens de lire
dans le Journal des Sçavans du mois.
d'Août dernier , me fait reffouvenir de
vous faire part d'une chofe qui n'eft peutêtre
pas affez notoire pour être venuë
jufqu'à vous ; je crois que prefque perfonne
n'y a pris garde jufqu'ici , & je me
flatte que M. Egittio l'auroit inferée par
occafion dans fon ample Commentaire, fi
elle eut été de fa connoiffance . Nous ap-
D prochons
2186 MERCURE DE FRANCE
prochons de la faifon à laquelle cette remarque
apartient , je veux parler des vendanges
; c'eft le tems auquel les difciples
de Bacchus renouvelloient leur attention
pour ce qui concernoit le culte de leur
maître, Ce qui pourroit vous furprendre,
c'est qu'il en reste encore des veftiges dans
certains cantons qui ne font pas bien
éloignés de la fameufe Ville où vous faites
votre réfidence. Un fçavant qui y paffa
l'an 1793. au tems de la vendange, apprit
qu'on y mettoit encore alors fur une table,
dans les Preffoirs, une petite ftatuë de
Bacchus affis fur ſon tonneau , & que tous
ceux qui entroient dans le Preffoir la furveille
& le jour de S. Denis , étoient obli
gés de faire une genuflexion devant cette
figure ; & que s'ils y manquoient , ils
étoient condamnés à fouffrir qu'on leur
appliquât,fuper pofteriora,un certain nombre
de coups d'une pele de bois qu'on
appelloit pour cette raifon le ramon du
Baccanat. On ajouta que cette punition
s'executoit en vertu d'une fentence de
fept Païfans, prononcée par le plus ancien ,
& dont il n'y avoit point d'appel ; mais
que ce qu'il y avoit de favorable étoit que
le patient pouvoit fe choisir un Parrain
de la même maniere qu'on l'obſerve dans
les jugemens militaires. Le hazard m'ayant
fait paffer depuis peu dans ces quartiers
là
OCTOBRE. 1730. 2187
la
là , je me fuis informé fi la cerémonie
duroit encore , & plufieurs Payfans m'ont
affuré que tous les ans ils en font leur
divertiffement au mois d'Octobre , à cela
près qu'ils ne connoiffent gueres Bacchuss
& qu'au lieu de mettre ce marmouzet fur
une table qui feroit embaraffante dans
un Preffoir, on le fiche fur le haut de l'arbre
du même Preffoir . Voilà un changement
de Rit dont j'ai été inftruit fur les
lieux ; le Dictionnaire eft auffi un peu
changé , fuppofé qu'on eut accufé vrai au
fçavant de l'an 1703. Car le ramon du
Baccanat n'eft point la pele , felon qu'ils
s'expliquent aujourd'hui ; mais le Ballay.
La pele a pris le nom de Demoiselle ,
cebile porte le nom de Verre , le panier
'appelle la Paffoire , & ainfi des autres uftenciles
de la Maifon Bacchique ; enforte
qu'il n'eft pas permis de fe fervir d'autres
termes dans l'enceinte de ce venerable laboratoire
, à moins qu'on ne veuille fubir
l'application de la pele qui fe fait aprés
le prononcé folemnel duChef, c'eft - à- dire,
du plus ancien des fept Sages . Difpenfezmoi
Monfieur , de vous nommer les
Villages où s'exerce cette forte de juftice ;
donnez - vous , fi vous voulez , la peine de
remonter quelques vingtaines de ftades le
long du rivage de la belle Riviere , dont
yous favourez les eaux medicinales , &
Dij Vous
>
2188 MERCURE DE FRANCE
vous ferez à portée de voir les chofes par
vous - même ; mais fur tout au cas que
vous y alliez , n'oubliez pas de vous conformer
au Cerémonial autant que vous
croirez le pouvoir faire , & de vous munir
de toute votre attention , fi vous faites
tant que de paffer au delà du veſtibule.
des Preffoirs , & de vouloir en examiner
l'interieur. Je vous avertis encore une fois
que l'on y fait rougir fi impitoyablement
la peau de quiconque a oublié de faire la
reverence prefcrite à la Divinité paffagere
de ce lieu , ou qui ofe employer les
termes d'un Dictionnaire étranger , que
quelque doux que foit le Parrain qu'il
puiffe choifir aprés la faute commife , le
bras s'en trouve toujours fi violemment
fatigué , qu'il eft obligé de garder le lit
pendant plufieurs jours , lorsqu'il a fubi
les peines afflictives de ce Tribunal . C'eſt
tout vous dire , qu'on n'y épargne pas
plus la peau humaine que celle des raifins
lorfqu'ils font fur le plancher ou le
lit du Preffoir , & que les habits du pauvre
patient ne tardent gueres à devenir
de la même couleur que les vafes dans
lefquels on a écrafé le fruit de la vigne.
Revenons à quelque chofe de plus férieux
; il feroit queftion de faire décider
fi ces ufages locaux ne font pas un refte
du Paganifme , & d'examiner s'ils ne nous
peuvent
OCTOBRE. 1730. 2180
peuvent rien apprendre. On remarque
que les Coutumes ufitées parmi les idolâtres
ont perfeveré plus long-tems à la
Campagne que dans les Villes , & que
c'eft delà que le nom de Payen , Paganus,
a été formé. Mais il ne fuffit pas toujours
qu'un ufage foit pratiqué à la Campagne,
& qu'il ait quelque chofe de burlefque
pour être reputé venir du Paganifme.
C'eft le jugement favorable que je porterois
de la coûtume telle qu'elle fubfifte
encore aujourd'hui , fi elle ſe bornoit au
fimple ufage de fixer les noms dont on
fe fervira en faifant le vin , le refte n'étant
que puerilité , fi l'on en ôte la falutation
de l'image de Bacchus. Cependant
on voit dans le fixiéme Concile , dit de
Conftantinople , Can. 62. que les Peres y
défendent certaines fortes de rifées qui
fe faifoient en façonnant le vin , foit au
Preffoir , foit dans les Celliers. Nec execrandi
Bacchi 'nomen uvam in torcularibus
exprimentes invocent , nec vinum in doliis
effundentes rifum moveant , ignorantia vel
vanitate eâ que à demonis impoftura procedunt
exercentes. S'il étoit bien veritable ,
comme le Sçavant de l'an 1703. l'a crû ,
que la falutation de Bacchus ne fe pratiquât
que le 7 & le 9. du mois d'Octobre ,
il y auroit , ce femble , quelque fujet de
douter touchant le veritable jour de la
Diij mort
2190 MERCURE DE FRANCE
>
•
1
mort des Saints les plus illuftres , dont l'Eglife
paroît avoir fixé le culte à ces deux
jours là , & il ne feroit peut être pas tout
à fait improbable que la Fête de S. Bacque.
n'eut été placée au 7,& celle de S. Denis
au 9. pour faire oublier ces Fêtes Bacchiques
& Dionyfiaques des anciens Payens.
Ön fçait communément que les Grecs appellent
Bacchus Dionyfos . La montagne qui
eft proche Lutece où il y avoit des vignes
dès le tems de Julien l'Apoftat , felon
qu'il nous l'apprend lui - même , fe trouve
avoir eu auffi depuis bien des fiecles
une Eglife confacrée fous l'invocation de
S. Bacque, Martyr ; c'eft aujourd'hui celle
de S. Benoit , matiere à reflexion pour
ceux qui font curieux des Antiquités
Payennes & Chrétiennes . A mon égard ,
je ne prétends rien ftatuer fur des origines
fi obfcures. Contentez- vous fimplement
de l'avance que je vous fais de ma penfée
; je vous permets de la communiquer
à nos amis. Il me paroît plus naturel de
croire que les Fêtes de nos Saints ont été
diftribuées à tel ou tel jour , pour fervir
à effacer peu à peu les ufages du Paganifme
, en changeant leur objet , que de
s'imaginer que ce foit parce que les Calendriers
marquent au 7. Octobre un
S. Bacque & au 9. S. Denis , que les Payfans
du canton dont je vous parle ayent
རྟ་
fait
OCTOBRE. 1730. 2191
fait revivre à ces jours- là d'anciennes folies
profcrites de l'enceinte des Villes.
Quoiqu'il y ait quinze cens ans qu'on a
commencé à prêcher l'Evangile dans la
Cité qui dominoit fur ces lieux là , il a
pû toujours y refter dans les environs
quelque coûtume du Paganifme ' , furtout
dans des endroits auffi peu fréquentés
par les gens d'Eglife que le font les
Preffoirs. Vous fçavez qu'il y avoit encore
dans le fiecle dernier quelques Vil
lages de la France où l'ufage étoit de
mettre dans la main ou dans la bouche
du deffunt une piece de monnoye , pour
payer , difoit on , le paffage de la Barque
Caron ; les foffoyeurs n'étoient pas
fâchés que cet ufage continuât ; ils
profitoient adroitement de la crédulité
des fimples , & l'on peut affurer qu'il y
a des Antiquaires à qui certaines trouvailles
faites par ces fortes d'Officiers
n'ont pas été indifferentes .
18. Septembre 1730.
de Province à un ami de Paris , fur quel
ques reftes de la Fête de Bacchus.
L
'Annonce d'un volume in folio fur
les Bacchanales , que je viens de lire
dans le Journal des Sçavans du mois.
d'Août dernier , me fait reffouvenir de
vous faire part d'une chofe qui n'eft peutêtre
pas affez notoire pour être venuë
jufqu'à vous ; je crois que prefque perfonne
n'y a pris garde jufqu'ici , & je me
flatte que M. Egittio l'auroit inferée par
occafion dans fon ample Commentaire, fi
elle eut été de fa connoiffance . Nous ap-
D prochons
2186 MERCURE DE FRANCE
prochons de la faifon à laquelle cette remarque
apartient , je veux parler des vendanges
; c'eft le tems auquel les difciples
de Bacchus renouvelloient leur attention
pour ce qui concernoit le culte de leur
maître, Ce qui pourroit vous furprendre,
c'est qu'il en reste encore des veftiges dans
certains cantons qui ne font pas bien
éloignés de la fameufe Ville où vous faites
votre réfidence. Un fçavant qui y paffa
l'an 1793. au tems de la vendange, apprit
qu'on y mettoit encore alors fur une table,
dans les Preffoirs, une petite ftatuë de
Bacchus affis fur ſon tonneau , & que tous
ceux qui entroient dans le Preffoir la furveille
& le jour de S. Denis , étoient obli
gés de faire une genuflexion devant cette
figure ; & que s'ils y manquoient , ils
étoient condamnés à fouffrir qu'on leur
appliquât,fuper pofteriora,un certain nombre
de coups d'une pele de bois qu'on
appelloit pour cette raifon le ramon du
Baccanat. On ajouta que cette punition
s'executoit en vertu d'une fentence de
fept Païfans, prononcée par le plus ancien ,
& dont il n'y avoit point d'appel ; mais
que ce qu'il y avoit de favorable étoit que
le patient pouvoit fe choisir un Parrain
de la même maniere qu'on l'obſerve dans
les jugemens militaires. Le hazard m'ayant
fait paffer depuis peu dans ces quartiers
là
OCTOBRE. 1730. 2187
la
là , je me fuis informé fi la cerémonie
duroit encore , & plufieurs Payfans m'ont
affuré que tous les ans ils en font leur
divertiffement au mois d'Octobre , à cela
près qu'ils ne connoiffent gueres Bacchuss
& qu'au lieu de mettre ce marmouzet fur
une table qui feroit embaraffante dans
un Preffoir, on le fiche fur le haut de l'arbre
du même Preffoir . Voilà un changement
de Rit dont j'ai été inftruit fur les
lieux ; le Dictionnaire eft auffi un peu
changé , fuppofé qu'on eut accufé vrai au
fçavant de l'an 1703. Car le ramon du
Baccanat n'eft point la pele , felon qu'ils
s'expliquent aujourd'hui ; mais le Ballay.
La pele a pris le nom de Demoiselle ,
cebile porte le nom de Verre , le panier
'appelle la Paffoire , & ainfi des autres uftenciles
de la Maifon Bacchique ; enforte
qu'il n'eft pas permis de fe fervir d'autres
termes dans l'enceinte de ce venerable laboratoire
, à moins qu'on ne veuille fubir
l'application de la pele qui fe fait aprés
le prononcé folemnel duChef, c'eft - à- dire,
du plus ancien des fept Sages . Difpenfezmoi
Monfieur , de vous nommer les
Villages où s'exerce cette forte de juftice ;
donnez - vous , fi vous voulez , la peine de
remonter quelques vingtaines de ftades le
long du rivage de la belle Riviere , dont
yous favourez les eaux medicinales , &
Dij Vous
>
2188 MERCURE DE FRANCE
vous ferez à portée de voir les chofes par
vous - même ; mais fur tout au cas que
vous y alliez , n'oubliez pas de vous conformer
au Cerémonial autant que vous
croirez le pouvoir faire , & de vous munir
de toute votre attention , fi vous faites
tant que de paffer au delà du veſtibule.
des Preffoirs , & de vouloir en examiner
l'interieur. Je vous avertis encore une fois
que l'on y fait rougir fi impitoyablement
la peau de quiconque a oublié de faire la
reverence prefcrite à la Divinité paffagere
de ce lieu , ou qui ofe employer les
termes d'un Dictionnaire étranger , que
quelque doux que foit le Parrain qu'il
puiffe choifir aprés la faute commife , le
bras s'en trouve toujours fi violemment
fatigué , qu'il eft obligé de garder le lit
pendant plufieurs jours , lorsqu'il a fubi
les peines afflictives de ce Tribunal . C'eſt
tout vous dire , qu'on n'y épargne pas
plus la peau humaine que celle des raifins
lorfqu'ils font fur le plancher ou le
lit du Preffoir , & que les habits du pauvre
patient ne tardent gueres à devenir
de la même couleur que les vafes dans
lefquels on a écrafé le fruit de la vigne.
Revenons à quelque chofe de plus férieux
; il feroit queftion de faire décider
fi ces ufages locaux ne font pas un refte
du Paganifme , & d'examiner s'ils ne nous
peuvent
OCTOBRE. 1730. 2180
peuvent rien apprendre. On remarque
que les Coutumes ufitées parmi les idolâtres
ont perfeveré plus long-tems à la
Campagne que dans les Villes , & que
c'eft delà que le nom de Payen , Paganus,
a été formé. Mais il ne fuffit pas toujours
qu'un ufage foit pratiqué à la Campagne,
& qu'il ait quelque chofe de burlefque
pour être reputé venir du Paganifme.
C'eft le jugement favorable que je porterois
de la coûtume telle qu'elle fubfifte
encore aujourd'hui , fi elle ſe bornoit au
fimple ufage de fixer les noms dont on
fe fervira en faifant le vin , le refte n'étant
que puerilité , fi l'on en ôte la falutation
de l'image de Bacchus. Cependant
on voit dans le fixiéme Concile , dit de
Conftantinople , Can. 62. que les Peres y
défendent certaines fortes de rifées qui
fe faifoient en façonnant le vin , foit au
Preffoir , foit dans les Celliers. Nec execrandi
Bacchi 'nomen uvam in torcularibus
exprimentes invocent , nec vinum in doliis
effundentes rifum moveant , ignorantia vel
vanitate eâ que à demonis impoftura procedunt
exercentes. S'il étoit bien veritable ,
comme le Sçavant de l'an 1703. l'a crû ,
que la falutation de Bacchus ne fe pratiquât
que le 7 & le 9. du mois d'Octobre ,
il y auroit , ce femble , quelque fujet de
douter touchant le veritable jour de la
Diij mort
2190 MERCURE DE FRANCE
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1
mort des Saints les plus illuftres , dont l'Eglife
paroît avoir fixé le culte à ces deux
jours là , & il ne feroit peut être pas tout
à fait improbable que la Fête de S. Bacque.
n'eut été placée au 7,& celle de S. Denis
au 9. pour faire oublier ces Fêtes Bacchiques
& Dionyfiaques des anciens Payens.
Ön fçait communément que les Grecs appellent
Bacchus Dionyfos . La montagne qui
eft proche Lutece où il y avoit des vignes
dès le tems de Julien l'Apoftat , felon
qu'il nous l'apprend lui - même , fe trouve
avoir eu auffi depuis bien des fiecles
une Eglife confacrée fous l'invocation de
S. Bacque, Martyr ; c'eft aujourd'hui celle
de S. Benoit , matiere à reflexion pour
ceux qui font curieux des Antiquités
Payennes & Chrétiennes . A mon égard ,
je ne prétends rien ftatuer fur des origines
fi obfcures. Contentez- vous fimplement
de l'avance que je vous fais de ma penfée
; je vous permets de la communiquer
à nos amis. Il me paroît plus naturel de
croire que les Fêtes de nos Saints ont été
diftribuées à tel ou tel jour , pour fervir
à effacer peu à peu les ufages du Paganifme
, en changeant leur objet , que de
s'imaginer que ce foit parce que les Calendriers
marquent au 7. Octobre un
S. Bacque & au 9. S. Denis , que les Payfans
du canton dont je vous parle ayent
རྟ་
fait
OCTOBRE. 1730. 2191
fait revivre à ces jours- là d'anciennes folies
profcrites de l'enceinte des Villes.
Quoiqu'il y ait quinze cens ans qu'on a
commencé à prêcher l'Evangile dans la
Cité qui dominoit fur ces lieux là , il a
pû toujours y refter dans les environs
quelque coûtume du Paganifme ' , furtout
dans des endroits auffi peu fréquentés
par les gens d'Eglife que le font les
Preffoirs. Vous fçavez qu'il y avoit encore
dans le fiecle dernier quelques Vil
lages de la France où l'ufage étoit de
mettre dans la main ou dans la bouche
du deffunt une piece de monnoye , pour
payer , difoit on , le paffage de la Barque
Caron ; les foffoyeurs n'étoient pas
fâchés que cet ufage continuât ; ils
profitoient adroitement de la crédulité
des fimples , & l'on peut affurer qu'il y
a des Antiquaires à qui certaines trouvailles
faites par ces fortes d'Officiers
n'ont pas été indifferentes .
18. Septembre 1730.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre d'un Curieux de Province à un ami de Paris, sur quelques restes de la Fête de Bacchus.
Dans une lettre, un auteur décrit une coutume locale liée aux vendanges, rappelant des pratiques païennes antiques. En 1793, un savant avait observé dans certains cantons près de Paris que, lors des vendanges, une statue de Bacchus était placée dans les pressoirs. Les personnes entrant dans le pressoir devaient saluer cette statue et, le jour de la Saint-Denis, faire une génuflexion. Le non-respect de ces rites entraînait une punition corporelle, administrée par sept individus et choisie par un parrain. L'auteur, ayant visité ces lieux en octobre 1730, confirme la persistance de la cérémonie, bien que les détails aient évolué. La statue de Bacchus est désormais placée au sommet d'un arbre du pressoir. Les termes utilisés dans le pressoir ont également changé, avec des noms spécifiques pour les outils, sous peine de punition. La lettre soulève la question de savoir si ces usages locaux sont des vestiges du paganisme. Elle note que les coutumes païennes ont souvent persisté plus longtemps à la campagne qu'en ville. L'auteur mentionne un concile de Constantinople qui condamnait certaines pratiques lors de la vinification, invoquant Bacchus. La lettre discute également de la possibilité que les fêtes des saints aient été fixées pour remplacer les fêtes païennes. Elle cite l'exemple d'une montagne près de Lutèce, où une église dédiée à Saint-Bacque a été remplacée par une église dédiée à Saint-Benoît. L'auteur conclut en mentionnant des coutumes païennes persistantes, comme la mise d'une pièce de monnaie dans la main ou la bouche des défunts pour payer le passage de la barque de Caron.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. *575-575
CHANSON A BOIRE
Début :
Quel spectacle effraïant pour mon ame éperduë ! [...]
Mots clefs :
Chanson, Bacchus, Tonneaux, Flamme, Tonnerre, Asile
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texteReconnaissance textuelle : CHANSON A BOIRE
CHANSON A BOIRE.
Q
Uel spectacle effraïant pour mon ame épera
duë !
La flâme par Sillons se répand dans les airs ;
Les flots sortis du sein des mers
Sur les aîles du vent s'élancent dans la nuë :
Où fuir Amis courons dans nos caveaux 2
C'est un azile sur quand le tonnerre gronde ;
Vainement il s'obstine à foudroyer le monde ,
Bacchus sçait à ses coups dérober les tonneaux..
Q
Uel spectacle effraïant pour mon ame épera
duë !
La flâme par Sillons se répand dans les airs ;
Les flots sortis du sein des mers
Sur les aîles du vent s'élancent dans la nuë :
Où fuir Amis courons dans nos caveaux 2
C'est un azile sur quand le tonnerre gronde ;
Vainement il s'obstine à foudroyer le monde ,
Bacchus sçait à ses coups dérober les tonneaux..
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14
p. 1892-1894
ODE ANACREONTIQUE, Imitée de celle qui commence par ces mots : οταν ὁ Βάχος εἰσέλθκ.
Début :
Bacchus est ma gloire, [...]
Mots clefs :
Bacchus, Gloire, Vin, Boire, Amour, Pampre, Vacarmes, Jus divin, Ivre
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texteReconnaissance textuelle : ODE ANACREONTIQUE, Imitée de celle qui commence par ces mots : οταν ὁ Βάχος εἰσέλθκ.
ODE ANACREONTIQUE,
Imitée de celle qui commence par ces
mots : οταν ὁ Βάχος εἰσέλθκ .
Par M. D. F……….
B Acchus est ma gloire ,
Sans lui je suis mort":
Content de mon sort
A force de boire
>
Avec ma mémoire ,
Mon chagrin s'endort.
Amour sous ta chaîne
Que tu fais souffrir !
Ja
A
OUST. 1731
1893
2
Je voulois perir
Pour une inhumaine ,
Quand le vieux Silene
Vint me secourir.
Que rien n'interrompe
Un jour si fameux ! -
Qu'un Nectar fumeux
En marque la pompe !
C'est ainsi qu'on trompe
L'Amour et ses feux
Au sommet du Pinde.
Bourdonne un frelon :
髓
Mais dans ce Valon
Faut- il qu'on se guinde !
Le vainqueur de l'Inde
Tient lieu d'Apollon.
Assis sur la Tonne "
J'ay le front couvert ,
D'un pampre plus vert ,
Que n'est la Couronne
Qu'obtient de Bellone
Celui qui la sert.
CY
1894 MERCURE DE FRANCE
Qu'un autre aille aux Armes ,
Las d'être vivant ,
Pour un peu de vent
Chercher des allarmes :
J'aime les vacarmes
Mais c'est en bûvant.
Que chacun se livre
A ce jus divin :
Buvons donc , BHUVAIN ;
Il vaut mieux être yvre
Que cesser de vivré
Et manquer de vin,
Imitée de celle qui commence par ces
mots : οταν ὁ Βάχος εἰσέλθκ .
Par M. D. F……….
B Acchus est ma gloire ,
Sans lui je suis mort":
Content de mon sort
A force de boire
>
Avec ma mémoire ,
Mon chagrin s'endort.
Amour sous ta chaîne
Que tu fais souffrir !
Ja
A
OUST. 1731
1893
2
Je voulois perir
Pour une inhumaine ,
Quand le vieux Silene
Vint me secourir.
Que rien n'interrompe
Un jour si fameux ! -
Qu'un Nectar fumeux
En marque la pompe !
C'est ainsi qu'on trompe
L'Amour et ses feux
Au sommet du Pinde.
Bourdonne un frelon :
髓
Mais dans ce Valon
Faut- il qu'on se guinde !
Le vainqueur de l'Inde
Tient lieu d'Apollon.
Assis sur la Tonne "
J'ay le front couvert ,
D'un pampre plus vert ,
Que n'est la Couronne
Qu'obtient de Bellone
Celui qui la sert.
CY
1894 MERCURE DE FRANCE
Qu'un autre aille aux Armes ,
Las d'être vivant ,
Pour un peu de vent
Chercher des allarmes :
J'aime les vacarmes
Mais c'est en bûvant.
Que chacun se livre
A ce jus divin :
Buvons donc , BHUVAIN ;
Il vaut mieux être yvre
Que cesser de vivré
Et manquer de vin,
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Résumé : ODE ANACREONTIQUE, Imitée de celle qui commence par ces mots : οταν ὁ Βάχος εἰσέλθκ.
L'ode anacréontique, imitée d'un poème grec, est attribuée à M. D. F……… et datée de 1731. Le texte exprime la dévotion du poète à Bacchus, source de sa gloire et de son épanouissement. En buvant, il trouve l'oubli de ses chagrins et la liberté. Le poète évoque également l'amour, qu'il décrit comme une chaîne douloureuse. Il raconte comment Silène, le vieux compagnon de Bacchus, l'a sauvé d'une passion malheureuse. Il célèbre un jour dédié à Bacchus, marqué par un nectar fumant, et exprime son désir de tromper les feux de l'amour. Le poète se compare à un frelon bourdonnant et se moque de ceux qui se guindent. Il admire le vainqueur de l'Inde, qu'il compare à Apollon, et préfère la couronne de pampre, symbole de la joie du vin, à celle obtenue par les armes. Il conclut en préférant les plaisirs du vin aux dangers de la guerre, affirmant qu'il vaut mieux être ivre que manquer de vin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 2851-2852
AIR A BOIRE.
Début :
L'Homme autrefois craintif et superstitieux, [...]
Mots clefs :
Avare, Amour, Tristesse, Bacchus
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AIR A BOIRE.
AIR A BOIRE.
'Homme autrefois craintif et superstitieux ,
Avoit rempli le Ciel , l'Enfer , la Terre et l'Onde
De mille et mille Dieux.
Ces anciens Maîtres du Monde
Ont vú détruire leurs Autels ;
Il n'en est plus que trois qu'adorent les Mortels
L'un est le puissant Dieu qui préside aux Richesses
,
1.Vol. L'autre
2852 MERCURE DE FRANCE
L'autre inspire à nos coeurs d'amoureuses ten ■
dresses ,
Et le dernier des trois , enfin >
Par ses précieuses largesses .
Fournit nos Buffets de bon Vin.
Plutus livre l'Avare à des désirs sans fin ?
Les plaisirs de l'Amour sont mêlez de tristesse
Baccus , le seul Baccus fait un heureux destin.
'Homme autrefois craintif et superstitieux ,
Avoit rempli le Ciel , l'Enfer , la Terre et l'Onde
De mille et mille Dieux.
Ces anciens Maîtres du Monde
Ont vú détruire leurs Autels ;
Il n'en est plus que trois qu'adorent les Mortels
L'un est le puissant Dieu qui préside aux Richesses
,
1.Vol. L'autre
2852 MERCURE DE FRANCE
L'autre inspire à nos coeurs d'amoureuses ten ■
dresses ,
Et le dernier des trois , enfin >
Par ses précieuses largesses .
Fournit nos Buffets de bon Vin.
Plutus livre l'Avare à des désirs sans fin ?
Les plaisirs de l'Amour sont mêlez de tristesse
Baccus , le seul Baccus fait un heureux destin.
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Résumé : AIR A BOIRE.
Le texte relate l'évolution des croyances religieuses, passant de multiples divinités à trois dieux principaux. Plutus, dieu des richesses, suscite des désirs infinis. Le dieu de l'amour mêle plaisir et tristesse. Bacchus, dieu du vin, apporte un destin heureux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. [2915]-2921
LA JEUNESSE, CHANTATE,
Début :
Dans un songe flatteur, une jeune Déesse, [...]
Mots clefs :
Jeunesse, Déesse, Plaisir, Bacchus, Amour
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA JEUNESSE, CHANTATE,
LA JEUNESSE,
D
CHANTATE ,
Par M. Cavalies , Avocat.
Ans un songe flateur , une jeune
Déesse ,
Vint séduire mes sens par les plàs
doux attraits.
A son air vif, brillant et frais,
Je reconnus bientôt l'agréable Jeunesse.
Autour d'Hébé voloient mille petits Amours ,
11. Vol. A ij Qui
C
2916 MERCURE DE FRANCE
Qui pour dompter les coeurs rebelles ,
Empruntoient de ses yeux l'infaillible secours ;
Le temps sur ses rapides aîles ,
Portoit cette Divinité ,
Et le Printemps soigneux de sa beauté ,
Répandoit sur son teint des fleurs toûjours nou
velles ;
Les Graces dévançoient la fille de Junon ,
Ou s'arrêtoient sur son visage ;
Les folâtres plaisirs , le galant badinage ,
Par son ordre enchaînoient la severe Raison.
La Troupe immortelle,
Du plus haut des Cieux ,
Répandoit sur elle ,
Ses dons précieux.
Mars épris des charmes
Dont brilloient ses yeux ,
Lui donnoit ses armes ;
Venus , sa douceur ,
Le fils de Seméle ,
Plein de sa liqueur ,
L'offroit à la Belle,
La Reine des Bois ,
Son Arc , son Carquois,
Pour toi des plus beaux jours je vois ourdir la
trame ,
1. Vola Choisis
DECEMBRE . 1731. 2917
Choisis , me dit Hébé , d'un air doux, gracieux >
Des présens des Dieux',
Gelui qui maintenant flate le plus ton ame.
Veux-tu dans les combats à la suite de Mars ,
Affronter les hazards ?'
Tu verras bien- tôt la victoire ,
Rendre de tes Exploits tout l'Univers témoin ,,
Et prendre également le soin ,
Et de tes jours et de ta gloire :
J'obéïs , et je cours au milieu des combats ;
Mille foudres d'airain tournent contre ma tête
Une affreuse tempête ;
Le plomb vole , avec lui vole encor le trépas ;
Mais en vain ; la fureur pousse , anime mon bras;
Par mille cruautez j'exerce mon courage ;
Mais enfin fatigué de sang et de carnage ,
De mes cruels transports je reconnois l'horreur ››
Et j'ay honte de ma fureur.
Aimable Jeunesse ,
Regle mes plaisirs ;
Mais vers la tendresse ,
Tourne mes desirs.
Que loin des allarmes ,
Le paisible Amour ,
Na Vol .
A iij Par
2918 MER CURE DE FRANCE
Par de plus doux charmes,
M'occupe à son tour.
Aimable Jeunesse , &c. ,
Mais des Nymphes d'Hebé , quelle Troupe bril .
lante ,
Se presente à mes yeux , me ravit et m'enchante
Venus leur prête encor ses plus vifs agrémens ;
Dans mon coeur agité , grands Dieux ! quels
mouvemens !
Les Nymphes de ma Cour, dit la jeune Déesse ,
Brulent de t'engager sous leurs aimables Loix ;
Leur égale beauté , leur égale tendresse ,
Ne laissent à ton coeur que l'embarras du choix,
Ebloui par l'éclat de sa bonne fortune ,
Mon coeur chancelle quelque tems ;
Mais il se rend enfin aux attraits d'une Brune ,
A l'air vif , aux yeux perçans.
Quels transports , hélas ! quelle joye ,
Dans ces heureux commencemens !
Les douceurs , les plaisirs où mon ame se noye¸¸
Sont autant de ravissemens ;
Je lui jure cent fois une amour éternelle ,
Et de sa bonté naturelle ,
".
J'obtiens bien- tôt mille bienfaits ;
Amour en ma faveur dévoilant ses attraits ,
II. Vol.
Allume
DECEMBRE 1731. 29·19.
Allume dans nos coeurs une'ardeur mutuelle ;
Mais en comblant mes désirs ,
Il m'enleve mes plaisirs.
Un peu trop de perseverance ,.
Pousse un Amant à bout ;
Mais une foible résistance ,.
Apporte le dégout .
`Je t'entends , dit Hebé , dans la Forêt prochaine
Kegarde les Chasseurs que Diane ramene ;
Va , cours apprendre sous ses loix ,
A relancer un Cerf , à le mettre aux abois ¿
C'est elle-même qui s'avance ,
Et perce des traits qu'elle lance ,
Les plus fiers habitans des Bois.
Du Cor qui m'appelle ,
Le son éclatant ,
Du Chasseur trop lent ,
Ranime le zele ;
Mais le Cerf timide , à ce bruit ,
Tremble , s'épouvante , s'enfuits-
Dans les Bois la Louve en colere ,
Va chercher un sombre réduit ;
Et dans sa Taniere ,
Le Renard frémit.
En vain l'impatiente Aurore ,
Se hâte de rouvrir la barriere du jour ,
...
II. Vol A iiij Plus
29.20 MERCURE DE FRANCE
Plus impatient encore ,
Je devance son retour.
Diane secondant ma vigilante audace ,
Je traverse aisément les plus vastes Guerets ;
Je suis la Déesse à la trace ;
Les Cerfs , les Sangliers sont percez de mes traits;
L'été n'a point de feux , l'hiver n'a point de glaçe
Qui puisse garantir les Hôtes des Forêts.
Mais déja le Soleil éteint ses feux dans l'Onde ,
Et la Nuit déployant ses plus sombres drapeaux
Vient donner le repos au Monde ,
Et terminer trop tôt d'agréables travaux.
Vien , Bacchus , vien par ta presence ,
Hearter loin de moi ses ennuyeux Pavots ;
Seroit-ce profiter du temps qu'Hébé dispense ,,
Que le passer dans le repos ?
Tandis que l'Univers sommeille ,
Quel agréable son vient frapper mon oreille ?
Est-ce Arion-sauvé de la fureur des flots
Non, c'est Bacchus qui me réveille ,
Au bruit des flacons et des pots.
Beuvons , amis que l'allegresse , ;
Soit l'arbitre de ce Festin ,
Et que chacun de nous s'empresse ,
De contenter le Dieu du vin.
II. Vol.
Versez
DECEMBRE 1731. 2921
Versez , amis , versez sans cesse ,
De ce Nectar délicieux ,
Vien me saisir , charmante yvresse ,
Tu vas me rendre égal aux Dieux.
Cen est fait de mes sens , Bacchus se rend te
Maître ;
Amis , secondez mon transport ,
Versez et redoublez .... versez .... un coup?
encor ....
Et ma raison va disparoître.
Ce fut ainsi qu'Hebé par une illusion ,
De mes jeunes ar deurs me retraça l'image ;` ,
Je crus en m'éveillant être encore au
Hélas ! avec ma vision ,
Disparut à l'instant la Déesse volage.
bel âge.,
Mortels , qui commencez à peine votre cours
Ma jeunesse en effet a passé comme un songe ; ;
Hebé vous offre de beaux jours ;
Craignez un semblable mensonge
D
CHANTATE ,
Par M. Cavalies , Avocat.
Ans un songe flateur , une jeune
Déesse ,
Vint séduire mes sens par les plàs
doux attraits.
A son air vif, brillant et frais,
Je reconnus bientôt l'agréable Jeunesse.
Autour d'Hébé voloient mille petits Amours ,
11. Vol. A ij Qui
C
2916 MERCURE DE FRANCE
Qui pour dompter les coeurs rebelles ,
Empruntoient de ses yeux l'infaillible secours ;
Le temps sur ses rapides aîles ,
Portoit cette Divinité ,
Et le Printemps soigneux de sa beauté ,
Répandoit sur son teint des fleurs toûjours nou
velles ;
Les Graces dévançoient la fille de Junon ,
Ou s'arrêtoient sur son visage ;
Les folâtres plaisirs , le galant badinage ,
Par son ordre enchaînoient la severe Raison.
La Troupe immortelle,
Du plus haut des Cieux ,
Répandoit sur elle ,
Ses dons précieux.
Mars épris des charmes
Dont brilloient ses yeux ,
Lui donnoit ses armes ;
Venus , sa douceur ,
Le fils de Seméle ,
Plein de sa liqueur ,
L'offroit à la Belle,
La Reine des Bois ,
Son Arc , son Carquois,
Pour toi des plus beaux jours je vois ourdir la
trame ,
1. Vola Choisis
DECEMBRE . 1731. 2917
Choisis , me dit Hébé , d'un air doux, gracieux >
Des présens des Dieux',
Gelui qui maintenant flate le plus ton ame.
Veux-tu dans les combats à la suite de Mars ,
Affronter les hazards ?'
Tu verras bien- tôt la victoire ,
Rendre de tes Exploits tout l'Univers témoin ,,
Et prendre également le soin ,
Et de tes jours et de ta gloire :
J'obéïs , et je cours au milieu des combats ;
Mille foudres d'airain tournent contre ma tête
Une affreuse tempête ;
Le plomb vole , avec lui vole encor le trépas ;
Mais en vain ; la fureur pousse , anime mon bras;
Par mille cruautez j'exerce mon courage ;
Mais enfin fatigué de sang et de carnage ,
De mes cruels transports je reconnois l'horreur ››
Et j'ay honte de ma fureur.
Aimable Jeunesse ,
Regle mes plaisirs ;
Mais vers la tendresse ,
Tourne mes desirs.
Que loin des allarmes ,
Le paisible Amour ,
Na Vol .
A iij Par
2918 MER CURE DE FRANCE
Par de plus doux charmes,
M'occupe à son tour.
Aimable Jeunesse , &c. ,
Mais des Nymphes d'Hebé , quelle Troupe bril .
lante ,
Se presente à mes yeux , me ravit et m'enchante
Venus leur prête encor ses plus vifs agrémens ;
Dans mon coeur agité , grands Dieux ! quels
mouvemens !
Les Nymphes de ma Cour, dit la jeune Déesse ,
Brulent de t'engager sous leurs aimables Loix ;
Leur égale beauté , leur égale tendresse ,
Ne laissent à ton coeur que l'embarras du choix,
Ebloui par l'éclat de sa bonne fortune ,
Mon coeur chancelle quelque tems ;
Mais il se rend enfin aux attraits d'une Brune ,
A l'air vif , aux yeux perçans.
Quels transports , hélas ! quelle joye ,
Dans ces heureux commencemens !
Les douceurs , les plaisirs où mon ame se noye¸¸
Sont autant de ravissemens ;
Je lui jure cent fois une amour éternelle ,
Et de sa bonté naturelle ,
".
J'obtiens bien- tôt mille bienfaits ;
Amour en ma faveur dévoilant ses attraits ,
II. Vol.
Allume
DECEMBRE 1731. 29·19.
Allume dans nos coeurs une'ardeur mutuelle ;
Mais en comblant mes désirs ,
Il m'enleve mes plaisirs.
Un peu trop de perseverance ,.
Pousse un Amant à bout ;
Mais une foible résistance ,.
Apporte le dégout .
`Je t'entends , dit Hebé , dans la Forêt prochaine
Kegarde les Chasseurs que Diane ramene ;
Va , cours apprendre sous ses loix ,
A relancer un Cerf , à le mettre aux abois ¿
C'est elle-même qui s'avance ,
Et perce des traits qu'elle lance ,
Les plus fiers habitans des Bois.
Du Cor qui m'appelle ,
Le son éclatant ,
Du Chasseur trop lent ,
Ranime le zele ;
Mais le Cerf timide , à ce bruit ,
Tremble , s'épouvante , s'enfuits-
Dans les Bois la Louve en colere ,
Va chercher un sombre réduit ;
Et dans sa Taniere ,
Le Renard frémit.
En vain l'impatiente Aurore ,
Se hâte de rouvrir la barriere du jour ,
...
II. Vol A iiij Plus
29.20 MERCURE DE FRANCE
Plus impatient encore ,
Je devance son retour.
Diane secondant ma vigilante audace ,
Je traverse aisément les plus vastes Guerets ;
Je suis la Déesse à la trace ;
Les Cerfs , les Sangliers sont percez de mes traits;
L'été n'a point de feux , l'hiver n'a point de glaçe
Qui puisse garantir les Hôtes des Forêts.
Mais déja le Soleil éteint ses feux dans l'Onde ,
Et la Nuit déployant ses plus sombres drapeaux
Vient donner le repos au Monde ,
Et terminer trop tôt d'agréables travaux.
Vien , Bacchus , vien par ta presence ,
Hearter loin de moi ses ennuyeux Pavots ;
Seroit-ce profiter du temps qu'Hébé dispense ,,
Que le passer dans le repos ?
Tandis que l'Univers sommeille ,
Quel agréable son vient frapper mon oreille ?
Est-ce Arion-sauvé de la fureur des flots
Non, c'est Bacchus qui me réveille ,
Au bruit des flacons et des pots.
Beuvons , amis que l'allegresse , ;
Soit l'arbitre de ce Festin ,
Et que chacun de nous s'empresse ,
De contenter le Dieu du vin.
II. Vol.
Versez
DECEMBRE 1731. 2921
Versez , amis , versez sans cesse ,
De ce Nectar délicieux ,
Vien me saisir , charmante yvresse ,
Tu vas me rendre égal aux Dieux.
Cen est fait de mes sens , Bacchus se rend te
Maître ;
Amis , secondez mon transport ,
Versez et redoublez .... versez .... un coup?
encor ....
Et ma raison va disparoître.
Ce fut ainsi qu'Hebé par une illusion ,
De mes jeunes ar deurs me retraça l'image ;` ,
Je crus en m'éveillant être encore au
Hélas ! avec ma vision ,
Disparut à l'instant la Déesse volage.
bel âge.,
Mortels , qui commencez à peine votre cours
Ma jeunesse en effet a passé comme un songe ; ;
Hebé vous offre de beaux jours ;
Craignez un semblable mensonge
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Résumé : LA JEUNESSE, CHANTATE,
Le poème 'La Jeunesse' de M. Cavalies, avocat, relate une vision onirique où la déesse Jeunesse, Hébé, apparaît au narrateur. Hébé est entourée de petits Amours et accompagnée par le Temps, le Printemps, les Grâces et les plaisirs. Mars, Vénus, Apollon et Diane offrent chacun leurs dons à la Jeunesse. Hébé propose au narrateur de choisir parmi ces présents celui qui flatte le plus son âme. Initialement attiré par les combats de Mars, le narrateur se lasse rapidement de la violence. Il se tourne ensuite vers l'amour, charmé par une jeune femme brune, mais l'amour devient monotone et le déçoit. Hébé le dirige alors vers la chasse avec Diane, où il montre son adresse. À la nuit tombée, il se tourne vers Bacchus pour éviter l'ennui, s'enivre et perd la raison. À son réveil, la vision de la Jeunesse disparaît, et il réalise que sa jeunesse a passé comme un songe. Le poème se conclut par une mise en garde aux mortels de profiter des beaux jours offerts par Hébé sans se laisser tromper par l'illusion.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 487-492
LETTRE de M.L.B. écrite à M***, au sujet de l'Ordonnance de Bacchus, inserée dans le Mercure de Septembre 1731.
Début :
Il en faut convenir, Monsieur; l'Ordonnance Bacchique de Mrs [...]
Mots clefs :
Ordonnance bacchique, Bacchus, Vins de Joigny, Vigne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M.L.B. écrite à M***, au sujet de l'Ordonnance de Bacchus, inserée dans le Mercure de Septembre 1731.
LETTRE de M. L. B. écrite à M***, au
sujetde l'Ordonnance de Bacchus , inseréc
dans le Mercure de Septembre 1731.
I
L en faut convenir , Monsieur'; l'Or
d'Auxerre
est tout-à- fait plaisante ; pour moi je l'ar
fort goûtée. Cette Piece, quoiqu'en récri
mination de la Lettre du mois de Janvier 1731, publiée dans le Mercure de Février suivant , ne laisse pas de donner un'
petit coup aux Vins de Joigny, et de faire'
en même-temps un parfait éloge de ceux
d'Auxerre. Il faut croire que Bacchus étoit
en débauche le soir qu'il fit cette Piece.
Quoiqu'il en soit , ce Dieu s'est visiblement laissé surprendre , et je crois que vous en conviendrez.
J'ai sollicité mon ami qui a écrit la'
Lettre du mois de Février dernier de pré
senterune Requête civile à cette Divinité ,
Diij ten
88 MERCURE DE FRANCE
tendante à faire connoître qu'on a abusé
de sa complaisance et de sa situation , et à
ce qu'il lui plût , par les raisons déduires en la Requête , d'annuler ladite Or
donnance ; ce faisant , déclarer les Vins
d'Auxerre au moins égaux à ceux de Joigny, &c.
Cet ami m'a fait réponse , que si l'Université où veulent , envoyer M' d'Auxerre , est l'Areopage de Bacchus , il n'y
sera jamais qu'un Ecolier , en comparaison d'eux. Cecy me paroît clair , et dit
sans allusion , d'une Ecole à l'autre. Je
crois , au reste , 'que vous seriez bien-aise
d'avoir le défaut qu'on reproche dans
l'Ordonnance , à l'Auteur de cette Lettre
de Février 1731. et que vous ne seriez
pas fâché de n'avoir , comme lui , que
27 ans , quand même vous devriez perdre une partie des connoissances que vous
vous avez acquises avec les années supé- rieures à cet âge.
Permettez -moi donc de répondre ici
quelque chose pour lui. Je ne m'amuserai pas à éplucher scrupuleusement cette
Ordonnance ; il me suffira de soûtenir
ainsi qu'on l'a déja fait voir , que le terrain des côtes de Joigny est propre par
excellence pour la Vigne. Le public en
>
auroit
MARS. 1732. 489
auroit mieux jugé, et aussi favorablement
que de celui d'Auxerre , si l'Ordonnance
de Bacchus eut rapporté les témoignages
assurez de ceux qui se sont particulierement appliquez à connoître le sol propre
à la Vigne,comme sont les Auteurs, dont
s'est servi mon ami dans sa Lettre déja
citée. Peut-on ne pas être frappé de celui de Virgile ; et après lui , de ce qu'en a
écrit récemment le fameux P. Vaniere ?
On auroit souhaitté une réponse exacte
sur les citations de ces célébres Auteurs ,
au lieu des propos vagues qui sont enchassez dans l'Ordonnance Bacchique, sur
la moienne , la superieure et la basse region de l'air ; discours qui sentent trop le
Copernic , et qui conviendroient mieux
dans un Traité d'Astronomie qu'au sujet
dont il est icy question.
L'Auteur de l'Ordonnance s'évapore
ensuite en digressions inutiles , telles que
les lui fournit son rêve , ou son voyage
chimérique ; il dit qu'un certain soir du
mois de Février les du vin ne que vapeurs
lui montoient pas trop à la tête ; il parcourut bien du païs , &c. mais ce voyage
ne seroit-il pas plutôt produit par une
trop longue diette , dont les effets sont
bien plus dangereux que les vapeurs bacchiques ; les abstinences et les jeûnes ne Diiij val-
490 MERCURE DE FRANCE
vallent rien pour les Gens de Lettres ; ils
doivent en craindre les suites. Nous en
voyons des exemples funestes.
Je pourrois bien dire icy quelque chose du Langage de ces deux Villes ; j'ai séjourné plusieurs années en l'une et en
l'autre ; je ne me suis pas apperçu quetes
Bourgeois de l'une et de l'autre Ville fissent des fautes notables en parlant.Quant
au petit peuple , ce n'est pas seulement à
Joigny qu'on remarque, avec notre Critique , qu'il parle mal on en pourroit dire
autant d'Auxerre, où le bas peuple use de
termes assez risibles , jusqu'à appeller une
Hotte , un Benatron ; il vous semblera
sans doute , être transporté dans la Lousianne , parmi les Sauvages , à entendre
ce mot barbare , sans parler de plusieurs
autres aussi hétéroclites ; ensorte qu'il y
auroit pour le moins autant à plaisanter
sur le Patois des Artisans et des Mancuvres d'Auxerre, que sur celui de Joigny.
On ne répondra rien à la Note prise du
P. Labbe , et imprimée dans le Mercure
d'Aoust, pag. 1930. DolosiSenonenses, &c.I †
me semble qu'on ne peut l'appliquer àJoigny, sans faire beaucoup de violence à la
Topographie , en comprenant cette Ville
dans les environs de Sens. Cependant
Joigny est à 6 lieues d'Auxerre , et à 7 de
Sens.
MARS. 1732. 491
à
Sens. C'est donc à Mrs deSens à la réfuter.
Une autre Note fort hazardée
l'Ordonnance en question , est que les
Vins d'Auxerre se sont vendus jusqu'à
140 liv. et ceux de Joigny , 80 liv. le plus
haut prix. Je ne veux pas m'exposer
encourir la peine portée dans cette Or
donnance. Je ne veux pas , dis-je , contester sur ce prix ainsi fixé par le Voyageur Bacchique , mais un fait certain et
bien connu me servira de réponse ;
c'est que le meilleur Vin s'est vendu à
Auxerre , une bonne partie de l'année
18 deniers la pinte. Le moindre Vin de
Joigny au contraire, ne s'y est jamais ven→
du moins de 3 ou 4 sols , et toute déduc--
tion faite des droits des Aydes , qui sont
plus forts à Joigny qu'à Auxerre , le Vin
s'est toujours vendu le double à Joigny.
On ne doit jamais disputer contre des
faits.
,
On conviendra bien que les Vins de
Joigny ne se gardent pas autant que des
gros Vins ou des Rappez ; il suffit que nos
Vins se conservent bons pendant 2 et 3 %
ans , pour qu'on puisse les transporter par
tout où l'on voudra ; on pourroit même
leur donner 2 et 3 ans de plus de garde
en les faisant cuver davantage ; mais les
Experts en Vinsfins, prétendent que cette
Dv façon
492 MERCURE DE FRANCE
façon ôte la qualité au Vin. On ne peut,
ay reste , reprocher aux Bourgeois de Joigny de droguer leur Vin , il est toujours
naturel et sans aucun mélange; il est vrai
qu'il a la qualité de se marier; qualité que
quelques Marchands de Vin , bons connoisseurs , sçavent tres- bien mettre en
usage.
Admirons , en finissant , l'Auteur de
l'Ordonnance , de s'approprier , comme
il fait , sans scrupule , les Païs voisins , en
comprenant dans le Territoire d'Auxerre
tous les Vignobles de dix lieuës à la ronde ; il s'égare même jusques dans les Vignes de Dijon, mais cela n'a pas besoin de
réfutation. Commeje me persuade M.que
vous êtes parfaitement neutre dans la querelle qui est entre ces deux Villes , je me
flatte aussi que vous voudrez bien faire
inserer cette Lettre dans le même Livre,.
où je sçai qu'on n'affecte aucune partialité ,, pour
désabuser
le Public
des impres
sions
qu'auroit
pû faire
l'Ordonnance
de
Bacchus
, sur l'esprit
de ceux
qui ne connoissent
pas assez
l'excellence
des Vins
de Joigny
. Je suis , &c.
Le 12 Decembre 1731.
sujetde l'Ordonnance de Bacchus , inseréc
dans le Mercure de Septembre 1731.
I
L en faut convenir , Monsieur'; l'Or
d'Auxerre
est tout-à- fait plaisante ; pour moi je l'ar
fort goûtée. Cette Piece, quoiqu'en récri
mination de la Lettre du mois de Janvier 1731, publiée dans le Mercure de Février suivant , ne laisse pas de donner un'
petit coup aux Vins de Joigny, et de faire'
en même-temps un parfait éloge de ceux
d'Auxerre. Il faut croire que Bacchus étoit
en débauche le soir qu'il fit cette Piece.
Quoiqu'il en soit , ce Dieu s'est visiblement laissé surprendre , et je crois que vous en conviendrez.
J'ai sollicité mon ami qui a écrit la'
Lettre du mois de Février dernier de pré
senterune Requête civile à cette Divinité ,
Diij ten
88 MERCURE DE FRANCE
tendante à faire connoître qu'on a abusé
de sa complaisance et de sa situation , et à
ce qu'il lui plût , par les raisons déduires en la Requête , d'annuler ladite Or
donnance ; ce faisant , déclarer les Vins
d'Auxerre au moins égaux à ceux de Joigny, &c.
Cet ami m'a fait réponse , que si l'Université où veulent , envoyer M' d'Auxerre , est l'Areopage de Bacchus , il n'y
sera jamais qu'un Ecolier , en comparaison d'eux. Cecy me paroît clair , et dit
sans allusion , d'une Ecole à l'autre. Je
crois , au reste , 'que vous seriez bien-aise
d'avoir le défaut qu'on reproche dans
l'Ordonnance , à l'Auteur de cette Lettre
de Février 1731. et que vous ne seriez
pas fâché de n'avoir , comme lui , que
27 ans , quand même vous devriez perdre une partie des connoissances que vous
vous avez acquises avec les années supé- rieures à cet âge.
Permettez -moi donc de répondre ici
quelque chose pour lui. Je ne m'amuserai pas à éplucher scrupuleusement cette
Ordonnance ; il me suffira de soûtenir
ainsi qu'on l'a déja fait voir , que le terrain des côtes de Joigny est propre par
excellence pour la Vigne. Le public en
>
auroit
MARS. 1732. 489
auroit mieux jugé, et aussi favorablement
que de celui d'Auxerre , si l'Ordonnance
de Bacchus eut rapporté les témoignages
assurez de ceux qui se sont particulierement appliquez à connoître le sol propre
à la Vigne,comme sont les Auteurs, dont
s'est servi mon ami dans sa Lettre déja
citée. Peut-on ne pas être frappé de celui de Virgile ; et après lui , de ce qu'en a
écrit récemment le fameux P. Vaniere ?
On auroit souhaitté une réponse exacte
sur les citations de ces célébres Auteurs ,
au lieu des propos vagues qui sont enchassez dans l'Ordonnance Bacchique, sur
la moienne , la superieure et la basse region de l'air ; discours qui sentent trop le
Copernic , et qui conviendroient mieux
dans un Traité d'Astronomie qu'au sujet
dont il est icy question.
L'Auteur de l'Ordonnance s'évapore
ensuite en digressions inutiles , telles que
les lui fournit son rêve , ou son voyage
chimérique ; il dit qu'un certain soir du
mois de Février les du vin ne que vapeurs
lui montoient pas trop à la tête ; il parcourut bien du païs , &c. mais ce voyage
ne seroit-il pas plutôt produit par une
trop longue diette , dont les effets sont
bien plus dangereux que les vapeurs bacchiques ; les abstinences et les jeûnes ne Diiij val-
490 MERCURE DE FRANCE
vallent rien pour les Gens de Lettres ; ils
doivent en craindre les suites. Nous en
voyons des exemples funestes.
Je pourrois bien dire icy quelque chose du Langage de ces deux Villes ; j'ai séjourné plusieurs années en l'une et en
l'autre ; je ne me suis pas apperçu quetes
Bourgeois de l'une et de l'autre Ville fissent des fautes notables en parlant.Quant
au petit peuple , ce n'est pas seulement à
Joigny qu'on remarque, avec notre Critique , qu'il parle mal on en pourroit dire
autant d'Auxerre, où le bas peuple use de
termes assez risibles , jusqu'à appeller une
Hotte , un Benatron ; il vous semblera
sans doute , être transporté dans la Lousianne , parmi les Sauvages , à entendre
ce mot barbare , sans parler de plusieurs
autres aussi hétéroclites ; ensorte qu'il y
auroit pour le moins autant à plaisanter
sur le Patois des Artisans et des Mancuvres d'Auxerre, que sur celui de Joigny.
On ne répondra rien à la Note prise du
P. Labbe , et imprimée dans le Mercure
d'Aoust, pag. 1930. DolosiSenonenses, &c.I †
me semble qu'on ne peut l'appliquer àJoigny, sans faire beaucoup de violence à la
Topographie , en comprenant cette Ville
dans les environs de Sens. Cependant
Joigny est à 6 lieues d'Auxerre , et à 7 de
Sens.
MARS. 1732. 491
à
Sens. C'est donc à Mrs deSens à la réfuter.
Une autre Note fort hazardée
l'Ordonnance en question , est que les
Vins d'Auxerre se sont vendus jusqu'à
140 liv. et ceux de Joigny , 80 liv. le plus
haut prix. Je ne veux pas m'exposer
encourir la peine portée dans cette Or
donnance. Je ne veux pas , dis-je , contester sur ce prix ainsi fixé par le Voyageur Bacchique , mais un fait certain et
bien connu me servira de réponse ;
c'est que le meilleur Vin s'est vendu à
Auxerre , une bonne partie de l'année
18 deniers la pinte. Le moindre Vin de
Joigny au contraire, ne s'y est jamais ven→
du moins de 3 ou 4 sols , et toute déduc--
tion faite des droits des Aydes , qui sont
plus forts à Joigny qu'à Auxerre , le Vin
s'est toujours vendu le double à Joigny.
On ne doit jamais disputer contre des
faits.
,
On conviendra bien que les Vins de
Joigny ne se gardent pas autant que des
gros Vins ou des Rappez ; il suffit que nos
Vins se conservent bons pendant 2 et 3 %
ans , pour qu'on puisse les transporter par
tout où l'on voudra ; on pourroit même
leur donner 2 et 3 ans de plus de garde
en les faisant cuver davantage ; mais les
Experts en Vinsfins, prétendent que cette
Dv façon
492 MERCURE DE FRANCE
façon ôte la qualité au Vin. On ne peut,
ay reste , reprocher aux Bourgeois de Joigny de droguer leur Vin , il est toujours
naturel et sans aucun mélange; il est vrai
qu'il a la qualité de se marier; qualité que
quelques Marchands de Vin , bons connoisseurs , sçavent tres- bien mettre en
usage.
Admirons , en finissant , l'Auteur de
l'Ordonnance , de s'approprier , comme
il fait , sans scrupule , les Païs voisins , en
comprenant dans le Territoire d'Auxerre
tous les Vignobles de dix lieuës à la ronde ; il s'égare même jusques dans les Vignes de Dijon, mais cela n'a pas besoin de
réfutation. Commeje me persuade M.que
vous êtes parfaitement neutre dans la querelle qui est entre ces deux Villes , je me
flatte aussi que vous voudrez bien faire
inserer cette Lettre dans le même Livre,.
où je sçai qu'on n'affecte aucune partialité ,, pour
désabuser
le Public
des impres
sions
qu'auroit
pû faire
l'Ordonnance
de
Bacchus
, sur l'esprit
de ceux
qui ne connoissent
pas assez
l'excellence
des Vins
de Joigny
. Je suis , &c.
Le 12 Decembre 1731.
Fermer
Résumé : LETTRE de M.L.B. écrite à M***, au sujet de l'Ordonnance de Bacchus, inserée dans le Mercure de Septembre 1731.
La lettre de M. L. B. adressée à M*** traite de l'Ordonnance de Bacchus, publiée dans le Mercure de Septembre 1731. L'auteur trouve cette ordonnance plaisante mais critique ses propos vagues et ses digressions inutiles. L'Ordonnance critique les vins de Joigny tout en louant ceux d'Auxerre, ce que M. L. B. conteste en suggérant que Bacchus, le dieu du vin, a été trompé. Il demande à un ami d'envoyer une requête à Bacchus pour annuler cette ordonnance et déclarer les vins d'Auxerre au moins égaux à ceux de Joigny. M. L. B. souligne que le terrain des côtes de Joigny est excellent pour la vigne et que le public aurait mieux jugé si l'ordonnance avait inclus des témoignages d'experts. Il cite Virgile et le Père Vanière pour appuyer son argument. La lettre aborde également des aspects linguistiques, notant que les habitants des deux villes font des fautes de langage. L'auteur réfute une note de l'Ordonnance concernant les prix de vente des vins, affirmant que les vins de Joigny se vendent à des prix plus élevés et sont de meilleure qualité. Enfin, M. L. B. admire l'audace de l'auteur de l'Ordonnance qui s'approprie les vignobles voisins et espère que sa lettre sera publiée pour désabuser le public des impressions fausses sur les vins de Joigny.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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18
p. 2565-2566
Le Mardi chez M. de Morvan, sur l'air: en Cana, Festin notable, &c. ou bien, Croyez-vous que l'Amour m'attrape, &c.
Début :
Nous volons de Fête en Fête; [...]
Mots clefs :
Fête, Bacchus, Amour, Morvan, Maîtresse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Mardi chez M. de Morvan, sur l'air: en Cana, Festin notable, &c. ou bien, Croyez-vous que l'Amour m'attrape, &c.
Le Mardi chez M. de Morvan , sur l'air:
en Cana , Festin notable , &c. ou bien
Croyez- vous que l'Amour m'attrape
&c.
Nous volons de Fête en Fête;
Par tout nouvelles douceurs ;
Bacchus nous bout dans la tête ,
L'Amour enflamme nos cœurs,
2566 MERCURE DE FRANCE
Quel sort charmant les assemble !
Quel aimable accord entr'eux !
Faisons-les bien vivre ensemble;
Is nous feront vivre heureux.
Haringthon chante , et soupire;
De sa belle Epouse épris.
L'Amour dans tout son Empire
N'a point d'Amans de leur prix.
L'Epoux dément l'axiome ,
Que prônent de sots Docteurs ,
Disant qu'à Table un grand homme ,
N'est pointungrand homme ailleurs.
Le Maître qui nous régale ,
Fait les honneurs à charmer ,
La Maitresse qui l'égale ,
En tout lieux se fait aimer.
Au Cabinet, à la Table ,
Que Morvan brille à propos ;
Là, par sa plume admirable ,
A Table par ses bons mots,
C
• Ancien Maire , Major de notre Ville , et
Subdélégué de M. l'Íntendant ; il est homme de
Lettres , et proche Parent de M. l'Abbé de Bellegarde,qui a écritplusieurs beaux Ouvrages en Prose,
en Cana , Festin notable , &c. ou bien
Croyez- vous que l'Amour m'attrape
&c.
Nous volons de Fête en Fête;
Par tout nouvelles douceurs ;
Bacchus nous bout dans la tête ,
L'Amour enflamme nos cœurs,
2566 MERCURE DE FRANCE
Quel sort charmant les assemble !
Quel aimable accord entr'eux !
Faisons-les bien vivre ensemble;
Is nous feront vivre heureux.
Haringthon chante , et soupire;
De sa belle Epouse épris.
L'Amour dans tout son Empire
N'a point d'Amans de leur prix.
L'Epoux dément l'axiome ,
Que prônent de sots Docteurs ,
Disant qu'à Table un grand homme ,
N'est pointungrand homme ailleurs.
Le Maître qui nous régale ,
Fait les honneurs à charmer ,
La Maitresse qui l'égale ,
En tout lieux se fait aimer.
Au Cabinet, à la Table ,
Que Morvan brille à propos ;
Là, par sa plume admirable ,
A Table par ses bons mots,
C
• Ancien Maire , Major de notre Ville , et
Subdélégué de M. l'Íntendant ; il est homme de
Lettres , et proche Parent de M. l'Abbé de Bellegarde,qui a écritplusieurs beaux Ouvrages en Prose,
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Résumé : Le Mardi chez M. de Morvan, sur l'air: en Cana, Festin notable, &c. ou bien, Croyez-vous que l'Amour m'attrape, &c.
Le texte relate une scène festive et harmonieuse chez M. de Morvan, où les invités savourent diverses douceurs et célébrations. Sous l'influence de Bacchus et de l'amour, l'atmosphère est agréable et unie. Harrington, particulièrement épris de sa belle épouse, exprime son amour de manière touchante. Le texte contredit les doctes qui affirment qu'un grand homme à table ne l'est pas nécessairement ailleurs. M. de Morvan, ancien maire et major de la ville, ainsi que subdélégué de l'intendant, est loué pour ses talents littéraires et ses qualités sociales. Il excelle autant par sa plume que par ses bons mots à table. De plus, il est mentionné comme étant un proche parent de l'abbé de Bellegarde, auteur de plusieurs beaux ouvrages en prose.
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19
p. 2647
AIR BACHIQUE.
Début :
Le Champenois, le Bourguinon, [...]
Mots clefs :
Vin, Bacchus
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texteReconnaissance textuelle : AIR BACHIQUE.
AIR BACHIQUE.
LE Champenois , le Bourguignon ,
>
Font part de leur bon vin à maint autre Canton :
Si Bacchus en plantoit de parcil en Bretagne
On y connoîtroit mieux la valeur de ce don ;
Et loin d'en envoyer en Bourgogne , en Champagne ,
Tout couleroit par le gozier Breton ,
Même la lie et le bondon.
Les paroles sont de Me Malcrais de
la Vigne.
LE Champenois , le Bourguignon ,
>
Font part de leur bon vin à maint autre Canton :
Si Bacchus en plantoit de parcil en Bretagne
On y connoîtroit mieux la valeur de ce don ;
Et loin d'en envoyer en Bourgogne , en Champagne ,
Tout couleroit par le gozier Breton ,
Même la lie et le bondon.
Les paroles sont de Me Malcrais de
la Vigne.
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20
p. 727-729
L'HYVER.
Début :
Déja les charmantes Dryades, [...]
Mots clefs :
Hiver, Dieux, Bacchus, Aquilons
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texteReconnaissance textuelle : L'HYVER.
L'HY VER.
DE'ja les charmantes Dryades ,
Ont cessé de danser à l'ombre des Ormeaux ;
Déja de l'Empire des eaux
Le Roy des Aquilons a chassé les Nayades.
Nos Bois et nos Champs sont déserts ;
Zéphir ne caresse plus Flore ,
Et les Oyseaux , par leur Concerts ,
Ne nous annoncent plus le lever de l'Aurore.
Le
728 MERCURE DE FRANCE
La Nege a blanchi nos Guérets ,
De nos plus hauts Rochers , elle couvre les
Cimes ;
Et les Arbres de nos Forêts ,
Du courroux de l'hyver , innocentes victimes ,
A peine en supportent le poids.
Les Faunes , les Sylvains ont quitté leurs Hautbois
;
Et le vieux Sylene lui-même ,
Pour modérer ce froid extrême ,
En buvant , souflé dans ses doigts.
Déja par la bruyante haleine
Des Aquilons fougueux , les flots sont enchaî
nez ;
Et des Elemens consternez ,
La ruine semble prochaine,
Fiers de leurs coups audacieux ,
Ils osent se promettre une pleine victoire ;
Amis , pour les chasser , du plus puissant des
Dieux ,
Implorons le secours , et celebrons la gloire
Que les dépouilles des Forêts ,
Dans un large Foyer, promptement entassées ,
Raniment nos forces glacées ;
Que d'un joyeux festin , on fasse les apprêts ;
Vite , qu'on m'apporte mon verre ,
Qu'à l'instant il soit couronné
De
AVRIL. 17337
729
De ce jus que Bacchus aux Mortels a donné ;
De ce jus pétillant , qui croît près de Tonnere,
C'ett à ce Dieu vainqueur à regler les Saisons.
La nature , à ses Loix , doit être assujettie ;
Partez , rentrez dans vos prisons.
Impetueux sujets , de l'Epoux d'Orithie..
Bacchus rassure l'Univers .
Il a parlé , fuyez les traits de sa colère ,
Et cessant de troubler l'un et l'autre Hémisphere,
Reprenez pour jamais vos fers.
D'un obscur avenir ne perçons point les om
bres ;
Le succès en est incertain ;
Le destin sous des voiler sombres ,
A caché notre sort ; sans attendre à demain ,
Jouissons de notre jeunesse
Aux Jeux, aux Ris , cher ami, fais ta cour,
Enfin partage ta tendresse 2
Entre les Dieux du Vin , des Vers et de l'Amour,
MALALE TAD
DE'ja les charmantes Dryades ,
Ont cessé de danser à l'ombre des Ormeaux ;
Déja de l'Empire des eaux
Le Roy des Aquilons a chassé les Nayades.
Nos Bois et nos Champs sont déserts ;
Zéphir ne caresse plus Flore ,
Et les Oyseaux , par leur Concerts ,
Ne nous annoncent plus le lever de l'Aurore.
Le
728 MERCURE DE FRANCE
La Nege a blanchi nos Guérets ,
De nos plus hauts Rochers , elle couvre les
Cimes ;
Et les Arbres de nos Forêts ,
Du courroux de l'hyver , innocentes victimes ,
A peine en supportent le poids.
Les Faunes , les Sylvains ont quitté leurs Hautbois
;
Et le vieux Sylene lui-même ,
Pour modérer ce froid extrême ,
En buvant , souflé dans ses doigts.
Déja par la bruyante haleine
Des Aquilons fougueux , les flots sont enchaî
nez ;
Et des Elemens consternez ,
La ruine semble prochaine,
Fiers de leurs coups audacieux ,
Ils osent se promettre une pleine victoire ;
Amis , pour les chasser , du plus puissant des
Dieux ,
Implorons le secours , et celebrons la gloire
Que les dépouilles des Forêts ,
Dans un large Foyer, promptement entassées ,
Raniment nos forces glacées ;
Que d'un joyeux festin , on fasse les apprêts ;
Vite , qu'on m'apporte mon verre ,
Qu'à l'instant il soit couronné
De
AVRIL. 17337
729
De ce jus que Bacchus aux Mortels a donné ;
De ce jus pétillant , qui croît près de Tonnere,
C'ett à ce Dieu vainqueur à regler les Saisons.
La nature , à ses Loix , doit être assujettie ;
Partez , rentrez dans vos prisons.
Impetueux sujets , de l'Epoux d'Orithie..
Bacchus rassure l'Univers .
Il a parlé , fuyez les traits de sa colère ,
Et cessant de troubler l'un et l'autre Hémisphere,
Reprenez pour jamais vos fers.
D'un obscur avenir ne perçons point les om
bres ;
Le succès en est incertain ;
Le destin sous des voiler sombres ,
A caché notre sort ; sans attendre à demain ,
Jouissons de notre jeunesse
Aux Jeux, aux Ris , cher ami, fais ta cour,
Enfin partage ta tendresse 2
Entre les Dieux du Vin , des Vers et de l'Amour,
MALALE TAD
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Résumé : L'HYVER.
Le texte décrit les effets dévastateurs de l'hiver sur la nature. Les Dryades et les Nayades ont disparu, les bois et les champs sont déserts, et les oiseaux ne chantent plus. La neige recouvre les champs et les arbres ploient sous son poids. Les Faunes et les Sylvains ont abandonné leurs hautbois, et même Sylène tente de se réchauffer. Les vents aquilons enchaînent les flots, et les éléments semblent menacer de ruine. Pour chasser l'hiver, le texte suggère d'implorer le secours du plus puissant des dieux et de célébrer la gloire en allumant un grand feu avec les dépouilles des forêts. Il recommande de préparer un festin joyeux et de boire du vin, le jus pétillant donné par Bacchus, qui régule les saisons. Bacchus rassure l'univers et ordonne aux éléments impétueux de reprendre leurs fers. Le texte conclut en invitant à jouir de la jeunesse et à partager sa tendresse entre les dieux du vin, des vers et de l'amour.
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21
p. 2641
POESIE ANACREONTIQUE Par Mlle de Malcrais de la Vigne.
Début :
Un Papillon badin caressoit une Rose [...]
Mots clefs :
Bacchus
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texteReconnaissance textuelle : POESIE ANACREONTIQUE Par Mlle de Malcrais de la Vigne.
POESIE
ANACREONTIQUE
Par Me de Malcrais de la Vigne..
དོན་
UN Papillon badin caressoit une Rose
Nouvellement éclose ,
Qu'aussi- tôt il quitta pour succer un Raisin.
Ah ! dit la charmante Catin ,
Qui rêvoit tristement à son Berger volage ;
Bacchus , tu m'as ravi son coeur ;
Ferrions-nous tant d'Amans , sans ton jus čaē
chanteur ,
Dégoutez du tendre esclavage
Bacchus , cruel Bacchus , ta fatale Liqueur ,,
De tous les Inconstans est- elle le breuvage?
ANACREONTIQUE
Par Me de Malcrais de la Vigne..
དོན་
UN Papillon badin caressoit une Rose
Nouvellement éclose ,
Qu'aussi- tôt il quitta pour succer un Raisin.
Ah ! dit la charmante Catin ,
Qui rêvoit tristement à son Berger volage ;
Bacchus , tu m'as ravi son coeur ;
Ferrions-nous tant d'Amans , sans ton jus čaē
chanteur ,
Dégoutez du tendre esclavage
Bacchus , cruel Bacchus , ta fatale Liqueur ,,
De tous les Inconstans est- elle le breuvage?
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22
p. 239-244
LES QUATRE SAISONS.
Début :
LE PRINTEMPS. / Tircis. Iris. / Tircis. / Tout s'anime dans la Nature. [...]
Mots clefs :
Saisons, Printemps, Été, Automne, Hiver, Iris, Coridon, Bacchus, Bonheur, Nature
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texteReconnaissance textuelle : LES QUATRE SAISONS.
LES QUATRE SAISONS.
LE PRINTEMPS.
Tircis. Iris.
Tircis.
Tout s'anime dans la Nature.
Iris , allons revoir nos champs ;
Allons voir naître la verdure ,
Que nous redonne le Printemps.
Ensemble.
Que le Printemps est agréable !
Qu'il a pour nous de douceurs !
Plus l'Hyver a de rigueurs ,
Plus le Printemps paroît aimable.
Iris.
L'Aquilon avec ses frimats
Ne désole plus nos Montagnes.
Zéphir , vole dans nos campagnes ,
Et Flore marche sur ses pas.
Tircis.
Nos Genisses impatientes ,
Brulent de retourner aux champs:
Bien-tôt dans les Prez renaissants ,
Nous les allons voir bondissantes,
3
Iris.
240 MERCURE DE FRANCE
Iris.
Du Ruisseau que je chéris ,
La glace arrêtoit l'Onde pure.
Déja sur un gason de ses charmes épris ,
Elle coule , elle murmure.
Tircis.
Le Rossignol et la Fauvette
Reprennent leurs tendres Concerts,
Du Dieu qui chasse les hyvers ,
Ils chantent la gloire parfaite.
Tous deux.
Pour reconnoître ses faveurs ,
Offrons lui le tribut de nos premieres fleurs ,
Des dons des Immortels peut- on mieux faire
usage ,
Qu'en leur en présentant l'hommage ?
L'ETE.
Licidas. Aglé.
Hâtons- nous , recueillons les présens de Cerés
Chantons , celebrons ses bienfaits.
Ægié.
Jamais moissons plus abondantes
N'ont comblé nos ardens desirs ,
Des Epis les têtes flottantes
Cedent aux amoureux Zéphirs .
Lycidas.
De l'Art, qui rend un champ fertile ,
Тц
FEVRIER. 247 1734.
Tu nous a donné des leçons ,
Cerès ; à tes soins la Sicile
A dû ses premieres moissons.
La Terre pour toi soupire ,
Tu soutiens tout l'Univers.
On t'adore au sombre Empire ,
Ta fille regne aux Enfers.
Æglé.
Que Phébus perde sa vitesse ,
Quand Proserpine est avec toi ;
Mais que ce Dieu vole et s'empresse ,
Quand Pluton la tient sous sa Loy.
Lycidas.
Nous avons appris de nos Peres
Ces illustres évenemens ;
A notre tour à nos enfans
Nous raconterons ces Mysteres.
Ensemble,
Accourez jeunes Moissonneurs ,
C'est peu de profiter d'une utile abondance.
Il faut marquer par la reconnoissance
A qui vous devez ces faveurs.
L'AUTOMNE.
Philis. Coridon.
Sujvons
Fuyons
Bacchus et sa Liqueur ;
Aimons
242 MERCURE DE FRANCE
S Aimons
Craignons
les présens qu'il nous donne.
C'est dans le doux jus de l'Automne
Ce n'est point le jus de l'Automne ,
Que l'on trouve un parfait bonheur ,
Qui peut faire notre bonheur,
Coridon,
Est-il une Fête agréable ,
Si Bacchus n'en fait l'ornement ?
La gayeté , l'enjoüment aimable ,
Coulent de son Nectar charmant.
Philis.
Trop souvent la raison s'égare ;
En voulant suivre ses pas ,
Souvent la discorde barbare
Trouble ses plus doux appas.
Coridon.
Toujours la fortune inconstante
Nous fait sentir quelque malheur,
Bacchus par sa Liqueur puissante
Sçait endormir notre douleur.
Philis.
Pour calmer une peine extrême ,
Bacchus offre un trompeur secours.
Fuyons ce Dieu ; son secours même ,
Empoisonne et finit nos jours.
Coridon.
FEVRIER.
1734. 243
Coridon.
Mais, aimable Philis , de son charmant breuvage
Ne peut- on faire un juste usage ?
C'est l'excès qui rend dangereux ,
Les doux présens des Dieux.
A
2'
Tous deux.
Buvons sans boire à tasse pleine ;
N'écoutons qu'un sage desir ,
Buvons assez pour le plaisir ,
Buvons sobrement pour la peine.
L'HY V E R.
Ismene. Corylas.
Corylas.
Ismene , quel temps rigoureux
Consterne toute la Nature !
Quels frimats ! quelle froidure ,
Trouble la paix de ces Lieux !
Tous deux.
O toi dont les soins secourables ,
Veillent sur le sort des Bergers ,
Pan , jette sur nous tes regards favorables ;
Deffends-nous , deffends tes Vergers.
Corylas.
Déja le tendre Sylvanire
A suspendu ses Chalumeaux ;
Déja
244 MERCURE DE FRANCE
Déja la charmante Thémire ,
Prend moins de soin de ses Troupeaux.
Ismene.
Mille Oiseaux chaque jour chantoient dans ces
Boccages ; .
J'y venois écouter le murmure des eaux ;
Oiseaux , vous avez donc oublié vos ramages ,
Vous ne murmurez plus , agréables Ruisseaux,
Corylas.
Mais , Ciel ! quel bonheur extrême !
L'Hyver croit en vain nous troubler.
Auprès de nos foyers je vois Bacchus lui-même
Les jeux et les plaisirs viennent s'y rassembler.
Tous deux.
Triompheż, triomphez , Divinitez charmantes
Regnez toujours avec nous.
Rendez nos Fêtes brillantes ;
Rendez de notre sort les Rois mêmes jaloux.
L. D.
LE PRINTEMPS.
Tircis. Iris.
Tircis.
Tout s'anime dans la Nature.
Iris , allons revoir nos champs ;
Allons voir naître la verdure ,
Que nous redonne le Printemps.
Ensemble.
Que le Printemps est agréable !
Qu'il a pour nous de douceurs !
Plus l'Hyver a de rigueurs ,
Plus le Printemps paroît aimable.
Iris.
L'Aquilon avec ses frimats
Ne désole plus nos Montagnes.
Zéphir , vole dans nos campagnes ,
Et Flore marche sur ses pas.
Tircis.
Nos Genisses impatientes ,
Brulent de retourner aux champs:
Bien-tôt dans les Prez renaissants ,
Nous les allons voir bondissantes,
3
Iris.
240 MERCURE DE FRANCE
Iris.
Du Ruisseau que je chéris ,
La glace arrêtoit l'Onde pure.
Déja sur un gason de ses charmes épris ,
Elle coule , elle murmure.
Tircis.
Le Rossignol et la Fauvette
Reprennent leurs tendres Concerts,
Du Dieu qui chasse les hyvers ,
Ils chantent la gloire parfaite.
Tous deux.
Pour reconnoître ses faveurs ,
Offrons lui le tribut de nos premieres fleurs ,
Des dons des Immortels peut- on mieux faire
usage ,
Qu'en leur en présentant l'hommage ?
L'ETE.
Licidas. Aglé.
Hâtons- nous , recueillons les présens de Cerés
Chantons , celebrons ses bienfaits.
Ægié.
Jamais moissons plus abondantes
N'ont comblé nos ardens desirs ,
Des Epis les têtes flottantes
Cedent aux amoureux Zéphirs .
Lycidas.
De l'Art, qui rend un champ fertile ,
Тц
FEVRIER. 247 1734.
Tu nous a donné des leçons ,
Cerès ; à tes soins la Sicile
A dû ses premieres moissons.
La Terre pour toi soupire ,
Tu soutiens tout l'Univers.
On t'adore au sombre Empire ,
Ta fille regne aux Enfers.
Æglé.
Que Phébus perde sa vitesse ,
Quand Proserpine est avec toi ;
Mais que ce Dieu vole et s'empresse ,
Quand Pluton la tient sous sa Loy.
Lycidas.
Nous avons appris de nos Peres
Ces illustres évenemens ;
A notre tour à nos enfans
Nous raconterons ces Mysteres.
Ensemble,
Accourez jeunes Moissonneurs ,
C'est peu de profiter d'une utile abondance.
Il faut marquer par la reconnoissance
A qui vous devez ces faveurs.
L'AUTOMNE.
Philis. Coridon.
Sujvons
Fuyons
Bacchus et sa Liqueur ;
Aimons
242 MERCURE DE FRANCE
S Aimons
Craignons
les présens qu'il nous donne.
C'est dans le doux jus de l'Automne
Ce n'est point le jus de l'Automne ,
Que l'on trouve un parfait bonheur ,
Qui peut faire notre bonheur,
Coridon,
Est-il une Fête agréable ,
Si Bacchus n'en fait l'ornement ?
La gayeté , l'enjoüment aimable ,
Coulent de son Nectar charmant.
Philis.
Trop souvent la raison s'égare ;
En voulant suivre ses pas ,
Souvent la discorde barbare
Trouble ses plus doux appas.
Coridon.
Toujours la fortune inconstante
Nous fait sentir quelque malheur,
Bacchus par sa Liqueur puissante
Sçait endormir notre douleur.
Philis.
Pour calmer une peine extrême ,
Bacchus offre un trompeur secours.
Fuyons ce Dieu ; son secours même ,
Empoisonne et finit nos jours.
Coridon.
FEVRIER.
1734. 243
Coridon.
Mais, aimable Philis , de son charmant breuvage
Ne peut- on faire un juste usage ?
C'est l'excès qui rend dangereux ,
Les doux présens des Dieux.
A
2'
Tous deux.
Buvons sans boire à tasse pleine ;
N'écoutons qu'un sage desir ,
Buvons assez pour le plaisir ,
Buvons sobrement pour la peine.
L'HY V E R.
Ismene. Corylas.
Corylas.
Ismene , quel temps rigoureux
Consterne toute la Nature !
Quels frimats ! quelle froidure ,
Trouble la paix de ces Lieux !
Tous deux.
O toi dont les soins secourables ,
Veillent sur le sort des Bergers ,
Pan , jette sur nous tes regards favorables ;
Deffends-nous , deffends tes Vergers.
Corylas.
Déja le tendre Sylvanire
A suspendu ses Chalumeaux ;
Déja
244 MERCURE DE FRANCE
Déja la charmante Thémire ,
Prend moins de soin de ses Troupeaux.
Ismene.
Mille Oiseaux chaque jour chantoient dans ces
Boccages ; .
J'y venois écouter le murmure des eaux ;
Oiseaux , vous avez donc oublié vos ramages ,
Vous ne murmurez plus , agréables Ruisseaux,
Corylas.
Mais , Ciel ! quel bonheur extrême !
L'Hyver croit en vain nous troubler.
Auprès de nos foyers je vois Bacchus lui-même
Les jeux et les plaisirs viennent s'y rassembler.
Tous deux.
Triompheż, triomphez , Divinitez charmantes
Regnez toujours avec nous.
Rendez nos Fêtes brillantes ;
Rendez de notre sort les Rois mêmes jaloux.
L. D.
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Résumé : LES QUATRE SAISONS.
Le texte présente les quatre saisons à travers des dialogues entre divers personnages. Au printemps, Tircis et Iris célèbrent la renaissance de la nature, la fonte des glaces et le retour des oiseaux chanteurs. Ils décident d'offrir des fleurs en hommage au printemps. En été, Licidas et Aglé chantent les moissons abondantes et rendent hommage à Cérès, déesse de l'agriculture, et à sa fille Proserpine. Ils invitent les moissonneurs à reconnaître les bienfaits de Cérès. En automne, Philis et Coridon discutent des dangers de l'abus de l'alcool, tout en reconnaissant ses vertus pour apaiser les douleurs. Ils prônent la modération. En hiver, Ismène et Corylas déplorent le froid et la désolation, mais trouvent du réconfort auprès du feu et des plaisirs offerts par Bacchus. Ils célèbrent les divinités qui apportent la joie et les fêtes brillantes.
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23
p. 944-946
LE SAGE DU TEMPS. Par M. D. R. A. A. P.
Début :
Du sçavoir, je me défie, [...]
Mots clefs :
Bacchus, Amour, Partage, Philis
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE SAGE DU TEMPS. Par M. D. R. A. A. P.
LE SAGE DU TEMP S.
DU
Par M. D. R. A. A. P.
U sçavoir , je me défie ,
J'en suis peu jaloux ;
Histoire , Philosophie ,
Je ne pense point à vous ;
Entre Bacchus et l'Amour ,
Je partage le jour.
M
Ces Dieux à mes voeux propices ,
Font mes seuls plaisirs ,
Et
THE
NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY.
ASTOR,
LENOX
AND >
TILDEN
FOUNDATIONS
MAY.
1734 945
Et par d'heureux artifices ,
Enchainent tous mes desirs ,
Entre Bacchus , &c .
爽
Si la tristesse m'obsede ,
Par son noir venin ,
Je cours vîte à mon remede ,
Ma Philis et de bon vin :
Entre Bacchus , &c.
Loin de moi , sombre sagesse ;
Es - tu de saison ?
Plein de vin et de tendresse ,
Puis -je écouter la raison ?
.
Entre Bacchus , &c.
Par un aimable mensongé ,
L'avenir séduit :
Le passé n'est plus qu'un'songe ,
Le present seul me suffit.
Entre Bacchus , & c ..
M
Tout ici pour moi conspire
Beaux yeux , vin flatéur ;
O l'agréable délire !
Vou
946 MERCURE DE FRANCE
Voudrois - je garder mon coeur ?
Entre Bacchus , &c .
Quand je tiens Philis à table ,
Que je suis content !
Oui , la Parque pitoyable
Y file plus lentement.
Entre Bacchus , &c.
M
Amis , celebrez ma gloire
Par maintes Chansons ;
Je sçais aimer , je sçais boire ,
Comme un autre Anacréon .
Entre Bacchus et l'Amour
Je partage le jour .
DU
Par M. D. R. A. A. P.
U sçavoir , je me défie ,
J'en suis peu jaloux ;
Histoire , Philosophie ,
Je ne pense point à vous ;
Entre Bacchus et l'Amour ,
Je partage le jour.
M
Ces Dieux à mes voeux propices ,
Font mes seuls plaisirs ,
Et
THE
NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY.
ASTOR,
LENOX
AND >
TILDEN
FOUNDATIONS
MAY.
1734 945
Et par d'heureux artifices ,
Enchainent tous mes desirs ,
Entre Bacchus , &c .
爽
Si la tristesse m'obsede ,
Par son noir venin ,
Je cours vîte à mon remede ,
Ma Philis et de bon vin :
Entre Bacchus , &c.
Loin de moi , sombre sagesse ;
Es - tu de saison ?
Plein de vin et de tendresse ,
Puis -je écouter la raison ?
.
Entre Bacchus , &c.
Par un aimable mensongé ,
L'avenir séduit :
Le passé n'est plus qu'un'songe ,
Le present seul me suffit.
Entre Bacchus , & c ..
M
Tout ici pour moi conspire
Beaux yeux , vin flatéur ;
O l'agréable délire !
Vou
946 MERCURE DE FRANCE
Voudrois - je garder mon coeur ?
Entre Bacchus , &c .
Quand je tiens Philis à table ,
Que je suis content !
Oui , la Parque pitoyable
Y file plus lentement.
Entre Bacchus , &c.
M
Amis , celebrez ma gloire
Par maintes Chansons ;
Je sçais aimer , je sçais boire ,
Comme un autre Anacréon .
Entre Bacchus et l'Amour
Je partage le jour .
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Résumé : LE SAGE DU TEMPS. Par M. D. R. A. A. P.
Le poème 'Le Sage du Temps' de M. D. R. A. A. P. exprime le désintérêt de l'auteur pour la sagesse, l'histoire et la philosophie. Il privilégie les plaisirs procurés par Bacchus et l'Amour, qui comblent tous ses désirs et le préservent de la tristesse. En période de mélancolie, il se tourne vers sa bien-aimée Philis et le vin pour trouver du réconfort. Le poète rejette la sagesse austère et préfère se laisser guider par le vin et la tendresse. Il savoure le présent sans se soucier du futur ou du passé. Le poème se conclut par une célébration de la joie et du contentement, comparant l'auteur à Anacréon, célèbre pour ses chants sur l'amour et le vin.
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24
p. 1419
CHANSON, Mise en Musique par M. Rousseau, à Chambery.
Début :
Un Papillon badin, caressoit une Rose [...]
Mots clefs :
Papillon, Bacchus
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CHANSON, Mise en Musique par M. Rousseau, à Chambery.
H A N S O N,
2 Musique par M. Rousseau ;
à Chambery.
Papillon badin , caressoit une Rose
louvellement éclose,
i-tôt il quitta pour suçer un Raisin :
h ! dit la charmante Catin,
roit tristement à son Berger volage
Bacchus, tu m'as ravi son coeur ;
ns-nous tant d'Amans sans ton Jus en
l{CUlI
Dégoûtés du tendre esclavage ?
ius, cruel Bacchus, ta fatale Liqueur ,
ous les inconstans est-elle le breuvage ?
2 Musique par M. Rousseau ;
à Chambery.
Papillon badin , caressoit une Rose
louvellement éclose,
i-tôt il quitta pour suçer un Raisin :
h ! dit la charmante Catin,
roit tristement à son Berger volage
Bacchus, tu m'as ravi son coeur ;
ns-nous tant d'Amans sans ton Jus en
l{CUlI
Dégoûtés du tendre esclavage ?
ius, cruel Bacchus, ta fatale Liqueur ,
ous les inconstans est-elle le breuvage ?
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25
p. 63-65
CHANSON DE TABLE, Sur l'air du Vaudeville d'Epicure.
Début :
O Vous que l'amitié rassemble, [...]
Mots clefs :
Amour, Amant, Bacchus, Buveurs, Vin, Bouteille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : CHANSON DE TABLE, Sur l'air du Vaudeville d'Epicure.
CHANSON DE TABLE
O
Sur l'air du Vandeville d'Epicure.
Vous que l'amitié raffemble ,
Tendres amans heureux bûveurs ;
Des Dieux que nous fervons enfemble
Chantons tour à tour les faveurs.
Du nom du Dieu que l'Inde adore ,
Bûveurs rempliffez ce féjour ;
Et
vous , beautés jeunes encore ,
Sans le nommer , chantez l'amour.
2
Le loifir plaît à la tendreffe ;
Mais Bacchus fuit. un vil repos
Le bûveur peut jouir fans ceffe
L'amant ne jouit qu'à propos.
Le bûveur dans fa folle ivreffe
Se croit un Roi toujours vainqueurs,
L'amant foumis à fa maîtreffe ,
Ne veut regner que fur fon coeur.
Dans cette brillante fougere ,
Quand Tircis verfchum vin charmants mono'
I
64 MERCURE . DE FRANCE.
Amour , fur fa mouffe légere
Me peint les traits de mon amant.
Je réunis tout ce que j'aime ,
Ma bouche afpire la liqueur ,
Et fait paffer à l'inſtant même ,
Bacchus & l'amour dans mon coeur.
Ainfi que l'enfant de Cythere',
Le Dieu du vin eft délicat :
Tous les deux aiment le myftere ;
Tous les deux redoutent l'éclat.
Dès qu'une bouteille eft ouverte
Le vin s'évapore ou s'aigrit :
Dès qu'une intrigue eft découverte ,
L'amour s'éteint ou s'affoiblit.
Au Dieu qui fait múrir lá treille ;
Amour , tu dois fouvent ton prix ;
Sylvandre armé d'une bouteille ,
Sçut enfin attendrir Iris .
Le verre à la main , elle oublie
Et fon devoir & le danger :
L'amant triomphe , & Bacchus crie
>> Mon heure eft celle du Berger.
stillid $ 1.5
D'an amour délicat & tendre , but han
JUIN. 1755.
65
Chérs amis célébrons le prix.
Bûveurs imitez tous Sylvandre ,
Nous pourrons imiter Iris.
A Bacchus donnons la journée ;
Refervons les nuits à l'amour :
L'un peut renaître avec l'année ;
Quand l'autre fuit , c'eft fans retour.
Par A. H. Poinfinet , le jeune.
O
Sur l'air du Vandeville d'Epicure.
Vous que l'amitié raffemble ,
Tendres amans heureux bûveurs ;
Des Dieux que nous fervons enfemble
Chantons tour à tour les faveurs.
Du nom du Dieu que l'Inde adore ,
Bûveurs rempliffez ce féjour ;
Et
vous , beautés jeunes encore ,
Sans le nommer , chantez l'amour.
2
Le loifir plaît à la tendreffe ;
Mais Bacchus fuit. un vil repos
Le bûveur peut jouir fans ceffe
L'amant ne jouit qu'à propos.
Le bûveur dans fa folle ivreffe
Se croit un Roi toujours vainqueurs,
L'amant foumis à fa maîtreffe ,
Ne veut regner que fur fon coeur.
Dans cette brillante fougere ,
Quand Tircis verfchum vin charmants mono'
I
64 MERCURE . DE FRANCE.
Amour , fur fa mouffe légere
Me peint les traits de mon amant.
Je réunis tout ce que j'aime ,
Ma bouche afpire la liqueur ,
Et fait paffer à l'inſtant même ,
Bacchus & l'amour dans mon coeur.
Ainfi que l'enfant de Cythere',
Le Dieu du vin eft délicat :
Tous les deux aiment le myftere ;
Tous les deux redoutent l'éclat.
Dès qu'une bouteille eft ouverte
Le vin s'évapore ou s'aigrit :
Dès qu'une intrigue eft découverte ,
L'amour s'éteint ou s'affoiblit.
Au Dieu qui fait múrir lá treille ;
Amour , tu dois fouvent ton prix ;
Sylvandre armé d'une bouteille ,
Sçut enfin attendrir Iris .
Le verre à la main , elle oublie
Et fon devoir & le danger :
L'amant triomphe , & Bacchus crie
>> Mon heure eft celle du Berger.
stillid $ 1.5
D'an amour délicat & tendre , but han
JUIN. 1755.
65
Chérs amis célébrons le prix.
Bûveurs imitez tous Sylvandre ,
Nous pourrons imiter Iris.
A Bacchus donnons la journée ;
Refervons les nuits à l'amour :
L'un peut renaître avec l'année ;
Quand l'autre fuit , c'eft fans retour.
Par A. H. Poinfinet , le jeune.
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Résumé : CHANSON DE TABLE, Sur l'air du Vaudeville d'Epicure.
La 'Chanson de table' est un poème dédié à l'amitié, à l'amour et à la célébration des plaisirs de la vie. Les vers invitent les amis à chanter les faveurs des dieux tout en buvant et en célébrant l'amour. Le texte oppose le plaisir immédiat de la boisson à la jouissance plus contrôlée de l'amour. Le buveur, dans son ivresse, se croit invincible, tandis que l'amant est soumis à sa maîtresse. La poésie décrit également la délicatesse de l'amour et du vin, tous deux préférant le mystère à la lumière. Une bouteille ouverte ou une intrigue découverte peuvent ruiner ces plaisirs. Le poème se conclut par une célébration de Bacchus pendant la journée et de l'amour pendant la nuit, soulignant que l'amour peut renaître chaque année, contrairement à la boisson.
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26
p. 6
Vers à Mlle Ch... en lui envoyant par la poste une corbeille de fleurs & un petit panier de vin vieux.
Début :
Bacchus & Flore tête à tête [...]
Mots clefs :
Bacchus, Flore, Vin
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texteReconnaissance textuelle : Vers à Mlle Ch... en lui envoyant par la poste une corbeille de fleurs & un petit panier de vin vieux.
Vers à Mlle Ch... en lui envoyant par la pofte
une corbeille defleurs & un petit panier de
vin vieux,
Bacchus & Flore tête à tête ,
Par la voiture des Zéphirs ,
Sont en route pour votre fête ,
Suivis d'un effein de déſirs :
Tous deux , preffés du même zele ,
Vous portent ce qu'ils ont de mieux ;
L'une , la fleur la plus nouvelle ,
Et l'autre , le vin le plus vieux.:
Chacun à vous fervir s'engage
Flore doit parer votre ſein :
Bacchus difpute l'avantage
De faire briller votre main ;
Ce Dieu veut fous vos doigts d'albâtre ,
Philis , voir couler fa liqueur :
Flore rendra tout idolâtre ,
Et Bacchus fera tout buveur .
une corbeille defleurs & un petit panier de
vin vieux,
Bacchus & Flore tête à tête ,
Par la voiture des Zéphirs ,
Sont en route pour votre fête ,
Suivis d'un effein de déſirs :
Tous deux , preffés du même zele ,
Vous portent ce qu'ils ont de mieux ;
L'une , la fleur la plus nouvelle ,
Et l'autre , le vin le plus vieux.:
Chacun à vous fervir s'engage
Flore doit parer votre ſein :
Bacchus difpute l'avantage
De faire briller votre main ;
Ce Dieu veut fous vos doigts d'albâtre ,
Philis , voir couler fa liqueur :
Flore rendra tout idolâtre ,
Et Bacchus fera tout buveur .
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Résumé : Vers à Mlle Ch... en lui envoyant par la poste une corbeille de fleurs & un petit panier de vin vieux.
Le poème envoie à Mlle Ch... une corbeille de fleurs et un panier de vin vieux. Flore et Bacchus, portés par les Zéphyrs, offrent respectivement la fleur la plus nouvelle et le vin le plus vieux. Ils promettent de servir la destinataire, Flore ornant son sein de fleurs et Bacchus souhaitant voir le vin couler entre ses doigts. Flore rendra idolâtre de ses fleurs, et Bacchus fera en sorte que tout le monde devienne buveur.
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27
p. 44-45
PSYCHÉ VENDANGEUSE, FABLE. À la même, sur une partie de vendange qu'elle a faite avec une de ses amies.
Début :
L'AMOUR étoit parti, Psyché se lamentoit. [...]
Mots clefs :
Amour, Psyché, Bacchus, Vendange
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texteReconnaissance textuelle : PSYCHÉ VENDANGEUSE, FABLE. À la même, sur une partie de vendange qu'elle a faite avec une de ses amies.
PSYCHÉ VENDANGEUSE ,
FABLE.
A la même , fur une partie de vendange
qu'elle a faite avec une de fes amies.
L'AMOUR étoit parti , Pfyché le lamentoit.
Car fans l'Amour , que devient une Belle ?
Aufli Pfyché s'ennuyoit - elle ;
11 eft vrai que fa foeur auprès d'elle reftoit :
Mais qui peut remplacer ces tranſports , cette
ivreſſe ,
Ces querelles , ces riens & ces brulans ſoupirs ,
Qui de deux coeurs livrés à leur tendreſſe ,
Font ou préparent les plaifirs ?
Pfyché dit à la foeur : pour punir l'Infidéle
Qui femble négliger mes feux ,
Je veux former une chaîne nouvelle ;
Au Dieu du vin je vais porter mes voeux ;
Suis-moi,... Tu vois les champs où la Seine ferpente
:
C'est là que de Bacchus on célébre les jeux ;
Courons y dépouiller cette vigne abondante
Dont le jusfçait calmer les chagrins amoureux ;
L'Amour eft trifte , & Bacchus eft joyeux .
Elle dit ; & nos Soeurs fur l'Afne de Silène
JANVIER. 1763 .
45
Au grand galop bondiffent dans la plaine ;
L'Afne les mène au pied d'un des côteaux
D'où le nectar renommé de Surène
Foulé , preffé , coule dans des tonneaux.
Voilà les deux jeunes Amantes
Cheveux épars & le tyrfe à la main ,
Qui le mêlant aux troupes des Bacchantes,
Vendangent le raifin , boivent fon jus divin :
Mais ce n'eft point affez d'en boire ,
L'une & l'autre à l'envi fe barbouillent de vin .
Adieu les lis , les rofes de leur teint !
Pour le coup fur l'Amour Bacchus a la victoire ,
Et Pfyché pour lui plaire a mafqué fes attraits .
On fçait qu'Amour fait fouvent fentinelle ;
Il voloit près de là , planoit près de fa belle
Dont il méconnoiffoit les traits ;
Et fans ces beaux yeux noirs dont à travers la lie
Le regard féducteur perçoit comme un éclair ,
L'Amour fût demeuré dans l'air
Sans remarquer la Nymphe & fa folie.
Mais Pfyché l'apperçoit , elle ſent ſon erreur .
Bacchus peut- il remplir un jeune coeur ?
Elle court , elle atteint fon Amant infidele ;
Il rit ; & lui promet de refter auprès d'elle.
FABLE.
A la même , fur une partie de vendange
qu'elle a faite avec une de fes amies.
L'AMOUR étoit parti , Pfyché le lamentoit.
Car fans l'Amour , que devient une Belle ?
Aufli Pfyché s'ennuyoit - elle ;
11 eft vrai que fa foeur auprès d'elle reftoit :
Mais qui peut remplacer ces tranſports , cette
ivreſſe ,
Ces querelles , ces riens & ces brulans ſoupirs ,
Qui de deux coeurs livrés à leur tendreſſe ,
Font ou préparent les plaifirs ?
Pfyché dit à la foeur : pour punir l'Infidéle
Qui femble négliger mes feux ,
Je veux former une chaîne nouvelle ;
Au Dieu du vin je vais porter mes voeux ;
Suis-moi,... Tu vois les champs où la Seine ferpente
:
C'est là que de Bacchus on célébre les jeux ;
Courons y dépouiller cette vigne abondante
Dont le jusfçait calmer les chagrins amoureux ;
L'Amour eft trifte , & Bacchus eft joyeux .
Elle dit ; & nos Soeurs fur l'Afne de Silène
JANVIER. 1763 .
45
Au grand galop bondiffent dans la plaine ;
L'Afne les mène au pied d'un des côteaux
D'où le nectar renommé de Surène
Foulé , preffé , coule dans des tonneaux.
Voilà les deux jeunes Amantes
Cheveux épars & le tyrfe à la main ,
Qui le mêlant aux troupes des Bacchantes,
Vendangent le raifin , boivent fon jus divin :
Mais ce n'eft point affez d'en boire ,
L'une & l'autre à l'envi fe barbouillent de vin .
Adieu les lis , les rofes de leur teint !
Pour le coup fur l'Amour Bacchus a la victoire ,
Et Pfyché pour lui plaire a mafqué fes attraits .
On fçait qu'Amour fait fouvent fentinelle ;
Il voloit près de là , planoit près de fa belle
Dont il méconnoiffoit les traits ;
Et fans ces beaux yeux noirs dont à travers la lie
Le regard féducteur perçoit comme un éclair ,
L'Amour fût demeuré dans l'air
Sans remarquer la Nymphe & fa folie.
Mais Pfyché l'apperçoit , elle ſent ſon erreur .
Bacchus peut- il remplir un jeune coeur ?
Elle court , elle atteint fon Amant infidele ;
Il rit ; & lui promet de refter auprès d'elle.
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Résumé : PSYCHÉ VENDANGEUSE, FABLE. À la même, sur une partie de vendange qu'elle a faite avec une de ses amies.
La fable 'Psyché vendangeuse' raconte l'histoire de Psyché, qui, en l'absence de l'Amour, se sent seule et décide de se tourner vers Bacchus pour oublier ses chagrins. Elle invite sa sœur à l'accompagner dans les vignobles où la Seine serpente, afin de célébrer les jeux de Bacchus et de cueillir du raisin. Les deux jeunes femmes, déguisées en Bacchantes, vendangent et boivent du vin, se barbouillant même de jus de raisin. Cependant, cette expérience ne suffit pas à remplacer l'Amour. L'Amour, caché non loin, observe Psyché sans la reconnaître à cause du vin. Psyché, se rendant compte de son erreur, court vers l'Amour qui promet de rester avec elle.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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