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1
p. 173-206
LE VERLUISANT, L'ABEILLE, ET LE VER-A-SOYE. FABLE.
Début :
On ne voit point de si pestite Beste, [...]
Mots clefs :
Fable, Verluisant, Abeille, Amour, Nature, Musique, Rejet , Morale, Mariage, Ver
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texteReconnaissance textuelle : LE VERLUISANT, L'ABEILLE, ET LE VER-A-SOYE. FABLE.
LE VERLVISANT,
L'ABEILLE,
ET LE V E R-A-S O Y E.
FABLE.
On ne
voit point de si
-~ petite Beste, ;: ~S
Qui dans sa jeune,ou sa vieillefaison, I
Ne se mette l'amour, en
P' , ~i teste.i H
Et qui ne croye encor le
,' faire avecraison. A
Ce que je dis estveritable,
La preuve en est dans cette
table.
Sous le pied d'une Ruche
un certain Verluisant
Logeoit; & ce Logis estoit
assez plaisant.
Nostre bonne Mere NaLturc,
Soit à dessein, foit par hazard
* De ses faveurs au Vers ajvoit
fait bonne part.
Il
,
trouvoit. pour sa
*
nour- ~-xiture*i: ')
A quatre pas dequoy inan.
; geravec plaisïr '., - l*
Herbe seche
,
Herbe fraîche
, il n'avoit qu'à
choisir
S'il en vouloir faire pâture,
Tout alloit sélon son desir.
Mais helas ! du moment
--
f ..: :.
qu'on,aime ,'. -;:
A moins que ce ne soit par
un bonheur extrême,.r.
Il faut se réfoudreàiou ffrir.
L'Amour est unvray crou- :ble-£este,••
Des Hommes en ont pu
:., mourir; ; i Voyons comme ihtraita
une beste.
Dans la Ruche, lieu propre
& très- bien habité,
Entre plusieurs, logeoit
certaine jeune Abeille,
Dont lecoeur à l'amour estoit
assez porté.
Ce n'estoit pas grande merveille
A cette passion le Sexe fé.
,'r- minin
Est enclin,-
Autant & plus que ness le
masculin.
Ajoutez que le voisinage
Donnant les moyens de Ce
: voir
Matin <3e soit,
Insensiblement on s'engage.
Venons au Ver. Il avoic de
l'esprit
Il n'estoit rien de beau, ny
de bon, qu'il n'apprît>
Aussi jamais n'avoit on veu
Reprile
En belles qualitez aucanc
que iuy fertile.
il dançoit & chantoit fore
agréablement
;
Mais ce que l'on trouvoie
de rare,
Et dans un Ver qui l'est a£
surément,
C'estqu'iljoüoit dela Guitare
Panablemenr.
Enfin pour la galanterie
Il avoit un si beau talent,
Qu'en Prose cpmme en
,'. Poësie,,
Cestoit un Aucheur excellent.
Quvrage en Vers , Bitlejr*
& Lettre,
Le tout estant de sa façon,
On n'y trouvoit plus rien
-; n' • a mettre :
Et Voirureencomparaiso.ln,
<
Auroit auprès de luy passé
pour un Oyso1n.
Voila le Ver. Quant à
l'Abeille,
Et pour l'esprit, & pour le
corps,
De la Nature elle eut les
plus riches trésors.
Du Monde ellepassoit pour
huitième Merveille,
Ellejoüitdu Clavessin,
Elle avoir appris WMusi-j
v que, ;>
Parloit Italien, &-' mesme
un peuLatin.
Sa mémoire estoit angéli-
.que,-/
?
';!:-j
Aussi l'exerçoit-elle avec
juste raison.
Elle lisoit la Fable,elle lisoit
l'Histoire,
Elle lisoit, cela se peut-il
croire?
Jusques aux Livresde Blazon.
S'il faut parler de sa personne
,
Quoyqu'elle eust assez
- d'embonpoint,
Sa
-
mtaiillge nestooisngranndee &,
Et le bon air n'y manquoit
",. :',':' point. -.. ,-:
Au reste,c'écoituneBlonde,
Dont le teint blanc, frais,
,
& poly,
L'eust fait seul passer dans
le monde
Pour l'Objet le plus accomply.
Cependant malgré tous
ces charmes,
L'Histoire dit que nostre
Verluifant
Eust bravé son pouvoir, s'il
n'eust rendu les armes
Au regard tendre & languissant,
Dont ( quand il plaisoit à la
Dame) Le coeur le plus glacé se
sentoittouten flaâmmee..
C'est en vain qu'on voudroit
resister à l'Amour.
Tortoutard ,
quoyqu'on
fasse, ilest Maistre à son
- tour.
Ce petit Dieu
,
de toute :/i!:: chosè- En ce monde à son grédispcrfe.
L'Abeille est amoureuse,&
leVer amoureux,
Sans que cependant tous
les deux
De leur trou ble secret sçachent
d'abord la cause ;
Mais comme en eux ce
trouble est tous les jours
plus grand
,
L'un &l'autre bientostl'ap-
,
prend.
LeVerestenhumeur chagriné,
Quand il ne voit pas favoisine
;
Et del'Abeille lechagrin
C'est de ne point voirson Voisin.
Quesi quelque doux te steàteste
Se rencontre pour nos A- mans,
Ils ne font que trop voir
dans cesheureux momens
Que l'un de l'autre est la
conqueste.
En mille & mille occasions
Que leur donnoïclafoli-.
tude,
Sans soucy
,
sans inquiétude,
Satisfaisant leurs payions,,
Ils passerent deuxans dans
ce doux badinage.
Mais à la fin eslans surpris,
Il fallut que le Versortist
duvoisinage.
C'estoir le seul moyen- de
dissiperl'ombrage -
Que les Parens de l'Abeille
avoienc pris.
Tout d'un coup il plia bagage,
Et
Et crut àfranchement:par-
-
ler,
Qu'afin de fauter mieux,il alloitreculer.
C'estoitagir en Ver tressage;
Mais par malheur, le pau-
.< vreDiablealla
Pis que de CaribdeenSylla.
,
Comme il ne voyoit plus
qu'une fois la semaine,'.::
Encarincognito,toujours
mesmeavecpeiné,
L-'objetde ses tcadr£$rar mours. ; >
°,r-
Luy quipouvoit le voir autrefoistous
les jours 1
Par un revers en tel cas or-
A mesure qu'il futmoins Veu, -
,}
( Qui de l'Abeille l'auroit
A ) J. -
A mesure il cessa deplaire.
De plus, Dame Avarice
;-""Y" vint mettredusien,
Elle qui tous lesjours: de
etant de maux-c
Les Parens
-
del'Abeille .Lvoietbeaucoupde
Bien è]
Et ceux duGalant n'a-
-r-.r.l'Oi'yûticvnt•'ntn-jr,p ''L
Q(I tourau plus si peu de
chose
Que jen'ose
Là-dessus seulement sous-
Ecdevouloirlesaccoupler
Ec devouloir les accoupler,
Lecoup paroissoit impossible-
A l'Abeille on ditbien&
-
beau,:
(
Qu'ondoimeroit sur lemu-
-4 i
seau,
Si plusau Verluisanton la
:., :-Noÿoit fenCble;
Quenfin elle devoir avoir
Sur.sarichesse un autre esi,
poir,
Puisque leMielpouvoir làmettre
enl'alliance
Du plus riche Animal de
France. »'i I
Fy d'un Ver, disoit-on,qui
napour tout vaillant
Qu'une etincelle de brillant.
Or donc parheureuse.
rencontre,
A nostreVerluifantunjour
L'inconstante Abeille se
moncre. :,
Il luy parla d'abord de son
amour.
Elle recoure sans repondre.
Questce donc qui peut vous
confondre,
Luy dit ce Ver,luy-mesme
confondu
De ce qu'à ses propos elle
n'arépon d u?
Ay je quelque Rival à craindre
?
Non de cela, dit elle, il ne
fautpasvous plaindre; ',"
Si l'airfroid dont J'agis fait
vostre estonnement,
Je m'en vaisvous contersans feindre,
Ce qui causece changement.
Tous mes Parens
, ne vous
:
déplaiseT
SortiGensquisontfort à leur*
aise.
Et lesyoftrpjs3,mvm.vçuil
enseriezlefin,
N'ont pasun semblable destin.
Il est vrayquevous eKr
, (7
moychétive Abeille, >v--V
Nostrecondition si trouve ast
,
sezpareille.
Mais onnecomptepointsur
cettif-éXae. ; Dans laplupart des Maria.
ges ; Etce qui les fautchez les Sages,
Ce n'estquelaréalité --,
Ergo. Parmes
Biensseulsestantrecommandable,
Je dois fairechoixd' un Party
que vd.M Wtfâïfar
table*
Mes Parens à nos feux n'ont
jamaisconsenty.
Ainsicherchez une Maistresse
Quiveuille bien recevoiren
payement
V..ps douceurs& vopre ten- Ànjjf-:
Jy renonce, & dés ce moment
Jelésseavosdpftrfilibertétçttte
entiere
,
Dese donnerailleurscarriere.
L'Abetil^difp.arçi(t vkVer
au desespoir
A tout cela qu'eust-il pû
dire?
Si vous desurezJesçavoir,
Il est dans ceRondeau, vous
n'avez qu'à le lire.
Un tendre coeur fait tout
mon bien;
Et pour n'avoir que cesoustien;
Jeseraytoujoursmiserable;
Car dans ce temps abominable,
On regarde un Gueux comme
un Chien.
• Des amitiez le seul lien,
Argent
,
bel argent, cejl le
tien;
Etsanstoyl'onenvoyeau
-
,
Un.-:Dia£/e tendre coeur.
Tay mon sort, chacun à le
,::. ; :'
,
:-:, sien , Mais
Mais en est-ilcomme le mien?
En est-il d'aussu deplorable ?
Non,non,jesuisinconsolable,
Si l'Abeillecompte pour rien
Vn tendre coeur.
Pendant qu'ainsi nostre
Vermoralise,
L'Abeille sans s'en soucier,
Prend sonessorjusque sur
un Meurier,
Où si-tost qu'elle se suc
n1ise)
Ses yeux d'un ver-à foye
attaquent la franchise.
(Sur ces Arbres tousjours
,.
Ver-àsoye esterrant. )*
Ce Ver la voit, l'aborde,
& dit en son langage,
Aprés l'humble salut que
l'Abeille luy rend;
A veniren ces lieux quelsujet
vous engage?
Vous n'y trouverez point de Fleur,
? Mais en récompense mon cteu-Y
Vient s'offrir à vostre pillage.
Pour vous il est sans aucun
fiel,
Vous en pourriez faire du
Miel;
Belle Abeille,daignezleprendre.
Nostre Abeille sans plus attendre,
Aprés un regard des plus
doux,
Luy dit, Tout de bon, m'aimez-
vous ?
A peine encor m'avez - vous
veuë ;
Et cependant, sivous quittez
ces lieux;
Répond le Ver,vostreabsence
me tuë
, Je ne puis vivreesloigné de
vos jeux.
Je ne sçaurois aussi sans défiance
Croire , un amoursi prompt, si
plein de violence,
Repartl'Abeille au Ver.
; Mais en cas que demain
Vous yresserntieez pareille m.Lar-
Vousviendrez chez,moy me le
dire
y Et vous n'yvviaendirnez p.as en
jidtf'u, beau Ver,je me
retire.
..-"" r'
Quandl'Abeille esten sa
Maison
, .', Ellesonge à sonavanture,
Èt par leSiecle d'or en soymesme
elle jure
Qu'elle fera tres prompte
1
guérison
De la blessure
,
Qu'au coeur du Ver-à soye
ont fait ses doux appas,
Si l'Animal porte les pas
Le lendemain du costé de
la Ruc he.
Quoy,jiii-n-rûistt-igueuxde
Verluisant, Disoit elleenreste hiffanc>
Ilfl!tj¡OÚ rjM'r je fasseCrache.
Vivent mes nouvelles amours
Ah, quellejoye !
Jevais coulerle reste de mes
jours
Et dans le miel
, & dans la
soye.
Elle passa la nuit à raisonnerainsi;
Et des le grand marin elle
n'eut desoucy
Que de demeurer sur sa
Porte,
Croyant de moment en
moment
Qu'il faut que le bon vent
y porte
LebeauVer
,
son nouvel
-
Amant, Il en arriva d'autre sorte,
Pour elle c'estoit temps
perdu.
Son Ver-à soye étoit dodu,
Et marchoit lentement,suivy
de l'équipage
Qu'un Ver semblable à luy
méne à son Mariage.
Le Rendez-vous estoitun
Rendez-vous d'amour;
Mais pour faire un pareil
voyage, Au pesant Ver-à-soye ilfalloit
plus d'un jour.
Quoyqu'il en fust,voicyla
triste destinée
Qu'autour delaRuchetraînoit
Le pauvre Verluisant. Son
ame abandonnée
Au plus mortel chagrin
sans ccèe examinoit
Par où pouvoir adoucir
l'Inhumaine.
Sur Je feüil dela Ruche il
la surprit le soir.
Elle n'estoit pas là sans
doute pour le voir.
J\I*aure^-rusMpoint pitié, luy.
dit il, de ma peine?
Je vous aime tousjours, &..
vousnem'aimezplus
Ingrate, insensible , insidelle,
Que dites-vousune flâmesi
belle?
Messoûpirs si conjlansferont-
-
ilssuperstus?
Enfin, tout de bon, dois-je
croire
v
Que contre rno) vous soyezen
courroux,
Et que vous perdiez la mémoire
De tout ce que l'Amour m'a
faitfaire pour vous ?
Vil Animal
,
Infecte teméraire,
Qu'a'Vez vousfaitqu'envous
trompant
Répond l'Abeill3e, & que
pouviez vous faire ?
Ce que j'ayfait, dit le Ver
en rampant ? Je m'en vay vous l'apprendre,
Abeilie trop légere.
J'ay fait, nonsans de grands
travaux ,
Pour vous conter mes doleances
Messoins, mes soucis, mesfouf
frances, -
Tous les joursmille Vers nouveaux.
J'ayfait cent t7 cent Madrigaux
Sur la moindre de vos absences;
J'ay fait des Odes & des
Stances,
Chansons
,
Triolets, & Rondeaux.
J'ay fait pour vous des Epigrammes
)
Et mesme quelquesAnagrammes
y Le tout d'unstile pur & net.
Et s'il eust esté necessaire
, J'avoistelle ardeur de VOUA plaire,
Que jcujje esté jusqu'au Sonnet.
De tout cela je vous tiens
peu de compte,
Répond l'Abeille, & je
mourrois de honte,
Si javois de l'attachement
Pour un Amant
Dontleplussolide merite
Consiste en beaux discours; dés
mes plus jeunes ans
On m'offusquoit de cetEncens.
JaimeAujourd'huy celuy de la
Marmite.
Elle rentre en sa Ruche, en
disantce beau mot.
Aussi le Verluisantestoit-il
un grand sot,
D'oseraspireràla proye,
Que fuivanc les regles du
temps
Doit attraperle riche Verà
soye.
Qu'il soit donc sage à fcs
dépens,
Et secontente d'une Mouche
>
Qui n'aura comme luy,
que l'esprit & la bouc he,
Il passera par là pour un
Ver de bon sens.
,.J'ay prétendu qu'en cet- te Fable,
Pour que lque Amant peutéstre
Histoireverita ble,
Et les Filles, &les Garçons,
Trouveroient de bonnes
leçons.
Les unes sur l'obéïssance
Que rend l'Abeille aux
droits de la naissance,
Profiteront en la lisant;
Et les autres sujetsàl'aveugle
tendresse,
Quand ils voudront choisir
uneMaistresse,
Consulteront leVerluisant;
Il sçait dans l'amoureuse affaire
Comme est punile Temeraire.
L'ABEILLE,
ET LE V E R-A-S O Y E.
FABLE.
On ne
voit point de si
-~ petite Beste, ;: ~S
Qui dans sa jeune,ou sa vieillefaison, I
Ne se mette l'amour, en
P' , ~i teste.i H
Et qui ne croye encor le
,' faire avecraison. A
Ce que je dis estveritable,
La preuve en est dans cette
table.
Sous le pied d'une Ruche
un certain Verluisant
Logeoit; & ce Logis estoit
assez plaisant.
Nostre bonne Mere NaLturc,
Soit à dessein, foit par hazard
* De ses faveurs au Vers ajvoit
fait bonne part.
Il
,
trouvoit. pour sa
*
nour- ~-xiture*i: ')
A quatre pas dequoy inan.
; geravec plaisïr '., - l*
Herbe seche
,
Herbe fraîche
, il n'avoit qu'à
choisir
S'il en vouloir faire pâture,
Tout alloit sélon son desir.
Mais helas ! du moment
--
f ..: :.
qu'on,aime ,'. -;:
A moins que ce ne soit par
un bonheur extrême,.r.
Il faut se réfoudreàiou ffrir.
L'Amour est unvray crou- :ble-£este,••
Des Hommes en ont pu
:., mourir; ; i Voyons comme ihtraita
une beste.
Dans la Ruche, lieu propre
& très- bien habité,
Entre plusieurs, logeoit
certaine jeune Abeille,
Dont lecoeur à l'amour estoit
assez porté.
Ce n'estoit pas grande merveille
A cette passion le Sexe fé.
,'r- minin
Est enclin,-
Autant & plus que ness le
masculin.
Ajoutez que le voisinage
Donnant les moyens de Ce
: voir
Matin <3e soit,
Insensiblement on s'engage.
Venons au Ver. Il avoic de
l'esprit
Il n'estoit rien de beau, ny
de bon, qu'il n'apprît>
Aussi jamais n'avoit on veu
Reprile
En belles qualitez aucanc
que iuy fertile.
il dançoit & chantoit fore
agréablement
;
Mais ce que l'on trouvoie
de rare,
Et dans un Ver qui l'est a£
surément,
C'estqu'iljoüoit dela Guitare
Panablemenr.
Enfin pour la galanterie
Il avoit un si beau talent,
Qu'en Prose cpmme en
,'. Poësie,,
Cestoit un Aucheur excellent.
Quvrage en Vers , Bitlejr*
& Lettre,
Le tout estant de sa façon,
On n'y trouvoit plus rien
-; n' • a mettre :
Et Voirureencomparaiso.ln,
<
Auroit auprès de luy passé
pour un Oyso1n.
Voila le Ver. Quant à
l'Abeille,
Et pour l'esprit, & pour le
corps,
De la Nature elle eut les
plus riches trésors.
Du Monde ellepassoit pour
huitième Merveille,
Ellejoüitdu Clavessin,
Elle avoir appris WMusi-j
v que, ;>
Parloit Italien, &-' mesme
un peuLatin.
Sa mémoire estoit angéli-
.que,-/
?
';!:-j
Aussi l'exerçoit-elle avec
juste raison.
Elle lisoit la Fable,elle lisoit
l'Histoire,
Elle lisoit, cela se peut-il
croire?
Jusques aux Livresde Blazon.
S'il faut parler de sa personne
,
Quoyqu'elle eust assez
- d'embonpoint,
Sa
-
mtaiillge nestooisngranndee &,
Et le bon air n'y manquoit
",. :',':' point. -.. ,-:
Au reste,c'écoituneBlonde,
Dont le teint blanc, frais,
,
& poly,
L'eust fait seul passer dans
le monde
Pour l'Objet le plus accomply.
Cependant malgré tous
ces charmes,
L'Histoire dit que nostre
Verluifant
Eust bravé son pouvoir, s'il
n'eust rendu les armes
Au regard tendre & languissant,
Dont ( quand il plaisoit à la
Dame) Le coeur le plus glacé se
sentoittouten flaâmmee..
C'est en vain qu'on voudroit
resister à l'Amour.
Tortoutard ,
quoyqu'on
fasse, ilest Maistre à son
- tour.
Ce petit Dieu
,
de toute :/i!:: chosè- En ce monde à son grédispcrfe.
L'Abeille est amoureuse,&
leVer amoureux,
Sans que cependant tous
les deux
De leur trou ble secret sçachent
d'abord la cause ;
Mais comme en eux ce
trouble est tous les jours
plus grand
,
L'un &l'autre bientostl'ap-
,
prend.
LeVerestenhumeur chagriné,
Quand il ne voit pas favoisine
;
Et del'Abeille lechagrin
C'est de ne point voirson Voisin.
Quesi quelque doux te steàteste
Se rencontre pour nos A- mans,
Ils ne font que trop voir
dans cesheureux momens
Que l'un de l'autre est la
conqueste.
En mille & mille occasions
Que leur donnoïclafoli-.
tude,
Sans soucy
,
sans inquiétude,
Satisfaisant leurs payions,,
Ils passerent deuxans dans
ce doux badinage.
Mais à la fin eslans surpris,
Il fallut que le Versortist
duvoisinage.
C'estoir le seul moyen- de
dissiperl'ombrage -
Que les Parens de l'Abeille
avoienc pris.
Tout d'un coup il plia bagage,
Et
Et crut àfranchement:par-
-
ler,
Qu'afin de fauter mieux,il alloitreculer.
C'estoitagir en Ver tressage;
Mais par malheur, le pau-
.< vreDiablealla
Pis que de CaribdeenSylla.
,
Comme il ne voyoit plus
qu'une fois la semaine,'.::
Encarincognito,toujours
mesmeavecpeiné,
L-'objetde ses tcadr£$rar mours. ; >
°,r-
Luy quipouvoit le voir autrefoistous
les jours 1
Par un revers en tel cas or-
A mesure qu'il futmoins Veu, -
,}
( Qui de l'Abeille l'auroit
A ) J. -
A mesure il cessa deplaire.
De plus, Dame Avarice
;-""Y" vint mettredusien,
Elle qui tous lesjours: de
etant de maux-c
Les Parens
-
del'Abeille .Lvoietbeaucoupde
Bien è]
Et ceux duGalant n'a-
-r-.r.l'Oi'yûticvnt•'ntn-jr,p ''L
Q(I tourau plus si peu de
chose
Que jen'ose
Là-dessus seulement sous-
Ecdevouloirlesaccoupler
Ec devouloir les accoupler,
Lecoup paroissoit impossible-
A l'Abeille on ditbien&
-
beau,:
(
Qu'ondoimeroit sur lemu-
-4 i
seau,
Si plusau Verluisanton la
:., :-Noÿoit fenCble;
Quenfin elle devoir avoir
Sur.sarichesse un autre esi,
poir,
Puisque leMielpouvoir làmettre
enl'alliance
Du plus riche Animal de
France. »'i I
Fy d'un Ver, disoit-on,qui
napour tout vaillant
Qu'une etincelle de brillant.
Or donc parheureuse.
rencontre,
A nostreVerluifantunjour
L'inconstante Abeille se
moncre. :,
Il luy parla d'abord de son
amour.
Elle recoure sans repondre.
Questce donc qui peut vous
confondre,
Luy dit ce Ver,luy-mesme
confondu
De ce qu'à ses propos elle
n'arépon d u?
Ay je quelque Rival à craindre
?
Non de cela, dit elle, il ne
fautpasvous plaindre; ',"
Si l'airfroid dont J'agis fait
vostre estonnement,
Je m'en vaisvous contersans feindre,
Ce qui causece changement.
Tous mes Parens
, ne vous
:
déplaiseT
SortiGensquisontfort à leur*
aise.
Et lesyoftrpjs3,mvm.vçuil
enseriezlefin,
N'ont pasun semblable destin.
Il est vrayquevous eKr
, (7
moychétive Abeille, >v--V
Nostrecondition si trouve ast
,
sezpareille.
Mais onnecomptepointsur
cettif-éXae. ; Dans laplupart des Maria.
ges ; Etce qui les fautchez les Sages,
Ce n'estquelaréalité --,
Ergo. Parmes
Biensseulsestantrecommandable,
Je dois fairechoixd' un Party
que vd.M Wtfâïfar
table*
Mes Parens à nos feux n'ont
jamaisconsenty.
Ainsicherchez une Maistresse
Quiveuille bien recevoiren
payement
V..ps douceurs& vopre ten- Ànjjf-:
Jy renonce, & dés ce moment
Jelésseavosdpftrfilibertétçttte
entiere
,
Dese donnerailleurscarriere.
L'Abetil^difp.arçi(t vkVer
au desespoir
A tout cela qu'eust-il pû
dire?
Si vous desurezJesçavoir,
Il est dans ceRondeau, vous
n'avez qu'à le lire.
Un tendre coeur fait tout
mon bien;
Et pour n'avoir que cesoustien;
Jeseraytoujoursmiserable;
Car dans ce temps abominable,
On regarde un Gueux comme
un Chien.
• Des amitiez le seul lien,
Argent
,
bel argent, cejl le
tien;
Etsanstoyl'onenvoyeau
-
,
Un.-:Dia£/e tendre coeur.
Tay mon sort, chacun à le
,::. ; :'
,
:-:, sien , Mais
Mais en est-ilcomme le mien?
En est-il d'aussu deplorable ?
Non,non,jesuisinconsolable,
Si l'Abeillecompte pour rien
Vn tendre coeur.
Pendant qu'ainsi nostre
Vermoralise,
L'Abeille sans s'en soucier,
Prend sonessorjusque sur
un Meurier,
Où si-tost qu'elle se suc
n1ise)
Ses yeux d'un ver-à foye
attaquent la franchise.
(Sur ces Arbres tousjours
,.
Ver-àsoye esterrant. )*
Ce Ver la voit, l'aborde,
& dit en son langage,
Aprés l'humble salut que
l'Abeille luy rend;
A veniren ces lieux quelsujet
vous engage?
Vous n'y trouverez point de Fleur,
? Mais en récompense mon cteu-Y
Vient s'offrir à vostre pillage.
Pour vous il est sans aucun
fiel,
Vous en pourriez faire du
Miel;
Belle Abeille,daignezleprendre.
Nostre Abeille sans plus attendre,
Aprés un regard des plus
doux,
Luy dit, Tout de bon, m'aimez-
vous ?
A peine encor m'avez - vous
veuë ;
Et cependant, sivous quittez
ces lieux;
Répond le Ver,vostreabsence
me tuë
, Je ne puis vivreesloigné de
vos jeux.
Je ne sçaurois aussi sans défiance
Croire , un amoursi prompt, si
plein de violence,
Repartl'Abeille au Ver.
; Mais en cas que demain
Vous yresserntieez pareille m.Lar-
Vousviendrez chez,moy me le
dire
y Et vous n'yvviaendirnez p.as en
jidtf'u, beau Ver,je me
retire.
..-"" r'
Quandl'Abeille esten sa
Maison
, .', Ellesonge à sonavanture,
Èt par leSiecle d'or en soymesme
elle jure
Qu'elle fera tres prompte
1
guérison
De la blessure
,
Qu'au coeur du Ver-à soye
ont fait ses doux appas,
Si l'Animal porte les pas
Le lendemain du costé de
la Ruc he.
Quoy,jiii-n-rûistt-igueuxde
Verluisant, Disoit elleenreste hiffanc>
Ilfl!tj¡OÚ rjM'r je fasseCrache.
Vivent mes nouvelles amours
Ah, quellejoye !
Jevais coulerle reste de mes
jours
Et dans le miel
, & dans la
soye.
Elle passa la nuit à raisonnerainsi;
Et des le grand marin elle
n'eut desoucy
Que de demeurer sur sa
Porte,
Croyant de moment en
moment
Qu'il faut que le bon vent
y porte
LebeauVer
,
son nouvel
-
Amant, Il en arriva d'autre sorte,
Pour elle c'estoit temps
perdu.
Son Ver-à soye étoit dodu,
Et marchoit lentement,suivy
de l'équipage
Qu'un Ver semblable à luy
méne à son Mariage.
Le Rendez-vous estoitun
Rendez-vous d'amour;
Mais pour faire un pareil
voyage, Au pesant Ver-à-soye ilfalloit
plus d'un jour.
Quoyqu'il en fust,voicyla
triste destinée
Qu'autour delaRuchetraînoit
Le pauvre Verluisant. Son
ame abandonnée
Au plus mortel chagrin
sans ccèe examinoit
Par où pouvoir adoucir
l'Inhumaine.
Sur Je feüil dela Ruche il
la surprit le soir.
Elle n'estoit pas là sans
doute pour le voir.
J\I*aure^-rusMpoint pitié, luy.
dit il, de ma peine?
Je vous aime tousjours, &..
vousnem'aimezplus
Ingrate, insensible , insidelle,
Que dites-vousune flâmesi
belle?
Messoûpirs si conjlansferont-
-
ilssuperstus?
Enfin, tout de bon, dois-je
croire
v
Que contre rno) vous soyezen
courroux,
Et que vous perdiez la mémoire
De tout ce que l'Amour m'a
faitfaire pour vous ?
Vil Animal
,
Infecte teméraire,
Qu'a'Vez vousfaitqu'envous
trompant
Répond l'Abeill3e, & que
pouviez vous faire ?
Ce que j'ayfait, dit le Ver
en rampant ? Je m'en vay vous l'apprendre,
Abeilie trop légere.
J'ay fait, nonsans de grands
travaux ,
Pour vous conter mes doleances
Messoins, mes soucis, mesfouf
frances, -
Tous les joursmille Vers nouveaux.
J'ayfait cent t7 cent Madrigaux
Sur la moindre de vos absences;
J'ay fait des Odes & des
Stances,
Chansons
,
Triolets, & Rondeaux.
J'ay fait pour vous des Epigrammes
)
Et mesme quelquesAnagrammes
y Le tout d'unstile pur & net.
Et s'il eust esté necessaire
, J'avoistelle ardeur de VOUA plaire,
Que jcujje esté jusqu'au Sonnet.
De tout cela je vous tiens
peu de compte,
Répond l'Abeille, & je
mourrois de honte,
Si javois de l'attachement
Pour un Amant
Dontleplussolide merite
Consiste en beaux discours; dés
mes plus jeunes ans
On m'offusquoit de cetEncens.
JaimeAujourd'huy celuy de la
Marmite.
Elle rentre en sa Ruche, en
disantce beau mot.
Aussi le Verluisantestoit-il
un grand sot,
D'oseraspireràla proye,
Que fuivanc les regles du
temps
Doit attraperle riche Verà
soye.
Qu'il soit donc sage à fcs
dépens,
Et secontente d'une Mouche
>
Qui n'aura comme luy,
que l'esprit & la bouc he,
Il passera par là pour un
Ver de bon sens.
,.J'ay prétendu qu'en cet- te Fable,
Pour que lque Amant peutéstre
Histoireverita ble,
Et les Filles, &les Garçons,
Trouveroient de bonnes
leçons.
Les unes sur l'obéïssance
Que rend l'Abeille aux
droits de la naissance,
Profiteront en la lisant;
Et les autres sujetsàl'aveugle
tendresse,
Quand ils voudront choisir
uneMaistresse,
Consulteront leVerluisant;
Il sçait dans l'amoureuse affaire
Comme est punile Temeraire.
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Résumé : LE VERLUISANT, L'ABEILLE, ET LE VER-A-SOYE. FABLE.
La fable 'Le Verluisant, l'Abeille, et le Ver-à-soye' raconte l'histoire d'un ver nommé Verluisant, qui vit sous une ruche et bénéficie des faveurs de la nature pour sa nourriture. Cependant, Verluisant est tourmenté par l'amour et tombe amoureux d'une abeille habitant la ruche. Cette abeille est décrite comme ayant de nombreux talents et qualités, mais elle ne répond pas aux avances de Verluisant. L'abeille, bien que charmée par les talents de Verluisant, finit par le repousser en raison de sa condition sociale inférieure. Elle rencontre ensuite un ver-à-soye, qui lui déclare son amour. Après une nuit de réflexion, l'abeille décide de se rendre au rendez-vous avec le ver-à-soye, laissant Verluisant dans le désespoir. Verluisant, désespéré, tente de comprendre pourquoi l'abeille l'a rejeté. Il lui rappelle tous les efforts qu'il a faits pour elle, mais l'abeille reste insensible à ses discours. Elle lui avoue préférer un amant plus riche et plus solide, comme le ver-à-soye. Verluisant est alors qualifié de sot pour avoir osé aspirer à l'abeille, et on lui conseille de se contenter d'une mouche. La fable se conclut par une morale destinée aux jeunes amants, leur apprenant à respecter les droits de la naissance et à éviter la témérité en matière d'amour.
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