LE BAUDET ET LA JUMENT.
FABLE .
Certain Baudet ambitieux ,
Voulant établir sa noblesse ,
Vint offrir ses soins et ses voeux ;
'A Matrona , Jument que l'on nommoit Duchesse
( Duchesse par dérision
€
De sa vaine présomption. )
Il prit la résolution ,
De s'unir avec elle
Femme , disoit- il , d'un tel nom ,
Va changer ma condition
Et distinguer ma parentelle ;
Je puis faisant souche nouvelle ,
Avoir Mulets , non des Asnons ,
Casque en visiere et plume en tête .
Ils leveront la crête ,
Et porteront Caparagons ,)
Des Ecussons ,
Feront grand bruit , grands carillons ;
Auront des Charges dans l'Armée ,
Cela dit , à sa bien - aimée ,
Propose la conjonction ;
Martin est bien reçû , lors la conclusion
Se
A OUST. 3929 1731.
Se fait dans le même intervale ;
Baudet épouse la Cavalle ,
Ont ensemble petits Mulets ,
Mulet aîné , Mulets cadets ,
Aussi sots que leur pere ,
Et plus vains que leur mere
D'esprit quinteux ,
Tétus , hargneux ,
En trahison donnant ruades .
Faisant mille incartades ;
Mere et Mulets n'avoient que du mépris ,
Pour le papa Baudet , le meilleur des maris ,
S'il veut décider d'une affaire ,
Duchesse le fait taire ,
Lui disant , taisez - vous , Baudet ,
Laissez parler mon fils Mulet ,
Vous raisonnez comme une bête ;
Pauvre Baudet baisse la tête ,
Et maudit cent fois le moment ,
Qu'au lieu d'Anesse il prit Jument ;
Repos vaut mieux qu'honneur et que fortune ;
Qu'un chacun prenne sa chacune.
Van Rigyben,