Auteur du texte (4)
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Résultats : 4 texte(s)
1
p. 861-868
LA POESIE, ODE A M. de la Faye, de l'Académie Françoise. Par M. Richer.
Début :
Quel Profane sur le Parnasse, [...]
Mots clefs :
Coeur, Dieu, Génie, Muses, Vers, Poésie
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texteReconnaissance textuelle : LA POESIE, ODE A M. de la Faye, de l'Académie Françoise. Par M. Richer.
LA POESIE ,
ODE
A M. de la Faye , de l'Académie Fran
goife. Par M. Richer .
Quel
Jel Profane fur le Parnaffe ,
Ferme l'oreille à tes accens ;
Dieu des Vers , confonds fon audace ,
Fail
862 MERCURE DE FRANCE
Fais briller tes charmes puiffants.
C'eſt envain que dans fon délire ,
Mufes , il ofe contredire ,
Les fuffrages de l'Univers :
Paroiffez , Filles de Memoire ,
Chantez vous- même votre gloire ,
Infpirez -moi vos plus beaux Airs.
Sorti des mains de Promethée ,
L'homme errant , féroce & fans Loi ,
Sur la Terre à peine habitée ,
Répandoit le trouble & l'effroi.
Cette lumiere vive & pure ,
Don précieux de la Nature ,
Ne lui deffilloit point les yeux :
Livrez aux paffions perfides ,
Les coeurs féduits n'avoient pour guides ,
Que ces Tyrans imperieux.
Age malheureux ! où la Terre ,
Etoit un Théatre d'horreurs.
La Difcorde y foufloit la Guerre ;
En tous lieux regnoient fes fureurs.
Hideux alors & fans culture , -
Les Champs n'offroient pour nourriture
Que du Gland & des fruits amers :
Vous ignoriez les Arts utiles ,
Mortels , vous n'aviez
pour
aziles ,
Que les Rochers & les Deſerts.
Mais
MAY . 863
1730.
Mais , quel Dieu ? Quel puiffant génie ,
Vient enfin de changer les coeurs ?
C'eſt toi , raviffante Harmonie !
Qui fur eux répans tes douceurs.
Illuftre fils de Calliope ,
De l'erreur qui les enveloppe ,
Tu peux feul diffiper la nuit ;
De tes Preceptes efficaces ,
Dictez par la bouche des Graces ,
Je les voi recueillir le fruit.
A ta voix féconde en miracles ,
Quittant leurs Antres efcarpez ,
Du fon de tes facrez Oracles ,
Ces coeurs farouches font frappez ;
Ils en admirent la fageffe ,
Les moeurs dépouillent leur rudeffe :
Tu fais triompher l'équité :
Soumis à des Loix refpectables ,
Ils goutent de ces noeuds aimables ,
L'agrément & l'utilité.
Ainfi la Fable nous figure
Les Rochers émus de tes fons ,
Et jufqu'en fa Caverne obfcure ,
L'Ours attendri par tes Chanſons ::
Ainfi d'un Chantre de la Grece ,
" Jadis la Lyre enchantereffe ,
Eleva
864 MERCURE DE FRANCE
Eleva les murs des Thébains :
Vives , mais trop foibles images ,
Pour nous peindre les avantages ,
D'un Art , le Maître des Humains !
Cet Art , aux plus fages maximes ,
Joint des accens mélodieux .
Ses accords font touchants , fublimes :
C'eft ainfi que parlent les Dieux.
Par fa Peinture noble & vive ,
Il frappe , il rend l'ame attentive ,
Plein de force & d'aménité ;
Et fouvent fes doctes Myfteres,
Sous des fictions falutaires ,
Voilent l'auftere verité.
Dans une Scene intereſſante ,
Retraçant d'illuftres malheurs ,
Voi Melpomene gémiffante ,
De nos yeux
Sur l'ame vivement
atteinte ,
La compaffion
& la crainte ,
Font d'utiles impreffions
;
Et l'affreuſe
image du crime ,
Dont le coupable
eft la victime
Du coeur banuit les paffions.
arracher des pleurs.
Des jeux Innocens de Thalie ;
Le
MAY. 865 1730 .
Le riant fpectacle étalé ,
De l'homme montre la folie ,
Aux ris le vice eft immolé.
La fureur du jeu , l'imprudence ,
Le faux fçavoir & l'arrogance ,
Y font percez de mille traits.
De ces Dramatiques merveilles ,
Les fons qui charment nos oreilles ,
Nous y font trouver plus d'attraits.
Mais animé du même zele ,
Par qui le vice eft combattu ,
D'un trait de fon Crayon fidele ,
Ce grand Art nous peint la vertu.
Pindare dans fes fons Lyriques ,
Chante les Vainqueurs Olympiques ;
Homere chante les Guerriers ,
Sans cette vivante peinture ,
Le temps , dont ils bravent l'injure ,
N'eût pas refpecté leurs Lauriers.
Oui , Mufes , votre Art eft utile ,
Aux fameux Guerriers , aux grands Rois,
Sans vous d'Agamemnon , d'Achille ,
L'oubli voileroit les exploits.
Des Héros que l'Hiftoire vante ,
La vertu paroît plus brillante ,
Lorfque vous celebrez leur nom
..lexandre , avide de gloire ,
866 MERCURE DE FRANCE
Se plaignoit après la victoire ,
Qu'Homere eût paffé l'Acheron,
Dans une agréable retraite ,
Ou les Nymphes font leur féjour ,
Le beau Thyrfis , fur ſa Mufette ,
Chante le pouvoir de l'Amour.
Un autre à l'ombre de la Treille ,
Epris de la Liqueur vermeille ,
D'un Dieu vante les dons chéris :
Venus & le fils de Séméle ,
Ornent d'une grace nouvelle ,
Les Chanfons de leurs Favoris.
Mais ce langage du Permeffe ,
'Au gré d'un fubtil Novateur ,
N'eſt qu'une ridicule yvrefſe ,
Dont le caprice eft inventeur.
Séduits par un ufage étrange ,
Pourquoi prodiguer la loüange ,
A de pareils amuſemens ?
Penible abus de la parole ,
A qui notre folie immole ,
La Nature & fes fentimens !
Muſes , l'honneur de ce Rivage ,
Qu'infenfible à vos doux accords ,
Pour décrier votre langage ,
L'Ingrat
ΤΟ
867 .. MAY. 1730.
L'Ingrat faffe de vains efforts :
Pour dégrader les doctes veilles
Du fameux Rival des Corneilles ,
Qu'il décompofe fes écrits :
Racine , un fol efpoir le flatte ;
Et des beaux Vers de Mithridate ,
Tu nous vois encor plus épris.
De la meſure & de la Rime ,
Qu'il brave l'importune loi :
Tu leur conferves notre eftime ;
Ce bel Art triomphe chez toi.
Les mots foumis à la meſure ,
N'y font qu'embellir la Nature ,
Malgré leur étroite priſon ;
Et par l'effort de ton génie ,
La cadence au droit ſens unie
Charme l'oreille & la raiſon,
Non , ce travail n'eſt point ſterile ;
Fruit d'un laborieux loifir ;
Moins le fuccès en eſt facile ,
Plus il nous caufe de plaifir.
De tout temps l'Univers l'admire :
Si les fons qu'enfante la Lyre ,
Charment aujourd'hui les Mortels ,
Le Monde encor dans fon enfance ,
Sans
868 MERCURE DE FRANCE
Sans fçavoir , fans expérience ,
Aux Mufes dreffa des Autels.
En vain par une audace extrême ,
L *** infultant aux neuf Soeurs ,
Sur le fommet du Pinde même ,
Ofe méprifer leurs faveurs.
Pour le confondre Polymnie,
Echauffant ton heureux génie ,
Fait entendre de nouveaux Airs ,
La Faye , & ta Lyre fidelle ,
Nous donne une preuve immortelle ,
De la puiffance des beaux Vers.
ODE
A M. de la Faye , de l'Académie Fran
goife. Par M. Richer .
Quel
Jel Profane fur le Parnaffe ,
Ferme l'oreille à tes accens ;
Dieu des Vers , confonds fon audace ,
Fail
862 MERCURE DE FRANCE
Fais briller tes charmes puiffants.
C'eſt envain que dans fon délire ,
Mufes , il ofe contredire ,
Les fuffrages de l'Univers :
Paroiffez , Filles de Memoire ,
Chantez vous- même votre gloire ,
Infpirez -moi vos plus beaux Airs.
Sorti des mains de Promethée ,
L'homme errant , féroce & fans Loi ,
Sur la Terre à peine habitée ,
Répandoit le trouble & l'effroi.
Cette lumiere vive & pure ,
Don précieux de la Nature ,
Ne lui deffilloit point les yeux :
Livrez aux paffions perfides ,
Les coeurs féduits n'avoient pour guides ,
Que ces Tyrans imperieux.
Age malheureux ! où la Terre ,
Etoit un Théatre d'horreurs.
La Difcorde y foufloit la Guerre ;
En tous lieux regnoient fes fureurs.
Hideux alors & fans culture , -
Les Champs n'offroient pour nourriture
Que du Gland & des fruits amers :
Vous ignoriez les Arts utiles ,
Mortels , vous n'aviez
pour
aziles ,
Que les Rochers & les Deſerts.
Mais
MAY . 863
1730.
Mais , quel Dieu ? Quel puiffant génie ,
Vient enfin de changer les coeurs ?
C'eſt toi , raviffante Harmonie !
Qui fur eux répans tes douceurs.
Illuftre fils de Calliope ,
De l'erreur qui les enveloppe ,
Tu peux feul diffiper la nuit ;
De tes Preceptes efficaces ,
Dictez par la bouche des Graces ,
Je les voi recueillir le fruit.
A ta voix féconde en miracles ,
Quittant leurs Antres efcarpez ,
Du fon de tes facrez Oracles ,
Ces coeurs farouches font frappez ;
Ils en admirent la fageffe ,
Les moeurs dépouillent leur rudeffe :
Tu fais triompher l'équité :
Soumis à des Loix refpectables ,
Ils goutent de ces noeuds aimables ,
L'agrément & l'utilité.
Ainfi la Fable nous figure
Les Rochers émus de tes fons ,
Et jufqu'en fa Caverne obfcure ,
L'Ours attendri par tes Chanſons ::
Ainfi d'un Chantre de la Grece ,
" Jadis la Lyre enchantereffe ,
Eleva
864 MERCURE DE FRANCE
Eleva les murs des Thébains :
Vives , mais trop foibles images ,
Pour nous peindre les avantages ,
D'un Art , le Maître des Humains !
Cet Art , aux plus fages maximes ,
Joint des accens mélodieux .
Ses accords font touchants , fublimes :
C'eft ainfi que parlent les Dieux.
Par fa Peinture noble & vive ,
Il frappe , il rend l'ame attentive ,
Plein de force & d'aménité ;
Et fouvent fes doctes Myfteres,
Sous des fictions falutaires ,
Voilent l'auftere verité.
Dans une Scene intereſſante ,
Retraçant d'illuftres malheurs ,
Voi Melpomene gémiffante ,
De nos yeux
Sur l'ame vivement
atteinte ,
La compaffion
& la crainte ,
Font d'utiles impreffions
;
Et l'affreuſe
image du crime ,
Dont le coupable
eft la victime
Du coeur banuit les paffions.
arracher des pleurs.
Des jeux Innocens de Thalie ;
Le
MAY. 865 1730 .
Le riant fpectacle étalé ,
De l'homme montre la folie ,
Aux ris le vice eft immolé.
La fureur du jeu , l'imprudence ,
Le faux fçavoir & l'arrogance ,
Y font percez de mille traits.
De ces Dramatiques merveilles ,
Les fons qui charment nos oreilles ,
Nous y font trouver plus d'attraits.
Mais animé du même zele ,
Par qui le vice eft combattu ,
D'un trait de fon Crayon fidele ,
Ce grand Art nous peint la vertu.
Pindare dans fes fons Lyriques ,
Chante les Vainqueurs Olympiques ;
Homere chante les Guerriers ,
Sans cette vivante peinture ,
Le temps , dont ils bravent l'injure ,
N'eût pas refpecté leurs Lauriers.
Oui , Mufes , votre Art eft utile ,
Aux fameux Guerriers , aux grands Rois,
Sans vous d'Agamemnon , d'Achille ,
L'oubli voileroit les exploits.
Des Héros que l'Hiftoire vante ,
La vertu paroît plus brillante ,
Lorfque vous celebrez leur nom
..lexandre , avide de gloire ,
866 MERCURE DE FRANCE
Se plaignoit après la victoire ,
Qu'Homere eût paffé l'Acheron,
Dans une agréable retraite ,
Ou les Nymphes font leur féjour ,
Le beau Thyrfis , fur ſa Mufette ,
Chante le pouvoir de l'Amour.
Un autre à l'ombre de la Treille ,
Epris de la Liqueur vermeille ,
D'un Dieu vante les dons chéris :
Venus & le fils de Séméle ,
Ornent d'une grace nouvelle ,
Les Chanfons de leurs Favoris.
Mais ce langage du Permeffe ,
'Au gré d'un fubtil Novateur ,
N'eſt qu'une ridicule yvrefſe ,
Dont le caprice eft inventeur.
Séduits par un ufage étrange ,
Pourquoi prodiguer la loüange ,
A de pareils amuſemens ?
Penible abus de la parole ,
A qui notre folie immole ,
La Nature & fes fentimens !
Muſes , l'honneur de ce Rivage ,
Qu'infenfible à vos doux accords ,
Pour décrier votre langage ,
L'Ingrat
ΤΟ
867 .. MAY. 1730.
L'Ingrat faffe de vains efforts :
Pour dégrader les doctes veilles
Du fameux Rival des Corneilles ,
Qu'il décompofe fes écrits :
Racine , un fol efpoir le flatte ;
Et des beaux Vers de Mithridate ,
Tu nous vois encor plus épris.
De la meſure & de la Rime ,
Qu'il brave l'importune loi :
Tu leur conferves notre eftime ;
Ce bel Art triomphe chez toi.
Les mots foumis à la meſure ,
N'y font qu'embellir la Nature ,
Malgré leur étroite priſon ;
Et par l'effort de ton génie ,
La cadence au droit ſens unie
Charme l'oreille & la raiſon,
Non , ce travail n'eſt point ſterile ;
Fruit d'un laborieux loifir ;
Moins le fuccès en eſt facile ,
Plus il nous caufe de plaifir.
De tout temps l'Univers l'admire :
Si les fons qu'enfante la Lyre ,
Charment aujourd'hui les Mortels ,
Le Monde encor dans fon enfance ,
Sans
868 MERCURE DE FRANCE
Sans fçavoir , fans expérience ,
Aux Mufes dreffa des Autels.
En vain par une audace extrême ,
L *** infultant aux neuf Soeurs ,
Sur le fommet du Pinde même ,
Ofe méprifer leurs faveurs.
Pour le confondre Polymnie,
Echauffant ton heureux génie ,
Fait entendre de nouveaux Airs ,
La Faye , & ta Lyre fidelle ,
Nous donne une preuve immortelle ,
De la puiffance des beaux Vers.
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Résumé : LA POESIE, ODE A M. de la Faye, de l'Académie Françoise. Par M. Richer.
Le texte est une ode dédiée à M. de la Faye, membre de l'Académie Française, écrite par M. Richer. L'auteur commence par inviter les Muses à chanter leur propre gloire et à inspirer ses vers. Il décrit l'état primitif de l'humanité, marqué par la violence et l'absence de lois, avant l'avènement de l'harmonie et de la poésie. La poésie, personnifiée par les Muses, est présentée comme une force capable de civiliser les hommes, de les rendre plus justes et de les guider vers des mœurs plus douces. L'ode met en avant les vertus de la poésie, qui non seulement divertit mais éduque également en illustrant les conséquences des vices et en célébrant la vertu. Les grands poètes comme Pindare et Homère sont cités pour leur capacité à immortaliser les exploits des héros. L'auteur critique ceux qui méprisent la poésie et loue Racine pour son art. Il conclut en affirmant que la poésie, malgré ses contraintes, charme l'oreille et la raison, et qu'elle a toujours été admirée par l'humanité depuis ses origines. L'ode se termine par une louange à M. de la Faye et à sa lyre fidèle, preuve de la puissance des beaux vers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 1538-1540
LE CORBEAU ET LE PIGEON. FABLE. A M. l'Abbé Desfontaines. Par M. Richer.
Début :
Le passé nous instruit à prévoir l'avenir. [...]
Mots clefs :
Corbeau, Pigeon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LE CORBEAU ET LE PIGEON. FABLE. A M. l'Abbé Desfontaines. Par M. Richer.
LE CORBEAU ET LE PIGEON.
FABLE.
A M.Abbé Desfontaines.Par M. Richer:
LE
E paffé nous inftruit à prévoir l'avenir.-
C'est ce qui rend l'hiftoire utile ;
It ce fameux Théatre en accidens fertile ,
Nous enfeigne à les prévenir.
Je fçai bien que la multitude ,
Du paffé méprifant l'étude ,
Re
JUILLET . 1730. 1539
Regarde feulement ce qu'on fait aujourd'hui.
Auffi voit-on cet ignorant Vulgaire ,
#
ว
Aveugle en fa conduite , infenfé , temeraire.
Par l'Hiftoire on devient fage aux dépens d'au
trui ;
C'eft l'Ecole de la prudence.
Les Petits & les Grands y lifent leur devoir ;
Et qui s'applique à la fçavoir ,
Jeune , du vieux Neftor fait voir l'experience.
Qui n'en reconnoîtra le prix ,.
En lifant les fages Ecrits
2
Des grands Hiftoriens & de Rome & d'Athenes
A leur exemple , Desfontaines ,
Orné de grace & de préciſion ,
Aux faits puifés chez eux joint la refléxion . -
Ce crayon fçavant & fidele ,
Qui des Vainqueurs de l'Univers
Peint fi bien les vertus & les vices divers ,
Pour rendre l'homme fage offre plus d'un mo✈
dele
Ma Fable va le dire encor mieux que ces Vers.-
Un Corbeau , jeune encor , fçavoit déja l'hiftoire
De tous les Oifeaux differens ;
De plus , il prédiſoit la pluye & le beau tems,
Iffu de en pere fils (le fait eft bien notoire ) .
Du vieux Corbeaù dè Corvinus..
Le fçavoir dans fa Race étoit héreditaire.
Notre
1540 MERCURE DE FRANCE
Notre Docteur diſoit à l'Oiſeau de Venus ,
Oifeau fort neuf dont la tête legere
Se gouvernoit au gré du vent )
Fayons au plutôt , mon enfant
Ne vois-tu pas avec ſon arbalête ,
S'avancer vers nous ce pié plat ?
Quoique je ne fois pas un mets fort délicat ,
Je pars. Le voilà qui s'apprête
A décocher´un trait qui me fait peut ;
Et par tradition je fçai que tes 'femblables '
Ont péri maintefois par ces traits redoutables:™-
Comme moi , préviens le malheur.
Notre Pigeoneau peu docile ,
Malgré l'avis , refta tranquile."
Tai toi , répliqua t'il , je võis clair , Dieu merci.
Le Manant que tu crains , eft encor loin d'ici ;
Il ne nous cherche pas ; demeurons . Bagatelle ,
Repartit le Corbeau , fuyant à tire d'afle.
Cependant l'homme approche ; alors le Pigeonpart
;
Mais il s'en avifa trop tard.
IF eft percé dans l'air d'une fleche mortelle ;
Tandis que le Corbeau de fageffe pourvûe 57
Evite le danger prévů.
FABLE.
A M.Abbé Desfontaines.Par M. Richer:
LE
E paffé nous inftruit à prévoir l'avenir.-
C'est ce qui rend l'hiftoire utile ;
It ce fameux Théatre en accidens fertile ,
Nous enfeigne à les prévenir.
Je fçai bien que la multitude ,
Du paffé méprifant l'étude ,
Re
JUILLET . 1730. 1539
Regarde feulement ce qu'on fait aujourd'hui.
Auffi voit-on cet ignorant Vulgaire ,
#
ว
Aveugle en fa conduite , infenfé , temeraire.
Par l'Hiftoire on devient fage aux dépens d'au
trui ;
C'eft l'Ecole de la prudence.
Les Petits & les Grands y lifent leur devoir ;
Et qui s'applique à la fçavoir ,
Jeune , du vieux Neftor fait voir l'experience.
Qui n'en reconnoîtra le prix ,.
En lifant les fages Ecrits
2
Des grands Hiftoriens & de Rome & d'Athenes
A leur exemple , Desfontaines ,
Orné de grace & de préciſion ,
Aux faits puifés chez eux joint la refléxion . -
Ce crayon fçavant & fidele ,
Qui des Vainqueurs de l'Univers
Peint fi bien les vertus & les vices divers ,
Pour rendre l'homme fage offre plus d'un mo✈
dele
Ma Fable va le dire encor mieux que ces Vers.-
Un Corbeau , jeune encor , fçavoit déja l'hiftoire
De tous les Oifeaux differens ;
De plus , il prédiſoit la pluye & le beau tems,
Iffu de en pere fils (le fait eft bien notoire ) .
Du vieux Corbeaù dè Corvinus..
Le fçavoir dans fa Race étoit héreditaire.
Notre
1540 MERCURE DE FRANCE
Notre Docteur diſoit à l'Oiſeau de Venus ,
Oifeau fort neuf dont la tête legere
Se gouvernoit au gré du vent )
Fayons au plutôt , mon enfant
Ne vois-tu pas avec ſon arbalête ,
S'avancer vers nous ce pié plat ?
Quoique je ne fois pas un mets fort délicat ,
Je pars. Le voilà qui s'apprête
A décocher´un trait qui me fait peut ;
Et par tradition je fçai que tes 'femblables '
Ont péri maintefois par ces traits redoutables:™-
Comme moi , préviens le malheur.
Notre Pigeoneau peu docile ,
Malgré l'avis , refta tranquile."
Tai toi , répliqua t'il , je võis clair , Dieu merci.
Le Manant que tu crains , eft encor loin d'ici ;
Il ne nous cherche pas ; demeurons . Bagatelle ,
Repartit le Corbeau , fuyant à tire d'afle.
Cependant l'homme approche ; alors le Pigeonpart
;
Mais il s'en avifa trop tard.
IF eft percé dans l'air d'une fleche mortelle ;
Tandis que le Corbeau de fageffe pourvûe 57
Evite le danger prévů.
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Résumé : LE CORBEAU ET LE PIGEON. FABLE. A M. l'Abbé Desfontaines. Par M. Richer.
La fable 'Le Corbeau et le Pigeon' de M. Richer, dédiée à l'Abbé Desfontaines, souligne l'importance de l'histoire pour anticiper et éviter les dangers futurs. Elle met en avant l'utilité de l'étude du passé, accessible à tous, y compris aux ignorants et aux téméraires. L'histoire est présentée comme une école de prudence pour les jeunes et les vieux. La fable raconte l'histoire d'un jeune corbeau, fils du vieux Corvinus, qui connaît l'histoire des oiseaux et peut prédire le temps. Un jour, il avertit un pigeonneau de l'approche d'un homme armé d'une arbalète. Le pigeonneau, confiant, reste tranquille. Le corbeau, prévenant, s'enfuit à temps, tandis que le pigeonneau est touché par une flèche mortelle. Cette fable illustre comment la connaissance historique et la prudence permettent d'éviter les dangers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 2589-2590
REQUESTE presentée à M. le Prévôt des Marchands. Par M. Richer.
Début :
Tous les François sujets à même Loy, [...]
Mots clefs :
Requête, Prévôt des marchands, Lois, Magistrat, Impôt, Modérer
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REQUESTE presentée à M. le Prévôt des Marchands. Par M. Richer.
REQUESTE presentée à M. le Prévôs
des Marchands. Par M. Richer.
Tous les François sujets à même Loy ,
Doivent par tête un tribut à leur Roy ;
Mais il te rend arbitre de la somme,
Qu'à Paris doit payer chaque homme,
Sage Turgot. Louis , dans tout l'Etat
N'eût pû choisir plus digne Magistrat.
Cette équité , ce zele qui t'anime ,
Donne à chacun la taxe légitime ,
Qui lui convient suivant ses facultez ;
Et s'il advient que par quelque artifice ,
Le noir mensonge ait surpris ta justice ,
Lors du Plaintif les cris sont écoutez ,
Les Supplians t'éprouvent secourable.
En cas pareil sois moi donc favorable ,
Grand Magistrat , car un exposé faux ,
D'un impôt juste a fait enfler le taux.
Quelqu'un t'a peint ma fortune meilleure ;
Et plût au Ciel qu'il eût dit verité ;
Mais par malheur trop bien prouve à cette heure ,
Que ce rapport est sans sincerité ;
Car ce n'est point aux Rives du Permesse ,
Tu le sçais bien , qu'habite la richesse.
I. Vol. L'on
2590 MERCURE DE FRANCE
L'on ne vit onc dans le sacré Valon ,
Plutus l'aveugle , ennemi d'Apollon.
Le Dieu des Vers à ses enfans ne donne ,
Pour tout loyer qu'une belle Couronne ,
De Lauriers verds , ornement glorieux ,
Qui remplit peu la bourse des Poëtes.
Leurs meubles sont Hautbois , Lyres , Troms
pettes ,
Faisant ouir des sons mélodieux ,
Pour celebrer Héros et demi Dieux ,
Et Magistrats d'un mérite sublime.
Donc inspiré du Maître de la Rime ,
Qui sçait combien tu prises ses Chansons ,
Que protegeat toûjours ses Nourrissons,
J'ai par son ordre écrit cette Requête.
Daigne la lire en faveur de Phébus ;
Et qu'il te plaise , en faisant droit dessus ,
De moderer l'impôt mis sur ma tête,
Et le réduire au taux que cy-
-devant c ,
Par toi réglé payoit le Suppliant.
Cette Requête a été réponduëfavorablement.
des Marchands. Par M. Richer.
Tous les François sujets à même Loy ,
Doivent par tête un tribut à leur Roy ;
Mais il te rend arbitre de la somme,
Qu'à Paris doit payer chaque homme,
Sage Turgot. Louis , dans tout l'Etat
N'eût pû choisir plus digne Magistrat.
Cette équité , ce zele qui t'anime ,
Donne à chacun la taxe légitime ,
Qui lui convient suivant ses facultez ;
Et s'il advient que par quelque artifice ,
Le noir mensonge ait surpris ta justice ,
Lors du Plaintif les cris sont écoutez ,
Les Supplians t'éprouvent secourable.
En cas pareil sois moi donc favorable ,
Grand Magistrat , car un exposé faux ,
D'un impôt juste a fait enfler le taux.
Quelqu'un t'a peint ma fortune meilleure ;
Et plût au Ciel qu'il eût dit verité ;
Mais par malheur trop bien prouve à cette heure ,
Que ce rapport est sans sincerité ;
Car ce n'est point aux Rives du Permesse ,
Tu le sçais bien , qu'habite la richesse.
I. Vol. L'on
2590 MERCURE DE FRANCE
L'on ne vit onc dans le sacré Valon ,
Plutus l'aveugle , ennemi d'Apollon.
Le Dieu des Vers à ses enfans ne donne ,
Pour tout loyer qu'une belle Couronne ,
De Lauriers verds , ornement glorieux ,
Qui remplit peu la bourse des Poëtes.
Leurs meubles sont Hautbois , Lyres , Troms
pettes ,
Faisant ouir des sons mélodieux ,
Pour celebrer Héros et demi Dieux ,
Et Magistrats d'un mérite sublime.
Donc inspiré du Maître de la Rime ,
Qui sçait combien tu prises ses Chansons ,
Que protegeat toûjours ses Nourrissons,
J'ai par son ordre écrit cette Requête.
Daigne la lire en faveur de Phébus ;
Et qu'il te plaise , en faisant droit dessus ,
De moderer l'impôt mis sur ma tête,
Et le réduire au taux que cy-
-devant c ,
Par toi réglé payoit le Suppliant.
Cette Requête a été réponduëfavorablement.
Fermer
Résumé : REQUESTE presentée à M. le Prévôt des Marchands. Par M. Richer.
M. Richer adresse une requête à M. Turgot, Prévôt des Marchands de Paris, nommé par le roi Louis. Richer reconnaît la dignité et l'équité de Turgot pour fixer une taxe juste en fonction des capacités de chacun. Cependant, il conteste un rapport erroné ayant surévalué sa fortune, augmentant ainsi son impôt. Richer, poète, affirme que sa richesse réside dans son art, qui lui rapporte seulement une couronne de lauriers. Il demande à Turgot de réviser l'impôt en fonction de sa véritable situation financière, comme il l'avait déjà fait par le passé. La requête a été acceptée favorablement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
4
p. 860-861
LE COQ ET LE LIMAÇON, FABLE. Par M. Richer.
Début :
Un jeune Coq ambitieux [...]
Mots clefs :
Coq, Limaçon, Oiseau, Sommet
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texteReconnaissance textuelle : LE COQ ET LE LIMAÇON, FABLE. Par M. Richer.
LE COQ
ET LE LIMACON ,
S
FABLE,
Par M. Richer.
UN jeune Coq ambitieux
Et le mieux hupé da village,
Pour chanter ses exploits et montrer son pla
mage ,
Prétendoit se percher sur un Pin sourcilleux,
Enflé d'une telle espérance >
Il prend sa volée ; il s'élance ;
Mais quoique notre Oiseau ne fut pas des plus
lourds ,
Il fit de yains efforts , et retomba toujours.
Les Poules s'en railloient. Șa honte étoit extrê
me ;
Quand au sommet de l'arbre même ,
Qu'il ne pouvoit atteindre , il voit un Limaçon .
Pour un Oiseau şi fier quel surcroît de disgrace
!
India
MAY. 17347 361
Indigné que dans cette place
Ce méprisable insecte eut porté sa maison ,
Eh ! qui t'a mis si haut? lui dit - il en furie ,
Sçais-tu fendre les airst non , mais je sçais ram
per ,
Repart le Limaçon : avec cette industrie
Est-il sommet si haut qu'on ne puisse atraper è
ET LE LIMACON ,
S
FABLE,
Par M. Richer.
UN jeune Coq ambitieux
Et le mieux hupé da village,
Pour chanter ses exploits et montrer son pla
mage ,
Prétendoit se percher sur un Pin sourcilleux,
Enflé d'une telle espérance >
Il prend sa volée ; il s'élance ;
Mais quoique notre Oiseau ne fut pas des plus
lourds ,
Il fit de yains efforts , et retomba toujours.
Les Poules s'en railloient. Șa honte étoit extrê
me ;
Quand au sommet de l'arbre même ,
Qu'il ne pouvoit atteindre , il voit un Limaçon .
Pour un Oiseau şi fier quel surcroît de disgrace
!
India
MAY. 17347 361
Indigné que dans cette place
Ce méprisable insecte eut porté sa maison ,
Eh ! qui t'a mis si haut? lui dit - il en furie ,
Sçais-tu fendre les airst non , mais je sçais ram
per ,
Repart le Limaçon : avec cette industrie
Est-il sommet si haut qu'on ne puisse atraper è
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Résumé : LE COQ ET LE LIMAÇON, FABLE. Par M. Richer.
Dans la fable 'Le Coq et le Limacon' de M. Richer, un coq ambitieux tente en vain de se percher sur un pin. Après plusieurs échecs, il voit un limacon au sommet. Ce dernier explique qu'il a atteint cette hauteur en rampant patiemment.
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