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1
p. 70-80
Liste de divers Presens envoyez au Roy. [titre d'après la table]
Début :
Le Roy n'estant pas mois connu & reveré dans les Climats [...]
Mots clefs :
Vases, Japon, Présents, Roi, Siam, Sabres, Chine, Métal, Cabinets, Tartares
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texteReconnaissance textuelle : Liste de divers Presens envoyez au Roy. [titre d'après la table]
Le Roy n'estant pJtS moins
connu &reveré dans les Climats
les plus éloignez, que
dans fonRoyaume, on tache,
en luyfaisantdes Prelèns,,
de luy marquer l'admiration
quel'on a pour luy, Voicy
n Memoire de ceux qu'on
eu avis que SUMDES BAABACARFATTRATICAIC
AR DE SIAM,luyenvoyé.
Ce Memoire m'est venu d'un
ieu si seur
,
qu'il ne doit pas
vous estre suspect. On y a
marqué les choses qui suivent.
Differens Vases d'or, qui
sont des Ouvragès du Japon,
pesant vingt-trois ou vingtquatre
livres d'or. Il y a dixhuit
pieces en tout, dont les
unes sont pour du Thé, les
autres sont des Tasses , &
deux grand Coeurs, pour,
mettre des Parfums.
Dix pieces. ou Vases d'argent.
aufsi ouvrage du Japon,
Deux Vases de Tambaque,
avec le couvercle de
la mesmematiere. Cemetal
est presqueaussi precieux
que l'or. Il ne se roüille jamais,
& garde toûjours son
éclat. On croit que c'est ce
que les Anciens appelloient Eleélrum.e
Deux Sabres, dont les
Rois du Japon ont fait present
au Roy de Siam. La
poignée de ces Sabres est
entourée d'un certain cordon
\J.on de Loup, qui marque
la Noblesse dans le Japon.
La garde de l'un est d'or.
On a tiré l'or de l'autre
pour ymettre de la Tambaque,
croyant qu'on 1eftimeroit
davantage en France.
Ondit queceux qui sçavent
bien manier ces fortes
de Sabres, peuvent aisément
couper un homme par le milieu
du corps ;
c'est ce qui
fait qu'ils n'ontpoint de
PrIX"
Un grand Tapis de foyc
dont l'Empereur de la Chine
fit present au Roy de
Siamil y a dix ou douze
ans.
Deux Vestesàla Japonoise.
L'une ell à fond violer,.
& l'autre à fond rouge, &
toutes les deux sont des ouvrages
en or.. Ces fortes de
Vestes sont tres -
cheres à
Siam.
QuelquesFigures de marbre
, recommandables par
leur antiquité, & parmy lesquelles
il yale Portrait d'un
Chinois, que les Siamois appellent
Tomghoing. On croit
que c'est celuy que nous appellons
Conj-ufius..Les autres
Figures representent d'anciens
Chinois, qui sont encore
aujourd'huy en grande
veneration chez eux. Il y en
a quelques-unes travaillées à
jour. Celles-là sont aufil fort
anciennes.
Deux Vases de Soufre rouge.
On croit que c'est du
Cinambre naturel,quoy que le naturel n'ait pas ordinairement
les vertus de celuycy.
L'un est plus grand,l'autre
moindre. Le plus grand
eH: double d'un certain métal
qu'on appelle Toute-naque,
& le moindre elt double d'un
autre metal qui n'est pas
connu. L'on asseure que
quand on met quelque liqueur
empoisonnée dans le
plus grand, il en fort incontinent
une fort grossèfumée,
êc que le poisonperd entierement
sa force dans le pe-
,tir, de forteque l'on en peut
boire ensuite tans rien craindre.
L'experience en à esté
faite à Siam. ils disent que
la différence qui se trouve
entre ces deux Vases, vient
oudifferent métal dont ils
sont doubles. Le premier fut
envoyé il y a environ cinquante-
huit ans par un Eiru
pereur de la Chinenommé
Thiarde, pere de celuy que
les Tartares vainquirent, &
le second par l'Empereur
des Tartares, aprèsqu'il se
fut rendu Maistre de la Chine.
Afin que leRoydeSiam
en connuit mieux la valeur,
illuy manda que ces fortes
de Vases estoient particuliers
aux Empereurs de la
Chine, & qu'on s'en servoit
pour mettre le vin qu'ils devoient
boire. Il luy fit aussi
sçavoir que lamatieredont
ilsestoient composez, avoit
la vertu de chasser les AniL
maux veneneux; qu'il n'en
demeuroit aucun dans les
Lieux où l'on gardoit ces Vases9
& que si l'on en avoit
esté mordu
,
il ne falloir
qu'en prendre un peu,& le
mettreen poudre,l'avaler eThfuite
dans quelque liqueur,
ou en froter l'endroit de la
playe, ce quiestoit un préservariftres-
seur contre toute
forte de poisons.
Du bois de Calembacdu
meilleur & du plus pretieux
qu'on, puisse trouver. Il ne
vient que dans ko, Forests
qui sont proche de la Cochinchine
& de Siampa.
Differens morceauxde Boi-s:
d'Aigle
5
que l'on a choisis
avec çrandfoiri.
De l'Ambre gris,lepoids
de dixTacls, ce qui vient à
une livre quatre onces. Cet
Ambre croist sur les costes
4-e lisle de Jonfalam.
Ces diversPresens sont
renfermezdans deux.Cabinets
duJapon, qui sont couverts
de la peau d'un certain
poisson, fort estimé en
Cepays-là. Le dedansestde
Verny,& tout parseméde
Fleurs de Lys. On les a fait
faire exprés pour les envoyer
en France. Il y a à chaque
Cabinet comme une table,
pour les soûtenir. Elle est
couverte de la mesme peau.
Ces Cabinets coûtent deux
mille écus au Japon, ce qui
fait connoistre qu'ils doivent
valoir beaucoup davantage
ailleurs
J'oubliay le
connu &reveré dans les Climats
les plus éloignez, que
dans fonRoyaume, on tache,
en luyfaisantdes Prelèns,,
de luy marquer l'admiration
quel'on a pour luy, Voicy
n Memoire de ceux qu'on
eu avis que SUMDES BAABACARFATTRATICAIC
AR DE SIAM,luyenvoyé.
Ce Memoire m'est venu d'un
ieu si seur
,
qu'il ne doit pas
vous estre suspect. On y a
marqué les choses qui suivent.
Differens Vases d'or, qui
sont des Ouvragès du Japon,
pesant vingt-trois ou vingtquatre
livres d'or. Il y a dixhuit
pieces en tout, dont les
unes sont pour du Thé, les
autres sont des Tasses , &
deux grand Coeurs, pour,
mettre des Parfums.
Dix pieces. ou Vases d'argent.
aufsi ouvrage du Japon,
Deux Vases de Tambaque,
avec le couvercle de
la mesmematiere. Cemetal
est presqueaussi precieux
que l'or. Il ne se roüille jamais,
& garde toûjours son
éclat. On croit que c'est ce
que les Anciens appelloient Eleélrum.e
Deux Sabres, dont les
Rois du Japon ont fait present
au Roy de Siam. La
poignée de ces Sabres est
entourée d'un certain cordon
\J.on de Loup, qui marque
la Noblesse dans le Japon.
La garde de l'un est d'or.
On a tiré l'or de l'autre
pour ymettre de la Tambaque,
croyant qu'on 1eftimeroit
davantage en France.
Ondit queceux qui sçavent
bien manier ces fortes
de Sabres, peuvent aisément
couper un homme par le milieu
du corps ;
c'est ce qui
fait qu'ils n'ontpoint de
PrIX"
Un grand Tapis de foyc
dont l'Empereur de la Chine
fit present au Roy de
Siamil y a dix ou douze
ans.
Deux Vestesàla Japonoise.
L'une ell à fond violer,.
& l'autre à fond rouge, &
toutes les deux sont des ouvrages
en or.. Ces fortes de
Vestes sont tres -
cheres à
Siam.
QuelquesFigures de marbre
, recommandables par
leur antiquité, & parmy lesquelles
il yale Portrait d'un
Chinois, que les Siamois appellent
Tomghoing. On croit
que c'est celuy que nous appellons
Conj-ufius..Les autres
Figures representent d'anciens
Chinois, qui sont encore
aujourd'huy en grande
veneration chez eux. Il y en
a quelques-unes travaillées à
jour. Celles-là sont aufil fort
anciennes.
Deux Vases de Soufre rouge.
On croit que c'est du
Cinambre naturel,quoy que le naturel n'ait pas ordinairement
les vertus de celuycy.
L'un est plus grand,l'autre
moindre. Le plus grand
eH: double d'un certain métal
qu'on appelle Toute-naque,
& le moindre elt double d'un
autre metal qui n'est pas
connu. L'on asseure que
quand on met quelque liqueur
empoisonnée dans le
plus grand, il en fort incontinent
une fort grossèfumée,
êc que le poisonperd entierement
sa force dans le pe-
,tir, de forteque l'on en peut
boire ensuite tans rien craindre.
L'experience en à esté
faite à Siam. ils disent que
la différence qui se trouve
entre ces deux Vases, vient
oudifferent métal dont ils
sont doubles. Le premier fut
envoyé il y a environ cinquante-
huit ans par un Eiru
pereur de la Chinenommé
Thiarde, pere de celuy que
les Tartares vainquirent, &
le second par l'Empereur
des Tartares, aprèsqu'il se
fut rendu Maistre de la Chine.
Afin que leRoydeSiam
en connuit mieux la valeur,
illuy manda que ces fortes
de Vases estoient particuliers
aux Empereurs de la
Chine, & qu'on s'en servoit
pour mettre le vin qu'ils devoient
boire. Il luy fit aussi
sçavoir que lamatieredont
ilsestoient composez, avoit
la vertu de chasser les AniL
maux veneneux; qu'il n'en
demeuroit aucun dans les
Lieux où l'on gardoit ces Vases9
& que si l'on en avoit
esté mordu
,
il ne falloir
qu'en prendre un peu,& le
mettreen poudre,l'avaler eThfuite
dans quelque liqueur,
ou en froter l'endroit de la
playe, ce quiestoit un préservariftres-
seur contre toute
forte de poisons.
Du bois de Calembacdu
meilleur & du plus pretieux
qu'on, puisse trouver. Il ne
vient que dans ko, Forests
qui sont proche de la Cochinchine
& de Siampa.
Differens morceauxde Boi-s:
d'Aigle
5
que l'on a choisis
avec çrandfoiri.
De l'Ambre gris,lepoids
de dixTacls, ce qui vient à
une livre quatre onces. Cet
Ambre croist sur les costes
4-e lisle de Jonfalam.
Ces diversPresens sont
renfermezdans deux.Cabinets
duJapon, qui sont couverts
de la peau d'un certain
poisson, fort estimé en
Cepays-là. Le dedansestde
Verny,& tout parseméde
Fleurs de Lys. On les a fait
faire exprés pour les envoyer
en France. Il y a à chaque
Cabinet comme une table,
pour les soûtenir. Elle est
couverte de la mesme peau.
Ces Cabinets coûtent deux
mille écus au Japon, ce qui
fait connoistre qu'ils doivent
valoir beaucoup davantage
ailleurs
J'oubliay le
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Résumé : Liste de divers Presens envoyez au Roy. [titre d'après la table]
Le texte relate l'envoi de divers présents au roi de France par le roi de Siam, Baabacar Fattraticaic. Ces présents comprennent des objets précieux et rares, tels que des vases d'or et d'argent provenant du Japon, des vases de tambaque, des sabres japonais avec des poignées en loup, un grand tapis de la Chine, des vestes japonaises en or, des figures de marbre anciennes, des vases de soufre rouge, du bois de calembac, des morceaux de bois d'aigle, et de l'ambre gris. Ces objets sont conservés dans deux cabinets japonais ornés de fleurs de lys et recouverts de la peau d'un poisson estimé. Ces cabinets valent deux mille écus au Japon. Le texte mentionne également les vertus supposées de certains objets, comme les vases de soufre rouge, qui neutraliseraient les poisons.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 64-83
Nouvelles du Nord. EXTRAIT d'un Journal de Mr Neuge-Baver, Envoyé du Roy de Suede à la Cour Ottomane. Constantinople ce 18. Decembre 1710.
Début :
Le 4. Novembre le Cham des Tartares arriva dans cette [...]
Mots clefs :
Guerre, Roi de Suède, Constantinople, Tartares
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelles du Nord. EXTRAIT d'un Journal de Mr Neuge-Baver, Envoyé du Roy de Suede à la Cour Ottomane. Constantinople ce 18. Decembre 1710.
EXTRAIT
d'un Journal de Mr
Neuge-Baver, Envoyé
du Roy de Suede
à la Cour Otto-
+ mane.
A Confiantmople ce 18.
Décembre 1710.
Le
4. Novembre le
Cham des Tartares arriva
dans cette Ville.
Le 10. il eut audiance
du
duGrand-Seigneur.
Le ~i. on donna la paye
auxTroupes pour six mois.
Le18.& le19. le Grand-
Visir tint Conseil par ordre
duSultan, auquel les principaux
Ministres de saHautesse
assisterent. On y proposa
la demande du Roy
de Suede au sujet de son
escorte
,
& de la rupture
avec le Czar. Les sentimens
unanimes furent qu'il falloit
envoyer la Majesté
Suedoise dans les Etats,
& déclarer la guerre en
mesmetemps aux Moscovites,
vû qu'ils avoient
exercé plusieurs hostilitez
contre la Porre.
Le Grand Visir ayant
fait son rapport au Sultan,
Sa Hautesse fit assembler le
lendemain un grand Conseilau
Divan. Elleyfitappeller
les mesmesMinistres
que le Grand Visir avoit
convoqué le jour précedent
, sçavoir le Mufti
Sclictitar,Ali-Bacha ,-
,
Soliman-
Bacha, ou Kaimakan,
l'Aga des.Janiffaires,
Topei-Bacha, Capigi-Bachi,
le Tefterdar,le ReisEffendi
, le Mufti que le
Grand Visir Numan-Bachaavoit
déposé, & vingt
]Effendi,Cadis & Ulema,
c'est-à-dire
,
les Gens de
Lettres & de Loy. Ceux-cy
ayant réitéré ce qu'ils
avoient déclarés auConieil
du Grand-Visir,leSultan
y souscrivit
,
sur quoy le
22. la Guerre contre les
Moscovites fut publiée
dans toutes les Mosquées
ou Eglises
, avec une joye
& des acclamations incroyables
detout le peu ple.
Le 20.l'Admiral Giarum
Hadgia fut démis desa
charge,& l'on nomma
AteiMehemet Bacha pour
remplir sa place.
Le 21. le Grand-Visir
tint Conseil de Marine
assisté du CapitJn-Bacha,
& du nouvel Amiral, Si
l'on en doit croire des gens
graves ôc bien fenfez, la
Flotte Turque fera composée
de 80. Voiles, sçavoir
des Vaisseaux de Li.
gne, des Fregates, des Galeres,
& des petits Bastimens;
& l'on a ordonné
d'en faire encore construire
un grand nombrede cette
derniere sorte.Pour monter
cette Flotte on doit enrôller37000.
mil hommes.
Le nombre des Janissaires
Arnàates& Spahis fera de
120000. effectifs. Le Topei-
Bacha a ordre d'emmener
14000. hommes
pour servir l'Artillerie On
fait monter le nombre des
Tartaresà200000combattans.
Enfin le Moscovite
sera attaqué avec d'aussi
grandes forces que laPorte
ait jamais mis sur pied, ôc l'on dit mesme que les
Ottomans nesesontpoint
encore preparés à aucune
guerre avec autant d'efforts
qu'à celle-cy. tif;
Tout estant reglé &
disposé de la maniere susdite,
la guerre contre le
Moscovite en faveur du
Roy de Suede fut publiée 'e,
danscetteVille,&ensuite
dans toutes les autres de
i'Empire Ottoman.
*
Le 14, le Palatin de
Kiovie partit d'icy pour
Bender.
Le 25.le Prince de Moldavie
fut deposé de mesme
qu'Isus Bacha, Serasquier
de Bender ;c'estoient des
creatuues du Grand-Visir
Ali-Bachaqui vient d'être
deposé. A la plac<^lu Prin.
ce on a élevé Demetrius
Cantemir, adherant des
Tartares, & bon Suedois.
Le 26. le susdit Cham
des Tartares eut audiance
privée duGrand-Seigneur,
après quoyil prit congé de
SaHautesse.
Le 27. il partit conduit
jusques hors la Ville par le
premierVisir,& les principaux
Ministres
, aux acclamations
de tout le peuple.
Le 28. l'Ambassadeur
Moscovite ayant esté arresté,
oule mena aux Indiculis
ou les sept Tours
avec tous ses domestiques,
à l'exception de quatre valets
qui estoient des Livoniens.
Les meubles qu'on a
trouvé dans son Hostel ont
tous esté inventoriez &
scellez.
Le sieur Bonkoursky
Gentilhomme Polonois ,
,
Envoyé du Roy Auguste,
devoit
devoit estreaussi menéprisonnier
dans les septTours,
mais comme il s'est mis
fous nostre protection, j'ay
intercedé pour luy
, conjointementavec
le General
Ponjatourski.
D'autres Lettres beaucoup
plus recentesassurent
que les Tartares soutenus
par le Palatin de Kiovie,
font déja des mouvements
en Podolie; que six Batail-
Ions Saxons avoientrepassé
le Rhin pour retourner
dans leurs pays, & que les
Danois,&les Pru ssiens en
devoient faire autant.
Le Roy Auguste partit
de Leipsik le 1.Février
dpeour Dresden où la Diete
ses Estats qu'il avoit
convoquée pour le 6. devoitestreassembléecejourlà.
Ony a resolu de prendres
toutes les précautions
necessaires pour se mettre à
couvert de l'irruption des
Suedois.
Le 27. Janvier le Czar
partit en poste de Petersbourg
pour se rendre à
Moscou,& ensuiteàAzaf.
Avantson départ il avoit
dépesché plusieurs Courriers
porter les ordres pour
faire assembler des Troupes
sur la frontiere de l'Ukraine,
au-deçà & au-delà du
Boristhene
, & pour faire
travailler en grande diligence
à l'armement de sa
Flote.
L'Electeur de Brandebourg
a fait publier une
Ordonnance, par laquelle
il deffend à tous ses [ujets,
fous peine de lavie, de
forcir de fès Estats pour
aller s'establir ailleurs.
Voicy laListe desTroupesqui
doivent composer
l'Arméedestinée à maintenir
la neutralité dans la
Baffe-Allemagne.
Deux Regiments de Cavaleriede
l'Empereur.
Deux Bataillons & un
Escadron de l'Electeur Palatin.
Deux Bataillons&trois
Escadronsde l'Electeur de
Brandebourg.
Un Bataillonde Mayence.
UnBataillon du Landgrave
de Hesse Cassel.
Un Regiment de Cavalerie
du Duc de Mekelbourg
Swerin.
Deux Bataillons du Duc
d'Hanovre.
1 Un Bataillon du Duc
de Wolfembutel.
Un Bataillon de rEveque
de Munster.
Six Bataillons Anglois.
Et six Bataillons Hollandais,
ce qui fera en tout
environ quinze mille hommes.
L'Armée du General
Crassaw sera composée de
son Regiment de Dragons;
des Regiments de Mardefeldt
, de Marschal , de
quinzecent hommes chacun
, de deux autres Regiments
de Cavalerie de mille
hommes chacun ;
des---
Regiments d'Infanterie de
-
Schultz & de Stuart, de
douze cents hommes chacun
;
du Regiment de
Horne de dix-huit cents
hommes; de celuy d'Eckeblat
, de neufcents hommes,
ce qui faitplus de
treize mille hommes, sans
y comprendre les Troupes
destinées àla garde
-
des
Places ni les huit à dix mille
hommes qui doivent
venir le joindre deSuede.
Le Comte Sieniawski,
Grand General dela Couronne
de Pologne a refusé
aux Princes Dolhorouki&
Galiczen de faire entrer des
Troupes Moscovites dans
Kaminietz,Dubno, Brodi,
Leopol,&le Fort de
laTrinité.
Il yades Lettres du10.
Février, qui assurent que
l'Armée du General Crassawestoit
de plus de dixhuit
mille hommes ; sans
y comprendre les Troupes
qui devoient l'allerjoindre
deSuede,& qu'il n'attendoit
que les ordres pour
açir.
La nuit du 14.au 15.
Février, trois Compagnies
des Gardes à pied du Duc
d'Hanover,escaladerent la
Ville &: le Chasteau de
Pein. Le Chapitre de la Cathedrale
d'Hildesheim
dont , cette Place dépend
dépescha , un Courrier pour
en poster ses plaintes à
l'Empereur.
LeDuc deWolfembutel
s'est aussi emparé de Brakel,
d'Alefeld&deGrou,
de la dépendance du même
Chapitre; & d'autres
Troupes du Duc d'Hanover
se sont saisies de 11 Ville
mêmed'Hildesheim
fous prétexte que le Chapitre
n'avoit pas executé
une convention qu'il avoit
faite avec ce Duc, depuis
la mort du dernier Evêque
d'Hildesheim.
Les Lettres de Constantinople
du 8. Janvier, portent
qu'on n'y a jamais veu
de si grands préparatifs de
guerre; que les Turcs mestroient
en mer une Flote
de deux cens cinquante
voiles, sur laquelle on em^
barqueroit vingt mille
hommes; que le Grand-
Vizir alloit tous les jours
visiter les Magazins, l'Arcenal
,
& les Chantiers;
que tous les Bachas avoient
ordre de se rendre incessamment
au quartier d'assemblée,
àpeine de la vie,
& qu'il y en aura plus de
quatre-vingt qui amèneront
des Troupes nombreuses
qu'on avoit construit
quatre Ponts sur le
Danube, & que les Hospodars
deValaquie & deMoldavieavoiencordre
d'assembler
un grand nombre
de Chevaux & de Boeufs
pour voiturer les vivres 5c
tartillerie.
d'un Journal de Mr
Neuge-Baver, Envoyé
du Roy de Suede
à la Cour Otto-
+ mane.
A Confiantmople ce 18.
Décembre 1710.
Le
4. Novembre le
Cham des Tartares arriva
dans cette Ville.
Le 10. il eut audiance
du
duGrand-Seigneur.
Le ~i. on donna la paye
auxTroupes pour six mois.
Le18.& le19. le Grand-
Visir tint Conseil par ordre
duSultan, auquel les principaux
Ministres de saHautesse
assisterent. On y proposa
la demande du Roy
de Suede au sujet de son
escorte
,
& de la rupture
avec le Czar. Les sentimens
unanimes furent qu'il falloit
envoyer la Majesté
Suedoise dans les Etats,
& déclarer la guerre en
mesmetemps aux Moscovites,
vû qu'ils avoient
exercé plusieurs hostilitez
contre la Porre.
Le Grand Visir ayant
fait son rapport au Sultan,
Sa Hautesse fit assembler le
lendemain un grand Conseilau
Divan. Elleyfitappeller
les mesmesMinistres
que le Grand Visir avoit
convoqué le jour précedent
, sçavoir le Mufti
Sclictitar,Ali-Bacha ,-
,
Soliman-
Bacha, ou Kaimakan,
l'Aga des.Janiffaires,
Topei-Bacha, Capigi-Bachi,
le Tefterdar,le ReisEffendi
, le Mufti que le
Grand Visir Numan-Bachaavoit
déposé, & vingt
]Effendi,Cadis & Ulema,
c'est-à-dire
,
les Gens de
Lettres & de Loy. Ceux-cy
ayant réitéré ce qu'ils
avoient déclarés auConieil
du Grand-Visir,leSultan
y souscrivit
,
sur quoy le
22. la Guerre contre les
Moscovites fut publiée
dans toutes les Mosquées
ou Eglises
, avec une joye
& des acclamations incroyables
detout le peu ple.
Le 20.l'Admiral Giarum
Hadgia fut démis desa
charge,& l'on nomma
AteiMehemet Bacha pour
remplir sa place.
Le 21. le Grand-Visir
tint Conseil de Marine
assisté du CapitJn-Bacha,
& du nouvel Amiral, Si
l'on en doit croire des gens
graves ôc bien fenfez, la
Flotte Turque fera composée
de 80. Voiles, sçavoir
des Vaisseaux de Li.
gne, des Fregates, des Galeres,
& des petits Bastimens;
& l'on a ordonné
d'en faire encore construire
un grand nombrede cette
derniere sorte.Pour monter
cette Flotte on doit enrôller37000.
mil hommes.
Le nombre des Janissaires
Arnàates& Spahis fera de
120000. effectifs. Le Topei-
Bacha a ordre d'emmener
14000. hommes
pour servir l'Artillerie On
fait monter le nombre des
Tartaresà200000combattans.
Enfin le Moscovite
sera attaqué avec d'aussi
grandes forces que laPorte
ait jamais mis sur pied, ôc l'on dit mesme que les
Ottomans nesesontpoint
encore preparés à aucune
guerre avec autant d'efforts
qu'à celle-cy. tif;
Tout estant reglé &
disposé de la maniere susdite,
la guerre contre le
Moscovite en faveur du
Roy de Suede fut publiée 'e,
danscetteVille,&ensuite
dans toutes les autres de
i'Empire Ottoman.
*
Le 14, le Palatin de
Kiovie partit d'icy pour
Bender.
Le 25.le Prince de Moldavie
fut deposé de mesme
qu'Isus Bacha, Serasquier
de Bender ;c'estoient des
creatuues du Grand-Visir
Ali-Bachaqui vient d'être
deposé. A la plac<^lu Prin.
ce on a élevé Demetrius
Cantemir, adherant des
Tartares, & bon Suedois.
Le 26. le susdit Cham
des Tartares eut audiance
privée duGrand-Seigneur,
après quoyil prit congé de
SaHautesse.
Le 27. il partit conduit
jusques hors la Ville par le
premierVisir,& les principaux
Ministres
, aux acclamations
de tout le peuple.
Le 28. l'Ambassadeur
Moscovite ayant esté arresté,
oule mena aux Indiculis
ou les sept Tours
avec tous ses domestiques,
à l'exception de quatre valets
qui estoient des Livoniens.
Les meubles qu'on a
trouvé dans son Hostel ont
tous esté inventoriez &
scellez.
Le sieur Bonkoursky
Gentilhomme Polonois ,
,
Envoyé du Roy Auguste,
devoit
devoit estreaussi menéprisonnier
dans les septTours,
mais comme il s'est mis
fous nostre protection, j'ay
intercedé pour luy
, conjointementavec
le General
Ponjatourski.
D'autres Lettres beaucoup
plus recentesassurent
que les Tartares soutenus
par le Palatin de Kiovie,
font déja des mouvements
en Podolie; que six Batail-
Ions Saxons avoientrepassé
le Rhin pour retourner
dans leurs pays, & que les
Danois,&les Pru ssiens en
devoient faire autant.
Le Roy Auguste partit
de Leipsik le 1.Février
dpeour Dresden où la Diete
ses Estats qu'il avoit
convoquée pour le 6. devoitestreassembléecejourlà.
Ony a resolu de prendres
toutes les précautions
necessaires pour se mettre à
couvert de l'irruption des
Suedois.
Le 27. Janvier le Czar
partit en poste de Petersbourg
pour se rendre à
Moscou,& ensuiteàAzaf.
Avantson départ il avoit
dépesché plusieurs Courriers
porter les ordres pour
faire assembler des Troupes
sur la frontiere de l'Ukraine,
au-deçà & au-delà du
Boristhene
, & pour faire
travailler en grande diligence
à l'armement de sa
Flote.
L'Electeur de Brandebourg
a fait publier une
Ordonnance, par laquelle
il deffend à tous ses [ujets,
fous peine de lavie, de
forcir de fès Estats pour
aller s'establir ailleurs.
Voicy laListe desTroupesqui
doivent composer
l'Arméedestinée à maintenir
la neutralité dans la
Baffe-Allemagne.
Deux Regiments de Cavaleriede
l'Empereur.
Deux Bataillons & un
Escadron de l'Electeur Palatin.
Deux Bataillons&trois
Escadronsde l'Electeur de
Brandebourg.
Un Bataillonde Mayence.
UnBataillon du Landgrave
de Hesse Cassel.
Un Regiment de Cavalerie
du Duc de Mekelbourg
Swerin.
Deux Bataillons du Duc
d'Hanovre.
1 Un Bataillon du Duc
de Wolfembutel.
Un Bataillon de rEveque
de Munster.
Six Bataillons Anglois.
Et six Bataillons Hollandais,
ce qui fera en tout
environ quinze mille hommes.
L'Armée du General
Crassaw sera composée de
son Regiment de Dragons;
des Regiments de Mardefeldt
, de Marschal , de
quinzecent hommes chacun
, de deux autres Regiments
de Cavalerie de mille
hommes chacun ;
des---
Regiments d'Infanterie de
-
Schultz & de Stuart, de
douze cents hommes chacun
;
du Regiment de
Horne de dix-huit cents
hommes; de celuy d'Eckeblat
, de neufcents hommes,
ce qui faitplus de
treize mille hommes, sans
y comprendre les Troupes
destinées àla garde
-
des
Places ni les huit à dix mille
hommes qui doivent
venir le joindre deSuede.
Le Comte Sieniawski,
Grand General dela Couronne
de Pologne a refusé
aux Princes Dolhorouki&
Galiczen de faire entrer des
Troupes Moscovites dans
Kaminietz,Dubno, Brodi,
Leopol,&le Fort de
laTrinité.
Il yades Lettres du10.
Février, qui assurent que
l'Armée du General Crassawestoit
de plus de dixhuit
mille hommes ; sans
y comprendre les Troupes
qui devoient l'allerjoindre
deSuede,& qu'il n'attendoit
que les ordres pour
açir.
La nuit du 14.au 15.
Février, trois Compagnies
des Gardes à pied du Duc
d'Hanover,escaladerent la
Ville &: le Chasteau de
Pein. Le Chapitre de la Cathedrale
d'Hildesheim
dont , cette Place dépend
dépescha , un Courrier pour
en poster ses plaintes à
l'Empereur.
LeDuc deWolfembutel
s'est aussi emparé de Brakel,
d'Alefeld&deGrou,
de la dépendance du même
Chapitre; & d'autres
Troupes du Duc d'Hanover
se sont saisies de 11 Ville
mêmed'Hildesheim
fous prétexte que le Chapitre
n'avoit pas executé
une convention qu'il avoit
faite avec ce Duc, depuis
la mort du dernier Evêque
d'Hildesheim.
Les Lettres de Constantinople
du 8. Janvier, portent
qu'on n'y a jamais veu
de si grands préparatifs de
guerre; que les Turcs mestroient
en mer une Flote
de deux cens cinquante
voiles, sur laquelle on em^
barqueroit vingt mille
hommes; que le Grand-
Vizir alloit tous les jours
visiter les Magazins, l'Arcenal
,
& les Chantiers;
que tous les Bachas avoient
ordre de se rendre incessamment
au quartier d'assemblée,
àpeine de la vie,
& qu'il y en aura plus de
quatre-vingt qui amèneront
des Troupes nombreuses
qu'on avoit construit
quatre Ponts sur le
Danube, & que les Hospodars
deValaquie & deMoldavieavoiencordre
d'assembler
un grand nombre
de Chevaux & de Boeufs
pour voiturer les vivres 5c
tartillerie.
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Résumé : Nouvelles du Nord. EXTRAIT d'un Journal de Mr Neuge-Baver, Envoyé du Roy de Suede à la Cour Ottomane. Constantinople ce 18. Decembre 1710.
En 1710, le journal de Mr Neuge-Baver, envoyé du roi de Suède à la cour ottomane, décrit plusieurs événements diplomatiques et militaires. Le 4 novembre, le khan des Tartares arrive à Constantinople et obtient une audience auprès du sultan le 10 novembre. Du 18 au 21 novembre, un conseil est convoqué pour discuter de la demande du roi de Suède concernant une escorte et la rupture avec le tsar. Les ministres décident d'envoyer une escorte au roi de Suède et de déclarer la guerre aux Moscovites en raison de leurs hostilités contre l'Empire ottoman. Le 20 novembre, l'amiral Giarum Hadgia est démis de ses fonctions et remplacé par Atei Mehemet Bacha. Le 21 novembre, un conseil de marine décide de constituer une flotte de 80 voiles et d'enrôler 37 000 hommes. Les forces ottomanes, incluant les Janissaires, les Arnautes, les Spahis, et les Tartares, sont mobilisées pour attaquer les Moscovites. Le 22 novembre, la guerre contre les Moscovites est annoncée dans toutes les mosquées. Le 14 novembre, le palatin de Kiev part pour Bender. Le 25 novembre, le prince de Moldavie et le serasker de Bender sont déposés, et Démétrius Cantemir est élevé au trône. Le 26 novembre, le khan des Tartares obtient une audience privée du sultan et prend congé. Le 27 novembre, il quitte Constantinople accompagné par le Grand-Visir et les principaux ministres. Le 28 novembre, l'ambassadeur moscovite est arrêté et conduit aux Sept Tours avec ses domestiques. Le gentilhomme polonais Bonkoursky, envoyé du roi Auguste, est également arrêté mais libéré grâce à l'intervention de Neuge-Baver. Des mouvements militaires sont signalés en Podolie, et des troupes saxonnes, danoises et prussiennes se préparent à retourner dans leurs pays. Le roi Auguste se rend à Dresde pour une diète. Le tsar part pour Moscou et donne des ordres pour rassembler des troupes et armer sa flotte. L'électeur de Brandebourg publie une ordonnance interdisant à ses sujets de quitter ses États. Des troupes sont mobilisées pour maintenir la neutralité en Basse-Allemagne. Le comte Sieniawski refuse l'entrée des troupes moscovites en Pologne. Des troupes du duc d'Hanovre et du duc de Wolfenbüttel s'emparent de plusieurs villes. À Constantinople, des préparatifs de guerre massifs sont en cours, avec une flotte de 250 voiles et des troupes nombreuses.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 55-58
Nouvelles du Nord.
Début :
Les Lettres de Constantinople du 16. Janvier portent que les [...]
Mots clefs :
Tartares, Constantinople, Turcs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles du Nord.
Nouvelles du Nord.
Les Lettres de Constantinople
du 16. Janvier
portent que les Turcs continuent
à faire de grands
préparatifs par mer & par
terre, & qu'on avoit proposé
dans le Divan de desarmer
tous les Grecs, de
crainte qu'il n'yeust quelque
intelligence entr'eux à
cause de la conformité de
Religion.
Celles de Russieassurent
quequatre-vingt mille
Tartares sont en rez en
Moscovie
,
& en Ukraine,
afin de faire declarer les
Cosaques en faveur des
Rois de Suede& Stanislas.
Un Courrier arrivé à
Dresde a confirmé que le
Palatin de Kiovie avec le
fils Kandes Tartaresestoit
entré enUKraine, & qu'il
estoit suivi par le Roy de
Suede avec ses Troupes &
une ArméedeTurcs & de
Tartares
, & qu'il devoit
s'avancer vers la Vistule.
Cette nouvelle a fort consterné
la Cour de Saxe qui
travaille à bien faire munir
les Places frontieres.
Des Lettres de Bender
du 1 8. Février confirment
aussi que lePalatin deKiovie
marchoit vers l'Ukraine
avec quatre mille Polonois
six mille Cosaques,
& quarante mille Tartares,
commandez par le fils du
Kan; que le Kan s'avançoit
vers la Moscovie au delà
du Borifthene avec deux
cent mille Tartares en attendant
la grande Armée
¿cs.. Turcs que le Grand-
Vizirdoitcommander
Les Lettres de Constantinople
du 16. Janvier
portent que les Turcs continuent
à faire de grands
préparatifs par mer & par
terre, & qu'on avoit proposé
dans le Divan de desarmer
tous les Grecs, de
crainte qu'il n'yeust quelque
intelligence entr'eux à
cause de la conformité de
Religion.
Celles de Russieassurent
quequatre-vingt mille
Tartares sont en rez en
Moscovie
,
& en Ukraine,
afin de faire declarer les
Cosaques en faveur des
Rois de Suede& Stanislas.
Un Courrier arrivé à
Dresde a confirmé que le
Palatin de Kiovie avec le
fils Kandes Tartaresestoit
entré enUKraine, & qu'il
estoit suivi par le Roy de
Suede avec ses Troupes &
une ArméedeTurcs & de
Tartares
, & qu'il devoit
s'avancer vers la Vistule.
Cette nouvelle a fort consterné
la Cour de Saxe qui
travaille à bien faire munir
les Places frontieres.
Des Lettres de Bender
du 1 8. Février confirment
aussi que lePalatin deKiovie
marchoit vers l'Ukraine
avec quatre mille Polonois
six mille Cosaques,
& quarante mille Tartares,
commandez par le fils du
Kan; que le Kan s'avançoit
vers la Moscovie au delà
du Borifthene avec deux
cent mille Tartares en attendant
la grande Armée
¿cs.. Turcs que le Grand-
Vizirdoitcommander
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Résumé : Nouvelles du Nord.
Au début du XVIIIe siècle, des rapports indiquent des préparatifs militaires en Europe de l'Est et au Moyen-Orient. À Constantinople, les Turcs se préparent à désarmer les Grecs par crainte de complots religieux. En Russie, 80 000 Tartares sont présents en Moscovie et en Ukraine, cherchant à rallier les Cosaques aux rois de Suède et de Stanislas. À Dresde, on confirme l'entrée du Palatin de Kiev et du fils du Khan des Tartares en Ukraine, suivis par le roi de Suède et une armée turco-tartare se dirigeant vers la Vistule. Cette nouvelle alerte la cour de Saxe, qui renforce ses frontières. Des lettres de Bender du 18 février rapportent que le Palatin de Kiev avance vers l'Ukraine avec 4 000 Polonais, 6 000 Cosaques et 40 000 Tartares commandés par le fils du Khan. Le Khan lui-même progresse vers la Moscovie avec 200 000 Tartares, attendant une grande armée turque dirigée par le Grand-Vizir.
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4
p. 49-53
« Les Lettres de Constantinople du 17. Mars portent que le [...] »
Début :
Les Lettres de Constantinople du 17. Mars portent que le [...]
Mots clefs :
Tartares
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Les Lettres de Constantinople du 17. Mars portent que le [...] »
Les Lettres deGonffcan»'
tinople du17. Mars portentque
leGrandViziren
estoit sorti le jourprécedent
avec tous les Offi*
ciers., pour aller camper
aauuxx ; environs avecles .,- Troupes qui s'y afifeiiibloietit;
qu'il donneraAufiance
fous ses Te-rsccr-s airtc
tUMiniftres Etrangers qui Iirlonec luyfouhairer un UreLlx qvj iIne
partiraquele15, ou le .j.:&.
d'avril,& quefoiïArtillerie
ferade trente cinq,
pieces de Canon. tnH
Le Roy Auguste a fait,
publierune Ordonnance
dans laSaxe, pourleverle:
sixiémehomme.Par,ce:
moyen il formera Cuni
Corps d'environ quatorze: millehommespour b garde
desfrontières. %jsè
Ilya desLettres deCa—
minietz du iç. Mars,quii
allurent que le Kandesa
Tartares qu 'on avoit dkN
avoir estédéfait.par lest
Cosaques., continuoit
-
fairedegrands ravages le
long de la rivière d('O., cca
,'en Moscovie
, -& le long
duBoristhene, oùl'cm ne
voyoicde temps en temps
quequelques Partis Moscovites.
D'autresLettres portent
que de cette Armée
de Tartares, qui estde
deux cens mille homtne-s.,
ily en avoir une partie qui
fnarchoitvers Moscou ez
que leKan qui marchoic
avec l'autre partie dans
l'UKraine, avoitreçu des
Deputez desCosaquesqui
estoient venus Iuycicmander
saprotection
,
& offrir
de se joindre à luv\i;
qu'unaurre.Co(pde Tas ïtares
commandé par un
defils duKan^&quiavoit
joint le Palatin de Kiowie,
avoir marché versla baffe
Podolieau nombredeplus
de soixante mille hommes
;que les Mofcovirès
qui gardoient cette fro~rr~
tiere s'elloientretirez par- ,
tie versKaminietz, & partie
vers Kiowie sur le Boristhene
,& quele Grand
Visir aprésavoir demeure
vingt jours sous ses Tendtes,
iroic avec la grande
Arrr>ce joindre le Roy dit
Suedeà-Bendcr
tinople du17. Mars portentque
leGrandViziren
estoit sorti le jourprécedent
avec tous les Offi*
ciers., pour aller camper
aauuxx ; environs avecles .,- Troupes qui s'y afifeiiibloietit;
qu'il donneraAufiance
fous ses Te-rsccr-s airtc
tUMiniftres Etrangers qui Iirlonec luyfouhairer un UreLlx qvj iIne
partiraquele15, ou le .j.:&.
d'avril,& quefoiïArtillerie
ferade trente cinq,
pieces de Canon. tnH
Le Roy Auguste a fait,
publierune Ordonnance
dans laSaxe, pourleverle:
sixiémehomme.Par,ce:
moyen il formera Cuni
Corps d'environ quatorze: millehommespour b garde
desfrontières. %jsè
Ilya desLettres deCa—
minietz du iç. Mars,quii
allurent que le Kandesa
Tartares qu 'on avoit dkN
avoir estédéfait.par lest
Cosaques., continuoit
-
fairedegrands ravages le
long de la rivière d('O., cca
,'en Moscovie
, -& le long
duBoristhene, oùl'cm ne
voyoicde temps en temps
quequelques Partis Moscovites.
D'autresLettres portent
que de cette Armée
de Tartares, qui estde
deux cens mille homtne-s.,
ily en avoir une partie qui
fnarchoitvers Moscou ez
que leKan qui marchoic
avec l'autre partie dans
l'UKraine, avoitreçu des
Deputez desCosaquesqui
estoient venus Iuycicmander
saprotection
,
& offrir
de se joindre à luv\i;
qu'unaurre.Co(pde Tas ïtares
commandé par un
defils duKan^&quiavoit
joint le Palatin de Kiowie,
avoir marché versla baffe
Podolieau nombredeplus
de soixante mille hommes
;que les Mofcovirès
qui gardoient cette fro~rr~
tiere s'elloientretirez par- ,
tie versKaminietz, & partie
vers Kiowie sur le Boristhene
,& quele Grand
Visir aprésavoir demeure
vingt jours sous ses Tendtes,
iroic avec la grande
Arrr>ce joindre le Roy dit
Suedeà-Bendcr
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Résumé : « Les Lettres de Constantinople du 17. Mars portent que le [...] »
Au début du XVIIIe siècle, des événements militaires et politiques marquent l'Europe de l'Est. Le Grand Vizir ottoman installe son camp avec ses troupes et promet une audience aux ministres étrangers entre le 15 et le 16 avril, disposant de trente-cinq pièces de canon. En Saxe, le roi Auguste publie une ordonnance pour lever un corps de quatorze mille hommes afin de protéger les frontières. En Moscovie et en Ukraine, les Tartares, malgré une défaite présumée par les Cosaques, continuent de ravager les régions. Une armée tartare de deux cents mille hommes se dirige vers Moscou, tandis qu'une autre, dirigée par un fils du Khan, marche vers la Podolie avec plus de soixante mille hommes. Les Moscovites se retirent vers Kaminietz et Kiev. Après vingt jours sous ses tentes, le Grand Vizir rejoint le roi de Suède à Bendcr.
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5
p. 84-93
Lettre de Constantinople du 7. Aoust.
Début :
Le 3. de ce mois le Grand Seigneur reçut plusieurs [...]
Mots clefs :
Seigneur, Turcs, Tartares, Constantinople, Moscovites, Tsar
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre de Constantinople du 7. Aoust.
Lettre de Conflantinople du
7. Aoust.,
Le 3. de ce mois le Grand
Seigneur reçut plusieurs
Courriers du Grand Visir ,
avec la nouvelle que l'Armée
Moscovite forte de
soixantemille hommes
commandée par le Czar en
personne avoit esté presqu'entierement
deffaite Le
combat commença le i%
Juillet aprèsmidy prés de
Falczin surle Prut. Il y cuç
plusde trente mille Mofc<>
vires tuez par les Turcs ôc
par les Tartares
,
fc sans la
nuit qui survint le nombre
auroit esté plus grand. Le
reste de leur Armée n'ayant
pûCc retirer parce que IC$
Turcs & les Tartares l'environnoient
de tous costez
les uns & les autres paflere&t
la nuit tous les Armes. Le
lendemain marin les Moscovites
se rallierent & se
couvrirent avec des chevaux
de frise; mais le grand
Visir sit aussicost tirer le
canon sur ce retranc hement.
Alors le Czar luy
envoyaunOfficier pour luy
proposer une Capitulation
avec le grand Seigneur &
avec le Roy de Suede
,
&
voyant que les Turcs continuoient
leur canonnade,
il envoyaquatre Officiers
pourréterer cette proposition,
& pour prier le grand
Visir de faire cesser le Canon
ce qui luy fut accordé. Mr
Czasirow ViceChancellier,
&le fils du General Szeremetow
furent estvoyez
au grand Visir avec lequel
ils convinrent que la Ville
d'Asaf seroit rendue au
grand Seigneur;qiae: les
Fortesses de Kaminka
,
de
Sagara&de Samara seraient
démolies ; que l'Ukraine
; feroit iTtmifc danssonancienne
liberté;quele Czar
ne semêleroit plus des Affiliés
de Pologne; qu'illivreroit
le Prince Demetrius
Cantemir, & le rebelleKebaliaba
,
& qu'on reme -
troit au grand Seigneur
l'Artillerie & les Munitions
de l'Armée Moscovite. Ces
six Articles préliminaires
dévoient estre suivis d'un
: traité de Paix qui seroit fait
à Bender où Mrs Czasirow,
& Szeremetow
)
[c ren,
- droient en qualité de Plcnipotentiaires
& pour ser-
-vir d'Otages de ce quiavait
-
esté conclu sans que le grand
Visiten eust donné aucun.
Onapermisaurestede l Ar- !
mée Moscovite de se retirer
àKiowie; mais comme les
Soldatsestoient accablez de
fatigue & de faim, même
avant la Bataille, & qu'il
étoient poursuivis par les
Tartates à cause que le Kan
n'avoit point eû de part à
cc'qui avoir esté conclu avec
le Czar, oncroyoit qu'ilen
réchaperoit un fort petit
nombre, cependant le
grand Visir les faisoit accompagner
par dix ou
cloute mille hommes fous
pretexte de leur servir d'escorte
contre les Tartares y
mais en effet pour les faire
marcher à petites journées,
afin d'avoir le temps de recevoir
les ordres du grand
Seigneur. Mr Funck Envoyé
du Roy de Suede presenta
le 4. au Grand Seigneur,
& au Kaimakan, un
Memoire concernant les'
interests du Roy son Maître.
Tous les Visirs, & le
Musti l'assurerent que ce
Prince auroit lieu d'estre
content avant que les Moscovites
sortissent des Etats
du Grand Seigneur, &
que le Kapigilar Kiaïaski
) devoit partir incessament
pour procurer à Sa Majesté
Suedoise toute sorte satisfaction.
Le 5 Mr Funck fut
appellépour aller chez le
Kaimakan où il trouva le
Musti&le Scllâar- Pacha,
gendre du grand Seigneur,
afin deconferer sur son Me.
moire par lequel il demandoit
que le Roy de Suede
fut compris dans le traité
de Bender, & qu'il fust stipulé
qu'il seroit conduit
dans ses Etats avec autant
de troupes qu'il fouhaitcroit.
Osman Pacha Kiaïa ou
Lieutenant du grand Visir
qu'ilavoit envoyé pour
apporter la nouvelle de
cette Victoire, a esté disgracié
au lieu d'estre recompensérce
qui marque que
le Grand Seigneur estmécontent
de la precipitation
avec laquelle le grand Visîr
a conclu la Capitulation
y
pouvant se rendre maistre
du Czar &du reste de fem
Armée;cependant on n'a
pas laissé de faire plusieurs
décharges d'Artillerie aprés
l'arrivée decette nouvelle,&
toute la Ville ena témoigné
une grande joye. On remarque
que la deffaite du Czar
(H: arrivée le même mois
que celle du Roy de Suede
à Pultowa, & que lemême
malheur de ces deux
Princes leurestarrivé pour
s'estreengagé trop avant
sans Magasins,en paysennemi.
7. Aoust.,
Le 3. de ce mois le Grand
Seigneur reçut plusieurs
Courriers du Grand Visir ,
avec la nouvelle que l'Armée
Moscovite forte de
soixantemille hommes
commandée par le Czar en
personne avoit esté presqu'entierement
deffaite Le
combat commença le i%
Juillet aprèsmidy prés de
Falczin surle Prut. Il y cuç
plusde trente mille Mofc<>
vires tuez par les Turcs ôc
par les Tartares
,
fc sans la
nuit qui survint le nombre
auroit esté plus grand. Le
reste de leur Armée n'ayant
pûCc retirer parce que IC$
Turcs & les Tartares l'environnoient
de tous costez
les uns & les autres paflere&t
la nuit tous les Armes. Le
lendemain marin les Moscovites
se rallierent & se
couvrirent avec des chevaux
de frise; mais le grand
Visir sit aussicost tirer le
canon sur ce retranc hement.
Alors le Czar luy
envoyaunOfficier pour luy
proposer une Capitulation
avec le grand Seigneur &
avec le Roy de Suede
,
&
voyant que les Turcs continuoient
leur canonnade,
il envoyaquatre Officiers
pourréterer cette proposition,
& pour prier le grand
Visir de faire cesser le Canon
ce qui luy fut accordé. Mr
Czasirow ViceChancellier,
&le fils du General Szeremetow
furent estvoyez
au grand Visir avec lequel
ils convinrent que la Ville
d'Asaf seroit rendue au
grand Seigneur;qiae: les
Fortesses de Kaminka
,
de
Sagara&de Samara seraient
démolies ; que l'Ukraine
; feroit iTtmifc danssonancienne
liberté;quele Czar
ne semêleroit plus des Affiliés
de Pologne; qu'illivreroit
le Prince Demetrius
Cantemir, & le rebelleKebaliaba
,
& qu'on reme -
troit au grand Seigneur
l'Artillerie & les Munitions
de l'Armée Moscovite. Ces
six Articles préliminaires
dévoient estre suivis d'un
: traité de Paix qui seroit fait
à Bender où Mrs Czasirow,
& Szeremetow
)
[c ren,
- droient en qualité de Plcnipotentiaires
& pour ser-
-vir d'Otages de ce quiavait
-
esté conclu sans que le grand
Visiten eust donné aucun.
Onapermisaurestede l Ar- !
mée Moscovite de se retirer
àKiowie; mais comme les
Soldatsestoient accablez de
fatigue & de faim, même
avant la Bataille, & qu'il
étoient poursuivis par les
Tartates à cause que le Kan
n'avoit point eû de part à
cc'qui avoir esté conclu avec
le Czar, oncroyoit qu'ilen
réchaperoit un fort petit
nombre, cependant le
grand Visir les faisoit accompagner
par dix ou
cloute mille hommes fous
pretexte de leur servir d'escorte
contre les Tartares y
mais en effet pour les faire
marcher à petites journées,
afin d'avoir le temps de recevoir
les ordres du grand
Seigneur. Mr Funck Envoyé
du Roy de Suede presenta
le 4. au Grand Seigneur,
& au Kaimakan, un
Memoire concernant les'
interests du Roy son Maître.
Tous les Visirs, & le
Musti l'assurerent que ce
Prince auroit lieu d'estre
content avant que les Moscovites
sortissent des Etats
du Grand Seigneur, &
que le Kapigilar Kiaïaski
) devoit partir incessament
pour procurer à Sa Majesté
Suedoise toute sorte satisfaction.
Le 5 Mr Funck fut
appellépour aller chez le
Kaimakan où il trouva le
Musti&le Scllâar- Pacha,
gendre du grand Seigneur,
afin deconferer sur son Me.
moire par lequel il demandoit
que le Roy de Suede
fut compris dans le traité
de Bender, & qu'il fust stipulé
qu'il seroit conduit
dans ses Etats avec autant
de troupes qu'il fouhaitcroit.
Osman Pacha Kiaïa ou
Lieutenant du grand Visir
qu'ilavoit envoyé pour
apporter la nouvelle de
cette Victoire, a esté disgracié
au lieu d'estre recompensérce
qui marque que
le Grand Seigneur estmécontent
de la precipitation
avec laquelle le grand Visîr
a conclu la Capitulation
y
pouvant se rendre maistre
du Czar &du reste de fem
Armée;cependant on n'a
pas laissé de faire plusieurs
décharges d'Artillerie aprés
l'arrivée decette nouvelle,&
toute la Ville ena témoigné
une grande joye. On remarque
que la deffaite du Czar
(H: arrivée le même mois
que celle du Roy de Suede
à Pultowa, & que lemême
malheur de ces deux
Princes leurestarrivé pour
s'estreengagé trop avant
sans Magasins,en paysennemi.
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Résumé : Lettre de Constantinople du 7. Aoust.
Le 3 août, le Grand Seigneur reçut des nouvelles du Grand Visir annonçant une victoire turque contre l'armée moscovite, forte de soixante mille hommes et dirigée par le Czar en personne, près de Falczin sur le Prut. Le combat, débuté le 1er juillet, avait causé la mort de plus de trente mille Moscovites. La nuit suivante avait empêché un bilan plus lourd. Les survivants, encerclés par les Turcs et les Tartares, tentèrent de se rallier mais furent repoussés par la canonnade turque. Le Czar proposa alors une capitulation, acceptée après négociations. Les termes préliminaires incluaient la reddition de la ville d'Asaf, la démolition de certaines forteresses, la liberté de l'Ukraine, la libération de prisonniers et la restitution de l'artillerie moscovite. Ces articles devaient être suivis d'un traité de paix à Bender. L'armée moscovite fut autorisée à se retirer à Kiowie, escortée par des troupes turques pour éviter les Tartares. Le 4 août, l'envoyé du Roi de Suède présenta un mémoire concernant les intérêts de son maître, assurant une satisfaction avant le départ des Moscovites. Le 5 août, des conférences eurent lieu pour inclure le Roi de Suède dans le traité de Bender. La défaite du Czar, survenue le même mois que celle du Roi de Suède à Pultowa, fut attribuée à une avancée trop profonde sans approvisionnement adéquat.
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6
p. 31-44
« D'autres Lettres portent que le Czar avoit quitté son [...] »
Début :
D'autres Lettres portent que le Czar avoit quitté son [...]
Mots clefs :
Grand vizir, Moscovites, Traité de paix, Tsar, Roi de Suède, Prince, Seigneur, Tartares, Ambassadeur
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texteReconnaissance textuelle : « D'autres Lettres portent que le Czar avoit quitté son [...] »
D'autres Lettres portent
que le Czar avoit quitté son
Armée, &avoir passé à Carelsbade
en Boheme
,
où le
Prince de Mofcovic son fils
devoit l'aller joindre; que
le Grand Visir avoit ordonné
à Hassan Bacha, Gouverneur
de Romelie d'escorter
le Roy de Suede avec plus
de quarante mille hommes,
non-seulement jusqu'enPologne,
mais jusqu'en Pomcranie
en cas de besoin, &
cela sans compter un grand
nombre de Tartares
,
les
Troupes du Palatin de Kiovie,
& celles de Sa Majesté
Suedoise ; que ce Prince
estoit parti de Bender avec
cette puissante Escortes que
l'Ambassadeur de Hollande
avoit remontréau Kiaïa du
grand Vizir, que l'Armée
destinée à maintenir la neutralité
du Nord de l'Allemagne
s'y oppoferoit ainsi
que les Polonois, les Moscovites
& les Saxons; mais
que cet Officier luy avoit
répondu que l'on verroit
qui auroit la hardiesse de
disputer lepassage auxTroupes
Otomanes, & qu'en cas
de resistance,Hassan Bacha
avoit ordre ex prés de l'ouvrir
à force d'armes.
Par celles de Moscou du
3. on apprend qu'on y avoit
fait trois décharges de canon
en réjoüissance de la
conclusion de la Paix perpetuelle
avec les Turcs.
CellesdeWarsovie du
29. disent que le Czar estoit
arrivé le 19. à Zolkiew à
troislieuës de Limberg ;
qu'il devoit arriver à Warsovie
le 3 1. pour se rendre
en Prusse & en Pomeranie ;
que le Roy de Suede estoit
en chemin pour retourner
dans ses Etats
, prenant sa
route par la Hongrie, mais
que cette derniere nouvelle
meritoit confirmation.
Voici la Copie du traité
de Paix concl u entre les
Turcs & les Moscovites,
que l'on a reçuë à Vienne.
I.
Qu'Asaph serarenduaux
Turcs dans l'étatoùil estoit
lors que leCzar s'enestempare.
II.
Que Taignaron,Kamenk,
& les Forteresses nouvellement
con struites sur lariviere
de Saman serontrasées.
-l"
IlL
Que le Czar ne se meslera
en aucune maniere des Po-
.lonois ny CosaquesBarabais
& Potkili, & qu'il fortira
de leur Pays avectoutes
ses forces.
- IV.
Que les Marchands avec
leurs Marchandises pourront
venir sur les Frontieres
des Turcs, & que le
Czarne pourra avoir d'Ambassadeur
ny d'Envoyé à la
Porte.
V.
Que tous les Turcs faits
prisonniers par les Moscovites,
feront remis en liberté.
VI.
Que le Roy de Suede sera
renvoyé dans ses Etats li- vbrement & sans empêchement
de la part des Moscovites.
VII.
Que tout Acre d'hostilité
cessera de part & d'autre;
& que pour seureté de cc
Traité leCzar donnera pour
otages le Chancelier Schafsiros,
& le Prince Czeremetof;
moyennant quoy l'on
permettroit aux Moscovites
de se retirer dans leur
pays. Les Turcs leur 'ont
donné du pain pour onze
jours, & une Èscorte de
douze mille hommes pour
lesgarentir des insultesdes
Tartares.
VIII.
.,: Que le Czar n'aura aucuns!
Vaisseaux sur la Mer noirs
&qu'il payera auCham des
Tartares le tribut devingt
mille Ducats qu'illuypayoit
autrefois.
IX.
Que S. M. Czarienne livrera
aux Turcs lé Prince de
Moldavie.
Les mêmes Lettres de
Vienne disent que ce Traité
ayant esté envoyé à Constantinople
il avoir estératifié
par le Grand Seigneur le
4. Aoust
,
& renvoyé au
grand Visir; mais que sur
les remontrances du MiniC
tre de Suede à la Porte, l'on
avoit envoyé ordre au grand
Visird'entreren negociation
avec le Czar au sujet du Roy
de Suede avant d'échanger
laratification.
D'autres Lettres portent
que le grand Seigneur a nommé
des Commissaires pour
travailler à la Paix avec la Pologne
; que la Republique
doit envoyer des Députez
pour conferer avec eux;que
les Tarrares continuoient
leurs courses le long du
Niester, ne voulant point
estre compris dans le Traité
de Paix conclu par le grand
Visir.
Que le Czar refusoit de
l'executer, quant à la restitution
d'Asaph & à la démolition
de ses nouvelles
Foiteresses sur la Mernoire,
jusqu'à ce que le Roy de
Suede fust sorti des Etats
duGrand Seigneur, se plaignant
d'ailleurs que l'escorte
qu'onprétendoit donner
à Sa Majesté Suedoisealloit
beaucoup au-delà de ce
qu'on estoit convenu; voicy
ce que portent celles de
Wbarloyrie deii n..Septem- Les Tartares ont saccagé
un grand nombre de Villages
au- delàdu Bog
,
& emmerié
en esclavage tous les
Moscovites&les Cosaqnes
deleurpartiqu'ils y ont
trouvez,&continuënt leurs
hostilitez le long du Niester.
Une partie de I/Armec
Ottomaneestencore le
long du Prut,&le reste du
costé de Bender. Un Ambassadeur
du Grand Seigneur
est arrivé sur, les Frontieres
duRoyaume;il a envoyé demander
des Passeports pour
venir conferer avec quelques
Senateurs touchant le
renouvellement de la Trêve
concluëàCarlowitz&d'affermir
la Paix avec la Republique.
Cet Amb.uadcur
est accompagné de deux Députez;
l'un du Roy de Suede
,
& l'autre du Palatin de
Klovic. Ce dernier a fait publier
des Lettres circulaires
par lesquelles il declarc qu'il
travaille à faire sortir tous
les Moscovites de la Pologne,
à procurer une Paix
avantageuse à la Republique,&
entr'autreàluy faire
restituer toute l'Ukraine.
On doit nommer plusieurs
personnes distinguées, pour
aller conferer avec cet Ambassadeur
qui eflaussichargé
de s'informer du nombre
de Moscovites qui ont
repassé le Niester
,
& s'ils
avoient évacué la Pologne
suivant le Traité conclu
avec le Czar, & dont l'Armée
du Grand Seigneur attendoit
lexecution. Néanmoins
les Moscovites, ont
pris des Quartiers dans la
Volhinie. Le General Szeremetoff
a établi le sien à
à Ostrog ; le Prince Galiczen
à Dubno ; le General
Weisbach à Brody;le General
Bonne à Sokal sur le
Boug
,
Frontière du Palatinat
de BeIzJ & le General Baver
en Lithuanie. Toutes ces
parcicularitez donnent lieu
de croire qu'on n'a pas esté
bien informé des conditions
du Traité conclu entre
le Czar & le grand Vizir
, ou que si elles sont
telles qu'on l'a publié,
la Paix ne fera pas de longue
durée, à moins que le
grand Vizir n'oblige les
Moscovites à executer le
Traité.
que le Czar avoit quitté son
Armée, &avoir passé à Carelsbade
en Boheme
,
où le
Prince de Mofcovic son fils
devoit l'aller joindre; que
le Grand Visir avoit ordonné
à Hassan Bacha, Gouverneur
de Romelie d'escorter
le Roy de Suede avec plus
de quarante mille hommes,
non-seulement jusqu'enPologne,
mais jusqu'en Pomcranie
en cas de besoin, &
cela sans compter un grand
nombre de Tartares
,
les
Troupes du Palatin de Kiovie,
& celles de Sa Majesté
Suedoise ; que ce Prince
estoit parti de Bender avec
cette puissante Escortes que
l'Ambassadeur de Hollande
avoit remontréau Kiaïa du
grand Vizir, que l'Armée
destinée à maintenir la neutralité
du Nord de l'Allemagne
s'y oppoferoit ainsi
que les Polonois, les Moscovites
& les Saxons; mais
que cet Officier luy avoit
répondu que l'on verroit
qui auroit la hardiesse de
disputer lepassage auxTroupes
Otomanes, & qu'en cas
de resistance,Hassan Bacha
avoit ordre ex prés de l'ouvrir
à force d'armes.
Par celles de Moscou du
3. on apprend qu'on y avoit
fait trois décharges de canon
en réjoüissance de la
conclusion de la Paix perpetuelle
avec les Turcs.
CellesdeWarsovie du
29. disent que le Czar estoit
arrivé le 19. à Zolkiew à
troislieuës de Limberg ;
qu'il devoit arriver à Warsovie
le 3 1. pour se rendre
en Prusse & en Pomeranie ;
que le Roy de Suede estoit
en chemin pour retourner
dans ses Etats
, prenant sa
route par la Hongrie, mais
que cette derniere nouvelle
meritoit confirmation.
Voici la Copie du traité
de Paix concl u entre les
Turcs & les Moscovites,
que l'on a reçuë à Vienne.
I.
Qu'Asaph serarenduaux
Turcs dans l'étatoùil estoit
lors que leCzar s'enestempare.
II.
Que Taignaron,Kamenk,
& les Forteresses nouvellement
con struites sur lariviere
de Saman serontrasées.
-l"
IlL
Que le Czar ne se meslera
en aucune maniere des Po-
.lonois ny CosaquesBarabais
& Potkili, & qu'il fortira
de leur Pays avectoutes
ses forces.
- IV.
Que les Marchands avec
leurs Marchandises pourront
venir sur les Frontieres
des Turcs, & que le
Czarne pourra avoir d'Ambassadeur
ny d'Envoyé à la
Porte.
V.
Que tous les Turcs faits
prisonniers par les Moscovites,
feront remis en liberté.
VI.
Que le Roy de Suede sera
renvoyé dans ses Etats li- vbrement & sans empêchement
de la part des Moscovites.
VII.
Que tout Acre d'hostilité
cessera de part & d'autre;
& que pour seureté de cc
Traité leCzar donnera pour
otages le Chancelier Schafsiros,
& le Prince Czeremetof;
moyennant quoy l'on
permettroit aux Moscovites
de se retirer dans leur
pays. Les Turcs leur 'ont
donné du pain pour onze
jours, & une Èscorte de
douze mille hommes pour
lesgarentir des insultesdes
Tartares.
VIII.
.,: Que le Czar n'aura aucuns!
Vaisseaux sur la Mer noirs
&qu'il payera auCham des
Tartares le tribut devingt
mille Ducats qu'illuypayoit
autrefois.
IX.
Que S. M. Czarienne livrera
aux Turcs lé Prince de
Moldavie.
Les mêmes Lettres de
Vienne disent que ce Traité
ayant esté envoyé à Constantinople
il avoir estératifié
par le Grand Seigneur le
4. Aoust
,
& renvoyé au
grand Visir; mais que sur
les remontrances du MiniC
tre de Suede à la Porte, l'on
avoit envoyé ordre au grand
Visird'entreren negociation
avec le Czar au sujet du Roy
de Suede avant d'échanger
laratification.
D'autres Lettres portent
que le grand Seigneur a nommé
des Commissaires pour
travailler à la Paix avec la Pologne
; que la Republique
doit envoyer des Députez
pour conferer avec eux;que
les Tarrares continuoient
leurs courses le long du
Niester, ne voulant point
estre compris dans le Traité
de Paix conclu par le grand
Visir.
Que le Czar refusoit de
l'executer, quant à la restitution
d'Asaph & à la démolition
de ses nouvelles
Foiteresses sur la Mernoire,
jusqu'à ce que le Roy de
Suede fust sorti des Etats
duGrand Seigneur, se plaignant
d'ailleurs que l'escorte
qu'onprétendoit donner
à Sa Majesté Suedoisealloit
beaucoup au-delà de ce
qu'on estoit convenu; voicy
ce que portent celles de
Wbarloyrie deii n..Septem- Les Tartares ont saccagé
un grand nombre de Villages
au- delàdu Bog
,
& emmerié
en esclavage tous les
Moscovites&les Cosaqnes
deleurpartiqu'ils y ont
trouvez,&continuënt leurs
hostilitez le long du Niester.
Une partie de I/Armec
Ottomaneestencore le
long du Prut,&le reste du
costé de Bender. Un Ambassadeur
du Grand Seigneur
est arrivé sur, les Frontieres
duRoyaume;il a envoyé demander
des Passeports pour
venir conferer avec quelques
Senateurs touchant le
renouvellement de la Trêve
concluëàCarlowitz&d'affermir
la Paix avec la Republique.
Cet Amb.uadcur
est accompagné de deux Députez;
l'un du Roy de Suede
,
& l'autre du Palatin de
Klovic. Ce dernier a fait publier
des Lettres circulaires
par lesquelles il declarc qu'il
travaille à faire sortir tous
les Moscovites de la Pologne,
à procurer une Paix
avantageuse à la Republique,&
entr'autreàluy faire
restituer toute l'Ukraine.
On doit nommer plusieurs
personnes distinguées, pour
aller conferer avec cet Ambassadeur
qui eflaussichargé
de s'informer du nombre
de Moscovites qui ont
repassé le Niester
,
& s'ils
avoient évacué la Pologne
suivant le Traité conclu
avec le Czar, & dont l'Armée
du Grand Seigneur attendoit
lexecution. Néanmoins
les Moscovites, ont
pris des Quartiers dans la
Volhinie. Le General Szeremetoff
a établi le sien à
à Ostrog ; le Prince Galiczen
à Dubno ; le General
Weisbach à Brody;le General
Bonne à Sokal sur le
Boug
,
Frontière du Palatinat
de BeIzJ & le General Baver
en Lithuanie. Toutes ces
parcicularitez donnent lieu
de croire qu'on n'a pas esté
bien informé des conditions
du Traité conclu entre
le Czar & le grand Vizir
, ou que si elles sont
telles qu'on l'a publié,
la Paix ne fera pas de longue
durée, à moins que le
grand Vizir n'oblige les
Moscovites à executer le
Traité.
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Résumé : « D'autres Lettres portent que le Czar avoit quitté son [...] »
Le texte décrit plusieurs événements diplomatiques et militaires impliquant le Czar, le Grand Visir, le Roi de Suède et d'autres acteurs. Le Czar a quitté son armée pour se rendre à Carlsbad en Bohême afin de rejoindre son fils, le Prince de Moscovie. Le Grand Visir a ordonné à Hassan Bacha, Gouverneur de Romélie, d'escorter le Roi de Suède avec une armée de plus de quarante mille hommes, renforcée par des Tartares et des troupes polonaises et suédoises. Cette escorte doit accompagner le Roi de Suède jusqu'en Pologne et en Poméranie si nécessaire. L'ambassadeur de Hollande a informé le Kiaïa du Grand Vizir que cette escorte pourrait rencontrer des résistances, notamment de l'armée destinée à maintenir la neutralité du Nord de l'Allemagne. Hassan Bacha a reçu l'ordre d'ouvrir le passage par la force si besoin. Des lettres de Moscou rapportent des salves de canon célébrant la conclusion d'une paix perpétuelle avec les Turcs. À Varsovie, il est signalé que le Czar est arrivé à Zolkiew et doit se rendre en Prusse et en Poméranie, tandis que le Roi de Suède est en route pour retourner dans ses États via la Hongrie. Un traité de paix entre les Turcs et les Moscovites est présenté, incluant des clauses telles que la restitution d'Asaph, la démolition de nouvelles forteresses, la neutralité du Czar dans les affaires polonaises, la liberté des marchands, la libération des prisonniers turcs, le retour du Roi de Suède dans ses États, et la cessation des hostilités. Le Czar doit fournir des otages et payer un tribut aux Tartares. Le traité a été ratifié par le Grand Seigneur et renvoyé au Grand Visir, mais des négociations supplémentaires sont en cours concernant le Roi de Suède. Les Tartares continuent leurs raids le long du Niester, et le Czar refuse d'exécuter certaines parties du traité jusqu'à ce que le Roi de Suède quitte les États du Grand Seigneur. Un ambassadeur du Grand Seigneur est arrivé pour discuter du renouvellement de la trêve et de la paix avec la République, accompagné de députés du Roi de Suède et du Palatin de Kiovie. Les Moscovites ont pris des quartiers en Volhynie, malgré les conditions du traité, suggérant des incertitudes quant à la durabilité de la paix.
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7
p. 32[1]-322
Extrait d'une autre Lettre.
Début :
Le sort en est jetté, & tous les Bachas ont [...]
Mots clefs :
Lettre, Bachas, Kam, Tartares, Guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait d'une autre Lettre.
combats particuliers. ",.It.
Extraitd'une autre,
Lettre.
)
Lesort enestjetté, & tous
les Bachas ont en ordre de se
preparer àmarcher avec leurs'
Troupes pourse rendre auplus
tard à lafindu mois de Mars
prochain vers les embouchures
du Danube, en consequence de
la guerre declarée contre les'
Moscovites; Cm le 16. Decembre leKamdesTartares
partit de Constantinople pour aller
[ trouver le Roy deSutJe: Le'
Grand Seigneur a faitau Kam
plusieurs presens considerables
,
uon luy afait de grand honneurs à son arrivée& à fort départ.
On a
ordonné de travailler
endiligence à l'Armement de
la Flotte revenuë de la Mer
noire. Abdi Bacha Seraskier de
Belgrades'estrendu auprés du
Royde Suede
,*-vec les Troupes de Romelie, dont on le a
donnéle Commandement
Extraitd'une autre,
Lettre.
)
Lesort enestjetté, & tous
les Bachas ont en ordre de se
preparer àmarcher avec leurs'
Troupes pourse rendre auplus
tard à lafindu mois de Mars
prochain vers les embouchures
du Danube, en consequence de
la guerre declarée contre les'
Moscovites; Cm le 16. Decembre leKamdesTartares
partit de Constantinople pour aller
[ trouver le Roy deSutJe: Le'
Grand Seigneur a faitau Kam
plusieurs presens considerables
,
uon luy afait de grand honneurs à son arrivée& à fort départ.
On a
ordonné de travailler
endiligence à l'Armement de
la Flotte revenuë de la Mer
noire. Abdi Bacha Seraskier de
Belgrades'estrendu auprés du
Royde Suede
,*-vec les Troupes de Romelie, dont on le a
donnéle Commandement
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Résumé : Extrait d'une autre Lettre.
L'Empire ottoman se prépare à la guerre contre les Russes. Les gouverneurs doivent se rendre au Danube d'ici fin mars. Le 16 décembre, l'ambassadeur tartare est parti pour la Suède avec des présents et des honneurs. La flotte de la mer Noire est en cours d'armement. Abdi Bacha, commandant de Belgrade, rejoint le roi de Suède avec les troupes de Romélie.
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8
p. 49-54
EXTRAIT DE LETTRE de Mr Funk, Envoyé Extraordinaire du Roy de Suede à Constantinople, du 22. Février 1712.
Début :
Nonobstant qu'on ait receu avis de l'évacuation d'Asaph, [...]
Mots clefs :
Constantinople, Empire Turc, Lettre, Tartares
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT DE LETTRE de Mr Funk, Envoyé Extraordinaire du Roy de Suede à Constantinople, du 22. Février 1712.
EXTRAIT DE LETTRE
de MrFunk, EnvoyéExtraordinaire du Roy de Suede à
Constantinople, du zi.
Février1712.
NOnobstant qu'on ait
receu avis de l'évacuation
d'Asaph
,
j'espere que le
Czar ne fera pas quitte des
Turcs par là ,mais que le
Grand Seigneur continuera aussi d'insister sur les
articles concernant la Pologne & l'Ukraine,suivant
le sens qu'illeur donne, &
qu'il aura foin des interests
du Roy. Ce qu'ilyadu
moins de certain,c'est que
le Roy retournera dans ses
Estats, ou en Pologne avec
une escorte Turque considerable. Le Sultan a
fait
dire aux Ministres d'Angleterre & de Hollande, sur
ce qu'ils luy ont fait connoistre qu'il n'estoit pas necessaire
,
s'il vouloir, qu'il
allast en campagne, qu'il
iroit du moins à Ifaxeze
,
près du Danube, lieu du
rendez-vous general de
l'armée
,
pour voir le Roy
son amy & son hoste avant
son départ. Le grand Visir m'a dit que vers la fin
du mois de Mars, les troupes marcheront de Constantinople vers le rendezvous, & que le départ du
Roy pourroit se faire dés
qu'il y
auroit de l'herbe en
campagne. Le Grand Seigneur, pour de son perron..
nel
,
a
de l'estime & de
l'amitié pour le Roy, il en
donnera des marques réelles à sa Majesté
,
nonobstant que les Ministres des
Anglois & Hollandois, &
une partie de ses propres
Ministres taschent de le
détourner des affaires du
Roy. Le Kam des Tartares est tousjours d'un grand
credit auprés de sa Hautesse
,
& luy écrit fort souvent, & le Grand Seigneur
fait plus de réflexion sur
ses conseils que sur ceux du
ministere
,
il prestera de
l'argent au Roy pour le
mettre en estat de pouvoir
partir, outre qu'il pourvoira l'armée Turque qui
escortera sa Majesté
,
de
l'argent necessaire pour payer sa subsistance en Po-
logne
,
afin de ne pas incommoder les habitanrs.
On ne doit point au reste
se laisser intimider par les
rapports des Ministres EC.
trangers à Constantinople,
au desavantage du Roy, ils
ne sont pas informez à
fonds de ce qui se passe entre sa Majesté &le Sultan,
& ce qu'une partie des Ministres de l'Em pereur Ottoman disentde temps en
1
temps a
ceux-là
,
qui leur
font croire que le Roy ne reiïfïira pas, ne merite pas l'attention qu'ilsyfont.
Depuis quelque temps le
Grand Seigneur est reservé enversson ministere, &
comme personnellement
il est bien intentionné pour
le Roy,l'effet de ses intentions ira plus loin qu'il ne
s'en est expliqué jusqu'icy.
Il y a
cependant un grand
fracas icy
,
& dans tout
l'Empire Turc au sujet des
conjonctures presentes,
mais il aboutira enfinàl'avantage de sa Majesté
de MrFunk, EnvoyéExtraordinaire du Roy de Suede à
Constantinople, du zi.
Février1712.
NOnobstant qu'on ait
receu avis de l'évacuation
d'Asaph
,
j'espere que le
Czar ne fera pas quitte des
Turcs par là ,mais que le
Grand Seigneur continuera aussi d'insister sur les
articles concernant la Pologne & l'Ukraine,suivant
le sens qu'illeur donne, &
qu'il aura foin des interests
du Roy. Ce qu'ilyadu
moins de certain,c'est que
le Roy retournera dans ses
Estats, ou en Pologne avec
une escorte Turque considerable. Le Sultan a
fait
dire aux Ministres d'Angleterre & de Hollande, sur
ce qu'ils luy ont fait connoistre qu'il n'estoit pas necessaire
,
s'il vouloir, qu'il
allast en campagne, qu'il
iroit du moins à Ifaxeze
,
près du Danube, lieu du
rendez-vous general de
l'armée
,
pour voir le Roy
son amy & son hoste avant
son départ. Le grand Visir m'a dit que vers la fin
du mois de Mars, les troupes marcheront de Constantinople vers le rendezvous, & que le départ du
Roy pourroit se faire dés
qu'il y
auroit de l'herbe en
campagne. Le Grand Seigneur, pour de son perron..
nel
,
a
de l'estime & de
l'amitié pour le Roy, il en
donnera des marques réelles à sa Majesté
,
nonobstant que les Ministres des
Anglois & Hollandois, &
une partie de ses propres
Ministres taschent de le
détourner des affaires du
Roy. Le Kam des Tartares est tousjours d'un grand
credit auprés de sa Hautesse
,
& luy écrit fort souvent, & le Grand Seigneur
fait plus de réflexion sur
ses conseils que sur ceux du
ministere
,
il prestera de
l'argent au Roy pour le
mettre en estat de pouvoir
partir, outre qu'il pourvoira l'armée Turque qui
escortera sa Majesté
,
de
l'argent necessaire pour payer sa subsistance en Po-
logne
,
afin de ne pas incommoder les habitanrs.
On ne doit point au reste
se laisser intimider par les
rapports des Ministres EC.
trangers à Constantinople,
au desavantage du Roy, ils
ne sont pas informez à
fonds de ce qui se passe entre sa Majesté &le Sultan,
& ce qu'une partie des Ministres de l'Em pereur Ottoman disentde temps en
1
temps a
ceux-là
,
qui leur
font croire que le Roy ne reiïfïira pas, ne merite pas l'attention qu'ilsyfont.
Depuis quelque temps le
Grand Seigneur est reservé enversson ministere, &
comme personnellement
il est bien intentionné pour
le Roy,l'effet de ses intentions ira plus loin qu'il ne
s'en est expliqué jusqu'icy.
Il y a
cependant un grand
fracas icy
,
& dans tout
l'Empire Turc au sujet des
conjonctures presentes,
mais il aboutira enfinàl'avantage de sa Majesté
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Résumé : EXTRAIT DE LETTRE de Mr Funk, Envoyé Extraordinaire du Roy de Suede à Constantinople, du 22. Février 1712.
En février 1712, Mr. Funk, représentant du roi de Suède à Constantinople, espère que le tsar ne se retirera pas après l'évacuation d'Asaph et que le sultan continuera de soutenir les intérêts suédois en Pologne et en Ukraine. Le sultan prévoit de rencontrer le roi de Suède près du Danube avant son départ, avec une escorte turque significative. Le grand vizir annonce que les troupes se déplaceront fin mars et que le départ du roi se fera dès que l'herbe repoussera. Le sultan montre de l'estime et de l'amitié envers le roi, malgré les efforts des ministres anglais, hollandais et certains ministres turcs pour l'influencer. Le khan des Tartares, influent auprès du sultan, est plus écouté que le ministère. Le sultan financera le départ du roi et l'armée turque pour éviter de troubler les habitants de Pologne. Les rapports défavorables des ministres étrangers ne reflètent pas les bonnes relations entre le roi et le sultan. Actuellement, l'Empire turc est agité, mais cela pourrait tourner à l'avantage du roi.
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9
p. 65-70
Nouvelles de Pologne.
Début :
Les lettres de Pologne portent que les Moscovites traitent plus [...]
Mots clefs :
Tartares, Tsar, Moscovites, Dantzig, Russie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Pologne.
Nouvelles de Pologne.
Les lettres de Pologne
portent que les Mofcovites
traitent plus moderément.
les peuples de la Pruffe
Royale ; que le General
Bruz qui les commande ,
menace d'attaquer la ville
de Dantzik , ou au moins
de la bombarder , fi elle
n'accorde les fommes que
le Czar lui a fait demander.
Les dernieres lettres de
Dantzikportent que les differends de cette ville - là
Juin 1712.
h
66 MERCURE
avec le Czarfont terminez,
à condition qu'au lieu de la
fomme confiderable qu'il
lui demandoit , elle fournira une certaine quantité
de grains pour la fubfiftancalde fes troupes, quinq
Les lettres de Saxe & de!
Vienne affurent qu'on avoit
appris par differentes letu
tres de Conftantinople, que
fur les inftances des ambafh
fadeurs d'Angleterre & de
Hollande , la paix avoit été
conclue entre les Turcsead
les Mofcovites , avec de
nouvelles conditions ; en-
GALANT 67
tr'autres , que le Czar aban
donneraentierement la Po
logne & l'Ukraine.q obsiz
Qu'il payera un tributou
penfion annuelle au Kan
des Tartares , cinq cent
mille ducats au Grand Sei
gneur, pour le dédomma
ger en partie des frais de
la guerre, & quele Royde
Suede fera efcorté jufqu'en
Pomeranie par une armée
dans laquelle il
mille Tartares. On ajoûte
quece traité n'a pas encore
été fignéni publié Des nou?
velles méritent confirmag
y aura dix
Fij
68 MERCURE
tion , d'autant plus qu'on
en a pluſieurs fois fait courir de pareilles qui n'ont eu
aucune fuite.
Les lettres de Bender
plus recentes afſurent que
tous les Bachas, marchent
avec leurs troupes vers le
Danube; que le Grand Seigneur devoit partir le 20.
d'Avril de Conftantinople
pour aller joindre fon armée. L'incertitude où l'on
eft depuis long -temps fur
ce fujet , nepeut plus durer
que quelques femaines
parce que les herbes étant
"
6
GALANT 69
grandes , les armées ſe mettront en campagne , fi la
paix n'eft pas conclue &
publiée..
Onmande de Ruffie, que
le detachement de quatre
mille hommes des troupes,
du Palatin de Kiovie , com,
mandé par le Sieur Rudzinski , s'étoit avancé , qu'il,
devoit être joint par vingt
compagnies de l'armée de
Lituanie , que le Palatimde
Kiovie étoit en marche
pour le joindre avec le refte
de les troupes , & qu'il étoit
fuivi par le Roy de Suede
70 MERCURE
avec une grande armée
A *
pendant que les Turcs &
"
les Tartares fe preparoient
à agir d'un autre côté. Toutes ces nouvelles deman
dent confirmation.
› L'inondation cauféé par
le debordement de l'Elbe a
fait des dommages confiderables dans l'Electorat
de Saxe.
Les lettres de Pologne
portent que les Mofcovites
traitent plus moderément.
les peuples de la Pruffe
Royale ; que le General
Bruz qui les commande ,
menace d'attaquer la ville
de Dantzik , ou au moins
de la bombarder , fi elle
n'accorde les fommes que
le Czar lui a fait demander.
Les dernieres lettres de
Dantzikportent que les differends de cette ville - là
Juin 1712.
h
66 MERCURE
avec le Czarfont terminez,
à condition qu'au lieu de la
fomme confiderable qu'il
lui demandoit , elle fournira une certaine quantité
de grains pour la fubfiftancalde fes troupes, quinq
Les lettres de Saxe & de!
Vienne affurent qu'on avoit
appris par differentes letu
tres de Conftantinople, que
fur les inftances des ambafh
fadeurs d'Angleterre & de
Hollande , la paix avoit été
conclue entre les Turcsead
les Mofcovites , avec de
nouvelles conditions ; en-
GALANT 67
tr'autres , que le Czar aban
donneraentierement la Po
logne & l'Ukraine.q obsiz
Qu'il payera un tributou
penfion annuelle au Kan
des Tartares , cinq cent
mille ducats au Grand Sei
gneur, pour le dédomma
ger en partie des frais de
la guerre, & quele Royde
Suede fera efcorté jufqu'en
Pomeranie par une armée
dans laquelle il
mille Tartares. On ajoûte
quece traité n'a pas encore
été fignéni publié Des nou?
velles méritent confirmag
y aura dix
Fij
68 MERCURE
tion , d'autant plus qu'on
en a pluſieurs fois fait courir de pareilles qui n'ont eu
aucune fuite.
Les lettres de Bender
plus recentes afſurent que
tous les Bachas, marchent
avec leurs troupes vers le
Danube; que le Grand Seigneur devoit partir le 20.
d'Avril de Conftantinople
pour aller joindre fon armée. L'incertitude où l'on
eft depuis long -temps fur
ce fujet , nepeut plus durer
que quelques femaines
parce que les herbes étant
"
6
GALANT 69
grandes , les armées ſe mettront en campagne , fi la
paix n'eft pas conclue &
publiée..
Onmande de Ruffie, que
le detachement de quatre
mille hommes des troupes,
du Palatin de Kiovie , com,
mandé par le Sieur Rudzinski , s'étoit avancé , qu'il,
devoit être joint par vingt
compagnies de l'armée de
Lituanie , que le Palatimde
Kiovie étoit en marche
pour le joindre avec le refte
de les troupes , & qu'il étoit
fuivi par le Roy de Suede
70 MERCURE
avec une grande armée
A *
pendant que les Turcs &
"
les Tartares fe preparoient
à agir d'un autre côté. Toutes ces nouvelles deman
dent confirmation.
› L'inondation cauféé par
le debordement de l'Elbe a
fait des dommages confiderables dans l'Electorat
de Saxe.
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Résumé : Nouvelles de Pologne.
Les nouvelles de Pologne rapportent que les Moscovites traitent plus modérément les peuples de la Prusse Royale. Le général Bruz menace Dantzig de bombardement si elle ne fournit pas les sommes demandées par le tsar. Les différends entre Dantzig et le tsar se sont résolus en juin 1712, la ville fournissant des grains pour les troupes du tsar. Les lettres de Saxe et de Vienne indiquent une paix conclue entre les Turcs et les Moscovites, facilitée par les ambassadeurs d'Angleterre et de Hollande. Les nouvelles conditions incluent l'abandon par le tsar de la Pologne et de l'Ukraine, un tribut annuel au Khan des Tartares, et une pension au Grand Seigneur. Le roi de Suède serait escorté jusqu'en Poméranie par une armée incluant des Tartares, mais ce traité n'est pas encore signé ni publié. Les lettres de Bender signalent que les Bachas avancent vers le Danube avec leurs troupes, et que le Grand Seigneur doit rejoindre son armée. Les armées se préparent à entrer en campagne si la paix n'est pas conclue. En Russie, un détachement de quatre mille hommes, commandé par Rudzinski, s'est avancé et doit être rejoint par des troupes de Lituanie. Le palatin de Kiovie, suivi par le roi de Suède et une grande armée, est en marche. Les Turcs et les Tartares se préparent également à agir. Toutes ces nouvelles nécessitent confirmation. Par ailleurs, une inondation de l'Elbe a causé des dommages considérables dans l'Électorat de Saxe.
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10
p. 269-279
SUPPLEMENT aux Nouvelles de Hambourg.
Début :
L'armée des Princes confederez décampa du voisinage de Rensbourg [...]
Mots clefs :
Hambourg, Princes confédérés, Infanterie, Cavalerie, Général Steinbock, Tartares, Troupes ottomanes
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texteReconnaissance textuelle : SUPPLEMENT aux Nouvelles de Hambourg.
SUPPLEMENT
a,auuxx NNoouuvveelll•leess de HH»aapmÀbboouuorg. ,
L'armée des Princes confédérez
décampa du voisinage
de Rensbourg le 1r Février.
L'infanterie passa dans
la Ville, & la cavalerie traver
sal'Eyder à Oltereydc,
prenant l'une & l'autre la
route de la bruyere deCropper,
où le Roy de Dannr»
mark & le Czar se rendi.
rent le lendemain à desseins
de faire attaquer les Suédois
ducôté de Fredericstadr. Le
bruit avoir couru que dés le
mois dernier ils avoient fait
rétablir le pont de Hollingstede
sur la Trene mais on.
a appris que les Suedois l'avoient
confervé jusqu'au 4.,
Février qu'itss'etoïenrredré
avec leurartillerie, & que
le pont n'avoir pu être achevé
que le 8. au foir.
Le 3.'armée s'avança jusqu'au
grand Rayde malgrés
un vent violent & une pluie
continuelle, qui rompit les
chemins & rendit la marche
très penible.
Le 4. le General Bauditz
fut commandé avec trois
mille chevaux pour aller reconnoître
Fredericrtade,qu'-
on ne croyoit pas en état de
faire resistance : mais il trouva
que le General StatKelberg
qui y commande avoit
fait couper une digue de la
Trene qui avoit mondé les
environs de la place, le General
Bauditz fut contrains
de rejoindre l'armée, & napporta
que les avenues, de Frç*-
dericstadt étoient entierement
impraticables. Le Czar
ne pouvant le croire, voulut
y aller en personne avec un
corps de cavalerie, il entra
même dans l'inondation, il
la trouva si profonde qu'il
futobligéde revenir& de
changer le dessein d'attaquer
les Suedois de ce côté là qu'-
on croyoit le plus foible;
ainsi il fut resolu de faire
marcher l'armée du côté de
Husum, où l'onesperoit
trouver moins de dl£Iiculcé..
Le General Sreinbock paroît
resolu de se maintenir
dansle camp oùil est, & d'y
attendre l armée confédérée;
on assurequ'il a des vivres
pour trois ou quatre mois.
Il occupe du côté de Hufum
, une digue di ffenduë
par deux mille Suedois, où
il a faitconstruire un Fort,
il en a fait élever un autre
au deçà à Rentrum, & un
troisiéme à Schwabstedt sur
la Trene au dessus de Fredericstadt.
-Jt
,
Le General Steinbockenvoya
le 6. Février, un parti
de trois cens chevaux qui
passa à Husum & à Brcdûcdr,
&penetra jusqu'à Flesbourg
pour observer les ennemis
& obligerles païs mis àcontribution
de fournit les fou.
rages.
Le General Stackelberg
fait de son côté fortifier Fredericstadt
& les defilez qui
y conduisent.
On mande de Wismar
que le General Ducker y
étoit arrivé de Lubek entierement
gueri de la blessure
qu'ilavoit reçueau col à
la batailledeGidebusch,&
qu'il n'attendoit que l'occasion
d'aller joindre le Gene- PalSreinbock,
Les lettres de Stetin portent
que les prisonniers Danois
& Saxons y étoient bien
traitez, les soldats y étant
bien nourris, & les Officiers
ayans leurs épées & la permission
de se promener dans
la Ville, à la reserve du Major
Rose & d'un Capitaine,
tous deux Livoniens & sujets
du Roy de Suede
,
qui
font enfermez & gardez à
vue.
Les Lettres de
-
Pologne
portent qu'onavoit proposé
de pourvoir à la sureté
intérieure du Royaume~cfn
obligeant tous les membres
de la Republique à se réünit
auRoy Auguste, & déclarant
qu'autrement ils feroiebi
incessamment poursuivis,
leurs biensconfisquez & ~ou
condamnez comme traître à
la Patrie,néanmoins cette
affaire a été terminée, en leur
accordant le terme de six
mois pour venir reconnoître
ce Prince comme Roy legitime.
Que dans toutes lèsdisputes
qu'il avoic eu dans
la Chambres des Nonces,
on avoit fait de grandes
plaintes contre les Troupes
Saxoncs, que plusieurs
avoient demandé si on prétendoit
les comprendre dans
le nombre de celle de l'Armée
de la Couronne, &
dautres avoient proposé de
faire sortir du Royaume
toutes les Troupes auxiliaires
Saxoncs & Moscovites ; &
• comme il n'y avoit encore
rien de reglé, on croit que
la Diete fera prorogée d'autant
plus que le Roy Auguste
avoit resolu de retournet
incessamment en Saxe
On mande de Leopol du
2 1. que les Tartares étoient
en marche pour faire une
irrupnon en Moscovie, que
le Grand Seigneur continuait
de faire de grands préparanfs
pour la guerre ,
qu'il étaittoujoursdans le
dessein de se mettre à la
tcûc de son armée.
Plusieurs Bastimens arrivez
de Levant, ont apporté
des Lettres qui ont con.
firmé les nouvellesprecedentes,
touchant les grands
préparatifs de guerre que
faisoient les Turcs, dont la
principale arméedevait être
de cent cinquante mil hommes
& commandée par le
Sultan en personne & entrer
en Moscovie, pendant que
les Tattares, sous les ordres
du Roy de Suéde, marchcront
du costé de la Pologne.
Les Troupes Othomanes qui
étaient en quartier dans la
Bossine & dans l'Albanie
commencaient à marcher
pour aller vers Andrinople
où est le rendez-vous
général.
Suplement
a,auuxx NNoouuvveelll•leess de HH»aapmÀbboouuorg. ,
L'armée des Princes confédérez
décampa du voisinage
de Rensbourg le 1r Février.
L'infanterie passa dans
la Ville, & la cavalerie traver
sal'Eyder à Oltereydc,
prenant l'une & l'autre la
route de la bruyere deCropper,
où le Roy de Dannr»
mark & le Czar se rendi.
rent le lendemain à desseins
de faire attaquer les Suédois
ducôté de Fredericstadr. Le
bruit avoir couru que dés le
mois dernier ils avoient fait
rétablir le pont de Hollingstede
sur la Trene mais on.
a appris que les Suedois l'avoient
confervé jusqu'au 4.,
Février qu'itss'etoïenrredré
avec leurartillerie, & que
le pont n'avoir pu être achevé
que le 8. au foir.
Le 3.'armée s'avança jusqu'au
grand Rayde malgrés
un vent violent & une pluie
continuelle, qui rompit les
chemins & rendit la marche
très penible.
Le 4. le General Bauditz
fut commandé avec trois
mille chevaux pour aller reconnoître
Fredericrtade,qu'-
on ne croyoit pas en état de
faire resistance : mais il trouva
que le General StatKelberg
qui y commande avoit
fait couper une digue de la
Trene qui avoit mondé les
environs de la place, le General
Bauditz fut contrains
de rejoindre l'armée, & napporta
que les avenues, de Frç*-
dericstadt étoient entierement
impraticables. Le Czar
ne pouvant le croire, voulut
y aller en personne avec un
corps de cavalerie, il entra
même dans l'inondation, il
la trouva si profonde qu'il
futobligéde revenir& de
changer le dessein d'attaquer
les Suedois de ce côté là qu'-
on croyoit le plus foible;
ainsi il fut resolu de faire
marcher l'armée du côté de
Husum, où l'onesperoit
trouver moins de dl£Iiculcé..
Le General Sreinbock paroît
resolu de se maintenir
dansle camp oùil est, & d'y
attendre l armée confédérée;
on assurequ'il a des vivres
pour trois ou quatre mois.
Il occupe du côté de Hufum
, une digue di ffenduë
par deux mille Suedois, où
il a faitconstruire un Fort,
il en a fait élever un autre
au deçà à Rentrum, & un
troisiéme à Schwabstedt sur
la Trene au dessus de Fredericstadt.
-Jt
,
Le General Steinbockenvoya
le 6. Février, un parti
de trois cens chevaux qui
passa à Husum & à Brcdûcdr,
&penetra jusqu'à Flesbourg
pour observer les ennemis
& obligerles païs mis àcontribution
de fournit les fou.
rages.
Le General Stackelberg
fait de son côté fortifier Fredericstadt
& les defilez qui
y conduisent.
On mande de Wismar
que le General Ducker y
étoit arrivé de Lubek entierement
gueri de la blessure
qu'ilavoit reçueau col à
la batailledeGidebusch,&
qu'il n'attendoit que l'occasion
d'aller joindre le Gene- PalSreinbock,
Les lettres de Stetin portent
que les prisonniers Danois
& Saxons y étoient bien
traitez, les soldats y étant
bien nourris, & les Officiers
ayans leurs épées & la permission
de se promener dans
la Ville, à la reserve du Major
Rose & d'un Capitaine,
tous deux Livoniens & sujets
du Roy de Suede
,
qui
font enfermez & gardez à
vue.
Les Lettres de
-
Pologne
portent qu'onavoit proposé
de pourvoir à la sureté
intérieure du Royaume~cfn
obligeant tous les membres
de la Republique à se réünit
auRoy Auguste, & déclarant
qu'autrement ils feroiebi
incessamment poursuivis,
leurs biensconfisquez & ~ou
condamnez comme traître à
la Patrie,néanmoins cette
affaire a été terminée, en leur
accordant le terme de six
mois pour venir reconnoître
ce Prince comme Roy legitime.
Que dans toutes lèsdisputes
qu'il avoic eu dans
la Chambres des Nonces,
on avoit fait de grandes
plaintes contre les Troupes
Saxoncs, que plusieurs
avoient demandé si on prétendoit
les comprendre dans
le nombre de celle de l'Armée
de la Couronne, &
dautres avoient proposé de
faire sortir du Royaume
toutes les Troupes auxiliaires
Saxoncs & Moscovites ; &
• comme il n'y avoit encore
rien de reglé, on croit que
la Diete fera prorogée d'autant
plus que le Roy Auguste
avoit resolu de retournet
incessamment en Saxe
On mande de Leopol du
2 1. que les Tartares étoient
en marche pour faire une
irrupnon en Moscovie, que
le Grand Seigneur continuait
de faire de grands préparanfs
pour la guerre ,
qu'il étaittoujoursdans le
dessein de se mettre à la
tcûc de son armée.
Plusieurs Bastimens arrivez
de Levant, ont apporté
des Lettres qui ont con.
firmé les nouvellesprecedentes,
touchant les grands
préparatifs de guerre que
faisoient les Turcs, dont la
principale arméedevait être
de cent cinquante mil hommes
& commandée par le
Sultan en personne & entrer
en Moscovie, pendant que
les Tattares, sous les ordres
du Roy de Suéde, marchcront
du costé de la Pologne.
Les Troupes Othomanes qui
étaient en quartier dans la
Bossine & dans l'Albanie
commencaient à marcher
pour aller vers Andrinople
où est le rendez-vous
général.
Suplement
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Résumé : SUPPLEMENT aux Nouvelles de Hambourg.
Le 1er février, l'armée des Princes confédérés quitta Rensbourg et se dirigea vers la bruyère de Cropper. L'infanterie entra dans la ville tandis que la cavalerie traversa l'Eyder à Oltereydc. Le roi de Danemark et le czar planifièrent une attaque contre les Suédois à Fredericstadt. Des rumeurs indiquaient que les Suédois avaient rétabli un pont à Hollingstede, mais celui-ci ne fut achevé que le 8 février. Le 3 février, malgré des conditions météorologiques difficiles, l'armée avança jusqu'au grand Rayde. Le général Bauditz fut envoyé reconnaître Fredericstadt, mais découvrit que les environs étaient inondés en raison de la coupure d'une digue par le général Stackelberg. Le czar, incrédule, constata l'inondation et l'armée décida de se diriger vers Husum. Le général Steinbock se préparait à défendre sa position en occupant plusieurs points stratégiques et en construisant des forts à Rentrum et Schwabstedt. Le 6 février, il envoya des troupes observer les ennemis et réquisitionner des fournitures. De son côté, le général Stackelberg fortifiait Fredericstadt. À Wismar, le général Ducker, guéri de ses blessures, se préparait à rejoindre Steinbock. En Pologne, des mesures furent prises pour assurer la sécurité intérieure en obligeant les membres de la République à reconnaître le roi Auguste comme légitime. Des plaintes furent également formulées contre les troupes saxonnes et moscovites. Des nouvelles de Léopold indiquaient que les Tartares se préparaient à envahir la Moscovie, et que les Turcs faisaient de grands préparatifs de guerre. La principale armée turque, commandée par le sultan, devait entrer en Moscovie tandis que les Tartares, sous les ordres du roi de Suède, marcheraient vers la Pologne. Les troupes ottomanes se dirigeaient vers Andrinople pour le rassemblement général.
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11
p. 204-218
NOUVELLES d'Andrinople.
Début :
Les Lettres d'Andrinople portent que le grand Visir a esté [...]
Mots clefs :
Andrinople, Vizir, Sultan, Guerre, Moscovites, Tartares, Conspiration , Ambassadeurs, Suède, Préparatifs
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texteReconnaissance textuelle : NOUVELLES d'Andrinople.
NOUVELLES
d'Andrinople.
LEs Lettres d'Andrinople
portent que le grand
Visir a esté déposer que
le Capitan Bacha avoir esté
mis en sa place: que le Seraskier
de Bender avoit
aussi esté déposé
,
& que
-
le Kan des Tartares estoit
arrivé à Andrinople,oùil
leavoit esté bien receu; que Roy de Suede avoit eu
une longue conference
avec le Sultan, qui faisoit
punir rigoureusement tous
ceux qui avoient eu part
à l'insulte faite à ce Prince,&
que l'on continuoit
de travailler aux préparatifs
dela guerre contre les
Moscovites.Qu'on avoit
appris par des Lettres de
Podoliequ'undétachement
des Troupes du Palatin
de Kiovie commandé
par le sieurValikows-
Ki, avoit enlevé un parti
de cavaleriePolonoise, &
qu'un corps de Tartares
avoit surpris prés de Bafilowen
UKraine,unegar-
, de avancée des Moscovites
dont une partie avoit
estétuée,&le reste emmené
prisonnier.
Celles de Constantinople
assurent les changements
arrivez à la Porte
Ottomane par la déposition
du grand Visir&d'autres
principaux Officiers,
& la Relegation du Kan
des Tartares à l'Isle de
Rhodes. Elles portentaussi
que ces changements ont,
esté faits sur le soupçon
d'une conspiration pour
déposer le GrandSeigneur;
que les queuës de Cheval
estoient toujours exposées
prés d'Andrinople, où l'arméeestoit
campée, que
les Troupes y arrivoient de
tous costez, & qu'on employoit
un grand nombre
de Bastiments pour tranfporrer
des vivres & des
munitions par la Mer noire
à Asaf& aux autres Pla-
- ces, ce qui donnoit lieu de
[croire que le Grand Sei- gneureitoittousjours dans
la resolution de faire la
, guerre aux Moscovites,
", que les Ambassadeurs du
Czar estoient tousjours au
sept Tours enfermez; mais
que les ostagesavoient eu
quelques conférences avec
les Ministres; que le Roy
de Suede estoit encore au
Serrail de Hassan Bacha
près d'Andrinople,traité
magnifiquement par ordre
du Sultan,& qu'iln'y
avoit encore rien
de
certain
sur son départ.
Les dernieres Lettres
d'Andrinople portent que
le nouveau grand Visir
Ibrahim avoit esté déposé
& eftranglé
,
qu'onesperoitqu'Yssuph
Bacha, quia
a desja possedécette Charge
seroit mis en sa place,
& qu'il avoit esté resolu de
faire conduire le Roy de
Suede dans ses Estats par
la Pologne,avec une puis
fante escorte
,
qui auroit
ordre de n'exercer aucune
hostilité contre les Moscovites,
jusquàce qu'on eust
veu quel succez auroicnc
les negociations qu'on estoit
sur le point de renouër
avec eux.
Les Lettres de Hambourg
du 23. May portent
quele Roy de Dannemarc
s'estantdesiste de les prétentions
sur Tonningen,
le Traité avoir esté signéle
16. par les Commissaires
des deux parties, & approuvé
à Tonningen par
le Comte de Stein bock.
Ce Traité est composé de
plusieurs Articles, sçavoir:
Que l'arméeSuedoise,
reduire à six mille hommes,
&environ deux mille
malades, se rendroit prisonniere
de guerre pour
estre efchangée avec les
prisonniers des Princes
Confederez, & le surplus
obligé à payerrançonconformément
au cartel.
Que tous les Généraux
& hauts Officiers conserveront
armes & bagages,
les archives, la caisse militaire,
& tout ce qui en dépend
sans estre visitez.
Que les Officiers subalternes
& les soldats auront
feulement leurs épées
leurs bagages& leurs har-
; des.
Que les canons, les armes
à feu, les chevaux des
Cavaliers des Dragons,
& ceux de l'artillerie, avec
les Drapeaux,Estendarts,
Timbales & Tambours
feront remis aux Confederez.
Que l'évacuation de la
place commencera trois
jours a près la signature du
Traité, & fera achevée
dans huit jours.
Que les Trou pes seront
conduites vers Kiell, Ec-
Kenford,&c. d'où ellesne
pourront estre transportées
qu'enSuede, se fournissant
à leurs dépens de
vivres & de Bastimens auxquels
le Roy de Dannemarc
fournira des passeports
, & une escorte de
trois Fregates sitost que les
ttrroouuppeessaauurroonntte,sfitéee'élèchhaann.-.
gées & leur rançon payée.
Que les Prisonniers faits
sur les Confederez, feront
retenus, ainsi que les Deserteurs
qui obtiendront
leur pardon en rentrant
dans leurs Regiments;
qu'on ne pourra obliger
aucun soldat ou autre des
Troupes Suedoises, à prendre
parti dans ce lles des
Confédérés.
Que les Troupes mancheront
tousjours & sejourneront
le quatriéme
jour,& qu'on fournira des
chariots à ceux qui tomberont
malades.
1 Que lesmalades qui sont
à Tonningen,seront transportez
au paysvoisin, où
ils feront traitez à leurs
dépens, &c.
Que la ville deTonningen
fera remise au Prince
administrateur deHolstein
Gottorp.
Que-leRoyde Dannemarc
retiendrale Duché
de Sleswick jusques. à la
conclusion de la Paix.
Que Sa Majesté Danoise
ne fera pas bombarder
Tonningen cette année,
qu'elle s'oblige d'exécuter
ce Traité en tous ses
points, & d'y faire consentir
les Chefsdesarmées de
ses Alliez.
La principale raison qui a engagé le Comte de
Steinbock à accepter ce
Traité avec les Confederez
,
est qu'il manquoit de
vivres, & ne voyoit aucune
apparence de secours.
Il se rendit le 20. May avec
quelquesuns de ses princi
paux Officiers au camp
desConfederez,où leRoy
de Dannemarc estoit. Il
baisa la main à Sa Majesté
& mitàses pieds son épée;
qu'elle luy rendit sur le
champ, & le retint à disner
avec les Généraux des
Confederez
,
aprés quoy
il retourna à Tonningen
pour faire executer leTraité.
Le 24. Tonningen&
les retranchements furent
entieremenc évacuez. Les
Troupes ont esté distri-,
buées en quartier dans le
Duché
Duché de Sleswich, elles
consistent en cinq cens
quatre-vingt neuf Officiers.
Six mille six cens quatrevingt
douze Cavaliers &
Fantassins, & deux mille
cinq cens quatre -vingt
cinq malades. Ils ont laissé
aux Confederez douze petites
pieces de canon de
bronze de trois livres de
,
bale, & six de fer, soixante
trois estendarts
,
soixante
sept drapeaux, huit paires
-
de timbales avec leurs
trompettes & tambours.
La pluspart feront eschangez
contre les Prisonniers
qui sont entre les mains
des Suedois, & le reste suivant
le cartel fera mis en
liberté pour la Comme de
quarante mille écus. On
écrit que les Moscovires &
les Saxons ont commence
à se mettre en marche vers
la Pomeranie.
d'Andrinople.
LEs Lettres d'Andrinople
portent que le grand
Visir a esté déposer que
le Capitan Bacha avoir esté
mis en sa place: que le Seraskier
de Bender avoit
aussi esté déposé
,
& que
-
le Kan des Tartares estoit
arrivé à Andrinople,oùil
leavoit esté bien receu; que Roy de Suede avoit eu
une longue conference
avec le Sultan, qui faisoit
punir rigoureusement tous
ceux qui avoient eu part
à l'insulte faite à ce Prince,&
que l'on continuoit
de travailler aux préparatifs
dela guerre contre les
Moscovites.Qu'on avoit
appris par des Lettres de
Podoliequ'undétachement
des Troupes du Palatin
de Kiovie commandé
par le sieurValikows-
Ki, avoit enlevé un parti
de cavaleriePolonoise, &
qu'un corps de Tartares
avoit surpris prés de Bafilowen
UKraine,unegar-
, de avancée des Moscovites
dont une partie avoit
estétuée,&le reste emmené
prisonnier.
Celles de Constantinople
assurent les changements
arrivez à la Porte
Ottomane par la déposition
du grand Visir&d'autres
principaux Officiers,
& la Relegation du Kan
des Tartares à l'Isle de
Rhodes. Elles portentaussi
que ces changements ont,
esté faits sur le soupçon
d'une conspiration pour
déposer le GrandSeigneur;
que les queuës de Cheval
estoient toujours exposées
prés d'Andrinople, où l'arméeestoit
campée, que
les Troupes y arrivoient de
tous costez, & qu'on employoit
un grand nombre
de Bastiments pour tranfporrer
des vivres & des
munitions par la Mer noire
à Asaf& aux autres Pla-
- ces, ce qui donnoit lieu de
[croire que le Grand Sei- gneureitoittousjours dans
la resolution de faire la
, guerre aux Moscovites,
", que les Ambassadeurs du
Czar estoient tousjours au
sept Tours enfermez; mais
que les ostagesavoient eu
quelques conférences avec
les Ministres; que le Roy
de Suede estoit encore au
Serrail de Hassan Bacha
près d'Andrinople,traité
magnifiquement par ordre
du Sultan,& qu'iln'y
avoit encore rien
de
certain
sur son départ.
Les dernieres Lettres
d'Andrinople portent que
le nouveau grand Visir
Ibrahim avoit esté déposé
& eftranglé
,
qu'onesperoitqu'Yssuph
Bacha, quia
a desja possedécette Charge
seroit mis en sa place,
& qu'il avoit esté resolu de
faire conduire le Roy de
Suede dans ses Estats par
la Pologne,avec une puis
fante escorte
,
qui auroit
ordre de n'exercer aucune
hostilité contre les Moscovites,
jusquàce qu'on eust
veu quel succez auroicnc
les negociations qu'on estoit
sur le point de renouër
avec eux.
Les Lettres de Hambourg
du 23. May portent
quele Roy de Dannemarc
s'estantdesiste de les prétentions
sur Tonningen,
le Traité avoir esté signéle
16. par les Commissaires
des deux parties, & approuvé
à Tonningen par
le Comte de Stein bock.
Ce Traité est composé de
plusieurs Articles, sçavoir:
Que l'arméeSuedoise,
reduire à six mille hommes,
&environ deux mille
malades, se rendroit prisonniere
de guerre pour
estre efchangée avec les
prisonniers des Princes
Confederez, & le surplus
obligé à payerrançonconformément
au cartel.
Que tous les Généraux
& hauts Officiers conserveront
armes & bagages,
les archives, la caisse militaire,
& tout ce qui en dépend
sans estre visitez.
Que les Officiers subalternes
& les soldats auront
feulement leurs épées
leurs bagages& leurs har-
; des.
Que les canons, les armes
à feu, les chevaux des
Cavaliers des Dragons,
& ceux de l'artillerie, avec
les Drapeaux,Estendarts,
Timbales & Tambours
feront remis aux Confederez.
Que l'évacuation de la
place commencera trois
jours a près la signature du
Traité, & fera achevée
dans huit jours.
Que les Trou pes seront
conduites vers Kiell, Ec-
Kenford,&c. d'où ellesne
pourront estre transportées
qu'enSuede, se fournissant
à leurs dépens de
vivres & de Bastimens auxquels
le Roy de Dannemarc
fournira des passeports
, & une escorte de
trois Fregates sitost que les
ttrroouuppeessaauurroonntte,sfitéee'élèchhaann.-.
gées & leur rançon payée.
Que les Prisonniers faits
sur les Confederez, feront
retenus, ainsi que les Deserteurs
qui obtiendront
leur pardon en rentrant
dans leurs Regiments;
qu'on ne pourra obliger
aucun soldat ou autre des
Troupes Suedoises, à prendre
parti dans ce lles des
Confédérés.
Que les Troupes mancheront
tousjours & sejourneront
le quatriéme
jour,& qu'on fournira des
chariots à ceux qui tomberont
malades.
1 Que lesmalades qui sont
à Tonningen,seront transportez
au paysvoisin, où
ils feront traitez à leurs
dépens, &c.
Que la ville deTonningen
fera remise au Prince
administrateur deHolstein
Gottorp.
Que-leRoyde Dannemarc
retiendrale Duché
de Sleswick jusques. à la
conclusion de la Paix.
Que Sa Majesté Danoise
ne fera pas bombarder
Tonningen cette année,
qu'elle s'oblige d'exécuter
ce Traité en tous ses
points, & d'y faire consentir
les Chefsdesarmées de
ses Alliez.
La principale raison qui a engagé le Comte de
Steinbock à accepter ce
Traité avec les Confederez
,
est qu'il manquoit de
vivres, & ne voyoit aucune
apparence de secours.
Il se rendit le 20. May avec
quelquesuns de ses princi
paux Officiers au camp
desConfederez,où leRoy
de Dannemarc estoit. Il
baisa la main à Sa Majesté
& mitàses pieds son épée;
qu'elle luy rendit sur le
champ, & le retint à disner
avec les Généraux des
Confederez
,
aprés quoy
il retourna à Tonningen
pour faire executer leTraité.
Le 24. Tonningen&
les retranchements furent
entieremenc évacuez. Les
Troupes ont esté distri-,
buées en quartier dans le
Duché
Duché de Sleswich, elles
consistent en cinq cens
quatre-vingt neuf Officiers.
Six mille six cens quatrevingt
douze Cavaliers &
Fantassins, & deux mille
cinq cens quatre -vingt
cinq malades. Ils ont laissé
aux Confederez douze petites
pieces de canon de
bronze de trois livres de
,
bale, & six de fer, soixante
trois estendarts
,
soixante
sept drapeaux, huit paires
-
de timbales avec leurs
trompettes & tambours.
La pluspart feront eschangez
contre les Prisonniers
qui sont entre les mains
des Suedois, & le reste suivant
le cartel fera mis en
liberté pour la Comme de
quarante mille écus. On
écrit que les Moscovires &
les Saxons ont commence
à se mettre en marche vers
la Pomeranie.
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Résumé : NOUVELLES d'Andrinople.
Les nouvelles d'Andrinople rapportent plusieurs changements politiques et militaires. Le grand Visir a été déposé et remplacé par le Capitan Bacha, tandis que le Seraskier de Bender a également été démis de ses fonctions. Le Kan des Tartares est arrivé à Andrinople et y a été bien reçu, mais a ensuite été relégué à l'île de Rhodes en raison de soupçons de conspiration contre le Sultan. Le roi de Suède a eu une longue conférence avec le Sultan, qui a puni sévèrement ceux impliqués dans l'insulte faite au prince suédois. Les préparatifs de guerre contre les Moscovites continuent, avec des troupes et des vivres acheminés vers la Mer Noire. Un détachement des troupes du Palatin de Kiovie a enlevé un parti de cavalerie polonaise, et des Tartares ont surpris une garnison moscovite en Ukraine. Les troupes continuent d'affluer à Andrinople, et les ambassadeurs du Czar restent enfermés. Le roi de Suède est toujours au Serrail de Hassan Bacha, traité magnifiquement, mais son départ n'est pas encore certain. Le nouveau grand Visir, Ibrahim, a été déposé et étranglé, et Yssuph Bacha est pressenti pour le remplacer. Il a été décidé de conduire le roi de Suède en Pologne avec une escorte puissante, sans exercer d'hostilités contre les Moscovites jusqu'à la conclusion des négociations. Les lettres de Hambourg du 23 mai rapportent que le roi de Danemark a renoncé à ses prétentions sur Tonningen, et un traité a été signé le 16 mai. Ce traité stipule que l'armée suédoise, réduite à six mille hommes et environ deux mille malades, se rendra prisonnière de guerre pour être échangée contre des prisonniers des princes confédérés. Les généraux et hauts officiers conserveront leurs armes et bagages. Les troupes seront conduites vers Kiell et Eckenford, d'où elles seront transportées en Suède. Les malades seront transportés dans un pays voisin. La ville de Tonningen sera remise au prince administrateur de Holstein-Gottorp, et le roi de Danemark retiendra le duché de Sleswick jusqu'à la conclusion de la paix. La principale raison de l'acceptation de ce traité par le comte de Steinbock est le manque de vivres et l'absence de secours. Le 24 mai, Tonningen et ses retranchements ont été entièrement évacués. Les troupes, composées de cinq cent quatre-vingt-neuf officiers, six mille six cent quatre-vingt-douze cavaliers et fantassins, et deux mille cinq cent quatre-vingt-cinq malades, ont laissé aux confédérés douze petites pièces de canon, soixante-trois étendards, soixante-sept drapeaux, et huit paires de timbales. La plupart seront échangés contre des prisonniers suédois, le reste sera libéré contre une somme de quarante mille écus. Les Moscovites et les Saxons commencent à se déplacer vers la Poméranie.
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12
p. 134-144
Nouvelles d'Allemagne.
Début :
Les lettres de Vienne du 29. Juillet portent qu'une [...]
Mots clefs :
Vienne, Prusse, Ratisbonne, Stettin, Moscovites, Tartares, Suède, Traite, Tsar
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles d'Allemagne.
Nouvelles etAllemagne.
Les lettres de Vienne du
29juillet portent qu'une
partie des troupes Allemandes
de Catalogne étoient
arrivées à Genes; qu'elles
seroient suivies par le reste
vers la fin du mois; & que
le Baron de Regal, Lieutenant
general, devoit incessamment
partir du Milanés
avec son regiment&
celui du General Staremberg
d'infanterie, & celui
de Hautois de cavalerie,
pour venir en Allemagne,
& marcher ensuite vers
l'armée du haut Rhin.
On mande de Berlin du
17. que le Roy de Prusse
avoit fait déclarer à la Diete
de Ratisbonne qu'il ne pouvoit
fournir à l'armée de
l'Empire que son contingent
de six mille hommes,
ayant besoin du restede ses
troupes pour les garnisons
de Vvefel, de Meurs, de
Gueldres, & des autres places
voisines, & aussi pour
couvrir ses Etats d'Allemagne
& de Prusse,àcause
de la guerre du Nord. Les
conferences qui se tenoient
à Berlin pour terminer la
guerre dans la basse Allemagne
, sont 6nies, sans
qu'on ait pris aucune resolution.
Le Prince Menzikovv
pria le Roy de Prusse
de lui prêter quelques canons
,qui lui répondit que,
bien loin de contribuer à
la
la guerre du Nord,il vouloit
employer tous ses soins
& ses bons offices pour la
faire cesser. Ces Princes
confederez se preparent à
faire le siege de Stetin, où
le Prinze Menzikovv doit
commander, pendant que
les Danois & Saxons seront
celui de Stralzund
,
dont le
General Flemming aura la
conduite. On parle diffe
remment de ce qui con-*
cerne les affaires du Grand
Seigneur avec les Moscovites.
Plusieurs lettres de
Bender , d'Andrinople &
des environs, portent que
la paix avoit été renouvellée
avec le Czar: mais que
les conditions étoient fort
dures,particulierementtouchant
le tribut annuel que
les Moscovites payoient
aux Tartares avant le traité
de Carlovvicz
; que cependant
l'arméeOthomane
continuoit sa marche vers
la frontiere pour faire exe..¡
curer le traité, faciliter le
passage du Roy de Suede,
& favoriser le rétablissement
du Roy Stanislas;que
le Kan des Tartares étoit
parti le 30. Juin pour Bender
, afin de regler toutes
choses avec ces Princes, &
aller ensuite avec eux joindre
l'arméeOthomane; que
le Divan avoit resolu de ne
point declarer la guerre
aux Moscovites;que le Roy
de Suede devoit partir dans
peu pour être conduit à
Danzick par la Pologne
avecuneescorte de sixmille
chevaux; que le Grand Seigneur
avoit accepté les riches
presens du Roy Auguste;
que les ambassadeurs
& les ôtages du Czar n'avoient
point été renvoyez
aux sept Tours; que le Kan
des Tartares étoit porté
pour la guerre: mais qu'on
esperoit le gagner par de
grandes sommes. D'autres
portent que le Grand Seigneur
avoit non feulement
donné une entiere saisfaction
au Roy de Suede touchantl'attentat
fait contre
sa personne à Bender: mais
qu'il lui avoit donné de
nouvelles assurances de toute
forte de secours,jusqu'à
ce qu'il fût rétabli dans ses
Etats ; qu'ilavoit declaré
aux ôtages & aux ambassadeurs
Moscovites que le
Sultan consentiroit au re.,
nouvellement de la paix a
ces conditions.
I. Que le Czar restituëroit
au Roy de Suede tout
ce qu'il avoit conquis sur
lui, sans aucune exception,
ôc qu'il lui payeroit une
grandesomme pour dédommagement
des pertes,
des ravages& des frais de
la guerre.
2. Que les Moscovites ne
se mêleroient plus directement
ni indirectement des
affaires de Pologne, ni de
maintenir le Roy Auguste:
mais qu'ils retireroient toutes
leurs troupes d'Allemagne
& des Provinces du
Nord par mer, sans entrer
ni passer par la Pologne.
3. Que le Czar quitteroit
le titre d'Empereur des
Grecs.
4. Qu'il rétabliroit le gouvernement-
de Moscovie sur
son ancien pied.
5. Qu'il cederoit enfin
aux Turcs la partie de l'U
kraine - qui est au delà du
Boristene & le Royaume
d'Astracan ; que les ôtages
& les ambassadeursdu Czar
avoient demandé trente
jours pour répondre à ces
propositions, qu'on leur
avoit accordez pour tout
délai; que le Divan s'étoit
assemblé,&que le Musty
y avoit parlé avec beaucoup
de force, & qu'après
plusieûrs remontrances, il
avoit conclu à faire la guerre
aux Moscovites, & que
cette resolution avoit été
approuvée par de grandes
acclamations des milices,
ausquelles elle avoit été aussitôt
communiquée; queivsuite
le Grand Seigneur étoit
allé conferer sur ce sujet
avec le Roy de Suede à
Domiska. Toutes ces nouvelles
si contraires meritent
confirmation avanc
«jue d'y ajouter foy.
Les lettres de Vienne du
29juillet portent qu'une
partie des troupes Allemandes
de Catalogne étoient
arrivées à Genes; qu'elles
seroient suivies par le reste
vers la fin du mois; & que
le Baron de Regal, Lieutenant
general, devoit incessamment
partir du Milanés
avec son regiment&
celui du General Staremberg
d'infanterie, & celui
de Hautois de cavalerie,
pour venir en Allemagne,
& marcher ensuite vers
l'armée du haut Rhin.
On mande de Berlin du
17. que le Roy de Prusse
avoit fait déclarer à la Diete
de Ratisbonne qu'il ne pouvoit
fournir à l'armée de
l'Empire que son contingent
de six mille hommes,
ayant besoin du restede ses
troupes pour les garnisons
de Vvefel, de Meurs, de
Gueldres, & des autres places
voisines, & aussi pour
couvrir ses Etats d'Allemagne
& de Prusse,àcause
de la guerre du Nord. Les
conferences qui se tenoient
à Berlin pour terminer la
guerre dans la basse Allemagne
, sont 6nies, sans
qu'on ait pris aucune resolution.
Le Prince Menzikovv
pria le Roy de Prusse
de lui prêter quelques canons
,qui lui répondit que,
bien loin de contribuer à
la
la guerre du Nord,il vouloit
employer tous ses soins
& ses bons offices pour la
faire cesser. Ces Princes
confederez se preparent à
faire le siege de Stetin, où
le Prinze Menzikovv doit
commander, pendant que
les Danois & Saxons seront
celui de Stralzund
,
dont le
General Flemming aura la
conduite. On parle diffe
remment de ce qui con-*
cerne les affaires du Grand
Seigneur avec les Moscovites.
Plusieurs lettres de
Bender , d'Andrinople &
des environs, portent que
la paix avoit été renouvellée
avec le Czar: mais que
les conditions étoient fort
dures,particulierementtouchant
le tribut annuel que
les Moscovites payoient
aux Tartares avant le traité
de Carlovvicz
; que cependant
l'arméeOthomane
continuoit sa marche vers
la frontiere pour faire exe..¡
curer le traité, faciliter le
passage du Roy de Suede,
& favoriser le rétablissement
du Roy Stanislas;que
le Kan des Tartares étoit
parti le 30. Juin pour Bender
, afin de regler toutes
choses avec ces Princes, &
aller ensuite avec eux joindre
l'arméeOthomane; que
le Divan avoit resolu de ne
point declarer la guerre
aux Moscovites;que le Roy
de Suede devoit partir dans
peu pour être conduit à
Danzick par la Pologne
avecuneescorte de sixmille
chevaux; que le Grand Seigneur
avoit accepté les riches
presens du Roy Auguste;
que les ambassadeurs
& les ôtages du Czar n'avoient
point été renvoyez
aux sept Tours; que le Kan
des Tartares étoit porté
pour la guerre: mais qu'on
esperoit le gagner par de
grandes sommes. D'autres
portent que le Grand Seigneur
avoit non feulement
donné une entiere saisfaction
au Roy de Suede touchantl'attentat
fait contre
sa personne à Bender: mais
qu'il lui avoit donné de
nouvelles assurances de toute
forte de secours,jusqu'à
ce qu'il fût rétabli dans ses
Etats ; qu'ilavoit declaré
aux ôtages & aux ambassadeurs
Moscovites que le
Sultan consentiroit au re.,
nouvellement de la paix a
ces conditions.
I. Que le Czar restituëroit
au Roy de Suede tout
ce qu'il avoit conquis sur
lui, sans aucune exception,
ôc qu'il lui payeroit une
grandesomme pour dédommagement
des pertes,
des ravages& des frais de
la guerre.
2. Que les Moscovites ne
se mêleroient plus directement
ni indirectement des
affaires de Pologne, ni de
maintenir le Roy Auguste:
mais qu'ils retireroient toutes
leurs troupes d'Allemagne
& des Provinces du
Nord par mer, sans entrer
ni passer par la Pologne.
3. Que le Czar quitteroit
le titre d'Empereur des
Grecs.
4. Qu'il rétabliroit le gouvernement-
de Moscovie sur
son ancien pied.
5. Qu'il cederoit enfin
aux Turcs la partie de l'U
kraine - qui est au delà du
Boristene & le Royaume
d'Astracan ; que les ôtages
& les ambassadeursdu Czar
avoient demandé trente
jours pour répondre à ces
propositions, qu'on leur
avoit accordez pour tout
délai; que le Divan s'étoit
assemblé,&que le Musty
y avoit parlé avec beaucoup
de force, & qu'après
plusieûrs remontrances, il
avoit conclu à faire la guerre
aux Moscovites, & que
cette resolution avoit été
approuvée par de grandes
acclamations des milices,
ausquelles elle avoit été aussitôt
communiquée; queivsuite
le Grand Seigneur étoit
allé conferer sur ce sujet
avec le Roy de Suede à
Domiska. Toutes ces nouvelles
si contraires meritent
confirmation avanc
«jue d'y ajouter foy.
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Résumé : Nouvelles d'Allemagne.
À la fin juillet, des troupes allemandes de Catalogne ont atteint Gênes, avec d'autres unités prévues pour le reste du mois. Le Baron de Regal, Lieutenant général, doit quitter le Milanais avec ses régiments pour rejoindre l'armée du haut Rhin. À Berlin, le roi de Prusse informe la Diète de Ratisbonne qu'il ne peut fournir à l'armée de l'Empire que six mille hommes, ses troupes étant nécessaires pour les garnisons et la défense de ses États. Les conférences pour mettre fin à la guerre en basse Allemagne sont suspendues sans résolution. Le prince Menzikov demande des canons au roi de Prusse, qui refuse, préférant œuvrer pour la paix. Les confédérés se préparent à assiéger Stetin et Stralzund. Concernant les affaires ottomanes, des lettres rapportent des informations contradictoires sur la paix entre le Grand Seigneur et les Moscovites. Certaines lettres mentionnent des conditions dures pour la paix, tandis que d'autres parlent de préparatifs de guerre. Le roi de Suède doit partir pour Danzick avec une escorte. Le Grand Seigneur a accepté des présents du roi Auguste et n'a pas renvoyé les otages du Czar. Les conditions de paix proposées par le Divan incluent la restitution des territoires conquis par le Czar, le retrait des troupes moscovites de Pologne et d'Allemagne, l'abandon du titre d'Empereur des Grecs, et la cession de certaines régions aux Turcs. Les otages moscovites ont demandé un délai pour répondre, et le Divan a décidé de faire la guerre aux Moscovites.
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13
p. 93-100
Nouvelles de Varsovie.
Début :
On mande de Varsovie, que dans la conference que les [...]
Mots clefs :
Varsovie, Roi Auguste, Polonais, Médiation, Amnistie, Tartares, Cosaques, Fortifications, Traité de paix, Ambassadeurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Varsovie.
Nouvelles de Varsovie.
•»"•J• Onmande deVarsovie,
que dans la conference que
les deux Envoyez ont euë
avec plusieurs Senateurs lk.
lesMinistres du Roy Auguste
, on avoit fait cinq
propositions ; sçavoir.
, Qu'une amnistiegeneraleseroit
accordée au Roy
Stanislas&àtous les Polonois
les adherans.
Quele Grand Seigneur
employeroit sa mediation
pour faire la paix entre les
Polonois & le Roy de Suede.
Que les Cosaques d'Orlik
, qui sont au nombre de
quatre-vingtmille, ob->
tinssent la permission de demeurerdans
l'UkrainePolonoise
;commeSujets de la
République.
Que l'on conferve aux
Tartaresétablis en Pologne
& en Lituanieles privileges
dont ilsjouissoient cidevant,
& que le Palatinat
de Posnanie soit restitué aUt
Roy Stanislas. 1 Le rapport de cette conserence
ayant été fait au
Roy Auguste,ilrépondit
que cherchant à rétablir la
tranquilitéenPologne
,
il
consentoit au premier &
au dernier article: mais
queles trois autres devoient
être examinezplus particulierement.
Neanmoins les
deux Envoyez étoient regalez&
traitezavecbeaucoup
dedistinction.Ils a(->
furent qu'aussitôtqu'ils seroient
retournez à Andrinople
,&qu'ils auroient
rendu compte de leur commission
, le traité de paix
feroit renouvcllé, & que
les ambassadeurs du Roy.
ôc dela
:
République se- j
roient renvoyezavec toute
forte de satisfaction. Malgre
toutes ces assurances,
on crainttoûjours que le
dessein desTurcs ne foit
d'amuser par toutes ces dé-
J marches le RoyAuguste, afinde gagnerdutemps& j
de penetrer les sentimens j
des Polonois, & même de
former des intrigues.Ils j
continuent
,
leurs preparatifs
pour la guerre, & tra- ]
vaillent avec empressement
aux
aux fortifications de Choc- -
zin : on a même appris que
leur armée grossissoit par
des nouvelles troupes, qui
prenoient leurs quartiers
d'hyver le long du Niester
& de la frontiere de Podolie,
& que le nombre des
Tartares s'augmentoit. On
mande d'Andrinople que
les ambassadeurs du Czar
avoient eu le13.Septembre
audiance du Grand-Vizir;
6c qu'on lui avoit presenté
la ratificationdu traité de
paix
rqu'illesavoit
exhor- ~.1 d téescekaui*de-
1- ,~~, 1.
pendroit deux pour parvenir
à la conclusion dela
paix, en terminantl'article
qui étoit demeuré indecis
touchant les sommes pretenduës
par le Kan des Tartares.
Les lettres de Hambourg
portent que la mortalicé
y diminuoit fort;que
les troupesduDuc de Hanover
étoient entrées dans
les 4.Bailliages qui dépendent
de cetteville, fous prétextede
garder les passages
& d'empêcher toute communicationavec
les Etatsde
leur;Maître;queleRoy de
Prusse avoit offert la permission
de porter de cette
ville dans ses Etats toute
forte de métaux & d'épiceries
,du bois de teinture,
& mêmede la soye ; que la
ville de Tonningen étoit
toujours étroitement bloquée
par les troupes Danoi,
ses; mais qu'on n'y manquoit
pas encore de pain,
de bière ni de sel; mais de
bois,dechandelle & d'huile
à brûler;que la garnison
étoit encore de quatre cent
soixante hommes en y
comprenant les malades,
dont le Commandant prenoit
grand soin. On mande
de Coppenhague que le
Colonel Viereg avoit levé
& presenté au Roy de Danemark
une compagniede
cent Cadets, tous fils de
Colonels, de Lieutenans-
Colonels, de Majors, de
Capitaines ou de Conseillers
, qui feront la garde
dans les apparcemens du
Palais, & feront instruits
dans l'artmilitaire, pour
être ensuite avancez selon
leur merite.
•»"•J• Onmande deVarsovie,
que dans la conference que
les deux Envoyez ont euë
avec plusieurs Senateurs lk.
lesMinistres du Roy Auguste
, on avoit fait cinq
propositions ; sçavoir.
, Qu'une amnistiegeneraleseroit
accordée au Roy
Stanislas&àtous les Polonois
les adherans.
Quele Grand Seigneur
employeroit sa mediation
pour faire la paix entre les
Polonois & le Roy de Suede.
Que les Cosaques d'Orlik
, qui sont au nombre de
quatre-vingtmille, ob->
tinssent la permission de demeurerdans
l'UkrainePolonoise
;commeSujets de la
République.
Que l'on conferve aux
Tartaresétablis en Pologne
& en Lituanieles privileges
dont ilsjouissoient cidevant,
& que le Palatinat
de Posnanie soit restitué aUt
Roy Stanislas. 1 Le rapport de cette conserence
ayant été fait au
Roy Auguste,ilrépondit
que cherchant à rétablir la
tranquilitéenPologne
,
il
consentoit au premier &
au dernier article: mais
queles trois autres devoient
être examinezplus particulierement.
Neanmoins les
deux Envoyez étoient regalez&
traitezavecbeaucoup
dedistinction.Ils a(->
furent qu'aussitôtqu'ils seroient
retournez à Andrinople
,&qu'ils auroient
rendu compte de leur commission
, le traité de paix
feroit renouvcllé, & que
les ambassadeurs du Roy.
ôc dela
:
République se- j
roient renvoyezavec toute
forte de satisfaction. Malgre
toutes ces assurances,
on crainttoûjours que le
dessein desTurcs ne foit
d'amuser par toutes ces dé-
J marches le RoyAuguste, afinde gagnerdutemps& j
de penetrer les sentimens j
des Polonois, & même de
former des intrigues.Ils j
continuent
,
leurs preparatifs
pour la guerre, & tra- ]
vaillent avec empressement
aux
aux fortifications de Choc- -
zin : on a même appris que
leur armée grossissoit par
des nouvelles troupes, qui
prenoient leurs quartiers
d'hyver le long du Niester
& de la frontiere de Podolie,
& que le nombre des
Tartares s'augmentoit. On
mande d'Andrinople que
les ambassadeurs du Czar
avoient eu le13.Septembre
audiance du Grand-Vizir;
6c qu'on lui avoit presenté
la ratificationdu traité de
paix
rqu'illesavoit
exhor- ~.1 d téescekaui*de-
1- ,~~, 1.
pendroit deux pour parvenir
à la conclusion dela
paix, en terminantl'article
qui étoit demeuré indecis
touchant les sommes pretenduës
par le Kan des Tartares.
Les lettres de Hambourg
portent que la mortalicé
y diminuoit fort;que
les troupesduDuc de Hanover
étoient entrées dans
les 4.Bailliages qui dépendent
de cetteville, fous prétextede
garder les passages
& d'empêcher toute communicationavec
les Etatsde
leur;Maître;queleRoy de
Prusse avoit offert la permission
de porter de cette
ville dans ses Etats toute
forte de métaux & d'épiceries
,du bois de teinture,
& mêmede la soye ; que la
ville de Tonningen étoit
toujours étroitement bloquée
par les troupes Danoi,
ses; mais qu'on n'y manquoit
pas encore de pain,
de bière ni de sel; mais de
bois,dechandelle & d'huile
à brûler;que la garnison
étoit encore de quatre cent
soixante hommes en y
comprenant les malades,
dont le Commandant prenoit
grand soin. On mande
de Coppenhague que le
Colonel Viereg avoit levé
& presenté au Roy de Danemark
une compagniede
cent Cadets, tous fils de
Colonels, de Lieutenans-
Colonels, de Majors, de
Capitaines ou de Conseillers
, qui feront la garde
dans les apparcemens du
Palais, & feront instruits
dans l'artmilitaire, pour
être ensuite avancez selon
leur merite.
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Résumé : Nouvelles de Varsovie.
À Varsovie, une conférence a réuni les envoyés du Grand Seigneur et des sénateurs polonais pour discuter de propositions visant à résoudre des conflits en Pologne. Cinq propositions ont été présentées : une amnistie générale pour le roi Stanislas et les Polonais, la médiation turque pour la paix entre les Polonais et le roi de Suède, la permission pour les Cosaques d'Orlik de rester en Ukraine polonaise, la conservation des privilèges des Tartares en Pologne et en Lituanie, et la restitution du Palatinat de Posnanie à Stanislas. Le roi Auguste a accepté les deux premières propositions mais a demandé un examen plus approfondi des trois autres. Les envoyés ont été bien reçus et assurés que le traité de paix serait renouvelé après leur rapport à Andrinople. Cependant, des inquiétudes subsistent quant aux intentions des Turcs, qui continuent leurs préparatifs de guerre. Par ailleurs, des nouvelles de Hambourg signalent une diminution de la mortalité et l'entrée des troupes du duc de Hanovre dans les bailliages dépendant de la ville. Le roi de Prusse a proposé de permettre l'importation de divers produits. La ville de Tonningen est toujours bloquée par les troupes danoises mais ne manque pas de nourriture. À Copenhague, le colonel Viereg a levé une compagnie de cadets pour la garde du palais et leur instruction militaire.
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14
p. 150
RUSSIE.
Début :
On a reçu avis d'Astracan et de Derbent, qu'il y étoit arrivé plusieurs jeunes Seigneurs [...]
Mots clefs :
Tartares, Géorgiens
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texteReconnaissance textuelle : RUSSIE.
Russrr.
N a reçu avis düflsrracän et de Derbents,‘
(Dquïl y éroit arrivé plusieurs jeunes Seigneur:
Tartares et Georgiens , qui viennent demander à
la Czarine de Pemploi dans ses Troupes.‘ Ils ont
ramené avec eux un très-grand nombre de Do
mestiques et de Chevaux , et ils doivent partit
incessamment pour Moscou.
N a reçu avis düflsrracän et de Derbents,‘
(Dquïl y éroit arrivé plusieurs jeunes Seigneur:
Tartares et Georgiens , qui viennent demander à
la Czarine de Pemploi dans ses Troupes.‘ Ils ont
ramené avec eux un très-grand nombre de Do
mestiques et de Chevaux , et ils doivent partit
incessamment pour Moscou.
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15
p. 1751-1757
EXTRAIT d'une Lettre de Czaritien, contenant quelques Particularitez du Pays des Tartares Kalmuques.
Début :
Depuis la Lettre que je vous écrivis de Nova-Paulava, j'ai continué ma [...]
Mots clefs :
Kalmouks, Tartares, Pays, Nez, Femmes, Tentes, Tribut, Crimée, Gengis Khan
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre de Czaritien, contenant quelques Particularitez du Pays des Tartares Kalmuques.
EXTRAIT d'une Lettre de Czaritien,
contenant quelques Particularitez du
Pays des Tartares Kalmuques .
Epuis la Lettre que je vous écrivis
trivia
de Nova- Paulava , j'ai continué ma
route jusqu'aux Lignes de Czaritien , et la
Ville de ce nom , où je me trouve à present
est presque
dans un nouveau Monde.Rien
ne s'y voit que des Kalmuques et des
Dromadaires
; et vers le Levant , il n'y
a pas une seule Ville jusqu'aux Frontieres
de la Chine . Le Pays au - delà du Volga
, Fleuve qui lave cette Ville , est entierement
habité par les Kalmuques ,
dans l'étenduë de 2000. Woërtes , du côté
de l'Orient . Ils sont sujets à l'Empire de
Russie , et gouvernez par un Kan de
leur Nation , qui est nommé par la Czarine
, quoique toujours choisi dans la mê
me Maison. Cette forme de Gouvernement
n'est pas ancienne parmi eux , car
le Kan d'aujourd'hui
n'en est que le septiéme
.
Au1752
MERCURE DE FRANCE
•
Autrefois chique Famille étoit gouvernée
par son Chef , sans relever que du
Souverain de la Russie ; mais à la fin ,
ce Prince trouva à propos de gouverner
ces Peuples par un Kan ou Viceroy , qui
tient de lui toute son autorité , et dont
la Charge est à vie. Je n'ai pû encore
apprendre s'ils payent de tribut ; mais
je suis plus disposé à croire qu'ils ne sont
obligez que de servir à leurs dépens ,
quand ils sont commandez dans les Expeditions
militaires. Ils sont tous Cavaliers
, et peuvent monter , à ce que j'ai
oui dire , à 200000. Combattans . Ils ne'
Sçavent presque ce que c'est que les Armes
à feu , mais ils sont très - adroits à ti
rer de l'Arc , et 1000. Kalmuques tiennent
bien tête à 3 ou 4. mille Tartares de
Krimée . Ils ont beaucoup de l'air des Negres
d'Affrique , mais leurs nez sont encore
plus camus , et leurs yeux à la Chinoise
, ne sont pas si ouverts de la moitié
Ils sont originairement Mogols , et fu÷
rent , dit-on , laissez dans ce Pays par
Ghengis Khan , lorsqu'il fit la conquête
de l'Asie; et quoiqu'ils disent eux -mê
mes qu'ils sont un reste de l'Armée Macédonienne
, qu'Alexandre le Grand laissa
sur les bords du Volga , leur langage et
leur écriture , qui sont un mauvais Mogol
,
A OUST . 1753 1733.
gol , prouvent clairement leur origine ;
outre qu'ils ont la même Religion , et
que leur Grand- Prêtre , ou Lama , réside
dans le Pays des Mogols , où les principaux
de leur Clergé sont obligez d'ailer
pour recevoir les Ordres Sacrez de leur
Religion. Ils sont fort dévots ; car dès
qu'ils cessent de parler , on les voit occupez
à dire leurs Chapelets , qu'ils portent
toujours pendus à leur col. Un jour
étant surpris de la vitesse avec laquelle
ils parcouroient ces Chapelets , je leur
dis que leur formule de priere devoit être
extrémement courte , ils me répondirent
qu'elle ne consistoit qu'en deux paroles.
mystérieuses , sçavoir , Ommani Badmehunc
, ce qui signifie une belle Fleur , et
une Pierre qui ne tire sa lumiere d'ellemêmes
mais de temps- en- temps ils prennent
un Grain de Chapeler plus grand
qui sert à des Prieres plus longues , dont
je n'ai pas appris le sens.
que
Ces gens - là content mille Miracles deleur
Lama , disant , que celui qui lui doit
succeder , déclare sa Mission aussi - tôt
qu'il est né. Ils s'imaginent qu'il connoît
leurs pensées et sçait leur faire
des réponses , sans qu'ils se donnent la
peine de lui parler. Il y a parmi eux plusieurs
Sectes differentes , quelques - uns
adorent
1754 MERCURE DE FRANCE
adorent des Idoles , les autres la Peau
d'un Lievre , car ils prétendent qu'autrefois
pendant tout le temps d'une famine,
40000. personnes avoient été nourries de
la chair d'un seul animal de cette espece.
Ils traitent leurs Morts de quatre manieres
differentes , suivant les quatre Elemens
, car ils brûlent les uns , ils jertent
les autres dans l'eau , ils en enterrent , et
11 y en a qu'ils exposent à l'air , observant
pour cela le temps de la Lune qu'ils
sont nez , ou qu'ils sont morts . Ils n'ont
presque aucune idée de compassion ; car
si leurs Femmes , leurs Peres ou leurs
Meres sont travaillez d'une longue maladie
, ou vicillissent , il les laissent mourir
de faim .
Leurs Tentes sont infiniment mieux
imaginées que les nôtres , et garantissent
mieux du froid ; aussi aimerois je mieux
y loger que dans certaines maisons que
j'ai vûës ailleurs . On place le feu au beau
milieu de la Tente , et l'on pratique une
ouverture dans le toit , qui est façonné
en dôme , par où la fumée monte , et
quand il ne fume plus , on ferme l'ouverture
; de sorte qu'on s'y chauffe tout
aussi-bien que dans une maison . Ces Tentes
sont construites d'une espece de Feutre
, mais qui est six fois plus épais que
celui
AOUS T. 1733 1755
celui dont on fait nos chapeaux , ce qui
fait qu'on y est chaudement en hyver
et fraîchement en é é . Mais le malheur
est qu'elles sont si pesantes , que la plus
ordinaire fait la charge d'un Dromadaire,
car je n'ai point vŷ de Chameaux à une
bosse , et une bonne Tente , ou dix ou̟
douze personnes pourroient coucher , feroit
bien la charge de deux de ces animaux
. Le Kan est à present à 15. ou, 16,
lieues d'ici , avec 10000. Tentes , habitées
par ses Sujets ; je compte de l'aller
voir avant de quitter ce Pays,
Les Kalmuques ont un usage singulier
en fait d'hospitalité , quand un Etranger
vient chez eux , la marque la plus
ordinaire de leur distinction , c'est de
lui donner le choix de leurs femmes ou
de leurs filles , pour passer la nuit avec
celle qu'il trouve le plus à son gré. Les
femmes sont habillées de même que les
hommes , ce qui cause souvent qu'on
se méprend de Sexe. Ils n'ont d'autres ri
chesses que leur Bétail , dont ils font un
grand trafic avec les Rus es. Leurs Chevaux
ne sont pas beaux , mais ils sont
d'une vigueur surprenante , ils font 20,
ou 25. liües par jour sans se fatiguer,
Le meilleur Cheval du Pays se vend 4,
5. pistoles , et un Cheval ordinaire ne
vaus
1756 MERCURE DE FRANCE
vaut que 4. ou 5. écus ; il est cependant
difficile de dompter leur férocité natarelle
,
ils vont presque tous le pas naturellement.
Je viens d'acheter ici quel
ques- uns de leurs Arcs et de leurs Fleches
, et comme vous me mandez que
vous en avez des Indes Occidentales , j'en
troquerai volontiers deux contre un des
vôtres.
J'espere partir de ce Pays- cy dans 8.
ou 10. jouts , et de continuer mon voyage
par le Don jusqu'à Asoph , là je serai
voisin d'un Peuple poli , et de deux Peuples
barbares. Vous jugerez facilement
que par le premier , j'entends les Turcs ,
et que les deux autres sont les Tartares
de Krimée et ceux de Cuban , les uns
sont au Couchant du Don , les autres au
Levant. Si j'y vois quelque chose digne
de remarque , je ne manquerai pas de
Vous en faire part.
Vous trouverez cy - jointe un Lettre du
Baron de Wedel ; il avoit la fievre lorsqu'il
l'écrivit , c'est une espece de tribut
que tout Etranger doit à ce climat , lorsqu'il
arrive , mais on en est quitte pour
3. ou 4. accès. Il paroît par sa Lettre
qu'il alloit marcher contre quelques Kalmuques
qui refusoient de déferer aux ordres
du Kan .
J'ai
A O UST. 1733. 1757
J'ai acheté un petit Kalmuque qui est
d'une beauté parfaite , selon cux , il n'a
presque rien qui ressemble à un nez , excepté
les narinesses yeux ne sont ouverts
que de la largeur d'une paille. Il est d'un
teint couleut de caivre , couleur trèsestimée
parmi eux.; sçachant lire et écrire
sa Langue. Si vous en avez la moindre
envie , mandez - le- moi , et aussi - tôt
que je serai à Petersbourg , où je compte
d'arriver vers la fin de l'année , je le ferai
partir.
contenant quelques Particularitez du
Pays des Tartares Kalmuques .
Epuis la Lettre que je vous écrivis
trivia
de Nova- Paulava , j'ai continué ma
route jusqu'aux Lignes de Czaritien , et la
Ville de ce nom , où je me trouve à present
est presque
dans un nouveau Monde.Rien
ne s'y voit que des Kalmuques et des
Dromadaires
; et vers le Levant , il n'y
a pas une seule Ville jusqu'aux Frontieres
de la Chine . Le Pays au - delà du Volga
, Fleuve qui lave cette Ville , est entierement
habité par les Kalmuques ,
dans l'étenduë de 2000. Woërtes , du côté
de l'Orient . Ils sont sujets à l'Empire de
Russie , et gouvernez par un Kan de
leur Nation , qui est nommé par la Czarine
, quoique toujours choisi dans la mê
me Maison. Cette forme de Gouvernement
n'est pas ancienne parmi eux , car
le Kan d'aujourd'hui
n'en est que le septiéme
.
Au1752
MERCURE DE FRANCE
•
Autrefois chique Famille étoit gouvernée
par son Chef , sans relever que du
Souverain de la Russie ; mais à la fin ,
ce Prince trouva à propos de gouverner
ces Peuples par un Kan ou Viceroy , qui
tient de lui toute son autorité , et dont
la Charge est à vie. Je n'ai pû encore
apprendre s'ils payent de tribut ; mais
je suis plus disposé à croire qu'ils ne sont
obligez que de servir à leurs dépens ,
quand ils sont commandez dans les Expeditions
militaires. Ils sont tous Cavaliers
, et peuvent monter , à ce que j'ai
oui dire , à 200000. Combattans . Ils ne'
Sçavent presque ce que c'est que les Armes
à feu , mais ils sont très - adroits à ti
rer de l'Arc , et 1000. Kalmuques tiennent
bien tête à 3 ou 4. mille Tartares de
Krimée . Ils ont beaucoup de l'air des Negres
d'Affrique , mais leurs nez sont encore
plus camus , et leurs yeux à la Chinoise
, ne sont pas si ouverts de la moitié
Ils sont originairement Mogols , et fu÷
rent , dit-on , laissez dans ce Pays par
Ghengis Khan , lorsqu'il fit la conquête
de l'Asie; et quoiqu'ils disent eux -mê
mes qu'ils sont un reste de l'Armée Macédonienne
, qu'Alexandre le Grand laissa
sur les bords du Volga , leur langage et
leur écriture , qui sont un mauvais Mogol
,
A OUST . 1753 1733.
gol , prouvent clairement leur origine ;
outre qu'ils ont la même Religion , et
que leur Grand- Prêtre , ou Lama , réside
dans le Pays des Mogols , où les principaux
de leur Clergé sont obligez d'ailer
pour recevoir les Ordres Sacrez de leur
Religion. Ils sont fort dévots ; car dès
qu'ils cessent de parler , on les voit occupez
à dire leurs Chapelets , qu'ils portent
toujours pendus à leur col. Un jour
étant surpris de la vitesse avec laquelle
ils parcouroient ces Chapelets , je leur
dis que leur formule de priere devoit être
extrémement courte , ils me répondirent
qu'elle ne consistoit qu'en deux paroles.
mystérieuses , sçavoir , Ommani Badmehunc
, ce qui signifie une belle Fleur , et
une Pierre qui ne tire sa lumiere d'ellemêmes
mais de temps- en- temps ils prennent
un Grain de Chapeler plus grand
qui sert à des Prieres plus longues , dont
je n'ai pas appris le sens.
que
Ces gens - là content mille Miracles deleur
Lama , disant , que celui qui lui doit
succeder , déclare sa Mission aussi - tôt
qu'il est né. Ils s'imaginent qu'il connoît
leurs pensées et sçait leur faire
des réponses , sans qu'ils se donnent la
peine de lui parler. Il y a parmi eux plusieurs
Sectes differentes , quelques - uns
adorent
1754 MERCURE DE FRANCE
adorent des Idoles , les autres la Peau
d'un Lievre , car ils prétendent qu'autrefois
pendant tout le temps d'une famine,
40000. personnes avoient été nourries de
la chair d'un seul animal de cette espece.
Ils traitent leurs Morts de quatre manieres
differentes , suivant les quatre Elemens
, car ils brûlent les uns , ils jertent
les autres dans l'eau , ils en enterrent , et
11 y en a qu'ils exposent à l'air , observant
pour cela le temps de la Lune qu'ils
sont nez , ou qu'ils sont morts . Ils n'ont
presque aucune idée de compassion ; car
si leurs Femmes , leurs Peres ou leurs
Meres sont travaillez d'une longue maladie
, ou vicillissent , il les laissent mourir
de faim .
Leurs Tentes sont infiniment mieux
imaginées que les nôtres , et garantissent
mieux du froid ; aussi aimerois je mieux
y loger que dans certaines maisons que
j'ai vûës ailleurs . On place le feu au beau
milieu de la Tente , et l'on pratique une
ouverture dans le toit , qui est façonné
en dôme , par où la fumée monte , et
quand il ne fume plus , on ferme l'ouverture
; de sorte qu'on s'y chauffe tout
aussi-bien que dans une maison . Ces Tentes
sont construites d'une espece de Feutre
, mais qui est six fois plus épais que
celui
AOUS T. 1733 1755
celui dont on fait nos chapeaux , ce qui
fait qu'on y est chaudement en hyver
et fraîchement en é é . Mais le malheur
est qu'elles sont si pesantes , que la plus
ordinaire fait la charge d'un Dromadaire,
car je n'ai point vŷ de Chameaux à une
bosse , et une bonne Tente , ou dix ou̟
douze personnes pourroient coucher , feroit
bien la charge de deux de ces animaux
. Le Kan est à present à 15. ou, 16,
lieues d'ici , avec 10000. Tentes , habitées
par ses Sujets ; je compte de l'aller
voir avant de quitter ce Pays,
Les Kalmuques ont un usage singulier
en fait d'hospitalité , quand un Etranger
vient chez eux , la marque la plus
ordinaire de leur distinction , c'est de
lui donner le choix de leurs femmes ou
de leurs filles , pour passer la nuit avec
celle qu'il trouve le plus à son gré. Les
femmes sont habillées de même que les
hommes , ce qui cause souvent qu'on
se méprend de Sexe. Ils n'ont d'autres ri
chesses que leur Bétail , dont ils font un
grand trafic avec les Rus es. Leurs Chevaux
ne sont pas beaux , mais ils sont
d'une vigueur surprenante , ils font 20,
ou 25. liües par jour sans se fatiguer,
Le meilleur Cheval du Pays se vend 4,
5. pistoles , et un Cheval ordinaire ne
vaus
1756 MERCURE DE FRANCE
vaut que 4. ou 5. écus ; il est cependant
difficile de dompter leur férocité natarelle
,
ils vont presque tous le pas naturellement.
Je viens d'acheter ici quel
ques- uns de leurs Arcs et de leurs Fleches
, et comme vous me mandez que
vous en avez des Indes Occidentales , j'en
troquerai volontiers deux contre un des
vôtres.
J'espere partir de ce Pays- cy dans 8.
ou 10. jouts , et de continuer mon voyage
par le Don jusqu'à Asoph , là je serai
voisin d'un Peuple poli , et de deux Peuples
barbares. Vous jugerez facilement
que par le premier , j'entends les Turcs ,
et que les deux autres sont les Tartares
de Krimée et ceux de Cuban , les uns
sont au Couchant du Don , les autres au
Levant. Si j'y vois quelque chose digne
de remarque , je ne manquerai pas de
Vous en faire part.
Vous trouverez cy - jointe un Lettre du
Baron de Wedel ; il avoit la fievre lorsqu'il
l'écrivit , c'est une espece de tribut
que tout Etranger doit à ce climat , lorsqu'il
arrive , mais on en est quitte pour
3. ou 4. accès. Il paroît par sa Lettre
qu'il alloit marcher contre quelques Kalmuques
qui refusoient de déferer aux ordres
du Kan .
J'ai
A O UST. 1733. 1757
J'ai acheté un petit Kalmuque qui est
d'une beauté parfaite , selon cux , il n'a
presque rien qui ressemble à un nez , excepté
les narinesses yeux ne sont ouverts
que de la largeur d'une paille. Il est d'un
teint couleut de caivre , couleur trèsestimée
parmi eux.; sçachant lire et écrire
sa Langue. Si vous en avez la moindre
envie , mandez - le- moi , et aussi - tôt
que je serai à Petersbourg , où je compte
d'arriver vers la fin de l'année , je le ferai
partir.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre de Czaritien, contenant quelques Particularitez du Pays des Tartares Kalmuques.
L'auteur d'une lettre, écrite depuis Czaritien, décrit les particularités du pays des Tartares Kalmuques. Il a voyagé depuis Nova-Paulava jusqu'à Czaritien, une ville peuplée uniquement de Kalmuques et de dromadaires. Le territoire au-delà du Volga, s'étendant sur 2000 Woërtes vers l'Orient, est entièrement habité par les Kalmuques, qui sont sujets de l'Empire de Russie. Ils sont gouvernés par un Kan nommé par la Czarine, le Kan actuel étant le septième de cette lignée. Les Kalmuques sont des cavaliers experts, capables de mobiliser 200 000 combattants. Ils maîtrisent l'arc mais ignorent les armes à feu. Physiquement, ils présentent des traits asiatiques et se considèrent comme les descendants de Gengis Khan, bien que leur langue et leur écriture soient mogoles. Leur religion est dirigée par un Lama résidant en pays mogol. Ils pratiquent diverses formes de dévotion, utilisant des chapelets pour prier et croient en plusieurs sectes, certaines adorant des idoles, d'autres la peau d'un lièvre. Ils traitent leurs morts selon les quatre éléments : par le feu, l'eau, la terre ou l'air. L'hospitalité kalmuque inclut l'offre de leurs femmes ou filles aux étrangers. Leurs tentes, en feutre épais, sont adaptées au climat et transportables par des dromadaires. Ils possèdent des chevaux vigoureux mais difficiles à dompter. L'auteur prévoit de quitter le pays dans huit à dix jours pour continuer son voyage vers le Don, puis vers Azoph, où il rencontrera les Turcs, les Tartares de Crimée et ceux de Cuban. Il mentionne également une lettre du Baron de Wedel, souffrant de fièvre, et l'achat d'un jeune Kalmuque qu'il propose de vendre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 1865-1868
De Constantinople le 8. Juillet 1733.
Début :
Depuis la Lettre, Monsieur, que je vous écrivis le 14. du mois de May dernier, où [...]
Mots clefs :
Pacha , Perse, Djanum-Codja, Topal Osman Pacha, Capitan pacha, Constantinople, Galères, Tartares
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Constantinople le 8. Juillet 1733.
De Constantinople le 8. Juillet 1733.
Depuisle Le du mois de May dernier ,
Epuis la Lettre , Monsieur , que je vous
ou
je vous mandois que plus de 30000. Tartares
s'acheminoient vers la Perse par une nouvelle
route qu'ils s'étoient faite à travers les Rochers
du Mont Caucase , on a eu plusieurs avis qui
portent que leur nombre s'étoit acru de moitié
en chemin , et qu'ils étoient arrivez dans le Daguestan
; qu'ils s'y étoient joints aux Lesghis,Sujets
du G.S. qui habitent une partie des Montagnes
dont toute cette Province est composée;que
ces deux Peuples devoient aller incessamment
savager ensemble les Frontieres de Perse de ce
côté-là , et que les Lesghis , de l'autre partie du
Daguestan , qui est sous la domination des Moscovites
s'étoient la plupart révoltez pour se
mettre sous celle de l'Empire Ottoman. On dou
te cependant encore ici de la certitude de ces
nouvelles , parce que l'Aga , qui est allé par
ordre de la Porte, accompagner les Tartares dans
leur marche , et qui est chargé d'en venir rendre
compte , ainsi que de leur arrivée en Perse , n'est
pas encore de retour à Constantinople.
J'ajouterai à l'occasion des Tartares , que de
puis quelques jours il en vient par troupes aux
"
H vj
environs
1866 MERCURE DE FRANCE
environs de cette Ville , où ils campent avec
leurs chevaux , dont chaque Tartare en a amené ,
cinq ou six avec lui , pour charger son butin . Ce
sont des Volontaires du Budgiak dans la Bessarabie
, commandez par des Mirzas , ou petits
Princes du Pays , qui sans ordre du Khan de la
Crimée ni de la Porte , se sont déterminez de
leur propre mouvement à aller chercher fortune
en Perse. On compte qu'ils seront sept ou huit
mille ; on les expedie ici à mesure qu'ils arrivent
après un séjour fort court , en leur donnant des
Lettres de recommandation et des ordres pour
les Pachas et autres Officiers du G. S. qui doivent
les secourir dans leur passage par terre en
Asie , et les employer où ils jugeront à propos.
On attend tous les jours de Perse , des nouvelles
d'une grande importance ; quant à present
il ne se peut rien dire de positif sur l'état où sont
les affaires des Turcs en ce Pays - là . On assure
seulement que Topal - Osman- Pacha , a dû partir
de Mossul avec une grosse Armée , munie de toute
sorte de provisions en abondance , le 19. de la
Lune de Muharem , ce qui revient au 3c . de Juin;
qu'il marchoit dans le dessein d'aller faire lever
le blocus de Bagdad , et de combattre Thamas
Kouli Khan , qui commande une Armée Persanne
, à la verité , fort superieure par le nombre
à celle des Turcs , mais fort inferieure pour
la bonté des Troupes.
Quoique Djanum- Codja ait été fait Capitan-
Pacha pour la troisième fois dès le · ƒ . May , il
n'arriva cependant ici que le 8. Juin , parce que
quelques jours avant qu'on lui rendît cette dignité
et qu'on le retirât de Lepante , dont il étoit
Pacha depuis sa derniere disgrace , il y a deux
ans , on l'avoit nommé Pacha de l'Isle de Negrepont
A O UST . 1733. 1867
grepont , et ensuite de celle de Candie , de sorte
qu'à peine fut-il arrivé à cette premiere Isle
qu'il eut ordre de passer en Candie , où deux
jours après son débarquement , il reçut de nouveaux
ordres pour venir incessamment à Constantinople
reprendre la Charge de Capitan-
Pacha.
Abdi-Capoudan est mort le 12. Juin ; c'étoit
un homme doux et fort raisonnable . De Capitaine
du Port qu'il étoit , quand la Révolution
de Constantinople arriva le 28. Septembre 1730.
le G. S. Achmet III . avant que d'être détrôné ,
le fit Capitan - Pacha , mais il ne resta en place
qu'environ un mois , et il fut envoyé Pacha à
Napoli de Romanie , d'où on l'avoit fait venirpour
exercer , par interim , les fonctions de Capitan-
Pacha , ce qu'il a fait quoiqu'accablé d'infirmitez
, depuis le 16. May jusqu'au jour que
Djanum -Codja est revenu en dernier lieu remplir
cette importante Charge.
Le 28. Juin , ce nouveau Capitan - Pacha fit ce
qu'on appelle ici sa Sortie , c'est - à- dire , qu'il
alla avec toutes les Galeres , saluer le G. S. qui .
étoit dans un Kiose ou Pavillon du Serrail , au
rez - de -chaussée , sur le bord de la Mer. Sa
Hautesse le fit revêtir , suivant la coûtume
d'une Félisse de Samour , et fit donner un Caftan
à chacun des Beys ou Capitaine des douze
Galeres qui avoient accompagné la Bastarde ,
que Djanum- Codja montoit , et qui est pour le
rang comme la Reale ou la Patrone en France.
Après quoi toutes ces Galeres ayant fait chacune
une décharge de son Artillerie en passant devant
le Kiosc du Sultan , elles allerent moüiller
le long du Canal de la Mer Noire , du côté
d'Europe , depuis l'entrée du Port jusqu'à Bechik-
Tach. Le
1868 MERCURE DE FRANCE
Le 2. de ce mois , Djanum - Codja est parti
avec 10. Galeres seulement , les trois autres qui
rentrerent dans le Port
ayant apparemment
une autre destination. On dit qu'il va visiter
les principales Isles de l'Archipel , et de - là pren
dre le commandement des Vaisseaux du G. S.
qui ont pris les devans en differens temps an
nombre de douze , qui doivent être joints par
les cinq Vaisseaux que les Algeriens ont sauvés
de leur nauffrage aux Isles de Mosconisy , et
par deux ou trois autres qu'on acheve d'armer
ici , et dont un a déja fait voile depuis le départ
de Djanum- Codja.
Le Sultan Hassan , fils du feu G. S. Mustapha
, frere du G. S. d'aujourd'hui , mourut le
3. de Juin dernier , jour de la Fête du petit Bairam
, d'une maladie , dont , comme il arrive
d'ordinaire à la mort de ses pareils, le Public n'a
pas été bien informé. On dit que ce Prince , qui
avoit environ 34. ans , étoit beau , grand et bien
fait. C'étoit le cadet de S. H. et l'aîné du Sultan
Soliman,qu'on dit être aussi fort aimable, et qui
est le dernier des Enfans de Mustapha détrôné
en 1703. Je suis , &c .
P. V. D.
Depuisle Le du mois de May dernier ,
Epuis la Lettre , Monsieur , que je vous
ou
je vous mandois que plus de 30000. Tartares
s'acheminoient vers la Perse par une nouvelle
route qu'ils s'étoient faite à travers les Rochers
du Mont Caucase , on a eu plusieurs avis qui
portent que leur nombre s'étoit acru de moitié
en chemin , et qu'ils étoient arrivez dans le Daguestan
; qu'ils s'y étoient joints aux Lesghis,Sujets
du G.S. qui habitent une partie des Montagnes
dont toute cette Province est composée;que
ces deux Peuples devoient aller incessamment
savager ensemble les Frontieres de Perse de ce
côté-là , et que les Lesghis , de l'autre partie du
Daguestan , qui est sous la domination des Moscovites
s'étoient la plupart révoltez pour se
mettre sous celle de l'Empire Ottoman. On dou
te cependant encore ici de la certitude de ces
nouvelles , parce que l'Aga , qui est allé par
ordre de la Porte, accompagner les Tartares dans
leur marche , et qui est chargé d'en venir rendre
compte , ainsi que de leur arrivée en Perse , n'est
pas encore de retour à Constantinople.
J'ajouterai à l'occasion des Tartares , que de
puis quelques jours il en vient par troupes aux
"
H vj
environs
1866 MERCURE DE FRANCE
environs de cette Ville , où ils campent avec
leurs chevaux , dont chaque Tartare en a amené ,
cinq ou six avec lui , pour charger son butin . Ce
sont des Volontaires du Budgiak dans la Bessarabie
, commandez par des Mirzas , ou petits
Princes du Pays , qui sans ordre du Khan de la
Crimée ni de la Porte , se sont déterminez de
leur propre mouvement à aller chercher fortune
en Perse. On compte qu'ils seront sept ou huit
mille ; on les expedie ici à mesure qu'ils arrivent
après un séjour fort court , en leur donnant des
Lettres de recommandation et des ordres pour
les Pachas et autres Officiers du G. S. qui doivent
les secourir dans leur passage par terre en
Asie , et les employer où ils jugeront à propos.
On attend tous les jours de Perse , des nouvelles
d'une grande importance ; quant à present
il ne se peut rien dire de positif sur l'état où sont
les affaires des Turcs en ce Pays - là . On assure
seulement que Topal - Osman- Pacha , a dû partir
de Mossul avec une grosse Armée , munie de toute
sorte de provisions en abondance , le 19. de la
Lune de Muharem , ce qui revient au 3c . de Juin;
qu'il marchoit dans le dessein d'aller faire lever
le blocus de Bagdad , et de combattre Thamas
Kouli Khan , qui commande une Armée Persanne
, à la verité , fort superieure par le nombre
à celle des Turcs , mais fort inferieure pour
la bonté des Troupes.
Quoique Djanum- Codja ait été fait Capitan-
Pacha pour la troisième fois dès le · ƒ . May , il
n'arriva cependant ici que le 8. Juin , parce que
quelques jours avant qu'on lui rendît cette dignité
et qu'on le retirât de Lepante , dont il étoit
Pacha depuis sa derniere disgrace , il y a deux
ans , on l'avoit nommé Pacha de l'Isle de Negrepont
A O UST . 1733. 1867
grepont , et ensuite de celle de Candie , de sorte
qu'à peine fut-il arrivé à cette premiere Isle
qu'il eut ordre de passer en Candie , où deux
jours après son débarquement , il reçut de nouveaux
ordres pour venir incessamment à Constantinople
reprendre la Charge de Capitan-
Pacha.
Abdi-Capoudan est mort le 12. Juin ; c'étoit
un homme doux et fort raisonnable . De Capitaine
du Port qu'il étoit , quand la Révolution
de Constantinople arriva le 28. Septembre 1730.
le G. S. Achmet III . avant que d'être détrôné ,
le fit Capitan - Pacha , mais il ne resta en place
qu'environ un mois , et il fut envoyé Pacha à
Napoli de Romanie , d'où on l'avoit fait venirpour
exercer , par interim , les fonctions de Capitan-
Pacha , ce qu'il a fait quoiqu'accablé d'infirmitez
, depuis le 16. May jusqu'au jour que
Djanum -Codja est revenu en dernier lieu remplir
cette importante Charge.
Le 28. Juin , ce nouveau Capitan - Pacha fit ce
qu'on appelle ici sa Sortie , c'est - à- dire , qu'il
alla avec toutes les Galeres , saluer le G. S. qui .
étoit dans un Kiose ou Pavillon du Serrail , au
rez - de -chaussée , sur le bord de la Mer. Sa
Hautesse le fit revêtir , suivant la coûtume
d'une Félisse de Samour , et fit donner un Caftan
à chacun des Beys ou Capitaine des douze
Galeres qui avoient accompagné la Bastarde ,
que Djanum- Codja montoit , et qui est pour le
rang comme la Reale ou la Patrone en France.
Après quoi toutes ces Galeres ayant fait chacune
une décharge de son Artillerie en passant devant
le Kiosc du Sultan , elles allerent moüiller
le long du Canal de la Mer Noire , du côté
d'Europe , depuis l'entrée du Port jusqu'à Bechik-
Tach. Le
1868 MERCURE DE FRANCE
Le 2. de ce mois , Djanum - Codja est parti
avec 10. Galeres seulement , les trois autres qui
rentrerent dans le Port
ayant apparemment
une autre destination. On dit qu'il va visiter
les principales Isles de l'Archipel , et de - là pren
dre le commandement des Vaisseaux du G. S.
qui ont pris les devans en differens temps an
nombre de douze , qui doivent être joints par
les cinq Vaisseaux que les Algeriens ont sauvés
de leur nauffrage aux Isles de Mosconisy , et
par deux ou trois autres qu'on acheve d'armer
ici , et dont un a déja fait voile depuis le départ
de Djanum- Codja.
Le Sultan Hassan , fils du feu G. S. Mustapha
, frere du G. S. d'aujourd'hui , mourut le
3. de Juin dernier , jour de la Fête du petit Bairam
, d'une maladie , dont , comme il arrive
d'ordinaire à la mort de ses pareils, le Public n'a
pas été bien informé. On dit que ce Prince , qui
avoit environ 34. ans , étoit beau , grand et bien
fait. C'étoit le cadet de S. H. et l'aîné du Sultan
Soliman,qu'on dit être aussi fort aimable, et qui
est le dernier des Enfans de Mustapha détrôné
en 1703. Je suis , &c .
P. V. D.
Fermer
Résumé : De Constantinople le 8. Juillet 1733.
Le 8 juillet 1733, des rapports indiquent que plus de 30 000 Tartares se dirigeaient vers la Perse en empruntant une nouvelle route à travers les rochers du Mont Caucase. Leur nombre aurait doublé en chemin, atteignant environ 60 000. Ils se sont alliés aux Lesghis du Daguestan, sujets du Sultan, pour attaquer les frontières persanes. Parallèlement, les Lesghis sous domination moscovite se sont révoltés pour se placer sous l'Empire Ottoman. Cependant, ces informations restent incertaines, car l'Aga envoyé pour accompagner les Tartares n'est pas encore revenu. Des Tartares volontaires du Budgiak en Bessarabie, commandés par des Mirzas, sont également arrivés à Constantinople. Ils sont environ 7 000 à 8 000 et ont été envoyés vers la Perse avec des lettres de recommandation et des ordres pour les Pachas. En Perse, Topal Osman Pacha a quitté Mossul avec une armée pour lever le blocus de Bagdad et combattre Thamas Kouli Khan, dont l'armée persane est plus nombreuse mais moins qualifiée. Djanum Codja a été nommé Capitain-Pacha pour la troisième fois le 1er mai et est arrivé à Constantinople le 8 juin. Abdi-Capoudan, ancien Capitain-Pacha, est décédé le 12 juin. Le 28 juin, Djanum Codja a effectué sa 'Sortie' avec les galères pour saluer le Sultan. Le Sultan Hassan, fils du défunt Mustapha et frère du Sultan actuel, est mort le 3 juin à l'âge de 34 ans. Djanum Codja est parti le 2 juillet avec 10 galères pour visiter les principales îles de l'Archipel et prendre le commandement des vaisseaux du Sultan.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
17
p. 2471-2480
De Constantinople, le 6 Septembre 1733.
Début :
Je vous ai mandé, Monsieur, par ma Lettre du 22 Avril, que la porte avoit ordonné au [...]
Mots clefs :
Moscovites, Tartares, Nouvelles, Perse, Général, Troupes, Marche, Passage, Commandant, Crimée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Constantinople, le 6 Septembre 1733.
De Constantinople , le 6 Septembre 1733 .
J
E vous ai mandé , Monsieur , par ma Lettre
du 22 Avril , que la Porte avoit ordonné au
Khan de Crimée , d'envoyer un Corps de Tartares
en Perse, & c. Par ceile que je vous ai écri
te le 14 Mai , que ces Tartares , pour éviter de
passer sur les Terres des Moscovites , s'étoient
frayés une nouvelle route , à travers le Mont-
Caucase , qui aboutissoit en Géorgie , proche de
Tiflis , &c. Et par ma derniere du 8 Juillet ,
qu'ayant continué leur chemin , ils étoient ar
rivez dans le Daghestan ; qu'ils y avoient été
joints par les Lesghis , qui habitent les Montagnes
de cette Province , et que ces deux Peuples
réunis , devoient aller ravager les contrées de la
Perse
2471 MERCURE DE FRANCE
Perse , les plus voisines de ce côté - là , &c. ( 1 )
Les nouvelles qui ont couru icy depuis six semaines
, confirment tous ces faits quant au fond ,
et ne différent entr'elles que par les circonstances
; on avoit eu lieu de croire que le passage des .
Tartares en Perse, regardé depuis quatre ou cinq
mois comme une espece de Problême , étoit devenu
d'une réalité à ne plus admettre aucun
doute.
1
Cependant les dernieres nouvelles qu'on a re- ,
çues le 25 du mois d'Août , portent si positivement,
que les Tartares n'ont pû passer Derbent ,
où les Moscovites les avoient arrêtez , que dans
l'incertitude où me jette cette diversité d'avis , je
ne donne la préférence à ceux dont je vais vous
faire part , que parce qu'il faut que je me détermine
à quelque chose , et que la vérité ne se
manifeste pas plus sensiblement dans les uns que
dant les autres.
Aslan Ghuirai , Sultan general de Circassie , et
l'un des Chefs des Tartares , commandez pour
l'expédition de Perse , dépêcha au Khan de Crimée
: ( on ne marque point le jour ) un Courrier
arrivé le 18 Juillet à Bacché- Serraï , Capitale du
Païs , par lequel il lui envoïoit la Relation de
deux actions qui s'étoient passées le 22 et le 23
Juin , aux environs de Solak , ( 2 ) entre les Tartares
et les Moscovites. Voici le précis de cette
Relation , où Aslan Ghuirai parlera lui - même :
Après avoir traversé le Païs de Kabarra ( 3 )
(1 ) Les nouvelles contenuës dans toutes ces Lettres
·sont inserées dans les derniers Mercures.
(2 ) Solak , ou Sancta - Croce, Ville bâtie par les
Moscovites , au pied du Mont Caucase.
(3 ) Grand Pais de Circassie , dont les Turcs et
+
NOVEMBRE. 1733. 2473
et le Fleuve Terki , sans rencontrer aucun obstacle
sur notre route , nous arrivâmes à une Riviere
appellée Cic , que nous passâmes aussi
sans difficulté , mais à peine toutes nos Troupes
furent- elles de l'autre côté , que nous vf ,
mes paroître un gros Corps de Moscovites.
Nous fîmes alte sur le champ , et nous nous
mîmes en bataille ; mais le Capidgi - Bachi du
G. S. qui par ordre de Sa Hautesse nous accompagnoit
dans notre marche , étant d'avis
que nous ne fissions aucun mouvement , pour
que que les Moscovites ne pussent pas dire
que
nous cussions violé la paix les premiers ; il
"s'avança vers leur General et lui demanda si
nous devions les regarder comme amis ou
" comme ennemis Ce General lui répondit
qu'ils étoient amis des Tartares : Pourquoi
donc , repartit le Capidgi , paroissez vous disposez
à nous empêcher de suivre notre route ?
Parce que vous êtes sur nos Terres , repliquerent
les Moscovites : Mais, dit alors le Capidgi
: Nous ne voulons aller que par des Montagnes
incultes, où nous ne pouvons vous causer
aucun dommage ; N'importe, reprit ce General,
ces Montagnes nous appartiennent aussi ,
, et nous ne vous permettrons d'y passer qu'à
condition que vous nous payerez un droit de
Péage. Le Capidgi - Bachi lui représenta qu'il
n'étoit pas fondé à vouloir exiger aucun tribut
des Tartares , et que s'il s'obstinoit à re-
» fuser le passage à des peuples amis, qui ne pen-
"
ע
"
Its Moscovites se contestent la Souveraineté, et dont
les Tartares Circasses qui l'habitent , font partie
sous la domination du G. S. et partie sous celle de
la Czarine.
G soient
2474 MENCURE DE FRANCE
33
nous
soient à faire aucun désordre sur les Terres de
la Czarine , il pourroit en resulter des brouilleries
entre leurs Cours respectives , dont il seroit
à craindre que les suites ne devinssent tresfâcheuses.
Alors les Moscovites lui offrirent de
nous laisser passer au nombre de dix mille seulement
; mais le Capidgi ayant répondu qu'il
ne nous étoit pas possible de consentir à
partager , et les Moscovites s'opiniâtrant dans
leur premier refus , il vint nous rejoindre, et sur
" le rapport qu'il nous fit du peu de succès de sa
négociation , nous tinmes conseil , dont le résultat
fut de continuer notre chemin en bon ordre,
sans attaquer personne , et de nous bien défendre
si l'on nous attaquoit.Dès quenous nous
fûmes remis en marche , les Moscovites firent
avancer leur Infanterie, précédée de treize
Piéces de Canons , et commencerent par en
faire une décharge bientôt suivie de celle
de toute leur Mousqueterie sur un Corps de
Tartares Nogays, qui se trouva le plus exposé,
et qui ne pouvant soutenir un si grand feu ,
prit la fuite avec une perte considérable. Mais
en même temps nos Troupes de Crimée , secondées
des Lesghis , ( 1 ) qui s'étoient joints
A nous , fondirent , le Sabre à la main, sur les
Moscovites; ce Combat fut rude ; et ayant du-
» ré six heures , avec un avantage égal de part
» et d'autre , il nous survint à propos un secours
de 4000 Comouks, ( 2 ) qui déterminerent la
>> victoire de notre côté.
30
→
A
30
(1 ) Les Lesghis sont des Tartares de Montagnes ,
qui habitent celles du Daghestan.
( 2) Les Comouks sont aussi des Montagnards du
Daghestan,et Mahometans,comme les Lesghis:quoi-
Alor
NOVEMBRE. 1733. 2475
Alors les Moscovites se débanderent , et d'en-
❤viron 8 à 10 mille qu'ils étoient , il n'en écha-
»pa qu'un fort petit nombre; nos Troupes étant
si animées , qu'elles poursuivirent les Fuyards
jusqu'à ce qu'elles n'en apperçussent plus aucun.
Le lendemain un Tartare Nogay étant venu
hous avertir de l'approche d'un Convoi de
340 Chariots, chargez de Munitions de guerre.
et de bouche , escortez par 1 500 Moscovites ;
le Sultan Fétih- Ghuirai , notre General , ordonna
à son neveu , le Sultan Sélim Ghuirai
' d'aller à la rencontre de cè Convoi avec 2000
hommes.Il le trouva effectivement au bout de
deux heures de marche , et l'enleva après une
médiocre résistance de la part des Moscovites
leur Commandant fut fait prisonnier , et ils
furent tous tuez ou faits Esclaves , sans qu'un
seul pût se sauver.
29
"
Nous avons gagné dans ces deux actions 13
Pieces de Canons de fønte , les 340 Chariots
chargez de munitions et une grande quantité
d'Esclaves ; et nous avons perdu un Officier
General , deux Mirzas et un assez grand nom-
» bre de Soldats ; du reste , il y a eu peu de biessez
des deux côtez , &c.
29
Quelques jours après l'arrivée de ces nouvelles
à Constantinople , c'est-à - dire le 28 Juillet
la Porte reçut des Lettres du Gouverneur d'Asof
qui confirmerent ces évenemens dans leurs prinqu'ils
soient pour la plus grande partie sous la domination
des Moscovites , ils ont pris les armes
contre eux en cette occasion . Au reste il nefautpas
confondre ces Comouks avec les Calmouks , autre
Peuple Tartare aux environs de Vvolga et d'As-
(TAGAD.
Gij cipales
2476 MERCURE DE FRANCE
cipales circonstances ; ces Lettres contenoient
même d'autres particularitez , qui ne justifiene
pas moins la conduite des Tartares , et qui éta
blissent la nécessité où ils se sont trouvez, malé
gré eux , d'en venir aux mains avec les Moscovites
s'il n'en est point fait mention dans la
Relation d'Aslan Ghuirai, qui a paru icy, et qui
est pleine d'irrégularitez , c'est peut- être parce
que ce Prince en avoit déja informé le Khan ,
avant que de la faire , ou que le traducteur de
sette Piece , pressé de l'envoyer , a supprimé une
partie du détail pour abbréger.
:
Quoiqu'il en soit , le Gouverneur d'Asof
mande qu'ayant le premier combat, il s'étoit fair
réciproquement des propositions entre les Tartares
et les Moscovitesi que ceux- cy persistang
à refuser le passage demandé , qu'ils n'en eussent
reçu l'ordre du Gouverneur d'Astracan , qui
commande dans tout ce Païs- là , avoient souhaité
qu'on leur accordât neuf jours pour pouvoir
faire sçavoir à cet Officier , ce qui se passoit, er
en recevoir une réponse positive , que les Tartares
y avoient aquiescé ; mais que prés de trois
semaines s'étant écoulées sans que cette Répon
se vint ; ils en avoient conçu quelque défiance s'
qu'un de leurs Partis étant allé à la découverte,
at ayant amené au Camp six Moscovites , qu'ils
avoient rencontrez , on les avoit menacez de la
mort, s'ils ne disoient la véritable cause de tous
ces délais ; que ces prisonniers , pressez par la
crainte , avoient enfin avoué , que l'unique vue
des Moscovites avoit été d'amuser les Tartares et de gagner
du temps
, jusqu'à
ce qu'ils
eussene reçu un renfort
de Troupes
qui étoit
en marche
pour les joindre
; que sur cet aveu les Tartares
se résolurent
au combat
; que pour tromper
NOVEMBRE . 1733 2479
ཝཱ
per les Moscovites , ils avoient la nuit suivante
allumé beaucoup de feux dans leur camp , qu'ils
en étoient sortis ensuite pour s'aller poster dans
un endroit avantageux , d'où ils pourroient
prendre leurs ennemis en flanc , et que ce Stra
zagême, qui leur réussit , avoit beaucoup contribué
à leur faire remporter la victoire.
D'autres avis venus depuis le 28 Juillet , one
aussi confirmé ce que le Gouverneur d'Asof
ajoutoit encore dans sa Lettre , sçavoir , que le
Convoi de 340 Chariots dont on a parlé , étoit
destiné pour l'Armée Persanne , et qu'il y avoit
beaucoup de Moscovites dans cette armée.
Voilà,Monsieur, depuis que je ne vous ai écrit,
jusqu'au 25 Juillet , la partie la plus vrai - semblable
et la plus claire des nouvelles mal digérées,
et souvent contradictoires , qui se sont débitées
icy sur la marche des Tartares , d'où l'on avoit
inféré qu'ils étoient surement passez en Perse .
-Voicy maintenant le Sommaire des dernieres
nouvelles , qu'on a répandues depuis ce même
jour.Je m'attens qu'elles vous paroîtront comme
à moi , assez obscures , mais il n'a pas dépends
de mes soins d'en dissiper les ténébres , ni d'en
faire un narré plus exact.
Les Tartares étant arrivez dans un Canton
appellé Tchetchené ( 1 ) , le Commandant de So
lak vint se poster , sur le bord du Coyou - Sovi
avec 7 à 8000 hommes , et de l'Artillerie , pour
les empêcher de traverser cette Riviere. Ce Géaéral
des Tartares qui vouloit éviter tout acts
(r ) Tchetchené , est un Païs situé le long du
Mont Caucase , habité par des Komouks , qui n'ont
pas voulu se soumettre à la domination des Mos
Favites
Giij d'hosti2478
MERCURE DE FRANCE
9
d'hostilité , prit une autre route , que des guides
du Païs lui indiquerent , et qui conduit en droiture
à Solak. Les Moscovites ne pouvant les suivre
, parce qu'ils étoient presque tous Infanterie;
leur Commandant détacha un Corps de 1000
Chevaux seulement , pour couper le chemin aux
Tartares , et les arrêter dans un certain endroit
jusqu'à ce qu'il put y arriver avec le reste de ses
Troupes. Les Tartares rencontrerent près de Solak
ee Corps de Cavalerie , qui les. attaqua , et qu'ils
défirent entierement .Peu de temps après le Commandant
Moscovite arrivant avec sa petite aranée
, le combat recommença , mais si désavantageusement
pour lui , qu'il y fut dangereusement
blessé , et qu'il y perdit tout son monde
avec son Artillerie , dont il ne put presque point
faire usage , à cause d'une grosse pluye qui survint
tout d'un coup.
Ces obstacles levez , les Tartares passerent à la
vue de Solak le Coyou- Sovi, quoique les bords.
en soient fort escarpez , et continuant leur marche
vers Derbent , ils firent la rencontre d'un
gros Convoi de Chariots, chargez de munitions
qu'ils enleverent après avoir totalement défait
environ 1500 Moscovites qui l'escortoient;mais
sur la nouvelle de leur approche , beaucoup de
Troupes Moscovites, s'étant rassemblées à Derbent
, ils y furent arrêtez et ne purent passer
outre.
3
On présume cependant que les Comouks , qui
sont dispersez en un grand nombre d'Hordes ou
Tribus , tant en deçà qu'en delà de cette Place ;
s'étant unis aux Tartares , les Moscovites n'au
ront pû leur disputer long- temps ce passage ,
les empêcher d'entrer. dans le Daghestan , qui
n'en est qu'à deux journées , et delà en Géorgie.
ni
Ce
NOVEMBRE. 1733. 2479
Ce fut même sur cette présomption bien fon
dée , que M. de Neplieuf , Résident de Moscovie
, ayant prié dernierement le Grand Visir àu
nom de la Czarine , d'envoyer des ordres aux
Tartares pour qu'ils se désistassent de leur entreprise
de passer en Perse , et qu'ils s'en retournassent
chez eux , que ce premier Ministre de
P'Empire Otoman lui répondit avec raison , que
vû la situation où étoient les choses au départ du
Courrier qui avoit apporté les dernieres nouvelles
; il seroit à present d'une nullité absoluë d'envoyer
aux Tartares les ordres qu'il demandoit ,
parce qu'avant que celui qui en seroit le porteur
put arriver à Derbent , il étoit moralement
certain que les Tartares auroient été obligez de
prendre un parti, soit en forçant le passage qu'on
Jeur disputoit , soit en se jettant d'un autre côté ,
suivant que la necessité où ils se seroient trou
vez , les auroit déterminez .
On ajoute que dans la partie du Kabarta qui
reconnoît la Czarine pour sa Souveraine , il y
avoit depuis un an 300 Moscovites , que cette
Princesse y avoit envoyez pour soutenir les habitans
de cette Contrée ; que ces Moscovites
ayant appris que leurs gens avoient été battus
en plusieurs rencontres par les Tartares qui
étoient passez , et appréhendant que ceux qui
gont dans l'autre partie du Kabarta soumise av
G.S.ne vinssent les massacer, ils avoient deman
dé au Chef qui commande dans le Kabarta Czarien
, la permissión de se retirer , et une escorte
pour le faire en sureré : que ce Commandant
leur avoit répondu qu'ils pouvoient toujours
partir , et qu'il alloit incessamment les faire suivre
par un nombre suffisant d'hommes pour les
garantir de toute insake ; mais qu'au lieu de leur
G iiij
tenir
240
MERCURE DE
FRANCE
tenir parole , bien loin de leur envoyer du se
cours ; il avoit fait donner avis de leur retraite
au fils du Khan de Crimée, qui
commande dans
le Kabarta , soumis à la Porte ; et que ce Prince
à la tête d'un grand nombre de Tartares , étant
venu fondre sur les 300
Moscovites , les avois
tout passez au fil de l'Epée . 12
On ne sçait point encore quelles suites pourront
avoir toutes ces affaires ; ce qu'il y a de
certain , c'est que sur les premieres nouvelles
qu'on en a reçu à
Constantinople , les Ministres
de la Porte ont fait embarquer en diligence pen
dant plusieurs jours sur des Bâtimens du Païs
beaucoup d'Artillerie et d'autres munitions de
guerre et de bouche qui sont partis de la Mer
noire pour Asof, afin de mettre cette Place en
état de deffense , en cas d'une rupture avec les
Moscovites. Je suis , &c.
P. V. D.
J
E vous ai mandé , Monsieur , par ma Lettre
du 22 Avril , que la Porte avoit ordonné au
Khan de Crimée , d'envoyer un Corps de Tartares
en Perse, & c. Par ceile que je vous ai écri
te le 14 Mai , que ces Tartares , pour éviter de
passer sur les Terres des Moscovites , s'étoient
frayés une nouvelle route , à travers le Mont-
Caucase , qui aboutissoit en Géorgie , proche de
Tiflis , &c. Et par ma derniere du 8 Juillet ,
qu'ayant continué leur chemin , ils étoient ar
rivez dans le Daghestan ; qu'ils y avoient été
joints par les Lesghis , qui habitent les Montagnes
de cette Province , et que ces deux Peuples
réunis , devoient aller ravager les contrées de la
Perse
2471 MERCURE DE FRANCE
Perse , les plus voisines de ce côté - là , &c. ( 1 )
Les nouvelles qui ont couru icy depuis six semaines
, confirment tous ces faits quant au fond ,
et ne différent entr'elles que par les circonstances
; on avoit eu lieu de croire que le passage des .
Tartares en Perse, regardé depuis quatre ou cinq
mois comme une espece de Problême , étoit devenu
d'une réalité à ne plus admettre aucun
doute.
1
Cependant les dernieres nouvelles qu'on a re- ,
çues le 25 du mois d'Août , portent si positivement,
que les Tartares n'ont pû passer Derbent ,
où les Moscovites les avoient arrêtez , que dans
l'incertitude où me jette cette diversité d'avis , je
ne donne la préférence à ceux dont je vais vous
faire part , que parce qu'il faut que je me détermine
à quelque chose , et que la vérité ne se
manifeste pas plus sensiblement dans les uns que
dant les autres.
Aslan Ghuirai , Sultan general de Circassie , et
l'un des Chefs des Tartares , commandez pour
l'expédition de Perse , dépêcha au Khan de Crimée
: ( on ne marque point le jour ) un Courrier
arrivé le 18 Juillet à Bacché- Serraï , Capitale du
Païs , par lequel il lui envoïoit la Relation de
deux actions qui s'étoient passées le 22 et le 23
Juin , aux environs de Solak , ( 2 ) entre les Tartares
et les Moscovites. Voici le précis de cette
Relation , où Aslan Ghuirai parlera lui - même :
Après avoir traversé le Païs de Kabarra ( 3 )
(1 ) Les nouvelles contenuës dans toutes ces Lettres
·sont inserées dans les derniers Mercures.
(2 ) Solak , ou Sancta - Croce, Ville bâtie par les
Moscovites , au pied du Mont Caucase.
(3 ) Grand Pais de Circassie , dont les Turcs et
+
NOVEMBRE. 1733. 2473
et le Fleuve Terki , sans rencontrer aucun obstacle
sur notre route , nous arrivâmes à une Riviere
appellée Cic , que nous passâmes aussi
sans difficulté , mais à peine toutes nos Troupes
furent- elles de l'autre côté , que nous vf ,
mes paroître un gros Corps de Moscovites.
Nous fîmes alte sur le champ , et nous nous
mîmes en bataille ; mais le Capidgi - Bachi du
G. S. qui par ordre de Sa Hautesse nous accompagnoit
dans notre marche , étant d'avis
que nous ne fissions aucun mouvement , pour
que que les Moscovites ne pussent pas dire
que
nous cussions violé la paix les premiers ; il
"s'avança vers leur General et lui demanda si
nous devions les regarder comme amis ou
" comme ennemis Ce General lui répondit
qu'ils étoient amis des Tartares : Pourquoi
donc , repartit le Capidgi , paroissez vous disposez
à nous empêcher de suivre notre route ?
Parce que vous êtes sur nos Terres , repliquerent
les Moscovites : Mais, dit alors le Capidgi
: Nous ne voulons aller que par des Montagnes
incultes, où nous ne pouvons vous causer
aucun dommage ; N'importe, reprit ce General,
ces Montagnes nous appartiennent aussi ,
, et nous ne vous permettrons d'y passer qu'à
condition que vous nous payerez un droit de
Péage. Le Capidgi - Bachi lui représenta qu'il
n'étoit pas fondé à vouloir exiger aucun tribut
des Tartares , et que s'il s'obstinoit à re-
» fuser le passage à des peuples amis, qui ne pen-
"
ע
"
Its Moscovites se contestent la Souveraineté, et dont
les Tartares Circasses qui l'habitent , font partie
sous la domination du G. S. et partie sous celle de
la Czarine.
G soient
2474 MENCURE DE FRANCE
33
nous
soient à faire aucun désordre sur les Terres de
la Czarine , il pourroit en resulter des brouilleries
entre leurs Cours respectives , dont il seroit
à craindre que les suites ne devinssent tresfâcheuses.
Alors les Moscovites lui offrirent de
nous laisser passer au nombre de dix mille seulement
; mais le Capidgi ayant répondu qu'il
ne nous étoit pas possible de consentir à
partager , et les Moscovites s'opiniâtrant dans
leur premier refus , il vint nous rejoindre, et sur
" le rapport qu'il nous fit du peu de succès de sa
négociation , nous tinmes conseil , dont le résultat
fut de continuer notre chemin en bon ordre,
sans attaquer personne , et de nous bien défendre
si l'on nous attaquoit.Dès quenous nous
fûmes remis en marche , les Moscovites firent
avancer leur Infanterie, précédée de treize
Piéces de Canons , et commencerent par en
faire une décharge bientôt suivie de celle
de toute leur Mousqueterie sur un Corps de
Tartares Nogays, qui se trouva le plus exposé,
et qui ne pouvant soutenir un si grand feu ,
prit la fuite avec une perte considérable. Mais
en même temps nos Troupes de Crimée , secondées
des Lesghis , ( 1 ) qui s'étoient joints
A nous , fondirent , le Sabre à la main, sur les
Moscovites; ce Combat fut rude ; et ayant du-
» ré six heures , avec un avantage égal de part
» et d'autre , il nous survint à propos un secours
de 4000 Comouks, ( 2 ) qui déterminerent la
>> victoire de notre côté.
30
→
A
30
(1 ) Les Lesghis sont des Tartares de Montagnes ,
qui habitent celles du Daghestan.
( 2) Les Comouks sont aussi des Montagnards du
Daghestan,et Mahometans,comme les Lesghis:quoi-
Alor
NOVEMBRE. 1733. 2475
Alors les Moscovites se débanderent , et d'en-
❤viron 8 à 10 mille qu'ils étoient , il n'en écha-
»pa qu'un fort petit nombre; nos Troupes étant
si animées , qu'elles poursuivirent les Fuyards
jusqu'à ce qu'elles n'en apperçussent plus aucun.
Le lendemain un Tartare Nogay étant venu
hous avertir de l'approche d'un Convoi de
340 Chariots, chargez de Munitions de guerre.
et de bouche , escortez par 1 500 Moscovites ;
le Sultan Fétih- Ghuirai , notre General , ordonna
à son neveu , le Sultan Sélim Ghuirai
' d'aller à la rencontre de cè Convoi avec 2000
hommes.Il le trouva effectivement au bout de
deux heures de marche , et l'enleva après une
médiocre résistance de la part des Moscovites
leur Commandant fut fait prisonnier , et ils
furent tous tuez ou faits Esclaves , sans qu'un
seul pût se sauver.
29
"
Nous avons gagné dans ces deux actions 13
Pieces de Canons de fønte , les 340 Chariots
chargez de munitions et une grande quantité
d'Esclaves ; et nous avons perdu un Officier
General , deux Mirzas et un assez grand nom-
» bre de Soldats ; du reste , il y a eu peu de biessez
des deux côtez , &c.
29
Quelques jours après l'arrivée de ces nouvelles
à Constantinople , c'est-à - dire le 28 Juillet
la Porte reçut des Lettres du Gouverneur d'Asof
qui confirmerent ces évenemens dans leurs prinqu'ils
soient pour la plus grande partie sous la domination
des Moscovites , ils ont pris les armes
contre eux en cette occasion . Au reste il nefautpas
confondre ces Comouks avec les Calmouks , autre
Peuple Tartare aux environs de Vvolga et d'As-
(TAGAD.
Gij cipales
2476 MERCURE DE FRANCE
cipales circonstances ; ces Lettres contenoient
même d'autres particularitez , qui ne justifiene
pas moins la conduite des Tartares , et qui éta
blissent la nécessité où ils se sont trouvez, malé
gré eux , d'en venir aux mains avec les Moscovites
s'il n'en est point fait mention dans la
Relation d'Aslan Ghuirai, qui a paru icy, et qui
est pleine d'irrégularitez , c'est peut- être parce
que ce Prince en avoit déja informé le Khan ,
avant que de la faire , ou que le traducteur de
sette Piece , pressé de l'envoyer , a supprimé une
partie du détail pour abbréger.
:
Quoiqu'il en soit , le Gouverneur d'Asof
mande qu'ayant le premier combat, il s'étoit fair
réciproquement des propositions entre les Tartares
et les Moscovitesi que ceux- cy persistang
à refuser le passage demandé , qu'ils n'en eussent
reçu l'ordre du Gouverneur d'Astracan , qui
commande dans tout ce Païs- là , avoient souhaité
qu'on leur accordât neuf jours pour pouvoir
faire sçavoir à cet Officier , ce qui se passoit, er
en recevoir une réponse positive , que les Tartares
y avoient aquiescé ; mais que prés de trois
semaines s'étant écoulées sans que cette Répon
se vint ; ils en avoient conçu quelque défiance s'
qu'un de leurs Partis étant allé à la découverte,
at ayant amené au Camp six Moscovites , qu'ils
avoient rencontrez , on les avoit menacez de la
mort, s'ils ne disoient la véritable cause de tous
ces délais ; que ces prisonniers , pressez par la
crainte , avoient enfin avoué , que l'unique vue
des Moscovites avoit été d'amuser les Tartares et de gagner
du temps
, jusqu'à
ce qu'ils
eussene reçu un renfort
de Troupes
qui étoit
en marche
pour les joindre
; que sur cet aveu les Tartares
se résolurent
au combat
; que pour tromper
NOVEMBRE . 1733 2479
ཝཱ
per les Moscovites , ils avoient la nuit suivante
allumé beaucoup de feux dans leur camp , qu'ils
en étoient sortis ensuite pour s'aller poster dans
un endroit avantageux , d'où ils pourroient
prendre leurs ennemis en flanc , et que ce Stra
zagême, qui leur réussit , avoit beaucoup contribué
à leur faire remporter la victoire.
D'autres avis venus depuis le 28 Juillet , one
aussi confirmé ce que le Gouverneur d'Asof
ajoutoit encore dans sa Lettre , sçavoir , que le
Convoi de 340 Chariots dont on a parlé , étoit
destiné pour l'Armée Persanne , et qu'il y avoit
beaucoup de Moscovites dans cette armée.
Voilà,Monsieur, depuis que je ne vous ai écrit,
jusqu'au 25 Juillet , la partie la plus vrai - semblable
et la plus claire des nouvelles mal digérées,
et souvent contradictoires , qui se sont débitées
icy sur la marche des Tartares , d'où l'on avoit
inféré qu'ils étoient surement passez en Perse .
-Voicy maintenant le Sommaire des dernieres
nouvelles , qu'on a répandues depuis ce même
jour.Je m'attens qu'elles vous paroîtront comme
à moi , assez obscures , mais il n'a pas dépends
de mes soins d'en dissiper les ténébres , ni d'en
faire un narré plus exact.
Les Tartares étant arrivez dans un Canton
appellé Tchetchené ( 1 ) , le Commandant de So
lak vint se poster , sur le bord du Coyou - Sovi
avec 7 à 8000 hommes , et de l'Artillerie , pour
les empêcher de traverser cette Riviere. Ce Géaéral
des Tartares qui vouloit éviter tout acts
(r ) Tchetchené , est un Païs situé le long du
Mont Caucase , habité par des Komouks , qui n'ont
pas voulu se soumettre à la domination des Mos
Favites
Giij d'hosti2478
MERCURE DE FRANCE
9
d'hostilité , prit une autre route , que des guides
du Païs lui indiquerent , et qui conduit en droiture
à Solak. Les Moscovites ne pouvant les suivre
, parce qu'ils étoient presque tous Infanterie;
leur Commandant détacha un Corps de 1000
Chevaux seulement , pour couper le chemin aux
Tartares , et les arrêter dans un certain endroit
jusqu'à ce qu'il put y arriver avec le reste de ses
Troupes. Les Tartares rencontrerent près de Solak
ee Corps de Cavalerie , qui les. attaqua , et qu'ils
défirent entierement .Peu de temps après le Commandant
Moscovite arrivant avec sa petite aranée
, le combat recommença , mais si désavantageusement
pour lui , qu'il y fut dangereusement
blessé , et qu'il y perdit tout son monde
avec son Artillerie , dont il ne put presque point
faire usage , à cause d'une grosse pluye qui survint
tout d'un coup.
Ces obstacles levez , les Tartares passerent à la
vue de Solak le Coyou- Sovi, quoique les bords.
en soient fort escarpez , et continuant leur marche
vers Derbent , ils firent la rencontre d'un
gros Convoi de Chariots, chargez de munitions
qu'ils enleverent après avoir totalement défait
environ 1500 Moscovites qui l'escortoient;mais
sur la nouvelle de leur approche , beaucoup de
Troupes Moscovites, s'étant rassemblées à Derbent
, ils y furent arrêtez et ne purent passer
outre.
3
On présume cependant que les Comouks , qui
sont dispersez en un grand nombre d'Hordes ou
Tribus , tant en deçà qu'en delà de cette Place ;
s'étant unis aux Tartares , les Moscovites n'au
ront pû leur disputer long- temps ce passage ,
les empêcher d'entrer. dans le Daghestan , qui
n'en est qu'à deux journées , et delà en Géorgie.
ni
Ce
NOVEMBRE. 1733. 2479
Ce fut même sur cette présomption bien fon
dée , que M. de Neplieuf , Résident de Moscovie
, ayant prié dernierement le Grand Visir àu
nom de la Czarine , d'envoyer des ordres aux
Tartares pour qu'ils se désistassent de leur entreprise
de passer en Perse , et qu'ils s'en retournassent
chez eux , que ce premier Ministre de
P'Empire Otoman lui répondit avec raison , que
vû la situation où étoient les choses au départ du
Courrier qui avoit apporté les dernieres nouvelles
; il seroit à present d'une nullité absoluë d'envoyer
aux Tartares les ordres qu'il demandoit ,
parce qu'avant que celui qui en seroit le porteur
put arriver à Derbent , il étoit moralement
certain que les Tartares auroient été obligez de
prendre un parti, soit en forçant le passage qu'on
Jeur disputoit , soit en se jettant d'un autre côté ,
suivant que la necessité où ils se seroient trou
vez , les auroit déterminez .
On ajoute que dans la partie du Kabarta qui
reconnoît la Czarine pour sa Souveraine , il y
avoit depuis un an 300 Moscovites , que cette
Princesse y avoit envoyez pour soutenir les habitans
de cette Contrée ; que ces Moscovites
ayant appris que leurs gens avoient été battus
en plusieurs rencontres par les Tartares qui
étoient passez , et appréhendant que ceux qui
gont dans l'autre partie du Kabarta soumise av
G.S.ne vinssent les massacer, ils avoient deman
dé au Chef qui commande dans le Kabarta Czarien
, la permissión de se retirer , et une escorte
pour le faire en sureré : que ce Commandant
leur avoit répondu qu'ils pouvoient toujours
partir , et qu'il alloit incessamment les faire suivre
par un nombre suffisant d'hommes pour les
garantir de toute insake ; mais qu'au lieu de leur
G iiij
tenir
240
MERCURE DE
FRANCE
tenir parole , bien loin de leur envoyer du se
cours ; il avoit fait donner avis de leur retraite
au fils du Khan de Crimée, qui
commande dans
le Kabarta , soumis à la Porte ; et que ce Prince
à la tête d'un grand nombre de Tartares , étant
venu fondre sur les 300
Moscovites , les avois
tout passez au fil de l'Epée . 12
On ne sçait point encore quelles suites pourront
avoir toutes ces affaires ; ce qu'il y a de
certain , c'est que sur les premieres nouvelles
qu'on en a reçu à
Constantinople , les Ministres
de la Porte ont fait embarquer en diligence pen
dant plusieurs jours sur des Bâtimens du Païs
beaucoup d'Artillerie et d'autres munitions de
guerre et de bouche qui sont partis de la Mer
noire pour Asof, afin de mettre cette Place en
état de deffense , en cas d'une rupture avec les
Moscovites. Je suis , &c.
P. V. D.
Fermer
Résumé : De Constantinople, le 6 Septembre 1733.
En septembre 1733, un rapport de Constantinople décrit les mouvements des Tartares de Crimée, envoyés par la Porte en Perse. Ces Tartares ont traversé le Caucase, évitant les terres moscovites, pour atteindre la Géorgie puis le Daghestan, où ils ont été rejoints par les Lesghis. Leur progression vers la Perse est confirmée, mais des divergences existent sur leur passage à Derbent. Les Moscovites les ont arrêtés, mais des rapports contradictoires circulent. Aslan Ghuirai, chef des Tartares, a rapporté deux affrontements près de Solak entre les Tartares et les Moscovites. Après avoir traversé le pays de Kabarta et le fleuve Terki sans obstacle, les Tartares ont été confrontés par les Moscovites qui exigeaient un droit de passage. Malgré les négociations, les Moscovites ont attaqué, mais les Tartares, soutenus par les Lesghis et les Comouks, ont remporté la victoire. Ils ont capturé des canons, des chariots de munitions et fait des prisonniers. Des lettres du gouverneur d'Asof confirment ces événements et ajoutent que les Moscovites cherchaient à gagner du temps pour renforcer leurs troupes. Les Tartares, ayant découvert cette stratégie, ont attaqué et vaincu les Moscovites lors d'un second affrontement. Plus récemment, les Tartares ont contourné les forces moscovites près de Solak et ont traversé le Coyou-Sovi. Ils ont ensuite rencontré et défait un convoi moscovite près de Derbent, mais ont été arrêtés par des renforts moscovites. Il est présumé que les Comouks, alliés des Tartares, pourraient faciliter leur passage vers la Géorgie. Le Grand Visir a refusé de donner des ordres aux Tartares, estimant que la situation avait déjà évolué. Dans la région du Kabarta, les Moscovites ont rencontré une résistance des Tartares. Dans une partie du Kabarta reconnaissant la Czarine comme souveraine, 300 Moscovites, envoyés pour soutenir les habitants, ont appris que leurs compatriotes avaient été battus par les Tartares. Craignant une attaque, ils ont demandé la permission de se retirer et une escorte au chef local, qui a accepté mais a ensuite trahi sa promesse en alertant le fils du Khan de Crimée. Ce dernier a attaqué et massacré les 300 Moscovites. À Constantinople, les ministres de la Porte ont réagi en envoyant des munitions et de l'artillerie à Asof pour se préparer à une éventuelle rupture avec les Moscovites. Les conséquences de ces événements restent incertaines.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
18
p. 2886-2892
LETTRE de Constantinople, écrite le 20. Septembre 1733. sur le Passage des Tartares en Perse.
Début :
Le passage des Tartares en Perse, n'est plus problêmaque, Monsieur, les nouvelles qui [...]
Mots clefs :
Tartares, Perse, Moscovites, Passage, Derbent, Chemin, Daghestan, Lezghiens, Achmet Pacha, Thamas Kouli-Kan
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de Constantinople, écrite le 20. Septembre 1733. sur le Passage des Tartares en Perse.
LETTRE de Constantinople , écrite le
20. Septembre 1733. sur le Passage des
Tartares en Perse.
E
problêmatique , Monsieur , les nouvelles qui
en sont venues le 14. de ce mois , dans une Lettre
écrite au Grand- Visir , par le Pacha de Ghend.
gé en Géorgie , sont si positives , qu'à moins de
faire une profession outrée du Pyrrhonisme, on ne
peut plus révoquer en doute ce passage , d'autant
plus que le G. V. a fait venir exprès à la Porte
Mrs les Résidens d'Allemagne et de Moscovie ,
pour le leur notifier et leur communiquer la Lettre
qui en contenoit le détail ; mais avant que je
II. Vol. ✰ vous
1
DECEMBRE. 1733. 2887
vous le communique aussi , il faut que je me re-.
leve moi - même sur deux erreurs qui me sont
échappées en suivant une mauvaise Carte et des
Memoires mal conçus , quand je vous écrivis le
6. de ce mois . Je vous marquai alors qu'on présumoit
que les Moscovites n'auroient pû disputer
long- temps le passage de Derbentaux Tartares ,
ni les empêcher d'entrer dans le Daghestan , et
de- là en Georgie , & c.
Premierement les Tartares allant de Crimée en
Perse , il a fallu qu'après avoir passé le grand et
le petit Cabarta , Pays qui fait partie de la Tar
tarie Circassienne , ils soient tombez dans le
Daghestan , et qu'ils Payent traversé avant que
d'arriver à Derbent , qui est dans le Chirvan ,
Province contigue à celle du Daghestan , ainsi il
ne pouvoit plus être question de les empêcher
de penetrer dans cette derniere Province , puisqu'ils
l'avoient déja passé , et en second lieu , il
étoit ridicule de faire entrer les Tartares du Daghestan
dans la Géorgie , puisque par rapport à
la route qu'ils avoient à faire , la Georgie se
trouvant à côté , et de plus sous la domination
du G. S. ils se seroient tout à la fois détournez
de leur chemin et de leur objet , qui étoit d'aller
piller en Perse . Je reviens à la Lettre du Pacha
de Ghendgé , que voici en subttance
Les Tartares , après les divers combats avec les
Moscovites , dont je vous ai parlé dans ma Lettre
du 6. de ce mois , * continuant leur marche
par le Daghestan , au nombre de 30000. hommes
, arriverent près d'une Peuplade de Lesghis ,
Imprimée dans le Mercure de Novembre,
page 2471 .
II. Vol. appellez
2888 MERCURE DE FRANCE
appellez Imas , de nom du Ima , que porte le
principal lieu de leur canton , qui n'est éloigné
de Derbent que de trois journées . Le Chef
de ce Peuple , sur l'avis qu'il eut de l'approche
des Tartares , s'empressa d'envoyer son fils audevant
d'eux pour leur offrir d'unir ses forces
aux leurs et de les mener lui - même en Perse par
un chemin qu'il sçavoit.
Le Sultan Fethi - Ghuirai , General des Tartares
, accepta volontiers de si belles offres , et les
Imas l'ayant joint en grand nombre avec leur
Chef , les deux Armées marcherent ensemble ;
mais au bout de trois jours il fut bien surpris de
se voir dans un Village à une lieuë de Derbent
seulement.
Les Imas qui passent pour les plus scrupuleux
de tous les Mahometans de ces Contrées , et qui
par motif de Religion , trouvent le joug de la
Moscovie d'autant plûs insupportable , ne respirant
que la révolte , avoient exprès conduit les
Tartares dans cet endroit , dans l'esperance que
ne pouvant plus reculer , la necessité les obligeroit
à tout entreprendre et à fondre avec eux sur
les Moscovites pour s'ouvrir un passage en Perse
par Derbent. Ils se tromperent cependant dans
leurs conjectures.
Fethi-Ghuirai ne voulut jamais se rendre
aux sollicitations qu'ils lui firent de profiter de
cette occasion , et se retranchant toujours sur les
* Les Imas , les Komouks et beaucoup d'autres
petits Peuples du Caucase , du Daghestan et du
Chirvan , sont tous Lesghis d'origine , de moeurs et
de Religion , et ne different entre eux que par le
nom que chaquePeuplade a pris de celui du Ċamon
où elle s'est établie.
II. Vol. ordres
DECEMBR E. 1733. 2889
ordres précis qu'il avoit de la Porte , de ne point
attaquer les Moscovites le premier , il résolut
de camper aux environs de ce Village et d'essayer
d'obtenir duCommandant de Derbent , par la voie
de négociation, la permission de passer . Il y eut
effectivement plusieurs pour parler à ce sujet ,
mais le Commandant Moscovite , après avoir
amusé long-temps Fethi - Ghuirai , lui ayant à la
fin refusé nettement ce qu'il demandoit , et le
Chef des Imas voyant qu'il ne pouvoit persuader
à ce Sultan de se faire un passage par la force
des armes , il lui dit qu'il sçavoit un autre route
dans une Montague du Caucase ; qu'il n'avoit
pas voulu s'en servir d'abord , parce qu'il y avoit
douze heures de chemin à monter ; qu'elle étoit
d'ailleurs fort difficile et pleine de défilez , gardez
par des détachemens de Moscovites , mais
que puisqu'il étoit déterminé à ne vouloir pas
s'ouvrir le passage par Derbent, quoiqu'il l'assuroit
encore du succès de cette entreprise , s'il la
vouloit tenter , il n'y avoit plus d'autre parti à
prendre que celui de traverser la Montagne dont
il venoit de lui parler ; que cependant , outre les
difficultez qu'ils y rencontreroient , ils devoient
s'attendre à trouver de l'autre côté dans la Plaine
de gros corps de Moscovites , qui leur opposeroient
un pareil obstacle qu'à Derbent, il lui paroissoit
necessaire d'écrire à Soulkai , Khan de
Chamakié , pour le prier de venir avec le plus de
Troupes qu'il pourroit , pour les aider à sortir
de cet embarras , et d'attendre la réponse de ce
Khan , avant que de se mettre en chemin .
Le General Tartare ayant goûté ces dernieres
propositions , le Chef des Imas expedia cinq ou
six hommes, qui connoissant tous les sentiers détournez
de ces Rochers , porterent heureusement
II. Vol. les
2890 MERCURE DE FRANCE
les dépêches de Fethi-Ghuirai au Khan de Cha
makié.
Il est à propos de remarquer ici à l'occasion
de ce Khan , que suivant le Traité des Limites ,
signé le 8. Juillet 1724. entre les Turs et les
Moscovites , par la médiation de M. le Marquis
de Bonnac , alors Ambassadeur du Roy à la Porte
Ottomane , les Lesghis qui se trouvent dans le
Chirvan , s'étant soumis d'eux - mêmes , comme
Mahometans , au G. S. dont ils reclamerent la
protection ; Si Hautesse leur envoya un Khan
pour les commander , auquel il assigna la Vule
de Chamakié pour Capitale de cette nouvelle
Principauté , avec un Territoire qui s'étendoit
d'un côté jusqu'au Confluant du Cur et de l'Araxe
, et que le commencement des confins ayant
été fixé dans ce point de la jonction des deux Fleu
ves , il fut decidé que le côté qui est vers la Terre,
Ferme appartiendroit aux Turcs , celui qui re
garde la Mer , aux Moscovites , et le troisième ,
où est le Guilan , à la Perse.
Le Khan de Chamakié ayaur reçû les Lettres de
Fethi-Ghurai , il fit réponse à ce General qu'il
aloit rassembler les Lesghis et marcher à son
secours, en prenant les Moscovites par les derrie
res. Sur cette réponse , le Sultan er le Chef des
Imas décamperent de leur Village , où ils avoient
- demeuré 34. jours, et prirent le chemin de la
Montagne ; ils y rencontrerent effectivement ca
plusieurs détroits de petits Détachemens de Moscovites
, avec lesquels ils escarmoucherent er
qu'ils mirent en fuite sans s'arrêter : mais quand
ils eurent presque descendu cette Montagne ils
apperçûrent de loin dans la Plaine beaucoup de
Troupes Moscovites.
Le General Tartare persistaut toujours à ne
II. Vol. vouloir
DECEMBR E. 1732. 2891
Vouloir point en venir aux mains avec eux que
dans le cas d'une nécessité inévitable , leur envoya
demander le passage , ce qui lui ayant été
refusé , il continua de descendre jusqu'au pied
du Mont, où il se retrancha pour y attendre en
sureté des nouvelles du Khan Soulkaï , qui ne
paroissoit point encore ; mais après trois jours
d'attente , il le vit venir en bon ordre à la tête
d'une nombreuse troupe de Lesghis. Il sortit
alors de ses retranchemens et mit ses gens ea
bataille pour marcher aux Moscovites , qui
voyant qu'on les alloit mettre entre deux feux et
qu'ils avoient affaire à trop forte partie , se reti-
1erent promptement et laisserent le Champ libre
aux Tartares et aux Imas. Ces deux Peuples se
joignirent bien- tôt aux Lesghis et poursuivirent
leur route vers Chamakié , d'où l'on juge qu'ils
n'auront pas tardé à se répandre tous ensemble
dans le Guilan et dans les autres Provinces de
Perse qui sont au- delà de l'Araxe ,
Dès que le G. V. cut reçû cette nouvelle , il
s'informa des noms des Mirzas et des principaux
Officiers de l'Armée Tartare , et il dépêcha des
Couriers pour leur porter
des présens , avec des
ordres de prendre le chemin d'Amadan,pour unir
leurs forces à celles de Topal Osman Pacha , que
l'on dit avoir déja pris la route de Sina , qui n'est pas fort éloigné d'Amadan.
P. S. du 15. Novembre 1733 .
P. V. D ,
J'avois differé,Monsieur , à vous envoyer la Les
tre que vous venez de lire , par ce que des personnes
qui se croyoient interessées à soutenir que le
passage des Tartares en Perse éloit impossible
par le chemin qu'ils avoient pris , se sont donné
II. Vol
tant
2892 MERCURE DE FRANCE
tant de mouvement et de soins pour répandre
de fausses nouvelles à cet égard dans le Public ,
que je ne sçavois plus moi- même que croire de
ce passage , malgré sa certitude si bien établie par
la Lettre du Pacha de Ghendgé et la démarche
du G. V. auprès de Mrs les Résidens d'Allemagne
et de Russie ; mais l'Aga que la Porte avoit
chargé d'accompagner ces Troupes dans leur
route , étant depuis peu de retour ici de Tauris ,
où il les avoir laissées , je n'hésite plus à vous
envoyer ma Relation , qui est entierement conforme
pour l'essentiel au compte que cet Aga a
rendu de sa Mission à la Porte,
P. V. D.
20. Septembre 1733. sur le Passage des
Tartares en Perse.
E
problêmatique , Monsieur , les nouvelles qui
en sont venues le 14. de ce mois , dans une Lettre
écrite au Grand- Visir , par le Pacha de Ghend.
gé en Géorgie , sont si positives , qu'à moins de
faire une profession outrée du Pyrrhonisme, on ne
peut plus révoquer en doute ce passage , d'autant
plus que le G. V. a fait venir exprès à la Porte
Mrs les Résidens d'Allemagne et de Moscovie ,
pour le leur notifier et leur communiquer la Lettre
qui en contenoit le détail ; mais avant que je
II. Vol. ✰ vous
1
DECEMBRE. 1733. 2887
vous le communique aussi , il faut que je me re-.
leve moi - même sur deux erreurs qui me sont
échappées en suivant une mauvaise Carte et des
Memoires mal conçus , quand je vous écrivis le
6. de ce mois . Je vous marquai alors qu'on présumoit
que les Moscovites n'auroient pû disputer
long- temps le passage de Derbentaux Tartares ,
ni les empêcher d'entrer dans le Daghestan , et
de- là en Georgie , & c.
Premierement les Tartares allant de Crimée en
Perse , il a fallu qu'après avoir passé le grand et
le petit Cabarta , Pays qui fait partie de la Tar
tarie Circassienne , ils soient tombez dans le
Daghestan , et qu'ils Payent traversé avant que
d'arriver à Derbent , qui est dans le Chirvan ,
Province contigue à celle du Daghestan , ainsi il
ne pouvoit plus être question de les empêcher
de penetrer dans cette derniere Province , puisqu'ils
l'avoient déja passé , et en second lieu , il
étoit ridicule de faire entrer les Tartares du Daghestan
dans la Géorgie , puisque par rapport à
la route qu'ils avoient à faire , la Georgie se
trouvant à côté , et de plus sous la domination
du G. S. ils se seroient tout à la fois détournez
de leur chemin et de leur objet , qui étoit d'aller
piller en Perse . Je reviens à la Lettre du Pacha
de Ghendgé , que voici en subttance
Les Tartares , après les divers combats avec les
Moscovites , dont je vous ai parlé dans ma Lettre
du 6. de ce mois , * continuant leur marche
par le Daghestan , au nombre de 30000. hommes
, arriverent près d'une Peuplade de Lesghis ,
Imprimée dans le Mercure de Novembre,
page 2471 .
II. Vol. appellez
2888 MERCURE DE FRANCE
appellez Imas , de nom du Ima , que porte le
principal lieu de leur canton , qui n'est éloigné
de Derbent que de trois journées . Le Chef
de ce Peuple , sur l'avis qu'il eut de l'approche
des Tartares , s'empressa d'envoyer son fils audevant
d'eux pour leur offrir d'unir ses forces
aux leurs et de les mener lui - même en Perse par
un chemin qu'il sçavoit.
Le Sultan Fethi - Ghuirai , General des Tartares
, accepta volontiers de si belles offres , et les
Imas l'ayant joint en grand nombre avec leur
Chef , les deux Armées marcherent ensemble ;
mais au bout de trois jours il fut bien surpris de
se voir dans un Village à une lieuë de Derbent
seulement.
Les Imas qui passent pour les plus scrupuleux
de tous les Mahometans de ces Contrées , et qui
par motif de Religion , trouvent le joug de la
Moscovie d'autant plûs insupportable , ne respirant
que la révolte , avoient exprès conduit les
Tartares dans cet endroit , dans l'esperance que
ne pouvant plus reculer , la necessité les obligeroit
à tout entreprendre et à fondre avec eux sur
les Moscovites pour s'ouvrir un passage en Perse
par Derbent. Ils se tromperent cependant dans
leurs conjectures.
Fethi-Ghuirai ne voulut jamais se rendre
aux sollicitations qu'ils lui firent de profiter de
cette occasion , et se retranchant toujours sur les
* Les Imas , les Komouks et beaucoup d'autres
petits Peuples du Caucase , du Daghestan et du
Chirvan , sont tous Lesghis d'origine , de moeurs et
de Religion , et ne different entre eux que par le
nom que chaquePeuplade a pris de celui du Ċamon
où elle s'est établie.
II. Vol. ordres
DECEMBR E. 1733. 2889
ordres précis qu'il avoit de la Porte , de ne point
attaquer les Moscovites le premier , il résolut
de camper aux environs de ce Village et d'essayer
d'obtenir duCommandant de Derbent , par la voie
de négociation, la permission de passer . Il y eut
effectivement plusieurs pour parler à ce sujet ,
mais le Commandant Moscovite , après avoir
amusé long-temps Fethi - Ghuirai , lui ayant à la
fin refusé nettement ce qu'il demandoit , et le
Chef des Imas voyant qu'il ne pouvoit persuader
à ce Sultan de se faire un passage par la force
des armes , il lui dit qu'il sçavoit un autre route
dans une Montague du Caucase ; qu'il n'avoit
pas voulu s'en servir d'abord , parce qu'il y avoit
douze heures de chemin à monter ; qu'elle étoit
d'ailleurs fort difficile et pleine de défilez , gardez
par des détachemens de Moscovites , mais
que puisqu'il étoit déterminé à ne vouloir pas
s'ouvrir le passage par Derbent, quoiqu'il l'assuroit
encore du succès de cette entreprise , s'il la
vouloit tenter , il n'y avoit plus d'autre parti à
prendre que celui de traverser la Montagne dont
il venoit de lui parler ; que cependant , outre les
difficultez qu'ils y rencontreroient , ils devoient
s'attendre à trouver de l'autre côté dans la Plaine
de gros corps de Moscovites , qui leur opposeroient
un pareil obstacle qu'à Derbent, il lui paroissoit
necessaire d'écrire à Soulkai , Khan de
Chamakié , pour le prier de venir avec le plus de
Troupes qu'il pourroit , pour les aider à sortir
de cet embarras , et d'attendre la réponse de ce
Khan , avant que de se mettre en chemin .
Le General Tartare ayant goûté ces dernieres
propositions , le Chef des Imas expedia cinq ou
six hommes, qui connoissant tous les sentiers détournez
de ces Rochers , porterent heureusement
II. Vol. les
2890 MERCURE DE FRANCE
les dépêches de Fethi-Ghuirai au Khan de Cha
makié.
Il est à propos de remarquer ici à l'occasion
de ce Khan , que suivant le Traité des Limites ,
signé le 8. Juillet 1724. entre les Turs et les
Moscovites , par la médiation de M. le Marquis
de Bonnac , alors Ambassadeur du Roy à la Porte
Ottomane , les Lesghis qui se trouvent dans le
Chirvan , s'étant soumis d'eux - mêmes , comme
Mahometans , au G. S. dont ils reclamerent la
protection ; Si Hautesse leur envoya un Khan
pour les commander , auquel il assigna la Vule
de Chamakié pour Capitale de cette nouvelle
Principauté , avec un Territoire qui s'étendoit
d'un côté jusqu'au Confluant du Cur et de l'Araxe
, et que le commencement des confins ayant
été fixé dans ce point de la jonction des deux Fleu
ves , il fut decidé que le côté qui est vers la Terre,
Ferme appartiendroit aux Turcs , celui qui re
garde la Mer , aux Moscovites , et le troisième ,
où est le Guilan , à la Perse.
Le Khan de Chamakié ayaur reçû les Lettres de
Fethi-Ghurai , il fit réponse à ce General qu'il
aloit rassembler les Lesghis et marcher à son
secours, en prenant les Moscovites par les derrie
res. Sur cette réponse , le Sultan er le Chef des
Imas décamperent de leur Village , où ils avoient
- demeuré 34. jours, et prirent le chemin de la
Montagne ; ils y rencontrerent effectivement ca
plusieurs détroits de petits Détachemens de Moscovites
, avec lesquels ils escarmoucherent er
qu'ils mirent en fuite sans s'arrêter : mais quand
ils eurent presque descendu cette Montagne ils
apperçûrent de loin dans la Plaine beaucoup de
Troupes Moscovites.
Le General Tartare persistaut toujours à ne
II. Vol. vouloir
DECEMBR E. 1732. 2891
Vouloir point en venir aux mains avec eux que
dans le cas d'une nécessité inévitable , leur envoya
demander le passage , ce qui lui ayant été
refusé , il continua de descendre jusqu'au pied
du Mont, où il se retrancha pour y attendre en
sureté des nouvelles du Khan Soulkaï , qui ne
paroissoit point encore ; mais après trois jours
d'attente , il le vit venir en bon ordre à la tête
d'une nombreuse troupe de Lesghis. Il sortit
alors de ses retranchemens et mit ses gens ea
bataille pour marcher aux Moscovites , qui
voyant qu'on les alloit mettre entre deux feux et
qu'ils avoient affaire à trop forte partie , se reti-
1erent promptement et laisserent le Champ libre
aux Tartares et aux Imas. Ces deux Peuples se
joignirent bien- tôt aux Lesghis et poursuivirent
leur route vers Chamakié , d'où l'on juge qu'ils
n'auront pas tardé à se répandre tous ensemble
dans le Guilan et dans les autres Provinces de
Perse qui sont au- delà de l'Araxe ,
Dès que le G. V. cut reçû cette nouvelle , il
s'informa des noms des Mirzas et des principaux
Officiers de l'Armée Tartare , et il dépêcha des
Couriers pour leur porter
des présens , avec des
ordres de prendre le chemin d'Amadan,pour unir
leurs forces à celles de Topal Osman Pacha , que
l'on dit avoir déja pris la route de Sina , qui n'est pas fort éloigné d'Amadan.
P. S. du 15. Novembre 1733 .
P. V. D ,
J'avois differé,Monsieur , à vous envoyer la Les
tre que vous venez de lire , par ce que des personnes
qui se croyoient interessées à soutenir que le
passage des Tartares en Perse éloit impossible
par le chemin qu'ils avoient pris , se sont donné
II. Vol
tant
2892 MERCURE DE FRANCE
tant de mouvement et de soins pour répandre
de fausses nouvelles à cet égard dans le Public ,
que je ne sçavois plus moi- même que croire de
ce passage , malgré sa certitude si bien établie par
la Lettre du Pacha de Ghendgé et la démarche
du G. V. auprès de Mrs les Résidens d'Allemagne
et de Russie ; mais l'Aga que la Porte avoit
chargé d'accompagner ces Troupes dans leur
route , étant depuis peu de retour ici de Tauris ,
où il les avoir laissées , je n'hésite plus à vous
envoyer ma Relation , qui est entierement conforme
pour l'essentiel au compte que cet Aga a
rendu de sa Mission à la Porte,
P. V. D.
Fermer
Résumé : LETTRE de Constantinople, écrite le 20. Septembre 1733. sur le Passage des Tartares en Perse.
Le 20 septembre 1733, une lettre de Constantinople confirme le passage des Tartares en Perse. Les informations, reçues le 14 septembre, proviennent d'une lettre du Pacha de Ghendgé adressée au Grand-Visir. Ce dernier a informé les résidents d'Allemagne et de Moscovie de cet événement. L'auteur corrige deux erreurs précédentes concernant la route des Tartares, précisant qu'ils ont traversé le Daghestan et le Chirvan avant d'atteindre Derbent. Les Tartares, au nombre de 30 000 hommes, ont rencontré les Imas près de Derbent. Le chef des Imas a proposé de guider les Tartares en Perse par un chemin connu de lui, mais le général tartare Fethi-Ghuirai a refusé d'attaquer les Moscovites à Derbent, préférant négocier. Face au refus moscovite, les Tartares ont emprunté une route montagneuse du Caucase, malgré les dangers. Ils ont ensuite été rejoints par le Khan de Chamakié et ses troupes. Les Moscovites, face à cette coalition, se sont retirés. Les Tartares et les Imas, rejoints par les Lesghis, ont poursuivi leur route vers Chamakié, puis vers le Guilan et d'autres provinces persanes. Le Grand-Visir a envoyé des présents et des ordres aux mirzas et officiers tartares pour qu'ils se dirigent vers Amadan afin de renforcer les troupes de Topal Osman Pacha.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
19
p. 91-109
REPONSE du sieur Vojeu de Brunem aux observations du P. Laugier, sur la nouvelle Histoire de la conquête de la Chine.
Début :
Une sage critique ne peut qu'être utile à la véritable histoire des nations [...]
Mots clefs :
Conquête de la Chine, Chine, Histoire, Empire, Empereur, Observateur, Tartares, Conquête, Jean-Baptiste Du Halde, Joseph-Anne-Marie de Moyria de Maillat
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE du sieur Vojeu de Brunem aux observations du P. Laugier, sur la nouvelle Histoire de la conquête de la Chine.
REPONSE du fieur Vojeu de Brunem
aux obfervations du P. Laugier , fur la
nouvelle Hiftoire de la conquête de la
Chine.
NE fage critique ne peut qu'être
tions , & mérite à ce prix un accueil gracieux
de la part des gens de Lettres. Les
obfervations du P. Laugier , inférées dans
le Mercure de France (a ) , font- elles bien
marquées à ce coin de fageffe , qui rend
précieufe la cenfure des vrais fçavans , &
dont un homme de fon état ne s'écarta jamais
fans nuire à coup fûr à la réputation ?
c'eft au public d'en juger : je me préfente
avec confiance à fon tribunal , & j'attends
en paix fa décifion .
Dans la nouvelle hiftoire de la conquête
( a ) Janvier, pag. 147.
92 MERCURE DE FRANCE .
de la Chine , il eft dit que la nation des
Tartares Mancheoux étoit peu connue à la
fin du feizieme fiécle ; que le Prince Taitfong
, le premier des Rois Mancheoux qui
ait pris le titre d'Empereur des Chinois ,
mourut fans laiffer aucun fils qui lui fuccedât
; que la conquête enfin de ce vaſte
empire n'eut proprement lieu que huit ans
après la mort de ce Monarque , à l'occafion
des fuccès du rebelle Lyftching. Or
le P. Laugier emploie environ une vingtaine
de pages d'écriture à combattre vivement
ces trois points . Le défaut de vraifemblance
dans le récit de ce grand événement
eft la premiere raifon qu'il fait valoir
, & cette raifon devient péremptoire ,
felon lui , appuyée de l'autorité du P. Duhalde.
Direz- vous à l'obfervateur que le P. Dahalde
n'a pas été à portée de puifer dans
les fources ? qu'il n'a point lû les auteurs
originaux , Chinois & Tartares ? que fa
magnifique defcription de la Chine , excellente
à bien des égards , n'eft au fond
qu'une compilation des divers mémoires
qui lui étoient envoyés à Paris par fes
confreres de Pekin , où , fans miracle , il
peut s'être gliffé plus d'une erreur ? que la
partie hiftorique fur-tout de ce bel ouvrage
y eft traitée affez légerement , vû la
MARS. 1755.
93
prodigieufe étendue des annales chinoifes?
prierez-vous ce nouveau défenfeur de l'infaillibilité
du P. Duhalde , d'accorder au
moins quelque audience au P. de Mailla ,
célebre Miffionnaire de la Société , qui a
vécu plus de quarante- cinq ans à la Chine
dans l'enceinte du Palais impérial , ou dans
des voyages entrepris par ordre de l'Empereur
exhorterez-vous enfin ce redoutable
juge d'un manufcrit qu'il n'a jamais
lu , à vouloir au moins le parcourir une
fois fans paffion & fans préjugé ? Sa réponfe
eft toute prête & finguliere s'il en fut
jamais la voici. ( b ) Le peu de méthode qui
regne dans fon manufcrit ne nous invitegueres
à le croire. Et d'où fçait-il qu'il manque
de méthode ? on avoue que le ftyle
en eft fort négligé , & l'élocution peu correcte
; mais la méthode y eft à peu - près
telle qu'on a droit de l'attendre .
:
Le P. Obfervateur continue ainfi l'avis
qu'il nous donne fur l'auteur du manuf
crit : ( c ) Le jugement qu'il eft naturel d'en
-porter ( fans avoir lû fon ouvrage , capable
de former plufieurs volumes in - folio )
·le met au rang de ces efprits indulgens , qui
par un excès de bonne foi ne sçauroient avoir
ni certains fcrupules fur la certitude de leurs
(b ) Obferv. pag. 162 .
(c ) Obferv. ibid. & p. 163 , &c .
94 MERCURE DE FRANCE.
garans , ni de grandes attentions dans leurs
recherches , ni beaucoup de délicateffe fur les
preuves d'où notre critique conclut ( d )
qu'il réfulte au moins un doute bien fonde
contre l'exactitude de l'hiftoire manufcrite
qu'on vient d'imprimer à Lyon.
Je laiffe à qui le voudra le foin d'examiner
à loifir fi le P. Laugier mérite ou
non d'être mis au rang des efprits indulgens
, & s'il peche ici par un excès de bonne
foi. Mon deffein eft uniquement de
faire fentir au lecteur combien ce critique
eft lui-même peu fcrupuleux fur fes garans
, peu attentif dans fes recherches , peu
délicat fur fes preuves ; d'où réfulte néceffairement
une forte d'évidence de la frivolité
de fes remarques , tant fur la nouvelle
hiftoire imprimée à Lyon , que fur le
manufcrit dont cette hiftoire eft extraite
comme une centieme partie de fon tout.
Venons au fait.
Une des plus confidérables obfervations
du P. Laugier a pour objet la foibleffe &
l'obfcurité qu'on attribue au peuple Mancheoux
fur la fin du feizieme fiècle . Comment
croire ici le P. de Mailla , s'il réfulte
des faftes du P. Duhalde que les Tartares
ont toujours été plufieurs fiécles , même
( d ) Obfery, pag. 164 .
MARS. $755.
95
avant Jefus-Chrift , autant d'ennemis irréconciliables
des Chinois ? que les Mancheoux
ne font réellement que les Tartares
orientaux , & que ces orientaux , au
commencement du dixieme fiécle ( e ) enrent
la gloire de contraindre un Empereur
à leur céder plufieurs villes & à leur payer
tribut ?
L'objection , j'en conviens , paroîtra
forte à ceux qui n'ont jamais lu , ou qui
n'ont fait que parcourir légerement les faftes
du P. Duhalde , & l'Obſervateur eft
apparemment de ce nombre : mais une
lecture férieufe de ces faftes àuroit appris
au P. Laugier à mieux diftinguer les différentes
nations Tartares , & à ne pas confondre
les nouveaux Mancheoux avec les
anciens , appellés Kins , dont l'empire en
effet fut très- étendu . Il auroit vû de plus
que fur la fin du treizieme fiécle , non feulement
la domination de ces Kins fut ,
comme il le dit (f) , entierement abolie à la
Chine , mais qu'ils furent eux-mêmes prefque
tous exterminés ( par les Mongoux ) : ce
font les termes du P. Duhalde . (g ) Or , en
fuppofantmême comme certain que les nouveaux
Mancheoux defcendoient des Kins ,
( e ) Obferv. pag. 153 .
(f) Obferv. pag. 155 .
(g ) Duhalde , t . 1. pag. 491 ; t . 3. p. 62.5
96 MERCURE DE FRANCE.
ce qui paroît au moins douteux au P. de
Mailla , n'eft- il pas évident qu'une nation
presque toute exterminée vers la fin du treizieme
fiécle , ne pouvoit être un peuple
confidérable au feizieme ? Voilà donc le
P. de Mailla juftifié en ce point par le P.
Duhalde , & , fi je ne me trompe , le critique
confondu par fon oracle même .
Autre preuve fenfible des recherches du
P. Laugier , & de fes connoiffances en fait
d'hiftoire. Il ne peut fe perfuader qu'un
peuple , encore foible & méprifé des Chinois
au feizieme fiécle , ait pu ſe révolter
avec fuccès & faire des conquêtes au fiécle
fuivant. Non , dit le fçavant Obſervateur ,
les hiftoires anciennes & modernes ne nous
apprennent rien qui puiffe accréditer la réalité
d'un pareil foulevement. ( h ) Eft- ce bien en
France ou chez les Hurons qu'on ofe avancer
une auffi étrange propofition ? Que
l'hiftoire ancienne & moderne n'ait rien
appris de pareil au P. Laugier , je veux l'en
croire : mais nos jeunes gens , à peine fortis
du Collége , ignorent - ils le fond du
charmant récit que fait Hérodote du fou-
- levement & des rapides progrès des Perfes
? Cette nation peu connue avant Cyrus ,
ne vint-elle pas à bout , fous la conduite
( b ) Obferv. pag. 150,
de
MARS. 1755. 97
de ce héros , de vaincre les Médes , & de
conquérir leur vaîte Empire ? Les moins
verſés dans l'hiſtoire n'ont- ils pas quelque
idée de l'expédition des Cymbres , qui for
tirent tout-à- coup du Jutland , inonderent
la Germanie & les Gaules , & firent trembler
l'Italie ? Ils n'étoient pas feuls , direz
-vous , ils fe liguerent avec les Teutons.
Mais les Mancheoux firent de même
; ils s'affocierent les Mongoux , anciens
conquérans de la Chine. J'avoue que les
Cymbres furent arrêtés dans leur courfe.
Pourquoi ? parce qu'ils eurent en tête des
Romains , & que les Mancheoux à la Chine
ne furent aux prifes qu'avec des Chinois.
Le P. Laugier lui-même peut- il ne
pas fçavoir ce qu'entreprit Mahomet au
feptiéme fiécle , avec une poignée d'Arabes
, & jufqu'où les premiers Califes , fes
fucceffeurs , étendirent leur domination.
A-t-il oublié ce qui de nos jours eft arrivé
en Perfe , la conquête de cet Empire par
la nation des Aghvans ?
»
Cependant , pourfuit l'élégant Obfer-
» vateur ( i ) , je conviens que la chofe
» n'eft pas phyfiquement impoffible , &
» que fi l'on s'en tenoit toujours à la vraifemblance
, on feroit en danger de re
(i ) Obferv, pag. 150.
E
S MERCURE DE FRANCE.
jetter plus d'une vérité. Mais dès que je
vois la chofe racontée très- différemment
» par un autre auteur , je ne fçaurois fouf
» crire aveuglément à un témoignage qui ,
quoique poftérieur, n'a certainement rien
qui doive lui faire adjuger la préférence.
"
23
Les exemples qu'on vient d'indiquer &
bien d'autres auffi remarquables dans l'hiftoire
ancienne & moderne , prouvent évidemment
que le moral de la chofe va ici
de pair avec le phyfique , c'eſt-à- dire qu'il
n'eft point moralement impoffible qu'une
nation traitée avec mépris par le peuple
dominant , fe fouleve tout-à-coup , & fubjugue
à la fin fes anciens maîtres . Refte à
prononcer fur le fait particulier dont il s'agit
, après avoir pefé dans la balance d'une
critique exemte de paffion les deux autorités
du P. de Mailla & du P. Duhalde. Or , foit
dit encore une fois , il paroît que celle du
premier l'emporte fur l'autre : celui - là
ayant compofé fon hiſtoire chinoiſe fur les
lieux , ayant mis plus de vingt ans à per
fectionner fon ouvrage, ayant lû , analyfé,
confronté les auteurs originaux dans lear
propre langue , fans parler de la facilité
qu'il avoit de fe redreffer en cas de méprife
, par l'examen refléchi qu'il a fait des
quatre volumes du P. Duhalde , fur lefquels
il dit fon fentiment.
M AR S. 1755 99 .
La préfomption deviendra encore plus
forte en faveur du P. de Mailla , fi on veut
bien faire attention à ce qu'il écrit aux fupérieurs
de la province de Lyon & à fes
amis. J'ai ces lettres actuellement fous mes
yeux , & j'y vois qu'un des grands motifs
de ce laborieux Jéfuite dans la compofi
tion de fon hiftoire , fut de communiquer
aux nouveaux Miffionnaires de fa Compa
gnie une vraie érudition chinoife , rien
n'étant plus propre , felon lui , à furprendre
agréablement les Mandarins que de
paroître au fait des différentes révolutions
de l'Empire , & de montrer à propos qu'on
connoît les grands hommes des deux nations
chinoife & tartare. Il eft donc bien
à préfumer que le P. de Mailla mit tous
fes foins à ne rien inférer dans fon ouvrage
qui pût être raisonnablement contefté.
Jugeons- en par l'impreffion que feroit
fur nos François une érudition foible
ou mal digérée fur les antiquités de notre
Monarchie , fur nos Rois & nos héros.
Réuniffons ces circonftances : n'en ré
fulte-t-il pas que l'autorité du P. de Mailla
doit être naturellement préférée à celle du
P. Duhalde , par-tout où l'on voit quelque
différence dans la narration de ces
deux auteurs ? Le P. Laugier néanmoins
interdit à qui que ce foit cette préférence
Eij
100 MERCURE DE FRANCE.
& il l'interdit en maître. Franchement
peut il fe promettre qu'on lui obéira fans
murmurer ?
Murmure injufte , dira- t -on , fi malgré
le long féjour de votre Pere de Mailla å la
Chine , malgré fon application conftante
& toute la bonne volonté que vous lui
fuppofez , ce Miffionnaire fut tel à peuprès
que nous l'a dépeint le Pere Obfervateur
, c'est-à-dire un écrivain indulgent
à l'excès , & ce qu'on appelle en France
un bon homme. C'eft très - bien dit : mais fi
ce portrait eft de pure imagination , que
doit- on penfer du peintre ou du deffinateur
qui l'a croqué ?
Je m'adreffe ici au public , en prenant
la liberté de lui demander s'il eft avantageux
au progrès des connoiffances humaines
, conforme aux loix de l'humanité
& de l'honneur , de deshonorer à fon gré
un auteur illuſtre , également diftingué
par fa naiffance & par les travaux , par fon
caractere & par fes vertus ? de décrier fon
ouvrage fans l'avoir lû , ouvrage intéref
fant pour toute l'Europe , & unique dans
nos climats de jetter une affez forte couche
de ridicule fur les poffeffeurs de fon
manufcrit , gens de lettres par état , & , ffi
on ofe le dire , un peu connoiffeurs , qui
depuis bien des années ne ceffent de mon
?
MARS. :* 1755. 701
trer aux fçavans cette production chinoife ,
comme un des précieux ornemens de leur
magnifique bibliothèque ?
Car enfin , pour revenir à la critique du
P. Laugier , fur quoi eft fondé , je vous
prie , ce terrible arrêt de profcription dont
on appelle ? Qu'on parcoure exactement
les dix-fept pages inférées dans le Mercure
de Janvier , on n'y trouvera aucun grief
folidement établi ; on y entaffe périodes
fur périodes : on y prône le P. Duhalde ,
on y cenfure le P. de Mailla , on y déclame,
& puis c'est tout.
Mais fuis - je moi-même bien en garde
contre l'air de déclamation que je reproche
à l'Obfervateur ? Si fa critique eft des
plus frivoles , ma réponſe l'eft-elle moins ?
Le Lecteur eft ici mon juge , je le fupplie
de m'honorer encore un moment de fon
attention .
Pour déprimer le P. de Mailla , mis en
parallele avec le P. Duhalde , notre critique
affure que ce dernier forma fa defcription
de la Chine fur des mémoires recueillis
avec toutes fortes de foins par les plus
accrédités & les plus capables des Miffionnaires
Chinois. ( k ) Le fait eft certain ; mais
file P. Obfervateur avoit feulement ouvert
( k ) Obferv. p. 163.
E iij
102 MERCURE DE FRANCE.
le premier volume du P. Duhalde , il auroit
vû le nom du P. de Mailla dans la lifte
de ces Miffionnaires les plus accrédités ¿
les plus capables . Ce n'étoit donc pas un
homme fans conféquence , au jugement
du P. Duhalde , cru infaillible par le Pere
Laugier.
J'ajoûterai que le même P. Duhalde ,
fçavant & modefte , & par là vrai fçavant ,
étoit auffi éloigné de s'attribuer quelque
forte d'infaillibilité que de manquer de
confidération à l'égard du P. de Mailla.
Ecoutons - le dans l'extrait que voici d'une
de fes lettres aux PP . Regis & de Mailla ,
datée de Paris le 7 Octobre 1736. » Quoi-
» que j'aie pris toutes les précautions ima
ginables pour ne rien avancer que d'exac-
» tement vrai , fi par la lecture de l'ouvrage,
vous trouvez que je fois tombé
dans quelques méprifes , vous m'obli-
» gerez de me le faire connoître , & je me
» ferai un plaifir d'en inftruire le public ,
» en fuivant vos , corrections , ce qui de-
و ر
viendra une nouvelle preuve de mon
» exactitude. Depuis quinze mois que cette
hiftoire paroît , on me demande déja s'il
» ne m'eft pas venu affez de mémoires
» pour faire un fupplément. Si vous & nos
»autres RR. Peres avez des écrits fur les
» matieres que j'ai traitées , ou fur d'autres
MARS. 1755. 103
» concernant la Chine & la Tartarie , qui
donnent de nouvelles connoiffances , &
» que vous vouliez bien m'en faire part ,
» je ferai ce fupplément . J'y pourrai mettre
la nouvelle carte de la Tartarie , fi
vous jugez à propos de la faire , & j'y
joindrai les raifons qu'on a eues de la
» donner de nouveau , que je tirerai des
» obfervations du P. de Mailla & de celles
>>
que vous m'enverrez. Je fuis avec bien
» du refpect , &c. Duhalde , Jéfuite. Je
laiffe à l'Obfervateur le foin de commenter
intérieurement la fin de cette lettre , &
je paffe à un autre garant bien für du génie
& de la fagacité du P. de Mailla : c'eft
le grand Kang- hi .
Lorfqu'en 1711 ce Monarque ( le Louis
le Grand des Chinois ) eut formé le deffein
de faire lever une carte exacte de fes
Etats , quatre des plus belles & des plus
riches provinces de l'Empire , avec la fameufe
ifle de Formofe , furent affignées aux
Peres Regis , de Mailla & Hinderer ; ils
s'acquitterent en habiles gens de cette importante
commiffion ( 1 ) , & l'Empereur
fut pleinement fatisfait. Ce Prince étoit
donc bien éloigné des fentimens du Pere
Laugier au fujet du P. de Mailla.
(1)Lettres édifiantes , vol . 14.
Eiv
104 MERCURE DE FRANCE.
"
Au fuffrage de l'immortel Kang-hi joignons
celui d'un des Miffionnaires que je
viens de nommer , le fçavant P. Regis,
qui a eu tant de part à la collection du P.
Duhalde. J'ouvre le premier porte-feuille
du manufcrit odieux à l'Obfervateur , &
j'y lis l'atteftation fuivante , écrite & fignée
de la propre main du P. Regis. J'ai lu
» avec foin le manufcrit intitulé : Hiftoire
» générale de la Chine. Cet ouvrage tra
duit du texte chinois des annales , con-
» fronté avec les verfions tartares , faites
» par ordre du dernier Empereur , contient
» non feulement les révolutions arrivées
» au- dedans de l'Empire , & les guerres
» qu'il a eues à foutenir avec les Royaumes
» voiſins , mais encore les maximes de politique
qui ont toujours été les principes
du gouvernement de cette Monarchie.
Il renferme de plus l'ancien livre
» Chou-king , dont on fouhaitoit la tra-
» duction , & le Tchun - tfiou , écrit par
» Confucius , pour l'inftruction des Prin-
» ces : de forte qu'on a dans ce feul ou
vrage prefque tout ce qu'on pouvoit fouhaiter
de fçavoir fur ce vafte Empire :
ainfi je le juge digne de l'attention du
public. Fait à Peking , ce 2 Juin 1727 .
J. Bapt . Regis , de la Compagnie de Je-
» fus.
MARS. 1755. 105
Feu M. Freret , Secrétaire perpétuel de
l'Académie royale des Belles- Lettres , fut
de l'aveu de fes illuftres confreres , & , ce
qui revient au même , de l'aveu de tous
les fçavans , un de ces critiques confommés
qui font honneur à leur fiécle. Jufte appréciateur
des ouvrages qui lui tomboient
fous la main , il en découvroit bientôt le
fort & le foible ; j'ofe même dire que fon
caractere franc & loyal ne lui permit jamais
de diffimuler fes fentimens , quand
l'intérêt des lettres ou quelqu'autre pareil
devoir exigeoit de lui qu'il les fit connoître.
Sa politeffe , à la vérité , étoit extrême
: c'est l'efprit dominant de fa compagnie
; mais un beau génie , un coeur
droit , un fçavant du premier ordre fçut
toujours allier l'amour du vrai avec les
regles de la politeffe la plus exacte.
Or deux lettres de ce célébre Académieien
, que je fuis en état de produire ent
original , font foi des démarches qu'il fai
foit actuellement , par lui - même ou par fes
amis , auprès de M. le Duc d'Antin , pour
procurer l'honneur de l'impreffion royale
à l'hiftoire du P. de Mailla. Voici fes propres
termes dans la lettre du 29 Août
1735 , adreffée au P. Morand , Prefet des
hautes études du Collège de Lyon. » Je
me préparois à yous renvoyer le manuf
Ev
106 MERCURE DE FRANCE.
» crit du P. de Mailla , après en avoir tiré
» un extrait ( de la préface ) . J'y ai trouvé
», une notice excellente des différentes hif-
» toires générales de la Chine . Quoique
» j'euſſe déja connoiffance d'une partie de
» ces chofes , j'y ai trouvé un détail qui
» m'a fait un très-grand plaifir. Je vois
par la lettre de M. le Prévôt des Marchands
( Camille Perrichon , Confeiller
» d'Etat , nom à jamais immortel dans le
» coeur des Lyonnois ) , que le fieur de
» Tournes paroît avoir deffein de fe char-
» ger de l'impreffion de cet ouvrage. Ce
fera un grand avantage que la chofe fe
» faffe fous vos yeux ; mais à l'égard des
» cartes & des figures , je crois qu'il fau
droit les faire graver ici , & je me chargerois
de conduire l'ouvrage , & de choi
» fir les Graveurs ... . La publication de
» cette hiftoire autentique devroit cepen-
" dant être revêtue ici d'une autorité
» femblable à celle avec laquelle elle a
paru à la Chine par les ordres de Kang-
» hi ..... C'eft une difficulté qui n'eſt pas
»infurmontable , fi l'on pouvoit infpirer
cette envie à la Cour , au Cardinal de
» Fleuri , au Garde des Sceaux , & c. «
En parlant du Profpectus qu'il vouloit faire
lui-même , il dit ; je crois , fauf meilleur
» avis , qu'il feroit à propos de le mettre
»
"
MAR S. 1755. 107
» dans le Mercure de France : cet ouvrage
» va par-tout , & tout le monde le lit ; ce
» n'eft plus le Mercure galant d'autrefois .
La 2 lettre du 23 Novembre témoigne
le même empreffement pour faire honneur
au P. de Mailla . On y voit auſſi un
trait remarquable de la critique exacte &
févere de M. Freret. » J'ai écrit au R. P.
» de Mailla pour le remercier la diffi-
» culté que je propofois au fujet de la maniere
dont il parle de la chronologie ,
» ne tombe pas fur le fond même de cette
chronologie ; mais la certitude parfaite
qu'il femble lui attribuer , fans parler
» des controverfes qui font parmi les fça-
» vans Chinois , au fujet des tems anté-
» rieurs au huitiéme fiècle avant J. C.
"
Quoique le tribunal ait pris un parti ,
» qui eft celui que fuit le texte traduit par
» le R. P. de Mailla , il y a de grandes va-
» riétés là- deflus , & je voudrois que le
» R. P. de Mailla l'eût fait fentir.
Ne pourrois je pas ajouter ici un affez
bon nombre d'autres fuffrages favorables à
l'hiftoire du P. de Mailla ? 1 °. Les termes
dont fe fervit , il y a environ dix ans , un
grand Miniftre qui paffoit à Lyon , & à
qui j'eus l'honneur de préfenter le manuf
crit en queftion : Je connois cet ouvrage ,
me dit- il avec bonté , ilfaut penfer férieuseÉ
vj
108 MERCURE DE FRANCE.
ment à le donner au public : mais prenez -J
garde , l'écriture paroit s'effacer en quelques
endroits ; ayez foin d'enfaire tirer une copie.
2 °. L'eitime finguliere qu'en faifoit ,
après l'avoir lu en partie , un de nos anciens
Prévôts des Marchands *, fils & pere
de Prévôt des Marchands , d'un vafte fçavoir
& d'un goût exquis , auffi habile Académicien
que Magiftrat refpectable à tous
égards , qui n'a ceflé de cultiver les lettres
& de nous édifier par fes vertus
qu'en ceffant de vivre.
de Paris
3 ° . Les lettres que j'ai reçues
depuis la publication des deux petits volumes
de la conquête de la Chine , qui
toutes m'exhortent vivement à travailler
fur le manufcrit du P. de Mailla , ainfi
que fur l'accord de chronologie du P. Regis.
Parmi ces lettres il en eft une fur- tout
d'un fçavant Académicien à qui j'étois abfolument
inconnu . Il m'affure prendre
beaucoup d'intérêt à la grande hiftoire de
Ja Chine déposée au Collège de Lyon , &
veut bien m'encourager à en pourfuivre l'édition
, finon en gros , du moins en détail .
Les traits obligeans dont il m'honore font
moins flateurs mei pour que les offres qu'il
me fait de fon fecours. Tout le contenu
Feu M. le Préfident Dugas.
MAR S. 1755. 109
de fa lettre eft une expreffion vive de la
bonté de fon coeur , & de ce zéle ardent
pour le progrès des lettres qui l'anime ,
lui & fes illuftres collégues ; auffi ne doutai
-je pas qu'en profitant des lumieres de
ces Meffieurs , je ne puffe rendre mes extraits
du P. de Mailla propres à mériter
l'attention du public.
Au reste , les lettres qu'on a rapportées
ou indiquées dans cette réponſe , peuvent
fe voir aisément dans la bibliotheque du
grand College de Lyon.
aux obfervations du P. Laugier , fur la
nouvelle Hiftoire de la conquête de la
Chine.
NE fage critique ne peut qu'être
tions , & mérite à ce prix un accueil gracieux
de la part des gens de Lettres. Les
obfervations du P. Laugier , inférées dans
le Mercure de France (a ) , font- elles bien
marquées à ce coin de fageffe , qui rend
précieufe la cenfure des vrais fçavans , &
dont un homme de fon état ne s'écarta jamais
fans nuire à coup fûr à la réputation ?
c'eft au public d'en juger : je me préfente
avec confiance à fon tribunal , & j'attends
en paix fa décifion .
Dans la nouvelle hiftoire de la conquête
( a ) Janvier, pag. 147.
92 MERCURE DE FRANCE .
de la Chine , il eft dit que la nation des
Tartares Mancheoux étoit peu connue à la
fin du feizieme fiécle ; que le Prince Taitfong
, le premier des Rois Mancheoux qui
ait pris le titre d'Empereur des Chinois ,
mourut fans laiffer aucun fils qui lui fuccedât
; que la conquête enfin de ce vaſte
empire n'eut proprement lieu que huit ans
après la mort de ce Monarque , à l'occafion
des fuccès du rebelle Lyftching. Or
le P. Laugier emploie environ une vingtaine
de pages d'écriture à combattre vivement
ces trois points . Le défaut de vraifemblance
dans le récit de ce grand événement
eft la premiere raifon qu'il fait valoir
, & cette raifon devient péremptoire ,
felon lui , appuyée de l'autorité du P. Duhalde.
Direz- vous à l'obfervateur que le P. Dahalde
n'a pas été à portée de puifer dans
les fources ? qu'il n'a point lû les auteurs
originaux , Chinois & Tartares ? que fa
magnifique defcription de la Chine , excellente
à bien des égards , n'eft au fond
qu'une compilation des divers mémoires
qui lui étoient envoyés à Paris par fes
confreres de Pekin , où , fans miracle , il
peut s'être gliffé plus d'une erreur ? que la
partie hiftorique fur-tout de ce bel ouvrage
y eft traitée affez légerement , vû la
MARS. 1755.
93
prodigieufe étendue des annales chinoifes?
prierez-vous ce nouveau défenfeur de l'infaillibilité
du P. Duhalde , d'accorder au
moins quelque audience au P. de Mailla ,
célebre Miffionnaire de la Société , qui a
vécu plus de quarante- cinq ans à la Chine
dans l'enceinte du Palais impérial , ou dans
des voyages entrepris par ordre de l'Empereur
exhorterez-vous enfin ce redoutable
juge d'un manufcrit qu'il n'a jamais
lu , à vouloir au moins le parcourir une
fois fans paffion & fans préjugé ? Sa réponfe
eft toute prête & finguliere s'il en fut
jamais la voici. ( b ) Le peu de méthode qui
regne dans fon manufcrit ne nous invitegueres
à le croire. Et d'où fçait-il qu'il manque
de méthode ? on avoue que le ftyle
en eft fort négligé , & l'élocution peu correcte
; mais la méthode y eft à peu - près
telle qu'on a droit de l'attendre .
:
Le P. Obfervateur continue ainfi l'avis
qu'il nous donne fur l'auteur du manuf
crit : ( c ) Le jugement qu'il eft naturel d'en
-porter ( fans avoir lû fon ouvrage , capable
de former plufieurs volumes in - folio )
·le met au rang de ces efprits indulgens , qui
par un excès de bonne foi ne sçauroient avoir
ni certains fcrupules fur la certitude de leurs
(b ) Obferv. pag. 162 .
(c ) Obferv. ibid. & p. 163 , &c .
94 MERCURE DE FRANCE.
garans , ni de grandes attentions dans leurs
recherches , ni beaucoup de délicateffe fur les
preuves d'où notre critique conclut ( d )
qu'il réfulte au moins un doute bien fonde
contre l'exactitude de l'hiftoire manufcrite
qu'on vient d'imprimer à Lyon.
Je laiffe à qui le voudra le foin d'examiner
à loifir fi le P. Laugier mérite ou
non d'être mis au rang des efprits indulgens
, & s'il peche ici par un excès de bonne
foi. Mon deffein eft uniquement de
faire fentir au lecteur combien ce critique
eft lui-même peu fcrupuleux fur fes garans
, peu attentif dans fes recherches , peu
délicat fur fes preuves ; d'où réfulte néceffairement
une forte d'évidence de la frivolité
de fes remarques , tant fur la nouvelle
hiftoire imprimée à Lyon , que fur le
manufcrit dont cette hiftoire eft extraite
comme une centieme partie de fon tout.
Venons au fait.
Une des plus confidérables obfervations
du P. Laugier a pour objet la foibleffe &
l'obfcurité qu'on attribue au peuple Mancheoux
fur la fin du feizieme fiècle . Comment
croire ici le P. de Mailla , s'il réfulte
des faftes du P. Duhalde que les Tartares
ont toujours été plufieurs fiécles , même
( d ) Obfery, pag. 164 .
MARS. $755.
95
avant Jefus-Chrift , autant d'ennemis irréconciliables
des Chinois ? que les Mancheoux
ne font réellement que les Tartares
orientaux , & que ces orientaux , au
commencement du dixieme fiécle ( e ) enrent
la gloire de contraindre un Empereur
à leur céder plufieurs villes & à leur payer
tribut ?
L'objection , j'en conviens , paroîtra
forte à ceux qui n'ont jamais lu , ou qui
n'ont fait que parcourir légerement les faftes
du P. Duhalde , & l'Obſervateur eft
apparemment de ce nombre : mais une
lecture férieufe de ces faftes àuroit appris
au P. Laugier à mieux diftinguer les différentes
nations Tartares , & à ne pas confondre
les nouveaux Mancheoux avec les
anciens , appellés Kins , dont l'empire en
effet fut très- étendu . Il auroit vû de plus
que fur la fin du treizieme fiécle , non feulement
la domination de ces Kins fut ,
comme il le dit (f) , entierement abolie à la
Chine , mais qu'ils furent eux-mêmes prefque
tous exterminés ( par les Mongoux ) : ce
font les termes du P. Duhalde . (g ) Or , en
fuppofantmême comme certain que les nouveaux
Mancheoux defcendoient des Kins ,
( e ) Obferv. pag. 153 .
(f) Obferv. pag. 155 .
(g ) Duhalde , t . 1. pag. 491 ; t . 3. p. 62.5
96 MERCURE DE FRANCE.
ce qui paroît au moins douteux au P. de
Mailla , n'eft- il pas évident qu'une nation
presque toute exterminée vers la fin du treizieme
fiécle , ne pouvoit être un peuple
confidérable au feizieme ? Voilà donc le
P. de Mailla juftifié en ce point par le P.
Duhalde , & , fi je ne me trompe , le critique
confondu par fon oracle même .
Autre preuve fenfible des recherches du
P. Laugier , & de fes connoiffances en fait
d'hiftoire. Il ne peut fe perfuader qu'un
peuple , encore foible & méprifé des Chinois
au feizieme fiécle , ait pu ſe révolter
avec fuccès & faire des conquêtes au fiécle
fuivant. Non , dit le fçavant Obſervateur ,
les hiftoires anciennes & modernes ne nous
apprennent rien qui puiffe accréditer la réalité
d'un pareil foulevement. ( h ) Eft- ce bien en
France ou chez les Hurons qu'on ofe avancer
une auffi étrange propofition ? Que
l'hiftoire ancienne & moderne n'ait rien
appris de pareil au P. Laugier , je veux l'en
croire : mais nos jeunes gens , à peine fortis
du Collége , ignorent - ils le fond du
charmant récit que fait Hérodote du fou-
- levement & des rapides progrès des Perfes
? Cette nation peu connue avant Cyrus ,
ne vint-elle pas à bout , fous la conduite
( b ) Obferv. pag. 150,
de
MARS. 1755. 97
de ce héros , de vaincre les Médes , & de
conquérir leur vaîte Empire ? Les moins
verſés dans l'hiſtoire n'ont- ils pas quelque
idée de l'expédition des Cymbres , qui for
tirent tout-à- coup du Jutland , inonderent
la Germanie & les Gaules , & firent trembler
l'Italie ? Ils n'étoient pas feuls , direz
-vous , ils fe liguerent avec les Teutons.
Mais les Mancheoux firent de même
; ils s'affocierent les Mongoux , anciens
conquérans de la Chine. J'avoue que les
Cymbres furent arrêtés dans leur courfe.
Pourquoi ? parce qu'ils eurent en tête des
Romains , & que les Mancheoux à la Chine
ne furent aux prifes qu'avec des Chinois.
Le P. Laugier lui-même peut- il ne
pas fçavoir ce qu'entreprit Mahomet au
feptiéme fiécle , avec une poignée d'Arabes
, & jufqu'où les premiers Califes , fes
fucceffeurs , étendirent leur domination.
A-t-il oublié ce qui de nos jours eft arrivé
en Perfe , la conquête de cet Empire par
la nation des Aghvans ?
»
Cependant , pourfuit l'élégant Obfer-
» vateur ( i ) , je conviens que la chofe
» n'eft pas phyfiquement impoffible , &
» que fi l'on s'en tenoit toujours à la vraifemblance
, on feroit en danger de re
(i ) Obferv, pag. 150.
E
S MERCURE DE FRANCE.
jetter plus d'une vérité. Mais dès que je
vois la chofe racontée très- différemment
» par un autre auteur , je ne fçaurois fouf
» crire aveuglément à un témoignage qui ,
quoique poftérieur, n'a certainement rien
qui doive lui faire adjuger la préférence.
"
23
Les exemples qu'on vient d'indiquer &
bien d'autres auffi remarquables dans l'hiftoire
ancienne & moderne , prouvent évidemment
que le moral de la chofe va ici
de pair avec le phyfique , c'eſt-à- dire qu'il
n'eft point moralement impoffible qu'une
nation traitée avec mépris par le peuple
dominant , fe fouleve tout-à-coup , & fubjugue
à la fin fes anciens maîtres . Refte à
prononcer fur le fait particulier dont il s'agit
, après avoir pefé dans la balance d'une
critique exemte de paffion les deux autorités
du P. de Mailla & du P. Duhalde. Or , foit
dit encore une fois , il paroît que celle du
premier l'emporte fur l'autre : celui - là
ayant compofé fon hiſtoire chinoiſe fur les
lieux , ayant mis plus de vingt ans à per
fectionner fon ouvrage, ayant lû , analyfé,
confronté les auteurs originaux dans lear
propre langue , fans parler de la facilité
qu'il avoit de fe redreffer en cas de méprife
, par l'examen refléchi qu'il a fait des
quatre volumes du P. Duhalde , fur lefquels
il dit fon fentiment.
M AR S. 1755 99 .
La préfomption deviendra encore plus
forte en faveur du P. de Mailla , fi on veut
bien faire attention à ce qu'il écrit aux fupérieurs
de la province de Lyon & à fes
amis. J'ai ces lettres actuellement fous mes
yeux , & j'y vois qu'un des grands motifs
de ce laborieux Jéfuite dans la compofi
tion de fon hiftoire , fut de communiquer
aux nouveaux Miffionnaires de fa Compa
gnie une vraie érudition chinoife , rien
n'étant plus propre , felon lui , à furprendre
agréablement les Mandarins que de
paroître au fait des différentes révolutions
de l'Empire , & de montrer à propos qu'on
connoît les grands hommes des deux nations
chinoife & tartare. Il eft donc bien
à préfumer que le P. de Mailla mit tous
fes foins à ne rien inférer dans fon ouvrage
qui pût être raisonnablement contefté.
Jugeons- en par l'impreffion que feroit
fur nos François une érudition foible
ou mal digérée fur les antiquités de notre
Monarchie , fur nos Rois & nos héros.
Réuniffons ces circonftances : n'en ré
fulte-t-il pas que l'autorité du P. de Mailla
doit être naturellement préférée à celle du
P. Duhalde , par-tout où l'on voit quelque
différence dans la narration de ces
deux auteurs ? Le P. Laugier néanmoins
interdit à qui que ce foit cette préférence
Eij
100 MERCURE DE FRANCE.
& il l'interdit en maître. Franchement
peut il fe promettre qu'on lui obéira fans
murmurer ?
Murmure injufte , dira- t -on , fi malgré
le long féjour de votre Pere de Mailla å la
Chine , malgré fon application conftante
& toute la bonne volonté que vous lui
fuppofez , ce Miffionnaire fut tel à peuprès
que nous l'a dépeint le Pere Obfervateur
, c'est-à-dire un écrivain indulgent
à l'excès , & ce qu'on appelle en France
un bon homme. C'eft très - bien dit : mais fi
ce portrait eft de pure imagination , que
doit- on penfer du peintre ou du deffinateur
qui l'a croqué ?
Je m'adreffe ici au public , en prenant
la liberté de lui demander s'il eft avantageux
au progrès des connoiffances humaines
, conforme aux loix de l'humanité
& de l'honneur , de deshonorer à fon gré
un auteur illuſtre , également diftingué
par fa naiffance & par les travaux , par fon
caractere & par fes vertus ? de décrier fon
ouvrage fans l'avoir lû , ouvrage intéref
fant pour toute l'Europe , & unique dans
nos climats de jetter une affez forte couche
de ridicule fur les poffeffeurs de fon
manufcrit , gens de lettres par état , & , ffi
on ofe le dire , un peu connoiffeurs , qui
depuis bien des années ne ceffent de mon
?
MARS. :* 1755. 701
trer aux fçavans cette production chinoife ,
comme un des précieux ornemens de leur
magnifique bibliothèque ?
Car enfin , pour revenir à la critique du
P. Laugier , fur quoi eft fondé , je vous
prie , ce terrible arrêt de profcription dont
on appelle ? Qu'on parcoure exactement
les dix-fept pages inférées dans le Mercure
de Janvier , on n'y trouvera aucun grief
folidement établi ; on y entaffe périodes
fur périodes : on y prône le P. Duhalde ,
on y cenfure le P. de Mailla , on y déclame,
& puis c'est tout.
Mais fuis - je moi-même bien en garde
contre l'air de déclamation que je reproche
à l'Obfervateur ? Si fa critique eft des
plus frivoles , ma réponſe l'eft-elle moins ?
Le Lecteur eft ici mon juge , je le fupplie
de m'honorer encore un moment de fon
attention .
Pour déprimer le P. de Mailla , mis en
parallele avec le P. Duhalde , notre critique
affure que ce dernier forma fa defcription
de la Chine fur des mémoires recueillis
avec toutes fortes de foins par les plus
accrédités & les plus capables des Miffionnaires
Chinois. ( k ) Le fait eft certain ; mais
file P. Obfervateur avoit feulement ouvert
( k ) Obferv. p. 163.
E iij
102 MERCURE DE FRANCE.
le premier volume du P. Duhalde , il auroit
vû le nom du P. de Mailla dans la lifte
de ces Miffionnaires les plus accrédités ¿
les plus capables . Ce n'étoit donc pas un
homme fans conféquence , au jugement
du P. Duhalde , cru infaillible par le Pere
Laugier.
J'ajoûterai que le même P. Duhalde ,
fçavant & modefte , & par là vrai fçavant ,
étoit auffi éloigné de s'attribuer quelque
forte d'infaillibilité que de manquer de
confidération à l'égard du P. de Mailla.
Ecoutons - le dans l'extrait que voici d'une
de fes lettres aux PP . Regis & de Mailla ,
datée de Paris le 7 Octobre 1736. » Quoi-
» que j'aie pris toutes les précautions ima
ginables pour ne rien avancer que d'exac-
» tement vrai , fi par la lecture de l'ouvrage,
vous trouvez que je fois tombé
dans quelques méprifes , vous m'obli-
» gerez de me le faire connoître , & je me
» ferai un plaifir d'en inftruire le public ,
» en fuivant vos , corrections , ce qui de-
و ر
viendra une nouvelle preuve de mon
» exactitude. Depuis quinze mois que cette
hiftoire paroît , on me demande déja s'il
» ne m'eft pas venu affez de mémoires
» pour faire un fupplément. Si vous & nos
»autres RR. Peres avez des écrits fur les
» matieres que j'ai traitées , ou fur d'autres
MARS. 1755. 103
» concernant la Chine & la Tartarie , qui
donnent de nouvelles connoiffances , &
» que vous vouliez bien m'en faire part ,
» je ferai ce fupplément . J'y pourrai mettre
la nouvelle carte de la Tartarie , fi
vous jugez à propos de la faire , & j'y
joindrai les raifons qu'on a eues de la
» donner de nouveau , que je tirerai des
» obfervations du P. de Mailla & de celles
>>
que vous m'enverrez. Je fuis avec bien
» du refpect , &c. Duhalde , Jéfuite. Je
laiffe à l'Obfervateur le foin de commenter
intérieurement la fin de cette lettre , &
je paffe à un autre garant bien für du génie
& de la fagacité du P. de Mailla : c'eft
le grand Kang- hi .
Lorfqu'en 1711 ce Monarque ( le Louis
le Grand des Chinois ) eut formé le deffein
de faire lever une carte exacte de fes
Etats , quatre des plus belles & des plus
riches provinces de l'Empire , avec la fameufe
ifle de Formofe , furent affignées aux
Peres Regis , de Mailla & Hinderer ; ils
s'acquitterent en habiles gens de cette importante
commiffion ( 1 ) , & l'Empereur
fut pleinement fatisfait. Ce Prince étoit
donc bien éloigné des fentimens du Pere
Laugier au fujet du P. de Mailla.
(1)Lettres édifiantes , vol . 14.
Eiv
104 MERCURE DE FRANCE.
"
Au fuffrage de l'immortel Kang-hi joignons
celui d'un des Miffionnaires que je
viens de nommer , le fçavant P. Regis,
qui a eu tant de part à la collection du P.
Duhalde. J'ouvre le premier porte-feuille
du manufcrit odieux à l'Obfervateur , &
j'y lis l'atteftation fuivante , écrite & fignée
de la propre main du P. Regis. J'ai lu
» avec foin le manufcrit intitulé : Hiftoire
» générale de la Chine. Cet ouvrage tra
duit du texte chinois des annales , con-
» fronté avec les verfions tartares , faites
» par ordre du dernier Empereur , contient
» non feulement les révolutions arrivées
» au- dedans de l'Empire , & les guerres
» qu'il a eues à foutenir avec les Royaumes
» voiſins , mais encore les maximes de politique
qui ont toujours été les principes
du gouvernement de cette Monarchie.
Il renferme de plus l'ancien livre
» Chou-king , dont on fouhaitoit la tra-
» duction , & le Tchun - tfiou , écrit par
» Confucius , pour l'inftruction des Prin-
» ces : de forte qu'on a dans ce feul ou
vrage prefque tout ce qu'on pouvoit fouhaiter
de fçavoir fur ce vafte Empire :
ainfi je le juge digne de l'attention du
public. Fait à Peking , ce 2 Juin 1727 .
J. Bapt . Regis , de la Compagnie de Je-
» fus.
MARS. 1755. 105
Feu M. Freret , Secrétaire perpétuel de
l'Académie royale des Belles- Lettres , fut
de l'aveu de fes illuftres confreres , & , ce
qui revient au même , de l'aveu de tous
les fçavans , un de ces critiques confommés
qui font honneur à leur fiécle. Jufte appréciateur
des ouvrages qui lui tomboient
fous la main , il en découvroit bientôt le
fort & le foible ; j'ofe même dire que fon
caractere franc & loyal ne lui permit jamais
de diffimuler fes fentimens , quand
l'intérêt des lettres ou quelqu'autre pareil
devoir exigeoit de lui qu'il les fit connoître.
Sa politeffe , à la vérité , étoit extrême
: c'est l'efprit dominant de fa compagnie
; mais un beau génie , un coeur
droit , un fçavant du premier ordre fçut
toujours allier l'amour du vrai avec les
regles de la politeffe la plus exacte.
Or deux lettres de ce célébre Académieien
, que je fuis en état de produire ent
original , font foi des démarches qu'il fai
foit actuellement , par lui - même ou par fes
amis , auprès de M. le Duc d'Antin , pour
procurer l'honneur de l'impreffion royale
à l'hiftoire du P. de Mailla. Voici fes propres
termes dans la lettre du 29 Août
1735 , adreffée au P. Morand , Prefet des
hautes études du Collège de Lyon. » Je
me préparois à yous renvoyer le manuf
Ev
106 MERCURE DE FRANCE.
» crit du P. de Mailla , après en avoir tiré
» un extrait ( de la préface ) . J'y ai trouvé
», une notice excellente des différentes hif-
» toires générales de la Chine . Quoique
» j'euſſe déja connoiffance d'une partie de
» ces chofes , j'y ai trouvé un détail qui
» m'a fait un très-grand plaifir. Je vois
par la lettre de M. le Prévôt des Marchands
( Camille Perrichon , Confeiller
» d'Etat , nom à jamais immortel dans le
» coeur des Lyonnois ) , que le fieur de
» Tournes paroît avoir deffein de fe char-
» ger de l'impreffion de cet ouvrage. Ce
fera un grand avantage que la chofe fe
» faffe fous vos yeux ; mais à l'égard des
» cartes & des figures , je crois qu'il fau
droit les faire graver ici , & je me chargerois
de conduire l'ouvrage , & de choi
» fir les Graveurs ... . La publication de
» cette hiftoire autentique devroit cepen-
" dant être revêtue ici d'une autorité
» femblable à celle avec laquelle elle a
paru à la Chine par les ordres de Kang-
» hi ..... C'eft une difficulté qui n'eſt pas
»infurmontable , fi l'on pouvoit infpirer
cette envie à la Cour , au Cardinal de
» Fleuri , au Garde des Sceaux , & c. «
En parlant du Profpectus qu'il vouloit faire
lui-même , il dit ; je crois , fauf meilleur
» avis , qu'il feroit à propos de le mettre
»
"
MAR S. 1755. 107
» dans le Mercure de France : cet ouvrage
» va par-tout , & tout le monde le lit ; ce
» n'eft plus le Mercure galant d'autrefois .
La 2 lettre du 23 Novembre témoigne
le même empreffement pour faire honneur
au P. de Mailla . On y voit auſſi un
trait remarquable de la critique exacte &
févere de M. Freret. » J'ai écrit au R. P.
» de Mailla pour le remercier la diffi-
» culté que je propofois au fujet de la maniere
dont il parle de la chronologie ,
» ne tombe pas fur le fond même de cette
chronologie ; mais la certitude parfaite
qu'il femble lui attribuer , fans parler
» des controverfes qui font parmi les fça-
» vans Chinois , au fujet des tems anté-
» rieurs au huitiéme fiècle avant J. C.
"
Quoique le tribunal ait pris un parti ,
» qui eft celui que fuit le texte traduit par
» le R. P. de Mailla , il y a de grandes va-
» riétés là- deflus , & je voudrois que le
» R. P. de Mailla l'eût fait fentir.
Ne pourrois je pas ajouter ici un affez
bon nombre d'autres fuffrages favorables à
l'hiftoire du P. de Mailla ? 1 °. Les termes
dont fe fervit , il y a environ dix ans , un
grand Miniftre qui paffoit à Lyon , & à
qui j'eus l'honneur de préfenter le manuf
crit en queftion : Je connois cet ouvrage ,
me dit- il avec bonté , ilfaut penfer férieuseÉ
vj
108 MERCURE DE FRANCE.
ment à le donner au public : mais prenez -J
garde , l'écriture paroit s'effacer en quelques
endroits ; ayez foin d'enfaire tirer une copie.
2 °. L'eitime finguliere qu'en faifoit ,
après l'avoir lu en partie , un de nos anciens
Prévôts des Marchands *, fils & pere
de Prévôt des Marchands , d'un vafte fçavoir
& d'un goût exquis , auffi habile Académicien
que Magiftrat refpectable à tous
égards , qui n'a ceflé de cultiver les lettres
& de nous édifier par fes vertus
qu'en ceffant de vivre.
de Paris
3 ° . Les lettres que j'ai reçues
depuis la publication des deux petits volumes
de la conquête de la Chine , qui
toutes m'exhortent vivement à travailler
fur le manufcrit du P. de Mailla , ainfi
que fur l'accord de chronologie du P. Regis.
Parmi ces lettres il en eft une fur- tout
d'un fçavant Académicien à qui j'étois abfolument
inconnu . Il m'affure prendre
beaucoup d'intérêt à la grande hiftoire de
Ja Chine déposée au Collège de Lyon , &
veut bien m'encourager à en pourfuivre l'édition
, finon en gros , du moins en détail .
Les traits obligeans dont il m'honore font
moins flateurs mei pour que les offres qu'il
me fait de fon fecours. Tout le contenu
Feu M. le Préfident Dugas.
MAR S. 1755. 109
de fa lettre eft une expreffion vive de la
bonté de fon coeur , & de ce zéle ardent
pour le progrès des lettres qui l'anime ,
lui & fes illuftres collégues ; auffi ne doutai
-je pas qu'en profitant des lumieres de
ces Meffieurs , je ne puffe rendre mes extraits
du P. de Mailla propres à mériter
l'attention du public.
Au reste , les lettres qu'on a rapportées
ou indiquées dans cette réponſe , peuvent
fe voir aisément dans la bibliotheque du
grand College de Lyon.
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Résumé : REPONSE du sieur Vojeu de Brunem aux observations du P. Laugier, sur la nouvelle Histoire de la conquête de la Chine.
Vojeu de Brunem répond aux observations du Père Laugier concernant la 'Nouvelle Histoire de la conquête de la Chine'. Il commence par souligner l'importance d'accueillir gracieusement toute critique et d'évaluer les observations du Père Laugier, publiées dans le Mercure de France, par le public. L'histoire en question affirme que la nation des Tartares Mancheoux était peu connue à la fin du XVIIe siècle, que le Prince Taitfong, premier Empereur des Chinois de cette nation, est mort sans héritier, et que la conquête de l'empire chinois a eu lieu huit ans après sa mort, à l'occasion des succès du rebelle Lyftching. Le Père Laugier conteste ces points dans environ vingt pages, arguant du manque de vraisemblance du récit. Vojeu de Brunem remet en question la fiabilité des sources du Père Duhalde, sur lesquelles s'appuie le Père Laugier. Il suggère que le Père Duhalde n'a peut-être pas eu accès aux sources originales et que son ouvrage est une compilation de mémoires envoyés par ses confrères à Paris. Vojeu de Brunem critique également la méthode et le style du manuscrit du Père Laugier, tout en défendant la méthode et l'érudition du Père de Mailla. Ce dernier a vécu plus de quarante-cinq ans en Chine et a composé son histoire sur place. Il souligne que le Père de Mailla a eu accès aux auteurs originaux et a confronté ses sources, ce qui lui donne une autorité supérieure à celle du Père Duhalde. Le texte se termine par une défense de l'œuvre du Père de Mailla, soulignant son importance pour les missionnaires et les lettrés. Vojeu de Brunem critique l'attitude du Père Laugier, qui décrierait un ouvrage sans l'avoir lu. Il appelle le public à juger de la validité des critiques du Père Laugier et à reconnaître la valeur de l'œuvre du Père de Mailla. Le Père Duhalde, reconnu pour son jugement et son érudition, considère le Père de Mailla comme un auteur de confiance. Dans une lettre datée du 7 octobre 1736, Duhalde exprime son désir de corriger toute erreur potentielle dans son ouvrage et de publier un supplément si des informations supplémentaires sont fournies par des collègues comme les Pères Régis et de Mailla. L'empereur Kang-hi, en 1711, avait chargé les Pères Régis, de Mailla et Hinderer de créer une carte précise de ses États, ce qu'ils accomplirent avec succès. Le Père Régis, dans une attestation datée du 2 juin 1727, loue l'œuvre de Mailla pour sa précision et son exhaustivité. Plusieurs personnalités, dont des ministres et des académiciens, ont également exprimé leur soutien et leur admiration pour l'œuvre de Mailla.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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p. 194
DE CONSTANTINOPLE, le 8 Novembre 1758.
Début :
Le Grand-Seigneur vient d'accorder la paix aux Tartares. Leur rébellion ne les a [...]
Mots clefs :
Grand seigneur, Paix, Tartares, Rébellion
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texteReconnaissance textuelle : DE CONSTANTINOPLE, le 8 Novembre 1758.
DE CONSTANTINOPLE , le 8 Novembre 1758.
LEE Grand- Seigneur vient d'accorder la paix
aux Tartares. Leur rébellion ne les a pas empêché
d'obtenir des conditions très - favorables. Ils
ont eu permiffion de garder le nouveau Kan
qu'ils s'étoient choifi , au préjudice de celui que
la Porte leur avoit nommé .
LEE Grand- Seigneur vient d'accorder la paix
aux Tartares. Leur rébellion ne les a pas empêché
d'obtenir des conditions très - favorables. Ils
ont eu permiffion de garder le nouveau Kan
qu'ils s'étoient choifi , au préjudice de celui que
la Porte leur avoit nommé .
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