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1
p. 49-81
EXTRAIT d'un Discours, prononcé à l'Academie Royale des Sciences par M. de Reaumur, sur la formation & l'accroissement des coquilles des animaux, tant terrestres qu'aquatiques, soit de mer, soit de riviere.
Début :
L'auteur, aprés quelques remarques nouvelles & judicieuses, dit que jusques [...]
Mots clefs :
Animaux, Rivière, Mer, Académie royale des sciences, Coquilles, Limaçon, Variété, Liqueurs, Nature
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'un Discours, prononcé à l'Academie Royale des Sciences par M. de Reaumur, sur la formation & l'accroissement des coquilles des animaux, tant terrestres qu'aquatiques, soit de mer, soit de riviere.
EXTRAIT
d'un
Difcours , prononcé
à l'Academie
Royale
des Sciences
par M. de Reaumur,
fur la formation &
l'accroiffement
des coquilles
des animaux ,
tant terreftres quaquatiques,
foit de mer,
Joit de riviere.
auteur
aprés 5
quelques remarques
nouvelles & judicien
Fevrier 1711. E
so. MERCURE
fes , dit que jufques à
preſent , la curiofité des
hommes s'eft bornée à
ramaffer dans des cabinets
les coquilles les plus
rares , fans s attacher à
découvrir les caufes de
l'agréable varieté des
couleurs qui les font admirer
: il adjoufte que
n'ayant point trouve à
s'en inftruire dans les Livres
il a eftudié la nature
mefme. Il a raifon
de fe plaire à cette fonte
II
GALANT. st
d'eftude , car il a tant de
pénétration , que , pour
ainfi dire , il lit auffi facilement
dans la nature
que dans les livres , &
certains Livres des Philofophes
anciens font
plus obfcurs pour ceux
qui croyent les entendre,
que les fecrets de la Nature
ne le font pour M.
de Reaumur . Voici ce
qu'il dit fur la formation
& l'accroiffement des
Coquilles.
!
E ij
52 MERGURE
Quoy qu'il paroiffe naturel
d'expliquer d'abord
de quelle maniere les Coquilles
des animaux font
formées , avant de parler
de leur accroiflement , je
fuivray cependant icy un
ordre contraire.; &je commenceray
par expliquer de
quelle maniere elles croiffent
, ce qui a été plus aisé
à découvrir
par des experiences
, & ce qui ſuffira
pour faire connoiftre de
quelle maniere fe fait leur
formation , qui n'eft , pour
ainfi dire , que leur preGALANT.
53
F
mier degré d'accroiffement
.
Un corps peut croiſtre
de deux manieres differentes
, ou , pour parler felon
des idées plus diftinctes ,
les petites parties de matiere
qui viennent s'unir à
celles dont le corps eftoit
desja composé , & qui parla
augmentent fon eften .
due , peuvent luy eſtre ad
jouftées par deux differen
stes voyes : ou cés parties ne
s'attachent àcelles qui compofent
corps , qu'-
aprés avoir paffé au travers
ale
E iij
54 MERCURE
de ce corps mefme , y avoir
efté preparées , & en quelque
façon rendues propres
à occuper la place où elles
font conduites , & c'eſt ce
qu'on appelle ordinairement
croistre par vegetation ,
& dans l'Ecole croiftre par
intuЛfufception.
Ceft ainfi que la feve
monte dans les plantes par
divers petits canaux des
plantes mefmes , qui , aprés
l'avoir preparée en quelque
forte , la conduifent en dif
ferens endroits de la plante
où elle fe colle , & augGALANT.
TS
mente par confequent l'eftendue
de cette plante . C'eſt
ain qu'une certaine portion
du fang , ayant efté
conduite par les arteres
aux extremitez du corps de
Panimal , s'attache à fes
chairs & en augmente le
volume .
La feconde efpece d'accroiffement
eft lorsque les
parties , qui augmentent
l'eftendue d'un corps , lui
font appliquées fans avoir
receu aucune preparation
dans ce corps melme , &
c'est ce qu'onnomme croistre
E iiij
56 MERCURE
paroppofition , ou en termes
de l'Ecole par Juxtaposition
.
Toutes ces plantes artificieles
que nous devonsal'adrefle
des Chimiftes , croiffent
de cette maniere, comme
aufli les criftallifations
, les fels , & c.
L'Auteur , aprés avoir
fait plufieurs experien
ces fur differentes efpeces
de Coquillages de
mer & de riviere , choifit
les Limaçons de terre
comme plus propres &
plus commodes pour
GALANT. $7
ceux qui voudront furvre
& repeter les obfervations
qu'il a faites , &
fuppofe que l'accroiffement
de toutes les efpeces
de Coquilles fe font
à peu prés de la meſme
façon.
Lorfque le petit animal
qui remplifſoit exactement
la Coquille croift, il arrive
que cette mefme Coquille
n'a plus affez d'eftendue
pour le couvrir tout entier,
ou qu'une partie de la furface
du corps de l'animal fe
58 MERCURE
trouve nuë ; la partie qui
fe trouve ainfi dépouillée
de Coquille par l'accroiffement
de l'animal , eft tousjours
celle qui eft la plus
proche de l'ouverture de la
Coquille , car le corps de
T'animal peut feulement s'eftendre
de ce cofté-là .Tous
les animaux qui habitent
des Coquilles tournées en
fpirale , comme les Limaçons
, ne peuvent s'eſtendre
que du cofté de la tefte où
cft l'ouverture de la Coquille
, au lieu que les animaux
desCoquilles de deux
GALANT. 59
pieces , comme les Moules,
peuvent s'eftendre dans
tout leur contour . Or dans
toutes les efpeces un Coquillage
, c'eft cette meſme
partie du corps
de l'animal
qui fait croiftre la Coquille.
Voicy la Mecanique fur
daquelle cet accroiffement
eft fondé.
C'eft un effet neceffaire
des loix du mouvement
quand les liqueurs coulent
dans des canaux , que les
petites parties de ces liqueurs
, ou les petits corps
eftrangers meflés parmi el60
MERCURE
les , qui à cauſe de leur frgure
ou leur peu de folidité
par rapport à leur furface ,
fe meuvent moins vifte que
les autres , s'éloignent du
centre de leur mouvement,
ou qu'ils fe placent proche
des parois de ces canaux. Il
arrive mefme fouvent que
ces petites parties s'attachent
à la furface interieure
de ces canaux, lors qu'el
les font affez vifqueufes
pour cela. Les canaux qui
conduifent de l'eau à des refervoirs
, nous en fourniffent
des exemples , on voit
CALANT. GI
ordinairement lorsqu'on
les ouvre , leur furface interieure
couverte d'une petite
croute d'une matiere vifqueuſe
; on remarque mefme
que ceux , dans lesquels
paffent certaines eaux , ont
une croute pierreuſe . Il eſt
de plus certain que les liqueurs
, qui coulent dans
ces canaux , pouffent leurs
parois de tous coltés , ou ,
ce qui eft la mefme choſe ,
qu'elles pouffent les petites
parties pierreufes & vifqueufes
des croutes.dont
nous venons de parler con
62 MERCURE
1
tre les parois; de forte que fr
ces canaux eftoient percés
comme des cribles , d'une
infinité de petits trous de
figure propre à donner feulement
paffage à ces petits
corps vifqueux & pierreux;") ;
ils s'échaperoient
des ca
naux, & iroient fe placer fur
leur ſurface exterieure
, oup
ils formeroient
la meſme
croute que l'on voit fur leur
furface interieure
, avec
畲
cette feule difference , que
cette croute pourroit deve
nir beaucoup plus folide &
mefme plus épaiffe , eftant
GALANTA 63.
moins exposée au frotter
ment de la liqueur que cel
le qui le forme dans l'inter
rieur du tuyau .
2
L'accroitlement des Coquilles
eft l'ouvrage d'une
femblable Mechanique ; la
furface exterieure de la por
tion du corps de l'animal
qui s'est trop eftenduë pour !
eſtre couverte par l'ancien
ne Coquille , eft remplic
d'un nombre prodigieux de
canaux dans lefquels circu
lent les liqueurs neceffaires
à la nutricion de l'animal;
beaucoup de petites par
61 MERCURE
ties de matiere vifqueuſe &
pierreuſe font meflées parmy
ces liqueurs,mais comme
ces petites parties font
moins fluides que celles qui
compofent les liqueurs
avec lesquelles elles coulent
, elles fe trouvent les
plus proches des parties de
ces vaiffeaux , qui eſtanp
remplis d'une infinité de
pores du cofté de la furface
exterieure du corps de l'a
nimal , propres à leur donner
paffage . Ces petites parties
de matiere pierreuſes
& vifqueufes s'échapent ai
sément
GALANT. 65
sément des canaux qui les
contenoient , car elles font
continuellement pouffées
contre leur parois par la li
queur qui les remplit , &
vont fe placer contre la furface
exterieure de ces ca
naux, ou p ouplaſtoſt ſur tolites
celles du corps de l'animal ,
qui n'eft point couverte par
la Coquille , où elles arri
vent avec d'autant plus de
facilité , que tous les pores
leur donnent une libre for
tie, au lieu que pluſieurs de
ces pores peuvengeſtre bout
chés fur le reste du corps
Fevrier 1711.
F
66 MERCURE
par la Coquille dont il eſt
revetu . Les petites parties
fufdites eftant arrivées à la
derniere furface du corps
de l'animal , s'attachent aisément
les unes aux autres,
& à l'extremité de la Coquille
, fur tout lorfque ce
qu'il y avoit de plus fubtil
parmy elles s'eft évaporé
& alors elles compofent
toutes enſemble sun petit
corps ſolide qui eft la
pre
miere couche du nouveau
morceau de Coquille.
D'autres petites parties de
matiere femblable à celle
GALANT 67
de la premiere couche
dont la liqueur qui circule
dans les vaiffeaux fournit
abondemment
, s'échappe
de ces vailleaux par la mefme
Mechanique , car on he
doit pas craindre que la
premiere couche ait bouché
tous les pores , & elles
forment une feconde couche
decoquille ; il s'en forme
de la meſme maniere
une troifiéme , & ainſi dẹ
fuite , jufqu'à ce que la
nouvelle coquille ait une
certaine épaiffeur , r
ordinairement beaucoup
2
mais
Fij
68 MERCURE
2
moindre que celle de l'ancienne
, lorfque l'accroiflement
de l'animal donne
l'origine à un autre nouveau
morceau de coquille .
C'eft aux experiences
) que taux
je vais rapporter à faire
voir fijay veritablement
décrit la maniere dont la
nature agit.
M. de
Reaumur prou
ve ce qu'il a avancé par
des experiences
qu'il feroit
trop long de rapporter
icy , en voici feulement
une.
1
GALANT. 69.
J'ay caffe plufieurs CoquillesdeLimaçon
de deux
manieres differentes . Premierement
j'ay fait un alfez
grandtrou aux deux extremitez
de la Coquille ,
c'eſt- à- dire entre la pointe
& fon ouverture ; aprés
quoy j'ay fair couler par
ce trou entre le Limaçon
& fa Coquille un morceau
de Canepin , c'eft avec cet ,
te peau qu'on fait les Gands
qu'on nommé Gands de Poule
. Cette peau eftoit trésmince
mais d'une tiffure
trés-ferrée , j'ay colé cette
70 MERCURE
peau
à la furface interieure
de la Coquille , de maniere
qu'elle bouchoit affez exa
&tement le trou que je luy
avois fait , c'eſt-à-dire que
je l'ay colée entre la Coquille
& le corps de l'ani-.
mal, Or il eft évident que
fi la Coquille ne fe formoit
pas d'une liqueur qui fort
immediatement du corps
de l'animal , mais de celle
qui palle au travers de la
Coquille , il auroit dû ſe
former un morceau de coquille
fur la partie exterieure
de la peau de Gand,
GALANT. 71
& qu'il n'eftoit pas poffi
ble qu'il s'en formaſt entre
le corps de l'animal & certe
peau . Le contraire eft ce
pendant tousjours arrivé ;
le cofté de la peau qui touchoit
le corps de l'animal
s'eft couvert de coquilles
& il ne s'est rien formé fur
la furface exterieure , &c .
* C'est une fuite neceſſaire
de la maniere dont nous
venons de voir que les coquilles
de Limaçons croif
fent qu'elles ne deviennent
plus grandes que par l'aug
mentation du nombre de
72 MERCURE
leurs tours de fpirale , &
que la largeur de chaque
tour de la coquille formée
refte tousjours la meſme ;
c'eft auffi une verité de la.
quelle il eft aisé de fe convaincre
, & filon. reduit la
a
çoquille d'un Limaçon qui
eft parvenue à fon dernier
degré d'accroiffement au
mefme nombre de tours
que celle d'un petit Limaçon
de la mefme efpece
ces deux coquilles paroiffent
alors de mefme grandeur
. J'ay comparé plufieurs
fois des coquilles de
Limaçons
GALANT. 7
Limaçons qui ne faifoient
qu'éclorre , ou mefme que
j'avois tirées de leurs oeufs
avant qu'ils fuffent éclos ,
avec d'autres Coquilles des
plus gros Limaçons de la
mefme efpece , aufquels je
ne, laiffois que le mefme
nombre de tours de fpirale
qu'avoient ces petites Coquilles
, & alors elles paroiffoient
égales. Au reſte
le nombre de ces tours augmente
confiderablement la
grandeur de la Coquille
des Limaçons , & un tour
plus ou moins fait une
Fevrier 1711 .
G
74 MERCURE
grande difference , car le
diametre de chaque tour
de fpirale , ou la plus gran
de largeur eft à peu près
double de celuy qui l'a
précedé , & la moitié de
celuy qui la fuit . Tout ce
que nous avons dit jufqu'icy
de l'accroiffement
des Coquilles nous exempte
d'entrer dans le détail
de leur formation ; car
on conçoit aisément que
lorfque le corps d'un petit
Embrion qui doit un
jour remplir une groffeCoquille
, cft par parvenu 2 un
GALANT. 75
certain état dans lequel les
diverſes peaux qui l'enveloppent
ont affez de confiftance
pour laiffer efchapleurs
per par pores la foule
liqueur propre à former la
Coquille , on conçoit , disje
, que cette liqueur va fe
placer fur ces peaux ,qu'elle
s'y épaiffit , s'y fige , & y
commence la formation
de la Coquille de la mefme
maniere qu'elle continuë
fon accroiffement . Les Limaçons
ne fortent point de
leurs oeufs fans eft re revefrus
de cette Coquille , qui
Gij
76 MERCURE
1
>
a alors un tour de fpire &
un peu plus...
Il me reste à éclaircir
deux difficultez qui pourroient
paroiftre confiderables
. La premiere naift naturellement
des experiences
que j'ay ranportées,
Voicy en quoy lle confif
te . Le nouveau morceau de
Coquille qui fe forme pour
boucher le trou qu'on a
fait à la coquille du Limaçon
, eft ordinairement de
couleur blanchaftre , & par
confequent tres- different
de celle du refte de la coGALANT
. 77
quille d'où il femble qu'il
doit eftre d'une differente
tiffure , & on en pourroit
conclure avec quelque apparence
qu'il n'eft pas formé
de la mefme maniere
que le reſte de la coquille ;
ainfi les experiences précedentes
ne decideroient rien
pour leur accroiffement or
dinaire, Pour répondre à
cette objection , il eft ne
ceffaire d'expliquer d'où
naift la reguliere varieté
des couleurs de certainos
coquilles . Les mefmes experiences
qui en fourniront
Giij
+8 MERCURE
la caufe , ferviront à diffiper
entierement cette difficulté
....
Il ne paroift qu'une feule
maniere vray-femblable de
rendre raifon de la varieté
de ces couleurs dans le fif
tefme que nous avons eftabli
de l'accroiffement des
Coquilles par Juxtaposition :
car ayant regardé la peau
de l'animal comme une ef
pece de crible , qui donne
paffage aux particules qui
fervent à former laCoquille
; il eft clair que , fi l'on
conçoit que cette peau eft
GALANT . 72
differemmentpercée en divers
endroits , ou , ce qui
revient au meſme , qu'elle
eſt composée de differents
cribles , dont les uns ! laiffent
paffer des petites parties
differentes en figure
op d'une nature differente
de celles qui paffent par les
autres , & ferment le paffage
à celles cy : il arrivera
que ces petites parties de figure
ou de nature differente
, feront propres à former
corps qui reflechiront
differemment la lumiere ,
c'est-à-dire , qu'elles fordes
G iiij
30 MERCURE
meront des morceaux de
Coqui le de diverfes couleurs...
M. de Reaumur explique
enfuite la varieté
de ces couleurs , par la
varieté des trous des cribles
par où paffent ces
petites parties propres à
reflechir differemment.
la lumiere. Il explique
enfin par les formes &
par les mouvements differents
de l'animal , les
figures , canelures , gra-
X
GALANT. 81
vûres , &c. qui font admirer
les Coquilles les
plus rares. En un mot il
nous fait voir auffi clairement
la mechanique
de ces petits chef- d'oeuvres
de ſculpture & de
peinture , que fi la nature
les travailloit à nos
yeux avec le pinceau du
Peintre , & le cifeau du
Sculpteur.
d'un
Difcours , prononcé
à l'Academie
Royale
des Sciences
par M. de Reaumur,
fur la formation &
l'accroiffement
des coquilles
des animaux ,
tant terreftres quaquatiques,
foit de mer,
Joit de riviere.
auteur
aprés 5
quelques remarques
nouvelles & judicien
Fevrier 1711. E
so. MERCURE
fes , dit que jufques à
preſent , la curiofité des
hommes s'eft bornée à
ramaffer dans des cabinets
les coquilles les plus
rares , fans s attacher à
découvrir les caufes de
l'agréable varieté des
couleurs qui les font admirer
: il adjoufte que
n'ayant point trouve à
s'en inftruire dans les Livres
il a eftudié la nature
mefme. Il a raifon
de fe plaire à cette fonte
II
GALANT. st
d'eftude , car il a tant de
pénétration , que , pour
ainfi dire , il lit auffi facilement
dans la nature
que dans les livres , &
certains Livres des Philofophes
anciens font
plus obfcurs pour ceux
qui croyent les entendre,
que les fecrets de la Nature
ne le font pour M.
de Reaumur . Voici ce
qu'il dit fur la formation
& l'accroiffement des
Coquilles.
!
E ij
52 MERGURE
Quoy qu'il paroiffe naturel
d'expliquer d'abord
de quelle maniere les Coquilles
des animaux font
formées , avant de parler
de leur accroiflement , je
fuivray cependant icy un
ordre contraire.; &je commenceray
par expliquer de
quelle maniere elles croiffent
, ce qui a été plus aisé
à découvrir
par des experiences
, & ce qui ſuffira
pour faire connoiftre de
quelle maniere fe fait leur
formation , qui n'eft , pour
ainfi dire , que leur preGALANT.
53
F
mier degré d'accroiffement
.
Un corps peut croiſtre
de deux manieres differentes
, ou , pour parler felon
des idées plus diftinctes ,
les petites parties de matiere
qui viennent s'unir à
celles dont le corps eftoit
desja composé , & qui parla
augmentent fon eften .
due , peuvent luy eſtre ad
jouftées par deux differen
stes voyes : ou cés parties ne
s'attachent àcelles qui compofent
corps , qu'-
aprés avoir paffé au travers
ale
E iij
54 MERCURE
de ce corps mefme , y avoir
efté preparées , & en quelque
façon rendues propres
à occuper la place où elles
font conduites , & c'eſt ce
qu'on appelle ordinairement
croistre par vegetation ,
& dans l'Ecole croiftre par
intuЛfufception.
Ceft ainfi que la feve
monte dans les plantes par
divers petits canaux des
plantes mefmes , qui , aprés
l'avoir preparée en quelque
forte , la conduifent en dif
ferens endroits de la plante
où elle fe colle , & augGALANT.
TS
mente par confequent l'eftendue
de cette plante . C'eſt
ain qu'une certaine portion
du fang , ayant efté
conduite par les arteres
aux extremitez du corps de
Panimal , s'attache à fes
chairs & en augmente le
volume .
La feconde efpece d'accroiffement
eft lorsque les
parties , qui augmentent
l'eftendue d'un corps , lui
font appliquées fans avoir
receu aucune preparation
dans ce corps melme , &
c'est ce qu'onnomme croistre
E iiij
56 MERCURE
paroppofition , ou en termes
de l'Ecole par Juxtaposition
.
Toutes ces plantes artificieles
que nous devonsal'adrefle
des Chimiftes , croiffent
de cette maniere, comme
aufli les criftallifations
, les fels , & c.
L'Auteur , aprés avoir
fait plufieurs experien
ces fur differentes efpeces
de Coquillages de
mer & de riviere , choifit
les Limaçons de terre
comme plus propres &
plus commodes pour
GALANT. $7
ceux qui voudront furvre
& repeter les obfervations
qu'il a faites , &
fuppofe que l'accroiffement
de toutes les efpeces
de Coquilles fe font
à peu prés de la meſme
façon.
Lorfque le petit animal
qui remplifſoit exactement
la Coquille croift, il arrive
que cette mefme Coquille
n'a plus affez d'eftendue
pour le couvrir tout entier,
ou qu'une partie de la furface
du corps de l'animal fe
58 MERCURE
trouve nuë ; la partie qui
fe trouve ainfi dépouillée
de Coquille par l'accroiffement
de l'animal , eft tousjours
celle qui eft la plus
proche de l'ouverture de la
Coquille , car le corps de
T'animal peut feulement s'eftendre
de ce cofté-là .Tous
les animaux qui habitent
des Coquilles tournées en
fpirale , comme les Limaçons
, ne peuvent s'eſtendre
que du cofté de la tefte où
cft l'ouverture de la Coquille
, au lieu que les animaux
desCoquilles de deux
GALANT. 59
pieces , comme les Moules,
peuvent s'eftendre dans
tout leur contour . Or dans
toutes les efpeces un Coquillage
, c'eft cette meſme
partie du corps
de l'animal
qui fait croiftre la Coquille.
Voicy la Mecanique fur
daquelle cet accroiffement
eft fondé.
C'eft un effet neceffaire
des loix du mouvement
quand les liqueurs coulent
dans des canaux , que les
petites parties de ces liqueurs
, ou les petits corps
eftrangers meflés parmi el60
MERCURE
les , qui à cauſe de leur frgure
ou leur peu de folidité
par rapport à leur furface ,
fe meuvent moins vifte que
les autres , s'éloignent du
centre de leur mouvement,
ou qu'ils fe placent proche
des parois de ces canaux. Il
arrive mefme fouvent que
ces petites parties s'attachent
à la furface interieure
de ces canaux, lors qu'el
les font affez vifqueufes
pour cela. Les canaux qui
conduifent de l'eau à des refervoirs
, nous en fourniffent
des exemples , on voit
CALANT. GI
ordinairement lorsqu'on
les ouvre , leur furface interieure
couverte d'une petite
croute d'une matiere vifqueuſe
; on remarque mefme
que ceux , dans lesquels
paffent certaines eaux , ont
une croute pierreuſe . Il eſt
de plus certain que les liqueurs
, qui coulent dans
ces canaux , pouffent leurs
parois de tous coltés , ou ,
ce qui eft la mefme choſe ,
qu'elles pouffent les petites
parties pierreufes & vifqueufes
des croutes.dont
nous venons de parler con
62 MERCURE
1
tre les parois; de forte que fr
ces canaux eftoient percés
comme des cribles , d'une
infinité de petits trous de
figure propre à donner feulement
paffage à ces petits
corps vifqueux & pierreux;") ;
ils s'échaperoient
des ca
naux, & iroient fe placer fur
leur ſurface exterieure
, oup
ils formeroient
la meſme
croute que l'on voit fur leur
furface interieure
, avec
畲
cette feule difference , que
cette croute pourroit deve
nir beaucoup plus folide &
mefme plus épaiffe , eftant
GALANTA 63.
moins exposée au frotter
ment de la liqueur que cel
le qui le forme dans l'inter
rieur du tuyau .
2
L'accroitlement des Coquilles
eft l'ouvrage d'une
femblable Mechanique ; la
furface exterieure de la por
tion du corps de l'animal
qui s'est trop eftenduë pour !
eſtre couverte par l'ancien
ne Coquille , eft remplic
d'un nombre prodigieux de
canaux dans lefquels circu
lent les liqueurs neceffaires
à la nutricion de l'animal;
beaucoup de petites par
61 MERCURE
ties de matiere vifqueuſe &
pierreuſe font meflées parmy
ces liqueurs,mais comme
ces petites parties font
moins fluides que celles qui
compofent les liqueurs
avec lesquelles elles coulent
, elles fe trouvent les
plus proches des parties de
ces vaiffeaux , qui eſtanp
remplis d'une infinité de
pores du cofté de la furface
exterieure du corps de l'a
nimal , propres à leur donner
paffage . Ces petites parties
de matiere pierreuſes
& vifqueufes s'échapent ai
sément
GALANT. 65
sément des canaux qui les
contenoient , car elles font
continuellement pouffées
contre leur parois par la li
queur qui les remplit , &
vont fe placer contre la furface
exterieure de ces ca
naux, ou p ouplaſtoſt ſur tolites
celles du corps de l'animal ,
qui n'eft point couverte par
la Coquille , où elles arri
vent avec d'autant plus de
facilité , que tous les pores
leur donnent une libre for
tie, au lieu que pluſieurs de
ces pores peuvengeſtre bout
chés fur le reste du corps
Fevrier 1711.
F
66 MERCURE
par la Coquille dont il eſt
revetu . Les petites parties
fufdites eftant arrivées à la
derniere furface du corps
de l'animal , s'attachent aisément
les unes aux autres,
& à l'extremité de la Coquille
, fur tout lorfque ce
qu'il y avoit de plus fubtil
parmy elles s'eft évaporé
& alors elles compofent
toutes enſemble sun petit
corps ſolide qui eft la
pre
miere couche du nouveau
morceau de Coquille.
D'autres petites parties de
matiere femblable à celle
GALANT 67
de la premiere couche
dont la liqueur qui circule
dans les vaiffeaux fournit
abondemment
, s'échappe
de ces vailleaux par la mefme
Mechanique , car on he
doit pas craindre que la
premiere couche ait bouché
tous les pores , & elles
forment une feconde couche
decoquille ; il s'en forme
de la meſme maniere
une troifiéme , & ainſi dẹ
fuite , jufqu'à ce que la
nouvelle coquille ait une
certaine épaiffeur , r
ordinairement beaucoup
2
mais
Fij
68 MERCURE
2
moindre que celle de l'ancienne
, lorfque l'accroiflement
de l'animal donne
l'origine à un autre nouveau
morceau de coquille .
C'eft aux experiences
) que taux
je vais rapporter à faire
voir fijay veritablement
décrit la maniere dont la
nature agit.
M. de
Reaumur prou
ve ce qu'il a avancé par
des experiences
qu'il feroit
trop long de rapporter
icy , en voici feulement
une.
1
GALANT. 69.
J'ay caffe plufieurs CoquillesdeLimaçon
de deux
manieres differentes . Premierement
j'ay fait un alfez
grandtrou aux deux extremitez
de la Coquille ,
c'eſt- à- dire entre la pointe
& fon ouverture ; aprés
quoy j'ay fair couler par
ce trou entre le Limaçon
& fa Coquille un morceau
de Canepin , c'eft avec cet ,
te peau qu'on fait les Gands
qu'on nommé Gands de Poule
. Cette peau eftoit trésmince
mais d'une tiffure
trés-ferrée , j'ay colé cette
70 MERCURE
peau
à la furface interieure
de la Coquille , de maniere
qu'elle bouchoit affez exa
&tement le trou que je luy
avois fait , c'eſt-à-dire que
je l'ay colée entre la Coquille
& le corps de l'ani-.
mal, Or il eft évident que
fi la Coquille ne fe formoit
pas d'une liqueur qui fort
immediatement du corps
de l'animal , mais de celle
qui palle au travers de la
Coquille , il auroit dû ſe
former un morceau de coquille
fur la partie exterieure
de la peau de Gand,
GALANT. 71
& qu'il n'eftoit pas poffi
ble qu'il s'en formaſt entre
le corps de l'animal & certe
peau . Le contraire eft ce
pendant tousjours arrivé ;
le cofté de la peau qui touchoit
le corps de l'animal
s'eft couvert de coquilles
& il ne s'est rien formé fur
la furface exterieure , &c .
* C'est une fuite neceſſaire
de la maniere dont nous
venons de voir que les coquilles
de Limaçons croif
fent qu'elles ne deviennent
plus grandes que par l'aug
mentation du nombre de
72 MERCURE
leurs tours de fpirale , &
que la largeur de chaque
tour de la coquille formée
refte tousjours la meſme ;
c'eft auffi une verité de la.
quelle il eft aisé de fe convaincre
, & filon. reduit la
a
çoquille d'un Limaçon qui
eft parvenue à fon dernier
degré d'accroiffement au
mefme nombre de tours
que celle d'un petit Limaçon
de la mefme efpece
ces deux coquilles paroiffent
alors de mefme grandeur
. J'ay comparé plufieurs
fois des coquilles de
Limaçons
GALANT. 7
Limaçons qui ne faifoient
qu'éclorre , ou mefme que
j'avois tirées de leurs oeufs
avant qu'ils fuffent éclos ,
avec d'autres Coquilles des
plus gros Limaçons de la
mefme efpece , aufquels je
ne, laiffois que le mefme
nombre de tours de fpirale
qu'avoient ces petites Coquilles
, & alors elles paroiffoient
égales. Au reſte
le nombre de ces tours augmente
confiderablement la
grandeur de la Coquille
des Limaçons , & un tour
plus ou moins fait une
Fevrier 1711 .
G
74 MERCURE
grande difference , car le
diametre de chaque tour
de fpirale , ou la plus gran
de largeur eft à peu près
double de celuy qui l'a
précedé , & la moitié de
celuy qui la fuit . Tout ce
que nous avons dit jufqu'icy
de l'accroiffement
des Coquilles nous exempte
d'entrer dans le détail
de leur formation ; car
on conçoit aisément que
lorfque le corps d'un petit
Embrion qui doit un
jour remplir une groffeCoquille
, cft par parvenu 2 un
GALANT. 75
certain état dans lequel les
diverſes peaux qui l'enveloppent
ont affez de confiftance
pour laiffer efchapleurs
per par pores la foule
liqueur propre à former la
Coquille , on conçoit , disje
, que cette liqueur va fe
placer fur ces peaux ,qu'elle
s'y épaiffit , s'y fige , & y
commence la formation
de la Coquille de la mefme
maniere qu'elle continuë
fon accroiffement . Les Limaçons
ne fortent point de
leurs oeufs fans eft re revefrus
de cette Coquille , qui
Gij
76 MERCURE
1
>
a alors un tour de fpire &
un peu plus...
Il me reste à éclaircir
deux difficultez qui pourroient
paroiftre confiderables
. La premiere naift naturellement
des experiences
que j'ay ranportées,
Voicy en quoy lle confif
te . Le nouveau morceau de
Coquille qui fe forme pour
boucher le trou qu'on a
fait à la coquille du Limaçon
, eft ordinairement de
couleur blanchaftre , & par
confequent tres- different
de celle du refte de la coGALANT
. 77
quille d'où il femble qu'il
doit eftre d'une differente
tiffure , & on en pourroit
conclure avec quelque apparence
qu'il n'eft pas formé
de la mefme maniere
que le reſte de la coquille ;
ainfi les experiences précedentes
ne decideroient rien
pour leur accroiffement or
dinaire, Pour répondre à
cette objection , il eft ne
ceffaire d'expliquer d'où
naift la reguliere varieté
des couleurs de certainos
coquilles . Les mefmes experiences
qui en fourniront
Giij
+8 MERCURE
la caufe , ferviront à diffiper
entierement cette difficulté
....
Il ne paroift qu'une feule
maniere vray-femblable de
rendre raifon de la varieté
de ces couleurs dans le fif
tefme que nous avons eftabli
de l'accroiffement des
Coquilles par Juxtaposition :
car ayant regardé la peau
de l'animal comme une ef
pece de crible , qui donne
paffage aux particules qui
fervent à former laCoquille
; il eft clair que , fi l'on
conçoit que cette peau eft
GALANT . 72
differemmentpercée en divers
endroits , ou , ce qui
revient au meſme , qu'elle
eſt composée de differents
cribles , dont les uns ! laiffent
paffer des petites parties
differentes en figure
op d'une nature differente
de celles qui paffent par les
autres , & ferment le paffage
à celles cy : il arrivera
que ces petites parties de figure
ou de nature differente
, feront propres à former
corps qui reflechiront
differemment la lumiere ,
c'est-à-dire , qu'elles fordes
G iiij
30 MERCURE
meront des morceaux de
Coqui le de diverfes couleurs...
M. de Reaumur explique
enfuite la varieté
de ces couleurs , par la
varieté des trous des cribles
par où paffent ces
petites parties propres à
reflechir differemment.
la lumiere. Il explique
enfin par les formes &
par les mouvements differents
de l'animal , les
figures , canelures , gra-
X
GALANT. 81
vûres , &c. qui font admirer
les Coquilles les
plus rares. En un mot il
nous fait voir auffi clairement
la mechanique
de ces petits chef- d'oeuvres
de ſculpture & de
peinture , que fi la nature
les travailloit à nos
yeux avec le pinceau du
Peintre , & le cifeau du
Sculpteur.
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Résumé : EXTRAIT d'un Discours, prononcé à l'Academie Royale des Sciences par M. de Reaumur, sur la formation & l'accroissement des coquilles des animaux, tant terrestres qu'aquatiques, soit de mer, soit de riviere.
En février 1711, M. de Reaumur a présenté un discours à l'Académie Royale des Sciences sur la formation et l'accroissement des coquilles des animaux terrestres et aquatiques. Il a souligné que, jusqu'alors, les hommes s'étaient contentés de collectionner les coquilles les plus rares sans chercher à comprendre les causes de la variété de leurs couleurs. Reaumur a donc étudié la nature pour expliquer ces phénomènes. Dans son discours, Reaumur a distingué deux types de croissance des coquilles : par végétation (ou intussusception) et par juxtaposition. La croissance par végétation implique que les petites parties de matière se préparent à l'intérieur du corps avant de s'y ajouter, comme la sève dans les plantes ou le sang dans les animaux. La croissance par juxtaposition se produit lorsque les parties s'ajoutent sans préparation préalable, comme dans les cristallisations ou les fels. Reaumur a choisi d'étudier les limaçons de terre pour leurs observations, car ils sont plus faciles à observer. Il a expliqué que lorsque l'animal grandit, la coquille ne peut plus le couvrir entièrement, laissant une partie de son corps nue. Cette partie nue est toujours proche de l'ouverture de la coquille. Les animaux à coquilles spiralées, comme les limaçons, ne peuvent s'étendre que du côté de la tête, tandis que ceux à coquilles en deux parties, comme les moules, peuvent s'étendre dans tout leur contour. L'accroissement des coquilles est dû à une mécanique similaire à celle des canaux conduisant l'eau. Les petites parties de matière, moins fluides, se déplacent vers les parois des canaux et s'y attachent, formant une croûte. De même, chez les animaux, les liquides circulent dans des canaux et déposent des particules qui forment la nouvelle coquille. Reaumur a mené des expériences pour prouver ses observations, comme celle où il a inséré une peau de canepin dans une coquille de limaçon pour observer la formation de la nouvelle coquille. Il a également noté que les coquilles des limaçons augmentent en taille par l'ajout de tours de spirale, mais que la largeur de chaque tour reste constante. Pour expliquer la variété des couleurs des coquilles, Reaumur a proposé que la peau de l'animal agit comme un crible qui laisse passer des particules formant la coquille. Si cette peau est percée différemment en divers endroits ou composée de différents cribles, les particules passant à travers ces cribles auront des formes ou des natures différentes. Ces particules formeront des corps réfléchissant la lumière de manière différente, créant ainsi des morceaux de coquille de diverses couleurs. Reaumur a également attribué les figures, canelures, gravures et autres caractéristiques des coquilles les plus rares aux formes et mouvements différents de l'animal. Il a conclu que ses observations et expériences confirment sa théorie sur l'accroissement des coquilles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 39-52
« L'Assemblée publique de l'Academie Royale des Sciences qui [...] »
Début :
L'Assemblée publique de l'Academie Royale des Sciences qui [...]
Mots clefs :
Huile, Sang, Liqueurs, Vaisseaux, Sécrétion, Corps, Médecine, Animaux, Académie royale des sciences
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'Assemblée publique de l'Academie Royale des Sciences qui [...] »
L'Assemblée publique de
l'Academie Royale des
Sciencesqui se devoit tenir
le Mercredy i;c Avril, ne
se tint point & fut remise au
Mercredy 22e. Elle sur ouverte
par l'Eloge que Mr de
Fontenellefit deMr Guilelmini
Associé étranger de
cette Academie, & mort
depuis peu.
MrMarchand lut ensuite
quelques observations qu'il
avoit faites sur la nature des
Plantes & sur quelques unes
de leurs parties cachées.
Mr de Reaumur traita
ensuite des différentes manieres
dont plusieurs animaux
de mer s'attachent
au sable, aux pierres, ou les
uns aux autres.
Enfin Mr Vinflon Medecin
de la Faculté de Paris
,
reçu depuis peu à l'Academieen
qualitéd'Anatomiste
, satisfità l'obligation où
sont les nouveaux Academiciens
de payer leur bienvenuë
dans une Assemblée
publique, par un Discours
qu'illut touchant la maniere
dont se fait la secretion
dans les glandes des animaux.
Il ex posad'abord ce qu'il
entendoit par fecrction
,
il dit, que le corps humain
estoit arrosé par un grand
nombrede différentes liqueurs
outre le fang, que
la pluspart de ces liqueurs
prenoient leur origine du
sang, quelle s'en separoient
dans des organes particuliers
qu'on nommoit Glandes;
& que cette separation ou
cribration des liqueurs d'avec
le fang se nommoic
Secretion.
Il exposa les differents
sentiments des Philosophes
touchant la maniere donc
se faisoit cette secretion ;
& aprés avoir rejetté les
Facul rez des Anciens les,
ferments,& la configuration
des pores des modernes
,
il dit, que ceux ,
qui
avoient le mieux raisonné
sur cela, estoient quelques
uns des modernes, qui
avoient comparé les secretions
dans les glandes, aux
philtrations des Chymistes,
il rapporta sur cela deux
experiences des Chymistes,
La premiere qu'ayant une
fois imbibé un papier broüillard
d'eau ou d'huile, si
l'on ver se sur ce papier un
mélange d'huile & d'eau
,
il ne pane au travers du papier
que celle des deux liqueurs
dont il a estéimbibé,
l'autre demeurant dessus.
La seconde que si on met
dans un vase de l'huile & de
l'eau meslées ensemble
,
si
l'on trempe des méches de
cotton, ou des languetres
de drap les unes dans l'huile
& les autres dans l'eau
que l'on place ces méches
ou languettes sur le bord'
du vaisseau en maniere de
siphon
,
ensorte qu'un de
leurs bouts trempe dans la
liqueur & l'autre pende
dehors, celles qui seront
imbibées d'huile distilleront
de l'hüile,& celles qui seront
imbibées d'eau ne disstilleront
que de l'eau.
Fondésur ces ex periences
il établit avec les nouveaux
Philosophes uneimbibition
pour catife de la secretion.
Ce sentiment n'avoit esté
jusquesicy qu'une fuppofirion
donc on s'estoit conten.
té faute de mieux; mais
comme un Philosophe &
surtout un Philosophe Medecin
ne doit pas se contenter
de simples con jectures
dans une affaire aussi importante
que celles des [cerc.
tions pour toute l'oeconomie
animale &pour les
consequences que l'on en
peut tirer dans la pratique
de la Medecine, Mr
Vinslon a cherché dans la
nature même la verité, il
a parcouru toutes les glandes
du corps humain, &
celles du corps de differents
animaux, & enfin après une
longue recherche il a reconnu
que les glandes estoient
des pelotons de vaisseaux,
qu'il nomme Secretoires
,
à
cause de leur usage
, que
ces vaisseaux sont remplis
d'une espece de velouté
ou duvet,- capable defaire
le même effet que le
tissu filamenteux du drap,
du cotton, ou du papier,
&ila promis dele faire voir
dans toutes les glandes du
corps de l'homme ou des
animaux.
Il dit que le sang est porté
par les arteres dans les glandes
, que l'artere se divise
en une infinité de petits
rameaux d'une extrême si..
nesse qui se recourbent en.
fuite & se reünissent pour
sortir des glandes fous le
nom de veines, que c'est
dans cescourbures que s'abouchent
ces vaisseaux fccretoires,
qui le reünissent
aussi en un seul canal qu'il
nomme Excretoire
, parce
qu'il porte hors de la glande
le suc qui s'y est philtré. Ces
glandes ou vaisseaux secretoiresont,
dit-il,esté imbibez
dés la premicre conformation
du foetus, des liqueursqu'elles
devoientphiltrer,
en sorte que le fang qui
arrive par l'artere se divifc
infiniment dans tous ces
petits rameaux;de maniere
que ses molecules font obligées
en quel ques maniere
de défiler une à une dans
leur
leurscourbures
,
où les
molecules qui sont de la
nature de celles des canaux
secretoires sont imbibez,
entrent dans ces canaux.
pendant que les autres pasfant
par dessus sans sy mesler,
roulent jufqucs dans les
veines.
Mr Vinslon dit qu'illaissoitaux
Physiciens à rendre
raison de ce fait,aussibien
que de la philtration des
Chymistes,& qu'il secontentoit
d'avoir reconnu la
verité sans en chercher la
raison.
Le temps ne luy permit
pas d'expliquerbeaucoup de
choses par rapport aux secretions,
par exemple, quel
est l'usage des nerfs&des
vaisseauxlymphatiques des
glandes, qu'elle doit estre
la disposition du sangpour
les differentes secretions , &c. ce qu'il doit donner
dans des Mémoires particu-,
liers.
Mr Vinslonest originairement
Danois. & parent- dvi;
fameux Mr Renon
,
il,
avoit esté élevé dansla Religion
de son Pays. Le Roy
de Dannemarck l'avoit envoyé
en France pour s'y
induire dans toutes les
parties de la Medecine; Il
luy payoit icy ses pensions,
1" & luy avoit promis de luy
donner ensuite une Chaire
de Professeur à Copenhague
Le hazardl'ayant fait connoisstre
de feu Mr l'Evêque
[de Meaux qui reconnut dans ce jeune homme un grand
» fonds de bonnes moeurs &
de Religion,cePrelatentreprit
de le convertir ; ce
jeune homme aprésavoit
long. temps combattu (e
rendit enfin aux solides raisons
du Prélat & sitoiti.
qu'il fut convaincu, il oubIia,
pour se convertir lax*
fortune qui l'attendoit enri
Dannemarck
,
& les biens
que sa famille & luy y pof-.-
sedoient atruellement ; enn
effet le Roy de Dannemarck
supprima aussi-tost ses pen--J
sions, l'interdit de tous ses
biens & le proserivit de sonn
pays; tout cela n'a fait que
l'affermir davantagedans
la veritableReligion, dans
laquelle on peut le regardera
comme un modele de pieté
l'Academie Royale des
Sciencesqui se devoit tenir
le Mercredy i;c Avril, ne
se tint point & fut remise au
Mercredy 22e. Elle sur ouverte
par l'Eloge que Mr de
Fontenellefit deMr Guilelmini
Associé étranger de
cette Academie, & mort
depuis peu.
MrMarchand lut ensuite
quelques observations qu'il
avoit faites sur la nature des
Plantes & sur quelques unes
de leurs parties cachées.
Mr de Reaumur traita
ensuite des différentes manieres
dont plusieurs animaux
de mer s'attachent
au sable, aux pierres, ou les
uns aux autres.
Enfin Mr Vinflon Medecin
de la Faculté de Paris
,
reçu depuis peu à l'Academieen
qualitéd'Anatomiste
, satisfità l'obligation où
sont les nouveaux Academiciens
de payer leur bienvenuë
dans une Assemblée
publique, par un Discours
qu'illut touchant la maniere
dont se fait la secretion
dans les glandes des animaux.
Il ex posad'abord ce qu'il
entendoit par fecrction
,
il dit, que le corps humain
estoit arrosé par un grand
nombrede différentes liqueurs
outre le fang, que
la pluspart de ces liqueurs
prenoient leur origine du
sang, quelle s'en separoient
dans des organes particuliers
qu'on nommoit Glandes;
& que cette separation ou
cribration des liqueurs d'avec
le fang se nommoic
Secretion.
Il exposa les differents
sentiments des Philosophes
touchant la maniere donc
se faisoit cette secretion ;
& aprés avoir rejetté les
Facul rez des Anciens les,
ferments,& la configuration
des pores des modernes
,
il dit, que ceux ,
qui
avoient le mieux raisonné
sur cela, estoient quelques
uns des modernes, qui
avoient comparé les secretions
dans les glandes, aux
philtrations des Chymistes,
il rapporta sur cela deux
experiences des Chymistes,
La premiere qu'ayant une
fois imbibé un papier broüillard
d'eau ou d'huile, si
l'on ver se sur ce papier un
mélange d'huile & d'eau
,
il ne pane au travers du papier
que celle des deux liqueurs
dont il a estéimbibé,
l'autre demeurant dessus.
La seconde que si on met
dans un vase de l'huile & de
l'eau meslées ensemble
,
si
l'on trempe des méches de
cotton, ou des languetres
de drap les unes dans l'huile
& les autres dans l'eau
que l'on place ces méches
ou languettes sur le bord'
du vaisseau en maniere de
siphon
,
ensorte qu'un de
leurs bouts trempe dans la
liqueur & l'autre pende
dehors, celles qui seront
imbibées d'huile distilleront
de l'hüile,& celles qui seront
imbibées d'eau ne disstilleront
que de l'eau.
Fondésur ces ex periences
il établit avec les nouveaux
Philosophes uneimbibition
pour catife de la secretion.
Ce sentiment n'avoit esté
jusquesicy qu'une fuppofirion
donc on s'estoit conten.
té faute de mieux; mais
comme un Philosophe &
surtout un Philosophe Medecin
ne doit pas se contenter
de simples con jectures
dans une affaire aussi importante
que celles des [cerc.
tions pour toute l'oeconomie
animale &pour les
consequences que l'on en
peut tirer dans la pratique
de la Medecine, Mr
Vinslon a cherché dans la
nature même la verité, il
a parcouru toutes les glandes
du corps humain, &
celles du corps de differents
animaux, & enfin après une
longue recherche il a reconnu
que les glandes estoient
des pelotons de vaisseaux,
qu'il nomme Secretoires
,
à
cause de leur usage
, que
ces vaisseaux sont remplis
d'une espece de velouté
ou duvet,- capable defaire
le même effet que le
tissu filamenteux du drap,
du cotton, ou du papier,
&ila promis dele faire voir
dans toutes les glandes du
corps de l'homme ou des
animaux.
Il dit que le sang est porté
par les arteres dans les glandes
, que l'artere se divise
en une infinité de petits
rameaux d'une extrême si..
nesse qui se recourbent en.
fuite & se reünissent pour
sortir des glandes fous le
nom de veines, que c'est
dans cescourbures que s'abouchent
ces vaisseaux fccretoires,
qui le reünissent
aussi en un seul canal qu'il
nomme Excretoire
, parce
qu'il porte hors de la glande
le suc qui s'y est philtré. Ces
glandes ou vaisseaux secretoiresont,
dit-il,esté imbibez
dés la premicre conformation
du foetus, des liqueursqu'elles
devoientphiltrer,
en sorte que le fang qui
arrive par l'artere se divifc
infiniment dans tous ces
petits rameaux;de maniere
que ses molecules font obligées
en quel ques maniere
de défiler une à une dans
leur
leurscourbures
,
où les
molecules qui sont de la
nature de celles des canaux
secretoires sont imbibez,
entrent dans ces canaux.
pendant que les autres pasfant
par dessus sans sy mesler,
roulent jufqucs dans les
veines.
Mr Vinslon dit qu'illaissoitaux
Physiciens à rendre
raison de ce fait,aussibien
que de la philtration des
Chymistes,& qu'il secontentoit
d'avoir reconnu la
verité sans en chercher la
raison.
Le temps ne luy permit
pas d'expliquerbeaucoup de
choses par rapport aux secretions,
par exemple, quel
est l'usage des nerfs&des
vaisseauxlymphatiques des
glandes, qu'elle doit estre
la disposition du sangpour
les differentes secretions , &c. ce qu'il doit donner
dans des Mémoires particu-,
liers.
Mr Vinslonest originairement
Danois. & parent- dvi;
fameux Mr Renon
,
il,
avoit esté élevé dansla Religion
de son Pays. Le Roy
de Dannemarck l'avoit envoyé
en France pour s'y
induire dans toutes les
parties de la Medecine; Il
luy payoit icy ses pensions,
1" & luy avoit promis de luy
donner ensuite une Chaire
de Professeur à Copenhague
Le hazardl'ayant fait connoisstre
de feu Mr l'Evêque
[de Meaux qui reconnut dans ce jeune homme un grand
» fonds de bonnes moeurs &
de Religion,cePrelatentreprit
de le convertir ; ce
jeune homme aprésavoit
long. temps combattu (e
rendit enfin aux solides raisons
du Prélat & sitoiti.
qu'il fut convaincu, il oubIia,
pour se convertir lax*
fortune qui l'attendoit enri
Dannemarck
,
& les biens
que sa famille & luy y pof-.-
sedoient atruellement ; enn
effet le Roy de Dannemarck
supprima aussi-tost ses pen--J
sions, l'interdit de tous ses
biens & le proserivit de sonn
pays; tout cela n'a fait que
l'affermir davantagedans
la veritableReligion, dans
laquelle on peut le regardera
comme un modele de pieté
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Résumé : « L'Assemblée publique de l'Academie Royale des Sciences qui [...] »
L'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences, initialement prévue le 11 avril, a été reportée au 22 avril. La séance a commencé par l'éloge de Monsieur Guillelmini, un associé étranger récemment décédé, prononcé par Monsieur de Fontenelle. Monsieur Marchand a ensuite présenté des observations sur la nature des plantes et certaines de leurs parties cachées. Monsieur de Reaumur a traité des différentes manières dont certains animaux marins s'attachent au sable, aux pierres ou les uns aux autres. Monsieur Vinflon, médecin de la Faculté de Paris et nouvellement reçu à l'Académie en qualité d'anatomiste, a prononcé un discours sur la sécrétion dans les glandes des animaux. Il a défini la sécrétion comme la séparation des liquides du sang dans des organes particuliers appelés glandes. Après avoir rejeté les explications des Anciens et des modernes, il a comparé les sécrétions glandulaires aux filtrations des chimistes, illustrant cela par deux expériences. Fondé sur ces expériences, il a proposé l'imbibition comme mécanisme de la sécrétion, une hypothèse jusqu'alors non vérifiée. Monsieur Vinflon a exploré les glandes du corps humain et de différents animaux, découvrant que les glandes sont des pelotons de vaisseaux sécrétoires remplis d'une substance similaire au duvet. Le sang, apporté par les artères, se divise en petits rameaux qui se recourbent et se réunissent pour sortir des glandes sous forme de veines. Les molécules du sang, en passant par ces courbures, sont imbibées par les vaisseaux sécrétoires, tandis que les autres molécules continuent leur chemin vers les veines. Originaire du Danemark et parent de Monsieur Renon, Monsieur Vinflon avait été envoyé en France par le roi de Danemark pour étudier la médecine. Converti au christianisme grâce à l'évêque de Meaux, il a renoncé à sa fortune et aux biens qu'il possédait dans son pays natal. Le roi de Danemark a supprimé ses pensions et l'a proscrit, mais cela n'a fait que renforcer sa foi.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 23-39
Extrait du Discours de Mr de Reaumur, lû à l'ouverture de l'Académie Royale des Sciences, [titre d'après la table]
Début :
On a promis dans le dernier Mercure cet Extrait plus [...]
Mots clefs :
Pourpre, Académie royale des sciences, Nature, Coquillages, Discours, Teinture, Anciens, Liqueurs, Expérience
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texteReconnaissance textuelle : Extrait du Discours de Mr de Reaumur, lû à l'ouverture de l'Académie Royale des Sciences, [titre d'après la table]
On a promis dans le
dernier Mercure cet Extrait
plus ample du Discours
leu par Monsieur de
Reaumur
,
à l'ouverture
des assemblées de l'Académie
Royalle des Sciences
câprés la saint Martin,
sur la découverte dune
nouvelleTeinture de Pourpre.
Malgré divers Traitez
faits par les Modernes sur
la couleur de Pourpre si
précieuse aux Anciens, on
a esté peu instruit de la nature
de la liqueur qui la
fournissoit:aussi tous ces
ouvrages ne sont-ils que
des especes de Commentaires
de quelques passages
d'Aristote & de Pline
C'ell: sur la nature mesme,
Se non sur les Naturalistes
qu'il faut faire des observations
varions lorsqu'on veut dé
couvrir quelques-uns de
ses secrets.Aristote
& Pline nous ont cependant
laissé bien des choses
remarquables sur cette matiere,
mais plus propres à
exciter nostre curiosité
qu'à la satisfaire pleinement.
Monsieur de Reaumur
dit ensuite que quoy que
ces Auteurs ayentparlé en
differentsendroits des poifc
fons à coquilles qui donnoient
la liqueur dont on
se servoit pour teindre en
Pourpre , que quoy qu'ils
ayent traité de leur naissance,
dela durée de leur
vie, dela maniere dontils
se nourrissoient,comment
on les peschoit, comment
on leur enlevoitcette pré- |
cieuse liqueur, &enfinles i
diverses préparations qu'- j
onluydonnoit,onanean- )
moins mis la Teinture de !
Pourpre des Anciens au j
nombre des secrets per- ! dus.
Ce que ces Autheurs ,
poursuit-il ;nousont laissé Hj
sur cettematiere, n'a point j
<' a
empesché le Public de
trouver les agréments de
la nouveauté dans les obfervations
d'un Anglois sur
la Teinture de Pourpre,
que fournit un coquillage
communsur les costes de
son pays.Cecoquillage
n'est qu'une desespeces
comprises fous le genre
appelléBuccinum par les
Anciens, notn qu'ils a"
voient donné à ces especes
de poissons
, parce que la
figure dela coquille dont
ils sont revestus,a quelque
t, ressemblanceà celle d'un
cors de chasse. Pline
livre7. chap. 5*. rangetoutes
lesespeces de coquillages
qui donnent la Teinture
de Pourpre, fous deux
genres, dont le premier
comprend les petites especes
de Buccinum
,
& le second
les coquillages ausquels
on a donné le nom
de Pourpre comme à la
Teinture qu'ils fournis- sent
Nos costes d'Ocean
continuë Mr de Reaumur,
ne nous donnent point de
ces dernieres especes de coquillages
; mais en revanche
on y rencontre trescommunemenc
une petite
espece de Buccinum ,
donc
les plus grandes ont douze
àtreize lignes de long, &
sept à huit de diamettre
dans l'endroit où elles sont
plus grosses.tournées
en spiralescomme ce lles
de nos limaçons de jardin,
mais un peu plus allongées.
C'est en considerant au
bord de la coste les coquillages
de cette espece, que
je trouvay une nouvelle
Teinture de Pourpre, que
je ne cherchois point.
Je remarquay que les Buc.
cinum estoient ordinairement
assemblez autour, de
certaines pierres
, ou fous
certaines arcadesdesable,
pour ainsi dire cimenté,
que la Mer seuleatravail-
] , r'I lées. & qu'ils s'y assembloient
quelquefoisen
si grande quantité
,
qu'on
pouvoitles y amasser à pleines
mains, au lieu qu'ils
estoient dispersez ça & là
par tout ailleurs. Je remarquay
enmesme temps
que ces pierres ou ces lables
estoient couverts de
certains petits grains.
dont la figure avoit quelque
ressemblance à celle
d'un spheroïde elliptique,
ou d'une boule allongée;la
longueur de ces grains eC.
toit d'un peu plus de trois
lignes,& leur grosseur d'un
peu plus d'une ligne. Ils
me parurent contenirune
liqueur d'un blanc tirant
sur le jaune, couleur assez
approchante de celle de la
liqueur que les Buccinum
donnent pour teindre en
Pourpre; cette seule ressemblance,
& la maniere
dont les Buccinum estoient
tousjours aÍfernblez autour
de ces petits grains,suffirent
pour me faire soupçonner
qu'on en pourroit
peut-estre tirer une Teinture
de Pourpre, telle
qu'on la tire de ces coquillages
J'examinay
ces grains de plus prés, j'en
apperceus quelques-uns
qui avoient un oeil rougeastre.
J'endétachay aush-
raft des pierres ausquelles
ils sont fortadhérants,
& me servant du premicl".
linge, & le moins coloré
qui se presenta dans lemoment,
j'exprimay de.]eue,
suc sur les manchettesde
ma chemise
j
elles m'eparurent
un peu plus sales,
mais je n'y vis d'autres
couleurs qu'un petit oeil
jaunaftre que je demeslois
à peine dans certains endroits.
D'autres objets qui
attiroient mon attention,
me firent oublierceque je
venois de faire. Je n'y pensois
plus du tout, lorsque
jettant par hasardles yeux
surces mesmes manches
tesun aprés, demi quart d'heure
je fus frappé d'une
greable surprise
,
je vis
une fort belle couleur
pourpre sur les endroits où
les grains avoient esté
écrasez. J'avois peine à
croire un changement si
prompt& si grand.
Je ramassay de nouveau de
ces grains, mais avec plus
de choix, car j'avois foin
de ne détacher des pierres
que ceux qui me paroissoient
les plus blancs, ou
plustost les moins jaunes.
Je moüillay encore mesV
manchettes de leur suc , mais en des endroits differents
, ce qui ne leur donna
point d'abord de couleur
qui approchast en auXs
cune façon du rouge. Cependant
je les consideray
à peine pendant trois ou
quatre minutes que je leur
vis tout d'un coup prendre
une aussi belle couleur
pourpre que la premiere
que ces grains avoient donnée.
C'en estoitassez pour
ne pouvoir pas douter que
ces grains donnoient une
couleur pourpre aussi belle
ouLe1le des Buccinurn,
Monsieur de Reaumur
ra pporte ensuite plusieurs
experiences qu'il fit pour
connoistre si cette liqueur
avoit autant de tenacité
quecelle desBuccinum,fait
remarquer que le linge
trempé dans la liqueur de
ces grains,ne prend lacouleur
de pourpre que lorsqu'on
l'expose au grand
air; & que quelques experiences
qu'il ait tentées
pour découvrir ce que sont
ces petits grains, il n'en a
point fait d'assez heureuses
pour y parvenir; qu on tireroic
la liqueur de ces
grains de Pourpre d'une
maniere infiniment p!bc
commode que celle dont
les Anciens ostoient la liqueur
des Buccinum
,
& fait
à ce sujet un détail tresample
& très-curieux,
aprés lequelil conclut qu'-
on pourroit tirer de ces
oeufs plus d'utilité que les
Anciens n'en tiroient des
Buccinum, parce qu'il y a
; incomparablement plus de
cesoeufs que decescoquili-
-
lages,& quon auroit leur
liqyeur beaucoup plus aisément
: enfin que la couleur
de cette liqueur paroist
parfaitement belle sur
le linge
, & que dans le
grand goust où l'on est à
present pour les toiles
peintes, on pourroit s'en
servir avec succez pour imprimer
sur du linge toutes
fortes de figures; cette liqueur
aussi bien que celle
des Buccinum, y seroit, ditil,
d'autant plus propre qu'elle , ne s'étend point
par delà l'endroitoùonl'a
posée
,
de sortequ'elle
pourroittousjours tracer
des traits nets.
dernier Mercure cet Extrait
plus ample du Discours
leu par Monsieur de
Reaumur
,
à l'ouverture
des assemblées de l'Académie
Royalle des Sciences
câprés la saint Martin,
sur la découverte dune
nouvelleTeinture de Pourpre.
Malgré divers Traitez
faits par les Modernes sur
la couleur de Pourpre si
précieuse aux Anciens, on
a esté peu instruit de la nature
de la liqueur qui la
fournissoit:aussi tous ces
ouvrages ne sont-ils que
des especes de Commentaires
de quelques passages
d'Aristote & de Pline
C'ell: sur la nature mesme,
Se non sur les Naturalistes
qu'il faut faire des observations
varions lorsqu'on veut dé
couvrir quelques-uns de
ses secrets.Aristote
& Pline nous ont cependant
laissé bien des choses
remarquables sur cette matiere,
mais plus propres à
exciter nostre curiosité
qu'à la satisfaire pleinement.
Monsieur de Reaumur
dit ensuite que quoy que
ces Auteurs ayentparlé en
differentsendroits des poifc
fons à coquilles qui donnoient
la liqueur dont on
se servoit pour teindre en
Pourpre , que quoy qu'ils
ayent traité de leur naissance,
dela durée de leur
vie, dela maniere dontils
se nourrissoient,comment
on les peschoit, comment
on leur enlevoitcette pré- |
cieuse liqueur, &enfinles i
diverses préparations qu'- j
onluydonnoit,onanean- )
moins mis la Teinture de !
Pourpre des Anciens au j
nombre des secrets per- ! dus.
Ce que ces Autheurs ,
poursuit-il ;nousont laissé Hj
sur cettematiere, n'a point j
<' a
empesché le Public de
trouver les agréments de
la nouveauté dans les obfervations
d'un Anglois sur
la Teinture de Pourpre,
que fournit un coquillage
communsur les costes de
son pays.Cecoquillage
n'est qu'une desespeces
comprises fous le genre
appelléBuccinum par les
Anciens, notn qu'ils a"
voient donné à ces especes
de poissons
, parce que la
figure dela coquille dont
ils sont revestus,a quelque
t, ressemblanceà celle d'un
cors de chasse. Pline
livre7. chap. 5*. rangetoutes
lesespeces de coquillages
qui donnent la Teinture
de Pourpre, fous deux
genres, dont le premier
comprend les petites especes
de Buccinum
,
& le second
les coquillages ausquels
on a donné le nom
de Pourpre comme à la
Teinture qu'ils fournis- sent
Nos costes d'Ocean
continuë Mr de Reaumur,
ne nous donnent point de
ces dernieres especes de coquillages
; mais en revanche
on y rencontre trescommunemenc
une petite
espece de Buccinum ,
donc
les plus grandes ont douze
àtreize lignes de long, &
sept à huit de diamettre
dans l'endroit où elles sont
plus grosses.tournées
en spiralescomme ce lles
de nos limaçons de jardin,
mais un peu plus allongées.
C'est en considerant au
bord de la coste les coquillages
de cette espece, que
je trouvay une nouvelle
Teinture de Pourpre, que
je ne cherchois point.
Je remarquay que les Buc.
cinum estoient ordinairement
assemblez autour, de
certaines pierres
, ou fous
certaines arcadesdesable,
pour ainsi dire cimenté,
que la Mer seuleatravail-
] , r'I lées. & qu'ils s'y assembloient
quelquefoisen
si grande quantité
,
qu'on
pouvoitles y amasser à pleines
mains, au lieu qu'ils
estoient dispersez ça & là
par tout ailleurs. Je remarquay
enmesme temps
que ces pierres ou ces lables
estoient couverts de
certains petits grains.
dont la figure avoit quelque
ressemblance à celle
d'un spheroïde elliptique,
ou d'une boule allongée;la
longueur de ces grains eC.
toit d'un peu plus de trois
lignes,& leur grosseur d'un
peu plus d'une ligne. Ils
me parurent contenirune
liqueur d'un blanc tirant
sur le jaune, couleur assez
approchante de celle de la
liqueur que les Buccinum
donnent pour teindre en
Pourpre; cette seule ressemblance,
& la maniere
dont les Buccinum estoient
tousjours aÍfernblez autour
de ces petits grains,suffirent
pour me faire soupçonner
qu'on en pourroit
peut-estre tirer une Teinture
de Pourpre, telle
qu'on la tire de ces coquillages
J'examinay
ces grains de plus prés, j'en
apperceus quelques-uns
qui avoient un oeil rougeastre.
J'endétachay aush-
raft des pierres ausquelles
ils sont fortadhérants,
& me servant du premicl".
linge, & le moins coloré
qui se presenta dans lemoment,
j'exprimay de.]eue,
suc sur les manchettesde
ma chemise
j
elles m'eparurent
un peu plus sales,
mais je n'y vis d'autres
couleurs qu'un petit oeil
jaunaftre que je demeslois
à peine dans certains endroits.
D'autres objets qui
attiroient mon attention,
me firent oublierceque je
venois de faire. Je n'y pensois
plus du tout, lorsque
jettant par hasardles yeux
surces mesmes manches
tesun aprés, demi quart d'heure
je fus frappé d'une
greable surprise
,
je vis
une fort belle couleur
pourpre sur les endroits où
les grains avoient esté
écrasez. J'avois peine à
croire un changement si
prompt& si grand.
Je ramassay de nouveau de
ces grains, mais avec plus
de choix, car j'avois foin
de ne détacher des pierres
que ceux qui me paroissoient
les plus blancs, ou
plustost les moins jaunes.
Je moüillay encore mesV
manchettes de leur suc , mais en des endroits differents
, ce qui ne leur donna
point d'abord de couleur
qui approchast en auXs
cune façon du rouge. Cependant
je les consideray
à peine pendant trois ou
quatre minutes que je leur
vis tout d'un coup prendre
une aussi belle couleur
pourpre que la premiere
que ces grains avoient donnée.
C'en estoitassez pour
ne pouvoir pas douter que
ces grains donnoient une
couleur pourpre aussi belle
ouLe1le des Buccinurn,
Monsieur de Reaumur
ra pporte ensuite plusieurs
experiences qu'il fit pour
connoistre si cette liqueur
avoit autant de tenacité
quecelle desBuccinum,fait
remarquer que le linge
trempé dans la liqueur de
ces grains,ne prend lacouleur
de pourpre que lorsqu'on
l'expose au grand
air; & que quelques experiences
qu'il ait tentées
pour découvrir ce que sont
ces petits grains, il n'en a
point fait d'assez heureuses
pour y parvenir; qu on tireroic
la liqueur de ces
grains de Pourpre d'une
maniere infiniment p!bc
commode que celle dont
les Anciens ostoient la liqueur
des Buccinum
,
& fait
à ce sujet un détail tresample
& très-curieux,
aprés lequelil conclut qu'-
on pourroit tirer de ces
oeufs plus d'utilité que les
Anciens n'en tiroient des
Buccinum, parce qu'il y a
; incomparablement plus de
cesoeufs que decescoquili-
-
lages,& quon auroit leur
liqyeur beaucoup plus aisément
: enfin que la couleur
de cette liqueur paroist
parfaitement belle sur
le linge
, & que dans le
grand goust où l'on est à
present pour les toiles
peintes, on pourroit s'en
servir avec succez pour imprimer
sur du linge toutes
fortes de figures; cette liqueur
aussi bien que celle
des Buccinum, y seroit, ditil,
d'autant plus propre qu'elle , ne s'étend point
par delà l'endroitoùonl'a
posée
,
de sortequ'elle
pourroittousjours tracer
des traits nets.
Fermer
Résumé : Extrait du Discours de Mr de Reaumur, lû à l'ouverture de l'Académie Royale des Sciences, [titre d'après la table]
Monsieur de Reaumur a présenté à l'Académie Royale des Sciences une découverte concernant une nouvelle teinture de pourpre. Malgré les travaux des Modernes et les descriptions d'Aristote et de Pline, la nature de la liqueur fournissant la pourpre ancienne restait peu connue. Les auteurs anciens avaient mentionné des mollusques à coquilles produisant cette liqueur, mais leurs descriptions n'avaient pas permis de percer ce secret. Reaumur a observé des coquillages de l'espèce Buccinum sur les côtes de l'Océan, regroupés autour de certaines pierres ou sous des arches de sable. Il a remarqué des petits grains sphéroïdes elliptiques contenant une liqueur blanche jaunâtre, similaire à celle des Buccinum. En écrasant ces grains sur ses manchettes, il a observé une coloration pourpre après quelques minutes. Pour vérifier la ténacité de cette liqueur, Reaumur a mené plusieurs expériences. Il a constaté que le linge trempé dans cette liqueur prenait une couleur pourpre lorsqu'il était exposé à l'air. Il a également noté que cette liqueur pouvait être extraite de manière plus simple que celle des Buccinum anciens. Reaumur a conclu que cette nouvelle teinture pourrait être utilisée pour imprimer des figures sur du linge, car elle ne s'étend pas au-delà de l'endroit où elle est posée, permettant ainsi de tracer des traits nets.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 337-338
« Le 31. Janvier, l'Académie Royale des Sciences fit l'élection [...] »
Début :
Le 31. Janvier, l'Académie Royale des Sciences fit l'élection [...]
Mots clefs :
Académie royale des sciences, Élection, Pensionnaire chimiste, Estampe, Essence, Savon, Se laver, Lait virginal, Liqueurs, Sirops
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 31. Janvier, l'Académie Royale des Sciences fit l'élection [...] »
Le31.Janvierl'AcadémieRoyale
des Sciences fit l'élection des trois sujets ,
dont un , au choix du Roi , doit remplir
la place de Pensionaire Chimiste , vacante
par la mort de M. Geoffroi. Les trois sujets
qui ont été élus sont M M. Boulduc
et Dufay , tous deux associés Chimistes
et M. Imbert Externe .
Le 14. Fevrier , le Comte de Maurepas
écrivit à l'Académie , pour lui ap
prendre que le Roi avoit choisi M. Du
fay pour remplir cette place.
L'Estampe de la Dile Camargo que le
Public désire si fort , et dont nous avons
parlé le mois passé , sera en vente dans
les premiers jours du mois de Mars chez
les Auteurs et chez la Veuve Chereau ,
rue S. Jacques , aux deux Piliers d'or.
BRIART demeurant Cour Abbatiale de Saint
Germain des Prez , rue Cardinale , vis - à- vis le
Bailliage , à Paris , fait depuis peu une Essence
appellée d'ogni fiori , ou de toute fleurs , dont un
Parfumeur Napolitain lui a donné le secret..
On.
338 MERCURE DE FRANCE
On en met quelques goutes dans l'eau , dont or
se lave aprés avoir été rasé ; elle produit le mê
me effet que le lait virginal , mais elle est plus
agréable , et a de meilleures qualités , sur tout
pour décrasser , rendre la peau unie , et en ôter
les taches et boutons. On là vend 15. sols l'once.
Il continue avec succès à faire la veritable Essence
de Savon à la Bergamotte et autres odeurs
douces , dont on se sert pour la barbe , au lieu
de Savonnetes ; les Dames s'en servent aussi pour
se laver le visage et les mains. Les bouteilles sont
cachetées de son adresse.
M M. Giraudeau le jeune et Felz , Marchands
à Montpellier , qui font depuis long- tems un
commerce considerable en gros de liqueurs , sirops
, Eau de la Reine d'Hongrie et autres Marchandises
, donnent avis au Public qu'ils ont inventé
depuis peu une nouvelle liqueur fine , à la
quelle ils ont donné le nom d'Eau Dauphine
Cette liqueur est genéralement goutée et reconnue
pour supérieure en bonté à toutes celles qui
ont parû jusqu'à présent. Ceux qui en auront
besoin pourront leur écrire à Montpelier . Ils
vont ordinairement à la Foire de Beaucaire , et
y ont leur Magasin dans la grande rue. Pout
distinguer la liqueur de leur fabrique d'avec celle
qu'on pourroit contrefaire et débiter sous leur
nom , ils avertissent que les étiquetes qu'ils y font
mettre sont gravées en Taille- douce , qu'elles
sont signées d'eux , & qu'elles sont en ces termes:
Eau Dauphine inventée en 1730. par Girau
Leau , lejeune , et Felz , de Montpeliers
des Sciences fit l'élection des trois sujets ,
dont un , au choix du Roi , doit remplir
la place de Pensionaire Chimiste , vacante
par la mort de M. Geoffroi. Les trois sujets
qui ont été élus sont M M. Boulduc
et Dufay , tous deux associés Chimistes
et M. Imbert Externe .
Le 14. Fevrier , le Comte de Maurepas
écrivit à l'Académie , pour lui ap
prendre que le Roi avoit choisi M. Du
fay pour remplir cette place.
L'Estampe de la Dile Camargo que le
Public désire si fort , et dont nous avons
parlé le mois passé , sera en vente dans
les premiers jours du mois de Mars chez
les Auteurs et chez la Veuve Chereau ,
rue S. Jacques , aux deux Piliers d'or.
BRIART demeurant Cour Abbatiale de Saint
Germain des Prez , rue Cardinale , vis - à- vis le
Bailliage , à Paris , fait depuis peu une Essence
appellée d'ogni fiori , ou de toute fleurs , dont un
Parfumeur Napolitain lui a donné le secret..
On.
338 MERCURE DE FRANCE
On en met quelques goutes dans l'eau , dont or
se lave aprés avoir été rasé ; elle produit le mê
me effet que le lait virginal , mais elle est plus
agréable , et a de meilleures qualités , sur tout
pour décrasser , rendre la peau unie , et en ôter
les taches et boutons. On là vend 15. sols l'once.
Il continue avec succès à faire la veritable Essence
de Savon à la Bergamotte et autres odeurs
douces , dont on se sert pour la barbe , au lieu
de Savonnetes ; les Dames s'en servent aussi pour
se laver le visage et les mains. Les bouteilles sont
cachetées de son adresse.
M M. Giraudeau le jeune et Felz , Marchands
à Montpellier , qui font depuis long- tems un
commerce considerable en gros de liqueurs , sirops
, Eau de la Reine d'Hongrie et autres Marchandises
, donnent avis au Public qu'ils ont inventé
depuis peu une nouvelle liqueur fine , à la
quelle ils ont donné le nom d'Eau Dauphine
Cette liqueur est genéralement goutée et reconnue
pour supérieure en bonté à toutes celles qui
ont parû jusqu'à présent. Ceux qui en auront
besoin pourront leur écrire à Montpelier . Ils
vont ordinairement à la Foire de Beaucaire , et
y ont leur Magasin dans la grande rue. Pout
distinguer la liqueur de leur fabrique d'avec celle
qu'on pourroit contrefaire et débiter sous leur
nom , ils avertissent que les étiquetes qu'ils y font
mettre sont gravées en Taille- douce , qu'elles
sont signées d'eux , & qu'elles sont en ces termes:
Eau Dauphine inventée en 1730. par Girau
Leau , lejeune , et Felz , de Montpeliers
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Résumé : « Le 31. Janvier, l'Académie Royale des Sciences fit l'élection [...] »
Le 31 janvier, l'Académie Royale des Sciences élit MM. Boulduc, Dufay et Imbert pour remplacer M. Geoffroi au poste de Pensionaire Chimiste. Le 14 février, le Comte de Maurepas annonce que le Roi a choisi M. Dufay. Par ailleurs, une estampe de la danseuse La Camargo sera disponible en mars chez les auteurs et la Veuve Chereau, rue Saint-Jacques. Briart, résidant à Paris, propose une nouvelle essence appelée 'd'ogni fiori' ou 'de toute fleurs', utilisée pour le lavage après le rasage, comparable au lait virginal mais plus agréable et efficace. Cette essence est vendue 15 sols l'once. Briart continue de produire des essences de savon à la bergamote et autres odeurs douces, utilisées pour la barbe et par les dames pour le visage et les mains. À Montpellier, MM. Giraudeau le jeune et Felz, commerçants en liqueurs et sirops, annoncent l'invention d'une nouvelle liqueur fine nommée 'Eau Dauphine', reconnue pour sa supériorité. Ils précisent que leurs étiquettes sont gravées en taille-douce et signées pour éviter les contrefaçons.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 1421-1426
PROBLÈME DE MEDECINE. Déterminer la vitesse absoluë du sang au sortir du cœur.
Début :
On ne sçauroit croire de quelle utilité seroit la résolution de ce Problême : [...]
Mots clefs :
Médecine, Sang, Cœur, Fluides, Gluant, Liqueurs, Artères, Aorte, Chyle, Boyau
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PROBLÈME DE MEDECINE. Déterminer la vitesse absoluë du sang au sortir du cœur.
PROBLEME
DE MEDECINE.
Déterminer la vitesse absolue du sang
au sortir du coeur.
Ο
N ne sçauroit croire de quelle utilité
seroit la résolution de ce Problême :
les Medecins sont des mécaniciens , qui ne
sçauroient rétablir la Machine du corps.
humain , s'ils ignorent la position , l'en
chaînement des parties qui la composent,
le jeu , le mouvement , la vitesse , les
efforts des unes contre les autres ; je sçai
qu'on a déja tâché de déterminer la vi
tesse absolue du sang au sortir du coeurs
mais ce sont des démonstrations tirées de
Machines parfaites , en supposant les fluï
des très-coulans , tandis que le sang est
II. Vol Av gluanc
1422 MERCURE DE FRANCE
gluant , que les tuyaux sont élastiques , et
ont des contractions fréquentes , qui en
diminuent les capacitez proportionnelle
ment à leurs diamétres ; cette ténacité.
de liqueurs , ces diamétres n'étant pas
connus parfaitement , il est très mal-aisé
de satisfaire à toutes ces conditions dans
la résolution cherchée.
Si on veut la chercher par lá parabole
que décrit le sang jaillissant par une Ar
tere ouverte , dont on connoît le rapport
du diamétre à celui de l'Aorte , il en fau
dra rabattre la vitesse que les douleurs
de la playe lui donneront ; ce qui est
très -mal aisé,
Si on la veut connoître , à priori , par
la
force du coeur et la quantité du sang qui
en sort , il faut rabattre la diminution.
de cette vîtesse , causée par le contre- ba-.
lancement du sang , des Arteres , de l'Air,
&c. C'est à cause de ces inconvéniens que
la vîtesse du déterminée par Keill ,
à environ 78. piez par minute au sortir
du coeur m'a parû suspecte et exhorbi
tante , et que celle de Borelli ne me paroît
pas juste.
sang ,
Il me semble qu'il est un moyen
facile
d'en approcher de bien près ; le voici .
Calcul fait , dans les Adultes , le coeur
bat à environ 75. fois par minute , l'ou
II. Vol. verture
JUIN. 1731
1423
verture de l'Aorte est de 63. lignes , la
quantité moyenne du sang qui en sort à
chaque contraction , est d'environ une
once et demie , et non de 2. ou 3. comme
Harvée et Borelli l'ont crû ; puisqu'un
pié cube d'eau , égale 72. livres , une once
et demie de sang , dont le poids est à
celui de l'eau , comme 25. à 24. égalera
un peu plus de 3888. lignes cubes.
Ce volume de liqueur étant dans le
ventricule gauche du coeur et étant gluant,
en est chassé à chaque contraction , de
façon que la file ne rompt pas et ne fait
que glisser à force dans les Arteres , qu'on
s'imagine un estomach plein de chyle
si on presse fortement et à coups redou .
blez ce réservoir , la vitesse avec laquelle
le chyle coulera dans les boyaux , sera à
chaque contraction comme la longueur
de l'espace que le chyle parcourra dans
ce boyau ; or si on fait atention à la té
nacité du chyle , et à ce que ce boyau est
déjà plein , il sera aisé de voir que cet es
pace ne sera autre que celui qui doit oc
cuper la quantité de chyle qui y est pous
sée. Revenons au coeur , cette quantité
de sang est connue , elle est de 3888 ..
lignes cubes , si on divise cette masse par
63. lignes , qui sont la base du Cilindre
dont on cherche la longueur , on aura 61 .
LI. Vol. A vi lignes a
1424 MERCURE DE FRANCE
{
lignes , je néglige les décimales , c'est
à-dire 5. pouces et quelques lignes de
vîtesse qu'aura le sang au sortir du coeur
à chaque contraction ; et comme il y en
70. par minute , ce sera 29. ou 30. pieds
de vitesse par minute qu'a le sang au sor
tir du coeur. Cette résolution naturelle ,
et à la portée de tout le monde , tirée im
médiatement de l'Anatomie , sert à ré
soudre une infinité d'autres questions ; je
ne parlerai que de celle qui a excité quel
ques disputes. C'est de déterminer la force
du coeur ; je ne prétens pas la résoudre ici ;
mais je remarquerai que la force du sang
qui en sort , est très- peu de chose ; car si
l'eau ayant un pied de vîresse par secon
de , ne fait contre une surface d'un pied ,
qu'une livre et demie d'effort , le sang qui
n'a qu'environ 5. pouces par segonde , ne
fera contre la surface 63. lignes , qu'il
bat directement au sortir du coeur , que
quelques dragmes d'effort , ou tout au
plus quelques onces , comme l'a démontré
Keill ; mais de-là il ne s'ensuit pas que la
force du coeur absoluë ne puisse être de
plusieurs milliers de livres , selon la dé
monstration de Borelli , sur quoi Keil s'est
trompé en concluant que la force du coeur
n'étoit que de quelques onces , confon
dant la relative avec l'absolue , et après
II. Kol. lui
JUIN. 1731. 1125
lui M. Astruc a mal conclu que les Cal
culs de Borelli et de Keill , étant si diffe
rens , cette quantité de force qu'on don
noit au coeur , étoit très équivoque.
La difference vient de ce que le coeur
n'employe qu'une très -petite force à chas
ser le sang , le reste de son effort est em
ployé à vaincre la résistance du sang déja
passé , celle des Arteres et des Membra
nes que l'air presse avec plus de 30000.
livres de force , et enfin à broyer ce mê
me sang. Pour mieux faire voir l'étendus
et l'usage de notre Problême , il n'y a
qu'à faire attention qu'il sert à détermi
ner la vitesse et la force absoluë du sang
dans tous les tuyaux sensibles du corps
humain , quoiqu'ils soient presque tous
de diametre different ; car par l'Anatomie
On apprend le rapport de leurs diamètres
à celui de l'Aorte , et par cette fameuse
regle , que les vitesses respectives des li
queurs homogenes , poussées par une même
force dans des tuyaux de differens diamétres,
sont réciproquement comme les carres de ces
diamétres , on connoît le rapport de la
vitesse de leurs liqueurs à celle du sang
au sortir du coeur , la vitesse absoluë de
celui -ci étant déterminée , les autres le
sont bien-tôt , et ainsi de suite pour tous
les tuyaux arteriels et veineux.
1
IL. Vola Si
1426 MERCURE DE FRANCE
I
Si le diamètre des Arteres limphatiques
des os de la peau , n'est que la 20000
partie de celui de l'Aorte , il y en a bien
de plus petits , puis qu'un grain de sable
en peut couvrir 25000. suivant Leuwe
noesk , tandis que le sang parcourra 30 .
pieds dans l'Aorte , ce qu'il fera en 20..
segondes , le sang des Arteres lymphatiques
ne parcourra que , de cet espace ,,
c'est-à dire, qu'il tardera 13.jours au moins
à y parcourir la longueur de 1o. pieds
et c'est par-là qu'on voit aujourd'hui la
raison du retour périodique des fièvres
tierces , quartes , mensales , anniversaires,,
de la verole hereditaire , de la rage, de la
Phtisie , & c. car le virus de ces maladies :
peut rester plusieurs années caché dans .
les tuyaux sereux , nerveux , osseux , et ne
faire son effet qu'étant mêlé après ce tems
avec le torrent du sang.
DE MEDECINE.
Déterminer la vitesse absolue du sang
au sortir du coeur.
Ο
N ne sçauroit croire de quelle utilité
seroit la résolution de ce Problême :
les Medecins sont des mécaniciens , qui ne
sçauroient rétablir la Machine du corps.
humain , s'ils ignorent la position , l'en
chaînement des parties qui la composent,
le jeu , le mouvement , la vitesse , les
efforts des unes contre les autres ; je sçai
qu'on a déja tâché de déterminer la vi
tesse absolue du sang au sortir du coeurs
mais ce sont des démonstrations tirées de
Machines parfaites , en supposant les fluï
des très-coulans , tandis que le sang est
II. Vol Av gluanc
1422 MERCURE DE FRANCE
gluant , que les tuyaux sont élastiques , et
ont des contractions fréquentes , qui en
diminuent les capacitez proportionnelle
ment à leurs diamétres ; cette ténacité.
de liqueurs , ces diamétres n'étant pas
connus parfaitement , il est très mal-aisé
de satisfaire à toutes ces conditions dans
la résolution cherchée.
Si on veut la chercher par lá parabole
que décrit le sang jaillissant par une Ar
tere ouverte , dont on connoît le rapport
du diamétre à celui de l'Aorte , il en fau
dra rabattre la vitesse que les douleurs
de la playe lui donneront ; ce qui est
très -mal aisé,
Si on la veut connoître , à priori , par
la
force du coeur et la quantité du sang qui
en sort , il faut rabattre la diminution.
de cette vîtesse , causée par le contre- ba-.
lancement du sang , des Arteres , de l'Air,
&c. C'est à cause de ces inconvéniens que
la vîtesse du déterminée par Keill ,
à environ 78. piez par minute au sortir
du coeur m'a parû suspecte et exhorbi
tante , et que celle de Borelli ne me paroît
pas juste.
sang ,
Il me semble qu'il est un moyen
facile
d'en approcher de bien près ; le voici .
Calcul fait , dans les Adultes , le coeur
bat à environ 75. fois par minute , l'ou
II. Vol. verture
JUIN. 1731
1423
verture de l'Aorte est de 63. lignes , la
quantité moyenne du sang qui en sort à
chaque contraction , est d'environ une
once et demie , et non de 2. ou 3. comme
Harvée et Borelli l'ont crû ; puisqu'un
pié cube d'eau , égale 72. livres , une once
et demie de sang , dont le poids est à
celui de l'eau , comme 25. à 24. égalera
un peu plus de 3888. lignes cubes.
Ce volume de liqueur étant dans le
ventricule gauche du coeur et étant gluant,
en est chassé à chaque contraction , de
façon que la file ne rompt pas et ne fait
que glisser à force dans les Arteres , qu'on
s'imagine un estomach plein de chyle
si on presse fortement et à coups redou .
blez ce réservoir , la vitesse avec laquelle
le chyle coulera dans les boyaux , sera à
chaque contraction comme la longueur
de l'espace que le chyle parcourra dans
ce boyau ; or si on fait atention à la té
nacité du chyle , et à ce que ce boyau est
déjà plein , il sera aisé de voir que cet es
pace ne sera autre que celui qui doit oc
cuper la quantité de chyle qui y est pous
sée. Revenons au coeur , cette quantité
de sang est connue , elle est de 3888 ..
lignes cubes , si on divise cette masse par
63. lignes , qui sont la base du Cilindre
dont on cherche la longueur , on aura 61 .
LI. Vol. A vi lignes a
1424 MERCURE DE FRANCE
{
lignes , je néglige les décimales , c'est
à-dire 5. pouces et quelques lignes de
vîtesse qu'aura le sang au sortir du coeur
à chaque contraction ; et comme il y en
70. par minute , ce sera 29. ou 30. pieds
de vitesse par minute qu'a le sang au sor
tir du coeur. Cette résolution naturelle ,
et à la portée de tout le monde , tirée im
médiatement de l'Anatomie , sert à ré
soudre une infinité d'autres questions ; je
ne parlerai que de celle qui a excité quel
ques disputes. C'est de déterminer la force
du coeur ; je ne prétens pas la résoudre ici ;
mais je remarquerai que la force du sang
qui en sort , est très- peu de chose ; car si
l'eau ayant un pied de vîresse par secon
de , ne fait contre une surface d'un pied ,
qu'une livre et demie d'effort , le sang qui
n'a qu'environ 5. pouces par segonde , ne
fera contre la surface 63. lignes , qu'il
bat directement au sortir du coeur , que
quelques dragmes d'effort , ou tout au
plus quelques onces , comme l'a démontré
Keill ; mais de-là il ne s'ensuit pas que la
force du coeur absoluë ne puisse être de
plusieurs milliers de livres , selon la dé
monstration de Borelli , sur quoi Keil s'est
trompé en concluant que la force du coeur
n'étoit que de quelques onces , confon
dant la relative avec l'absolue , et après
II. Kol. lui
JUIN. 1731. 1125
lui M. Astruc a mal conclu que les Cal
culs de Borelli et de Keill , étant si diffe
rens , cette quantité de force qu'on don
noit au coeur , étoit très équivoque.
La difference vient de ce que le coeur
n'employe qu'une très -petite force à chas
ser le sang , le reste de son effort est em
ployé à vaincre la résistance du sang déja
passé , celle des Arteres et des Membra
nes que l'air presse avec plus de 30000.
livres de force , et enfin à broyer ce mê
me sang. Pour mieux faire voir l'étendus
et l'usage de notre Problême , il n'y a
qu'à faire attention qu'il sert à détermi
ner la vitesse et la force absoluë du sang
dans tous les tuyaux sensibles du corps
humain , quoiqu'ils soient presque tous
de diametre different ; car par l'Anatomie
On apprend le rapport de leurs diamètres
à celui de l'Aorte , et par cette fameuse
regle , que les vitesses respectives des li
queurs homogenes , poussées par une même
force dans des tuyaux de differens diamétres,
sont réciproquement comme les carres de ces
diamétres , on connoît le rapport de la
vitesse de leurs liqueurs à celle du sang
au sortir du coeur , la vitesse absoluë de
celui -ci étant déterminée , les autres le
sont bien-tôt , et ainsi de suite pour tous
les tuyaux arteriels et veineux.
1
IL. Vola Si
1426 MERCURE DE FRANCE
I
Si le diamètre des Arteres limphatiques
des os de la peau , n'est que la 20000
partie de celui de l'Aorte , il y en a bien
de plus petits , puis qu'un grain de sable
en peut couvrir 25000. suivant Leuwe
noesk , tandis que le sang parcourra 30 .
pieds dans l'Aorte , ce qu'il fera en 20..
segondes , le sang des Arteres lymphatiques
ne parcourra que , de cet espace ,,
c'est-à dire, qu'il tardera 13.jours au moins
à y parcourir la longueur de 1o. pieds
et c'est par-là qu'on voit aujourd'hui la
raison du retour périodique des fièvres
tierces , quartes , mensales , anniversaires,,
de la verole hereditaire , de la rage, de la
Phtisie , & c. car le virus de ces maladies :
peut rester plusieurs années caché dans .
les tuyaux sereux , nerveux , osseux , et ne
faire son effet qu'étant mêlé après ce tems
avec le torrent du sang.
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Résumé : PROBLÈME DE MEDECINE. Déterminer la vitesse absoluë du sang au sortir du cœur.
Le texte aborde la détermination de la vitesse absolue du sang au sortir du cœur, un sujet crucial pour les médecins. Ces derniers sont comparés à des mécaniciens réparant une machine complexe. Les tentatives précédentes pour mesurer cette vitesse sont jugées insuffisantes car elles reposent sur des modèles parfaits et des fluides idéaux, contrairement au sang gluant et aux vaisseaux élastiques du corps humain. Les méthodes existantes pour mesurer cette vitesse sont complexes et imprécises. Par exemple, observer la trajectoire du sang jaillissant d'une artère ouverte ou calculer la vitesse à partir de la force du cœur et de la quantité de sang éjectée sont entravées par des facteurs comme les douleurs de la plaie ou la résistance des artères et de l'air. L'auteur propose une méthode plus fiable. En se basant sur le battement du cœur (environ 75 fois par minute), l'ouverture de l'aorte (63 lignes) et la quantité de sang éjectée (environ une once et demie par contraction), il calcule que la vitesse du sang au sortir du cœur est d'environ 5 pouces par contraction, soit 29 à 30 pieds par minute. Cette méthode permet également de déterminer la vitesse et la force du sang dans tous les vaisseaux du corps humain, en utilisant les rapports de diamètres et la règle des vitesses réciproques. Le texte conclut en expliquant comment cette connaissance peut éclairer des phénomènes médicaux comme le retour périodique des fièvres et des maladies chroniques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 180
« Le 25. la Loterie de la Compagnie des Indes, établie [...] »
Début :
Le 25. la Loterie de la Compagnie des Indes, établie [...]
Mots clefs :
Loterie, Liqueurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le 25. la Loterie de la Compagnie des Indes, établie [...] »
Le 25. la Loterie de la Compagnie des Indes,
établie pour le remboursement des Actions , fut
tirée en la maniere accoûtumée à l'Hôtel de la
Compagnie. La Liste des Numeros gagnans des
Actions et Dixiémes d'Actions qui doivent être
remboursés , a été rendue publique , faisant en
tout le nombre de 303. Actions , neuf Dixiémes Actions.
On donne avis que la Veuve de Forestier
Marchande à Perigueux , vend toutes sortes de
Liqueurs et principalement Lanizette , la pinte
est de quatre livres dix sols rendue à Paris , tous
frais faits; elle excelle dans cette Liqueur. Plusieurs Seigneurs de Paris et d'ailleurs lui en ont
déja demandé..
établie pour le remboursement des Actions , fut
tirée en la maniere accoûtumée à l'Hôtel de la
Compagnie. La Liste des Numeros gagnans des
Actions et Dixiémes d'Actions qui doivent être
remboursés , a été rendue publique , faisant en
tout le nombre de 303. Actions , neuf Dixiémes Actions.
On donne avis que la Veuve de Forestier
Marchande à Perigueux , vend toutes sortes de
Liqueurs et principalement Lanizette , la pinte
est de quatre livres dix sols rendue à Paris , tous
frais faits; elle excelle dans cette Liqueur. Plusieurs Seigneurs de Paris et d'ailleurs lui en ont
déja demandé..
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Résumé : « Le 25. la Loterie de la Compagnie des Indes, établie [...] »
Le 25, la Loterie de la Compagnie des Indes a été tirée à l'Hôtel de la Compagnie, remboursant 303 actions. La veuve de Forestier, marchande à Périgueux, vend des liqueurs, dont la Lanizette à quatre livres dix sols la pinte, livrée à Paris. La qualité de la Lanizette est reconnue par plusieurs seigneurs.
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7
p. 1117-1120
LES URNES, Ou la cause de la diversité des Esprits. Au Reverend Pere d...... Jesuite.
Début :
Quel est ce feu Divin qui m'échauffe et m'éclaire, [...]
Mots clefs :
Liqueurs, Esprits, Mercure, Jupiter, Phébus, Talents, Dieu, Qualités, Sens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES URNES, Ou la cause de la diversité des Esprits. Au Reverend Pere d...... Jesuite.
LES
URNE'S ,
Ou la cause de la diversité des Esprits.
Au Reverend Pere d ...... Jefuite.
Q
>
Uel est ce feu Divin qui m'échauffe et m'éclaire
,
Qui dirige mes pas sur ce vaste hemisphere ,
Qui mesure du Ciel l'incroyable grandeur
Et sonde des Enfers l'affreuse profondeur !
Plus vite que éclair qui partage la nuë ,
Sur mille objets divers l'Esprit porte sa vûë >
Rien ne peut l'arrêter et jusque sur les Dieux
Il ose promener ses regards curieux .
Seroit-ce une matiere ou vapeur étherée ?
Est-ce le feu du Ciel surpris par Promethée ›
D'atomes un amas fortuit , ou medité?
Ou quelque écoulement de la Divinité ?
1. Vob D
Ah !
1118 MERCURE DE FRANCE
8
Ah ! c'est une substance en tout spirituelle , a
Toujours indivisible et partant immortelle.
Mais d'où vient trouve- t'on dans ce vaste Univers
Tant d'espris differens ? tant de talens divers a
En est - il des Esprits ainsi que des visages ?
Chaque Esprit a ses traits, ses dons, et ses usages ;
Tous les Esprits enfin que l'on trouve ici bas ,
Faits de la même main , ne se ressemblent pas
L'un éleve son vol vers la plaine azurée , N
L'autre vole plus bas d'une aîle mesurée
Chez Pun regne un bon sens, simple et sans or
nement ;
L'autre dans ses discours répand un sel charg
mant ;
De la naïveté l'un a le caractere
1:2
Et l'autre sçait railler d'une façon legere ;
L'un est grave , profond , savant , misterieux
L'autre toujours badin , aimable , ingenieux :
Je sens que je m'égare ; oui , plus je m'évertuë ,
Moins de ces dons divers la source m'est connuë,
Je raisonnois ainsi , quand je vis Apollon
Laissant les doctes Soeurs et le sacré vallon.
Ce Dieu vint me trouver , pour dissiper mon
doute ; I
Viens vers moi , me dit- il , et suis moi dans ma
route ,
Ecarte de tes yeux le bandeau qui te nuit ,
Et montant dans les Cieux , sois par toi - même
instruit ›
Apollon part alors , il prend un vol rapide;
I. Vel. Mor
JUIN. 1734. TII
Mon corp's devient leger, le Dieu me sert de guide,
Je franchis avec lui les espaces des airs
Et laisse sous mes pieds et la Terre et les Mers ;
Nous arrivons tous deux à la Celeste Sphere ,
Sejour des Immortels que l'Univers revere ;
Là , mille objets charmans frapent mes yeux surpris
,
De les representer que ne m'est- il permis
Sept Dieux s'offrent à moi , chacun d'eux
tient une Urne ,
Mars , Jupiter , Venus , et Mercure et Saturne
Et le brillant Phoebus , et Diane sa Soeur ,
Chaque Urne transparente enferme une liqueur,.
Et toutes ces liqueurs different en essence ;
L'une à l'amour et l'autre à la vengeance , porte
L'une nous rend subtils , l'autre tardifs , pesans
Jupiter nous départ ses nobles sentimens
Les Rayons de Phoebus rendent l'ame brillante
Et Diane produit une humeur inconstante .
Sur un trône est assis l'imperieux Destin ,
Il regle notre sort , et la Parque soudain
Plonge dans ces liqueurs de plus d'une maniere
Chaque ame qui du jour entre dans la carriere ;
Des celestes liqueurs , dotés differemment ,
Nous apportons ici divers temperamens ,
Diverses qualités et diverse nature ;
L'un est Saturnien , l'autre tient de Mercure ,
L'un a de Jupiter le vol ambitieux ,
I.Vol. Dij
Et
120 MERCURE DE FRANCE
Et l'autre de Veuus les talens gracieux ;
Souvent un même Esprit deux qualités rassemble,
On y trouve Mercure et Jupiter ensemble ;
Ici , c'est le Dieu Mars adouci par Venus;
Là,le triste Saturne animé par Phoebus.
Plus des saintes liqueurs nos ames furent teintés
Plus elles ont des Dieux les qualités empreintes ;
Comme de l'alphabet les foibles élemens
Dans leurs nombres bornez et vuiles de tout sens
Par des combinaisons et par des assemblages
Forment differens mots , diferentes images ,
Et peuvent exprimer par mille divers sons
Des Etres d'ici bas la nature et les noms ;
Ainsi de ces liqueurs la diverse teinture
Forme de nos talens l'aimable bigarrure ;
De- là naît des Esprits l'ample diversité ,
Du Destin seul dépend cette varieté ;
Il en donne la trempe ou forte , ou bien legere,
Et choisit des liqueurs pour chaque caractere ;
Ses mélanges enfin nuancés et parfaits ,
Sont toujours variés par cent differens traits ;
Des Esprits differens la source est découverte ,
Un autre dira mieux et la route est ouverte.
D ....... Vous lirez ces vers rimés pour vous
Et des tristes Censeurs vous parerez les coups ;
Aux Urnes accordez un gracieux suffrage
Ami, vous leur devez mille fois davantage,
Pierre Defrasnoy.
URNE'S ,
Ou la cause de la diversité des Esprits.
Au Reverend Pere d ...... Jefuite.
Q
>
Uel est ce feu Divin qui m'échauffe et m'éclaire
,
Qui dirige mes pas sur ce vaste hemisphere ,
Qui mesure du Ciel l'incroyable grandeur
Et sonde des Enfers l'affreuse profondeur !
Plus vite que éclair qui partage la nuë ,
Sur mille objets divers l'Esprit porte sa vûë >
Rien ne peut l'arrêter et jusque sur les Dieux
Il ose promener ses regards curieux .
Seroit-ce une matiere ou vapeur étherée ?
Est-ce le feu du Ciel surpris par Promethée ›
D'atomes un amas fortuit , ou medité?
Ou quelque écoulement de la Divinité ?
1. Vob D
Ah !
1118 MERCURE DE FRANCE
8
Ah ! c'est une substance en tout spirituelle , a
Toujours indivisible et partant immortelle.
Mais d'où vient trouve- t'on dans ce vaste Univers
Tant d'espris differens ? tant de talens divers a
En est - il des Esprits ainsi que des visages ?
Chaque Esprit a ses traits, ses dons, et ses usages ;
Tous les Esprits enfin que l'on trouve ici bas ,
Faits de la même main , ne se ressemblent pas
L'un éleve son vol vers la plaine azurée , N
L'autre vole plus bas d'une aîle mesurée
Chez Pun regne un bon sens, simple et sans or
nement ;
L'autre dans ses discours répand un sel charg
mant ;
De la naïveté l'un a le caractere
1:2
Et l'autre sçait railler d'une façon legere ;
L'un est grave , profond , savant , misterieux
L'autre toujours badin , aimable , ingenieux :
Je sens que je m'égare ; oui , plus je m'évertuë ,
Moins de ces dons divers la source m'est connuë,
Je raisonnois ainsi , quand je vis Apollon
Laissant les doctes Soeurs et le sacré vallon.
Ce Dieu vint me trouver , pour dissiper mon
doute ; I
Viens vers moi , me dit- il , et suis moi dans ma
route ,
Ecarte de tes yeux le bandeau qui te nuit ,
Et montant dans les Cieux , sois par toi - même
instruit ›
Apollon part alors , il prend un vol rapide;
I. Vel. Mor
JUIN. 1734. TII
Mon corp's devient leger, le Dieu me sert de guide,
Je franchis avec lui les espaces des airs
Et laisse sous mes pieds et la Terre et les Mers ;
Nous arrivons tous deux à la Celeste Sphere ,
Sejour des Immortels que l'Univers revere ;
Là , mille objets charmans frapent mes yeux surpris
,
De les representer que ne m'est- il permis
Sept Dieux s'offrent à moi , chacun d'eux
tient une Urne ,
Mars , Jupiter , Venus , et Mercure et Saturne
Et le brillant Phoebus , et Diane sa Soeur ,
Chaque Urne transparente enferme une liqueur,.
Et toutes ces liqueurs different en essence ;
L'une à l'amour et l'autre à la vengeance , porte
L'une nous rend subtils , l'autre tardifs , pesans
Jupiter nous départ ses nobles sentimens
Les Rayons de Phoebus rendent l'ame brillante
Et Diane produit une humeur inconstante .
Sur un trône est assis l'imperieux Destin ,
Il regle notre sort , et la Parque soudain
Plonge dans ces liqueurs de plus d'une maniere
Chaque ame qui du jour entre dans la carriere ;
Des celestes liqueurs , dotés differemment ,
Nous apportons ici divers temperamens ,
Diverses qualités et diverse nature ;
L'un est Saturnien , l'autre tient de Mercure ,
L'un a de Jupiter le vol ambitieux ,
I.Vol. Dij
Et
120 MERCURE DE FRANCE
Et l'autre de Veuus les talens gracieux ;
Souvent un même Esprit deux qualités rassemble,
On y trouve Mercure et Jupiter ensemble ;
Ici , c'est le Dieu Mars adouci par Venus;
Là,le triste Saturne animé par Phoebus.
Plus des saintes liqueurs nos ames furent teintés
Plus elles ont des Dieux les qualités empreintes ;
Comme de l'alphabet les foibles élemens
Dans leurs nombres bornez et vuiles de tout sens
Par des combinaisons et par des assemblages
Forment differens mots , diferentes images ,
Et peuvent exprimer par mille divers sons
Des Etres d'ici bas la nature et les noms ;
Ainsi de ces liqueurs la diverse teinture
Forme de nos talens l'aimable bigarrure ;
De- là naît des Esprits l'ample diversité ,
Du Destin seul dépend cette varieté ;
Il en donne la trempe ou forte , ou bien legere,
Et choisit des liqueurs pour chaque caractere ;
Ses mélanges enfin nuancés et parfaits ,
Sont toujours variés par cent differens traits ;
Des Esprits differens la source est découverte ,
Un autre dira mieux et la route est ouverte.
D ....... Vous lirez ces vers rimés pour vous
Et des tristes Censeurs vous parerez les coups ;
Aux Urnes accordez un gracieux suffrage
Ami, vous leur devez mille fois davantage,
Pierre Defrasnoy.
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Résumé : LES URNES, Ou la cause de la diversité des Esprits. Au Reverend Pere d...... Jesuite.
Le texte 'Les Urnes' examine la diversité des esprits humains. L'auteur compare les esprits à des visages uniques, chacun possédant des traits et des talents distincts. Il observe que certains esprits sont élevés et savants, tandis que d'autres sont badins et ingénieux. Apollon, le dieu, apparaît pour guider l'auteur et dissiper ses doutes. Ensemble, ils se rendent dans la sphère céleste où sept dieux — Mars, Jupiter, Vénus, Mercure, Saturne, Apollon et Diane — présentent chacun une urne contenant une liqueur différente. Ces liqueurs influencent les qualités et les tempéraments des âmes humaines. Le Destin et les Parques déterminent quelle liqueur chaque âme recevra, créant ainsi la diversité des esprits. Les âmes sont teintées par ces liqueurs, acquérant des qualités divines variées. L'auteur compare ce processus à la formation de mots à partir de lettres, soulignant que la diversité des esprits dépend du Destin, qui choisit et mélange les liqueurs pour chaque caractère.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 1278-1288
EXTRAIT du Memoire lû par M. de Reaumur à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences du 5 May 1734. sur les diférens degrez du froid qu'on peut produire en mêlant de la Glace avec diférens Sels ou avec d'autres matieres, soit solides, soit liquides.
Début :
On sçait qu'en mêlant de la glace pilée avec certains sels, tels que le [...]
Mots clefs :
Réaumur, Académie royale des sciences, Froid, Glace, Sels, Degrés, Salpêtre, Expériences, Esprit de vin, Poudre, Sel marin, Thermomètres, Degré, Liqueurs, Mémoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT du Memoire lû par M. de Reaumur à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences du 5 May 1734. sur les diférens degrez du froid qu'on peut produire en mêlant de la Glace avec diférens Sels ou avec d'autres matieres, soit solides, soit liquides.
EXTRAIT du Memoire lû par M. de
Reaumur à l'Assemblée publique de l'Académie
Royale des Sciences du 5 May
1734. sur les diférens degrez du froid
qu'on peut produire en mêlant de la Glace
avec diférens Sels ou avec d'autres matieres,
soit solides , soit liquides .
OP
N sçait qu'en mêlant de la glace
pilée avec certains sels , tels que le
Salpêtre et le Sel marin , ou le Sel de table
, on fait naître un plus grand degré
de froid que celui qu'avoit cette Glace ;
qu'au moyen du froid produit par ce mélange
on fait geler de l'eau dans les jours
les plus chauds . C'est même l'expédient
auquel nous devons ces liqueurs glacées
que nous prenons avec plaisir en Eté et
qui paroissent à présent en toutes Saisons
sur les tables somptueuses ; Mais or ne
sçait point encore assez quelle est l'efficacité
de chaque Sel mêlé avec la Glace pour
la production du froid. Quoiqu'on ait
fait beaucoup d'expériences sur la production
de ces froids , qu'on peut nom,
mer artificiels , on ne sçait point encore
de combien le froid qu'un Sel peut produire
est plus grand que celui qui peut
II Vol. être
JUIN. 1734: 1279
Etre produit par un autre Sel , et quelle
est la proportion la plus avantageuse dans
laquelle chaque Sel doit être combiné
avec la Glace. C'est aussi ce qui ne pouvoit
être déterminé avec une sorte de
précision , avant qu'on eut les Thermométres
dont M. de Réaumur a donné la
construction dans les Mémoires de l'Académie
de 1730. Il falloit que les dégrez
de chaud et de froid eussent été réduits à
certaines mesures fixes ; que les dégrez du
Thermométre qui les désignent ne fussent
pas pris arbitrairement comme ils le
sont dans les Thermométres ordinaires.
Dans ceux de M. de Réaumur , ces dégrez
sont des portions connues d'un volume
connu , d'un esprit de vin connu : aussi
plusieurs de ces Thermométres , placez à
côté les uns des autres , s'ils ont été bien
construits , marquent par un même nombre
de dégrez la température de l'air.
On a donc dans ces Thermomètres des
instrumens propres à déterminer les dégrez
du froid en mesures connuës . Les
premiers que M. de Réaumur avoit fait
construire étoient extrémement grands
et par consequent difficiles même à
manier. Il est parvenu à en faire faire
d'aussi petits qu'on les peut souhaiter
, et aussi exacts que les grands. Les
II. Vol. de1280
MERCURE DE FRANCE
dégrez des uns sont proportionnels à ceux
des autres . Les petits n'ont que huic à
dix pouces de hauteur , et moins si l'on
veut. Nous sommes encore obligez de
rapp ller ici qu'il y a sur ces Thermométres
deux suites de dégrez ou de divisions,
l'une qu'on peut appeller celle des dégrez
ascendans ou des dégrez de chaud , et
l'autre des dégrez descendans ou des dégrez
de froid ; le terme , la ligne qui sépare
ces deux suites est marquée par Zero.
Lorsque la liqueur du Thermométre e
à ce terme , elle n'a précisément que le
degré de f oid qui suffit pour geler l'eau
ou pour empêcher la Glace de se fondre.
Les dégrez qui sont au dessous de ce terme
expriment des d'grez de froid de plus
grand en plus grand que celui qui est
simplement capable de geler l'eau.
Le Salpêtre est un des Sels de l'efficacité
duquel on a le plus d'idée pour la
production du froid. C'est à un nitre ou
à un Salpêtre répandu dans l'air qu'on
attribue les plus grands froids : si la Glace
se forme au milieu de l'Eté dans quelques
cavernes souterraines, telles que la Grotte
de Besançon on veut que ce soit parce
que les terres des environs sont impregnées
de Salpêtre . Les expériences de
M. de Réaumur nous font beaucoup ra-7.
,
11 Vol. batJUIN
1734. 1 ·
1281
battre de cette idée qu'on s'étoit faite du
Salpêtre , elles, apprennent que le Salpêtre
bien pur, bien rafiné , étant mêlé avec
la Glace , ne peut faire naîtte qu'un dégré
de froid de trois dégrez et demi plus
grand que celui qui est capable de geler
T'eau.
Si on avoit eu besoin de produite un
grand degré de froid , on ne se seroit pas.
avisé apparemment de préférer le sucre
au Salpêtre ; on l'auroit dû pourtant , puisque
les expériences de M. de Reaumur apprennent
qu'avec du sucre et de la Glace
on fait naître un froid de 5 dégrez au - dessous
de la congellation. Ces expériences
doivent paroître curieuses; mais on auroit
été assez porté à croire qu'elles ne sont
que curieuses, M. de Reaumur à fait voir
qu'elles ont des utilitez qu'on n'en auroit
pas attendues. On a cherché et on a imaginé
bien des moyens et bien des machines
pour éprouver la force de la poudre
à canon , parce qu'il importe extrémement
de pouvoir s'assurer de la qualité des différentes
poudres. Ceux qui sont le plus
au fait de l'Artillerie sçavent cependant
que malgré tous les genres d'épreuves
qu'on a imaginés , il n'y en a pas encore
une bonne qui soit connues on n'a pas
pensé assurémentque la meilleure maniere
I I. Vol. B dé1232
MERCURE DE FRANCE
11
déprouver de la poudre à canon fur déprouver
le degré du froid qu'elle peut
faire naître : c'est pourtant ce qui résul
te très - clairement des expériences de
M. de Reaumur. Le Salpêtre fait la base
de cette poudre , elle est composée de
trois parties de Salpêtre , d'une demie
partie de charbon et d'une demie partie
de souffre , c'est sur tout par la qualité,
du Salpêtre qu'on peut craindre que la
poudre peche . L'opération de purifier ,
de rafiner le Salpêtre se réduit presque à
en séparer un Sel de la nature du Sel marin
où du Sel de table avec lequel il est
mêlé. Le Salpêtre est d'autant plus pur ,
plus parfait , qu'il contient moms de ce
Sel. Or les expériences de M. de Reaumur
lui ont appris que le Sel matin ou
que le Sel qui altére le Salpêtre mêlé avec
la Glace, est capable de produire un trèsgrand
froid , un froid qui surpasse de 15
degrez celui qui suffit pour geler l'eau¸
au lieu que leSalpêtre bien rafiné ne peut
produire qu'un froid de 3 degrez et demi
plus grand que celui de l'eau qui
commence à se geler. Delà il suit que
moins le Salpêtre sera rafiné et plus le
froid qu'il fera naître , étant mêlé avec de
la Glace , sera grand . La plus sûre , la
moins équivoque des épreuves du Salpê-
II. . Vol.
tre
JUIN. 1734 1283
que
tre est donc celle du froid qu'il peut produire
. M. de Reaumur a trouvé qu'il y
a du Salpêtre de la premiere cuite qui fait
naître jusqu'à 11 degrez de froid. Enfin
que d'autre Salpêtre n'en fait naître
9. 8.7. degrez plus ou moins selon qu'il
a été rafiné. On voit bien que l'essai doit
réüssir de même pour la poudre à canon,
sur tout lorsqu'on sçait que le charbon
pilé et le souffre n'augmentent point le
froid de la Glace. Afin pourtant qu'il ne
restât aucun doute sur le succès de cette
épreuve , M. de Reaumur a fait faire de
la poudre à canon avec du Salpêtre bien
rafiné ; mêlé avec la Glace elle a produit
3 degrez et demi de froid ; il a fait faire
d'autres poudres avec d'autres Salpêtres
qui ont donné 7. 8. ou 10. degrez de
froid selon la qualité de Salpêtre qui
étoit entré dans leur composition.
Nous ne sçaurions suivre le détail des
expériences que M. de Reaumur a faites
sur toutes les diférentes especes des Sels ,
mais nous ne pouvons nous dispenser de
dire quelque chose de celles sur les diférens
Sels fixes ou alcalis et sur les cendres
qui fournissent ces Sels , parce que les
resultats de ses expériences peuvent être
utiles à tous ceux qui font des liqueurs
glacées dans les Pays où le Sel marin jest
Bip rare II Vol.
1284 MERCURE DE FRANCE
rare ou cher , et à ceux qui sont obligez
de conserver leurs Glaces pendant des
demie journées. Le Sel de Soude , les diférentes
Soudes elles mêmes , les potasses,
les cendres gravelées , le Tartre , en un
mot , tous les Sels alcalis ou les cendres
chargées de ces Sels sont capables de produire
au moins un aussi grand degré de
froid que le Salpêtre bien rafiné : quel
ques- unes mêmes de ces matieres produisent
de très- grands froids et même
superieurs à celui que le Sel marin peut
produire. La cendre ordinaire , celle qu'on
trouve dans toute cheminée où on a brûlé
du bois neufsuffit pour faire des Glaces
ou liqueurs glacées ; on ne sçauroit désirer
une matiere à meilleur marché ; il est
vrai pourtant qu'avec cette cendre on ne
fera pas des Glaces aussi promptement à
beaucoup près , qu'on les fait avec le Sel
marin , qu'on sera obligé d'y employer
plus de deux heures , mais cet inconvé
nient , qui n'en est un que lorsqu'on est
pressé par le tems , est compensé par un
avantage , c'est que la cendre conserve
bien plus long-tems les Glaces qu'elle a
faites que le Sel marin ne conserve celles
qu'il a produites plus vîte ; c'est de quoi
les raisons sont expliquées dans le Mémoire.
La longueur d'un Extrait ne nous
II. Vol
perJUIN.
1734. 1285
permet pas de parler de toutes les diférentes
matieres qui augmentent le froid
de la Glace avec laquelle on les mêle ; il
y en a pourtant que nous ne pouvons
nous résoudre à passer entierement sous
silence . Il est bien singulier que la chaux
qui s'échauffe si considérablement lorsqu'elle
est humectée par l'eau , augmente
le froid de la Glace avec laquelle on l'a
mêlée. Les Physiciens sçavoient déja que
l'esprit de vin , qui est une liqueur si
inflamable , qui est tout feu
versé sur
la Glace augmente son froid ; mais M. de
Reaumur a trouvé qu'avec la Glace l'Esprit
de vin versé dessus en certaines circonstances
, on peut faire naître un froid
excessif.
›
→
Il a cherché aussi à mesurer les degrez
des froids qu'on peut faire naître au
moyen des plus violens esprits acides
comme l'esprit de nitre et l'esprit de Sel :
Ils peuvent produire des froids prodigieux
: Celui que nous avons ressenti à
Paris dans le mémorable hyver de 1709.
n'eut fait descendre la liqueur du Thermométre
qu'un peu au - dessous de 14
degrez , et avec ces esprits et par d'autres
moyens indiquez , M. de Reaumur en
produit des froids capables de faire descendre
la liqueur à 25 ou à 26 degrez .
- II. Vol.
B iij
Si
1286 MERCURE DE FRANCE
Si on affablit de l'Esprit de vin de la
qualité de celui du Thermométre , si on
mêle trois parties de cet Esprit de vin
avec deux parties d'eau cet Esprit de
vin affoibli est encore plus fort que les
meilleures eaux de vie , il ne sçauroit cependant
conserver sa liquidité contre un
froid de 24 degrez , il se géle sur le
champ.
,
>
Les liqueurs inflamables et les liqueurs
qui sont chargées de beaucoup de Sel
sont celles qui se gélent le plus dificilement
; mais M. de Reaumur a fait observer
dans son Memoire, que la nature sçait
composer des liqueurs qui nous semblent
purement aqueuses , qui ne sont point
inflamables qui ne nous paroissent
pas chargées de Sels et qui cependant
sont capables de soutenir de très grands
froids sans perdre leur liquidité : Ce sont
celles qui circulent dans les corps des
insectes de tant d'especes differentes.
M. de Reaumur a fait quantité d'essais
pour connoître les degrez de froid qui
peuvent faire périr les insectes de diverses
especes qui peuvent geler leur sang.Si
les degrez de froid de certains Hyvers
sont supérieurs à ceux que certains insec
tes peuvent soutenir, et qu'ils sont exposez
à soutenir , nous pourrons alors pré-
II. Vol. dire
JUIN. 17345 1287
dire que ces Insectes ne nous incommoderont
pas dans le reste de l'année ; c'est
un détail curieux dont il a reservé la plus
grande partie pour l'Histoire des Insectes.
Il ne parle ici que de quelques especes
de Chenilles , il en a trouvé des especes
qu'un froid de huit degrez fait perir 13
mais malheureusement il y en a une espece
, la plus commune de toutes , et
qu'il a aussi nommée la commune , parce
que le nombre de ses individus surpasse
dans le Royaume en certaines années le
nombre des individus qui fournissent
ensemble plusieurs milliers d'autres especes
; c'est cette espéce dont on voit
des nichées sur les arbres lorsqu'ils ont
perdu leurs feuilles. Ces Chenilles sont
malheureusement constituées de façon
que nous ne pouvons pas esperer qu'aucun
froid nous en délivre ; quoique jeunes et
petites , elles ont soutenu un froid de 18
degrez sans que leur sang se soit gelé et
sans qu'elles ayent péri , c'est - à- dire , un
froid au moins plus grand de quatre degrez
que celui que nous avons eu en
1709.
le
Il n'est pas sûr même qu'un froid de
huit degrez nous délivre de celles dont
sang peut être gelé par ce froid. La nature
a appris à celles qui ne sont pas en
11. Vol.
Biiij état
1288 MERCURE DE FRANCE
état de soutenir les plus grands froids de
s'enfoncer en terre ; quelques-unes y entrent
dès le Printems , d'autres y entrent
en Eté elles s'y métamorphosent en
Crysalides . Sous cette derniere forme elles
restent pendant tout Hyver cachées en
terre,d'où ces Insectes sortent auPrinters
sous la forme de Papillons.
Quand nous étendrions , encore plus
loin cet Extrait, il faudroit toujours nous
résoudre à ne rien dire d'une partie des
faits curieux et utiles dont le Memoire
est rempli dès que nous ne donnerions
pas le Memoire en entier.
*
Reaumur à l'Assemblée publique de l'Académie
Royale des Sciences du 5 May
1734. sur les diférens degrez du froid
qu'on peut produire en mêlant de la Glace
avec diférens Sels ou avec d'autres matieres,
soit solides , soit liquides .
OP
N sçait qu'en mêlant de la glace
pilée avec certains sels , tels que le
Salpêtre et le Sel marin , ou le Sel de table
, on fait naître un plus grand degré
de froid que celui qu'avoit cette Glace ;
qu'au moyen du froid produit par ce mélange
on fait geler de l'eau dans les jours
les plus chauds . C'est même l'expédient
auquel nous devons ces liqueurs glacées
que nous prenons avec plaisir en Eté et
qui paroissent à présent en toutes Saisons
sur les tables somptueuses ; Mais or ne
sçait point encore assez quelle est l'efficacité
de chaque Sel mêlé avec la Glace pour
la production du froid. Quoiqu'on ait
fait beaucoup d'expériences sur la production
de ces froids , qu'on peut nom,
mer artificiels , on ne sçait point encore
de combien le froid qu'un Sel peut produire
est plus grand que celui qui peut
II Vol. être
JUIN. 1734: 1279
Etre produit par un autre Sel , et quelle
est la proportion la plus avantageuse dans
laquelle chaque Sel doit être combiné
avec la Glace. C'est aussi ce qui ne pouvoit
être déterminé avec une sorte de
précision , avant qu'on eut les Thermométres
dont M. de Réaumur a donné la
construction dans les Mémoires de l'Académie
de 1730. Il falloit que les dégrez
de chaud et de froid eussent été réduits à
certaines mesures fixes ; que les dégrez du
Thermométre qui les désignent ne fussent
pas pris arbitrairement comme ils le
sont dans les Thermométres ordinaires.
Dans ceux de M. de Réaumur , ces dégrez
sont des portions connues d'un volume
connu , d'un esprit de vin connu : aussi
plusieurs de ces Thermométres , placez à
côté les uns des autres , s'ils ont été bien
construits , marquent par un même nombre
de dégrez la température de l'air.
On a donc dans ces Thermomètres des
instrumens propres à déterminer les dégrez
du froid en mesures connuës . Les
premiers que M. de Réaumur avoit fait
construire étoient extrémement grands
et par consequent difficiles même à
manier. Il est parvenu à en faire faire
d'aussi petits qu'on les peut souhaiter
, et aussi exacts que les grands. Les
II. Vol. de1280
MERCURE DE FRANCE
dégrez des uns sont proportionnels à ceux
des autres . Les petits n'ont que huic à
dix pouces de hauteur , et moins si l'on
veut. Nous sommes encore obligez de
rapp ller ici qu'il y a sur ces Thermométres
deux suites de dégrez ou de divisions,
l'une qu'on peut appeller celle des dégrez
ascendans ou des dégrez de chaud , et
l'autre des dégrez descendans ou des dégrez
de froid ; le terme , la ligne qui sépare
ces deux suites est marquée par Zero.
Lorsque la liqueur du Thermométre e
à ce terme , elle n'a précisément que le
degré de f oid qui suffit pour geler l'eau
ou pour empêcher la Glace de se fondre.
Les dégrez qui sont au dessous de ce terme
expriment des d'grez de froid de plus
grand en plus grand que celui qui est
simplement capable de geler l'eau.
Le Salpêtre est un des Sels de l'efficacité
duquel on a le plus d'idée pour la
production du froid. C'est à un nitre ou
à un Salpêtre répandu dans l'air qu'on
attribue les plus grands froids : si la Glace
se forme au milieu de l'Eté dans quelques
cavernes souterraines, telles que la Grotte
de Besançon on veut que ce soit parce
que les terres des environs sont impregnées
de Salpêtre . Les expériences de
M. de Réaumur nous font beaucoup ra-7.
,
11 Vol. batJUIN
1734. 1 ·
1281
battre de cette idée qu'on s'étoit faite du
Salpêtre , elles, apprennent que le Salpêtre
bien pur, bien rafiné , étant mêlé avec
la Glace , ne peut faire naîtte qu'un dégré
de froid de trois dégrez et demi plus
grand que celui qui est capable de geler
T'eau.
Si on avoit eu besoin de produite un
grand degré de froid , on ne se seroit pas.
avisé apparemment de préférer le sucre
au Salpêtre ; on l'auroit dû pourtant , puisque
les expériences de M. de Reaumur apprennent
qu'avec du sucre et de la Glace
on fait naître un froid de 5 dégrez au - dessous
de la congellation. Ces expériences
doivent paroître curieuses; mais on auroit
été assez porté à croire qu'elles ne sont
que curieuses, M. de Reaumur à fait voir
qu'elles ont des utilitez qu'on n'en auroit
pas attendues. On a cherché et on a imaginé
bien des moyens et bien des machines
pour éprouver la force de la poudre
à canon , parce qu'il importe extrémement
de pouvoir s'assurer de la qualité des différentes
poudres. Ceux qui sont le plus
au fait de l'Artillerie sçavent cependant
que malgré tous les genres d'épreuves
qu'on a imaginés , il n'y en a pas encore
une bonne qui soit connues on n'a pas
pensé assurémentque la meilleure maniere
I I. Vol. B dé1232
MERCURE DE FRANCE
11
déprouver de la poudre à canon fur déprouver
le degré du froid qu'elle peut
faire naître : c'est pourtant ce qui résul
te très - clairement des expériences de
M. de Reaumur. Le Salpêtre fait la base
de cette poudre , elle est composée de
trois parties de Salpêtre , d'une demie
partie de charbon et d'une demie partie
de souffre , c'est sur tout par la qualité,
du Salpêtre qu'on peut craindre que la
poudre peche . L'opération de purifier ,
de rafiner le Salpêtre se réduit presque à
en séparer un Sel de la nature du Sel marin
où du Sel de table avec lequel il est
mêlé. Le Salpêtre est d'autant plus pur ,
plus parfait , qu'il contient moms de ce
Sel. Or les expériences de M. de Reaumur
lui ont appris que le Sel matin ou
que le Sel qui altére le Salpêtre mêlé avec
la Glace, est capable de produire un trèsgrand
froid , un froid qui surpasse de 15
degrez celui qui suffit pour geler l'eau¸
au lieu que leSalpêtre bien rafiné ne peut
produire qu'un froid de 3 degrez et demi
plus grand que celui de l'eau qui
commence à se geler. Delà il suit que
moins le Salpêtre sera rafiné et plus le
froid qu'il fera naître , étant mêlé avec de
la Glace , sera grand . La plus sûre , la
moins équivoque des épreuves du Salpê-
II. . Vol.
tre
JUIN. 1734 1283
que
tre est donc celle du froid qu'il peut produire
. M. de Reaumur a trouvé qu'il y
a du Salpêtre de la premiere cuite qui fait
naître jusqu'à 11 degrez de froid. Enfin
que d'autre Salpêtre n'en fait naître
9. 8.7. degrez plus ou moins selon qu'il
a été rafiné. On voit bien que l'essai doit
réüssir de même pour la poudre à canon,
sur tout lorsqu'on sçait que le charbon
pilé et le souffre n'augmentent point le
froid de la Glace. Afin pourtant qu'il ne
restât aucun doute sur le succès de cette
épreuve , M. de Reaumur a fait faire de
la poudre à canon avec du Salpêtre bien
rafiné ; mêlé avec la Glace elle a produit
3 degrez et demi de froid ; il a fait faire
d'autres poudres avec d'autres Salpêtres
qui ont donné 7. 8. ou 10. degrez de
froid selon la qualité de Salpêtre qui
étoit entré dans leur composition.
Nous ne sçaurions suivre le détail des
expériences que M. de Reaumur a faites
sur toutes les diférentes especes des Sels ,
mais nous ne pouvons nous dispenser de
dire quelque chose de celles sur les diférens
Sels fixes ou alcalis et sur les cendres
qui fournissent ces Sels , parce que les
resultats de ses expériences peuvent être
utiles à tous ceux qui font des liqueurs
glacées dans les Pays où le Sel marin jest
Bip rare II Vol.
1284 MERCURE DE FRANCE
rare ou cher , et à ceux qui sont obligez
de conserver leurs Glaces pendant des
demie journées. Le Sel de Soude , les diférentes
Soudes elles mêmes , les potasses,
les cendres gravelées , le Tartre , en un
mot , tous les Sels alcalis ou les cendres
chargées de ces Sels sont capables de produire
au moins un aussi grand degré de
froid que le Salpêtre bien rafiné : quel
ques- unes mêmes de ces matieres produisent
de très- grands froids et même
superieurs à celui que le Sel marin peut
produire. La cendre ordinaire , celle qu'on
trouve dans toute cheminée où on a brûlé
du bois neufsuffit pour faire des Glaces
ou liqueurs glacées ; on ne sçauroit désirer
une matiere à meilleur marché ; il est
vrai pourtant qu'avec cette cendre on ne
fera pas des Glaces aussi promptement à
beaucoup près , qu'on les fait avec le Sel
marin , qu'on sera obligé d'y employer
plus de deux heures , mais cet inconvé
nient , qui n'en est un que lorsqu'on est
pressé par le tems , est compensé par un
avantage , c'est que la cendre conserve
bien plus long-tems les Glaces qu'elle a
faites que le Sel marin ne conserve celles
qu'il a produites plus vîte ; c'est de quoi
les raisons sont expliquées dans le Mémoire.
La longueur d'un Extrait ne nous
II. Vol
perJUIN.
1734. 1285
permet pas de parler de toutes les diférentes
matieres qui augmentent le froid
de la Glace avec laquelle on les mêle ; il
y en a pourtant que nous ne pouvons
nous résoudre à passer entierement sous
silence . Il est bien singulier que la chaux
qui s'échauffe si considérablement lorsqu'elle
est humectée par l'eau , augmente
le froid de la Glace avec laquelle on l'a
mêlée. Les Physiciens sçavoient déja que
l'esprit de vin , qui est une liqueur si
inflamable , qui est tout feu
versé sur
la Glace augmente son froid ; mais M. de
Reaumur a trouvé qu'avec la Glace l'Esprit
de vin versé dessus en certaines circonstances
, on peut faire naître un froid
excessif.
›
→
Il a cherché aussi à mesurer les degrez
des froids qu'on peut faire naître au
moyen des plus violens esprits acides
comme l'esprit de nitre et l'esprit de Sel :
Ils peuvent produire des froids prodigieux
: Celui que nous avons ressenti à
Paris dans le mémorable hyver de 1709.
n'eut fait descendre la liqueur du Thermométre
qu'un peu au - dessous de 14
degrez , et avec ces esprits et par d'autres
moyens indiquez , M. de Reaumur en
produit des froids capables de faire descendre
la liqueur à 25 ou à 26 degrez .
- II. Vol.
B iij
Si
1286 MERCURE DE FRANCE
Si on affablit de l'Esprit de vin de la
qualité de celui du Thermométre , si on
mêle trois parties de cet Esprit de vin
avec deux parties d'eau cet Esprit de
vin affoibli est encore plus fort que les
meilleures eaux de vie , il ne sçauroit cependant
conserver sa liquidité contre un
froid de 24 degrez , il se géle sur le
champ.
,
>
Les liqueurs inflamables et les liqueurs
qui sont chargées de beaucoup de Sel
sont celles qui se gélent le plus dificilement
; mais M. de Reaumur a fait observer
dans son Memoire, que la nature sçait
composer des liqueurs qui nous semblent
purement aqueuses , qui ne sont point
inflamables qui ne nous paroissent
pas chargées de Sels et qui cependant
sont capables de soutenir de très grands
froids sans perdre leur liquidité : Ce sont
celles qui circulent dans les corps des
insectes de tant d'especes differentes.
M. de Reaumur a fait quantité d'essais
pour connoître les degrez de froid qui
peuvent faire périr les insectes de diverses
especes qui peuvent geler leur sang.Si
les degrez de froid de certains Hyvers
sont supérieurs à ceux que certains insec
tes peuvent soutenir, et qu'ils sont exposez
à soutenir , nous pourrons alors pré-
II. Vol. dire
JUIN. 17345 1287
dire que ces Insectes ne nous incommoderont
pas dans le reste de l'année ; c'est
un détail curieux dont il a reservé la plus
grande partie pour l'Histoire des Insectes.
Il ne parle ici que de quelques especes
de Chenilles , il en a trouvé des especes
qu'un froid de huit degrez fait perir 13
mais malheureusement il y en a une espece
, la plus commune de toutes , et
qu'il a aussi nommée la commune , parce
que le nombre de ses individus surpasse
dans le Royaume en certaines années le
nombre des individus qui fournissent
ensemble plusieurs milliers d'autres especes
; c'est cette espéce dont on voit
des nichées sur les arbres lorsqu'ils ont
perdu leurs feuilles. Ces Chenilles sont
malheureusement constituées de façon
que nous ne pouvons pas esperer qu'aucun
froid nous en délivre ; quoique jeunes et
petites , elles ont soutenu un froid de 18
degrez sans que leur sang se soit gelé et
sans qu'elles ayent péri , c'est - à- dire , un
froid au moins plus grand de quatre degrez
que celui que nous avons eu en
1709.
le
Il n'est pas sûr même qu'un froid de
huit degrez nous délivre de celles dont
sang peut être gelé par ce froid. La nature
a appris à celles qui ne sont pas en
11. Vol.
Biiij état
1288 MERCURE DE FRANCE
état de soutenir les plus grands froids de
s'enfoncer en terre ; quelques-unes y entrent
dès le Printems , d'autres y entrent
en Eté elles s'y métamorphosent en
Crysalides . Sous cette derniere forme elles
restent pendant tout Hyver cachées en
terre,d'où ces Insectes sortent auPrinters
sous la forme de Papillons.
Quand nous étendrions , encore plus
loin cet Extrait, il faudroit toujours nous
résoudre à ne rien dire d'une partie des
faits curieux et utiles dont le Memoire
est rempli dès que nous ne donnerions
pas le Memoire en entier.
*
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Résumé : EXTRAIT du Memoire lû par M. de Reaumur à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences du 5 May 1734. sur les diférens degrez du froid qu'on peut produire en mêlant de la Glace avec diférens Sels ou avec d'autres matieres, soit solides, soit liquides.
Le mémoire de M. de Réaumur, présenté à l'Académie Royale des Sciences le 5 mai 1734, examine les différents degrés de froid obtenus en combinant de la glace avec divers sels ou matières. Il est établi que des sels comme le salpêtre, le sel marin ou le sel de table augmentent le froid de la glace, permettant de geler de l'eau même par temps chaud. Cependant, l'efficacité de chaque sel pour produire du froid reste mal connue malgré de nombreuses expériences. Réaumur met en avant l'importance des thermomètres pour mesurer précisément ces degrés de froid. Il a développé des thermomètres plus petits et précis, permettant de comparer les degrés de froid produits par différents mélanges. Le salpêtre, souvent associé à des froids intenses, ne produit qu'un degré de froid de 3,5 degrés au-dessus de la congélation de l'eau lorsqu'il est pur. En revanche, le sucre mélangé à la glace produit un froid de 5 degrés en dessous de la congélation. Les expériences de Réaumur montrent également que la qualité du salpêtre, utilisé dans la poudre à canon, peut être évaluée par le degré de froid qu'il produit. Un salpêtre impur produit un froid plus intense qu'un salpêtre raffiné. D'autres sels, comme la soude, la potasse, et les cendres, peuvent également produire des froids intenses, parfois supérieurs à ceux du sel marin. Réaumur a également étudié les effets du froid sur divers liquides et insectes. Il a observé que certaines liqueurs, comme l'esprit de vin, augmentent le froid de la glace lorsqu'elles sont mélangées. Il a également mesuré les degrés de froid capables de geler le sang des insectes, notant que certaines chenilles peuvent résister à des froids extrêmes.
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9
p. 147-163
« EXPERIENCES Physico-méchaniques de M. Hauksbée, traduites par feu M. de [...] »
Début :
EXPERIENCES Physico-méchaniques de M. Hauksbée, traduites par feu M. de [...]
Mots clefs :
Francis Hauksbee, Expériences, Remarques, Physiciens, Phénomènes, Observations, Liqueurs, Nicolas Desmarest
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « EXPERIENCES Physico-méchaniques de M. Hauksbée, traduites par feu M. de [...] »
EXPERIENCES Phyfico -mécaniques
de M. Hauksbée , traduites par feu M. de
Brémond , revûes & mifes au jour , avec
des remarques ; par M. Defmareft . A Paris
, chez la veuve Cavelier & fils , rue
Gij
148 MERCURE DE FRANCE
Saint Jacques , au Lys d'or.
Nous nous occuperons dans cet extrait
de la maniere dont les deux volumes de ces
expériences font exécutés. M. Defmareſt a
porté fon attention fur deux objets importans
la distribution méthodique des matieres
, & les remarques.
1 °. Comme M. Hauksbée , en compofant
fon recueil , ne s'étoit point aftreint à un
certain arrangement dépendant des matieres
, on s'eft appliqué à donner aux détails
des faits une forme plus méthodique.
Dans ces vûes on a raffemblé fous différentes
claffes générales , qui forment autant
de chapitres , les expériences qui concernent
un même fujet , comme la pefanteur
, l'air , l'électricité , les tubes capillaires
, &c. & l'on a diftingué par articles
chaque expérience particuliere . Par cette
difpofition , des détails , auparavant iſolés ,
font rapprochés heureufement & fe placent
en bon ordré dans l'efprit du lecteur.
2º. L'Editeur n'a pas borné fon attention
à ce feul objet. Les expériences de M.
Hauksbée ont été faites il y a près de
quarante ans. Depuis ce tems la Phyfique
expérimentale a acquis des connoiffances ,
ou plus fûres ou plus étendues . M. Defmareft
a rapproché les faits poftérieurs du récit
de M. Haaksbée , foit qu'ils ferviſſent
DECEMBRE 1754. 149
à le confirmer ( ce qui arrive le plus fouvent)
, foit qu'ils tendiffent à le détruire. Il
a même recueilli dans certaines remarques
l'hiftoire de ce qui a été écrit fur un même
fujet; & ces fortes d'hiftoires , outre
qu'elles plaifent naturellement, parce qu'el
les préfentent les différens efforts de l'efprit
humain , inftruiſent auffi par les vûes
qu'elles fourniffent.
" On ne fçauroit trop , dir M. Defmareft
, engager ceux qui veulent faire
quelque progrès dans la Phyfique , à com-
»parer les connoiffances tranfmifes par les
fçavans qui nous ont précédé , avec les
» recherches des Phyficiens de notre tems ,
» on apprécie par là le mérite des uns &
» des autres. C'eft aufli un moyen pour s'a-
» vancer à de nouvelles découvertes , que
de confiderer, comme le premier pas que
nous ayons à faire , celui où les grands
hommes qui nous ont précédé , ont terminé
leur courfe & leurs travaux. La
continuité de nos efforts joints avec les
leurs , forme cette union & cet accord
» qui doit regner entre les fçavans de tous
» les fiécles & de tous les pays , pour éten-
» dre les limites de nos connoiffances.
où
Telles font les raifons qui ont déterminé
M. Defmareft à donner des remarques ,
il combine les efforts des anciens avec ceux
Giij
150 MERCURE DE FRANCE.
dés obfervateurs de notre tems. Il a fuivi
auffi ce plan dans les deux dernieres fections
de fon difcours préliminaire , qui
comprend un extrait raisonné des deux volumes.
Nous l'allons fuivre dans le compte
que nous nous propofors de rendre du
recueil.
On voit à la tête de l'ouvrage , des
éclairciffemens de l'Editeur fur les thermométres
de M. Hauksbée , & lá defcription
de la machine pneumatique du Phy
ficien Anglois. On y a joint un précis hiftorique
des différentes réformes que cette
machine a éprouvées depuis Otto de Guericke
jufqu'à préfent.
Le chapitre premier a pour objet la pefanteur
des corps . M. Hauksbée examine
d'abord par quelle force les molecules des
corps folides , quoique d'une pefanteur
fpécifiquement plus confidérable que les
liqueurs qui les décompofent , y font fontenues
& y nâgent. Il combat les Phyficiens
qui avoient cru trouver le dénouement de
cette fufpenfion dans l'augmentation des
furfaces qu'acquierent les corpufcules diffous.
M. Defmareft difcute les vûes que
différens Phyficiens ont propofées fur cette
fingulariré hydroftatique , & rapporte ce
phénomène à la même caufe qui éleve les
liqueurs dans les tubes capillaires . Le fe
DECEMBRE . 1754. 151
cond article de ce chapitre préfente les
procédés & les réfultats des expériences
-faires pour déterminer les pefanteurs fpécifiques
de l'or , de l'argent , du cuivre ,
du plomb & du fer , & leur proportion
avec un égal volume d'eau : Î'Editeur expofe
les principes d'hydroftatique fur lefquels
font fondées ces déterminations. Les
deux articles fuivans offrent des obfervations
, par lesquelles M. Hauksbée évalue
la quantité de la réſiſtance que l'air oppofe
aux corps qui s'y meuvent , foit dans
leur chute , foit dans leur réflexion. On
trouve dans les remarques quelques principes
de la théorie de la réſiſtance des fluides
, & des méthodes pour l'évaluer à cháque
inftant de la chûte.
Dans le chapitre fuivant , on a renfermé
les obfervations fur l'air. Il eft queftion
d'abord d'une expérience , par laquelle
on s'affure de la quantité d'air produite
par une certaine dofe de poudre à canon ;
enfuite on voit un procédé très -fimple
pour déterminer le rapport du poids de
l'eau avec celui d'un pareil volume d'air .
que l'on dit être celui d'un à huit cens.
M. Hauksbée , en examinant & rappellant
à des réfultats précis les phénomenes
des hémispheres de Magdebourg , affure
tque ces effets à la preffion de l'atmoſphe-
Gi
152 MERCURE DE FRANCE.
re. Il combat autant les partifans actuels
de la matiere fubtile que les raifonnemens
antiques de ceux qui de fon tems foutenoient
encore le lien funiculaire des parties
erochues de l'air . C'étoit de ces imaginations
futiles , enfantées plutôt par le befoin
d'expliquer que par la conviction de l'expérience.
L'article quatrieme contient le détail
curieux d'une expérience intéreffante fur
la dilatation & la condenfation de l'air
comparées avec celles de l'efprit de vin.
Par ce procédé , M. H. a reconnu que l'expanfion
de l'air , depuis le terme de la glace
jufqu'au plus grand dégré de la chaleur
de l'été dans le climat d'Angleterre , eft
dans le rapport de fix à fept , & depuis le
plus grand froid jufqu'au plus grand chaud
du même climat , dans le rapport de Lept à
huit. M. D. rapproche de cet effai curieux
les expériences relatives de MM . Amontons
, Bernoulli , Muffchenbroeck , & les
autres obfervations de ce chapitre , concernent
le reffort de l'air , la maniere dont
certaines vapeurs rendent ce fluide funefte
& peu propre à la refpiration , le méchanifme
par lequel les courans rapides , l'air
dans les ouragans , ébranlent le mercure
des barometres & affectent l'économie animale
. Toutes ces expériences font appré
DECEMBRE. 1754 153
ciées dans les notes & dans le difcours
préliminaire. Le dernier article contient
le détail d'une expérience importante fur
la réfraction des rayons de lumiere , en paffant
obliquement de l'air ordinaire dans le
vuide de la machine pneumatique. M. Def
mareft a recueilli toutes les circonftances.
qui ont rendu cette expérience fameuſe ,
& les conféquences intéreffantes qu'on en
a tirées par rapport aux réfractions aftronomiques.
Le troisieme chapitre renferme en XVIII
articles les expériences de M. H. fur la lumiere
électrique. Il eſt le premier qui ait
examiné avec attention , & d'une maniere
fuivie , ces phénomenes. Dans tout ce travail
, qui prouve un Phyficien auffi infati
gable que plein de fagacité , il développe
les effets de la lumiere électrique par rap
port aux différens corps qui en font fuf
ceptibles , tels que la laine , l'ambre , fes
matieres graffes & réfineufes , & enfin le
perre. Je dis le verre , car c'est à M. Haukfbée
que nous fommes redevables de la
premiere application des globes , des cylin
dres & des tubes de verre aux expériences
électriques. Avant lui le verre étoit relé
gué parmi les corps dont la vertu électrique
étoit peu confidérable. Il faut voir
dans l'ouvrage même la maniere dont M,
G.v
154 MERCURE DE FRANCE.
Hauksbée diverfifie les appareils des expériences
afin de varier les phénomenes.
La lumiere électrique entre les mains du
Phyficien Anglois , produit des ramifications
, des jets variés ; elle augmente même
au point de devenir un feu réel , & de
s'annoncer par des pétillemens marqués ,
des étincelles brûlantes & phofphoriques.
Nous paffons au chapitre fuivant , où l'on
trouve les expériences qui concernent particulierement
l'électricité. On voit en parcourant
les articles de ce chapitre , que M.
Hauksbée a apperçu les attractions & les répulfions
des effluvia , leur plus grande force
dans certains tems favorables , & lorfque le
tube étoit plein d'air ou échauffé : il a remarqué
quels étoient les corps qui admettoient
les émanations électriques & ceux qui les
interceptoient ; que deux corps inabibés du
même fluide , fe fuyoient ; que les corps
qui flottoient dans l'atmofphere du tube
échauffé , en abandonnoient le tourbillon
pour s'attacher alternativement aux corps
extérieurs & y rentrer ; qu'enfin les couches
de l'atmoſphere que les corps flottans occupoient
, étoient d'autant plus éloignées
du corps électrique qui en étoit le centre ,
que ce corps avoit un dégré de l'électricité
plus marqué. Il s'eft affuré par des fils , que
les émanations électriques formoient des
DECEMBRE. 1754. 155
rayons divergens en fortant des globes &
des cylindres, & des rayons convergens dans
leur affluence ; enfin il a vu que les corps
réfineux , par la chaleur de la fufion ,
contractoient une vertu attractive trèsconfidérable
: il a obfervé les variétés
que le vuide apportoit aux effets des globes
& des tubes ; la permanence de l'électricité
dans les corps frottés , le bruiffement
, les piquures fenfibles , la fluctuation
des effluvia , & c. Toutes ces vérités
établies folidement , & tant d'autres chofes
qu'il a entrevûes , doivent être confidérées
comme lui étant propres , & comme des découvertes
qui font par rapport à lui des vûes
neuves & non des répétitions monotones
d'obfervations faites avant lui , ou des imitations
ferviles de procédés mis en ufage.
Il fuffit de jetter un coup d'oeil fur l'état
où étoit alors cette partie de la Phyfique ,
pour fentir jufqu'où la fagacité angloife a
conduit notre Phyficien , & le peu de fecours
qu'il a tiré des Phyficiens qui l'ont
précédé dans la carriere .
M. Dufay , dans fon travail fur l'électricité
, s'étoit attaché à répéter les expériences
de M. Hauksbée , pour fe mettre ,
comme il le déclare , fur la voye. Tous les
éclairciffemens que l'Editeur a pu trouver
dans les mémoires de l'Académicien Fran-
Gvj
156 MERCURE DE FRANCE.
çois , font partie des Commentaires qu'il a
joints au texte , & ces éclairciffemens ont
un nouveau mérite d'être rapprochés des
détails de M. Hauksbée . M. Defmareft n'a
pas négligé de faire ufage des lumieres
que les Phyficiens Anglois , Allemands &
François ont répandues de nos jours fur
les queſtions qu'il s'eft propofé de traiter.
Le dernier chapitre du premier volume
renferme différentes expériences fur les
variétés de la lumiere des phofphores dans
le plein & dans le vuide. Nous ne nous
arrêterons pas fur ces questions , quelque
intéreffantes qu'elles foient.
Nous obferverons feulement avec M.
Defmareft , que les fyftêmes de certains
Cartéfiens , qui pour expliquer la lumiere
des barometres faifoient choquer le fecond
élément de Deſcartes contre le premier
dans les vibrations du mercure , n'ont que
trop d'analogie avec le choc de deux courans
, qui fait la bafe de quelques hypothè
fes que des modernes ont voulu accrédirer.
Ce font d'autres termes , mais le méchaniſme
eft le même. Tant il eft vrai que
l'efprit de fyftême n'a rien enfanté de nouveau
, & que les idées hypothétiques fe
font préſentées avec autant de développement
aux anciens qu'aux modernes. En cela
donc nous n'avons rien , nous n'aurons
DECEMBRE. 1754. 157
rien qu'ils n'ayent eu : nos avantages fur
eux font dans les faits & dans la maniere
de les combiner.
Jufqu'ici nous n'avons parlé que du premier
volume. Le chapitre premier du fecond
contient des expériences fur l'aſcenfion
des liqueurs dans des efpaces capillaires
, & fur les loix de cette fingularité hydroftatique.
Nous y voyons l'eau s'élever
dans des tubes capillaires de différens calibres
dans le vuide , comme à l'air libre , en
raifon inverfe des diametres donc l'air
ne contribue en rien à cet effet . M. D. difcute
dans une note quelques difficultés
fpécieufes de certains Phyficiens modernes
qui prétendoient que l'air y avoit part , &
fait difparoître toute influence de l'air . La
preflion fupérieure des colonnes collatérales
eft détruite de même. Les fyphons capillaires
font affujettis aux mêmes loix que
les tubes , comme on le fait voir dans une
remarque.
Les Phyficiens n'ont employé commumément
dans leurs expériences que des tubes
capillaires cylindriques : mais comme
la nature , malgré fa fimplicité , varie prefque
à l'infini fes opérations & la forme
des agens qui y concourent , & qu'elle préfente
des cavités capillaires de différentes
moulures , pour ainfi dire , il étoit impor158
MERCURE DE FRANCE.
tant qu'on eût des obfervations qui pulfent
offrir des caracteres d'analogie & de comparaifon.
C'eft dans ces vûes que M. Haukfbée
s'eft attaché à comparer les phénomenes
des tubes ou cavités cylindriques avec
ceux des efpaces prifmatiques , & il a reconnu
les mêmes loix . Nous voyons différentes
efpeces de liqueurs s'élever entre
deux lames de verre & de cuivre , entre
deux plans de marbre polis , à une hauteur
qui est toujours en raifon inverfe des diftances
des plans. M. H. a employé non feulement
des plans paralleles , mais des plans
qui s'écartant fous un angle quelconque ,
préfentoient à chaque point de nouvelles
diftances. Les liqueurs dans lefquelles il
les plongeoit , s'élevoient différemment ,
c'eft à-dire que la hauteur de chaque colonne
de liqueur étoit à chaque point en
raifon réciproque à la diftance des plans.
Toutes les colonnes réunies formoient par
leurs parties fupérieures une courbe hyperbolique,
une des afymptores étant la furface
du liquide, & l'autre la ligne de la réunion
des deux plans. M. H. varia encore
l'appareil fur une lame de verre placée horizontalement
; il laiffa tomber une goutte
d'huile , enfuite il y appliqua une autre
lame obliquement par une de fes extrêmiés
, la bailfant infenfiblement par l'autre
DECEMBRE . 1754 159
juſqu'à ce qu'elle touchât la goutte d'huile;
cette goutte pour lors fe porta vers le point
de réunion des plans avec un mouvement
qui s'accélera toujours . Newton a donné
ce phénomene comme une preuve de l'attraction
, c'est-à- dire d'une caufe dont on
a befoin de faire encore l'apologie auprès
de certains Phyficiens intolérans . M. D.
développe dans des remarques les vûes de
Newton , & fait voir de plus par le fecours
de la Géométrie , qu'en réuniffant les momens
qui agiffent dans deux directions , leur
fomme, ou la diagonale qui les repréfente ,
eft d'autant plus confidérable que l'angle
des directions de ces forces eft plus petit ;
par là il explique l'accélération du mouvement
de la goutte d'huile. Il montre auffi
par contrafte l'inutilité & le peu de fuccès
de l'impulfion appliquée à ces phénomenes.
A la fuite de tous ces articles viennent
les réflexions de M. H. fur la caufe de l'élévation
des liqueurs dans les tubes ; c'eſt
une hypothèſe où l'attraction figure comme
l'agent principal. M. Defmareft ajoute
à ces réflexions une hiftoire critique des
principales hypothèſes que l'on a formées
pour rendre raifon de ces phénomenes.
Cette hiftoire eft divifée en trois parties ,
qui comprennent autant de claffes de fyf160
MERCURE DE FRANCE.
têmes difcutés avec étendue , M. D.expoſe
à la fin de cette difcuflion le fyftême de M.
Veitbrecht , qui occupe le quart du volume.
En développant par propofitions ce ſyſtème
, M. D. n'a pas prétenda s'expofer au
reproche que l'on fait à certains difciples
de Newton , qui mettant l'attraction partout
fe croyent difpenfés d'expofer comment
elle agit.
Le fecond chapitre comprend les expériences
de M. H. fur le fon & fur fes diffé
rentes modifications, par rapport aux divers
milieux dans lefquels il fe propage : il en
évalue les augmentations & les diminu
tions , fuivant la denfité de l'air & l'éten
due de fa fphere de propagation. L'Editeur
examine dans des remarques quel eft le
concours du reffort de l'air & de fa denfité
par rapport à la force du fon. Il a placé à
la fin du chapitre quatre éclairciffemens
étendus ; le premier , fur les erreurs aufquelles
peut conduire la fuppofition du
mouvement d'ondulation dans l'air pour
expliquer les phénomenes du fon , & fur la
néceffité d'admettre le feul mouvement de
reffort dans ce fluide. Dans le fecond , on
examine quelle variation peut éprouver la
propagation du fon par le froid & le chaud
Un troifieme éclairciffement donne une
idée fuccinte des fyftêmes harmoniques des
1
DECEMBRE. 1754. 16r
fpheres. On s'inftruit de ces fçavantes chimeres
pour avoir le droit de les apprécier.
Tel eft le ton avec lequel M. Defmareft en
fait envifager l'utilité que nous en pouvons
retirer. Ces fyftêmes prétendus harmo-
» niques , dit- il , que nous regardons avec
»raifon comme des chimeres , & qui oc-
» cupoient les meilleures têtes du tems de
» leur fortune , doivent nous faire regarder
» prefque du même oeil , ou au moins avec
»défiance , ces hypothèfes féduifantes qui
» ne prouvent que la témérité de leurs au-
» teurs. Sommes-nous plus fages que les
» anciens l'hiftoire de leurs fautes de-
» vroit naturellement produire cet effet..
"
Nous ne nous étendrons pas fur les deux
chapitres fuivans. Dans le premier, on trouve
des expériences fur l'eau ,fur fon poids ,
fur les phénomenes de fa congélation , far
celle des liqueurs fpiritueufes , fur l'état
des poiffons dans l'eau , & fur la maniere
dont l'air y eft parfemé , &c. Toutes ces
queftions font éclaircies dans des notes . Le
dernier chapitre comprend des obfervations
fur la réfraction des rayons de lumiere
, en traverfant différens fluides gras.
On ajoute dans les remarques vingt - deux
autres fluides examinés par Newton , &
l'on y développe la théorie de ce grand
Géometre fur la réfraction. La feconde ob152
MERCURE DE FRANCE,
fervation concerne le mêlange de deux liqueurs
, dont les volumes fe confondent en
partie par la pénétration . L'Editeur y a
joint le détail raifonné des expériences de
M. de Reaumur , fur un femblable phénomene.
La maniere d'évaluer la force de
l'aimant à différentes diftances , eſt expliquée
dans le troifieme article. On a dans
les remarques un recueil de toutes les expériences
des Phyficiens Anglois & autres
fur cette queftion délicate ; enforte que
les efforts des fçavans s'y trouvent rapprochés
, ainfi que leurs contradictions. M.
Defmareft a ajouté deux articles qu'il a traduits.
Le premier , fur la réfiftance qu'op.
pofe l'air à la pouffiere de malt , qui y flotte;
& l'autre fur l'arrangement des différentes
couches d'une mine de charbon. Ce
dernier article donne lieu à des notes fur
les efpeces de charbons dont il eft parlé ,
& à l'examen de la maniere dont les empreintes
des végétaux fe font formées fur
·les pierres des minieres. On y trouve auffi
des réflexions fur la difpofition relative
des différentes fubftances , & enfin fur leur
parallélifme. M. Defmareft s'attache fur
ces points à des obfervations générales ,
aux faits réguliers & conftans. » Sans nous
» hazarder , dit - il , à former des hypothè
pfes , où l'imagination , en fuppléant ag
DECEMBRE . 1754 163
, vrai , le défigure toujours , nous nous
»bornons à ces obfervations générales , qui
» font peut- être les feuls fyftêmes permis.
de M. Hauksbée , traduites par feu M. de
Brémond , revûes & mifes au jour , avec
des remarques ; par M. Defmareft . A Paris
, chez la veuve Cavelier & fils , rue
Gij
148 MERCURE DE FRANCE
Saint Jacques , au Lys d'or.
Nous nous occuperons dans cet extrait
de la maniere dont les deux volumes de ces
expériences font exécutés. M. Defmareſt a
porté fon attention fur deux objets importans
la distribution méthodique des matieres
, & les remarques.
1 °. Comme M. Hauksbée , en compofant
fon recueil , ne s'étoit point aftreint à un
certain arrangement dépendant des matieres
, on s'eft appliqué à donner aux détails
des faits une forme plus méthodique.
Dans ces vûes on a raffemblé fous différentes
claffes générales , qui forment autant
de chapitres , les expériences qui concernent
un même fujet , comme la pefanteur
, l'air , l'électricité , les tubes capillaires
, &c. & l'on a diftingué par articles
chaque expérience particuliere . Par cette
difpofition , des détails , auparavant iſolés ,
font rapprochés heureufement & fe placent
en bon ordré dans l'efprit du lecteur.
2º. L'Editeur n'a pas borné fon attention
à ce feul objet. Les expériences de M.
Hauksbée ont été faites il y a près de
quarante ans. Depuis ce tems la Phyfique
expérimentale a acquis des connoiffances ,
ou plus fûres ou plus étendues . M. Defmareft
a rapproché les faits poftérieurs du récit
de M. Haaksbée , foit qu'ils ferviſſent
DECEMBRE 1754. 149
à le confirmer ( ce qui arrive le plus fouvent)
, foit qu'ils tendiffent à le détruire. Il
a même recueilli dans certaines remarques
l'hiftoire de ce qui a été écrit fur un même
fujet; & ces fortes d'hiftoires , outre
qu'elles plaifent naturellement, parce qu'el
les préfentent les différens efforts de l'efprit
humain , inftruiſent auffi par les vûes
qu'elles fourniffent.
" On ne fçauroit trop , dir M. Defmareft
, engager ceux qui veulent faire
quelque progrès dans la Phyfique , à com-
»parer les connoiffances tranfmifes par les
fçavans qui nous ont précédé , avec les
» recherches des Phyficiens de notre tems ,
» on apprécie par là le mérite des uns &
» des autres. C'eft aufli un moyen pour s'a-
» vancer à de nouvelles découvertes , que
de confiderer, comme le premier pas que
nous ayons à faire , celui où les grands
hommes qui nous ont précédé , ont terminé
leur courfe & leurs travaux. La
continuité de nos efforts joints avec les
leurs , forme cette union & cet accord
» qui doit regner entre les fçavans de tous
» les fiécles & de tous les pays , pour éten-
» dre les limites de nos connoiffances.
où
Telles font les raifons qui ont déterminé
M. Defmareft à donner des remarques ,
il combine les efforts des anciens avec ceux
Giij
150 MERCURE DE FRANCE.
dés obfervateurs de notre tems. Il a fuivi
auffi ce plan dans les deux dernieres fections
de fon difcours préliminaire , qui
comprend un extrait raisonné des deux volumes.
Nous l'allons fuivre dans le compte
que nous nous propofors de rendre du
recueil.
On voit à la tête de l'ouvrage , des
éclairciffemens de l'Editeur fur les thermométres
de M. Hauksbée , & lá defcription
de la machine pneumatique du Phy
ficien Anglois. On y a joint un précis hiftorique
des différentes réformes que cette
machine a éprouvées depuis Otto de Guericke
jufqu'à préfent.
Le chapitre premier a pour objet la pefanteur
des corps . M. Hauksbée examine
d'abord par quelle force les molecules des
corps folides , quoique d'une pefanteur
fpécifiquement plus confidérable que les
liqueurs qui les décompofent , y font fontenues
& y nâgent. Il combat les Phyficiens
qui avoient cru trouver le dénouement de
cette fufpenfion dans l'augmentation des
furfaces qu'acquierent les corpufcules diffous.
M. Defmareft difcute les vûes que
différens Phyficiens ont propofées fur cette
fingulariré hydroftatique , & rapporte ce
phénomène à la même caufe qui éleve les
liqueurs dans les tubes capillaires . Le fe
DECEMBRE . 1754. 151
cond article de ce chapitre préfente les
procédés & les réfultats des expériences
-faires pour déterminer les pefanteurs fpécifiques
de l'or , de l'argent , du cuivre ,
du plomb & du fer , & leur proportion
avec un égal volume d'eau : Î'Editeur expofe
les principes d'hydroftatique fur lefquels
font fondées ces déterminations. Les
deux articles fuivans offrent des obfervations
, par lesquelles M. Hauksbée évalue
la quantité de la réſiſtance que l'air oppofe
aux corps qui s'y meuvent , foit dans
leur chute , foit dans leur réflexion. On
trouve dans les remarques quelques principes
de la théorie de la réſiſtance des fluides
, & des méthodes pour l'évaluer à cháque
inftant de la chûte.
Dans le chapitre fuivant , on a renfermé
les obfervations fur l'air. Il eft queftion
d'abord d'une expérience , par laquelle
on s'affure de la quantité d'air produite
par une certaine dofe de poudre à canon ;
enfuite on voit un procédé très -fimple
pour déterminer le rapport du poids de
l'eau avec celui d'un pareil volume d'air .
que l'on dit être celui d'un à huit cens.
M. Hauksbée , en examinant & rappellant
à des réfultats précis les phénomenes
des hémispheres de Magdebourg , affure
tque ces effets à la preffion de l'atmoſphe-
Gi
152 MERCURE DE FRANCE.
re. Il combat autant les partifans actuels
de la matiere fubtile que les raifonnemens
antiques de ceux qui de fon tems foutenoient
encore le lien funiculaire des parties
erochues de l'air . C'étoit de ces imaginations
futiles , enfantées plutôt par le befoin
d'expliquer que par la conviction de l'expérience.
L'article quatrieme contient le détail
curieux d'une expérience intéreffante fur
la dilatation & la condenfation de l'air
comparées avec celles de l'efprit de vin.
Par ce procédé , M. H. a reconnu que l'expanfion
de l'air , depuis le terme de la glace
jufqu'au plus grand dégré de la chaleur
de l'été dans le climat d'Angleterre , eft
dans le rapport de fix à fept , & depuis le
plus grand froid jufqu'au plus grand chaud
du même climat , dans le rapport de Lept à
huit. M. D. rapproche de cet effai curieux
les expériences relatives de MM . Amontons
, Bernoulli , Muffchenbroeck , & les
autres obfervations de ce chapitre , concernent
le reffort de l'air , la maniere dont
certaines vapeurs rendent ce fluide funefte
& peu propre à la refpiration , le méchanifme
par lequel les courans rapides , l'air
dans les ouragans , ébranlent le mercure
des barometres & affectent l'économie animale
. Toutes ces expériences font appré
DECEMBRE. 1754 153
ciées dans les notes & dans le difcours
préliminaire. Le dernier article contient
le détail d'une expérience importante fur
la réfraction des rayons de lumiere , en paffant
obliquement de l'air ordinaire dans le
vuide de la machine pneumatique. M. Def
mareft a recueilli toutes les circonftances.
qui ont rendu cette expérience fameuſe ,
& les conféquences intéreffantes qu'on en
a tirées par rapport aux réfractions aftronomiques.
Le troisieme chapitre renferme en XVIII
articles les expériences de M. H. fur la lumiere
électrique. Il eſt le premier qui ait
examiné avec attention , & d'une maniere
fuivie , ces phénomenes. Dans tout ce travail
, qui prouve un Phyficien auffi infati
gable que plein de fagacité , il développe
les effets de la lumiere électrique par rap
port aux différens corps qui en font fuf
ceptibles , tels que la laine , l'ambre , fes
matieres graffes & réfineufes , & enfin le
perre. Je dis le verre , car c'est à M. Haukfbée
que nous fommes redevables de la
premiere application des globes , des cylin
dres & des tubes de verre aux expériences
électriques. Avant lui le verre étoit relé
gué parmi les corps dont la vertu électrique
étoit peu confidérable. Il faut voir
dans l'ouvrage même la maniere dont M,
G.v
154 MERCURE DE FRANCE.
Hauksbée diverfifie les appareils des expériences
afin de varier les phénomenes.
La lumiere électrique entre les mains du
Phyficien Anglois , produit des ramifications
, des jets variés ; elle augmente même
au point de devenir un feu réel , & de
s'annoncer par des pétillemens marqués ,
des étincelles brûlantes & phofphoriques.
Nous paffons au chapitre fuivant , où l'on
trouve les expériences qui concernent particulierement
l'électricité. On voit en parcourant
les articles de ce chapitre , que M.
Hauksbée a apperçu les attractions & les répulfions
des effluvia , leur plus grande force
dans certains tems favorables , & lorfque le
tube étoit plein d'air ou échauffé : il a remarqué
quels étoient les corps qui admettoient
les émanations électriques & ceux qui les
interceptoient ; que deux corps inabibés du
même fluide , fe fuyoient ; que les corps
qui flottoient dans l'atmofphere du tube
échauffé , en abandonnoient le tourbillon
pour s'attacher alternativement aux corps
extérieurs & y rentrer ; qu'enfin les couches
de l'atmoſphere que les corps flottans occupoient
, étoient d'autant plus éloignées
du corps électrique qui en étoit le centre ,
que ce corps avoit un dégré de l'électricité
plus marqué. Il s'eft affuré par des fils , que
les émanations électriques formoient des
DECEMBRE. 1754. 155
rayons divergens en fortant des globes &
des cylindres, & des rayons convergens dans
leur affluence ; enfin il a vu que les corps
réfineux , par la chaleur de la fufion ,
contractoient une vertu attractive trèsconfidérable
: il a obfervé les variétés
que le vuide apportoit aux effets des globes
& des tubes ; la permanence de l'électricité
dans les corps frottés , le bruiffement
, les piquures fenfibles , la fluctuation
des effluvia , & c. Toutes ces vérités
établies folidement , & tant d'autres chofes
qu'il a entrevûes , doivent être confidérées
comme lui étant propres , & comme des découvertes
qui font par rapport à lui des vûes
neuves & non des répétitions monotones
d'obfervations faites avant lui , ou des imitations
ferviles de procédés mis en ufage.
Il fuffit de jetter un coup d'oeil fur l'état
où étoit alors cette partie de la Phyfique ,
pour fentir jufqu'où la fagacité angloife a
conduit notre Phyficien , & le peu de fecours
qu'il a tiré des Phyficiens qui l'ont
précédé dans la carriere .
M. Dufay , dans fon travail fur l'électricité
, s'étoit attaché à répéter les expériences
de M. Hauksbée , pour fe mettre ,
comme il le déclare , fur la voye. Tous les
éclairciffemens que l'Editeur a pu trouver
dans les mémoires de l'Académicien Fran-
Gvj
156 MERCURE DE FRANCE.
çois , font partie des Commentaires qu'il a
joints au texte , & ces éclairciffemens ont
un nouveau mérite d'être rapprochés des
détails de M. Hauksbée . M. Defmareft n'a
pas négligé de faire ufage des lumieres
que les Phyficiens Anglois , Allemands &
François ont répandues de nos jours fur
les queſtions qu'il s'eft propofé de traiter.
Le dernier chapitre du premier volume
renferme différentes expériences fur les
variétés de la lumiere des phofphores dans
le plein & dans le vuide. Nous ne nous
arrêterons pas fur ces questions , quelque
intéreffantes qu'elles foient.
Nous obferverons feulement avec M.
Defmareft , que les fyftêmes de certains
Cartéfiens , qui pour expliquer la lumiere
des barometres faifoient choquer le fecond
élément de Deſcartes contre le premier
dans les vibrations du mercure , n'ont que
trop d'analogie avec le choc de deux courans
, qui fait la bafe de quelques hypothè
fes que des modernes ont voulu accrédirer.
Ce font d'autres termes , mais le méchaniſme
eft le même. Tant il eft vrai que
l'efprit de fyftême n'a rien enfanté de nouveau
, & que les idées hypothétiques fe
font préſentées avec autant de développement
aux anciens qu'aux modernes. En cela
donc nous n'avons rien , nous n'aurons
DECEMBRE. 1754. 157
rien qu'ils n'ayent eu : nos avantages fur
eux font dans les faits & dans la maniere
de les combiner.
Jufqu'ici nous n'avons parlé que du premier
volume. Le chapitre premier du fecond
contient des expériences fur l'aſcenfion
des liqueurs dans des efpaces capillaires
, & fur les loix de cette fingularité hydroftatique.
Nous y voyons l'eau s'élever
dans des tubes capillaires de différens calibres
dans le vuide , comme à l'air libre , en
raifon inverfe des diametres donc l'air
ne contribue en rien à cet effet . M. D. difcute
dans une note quelques difficultés
fpécieufes de certains Phyficiens modernes
qui prétendoient que l'air y avoit part , &
fait difparoître toute influence de l'air . La
preflion fupérieure des colonnes collatérales
eft détruite de même. Les fyphons capillaires
font affujettis aux mêmes loix que
les tubes , comme on le fait voir dans une
remarque.
Les Phyficiens n'ont employé commumément
dans leurs expériences que des tubes
capillaires cylindriques : mais comme
la nature , malgré fa fimplicité , varie prefque
à l'infini fes opérations & la forme
des agens qui y concourent , & qu'elle préfente
des cavités capillaires de différentes
moulures , pour ainfi dire , il étoit impor158
MERCURE DE FRANCE.
tant qu'on eût des obfervations qui pulfent
offrir des caracteres d'analogie & de comparaifon.
C'eft dans ces vûes que M. Haukfbée
s'eft attaché à comparer les phénomenes
des tubes ou cavités cylindriques avec
ceux des efpaces prifmatiques , & il a reconnu
les mêmes loix . Nous voyons différentes
efpeces de liqueurs s'élever entre
deux lames de verre & de cuivre , entre
deux plans de marbre polis , à une hauteur
qui est toujours en raifon inverfe des diftances
des plans. M. H. a employé non feulement
des plans paralleles , mais des plans
qui s'écartant fous un angle quelconque ,
préfentoient à chaque point de nouvelles
diftances. Les liqueurs dans lefquelles il
les plongeoit , s'élevoient différemment ,
c'eft à-dire que la hauteur de chaque colonne
de liqueur étoit à chaque point en
raifon réciproque à la diftance des plans.
Toutes les colonnes réunies formoient par
leurs parties fupérieures une courbe hyperbolique,
une des afymptores étant la furface
du liquide, & l'autre la ligne de la réunion
des deux plans. M. H. varia encore
l'appareil fur une lame de verre placée horizontalement
; il laiffa tomber une goutte
d'huile , enfuite il y appliqua une autre
lame obliquement par une de fes extrêmiés
, la bailfant infenfiblement par l'autre
DECEMBRE . 1754 159
juſqu'à ce qu'elle touchât la goutte d'huile;
cette goutte pour lors fe porta vers le point
de réunion des plans avec un mouvement
qui s'accélera toujours . Newton a donné
ce phénomene comme une preuve de l'attraction
, c'est-à- dire d'une caufe dont on
a befoin de faire encore l'apologie auprès
de certains Phyficiens intolérans . M. D.
développe dans des remarques les vûes de
Newton , & fait voir de plus par le fecours
de la Géométrie , qu'en réuniffant les momens
qui agiffent dans deux directions , leur
fomme, ou la diagonale qui les repréfente ,
eft d'autant plus confidérable que l'angle
des directions de ces forces eft plus petit ;
par là il explique l'accélération du mouvement
de la goutte d'huile. Il montre auffi
par contrafte l'inutilité & le peu de fuccès
de l'impulfion appliquée à ces phénomenes.
A la fuite de tous ces articles viennent
les réflexions de M. H. fur la caufe de l'élévation
des liqueurs dans les tubes ; c'eſt
une hypothèſe où l'attraction figure comme
l'agent principal. M. Defmareft ajoute
à ces réflexions une hiftoire critique des
principales hypothèſes que l'on a formées
pour rendre raifon de ces phénomenes.
Cette hiftoire eft divifée en trois parties ,
qui comprennent autant de claffes de fyf160
MERCURE DE FRANCE.
têmes difcutés avec étendue , M. D.expoſe
à la fin de cette difcuflion le fyftême de M.
Veitbrecht , qui occupe le quart du volume.
En développant par propofitions ce ſyſtème
, M. D. n'a pas prétenda s'expofer au
reproche que l'on fait à certains difciples
de Newton , qui mettant l'attraction partout
fe croyent difpenfés d'expofer comment
elle agit.
Le fecond chapitre comprend les expériences
de M. H. fur le fon & fur fes diffé
rentes modifications, par rapport aux divers
milieux dans lefquels il fe propage : il en
évalue les augmentations & les diminu
tions , fuivant la denfité de l'air & l'éten
due de fa fphere de propagation. L'Editeur
examine dans des remarques quel eft le
concours du reffort de l'air & de fa denfité
par rapport à la force du fon. Il a placé à
la fin du chapitre quatre éclairciffemens
étendus ; le premier , fur les erreurs aufquelles
peut conduire la fuppofition du
mouvement d'ondulation dans l'air pour
expliquer les phénomenes du fon , & fur la
néceffité d'admettre le feul mouvement de
reffort dans ce fluide. Dans le fecond , on
examine quelle variation peut éprouver la
propagation du fon par le froid & le chaud
Un troifieme éclairciffement donne une
idée fuccinte des fyftêmes harmoniques des
1
DECEMBRE. 1754. 16r
fpheres. On s'inftruit de ces fçavantes chimeres
pour avoir le droit de les apprécier.
Tel eft le ton avec lequel M. Defmareft en
fait envifager l'utilité que nous en pouvons
retirer. Ces fyftêmes prétendus harmo-
» niques , dit- il , que nous regardons avec
»raifon comme des chimeres , & qui oc-
» cupoient les meilleures têtes du tems de
» leur fortune , doivent nous faire regarder
» prefque du même oeil , ou au moins avec
»défiance , ces hypothèfes féduifantes qui
» ne prouvent que la témérité de leurs au-
» teurs. Sommes-nous plus fages que les
» anciens l'hiftoire de leurs fautes de-
» vroit naturellement produire cet effet..
"
Nous ne nous étendrons pas fur les deux
chapitres fuivans. Dans le premier, on trouve
des expériences fur l'eau ,fur fon poids ,
fur les phénomenes de fa congélation , far
celle des liqueurs fpiritueufes , fur l'état
des poiffons dans l'eau , & fur la maniere
dont l'air y eft parfemé , &c. Toutes ces
queftions font éclaircies dans des notes . Le
dernier chapitre comprend des obfervations
fur la réfraction des rayons de lumiere
, en traverfant différens fluides gras.
On ajoute dans les remarques vingt - deux
autres fluides examinés par Newton , &
l'on y développe la théorie de ce grand
Géometre fur la réfraction. La feconde ob152
MERCURE DE FRANCE,
fervation concerne le mêlange de deux liqueurs
, dont les volumes fe confondent en
partie par la pénétration . L'Editeur y a
joint le détail raifonné des expériences de
M. de Reaumur , fur un femblable phénomene.
La maniere d'évaluer la force de
l'aimant à différentes diftances , eſt expliquée
dans le troifieme article. On a dans
les remarques un recueil de toutes les expériences
des Phyficiens Anglois & autres
fur cette queftion délicate ; enforte que
les efforts des fçavans s'y trouvent rapprochés
, ainfi que leurs contradictions. M.
Defmareft a ajouté deux articles qu'il a traduits.
Le premier , fur la réfiftance qu'op.
pofe l'air à la pouffiere de malt , qui y flotte;
& l'autre fur l'arrangement des différentes
couches d'une mine de charbon. Ce
dernier article donne lieu à des notes fur
les efpeces de charbons dont il eft parlé ,
& à l'examen de la maniere dont les empreintes
des végétaux fe font formées fur
·les pierres des minieres. On y trouve auffi
des réflexions fur la difpofition relative
des différentes fubftances , & enfin fur leur
parallélifme. M. Defmareft s'attache fur
ces points à des obfervations générales ,
aux faits réguliers & conftans. » Sans nous
» hazarder , dit - il , à former des hypothè
pfes , où l'imagination , en fuppléant ag
DECEMBRE . 1754 163
, vrai , le défigure toujours , nous nous
»bornons à ces obfervations générales , qui
» font peut- être les feuls fyftêmes permis.
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Résumé : « EXPERIENCES Physico-méchaniques de M. Hauksbée, traduites par feu M. de [...] »
Le texte présente les expériences physico-mécaniques de M. Hauksbée, traduites et révisées par M. Defmareft, structurées en deux volumes. L'ouvrage est organisé méthodiquement en chapitres thématiques tels que la pesanteur, l'air, l'électricité et les tubes capillaires, facilitant ainsi la compréhension du lecteur. M. Defmareft a mis à jour les expériences de M. Hauksbée, réalisées il y a près de quarante ans, en intégrant des connaissances plus récentes pour confirmer ou contredire les observations initiales. Il a également ajouté des remarques historiques sur les sujets traités. Le premier chapitre traite de la pesanteur des corps, examinant les forces qui maintiennent les molécules des solides dans les liquides. M. Defmareft discute des vues de divers physiciens sur ce phénomène et le rapporte à la même cause qui élève les liquides dans les tubes capillaires. Le deuxième chapitre aborde les observations sur l'air, incluant des expériences sur la quantité d'air produite par la poudre à canon et le rapport de poids entre l'eau et l'air. M. Hauksbée confirme les effets de la pression atmosphérique et combat les théories anciennes sur la matière subtile. Le troisième chapitre se concentre sur la lumière électrique, avec des expériences détaillées sur les effets de la lumière électrique sur différents corps. M. Hauksbée est crédité pour ses découvertes sur les propriétés électriques du verre. Le quatrième chapitre explore l'électricité, avec des observations sur les attractions et répulsions des effluves électriques, et les effets du vide sur les expériences électriques. Le texte mentionne également les contributions de M. Dufay, qui a répété les expériences de M. Hauksbée, et les éclaircissements apportés par M. Defmareft à partir des mémoires de l'Académie Française. Le deuxième volume traite de l'ascension des liquides dans des espaces capillaires, discutant des lois hydrostatiques et des observations sur différentes formes de cavités capillaires. M. Hauksbée a étudié l'élévation des liquides entre des plans parallèles ou inclinés, observant que la hauteur des colonnes de liquide est inversement proportionnelle à la distance entre les plans, formant une courbe hyperbolique. Il a également examiné le comportement d'une goutte d'huile entre deux lames de verre, phénomène expliqué par Newton comme une preuve de l'attraction. M. Defmarets a développé les vues de Newton en utilisant la géométrie pour expliquer l'accélération du mouvement de la goutte d'huile. Le texte mentionne également des réflexions de M. Hauksbée sur la cause de l'élévation des liquides dans les tubes, hypothèse où l'attraction joue un rôle principal. M. Desmarets ajoute une histoire critique des principales hypothèses formulées pour expliquer ces phénomènes, divisée en trois parties discutant différentes classes de systèmes. Un chapitre est dédié aux expériences de M. Hauksbée sur le son et ses modifications dans divers milieux, évaluant les augmentations et diminutions en fonction de la densité de l'air et de l'étendue de la sphère de propagation. L'éditeur examine le concours de la résistance de l'air et de sa densité par rapport à la force du son. Le texte aborde également des expériences sur l'eau, son poids, la congélation, les poissons dans l'eau, et la réfraction des rayons lumineux à travers différents fluides. Des observations sur la force de l'aimant à différentes distances sont également présentées, ainsi que des articles sur la résistance de l'air à la poussière de malt et l'arrangement des couches dans une mine de charbon. M. Desmarets se concentre sur des observations générales et des faits constants, évitant les hypothèses spéculatives.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 58-60
LES DEUX FOURNEAUX. FABLE. A Mme Bourette, ci-devant Mme Curé.
Début :
De deux fourneaux, une muraille antique [...]
Mots clefs :
Fourneaux, Teinturier, Liqueurs, Feu, Goût, Charlotte Reynier Bourette
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LES DEUX FOURNEAUX. FABLE. A Mme Bourette, ci-devant Mme Curé.
LES DEUX FOURNEAUX.
FABLE .
A Mme Bourette , ci- devant Mme Curé.
De deux fourneaux , une muraille antique
E
Faifoit la féparation.
Ces fourneaux n'étant point dans la même boutique
,
Ils n'avoient pas non plus la même fonction.
L'un , d'un diftillateur , ( à ce que dit l'hiftoire :)
Servoit à diftiller les charmantes liqueurs.
Sur l'autre , un teinturier dans fon laboratoire
Faifoit bouillir fes diverfes couleurs ,
Dès que les ouvriers avoient fait leur journée ,
Le feu n'exhalant plus ni flamme ni fumée ;
Les fourneaux , à travers le vieux mur mitoyen ,
De converfer enſemble , avoient trouvé moyen :
Celui du teinturier difoit à fon confrere :
Le goût & l'odorat par vos ſoins font flatés ,
Au lieu que de mon miniſtere
L'un & l'autre fouvent le fentent rebutés .
Lors le diftillateur lui répondit : Mon frere ,
Vous avez votre utilité.
Dans moi , le feu par fon activité ,
Des fleurs , des fruits , abforbe la nature ;
SEPTEMBRE. 1755. 59
Mais par vos foins , ainfi que la peinture
Qui fe fait admirer par fon beau coloris ;
Vous faites que les yeux font charmés , éblouis.
Vous femblez donner l'être aux plus aimables
chofes ;
Et même furpaffer par vos métamorphofes ,
L'azur qui brille au ciel , & la neige des lys ,
Et le feu du corail , & le vermeil des rofes.
Lyon , les Gobelins font valoir vos talens .
Vos travaux ont rendu ces endroits opulens.
C'eſt par le ponceau fin , par la riche écarlate
Que leur magnificence éclate.
Ne vous plaignez donc plus. Quant à flater le
goût
Par mes liqueurs délicieuſes ,
A la fanté du corps fouvent pernicieuſes ;
Voilà tout mon mérite Eh ! qui peut avoir tout
On ne joint pas toujours l'utile à l'agréable .
Confolez -vous , l'utile eft toujours préférable :
Cependant , quand on peut les réunir tous deux ,
C'eſt-là ce qui s'appelle avoir un fort heureux.
Oui , dit le Teinturier : c'eſt un double avantage.
Mais vous l'avez fur moi , tel eft votre appanage.
Par le beau coloris de vos douces liqueurs
Vous charmez à la fois & les yeux & les coeurs.
Eh qui joint mieux que vous l'agréable à l'utile ș
Le goût & l'odorat ne me font point la cour ;
Mais ils fuivront toujours celui qui leur diftille
L'eau d'or & le parfait amour.
C vj
60 MERCURE DE FRANCE.
Le fourneau d'un Poëte eft fon cerveau fans
doute.
Pour faire quelques vers je fçai ce qu'il m'en
coûte.
Bourette , mieux que moi , vous fentez cette ardeur
,
Dont le fils de Latone enflamme maint auteur.
Ne comparons donc pas nos fourneaux l'un à
l'autre ;
Le mien eft de beaucoup inférieur au vôtre.
J. L. Cappon.
Maître Teinturier , & Bedeau des Saints
Innocens à Paris.
Ces qualités doivent fervir de paffeport
aux vers que l'on vient de lire.
FABLE .
A Mme Bourette , ci- devant Mme Curé.
De deux fourneaux , une muraille antique
E
Faifoit la féparation.
Ces fourneaux n'étant point dans la même boutique
,
Ils n'avoient pas non plus la même fonction.
L'un , d'un diftillateur , ( à ce que dit l'hiftoire :)
Servoit à diftiller les charmantes liqueurs.
Sur l'autre , un teinturier dans fon laboratoire
Faifoit bouillir fes diverfes couleurs ,
Dès que les ouvriers avoient fait leur journée ,
Le feu n'exhalant plus ni flamme ni fumée ;
Les fourneaux , à travers le vieux mur mitoyen ,
De converfer enſemble , avoient trouvé moyen :
Celui du teinturier difoit à fon confrere :
Le goût & l'odorat par vos ſoins font flatés ,
Au lieu que de mon miniſtere
L'un & l'autre fouvent le fentent rebutés .
Lors le diftillateur lui répondit : Mon frere ,
Vous avez votre utilité.
Dans moi , le feu par fon activité ,
Des fleurs , des fruits , abforbe la nature ;
SEPTEMBRE. 1755. 59
Mais par vos foins , ainfi que la peinture
Qui fe fait admirer par fon beau coloris ;
Vous faites que les yeux font charmés , éblouis.
Vous femblez donner l'être aux plus aimables
chofes ;
Et même furpaffer par vos métamorphofes ,
L'azur qui brille au ciel , & la neige des lys ,
Et le feu du corail , & le vermeil des rofes.
Lyon , les Gobelins font valoir vos talens .
Vos travaux ont rendu ces endroits opulens.
C'eſt par le ponceau fin , par la riche écarlate
Que leur magnificence éclate.
Ne vous plaignez donc plus. Quant à flater le
goût
Par mes liqueurs délicieuſes ,
A la fanté du corps fouvent pernicieuſes ;
Voilà tout mon mérite Eh ! qui peut avoir tout
On ne joint pas toujours l'utile à l'agréable .
Confolez -vous , l'utile eft toujours préférable :
Cependant , quand on peut les réunir tous deux ,
C'eſt-là ce qui s'appelle avoir un fort heureux.
Oui , dit le Teinturier : c'eſt un double avantage.
Mais vous l'avez fur moi , tel eft votre appanage.
Par le beau coloris de vos douces liqueurs
Vous charmez à la fois & les yeux & les coeurs.
Eh qui joint mieux que vous l'agréable à l'utile ș
Le goût & l'odorat ne me font point la cour ;
Mais ils fuivront toujours celui qui leur diftille
L'eau d'or & le parfait amour.
C vj
60 MERCURE DE FRANCE.
Le fourneau d'un Poëte eft fon cerveau fans
doute.
Pour faire quelques vers je fçai ce qu'il m'en
coûte.
Bourette , mieux que moi , vous fentez cette ardeur
,
Dont le fils de Latone enflamme maint auteur.
Ne comparons donc pas nos fourneaux l'un à
l'autre ;
Le mien eft de beaucoup inférieur au vôtre.
J. L. Cappon.
Maître Teinturier , & Bedeau des Saints
Innocens à Paris.
Ces qualités doivent fervir de paffeport
aux vers que l'on vient de lire.
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Résumé : LES DEUX FOURNEAUX. FABLE. A Mme Bourette, ci-devant Mme Curé.
La fable 'Les Deux Fourneaux' relate l'histoire de deux fourneaux séparés par une muraille antique, chacun ayant une fonction distincte. Le premier appartient à un distillateur et sert à produire des liqueurs, tandis que le second, utilisé par un teinturier, sert à faire bouillir diverses couleurs. Chaque soir, ils conversent à travers le mur. Le fourneau du teinturier admire les liqueurs du distillateur, qui flattent le goût et l'odorat, contrairement à son propre travail qui rebute souvent ces sens. Le distillateur souligne l'utilité de chacun : son fourneau extrait la nature des fleurs et des fruits, tandis que celui du teinturier charme les yeux par ses couleurs, comparables à la beauté de la nature et des arts. Le teinturier reconnaît que les liqueurs du distillateur charment à la fois les yeux et les cœurs, combinant l'utile et l'agréable. Le distillateur conclut en affirmant que, bien que l'utile soit préférable, réunir les deux est idéal. La fable se termine par une comparaison des fourneaux à ceux des poètes, soulignant que chaque métier a ses propres mérites et utilités.
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11
p. 235
AUTRE.
Début :
Le Sieur d'Ardel ancien Echevin de Chamberri, donne avis au [...]
Mots clefs :
Eau royale, Sieur d'Ardel, Frères Alice Sommini, Liqueurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AUTRE.
AUTRE.
LE Steur d'Ardel ancien Echevin de Chamberri
, donne avis au Public que fon Bureau pour
la diftribution général de fon Eau Royale , eft
toujours chez le fieur Bertaut , rue S. Antoine ,
au coin de la rue Percée , à Paris .
Les freres Alice Sommini , de Lunéville , Diftillateurs
du Roi de Pologne , donnent aufli avis ,
qu'ils viennent d'établir chez ledit fieur Bertaut ,
un entrepôt général de toutes leurs liqueurs ; le
Public y trouvera le même avantage de les prendre
audit entrepôt , que s'ils les tiroient directement
de Lunéville , tant pour le prix que pour la
qualité.
LE Steur d'Ardel ancien Echevin de Chamberri
, donne avis au Public que fon Bureau pour
la diftribution général de fon Eau Royale , eft
toujours chez le fieur Bertaut , rue S. Antoine ,
au coin de la rue Percée , à Paris .
Les freres Alice Sommini , de Lunéville , Diftillateurs
du Roi de Pologne , donnent aufli avis ,
qu'ils viennent d'établir chez ledit fieur Bertaut ,
un entrepôt général de toutes leurs liqueurs ; le
Public y trouvera le même avantage de les prendre
audit entrepôt , que s'ils les tiroient directement
de Lunéville , tant pour le prix que pour la
qualité.
Fermer
Résumé : AUTRE.
Le Sieur d'Ardel, ancien échevin de Chambéry, installe son bureau pour l'Eau Royale chez le Sieur Bertaut, rue Saint-Antoine à Paris. Les frères Alice Sommini, distillateurs du Roi de Pologne, y établissent également un entrepôt général de leurs liqueurs, offrant les mêmes avantages de prix et de qualité qu'à Lunéville.
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12
p. 211-213
AVIS DIVERS.
Début :
Le sieur MAILLE, Distillateur si connu dans différentes Cours de l'Europe, par ses excellentes [...]
Mots clefs :
Distillateur, Liqueurs, Savon, Perruquier
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVIS DIVERS.
AVIS DIVER S.
Le fieur MAILLE , Diſtillateur fi connu dans
différentes Cours de l'Europe , par les excellentes
compofitions , donne avis aux Amateurs de Liqueurs
, qu'il vient de compofer une Liqueur
nouvelle nommée le Courier de Cythere ; l'Au- "
teur fe flatte que cette Liqueur par la délicateſſe
de fon goût , eft tout ce que l'on a pu faire de
mieux dans ce genre , jufqu'à préfent ; il continue
avec fuccès la vente du ratafiat des Sultanes
& le nouveau caffis blanc pour fortifier l'eftomach
& aider à la digeſtion des alimens ; comme
auffi le vinaigre romain pour conferver les
dents , les blanchir , arrêter le progrès de la ca
212 MERCURE DE FRANCE.
rie , empêcher que les autres ne fe carient, les
raffermir dans leurs alvéoles , guérir les petits
chancres & ulcéres de la bouche , prévient l'haleiné
forte & rafraîchit les lévres ; & différens vinaigres
foit pour guérir le mal de dent , dartre
farineufe , boutons , noircir les cheveux roux ou
blancs , ôter les taches , maſque de couche, blan
chir le vifage & empêcher les rides de la peau ,
& le véritable vinaigre des quatre voleurs préfervatifde
tout air contagieux . L'on trouve chez
le feur Maille toutes fortes de liqueurs , eaux
d'odeurs de quelque efpéce qu'on puiffe le defirer,
& vinaigres à l'ufage de la table, bain &
toilette au nombre de deux cent fortes. L'on s'adreffera
pour le Courier de Cythere , caffis blanc
& ratafiat des Sultanes & autres liqueurs & eaux
d'odeurs en fon magafin à Séve près Paris ,
raure de Verfailles , & pour les Vinaigres en fa
maifon à Paris, rue S. André des Arts, la troifiéme
porte cochère à main droite , Le prix des bouteilles
de pinte de caffis blanc eft de 4 liv. celui du ratafiat
des Sultanes de 6 liv. & celui de Cytherede
8 liv. Les moindres bouteilles de vinaigre foir
pour les dents ou autre propriété fant de 3 liv .
en écrivant une lettre d'avis au fiear Maille , foir
en fon magalin ou à Paris , & remettant l'argent
par la Pofte le tout franc de port , l'on fera les
envois très exactement , avec la façon d'en faire ,
ufage.
Le fieur SAVOY , Valet de Chambre de M.
le Bailly de Fleury , donne avis au Public qu'il
vend du Savon de Naples à & livres la livre.
Du Diabolo de Naples à 4 liv. l'once. Des chanterelles
de Naples pour le Violon à a liv. le
paquet de 30.
JANVIER. 1763. 213
De l'Eau de la Fleur d'Orange de Malte faite
avec de la Fleur d'Orange Bigarade de l'année
1762 à 5 liv. la Bouteille. Il en donnera pour
ellai .
CHAUMONT Perruquier fait non-ſeulement
toutes fortes de Perruques dans les goûts les plus
nouveaux , fpécialement celles qui font nouées &
celles en bourfe ; mais le deſſein dont il faic fa
ge lui donne une facilité pour bien prendre l'air
du vilage & coeffer le plus avantageulement
qu'on puiffe le defrer. Il fait voir les deſſeins en
tout genre d'accommodage , & variésfuivant les
différens goûts , il les exécute enfuite au choix &
à la fatisfaction des perfonnes qui les lui deman
dent. Il envoye auffi dans les Provinces , & même
dans les Cours Etrangères & tous Pays policés (es
divers ouvrages avec les différens deffeins dans
Lefquels ils doivent être foutenus & entretenus , ce
qui en facilitera la manière à ceux qui feront
chargés de leur accommodage & entretien. Il
demeure rue S. Nicaife , à l'Enfeigne du Mont
Véluve.
Le fieur MAILLE , Diſtillateur fi connu dans
différentes Cours de l'Europe , par les excellentes
compofitions , donne avis aux Amateurs de Liqueurs
, qu'il vient de compofer une Liqueur
nouvelle nommée le Courier de Cythere ; l'Au- "
teur fe flatte que cette Liqueur par la délicateſſe
de fon goût , eft tout ce que l'on a pu faire de
mieux dans ce genre , jufqu'à préfent ; il continue
avec fuccès la vente du ratafiat des Sultanes
& le nouveau caffis blanc pour fortifier l'eftomach
& aider à la digeſtion des alimens ; comme
auffi le vinaigre romain pour conferver les
dents , les blanchir , arrêter le progrès de la ca
212 MERCURE DE FRANCE.
rie , empêcher que les autres ne fe carient, les
raffermir dans leurs alvéoles , guérir les petits
chancres & ulcéres de la bouche , prévient l'haleiné
forte & rafraîchit les lévres ; & différens vinaigres
foit pour guérir le mal de dent , dartre
farineufe , boutons , noircir les cheveux roux ou
blancs , ôter les taches , maſque de couche, blan
chir le vifage & empêcher les rides de la peau ,
& le véritable vinaigre des quatre voleurs préfervatifde
tout air contagieux . L'on trouve chez
le feur Maille toutes fortes de liqueurs , eaux
d'odeurs de quelque efpéce qu'on puiffe le defirer,
& vinaigres à l'ufage de la table, bain &
toilette au nombre de deux cent fortes. L'on s'adreffera
pour le Courier de Cythere , caffis blanc
& ratafiat des Sultanes & autres liqueurs & eaux
d'odeurs en fon magafin à Séve près Paris ,
raure de Verfailles , & pour les Vinaigres en fa
maifon à Paris, rue S. André des Arts, la troifiéme
porte cochère à main droite , Le prix des bouteilles
de pinte de caffis blanc eft de 4 liv. celui du ratafiat
des Sultanes de 6 liv. & celui de Cytherede
8 liv. Les moindres bouteilles de vinaigre foir
pour les dents ou autre propriété fant de 3 liv .
en écrivant une lettre d'avis au fiear Maille , foir
en fon magalin ou à Paris , & remettant l'argent
par la Pofte le tout franc de port , l'on fera les
envois très exactement , avec la façon d'en faire ,
ufage.
Le fieur SAVOY , Valet de Chambre de M.
le Bailly de Fleury , donne avis au Public qu'il
vend du Savon de Naples à & livres la livre.
Du Diabolo de Naples à 4 liv. l'once. Des chanterelles
de Naples pour le Violon à a liv. le
paquet de 30.
JANVIER. 1763. 213
De l'Eau de la Fleur d'Orange de Malte faite
avec de la Fleur d'Orange Bigarade de l'année
1762 à 5 liv. la Bouteille. Il en donnera pour
ellai .
CHAUMONT Perruquier fait non-ſeulement
toutes fortes de Perruques dans les goûts les plus
nouveaux , fpécialement celles qui font nouées &
celles en bourfe ; mais le deſſein dont il faic fa
ge lui donne une facilité pour bien prendre l'air
du vilage & coeffer le plus avantageulement
qu'on puiffe le defrer. Il fait voir les deſſeins en
tout genre d'accommodage , & variésfuivant les
différens goûts , il les exécute enfuite au choix &
à la fatisfaction des perfonnes qui les lui deman
dent. Il envoye auffi dans les Provinces , & même
dans les Cours Etrangères & tous Pays policés (es
divers ouvrages avec les différens deffeins dans
Lefquels ils doivent être foutenus & entretenus , ce
qui en facilitera la manière à ceux qui feront
chargés de leur accommodage & entretien. Il
demeure rue S. Nicaife , à l'Enfeigne du Mont
Véluve.
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Résumé : AVIS DIVERS.
En janvier 1763, le distillateur Maille annonce dans le Mercure de France la création d'une nouvelle liqueur, le Courier de Cythere, présentée comme la meilleure de son genre. Il continue de commercialiser le ratafiat des Sultanes et le café blanc, bénéfique pour la digestion. Maille propose également divers vinaigres, dont le vinaigre romain pour la santé dentaire et le vinaigre des quatre voleurs comme préservatif contre les airs contagieux. Son magasin à Sèvres et sa maison à Paris, rue Saint-André des Arts, offrent plus de deux cents sortes de liqueurs, eaux de senteur et vinaigres. Les prix varient : le café blanc est à 4 livres la bouteille, le ratafiat des Sultanes à 6 livres et le Courier de Cythere à 8 livres. Les vinaigres spécialisés coûtent 3 livres la bouteille. Les commandes peuvent être passées par lettre, avec envoi par la poste sans frais supplémentaires. Par ailleurs, M. Savoy, valet de chambre du Bailly de Fleury, vend du savon de Naples, du Diabolo de Naples, des chanterelles pour violon et de l'eau de fleur d'orange de Malte. Le perruquier Chaumont, situé rue Saint-Nicaise, propose diverses perruques et envoie ses ouvrages dans les provinces et les cours étrangères, accompagnés de dessins pour leur entretien.
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13
p. 201-203
A LACROIX DE LORRAINE, A La Source du Parfait-Amour.
Début :
MICHELIN , Marchand Epicier & Distillateur, demeure rue & près les Capucines, vis-à-vis [...]
Mots clefs :
Épicier , Distillateur, Liqueurs, Sirops, Thériaque de Venise
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A LACROIX DE LORRAINE, A La Source du Parfait-Amour.
A LACROIX DE LORRAINE ,
A La Source du Parfait - Amour.
MICHELIN , Marchand Epicier & Diſtillateur
, demeure rue & près les Capucines , vis- àvis
la Place de Vendôme ; Tient & Fabrique les
Superfines Liqueurs de Lorraine & autres Pays
Etrangers ;
Marafquin ,
Bologna ,
Huile de Vénus ,
SÇAVOIR ,
Eau des Barbades d'Angleterre ,
Eau de Dardel ,
Eau de Meliffe
Scuba rouge d'Angleterre ,
Eau de Fleur d'Orange ,
Cinnamomum rouge ,
Rhubarbe >
La Vanille ,
Liqueur de Macis ,
Bergamotte rouge ,
Parfait - Amour
Scuba jaune ,
Scuba blanc .
Fine Orange ,
Superfin de Saffran ,
Cédra blanc
Crême de Barbades ,
Cinnamomum
,
Eau Couronnée ,
12
1.
12.1
12 1.
6. 1.
6 1.
6 l.
6 1.
6 L
.6 1.
61.
6 1.
}
6 1 .
6 1.
6 1
6 1.
6
6 1.
6 1
61
61.
6 น.
Liqueur d'Abricot ,
Larmes de Portugal ,
Roffolis rouge ,
Roflolis blanc ,
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Badian des Indes ,
Pondichery blanc ,
Pondichery rouge
Liqueur à la Dauphine,
Bergamotte ,
Chocolat ,
6 1.
6 l.
6 1 .
6 1.
61.
Caffé ,
Cachoux ,
6 1.
6 1:
Les Sept Graines , 6.1.
La Bequillette ,
6 1.
Unique Parfaite , 6 1.
Thériaque ,
6 l.
Quinquina ,
6 1.
La Renommée d'Ecoffe , 6 1.
Limette des Indes , 6 1.
Aigle d'Inde , 6 1.
Framboife blanche , 6 1.
Crême de Florence , 6 1.
Carolina ,
6 1.
Crême de Fleur d'Orange , 6 1.
La Capucine rouge ,
Liqueur de Jafmin ,
Archiepifcopale ,
Framboiſe ,
Superfin de Geniévre ,
Le Coing ,
Perficot ,
La Capucine blanche,
Angelique blanche ,
Angelique rouge ,
Fenouille ,
s 1.
sl.
s.1.
sl.
s l.
sl.
sl.
5 1.
5 1.
5 1.
5 l.
Citronelle ,
5 1.
Le Rouffillon > s l.
La Coriandre ,
L'Eillet ,
Efprit de Coclearia ,
Eau Sans- Pareille ,
s l.
·S. 1.
sļ
FEVRIER, 1763 103
Vin d'Alicant ,
Ratafiat de Fleur d'Orange ,
Eau Divine ,
Broux de Noix ,
Anis des Indes ,
Hypothéque Royal ,
Quatre Fruits rouges ,
Crême de Pêche ,
Ratafiat de Griotte ,
Kirs Wafer ,
Efprit de Lavande ,
4 1. 10 í.
4 l. 1o f.
4
.1.
4 1.
4 l.
4 1.
4 1.
4 1,
4 l.
4 1 .
Elprit-de-Vin ,
4 1.
Ratafiat de Coings ,
3 l.
Ratafiat de Caffis ,
3 1.
Ratafiat de Géniévre ,
3 l.
Ratafiat Mufcat ,
3 1.
Ratafiat de Noyau ,
3 l.
Ratafiat d'illet , 3 1.
Ratafiat de Ceriſe ,
3 l.
Eau de Lavande >
Lavande à l'infufion ,
Elprit de Vulneraire ,
3 1.
3 l
3 1.
Eau de la Reine d'Hongrie ,
5 10
Il fait & vend auffi toutes fortes de Sirops ,
& le véritable Thériaque de Venife , en gros &
détail. Le tout à jufte prix A PARIS .
A La Source du Parfait - Amour.
MICHELIN , Marchand Epicier & Diſtillateur
, demeure rue & près les Capucines , vis- àvis
la Place de Vendôme ; Tient & Fabrique les
Superfines Liqueurs de Lorraine & autres Pays
Etrangers ;
Marafquin ,
Bologna ,
Huile de Vénus ,
SÇAVOIR ,
Eau des Barbades d'Angleterre ,
Eau de Dardel ,
Eau de Meliffe
Scuba rouge d'Angleterre ,
Eau de Fleur d'Orange ,
Cinnamomum rouge ,
Rhubarbe >
La Vanille ,
Liqueur de Macis ,
Bergamotte rouge ,
Parfait - Amour
Scuba jaune ,
Scuba blanc .
Fine Orange ,
Superfin de Saffran ,
Cédra blanc
Crême de Barbades ,
Cinnamomum
,
Eau Couronnée ,
12
1.
12.1
12 1.
6. 1.
6 1.
6 l.
6 1.
6 L
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6 1 .
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6 1
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6 1
61
61.
6 น.
Liqueur d'Abricot ,
Larmes de Portugal ,
Roffolis rouge ,
Roflolis blanc ,
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
Badian des Indes ,
Pondichery blanc ,
Pondichery rouge
Liqueur à la Dauphine,
Bergamotte ,
Chocolat ,
6 1.
6 l.
6 1 .
6 1.
61.
Caffé ,
Cachoux ,
6 1.
6 1:
Les Sept Graines , 6.1.
La Bequillette ,
6 1.
Unique Parfaite , 6 1.
Thériaque ,
6 l.
Quinquina ,
6 1.
La Renommée d'Ecoffe , 6 1.
Limette des Indes , 6 1.
Aigle d'Inde , 6 1.
Framboife blanche , 6 1.
Crême de Florence , 6 1.
Carolina ,
6 1.
Crême de Fleur d'Orange , 6 1.
La Capucine rouge ,
Liqueur de Jafmin ,
Archiepifcopale ,
Framboiſe ,
Superfin de Geniévre ,
Le Coing ,
Perficot ,
La Capucine blanche,
Angelique blanche ,
Angelique rouge ,
Fenouille ,
s 1.
sl.
s.1.
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s l.
sl.
sl.
5 1.
5 1.
5 1.
5 l.
Citronelle ,
5 1.
Le Rouffillon > s l.
La Coriandre ,
L'Eillet ,
Efprit de Coclearia ,
Eau Sans- Pareille ,
s l.
·S. 1.
sļ
FEVRIER, 1763 103
Vin d'Alicant ,
Ratafiat de Fleur d'Orange ,
Eau Divine ,
Broux de Noix ,
Anis des Indes ,
Hypothéque Royal ,
Quatre Fruits rouges ,
Crême de Pêche ,
Ratafiat de Griotte ,
Kirs Wafer ,
Efprit de Lavande ,
4 1. 10 í.
4 l. 1o f.
4
.1.
4 1.
4 l.
4 1.
4 1.
4 1,
4 l.
4 1 .
Elprit-de-Vin ,
4 1.
Ratafiat de Coings ,
3 l.
Ratafiat de Caffis ,
3 1.
Ratafiat de Géniévre ,
3 l.
Ratafiat Mufcat ,
3 1.
Ratafiat de Noyau ,
3 l.
Ratafiat d'illet , 3 1.
Ratafiat de Ceriſe ,
3 l.
Eau de Lavande >
Lavande à l'infufion ,
Elprit de Vulneraire ,
3 1.
3 l
3 1.
Eau de la Reine d'Hongrie ,
5 10
Il fait & vend auffi toutes fortes de Sirops ,
& le véritable Thériaque de Venife , en gros &
détail. Le tout à jufte prix A PARIS .
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Résumé : A LACROIX DE LORRAINE, A La Source du Parfait-Amour.
Le document est une annonce publicitaire pour Michelin, un épicier et distillateur parisien situé près des Capucines, face à la Place de Vendôme. Michelin fabrique et vend diverses liqueurs et produits distillés, incluant des liqueurs superfines de Lorraine et d'autres pays étrangers. Parmi les produits proposés figurent le Marafquin, la Bologna, l'Huile de Vénus et l'Eau des Barbades d'Angleterre. Les prix des produits varient de 3 à 6 livres. Michelin offre également des sirops et la véritable thériaque de Venise, en gros et au détail, à des prix justes. L'annonce est datée de février 1763.
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14
p. 201-202
« Par Brevet du 21 Juin 1758, le Roi a accordé au Sieur Onfroi, Distillateur, [...] »
Début :
Par Brevet du 21 Juin 1758, le Roi a accordé au Sieur Onfroi, Distillateur, [...]
Mots clefs :
Distillateur, Brevet, Liqueurs, Récompenses, Huile royale, Élixir, Digestion, Chocolat, Liqueur spiritueuse, Dents
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Par Brevet du 21 Juin 1758, le Roi a accordé au Sieur Onfroi, Distillateur, [...] »
PARBrevet du 21 Juin 1758 , le Ror a accordéau
Sieur ONFROI , Diſtillateur , à laDeſcente de la
Placedu Pont S. Michel , à Paris , le titre de diſtillateur
de Sa Majeſté. Et par un ſecond Brevet
du 4 Novembre 1763 , qui confirme le premier ,
le Roi pour le récompenſer de ſes travaux , à
la perfectionde ſes liqueurs , l'a retenu & le retient
pour être Diſtillateur ordinaire de Sa
Majeſté : des recompenſes auſſi autentiques des
talens du Sieur Onfrey & les fuffrages qu'il a
a eu du Public , ſont de fürs garants que perſonne
n'en mérite plus la confiance.
la
Indépendamment de toutes les nouvelles liqueurs
qu'il a données de ſa compoſition , il vient
encore de compoſer une huile Royale de vanille
admirable ; elle joint à la falubrité
propriété des plus excellens Elixirs pour faciliter
la digeſtion. L'uſage en eſt comine des autres
liqueurs.
Son nouveau Chocolat à la façon de Rome,
dont les eſpéces ne différencient que par le
plus ou moins de vanille, eſt généralement trou
vé ſupérieur à tout autre.
Sa liqueur ſpiritueuſe pour les dents , qui en
202 MERCURE DE FRANCE.
arrête ſur le champ ſans retour les plus vives
douleurs , les blanchit & prévient tous les accidens
de la bouche , eſt ſi connue , qu'il en
fait un débit conſidérable. Il débite toujours
avec le même ſuccès ſes Eaux de propreté. Enfin
c'eſt chez lui ſeul , à Paris , que ſe trouve la
véritable Eau de Cologne du Sieur Jean-Antoine
Farina , dont le prix est de 16 fols la
bouteille.
Sieur ONFROI , Diſtillateur , à laDeſcente de la
Placedu Pont S. Michel , à Paris , le titre de diſtillateur
de Sa Majeſté. Et par un ſecond Brevet
du 4 Novembre 1763 , qui confirme le premier ,
le Roi pour le récompenſer de ſes travaux , à
la perfectionde ſes liqueurs , l'a retenu & le retient
pour être Diſtillateur ordinaire de Sa
Majeſté : des recompenſes auſſi autentiques des
talens du Sieur Onfrey & les fuffrages qu'il a
a eu du Public , ſont de fürs garants que perſonne
n'en mérite plus la confiance.
la
Indépendamment de toutes les nouvelles liqueurs
qu'il a données de ſa compoſition , il vient
encore de compoſer une huile Royale de vanille
admirable ; elle joint à la falubrité
propriété des plus excellens Elixirs pour faciliter
la digeſtion. L'uſage en eſt comine des autres
liqueurs.
Son nouveau Chocolat à la façon de Rome,
dont les eſpéces ne différencient que par le
plus ou moins de vanille, eſt généralement trou
vé ſupérieur à tout autre.
Sa liqueur ſpiritueuſe pour les dents , qui en
202 MERCURE DE FRANCE.
arrête ſur le champ ſans retour les plus vives
douleurs , les blanchit & prévient tous les accidens
de la bouche , eſt ſi connue , qu'il en
fait un débit conſidérable. Il débite toujours
avec le même ſuccès ſes Eaux de propreté. Enfin
c'eſt chez lui ſeul , à Paris , que ſe trouve la
véritable Eau de Cologne du Sieur Jean-Antoine
Farina , dont le prix est de 16 fols la
bouteille.
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Résumé : « Par Brevet du 21 Juin 1758, le Roi a accordé au Sieur Onfroi, Distillateur, [...] »
Le texte évoque les distinctions accordées à Sieur Onfroi, distillateur à Paris. Par un brevet du 21 juin 1758, le roi lui a octroyé le titre de distillateur de Sa Majesté. Un second brevet, daté du 4 novembre 1763, a confirmé ce titre et récompensé Onfroi pour la qualité de ses liqueurs, le désignant comme distillateur ordinaire du roi. Ces distinctions soulignent ses talents et la confiance du public en ses produits. Onfroi a créé plusieurs nouvelles liqueurs, dont une huile royale de vanille facilitant la digestion. Son chocolat à la façon de Rome, disponible en différentes variétés selon la quantité de vanille, est jugé supérieur à tout autre. Sa liqueur spiritueuse pour les dents soulage les douleurs, blanchit les dents et prévient les problèmes buccaux, ce qui en fait un produit très demandé. Il commercialise également des eaux de propreté et l'Eau de Cologne de Jean-Antoine Farina, vendue à 16 sols la bouteille.
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15
p. 207-208
« Le Sieur Sauvel, Marchand Distilateur, rue neuve des Petits-Champs, au [...] »
Début :
Le Sieur Sauvel, Marchand Distilateur, rue neuve des Petits-Champs, au [...]
Mots clefs :
Distillateur, Liqueurs, Bouteilles, Eaux de senteur, Chocolat
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Le Sieur Sauvel, Marchand Distilateur, rue neuve des Petits-Champs, au [...] »
LE Sieur SAUVEL , Marchand Diftilateur , rue
neuve des Petits - Champs , au coin de la rue des
Bons- Enfans , au Magafin de Provence , avertit le
Public qu'il lui eft arrivé plufieurs fortes de Liqueurs
étrangères ; entr'autres , du Marafquin de
Zara & de Bologne , à 18 liv . la bouteille ; nouvelle
Crême de Fleur-d'Orange au Vin de S. Lautent
, Supérieure à celle au Vin de Champagne
à 6 liv la bouteille ; Roffoglio de Bologne à 10 liv.
la bouteille ; Huile de Gérofle à 6 liv . la bouteille ;
Huile & Crême d'Anis des Indes à 6 liv . la bouteille
, double Hypotheque de Gérofle à 3 liv . la
bouteille de pinte.
Il vend auffi des Eaux de Senteur ; Eau de
Fleur- d'Orange de Malthe à 3 liv. la bouteilles
Eau de Lavande à a liv. 10 f. la pinte ; la parfu
mée à 3 liv.
208 MERCURE DE FRANCE.
On trouve encore dans fon Magafin d'excellent
Chocolat de toute eſpéce . La réputation de cet Ar
tifte s'étend tous les jours davantage , il ne peut
trop mériter l'empreffement du Public.
neuve des Petits - Champs , au coin de la rue des
Bons- Enfans , au Magafin de Provence , avertit le
Public qu'il lui eft arrivé plufieurs fortes de Liqueurs
étrangères ; entr'autres , du Marafquin de
Zara & de Bologne , à 18 liv . la bouteille ; nouvelle
Crême de Fleur-d'Orange au Vin de S. Lautent
, Supérieure à celle au Vin de Champagne
à 6 liv la bouteille ; Roffoglio de Bologne à 10 liv.
la bouteille ; Huile de Gérofle à 6 liv . la bouteille ;
Huile & Crême d'Anis des Indes à 6 liv . la bouteille
, double Hypotheque de Gérofle à 3 liv . la
bouteille de pinte.
Il vend auffi des Eaux de Senteur ; Eau de
Fleur- d'Orange de Malthe à 3 liv. la bouteilles
Eau de Lavande à a liv. 10 f. la pinte ; la parfu
mée à 3 liv.
208 MERCURE DE FRANCE.
On trouve encore dans fon Magafin d'excellent
Chocolat de toute eſpéce . La réputation de cet Ar
tifte s'étend tous les jours davantage , il ne peut
trop mériter l'empreffement du Public.
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Résumé : « Le Sieur Sauvel, Marchand Distilateur, rue neuve des Petits-Champs, au [...] »
Le Sieur Sauvel, marchand distillateur, annonce l'arrivée de diverses liqueurs étrangères, dont du Marasquin de Zara et de Bologne à 18 livres, une crème de Fleur-d'Orange au vin de Saint-Laurent à 6 livres, et du Rossoglio de Bologne à 10 livres. Il propose également des eaux de senteur et du chocolat. Sa réputation croissante mérite l'attention du public.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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