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1
p. 168-173
« J'ay crû, Madame, vous devoir envoyer tous les endroits sur [...] »
Début :
J'ay crû, Madame, vous devoir envoyer tous les endroits sur [...]
Mots clefs :
Relation, Bataille, Article, Journée de Cassel
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texteReconnaissance textuelle : « J'ay crû, Madame, vous devoir envoyer tous les endroits sur [...] »
l'ay crû, Madame, vous de- voir envoyer tous les endroits
fur leſquels j'aurois pú faire une Relation. Laverite ferencontre rarement en une ſeule,
celuyquidepluſieursdifferen- tes en compoſe une , ne pou- vant ſans la faire trop longue,
trop embaraſſée&horsdesre.
gles , rapporter les ſentimens dechacun, eſt obligé de s'arre- ſter à quelques- uns,ce qu'il ne Tome 2. F
122 LE MERCURE
fait ſouvent que par préven- tion , ou dans le deſſein de favoriſer quelqu'un,ou pard'au- tres raiſons ; c'eſt ce qui m'a porté à vous faire part de plu- ſieurs endroits choiſis de diverſesRelations, &iecroy qu'il n'y a que ce moyen pour faire bien comprendre ce qui s'eſt paſſé dans une bataille ; l'un marque les choſes d'une ma- niere, l'autre d'une autre,&les
uns ont eſté témoins de ce que pluſieurs n'ont pû voir. Ainfi
rien n'eſtoublié; &lesdifferés
termesdont on ſe ſert pour ex- primer tout ce qu'on a remar- qué,joints à tout cela, font que l'un éclaircit ce qu'on atrouvé d'obſcur dans ce que les au -
tres ont écrit,&qu'apres avoir lu tout cequi s'eſt fait ſur une
GALANT. 123
Bataille , l'eſprit ſe la figure de la maniere qu'elle s'eſt don -
née,ſans qu'il ſoit pour cela fa- cileàceluyqui enaconceu une ſi forte idée,d'en bien exprimer toutes les circonstances ; en forte que ſon imagination les
luy repreſentedemeſmequelin
les font arrivées.
Je ne vous parle point de l'ordrede la Bataille , il eſt imprimé,vousl'avez veu,&il n'y arien de nouveau là-deſſus.Ne
croyez pourtant pas que ie finiſſe ſi toſt l'Article de la memorable Journée de Caffel ,
J'ay trop de choſes à vous ra- conter de Monfieur. Vous venezde connoître que toutesles Relations ſe raportent touchất lagloire que SonAlteſſe Roya- = le s'y eſt acquiſe; maiscen'eſt Fij
124 LE MERCURE
pas affez , & ce grand Prince merite bien un Article parti -
culier. Pour ne rien laiſſer pafſer de ce qui le regarde , exa- minons l'estat de l'Arinée ennemie qui devoit eſtre em -
ployée toute entiere àcombatre celle de Monfieur , &
voyonsce quecelle de Son Al- teſſe Royale (beaucoup moins forte) avoit à faire. Admirons
l'eſprit de ce Prince dans le
Conſeil de guerre , voyons en ſuite tous les ordres qu'il donne, ſuivons-le dans le combat,
remarquons tout ce qu'il y
fait , & parlons de tout ce qui luy a gagné les cœurs des en- nemis meſmes apres la Batail- le , &nous admirerons en ſuite fon grand cœur , ſa preſen ced'eſprit , ſa prudence &fa
GALANT. 125
1
E
1
bonténaturelle. Voilà, Madame , toutes les choſes dont l'ay encor à vous parler , touchant SonAlteſſe Royale.
fur leſquels j'aurois pú faire une Relation. Laverite ferencontre rarement en une ſeule,
celuyquidepluſieursdifferen- tes en compoſe une , ne pou- vant ſans la faire trop longue,
trop embaraſſée&horsdesre.
gles , rapporter les ſentimens dechacun, eſt obligé de s'arre- ſter à quelques- uns,ce qu'il ne Tome 2. F
122 LE MERCURE
fait ſouvent que par préven- tion , ou dans le deſſein de favoriſer quelqu'un,ou pard'au- tres raiſons ; c'eſt ce qui m'a porté à vous faire part de plu- ſieurs endroits choiſis de diverſesRelations, &iecroy qu'il n'y a que ce moyen pour faire bien comprendre ce qui s'eſt paſſé dans une bataille ; l'un marque les choſes d'une ma- niere, l'autre d'une autre,&les
uns ont eſté témoins de ce que pluſieurs n'ont pû voir. Ainfi
rien n'eſtoublié; &lesdifferés
termesdont on ſe ſert pour ex- primer tout ce qu'on a remar- qué,joints à tout cela, font que l'un éclaircit ce qu'on atrouvé d'obſcur dans ce que les au -
tres ont écrit,&qu'apres avoir lu tout cequi s'eſt fait ſur une
GALANT. 123
Bataille , l'eſprit ſe la figure de la maniere qu'elle s'eſt don -
née,ſans qu'il ſoit pour cela fa- cileàceluyqui enaconceu une ſi forte idée,d'en bien exprimer toutes les circonstances ; en forte que ſon imagination les
luy repreſentedemeſmequelin
les font arrivées.
Je ne vous parle point de l'ordrede la Bataille , il eſt imprimé,vousl'avez veu,&il n'y arien de nouveau là-deſſus.Ne
croyez pourtant pas que ie finiſſe ſi toſt l'Article de la memorable Journée de Caffel ,
J'ay trop de choſes à vous ra- conter de Monfieur. Vous venezde connoître que toutesles Relations ſe raportent touchất lagloire que SonAlteſſe Roya- = le s'y eſt acquiſe; maiscen'eſt Fij
124 LE MERCURE
pas affez , & ce grand Prince merite bien un Article parti -
culier. Pour ne rien laiſſer pafſer de ce qui le regarde , exa- minons l'estat de l'Arinée ennemie qui devoit eſtre em -
ployée toute entiere àcombatre celle de Monfieur , &
voyonsce quecelle de Son Al- teſſe Royale (beaucoup moins forte) avoit à faire. Admirons
l'eſprit de ce Prince dans le
Conſeil de guerre , voyons en ſuite tous les ordres qu'il donne, ſuivons-le dans le combat,
remarquons tout ce qu'il y
fait , & parlons de tout ce qui luy a gagné les cœurs des en- nemis meſmes apres la Batail- le , &nous admirerons en ſuite fon grand cœur , ſa preſen ced'eſprit , ſa prudence &fa
GALANT. 125
1
E
1
bonténaturelle. Voilà, Madame , toutes les choſes dont l'ay encor à vous parler , touchant SonAlteſſe Royale.
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Résumé : « J'ay crû, Madame, vous devoir envoyer tous les endroits sur [...] »
L'auteur d'une lettre adressée à une dame discute de la rédaction de rapports sur une bataille. Il souligne que la vérité est rarement présentée dans un seul récit et que plusieurs relations sont nécessaires pour obtenir une vision complète. Chaque relation peut être partielle ou influencée par des préjugés ou des intentions de favoriser quelqu'un. Pour mieux comprendre une bataille, il est donc préférable de consulter plusieurs récits, car ils se complètent et éclaircissent mutuellement les détails. L'auteur mentionne qu'il ne parle pas de l'ordre de la bataille, car celui-ci est déjà imprimé et connu. Cependant, il n'a pas encore terminé l'article sur la journée mémorable de Caffel, car il a beaucoup de choses à raconter sur Son Altesse Royale. Toutes les relations mettent en avant la gloire acquise par ce prince, mais l'auteur estime qu'il mérite un article particulier. Il propose d'examiner l'état de l'armée ennemie, les ordres donnés par le prince, ses actions durant le combat, et son comportement après la bataille. L'auteur souhaite également souligner le grand cœur, la présence d'esprit, la prudence et la bonté naturelle de ce prince, qui ont même gagné les cœurs des ennemis.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 196-197
Monsieur le Marquis d'Effiat est envoyé au Roy de la part de Son Altesse Royale, & Monsieur de Merille à Madame, pour leur rendre compte de la Bataille de Cassel. [titre d'après la table]
Début :
Monsieur aussi tost apres la Bataille, fit partir Monsieur le [...]
Mots clefs :
Marquis d'Effiat, M. Merille, Bataille
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texteReconnaissance textuelle : Monsieur le Marquis d'Effiat est envoyé au Roy de la part de Son Altesse Royale, & Monsieur de Merille à Madame, pour leur rendre compte de la Bataille de Cassel. [titre d'après la table]
Monfieur auffi- toſt apres la
Bataille , fit partir M. le Mar- quis d'Effiat pour en rendre compte au Roy, & M. Merille àMadame.
Bataille , fit partir M. le Mar- quis d'Effiat pour en rendre compte au Roy, & M. Merille àMadame.
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3
p. 200-225
Noms et Eloges de tous ceux qui se sont signalez à la Bataille de Cassel. [titre d'après la table]
Début :
Ce n'est pas sans raison que j'ay donné le nom [...]
Mots clefs :
Journée de Cassel, Signaler, Maréchaux, Valeur, Bataille, Ennemis, Marquis, Courage, Chevalier, Siège
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texteReconnaissance textuelle : Noms et Eloges de tous ceux qui se sont signalez à la Bataille de Cassel. [titre d'après la table]
Ce n'eſt pas ſans raiſon que i'ay donné le nomde grande
à la journéede Caſſel, puis que ie n'en puis trouver la fin , &
que
GALANT. 145
- que ie n'ay pas encore com- mencé à parlerde ceux qui s'y ſont ſignalez ; les voicy.
1
B
1
Je ne vous dis rien deMeſſieurs les Maréchaux qui ont commandé les Aifles ; vous
avez veu ce qu'ils ont fait ,
dans ceque j'ay tiré des plus fidelles Relations. LesGeneraux ſont l'ame des Armées ,
ceſont eux qui les font mou- voir, &quandune Bataille eſt
gagnée , on peut aſſurer qu'ils y ontbeaucoup contribué.
Je vous parlerois de Monſicurle Chevalierde Lorraine,
ſi ie pouvois vous dire tous les endroits par leſquels ie ſçay qu'il a parr au ſuccésdela me- morable journée de Caſſel ; il ya fait paroiſtre cette même valeur que la Hollande & la
Tome 2. G
146 LE MERCURE Comté ontadmiréeavecétonnement , encor qu'elle fuſt oc cupée contre leurs Places , &
on ne devoit pas moins atten- dre du zele qu'ila pour le Roy
&pour la gloire de S. A. R. Monfieur le Prince de Soubiſe a montréune ſi grande vigilance , que les ennemis qui pouvoient tenter de ſon coſté
le paſſage du ſecours qu'ils vouloient jetter dans S.Omer,
n'oferent iamais l'entrepren- dre. Ileſt de la maiſon de Rohan.Tout le mõde en connoit
la grandeur& l'antiquité , &il
ſuffitdecenompour faireconnoiſtre qu'apres nos Maiſtres
&ceux de leur Sang , Mon- ſieur de Soubile ne voit prefque rien audeſſusdeluy.Lafa- geffe de courage,&la civilitéde
semoT
:
GALANT. 147
i
cePrince,ne le font pas moins confiderer que fa bonne mit ZDE DELAY
ne,donton neſe taiſt pas paryon
my le beau Sexe.
☐ Monfieur le Comtedu Plea
fis-Praflin a forcé les ennemis
en pluſieurs, endroits. Son
nom fait connoiſtre la glo- rieuſe Race dont il eſt ſorty.
La valeur qui l'accompagne dans toutes les occafions de
guerreoù il ſe trouve,&la ma- niere dont il conduit les troupesquiſontſous fontcomman- dement,font voir qu'il eſt le digneSangdeces grands Marê- chaux de France qui ſe ſont ſignalez en tant d'occaſions celebres , & particulierement
de feu Monfieur le Marefchal du Pleſfis fon Pere. Ses grandes actions ne font ignoGij
148 LE MERCURE
rées de perſonne , & l'on oublîrajamais le fameux Siegede Rozes,nyla Bataille deRhetel,
qui rétablit les affaires deFran- ce , que la guerre Civile avoit miſes endeſordre.
Modela Cardoniere a fait
desactions ſurprenantes,&fon jugement & fa preſenced'ef- prit n'ont pas moins contribué augainde laBataille, que fon grand courage ; il a paffé par tous les emplois de la Guerre,
ſans que ſes bleſſures l'ayent iamais empêché de ſe trouver dans les occafions les plusha- zardeuſes , où ſa valeur & fa
prudence ſe ſont toûjours é- galement ſignalées. Il a fou- vent ſervy à r'allier des trou- pes en defordre , & à faire paſſer la Victoire du coſté
E GALANT. 149
1
où il s'eſt rencontre. ) いよ
Monfieur d'Albret a pouffé les ennemis avec une vigueur incroyable , & les a chaffez d'un Poſte où ils eſtoient en
beaucoup plus grand nombre.
Il eſt FilsdeMonfieurde Pont,
Aiſné de la maiſon d'Albret ,
&Neveu &Gendre du fea
Maréchal de ce nom , dont la valeur, la fidelité, &la fermeté
dansles occafions où il a fallu foûtenir les intereſts du Roy
&de la Reyne Mere, ont paru avec éclat.Monfieur d'Albret
dont ie parle icy marche ſur ſes traces; il eſt bien fait , il a
del'eſprit , de la bonne mine ,
&un air noble qui perfuadeai- ſément qu'il est né des Heros
decenomquiont portéautre- fois la Couronne de Navarre.
Giij
150 LE MERCURE
Tout ce qu'il a fait depuis la plus grande jeuneſſe , répond à la grandeur de ſa naiſſance.
::On ne peut aller chercher
les ennemis avec plus d'ardeur
que fit M. le Chevalier de Sourdis. Il paffa des premiers le ruiſſeau qui ſeparoitles deux Armées , &il afervy pendant tout le combat avec une activité ſans pareille. Il a ſouvent
receu desOrdresdeMonfieur,
quele feu des ennemis ne luy a'point empêché de porter. Il
eſt fils de M. le marquis de
Sourdis Chevalier des Ordres
du Roy, &Gouverneurd'Or- leans &d'Amboiſe , petit ne- veu de feu M. le Cardinal de
Sourdise& de M. l'Archeveſquende Bordeaux , fi fameux pour avoir commandé les Ar111
GALANT. ISI
mées du Roy ſur la Mer pen- dantpluſieurs Campagnes ſous le regne de Loüis XIII. Il a
- commencé de bonne heure à
faire voir la valeur d'un ſoldat
déterminé, ſoûtenuëd'une fort
grande ſageſſe,&il ne fautpas s'eſtonner ſi ayant autant d'in.
telligence qu'il en a au meſtier de la Guerre , on l'y a veu en peu de temps honoré des plus - grands emplois.
1 Monfieur de Revel, frerede
Monfieur deBroglio, s'eſt auf- fi fort diftingué. Il eſt d'une Famille toute pleinede cœur ,
&il a toûjours fait des actions dignes de fa naiſſance, &de la valeur de ſes Peres.
Monfieur le ChevalierFourbin, &M.le marquis de Jauvel- le, ont cõbatu avec une valeur
:
Giiij
152 LE MERCURE extraordinaire ; mais ils n'ont
pas ſeulement payé de leur perſonne, puis que leur exem- ple a inſpiré aux Mouſquetai- res les actions qu'ils ontfaites ;
Il eſt ſans doute fort ſurpre- nant que tous botez & l'épée à la main ſeulement , ils ayent attaqué & défait les Bataillons
heriſſez de piques.
La vigilance de Monfieur de Tracy a beaucoup contribué au gain de la Bataille. Voicy cequel'on ditde luy dans une Relation. Monsieur de Tracy amena leſecours de Cambrayavec une telle diligence, que sur l'avis qu'il eut àBethune où ildevoitfe- journer,queM.estoit àlaveillede donner une Bataille, ilfitfaire en- cor buit lieues à l'Infanterie qu'il conduiſoit , &la fit marcherau
:
GALANT... 153 clairdela lune. C'eſt un fort
ancien Officier , & qui paffe pour un tres honneſte hom- me; il eſt toutcouvertdecoups;
il a donné des marques de ſon courage dés le premier Siege de Condé , où il eut une jam- becaffée; il receut au Siege de Tournay uncoupdans la teſte quiluy fracaſſoit la bouche; il a eſté Major General de l'Armée pendant cinq ans ſousM.
le Prince en Hollande, & fous
M.deTurenne en Allemagne;
il a eſté bleſſé legerement au
Siege de Valenciennes,& s'eſt ſignalé à la Bataille de Caffel.
Il eſt Onclede madame laPre
ſidente de Neſmond.
Onne peutdonner plus de marques d'intrepidité qu'a fait
Monfieur de Longueval qui
154 LE MERCURE commande les Dragons Dau- phins; ila paſſé le premier le ruiſſeau qui eſtoit entre les ennemis &nos troupes , àla tête de trois mille Dragons. Le Sieur de Leſtelle , ſon marefchal des Logis , receut quatre coups en cette occafion , dont il eſt mort. Monfieur de Lon
gueval , quoy que tres-jeune encor , eft tres ancien dans le
ſervice; il eſt fort aimé de м.
le Prince, qui a ſouvent dit du
biende luy , pour l'avoir veu
combattre à la Bataille de Se
nef. Le Roy luydonna il y a
deuxansleRegimentdes Dra- gons Dauphins, &le prefera à
tous ceux qui le demandoient.
L'année derniere il fut détaché pour donner fur l'Arriere,
gardé du Prince d'Orange , ce
GALANT.
市
155 qu'il fit avec beaucoup de vi- gaeur. Il fut enveloppé par un tres grand nombred'ennemis;
Monfieur de Montal qui eſtoit deſſusune hauteur,s'en apper-- = ceut, &luy ayantenvoyé ordre de ſe retirer,il fut témoin dela
plus judicieuſe Retraite &de la plus belle action que l'on puiffe faire , puis qu'avec tres.
peu de gens ildéfit une partie
des Efcadrons dont il eſtoit
environné.
Je vous aydéja parlé decé qu'a faitMonfieur dePleuvauls:
maiſtre de la garderobe de
Monfieur. Il eſtoit Capitaine de chevaux - legers pendant le Siege d'Arras ; & fa Compagnie eſtant dans la Place ,
il s'y fut jetter avec beaucoup de courage, quoyque mõſieur
:
356 LE MERCURE de Turenne luy en eût repreſenté ledanger. Il ſe diſtingua fort tant que dura ce Siege, &
s'acquit beaucoup de gloire à
celuy de maſtric , où il receut un coup de mouſquet, en fai- ſant faire un logement ſur la contreſcarpe. Cettte action fut
belle,mais ie n'ay pas le temps de vous ladécrire.
Monfieur le Chevalier de
Tauriac , Ayde de Camp de Monfieur , a r'allié dix fois les
Gensd'armes. Monfieurle маrêchal d'Humieres rendit témoignage de ſa valeur à S. A. R. qui le choiſit pour rendre compte au Roy des particu- laritez de la Bataille , & pour luyporterquaranteDrapeaux,
&treize Etendards.
Monfieur le marquis d'e ffiat,
GALANT. 157
comme ie vous ay déia dit ,
avoit eſté envoyé d'abord pour donner avis à Sa Maje- ſté du gain de la Bataille. Je vous parlerois encor de ce Marquis , ſi i'eſtois moins preſſé de finir. Il a du cœur,
le gouſt bon, &une delicateſſe d'eſprit qui ne donne iamais dans le faux brillant dont tant
de monde ſe laiſſe ébloüir.
Monfieur le Chevalier de
Nantouïllet a fait voir autant de cœur qu'il y a d'eſ- prit. Il a toute la reconnoif- ſance imaginable des bontez que Monfieur a pour luy. Il eſt de la Famillede feu Monſieur, le Cardinal de Prat ,
Chancelier de France...
Monfieur de Purnon , pre- mier Maiſtre d'Hoſtel de
198 LE MERCURE Monfieur , & Frere de mon- >
ſieur deTracy , s'eſt pareille- ment fignalé , & quoy que ſa charge ne l'engageât point àſe trouver àla Bataille , il a
voulu eſſuyer les meſmes pe
rils que fon Maiſtre. Monfieur de Merille en a fait autantfans
y eſtre obligé par ſa Charge.
On ne doit pas s'en eſtonner,
on ſçait avec quel zele il fert Monfieur, &combien SonAlteſſe Royale le confidere. Il le merte , & c'eſt un veritable:
honneſte homme.
Monfieur le Chevalier de
Lauſieres , Enſeigne des Gar- des deMonfieur, de la Maiſon
deThemines,adonnédes mar- ques d'une grande valeur , &
d'une grande conduite. Il a
rallié pluſieurs fois les Suiſſes.
GALANT. 159
-
Je croy, Madame , que l'on peut aſſeurer apres cela que la Cour de Monfieur n'eſt compoſée que de gens de merite,
de cœur&d'eſprit.Parlons encor de quelques autres.
Monfieur le Chevalier d'Eſtoge Sous - Lieutenant des Gensd'armes Anglois a eu le bras caffe , & pluſieurs autres coups. Il a donné des marques d'une grande valeur.
Monfieur le Marquis de Barrieres , qui s'estoit diſtingué àValenciennes, s'eſt auffi
fort diftingué dans ce combat.
Monfieur le Marquis de Li- vourne qui commandoit les Gensd'armes Ecoffois , dont
Monfieur le Mareſchal de
Schomberg estoit autrefois
160 LE MERCURE
Colonel , a eu deux chevaux
tuez ſous luy , & il n'a pas te.
nu à fon courage qu'il n'ait eſtétué ouprifonnier , s'eſtant meſlé pluſieurs fois parmy les Ennemis. Le bruit de ſa valeur
donnera en meſme tempsde la
joye & de la crainte à mon -
ſieur le Marquis de Pianeſſe ſon Pere , qui dans les fon -
ctions de Ministre de Savoye,
s'eſt rendu fi illustre par ſa
grande fageſſe , par la fidelité qu'il a gardée envers ſes Maiſtres , & par la prudence avec laquelle il a toûjours fait exe- cuter leurs ordres. Sa pieté qui l'a deſtaché de toutes les choſes du monde, le fait vivre pre- ſentement dans la Retraite
d'où leurs Alteſſes Royales l'ont retiré pluſieurs fois pour
د
GALAN T. 16г
1
recevoir ſesConſeils dans leurs plus preſſfantes affaires. C'eſt dans cetteRetraitequ'il a com- poſe ce beau Livre de l'in -
ſtruction Chreſtienne , que le Pere Bouhours Jeſuite a fi
bien traduit en noſtre Lan -
gue. Monfieur le Marquis de Livourne ſon Fils , eſt Chevalier de l'Ordre de Savoye :
il poſſede tout ce que les Let- tres peuvent fournir pour en- richir un eſprit : ſa prudence,
ſa ſageſſe &ſon habileté qui répondent parfaitement à ſa naiſſance , luy ont ſuſcité des ennemis dans ſon païs , qui l'ont forcé àchercher en France un azile que ſon merite luy a bien toſt fait obtenir &
qui luy a donné des occa -
ſions qu'il n'auroit peut eſtre
د
162 LE MERCURE
pas trouvées ailleurs , de faire
voir qu'il n'eſt pas moins propre pour la guerre , que pour les emplois Politiques MonfieurdeRouvrayd'Ar- guency , Lieutenant de la Venerie , &Sous Lieutenant aux
Gardes dans la Colonelle , a
eſté tué en donnant des marquesde ſa valeur.
Monfieurle Marquis de Laré
Meſtre de Campdu Regiment de Conty,a chaſſé les ennemis d'un Poſte qui leur eſtoit fort
avantageux.
Ie ne vous parle point des morts , des bleſſez , &des pri- fonniers qui ſont dans la liſte qui en a eſté donnée au pu- blic; ils ſont imprimez , &cela fuffit.
En
à la journéede Caſſel, puis que ie n'en puis trouver la fin , &
que
GALANT. 145
- que ie n'ay pas encore com- mencé à parlerde ceux qui s'y ſont ſignalez ; les voicy.
1
B
1
Je ne vous dis rien deMeſſieurs les Maréchaux qui ont commandé les Aifles ; vous
avez veu ce qu'ils ont fait ,
dans ceque j'ay tiré des plus fidelles Relations. LesGeneraux ſont l'ame des Armées ,
ceſont eux qui les font mou- voir, &quandune Bataille eſt
gagnée , on peut aſſurer qu'ils y ontbeaucoup contribué.
Je vous parlerois de Monſicurle Chevalierde Lorraine,
ſi ie pouvois vous dire tous les endroits par leſquels ie ſçay qu'il a parr au ſuccésdela me- morable journée de Caſſel ; il ya fait paroiſtre cette même valeur que la Hollande & la
Tome 2. G
146 LE MERCURE Comté ontadmiréeavecétonnement , encor qu'elle fuſt oc cupée contre leurs Places , &
on ne devoit pas moins atten- dre du zele qu'ila pour le Roy
&pour la gloire de S. A. R. Monfieur le Prince de Soubiſe a montréune ſi grande vigilance , que les ennemis qui pouvoient tenter de ſon coſté
le paſſage du ſecours qu'ils vouloient jetter dans S.Omer,
n'oferent iamais l'entrepren- dre. Ileſt de la maiſon de Rohan.Tout le mõde en connoit
la grandeur& l'antiquité , &il
ſuffitdecenompour faireconnoiſtre qu'apres nos Maiſtres
&ceux de leur Sang , Mon- ſieur de Soubile ne voit prefque rien audeſſusdeluy.Lafa- geffe de courage,&la civilitéde
semoT
:
GALANT. 147
i
cePrince,ne le font pas moins confiderer que fa bonne mit ZDE DELAY
ne,donton neſe taiſt pas paryon
my le beau Sexe.
☐ Monfieur le Comtedu Plea
fis-Praflin a forcé les ennemis
en pluſieurs, endroits. Son
nom fait connoiſtre la glo- rieuſe Race dont il eſt ſorty.
La valeur qui l'accompagne dans toutes les occafions de
guerreoù il ſe trouve,&la ma- niere dont il conduit les troupesquiſontſous fontcomman- dement,font voir qu'il eſt le digneSangdeces grands Marê- chaux de France qui ſe ſont ſignalez en tant d'occaſions celebres , & particulierement
de feu Monfieur le Marefchal du Pleſfis fon Pere. Ses grandes actions ne font ignoGij
148 LE MERCURE
rées de perſonne , & l'on oublîrajamais le fameux Siegede Rozes,nyla Bataille deRhetel,
qui rétablit les affaires deFran- ce , que la guerre Civile avoit miſes endeſordre.
Modela Cardoniere a fait
desactions ſurprenantes,&fon jugement & fa preſenced'ef- prit n'ont pas moins contribué augainde laBataille, que fon grand courage ; il a paffé par tous les emplois de la Guerre,
ſans que ſes bleſſures l'ayent iamais empêché de ſe trouver dans les occafions les plusha- zardeuſes , où ſa valeur & fa
prudence ſe ſont toûjours é- galement ſignalées. Il a fou- vent ſervy à r'allier des trou- pes en defordre , & à faire paſſer la Victoire du coſté
E GALANT. 149
1
où il s'eſt rencontre. ) いよ
Monfieur d'Albret a pouffé les ennemis avec une vigueur incroyable , & les a chaffez d'un Poſte où ils eſtoient en
beaucoup plus grand nombre.
Il eſt FilsdeMonfieurde Pont,
Aiſné de la maiſon d'Albret ,
&Neveu &Gendre du fea
Maréchal de ce nom , dont la valeur, la fidelité, &la fermeté
dansles occafions où il a fallu foûtenir les intereſts du Roy
&de la Reyne Mere, ont paru avec éclat.Monfieur d'Albret
dont ie parle icy marche ſur ſes traces; il eſt bien fait , il a
del'eſprit , de la bonne mine ,
&un air noble qui perfuadeai- ſément qu'il est né des Heros
decenomquiont portéautre- fois la Couronne de Navarre.
Giij
150 LE MERCURE
Tout ce qu'il a fait depuis la plus grande jeuneſſe , répond à la grandeur de ſa naiſſance.
::On ne peut aller chercher
les ennemis avec plus d'ardeur
que fit M. le Chevalier de Sourdis. Il paffa des premiers le ruiſſeau qui ſeparoitles deux Armées , &il afervy pendant tout le combat avec une activité ſans pareille. Il a ſouvent
receu desOrdresdeMonfieur,
quele feu des ennemis ne luy a'point empêché de porter. Il
eſt fils de M. le marquis de
Sourdis Chevalier des Ordres
du Roy, &Gouverneurd'Or- leans &d'Amboiſe , petit ne- veu de feu M. le Cardinal de
Sourdise& de M. l'Archeveſquende Bordeaux , fi fameux pour avoir commandé les Ar111
GALANT. ISI
mées du Roy ſur la Mer pen- dantpluſieurs Campagnes ſous le regne de Loüis XIII. Il a
- commencé de bonne heure à
faire voir la valeur d'un ſoldat
déterminé, ſoûtenuëd'une fort
grande ſageſſe,&il ne fautpas s'eſtonner ſi ayant autant d'in.
telligence qu'il en a au meſtier de la Guerre , on l'y a veu en peu de temps honoré des plus - grands emplois.
1 Monfieur de Revel, frerede
Monfieur deBroglio, s'eſt auf- fi fort diftingué. Il eſt d'une Famille toute pleinede cœur ,
&il a toûjours fait des actions dignes de fa naiſſance, &de la valeur de ſes Peres.
Monfieur le ChevalierFourbin, &M.le marquis de Jauvel- le, ont cõbatu avec une valeur
:
Giiij
152 LE MERCURE extraordinaire ; mais ils n'ont
pas ſeulement payé de leur perſonne, puis que leur exem- ple a inſpiré aux Mouſquetai- res les actions qu'ils ontfaites ;
Il eſt ſans doute fort ſurpre- nant que tous botez & l'épée à la main ſeulement , ils ayent attaqué & défait les Bataillons
heriſſez de piques.
La vigilance de Monfieur de Tracy a beaucoup contribué au gain de la Bataille. Voicy cequel'on ditde luy dans une Relation. Monsieur de Tracy amena leſecours de Cambrayavec une telle diligence, que sur l'avis qu'il eut àBethune où ildevoitfe- journer,queM.estoit àlaveillede donner une Bataille, ilfitfaire en- cor buit lieues à l'Infanterie qu'il conduiſoit , &la fit marcherau
:
GALANT... 153 clairdela lune. C'eſt un fort
ancien Officier , & qui paffe pour un tres honneſte hom- me; il eſt toutcouvertdecoups;
il a donné des marques de ſon courage dés le premier Siege de Condé , où il eut une jam- becaffée; il receut au Siege de Tournay uncoupdans la teſte quiluy fracaſſoit la bouche; il a eſté Major General de l'Armée pendant cinq ans ſousM.
le Prince en Hollande, & fous
M.deTurenne en Allemagne;
il a eſté bleſſé legerement au
Siege de Valenciennes,& s'eſt ſignalé à la Bataille de Caffel.
Il eſt Onclede madame laPre
ſidente de Neſmond.
Onne peutdonner plus de marques d'intrepidité qu'a fait
Monfieur de Longueval qui
154 LE MERCURE commande les Dragons Dau- phins; ila paſſé le premier le ruiſſeau qui eſtoit entre les ennemis &nos troupes , àla tête de trois mille Dragons. Le Sieur de Leſtelle , ſon marefchal des Logis , receut quatre coups en cette occafion , dont il eſt mort. Monfieur de Lon
gueval , quoy que tres-jeune encor , eft tres ancien dans le
ſervice; il eſt fort aimé de м.
le Prince, qui a ſouvent dit du
biende luy , pour l'avoir veu
combattre à la Bataille de Se
nef. Le Roy luydonna il y a
deuxansleRegimentdes Dra- gons Dauphins, &le prefera à
tous ceux qui le demandoient.
L'année derniere il fut détaché pour donner fur l'Arriere,
gardé du Prince d'Orange , ce
GALANT.
市
155 qu'il fit avec beaucoup de vi- gaeur. Il fut enveloppé par un tres grand nombred'ennemis;
Monfieur de Montal qui eſtoit deſſusune hauteur,s'en apper-- = ceut, &luy ayantenvoyé ordre de ſe retirer,il fut témoin dela
plus judicieuſe Retraite &de la plus belle action que l'on puiffe faire , puis qu'avec tres.
peu de gens ildéfit une partie
des Efcadrons dont il eſtoit
environné.
Je vous aydéja parlé decé qu'a faitMonfieur dePleuvauls:
maiſtre de la garderobe de
Monfieur. Il eſtoit Capitaine de chevaux - legers pendant le Siege d'Arras ; & fa Compagnie eſtant dans la Place ,
il s'y fut jetter avec beaucoup de courage, quoyque mõſieur
:
356 LE MERCURE de Turenne luy en eût repreſenté ledanger. Il ſe diſtingua fort tant que dura ce Siege, &
s'acquit beaucoup de gloire à
celuy de maſtric , où il receut un coup de mouſquet, en fai- ſant faire un logement ſur la contreſcarpe. Cettte action fut
belle,mais ie n'ay pas le temps de vous ladécrire.
Monfieur le Chevalier de
Tauriac , Ayde de Camp de Monfieur , a r'allié dix fois les
Gensd'armes. Monfieurle маrêchal d'Humieres rendit témoignage de ſa valeur à S. A. R. qui le choiſit pour rendre compte au Roy des particu- laritez de la Bataille , & pour luyporterquaranteDrapeaux,
&treize Etendards.
Monfieur le marquis d'e ffiat,
GALANT. 157
comme ie vous ay déia dit ,
avoit eſté envoyé d'abord pour donner avis à Sa Maje- ſté du gain de la Bataille. Je vous parlerois encor de ce Marquis , ſi i'eſtois moins preſſé de finir. Il a du cœur,
le gouſt bon, &une delicateſſe d'eſprit qui ne donne iamais dans le faux brillant dont tant
de monde ſe laiſſe ébloüir.
Monfieur le Chevalier de
Nantouïllet a fait voir autant de cœur qu'il y a d'eſ- prit. Il a toute la reconnoif- ſance imaginable des bontez que Monfieur a pour luy. Il eſt de la Famillede feu Monſieur, le Cardinal de Prat ,
Chancelier de France...
Monfieur de Purnon , pre- mier Maiſtre d'Hoſtel de
198 LE MERCURE Monfieur , & Frere de mon- >
ſieur deTracy , s'eſt pareille- ment fignalé , & quoy que ſa charge ne l'engageât point àſe trouver àla Bataille , il a
voulu eſſuyer les meſmes pe
rils que fon Maiſtre. Monfieur de Merille en a fait autantfans
y eſtre obligé par ſa Charge.
On ne doit pas s'en eſtonner,
on ſçait avec quel zele il fert Monfieur, &combien SonAlteſſe Royale le confidere. Il le merte , & c'eſt un veritable:
honneſte homme.
Monfieur le Chevalier de
Lauſieres , Enſeigne des Gar- des deMonfieur, de la Maiſon
deThemines,adonnédes mar- ques d'une grande valeur , &
d'une grande conduite. Il a
rallié pluſieurs fois les Suiſſes.
GALANT. 159
-
Je croy, Madame , que l'on peut aſſeurer apres cela que la Cour de Monfieur n'eſt compoſée que de gens de merite,
de cœur&d'eſprit.Parlons encor de quelques autres.
Monfieur le Chevalier d'Eſtoge Sous - Lieutenant des Gensd'armes Anglois a eu le bras caffe , & pluſieurs autres coups. Il a donné des marques d'une grande valeur.
Monfieur le Marquis de Barrieres , qui s'estoit diſtingué àValenciennes, s'eſt auffi
fort diftingué dans ce combat.
Monfieur le Marquis de Li- vourne qui commandoit les Gensd'armes Ecoffois , dont
Monfieur le Mareſchal de
Schomberg estoit autrefois
160 LE MERCURE
Colonel , a eu deux chevaux
tuez ſous luy , & il n'a pas te.
nu à fon courage qu'il n'ait eſtétué ouprifonnier , s'eſtant meſlé pluſieurs fois parmy les Ennemis. Le bruit de ſa valeur
donnera en meſme tempsde la
joye & de la crainte à mon -
ſieur le Marquis de Pianeſſe ſon Pere , qui dans les fon -
ctions de Ministre de Savoye,
s'eſt rendu fi illustre par ſa
grande fageſſe , par la fidelité qu'il a gardée envers ſes Maiſtres , & par la prudence avec laquelle il a toûjours fait exe- cuter leurs ordres. Sa pieté qui l'a deſtaché de toutes les choſes du monde, le fait vivre pre- ſentement dans la Retraite
d'où leurs Alteſſes Royales l'ont retiré pluſieurs fois pour
د
GALAN T. 16г
1
recevoir ſesConſeils dans leurs plus preſſfantes affaires. C'eſt dans cetteRetraitequ'il a com- poſe ce beau Livre de l'in -
ſtruction Chreſtienne , que le Pere Bouhours Jeſuite a fi
bien traduit en noſtre Lan -
gue. Monfieur le Marquis de Livourne ſon Fils , eſt Chevalier de l'Ordre de Savoye :
il poſſede tout ce que les Let- tres peuvent fournir pour en- richir un eſprit : ſa prudence,
ſa ſageſſe &ſon habileté qui répondent parfaitement à ſa naiſſance , luy ont ſuſcité des ennemis dans ſon païs , qui l'ont forcé àchercher en France un azile que ſon merite luy a bien toſt fait obtenir &
qui luy a donné des occa -
ſions qu'il n'auroit peut eſtre
د
162 LE MERCURE
pas trouvées ailleurs , de faire
voir qu'il n'eſt pas moins propre pour la guerre , que pour les emplois Politiques MonfieurdeRouvrayd'Ar- guency , Lieutenant de la Venerie , &Sous Lieutenant aux
Gardes dans la Colonelle , a
eſté tué en donnant des marquesde ſa valeur.
Monfieurle Marquis de Laré
Meſtre de Campdu Regiment de Conty,a chaſſé les ennemis d'un Poſte qui leur eſtoit fort
avantageux.
Ie ne vous parle point des morts , des bleſſez , &des pri- fonniers qui ſont dans la liſte qui en a eſté donnée au pu- blic; ils ſont imprimez , &cela fuffit.
En
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Résumé : Noms et Eloges de tous ceux qui se sont signalez à la Bataille de Cassel. [titre d'après la table]
La bataille de Cassel est décrite comme une 'mémorable journée' par l'auteur, mettant en lumière le courage et la valeur de plusieurs généraux et officiers. Les maréchaux et généraux sont particulièrement salués pour leur rôle crucial dans la victoire. Parmi les officiers distingués, on trouve le Chevalier de Lorraine, le Prince de Soubise, le Comte du Pleufis-Praslin, Modèle Cardonnière, le Marquis d'Albret, le Chevalier de Sourdis, le Chevalier de Revel, le Chevalier Fourbin, le Marquis de Jauvelle, le Marquis de Tracy, le Marquis de Longueval, le Chevalier de Tauriac, le Marquis d'Effiat, le Chevalier de Nantouillet, le Chevalier de Purnon, le Chevalier de Merille, le Chevalier de Lausieres, le Chevalier d'Estoge, le Marquis de Barrières, le Marquis de Livourne, et le Marquis de Laré. Le Marquis de Livourne, fils du Marquis de Pianesse, est particulièrement noté pour sa valeur et sa prudence. Le texte mentionne brièvement les morts, blessés et prisonniers sans les détailler.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 4-9
« L'embarras où je suis ne m'empeschera pas pourtant de [...] »
Début :
L'embarras où je suis ne m'empeschera pas pourtant de [...]
Mots clefs :
Journée de Cassel, Bataille, Armée
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « L'embarras où je suis ne m'empeschera pas pourtant de [...] »
L'embarras où
je ſuis ne m'empêchera pas pourtant de comencer par où j'ay finima derniere,&de vous entretenir encore de la Bataille. Je puis bien vous par- lerdeuxfois d'une choſe dont
on parlera eternellement , &
1 A ij
4 LE MERCURE
dont on découvre tous les
jours des circonstances qui
augmentent la gloire que Son Alteſſe Royale s'y eſt acquiſe.
Elle eut trois Batailles àſoûtenir dans la fameuſe Journée
de Caſſel , puis que les Batail- lons de fon Armée eurent
non ſeulement à combattre
ceux qui étoient dans la Plai- ne, &ceux qui venoient apres s'étre rafraîchis , mais qu'ils efſſuyerent auſſi le feu de tous ceux qui étoient à couvert dans les hayes ; ce qui fait voir que ſi les deux Armées euſſent été en pleine Campa- gne , celle de France , quoy que beaucoup moins forte ,
auroit triomphe ſans que la victoire y eût été diſputée un
GALANT. 5
ſeul moment. Je me ſens obligé de vous dire à l'avanta- ge des Suiſſes , dont perſon- ne n'a parléjuſques icy , qu'ils y ont acquis beaucoup de gloire ; Que les Gensd'armes Anglois & Ecoffois char- gerent trois fois enſemble,
& que les Anglois furent une quatrième fois à la char- ge , & fe mélerent avec les
Gardes du Prince d'Orange qui étoit à leur tête. Per- metrez - moy d'adjoûter à
cela quelque particularité des Mouſquetaires , on n'en peut
parler trop ſouvent ; mais ce que j'ay à vous en dire , prou- vera ce que j'ay déja mar- que touchant le nombre des
Bataillons ennemis dont il
falloit qu'un ſeul eſſuyât le feu..
A iij
6 LE MERCURE
Ce fut pour cette raiſon que les Mouſquetaires mirent pied à terre , & non ſeulement ils
défirent les Bataillons qui les
avoient obligez de combatre à pied, mais en remontant à cheval ils eſſuyerent une décharge qui leur fut faite par
de nouvelles Troupes , &
qui tua ſoixante de leurs Chevaux. Ce fut là où Monfieur de Moiſſac fut tué. Le
feul nom des Mouſquetai- res mit le defordre dans un Bataillon Hollandois. Un Officier qui eſtoit à la teſte les voyant venir l'Epée à la main d'une contenance toute fiere,
s'écria en ces propres termes.
Nous sommes perdus , ce font les Mousquetaires :
Voila la
troisième fois que je me trou-
GALANT. 7
déve ſous leurs pattes. Ces pa- roles ne leur font pas defa- vantageuſes ; puis qu'on les rencontroit ſi ſouvent , c'eſt
une marque qu'ils eſtoient
partout. Auſſi ces Hollandois
enfurent tellement épouvan- tez , qu'apres une feule
charge qu'ils firent , ils jette rent leurs armes pour être moins embarraſſez en fuyant.
je ſuis ne m'empêchera pas pourtant de comencer par où j'ay finima derniere,&de vous entretenir encore de la Bataille. Je puis bien vous par- lerdeuxfois d'une choſe dont
on parlera eternellement , &
1 A ij
4 LE MERCURE
dont on découvre tous les
jours des circonstances qui
augmentent la gloire que Son Alteſſe Royale s'y eſt acquiſe.
Elle eut trois Batailles àſoûtenir dans la fameuſe Journée
de Caſſel , puis que les Batail- lons de fon Armée eurent
non ſeulement à combattre
ceux qui étoient dans la Plai- ne, &ceux qui venoient apres s'étre rafraîchis , mais qu'ils efſſuyerent auſſi le feu de tous ceux qui étoient à couvert dans les hayes ; ce qui fait voir que ſi les deux Armées euſſent été en pleine Campa- gne , celle de France , quoy que beaucoup moins forte ,
auroit triomphe ſans que la victoire y eût été diſputée un
GALANT. 5
ſeul moment. Je me ſens obligé de vous dire à l'avanta- ge des Suiſſes , dont perſon- ne n'a parléjuſques icy , qu'ils y ont acquis beaucoup de gloire ; Que les Gensd'armes Anglois & Ecoffois char- gerent trois fois enſemble,
& que les Anglois furent une quatrième fois à la char- ge , & fe mélerent avec les
Gardes du Prince d'Orange qui étoit à leur tête. Per- metrez - moy d'adjoûter à
cela quelque particularité des Mouſquetaires , on n'en peut
parler trop ſouvent ; mais ce que j'ay à vous en dire , prou- vera ce que j'ay déja mar- que touchant le nombre des
Bataillons ennemis dont il
falloit qu'un ſeul eſſuyât le feu..
A iij
6 LE MERCURE
Ce fut pour cette raiſon que les Mouſquetaires mirent pied à terre , & non ſeulement ils
défirent les Bataillons qui les
avoient obligez de combatre à pied, mais en remontant à cheval ils eſſuyerent une décharge qui leur fut faite par
de nouvelles Troupes , &
qui tua ſoixante de leurs Chevaux. Ce fut là où Monfieur de Moiſſac fut tué. Le
feul nom des Mouſquetai- res mit le defordre dans un Bataillon Hollandois. Un Officier qui eſtoit à la teſte les voyant venir l'Epée à la main d'une contenance toute fiere,
s'écria en ces propres termes.
Nous sommes perdus , ce font les Mousquetaires :
Voila la
troisième fois que je me trou-
GALANT. 7
déve ſous leurs pattes. Ces pa- roles ne leur font pas defa- vantageuſes ; puis qu'on les rencontroit ſi ſouvent , c'eſt
une marque qu'ils eſtoient
partout. Auſſi ces Hollandois
enfurent tellement épouvan- tez , qu'apres une feule
charge qu'ils firent , ils jette rent leurs armes pour être moins embarraſſez en fuyant.
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Résumé : « L'embarras où je suis ne m'empeschera pas pourtant de [...] »
Le texte décrit la bataille de Cassel, soulignant la bravoure des troupes françaises. Son Altesse Royale y a acquis une grande importance et gloire. Les Français ont affronté trois types de batailles : en plaine, contre des renforts frais et des unités cachées dans les haies. Malgré leur infériorité numérique, ils auraient facilement triomphé en pleine campagne. Les Suisses ont contribué significativement, et les charges des gens d'armes anglais et écossais, ainsi que des Anglais sous le commandement du Prince d'Orange, ont été notables. Les Mousquetaires se sont particulièrement distingués par leur courage et leur efficacité. Ils ont combattu à pied après avoir dû descendre de cheval, puis sont remontés en selle pour affronter de nouvelles troupes, subissant des pertes, notamment la mort de Monsieur de Moissac et la perte de soixante chevaux. La réputation des Mousquetaires semait la panique parmi les ennemis. Un officier hollandais, en les voyant, a déclaré : 'Nous sommes perdus, ce sont les Mousquetaires.' Après une seule charge, les Hollandais ont jeté leurs armes pour fuir.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 141-154
« Retournons à S. Omer, nous n'y demeurerons gueres: ce n'est [...] »
Début :
Retournons à S. Omer, nous n'y demeurerons gueres: ce n'est [...]
Mots clefs :
Canon, Saint Omer, Nuit, Logement, Marquis, Bataille, Altesse, Siège
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Retournons à S. Omer, nous n'y demeurerons gueres: ce n'est [...] »
Retournons à Saint Omer
nous n'y demeurerons gueres :
ce n'est pasl'ordinaire des Fran- çois d'eſtre long- temps devant une Place. La nuit queMonfieur
partit de Blandec , on abandon- na l'attaque de Tatingue , &
l'on en tira tout le Canon , que l'on conduifit à Arques. On ſe contenta de garnir la tranchée des Vaches , ſous le commandement de Mr de la Trouffe &
deMonfieur Stoupp. Mªde Tra- cy les yvintjoindre ,aprés avoir
GALANT. 93
f
-
mené neuf Bataillons à mon
ſieur. Le Gouverneur de Saint
Omer n'eut pas plutôt appris que l'on étoit aux mains,qu'il fit tirer tout ſon Canon ,&vou- lut perfuader au Peuple que le Prince d'Orange avoit gagné la Bataille. On en fit autant dans
noſtre Camp, pour la Victoire que Son Alteſſe Royale avoit remportée. Apres la défaite des Ennemis , Monfieur demeura
huitjoursdans ſon mêmePoſte,
pour empeſcher que le Prince d'Orange ne jettât quelques Troupes dans Saint Omer du débris de fon Armée, & pour faire ſubſiſter ſaCavalerie , qui trouvoit du fourage audelà du Canal. Pendant ce temps , Son AlteſſeRoyaleenvoyoit tous les jours quatre Bataillons monter laGardede laTranchée àl'atta
94 LE MERCVRE
que du Fort des Vaches , & fit faire une Baterie de vingt pie- ces , qui ne tira que fix jours apres, àcauſedumauvais temps,
&de la difficulté qu'ily avoit à
mener le Canon. Il falut que la Cavalerie portât des faſcines pendant deux jours , &l'on fut obligé de ſe ſervir des Suiſſes pour mettre les vingt Pieces en batterie. Reprenons l'ordre que nous avons interrompu. Si l'on n'a pas pouſſé le Travail pen- dantquelquenuits, on a gagné une Bataille , & preparé toutes les chofes que je vous viens de
marquer.
Lanuit du 15 au 16 On pouſſa la Tranché à la gauche , on approcha de l'A- vant foffé à la Contrecarpe , on fit un Logement ſur la Digue,
&une communication àune au-
GALANT. 95
tre; onmit encore quatorzePie- ces de Canon enbaterie.
La nuit du 16 au 17 On étendit les Logemens.
Le17 3
On travailla à une Baterie de
vingtMortiers. Mª de la Motte,
Mareſchal de Camp , reçeut un coup deMouſquetàlateſte.
La nuit du 17 au 18
Quelques Ingenieurs ayant affure que nous n'eſtions pas à
cinquante pas de la Contreſcar- pe,&qu'il eſtoit tres-facile de paſſer l'avant-foſſé , on refolut de l'attaquer : on leur donna -pourcela autant deTravailleurs -&Grenadiers qu'ils en deman- derent. Monfieur dela Cardonniere , Lieutenant General ,
commandoit la gauche; Monſieur Stouppla droite; &Mon- fieurdeVillechauve , Brigadier,
10
96 LE MERCVRE
le corps dumilieu. L'impatience oùMonfieur eſtoitde ſçavoir ce qui ſe paſſoit , luy fit envoyer Mrs d'Afpremont , d'Obſon ,
de Tillecourt , & de la Cauviniere , pour en avoirdes nouvel- les de moment en moment. Le
Signal donné , les Grenadiers de lagauche commandez parMon- ſieur le Marquis de la Freſelie- re , s'avancerent à découvert, ils
marcherentbiendeux cens pas,
efſfuyant tout le feu de la Con- treſcarpe , du Chemin couvert,
de la Demy-lune & du Ram- part; ils ne laifferent pas d'ap- procherdes paliſſade.Quelques- unsmémemontrerent tantd'intrépidité , qu'il s'abandonnerent dans la Contreſcarpe ; mais il fallut ſe contenter de faire un
Logement àquinze pas du bord de l'avant-foſſe. Monfieur le
Marquis
GALANT. 97
UP
1
Marquis de la Freſeliere y re- geutuncoup de Mouſquetdans leventre,dont il mourutle len- demain. Monfieur de la Freſe- liere fon Pere prit la place , &fe mit à la teſte de ſon Regiment,
pour ſoûtenir les Travailleurs.
Cette Action fut d'autant plus admirée , que l'eſtat où eſtoit fon Fils , & fa Chargede Lieu- tenant General de l'Artillerie,
pouvoient l'empêcher de s'ex- poſer de la forte. Monfieur de Villechauve fut bleſſé au ge- noüil, en faiſant auſſi faire fon Logement. Monfieur aprenant ce qui s'eſtoit fait dit, Qu'il ne s'estoit point trompé, &qu il avoit bien crû que c'estoit tout ce qu'on pourroitfaire.
Lanuit du 18 au 19 On s'étendit par des Sapes ſurl'avant-Foffé , on fitunétaTome IV. E
98 LEMERCVRE
bliſſement d'environ cinquante pas,& l'on commença àjetter des fafcines pour combler l'a- vant- Foffé. Les Ennemisabandonnerent de Faux-bourg du Haut-Pont , Monfieur Phifer,
Brigadier , ſe jetta dedans.
Lamait du 19 au 20
On continua le meſme Travail pour embraffer l'avant- foffe.
Le20
Les Ennemis voyant que Monfieur eſtoit revenu depuis quelque temps àfon Quartier deBlandec , & que ſes Troupes eftoient toutes fur la hauteur
d'Arques , battirent la chamade fur les fix heures du foir. On
donna des Oftages de part &
d'autre , &Monfieur envoya les Articles auRoyparMile Che- valier de Nantoüillet دو fon
#
1803
GALANT. 99
T
Chambellan ordinaire. Sa Ma
jeſté nedes voulut point voir , &
dit , Que fon Alteſſe avoit trop biencommencé, pour ne pas ache verde mesme. Monfieur accorda
aux Afſiegez de ſortir avec armes &bagage , & deux Pieces de Canon. Ils fortirent deux
mille Hommes de pied , &plus
de cinq censChevaux. SonAlreſſe Royale entra dans la Ville,
&fit chanter le Te Deum. Elle
fitenfuite le tourdesRamparts,
&alla voir toute l'Innondation,
& les Marais qui ſont ducoſté
duHaut Pont.
Toute la Maiſon de Monfieur n'a pas ſervy avec moins d'ardeur, tantqu'aduréle Siege,
qu'elle a fait lejourde laBatail- le. Ceuxmefmes dont l'employ n'eſtoit point de tirer l'épée ,fi- rent voir qu'ils ſçavoient s'en
Eij
100 LE MERCVRE
ſervir dans les occafions. Monſieur de Mannevilette, Secre
caire des Commandemens de
Son Alteſſe Royale , dont j'ay oublié à vous parler, fut de ce nombre. Il prit la placedeMon- ſieur le Chevalierde Sylli, Ayde de Campde Monfieur, qui fut tuédés le commencementde la
Bataille , &s'acquita de cet Em- ploy tant que dura le Combat,
demeſmeque s'il n'euſt fait au- tre choſe toute ſa vie. Je dois
vous dire encore,que celuy dont je vous ay parlé ſous le nom du Chevalier Tillet, dont le Cheval fut bleſſé aupres de Son Alteſſe Royale, eſt Monfieur le Chevalierde Tillecourt
nous n'y demeurerons gueres :
ce n'est pasl'ordinaire des Fran- çois d'eſtre long- temps devant une Place. La nuit queMonfieur
partit de Blandec , on abandon- na l'attaque de Tatingue , &
l'on en tira tout le Canon , que l'on conduifit à Arques. On ſe contenta de garnir la tranchée des Vaches , ſous le commandement de Mr de la Trouffe &
deMonfieur Stoupp. Mªde Tra- cy les yvintjoindre ,aprés avoir
GALANT. 93
f
-
mené neuf Bataillons à mon
ſieur. Le Gouverneur de Saint
Omer n'eut pas plutôt appris que l'on étoit aux mains,qu'il fit tirer tout ſon Canon ,&vou- lut perfuader au Peuple que le Prince d'Orange avoit gagné la Bataille. On en fit autant dans
noſtre Camp, pour la Victoire que Son Alteſſe Royale avoit remportée. Apres la défaite des Ennemis , Monfieur demeura
huitjoursdans ſon mêmePoſte,
pour empeſcher que le Prince d'Orange ne jettât quelques Troupes dans Saint Omer du débris de fon Armée, & pour faire ſubſiſter ſaCavalerie , qui trouvoit du fourage audelà du Canal. Pendant ce temps , Son AlteſſeRoyaleenvoyoit tous les jours quatre Bataillons monter laGardede laTranchée àl'atta
94 LE MERCVRE
que du Fort des Vaches , & fit faire une Baterie de vingt pie- ces , qui ne tira que fix jours apres, àcauſedumauvais temps,
&de la difficulté qu'ily avoit à
mener le Canon. Il falut que la Cavalerie portât des faſcines pendant deux jours , &l'on fut obligé de ſe ſervir des Suiſſes pour mettre les vingt Pieces en batterie. Reprenons l'ordre que nous avons interrompu. Si l'on n'a pas pouſſé le Travail pen- dantquelquenuits, on a gagné une Bataille , & preparé toutes les chofes que je vous viens de
marquer.
Lanuit du 15 au 16 On pouſſa la Tranché à la gauche , on approcha de l'A- vant foffé à la Contrecarpe , on fit un Logement ſur la Digue,
&une communication àune au-
GALANT. 95
tre; onmit encore quatorzePie- ces de Canon enbaterie.
La nuit du 16 au 17 On étendit les Logemens.
Le17 3
On travailla à une Baterie de
vingtMortiers. Mª de la Motte,
Mareſchal de Camp , reçeut un coup deMouſquetàlateſte.
La nuit du 17 au 18
Quelques Ingenieurs ayant affure que nous n'eſtions pas à
cinquante pas de la Contreſcar- pe,&qu'il eſtoit tres-facile de paſſer l'avant-foſſé , on refolut de l'attaquer : on leur donna -pourcela autant deTravailleurs -&Grenadiers qu'ils en deman- derent. Monfieur dela Cardonniere , Lieutenant General ,
commandoit la gauche; Monſieur Stouppla droite; &Mon- fieurdeVillechauve , Brigadier,
10
96 LE MERCVRE
le corps dumilieu. L'impatience oùMonfieur eſtoitde ſçavoir ce qui ſe paſſoit , luy fit envoyer Mrs d'Afpremont , d'Obſon ,
de Tillecourt , & de la Cauviniere , pour en avoirdes nouvel- les de moment en moment. Le
Signal donné , les Grenadiers de lagauche commandez parMon- ſieur le Marquis de la Freſelie- re , s'avancerent à découvert, ils
marcherentbiendeux cens pas,
efſfuyant tout le feu de la Con- treſcarpe , du Chemin couvert,
de la Demy-lune & du Ram- part; ils ne laifferent pas d'ap- procherdes paliſſade.Quelques- unsmémemontrerent tantd'intrépidité , qu'il s'abandonnerent dans la Contreſcarpe ; mais il fallut ſe contenter de faire un
Logement àquinze pas du bord de l'avant-foſſe. Monfieur le
Marquis
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Marquis de la Freſeliere y re- geutuncoup de Mouſquetdans leventre,dont il mourutle len- demain. Monfieur de la Freſe- liere fon Pere prit la place , &fe mit à la teſte de ſon Regiment,
pour ſoûtenir les Travailleurs.
Cette Action fut d'autant plus admirée , que l'eſtat où eſtoit fon Fils , & fa Chargede Lieu- tenant General de l'Artillerie,
pouvoient l'empêcher de s'ex- poſer de la forte. Monfieur de Villechauve fut bleſſé au ge- noüil, en faiſant auſſi faire fon Logement. Monfieur aprenant ce qui s'eſtoit fait dit, Qu'il ne s'estoit point trompé, &qu il avoit bien crû que c'estoit tout ce qu'on pourroitfaire.
Lanuit du 18 au 19 On s'étendit par des Sapes ſurl'avant-Foffé , on fitunétaTome IV. E
98 LEMERCVRE
bliſſement d'environ cinquante pas,& l'on commença àjetter des fafcines pour combler l'a- vant- Foffé. Les Ennemisabandonnerent de Faux-bourg du Haut-Pont , Monfieur Phifer,
Brigadier , ſe jetta dedans.
Lamait du 19 au 20
On continua le meſme Travail pour embraffer l'avant- foffe.
Le20
Les Ennemis voyant que Monfieur eſtoit revenu depuis quelque temps àfon Quartier deBlandec , & que ſes Troupes eftoient toutes fur la hauteur
d'Arques , battirent la chamade fur les fix heures du foir. On
donna des Oftages de part &
d'autre , &Monfieur envoya les Articles auRoyparMile Che- valier de Nantoüillet دو fon
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Chambellan ordinaire. Sa Ma
jeſté nedes voulut point voir , &
dit , Que fon Alteſſe avoit trop biencommencé, pour ne pas ache verde mesme. Monfieur accorda
aux Afſiegez de ſortir avec armes &bagage , & deux Pieces de Canon. Ils fortirent deux
mille Hommes de pied , &plus
de cinq censChevaux. SonAlreſſe Royale entra dans la Ville,
&fit chanter le Te Deum. Elle
fitenfuite le tourdesRamparts,
&alla voir toute l'Innondation,
& les Marais qui ſont ducoſté
duHaut Pont.
Toute la Maiſon de Monfieur n'a pas ſervy avec moins d'ardeur, tantqu'aduréle Siege,
qu'elle a fait lejourde laBatail- le. Ceuxmefmes dont l'employ n'eſtoit point de tirer l'épée ,fi- rent voir qu'ils ſçavoient s'en
Eij
100 LE MERCVRE
ſervir dans les occafions. Monſieur de Mannevilette, Secre
caire des Commandemens de
Son Alteſſe Royale , dont j'ay oublié à vous parler, fut de ce nombre. Il prit la placedeMon- ſieur le Chevalierde Sylli, Ayde de Campde Monfieur, qui fut tuédés le commencementde la
Bataille , &s'acquita de cet Em- ploy tant que dura le Combat,
demeſmeque s'il n'euſt fait au- tre choſe toute ſa vie. Je dois
vous dire encore,que celuy dont je vous ay parlé ſous le nom du Chevalier Tillet, dont le Cheval fut bleſſé aupres de Son Alteſſe Royale, eſt Monfieur le Chevalierde Tillecourt
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Résumé : « Retournons à S. Omer, nous n'y demeurerons gueres: ce n'est [...] »
Le texte relate les événements militaires autour de Saint-Omer. Après avoir abandonné l'attaque de Tatingue, les Français se concentrèrent sur la tranchée des Vaches. Le gouverneur de Saint-Omer tenta de tromper la population en affirmant que le Prince d'Orange avait remporté la bataille. Suite à une victoire, les Français restèrent huit jours pour prévenir toute contre-attaque et pour approvisionner leur cavalerie. Des bataillons furent envoyés pour renforcer la tranchée et une batterie de vingt pièces de canon fut préparée. Les travaux de siège se poursuivirent avec des avancées nocturnes et la mise en place de nouvelles batteries. La nuit du 15 au 16, la tranchée fut poussée vers la gauche et des logements furent construits. Le 17, des mortiers furent installés et un officier, M. de la Motte, fut blessé. La nuit suivante, une attaque sur la contrescarpe fut menée par plusieurs officiers, dont le Marquis de la Freseliere, qui fut mortellement blessé. Les travaux continuèrent avec des sapes et des fascines pour combler les fossés. Le 20, les assiégés demandèrent à capituler et furent autorisés à sortir avec leurs armes et bagages. Les Français entrèrent dans la ville et célébrèrent leur victoire. La maison du commandant montra une grande ardeur tout au long du siège, y compris les secrétaires et aides de camp.
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6
p. 215-227
« Je passe à l'Article que vous m'avez demandé de [...] »
Début :
Je passe à l'Article que vous m'avez demandé de [...]
Mots clefs :
Duc de Vivonne, Ennemis, Armée, Garnison, Bataille, Sicile, Roi, Prise d'Agouste
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texteReconnaissance textuelle : « Je passe à l'Article que vous m'avez demandé de [...] »
Je paſſe à l'Article que vous m'avez demandé de M² le Mareſchal , Duc de Vivonne ; &
puis quevous vous intereſſez fr fortdans ce qui le regarde , je vous écriray ce qui en eſt venu àma connoiſſance. Les Secours
que le Roy luy a envoyez de François &de Suiffes, font, dit- en, arrivez &ſe mettront bien-
GALAN T. 141
toſt en estat d'executer les Projets qu'il à faits , pour affermir l'authorité du Roydans la Sici- le , & étendre ſes Conqueſtes.
Vous ſçavez, Madame , que ce Sage Vice-Roy a eſté obligé de mettre enGarniſon dans lesPlaces qu'il conquit l'année der- niere , une partie des Troupes quiluy reſtoient, &qu'il en faut toûjoursun nombre confiderable dans Meſſine , où les Efpa- gnols confervent des intelligen- ces&font continuellement des
entrepriſes pourtafcher à ébran- ler la conftance des Meſſinois.
Vous ne ſçauriez croire l'affe- Etion que ces Peuples ont pour M le Marefchal de Vivonne.
Elle est telle qu'on peut dire qu'elle ne contribuë pas peu à la conſervation de l'authorité du
Royen cesPays là. Onconfide
142 LE MERCVRE reen luy une bonté extraordi- naire , une affabilité où les Efpagnols n'avoient jamaisaccoû- tumé les Siciliens , une juſtice que rien ne ſçauroit corrompre,
undes-intereſſementdont il ne
peut étre affez loüé. Ces nou- veaux Sujetsde la Franceontad- miré comme nous ſa Valeur ,
quand ils l'ont veu arriver chez eux dans l'extremité où ils
eſtoient réduits , en leur portant l'abondance , apres avoir défait les Ennemis dans un Combat
inégal. Ils ont eſté entretenus dans cetteopinion par la refolu- tion qu'il avoit faite , d'entre- prendre ſur l'Armée Navale des Eſpagnols dans le Port deNa- ples. Elle ne trouva d'obstacle queparl'impoſſibilé qui s'y ren- contra,quandon fut fur le point de l'executer. Il eſtoit difficile
GALAN T. 143 que M de Vivonne n'acquiſt pas leur amitié,par les ſoins con- tinuels qu'il avoit de leur faire
venir des vivres &de faire des
priſes confiderables fur leurs
Ennemis , pour ramener chez eux l'abondancedans un temps,
où ils eſtoientprivez de tousles Secours de leurs Païs. La confiance qu'ils avoient en luy, pa- rut particulierement , lors qu'il voulut aller à cette grande Ex- pedition , où M² du Queſne dé- fit l'Armée ennemie , commandée par le fameux AdmiralRüy- ter. If modera l'envie qu'il avoit d'acquerir de la gloire, dans un Combat, où il devoit avoir le
premier Commandement , pour Te rendre à l'amour de cesPeuples, qui deſeſperoient de leur confervation, s'ils laiſſoient éloigner celuy qu'ils regardoient
144 LE MERCVRE
comme leur Pere. Apres le gain de la Bataille , où i² du Queſne fit de fi belles choſes, &où tous
les Commandans ſe ſignalerent,
nôtre Armée Navale fut obligée deſe retirer en Provence , tant pour faire radouber les Vaifſeaux, que pour prendredes Vivres , qui pouvoient manquer.
Alors M le Mareſchal de Vivonne confiderant qu'il en re- ſtoit fort peu dans Meſſine , &
qu'il n'y avoit pas de ſeureté pour le paſſage de M de Châ- teau- renaud,qui venoit de France avec unConvoy; parce que les Ennemis , qui n'avoient pas tant de chemin à faire, ſeroient
toûjours en eſtat de luyempef- cher l'entrée du Phare , il conclut la fameuſe Expedition de Palerme,dont vousſçavez le détail , malgré les oppoſitions de
quel
:
GALANT. 7 145
et
:
quelques-uns qui voyoient le danger plus grand que luy , ou qui n'avoient pas tant d'ardeur pour la gloire. Les chofes luy réüffirent comme il l'avoit eſpe- ré , le Convoy arriva heureuſe- ment, les Ennemis firent une perte dont ils n'avoient point encore veu d'exemple, &noftre Mareſchal retourna triomphant dans Meſſine. L'amour des Peuples redoubla pour luy,com- me il redoubla ſes ſoins pour les conſerver ; il découvrit beaucoup de Conjurations , &meme contre ſa vie; il ne prit cepen- dant de precaution , que pour empeſcher les, entrepriſes des Ennemis ſur les nouveaux Sujets d'un Roy, que ceux qui le connoiſſent , ſçavent qu'il aime uniquement, & pour quiil ſacri- fieroit de bon cœur toutes cho-
: Tome IV. G
146 LE MERCVRE
faut
ſes. Ainſi quelque paffion qu'il aitpourlagloire,elle n'approche point de l'amour qu'il a pour le Royfon Maiſtre. Vous croyez bien, Madame , que pour faire tout ce qu'on en publie , il ne pas qu'il dorme toûjours,
comme veulent faire croire les
Ennemis dans leurs Gazettes;
maisilfe donne fi peu de peine pour avoir des Gens qui faffent courirde luy des bruits avanta- geux, qu'il ne faut pas s'étonner s'il s'en répand quelquefois d'autresqui trouvét de la créance patmy les gens, qui ne con- noiffent pas cet Illuftre Gene- ral, mais cela est bien-toſt de- truit par la force de la verité;
&tout l'artifice de ſes envieux,
dontles Perfonnes , comme luy,
ne manquent jamais , ne peut rien contre la reputation , que ſes belles actions luy ont acqui-
GALAN T. 147
de
k
es
t
fe. La priſe d'Agoufte &de tant dePlaces qui fortifient le party des Meſſinois , renverſe tout ce qu'on peut inventer , pour ob- ſourcir l'éclatde ſa gloire. Il ne la veut devoir qu'aux ſervices qu'il rend àſon Prince , & il en laiſſe le ſoin àceux qui écrivent
les Evenemens de
fe
ceSiecle,ſans TRE
mettre en peine d'avoir des
Prôneurs à la Cours. Ie ne vous
dis rien de la grande Action de Palerme. Vous la ſçavez ; mais vous ne ſçavez peut-eſtre pas que le bruit qu'elle fit chez les Tures, y porta tant de terreur,
qu'ilsredoublerentles Garniſons
de toutes les Places maritimes
qu'ils ontde ce coſté-là.
puis quevous vous intereſſez fr fortdans ce qui le regarde , je vous écriray ce qui en eſt venu àma connoiſſance. Les Secours
que le Roy luy a envoyez de François &de Suiffes, font, dit- en, arrivez &ſe mettront bien-
GALAN T. 141
toſt en estat d'executer les Projets qu'il à faits , pour affermir l'authorité du Roydans la Sici- le , & étendre ſes Conqueſtes.
Vous ſçavez, Madame , que ce Sage Vice-Roy a eſté obligé de mettre enGarniſon dans lesPlaces qu'il conquit l'année der- niere , une partie des Troupes quiluy reſtoient, &qu'il en faut toûjoursun nombre confiderable dans Meſſine , où les Efpa- gnols confervent des intelligen- ces&font continuellement des
entrepriſes pourtafcher à ébran- ler la conftance des Meſſinois.
Vous ne ſçauriez croire l'affe- Etion que ces Peuples ont pour M le Marefchal de Vivonne.
Elle est telle qu'on peut dire qu'elle ne contribuë pas peu à la conſervation de l'authorité du
Royen cesPays là. Onconfide
142 LE MERCVRE reen luy une bonté extraordi- naire , une affabilité où les Efpagnols n'avoient jamaisaccoû- tumé les Siciliens , une juſtice que rien ne ſçauroit corrompre,
undes-intereſſementdont il ne
peut étre affez loüé. Ces nou- veaux Sujetsde la Franceontad- miré comme nous ſa Valeur ,
quand ils l'ont veu arriver chez eux dans l'extremité où ils
eſtoient réduits , en leur portant l'abondance , apres avoir défait les Ennemis dans un Combat
inégal. Ils ont eſté entretenus dans cetteopinion par la refolu- tion qu'il avoit faite , d'entre- prendre ſur l'Armée Navale des Eſpagnols dans le Port deNa- ples. Elle ne trouva d'obstacle queparl'impoſſibilé qui s'y ren- contra,quandon fut fur le point de l'executer. Il eſtoit difficile
GALAN T. 143 que M de Vivonne n'acquiſt pas leur amitié,par les ſoins con- tinuels qu'il avoit de leur faire
venir des vivres &de faire des
priſes confiderables fur leurs
Ennemis , pour ramener chez eux l'abondancedans un temps,
où ils eſtoientprivez de tousles Secours de leurs Païs. La confiance qu'ils avoient en luy, pa- rut particulierement , lors qu'il voulut aller à cette grande Ex- pedition , où M² du Queſne dé- fit l'Armée ennemie , commandée par le fameux AdmiralRüy- ter. If modera l'envie qu'il avoit d'acquerir de la gloire, dans un Combat, où il devoit avoir le
premier Commandement , pour Te rendre à l'amour de cesPeuples, qui deſeſperoient de leur confervation, s'ils laiſſoient éloigner celuy qu'ils regardoient
144 LE MERCVRE
comme leur Pere. Apres le gain de la Bataille , où i² du Queſne fit de fi belles choſes, &où tous
les Commandans ſe ſignalerent,
nôtre Armée Navale fut obligée deſe retirer en Provence , tant pour faire radouber les Vaifſeaux, que pour prendredes Vivres , qui pouvoient manquer.
Alors M le Mareſchal de Vivonne confiderant qu'il en re- ſtoit fort peu dans Meſſine , &
qu'il n'y avoit pas de ſeureté pour le paſſage de M de Châ- teau- renaud,qui venoit de France avec unConvoy; parce que les Ennemis , qui n'avoient pas tant de chemin à faire, ſeroient
toûjours en eſtat de luyempef- cher l'entrée du Phare , il conclut la fameuſe Expedition de Palerme,dont vousſçavez le détail , malgré les oppoſitions de
quel
:
GALANT. 7 145
et
:
quelques-uns qui voyoient le danger plus grand que luy , ou qui n'avoient pas tant d'ardeur pour la gloire. Les chofes luy réüffirent comme il l'avoit eſpe- ré , le Convoy arriva heureuſe- ment, les Ennemis firent une perte dont ils n'avoient point encore veu d'exemple, &noftre Mareſchal retourna triomphant dans Meſſine. L'amour des Peuples redoubla pour luy,com- me il redoubla ſes ſoins pour les conſerver ; il découvrit beaucoup de Conjurations , &meme contre ſa vie; il ne prit cepen- dant de precaution , que pour empeſcher les, entrepriſes des Ennemis ſur les nouveaux Sujets d'un Roy, que ceux qui le connoiſſent , ſçavent qu'il aime uniquement, & pour quiil ſacri- fieroit de bon cœur toutes cho-
: Tome IV. G
146 LE MERCVRE
faut
ſes. Ainſi quelque paffion qu'il aitpourlagloire,elle n'approche point de l'amour qu'il a pour le Royfon Maiſtre. Vous croyez bien, Madame , que pour faire tout ce qu'on en publie , il ne pas qu'il dorme toûjours,
comme veulent faire croire les
Ennemis dans leurs Gazettes;
maisilfe donne fi peu de peine pour avoir des Gens qui faffent courirde luy des bruits avanta- geux, qu'il ne faut pas s'étonner s'il s'en répand quelquefois d'autresqui trouvét de la créance patmy les gens, qui ne con- noiffent pas cet Illuftre Gene- ral, mais cela est bien-toſt de- truit par la force de la verité;
&tout l'artifice de ſes envieux,
dontles Perfonnes , comme luy,
ne manquent jamais , ne peut rien contre la reputation , que ſes belles actions luy ont acqui-
GALAN T. 147
de
k
es
t
fe. La priſe d'Agoufte &de tant dePlaces qui fortifient le party des Meſſinois , renverſe tout ce qu'on peut inventer , pour ob- ſourcir l'éclatde ſa gloire. Il ne la veut devoir qu'aux ſervices qu'il rend àſon Prince , & il en laiſſe le ſoin àceux qui écrivent
les Evenemens de
fe
ceSiecle,ſans TRE
mettre en peine d'avoir des
Prôneurs à la Cours. Ie ne vous
dis rien de la grande Action de Palerme. Vous la ſçavez ; mais vous ne ſçavez peut-eſtre pas que le bruit qu'elle fit chez les Tures, y porta tant de terreur,
qu'ilsredoublerentles Garniſons
de toutes les Places maritimes
qu'ils ontde ce coſté-là.
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Résumé : « Je passe à l'Article que vous m'avez demandé de [...] »
Le texte relate les actions et les succès du maréchal de Vivonne, duc de Vivonne, en Sicile. Grâce aux secours envoyés par le roi, composés de troupes françaises et suisses, Vivonne a pu renforcer l'autorité royale et étendre les conquêtes. Il a dû garnir les places conquises et maintenir une présence militaire significative à Messine pour contrer les Espagnols. Les Siciliens ont manifesté une grande affection pour Vivonne, appréciant sa bonté, son affabilité et sa justice. Ils ont également admiré sa valeur, notamment après sa victoire contre les ennemis dans un combat inégal et son rôle dans l'abondance de vivres apportée à la population. Vivonne a planifié une expédition contre la flotte navale espagnole à Naples, mais celle-ci a été annulée en raison de difficultés logistiques. Lors de l'expédition contre l'amiral Ruyter, Vivonne a sacrifié son désir de gloire pour rester auprès des Siciliens, qu'il considérait comme ses enfants. Après la bataille, la flotte française s'est retirée en Provence pour réparations et approvisionnement. Vivonne a ensuite mené une expédition à Palerme pour sécuriser le passage d'un convoi, malgré les oppositions et les dangers. Cette expédition a été couronnée de succès, renforçant l'amour des Siciliens pour lui. Vivonne a également découvert et neutralisé plusieurs conspirations contre lui et la population. Son dévouement au roi est total, et il sacrifie toute autre ambition pour servir son prince. Les succès militaires de Vivonne, comme la prise d'Agoste et d'autres places, renforcent son prestige et sa réputation, malgré les tentatives des ennemis de le discréditer.
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7
p. 224-253
Ce qui s'est passé en Allemagne entre l'Armée du Roy & celle de l'Empereur. [titre d'après la table]
Début :
Pendant que plus de vingt Puissances Souveraines liguées contre nous [...]
Mots clefs :
Prince Charles, Prince d'Orange, Troupes, Ennemis, Bataille, Maréchal de Créquy, Armée, Ministres, Désertion, Canon, Soldats, Cavalier, Chevaux, Allemands
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texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé en Allemagne entre l'Armée du Roy & celle de l'Empereur. [titre d'après la table]
Pendant que plus de vingt Puiſſances Souveraines liguées contre nous,amaſſoient de toutes parts un nombre infiny de Troupes , celles de France qui avoient déja pris trois des plus fortes Places de l'Europe, &
O iij
162 LE MERCVRE
gagné un Bataille, eſtoient das des Quartiers de rafraîchiſſement. On les croyoit fort di- minuées par les fatigues de tant de Sieges entrepris dans une ſaiſon rigoureuſe,&toutes les Gazettes ne parloient que de Levées & de Jonctions de
Troupes ennemies qui ſe fai- foient de tous coſtez. On ne
diſoit rien des noſtres ; il n'y avoit pas mefme d'apparence que nous puſſions eſtre affez forts pour nous oppoſer au Prince Charles. Cependant on a veu tout d'un coup par enchantement , Monfieur leMaréchal deCréquy en état de luy tenir teſte , tandis que
Mõſieurde Luxembourg avoit en Flandre une Armée auſſi
nombreuſe que celle que nous avons en Allemagne. Ces Ar
comme
GALANT. 163 mées ne manquent de rien , &
l'admirable prévoyace duRoy eſt ſi bien fecondée par le zele desMiniſtres qui executentſes ordres , que tout ce qui eſt ne- ceſſaire pour les faire ſubſiſter s'y trouve toûjours en abon- dance. Voila ce qui nous facilite tantdeglorieuſes conque- ſtes , & qui nous fait arreſter ſans peine le torrent oppoſé de tant de Troupes. Voyons les mouvemens de l'Armée de
l'Empereur depuis trois mois que le Prince Charles qui la commande a fait l'ouverture
de la Campagne. Elle estoit à
trois lieuësdeMetsdésle commencement de Juin , &dés ce temps-là Monfieur le Maref- chal de Créquy commença à
la combattre & à la ruiner par ſes Partis &par ſes divers mou-
164 LE MERCVRE
vemens.Le Prince Charles qui avoit réſolu de tenter quelque choſe de grand, paſſa la Seille la nuit du dix au onze de ce
-meſme mois , & vint camper du coſté de noſtre General ,
mais ce ne fut que pour y voir fon Armée dans l'extréme neceffité de toutes choſes pendat le long ſejour qu'elle y fit , &
pour donner lieu à un nombre infiny de Partis de la détruire plus commodément.Apres que cePrince eutachevéde paffer,
Mª de la Fite arriva dés le foir
meſme aupres de Monfieur le Mareſchal de Créquy avec un Détachement des Gardes du
Corps , de Gensd'armes , & de Chevaux-Legers de la Garde.
Le Prince Charles quine ſe ſe- roit pas hazardé à paſſer la Ri- viere, s'il euſt eſté avertyde ce
GALANT. 165
ra
Pul
ect
es
&
Fant
fel
Ja R
Secours, n'en reçeut la nouvel- le qu'avec un chagrin mortel.
Il vit bien qu'il luyſeroit diffi
cile de rien entreprendre , M
de Créquy eſtant preſque auffi fort que luy; mais comme il luy auroit eſté honteuxde fai- re voir qu'il avoit de méchans Eſpions, ou plutoſt qu'il n'en avoit point , il aima mieux fai- re bonne contenance dans fon
Poſte , que de s'en retourner furſes pas. C'eſt oùſon Armée apenſé périr, c'eſt où elle a tant manqué de Fourages , & tant mangédePain poury &de mé- chans Gâteaux. La neceffité y
eſtoit fi grande,qu'on endiſtri- buoit qu'un pour quatre Sol- dats. Ileſt mefme ſouvent arrivé que le Pain manquanten- tierement , elle n'a mangé que
de la Vache. Il eſt vray que
166 LE MERCVRE
l'on y a quelquefois donné quelques Eſcalins au lieu de Pain; mais ſi cet argent a em- peſché les plus ſeditieux de crier , il n'a pas empeſché de mourir de faim ceux à qui un fi foible ſecours ne pouvoit faire trouver dequoy manger.
Tant que le Prince Charles a
demeuré dans ce Poſte,quatre choſes ont ruiné ſon Armée;
laDeſertion, nos Partis,le man- que de Pain , & les Païfans qui prenoient tous ceux qui s'e- cartoient pour en chercher.
Les Marchez &les Places pu- bliques de Mets eſtoient rem- plis de leurs Chevaux qui ſe donnoient à fort grand mar- ché. Cefutdans ce temps que M. le Marefchal de Créquy fit faire à fon Armée ce beau
mouvement qui embaraſſa tat
GALANT. 167
les Ennemis.Il fit ſi bien placer fon Canon , qu'il leur tua plus de huit ou neuf cens Hommes , avant qu'on puſt enten-- dre le leur , qui ne fut en état de tirer que plus de trois heu- res apres le noſtre. Ils firent connoiſtre qu'ils n'avoient aucun deſſein de ſe battre , puis qu'ils repaſſerent la Seille. On trouva dans leur Camp quan- tité de Soldats qu'ils avoient enterrez,afin qu'on ne s'apper- çût pas de leur perte, & ils l'a- voient fait fi fort à la haſte ,
qu'ils leur avoient laiſſé leurs
habits & leur argent , dont on trouva méme une fomme conſidérable dans les Bottes d'un
Cavalier. On les pourſuivit dans leur Retraite,où ils perdi- rent encor beaucoup de mon- de. Cette pourfuite , & leur
168 LE MERCVRE
Canon , qu'ils tirerent à noſtre
exemplequelque temps aupa- ravant , nous coûterent auffi
quelques Gens. Nous perdî- mes M de Préfonval Lieutenant Colonel de la Couronne.
Quelques Gardesdu Corps fu- rent tuez , & deux Exempts bleſſez , qui fontM² de la Fou- chardiere & Mr Darmandaris.
Depuis ce temps les Ennemis ontſouvent changé de Pofte,
&Mr le Marefchal deCréquy a toûjours profité de leurs mouvemens. Ils eſtoient vis- àvis le Village d'Arancy , lors que ce vigilant Mareſchal ap- pritqu'ils attendoientungrand Convoy.Ilfit unDétachement
commandé par Mº de la Haye Lieutenant General , pour le furprendre. On leur tua plus dequatre cens Hommes, &on
leur
GALANT. 169
leurpritdumoins cent Charettes. Ceux qui ſe ſignalerent en cette occafion , furent Meffieurs les Marquis de Genlis &
de Renty,M le Comte deMo- reüil,M de la Fite, Mt le Comte d'Aubijoux , & M Marin.
M de la Haye y fut tué d'un coup deMouſquet. NosPartis ayant continue toûjours à les inquiéter , quatre Pieces de noſtre Canon chargées à cartouches, les incommoderent
fort aupres deMaleroy. Quelques jours apres comme onfui- voitleur marche avec l'ardeur
qui eſt ordinaire aux François,
M' le Chevalierd Eſtrades qui eſtoit Chefd'unParty de deux césChevaux, apperçeût quel- ques Troupesde leur Arriere- garde; il en fit avertir M. le
Comte de Maulevrier - ColTome V. P
170 LE MERCVRE bert, qui commandoit l'Aifle gauche. Ils'avança pour exa- minerla contenance des Ennemis, &les fit attaquer. Les Re- gimensdePortia &de Souches furent défaits. On découvrit
la queuë des Bagages, on ytua plus de deux cens Perſonnes,
onyfit centPrifonniers, & l'on pilla quantité deChariots. La Femme du Tréſorier del'Armée, quipar malheur ſe trou- va là dans fon Carroffe avec
d'autres Femmes, fut tuéedans
T'ardeur du Combat,fansqu'on ſceût meſme fi elle y eftoit.
Deux de nos Efcadrons , &
&quelquesDragons,plus avides de gloire que de bittin,
poufferentplus avant,&paf- ferent un Défilé. Ils furent
chargez par unCorps d'Enne- mis beaucoup plus conſidéra-
GALANT. 171
الاس
01
ble qu'ils n'eſtoient. Ils ſe retirerent enbon ordre, &ne perdirent pas trente Hommes.Les Ennemis n'oferent les pourſui- vre, &ils aimerent mieux laiffer emporteraux François tout ce qu'ils avoient pillé, qued'a- vancer pour les combattre, &
les empeſcher de profiter de | leur butin, Depuis cetemps-là le Prince Charles ſe promene,
&il ſemble qu'il ait enviede venir voir le Prince d'Orange,
qui n'eſt pas plus avancé que luy , quoy que l'un & l'autre foit en campagne depuis pres de trois mois. Je nedoute point qu'ils n'ayent entrepris quel- que choſe quand vous rece vrez ma Lettre , puis que je la finis dans le temps où ils doi- ventdu moins faire voirqu'ils
ell
20
n'ont 1 pas aſſemblé tant de
Pij
172 LE MERCVRE Troupes dans le ſeul deſſein
de nous obſerver. Le Prince
Charles n'auroit pas attendu fi long-temps à ſe déclarer , ſi M
le Mareſchal de Créquy l'euft laiſſé plus en repos mais ſa vi- gilance a toûjours détruit ce que ce Prince s'eſtoit propoſe de faire. Quand ils ont eſte ſé- parez, ila tenudes Ponts prefts pourfaire paſſer ſes Partis ; &
dans quelque Camp que les Ennemis ayent eſté , ils en ont toûjours eſté fatiguez . Ses Or- dres s'executoient avec tant de
ponctualité ; qu'on les a veu quelquefois inquiétez enmef- me temps par les Partis de Na- cy , par ceux des Lieux les plus proches , par les Détachemens de l'Armée , & par les Païfans.
C'eſt ainſi qu'on fait périr les Troupes les plus nombreuſes,
GALANT. 173
1
G
&que ſans rien perdre on ga- gne ſouventplus que fi ondo- noit une Bataille. M² de Beaufort Mareſchal de Camp,pouf- ſa une fois leur grande Garde - juſques à leurs Tentes. Quar torze Cuiraſſiers furent pris une autre fois par un Party de
vingt-cinq contre vingt-cinq.
Un LieutenantdeFufiliers,fortifiédesPaïſansduPaïs Meſſin,
attaqua &batit quelque temps apres un Convoy de Vin &
d'Eau de vie , dont il enfonça tous les Tonneaux ; & le MajorduRegimentdeCominges,
avec tres-peu de Gens , avoit défait quelques jours aupara- vant quatre-vingt Cuiraffiers,
dont la plupart furent faits pri- fonniers.; Je pourrois vous raconter encor unnombre infiny d'actions de vigueur qui ont
Piij
174 LE MERCVRE
८
eſté faites par nosPartis ; mais je vous veux ſeulement parler dedeuxdont les circonstances
font affez curieuſes. Le Prince
Charles s'ennuyant de ne rien faire , & ne voulant pas que l'on s'aperçeut de ſon chagrin,
refolut de donner le Bal aux
principales Dames de fon Ar- mée. Cela ne doit pas vous étonner, les Allemans ne mar- chent guéres qu'en Famille.
Comme il n'eſt point de Nation qui n'imite les François en quelque choſe , les Allemans pour pour paroiſtre avec plus de galanterie, voulurent avoir de nos Habits les plus à la mo- de,&le Prince Charles en envoya demander par unTrom- pete au Lieutenant de Royde Mets , lequel par une honne- ſteté toute Françoiſe luy en-
GALANT. 175
هللا
que
A
10.1
N
DIS
arc
ne
ronoyd
nne
yen
:
voya auſſi-toſt des Tailleurs ,
avec les Etofes les plus nou- velles qu'on puſt trouver. Les Habits ſe firent, &on commeça le Bal. M de Créqui prit ce temps pour leur donner un au- tre BLIOTHEQUR
divertiſſement. Il envoya Iron quelques Troupes qui donne rent l'alarme dans l'un de leurs
Quartiers, & qui eurent ordre
de ſe retirer d'une maniere qui pût engager les Ennemis à les pour ſuivre. Ses Ordres furent ponctuellement executez ; &
comme il avoit fait placer plu- fieurs Canons chargez à car- touches dans un endroitoù les
Ennemis ne croyoient pas qu'il y en euſt , la plupart de ceux qui pourſuivirentnos Gens fu- rent tuez ou bleffez ; & l'alarmes s'eſtant répaduëdans tout le Gamp , le Bal fut tellement
LYON
176 LE MERCVRE
troublé , que les Allemans oublierent leurs Dances , &
ne ſceurent plus faire de pas que pour décamper quel- ques jours apres. Le Canon ne leur fut pas moins fatal le jour que leurs Fourageurs fu- rent enlevez. La plupart des Officiers qui avoient des Va- lets au fourage, s'attrouperent pour les venir défendre ; mais ils n'oferent avancer , & l'on
euſtditqu'ils n'eſtoient venus que pour eſtre témoins de la perte de leurs Chevaux. Ils ne
s'en retournerent pourtantpas tous , &pluſieurs furent tuez par noſtre Canon. Vous direz peut- eſtre que c'eſt n'avoir rien fait, que de n'avoir ni pris de Places, ni gagné deBatail- les ; mais apres les premiers
avantages que nous avons
GALANT. 177
1
remportez , n'est-il pas bien glorieux d'empefcher tant de Puiſſances unies d'executer
aucune dn leurs entrepriſes ?
De pareils emplois demandent le Capitaine le plus confom- mé ; ils ont dequoy exercer toute fon experience , & de- quoy le rendre vigilant, eſtant obligé de faire des mouve- mens continuels , & de pren- dre garde en meſme temps de n'en faire aucun de faux.C'eſt
par là qu'on ruine infenfible- ment les Armées ennemies
mais il ne ſuffit pas pour cela d'avoir du cœur, il faut avoir
de l'eſprit & de l'adreſſe , &
que la tefte agiffe plus que le bras. Mr de Créquy a montré depuis trois mois que toutes
ces choſes ne luy eſtoient pas inconnuës , & qu'il ſçavoit
178 LE MERCVRE joindre la conduite & la pru- dence à la haute valeur dont
il a donné des marques dans un nombre infini d'occaſions,
&dans la diverſité des mouvemens qu'il a faits. Comme il ne s'en eſt pas trouvé unde faux, on ne peut marcher plus glorieuſement qu'il fait ſur les traces de M'de Turenne. Il l'a
imité en toutes chofes,&toutes les Lettres nous affurent
qu'il ne s'eſt pas fait moins ai- mer dans toutes les Troupes qu'il commande,qu'il s'est fait craindre parmi celles qui lui font oppoſées.
'La feconde Armée d'Allemagne , compoſée des Trou- pes des Cercles , n'a pas fait plus de progrez que celle du Prince Charles. M de Monclar l'obſerve de prés, &M' le
GALANT. 179
Marquis de Bligny l'eſt allé joindre avec unDétachement de dix Eſcadrons. Il y a prés de trois mois que le Prince
dOrange aſſemble la fienne,
■ & qu'il attend celle de dix ou
douze Alliez qui marche de- puis long-temps. Ila parujuf- ques icyque toutes cesTrou- pes n'estoient en campagne que pour arrefterles courſesde delaGarnifon de Maftric ; ce
qu'elles n'ont toutefois pû fai- re. Mr de la Motte avec un
Détachement, a eſté prendre force Beſtiaux du coſtede Namur; &M le Duc de Luxembourg a fouragé long-temps juſques aux Portes de Bruxel- les.Il aenvoyéquelques Troupes aux environs d'Oudenarde ſous le commandement de
Mellieurs dela Motte &d'Au
ZB
180 LE MERCVRE
ger. Le Prince d'Orange com- mença à décamper le 15.&M²
de Luxembourg le 16. Je ne
vous en diray rien davantage dans cette Lettre, quand mef- me on entreprendroit quelque choſe avantqu'elle fut fermée,
afin de vous en parler au long dans la premiere que je vous écriray,&de ne vous enpoint faire le détailàdeux fois
O iij
162 LE MERCVRE
gagné un Bataille, eſtoient das des Quartiers de rafraîchiſſement. On les croyoit fort di- minuées par les fatigues de tant de Sieges entrepris dans une ſaiſon rigoureuſe,&toutes les Gazettes ne parloient que de Levées & de Jonctions de
Troupes ennemies qui ſe fai- foient de tous coſtez. On ne
diſoit rien des noſtres ; il n'y avoit pas mefme d'apparence que nous puſſions eſtre affez forts pour nous oppoſer au Prince Charles. Cependant on a veu tout d'un coup par enchantement , Monfieur leMaréchal deCréquy en état de luy tenir teſte , tandis que
Mõſieurde Luxembourg avoit en Flandre une Armée auſſi
nombreuſe que celle que nous avons en Allemagne. Ces Ar
comme
GALANT. 163 mées ne manquent de rien , &
l'admirable prévoyace duRoy eſt ſi bien fecondée par le zele desMiniſtres qui executentſes ordres , que tout ce qui eſt ne- ceſſaire pour les faire ſubſiſter s'y trouve toûjours en abon- dance. Voila ce qui nous facilite tantdeglorieuſes conque- ſtes , & qui nous fait arreſter ſans peine le torrent oppoſé de tant de Troupes. Voyons les mouvemens de l'Armée de
l'Empereur depuis trois mois que le Prince Charles qui la commande a fait l'ouverture
de la Campagne. Elle estoit à
trois lieuësdeMetsdésle commencement de Juin , &dés ce temps-là Monfieur le Maref- chal de Créquy commença à
la combattre & à la ruiner par ſes Partis &par ſes divers mou-
164 LE MERCVRE
vemens.Le Prince Charles qui avoit réſolu de tenter quelque choſe de grand, paſſa la Seille la nuit du dix au onze de ce
-meſme mois , & vint camper du coſté de noſtre General ,
mais ce ne fut que pour y voir fon Armée dans l'extréme neceffité de toutes choſes pendat le long ſejour qu'elle y fit , &
pour donner lieu à un nombre infiny de Partis de la détruire plus commodément.Apres que cePrince eutachevéde paffer,
Mª de la Fite arriva dés le foir
meſme aupres de Monfieur le Mareſchal de Créquy avec un Détachement des Gardes du
Corps , de Gensd'armes , & de Chevaux-Legers de la Garde.
Le Prince Charles quine ſe ſe- roit pas hazardé à paſſer la Ri- viere, s'il euſt eſté avertyde ce
GALANT. 165
ra
Pul
ect
es
&
Fant
fel
Ja R
Secours, n'en reçeut la nouvel- le qu'avec un chagrin mortel.
Il vit bien qu'il luyſeroit diffi
cile de rien entreprendre , M
de Créquy eſtant preſque auffi fort que luy; mais comme il luy auroit eſté honteuxde fai- re voir qu'il avoit de méchans Eſpions, ou plutoſt qu'il n'en avoit point , il aima mieux fai- re bonne contenance dans fon
Poſte , que de s'en retourner furſes pas. C'eſt oùſon Armée apenſé périr, c'eſt où elle a tant manqué de Fourages , & tant mangédePain poury &de mé- chans Gâteaux. La neceffité y
eſtoit fi grande,qu'on endiſtri- buoit qu'un pour quatre Sol- dats. Ileſt mefme ſouvent arrivé que le Pain manquanten- tierement , elle n'a mangé que
de la Vache. Il eſt vray que
166 LE MERCVRE
l'on y a quelquefois donné quelques Eſcalins au lieu de Pain; mais ſi cet argent a em- peſché les plus ſeditieux de crier , il n'a pas empeſché de mourir de faim ceux à qui un fi foible ſecours ne pouvoit faire trouver dequoy manger.
Tant que le Prince Charles a
demeuré dans ce Poſte,quatre choſes ont ruiné ſon Armée;
laDeſertion, nos Partis,le man- que de Pain , & les Païfans qui prenoient tous ceux qui s'e- cartoient pour en chercher.
Les Marchez &les Places pu- bliques de Mets eſtoient rem- plis de leurs Chevaux qui ſe donnoient à fort grand mar- ché. Cefutdans ce temps que M. le Marefchal de Créquy fit faire à fon Armée ce beau
mouvement qui embaraſſa tat
GALANT. 167
les Ennemis.Il fit ſi bien placer fon Canon , qu'il leur tua plus de huit ou neuf cens Hommes , avant qu'on puſt enten-- dre le leur , qui ne fut en état de tirer que plus de trois heu- res apres le noſtre. Ils firent connoiſtre qu'ils n'avoient aucun deſſein de ſe battre , puis qu'ils repaſſerent la Seille. On trouva dans leur Camp quan- tité de Soldats qu'ils avoient enterrez,afin qu'on ne s'apper- çût pas de leur perte, & ils l'a- voient fait fi fort à la haſte ,
qu'ils leur avoient laiſſé leurs
habits & leur argent , dont on trouva méme une fomme conſidérable dans les Bottes d'un
Cavalier. On les pourſuivit dans leur Retraite,où ils perdi- rent encor beaucoup de mon- de. Cette pourfuite , & leur
168 LE MERCVRE
Canon , qu'ils tirerent à noſtre
exemplequelque temps aupa- ravant , nous coûterent auffi
quelques Gens. Nous perdî- mes M de Préfonval Lieutenant Colonel de la Couronne.
Quelques Gardesdu Corps fu- rent tuez , & deux Exempts bleſſez , qui fontM² de la Fou- chardiere & Mr Darmandaris.
Depuis ce temps les Ennemis ontſouvent changé de Pofte,
&Mr le Marefchal deCréquy a toûjours profité de leurs mouvemens. Ils eſtoient vis- àvis le Village d'Arancy , lors que ce vigilant Mareſchal ap- pritqu'ils attendoientungrand Convoy.Ilfit unDétachement
commandé par Mº de la Haye Lieutenant General , pour le furprendre. On leur tua plus dequatre cens Hommes, &on
leur
GALANT. 169
leurpritdumoins cent Charettes. Ceux qui ſe ſignalerent en cette occafion , furent Meffieurs les Marquis de Genlis &
de Renty,M le Comte deMo- reüil,M de la Fite, Mt le Comte d'Aubijoux , & M Marin.
M de la Haye y fut tué d'un coup deMouſquet. NosPartis ayant continue toûjours à les inquiéter , quatre Pieces de noſtre Canon chargées à cartouches, les incommoderent
fort aupres deMaleroy. Quelques jours apres comme onfui- voitleur marche avec l'ardeur
qui eſt ordinaire aux François,
M' le Chevalierd Eſtrades qui eſtoit Chefd'unParty de deux césChevaux, apperçeût quel- ques Troupesde leur Arriere- garde; il en fit avertir M. le
Comte de Maulevrier - ColTome V. P
170 LE MERCVRE bert, qui commandoit l'Aifle gauche. Ils'avança pour exa- minerla contenance des Ennemis, &les fit attaquer. Les Re- gimensdePortia &de Souches furent défaits. On découvrit
la queuë des Bagages, on ytua plus de deux cens Perſonnes,
onyfit centPrifonniers, & l'on pilla quantité deChariots. La Femme du Tréſorier del'Armée, quipar malheur ſe trou- va là dans fon Carroffe avec
d'autres Femmes, fut tuéedans
T'ardeur du Combat,fansqu'on ſceût meſme fi elle y eftoit.
Deux de nos Efcadrons , &
&quelquesDragons,plus avides de gloire que de bittin,
poufferentplus avant,&paf- ferent un Défilé. Ils furent
chargez par unCorps d'Enne- mis beaucoup plus conſidéra-
GALANT. 171
الاس
01
ble qu'ils n'eſtoient. Ils ſe retirerent enbon ordre, &ne perdirent pas trente Hommes.Les Ennemis n'oferent les pourſui- vre, &ils aimerent mieux laiffer emporteraux François tout ce qu'ils avoient pillé, qued'a- vancer pour les combattre, &
les empeſcher de profiter de | leur butin, Depuis cetemps-là le Prince Charles ſe promene,
&il ſemble qu'il ait enviede venir voir le Prince d'Orange,
qui n'eſt pas plus avancé que luy , quoy que l'un & l'autre foit en campagne depuis pres de trois mois. Je nedoute point qu'ils n'ayent entrepris quel- que choſe quand vous rece vrez ma Lettre , puis que je la finis dans le temps où ils doi- ventdu moins faire voirqu'ils
ell
20
n'ont 1 pas aſſemblé tant de
Pij
172 LE MERCVRE Troupes dans le ſeul deſſein
de nous obſerver. Le Prince
Charles n'auroit pas attendu fi long-temps à ſe déclarer , ſi M
le Mareſchal de Créquy l'euft laiſſé plus en repos mais ſa vi- gilance a toûjours détruit ce que ce Prince s'eſtoit propoſe de faire. Quand ils ont eſte ſé- parez, ila tenudes Ponts prefts pourfaire paſſer ſes Partis ; &
dans quelque Camp que les Ennemis ayent eſté , ils en ont toûjours eſté fatiguez . Ses Or- dres s'executoient avec tant de
ponctualité ; qu'on les a veu quelquefois inquiétez enmef- me temps par les Partis de Na- cy , par ceux des Lieux les plus proches , par les Détachemens de l'Armée , & par les Païfans.
C'eſt ainſi qu'on fait périr les Troupes les plus nombreuſes,
GALANT. 173
1
G
&que ſans rien perdre on ga- gne ſouventplus que fi ondo- noit une Bataille. M² de Beaufort Mareſchal de Camp,pouf- ſa une fois leur grande Garde - juſques à leurs Tentes. Quar torze Cuiraſſiers furent pris une autre fois par un Party de
vingt-cinq contre vingt-cinq.
Un LieutenantdeFufiliers,fortifiédesPaïſansduPaïs Meſſin,
attaqua &batit quelque temps apres un Convoy de Vin &
d'Eau de vie , dont il enfonça tous les Tonneaux ; & le MajorduRegimentdeCominges,
avec tres-peu de Gens , avoit défait quelques jours aupara- vant quatre-vingt Cuiraffiers,
dont la plupart furent faits pri- fonniers.; Je pourrois vous raconter encor unnombre infiny d'actions de vigueur qui ont
Piij
174 LE MERCVRE
८
eſté faites par nosPartis ; mais je vous veux ſeulement parler dedeuxdont les circonstances
font affez curieuſes. Le Prince
Charles s'ennuyant de ne rien faire , & ne voulant pas que l'on s'aperçeut de ſon chagrin,
refolut de donner le Bal aux
principales Dames de fon Ar- mée. Cela ne doit pas vous étonner, les Allemans ne mar- chent guéres qu'en Famille.
Comme il n'eſt point de Nation qui n'imite les François en quelque choſe , les Allemans pour pour paroiſtre avec plus de galanterie, voulurent avoir de nos Habits les plus à la mo- de,&le Prince Charles en envoya demander par unTrom- pete au Lieutenant de Royde Mets , lequel par une honne- ſteté toute Françoiſe luy en-
GALANT. 175
هللا
que
A
10.1
N
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arc
ne
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nne
yen
:
voya auſſi-toſt des Tailleurs ,
avec les Etofes les plus nou- velles qu'on puſt trouver. Les Habits ſe firent, &on commeça le Bal. M de Créqui prit ce temps pour leur donner un au- tre BLIOTHEQUR
divertiſſement. Il envoya Iron quelques Troupes qui donne rent l'alarme dans l'un de leurs
Quartiers, & qui eurent ordre
de ſe retirer d'une maniere qui pût engager les Ennemis à les pour ſuivre. Ses Ordres furent ponctuellement executez ; &
comme il avoit fait placer plu- fieurs Canons chargez à car- touches dans un endroitoù les
Ennemis ne croyoient pas qu'il y en euſt , la plupart de ceux qui pourſuivirentnos Gens fu- rent tuez ou bleffez ; & l'alarmes s'eſtant répaduëdans tout le Gamp , le Bal fut tellement
LYON
176 LE MERCVRE
troublé , que les Allemans oublierent leurs Dances , &
ne ſceurent plus faire de pas que pour décamper quel- ques jours apres. Le Canon ne leur fut pas moins fatal le jour que leurs Fourageurs fu- rent enlevez. La plupart des Officiers qui avoient des Va- lets au fourage, s'attrouperent pour les venir défendre ; mais ils n'oferent avancer , & l'on
euſtditqu'ils n'eſtoient venus que pour eſtre témoins de la perte de leurs Chevaux. Ils ne
s'en retournerent pourtantpas tous , &pluſieurs furent tuez par noſtre Canon. Vous direz peut- eſtre que c'eſt n'avoir rien fait, que de n'avoir ni pris de Places, ni gagné deBatail- les ; mais apres les premiers
avantages que nous avons
GALANT. 177
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remportez , n'est-il pas bien glorieux d'empefcher tant de Puiſſances unies d'executer
aucune dn leurs entrepriſes ?
De pareils emplois demandent le Capitaine le plus confom- mé ; ils ont dequoy exercer toute fon experience , & de- quoy le rendre vigilant, eſtant obligé de faire des mouve- mens continuels , & de pren- dre garde en meſme temps de n'en faire aucun de faux.C'eſt
par là qu'on ruine infenfible- ment les Armées ennemies
mais il ne ſuffit pas pour cela d'avoir du cœur, il faut avoir
de l'eſprit & de l'adreſſe , &
que la tefte agiffe plus que le bras. Mr de Créquy a montré depuis trois mois que toutes
ces choſes ne luy eſtoient pas inconnuës , & qu'il ſçavoit
178 LE MERCVRE joindre la conduite & la pru- dence à la haute valeur dont
il a donné des marques dans un nombre infini d'occaſions,
&dans la diverſité des mouvemens qu'il a faits. Comme il ne s'en eſt pas trouvé unde faux, on ne peut marcher plus glorieuſement qu'il fait ſur les traces de M'de Turenne. Il l'a
imité en toutes chofes,&toutes les Lettres nous affurent
qu'il ne s'eſt pas fait moins ai- mer dans toutes les Troupes qu'il commande,qu'il s'est fait craindre parmi celles qui lui font oppoſées.
'La feconde Armée d'Allemagne , compoſée des Trou- pes des Cercles , n'a pas fait plus de progrez que celle du Prince Charles. M de Monclar l'obſerve de prés, &M' le
GALANT. 179
Marquis de Bligny l'eſt allé joindre avec unDétachement de dix Eſcadrons. Il y a prés de trois mois que le Prince
dOrange aſſemble la fienne,
■ & qu'il attend celle de dix ou
douze Alliez qui marche de- puis long-temps. Ila parujuf- ques icyque toutes cesTrou- pes n'estoient en campagne que pour arrefterles courſesde delaGarnifon de Maftric ; ce
qu'elles n'ont toutefois pû fai- re. Mr de la Motte avec un
Détachement, a eſté prendre force Beſtiaux du coſtede Namur; &M le Duc de Luxembourg a fouragé long-temps juſques aux Portes de Bruxel- les.Il aenvoyéquelques Troupes aux environs d'Oudenarde ſous le commandement de
Mellieurs dela Motte &d'Au
ZB
180 LE MERCVRE
ger. Le Prince d'Orange com- mença à décamper le 15.&M²
de Luxembourg le 16. Je ne
vous en diray rien davantage dans cette Lettre, quand mef- me on entreprendroit quelque choſe avantqu'elle fut fermée,
afin de vous en parler au long dans la premiere que je vous écriray,&de ne vous enpoint faire le détailàdeux fois
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Résumé : Ce qui s'est passé en Allemagne entre l'Armée du Roy & celle de l'Empereur. [titre d'après la table]
Le texte relate les opérations militaires entre les forces françaises et une coalition de plus de vingt puissances souveraines. Malgré les difficultés et les fatigues des sièges, les armées françaises, dirigées par le maréchal de Créquy et le duc de Luxembourg, ont réussi à résister aux assauts ennemis. Les armées françaises bénéficient d'un approvisionnement efficace grâce à la prévoyance du roi et au zèle des ministres. Le prince Charles, commandant l'armée de l'Empereur, a tenté plusieurs actions, mais a été contré par les mouvements stratégiques et les partis de Créquy. Les troupes du prince Charles ont souffert de désertions, de manque de ravitaillement et de harcèlement constant par les forces françaises. Plusieurs actions notables, comme l'attaque d'un convoi et la perturbation d'un bal organisé par le prince Charles, illustrent la vigilance et l'efficacité des troupes françaises. Le maréchal de Créquy a démontré une grande expérience et une vigilance constante, affaiblissant progressivement les armées ennemies sans livrer de batailles décisives. La deuxième armée d'Allemagne, composée des troupes des Cercles, n'a pas non plus fait de progrès significatifs, étant étroitement surveillée par les forces françaises. Le prince d'Orange et ses alliés sont également en campagne, mais sans succès notable. Par ailleurs, l'auteur mentionne qu'il ne fournira pas davantage de détails dans la lettre actuelle, préférant en discuter plus en profondeur dans la prochaine lettre afin d'éviter un double récit et de traiter le sujet de manière exhaustive.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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8
p. 150-153
« J'apprens dans cet endroit de ma Lettre, qu'on vient [...] »
Début :
J'apprens dans cet endroit de ma Lettre, qu'on vient [...]
Mots clefs :
Lettre, Paquet, Bataille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « J'apprens dans cet endroit de ma Lettre, qu'on vient [...] »
l'apprens dans cet endroitde ma Lettre , qu'on vient de ſe batre vigoureuſement en Alle- magne , que la Maiſon duRoyy
a glorieuſement foûtenu la ré- putation où elle eſtde ne pou- voir faireque des miracles , &
que Monfieur le Mareſchal de Créquy a fait paroiſtre dans cette occafion , comme il a déja fait enpluſieurs autres , toute la prudence d'un General con- ſommé. Je ne fermeray point mon Paquet ſans vous en écrire ledétail ; mais en attendantque j'en aye appris les particulari- tez ,je ne puis m'empefcher de vous dire qu'on ne peut affez admirer la France qui abonde
Tome VIII. E
98 LE MERCVRE
tellement en Braves , que comme elle en a toûjours de reſte,les Mouſquetaires arrivoient à Pa- ris dans le temps meſme qu'on eſtoit aux mains avec les plus fortes Troupes de l'Empereur.
Qu'euffent fait les Ennemis , fi
outre les Gardes du Corps &
les Gens d'armesqui les ontba- tus , ils euffent eu en teſte ces
Preneurs de Villes & ces Gagneurs deBatailles, qui ſont en- trez par affaut dans Valencien- nes ,&qui ont tant contribué à
la fameufe Victoire que Son Al- teſſe Royale a remportéeàCaf- fel ? Vous vous en ſouvenez ,
Madame , mes Lettres vous en
ont inſtruite,&je croy que vous avez leu avec plaifir les mar- ques d'intrépidité qu'ils y ont données.
a glorieuſement foûtenu la ré- putation où elle eſtde ne pou- voir faireque des miracles , &
que Monfieur le Mareſchal de Créquy a fait paroiſtre dans cette occafion , comme il a déja fait enpluſieurs autres , toute la prudence d'un General con- ſommé. Je ne fermeray point mon Paquet ſans vous en écrire ledétail ; mais en attendantque j'en aye appris les particulari- tez ,je ne puis m'empefcher de vous dire qu'on ne peut affez admirer la France qui abonde
Tome VIII. E
98 LE MERCVRE
tellement en Braves , que comme elle en a toûjours de reſte,les Mouſquetaires arrivoient à Pa- ris dans le temps meſme qu'on eſtoit aux mains avec les plus fortes Troupes de l'Empereur.
Qu'euffent fait les Ennemis , fi
outre les Gardes du Corps &
les Gens d'armesqui les ontba- tus , ils euffent eu en teſte ces
Preneurs de Villes & ces Gagneurs deBatailles, qui ſont en- trez par affaut dans Valencien- nes ,&qui ont tant contribué à
la fameufe Victoire que Son Al- teſſe Royale a remportéeàCaf- fel ? Vous vous en ſouvenez ,
Madame , mes Lettres vous en
ont inſtruite,&je croy que vous avez leu avec plaifir les mar- ques d'intrépidité qu'ils y ont données.
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Résumé : « J'apprens dans cet endroit de ma Lettre, qu'on vient [...] »
Le texte décrit une bataille récente en Allemagne où la Maison du Roi a maintenu sa réputation grâce à des exploits remarquables. Le Maréchal de Créquy a montré sa prudence et son habileté en tant que général expérimenté. L'auteur exprime son admiration pour la France et ses braves soldats. Il mentionne l'arrivée des Mousquetaires à Paris au moment où les combats contre les troupes de l'Empereur étaient intenses. L'auteur se demande ce qu'il serait advenu des ennemis s'ils avaient dû affronter non seulement les Gardes du Corps et les Gens d'armes, mais aussi les Mousquetaires, célèbres pour leurs exploits comme la prise de Valenciennes et la victoire à Cassel. Il rappelle à Madame les lettres précédentes détaillant l'intrépidité des Mousquetaires lors de cette victoire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 274-299
Ce qui s'est passé pendant toute la Campagne entre l'Armée du Roy commandée par M. le Baron de Monclar, & celle des Cercles. [titre d'après la table]
Début :
J'en aurois de grandes pour m'étendre sur la Campagne [...]
Mots clefs :
Baron de Monclar, Troupes, Cercles, Saxe, Maréchal de Créquy, Officiers allemands, Ennemis, Bataille, Armée, Strasbourg, Camp, Campagne, Eisenach, Combat
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ce qui s'est passé pendant toute la Campagne entre l'Armée du Roy commandée par M. le Baron de Monclar, & celle des Cercles. [titre d'après la table]
J'en auroisde grades pour m'é- tendre ſur la Campagne de M. le Baron de Monclar, fi l'accablementde la matiere qui m'a fait attendre juſqu'à aujour- d'huy à vous en parler , nem'o- bligeoit à la reſſerrer en peu de mots. Vousſcavez que l'Armée qu'il commande eſtoit oppoſée à celle Cercles , compoſée des Troupes de tantd'Etats , qu'elle
pourroit ſeule tenir teſte à un Roy moins puiſſant que celuy deFrance. Il y a plufieursCer-
-
Hv
178 LE MERCVRE
cles , comme ceux de la Baffe
Saxe , de Franconie , de Suabe,
de Baviere , juſqu'au nombre de dix, &pluſieurs Provinces font
ſous chaque Cercle. Le Prince
de Bade-Dourlach fut leurdernier General. Apres ſa mort il
en falut nommer un nouveau.
L'Affaire fut miſe en déliberation àla Diete de Ratiſbonne..
Pluſieurs grands Generauxdes plus Illuftres Maiſons d'Alle- magne y pretendoient ; mais enfin le choix tomba fur le
Prince de Saxe-Eyfenach, de la Maiſon de Saxe. Le voilà donc
ſaiſi du Commandement de
cette Armée. Le ſeul Nom en
prometbeaucoup. Lesuns l'ap- pellent l'Armée des Cercles de 'Empire ,les autres l'Armée de l'Empire , &la plupart l'Armée des Cercles duHautRhin.Pl
Y
GALANT. 179
fieurs Officiers Generaux , en
grande confideration chez les
Allemands , font nommez pour y fervir. Le Comte de Dune- vald , Officier d'un fort grand merite , eſt du nombre. Ondeſtine fon Regiment pour groffir les Troupes de cette Armée ,
auſquelles pour reconnoiſſance du Generalat , le Prince d'Eyſe- nach en joint beaucoup , auffi bien que les Ducs de Saxe- Gotha, & de Vveïmar. Toutes
ces Troupes ſe mettent en mar- che vers Strasbourg. A leur
approche le Magiſtrat proteſte qu'il ne les laiſſera point paſſer fur fon Pont ; mais on reconnoît l'intelligence fi -toſt qu'el- les font en veuë , il feint qu'il ne peut refifter , &leurpermet le paſſage. Cette Armée étant au delà du Rhin , & ayant eu
Hvj
180 LE MERCVRE
grande peine à y ſubſiſter quel- que temps , elle prenddu Pain pour dix jours, s'avance vers les Montagnes , vient juſqu'à une lieuë de Scheleftat ; & appre- nant qu'il eſt fortifié , qu'il y a
onze Redoutes de pierre,&que Mle Baronde Monclareft derriere avec des Troupes , elle noſe prendre la réſolution de l'attaquer. Dans cet embarras,
le Prince d'Eyfenach marche vers Colmar , où le bon ordre
que les François mettent par tout à leurs affaires le réduit à
faire demander une ſomme aux
Etats de Suabe pour la fubfi- ſtance de ſes Troupes. Il eſt contraint de tirer des Munitions de Philifbourg que le Ma- giſtrat de Strasbourg luienvoye querir avec une Eſcorte.Pendat
se tempsMr de Monclar couvre
GALANT. 181
fi bien toutes ſes Places , qu'à peine les Ennemis voyent - ils jour à ſurprendre le moindre Chaſteau. Ils veulent prendre celuyde Sainte Croix auprés de Colmar. M' du Fay Comman- dantde Briſac y envoyequatre- vingt-hommes. Ils le font ſommer , le Gouverneur ne veut
point ſe rendre. M de Vifſac Lieutenant de Roy de Briſac,
trouve moyen de ſe jetter de- dans avec quatre cens hommes,
malgré toute l'Armée ennemie,
& ce Chaſteau n'eſt point pris.
Enfin le Prince d'Eyſenach voyant qu'il n'avoit encor pû réüffir de ce coſté ,fait venir de
Fribourg dequoy faire un Pont de Bateaux vers Bafle. M. de
Monclar paſſe dans le Briſgau pour obſerver ſes mouvemens,
&apprend qu'il s'eſt allé cam
182 LE MERCVRE
per pres de Bafle , apres avoir fait ravager les Bleds des envi- rons de Colmar, contre ce qu'il avoit promis aux Habitans qui luy avoient donné de l'argent pour s'en garantir. C'eſt le ſeul Exploit deſa Campagne , encor ne l'auroit-il pas fait s'il n'euſt manqué de parole. Il campe ſous Bafle à Hunninguen, fait achever fon Pont de Bateaux ,
&ſe retire à Bafle ſurpris d'une Fiévre-tierce que ſes mauvais fuccés ont pûluy cauſer. M.de Monclar reçoit un renfort qui luy eſt envoyé par M. le maref- chal deCréquy, &fait repentir ceux qui ont fourny quelque ſubſiſtance aux Ennemis. Ils
font travailler àdes Retranchemens aux deux coſtez de leur
Pont. Les Noſtres favoriſent
un Convoy d'argent qui va à
GALANT. 183 Brifac, fans qu'un Détachement du Prince d'Eyſenach entre- prennede s'y oppoſer. CePrin- ce fait baſtir une Redoute dans
une Iſle pour maintenir ſon Pont, &perſonne n'oſe ſortirde fon Camp, On leur rend dans leBriſgau les violences qu'ils ont exercé autour de Ruffac.
M. de monclar avance à trois
lieuës d'eux; ils ſont venus nous
chercher , & on les cherche.
Les Païfans ſont employez àdes Redoutes pour couvrir leur Pont. Onvoit par là qu'ils fu- yent le Combat. On ſe retran- che auſſi . Cependant les Gene- raux & les Offciers ſe traitent
les uns les autres àBafle. мебſieurs les marquis de Lambert,
de Nefle & de Feuquiere, y ré- galent le Baron de Noſtits- Schirein , & d'autres Officiers
184 LE MERCVRE Allemans. En ſortant de la
Ville les Partis s'entrechargent les uns les autres. Pendant
qu'on a ainſi occafion de ſe voir
àBafle, le Comte deDunevald
pratique un Officier François nommé M de la Madelaine ,
Major du Chaſteau de Lanf- cron, qui luy doit livrer la Place moyennantdix mille eſcus. Ce Major en avertit M. de Siffredy quiy commandoit. Le Comte de Dunevald vient à l'heure
marquée avec le Neveu du Prince de Saxe,le Colonel Rofe,&des Troupes. Il s'apper- çoit qu'il eſt découvert , prend la fuite , & reçoit un coup de Mouſquet qui luy emporte fon Chapeau & fa Perruque. Plu- ſieurs y perdent la vie. Ceux qui ontpaffe la Herſe ſont faits Pri- fonniers , & il en couſte dix
GALANT. 185 mille eſcus aux Allemans. Le
Prince d'Eyſenach comméçant à ſe mieux porter, &les Trou- pes des Cercles &celles que j'ay marquées ne luy fuffiſant pas , trois nouveaux Regimens le viennent joindre. Il eſt har- celé de la Garniſon de Brifac.
Apres unemarche de huit heu- res Me deMonclar ſurprend un des Quartiers des Ennemis ,
fait quatre cens Priſonniers,
prend cinq cens Chevaux, fe rend maiſtre du Chaſteau de
Plotzeim , ſe poſte avantageu- ſement pour obſerverles Enne- mis, ſe ſaiſit d'une Hauteur, fait travailler à une Redoute qui
voit dans leur Camp & y met duCanon. Monfieur le Comte
de la Mote- Moudancourt Meftre de Camp de Cavalerie ,Ne- veu du Marefchal de ce nom,
186 LE MERCVRE
ayant l'avantgarde compoſée de quatre cens Chevaux , ren- contre un pareil nombre des Ennemis qui en couvroient un fort grand de Fourrageurs fans avoir eſté avertis de fa marche.
Il les défait, &prend ſept à huit cens Fourrageurs ou Cavaliers.
Le reſte fuit. On leur envoye huit censChevaux pourles foû- tenir. M. le Comte de la Mote
avec une vigueur incroyable ,
pouffe & défait encor ces huit
cens Chevaux, &demeure fer- me fur le champ de Bataille ,
éloigné feulement d'une demy lieuë duCampdes Ennemisfans qu'il en forte depuis aucun ſe- cours , c'eſt à dire qu'avec qua- tre cens Chevaux ilen renverſe
douze cens , ſans compter les Fourrageurs. Ce font d'illuftres commencemens , & ce jeune
GALAN T. 187 Comte ne ſçauroit marcher plus dignement ſur les pas du fameux Mareſchal dont il eſt
Neveu. Depuis cette Action on a toûjours coupé tous les Fourrages aux Ennemis , pour les obliger à repaffer tout-à-fait le Rhin, ou àſebattre. Onleur attaque en ſuite une Redoute paliſſadée &un Logement dont on ſe rend maiſtre , & on les
oblige à fe refferrer dans leur Camp. M. le Marquis de Noailles Colonel de Cavalerie
défait leur grande Garde. II fait conftruire une Redoute
pour les incommoder , & foû- tient les Travailleurs. M. de
Monclar en fait élever deux autres. M. de Caumont major de Cavalerie bat deux de leurs
Eſcadrons aux enviros deBafle.
Les Ennemis commencent à
188 LE MERCVRE
fonger à leur Retraite. Noftre Arméeeſt à la portéedu Canon de la leur. On voit tout cequi ſe paſſe dans leur Camp, fans quils puiffent voir ce qui ſe fait dans le noftre. On les
oblige de tirer du Fourrage par leur Pont, noftreCanon les defole. Onpouſſe leur Garde , on leur tuë beaucoup de monde,
&on fait quartier au Baronde Noſtits. Ils prennent toutes les précautions imaginables pour nous cacher leur Retraite. Ils
font d'abord repaſſer leur gros Bagage,& repaffent eux-mémes quelque temps apres à la faveur d'un grand Brouillard qui les empeſche d'eſtre apperceus.
Ondécouvre le matin qu'ils ont abandonné leur Redoute ; &
comme on les voit qui ſe reti- rent encor , favoriſez d'un Ca
GALAN T. 189
non qu'ils ont poſté de l'autre coſte du Rhin , M² de Monclar enfait poſter du fien ,&les oblige par là à ſe retirer avec une précipitation qui eſt cauſe que beaucoup d'entr'eux ſont noyez. Ils nous laiſſent tout les Bateaux du gros bras du Rhin ,
&s'échapent apres avoir brûlé tous ceux qui estoient par delà- 1 Ifle , auffi-bien que quelques piles de Foin , mais nous profi- tons du Fourrage qui eſt dans leur Champ. Les Ennemis ne repaſſent chez eux que pour y
eſtre battus , & c'eſt par ce Combatque finit la Campagne de l'Armée des Cercles , avant
que d'eſtre incorporée à celle du Prince Charles. Le Pont
qu'avoit fait conſtruire le Prin- ced'Eyfenach ne luy ayant fer- vy qu'aſe retirer apres enavoir
190 LE MERCVRE perdu la moitié , Monfieur de Monclar paſſe ſur celuy de Bri- fac , & entre dans le Briſgau.
M.le Marquis de la Valette le joint auſſi-toſt apres avec ſa Bri- gade. leGeneral ennemy en eſt • furpris , &plus encor d'apren- dre queM' le MareſchaldeCréquy fait conſtruire un Pont à
Rhenau pour paſſer le Rhin. II réſout de s'y oppoſer. M. de Monclar qui obferve ſes mou- vemens,envoye M.de Caumont,
Capitaine & major du Regi.. ment de Belport, avecdeux Ef- cadrons , pourſe ſaiſir d'unPaf- ſage. Ils font pouſſez par ſept des Ennemis , &ſe tirent pour- tant d'affaires ſans perdre qu'un ſeul Capitaine. Le Prince d'Ey- fenach veut gagner le Poſte de Capelqui eſt vis-à-vis de Rhe- nau ,mais il eſt embaraſſé par
GALANT. 191
L
un nouveau General. Il croit
que M. de monclar fonge à ſe faifir d'Offembourg. Cette pen- ſée luy fait diviſer ſes forces. Il y
envoye du monde , & à Fribourg ; & pendant ce temps ,
Monfieur de Créquy ſe rend maiſtre du Poſte que le Prince d'Eyſenach avoit eu deſſein d'occuper. C'eſt ce que beau- coup de Relations n'ont pas aſſez ny marqué , ny éclaircy.
M. de Créquy voulant donner de l'inquietude au Ennemis ,
- laiſſe ſes Ordres à Monfieur le
Comtede Maulevrier - Colbert
- Lieutenant General , pour faire paffer l'Armée ſur le Pont du Rhin,&fait marcher les Briga- - des de la Valete & de Dugas ,
avec les Regimens de Dragons de Liſtenay & de Theſſe, entre Strafbourg & Offembourg. Il
192 LE MERCVRE
s'avance pres de Vilſtet. Il ap- prend que les Ennemis y vien- nent camper , & juge à propos d'y attendre un plus grand CorpsdeTroupes pour paſſerla Riviere devant eux. Il n'a pas le temps de le faire. Un Party lui rapporte que le Prince d'Ey- fenach veut gagner le Fort de Kill , ce qui luy eſt bien-toſt apres confirmé par une grande pouffiere. Il croit qu'il faut ten- ter le Paſſage par des guez,quoy que difficiles, m' le marquis de Genlis fait les Détachemens de
la premiere Colomne , Monfieur le Comte de Roye ceux de la
ſeconde , & M. de monclar ſoûtient ces deux Lignes. м. lе маг- quis de Riverolles ſe met à la
teſte des Gens detachez , paffe l'eau , & tâche d'ébranler les Ennemis. Ils font grand feu fur
luy ,
Y
GALANT. 193 193
4
luy , il retourne à la charge , il eſt bleſſé ,&M. de Monteſquiou Capitainedans ſon Regiment ,
tué. Les Dragons de Liſtenay s'aprochent des hayes , mettent pied à terre , & rendent les abords de la Riviere plus faciles. M'les marquis de Ranes
de Lambert , & de Bouflairs ,
pouffent quelques Troupes , &
apres les premieres eſcarmou- ches , ébranlent les Ennemis ,
qui à la faveurd'une Digue ſe placent aſſez prés des Noſtres.
Monfieur le mareſchal de Créquy fait auſſitôt avancerlesRe- gimensde la Valete, deCayeux,
&de Villars. Le marquis de ce nom , qui en eſt Colonel , ſe met àla teſte des premiersEſca- drons , montre une vigueur ex- traordinaire , & les anime par ſon exemple. IldéfaitunegranTome VIII. I
194 LE MERCVRE deGarde des Ennemis , &pouf- ſe pluſieurs Efcadrons deCui- raffiers. M les marquis deRa- nes , de Lambert , & de Bouflairs , placent les Dragons de Theſſe & de Liſtenay le long de la Digue. Ils font voir une activité ſurprenante , & char- gent les Enriemis avec tant de vigueur&de courage , que les ayant mis en deſordre , ils les auroient entierement défaits ,
ſansl'arrivée de la nuitqui fa- voriſa leur Retraite. Pluſieurs
de leursOfficies furent tuez ,&
ils laiſſferent plus de fix cens Hommesſur la place , ſans plus de fix- vingt Chariots qu'ils abandonnerent. Cette occafion
nenouscouſtapas vingtHom- mes. M. de Roquefeüille Corne- te desGardes de M. le marefchal deCréquy ,&M. deBriail
GALANT. 195 le l'un de ſes Pages , y furent bleſſez , le dernier à la jambe ,
&l'autre au bras d'un coup de Piſtolet qu'il y reçeut. Avant le Combat , M. deGaſſion cher- chantàreconnoiſtre les Ennemis , tomba dans la Colomne de
leur premiere Ligne , &foûtint toute leur Cavalerie qui le pouſſa.Il neperditque fixHom- mes , & s'en eſtant glorieuſe- ment retiré , on peut dire que c'eſt preſque contre toute une Armée qu'il acombatu. On n'a peut-eſtre pas reflechy ſur une choſe qui fait en deux mots I'Eloge de M. le Mareſchal de Créquy. L'Armée de l'Empe- reur eftant venuë juſqu'àMou- zon ,a eſté obligée de s'en re- tourner ſans avoir rien fait ; &
M.de Créquy faitune fi extra- ordinaire diligence , qu'il eſt I ij
196 LE MERCVRE
dans les Terres de l'Empire plûtoſt qu'elle , &bat l'Armée des Cercles avantqu'aucune de ſes Troupes ſoit arrivée. C'eſt
tout ceque peutfaire &la plus ſage conduite ,& la plus exacte prévoyance. Cette déroute fut doublement ſenſible au Prince
deSaxe-Eyfenach. Meſſieurs de Strasbourg qui craignent &
cherchent àménager les Vain- queurs qui ne font pas éloi- nez n'oferent recevoir des
Troupes batuës, &celles- cy fu- rent contraintes de ſe refugier dans une Iſle appellée l'Iſle du Pont de Strasbourg. Elles s'y trouverent fort incommodées.
Elles nepouvoient aller au fou- rage, & elles eſtoient encor ſi épouvantéesdela manieredont elles avoient veu combatre les
François, qu'elles nevouloient
,
GALANT. 197 point fortir de cette Ifle ſans Sauf - conduit. Le ſeul expe- dient que le Prince d'Eyſenach trouva pourſe dégager, fut de prier M'de Strasbourg d'aller enCorps chez le Refident du
Roy, &de l'engager à joindre K
-ſes prieres aux leurs pour obte -nir unPaſſeport de Monfieurle Mareſchal de Créquy. L'ex- pedient eft nouveau , &ne pa- roiſtroit pas croyable dans un Roman. Monfieurdu Pré Réſident de France écrivit. La Lettre fut envoyée par un Trom- pete au nom de la Republique de Strasbourg , & ce qu'onde- mandoit fut accordé. Les François ſont auffi honneſtes que braves , & ne refuſent rien
quand on ſe ſoûmet. Vous avez veu lePaſſeport , il eſt imprimé dans la Gazete. Le lendemain
4
I iij
198 LE MERCVRE
du Combat , Monfieur de Créquy ſçachant que les Ennemis ayoient fait un grand amas de Fourrages dans Vilſtet , crût qu'il eſtoit de conſequence d'envoyer brûler les Magaſins & toutes les Maiſons dans lefquelles il y en avoir. M le Comte de la mothe fut détaché avec trois cens Chevaux
pour faire cette Expédition.
Apres avoir pouffé quelques Troupes qu'il rencontra en chemin , il ſe rendit à Vilſtet & fut fupris de trouver Gar- niſon dans le Chafteau. C'eſt
une Tour de grandes pierres quarrés , & environnées d'un bon Foffe. Il envoya un Trom- pete fommer laGarniſon de ſe rendre , & fur le refus qu'elle en fit, il donna ordre qu'ondiſt au Commandant , que s'il ſe
6
GALANT. 199 défendoit , il le feroit pendre à
la Porte , fans aucun quartier pour les Soldats. Ils voulurent
compofer , &ayant inutilement demandé à fortir avec armes &
bagages, ils ne furét reçeus qu'à difcretion. Il avoit fait mettre
pied àterre à ſes Cavaliers , &
quand ils le virent en reſolution de les attaquer , ils ſe rendirent.
Il envoya la Garniſon à M. de Créquy , fit mettre le feu au Chaſteau , & àtoutes les maіſons oùil y avoit du Fourrage ,
& enſuite aux magaſins de Foin qui estoient fort conſidérables.
C'eſt l'uſage de la Guerre , &
il n'y a point de voye plus prompte pour chaffer un En- nemy , quede luy oſterles mo- yens de fubfifter. Cette raiſon a
obligé Monfieur le mareſchal de Créquy à faire brûler beau I iij
200 LE MERCVRE
coup de Fourrages &de mou- linsen deçadu Rhin , & M. de Monclar a fait la meſme choſe
dans le marquiſat de Bade ,
dans les Bourgs du Briſgau, &
dans tous les Lieux où les Ennemis pouvoient prendre des Quartiers d'Hyver. C'eſt par où il a finy la Campagne , l'Ar- mée qu'il commandoit en Chef ayant eu ordre de ſe joindre à
celle de M. de Créquy , pour n'en plus compoſer qu'une fous le Commandement de се ма
refchal.
pourroit ſeule tenir teſte à un Roy moins puiſſant que celuy deFrance. Il y a plufieursCer-
-
Hv
178 LE MERCVRE
cles , comme ceux de la Baffe
Saxe , de Franconie , de Suabe,
de Baviere , juſqu'au nombre de dix, &pluſieurs Provinces font
ſous chaque Cercle. Le Prince
de Bade-Dourlach fut leurdernier General. Apres ſa mort il
en falut nommer un nouveau.
L'Affaire fut miſe en déliberation àla Diete de Ratiſbonne..
Pluſieurs grands Generauxdes plus Illuftres Maiſons d'Alle- magne y pretendoient ; mais enfin le choix tomba fur le
Prince de Saxe-Eyfenach, de la Maiſon de Saxe. Le voilà donc
ſaiſi du Commandement de
cette Armée. Le ſeul Nom en
prometbeaucoup. Lesuns l'ap- pellent l'Armée des Cercles de 'Empire ,les autres l'Armée de l'Empire , &la plupart l'Armée des Cercles duHautRhin.Pl
Y
GALANT. 179
fieurs Officiers Generaux , en
grande confideration chez les
Allemands , font nommez pour y fervir. Le Comte de Dune- vald , Officier d'un fort grand merite , eſt du nombre. Ondeſtine fon Regiment pour groffir les Troupes de cette Armée ,
auſquelles pour reconnoiſſance du Generalat , le Prince d'Eyſe- nach en joint beaucoup , auffi bien que les Ducs de Saxe- Gotha, & de Vveïmar. Toutes
ces Troupes ſe mettent en mar- che vers Strasbourg. A leur
approche le Magiſtrat proteſte qu'il ne les laiſſera point paſſer fur fon Pont ; mais on reconnoît l'intelligence fi -toſt qu'el- les font en veuë , il feint qu'il ne peut refifter , &leurpermet le paſſage. Cette Armée étant au delà du Rhin , & ayant eu
Hvj
180 LE MERCVRE
grande peine à y ſubſiſter quel- que temps , elle prenddu Pain pour dix jours, s'avance vers les Montagnes , vient juſqu'à une lieuë de Scheleftat ; & appre- nant qu'il eſt fortifié , qu'il y a
onze Redoutes de pierre,&que Mle Baronde Monclareft derriere avec des Troupes , elle noſe prendre la réſolution de l'attaquer. Dans cet embarras,
le Prince d'Eyfenach marche vers Colmar , où le bon ordre
que les François mettent par tout à leurs affaires le réduit à
faire demander une ſomme aux
Etats de Suabe pour la fubfi- ſtance de ſes Troupes. Il eſt contraint de tirer des Munitions de Philifbourg que le Ma- giſtrat de Strasbourg luienvoye querir avec une Eſcorte.Pendat
se tempsMr de Monclar couvre
GALANT. 181
fi bien toutes ſes Places , qu'à peine les Ennemis voyent - ils jour à ſurprendre le moindre Chaſteau. Ils veulent prendre celuyde Sainte Croix auprés de Colmar. M' du Fay Comman- dantde Briſac y envoyequatre- vingt-hommes. Ils le font ſommer , le Gouverneur ne veut
point ſe rendre. M de Vifſac Lieutenant de Roy de Briſac,
trouve moyen de ſe jetter de- dans avec quatre cens hommes,
malgré toute l'Armée ennemie,
& ce Chaſteau n'eſt point pris.
Enfin le Prince d'Eyſenach voyant qu'il n'avoit encor pû réüffir de ce coſté ,fait venir de
Fribourg dequoy faire un Pont de Bateaux vers Bafle. M. de
Monclar paſſe dans le Briſgau pour obſerver ſes mouvemens,
&apprend qu'il s'eſt allé cam
182 LE MERCVRE
per pres de Bafle , apres avoir fait ravager les Bleds des envi- rons de Colmar, contre ce qu'il avoit promis aux Habitans qui luy avoient donné de l'argent pour s'en garantir. C'eſt le ſeul Exploit deſa Campagne , encor ne l'auroit-il pas fait s'il n'euſt manqué de parole. Il campe ſous Bafle à Hunninguen, fait achever fon Pont de Bateaux ,
&ſe retire à Bafle ſurpris d'une Fiévre-tierce que ſes mauvais fuccés ont pûluy cauſer. M.de Monclar reçoit un renfort qui luy eſt envoyé par M. le maref- chal deCréquy, &fait repentir ceux qui ont fourny quelque ſubſiſtance aux Ennemis. Ils
font travailler àdes Retranchemens aux deux coſtez de leur
Pont. Les Noſtres favoriſent
un Convoy d'argent qui va à
GALANT. 183 Brifac, fans qu'un Détachement du Prince d'Eyſenach entre- prennede s'y oppoſer. CePrin- ce fait baſtir une Redoute dans
une Iſle pour maintenir ſon Pont, &perſonne n'oſe ſortirde fon Camp, On leur rend dans leBriſgau les violences qu'ils ont exercé autour de Ruffac.
M. de monclar avance à trois
lieuës d'eux; ils ſont venus nous
chercher , & on les cherche.
Les Païfans ſont employez àdes Redoutes pour couvrir leur Pont. Onvoit par là qu'ils fu- yent le Combat. On ſe retran- che auſſi . Cependant les Gene- raux & les Offciers ſe traitent
les uns les autres àBafle. мебſieurs les marquis de Lambert,
de Nefle & de Feuquiere, y ré- galent le Baron de Noſtits- Schirein , & d'autres Officiers
184 LE MERCVRE Allemans. En ſortant de la
Ville les Partis s'entrechargent les uns les autres. Pendant
qu'on a ainſi occafion de ſe voir
àBafle, le Comte deDunevald
pratique un Officier François nommé M de la Madelaine ,
Major du Chaſteau de Lanf- cron, qui luy doit livrer la Place moyennantdix mille eſcus. Ce Major en avertit M. de Siffredy quiy commandoit. Le Comte de Dunevald vient à l'heure
marquée avec le Neveu du Prince de Saxe,le Colonel Rofe,&des Troupes. Il s'apper- çoit qu'il eſt découvert , prend la fuite , & reçoit un coup de Mouſquet qui luy emporte fon Chapeau & fa Perruque. Plu- ſieurs y perdent la vie. Ceux qui ontpaffe la Herſe ſont faits Pri- fonniers , & il en couſte dix
GALANT. 185 mille eſcus aux Allemans. Le
Prince d'Eyſenach comméçant à ſe mieux porter, &les Trou- pes des Cercles &celles que j'ay marquées ne luy fuffiſant pas , trois nouveaux Regimens le viennent joindre. Il eſt har- celé de la Garniſon de Brifac.
Apres unemarche de huit heu- res Me deMonclar ſurprend un des Quartiers des Ennemis ,
fait quatre cens Priſonniers,
prend cinq cens Chevaux, fe rend maiſtre du Chaſteau de
Plotzeim , ſe poſte avantageu- ſement pour obſerverles Enne- mis, ſe ſaiſit d'une Hauteur, fait travailler à une Redoute qui
voit dans leur Camp & y met duCanon. Monfieur le Comte
de la Mote- Moudancourt Meftre de Camp de Cavalerie ,Ne- veu du Marefchal de ce nom,
186 LE MERCVRE
ayant l'avantgarde compoſée de quatre cens Chevaux , ren- contre un pareil nombre des Ennemis qui en couvroient un fort grand de Fourrageurs fans avoir eſté avertis de fa marche.
Il les défait, &prend ſept à huit cens Fourrageurs ou Cavaliers.
Le reſte fuit. On leur envoye huit censChevaux pourles foû- tenir. M. le Comte de la Mote
avec une vigueur incroyable ,
pouffe & défait encor ces huit
cens Chevaux, &demeure fer- me fur le champ de Bataille ,
éloigné feulement d'une demy lieuë duCampdes Ennemisfans qu'il en forte depuis aucun ſe- cours , c'eſt à dire qu'avec qua- tre cens Chevaux ilen renverſe
douze cens , ſans compter les Fourrageurs. Ce font d'illuftres commencemens , & ce jeune
GALAN T. 187 Comte ne ſçauroit marcher plus dignement ſur les pas du fameux Mareſchal dont il eſt
Neveu. Depuis cette Action on a toûjours coupé tous les Fourrages aux Ennemis , pour les obliger à repaffer tout-à-fait le Rhin, ou àſebattre. Onleur attaque en ſuite une Redoute paliſſadée &un Logement dont on ſe rend maiſtre , & on les
oblige à fe refferrer dans leur Camp. M. le Marquis de Noailles Colonel de Cavalerie
défait leur grande Garde. II fait conftruire une Redoute
pour les incommoder , & foû- tient les Travailleurs. M. de
Monclar en fait élever deux autres. M. de Caumont major de Cavalerie bat deux de leurs
Eſcadrons aux enviros deBafle.
Les Ennemis commencent à
188 LE MERCVRE
fonger à leur Retraite. Noftre Arméeeſt à la portéedu Canon de la leur. On voit tout cequi ſe paſſe dans leur Camp, fans quils puiffent voir ce qui ſe fait dans le noftre. On les
oblige de tirer du Fourrage par leur Pont, noftreCanon les defole. Onpouſſe leur Garde , on leur tuë beaucoup de monde,
&on fait quartier au Baronde Noſtits. Ils prennent toutes les précautions imaginables pour nous cacher leur Retraite. Ils
font d'abord repaſſer leur gros Bagage,& repaffent eux-mémes quelque temps apres à la faveur d'un grand Brouillard qui les empeſche d'eſtre apperceus.
Ondécouvre le matin qu'ils ont abandonné leur Redoute ; &
comme on les voit qui ſe reti- rent encor , favoriſez d'un Ca
GALAN T. 189
non qu'ils ont poſté de l'autre coſte du Rhin , M² de Monclar enfait poſter du fien ,&les oblige par là à ſe retirer avec une précipitation qui eſt cauſe que beaucoup d'entr'eux ſont noyez. Ils nous laiſſent tout les Bateaux du gros bras du Rhin ,
&s'échapent apres avoir brûlé tous ceux qui estoient par delà- 1 Ifle , auffi-bien que quelques piles de Foin , mais nous profi- tons du Fourrage qui eſt dans leur Champ. Les Ennemis ne repaſſent chez eux que pour y
eſtre battus , & c'eſt par ce Combatque finit la Campagne de l'Armée des Cercles , avant
que d'eſtre incorporée à celle du Prince Charles. Le Pont
qu'avoit fait conſtruire le Prin- ced'Eyfenach ne luy ayant fer- vy qu'aſe retirer apres enavoir
190 LE MERCVRE perdu la moitié , Monfieur de Monclar paſſe ſur celuy de Bri- fac , & entre dans le Briſgau.
M.le Marquis de la Valette le joint auſſi-toſt apres avec ſa Bri- gade. leGeneral ennemy en eſt • furpris , &plus encor d'apren- dre queM' le MareſchaldeCréquy fait conſtruire un Pont à
Rhenau pour paſſer le Rhin. II réſout de s'y oppoſer. M. de Monclar qui obferve ſes mou- vemens,envoye M.de Caumont,
Capitaine & major du Regi.. ment de Belport, avecdeux Ef- cadrons , pourſe ſaiſir d'unPaf- ſage. Ils font pouſſez par ſept des Ennemis , &ſe tirent pour- tant d'affaires ſans perdre qu'un ſeul Capitaine. Le Prince d'Ey- fenach veut gagner le Poſte de Capelqui eſt vis-à-vis de Rhe- nau ,mais il eſt embaraſſé par
GALANT. 191
L
un nouveau General. Il croit
que M. de monclar fonge à ſe faifir d'Offembourg. Cette pen- ſée luy fait diviſer ſes forces. Il y
envoye du monde , & à Fribourg ; & pendant ce temps ,
Monfieur de Créquy ſe rend maiſtre du Poſte que le Prince d'Eyſenach avoit eu deſſein d'occuper. C'eſt ce que beau- coup de Relations n'ont pas aſſez ny marqué , ny éclaircy.
M. de Créquy voulant donner de l'inquietude au Ennemis ,
- laiſſe ſes Ordres à Monfieur le
Comtede Maulevrier - Colbert
- Lieutenant General , pour faire paffer l'Armée ſur le Pont du Rhin,&fait marcher les Briga- - des de la Valete & de Dugas ,
avec les Regimens de Dragons de Liſtenay & de Theſſe, entre Strafbourg & Offembourg. Il
192 LE MERCVRE
s'avance pres de Vilſtet. Il ap- prend que les Ennemis y vien- nent camper , & juge à propos d'y attendre un plus grand CorpsdeTroupes pour paſſerla Riviere devant eux. Il n'a pas le temps de le faire. Un Party lui rapporte que le Prince d'Ey- fenach veut gagner le Fort de Kill , ce qui luy eſt bien-toſt apres confirmé par une grande pouffiere. Il croit qu'il faut ten- ter le Paſſage par des guez,quoy que difficiles, m' le marquis de Genlis fait les Détachemens de
la premiere Colomne , Monfieur le Comte de Roye ceux de la
ſeconde , & M. de monclar ſoûtient ces deux Lignes. м. lе маг- quis de Riverolles ſe met à la
teſte des Gens detachez , paffe l'eau , & tâche d'ébranler les Ennemis. Ils font grand feu fur
luy ,
Y
GALANT. 193 193
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luy , il retourne à la charge , il eſt bleſſé ,&M. de Monteſquiou Capitainedans ſon Regiment ,
tué. Les Dragons de Liſtenay s'aprochent des hayes , mettent pied à terre , & rendent les abords de la Riviere plus faciles. M'les marquis de Ranes
de Lambert , & de Bouflairs ,
pouffent quelques Troupes , &
apres les premieres eſcarmou- ches , ébranlent les Ennemis ,
qui à la faveurd'une Digue ſe placent aſſez prés des Noſtres.
Monfieur le mareſchal de Créquy fait auſſitôt avancerlesRe- gimensde la Valete, deCayeux,
&de Villars. Le marquis de ce nom , qui en eſt Colonel , ſe met àla teſte des premiersEſca- drons , montre une vigueur ex- traordinaire , & les anime par ſon exemple. IldéfaitunegranTome VIII. I
194 LE MERCVRE deGarde des Ennemis , &pouf- ſe pluſieurs Efcadrons deCui- raffiers. M les marquis deRa- nes , de Lambert , & de Bouflairs , placent les Dragons de Theſſe & de Liſtenay le long de la Digue. Ils font voir une activité ſurprenante , & char- gent les Enriemis avec tant de vigueur&de courage , que les ayant mis en deſordre , ils les auroient entierement défaits ,
ſansl'arrivée de la nuitqui fa- voriſa leur Retraite. Pluſieurs
de leursOfficies furent tuez ,&
ils laiſſferent plus de fix cens Hommesſur la place , ſans plus de fix- vingt Chariots qu'ils abandonnerent. Cette occafion
nenouscouſtapas vingtHom- mes. M. de Roquefeüille Corne- te desGardes de M. le marefchal deCréquy ,&M. deBriail
GALANT. 195 le l'un de ſes Pages , y furent bleſſez , le dernier à la jambe ,
&l'autre au bras d'un coup de Piſtolet qu'il y reçeut. Avant le Combat , M. deGaſſion cher- chantàreconnoiſtre les Ennemis , tomba dans la Colomne de
leur premiere Ligne , &foûtint toute leur Cavalerie qui le pouſſa.Il neperditque fixHom- mes , & s'en eſtant glorieuſe- ment retiré , on peut dire que c'eſt preſque contre toute une Armée qu'il acombatu. On n'a peut-eſtre pas reflechy ſur une choſe qui fait en deux mots I'Eloge de M. le Mareſchal de Créquy. L'Armée de l'Empe- reur eftant venuë juſqu'àMou- zon ,a eſté obligée de s'en re- tourner ſans avoir rien fait ; &
M.de Créquy faitune fi extra- ordinaire diligence , qu'il eſt I ij
196 LE MERCVRE
dans les Terres de l'Empire plûtoſt qu'elle , &bat l'Armée des Cercles avantqu'aucune de ſes Troupes ſoit arrivée. C'eſt
tout ceque peutfaire &la plus ſage conduite ,& la plus exacte prévoyance. Cette déroute fut doublement ſenſible au Prince
deSaxe-Eyfenach. Meſſieurs de Strasbourg qui craignent &
cherchent àménager les Vain- queurs qui ne font pas éloi- nez n'oferent recevoir des
Troupes batuës, &celles- cy fu- rent contraintes de ſe refugier dans une Iſle appellée l'Iſle du Pont de Strasbourg. Elles s'y trouverent fort incommodées.
Elles nepouvoient aller au fou- rage, & elles eſtoient encor ſi épouvantéesdela manieredont elles avoient veu combatre les
François, qu'elles nevouloient
,
GALANT. 197 point fortir de cette Ifle ſans Sauf - conduit. Le ſeul expe- dient que le Prince d'Eyſenach trouva pourſe dégager, fut de prier M'de Strasbourg d'aller enCorps chez le Refident du
Roy, &de l'engager à joindre K
-ſes prieres aux leurs pour obte -nir unPaſſeport de Monfieurle Mareſchal de Créquy. L'ex- pedient eft nouveau , &ne pa- roiſtroit pas croyable dans un Roman. Monfieurdu Pré Réſident de France écrivit. La Lettre fut envoyée par un Trom- pete au nom de la Republique de Strasbourg , & ce qu'onde- mandoit fut accordé. Les François ſont auffi honneſtes que braves , & ne refuſent rien
quand on ſe ſoûmet. Vous avez veu lePaſſeport , il eſt imprimé dans la Gazete. Le lendemain
4
I iij
198 LE MERCVRE
du Combat , Monfieur de Créquy ſçachant que les Ennemis ayoient fait un grand amas de Fourrages dans Vilſtet , crût qu'il eſtoit de conſequence d'envoyer brûler les Magaſins & toutes les Maiſons dans lefquelles il y en avoir. M le Comte de la mothe fut détaché avec trois cens Chevaux
pour faire cette Expédition.
Apres avoir pouffé quelques Troupes qu'il rencontra en chemin , il ſe rendit à Vilſtet & fut fupris de trouver Gar- niſon dans le Chafteau. C'eſt
une Tour de grandes pierres quarrés , & environnées d'un bon Foffe. Il envoya un Trom- pete fommer laGarniſon de ſe rendre , & fur le refus qu'elle en fit, il donna ordre qu'ondiſt au Commandant , que s'il ſe
6
GALANT. 199 défendoit , il le feroit pendre à
la Porte , fans aucun quartier pour les Soldats. Ils voulurent
compofer , &ayant inutilement demandé à fortir avec armes &
bagages, ils ne furét reçeus qu'à difcretion. Il avoit fait mettre
pied àterre à ſes Cavaliers , &
quand ils le virent en reſolution de les attaquer , ils ſe rendirent.
Il envoya la Garniſon à M. de Créquy , fit mettre le feu au Chaſteau , & àtoutes les maіſons oùil y avoit du Fourrage ,
& enſuite aux magaſins de Foin qui estoient fort conſidérables.
C'eſt l'uſage de la Guerre , &
il n'y a point de voye plus prompte pour chaffer un En- nemy , quede luy oſterles mo- yens de fubfifter. Cette raiſon a
obligé Monfieur le mareſchal de Créquy à faire brûler beau I iij
200 LE MERCVRE
coup de Fourrages &de mou- linsen deçadu Rhin , & M. de Monclar a fait la meſme choſe
dans le marquiſat de Bade ,
dans les Bourgs du Briſgau, &
dans tous les Lieux où les Ennemis pouvoient prendre des Quartiers d'Hyver. C'eſt par où il a finy la Campagne , l'Ar- mée qu'il commandoit en Chef ayant eu ordre de ſe joindre à
celle de M. de Créquy , pour n'en plus compoſer qu'une fous le Commandement de се ма
refchal.
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Résumé : Ce qui s'est passé pendant toute la Campagne entre l'Armée du Roy commandée par M. le Baron de Monclar, & celle des Cercles. [titre d'après la table]
Le texte relate la campagne militaire du Baron de Monclar contre l'Armée des Cercles, composée de troupes de divers États allemands. Cette armée, initialement dirigée par le Prince de Bade-Dourlach, est ensuite commandée par le Prince de Saxe-Eyfenach après la mort du premier. L'Armée des Cercles, également appelée Armée de l'Empire ou Armée des Cercles du Haut-Rhin, se dirige vers Strasbourg mais est empêchée de traverser le Rhin par le magistrat local. Après avoir traversé, elle se dirige vers Schelestat mais recule face aux fortifications. Le Prince de Saxe-Eyfenach se rend ensuite à Colmar, où il demande des fonds aux États de Suabe pour subvenir aux besoins de ses troupes. Pendant ce temps, le Baron de Monclar défend efficacement les places françaises, empêchant les ennemis de prendre des châteaux stratégiques comme celui de Sainte-Croix près de Colmar. L'armée des Cercles, après avoir ravagé les environs de Colmar, se retire à Bâle en raison de la maladie du Prince de Saxe-Eyfenach. Les deux armées s'affrontent près de Bâle, avec des escarmouches et des constructions de retranchements. Plusieurs officiers français et allemands se rencontrent à Bâle, mais les combats continuent. Une tentative de trahison par un officier français est déjouée. Les troupes françaises, sous le commandement du Baron de Monclar et du Maréchal de Créquy, harcèlent et battent les ennemis, les forçant à se retirer. Les Français construisent des redoutes et harcèlent les ennemis, les obligeant à se retirer précipitamment et à abandonner leurs positions. Le texte décrit également plusieurs affrontements où les troupes françaises, dirigées par des officiers comme le Marquis de Noailles et le Comte de la Mote, infligent des pertes significatives aux ennemis. La campagne se conclut par la retraite des troupes des Cercles, qui repassent le Rhin en laissant derrière eux des pertes humaines et matérielles. Par ailleurs, l'Armée de l'Empereur, arrivée à Mouzon, dut se retirer sans action notable. Le maréchal de Créquy, par une diligence exceptionnelle, battit l'Armée des Cercles avant l'arrivée de ses propres troupes. Cette défaite fut particulièrement dure pour le Prince de Saxe-Eyfenach. Les habitants de Strasbourg, craignant les vainqueurs, refusèrent d'accueillir les troupes battues, qui se réfugièrent sur l'Île du Pont de Strasbourg, où elles furent très inconfortables et refusèrent de quitter l'île sans sauf-conduit. Le Prince d'Eysenach demanda au représentant de France à Strasbourg d'obtenir un passeport du maréchal de Créquy, ce qui fut accordé. Le lendemain de la bataille, le maréchal de Créquy envoya le comte de la Mothe brûler les magasins de fourrage et les maisons à Vilstet. Après avoir repoussé quelques troupes ennemies, le comte de la Mothe surprit une garnison dans le château de Vilstet. Après une négociation, la garnison se rendit et fut envoyée au maréchal de Créquy. Le château et les magasins de fourrage furent incendiés. Cette stratégie, visant à priver l'ennemi des moyens de subsistance, fut également appliquée par le maréchal de Créquy et le marquis de Monclar dans diverses régions. La campagne se termina par la jonction des armées sous le commandement du maréchal de Créquy.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 319-338
Audience donnée par Monsieur le Duc à ces Ambassadeurs, avec le détail de la conversation que ce Prince a euë avec eux. [titre d'après la table]
Début :
J'ay oublié à vous marquer que lors qu'ils allerent [...]
Mots clefs :
Monsieur le Duc, Roi, Troupes, Ambassadeur, Ordre de bataille, Prince, Mandarins, Rois, Inclinations, Plaisir, Henri-Jules de Bourbon-Condé, Compliment, Bataille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Audience donnée par Monsieur le Duc à ces Ambassadeurs, avec le détail de la conversation que ce Prince a euë avec eux. [titre d'après la table]
J'ay oubliéà vous mar
quer que lors qu'ils alle
Dd iiij
320 Voyage des Amb.
rent chez Mademoiſelle
d'Orleans , ils demanderent
à voir Madame de
Guife. Cette Princeffe, qui
avoit alors quelque indifpoſition
, leur fit faire excuſe
de ce qu'elle ne pouvoit
les recevoir. Ils auroient
eſté dés ce temps
là chez Monfieur le Duc,
mais cePrince n'eſtantpas
àParis, ils attendirent fon
retour deVerſailles . Mrde
Bonneüilles conduifit , &
Son Alteffe Sereniffime
de Siam.
321
leurdonnaAudience dans
fon Appartement bas de
l'Hôtel deCondé. On leur
fit compliment de ſa part
lors qu'ils deſcendirent de
caroffe , & Monfieur le
Ducles reçût à la ſeconde
porte de l'Appartement.
Ils estoient reveſtus de
toutes les marques de leur
Dignité ,& tous les Mandarins
avoient leurs Bonnets
de Ceremonie.Si- toft
qu'ils apperceurent ce
Prince,ils firent trois incli322
Voyage des Amb.
nations tres - profondes ,
les mains jointes & élevées
juſques à leur front.
Il traverſa enfuire avec
cux ſept ou huit Antichambres
, & Chambres
magnifiquement meublées
, & ils trouverent
dans un grand Cabinet
deftiné pour l'Audience,
trois Fauteuils d'un coſté,
&un autre vis à vis . Avant
que de commencer
leur Complimeut , ils fi
rent encore trois inclinade
Siam.
323
tions comme ils avoient
fait en entrant , & aprés
un Compliment remply
d'éloges de Monfieur le
Duc , auquel fon Alteſſe
répondit , ils commencerent
une Converſation
qui fut admirée & louée
tout haut de tous ceux
qui l'entendirent .J'en parle
comme témoin , & vay
vous rapporter en peu de
paroles , ce qui ſe dit pendant
trois quart- d'heures
qu'elle dura. Monfieur le
324 Voyage des Amb.
Duc dit d'abord , que ce
que Mle Chevalier de
Chaumont avoit rapporté
à Sa Majefté du Roy
de Siam , joint aux honneurs
,& aux bons traitemens
qu'il luy avoit faits ,
augmenteroit l'amitié qui
eſtoit entre les deux Rois.
Ils ne répondirent à cela
que par de profondes inclinations
, comme ils avoient
fait , lorſque Monfieur
le Ducavoit parlé de
chaque Roy , ou des deux
de Siam.
325
イ
Rois enſemble. Ce Prince
leur dit enſuite qu'ils avoient
vù quelques Troupes
du Roy à Maintenon,
& leur demanda comment
ils les trouvoient.
Le premier Ambaſſadeur
répondit , qu'il ne croyoit
pas qu'on en puſt voir de
plus belles , mais que cepen--
dant elles ne l'avoient point
furpris , puis qu'on ne peut
penfer trop de bien desTroupes
à qui le Roy a apris à
vaincre. Monfieur le Duc
326 Voyagedes Amb.
repliqua , que puis qu'il
trouvoit ces Troupes fi
belles , il feroit à ſouhaiter
que Siam ne fuſt pas fi éloignéafin
qu'elles s'y pufſent
plus facilement tranfporter
en cas de beſoin .
L'Ambaſſadeur repartir ,
Que Dieu ayant déja fait
un miracle en liant les deux
Rois d'une étroite amitié,
malgré le grand éloignement
de leurs Etats , il en
pouvoit faire encore un autrepour
le transport de ces
de Siam.
327
-
1
Troupes. Son Alteſſe luy
demanda quel ordre de
Bataille obſervoient les
Siamois , & s'il eſtoit à
peu prés le meſme qu'en
ce Pays- cy . L'Ambaffadeur
fitalors avec ſa Cane
la demonstration d'une
Armée Siamoiſe en Bataille.
Monfieur le Duc luy
fit des objections fur les
défauts qu'il y trouva , &
luy fit voir que les aifles
d'une Armée en maniere
de croiffant , ainſi qu'il
1
328 Voyage des Amb.
les luy avoit marquées, é
toient preſque toûjours
batues en détail , parce
que peu de Soldats pouvoient
combatre à la fois,
au lieu que nos Troupes
eſtant de front ont beaucoup
plus de force . L'Ambaſſadeur
donna quelques
raiſons pour combattre
celles de Monfieur
le Duc Cependant comme
il ne trouva pas luymeſme
fes raiſons affez
fortes , il fe retrancha fur
de Siam.
320
ce qu'il n'avoit pas pr
tendu dire que leurs Ar
mées estoient tout à faic.
en croiffant & dit qu'elles
étoient bien plus en ovale.
Monfieur le Duc repartit
, que pour ſuivre cet
ordre de Bataille , il faloit
que les Armées euffent un
front égal , puiſque celle
qui en auroit un plus
grand envelopperoit l'autre.
L'Ambaſſadeur repliqua
, Que leur ordre de Bataille
n'estoit pas toûjours le
Ee
332 Voyage des Amb.
mesme , & qu'ils le changeoient
selon qu'ils Sçavoient
que leurs Ennemis
avoient plus ou moins de
Troupes ; qu'ils avoient des
ordres de Bataille pour les
Montagnes, pourles vallées
& pourles lieux étroits , &
qu'il y avoit en leur Pays
beaucoup de Livres qui
marquoient ces divers ordres.
Monfieur le Duc avant
que de pouffer plus
loin la matiere , leur fit
quelque excuſe de toutes
1
de Siam.
331
les queſtions qu'il faiſoir
&dit que c'eſtoit à cauſe
de l'eſtime qu'il avoit
pour le Roy leur Maiſtre ,
&pour les Ambaffadeurs,
& par le plaifir qu'il prenoit
à les entendre Ils firentune
profondeinclination
,& ce Prince pourfuivit
en demandant la
maniere d'armer les Elephans
L'Ambaffadeur la
luy expliqua , & luy die
meme qu'on y mettoir
du Canon. Monficut le
Ecij
332 Voyage des Amb.
,
Duc alla au devant de ce
qu'on luy dit là- deffus , &
expliqua luy-mefme plufieurs
chofes.Ce Princedemanda
enfuite combien il
y avoit à peu prés de chevaux
dans Siam , & d'où
ils venoient , ce qui les fir
entrer dans le détail d'une
Guerre , qui eft prefentement
dans le Royaume
de Camboie , Monſieur
le Duc luy fit plufieurs
queſtions qui firent
paroiſtre fon eſprit,& la
de Siam.
333
connoiſſance qu'il a de
de 1 Hiftoire . Ce Prince
demanda en ſuite s'ils
faifoient des Prifonniers
dans le Combat, ou s'ils
ne donnoient point de
quartier , & fi quand ils
avoient fait des Prifonniers
, en cas que ce fuft
leur maniere, ils les échangeoient.
L'Ambaſſadeur
répondit , Qu'ilsfaisoient
des Prisonniers , mais
qu'ils attendoient que la
Guerre fust finie pour les
334 Voyage des Amb.
rendre. Monfieur le Duc
eut la bonté de dire du
bien de deux Mandarins
qu'il avoit vûs àVerſailles,
lors qu'ils eſtoient allez y
conduire les Prefensavant
le jour de l'Audience des
Ambaſladeurs . Ils marquerent
que ces Mandarins
leur avoient rémoigné
l'honneur qu'il leur
avoit fait , dont ils le remercioient
tres-humblemenr.
Monfieur le Duc
leur dit enfuite qu'ils efde
Siam.
335
toient fur le point de partir
pour aller paffer quelques
jours à Verfailles ,&
qu'il avoit pris tant de
plaifir dans leur converfation
, qu'il vouloit les entretenir
encore quandsils
yferoient ,& fe promener
avec eux . L'Ambaſſadour
répondit , Qu'ils attendroient
ſes ordres là-deſſus,
& que c'estoit à luy à leur
faire sçavoir quand il luy
plairoit qu'ils euffent cet
bonneur. La converſation
336 Voyagedes Amb.
finit là, fans que perſonne
ſe levaſt , ce qui fut cauſe
que M' l'Abbé de Lionne,
qui avoit fervy d'Interprete
, dit à Monfieur le
Duc , que les Ambaffadeurs
ne feleveroient pas
qu'il ne felevaſt , & ils fe
leverent tous en meſme
temps. Ils firent encore
trois profondes inclinations
telles qu'ils les avoient
faites en entrant ,
& avant que de s'affeoir .
Monfieur le Duc voulut
les
de Siam.
337
Jes reconduirejuſques à la
meſme porte où il les avoit
reçeus , quelque inſtance
qu'ils fiffent pour
l'en empefcher. Ils firent
de pareilles inclinations
pareilles
en le quittant , & furent
reconduits par les Gentilshommes
de la Maiſon qui
lesavoient reçeus à la defcente.
Ils fortirent non
ſeulement charmez de
l'efprit de Monfieur le
Duc , mais encore ravis
de ce qu'il avoit eu la
Ff
338 Voyage des Amb.
bonté de les entretenir ,
& dirent que rien ne pouvoit
leur faire plus de plaifir
que cet honneur .
quer que lors qu'ils alle
Dd iiij
320 Voyage des Amb.
rent chez Mademoiſelle
d'Orleans , ils demanderent
à voir Madame de
Guife. Cette Princeffe, qui
avoit alors quelque indifpoſition
, leur fit faire excuſe
de ce qu'elle ne pouvoit
les recevoir. Ils auroient
eſté dés ce temps
là chez Monfieur le Duc,
mais cePrince n'eſtantpas
àParis, ils attendirent fon
retour deVerſailles . Mrde
Bonneüilles conduifit , &
Son Alteffe Sereniffime
de Siam.
321
leurdonnaAudience dans
fon Appartement bas de
l'Hôtel deCondé. On leur
fit compliment de ſa part
lors qu'ils deſcendirent de
caroffe , & Monfieur le
Ducles reçût à la ſeconde
porte de l'Appartement.
Ils estoient reveſtus de
toutes les marques de leur
Dignité ,& tous les Mandarins
avoient leurs Bonnets
de Ceremonie.Si- toft
qu'ils apperceurent ce
Prince,ils firent trois incli322
Voyage des Amb.
nations tres - profondes ,
les mains jointes & élevées
juſques à leur front.
Il traverſa enfuire avec
cux ſept ou huit Antichambres
, & Chambres
magnifiquement meublées
, & ils trouverent
dans un grand Cabinet
deftiné pour l'Audience,
trois Fauteuils d'un coſté,
&un autre vis à vis . Avant
que de commencer
leur Complimeut , ils fi
rent encore trois inclinade
Siam.
323
tions comme ils avoient
fait en entrant , & aprés
un Compliment remply
d'éloges de Monfieur le
Duc , auquel fon Alteſſe
répondit , ils commencerent
une Converſation
qui fut admirée & louée
tout haut de tous ceux
qui l'entendirent .J'en parle
comme témoin , & vay
vous rapporter en peu de
paroles , ce qui ſe dit pendant
trois quart- d'heures
qu'elle dura. Monfieur le
324 Voyage des Amb.
Duc dit d'abord , que ce
que Mle Chevalier de
Chaumont avoit rapporté
à Sa Majefté du Roy
de Siam , joint aux honneurs
,& aux bons traitemens
qu'il luy avoit faits ,
augmenteroit l'amitié qui
eſtoit entre les deux Rois.
Ils ne répondirent à cela
que par de profondes inclinations
, comme ils avoient
fait , lorſque Monfieur
le Ducavoit parlé de
chaque Roy , ou des deux
de Siam.
325
イ
Rois enſemble. Ce Prince
leur dit enſuite qu'ils avoient
vù quelques Troupes
du Roy à Maintenon,
& leur demanda comment
ils les trouvoient.
Le premier Ambaſſadeur
répondit , qu'il ne croyoit
pas qu'on en puſt voir de
plus belles , mais que cepen--
dant elles ne l'avoient point
furpris , puis qu'on ne peut
penfer trop de bien desTroupes
à qui le Roy a apris à
vaincre. Monfieur le Duc
326 Voyagedes Amb.
repliqua , que puis qu'il
trouvoit ces Troupes fi
belles , il feroit à ſouhaiter
que Siam ne fuſt pas fi éloignéafin
qu'elles s'y pufſent
plus facilement tranfporter
en cas de beſoin .
L'Ambaſſadeur repartir ,
Que Dieu ayant déja fait
un miracle en liant les deux
Rois d'une étroite amitié,
malgré le grand éloignement
de leurs Etats , il en
pouvoit faire encore un autrepour
le transport de ces
de Siam.
327
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1
Troupes. Son Alteſſe luy
demanda quel ordre de
Bataille obſervoient les
Siamois , & s'il eſtoit à
peu prés le meſme qu'en
ce Pays- cy . L'Ambaffadeur
fitalors avec ſa Cane
la demonstration d'une
Armée Siamoiſe en Bataille.
Monfieur le Duc luy
fit des objections fur les
défauts qu'il y trouva , &
luy fit voir que les aifles
d'une Armée en maniere
de croiffant , ainſi qu'il
1
328 Voyage des Amb.
les luy avoit marquées, é
toient preſque toûjours
batues en détail , parce
que peu de Soldats pouvoient
combatre à la fois,
au lieu que nos Troupes
eſtant de front ont beaucoup
plus de force . L'Ambaſſadeur
donna quelques
raiſons pour combattre
celles de Monfieur
le Duc Cependant comme
il ne trouva pas luymeſme
fes raiſons affez
fortes , il fe retrancha fur
de Siam.
320
ce qu'il n'avoit pas pr
tendu dire que leurs Ar
mées estoient tout à faic.
en croiffant & dit qu'elles
étoient bien plus en ovale.
Monfieur le Duc repartit
, que pour ſuivre cet
ordre de Bataille , il faloit
que les Armées euffent un
front égal , puiſque celle
qui en auroit un plus
grand envelopperoit l'autre.
L'Ambaſſadeur repliqua
, Que leur ordre de Bataille
n'estoit pas toûjours le
Ee
332 Voyage des Amb.
mesme , & qu'ils le changeoient
selon qu'ils Sçavoient
que leurs Ennemis
avoient plus ou moins de
Troupes ; qu'ils avoient des
ordres de Bataille pour les
Montagnes, pourles vallées
& pourles lieux étroits , &
qu'il y avoit en leur Pays
beaucoup de Livres qui
marquoient ces divers ordres.
Monfieur le Duc avant
que de pouffer plus
loin la matiere , leur fit
quelque excuſe de toutes
1
de Siam.
331
les queſtions qu'il faiſoir
&dit que c'eſtoit à cauſe
de l'eſtime qu'il avoit
pour le Roy leur Maiſtre ,
&pour les Ambaffadeurs,
& par le plaifir qu'il prenoit
à les entendre Ils firentune
profondeinclination
,& ce Prince pourfuivit
en demandant la
maniere d'armer les Elephans
L'Ambaffadeur la
luy expliqua , & luy die
meme qu'on y mettoir
du Canon. Monficut le
Ecij
332 Voyage des Amb.
,
Duc alla au devant de ce
qu'on luy dit là- deffus , &
expliqua luy-mefme plufieurs
chofes.Ce Princedemanda
enfuite combien il
y avoit à peu prés de chevaux
dans Siam , & d'où
ils venoient , ce qui les fir
entrer dans le détail d'une
Guerre , qui eft prefentement
dans le Royaume
de Camboie , Monſieur
le Duc luy fit plufieurs
queſtions qui firent
paroiſtre fon eſprit,& la
de Siam.
333
connoiſſance qu'il a de
de 1 Hiftoire . Ce Prince
demanda en ſuite s'ils
faifoient des Prifonniers
dans le Combat, ou s'ils
ne donnoient point de
quartier , & fi quand ils
avoient fait des Prifonniers
, en cas que ce fuft
leur maniere, ils les échangeoient.
L'Ambaſſadeur
répondit , Qu'ilsfaisoient
des Prisonniers , mais
qu'ils attendoient que la
Guerre fust finie pour les
334 Voyage des Amb.
rendre. Monfieur le Duc
eut la bonté de dire du
bien de deux Mandarins
qu'il avoit vûs àVerſailles,
lors qu'ils eſtoient allez y
conduire les Prefensavant
le jour de l'Audience des
Ambaſladeurs . Ils marquerent
que ces Mandarins
leur avoient rémoigné
l'honneur qu'il leur
avoit fait , dont ils le remercioient
tres-humblemenr.
Monfieur le Duc
leur dit enfuite qu'ils efde
Siam.
335
toient fur le point de partir
pour aller paffer quelques
jours à Verfailles ,&
qu'il avoit pris tant de
plaifir dans leur converfation
, qu'il vouloit les entretenir
encore quandsils
yferoient ,& fe promener
avec eux . L'Ambaſſadour
répondit , Qu'ils attendroient
ſes ordres là-deſſus,
& que c'estoit à luy à leur
faire sçavoir quand il luy
plairoit qu'ils euffent cet
bonneur. La converſation
336 Voyagedes Amb.
finit là, fans que perſonne
ſe levaſt , ce qui fut cauſe
que M' l'Abbé de Lionne,
qui avoit fervy d'Interprete
, dit à Monfieur le
Duc , que les Ambaffadeurs
ne feleveroient pas
qu'il ne felevaſt , & ils fe
leverent tous en meſme
temps. Ils firent encore
trois profondes inclinations
telles qu'ils les avoient
faites en entrant ,
& avant que de s'affeoir .
Monfieur le Duc voulut
les
de Siam.
337
Jes reconduirejuſques à la
meſme porte où il les avoit
reçeus , quelque inſtance
qu'ils fiffent pour
l'en empefcher. Ils firent
de pareilles inclinations
pareilles
en le quittant , & furent
reconduits par les Gentilshommes
de la Maiſon qui
lesavoient reçeus à la defcente.
Ils fortirent non
ſeulement charmez de
l'efprit de Monfieur le
Duc , mais encore ravis
de ce qu'il avoit eu la
Ff
338 Voyage des Amb.
bonté de les entretenir ,
& dirent que rien ne pouvoit
leur faire plus de plaifir
que cet honneur .
Fermer
Résumé : Audience donnée par Monsieur le Duc à ces Ambassadeurs, avec le détail de la conversation que ce Prince a euë avec eux. [titre d'après la table]
Le texte relate une audience accordée par Monsieur le Duc d'Orléans aux ambassadeurs de Siam. Initialement, les ambassadeurs souhaitaient rencontrer Madame de Guise, mais celle-ci était indisposée. Ils attendirent ensuite le retour de Monsieur le Duc de Versailles. L'audience se déroula à l'Hôtel de Condé, où les ambassadeurs furent reçus avec tous les honneurs dus à leur dignité et effectuèrent plusieurs inclinations profondes en signe de respect. Lors de l'audience, Monsieur le Duc souligna l'amitié entre les rois de France et de Siam, renforcée par les honneurs et les bons traitements accordés à l'ambassadeur Chevalier de Chaumont. Les ambassadeurs répondirent par des inclinations. La conversation porta ensuite sur les troupes françaises vues à Maintenon, que les ambassadeurs trouvèrent impressionnantes. Monsieur le Duc exprima le souhait que les troupes puissent être transportées plus facilement en Siam en cas de besoin. La discussion se poursuivit sur les ordres de bataille des armées siamoises et françaises. Les ambassadeurs expliquèrent les différentes formations utilisées en fonction du terrain et des ennemis. Monsieur le Duc fit des objections sur les faiblesses de certaines formations, mais les ambassadeurs défendirent leur efficacité. L'audience se conclut par des questions sur l'armement des éléphants, le nombre de chevaux en Siam, et les pratiques concernant les prisonniers de guerre. Monsieur le Duc exprima son désir de continuer la conversation à Versailles et les ambassadeurs acceptèrent avec gratitude. L'audience se termina par des inclinations profondes et des remerciements mutuels.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 199-207
S. Omer. [titre d'après la table]
Début :
Ils allerent le 24. coucher à S. Omer. Il est en Artois sur [...]
Mots clefs :
Saint-Omer, Ville, Évêque, Raouffet, Roi, Bataille, Compliment
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : S. Omer. [titre d'après la table]
Ils allerent le 24. coucher
à S. Omer. Il eſt en Artois fur
la Riviere de l'Aa que la Ville
a d'un côté avee des Marais .
Elle a de l'autre un Côteau ,
défendu par un Château avec
de bons Baſtions , & des foffez
fort profonds & larges.
Monfieur la prit en 1677. aprés
avoir gagné la Bataille deCaffel.
S. Omer , l'Evêque de
R iiij
200 III P. du Voyage
Theroüane la fit bâtir en 660.
& Baudoüin II . dit le Chauve ,
Comte de Flandre , acheva de
l'entourer de murailles en902 .
ce que Fouques , Abbé de S.
Bertin , avoit commencé de
faire en 880. On démolit Theroüane
dans le dernier Siécle,
& on en fonda deux Evêchez,
celuy de Bologne , & celuy de
S. Omer. Ce dernier eſt Suffragant
deCambray. M² de Marcin
, Lieutenant Colonel des
Cravates du Roy , alla au devant
des Ambaſſadeurs avec
deux Efcadrons , & en approchant
de la Ville , ils trouvedes
Amb. de Siam. 20t
د
rent hors la porte M Raouffet
, Lieutenant de Roy de la
Place , qui les reçût ,& leur fit
compliment. Ils entrerent au
bruit du Canon , & au travers
de la Garniſon ſous les
armes & allerent à l'Hôtel
de Ville que M Raouffet avoit
fait meubler magnifiquement
, & dans lequel ils devoient
loger. Ils y receurent
les complimens , & les Prefens
de la Ville , & de pluſieurs
Corps , apres quoy ils
virent defiler toutes les Troupes
tant Cavalerie qu'Infanterie
, qu'ils trouverent magni
202 III. P. du Voyage
fiques , & qui leur parurent
tres bonnes. M Raouffet leur
demanda enfuite le Mot , &
ils donnerent , à l'action on connoiſt
le ſang , par raport à la
Bataille de Caffel gagnée par
Monfieur , & à la priſe de S.
Omer par ce meſme Prince ,
dont ils s'étoient entretenus
dans le Caroſſe avec M Torf,
preſque depuis Aire juſqu'à S.
Omer.Comme ils avoient conceu
une haute eſtime pour
Monfieur , & que les manieres
obligeantes & affables leur
avoient penetré le coeur , ils
lui donnerent de grands éloges.
1
des Amb. de Siam. 203
&dirent qu'il étoit égalemet magnifique
, galant , & brave , &
qu'ilſembloit que le Roy eût pris
plaisir àfefervir de fa grandour,
pour donner moyen àson Alteſſe
Royale , d'acquerir de la gloire ,
en luy envoyant des Troupes ,
comme Sa Majesté avoit fait ,
afin qu'il triomphât des Ennemis
de l'Etat.
Le coucours des Dames fur
grand le foir à leur ſoupé. La
Ville envoya des Violons qui
joüerent pendant tout le Repas
,& il y eût Bal ſi toſt que
l'on fut forty de table. Me l'Evêque
deS. Omer les vintvoic
204 III. P. du Voyage
le lendemain accompagné de
M l'Evêque d'Ipres. Ils furent
ravis de l'honneur qu'ils recevoient
de la viſite d'un home
de ce caractere. Ils eurent auffi
quantité de viſites des principales
perſonnes dela Ville. On
leur propoſa d'aller voir l'Egliſe
Cathedrale. L'Ambaffadeur
demanda fi elle estoit belle. On
luy repondit que c'eſtoit une
Eglife ancienne qui n'avoit rien
d'extraordinaire. Il s'informa fi
M l'Evêque yseroit. M Torf
luy répondit qu'il ne manque.
roit aſſurement pas des'y trouver
, s'il eſtoit aſſuré qu'il y
des Amb. de Siam 205
dût aller. I'y veux bien aller ,
répondit l'Ambaſſadeur , &fi
Mr l'Evêque s'y trouve, l'Eglise
me paroiſtra belle. Il y alla , &
y fut receu par tout le Clergé
en Corps , & par ce Prelat.
On fit voir aux Ambaſſadeurs
ce que cette Eglife contenoit
de plus digne de leur curiofité.
Ils allerent auſſi à la fameuſe
Abbaye de S. Bertin , où le
Prieur leur fit compliment.
La grandeur de ce Monaftere
les ſurprit. C'eſt un des plus
vaſtes Bâtimens qu'on puiſſe
voir de cette nature . Ils firent
le meſme jour le tour de la
206 III . P. du Voyage
Place , & virent les Arcenaux ;
& comme ils trouverent par
tout des Ouvriers , & de nouvaux
travaux , on peut dire
que leur ſurpriſe redoubla par
tout. M Raouſſet leur donna
un dîner fort magnifique , où
il y avoit pluſieurs Dames ; ils
furent tellement fatisfaits de
luy qu'ils luy firent mille proteſtations
d'amitié. Les Jeſuites
leur dõnerent une collation où
la propreté répondit à l'abondance
de tout ce qui yfut fervy
: elle fut accompagnée d'un
grand Concert d'Inſtrumens .
Le Major ayant eſté le ſoir
des Amb. de Siam. 207
leur demander le Mot , ils
donnerent, Magnifique en tout.
L'explication de ce mot n'eſt
pas difficile à trouver aprés la
magnificence du Repas de M
Raouffet , qui d'ailleurs leur avoit
paru d'une maniere à
pouvoir faire croire que ce mot
luy convenoit. Les chofcs ſe
paſſerent à l'ordinaire au Soupé
, il y eut grande affluence
de monde. Le lendemain
grands remerciemens, &grand
bruit d'Artillerie à leur fortie .
La Garniſon ſe trouva encore
ſous les armes.
à S. Omer. Il eſt en Artois fur
la Riviere de l'Aa que la Ville
a d'un côté avee des Marais .
Elle a de l'autre un Côteau ,
défendu par un Château avec
de bons Baſtions , & des foffez
fort profonds & larges.
Monfieur la prit en 1677. aprés
avoir gagné la Bataille deCaffel.
S. Omer , l'Evêque de
R iiij
200 III P. du Voyage
Theroüane la fit bâtir en 660.
& Baudoüin II . dit le Chauve ,
Comte de Flandre , acheva de
l'entourer de murailles en902 .
ce que Fouques , Abbé de S.
Bertin , avoit commencé de
faire en 880. On démolit Theroüane
dans le dernier Siécle,
& on en fonda deux Evêchez,
celuy de Bologne , & celuy de
S. Omer. Ce dernier eſt Suffragant
deCambray. M² de Marcin
, Lieutenant Colonel des
Cravates du Roy , alla au devant
des Ambaſſadeurs avec
deux Efcadrons , & en approchant
de la Ville , ils trouvedes
Amb. de Siam. 20t
د
rent hors la porte M Raouffet
, Lieutenant de Roy de la
Place , qui les reçût ,& leur fit
compliment. Ils entrerent au
bruit du Canon , & au travers
de la Garniſon ſous les
armes & allerent à l'Hôtel
de Ville que M Raouffet avoit
fait meubler magnifiquement
, & dans lequel ils devoient
loger. Ils y receurent
les complimens , & les Prefens
de la Ville , & de pluſieurs
Corps , apres quoy ils
virent defiler toutes les Troupes
tant Cavalerie qu'Infanterie
, qu'ils trouverent magni
202 III. P. du Voyage
fiques , & qui leur parurent
tres bonnes. M Raouffet leur
demanda enfuite le Mot , &
ils donnerent , à l'action on connoiſt
le ſang , par raport à la
Bataille de Caffel gagnée par
Monfieur , & à la priſe de S.
Omer par ce meſme Prince ,
dont ils s'étoient entretenus
dans le Caroſſe avec M Torf,
preſque depuis Aire juſqu'à S.
Omer.Comme ils avoient conceu
une haute eſtime pour
Monfieur , & que les manieres
obligeantes & affables leur
avoient penetré le coeur , ils
lui donnerent de grands éloges.
1
des Amb. de Siam. 203
&dirent qu'il étoit égalemet magnifique
, galant , & brave , &
qu'ilſembloit que le Roy eût pris
plaisir àfefervir de fa grandour,
pour donner moyen àson Alteſſe
Royale , d'acquerir de la gloire ,
en luy envoyant des Troupes ,
comme Sa Majesté avoit fait ,
afin qu'il triomphât des Ennemis
de l'Etat.
Le coucours des Dames fur
grand le foir à leur ſoupé. La
Ville envoya des Violons qui
joüerent pendant tout le Repas
,& il y eût Bal ſi toſt que
l'on fut forty de table. Me l'Evêque
deS. Omer les vintvoic
204 III. P. du Voyage
le lendemain accompagné de
M l'Evêque d'Ipres. Ils furent
ravis de l'honneur qu'ils recevoient
de la viſite d'un home
de ce caractere. Ils eurent auffi
quantité de viſites des principales
perſonnes dela Ville. On
leur propoſa d'aller voir l'Egliſe
Cathedrale. L'Ambaffadeur
demanda fi elle estoit belle. On
luy repondit que c'eſtoit une
Eglife ancienne qui n'avoit rien
d'extraordinaire. Il s'informa fi
M l'Evêque yseroit. M Torf
luy répondit qu'il ne manque.
roit aſſurement pas des'y trouver
, s'il eſtoit aſſuré qu'il y
des Amb. de Siam 205
dût aller. I'y veux bien aller ,
répondit l'Ambaſſadeur , &fi
Mr l'Evêque s'y trouve, l'Eglise
me paroiſtra belle. Il y alla , &
y fut receu par tout le Clergé
en Corps , & par ce Prelat.
On fit voir aux Ambaſſadeurs
ce que cette Eglife contenoit
de plus digne de leur curiofité.
Ils allerent auſſi à la fameuſe
Abbaye de S. Bertin , où le
Prieur leur fit compliment.
La grandeur de ce Monaftere
les ſurprit. C'eſt un des plus
vaſtes Bâtimens qu'on puiſſe
voir de cette nature . Ils firent
le meſme jour le tour de la
206 III . P. du Voyage
Place , & virent les Arcenaux ;
& comme ils trouverent par
tout des Ouvriers , & de nouvaux
travaux , on peut dire
que leur ſurpriſe redoubla par
tout. M Raouſſet leur donna
un dîner fort magnifique , où
il y avoit pluſieurs Dames ; ils
furent tellement fatisfaits de
luy qu'ils luy firent mille proteſtations
d'amitié. Les Jeſuites
leur dõnerent une collation où
la propreté répondit à l'abondance
de tout ce qui yfut fervy
: elle fut accompagnée d'un
grand Concert d'Inſtrumens .
Le Major ayant eſté le ſoir
des Amb. de Siam. 207
leur demander le Mot , ils
donnerent, Magnifique en tout.
L'explication de ce mot n'eſt
pas difficile à trouver aprés la
magnificence du Repas de M
Raouffet , qui d'ailleurs leur avoit
paru d'une maniere à
pouvoir faire croire que ce mot
luy convenoit. Les chofcs ſe
paſſerent à l'ordinaire au Soupé
, il y eut grande affluence
de monde. Le lendemain
grands remerciemens, &grand
bruit d'Artillerie à leur fortie .
La Garniſon ſe trouva encore
ſous les armes.
Fermer
Résumé : S. Omer. [titre d'après la table]
En 1677, des ambassadeurs de Siam visitèrent la ville de Saint-Omer, située en Artois sur la rivière de l'Aa. Cette ville est protégée par des marais d'un côté et un coteau défendu par un château fortifié avec des bastions et des fossés. Saint-Omer fut prise par Monsieur après la bataille de Cassel. La ville fut fondée par Théroüane en 660 et entourée de murailles par Baudouin II en 902. Au siècle précédent, Théroüane fut détruite et deux évêchés furent créés, dont celui de Saint-Omer, suffragant de Cambrai. Les ambassadeurs furent accueillis par M. Raouffet, lieutenant du roi, et reçus avec des honneurs militaires. Ils visitèrent l'église cathédrale et l'abbaye de Saint-Bertin, impressionnés par la grandeur des lieux. Ils furent également reçus par l'évêque de Saint-Omer et l'évêque d'Ipres. La visite se conclut par des dîners magnifiques et des concerts, les ambassadeurs exprimant leur satisfaction et leur admiration pour la magnificence et la bravoure de Monsieur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
12
p. 266-310
Article concernant tous les nouveaux Brigadiers, & qui fait connoistre leurs services, & les Corps dont ils ont esté tirez. [titre d'après la table]
Début :
Je vous marquay dans ma derniere Lettre que je ne vous [...]
Mots clefs :
Nouveaux brigadiers, Colonel, Régiment, Marquis, Chevalier, Bataille, Roi, Lieutenants généraux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Article concernant tous les nouveaux Brigadiers, & qui fait connoistre leurs services, & les Corps dont ils ont esté tirez. [titre d'après la table]
Je vous marquay dans Ima
derniere Lettre que ju nd vous
dirois rien des nouveaux Lieutenans Generaux , & des nouveaux Maréchaux de Camp ,
parce que je vous en ay parlé à
meſure qu'ils font montez à
ces premiers poftes de la guer
re ; mais comme il left plus
difficile de parler des nouveaux
3GALANT 267
Brigadiers , à caufe que n'ayant
point encore rempli le pofte
d'Officiers generaux , ils ne font
fouvent connus que par leurs
noms , & que l'on a mefme de
la peine à fçavoir quels eftoient
leurs Emplois avant que d'avoir la qualité de Brigadiers.
La recherchequ'il en faut faire
pour en parler jufte , eſt tresgrande , & je crois en eftre venu à boutàa peu de chofe prés;
carab eft prefque impoffible
que l'on ne faffe quelques fau
tes en parlant d'un fi grand
nombre d Officiers. Je com
mence par les Brigadiers d'InZ ij
268 MERCURE
fanterie fuivant l'ordre de leur
nomination. AM Steegia
Mr.Reynold de Valier , Capitaine aux Gardes Suiffes , &
Chevalier de S. Louis. Il fert
en France il y a plus de 20.
ans. Il fe trouva à la Bataille de
Nerwinde où il fut bleffery
n'eftant alors qu'Officier fubalterne.
ede
Mr Reding, Capitaine aux
Gardes Suiffes , avec Brevet de
Colonel. Il eft attaché au Service de la France depuis prés de
25. ans. Il eft parent de Mrs
Stoupe & de Mollondin qui
Occupent les premieres places.
$
GALANT 209
de la Magiftrature de la Prin
cipauté de Neufchaftel. left
auffi parent de Mrs Courte &
Grenu , Brigadiers & de la mês
me Nation.
Mr Mergeret, Capitaine aux
Girdes Françoiſes. Il eft de
Paris ; fon fon pere a efté longtemps dans les Illes, où il avoit
un Commandemenr tres confiderable. Ce nouveau Brigadier a donné de grandes preu
ves de fa valeur à la Bataille de
Malplaquet.
Mrde Villiers, Capitaine aux
Gardes Françoifes, avec Brevet
de Colonel. Il fert depuis l'âge
Z iij
270 MERCURE
يا
de 15 ans avec beaucoup de
diftinction. Il a fervi en Italie
fous Monfieur de Vendofme
qui l'a employé dans des occafions importantes qui luy
ont fait beaucoup d'honneur.
Il eft d'une famille originaire
de l'Ile de France , & alliée à
celle de Mr Poitevin Confeil
ler au Parlement. Il eft parent
deMrideVilliers leMorier,Ma
jor du Regiment de la Reine
Dragons , & Brigadier , & de
Mr de Villiers le Morier Ma
réchal de Camp.
Mr le Comte de Mongon,
Capitaine de Grenadiers aux
GALANT 271
易
Gardes Françoifes , avec Brevet
de Colonel alpa donné des
marques de fa valeur en plu
fieurs occafions. It eft fils de
Mr de Mongon , Lieutenant
General & Inſpecteur d'Infanterie , & de feuë Dame N...!
Sublet d'Heudicourt , fille de
Mr le Marquis d'Heudicourt
-grand Louvetier de France , &
foeur de Mr.le Comte d'Heudicourt Brigadier des Armées
du Roy, & de feu Mr l'Abbé
d'Heudicourt , mort nommé
Evêque d'Evreux. Feuë Me la
Comteffe de Mongon eftoit
Dame du Palais de Madame
Z iiij
រឺ
272 MERCURE
la Ducheffe de Bourgogne. 19
Mr le Marquis de Gallion ,
Colonel du Regimens de Nav
varre, Il combattit à la Batailleb
de Malplaquet a côté de Mrle
Maréchal deBoufflers ,
lorfque
les Ennemis furent fi mal-trai
tez à la droite du bois , par la
Brigade de Navarre. Ce Maréchal & tous ceux qui fe trous
verent en cet endroit rendirenca
juſtice à la valeur de Mr dep
Gaffion , dont le Roy d'Anglet
terre fut auffi témoin , & ill
combattit juſqu'à ce que Mrs
de Boufflers craignant quel'Infanterie ne fût coupée, la fitp
BALANT 273
pric
retirer. Il repric quelques drapeaux que les Ennemis nous
avoient pris , & leur en
des leurs nye lats if
Mr le Chevalier de Givry,
Colonel du Regiment de la
Marche. Il y a 22, ans qu'il
fert , & il n'a point laiffe paffer
d'occafions fans donner des
marques de fa valeur. Il s'eft
trouvé à la Bataille de Malplaquet , où il a fait des actions
furprenantes. Voyant que les
Ennemis avoient penetré dans
un Pofte important , il marcha
à eux avec fon Regiment
qu'on avoit mis en reſerve , &
+
274 MERCUR
les en chafla. Mr de Gaffion
fon oncle commandoit alors
l'aifle droite de la Cavalerie , &
*
fit à la tête de la Maifon du
Roy les plus belles charges de
Cavalerie qui ayent jamais eſté
faites.
Mr le Comte du Montal ,
Colonel du Regiment de Poitou. Il est petit fils de Mr du
Montal , mort Chevalier des
Ordres du Roy , & l'un des
plus grands hommes de guerre
que la France ait eus dans
dernier fiecle. Celuy qui donne
lieu à cet Article avoit d'abord
efté destiné à l'Eglife ; mais fe
GALANT 275
fentant plus d'inclination pour
la profeffion des Armes , il
s'y attacha , & y a donné de
frequentes preuves de fa valeur.
24 Mr de Colandres , Colonel
du Regiment des Vaiffeaux. Il
eft fils de feu Mr le Gendre
de Rouen , frere de Mr de
Barville Capitaine aux Cardes
qui a épousé Alle de Saillant ;
de MePecoil , femme du Maître des Requeftes de ce nom ,
&de Mc la Prefidente de Feu
mechon 'de Rouen. Un de fes
freres , auffi Colonel , fut tué
à la Bataille d'Hochfter.
276 MERCURE
Mr le Comtede Guiraud, Co
lonel du Regiment de Bour
gogne. Il porte un nom des
plus illuftres , & tous ceux qui
le portent ont toûjours fair
voir dans les occaſions autant
de valeur que de fidelitépins
Mr le Comte de Laval , Com
lonel du Regiment de Bourq
bon. Il a donné des marques
de fa valeur dans les principa
les actions de cette guerre où
il s'eft trouvé, & où il a foû
tenu glorieufement l'illuftre
nom qu'il porte. Mr de Buran
lure , fon Lieutenant Colonel,
l'a tiré deux fois des bras de la
GALANT 277
mort , où fon courage l'avoit
precipité. Il eſt de la Maiſon
de Montmorency, & never
de Mc la Ducheffe de Roquelaure.zochild
僖
Mr le Comte Marquis de
Lannion , Colonel du Regiment de Xaintonge. Il paſſe
pour un des plus braves de
l'Armée. Il est d'une ancienne
famille de Bretagne , dont je
yous ai amplement parlé en
vous apprenant fon mariager
Il eft parent de Mr le Marquis
de Lannion , Lieutenant GCneral des Armées du Roy. øj
Mr leMarquis deFeryaques
278 MERCURE
Colonel du Regiment de Piémont. Il a donné plufieurs
preuves de fon courage dans
cette guerre,& fur tout dans
la Bataille de Malplaquet , oùil
ſe trouva , &de qui un Officier
du Regiment de Monfieur le
Prince de Baviere , dit dans fa
Relation que c'eftoit un hom
me d'un grand merite , & un
fort bon Officier , qui meri
toit d'entre loué. Heft fils de
MrleMarquis de Bullion, Prevoſt de Paris , & frere de Mt
le Marquis de Bonnelles , mort
des bleffures qu'il reçût au com
mencement de cette guerre,
GALANT 299
dans une des premières Batailles qui fe font données. Il eſt
auffi frere de M la Ducheffe
d'Uzés , & de MⓇ la Princeffe
deTalmont. Visuel asi
Mr le Marquis d'Aubigné,
Colonel du Regiment Royal.
Hefe trouva à la Bataille
d'Hochfter , ou il donna des
marques de fa valeur , & ou
MrdeSaint Maurice, fon Lieutenant Colonel, luy fauva la
vielen de fecourant à propos
contre un peloton d'ennemis
qui adlavoient invefti , & qui
Fauroient fait perit fans ce fecours qui
སྙ
vine fort à propos
280 MERCURE
2
pour luy. Il a acquis dans d'autres occafions fa reputation
d'un Officier fort entendu dans
la difcipline militaire. L'Offi
cier dont j'ay parlé dans l'Ar,
ticle precedent , dit de Mr
d'Aubigné qu'il fit dans cette
Bataille merveilles , & qu'il s'y
comporta en bon Officier, & en
brave homme; ce font fes termes auſquels je nechange rich,
Il eft certain que ce Colonel à
la tefte de fon Regiment, chargea jufqu'à onze fois douze
Bataillons retranchez dans un
Village, duquel il les chaffa
enfin. Mr de Villars fut fi char,
*
GALANT 281
mede cette action de vigueur,
qu'il dit en embraffant ce jeune Colonel , qu'il mourroit
content s'il avoit une femblable action pardevers luy. Ce
Colonel emporta auffi dans la
mefme journée fept traverſes ,
avec le retranchement qui les
lioit , & lorfqu'il en voulut attaquer un autre , il fut bleffé
d'un coup de Fufil dans la
cuiffe. Il eft fils de Mr le Marquis de Tigny de Poitou , neveu de Mr. l'Archevêque de
Rouen , & proche parent de
Madame de Maintenon,
Mr Berthelot de Bourceau ,
Aa
Avril 1710.
282 MERCURE
Colonel du Regiment de Bretagne. Il fert depuis l'âge de
15. ans , & il s'eft trouvédans
dans toutes les occafions confiderables de fon temps. A la
Bataille de Nerwinde , où il
n'eftoit que fimple Capitaine,
il merita par la valeur qu'il y
fit paroître des louanges de Mr
le Maréchal de Luxembourg,
qui en écrivit mefme à la Cour.
Il eft parent de Mr le Lieutenant de Roy de Châlons , &
d'une famille originaire de Paris , qui a efté dans les Charges
de la Robbe depuis plus d'un
ficcle & demy.
@GALANT 283
Mr de la Chau-Montauban ,
Colonel d'un Regiment d'Infanterie qui porte fon nom.
Il s'eft trouvé à la Bataille que
Mr le Comtedu Bourggagna
fur le General Mercy P'Elte
dernier prés de Rumersheim.
Il eftoit à la tefte de la Brigade
de l'Auxerrois , & il tua de fa
main d'un coup de Sponton
le Colonel du Bataillon ennemyqui marchoirà luy. Il eftoit
alors auprés de Mr le Comte
de Tallard , & de Mfl de Bethune Monime. Ce nouveau
Brigadier eft de Creft en Dauphiné, & d'une Maiſon tresqualifiée.
Aa ij
3
284 MERCURE
Mdle Marquis de Crecy ,
Colonel du Regiment de Boulonnois. Il eft fils de feu Mre
Louis Verjus , Chevalier Com
te de Crecy, MarquisdeTreon
& Fort Ifle , Baron de Couvé,
Seigneur du Boulay, les deux:
Eglifes , le Menillet , &c. Confeiller d'Etat ordinaire , cys
devant Envoyé Extraordinaire
dans toutes les Cours d'Alle
magne, & Ambaſſadeur Extraordinaire à la Paix Genera
le de Rifwick. Le nouveau
Brigadier eft neveu de Mr l'E
vêque de Graffe, & du feu
Pere Verjus Jefuite. to d
*
GALANT 2899
Me le Comte de Sauvebeof,
Colonel du Regiment de Blai- >
fois. Il adonné des preuves de
fa valeur dans toutes les occafions où il s'eft trouvé , & l'on
ena rendu uncompte à la Cour
dont le Roy s'eft ſouvenu. Ik
fçait parfaitement la difcipline militaire. Il eft parent de
Mrs les Abbez de Sauvebeuf.
Mr leMarquis de Balincourt,
Colonel du Regiment d'Ar
tois. Il fervoit la Campagne
derniere en Rouffillon , où Mr
le Duc de Noailles a efté plufieurs fois témoin de fa valeur.
Il eft fils de Mr le Marquis de
286 MERCURE
Balincourt , & de Dame N. de
Seve fa premiere femme.
Mr le Chevalier Sanguin
de Livry , Colonel du Regiment de Nivernois. Il joint à
une grande experience de tout
ce qui regarde la guerre , un
courage éprouvé en plufieurs
occafions , &fur tour aux ders
nieres actions de certe guerre.
Il eft fils de Mr le Marquis de
Livry , Premier Maiftre d'Hô
tel du Roy, & perit neveu de
feu Mr l'Evêque de Senlis 5
Mr le Marquis de Gondrin
Colonel d'un Regiment qui
porte fon nom. Il a donnédes
GALANT 287
1.
preuves éclatantes de fon courage à Hochftet & à Ramilly.
Ileft fils aîné de Mr le Marquis d'Antin , & beau - frere de
Mr le Duc de Noailles. Perfonne n'ignore la grandeur &
l'éclat de la Maifon de Gondrin Pardaillan.
Mr Obrien , Chevalier de
S. Louis , & Colonel d'un Regiment Irlandois qui porte fon
nom. A la tefte de fon Regiment, & avec celuy de Lee,
auffi Irlandois , il a foûtenu à
la Bataille de Malplaquet , malgré le grand feu des Ennemis
noftre Artillerie , & à la faveur
1
88 MERCURE
e ces deux Regimens , celuy
ui commandoit cette Artille- rie leur renverfa des Batailons entiers , qui furent obligezde fe retirer pour fe cacher
à fes coups redoublez. Mr
Obrien & un autre Mr Obrien,
auffi Chevalier de Saint Louis,
Lieutenant Colonel fe diftinguerent beaucoup dans cette
occafion.
Mr Perrin , Chevalier de S.
Louis , Colonel d'un Regiment
qui portoit le nom de Beaufermé , & qu'on appelle prefentement Noailles. Il eft fort
attaché à la Maifon de Noailles.
GALANT 289
les. Le Duc de ce nom qui
connoît les gens de merite,
ayant connu il y a long- temps
tout celuy de Mr Perrin ,
l'eft voulu attacher.
fe
Mr de Saint Morel , Lieutenant Colonel du Regiment
dePoitou dont Mr du Montal eft Colonel , a prés de 35.
ans de fervice. Il brilla dans
la derniere guerre par un
grand nombre d'actions de
valeur , & Mr le Maréchal de
Luxembourg qui en fut ſouvent témoin en rendit des
temoignages avantageaux à la
-Cour. Il a toujours fervi dans
Avril 1710. Bb
290 MERCURE
Infanterie , & il eft peu
d'Officiers qui l'entendent,
mieux que luy. H&M
Mr de Chaftenet , Licutenant Colonel duRegiment de
Xaintonge , dont Mr le Mar-
* quis de Lannion qui a auffi efté
fait Brigadier, eft Colonel , eft
un vieux Officier qui n'a pas
manqué une feule Campagne
depuis prés de 35 ans qu'il
porte les armes pour le Service
du Roy. Il fut bleffe dangereufement à la Bataille de Nerwinde, n'eftant alors que
ple Capitaine. Il y fit des actions de valeur qui luy artirofim-
IGALANT 291
es
rent de grandes loüanges des
Generaux.
Mr de Curty, Chevalier de
S. Louis , Lieutenant Colonel
du Regiment de Provence,
dont Mr le Comte de Nonant
eft Colonel. Il fert depuis plus
de 30. ans avec beaucoup de
reputation. Il fervit au commencement de la Guerre en
Efpagne, oùil merita par quelques actions de valeur des témoignages d'eftime de S. M.C.
qui luy ont fait beaucoup
d'honneur.
Mr le Marquis de la Deveze,
Chevalier de S. Louis , Lieute
Bb ij
292 MERCURE
nant Colonel du Royal Artil
lerie. Il eft Lieutenant de Roy
de la haute Guyenne , & de
l'illuftre Maiſon de Loupiat.
Il a plufieurs parens de fon
nom dans le Service.
Mr de Roiffy Major du Re
giment de Leuville , & Major
general de l'Armée d'Italie , où
il a fervy dans les premieres
années de la Guerre. Il fe trouva à la Bataille de Luzzara , ou
il fut bleffé d'un coup de Fau
conneau à coté de Mr le Marquis de Crequy qui fut tué
dans le mefme temps. Monfieur de Vendôme qui l'avoit
A-
戀情
GALANT 293
fouvent employé , & qui avoit
efté témoin de ce qu'il avoit
fait à la Journée de Luzzara ,
rendit un bon témoignage en
fa faveur à la Cour.
Mr du Magny Chevalier de
S. Louis , Lieutenant general
d'Artillerie.
Mr le Chevalier de Saint
Perrier , Chevalier de S. Louis,
Lieutenant general d'Artillerie,
& Chefen Espagne. C'eſt un
des Officiers de S. M. qui entend le mieux l'Artillerie, ayant
efté élevé fous les yeux de Mr
de Saint Hilaire.
Je paffe à ce qui regarde
Bb iij
294 MERCURE
ceuxqui ont efté nommez Brigadiers de Cavalerie. "obs zalew
Mr le Comte de Voluiré
fecond Sous- Lieutenant des
Gendarmes du Roy. Il s'eft
diftingué par tout où ce Corps
qui eft des plus braves du
Royaume a combattu. Je ne
vous dis rien de la naiffance de
Mrde Voluire ; perfonne n'ignore qu'elle cft des plus illuftres ; fon nom eft Ruffec.
Mr le Comte de Biffy, Colo
nel de Cavalerie. Il est proche
parent de Mr le Marquis de
Biffy auffiBrigadier , & Colonel de Cavalerie , & neveu de
GALANT 295
Mrile Marquis de Biffy Che
valier de S. Louis, Gouverneur
d'Auffonne, & Lieutenant ge
neral des Armées du Roy , &
de Mr. l'Evêque de Meaux. Le
nom.deMrs.de Biffy,elt Thyard,
Cette Maiſon eft originaire de
Bourgogne , & elle a donné
plufieurs Evêques à l'Eglife de
Châlons fur Saone. Elle eſtoir
connue en Bourgogne dés le
temps des Ducs de Bourgo
gne.
Mr le Comte de S. Sernin,
Colonel de Dragons. Il a longtemps fervy en Italie ; & il ya
merité par plufieurs actions de
Bb iiij
296 MERCURE
valeur , l'eltime & la confiance
de Mr le Duc de Vendofnio.
Il eft d'une tres grandes naiffance. Sa famille eft originaire
de Languedoc, où elle a toujours tenu un rang confide
rable.
Mr le Chevalier de Montmain , Capitaine des Gendar- i
mes dOrleans. Il a beaucoup
de valeur , & il en a fouvent l
donné des marques à la reftest
du Regiment qui a porté fon
nom , & qui a prefque toûjours fervy en Flandre. Il eft
d'une illuftre Maifon originaiz 3
re d'Auvergne , & allié à Mr
GALANT 297
le Duc de la Feuillade , feue
Me la Comteffe de Montmain .
fœur de Me de la Ville auxClercs , eftant de la Maifon
d'Aubuffon. Les deux fils de
certe Dame , & coufins de celuy qui donne lieu à cet Article,font tous deux morts dans
le Service. Ainfi Mr de Montmain que le Roy vient de faire
Brigadier , eft devenu l'aîné de
fa Maiſon.
Mr le Comte de Bouzols ,
Colonel d'un Regiment de
Cavalerie qui porte fon nom,
& dont Mr de Blangy fon parent eft Lieutenant Colonel.
298 MERCURE
Il est proche parent de Mrle
Marquis de Bouzols , Brigadier
&Inspecteur de Cavalerie , &
Breaufrere de Mr le Marquis
de Torcy. Ce nouveau Briga
dier s'eft diftingué dans toutes
les occafions où il s'eft trouvé
& fur tout en Rouffillon & en
Allemagne , où il a prefque
toûjours fervy.
non
Mr le Comte Marquis de la
Fare Tournac , Chevalier de
S. Loüis, Colonel du Regiment
du petit Languedoc Dragons,
Ce nouveau Brigadier, qui por
te dans fes Titres la qualité de
Comte- Marquis, ainsi queplus
THEQUE
GALANT 299
fieurs autres Seigneurs Fran
çois , eft d'une illuftre Mailon
originaire de Guyenne, & pro
che parent de Mr le Marquis
de la Fare- Laugere , Capitaine
des Gardes de Monfieur le
Duc d'Orleans ; de Mr de la
Fare Colonel d'un Regiment
d'Infanterie qui porte fon
nom, & de Mr de la Fare Lau
gere Brigadier & Colonel du
Regiment de Gaftinois.
3.Mr le Marquis de Bouville ,
Colonel d'un Regiment de
Dragons qui porte fon nom.
Il s'eft acquis une grande repu
tation en Espagne , où il a
BE
LA
300 MERCURE
à lá
long tempsfervy. Il donna des
marques de fon courage
Bataille que Mr de Barwick y
gagna en 1707. Il eft de l'ancienne Maifon de Jubert , &
frere de Mr de Bouville Intent
dant d'Alençon , & de Mrle
Marquis de Bizy; ils font neq
yeux de Mr Defmaretz , Controlleur General des Finances,
Mede Bouville leur Mere étang
fœur de ce Miniftre. Mr de
Bouville leur pere ,
a efté longtemps Intendant d'Orleans. D
Mr de Skelton , Colonel Reformé de Cavalerie ; il eft Ches
valier de Saint Louis , & l'on
GALANT 3or
4
ne parvient point à ce degré
d'honneur fans avoir efté blef
fé , ou avoir efté fort longtemps dans le fervice.
Mr de Montiers , Capitaine
de Gendarmerie. Il s'eft diftingué dans plufieurs actions importantes. Il fut bleffé à la Bataille d'Hochfter , & à celle de
Malplaquet. Il fert dés fa plus
grande jeuneffe ; il s'eft trouvé à toutes les Campagnes, &
il a donné prefque dans toutes,
des marques de fa valeur.
Mr de la Billarderie, Exempt
& Ayde Major de la Compagnie de Boufflers. Il eft Cheva-
302 MERCURI
lier de Saint Louis de la promotion de 1705. Il eſt d'une ancienne famille originaire de
Normandie. Il eft dans la Maifon du Roy depuis plus de 20.
ans , & il y a donné des marques de fa valeur dans des
Journées de Fleurus , de Leuze,
de Steinkerque , & de Nerwinde. Mr le Prince de Turenne
fut bleffé à mort àfes coftez,
à la Bataille de Steinkerque. Il
fut bleffe au Siege de Mons
d'un coup de fufil au bras.
Mr le Chevalier de Velleron
Enfeigne des Gardes du Corps.
Il a un Brevet de Colonel de
GALANT 303
Cavalerie , que fes longs fervices luy ontfait meriter. Depuis
qu'il eft entré dans le fervice,
-il n'a pas manqué une feule
Campagne. Il fut dangereufement bleffé au Siege de Naamur.
Mr le Marquis de Courcil-
-don , Colonel d'un Regiment
de Cavalerie qui porte fon
nom, & qui portoit auparavant celuy de Furftemberg. Il cft
Chevalier de Saint Lazare , &
fut le fecond de la promotion
side: 1704. Il eft fils de Mr le
Marquis de Dangeau Grand-
•Maître de cet Ordre , & Che-
304 MERCURE
valier de l'Ordre du S. Efprit ,
& petit neveu de feu Mr le
Cardinal de Furftemberg par
Me la Marquife de Dangeau
fa Mere, qui al'honneur d'appartenir à S. A. R. Madame.
Ce jeune Marquis a époufé
l'heritiere de l'illuftre Maiſon
de Pompadour. Je ne vous
parle point de la naiffance ny
de la valeur de Mr le Marquis
de Courcillon. Sa naiffance eſt
.connue de toute la France. , &
fa valeur n'éclara que trop à la
Bataille de Malplaquet , puifqu'il en porte de triftes marques.
GALANT 305
Mr le Marquis d'Ancenis ,
Colonel du Regiment de Bourgogne Cavaleric. Il eſt ſecond
fils de Mr le Duc de CharoftBethune,& de fa premiere femme Louife- Therefe - Marie de
Meleun fille d'Alexandre Guillaume Prince d'Epinoy , & de
Louife Marie- Anne de Bethune fa premiere femme. Mr le
Marquis d'Ancenis n'a que 28.
ans , & Mr Lauret fon LieutenantColonel, a fouvent témoigné que dans les Batailles où il
s'eft trouvé, fa plus grande application n'avoit efté que de retenir Mrle Marquis d'Ancenis.
Avril 1710. Cc
306 MERCURE
Mr de Pujol Capitaine Lientenant des Carabiniers. Il eft
Chevalier de S. Louis de la promotion de 1707. Il a donné
des preuves de fon courage
dans toutes les occafions où il
s'eft trouvé avec la Maifon du
Roy. Il eft d'une ancienne Maifon originaire du Rouergue.
Mr Darifat Chevalier de S.
Louis , Enfeigne des Moufque
toires gris. Il fut bleffé à la
Bataille de Nerwinde , où une
partie de la Maiſon du Roy fe
trouva , & il y donna de grana
des marques de fa valeur ,ainfi
que toutes les Relations de cet-
GALANT 307
te Bataille le font connoître.
Il fut du détachement qui ac
compagna le Roy d'Espagne
jufqu'à la Frontiere d'Espagne,
& lorfqu'il prit congé de ce
Prince S. M. C. luy témoigna
beaucoup de fatisfaction de
fes fervices , & eut pour luy
des diftinctions particulieres.
2 Mr de Trudaine , Enfeigne
de Gendarmerie , Chevalier de
l'Ordre de S. Louis. C'eft un
Gentilhomme de Picardie qui
depuis 20. ans fert le Roy dans
fa Gendarmerie avec beaucoup
de diftinction. Il a eu le malheur de perdre une jambe à
Cc ij
308 M* RCURE
la Bataille de Malplaquet. Il eft
de la mefme famille que Me
Voyfin & Mr Trudaine , cy
devant Intendant de Lyon , &
àprefent Intendant de Dijon .
Mr Miran , Chevalier de
de S. Louis , Enfeigne de Gendarmerie. Il a fervy en Elpagne & en Catalogne au com
mencement de cette guerre ,
& fur la fin de la precedente.
Il fut bleffé à la Bataille de
Nerwinde , où il donna des
preuves fignalées de fon cou->
'rage. Mr le Maréchal de Luxembourg dans la Relation
qu'il envoya au Roy de cette-
GALANY 309
Journée , fit un éloge particu
lier de Mr Miran , quifut applaudy de toute l'Armée.
Mr le Comte de Coëtanfão,
Aide Major de la Gendarmerie , Chevalier de Saint Louis,
de la promotion de 1705. Il eft
neveu de Mr l'Evêque d'A
vranches , & de Mr le Marquis de Coëtanfao Maréchal
de Camp, & Sous- Lieutenant
des Chevaux Legers de la Garde. Ils font d'une ancienne famille de Normandie. Ce nouveau Brigadier s'eft diftingué
dans toutes les occafions où il
' eft trouvé depuis qu'il fert
310 MERCURE
& il a toûjours donné des preuves de fa valeur , & de fon experience en tout ce qui regarde la guerre. Il a commencé à
porter les armes à l'âge de 29.
ans , & depuis ce temps- là il
n'a pas manqué une feule Cam
pagne. Il porte un nom celebre parmy les gens de guerre.
Tout ce que je viens de vous
dire de ces nouveaux Brigadiers, doit vous faire connoître
qu'il n'y en a pas un feul qui
n'ait merité le pofte d'honneur auquel le Royle vient d'élever.
derniere Lettre que ju nd vous
dirois rien des nouveaux Lieutenans Generaux , & des nouveaux Maréchaux de Camp ,
parce que je vous en ay parlé à
meſure qu'ils font montez à
ces premiers poftes de la guer
re ; mais comme il left plus
difficile de parler des nouveaux
3GALANT 267
Brigadiers , à caufe que n'ayant
point encore rempli le pofte
d'Officiers generaux , ils ne font
fouvent connus que par leurs
noms , & que l'on a mefme de
la peine à fçavoir quels eftoient
leurs Emplois avant que d'avoir la qualité de Brigadiers.
La recherchequ'il en faut faire
pour en parler jufte , eſt tresgrande , & je crois en eftre venu à boutàa peu de chofe prés;
carab eft prefque impoffible
que l'on ne faffe quelques fau
tes en parlant d'un fi grand
nombre d Officiers. Je com
mence par les Brigadiers d'InZ ij
268 MERCURE
fanterie fuivant l'ordre de leur
nomination. AM Steegia
Mr.Reynold de Valier , Capitaine aux Gardes Suiffes , &
Chevalier de S. Louis. Il fert
en France il y a plus de 20.
ans. Il fe trouva à la Bataille de
Nerwinde où il fut bleffery
n'eftant alors qu'Officier fubalterne.
ede
Mr Reding, Capitaine aux
Gardes Suiffes , avec Brevet de
Colonel. Il eft attaché au Service de la France depuis prés de
25. ans. Il eft parent de Mrs
Stoupe & de Mollondin qui
Occupent les premieres places.
$
GALANT 209
de la Magiftrature de la Prin
cipauté de Neufchaftel. left
auffi parent de Mrs Courte &
Grenu , Brigadiers & de la mês
me Nation.
Mr Mergeret, Capitaine aux
Girdes Françoiſes. Il eft de
Paris ; fon fon pere a efté longtemps dans les Illes, où il avoit
un Commandemenr tres confiderable. Ce nouveau Brigadier a donné de grandes preu
ves de fa valeur à la Bataille de
Malplaquet.
Mrde Villiers, Capitaine aux
Gardes Françoifes, avec Brevet
de Colonel. Il fert depuis l'âge
Z iij
270 MERCURE
يا
de 15 ans avec beaucoup de
diftinction. Il a fervi en Italie
fous Monfieur de Vendofme
qui l'a employé dans des occafions importantes qui luy
ont fait beaucoup d'honneur.
Il eft d'une famille originaire
de l'Ile de France , & alliée à
celle de Mr Poitevin Confeil
ler au Parlement. Il eft parent
deMrideVilliers leMorier,Ma
jor du Regiment de la Reine
Dragons , & Brigadier , & de
Mr de Villiers le Morier Ma
réchal de Camp.
Mr le Comte de Mongon,
Capitaine de Grenadiers aux
GALANT 271
易
Gardes Françoifes , avec Brevet
de Colonel alpa donné des
marques de fa valeur en plu
fieurs occafions. It eft fils de
Mr de Mongon , Lieutenant
General & Inſpecteur d'Infanterie , & de feuë Dame N...!
Sublet d'Heudicourt , fille de
Mr le Marquis d'Heudicourt
-grand Louvetier de France , &
foeur de Mr.le Comte d'Heudicourt Brigadier des Armées
du Roy, & de feu Mr l'Abbé
d'Heudicourt , mort nommé
Evêque d'Evreux. Feuë Me la
Comteffe de Mongon eftoit
Dame du Palais de Madame
Z iiij
រឺ
272 MERCURE
la Ducheffe de Bourgogne. 19
Mr le Marquis de Gallion ,
Colonel du Regimens de Nav
varre, Il combattit à la Batailleb
de Malplaquet a côté de Mrle
Maréchal deBoufflers ,
lorfque
les Ennemis furent fi mal-trai
tez à la droite du bois , par la
Brigade de Navarre. Ce Maréchal & tous ceux qui fe trous
verent en cet endroit rendirenca
juſtice à la valeur de Mr dep
Gaffion , dont le Roy d'Anglet
terre fut auffi témoin , & ill
combattit juſqu'à ce que Mrs
de Boufflers craignant quel'Infanterie ne fût coupée, la fitp
BALANT 273
pric
retirer. Il repric quelques drapeaux que les Ennemis nous
avoient pris , & leur en
des leurs nye lats if
Mr le Chevalier de Givry,
Colonel du Regiment de la
Marche. Il y a 22, ans qu'il
fert , & il n'a point laiffe paffer
d'occafions fans donner des
marques de fa valeur. Il s'eft
trouvé à la Bataille de Malplaquet , où il a fait des actions
furprenantes. Voyant que les
Ennemis avoient penetré dans
un Pofte important , il marcha
à eux avec fon Regiment
qu'on avoit mis en reſerve , &
+
274 MERCUR
les en chafla. Mr de Gaffion
fon oncle commandoit alors
l'aifle droite de la Cavalerie , &
*
fit à la tête de la Maifon du
Roy les plus belles charges de
Cavalerie qui ayent jamais eſté
faites.
Mr le Comte du Montal ,
Colonel du Regiment de Poitou. Il est petit fils de Mr du
Montal , mort Chevalier des
Ordres du Roy , & l'un des
plus grands hommes de guerre
que la France ait eus dans
dernier fiecle. Celuy qui donne
lieu à cet Article avoit d'abord
efté destiné à l'Eglife ; mais fe
GALANT 275
fentant plus d'inclination pour
la profeffion des Armes , il
s'y attacha , & y a donné de
frequentes preuves de fa valeur.
24 Mr de Colandres , Colonel
du Regiment des Vaiffeaux. Il
eft fils de feu Mr le Gendre
de Rouen , frere de Mr de
Barville Capitaine aux Cardes
qui a épousé Alle de Saillant ;
de MePecoil , femme du Maître des Requeftes de ce nom ,
&de Mc la Prefidente de Feu
mechon 'de Rouen. Un de fes
freres , auffi Colonel , fut tué
à la Bataille d'Hochfter.
276 MERCURE
Mr le Comtede Guiraud, Co
lonel du Regiment de Bour
gogne. Il porte un nom des
plus illuftres , & tous ceux qui
le portent ont toûjours fair
voir dans les occaſions autant
de valeur que de fidelitépins
Mr le Comte de Laval , Com
lonel du Regiment de Bourq
bon. Il a donné des marques
de fa valeur dans les principa
les actions de cette guerre où
il s'eft trouvé, & où il a foû
tenu glorieufement l'illuftre
nom qu'il porte. Mr de Buran
lure , fon Lieutenant Colonel,
l'a tiré deux fois des bras de la
GALANT 277
mort , où fon courage l'avoit
precipité. Il eſt de la Maiſon
de Montmorency, & never
de Mc la Ducheffe de Roquelaure.zochild
僖
Mr le Comte Marquis de
Lannion , Colonel du Regiment de Xaintonge. Il paſſe
pour un des plus braves de
l'Armée. Il est d'une ancienne
famille de Bretagne , dont je
yous ai amplement parlé en
vous apprenant fon mariager
Il eft parent de Mr le Marquis
de Lannion , Lieutenant GCneral des Armées du Roy. øj
Mr leMarquis deFeryaques
278 MERCURE
Colonel du Regiment de Piémont. Il a donné plufieurs
preuves de fon courage dans
cette guerre,& fur tout dans
la Bataille de Malplaquet , oùil
ſe trouva , &de qui un Officier
du Regiment de Monfieur le
Prince de Baviere , dit dans fa
Relation que c'eftoit un hom
me d'un grand merite , & un
fort bon Officier , qui meri
toit d'entre loué. Heft fils de
MrleMarquis de Bullion, Prevoſt de Paris , & frere de Mt
le Marquis de Bonnelles , mort
des bleffures qu'il reçût au com
mencement de cette guerre,
GALANT 299
dans une des premières Batailles qui fe font données. Il eſt
auffi frere de M la Ducheffe
d'Uzés , & de MⓇ la Princeffe
deTalmont. Visuel asi
Mr le Marquis d'Aubigné,
Colonel du Regiment Royal.
Hefe trouva à la Bataille
d'Hochfter , ou il donna des
marques de fa valeur , & ou
MrdeSaint Maurice, fon Lieutenant Colonel, luy fauva la
vielen de fecourant à propos
contre un peloton d'ennemis
qui adlavoient invefti , & qui
Fauroient fait perit fans ce fecours qui
སྙ
vine fort à propos
280 MERCURE
2
pour luy. Il a acquis dans d'autres occafions fa reputation
d'un Officier fort entendu dans
la difcipline militaire. L'Offi
cier dont j'ay parlé dans l'Ar,
ticle precedent , dit de Mr
d'Aubigné qu'il fit dans cette
Bataille merveilles , & qu'il s'y
comporta en bon Officier, & en
brave homme; ce font fes termes auſquels je nechange rich,
Il eft certain que ce Colonel à
la tefte de fon Regiment, chargea jufqu'à onze fois douze
Bataillons retranchez dans un
Village, duquel il les chaffa
enfin. Mr de Villars fut fi char,
*
GALANT 281
mede cette action de vigueur,
qu'il dit en embraffant ce jeune Colonel , qu'il mourroit
content s'il avoit une femblable action pardevers luy. Ce
Colonel emporta auffi dans la
mefme journée fept traverſes ,
avec le retranchement qui les
lioit , & lorfqu'il en voulut attaquer un autre , il fut bleffé
d'un coup de Fufil dans la
cuiffe. Il eft fils de Mr le Marquis de Tigny de Poitou , neveu de Mr. l'Archevêque de
Rouen , & proche parent de
Madame de Maintenon,
Mr Berthelot de Bourceau ,
Aa
Avril 1710.
282 MERCURE
Colonel du Regiment de Bretagne. Il fert depuis l'âge de
15. ans , & il s'eft trouvédans
dans toutes les occafions confiderables de fon temps. A la
Bataille de Nerwinde , où il
n'eftoit que fimple Capitaine,
il merita par la valeur qu'il y
fit paroître des louanges de Mr
le Maréchal de Luxembourg,
qui en écrivit mefme à la Cour.
Il eft parent de Mr le Lieutenant de Roy de Châlons , &
d'une famille originaire de Paris , qui a efté dans les Charges
de la Robbe depuis plus d'un
ficcle & demy.
@GALANT 283
Mr de la Chau-Montauban ,
Colonel d'un Regiment d'Infanterie qui porte fon nom.
Il s'eft trouvé à la Bataille que
Mr le Comtedu Bourggagna
fur le General Mercy P'Elte
dernier prés de Rumersheim.
Il eftoit à la tefte de la Brigade
de l'Auxerrois , & il tua de fa
main d'un coup de Sponton
le Colonel du Bataillon ennemyqui marchoirà luy. Il eftoit
alors auprés de Mr le Comte
de Tallard , & de Mfl de Bethune Monime. Ce nouveau
Brigadier eft de Creft en Dauphiné, & d'une Maiſon tresqualifiée.
Aa ij
3
284 MERCURE
Mdle Marquis de Crecy ,
Colonel du Regiment de Boulonnois. Il eft fils de feu Mre
Louis Verjus , Chevalier Com
te de Crecy, MarquisdeTreon
& Fort Ifle , Baron de Couvé,
Seigneur du Boulay, les deux:
Eglifes , le Menillet , &c. Confeiller d'Etat ordinaire , cys
devant Envoyé Extraordinaire
dans toutes les Cours d'Alle
magne, & Ambaſſadeur Extraordinaire à la Paix Genera
le de Rifwick. Le nouveau
Brigadier eft neveu de Mr l'E
vêque de Graffe, & du feu
Pere Verjus Jefuite. to d
*
GALANT 2899
Me le Comte de Sauvebeof,
Colonel du Regiment de Blai- >
fois. Il adonné des preuves de
fa valeur dans toutes les occafions où il s'eft trouvé , & l'on
ena rendu uncompte à la Cour
dont le Roy s'eft ſouvenu. Ik
fçait parfaitement la difcipline militaire. Il eft parent de
Mrs les Abbez de Sauvebeuf.
Mr leMarquis de Balincourt,
Colonel du Regiment d'Ar
tois. Il fervoit la Campagne
derniere en Rouffillon , où Mr
le Duc de Noailles a efté plufieurs fois témoin de fa valeur.
Il eft fils de Mr le Marquis de
286 MERCURE
Balincourt , & de Dame N. de
Seve fa premiere femme.
Mr le Chevalier Sanguin
de Livry , Colonel du Regiment de Nivernois. Il joint à
une grande experience de tout
ce qui regarde la guerre , un
courage éprouvé en plufieurs
occafions , &fur tour aux ders
nieres actions de certe guerre.
Il eft fils de Mr le Marquis de
Livry , Premier Maiftre d'Hô
tel du Roy, & perit neveu de
feu Mr l'Evêque de Senlis 5
Mr le Marquis de Gondrin
Colonel d'un Regiment qui
porte fon nom. Il a donnédes
GALANT 287
1.
preuves éclatantes de fon courage à Hochftet & à Ramilly.
Ileft fils aîné de Mr le Marquis d'Antin , & beau - frere de
Mr le Duc de Noailles. Perfonne n'ignore la grandeur &
l'éclat de la Maifon de Gondrin Pardaillan.
Mr Obrien , Chevalier de
S. Louis , & Colonel d'un Regiment Irlandois qui porte fon
nom. A la tefte de fon Regiment, & avec celuy de Lee,
auffi Irlandois , il a foûtenu à
la Bataille de Malplaquet , malgré le grand feu des Ennemis
noftre Artillerie , & à la faveur
1
88 MERCURE
e ces deux Regimens , celuy
ui commandoit cette Artille- rie leur renverfa des Batailons entiers , qui furent obligezde fe retirer pour fe cacher
à fes coups redoublez. Mr
Obrien & un autre Mr Obrien,
auffi Chevalier de Saint Louis,
Lieutenant Colonel fe diftinguerent beaucoup dans cette
occafion.
Mr Perrin , Chevalier de S.
Louis , Colonel d'un Regiment
qui portoit le nom de Beaufermé , & qu'on appelle prefentement Noailles. Il eft fort
attaché à la Maifon de Noailles.
GALANT 289
les. Le Duc de ce nom qui
connoît les gens de merite,
ayant connu il y a long- temps
tout celuy de Mr Perrin ,
l'eft voulu attacher.
fe
Mr de Saint Morel , Lieutenant Colonel du Regiment
dePoitou dont Mr du Montal eft Colonel , a prés de 35.
ans de fervice. Il brilla dans
la derniere guerre par un
grand nombre d'actions de
valeur , & Mr le Maréchal de
Luxembourg qui en fut ſouvent témoin en rendit des
temoignages avantageaux à la
-Cour. Il a toujours fervi dans
Avril 1710. Bb
290 MERCURE
Infanterie , & il eft peu
d'Officiers qui l'entendent,
mieux que luy. H&M
Mr de Chaftenet , Licutenant Colonel duRegiment de
Xaintonge , dont Mr le Mar-
* quis de Lannion qui a auffi efté
fait Brigadier, eft Colonel , eft
un vieux Officier qui n'a pas
manqué une feule Campagne
depuis prés de 35 ans qu'il
porte les armes pour le Service
du Roy. Il fut bleffe dangereufement à la Bataille de Nerwinde, n'eftant alors que
ple Capitaine. Il y fit des actions de valeur qui luy artirofim-
IGALANT 291
es
rent de grandes loüanges des
Generaux.
Mr de Curty, Chevalier de
S. Louis , Lieutenant Colonel
du Regiment de Provence,
dont Mr le Comte de Nonant
eft Colonel. Il fert depuis plus
de 30. ans avec beaucoup de
reputation. Il fervit au commencement de la Guerre en
Efpagne, oùil merita par quelques actions de valeur des témoignages d'eftime de S. M.C.
qui luy ont fait beaucoup
d'honneur.
Mr le Marquis de la Deveze,
Chevalier de S. Louis , Lieute
Bb ij
292 MERCURE
nant Colonel du Royal Artil
lerie. Il eft Lieutenant de Roy
de la haute Guyenne , & de
l'illuftre Maiſon de Loupiat.
Il a plufieurs parens de fon
nom dans le Service.
Mr de Roiffy Major du Re
giment de Leuville , & Major
general de l'Armée d'Italie , où
il a fervy dans les premieres
années de la Guerre. Il fe trouva à la Bataille de Luzzara , ou
il fut bleffé d'un coup de Fau
conneau à coté de Mr le Marquis de Crequy qui fut tué
dans le mefme temps. Monfieur de Vendôme qui l'avoit
A-
戀情
GALANT 293
fouvent employé , & qui avoit
efté témoin de ce qu'il avoit
fait à la Journée de Luzzara ,
rendit un bon témoignage en
fa faveur à la Cour.
Mr du Magny Chevalier de
S. Louis , Lieutenant general
d'Artillerie.
Mr le Chevalier de Saint
Perrier , Chevalier de S. Louis,
Lieutenant general d'Artillerie,
& Chefen Espagne. C'eſt un
des Officiers de S. M. qui entend le mieux l'Artillerie, ayant
efté élevé fous les yeux de Mr
de Saint Hilaire.
Je paffe à ce qui regarde
Bb iij
294 MERCURE
ceuxqui ont efté nommez Brigadiers de Cavalerie. "obs zalew
Mr le Comte de Voluiré
fecond Sous- Lieutenant des
Gendarmes du Roy. Il s'eft
diftingué par tout où ce Corps
qui eft des plus braves du
Royaume a combattu. Je ne
vous dis rien de la naiffance de
Mrde Voluire ; perfonne n'ignore qu'elle cft des plus illuftres ; fon nom eft Ruffec.
Mr le Comte de Biffy, Colo
nel de Cavalerie. Il est proche
parent de Mr le Marquis de
Biffy auffiBrigadier , & Colonel de Cavalerie , & neveu de
GALANT 295
Mrile Marquis de Biffy Che
valier de S. Louis, Gouverneur
d'Auffonne, & Lieutenant ge
neral des Armées du Roy , &
de Mr. l'Evêque de Meaux. Le
nom.deMrs.de Biffy,elt Thyard,
Cette Maiſon eft originaire de
Bourgogne , & elle a donné
plufieurs Evêques à l'Eglife de
Châlons fur Saone. Elle eſtoir
connue en Bourgogne dés le
temps des Ducs de Bourgo
gne.
Mr le Comte de S. Sernin,
Colonel de Dragons. Il a longtemps fervy en Italie ; & il ya
merité par plufieurs actions de
Bb iiij
296 MERCURE
valeur , l'eltime & la confiance
de Mr le Duc de Vendofnio.
Il eft d'une tres grandes naiffance. Sa famille eft originaire
de Languedoc, où elle a toujours tenu un rang confide
rable.
Mr le Chevalier de Montmain , Capitaine des Gendar- i
mes dOrleans. Il a beaucoup
de valeur , & il en a fouvent l
donné des marques à la reftest
du Regiment qui a porté fon
nom , & qui a prefque toûjours fervy en Flandre. Il eft
d'une illuftre Maifon originaiz 3
re d'Auvergne , & allié à Mr
GALANT 297
le Duc de la Feuillade , feue
Me la Comteffe de Montmain .
fœur de Me de la Ville auxClercs , eftant de la Maifon
d'Aubuffon. Les deux fils de
certe Dame , & coufins de celuy qui donne lieu à cet Article,font tous deux morts dans
le Service. Ainfi Mr de Montmain que le Roy vient de faire
Brigadier , eft devenu l'aîné de
fa Maiſon.
Mr le Comte de Bouzols ,
Colonel d'un Regiment de
Cavalerie qui porte fon nom,
& dont Mr de Blangy fon parent eft Lieutenant Colonel.
298 MERCURE
Il est proche parent de Mrle
Marquis de Bouzols , Brigadier
&Inspecteur de Cavalerie , &
Breaufrere de Mr le Marquis
de Torcy. Ce nouveau Briga
dier s'eft diftingué dans toutes
les occafions où il s'eft trouvé
& fur tout en Rouffillon & en
Allemagne , où il a prefque
toûjours fervy.
non
Mr le Comte Marquis de la
Fare Tournac , Chevalier de
S. Loüis, Colonel du Regiment
du petit Languedoc Dragons,
Ce nouveau Brigadier, qui por
te dans fes Titres la qualité de
Comte- Marquis, ainsi queplus
THEQUE
GALANT 299
fieurs autres Seigneurs Fran
çois , eft d'une illuftre Mailon
originaire de Guyenne, & pro
che parent de Mr le Marquis
de la Fare- Laugere , Capitaine
des Gardes de Monfieur le
Duc d'Orleans ; de Mr de la
Fare Colonel d'un Regiment
d'Infanterie qui porte fon
nom, & de Mr de la Fare Lau
gere Brigadier & Colonel du
Regiment de Gaftinois.
3.Mr le Marquis de Bouville ,
Colonel d'un Regiment de
Dragons qui porte fon nom.
Il s'eft acquis une grande repu
tation en Espagne , où il a
BE
LA
300 MERCURE
à lá
long tempsfervy. Il donna des
marques de fon courage
Bataille que Mr de Barwick y
gagna en 1707. Il eft de l'ancienne Maifon de Jubert , &
frere de Mr de Bouville Intent
dant d'Alençon , & de Mrle
Marquis de Bizy; ils font neq
yeux de Mr Defmaretz , Controlleur General des Finances,
Mede Bouville leur Mere étang
fœur de ce Miniftre. Mr de
Bouville leur pere ,
a efté longtemps Intendant d'Orleans. D
Mr de Skelton , Colonel Reformé de Cavalerie ; il eft Ches
valier de Saint Louis , & l'on
GALANT 3or
4
ne parvient point à ce degré
d'honneur fans avoir efté blef
fé , ou avoir efté fort longtemps dans le fervice.
Mr de Montiers , Capitaine
de Gendarmerie. Il s'eft diftingué dans plufieurs actions importantes. Il fut bleffé à la Bataille d'Hochfter , & à celle de
Malplaquet. Il fert dés fa plus
grande jeuneffe ; il s'eft trouvé à toutes les Campagnes, &
il a donné prefque dans toutes,
des marques de fa valeur.
Mr de la Billarderie, Exempt
& Ayde Major de la Compagnie de Boufflers. Il eft Cheva-
302 MERCURI
lier de Saint Louis de la promotion de 1705. Il eſt d'une ancienne famille originaire de
Normandie. Il eft dans la Maifon du Roy depuis plus de 20.
ans , & il y a donné des marques de fa valeur dans des
Journées de Fleurus , de Leuze,
de Steinkerque , & de Nerwinde. Mr le Prince de Turenne
fut bleffé à mort àfes coftez,
à la Bataille de Steinkerque. Il
fut bleffe au Siege de Mons
d'un coup de fufil au bras.
Mr le Chevalier de Velleron
Enfeigne des Gardes du Corps.
Il a un Brevet de Colonel de
GALANT 303
Cavalerie , que fes longs fervices luy ontfait meriter. Depuis
qu'il eft entré dans le fervice,
-il n'a pas manqué une feule
Campagne. Il fut dangereufement bleffé au Siege de Naamur.
Mr le Marquis de Courcil-
-don , Colonel d'un Regiment
de Cavalerie qui porte fon
nom, & qui portoit auparavant celuy de Furftemberg. Il cft
Chevalier de Saint Lazare , &
fut le fecond de la promotion
side: 1704. Il eft fils de Mr le
Marquis de Dangeau Grand-
•Maître de cet Ordre , & Che-
304 MERCURE
valier de l'Ordre du S. Efprit ,
& petit neveu de feu Mr le
Cardinal de Furftemberg par
Me la Marquife de Dangeau
fa Mere, qui al'honneur d'appartenir à S. A. R. Madame.
Ce jeune Marquis a époufé
l'heritiere de l'illuftre Maiſon
de Pompadour. Je ne vous
parle point de la naiffance ny
de la valeur de Mr le Marquis
de Courcillon. Sa naiffance eſt
.connue de toute la France. , &
fa valeur n'éclara que trop à la
Bataille de Malplaquet , puifqu'il en porte de triftes marques.
GALANT 305
Mr le Marquis d'Ancenis ,
Colonel du Regiment de Bourgogne Cavaleric. Il eſt ſecond
fils de Mr le Duc de CharoftBethune,& de fa premiere femme Louife- Therefe - Marie de
Meleun fille d'Alexandre Guillaume Prince d'Epinoy , & de
Louife Marie- Anne de Bethune fa premiere femme. Mr le
Marquis d'Ancenis n'a que 28.
ans , & Mr Lauret fon LieutenantColonel, a fouvent témoigné que dans les Batailles où il
s'eft trouvé, fa plus grande application n'avoit efté que de retenir Mrle Marquis d'Ancenis.
Avril 1710. Cc
306 MERCURE
Mr de Pujol Capitaine Lientenant des Carabiniers. Il eft
Chevalier de S. Louis de la promotion de 1707. Il a donné
des preuves de fon courage
dans toutes les occafions où il
s'eft trouvé avec la Maifon du
Roy. Il eft d'une ancienne Maifon originaire du Rouergue.
Mr Darifat Chevalier de S.
Louis , Enfeigne des Moufque
toires gris. Il fut bleffé à la
Bataille de Nerwinde , où une
partie de la Maiſon du Roy fe
trouva , & il y donna de grana
des marques de fa valeur ,ainfi
que toutes les Relations de cet-
GALANT 307
te Bataille le font connoître.
Il fut du détachement qui ac
compagna le Roy d'Espagne
jufqu'à la Frontiere d'Espagne,
& lorfqu'il prit congé de ce
Prince S. M. C. luy témoigna
beaucoup de fatisfaction de
fes fervices , & eut pour luy
des diftinctions particulieres.
2 Mr de Trudaine , Enfeigne
de Gendarmerie , Chevalier de
l'Ordre de S. Louis. C'eft un
Gentilhomme de Picardie qui
depuis 20. ans fert le Roy dans
fa Gendarmerie avec beaucoup
de diftinction. Il a eu le malheur de perdre une jambe à
Cc ij
308 M* RCURE
la Bataille de Malplaquet. Il eft
de la mefme famille que Me
Voyfin & Mr Trudaine , cy
devant Intendant de Lyon , &
àprefent Intendant de Dijon .
Mr Miran , Chevalier de
de S. Louis , Enfeigne de Gendarmerie. Il a fervy en Elpagne & en Catalogne au com
mencement de cette guerre ,
& fur la fin de la precedente.
Il fut bleffé à la Bataille de
Nerwinde , où il donna des
preuves fignalées de fon cou->
'rage. Mr le Maréchal de Luxembourg dans la Relation
qu'il envoya au Roy de cette-
GALANY 309
Journée , fit un éloge particu
lier de Mr Miran , quifut applaudy de toute l'Armée.
Mr le Comte de Coëtanfão,
Aide Major de la Gendarmerie , Chevalier de Saint Louis,
de la promotion de 1705. Il eft
neveu de Mr l'Evêque d'A
vranches , & de Mr le Marquis de Coëtanfao Maréchal
de Camp, & Sous- Lieutenant
des Chevaux Legers de la Garde. Ils font d'une ancienne famille de Normandie. Ce nouveau Brigadier s'eft diftingué
dans toutes les occafions où il
' eft trouvé depuis qu'il fert
310 MERCURE
& il a toûjours donné des preuves de fa valeur , & de fon experience en tout ce qui regarde la guerre. Il a commencé à
porter les armes à l'âge de 29.
ans , & depuis ce temps- là il
n'a pas manqué une feule Cam
pagne. Il porte un nom celebre parmy les gens de guerre.
Tout ce que je viens de vous
dire de ces nouveaux Brigadiers, doit vous faire connoître
qu'il n'y en a pas un feul qui
n'ait merité le pofte d'honneur auquel le Royle vient d'élever.
Fermer
Résumé : Article concernant tous les nouveaux Brigadiers, & qui fait connoistre leurs services, & les Corps dont ils ont esté tirez. [titre d'après la table]
Le texte traite de la nomination de nouveaux brigadiers et des difficultés à les connaître en raison de leur manque d'expérience dans les postes d'officiers généraux. L'auteur a effectué des recherches approfondies pour fournir des informations précises sur ces nouveaux brigadiers, en commençant par lister les brigadiers d'infanterie dans l'ordre de leur nomination. Parmi les brigadiers d'infanterie mentionnés, on trouve Mr. Reynold de Valier, capitaine aux Gardes Suisses, chevalier de Saint-Louis, en France depuis plus de 20 ans, blessé à la bataille de Nerwinde. Mr. Reding, capitaine aux Gardes Suisses avec brevet de colonel, est au service de la France depuis près de 25 ans et est parent de plusieurs personnalités influentes. Mr. Mergeret, capitaine aux Gardes Françaises, originaire de Paris, a montré sa valeur à la bataille de Malplaquet. Mr. de Villiers, capitaine aux Gardes Françaises avec brevet de colonel, a servi en Italie sous Monsieur de Vendôme. Mr. le Comte de Mongon, capitaine de grenadiers aux Gardes Françaises avec brevet de colonel, est le fils de Mr. de Mongon, lieutenant général et inspecteur d'infanterie. D'autres brigadiers notables incluent Mr. le Marquis de Gallion, colonel du régiment de Navarre, qui a combattu à la bataille de Malplaquet, et Mr. le Chevalier de Givry, colonel du régiment de la Marche, ayant servi pendant 22 ans et s'étant distingué à la bataille de Malplaquet. Mr. le Comte du Montal, colonel du régiment de Poitou, est le petit-fils d'un célèbre homme de guerre. Mr. de Colandres, colonel du régiment des Vaisseaux, est le fils de feu Mr. le Gendre de Rouen. Mr. le Comte de Guiraud, colonel du régiment de Bourgogne, porte un nom illustre. Mr. le Comte de Laval, colonel du régiment de Bourbon, a montré sa valeur dans plusieurs actions de guerre. Mr. le Marquis de Lannion, colonel du régiment de Xaintonge, est connu pour sa bravoure. Mr. le Marquis de Fériac, colonel du régiment de Piémont, a montré son courage à la bataille de Malplaquet. Mr. le Marquis d'Aubigné, colonel du régiment Royal, a montré sa valeur à la bataille d'Hochstädt. Mr. Berthelot de Bourceau, colonel du régiment de Bretagne, a servi depuis l'âge de 15 ans. Mr. de la Chau-Montauban, colonel d'un régiment d'infanterie portant son nom, a combattu près de Rumersheim. Mr. le Marquis de Crécy, colonel du régiment de Boulonnais, est le fils de feu Mr. Louis Verjus, chevalier comte de Crécy. Mr. le Comte de Sauvebeuf, colonel du régiment de Blaisois, a montré sa valeur dans plusieurs occasions. Mr. le Marquis de Balincourt, colonel du régiment d'Artois, a servi en Rouffillon. Mr. le Chevalier Sanguin de Livry, colonel du régiment de Nivernois, a montré son courage dans plusieurs actions de guerre. Mr. le Marquis de Gondrin, colonel d'un régiment portant son nom, a montré son courage à Hochstädt et à Ramillies. Mr. Obrien, colonel d'un régiment irlandais portant son nom, a combattu à la bataille de Malplaquet. Mr. Perrin, colonel du régiment de Beaufremé, actuellement Noailles, est attaché à la maison de Noailles. Mr. de Saint Morel, lieutenant colonel du régiment de Poitou, a servi pendant près de 35 ans. Mr. de Chastenet, lieutenant colonel du régiment de Xaintonge, a servi pendant près de 35 ans. Mr. de Curty, chevalier de Saint-Louis, lieutenant colonel du régiment de Provence, a servi pendant plus de 30 ans. Le texte se termine par la mention de l'année 1710.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 339-369
Suite des Nouvelles d'Espagne.
Début :
Les Ennemis en abandonnant Tolede pour prendre la route d'Arragon, [...]
Mots clefs :
Ennemis, Roi, Général, Vendôme, Armée, Troupes, Cavalerie, Infanterie, Bataille, Canon, Dragons, Guadalajara, Reine, Guerre, Prisonniers, Brihuega, Général Stanhope, Staremberg, Gérone
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Suite des Nouvelles d'Espagne.
Suite des Nouvelles
d'Espagne.
Les Ennemis en abandonnant
Tolede pour prendre
la route d'Arragon
, ont
divisé leur Armée en differensCorps,
observant toujours
de les mettre à une
distancc qui ne leur ostast
pas les moyens de s'entresecouririles
uns les autres,
en casque quelqu'un fust
attaqué. Ils croyoient qu'-
ils pourroient estre harcelez
par quelques détachefmens
; mais ils ne com- eroienc pas que l'on pust
faire des démarches allez
promptes pour les attaquer
avec toute l'Armée.
Le Roy d'Espagne pour
leur ôter le soupçon qu'on
pust les suivre, estoit allé
exprés avec Monsieur de
Vendosme à Madrid pendant
que les Troupes, par
differens Corps, déroboient
aux Ennemis desmarches
précipitées.SaMajesté Catholique,
avant de partir
ordonna au Détachement 1
detous lesGrenadiers de I
Itil'Armée
&de cent hommes
choisis par Bataillon avec
trente- deux Escadrons de
Cavalerie & de Dragons de
marcher le plus legerement
qu'ils pourroient pour tâ.
cher de joindre les Ennemis.
Mr de Vallejo reçut
ordre de les attaquer par
tout où il les trouveroit
avec douze cens Maistres
qu'il commandoit, afin de
les arrester.
Apres ces précautions.
le Roy & Vendosme arrivèrent
le 7. Décembre à
Alcala, où ils apprirens
qu'il y avoit à une lieuë de
là un Régiment des Ennemis.
Sa Majestéordonna à
Don Feliciano de Bracamonte
d'y marcher avec sa
Brigade. Il fit tant de diligence
qu'il surprit ce Regiment
& le fit prisonnier.
LETTRE
De sa Adajefté Catholique
à la Reine.
Du Camp de Brihuega,
le 9 Décembre.
Je vous dépêche un Courrier
pour vous apprendre une
nouvelle aussi agréablequ'importante.
Mous menons défaire
huit Bataillons & huit Escadrons
prisonniers de guerre.
Nous avons fait donner l'af
faut après midi à Brihuega , aprèsl'avoir battu toute 1,4
matinée avec notre Canon.
LesBrèches étoientfort petites
&les Ennemis avoient retranchemens
sur retranchemens.
L'affaire a esléfort disputée&
a duré plus de deux heures;
mais enfin nos Troupes étant
entrées dans la Ville de maison
en maison
, 0* les Ennemis
s'étant retirez dans un retranchement
qu'ils avoient fait
dans la Place, ont battu la
Chamade. Il n'y a eu aucune
contestation au sujet de la Ca.
pitulation, puifqu'ils ont proposéd'obordqu'on
les reçutprisonniers
de guerre, ce qui leur
a esteaccordé. Tous les Officiers
Generaux Anglois sont du
nombre des Prisonniers. Ce
font Stanhope, Wills &Carpenter.
De notre côté le Marquis
deThouy a esté blesséà la
main ; de celui des EnnemÙ,
Carpenter est bllJé. L'action
a estéfort chaude, (y notre In.
fanterie a hit'# séparécequ'elle
fit à laBataille de Sarragosse ,
en faisant des merveilles aujourd'hui.
Des huit Bataillons
ily en a sept Anglais & un
Portugais, mais à la solde de
la Reine Anne, Les huit Ef.
cadrons consistent en trois Pe.
ymens de Dragons & un de
Cavalerie, tousAnglois;c'etoientles
meilleure, Troupes des
Ennemis,
Je joins à cette bonne nouvelle,
la prise que fit hier Braamonte,
d'un Bataillon Allemand.
Le Comte de Suremberg
sefl avancé aujourd'hui avec
plus de quatre mille hommes à
deux lieuësd'icy ,suivant les
avisquej'en ay eu, apparemmentpoursecourir
Stanhope.
Le Roy d'Espagne estanc
parti le 8 au marin de Guadalaxara
avec toute Ca Cava-
-
lerie pour donner sur l'arriere-
garde des Ennemis,
il eut avis que le General
Stanhopeestoit dans Brihuega
; il marcha droit à
lui1
pourl'attaquer,mais voyant
qu'il s'y estoit retranché de
maniere à se bien deffendre,
il fit invertirlaVille sur tout
du côcé de la Rivière par ou
il jugeoit qu'il pourroit se
retirer à la faveur de la nuit.
La Ville de Brihuega située
à six lieuës de Guadalaxara,
efl: fermée d'une muraille
fort haute, fort épaisse &
revêtue d'une Terrasse en
quelques endroits, avec des
Tours antiques & un alîez
~on Château. Apres avoir
tiré quelques coups de ca-
- ~on on somma les Ennemis
le se rendre,& surle refus
qu'ils en firent on dressa pen-
~ant la nuit de nouvelles bateries
qui commencerent à
tirer le9 au matin & firent
une bréche qui devint inutile
à cause des Terrasses,
Mais Monsieur de Vendome
ayant remarqué plusieurs
maisons attachéesàl'enceinte
des murailles en dehors,
lesfit occuper pour attacher
par là le Mineur &faire une
Brèche pratiquable de ce côté
là. Quand tout sur disposé,
Sa Majesté fitfaire deux
attaques & donna ordre
pour soûtenir la gauche, qui
estoit la veritable. Enfin on
donna l'assaut; l'action fut
long-temps disputée, & les
notres se voyant arrêtez par
le grand nombre & par des
retranchemens qu'ils trouvoient
dans les ruës de 20
en 20 pas, se retrancherent
de leur coté sur la Brèche
pour y attendre du renfort.
Peu de temps après Monsieur
le Duc de Vendosme
y mena quelques Bataillons
qui s'étant jointà eux,pousserentles
Ennemis en garnant:
toujoursle Terrain
le maisonen maison & do
etranchement en rctranchement,
en quoy ilsfurent
aidez par les habitans qui
démolissoient leurs propres
maisons pour assommer les
Ennemis à coups de pierres;
ils penetrent enfin jusqu'au
centre de laVille, pendant
que d'autres Troupes commandées
à l'attaque de la
droite, faisoient diversion;
ce qui obligea les Ennemis
à battre la Chamade & à
capituler. Ils répugnoient
à sedésarmer dès le foir &
à livrer' une des Portes du
Château, maisonles y obligea
sur l'avis que Sa Majesté
eut que le General Sta~
remberg s'avançoit pour les
ecourir. MrdeZuniga fut
chargé du foin de faire
xecuter la Capitulation,
pendant que le Roy & Mr
le Vendôme se disposoient
aller combattre Mr de
taremberg.
D'autres Lettres portent
~ue Mrde Bracamontedé-
~ché par le Roy, cmpêcha
le General Starcm-
~erg de rompre le Pont de
Guadalaxara,ce qui facilitapassage
de l'Armée pour
~atcher à Brihuega.
Un Lieutenant general
& deux Lieutenans Colonels
vinrent capituler. Ils
consentirent d'abord àestre
Prisonniers de guerre. On
accorda aux principaux Officiers,
leurs chevaux & bagages,
à l'exception des Vases
sacrez
, en cas qu'ils'en
trouvast.
; Pendant laCapitulation,
on entendit plusieurs coups
de canon ; c'estoit le signal
de l'Armée ennemie, pour
avertir le General Stanhope
qu'onvenoitlesecourir.
Le 10. au matin le Roy
fut avertique les Ennemis
paroissoient sur la hauteur
de Villa-viciosa, où Monsieur
de Vendosme avoit
posté dès le soir toute la Cavalerie
, ayant prévu que
Mr de Staremberg hafarderoit
le tout pour le tout.
On rangea l'Armée en baaille,
la droite appuyée à
un grand ravin, & la gauhe
à un petit Bois d'Oliiers
où les Ennemis ne pû-
~ent pasallonger leur droite
pour donner une étendue à
~ur gauche qu'ils connucnt
que nous débordions
considerablement par nôtre
droite. Nous avions dans;
nôtre centre un terrain desavantageux
par quantité de
ravins & de petites murailles
de terre séche de la hauteur
de deux pieds & demi.
Nostre droite de Cavalerie
estoit commandée par Mr
le Marquis de Val deCanas;
nostre gauche par Mr le
Comte d'Aguilar,& nostre
centre d'Infanterie par
Mr le Comte de las Torrés,
au deffaut de Mr le
Marquis de Thouy qui avoit
estéblessé la veille à la main
& au pied, & qui ne laissa
pas,malgré toutes les remontrances
qu'on luy faisoit,
de combattre à la te-fte
d'un Escadron ; les Ennemis
à la portée du canon en
mirent vingt pieces en batterie
avec deux mortiers:
le nostre costé nous en mimes
22.pieces. Sur les deux
~eures la canonnade commençant
de part & d'au-
~e,le Roy passa à la droite,
ontre laquelle jcs Ennemis
voient dressé une batterie
leneufpieces, qui faifoienc
~un
feu très-vif.Monsieur
de Vendosme passa à la gauche
& dés qu'il fut arrivé
l'Armée marcha. Nostre
droite que le Roy conduisoit
passa un grand ravin,
& se reforma en presence
de l'Ennemi du costé de
Villa viciosa, qui a donné le
nom à cette Bataille. Monsieur
de Vendosme estantà
la gauche envoya ordre à
Mr Mahoni, qui commandoit
le Corps de Dragons
de marcher au grand
trot, & de gagner les derrieres
des Ennemis pour faciliter
la jonction de Mr de
Bracamonté,qui arriva avec
mille chevaux précisément
à l'heure qui luy avoit esté
prescrite dans le temps que
les deux Armées estoient aux
mains. Cette précaution
nous donna le moyen de gagner
les derrieres de leur Infanterie
, où la Cavalerie de
nostre droite avoir penetré ,
en renversant l'aîle gauche
quîluyestoitopposée. Cette
Infanterie ainsi enveloppée
,fitd esefforts de valeur
si étonnans qu'elle gagna
même duterrain sur la nôtre,
ce qui a fait dire dans
quelques Lettres, qu'elle
avoit plié d'abord. Mais enfin
les Gardes Walonnes &
Espagnoles percerent les
deux Lignes & la Reserve
des Ennemis,& renversérent
un gros Bataillon quarré
au milieu duquel estoit
Mr de Staremberg. Les
Gardes du Roy avec le Regiment
de a Reine commandé
par' Mrle Marquis
de Reaucour, penetrerent
deux fois le centre des Ennemis
,& il ne se seroit pas
fauvé un homme sans la
nuit quisavorisa la retraite
d'une partie decette Infanterie
qui se retira avec preci
pitation du cofté de Siguença.
Il nous est resté avec le
Champ de Bataille, vingt
piéces de canon,deux Mortiers
, tous les équipages
d'Artillerieavecquantitéde
chariots longs,attelezchacun
de huit Mulets;ceschariots
sont nommez Galleres
par les Espagnols. Parmi les
Bagages, il s'esttrouvé environ
huit millefusils. Mr
Mahoni a pris d'un autre
:osié sept cens Mulets chargez
, & les Troupes fefonr
enrichies du butin que les
ennemis avoient pillé dans
la Castille. On Soldat courut
porter à Monsieur de
Vendoime, un Ecendart qu'-
il avoit pris, & refusa l'argent
que ce Prince vouloit
luy donner;illuy dit en luy
montrant une bourse pleine
d'or,voila ce que l'ongagne en
combattant pourson Roy.
Il est demeuré plus de
quatre mille hommes sur le
Champ de Bataille, & on a
fait trois mille prifonniersy,
parmi lesquels font Mr de 1
Belcastel,
Belcastel, Commandant les
Troupes deHollande, Mr
leS.Amant,Lieutenants
Generaux,&un grand nom. -
ne d'autres Omciers.; outre
leux mille trois cens autres
risonniers
,
presque tous
Cavaliers, qui ont esté pris
ar Mr de Vallejo le lendemain
de la Bataille. En forque
decestrois journées,
ous avons neuf mille prionnierseffectifs.
Il y a quanté
de-Drapeaux , d'Etenarts
, & de Timbales;on
en sçait pas le nombre,
arcequ'on en apportoit encore
lois que.Mr deZuniga
est parti pour apposer
ce détail au Roy. Loçfcjtjc
sa Majesté Cajthpliqwe l'a
dépesché,on ne f<jqvjûiitpa$
non plus au juste, latv>r#:
bre desmorts & des blessez
, tant ducoftp.âe.$cru>crnief
que cJecelVy;cUs££psrt
gnoltyquiQaripcfrdftfàsn
PedrodeRonquillo,-.tué
danslaBataille,&Mr le
ComtedûRucetoondetle
premier MiréchaldcGar$>p,
& le dernier Brigadier, mort
des blesures qu'il avoit re-t
çuës la veille àla prise do &nht~ ';,
Mt Maboni poursuivoit
vivement le General
Staremberg
; on assurequ'-
ill'avoitatteint, &fait sommerdeserendre;
onattend
unCourrier pour estre éclaircidelafin
de cette grande
affaire.
* On aprend qu'onapris
encore autres deux mille
hommes aprés la déroute.
•.
Extrait d',une Lettre de
devant Gironne.
Mr le Duc de Noailles
alla camper le 14. à Cervia
& le 15. on a investi Gironne
; tous les Miquclets&
Sommetans des Ennemis,
voulant disputerun costé de
la Montagne, ont esté repoussez
& défaits par Mr de
Planque.
On vient d'apprendre depuis
cette Lettre que la tranchée
est ouverte devant Gironne
,& que Mr le Duc de
Noailles est parti avec une
bonne partie de sa Cavalc
d'Espagne.
Les Ennemis en abandonnant
Tolede pour prendre
la route d'Arragon
, ont
divisé leur Armée en differensCorps,
observant toujours
de les mettre à une
distancc qui ne leur ostast
pas les moyens de s'entresecouririles
uns les autres,
en casque quelqu'un fust
attaqué. Ils croyoient qu'-
ils pourroient estre harcelez
par quelques détachefmens
; mais ils ne com- eroienc pas que l'on pust
faire des démarches allez
promptes pour les attaquer
avec toute l'Armée.
Le Roy d'Espagne pour
leur ôter le soupçon qu'on
pust les suivre, estoit allé
exprés avec Monsieur de
Vendosme à Madrid pendant
que les Troupes, par
differens Corps, déroboient
aux Ennemis desmarches
précipitées.SaMajesté Catholique,
avant de partir
ordonna au Détachement 1
detous lesGrenadiers de I
Itil'Armée
&de cent hommes
choisis par Bataillon avec
trente- deux Escadrons de
Cavalerie & de Dragons de
marcher le plus legerement
qu'ils pourroient pour tâ.
cher de joindre les Ennemis.
Mr de Vallejo reçut
ordre de les attaquer par
tout où il les trouveroit
avec douze cens Maistres
qu'il commandoit, afin de
les arrester.
Apres ces précautions.
le Roy & Vendosme arrivèrent
le 7. Décembre à
Alcala, où ils apprirens
qu'il y avoit à une lieuë de
là un Régiment des Ennemis.
Sa Majestéordonna à
Don Feliciano de Bracamonte
d'y marcher avec sa
Brigade. Il fit tant de diligence
qu'il surprit ce Regiment
& le fit prisonnier.
LETTRE
De sa Adajefté Catholique
à la Reine.
Du Camp de Brihuega,
le 9 Décembre.
Je vous dépêche un Courrier
pour vous apprendre une
nouvelle aussi agréablequ'importante.
Mous menons défaire
huit Bataillons & huit Escadrons
prisonniers de guerre.
Nous avons fait donner l'af
faut après midi à Brihuega , aprèsl'avoir battu toute 1,4
matinée avec notre Canon.
LesBrèches étoientfort petites
&les Ennemis avoient retranchemens
sur retranchemens.
L'affaire a esléfort disputée&
a duré plus de deux heures;
mais enfin nos Troupes étant
entrées dans la Ville de maison
en maison
, 0* les Ennemis
s'étant retirez dans un retranchement
qu'ils avoient fait
dans la Place, ont battu la
Chamade. Il n'y a eu aucune
contestation au sujet de la Ca.
pitulation, puifqu'ils ont proposéd'obordqu'on
les reçutprisonniers
de guerre, ce qui leur
a esteaccordé. Tous les Officiers
Generaux Anglois sont du
nombre des Prisonniers. Ce
font Stanhope, Wills &Carpenter.
De notre côté le Marquis
deThouy a esté blesséà la
main ; de celui des EnnemÙ,
Carpenter est bllJé. L'action
a estéfort chaude, (y notre In.
fanterie a hit'# séparécequ'elle
fit à laBataille de Sarragosse ,
en faisant des merveilles aujourd'hui.
Des huit Bataillons
ily en a sept Anglais & un
Portugais, mais à la solde de
la Reine Anne, Les huit Ef.
cadrons consistent en trois Pe.
ymens de Dragons & un de
Cavalerie, tousAnglois;c'etoientles
meilleure, Troupes des
Ennemis,
Je joins à cette bonne nouvelle,
la prise que fit hier Braamonte,
d'un Bataillon Allemand.
Le Comte de Suremberg
sefl avancé aujourd'hui avec
plus de quatre mille hommes à
deux lieuësd'icy ,suivant les
avisquej'en ay eu, apparemmentpoursecourir
Stanhope.
Le Roy d'Espagne estanc
parti le 8 au marin de Guadalaxara
avec toute Ca Cava-
-
lerie pour donner sur l'arriere-
garde des Ennemis,
il eut avis que le General
Stanhopeestoit dans Brihuega
; il marcha droit à
lui1
pourl'attaquer,mais voyant
qu'il s'y estoit retranché de
maniere à se bien deffendre,
il fit invertirlaVille sur tout
du côcé de la Rivière par ou
il jugeoit qu'il pourroit se
retirer à la faveur de la nuit.
La Ville de Brihuega située
à six lieuës de Guadalaxara,
efl: fermée d'une muraille
fort haute, fort épaisse &
revêtue d'une Terrasse en
quelques endroits, avec des
Tours antiques & un alîez
~on Château. Apres avoir
tiré quelques coups de ca-
- ~on on somma les Ennemis
le se rendre,& surle refus
qu'ils en firent on dressa pen-
~ant la nuit de nouvelles bateries
qui commencerent à
tirer le9 au matin & firent
une bréche qui devint inutile
à cause des Terrasses,
Mais Monsieur de Vendome
ayant remarqué plusieurs
maisons attachéesàl'enceinte
des murailles en dehors,
lesfit occuper pour attacher
par là le Mineur &faire une
Brèche pratiquable de ce côté
là. Quand tout sur disposé,
Sa Majesté fitfaire deux
attaques & donna ordre
pour soûtenir la gauche, qui
estoit la veritable. Enfin on
donna l'assaut; l'action fut
long-temps disputée, & les
notres se voyant arrêtez par
le grand nombre & par des
retranchemens qu'ils trouvoient
dans les ruës de 20
en 20 pas, se retrancherent
de leur coté sur la Brèche
pour y attendre du renfort.
Peu de temps après Monsieur
le Duc de Vendosme
y mena quelques Bataillons
qui s'étant jointà eux,pousserentles
Ennemis en garnant:
toujoursle Terrain
le maisonen maison & do
etranchement en rctranchement,
en quoy ilsfurent
aidez par les habitans qui
démolissoient leurs propres
maisons pour assommer les
Ennemis à coups de pierres;
ils penetrent enfin jusqu'au
centre de laVille, pendant
que d'autres Troupes commandées
à l'attaque de la
droite, faisoient diversion;
ce qui obligea les Ennemis
à battre la Chamade & à
capituler. Ils répugnoient
à sedésarmer dès le foir &
à livrer' une des Portes du
Château, maisonles y obligea
sur l'avis que Sa Majesté
eut que le General Sta~
remberg s'avançoit pour les
ecourir. MrdeZuniga fut
chargé du foin de faire
xecuter la Capitulation,
pendant que le Roy & Mr
le Vendôme se disposoient
aller combattre Mr de
taremberg.
D'autres Lettres portent
~ue Mrde Bracamontedé-
~ché par le Roy, cmpêcha
le General Starcm-
~erg de rompre le Pont de
Guadalaxara,ce qui facilitapassage
de l'Armée pour
~atcher à Brihuega.
Un Lieutenant general
& deux Lieutenans Colonels
vinrent capituler. Ils
consentirent d'abord àestre
Prisonniers de guerre. On
accorda aux principaux Officiers,
leurs chevaux & bagages,
à l'exception des Vases
sacrez
, en cas qu'ils'en
trouvast.
; Pendant laCapitulation,
on entendit plusieurs coups
de canon ; c'estoit le signal
de l'Armée ennemie, pour
avertir le General Stanhope
qu'onvenoitlesecourir.
Le 10. au matin le Roy
fut avertique les Ennemis
paroissoient sur la hauteur
de Villa-viciosa, où Monsieur
de Vendosme avoit
posté dès le soir toute la Cavalerie
, ayant prévu que
Mr de Staremberg hafarderoit
le tout pour le tout.
On rangea l'Armée en baaille,
la droite appuyée à
un grand ravin, & la gauhe
à un petit Bois d'Oliiers
où les Ennemis ne pû-
~ent pasallonger leur droite
pour donner une étendue à
~ur gauche qu'ils connucnt
que nous débordions
considerablement par nôtre
droite. Nous avions dans;
nôtre centre un terrain desavantageux
par quantité de
ravins & de petites murailles
de terre séche de la hauteur
de deux pieds & demi.
Nostre droite de Cavalerie
estoit commandée par Mr
le Marquis de Val deCanas;
nostre gauche par Mr le
Comte d'Aguilar,& nostre
centre d'Infanterie par
Mr le Comte de las Torrés,
au deffaut de Mr le
Marquis de Thouy qui avoit
estéblessé la veille à la main
& au pied, & qui ne laissa
pas,malgré toutes les remontrances
qu'on luy faisoit,
de combattre à la te-fte
d'un Escadron ; les Ennemis
à la portée du canon en
mirent vingt pieces en batterie
avec deux mortiers:
le nostre costé nous en mimes
22.pieces. Sur les deux
~eures la canonnade commençant
de part & d'au-
~e,le Roy passa à la droite,
ontre laquelle jcs Ennemis
voient dressé une batterie
leneufpieces, qui faifoienc
~un
feu très-vif.Monsieur
de Vendosme passa à la gauche
& dés qu'il fut arrivé
l'Armée marcha. Nostre
droite que le Roy conduisoit
passa un grand ravin,
& se reforma en presence
de l'Ennemi du costé de
Villa viciosa, qui a donné le
nom à cette Bataille. Monsieur
de Vendosme estantà
la gauche envoya ordre à
Mr Mahoni, qui commandoit
le Corps de Dragons
de marcher au grand
trot, & de gagner les derrieres
des Ennemis pour faciliter
la jonction de Mr de
Bracamonté,qui arriva avec
mille chevaux précisément
à l'heure qui luy avoit esté
prescrite dans le temps que
les deux Armées estoient aux
mains. Cette précaution
nous donna le moyen de gagner
les derrieres de leur Infanterie
, où la Cavalerie de
nostre droite avoir penetré ,
en renversant l'aîle gauche
quîluyestoitopposée. Cette
Infanterie ainsi enveloppée
,fitd esefforts de valeur
si étonnans qu'elle gagna
même duterrain sur la nôtre,
ce qui a fait dire dans
quelques Lettres, qu'elle
avoit plié d'abord. Mais enfin
les Gardes Walonnes &
Espagnoles percerent les
deux Lignes & la Reserve
des Ennemis,& renversérent
un gros Bataillon quarré
au milieu duquel estoit
Mr de Staremberg. Les
Gardes du Roy avec le Regiment
de a Reine commandé
par' Mrle Marquis
de Reaucour, penetrerent
deux fois le centre des Ennemis
,& il ne se seroit pas
fauvé un homme sans la
nuit quisavorisa la retraite
d'une partie decette Infanterie
qui se retira avec preci
pitation du cofté de Siguença.
Il nous est resté avec le
Champ de Bataille, vingt
piéces de canon,deux Mortiers
, tous les équipages
d'Artillerieavecquantitéde
chariots longs,attelezchacun
de huit Mulets;ceschariots
sont nommez Galleres
par les Espagnols. Parmi les
Bagages, il s'esttrouvé environ
huit millefusils. Mr
Mahoni a pris d'un autre
:osié sept cens Mulets chargez
, & les Troupes fefonr
enrichies du butin que les
ennemis avoient pillé dans
la Castille. On Soldat courut
porter à Monsieur de
Vendoime, un Ecendart qu'-
il avoit pris, & refusa l'argent
que ce Prince vouloit
luy donner;illuy dit en luy
montrant une bourse pleine
d'or,voila ce que l'ongagne en
combattant pourson Roy.
Il est demeuré plus de
quatre mille hommes sur le
Champ de Bataille, & on a
fait trois mille prifonniersy,
parmi lesquels font Mr de 1
Belcastel,
Belcastel, Commandant les
Troupes deHollande, Mr
leS.Amant,Lieutenants
Generaux,&un grand nom. -
ne d'autres Omciers.; outre
leux mille trois cens autres
risonniers
,
presque tous
Cavaliers, qui ont esté pris
ar Mr de Vallejo le lendemain
de la Bataille. En forque
decestrois journées,
ous avons neuf mille prionnierseffectifs.
Il y a quanté
de-Drapeaux , d'Etenarts
, & de Timbales;on
en sçait pas le nombre,
arcequ'on en apportoit encore
lois que.Mr deZuniga
est parti pour apposer
ce détail au Roy. Loçfcjtjc
sa Majesté Cajthpliqwe l'a
dépesché,on ne f<jqvjûiitpa$
non plus au juste, latv>r#:
bre desmorts & des blessez
, tant ducoftp.âe.$cru>crnief
que cJecelVy;cUs££psrt
gnoltyquiQaripcfrdftfàsn
PedrodeRonquillo,-.tué
danslaBataille,&Mr le
ComtedûRucetoondetle
premier MiréchaldcGar$>p,
& le dernier Brigadier, mort
des blesures qu'il avoit re-t
çuës la veille àla prise do &nht~ ';,
Mt Maboni poursuivoit
vivement le General
Staremberg
; on assurequ'-
ill'avoitatteint, &fait sommerdeserendre;
onattend
unCourrier pour estre éclaircidelafin
de cette grande
affaire.
* On aprend qu'onapris
encore autres deux mille
hommes aprés la déroute.
•.
Extrait d',une Lettre de
devant Gironne.
Mr le Duc de Noailles
alla camper le 14. à Cervia
& le 15. on a investi Gironne
; tous les Miquclets&
Sommetans des Ennemis,
voulant disputerun costé de
la Montagne, ont esté repoussez
& défaits par Mr de
Planque.
On vient d'apprendre depuis
cette Lettre que la tranchée
est ouverte devant Gironne
,& que Mr le Duc de
Noailles est parti avec une
bonne partie de sa Cavalc
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Résumé : Suite des Nouvelles d'Espagne.
Les forces ennemies, après avoir quitté Tolède, se dirigèrent vers l'Aragon en divisant leur armée en plusieurs corps pour se protéger mutuellement. Le roi d'Espagne, afin de dissimuler ses intentions, se rendit à Madrid avec Monsieur de Vendôme, tandis que les troupes espagnoles se préparèrent à attaquer les ennemis. Le roi ordonna à un détachement de grenadiers et de cavalerie de marcher rapidement pour intercepter les ennemis. Le 7 décembre, le roi et Vendôme arrivèrent à Alcala et apprirent la présence d'un régiment ennemi à proximité. Don Feliciano de Bracamonte surprit et captura ce régiment. Le 9 décembre, le roi d'Espagne informa la reine de la capture de huit bataillons et huit escadrons ennemis à Brihuega, après un assaut intense. Les ennemis, bien retranchés, furent finalement contraints de se rendre. Parmi les prisonniers figuraient les généraux Stanhope, Wills et Carpenter. Le roi d'Espagne, ayant appris que Stanhope était à Brihuega, marcha vers la ville et ordonna un assaut. Après une bataille acharnée, les ennemis capitulèrent. Le roi et Vendôme se préparèrent ensuite à affronter le comte de Starhemberg, qui avançait avec des renforts. Le 10 décembre, les deux armées s'affrontèrent près de Villa-Viciosa. Les troupes espagnoles, bien commandées, parvinrent à envelopper et à repousser les ennemis, capturant de nombreux prisonniers et du matériel. Dans les jours suivants, les troupes espagnoles continuèrent à faire des prisonniers et à capturer des drapeaux et des timbales. Le duc de Noailles, quant à lui, investit Gironne et repoussa les forces ennemies qui tentaient de défendre la montagne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 1-48
Ordre de Bataille de l'Armée du Roy en Flandres.
Début :
GENERAUX. Mr le Mareschal, Duc de Villars. Mr le Mareschal [...]
Mots clefs :
Brigadiers, Roi, Duc, Cavalerie, Lieutenant, Ligne, Infanterie, Bataille, Dragons, Armée, Généraux, Ordre de bataille, Escadrons, Bataillons, Flandres, Officiers généraux, Réserve, Alliés, Allemagne, Détachement, Corps, Total
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Ordre de Bataille de l'Armée du Roy en Flandres.
Ordre de BatailledeILArmée:
duRoy en Flandres.
GENERAUX.
Mr le Mareschal
,
Duc de
Villars.
Mr le Mareschal de Mon-
-
tesquiou.
Lieutenans Généraux de la
premiere ligne.
Mrs Gassion, Prince de
Rohan, Mezieres, la Valliere
,
Destain, Albergothy,
Croisy, Duc de Guiche
, Maulevrier
,
Hautefpre.
Maréchaux de Camp.
Mrs de Silly
,
le Vidame
,
Chasteau
-
Morand,
Choiseul, Rooth
,
Duc de
Mortemart, Nangis, Ravignan.
Brigadiers.
MrsBerville,Suzy, Castel-
Moron,laTremoille,
Krakemberg
,
Courtage
Choiseul, Saumery, Montbazon
,
Gassion,Dargelos,
Daubigné
,
Colandre,
Obrien
,
S. Simon, Bernholes,
Desrouville,Beaupuys,
Perissan,Seignelay,
PREMIERE LIGNE.
DRAGONS,
Colonelle Générale 3 crc.
Beautremont 3
G
CAVALERIE.
MaiConduRoy 13
13
Gendarmerie 8
8
Royal Picdmont 3
SrAgnan 2..
la Tremoille i
7
Royal Allemand 3 Rottembourg 2.
Dfûivpc i
7 Dauphin,
Prince Marfillae,.
2.
Montcil
, 1
7
Choiseul, 1
Courcillon, 2. Dalzeau, z
( 6-
Chcrizy, z*
Royal Roussillon, 3
Commilfairc Générale 3
z
8
62. efc.
IN FANTERIE.
Picardie)
3 bat.
Bourbon, :, i
Nice, 16
Navarre, 3
Bourgogne, 2.
Monroux, 1
6
Bourbonnois, z
Languedoc) 1
Aunis, 2,
-. 6
Royal, 3
Royal Comtois, 2,
Daunay, 1
6
Les Vaisséaux, 3
La Marck, 1
Royal Italien, 1 6Lee,1 Obricn, 1
Dorington, 1
Galmoy, 1
OdondelJ 1
5
Gardes Françoises, 4
Gardes Suisses, 2.
*
Alfacc,a 4
Vczin, 2.
6
La Reine, 3
Haynault) z
Vaugc, I
6
Le Roy, 4
Foix, 1
6
pont, Dreux, Brendle, Lée,
Geoffreville.
Maréchaux de Camp.
Mrs Beauveau, Comte
de Nille
,
Lessars
,
Isenghien,
Mouchy, Miromesnil,
la Mark
,
Chevalier de
Roye.
Brigadiers.
mrs S. Poange, Gaydon,
Daulcane
,
Sandru ky
, Rios
,
Capy, Montal, S.
Morel, Depinay, la Chaux,
May, Grenets, Mercy
,
Sury
,
Lionne, de Lisle,
Remirecourt
,
Gondrin
Beringhen, Meleun,Saa. ,
SECONDE LIGNE.
CAVALERIE.
Colonelle Generale, 3 efc.
S.Poanges, 2.
Ligondez, 2
7 Chartres, 3
Maifontiers, 2-
Clermont, 1
7
Daultannc9
Villiers, z
Grandmonc
2. Aubeterrc"
2.
8
Brabant, 1 S.Phal, 2
Caycux, 1
6
Efclainvilliers,
Rios,zz, S. BHmonrJ
6
Montauban., z
Capy, z :
Cravattes, 3
7
41cfc.
INFANTERIE.
Poitou) z bar.
Lorraine, t
Miromelnil
, 2,
6
Tourraine, z
Charollais) A
Bugey, 2.
6
Limofia,
LaChauxI2.
Boufflcrs,
2.
1 yiliiers Suiflc
, 3
May, 3
6
Brcnqle, 3
SLJrbeçk) 3
6
Gardes de Bavière, 4
4
HefTy, 3
Phiffcr, 3
6
RoyalRoussillon, 2. Lionne,.2.
Laonnois,2.
ÀC
La Fere, 1
Tourncfis., 1
Beauce, 1
6
Tourville, 2.
Barrois, z*
Agenois, i
6
Greder Allemand 2.
Solrc, i
Gondrin, t
6
G3 bac.
CAVALERIE
a Reine) 3 efc.
Seringhen 3
iftaniol
, 1
S
AUTRE RESERVE.
**
Lieutenant General.
Mr de Broglie. Brigadiers,
Mrs Tarneau, Combout,
Pasteur.
CAVALLERIE.
Le Roy, 3efc.
La Tour, z
Beauveau, z
Tarneau, z
9
Combous, z
DuBcflcy, i
Biron, x
6
Houssards de Nerville, I
Pasteur, Dragons, 2.
3
- 18efc.
CAMP SEPARE'.
Lieutenans Generaux.
Mrs Sailly
,
Conflans
Reichberg, duRoZwl,S.,
Fremont.
Maréchaux de Camp.
Mrs S. Morrany
,
Santigny
,Prince Charles.
Brigadiers.
Mrs Nugent, Gassé, Danumis,
Jouy, Girault, S.
Micault,Locatelly, Cloys,
Prince de Bergets, Midefars
,
Flavacourt.
CAVALLERIE.
Royal Etranger, 3 etc.
Villeroy, 3
Nugent fi
,\ S
Dauphin Etranger, y
Vauldray
, '1 2.
Mitignon, 2.
,L , Ir
Bourgogne, 3 Gesvres,t , Viilcquicr, i
7
Orléans, 3
Villeprcux, 1
,
S
Dumalnc, 5
Frczin, z
S Condé, 3
Bourbon, 3
6
Arcobau, 3
Loccelly, 2.
S
Carabiniers, 10
10
Gardes d'Espagne 1,
Gardes de Bavierc z
4
DRAGONS.
Royal, z
Flavacourc, z
5
Gzcfc.
RESERVE.
Brigadiers
Mrs Livry, Se brcr.
INFANTERIE.
Bcüil i bac.
MIrabeau, 1
Nivcrnois, x
1
6
Perche, i
Cambrcfis 1
Spaar, i
6
il
AUTRE CORPS.
Lieutenans Generaux.
Mrs laFiezclicre, Bouzols,
Davaray.
Maréchaux de Camp.
Mrs Costa.Mîmur.
Brigadiers.
MrsThourotte, Montjoye,
Livry.
CAVALLERIE.
Tbourotte, 2.
efc;
Pardeilhan, x Raigecourt, i
6
Cossa)Bav. 3
Posh,Bav. 2.
S
Prince Lambesc,
3
Livry, 2.
Mettre de Camp Gencrale.,
3
8
41efc.
Royal Artillerie, 2. bar.
Bombardiers,
1
3
HoussardsdeRasky 3 etc.
camperont au Quartier
General.
Total des Escadrons,1jl.
TOfl des Bataillons,161.
On a fait depuis plusieurs
détachemens pour l'Allemia9nc.--
Ordrede Bataille de tArmée
des Alliez en Flandres,
commandée par le Duc de
Marlborough.
GENERAUX.
Le Duc deMarlborough,
le Comte de Tilly, le Prince
hereditaire de Hesse, Dopsf,
Prince d'Orange,Bulleau,
Lumelly.
Lieutenans Generaux.
Hompesch , P. H.Hembery
,
P. G. de Hesse
,
Esbach,
Heyden, Murray,
Palland, Holstein
-
Beck
, Rantzau, Withers,Norsh,
Orknay
,
Scoulembourg
, Cadogan, Mans, Temple,
Rosse, Word.
Autres Officiers Généraux.
Kellun, Bothmar Peutz,
S. Laurent, Prifoofe
,
Euvars,
Sibourg, Subin,Vegelin
,
Ranch
,
Ivoy, Hamilton
,
Exk, Pritzelvaitz,
Wittemberg
,
Strakembourg,
Chanclos,Salxemkeylbourg
, Brelembach ,
Hagn, Duvel, Sillion, Russel,
Morisson
,
Hamilton ,
Du Breüil, Stutter,Rublereu
,
Berchoffer, Douglas,
Leinkesfeld,Vorst, Loohaux
,Glinsha
,
Lalech , Sairs,Maesbag.
ESCADRONS.
Royal Ecossois, 3 d.
Royal Irlandois) 3
Lauly, 3
Cadogan, 1
Harwich
) 2
Palmes,
2.
Woord, I
Betmard
, 4
Elle, 3
Wight, t
S.Laurent, 2.
Frecha pcllc, 1
Grosk
, 2.
Pcurz) 1
Sculembourg, 2.
L':"ib, 2.92 Hagn, 4d.
BJlow, 4
BATAILLONS.
Gardes Britanniques, 2.
Royal, 1
Subin, 1
Newton, i
Hasford
, 1
Royal, 1
Privrofc, 1
Erram, 1
Duvcl
, 1
Selvin, 1 Prcftion,i Suron
, 1
Ingolsby, 1
Vecbb, l
SPibnoukrga, abh,I1 Ecclc,I Noorth
, 1 Hamilton,i Wym, 1
Orrcry) i
Gauvin, i
Greck. 1 Milevillc,i Dixprcmbouck, 1
Belling, i
Du Brciiil
, i
Rantzau, i
OrangeJ i
Fagel, i
Holfteinbeck, 1
May, 1
Wigers, 1
Prince Maximilicn, I
Marquel, 1 Lircdal,l Croonsprios, t
Croonsfront,i Chambricr, 1
Wondebourg, 1
CDouoglals)lioc,i1 Muray, 1
Gardes Hollandoifes, 3;
ESCADRONS.
Vandcrnach^ 6-
Tl-J 2,
Oyeu, 1- viiiingosf, 1
Grouvtfiin, 2.
Wirtcmberg
) z
Cralingc, 2.
Chanclosy x
Lalech
, 2.
Er bach
, 2.
Prince bereditaire) 2.
Gardes bleues, 2.
Gardes du Corps, 1
Carabiniers, 4
Srnittcrm, 4
Gardes, j
Generaux de la secondeLigne.
Albemarle. Fagel. Prince
d'Anhalt. ZD
Lieutenans Generaux.
Oyeu,Vittentorf, Lalech,
Athlone, Dohna,Colliers,
Landerfrankenfleiiinatimer.
Autres Officiers Generaux.
Doisting, Hackemborn,
DuPortail, De Veyne Trossel, Berg, Croon,,
GaLJvin, Hasuvoudent
,
Vixou se,Westimiler,Koppel
, Grovenstein, Du Portail
,
Comre Moornay ,
Shemesan,Bechleren,Wauters,
Vandersbeck
,
Wichfurst
, Rador
,
Recdert
Cofcritz, Chambricr, , May,
Smettingh
,
Cronstroon
Wallesf, Benthen, Hum-,
neilicn
,
Bechleren, Wictemhorf.
ESCADRONS.
Leib, 4d.
Etlbreigc, 4
Souvelzi, 4
Anspach, 4
Dorsflinguc, 4
Panevilz, 3
Lcib, 3 9*
Croonrprins, 3
Prince Philippe, 3
Heyden 1
Portai, 3
Cac, 1
Bataillons.
Gardes, 1 :
Leib, zJjt
Croonfprins, 3
Albregl, 2.
Lollern, x
Erpprins, 1 Alsdhna, 1 ;
Varenne, i
Jouy Dhona) i
Hcydcn, 1
Anhn & Zclbz, i
DTenrheol,ler,t1 Gromhonn> t
Cofcritz, i Scamaifter,I
Lerkoors, • 1
Buldeuvin, i
Deticur, 1
Telkelembcrg, 1
Rantzau, 1
Albcrmarle, 1
Scrccshcn, 1
Elft, 1
NSig.clMin, arais, i i Chareause, 1
Inncns, i
Pariot, 1
Maurice, 1
Bugwillz, 1
- Mjçcrail
, r
Dobrobiky, 1 Hauler 1
Bernard, 1
Groy
, 1
Pallannc, 34
Heyden,
,. 2.
llangercberg
, - 2,:
ESCADRONS.
Walleff, i
Hoflcmhomb
, 2.
Saxcmhcylberg
) z
ECK, 1
Humnclben, 1
Guichel, 1
Sgrabemvoir
, z
Voorlt, i
Rechtcren, z
Briftzeelw, 1
Athlonc, 2
Prince dOranse t Gardes du Co0rps,i Dopff, 4
Ordre de Bataille de ïArmie
des Alliez en Flandre, commandée
par le Prince Eugene.
GENERAUX.
Le Prince Eugene
Le Duc de Wirtemberg
,
Le Comte de Velen.
Lieutenans Generaux.
Averoche, Gor dorf
Schwcuzel,Wilcke, Mer-,
y.
GenerauxMajors.
Cheuse, Wessenfelz
Milhan, boisset, , Prince de
Heirc Philipidal
,
Sachen
) d'Albert, Sechembach
, Bonneval
,
Statzfelt, Souchon,
Prince Lobkowirz,
ESCADRONS.
CFolodnitzz,Ho,u[6[ardsd, j Palafi, 6d
Wefterlo, 3
Mercy, 6
LVccylcbn,,33Vd
BATAILLONS.
Holftcin, t
Baadcn, z
Grenadiers, i
Taftring, 1
Dalbcrt, t
Fechembag
, 1
WandcrbCCK, 1
CaGel, 1
Erf Prince Woffcn) 1 Bren Wolffen
, 1
Gardes de Heffc
) 1
Eftcrdc, t
SErçf PhrinwceederHizdlce,l.,111
Romeleny, 1
Sugnen, * T i
Bonnard, [
Preccrnis,
4
Boitfcc.,L11
VanftoKer, 1
Gardes Danoises,i
ESCADRONS.
Leib, Saxon. 4 yt.
Rcmcchcc, 4
Lcib, f1 Alfy-
Weilfenfeiczt , Erf.Prince Hcflc, 4
Chcux, Danois. 2.
Kneyl, 2.
LClb, 2, yt.
Wirtemberg, s
General de lasecondeLigne.
Le Comte de Felz.
Lieutenans Generaux.
Lagnace
,
Caunstz, Vander
bCIK, Schellarr.
Generaux Majors.
Schemetteau,Heynflein,
Sechendorf, La Roche Sterrifelz, , Vtien.
ESCADRONS.
Spleny) HoulTards,J
S. Amour,6d.
Dandignercs, i d.
Wirtembcrg) 4dé
FalKcftcin,6d.
Halzfclr) 3
Shcllart) 3
BATAILLONS.
Grenadiers Pafloc, 1
Sulzbach
, 1
Saxemrneymcing, 1
Iffelbach, 1
Grenad. Wirieïnberg, t
Harinans, 1
SternfeltzJ 2.
Schwartz, t
Etrcrfelz, 1
Caves, 1
Radtnge, 1 Dcucheft, 1
Prince George de He(îe,t
Koomugmac, i
Wcifll-nfelz, 1
WaKerbart, 1
Schendorf, 1
Getz) 1
Furrtemberg, t
Charprins, I
Gardes Saxe, 2.
ESCADRONS.
MilKan,
Spicgçl,1 4z Boinebourg, z
Avcrchcs, 4
Brochcdorf, +
Schemettcau,
Wlrtemberg, 1
Grabo, 1
Rantzau, 2,
Total des deux Armées,
Bataillons, 148
EfèadronsJ2,56
Les Alliez ont aussi fait
des détachemens pour rAl.
lemagne.
duRoy en Flandres.
GENERAUX.
Mr le Mareschal
,
Duc de
Villars.
Mr le Mareschal de Mon-
-
tesquiou.
Lieutenans Généraux de la
premiere ligne.
Mrs Gassion, Prince de
Rohan, Mezieres, la Valliere
,
Destain, Albergothy,
Croisy, Duc de Guiche
, Maulevrier
,
Hautefpre.
Maréchaux de Camp.
Mrs de Silly
,
le Vidame
,
Chasteau
-
Morand,
Choiseul, Rooth
,
Duc de
Mortemart, Nangis, Ravignan.
Brigadiers.
MrsBerville,Suzy, Castel-
Moron,laTremoille,
Krakemberg
,
Courtage
Choiseul, Saumery, Montbazon
,
Gassion,Dargelos,
Daubigné
,
Colandre,
Obrien
,
S. Simon, Bernholes,
Desrouville,Beaupuys,
Perissan,Seignelay,
PREMIERE LIGNE.
DRAGONS,
Colonelle Générale 3 crc.
Beautremont 3
G
CAVALERIE.
MaiConduRoy 13
13
Gendarmerie 8
8
Royal Picdmont 3
SrAgnan 2..
la Tremoille i
7
Royal Allemand 3 Rottembourg 2.
Dfûivpc i
7 Dauphin,
Prince Marfillae,.
2.
Montcil
, 1
7
Choiseul, 1
Courcillon, 2. Dalzeau, z
( 6-
Chcrizy, z*
Royal Roussillon, 3
Commilfairc Générale 3
z
8
62. efc.
IN FANTERIE.
Picardie)
3 bat.
Bourbon, :, i
Nice, 16
Navarre, 3
Bourgogne, 2.
Monroux, 1
6
Bourbonnois, z
Languedoc) 1
Aunis, 2,
-. 6
Royal, 3
Royal Comtois, 2,
Daunay, 1
6
Les Vaisséaux, 3
La Marck, 1
Royal Italien, 1 6Lee,1 Obricn, 1
Dorington, 1
Galmoy, 1
OdondelJ 1
5
Gardes Françoises, 4
Gardes Suisses, 2.
*
Alfacc,a 4
Vczin, 2.
6
La Reine, 3
Haynault) z
Vaugc, I
6
Le Roy, 4
Foix, 1
6
pont, Dreux, Brendle, Lée,
Geoffreville.
Maréchaux de Camp.
Mrs Beauveau, Comte
de Nille
,
Lessars
,
Isenghien,
Mouchy, Miromesnil,
la Mark
,
Chevalier de
Roye.
Brigadiers.
mrs S. Poange, Gaydon,
Daulcane
,
Sandru ky
, Rios
,
Capy, Montal, S.
Morel, Depinay, la Chaux,
May, Grenets, Mercy
,
Sury
,
Lionne, de Lisle,
Remirecourt
,
Gondrin
Beringhen, Meleun,Saa. ,
SECONDE LIGNE.
CAVALERIE.
Colonelle Generale, 3 efc.
S.Poanges, 2.
Ligondez, 2
7 Chartres, 3
Maifontiers, 2-
Clermont, 1
7
Daultannc9
Villiers, z
Grandmonc
2. Aubeterrc"
2.
8
Brabant, 1 S.Phal, 2
Caycux, 1
6
Efclainvilliers,
Rios,zz, S. BHmonrJ
6
Montauban., z
Capy, z :
Cravattes, 3
7
41cfc.
INFANTERIE.
Poitou) z bar.
Lorraine, t
Miromelnil
, 2,
6
Tourraine, z
Charollais) A
Bugey, 2.
6
Limofia,
LaChauxI2.
Boufflcrs,
2.
1 yiliiers Suiflc
, 3
May, 3
6
Brcnqle, 3
SLJrbeçk) 3
6
Gardes de Bavière, 4
4
HefTy, 3
Phiffcr, 3
6
RoyalRoussillon, 2. Lionne,.2.
Laonnois,2.
ÀC
La Fere, 1
Tourncfis., 1
Beauce, 1
6
Tourville, 2.
Barrois, z*
Agenois, i
6
Greder Allemand 2.
Solrc, i
Gondrin, t
6
G3 bac.
CAVALERIE
a Reine) 3 efc.
Seringhen 3
iftaniol
, 1
S
AUTRE RESERVE.
**
Lieutenant General.
Mr de Broglie. Brigadiers,
Mrs Tarneau, Combout,
Pasteur.
CAVALLERIE.
Le Roy, 3efc.
La Tour, z
Beauveau, z
Tarneau, z
9
Combous, z
DuBcflcy, i
Biron, x
6
Houssards de Nerville, I
Pasteur, Dragons, 2.
3
- 18efc.
CAMP SEPARE'.
Lieutenans Generaux.
Mrs Sailly
,
Conflans
Reichberg, duRoZwl,S.,
Fremont.
Maréchaux de Camp.
Mrs S. Morrany
,
Santigny
,Prince Charles.
Brigadiers.
Mrs Nugent, Gassé, Danumis,
Jouy, Girault, S.
Micault,Locatelly, Cloys,
Prince de Bergets, Midefars
,
Flavacourt.
CAVALLERIE.
Royal Etranger, 3 etc.
Villeroy, 3
Nugent fi
,\ S
Dauphin Etranger, y
Vauldray
, '1 2.
Mitignon, 2.
,L , Ir
Bourgogne, 3 Gesvres,t , Viilcquicr, i
7
Orléans, 3
Villeprcux, 1
,
S
Dumalnc, 5
Frczin, z
S Condé, 3
Bourbon, 3
6
Arcobau, 3
Loccelly, 2.
S
Carabiniers, 10
10
Gardes d'Espagne 1,
Gardes de Bavierc z
4
DRAGONS.
Royal, z
Flavacourc, z
5
Gzcfc.
RESERVE.
Brigadiers
Mrs Livry, Se brcr.
INFANTERIE.
Bcüil i bac.
MIrabeau, 1
Nivcrnois, x
1
6
Perche, i
Cambrcfis 1
Spaar, i
6
il
AUTRE CORPS.
Lieutenans Generaux.
Mrs laFiezclicre, Bouzols,
Davaray.
Maréchaux de Camp.
Mrs Costa.Mîmur.
Brigadiers.
MrsThourotte, Montjoye,
Livry.
CAVALLERIE.
Tbourotte, 2.
efc;
Pardeilhan, x Raigecourt, i
6
Cossa)Bav. 3
Posh,Bav. 2.
S
Prince Lambesc,
3
Livry, 2.
Mettre de Camp Gencrale.,
3
8
41efc.
Royal Artillerie, 2. bar.
Bombardiers,
1
3
HoussardsdeRasky 3 etc.
camperont au Quartier
General.
Total des Escadrons,1jl.
TOfl des Bataillons,161.
On a fait depuis plusieurs
détachemens pour l'Allemia9nc.--
Ordrede Bataille de tArmée
des Alliez en Flandres,
commandée par le Duc de
Marlborough.
GENERAUX.
Le Duc deMarlborough,
le Comte de Tilly, le Prince
hereditaire de Hesse, Dopsf,
Prince d'Orange,Bulleau,
Lumelly.
Lieutenans Generaux.
Hompesch , P. H.Hembery
,
P. G. de Hesse
,
Esbach,
Heyden, Murray,
Palland, Holstein
-
Beck
, Rantzau, Withers,Norsh,
Orknay
,
Scoulembourg
, Cadogan, Mans, Temple,
Rosse, Word.
Autres Officiers Généraux.
Kellun, Bothmar Peutz,
S. Laurent, Prifoofe
,
Euvars,
Sibourg, Subin,Vegelin
,
Ranch
,
Ivoy, Hamilton
,
Exk, Pritzelvaitz,
Wittemberg
,
Strakembourg,
Chanclos,Salxemkeylbourg
, Brelembach ,
Hagn, Duvel, Sillion, Russel,
Morisson
,
Hamilton ,
Du Breüil, Stutter,Rublereu
,
Berchoffer, Douglas,
Leinkesfeld,Vorst, Loohaux
,Glinsha
,
Lalech , Sairs,Maesbag.
ESCADRONS.
Royal Ecossois, 3 d.
Royal Irlandois) 3
Lauly, 3
Cadogan, 1
Harwich
) 2
Palmes,
2.
Woord, I
Betmard
, 4
Elle, 3
Wight, t
S.Laurent, 2.
Frecha pcllc, 1
Grosk
, 2.
Pcurz) 1
Sculembourg, 2.
L':"ib, 2.92 Hagn, 4d.
BJlow, 4
BATAILLONS.
Gardes Britanniques, 2.
Royal, 1
Subin, 1
Newton, i
Hasford
, 1
Royal, 1
Privrofc, 1
Erram, 1
Duvcl
, 1
Selvin, 1 Prcftion,i Suron
, 1
Ingolsby, 1
Vecbb, l
SPibnoukrga, abh,I1 Ecclc,I Noorth
, 1 Hamilton,i Wym, 1
Orrcry) i
Gauvin, i
Greck. 1 Milevillc,i Dixprcmbouck, 1
Belling, i
Du Brciiil
, i
Rantzau, i
OrangeJ i
Fagel, i
Holfteinbeck, 1
May, 1
Wigers, 1
Prince Maximilicn, I
Marquel, 1 Lircdal,l Croonsprios, t
Croonsfront,i Chambricr, 1
Wondebourg, 1
CDouoglals)lioc,i1 Muray, 1
Gardes Hollandoifes, 3;
ESCADRONS.
Vandcrnach^ 6-
Tl-J 2,
Oyeu, 1- viiiingosf, 1
Grouvtfiin, 2.
Wirtcmberg
) z
Cralingc, 2.
Chanclosy x
Lalech
, 2.
Er bach
, 2.
Prince bereditaire) 2.
Gardes bleues, 2.
Gardes du Corps, 1
Carabiniers, 4
Srnittcrm, 4
Gardes, j
Generaux de la secondeLigne.
Albemarle. Fagel. Prince
d'Anhalt. ZD
Lieutenans Generaux.
Oyeu,Vittentorf, Lalech,
Athlone, Dohna,Colliers,
Landerfrankenfleiiinatimer.
Autres Officiers Generaux.
Doisting, Hackemborn,
DuPortail, De Veyne Trossel, Berg, Croon,,
GaLJvin, Hasuvoudent
,
Vixou se,Westimiler,Koppel
, Grovenstein, Du Portail
,
Comre Moornay ,
Shemesan,Bechleren,Wauters,
Vandersbeck
,
Wichfurst
, Rador
,
Recdert
Cofcritz, Chambricr, , May,
Smettingh
,
Cronstroon
Wallesf, Benthen, Hum-,
neilicn
,
Bechleren, Wictemhorf.
ESCADRONS.
Leib, 4d.
Etlbreigc, 4
Souvelzi, 4
Anspach, 4
Dorsflinguc, 4
Panevilz, 3
Lcib, 3 9*
Croonrprins, 3
Prince Philippe, 3
Heyden 1
Portai, 3
Cac, 1
Bataillons.
Gardes, 1 :
Leib, zJjt
Croonfprins, 3
Albregl, 2.
Lollern, x
Erpprins, 1 Alsdhna, 1 ;
Varenne, i
Jouy Dhona) i
Hcydcn, 1
Anhn & Zclbz, i
DTenrheol,ler,t1 Gromhonn> t
Cofcritz, i Scamaifter,I
Lerkoors, • 1
Buldeuvin, i
Deticur, 1
Telkelembcrg, 1
Rantzau, 1
Albcrmarle, 1
Scrccshcn, 1
Elft, 1
NSig.clMin, arais, i i Chareause, 1
Inncns, i
Pariot, 1
Maurice, 1
Bugwillz, 1
- Mjçcrail
, r
Dobrobiky, 1 Hauler 1
Bernard, 1
Groy
, 1
Pallannc, 34
Heyden,
,. 2.
llangercberg
, - 2,:
ESCADRONS.
Walleff, i
Hoflcmhomb
, 2.
Saxcmhcylberg
) z
ECK, 1
Humnclben, 1
Guichel, 1
Sgrabemvoir
, z
Voorlt, i
Rechtcren, z
Briftzeelw, 1
Athlonc, 2
Prince dOranse t Gardes du Co0rps,i Dopff, 4
Ordre de Bataille de ïArmie
des Alliez en Flandre, commandée
par le Prince Eugene.
GENERAUX.
Le Prince Eugene
Le Duc de Wirtemberg
,
Le Comte de Velen.
Lieutenans Generaux.
Averoche, Gor dorf
Schwcuzel,Wilcke, Mer-,
y.
GenerauxMajors.
Cheuse, Wessenfelz
Milhan, boisset, , Prince de
Heirc Philipidal
,
Sachen
) d'Albert, Sechembach
, Bonneval
,
Statzfelt, Souchon,
Prince Lobkowirz,
ESCADRONS.
CFolodnitzz,Ho,u[6[ardsd, j Palafi, 6d
Wefterlo, 3
Mercy, 6
LVccylcbn,,33Vd
BATAILLONS.
Holftcin, t
Baadcn, z
Grenadiers, i
Taftring, 1
Dalbcrt, t
Fechembag
, 1
WandcrbCCK, 1
CaGel, 1
Erf Prince Woffcn) 1 Bren Wolffen
, 1
Gardes de Heffc
) 1
Eftcrdc, t
SErçf PhrinwceederHizdlce,l.,111
Romeleny, 1
Sugnen, * T i
Bonnard, [
Preccrnis,
4
Boitfcc.,L11
VanftoKer, 1
Gardes Danoises,i
ESCADRONS.
Leib, Saxon. 4 yt.
Rcmcchcc, 4
Lcib, f1 Alfy-
Weilfenfeiczt , Erf.Prince Hcflc, 4
Chcux, Danois. 2.
Kneyl, 2.
LClb, 2, yt.
Wirtemberg, s
General de lasecondeLigne.
Le Comte de Felz.
Lieutenans Generaux.
Lagnace
,
Caunstz, Vander
bCIK, Schellarr.
Generaux Majors.
Schemetteau,Heynflein,
Sechendorf, La Roche Sterrifelz, , Vtien.
ESCADRONS.
Spleny) HoulTards,J
S. Amour,6d.
Dandignercs, i d.
Wirtembcrg) 4dé
FalKcftcin,6d.
Halzfclr) 3
Shcllart) 3
BATAILLONS.
Grenadiers Pafloc, 1
Sulzbach
, 1
Saxemrneymcing, 1
Iffelbach, 1
Grenad. Wirieïnberg, t
Harinans, 1
SternfeltzJ 2.
Schwartz, t
Etrcrfelz, 1
Caves, 1
Radtnge, 1 Dcucheft, 1
Prince George de He(îe,t
Koomugmac, i
Wcifll-nfelz, 1
WaKerbart, 1
Schendorf, 1
Getz) 1
Furrtemberg, t
Charprins, I
Gardes Saxe, 2.
ESCADRONS.
MilKan,
Spicgçl,1 4z Boinebourg, z
Avcrchcs, 4
Brochcdorf, +
Schemettcau,
Wlrtemberg, 1
Grabo, 1
Rantzau, 2,
Total des deux Armées,
Bataillons, 148
EfèadronsJ2,56
Les Alliez ont aussi fait
des détachemens pour rAl.
lemagne.
Fermer
Résumé : Ordre de Bataille de l'Armée du Roy en Flandres.
Le document expose les ordres de bataille des armées en Flandres, en détaillant les forces françaises et alliées. L'armée française est dirigée par le Maréchal Duc de Villars et le Maréchal de Montesquiou. Les lieutenants généraux de la première ligne incluent Gassion et le Prince de Rohan, parmi d'autres. Les maréchaux de camp et brigadiers sont également répertoriés. Les troupes de cavalerie et d'infanterie sont spécifiées, avec des régiments tels que les Dragons, la Gendarmerie, et divers régiments de cavalerie et d'infanterie comme Picardie, Bourbon, et les Gardes Françaises. L'armée française compte 111 escadrons et 161 bataillons. L'ordre de bataille de l'armée alliée, sous le commandement du Duc de Marlborough, inclut des généraux comme le Comte de Tilly et le Prince héritier de Hesse. Les lieutenants généraux et autres officiers généraux sont également mentionnés. Les escadrons et bataillons alliés sont listés, avec des régiments comme les Gardes Britanniques, les Royal Écossais, et les Royal Irlandois. Les Alliés ont également effectué des détachements pour l'Allemagne. L'ordre de bataille de l'armée alliée commandée par le Prince Eugène comprend des généraux comme le Duc de Wurtemberg et le Comte de Velen. Les lieutenants généraux et généraux majors sont également listés. Les escadrons et bataillons incluent des régiments comme les Holstein, les Baden, et les Grenadiers. Au total, les deux armées comptent 148 bataillons et 256 escadrons. Les Alliés ont également effectué des détachements pour l'Allemagne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
15
p. 28-84
SUITE DE L'ABREGÉ de l'Iliade.
Début :
ARGUMENT du quatrième Livre. AVERTISSEMENT. On a mis dans la suite [...]
Mots clefs :
Troyens, Minerve, Grecs, Combat, Courage, Roi, Jupiter, Iliade, Bataille, Armes, Guerre, Dieu, Général, Junon, Javelot, Pandare, Diomède, Ménélas, Corps, Ordres, Char, Nestor, Chefs, Apollon, Fils, Armée, Agamemnon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SUITE DE L'ABREGÉ de l'Iliade.
SUITE DE L'ABREGE
de tjÜadc.
ARGUMENT
du quatrième Livre.
AVERTISSEMENT.
On A mis dans la suite de
cet Extrait des cedilles ainsi
marquées",,Ellessignifient
dans les endroits où elles se
trouvent,que. le Poëtey fait
parler ses Heros.
LES Dieux estanc à Table
tiennent conseil sur les
affaires de Troyes, vers
I. 4.
Jupiter raille Junon &
Minerve, de ce que de
grandes Déesses. comme
elles se tiennent à l'écart
t
loin des combats, pendant
que Venus qui n'aime que
les jeux& les plaisirs - accompagne
son favori dans
tous les penIs. Il met en
délibération s'il faut rallumer
la guerre entre les
Troyens & les Grecs, ou
les reconcilier par l'exe-
-
cution du traité qu'ils ont
_aIt,,, 'Vers. 5.
19.
Cette proposicion cause
un violent dépit aux deux
Déesses qui préparoient les
plus grands malheurs aux
Troyens. Minerve dissimule
par prudence. Junon
éclatte, & a déclaré, quelque
resolution que l'on
prenne, qu'elle ne consentira
point à la paix.,,
vers 1o. 2. 9.
Jupiter a reproché à
Junon la cruauté avec laquelle
elle poursuit les
Troyens. Ilseplaintdela
violence qu'e lleluy fait en
le forçant de luy abandonner
une Ville qu'il a honorée
sur toutes les autres.
Il l'avertit qu'en revanche,
si jamais dans sa fureur
il veut détruire quelque
Ville qu'elle ait prise
fous sa protection
,
c'est
inutilement qu'elle voudra
s'y opposer.„ vers 30.49.
Junon luy dit qu'il
peut,quandilvoudra,dit
poser d'Argos, de Mycenes
)
& de Sparte; mais
qu'il n'est pas juste qu'elle
perde le fruit de toutes ses
peines. Que tout puissant
qu'il est, il doit avoir pour
elle des égards & de la
complaisance,puisqu'elle
est sa femme & sa soeur.
Enfin elle luy demande
-
qu'il ordonne à Minerve
de descendre dans l'armée
des Troyens pour les exciter
à enfraindre le fraite.
& à insulter les Grecs.,,
vers 50. 67.
Jupiter donne cet ordre
à Minerve.„La Déesse
descend, & dansla course
rapide elle paroist fous la
forme d'une exhalaison
qui s'allume dans l'air, &
qui se partage en mille
feux. Cesigne qui est veu
dans les deuxarmées est
interprété comme un préfage
ou de la fin ou de la
continuation de la - guerre.
35 vers 68. 85.
Minerve prend la réf.
semblance de Laodocus.
fils d'Antenor. Vatrouver
Pandarus fils de Lycaon.
Luy propose « de tirer une
fleche à Menelas. L'encourage
par la gloire qu'il
aura d'avoir abbattu un si
grand guerrier, & par la
recom pense qu'il doit attendre
de Paris. Elle luy
conseille de s'addreffer auparavant
à Apollon Lycien
pour le prier de diriger
le trait.» vers 86. 103.
L'intense Pandarus se
laisse persuader. Peinture
naïve de l'action de Pandarus,
& desmesuresqu'il
prend pour frapper juste
à son but. (Son arc estoit
fait des cornes d'unechevre
sauvage qu'il avoit tuée
à l'affust; chaque corne
avoit seize paumes, c'està-
dire cinq pieds & quatre
pouces.) Il promet une
Hecatombe à Apollon. Il
tire. Le trait part avec impetuosité,
perce le baudrier
,la cuirasse & la lame
de Menelas; entre dans la
chair sans penetrer bien
avant,(car Minerve avoit
pris foin d'affoiblir le coup,
semblable à une mere qui
voyant dormir son enfant,
détourne une mouche opiniastre
qui voudroit le piquer.)
Le fang qui coule
le longdesjambes de Menejas,
compare à la pourpre
dont une femme de
Meonie a peint l'yvoire le
plus blanc, pour en faire
les boffetes d'un mords qui
fait l'admiration & le desir
des plus braves Cavaliers,
filais qui est destiné pour
un Roy. "vers 104. 119.
Agamemnon est effraié
aussi bien que Menelas.
Menelas reprend courage.
Agamemnon éclate contre
la perfidie des Troyens.
Dit que Jupiter ne la laisfera
pas impunie. Prédit
la ruine deTroye. Il s'attendrit,
& ne peut cacher
à son frere la crainte qu'il
a de le perdre - vers 120.
182.
Menelas lera ssure&le
prie de ne point allarmer
les Grecs. n Agamemnon
luy dit « qu'il faut appeller
un Medecin.» Donne ordre
à Talthybius de faire
venir Machaon fils d'Esculape.
Le Herault obeït.
Trouve Machaon & « luy
parle.» Machaon vient.
Visite la playe, & succe
le sang,& y met un appareil
que le Centaure Chiron
avoit autrefois enseigné
à Esculape. vers 183.
ii9*
Cependant les Troyens
s'avancent en bataille. Les
Grecs reprennent leurs armes
, & ne respirent plus
que lecombat. Agamemnon
laissesonchar à Eurymedon
, avec ordre de ne
le pas tenir trop éloigné.
Il parcourt à pied toute
l'armée. « Anime par ses
discours ceux qu'il trouve
disposez à bien faire».
« Réprimandé les autres,»'
les compare à des faons de
biche Arrive prés de la
Gend'armerie Cretoise, la
trouve en bon estat, Idomenée
à la teste, Merion
à la queue.» IllouëIdomenée,
le fait ressouvenir
que dans toutes les occasions;
à la guerre, dans les
festins, il l'atousjours traité
avec distinction". Idomenée
respond « qu'illuy
fera tousjours fidelle».
Agamemnoncontinue son
chemin. Il trouve les deux
Ajax deja armez au milieu
de leurs bataillons; ( ces
bataillons comparez à des
troupeaux assemblez fous
leur pasteur, qui leur cherche
un asile contre l'orage
qu'il prévoit. ) Agamemnon
louë ces deux chefs,
& leur dit qu'il n'a pas besoin
de les exhorter». Il
passe au quartier du vieux
Nestor. Le trouve qui range
ses trou pes en bataille,
& qui encourage leurs
chefs. Noms de ces chefs.
De quelle manière Nestor
disposoit sa cavalerie &son.
infanterie.« Quels conseils
il donnoit à ses cavaliers
». «Sage vieillard,
dit Agamemnon transporté
de joye, plust aux Dieux
que vos forces respondissent
à vostre grand courage
ge, &c.» Nestor respond
» qu'il n'est plus au temps
où il tua de sa main le vaillant
Ereuthalion; mais que
tout vieux qu'il est on le
verra à la teste de ses ECcadrons,
LXquïl serautile
au moins par ses ordres &
par ses conseils
, que cest
là le partage des vieillards
». Agamemnonavance.
Trouve Peteus fils de
Menefthée & Ulysse qui
ne faisoient aucun mouvement
, parce que le bruit
de ce qui estoit arrivé dans
les deux armées n'estoit pas
encore venu jusqu'à eux-
« Il leur fait de sanglants
reproches de leur inaction
». «Ulyflc respond
avec fierte». Le Roy qui
le voitirrité, change de
ton, &«luy parle obligeamment
». Il poursuit
son chemin.VoitDiomede
sur son char avec Sthelenus
fils de Capancé. Diomedene
donnoit aucun
ordre pour le combat. Agamemnon
cc
luy reproche
d'avoir degeneré dela
vertu de son pere Tydée,
luy rappelle une occasion
d'éclat, ou Tydée signala
son courage contre les
Thebains». Diomede par
respect pour le Roy ne respond
rien.Sthelenus prend
la parole & dit(( qu'ils ne
meritent ny l'unny l'autre
ie reproche qu'on leur fait,
se piquent tous deux avec
raison d'estre plus braves
encore que leur pere».
Diomede represente à
Sthelcnus que le Roy qui a
le principal interest à tout
ce qui se passe, est en droit
de leur parler comme il
fait.„ Diomede en mef-
1
me temps faute de dessus
son char. - "veys 421. 419.
On voit marcher au
combat les nonbreufes
Phalanges des Grecs, semblables
à des flots amoncelez
par les vents. Elles
suivent leurschefs dans un
profond filen-ce, pour entendre
leurs ordres. Ilsemble
3
dit le Poëre, que cette
multitude innombrable de peuples
n'ait point de njoïx. Les
Troyens au contraire,
comme des brebis qui bêlent
dans un grand patu-
Tage, sont un bruit confus
qui resulte du mélange de
leurs voix & de la diversité
des langues de toure sorte
de peuples qui forment
leurarmée, vers411.438.
Les Troyens sont animez
par le Dieu Mars, &
les Grecs par la Déesse Minerve.
Ces deux Divinitez
font suivies de la Terreur,
de la Fuite & de l'insatiable
Discorde, Image poëtique
de la Discorde. Son
progrez. Ses effets. vers
43""45.
Les deux armées se joignent
J
& en viennent aux
mains. Description de leur
choc. Le bruit des guerriers
comparé à celuy que
font d'impetueux torrens
grossis par les pluyes. vers
446, 456.
Antiloque le premier tuë
Echepolus,un des plus braves
Troyens. Elephenor
General des Abantes, voulant
le dépouiller de ses
armes,est rué par Agenor.
Il se fait en cet endroit
une cruelle boucherie des
Grecs & des Troyens qui
se jettent les uns sur les autres
comme des loups affaniez.
Simoïsius (ainsi nom.
me parce que Ía mere accoucha
de luy sur les rives
du Simoïs) est tué à la fleur
de son âge par Ajax fils
de Telamon. Il tombe sur
la poussiere comme un jeune
peuplier abbattu par le
fer d'une coignée. Antiphus
un des filsdePriam,
veut venger la mort deSimoïsius.
illance son javelot
contre Ajax; mais il
rencontre au lieu de luy
Leucus compagnond'Ulysse.
Leucus tombe sur le
corps de Simoïssus qu'il entraisnoit.
Ulysseaffligéde
cette perte, s'approche des
Troyens d'un air terrible.
Regarde autour de luy
pour chercher sa victime.
Il lance son dard. Les
Troyens effrayez se retirent
en desordre. Le javelot
va frapper Democoon
fils naturel de Priam, &
lerenverse mort. Les Troyens
reculent. Hectorluymesmeestépouventé.
Les
Grecs enflez de ces avanta
ges vont chercher les
corps morts jusqu'au milieu
de la meslée pour les
entraisner.
entraisner. Apollon irrité
de leur audace se fait entendre
aux Troyens du
hautde la forteressed'Ilion,
les exhorte & les encourage
; leur represente sur
tout qu'Achille ne combat
point„. Minerve de son
colté anime les Grecs. Pi-,
roüs General des Thraces
tuë Diorés chefdes Epéens
aprés l'avoir blessé d'un
coup de pierre. Thoas General
des Etoliens lance
son javelot contre Piroiis,
& l'acheve de son épée. Ils
vont le dépoüiller de fe$
armes, mais il en est empesché
par les Thraces qui
tombent sur luy à coups
de piques,& l'obligent de
seretirer. vers 457. 539.
-
Homere parle des ex-
FJqics de cette journée
comme d'un grand sujet
d'admiration pour un homme
que Minerve auroic
conduit par la main, & à
qui elle auroit fait parcourir
sans danger tous les endroits
de la bataille. Il auroit
veu les Troyens&les
Grecs estendus les uns prés
des autres à la mesme place
où ils avoient combat-
EU. vers544.
AKGVMENT
du cinquièmeLivre.
La jour de cette action
Minerve augmente le courage
deDiomede. Deson
calque & de son bouclier
forcoitcontinuellementun
fçjXrfemblable à celuy de
Veftoitle qui paroistà lafin
àçl'Eflre'.LaDéessè pousse
ÇÇignprr-ier au milieu dela ~n~~ j, vers 1. 8.
o.
~~q~Phesep tous deux
fils de Darés Sacrificateur
deVulcain,poussent leur
char contreDiomede qui
estoit à pied. Phegée le
premier lance ion dard
contre luy sans le blesser.
Diomede le perce de son
javelot
, ôc l'estend mort
surla place. Idée n'ayant
pas le courage de sauver
le corps de son frere, prend
la suite. Vulcain le couvre
d'un nuage & le dérobe
aux poursuites de Diomede
j pour épargner àDarés
le chagrin de perdre Ces
deui filsenun jour. Diomede
fait emmener leurs
chevaux. Les Troyens
commencent à plier. Minerve
pour augmenter leur
desordre,ditàMars«qu'il
faut laisser combattre les
Troyens & les Grecs, &
ne plus resister aux ordres
de Ju piter.„ Elle le retire
du combat, & le fait repofer
sur les rives du Scamandre.
Les Grecs enfoncent
lesTroyens. * a/fw9.37,
Odius chef des Alizoniens
est tué par Agamenvnon.
Phestus par Idomenée.
Scamandrius par Me.
nelas. (Ce Scamandrius
estoit fort entendu dans
tout ce qui concerne la
charte, & avoit esté instruit
par Minerve.) Phereclus
est tué par Merion.
( Phereclus fils d'un habile
charpentier, avoir bâti les
vaisseaux que Pâris mena
en Grece.) Pedée fils naturel
d'Antenor
,
est tué
par Megés. Eurypile blesse
Hypsenor.(Hypsenorestoit
filsde Dolophionqui
estoit Sacrificateur du Scamandre.)
rUers Î7- 83-
Idomenéesemblable à
un fleuve, qui dans ion débordement
emporte tout
ce qui s'oppose à son passage,
renverse les barait.
lons des Troyens;rien ne
luy resiste. vers 85. 94.
Pandarus, pour arrester
son audace, luy tire une
flèche qui luy traverse l'épaule
droite, & croyant
l'avoir blessé mortellement
il s'en glorifie,,, Sthele*-
jius, ( à la prière deDiomede
) luy oste cette fléche.
Diomede prie Pallas
<c de luy prester son secours
pour se venger de
Pandarus
5
& le punir de
son orguëll.,,Pallas l'exauce.
Luy redonne toutes
ses forces & route sa
legereté.Elle luy dit,
qu'il peut aller hardiment
contre les Troyens;qu'elle
a dissipé le nuage qui
l'auroit empesché de discerner
les Dieux d'avec les
hommes
:
qu'il se garde
bien de combattre contre
les Immortels, si ce n'est
contre Venus sur qui elle
luy permet de tirer.„
vers 95. 132.
Minerve se retire. Diomede
qui se sent trois fois
plus fort qu'à l'ordinaire,
se jette au milieu des ennemis.
Est comparé à un
lion qu'un berger ablesse,
& qui devenu plus furieux;
se lance sur les brebis effrayées
qui se tapissent les
unes fous les autres pendant
que le berger se cache.
Diomedetuë d'abord
Astynoüs & Hypenor.
Ensuite Abas & Poluïde,
tous deux fils du vieux Eurydamas
qui estoit Interprete
des songes. Il marcheversThoon
&Xanthe
enfans de Phenops,prive
ce pere malheureux de ses
deux filsàla fois, &luy
laisse la douleur de voir que
sa successiondoitpassèrà
des collateraux esloignez.
Diomede., comme un lion
qui se jette surun troupeau
de boeufs, tombe encore surEchemon & Chromius
enfans de Priam, les préçipite
de leur char ,les dépoüille
de leurs armes, &
prend leurs chevaux.vers
133. 16s.
Enée qui voit tous ces
ravages, cherche Pandarus
a travers les picqucs &
les javelots. Ille joint de
l'exhorte à se servir encore
deson arc& de ses
traitscontre un homme
qui cause tant de defor-
-.
dres
, ( si ce n'est que ce
guerrier dangereux soit
quelqu'un des Immortels
irrité contre lesi Grecs) ,,.
Pandarus respond qu4»I
croit reconnoistreDiomede
à sa raille & à ses armes*
Que si ce guerrier n'est pas
un Dieu,aumoinsDiomede
ne peut faire tant de
prodiges sans le secours
d'une Divinité toute puisfante.
Se repent d'avoir
laissé chez luy, contre l'avis
de son pere, onze chars
inutiles par la crainte que
ses chevaux ne souffrissent
trop dans une ville affiegée.
Se plaintd'avoir desjablessé
deux des plusvaillans
hommes, sans autre
effet que de les avoir rendus
plus furieux. Jure que
s'il revoit sa patrie, il commencera
par bruler cet
arc & ces fléches qui l'ont
si mal servi.,, Enée luy
dit cC de monter sur son
char qui est tiré par cTcxcellens
chevaux, & luy
laisse le choix ou de tenir
les resnes, ou de combattre
contre Diomede. 9%
Pandarustc conseille à Enée
de conduire luy -
mesme
ses chevaux qui connoissent
savoix & sa main;
que pourluy il recevra
Diomede avec sa lance.
Ils montent tous deux sur
le char,& vont à toute
bride contre Diomede
(quiestà pied.) Sthelenus
qtuiitles voit venir, en aver- Diomede,&" luy conseille
de les éviter.,, Diomede
'c respond qu'il n'est
pas capable de fuir, & que
ces deuxennemis si redoutables
ne retournerons
point àTroye ;luy recommande
seulement dem*
mener les chevaux d'Eiree
aussitost qu'il fera vaincu; les chevaux d'Enée ef.,
toient de la race de ceux
dont Jupiter fit presentà
Tros. ),., 0tvers16(3.zyj,
Pandarus & Enée sont
en presence. de Diomede;
Pandarus-ile, premierdità
Diomede qu'iln'a peule
vaincre avec sa fléche,
mais qu'il fera peutestre
plus heureux avec son javelot.„
En mesme temps
il lance son dard qui perce
le bouclier jusqu'à la cuirasse.
Pandarus~s'écrie~
glorieux decesuccez. Diomede
luy dit qu'il a manqué
son coup. Le frappe
de son javelot que Minerve
conduisoit
, & qui traverse
depuis l'oeil jusqu'à
la gorge. Pandarus tombe
de son char. Enée se met
en devoir de deffendre: le
corps de sonamy. Diomede
prend une grosse pierre,
telle que deux hommes à
- peinel'auroient peu lever.
Il l'a jette contre Enée, &
luy brife la cuisse. Enée
tombe sur ces genoux &
s'affoiblit. Venus le prend
entre ses bras, le couvre
de sa robe, & l'emporte.
Sthelenus, qui se souvient
des ordres de Diomede 9
prend les chevaux d'Enée
les emmeine, les remetà
son amy Deïphilus, & va
rejoindre Diomede. Diomede
,qui a reconnu Venus
,
la poursuit avec un
-
dard
dard,&la blesse à la main.
Le fang immortel coule de
sa playe. Le fang desDieux
different de celuy des hommes,
& pourquoy.Venus
laisse tomber Enée,Apollon
le releve, le couvre
d'un nuage & l'emporte,
Diomede parle en termes
picquans à Venus qui se
retire tres-affligée. Iris l'a
soustient. Elles trouvent
Mars. Venus le conjure
de luyprester ses chevaux
pour s'en retourner dans
l'Olympe.„Mars luy donna
son char. Iris le conduit.
Elles arrivent en un
moment. Iris dérelle les
chevaux, & en prend soin-
Venus se laisse tomber sur
les genoux de Dioné sa
mere. Dipné luy demande
cc qui luy a fait cette
blesseure.,, Venus respond
ic que Diomede a eu cette
audace, & que ce nretl: plus
icy une guerre des Grecs
contre les Troyens,mais
desGrecscontre les Dieux.
Dioné la console
,
luy dit
que ce n'est pas la - première
fois que les Dieux
ont esté insu Irez. par leshommes.
( Exemples, de
Mars, de Junon, &de Pluton;)
Que Diomede doit
craindre de porter quelque
jour la peine de sa temerité.„
Dionéessuye le
fang qui coule de la blesseure
de sa fille. Venus est
guene en un moment. 'Vers
275- 417.
Junon & Minerve entretiennent
Jupiter de ce qui
vient d'arriver à Venus.
Ce Plaisanterie de Minerve
a ce sujer. Jupiter foufritsappelle
Venus & u. luy recommande
de ne plus s' exposer.
4, Diomede par trois fois
se jette sur Enée.) quoy
gqnapollon l'ait pris fous
sa protection. A la quatriéme
fois ce Dieu irrité
cc luy parle d'un ton
menaçant." Diomede se
retire. Apollon porte Enée
dans son Temple sur la Citadelle
de Pergame. Latone&
Diane ont foin ellesmesmes
de le panser. ven
432. 44^
Apollon voyant que le
combat s'echauffe autour
d'un phantofme qu'il avoit
formé ressemblant à Enéc
pour tromper les Grecs,
demande à Mars, «
s'il n'y
a pas moyen d'arrester ce
Diomede qui porte sa fureur
jusqu'a poursuivre les
Dieux,,,. Ensuiteilseretire
sur la Citadelle. Mars
prend la reffernblance d'Acamas
General des Thraces.
Va de rang en rang..
«Se fait entendreaux Tro..
yens & les anime.» Sarpedon
picque le courage de
Hector par le reproche
qu'il luy fait de son inaction
, & de la lascheté de
ses freres qui tremblent
,
comme des chiens timides
en presencedun lion.»
Hector, sans repliquer
faute de son char, un jave.
lot à la main, exhorte les
Troupes. LesTroyens se
rallient. LesEscadrons des
Grecs viennent fondre sur
eux. La poussiere qu'ils élevent,&
dontilssont tout
blanchis, comparée a celle
qui couvre ces monceaux
de paille que des vanneurs
ont separée d'avec le grain.
Le combat recommence.
Enée, qu'Apollon a retiré
du Temple où il l'avoit
mis, reparoist à la reste de
ses.troupes avec toute sa
vigueur. Les soldatstransl
portezdejoyefontsurpris
en meme tem ps de le revoir
siicst ; mais l'ardeur
du combatne leur permet
pas de l'interrogersur une
si prompte guerison. ira
449.518.
: Les Grecs animez, par
lpes dIeuxlAja.x, parUlysse, attendent
les Troyens de pied ferme
,SemblablesÀ desnuages:
aÍfemblez:, qui n'attendent
que le reveil des
vents endormis pourestre
mis en mouvement. vers
Jr9. J17-
Agamemnon donne (es
ordres « Exhorte ses soldats
» Ensuite il lance son
javelot & tueDeïcoon le
pluscher compagnon d'Enée.
Enée de son costé tue
Crethon & Orsiloqueensans
de Dioclés, qui avoir
pour ayeul le' fjeuve Alphée.
Crethon & Crbiloque
com parez à deux jeunes
lions, qui aprèsavoir
laisse par tout des marques
de
de leur furie , succombent
enfin fous l'effort des pasteurs.
Ces deux jeunes
guerriers tombent fous les
coups d'Enée comme les
plus hauts sapins abbattus
par les vents. Menelas,
pour les venger, s'avance
au milieu des combattansf
pouffé par le Dieu Mars,
qui ne cherche qu'à le faire
perir de la main d'Enée.
Antiloque voyant le peril
où Menelas s'expose, court
se joindre à luy. Enée qui
voit ces deux guerriers
unis, seretire. Ilsenlevent
les corps de Crethon &
d'Orsiloque;ensuite ils retournent
dans lameslée.
Menelas tue Pylemenés
qui commandoit les Paphiagoniens.
Antiloque
blesse Mydon d'un coup
de pierre, l'acheve de Ton
épée, & emmene ses chevaux.
vers528.589
Hector ayant apperceu
Menelas & Antiloque
inarche à , eux avec impetuosiré.
Les Troyens le
suivent. Mars & Bellone
sontà leur reste.Mars accompagne
par tout Hector.
Diomede voyant ce
Dieu terrible) est saisi de
frayeur. Son estonnement
comparé à celuy d'un voyageur
qui, après avoir
traversé de vastes campagnes,
voit tout d'un coup
un grand fleuve, & retourne
sur ses pas. Diomede
se retire en disant aux
Grecs,M qu'il faut ceder
auxDieux.» WJ590.606.
LesTroyensondent sur
les Grecs. Hector tue de
sa main Menofthés & Anchiale.
Ajax fils de Telamon
s'avance pour les
Ranger, & tue Amphiusde ioix
javelot. Il accourt ensuite pour
le dépouillerj mais les Troyens
font pleuvoir sur luy une gresle
de traits, & l'obligent de se- retirer. Vers 607. 616*
Sarpedon filsde Jupiter, &
General des Lyciens, & Tle-*
poleme fils d'Hercule se ren..,
contrent.« Ils se parlent quelque
temps au sujet du parjurede
Laoimedon que Tlepoleme
reproche à Sarpedon:» Ces
deux guerriers après« s'estre
menacez fierement» lancent
leurs dards lun contre l'autre.
Les traits partent ensemble,
Sarpedonest blesséà la clÜiTe
Le dard y demeure attaché.
Tlepoleme tombe sans vie.
On emporte Sarpedon. Les
Grecs enlevent le corps de
Tlepoleme. Ulysse
, pour le
venger, tourne les armes contre
les Lyciens & en tuë un
grand nombre. Noms des Lyciens
tuez par Ulvsse. Hector
s'avance contre luy pour arrester
ses desordres.. Srrpedon
voyant Hector le prie de ne le
pas laisser en proye à ses ennemis.
» Hector passe rapidement
pour aller charger les
Grecs. Les amis de Sarpedon
le mettent fous un grand chefne.
Pelagon luy tire le javelot
de sa playe. Sarpedon s'évanouit.
Borée le rafraifchit
de son [ouille) & le ranime.
Les Grecs qui ne peuvent fouflenir
le choc du Dieu Mars
& d'Hector, se battent en re..
traite sans prendre la suite,
Noms de plusieurs braves Capitaines
tuez a cette attaque..
vers 628. 710.
Junon voyant ce qui sepasse,
dit à Minerve" qu'ilest temps
d'arrester les ravages de Mars,
& de secourir les Grecs. » Junon
prepare elle
-
mesme ses
chevaux. La Déesse Hebé luy
appresteun char superbe. Description
de ce char. Minerve
quitte ses habits pour s'armer.
Quelles font ses armes. Son
Egide. Son casque. Sa pique.
Les deux Déesses montées sur
leur char éclatant, vont à toute
bride au palais de Jupiter.
Les portes de l'Olympe,qui
font gardées par les Heures,
s'ouvrent d'elles-mesmes avec
un grand bruit. Junon parle à
Jupiter & luy demande" s'il
veut permettre de reprimer les
fureurs de Mars , & de blesser
cet insensé qui ne reconnoist
d'autre droit que la force
,,, Jupiter luy dit" de donner ce
soin à Minerve qui est accoustuméeà
le vaincre." vers 711. 766..
Junon accompagnée de Minerve
pousse ses chevaux qui
courent avec impetuositéentre
le Ciel & la terre. ( Les
chevaux des Dieux franchissent
d'un seul fault autant d'espace
qu'un homme assis sur un
cap eslevé au bord de la mer
en peutdécouvrir sur cette va- se étendue.) Les Déesses arrivent
prés de Troye. Junon
dételle les chevaux. Les environne
d'un nuage. Le Simoïs
fait naistre l'ambrosie sur ses
rives pour leur pature. Les
Déesses marchent ensemble
comme deux colombes&vont
secourir les Grecs, vers 767.
779.
Elles trouvent Diomede entouré
des plus braves guerriers
semblables aux plus frers lions,
& aux sangliers les plus terribles.
Junon s'arreste. Prend
la ressemblance de Stentor dont la , voix d'airain estoit plus
forte que celle de cinquante
hommes ensemble. Elle parle
aux Grecs, &Il les anime.,,
Minerve de son costé s'approche
de Diomedequi s'estoit retiré
un peu à l'écart pour rafraifchir
la playe que Pandarus
luy avoit faite. Elle luy
reproche de s'affoiblir quand
il faut agir, 5c de ne ressembler
gueres à son pere Tydée qu'-
elle protegeoit auAi bien que
luy
, & dont elle ne pouvoit
retenir le courage Elle luy rappelle
l'aventure de Tydée avec
les Dépendants de Cadmus.
Diomede respond
(c
qu'il ne
manque ny de force ny de resolution
,
mais qu'il se souvient
des deffenses qu'elle luy a faites
de combattre contre les
Dieux : Que Mars est maintenant
à la teste des Troyens. » Minerve luy dit de ne point
craindre Mars, 8c de le frapper
hardiment s'il vient à sa
rencontre; qu'audi bien celt
un perfide qui prend le party
des Troyens contre la promes-.
se qu'illuy avoit faite & à Junon
, de favoriser les Grecs.»
Elle fait descendre Sthelenus
& monte à sa place auprès de
Diomede sur son char. Elle
prend le casque de Pluton pour
n'estre point veuë. Pouffe les
chevaux contre Mars. Mars,,
qui vient de tuer Persphas ,
voyant Diomede
3
s'avance, &
luy veut porter un coup de sa
pique. Minervedétourne le
coup, conduit celle de Diornede
contre Mars, & la kiy fait
entrer bien avant dans les costes.
Mars la retire, & jette
un cry semblable à celuy d'une
armée de neuf ou dix mille
hommes. LesTroyens & les
Grecs en font épouvantez.
Mars retourne dans l'Olympe.
Diomede le voir s'élever comme
un nuage obscur. vers 780. 867** - Mars montrant à Jupiter le
fang qui coule de sa playe, luy
dit « qu'il a engendré une fille
pernicieusè qui se croit tout
permis, parce qu'il ne la corrige
pas pendant qu'il traite
avec severité les autres Dieux.
Que c'est Minervequi a inspiré
à Diomede l'audace debiesfer
Venus & luy ensuite.» Jupiter
rejette sa plainte, & luy
dit qu'ilest luy - mesme un
inconstant & un furieux qui
n'aime que les querelles,& que
s'il n'estoit pas son fils il y a
long-temps qu'ill'auroit precipité
dans les abylmesavec les
Titans,» Jupiter cependant
donne ordre à"'Pæon"de le guérir.
Pæonobéît& le guerit sur
le champ avec un baume exquis
qui fait sur la playe le mesme
effet & aussi promptement
que la presure sur le lait. Hebé
après avoir preparé un bain
pour Mars, luy donne des habits
magnifiques. Mars se place
auprès de Jupiter. Junon &
Minerve ne sont pas longtemps
sans remonter au Ciel.
de tjÜadc.
ARGUMENT
du quatrième Livre.
AVERTISSEMENT.
On A mis dans la suite de
cet Extrait des cedilles ainsi
marquées",,Ellessignifient
dans les endroits où elles se
trouvent,que. le Poëtey fait
parler ses Heros.
LES Dieux estanc à Table
tiennent conseil sur les
affaires de Troyes, vers
I. 4.
Jupiter raille Junon &
Minerve, de ce que de
grandes Déesses. comme
elles se tiennent à l'écart
t
loin des combats, pendant
que Venus qui n'aime que
les jeux& les plaisirs - accompagne
son favori dans
tous les penIs. Il met en
délibération s'il faut rallumer
la guerre entre les
Troyens & les Grecs, ou
les reconcilier par l'exe-
-
cution du traité qu'ils ont
_aIt,,, 'Vers. 5.
19.
Cette proposicion cause
un violent dépit aux deux
Déesses qui préparoient les
plus grands malheurs aux
Troyens. Minerve dissimule
par prudence. Junon
éclatte, & a déclaré, quelque
resolution que l'on
prenne, qu'elle ne consentira
point à la paix.,,
vers 1o. 2. 9.
Jupiter a reproché à
Junon la cruauté avec laquelle
elle poursuit les
Troyens. Ilseplaintdela
violence qu'e lleluy fait en
le forçant de luy abandonner
une Ville qu'il a honorée
sur toutes les autres.
Il l'avertit qu'en revanche,
si jamais dans sa fureur
il veut détruire quelque
Ville qu'elle ait prise
fous sa protection
,
c'est
inutilement qu'elle voudra
s'y opposer.„ vers 30.49.
Junon luy dit qu'il
peut,quandilvoudra,dit
poser d'Argos, de Mycenes
)
& de Sparte; mais
qu'il n'est pas juste qu'elle
perde le fruit de toutes ses
peines. Que tout puissant
qu'il est, il doit avoir pour
elle des égards & de la
complaisance,puisqu'elle
est sa femme & sa soeur.
Enfin elle luy demande
-
qu'il ordonne à Minerve
de descendre dans l'armée
des Troyens pour les exciter
à enfraindre le fraite.
& à insulter les Grecs.,,
vers 50. 67.
Jupiter donne cet ordre
à Minerve.„La Déesse
descend, & dansla course
rapide elle paroist fous la
forme d'une exhalaison
qui s'allume dans l'air, &
qui se partage en mille
feux. Cesigne qui est veu
dans les deuxarmées est
interprété comme un préfage
ou de la fin ou de la
continuation de la - guerre.
35 vers 68. 85.
Minerve prend la réf.
semblance de Laodocus.
fils d'Antenor. Vatrouver
Pandarus fils de Lycaon.
Luy propose « de tirer une
fleche à Menelas. L'encourage
par la gloire qu'il
aura d'avoir abbattu un si
grand guerrier, & par la
recom pense qu'il doit attendre
de Paris. Elle luy
conseille de s'addreffer auparavant
à Apollon Lycien
pour le prier de diriger
le trait.» vers 86. 103.
L'intense Pandarus se
laisse persuader. Peinture
naïve de l'action de Pandarus,
& desmesuresqu'il
prend pour frapper juste
à son but. (Son arc estoit
fait des cornes d'unechevre
sauvage qu'il avoit tuée
à l'affust; chaque corne
avoit seize paumes, c'està-
dire cinq pieds & quatre
pouces.) Il promet une
Hecatombe à Apollon. Il
tire. Le trait part avec impetuosité,
perce le baudrier
,la cuirasse & la lame
de Menelas; entre dans la
chair sans penetrer bien
avant,(car Minerve avoit
pris foin d'affoiblir le coup,
semblable à une mere qui
voyant dormir son enfant,
détourne une mouche opiniastre
qui voudroit le piquer.)
Le fang qui coule
le longdesjambes de Menejas,
compare à la pourpre
dont une femme de
Meonie a peint l'yvoire le
plus blanc, pour en faire
les boffetes d'un mords qui
fait l'admiration & le desir
des plus braves Cavaliers,
filais qui est destiné pour
un Roy. "vers 104. 119.
Agamemnon est effraié
aussi bien que Menelas.
Menelas reprend courage.
Agamemnon éclate contre
la perfidie des Troyens.
Dit que Jupiter ne la laisfera
pas impunie. Prédit
la ruine deTroye. Il s'attendrit,
& ne peut cacher
à son frere la crainte qu'il
a de le perdre - vers 120.
182.
Menelas lera ssure&le
prie de ne point allarmer
les Grecs. n Agamemnon
luy dit « qu'il faut appeller
un Medecin.» Donne ordre
à Talthybius de faire
venir Machaon fils d'Esculape.
Le Herault obeït.
Trouve Machaon & « luy
parle.» Machaon vient.
Visite la playe, & succe
le sang,& y met un appareil
que le Centaure Chiron
avoit autrefois enseigné
à Esculape. vers 183.
ii9*
Cependant les Troyens
s'avancent en bataille. Les
Grecs reprennent leurs armes
, & ne respirent plus
que lecombat. Agamemnon
laissesonchar à Eurymedon
, avec ordre de ne
le pas tenir trop éloigné.
Il parcourt à pied toute
l'armée. « Anime par ses
discours ceux qu'il trouve
disposez à bien faire».
« Réprimandé les autres,»'
les compare à des faons de
biche Arrive prés de la
Gend'armerie Cretoise, la
trouve en bon estat, Idomenée
à la teste, Merion
à la queue.» IllouëIdomenée,
le fait ressouvenir
que dans toutes les occasions;
à la guerre, dans les
festins, il l'atousjours traité
avec distinction". Idomenée
respond « qu'illuy
fera tousjours fidelle».
Agamemnoncontinue son
chemin. Il trouve les deux
Ajax deja armez au milieu
de leurs bataillons; ( ces
bataillons comparez à des
troupeaux assemblez fous
leur pasteur, qui leur cherche
un asile contre l'orage
qu'il prévoit. ) Agamemnon
louë ces deux chefs,
& leur dit qu'il n'a pas besoin
de les exhorter». Il
passe au quartier du vieux
Nestor. Le trouve qui range
ses trou pes en bataille,
& qui encourage leurs
chefs. Noms de ces chefs.
De quelle manière Nestor
disposoit sa cavalerie &son.
infanterie.« Quels conseils
il donnoit à ses cavaliers
». «Sage vieillard,
dit Agamemnon transporté
de joye, plust aux Dieux
que vos forces respondissent
à vostre grand courage
ge, &c.» Nestor respond
» qu'il n'est plus au temps
où il tua de sa main le vaillant
Ereuthalion; mais que
tout vieux qu'il est on le
verra à la teste de ses ECcadrons,
LXquïl serautile
au moins par ses ordres &
par ses conseils
, que cest
là le partage des vieillards
». Agamemnonavance.
Trouve Peteus fils de
Menefthée & Ulysse qui
ne faisoient aucun mouvement
, parce que le bruit
de ce qui estoit arrivé dans
les deux armées n'estoit pas
encore venu jusqu'à eux-
« Il leur fait de sanglants
reproches de leur inaction
». «Ulyflc respond
avec fierte». Le Roy qui
le voitirrité, change de
ton, &«luy parle obligeamment
». Il poursuit
son chemin.VoitDiomede
sur son char avec Sthelenus
fils de Capancé. Diomedene
donnoit aucun
ordre pour le combat. Agamemnon
cc
luy reproche
d'avoir degeneré dela
vertu de son pere Tydée,
luy rappelle une occasion
d'éclat, ou Tydée signala
son courage contre les
Thebains». Diomede par
respect pour le Roy ne respond
rien.Sthelenus prend
la parole & dit(( qu'ils ne
meritent ny l'unny l'autre
ie reproche qu'on leur fait,
se piquent tous deux avec
raison d'estre plus braves
encore que leur pere».
Diomede represente à
Sthelcnus que le Roy qui a
le principal interest à tout
ce qui se passe, est en droit
de leur parler comme il
fait.„ Diomede en mef-
1
me temps faute de dessus
son char. - "veys 421. 419.
On voit marcher au
combat les nonbreufes
Phalanges des Grecs, semblables
à des flots amoncelez
par les vents. Elles
suivent leurschefs dans un
profond filen-ce, pour entendre
leurs ordres. Ilsemble
3
dit le Poëre, que cette
multitude innombrable de peuples
n'ait point de njoïx. Les
Troyens au contraire,
comme des brebis qui bêlent
dans un grand patu-
Tage, sont un bruit confus
qui resulte du mélange de
leurs voix & de la diversité
des langues de toure sorte
de peuples qui forment
leurarmée, vers411.438.
Les Troyens sont animez
par le Dieu Mars, &
les Grecs par la Déesse Minerve.
Ces deux Divinitez
font suivies de la Terreur,
de la Fuite & de l'insatiable
Discorde, Image poëtique
de la Discorde. Son
progrez. Ses effets. vers
43""45.
Les deux armées se joignent
J
& en viennent aux
mains. Description de leur
choc. Le bruit des guerriers
comparé à celuy que
font d'impetueux torrens
grossis par les pluyes. vers
446, 456.
Antiloque le premier tuë
Echepolus,un des plus braves
Troyens. Elephenor
General des Abantes, voulant
le dépouiller de ses
armes,est rué par Agenor.
Il se fait en cet endroit
une cruelle boucherie des
Grecs & des Troyens qui
se jettent les uns sur les autres
comme des loups affaniez.
Simoïsius (ainsi nom.
me parce que Ía mere accoucha
de luy sur les rives
du Simoïs) est tué à la fleur
de son âge par Ajax fils
de Telamon. Il tombe sur
la poussiere comme un jeune
peuplier abbattu par le
fer d'une coignée. Antiphus
un des filsdePriam,
veut venger la mort deSimoïsius.
illance son javelot
contre Ajax; mais il
rencontre au lieu de luy
Leucus compagnond'Ulysse.
Leucus tombe sur le
corps de Simoïssus qu'il entraisnoit.
Ulysseaffligéde
cette perte, s'approche des
Troyens d'un air terrible.
Regarde autour de luy
pour chercher sa victime.
Il lance son dard. Les
Troyens effrayez se retirent
en desordre. Le javelot
va frapper Democoon
fils naturel de Priam, &
lerenverse mort. Les Troyens
reculent. Hectorluymesmeestépouventé.
Les
Grecs enflez de ces avanta
ges vont chercher les
corps morts jusqu'au milieu
de la meslée pour les
entraisner.
entraisner. Apollon irrité
de leur audace se fait entendre
aux Troyens du
hautde la forteressed'Ilion,
les exhorte & les encourage
; leur represente sur
tout qu'Achille ne combat
point„. Minerve de son
colté anime les Grecs. Pi-,
roüs General des Thraces
tuë Diorés chefdes Epéens
aprés l'avoir blessé d'un
coup de pierre. Thoas General
des Etoliens lance
son javelot contre Piroiis,
& l'acheve de son épée. Ils
vont le dépoüiller de fe$
armes, mais il en est empesché
par les Thraces qui
tombent sur luy à coups
de piques,& l'obligent de
seretirer. vers 457. 539.
-
Homere parle des ex-
FJqics de cette journée
comme d'un grand sujet
d'admiration pour un homme
que Minerve auroic
conduit par la main, & à
qui elle auroit fait parcourir
sans danger tous les endroits
de la bataille. Il auroit
veu les Troyens&les
Grecs estendus les uns prés
des autres à la mesme place
où ils avoient combat-
EU. vers544.
AKGVMENT
du cinquièmeLivre.
La jour de cette action
Minerve augmente le courage
deDiomede. Deson
calque & de son bouclier
forcoitcontinuellementun
fçjXrfemblable à celuy de
Veftoitle qui paroistà lafin
àçl'Eflre'.LaDéessè pousse
ÇÇignprr-ier au milieu dela ~n~~ j, vers 1. 8.
o.
~~q~Phesep tous deux
fils de Darés Sacrificateur
deVulcain,poussent leur
char contreDiomede qui
estoit à pied. Phegée le
premier lance ion dard
contre luy sans le blesser.
Diomede le perce de son
javelot
, ôc l'estend mort
surla place. Idée n'ayant
pas le courage de sauver
le corps de son frere, prend
la suite. Vulcain le couvre
d'un nuage & le dérobe
aux poursuites de Diomede
j pour épargner àDarés
le chagrin de perdre Ces
deui filsenun jour. Diomede
fait emmener leurs
chevaux. Les Troyens
commencent à plier. Minerve
pour augmenter leur
desordre,ditàMars«qu'il
faut laisser combattre les
Troyens & les Grecs, &
ne plus resister aux ordres
de Ju piter.„ Elle le retire
du combat, & le fait repofer
sur les rives du Scamandre.
Les Grecs enfoncent
lesTroyens. * a/fw9.37,
Odius chef des Alizoniens
est tué par Agamenvnon.
Phestus par Idomenée.
Scamandrius par Me.
nelas. (Ce Scamandrius
estoit fort entendu dans
tout ce qui concerne la
charte, & avoit esté instruit
par Minerve.) Phereclus
est tué par Merion.
( Phereclus fils d'un habile
charpentier, avoir bâti les
vaisseaux que Pâris mena
en Grece.) Pedée fils naturel
d'Antenor
,
est tué
par Megés. Eurypile blesse
Hypsenor.(Hypsenorestoit
filsde Dolophionqui
estoit Sacrificateur du Scamandre.)
rUers Î7- 83-
Idomenéesemblable à
un fleuve, qui dans ion débordement
emporte tout
ce qui s'oppose à son passage,
renverse les barait.
lons des Troyens;rien ne
luy resiste. vers 85. 94.
Pandarus, pour arrester
son audace, luy tire une
flèche qui luy traverse l'épaule
droite, & croyant
l'avoir blessé mortellement
il s'en glorifie,,, Sthele*-
jius, ( à la prière deDiomede
) luy oste cette fléche.
Diomede prie Pallas
<c de luy prester son secours
pour se venger de
Pandarus
5
& le punir de
son orguëll.,,Pallas l'exauce.
Luy redonne toutes
ses forces & route sa
legereté.Elle luy dit,
qu'il peut aller hardiment
contre les Troyens;qu'elle
a dissipé le nuage qui
l'auroit empesché de discerner
les Dieux d'avec les
hommes
:
qu'il se garde
bien de combattre contre
les Immortels, si ce n'est
contre Venus sur qui elle
luy permet de tirer.„
vers 95. 132.
Minerve se retire. Diomede
qui se sent trois fois
plus fort qu'à l'ordinaire,
se jette au milieu des ennemis.
Est comparé à un
lion qu'un berger ablesse,
& qui devenu plus furieux;
se lance sur les brebis effrayées
qui se tapissent les
unes fous les autres pendant
que le berger se cache.
Diomedetuë d'abord
Astynoüs & Hypenor.
Ensuite Abas & Poluïde,
tous deux fils du vieux Eurydamas
qui estoit Interprete
des songes. Il marcheversThoon
&Xanthe
enfans de Phenops,prive
ce pere malheureux de ses
deux filsàla fois, &luy
laisse la douleur de voir que
sa successiondoitpassèrà
des collateraux esloignez.
Diomede., comme un lion
qui se jette surun troupeau
de boeufs, tombe encore surEchemon & Chromius
enfans de Priam, les préçipite
de leur char ,les dépoüille
de leurs armes, &
prend leurs chevaux.vers
133. 16s.
Enée qui voit tous ces
ravages, cherche Pandarus
a travers les picqucs &
les javelots. Ille joint de
l'exhorte à se servir encore
deson arc& de ses
traitscontre un homme
qui cause tant de defor-
-.
dres
, ( si ce n'est que ce
guerrier dangereux soit
quelqu'un des Immortels
irrité contre lesi Grecs) ,,.
Pandarus respond qu4»I
croit reconnoistreDiomede
à sa raille & à ses armes*
Que si ce guerrier n'est pas
un Dieu,aumoinsDiomede
ne peut faire tant de
prodiges sans le secours
d'une Divinité toute puisfante.
Se repent d'avoir
laissé chez luy, contre l'avis
de son pere, onze chars
inutiles par la crainte que
ses chevaux ne souffrissent
trop dans une ville affiegée.
Se plaintd'avoir desjablessé
deux des plusvaillans
hommes, sans autre
effet que de les avoir rendus
plus furieux. Jure que
s'il revoit sa patrie, il commencera
par bruler cet
arc & ces fléches qui l'ont
si mal servi.,, Enée luy
dit cC de monter sur son
char qui est tiré par cTcxcellens
chevaux, & luy
laisse le choix ou de tenir
les resnes, ou de combattre
contre Diomede. 9%
Pandarustc conseille à Enée
de conduire luy -
mesme
ses chevaux qui connoissent
savoix & sa main;
que pourluy il recevra
Diomede avec sa lance.
Ils montent tous deux sur
le char,& vont à toute
bride contre Diomede
(quiestà pied.) Sthelenus
qtuiitles voit venir, en aver- Diomede,&" luy conseille
de les éviter.,, Diomede
'c respond qu'il n'est
pas capable de fuir, & que
ces deuxennemis si redoutables
ne retournerons
point àTroye ;luy recommande
seulement dem*
mener les chevaux d'Eiree
aussitost qu'il fera vaincu; les chevaux d'Enée ef.,
toient de la race de ceux
dont Jupiter fit presentà
Tros. ),., 0tvers16(3.zyj,
Pandarus & Enée sont
en presence. de Diomede;
Pandarus-ile, premierdità
Diomede qu'iln'a peule
vaincre avec sa fléche,
mais qu'il fera peutestre
plus heureux avec son javelot.„
En mesme temps
il lance son dard qui perce
le bouclier jusqu'à la cuirasse.
Pandarus~s'écrie~
glorieux decesuccez. Diomede
luy dit qu'il a manqué
son coup. Le frappe
de son javelot que Minerve
conduisoit
, & qui traverse
depuis l'oeil jusqu'à
la gorge. Pandarus tombe
de son char. Enée se met
en devoir de deffendre: le
corps de sonamy. Diomede
prend une grosse pierre,
telle que deux hommes à
- peinel'auroient peu lever.
Il l'a jette contre Enée, &
luy brife la cuisse. Enée
tombe sur ces genoux &
s'affoiblit. Venus le prend
entre ses bras, le couvre
de sa robe, & l'emporte.
Sthelenus, qui se souvient
des ordres de Diomede 9
prend les chevaux d'Enée
les emmeine, les remetà
son amy Deïphilus, & va
rejoindre Diomede. Diomede
,qui a reconnu Venus
,
la poursuit avec un
-
dard
dard,&la blesse à la main.
Le fang immortel coule de
sa playe. Le fang desDieux
different de celuy des hommes,
& pourquoy.Venus
laisse tomber Enée,Apollon
le releve, le couvre
d'un nuage & l'emporte,
Diomede parle en termes
picquans à Venus qui se
retire tres-affligée. Iris l'a
soustient. Elles trouvent
Mars. Venus le conjure
de luyprester ses chevaux
pour s'en retourner dans
l'Olympe.„Mars luy donna
son char. Iris le conduit.
Elles arrivent en un
moment. Iris dérelle les
chevaux, & en prend soin-
Venus se laisse tomber sur
les genoux de Dioné sa
mere. Dipné luy demande
cc qui luy a fait cette
blesseure.,, Venus respond
ic que Diomede a eu cette
audace, & que ce nretl: plus
icy une guerre des Grecs
contre les Troyens,mais
desGrecscontre les Dieux.
Dioné la console
,
luy dit
que ce n'est pas la - première
fois que les Dieux
ont esté insu Irez. par leshommes.
( Exemples, de
Mars, de Junon, &de Pluton;)
Que Diomede doit
craindre de porter quelque
jour la peine de sa temerité.„
Dionéessuye le
fang qui coule de la blesseure
de sa fille. Venus est
guene en un moment. 'Vers
275- 417.
Junon & Minerve entretiennent
Jupiter de ce qui
vient d'arriver à Venus.
Ce Plaisanterie de Minerve
a ce sujer. Jupiter foufritsappelle
Venus & u. luy recommande
de ne plus s' exposer.
4, Diomede par trois fois
se jette sur Enée.) quoy
gqnapollon l'ait pris fous
sa protection. A la quatriéme
fois ce Dieu irrité
cc luy parle d'un ton
menaçant." Diomede se
retire. Apollon porte Enée
dans son Temple sur la Citadelle
de Pergame. Latone&
Diane ont foin ellesmesmes
de le panser. ven
432. 44^
Apollon voyant que le
combat s'echauffe autour
d'un phantofme qu'il avoit
formé ressemblant à Enéc
pour tromper les Grecs,
demande à Mars, «
s'il n'y
a pas moyen d'arrester ce
Diomede qui porte sa fureur
jusqu'a poursuivre les
Dieux,,,. Ensuiteilseretire
sur la Citadelle. Mars
prend la reffernblance d'Acamas
General des Thraces.
Va de rang en rang..
«Se fait entendreaux Tro..
yens & les anime.» Sarpedon
picque le courage de
Hector par le reproche
qu'il luy fait de son inaction
, & de la lascheté de
ses freres qui tremblent
,
comme des chiens timides
en presencedun lion.»
Hector, sans repliquer
faute de son char, un jave.
lot à la main, exhorte les
Troupes. LesTroyens se
rallient. LesEscadrons des
Grecs viennent fondre sur
eux. La poussiere qu'ils élevent,&
dontilssont tout
blanchis, comparée a celle
qui couvre ces monceaux
de paille que des vanneurs
ont separée d'avec le grain.
Le combat recommence.
Enée, qu'Apollon a retiré
du Temple où il l'avoit
mis, reparoist à la reste de
ses.troupes avec toute sa
vigueur. Les soldatstransl
portezdejoyefontsurpris
en meme tem ps de le revoir
siicst ; mais l'ardeur
du combatne leur permet
pas de l'interrogersur une
si prompte guerison. ira
449.518.
: Les Grecs animez, par
lpes dIeuxlAja.x, parUlysse, attendent
les Troyens de pied ferme
,SemblablesÀ desnuages:
aÍfemblez:, qui n'attendent
que le reveil des
vents endormis pourestre
mis en mouvement. vers
Jr9. J17-
Agamemnon donne (es
ordres « Exhorte ses soldats
» Ensuite il lance son
javelot & tueDeïcoon le
pluscher compagnon d'Enée.
Enée de son costé tue
Crethon & Orsiloqueensans
de Dioclés, qui avoir
pour ayeul le' fjeuve Alphée.
Crethon & Crbiloque
com parez à deux jeunes
lions, qui aprèsavoir
laisse par tout des marques
de
de leur furie , succombent
enfin fous l'effort des pasteurs.
Ces deux jeunes
guerriers tombent fous les
coups d'Enée comme les
plus hauts sapins abbattus
par les vents. Menelas,
pour les venger, s'avance
au milieu des combattansf
pouffé par le Dieu Mars,
qui ne cherche qu'à le faire
perir de la main d'Enée.
Antiloque voyant le peril
où Menelas s'expose, court
se joindre à luy. Enée qui
voit ces deux guerriers
unis, seretire. Ilsenlevent
les corps de Crethon &
d'Orsiloque;ensuite ils retournent
dans lameslée.
Menelas tue Pylemenés
qui commandoit les Paphiagoniens.
Antiloque
blesse Mydon d'un coup
de pierre, l'acheve de Ton
épée, & emmene ses chevaux.
vers528.589
Hector ayant apperceu
Menelas & Antiloque
inarche à , eux avec impetuosiré.
Les Troyens le
suivent. Mars & Bellone
sontà leur reste.Mars accompagne
par tout Hector.
Diomede voyant ce
Dieu terrible) est saisi de
frayeur. Son estonnement
comparé à celuy d'un voyageur
qui, après avoir
traversé de vastes campagnes,
voit tout d'un coup
un grand fleuve, & retourne
sur ses pas. Diomede
se retire en disant aux
Grecs,M qu'il faut ceder
auxDieux.» WJ590.606.
LesTroyensondent sur
les Grecs. Hector tue de
sa main Menofthés & Anchiale.
Ajax fils de Telamon
s'avance pour les
Ranger, & tue Amphiusde ioix
javelot. Il accourt ensuite pour
le dépouillerj mais les Troyens
font pleuvoir sur luy une gresle
de traits, & l'obligent de se- retirer. Vers 607. 616*
Sarpedon filsde Jupiter, &
General des Lyciens, & Tle-*
poleme fils d'Hercule se ren..,
contrent.« Ils se parlent quelque
temps au sujet du parjurede
Laoimedon que Tlepoleme
reproche à Sarpedon:» Ces
deux guerriers après« s'estre
menacez fierement» lancent
leurs dards lun contre l'autre.
Les traits partent ensemble,
Sarpedonest blesséà la clÜiTe
Le dard y demeure attaché.
Tlepoleme tombe sans vie.
On emporte Sarpedon. Les
Grecs enlevent le corps de
Tlepoleme. Ulysse
, pour le
venger, tourne les armes contre
les Lyciens & en tuë un
grand nombre. Noms des Lyciens
tuez par Ulvsse. Hector
s'avance contre luy pour arrester
ses desordres.. Srrpedon
voyant Hector le prie de ne le
pas laisser en proye à ses ennemis.
» Hector passe rapidement
pour aller charger les
Grecs. Les amis de Sarpedon
le mettent fous un grand chefne.
Pelagon luy tire le javelot
de sa playe. Sarpedon s'évanouit.
Borée le rafraifchit
de son [ouille) & le ranime.
Les Grecs qui ne peuvent fouflenir
le choc du Dieu Mars
& d'Hector, se battent en re..
traite sans prendre la suite,
Noms de plusieurs braves Capitaines
tuez a cette attaque..
vers 628. 710.
Junon voyant ce qui sepasse,
dit à Minerve" qu'ilest temps
d'arrester les ravages de Mars,
& de secourir les Grecs. » Junon
prepare elle
-
mesme ses
chevaux. La Déesse Hebé luy
appresteun char superbe. Description
de ce char. Minerve
quitte ses habits pour s'armer.
Quelles font ses armes. Son
Egide. Son casque. Sa pique.
Les deux Déesses montées sur
leur char éclatant, vont à toute
bride au palais de Jupiter.
Les portes de l'Olympe,qui
font gardées par les Heures,
s'ouvrent d'elles-mesmes avec
un grand bruit. Junon parle à
Jupiter & luy demande" s'il
veut permettre de reprimer les
fureurs de Mars , & de blesser
cet insensé qui ne reconnoist
d'autre droit que la force
,,, Jupiter luy dit" de donner ce
soin à Minerve qui est accoustuméeà
le vaincre." vers 711. 766..
Junon accompagnée de Minerve
pousse ses chevaux qui
courent avec impetuositéentre
le Ciel & la terre. ( Les
chevaux des Dieux franchissent
d'un seul fault autant d'espace
qu'un homme assis sur un
cap eslevé au bord de la mer
en peutdécouvrir sur cette va- se étendue.) Les Déesses arrivent
prés de Troye. Junon
dételle les chevaux. Les environne
d'un nuage. Le Simoïs
fait naistre l'ambrosie sur ses
rives pour leur pature. Les
Déesses marchent ensemble
comme deux colombes&vont
secourir les Grecs, vers 767.
779.
Elles trouvent Diomede entouré
des plus braves guerriers
semblables aux plus frers lions,
& aux sangliers les plus terribles.
Junon s'arreste. Prend
la ressemblance de Stentor dont la , voix d'airain estoit plus
forte que celle de cinquante
hommes ensemble. Elle parle
aux Grecs, &Il les anime.,,
Minerve de son costé s'approche
de Diomedequi s'estoit retiré
un peu à l'écart pour rafraifchir
la playe que Pandarus
luy avoit faite. Elle luy
reproche de s'affoiblir quand
il faut agir, 5c de ne ressembler
gueres à son pere Tydée qu'-
elle protegeoit auAi bien que
luy
, & dont elle ne pouvoit
retenir le courage Elle luy rappelle
l'aventure de Tydée avec
les Dépendants de Cadmus.
Diomede respond
(c
qu'il ne
manque ny de force ny de resolution
,
mais qu'il se souvient
des deffenses qu'elle luy a faites
de combattre contre les
Dieux : Que Mars est maintenant
à la teste des Troyens. » Minerve luy dit de ne point
craindre Mars, 8c de le frapper
hardiment s'il vient à sa
rencontre; qu'audi bien celt
un perfide qui prend le party
des Troyens contre la promes-.
se qu'illuy avoit faite & à Junon
, de favoriser les Grecs.»
Elle fait descendre Sthelenus
& monte à sa place auprès de
Diomede sur son char. Elle
prend le casque de Pluton pour
n'estre point veuë. Pouffe les
chevaux contre Mars. Mars,,
qui vient de tuer Persphas ,
voyant Diomede
3
s'avance, &
luy veut porter un coup de sa
pique. Minervedétourne le
coup, conduit celle de Diornede
contre Mars, & la kiy fait
entrer bien avant dans les costes.
Mars la retire, & jette
un cry semblable à celuy d'une
armée de neuf ou dix mille
hommes. LesTroyens & les
Grecs en font épouvantez.
Mars retourne dans l'Olympe.
Diomede le voir s'élever comme
un nuage obscur. vers 780. 867** - Mars montrant à Jupiter le
fang qui coule de sa playe, luy
dit « qu'il a engendré une fille
pernicieusè qui se croit tout
permis, parce qu'il ne la corrige
pas pendant qu'il traite
avec severité les autres Dieux.
Que c'est Minervequi a inspiré
à Diomede l'audace debiesfer
Venus & luy ensuite.» Jupiter
rejette sa plainte, & luy
dit qu'ilest luy - mesme un
inconstant & un furieux qui
n'aime que les querelles,& que
s'il n'estoit pas son fils il y a
long-temps qu'ill'auroit precipité
dans les abylmesavec les
Titans,» Jupiter cependant
donne ordre à"'Pæon"de le guérir.
Pæonobéît& le guerit sur
le champ avec un baume exquis
qui fait sur la playe le mesme
effet & aussi promptement
que la presure sur le lait. Hebé
après avoir preparé un bain
pour Mars, luy donne des habits
magnifiques. Mars se place
auprès de Jupiter. Junon &
Minerve ne sont pas longtemps
sans remonter au Ciel.
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Résumé : SUITE DE L'ABREGÉ de l'Iliade.
Le quatrième livre de l'Iliade relate un conseil des dieux concernant la guerre de Troie. Jupiter critique Junon et Minerve pour leur absence des combats, contrairement à Vénus qui soutient son favori. Junon refuse la paix et demande à Minerve d'inciter les Troyens à rompre le traité. Minerve, déguisée en Laodocus, persuade Pandarus de tirer une flèche sur Ménélas, le blessant légèrement. Agamemnon, alarmé, appelle un médecin pour soigner Ménélas. Les Troyens avancent en bataille, et les Grecs se préparent au combat. Agamemnon encourage les soldats et réprimande les lâches. Les deux armées se rejoignent, et le combat commence, marqué par des scènes de violence et de mort. Mars soutient les Troyens, tandis que Minerve aide les Grecs. Diomède, encouragé par Minerve, se distingue par sa bravoure et tue plusieurs Troyens. Pandarus blesse Diomède, mais Minerve le guérit et l'encourage à continuer. La journée se termine par des combats acharnés, avec des pertes des deux côtés. Diomède, comparé à un lion, attaque et vainc Échémon et Chromius, fils de Priam, s'emparant de leurs armes et chevaux. Enée, voyant les ravages causés par Diomède, cherche Pandarus pour l'exhorter à utiliser son arc contre ce guerrier. Pandarus reconnaît Diomède et regrette de ne pas avoir pris plus de chars. Il jure de brûler son arc s'il revient à Troie. Enée propose à Pandarus de monter sur son char pour affronter Diomède. Pandarus conseille à Enée de conduire ses propres chevaux et se prépare à affronter Diomède avec sa lance. Diomède, malgré les conseils de Sthelenus de se retirer, décide de rester et de combattre. Pandarus lance un dard contre Diomède, qui riposte en le blessant mortellement. Enée tente de défendre le corps de Pandarus, mais Diomède le frappe à la cuisse avec une pierre, le blessant gravement. Vénus, la mère d'Enée, vient à son secours et le transporte, blessée à la main par Diomède. Apollon prend ensuite Enée sous sa protection. Diomède, encouragé par Minerve, continue de combattre avec fureur. Les dieux interviennent de manière plus directe : Junon et Minerve décident d'arrêter les ravages de Mars et de secourir les Grecs. Minerve, déguisée, incite Diomède à affronter Mars, qu'elle blesse ensuite. Mars, blessé, retourne dans l'Olympe où Jupiter le guérit. La scène se termine par la préparation des dieux pour continuer à influencer le cours de la bataille.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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16
p. 121-151
RELATION envoyée à Monsieur le Comte de Pontchartrin.
Début :
Ayant eu le malheur d'estre du nombre de ceux qui [...]
Mots clefs :
Portugais, Troupes, Rio de Janeiro, Monsieur du Clerc, Bataille, Magasins
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texteReconnaissance textuelle : RELATION envoyée à Monsieur le Comte de Pontchartrin.
RELATIO N
envoyée à Monfieur
Le Comte de Pontchartrin.
MONSEIGNEUR,
A
I
Yant eu le malheur
d'eftre du nombre de
ceux qui ont efté faits prifonniers dans la defcente de
Mr du Clerc à Rio deJaneiro ; je crois qu'il eft de
mon devoir de rendre
Juin 1712.
L •
122 MERCURE
compte à Voftre Grandeur
de mon retour en France
auffi bien que de ce qui
s'eft paffé de plus remarquable dans cette occafion.
Le Samedy 6 Aouſt
1710. On commença à voir
la terre à huit heures du
matin , d'un vent affez frais .
on n'eut pas courru deffus
trois heures , qu'on découvrit le pain de fucre; c'est
une Montagne fort élevéc
qui eft à l'entrée de la Baye
de Rio de Janeiro , & qui
fert de marque pour la ret
connoiftre : elle cft ainfi
GALANT. 123
nommée à caufe de fa
figure.
.
Amidy le Commandant
fit fon fignal, pour apelles
rousles Gardes de la Marine,
& tous les Grenadiers de
l'Eſcadre à fon bord, afin
d'entrer ce jour- là nean
moinsil étoit déja 3 heures
qu'on eftoit encore à plus
d'une lieuë de l'entrée : ainfi
on pritleparti de moüiller,
pour ne pas s'engager la
nuit dans un pays qu'on ne
connoift pas.
La Brife que l'on s'étoit
flatté d'avoir le lendemain
Lij
114 MERGURE
huit heures du matin , ne
commença qu'à deux heures
aprés midy, on leva d'abord l'Ancre pour en pro
fiter , & chacun étant bien
difpofé par l'ordre que tous
avoient receu de Mr du
Clerc de fe tenir prefts à
faire la defcente, nous nous
preſentâmes à la Barre de
Rio de Janeiro pour entrer
dans le Port avecdes Navires
du Roy, le Dimanche 17
Aouft 1710. entre trois &
quatre heures du foir; mais
le vent nous ayant manqué,
Tout à coup, dés que nous
GALANT 125
fumes à l'abry des terres, on
fut contraint de mouiller à
une grande portée de canon
du grand Fort de S, Croix
Nous n'eumes pas pluſtoſt
jetté l'Ancre, qu'il le pre5 fenta une Soumaque , petit
Baftiment venant de la Baye
de tous les Saints , qui në
balança point d'entrer fur
la foy de nos Pavillons An
glois , qu'elle nous vit à
tous : mais Mr du Clerc
jugea à propos de l'arrefter,
en paffant, afin de tirer s'il
fe pouvoit quelque éclaircif.
fement pour fon entreprife,
A
Liij
126 MERCURE
Le grand Fort , qui depuis
que nous étions moüillez ,
paroiffoit fufpendre fon jugement, & nefçavoir encore
fi nous cftions amis on ennemis , ne douta plus que
nous ne fuflions François ,
lorfquil vit arrefter le petit
Baſtiment. Il commença
déflors à tirer du canon fur
les Vaiffeaux, ce qui étoit
affez mal fervi , mettant une
intervalle confiderable entre chaque coup qu'il tiroits
enfin lorfque la nuit furvint,
& qu'il fut obligé de ceffer ,
il n'avoit pas tiré plus de
GALANT 127
1
quinze ou vinge coups de
canon qui n'avoient incommodé aucun Navire.
Mr du Clerc aprés avoir
interrogé les Portuguais
qu'il venoit de prendre, af
fembla pendant la nuit le
confeil de fes Officiers pour
fçavoir ce qu'il étoit le plus
à propos de faire , quoyque
fon avis fut de faire la def
cente cette nuit meſme qui
étoit fort obfcure , & trespropre à favorifer l'entreprife , les Chaloupes pouvant paffer à la faveur des
tenebres devant tous les
1
Liiij
128 MERCURE
Forts fans avoir rien à crain
dre,cequiauroit fans doute
furpris les ennemis qui ne
pourroient pas encore eftre
rous raffemblez , il fut ce
pendant refolu de l'avis de
fon confeil d'aller à l'IfleGrande fe rafraichir , &
qu'enfuite on iroit furpren
dre la Ville , par terre.
Il fit embarquer rout fon
monde dans les deux Fregat
tes, la Diane & l'Attalante;
* C'eft une Iſle qui eft à zo lieues
de Rio de Janeiro , où les Vaiffeaux
ont coûtume d'aller faire de l'Eau ,
& du Bois.
GALANT 125
qu'il choifir pour le tranft
port des Troupes , & ceux
qui ne purene y trouver
place fuivirent dans les Cha
loupes , & dans deux Bri
gantins.
Les trois Vaiffeaux du
Roy , l'Oriflame , la Valeur
&la Venus, refterent à l'IleGrande , fous le comman
dement de Mr de Champagnu , Lieutenant de Vaif.
feaux; & nous en partîmes
dans l'ordre que je viens de
dire le Samedy 6. Septembre, fous la conduite de
trois Noirs qui s'étant écha
M
130 MERCURE
"T
pez de la maifon de leur
Maiftres , s'étoient venus
rendre à Mr du Clerc: ils
affuroient qu'il n'y avoit à
Ja Ville que cinq à fix cens
hommes de Troupes à
combattre , & s'offrirent de
nous y conduire par terre
fans aucun obftacle.
Nousmines pied à terre
un petit Village, à douze
ou quinze lieues de Rio de
Jineiro , ce fut là que nous
scommençames la deſcenté,
Je Dimanche au foir 14. du
mois, &le Lundy matin le
refte des Troupes étant auffi
i
GALANT. 131
S
FAD
3
#
deſcendu , nous marchâmes
droit à la Ville , au nombre
de prés dehuiccens hommes
fur la bonne foy des trois
Noirs qui nous y conduifi,
fent. 20 N
Les trois premiers jours
de marche ne furent trou
blez par aucun ennemy,
ayant trouvé dans les Campagnes toutes les habita
tions defertes ; foit que les
habitans fe fuffent retirez à
la Ville comme dans un lieude feureté, foit qu'ils s'y
fuffent affemblez pour la
mieux deffendre , mais le
132 MERGURE
quatrième jour qui fut le
Jeudy 18. du mefme mois
étant arrivez avec beaucoup
de peine fur le fommet
d'une Montagne fort éle véc, peu de temps avant
midy nous y trouvâmes un
abbatis d'arbres confidera
ble, ce qui barroit entiere
ment tout le chemin , qui
étoit de luy mefme fort
étroit , mais nous étant aperceus qu'il n'y avoit perfonne derriere qui s'oppoſat
à noftre paffage , comme
nous l'avions crû d'abord ,
nousnousenfimes bien toft
GALANT. 133
un autre dans le bois à la
faveur des haches d'armes
L'aprés
que portoit la Compagnie
des Canonniers.
midy environ les deux
heures à peine la moitié des
Troupes avoit defcendu la
Montagne que la Compa
gnie des Gardes de la Marine
marchoit à la tefte fut falüée
5 de quelques coups de fuzils
qui partirent in opinement
du Bois dont , trois Gardes
de la Marine furent bleſſez
fans qu'on pût découvrir
cenx qui les venoient de
tirer. L'on fit grand feu fur
# 34 MERCURE
Pendroit d'où on avoit veu
fortir celuy des ennemis , &
l'on doubla le pas pour
pouvoir pluftaft trouver la
fin du Bois qui avoit encore
demie- lieue , & où l'on ne
pouvoit marcher au plus
que deux depfront: les
Troupes qui fuivirent ef
fuyerent encore plufieurs
coups de fuzils , dont il n'y
eut cependant que deux
Soldats bleffez , car les déb
charges continuelles que
l'on faifoit à droit & à la
gauche, par tout où l'on
paffoit , impoferent biens
GALANT. 135
toft filence à ceux qui
étoient cachez , & les ren-.
dirent bien plus mal adroits
à tirer qu'ils n'avoient eſté
dens fe commencement, ou
ils choifirent leurs objets
fans qu'on fe deffiat d'eux.
Erantenfin arrivez, caw
deboucher , &n'ayant point
trouvé d'ennemis qui nous
difputaffent l'entrée dans la
Plaine , nous nous y mîmes
en bataille à mefurd que
nous fortions du Bois , &
nous marchâmes roûjours
en bon ordre , autant que
les chemins & les lieux par
136 MERCURE
où nous paffames enfuite
nous le peurent permettre.
Sur le foir le Soleil étant
preft de fe coucher , on
apperceut de loin une Compagnie de Cavalerie qui
fembloit nous attendre dans
une grande prairie prés
d'une des maiſon des Je
fuites , qui eft à une grande
demie lieuë de la Ville : l'on
marcha droit à elle croyant
que les Portuguais avoient
toutes leurs forces prés de
cet endroit à deffein de
nous combattre ; mais
voyant ces Cavaliers ſe reM
i
GALANT. 137
tirer à mesure que nous
avancions, on jugea bien
qu'ils étoient là pour nous
obferver feulement , & non
pas pour nous engager à au.
cune affaire. Mr du Clerc
ayant jugé àpropos de faire
prendre quelque repos aux
Troupes qui étoient extre
mement fatiguées , l'on s'ar
3 refta à cette maifon des Jfuires , & l'on y paffà la
nuit.
Le lendemain toutes les
Troupes furent en bataille
à la pointe dujour, & aprés
les Prieres accoutumées on
Juin 1712 M
138 MERCURE
fe miten marche . La Com
pagnie de Cavalerie Portugaife que nousavions veuë le
Loir, fembloit nous vouloir
enfeigner les chemins qui
conduifoient à la ville &
marcha longtemps devant
nous à grande portée de canon, nous obfervant toû
jours à veuëde, moment en
moment, ilfe détachoit un
Cavalier d'entr'eux pour aller annoncer au Gouverneur
notreaproche , &l'informer
autant qu'ils en pourroient
juger du nombre que nous
étions, & des routes par lef
GALANT. 139
1
I
quelles nous marchions à lui.
Mr du Clerc ayant veu
fur une hauteur une Eglife ,
nommée Notre- Dame des
Elton , où il aprit que les
ennemis étoient retranchez,
y enuoya deux Compagnies
de Grenadiers qui s'en rendirent bien-toft Maitres
malgré le grand nombre
de ceux qui la gardoient
la plupart des Portuguais ,
s'en étant enfuys dans le
Bois aprés leur premiere
décharge ; ceux qui refterent
furent faits prifonniers. On
apprit depuis qu'ils y étoient
Mij-
140 MERCURE
retranchez, au nombre de
deux cens hommes ; onper
dit dans cette action un
Capitaine de Grenadiers , &
cinq ou fix Soldats qui y
furent tuez.
Un gros de Portugais
étant fortis de la Ville , ils
parurent le longde quelques
arcades qui n'en font qu'à
demic portée du fuzil , &
firent mine d'en vouloir
difputer l'entrée à nos
Troupes qui s'avançoient à
grands pas ; mais ils ne fou
tinrent pas long temps la
furcur Françoife; car ils
"1
GALANT 147.
1
lacherent le pied aprés leur
feconde décharge , & ren.
trerent auffi-toft en defor
dre.
Jamais Troupes ne montrerent un courage plus in
trepide que ceux qui fuivi
rent Mr du Clerc dans cette
•
entrepife ; malgré le feu
continuel des ennemis qui
faifoit tomber nos gens de
rous coſtez, ayant du monde
caché dans tous les endroits "
par où nous paffions nous
entrâmes dans la Ville avec
autant d'ardeur & d'audace
que fi le peril n'eut pas efte
142 MERCURE
pour nous, & que nous
fuffions venus dans nos propres maifons; toutfuyoit devant nous par tout où nous
nous prefentions : Cependant nous n'y marchames
pas longtemps fans êrre fort
incommodez du feu qui
nous venoit des coins de ruës
dont nos gens étoient affaf,
finez fans que nous viffions
perfonne , contre qui nous
puiffions prendre noftre revanche. Dans cette fituation
on crut devoir chercher
quelque endroit favorable
pour le mettre à couvert,
2
GALANT. 43
1
& où l'on ſe pût retrancher,
ce ne fut pas fans peine , &
fans qu'il en coûtat beaucoup, que Mr du Clerc fe
rendit Maiſtre d'un Magaſin
àfucre proche de la Merque
l'on nommele Trepiche , &
où il y avoit quantité de
Portugais retranchez qu'il
fallut forcer , on y trouva
quatre pieces de canon avec
lefquels onfit bonfeu ; mais
ne s'y érant rencontré que
fort peu de munitions , on
ne s'en pût pas fervir long
temps.at
Pendant que ces chofes
144 MERCURE
fe paffoient dans la Ville ; la
Compagnie des Canonniers
qui avoient refté derriere ,
fe trouvant féparée du gros
des Troupes; parce qu'elle
n'avoit pas pû fuivre, tomba entreles mains des ennemis, qui aprés leur avoir
fait mettre bas les armes en
་
leur promettant bon quar
tier ; par la plus lâche per
fidic , dont on ait guère
vû d'exemple , furent affez
barbares pour leur arracher
à tous la vie. Ils en firent
un horrible carnage & leur
firent fouffrir les tourmens
less
GALANT 145
les plus rigoureux que leur
eruauté leur pûr faire
inventer.
En ce moment quelques
Officiers bleffez du nombre
: defquels étoit Mr de Ruys
Lieutenant de Vailleaux
Commandant de la Colon.
nelle, s'étant retitez dans
une maison pour le faire
pånfer , y furent furpris par
les Portugais , & furent em
menez prifonniers dans une
Chapelle qui eft au dehors
de la Ville nommée Noftre
Damedu Rozaire, oùétoient
les autres François que l'or
Juin 1712.
N
1
46 MERGURE
avoit arreltez. Le Gouver
neur y vint auffi toft avec
quantité d'Officiers Portugais ; il interrogea ces nouyeaux priſonniers avec le
moins de douceur qu'il luy
fur poffible. Enfin apres
bien des façons , les Officiers
François pour éviter le fuplice de la mort, dont on
les menaçoit, furent obligez
dedéclarer que le nombrede
Troupes qui étoient defcendues à terre étoit d'environ
huit cens hommes, le Gouverneur s'étant fait rendre
compte des morts à peu
M
GALANT 47
prés autant que l'on en pourroit juger , & de tous les
prifonniers qu'il avoit déja
faits , n'eut pasde peine à
deviner que le nombre de
ceux qui étoient encore avec Mr du Clerc ne pouvoit
pas eftre bien confiderable
alors 7 ou 8 mille hommes
de Troupes Portugaifes
& qui n'avoient pas ofez
venir à noftre rencontre
pour nous empefcher d'entrer dans leut Ville ', commencerent à fe fentir quelque courage.
Mais ne fe confiants pas
Nij
148 MERCURE
encore tout à fait à ce qu'ils,
venoient d'entendre de la
bouche des prifonniers; le
Gouverneur engagea Mr de
Ruys d'écrire à Mr du
Clerc , pour luy aprendre,
combien les forces Portu
gaifes étoient confiderables , & pour le foliciter de
fe rendre.
Mr du Clerc répondit
qu'il avoit encore de la poudre & des balles , & que
tandis qu'elles dureroient ,
il ne fe rendroit point; cependant il n'étoit point fans
affaires & fans embarras
GALANT. 149
dans le Trepiche depuis que
nous l'y avions laiffe , étant
obligé d'effuyer le feu continuel de deux Fregattes qui
s'étant avancées fort prés du
Magafin où nous étions ,
firent de grandes bréches ,
à l'aide de leur canon qu'elles
tiroient fans ceffe , & qui
nousfaifoit perdre toûjours
du monde, & en incommodoit beaucoup par les éclats.
Fevvous pafferay icy un long
détail d'une defenfe qui coûta
aux Portugais dixfoldats pour
un des noſtres ; mais ils
eftoient encore en trop grand
"
N iij
150 MERCURE
nombre pour leur reſiſter. On
leur fit pourtant fignifier qu'on
alloitfortirfur euxlabayonette
au bout dufufil, ce qu'ils crait
gnirent tant qu'ils firent une
Capitulation tres-vantageufe:
mais ils la rompirent enfuite
avec une perfidie dont il n'y a
jamais eu d'exemples , en fai
fans fauffrir avec des crùautez
inoüies à leurs Prifonniers tous
les indignitez
C
Les tourmens
imaginables.
Voila en peu de mors
ane legere peinture de ce
qui s'eſt paſſé à Rio de Janeiro entre les François &
GALANT 156
les Portugais , le Vendredy
19. Septembre 17.no) val
Cette action qui dura
depuis les dix heures du matin , jufqu'à cinq heures du
foir , à été de plus chaudes ,
& des plus fanglantes done
on ait our parler, depuis
fort longtemps : il refta
deux cens hommes de tuez
fur la place , huic Officiers
Be trois Gardesde la Marine ;
deux cens autres furent
Bleffez , avec quinze Officiers & deux Gardes de la
Marine.
envoyée à Monfieur
Le Comte de Pontchartrin.
MONSEIGNEUR,
A
I
Yant eu le malheur
d'eftre du nombre de
ceux qui ont efté faits prifonniers dans la defcente de
Mr du Clerc à Rio deJaneiro ; je crois qu'il eft de
mon devoir de rendre
Juin 1712.
L •
122 MERCURE
compte à Voftre Grandeur
de mon retour en France
auffi bien que de ce qui
s'eft paffé de plus remarquable dans cette occafion.
Le Samedy 6 Aouſt
1710. On commença à voir
la terre à huit heures du
matin , d'un vent affez frais .
on n'eut pas courru deffus
trois heures , qu'on découvrit le pain de fucre; c'est
une Montagne fort élevéc
qui eft à l'entrée de la Baye
de Rio de Janeiro , & qui
fert de marque pour la ret
connoiftre : elle cft ainfi
GALANT. 123
nommée à caufe de fa
figure.
.
Amidy le Commandant
fit fon fignal, pour apelles
rousles Gardes de la Marine,
& tous les Grenadiers de
l'Eſcadre à fon bord, afin
d'entrer ce jour- là nean
moinsil étoit déja 3 heures
qu'on eftoit encore à plus
d'une lieuë de l'entrée : ainfi
on pritleparti de moüiller,
pour ne pas s'engager la
nuit dans un pays qu'on ne
connoift pas.
La Brife que l'on s'étoit
flatté d'avoir le lendemain
Lij
114 MERGURE
huit heures du matin , ne
commença qu'à deux heures
aprés midy, on leva d'abord l'Ancre pour en pro
fiter , & chacun étant bien
difpofé par l'ordre que tous
avoient receu de Mr du
Clerc de fe tenir prefts à
faire la defcente, nous nous
preſentâmes à la Barre de
Rio de Janeiro pour entrer
dans le Port avecdes Navires
du Roy, le Dimanche 17
Aouft 1710. entre trois &
quatre heures du foir; mais
le vent nous ayant manqué,
Tout à coup, dés que nous
GALANT 125
fumes à l'abry des terres, on
fut contraint de mouiller à
une grande portée de canon
du grand Fort de S, Croix
Nous n'eumes pas pluſtoſt
jetté l'Ancre, qu'il le pre5 fenta une Soumaque , petit
Baftiment venant de la Baye
de tous les Saints , qui në
balança point d'entrer fur
la foy de nos Pavillons An
glois , qu'elle nous vit à
tous : mais Mr du Clerc
jugea à propos de l'arrefter,
en paffant, afin de tirer s'il
fe pouvoit quelque éclaircif.
fement pour fon entreprife,
A
Liij
126 MERCURE
Le grand Fort , qui depuis
que nous étions moüillez ,
paroiffoit fufpendre fon jugement, & nefçavoir encore
fi nous cftions amis on ennemis , ne douta plus que
nous ne fuflions François ,
lorfquil vit arrefter le petit
Baſtiment. Il commença
déflors à tirer du canon fur
les Vaiffeaux, ce qui étoit
affez mal fervi , mettant une
intervalle confiderable entre chaque coup qu'il tiroits
enfin lorfque la nuit furvint,
& qu'il fut obligé de ceffer ,
il n'avoit pas tiré plus de
GALANT 127
1
quinze ou vinge coups de
canon qui n'avoient incommodé aucun Navire.
Mr du Clerc aprés avoir
interrogé les Portuguais
qu'il venoit de prendre, af
fembla pendant la nuit le
confeil de fes Officiers pour
fçavoir ce qu'il étoit le plus
à propos de faire , quoyque
fon avis fut de faire la def
cente cette nuit meſme qui
étoit fort obfcure , & trespropre à favorifer l'entreprife , les Chaloupes pouvant paffer à la faveur des
tenebres devant tous les
1
Liiij
128 MERCURE
Forts fans avoir rien à crain
dre,cequiauroit fans doute
furpris les ennemis qui ne
pourroient pas encore eftre
rous raffemblez , il fut ce
pendant refolu de l'avis de
fon confeil d'aller à l'IfleGrande fe rafraichir , &
qu'enfuite on iroit furpren
dre la Ville , par terre.
Il fit embarquer rout fon
monde dans les deux Fregat
tes, la Diane & l'Attalante;
* C'eft une Iſle qui eft à zo lieues
de Rio de Janeiro , où les Vaiffeaux
ont coûtume d'aller faire de l'Eau ,
& du Bois.
GALANT 125
qu'il choifir pour le tranft
port des Troupes , & ceux
qui ne purene y trouver
place fuivirent dans les Cha
loupes , & dans deux Bri
gantins.
Les trois Vaiffeaux du
Roy , l'Oriflame , la Valeur
&la Venus, refterent à l'IleGrande , fous le comman
dement de Mr de Champagnu , Lieutenant de Vaif.
feaux; & nous en partîmes
dans l'ordre que je viens de
dire le Samedy 6. Septembre, fous la conduite de
trois Noirs qui s'étant écha
M
130 MERCURE
"T
pez de la maifon de leur
Maiftres , s'étoient venus
rendre à Mr du Clerc: ils
affuroient qu'il n'y avoit à
Ja Ville que cinq à fix cens
hommes de Troupes à
combattre , & s'offrirent de
nous y conduire par terre
fans aucun obftacle.
Nousmines pied à terre
un petit Village, à douze
ou quinze lieues de Rio de
Jineiro , ce fut là que nous
scommençames la deſcenté,
Je Dimanche au foir 14. du
mois, &le Lundy matin le
refte des Troupes étant auffi
i
GALANT. 131
S
FAD
3
#
deſcendu , nous marchâmes
droit à la Ville , au nombre
de prés dehuiccens hommes
fur la bonne foy des trois
Noirs qui nous y conduifi,
fent. 20 N
Les trois premiers jours
de marche ne furent trou
blez par aucun ennemy,
ayant trouvé dans les Campagnes toutes les habita
tions defertes ; foit que les
habitans fe fuffent retirez à
la Ville comme dans un lieude feureté, foit qu'ils s'y
fuffent affemblez pour la
mieux deffendre , mais le
132 MERGURE
quatrième jour qui fut le
Jeudy 18. du mefme mois
étant arrivez avec beaucoup
de peine fur le fommet
d'une Montagne fort éle véc, peu de temps avant
midy nous y trouvâmes un
abbatis d'arbres confidera
ble, ce qui barroit entiere
ment tout le chemin , qui
étoit de luy mefme fort
étroit , mais nous étant aperceus qu'il n'y avoit perfonne derriere qui s'oppoſat
à noftre paffage , comme
nous l'avions crû d'abord ,
nousnousenfimes bien toft
GALANT. 133
un autre dans le bois à la
faveur des haches d'armes
L'aprés
que portoit la Compagnie
des Canonniers.
midy environ les deux
heures à peine la moitié des
Troupes avoit defcendu la
Montagne que la Compa
gnie des Gardes de la Marine
marchoit à la tefte fut falüée
5 de quelques coups de fuzils
qui partirent in opinement
du Bois dont , trois Gardes
de la Marine furent bleſſez
fans qu'on pût découvrir
cenx qui les venoient de
tirer. L'on fit grand feu fur
# 34 MERCURE
Pendroit d'où on avoit veu
fortir celuy des ennemis , &
l'on doubla le pas pour
pouvoir pluftaft trouver la
fin du Bois qui avoit encore
demie- lieue , & où l'on ne
pouvoit marcher au plus
que deux depfront: les
Troupes qui fuivirent ef
fuyerent encore plufieurs
coups de fuzils , dont il n'y
eut cependant que deux
Soldats bleffez , car les déb
charges continuelles que
l'on faifoit à droit & à la
gauche, par tout où l'on
paffoit , impoferent biens
GALANT. 135
toft filence à ceux qui
étoient cachez , & les ren-.
dirent bien plus mal adroits
à tirer qu'ils n'avoient eſté
dens fe commencement, ou
ils choifirent leurs objets
fans qu'on fe deffiat d'eux.
Erantenfin arrivez, caw
deboucher , &n'ayant point
trouvé d'ennemis qui nous
difputaffent l'entrée dans la
Plaine , nous nous y mîmes
en bataille à mefurd que
nous fortions du Bois , &
nous marchâmes roûjours
en bon ordre , autant que
les chemins & les lieux par
136 MERCURE
où nous paffames enfuite
nous le peurent permettre.
Sur le foir le Soleil étant
preft de fe coucher , on
apperceut de loin une Compagnie de Cavalerie qui
fembloit nous attendre dans
une grande prairie prés
d'une des maiſon des Je
fuites , qui eft à une grande
demie lieuë de la Ville : l'on
marcha droit à elle croyant
que les Portuguais avoient
toutes leurs forces prés de
cet endroit à deffein de
nous combattre ; mais
voyant ces Cavaliers ſe reM
i
GALANT. 137
tirer à mesure que nous
avancions, on jugea bien
qu'ils étoient là pour nous
obferver feulement , & non
pas pour nous engager à au.
cune affaire. Mr du Clerc
ayant jugé àpropos de faire
prendre quelque repos aux
Troupes qui étoient extre
mement fatiguées , l'on s'ar
3 refta à cette maifon des Jfuires , & l'on y paffà la
nuit.
Le lendemain toutes les
Troupes furent en bataille
à la pointe dujour, & aprés
les Prieres accoutumées on
Juin 1712 M
138 MERCURE
fe miten marche . La Com
pagnie de Cavalerie Portugaife que nousavions veuë le
Loir, fembloit nous vouloir
enfeigner les chemins qui
conduifoient à la ville &
marcha longtemps devant
nous à grande portée de canon, nous obfervant toû
jours à veuëde, moment en
moment, ilfe détachoit un
Cavalier d'entr'eux pour aller annoncer au Gouverneur
notreaproche , &l'informer
autant qu'ils en pourroient
juger du nombre que nous
étions, & des routes par lef
GALANT. 139
1
I
quelles nous marchions à lui.
Mr du Clerc ayant veu
fur une hauteur une Eglife ,
nommée Notre- Dame des
Elton , où il aprit que les
ennemis étoient retranchez,
y enuoya deux Compagnies
de Grenadiers qui s'en rendirent bien-toft Maitres
malgré le grand nombre
de ceux qui la gardoient
la plupart des Portuguais ,
s'en étant enfuys dans le
Bois aprés leur premiere
décharge ; ceux qui refterent
furent faits prifonniers. On
apprit depuis qu'ils y étoient
Mij-
140 MERCURE
retranchez, au nombre de
deux cens hommes ; onper
dit dans cette action un
Capitaine de Grenadiers , &
cinq ou fix Soldats qui y
furent tuez.
Un gros de Portugais
étant fortis de la Ville , ils
parurent le longde quelques
arcades qui n'en font qu'à
demic portée du fuzil , &
firent mine d'en vouloir
difputer l'entrée à nos
Troupes qui s'avançoient à
grands pas ; mais ils ne fou
tinrent pas long temps la
furcur Françoife; car ils
"1
GALANT 147.
1
lacherent le pied aprés leur
feconde décharge , & ren.
trerent auffi-toft en defor
dre.
Jamais Troupes ne montrerent un courage plus in
trepide que ceux qui fuivi
rent Mr du Clerc dans cette
•
entrepife ; malgré le feu
continuel des ennemis qui
faifoit tomber nos gens de
rous coſtez, ayant du monde
caché dans tous les endroits "
par où nous paffions nous
entrâmes dans la Ville avec
autant d'ardeur & d'audace
que fi le peril n'eut pas efte
142 MERCURE
pour nous, & que nous
fuffions venus dans nos propres maifons; toutfuyoit devant nous par tout où nous
nous prefentions : Cependant nous n'y marchames
pas longtemps fans êrre fort
incommodez du feu qui
nous venoit des coins de ruës
dont nos gens étoient affaf,
finez fans que nous viffions
perfonne , contre qui nous
puiffions prendre noftre revanche. Dans cette fituation
on crut devoir chercher
quelque endroit favorable
pour le mettre à couvert,
2
GALANT. 43
1
& où l'on ſe pût retrancher,
ce ne fut pas fans peine , &
fans qu'il en coûtat beaucoup, que Mr du Clerc fe
rendit Maiſtre d'un Magaſin
àfucre proche de la Merque
l'on nommele Trepiche , &
où il y avoit quantité de
Portugais retranchez qu'il
fallut forcer , on y trouva
quatre pieces de canon avec
lefquels onfit bonfeu ; mais
ne s'y érant rencontré que
fort peu de munitions , on
ne s'en pût pas fervir long
temps.at
Pendant que ces chofes
144 MERCURE
fe paffoient dans la Ville ; la
Compagnie des Canonniers
qui avoient refté derriere ,
fe trouvant féparée du gros
des Troupes; parce qu'elle
n'avoit pas pû fuivre, tomba entreles mains des ennemis, qui aprés leur avoir
fait mettre bas les armes en
་
leur promettant bon quar
tier ; par la plus lâche per
fidic , dont on ait guère
vû d'exemple , furent affez
barbares pour leur arracher
à tous la vie. Ils en firent
un horrible carnage & leur
firent fouffrir les tourmens
less
GALANT 145
les plus rigoureux que leur
eruauté leur pûr faire
inventer.
En ce moment quelques
Officiers bleffez du nombre
: defquels étoit Mr de Ruys
Lieutenant de Vailleaux
Commandant de la Colon.
nelle, s'étant retitez dans
une maison pour le faire
pånfer , y furent furpris par
les Portugais , & furent em
menez prifonniers dans une
Chapelle qui eft au dehors
de la Ville nommée Noftre
Damedu Rozaire, oùétoient
les autres François que l'or
Juin 1712.
N
1
46 MERGURE
avoit arreltez. Le Gouver
neur y vint auffi toft avec
quantité d'Officiers Portugais ; il interrogea ces nouyeaux priſonniers avec le
moins de douceur qu'il luy
fur poffible. Enfin apres
bien des façons , les Officiers
François pour éviter le fuplice de la mort, dont on
les menaçoit, furent obligez
dedéclarer que le nombrede
Troupes qui étoient defcendues à terre étoit d'environ
huit cens hommes, le Gouverneur s'étant fait rendre
compte des morts à peu
M
GALANT 47
prés autant que l'on en pourroit juger , & de tous les
prifonniers qu'il avoit déja
faits , n'eut pasde peine à
deviner que le nombre de
ceux qui étoient encore avec Mr du Clerc ne pouvoit
pas eftre bien confiderable
alors 7 ou 8 mille hommes
de Troupes Portugaifes
& qui n'avoient pas ofez
venir à noftre rencontre
pour nous empefcher d'entrer dans leut Ville ', commencerent à fe fentir quelque courage.
Mais ne fe confiants pas
Nij
148 MERCURE
encore tout à fait à ce qu'ils,
venoient d'entendre de la
bouche des prifonniers; le
Gouverneur engagea Mr de
Ruys d'écrire à Mr du
Clerc , pour luy aprendre,
combien les forces Portu
gaifes étoient confiderables , & pour le foliciter de
fe rendre.
Mr du Clerc répondit
qu'il avoit encore de la poudre & des balles , & que
tandis qu'elles dureroient ,
il ne fe rendroit point; cependant il n'étoit point fans
affaires & fans embarras
GALANT. 149
dans le Trepiche depuis que
nous l'y avions laiffe , étant
obligé d'effuyer le feu continuel de deux Fregattes qui
s'étant avancées fort prés du
Magafin où nous étions ,
firent de grandes bréches ,
à l'aide de leur canon qu'elles
tiroient fans ceffe , & qui
nousfaifoit perdre toûjours
du monde, & en incommodoit beaucoup par les éclats.
Fevvous pafferay icy un long
détail d'une defenfe qui coûta
aux Portugais dixfoldats pour
un des noſtres ; mais ils
eftoient encore en trop grand
"
N iij
150 MERCURE
nombre pour leur reſiſter. On
leur fit pourtant fignifier qu'on
alloitfortirfur euxlabayonette
au bout dufufil, ce qu'ils crait
gnirent tant qu'ils firent une
Capitulation tres-vantageufe:
mais ils la rompirent enfuite
avec une perfidie dont il n'y a
jamais eu d'exemples , en fai
fans fauffrir avec des crùautez
inoüies à leurs Prifonniers tous
les indignitez
C
Les tourmens
imaginables.
Voila en peu de mors
ane legere peinture de ce
qui s'eſt paſſé à Rio de Janeiro entre les François &
GALANT 156
les Portugais , le Vendredy
19. Septembre 17.no) val
Cette action qui dura
depuis les dix heures du matin , jufqu'à cinq heures du
foir , à été de plus chaudes ,
& des plus fanglantes done
on ait our parler, depuis
fort longtemps : il refta
deux cens hommes de tuez
fur la place , huic Officiers
Be trois Gardesde la Marine ;
deux cens autres furent
Bleffez , avec quinze Officiers & deux Gardes de la
Marine.
Fermer
Résumé : RELATION envoyée à Monsieur le Comte de Pontchartrin.
En juin 1712, un individu capturé lors de la descente de M. du Clerc à Rio de Janeiro en 1710 envoya une relation au Comte de Pontchartrain. Le 6 août 1710, les navires français aperçurent la terre et le Pain de Sucre, repère pour l'entrée de la baie de Rio de Janeiro. Le commandant rassembla les gardes et les grenadiers, mais le vent manqua, obligeant les navires à mouiller loin du fort de Saint-Croix. Une soumaque portugaise fut arrêtée pour obtenir des informations. Le fort ouvrit le feu sans causer de dommages significatifs. M. du Clerc, après avoir interrogé des prisonniers portugais, décida de se rendre à l'île Grande pour se rafraîchir avant d'attaquer la ville. Les troupes furent transportées par des frégates et des chaloupes, guidées par trois Noirs évadés qui affirmèrent que Rio de Janeiro n'avait que cinq à six cents hommes de troupes. Le 14 septembre, les troupes débarquèrent et marchèrent vers Rio de Janeiro. Après trois jours de marche sans encombre, elles rencontrèrent un abattis d'arbres le quatrième jour. Malgré quelques tirs de fusils, les troupes françaises continuèrent leur avancée et se mirent en bataille dans une plaine. Le lendemain, les troupes françaises attaquèrent et prirent une église où étaient retranchés les ennemis, faisant plusieurs prisonniers. Un groupe de Portugais tenta de défendre l'entrée de la ville mais recula après une seconde décharge. Les troupes françaises entrèrent dans la ville malgré le feu ennemi caché dans les coins de rues. M. du Clerc prit un magasin à sucre près de la mer, où il trouva des canons et des munitions. Cependant, la compagnie des canonniers, séparée du gros des troupes, fut capturée et massacrée par les Portugais. Quelques officiers français, blessés, furent faits prisonniers et interrogés par le gouverneur. Ce dernier, informé du nombre réduit de troupes françaises restantes, tenta de négocier avec M. du Clerc, mais ce dernier affirma qu'il avait encore de la poudre et des balles. Le 19 septembre 1710, une bataille intense eut lieu à Rio de Janeiro. Les Français, positionnés dans le Trepiche, subissaient des attaques continues de deux frégates portugaises, causant des pertes humaines et des dommages importants. Malgré les efforts des Français pour se défendre, les Portugais, en surnombre, infligeaient des pertes lourdes. Les Français menacèrent d'attaquer à la baïonnette, poussant les Portugais à accepter une capitulation avantageuse. Cependant, les Portugais violèrent cette capitulation en infligeant des cruautés à leurs prisonniers. La bataille, qui dura de 10 heures du matin à 5 heures du soir, fut particulièrement sanglante, laissant 200 hommes tués sur le champ de bataille, dont huit officiers et trois gardes de la marine, ainsi que 200 autres blessés, dont quinze officiers et deux gardes de la marine.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
17
p. 265-283
LA BATAILLE de Villa-viciosa. ODE. Servant d'explication au feu d'artifice que M. le Duc d'Albe a fait tirer pour ce sujet.
Début :
Quelle vive ardeur étincelle [...]
Mots clefs :
Mort, Bataille, Conquête, Roi, Peuple, Soldat, Vainqueur, Héros, Duc de Vendôme
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LA BATAILLE de Villa-viciosa. ODE. Servant d'explication au feu d'artifice que M. le Duc d'Albe a fait tirer pour ce sujet.
On vient de m'aprendre
la mort d'un des plus grands
hommes de nôtre fiecle, c'eſt
Monfieur de Vendome ; cc
Juin 1712.
Z
+66 MERGURE
malheureux article merite
des Memoires que je ne
pourray
avoir que le mois
prochain
. Voicy
une Ode
faite par M. L. P. fur une
de fes conquêtes
.
T
LA BATAILLE
de Villa- viciofa.
ODE.I
Servant d'explication au fea
d'artifice que M. le Ďac
d'Albe a fait tirer pour
Dat
ce fujer.
Quelle vive ardeur
55,5 étincelle BauM
鉴
t
CALANT. 269
pour un Heros victorieux ?
c'eft l'amour d'un fujet
fidelle
qui s'ouvre un chemin
vers les Cicyx.
Seigneur, dit-il , Dieu "
fecourable,
voy toujours d'un œil "
A favorable
un Roy qui nous rend
triomphants ;
que toujours onl'aime, "
on le craigne ,
qu'il vive enfin , & "
Z ij
268 MERCURE
que fon
regne
s'éternife dans fes en
fants.
Subditionem obfequentiffimum
'Dux Alve
Vivat ®net,
Les Cieux fe declarent
propices ,
Dieu reçoit ces vœux
enflamez :
non , fous de plus heureux aufpices ,
jamais vœux ne furent
CALANT. 269
formez ,
vertus , Roy , ſujets , tout
confpire i
à deffendre un illuftre
Empire ,
fes fiers ennemis font
defaits ;
la terreur vole fur leurs
petraces : and han
Grand Dieu , que tes
premieres graces
nous prefagent d'autres
9 bienfaits.
fuyez , nations fremif
Z iij
470 MERGURE
fantes
que guide la rebellion ;
vos fureurs font trop inpuiffantes ,
fuyez , redoutez le Lion,
ne irritez pas davantage
refpectez un faint heritage
qui brave la flame & le
fera bos
c'eft cette pierre où tout
fe brife i
& que peuvent contre
l'Eglife
les portes mefmes de
1
GALANT. 178
l'enfer.
Fremuerunt gentes. On
Ecce vicit Leo,
i
Vains projets des Roys
de la terrex
Dieu les confond dans
un inftant
le fuccés d'une injuſte
guerre
perd les vainqueurs en
les flattant.
en vain la forrune prodigue
répand fes faveurs fur la
ligue ;
Z
ijij
72 MERGURE
ces monftres d'orgueil
ne font plus:
quel changement ! qui
l'eût pû croire ,
que tout le fruit de la
victoire
ne feroit que pour les
vaincus,?
Meditatifunt inania.
Pour calmer les juftes
allarmes
d'un peuple trahi par le
fort,
GALANT. 273
les vertus vont prendre
les armes ,
Lattendan tout de leur
effort :
qu'on me fuive , dit la "
Juftice ,
t
il faut que ma main “
accompliffe
l'ouvrage qu'elle a "
commencé ;
je n'ay befoin que
moy-mefime ,
de
pour maintenir le dia- "
dême
fur le front où je l'ay "s
274 MERCURE
5.La placé. vv 22
*
fedis tu Judicium prepratio
"
L
Mon fecours vous
eft neceffaire ,
dit la Conftance au
cœur d'airain ,
bientôt d'un fuperbe
adverfaire
la fureur n'aura plus
de frein ,
Gila foy des peuples
chancelle
GALANT. 275
c'eft moy qui répond “
de leur zele,
interrompt la Fidelité ,
l'Ibere manque - t - il
abd'audace , mop
quand la mort dont "
on le menace
luy promet l'immor- «
sb otalité. nolited ing
Non movebor in æternum.
Fideles in dilectione acquiefcent illi.
Mais quelle autre vertu
s'avance ?
276 MERGURE
quels honneurs ! quel
profond refpect ,
tout garde un augufte
filence
qu'impofe fon divin
alpect : ber
l'éclat de la Majeſté
fainte
qui brille au travers de
fa crainte
m'annonce la Religion ;
mais l'horreur dont elle
eft faifie ,
m'annonceencoremieux
l'Herefiere
GALANT. 277
•
elle en fuit la contagion,
Peuple , dit-elle ,
qu'on m'écoute :
le Ciel va vanger mon❝
affront ;
la foudre eft prête , &“
dans leur route
les prophanateurs periront :
Charles jufques aux
Autels m'affiege ,
lors que Philippe me
protege
qui des deux doit re
сс
278 MERCURE
gnerfur toyo
fouffrirois- tu la con- "
رو
currence ?
tu vois par cette
difference b !
lequel doit eftre ton
vray Roy.
Ꭵ
Iter impiorum peribit.
Elle dit , & le peuple
Zunvole,
tous brulent de remplir
Me fes voeux
on diroit que chaque
21parole
GALANT. 279
eft untrait de flâme
pour eux
tout eft foldat , tout fe
ranime ,
chaque bras choific fa
victime ; stroll
quels fleuves de fang
vont couler
l'ennemi tremblant
prend la fuite ; S
mais la mort prompte à
la pourfuite
va l'atteindre & va l'immoler. Mar
280 MERCURE
C'en eft fait dans
un fang impie
je vois par tout le fer
plongé
le noir facrilege s'expic,
l'outrage du Ciel eft
Cp vangé ; in
un faint4 zela entraîne
Philippe o took
au milieu des rangs qu'il
o diffiperom obvi
il s'abbandonnes à fon
grand coeur :
quel tranfport, Vendôme
luy mefme
GALANT 28F
s'étonne duperil extrême
où s'expofe un fi cher
vainqueur.
On doute alors fi de
l'armée
Vendôme eft le chef ou
Hele bras.
O combien fon ame
Jallarınée,
luy fait affronter de
trépás ?
quelle gloire ! quel nou
veau luſtre w
il acquiert dans ce champ
Juin 1712. Aa
282 MERCURE
illuftre
où dés l'enfance il s'eſt
nourri !
peut-il , ce fang de nos
Monarques,
montrer par de plus nobles marques
qu'il eft digne du grand
Henri.
Qu'un jour au crime
fi funefte
eſt ſuivi d'une prompte
nuit !
les ombres dérobent le
GALANT 283
refte
au fer vengeur qui le
pourfuit.
Mufe, borne icy ta car
riere ,
laiffe à la Parque meurtriere
le foin d'achever ce
projet ;
Et toy , feul Maistre de
la terre ,
grand Dieu , favorife
une guerre
qui n'a que le Ciel pour
objet.
la mort d'un des plus grands
hommes de nôtre fiecle, c'eſt
Monfieur de Vendome ; cc
Juin 1712.
Z
+66 MERGURE
malheureux article merite
des Memoires que je ne
pourray
avoir que le mois
prochain
. Voicy
une Ode
faite par M. L. P. fur une
de fes conquêtes
.
T
LA BATAILLE
de Villa- viciofa.
ODE.I
Servant d'explication au fea
d'artifice que M. le Ďac
d'Albe a fait tirer pour
Dat
ce fujer.
Quelle vive ardeur
55,5 étincelle BauM
鉴
t
CALANT. 269
pour un Heros victorieux ?
c'eft l'amour d'un fujet
fidelle
qui s'ouvre un chemin
vers les Cicyx.
Seigneur, dit-il , Dieu "
fecourable,
voy toujours d'un œil "
A favorable
un Roy qui nous rend
triomphants ;
que toujours onl'aime, "
on le craigne ,
qu'il vive enfin , & "
Z ij
268 MERCURE
que fon
regne
s'éternife dans fes en
fants.
Subditionem obfequentiffimum
'Dux Alve
Vivat ®net,
Les Cieux fe declarent
propices ,
Dieu reçoit ces vœux
enflamez :
non , fous de plus heureux aufpices ,
jamais vœux ne furent
CALANT. 269
formez ,
vertus , Roy , ſujets , tout
confpire i
à deffendre un illuftre
Empire ,
fes fiers ennemis font
defaits ;
la terreur vole fur leurs
petraces : and han
Grand Dieu , que tes
premieres graces
nous prefagent d'autres
9 bienfaits.
fuyez , nations fremif
Z iij
470 MERGURE
fantes
que guide la rebellion ;
vos fureurs font trop inpuiffantes ,
fuyez , redoutez le Lion,
ne irritez pas davantage
refpectez un faint heritage
qui brave la flame & le
fera bos
c'eft cette pierre où tout
fe brife i
& que peuvent contre
l'Eglife
les portes mefmes de
1
GALANT. 178
l'enfer.
Fremuerunt gentes. On
Ecce vicit Leo,
i
Vains projets des Roys
de la terrex
Dieu les confond dans
un inftant
le fuccés d'une injuſte
guerre
perd les vainqueurs en
les flattant.
en vain la forrune prodigue
répand fes faveurs fur la
ligue ;
Z
ijij
72 MERGURE
ces monftres d'orgueil
ne font plus:
quel changement ! qui
l'eût pû croire ,
que tout le fruit de la
victoire
ne feroit que pour les
vaincus,?
Meditatifunt inania.
Pour calmer les juftes
allarmes
d'un peuple trahi par le
fort,
GALANT. 273
les vertus vont prendre
les armes ,
Lattendan tout de leur
effort :
qu'on me fuive , dit la "
Juftice ,
t
il faut que ma main “
accompliffe
l'ouvrage qu'elle a "
commencé ;
je n'ay befoin que
moy-mefime ,
de
pour maintenir le dia- "
dême
fur le front où je l'ay "s
274 MERCURE
5.La placé. vv 22
*
fedis tu Judicium prepratio
"
L
Mon fecours vous
eft neceffaire ,
dit la Conftance au
cœur d'airain ,
bientôt d'un fuperbe
adverfaire
la fureur n'aura plus
de frein ,
Gila foy des peuples
chancelle
GALANT. 275
c'eft moy qui répond “
de leur zele,
interrompt la Fidelité ,
l'Ibere manque - t - il
abd'audace , mop
quand la mort dont "
on le menace
luy promet l'immor- «
sb otalité. nolited ing
Non movebor in æternum.
Fideles in dilectione acquiefcent illi.
Mais quelle autre vertu
s'avance ?
276 MERGURE
quels honneurs ! quel
profond refpect ,
tout garde un augufte
filence
qu'impofe fon divin
alpect : ber
l'éclat de la Majeſté
fainte
qui brille au travers de
fa crainte
m'annonce la Religion ;
mais l'horreur dont elle
eft faifie ,
m'annonceencoremieux
l'Herefiere
GALANT. 277
•
elle en fuit la contagion,
Peuple , dit-elle ,
qu'on m'écoute :
le Ciel va vanger mon❝
affront ;
la foudre eft prête , &“
dans leur route
les prophanateurs periront :
Charles jufques aux
Autels m'affiege ,
lors que Philippe me
protege
qui des deux doit re
сс
278 MERCURE
gnerfur toyo
fouffrirois- tu la con- "
رو
currence ?
tu vois par cette
difference b !
lequel doit eftre ton
vray Roy.
Ꭵ
Iter impiorum peribit.
Elle dit , & le peuple
Zunvole,
tous brulent de remplir
Me fes voeux
on diroit que chaque
21parole
GALANT. 279
eft untrait de flâme
pour eux
tout eft foldat , tout fe
ranime ,
chaque bras choific fa
victime ; stroll
quels fleuves de fang
vont couler
l'ennemi tremblant
prend la fuite ; S
mais la mort prompte à
la pourfuite
va l'atteindre & va l'immoler. Mar
280 MERCURE
C'en eft fait dans
un fang impie
je vois par tout le fer
plongé
le noir facrilege s'expic,
l'outrage du Ciel eft
Cp vangé ; in
un faint4 zela entraîne
Philippe o took
au milieu des rangs qu'il
o diffiperom obvi
il s'abbandonnes à fon
grand coeur :
quel tranfport, Vendôme
luy mefme
GALANT 28F
s'étonne duperil extrême
où s'expofe un fi cher
vainqueur.
On doute alors fi de
l'armée
Vendôme eft le chef ou
Hele bras.
O combien fon ame
Jallarınée,
luy fait affronter de
trépás ?
quelle gloire ! quel nou
veau luſtre w
il acquiert dans ce champ
Juin 1712. Aa
282 MERCURE
illuftre
où dés l'enfance il s'eſt
nourri !
peut-il , ce fang de nos
Monarques,
montrer par de plus nobles marques
qu'il eft digne du grand
Henri.
Qu'un jour au crime
fi funefte
eſt ſuivi d'une prompte
nuit !
les ombres dérobent le
GALANT 283
refte
au fer vengeur qui le
pourfuit.
Mufe, borne icy ta car
riere ,
laiffe à la Parque meurtriere
le foin d'achever ce
projet ;
Et toy , feul Maistre de
la terre ,
grand Dieu , favorife
une guerre
qui n'a que le Ciel pour
objet.
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Résumé : LA BATAILLE de Villa-viciosa. ODE. Servant d'explication au feu d'artifice que M. le Duc d'Albe a fait tirer pour ce sujet.
Le Mercure de Juin 1712 annonce la mort de Monsieur de Vendôme, décrit comme l'un des plus grands hommes de son siècle. L'article mentionne également une ode composée par M. L. P. pour célébrer une des conquêtes de Vendôme. Cette ode explique un feu d'artifice tiré par le duc d'Albe pour commémorer une victoire. Le texte décrit la bataille de Villaviciosa, exaltant les vertus du roi, la fidélité des sujets et la défaite des ennemis. Il met en avant des vertus telles que la Justice, la Constance, la Fidélité et la Religion, qui soutiennent le roi et le peuple contre les forces rebelles. La Religion appelle à la vengeance divine contre les profanateurs et exhorte le peuple à suivre Philippe, le véritable roi. Le texte se termine par une description de la bravoure de Vendôme et de son dévouement, comparant sa gloire à celle du grand Henri. Vendôme est présenté comme un modèle de courage et de loyauté, dont les actions ont contribué à la victoire et à la stabilité du royaume.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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18
p. 61-70
MORT.
Début :
Le Marquis de Lostanges Chevalier de l'Ordre Militaire de Saint Loüis [...]
Mots clefs :
Régiment, Mort, Cavalerie, Bataille, Comte
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORT.
MORT.
LE Marquis de Loftanges
Chevalier de l'Ordre
Militaire de SaintLouis
Colonel du Regiment de,
Lostanges Infanrerie,mourut
en cette Ville le huit
Avril
,
âgé de trente ans.
Il estoit iflii de la Maison
de Lostanges, une desplus
illustres&anciennes du Li
mousin.Ellen'estpasmoins
recommandable par ses alliances
que par les grands
hommes quelle a produits.
Dans le douzième fiecltf
elleestoit trèsconnuë sous
le nom des Aymar de Lofranges.
La Branche aisnée
finitfous Henry IV. par le
fameux duel du Seigneur
de Loftanges avec le Seigneur
de S. Chamans du
Pescher; & ce fut dans ce
temps-là que la Terre de
Lostanges passa dans la
Maison de Pierre-Bussiere
par le mariage d'une fille
de Lostanges
,
d'où sont
descendus le Marquis de
Lostanges, Lieutenant des
Gardes du Roy,qui fut tué
devant Mons en 1691. Le
Comte de Lostanges qui
commandoit la Cavalerie
de Brandebourg en Italie,
& le Marquis de Lostanges
mort en Flandres en 1707.
Colonel du Regiment de
Lostanges,& Brigadierdes
armées du Roy. - -' Des l'an 1406. Jean Aymar
de Lostanges daneson fentrai de mariage avec
Anthoinette de Veirines
dite de Limeüil Dame de
saint Alvaireen Perigord
-, il prend la qualitéde Cheyalier
hDt-& puissant Seigneur
, iflii de la noble&
ancienne famille de Lo£
canges en Limousin.C'est
deluy que descendent les
Marquis de saint Alvaire
en Perigord
,
quiestaujourd'huy
la Branche aisnée,
les Marquis de Bedüer
& de Felzins en Querci,
donc estoit le Marquis de
Lostanges qui vient de
mourir, qui le distingua si
fort au Sièged'Aire en
1710. sur tout à la défense
du Chemin couvert, où il
s'attira l'estime de toute la
garnison. Il estoit fils de
Jean Margarit de Lostanges
ges Marquis de Felzins,
Capitaine dans le Régiment
de Monseigneur le
Duc de Bourgogne, Cavalerie,&
de Marguerite de
Corn Dampare
,
duquel
mariage est issu aussi Hiacinte
Marquis de Felzins
Capitaine dans Royal,
Roussillon Cavalerie
,
quiJ
atousjours servi avec beaucoup
de distinction. Leur
pere estoit fils puisné de
Jean-Louis de Loftanges
Comte de Bedüer Capitaine
commandant le Regiment
de Candale, Cavalerie
; ôc de Francoise de
Gourdon Genoüillac de
Vaillac.L'aisné estoit
François-Louis de Lostanges,
Marquis deBediier^
Capitaine de Cavalerie
dans le Regiment de Saus- eréJqui fut blessé d'un coup
de pistoler à la gorge prés
de Francfort en 1674. Il
mourut en 1671. Colonel
d'un Regiment d'Infanterie
des Milices de Roüergue
:
il avoitépousé Renée
Menardeau fille de
Claude Menardeau de
Champré Doyen du Par1cment,
Con seillerd'f. stat,
Diredeur & Controlleur
General des Finances, ôc
de Catherine Henry son
épouse
,
duquel mariage
sont iiïus Loüis-Henry
Comte de Bedüerqui fut
b'çffé à la Bataille de Fleurus,
Commandaht un Escadron
du Regiment du Rosel
: Emanuël Marquis de
Lostanges
,
Capitaine de
Cavalerie dans le Regiment
de Vaillac
,
tué en
Flandres en 1701. Jacques
Qit leChevalier deBeduer, i
Capitaine de Cavalerie
dans le Regiment de Vivans
S. Christotuéà la Bataille
de Fridlingen, Laurent
dit le ChevalierdeLostanges,
blessé au combat de
Lessingue ; & à la dernière
Batailled'Hocstet il commandoit
un Escadron où il
prit une paire de timbales.
En1711.enallantensemestreilfut
attaqué par un parti,
prit & blessa le partisan
qu'il conduisit à Abbeville:
Laurens,dit le Chevalier
de Bedüer, fut blessé â la
Bataille de Malplaquet:
autre Laurens dit le Baron
deBullac, Cornette
dans la Compagnie de son
Pere dans le Regiment de
Vivans S. Christo,fut tué
à la premiere Bataille de
Hocstet. Ils descendent
tous de Louis-François de
Loftanges leur bisayeul, &
de Jeanne de Marquessac,
qui servit fous les Rois
Henry IV.& LouisXIII.
en qualité de Colone l d'un
Regiment d'Infanterie,&
il fit en sa faveurque la
Baronnie de Bedüer fut
érigée en Vicomté. De la
Branche de faine Alvaire
est aussi sortie la Branche
des Comtes de Pailhé en
Xainconge.
Cette Maison est alliée
àcelles de Limeüil
,
d'Ufez,
d'Estrées, de Fenelon
Menardeau , - Champré
y Montmorency
-
Laval,
Montberon,Vaillac
,
Cadrieu,
Ebrard, S. Suplice,
&c.
LE Marquis de Loftanges
Chevalier de l'Ordre
Militaire de SaintLouis
Colonel du Regiment de,
Lostanges Infanrerie,mourut
en cette Ville le huit
Avril
,
âgé de trente ans.
Il estoit iflii de la Maison
de Lostanges, une desplus
illustres&anciennes du Li
mousin.Ellen'estpasmoins
recommandable par ses alliances
que par les grands
hommes quelle a produits.
Dans le douzième fiecltf
elleestoit trèsconnuë sous
le nom des Aymar de Lofranges.
La Branche aisnée
finitfous Henry IV. par le
fameux duel du Seigneur
de Loftanges avec le Seigneur
de S. Chamans du
Pescher; & ce fut dans ce
temps-là que la Terre de
Lostanges passa dans la
Maison de Pierre-Bussiere
par le mariage d'une fille
de Lostanges
,
d'où sont
descendus le Marquis de
Lostanges, Lieutenant des
Gardes du Roy,qui fut tué
devant Mons en 1691. Le
Comte de Lostanges qui
commandoit la Cavalerie
de Brandebourg en Italie,
& le Marquis de Lostanges
mort en Flandres en 1707.
Colonel du Regiment de
Lostanges,& Brigadierdes
armées du Roy. - -' Des l'an 1406. Jean Aymar
de Lostanges daneson fentrai de mariage avec
Anthoinette de Veirines
dite de Limeüil Dame de
saint Alvaireen Perigord
-, il prend la qualitéde Cheyalier
hDt-& puissant Seigneur
, iflii de la noble&
ancienne famille de Lo£
canges en Limousin.C'est
deluy que descendent les
Marquis de saint Alvaire
en Perigord
,
quiestaujourd'huy
la Branche aisnée,
les Marquis de Bedüer
& de Felzins en Querci,
donc estoit le Marquis de
Lostanges qui vient de
mourir, qui le distingua si
fort au Sièged'Aire en
1710. sur tout à la défense
du Chemin couvert, où il
s'attira l'estime de toute la
garnison. Il estoit fils de
Jean Margarit de Lostanges
ges Marquis de Felzins,
Capitaine dans le Régiment
de Monseigneur le
Duc de Bourgogne, Cavalerie,&
de Marguerite de
Corn Dampare
,
duquel
mariage est issu aussi Hiacinte
Marquis de Felzins
Capitaine dans Royal,
Roussillon Cavalerie
,
quiJ
atousjours servi avec beaucoup
de distinction. Leur
pere estoit fils puisné de
Jean-Louis de Loftanges
Comte de Bedüer Capitaine
commandant le Regiment
de Candale, Cavalerie
; ôc de Francoise de
Gourdon Genoüillac de
Vaillac.L'aisné estoit
François-Louis de Lostanges,
Marquis deBediier^
Capitaine de Cavalerie
dans le Regiment de Saus- eréJqui fut blessé d'un coup
de pistoler à la gorge prés
de Francfort en 1674. Il
mourut en 1671. Colonel
d'un Regiment d'Infanterie
des Milices de Roüergue
:
il avoitépousé Renée
Menardeau fille de
Claude Menardeau de
Champré Doyen du Par1cment,
Con seillerd'f. stat,
Diredeur & Controlleur
General des Finances, ôc
de Catherine Henry son
épouse
,
duquel mariage
sont iiïus Loüis-Henry
Comte de Bedüerqui fut
b'çffé à la Bataille de Fleurus,
Commandaht un Escadron
du Regiment du Rosel
: Emanuël Marquis de
Lostanges
,
Capitaine de
Cavalerie dans le Regiment
de Vaillac
,
tué en
Flandres en 1701. Jacques
Qit leChevalier deBeduer, i
Capitaine de Cavalerie
dans le Regiment de Vivans
S. Christotuéà la Bataille
de Fridlingen, Laurent
dit le ChevalierdeLostanges,
blessé au combat de
Lessingue ; & à la dernière
Batailled'Hocstet il commandoit
un Escadron où il
prit une paire de timbales.
En1711.enallantensemestreilfut
attaqué par un parti,
prit & blessa le partisan
qu'il conduisit à Abbeville:
Laurens,dit le Chevalier
de Bedüer, fut blessé â la
Bataille de Malplaquet:
autre Laurens dit le Baron
deBullac, Cornette
dans la Compagnie de son
Pere dans le Regiment de
Vivans S. Christo,fut tué
à la premiere Bataille de
Hocstet. Ils descendent
tous de Louis-François de
Loftanges leur bisayeul, &
de Jeanne de Marquessac,
qui servit fous les Rois
Henry IV.& LouisXIII.
en qualité de Colone l d'un
Regiment d'Infanterie,&
il fit en sa faveurque la
Baronnie de Bedüer fut
érigée en Vicomté. De la
Branche de faine Alvaire
est aussi sortie la Branche
des Comtes de Pailhé en
Xainconge.
Cette Maison est alliée
àcelles de Limeüil
,
d'Ufez,
d'Estrées, de Fenelon
Menardeau , - Champré
y Montmorency
-
Laval,
Montberon,Vaillac
,
Cadrieu,
Ebrard, S. Suplice,
&c.
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Résumé : MORT.
Le texte relate la mort du Marquis de Loftanges, Chevalier de l'Ordre Militaire de Saint-Louis et Colonel du Régiment de Lostanges Infanterie, survenue le 8 avril à l'âge de trente ans. Le Marquis appartenait à une des plus illustres et anciennes maisons du Limousin, connue sous le nom des Aymar de Loftanges depuis le douzième siècle. La branche aînée de cette famille s'est éteinte sous Henri IV à la suite d'un duel. La terre de Lostanges est passée dans la Maison de Pierre-Bussiere par le mariage d'une fille de Lostanges, d'où sont descendus plusieurs Marquis de Lostanges. Parmi eux, un Lieutenant des Gardes du Roi fut tué devant Mons en 1691, un Comte commanda la Cavalerie de Brandebourg en Italie, et un Marquis mourut en Flandres en 1707. Le Marquis de Lostanges récemment décédé appartenait à la branche des Marquis de Saint-Alvaire en Périgord, actuellement la branche aînée. Il s'est distingué lors du siège d'Aire en 1710, notamment à la défense du chemin couvert. Il était le fils de Jean Margarit de Lostanges, Marquis de Felzins, et de Marguerite de Corn Dampare. La famille de Lostanges compte plusieurs membres ayant servi avec distinction dans divers régiments de cavalerie et d'infanterie. Parmi eux, Hiacinte Marquis de Felzins et Louis-François de Loftanges, Colonel d'un Régiment d'Infanterie, ont servi sous les rois Henri IV et Louis XIII. La Maison de Lostanges est alliée à de nombreuses familles nobles, dont Limeüil, d'Ufé, d'Estrées, et Montmorency.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 252-264
MORT.
Début :
Messire Charles de Gaucourt, Seigneur de Cluys, de Bouesses [...]
Mots clefs :
Seigneur, Gaucourt, Alliance, Picardie, Chambellan, Gouverneur, Mort, Bataille, Héritage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORT.
M0R71
Messire Charles de Gaucourt,
Seigneur deCluys;
de Boueffes, &c. Lieutenant
du Roy en Berry, mourut
lc 30 May. Il avoit épousé
Marguerite de Tiercel in de
Rancé, Fille de Jean, Seigneur
de la Chapelle - Barion
5c de Jeanne Marie
Turpin aprés la more de laquelle
sans enfans en 1G%6.\
il a pris une seconde Alliance
1687. avec Albertine
kigide de la Beaume, fillc
1c Charles, Marquis de S,
Martin & de Therese Anne-
Françoise de Trafignys, sa
seconde femme; de laquelle
l a eu un fils qui luy succede
en sa Charge. La Maison
de Gaucourt est une des
plus considerables de Picariic;
elle a donné de grands
Officiers à la Couronne;elle
tire son origine de Raoul
, Seigneur de Gaucourt&
d'Argicourt qui vivoic en
12.70. Jean de Gaucourt,
Seigneur de Maisons sur
Seine. de Viry & de Villiers
a esté Maistre d'Hostel du
Roy,ilmourut le22. Février
1393.laissant de Jeanne de
Farinaille sa femme, Jeanne
de Gaucourt, mariée à Robert,
Seigneur de Vaurin-
Lillers &c. Raoul. Jean Ar-;
chidiacre de Joinville en
l'Eglise de Châalons, Eustache,
Seigneur de Viry,
grand Fauconnier de France
mort vers l'an 1415. sans
postetité de Jeanne de Mommorency,
veuve de Gautier
de Thorore, Seigneur
de Chastellier, &, fille de
pufll^unie de Monmorency
Seigneur de S. Luc
,
& Jean
le Gaucourt Seigneur de
Maison sur SeinedeVilliers
:Gus S. Leu, &c. qui fut insitué
Maistre des Eaux &
Forests deFrance, Champagne&
Brie en 1 398.
Raoul Seigneurde Gauatur$,
ChevalierChambelan
du Roy, Bailly de
Roüen
,
où il fut tué lors
l'une seditionqui arriva en
417. aptés avoir rendu des
Services considerables àl'Eat;
il avoit épousé Mar gue.
rite de Beaumont, veuve dr
Charles deHanget,Senechal
de Beaucaire & avoir pris
une seconde Alliance avec
Aleaume deBerghes
,
veuve
de Jean de Roye
,
Seigneur
Daunois; du premier sortirent
Guillaume deGaucourt
vivant 1402. &Raoul Sei
gneurde Gaucourt, &c.
Premier Chambellandu Roy
CharlesVII.Gouverneur
du Dauphiné & Bailly dOrleans,
puis grand Maistre
de France, se trouvaàla de.(
faite des Anglois devant
Montargisen 1427, contribua
à la reprise de Chartres
en 1429. & ayant esté établis
Gouverneur de Dauphiné;
ildéfiten 1430 au combat
d'Anthon le Prince d'Orange
qui tenoit le parti du
Duc de Bourgogne.L'an
14M il se signala au Siege
de Montereau & servit beaucoup
à la Conqueste de la
Normandie. Il assista en qualité
de premier Chambellan
du Roy à la magnifique Entrée
que Charles VII. fit
dans la Ville de Roüen, &
en 1456.ilreçût de la part
du Roy en qualité de grand
Maistre de son Hostel les
Ambassadeurs envoyez par
le Roy de Hongrie pour
demander la Princesse Magdaleine
en mariage; il avoir
épousé Jeanne de Preuilly,
fille de Gilles Seigneur de
Preuilly & de Marguerite de
Naillac dont il eut Charles,
Jean, Evêque & Duc e
Laon, mort le 10. Juin 1468.1
Raoul Seigneur de Lufarchflu
8c Marie de Gaucourt quiJ
épousale 5. Juin i4j£.J
Charles de Tournon -
gneur de Belcastel, Charles
Seigneur de Gaucourt, Argicourt
&c. Vicomted'Acy
Lieutenant General Gouverneur
de la Ville de Paris &
Isle de France, Conseiller &
Chambellan duRoy,rendit
des servicesconsiderables
aux Rois Charles V II. &
Loüis XI. mourut à Paris
en 1482. futenterréenl'Eglise
de S. Jean en Gréve.
Il avoir épousé le 8Octobre
1454. Agnés de Vaux, dire
Collette, fille de Jean Seigneur
de S. Jues & de
Jeanne Bouteiller, Dame de
Saintines dontil eut Charles
Jean,Evêque d' Amiens,
Loüis, Evêque d'Amiens,
aprés son frere,François
Chevalier de Rhodes, Annemariée
le 23.OctobreàJean
de Cullan, Seigneur de
Chasteau-neuf. Catherine:
alliée le 10. Mars 1480. àj
loüis d'Aubusson. Seigneur
de Villeneuve, & Marguerite
de Gaucourt femme de
Pierre du Puy, Seigneur de
Vatan, Bailly & Gouverneur
de Berry.
Charles , Seigneur de
Gaucourt de Boëfes, Cluys,
&c.venditen 145)8 leFief
de Gaucourt.
Loüis de Gaucourt,Seigneur
de Cluys de Boesses,
&c, Chevalier de l'Ordre du
Roy, Chambellan du Duc
d'Alençon, mouruc lc 3.
Aoust Ij89. de la blessure
qu'il reçût en commandant
pour la Ligue; il avoit épousé
en 1564. Jeanned'Escoubleau,
fille de Jean, Seigneur
de Sourdis Maistre de la
Garde Robe du Roy, il eut
Charles; Jean Abbé de
Maubec; Jacques qui a fait
la branche de Cluys & Aymée
de Gaucourt, femme de
Gabriel de Mallesu,Seigneur
de Chastelus,Charles de
Gaucourc, Seigneur de Ville-
Dîeu & de Boesses, épousa
lc ip. Septem bre 1604.
Charlotte de Rochefort,
fille d'Imbert, Seigneur de
Beauvais & de Ville-Dieu.
Branche des Seigneurs de-
Cltijs.
Jacques de Gaucourt ,Seigneur
de Cluys, &c. fils
puisné de Loüis de Cluys &
de Françoise d'Escoubleau,
fut Capitaine de Chevaux
Legers & Senechal de la
Marches il épousa en J£O?.
Jeanne d'Elbene, fille de
Guillaume, Seigneur de l'EG.
pinoux, Conseiller au grand
Conseil&d'Aysieux Chamarre
dont il eut Loüis
& Char les, morts jeunes.
Charles Guillaume, Prieur
de Cluys,Aimée, femme
de Frederic de Gamaches,
Vicomte de Chasteau Me-
Hand) Esther & Magdelaine.
de Gaucourt, Rehgieuses.
Charles de Gaucourr, Seigneur
de Cluys,mourut en
Juin 1692. il avoit épousé
en 1656.Gilberred'Assy,
,ycuve de Claude deTroussebois,
Seigneur de Champaigre,
& fille de Hugues,
Seigneur de Rochefolle, &
de Marguerite de Morette,
dont il laissa Charles de
Gaucourt, qui mourut le
30. May, comme nous (tavons
dit ci-dessus, & Silvain
Chevalier de Malthe. N. &
Nde Gaucourc.
Extrait d'une Lettre dt
Gironne le 7. Jmilet 171 3. V.
Messire Charles de Gaucourt,
Seigneur deCluys;
de Boueffes, &c. Lieutenant
du Roy en Berry, mourut
lc 30 May. Il avoit épousé
Marguerite de Tiercel in de
Rancé, Fille de Jean, Seigneur
de la Chapelle - Barion
5c de Jeanne Marie
Turpin aprés la more de laquelle
sans enfans en 1G%6.\
il a pris une seconde Alliance
1687. avec Albertine
kigide de la Beaume, fillc
1c Charles, Marquis de S,
Martin & de Therese Anne-
Françoise de Trafignys, sa
seconde femme; de laquelle
l a eu un fils qui luy succede
en sa Charge. La Maison
de Gaucourt est une des
plus considerables de Picariic;
elle a donné de grands
Officiers à la Couronne;elle
tire son origine de Raoul
, Seigneur de Gaucourt&
d'Argicourt qui vivoic en
12.70. Jean de Gaucourt,
Seigneur de Maisons sur
Seine. de Viry & de Villiers
a esté Maistre d'Hostel du
Roy,ilmourut le22. Février
1393.laissant de Jeanne de
Farinaille sa femme, Jeanne
de Gaucourt, mariée à Robert,
Seigneur de Vaurin-
Lillers &c. Raoul. Jean Ar-;
chidiacre de Joinville en
l'Eglise de Châalons, Eustache,
Seigneur de Viry,
grand Fauconnier de France
mort vers l'an 1415. sans
postetité de Jeanne de Mommorency,
veuve de Gautier
de Thorore, Seigneur
de Chastellier, &, fille de
pufll^unie de Monmorency
Seigneur de S. Luc
,
& Jean
le Gaucourt Seigneur de
Maison sur SeinedeVilliers
:Gus S. Leu, &c. qui fut insitué
Maistre des Eaux &
Forests deFrance, Champagne&
Brie en 1 398.
Raoul Seigneurde Gauatur$,
ChevalierChambelan
du Roy, Bailly de
Roüen
,
où il fut tué lors
l'une seditionqui arriva en
417. aptés avoir rendu des
Services considerables àl'Eat;
il avoit épousé Mar gue.
rite de Beaumont, veuve dr
Charles deHanget,Senechal
de Beaucaire & avoir pris
une seconde Alliance avec
Aleaume deBerghes
,
veuve
de Jean de Roye
,
Seigneur
Daunois; du premier sortirent
Guillaume deGaucourt
vivant 1402. &Raoul Sei
gneurde Gaucourt, &c.
Premier Chambellandu Roy
CharlesVII.Gouverneur
du Dauphiné & Bailly dOrleans,
puis grand Maistre
de France, se trouvaàla de.(
faite des Anglois devant
Montargisen 1427, contribua
à la reprise de Chartres
en 1429. & ayant esté établis
Gouverneur de Dauphiné;
ildéfiten 1430 au combat
d'Anthon le Prince d'Orange
qui tenoit le parti du
Duc de Bourgogne.L'an
14M il se signala au Siege
de Montereau & servit beaucoup
à la Conqueste de la
Normandie. Il assista en qualité
de premier Chambellan
du Roy à la magnifique Entrée
que Charles VII. fit
dans la Ville de Roüen, &
en 1456.ilreçût de la part
du Roy en qualité de grand
Maistre de son Hostel les
Ambassadeurs envoyez par
le Roy de Hongrie pour
demander la Princesse Magdaleine
en mariage; il avoir
épousé Jeanne de Preuilly,
fille de Gilles Seigneur de
Preuilly & de Marguerite de
Naillac dont il eut Charles,
Jean, Evêque & Duc e
Laon, mort le 10. Juin 1468.1
Raoul Seigneur de Lufarchflu
8c Marie de Gaucourt quiJ
épousale 5. Juin i4j£.J
Charles de Tournon -
gneur de Belcastel, Charles
Seigneur de Gaucourt, Argicourt
&c. Vicomted'Acy
Lieutenant General Gouverneur
de la Ville de Paris &
Isle de France, Conseiller &
Chambellan duRoy,rendit
des servicesconsiderables
aux Rois Charles V II. &
Loüis XI. mourut à Paris
en 1482. futenterréenl'Eglise
de S. Jean en Gréve.
Il avoir épousé le 8Octobre
1454. Agnés de Vaux, dire
Collette, fille de Jean Seigneur
de S. Jues & de
Jeanne Bouteiller, Dame de
Saintines dontil eut Charles
Jean,Evêque d' Amiens,
Loüis, Evêque d'Amiens,
aprés son frere,François
Chevalier de Rhodes, Annemariée
le 23.OctobreàJean
de Cullan, Seigneur de
Chasteau-neuf. Catherine:
alliée le 10. Mars 1480. àj
loüis d'Aubusson. Seigneur
de Villeneuve, & Marguerite
de Gaucourt femme de
Pierre du Puy, Seigneur de
Vatan, Bailly & Gouverneur
de Berry.
Charles , Seigneur de
Gaucourt de Boëfes, Cluys,
&c.venditen 145)8 leFief
de Gaucourt.
Loüis de Gaucourt,Seigneur
de Cluys de Boesses,
&c, Chevalier de l'Ordre du
Roy, Chambellan du Duc
d'Alençon, mouruc lc 3.
Aoust Ij89. de la blessure
qu'il reçût en commandant
pour la Ligue; il avoit épousé
en 1564. Jeanned'Escoubleau,
fille de Jean, Seigneur
de Sourdis Maistre de la
Garde Robe du Roy, il eut
Charles; Jean Abbé de
Maubec; Jacques qui a fait
la branche de Cluys & Aymée
de Gaucourt, femme de
Gabriel de Mallesu,Seigneur
de Chastelus,Charles de
Gaucourc, Seigneur de Ville-
Dîeu & de Boesses, épousa
lc ip. Septem bre 1604.
Charlotte de Rochefort,
fille d'Imbert, Seigneur de
Beauvais & de Ville-Dieu.
Branche des Seigneurs de-
Cltijs.
Jacques de Gaucourt ,Seigneur
de Cluys, &c. fils
puisné de Loüis de Cluys &
de Françoise d'Escoubleau,
fut Capitaine de Chevaux
Legers & Senechal de la
Marches il épousa en J£O?.
Jeanne d'Elbene, fille de
Guillaume, Seigneur de l'EG.
pinoux, Conseiller au grand
Conseil&d'Aysieux Chamarre
dont il eut Loüis
& Char les, morts jeunes.
Charles Guillaume, Prieur
de Cluys,Aimée, femme
de Frederic de Gamaches,
Vicomte de Chasteau Me-
Hand) Esther & Magdelaine.
de Gaucourt, Rehgieuses.
Charles de Gaucourr, Seigneur
de Cluys,mourut en
Juin 1692. il avoit épousé
en 1656.Gilberred'Assy,
,ycuve de Claude deTroussebois,
Seigneur de Champaigre,
& fille de Hugues,
Seigneur de Rochefolle, &
de Marguerite de Morette,
dont il laissa Charles de
Gaucourt, qui mourut le
30. May, comme nous (tavons
dit ci-dessus, & Silvain
Chevalier de Malthe. N. &
Nde Gaucourc.
Extrait d'une Lettre dt
Gironne le 7. Jmilet 171 3. V.
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Résumé : MORT.
Le texte relate l'histoire de la famille de Gaucourt, une des plus influentes de Picardie, connue pour avoir fourni de nombreux officiers à la Couronne. Messire Charles de Gaucourt, Seigneur de Cluys, de Boueffes, et Lieutenant du Roy en Berry, est décédé le 30 mai. Il avait épousé Marguerite de Tiercelin de Rancé en 1686, puis Albertine Rigide de la Beaume en 1687, avec qui il eut un fils qui lui succéda. La famille de Gaucourt tire son origine de Raoul, Seigneur de Gaucourt et d'Argicourt, vivant en 1270. Plusieurs membres de la famille ont occupé des postes importants. Jean de Gaucourt, Maître d'Hôtel du Roy, est mort en 1393, et Raoul de Gaucourt, Chevalier et Chambellan du Roy, a été tué en 1417. Raoul de Gaucourt, Premier Chambellan du Roy Charles VII, Gouverneur du Dauphiné et Bailly d'Orléans, a joué un rôle crucial dans la reprise de Chartres en 1429 et la conquête de la Normandie. Il est décédé en 1482. Charles de Gaucourt, Seigneur de Gaucourt, Argicourt, et Vicomte d'Acy, a servi les Rois Charles VIII et Louis XI et est également mort en 1482. Louis de Gaucourt, Seigneur de Cluys et Chevalier de l'Ordre du Roy, a été blessé en commandant pour la Ligue et est décédé le 3 août 1589. Charles de Gaucourt, Seigneur de Cluys, est mort en juin 1692. Il avait épousé Gilberte d'Assy en 1656, avec qui il eut Charles de Gaucourt, décédé le 30 mai, et Sylvain, Chevalier de Malte.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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20
p. 205-229
ECLAIRCISSEMENS. / ADDITION.
Début :
Sur le lieu où furent données deux Batailles en France, les années 596. & [...]
Mots clefs :
Lieu, Lieux, Bataille, Diocèse, Palais, Bourgogne, Pays, Roi, Royaume de Bourgogne, Histoire
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texteReconnaissance textuelle : ECLAIRCISSEMENS. / ADDITION.
ECL4IRCISS EMENS.
Sur le lieu où furent données deux Ba
tailles -en France, les années 595. &
600. & fur un ancien Palais de nos
Rois de la première Race , duquel
personne jusqu'ici n'a assigné la situa
tion. Paf -M' le Beuf , Sous-Chantrt
& Chanoine de V Eglise d' Auxerre.
E Journal de Verdun du mois
de Mars dernier , nciis a com
muniqué une Remarque faite
un habile homme , touchant l'en-
A ij droit
%o6 MERCURE DE FRANCE;
droit où fut. donnée une Bataille l'an 59^.
ou 597. entre les Troupes de Clotaire
II. Roi de Soissons & de Paris , fils de
la Reine Fredegonde , d'une part , & les
Troupes de Theodebert II. Roi d'Auftrasie
, jointes à celles de Thierry II. Roi
d'Orléans & de Bourgogne. Ce lieu se
trouve appellé Latofao dans les Impri
més de la Chronique , connue fous le
nom de Fredegaire, M. Maillard , Avo
cat , Auteur de la Remarque du Jour
nal j observe que le Pere Daniel dit qu'on
ne connoît plus ce lieu ; mais que le
Pere Ruinart a marque dans ses Notes
(at Fredegaire que feion quelques uns
ce Latofao est dans le Diocèse de Sens.
Cette désignation générale ne satisfait
point le Lecteur. On aime à voir les
«hoses indiquées plus particulièrement.
C'est ce que tache de faire M. Maillard,
en produisant un garant pour la situa
tion de çe lieu dans le Diocèse de Sens.
Xe garant qu'il croit suffisant est l'Histoire
du Gâcinois , écrite il y a cent ans
par Morin , Grand-Prieur de perrières.
C'est un Ouvrage où , à la vérité , il y
z quelque chose à apprendre } mais en
prenant les précautions nécessaires >
c?cst-à-dire , en vérifiant la plupart des
choses qu'il avance , il y a lieu de se
/défier de tout ce qu'il produit , fans
FEVRIER. i7jo. So?
én apporter la preuve ; Sc je ne vois
pas qu'on puisse fonder fur son simple
témoignage un fait aussi ancien qu'est
celui en question. Cet Historien est fi
peu exacb , & si rempli de fautes , que
dès le premier mot du Chapitre où il
parle de ce Latofao , il dit que Moret
& Doromel font la même chose selon
Aimoin , ce qui est doublement faux ,
puisqu'Aimoin ne parle aucunement de
Moret , lib. 3. e. 8 8. & que Dormèil,
loin d'être Moret , en est éloigné de
trois lieues ou environ.Le PereLe Cointe
die aussi à l'an 596. num. 4. que quel
ques nouveaux Auteurs placent ce La
tofao dans le Diocèse de Sens. ïl ne les
eite point par leur nom , & on ne
connoît que Morin qui ait avancé cette
opinion. C'est lui apparemment que le
Pere Le Cointe a en vue. Mais avec ust
peu d'attention , on s'apperçoit aisément
que ce qui a conduit Morin dans le sen
timent qu'il embrasse sur la Bataille de
Latofao , est que Dormeil , où il s'en
donna quatre ans après une seconde ,
est situé dans le Diocèse de Sens , 8c
peu éloigné de Moret. Pour moi , je
fuis d'un sentiment bien opposé au sienj'
je prétends que les Places où se don
nèrent ces deux Batailles ne font point
si voisines } & que comme l'iflue en suc
A Uj diffe2
»8 MERCURE DE FRANGE;
différente , le terrain en fut aussi fors
diffèrent. Dans celle de Latefao de Pan
y 9 6. c'est Clotaire qui parent aggiesfeur
& qui vient fondre fur les Armées de
Theodeberr & de Thierry , qu'il taille
en pieces. Dans celle de Dormeil , ce
font Theodeberr & Thierry qui venant
à leur tour contre Clotaire , lui rendi
rent la pareille , & mirent toute son
Armée en déroute. Il paroît plus natu
rel que la première Bataille se soit don
née sur un terrain appartenant à Theo
deberr ou à Thierry , de même que la
seconde fut donnée vrai- semblablement
dans un lieu des Etats de Clotaire. U
ne faut point s'astreindre tellement aux
noms marques dans les imprimés de la
Chronique de Fredegaire , qu'on ne
puisse avouer que quelquefois ces noms
ont été mal écrits par les Copistes. Que
penser de certains noms propres dont il
est fait mention dans cet Ecrivain , lors
que l'on voit que dès le titre de fa' Chro
nique , qui étoit intitulée .• Extrait de
FHiftoire de S. Grégoire de Tours , du
mot Greji , les Copistes les plus anciens
avoient fait G >-aec , & de Turonici 3 il*
avoient fait Thoromachi ? Le Pere Ruinart
fait cette Observation dans son ex
cellente Préface, num. 137. Aidons un
peu à la lettré , & voyons si dans la mê
me
FÉVRÏÉR. trtú. ioj
iiie Chronique ou dans ses Continua
teurs , il n'y a pas encore d'autre Ba
taille donnée dans un lieu d'un nom ap*
prochanr. Je découvre par le mûyen des;
íçavantes Notes du P Ruinart , que
l'endroit où le second Continûareur mar
que une Bataille donnée en 680. & que
les imprimés appellent mal Locofico ;
est nommé dans les manuscrits Locofaa
ou Lnfmo , & autrement Lucofaco Lttu _
eofngo 5 je le trouve aussi appelle Luco*
fao dans l'Hiftoirc d'Aimoin. Comme le
Manuscrit des Continuateurs de la Chro
nique , & celui du premier Auteur n'ont
pas toujours paíté par les mêmes mains,
il ne fau! pas s'étonner de la petite dif
férence qui se trouve entre Latofao 8c
Lacofao. Mais je croirois volontiers que
c'est un seul & même endroit ; il s'agit
d'abord d» fixer fa situation. Dom Thierry
Ruinart dit que Monsieur Valois n'a pas
connu cet endroit , mais que ce pour*-
roit être Loixi en Lannois ; il ajoûtfr
ensuite , que cependant il paroîtra à
d'autres assez vrai-semblable , que ce liea
est celui dont prie l'Histoire des Evê
ques d'Auxerre , & qu'elle dit être situé
dans le Pays de Toul. Cette Histoire
e'crite fous le Règne de Charles le Chau-
▼Cy, rapporte que Hainmar , Evêque
d'Auxerre vers l'an j6y ayant été con-
A, iiij duir
ïio MERCURE DE FRANCE:
duit par ordre du Roi sur de faux rap^
porcs à Bastognes , dans la Forée des
Ardennes , fut adroitement tiré de cette
prison par un de ses neveux ; & que
comme il íe sauvoit à cheval , il fut sur
pris & arrêté à Lufaiis , dans le Pays de
Toul , où se£ ennemis en firent un Mar
tyr. Adverfarii infequentes in loco qui
Lufaiis dieitur , j» Pago Tullenfì , eum
conficuti funt &c. Il semble qu-'il ne fauc
point chercher ailleurs ce Lufaiis que
dans le Diocèse de Toul ; ainsi c'est in
failliblement ce qu'on appelle aujour
d'hui Lifou, Il y a Lifou le grand & Lifou
le petit , qui font deux Villages contigus,
à six ou sept lieues de Joinville r
vers L'Orient , tous les deux dans le Dio
cèse de TouL , & dans l'ancienne Austrasie.
Le nom de Lifoldium , que le
P. Benoit , Capucin , leur donne dans son
nouveau Pouiller de Toul, ne m'arrête
aucunement , pareeque j'ai connu que
dans beaucoup d'articles , il a latinisé les
noms fur le François , & que lorsque la
terminaison d'un nom étok susceptible
de deux différentes inflexions Latines ,
il a souvent pris la moins fondée dans
l'antiquité , & a laisse l'autre qui-lui étoit
inconnue*. Telle est la derniere syllabe
du nom Lifou ou Lufou , laquelle n'a
pas été formée de l' Allemand Bold , mais
d»
FEVRIER. 1730. m
du Latin Fagus. A l'égard de la première
syllabe , il est plus probable qu'elle vient
du mot Lhcus que d'aucun autre , & je
me persuade que quiconque est au sait
de la formation des noms propres des
lieux , ne fera aucunement surpris que
de LucasAgus , on ait fait Lifou , qui
auparavant étort écrit & prononcé Luc*
foug 3 soit que ce mot vienne de Leucorum
Fagus , ou de Lucus Fagorum. Je
laisse au Lecteur à juger sì Lifou, quia,
plutôt été le Théâtre de la Guerre de
tan 6 S o. qu'aucun autre lieu , n'est pas
aussi l'endroit de la Bataille de l'an j^óV
puisqu'il étoit dans les Etats de Theodebert
, où il est plus vrai semblable que
Clotaire envoya ses Troupes , que noa
pas dans fes propres Etau , à 1 5. ou
16. lieues de Paris. On pourroit m'objecter,
que qUandmême il seseroit donné
une Bataille à Lifou cn l'an £80. il ne
s'ensuivroir pas delà qu'il s'y en soit aussi
donné une en ^96. Qu'inferec l'un de
l'autre , c'est retomber dans le deffauc
de raisonnement que je blâme dans Morin.
Mais la différence qu'il ya, est que
Latofao & Lucofao , ou par abrégé L«-
fao , se ressemblent si fort , qu'à moins
qu on ne trouve un lieu véritablement
nommé Latofao , diffèrent de Lifou , on
est toujours bien fondé à croire que c'est
A v le
212 MERCURE DE FRANCE.
le même. M. Maillard avoiie qu'on ne
connoît point de lieu appelle' Latofao
où Morin dit qu'il y en a un. II ne pro
duit non plus aucun titre , ni aucune
Histoire qui donne ce nom à aucun en~
droit voisin de Dormeil & de Moret ;
d'où je conclus que fa Remarque est
trop foiblement appuye'e pour qu'on
puisse y avoir égard , &c que si Latofaon'est
pas Lifou , il faut continuer à avouer
avec le Pere Daniel qu'on ne connoîe
plus ce Latofao.
Comme cette Observation tend à ôter
au Diocèse de Sens un endroit mémora
ble que M. Maillard a essayé de lui at
tribuer, je fuis bien aise de lui assigner
' en dédommagemenr un autre lieu plus
célèbre , & qui mériteroit d'être regar
dé avec distinction par les Historiogra
phes de France. C'est le lieu que nos^
anciennes Chroniques , nos Annales Sc
certaines Chartes appellent A4ap>loecnmt,
Aí ■npìlacum Afanfolagum. J'en ai déja
touché quelque chose dans une Note qui»
est au bas de la page 87 du Mercure
de Janvier 1725. Mais comme il n'y a
gueres que les curieux & les personnes,
studieuses qui lisent ce qui est au bas des
pages , j'ai crû devoir m'étendre un peu
plus fur ce point Topographique. Le
HJjet est d'autant plus digne d'attention
que:
FEVRIER. 1730. 213
que 1c Perc Mabiilon avoue dans son cjuatriéme
Livre de la Diplomatique\, qu'il
n'a pû découvrir quel lieu est ce Masolacum
, & que lc P. Ruinart en publiant
Fredegaire , de'clare qu'il ne le connoîc
pas davantage. Ignotus mihi Aianfolaci
fttus , dit le Pere Mabiilon. Hujus Viíl*
Jîtns ignotus est , dit le Pere Ruinart.
Cet endroit n'étant pas un fimple Vil
lage du commun , mais une terre dis*
ringuée par un Palais R oyal , ne doit
pas être non plus , par conséquent , de
ceux qui peuvent rester dans l'obsciuké.
Les Antiquaires qui aiment à suivre la
marche de nos Rois ne peuvent regardée
comme indifferens dans la Géographie
les lieux où ils se retiroient queîquefoisì
soit pour y prendre le divertissement de
la chasse , soit- pour y tenir leurs Etats ,
oti y faire quelqu'autre action éclatante.
Aíaffolacurn est dans ce cas. Ce fut là^
que Clotaire II. fit comparoître l'an 6\ j.
devant lui le Patrice Alethée , lequel
n?ayant pû se purger des crimes dont il
étoit accusé } fut condamné à périr par
le glaive. Dagobert I. étant mort , ce
fcit aussi à Massolac que les Seigneurs de
Neustrie & de Bourgogne s'assemblèrent
pour proclamer Roi , son fils Clovis..
Ces faits font affectés par Fredegaire ,
Auteur du tems , Ôc depuis par Aimoin.
A*j M»is
ZT4 MERCURE DE FRANCE:
Mais où éroit situé ce Maffolac ? & cot»;
ment l'appclle-t'on aujourd'hui ? C'est
suc quoi je me suis déja déclaré en 1725,»
en marquant que c'est Maíky » à une
lieue de Sens. Dom Jean Mabillon die
que ce Maffolac a du être certainement
un Palais Royal du Royaume de Bour
gogne avant le Règne de Clotake I I.
Regni Burgunàici Palatium fuijse cons-
Ut. il le dit fans aíSgner le lieu où il ctoic
situé; mais le voisinage de Sens suffit pour
décider, que ce Palais étoit du même
Royaume que. Sens j & quoique je ne
veuille pas contredire ouvertement le
fçavant Pere Mabillon , je ne crois pas
qu'après la resolution prise par le Roi
Clotaire d'entendre les Chefs d'accusa*
tion contre un Patrice de Bourgogne y.
il fut nécessaire pour cela que l' Assem
blée se íint dans un Palais du Royau
me de Bourgogne , quoique ce Roi en
fut devenu le Maître, On voit que trois
ans après*, ce même Roi fit venir tous
les Evêques & Seigneurs de Bourgogne
au Palais de Boneuil proche Paris , qui
constament n'a jamais été Aa Royaume
de Bourgogne; Il suffisoit donc que ce
fut un lieu sur les limites des Royaumes
de Neustrie & de Bourgogne , comme
cn effet ce fut là que les premiers de
ces deux Royaumes élevèrent l'an 637»
FEVRIER. 1730. sijj
I la Royauté Clovis , fils de Dagobctr.
Or que ce fut dans le voisinage de Sens»
bous en avons une bonne preuve dans
un acte produit par le Perc Mabillon ,
Sec. j. BenediU. part. 2. p. 6 1 4 . on y
lit qu'Emmon , Archevêque de Sens , íc
servant de la présence d'un grand nom
bre d'Evêques assemblés en ce lieu l'an
£57. leur fit signer un Privilège con
cernant l'Abbaye de Saint-Pierre le Vif;
il est daté Mansolaco Curte Dowinica*
II étoit assez naturel à- un Archevêque
de saisir cette occasion , ayant le Roi &
les Evêques si proches de lui. On peur
dire que c'étoit comme le Fontainebleau;
de ce siecle-là ■, les. Rois de France y venoient
de tems en tems , & \& Cour y
étant , il éroit nécessaire que les Prélats,
qui avoient des affaires d'importance à
icgler , s'y transportassent. Clotaire III.
y étoic la troisième année de son Règne,
selon l'Acte ci deflus cité. Il y vint en
core la huitième année , & c'est de la
que fut daté un Oiplome de confirmation
de la terre de Larrey à l'Abbaye de Sains
Bénigne de Dijon qu'on trouve dans Pé
tard à l'an 6x7 > mais qui doit être placé
à l'an 660. comme l'a fait remarquer
le Pere Mabillon. Datum Masolapo in
íalatio nofl'-o. Si depuis ce tems là on
oc trouve plus de mention du Palais de
Massas
%\C MERCURE 0E FRANCE.
Maíïay , c'est qu'il fut peut- être dérruir
par les guerres des Sarrazins au siécle
suivant* Mais le nom de fa première
destination lui est toujours resté , puis
que des deux Maslay contigus , il y en
a un qui est appelle Mastay-le-Roy , ce
qui marque , comme dit le Privilège de
ì' Archevêque Emmon , un Territoire
Royal, Curtem Dominicain. Ces deux en*
droits font à l'Orient dliyver de la yûlede
Sens , fur la Rivière de Vanne , Sc
peu éloignf-s de la Forêt d*Othe qui
étoit alors fort vaste , & qui l'eft encore
assez. J'ai trouvé aux marges d'un Mar
tyrologe de la Cathédrale de Sens , écrit
au dixième siécle , quelques additions de
personnes notables décedees dans le mê
me siécle , & entr'autres une Hermengarde
, Dame de Maflay. XVII. KaLJunii
, obiit Hermengardis de Mafiiaco
Domina , anno Domini D. CCCC LV.
Ces additions font au plus tard d'une
écriture du XI. siécle. L'original est dans
la Bibliothèque de Saint-Benoît fur Loire,
It y a apparence que les deux Maflay
croient originairement une feule & mê
me terre , dont les guerres ont fait faire
des partages , en forte que l'un des Mas
lay s'est appelle le Grand-Maflay , &
l'autre le petit Maslay. Je ne sçai pour
quoi ce dernier est celui qu'on appc líe
autreFEVRTER.
i7Jo: a r
ffutrcment Mastay-le-Roy , ni pourquoi
celui qu'on surnomme le petit est échuau
Roi. Il arrive quelquefois que ce qui
est plus périr , quant au nombre des-
Feux & des Habirans , est d'un plus
grand produit pour le revenu à caufedes
dépendances. Quoiqu'il en soit , le
grand Mastay est nommé dans un His
torien de Sens , contemporain du Roy
Robert : C'est Odoran , Moine de Saint"
Pierre le Vif. Son Ouvrage seroit peutêtre
resté jusqu'ici dans l'obscurité , si cc
n'étoir que M. Jean Baptiste Oudinet
Prieur de l' Abbaye de .Saint ■« Marien
de notre Ville , se fit un plaisir de
le communiquer à Dom Mabillon. Il
renferme plusieurs parricularitez qui ne
font pas indifférentes- à l'Histoire du
Roi Robert, & que je tais parce qu'elles
ne font rien à mon sujet. On peut les
voir au second volume du VI siécle Bé
nédictin. Cer Ecrivain rapporrant dansfbn
ii. Chapitre la punition d'un hom
me qui fit un faux ferment dans l'fgliso
de S. Savinien, proche Sens , dit que cet
homme étoit nomim Rothb rthiti in vicin*
ortus villa , cm nomen JUaftiacm Aft jor
dédit antlcjuitau le Moine C.larius,de
la mime Abbaye de S. l ierre le vif , qui
vivoit cent ans après Odoran , rapportant
dans fa Chronique, imprimée au II. lo
vas
tit MERCURE DE FRANCE:
me du Specilege , les violences qu'on em
ploya l'a n 10 j 2. pour obliger les Senonois
de recevoir Gelduin , que le Roi
Henry I. leur avoit donné pour Evêque ,
dír que ce Roi se transporta en personne
sur les lieux > qu'il vint assiéger la Ville de
Sens,& que ce fut au Grand-Mastay qu'il
fit camper son armée : Rex copiosum exerçitam
applicuit y & in villa qut Maftiacus
M.ijor dicitur cafi'a p»s»it. Ces trois té
moignages prouvent que dans le X.XI. &
XII. siécles on disoit encore dans le pays
M.ifliacHS , qui e'toit une expression moins
éloignée de Moefolacut. Mais dans les fic
elés suivans on commença à corrompre
ee mot de plus en plus. Je trouve dans
un Manuscrit de la Bibliothèque de la Ca.-
thédrale de Sens, qui est du XIII. siécle,
qu'il est fait mention en ces termes du
Maire de Maílay-le- Vicomte & de l'Eglise
de Maíliy-le-Roy : Aíajori de Mas-
Uio-Vicecomiús . & Ecclejit, de MaJIcìo
Régis. Au reste il ne doit pas paroître sur
prenant que l'on ait corrompu Mafìlacurn
en Míijliacum & Majlciam : ces deux ma
nières de latiniser ce nom dans les bas
siécles , marquent que dans le langage
vulgaire on faisoit. la première syllabe
longue comme aujourd'hui , si on ne proaonçoit
pas la lettre S , ce qui est d'au
tant plus véritable que les Titres François
FEVRIER. ï7jo. 219
da XIV. siécle mettent un second a pouc
tenir la place de la lettre S , ensorte qu'on
y lit ce mot ainsi écrit ; Maalay. U est na
turel que dès-là qu'on réduit plusieurs
syllabes à n'en former qu'une , cette syl
labe devienne longue de prononciation»
Quant à la terminaison en ay , il est vrai
que de nos côtez elle est moins communa
que celle en y, qui nous vient de tous
les- noms deg lièux finissant en latin pas
iacurn ; cependant il reste encore dans dis*
ferens cantons de la Province Senonoifs
des noms de lieu en ay qui viennent du
latin iacum ou acam . . . Nous avons dans
notre Diocèse , presque sur les bords da
la Loirp, Mannay qui s'appelloit Man-,
nacum í au sixième siécle, Annay qui se
disoit en latin au neuvième siécle Abundiacum
, & Seignelay, qui est un endrok
fort connu , Seligniacum. Dans le Diocèser
de Senion trouve Bray& Lorayidont les
noms latins ne Yont autres que Braiacum
&cLoriacum. Je ne puis donc croire qu'il y
ait lieu de douter du côté de l'analogie
des deux Langues , que Mallay ne vienne
de Afafolacnrn. Les Antiquaires font obli
gez d'admettre des noms qui sont encore
plus méconnoissibles & moins «pportans
l'un à l'autre. Je n'ái passé qu'une
seule fois dans le grand Maflay , & j'ajr
apoerçji que la Plaine de ce lieu est très*
fertile
iià MERCLÎRÈ DÈ FRAftCÉ.x
fertile. La Rivière de Vanne entoure cti^s
tierement ce Bourg & erl fait une verira^
ble Isle. Comme cette Rivière ne tatis
gueres, elle contribue beaucoup à rendre
cet endroit verdoyant & fort gai en été.
Le petit Maflay est un peu plus vers l'Otient
, la Rivière entre deux. Plus haut
est le Village de Teil , que je pourrois enquelque
forte qualifier d'ancienne Mai
son Royale, en me fondant fur le texta
d'Odoran, quoique te P. Mabillon n'en
ait fait aucune mention. Odoran rap
porte dans son 2 6. Chapitre , que Teil
rut le lieu de la résidence de la ReineConftance
pendant tout le temps que lc Roi
Robert employa à faire son voyage de
Rome. Faïium efi dum quadam terr.port
Robmtts Rex Romam peteret , ut Cons'
tant'ta Regina un à cum filio sue Hagent
parvalo Tille remaneret. Peut être que
Mâlay s'étendbit autrefois jufques-là. Au
moins il est certain que Teil fait encore
partie de k Châtellenie de Mâ!ay-le-Roi«
Cette Châtellenie fut échangée par Phi
lippe le Bel avec Marie Comtesse de Sancerre
, & l'échange fut ratifié au mois
d'Août 1318. par Philippe le Long ,en
faveur de Thibaud & Louis de Sancerre.
M. Couste, Lieutenant Civil & Particu
lier de la Ville de Sens , qui possède une
gartie de cc Mâ-lay , m'apprend par le
Me
FEVRIER. i7jo. ni
Mémoire qu'il a eu la bonté de m'envoyer,
que dans les Titres d'échange & de ra*
tification , ce lieu est écrit Maalay-le-Roi.
II ajoûte que cette Châtellenie appartint
depuis cet échange à un seul Seigneur ,
qui ayant eu huit enfans , en fit le par
tage entre eux dès son vivant ; ce qui est;
cause qu'elle est aujourd'hui divisée etï
sept ou huit portion ì. Et quoiqu'il ob
serve que Mâlay-Ie-Roy , dent la Châtel
lenie porte le nom ,soit le plus petit dessept
Villages qui la composent , & que le
Siège du Bailliage soit à Teil , cela ne doit
point cependant empêcher de croire que
tout ce terrain n'ait été un territoire Royal
dans le temps que j'ai marqué cy-dessus.
Cette supériorité de Seigneuries se trouve
même appuyée par le nom de Villiers-
Louis, qui est un des sept Villages, & qui
est contigu à Mâlay-lc-Roy. Au reste si
cette Châtellenie relevé aujourd'hui de»
Comtes de Joigny , ce n'est que depuis
k Règne de Philippe V. Ce Prince céda
cette Mouvance à Jean Comte de Joigny
en 1 3 r 7. pour avoir la Mouvance de Châ
teau-Renard , qui appartenoit au Comte
de Joigny. Je ne sçai si ce que Nicole
Gilles, Belleforelt& Chappuis, prennent
pour un retranchement fait à Mâlay par
les Anglois au XIV. siécle , ne seroit point
un vestige de l'enceiate daChâteau de nos
Roisïti
MERCURE DE FRANCK
Rois de la première Race , ou du tcrraírf
vqui fut occupé par les Troupes du Rot
Henry I. lorsqu'elles campèrent à Mâlay.
il s'est conservé au Grand- Mâlay , autre
ment dit Mâlay- Ie-Vicomte , une Tradi
tion que S. Agnan Evêque d'Orléans étoit
natif de ce lieu. Tel a été le sentiment de
M. Tripaut, Avocat d'Orléans. On écrit
cependant plus communément que saint
Agnan étoic né à Vienne en Ôaufiné,
plutôt que dans cette Bourgade de la Ri
vière de Venne. Il resterok a examiner s'il
fi 'y a point eu de méprise d'un nora pout
un autre , à cause de la ressemblance des
noms de Venne & de Vienne. Mâlay- le-
Vicomte a été de la Commune de Sensjusques
fous Louis le Gros ; c'est aujour
d'hui une Prévôté Royale : 5c M. le Duc
de Bourbon en nomme tous les Officiers,
soit comme étant aux droits du Vicomte,
ou comme jouissant du Domaine de Sens
& de la Banlieue.
En finissant ces Observations , je reçois
de M. Ferrani , l'un des fçavans Cures
du Diocèse de Sens , Doyen Rural de Marolles
, un Mémoire qu'il a rédigé , fur la
Rivière dont Fredegaire & Aimoin font
mention par rapport à la Bataille qui y fut
donnée en l'an 600. La remarque de
M. Maillard , inférée dans le Journal de
Verdun , m'ayanc engagé à fake des perFEVRIER.
1730.. 11}
quisuions , tant pour constater la choie
que pour corriger ce que j'ai mal mis
moi-même en vouse'crivant fur les lumieres
Célestes qui furent vues l'année de
cette Bataille; (a) je reconnois ne les avoir
point faites inutilement , & qu'il seroit
bon que ceux , qui dans la fuite youdronc
donner une Edition de S. Grégoire de
Tours , de Fredegairc & de toutes nos ar» •
ciennes Annales Latines avec des Notes,
prissent la peine ou de se transporter suc
les lieux ou de faire venir des mémoires
exacts. J'avoue que j'ay e'té trompé en
1716. par la Note de Dom Ruinart fur
la Rivière Aroanna , que j'avois mal com
prise à cause du nom François d'Ouainc
qu'il lui donne. Ce n'est ni de la Rivière
d'Ouaineen Gâtinois ni de celle de Vanne
en Senonois , qu'il faut entendre ce qui
est dit de la Bataille où Clotaire II. suc
défait ; mais de la Rivière qui passe à Dor--
melle même. ( On dit Dormelle dans le
pays , & non Dormeil. ) Elle prend fa
source à trois quarts de lieue" au-dessus
de Dollot , qui est la Cure de M. Fer^
rand , Auteur des Remarques que je vais
rapporter , mais dans la Paroisse de saint
Valerien. Au bout de cent pas , fortifiée
par plusieurs fontaines , elle fait tourfa)
Mercure de Utvembrt vji.6' i4*á«
nef
iî4 MERCURE DE FRANCE,
jner un moulin. Jusques là , elle n'a que
le nom 1 de Fontaine de Saint - Biaise ,
à cause d'une Chapellû voisine de la source
.mais au-dessous du moulin , elle com
mence à s'apeller la Rivière d'Orvanne.
Elle passe ensuite à Dollot , à Valéry ,
JBlennes , Diant , Vaux , Ferrotes > Fla~
gis,Dormelle, Château-Saint-Ange ,8c
va former l'e'tang de Moret, dans le
quel elle est absorbée ; puis delà elle se
décharge dans le Loin , un peu au-dessus
.de Moret i le tout fait l'étenduè" de six
lieues de pays. Le Vallon que cette pe
tite Rivière arrose s'appelle le Vallon
d'Orvanne , & les Paroisses qui y font
k jîtuées ou contigues s'appellent de même
les Paroisses de la Vallée d'Orvanne. On
assure que tous les Contrats de partages
& de ventes dans tous ces pays là n'appellent
point cette Rivière autrement
que la Rivière d'Orvanne. Ce qu'il y a
de singuliers que le nom de cette même
Rivière change dans la bouche de plusieurs
personnes au delà de Dormelle , &
près de fa décharge dans l'Etang de Mo
ret. En ces lieux- là on Pappelle quelque
fois la Rivière de Ravanne , & ce font fur
tout les Paysans voisins de cet Etang qui
lui donnent ce nom , parce qu'au-dessus de
cet Etang elle passe dans un Château assez
distingué, appelle k Château de Rnvanne,
donc
\
FEVRIER. 1750. 22$
dont elle traverse les Jardins , y formant
outre sonCanal,des pieces d'eau trés agréa
bles. Mais si l'on remonte une lieue plus
haut , on voit que ce nom est inconnu.
Au dessus de ce Château 6V une de
mie lieue au-dessous de Dormelle, est la
belle maison de feu M. de Cajumartin ,
bâtie sur la croupe d'une Montagne. Cette
maison s'appelle le Château Saint- Ange.
C'est peut-être l'endoit -où se donna la
Bataille, super fluvium Arvennam nec procul
a Doromdlo vico, ainsi que dit Aimoin.
Cette lecture du mot Arvenna est plus
exacte que celle du mot Aroanna em
ployée dans Fredegaire de la derniere Edi
tion. 11 est incontestable par le moyen de
cet éclaircissement qu'il s'agit dans Fre
degaire & dans Aimoin de la Rivière <sPO»
vanne , qui plus anciennement a dû. être
prononcée Arvanne. Il faut abandonner
en cette occasion la Rivière d'O'ùaine
(Odona ) qui est éloignée de Dormelle de
plus de huit lieues. Le P. Daniel a eu
raison de dire que la Bataille fut donnée
sur une Rivière qui se jette dans le Loiiam
au-dessus lie Moret; mais il s'est trompé
en lui donnant le nom de Rivière d'Oiiaine
, aussi-bien que le P. Ruinart. On doit
en être convaincu par la raison que je
viens de rapporter -, celle d'Odaine étant
bjçn différente, puisqu'elle prend sa source '
% i4 MERCURE DE FRANCE,
à quatre lieuës d'Auxerre , & qu'elle va
/e jetter dans le Loiiain , au-deflus de
Montargis. Ce n'est point non-plur la
Rivière de Vanne , comme le Père le Com
te à l'an £eo. Num. i. semble l'avoir
crû après le Président Fauchet. Encore
moins faut -il aller chercher cette Rivière
dans le Pays du Maine , où il y a un traî
na fiuviolus. II faut quelque chose de plus
que la ressemblance des noms dans leLatin,
pour pouvoir avec fondement e'ioigner de
ros quartiers le Théâtre de cette guerre,
A Auxerre ce 18. May 172.8.
ADDITION.
Après avoir envoyé ces éclairciíTemem
aux Auteurs du Mercure, j'ai eu occasion
d'aller à Paris. Comme le cours de la Ri*
viere d'Or vanne est collatéral à celui de 1»
Rivière d'Yonne , & n'est éloigné du
grand chemin que de deux lieuës ou en
viron , je n'ai pas manqué de vérifier par
moi-même avant que de me rendre dans
la voiture publique, le Mémoire de M. le
Prieur de Dollot. Je l'ai trouvé*' très- juste
à un article près } j'ai remarqué en mêmetemps
que nés Géographes mettent sou
vent à droite d'une Rivière ce qui est à
gauche , ou qu'ils font quelquefois tout
Je contraire. C'est pourquoi si vous avez
U
FEVRIER. i7jo; M7
Ja Carte du Diocèse de Sens dressée par
Samson , vous pouvez en touce fureté ,
yous & vos amis, y faire les corrections
suivantes. Mettez la source de la Rivière
d'Orvannc à une portée de Mousquet du
Bourg de Saint Valerien, à POtient d'Eté; '
mettez ensuite Dollot à droite , comme
a fait le Géographe , mais à gauche du
Ruisseau. Vallery est bien placé dans les
Cartes. C'est un lieu célèbre par fa destin
nation à la sépulture des Princes de la
Maison de Condé. Plus bas à droite est:
Blenne,mal nommé Blaineux par Samfonj1
plus bas encore est Diant. Ensuite à gau
che est le Bourg de Voux, qui çst ferme
de murs, & que les Cartes ont tort de re
présenter comme un simple Hameau.
Après Voux & du mime côté le Villa
ge de Ferrotes , & plus bas encore ì
gauche est le Bourg de Flagy , qui a du
coté du Midi des níurs si élevez & si con
sidérables pour leur épaisseur , qu'on U
peut comparer à ceux des plus anciennes
Villes. Ce Bourg a été cependant fort en
dommagé par les Huguenots , ainsi que
l'Eglise du lieu en fait foi. Au sortir de
Flagy on voit à gauche une Plaine qui
règne jusqu'auprès de Dormelle. Ce der
nier Village est fur une éminence. On
passe la Rivière d'Orvanne fur un
Pont, &dps lois on cesse d'en suivre le
, B cours.
ni MERCURE DE FRANCE,
cours. Lorsqu'on a atteint le haut <kp
Coteau, on apperçoit encore une autre
Plaine à droite , laquelle s'étend dti
<ôré de rOtient & dfi Septentrion. Il y
a plus d'apparence que ce fut en cette
derniere Plaine que fut donne'e la Ba
taille de Dormelle , en tirant vers le
Village de Fossar 3 dont le nom vient
peut-être à Fojsario Jeu loco Fojfitrum. Ce
.que j'ai lemarqué plus loin après avoir
laissé le Village de Montarlpt i gauche,
«e s'accorde plus ayee le Mémoire dont
je vous ai parlé. Il ne m'a point paru que
la Rivière d'Orvanne se jettât dans un
Etang-, c'est elle qui forme cette es
pèce d'Etang par le moyen des murs Sfi.
des Ecluses qui fervent à retenir ses eaux,
Cette Rivière ayant repris ensuite fa pre
mière liberté , ne va point se jettes dans
le Loiiain si tôt que Messieurs Samson
& Deíifle l'ont marqué dans leuts Cartes ;
ce n'est point au-dessus de Motet qu'elle
s'y jette , mais au-dessous } presque vis-àvis
sangle Septentrional des murs de cette
petite Ville ; desorte qu'il y a à More*
Jeux Ponts l'un au bout de l'autre; le plus
grand pour la Rivière de Loiiain au bout
duquel est le Prieuré de Pont Loii f Pons
Lupa; (c'est le nom de la Rivière qui
joint le Canal de Briare à la Seine Lupa-
/ámnis) & l'autre petit Pont est fur la. Ri
vière,
FEVRIER. 1740: 139
viere d'Orvanne. C'est ainsi qu'en une
matinée de temps j'ai eu le plaisir de voie
cette Rivière depuis fa source jusqu'à son
embouchure , avec tout ce qu'il y a de
-curieux sur les bords de la Vallée à laquel
le elle donne son nom.
Ce 15. Juillet 1718.
Sur le lieu où furent données deux Ba
tailles -en France, les années 595. &
600. & fur un ancien Palais de nos
Rois de la première Race , duquel
personne jusqu'ici n'a assigné la situa
tion. Paf -M' le Beuf , Sous-Chantrt
& Chanoine de V Eglise d' Auxerre.
E Journal de Verdun du mois
de Mars dernier , nciis a com
muniqué une Remarque faite
un habile homme , touchant l'en-
A ij droit
%o6 MERCURE DE FRANCE;
droit où fut. donnée une Bataille l'an 59^.
ou 597. entre les Troupes de Clotaire
II. Roi de Soissons & de Paris , fils de
la Reine Fredegonde , d'une part , & les
Troupes de Theodebert II. Roi d'Auftrasie
, jointes à celles de Thierry II. Roi
d'Orléans & de Bourgogne. Ce lieu se
trouve appellé Latofao dans les Impri
més de la Chronique , connue fous le
nom de Fredegaire, M. Maillard , Avo
cat , Auteur de la Remarque du Jour
nal j observe que le Pere Daniel dit qu'on
ne connoît plus ce lieu ; mais que le
Pere Ruinart a marque dans ses Notes
(at Fredegaire que feion quelques uns
ce Latofao est dans le Diocèse de Sens.
Cette désignation générale ne satisfait
point le Lecteur. On aime à voir les
«hoses indiquées plus particulièrement.
C'est ce que tache de faire M. Maillard,
en produisant un garant pour la situa
tion de çe lieu dans le Diocèse de Sens.
Xe garant qu'il croit suffisant est l'Histoire
du Gâcinois , écrite il y a cent ans
par Morin , Grand-Prieur de perrières.
C'est un Ouvrage où , à la vérité , il y
z quelque chose à apprendre } mais en
prenant les précautions nécessaires >
c?cst-à-dire , en vérifiant la plupart des
choses qu'il avance , il y a lieu de se
/défier de tout ce qu'il produit , fans
FEVRIER. i7jo. So?
én apporter la preuve ; Sc je ne vois
pas qu'on puisse fonder fur son simple
témoignage un fait aussi ancien qu'est
celui en question. Cet Historien est fi
peu exacb , & si rempli de fautes , que
dès le premier mot du Chapitre où il
parle de ce Latofao , il dit que Moret
& Doromel font la même chose selon
Aimoin , ce qui est doublement faux ,
puisqu'Aimoin ne parle aucunement de
Moret , lib. 3. e. 8 8. & que Dormèil,
loin d'être Moret , en est éloigné de
trois lieues ou environ.Le PereLe Cointe
die aussi à l'an 596. num. 4. que quel
ques nouveaux Auteurs placent ce La
tofao dans le Diocèse de Sens. ïl ne les
eite point par leur nom , & on ne
connoît que Morin qui ait avancé cette
opinion. C'est lui apparemment que le
Pere Le Cointe a en vue. Mais avec ust
peu d'attention , on s'apperçoit aisément
que ce qui a conduit Morin dans le sen
timent qu'il embrasse sur la Bataille de
Latofao , est que Dormeil , où il s'en
donna quatre ans après une seconde ,
est situé dans le Diocèse de Sens , 8c
peu éloigné de Moret. Pour moi , je
fuis d'un sentiment bien opposé au sienj'
je prétends que les Places où se don
nèrent ces deux Batailles ne font point
si voisines } & que comme l'iflue en suc
A Uj diffe2
»8 MERCURE DE FRANGE;
différente , le terrain en fut aussi fors
diffèrent. Dans celle de Latefao de Pan
y 9 6. c'est Clotaire qui parent aggiesfeur
& qui vient fondre fur les Armées de
Theodeberr & de Thierry , qu'il taille
en pieces. Dans celle de Dormeil , ce
font Theodeberr & Thierry qui venant
à leur tour contre Clotaire , lui rendi
rent la pareille , & mirent toute son
Armée en déroute. Il paroît plus natu
rel que la première Bataille se soit don
née sur un terrain appartenant à Theo
deberr ou à Thierry , de même que la
seconde fut donnée vrai- semblablement
dans un lieu des Etats de Clotaire. U
ne faut point s'astreindre tellement aux
noms marques dans les imprimés de la
Chronique de Fredegaire , qu'on ne
puisse avouer que quelquefois ces noms
ont été mal écrits par les Copistes. Que
penser de certains noms propres dont il
est fait mention dans cet Ecrivain , lors
que l'on voit que dès le titre de fa' Chro
nique , qui étoit intitulée .• Extrait de
FHiftoire de S. Grégoire de Tours , du
mot Greji , les Copistes les plus anciens
avoient fait G >-aec , & de Turonici 3 il*
avoient fait Thoromachi ? Le Pere Ruinart
fait cette Observation dans son ex
cellente Préface, num. 137. Aidons un
peu à la lettré , & voyons si dans la mê
me
FÉVRÏÉR. trtú. ioj
iiie Chronique ou dans ses Continua
teurs , il n'y a pas encore d'autre Ba
taille donnée dans un lieu d'un nom ap*
prochanr. Je découvre par le mûyen des;
íçavantes Notes du P Ruinart , que
l'endroit où le second Continûareur mar
que une Bataille donnée en 680. & que
les imprimés appellent mal Locofico ;
est nommé dans les manuscrits Locofaa
ou Lnfmo , & autrement Lucofaco Lttu _
eofngo 5 je le trouve aussi appelle Luco*
fao dans l'Hiftoirc d'Aimoin. Comme le
Manuscrit des Continuateurs de la Chro
nique , & celui du premier Auteur n'ont
pas toujours paíté par les mêmes mains,
il ne fau! pas s'étonner de la petite dif
férence qui se trouve entre Latofao 8c
Lacofao. Mais je croirois volontiers que
c'est un seul & même endroit ; il s'agit
d'abord d» fixer fa situation. Dom Thierry
Ruinart dit que Monsieur Valois n'a pas
connu cet endroit , mais que ce pour*-
roit être Loixi en Lannois ; il ajoûtfr
ensuite , que cependant il paroîtra à
d'autres assez vrai-semblable , que ce liea
est celui dont prie l'Histoire des Evê
ques d'Auxerre , & qu'elle dit être situé
dans le Pays de Toul. Cette Histoire
e'crite fous le Règne de Charles le Chau-
▼Cy, rapporte que Hainmar , Evêque
d'Auxerre vers l'an j6y ayant été con-
A, iiij duir
ïio MERCURE DE FRANCE:
duit par ordre du Roi sur de faux rap^
porcs à Bastognes , dans la Forée des
Ardennes , fut adroitement tiré de cette
prison par un de ses neveux ; & que
comme il íe sauvoit à cheval , il fut sur
pris & arrêté à Lufaiis , dans le Pays de
Toul , où se£ ennemis en firent un Mar
tyr. Adverfarii infequentes in loco qui
Lufaiis dieitur , j» Pago Tullenfì , eum
conficuti funt &c. Il semble qu-'il ne fauc
point chercher ailleurs ce Lufaiis que
dans le Diocèse de Toul ; ainsi c'est in
failliblement ce qu'on appelle aujour
d'hui Lifou, Il y a Lifou le grand & Lifou
le petit , qui font deux Villages contigus,
à six ou sept lieues de Joinville r
vers L'Orient , tous les deux dans le Dio
cèse de TouL , & dans l'ancienne Austrasie.
Le nom de Lifoldium , que le
P. Benoit , Capucin , leur donne dans son
nouveau Pouiller de Toul, ne m'arrête
aucunement , pareeque j'ai connu que
dans beaucoup d'articles , il a latinisé les
noms fur le François , & que lorsque la
terminaison d'un nom étok susceptible
de deux différentes inflexions Latines ,
il a souvent pris la moins fondée dans
l'antiquité , & a laisse l'autre qui-lui étoit
inconnue*. Telle est la derniere syllabe
du nom Lifou ou Lufou , laquelle n'a
pas été formée de l' Allemand Bold , mais
d»
FEVRIER. 1730. m
du Latin Fagus. A l'égard de la première
syllabe , il est plus probable qu'elle vient
du mot Lhcus que d'aucun autre , & je
me persuade que quiconque est au sait
de la formation des noms propres des
lieux , ne fera aucunement surpris que
de LucasAgus , on ait fait Lifou , qui
auparavant étort écrit & prononcé Luc*
foug 3 soit que ce mot vienne de Leucorum
Fagus , ou de Lucus Fagorum. Je
laisse au Lecteur à juger sì Lifou, quia,
plutôt été le Théâtre de la Guerre de
tan 6 S o. qu'aucun autre lieu , n'est pas
aussi l'endroit de la Bataille de l'an j^óV
puisqu'il étoit dans les Etats de Theodebert
, où il est plus vrai semblable que
Clotaire envoya ses Troupes , que noa
pas dans fes propres Etau , à 1 5. ou
16. lieues de Paris. On pourroit m'objecter,
que qUandmême il seseroit donné
une Bataille à Lifou cn l'an £80. il ne
s'ensuivroir pas delà qu'il s'y en soit aussi
donné une en ^96. Qu'inferec l'un de
l'autre , c'est retomber dans le deffauc
de raisonnement que je blâme dans Morin.
Mais la différence qu'il ya, est que
Latofao & Lucofao , ou par abrégé L«-
fao , se ressemblent si fort , qu'à moins
qu on ne trouve un lieu véritablement
nommé Latofao , diffèrent de Lifou , on
est toujours bien fondé à croire que c'est
A v le
212 MERCURE DE FRANCE.
le même. M. Maillard avoiie qu'on ne
connoît point de lieu appelle' Latofao
où Morin dit qu'il y en a un. II ne pro
duit non plus aucun titre , ni aucune
Histoire qui donne ce nom à aucun en~
droit voisin de Dormeil & de Moret ;
d'où je conclus que fa Remarque est
trop foiblement appuye'e pour qu'on
puisse y avoir égard , &c que si Latofaon'est
pas Lifou , il faut continuer à avouer
avec le Pere Daniel qu'on ne connoîe
plus ce Latofao.
Comme cette Observation tend à ôter
au Diocèse de Sens un endroit mémora
ble que M. Maillard a essayé de lui at
tribuer, je fuis bien aise de lui assigner
' en dédommagemenr un autre lieu plus
célèbre , & qui mériteroit d'être regar
dé avec distinction par les Historiogra
phes de France. C'est le lieu que nos^
anciennes Chroniques , nos Annales Sc
certaines Chartes appellent A4ap>loecnmt,
Aí ■npìlacum Afanfolagum. J'en ai déja
touché quelque chose dans une Note qui»
est au bas de la page 87 du Mercure
de Janvier 1725. Mais comme il n'y a
gueres que les curieux & les personnes,
studieuses qui lisent ce qui est au bas des
pages , j'ai crû devoir m'étendre un peu
plus fur ce point Topographique. Le
HJjet est d'autant plus digne d'attention
que:
FEVRIER. 1730. 213
que 1c Perc Mabiilon avoue dans son cjuatriéme
Livre de la Diplomatique\, qu'il
n'a pû découvrir quel lieu est ce Masolacum
, & que lc P. Ruinart en publiant
Fredegaire , de'clare qu'il ne le connoîc
pas davantage. Ignotus mihi Aianfolaci
fttus , dit le Pere Mabiilon. Hujus Viíl*
Jîtns ignotus est , dit le Pere Ruinart.
Cet endroit n'étant pas un fimple Vil
lage du commun , mais une terre dis*
ringuée par un Palais R oyal , ne doit
pas être non plus , par conséquent , de
ceux qui peuvent rester dans l'obsciuké.
Les Antiquaires qui aiment à suivre la
marche de nos Rois ne peuvent regardée
comme indifferens dans la Géographie
les lieux où ils se retiroient queîquefoisì
soit pour y prendre le divertissement de
la chasse , soit- pour y tenir leurs Etats ,
oti y faire quelqu'autre action éclatante.
Aíaffolacurn est dans ce cas. Ce fut là^
que Clotaire II. fit comparoître l'an 6\ j.
devant lui le Patrice Alethée , lequel
n?ayant pû se purger des crimes dont il
étoit accusé } fut condamné à périr par
le glaive. Dagobert I. étant mort , ce
fcit aussi à Massolac que les Seigneurs de
Neustrie & de Bourgogne s'assemblèrent
pour proclamer Roi , son fils Clovis..
Ces faits font affectés par Fredegaire ,
Auteur du tems , Ôc depuis par Aimoin.
A*j M»is
ZT4 MERCURE DE FRANCE:
Mais où éroit situé ce Maffolac ? & cot»;
ment l'appclle-t'on aujourd'hui ? C'est
suc quoi je me suis déja déclaré en 1725,»
en marquant que c'est Maíky » à une
lieue de Sens. Dom Jean Mabillon die
que ce Maffolac a du être certainement
un Palais Royal du Royaume de Bour
gogne avant le Règne de Clotake I I.
Regni Burgunàici Palatium fuijse cons-
Ut. il le dit fans aíSgner le lieu où il ctoic
situé; mais le voisinage de Sens suffit pour
décider, que ce Palais étoit du même
Royaume que. Sens j & quoique je ne
veuille pas contredire ouvertement le
fçavant Pere Mabillon , je ne crois pas
qu'après la resolution prise par le Roi
Clotaire d'entendre les Chefs d'accusa*
tion contre un Patrice de Bourgogne y.
il fut nécessaire pour cela que l' Assem
blée se íint dans un Palais du Royau
me de Bourgogne , quoique ce Roi en
fut devenu le Maître, On voit que trois
ans après*, ce même Roi fit venir tous
les Evêques & Seigneurs de Bourgogne
au Palais de Boneuil proche Paris , qui
constament n'a jamais été Aa Royaume
de Bourgogne; Il suffisoit donc que ce
fut un lieu sur les limites des Royaumes
de Neustrie & de Bourgogne , comme
cn effet ce fut là que les premiers de
ces deux Royaumes élevèrent l'an 637»
FEVRIER. 1730. sijj
I la Royauté Clovis , fils de Dagobctr.
Or que ce fut dans le voisinage de Sens»
bous en avons une bonne preuve dans
un acte produit par le Perc Mabillon ,
Sec. j. BenediU. part. 2. p. 6 1 4 . on y
lit qu'Emmon , Archevêque de Sens , íc
servant de la présence d'un grand nom
bre d'Evêques assemblés en ce lieu l'an
£57. leur fit signer un Privilège con
cernant l'Abbaye de Saint-Pierre le Vif;
il est daté Mansolaco Curte Dowinica*
II étoit assez naturel à- un Archevêque
de saisir cette occasion , ayant le Roi &
les Evêques si proches de lui. On peur
dire que c'étoit comme le Fontainebleau;
de ce siecle-là ■, les. Rois de France y venoient
de tems en tems , & \& Cour y
étant , il éroit nécessaire que les Prélats,
qui avoient des affaires d'importance à
icgler , s'y transportassent. Clotaire III.
y étoic la troisième année de son Règne,
selon l'Acte ci deflus cité. Il y vint en
core la huitième année , & c'est de la
que fut daté un Oiplome de confirmation
de la terre de Larrey à l'Abbaye de Sains
Bénigne de Dijon qu'on trouve dans Pé
tard à l'an 6x7 > mais qui doit être placé
à l'an 660. comme l'a fait remarquer
le Pere Mabillon. Datum Masolapo in
íalatio nofl'-o. Si depuis ce tems là on
oc trouve plus de mention du Palais de
Massas
%\C MERCURE 0E FRANCE.
Maíïay , c'est qu'il fut peut- être dérruir
par les guerres des Sarrazins au siécle
suivant* Mais le nom de fa première
destination lui est toujours resté , puis
que des deux Maslay contigus , il y en
a un qui est appelle Mastay-le-Roy , ce
qui marque , comme dit le Privilège de
ì' Archevêque Emmon , un Territoire
Royal, Curtem Dominicain. Ces deux en*
droits font à l'Orient dliyver de la yûlede
Sens , fur la Rivière de Vanne , Sc
peu éloignf-s de la Forêt d*Othe qui
étoit alors fort vaste , & qui l'eft encore
assez. J'ai trouvé aux marges d'un Mar
tyrologe de la Cathédrale de Sens , écrit
au dixième siécle , quelques additions de
personnes notables décedees dans le mê
me siécle , & entr'autres une Hermengarde
, Dame de Maflay. XVII. KaLJunii
, obiit Hermengardis de Mafiiaco
Domina , anno Domini D. CCCC LV.
Ces additions font au plus tard d'une
écriture du XI. siécle. L'original est dans
la Bibliothèque de Saint-Benoît fur Loire,
It y a apparence que les deux Maflay
croient originairement une feule & mê
me terre , dont les guerres ont fait faire
des partages , en forte que l'un des Mas
lay s'est appelle le Grand-Maflay , &
l'autre le petit Maslay. Je ne sçai pour
quoi ce dernier est celui qu'on appc líe
autreFEVRTER.
i7Jo: a r
ffutrcment Mastay-le-Roy , ni pourquoi
celui qu'on surnomme le petit est échuau
Roi. Il arrive quelquefois que ce qui
est plus périr , quant au nombre des-
Feux & des Habirans , est d'un plus
grand produit pour le revenu à caufedes
dépendances. Quoiqu'il en soit , le
grand Mastay est nommé dans un His
torien de Sens , contemporain du Roy
Robert : C'est Odoran , Moine de Saint"
Pierre le Vif. Son Ouvrage seroit peutêtre
resté jusqu'ici dans l'obscurité , si cc
n'étoir que M. Jean Baptiste Oudinet
Prieur de l' Abbaye de .Saint ■« Marien
de notre Ville , se fit un plaisir de
le communiquer à Dom Mabillon. Il
renferme plusieurs parricularitez qui ne
font pas indifférentes- à l'Histoire du
Roi Robert, & que je tais parce qu'elles
ne font rien à mon sujet. On peut les
voir au second volume du VI siécle Bé
nédictin. Cer Ecrivain rapporrant dansfbn
ii. Chapitre la punition d'un hom
me qui fit un faux ferment dans l'fgliso
de S. Savinien, proche Sens , dit que cet
homme étoit nomim Rothb rthiti in vicin*
ortus villa , cm nomen JUaftiacm Aft jor
dédit antlcjuitau le Moine C.larius,de
la mime Abbaye de S. l ierre le vif , qui
vivoit cent ans après Odoran , rapportant
dans fa Chronique, imprimée au II. lo
vas
tit MERCURE DE FRANCE:
me du Specilege , les violences qu'on em
ploya l'a n 10 j 2. pour obliger les Senonois
de recevoir Gelduin , que le Roi
Henry I. leur avoit donné pour Evêque ,
dír que ce Roi se transporta en personne
sur les lieux > qu'il vint assiéger la Ville de
Sens,& que ce fut au Grand-Mastay qu'il
fit camper son armée : Rex copiosum exerçitam
applicuit y & in villa qut Maftiacus
M.ijor dicitur cafi'a p»s»it. Ces trois té
moignages prouvent que dans le X.XI. &
XII. siécles on disoit encore dans le pays
M.ifliacHS , qui e'toit une expression moins
éloignée de Moefolacut. Mais dans les fic
elés suivans on commença à corrompre
ee mot de plus en plus. Je trouve dans
un Manuscrit de la Bibliothèque de la Ca.-
thédrale de Sens, qui est du XIII. siécle,
qu'il est fait mention en ces termes du
Maire de Maílay-le- Vicomte & de l'Eglise
de Maíliy-le-Roy : Aíajori de Mas-
Uio-Vicecomiús . & Ecclejit, de MaJIcìo
Régis. Au reste il ne doit pas paroître sur
prenant que l'on ait corrompu Mafìlacurn
en Míijliacum & Majlciam : ces deux ma
nières de latiniser ce nom dans les bas
siécles , marquent que dans le langage
vulgaire on faisoit. la première syllabe
longue comme aujourd'hui , si on ne proaonçoit
pas la lettre S , ce qui est d'au
tant plus véritable que les Titres François
FEVRIER. ï7jo. 219
da XIV. siécle mettent un second a pouc
tenir la place de la lettre S , ensorte qu'on
y lit ce mot ainsi écrit ; Maalay. U est na
turel que dès-là qu'on réduit plusieurs
syllabes à n'en former qu'une , cette syl
labe devienne longue de prononciation»
Quant à la terminaison en ay , il est vrai
que de nos côtez elle est moins communa
que celle en y, qui nous vient de tous
les- noms deg lièux finissant en latin pas
iacurn ; cependant il reste encore dans dis*
ferens cantons de la Province Senonoifs
des noms de lieu en ay qui viennent du
latin iacum ou acam . . . Nous avons dans
notre Diocèse , presque sur les bords da
la Loirp, Mannay qui s'appelloit Man-,
nacum í au sixième siécle, Annay qui se
disoit en latin au neuvième siécle Abundiacum
, & Seignelay, qui est un endrok
fort connu , Seligniacum. Dans le Diocèser
de Senion trouve Bray& Lorayidont les
noms latins ne Yont autres que Braiacum
&cLoriacum. Je ne puis donc croire qu'il y
ait lieu de douter du côté de l'analogie
des deux Langues , que Mallay ne vienne
de Afafolacnrn. Les Antiquaires font obli
gez d'admettre des noms qui sont encore
plus méconnoissibles & moins «pportans
l'un à l'autre. Je n'ái passé qu'une
seule fois dans le grand Maflay , & j'ajr
apoerçji que la Plaine de ce lieu est très*
fertile
iià MERCLÎRÈ DÈ FRAftCÉ.x
fertile. La Rivière de Vanne entoure cti^s
tierement ce Bourg & erl fait une verira^
ble Isle. Comme cette Rivière ne tatis
gueres, elle contribue beaucoup à rendre
cet endroit verdoyant & fort gai en été.
Le petit Maflay est un peu plus vers l'Otient
, la Rivière entre deux. Plus haut
est le Village de Teil , que je pourrois enquelque
forte qualifier d'ancienne Mai
son Royale, en me fondant fur le texta
d'Odoran, quoique te P. Mabillon n'en
ait fait aucune mention. Odoran rap
porte dans son 2 6. Chapitre , que Teil
rut le lieu de la résidence de la ReineConftance
pendant tout le temps que lc Roi
Robert employa à faire son voyage de
Rome. Faïium efi dum quadam terr.port
Robmtts Rex Romam peteret , ut Cons'
tant'ta Regina un à cum filio sue Hagent
parvalo Tille remaneret. Peut être que
Mâlay s'étendbit autrefois jufques-là. Au
moins il est certain que Teil fait encore
partie de k Châtellenie de Mâ!ay-le-Roi«
Cette Châtellenie fut échangée par Phi
lippe le Bel avec Marie Comtesse de Sancerre
, & l'échange fut ratifié au mois
d'Août 1318. par Philippe le Long ,en
faveur de Thibaud & Louis de Sancerre.
M. Couste, Lieutenant Civil & Particu
lier de la Ville de Sens , qui possède une
gartie de cc Mâ-lay , m'apprend par le
Me
FEVRIER. i7jo. ni
Mémoire qu'il a eu la bonté de m'envoyer,
que dans les Titres d'échange & de ra*
tification , ce lieu est écrit Maalay-le-Roi.
II ajoûte que cette Châtellenie appartint
depuis cet échange à un seul Seigneur ,
qui ayant eu huit enfans , en fit le par
tage entre eux dès son vivant ; ce qui est;
cause qu'elle est aujourd'hui divisée etï
sept ou huit portion ì. Et quoiqu'il ob
serve que Mâlay-Ie-Roy , dent la Châtel
lenie porte le nom ,soit le plus petit dessept
Villages qui la composent , & que le
Siège du Bailliage soit à Teil , cela ne doit
point cependant empêcher de croire que
tout ce terrain n'ait été un territoire Royal
dans le temps que j'ai marqué cy-dessus.
Cette supériorité de Seigneuries se trouve
même appuyée par le nom de Villiers-
Louis, qui est un des sept Villages, & qui
est contigu à Mâlay-lc-Roy. Au reste si
cette Châtellenie relevé aujourd'hui de»
Comtes de Joigny , ce n'est que depuis
k Règne de Philippe V. Ce Prince céda
cette Mouvance à Jean Comte de Joigny
en 1 3 r 7. pour avoir la Mouvance de Châ
teau-Renard , qui appartenoit au Comte
de Joigny. Je ne sçai si ce que Nicole
Gilles, Belleforelt& Chappuis, prennent
pour un retranchement fait à Mâlay par
les Anglois au XIV. siécle , ne seroit point
un vestige de l'enceiate daChâteau de nos
Roisïti
MERCURE DE FRANCK
Rois de la première Race , ou du tcrraírf
vqui fut occupé par les Troupes du Rot
Henry I. lorsqu'elles campèrent à Mâlay.
il s'est conservé au Grand- Mâlay , autre
ment dit Mâlay- Ie-Vicomte , une Tradi
tion que S. Agnan Evêque d'Orléans étoit
natif de ce lieu. Tel a été le sentiment de
M. Tripaut, Avocat d'Orléans. On écrit
cependant plus communément que saint
Agnan étoic né à Vienne en Ôaufiné,
plutôt que dans cette Bourgade de la Ri
vière de Venne. Il resterok a examiner s'il
fi 'y a point eu de méprise d'un nora pout
un autre , à cause de la ressemblance des
noms de Venne & de Vienne. Mâlay- le-
Vicomte a été de la Commune de Sensjusques
fous Louis le Gros ; c'est aujour
d'hui une Prévôté Royale : 5c M. le Duc
de Bourbon en nomme tous les Officiers,
soit comme étant aux droits du Vicomte,
ou comme jouissant du Domaine de Sens
& de la Banlieue.
En finissant ces Observations , je reçois
de M. Ferrani , l'un des fçavans Cures
du Diocèse de Sens , Doyen Rural de Marolles
, un Mémoire qu'il a rédigé , fur la
Rivière dont Fredegaire & Aimoin font
mention par rapport à la Bataille qui y fut
donnée en l'an 600. La remarque de
M. Maillard , inférée dans le Journal de
Verdun , m'ayanc engagé à fake des perFEVRIER.
1730.. 11}
quisuions , tant pour constater la choie
que pour corriger ce que j'ai mal mis
moi-même en vouse'crivant fur les lumieres
Célestes qui furent vues l'année de
cette Bataille; (a) je reconnois ne les avoir
point faites inutilement , & qu'il seroit
bon que ceux , qui dans la fuite youdronc
donner une Edition de S. Grégoire de
Tours , de Fredegairc & de toutes nos ar» •
ciennes Annales Latines avec des Notes,
prissent la peine ou de se transporter suc
les lieux ou de faire venir des mémoires
exacts. J'avoue que j'ay e'té trompé en
1716. par la Note de Dom Ruinart fur
la Rivière Aroanna , que j'avois mal com
prise à cause du nom François d'Ouainc
qu'il lui donne. Ce n'est ni de la Rivière
d'Ouaineen Gâtinois ni de celle de Vanne
en Senonois , qu'il faut entendre ce qui
est dit de la Bataille où Clotaire II. suc
défait ; mais de la Rivière qui passe à Dor--
melle même. ( On dit Dormelle dans le
pays , & non Dormeil. ) Elle prend fa
source à trois quarts de lieue" au-dessus
de Dollot , qui est la Cure de M. Fer^
rand , Auteur des Remarques que je vais
rapporter , mais dans la Paroisse de saint
Valerien. Au bout de cent pas , fortifiée
par plusieurs fontaines , elle fait tourfa)
Mercure de Utvembrt vji.6' i4*á«
nef
iî4 MERCURE DE FRANCE,
jner un moulin. Jusques là , elle n'a que
le nom 1 de Fontaine de Saint - Biaise ,
à cause d'une Chapellû voisine de la source
.mais au-dessous du moulin , elle com
mence à s'apeller la Rivière d'Orvanne.
Elle passe ensuite à Dollot , à Valéry ,
JBlennes , Diant , Vaux , Ferrotes > Fla~
gis,Dormelle, Château-Saint-Ange ,8c
va former l'e'tang de Moret, dans le
quel elle est absorbée ; puis delà elle se
décharge dans le Loin , un peu au-dessus
.de Moret i le tout fait l'étenduè" de six
lieues de pays. Le Vallon que cette pe
tite Rivière arrose s'appelle le Vallon
d'Orvanne , & les Paroisses qui y font
k jîtuées ou contigues s'appellent de même
les Paroisses de la Vallée d'Orvanne. On
assure que tous les Contrats de partages
& de ventes dans tous ces pays là n'appellent
point cette Rivière autrement
que la Rivière d'Orvanne. Ce qu'il y a
de singuliers que le nom de cette même
Rivière change dans la bouche de plusieurs
personnes au delà de Dormelle , &
près de fa décharge dans l'Etang de Mo
ret. En ces lieux- là on Pappelle quelque
fois la Rivière de Ravanne , & ce font fur
tout les Paysans voisins de cet Etang qui
lui donnent ce nom , parce qu'au-dessus de
cet Etang elle passe dans un Château assez
distingué, appelle k Château de Rnvanne,
donc
\
FEVRIER. 1750. 22$
dont elle traverse les Jardins , y formant
outre sonCanal,des pieces d'eau trés agréa
bles. Mais si l'on remonte une lieue plus
haut , on voit que ce nom est inconnu.
Au dessus de ce Château 6V une de
mie lieue au-dessous de Dormelle, est la
belle maison de feu M. de Cajumartin ,
bâtie sur la croupe d'une Montagne. Cette
maison s'appelle le Château Saint- Ange.
C'est peut-être l'endoit -où se donna la
Bataille, super fluvium Arvennam nec procul
a Doromdlo vico, ainsi que dit Aimoin.
Cette lecture du mot Arvenna est plus
exacte que celle du mot Aroanna em
ployée dans Fredegaire de la derniere Edi
tion. 11 est incontestable par le moyen de
cet éclaircissement qu'il s'agit dans Fre
degaire & dans Aimoin de la Rivière <sPO»
vanne , qui plus anciennement a dû. être
prononcée Arvanne. Il faut abandonner
en cette occasion la Rivière d'O'ùaine
(Odona ) qui est éloignée de Dormelle de
plus de huit lieues. Le P. Daniel a eu
raison de dire que la Bataille fut donnée
sur une Rivière qui se jette dans le Loiiam
au-dessus lie Moret; mais il s'est trompé
en lui donnant le nom de Rivière d'Oiiaine
, aussi-bien que le P. Ruinart. On doit
en être convaincu par la raison que je
viens de rapporter -, celle d'Odaine étant
bjçn différente, puisqu'elle prend sa source '
% i4 MERCURE DE FRANCE,
à quatre lieuës d'Auxerre , & qu'elle va
/e jetter dans le Loiiain , au-deflus de
Montargis. Ce n'est point non-plur la
Rivière de Vanne , comme le Père le Com
te à l'an £eo. Num. i. semble l'avoir
crû après le Président Fauchet. Encore
moins faut -il aller chercher cette Rivière
dans le Pays du Maine , où il y a un traî
na fiuviolus. II faut quelque chose de plus
que la ressemblance des noms dans leLatin,
pour pouvoir avec fondement e'ioigner de
ros quartiers le Théâtre de cette guerre,
A Auxerre ce 18. May 172.8.
ADDITION.
Après avoir envoyé ces éclairciíTemem
aux Auteurs du Mercure, j'ai eu occasion
d'aller à Paris. Comme le cours de la Ri*
viere d'Or vanne est collatéral à celui de 1»
Rivière d'Yonne , & n'est éloigné du
grand chemin que de deux lieuës ou en
viron , je n'ai pas manqué de vérifier par
moi-même avant que de me rendre dans
la voiture publique, le Mémoire de M. le
Prieur de Dollot. Je l'ai trouvé*' très- juste
à un article près } j'ai remarqué en mêmetemps
que nés Géographes mettent sou
vent à droite d'une Rivière ce qui est à
gauche , ou qu'ils font quelquefois tout
Je contraire. C'est pourquoi si vous avez
U
FEVRIER. i7jo; M7
Ja Carte du Diocèse de Sens dressée par
Samson , vous pouvez en touce fureté ,
yous & vos amis, y faire les corrections
suivantes. Mettez la source de la Rivière
d'Orvannc à une portée de Mousquet du
Bourg de Saint Valerien, à POtient d'Eté; '
mettez ensuite Dollot à droite , comme
a fait le Géographe , mais à gauche du
Ruisseau. Vallery est bien placé dans les
Cartes. C'est un lieu célèbre par fa destin
nation à la sépulture des Princes de la
Maison de Condé. Plus bas à droite est:
Blenne,mal nommé Blaineux par Samfonj1
plus bas encore est Diant. Ensuite à gau
che est le Bourg de Voux, qui çst ferme
de murs, & que les Cartes ont tort de re
présenter comme un simple Hameau.
Après Voux & du mime côté le Villa
ge de Ferrotes , & plus bas encore ì
gauche est le Bourg de Flagy , qui a du
coté du Midi des níurs si élevez & si con
sidérables pour leur épaisseur , qu'on U
peut comparer à ceux des plus anciennes
Villes. Ce Bourg a été cependant fort en
dommagé par les Huguenots , ainsi que
l'Eglise du lieu en fait foi. Au sortir de
Flagy on voit à gauche une Plaine qui
règne jusqu'auprès de Dormelle. Ce der
nier Village est fur une éminence. On
passe la Rivière d'Orvanne fur un
Pont, &dps lois on cesse d'en suivre le
, B cours.
ni MERCURE DE FRANCE,
cours. Lorsqu'on a atteint le haut <kp
Coteau, on apperçoit encore une autre
Plaine à droite , laquelle s'étend dti
<ôré de rOtient & dfi Septentrion. Il y
a plus d'apparence que ce fut en cette
derniere Plaine que fut donne'e la Ba
taille de Dormelle , en tirant vers le
Village de Fossar 3 dont le nom vient
peut-être à Fojsario Jeu loco Fojfitrum. Ce
.que j'ai lemarqué plus loin après avoir
laissé le Village de Montarlpt i gauche,
«e s'accorde plus ayee le Mémoire dont
je vous ai parlé. Il ne m'a point paru que
la Rivière d'Orvanne se jettât dans un
Etang-, c'est elle qui forme cette es
pèce d'Etang par le moyen des murs Sfi.
des Ecluses qui fervent à retenir ses eaux,
Cette Rivière ayant repris ensuite fa pre
mière liberté , ne va point se jettes dans
le Loiiain si tôt que Messieurs Samson
& Deíifle l'ont marqué dans leuts Cartes ;
ce n'est point au-dessus de Motet qu'elle
s'y jette , mais au-dessous } presque vis-àvis
sangle Septentrional des murs de cette
petite Ville ; desorte qu'il y a à More*
Jeux Ponts l'un au bout de l'autre; le plus
grand pour la Rivière de Loiiain au bout
duquel est le Prieuré de Pont Loii f Pons
Lupa; (c'est le nom de la Rivière qui
joint le Canal de Briare à la Seine Lupa-
/ámnis) & l'autre petit Pont est fur la. Ri
vière,
FEVRIER. 1740: 139
viere d'Orvanne. C'est ainsi qu'en une
matinée de temps j'ai eu le plaisir de voie
cette Rivière depuis fa source jusqu'à son
embouchure , avec tout ce qu'il y a de
-curieux sur les bords de la Vallée à laquel
le elle donne son nom.
Ce 15. Juillet 1718.
Fermer
Résumé : ECLAIRCISSEMENS. / ADDITION.
Le texte traite de la localisation de deux batailles en France, survenues en 595 et 600, près d'un ancien palais royal de la première race. Le Journal de Verdun de mars mentionne une remarque sur le lieu de la bataille de 596 ou 597, entre les troupes de Clotaire II et celles de Théodebert II et Thierry II. Ce lieu est appelé Latofao dans la Chronique de Fredegaire. M. Maillard, avocat, cite le Père Daniel et le Père Ruinart, qui situent Latofao dans le diocèse de Sens. Cependant, Maillard critique l'historien Morin pour ses erreurs dans l'Histoire du Gâtinois. La bataille de Dormeil, qui eut lieu quatre ans après celle de Latofao, est également discutée. L'auteur affirme que les lieux des deux batailles ne sont pas proches et que les terrains étaient différents. Il suggère que les noms des lieux dans les chroniques peuvent avoir été mal copiés. Le Père Ruinart note que certains noms propres dans la Chronique de Fredegaire sont mal écrits. L'auteur explore la possibilité que Latofao soit en réalité Lifou, un village dans le diocèse de Toul. Il soutient que Latofao et Lifou pourraient être le même endroit, en se basant sur des similitudes dans les noms et les descriptions. Il conclut que si Latofao n'est pas Lifou, il faut admettre avec le Père Daniel que ce lieu n'est plus connu. Le texte mentionne également Massolacum, un autre lieu historique situé à Marly près de Sens, où des événements royaux importants se sont déroulés. Il critique les incertitudes des historiens précédents sur la localisation de ce palais royal. Le texte traite aussi de l'histoire et de l'évolution des noms des localités de Massas et de Maslay, situées près de la rivière de Vanne et de la forêt d'Othe. Le nom de Maslay-le-Roy indique un territoire royal, et deux Maslay contigus existent : le Grand-Maslay et le Petit-Maslay. Des documents historiques, comme un martyrologe de la cathédrale de Sens du dixième siècle, mentionnent des personnes notables de Maslay. Les guerres ont probablement divisé ces terres, et des historiens comme Odoran et Clarius ont mentionné ces localités dans leurs œuvres. Le texte explore les variations linguistiques et orthographiques des noms de ces lieux au fil des siècles. Par exemple, le nom 'Maslay' a été corrompu en 'Mastay' et 'Mallay' dans divers documents. La rivière de Vanne entoure le bourg de Maslay, contribuant à sa fertilité et à son aspect verdoyant. Le Petit-Maslay est situé plus à l'est, et le village de Teil, autrefois résidence de la reine Constance, fait partie de la châtellenie de Maslay-le-Roi. La châtellenie de Maslay-le-Roi a été échangée par Philippe le Bel avec Marie Comtesse de Sancerre en 1318. Aujourd'hui, cette châtellenie est divisée en plusieurs portions et relève des Comtes de Joigny depuis Philippe V. Le texte mentionne également des traditions locales, comme celle de Saint Agnan, évêque d'Orléans, supposé natif de Maslay-le-Vicomte. Enfin, le texte aborde la rivière d'Orvanne, mentionnée par des historiens comme Fredegaire et Aimoin, et corrige des erreurs historiques concernant son nom et son emplacement. La bataille de l'an 600, où Clotaire II a été défait, s'est probablement déroulée près de la rivière d'Orvanne, et non de la rivière d'Ouaine. L'auteur, après avoir envoyé des éclaircissements aux auteurs du Mercure, se rend à Paris et vérifie personnellement le mémoire de M. le Prieur de Dollot. Il confirme la justesse du mémoire à un article près et note des erreurs fréquentes chez les géographes concernant la position des lieux par rapport aux rivières. Il fournit des corrections pour la carte du Diocèse de Sens dressée par Samson, précisant la localisation de divers lieux tels que Saint-Valérien, Dollot, Vallery, Blenne, Diant, Voux, Ferrières, Flagy, et Dormelle. Il décrit également la bataille de Dormelle et la topographie des environs. La rivière d'Orvanne ne se jette pas dans un étang mais forme un étang par des écluses. Il corrige également l'emplacement où la rivière d'Orvanne se jette dans le Loing, précisant que cela se fait au-dessous de Montargis, et non au-dessus comme indiqué sur certaines cartes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
21
p. 366-369
TURQUIE ET PERSE.
Début :
ON a appris par Moscou que le Roy de Perse [...]
Mots clefs :
Turquie, Perse, Moscou, Sultan, Janissaires, Bataille, Artillerie, Prisonniers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TURQUIE ET PERSE.
NOUVELLES ETRANGERES.
ON
TURQUIE ET PERSE.
N a appris par Moscou que le Roy de Perse
avoit envoyé à Ispaham 2000. prisonniers
avec plusieurs pieces d'artillerie prises sur
les Turcs dans la derniere bataille qui a été
donnée du côté de Tauris ; et que ce Prince ne
vouloit écouter les propositions d'accommodement
qui lui ont été faites de la part du nouveau
Sultan , qu'à condition que pour Prélimimaires
de la Paix , les Turcs lui restitueront les
ConFEVRIER
. 173.1.1 367
Conquêtes qu'ils ont faites pendant la derniere
revolution , et lui payeront 30 millions de Roupies
en forme de dédommagement des pertes
qu'ont souffertes les differentes Provinces de la
Perse pendant la guerre,
Les Lettres de Derbent portent , qu'un Deta→
chement de l'armée du Roy de Perse avoit attaqué
le secours que le Bacha du Grand Caire envoyoit
à Bagdad , suivant les ordres du Sultan
déposé , et que les Persans avoient fait un butin
de près d'un million de Ducats.
Quelques Lettres de Constantinople du mois
de Decembre portent qu'Ali surnommé Patrona,
Chef et auteur de la revolution , peu content des
recompenses qu'il avoit reçues du Gr. S. et continuant
de demander avec hauteur les principales
Charges pour sa famille , ou pour ses adherans ,
S. H. avoit pris la resolution de se défaire de cet
importun , mais avec les précautions necessaires
pour prévenir une nouvelle revolution ; que lè
30 de Decembre Cianum Coggia , Capitan Pacha
, avoit eu ordre d'assembler les plus mutins
des Genteniers ou Commandans des bandes des
Jannissaires , qui avoient eu part à la derniere
revolte , et de feindre qu'on vouloit prendre leurs
avis pour décider de la Paix ou de la Guerre,
Après que le Capitan Pacha eut tenu avec 36 de
ces mutins une espece de Conseil , il alla avec
eux au Serrail , où il les engagea à demeurer
jusqu'à ce qu'il eut communiqué au G. S. le resultat
de leur Conference ; mais à peine se fut- il
retiré d'auprès d'eux , que 160 Jannissaires , áffectionnez
au Gouvernement , les environnerent
et les tail ! erent en pieces.
Cette punition n'empêcha pas Ali - Patrona de
demander le lendemain que le nommé Gicca ,
frere de l'Interprete de S. H , dont il avoit reçu
cent
368 MERCURE DE FRANCE
cent Bourses , fut nommé Vaivode de Valachie
à la place de Mauro Cordato. Le G. S. lui accorda
cette nouvelle grace ; mais quelques jours
après l'ayant fait arrêter avec le nouvel Aga des
Jannissaires , ces deux Rebelles furent étranglés ,
et on a trouvé chez eux près de cinq millions en
or ,qui ont été portés au Trésor du Serail.
Le G. S. ayant déposé le Kan des Tartares
tributaires de la Porte , qui avoit été mandé à
Constantinople , sous prétexte d'assister à un
Divan , S. H. a donné le Commandement des
Tartares au frere du Kan déposé , lequel étoit
relegué à Barna depuis quelques années , et le 3
du mois de Decembre dernier il reçut des mains
du G. S. un sabre garni de diamans , et un Caftan
doublé de martes Zebelines.
Le Seraskier Rusteck qui est allé en Perse
pour y negocier un Traité de Pacification , a été
fait Pacha à trois Queuës avant. que de partir .
Le Divan a resolu de demander des sommes
considerables aux Grecs et aux Juifs pour l'avenement
de S. H. au Trône.
Les mêmes Lettres marquent que le Sultan
déposé qui a été renfermé aux sept Tours avec
les Princes ses fils , y étoit traité magnifiquement,
et avec les mêmes honneurs que s'il étoit encore
sur le Trône.
On écrit de Venise , que par les Lettres reçuës
de Constantinople à la fin du mois dernier ; on
avoit apris que le Pacha Rustech,qu'on a envoyé
à Ispaliam , avec des pleins pouvoirs pour la signature
d'un Traité de Paix , avoit emporté avec
lui des présens magnifiques pour les Ministres du
Roy de Perse. Ces Lettres ajoutent que le G. S.
loin de se sur les créatures du Sultan dévanger
posé , de l'affront qui fut fait à Mustapha son
pere , lorsqu'on l'enferma aux sept Tours , employoit
FEVRIER. 1731. 359
ployoit tous ceux qui après avoir reconnu leur
faute, promettoient de le servir avec fidelité ; que
cette conduite lui attiroit tous les coeurs de ses
sujets , qui s'attendant à de grandes cruautez sous
son regne , étoient extrèmement surpris de voir
tant de modération et de clémence dans leur Sou
verain ; qu'on attribue cette douceur aux sages
conseils du nouveau Mufti qui l'a déterminé aus
si à visiter le Sultan déposé, et à le consulter sur
les affaires du Gouvernement, dont S H. ne pour
roit avoir une connoissance parfaite sans ce secours
, parce que le dernier G. V. avoit détourné
les Papiers de conséquence de ses Bureaux avant
que d'être étranglé , et que les autres Ministres
subalternes les ont brulés ou cachés depuis, que le
Sultan déposé,et le G.S. vivoient dans une bonne
intelligence,que le premier avoit la liberté de voir
les Princes ses fils , de manger et de converser
avec eux , et qu'on lui avoit rendu six de ses Sultanes
favorites.
On apprend par les mêmes Lettres qu'un hom
me de la lie du peuple , mais aussi sage et éclairé
qu'il est pauvre , avoit été choisi pour être Lieutenant
de l'Aga des Janissaires ; que S. H. ayant
approuvé ce choix , ce nouvel Officier avoit envoyé
chez tous les Ministres étrangers pour leur
donner part de son avenement, et les faire ressouvenir
de sa pauvreté;que ces Ministres lui avoient
fait,à l'envi, des présens magnifiques , que la Sulta
ne mere lui avoit envoyé 3 Turbans ,des habits et
quelques bourses remplies d'or , pour l'aider à se
mettre en équipage , et que depuis qu'il avoit pris
possession de son nouveau poste , les Janissaires
vivoient dans une parfaite discipline.
ON
TURQUIE ET PERSE.
N a appris par Moscou que le Roy de Perse
avoit envoyé à Ispaham 2000. prisonniers
avec plusieurs pieces d'artillerie prises sur
les Turcs dans la derniere bataille qui a été
donnée du côté de Tauris ; et que ce Prince ne
vouloit écouter les propositions d'accommodement
qui lui ont été faites de la part du nouveau
Sultan , qu'à condition que pour Prélimimaires
de la Paix , les Turcs lui restitueront les
ConFEVRIER
. 173.1.1 367
Conquêtes qu'ils ont faites pendant la derniere
revolution , et lui payeront 30 millions de Roupies
en forme de dédommagement des pertes
qu'ont souffertes les differentes Provinces de la
Perse pendant la guerre,
Les Lettres de Derbent portent , qu'un Deta→
chement de l'armée du Roy de Perse avoit attaqué
le secours que le Bacha du Grand Caire envoyoit
à Bagdad , suivant les ordres du Sultan
déposé , et que les Persans avoient fait un butin
de près d'un million de Ducats.
Quelques Lettres de Constantinople du mois
de Decembre portent qu'Ali surnommé Patrona,
Chef et auteur de la revolution , peu content des
recompenses qu'il avoit reçues du Gr. S. et continuant
de demander avec hauteur les principales
Charges pour sa famille , ou pour ses adherans ,
S. H. avoit pris la resolution de se défaire de cet
importun , mais avec les précautions necessaires
pour prévenir une nouvelle revolution ; que lè
30 de Decembre Cianum Coggia , Capitan Pacha
, avoit eu ordre d'assembler les plus mutins
des Genteniers ou Commandans des bandes des
Jannissaires , qui avoient eu part à la derniere
revolte , et de feindre qu'on vouloit prendre leurs
avis pour décider de la Paix ou de la Guerre,
Après que le Capitan Pacha eut tenu avec 36 de
ces mutins une espece de Conseil , il alla avec
eux au Serrail , où il les engagea à demeurer
jusqu'à ce qu'il eut communiqué au G. S. le resultat
de leur Conference ; mais à peine se fut- il
retiré d'auprès d'eux , que 160 Jannissaires , áffectionnez
au Gouvernement , les environnerent
et les tail ! erent en pieces.
Cette punition n'empêcha pas Ali - Patrona de
demander le lendemain que le nommé Gicca ,
frere de l'Interprete de S. H , dont il avoit reçu
cent
368 MERCURE DE FRANCE
cent Bourses , fut nommé Vaivode de Valachie
à la place de Mauro Cordato. Le G. S. lui accorda
cette nouvelle grace ; mais quelques jours
après l'ayant fait arrêter avec le nouvel Aga des
Jannissaires , ces deux Rebelles furent étranglés ,
et on a trouvé chez eux près de cinq millions en
or ,qui ont été portés au Trésor du Serail.
Le G. S. ayant déposé le Kan des Tartares
tributaires de la Porte , qui avoit été mandé à
Constantinople , sous prétexte d'assister à un
Divan , S. H. a donné le Commandement des
Tartares au frere du Kan déposé , lequel étoit
relegué à Barna depuis quelques années , et le 3
du mois de Decembre dernier il reçut des mains
du G. S. un sabre garni de diamans , et un Caftan
doublé de martes Zebelines.
Le Seraskier Rusteck qui est allé en Perse
pour y negocier un Traité de Pacification , a été
fait Pacha à trois Queuës avant. que de partir .
Le Divan a resolu de demander des sommes
considerables aux Grecs et aux Juifs pour l'avenement
de S. H. au Trône.
Les mêmes Lettres marquent que le Sultan
déposé qui a été renfermé aux sept Tours avec
les Princes ses fils , y étoit traité magnifiquement,
et avec les mêmes honneurs que s'il étoit encore
sur le Trône.
On écrit de Venise , que par les Lettres reçuës
de Constantinople à la fin du mois dernier ; on
avoit apris que le Pacha Rustech,qu'on a envoyé
à Ispaliam , avec des pleins pouvoirs pour la signature
d'un Traité de Paix , avoit emporté avec
lui des présens magnifiques pour les Ministres du
Roy de Perse. Ces Lettres ajoutent que le G. S.
loin de se sur les créatures du Sultan dévanger
posé , de l'affront qui fut fait à Mustapha son
pere , lorsqu'on l'enferma aux sept Tours , employoit
FEVRIER. 1731. 359
ployoit tous ceux qui après avoir reconnu leur
faute, promettoient de le servir avec fidelité ; que
cette conduite lui attiroit tous les coeurs de ses
sujets , qui s'attendant à de grandes cruautez sous
son regne , étoient extrèmement surpris de voir
tant de modération et de clémence dans leur Sou
verain ; qu'on attribue cette douceur aux sages
conseils du nouveau Mufti qui l'a déterminé aus
si à visiter le Sultan déposé, et à le consulter sur
les affaires du Gouvernement, dont S H. ne pour
roit avoir une connoissance parfaite sans ce secours
, parce que le dernier G. V. avoit détourné
les Papiers de conséquence de ses Bureaux avant
que d'être étranglé , et que les autres Ministres
subalternes les ont brulés ou cachés depuis, que le
Sultan déposé,et le G.S. vivoient dans une bonne
intelligence,que le premier avoit la liberté de voir
les Princes ses fils , de manger et de converser
avec eux , et qu'on lui avoit rendu six de ses Sultanes
favorites.
On apprend par les mêmes Lettres qu'un hom
me de la lie du peuple , mais aussi sage et éclairé
qu'il est pauvre , avoit été choisi pour être Lieutenant
de l'Aga des Janissaires ; que S. H. ayant
approuvé ce choix , ce nouvel Officier avoit envoyé
chez tous les Ministres étrangers pour leur
donner part de son avenement, et les faire ressouvenir
de sa pauvreté;que ces Ministres lui avoient
fait,à l'envi, des présens magnifiques , que la Sulta
ne mere lui avoit envoyé 3 Turbans ,des habits et
quelques bourses remplies d'or , pour l'aider à se
mettre en équipage , et que depuis qu'il avoit pris
possession de son nouveau poste , les Janissaires
vivoient dans une parfaite discipline.
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Résumé : TURQUIE ET PERSE.
En 1731, des événements politiques et militaires significatifs se déroulent en Turquie et en Perse. Le roi de Perse envoie 2000 prisonniers et des pièces d'artillerie prises aux Turcs à Ispahan. Il refuse les propositions de paix du nouveau sultan turc, exigeant la restitution des conquêtes récentes et le paiement de 30 millions de roupies en dédommagement. Parallèlement, les Persans attaquent un convoi du Bacha du Grand Caire à Bagdad, s'emparant d'un butin d'environ un million de ducats. À Constantinople, Ali, surnommé Patrona, est éliminé par le sultan après avoir demandé des charges importantes pour sa famille. Le sultan exécute également deux rebelles, Gicca et le nouvel Aga des Jannissaires, trouvant près de cinq millions en or chez eux. Il dépose le Kan des Tartares et nomme son frère à sa place. Le Seraskier Rusteck est nommé Pacha à trois queues avant de partir négocier un traité de paix en Perse. Le sultan impose des sommes considérables aux Grecs et aux Juifs pour son avènement au trône. Le sultan déchu est enfermé aux sept Tours avec ses fils, mais y est traité magnifiquement. Le sultan actuel emploie ceux qui promettent fidélité, gagnant ainsi le cœur de ses sujets. Il consulte le sultan déchu pour les affaires du gouvernement et lui a rendu six de ses sultanes favorites. Un homme du peuple, sage et éclairé, est choisi comme lieutenant de l'Aga des Janissaires et reçoit des présents magnifiques des ministres étrangers et de la sultane mère. Les Janissaires vivent désormais dans une parfaite discipline.
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22
p. 442-446
AU MARECHAL DUC DE VILLARS. ODE
Début :
Toi, qui des Héros de la Grece [...]
Mots clefs :
Duc de Villars, Gloire, Guerre, Victoire, Cohortes, Bataille, Ravager, Flandre, Soldats
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AU MARECHAL DUC DE VILLARS. ODE
AU MARECHAL DUC DE VILLARS,
ODE
Toi , qui des Héros de la Grece
Célebras jadis les exploits ,
Viens seconder ma hardiesse ,
Viens , Homere , affermis ma voix.
Qu'un Guerrier que la France admire
M'entende dignement écrire
Ses plus hauts faits dans mes Chansons
Et que les Filles de mémoire
M'aident à consacrer la gloire
De l'appui de leurs nourissons.
Quelle
MARS.
443 1731.
+
Quelle vengeance
meurtriere
,
Quel Dieu jaloux de nos succès
A réuni l'Europe entiere
Pour faire avorter nos projets ?
Quel Démon ardent à nous nuire
Contre Louis , dans son Empire
Arme des sujets inhumains ? *
Les barbares Soeurs de Megere
A cette secte sanguinaire
Inspirent les plus noirs desseins,
On voit des Bataillons perfides
Sortis tout d'un coup des forêts ,
Ainsi que des torrens rapides
Ravager nos riches guerets ;
Les Temples , objets de leur rage ,
Sont détruits , ou pleins de carnage ,
Tout cede à leur férocité :
Quel vaillant guerrier , quel Alcide
Domptera l'audace intrépide
De ces Monstres d'impieté ?
Quoi ! leurs cohortes menaçantes
Qui couvroient nos sillons de morts ,
A l'aspect de Villars tremblantes ,
Cedent à ses premiers efforts !
* Les Fanatiques.
B iiij
Leurs
444 MERCURE DE FRANCE
Leurs Chefs malgré leur arrogance
Ne trouvent que dans sa clémence
Dequoi dissiper leur terreur :
En vain la discorde sans cesse
Chez tous nos ennemis s'empresse
D'armer pour aider leur fureur.
Vous qui dans Thionville allarmée
Voulez foudroyer nos Guerriers ,
Que ne renversez- vous l'Armée
Qui vous ravit tant de lauriers
Le feu de vos Troupes nombreuses ,
Ni du Rhin les ondes fougueuses.
Ne sçauroient arrêter Villars .
Courez au combat ; sa présence
Doit exciter votre vengeance
A tenter les plus grands hazards.
Que vois-je ? déja vers la Flandre
Ils ont précipité leurs pas ;
Est- ce pour ne rien entreprendre
* Campagne de 1705. au commencement de
laquelle le Prince Eugene et M. Malebouroug
joignirent toutes leurs forces pour pénetrerjusqu'en
France par Thionville ; mais M. de Villars
avec des forces très inférieures se campa
de façon qu'il couvrit Thionville et les autres
Places voisines , en sorte qu'ils n'oserent entreprendre
ce Siege ni l'attaquer.
་
Qu'ils
MARS.
445. 1731.
Qu'ils ont armé tant de Soldats ?
Pour vous , grand Héros , que l'Alsące
Vit imiter la noble audace
Du fier Vainqueur de Darius ,
Vous faites voir qu'à la vaillance
Vous sçavez joindre la prudencè ,
Qui fit triompher Fabius. ( b )
Le Dieu qui lance le tonnerre ,
Pour se vanger de nos forfaits
A- t'il pour toujours de la Terre
Exilé Themis et la Paix ?
Que d'Escadrons ! que de cohortes
Ont deja jusques à nos portes
Fait avancer leurs Etendarts !
Mais quel éclat nous environne ?
Est-ce Mars , suivi de Bellonne ,
Qui vient deffendre nos Remparts ?
Fier Eugene , qui jusqu'en France
Prétends signaler tes exploits ,
Tu cours trop tard à la défense
De Denain réduit aux abois ;
Voy ce Camp rempli de carnage ;
(a ) Bataille de Fridelingue , comparée am
passage de Granique d'Alexandre.
(b ) Dictateur qui par sa prudence renvers
soit tous les projets d'Annibal.
B v La
446 MERCURE DE FRANCE
La mort sous une horrible image
Remplit tous tes Soldats d'effroi
Tu fuis toi-même plein d'allarmes
N'osant disputer à nos armes
Douay , Bouchain et le Quenoy.
En vain Mars jaloux de l'hommage
Et des offrandes des Mortels ,
Des Germains foutient le courage
Pour fe conferver des Autels ;
Fribourg et Landau sont en cendre ,
Quoiqu'il s'arme pour les deffendre ,
Nos fiers ennemis font défaits :
Villars , suivi de la Victoire
Dispose pour comble de gloire
*
Et de la guerre et de la paix.
Campagne d'Allemagne de 1713-
Par M. de Sainte Falaye , de Montfort-
Lamaury.
ODE
Toi , qui des Héros de la Grece
Célebras jadis les exploits ,
Viens seconder ma hardiesse ,
Viens , Homere , affermis ma voix.
Qu'un Guerrier que la France admire
M'entende dignement écrire
Ses plus hauts faits dans mes Chansons
Et que les Filles de mémoire
M'aident à consacrer la gloire
De l'appui de leurs nourissons.
Quelle
MARS.
443 1731.
+
Quelle vengeance
meurtriere
,
Quel Dieu jaloux de nos succès
A réuni l'Europe entiere
Pour faire avorter nos projets ?
Quel Démon ardent à nous nuire
Contre Louis , dans son Empire
Arme des sujets inhumains ? *
Les barbares Soeurs de Megere
A cette secte sanguinaire
Inspirent les plus noirs desseins,
On voit des Bataillons perfides
Sortis tout d'un coup des forêts ,
Ainsi que des torrens rapides
Ravager nos riches guerets ;
Les Temples , objets de leur rage ,
Sont détruits , ou pleins de carnage ,
Tout cede à leur férocité :
Quel vaillant guerrier , quel Alcide
Domptera l'audace intrépide
De ces Monstres d'impieté ?
Quoi ! leurs cohortes menaçantes
Qui couvroient nos sillons de morts ,
A l'aspect de Villars tremblantes ,
Cedent à ses premiers efforts !
* Les Fanatiques.
B iiij
Leurs
444 MERCURE DE FRANCE
Leurs Chefs malgré leur arrogance
Ne trouvent que dans sa clémence
Dequoi dissiper leur terreur :
En vain la discorde sans cesse
Chez tous nos ennemis s'empresse
D'armer pour aider leur fureur.
Vous qui dans Thionville allarmée
Voulez foudroyer nos Guerriers ,
Que ne renversez- vous l'Armée
Qui vous ravit tant de lauriers
Le feu de vos Troupes nombreuses ,
Ni du Rhin les ondes fougueuses.
Ne sçauroient arrêter Villars .
Courez au combat ; sa présence
Doit exciter votre vengeance
A tenter les plus grands hazards.
Que vois-je ? déja vers la Flandre
Ils ont précipité leurs pas ;
Est- ce pour ne rien entreprendre
* Campagne de 1705. au commencement de
laquelle le Prince Eugene et M. Malebouroug
joignirent toutes leurs forces pour pénetrerjusqu'en
France par Thionville ; mais M. de Villars
avec des forces très inférieures se campa
de façon qu'il couvrit Thionville et les autres
Places voisines , en sorte qu'ils n'oserent entreprendre
ce Siege ni l'attaquer.
་
Qu'ils
MARS.
445. 1731.
Qu'ils ont armé tant de Soldats ?
Pour vous , grand Héros , que l'Alsące
Vit imiter la noble audace
Du fier Vainqueur de Darius ,
Vous faites voir qu'à la vaillance
Vous sçavez joindre la prudencè ,
Qui fit triompher Fabius. ( b )
Le Dieu qui lance le tonnerre ,
Pour se vanger de nos forfaits
A- t'il pour toujours de la Terre
Exilé Themis et la Paix ?
Que d'Escadrons ! que de cohortes
Ont deja jusques à nos portes
Fait avancer leurs Etendarts !
Mais quel éclat nous environne ?
Est-ce Mars , suivi de Bellonne ,
Qui vient deffendre nos Remparts ?
Fier Eugene , qui jusqu'en France
Prétends signaler tes exploits ,
Tu cours trop tard à la défense
De Denain réduit aux abois ;
Voy ce Camp rempli de carnage ;
(a ) Bataille de Fridelingue , comparée am
passage de Granique d'Alexandre.
(b ) Dictateur qui par sa prudence renvers
soit tous les projets d'Annibal.
B v La
446 MERCURE DE FRANCE
La mort sous une horrible image
Remplit tous tes Soldats d'effroi
Tu fuis toi-même plein d'allarmes
N'osant disputer à nos armes
Douay , Bouchain et le Quenoy.
En vain Mars jaloux de l'hommage
Et des offrandes des Mortels ,
Des Germains foutient le courage
Pour fe conferver des Autels ;
Fribourg et Landau sont en cendre ,
Quoiqu'il s'arme pour les deffendre ,
Nos fiers ennemis font défaits :
Villars , suivi de la Victoire
Dispose pour comble de gloire
*
Et de la guerre et de la paix.
Campagne d'Allemagne de 1713-
Par M. de Sainte Falaye , de Montfort-
Lamaury.
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Résumé : AU MARECHAL DUC DE VILLARS. ODE
Le texte est une ode dédiée au maréchal duc de Villars, célébrant ses exploits militaires. L'auteur demande à Homère de l'inspirer pour chanter les hauts faits de Villars. Il exprime son indignation face à la coalition européenne qui menace la France et les succès de Louis XIV. Les ennemis, décrits comme des barbares, ravagent les terres françaises et détruisent les temples. Villars, par sa vaillance et sa prudence, parvient à repousser ces attaques. Le texte mentionne plusieurs batailles et sièges, comme celui de Thionville, où Villars, malgré des forces inférieures, protège les places stratégiques. Il compare Villars à des héros antiques comme Alcide, Fabius et Alexandre. L'ode se termine en soulignant la victoire de Villars à Denain et la prise de plusieurs villes, comme Douay, Bouchain et le Quenoy, ainsi que la défaite des ennemis à Fribourg et Landau. Villars est ainsi présenté comme un héros qui apporte la victoire et la paix.
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23
p. 1800-1804
TURQUIE ET PERSE.
Début :
Des Lettres de Constantinople confirment la Bataille donnée dans la Grande Armenie, [...]
Mots clefs :
Constantinople, Bataille, Arménie, Janissaires, Pacha , Persans
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texteReconnaissance textuelle : TURQUIE ET PERSE.
TURQUIE ET PERSE.
Es Lettres de Constantinople confirment
la Bataille donnée dans la Grande Armenie ,
entre les Persans et les Turcs , les premiers
avoient une armée plus nombreuse que les derniers
, mais ceux - cy ayant appris que leurs ennemis
venoient de recevoir plusieurs pieces d'Artillerie
, et qu'ils se preparoient à les venir atta
quer jugerent à propos de les prévenir : ce qu'ils
rent , si à l'improviste et avec tant de succès
qu'ils n'eurent pas beaucoup de peine à les renverser
JUILLET. 173г. 18ot
Werser , et à les obliger de passer la Riviere
d'Erach , où un nombre de Persans ont été noyés, -
cependant on ajoûte que ces derniers se rassembloient
de l'autre côté de cette Riviere pour tenter
une seconde Bataille : ce qui fait juger que
leur perte n'est pas aussi grande que les Turcs
l'ont publiée.
Ces Lettres ajoûtent qu'il y avoit souvent des
querelles entre les Janissaires et les Soldats de la
Marine que la charge de Capitan Pacha done
Cianum - Coggia avoit été revêtu par le nouveau
Sultan , avoit aussi été donnée depuis peur
au Pacha de Rettimo , et que le Mufti avoit été
deposé ; que le Pacha qui a gagné la derniere
Bataille en Perse , avoit renvoyé plusieurs Persans
prisonniers de guerre aprés leur avoir fait
couper le nez et les oreilles en représailles d'un
pareil traitement que le Roy de Perse fit l'année
derniere à quelques Tures qui étoient tombés.
entre ses mains Ces Lettres ne confirment point
que le Roy de Perse ait été noyé ; on assure
au contraire que ce Prince avoit rassemblé leg
restes de son Armée , et qu'il attendoit un renfort
considerable de troupes que le Grand Mogol
devoit lui envoyer.
On a appris par d'autres Lettres , que le Patriarche
des Grecs avoit été déposé pour avoir
voulu introduire des nouveautés dans les Eglises
de sa Communion.
Des Lettres d'Italie portent qu'on avoit veu ,
au commencement du mois dernier , la Flotte
du Grand Seigneur , à l'entrée du Golfe Adriatique.
Les dernieres Nouvelles venues par l'Italie ,
portent que depuis la révolution qui a mis le
nouveau Sultan sur le Tròne , on avoit fait perir
Hv tant
1802 MERCURE DE FRANCE
tant dans Constantinople qu'à Andrinople er
dans d'autres Villes , plus de 20000. personnes
coupçonnées de pouvoir exciter une nouvelle revolte
; qu'on avoit publié dans la Ville une Relation
de la victoire remportée contre les Persans
, mais qu'on commençoit à douter qu'elle
fut aussi complette qu'on la croyoit d'abord ,
parcequ'on continuoit de prendre des mesures
pour faire la paix avec le Roy de Perse.
t
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Smirne
le 30. May 1731..
aprenons par
des Lettres de Constan
Ntinople que nous avons reçues depuis deux
jours , comme le G. S. s'est porté à déposer CianumGoggia
de la Commission de Capitan Pacha,.
et à l'exiler à Retrin dans l'Isle de Candie ,.
malgré tous les services qu'il avoit rendus à Sa.
Hautesse depuis qu'il étoit en place ; on dit que
la disgrace de cet Amiral procede d'une part de:
la jalousie du Grand Visir, et de l'autre du Corps :
des Jannissaires , qui ne voyoient qu'avec peine
les services importans que les Leventis avoit rendus
au nouveau G.Ş. sous les ordres de Cianum .
Coggia.
;
Les Turcs ont publié en dernier lieu qu'ils .
avoient remporté une grande victoire en Perse
cependant bien des Lettres qui sont entre les
mains des Arméniens assurent le contraire , et.
marquent que les Persans continuent à repren
dre toutes les Places que les Turcs leur avoient
enlevées. Quoy-qu'll en soit , le G. S. fait lever
des Troupes par tout , pour les faire passer , à.
ce qu'on dit , en Perse ; mais les politiques pen
2 :
sent
JUILLET.
1731 1803
sent que la Cour Ottomane est d'accord avec
les Persans , et que l'Armée du G. S. pourroit
bien marcher ou contre les Moscovites , ou
contre les Imperiaux.
NOUVELLES DE PERSE , venuër
à Constantinople le 7. May 1731. Lettre
écrite de cette Ville le 15. du même
mois.
E Grand Vizir a reçu des Lettres de Perse
Lpar lesquelles onlui marque que Schah Tha
93
mas , qui avoit entrepris le Siege de Tauris
avoit été défait devant cette Place par les Trou
pes du G. S. Les particularitez que l'on rappor
te de cet événement sont , qu'Ali Pacha , Gou
verneur de Tauris , se voyant pressé par les
Assiegeants , avoit si bien ranimé le courage
des Assiegez par ses exhortations , à se retirer .
de l'espece de Prison où les ennemis les retenoient
dans l'enceinte de cette Ville , qu'étant
sorti à la tête de toute sa garnison , il étoit tombé
avec tant de furie sur les Persans , tandis que
d'un autre côté Rustan-Pacha , qui tenoit la
Campagne avec 4. ou sooo . hommes , étoit
aussi venu fondre sur eux , que l'armée Persa --~
ne avoit été mise en déroute ; que les Turcs
avoient fait un grand carnage ; et beaucoup de Prisonniers,
parmi lesquels il s'étoit trouvé quinze
Kans , ou Seigneurs , qu'on amenoit enchaînez al
Constantinople , et que cet echec avoit si fort dé !
rangé les affaires du Roy de Perse , qu'il s'étoit
déterminé à envoyer un Ambassadeur au Sul--
tan pour traiter d'une paix solide avec sa Hay--
H vj On
tesse.
1804
MERCURE
DE FRANCE
On ajoûte une circonstance au sujet de Rustan-
Pacha qui merite d'autant plus d'être ra
portée , qu'elle paroît n'avoir pas peu contribué
à la victoire que les Turcs viennent de
remporter.
Lorsque Patrona Mousloub , et les autres
Chefs de la grande Révolution , étoient tout
Puissans à Constantinople , ils y firent venir de
Bosnie ce même Rustan-Pacha, ils obtinrent qu'il
fut fait Visir à trois queues , et envoyé Seraskier
de l'Armée en Perse ; mais quelque tems
´aprés le massacre de ces Rebelles , la Porte envoya
un Capigi - Bachi à Rustan , pour lui demander
sa tête : ce Pacha au lieu d'obeir fit
arrêter le Capigi Bachi , et lui dit qu'à la vérité
le G. S. étoit le Maître de disposer de sa tête
mais que jugeant qu'il seroit plus utile et plus
honorable sa Hautesse , qu'il la perdit à son
service , il alloit chercher les occasions de la lui
sacrifier glorieusement , en combattant contre
les ennemis de l'Empire , ce qui a heureusement
reussi.
Es Lettres de Constantinople confirment
la Bataille donnée dans la Grande Armenie ,
entre les Persans et les Turcs , les premiers
avoient une armée plus nombreuse que les derniers
, mais ceux - cy ayant appris que leurs ennemis
venoient de recevoir plusieurs pieces d'Artillerie
, et qu'ils se preparoient à les venir atta
quer jugerent à propos de les prévenir : ce qu'ils
rent , si à l'improviste et avec tant de succès
qu'ils n'eurent pas beaucoup de peine à les renverser
JUILLET. 173г. 18ot
Werser , et à les obliger de passer la Riviere
d'Erach , où un nombre de Persans ont été noyés, -
cependant on ajoûte que ces derniers se rassembloient
de l'autre côté de cette Riviere pour tenter
une seconde Bataille : ce qui fait juger que
leur perte n'est pas aussi grande que les Turcs
l'ont publiée.
Ces Lettres ajoûtent qu'il y avoit souvent des
querelles entre les Janissaires et les Soldats de la
Marine que la charge de Capitan Pacha done
Cianum - Coggia avoit été revêtu par le nouveau
Sultan , avoit aussi été donnée depuis peur
au Pacha de Rettimo , et que le Mufti avoit été
deposé ; que le Pacha qui a gagné la derniere
Bataille en Perse , avoit renvoyé plusieurs Persans
prisonniers de guerre aprés leur avoir fait
couper le nez et les oreilles en représailles d'un
pareil traitement que le Roy de Perse fit l'année
derniere à quelques Tures qui étoient tombés.
entre ses mains Ces Lettres ne confirment point
que le Roy de Perse ait été noyé ; on assure
au contraire que ce Prince avoit rassemblé leg
restes de son Armée , et qu'il attendoit un renfort
considerable de troupes que le Grand Mogol
devoit lui envoyer.
On a appris par d'autres Lettres , que le Patriarche
des Grecs avoit été déposé pour avoir
voulu introduire des nouveautés dans les Eglises
de sa Communion.
Des Lettres d'Italie portent qu'on avoit veu ,
au commencement du mois dernier , la Flotte
du Grand Seigneur , à l'entrée du Golfe Adriatique.
Les dernieres Nouvelles venues par l'Italie ,
portent que depuis la révolution qui a mis le
nouveau Sultan sur le Tròne , on avoit fait perir
Hv tant
1802 MERCURE DE FRANCE
tant dans Constantinople qu'à Andrinople er
dans d'autres Villes , plus de 20000. personnes
coupçonnées de pouvoir exciter une nouvelle revolte
; qu'on avoit publié dans la Ville une Relation
de la victoire remportée contre les Persans
, mais qu'on commençoit à douter qu'elle
fut aussi complette qu'on la croyoit d'abord ,
parcequ'on continuoit de prendre des mesures
pour faire la paix avec le Roy de Perse.
t
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Smirne
le 30. May 1731..
aprenons par
des Lettres de Constan
Ntinople que nous avons reçues depuis deux
jours , comme le G. S. s'est porté à déposer CianumGoggia
de la Commission de Capitan Pacha,.
et à l'exiler à Retrin dans l'Isle de Candie ,.
malgré tous les services qu'il avoit rendus à Sa.
Hautesse depuis qu'il étoit en place ; on dit que
la disgrace de cet Amiral procede d'une part de:
la jalousie du Grand Visir, et de l'autre du Corps :
des Jannissaires , qui ne voyoient qu'avec peine
les services importans que les Leventis avoit rendus
au nouveau G.Ş. sous les ordres de Cianum .
Coggia.
;
Les Turcs ont publié en dernier lieu qu'ils .
avoient remporté une grande victoire en Perse
cependant bien des Lettres qui sont entre les
mains des Arméniens assurent le contraire , et.
marquent que les Persans continuent à repren
dre toutes les Places que les Turcs leur avoient
enlevées. Quoy-qu'll en soit , le G. S. fait lever
des Troupes par tout , pour les faire passer , à.
ce qu'on dit , en Perse ; mais les politiques pen
2 :
sent
JUILLET.
1731 1803
sent que la Cour Ottomane est d'accord avec
les Persans , et que l'Armée du G. S. pourroit
bien marcher ou contre les Moscovites , ou
contre les Imperiaux.
NOUVELLES DE PERSE , venuër
à Constantinople le 7. May 1731. Lettre
écrite de cette Ville le 15. du même
mois.
E Grand Vizir a reçu des Lettres de Perse
Lpar lesquelles onlui marque que Schah Tha
93
mas , qui avoit entrepris le Siege de Tauris
avoit été défait devant cette Place par les Trou
pes du G. S. Les particularitez que l'on rappor
te de cet événement sont , qu'Ali Pacha , Gou
verneur de Tauris , se voyant pressé par les
Assiegeants , avoit si bien ranimé le courage
des Assiegez par ses exhortations , à se retirer .
de l'espece de Prison où les ennemis les retenoient
dans l'enceinte de cette Ville , qu'étant
sorti à la tête de toute sa garnison , il étoit tombé
avec tant de furie sur les Persans , tandis que
d'un autre côté Rustan-Pacha , qui tenoit la
Campagne avec 4. ou sooo . hommes , étoit
aussi venu fondre sur eux , que l'armée Persa --~
ne avoit été mise en déroute ; que les Turcs
avoient fait un grand carnage ; et beaucoup de Prisonniers,
parmi lesquels il s'étoit trouvé quinze
Kans , ou Seigneurs , qu'on amenoit enchaînez al
Constantinople , et que cet echec avoit si fort dé !
rangé les affaires du Roy de Perse , qu'il s'étoit
déterminé à envoyer un Ambassadeur au Sul--
tan pour traiter d'une paix solide avec sa Hay--
H vj On
tesse.
1804
MERCURE
DE FRANCE
On ajoûte une circonstance au sujet de Rustan-
Pacha qui merite d'autant plus d'être ra
portée , qu'elle paroît n'avoir pas peu contribué
à la victoire que les Turcs viennent de
remporter.
Lorsque Patrona Mousloub , et les autres
Chefs de la grande Révolution , étoient tout
Puissans à Constantinople , ils y firent venir de
Bosnie ce même Rustan-Pacha, ils obtinrent qu'il
fut fait Visir à trois queues , et envoyé Seraskier
de l'Armée en Perse ; mais quelque tems
´aprés le massacre de ces Rebelles , la Porte envoya
un Capigi - Bachi à Rustan , pour lui demander
sa tête : ce Pacha au lieu d'obeir fit
arrêter le Capigi Bachi , et lui dit qu'à la vérité
le G. S. étoit le Maître de disposer de sa tête
mais que jugeant qu'il seroit plus utile et plus
honorable sa Hautesse , qu'il la perdit à son
service , il alloit chercher les occasions de la lui
sacrifier glorieusement , en combattant contre
les ennemis de l'Empire , ce qui a heureusement
reussi.
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Résumé : TURQUIE ET PERSE.
Au début du XVIIIe siècle, des conflits militaires et politiques ont opposé la Turquie et la Perse. En juillet 1730, une bataille en Grande Arménie a vu les Turcs, bien que moins nombreux, surprendre les Persans et les repousser au-delà de la rivière d'Erach, causant de lourdes pertes parmi les Persans. Cependant, ces derniers se préparaient à une contre-attaque, indiquant que leurs pertes n'étaient pas aussi sévères que les Turcs l'avaient annoncé. Des tensions internes au sein de l'armée turque ont été rapportées, notamment entre les Janissaires et les soldats de la marine. Le Capitain Pacha Cianum-Coggia a été démis de ses fonctions et exilé, et le Mufti a également été déposé. Les Turcs ont libéré des prisonniers persans après les avoir mutilés en représailles de traitements similaires subis par des Turcs l'année précédente. Le texte dément la rumeur selon laquelle le roi de Perse aurait été noyé et rapporte qu'il rassemble ses forces pour une nouvelle offensive, attendant des renforts du Grand Mogol. En Turquie, le patriarche des Grecs a été déposé pour avoir introduit des innovations dans les églises de sa communion. En Italie, la flotte ottomane a été signalée dans le golfe Adriatique. À Constantinople et Andrinople, des purges massives ont suivi l'accession au trône du nouveau sultan, avec plus de 20 000 personnes exécutées pour prévenir une rébellion. En Perse, le Grand Vizir a appris la défaite du Shah Tahmasp devant Tauris, grâce à l'intervention d'Ali Pacha et de Rustan-Pacha. Cette victoire a conduit à l'envoi d'un ambassadeur persan pour négocier la paix avec le sultan ottoman. Rustan-Pacha, qui avait refusé de se soumettre à un ordre d'exécution, a joué un rôle crucial dans cette victoire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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24
p. 591-594
EXTRAIT d'une Lettre de Constantinople, écrite le 10. Novembre 1731.
Début :
Il y a quelques jours qu'il se répandit ici [...]
Mots clefs :
Constantinople, Pacha , Armée, Bataille
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre de Constantinople, écrite le 10. Novembre 1731.
EXTRAIT d'une Lettre de Constantinople , écrite le 10. Novembre 1731.
y a quelques jours qu'il se répandit ici un bruit que les Turcs avoient été battus par les
Troupes de Schah Thamas , du côté de Tauris ,
mais cette nouvelle , bien loin d'avoir été confir- mée, s'est trouvée entierement fausse , et inventée
sur ce qu'on avoit été un très long temps sans
recevoir des Lettres du Seraskier- Aly Pacha.
On a sçû depuis que ce qui avoit donné lieu à
ce bruit , est le mouvement de quelques Partis de
Milice Turque , qui s'étant soustraits à l'obéïssance du Seraskier , s'étoient déba ndez pour piller et saccager le Pays , ayant laissé ce Pacha avec trente
$92 MERCURE DE FRANCE
trente mille hommes seulement. Ce General s'é
tant retiré à quelques journées de Tauris , il for ma le blocus de cette Place, et ferma tous les passages pour empêcher qu'elle ne reçût aucun seCours , ce qui fait présumer qu'elle se rendra -
bientôt. Le Pacha même en a écrit en ces termes
à la Porte , ajoûtant que les Habitans étoient
fort portez à se rendre , ne voulant pas s'exposer
à être faits Esclaves , comme cela leur est déja arrivé.
On a reçû ici des nouvelles qu'on croit beau
coup plus certaines et plus favorables du Camp
près d'Hamadan. Les Lettres du 23. Septembre portent qu'Achmet - Pacha étant campé à six
lieues de cette Ville , eut avis que Schah- Thamas,
en personne, s'approchoit dans le dessein de l'at
taquer avec une armée de 60. mille hommes, 30%
Pieces de gros Canons , des Bombes et beaucoup
d'autre Artillerie , portée par des Chameaux ; que
sur cet avis ce Pacha suspendit l'attaque de la
Place, et qu'il fit marcher son Armée du côté des
Ennemis , que quand les deux Armées furent en
présence , Schah- Thamas envoya un Ambassadeur , lequel entra en conférence avec le Pacha ;
mais on fat surpris d'apprendre que dans le mê- metemps, non- seulement l'Armée Persanne avoir
continué sa marche , mais qu'elle avoit même
déja attaqué l'avant- Garde de l'Armée Othomane, et que plusieurs des principaux OfficiersTurcs avoient été tuez dans cette attaque. Ach,
met- Pacha , surpris d'un pareil procedé , en de→
manda la raison à l'Ambassadeur , lequel répondit que l'intention du Roy son Maître , étoit de continuer les hostilitez jusqu'à ce que le Pacha
eût signé les conditions du Traité qui avoit été
proposé par ie dernier Vizir Ibrahim ; sur quoiعا
MAR S. 173.2. 593-
Le Pacha ayant congedié l'Ambassadeur , il se
prépara sur le champ à livrer bataille. Le combat dura sept heures entieres , sçavoir deux heu
res avec l'Artillerie ou les Armes à feu , et cinq
heures le Sabre à la main ; les Turcs demeurerent enfin les maîtres du Champ de bataille , presque toute l'Infanterie Persanne étant demeurée
sur la place. Les Turcs se sont emparez de tout
le Bagage , des Munitions , de l'Artillerie et generalement de tout ce qui étoit dans le Camp des
Persans , sans avoir perdu que fort peu de monde.
On a trouvé parmi le butin sept Pieces de gros
Canons , qui avoient été transportez d'Ispaham ,
traînés chacune par so. Buffles , cinq autres Canons fabriquez à Chiras , d'un fort beau Bronze,
dont les Boulets étoient marquez du nom de
Schah Thamas. Après la Bataille , ce Prince s'est
retiré à Casbin avec une petite partie de sa Cavalerie , le reste s'étant dispersé.
Les mêmes Lettres portent que la nuit préce
dente , la plus grande partie de la Garnison:
d'Hamadan s'étoit jointe à l'Armée du Roy de
Perse , mais qu'après la victoire remportée par Achmet Pacha , la Forteresse de cette Place s'étoit rendue à discretion ; que le Pacha y étoit entré
en victorieux , et qu'ayant visité les Portes ,
ik
avoit trouvé cent pieces de Cañon , dont trente
avoient été apportées d'Hispaham pour la deffense
de la Place, les autres 70. y ayant été laissées
-l'année passées enfin qu'on avoit envoyé à Constantinople plusieurs Drapeaux et d'autres dépouilles qui passoient pour une marque assurée de l'entiere défaite des Persans. Si la saison n'eût pas
été si avancée , l'Armée auroit, dit- on, pû marcher sans obstacle vers Ispaham ; cependant cette Armée, après avoir suffisamment fortifié la Ci- ✨tadelle-
594 MERCURE DE FRANCE
tadelle d'Amadan , se trouve campée aux environs
de cette Ville , sans que l'on sçache encore où
elle hyvernera.
Malgré tant de mauvais succès de la part des
Persans , on souhaite ici la Paix , et si on ne peut
pas la conclure , la Porte prendra , dit-on , le
Parti de faire démolir toutes les Places Frontieres,
pour laisser entre les deux Empires un grand es- pace de Pays inhabité , qui servira de barriere aux
Etats du G. S, mais on ne sera bien éclairci sur
les résolutions que prendra la Cour Ottomane ,
qu'après le succès de mouvemens qui se font en- core du côté de Tauris.
Avant hier le Tefterdar ou le Grand-Trésorier,
fut fait Vizir à trois queues, et son Emploi de
Trésorier lui a été conservé ; il a reçû cet hon- neur par la faveur du nouveau Grand- Vizir , à
l'occasion des nouvelles agréables venuës d'Ha- madam.
Constantin Bey, fils de feu Nicolas Mauro
Cordato, qui avoit été dépouillé de la Principauté de Valaquie , après la mort de son pere , dans
le temps de la derniere Révolution , a été nomméavant hier de nouveau à cette Principauté par
la protection du même G. V. auprès de qui toute
la Famille des Cordato est en très -grande faveur.
Ali- Kalvoda , qui avoit joui de la Principauté
environ un an , a été déposé , et il y a apparence
qu'il sera mis en prison à son arrivée à Cons
tantinople. Sa personne est devenue suspecte parce qu'il avoit été élevé à cette Dignité par les
Chefs des Rebelles,
y a quelques jours qu'il se répandit ici un bruit que les Turcs avoient été battus par les
Troupes de Schah Thamas , du côté de Tauris ,
mais cette nouvelle , bien loin d'avoir été confir- mée, s'est trouvée entierement fausse , et inventée
sur ce qu'on avoit été un très long temps sans
recevoir des Lettres du Seraskier- Aly Pacha.
On a sçû depuis que ce qui avoit donné lieu à
ce bruit , est le mouvement de quelques Partis de
Milice Turque , qui s'étant soustraits à l'obéïssance du Seraskier , s'étoient déba ndez pour piller et saccager le Pays , ayant laissé ce Pacha avec trente
$92 MERCURE DE FRANCE
trente mille hommes seulement. Ce General s'é
tant retiré à quelques journées de Tauris , il for ma le blocus de cette Place, et ferma tous les passages pour empêcher qu'elle ne reçût aucun seCours , ce qui fait présumer qu'elle se rendra -
bientôt. Le Pacha même en a écrit en ces termes
à la Porte , ajoûtant que les Habitans étoient
fort portez à se rendre , ne voulant pas s'exposer
à être faits Esclaves , comme cela leur est déja arrivé.
On a reçû ici des nouvelles qu'on croit beau
coup plus certaines et plus favorables du Camp
près d'Hamadan. Les Lettres du 23. Septembre portent qu'Achmet - Pacha étant campé à six
lieues de cette Ville , eut avis que Schah- Thamas,
en personne, s'approchoit dans le dessein de l'at
taquer avec une armée de 60. mille hommes, 30%
Pieces de gros Canons , des Bombes et beaucoup
d'autre Artillerie , portée par des Chameaux ; que
sur cet avis ce Pacha suspendit l'attaque de la
Place, et qu'il fit marcher son Armée du côté des
Ennemis , que quand les deux Armées furent en
présence , Schah- Thamas envoya un Ambassadeur , lequel entra en conférence avec le Pacha ;
mais on fat surpris d'apprendre que dans le mê- metemps, non- seulement l'Armée Persanne avoir
continué sa marche , mais qu'elle avoit même
déja attaqué l'avant- Garde de l'Armée Othomane, et que plusieurs des principaux OfficiersTurcs avoient été tuez dans cette attaque. Ach,
met- Pacha , surpris d'un pareil procedé , en de→
manda la raison à l'Ambassadeur , lequel répondit que l'intention du Roy son Maître , étoit de continuer les hostilitez jusqu'à ce que le Pacha
eût signé les conditions du Traité qui avoit été
proposé par ie dernier Vizir Ibrahim ; sur quoiعا
MAR S. 173.2. 593-
Le Pacha ayant congedié l'Ambassadeur , il se
prépara sur le champ à livrer bataille. Le combat dura sept heures entieres , sçavoir deux heu
res avec l'Artillerie ou les Armes à feu , et cinq
heures le Sabre à la main ; les Turcs demeurerent enfin les maîtres du Champ de bataille , presque toute l'Infanterie Persanne étant demeurée
sur la place. Les Turcs se sont emparez de tout
le Bagage , des Munitions , de l'Artillerie et generalement de tout ce qui étoit dans le Camp des
Persans , sans avoir perdu que fort peu de monde.
On a trouvé parmi le butin sept Pieces de gros
Canons , qui avoient été transportez d'Ispaham ,
traînés chacune par so. Buffles , cinq autres Canons fabriquez à Chiras , d'un fort beau Bronze,
dont les Boulets étoient marquez du nom de
Schah Thamas. Après la Bataille , ce Prince s'est
retiré à Casbin avec une petite partie de sa Cavalerie , le reste s'étant dispersé.
Les mêmes Lettres portent que la nuit préce
dente , la plus grande partie de la Garnison:
d'Hamadan s'étoit jointe à l'Armée du Roy de
Perse , mais qu'après la victoire remportée par Achmet Pacha , la Forteresse de cette Place s'étoit rendue à discretion ; que le Pacha y étoit entré
en victorieux , et qu'ayant visité les Portes ,
ik
avoit trouvé cent pieces de Cañon , dont trente
avoient été apportées d'Hispaham pour la deffense
de la Place, les autres 70. y ayant été laissées
-l'année passées enfin qu'on avoit envoyé à Constantinople plusieurs Drapeaux et d'autres dépouilles qui passoient pour une marque assurée de l'entiere défaite des Persans. Si la saison n'eût pas
été si avancée , l'Armée auroit, dit- on, pû marcher sans obstacle vers Ispaham ; cependant cette Armée, après avoir suffisamment fortifié la Ci- ✨tadelle-
594 MERCURE DE FRANCE
tadelle d'Amadan , se trouve campée aux environs
de cette Ville , sans que l'on sçache encore où
elle hyvernera.
Malgré tant de mauvais succès de la part des
Persans , on souhaite ici la Paix , et si on ne peut
pas la conclure , la Porte prendra , dit-on , le
Parti de faire démolir toutes les Places Frontieres,
pour laisser entre les deux Empires un grand es- pace de Pays inhabité , qui servira de barriere aux
Etats du G. S, mais on ne sera bien éclairci sur
les résolutions que prendra la Cour Ottomane ,
qu'après le succès de mouvemens qui se font en- core du côté de Tauris.
Avant hier le Tefterdar ou le Grand-Trésorier,
fut fait Vizir à trois queues, et son Emploi de
Trésorier lui a été conservé ; il a reçû cet hon- neur par la faveur du nouveau Grand- Vizir , à
l'occasion des nouvelles agréables venuës d'Ha- madam.
Constantin Bey, fils de feu Nicolas Mauro
Cordato, qui avoit été dépouillé de la Principauté de Valaquie , après la mort de son pere , dans
le temps de la derniere Révolution , a été nomméavant hier de nouveau à cette Principauté par
la protection du même G. V. auprès de qui toute
la Famille des Cordato est en très -grande faveur.
Ali- Kalvoda , qui avoit joui de la Principauté
environ un an , a été déposé , et il y a apparence
qu'il sera mis en prison à son arrivée à Cons
tantinople. Sa personne est devenue suspecte parce qu'il avoit été élevé à cette Dignité par les
Chefs des Rebelles,
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre de Constantinople, écrite le 10. Novembre 1731.
En novembre 1731, des rumeurs à Constantinople annonçaient une défaite turque face aux troupes du Schah Thamas près de Tauris, mais ces informations se révélèrent fausses. Le mouvement observé provenait de milices turques rebelles contre le Seraskier Aly Pacha, qui avait encerclé Tauris avec trente mille hommes. Des nouvelles plus précises provenaient du camp près d'Hamadan. Achmet Pacha, positionné à six lieues de la ville, apprit que Schah Thamas approchait avec une armée de 60 000 hommes et une artillerie importante. Après une tentative de négociation infructueuse, les Persans attaquèrent l'avant-garde turque. La bataille, qui dura sept heures, se solda par une victoire turque. Les Turcs capturèrent l'artillerie, les munitions et plusieurs drapeaux persans. Suite à cette victoire, Schah Thamas se retira à Casbin, et la forteresse d'Hamadan se rendit peu après. Achmet Pacha entra dans la ville en vainqueur, y découvrant cent pièces de canon. Malgré ces succès militaires, les Turcs souhaitaient la paix et envisageaient de démolir les places frontalières pour créer une zone tampon entre les empires. À Constantinople, plusieurs promotions et nominations eurent lieu. Le Tefterdar fut nommé Vizir, Constantin Bey fut rétabli dans la principauté de Valachie, et Ali-Kalvoda, suspecté de liens avec des rebelles, fut déposé et risquait d'être emprisonné.
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25
p. 1953-1969
TROISIÈME LETTRE écrite par M. D. L. R. à M. le Marquis de B. au sujet de l'Armement du Roy d'Espagne, et de la Conquête d'Oran.
Début :
Je suis ravi, Monsieur, que vous soyez un peu content de moi, par l'exactitude que j'ai [...]
Mots clefs :
Conquête d'Oran, Armement du roi d'Espagne, Marsalquibir, Doria, Ville, Cardinal, Golfe, Bataille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TROISIÈME LETTRE écrite par M. D. L. R. à M. le Marquis de B. au sujet de l'Armement du Roy d'Espagne, et de la Conquête d'Oran.
TROISIEME
J
LETTRE écrite
par M. D. L. R. à M. le Marquis de
B. au sujet de l'Armement du Roy d'Es
pagne, et de la Conquête d'Oran.
E suis ravi , Monsieur , que vous soyez un peu
content de moi , par l'exactitude que j'ai apportée à vous instruire de tout ce qui regarde la
prise de la Ville d'Oran , du Port et de la Forteresse de Marsalquibir ; c'est ce qui m'oblige de continuer de vous écrire sur le même sujet , pour
ne vous laisser rien ignorer de tout ce qui peut y
avoir quelque rapport . Vous me faites cependant
Monsieur, quelques demandes ausquelles il est de mon devoir de satisfaire avant toutes choses.
D'abord vous êtes surpris de n'avoir pas reçu
avec ma premiere Lettre le Dessein de la Médailie du celebre André Doria , qui devoit l'accompagner , et vous me faites l'honneur de me demander ce Dessein. Pour réparer cette omission ,
qui vient moins de moi que du Dessinateur , lequel ne fut pas prêt lorsque ma Lettre vous fut
envoyée
1954 MERCURE DE FRANCE
envoyée ; je joins à celle- cy la Medaille en question , que j'ai fait graver par une habile main ,
et dont j'espere que vous serez content. Je ne repete point la Description que j'en ai déja faite dans l'autre Lettre ; mais vous ne me sçaurez pas
mauvais gré,si j'ajoûte ici quelque chose d'histo
rique sur ce grand Homme, après m'être instruit
plus que je ne l'étois avant la gravure de la Mé- daille.
André Dorianaquit à Oneille * le 30. Novembre , jour de S. André , 1468. d'une des plus anciennes , des plus illustres etcr des plus illustrées
Maisons de l'Etat de Genes. Il aima la Marine
dès son enfance , et dans un âge peu avancé il acquit la réputation du plus grand Homme de
Mer de son temps. Il servit dabord sa Patrie en
cette qualité très- utilement , puis passa au service
du Roy François I. qui le fit General des Galeres
de France et lui donna le Collier de ses Ordres ;
mais un chagrin , reçû à l'occasion de quelques Prisonniers de distinction , faits dans une Bataille
Navalle , fomenté et menagé d'ailleurs par les En- nemis de la France , fit déclarer Doria pour l'Empereur Charles V. qui lui confia toutes ses forces
Maritimes , avec lesquelles il fit plusieurs conquêtes en Barbarie et dans la Morée et gagna plusieurs Batailles , malgré la bravoure et l'experience de Barberousse , Amiral de Soliman II. son Concurrent. La fortune né lui tourna le dos presque qu'une seule fois , ce fut en l'année 1552.
que Dragut Rais, Capitaine General des Corsaires
Barbaresques , à qui André Doria avoit cy-devant accordé la vie et la liberté , le surprit lors-
* Ou Oneglia , Ville Maritime , située entre
Nice et Genes , dont le Pere de Doria étoit Seigneur .
qu'il
REAS
DORIA
KS NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND TILDEN
FOUNDATIONS
.
SEPTEMBR E. 1732. 1955
qu'il y pensoit le moins , et lui prit plusieurs
Vaisseaux dans une retraite précipitée . Il se dédommagea de cet Echet deux ans après en pre- nant Sansiotenzo , dans l'Isle de Corse , Place
occupée par les François. Les Grands Hommes
ne sont pas exempts de défauts ; une severité
quelquefois outrée,peut être necessaire,fut, dit on,
celui de Doria; il parloit de faire jetter à la Mer,
et de pendre, comme d'un châtiment familier ;
témoin ce Pilote , qui après l'avoir déja importuné, se présenta encore devant lui pour le
prier de lui laisser dire seulement trois paroles.
Je le veux bien , répondit le General , mais si tu
en dis davantage je te ferai pendre. Le Pilote ,
sans s'émouvoir, répliqua , argent ou congé. Doria , très -satisfait de sa hardiesse , le fit payer sur
le champ et continua de se servir de lui. Notre Heros reçut. du Ciel une faveur singuliere , lorsque sur la fin d'une longue et glorieuse carriere ,
il se retira dans le Palais qu'il avoit fait bâtir dans`
le principal Fauxbourg de Genes , où il ne s'oc
cupa que de sa Religion , et où il mourut âgé
d'environ 94. ans , en l'année 1560. on l'inhuma
sans pompe , suivant ses ordres précis ; mais
quelques jours après le Sénat lui fit des Obseques
magnifiques dans la grande Eglise , et toute la Ville de Gennes , sans distinction de Sexe ni de
condition , prit le deuil.
Jamais Maison , au reste , n'a été plus féconde
en Grands Hommes dans l'Italie , et sur tout en
Grands Hommes de Mer , que celle de Doria. Je
me contenterai de vous nommer ici par occasion
les principaux sujets qui ont illustré cette Maison. André Doria épousa vers l'année 1150. la
fille de Barrison , Roy de Sardaigne . Jacques Doria , qui vivoit en 1170. fut un des quatre Sça- vans
1956 MERCURE DE FRANCE
vans Citoyens de Genes , nommez pour écrire
'Histoire de la République. Perceval et Simon
D. qui vivoient dans le même siecle , se firent
admirer par leur capacité et par leur politesse à
la Cour de Charles -I . Roy de Naples , &c. Comte de Provence. Le premier étoit grand Philosophe , et tenoit le premier rang parmi les Poëtes
Provençaux ; il eut beaucoup de part à la faveur de la Reine Beatrix , et mourut à Naples en 1276.
après avoir été Podestat d'Arles et d'Avignon."
Hilaire D. épousa en 1397.une fille d'Emmanuel,
Empereur de Constantinople.
Jerôme Doria , Comte de Cremolin , rendit
de grands services à la République de Genes qui
l'envoya en 1512. auprès du Pape Jules II. pour
une négociation importante. 11 embrassa l'Etat
Ecclesiastique après la mort de son Epouse , fur
Evêque de Nebbi , puis de Jacca et de Huesca
reçut le Chapeau de Cardinal en 1530. à la solli
citation d'André Doria , et enfin fut fait Archevêque de Tarragone. Il mourut à Genes en 1550.
Philippe Doria défit en 1518. l'Armée Navale
des Espagnols devant Naples , et fit beaucoup de
Prisonniers. Jannetin Doria , fils de Thomas, fut
choisi par notre André Doria , qui n'avoitpoint
d'enfans , pour son heritier , comme son plus proche parent , et il lui donna le commandement
de vingt Galeres. Le jeune Doria , marchant sur
les traces de son Oncle , fit diverses Expeditions
glorieuses , dont la plus flateuse et la plus importante fut la défaite et la prise du fameux Corsaire
Dragut, trouvé dans un Port de l'Ile de Corse.
Il lui enleva treize Galeres et mit le Pyrate à la chaîne. Ce brave homme fut tué en 1547. dans
fa malheureuse Conjuration des Fiesques , si con- nue dans l'Histoire.
Jean
SEPTEMBRE. 1732. 1957
Jean-André Doria , son fils , élevé par son
grand-oncle et institué son heritier , commanda
l'Armée Navale d'Espagne en 1560 à l'entreprise de Tripoly , se signala en 1564. en l'Isle
de Corse , offrit l'année suivante d'aller secourir
Malte , assiegée par les Turcs , commanda encore en 1570. l'Armée d'Espagne destinée au secours de l'Isle de Chypre , et l'année d'après il eut
beaucoup de part à la Victoire de Lepante.
J'omets ; Monsieur , plusieurs autres Illustres -
de cette Maison , en particulier divers Doges de
Genes de ce même nom et d'un rare mérite. Je
finis par Antoine Doria , autre grand Capitaine ,
qui se rendit celebre sous Charles V. Il est Auteur d'une Histoire de son temps fort estimée,laquelle fut publiée en 1571. sous le titre de Compendia d'Antonio Doria , delle Cose di sua Notitia et Memorie Occorse al Mondo , nel tempo dell' Im-,
peratore Carlo V. Elle mérite une place dans vo~
tre Cabinet.
Il y a depuis deux cent ans , au moins , une
Branche de cette Maison établie à Marseille , qui
est devenue toute Françoise. Je trouve que Lazarin
Doria fut premier Consul de cette Ville en l'année 1558. Pour posseder cette Charge , il falloit
être né à Marseille et d'une noblelle qualifiée. Jean
Doria fut Assesseur de Marseille en 1564
Les Doria avoient une Maison magnifique ou
plutôt un Palais presque dans le cœur de la Ville.
Ceux qui connoissent Marseille , pourront juger
de sa grandeur de la beauté de l'Emplacement
et de ses Jardins , en leur apprenant que tout cela
forme aujourd'hui le Monastere des Dames Reeuses Augustines. Dans ma jeunesse on voyoit encore sur l'une des Portes les Armes de Doria
dans un Ecu de Marbre blanc, artistement travail- D lé ,
1958 MERCURE DE FRANCE.
lé , où , malgré l'injure du temps , on remarquoit
un Aigle à aîles éployées. L'Ecu est panché, comme étoit représenté dans ce temps- là celui des plus grandes et des plus anciennes Maisons.
Avant que de finir , je reviens encore une fois
à la Médaille d'André Doria , pour faire deux
Remarques : la prémiere , sur la Légende du côté
de la tête , qui est telle , ANDREAS DORIA PP.
ces deux P P. selon moi , ne peuvent s'expliquer
que par ces mots imitez des Médailles Romaines,
PATER PATRIA , et fort justement appliquez à
notre Héros , qui , selon l'Histoire de sa Vie ,
écrite par Sigonius , fut veritablement le Pere et leiberateur de sa Patrie , sur tout depuis que
pour la servir plus utilement , il eut quitté le serviće de François I. après que ce grand Prince eut
fait la conquête de Genes 1527. &c. Et je ne
doute point que la Médaille n'ait été frappée par P'ordre du Sénat ; s'il est vrai , comme je viens de
le lire dans un Auteur anonyme contemporain ,
que la Patrie de Doria lui fit ériger une belle et
grande Statue de Marbre dans la principale Place
de Genes , au Piedestal de laquelle on lisoit ces
deux mots PATRI PATRIA, J'apprens par le
même Auteur, que l'Empereur Charlequint , dans
toutes ses Lettres , et en parlant de vive voix à
A Doria , l'appelloit toujours son Pere , et l'ac- cabloit de caresses.
Ma seconde Remarque est une suite de ce que
je vous ai déja dit , Monsieur , au sujet du Revers de notre Médaille , où l'on voit la tête d'un
Captif, et autour , des Chaînes et d'autres symboles d'esclavage. J'ai pensé d'abord que cette
Tête pouvoit être prise pour celle du fame
* Doria porte d'Or à l'Aigle à deux Têtes de sable,
..
Bar
SEPTEMBRE. 1732. 1959
•
Barberousse , homme obscur dans son origine,
Esclave de Soliman II . puis Capitan Pacha , l'Emule et le Rival de Doria , qui le batit en 1536.
et reprit ensuite Tunis , &c. mais il seroit peutêtre plus naturel de croire que c'est ici la tête du
Pyrate Dragut , que Jannetin Doria batit avec
les Galeres et sous les auspices de son Oncle
comme je l'ai dit cy-dessus , qu'il lui amena
Genes chargé de chaînes , pour augmenter ses
triomphes,et que le genereux Doriamit en liberté.
Quoiqu'il en soit , voilà , Monsieur , tout ce que j'ai pu vous dire en peu de mots d'André
Doria et de sa Maison. Si je n'avois pas été si
pressé de vous envoyer ma Lettre par les circonstances du temps , &c. j'aurois pû profiter d'un
Memoire Historique , que M. le Marquis Doria,
actuellement Envoyé de la République de Genes auprès du Roy , a eu la bonté de me promettre
et qu'il attend tous les jours , dans lequel peuvent être d'autres faits curieux et Anecdotes ; en tout
cas je pourrai vous en faire part dans une autre
occasion. Il est temps de revenir à la Ville d'Oran.
Vous me demandez , Monsieur , si je crois cette
Ville aussi ancienne que je vous l'ai exposé dans
ma premiere Lettre , sur la foi de quelques Auteurs modernes. Je vous avoue avec franchise que
je les crois dans l'erreur sur ce sujet , et que
M. Corneille en particulier , s'est fort abusé quand il nous dit dans son Dictionnaire Universel, Géographique et Historique, que du temps des Romains, on appelloit la Ville d'Oran Unica Colonia. Il est vrai qu'Ortelius , dans son Trésor
Geographique , donne le nom d'Unuca à une
Ville de l'Afrique , proprement dite , en citant
là-dessus l'Itineraire d'Antonin , ce qui peut avoir Dij donné
1960 MERCURE DE FRANCE
donné lieu à l'erreur de M. Corneille ; mais cet
Itineraire consulté , je trouve seulement qu'il y
est fait mention d'une Ville nommée Unaca , et
non pas Unuca , ni Unica , laquelle est située dans la Mauritanie Cesarienne , qui comprend , si vous
voulez, le Pays où est Oran ; ce qui ne suffit pas
pour se déterminer en faveur de l'Antiquité de
cette Ville ; outre que l'Unaca de l'Itineraire n'est
en aucune façon qualifiée de Colonie.
Mais quelle antiquité peut- on donner à Oran?
Vous l'allez voir , Monsieur, dans le petit Narré
qui suit ; et par- là je répons aussi à une autre
question que vous me faites au sujet de l'Eglise
d'Oran , que vous avez lû quelque part avoir été
une Cathédrale , dont l'Evêque étoit suffragant
de l'Archevêque de Tolede , depuis la conquête
du Cardinal Ximenés.
Lorsque ce Prélat forma le projet de cette conquête , qu'il devoitent reprendre , comme il fit en
personne et à ses dépens , il stipula expressément
avec le Roy Catholique, que la Ville et le Territoire d'Oran dépendroient pour le spirituel de
'Archevêché de Tolede. Cette dépendance , dit
un Historien , étoit coinme un Monument de sa
conquête , qui devoit en conserver le souvenir à
la Posterité. C'étoit aussi pour engager tous ses
Successeurs dans cet Archevêché d'avoir une attention particuliere sur la Ville d'Oran , au cas
qu'elle fût attaquée ou reprise par les Infideles. Il
Jeur avoit donné un exemple trop signalé de son
zele pour la Religion , et d'un parfait désinteresşement , pour n'être pas imité.
Cependant Ximenés fut traversé dans la
possession d'un droit si clairement énoncé et si
bien acquis. Cette affaire lui donna même beau- coup de peine et de chagrin. Un Religieux Fran- ciscain
Q
SEPTEMBRE. 1732 1961
ciscain , nommé Fr. Louis-Guillaume , ayant
sollicité en Cour de Rome le titre d'Evêque in
Partibus , obtint enfin des Bulles , qui le nommoient Episcopum Aurensem , avant qu'il fût ques
tion de l'Expedition d'Oran , et il fut sacré en
cette qualité. Cette Ville n'eut pas plutôt été con- quise , que la ressemblance des noins lui fit ima.
giner que ce pouvoit bien être son Evêché , ne
sçachant pas auparavant en quelle partie du Mon
de étoit situé son Diocèse. Là- dessus il se fit appeller l'Evêque d'Oran , et sans faire la moindre
honnêteté au Cardinal , il lui fit signifier ses prétentions , &c. avec déclaration qu'il alloit pren
dre possession , &c.
Ce grand homme, quoique bien fondé et persuadé que les prétentions du Cordelier Espagnol
étoient frivoles , les fit examiner en sa présence.
par un esprit d'équité et de Religion avec la derniere exactitude. Deux principes furent d'abord
établis. 1 ° . Que quand le Pape confere un Evêque in Partibus on supposoit toujours que cer
Evêché avoit existé lorsque les Chrétiens étoient
en possession du Pays où il étoit situé. 2 °. Que
le Pape n'avoit point érigé Oran en Evêché ; qu'il
n'avoit pû par consequent le conferer sans pré- tendre que c'en étoit un dès le temps que les Chrétiens étoient les maîtres de l'Afrique , et que
Christianisme y Aeurissoit,Principe que la Patrie
interessée ne pouvoit pas contester.
le
Il n'y avoit donc proprement qu'à examiner
si Oran avoit été un Evêché avant que lesArabes
eussent conquis l'Affrique , n'étant pas possible
d'imaginer qu'il l'eût été depuis. Là-dessus on
Koceda à l'examen de tous les Auteurs qui
avoient traité des Antiquitez Ecclesiastiques et
Civiles d'Affrique. On lut les Conciles qui y
Diij avoient
1962 MERCURE DE FRANCE
avoient été tenus , et les autres Conciles où les
Évêques Affricains s'étoient trouvez , on parcoufut toutes les Souscriptions ; aucun Concile ne
faisoit mention de l'Evêché ni de l'Evêque d'Oran ou d'Aure. Même silence parmi les Cosmographes anciens , &c.
Pour n'avoir rien à se reprocher , le Cardinal
fit faire avec le même soin et par d'habiles gens
une recherche exacte de l'origine d'Oran , et on
trouva que cette Ville avoit été bâtie récemment
par les Habitans de Trémesen , qui étant attirez
par la beauté et par la commoditể du Port , y
avoient envoyé une Colonie. La conclusion étoit
aisée à tirer contre les prétentions de l'Evêque * in
Partibus.
Celui- cy , loin de se rendre à une pareille Dé- monstration , et de renoncer à des esperances
mal fondées , eut la témerité de dire en face au
Cardinal et avec émotion , que le Pape avoit prétendu lui conferer un Evêché , et qu'il falloit bien
que ce fût Oran , puisqu'il ne se trouvoit point
ailleurs. Vous le chercherez où il vous plaira , lai
répondit Ximenés , mais contez que tant que je
vivrai vous ne serez point Evêque d'Oran.
Il est étonnant , Monsieur , que ce Moine ayant
à faire à un homme du rang et de l'autorité de
Ce qui donnoit lieu à l'erreur du Prélat Cordelier , c'est que dans la Province Ecclesiastique de
Carthage on comptoit parmi les Villes Episcopales
Aurian ou Auran , mais cette Ville étoit éloignée
d'Oran , dont il s'agisso t de plus de 20. lieuës , et
c'est apparemment le titre de cet Evêché , que le Pape
avoit voulu lui conferer ; l'esprit d'interêt et l'entête
ment ne permirent pas à ce Religieux d'ouvrir les
yeux.
P'Archevêque
SEPTEMBRE. 1732. 1963
PArchevêque Cardinal , ne se rendit pas à cette
réponse. Il partit au contraire pour la Cour et
fit tant par ses intrigues , qu'il obtint du Roy des
Lettres pour le Cardinal , par lesquelles S. M.
le prioit de lui donner toute la satisfaction qu'il se pourroit. Il ne restoit plus pour embrouiller
cette affaire et pour la faire devenir de consequence , que le Pape , sollicité de soutenir sa no.
mination , vint à s'en mêler.
C'est ce qui engagea Ximenés à proposer an accommodement qui fut qu'on établiroit à Oran une Collégiale dont on donneroit à ce Prétendant la premiere Dignité , avec le
le titre d'Abbé , et un revenu égal à celui des
Dignitez du Chapitre de Tolede, parmi lesquelles
il auroit un rang, sans être obligé à la résidence,
sans renoncer même ni à son titre d'Evêque , ni
à ce prétendu Diocèse , s'il se trouvoit jamais être
quelque chose de réel ; accommodement qui fut réfusé.
Alors le Cardinal envoya au Roy les Recherches qu'il avoit faites au sujet d'Oran , et le projet d'accommodement , suivi d'un refus opiniâtre,
suppliant S. M. de trouver bon que les choses
restassent à cet égard dans l'état dont on étoit
convenu ; ce que ce Prince trouva si juste , qu'il
ne voulut plus entendre parler de cette affaire ;
desorte que durant la vie de Ximenés, ni après sa
mort , il n'y eut jamais d'Evêque d'Otan. On n'y établit pas même la Collégiale dont il avoit fait
le projet , et tout se réduisit à l'établissement d'un
Grand- Vicaire et d'un Official , que l'Archevêque de Tolede tient à Oran pour l'exercice de sa
Jurisdiction.
Vous voyez , Monsieur , deux choses également vrayes par cet Exposé; la premiere , que la Diiij Ville
1964 MERCURE DE FRANCE
Ville d'Oran n'a pas l'antiquité prétendue par
quelques Auteurs , puisqu'elle doit sa fondation
aune Ville qui n'est connue que depuis la conquête de l'Afrique par les Mohometans Arabes ,
et que les Califes ont vrai- semblablement bâtie.
La seconde verité est qu'il n'y a jamais eu d'Eyêque ni d'Eglise Cathédrale à Oran , comme le
veut Davity , dans sa Description generale de
l'Affrique Tom. VI. de l'Edit de Rocolles , falio ,
Paris, 1660.
Il y auroit plus de fondement à croire la petite
Ville de Marsalquibir , voisine d'Oran , veritablement ancienne, et de lui appliquer cet Endroit
de Ptolomée , où en décrivant la situation Maritime de la Mauritanie Césarienne , ce fameux
Géographe fait mention d'un lieu qu'il a nommé πορτος μαγνος selon la dénomination de son
temps , Portus magnus et Fretum magnum , selon
le Traducteur Latin. Marsalquibir, qui d'ailleurs
est un mot Arabe signifiant la même chose
mérite assurément ce nom et cette croyance ,
cause de la grandeur de son Port , qui forme un
petit Golfe sur cette Côte.
Davity , dont je viens de parler , en faisant
mention de ces deux Places , qualifie Oran de
Marquisat ; je ne vois pas trop sur quel fondement , et il dit que Marsalquibir fut enlevé aux
Maures par le Marquis de Comarez en isos. Ce n'est pas ici le lieu d'éclaircir ces faits et d'autres
Circonstances historiques que l'Auteur ajoûte sur P'une et sur l'autre Ville.
Mais laissons ces temps éloignez pour venir
aux affaires présentes d'Oran, Vous vous étonnez,
Monsieur , avec raison , que les Maures fortifiez
par un secours considerable de Turcs , ayant une
pombreuse Artillerie , prévenus d'ailleurs et mepaccz
SEPTEMBRE. 1732. 1965
་
nacez d'une prochaine descente de l'Armée Espagnole, ne se soient pas opposez plus vigoureusement à cette entreprise ; que du moins la descente étant faite , Oran et Marsalquibir , bien
munis comme ils étoient , n'ayent pas merité ,
pour ainsi dire , l'honneur d'un Siége , et qu'une
Bataille , imprudemment engagée de leur part ,
ait presque , en arrivant , décidé du sort de ces
Places. Cela vous a fait juger qu'elles étoient
peut être sans deffense du côté de l'Art
les Maures n'ayant pas eu soin de se fortifier ,
d'entretenir du moins les Ouvrages faits depuis
la Conquête de Ximenés.
-
Mais c'est tout le contraire , suivant toutes
les Lettres les plus exactes et les mieux circonstanciées , qui nous sont venues de ce Païs- là.
Vous en jugeriez ; Monsieur, autant que personne , si le Plan de ces deux Places et de leurs environs, qui vient de m'être communiqué par un
ami de distinction , qui l'a reçu depuis peu de la
Cour d'Espagne, pouvoit vous être envoyé avec
ma Lettre. On y voit Oran entouré de Fortifications , attachées au Corps de la Place , dont le
principal Ouvrage est ce qu'on appelle le Donjon. Dans les dehors sont les Châteaux de RosalCasar , de S. André , de S. Philippe , de Sainte
Croix , de S. Grégoice , avantageusement situez sur des hauteurs , et dans des distances convenables, sans parler de la Tour du Madrigal et de
la grosse Tour. Marsalquibir est à proportion
fortifié de même , deffendu aux environs par le
Fort de S. Sauveur , et par le Fortin , qui est le
plus près de la Ville , avec un chemin de com- munication d'une Ville à l'autre , qui cottoye le
fonds du Golphe ou du grand Port de Marsalquibir.
DV
3
1966 MERCURE DE FRANCE
1
Ce Golphe represente un demi Cercle presque
parfait.Oran est situé sur la pointe Orientale , et
Marsalquibir,vis- à- vis,sur la pointe Occidentale;
l'espace de l'une à l'autre pointe , ou l'ouverture
du Golphe , est de plus de 900 toises , avec en
viron 700 toises de profondeur. De plus,la Ville
d'Oran a son Port particulier, mais qui n'est pas,
à beaucoup près , si considérable,
Le même Plan me confirme qu'Oran ne manque point d'Eaux. Il y a auprès de la Ville une
Riviere , sur laquelle est le Pont de Trémésen ,
et un grand Ruisseau encore plus près des Murailles , qui arrose des Jardins Potagers et des Vergers. De sorte Monsieur , que dans toutes
ces circonstances réunies , c'est une espece de Miracle , que cette Conquête ait été si subitement
décidée par le sort d'un Bataille generale, laquelle , selon toutes les Regles de la Guerre , ne devoit pas si-tôt se donner , et qui n'a été engagée que casuellement, comme parle l'Autheur de
la Relation Espagnole que j'ai Il y a eu cependant de part et d'autre beaucoup de bravoure dans le combat; et sur tout du
côté des Espagnols , des Actions d'une valeur
peu commune. Il m'est venu là- dessus de nouveaux détails , qui allongeroient trop ma Lettre; mais je n'obmettrai point l'Action plus que hardie d'un simple Sergent, qui fut commandé avec
16 Soldats le jour du débarquement , pour
s'emparer d'un Poste. Il fut d'abord enveloppé
par un détachement de 300 Cavaliers Turcs ;
mais le Sergent et sa foible Trouble , sans s'embarrasser de la superiorité , se deffendirent avec
tant de courage et chargerent si à propos , qu'ils !
gagnerent enfin le Poste en question , et oblige- rent les Turcs de se retirer.
Оц
SEPTEMBRE. 1732. 1967
On ne peut,au reste.rien ajoûter à la pieuse reconnoissance du Roy d'Espagne envers le Ciel ,
pour un succès si heureux. Toutes les nouvelles
publiques sont remplies des Actes de sa piété , et du zéle de ses Sujets à célébrer cet Evenement.
Le Cardinal d'Astorga , Archevêque de Tolede ,
Primat des Espagnes, &c. s'est particulierement distingué en cette occasion , ainsi que le Chapitre de son Eglise , la Ville d'Oran étant de la Ju- risdiction de cet Archevêché. Dès le 27 Juin , il y avoit eu à Tolede une Procession Generale de
tout le Clergé Séculier et Régulier , suivie des Magistrats , de joutes les Personnes de distinction , et d'un Peuple infini. On y porta l'Etendart avec lequel le Cardinal Ximenés entra en
triomphe dans Oran. La Procession se rendit de
l'Eglise Métropolitaine à celle de l'Hôpital
Royal , où se conserve une Image celebre de
Notte-Dame , Patrone de la Ville d'Oran , d'où
elle a été transportée à Tolede , après la derniere invasion des Maures. Il y a eu depuis des Ac- tions de Graces tres- solemnelles dans la même
Ville de Tolede.
Sa M, C. rendit quelques jours après justice
aux Officiers qui ont servi dans cette Expédition.
Elle fit le Comte de Montemar , Commandant
en Chef, Capitaine General de ses Armées ; plusieurs Lieutenans Generaux , parmi lesquels est
le Marquis de Santa Cruz que vous connoissez ;
plusieurs Marêchaux de Camp, et Brigadiers. On
y voit aussi plusieurs Capitaines, qui ont été faits
Colonels .
Cependant depuis la Bataille d'Oran et la
prise des deux Places , on n'a été occupé qu'à débarquer l'Artillerie , les Munitions et les Equi--
D vj pages
1968 MERCURE DE FRANCE
pages , et à réparer et augmenter les Fortifications , à fortifier le Camp , à faire enfin les dispositions necessaires pour s'assurer du plat Païs,
afin d'en tirer des Vivres , &c. On écrit même
déja que les Habitans de plus de vingt lieuës à
la ronde , sont venus se soumettre.
Je ne vous parle point d'une petite disgrace, arrivée aux Espagnols le 16 Juillet. Un Détachement de leur Armée , envoyé pour attaquer les
Maures dans les Montagnes , est tombé dans
une Embuscade des Ennemis , ce qui a coûté la
vie environ à 300 hommes, sans compter le Due
de S. Blas , et quelques autres Personnes de
moindre considération , qui ont été tuées dans
cette rencontre Disgrace, dont les Troupes Espagnoles ont eu leur revanche quelques jours
après , par un détachement de mille Grenadiers ,
placez dans une Embuscade , avec du Canon .
chargé à cartouche, qui a fait périr plus de mille
Maures , sans compter plusieurs autres avantages remportez depuis , et la prise de quelques Convois des Infideles ; un entr'autres de mille
Chameaux chargez , &c.
Les dernieres Lettres parlent de l'arrivée au
Camp Espagnol , d'un Grand du Païs , que les
nouvelles publiques ont appellé Bacha , terme
impropre et inusité parmi les Maures , pour
offrir au Comte de Montemar de mettre 30000
Maures en Campagne pour le service de S. M.
C. et d'autres avantages , à de certaines conditions ; pour la seureté desquelles offres il ajoutoit celle de laisser son fils , qui l'accompagnoit,
en otage. Le bruit couroit même à Madrid, que Ice Prince Maure devoit y arriver incessamment
avec un train considérable.
Les mêmes Lettres parlent d'un nouveau Dé- tache
SEPTEMBRE. 1732 1969
tachement que le Comte de Montemar venoit
de faire sous les Ordres du Marquis de Villadarias , composé de 5000 hommes d'Infanterie .
et de 2000 de Cavalerie , pour aller assiéger
Mazagran , Ville située à is lieuës d'Oran et
sur la même Côte, dans le temps que 2 Vaisseaux
de Guerre et 7 Galeres devoient attaquer la Place par Mer.
Je finis , Monsieur , en vous confirmant que
le Marquis de Santa- Cruz a été fait Gouverneur
des Villes d'Oran et de Marsalquibir. Ces Places
ne pouvoient être confiées à un plus digne Sujer
et qui entendît mieux l'art de les fortifier et de les deffendre en cas de besoin , sans parler de ses
autres excellentes qualitez. On a publié icy une
Traduction Françoise du X I. Tome de son grand Ouvrage, intitulé : Reflexiones Militares..
Cette Traduction compose un vol. in 4. imprimé à Paris , chez Langlois. Pour vous mettre au
fait de ce Livre , que je ne puis pas vous faire
tenir présentement , je vous envoye le Journal
de Trévoux , du mois de Janvier dernier , où
vous en trouverez l'Extrait. J'ai l'honneur d'ê tre , Monsieur , &c.
A Paris , les Aoust 17322-
J
LETTRE écrite
par M. D. L. R. à M. le Marquis de
B. au sujet de l'Armement du Roy d'Es
pagne, et de la Conquête d'Oran.
E suis ravi , Monsieur , que vous soyez un peu
content de moi , par l'exactitude que j'ai apportée à vous instruire de tout ce qui regarde la
prise de la Ville d'Oran , du Port et de la Forteresse de Marsalquibir ; c'est ce qui m'oblige de continuer de vous écrire sur le même sujet , pour
ne vous laisser rien ignorer de tout ce qui peut y
avoir quelque rapport . Vous me faites cependant
Monsieur, quelques demandes ausquelles il est de mon devoir de satisfaire avant toutes choses.
D'abord vous êtes surpris de n'avoir pas reçu
avec ma premiere Lettre le Dessein de la Médailie du celebre André Doria , qui devoit l'accompagner , et vous me faites l'honneur de me demander ce Dessein. Pour réparer cette omission ,
qui vient moins de moi que du Dessinateur , lequel ne fut pas prêt lorsque ma Lettre vous fut
envoyée
1954 MERCURE DE FRANCE
envoyée ; je joins à celle- cy la Medaille en question , que j'ai fait graver par une habile main ,
et dont j'espere que vous serez content. Je ne repete point la Description que j'en ai déja faite dans l'autre Lettre ; mais vous ne me sçaurez pas
mauvais gré,si j'ajoûte ici quelque chose d'histo
rique sur ce grand Homme, après m'être instruit
plus que je ne l'étois avant la gravure de la Mé- daille.
André Dorianaquit à Oneille * le 30. Novembre , jour de S. André , 1468. d'une des plus anciennes , des plus illustres etcr des plus illustrées
Maisons de l'Etat de Genes. Il aima la Marine
dès son enfance , et dans un âge peu avancé il acquit la réputation du plus grand Homme de
Mer de son temps. Il servit dabord sa Patrie en
cette qualité très- utilement , puis passa au service
du Roy François I. qui le fit General des Galeres
de France et lui donna le Collier de ses Ordres ;
mais un chagrin , reçû à l'occasion de quelques Prisonniers de distinction , faits dans une Bataille
Navalle , fomenté et menagé d'ailleurs par les En- nemis de la France , fit déclarer Doria pour l'Empereur Charles V. qui lui confia toutes ses forces
Maritimes , avec lesquelles il fit plusieurs conquêtes en Barbarie et dans la Morée et gagna plusieurs Batailles , malgré la bravoure et l'experience de Barberousse , Amiral de Soliman II. son Concurrent. La fortune né lui tourna le dos presque qu'une seule fois , ce fut en l'année 1552.
que Dragut Rais, Capitaine General des Corsaires
Barbaresques , à qui André Doria avoit cy-devant accordé la vie et la liberté , le surprit lors-
* Ou Oneglia , Ville Maritime , située entre
Nice et Genes , dont le Pere de Doria étoit Seigneur .
qu'il
REAS
DORIA
KS NEW
YORK
PUBLIC
LIBRARY
.
ASTOR
, LENOX
AND TILDEN
FOUNDATIONS
.
SEPTEMBR E. 1732. 1955
qu'il y pensoit le moins , et lui prit plusieurs
Vaisseaux dans une retraite précipitée . Il se dédommagea de cet Echet deux ans après en pre- nant Sansiotenzo , dans l'Isle de Corse , Place
occupée par les François. Les Grands Hommes
ne sont pas exempts de défauts ; une severité
quelquefois outrée,peut être necessaire,fut, dit on,
celui de Doria; il parloit de faire jetter à la Mer,
et de pendre, comme d'un châtiment familier ;
témoin ce Pilote , qui après l'avoir déja importuné, se présenta encore devant lui pour le
prier de lui laisser dire seulement trois paroles.
Je le veux bien , répondit le General , mais si tu
en dis davantage je te ferai pendre. Le Pilote ,
sans s'émouvoir, répliqua , argent ou congé. Doria , très -satisfait de sa hardiesse , le fit payer sur
le champ et continua de se servir de lui. Notre Heros reçut. du Ciel une faveur singuliere , lorsque sur la fin d'une longue et glorieuse carriere ,
il se retira dans le Palais qu'il avoit fait bâtir dans`
le principal Fauxbourg de Genes , où il ne s'oc
cupa que de sa Religion , et où il mourut âgé
d'environ 94. ans , en l'année 1560. on l'inhuma
sans pompe , suivant ses ordres précis ; mais
quelques jours après le Sénat lui fit des Obseques
magnifiques dans la grande Eglise , et toute la Ville de Gennes , sans distinction de Sexe ni de
condition , prit le deuil.
Jamais Maison , au reste , n'a été plus féconde
en Grands Hommes dans l'Italie , et sur tout en
Grands Hommes de Mer , que celle de Doria. Je
me contenterai de vous nommer ici par occasion
les principaux sujets qui ont illustré cette Maison. André Doria épousa vers l'année 1150. la
fille de Barrison , Roy de Sardaigne . Jacques Doria , qui vivoit en 1170. fut un des quatre Sça- vans
1956 MERCURE DE FRANCE
vans Citoyens de Genes , nommez pour écrire
'Histoire de la République. Perceval et Simon
D. qui vivoient dans le même siecle , se firent
admirer par leur capacité et par leur politesse à
la Cour de Charles -I . Roy de Naples , &c. Comte de Provence. Le premier étoit grand Philosophe , et tenoit le premier rang parmi les Poëtes
Provençaux ; il eut beaucoup de part à la faveur de la Reine Beatrix , et mourut à Naples en 1276.
après avoir été Podestat d'Arles et d'Avignon."
Hilaire D. épousa en 1397.une fille d'Emmanuel,
Empereur de Constantinople.
Jerôme Doria , Comte de Cremolin , rendit
de grands services à la République de Genes qui
l'envoya en 1512. auprès du Pape Jules II. pour
une négociation importante. 11 embrassa l'Etat
Ecclesiastique après la mort de son Epouse , fur
Evêque de Nebbi , puis de Jacca et de Huesca
reçut le Chapeau de Cardinal en 1530. à la solli
citation d'André Doria , et enfin fut fait Archevêque de Tarragone. Il mourut à Genes en 1550.
Philippe Doria défit en 1518. l'Armée Navale
des Espagnols devant Naples , et fit beaucoup de
Prisonniers. Jannetin Doria , fils de Thomas, fut
choisi par notre André Doria , qui n'avoitpoint
d'enfans , pour son heritier , comme son plus proche parent , et il lui donna le commandement
de vingt Galeres. Le jeune Doria , marchant sur
les traces de son Oncle , fit diverses Expeditions
glorieuses , dont la plus flateuse et la plus importante fut la défaite et la prise du fameux Corsaire
Dragut, trouvé dans un Port de l'Ile de Corse.
Il lui enleva treize Galeres et mit le Pyrate à la chaîne. Ce brave homme fut tué en 1547. dans
fa malheureuse Conjuration des Fiesques , si con- nue dans l'Histoire.
Jean
SEPTEMBRE. 1732. 1957
Jean-André Doria , son fils , élevé par son
grand-oncle et institué son heritier , commanda
l'Armée Navale d'Espagne en 1560 à l'entreprise de Tripoly , se signala en 1564. en l'Isle
de Corse , offrit l'année suivante d'aller secourir
Malte , assiegée par les Turcs , commanda encore en 1570. l'Armée d'Espagne destinée au secours de l'Isle de Chypre , et l'année d'après il eut
beaucoup de part à la Victoire de Lepante.
J'omets ; Monsieur , plusieurs autres Illustres -
de cette Maison , en particulier divers Doges de
Genes de ce même nom et d'un rare mérite. Je
finis par Antoine Doria , autre grand Capitaine ,
qui se rendit celebre sous Charles V. Il est Auteur d'une Histoire de son temps fort estimée,laquelle fut publiée en 1571. sous le titre de Compendia d'Antonio Doria , delle Cose di sua Notitia et Memorie Occorse al Mondo , nel tempo dell' Im-,
peratore Carlo V. Elle mérite une place dans vo~
tre Cabinet.
Il y a depuis deux cent ans , au moins , une
Branche de cette Maison établie à Marseille , qui
est devenue toute Françoise. Je trouve que Lazarin
Doria fut premier Consul de cette Ville en l'année 1558. Pour posseder cette Charge , il falloit
être né à Marseille et d'une noblelle qualifiée. Jean
Doria fut Assesseur de Marseille en 1564
Les Doria avoient une Maison magnifique ou
plutôt un Palais presque dans le cœur de la Ville.
Ceux qui connoissent Marseille , pourront juger
de sa grandeur de la beauté de l'Emplacement
et de ses Jardins , en leur apprenant que tout cela
forme aujourd'hui le Monastere des Dames Reeuses Augustines. Dans ma jeunesse on voyoit encore sur l'une des Portes les Armes de Doria
dans un Ecu de Marbre blanc, artistement travail- D lé ,
1958 MERCURE DE FRANCE.
lé , où , malgré l'injure du temps , on remarquoit
un Aigle à aîles éployées. L'Ecu est panché, comme étoit représenté dans ce temps- là celui des plus grandes et des plus anciennes Maisons.
Avant que de finir , je reviens encore une fois
à la Médaille d'André Doria , pour faire deux
Remarques : la prémiere , sur la Légende du côté
de la tête , qui est telle , ANDREAS DORIA PP.
ces deux P P. selon moi , ne peuvent s'expliquer
que par ces mots imitez des Médailles Romaines,
PATER PATRIA , et fort justement appliquez à
notre Héros , qui , selon l'Histoire de sa Vie ,
écrite par Sigonius , fut veritablement le Pere et leiberateur de sa Patrie , sur tout depuis que
pour la servir plus utilement , il eut quitté le serviće de François I. après que ce grand Prince eut
fait la conquête de Genes 1527. &c. Et je ne
doute point que la Médaille n'ait été frappée par P'ordre du Sénat ; s'il est vrai , comme je viens de
le lire dans un Auteur anonyme contemporain ,
que la Patrie de Doria lui fit ériger une belle et
grande Statue de Marbre dans la principale Place
de Genes , au Piedestal de laquelle on lisoit ces
deux mots PATRI PATRIA, J'apprens par le
même Auteur, que l'Empereur Charlequint , dans
toutes ses Lettres , et en parlant de vive voix à
A Doria , l'appelloit toujours son Pere , et l'ac- cabloit de caresses.
Ma seconde Remarque est une suite de ce que
je vous ai déja dit , Monsieur , au sujet du Revers de notre Médaille , où l'on voit la tête d'un
Captif, et autour , des Chaînes et d'autres symboles d'esclavage. J'ai pensé d'abord que cette
Tête pouvoit être prise pour celle du fame
* Doria porte d'Or à l'Aigle à deux Têtes de sable,
..
Bar
SEPTEMBRE. 1732. 1959
•
Barberousse , homme obscur dans son origine,
Esclave de Soliman II . puis Capitan Pacha , l'Emule et le Rival de Doria , qui le batit en 1536.
et reprit ensuite Tunis , &c. mais il seroit peutêtre plus naturel de croire que c'est ici la tête du
Pyrate Dragut , que Jannetin Doria batit avec
les Galeres et sous les auspices de son Oncle
comme je l'ai dit cy-dessus , qu'il lui amena
Genes chargé de chaînes , pour augmenter ses
triomphes,et que le genereux Doriamit en liberté.
Quoiqu'il en soit , voilà , Monsieur , tout ce que j'ai pu vous dire en peu de mots d'André
Doria et de sa Maison. Si je n'avois pas été si
pressé de vous envoyer ma Lettre par les circonstances du temps , &c. j'aurois pû profiter d'un
Memoire Historique , que M. le Marquis Doria,
actuellement Envoyé de la République de Genes auprès du Roy , a eu la bonté de me promettre
et qu'il attend tous les jours , dans lequel peuvent être d'autres faits curieux et Anecdotes ; en tout
cas je pourrai vous en faire part dans une autre
occasion. Il est temps de revenir à la Ville d'Oran.
Vous me demandez , Monsieur , si je crois cette
Ville aussi ancienne que je vous l'ai exposé dans
ma premiere Lettre , sur la foi de quelques Auteurs modernes. Je vous avoue avec franchise que
je les crois dans l'erreur sur ce sujet , et que
M. Corneille en particulier , s'est fort abusé quand il nous dit dans son Dictionnaire Universel, Géographique et Historique, que du temps des Romains, on appelloit la Ville d'Oran Unica Colonia. Il est vrai qu'Ortelius , dans son Trésor
Geographique , donne le nom d'Unuca à une
Ville de l'Afrique , proprement dite , en citant
là-dessus l'Itineraire d'Antonin , ce qui peut avoir Dij donné
1960 MERCURE DE FRANCE
donné lieu à l'erreur de M. Corneille ; mais cet
Itineraire consulté , je trouve seulement qu'il y
est fait mention d'une Ville nommée Unaca , et
non pas Unuca , ni Unica , laquelle est située dans la Mauritanie Cesarienne , qui comprend , si vous
voulez, le Pays où est Oran ; ce qui ne suffit pas
pour se déterminer en faveur de l'Antiquité de
cette Ville ; outre que l'Unaca de l'Itineraire n'est
en aucune façon qualifiée de Colonie.
Mais quelle antiquité peut- on donner à Oran?
Vous l'allez voir , Monsieur, dans le petit Narré
qui suit ; et par- là je répons aussi à une autre
question que vous me faites au sujet de l'Eglise
d'Oran , que vous avez lû quelque part avoir été
une Cathédrale , dont l'Evêque étoit suffragant
de l'Archevêque de Tolede , depuis la conquête
du Cardinal Ximenés.
Lorsque ce Prélat forma le projet de cette conquête , qu'il devoitent reprendre , comme il fit en
personne et à ses dépens , il stipula expressément
avec le Roy Catholique, que la Ville et le Territoire d'Oran dépendroient pour le spirituel de
'Archevêché de Tolede. Cette dépendance , dit
un Historien , étoit coinme un Monument de sa
conquête , qui devoit en conserver le souvenir à
la Posterité. C'étoit aussi pour engager tous ses
Successeurs dans cet Archevêché d'avoir une attention particuliere sur la Ville d'Oran , au cas
qu'elle fût attaquée ou reprise par les Infideles. Il
Jeur avoit donné un exemple trop signalé de son
zele pour la Religion , et d'un parfait désinteresşement , pour n'être pas imité.
Cependant Ximenés fut traversé dans la
possession d'un droit si clairement énoncé et si
bien acquis. Cette affaire lui donna même beau- coup de peine et de chagrin. Un Religieux Fran- ciscain
Q
SEPTEMBRE. 1732 1961
ciscain , nommé Fr. Louis-Guillaume , ayant
sollicité en Cour de Rome le titre d'Evêque in
Partibus , obtint enfin des Bulles , qui le nommoient Episcopum Aurensem , avant qu'il fût ques
tion de l'Expedition d'Oran , et il fut sacré en
cette qualité. Cette Ville n'eut pas plutôt été con- quise , que la ressemblance des noins lui fit ima.
giner que ce pouvoit bien être son Evêché , ne
sçachant pas auparavant en quelle partie du Mon
de étoit situé son Diocèse. Là- dessus il se fit appeller l'Evêque d'Oran , et sans faire la moindre
honnêteté au Cardinal , il lui fit signifier ses prétentions , &c. avec déclaration qu'il alloit pren
dre possession , &c.
Ce grand homme, quoique bien fondé et persuadé que les prétentions du Cordelier Espagnol
étoient frivoles , les fit examiner en sa présence.
par un esprit d'équité et de Religion avec la derniere exactitude. Deux principes furent d'abord
établis. 1 ° . Que quand le Pape confere un Evêque in Partibus on supposoit toujours que cer
Evêché avoit existé lorsque les Chrétiens étoient
en possession du Pays où il étoit situé. 2 °. Que
le Pape n'avoit point érigé Oran en Evêché ; qu'il
n'avoit pû par consequent le conferer sans pré- tendre que c'en étoit un dès le temps que les Chrétiens étoient les maîtres de l'Afrique , et que
Christianisme y Aeurissoit,Principe que la Patrie
interessée ne pouvoit pas contester.
le
Il n'y avoit donc proprement qu'à examiner
si Oran avoit été un Evêché avant que lesArabes
eussent conquis l'Affrique , n'étant pas possible
d'imaginer qu'il l'eût été depuis. Là-dessus on
Koceda à l'examen de tous les Auteurs qui
avoient traité des Antiquitez Ecclesiastiques et
Civiles d'Affrique. On lut les Conciles qui y
Diij avoient
1962 MERCURE DE FRANCE
avoient été tenus , et les autres Conciles où les
Évêques Affricains s'étoient trouvez , on parcoufut toutes les Souscriptions ; aucun Concile ne
faisoit mention de l'Evêché ni de l'Evêque d'Oran ou d'Aure. Même silence parmi les Cosmographes anciens , &c.
Pour n'avoir rien à se reprocher , le Cardinal
fit faire avec le même soin et par d'habiles gens
une recherche exacte de l'origine d'Oran , et on
trouva que cette Ville avoit été bâtie récemment
par les Habitans de Trémesen , qui étant attirez
par la beauté et par la commoditể du Port , y
avoient envoyé une Colonie. La conclusion étoit
aisée à tirer contre les prétentions de l'Evêque * in
Partibus.
Celui- cy , loin de se rendre à une pareille Dé- monstration , et de renoncer à des esperances
mal fondées , eut la témerité de dire en face au
Cardinal et avec émotion , que le Pape avoit prétendu lui conferer un Evêché , et qu'il falloit bien
que ce fût Oran , puisqu'il ne se trouvoit point
ailleurs. Vous le chercherez où il vous plaira , lai
répondit Ximenés , mais contez que tant que je
vivrai vous ne serez point Evêque d'Oran.
Il est étonnant , Monsieur , que ce Moine ayant
à faire à un homme du rang et de l'autorité de
Ce qui donnoit lieu à l'erreur du Prélat Cordelier , c'est que dans la Province Ecclesiastique de
Carthage on comptoit parmi les Villes Episcopales
Aurian ou Auran , mais cette Ville étoit éloignée
d'Oran , dont il s'agisso t de plus de 20. lieuës , et
c'est apparemment le titre de cet Evêché , que le Pape
avoit voulu lui conferer ; l'esprit d'interêt et l'entête
ment ne permirent pas à ce Religieux d'ouvrir les
yeux.
P'Archevêque
SEPTEMBRE. 1732. 1963
PArchevêque Cardinal , ne se rendit pas à cette
réponse. Il partit au contraire pour la Cour et
fit tant par ses intrigues , qu'il obtint du Roy des
Lettres pour le Cardinal , par lesquelles S. M.
le prioit de lui donner toute la satisfaction qu'il se pourroit. Il ne restoit plus pour embrouiller
cette affaire et pour la faire devenir de consequence , que le Pape , sollicité de soutenir sa no.
mination , vint à s'en mêler.
C'est ce qui engagea Ximenés à proposer an accommodement qui fut qu'on établiroit à Oran une Collégiale dont on donneroit à ce Prétendant la premiere Dignité , avec le
le titre d'Abbé , et un revenu égal à celui des
Dignitez du Chapitre de Tolede, parmi lesquelles
il auroit un rang, sans être obligé à la résidence,
sans renoncer même ni à son titre d'Evêque , ni
à ce prétendu Diocèse , s'il se trouvoit jamais être
quelque chose de réel ; accommodement qui fut réfusé.
Alors le Cardinal envoya au Roy les Recherches qu'il avoit faites au sujet d'Oran , et le projet d'accommodement , suivi d'un refus opiniâtre,
suppliant S. M. de trouver bon que les choses
restassent à cet égard dans l'état dont on étoit
convenu ; ce que ce Prince trouva si juste , qu'il
ne voulut plus entendre parler de cette affaire ;
desorte que durant la vie de Ximenés, ni après sa
mort , il n'y eut jamais d'Evêque d'Otan. On n'y établit pas même la Collégiale dont il avoit fait
le projet , et tout se réduisit à l'établissement d'un
Grand- Vicaire et d'un Official , que l'Archevêque de Tolede tient à Oran pour l'exercice de sa
Jurisdiction.
Vous voyez , Monsieur , deux choses également vrayes par cet Exposé; la premiere , que la Diiij Ville
1964 MERCURE DE FRANCE
Ville d'Oran n'a pas l'antiquité prétendue par
quelques Auteurs , puisqu'elle doit sa fondation
aune Ville qui n'est connue que depuis la conquête de l'Afrique par les Mohometans Arabes ,
et que les Califes ont vrai- semblablement bâtie.
La seconde verité est qu'il n'y a jamais eu d'Eyêque ni d'Eglise Cathédrale à Oran , comme le
veut Davity , dans sa Description generale de
l'Affrique Tom. VI. de l'Edit de Rocolles , falio ,
Paris, 1660.
Il y auroit plus de fondement à croire la petite
Ville de Marsalquibir , voisine d'Oran , veritablement ancienne, et de lui appliquer cet Endroit
de Ptolomée , où en décrivant la situation Maritime de la Mauritanie Césarienne , ce fameux
Géographe fait mention d'un lieu qu'il a nommé πορτος μαγνος selon la dénomination de son
temps , Portus magnus et Fretum magnum , selon
le Traducteur Latin. Marsalquibir, qui d'ailleurs
est un mot Arabe signifiant la même chose
mérite assurément ce nom et cette croyance ,
cause de la grandeur de son Port , qui forme un
petit Golfe sur cette Côte.
Davity , dont je viens de parler , en faisant
mention de ces deux Places , qualifie Oran de
Marquisat ; je ne vois pas trop sur quel fondement , et il dit que Marsalquibir fut enlevé aux
Maures par le Marquis de Comarez en isos. Ce n'est pas ici le lieu d'éclaircir ces faits et d'autres
Circonstances historiques que l'Auteur ajoûte sur P'une et sur l'autre Ville.
Mais laissons ces temps éloignez pour venir
aux affaires présentes d'Oran, Vous vous étonnez,
Monsieur , avec raison , que les Maures fortifiez
par un secours considerable de Turcs , ayant une
pombreuse Artillerie , prévenus d'ailleurs et mepaccz
SEPTEMBRE. 1732. 1965
་
nacez d'une prochaine descente de l'Armée Espagnole, ne se soient pas opposez plus vigoureusement à cette entreprise ; que du moins la descente étant faite , Oran et Marsalquibir , bien
munis comme ils étoient , n'ayent pas merité ,
pour ainsi dire , l'honneur d'un Siége , et qu'une
Bataille , imprudemment engagée de leur part ,
ait presque , en arrivant , décidé du sort de ces
Places. Cela vous a fait juger qu'elles étoient
peut être sans deffense du côté de l'Art
les Maures n'ayant pas eu soin de se fortifier ,
d'entretenir du moins les Ouvrages faits depuis
la Conquête de Ximenés.
-
Mais c'est tout le contraire , suivant toutes
les Lettres les plus exactes et les mieux circonstanciées , qui nous sont venues de ce Païs- là.
Vous en jugeriez ; Monsieur, autant que personne , si le Plan de ces deux Places et de leurs environs, qui vient de m'être communiqué par un
ami de distinction , qui l'a reçu depuis peu de la
Cour d'Espagne, pouvoit vous être envoyé avec
ma Lettre. On y voit Oran entouré de Fortifications , attachées au Corps de la Place , dont le
principal Ouvrage est ce qu'on appelle le Donjon. Dans les dehors sont les Châteaux de RosalCasar , de S. André , de S. Philippe , de Sainte
Croix , de S. Grégoice , avantageusement situez sur des hauteurs , et dans des distances convenables, sans parler de la Tour du Madrigal et de
la grosse Tour. Marsalquibir est à proportion
fortifié de même , deffendu aux environs par le
Fort de S. Sauveur , et par le Fortin , qui est le
plus près de la Ville , avec un chemin de com- munication d'une Ville à l'autre , qui cottoye le
fonds du Golphe ou du grand Port de Marsalquibir.
DV
3
1966 MERCURE DE FRANCE
1
Ce Golphe represente un demi Cercle presque
parfait.Oran est situé sur la pointe Orientale , et
Marsalquibir,vis- à- vis,sur la pointe Occidentale;
l'espace de l'une à l'autre pointe , ou l'ouverture
du Golphe , est de plus de 900 toises , avec en
viron 700 toises de profondeur. De plus,la Ville
d'Oran a son Port particulier, mais qui n'est pas,
à beaucoup près , si considérable,
Le même Plan me confirme qu'Oran ne manque point d'Eaux. Il y a auprès de la Ville une
Riviere , sur laquelle est le Pont de Trémésen ,
et un grand Ruisseau encore plus près des Murailles , qui arrose des Jardins Potagers et des Vergers. De sorte Monsieur , que dans toutes
ces circonstances réunies , c'est une espece de Miracle , que cette Conquête ait été si subitement
décidée par le sort d'un Bataille generale, laquelle , selon toutes les Regles de la Guerre , ne devoit pas si-tôt se donner , et qui n'a été engagée que casuellement, comme parle l'Autheur de
la Relation Espagnole que j'ai Il y a eu cependant de part et d'autre beaucoup de bravoure dans le combat; et sur tout du
côté des Espagnols , des Actions d'une valeur
peu commune. Il m'est venu là- dessus de nouveaux détails , qui allongeroient trop ma Lettre; mais je n'obmettrai point l'Action plus que hardie d'un simple Sergent, qui fut commandé avec
16 Soldats le jour du débarquement , pour
s'emparer d'un Poste. Il fut d'abord enveloppé
par un détachement de 300 Cavaliers Turcs ;
mais le Sergent et sa foible Trouble , sans s'embarrasser de la superiorité , se deffendirent avec
tant de courage et chargerent si à propos , qu'ils !
gagnerent enfin le Poste en question , et oblige- rent les Turcs de se retirer.
Оц
SEPTEMBRE. 1732. 1967
On ne peut,au reste.rien ajoûter à la pieuse reconnoissance du Roy d'Espagne envers le Ciel ,
pour un succès si heureux. Toutes les nouvelles
publiques sont remplies des Actes de sa piété , et du zéle de ses Sujets à célébrer cet Evenement.
Le Cardinal d'Astorga , Archevêque de Tolede ,
Primat des Espagnes, &c. s'est particulierement distingué en cette occasion , ainsi que le Chapitre de son Eglise , la Ville d'Oran étant de la Ju- risdiction de cet Archevêché. Dès le 27 Juin , il y avoit eu à Tolede une Procession Generale de
tout le Clergé Séculier et Régulier , suivie des Magistrats , de joutes les Personnes de distinction , et d'un Peuple infini. On y porta l'Etendart avec lequel le Cardinal Ximenés entra en
triomphe dans Oran. La Procession se rendit de
l'Eglise Métropolitaine à celle de l'Hôpital
Royal , où se conserve une Image celebre de
Notte-Dame , Patrone de la Ville d'Oran , d'où
elle a été transportée à Tolede , après la derniere invasion des Maures. Il y a eu depuis des Ac- tions de Graces tres- solemnelles dans la même
Ville de Tolede.
Sa M, C. rendit quelques jours après justice
aux Officiers qui ont servi dans cette Expédition.
Elle fit le Comte de Montemar , Commandant
en Chef, Capitaine General de ses Armées ; plusieurs Lieutenans Generaux , parmi lesquels est
le Marquis de Santa Cruz que vous connoissez ;
plusieurs Marêchaux de Camp, et Brigadiers. On
y voit aussi plusieurs Capitaines, qui ont été faits
Colonels .
Cependant depuis la Bataille d'Oran et la
prise des deux Places , on n'a été occupé qu'à débarquer l'Artillerie , les Munitions et les Equi--
D vj pages
1968 MERCURE DE FRANCE
pages , et à réparer et augmenter les Fortifications , à fortifier le Camp , à faire enfin les dispositions necessaires pour s'assurer du plat Païs,
afin d'en tirer des Vivres , &c. On écrit même
déja que les Habitans de plus de vingt lieuës à
la ronde , sont venus se soumettre.
Je ne vous parle point d'une petite disgrace, arrivée aux Espagnols le 16 Juillet. Un Détachement de leur Armée , envoyé pour attaquer les
Maures dans les Montagnes , est tombé dans
une Embuscade des Ennemis , ce qui a coûté la
vie environ à 300 hommes, sans compter le Due
de S. Blas , et quelques autres Personnes de
moindre considération , qui ont été tuées dans
cette rencontre Disgrace, dont les Troupes Espagnoles ont eu leur revanche quelques jours
après , par un détachement de mille Grenadiers ,
placez dans une Embuscade , avec du Canon .
chargé à cartouche, qui a fait périr plus de mille
Maures , sans compter plusieurs autres avantages remportez depuis , et la prise de quelques Convois des Infideles ; un entr'autres de mille
Chameaux chargez , &c.
Les dernieres Lettres parlent de l'arrivée au
Camp Espagnol , d'un Grand du Païs , que les
nouvelles publiques ont appellé Bacha , terme
impropre et inusité parmi les Maures , pour
offrir au Comte de Montemar de mettre 30000
Maures en Campagne pour le service de S. M.
C. et d'autres avantages , à de certaines conditions ; pour la seureté desquelles offres il ajoutoit celle de laisser son fils , qui l'accompagnoit,
en otage. Le bruit couroit même à Madrid, que Ice Prince Maure devoit y arriver incessamment
avec un train considérable.
Les mêmes Lettres parlent d'un nouveau Dé- tache
SEPTEMBRE. 1732 1969
tachement que le Comte de Montemar venoit
de faire sous les Ordres du Marquis de Villadarias , composé de 5000 hommes d'Infanterie .
et de 2000 de Cavalerie , pour aller assiéger
Mazagran , Ville située à is lieuës d'Oran et
sur la même Côte, dans le temps que 2 Vaisseaux
de Guerre et 7 Galeres devoient attaquer la Place par Mer.
Je finis , Monsieur , en vous confirmant que
le Marquis de Santa- Cruz a été fait Gouverneur
des Villes d'Oran et de Marsalquibir. Ces Places
ne pouvoient être confiées à un plus digne Sujer
et qui entendît mieux l'art de les fortifier et de les deffendre en cas de besoin , sans parler de ses
autres excellentes qualitez. On a publié icy une
Traduction Françoise du X I. Tome de son grand Ouvrage, intitulé : Reflexiones Militares..
Cette Traduction compose un vol. in 4. imprimé à Paris , chez Langlois. Pour vous mettre au
fait de ce Livre , que je ne puis pas vous faire
tenir présentement , je vous envoye le Journal
de Trévoux , du mois de Janvier dernier , où
vous en trouverez l'Extrait. J'ai l'honneur d'ê tre , Monsieur , &c.
A Paris , les Aoust 17322-
Fermer
Résumé : TROISIÈME LETTRE écrite par M. D. L. R. à M. le Marquis de B. au sujet de l'Armement du Roy d'Espagne, et de la Conquête d'Oran.
La lettre de M. D. L. R. au Marquis de B. discute de la prise de la ville d'Oran, du port et de la forteresse de Marsalquivir. L'auteur exprime sa satisfaction de continuer à informer le Marquis sur ce sujet et répond à une demande concernant le dessin de la médaille d'André Doria, qu'il joint à la lettre. La médaille, gravée par un artiste habile, représente les exploits de Doria, et l'auteur espère que le Marquis en sera content. André Doria, né à Oneille le 30 novembre 1468, appartenait à une des plus anciennes et illustres familles de Gênes. Passionné par la marine dès son enfance, il acquit rapidement une réputation de grand homme de mer. Il servit d'abord sa patrie, puis le roi François I, qui le nomma général des galères de France. Après un chagrin lié à des prisonniers de distinction, il changea d'allégeance pour servir l'empereur Charles V, qui lui confia toutes ses forces maritimes. Doria remporta plusieurs victoires en Barbarie et en Morée, malgré la bravoure de Barberousse, amiral de Soliman II. Il connut une défaite en 1552 face à Dragut Rais, mais se rattrapa en prenant Sansiotenzo en Corse deux ans plus tard. Doria était connu pour sa sévérité, parfois excessive. Il mourut à Gênes en 1560 à l'âge de 94 ans, après une carrière glorieuse. La maison Doria a produit de nombreux grands hommes, notamment des marins et des savants. En septembre 1732, le franciscain Frère Louis-Guillaume obtint des bulles papales le nommant Évêque d'Aurensem avant la conquête d'Oran. Après la prise de la ville, il se proclama Évêque d'Oran, revendiquant ce titre sans en informer le Cardinal. Le Cardinal Ximenés examina la question avec équité et établit que l'évêché d'Oran n'avait jamais existé historiquement. Le moine refusa de se rendre à ces démonstrations et insista sur ses prétentions. Le Cardinal proposa un accommodement, offrant une dignité collégiale à Oran, mais cette offre fut refusée. Le Roi d'Espagne soutint le Cardinal, et aucune collégiale ni évêque ne fut établi à Oran. Le texte mentionne également des événements militaires et nominations. Une proposition est faite au Comte de Montemar d'engager 30 000 Maures pour le service du roi, avec des conditions spécifiques. À Madrid, des rumeurs circulent sur l'arrivée imminente du Prince Maure avec une suite importante. Un détachement dirigé par le Comte de Montemar, sous les ordres du Marquis de Villadarias, composé de 5 000 hommes d'infanterie et 2 000 de cavalerie, doit assiéger Mazagran, une ville située à 15 lieues d'Oran. Simultanément, deux vaisseaux de guerre et sept galères doivent attaquer Mazagran par mer. Le Marquis de Santa-Cruz a été nommé gouverneur des villes d'Oran et de Marsalquivir, reconnu pour ses compétences en fortification et défense.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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26
p. 2055-2059
A Constantinople le 14. Août 1733.
Début :
La nouvelle qu'on reçut ici le 7. Août au soir, de la grande victoire remportée par l'Armée [...]
Mots clefs :
Topal Osman Pacha, Thamas Kouli-Kan, Général, Bagdad, Armée, Troupes, Bataille, Victoire, Persans
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A Constantinople le 14. Août 1733.
Constantinople le 14. Août 1733 .
A nouvelle qu'on reçut ici le 7. Août au soir,
de Lie la grande victoire remportée par l'Armée
Turque sur les Persans , et dont on espere que
les suites seront aussi avantageuses à l'Empire
Ottoman , que glorieuses à Topal Osman , fut
annoncée au Public entre neuf et dix heures par
une salve de plus de cent. Pieces de Canon du
Serrail de Top- Hana , de l'Arsenal , des Vaisseaux
et des Galeres du Grand Seigneur, ce qui a
été repeté chacun des trois jours suivans . Voici
ce qu'on a pû recueillir de diverses Lettres , surtout
de celles du General Topal Osman Pacha.
>
*
Quelques jours avant l'arrivée de ce Pacha à
Kerkoud , Thamas Kouli- Kan , dont la valeur
est ternie par une présomption insupportable ,
écrivit au Pacha de cette Ville , que regardant
Bagdad comme une Place qui étoit déja en son
pouvoir, il comptoit de finir la Campagne par la
prise d'Alep , après s'être emparé en chemin
faisant de Kerkoud , de Mossul , de Diabékir
&c.que cependant ayant appris qu'un certain Gé.
néral Turc , dont la lenteur ne lui donnoit pas
une grande idée de son courage , étoit en marche
depuis long- temps , pour venir s'opposer à
ses conquêtes , il le prioit de mander à ce Général
de se hâter un peu plus , parce qu'il étoit
pressé, et que pour lui abreger le chemin , il
iroit bien- tôt à sa rencontre avec une partie de
son Armée , qui suffiroit de reste pour le faire:
repentir de sa témérité.
Le Pacha de Kerkoud , ayant communiqué
cette insolente Lettre à Topal -Osman , ce der
nier se chargea de répondre à Thamas Kouli
Kan , et le fit à peu près dans ces termes.
Ge vj Quoi
2056 MERCURE DE FRANCE
*
Quoique le G. S. mon Maitre , ait des Soldats
en aussi grand nombre que le sable de la Mer , er
qu'indépendamment de son G. V. il pourroit choi
sir parmi ses Pachas des Chefs pour les commander,
dont la réputation seule seroit capable de t'anéantir,
cependant Sa Hautesse a crû que ce seroit assez.
pour réprimer ton orgueil , que de t'opposer quelques-
unes de ses Troupes , et de mettre à leur tête
un pauvre Boiteux , chargé d'ans et d'infirmitez,
tel que je le suis , et j'espere qu'avec le secours die
Tout-Puissant , en qui je me confie , et qui se sert
souvent des instrumens les plus méprisables pour
confondre les superbes comme toy , il te fera
éprouver par mon moyen un sort pareil à celui
qu'eut autrefois Nimbrout ** lequel voulant s'égater
à Dieu, fut puni de sa vanité impie , en péris
sant dans les douleurs que lui causa une simple
Moucke qui lui étoit entrée par le nez et avoit pénetré
jusques dans le cerveau.
Kouli- Kan s'étant effectivement mis en moùvement
, partit des environs de Bagdad avec l'é-
Lite de ses Troupes , au nombre de 80000. hommes
, dont toute la Cavalerie étoit armée de
maille; et Topal Osman continuant sa route le
long du Tigre , avec plus de cent mille Combattans
; les deux Amées se trouverent en présence
à la pointe du jour le 19. Juillet dans la Plaine
Udjoum qui est à la moitié chemin de Ker
koud à Bagdad , environ à 10. à 12. lieuës de
l'une à l'autre Place.
Le Général Persan faisoit marcher la sienne
dans un ordre de Bataille , à peu près semblable
à celui qui s'observe en Europe , et celle de Topal-
Osman fut rangée sur les bords du Fleuve.
** Topal' en Turc , signifie Boiteux.
** C'est une des Traditions Mabométanes .
Ca
SEPTEMBRE. 17 : 3 2057
Ce Bacha se posta dans le centre avec les Trou
pes de Romelie , sur lesquelles il comptoit le
plus , et mit aux premiers rangs les Curdes , de
la bravoure desquels il se méfioit , et sur qui il
ordonna aux autres Troupes de tirer , dès qu'ils
feroient mine de s'enfuir . Les Persans commencerent
le Combat par une décharge de toute leur
Artillerie et par celle d'un Coips d'Arquebusiers
montez sur des Chameaux , selon l'usage de cette
Nation . Les Curdes ne tarderent pas à lâcher pied,
comme le Général l'avoit prévû ; mais on tira
sur eux , et se voyant entre deux feux , ils furent
contraints de combattre comme les autres , encouragez
d'ailleurs par l'activité infatigable du
Général , qui volant du centre aux aîles , et de
rang en rang , ranimoit tout par sa présence ,
par son exemple et par ses largesses .
Cependant quelque bien secondé qu'il fût pens
dant le cours de cette sanglante action , qui commença
vers les six heures du matin et dura jusqu'à
trois heures après midi , la victoire incertaine
fut si vivement disputée , qu'elle changea
plusieurs fois de parti ; mais enfin les Persans
ayant perdu plus de 20000 hommes de leur In
fanterie , plus de 10000. de Cavalerie , et Kouli
Kan ayant reçu trois coups de lance , ils prirent
l'épouvante , abandonnerent le Champ de
Bataille , l'Artillerie et les Munitions , et s'enfuirent
la plupart à travers les Déserts , évitant les
chemins pratiquez ; une partie de l'Armée Ottomane
les poursuivit pendant . heures , et leur
Général , tout blessé qu'il étoit , se sauva come
me il
put avec quelques Cavaliers qui ne l'abandonnerent
point . Quant aux Turcs , à qui ce
triomphe n'a pas laissé de coûter , ils ont eu.
ooo. hommes de tuez , 7000. de blessez , et
*
parmis
2018 MERCURE DE FRANCE
parmi les morts , il s'est trouvé beaucoup de
Beys , qui sont comme des Chefs dans chaque
Province.
Le Seraskier Topal - Osman , donna aussi- tôt
avis de cette victoire à Achmet - Pacha , Gouverneur
de Bagdad , et lui manda en même-temps
que le Vendredy suivant 24. il comptoit d'entrer
dans cette Place , et qu'après avoir rendu graces
à Dieu sur le Tombeau de l'Iman Mahassem ,
ils conféreroient ensemble sur les opérations du
reste de la Campagne . Il coucha sur le Champ
de bataille , y séjourna le lendemain pour laisser
*
reposer son Armée , et se remit en marche le 21 .
Juillet,
Il est remarquer que Kouli- Kan , outre ses
propres Troupes , avoit été suivi d'un gros Corps
d'Arabes , sur l'assistance duquel il avoit beaucoup
compté , et que ces Arabes , au lieu de
prendre part au combat , en resterent les tranquilles
Spectateurs , leur inaction fut d'autant
plus favorable au Général Turc , qu'il n'avoit
point encore été joint par toutes les Troupes de
Romelie et par celles d'Egypte , qu'il attendoit
et sur lesquelles il comptoit beaucoup , mais dès
que l'affaire fut décidéee en sa faveur , tous ces
Arabes repasserent à la nâge de l'autre côté du
Tigre , et de- là ils députerent vers lui pour ob .
tenir une capitulation honorable , réprésentant
qu'ils avoient toujours été amis des Turcs, qu'ils
n'avoient embrassé le parti de Kouli - Kan , en
apparence , que parce qu'il s'étoit rendu le maître
chez eux , et qu'ils venoient de prouver de
* Cet Iman est un des plus respectables parmi
Tes Musulmans , et l'un des plus celebres Commentateurs
de l'Alcoran. Son Tombeau est auprès de
Bagdad.
reste
SEPTEMBRE. 1733. 2059
reste, combien ils lui étoient peu attachez , puisqu'ils
l'avoient laissé batere sans lui donner aucun
secours
Le Seraskier , qui d'un côté avoit ses raisons
pour les ménager , et qui de l'autre étoit bien
aise de leur faire sentir qu'il n'étoit pas tout- àfait
content de leur conduite et de leurs excuses
les remit pour regler toutes choses avec eux à
son arivée à Bagdad ; il fit donner aux Députez
quelques Caftans ou Robbes d'honneur , éxigea
d'eux qu'ils poursuivroient Kouli Kan et qu'ils
feroient tout leur possible pour le lui amener
mort ou vif, et que dès à présent ils envoye
roient des provisions pour quatre jours
dans Bagdad , afin que son Armée pût les y
trouver en arrivant , moyennant quoi , il leur
promit que jusqu'à - ce qu'il eût pû traiter avec
eux , il ne leur seroit fait aucun tort de la par
de ses Troupes.
On attend tous les jours Hamzé- Aga- Capigi-
Bachi , qui apporte des détails plus circonstanciez
de cette mémorable journée. Celui qui en a
apporté la premiere nouvelle , est venu en 17 .
jours. C'est un Officier Tartare , attaché à Topal-
Osman , et qui s'est fort distingué par des
actions de valeur le jour de la Bataille.
Le Seraskier lui donna , en le dépêchant , une
espece d'Aigrette d'or à trois pointes , avec laquelle
il a été présenté au G. S. qui lui en fic
donner une autre beaucoup plus riche , et le
gratifia d'un Apanage de quatre Bourses ou de
2000. écus de revenu ; on assure d'ailleurs que
ce Courier étant allé visiter tous les Ministres et
Tous les Grands de la Porte , en a reçû la valeur
de près de cent Bourses en differens présens.
A nouvelle qu'on reçut ici le 7. Août au soir,
de Lie la grande victoire remportée par l'Armée
Turque sur les Persans , et dont on espere que
les suites seront aussi avantageuses à l'Empire
Ottoman , que glorieuses à Topal Osman , fut
annoncée au Public entre neuf et dix heures par
une salve de plus de cent. Pieces de Canon du
Serrail de Top- Hana , de l'Arsenal , des Vaisseaux
et des Galeres du Grand Seigneur, ce qui a
été repeté chacun des trois jours suivans . Voici
ce qu'on a pû recueillir de diverses Lettres , surtout
de celles du General Topal Osman Pacha.
>
*
Quelques jours avant l'arrivée de ce Pacha à
Kerkoud , Thamas Kouli- Kan , dont la valeur
est ternie par une présomption insupportable ,
écrivit au Pacha de cette Ville , que regardant
Bagdad comme une Place qui étoit déja en son
pouvoir, il comptoit de finir la Campagne par la
prise d'Alep , après s'être emparé en chemin
faisant de Kerkoud , de Mossul , de Diabékir
&c.que cependant ayant appris qu'un certain Gé.
néral Turc , dont la lenteur ne lui donnoit pas
une grande idée de son courage , étoit en marche
depuis long- temps , pour venir s'opposer à
ses conquêtes , il le prioit de mander à ce Général
de se hâter un peu plus , parce qu'il étoit
pressé, et que pour lui abreger le chemin , il
iroit bien- tôt à sa rencontre avec une partie de
son Armée , qui suffiroit de reste pour le faire:
repentir de sa témérité.
Le Pacha de Kerkoud , ayant communiqué
cette insolente Lettre à Topal -Osman , ce der
nier se chargea de répondre à Thamas Kouli
Kan , et le fit à peu près dans ces termes.
Ge vj Quoi
2056 MERCURE DE FRANCE
*
Quoique le G. S. mon Maitre , ait des Soldats
en aussi grand nombre que le sable de la Mer , er
qu'indépendamment de son G. V. il pourroit choi
sir parmi ses Pachas des Chefs pour les commander,
dont la réputation seule seroit capable de t'anéantir,
cependant Sa Hautesse a crû que ce seroit assez.
pour réprimer ton orgueil , que de t'opposer quelques-
unes de ses Troupes , et de mettre à leur tête
un pauvre Boiteux , chargé d'ans et d'infirmitez,
tel que je le suis , et j'espere qu'avec le secours die
Tout-Puissant , en qui je me confie , et qui se sert
souvent des instrumens les plus méprisables pour
confondre les superbes comme toy , il te fera
éprouver par mon moyen un sort pareil à celui
qu'eut autrefois Nimbrout ** lequel voulant s'égater
à Dieu, fut puni de sa vanité impie , en péris
sant dans les douleurs que lui causa une simple
Moucke qui lui étoit entrée par le nez et avoit pénetré
jusques dans le cerveau.
Kouli- Kan s'étant effectivement mis en moùvement
, partit des environs de Bagdad avec l'é-
Lite de ses Troupes , au nombre de 80000. hommes
, dont toute la Cavalerie étoit armée de
maille; et Topal Osman continuant sa route le
long du Tigre , avec plus de cent mille Combattans
; les deux Amées se trouverent en présence
à la pointe du jour le 19. Juillet dans la Plaine
Udjoum qui est à la moitié chemin de Ker
koud à Bagdad , environ à 10. à 12. lieuës de
l'une à l'autre Place.
Le Général Persan faisoit marcher la sienne
dans un ordre de Bataille , à peu près semblable
à celui qui s'observe en Europe , et celle de Topal-
Osman fut rangée sur les bords du Fleuve.
** Topal' en Turc , signifie Boiteux.
** C'est une des Traditions Mabométanes .
Ca
SEPTEMBRE. 17 : 3 2057
Ce Bacha se posta dans le centre avec les Trou
pes de Romelie , sur lesquelles il comptoit le
plus , et mit aux premiers rangs les Curdes , de
la bravoure desquels il se méfioit , et sur qui il
ordonna aux autres Troupes de tirer , dès qu'ils
feroient mine de s'enfuir . Les Persans commencerent
le Combat par une décharge de toute leur
Artillerie et par celle d'un Coips d'Arquebusiers
montez sur des Chameaux , selon l'usage de cette
Nation . Les Curdes ne tarderent pas à lâcher pied,
comme le Général l'avoit prévû ; mais on tira
sur eux , et se voyant entre deux feux , ils furent
contraints de combattre comme les autres , encouragez
d'ailleurs par l'activité infatigable du
Général , qui volant du centre aux aîles , et de
rang en rang , ranimoit tout par sa présence ,
par son exemple et par ses largesses .
Cependant quelque bien secondé qu'il fût pens
dant le cours de cette sanglante action , qui commença
vers les six heures du matin et dura jusqu'à
trois heures après midi , la victoire incertaine
fut si vivement disputée , qu'elle changea
plusieurs fois de parti ; mais enfin les Persans
ayant perdu plus de 20000 hommes de leur In
fanterie , plus de 10000. de Cavalerie , et Kouli
Kan ayant reçu trois coups de lance , ils prirent
l'épouvante , abandonnerent le Champ de
Bataille , l'Artillerie et les Munitions , et s'enfuirent
la plupart à travers les Déserts , évitant les
chemins pratiquez ; une partie de l'Armée Ottomane
les poursuivit pendant . heures , et leur
Général , tout blessé qu'il étoit , se sauva come
me il
put avec quelques Cavaliers qui ne l'abandonnerent
point . Quant aux Turcs , à qui ce
triomphe n'a pas laissé de coûter , ils ont eu.
ooo. hommes de tuez , 7000. de blessez , et
*
parmis
2018 MERCURE DE FRANCE
parmi les morts , il s'est trouvé beaucoup de
Beys , qui sont comme des Chefs dans chaque
Province.
Le Seraskier Topal - Osman , donna aussi- tôt
avis de cette victoire à Achmet - Pacha , Gouverneur
de Bagdad , et lui manda en même-temps
que le Vendredy suivant 24. il comptoit d'entrer
dans cette Place , et qu'après avoir rendu graces
à Dieu sur le Tombeau de l'Iman Mahassem ,
ils conféreroient ensemble sur les opérations du
reste de la Campagne . Il coucha sur le Champ
de bataille , y séjourna le lendemain pour laisser
*
reposer son Armée , et se remit en marche le 21 .
Juillet,
Il est remarquer que Kouli- Kan , outre ses
propres Troupes , avoit été suivi d'un gros Corps
d'Arabes , sur l'assistance duquel il avoit beaucoup
compté , et que ces Arabes , au lieu de
prendre part au combat , en resterent les tranquilles
Spectateurs , leur inaction fut d'autant
plus favorable au Général Turc , qu'il n'avoit
point encore été joint par toutes les Troupes de
Romelie et par celles d'Egypte , qu'il attendoit
et sur lesquelles il comptoit beaucoup , mais dès
que l'affaire fut décidéee en sa faveur , tous ces
Arabes repasserent à la nâge de l'autre côté du
Tigre , et de- là ils députerent vers lui pour ob .
tenir une capitulation honorable , réprésentant
qu'ils avoient toujours été amis des Turcs, qu'ils
n'avoient embrassé le parti de Kouli - Kan , en
apparence , que parce qu'il s'étoit rendu le maître
chez eux , et qu'ils venoient de prouver de
* Cet Iman est un des plus respectables parmi
Tes Musulmans , et l'un des plus celebres Commentateurs
de l'Alcoran. Son Tombeau est auprès de
Bagdad.
reste
SEPTEMBRE. 1733. 2059
reste, combien ils lui étoient peu attachez , puisqu'ils
l'avoient laissé batere sans lui donner aucun
secours
Le Seraskier , qui d'un côté avoit ses raisons
pour les ménager , et qui de l'autre étoit bien
aise de leur faire sentir qu'il n'étoit pas tout- àfait
content de leur conduite et de leurs excuses
les remit pour regler toutes choses avec eux à
son arivée à Bagdad ; il fit donner aux Députez
quelques Caftans ou Robbes d'honneur , éxigea
d'eux qu'ils poursuivroient Kouli Kan et qu'ils
feroient tout leur possible pour le lui amener
mort ou vif, et que dès à présent ils envoye
roient des provisions pour quatre jours
dans Bagdad , afin que son Armée pût les y
trouver en arrivant , moyennant quoi , il leur
promit que jusqu'à - ce qu'il eût pû traiter avec
eux , il ne leur seroit fait aucun tort de la par
de ses Troupes.
On attend tous les jours Hamzé- Aga- Capigi-
Bachi , qui apporte des détails plus circonstanciez
de cette mémorable journée. Celui qui en a
apporté la premiere nouvelle , est venu en 17 .
jours. C'est un Officier Tartare , attaché à Topal-
Osman , et qui s'est fort distingué par des
actions de valeur le jour de la Bataille.
Le Seraskier lui donna , en le dépêchant , une
espece d'Aigrette d'or à trois pointes , avec laquelle
il a été présenté au G. S. qui lui en fic
donner une autre beaucoup plus riche , et le
gratifia d'un Apanage de quatre Bourses ou de
2000. écus de revenu ; on assure d'ailleurs que
ce Courier étant allé visiter tous les Ministres et
Tous les Grands de la Porte , en a reçû la valeur
de près de cent Bourses en differens présens.
Fermer
Résumé : A Constantinople le 14. Août 1733.
Le 14 août 1733, Constantinople apprend la victoire de l'armée turque sur les Persans à Kerkoud. La nouvelle, reçue le 7 août, est annoncée par une salve de canons et répétée les trois jours suivants. Les informations proviennent des lettres du général Topal Osman Pacha. Quelques jours avant la bataille, Thamas Kouli-Kan, général persan, avait écrit au pacha de Kerkoud, se vantant de ses conquêtes et pressant le général turc de se hâter. Topal Osman Pacha répondit en soulignant l'humilité et la confiance en Dieu, malgré ses infirmités. Le 19 juillet, les deux armées se rencontrent dans la plaine d'Udjoum. Les Persans, commandés par Kouli-Kan, commencent le combat par une décharge d'artillerie et d'arquebusiers montés sur des chameaux. La bataille, très disputée, dure de six heures du matin à trois heures de l'après-midi. Les Persans, ayant perdu environ 30 000 hommes, prennent la fuite, abandonnant leur artillerie et munitions. Les Turcs, bien que victorieux, subissent également des pertes importantes, avec 6 000 hommes tués et 7 000 blessés. Topal Osman Pacha informe Achmet Pacha, gouverneur de Bagdad, de sa victoire et de son intention d'entrer dans la ville le 24 juillet. Il séjourne sur le champ de bataille pour reposer son armée avant de se remettre en marche le 21 juillet. Les Arabes, initialement spectateurs, demandent une capitulation honorable après la défaite de Kouli-Kan. Topal Osman Pacha les remet à plus tard, exigeant leur aide pour capturer Kouli-Kan et fournir des provisions à Bagdad. Un officier tartare, distingué lors de la bataille, apporte la nouvelle à Constantinople en 17 jours. Il est récompensé par le sultan et les grands de la Porte.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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27
p. 1449-1454
Mort du Marechal de Berwik, [titre d'après la table]
Début :
JACQUES FITZ-JAMES, Duc de Berwick, de Fitz-James, de Liria et de Xerica, [...]
Mots clefs :
Maréchal duc de Berwick, Roi, Grand d'Espagne, Siège, Armée, Campagne en Flandres, Gouverneur, Ville, Lieutenant général, Colonel, Troupes françaises, Strasbourg, Bataille, Maréchal de France, Philisbourg
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mort du Marechal de Berwik, [titre d'après la table]
JACQUES FITZ - JAMES , Duc de
Berwick , de Fitz James , de Liria et de Xeri
ca , Pair de France et d'Angleterre , Grand
d'Espagne de la premiere classe , Maréchal de
France , Chevalier des Ordres du Roi , et des
Ordres de la Jarretiere et de la Toison d'or ,
Gouverneur du Haut et Bas Limosin et de la
Ville de Strasbourg , et General de l'Arméc dụ
Roi en Allemagne , tué au Siege de Philisbourg
le 12 Juin à sept heures du matin d'un coup de
canon qui lui emporta la tête en visitant les tra
vaux étoit fils naturel de feu Jacques II . Roi
II. Vol.
·
1
1450 MERCURE DE FRANCE
de la grande Bretagne , et d'Arabelle Churchill,
soeur de feu Jean Churchill Duc de Malborough,
laquelle se maria depuis avec Charles Godfrey
Colonel Anglois , et mourut le 15 Mai 1730
âgée de plus de 90 ans.
Le Maréchal de Berwick étoit né , suivant la
commune opinion , à Moulins en Bourbonnois
on 1671. Il commença ses premieres armes en
Hongrie , où il se trouva en 1686 au Siege et à
la prise de Bude , de même qu'à la Bataille que
les Imperiaux gagnerent contre les Turcs , et
dans laquelle il fut blessé. Il servit en 1690 an
Siege de Londondery en Irlande , et à la Bataille
de la Boyne , où il eut un cheval tué sous
lui . Etant passé en France au Service du Roi , il
se trouva au Siege de Mons et au Combat de
Leuse en 1691 , de même qu'au Combat de
Steinkerque en 1692. Le Roi le fit Lieutenant-
General de ses Armées le 30 Mars 1693 , et le
nomma en même tems pour faire la Campagne
en Flandres en cette qualité. Il se trouva
sanglante Bataille de Nerwinde , dans laquelle il
fut fait prisonnier. Après avoir été échangé contre
le Duc d'Ormond , il servit au Siege de Char
feroi. Il continua de servir en Flandres jusqu'à
la Paix de Riswick , s'étant encore trouvé an
Siege d'Ath en 1697.
la
La guerre
s'étant rallumée en´ 1701 , il fit les
trois premieres
Campagnes
en Flandres
; et après
avoir obtenu des Lettres de naturalité
le 17 Dé
cembre 1703. il eut le Commandement
en chef
des Troupes
Françoises
que l'on fit passer en Espagne
, où il se rendit maître pendant
la Camde
1704
pagne
des Villes et Forteresses
de Salvatierra
, Segura , Castelblanco
, Portalegre
,
astel- David , et autres Places , de la plupart
II. Vol.
desquelles
JUIN. 1734. 1451
desquelles il fit razer les fortifications.
Le Roi Catholique lui acorda la Grandesse
au mois de Février de la même année. Ayant
été rappellé d'Espagne , il fut envoyé en 1705 en
Languedoc en qualité de Commandant en chef
de cette Province , où il dissipa les fanatiques ,
et rétablit la tranquillité en moins de six mois.
Après cette expedition , il fut chargé de faire le
Siege de Nice en Provence. Il se rendit maître
de la Ville le 14 Novembre , et du Château er
de la Citadelle le 4 Janvier 1706 , et il soumit
ensuite tout le Comté. Le Roi lui donna le Bâton
de Maréchal de France le 16 Février;et sur les instances
du Roi d'Espagne , il le nomma pour
aller commander les Troupes qui devoient agir
contre le Portugal.
S'étant rendu en Espagne , il prit la Ville de
Carthagene le 17Novembre 1706 , gagna la Ba
taille d'Almansa le 23 Avril 1707 , et servit ensuite
au Siege de Lerida sous le Duc d'Orleans.
Le Roi d'Espagne voulant reconnoître de si
importans services , lui donna le 10 Octobre
1707 les Villes de Liria er de Xerica en titre de
Duché , avec la Grandesse de la premiere classe,
tant pour lui que pour l'un de ses fils à son
choix , et l'honora aussi du Collier de la Toisen
d'or,
-Le feu Roi lui donna le 24 Novembre de la
même année le Gouvernement du Limousin
pour lequel , ainsi que pour l'Etat et Office de
Maréchal de France ; il prêta les sermens de fidelité
à son retour d'Espagne, le 17 Avril 1708.
--S'étant rendu au mois de Mai suivant à Strasbourg
, il en tira les Troupes qui y étoient , et
illes conduisit à l'Armée de Flandres commandéc
par le Duc de Bourgogne , sous les ordres
Lid. Vol. I ij duque
1452 MERCURE DE FRANCE
duquel il fit cette Campagne. En 1709. il commanda
l'Armée en Dauphiné , où par son habileté
et sa vigilance il fit échouer les desseins que
les Ennemis avoient formés sur cette Province .
En l'année 1710 if fit le commencement de la
Campagne en Flandres avec le Maréchal de Vil-
Tars , et il passa de-là en Dauphiné pour y prendre
le Commandement de l'Armée.
Le Roi Louis XIV . par ses Lettres Patentes du
mois de Mai 1710 , registrées au Parlement de
Paris le 23 du même mois , érigea en sa faveur ,
et après lui en faveur de son fils aîné de son ' second
mariage et de ses descendans , et à leur
défaut , en faveur de ses autres enfans ' puînés
mâles , la Terre de Warty près de Clermont en
Beauvoisis , en titre de Duché et Pairie , sous
le nom de Fitz -James. Il prêta serment , et prit
seance au Parlement en cette qualité de Pair de
France le 11 Décembre de la même année. If¹
commanda encore l'Armée en Dauphiné pen
dant les Campagnés de 1741 et 1712. A peine
étoit il arrivé à la Cour , qu'il fut envoyé en¹
Catalogne , ou ayant passé le Ter avec une Armée
de 20000 hommes , il fit lever le 3 Janvier
1713 le blocus de Gironae , qui subsistoir
depuis plus de huit mois.
>
En 1714 il fut chargé, du Siege de Barcelonne
avec le titre de Generalissime des Troupes Françoises
et Espagnoles ; et après 62 jours de tran
chée ouverte , il prit cette Ville à discretion le
12 Septembre .
Een 1719 il fut declaré Conseiller au Conseil ›
de Regence, et il eut le Commandement de l'Atmée
sur les frontieres d'Espagne où il se rendit
maître de 2. Fortes Places du Château d'Urgel. !
Il fut reçu Chevalier des Ordres du Rồi đẹ za
Jo's Juin
JUAN. 7347 1453
Juin 1724 , et le Gouvernement de Strasbourg
Jui fut donné au mois d'Avril 1730. }
La guerre ayant été declarée l'année derniere
à l'Empereur le Roile nommaGeneral de son Armée
en Allemagne , où après avoir passé le Rhin,
il fit le Siege duFort deKell ,qu'il pritle 28 Octobre
après huit jours de tranchée ouverte . Il venoit
en dernier lieu de forcer les lignes d'Ettlinghen
.en Allemagne , et avoit entrepris ensuite le Siege
de l'importante Forteresse de Philisbourg , devant
laquelle il est mort au lit d'honneur generalement
regretté non - seulement à cause de son
expérience et de sa grande capacité dans l'art
militaire , mais aussi par rapport à ses quali
tez personnelles ,
Il avoit été marié deux fois 19. en 1695. avec
Honorée de Burck de Clanrikard , veuve de
Patrix Sarsfield , Comte de Lucan , et morte en
1698. ei 2º . en 1706. avec Anne Beulkley, fille
de Henri Beulkly et de Sophie Stuart . Il laisse
de la premiere Jacques - François Fitz - James ,
Duc de Liria et Xerica , Grand d'Espagne de
Ja premiere classe , Chevalier de l'Ordre de la
Toison d'Or , et des Ordres Russiens de S. André
et de S. Alexandre , Chambellan du Roi
d'Espagne , Lieutenant General de ses Armées ;
servant actuellement en cette qualité dans son
Armée au Royaume de Naples , et qui est marié
en Espagne et a des enfans .
De la deuxième François Fitz - James , né le
9 Janvier 1709. Prêtre , Abbé de l'Abbaye de
S. Victor à Paris , Henri , Duc de Fitz - James ,
Pair de France , né le 8 Septembre 1711. Gouverneur
du Haut et Bas Limosin , Colonel d'un
Regiment d'Infanterie Irlandoise: Edouard Fitz-
James , né le 17 Octobre 1715. un quatrième
II. Vol.
I iij fils
1454 MERCURE DE FRANCE
Als , age seulement de 9 ans. Henriette Fitz-
James , Dame du Palais de la Reine , née le 16
Septembre 1763. èt mariéé lé 7 Novembre
1722. avec Jean- Baptiste- Louis de Clermont
d'Amboise , Marquis de Rénel et de Montglas ,
Comte de Chiverny , Bailli et Gouverneur de
Chaumont en Bassigny , et Colonel du Regiment
de Santerre Infanterie. Laure Fitz-James,
mariée le 11 Mars 1732. avec Joachim - Louis
de Montaigu , Marquis de Bouzols , Lieutenant
General pour le Roi en la Province de la Haute
Auvergne , Gouverneur de Brouage , et nouvelement
Colonel du Regiment de la Fere , Infan
terie , Sophie , et Emilie Fitz-James.
Berwick , de Fitz James , de Liria et de Xeri
ca , Pair de France et d'Angleterre , Grand
d'Espagne de la premiere classe , Maréchal de
France , Chevalier des Ordres du Roi , et des
Ordres de la Jarretiere et de la Toison d'or ,
Gouverneur du Haut et Bas Limosin et de la
Ville de Strasbourg , et General de l'Arméc dụ
Roi en Allemagne , tué au Siege de Philisbourg
le 12 Juin à sept heures du matin d'un coup de
canon qui lui emporta la tête en visitant les tra
vaux étoit fils naturel de feu Jacques II . Roi
II. Vol.
·
1
1450 MERCURE DE FRANCE
de la grande Bretagne , et d'Arabelle Churchill,
soeur de feu Jean Churchill Duc de Malborough,
laquelle se maria depuis avec Charles Godfrey
Colonel Anglois , et mourut le 15 Mai 1730
âgée de plus de 90 ans.
Le Maréchal de Berwick étoit né , suivant la
commune opinion , à Moulins en Bourbonnois
on 1671. Il commença ses premieres armes en
Hongrie , où il se trouva en 1686 au Siege et à
la prise de Bude , de même qu'à la Bataille que
les Imperiaux gagnerent contre les Turcs , et
dans laquelle il fut blessé. Il servit en 1690 an
Siege de Londondery en Irlande , et à la Bataille
de la Boyne , où il eut un cheval tué sous
lui . Etant passé en France au Service du Roi , il
se trouva au Siege de Mons et au Combat de
Leuse en 1691 , de même qu'au Combat de
Steinkerque en 1692. Le Roi le fit Lieutenant-
General de ses Armées le 30 Mars 1693 , et le
nomma en même tems pour faire la Campagne
en Flandres en cette qualité. Il se trouva
sanglante Bataille de Nerwinde , dans laquelle il
fut fait prisonnier. Après avoir été échangé contre
le Duc d'Ormond , il servit au Siege de Char
feroi. Il continua de servir en Flandres jusqu'à
la Paix de Riswick , s'étant encore trouvé an
Siege d'Ath en 1697.
la
La guerre
s'étant rallumée en´ 1701 , il fit les
trois premieres
Campagnes
en Flandres
; et après
avoir obtenu des Lettres de naturalité
le 17 Dé
cembre 1703. il eut le Commandement
en chef
des Troupes
Françoises
que l'on fit passer en Espagne
, où il se rendit maître pendant
la Camde
1704
pagne
des Villes et Forteresses
de Salvatierra
, Segura , Castelblanco
, Portalegre
,
astel- David , et autres Places , de la plupart
II. Vol.
desquelles
JUIN. 1734. 1451
desquelles il fit razer les fortifications.
Le Roi Catholique lui acorda la Grandesse
au mois de Février de la même année. Ayant
été rappellé d'Espagne , il fut envoyé en 1705 en
Languedoc en qualité de Commandant en chef
de cette Province , où il dissipa les fanatiques ,
et rétablit la tranquillité en moins de six mois.
Après cette expedition , il fut chargé de faire le
Siege de Nice en Provence. Il se rendit maître
de la Ville le 14 Novembre , et du Château er
de la Citadelle le 4 Janvier 1706 , et il soumit
ensuite tout le Comté. Le Roi lui donna le Bâton
de Maréchal de France le 16 Février;et sur les instances
du Roi d'Espagne , il le nomma pour
aller commander les Troupes qui devoient agir
contre le Portugal.
S'étant rendu en Espagne , il prit la Ville de
Carthagene le 17Novembre 1706 , gagna la Ba
taille d'Almansa le 23 Avril 1707 , et servit ensuite
au Siege de Lerida sous le Duc d'Orleans.
Le Roi d'Espagne voulant reconnoître de si
importans services , lui donna le 10 Octobre
1707 les Villes de Liria er de Xerica en titre de
Duché , avec la Grandesse de la premiere classe,
tant pour lui que pour l'un de ses fils à son
choix , et l'honora aussi du Collier de la Toisen
d'or,
-Le feu Roi lui donna le 24 Novembre de la
même année le Gouvernement du Limousin
pour lequel , ainsi que pour l'Etat et Office de
Maréchal de France ; il prêta les sermens de fidelité
à son retour d'Espagne, le 17 Avril 1708.
--S'étant rendu au mois de Mai suivant à Strasbourg
, il en tira les Troupes qui y étoient , et
illes conduisit à l'Armée de Flandres commandéc
par le Duc de Bourgogne , sous les ordres
Lid. Vol. I ij duque
1452 MERCURE DE FRANCE
duquel il fit cette Campagne. En 1709. il commanda
l'Armée en Dauphiné , où par son habileté
et sa vigilance il fit échouer les desseins que
les Ennemis avoient formés sur cette Province .
En l'année 1710 if fit le commencement de la
Campagne en Flandres avec le Maréchal de Vil-
Tars , et il passa de-là en Dauphiné pour y prendre
le Commandement de l'Armée.
Le Roi Louis XIV . par ses Lettres Patentes du
mois de Mai 1710 , registrées au Parlement de
Paris le 23 du même mois , érigea en sa faveur ,
et après lui en faveur de son fils aîné de son ' second
mariage et de ses descendans , et à leur
défaut , en faveur de ses autres enfans ' puînés
mâles , la Terre de Warty près de Clermont en
Beauvoisis , en titre de Duché et Pairie , sous
le nom de Fitz -James. Il prêta serment , et prit
seance au Parlement en cette qualité de Pair de
France le 11 Décembre de la même année. If¹
commanda encore l'Armée en Dauphiné pen
dant les Campagnés de 1741 et 1712. A peine
étoit il arrivé à la Cour , qu'il fut envoyé en¹
Catalogne , ou ayant passé le Ter avec une Armée
de 20000 hommes , il fit lever le 3 Janvier
1713 le blocus de Gironae , qui subsistoir
depuis plus de huit mois.
>
En 1714 il fut chargé, du Siege de Barcelonne
avec le titre de Generalissime des Troupes Françoises
et Espagnoles ; et après 62 jours de tran
chée ouverte , il prit cette Ville à discretion le
12 Septembre .
Een 1719 il fut declaré Conseiller au Conseil ›
de Regence, et il eut le Commandement de l'Atmée
sur les frontieres d'Espagne où il se rendit
maître de 2. Fortes Places du Château d'Urgel. !
Il fut reçu Chevalier des Ordres du Rồi đẹ za
Jo's Juin
JUAN. 7347 1453
Juin 1724 , et le Gouvernement de Strasbourg
Jui fut donné au mois d'Avril 1730. }
La guerre ayant été declarée l'année derniere
à l'Empereur le Roile nommaGeneral de son Armée
en Allemagne , où après avoir passé le Rhin,
il fit le Siege duFort deKell ,qu'il pritle 28 Octobre
après huit jours de tranchée ouverte . Il venoit
en dernier lieu de forcer les lignes d'Ettlinghen
.en Allemagne , et avoit entrepris ensuite le Siege
de l'importante Forteresse de Philisbourg , devant
laquelle il est mort au lit d'honneur generalement
regretté non - seulement à cause de son
expérience et de sa grande capacité dans l'art
militaire , mais aussi par rapport à ses quali
tez personnelles ,
Il avoit été marié deux fois 19. en 1695. avec
Honorée de Burck de Clanrikard , veuve de
Patrix Sarsfield , Comte de Lucan , et morte en
1698. ei 2º . en 1706. avec Anne Beulkley, fille
de Henri Beulkly et de Sophie Stuart . Il laisse
de la premiere Jacques - François Fitz - James ,
Duc de Liria et Xerica , Grand d'Espagne de
Ja premiere classe , Chevalier de l'Ordre de la
Toison d'Or , et des Ordres Russiens de S. André
et de S. Alexandre , Chambellan du Roi
d'Espagne , Lieutenant General de ses Armées ;
servant actuellement en cette qualité dans son
Armée au Royaume de Naples , et qui est marié
en Espagne et a des enfans .
De la deuxième François Fitz - James , né le
9 Janvier 1709. Prêtre , Abbé de l'Abbaye de
S. Victor à Paris , Henri , Duc de Fitz - James ,
Pair de France , né le 8 Septembre 1711. Gouverneur
du Haut et Bas Limosin , Colonel d'un
Regiment d'Infanterie Irlandoise: Edouard Fitz-
James , né le 17 Octobre 1715. un quatrième
II. Vol.
I iij fils
1454 MERCURE DE FRANCE
Als , age seulement de 9 ans. Henriette Fitz-
James , Dame du Palais de la Reine , née le 16
Septembre 1763. èt mariéé lé 7 Novembre
1722. avec Jean- Baptiste- Louis de Clermont
d'Amboise , Marquis de Rénel et de Montglas ,
Comte de Chiverny , Bailli et Gouverneur de
Chaumont en Bassigny , et Colonel du Regiment
de Santerre Infanterie. Laure Fitz-James,
mariée le 11 Mars 1732. avec Joachim - Louis
de Montaigu , Marquis de Bouzols , Lieutenant
General pour le Roi en la Province de la Haute
Auvergne , Gouverneur de Brouage , et nouvelement
Colonel du Regiment de la Fere , Infan
terie , Sophie , et Emilie Fitz-James.
Fermer
Résumé : Mort du Marechal de Berwik, [titre d'après la table]
Jacques Fitz-James, Duc de Berwick, de Fitz James, de Liria et de Xerica, fut un Pair de France et d'Angleterre, Grand d'Espagne de la première classe, Maréchal de France, et Chevalier des Ordres du Roi, de la Jarretière et de la Toison d'Or. Gouverneur du Haut et Bas Limosin et de la Ville de Strasbourg, il fut également Général de l'Armée du Roi en Allemagne. Né en 1671 à Moulins, il était le fils naturel de Jacques II, Roi de Grande-Bretagne, et d'Arabelle Churchill. Il débuta sa carrière militaire en Hongrie en 1686 et participa à de nombreuses batailles, notamment en Irlande et en Flandres. En 1701, il obtint des Lettres de naturalité et commanda les troupes françaises en Espagne, où il conquit plusieurs villes. Il fut nommé Maréchal de France en 1706 et continua de servir en diverses campagnes, notamment en Languedoc, en Provence, et en Catalogne. Il reçut de nombreux titres et honneurs, dont le Duché de Fitz-James en 1710. En 1734, il fut nommé Général de l'Armée en Allemagne et participa au siège de Philisbourg, où il fut tué le 12 juin par un coup de canon. Berwick fut marié deux fois et eut plusieurs enfants, dont Jacques-François Fitz-James, Duc de Liria et Xerica, et Henri Fitz-James, Duc de Fitz-James. Il est décédé à l'âge de 63 ans.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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28
p. 99-128
« MEMOIRES historiques, militaires & politiques de l'Europe, depuis l'élévation [...] »
Début :
MEMOIRES historiques, militaires & politiques de l'Europe, depuis l'élévation [...]
Mots clefs :
Charles Quint, Mémoires historiques, François I, Guerre, Empereur, Roi, Succès, Conquêtes, Armée, Royaume de Naples, Italie, Prince, Troupes, Ennemis, Esprit, Bataille
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « MEMOIRES historiques, militaires & politiques de l'Europe, depuis l'élévation [...] »
MEMOIRES hiftoriques , militaires
& politiques de l'Europe , depuis l'élévation
de Charles- Quint au thrône de l'Em-
E ij
100 MERCURE DE FRANCE.
pire , jufqu'au traité d'Aix -la - Chapelle en
1748. Par M. l'Abbé Raynal , de la Société
royale de Londres, & de l'Académie royale
des Sciences & Belles - Lettres de Pruffe . A
Amfterdam , chez Ar ' ftée & Merkus ; & le`
vend à Paris , chez Durand , rue S. Jacques
, au Griffon , 1754 .
J'ai donné dans le Mercure dernier l'extrait
du premier volume de mon ouvrage ,
je vais continuer celui du fecond qui tenferme
l'histoire des guerres de Charles-
Quint & de François I , depuis 1521 jufqu'en
1544.
» L'Italie , ce théatre continuel & mal-
» heureux de tant de guerres , en a peu vu
» d'auffi fingulieres par les motifs & d'auffi
furprenantes par les événemens que cel-
» les qu'on va développer. Le lecteur en
» faifira mieux l'efprit , & en fuivra plus
agréablement les détails lorfqu'on l'aura
» fait remonter jufqu'à leurs caufes les plus
éloignées.
و ر
و ر
ور
و ر
Depuis la chute de l'Empire Romain
l'Italie ne s'étoit jamais trouvée dans la fituation
heureufe & brillante où elle étoit
en 1492. Une paix profonde , un commerce
étendu & floriffant , la culture des fciences
& des arts , inconnus ou méprifés ailleurs
, y faifoient regner des moeurs douces ,
aimables & polies . Tranquille , peuplée ,
DECEMBRE . 1754. tor
!
riche & magnifique au - dedans , elle avoit
au- dehors une affez grande confidération .
Cette fituation fi rare étoit particulierement
l'ouvrage de Laurent de Médicis , qui
de fimple citoyen de Florence en devint le
chef& le bienfaiteur. Sa mort fut l'époque
des troubles de l'Italie .
Ludovic Sforce méditoit d'ufurper la
Souveraineté du Milanès fur Jean Galeas
fon neveu ; mais comme il prévoyoit que
le Roi de Naples traverferoit fon projet,
il engagea la France à faire valoir les droits
qu'elle avoit par la Maiſon d'Anjou fur le
Royaume de Naples .
» Charles VIII qui n'avoit ni la péné-
» tration néceffaire pour connoître le bien
»de l'Etat , ni le fentiment qui le fait de-
» viner, & qui confondoit d'ailleurs , com-
" me prefque tous les Souverains , un fond
" méprifable d'inquiétude avec une paf-
» fion très-louable pour la gloire , s'entêta
de la conquête de Naples dès qu'on lui
» en eût fait la premiere ouverture. La né-
» ceffité de peapler fon Royaume que les
» guerres contre les Anglois avoient de-
» vafté , de réformer le gouvernement dont
» les troubles civils venoient d'augmenter
» le defordre , de rétablir les finances épui-
» fées par les bizarreries du dernier régne ,
ne balança pas une réfolution fi dange-
ود
E iij
102 MERCURE DE FRANCE.
» reufe . Tout fut rapporté à une entrepriſe
» dont le fuccès même devoit être un mal-
» heur. Le defir de réuffir , tout vif qu'il
» étoit , peut-être même parce qu'il l'étoit ,
» n'éclaira pas fur les moyens.
و ر
ود
ود
Charles commença par gagner Ferdinand
& Maximilien , en leur abandonnant des
pays qui valoient mieux que ce qu'il ſe propofoit
d'acquerir. Il regarda fon triomphe
comme infaillible , lorfqu'il crut s'être affuré
qu'il n'auroit à combattre que des Italiens.
Il eft vrai que quand les différens
Etats de l'Italie n'auroient pas été divifés
entr'eux , ils ne pouvoient oppofer qu'une
foible réfiftance. » Leurs troupes n'étoient
compofées que de gens fans honneur ,
»fans talent & fans aveu , que quelques
Seigneurs qui jouiffoient d'une efpece
d'indépendance dans l'Etat eccléfiaftique
» ou dans d'autres états , raffembloient
»pour le fervice des Puiffances qui en
» avoient befoin . Ces chefs de bande , maî-
» tres abfolus des corps qu'ils avoient formés
, y difpofoient à leur gré de tous les
emplois , & faifoient avec leurs fubalternes
le marché qu'ils vouloient , fans que
l'Etat qui les avoit à ſa ſolde , prît con-
» noiffance de ces conventions. La diffi-
» culté ou la dépenfe des recrûes déter-
ور
"
"
minoit ces aventuriers à n'agir que de
DECEMBRE. 1754. 103
ور
ود
"
» concert ; & quoiqu'ils fuffent dans des
» camps ennemis , ils travailloient plutôt
»à fe faire valoir les uns les autres qu'à
» tenir les engagemens qu'ils avoient con-
» tractés. Un i vil intérêt avoit réduit la
» guerre à n'être qu'une comédie. On ne la
» faifoit jamais que de jour , & l'artillerie
»même fe taifoit pendant la nuit , pour
» que le repos du foldat ne fût pas troublé.
» Dans les occafions même qui font les
plus vives , il n'y avoit gueres de fang
» répandu que par inadvertance , & les
» combattans ne cherchoient réciproque-
» ment qu'à faire des prifonniers dont la
» rançon pût les enrichir. Machiavel nous
a laiffé le récit exact & détaillé des deux
plus mémorables actions de fon fiècle ,
celle d'Anghiari & celle de Caftracaro.
On y voit des aîles droites & gauches
» renversées & victorieufes , un centre
» enfoncé , le champ de bataille perdu &
regagné plufieurs fois . Ces defcriptions
>> annoncent un carnagel horrible ; il n'y
eut cependant ni mort ni bleffé dans le
premier combat , & dans le fecond il
» ne périt qu'un feul homme d'armes qui
» fut foulé par les chevaux .
ود
Charles ne trouva aucun obftacle dans
fa marche ; il fe vit maître du Royaume
de Naples fans avoir tiré l'épée , & en
E iiij
104 MERCURE DE FRANCE.
moins de tems qu'il n'en auroit fallu pour
le parcourir. Mais la facilité & l'éclat de
cette conquête ne firent qu'aigrir la jaloufie
des autres Puiffances . Le Pape , l'Empereur
, le Roi d'Efpagne , les Vénitiens
& les Milanois s'unirent pour dépouiller
Charles qui , effrayé de cette ligue , laiffa
une partie de fes troupes pour défendre fa
conquête , & reprit la route de fes Etats
avec le refte .
Cette retraite enhardit le Roi déthrôné ,
qui vint avec des fecours confidérables
pour chaffer les François de fes Etats ; les
conquerans fe défendirent long - tems avec
affez de bonheur , mais ils furent enfin
obligés de céder & d'abandonner les places
dont ils étoient les maîtres , & il ne
refta à la France que la honte d'avoir formé
une entrepriſe confidérable fans fin déterminée
, ou fans moyens pour y parvenir .
Les mauvais fuccès de Charles VIII ne
rebuterent point fon fucceffeur. Louis XII
fut à peine parvenu au thrône qu'il tourna
fes vûes vers le Milanès fur lequel il avoit
quelques droits ; la conquête en auroit été
difficile , s'il n'avoit été fécondé par les
Vénitiens. Le Milanès ne pouvoit pas réfifter
à ces forces réunies , & il fut fubjugué
en quinze jours. Louis ne bornoit pas
fon ambition à cette conquête , il convint
DECEMBRE . 1754. 105
avec les Espagnols d'attaquer à frais communs
le Royaume de Naples & de le partager
après la victoire. Fréderic ne fit qu'u
ne très-foible réfiftance ; mais les vainqueurs
n'eurent pas plutôt accablé l'ennemi
commun , qu'ils devinrent irréconciliables.
Cette divifion eut des fuites funeftes
aux François ; les avantages qu'avoient fur
eux les Eſpagnols affurerent, après bien des
combats & des négociations , Naples à Ferdinand
, fans que Louis , que les événemens
n'éclairoient jamais , apprît à connoître
les hommes , ni même à fe défier
de fon rival . Un aveuglement fi extraordinaire
le précipita bientôt dans de nouveaux
malheurs à l'occafion que nous allons rapporter.
» La République de Venife jettoit en
1508 un éclat qu'elle n'avoit pas eu au-
» paravant , & qu'elle n'a pas eu depuis.
» Sa domination s'étendoit fur les ifles de
Chypre & de Candie , fur les meilleurs
» ports du Royaume de Naples , fur les pla-
» ces maritimes de la Romagne & fur la
partie du Milanès qui fe trouvoit à ſa
» bienféance. Des poffeffions fi fort éloignées
les unes des autres étoient en quel-
» que maniere réunies par les flottes nom-
»breufes & bien équippées de cette Puiffance
, la feule qui en eût alors. Les dé-
"
"
23
E v
106 MERCURE DE FRANCE.
penfes qu'exigeoient ces armemens confidérables
ne l'épuifoient pas ; & fon
» commerce qui embraffoit tout le monde
» connu , la mettoit encore en état d'avoir
beaucoup de troupes de terre & de les
» mieux payer que les autres nations. Ces
forces n'étoient ni les feules ni même
les plus grandes reffources de l'Etat : il
pouvoit compter fur l'affection des fujets.
qui trouvoient un avantage fenfible à vi-
» vre fous un gouvernement qui entrete-
» noit l'abondance au - dedans , & qui paf-
» foit au- dehors pour le plus fage & le plus
profond de tous les gouvernemens.
99
39
"
و ر
» Pour fe maintenir dans cette pofition
» brillante , Venife travailloit fans relâche
» à mettre les forces de fes voifins dans un
tel équilibre , qu'elle pût rendre toujours
» fupérieur le parti qu'il lui conviendroit
d'embraffer. Le defir d'établir cette ba-
» lance de pouvoir , la chimere de tant de
» celebres politiques , l'empêchoit d'être fi-
» dele à fes alliances les plus folemnelles ,
» & de refpecter les droits les plus évidens
» des autres Souverains . Ses amis fatigués
" par fes défiances , & fes ennemis aigris
» par fes hauteurs , prirent peu à peu pour
» elle les mêmes fentimens . Comme cette
difpofition ne pouvoit pas être long - tems
» fecrette , on ne tarda pas à fe faire réci- '
"
DECEMBRE. 1754. 107
proquement confidence de fon averfion ,
» & cette confidence aboutit à une confpiration
générale contre la République .
L'hiftoire ne fournit gueres que le congrès
de Cambrai où plufieurs Puiffances fe
foient réunies contre une Puiffance moins
confidérable que chacune d'elles . Cette fameufe
ligue étoit compofée du Pape , du
Roi Catholique , de l'Empereur & de Louis
XII. Le Roi de France toujours fidele à
fes engagemens , entra en 1509 fur le territoire
de la République dans le tems dont
on étoit convenu , & avec les forces qu'il
devoit fournir. Il gagna par l'imprudence
du Général Vénitien qu'on lui oppofa , une
bataille complette , qui mit Venife à deux
doigts de fa perte .
La divifion des Princes confédérés fauva
la République. Louis vit tourner contre
lui les forces de la ligue , celles des
Suiffes & du Roi d'Angleterre. Malgré les
efforts réunis de tant d'ennemis , les François
fe foutinrent en Italie par des fuccès
tous les jours plus éclatans , jufqu'à la mort
du Duc de Nemours , qui fe fit tuer en foldat
à la bataille de Ravenne , qu'il avoit
gagnée en Général . Les vainqueurs déconcertés
par la mort de leur chef , s'affoibliffant
tous les jours par les divifions , les
maladies & les défertions , furent obligés
E vj
108 MERCURE DE FRANCE.
d'aller défendre le Milanès ; mais trop foibles
pour s'y maintenir , ils en furent chaf
fés par les Suiffes en 1512. Louis ne perdit
pas courage , il vint à bout d'amèner
les Venitiens à fon alliance, & de recouvrer
ce qu'il avoit perdu au - delà des Alpes .
» Cette conquête fut facile. Les Milanois
qui jufqu'alors avoient regardé les
François comme des Tyrans , les reçu-
» rent comme leurs libérateurs : ce qu'ils
éprouvoient de Sforce & fur-tout des
» Suiffes depuis la révolution , leur avoit
appris que l'orgueil , l'injuftice & le mépris
des loix & des bienféances étoient
" moins les vices d'une nation en particu-
» lier que de la profpérité en général . Ces
» réflexions les avoient conduits au paral-
» lele de leurs anciens & de leurs nou-
» veaux maîtres ; & ils avoient jugé que
33
ceux qui rachetoient les défauts des con-
» querans par la bonté de leur coeur & la
»facilité de leurs moeurs , devoient être
" préférés à ceux qui n'offroient pas les
"mêmes compenfations . » Malgré ces difpofitions
favorables , les François furent
encore chaffés de leur conquête.
François I fuivit les vûes de fon prédéceffeur
avec la même vivacité que fi elles
euffent été fes propres vûes. Il entra en
Italie , dont les Suiffes gardoient le paffaDECEMBRE
. 1754 109
ge ,
& gagna contr'eux la célebre bataille
de Marignan , qui lui ouvrit la conquête
du Milanès , où les François furent tranquilles
jufqu'en 1521 .
La guerre que commencerent alors à ſe
faire Charles- Quint & François I , fut vive
, fur- tout en Italie . Le Pape & l'Empereur
s'unirent pour chaffer les François du
Milanès dont ils étoient reftés les maîtres.
Lautrec qui y commandoit, fçavoit la guerre
, mais il n'avoit aucun talent pour le
gouvernement. On le trouvoit généralement
haut , fier & dédaigneux . Ses vices
& la dureté de fon adminiftration le rendirent
odieux aux Milanois , qui chercherent
à fortir de l'oppreffion . Lautrec qui
vit les fuites de cette fermentation , demanda
des fecours à la France , mais il nefut pas
affez fort pour fe défendre contre les confédérés
qui le chafferent du Milanès . Une
bataille que ce Général perdit enfuite
acheva la ruine des François en Italie.
François I ne fut point découragé. Il
vit toute l'Europe fe liguer contre lui fans
que cela changeât rien à fes projets. Il ne
réfléchiffoit pas affez pour voir le péril , &
avoit d'ailleurs trop de courage pour le
craindre. Il fe difpofoit à paffer les Alpes
avec une armée redoutable , lorfque la
confpiration du Connétable de Bourbon
116 MERCURE DE FRANCE.
l'arrêta dans fes Etats . Il chargea Bonnivet
de la conquête du Milanès .
33
» Profper Colonne fut le Général que
» la ligue lui oppofa . Cet Italien qui paſſa
» pour un des plus grands Capitaines
» de fon fiécle , faifoit la guerre avec
» moins d'éclat que de fageffe , & avoit
" pour maxime de ne rien abandonner à la
» fortune , même dans les cas les plus pref-
» fans. Il combinoit extrêmement toutes
fes démarches , & dans la crainte de les
déranger , il laiffoit échapper fouvent
» des occafions décifives que la négligence
» ou la foibleffe de l'ennemi lui préfen-
» toient . Sa maniere de faire la guerre
» étoit bonne en général , mais elle avoit
» le défaut d'être toujours la même ; il
ignoroit l'art de varier fes principes fui-
» vant les lieux , les tems , & les circonf
» tances. Il fut lent fans être irréfolu , &
» s'il manqua de l'activité néceffaire pour
fatiguer ou pour furprendre l'ennemi ,
" il fut affez vigilant pour n'être jamais
furpris . Le brillant & la gloire des ba-
» tailles ne le tentoient point , même dans
» fa jeuneffe ; fon ambition dans tous les
» âges fut de défendre ou de conquérir
n
33
des provinces fans répandre de fang.
» Exempt de l'inquiétude qu'on remarque
» dans la plupart des Généraux , il attenDECEMBRE.
1754.
»doit fans impatience le fruit de fes ma-
» noeuvres , & un fuccès , pour venir len-
» tement , n'en étoit pas moins un fuccès
» pour lui. Si la politique qui le porta à
» changer fi fouvent de parti le décria du
côté de la probité , elle lui donna la connoiffance
du génie militaire de plufieurs
» peuples , une autorité fuffifante pour les
» conduire , & l'adreffe néceffaire pour les
23
» accorder.
La moindre partie de ces talens eût fuffi
pour fermer l'entrée de l'Italie à Bonnivet
, vif, imprudent , préfomptueux &
inappliqué. Ce Général fit prefque autant
de fautes que de pas. Les François qui
avoient le pays contr'eux , un Général
qu'ils n'eftimoient pas , un ennemi qui
devenoit tous les jours plus fort , & à qui
on faifoit faire une guerre lente & à l'Italienne
, fe découragerent . Bonnivet qui
avoit formé un blocus devant Milan , fut
obligé de fe retirer. La mort de Colonne
ne rétablit pas les affaires des François .
L'Amiral voyant fon armée ruinée par les
défertions , ne fongea plus qu'à en ramener
les débris en France. Le Connétable de
Bourbon le pourfuivit dans fa retraite , &
entra en France avec une armée Espagnole :
il ne réuffit pas , & il fut forcé de regagner
F'Italie . Les François l'y fuivirent , & vin
rent affiéger Pavie.
112 MERCURE DE FRANCE.
"
» Antoine de Leve qui y commandoit ,
» avoit autant de génie que de valeur , &
» plus d'expérience encore que d'activité .
Né dans un état obfcur & d'abord fim-
» ple foldat , il étoit parvenu au com-
» mandement par d'utiles découvertes , &
» une fuite d'actions , la plûpart hardies &
toutes heureuſes . Un extérieur bas , igno-
"
ble même , ne lui ôtoit rien de l'auto-
» rité qu'il devoit avoir , parce qu'il avoit
»le talent de la parole , & une audace
» noble à laquelle les hommes ne réſiſ-
»tent pas. Ce qu'il y avoit d'inquiet ,
» d'auftere , & d'un peu barbare dans fon
» caractere , étoit corrigé ou adouci , fe-
» lon les occafions , par fon ambition , qui
» étoit vive , forte & éclairée. Il ne con-
»noiffoit de la religion & de la probité
» que les apparences. Sa fortune & la vo-
» lonté ou les intérêts du Prince , étoient
pour lui la fuprême loi .
Les efforts des François pour prendre
cette place étoient inutiles : l'armée diminuoit
tous les jours par le feu continuel de
la place , les maladies , les défertions , les
rigueurs de la faiſon , & le défaut des vivres
. Malgré tant de raiſons d'abandonner
le fiége , François s'y opiniâtra . Il ne
pouvoit pas fe réfoudre à abandonner une
entreprife qui lui avoit déja beaucoup cou
1
DECEMBRE. 1754 II
té, qui fixoit depuis long- tems l'attention
de toute l'Europe , & qu'il croyoit devoir
décider de fa réputation . Cette opiniâtreté
lui fut funefte. Il fut vaincu à Pavie , & fait
prifonnier.
Ce Prince étoit d'un caractere trop vif
& trop impatient pour foutenir fes malheurs
avec fermeté. Il fuccomba autant fous
le poids de fa foibleffe que fous celui de fes
revers , & il fut attaqué d'une maladie dangereufe.
Sorti de fa prifon après fa guérifon
, ilil recommença la guerre.
Il conclut un traité avec le Pape , les
Vénitiens & le Duc de Milan ; mais cette
ligue , dont le but étoit de rendre la li
berté aux Enfans de France qui étoient
reftés en ôtage à Madrid , d'affermir Sforce
dans fes Etats , & de remettre l'Italie entiere
dans la fituation où elle étoit avant
la guerre , n'eut qu'une iffue funcfte. Le
Duc d'Urbin qui commandoit les troupes
des confédérés , ruina les affaires
fes
fautes & fes incertitudes .
par
» Ce Général étoit lent & irréfolu :
» il voyoit toujours tant de raifons d'a-
" gir , & de n'agir pas , qu'il paffoit à difcuter
le tems qu'il auroit dû employer à
» combattre. Son imagination qui fe frappoit
aifément , groffiffoit toujours à fes
" yeux les forces de l'ennemi , & dimi-
"
114 MERCURE DE FRANCE.
» nuoit le nombre de fes propres troupes.
Il avoit le défaut ordinaire aux
» hommes timides , d'ôter le courage à fes
>> foldats en ne leur en croyant point , &
» d'enfer celui de l'ennemi en lui en fup-
» pofant trop. Les avantages qu'il avoit
" pour attaquer , & ceux que lui procu-
» reroit la victoire ne fe préfentoient ja-
» mais à lui : fon efprit ne voyoit que les
» hazards d'une action & les fuites d'une
» défaite. Tout , jufqu'à la réputation qu'il
ور
avoit de fçavoir fupérieurement la guer-
» re , nuifit à la caufe qu'il défendoit : fes
» maîtres éblouis par l'éclat de fon nom ,
approuvoient aveuglément toutes les dé-
» marches ; & les fubalternes accablés par
le poids de fon autorité , n'ofoient être
» d'un avis différent du fien , ou craignoient
de le foutenir.
Avec le caractere que nous venons
de tracer , il n'étoit pas poffible de rien
faire qui exigeât un peu de hardieffe ou
d'activité. Bourbon s'étant foutenu quelque
tems avec fort peu de troupes & fans
argeht , reçut enfin d'Allemagne des fecours
confidérables , avec lefquels il alla
faire le fiége de Rome , & y périt ; mais la
ville fut prife & abandonnée pendant plufieurs
mois à la licence & la cruauté du
foldat.
DECEMBRE. 1754 115
DE
lé n
C3
Ce fut l'occafion d'une nouvelle ligue
.contre l'Empereur , compofée des Rois de
France & d'Angleterre , des Vénitiens &
des Florentins , des Ducs de Milan & de
Ferrare , & du Marquis de Mantoue. Lautrec
commanda leurs forces réunies : il paffa
les Alpes à la tête d'une belle armée , &
s'en fervit pour réduire la plus grande partie
du Milanès fous les loix de Sforce ; fes
opérations furent vives , fages & fçavanres.
Il marcha enfuite à Naples pour en
faire le fiége ; il fut long , difficile , meurtrier
, & donna occafion à un événement
qui eut des fuites importantes.
33
و د
» André Doria , le plus grand homme
»de mer de fon fiécle , étoit entré au fer-
» vice de François I. & y avoit apporté la
hauteur , le courage & les moeurs d'un
Républicain. Les Miniftres accoutumés
» aux déférences & aux baffeffes des cour-
» tifans , conçurent aifément de la haine
contre un étranger qui ne vouloit recevoir
des ordres que du Roi . Comme l'ha-
» bitude de dépendre d'eux n'étoit pas en-
" core bien formée parmi les Grands , ils
craignirent qu'un exemple comme celui-
» là ne retardât les progrès de la fervitude.
générale qu'ils introduifoient avec fuc-
» cès dans le Royaume. Pour prévenir le
péril qui menaçoit leur autorité naiffan
"
"
23
116 MERCURE DE FRANCE.
te , ils confpirerent la perte d'un homme
dont ils n'étoient devenus ennemis
» que parce qu'il n'avoit pas voulu être
leur efclave. On ne pouvoit y parvenir
qu'en dégoûtant le Roi de lui , ou en le
» dégoûtant du Roi. Ces deux moyens fe
prêtant de la force l'un à l'autre , ils ne
» furent pas féparés . Doria fe vit infenfiblement
négligé , oublié , inſulté mê-
ม
» me .
D'autres injuftices ayant augmenté le
mécontentement de Doria , il alla porter
aux Impériaux fon crédit , fes confeils , fa
réputation & fon expérience , & parut
bientôt devant Naples pour la fecourir.
Ce contre- tems acheva d'abbattre Lautrec ,
qui luttoit depuis long-tems contre l'ennemi
, la pefte , la mifere & la famine.
Il mourut en déteftant les mauvais citoyens
dont l'Etat , l'armée & lui étoient les victimes.
Le Marquis de Saluces qui remplaça
Lautrec , manquoit de vûes , d'audace
& d'activité : il fe retira de devant
Naples , fe laiffa battre , & fut lui -même
prifonnier.
L'armée des confédérés qui étoit en
Lombardie , fut détruite peu de tems après
par Antoine de Leve. Cet événement avança
les négociations pour la paix , qui étoient
commencées , mais qui languiffoient ; la
DECEMBRE. 1754. 117
STA
paix fut faite à Cambray. L'Empereur ne
tarda pas à former le plan d'une ligue contre
le Roi de France , qui de fon côté ne
négligeoit rien pour fufciter des ennemis à
fon rival. Un événement fingulier prépara
le dénoument de ces intrigues.
Un Gentilhomme Milanois , nommé
Merveille , qui vivoit ordinairement en
France , étoit retourné dans fa patrie fous
prétexte de quelques affaires particulieres ;
mais en effet pour cimenter l'union qui
commençoit à fe former entre Sforce &
François I. Le fecret perça ; l'Empereur fut
inftruit de cette intelligence : le Duc de
Milan qui redoutoit fon reffentiment ,
chercha tous les moyens imaginables de
l'appaifer. Le hazard ou fon imprudence
lui en fournirent un affreux . Quelques domeftiques
de Merveille ayant tué dans une
querelle un Milanois , l'Agent de France
fut arrêté & décapité . Cet attentat , un
des plus crians que l'hiftoire fourniffe contre
le droit des gens , fit fur l'efprit de
François I. toute l'impreffion qu'il y devoit
faire ; mais il en différa la
vengeance , &
il attendit l'inftant que Charles Quint allât
porter la guerre en Afrique contre le Pirate
Barberouffe pour fatisfaire fon reffentiment
, réparer fa gloire , humilier Sforce ,
& recouvrer le Milanès, Il envoya par la
118 MERCURE DE FRANCE.
Savoye une armée nombreufe , qui débuta
par les plus brillans fuccès , & refta toutà-
coup dans une inaction dont on connoît
peu les motifs . Les Impériaux s'étant fortifiés
, elle fut obligée de repaffer en France
; l'Empereur l'y fuivit. Montmorenci ,
chargé de l'arrêter avec une armée bien
inférieure , s'étoit déterminé , malgré les
murmures des peuples & les railleries des
courtifans , à facrifier la Provence entiere
au falut du refte de l'Etat . Il avoit mis fon
armée fous Avignon , couverte par le Rhôpar
la Durance . L'Empereur , après
avoir fait quelques tentatives inutiles fur
Arles & fur Marſeille , effaya de faire fortir
Montmorenci de fes retranchemens , &
de l'engager à une bataille ; mais ce Général
fut ferme dans fes principes de reſter
fur la défenfive , & les Impériaux quitterent
la Provence , confumés par la faim ,
par les maladies , par la honte & par le
chagrin .
ne &
L'yvreffe où étoit François I. de fes derniers
fuccès , devoit entraîner néceffairement
l'abus de la victoire , & cela arriva
d'une maniere qui me paroît devoir être
remarquée.
» Les Comtés de Flandre & d'Artois re-
"levoient de tems immémorial de la Fran-
» ce. Charles- Quint en avoit rendu l'homDECEMBRE.
1754. 119
» mage comme fes prédéceffeurs , jufqu'à
» ce qu'on lui en eût cédé la fouveraineté
à Cambray. Ce Prince ayant depuis vio-
» lé ce traité en recommençant la guerre ,
" on prétendit qu'il étoit déchu de tous
» les avantages qu'on lui avoit faits , qu'il
» étoit redevenu vaffal de la Couronne
» que cette qualité le rendoit coupable de
» félonie , & devoit faire confifquer fes
» Fiefs. Ce raifonnement expofé en plein
» Parlement au Roi , aux Princes du Sang ,
» à tous les Pairs du Royaume , par l'Avo-
» cat Général Cappel , dans le mois de
» Janvier 1937 , fit ordonner que l'Empe-
» reur feroit cité fur la frontiere , pour ré-
»pondre lui- même , ou du moins par fes
Députés. Le tems prefcrit pour compa-
» roître s'étant écoulé fans que perfonne
» fe fût préfenté , la Flandre & l'Artois fu-
» rent déclarés réunis à la Couronne.
39
"3
François étoit fans doute affez éclairé
» pour regarder cette procédure comme
» une vaine formalité ; mais cette con-
» viction , loin de le juftifier , comme le
» prétendent fes panégyriftes , le rendoit
» évidemment plus blâmable . Il ne tiroit
qu'une vengeance inutile de l'Empereur ,
» qui par des calomnies femées adroite-
» ment , l'avoient décrié dans toute l'Eu-
"
rope , & il perdoit la réputation de
120 MERCURE DE FRANCE.
générofité qu'il avoit eue jufqu'alors ,
» fans qu'il lui en revînt aucun avantage..
" Cette conduite étoit la preuve que ce
» Prince ne faifoit la guerre qu'à Charles
, tandis que Charles la faifoit à la
» France. Qu'on y prenne garde , & on
» trouvera dans cette obfervation , qui
»pour être nouvelle , n'eft pas moins fondée
, la raifon des avantages que la
» Maifon d'Autriche remporta fur celle de
» France , dès les premiers tems de leur
concurrence . Le Chef de la premiere n'é-
» toit déterminé à agir que par des inté-
" rêt d'Etat , & celui de la feconde n'a-
» voit en vûe ordinairement que des paf-
»fions particulieres. Il portoit ce motif
» petit & bas qui entraîne toujours l'hu-
» miliation ou la ruine des Empires , juf-
» ques dans des événemens qui paroif-
» foient partir d'une politique profonde &
» lumineufe ; tel , par exemple , que l'al-
» liance qu'il contracta avec Soliman.
Dès que ce traité fut conclu , le Grand
Seigneur entra en Hongrie à la tête de cent
mille hommes , & envoya une flotte fur
les côtes de Naples. Ces deux armées eurent
quelques avantages , qui auroient pû
conduire plus loin fi François eût paffé les
Alpes en même tems avec une nombreuſe
armée la lenteur gâta tout. Le Roi , malgré
DECEMBRE . 1754. 121
gré d'affez grands avantages qu'il rempor
ta en Italie où il étoit enfin paffé , quitta
par légereté les armes qu'il avoit prifes par
reffentiment , & conclut une treve de dix
ans avec l'Empereur.
Une fermentation dangereufe qui commençoit
déja à agiter les Pays bas , rendoit
cet accomodement très - important pour
Charles - Quint. Ce Prince fentoit la néceffité
de pafler aux Pays-bas pour appaifer
les troubles : Montmorenci lui fit accorder
ce paffage par la France , à des conditions
que ce Prince ne tint pas. La chûte du
Connétable fuivit une infidélité dont il
avoit été caufe . La difgrace de ce favori
tout puiflant fut- elle un bonheur ou un
malheur pour la France ? le Lecteur en
pourra juger.
" Montmorenci , un des hommes les
plus célébres de fon. fiécle , avoit les
» moeurs auſteres , mais de cette auſtérité
» qui naît plutôt d'un efprit chagrin que
» d'un coeur vertueux . Plus ambitieux de
» dominer que jaloux de plaire , il ne re-
» doutoit pas d'être haï , pourvû qu'il fût
>> craint ; la fierté & de faux principes
qu'il s'étoit faits , lui faifoient regarder
»comme des baffeffes des ménagemens rai-
» fonnables qui lui auroient concilié l'eftime
& l'amour des peuples. L'ordre qu'il
I. Vol. F
122 MERCURE DE FRANCE.
établiffoit par tout où il avoit de l'au-
» torité , n'étoit pas précisément de l'or-
» dre , c'étoit de la gêne : on y démêloit
»une certaine pédanterie qui n'eft guere
» moins commune à la Cour & à l'armée
qu'ailleurs , quoiqu'elle y foit infiniment
plus ridicule. Il n'eftimoit & n'a-
» vançoit les hommes qu'à raifon du plus
» ou du moins de reffemblance qu'ils
» avoient avec lui , & il confondoit les
citoyens fans talens avec les citoyens
» qui en avoient d'autres que les fiens ,
Dou qui les avoient autrement que lui.
» Naturellement defpotique , il puniffoit
le crime fans obferver les formalités que
» preferit fagement la loi , & il fe croyoit
» difpenfé de récompenfer les actions uti-
» les à la patrie , fous prétexte qu'elles
» étoient d'obligation . Le furnom de Ca-
» ton de la Cour qu'on lui donna , étoit
» plutôt la cenfure de fes manieres que
l'éloge de fon coeur : il l'avoit fi aigre
» que la religion même n'avoit pû la-
" doucir , & qu'il étoit paffé en proverbe
» de dire : Dien nous garde des patenêtres du
ต
» Connétable. Il eut toute fa vie de fauffes
» idées fur la grandeur ; il la faifoit confifter
à gêner ceax qui l'approchoient , à
" faire éclater fes reffentimens , à éviter les
amuſemens publics , à tenir des difcours
22
DECEMBRE . 1754 123
"3
و ر
fiers & infultans , à outrer les dépenfes
qui étoient purement de fafte. La nature
» lui avoit refufé la connoiffance des hom-
» mes , & à plus forte raifon le talent de
» les former : il ne voyoit pour les gou-
» verner que la crainte ; maniere baffe , qui
" avilit les ames les plus élevées , & qui
» pour un crime qu'elle empêche , étouffe
» le germe de mille vertus. A juger de
» Montmorenci par les places qu'il occu-
» pa , les affaires dont il fut chargé , l'au-
» torité qu'il eut , on croiroit qu'il fut
» très intrigant ou très- habile ; cependant
» il étoit fans manége , & fa capacité étoit
» médiocre : le hazard & fa naiffance con-
» tribuerent beaucoup à fon élévation .
» Comme tous les Miniftres accrédités , il
» voulut fe mêler des finances , & par une
» erreur malheureufement trop commune ,
il crut qu'il fuffifoit d'avoir un caractere
dur pour les bien adminiftrer . On ne le
foupçonna jamais de rien détourner des
» deniers publics ; mais il abufoit de la
» facilité de fes maîtres pour fe faire don-
» ner : forte de malverfation moins crimi-
» nelle peut-être que la premiere , mais
qui n'eft gueres moins odieufe. Toutes
» les négociations dont il fut chargé réuf-
» firent mal : il y portoit de la hauteur ,
» de l'entêtement , de l'aigreur , des idées
"
"
"
Fij
124 MERCURE DE FRANCE.
» étroites , un goût trop marqué pour le cé-
» témonial. Son talent pour la guerre fe bornoit
prefque à une prudence lente , qui eft
» le plus fouvent la marque d'un efprit froid,
»timide & ftérile : il réuffit quelquefois
» à fe défendre , mais il ne fçut jamais ni
attaquer ni vaincre. Ce qui diftingua le
plus fa vie des vies ordinaires , c'eft la
» maniere dont il foutint les difgraces
qu'il efluya fa fermeté auroit frappé
davantage , fi l'oftentation dont elle étoit
accompagnée n'eût annoncé plus d'or-
» gueil que de vertu .
"
99
:
Cependant on chercha les moyens de
tirer une vengeance füre & éclatante de
l'Empereur ; la guerre lui fut déclarée en
1542. Les François ouvrirent la campagne
par le Rouffillon & les Pays- Bas , où
ils eurent quelques fuccès. M. d'Enguien
gagna en Piémont la bataille de Cerifolesdont
il perdit les fruits , parce qu'on ne
pût pas lui envoyer des fecours. L'Empereur
& le Roi d'Angleterre s'unirent pour
entrer en France en même tems avec une
armée nombreuſe ; la jaloufie & les divifions
de ces deux Princes fauverent le
Royaume : l'Empereur même , par le défaut
des vivres qui lui manquerent par la fage
attention qu'on eut de tout dévafter , ſe
feroit vû réduit à périr ou de fe rendre
DECEMBRE. 1754. 125
prifonnier , fi les intrigues de la Cour n'a
voient avancé la conclufion de la paix qui
fut fignée à Crépy en 1544 , & à laquelle
François I. ne furvêcut pas long-tems.
» Ce Prince joignoit à un goût décidé
» pour tous les exercices du corps , l'adreffe
» néceffaire pour y exceller , & affez de
fanté pour s'y livrer fans rifque. Il n'avoit
pas cet air impofant qui a fait le
plus grand mérite de quelques Souve-
» rains ; mais il régnoit dans toutes les ma
» nieres une franchiſe qui préparoit à l'a-
» mour & qui infpiroit la confiance . Pour
»trouver accès auprès de lui , il n'étoit pas
» néceffaire d'avoir des places , de la ré-
»putation ou de la naiffance ; il fuffifoit
d'être François ou même homme . Sa con-
» verfation réuniffoit les agrémens que
» doivent donner la gaieté , le naturel , la
» vivacité & les connoiflances. Il parloit
"
»
beaucoup ; & quand il auroit été un par-
» ticulier , on n'auroit pas trouvé qu'il
parlât trop. Le defir de la louange qui
rend quelquefois grands les Rois qui
» l'ont , mais qui ne fait le plus fouvent
» qu'avilir ceux qui les entourent , fut une
de fes paffions : fon caractere autoriſe à
penfer qu'il s'en feroit rendu digne , fi
les flateurs ne l'avoient perdu .
n
» Contre l'ordinaire des hommes nés
F iij
126 MERCURE DE FRANCE.
» pour gouverner , qui ne forment prefque'
jamais de projets dont le défaut même
de fuccès ne foit fuivi de quelque avan-
"9
ود
و د
tage , il ne s'occupoit que de ce que les
» événemens avoient d'éclatant : on ne l'amena
jamais à fentir que dans des coups
» d'état la gloire & l'utilité font le plus
»fouvent inféparables . Les partis violens
» qui ne font permis que dans des fitua-
» tions defefpérées , ou quand on fe fent
» affez de force & de génie pour les foute-
» nir , ne lui coutoient rien à prendre : l'efprit
romanefque de fon fiécle & fon imprudence
particuliere l'empêchoient de
» voir les difficultés attachées aux affaires
& celles que fon caractere y ajoûteroit .
"3
Quoiqu'il s'occupât beaucoup du foin.
d'étendre fon autorité , il ne gouverna
jamais lui-même. L'Etat fut fucceffive-
»ment abandonné aux caprices de la Ducheffe
d'Angoulême , aux paffions des
Miniftres , à l'avidité des favoris. Il eut
» une probité d'oftentation qui ne lui
» mettoit pas de manquer de parole à fes
» ennemis des principes vrais & réels ſe
perferoient
étendus jufqu'à fes fujets , &
» l'auroient empêché de les dépouiller de
» droits effentiels fondés fur les conven-
» tions & fur la nature. La jalousie qui eft
auffi ordinaire & plus dangereufe fur le
DECEMBRE.
1754. 127
5
I
thrône que dans les conditions privées
n'effleura pas feulement fon ame : il étoit
»foldat , il fe croyoit Général , & il louoit
fans effort , avec plaifir même , tous ceux
» qui avoient fait à la guerre une action
» de valeur ou d'habileté. Le feu qu'il met-
» toit d'abord dans fes entrepriſes , s'étei-
"gnoit tout- à - coup fans pouvoir être nour-
»ri par le fuccès , ni rallumé par les difgraces.
Il n'étoit donné à ce Prince , fi
»l'on peut parler ainfi , que d'avoir des
» demi-fentimens & de faire des demi -ac-
» tions. Comme il avoit beaucoup d'éléva
» tion & qu'il réfléchiffoit peu , il dédaignoit
l'intrigue & négligeoit trop les ap-
» parences : fon rival moins délicat & plus
appliqué , profita de cette imprudente
» hauteur , pour lui ôter dans l'Europe en-
» tiere une réputation de probité qui lui
» auroit donné des alliés fideles & parmi
» les François même , une réputation d'ha-
» bileté qui auroit affermi leur courage.
La franchife , la fenfibilité , la générofi-
» té , qui ont été dans tous les fiécles la bafe
» des réputations les plus pures , furent la
» ruine de la fienne : la premiere de ces
» vertus lui fit trahir fes fecrets ; la feconde
» ne lui infpira qu'une compaffion ftérile
pour des peuples furchargés qu'il devoit
foulager ; la derniere lui fit prodiguer à
F iiij
728 MERCURE DE FRANCE.
des Courtifans ce qui étoit dû à ceux qui
» fervoient l'Etat . Son adminiftration fut
accompagnée de tous les defordres qui
»deshonorent le regne des Souverains cré-
» dules , vains , inconftans , fans principes ,
» fans expérience , fans connoiffance des
» hommes & fans fermeté.
& politiques de l'Europe , depuis l'élévation
de Charles- Quint au thrône de l'Em-
E ij
100 MERCURE DE FRANCE.
pire , jufqu'au traité d'Aix -la - Chapelle en
1748. Par M. l'Abbé Raynal , de la Société
royale de Londres, & de l'Académie royale
des Sciences & Belles - Lettres de Pruffe . A
Amfterdam , chez Ar ' ftée & Merkus ; & le`
vend à Paris , chez Durand , rue S. Jacques
, au Griffon , 1754 .
J'ai donné dans le Mercure dernier l'extrait
du premier volume de mon ouvrage ,
je vais continuer celui du fecond qui tenferme
l'histoire des guerres de Charles-
Quint & de François I , depuis 1521 jufqu'en
1544.
» L'Italie , ce théatre continuel & mal-
» heureux de tant de guerres , en a peu vu
» d'auffi fingulieres par les motifs & d'auffi
furprenantes par les événemens que cel-
» les qu'on va développer. Le lecteur en
» faifira mieux l'efprit , & en fuivra plus
agréablement les détails lorfqu'on l'aura
» fait remonter jufqu'à leurs caufes les plus
éloignées.
و ر
و ر
ور
و ر
Depuis la chute de l'Empire Romain
l'Italie ne s'étoit jamais trouvée dans la fituation
heureufe & brillante où elle étoit
en 1492. Une paix profonde , un commerce
étendu & floriffant , la culture des fciences
& des arts , inconnus ou méprifés ailleurs
, y faifoient regner des moeurs douces ,
aimables & polies . Tranquille , peuplée ,
DECEMBRE . 1754. tor
!
riche & magnifique au - dedans , elle avoit
au- dehors une affez grande confidération .
Cette fituation fi rare étoit particulierement
l'ouvrage de Laurent de Médicis , qui
de fimple citoyen de Florence en devint le
chef& le bienfaiteur. Sa mort fut l'époque
des troubles de l'Italie .
Ludovic Sforce méditoit d'ufurper la
Souveraineté du Milanès fur Jean Galeas
fon neveu ; mais comme il prévoyoit que
le Roi de Naples traverferoit fon projet,
il engagea la France à faire valoir les droits
qu'elle avoit par la Maiſon d'Anjou fur le
Royaume de Naples .
» Charles VIII qui n'avoit ni la péné-
» tration néceffaire pour connoître le bien
»de l'Etat , ni le fentiment qui le fait de-
» viner, & qui confondoit d'ailleurs , com-
" me prefque tous les Souverains , un fond
" méprifable d'inquiétude avec une paf-
» fion très-louable pour la gloire , s'entêta
de la conquête de Naples dès qu'on lui
» en eût fait la premiere ouverture. La né-
» ceffité de peapler fon Royaume que les
» guerres contre les Anglois avoient de-
» vafté , de réformer le gouvernement dont
» les troubles civils venoient d'augmenter
» le defordre , de rétablir les finances épui-
» fées par les bizarreries du dernier régne ,
ne balança pas une réfolution fi dange-
ود
E iij
102 MERCURE DE FRANCE.
» reufe . Tout fut rapporté à une entrepriſe
» dont le fuccès même devoit être un mal-
» heur. Le defir de réuffir , tout vif qu'il
» étoit , peut-être même parce qu'il l'étoit ,
» n'éclaira pas fur les moyens.
و ر
ود
ود
Charles commença par gagner Ferdinand
& Maximilien , en leur abandonnant des
pays qui valoient mieux que ce qu'il ſe propofoit
d'acquerir. Il regarda fon triomphe
comme infaillible , lorfqu'il crut s'être affuré
qu'il n'auroit à combattre que des Italiens.
Il eft vrai que quand les différens
Etats de l'Italie n'auroient pas été divifés
entr'eux , ils ne pouvoient oppofer qu'une
foible réfiftance. » Leurs troupes n'étoient
compofées que de gens fans honneur ,
»fans talent & fans aveu , que quelques
Seigneurs qui jouiffoient d'une efpece
d'indépendance dans l'Etat eccléfiaftique
» ou dans d'autres états , raffembloient
»pour le fervice des Puiffances qui en
» avoient befoin . Ces chefs de bande , maî-
» tres abfolus des corps qu'ils avoient formés
, y difpofoient à leur gré de tous les
emplois , & faifoient avec leurs fubalternes
le marché qu'ils vouloient , fans que
l'Etat qui les avoit à ſa ſolde , prît con-
» noiffance de ces conventions. La diffi-
» culté ou la dépenfe des recrûes déter-
ور
"
"
minoit ces aventuriers à n'agir que de
DECEMBRE. 1754. 103
ور
ود
"
» concert ; & quoiqu'ils fuffent dans des
» camps ennemis , ils travailloient plutôt
»à fe faire valoir les uns les autres qu'à
» tenir les engagemens qu'ils avoient con-
» tractés. Un i vil intérêt avoit réduit la
» guerre à n'être qu'une comédie. On ne la
» faifoit jamais que de jour , & l'artillerie
»même fe taifoit pendant la nuit , pour
» que le repos du foldat ne fût pas troublé.
» Dans les occafions même qui font les
plus vives , il n'y avoit gueres de fang
» répandu que par inadvertance , & les
» combattans ne cherchoient réciproque-
» ment qu'à faire des prifonniers dont la
» rançon pût les enrichir. Machiavel nous
a laiffé le récit exact & détaillé des deux
plus mémorables actions de fon fiècle ,
celle d'Anghiari & celle de Caftracaro.
On y voit des aîles droites & gauches
» renversées & victorieufes , un centre
» enfoncé , le champ de bataille perdu &
regagné plufieurs fois . Ces defcriptions
>> annoncent un carnagel horrible ; il n'y
eut cependant ni mort ni bleffé dans le
premier combat , & dans le fecond il
» ne périt qu'un feul homme d'armes qui
» fut foulé par les chevaux .
ود
Charles ne trouva aucun obftacle dans
fa marche ; il fe vit maître du Royaume
de Naples fans avoir tiré l'épée , & en
E iiij
104 MERCURE DE FRANCE.
moins de tems qu'il n'en auroit fallu pour
le parcourir. Mais la facilité & l'éclat de
cette conquête ne firent qu'aigrir la jaloufie
des autres Puiffances . Le Pape , l'Empereur
, le Roi d'Efpagne , les Vénitiens
& les Milanois s'unirent pour dépouiller
Charles qui , effrayé de cette ligue , laiffa
une partie de fes troupes pour défendre fa
conquête , & reprit la route de fes Etats
avec le refte .
Cette retraite enhardit le Roi déthrôné ,
qui vint avec des fecours confidérables
pour chaffer les François de fes Etats ; les
conquerans fe défendirent long - tems avec
affez de bonheur , mais ils furent enfin
obligés de céder & d'abandonner les places
dont ils étoient les maîtres , & il ne
refta à la France que la honte d'avoir formé
une entrepriſe confidérable fans fin déterminée
, ou fans moyens pour y parvenir .
Les mauvais fuccès de Charles VIII ne
rebuterent point fon fucceffeur. Louis XII
fut à peine parvenu au thrône qu'il tourna
fes vûes vers le Milanès fur lequel il avoit
quelques droits ; la conquête en auroit été
difficile , s'il n'avoit été fécondé par les
Vénitiens. Le Milanès ne pouvoit pas réfifter
à ces forces réunies , & il fut fubjugué
en quinze jours. Louis ne bornoit pas
fon ambition à cette conquête , il convint
DECEMBRE . 1754. 105
avec les Espagnols d'attaquer à frais communs
le Royaume de Naples & de le partager
après la victoire. Fréderic ne fit qu'u
ne très-foible réfiftance ; mais les vainqueurs
n'eurent pas plutôt accablé l'ennemi
commun , qu'ils devinrent irréconciliables.
Cette divifion eut des fuites funeftes
aux François ; les avantages qu'avoient fur
eux les Eſpagnols affurerent, après bien des
combats & des négociations , Naples à Ferdinand
, fans que Louis , que les événemens
n'éclairoient jamais , apprît à connoître
les hommes , ni même à fe défier
de fon rival . Un aveuglement fi extraordinaire
le précipita bientôt dans de nouveaux
malheurs à l'occafion que nous allons rapporter.
» La République de Venife jettoit en
1508 un éclat qu'elle n'avoit pas eu au-
» paravant , & qu'elle n'a pas eu depuis.
» Sa domination s'étendoit fur les ifles de
Chypre & de Candie , fur les meilleurs
» ports du Royaume de Naples , fur les pla-
» ces maritimes de la Romagne & fur la
partie du Milanès qui fe trouvoit à ſa
» bienféance. Des poffeffions fi fort éloignées
les unes des autres étoient en quel-
» que maniere réunies par les flottes nom-
»breufes & bien équippées de cette Puiffance
, la feule qui en eût alors. Les dé-
"
"
23
E v
106 MERCURE DE FRANCE.
penfes qu'exigeoient ces armemens confidérables
ne l'épuifoient pas ; & fon
» commerce qui embraffoit tout le monde
» connu , la mettoit encore en état d'avoir
beaucoup de troupes de terre & de les
» mieux payer que les autres nations. Ces
forces n'étoient ni les feules ni même
les plus grandes reffources de l'Etat : il
pouvoit compter fur l'affection des fujets.
qui trouvoient un avantage fenfible à vi-
» vre fous un gouvernement qui entrete-
» noit l'abondance au - dedans , & qui paf-
» foit au- dehors pour le plus fage & le plus
profond de tous les gouvernemens.
99
39
"
و ر
» Pour fe maintenir dans cette pofition
» brillante , Venife travailloit fans relâche
» à mettre les forces de fes voifins dans un
tel équilibre , qu'elle pût rendre toujours
» fupérieur le parti qu'il lui conviendroit
d'embraffer. Le defir d'établir cette ba-
» lance de pouvoir , la chimere de tant de
» celebres politiques , l'empêchoit d'être fi-
» dele à fes alliances les plus folemnelles ,
» & de refpecter les droits les plus évidens
» des autres Souverains . Ses amis fatigués
" par fes défiances , & fes ennemis aigris
» par fes hauteurs , prirent peu à peu pour
» elle les mêmes fentimens . Comme cette
difpofition ne pouvoit pas être long - tems
» fecrette , on ne tarda pas à fe faire réci- '
"
DECEMBRE. 1754. 107
proquement confidence de fon averfion ,
» & cette confidence aboutit à une confpiration
générale contre la République .
L'hiftoire ne fournit gueres que le congrès
de Cambrai où plufieurs Puiffances fe
foient réunies contre une Puiffance moins
confidérable que chacune d'elles . Cette fameufe
ligue étoit compofée du Pape , du
Roi Catholique , de l'Empereur & de Louis
XII. Le Roi de France toujours fidele à
fes engagemens , entra en 1509 fur le territoire
de la République dans le tems dont
on étoit convenu , & avec les forces qu'il
devoit fournir. Il gagna par l'imprudence
du Général Vénitien qu'on lui oppofa , une
bataille complette , qui mit Venife à deux
doigts de fa perte .
La divifion des Princes confédérés fauva
la République. Louis vit tourner contre
lui les forces de la ligue , celles des
Suiffes & du Roi d'Angleterre. Malgré les
efforts réunis de tant d'ennemis , les François
fe foutinrent en Italie par des fuccès
tous les jours plus éclatans , jufqu'à la mort
du Duc de Nemours , qui fe fit tuer en foldat
à la bataille de Ravenne , qu'il avoit
gagnée en Général . Les vainqueurs déconcertés
par la mort de leur chef , s'affoibliffant
tous les jours par les divifions , les
maladies & les défertions , furent obligés
E vj
108 MERCURE DE FRANCE.
d'aller défendre le Milanès ; mais trop foibles
pour s'y maintenir , ils en furent chaf
fés par les Suiffes en 1512. Louis ne perdit
pas courage , il vint à bout d'amèner
les Venitiens à fon alliance, & de recouvrer
ce qu'il avoit perdu au - delà des Alpes .
» Cette conquête fut facile. Les Milanois
qui jufqu'alors avoient regardé les
François comme des Tyrans , les reçu-
» rent comme leurs libérateurs : ce qu'ils
éprouvoient de Sforce & fur-tout des
» Suiffes depuis la révolution , leur avoit
appris que l'orgueil , l'injuftice & le mépris
des loix & des bienféances étoient
" moins les vices d'une nation en particu-
» lier que de la profpérité en général . Ces
» réflexions les avoient conduits au paral-
» lele de leurs anciens & de leurs nou-
» veaux maîtres ; & ils avoient jugé que
33
ceux qui rachetoient les défauts des con-
» querans par la bonté de leur coeur & la
»facilité de leurs moeurs , devoient être
" préférés à ceux qui n'offroient pas les
"mêmes compenfations . » Malgré ces difpofitions
favorables , les François furent
encore chaffés de leur conquête.
François I fuivit les vûes de fon prédéceffeur
avec la même vivacité que fi elles
euffent été fes propres vûes. Il entra en
Italie , dont les Suiffes gardoient le paffaDECEMBRE
. 1754 109
ge ,
& gagna contr'eux la célebre bataille
de Marignan , qui lui ouvrit la conquête
du Milanès , où les François furent tranquilles
jufqu'en 1521 .
La guerre que commencerent alors à ſe
faire Charles- Quint & François I , fut vive
, fur- tout en Italie . Le Pape & l'Empereur
s'unirent pour chaffer les François du
Milanès dont ils étoient reftés les maîtres.
Lautrec qui y commandoit, fçavoit la guerre
, mais il n'avoit aucun talent pour le
gouvernement. On le trouvoit généralement
haut , fier & dédaigneux . Ses vices
& la dureté de fon adminiftration le rendirent
odieux aux Milanois , qui chercherent
à fortir de l'oppreffion . Lautrec qui
vit les fuites de cette fermentation , demanda
des fecours à la France , mais il nefut pas
affez fort pour fe défendre contre les confédérés
qui le chafferent du Milanès . Une
bataille que ce Général perdit enfuite
acheva la ruine des François en Italie.
François I ne fut point découragé. Il
vit toute l'Europe fe liguer contre lui fans
que cela changeât rien à fes projets. Il ne
réfléchiffoit pas affez pour voir le péril , &
avoit d'ailleurs trop de courage pour le
craindre. Il fe difpofoit à paffer les Alpes
avec une armée redoutable , lorfque la
confpiration du Connétable de Bourbon
116 MERCURE DE FRANCE.
l'arrêta dans fes Etats . Il chargea Bonnivet
de la conquête du Milanès .
33
» Profper Colonne fut le Général que
» la ligue lui oppofa . Cet Italien qui paſſa
» pour un des plus grands Capitaines
» de fon fiécle , faifoit la guerre avec
» moins d'éclat que de fageffe , & avoit
" pour maxime de ne rien abandonner à la
» fortune , même dans les cas les plus pref-
» fans. Il combinoit extrêmement toutes
fes démarches , & dans la crainte de les
déranger , il laiffoit échapper fouvent
» des occafions décifives que la négligence
» ou la foibleffe de l'ennemi lui préfen-
» toient . Sa maniere de faire la guerre
» étoit bonne en général , mais elle avoit
» le défaut d'être toujours la même ; il
ignoroit l'art de varier fes principes fui-
» vant les lieux , les tems , & les circonf
» tances. Il fut lent fans être irréfolu , &
» s'il manqua de l'activité néceffaire pour
fatiguer ou pour furprendre l'ennemi ,
" il fut affez vigilant pour n'être jamais
furpris . Le brillant & la gloire des ba-
» tailles ne le tentoient point , même dans
» fa jeuneffe ; fon ambition dans tous les
» âges fut de défendre ou de conquérir
n
33
des provinces fans répandre de fang.
» Exempt de l'inquiétude qu'on remarque
» dans la plupart des Généraux , il attenDECEMBRE.
1754.
»doit fans impatience le fruit de fes ma-
» noeuvres , & un fuccès , pour venir len-
» tement , n'en étoit pas moins un fuccès
» pour lui. Si la politique qui le porta à
» changer fi fouvent de parti le décria du
côté de la probité , elle lui donna la connoiffance
du génie militaire de plufieurs
» peuples , une autorité fuffifante pour les
» conduire , & l'adreffe néceffaire pour les
23
» accorder.
La moindre partie de ces talens eût fuffi
pour fermer l'entrée de l'Italie à Bonnivet
, vif, imprudent , préfomptueux &
inappliqué. Ce Général fit prefque autant
de fautes que de pas. Les François qui
avoient le pays contr'eux , un Général
qu'ils n'eftimoient pas , un ennemi qui
devenoit tous les jours plus fort , & à qui
on faifoit faire une guerre lente & à l'Italienne
, fe découragerent . Bonnivet qui
avoit formé un blocus devant Milan , fut
obligé de fe retirer. La mort de Colonne
ne rétablit pas les affaires des François .
L'Amiral voyant fon armée ruinée par les
défertions , ne fongea plus qu'à en ramener
les débris en France. Le Connétable de
Bourbon le pourfuivit dans fa retraite , &
entra en France avec une armée Espagnole :
il ne réuffit pas , & il fut forcé de regagner
F'Italie . Les François l'y fuivirent , & vin
rent affiéger Pavie.
112 MERCURE DE FRANCE.
"
» Antoine de Leve qui y commandoit ,
» avoit autant de génie que de valeur , &
» plus d'expérience encore que d'activité .
Né dans un état obfcur & d'abord fim-
» ple foldat , il étoit parvenu au com-
» mandement par d'utiles découvertes , &
» une fuite d'actions , la plûpart hardies &
toutes heureuſes . Un extérieur bas , igno-
"
ble même , ne lui ôtoit rien de l'auto-
» rité qu'il devoit avoir , parce qu'il avoit
»le talent de la parole , & une audace
» noble à laquelle les hommes ne réſiſ-
»tent pas. Ce qu'il y avoit d'inquiet ,
» d'auftere , & d'un peu barbare dans fon
» caractere , étoit corrigé ou adouci , fe-
» lon les occafions , par fon ambition , qui
» étoit vive , forte & éclairée. Il ne con-
»noiffoit de la religion & de la probité
» que les apparences. Sa fortune & la vo-
» lonté ou les intérêts du Prince , étoient
pour lui la fuprême loi .
Les efforts des François pour prendre
cette place étoient inutiles : l'armée diminuoit
tous les jours par le feu continuel de
la place , les maladies , les défertions , les
rigueurs de la faiſon , & le défaut des vivres
. Malgré tant de raiſons d'abandonner
le fiége , François s'y opiniâtra . Il ne
pouvoit pas fe réfoudre à abandonner une
entreprife qui lui avoit déja beaucoup cou
1
DECEMBRE. 1754 II
té, qui fixoit depuis long- tems l'attention
de toute l'Europe , & qu'il croyoit devoir
décider de fa réputation . Cette opiniâtreté
lui fut funefte. Il fut vaincu à Pavie , & fait
prifonnier.
Ce Prince étoit d'un caractere trop vif
& trop impatient pour foutenir fes malheurs
avec fermeté. Il fuccomba autant fous
le poids de fa foibleffe que fous celui de fes
revers , & il fut attaqué d'une maladie dangereufe.
Sorti de fa prifon après fa guérifon
, ilil recommença la guerre.
Il conclut un traité avec le Pape , les
Vénitiens & le Duc de Milan ; mais cette
ligue , dont le but étoit de rendre la li
berté aux Enfans de France qui étoient
reftés en ôtage à Madrid , d'affermir Sforce
dans fes Etats , & de remettre l'Italie entiere
dans la fituation où elle étoit avant
la guerre , n'eut qu'une iffue funcfte. Le
Duc d'Urbin qui commandoit les troupes
des confédérés , ruina les affaires
fes
fautes & fes incertitudes .
par
» Ce Général étoit lent & irréfolu :
» il voyoit toujours tant de raifons d'a-
" gir , & de n'agir pas , qu'il paffoit à difcuter
le tems qu'il auroit dû employer à
» combattre. Son imagination qui fe frappoit
aifément , groffiffoit toujours à fes
" yeux les forces de l'ennemi , & dimi-
"
114 MERCURE DE FRANCE.
» nuoit le nombre de fes propres troupes.
Il avoit le défaut ordinaire aux
» hommes timides , d'ôter le courage à fes
>> foldats en ne leur en croyant point , &
» d'enfer celui de l'ennemi en lui en fup-
» pofant trop. Les avantages qu'il avoit
" pour attaquer , & ceux que lui procu-
» reroit la victoire ne fe préfentoient ja-
» mais à lui : fon efprit ne voyoit que les
» hazards d'une action & les fuites d'une
» défaite. Tout , jufqu'à la réputation qu'il
ور
avoit de fçavoir fupérieurement la guer-
» re , nuifit à la caufe qu'il défendoit : fes
» maîtres éblouis par l'éclat de fon nom ,
approuvoient aveuglément toutes les dé-
» marches ; & les fubalternes accablés par
le poids de fon autorité , n'ofoient être
» d'un avis différent du fien , ou craignoient
de le foutenir.
Avec le caractere que nous venons
de tracer , il n'étoit pas poffible de rien
faire qui exigeât un peu de hardieffe ou
d'activité. Bourbon s'étant foutenu quelque
tems avec fort peu de troupes & fans
argeht , reçut enfin d'Allemagne des fecours
confidérables , avec lefquels il alla
faire le fiége de Rome , & y périt ; mais la
ville fut prife & abandonnée pendant plufieurs
mois à la licence & la cruauté du
foldat.
DECEMBRE. 1754 115
DE
lé n
C3
Ce fut l'occafion d'une nouvelle ligue
.contre l'Empereur , compofée des Rois de
France & d'Angleterre , des Vénitiens &
des Florentins , des Ducs de Milan & de
Ferrare , & du Marquis de Mantoue. Lautrec
commanda leurs forces réunies : il paffa
les Alpes à la tête d'une belle armée , &
s'en fervit pour réduire la plus grande partie
du Milanès fous les loix de Sforce ; fes
opérations furent vives , fages & fçavanres.
Il marcha enfuite à Naples pour en
faire le fiége ; il fut long , difficile , meurtrier
, & donna occafion à un événement
qui eut des fuites importantes.
33
و د
» André Doria , le plus grand homme
»de mer de fon fiécle , étoit entré au fer-
» vice de François I. & y avoit apporté la
hauteur , le courage & les moeurs d'un
Républicain. Les Miniftres accoutumés
» aux déférences & aux baffeffes des cour-
» tifans , conçurent aifément de la haine
contre un étranger qui ne vouloit recevoir
des ordres que du Roi . Comme l'ha-
» bitude de dépendre d'eux n'étoit pas en-
" core bien formée parmi les Grands , ils
craignirent qu'un exemple comme celui-
» là ne retardât les progrès de la fervitude.
générale qu'ils introduifoient avec fuc-
» cès dans le Royaume. Pour prévenir le
péril qui menaçoit leur autorité naiffan
"
"
23
116 MERCURE DE FRANCE.
te , ils confpirerent la perte d'un homme
dont ils n'étoient devenus ennemis
» que parce qu'il n'avoit pas voulu être
leur efclave. On ne pouvoit y parvenir
qu'en dégoûtant le Roi de lui , ou en le
» dégoûtant du Roi. Ces deux moyens fe
prêtant de la force l'un à l'autre , ils ne
» furent pas féparés . Doria fe vit infenfiblement
négligé , oublié , inſulté mê-
ม
» me .
D'autres injuftices ayant augmenté le
mécontentement de Doria , il alla porter
aux Impériaux fon crédit , fes confeils , fa
réputation & fon expérience , & parut
bientôt devant Naples pour la fecourir.
Ce contre- tems acheva d'abbattre Lautrec ,
qui luttoit depuis long-tems contre l'ennemi
, la pefte , la mifere & la famine.
Il mourut en déteftant les mauvais citoyens
dont l'Etat , l'armée & lui étoient les victimes.
Le Marquis de Saluces qui remplaça
Lautrec , manquoit de vûes , d'audace
& d'activité : il fe retira de devant
Naples , fe laiffa battre , & fut lui -même
prifonnier.
L'armée des confédérés qui étoit en
Lombardie , fut détruite peu de tems après
par Antoine de Leve. Cet événement avança
les négociations pour la paix , qui étoient
commencées , mais qui languiffoient ; la
DECEMBRE. 1754. 117
STA
paix fut faite à Cambray. L'Empereur ne
tarda pas à former le plan d'une ligue contre
le Roi de France , qui de fon côté ne
négligeoit rien pour fufciter des ennemis à
fon rival. Un événement fingulier prépara
le dénoument de ces intrigues.
Un Gentilhomme Milanois , nommé
Merveille , qui vivoit ordinairement en
France , étoit retourné dans fa patrie fous
prétexte de quelques affaires particulieres ;
mais en effet pour cimenter l'union qui
commençoit à fe former entre Sforce &
François I. Le fecret perça ; l'Empereur fut
inftruit de cette intelligence : le Duc de
Milan qui redoutoit fon reffentiment ,
chercha tous les moyens imaginables de
l'appaifer. Le hazard ou fon imprudence
lui en fournirent un affreux . Quelques domeftiques
de Merveille ayant tué dans une
querelle un Milanois , l'Agent de France
fut arrêté & décapité . Cet attentat , un
des plus crians que l'hiftoire fourniffe contre
le droit des gens , fit fur l'efprit de
François I. toute l'impreffion qu'il y devoit
faire ; mais il en différa la
vengeance , &
il attendit l'inftant que Charles Quint allât
porter la guerre en Afrique contre le Pirate
Barberouffe pour fatisfaire fon reffentiment
, réparer fa gloire , humilier Sforce ,
& recouvrer le Milanès, Il envoya par la
118 MERCURE DE FRANCE.
Savoye une armée nombreufe , qui débuta
par les plus brillans fuccès , & refta toutà-
coup dans une inaction dont on connoît
peu les motifs . Les Impériaux s'étant fortifiés
, elle fut obligée de repaffer en France
; l'Empereur l'y fuivit. Montmorenci ,
chargé de l'arrêter avec une armée bien
inférieure , s'étoit déterminé , malgré les
murmures des peuples & les railleries des
courtifans , à facrifier la Provence entiere
au falut du refte de l'Etat . Il avoit mis fon
armée fous Avignon , couverte par le Rhôpar
la Durance . L'Empereur , après
avoir fait quelques tentatives inutiles fur
Arles & fur Marſeille , effaya de faire fortir
Montmorenci de fes retranchemens , &
de l'engager à une bataille ; mais ce Général
fut ferme dans fes principes de reſter
fur la défenfive , & les Impériaux quitterent
la Provence , confumés par la faim ,
par les maladies , par la honte & par le
chagrin .
ne &
L'yvreffe où étoit François I. de fes derniers
fuccès , devoit entraîner néceffairement
l'abus de la victoire , & cela arriva
d'une maniere qui me paroît devoir être
remarquée.
» Les Comtés de Flandre & d'Artois re-
"levoient de tems immémorial de la Fran-
» ce. Charles- Quint en avoit rendu l'homDECEMBRE.
1754. 119
» mage comme fes prédéceffeurs , jufqu'à
» ce qu'on lui en eût cédé la fouveraineté
à Cambray. Ce Prince ayant depuis vio-
» lé ce traité en recommençant la guerre ,
" on prétendit qu'il étoit déchu de tous
» les avantages qu'on lui avoit faits , qu'il
» étoit redevenu vaffal de la Couronne
» que cette qualité le rendoit coupable de
» félonie , & devoit faire confifquer fes
» Fiefs. Ce raifonnement expofé en plein
» Parlement au Roi , aux Princes du Sang ,
» à tous les Pairs du Royaume , par l'Avo-
» cat Général Cappel , dans le mois de
» Janvier 1937 , fit ordonner que l'Empe-
» reur feroit cité fur la frontiere , pour ré-
»pondre lui- même , ou du moins par fes
Députés. Le tems prefcrit pour compa-
» roître s'étant écoulé fans que perfonne
» fe fût préfenté , la Flandre & l'Artois fu-
» rent déclarés réunis à la Couronne.
39
"3
François étoit fans doute affez éclairé
» pour regarder cette procédure comme
» une vaine formalité ; mais cette con-
» viction , loin de le juftifier , comme le
» prétendent fes panégyriftes , le rendoit
» évidemment plus blâmable . Il ne tiroit
qu'une vengeance inutile de l'Empereur ,
» qui par des calomnies femées adroite-
» ment , l'avoient décrié dans toute l'Eu-
"
rope , & il perdoit la réputation de
120 MERCURE DE FRANCE.
générofité qu'il avoit eue jufqu'alors ,
» fans qu'il lui en revînt aucun avantage..
" Cette conduite étoit la preuve que ce
» Prince ne faifoit la guerre qu'à Charles
, tandis que Charles la faifoit à la
» France. Qu'on y prenne garde , & on
» trouvera dans cette obfervation , qui
»pour être nouvelle , n'eft pas moins fondée
, la raifon des avantages que la
» Maifon d'Autriche remporta fur celle de
» France , dès les premiers tems de leur
concurrence . Le Chef de la premiere n'é-
» toit déterminé à agir que par des inté-
" rêt d'Etat , & celui de la feconde n'a-
» voit en vûe ordinairement que des paf-
»fions particulieres. Il portoit ce motif
» petit & bas qui entraîne toujours l'hu-
» miliation ou la ruine des Empires , juf-
» ques dans des événemens qui paroif-
» foient partir d'une politique profonde &
» lumineufe ; tel , par exemple , que l'al-
» liance qu'il contracta avec Soliman.
Dès que ce traité fut conclu , le Grand
Seigneur entra en Hongrie à la tête de cent
mille hommes , & envoya une flotte fur
les côtes de Naples. Ces deux armées eurent
quelques avantages , qui auroient pû
conduire plus loin fi François eût paffé les
Alpes en même tems avec une nombreuſe
armée la lenteur gâta tout. Le Roi , malgré
DECEMBRE . 1754. 121
gré d'affez grands avantages qu'il rempor
ta en Italie où il étoit enfin paffé , quitta
par légereté les armes qu'il avoit prifes par
reffentiment , & conclut une treve de dix
ans avec l'Empereur.
Une fermentation dangereufe qui commençoit
déja à agiter les Pays bas , rendoit
cet accomodement très - important pour
Charles - Quint. Ce Prince fentoit la néceffité
de pafler aux Pays-bas pour appaifer
les troubles : Montmorenci lui fit accorder
ce paffage par la France , à des conditions
que ce Prince ne tint pas. La chûte du
Connétable fuivit une infidélité dont il
avoit été caufe . La difgrace de ce favori
tout puiflant fut- elle un bonheur ou un
malheur pour la France ? le Lecteur en
pourra juger.
" Montmorenci , un des hommes les
plus célébres de fon. fiécle , avoit les
» moeurs auſteres , mais de cette auſtérité
» qui naît plutôt d'un efprit chagrin que
» d'un coeur vertueux . Plus ambitieux de
» dominer que jaloux de plaire , il ne re-
» doutoit pas d'être haï , pourvû qu'il fût
>> craint ; la fierté & de faux principes
qu'il s'étoit faits , lui faifoient regarder
»comme des baffeffes des ménagemens rai-
» fonnables qui lui auroient concilié l'eftime
& l'amour des peuples. L'ordre qu'il
I. Vol. F
122 MERCURE DE FRANCE.
établiffoit par tout où il avoit de l'au-
» torité , n'étoit pas précisément de l'or-
» dre , c'étoit de la gêne : on y démêloit
»une certaine pédanterie qui n'eft guere
» moins commune à la Cour & à l'armée
qu'ailleurs , quoiqu'elle y foit infiniment
plus ridicule. Il n'eftimoit & n'a-
» vançoit les hommes qu'à raifon du plus
» ou du moins de reffemblance qu'ils
» avoient avec lui , & il confondoit les
citoyens fans talens avec les citoyens
» qui en avoient d'autres que les fiens ,
Dou qui les avoient autrement que lui.
» Naturellement defpotique , il puniffoit
le crime fans obferver les formalités que
» preferit fagement la loi , & il fe croyoit
» difpenfé de récompenfer les actions uti-
» les à la patrie , fous prétexte qu'elles
» étoient d'obligation . Le furnom de Ca-
» ton de la Cour qu'on lui donna , étoit
» plutôt la cenfure de fes manieres que
l'éloge de fon coeur : il l'avoit fi aigre
» que la religion même n'avoit pû la-
" doucir , & qu'il étoit paffé en proverbe
» de dire : Dien nous garde des patenêtres du
ต
» Connétable. Il eut toute fa vie de fauffes
» idées fur la grandeur ; il la faifoit confifter
à gêner ceax qui l'approchoient , à
" faire éclater fes reffentimens , à éviter les
amuſemens publics , à tenir des difcours
22
DECEMBRE . 1754 123
"3
و ر
fiers & infultans , à outrer les dépenfes
qui étoient purement de fafte. La nature
» lui avoit refufé la connoiffance des hom-
» mes , & à plus forte raifon le talent de
» les former : il ne voyoit pour les gou-
» verner que la crainte ; maniere baffe , qui
" avilit les ames les plus élevées , & qui
» pour un crime qu'elle empêche , étouffe
» le germe de mille vertus. A juger de
» Montmorenci par les places qu'il occu-
» pa , les affaires dont il fut chargé , l'au-
» torité qu'il eut , on croiroit qu'il fut
» très intrigant ou très- habile ; cependant
» il étoit fans manége , & fa capacité étoit
» médiocre : le hazard & fa naiffance con-
» tribuerent beaucoup à fon élévation .
» Comme tous les Miniftres accrédités , il
» voulut fe mêler des finances , & par une
» erreur malheureufement trop commune ,
il crut qu'il fuffifoit d'avoir un caractere
dur pour les bien adminiftrer . On ne le
foupçonna jamais de rien détourner des
» deniers publics ; mais il abufoit de la
» facilité de fes maîtres pour fe faire don-
» ner : forte de malverfation moins crimi-
» nelle peut-être que la premiere , mais
qui n'eft gueres moins odieufe. Toutes
» les négociations dont il fut chargé réuf-
» firent mal : il y portoit de la hauteur ,
» de l'entêtement , de l'aigreur , des idées
"
"
"
Fij
124 MERCURE DE FRANCE.
» étroites , un goût trop marqué pour le cé-
» témonial. Son talent pour la guerre fe bornoit
prefque à une prudence lente , qui eft
» le plus fouvent la marque d'un efprit froid,
»timide & ftérile : il réuffit quelquefois
» à fe défendre , mais il ne fçut jamais ni
attaquer ni vaincre. Ce qui diftingua le
plus fa vie des vies ordinaires , c'eft la
» maniere dont il foutint les difgraces
qu'il efluya fa fermeté auroit frappé
davantage , fi l'oftentation dont elle étoit
accompagnée n'eût annoncé plus d'or-
» gueil que de vertu .
"
99
:
Cependant on chercha les moyens de
tirer une vengeance füre & éclatante de
l'Empereur ; la guerre lui fut déclarée en
1542. Les François ouvrirent la campagne
par le Rouffillon & les Pays- Bas , où
ils eurent quelques fuccès. M. d'Enguien
gagna en Piémont la bataille de Cerifolesdont
il perdit les fruits , parce qu'on ne
pût pas lui envoyer des fecours. L'Empereur
& le Roi d'Angleterre s'unirent pour
entrer en France en même tems avec une
armée nombreuſe ; la jaloufie & les divifions
de ces deux Princes fauverent le
Royaume : l'Empereur même , par le défaut
des vivres qui lui manquerent par la fage
attention qu'on eut de tout dévafter , ſe
feroit vû réduit à périr ou de fe rendre
DECEMBRE. 1754. 125
prifonnier , fi les intrigues de la Cour n'a
voient avancé la conclufion de la paix qui
fut fignée à Crépy en 1544 , & à laquelle
François I. ne furvêcut pas long-tems.
» Ce Prince joignoit à un goût décidé
» pour tous les exercices du corps , l'adreffe
» néceffaire pour y exceller , & affez de
fanté pour s'y livrer fans rifque. Il n'avoit
pas cet air impofant qui a fait le
plus grand mérite de quelques Souve-
» rains ; mais il régnoit dans toutes les ma
» nieres une franchiſe qui préparoit à l'a-
» mour & qui infpiroit la confiance . Pour
»trouver accès auprès de lui , il n'étoit pas
» néceffaire d'avoir des places , de la ré-
»putation ou de la naiffance ; il fuffifoit
d'être François ou même homme . Sa con-
» verfation réuniffoit les agrémens que
» doivent donner la gaieté , le naturel , la
» vivacité & les connoiflances. Il parloit
"
»
beaucoup ; & quand il auroit été un par-
» ticulier , on n'auroit pas trouvé qu'il
parlât trop. Le defir de la louange qui
rend quelquefois grands les Rois qui
» l'ont , mais qui ne fait le plus fouvent
» qu'avilir ceux qui les entourent , fut une
de fes paffions : fon caractere autoriſe à
penfer qu'il s'en feroit rendu digne , fi
les flateurs ne l'avoient perdu .
n
» Contre l'ordinaire des hommes nés
F iij
126 MERCURE DE FRANCE.
» pour gouverner , qui ne forment prefque'
jamais de projets dont le défaut même
de fuccès ne foit fuivi de quelque avan-
"9
ود
و د
tage , il ne s'occupoit que de ce que les
» événemens avoient d'éclatant : on ne l'amena
jamais à fentir que dans des coups
» d'état la gloire & l'utilité font le plus
»fouvent inféparables . Les partis violens
» qui ne font permis que dans des fitua-
» tions defefpérées , ou quand on fe fent
» affez de force & de génie pour les foute-
» nir , ne lui coutoient rien à prendre : l'efprit
romanefque de fon fiécle & fon imprudence
particuliere l'empêchoient de
» voir les difficultés attachées aux affaires
& celles que fon caractere y ajoûteroit .
"3
Quoiqu'il s'occupât beaucoup du foin.
d'étendre fon autorité , il ne gouverna
jamais lui-même. L'Etat fut fucceffive-
»ment abandonné aux caprices de la Ducheffe
d'Angoulême , aux paffions des
Miniftres , à l'avidité des favoris. Il eut
» une probité d'oftentation qui ne lui
» mettoit pas de manquer de parole à fes
» ennemis des principes vrais & réels ſe
perferoient
étendus jufqu'à fes fujets , &
» l'auroient empêché de les dépouiller de
» droits effentiels fondés fur les conven-
» tions & fur la nature. La jalousie qui eft
auffi ordinaire & plus dangereufe fur le
DECEMBRE.
1754. 127
5
I
thrône que dans les conditions privées
n'effleura pas feulement fon ame : il étoit
»foldat , il fe croyoit Général , & il louoit
fans effort , avec plaifir même , tous ceux
» qui avoient fait à la guerre une action
» de valeur ou d'habileté. Le feu qu'il met-
» toit d'abord dans fes entrepriſes , s'étei-
"gnoit tout- à - coup fans pouvoir être nour-
»ri par le fuccès , ni rallumé par les difgraces.
Il n'étoit donné à ce Prince , fi
»l'on peut parler ainfi , que d'avoir des
» demi-fentimens & de faire des demi -ac-
» tions. Comme il avoit beaucoup d'éléva
» tion & qu'il réfléchiffoit peu , il dédaignoit
l'intrigue & négligeoit trop les ap-
» parences : fon rival moins délicat & plus
appliqué , profita de cette imprudente
» hauteur , pour lui ôter dans l'Europe en-
» tiere une réputation de probité qui lui
» auroit donné des alliés fideles & parmi
» les François même , une réputation d'ha-
» bileté qui auroit affermi leur courage.
La franchife , la fenfibilité , la générofi-
» té , qui ont été dans tous les fiécles la bafe
» des réputations les plus pures , furent la
» ruine de la fienne : la premiere de ces
» vertus lui fit trahir fes fecrets ; la feconde
» ne lui infpira qu'une compaffion ftérile
pour des peuples furchargés qu'il devoit
foulager ; la derniere lui fit prodiguer à
F iiij
728 MERCURE DE FRANCE.
des Courtifans ce qui étoit dû à ceux qui
» fervoient l'Etat . Son adminiftration fut
accompagnée de tous les defordres qui
»deshonorent le regne des Souverains cré-
» dules , vains , inconftans , fans principes ,
» fans expérience , fans connoiffance des
» hommes & fans fermeté.
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Résumé : « MEMOIRES historiques, militaires & politiques de l'Europe, depuis l'élévation [...] »
Les 'Mémoires historiques, militaires et politiques de l'Europe' de l'abbé Raynal couvrent la période de 1519 à 1748, avec un focus sur les guerres entre Charles Quint et François Ier de 1521 à 1544. L'Italie, prospère en 1492 grâce à Laurent de Médicis, connut des troubles après sa mort. Ludovic Sforza, duc de Milan, incita Charles VIII de France à revendiquer le royaume de Naples. Charles VIII, motivé par la gloire et la nécessité de repeupler son royaume, entreprit cette conquête sans préparation adéquate et s'allia avec Ferdinand et Maximilien. L'Italie, divisée, ne put offrir une résistance efficace. Charles VIII conquit Naples sans combat, mais une coalition le força à se retirer. Louis XII, successeur de Charles VIII, conquit le Milanais avec l'aide des Vénitiens, mais des divisions internes et des rivalités avec les Espagnols lui firent perdre Naples. La République de Venise, puissante et prospère, chercha à maintenir un équilibre de pouvoir en Italie. Une coalition formée par le Pape, le Roi Catholique, l'Empereur et Louis XII attaqua Venise. Louis XII remporta une bataille décisive, mais des divisions internes et des maladies affaiblirent les forces françaises. Venise récupéra ses territoires grâce à l'alliance avec Louis XII. François Ier poursuivit les ambitions italiennes de ses prédécesseurs. Il remporta la bataille de Marignan et conquit le Milanais, mais une coalition menée par Charles Quint et le Pape le chassa du Milanais. Malgré les ligues européennes contre lui, François Ier resta déterminé à reconquérir l'Italie. Profper Colonne, un général italien, menait une guerre méthodique mais manquait de flexibilité. Bonnivet, un général français, fut opposé à Colonne. Ses erreurs stratégiques contribuèrent à la défaite des Français. Antoine de Leve, commandant à Pavie, était un soldat talentueux, mais les efforts des Français pour prendre Pavie échouèrent. François Ier fut vaincu et fait prisonnier à Pavie. Après sa libération, il recommença la guerre et forma une ligue avec le Pape, les Vénetiens et le Duc de Milan. Cette alliance fut inefficace en raison des erreurs du Duc d'Urbin. Le Connétable de Bourbon, timide et hésitant, ne parvint pas à exploiter les avantages stratégiques. Il fut tué lors du siège de Rome, qui fut pris et pillé par les troupes impériales. Une nouvelle ligue contre l'Empereur fut formée, incluant la France, l'Angleterre, Venise, Florence, Milan, Ferrare et Mantoue. Lautrec réussit à réduire une grande partie du Milanais mais mourut lors du siège de Naples. André Doria, un amiral réputé, se mit au service de l'Empereur après avoir été négligé par les ministres français. Le Marquis de Saluces manqua de vision et fut battu, entraînant la destruction de l'armée des confédérés. La paix de Cambray fut signée, mais les intrigues continuèrent. François Ier envoya une armée en Italie, qui connut des succès initiaux mais dut se retirer face aux Impériaux. Montmorency réussit à repousser l'Empereur. François Ier décida de confisquer les comtés de Flandre et d'Artois, accusant Charles Quint de félonie. Cette décision montra que François Ier menait une guerre personnelle contre Charles Quint, tandis que ce dernier combattait pour la France. En 1542, François Ier conclut une alliance avec Soliman, permettant au Grand Seigneur d'envahir la Hongrie et d'envoyer une flotte sur les côtes de Naples. Cependant, la lenteur de François Ier à passer les Alpes compromit ces avantages. Malgré quelques succès en Italie, il conclut une trêve de dix ans avec l'Empereur en raison de troubles dans les Pays-Bas. Montmorency, un homme célèbre de son siècle, établit un ordre rigide et fut perçu comme despotique. La guerre contre l'Empereur fut déclarée en 1542, avec des succès initiaux en Rouffillon et en Pays-Bas. La paix fut signée à Crépy en 1544. François Ier était franc et généreux, mais manquait de projets à long terme et laissait l'État aux caprices de ses ministres.
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29
p. 226-227
GRANDE-BRETAGNE.
Début :
Le vaisseau le Cheval Marin arrivé de la Virginie le [...]
Mots clefs :
Londres, Major général Braddock, Colonel Dunbar, Français, Anglais, Bataille, Ohio, Wills's Creek, Conseils de régence
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texteReconnaissance textuelle : GRANDE-BRETAGNE.
GRANDE - BRETAGNE.
DE LONDRES , le 11 Septembre.
Le vaiffeau le Cheval Marin arrivé de la Virginie
le 23 d'Août , a apporté la nouvelle d'un
combat qui s'eft donné le 9 Juillet entre les François
& les Anglois , près de l'Ohio , & dans lequel
les premiers ont remporté l'avantage. La relation
que la Gazette de la Cour a publiée de cette action
contient les particularités fuivantes. Le Major général
Braddock , à la tête de deux mille hommes ,
s'eft porté à Wills's - Creek. Y ayant laiffé fes bagages
& fes provifions fous la garde d'un détachement
de huit cens hommes , commandé par le
Colonel Dunbar ; il s'eft avancé vers le fort du
Quefne avec douze cens hommes & dix pieces de
canon ; & le 8 Juillet i campa à dix milles de ce
fort . Le 9 , tandis qu'il s'en approchoit à travers
les bois , il fut attaqué par un corps de François
& d'Indiens . La vivacité de leur feu jetta le defordre
parmi les Anglois qui , malgré tous les efforts
que le Général & les Officiers firent pour les ral
lier , prirent la fuite. M. Braddock , après avoir
fait tout ce qu'on pouvoit attendre de fon courage
, & après avoir eu cinq chevaux tués fous lui,
fut obligé de fe retirer précipitamment à Wills'sOCTOBRE
1755. 217
Creek avec les débris de fes troupes . Quatre
jours après il y eft mort de deux bleffures qu'il
avoit reçues , l'une au bras , l'autre dans la poitrine.
Les Anglois ont perdu dans cette action vingt-
- cinq Officiers , & en ont eu trente-huit bleffés.
Entre les derniers font M. Jean de Saint Clair ,
Quartier-Maître général , MM . Robert Orme &
Roger Morris , Adjudans généraux de M. Braddock
; les Lieutenans Colonels Gage & Burton .
On compte entre les premiers le Colonel Halket
& le fils de M. Shirley , Gouverneur de la Virginie.
Le nombre des foldats tués monte à deux
cens hommes , & celui des bleifés au double .
Il s'eft tenu à l'occafion de cet événement plufieurs
Confeils de Régence. On affure que les
François ont marché à Wills's - reek pour attaquer
le détachement du Colonel Dunbar. Il y a
apparence que le Général Oglethorpe aura le
commandement en chef des troupes du Roi dans
P'Amérique feptentrionale , à la place du feu Major
Général Braddock.
On écrit de la nouvelle Ecoffe , que l'Amiral
Bofcawen étoit encore le 15 du mois de Juillet
dans le port d'Halifax avec douze vaiffeaux de
guerre. Selon les mêmes lettres , l'Amiral Holbourne
croifoit avec cinq vaiffeaux à la hauteur
de Louisbourg. Les nouvelles d'Irlande portent
qu'on a mis un embargo fur tous les bâtimens qai
fe trouvent dans le port de Cork.
DE LONDRES , le 11 Septembre.
Le vaiffeau le Cheval Marin arrivé de la Virginie
le 23 d'Août , a apporté la nouvelle d'un
combat qui s'eft donné le 9 Juillet entre les François
& les Anglois , près de l'Ohio , & dans lequel
les premiers ont remporté l'avantage. La relation
que la Gazette de la Cour a publiée de cette action
contient les particularités fuivantes. Le Major général
Braddock , à la tête de deux mille hommes ,
s'eft porté à Wills's - Creek. Y ayant laiffé fes bagages
& fes provifions fous la garde d'un détachement
de huit cens hommes , commandé par le
Colonel Dunbar ; il s'eft avancé vers le fort du
Quefne avec douze cens hommes & dix pieces de
canon ; & le 8 Juillet i campa à dix milles de ce
fort . Le 9 , tandis qu'il s'en approchoit à travers
les bois , il fut attaqué par un corps de François
& d'Indiens . La vivacité de leur feu jetta le defordre
parmi les Anglois qui , malgré tous les efforts
que le Général & les Officiers firent pour les ral
lier , prirent la fuite. M. Braddock , après avoir
fait tout ce qu'on pouvoit attendre de fon courage
, & après avoir eu cinq chevaux tués fous lui,
fut obligé de fe retirer précipitamment à Wills'sOCTOBRE
1755. 217
Creek avec les débris de fes troupes . Quatre
jours après il y eft mort de deux bleffures qu'il
avoit reçues , l'une au bras , l'autre dans la poitrine.
Les Anglois ont perdu dans cette action vingt-
- cinq Officiers , & en ont eu trente-huit bleffés.
Entre les derniers font M. Jean de Saint Clair ,
Quartier-Maître général , MM . Robert Orme &
Roger Morris , Adjudans généraux de M. Braddock
; les Lieutenans Colonels Gage & Burton .
On compte entre les premiers le Colonel Halket
& le fils de M. Shirley , Gouverneur de la Virginie.
Le nombre des foldats tués monte à deux
cens hommes , & celui des bleifés au double .
Il s'eft tenu à l'occafion de cet événement plufieurs
Confeils de Régence. On affure que les
François ont marché à Wills's - reek pour attaquer
le détachement du Colonel Dunbar. Il y a
apparence que le Général Oglethorpe aura le
commandement en chef des troupes du Roi dans
P'Amérique feptentrionale , à la place du feu Major
Général Braddock.
On écrit de la nouvelle Ecoffe , que l'Amiral
Bofcawen étoit encore le 15 du mois de Juillet
dans le port d'Halifax avec douze vaiffeaux de
guerre. Selon les mêmes lettres , l'Amiral Holbourne
croifoit avec cinq vaiffeaux à la hauteur
de Louisbourg. Les nouvelles d'Irlande portent
qu'on a mis un embargo fur tous les bâtimens qai
fe trouvent dans le port de Cork.
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Résumé : GRANDE-BRETAGNE.
Le 11 septembre, le vaisseau le Cheval Marin a rapporté un combat entre les Français et les Anglais près de l'Ohio le 9 juillet, où les Français ont remporté la victoire. Le Major général Braddock, à la tête de deux mille hommes, s'est dirigé vers Wills's Creek, laissant ses bagages sous la garde du Colonel Dunbar. Braddock a ensuite avancé vers le fort Duquesne avec douze cents hommes et dix pièces de canon. Le 9 juillet, il a été attaqué par des Français et des Indiens. La vivacité de leur feu a semé le désordre parmi les Anglais, qui ont pris la fuite malgré les efforts de Braddock. Braddock est mort quatre jours plus tard de ses blessures à Wills's Creek. Les Anglais ont perdu vingt-cinq officiers et en ont eu trente-huit blessés, dont Jean de Saint Clair et Robert Orme. Le nombre de soldats tués s'élève à deux cents, et celui des blessés au double. Plusieurs conseils de régence ont été tenus. L'Amiral Boscawen était à Halifax avec douze vaisseaux de guerre le 15 juillet, et l'Amiral Holbourne croisait près de Louisbourg. En Irlande, un embargo a été mis sur tous les bâtiments du port de Cork.
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30
p. 186-191
CAMP DE VALENCE.
Début :
Le Camp formé près de cette Ville, étoit composé des Régimens [...]
Mots clefs :
Marquis de Voyer, Infanterie, Artillerie, Bataille, Marquis de Monteynard, Dragons, Régiments, Ennemis, Bataillons, Valence
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texteReconnaissance textuelle : CAMP DE VALENCE.
CAMP DE VALENCE.
Le Camp formé près de cette Ville , étoit compolé
des Régimens d'infanterie de Navarre ,
de Bretagne , de Bigorre , de Nice de Vaubecourt
& de la Roche- Aymon , & des Régimens
de Dragons , Dauphin & de Languedoc.
M. le Marquis de Voyer ; Maréchal des Camps &
armées du Roi , & Infpecteur général de la Cavalerie
, commandoit ce camp. Il avoit fous fes
ordres le Marquis de Monteynard , auſſi Maréchal
de Camp les Comtes de la Queuille & de
la Roche -Aymon , Brigadiers d'Infanterie ; & M.
Severac de Juffes , Brigadier de Dragons. Le
Chevalier de Soupire rempliffoit les fonctions
de Maréchal Général des Logis.
Le 22 Août , le Marquis de Voyer fit la revue
générale des troupes , qui étoient fous les ordres.
Tous les Corps étant en bataille fans alignemens
tracés , qui étoient défendus pendant la
durée du Camp , les Brigades d'Infanterie fo
JANVIER . 1756. 187
porterent fur le centre . Au fignal d'un coup de
canon , la Ligne d'Infanterie fe trouva rompue ,
à droite , par tiers de rang , & à gauche , jufqu'à
la droite du Camp. Chaque divifion fit enfuite
un quart de converfion à gauche , marcha quarante
pas en avant , fit un fecond quart de converfion
à gauche , & marcha jufqu'à la droite du
Camp , d'où par des quarts de converfion à droite ,
chaque Corps fe trouva fur le front de fon terrein
, & y rentra par un demi-tour à droite . Les
Régimens de Dragons Dauphin & de Languedoc,
qui s'étoient rompus par Compagnies , l'un à
la droite , l'autre à la gauche , rentrerent auffi
dans le Camp , peu après l'Infanterie. Le Marquis
de Voyer vifita enfuite tous les poftes avancés
. Avant -hier , les troupes firent en fa préfence
, d'abord par Régiment , & enfuite par
Brigade , tous les feux preferits par l'Ordonnance
du 6 Mai de cette année. Les deux Brigades de
la gauche ſe ferrerent fur celle de Navarre. Elles
marcherent en bataille , au pas ordinaire & au
pas redoublé , environ deux cens toifes en avant
des fleches qui couvrent le Camp. Les Bataillons ,
qui dans la marche avoient trouvé des obſtacles ,
comme Caffines, Haies , Redents , s'étoient placés,
par le pas de côté, derriere les Bataillons qui avoient
trouvé le chemin libre . Ils les avoient fuivis jufqu'au
de-là de l'obſtacle. Alors , par le pas de côté ,
ils s'étoient replacés vis-à- vis des intervalles , &
par le pas redoublé ils avoient repris leur rang
dans la Ligne. Vis -à- vis des obftacles , quelquesuns
des Bataillons fe formerent en colonne derriere
les Bataillons , dont le chemin n'étoit point
embarraflé , & quand l'obftacle étoit paffé , ils
rentroient dans la ligne à pas redoublé . Sur
les onze heures , le Marquis de Voyer fit rompre.
188 MERCURE DE FRANCE.
la ligne par un quart de converfion à gauche par
Bataillon. La colonne marcha , jufqu'à ce que
chaque Bataillon fe trouvât vis - vis de fon Camp
où il rentra . L'objet de cette manoeuvre fut d'exercer
les troupes à faire les pas perfcrits par l'Ordonnance
, & de leur apprendre à s'en fervir
felon les différentes occafions & les différens terreins
.
Le 3 Septembre , le Marquis de Voyer fuppofa
que des troupes ennemies , qui couvroient
la ville de Valence , s'en étoient écartées pour
inquietter l'armée, Il fe propofa de leur dérober
une marche , & de fe pofter entr'elles & la
Ville , dans le deffein de les éloigner , ou de les
combattre . Selon cette idée , fix Bataillons &
la moitié des Dragons , deftinés à repréſenter
P'armée ennemie , partirent à cinq heures du
matin fous les ordres du Marquis de Monteynard
, & fe porterent fur deux colonnes vers l'a
Ville , entre les hauteurs de l'Auragne & la droite
du Camp. Une heure après , le Marquis de Voyer
fe mit en marche avec fept Bataillons , le refte
des Dragons & l'artillerie , & il s'avança auffi
fur deux colonnes vers la Ville par la cenfe de
Faventine . L'artillerie étoit à la colonne de la
droite , qui étoit compofée de deux Bataillons ,
& précédée des Dragons & de quelques Piquets.
Le reste de l'Infanterie formoit la colonne de la
gauche. Le Marquis de Monteynard , informé
de la marche du Marquis de Voyer , fe mit en
bataille dans les Prez le long d'une naville profonde
& pleine d'eau , & dont la digue couvroit
le Soldat par un parapet. La droite des ennemis appuyoit
à un chemin étroit , qui formoit un retranchement
, & leur gauche à la cenfe de la Palla. Ils
jetterent leurs troupes legeres avec quelque Infan
JANVIER. 1756. 189
terie dans des navilles à fec , & derriere des haies,
& ils placerent leur Cavalerie dans une petite , plaine
, à côté de la Cenfe. Le Marquis de Voyer ,
ayant reconnu cette difpofition , forma la fienne
en conféquence. L'armée devoit arriver par un
plateau , qui déroboit fes manoeuvres aux enne
mis . Il eût été défavantageux de les attaquer par
leur front de bataille , parce que les troupes fe
feroient trouvées obligées de fe former fous le
feu d'une Infanterie , qui auroit tiré à couvert.
Ainfi le Marquis de Voyer fe détermina , à diriger
La principale attaque fur le flanc gauche. Profitant
de la fupériorité de fon artillerie , il fit faire
feu. 11 dépofta les piquets & les troupes légeres , &
jl fit attaquer le gros de l'armée ennemie par les
Grenadiers , par les Dragons à pied , & par quatre
Bataillons. Les troupes , qui étoient à la gauche
& au centre fur le plateau , étoient luffifantes
pour contenir la droite & le centre des
ennemis , & pour les empêcher de fe dégarnir ,
& de le porter en force fur la gauche . Par - lá
on les mit hors d'état de foutenir la cenfe , qui
fit beaucoup de réfiftance , mais qu'à la fin on
emporta. Les ennemis , voyant le Marquis de
Voyer dans leur flanc , abandonnerent le terrein
fur lequel ils vouloient combattre. Leur Infanterie
fit demi- tour à droite, marcha en bataille,
& fe porta lentement vers une naville Parallele ;
& leur droite fe trouva appuyée au même chemin
, qui l'appuyoit dans leur premiere pofition .
Le Marquis de Monteynard couvrit cette ma
noeuvre par des Grenadiers & des Piquets de
fon centre & de fa gauche , qui firent ferme
fur la naville abandonnée , & if fe retira à petits
pas vers la cenfe de Thibert , qu'il occupa. Les
Grenadiers & les Piquets de la droite s'avançe
190 MERCURE DE FRANCE.
tent fur le chemin , & inquiéterent affez la gauche
du Marquis de Voyer , pour la contenir . Ils
fe replierent enfuite le long du chemin fur la
droite de leur armée. Dans l'intervalle , la Cavalerie
, l'artillerie & les troupes legeres du Marquis
de Voyer , avancerent pour attaquer la
Ĉavalerie des ennemis , & pour l'éloigner de la
cenfe , d'où il vouloit les dépofter. La nature du
terrein obligea la colonne de fon artillerie & de
la Cavalerie , de fe féparer de l'Infanterie . Alors
les ennemis firent gliffer entre les colonnes leurs
troupes legeres , leurs Dragons à pied & quelques
Grenadiers , qui firent feu fur le flanc de la Cavalerie
du Marquis de Voyer. Elle fut en mêmetemps
chargée par la Cavalerie du Marquis de
Monteynard, & obligée de fe replier. Les enennemis
tomberent fur l'efcorte de l'artillerie ,
& s'emparerent même de quelques pieces de canon
; mais le Marquis de Voyer y ayant promptement
porté des Grenadiers , des Dragons , des
Piquets & deux Bataillons , reprit fon artillerie
, & força les ennemis de fe remettre dans
leur premiere pofition. Il fit pour lors canonner
la cenfe , qu'on prit à revers. Les Ravins ,
dont elle est entourée , furent attaqués par les
troupes , que le Marquis de Voyer avoit portées
à fa droige ; & le Marquis de Monteynard fe retira
en bon ordre derriere une troifiéme naville ,
la Cavalerie en échiquier , par la tête d'un Ravin
garni de troupes legeres , qui tinrent aflez
longtemps pour favorifer fa retraite , & qui fe
replierent enfuite fur le corps de l'armée. Dans
cette troifiéme pofition , les ennemis fe retirerent
fur deux colonnes, & le Marquis de Voyer ,
dont l'objet étoit rempli , ne les inquiéta plus
que par de foibles détachemens . Nous nous borJANVIER.
1756. 191
hons àce Camp faute d'efpace ; d'ailleurs celui
de Richemont a été fuffisamment décrit par l'extrait
du Journal de M. Vallier , que nous avons
donné dans le premier Mercure de Decembre.
Le Camp formé près de cette Ville , étoit compolé
des Régimens d'infanterie de Navarre ,
de Bretagne , de Bigorre , de Nice de Vaubecourt
& de la Roche- Aymon , & des Régimens
de Dragons , Dauphin & de Languedoc.
M. le Marquis de Voyer ; Maréchal des Camps &
armées du Roi , & Infpecteur général de la Cavalerie
, commandoit ce camp. Il avoit fous fes
ordres le Marquis de Monteynard , auſſi Maréchal
de Camp les Comtes de la Queuille & de
la Roche -Aymon , Brigadiers d'Infanterie ; & M.
Severac de Juffes , Brigadier de Dragons. Le
Chevalier de Soupire rempliffoit les fonctions
de Maréchal Général des Logis.
Le 22 Août , le Marquis de Voyer fit la revue
générale des troupes , qui étoient fous les ordres.
Tous les Corps étant en bataille fans alignemens
tracés , qui étoient défendus pendant la
durée du Camp , les Brigades d'Infanterie fo
JANVIER . 1756. 187
porterent fur le centre . Au fignal d'un coup de
canon , la Ligne d'Infanterie fe trouva rompue ,
à droite , par tiers de rang , & à gauche , jufqu'à
la droite du Camp. Chaque divifion fit enfuite
un quart de converfion à gauche , marcha quarante
pas en avant , fit un fecond quart de converfion
à gauche , & marcha jufqu'à la droite du
Camp , d'où par des quarts de converfion à droite ,
chaque Corps fe trouva fur le front de fon terrein
, & y rentra par un demi-tour à droite . Les
Régimens de Dragons Dauphin & de Languedoc,
qui s'étoient rompus par Compagnies , l'un à
la droite , l'autre à la gauche , rentrerent auffi
dans le Camp , peu après l'Infanterie. Le Marquis
de Voyer vifita enfuite tous les poftes avancés
. Avant -hier , les troupes firent en fa préfence
, d'abord par Régiment , & enfuite par
Brigade , tous les feux preferits par l'Ordonnance
du 6 Mai de cette année. Les deux Brigades de
la gauche ſe ferrerent fur celle de Navarre. Elles
marcherent en bataille , au pas ordinaire & au
pas redoublé , environ deux cens toifes en avant
des fleches qui couvrent le Camp. Les Bataillons ,
qui dans la marche avoient trouvé des obſtacles ,
comme Caffines, Haies , Redents , s'étoient placés,
par le pas de côté, derriere les Bataillons qui avoient
trouvé le chemin libre . Ils les avoient fuivis jufqu'au
de-là de l'obſtacle. Alors , par le pas de côté ,
ils s'étoient replacés vis-à- vis des intervalles , &
par le pas redoublé ils avoient repris leur rang
dans la Ligne. Vis -à- vis des obftacles , quelquesuns
des Bataillons fe formerent en colonne derriere
les Bataillons , dont le chemin n'étoit point
embarraflé , & quand l'obftacle étoit paffé , ils
rentroient dans la ligne à pas redoublé . Sur
les onze heures , le Marquis de Voyer fit rompre.
188 MERCURE DE FRANCE.
la ligne par un quart de converfion à gauche par
Bataillon. La colonne marcha , jufqu'à ce que
chaque Bataillon fe trouvât vis - vis de fon Camp
où il rentra . L'objet de cette manoeuvre fut d'exercer
les troupes à faire les pas perfcrits par l'Ordonnance
, & de leur apprendre à s'en fervir
felon les différentes occafions & les différens terreins
.
Le 3 Septembre , le Marquis de Voyer fuppofa
que des troupes ennemies , qui couvroient
la ville de Valence , s'en étoient écartées pour
inquietter l'armée, Il fe propofa de leur dérober
une marche , & de fe pofter entr'elles & la
Ville , dans le deffein de les éloigner , ou de les
combattre . Selon cette idée , fix Bataillons &
la moitié des Dragons , deftinés à repréſenter
P'armée ennemie , partirent à cinq heures du
matin fous les ordres du Marquis de Monteynard
, & fe porterent fur deux colonnes vers l'a
Ville , entre les hauteurs de l'Auragne & la droite
du Camp. Une heure après , le Marquis de Voyer
fe mit en marche avec fept Bataillons , le refte
des Dragons & l'artillerie , & il s'avança auffi
fur deux colonnes vers la Ville par la cenfe de
Faventine . L'artillerie étoit à la colonne de la
droite , qui étoit compofée de deux Bataillons ,
& précédée des Dragons & de quelques Piquets.
Le reste de l'Infanterie formoit la colonne de la
gauche. Le Marquis de Monteynard , informé
de la marche du Marquis de Voyer , fe mit en
bataille dans les Prez le long d'une naville profonde
& pleine d'eau , & dont la digue couvroit
le Soldat par un parapet. La droite des ennemis appuyoit
à un chemin étroit , qui formoit un retranchement
, & leur gauche à la cenfe de la Palla. Ils
jetterent leurs troupes legeres avec quelque Infan
JANVIER. 1756. 189
terie dans des navilles à fec , & derriere des haies,
& ils placerent leur Cavalerie dans une petite , plaine
, à côté de la Cenfe. Le Marquis de Voyer ,
ayant reconnu cette difpofition , forma la fienne
en conféquence. L'armée devoit arriver par un
plateau , qui déroboit fes manoeuvres aux enne
mis . Il eût été défavantageux de les attaquer par
leur front de bataille , parce que les troupes fe
feroient trouvées obligées de fe former fous le
feu d'une Infanterie , qui auroit tiré à couvert.
Ainfi le Marquis de Voyer fe détermina , à diriger
La principale attaque fur le flanc gauche. Profitant
de la fupériorité de fon artillerie , il fit faire
feu. 11 dépofta les piquets & les troupes légeres , &
jl fit attaquer le gros de l'armée ennemie par les
Grenadiers , par les Dragons à pied , & par quatre
Bataillons. Les troupes , qui étoient à la gauche
& au centre fur le plateau , étoient luffifantes
pour contenir la droite & le centre des
ennemis , & pour les empêcher de fe dégarnir ,
& de le porter en force fur la gauche . Par - lá
on les mit hors d'état de foutenir la cenfe , qui
fit beaucoup de réfiftance , mais qu'à la fin on
emporta. Les ennemis , voyant le Marquis de
Voyer dans leur flanc , abandonnerent le terrein
fur lequel ils vouloient combattre. Leur Infanterie
fit demi- tour à droite, marcha en bataille,
& fe porta lentement vers une naville Parallele ;
& leur droite fe trouva appuyée au même chemin
, qui l'appuyoit dans leur premiere pofition .
Le Marquis de Monteynard couvrit cette ma
noeuvre par des Grenadiers & des Piquets de
fon centre & de fa gauche , qui firent ferme
fur la naville abandonnée , & if fe retira à petits
pas vers la cenfe de Thibert , qu'il occupa. Les
Grenadiers & les Piquets de la droite s'avançe
190 MERCURE DE FRANCE.
tent fur le chemin , & inquiéterent affez la gauche
du Marquis de Voyer , pour la contenir . Ils
fe replierent enfuite le long du chemin fur la
droite de leur armée. Dans l'intervalle , la Cavalerie
, l'artillerie & les troupes legeres du Marquis
de Voyer , avancerent pour attaquer la
Ĉavalerie des ennemis , & pour l'éloigner de la
cenfe , d'où il vouloit les dépofter. La nature du
terrein obligea la colonne de fon artillerie & de
la Cavalerie , de fe féparer de l'Infanterie . Alors
les ennemis firent gliffer entre les colonnes leurs
troupes legeres , leurs Dragons à pied & quelques
Grenadiers , qui firent feu fur le flanc de la Cavalerie
du Marquis de Voyer. Elle fut en mêmetemps
chargée par la Cavalerie du Marquis de
Monteynard, & obligée de fe replier. Les enennemis
tomberent fur l'efcorte de l'artillerie ,
& s'emparerent même de quelques pieces de canon
; mais le Marquis de Voyer y ayant promptement
porté des Grenadiers , des Dragons , des
Piquets & deux Bataillons , reprit fon artillerie
, & força les ennemis de fe remettre dans
leur premiere pofition. Il fit pour lors canonner
la cenfe , qu'on prit à revers. Les Ravins ,
dont elle est entourée , furent attaqués par les
troupes , que le Marquis de Voyer avoit portées
à fa droige ; & le Marquis de Monteynard fe retira
en bon ordre derriere une troifiéme naville ,
la Cavalerie en échiquier , par la tête d'un Ravin
garni de troupes legeres , qui tinrent aflez
longtemps pour favorifer fa retraite , & qui fe
replierent enfuite fur le corps de l'armée. Dans
cette troifiéme pofition , les ennemis fe retirerent
fur deux colonnes, & le Marquis de Voyer ,
dont l'objet étoit rempli , ne les inquiéta plus
que par de foibles détachemens . Nous nous borJANVIER.
1756. 191
hons àce Camp faute d'efpace ; d'ailleurs celui
de Richemont a été fuffisamment décrit par l'extrait
du Journal de M. Vallier , que nous avons
donné dans le premier Mercure de Decembre.
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Résumé : CAMP DE VALENCE.
Le camp de Valence, établi près de la ville, regroupait plusieurs régiments d'infanterie et de dragons. Le Marquis de Voyer, Maréchal des Camps et armées du Roi, en assurait le commandement. Ses subordonnés incluaient le Marquis de Monteynard, les Comtes de la Queuille et de la Roche-Aymon, ainsi que M. Severac de Juffes, Brigadier de Dragons. Le Chevalier de Soupire occupait la fonction de Maréchal Général des Logis. Le 22 août, le Marquis de Voyer organisa une revue générale des troupes. Les régiments d'infanterie et de dragons exécutèrent diverses manœuvres, telles que des marches en avant et des quarts de conversion. Les soldats pratiquèrent également des tirs conformément à l'ordonnance du 6 mai 1756. Le 3 septembre, le Marquis de Voyer simula une attaque ennemie pour entraîner ses troupes. Six bataillons et la moitié des dragons, sous les ordres du Marquis de Monteynard, se dirigèrent vers la ville de Valence. Simultanément, le Marquis de Voyer avança avec sept bataillons, le reste des dragons et l'artillerie. Les manœuvres incluaient des attaques sur les flancs ennemis et l'utilisation de l'artillerie pour déloger les troupes légères adverses. Après une résistance initiale, les ennemis se retirèrent en bon ordre derrière une troisième rivière. Le Marquis de Voyer, ayant atteint son objectif, ne les poursuivit pas davantage.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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31
p. 196-201
PAYS-BAS.
Début :
Le sieur de Kauderbach, Ministre Résident du Roi de Pologne Electeur de [...]
Mots clefs :
La Haye, Sieur Kauderbach, États généraux , Mémoire, Invasion, Electorat de Saxe, Seigneurs, La Reine, Traité de neutralité, Amsterdam, Tempête, Naufrages, Bruxelles, Bataille, Prussiens, Croates
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PAYS-BAS.
PAYS- BAS.
DE LA HAYE , le 8 Octobre.
Le fieur de Kauderbach , Miniftre Réſident da
Roi de Pologne Electeur de Saxe auprès des
Etats Généraux , leur a préfenté le 30 du mos
dernier le Mémoire fuivant .
« L'Invafion de l'Electorat de Saxe par les trou
»pes Pruffiennes eft un de ces attentats contre les
Loix refpectables des Nations , qui réclame de
»lui-même les fecours de toutes les Puiffances in
téreflées à conferver leur liberté & leur indépen-
>> dance.
» Le Roi , mon augufte Maître , a vu fes Etats
Héréditaires envahis dans le fein de la paix la
plus profonde , quoique S. M. ait évité avec
foin toutes les démarches qui auroient pa don
L
NOVEMBRE
. 1756.
197 . »ner la moindre ombre d'inquiétude
à fes voifins." » Dès les premieres
lueurs de méfintelligence >>entre les Cours de Vienne & de Berlin , S. M. a enjoint expreffément
à fes Miniftres d'annoncer
a toutes les Cours de L'Europe , qu'Elle étoit
d'ob-"
»refolue , dans les conjectures
préfentes , d'oc
»Terver la plus exacte neutralité. 251
297708
» Le fimple expofe des faits fuffira , pour dé- montrer à Vos Hautes Puiffances
, à quels ex- »ces on s'eft porté contre les Etats Héréditaires
du Roi , & de quelle importance
il eft pour tou- tes les Puiflances
d'arrêter un torrent , qui peut » les entraîner
elles- mêmes dans fa courfe . » Sa Majefté , fur le compte que je lui ai rendu »des premieres
impreffions
qu'a faites dans l'Etat »de V. H, P. l'entrée hoftile du Roi de Pruffe dans »fon Electorat , a reconny avec fenfibilité les fen- ntimens de l'ancienne
& conftante
amitié , qui
»lie le Roi avec votre République
. » Vous repréfenter
, Hauts & Puiffans
Seiun
Etat libre , tranquille
& neutre , en- »gneurs , yahi par un ennemi qui fe couvre des dehors de »l'amitié
, qui fans alléguer
le moindre
grief & la moindre
prétention
, mais fondé uniquement »fur la convenance
, s'empare
à main armée da toutes les Villes , & même de la Capitale
, dé- mande
les Places fortes comme Wittemberg
,
>>en fortifie d'autres comme Torgau , ce n'eft que »crayonner
foiblement
l'oppreffion
fous laquelle »gémiffent
les fideles Sujets de Sa Majefte, Les »Bourgeois
défarmés
, les Magiftrats
enlevés pour » fervir de garans des contributions
injuftes & enor- mes en vivres & en fourrages
, les caifles faifies » les revenus
de l'Electorat
confifqués
, les Arfe-
»naux de Drefde, de Léipfick, de Weiffenfels
& de »Zeitz , forcés, l'artillerie
& les armes pillées &
tij
198 MERCURE DE FRANCE.
tranfportées à Magdebourg , tous ces procédés
n'étoient qu'un préliminaire des traitemens
inouis qu'alloit effuyer une Reine , que les vertus
devoient rendre refpectable à fes ennemis
»mêmes. C'eſt d'entre les bras facrés de certe
Augufte Princeffe , qu'ont été enlevées avec
»menace & violence les Archives de l'Etat
malgré la fécurité fous laquelle S. M. croyoit
pouvoir vivre à l'abri des Loix divines & humaines
, & malgré les affurances réitérées qui lui
»avoient été données de la part du Roi de Pruffe ,
»que non feulement fa perfonne & fa réfidence
feroient en fûreté , mais même que la Garniſon
Pruffienne feroit fous fes ordres.
Cette Augufte & tendre Mère de fes fideles
» Sujets , reftés à Dreſde par un facrifice qu'Elle
»faifoit au bonheur des Saxons , comptoit du ſein
»du tumulte régir en fécurité les Etats de fon Augufte
Epoux ; que des foins également impor
tans avoient fait voler à la tête de fon armée ,
pour défendre fon honneur outragé , & rendre
au zele & à l'amour de fes peuples , ce qu'ils
Davoient lieu d'attendre de la valeur & de la fermeté
d'un Prince fi magnanime. Cette Princeffe
❤a vu ôter toute activité au Conſeil Privé , & fubftituer
au légitime Gouvernement un Directoire
arbitraire , qui ne connoît d'autre droit que fa
propre volonté.
Tels font , Hauts & Puiffans Seigneurs , les
premiers exploits d'un Prince , qui annonce
qu'il n'entreprend la guerre uniquement que
pour la défenfe de la liberté du Corps Germanique
, & pour la protection de la Religion Proteftante
, à laquelle il porte un coup d'autant
plus funefte , qu'il commence par écraſer ce même
Etat à qui cette Religion doit ſon établife,
10
1
1
။
NOVEMBRE. 1756: 199
>>ment & la confervation de fes droits les plus précieux
, en même temps qu'il enfreint toutes les
Loix refpectables , qui font l'union du Corps
Germanique , fous prétexte d'une défenfe , dontl'Empire
n'a befoin que contre lui -même.
Un Traité folemnel de Neutralité , offert par
»Sa Majefté , toutes les fûretés compatibles avec fa
>>fouveraineté , n'ont pu arrêter les projets formés
d'envahir & d'écrafer la Saxe. Le Roi , retiré
» dans ſon camp , n'a dû conſulter que fon honneur
& le zele de fes Sujets , pour rejetter , comme
elles le méritoient , les propofitions énor-
>>mes & inouies qu'on lui a faites , d'abandonner"
»durant cette guerre au Roi de Pruffe l'adminiftra-
»tion de ſes États & le commandement de fon ar
» mée.
» La cauſe de la Saxe eft commune à toutes les
Puiffances , puifque fon fort leur annonce celui '
» qu'elles doivent s'attendre d'éprouver , dès que
le Droit de Gens & la foi des Traités ne font plus
wun frein refpecté .
» Vos Hautes Puiffances verront , par la Copie
ci- jointe de la Déclaration que le Roi a fait publier
dans fon camp , que le Roi de Prufſe , en
» proteftant de n'être entré que comme ami en
» Saxe , n'exige pas moins que l'entier facrifice de
cet Electorat que fes prétentions énormes ont
wobligé Sa Majefté de déclarer à ce Prince
squ'Elle eft réfolue de défendre la jufte caufe jufqu'à
la derniere goutte de fon fang , plutôt que
d'accepter des conditions auffi odieufes & auffi
injurieufes à fa gloire.
» Dans la feconde annexe , V. H. P. remarqueront
que le Roi de Pruffe , dans l'expofé de:
fes motifs , qu'il a fait publier fous les yeux d'un '
Prince dont il fe dit ami , ne daigne pas feule--
Iiy
200 MERCURE DE FRANCE.
»ment alléguer de prétexte , pour colorer l'ufur-
»pation du territoire & des revenus de Sa Majeſté .
» Dans ces circonstances , le Roi attend de tou-
»tes les Puiffances , à qui l'honneur eft en recom-
»mandation , & en particulier de V. H. Puiffances
qui ont été de tout temps fi jaloufes de leur
liberté & de leur indépendance , qu'Eiles
»prêteront à Sa Majefté , par l'emploi de leurs
»bons offices & par d'autres moyens plus effica
ces , les fecours que tout Etat doit pour fon pro-
» pre intérêt à un autre Etat opprimé injuftement ,
quand même il ne feroit lié par aucun Traité. »
D'AMSTERDAM , le 11 Octobre.
On effuya le 7 de ce mois fur ces côtes une
affreufe tempête. Elle a caufé un grand nom
bre de naufrages. Quelques Vaiffeaux , entre
Jefquels on compte un Vaiffeau de guerre de
la République , & un Vaiffeau de la Compagnie
des Indes Orientales , ont péri au Texel. Quantité
d'autres ont été jettés fur le fable , ou pouffes
en pleine mer; & l'on n'a aucune nouvelle de
plufieurs de ces derniers.
DE BRUXELLES , le 16.Octobre.
Depuis l'arrivée du Courier , par lequel on a
reça la nouvelle de la bataille donnée en Boheme
le premier de ce mois , on a appris qu'un Détachement
confidérable de Pruffiens ayant paffé
l'Elbe pour enlever des fourrages fur la droite de
cette riviere , il a été attaqué au retour par un
corps de Croates ; que les ennemis ont eu près
de cinq cens hommes tués en cette occafion ; que
les Croates leur ont enlevé foixante - quatorze
NOVEMBRE . 1756. 201
mille rations de fourrage , & que le pont fur lequel
les Pruffiens avoient paffé la riviere , a été
brûlé.
DE LA HAYE , le 8 Octobre.
Le fieur de Kauderbach , Miniftre Réſident da
Roi de Pologne Electeur de Saxe auprès des
Etats Généraux , leur a préfenté le 30 du mos
dernier le Mémoire fuivant .
« L'Invafion de l'Electorat de Saxe par les trou
»pes Pruffiennes eft un de ces attentats contre les
Loix refpectables des Nations , qui réclame de
»lui-même les fecours de toutes les Puiffances in
téreflées à conferver leur liberté & leur indépen-
>> dance.
» Le Roi , mon augufte Maître , a vu fes Etats
Héréditaires envahis dans le fein de la paix la
plus profonde , quoique S. M. ait évité avec
foin toutes les démarches qui auroient pa don
L
NOVEMBRE
. 1756.
197 . »ner la moindre ombre d'inquiétude
à fes voifins." » Dès les premieres
lueurs de méfintelligence >>entre les Cours de Vienne & de Berlin , S. M. a enjoint expreffément
à fes Miniftres d'annoncer
a toutes les Cours de L'Europe , qu'Elle étoit
d'ob-"
»refolue , dans les conjectures
préfentes , d'oc
»Terver la plus exacte neutralité. 251
297708
» Le fimple expofe des faits fuffira , pour dé- montrer à Vos Hautes Puiffances
, à quels ex- »ces on s'eft porté contre les Etats Héréditaires
du Roi , & de quelle importance
il eft pour tou- tes les Puiflances
d'arrêter un torrent , qui peut » les entraîner
elles- mêmes dans fa courfe . » Sa Majefté , fur le compte que je lui ai rendu »des premieres
impreffions
qu'a faites dans l'Etat »de V. H, P. l'entrée hoftile du Roi de Pruffe dans »fon Electorat , a reconny avec fenfibilité les fen- ntimens de l'ancienne
& conftante
amitié , qui
»lie le Roi avec votre République
. » Vous repréfenter
, Hauts & Puiffans
Seiun
Etat libre , tranquille
& neutre , en- »gneurs , yahi par un ennemi qui fe couvre des dehors de »l'amitié
, qui fans alléguer
le moindre
grief & la moindre
prétention
, mais fondé uniquement »fur la convenance
, s'empare
à main armée da toutes les Villes , & même de la Capitale
, dé- mande
les Places fortes comme Wittemberg
,
>>en fortifie d'autres comme Torgau , ce n'eft que »crayonner
foiblement
l'oppreffion
fous laquelle »gémiffent
les fideles Sujets de Sa Majefte, Les »Bourgeois
défarmés
, les Magiftrats
enlevés pour » fervir de garans des contributions
injuftes & enor- mes en vivres & en fourrages
, les caifles faifies » les revenus
de l'Electorat
confifqués
, les Arfe-
»naux de Drefde, de Léipfick, de Weiffenfels
& de »Zeitz , forcés, l'artillerie
& les armes pillées &
tij
198 MERCURE DE FRANCE.
tranfportées à Magdebourg , tous ces procédés
n'étoient qu'un préliminaire des traitemens
inouis qu'alloit effuyer une Reine , que les vertus
devoient rendre refpectable à fes ennemis
»mêmes. C'eſt d'entre les bras facrés de certe
Augufte Princeffe , qu'ont été enlevées avec
»menace & violence les Archives de l'Etat
malgré la fécurité fous laquelle S. M. croyoit
pouvoir vivre à l'abri des Loix divines & humaines
, & malgré les affurances réitérées qui lui
»avoient été données de la part du Roi de Pruffe ,
»que non feulement fa perfonne & fa réfidence
feroient en fûreté , mais même que la Garniſon
Pruffienne feroit fous fes ordres.
Cette Augufte & tendre Mère de fes fideles
» Sujets , reftés à Dreſde par un facrifice qu'Elle
»faifoit au bonheur des Saxons , comptoit du ſein
»du tumulte régir en fécurité les Etats de fon Augufte
Epoux ; que des foins également impor
tans avoient fait voler à la tête de fon armée ,
pour défendre fon honneur outragé , & rendre
au zele & à l'amour de fes peuples , ce qu'ils
Davoient lieu d'attendre de la valeur & de la fermeté
d'un Prince fi magnanime. Cette Princeffe
❤a vu ôter toute activité au Conſeil Privé , & fubftituer
au légitime Gouvernement un Directoire
arbitraire , qui ne connoît d'autre droit que fa
propre volonté.
Tels font , Hauts & Puiffans Seigneurs , les
premiers exploits d'un Prince , qui annonce
qu'il n'entreprend la guerre uniquement que
pour la défenfe de la liberté du Corps Germanique
, & pour la protection de la Religion Proteftante
, à laquelle il porte un coup d'autant
plus funefte , qu'il commence par écraſer ce même
Etat à qui cette Religion doit ſon établife,
10
1
1
။
NOVEMBRE. 1756: 199
>>ment & la confervation de fes droits les plus précieux
, en même temps qu'il enfreint toutes les
Loix refpectables , qui font l'union du Corps
Germanique , fous prétexte d'une défenfe , dontl'Empire
n'a befoin que contre lui -même.
Un Traité folemnel de Neutralité , offert par
»Sa Majefté , toutes les fûretés compatibles avec fa
>>fouveraineté , n'ont pu arrêter les projets formés
d'envahir & d'écrafer la Saxe. Le Roi , retiré
» dans ſon camp , n'a dû conſulter que fon honneur
& le zele de fes Sujets , pour rejetter , comme
elles le méritoient , les propofitions énor-
>>mes & inouies qu'on lui a faites , d'abandonner"
»durant cette guerre au Roi de Pruffe l'adminiftra-
»tion de ſes États & le commandement de fon ar
» mée.
» La cauſe de la Saxe eft commune à toutes les
Puiffances , puifque fon fort leur annonce celui '
» qu'elles doivent s'attendre d'éprouver , dès que
le Droit de Gens & la foi des Traités ne font plus
wun frein refpecté .
» Vos Hautes Puiffances verront , par la Copie
ci- jointe de la Déclaration que le Roi a fait publier
dans fon camp , que le Roi de Prufſe , en
» proteftant de n'être entré que comme ami en
» Saxe , n'exige pas moins que l'entier facrifice de
cet Electorat que fes prétentions énormes ont
wobligé Sa Majefté de déclarer à ce Prince
squ'Elle eft réfolue de défendre la jufte caufe jufqu'à
la derniere goutte de fon fang , plutôt que
d'accepter des conditions auffi odieufes & auffi
injurieufes à fa gloire.
» Dans la feconde annexe , V. H. P. remarqueront
que le Roi de Pruffe , dans l'expofé de:
fes motifs , qu'il a fait publier fous les yeux d'un '
Prince dont il fe dit ami , ne daigne pas feule--
Iiy
200 MERCURE DE FRANCE.
»ment alléguer de prétexte , pour colorer l'ufur-
»pation du territoire & des revenus de Sa Majeſté .
» Dans ces circonstances , le Roi attend de tou-
»tes les Puiffances , à qui l'honneur eft en recom-
»mandation , & en particulier de V. H. Puiffances
qui ont été de tout temps fi jaloufes de leur
liberté & de leur indépendance , qu'Eiles
»prêteront à Sa Majefté , par l'emploi de leurs
»bons offices & par d'autres moyens plus effica
ces , les fecours que tout Etat doit pour fon pro-
» pre intérêt à un autre Etat opprimé injuftement ,
quand même il ne feroit lié par aucun Traité. »
D'AMSTERDAM , le 11 Octobre.
On effuya le 7 de ce mois fur ces côtes une
affreufe tempête. Elle a caufé un grand nom
bre de naufrages. Quelques Vaiffeaux , entre
Jefquels on compte un Vaiffeau de guerre de
la République , & un Vaiffeau de la Compagnie
des Indes Orientales , ont péri au Texel. Quantité
d'autres ont été jettés fur le fable , ou pouffes
en pleine mer; & l'on n'a aucune nouvelle de
plufieurs de ces derniers.
DE BRUXELLES , le 16.Octobre.
Depuis l'arrivée du Courier , par lequel on a
reça la nouvelle de la bataille donnée en Boheme
le premier de ce mois , on a appris qu'un Détachement
confidérable de Pruffiens ayant paffé
l'Elbe pour enlever des fourrages fur la droite de
cette riviere , il a été attaqué au retour par un
corps de Croates ; que les ennemis ont eu près
de cinq cens hommes tués en cette occafion ; que
les Croates leur ont enlevé foixante - quatorze
NOVEMBRE . 1756. 201
mille rations de fourrage , & que le pont fur lequel
les Pruffiens avoient paffé la riviere , a été
brûlé.
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Résumé : PAYS-BAS.
Le 8 octobre 1756, le ministre résident du roi de Pologne et électeur de Saxe auprès des États Généraux des Pays-Bas a présenté un mémoire relatant l'invasion de l'Électorat de Saxe par les troupes prussiennes. Cette invasion est qualifiée d'atteinte aux lois internationales, justifiant l'intervention des puissances souhaitant préserver leur liberté et indépendance. Le roi de Saxe, bien qu'ayant tenté de maintenir la neutralité, a vu ses États héréditaires envahis sans provocation. Le mémoire met en lumière les violences commises par les Prussiens, incluant l'occupation de villes, la fortification de places fortes et la confiscation des revenus de l'Électorat. La reine de Saxe a été particulièrement affectée, avec les archives de l'État saisies malgré les garanties de sécurité offertes par le roi de Prusse. Un directoire arbitraire a été imposé, remplaçant le gouvernement légitime. Le roi de Saxe a refusé les propositions prussiennes de renoncer à l'administration de ses États et au commandement de son armée. Il appelle les puissances européennes à soutenir la Saxe, affirmant que la défense de cet État est cruciale pour toutes les puissances, car elle protège le droit des gens et la fidélité des traités. Le roi de Prusse, malgré ses déclarations d'amitié, exige la capitulation totale de l'Électorat, ce que le roi de Saxe refuse, prêt à défendre sa cause jusqu'au bout.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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32
p. 201-207
« Le Roi de Pologne Electeur de Saxe, ayant désigner l'Evêque Duc de Laon, [...] »
Début :
Le Roi de Pologne Electeur de Saxe, ayant désigner l'Evêque Duc de Laon, [...]
Mots clefs :
Roi de Pologne, Nominations, Roi de France, Impératrice Reine de Hongrie et Bohême, Traité de Versailles, Régiments, Chevaliers, Comtes, Lieutenants, Comte de Starhemberg, Maréchal de Browne, Bataille, Artillerie, Violences, Morts, Corsaires , Navires anglais, Capitaines, Loterie
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texteReconnaissance textuelle : « Le Roi de Pologne Electeur de Saxe, ayant désigner l'Evêque Duc de Laon, [...] »
LE Roi de Pologne Electeur de Saxe , ayant défigné
l'Evêque Duc de Laon , pour remplir fa nomination
au Chapeau de Cardinal , le Roi y a
donné fon confentement . Ce Prélat eut l'honneur
d'en remercier Sa Majeſté , ainfi que de la grace
qu'Elle vient de lui faire , en lui accordant les
entrées de fa Chambre .
Le Roi a accordé à M. le Marquis de Cruffol - de
Salles , Lieutenant - Général , le Gouvernement
de l'Ile d'Oleron , vacant par la mort de M. de
Cadeville.
L'Impératrice Reine de Hongrie & de Boheme
ayant demandé au Roi , à l'occafion de l'entrée
de l'armée du Roi de Prufle en Boheme , le
Tecours de troupes ftipulé par le Traité de Verfailles
du premier M ai dernier ; Sa Majesté a
donné ordre de raffembler à cet effet les Régimens
ci- après , qui doivent former un Corps de vingtquatre
mille hommes aux ordres du Prince de
Soubife : fçavoir , les Régimens d'Infanterie de
Champagne, Belfunce , Lyonnois, Dauphin , Vaubecourt
, Alface , Bentheim , Jenner , la March ,
Courten , Royal Suédois , Royal Baviere , Lowendalh
& Lochmann , faifant enſemble vingt- fix Bataillons
; & les Régimens de Cavalerie du Commiflaire
Général , Royal Cuiraffiers , Royal Rouf-
I v
202 MERCURE DE FRANCE:
fillon , Royal Allemand , trois Brigades de Ca
rabiniers , Royal Pologne , Bourgogne , Berry ,
Orléans , Lufignan , Marcieu , Talleyrand , la
Rochefoucault , Lameth , Bellefonds , Henrichemont
, Moutiers , Wirtemberg , Harcourt &
Naffaw , faifant enfemble quarante- quatre Efcadrons
, avec un Détachement du Corps Royal de
l'Artillerie & du Génie.
Sa Majesté a nommé en même temps , pour
fervir avec ces troupes , MM . le Chevalier de Nicolay
. le Duc de Broglie , le Comte de Lorges
& le Comte de Mailly , Lieutenant Généraux ; le
Marquis de Crillon , le Marquis de Poyanne ,
le Marquis de Barbançon , le Marquis de Berville,
le Marquis de Cuftine , le Marquis de Rougé , le
Marquis Deffalles , le Marquis de Saint - Chamans,
le Prince de Beauvau & le Prince Camille , Maréchaux
de Camp ; le Comte de Revel , Maréchal
général des Logis ; le Marquis de Lugeac , Major
général de l'infanterie , & le Marquis de Caulin
court, Maréchal Général des Logis de la Cavalerie.
M. le Comte de Starhemberg , Miniftre Plénipotentiaire
de Leurs Majeftés Impériales auprès
du Roi , reçut le 13 , par un courier extraordinaire
qui lui a été dépêché de ſa Cour , une Copie
de la Relation , par laquelle le Maréchal
Comte de Browne a rendu compte à l'Empereur
de l'action qui s'eft paffée en Boheme le premier
Octobre , entre les troupes Impériales & celles du
Roi de Pruffe . Cette Relation , qui eft datée du
2 , du camp de Budin , porte en fubftance , que la
nuit du 30 Septembre au premier Octobre le Roi
de Pruffe s'avança vers le Maréchal de Browne
avec une armée de quarante mille combattans au
moins : Que cette armée déboucha à la pointe du
jour par la Gorge de Welmina , en fe déployant
NOVEMBRE. 1756. 203
pafur
les hauteurs , à droite , à gauche , & dans le
fond de Lowofis.Que la bataille commença à fept:
heures. Que le feu a été fort vif des deux côtés ,
& la canonnade des Pruffiens telle , que tout le
monde convient n'en avoir jamais entendu de
reille. Que malgré cela les troupes Autrichiennes
ont fait des prodiges de valeur , en foutenant la
violence extrême de ce feu d'artillerie avec la plus
grande fermeté , & en repouffant à diverſes reprifes
les attaques de l'ennemi . Que les Pruffiens
ayant commencé à jetter des boulets rouges dans
le Village de Lowofis , le feu y a pris ; & que cet
accident a obligé l'Iufanterie Autrichienne , qui fe
trouvoit entre le feu du Village & celui de l'attaque
, d'abandonner la hauteur droite du Village
pour le former dehors dans la plaine , après quoi
le feu fe ralentit & finit enfin à trois heures aprèsmidi
. Que la Cavalerie Autrichienne a chaffé celle :
de l'ennemi à deux reprifes , de forte que celle- ci
n'a plus ofé reparoître , & a été forcée de fe retirer :
derriere l'Infanterie. Que parmi les Officiers de
rang de l'armée Autrichienne , il n'y a eu de tués
que le Général Radicati ; que le Général Prince
de Lobkowits a été bieffé & fait prifonnier ; que'
le Général Danois Rantzau a été bleffé , ainfi que
MM. Caroli , Hager , Adjudant Général , de
Browne , fils du Maréchal , de Bievre , Gowrai
& Lafcy ; que le Colonel Sanyvani eft mort de fesbleffures
. Qu'on croit , fuivant le calcul le plus
jafte qu'on ait pu faire , que le nombre des morts
& blellés Autrichiens ne monte guere qu'à environ
deux mille hommes , & que la perte des Pruf
fiens eft beaucoup plus confidérable , outre qu'il y
a eu quelques centaines de ceux - ci & plufieurs de
leurs Officiers , qui ont été faits prifonniers. Que
les Autrichiens n'ont perdu ni canons , ni dra--
Į vj ,
204 MERCURE DE FRANCE.
peaux, & qu'on foupçonne feulement qu'il manque
un Etendard dans le Régiment de Cordoua ,
qui eft celui de tous qui a le plus fouffert . Que le
Maréchal de Browne eft resté toute la nuit fur le
champ de bataille ; mais que comme les charriots
des vivres & des fourages s'étoient retirés , & qu'il
y a difette d'eau dans la Plaine où il étoit , il étoit
retourné le z au matin , dans fon ancien camp de
Budin , derriere l'Egra , afin de ne manquer de
rien pour la fubfiftance de fon armée. Que le Roi
de Prufle avoit pris fon camp derriere le champde
bataille , & que le 2 au matin au départ de l'armée
Autrichienne , il ne s'étoit pas encore mis
en poffeffion de Lowofis. Les Déserteurs & les
Prifonniers rapportent unanimement que les
Pruffiens ont perdu trois Généraux , dont pourtant
ils ne fçavent pas les noms. Le Maréchal de
Browne affure que cette action , quoique extrêmement
vive & fanglante , ne change abfolu
ment rien au ſyſtême des affaires & de les opé-
Iarions.
On mande de Dunkerque , que le Capitaine
Canon , commandant le Corfaire le Prince de
Soubife , de ce Port , y a fait conduire un Navire
Anglois de 250 tonneaux , dont il s'eft emparé ,
& qui revenoit de la Barbade avec un chargement
de fucre , de coton , de taffia & d'autres marchandifes.
L'Hirondelle , autre Corfaire de Dunkerque ,
qui avoit auffi pris deux Bâtimens Anglois , les a
rançonnés , l'un pour deux cens , l'autre pour
trois cens livres sterlings .
Le Corfaire l'Infernal , du Havre , dont eft
Capitaine Louis de Ferne , a relâché , moyennant
une rançon de dix-fept mille livres , un Navire
Anglois dont il s'étoit rendu maître.
NOVEMBRE.
1756. 205
Le Capitaine Deveaux , qui monte le Corfaire
PEfpérance , de Saint - Malo , a conduit au Havre
le Navire Anglois le Prince Rupert , de 140 .
tonneaux , armé de 12 canons , & Chargé de
cire fine , de cuivre , de gomme arabique & d'amandes.
Les Corfaires l'Amiral' & la Levrette ,
de
Bayonne , le font rendus maîtres , l'un des Navires
Anglois la Joanne , de Bofton , de 150 tonneaux
, chargé de fucre , de coton & de bois de
Campêche, & le Horley , de Londres , de 330
tonneaux , venant de la Virginie avec un charge.
ment de tabac ; l'autre , du Brigantin appellé le
Dauphin , de Newport en Amérique , dont la
cargaifon eft compofée de bois de Campêche ,
& du Bateau l'Helene , de Marblehead , chargé
de morue verte .
On a été informé par des lettres écrites de
Marſeille , que le Navire Anglois le Molly, de
140 tonneaun mint de 4
plomb , de plufieurs balles de draps & caiffes de
quincaillerie , a été pris & conduit en ce Port par
le Corfaire l'Heureufe Therefe , dont eft Capitaine
Pierre Pelouquin .
Le Vaiffeau de guerre Anglois le Warwick , de
64 canons , dont le Chevalier d'Aubigny s'étoit
emparé fur les côtes des Iles du Vent , a été armé
à la Martinique , & joint au Vaiffeau le Prudent
& aux Frégates l'Atalante , & le Zephyr ,
qui étoient fous le commandement de cet Offeier.
Cette Efcadre , après avoir croifé plufieurs
mois dans les parages de ces Ifles , où elle a fait
plufieurs prifes , eft partie de la Martinique le 12
Août , avec un convoi de 22 Navires Marchands
Les vents contraires l'ont obligée de relâcher le
premier Octobre au Port de la Corogne en Espa
206 MERCURE DE FRANCE.
gne. Elle en eft partie le 10 , & elle eft arrivéele
14 dans Rade de l'Ile d'Aix , à l'exception de la
Frégate le Zephyr , que le Chevalier d'Aubigny a
renvoyée à la Martinique, quelques jours après fondépart
de cette Ifle , pour y conduire - trois prifes
que cette Frégate avoit faites , & dont une étoit
un Corfaire ennemi , lequel venoit de s'emparer
d'un des Navires Marchands , qui s'étoit écarté du
convoi. Le Chevalier d'Aubigny a fait auffi deux
prifes dans fa traverſée de la Martinique en France
, & a amené les Officiers & une partie de l'équipage
Anglois du Vaiffeau le Warwick.
Le Corfaire l'Amiral , Capitaine Jean Samfon ;
s'eft emparé du Navire Anglois le Friendship , de
Londres , armé de 6 canons , allant à la Virgi
nie avec un chargement de marchandifes féches ,.
& a conduit cette prife à Bayonne.
Le Senaw Anglois le Landovery , de 130 ton
neaux , armé de 10 canons , & dont la cargaifon
chandelle & autres Loliere
marchandifes deftinées pour la
Jamaïque , a été
pris par le Corfaire le Comte de Maurepas , de
Bordeaux , qui l'a fait conduire à Fécamp.
Le 17 d'Octobre , le Roi fit la cérémonie de
recevoir Chevalier de l'Ordre de Saint Louis le
Prince de Rohan-Kochefort , Brigadier , Colonel
d'un Régiment d'Infanterie de fon nom , & M. de
Château- Thierry , Capitaine dars ce Régiment.
Le Roi a choifi M. le Comte d'Eftrées , Chevalier
de fes Ordres , & Lieutenant Général de
fes Armées , pour aller exécuter , en qualité de
fon Miniftre
Plénipotentiaire , une commiffion
particuliere auprès de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme.
Les Auguftins Réformés de la
Congrégation de
France , dans le Chapitre qu'ils ont tenu à Paris
NOVEMBRE. 1756. 207-
fe 18 de ce mois , ont élu le Pere Gervais pour
leur Supérieur Général ,
Le 21 les Actions de la Compagnie des Indesétoient
à quinze cens livres : les Billets de la Se
conde Loterie Royal , à fept cens foixante cinq ",
ceux de la troifieme Loterie , à fix cens quatrevingt.
Ceux de la premiere Loterie n'avoient
point de prix fixe.
l'Evêque Duc de Laon , pour remplir fa nomination
au Chapeau de Cardinal , le Roi y a
donné fon confentement . Ce Prélat eut l'honneur
d'en remercier Sa Majeſté , ainfi que de la grace
qu'Elle vient de lui faire , en lui accordant les
entrées de fa Chambre .
Le Roi a accordé à M. le Marquis de Cruffol - de
Salles , Lieutenant - Général , le Gouvernement
de l'Ile d'Oleron , vacant par la mort de M. de
Cadeville.
L'Impératrice Reine de Hongrie & de Boheme
ayant demandé au Roi , à l'occafion de l'entrée
de l'armée du Roi de Prufle en Boheme , le
Tecours de troupes ftipulé par le Traité de Verfailles
du premier M ai dernier ; Sa Majesté a
donné ordre de raffembler à cet effet les Régimens
ci- après , qui doivent former un Corps de vingtquatre
mille hommes aux ordres du Prince de
Soubife : fçavoir , les Régimens d'Infanterie de
Champagne, Belfunce , Lyonnois, Dauphin , Vaubecourt
, Alface , Bentheim , Jenner , la March ,
Courten , Royal Suédois , Royal Baviere , Lowendalh
& Lochmann , faifant enſemble vingt- fix Bataillons
; & les Régimens de Cavalerie du Commiflaire
Général , Royal Cuiraffiers , Royal Rouf-
I v
202 MERCURE DE FRANCE:
fillon , Royal Allemand , trois Brigades de Ca
rabiniers , Royal Pologne , Bourgogne , Berry ,
Orléans , Lufignan , Marcieu , Talleyrand , la
Rochefoucault , Lameth , Bellefonds , Henrichemont
, Moutiers , Wirtemberg , Harcourt &
Naffaw , faifant enfemble quarante- quatre Efcadrons
, avec un Détachement du Corps Royal de
l'Artillerie & du Génie.
Sa Majesté a nommé en même temps , pour
fervir avec ces troupes , MM . le Chevalier de Nicolay
. le Duc de Broglie , le Comte de Lorges
& le Comte de Mailly , Lieutenant Généraux ; le
Marquis de Crillon , le Marquis de Poyanne ,
le Marquis de Barbançon , le Marquis de Berville,
le Marquis de Cuftine , le Marquis de Rougé , le
Marquis Deffalles , le Marquis de Saint - Chamans,
le Prince de Beauvau & le Prince Camille , Maréchaux
de Camp ; le Comte de Revel , Maréchal
général des Logis ; le Marquis de Lugeac , Major
général de l'infanterie , & le Marquis de Caulin
court, Maréchal Général des Logis de la Cavalerie.
M. le Comte de Starhemberg , Miniftre Plénipotentiaire
de Leurs Majeftés Impériales auprès
du Roi , reçut le 13 , par un courier extraordinaire
qui lui a été dépêché de ſa Cour , une Copie
de la Relation , par laquelle le Maréchal
Comte de Browne a rendu compte à l'Empereur
de l'action qui s'eft paffée en Boheme le premier
Octobre , entre les troupes Impériales & celles du
Roi de Pruffe . Cette Relation , qui eft datée du
2 , du camp de Budin , porte en fubftance , que la
nuit du 30 Septembre au premier Octobre le Roi
de Pruffe s'avança vers le Maréchal de Browne
avec une armée de quarante mille combattans au
moins : Que cette armée déboucha à la pointe du
jour par la Gorge de Welmina , en fe déployant
NOVEMBRE. 1756. 203
pafur
les hauteurs , à droite , à gauche , & dans le
fond de Lowofis.Que la bataille commença à fept:
heures. Que le feu a été fort vif des deux côtés ,
& la canonnade des Pruffiens telle , que tout le
monde convient n'en avoir jamais entendu de
reille. Que malgré cela les troupes Autrichiennes
ont fait des prodiges de valeur , en foutenant la
violence extrême de ce feu d'artillerie avec la plus
grande fermeté , & en repouffant à diverſes reprifes
les attaques de l'ennemi . Que les Pruffiens
ayant commencé à jetter des boulets rouges dans
le Village de Lowofis , le feu y a pris ; & que cet
accident a obligé l'Iufanterie Autrichienne , qui fe
trouvoit entre le feu du Village & celui de l'attaque
, d'abandonner la hauteur droite du Village
pour le former dehors dans la plaine , après quoi
le feu fe ralentit & finit enfin à trois heures aprèsmidi
. Que la Cavalerie Autrichienne a chaffé celle :
de l'ennemi à deux reprifes , de forte que celle- ci
n'a plus ofé reparoître , & a été forcée de fe retirer :
derriere l'Infanterie. Que parmi les Officiers de
rang de l'armée Autrichienne , il n'y a eu de tués
que le Général Radicati ; que le Général Prince
de Lobkowits a été bieffé & fait prifonnier ; que'
le Général Danois Rantzau a été bleffé , ainfi que
MM. Caroli , Hager , Adjudant Général , de
Browne , fils du Maréchal , de Bievre , Gowrai
& Lafcy ; que le Colonel Sanyvani eft mort de fesbleffures
. Qu'on croit , fuivant le calcul le plus
jafte qu'on ait pu faire , que le nombre des morts
& blellés Autrichiens ne monte guere qu'à environ
deux mille hommes , & que la perte des Pruf
fiens eft beaucoup plus confidérable , outre qu'il y
a eu quelques centaines de ceux - ci & plufieurs de
leurs Officiers , qui ont été faits prifonniers. Que
les Autrichiens n'ont perdu ni canons , ni dra--
Į vj ,
204 MERCURE DE FRANCE.
peaux, & qu'on foupçonne feulement qu'il manque
un Etendard dans le Régiment de Cordoua ,
qui eft celui de tous qui a le plus fouffert . Que le
Maréchal de Browne eft resté toute la nuit fur le
champ de bataille ; mais que comme les charriots
des vivres & des fourages s'étoient retirés , & qu'il
y a difette d'eau dans la Plaine où il étoit , il étoit
retourné le z au matin , dans fon ancien camp de
Budin , derriere l'Egra , afin de ne manquer de
rien pour la fubfiftance de fon armée. Que le Roi
de Prufle avoit pris fon camp derriere le champde
bataille , & que le 2 au matin au départ de l'armée
Autrichienne , il ne s'étoit pas encore mis
en poffeffion de Lowofis. Les Déserteurs & les
Prifonniers rapportent unanimement que les
Pruffiens ont perdu trois Généraux , dont pourtant
ils ne fçavent pas les noms. Le Maréchal de
Browne affure que cette action , quoique extrêmement
vive & fanglante , ne change abfolu
ment rien au ſyſtême des affaires & de les opé-
Iarions.
On mande de Dunkerque , que le Capitaine
Canon , commandant le Corfaire le Prince de
Soubife , de ce Port , y a fait conduire un Navire
Anglois de 250 tonneaux , dont il s'eft emparé ,
& qui revenoit de la Barbade avec un chargement
de fucre , de coton , de taffia & d'autres marchandifes.
L'Hirondelle , autre Corfaire de Dunkerque ,
qui avoit auffi pris deux Bâtimens Anglois , les a
rançonnés , l'un pour deux cens , l'autre pour
trois cens livres sterlings .
Le Corfaire l'Infernal , du Havre , dont eft
Capitaine Louis de Ferne , a relâché , moyennant
une rançon de dix-fept mille livres , un Navire
Anglois dont il s'étoit rendu maître.
NOVEMBRE.
1756. 205
Le Capitaine Deveaux , qui monte le Corfaire
PEfpérance , de Saint - Malo , a conduit au Havre
le Navire Anglois le Prince Rupert , de 140 .
tonneaux , armé de 12 canons , & Chargé de
cire fine , de cuivre , de gomme arabique & d'amandes.
Les Corfaires l'Amiral' & la Levrette ,
de
Bayonne , le font rendus maîtres , l'un des Navires
Anglois la Joanne , de Bofton , de 150 tonneaux
, chargé de fucre , de coton & de bois de
Campêche, & le Horley , de Londres , de 330
tonneaux , venant de la Virginie avec un charge.
ment de tabac ; l'autre , du Brigantin appellé le
Dauphin , de Newport en Amérique , dont la
cargaifon eft compofée de bois de Campêche ,
& du Bateau l'Helene , de Marblehead , chargé
de morue verte .
On a été informé par des lettres écrites de
Marſeille , que le Navire Anglois le Molly, de
140 tonneaun mint de 4
plomb , de plufieurs balles de draps & caiffes de
quincaillerie , a été pris & conduit en ce Port par
le Corfaire l'Heureufe Therefe , dont eft Capitaine
Pierre Pelouquin .
Le Vaiffeau de guerre Anglois le Warwick , de
64 canons , dont le Chevalier d'Aubigny s'étoit
emparé fur les côtes des Iles du Vent , a été armé
à la Martinique , & joint au Vaiffeau le Prudent
& aux Frégates l'Atalante , & le Zephyr ,
qui étoient fous le commandement de cet Offeier.
Cette Efcadre , après avoir croifé plufieurs
mois dans les parages de ces Ifles , où elle a fait
plufieurs prifes , eft partie de la Martinique le 12
Août , avec un convoi de 22 Navires Marchands
Les vents contraires l'ont obligée de relâcher le
premier Octobre au Port de la Corogne en Espa
206 MERCURE DE FRANCE.
gne. Elle en eft partie le 10 , & elle eft arrivéele
14 dans Rade de l'Ile d'Aix , à l'exception de la
Frégate le Zephyr , que le Chevalier d'Aubigny a
renvoyée à la Martinique, quelques jours après fondépart
de cette Ifle , pour y conduire - trois prifes
que cette Frégate avoit faites , & dont une étoit
un Corfaire ennemi , lequel venoit de s'emparer
d'un des Navires Marchands , qui s'étoit écarté du
convoi. Le Chevalier d'Aubigny a fait auffi deux
prifes dans fa traverſée de la Martinique en France
, & a amené les Officiers & une partie de l'équipage
Anglois du Vaiffeau le Warwick.
Le Corfaire l'Amiral , Capitaine Jean Samfon ;
s'eft emparé du Navire Anglois le Friendship , de
Londres , armé de 6 canons , allant à la Virgi
nie avec un chargement de marchandifes féches ,.
& a conduit cette prife à Bayonne.
Le Senaw Anglois le Landovery , de 130 ton
neaux , armé de 10 canons , & dont la cargaifon
chandelle & autres Loliere
marchandifes deftinées pour la
Jamaïque , a été
pris par le Corfaire le Comte de Maurepas , de
Bordeaux , qui l'a fait conduire à Fécamp.
Le 17 d'Octobre , le Roi fit la cérémonie de
recevoir Chevalier de l'Ordre de Saint Louis le
Prince de Rohan-Kochefort , Brigadier , Colonel
d'un Régiment d'Infanterie de fon nom , & M. de
Château- Thierry , Capitaine dars ce Régiment.
Le Roi a choifi M. le Comte d'Eftrées , Chevalier
de fes Ordres , & Lieutenant Général de
fes Armées , pour aller exécuter , en qualité de
fon Miniftre
Plénipotentiaire , une commiffion
particuliere auprès de l'Empereur & de l'Impératrice
Reine de Hongrie & de Boheme.
Les Auguftins Réformés de la
Congrégation de
France , dans le Chapitre qu'ils ont tenu à Paris
NOVEMBRE. 1756. 207-
fe 18 de ce mois , ont élu le Pere Gervais pour
leur Supérieur Général ,
Le 21 les Actions de la Compagnie des Indesétoient
à quinze cens livres : les Billets de la Se
conde Loterie Royal , à fept cens foixante cinq ",
ceux de la troifieme Loterie , à fix cens quatrevingt.
Ceux de la premiere Loterie n'avoient
point de prix fixe.
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Résumé : « Le Roi de Pologne Electeur de Saxe, ayant désigner l'Evêque Duc de Laon, [...] »
Le Roi de Pologne, également Électeur de Saxe, a nommé l'Évêque Duc de Laon comme cardinal, avec le consentement du Roi de France. L'Évêque a exprimé sa gratitude pour cette nomination et pour l'accès à la Chambre du Roi. Le Gouvernement de l'Île d'Oléron a été attribué à M. le Marquis de Crussol de Salles, Lieutenant-Général, suite au décès de M. de Cadeville. L'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême a sollicité l'envoi de troupes françaises en raison de l'invasion de la Bohême par l'armée prussienne. Le Roi a ordonné la mobilisation de plusieurs régiments d'infanterie et de cavalerie, formant un corps de vingt-quatre mille hommes sous le commandement du Prince de Soubise. Parmi les régiments mobilisés figurent les régiments d'infanterie de Champagne, Belfunce, Lyonnois, Dauphin, Vaubecourt, Alsace, Bentheim, Jenner, la Marche, Courten, Royal Suédois, Royal Bavière, Lowendahl et Lochmann, ainsi que les régiments de cavalerie du Commissaire Général, Royal Cuirassiers, Royal Roussillon, Royal Allemand, et plusieurs brigades de carabiniers. Le Roi a également nommé plusieurs officiers pour servir avec ces troupes, dont le Chevalier de Nicolay, le Duc de Broglie, le Comte de Lorges et le Comte de Mailly comme Lieutenants-Généraux, ainsi que divers Maréchaux de camp et autres officiers supérieurs. M. le Comte de Starhemberg, Ministre Plénipotentiaire des Majestés Impériales auprès du Roi, a reçu un rapport détaillé de la bataille du 1er octobre en Bohême entre les troupes impériales et prussiennes. Cette bataille, décrite comme intense, a vu des pertes importantes des deux côtés, y compris plusieurs généraux prussiens tués. Des nouvelles de Dunkerque rapportent la capture de plusieurs navires anglais par des corsaires français, notamment le Prince de Soubise, l'Hirondelle, l'Infernal, et l'Espérance, chargés de diverses marchandises telles que du sucre, du coton et du taffia. Le Chevalier d'Aubigny, après avoir capturé le vaisseau de guerre anglais le Warwick, l'a armé à la Martinique et a rejoint d'autres navires pour former une escadre, qui a croisé dans les parages des îles du Vent avant de retourner en France. Le Roi a également procédé à diverses cérémonies et nominations, notamment la réception du Prince de Rohan-Kochefort et de M. de Château-Thierry comme Chevaliers de l'Ordre de Saint Louis. Il a choisi M. le Comte d'Estrées pour une mission auprès de l'Empereur et de l'Impératrice Reine de Hongrie et de Bohême. Les Augustins Réformés de la Congrégation de France ont élu le Père Gervais comme leur Supérieur Général. Enfin, les actions de la Compagnie des Indes et les billets de loterie royale ont connu des fluctuations de valeur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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33
p. 183-184
ALLEMAGNE.
Début :
Comme on n'a point encore de relation circonstanciée & positive de la [...]
Mots clefs :
Vienne, Bataille, Prince Charles de Lorraine, Corps, Troupes, Ratisbonne, Diète de l'Empire, Soldats, Roi de Prusse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 18 Mai ,
Comme on n'a point encore de relation circonftanciée
& pofitive de la bataille donnée le
6 de ce mois près de Prague , on attendra , pour
en parler , que l'on foit en état de pouvoir en
donner des détails plus étendus & de plus affurés.
On affure que les troupes , avec lesquelles le
Prince Charles de Lorraine eft à Prague , montent
à quarante-fix mille hommes , en y comprenant
un corps qui campe dans les dehors de la Place.
L'armée que commande le Feld - Maréchal Comte
de Daun , eft campée entre Kollin & Kuttenberg.
Forte déja de plus de cinquante mille hommes ,
elle fera augmentée inceffamment par le corps du
Général Nadafty. On y attend auffi vingt Batail-
Ions , compofés chacun de fix compagnies .
DE RATISBONNE , le 22 Mai.
Le Baron de Mackau , Miniftre de France , remit
le 26 du mois dernier à la Diette de l'Empire
ane nouvelle déclaration de Sa Majeſté Très- Chrérienne
, datée du 20 Mars 1757.
Il arriva le 18 de ce mois à Nabburg huit cens
hommes des troupes Pruffiennes avec quatre canons
& huit mortiers. Auffitôt la Régence d'Am184
MERCURE DE FRANCE.
berg envoya deux Députés , pour conférer avec
le Lieutenant- Colonel , qui commandoit ce détachement.
Ce Lieutenant - Colonel s'eft rendu
avec les deux Députés à Amberg , où il a eu un
entretien d'une heure & demie avec le Vice- Commandant
de la Ville. Les nouvelles du Haut -Palatinat
portent que des troupes légeres du Roi de
Pruffe y font entrées , & qu'elles ont mis à contribution
quelques Bourgs des Etats de l'Electeur
Palatin.
DE VIENNE , le 18 Mai ,
Comme on n'a point encore de relation circonftanciée
& pofitive de la bataille donnée le
6 de ce mois près de Prague , on attendra , pour
en parler , que l'on foit en état de pouvoir en
donner des détails plus étendus & de plus affurés.
On affure que les troupes , avec lesquelles le
Prince Charles de Lorraine eft à Prague , montent
à quarante-fix mille hommes , en y comprenant
un corps qui campe dans les dehors de la Place.
L'armée que commande le Feld - Maréchal Comte
de Daun , eft campée entre Kollin & Kuttenberg.
Forte déja de plus de cinquante mille hommes ,
elle fera augmentée inceffamment par le corps du
Général Nadafty. On y attend auffi vingt Batail-
Ions , compofés chacun de fix compagnies .
DE RATISBONNE , le 22 Mai.
Le Baron de Mackau , Miniftre de France , remit
le 26 du mois dernier à la Diette de l'Empire
ane nouvelle déclaration de Sa Majeſté Très- Chrérienne
, datée du 20 Mars 1757.
Il arriva le 18 de ce mois à Nabburg huit cens
hommes des troupes Pruffiennes avec quatre canons
& huit mortiers. Auffitôt la Régence d'Am184
MERCURE DE FRANCE.
berg envoya deux Députés , pour conférer avec
le Lieutenant- Colonel , qui commandoit ce détachement.
Ce Lieutenant - Colonel s'eft rendu
avec les deux Députés à Amberg , où il a eu un
entretien d'une heure & demie avec le Vice- Commandant
de la Ville. Les nouvelles du Haut -Palatinat
portent que des troupes légeres du Roi de
Pruffe y font entrées , & qu'elles ont mis à contribution
quelques Bourgs des Etats de l'Electeur
Palatin.
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Résumé : ALLEMAGNE.
En mai 1757, des événements militaires et diplomatiques marquent l'Allemagne. À Vienne, le 18 mai, aucune confirmation n'est disponible sur la bataille près de Prague du 6 mai. Les forces du Prince Charles de Lorraine à Prague totalisent 45 000 hommes, tandis que l'armée du Feld-Maréchal Comte de Daun, positionnée entre Kollin et Kuttenberg, compte plus de 50 000 hommes et doit être renforcée par le corps du Général Nadafty et 20 bataillons. À Ratisbonne, le 22 mai, le Baron de Mackau transmet une déclaration du roi de France à la Diète de l'Empire, datée du 26 avril. À Amberg, 800 hommes des troupes prussiennes, accompagnés de canons et de mortiers, arrivent le 18 mai, initiant des négociations avec les autorités locales. Par ailleurs, des troupes légères prussiennes pénètrent dans le Haut-Palatinat, imposant des contributions à certains bourgs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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34
p. 207-213
ALLEMAGNE.
Début :
Le Feld-Maréchal Comte de Daun a dépêché le Baron de Vettes [...]
Mots clefs :
Vienne, Feld-maréchal, Bataille, Victoire, Roi de Prusse, Majestés impériales, Récit de la victoire, Régiments, Bravoure, Artillerie, Cavalerie, Comtes, Barons, Prague, Ennemis, Prince Charles de Lorraine, Dresde, Armée, Bielefeld, Officier, Maréchal de camp, Garnison, Capitulation militaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 29 Juin.
LE Feld-Maréchal Comte de Daun a dépêché le
Baron de Vettes à Leurs Majeftés Impériales , pour
leur annoncer une victoire complette , remportée
le 18 de ce mois fur l'armée d'obfervation des ennemis
. Quelques jours auparavant , le Roi de
Pruffe avoit pris le commandement de cette armée
, qu'il avoit jointe avec douze mille hommes
, & à laquelle le Prince Maurice d'Anhalt-
Deffau en avo t conduit quinze mille autres. Ce
font les Pruffiens , qui ont attaqué les troupes de
l'Impératrice Reine. La bataille a commencé à
deux heures après-midi , & n'a fini qu'à huit
heures du foir. Les ennemis font revenus fept fois
à la charge. Dans leurs fix premieres attaques , ils
ont tourné leurs principaux efforts contre le front
& le flanc de l'aîle droite. Ils ont été repouffés à
chaque attaque avec une perte conſidérable . Sur
les fept heures ils ont fufpendu leur feu. Une
demi -heure après , le Roi de Pruffe a fait une nou
velle tentative , pour enfoncer la même aîle ,
qu'il avoit attaquée déja fix fois fans fuccès. Alors
la Cavalerie Pruffienne , combattant avec beaucoup
de défavantage parce que les troupes de l'Impératrice
Reine étoient poſtées fur des hauteurs ,
208 MERCURE DE FRANCE.
a été entiérement culbutée. Ce dernier échec a
découragé les ennemis. Ils ont pris la fuite , une
partie vers Kollin , une autre partie du côté de
Bomifchbrod.
Lorfque Leurs Majeftés Impériales reçurent la
nouvelle de cette bataille , l'Empereur le rendit
fur le champ à l'appartement de la Maréchale de
Daun , pour la lui annoncer. L'Impératrice Reine
s'y rendit bientôt après. Par cette marque de diftinction
, Leurs Majeftés Impériales ont voulu
témoigner combien Elles étoient fatisfaites de
la conduite du Feld-Maréchal de Daun. La Cour
a fait imprimer une Relation circonftanciée de l'éclatante
victoire , remportée par le Général. Cette
Relation contient plufieurs particularités , qui n'avoient
pas encore été publiées , & dont voici les
plus remarquables.
« Avant l'action , le Feld- Maréchal harangua
» les troupes , & les affura de la victoire , pour-
>> vu qu'elles promiffent de n'avancer , & de ne
» reculer que par fes ordres. Tous les Soldats ju-
>> rerent unanimement de fe conformer à ce qu'il
» leur préſcrivoit. Les Pruffiens , dans leur pre-
» miere attaque , chargerent notre droite avec
» tant de vivacité , qu'ils ébranlerent notre Ca-
» valerie. Elle fe remit cependant , & le combat
» fut rétabli parla fagefle & la valeur du Comte de
» Serbelloni , Général de Cavalerie ; des Comtes
» de Daun & d'Odonel , Lieutenans- Feld- Maré-
» chaux , & des Comtes de Trautmantsdorff &
» d'Afpremont , Majors Généraux. Le Feld- Ma-
» chal , s'étant apperçu que l'aîle droite des en-
» nemis faifoit un mouvement , ordonna à la Ca-
» valerie de notre gauche d'attaquer cette aîle :
» ce qui fut exécuté avec un tel fuccès , que les
Prumens n'oferent plus rien tenter de ce côté.
A O UST. 1757 209
Leur perte eft beaucoup plus confidérable
» qu'on ne l'avoit cru d'abord. Elle monte à près
de vingt mille hommes. On a enterré fur le
» champ de bataille fix mille cinq cens de leurs
» morts. Nous avons fept mille de leurs bleffés.
» Parmi les prifonniers , on compte cent vingt
» Officiers , il eft arrivé à notre armée plus de
trois mille déferteurs , indépendamment de
ceux qui le font répandus de côté & d'autre dans
» la Boheme & dans les Provinces voifines . Il y a
» eu huit mille hommes tués ou bleffés du côté
des troupes de l'Impératrice Reine. Le Baron
» de Luzow , Lieutenant-Feld - Maréchal , eft du
nombre des premiers. Dans la lifte des prin-
» cipaux Officiers bleffés on doit ajouter au
» Comte de Serbelloni , & au Prince Charles de
» Lobckowitz , le Baron de Wolwarth , Lieute-
» nant-Feld- Maréchal & le Major Général ,
Wolff. Le Régiment de Botta s'eft infiniment
diftingué. Après avoir tiré toutes les cartou-
» ches , il a tenu ferme la bayonnette au bout du
» fufil. La bravoure du Prince de Kinsky , Co-
» lonel de ce Régiment , n'a pas peu contribué
» à foutenir l'ardeur de fes Officiers & de fes Soldats.
Les Régimens de Cavalerie de Savoye ,
de Ligne , de Birckenfeld & de Wirtemberg ,
» ont fait des prodiges. Les Grenadiers ont le
plus fouffert. Ils ont été expofés continuelle-
» ment au feu de l'ennemi , & ont combattu fans
» relâche. L'artillerie , que commandoit le Co-
» lonnel Feverftin , a rendu des fervices confidé-
» rables. Elle a tiré avec tant de jufteffe & de pré-
>> cifion , qu'on ne peut lui refufer le glorieux témoignage
d'avoir eu beaucoup de part à la vic-
>>> toire. >>>
>
La premiere lettre du Feld- Maréchal donnoit de
210 MERCURE DE FRANCE.
grands éloges au Comte de Serbelloni , aux Princes
Charles de Lobckowitz & Nicolas d'Efterha
fy, aux Comtes de Wiedt & de Sincere , & au
Baron de Stambach. Ce Général , dans une ſeconde
lettre qu'il a écrite à l'Impératrice Reine
ne loue pas moins le Comte de Kollowrath & le
Baron de Wolwarth , Lieutenans Feld -Maréchaux
; les Comtes de Staremberg, de Schallenberg
& de Ferroni , Majors Généraux ; le Comte d'Odonel
, Colonel- Commandant du Régiment de
Dragons de Modene ; & le fieur d'Ahoricour ,
Major du Régiment de Ligne. Il ajoute que le
Duc de Wirtemberg s'eft comporté en héros ;
que les Chevaux Légers du Roi de Pologne Electeur
de Saxe , ont montré une intrépidité à toute
épreuve ; & que les Carabiniers de la même nation
, commandés par le Général Gefwitz , ne fe
font pas fait moins d'honneur.
Le lendemain de la bataille , les déferteurs rapporterent
qu'une partie de l'armée Pruffienne s'étoit
fauvée en défordre à Nimbourg , & que le
Prince de Bevern s'étoit retiré avec le refte à Bomifchbrod.
Le même matin , le Feld-Maréchal
de Daun fit rentrer l'armée dans le camp de Kriechenau
, parce que la multitude de cadavres ,
dont la terre étoit jonchée , ne permettoit pas de
demeurer fur le champ de bataille. Le Comte de
Nadafty a fuivi pied à pied les ennemis dans leur
fuite. Il a fait en trois jours plus de trois mille
prifonniers.
DE PRAGUE , le 26 Juin.
Immédiatement après la bataille du 18 de ce
mois , le Roi de Pruffe eſcorté feulement de
quinze Huffards , revint à fon camp devant cette
AOUST. 1757. 211
.
>
Ville , & il donna fes ordres pour la levée du fiege.
Le corps de fes troupes , qui occupoit le bord
oriental de la Moldau , décampa le 19 & la nuit
fuivante. Le 20 il ne reftoit plus dans le camp
ennemi qu'environ vingt mille hommes , commandés
par le Maréchal Keith . Ce Général avoit
gardé la même pofition , qu'il avoit tenue pendant
le fiege fur la montagne appellée Weiffenberg. Il
étoit couvert par un retranchement que défendoit
un double foffé garni de chauffe - trappes. De
diftance en diftance , les Pruffiens avoient élevé
des redoutes dont chacune pouvoit contenir
trois à quatre cens hommes . Dès le matin
, la femme d'un Vivandier du Régiment de
Bretlack , ayant trouvé le moyen d'entrer dans la
Ville , y annonça la victoire remportée par le
Feld - Maréchal Comte de Daun. Quoiqu'on n'ajoutât
point une entiere foi à cette nouvelle fur
une fi foible autorité , cependant les mouvemens,
qu'on avoit vu faire la veille aux affiégeans , déterminerent
le Prince Charles de Lorraine à tenter
quelque coup important. Sur les quatre heures
après-midi, ce Prince à la tête de vingt-deux mille
hommes d'Infanterie , & de trois mille de Cavalerie
, fit une fortie par les portes de Reichfthor & de
Carlfthor. Dans le temps qu'il s'avançoit vers les
ennemis , le Capitaine Vanger arriva , & lui confirma
l'avis qu'on avoit reçu le matin. Les troupes
marchoient déja avec beaucoup de réfolution
& de bonne volonté : le rapport du fieur Vanger
y ajouta de la joie & de la confiance. Le Prince
Charles de Lorraine attaqua les lignes du Maréchal
Keith , & les força après un combat de deux
heures , dans lequel notre artillerie nous fervit
très-utilement. L'ennemi fe retira fucceffivement
de fes retranchemens dans fes redoutes , & de- là
212 MERCURE DE FRANCE .
dans le Parc de Thier- Garten , d'où enfin il ga
gna la plaine. On le fuivit pendant l'efpace d'une
lieue ; mais on ne put l'atteindre , tant fa retraite
fut précipitée. Il a laiffé fur le champ de bataille
plus de huit cens morts , & l'on a fait onze cens
prifonniers , indépendamment de deux cens qui
ont été faits pendant l'attaque , & de dix- huit
cens bleffés qu'on a trouvés dans le Parc de Thier-
Garten & dans l'hôpital de Ste- Marguerite. Nous
nous fommes emparé de onze pieces de canon
dont trois font de douze livres de balle . Entre les
munitions & les attirails de guerre que le Maréchal
Keith a été contraint d'abandonner , il y a
une grande quantité de bombes & de boulets , &
quarante-quatre pontons de cuivre.
Toutes les troupes du Roi de Pruffe ont repaffé
l'Elbe , & cette Ville eft actuellement tout à- fait
libre . Elle a été affiégée pendant quarante- deux
jours , & bombardée pendant dix-neuf. Les boulets
rouges
des ennemis y ont mis le feu plus de
cinquante fois. Plufieurs de nos Eglifes & de nos
principaux édifices font détruits , ou confidérablement
endommagés.
Maximilien Uliffe , Comte de Browne-de Camus
, Chevalier de l'Ordre de la Toifon d'or ,
Feld-Maréchal des Armées de l'Impératrice Reine,
& Gouverneur général du Royaume de Boheme ,
eft mort aujourd'hui de la bleffure qu'il avoit
reçue à la bataille du 6 du mois dernier . Il étoit
Irlandois de nation , avoit paffé par tous les grades
militaires , & s'étoit élevé par fon mérite aux
premiers honneurs. On le comptoit au nombre
des grands Capitaines de ce fiecle.
DE DRESDE , le 27 Juin.
Quatre mille bleffés de l'armée Pruffienne ont
A O UST. 1757. 215
été conduits en cette Ville , L'embarras où l'on a
été d'abord de les loger , a été cauſe
que pendant
quelque temps un grand nombre eft demeuré expofé
dans les rues aux injures de l'air . Mais la
Reine ne confultant que fes fentimens d'humanité
& de générofité , a daigné concourir elle- même
au foulagement de ces infortunés . Elle en a fait
placer onze cens dans le Palais & dans les bâtimens
qui en dépendent , & Elle leur procure tous les
fecours dont ils peuvent avoir befoin.
DE BIELEFELDT , le 5 Juillet.
Un Officier , dépêché par M. le Marquis d'Auvet
, Maréchal de Camp , qui avoit été détaché
avec mille hommes pour pénétrer en Ooft- Friſe
vient d'apporter la nouvelle que ce Détachement
eft entré dans Embden . Le Marquis d'Auvet faifoit
fes difpofitions pour emporter cette Place par efcalade
, & il avoit envoyé reconnoîrre différens
points par le Comte de Lillebonne , par le Marquis
de la Chafte & par le Comte de Scey , qui ont
effuyé à cette occafion quelques volées de canon
& plufieurs décharges de moufqueterie. Le 3 à
fept heures du matin , il eut avis par des déferteurs
de la garnifon , qu'il régnoit du défordre
dans la Place. Il profita de la circonstance , pour
faire fommer le Commandant de ſe rendre . L'Officier
, qui fut chargé de cette commiffion , trouva
la Bourgeoifie qui rappelloit. Après une ca
pitulation provifoire , en vertu de laquelle on prit
poffeffion des portes , le Marquis d'Auvet entrá
dans la Ville avec fon détachement. La garnifon
a été faite prifonniere de guerre , & il a été remis
des otages pour la fûreté de la Capitulation ,
DE VIENNE , le 29 Juin.
LE Feld-Maréchal Comte de Daun a dépêché le
Baron de Vettes à Leurs Majeftés Impériales , pour
leur annoncer une victoire complette , remportée
le 18 de ce mois fur l'armée d'obfervation des ennemis
. Quelques jours auparavant , le Roi de
Pruffe avoit pris le commandement de cette armée
, qu'il avoit jointe avec douze mille hommes
, & à laquelle le Prince Maurice d'Anhalt-
Deffau en avo t conduit quinze mille autres. Ce
font les Pruffiens , qui ont attaqué les troupes de
l'Impératrice Reine. La bataille a commencé à
deux heures après-midi , & n'a fini qu'à huit
heures du foir. Les ennemis font revenus fept fois
à la charge. Dans leurs fix premieres attaques , ils
ont tourné leurs principaux efforts contre le front
& le flanc de l'aîle droite. Ils ont été repouffés à
chaque attaque avec une perte conſidérable . Sur
les fept heures ils ont fufpendu leur feu. Une
demi -heure après , le Roi de Pruffe a fait une nou
velle tentative , pour enfoncer la même aîle ,
qu'il avoit attaquée déja fix fois fans fuccès. Alors
la Cavalerie Pruffienne , combattant avec beaucoup
de défavantage parce que les troupes de l'Impératrice
Reine étoient poſtées fur des hauteurs ,
208 MERCURE DE FRANCE.
a été entiérement culbutée. Ce dernier échec a
découragé les ennemis. Ils ont pris la fuite , une
partie vers Kollin , une autre partie du côté de
Bomifchbrod.
Lorfque Leurs Majeftés Impériales reçurent la
nouvelle de cette bataille , l'Empereur le rendit
fur le champ à l'appartement de la Maréchale de
Daun , pour la lui annoncer. L'Impératrice Reine
s'y rendit bientôt après. Par cette marque de diftinction
, Leurs Majeftés Impériales ont voulu
témoigner combien Elles étoient fatisfaites de
la conduite du Feld-Maréchal de Daun. La Cour
a fait imprimer une Relation circonftanciée de l'éclatante
victoire , remportée par le Général. Cette
Relation contient plufieurs particularités , qui n'avoient
pas encore été publiées , & dont voici les
plus remarquables.
« Avant l'action , le Feld- Maréchal harangua
» les troupes , & les affura de la victoire , pour-
>> vu qu'elles promiffent de n'avancer , & de ne
» reculer que par fes ordres. Tous les Soldats ju-
>> rerent unanimement de fe conformer à ce qu'il
» leur préſcrivoit. Les Pruffiens , dans leur pre-
» miere attaque , chargerent notre droite avec
» tant de vivacité , qu'ils ébranlerent notre Ca-
» valerie. Elle fe remit cependant , & le combat
» fut rétabli parla fagefle & la valeur du Comte de
» Serbelloni , Général de Cavalerie ; des Comtes
» de Daun & d'Odonel , Lieutenans- Feld- Maré-
» chaux , & des Comtes de Trautmantsdorff &
» d'Afpremont , Majors Généraux. Le Feld- Ma-
» chal , s'étant apperçu que l'aîle droite des en-
» nemis faifoit un mouvement , ordonna à la Ca-
» valerie de notre gauche d'attaquer cette aîle :
» ce qui fut exécuté avec un tel fuccès , que les
Prumens n'oferent plus rien tenter de ce côté.
A O UST. 1757 209
Leur perte eft beaucoup plus confidérable
» qu'on ne l'avoit cru d'abord. Elle monte à près
de vingt mille hommes. On a enterré fur le
» champ de bataille fix mille cinq cens de leurs
» morts. Nous avons fept mille de leurs bleffés.
» Parmi les prifonniers , on compte cent vingt
» Officiers , il eft arrivé à notre armée plus de
trois mille déferteurs , indépendamment de
ceux qui le font répandus de côté & d'autre dans
» la Boheme & dans les Provinces voifines . Il y a
» eu huit mille hommes tués ou bleffés du côté
des troupes de l'Impératrice Reine. Le Baron
» de Luzow , Lieutenant-Feld - Maréchal , eft du
nombre des premiers. Dans la lifte des prin-
» cipaux Officiers bleffés on doit ajouter au
» Comte de Serbelloni , & au Prince Charles de
» Lobckowitz , le Baron de Wolwarth , Lieute-
» nant-Feld- Maréchal & le Major Général ,
Wolff. Le Régiment de Botta s'eft infiniment
diftingué. Après avoir tiré toutes les cartou-
» ches , il a tenu ferme la bayonnette au bout du
» fufil. La bravoure du Prince de Kinsky , Co-
» lonel de ce Régiment , n'a pas peu contribué
» à foutenir l'ardeur de fes Officiers & de fes Soldats.
Les Régimens de Cavalerie de Savoye ,
de Ligne , de Birckenfeld & de Wirtemberg ,
» ont fait des prodiges. Les Grenadiers ont le
plus fouffert. Ils ont été expofés continuelle-
» ment au feu de l'ennemi , & ont combattu fans
» relâche. L'artillerie , que commandoit le Co-
» lonnel Feverftin , a rendu des fervices confidé-
» rables. Elle a tiré avec tant de jufteffe & de pré-
>> cifion , qu'on ne peut lui refufer le glorieux témoignage
d'avoir eu beaucoup de part à la vic-
>>> toire. >>>
>
La premiere lettre du Feld- Maréchal donnoit de
210 MERCURE DE FRANCE.
grands éloges au Comte de Serbelloni , aux Princes
Charles de Lobckowitz & Nicolas d'Efterha
fy, aux Comtes de Wiedt & de Sincere , & au
Baron de Stambach. Ce Général , dans une ſeconde
lettre qu'il a écrite à l'Impératrice Reine
ne loue pas moins le Comte de Kollowrath & le
Baron de Wolwarth , Lieutenans Feld -Maréchaux
; les Comtes de Staremberg, de Schallenberg
& de Ferroni , Majors Généraux ; le Comte d'Odonel
, Colonel- Commandant du Régiment de
Dragons de Modene ; & le fieur d'Ahoricour ,
Major du Régiment de Ligne. Il ajoute que le
Duc de Wirtemberg s'eft comporté en héros ;
que les Chevaux Légers du Roi de Pologne Electeur
de Saxe , ont montré une intrépidité à toute
épreuve ; & que les Carabiniers de la même nation
, commandés par le Général Gefwitz , ne fe
font pas fait moins d'honneur.
Le lendemain de la bataille , les déferteurs rapporterent
qu'une partie de l'armée Pruffienne s'étoit
fauvée en défordre à Nimbourg , & que le
Prince de Bevern s'étoit retiré avec le refte à Bomifchbrod.
Le même matin , le Feld-Maréchal
de Daun fit rentrer l'armée dans le camp de Kriechenau
, parce que la multitude de cadavres ,
dont la terre étoit jonchée , ne permettoit pas de
demeurer fur le champ de bataille. Le Comte de
Nadafty a fuivi pied à pied les ennemis dans leur
fuite. Il a fait en trois jours plus de trois mille
prifonniers.
DE PRAGUE , le 26 Juin.
Immédiatement après la bataille du 18 de ce
mois , le Roi de Pruffe eſcorté feulement de
quinze Huffards , revint à fon camp devant cette
AOUST. 1757. 211
.
>
Ville , & il donna fes ordres pour la levée du fiege.
Le corps de fes troupes , qui occupoit le bord
oriental de la Moldau , décampa le 19 & la nuit
fuivante. Le 20 il ne reftoit plus dans le camp
ennemi qu'environ vingt mille hommes , commandés
par le Maréchal Keith . Ce Général avoit
gardé la même pofition , qu'il avoit tenue pendant
le fiege fur la montagne appellée Weiffenberg. Il
étoit couvert par un retranchement que défendoit
un double foffé garni de chauffe - trappes. De
diftance en diftance , les Pruffiens avoient élevé
des redoutes dont chacune pouvoit contenir
trois à quatre cens hommes . Dès le matin
, la femme d'un Vivandier du Régiment de
Bretlack , ayant trouvé le moyen d'entrer dans la
Ville , y annonça la victoire remportée par le
Feld - Maréchal Comte de Daun. Quoiqu'on n'ajoutât
point une entiere foi à cette nouvelle fur
une fi foible autorité , cependant les mouvemens,
qu'on avoit vu faire la veille aux affiégeans , déterminerent
le Prince Charles de Lorraine à tenter
quelque coup important. Sur les quatre heures
après-midi, ce Prince à la tête de vingt-deux mille
hommes d'Infanterie , & de trois mille de Cavalerie
, fit une fortie par les portes de Reichfthor & de
Carlfthor. Dans le temps qu'il s'avançoit vers les
ennemis , le Capitaine Vanger arriva , & lui confirma
l'avis qu'on avoit reçu le matin. Les troupes
marchoient déja avec beaucoup de réfolution
& de bonne volonté : le rapport du fieur Vanger
y ajouta de la joie & de la confiance. Le Prince
Charles de Lorraine attaqua les lignes du Maréchal
Keith , & les força après un combat de deux
heures , dans lequel notre artillerie nous fervit
très-utilement. L'ennemi fe retira fucceffivement
de fes retranchemens dans fes redoutes , & de- là
212 MERCURE DE FRANCE .
dans le Parc de Thier- Garten , d'où enfin il ga
gna la plaine. On le fuivit pendant l'efpace d'une
lieue ; mais on ne put l'atteindre , tant fa retraite
fut précipitée. Il a laiffé fur le champ de bataille
plus de huit cens morts , & l'on a fait onze cens
prifonniers , indépendamment de deux cens qui
ont été faits pendant l'attaque , & de dix- huit
cens bleffés qu'on a trouvés dans le Parc de Thier-
Garten & dans l'hôpital de Ste- Marguerite. Nous
nous fommes emparé de onze pieces de canon
dont trois font de douze livres de balle . Entre les
munitions & les attirails de guerre que le Maréchal
Keith a été contraint d'abandonner , il y a
une grande quantité de bombes & de boulets , &
quarante-quatre pontons de cuivre.
Toutes les troupes du Roi de Pruffe ont repaffé
l'Elbe , & cette Ville eft actuellement tout à- fait
libre . Elle a été affiégée pendant quarante- deux
jours , & bombardée pendant dix-neuf. Les boulets
rouges
des ennemis y ont mis le feu plus de
cinquante fois. Plufieurs de nos Eglifes & de nos
principaux édifices font détruits , ou confidérablement
endommagés.
Maximilien Uliffe , Comte de Browne-de Camus
, Chevalier de l'Ordre de la Toifon d'or ,
Feld-Maréchal des Armées de l'Impératrice Reine,
& Gouverneur général du Royaume de Boheme ,
eft mort aujourd'hui de la bleffure qu'il avoit
reçue à la bataille du 6 du mois dernier . Il étoit
Irlandois de nation , avoit paffé par tous les grades
militaires , & s'étoit élevé par fon mérite aux
premiers honneurs. On le comptoit au nombre
des grands Capitaines de ce fiecle.
DE DRESDE , le 27 Juin.
Quatre mille bleffés de l'armée Pruffienne ont
A O UST. 1757. 215
été conduits en cette Ville , L'embarras où l'on a
été d'abord de les loger , a été cauſe
que pendant
quelque temps un grand nombre eft demeuré expofé
dans les rues aux injures de l'air . Mais la
Reine ne confultant que fes fentimens d'humanité
& de générofité , a daigné concourir elle- même
au foulagement de ces infortunés . Elle en a fait
placer onze cens dans le Palais & dans les bâtimens
qui en dépendent , & Elle leur procure tous les
fecours dont ils peuvent avoir befoin.
DE BIELEFELDT , le 5 Juillet.
Un Officier , dépêché par M. le Marquis d'Auvet
, Maréchal de Camp , qui avoit été détaché
avec mille hommes pour pénétrer en Ooft- Friſe
vient d'apporter la nouvelle que ce Détachement
eft entré dans Embden . Le Marquis d'Auvet faifoit
fes difpofitions pour emporter cette Place par efcalade
, & il avoit envoyé reconnoîrre différens
points par le Comte de Lillebonne , par le Marquis
de la Chafte & par le Comte de Scey , qui ont
effuyé à cette occafion quelques volées de canon
& plufieurs décharges de moufqueterie. Le 3 à
fept heures du matin , il eut avis par des déferteurs
de la garnifon , qu'il régnoit du défordre
dans la Place. Il profita de la circonstance , pour
faire fommer le Commandant de ſe rendre . L'Officier
, qui fut chargé de cette commiffion , trouva
la Bourgeoifie qui rappelloit. Après une ca
pitulation provifoire , en vertu de laquelle on prit
poffeffion des portes , le Marquis d'Auvet entrá
dans la Ville avec fon détachement. La garnifon
a été faite prifonniere de guerre , & il a été remis
des otages pour la fûreté de la Capitulation ,
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
Le 18 juin, le Feld-Maréchal Comte de Daun a remporté une victoire décisive contre l'armée d'observation ennemie, dirigée par le Roi de Prusse. Cette armée était renforcée par 12 000 hommes prussiens et 15 000 hommes conduits par le Prince Maurice d'Anhalt-Dessau. La bataille, qui a duré de 14 heures à 20 heures, a vu les ennemis lancer sept attaques, principalement contre l'aile droite des troupes de l'Impératrice Reine, toutes repoussées. À 19 heures, une nouvelle tentative prussienne a échoué, et la cavalerie prussienne a été culbutée. Les ennemis ont pris la fuite vers Kollin et Bomischbrod. La victoire a été célébrée par l'Empereur et l'Impératrice Reine, qui ont exprimé leur satisfaction à la Maréchale de Daun. Les pertes ennemies étaient considérables, avec environ 20 000 hommes tués ou blessés, contre 8 000 pertes du côté des troupes de l'Impératrice Reine. Plusieurs officiers et régiments ont été distingués pour leur bravoure. Après la bataille, les Prussiens se sont retirés de Prague, libérant la ville après un siège de 42 jours. Le Comte de Browne-de Camus, Feld-Maréchal, est décédé des suites de ses blessures. À Dresde, la Reine a pris des mesures pour soigner les blessés prussiens. Par ailleurs, un détachement français a pris la ville d'Embden en Ost-Frise. Cette information est succincte et se concentre uniquement sur l'aspect des otages en lien avec la sécurité de la capitulation. Aucun autre détail n'est fourni dans le texte.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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35
p. 173-176
ALLEMAGNE.
Début :
Les nouvelles de Dresde portent que le 26 du même mois, la Princesse [...]
Mots clefs :
Hambourg, Princesse, Naissance, Armée impériale, Charles de Lorraine, Ennemis, Déplacement des troupes, Bataille, Stade, Médecine militaire, Duc de Cumberland
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE HAMBOURG , le 30 Septembre.
LES nouvelles de Drefde portent que le 26
du même mois , la Princeffe épouse du Prince Electoral
de Saxe eft accouchée d'une Princeffe . Selon
les avis reçus de Poméranie , le fort de Pénamunde
a capitulé le 23. La garnifon a mieux
aimé être prifonniere de guerre , que de fe foumettre
à la condition de ne point fervir pendant
deux ans. Les Suédois ont trouvé dans le fort
vingt pieces de canon . On mande de Warfovie ,
que la diette particuliere de Szroda s'eft féparée
le 14 , fans avoir pris aucune réfolution .
Du Quartier général de l'armée Impériale à
Greibnig , le 27 Septembre 1757.
L'Armée Impériale , après avoir détaché quelques
Troupes vers Strigau , quitta le 24 du même
mois le camp de Jawer , pour venir camper
à
Nicolstadt .
Le 25 , le Prince Charles de Lorraine & le
Feld -Maréchal Comte de Daun allerent à la pointe
du jour reconnoître la fituation de l'ennemi , &
obferverent que , pour mieux s'étendre aux envi
rons de Lignitz , il ne formoit qu'une feule li
Hij
174 MERCURE DE FRANCE.
Son
gne qu'il avoit jetté beaucoup de monde dans
les Villages de Barfchdorff & de Koifchwitz fitués
devant fon front , & que ces Villages étoient
garnis de canons . D'après ces difpofitions ,
Alteffe Royale jugea à propos , pour s'approcher
de Lignitz , de faire marcher l'aile droite de l'ar
mée Impériale par Seyfersdorff , l'aile gauche fe !
porta à une lieue au-delà de Wohlftadt , & le
Quartier Général fut établi à Greibnig.
་f
C
le m
Comme les Pruffiens avoient beaucoup de monde
dans le Village de Koifchwitz & pouvoient
incommoder la premiere ligne de l'armée , le
Comte de Sprecher , Lieutenant- Général , fut | k
commandé avec les Grenadiers , pour en déloger
l'ennemi , & après une canonnade d'environ
une heure & demie , les Pruffiens furent obligés
d'abandonner ce pofte..
Le 22 de grand matin , le Prince Charles & le
Feld-Maréchal Comte de Daun , ayant remar
qué que
les tentes de l'Infanterie ennemie étoient
encore tendues , & que celles de la Cavalerie
étoient pliées , réfolurent de les déloger de Barf
chdorff , pofte qui étoit occupé par quatre
taillons & par quelques Efcadrons de Huffards
On fit pour cet effet travailler cinq cens hommes.
à des fafcines ; on tira de tous les Régimess
huit cens Volontaires , & tous les Grenadiers eurent
ordre de fe tenir prêts . Vers les trois heu
res après- midi , l'artillerie commença à tirer fur
Barfchdorff. Les ennemis qui étoient campés fur
des hauteurs derriere ce Village , fe mirent en
bataille , établirent quelques batteries pour les
oppofer aux nôtres , & firent fans fuccès un feu
très -vif. Un de nos obus fit fauter en l'air un
charriot de munitions de guerre , & deux Canonpiers
Pruffiens. On tira de part & d'autre juf
Ch
NOVEMBRE. 1757. 171
qu'à fix heures du foir , & les ennemis décam
perent , après avoir mis le feu à Barfchdorff. Ils
ont fait marcher leur artillerie , leurs pontons
& leurs bagages vers Merfchwitz , & ont enfuite
abandonné Lignitz , où l'on a trouvé beau→
coup de bleffés . Le Prince Charles a mis dans
Lignitz une garnifon de deux mille hommes d'Infanterie
& cent chevaux. Les Pruffiens y ant
laiffé quatre cens mille rations de foin , trente
tonneaux de farine , trente muids d'avoine , &
environ cent trente tonneaux de fel. Les Généraux
de Haddick & de Beck ont été chargés de
harceler l'ennemi dans fa retraite . Le dernier
avec un Corps de mille hommes d'Infanterie ,
deux cens Huffards & quelques pieces de canon ,
leur a pris foixante - douze charriots d'ordonnance
chargés d'avoine , quatre charriots remplis des
bagages de divers Officiers , & un charriot d'eaude-
vie. Il leur a fait auffi quelques prifonniers , &
il n'a perdu que huit hommes & cinq chevaux
tués ou bleffés.
DE STADE , le 8 Septembre.
Le Dac de Cumberland s'eft embarqué le 6
d'octobre fur une frégate Angloife , pour le rendre
à Londres . Il a été joint au Cuxhaven , ૩
Pembouchure de l'Elbe , par des vaiffeaux de
guerre Anglois , qui doivent l'efcorter.
Le fieur de Gevigland Docteur , & ancien
Profeffeur de Médecine en l'Univerfité de Paris ,
Médecin des Armées du Roi , eut ordre de fe
détacher de l'Hôpital ambulant de l'armée vers
la fin du mois d'août , pour fe rendre à Hanovre
à l'effet d'y prendre foin de plufieurs Officiers
qui refterent malades à la fuite du quartier gé
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE.
néral . Le zele & l'activité de ce Médecin ne k
font jamais ralentis , la méthode avec laquelle
il a adminiftré l'hypécacuana pour les dytente
ries qui régnoient alors , lui ayant toujours
parfaitement réuffi , il s'eft acquis l'eftime & la
confiance d'une grande partie des Officiers de
l'armée , autant par fon exactitude défintéreflét
que par la sûreté de la pratique.
DE HAMBOURG , le 30 Septembre.
LES nouvelles de Drefde portent que le 26
du même mois , la Princeffe épouse du Prince Electoral
de Saxe eft accouchée d'une Princeffe . Selon
les avis reçus de Poméranie , le fort de Pénamunde
a capitulé le 23. La garnifon a mieux
aimé être prifonniere de guerre , que de fe foumettre
à la condition de ne point fervir pendant
deux ans. Les Suédois ont trouvé dans le fort
vingt pieces de canon . On mande de Warfovie ,
que la diette particuliere de Szroda s'eft féparée
le 14 , fans avoir pris aucune réfolution .
Du Quartier général de l'armée Impériale à
Greibnig , le 27 Septembre 1757.
L'Armée Impériale , après avoir détaché quelques
Troupes vers Strigau , quitta le 24 du même
mois le camp de Jawer , pour venir camper
à
Nicolstadt .
Le 25 , le Prince Charles de Lorraine & le
Feld -Maréchal Comte de Daun allerent à la pointe
du jour reconnoître la fituation de l'ennemi , &
obferverent que , pour mieux s'étendre aux envi
rons de Lignitz , il ne formoit qu'une feule li
Hij
174 MERCURE DE FRANCE.
Son
gne qu'il avoit jetté beaucoup de monde dans
les Villages de Barfchdorff & de Koifchwitz fitués
devant fon front , & que ces Villages étoient
garnis de canons . D'après ces difpofitions ,
Alteffe Royale jugea à propos , pour s'approcher
de Lignitz , de faire marcher l'aile droite de l'ar
mée Impériale par Seyfersdorff , l'aile gauche fe !
porta à une lieue au-delà de Wohlftadt , & le
Quartier Général fut établi à Greibnig.
་f
C
le m
Comme les Pruffiens avoient beaucoup de monde
dans le Village de Koifchwitz & pouvoient
incommoder la premiere ligne de l'armée , le
Comte de Sprecher , Lieutenant- Général , fut | k
commandé avec les Grenadiers , pour en déloger
l'ennemi , & après une canonnade d'environ
une heure & demie , les Pruffiens furent obligés
d'abandonner ce pofte..
Le 22 de grand matin , le Prince Charles & le
Feld-Maréchal Comte de Daun , ayant remar
qué que
les tentes de l'Infanterie ennemie étoient
encore tendues , & que celles de la Cavalerie
étoient pliées , réfolurent de les déloger de Barf
chdorff , pofte qui étoit occupé par quatre
taillons & par quelques Efcadrons de Huffards
On fit pour cet effet travailler cinq cens hommes.
à des fafcines ; on tira de tous les Régimess
huit cens Volontaires , & tous les Grenadiers eurent
ordre de fe tenir prêts . Vers les trois heu
res après- midi , l'artillerie commença à tirer fur
Barfchdorff. Les ennemis qui étoient campés fur
des hauteurs derriere ce Village , fe mirent en
bataille , établirent quelques batteries pour les
oppofer aux nôtres , & firent fans fuccès un feu
très -vif. Un de nos obus fit fauter en l'air un
charriot de munitions de guerre , & deux Canonpiers
Pruffiens. On tira de part & d'autre juf
Ch
NOVEMBRE. 1757. 171
qu'à fix heures du foir , & les ennemis décam
perent , après avoir mis le feu à Barfchdorff. Ils
ont fait marcher leur artillerie , leurs pontons
& leurs bagages vers Merfchwitz , & ont enfuite
abandonné Lignitz , où l'on a trouvé beau→
coup de bleffés . Le Prince Charles a mis dans
Lignitz une garnifon de deux mille hommes d'Infanterie
& cent chevaux. Les Pruffiens y ant
laiffé quatre cens mille rations de foin , trente
tonneaux de farine , trente muids d'avoine , &
environ cent trente tonneaux de fel. Les Généraux
de Haddick & de Beck ont été chargés de
harceler l'ennemi dans fa retraite . Le dernier
avec un Corps de mille hommes d'Infanterie ,
deux cens Huffards & quelques pieces de canon ,
leur a pris foixante - douze charriots d'ordonnance
chargés d'avoine , quatre charriots remplis des
bagages de divers Officiers , & un charriot d'eaude-
vie. Il leur a fait auffi quelques prifonniers , &
il n'a perdu que huit hommes & cinq chevaux
tués ou bleffés.
DE STADE , le 8 Septembre.
Le Dac de Cumberland s'eft embarqué le 6
d'octobre fur une frégate Angloife , pour le rendre
à Londres . Il a été joint au Cuxhaven , ૩
Pembouchure de l'Elbe , par des vaiffeaux de
guerre Anglois , qui doivent l'efcorter.
Le fieur de Gevigland Docteur , & ancien
Profeffeur de Médecine en l'Univerfité de Paris ,
Médecin des Armées du Roi , eut ordre de fe
détacher de l'Hôpital ambulant de l'armée vers
la fin du mois d'août , pour fe rendre à Hanovre
à l'effet d'y prendre foin de plufieurs Officiers
qui refterent malades à la fuite du quartier gé
Hiv
176 MERCURE DE FRANCE.
néral . Le zele & l'activité de ce Médecin ne k
font jamais ralentis , la méthode avec laquelle
il a adminiftré l'hypécacuana pour les dytente
ries qui régnoient alors , lui ayant toujours
parfaitement réuffi , il s'eft acquis l'eftime & la
confiance d'une grande partie des Officiers de
l'armée , autant par fon exactitude défintéreflét
que par la sûreté de la pratique.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En septembre 1757, plusieurs événements militaires et politiques ont marqué l'Allemagne. À Dresde, la princesse épouse du Prince Électeur de Saxe a donné naissance à une princesse. En Poméranie, le fort de Pénamunde s'est rendu le 23 septembre, préférant la captivité à deux ans de service inactif. Les Suédois y ont récupéré vingt pièces de canon. À Szroda, la diète particulière s'est dissoute le 14 septembre sans prendre de décision. Du côté de l'armée impériale, après avoir quitté le camp de Jawer le 24 septembre, elle s'est dirigée vers Nicolstadt. Le Prince Charles de Lorraine et le Feld-Maréchal Comte de Daun ont évalué la position ennemie près de Lignitz. Pour se rapprocher de Lignitz, l'armée impériale a déplacé son aile droite vers Seyfersdorff et son aile gauche au-delà de Wohlstadt, établissant son quartier général à Greibnig. Les Prussiens, positionnés dans les villages de Barfchdorff et Koifchwitz, ont été chassés après une canonnade. Le 22 septembre, les troupes impériales ont attaqué Barfchdorff, occupé par les Prussiens. Après un combat intense, les Prussiens ont abandonné le village, laissant des provisions et des munitions. Le Prince Charles a installé une garnison à Lignitz. Les généraux Haddick et Beck ont harcelé les Prussiens en retraite, capturant des charriots de provisions et faisant quelques prisonniers. À Stade, le Duc de Cumberland s'est embarqué pour Londres le 6 octobre, escorté par des vaisseaux de guerre anglais. Le Docteur Gevigland, médecin des armées du Roi, a été envoyé à Hanovre pour soigner des officiers malades, gagnant la confiance des officiers par son zèle et son efficacité.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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36
p. 181-189
Détail de la bataille donnée le 5 Novembre entre l'armée combinée de l'Empire & de France, & l'armée Prussienne, avec la liste des Officiers non compris dans celle du 19 de ce mois.
Début :
L'armée du Roi, combinée avec celle de l'Empire, ayant reçu [...]
Mots clefs :
Bataille, France, Empire, Prusse, Bataillons, Ennemis, Généraux, Marquis, Camps, Mouvements des troupes, Cavalerie, Régiments, Artillerie, Colonels, Chevaliers, Capitaines, Lieutenants, Officiers, Liste des prisonniers, Liste des blessés
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texteReconnaissance textuelle : Détail de la bataille donnée le 5 Novembre entre l'armée combinée de l'Empire & de France, & l'armée Prussienne, avec la liste des Officiers non compris dans celle du 19 de ce mois.
Détail de la bataille donnée le 5 Novembre entre
l'armée combinée de l'Empire & de France , &
l'armée Pruffienne , avec la lifte des Officiers
non compris dans celle du 19 de ce mois.
L'armée du Roi , combinée avec celle de l'Empire
, ayant reçu un renfort de vingt bataillons &
de dix-huit efcadrons conduits par le Duc de Broglie
, après être reftée quelques jours en cantonnement
entre l'Unftrutt & la Sala , depuis Mul→
haufen & Langen- Saltza jufqu'à Dornbourg , fe
mit en mouvement le 23 Octobre pour marcher à
l'ennemi.
Celle de l'Empire fe porta en avant de la Sala
fur l'Eftertt , précédée d'un détachement des deux
armées aux ordres du Comte de Saint - Germain
& celle de France qui la fuivoit fe trouva raffemblée
le 28 à Numbourg & aux environs.
Pendant cette marche , le Roi de Pruffe s'étoit
retiré fur l'Elbe , laiffant à Léipfik un Corps commandé
par le Maréchal Keith, mais il revint tout-à
coup dans cette Ville le 26.
Les deux Généraux ne jugeant pas qu'il fût praticable
del'y attaquer de vive force, ni de le mettre
entre Léiplik & Torgauw en marchant par leur
182 MERCURE DE FRANCE.
droite , réfolurent de repaffer la Sala , pour fe
porter vers Hall & Bernbourg. Ce paffage s'exécura
le 30 à Weiffenfel , après avoir replié tous
les poftes qui avoient été avancés jufqu'à Lutzen .
Le Roi de Pruffe , averti de cette marche , fortit
de Léipfick , & fit attaquer le 31 au matin la
Ville de Weiffenfels. Il y étoit refté quatre bataillons
Impériaux & dix- fept compagnies de Grenadiers
François , commandés par M. le Marquis de
Crillon ; ces troupes fe retirerent en mettant le
feu au pont.
Les Pruffiens firent enfuite marcher des corps
fur Merfbourg & fur Hall , dont les ponts furent
pareillement brûlés par les détachemens de l'armée
combinée , qui occupoient ces deux Villes.
Le premier Novembre , le Prince de Soubife
marcha à Merfbourg dans le deffein de foutenir
cette Ville : mais ne pouvant garder tous les paffages
de la Sala , il préféra de venir camper à
Mulchen , où les Impériaux le joignirent le 2 .
Le lendemain 3 , l'armée Pruffienne paffa la
Sala à Weiflenfels où elle avoit déja jetté des
ponts ; fes Huffards poufferent ceux de l'Empire
jufques fur le terrein où les Généraux faifoient
marquer un champ de bataille , & l'armée combinée
fortit de fon camp à l'entrée de la nuit pour venir
l'occuper. Les Pruffiens camperent vis - à- vis fur
une hauteur , & tirerent pendant la nuit plufieurs
coups de canon.
Le 4 à la pointe du jour , on vit déboucher
plufieurs efcadrons de Cavalerie Pruffienne , qui fe
retirerent auffi- tôt que l'armée eut fait un mouvement
en avant. Le reste de la journée ſe paſſa à
tirer quelques volées de canon , & l'armée cainpa
fur le terrein où elle avoit paffé la nuit précé .
dente fous les armes.
JANVIER. 1758. 183
Les , elle marcha parfa droite pour le porter
furle flanc gauche de celle du Roi de Pruffe, laif
fant M. le Comte de Saint- Germain avec deux brigades
d'infanterie & autant de cavalerie , pour ob
ferver les mouvemens des Pruffiens. Cette marche
fe fit fur trois colones , dans le même ordre où les
troupes étoient campées ; la colonne de la gauche
étoit formée de la premiere ligne , celle du
centre de la réſerve , & celle de la droite de la feconde
ligne.
Lorfque l'armée eut dépaffé le flanc gauche de
Pennemi , on fit halte vers les deux heures aprèsmidi
, & les deux Généraux ayant pris la réfolution
d'attaquer , on continua la marche en abaiffant
la droite , pour le mettre en bataille en
équerre fur le flanc gauche de l'armée Pruffienne .
Jufques-là l'ennemi étoit reſté dans fon camp ,
mais dans le moment on le vit détendre fes tentes,
monter à cheval , fe mettre en bataille & marcher
par fa gauche fur le même front par lequel on fe
préfentoit à lui ; le tout avec une fi grande promp
ritude , que toute fa cavalerie , compofée de
quarante efcadrons , ayant été quelque temps à
couvert d'un rideau , fe trouva tout d'un coup
avoir dépaffé celle de l'Empire , qui fermoit l'aîle
droite de l'armée combinée , & la chargea en
en flanc avant qu'elle eût pu fe déployer devant
elle.
Le Prince de Soubife n'eut le temps que de raffembler
la cavalerie de la réferve , compotée de
dix efcadrons des régimens de Penthievre , Saluces
, Lameth , Lufignan & De cars , qui fe formerent
en potence dans l'intervalle entre les deux
lignes . I foutint à la tête de cette cavalerie
l'effort de la premiere ligne de celle des Pruffiens
, qui fut auffi repouffée par les cuiraffiers
184 MERCURE DE FRANCE.
Autrichiens ; mais il ne put réfifter à la feconde
ligné. Huit efcadrons des régimens de Bourbon
de Bauvilliers , de Fitz -James & de Raugrave , tirés
de l'aile gauche , rétablirent le combat pendant
quelques momens , & enfuite furent obligés
de céder de même à la fupériorité du nombre.
Pendant cette charge de cavalerie , la gauche
de l'infanterie Pruffienne avoit gagné le flanc
droit de celle de l'armée combinée . Nos bataillons
, qui s'étoient formés en colonne , ne pouvant
foutenir le feu de l'artillerie & de la moufqueterie
des Pruffiens , furent alors obligés de
plier,&entraînerent le refte des deux lignes . M.lé
Comte de Saint-Germain , qui arriva dans cette
conjoncture , favorifa la retraite qui fe fit fur
Freybourg, où l'armée repafla, pendant la nuit, à
la gauche de l'Unftrutt , fans être pourſuivie .
Le 6 l'armée de l'Empire marcha à Kofen ,
pour fe retirer fur Arnftatt , & celle de France
s'en fépara pour fe rapprocher des quartiers de
l'armée du Maréchal Duc de Richelieu par Laucha
, Saxembourg , Northaufen & Duderſtatt ,
où elle eft arriée le 14.
On ne peut dire au jufte la perte que l'armée
Françoile a faite en cette occafion , parce qu'il y
revient journellement des Officiers & des Soldats
par bandes ; mais il paroît qu'elle ne fera pas
à beaucoup près auffi confidérable qu'on l'avoit
cru d'abord
JANVIER. 1758. 185
a
Lifte des Officiers tués , bleffés , prisonniers , ou
dont on ignore le fort , des Régimens qui fe font
trouvés à la bataille dus Novembre , & qui ne
font pas compris dans la lifte du 19 de ce mois ,
parce qu'on n'avoit point alors reçu les états détaillés
des Régimens.
Régiment de Piedmont. Colonel . M. Le Comte
Defparbès , bleffé . Lieutenant-Colonel. M. de
Creft , bleffé & prifonnier . Commandans de Bataillon
. MM. de la Corderie & Sermont , bleffés
& prifonniers, M. Defplaffes , manque. Major:
M. Broca , bleflé . Aides- Majors. MM . Malaru &
Bagnon , bleffés . M. de la Chevalerie , bleffé & prifonnier.
Capitaines de Grenadiers . M. Malaufat ,
bleffé & prifonnier. M. Darmiffan manque.
Capitaines. MM. Marans , Noblet , la Lauremie
, Beauregard , Fondras. , tués. MM. Flavi
gny , Mondenard , Grely , Dragoue , Braffant ,
Chevalier de Montaut , Mondenart , de Bieve ,
la Touche , Chevalier de Tilly , Dupleffis ,
Freftomdam , bleffés . MM. Bretigny , la Combe,
Marigny , du Vergier , Tilly , Brugaflargues ,
de Mons , Bezançon , Verneuil , Rachaife ,
Baubert , Pafcal , Duvallon , Boifſfondain , la
Perrere , Dauffonnes , bleffés & prifonniers.
MM. Darmiffan , la Papotiere , David , Duclufelle
, Montaut , Dumans , & Valoir , manquent.
Lieutenans . M. le Chevalier de Montaud, M. Lefpare
& M. le Chevalier de Batquier tués.
MM. Meſnard , la Foreftille , Dadriffard , Fontaine
, Chevalier de Ponfargues , Colonſbié , Ravifict
, & Lecuyer , bleifés . MM. Leharivel ,
Faure , Rabignan , Daliat , Kardavant , Biufort,
Langlade , Barer , & Saint-Serdos , bleffts &
"
186 MERCURE DE FRANCE.
>
prifonniers. MM. Martillon , Pernon , Pelifferey
, Sairigné , Montaclard , & Peliot Maître
de mathématiques , manquent . Régiment de Royal
Rouffillon . Capitaines de Grenadiers . M Delons ,
bleffe . Lieutenans . M. Soreau , tleflé . Régiment de
Caftellas , Suiffe . Lieutenant - Colonel . M. Diefenthaler
, bleflé & prifonnier Capitaines de Crenadiers
.M. Reich , tué. M. Waldener bleflé . Lieutenans.
M. Muller , tué . , M. Krieg , bleflé . Régiment de
Planta , Suiffe. Lieutenant- Colonel . M. Darbon
nier , bleffé & prifonnier . Commandant de Bataillon.
M Joflaud , bleffé & prifonnier. M. Arder ,
manque. Aide-Major M. Viclandt manque. Capitaines
de Grenadiers . MM . Grenut , & Affleger
bleffés & prifonniers. Capitaines. MM. Turtin ,
Gallatin, Bertenfchalg , Boufcard & Faller , bleffés
& prifonniers. Lieutenans. MM . Defgranges
Hoeclin , Reynald , Fatis, Ceberg & Chriftin ,
bleffés & prifonniers . Régiment de Reding , Suif
fe. Capitaines. MM. Reynold & Montaudon
bleffés. MM . Schatzel & Witz , bleffés & prifonniers.
Lieutenans. MM. d'Entrague , & Baumain
, bleffés . MM . Geutil , Techiemain , Gau-.
guin , & Odelieu , bleffés & prifonniers . M. Muller,
manque. Régiment de Salis , Grifon. Capitaine.
M. Caftelberg , tué . Enfeigne. M. Scouhe manque.
Régiment de Touraine . Lieutenans. M. de
Moyencourt , bleffé & prifonnier . Régiment de
Saint Germain. Lieutenans. M. Bitremant , bleflé
& prifonnier.
•
Officiers qui étoient marqués dans la derniere feuille
comme manquans , & qu'on a appris depuis êtra
prifonniers , & dont la plupart font bleſsés.
Régiment de Mailly. Lieutenant- Colonel . M. de
Boifrenard. Capitaines . MM. Montbel , l'aîné ,
JANVIER. 1758. 187
>
Garcigny , Vilhaut , Chevalier de Montbel ,
Boilrenault , Coquebert , M. Treville , Capitai
ne Aide-Major , & la Motte. M. Catenay , Capitaine
, dont on n'avoit point encore fait mention
, prifonnier. M. Rouani , Lieutenant. Régiment
de Poitou. M. de Saint - Mefinin , Commandant
de Bataillon . M. du Roffart , Capitaine Aide-
Major. MM. de Muffan , de Pally , Fontenaille
Dangé , des Anfiers , Sorelle , Galleou , Capitaines
, prifonniers ; ainfi que MM . Sablo & Pichon
, dont on ignoroit le fort. Lieutenans. MM.
d'Aldeguier , du Perrete , Ding , Leroy, & Saint-
Oin , prifonniers , ainfi que MM. la Montafe ,
du Rougeat , & de Laure , dont on n'avoit pas encore
fait mention . Régiment de Saint Chamont.
Capitaines. MM . de la Mothe , & Chatelier , qui
n'étoient pas dans la premiere lifte , & MM.
Droify , de Malhautier, Montignac , Chevalier de
Vignier , & de Saint- Florent . Lieutenans . MM . de
la Grolée , de Bo flambert , de Buffan , & Bouret
. Régiment de Rohan. Capitaines. MM . de Wolbock
, & Coquerel. Lieutenans. MM. la Live &
Liffac , qui n'étoient point dans la derniere feuille .
Regiment de Beauvoifis. Capitaines, MM . la Molere
, Champau , du Bourdet , du Lignon , & de
Fougeres. Aide- Major. M. Raoult. Lieutenans.
MM . Rozan , la Roque , & Peignefort . Régi .
ment de Briffac. Colonel. M. le Duc de Coffé. Lientenant-
Colonel. M. de Mauclerc. Capitaine . M.
Bonneval. Lieutenant. M. Morel . Régiment de
Provence. Lieutenant -Colonel. M. Durivier. Ca
pitaines. MM. Thioumon , de Teffot , Dutertre ,
de Varignan , Thuifi , & Eclapier , qui n'étoient
dans la derniere feuille . Lieutenans . MM. Iffambon
, & de Romas , qui n'étoient pas dans
la derniere lifte. Régiment de Vittmer , Suiffe.
pas
188 MERCURE DE FRANCE.
>
Commandant de Bataillon. M. Gallati . Capitaines.
MM. Suriet , Perier , Zeng , & Reynoldt. Lieu
tenans. MM. de Gallati , Dilleny , Bayard &
Jacobel Régiment de Diefback , Suiffe . Capitaines.
MM. Balthazard , & de Borard , dont le dernier
n'étoit pas dans la précédente lifte . Lieutenant.
M. de Nervoft , & l'Aumonier du Régiment
Régiment de la Marck. Capitaines. MM. Deyrolles
, Trichard , des Baraux , de Munlt l'aîné
Delefnau , qui n'étoit pas dans la derniere feuille ,
Dufort , Liotey , Grandchamp , & Dehauffen.
Lieutenans. MM. Bramion & Scitz .
CAVALERIE.
Régiment de la Reine. Major . M. le Chevalier
de Galifet. Régiment de Bourbon. Capitaines. MM.
de Chanay & Chambon. M. la Bare , Cornette.
Régiment de Penthievre. Colonel. M. le Comte
de Saluce , bleffé & prifonnier . Capitaines. M. le
Marquis de Langle , MM . Lardevoin , & Traverlay.
Lieutenans. MM. du Breuil , & de Gay ,
bleffé & prifonnier , qui n'étoit pas dans la derniere
feuille. MM . de Geraldin , Major , & du
Saillon , Cornette , bleflés & reftés à Yena , d'où
l'on compte qu'ils rejoindront inceffamment . Ré
giment de Lufignan. Capitaines. M. de Real & Circey
, bleffés & prifonniers . M. de Janfon , Liextenant.
Régiment de Beauvilliers . Colonel . M. le
Duc de Beauvilliers . Lieutenant. M. de la Buifiere.
Cornettes. MM. Echoupe & de Luigny . Régiment
deLameth.Lieutenant -Colonel.M . Monjouvan.Capitaines.
MM . de Contriffon, Dancreville , & Frednand.
Régiment de Saluces. Colonel. M. le Marquis
de Saluces. Capitaine . MM . Cauzet , Flogny , Caftelnau,
& Fautrieres , bleffés & prifonniers. Lieute
nans . MM. la Fond , Mordal , & Lepant. M. de la
>
JANVIER. 1758. 189
.
Faye , Cornette. Régiment de Filtz -James. M. Nugent
, Capitaine. M. Coulahan , Lieutenant . M.
de Mores , Cornette. Frifonniers non Militaires.
M. Martinfort , Directeur des vivres , & fon domeftique.
N. Monget , Commis des vivres . Un
Boulanger des vivres.
On a oublié dans la premiere lifte d'employer
comme prifonnier M. le Chevalier d'Ailly , Maréchal
de camp.
M. le Chevalier des Bares , Capitaine au Régiment
Defcars Cavalerie , mis au nombre des
Officiers tués , a donné de fes nouvelles . Il eft
prifonnier & bleffé de douze coups de fabre.
Le Roi a difpofé en faveur de M. le Vicomte de
Choifeul , du Régiment de Poitou , vacant par la
mort de M. le Comte de Revel.
Du Régiment Royal-Barrois , vacant par la
mort de M. le Comte de Baffompierre , en faveur
de M. le Marquis de Baffompierre , fon pere ,
Brigadier des armées du Roi , & Sous- Lieutenant
des Chevaux- Légers d'Orléans,
De trois places de Colonels dans le Régiment
des Grenadiers de France , en faveur de M. le
Comte de la Fayette , Capitaine réformé à la fuite
du régiment de Cavalerie de la Rochefoucault ,
de M. le Comte de Danois , Capitaine réformé á
la fuire du régiment Royal de Cravates ; & de
M. le Comte de Broglie , Enfeigne dans le régiment
de Poitou :
Et de deux Guidons vacans dans la Gendarmerie;
l'un en faveur de M. le Comte de Noé , Capitaine
réformé à la fuite du régiment de Cavalerie de la
Viefville ; l'autre pour N, le Marquis de Crenolles,
Lieutenant dans le régiment du Roi Infanterie.
l'armée combinée de l'Empire & de France , &
l'armée Pruffienne , avec la lifte des Officiers
non compris dans celle du 19 de ce mois.
L'armée du Roi , combinée avec celle de l'Empire
, ayant reçu un renfort de vingt bataillons &
de dix-huit efcadrons conduits par le Duc de Broglie
, après être reftée quelques jours en cantonnement
entre l'Unftrutt & la Sala , depuis Mul→
haufen & Langen- Saltza jufqu'à Dornbourg , fe
mit en mouvement le 23 Octobre pour marcher à
l'ennemi.
Celle de l'Empire fe porta en avant de la Sala
fur l'Eftertt , précédée d'un détachement des deux
armées aux ordres du Comte de Saint - Germain
& celle de France qui la fuivoit fe trouva raffemblée
le 28 à Numbourg & aux environs.
Pendant cette marche , le Roi de Pruffe s'étoit
retiré fur l'Elbe , laiffant à Léipfik un Corps commandé
par le Maréchal Keith, mais il revint tout-à
coup dans cette Ville le 26.
Les deux Généraux ne jugeant pas qu'il fût praticable
del'y attaquer de vive force, ni de le mettre
entre Léiplik & Torgauw en marchant par leur
182 MERCURE DE FRANCE.
droite , réfolurent de repaffer la Sala , pour fe
porter vers Hall & Bernbourg. Ce paffage s'exécura
le 30 à Weiffenfel , après avoir replié tous
les poftes qui avoient été avancés jufqu'à Lutzen .
Le Roi de Pruffe , averti de cette marche , fortit
de Léipfick , & fit attaquer le 31 au matin la
Ville de Weiffenfels. Il y étoit refté quatre bataillons
Impériaux & dix- fept compagnies de Grenadiers
François , commandés par M. le Marquis de
Crillon ; ces troupes fe retirerent en mettant le
feu au pont.
Les Pruffiens firent enfuite marcher des corps
fur Merfbourg & fur Hall , dont les ponts furent
pareillement brûlés par les détachemens de l'armée
combinée , qui occupoient ces deux Villes.
Le premier Novembre , le Prince de Soubife
marcha à Merfbourg dans le deffein de foutenir
cette Ville : mais ne pouvant garder tous les paffages
de la Sala , il préféra de venir camper à
Mulchen , où les Impériaux le joignirent le 2 .
Le lendemain 3 , l'armée Pruffienne paffa la
Sala à Weiflenfels où elle avoit déja jetté des
ponts ; fes Huffards poufferent ceux de l'Empire
jufques fur le terrein où les Généraux faifoient
marquer un champ de bataille , & l'armée combinée
fortit de fon camp à l'entrée de la nuit pour venir
l'occuper. Les Pruffiens camperent vis - à- vis fur
une hauteur , & tirerent pendant la nuit plufieurs
coups de canon.
Le 4 à la pointe du jour , on vit déboucher
plufieurs efcadrons de Cavalerie Pruffienne , qui fe
retirerent auffi- tôt que l'armée eut fait un mouvement
en avant. Le reste de la journée ſe paſſa à
tirer quelques volées de canon , & l'armée cainpa
fur le terrein où elle avoit paffé la nuit précé .
dente fous les armes.
JANVIER. 1758. 183
Les , elle marcha parfa droite pour le porter
furle flanc gauche de celle du Roi de Pruffe, laif
fant M. le Comte de Saint- Germain avec deux brigades
d'infanterie & autant de cavalerie , pour ob
ferver les mouvemens des Pruffiens. Cette marche
fe fit fur trois colones , dans le même ordre où les
troupes étoient campées ; la colonne de la gauche
étoit formée de la premiere ligne , celle du
centre de la réſerve , & celle de la droite de la feconde
ligne.
Lorfque l'armée eut dépaffé le flanc gauche de
Pennemi , on fit halte vers les deux heures aprèsmidi
, & les deux Généraux ayant pris la réfolution
d'attaquer , on continua la marche en abaiffant
la droite , pour le mettre en bataille en
équerre fur le flanc gauche de l'armée Pruffienne .
Jufques-là l'ennemi étoit reſté dans fon camp ,
mais dans le moment on le vit détendre fes tentes,
monter à cheval , fe mettre en bataille & marcher
par fa gauche fur le même front par lequel on fe
préfentoit à lui ; le tout avec une fi grande promp
ritude , que toute fa cavalerie , compofée de
quarante efcadrons , ayant été quelque temps à
couvert d'un rideau , fe trouva tout d'un coup
avoir dépaffé celle de l'Empire , qui fermoit l'aîle
droite de l'armée combinée , & la chargea en
en flanc avant qu'elle eût pu fe déployer devant
elle.
Le Prince de Soubife n'eut le temps que de raffembler
la cavalerie de la réferve , compotée de
dix efcadrons des régimens de Penthievre , Saluces
, Lameth , Lufignan & De cars , qui fe formerent
en potence dans l'intervalle entre les deux
lignes . I foutint à la tête de cette cavalerie
l'effort de la premiere ligne de celle des Pruffiens
, qui fut auffi repouffée par les cuiraffiers
184 MERCURE DE FRANCE.
Autrichiens ; mais il ne put réfifter à la feconde
ligné. Huit efcadrons des régimens de Bourbon
de Bauvilliers , de Fitz -James & de Raugrave , tirés
de l'aile gauche , rétablirent le combat pendant
quelques momens , & enfuite furent obligés
de céder de même à la fupériorité du nombre.
Pendant cette charge de cavalerie , la gauche
de l'infanterie Pruffienne avoit gagné le flanc
droit de celle de l'armée combinée . Nos bataillons
, qui s'étoient formés en colonne , ne pouvant
foutenir le feu de l'artillerie & de la moufqueterie
des Pruffiens , furent alors obligés de
plier,&entraînerent le refte des deux lignes . M.lé
Comte de Saint-Germain , qui arriva dans cette
conjoncture , favorifa la retraite qui fe fit fur
Freybourg, où l'armée repafla, pendant la nuit, à
la gauche de l'Unftrutt , fans être pourſuivie .
Le 6 l'armée de l'Empire marcha à Kofen ,
pour fe retirer fur Arnftatt , & celle de France
s'en fépara pour fe rapprocher des quartiers de
l'armée du Maréchal Duc de Richelieu par Laucha
, Saxembourg , Northaufen & Duderſtatt ,
où elle eft arriée le 14.
On ne peut dire au jufte la perte que l'armée
Françoile a faite en cette occafion , parce qu'il y
revient journellement des Officiers & des Soldats
par bandes ; mais il paroît qu'elle ne fera pas
à beaucoup près auffi confidérable qu'on l'avoit
cru d'abord
JANVIER. 1758. 185
a
Lifte des Officiers tués , bleffés , prisonniers , ou
dont on ignore le fort , des Régimens qui fe font
trouvés à la bataille dus Novembre , & qui ne
font pas compris dans la lifte du 19 de ce mois ,
parce qu'on n'avoit point alors reçu les états détaillés
des Régimens.
Régiment de Piedmont. Colonel . M. Le Comte
Defparbès , bleffé . Lieutenant-Colonel. M. de
Creft , bleffé & prifonnier . Commandans de Bataillon
. MM. de la Corderie & Sermont , bleffés
& prifonniers, M. Defplaffes , manque. Major:
M. Broca , bleflé . Aides- Majors. MM . Malaru &
Bagnon , bleffés . M. de la Chevalerie , bleffé & prifonnier.
Capitaines de Grenadiers . M. Malaufat ,
bleffé & prifonnier. M. Darmiffan manque.
Capitaines. MM. Marans , Noblet , la Lauremie
, Beauregard , Fondras. , tués. MM. Flavi
gny , Mondenard , Grely , Dragoue , Braffant ,
Chevalier de Montaut , Mondenart , de Bieve ,
la Touche , Chevalier de Tilly , Dupleffis ,
Freftomdam , bleffés . MM. Bretigny , la Combe,
Marigny , du Vergier , Tilly , Brugaflargues ,
de Mons , Bezançon , Verneuil , Rachaife ,
Baubert , Pafcal , Duvallon , Boifſfondain , la
Perrere , Dauffonnes , bleffés & prifonniers.
MM. Darmiffan , la Papotiere , David , Duclufelle
, Montaut , Dumans , & Valoir , manquent.
Lieutenans . M. le Chevalier de Montaud, M. Lefpare
& M. le Chevalier de Batquier tués.
MM. Meſnard , la Foreftille , Dadriffard , Fontaine
, Chevalier de Ponfargues , Colonſbié , Ravifict
, & Lecuyer , bleifés . MM. Leharivel ,
Faure , Rabignan , Daliat , Kardavant , Biufort,
Langlade , Barer , & Saint-Serdos , bleffts &
"
186 MERCURE DE FRANCE.
>
prifonniers. MM. Martillon , Pernon , Pelifferey
, Sairigné , Montaclard , & Peliot Maître
de mathématiques , manquent . Régiment de Royal
Rouffillon . Capitaines de Grenadiers . M Delons ,
bleffe . Lieutenans . M. Soreau , tleflé . Régiment de
Caftellas , Suiffe . Lieutenant - Colonel . M. Diefenthaler
, bleflé & prifonnier Capitaines de Crenadiers
.M. Reich , tué. M. Waldener bleflé . Lieutenans.
M. Muller , tué . , M. Krieg , bleflé . Régiment de
Planta , Suiffe. Lieutenant- Colonel . M. Darbon
nier , bleffé & prifonnier . Commandant de Bataillon.
M Joflaud , bleffé & prifonnier. M. Arder ,
manque. Aide-Major M. Viclandt manque. Capitaines
de Grenadiers . MM . Grenut , & Affleger
bleffés & prifonniers. Capitaines. MM. Turtin ,
Gallatin, Bertenfchalg , Boufcard & Faller , bleffés
& prifonniers. Lieutenans. MM . Defgranges
Hoeclin , Reynald , Fatis, Ceberg & Chriftin ,
bleffés & prifonniers . Régiment de Reding , Suif
fe. Capitaines. MM. Reynold & Montaudon
bleffés. MM . Schatzel & Witz , bleffés & prifonniers.
Lieutenans. MM. d'Entrague , & Baumain
, bleffés . MM . Geutil , Techiemain , Gau-.
guin , & Odelieu , bleffés & prifonniers . M. Muller,
manque. Régiment de Salis , Grifon. Capitaine.
M. Caftelberg , tué . Enfeigne. M. Scouhe manque.
Régiment de Touraine . Lieutenans. M. de
Moyencourt , bleffé & prifonnier . Régiment de
Saint Germain. Lieutenans. M. Bitremant , bleflé
& prifonnier.
•
Officiers qui étoient marqués dans la derniere feuille
comme manquans , & qu'on a appris depuis êtra
prifonniers , & dont la plupart font bleſsés.
Régiment de Mailly. Lieutenant- Colonel . M. de
Boifrenard. Capitaines . MM. Montbel , l'aîné ,
JANVIER. 1758. 187
>
Garcigny , Vilhaut , Chevalier de Montbel ,
Boilrenault , Coquebert , M. Treville , Capitai
ne Aide-Major , & la Motte. M. Catenay , Capitaine
, dont on n'avoit point encore fait mention
, prifonnier. M. Rouani , Lieutenant. Régiment
de Poitou. M. de Saint - Mefinin , Commandant
de Bataillon . M. du Roffart , Capitaine Aide-
Major. MM. de Muffan , de Pally , Fontenaille
Dangé , des Anfiers , Sorelle , Galleou , Capitaines
, prifonniers ; ainfi que MM . Sablo & Pichon
, dont on ignoroit le fort. Lieutenans. MM.
d'Aldeguier , du Perrete , Ding , Leroy, & Saint-
Oin , prifonniers , ainfi que MM. la Montafe ,
du Rougeat , & de Laure , dont on n'avoit pas encore
fait mention . Régiment de Saint Chamont.
Capitaines. MM . de la Mothe , & Chatelier , qui
n'étoient pas dans la premiere lifte , & MM.
Droify , de Malhautier, Montignac , Chevalier de
Vignier , & de Saint- Florent . Lieutenans . MM . de
la Grolée , de Bo flambert , de Buffan , & Bouret
. Régiment de Rohan. Capitaines. MM . de Wolbock
, & Coquerel. Lieutenans. MM. la Live &
Liffac , qui n'étoient point dans la derniere feuille .
Regiment de Beauvoifis. Capitaines, MM . la Molere
, Champau , du Bourdet , du Lignon , & de
Fougeres. Aide- Major. M. Raoult. Lieutenans.
MM . Rozan , la Roque , & Peignefort . Régi .
ment de Briffac. Colonel. M. le Duc de Coffé. Lientenant-
Colonel. M. de Mauclerc. Capitaine . M.
Bonneval. Lieutenant. M. Morel . Régiment de
Provence. Lieutenant -Colonel. M. Durivier. Ca
pitaines. MM. Thioumon , de Teffot , Dutertre ,
de Varignan , Thuifi , & Eclapier , qui n'étoient
dans la derniere feuille . Lieutenans . MM. Iffambon
, & de Romas , qui n'étoient pas dans
la derniere lifte. Régiment de Vittmer , Suiffe.
pas
188 MERCURE DE FRANCE.
>
Commandant de Bataillon. M. Gallati . Capitaines.
MM. Suriet , Perier , Zeng , & Reynoldt. Lieu
tenans. MM. de Gallati , Dilleny , Bayard &
Jacobel Régiment de Diefback , Suiffe . Capitaines.
MM. Balthazard , & de Borard , dont le dernier
n'étoit pas dans la précédente lifte . Lieutenant.
M. de Nervoft , & l'Aumonier du Régiment
Régiment de la Marck. Capitaines. MM. Deyrolles
, Trichard , des Baraux , de Munlt l'aîné
Delefnau , qui n'étoit pas dans la derniere feuille ,
Dufort , Liotey , Grandchamp , & Dehauffen.
Lieutenans. MM. Bramion & Scitz .
CAVALERIE.
Régiment de la Reine. Major . M. le Chevalier
de Galifet. Régiment de Bourbon. Capitaines. MM.
de Chanay & Chambon. M. la Bare , Cornette.
Régiment de Penthievre. Colonel. M. le Comte
de Saluce , bleffé & prifonnier . Capitaines. M. le
Marquis de Langle , MM . Lardevoin , & Traverlay.
Lieutenans. MM. du Breuil , & de Gay ,
bleffé & prifonnier , qui n'étoit pas dans la derniere
feuille. MM . de Geraldin , Major , & du
Saillon , Cornette , bleflés & reftés à Yena , d'où
l'on compte qu'ils rejoindront inceffamment . Ré
giment de Lufignan. Capitaines. M. de Real & Circey
, bleffés & prifonniers . M. de Janfon , Liextenant.
Régiment de Beauvilliers . Colonel . M. le
Duc de Beauvilliers . Lieutenant. M. de la Buifiere.
Cornettes. MM. Echoupe & de Luigny . Régiment
deLameth.Lieutenant -Colonel.M . Monjouvan.Capitaines.
MM . de Contriffon, Dancreville , & Frednand.
Régiment de Saluces. Colonel. M. le Marquis
de Saluces. Capitaine . MM . Cauzet , Flogny , Caftelnau,
& Fautrieres , bleffés & prifonniers. Lieute
nans . MM. la Fond , Mordal , & Lepant. M. de la
>
JANVIER. 1758. 189
.
Faye , Cornette. Régiment de Filtz -James. M. Nugent
, Capitaine. M. Coulahan , Lieutenant . M.
de Mores , Cornette. Frifonniers non Militaires.
M. Martinfort , Directeur des vivres , & fon domeftique.
N. Monget , Commis des vivres . Un
Boulanger des vivres.
On a oublié dans la premiere lifte d'employer
comme prifonnier M. le Chevalier d'Ailly , Maréchal
de camp.
M. le Chevalier des Bares , Capitaine au Régiment
Defcars Cavalerie , mis au nombre des
Officiers tués , a donné de fes nouvelles . Il eft
prifonnier & bleffé de douze coups de fabre.
Le Roi a difpofé en faveur de M. le Vicomte de
Choifeul , du Régiment de Poitou , vacant par la
mort de M. le Comte de Revel.
Du Régiment Royal-Barrois , vacant par la
mort de M. le Comte de Baffompierre , en faveur
de M. le Marquis de Baffompierre , fon pere ,
Brigadier des armées du Roi , & Sous- Lieutenant
des Chevaux- Légers d'Orléans,
De trois places de Colonels dans le Régiment
des Grenadiers de France , en faveur de M. le
Comte de la Fayette , Capitaine réformé à la fuite
du régiment de Cavalerie de la Rochefoucault ,
de M. le Comte de Danois , Capitaine réformé á
la fuire du régiment Royal de Cravates ; & de
M. le Comte de Broglie , Enfeigne dans le régiment
de Poitou :
Et de deux Guidons vacans dans la Gendarmerie;
l'un en faveur de M. le Comte de Noé , Capitaine
réformé à la fuite du régiment de Cavalerie de la
Viefville ; l'autre pour N, le Marquis de Crenolles,
Lieutenant dans le régiment du Roi Infanterie.
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Résumé : Détail de la bataille donnée le 5 Novembre entre l'armée combinée de l'Empire & de France, & l'armée Prussienne, avec la liste des Officiers non compris dans celle du 19 de ce mois.
Du 23 octobre au 5 novembre, l'armée combinée de l'Empire et de la France, renforcée par des troupes du Duc de Broglie, affronta l'armée prussienne. Après plusieurs manœuvres, les deux armées se retrouvèrent près de Weissenfels. Le 3 novembre, les Prussiens traversèrent la Saale, et les préparatifs pour la bataille commencèrent. Le 5 novembre, la bataille éclata. Les Prussiens repoussèrent la cavalerie combinée et gagnèrent le flanc droit, forçant les bataillons à se replier. L'armée combinée se retira à Freybourg, puis traversa l'Unstrutt sans être poursuivie. Le 6 novembre, l'armée de l'Empire se retira vers Arnstadt, tandis que l'armée française se rapprocha des quartiers du Maréchal Duc de Richelieu. La bataille entraîna des pertes significatives, avec une liste publiée des officiers tués, blessés, prisonniers ou manquants. Les régiments affectés incluaient ceux de Piedmont, Royal-Roussillon, Castellas, Planta, Reding, Salis, Touraine, Saint-Germain, Mailly, Poitou, Saint-Chamont, Rohan, Beauvoisis, Brissac, Provence, Diesbach, La Marck, et plusieurs régiments de cavalerie. Certains officiers initialement portés disparus furent ensuite confirmés comme prisonniers. Par ailleurs, plusieurs nominations et promotions furent annoncées au sein de l'armée française. Le Régiment Royal-Barrois, vacant après le décès du Comte de Baffompierre, fut attribué au Marquis de Baffompierre. Trois places de Colonels dans le Régiment des Grenadiers de France furent attribuées au Comte de la Fayette, au Comte de Danois et au Comte de Broglie. Deux guidons vacants dans la Gendarmerie furent attribués au Comte de Noé et au Marquis de Crenolles.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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37
p. 194-202
ALLEMAGNE.
Début :
Comme les relations Prussiennes, insérées dans les Gazettes Etrangeres, ont [...]
Mots clefs :
Vienne, Bataille, Roi de Prusse, Artillerie, Armées, Prince Charles de Lorraine, Ennemis, Déplacement des troupes, Troupes, Lieutenant, Cavalerie, Attaques, Régiments, Prague, Maréchal Keith, Baron de Marshall, Uelzen, Marquis de Caraman, Capitaine, Osnabrück, Zell, Défense, Prince, Commander, Maréchal de Richelieu
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texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE.
DE VIENNE , le 17 Décembre.
Comme les relations Pruffiennes , inférées dans
les Gazettes Etrangeres , ont totalement altéré
les circonftances de la bataille donnée les en
Siléfie entre Neumarck & Liffa , la Cour a fait
publier le détail que l'on va fidélement rapporter.
« Le Roi de Pruffe ayant raffemblé à Parchwitz
» une armée d'environ quarante mille hommes ,
» avec une nombreuſe artillerie , tirée pour la plus
grande partie de Glogau , & une quantité prodi.
» gieufe de fafcines , de gabions , de fauciffès , &c.
que les payfans avoient été obligés de faire, prit
» pofte fur la droite du ruiffeau nommé Katz-
» Bach. Ce mouvement fit conjecturer que fon
» deffein étoit de pénétrer plus avant , pour s'em-
» parer d'abord de Neumarck & de Lignitz , at-
» taquer enfuite l'armée Impériale qui étoit cam-
» pée près de Breslau , ou lui couper les fubfif-
» tances qu'elle tiroit de la Boheme , en fe pla-
>> çant dans les environs de Strigau , ou fur les
» frontieres du Royaume. Le Prince Charles & le
Feld-Maréchal Comte de Daun réfolurent en
» conféquence de s'avancer au-delà de la Schweid.
» nitz , pour couvrir Lignitz , & tâcher de faire
» échouer les projets de l'ennemi. On commerça
» par renforcer la garniſon de cette derniere pla-
» çe , & l'on envoya à Neumarck un détache-
>> ment de Bannaliſtes , de Huffards & de Cava-
» lerie , foutenu par les Chevaux- Légers Saxons.
L'armée fut pourvue le 3 de tout ce dont elle
» avoit befoin pour quatre jours ; le 4 , elle forJANVIER.
1798.
195
» tit de fon camp , & le même jour elle paffa le
» Lóh & la Schweidnitz , pour prendre une nou-
» velle pofition . Les troupes défiloient , lorsqu'on
» apprit que le Roi de Pruffe marchoit depuis cinq
» heures du matin fur Neumarck , dou par con-
» féquent le détachement envoyé le 2 , avoit été
obligé de fe retirer . Sur cet avis , on laiffa der-
» riere la Schweidnitz tous les bagages de l'ar-
» mée , les colonnes prefferent leur marche , &
» ſe formerent en deux lignes . Le Général Comte
» Nadafty en forma avec fon Corps de Troupes
>> une troifieme , pour couvrir le flanc gauche de
» l'armée , & la réferve fat destinée à foutenir la
» droite. Cette droite étoit appuyée au village de
» Nypern , " l'armée avoit Leuthen à la gauche &
» Frobelwitz au centre : ces trois endroits furent
» garnis d'autant de troupes qu'il fut poffible . On
» mit dans Frobelwitz huit compagnies de Gre-
» nadiers & plufieurs piquets ; fept compagnies
» de Grenadiers & des piquets à Leuthen , & d'au-
» tres piquets à Nypern. Toutes les comp gnies compagnies
» de Grenadiers & les piquets de la réſerve furent
» placés à la droite de la Cavalerie , à la tête d'un
» bois. Le Major Général Luzinsky couvroit de
>> plus en quelque forte l'aile gauche avec deux
» Régimens de Huffards & quelques autres troupes
légeres. Il étoit foutenu par les Chevaux-
» Légers Saxons aux ordres du Comte de Noftitz ,
» Lieutenant - Général au fèrvice du Roi de Polo-
» gne , & le fieur de Morocz , Lieutenant Géné-
» ral , étoit à l'afle droite avec deux Régimens de
» Huffards & de troupes légeres . Tandis qu'on
» faifoit ces difpofitions , l'armée ennemie avoit
» dépaffé Neumarck: elle avoit fa droite à Krintfch
fa gauche à Bifchdorff , & fes poftes avancés
s'étendoient jufqu'à Born. Les deux armées paf-
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
» ferent dans cette pofition la nuit fous les armes.
>>> Le S avant le jour , le Comte Nadafty , com.
» me ' il avoit été convenu , joignit les troupes
» qui formoient la troifieme ligne à la Cavalerie
de la gauche de l'armée . & forma le flanc depuis
cet endroit juſqu'à une bauteur qui étoit
» de ce côté- là & qu'on avoit garnie d'artillerie.
» Delà il s'étendit en équerre , & fe forma de fa-
» çon que les Troupes Impériales étoient les plus
» près de l'armée , celles de Wirtemberg vers le
flanc , & celles de Baviere à l'extrêmité de l'angle.
A la pointe du jour , les ennemis firent ,
» tantôt fer leur droite , tantôt fur leur gauche ,
> divers mouvemens qui durerent jufqu'à midi..
» Ils fembloient cependant toujours menacer no-
» tre droite , & ce fut pour cette raiſon que le
>> Comte de Luchefi demanda plufieurs fois qu'on
lui fit paffer du renfort. Le Corps de réſerve y
avoit été deftiné ; mais on différa quelque tems
de l'y faire paffer , pour pouvoir pénétrer le
» deffein de l'ennemi. Enfin comme le Comte de
Luchefi infiftoit fortement pour être renforcé ,
» & que d'ailleurs on ne pouvoit pas trop bien
» démêler les mouvemens que les Pruffiens fai-
» foient derriere des hauteurs , on lui envoya la
» réſerve. Le Feld - Maréchal Comte de Daun fe
» porta même en perfonne à cette aîle , pour lá
commander en cas de befoin . A peine ce renfort
eut joint , qu'on vit la Cavalerie Pruffienne
fe porter fur notre gauche , & l'Infanterie marcher
à grand pas fur leur droite , ce qui fit ju-
» ger qu'ils en vouloient à l'aile gauche & à fon
» flanc. Auffitôt le Prince Charles & le Comte de
» Daun , ordonnerent au Prince Efterhaly , Ge
» néral de Cavalerie , & aux Généraux de Maqui-
» re & d'Angern , d'avancer avec les différens
睾
JANVIER. 1758. 197
Corps qu'ils commandoient , pour foutenir le
» flanc , & la feconde ligne eut le même ordre.
» L'ennemi s'étant approché de ce flanc envi
>> ron à une heure après-midi , le feu de fa mouf-
>> queterie commença en fe dirigeant contre les
» troupes de Wirtemberg , qui le foutiprent cou
» rageufement ; mais le fort de l'attaque s'étant
» porté fur ce flanc , les troupes auxiliaires furent
» obligées de céder au nombre , & la confufion
» qu'occafionna la fupériorité de l'ennemi dans
» cette partie, empêcha les Régimens Impériaux ,
» qui arrivoient pour foutenir les Auxiliaires , de
» pouvoir combattre en ordre. On fit tout ce qu'il
» étoit poffible de faire pour réparer le défordre ,
» mais on ne put jamais rallier ces Troupes . Après
>> ce premier avantage , l'ennemi qui avoit en
» même temps attaqué le village de Leuthen &
>> toute la gauche , avoit porté de ce côté-là la
» plus grande partie de fes forces. Cependant fa
» Cavalerie & fon Infanterie furent repouffées
» trois fois par nos Troupes avec une perte con-
» fidérable ; ainfi la victoire lui fut affez long-
» temps difputée & vendue un peu cherement.
» Mais les Pruffiens avoient pénétré par l'ouver-
» ture du flanc de la gauche ; ils s'avançoient
» par- là pour nous prendre à dos , & il n'étoit
plus poffible de l'empêcher ; il n'y avoit d'au-
» tre parti à prendre que de fe retirer fur les deux
rivieres de la Schweidnitz & du Loh : c'eft ce
» que l'on fit en très- bon ordre , & en faifant
» fur l'ennemi un feu continuel . Voilà comment
>> après un combat de plus de quatre heures , on
» a cédé le champ de bataille aux Pruffiens. Nous
» comptons parmi les morts , le Comte de Lu-
» chefi , Général de Cavalerie , & les Majors Gé-
D néraux Prince de Stolberg , Otterwolff & Preyf
Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
fach. Le Major Général Comte Odonel eft blefle
»& priſonnier , & nous avons pris de notre côté
» le Général Major de Krakow.
» Le Prince Charles & le Comte de Daun ſe
font portés partout où lear préſence a été né-
» ceffaire , ou pour donner leurs ordres , ou pour
animer les Troupes par leur exemple. Le Comte
» de Daun a eu une forte contufion , qui cepen-
» dant n'a ralenti en rien ſon ardeur & fon acti-
» vité. Les Princes de Saxe Xavier & Charles , ont
» donné dans cette occafion de nouvelles preuves
» de leur valeur.
DE PRAGUE , le 18 Décembre.
On vient d'apprendre que le Maréchal Keith
eft dans les montagnes de Saxe. Le Baron de
Marshall , pour l'empêcher de rentrer dans ce
Royaume , a formé fur les frontieres un cordon de
troupes.
Un détachement Pruffien qui eſcortoit deux
tonnés d'argent deſtinées pour Glatz , a été arraqué
par le Colonel Jahnus , & après une réſiſtance
affez vive , a été contraint d'abandonner le
menvoi.
D'ULTZEN , les Décembre.
M. le Marquis de Caraman avoit été détaché
de l'armée avec fon Régiment de Dragons & cent
quatre-vingt Chaffeurs de Fifcher commandés par
M. Clery , Lieutenant-Colonel de ce corps , &
dont cent étoient à cheval , pour obferver les
mouvemens des ennemis. Le 4 , M. le Marquis
de Caraman , qui avoit couché au Village de Bri
del , apperçut un corpsde plus de trois mille Ha
JANVIER. 1758. 199
*novriens qui le fuivoit . Il étoit compofé de douze
cens hommes de Cavalerie ; le refte étoit de l'Infanterie
, qui avoit deux pieces de canon. L'inégalité
de fes forces l'obligea de doubler le pas pour
gagner le Village d'Hembeke , où il auroit pu fe
défendre avec plus d'avantage qu'en rafe campagne
: mais la cavalerie Hanovrienne le ferra de fi
près , que voyant qu'il n'auroit pas le temps d'atteindre
Hembeke , quoiqu'un de fes Efcadrons y
fûtarrivé , il prit le parti de fe mettre en bataille.
Il chargea vigoureufement l'ennemi qui s'étoit
déja formé , & il fut fi bien fecondé par M. de
Clery, ainfi que par le feu des quatre - vingts Chaf
feurs de Fifcher , qu'il enfonça & mit en déroute
de corps de Cavalerie Hanovrienne qui étoit du
double plus fort que le fien. Onze Officiers du régiment
de Caraman ont été bleffés & trois d'entr'eux
font faits prifonniers : il y a eu cinq ou fix
Dragons tués & ſoixante - quinze bleflés . Voici la
lifte des Officiers .
-Capitaines. Le fieur Pinon bleffé & pris ; le
fieur le Feron , bleffé ; le Comte de Comminges
& fon neveu bleffés Lieutenans. Les fieurs du
Sauffay , Sacerre , des Fournaux , Dindy , &
Chellans , bleffés , le dernier prifonnier . Cornet
tés. Les fieurs de Cernieres , & Tely , bleffés
celui- ci prifonnier. M. le Marquis de Caraman
leur a tué plus de cent hommes , & fait plufieurs
prifonniers , entr'autres le Commandant des Chaf
eurs Hanovriens . Le Comte de Schullenbourg , Général
Major, qui les commandoit , a été bleffé. De
notre côté , on efpere qu'aucun des Officiers &
Dragons bleffés ne mourra , ni ne fera même
eftropié.
-Cette action diftinguée fait beaucoup d'honneur
à M. de Caraman, à fon Régiment , à M. de Clery,
I iv
200 MERCURE DE FRANCE:
& aux foldats de Fifcher qu'il commandoir.
D'OSNABRUCH , le 20 Décembre.
Le 19 du même mois , à quatre heures du foir,
le fieur de Beauregard de Bellifle , Commiffaire
des guerres au fervice de France , ayant eu avis que
les Anglois faifoient paffer de l'argent aux Hanovriens
& au Roi de Pruffe , prit fi bien fon temps,
qu'avec un détachement du régiment de Condé ,
cavalerie , il furprit & arrêta quatre charriots
chargés de trente- huit-tonnes & de , fept caifles
pleines d'or & d'argent , partie monnoyés , partie
en lingots. Cet important coup de main fut fi
prompt , que ceux qui conduifoient le convoi
n'eurent pas le temps de fe mettre en défenſe . Le
tréfor qui a été déposé dans le logement du fiear
de Beauregard , eft gardé jour & nuit par un nombreux
détachement du même Régiment de Condé.
On a trouvé dans le Bureau de la pofte aux
chevaux , qui dépend de l'Etat d'Hanovre , quatre
lettres de voiture adreffées à différens Juifs,
Ce riche convoi étoit déja parvenu jufqu'à Brême;
mais il en étoit forti à l'approche des François ,
pour revenir à Nienbourg , & delà en cette Ville
chez le Maître des poftes . Celui- ci avoit ordre de
le garder , jufqu'à ce que les François ayant pris
leurs quatiers d'hiver, la route fût devenue libre
pour le tranfporter à l'armée des Hanovriens.
DE ZELL , le 26 Décembre.
La Citadelle de Harbourg fe défend toujours
avec la plus grande vigueur.
On apprend de Caffel, que M. le Prince de Soubife
y eft arrivé le 13 Décembre , & que tous les
JANVIER. 1758. 201
Régimens François , qui étoient dans le Comté de
Hanau , fe rendent fucceffivement dans le pays de
Helle .
Le 20 du même mois , le Prince Ferdinand de
Brunſwick fit faire un mouvement à ſes troupes
pour reculer fa droite. Il l'appuya au ruiffeau de
Kleinheelen , & fit occuper par des détachemens
les Villages de Groff & de Kleinheelen . Sa gauche
refta appuyée à la petite riviere de Lacht , &
fon quartier général à Altenhagen. L'armée de M.
le Maréchal de Richelieu avoit confervé ſon camp .
fur deux lignes . La droite étoit appuyée au petit
Village de Wefterzell , ayant en potence les Grenadiers
de France & les Grenadiers Royaux ; la
gauche tiroit au Pont de Schafferey , à l'extrêmité
du Fauxbourg de Zell , dit le Fauxbourg de Nienbourg
, & le front du camp étoit parconféquent
couvert par la Ville de Zell . Les mouvemens que
cette armée fit par fa droite fur l'Aller le 20 & le
21 , déterminerent les ennemis à garnir la riviere
de Lacht , & à mettre auffi plus de monde dans
le Village de Lacheindorff qu'ils occupoient,
*
Dans cette fituation , M. le Maréchal de Richelieu
qui avoit réfolu de paffer l'Aller , fit partir le 21
M. le Duc de Broglie , pour aller commander un
corps de Troupes qu'on avoit raffemblées dans le
Duché de Brême , avec ordre d'agir fur la Boheme
, de tourner la droite des ennemis , &
d'intercepter leurs convois. Le 22 & le 23 , il fit
différentes difpofitions , pour donner à l'ennemi
de l'inquiétude fur fa gauche & fur fes derrieres .
Le 24 , il donna fes ordres à M. le Marquis de
Villemur , pour paffer l'Aller à Muden , & favorifer
l'établiffement des ponts que le corps d'armée
devoit jetter fur cette riviere.
Male Comte Dauver & M. le Marquis de Caraman
202 MERCURE DE FRANCE.
étoient chargés en même temps de faire deux fauffes
attaques , l'une par le Fauxbourg de Lunebourg
, & l'autre par le pont de Schafferey , perdant
que M. le Duc d'Ayen , Lieutenant Général
, déboucheroit par le pont d'Altenzell , qui
avoit été retabli.
Le reste de l'armée fe pofta fur deux lignes à
Offenfen & à Schevachaufen .
Le 25, M. le Maréchal de Richelieu apprit à huit
heures du matin , que les attaques de la gauche
avoient pouflé les ennemis qui étoient devant élles
jufques dans leur camp , & qu'on l'avoit trouvé
abandonné , leur armée étant partie pendant
la nuit . Il ordonna auffitôt d'envoyer à leur pourfuite
tous les détachemens le plus en état d'y marcher
& de foutenir la fatigue & la rigueur, du
temps.
On leur a tué tout ce qu'une retraite extrêmement
précipitée a permis de joindre on leur a
fait jufqu'à ce jour environ cinq cens prifonniers ;
on leur a pris cent vingt chevaux & beaucoup de
charriots chargés de fubfiftances, de bagages &
d'agrez de pontons : il n'y a eu que vingt hommes
de
perte de notre côté. Les ennemis dirigent leur
retraite fur Lunebourg.
M. le Maréchal de Richelieu a établi hier fon
quartier général à Zell , & il a placé fon camp
dans le même terrein où étoit la veille l'armée du
Prince Ferdinand.
DE VIENNE , le 17 Décembre.
Comme les relations Pruffiennes , inférées dans
les Gazettes Etrangeres , ont totalement altéré
les circonftances de la bataille donnée les en
Siléfie entre Neumarck & Liffa , la Cour a fait
publier le détail que l'on va fidélement rapporter.
« Le Roi de Pruffe ayant raffemblé à Parchwitz
» une armée d'environ quarante mille hommes ,
» avec une nombreuſe artillerie , tirée pour la plus
grande partie de Glogau , & une quantité prodi.
» gieufe de fafcines , de gabions , de fauciffès , &c.
que les payfans avoient été obligés de faire, prit
» pofte fur la droite du ruiffeau nommé Katz-
» Bach. Ce mouvement fit conjecturer que fon
» deffein étoit de pénétrer plus avant , pour s'em-
» parer d'abord de Neumarck & de Lignitz , at-
» taquer enfuite l'armée Impériale qui étoit cam-
» pée près de Breslau , ou lui couper les fubfif-
» tances qu'elle tiroit de la Boheme , en fe pla-
>> çant dans les environs de Strigau , ou fur les
» frontieres du Royaume. Le Prince Charles & le
Feld-Maréchal Comte de Daun réfolurent en
» conféquence de s'avancer au-delà de la Schweid.
» nitz , pour couvrir Lignitz , & tâcher de faire
» échouer les projets de l'ennemi. On commerça
» par renforcer la garniſon de cette derniere pla-
» çe , & l'on envoya à Neumarck un détache-
>> ment de Bannaliſtes , de Huffards & de Cava-
» lerie , foutenu par les Chevaux- Légers Saxons.
L'armée fut pourvue le 3 de tout ce dont elle
» avoit befoin pour quatre jours ; le 4 , elle forJANVIER.
1798.
195
» tit de fon camp , & le même jour elle paffa le
» Lóh & la Schweidnitz , pour prendre une nou-
» velle pofition . Les troupes défiloient , lorsqu'on
» apprit que le Roi de Pruffe marchoit depuis cinq
» heures du matin fur Neumarck , dou par con-
» féquent le détachement envoyé le 2 , avoit été
obligé de fe retirer . Sur cet avis , on laiffa der-
» riere la Schweidnitz tous les bagages de l'ar-
» mée , les colonnes prefferent leur marche , &
» ſe formerent en deux lignes . Le Général Comte
» Nadafty en forma avec fon Corps de Troupes
>> une troifieme , pour couvrir le flanc gauche de
» l'armée , & la réferve fat destinée à foutenir la
» droite. Cette droite étoit appuyée au village de
» Nypern , " l'armée avoit Leuthen à la gauche &
» Frobelwitz au centre : ces trois endroits furent
» garnis d'autant de troupes qu'il fut poffible . On
» mit dans Frobelwitz huit compagnies de Gre-
» nadiers & plufieurs piquets ; fept compagnies
» de Grenadiers & des piquets à Leuthen , & d'au-
» tres piquets à Nypern. Toutes les comp gnies compagnies
» de Grenadiers & les piquets de la réſerve furent
» placés à la droite de la Cavalerie , à la tête d'un
» bois. Le Major Général Luzinsky couvroit de
>> plus en quelque forte l'aile gauche avec deux
» Régimens de Huffards & quelques autres troupes
légeres. Il étoit foutenu par les Chevaux-
» Légers Saxons aux ordres du Comte de Noftitz ,
» Lieutenant - Général au fèrvice du Roi de Polo-
» gne , & le fieur de Morocz , Lieutenant Géné-
» ral , étoit à l'afle droite avec deux Régimens de
» Huffards & de troupes légeres . Tandis qu'on
» faifoit ces difpofitions , l'armée ennemie avoit
» dépaffé Neumarck: elle avoit fa droite à Krintfch
fa gauche à Bifchdorff , & fes poftes avancés
s'étendoient jufqu'à Born. Les deux armées paf-
Lij
196 MERCURE DE FRANCE.
» ferent dans cette pofition la nuit fous les armes.
>>> Le S avant le jour , le Comte Nadafty , com.
» me ' il avoit été convenu , joignit les troupes
» qui formoient la troifieme ligne à la Cavalerie
de la gauche de l'armée . & forma le flanc depuis
cet endroit juſqu'à une bauteur qui étoit
» de ce côté- là & qu'on avoit garnie d'artillerie.
» Delà il s'étendit en équerre , & fe forma de fa-
» çon que les Troupes Impériales étoient les plus
» près de l'armée , celles de Wirtemberg vers le
flanc , & celles de Baviere à l'extrêmité de l'angle.
A la pointe du jour , les ennemis firent ,
» tantôt fer leur droite , tantôt fur leur gauche ,
> divers mouvemens qui durerent jufqu'à midi..
» Ils fembloient cependant toujours menacer no-
» tre droite , & ce fut pour cette raiſon que le
>> Comte de Luchefi demanda plufieurs fois qu'on
lui fit paffer du renfort. Le Corps de réſerve y
avoit été deftiné ; mais on différa quelque tems
de l'y faire paffer , pour pouvoir pénétrer le
» deffein de l'ennemi. Enfin comme le Comte de
Luchefi infiftoit fortement pour être renforcé ,
» & que d'ailleurs on ne pouvoit pas trop bien
» démêler les mouvemens que les Pruffiens fai-
» foient derriere des hauteurs , on lui envoya la
» réſerve. Le Feld - Maréchal Comte de Daun fe
» porta même en perfonne à cette aîle , pour lá
commander en cas de befoin . A peine ce renfort
eut joint , qu'on vit la Cavalerie Pruffienne
fe porter fur notre gauche , & l'Infanterie marcher
à grand pas fur leur droite , ce qui fit ju-
» ger qu'ils en vouloient à l'aile gauche & à fon
» flanc. Auffitôt le Prince Charles & le Comte de
» Daun , ordonnerent au Prince Efterhaly , Ge
» néral de Cavalerie , & aux Généraux de Maqui-
» re & d'Angern , d'avancer avec les différens
睾
JANVIER. 1758. 197
Corps qu'ils commandoient , pour foutenir le
» flanc , & la feconde ligne eut le même ordre.
» L'ennemi s'étant approché de ce flanc envi
>> ron à une heure après-midi , le feu de fa mouf-
>> queterie commença en fe dirigeant contre les
» troupes de Wirtemberg , qui le foutiprent cou
» rageufement ; mais le fort de l'attaque s'étant
» porté fur ce flanc , les troupes auxiliaires furent
» obligées de céder au nombre , & la confufion
» qu'occafionna la fupériorité de l'ennemi dans
» cette partie, empêcha les Régimens Impériaux ,
» qui arrivoient pour foutenir les Auxiliaires , de
» pouvoir combattre en ordre. On fit tout ce qu'il
» étoit poffible de faire pour réparer le défordre ,
» mais on ne put jamais rallier ces Troupes . Après
>> ce premier avantage , l'ennemi qui avoit en
» même temps attaqué le village de Leuthen &
>> toute la gauche , avoit porté de ce côté-là la
» plus grande partie de fes forces. Cependant fa
» Cavalerie & fon Infanterie furent repouffées
» trois fois par nos Troupes avec une perte con-
» fidérable ; ainfi la victoire lui fut affez long-
» temps difputée & vendue un peu cherement.
» Mais les Pruffiens avoient pénétré par l'ouver-
» ture du flanc de la gauche ; ils s'avançoient
» par- là pour nous prendre à dos , & il n'étoit
plus poffible de l'empêcher ; il n'y avoit d'au-
» tre parti à prendre que de fe retirer fur les deux
rivieres de la Schweidnitz & du Loh : c'eft ce
» que l'on fit en très- bon ordre , & en faifant
» fur l'ennemi un feu continuel . Voilà comment
>> après un combat de plus de quatre heures , on
» a cédé le champ de bataille aux Pruffiens. Nous
» comptons parmi les morts , le Comte de Lu-
» chefi , Général de Cavalerie , & les Majors Gé-
D néraux Prince de Stolberg , Otterwolff & Preyf
Iiij
198 MERCURE DE FRANCE.
fach. Le Major Général Comte Odonel eft blefle
»& priſonnier , & nous avons pris de notre côté
» le Général Major de Krakow.
» Le Prince Charles & le Comte de Daun ſe
font portés partout où lear préſence a été né-
» ceffaire , ou pour donner leurs ordres , ou pour
animer les Troupes par leur exemple. Le Comte
» de Daun a eu une forte contufion , qui cepen-
» dant n'a ralenti en rien ſon ardeur & fon acti-
» vité. Les Princes de Saxe Xavier & Charles , ont
» donné dans cette occafion de nouvelles preuves
» de leur valeur.
DE PRAGUE , le 18 Décembre.
On vient d'apprendre que le Maréchal Keith
eft dans les montagnes de Saxe. Le Baron de
Marshall , pour l'empêcher de rentrer dans ce
Royaume , a formé fur les frontieres un cordon de
troupes.
Un détachement Pruffien qui eſcortoit deux
tonnés d'argent deſtinées pour Glatz , a été arraqué
par le Colonel Jahnus , & après une réſiſtance
affez vive , a été contraint d'abandonner le
menvoi.
D'ULTZEN , les Décembre.
M. le Marquis de Caraman avoit été détaché
de l'armée avec fon Régiment de Dragons & cent
quatre-vingt Chaffeurs de Fifcher commandés par
M. Clery , Lieutenant-Colonel de ce corps , &
dont cent étoient à cheval , pour obferver les
mouvemens des ennemis. Le 4 , M. le Marquis
de Caraman , qui avoit couché au Village de Bri
del , apperçut un corpsde plus de trois mille Ha
JANVIER. 1758. 199
*novriens qui le fuivoit . Il étoit compofé de douze
cens hommes de Cavalerie ; le refte étoit de l'Infanterie
, qui avoit deux pieces de canon. L'inégalité
de fes forces l'obligea de doubler le pas pour
gagner le Village d'Hembeke , où il auroit pu fe
défendre avec plus d'avantage qu'en rafe campagne
: mais la cavalerie Hanovrienne le ferra de fi
près , que voyant qu'il n'auroit pas le temps d'atteindre
Hembeke , quoiqu'un de fes Efcadrons y
fûtarrivé , il prit le parti de fe mettre en bataille.
Il chargea vigoureufement l'ennemi qui s'étoit
déja formé , & il fut fi bien fecondé par M. de
Clery, ainfi que par le feu des quatre - vingts Chaf
feurs de Fifcher , qu'il enfonça & mit en déroute
de corps de Cavalerie Hanovrienne qui étoit du
double plus fort que le fien. Onze Officiers du régiment
de Caraman ont été bleffés & trois d'entr'eux
font faits prifonniers : il y a eu cinq ou fix
Dragons tués & ſoixante - quinze bleflés . Voici la
lifte des Officiers .
-Capitaines. Le fieur Pinon bleffé & pris ; le
fieur le Feron , bleffé ; le Comte de Comminges
& fon neveu bleffés Lieutenans. Les fieurs du
Sauffay , Sacerre , des Fournaux , Dindy , &
Chellans , bleffés , le dernier prifonnier . Cornet
tés. Les fieurs de Cernieres , & Tely , bleffés
celui- ci prifonnier. M. le Marquis de Caraman
leur a tué plus de cent hommes , & fait plufieurs
prifonniers , entr'autres le Commandant des Chaf
eurs Hanovriens . Le Comte de Schullenbourg , Général
Major, qui les commandoit , a été bleffé. De
notre côté , on efpere qu'aucun des Officiers &
Dragons bleffés ne mourra , ni ne fera même
eftropié.
-Cette action diftinguée fait beaucoup d'honneur
à M. de Caraman, à fon Régiment , à M. de Clery,
I iv
200 MERCURE DE FRANCE:
& aux foldats de Fifcher qu'il commandoir.
D'OSNABRUCH , le 20 Décembre.
Le 19 du même mois , à quatre heures du foir,
le fieur de Beauregard de Bellifle , Commiffaire
des guerres au fervice de France , ayant eu avis que
les Anglois faifoient paffer de l'argent aux Hanovriens
& au Roi de Pruffe , prit fi bien fon temps,
qu'avec un détachement du régiment de Condé ,
cavalerie , il furprit & arrêta quatre charriots
chargés de trente- huit-tonnes & de , fept caifles
pleines d'or & d'argent , partie monnoyés , partie
en lingots. Cet important coup de main fut fi
prompt , que ceux qui conduifoient le convoi
n'eurent pas le temps de fe mettre en défenſe . Le
tréfor qui a été déposé dans le logement du fiear
de Beauregard , eft gardé jour & nuit par un nombreux
détachement du même Régiment de Condé.
On a trouvé dans le Bureau de la pofte aux
chevaux , qui dépend de l'Etat d'Hanovre , quatre
lettres de voiture adreffées à différens Juifs,
Ce riche convoi étoit déja parvenu jufqu'à Brême;
mais il en étoit forti à l'approche des François ,
pour revenir à Nienbourg , & delà en cette Ville
chez le Maître des poftes . Celui- ci avoit ordre de
le garder , jufqu'à ce que les François ayant pris
leurs quatiers d'hiver, la route fût devenue libre
pour le tranfporter à l'armée des Hanovriens.
DE ZELL , le 26 Décembre.
La Citadelle de Harbourg fe défend toujours
avec la plus grande vigueur.
On apprend de Caffel, que M. le Prince de Soubife
y eft arrivé le 13 Décembre , & que tous les
JANVIER. 1758. 201
Régimens François , qui étoient dans le Comté de
Hanau , fe rendent fucceffivement dans le pays de
Helle .
Le 20 du même mois , le Prince Ferdinand de
Brunſwick fit faire un mouvement à ſes troupes
pour reculer fa droite. Il l'appuya au ruiffeau de
Kleinheelen , & fit occuper par des détachemens
les Villages de Groff & de Kleinheelen . Sa gauche
refta appuyée à la petite riviere de Lacht , &
fon quartier général à Altenhagen. L'armée de M.
le Maréchal de Richelieu avoit confervé ſon camp .
fur deux lignes . La droite étoit appuyée au petit
Village de Wefterzell , ayant en potence les Grenadiers
de France & les Grenadiers Royaux ; la
gauche tiroit au Pont de Schafferey , à l'extrêmité
du Fauxbourg de Zell , dit le Fauxbourg de Nienbourg
, & le front du camp étoit parconféquent
couvert par la Ville de Zell . Les mouvemens que
cette armée fit par fa droite fur l'Aller le 20 & le
21 , déterminerent les ennemis à garnir la riviere
de Lacht , & à mettre auffi plus de monde dans
le Village de Lacheindorff qu'ils occupoient,
*
Dans cette fituation , M. le Maréchal de Richelieu
qui avoit réfolu de paffer l'Aller , fit partir le 21
M. le Duc de Broglie , pour aller commander un
corps de Troupes qu'on avoit raffemblées dans le
Duché de Brême , avec ordre d'agir fur la Boheme
, de tourner la droite des ennemis , &
d'intercepter leurs convois. Le 22 & le 23 , il fit
différentes difpofitions , pour donner à l'ennemi
de l'inquiétude fur fa gauche & fur fes derrieres .
Le 24 , il donna fes ordres à M. le Marquis de
Villemur , pour paffer l'Aller à Muden , & favorifer
l'établiffement des ponts que le corps d'armée
devoit jetter fur cette riviere.
Male Comte Dauver & M. le Marquis de Caraman
202 MERCURE DE FRANCE.
étoient chargés en même temps de faire deux fauffes
attaques , l'une par le Fauxbourg de Lunebourg
, & l'autre par le pont de Schafferey , perdant
que M. le Duc d'Ayen , Lieutenant Général
, déboucheroit par le pont d'Altenzell , qui
avoit été retabli.
Le reste de l'armée fe pofta fur deux lignes à
Offenfen & à Schevachaufen .
Le 25, M. le Maréchal de Richelieu apprit à huit
heures du matin , que les attaques de la gauche
avoient pouflé les ennemis qui étoient devant élles
jufques dans leur camp , & qu'on l'avoit trouvé
abandonné , leur armée étant partie pendant
la nuit . Il ordonna auffitôt d'envoyer à leur pourfuite
tous les détachemens le plus en état d'y marcher
& de foutenir la fatigue & la rigueur, du
temps.
On leur a tué tout ce qu'une retraite extrêmement
précipitée a permis de joindre on leur a
fait jufqu'à ce jour environ cinq cens prifonniers ;
on leur a pris cent vingt chevaux & beaucoup de
charriots chargés de fubfiftances, de bagages &
d'agrez de pontons : il n'y a eu que vingt hommes
de
perte de notre côté. Les ennemis dirigent leur
retraite fur Lunebourg.
M. le Maréchal de Richelieu a établi hier fon
quartier général à Zell , & il a placé fon camp
dans le même terrein où étoit la veille l'armée du
Prince Ferdinand.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
Le texte relate les événements militaires en Allemagne, notamment la bataille entre les forces prussiennes et impériales près de Neumarck et Liffa. Le roi de Prusse, à la tête d'une armée de quarante mille hommes et d'une artillerie nombreuse, a tenté de pénétrer plus avant pour attaquer l'armée impériale près de Breslau ou couper ses subsistances. Les forces impériales, sous les ordres du Prince Charles et du Feld-Maréchal Comte de Daun, ont avancé pour couvrir Lignitz et contrer les projets prussiens. La bataille a commencé le 5 décembre. Les Prussiens ont attaqué l'aile gauche des Impériaux, forçant ces derniers à se retirer en bon ordre après un combat de plus de quatre heures. Parmi les pertes impériales, on compte le Comte de Luchefi et plusieurs autres officiers. Le Prince Charles et le Comte de Daun ont montré un grand courage et une activité remarquable. D'autres événements militaires sont également mentionnés, comme les actions du Marquis de Caraman contre les Hanovriens et la capture d'un convoi d'argent destiné aux ennemis par le sieur de Beauregard. La citadelle de Harbourg continue de se défendre vigoureusement. Les mouvements des armées de Brunswick et de Richelieu sont détaillés, notamment la traversée de l'Aller par les forces françaises. Le 25, le Maréchal de Richelieu a reçu des nouvelles indiquant que les attaques sur la gauche avaient repoussé les ennemis jusqu'à leur camp, trouvé abandonné. L'armée ennemie s'était retirée pendant la nuit. Richelieu a ordonné de poursuivre les ennemis avec les détachements les plus aptes à supporter la fatigue et les conditions climatiques rigoureuses. Les forces françaises ont tué un nombre significatif d'ennemis en fuite, fait environ cinq cents prisonniers, capturé cent vingt chevaux et de nombreux chariots chargés de subsistances, de bagages et d'équipements de pontons. Les pertes françaises se sont élevées à vingt hommes. Les ennemis se dirigeaient vers Lunebourg. Le Maréchal de Richelieu a établi son quartier général à Zell, sur le terrain où se trouvait précédemment l'armée du Prince Ferdinand.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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38
p. 195-203
ALLEMAGNE.
Début :
L'Armée Impériale continue de suivre de près celle des Prussiens. [...]
Mots clefs :
Königgrätz, Armée impériale, Prusse, Général, Maréchal, Troupes, Bataille, Cavalerie, Grenadiers, Colonels, Ennemis, Bravoure, Défaite des ennemis, Armée du Prince de Soubise, Quartier général, Duc de Broglie, Infanterie, Régiments, Comte, Duc, Baron, Cassel, Munitions, Officiers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGN Ε.
DE KONIGGRATZ EN BOHEME, le 17 Juillet .
L'ARMÉS Impériale continue de ſuivre de près
celle des Pruſſiens. La premiere campa le 3 àGewitz
, & en y arrivant , on apprit que le Roi de
Prufſe étoit déja àLeutomiſchel avec les deux premieres
colonnes de ſon armée ; mais que la troifieme
commandée d'abord par le Général Fouquet
, & actuellement par le Maréchal Keith
étoit encore à Zwittau & dans les environs , d'où
cependant elle commençoit à défiler. Le 7 , le
Comtede Laſci , Lieutenant général , qui avoit
dévancé l'armée pour marquer le camp deGewitz,
avec le corps desGrenadiers & des Carabiniers ,
ayant découvert cette troiſieme colonne qui marchoit
par Krenau à Zwittau , fit fes diſpoſitions
pour en charger l'arriere-garde. Il força d'abord le
village de Krenau ; il s'y foutint affez long-temps
pour arrêter la marche des ennemis , & il obligea
toute la colonne de faire halte. Nos Chaſſeurs ,
qui garniſſoient un bois au deſſus du Village , firentde-
là ſur les Prufſiens un feu continuel , leur
détruifirent pluſieurs charriots chargés de pontons
, prirent beaucoup de chevaux , & firent
quantité de butin. Les ennemis craignant de le
Lij
196 MERCURE DE FRANCE .
voir arrêter long-temps dans leur marche , prirent
leparti de ſe former & ſe préſenterent en bataille,
Comme le feu de leur canon qui n'étoit point
ſupérieur au nôttrree , ne fit point l'effet qu'ils en
attendoient; ils détacherent de l'Infantteerriiee&de
la Cavalerie pour attaquer le village de Krenau.
Quatre compagnies de Grenadiers aux ordres du
Général de Tillier , en occupoient le cimetiere ;
deux autres compagnies dans le Village flanquoient
ce poſte des deux côtés , & le Comte de
Brunian , Colonel des Huſſards Eſclavons , étoit
fur la gauche en dehors avec deux compagnies
de Carabiniers. Au premier choc la Cavalerie ennemie
prit la fuite , & l'Infanterie fut repouſſée
avec perte. La nuit étant ſurvenue , l'ennemi pro.
fita des ténebres pour nous dérober ſa marche ,
ce qu'il fit avec tant de promptitude & de précaution
qu'il nous échappa. L'armée Impériale ſe
remit le 9 en mouvement , & marcha en deux
colonnes par les montagnes ſur Politzka , où elle
ſéjourna le 10. Elle ſe porta le 11 à Sebranitz ,
comptantjoindre à Leutomiſchel la troiſieme colonne
des ennemis , & l'y attaquer ; mais elle en
étoit partie avant le jour , après avoir mis le feu
àfon camp , pendant que les deux autres colonnes
s'avançoient par Hollitz vers cette Place. Le 12 ,
cette troiſieme colonne prit la route des deux
premieres. Comme elle en étoit aſſez éloignée
pour ne pouvoirpas en être ſecourue , lesGénéraux
Laudohn , Ziskowitz & de Saint- Ignon , qui
continuoient de cotoyer l'ennemi ſur ſon flanç
gauche , réfolurent de l'attaquer. Le premier fit
d'abord feu fur les Pruffiens de quatre pieces de
canon , près du village de Woſtzetin : ils répondirent
de dix pieces de leur groſſe artillerie ; ce
pendant ils furent obligés de rebrouffer chemin
SEPTEMBRE. 1758 . 197
&de regagner les hauteurs où ils ſe retrancherent
fur le champ. Ils mirent auſſi le feu au village de
Woſtzetin , apparemment dans le deſſein de faire
connoître par ce ſignal au Roi de Pruſſe qu'ils
étoient attaqués. Tandis que nos Huſſards & nos
Croates harceloient les Pruffiens , le Général de
Saint- Ignon arriva avec ſa Cavalerie. Auffi-tôt
qu'il eut remarqué la façon dont la CavaleriePruffienne
ſe formoit , il la fit obſerver d'un côté par
lesChevaux- légers de Lowenstein , & la fit attaquer
de l'autre par les Grenadiers & les Dragons
de Wirtemberg. Cette attaque ſe fit avec tant
d'ordre & de bravoure , que les ennemis furent
pluſieurs fois renversés , enſuite mis en déroute ,
&totalement diſpertés , malgré leur artillerie qui
tiroit de quatre côtés différens. Déja nous nous
étions emparé de pluſieurs pieces de canon ; mais
l'arrivée du Roi de Pruffe qui accourut avec douze
mille hommes , obligea nos troupes de les abandonner
pour ſe replier ſur leurs anciens poſtes ,
&l'on ſe contenta d'emmener deux caiffons de
poudre & pluſieurs charriots , avec un ſeul étendard.
Cette affaire coûte aux ennemis en morts
bleffés & déferteurs , plus de mille hommes . L'armée
Impériale vint camper le 12 près de Hohenmauth
, & le 1s à Hrochow - Teunitz . Les ennemis
n'ont occupé cette Place qu'un jour , & nos
troupes s'en font remiſes en poffeffion le 14. On
apprend que l'armée Pruſſienne marche avec précipitation
par Jaromitz vers la Siléfie & le Comté
de Glatz.
5 ,
Du Quartier général de l'Armée du Prince
de Soubiſe à Caffel , le 9 Août.
M. le Prince de Soubiſe a détaché le 20 JuilletM.
I inj
198 MERCURE DE FRANCE.
Fiſcher, pour s'emparer du Fort de Zighenhein. La
garniſon ſe retiroit au moment que nos troupes
légeres y font arrivées. On a tué ou bleſſé aux
ennemis vingt hommes & fait environ quatrevingts
priſonniers. On a trouvé dans ce Fort quazorze
pieces de gros canon & fix mille ſacs de:
farine.
M. le Duc de Broglie , que le Prince de Soubiſe
avoit envoyé en avant, & qui commandoit l'avantgardede
l'armée depuis Friedberg , s'eſt avancé le
21 à Veſberg. L'armée est venue camper àHoltzdorff,
& les ennemis ont fait une marche rétro
grade. M. le Prince de Soubiſe a envoyé un renfort
d'une brigade d'Infanterie & d'une de Cavalerie
à M. le Duc de Broglie, pour le mettre en états
d'attaquer les ennemis , s'il en trouvoit l'occaſion.
favorable. M. le Duc de Broglie s'eſt avancé le
22 àHortz , & M. le Prince de Soubiſe a porté
foncamp à Yeſberg. Le 23 , M. le Duc de Broglie
s'eſt avancé à Caffel , dans l'intention d'attaquer.
Parriere-garde des ennemis , au moment qu'ils
décamperoient du village de Sunderhauſen od
étoit leur camp. Il a attendu que fon Infanterie
fût aux portes de Caffel , pour envoyer ordre aux
troupes légeres de paſſer la Fulda au gué du moulin
au deſſus de Caffel. L'Infanterie , la Cavalerie
&lesDragons ont joint au delà du village de Bertelhauſen.
Les ennemis avoient marché par leur
droite , pour ſe porter vers le grand chemin de
Munden. Ce mouvement a déterminé M. le Duc
deBroglie à ſe porter en diligence ſur le village
de Sunderhausen. Il a monté fur la hauteur d'où
il avu les ennemis en bataille , leur droite appuyée
àungrand eſcarpement de la Fulda , & leur gauche
à un bois très-fourré. Il a compris que l'affaire
devenoit féricaſe , & demandoit des diſpoſitions.
SEPTEMBRE. 1758 . 199
fages &meſurées. Il avoit laiffé dans Caffel deux
bataillons de Royal Deux-Ponts , & un bataillon
du même Régiment à Sunderhauſen , pour garder
le défilé en cas d'événement. Ce détachement
avoit réduit le corps qu'il commandoit à environ
ſept mille hommes , & les ennemis à qui il avoit
affaire, étoient plus forts que lui. Le terrein étant
étroit , il a mis l'Infanterie en premiere ligne , la
Cavalerie & les Dragons en ſeconde ligne , & il a
appuyé ſa droite au bois. Il ſe propoſoit d'attaquer
l'Infanterie que les ennemis avoient dans ce
bois , & de les tourner par leur gauche , pour les
culbuter dans la riviere , ſi l'attaque réuffiſſoit.
Lorſque ſa difpofition a été faite , il a placé dix
pieces de canon pour tirer fur la Cavalerie des
ennemis. L'incommodité de ce feu a déterminé
cetteCavalerie à charger l'Infanterie de M. le Duc
deBroglie. Alors ce Générał a fait doubler le Régiment
de Waldner derriere celui de Dieſback ,
&le Régiment de Royal-Baviere derriere un bataillon
de Deux- Ponts. Il a fait avancer par cer
intervalle les Régimens deWirtemberg , de Royal-
Allemand & de Naffau , commandés par M. le
Comte de Raugrave. Lorſque la cavalerie Heſſoiſe
les a vu dépaſſer l'Infanterie , elle s'eſt jettée ſur
fa droite , & a paru vouloir gagner notre gauche.
M. le Duc de Broglie a couru promptement au
Régiment de Raugrave ; il l'a fait avancer par un
intervalle de l'Infanterie ; il a fait marcher le Régiment
d'Apchon à la gauche de cette Infanterie ,
&ce mouvement a arrêté la Cavalerie des ennemis.
Pendant qu'elle étoit incertaine du parti
qu'elle devoit prendre , Wirtemberg , Royal-
Allemand&Naſſau l'ont chargée ; ils ont enfuite
plié , & ont été ſuivis aſſez vivement par les ennemis.
M. le Duc de Broglie a craint pendant un
Liv
200 MERCURE DE FRANCE.
moment que cela n'ébranlât l'Infanterie qui ſe
trouvoit ſans Cavalerie ; mais le Régiment de
Royal- Baviere a fait une ſi vive décharge ſur le
Régiment d'Iſembourg , & l'a maltraité de façon ,
que cette Cavalerie n'a plus reparu depuis.
Pendant ce temps-là ,MM. les Comtes de Waldner
& de Dieſback , la brigade Suiffe & trois compagnies
de Royal Deux- Ponts attaquoient le bois ,
ytrouvoient de la réſiſtance , mais s'y foutenoient
avec beaucoup de valeur. Toute l'Infanterie de la
droite & du centre des ennemis marchoit vivement
à notre gauche , où étoit la brigade de Rohan
, dont Beauvoiſis fermoit la gauche. Cette
Brigade effuyoit le plus grand feu , & y répondoit
avec la plus grande intrépidité. Les ennemis ont
reculé quelques centaines de pas ; mais ils font
revenus avec plus de fureur , & ſe couvrant de
l'eſcarpement , ils avoient un grand avantage fur
nos troupes qui étoient à découvert , de forte que
notre gauche a été obligée de ſe replier. Les ennemis
ſe ſont alongés le long de l'eſcarpement ,
& vouloient gagner nos derrieres. Pour les en
empêcher , M. le Duc de Broglie a fait avancer
quelques eſcadrons de notre Cavalerie qui s'étoient
ralliés . Le feu continuoit toujours avec beaucoup
de violence ; les Régimens de Rohan & de Beauvoiſis
perdoient beaucoup , & la poudre commençoit
à nous manquer. Alors M. le Duc de Broglie
a joint les deux bataillons de Royal- Baviere & de
Deux-Ponts à ceux de Rohan & de Beauvoiſis .
Ces Régimens ont d'abord foncé la bayonnette
au bout du fufil; les ennemis ont pris la fuite , &
ſe ſont jettés dans les bois qui bordent la riviere .
Comme il étoit ſept heures du ſoir , & que les
troupes étoient fatiguées de la marche forcée
qu'elles avoient faite le mêmejour , M. le Duc de
SEPTEMBRE. 1758. 201
)
Broglie a jugé à propos de s'arrêter. Il a envoyé le
Baron de Travers , Brigadier , avec fept cens volontaires
& les Huſſards à la pourſuite de l'ennemi.
L'affaire a duré trois heures , & a été très- vive.
M. le Comte de Roſen , qui s'y eſt conduit avec
beaucoup de valeur , eſt bleſſé de deux coups de
fabre , qui ne font pas dangereux ; M. le Prince de
Naſſau d'un coup de fufil dans le bras , M. le Marquis
de Puyſegur d'un coup de feu à la tête , qui
n'aura pas de ſuites fâcheuſes ; M. le Marquis de
Broglie , Aide de Camp , & neveu du Duc de Broglie
, eſt auſſi bleſſé d'un coup de feu à la cuiffe.
Les ſieurs de Saint-Martin , Lieutenant- Colonel
du Régiment de Rohan , & du Rouſſet , Major de
Beauvoiſis , ont été tués. M. le Duc de Broglie a
euun cheval bleſſe ſous lui ; ſon Ecuyer& fon Aide
de Camp ont eu leurs chevaux tués. L'Infanterie
a fait des merveilles . La Brigade de Rohan s'eft
extrêmement diftinguée ; elle a pris quatre pieces
de canon aux ennemis , & M. le Prince de Rohan
s'y eſt acquis beaucoup de gloire. Le Régiment
d'Apchon a auffi combattu très-valeureuſement.
L'artillerie a été ſervie avec l'ardeur & l'activité
ordinaires . Cette action , qui eſt une ſuite des difpoſitions
&des marches de notre armée , commandée
par M. le Prince de Soubiſe , eſt une nouvelle
preuve du courage de nos troupes , qui toutes en
général ont bien fait leur devoir. M. le Prince de
Soubiſe a envoyé M. le Marquis d'Autichamp-
Beaumont, Aïde de Camp de M. le Duc de Broglie,
porter la nouvelle de ce combat à la Cour.
M. le Baron de Travers a pourſuivi les ennemis
juſqu'à Munden , d'où ils étoient déja partis. Il
s'en eſt peu fallu que le Prince d'Iſembourg , qui
s'y étoit arrêté , n'ait été pris.
Il y avoit dans Caſſel, au départ du courier, ſept
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
àhuit cens prifonniers , parmi leſquels cinquante
Officiers. Le Comte de Kanitz , qui commandoit
ſous le Prince d'iſembourg , eſt de ce nombre ,
ainſique lepremier Adjudantde ceGénéral &pluſieurs
Lieutenans-Colonels & Majors. La pertedes
Heſſoisdoit être très- conſidérable ; car outre trois
àquatre cens hommes qui ſe ſont précipités du
hautde l'eſcarpement & noyés dans la riviere , nos
foldats en ont fait un grand carnage , lorſqu'ils
les ont mis enfuite la bayonnette au bout dit fufil.
Les ennemis avoient à cette action ſeize pieces
decanon ; nous en avons pris ſept ſur le champ
debataille , & huit autres en les pourſuivant dans
leur retraite. Nous avons perdu de notre côté , par
le feu vifque nos troupes ont effuyé pendant une
heure , quatre cens hommes qui ont été tués,&
douze cens bleſlés ,&dans ce nombre plufieurs
Officiers. Les Milices Heſſoiſes , qui faisoient partie
de cette armée , ont jetté leurs armes &ſe ſont
ſauvées dans les bois , pour retournerdans leurs
villages. On croit que cette armée de huit mille
hommes eft réduite aujourd'hui à trois mille..
M. le Prince de Soubiſe eſt arrivé le 25 à Caſſel
avec le reſte de l'armée. Il y ſéjournera pendant:
quelques jours pour attendre le Duc de Wirtem-..
berg, qui doit l'y joindre le 31 avec fix mille hom--
mesdeſestroupes.
L'attaque de la redoute du fauxbourg de Koniggratz
a eu des fuites avantageuſes. Les Pruffiens
yont laiſſé pluſieurs morts,parmi lesquels s'eft
trouvé le fieur de Brankenbourg , Colonel du Régiment
de Pannowitz. Leur fuite précipitée a empêché
que leur perte ne fût auffi conſidérable
qu'elle devoit l'être. Ils ont emporté plufieurs de
leurs bleſſés , de forte qu'on ne sçauroit en évaluer
exactement le nombre. On leur a enlevé outre le
SEPTEMBRE. 1758 . 203
canon , cinq charriots de munitions , & un fixieme
qui a ſauté. Nous n'avons eu que deux foldats
tués & quinze bleſſés , avec un Officier.
Toute l'armée Pruffienne décampa le 26 des environs
de Koniggratz . Nos troupes légeres furent
détachées auflitôt pour l'incommoder dans ſa retraite.
Le Maréchal Daun fit marcher les jours
ſuivans ſon armée , qui eſt préſentement campée
entre Koniggratz & Jaromitz.
Les Généraux Jahnus & Ziſcowitz ont pénétré
en Siléſie , ont mis les Villes de Friedberg & de
Patſchar à contribution , ont ſurpris & enlevé un
convoi avec une caiſſe de trente-un mille florins
qui alloit à Breſlau.
Le 29 les ennemis ne firent aucun mouvement ;
ils porterent un détachement à Neustadt , & firent "
des diſpoſitions propres à perfuader qu'ils vouloient
s'établir aux environs. Le Maréchal Daun ,
dont le deſſein eſt de les contraindre à évacuer la
Boheme, fit marcher ſon armée le 30 fur trois
colonnes , & ſe forma en arrivant à Hollolowren
ordre de bataille , dans l'intention de combattre
les Pruſſiens. Ils avoient décampé la nuit , & paffé
la Métau. Le 31 , un nouveau mouvement de leur
part fit préſumer qu'ils vouloient entrer en Siléſie
parTrautnau. En conséquence, le Général Jahnus
fit des diſpoſitions qui arrêterent leur marche. Le
Comte de Kalnocki a eu ſon avant-garde attaquée
aux environs de Neustadt. Il a tué aux Pruffiens
ſoixante hommes , un Capitaine & un Lieutenant
, & leur a bleſſé beaucoup de monde. 11
n'a perdu que vingt-cinq hommes ,&pas un ſeul
Officier.
DE KONIGGRATZ EN BOHEME, le 17 Juillet .
L'ARMÉS Impériale continue de ſuivre de près
celle des Pruſſiens. La premiere campa le 3 àGewitz
, & en y arrivant , on apprit que le Roi de
Prufſe étoit déja àLeutomiſchel avec les deux premieres
colonnes de ſon armée ; mais que la troifieme
commandée d'abord par le Général Fouquet
, & actuellement par le Maréchal Keith
étoit encore à Zwittau & dans les environs , d'où
cependant elle commençoit à défiler. Le 7 , le
Comtede Laſci , Lieutenant général , qui avoit
dévancé l'armée pour marquer le camp deGewitz,
avec le corps desGrenadiers & des Carabiniers ,
ayant découvert cette troiſieme colonne qui marchoit
par Krenau à Zwittau , fit fes diſpoſitions
pour en charger l'arriere-garde. Il força d'abord le
village de Krenau ; il s'y foutint affez long-temps
pour arrêter la marche des ennemis , & il obligea
toute la colonne de faire halte. Nos Chaſſeurs ,
qui garniſſoient un bois au deſſus du Village , firentde-
là ſur les Prufſiens un feu continuel , leur
détruifirent pluſieurs charriots chargés de pontons
, prirent beaucoup de chevaux , & firent
quantité de butin. Les ennemis craignant de le
Lij
196 MERCURE DE FRANCE .
voir arrêter long-temps dans leur marche , prirent
leparti de ſe former & ſe préſenterent en bataille,
Comme le feu de leur canon qui n'étoit point
ſupérieur au nôttrree , ne fit point l'effet qu'ils en
attendoient; ils détacherent de l'Infantteerriiee&de
la Cavalerie pour attaquer le village de Krenau.
Quatre compagnies de Grenadiers aux ordres du
Général de Tillier , en occupoient le cimetiere ;
deux autres compagnies dans le Village flanquoient
ce poſte des deux côtés , & le Comte de
Brunian , Colonel des Huſſards Eſclavons , étoit
fur la gauche en dehors avec deux compagnies
de Carabiniers. Au premier choc la Cavalerie ennemie
prit la fuite , & l'Infanterie fut repouſſée
avec perte. La nuit étant ſurvenue , l'ennemi pro.
fita des ténebres pour nous dérober ſa marche ,
ce qu'il fit avec tant de promptitude & de précaution
qu'il nous échappa. L'armée Impériale ſe
remit le 9 en mouvement , & marcha en deux
colonnes par les montagnes ſur Politzka , où elle
ſéjourna le 10. Elle ſe porta le 11 à Sebranitz ,
comptantjoindre à Leutomiſchel la troiſieme colonne
des ennemis , & l'y attaquer ; mais elle en
étoit partie avant le jour , après avoir mis le feu
àfon camp , pendant que les deux autres colonnes
s'avançoient par Hollitz vers cette Place. Le 12 ,
cette troiſieme colonne prit la route des deux
premieres. Comme elle en étoit aſſez éloignée
pour ne pouvoirpas en être ſecourue , lesGénéraux
Laudohn , Ziskowitz & de Saint- Ignon , qui
continuoient de cotoyer l'ennemi ſur ſon flanç
gauche , réfolurent de l'attaquer. Le premier fit
d'abord feu fur les Pruffiens de quatre pieces de
canon , près du village de Woſtzetin : ils répondirent
de dix pieces de leur groſſe artillerie ; ce
pendant ils furent obligés de rebrouffer chemin
SEPTEMBRE. 1758 . 197
&de regagner les hauteurs où ils ſe retrancherent
fur le champ. Ils mirent auſſi le feu au village de
Woſtzetin , apparemment dans le deſſein de faire
connoître par ce ſignal au Roi de Pruſſe qu'ils
étoient attaqués. Tandis que nos Huſſards & nos
Croates harceloient les Pruffiens , le Général de
Saint- Ignon arriva avec ſa Cavalerie. Auffi-tôt
qu'il eut remarqué la façon dont la CavaleriePruffienne
ſe formoit , il la fit obſerver d'un côté par
lesChevaux- légers de Lowenstein , & la fit attaquer
de l'autre par les Grenadiers & les Dragons
de Wirtemberg. Cette attaque ſe fit avec tant
d'ordre & de bravoure , que les ennemis furent
pluſieurs fois renversés , enſuite mis en déroute ,
&totalement diſpertés , malgré leur artillerie qui
tiroit de quatre côtés différens. Déja nous nous
étions emparé de pluſieurs pieces de canon ; mais
l'arrivée du Roi de Pruffe qui accourut avec douze
mille hommes , obligea nos troupes de les abandonner
pour ſe replier ſur leurs anciens poſtes ,
&l'on ſe contenta d'emmener deux caiffons de
poudre & pluſieurs charriots , avec un ſeul étendard.
Cette affaire coûte aux ennemis en morts
bleffés & déferteurs , plus de mille hommes . L'armée
Impériale vint camper le 12 près de Hohenmauth
, & le 1s à Hrochow - Teunitz . Les ennemis
n'ont occupé cette Place qu'un jour , & nos
troupes s'en font remiſes en poffeffion le 14. On
apprend que l'armée Pruſſienne marche avec précipitation
par Jaromitz vers la Siléfie & le Comté
de Glatz.
5 ,
Du Quartier général de l'Armée du Prince
de Soubiſe à Caffel , le 9 Août.
M. le Prince de Soubiſe a détaché le 20 JuilletM.
I inj
198 MERCURE DE FRANCE.
Fiſcher, pour s'emparer du Fort de Zighenhein. La
garniſon ſe retiroit au moment que nos troupes
légeres y font arrivées. On a tué ou bleſſé aux
ennemis vingt hommes & fait environ quatrevingts
priſonniers. On a trouvé dans ce Fort quazorze
pieces de gros canon & fix mille ſacs de:
farine.
M. le Duc de Broglie , que le Prince de Soubiſe
avoit envoyé en avant, & qui commandoit l'avantgardede
l'armée depuis Friedberg , s'eſt avancé le
21 à Veſberg. L'armée est venue camper àHoltzdorff,
& les ennemis ont fait une marche rétro
grade. M. le Prince de Soubiſe a envoyé un renfort
d'une brigade d'Infanterie & d'une de Cavalerie
à M. le Duc de Broglie, pour le mettre en états
d'attaquer les ennemis , s'il en trouvoit l'occaſion.
favorable. M. le Duc de Broglie s'eſt avancé le
22 àHortz , & M. le Prince de Soubiſe a porté
foncamp à Yeſberg. Le 23 , M. le Duc de Broglie
s'eſt avancé à Caffel , dans l'intention d'attaquer.
Parriere-garde des ennemis , au moment qu'ils
décamperoient du village de Sunderhauſen od
étoit leur camp. Il a attendu que fon Infanterie
fût aux portes de Caffel , pour envoyer ordre aux
troupes légeres de paſſer la Fulda au gué du moulin
au deſſus de Caffel. L'Infanterie , la Cavalerie
&lesDragons ont joint au delà du village de Bertelhauſen.
Les ennemis avoient marché par leur
droite , pour ſe porter vers le grand chemin de
Munden. Ce mouvement a déterminé M. le Duc
deBroglie à ſe porter en diligence ſur le village
de Sunderhausen. Il a monté fur la hauteur d'où
il avu les ennemis en bataille , leur droite appuyée
àungrand eſcarpement de la Fulda , & leur gauche
à un bois très-fourré. Il a compris que l'affaire
devenoit féricaſe , & demandoit des diſpoſitions.
SEPTEMBRE. 1758 . 199
fages &meſurées. Il avoit laiffé dans Caffel deux
bataillons de Royal Deux-Ponts , & un bataillon
du même Régiment à Sunderhauſen , pour garder
le défilé en cas d'événement. Ce détachement
avoit réduit le corps qu'il commandoit à environ
ſept mille hommes , & les ennemis à qui il avoit
affaire, étoient plus forts que lui. Le terrein étant
étroit , il a mis l'Infanterie en premiere ligne , la
Cavalerie & les Dragons en ſeconde ligne , & il a
appuyé ſa droite au bois. Il ſe propoſoit d'attaquer
l'Infanterie que les ennemis avoient dans ce
bois , & de les tourner par leur gauche , pour les
culbuter dans la riviere , ſi l'attaque réuffiſſoit.
Lorſque ſa difpofition a été faite , il a placé dix
pieces de canon pour tirer fur la Cavalerie des
ennemis. L'incommodité de ce feu a déterminé
cetteCavalerie à charger l'Infanterie de M. le Duc
deBroglie. Alors ce Générał a fait doubler le Régiment
de Waldner derriere celui de Dieſback ,
&le Régiment de Royal-Baviere derriere un bataillon
de Deux- Ponts. Il a fait avancer par cer
intervalle les Régimens deWirtemberg , de Royal-
Allemand & de Naffau , commandés par M. le
Comte de Raugrave. Lorſque la cavalerie Heſſoiſe
les a vu dépaſſer l'Infanterie , elle s'eſt jettée ſur
fa droite , & a paru vouloir gagner notre gauche.
M. le Duc de Broglie a couru promptement au
Régiment de Raugrave ; il l'a fait avancer par un
intervalle de l'Infanterie ; il a fait marcher le Régiment
d'Apchon à la gauche de cette Infanterie ,
&ce mouvement a arrêté la Cavalerie des ennemis.
Pendant qu'elle étoit incertaine du parti
qu'elle devoit prendre , Wirtemberg , Royal-
Allemand&Naſſau l'ont chargée ; ils ont enfuite
plié , & ont été ſuivis aſſez vivement par les ennemis.
M. le Duc de Broglie a craint pendant un
Liv
200 MERCURE DE FRANCE.
moment que cela n'ébranlât l'Infanterie qui ſe
trouvoit ſans Cavalerie ; mais le Régiment de
Royal- Baviere a fait une ſi vive décharge ſur le
Régiment d'Iſembourg , & l'a maltraité de façon ,
que cette Cavalerie n'a plus reparu depuis.
Pendant ce temps-là ,MM. les Comtes de Waldner
& de Dieſback , la brigade Suiffe & trois compagnies
de Royal Deux- Ponts attaquoient le bois ,
ytrouvoient de la réſiſtance , mais s'y foutenoient
avec beaucoup de valeur. Toute l'Infanterie de la
droite & du centre des ennemis marchoit vivement
à notre gauche , où étoit la brigade de Rohan
, dont Beauvoiſis fermoit la gauche. Cette
Brigade effuyoit le plus grand feu , & y répondoit
avec la plus grande intrépidité. Les ennemis ont
reculé quelques centaines de pas ; mais ils font
revenus avec plus de fureur , & ſe couvrant de
l'eſcarpement , ils avoient un grand avantage fur
nos troupes qui étoient à découvert , de forte que
notre gauche a été obligée de ſe replier. Les ennemis
ſe ſont alongés le long de l'eſcarpement ,
& vouloient gagner nos derrieres. Pour les en
empêcher , M. le Duc de Broglie a fait avancer
quelques eſcadrons de notre Cavalerie qui s'étoient
ralliés . Le feu continuoit toujours avec beaucoup
de violence ; les Régimens de Rohan & de Beauvoiſis
perdoient beaucoup , & la poudre commençoit
à nous manquer. Alors M. le Duc de Broglie
a joint les deux bataillons de Royal- Baviere & de
Deux-Ponts à ceux de Rohan & de Beauvoiſis .
Ces Régimens ont d'abord foncé la bayonnette
au bout du fufil; les ennemis ont pris la fuite , &
ſe ſont jettés dans les bois qui bordent la riviere .
Comme il étoit ſept heures du ſoir , & que les
troupes étoient fatiguées de la marche forcée
qu'elles avoient faite le mêmejour , M. le Duc de
SEPTEMBRE. 1758. 201
)
Broglie a jugé à propos de s'arrêter. Il a envoyé le
Baron de Travers , Brigadier , avec fept cens volontaires
& les Huſſards à la pourſuite de l'ennemi.
L'affaire a duré trois heures , & a été très- vive.
M. le Comte de Roſen , qui s'y eſt conduit avec
beaucoup de valeur , eſt bleſſé de deux coups de
fabre , qui ne font pas dangereux ; M. le Prince de
Naſſau d'un coup de fufil dans le bras , M. le Marquis
de Puyſegur d'un coup de feu à la tête , qui
n'aura pas de ſuites fâcheuſes ; M. le Marquis de
Broglie , Aide de Camp , & neveu du Duc de Broglie
, eſt auſſi bleſſé d'un coup de feu à la cuiffe.
Les ſieurs de Saint-Martin , Lieutenant- Colonel
du Régiment de Rohan , & du Rouſſet , Major de
Beauvoiſis , ont été tués. M. le Duc de Broglie a
euun cheval bleſſe ſous lui ; ſon Ecuyer& fon Aide
de Camp ont eu leurs chevaux tués. L'Infanterie
a fait des merveilles . La Brigade de Rohan s'eft
extrêmement diftinguée ; elle a pris quatre pieces
de canon aux ennemis , & M. le Prince de Rohan
s'y eſt acquis beaucoup de gloire. Le Régiment
d'Apchon a auffi combattu très-valeureuſement.
L'artillerie a été ſervie avec l'ardeur & l'activité
ordinaires . Cette action , qui eſt une ſuite des difpoſitions
&des marches de notre armée , commandée
par M. le Prince de Soubiſe , eſt une nouvelle
preuve du courage de nos troupes , qui toutes en
général ont bien fait leur devoir. M. le Prince de
Soubiſe a envoyé M. le Marquis d'Autichamp-
Beaumont, Aïde de Camp de M. le Duc de Broglie,
porter la nouvelle de ce combat à la Cour.
M. le Baron de Travers a pourſuivi les ennemis
juſqu'à Munden , d'où ils étoient déja partis. Il
s'en eſt peu fallu que le Prince d'Iſembourg , qui
s'y étoit arrêté , n'ait été pris.
Il y avoit dans Caſſel, au départ du courier, ſept
Iv
202 MERCURE DE FRANCE.
àhuit cens prifonniers , parmi leſquels cinquante
Officiers. Le Comte de Kanitz , qui commandoit
ſous le Prince d'iſembourg , eſt de ce nombre ,
ainſique lepremier Adjudantde ceGénéral &pluſieurs
Lieutenans-Colonels & Majors. La pertedes
Heſſoisdoit être très- conſidérable ; car outre trois
àquatre cens hommes qui ſe ſont précipités du
hautde l'eſcarpement & noyés dans la riviere , nos
foldats en ont fait un grand carnage , lorſqu'ils
les ont mis enfuite la bayonnette au bout dit fufil.
Les ennemis avoient à cette action ſeize pieces
decanon ; nous en avons pris ſept ſur le champ
debataille , & huit autres en les pourſuivant dans
leur retraite. Nous avons perdu de notre côté , par
le feu vifque nos troupes ont effuyé pendant une
heure , quatre cens hommes qui ont été tués,&
douze cens bleſlés ,&dans ce nombre plufieurs
Officiers. Les Milices Heſſoiſes , qui faisoient partie
de cette armée , ont jetté leurs armes &ſe ſont
ſauvées dans les bois , pour retournerdans leurs
villages. On croit que cette armée de huit mille
hommes eft réduite aujourd'hui à trois mille..
M. le Prince de Soubiſe eſt arrivé le 25 à Caſſel
avec le reſte de l'armée. Il y ſéjournera pendant:
quelques jours pour attendre le Duc de Wirtem-..
berg, qui doit l'y joindre le 31 avec fix mille hom--
mesdeſestroupes.
L'attaque de la redoute du fauxbourg de Koniggratz
a eu des fuites avantageuſes. Les Pruffiens
yont laiſſé pluſieurs morts,parmi lesquels s'eft
trouvé le fieur de Brankenbourg , Colonel du Régiment
de Pannowitz. Leur fuite précipitée a empêché
que leur perte ne fût auffi conſidérable
qu'elle devoit l'être. Ils ont emporté plufieurs de
leurs bleſſés , de forte qu'on ne sçauroit en évaluer
exactement le nombre. On leur a enlevé outre le
SEPTEMBRE. 1758 . 203
canon , cinq charriots de munitions , & un fixieme
qui a ſauté. Nous n'avons eu que deux foldats
tués & quinze bleſſés , avec un Officier.
Toute l'armée Pruffienne décampa le 26 des environs
de Koniggratz . Nos troupes légeres furent
détachées auflitôt pour l'incommoder dans ſa retraite.
Le Maréchal Daun fit marcher les jours
ſuivans ſon armée , qui eſt préſentement campée
entre Koniggratz & Jaromitz.
Les Généraux Jahnus & Ziſcowitz ont pénétré
en Siléſie , ont mis les Villes de Friedberg & de
Patſchar à contribution , ont ſurpris & enlevé un
convoi avec une caiſſe de trente-un mille florins
qui alloit à Breſlau.
Le 29 les ennemis ne firent aucun mouvement ;
ils porterent un détachement à Neustadt , & firent "
des diſpoſitions propres à perfuader qu'ils vouloient
s'établir aux environs. Le Maréchal Daun ,
dont le deſſein eſt de les contraindre à évacuer la
Boheme, fit marcher ſon armée le 30 fur trois
colonnes , & ſe forma en arrivant à Hollolowren
ordre de bataille , dans l'intention de combattre
les Pruſſiens. Ils avoient décampé la nuit , & paffé
la Métau. Le 31 , un nouveau mouvement de leur
part fit préſumer qu'ils vouloient entrer en Siléſie
parTrautnau. En conséquence, le Général Jahnus
fit des diſpoſitions qui arrêterent leur marche. Le
Comte de Kalnocki a eu ſon avant-garde attaquée
aux environs de Neustadt. Il a tué aux Pruffiens
ſoixante hommes , un Capitaine & un Lieutenant
, & leur a bleſſé beaucoup de monde. 11
n'a perdu que vingt-cinq hommes ,&pas un ſeul
Officier.
Fermer
Résumé : ALLEMAGNE.
En 1758, des affrontements militaires ont eu lieu en Bohême entre les armées impériale et prussienne. Le 3 juillet, l'armée impériale, dirigée par le comte de Lascy, a découvert une colonne prussienne près de Zwittau. Le 7 juillet, Lascy a attaqué l'arrière-garde prussienne à Krenau, détruisant plusieurs charriots et capturant du butin. Les Prussiens, après une résistance initiale, se sont retirés à la nuit tombée. L'armée impériale a poursuivi les Prussiens et les a engagés près de Wostzetin le 12 juillet. Malgré une victoire initiale, l'arrivée du roi de Prusse avec des renforts a forcé les impériaux à se replier. Les Prussiens ont perdu plus de mille hommes, tandis que les impériaux ont capturé des canons et des charriots. Parallèlement, le prince de Soubise a détaché Fischer pour prendre le fort de Zighenhein, capturant des prisonniers et des provisions. Le duc de Broglie, sous les ordres de Soubise, a engagé les Prussiens près de Caffel le 23 juillet. Après une bataille intense, les impériaux ont repoussé les Prussiens, capturant des canons et infligeant des pertes significatives. Les impériaux ont perdu environ 1600 hommes, tandis que les Prussiens ont vu leur armée réduite de 8000 à 3000 hommes. Le prince de Soubise est arrivé à Cassel le 25 juillet pour attendre des renforts. En septembre 1758, une confrontation a opposé les forces prussiennes à celles du Maréchal Daun. Les Prussiens ont subi des pertes, dont le colonel de Brankenbourg, et ont dû fuir précipitamment. Les forces opposées ont capturé un canon, cinq charriots de munitions et un sixième qui a explosé. Les pertes autrichiennes se sont limitées à deux soldats tués, quinze blessés et un officier blessé. Le 26 septembre, l'armée prussienne a quitté les environs de Koniggratz. Les troupes légères autrichiennes ont harcelé les Prussiens en retraite. L'armée du Maréchal Daun s'est déplacée et est campée entre Koniggratz et Jaromitz. Les généraux Jahnus et Ziscowitz ont pénétré en Silésie, mis les villes de Friedberg et Patschar à contribution, et capturé un convoi contenant trente-et-un mille florins destiné à Breslau. Le 29 septembre, les ennemis n'ont fait aucun mouvement notable, mais ont envoyé un détachement à Neustadt. Le Maréchal Daun a avancé son armée en trois colonnes pour forcer les Prussiens à évacuer la Bohême. Cependant, les Prussiens avaient déjà quitté les lieux. Le 31 septembre, un mouvement prussien a suggéré une tentative d'entrée en Silésie via Trautnau, mais les dispositions du général Jahnus ont arrêté leur avancée. Le comte de Kalnocki a repoussé une attaque prussienne près de Neustadt, tuant soixante hommes, un capitaine et un lieutenant, et blessant de nombreux autres, tout en ne perdant que vingt-cinq hommes et aucun officier.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
39
p. 198-203
Détail de l'affaire qui s'est passée le 8 Juillet entre les Troupes du Roi, commandées par M. le Marquis de Montcalm, & celles d'Angleterre, aux ordre du Général Abercromby.
Début :
M. le Marquis de Montcalm ayant été envoyé par M. le Marquis de Vaudreuil, [...]
Mots clefs :
Marquis de Montcalm, Colonies, Canada, Protection, Troupes, Anglais, Chevalier, Renforts, Lac Saint-Sacrement, Mouvements des troupes, Grenadiers, Lieutenant colonel, Régiments, Détachement, Bataille, Colonnes milliaires, Munitions, Secours, Pertes ennemies, Les sauvages, Officiers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Détail de l'affaire qui s'est passée le 8 Juillet entre les Troupes du Roi, commandées par M. le Marquis de Montcalm, & celles d'Angleterre, aux ordre du Général Abercromby.
Détail de l'affaire qui s'eſt paſſsée le 8 Juillet entre
les Troupes du Roi , commandées par M. le Marquis
de Montcalm , & celles d'Angleterre , aux
ordres du Général Abercromby.
M. le Marquis de Montcalm ayant été envoyé
par M. le Marquis de Vaudreuil , Gouverneur
Général du Canada, pour protéger la frontiere de
la Cólonie du côté du Lac Saint- Sacrement , fe
rendit à Carillon le 30 Juin. Il y trouva huit Bataillons
de troupes de terre , une compagnie de
Canonniers , deux à trois cens Ouvriers , & quelques
Sauvages. Il reçut quelques jours après un
renfort de quatre cens hommes des troupes de la
Colonie & des Canadiens , commandés par M. de
Remond , Capitaine. Il apprit à Carillon , que les
Anglois avoient aſſemblé au fonds du Lac Saint-
Sacrement , près des ruines du Fort Georges , une
armée compoſée de vingt mille hommes deMilice
, & de fix mille de troupes réglées , aux ordres
du Major Général Abercromby , & qu'elle devoit
ſe mettre en mouvement pour s'emparer du Fort
Carillon& envahir le Canada. Sur l'avis que M.
leMarquis de Montcalm en donna à M. le Marquisde
Vaudreuil ,& fur ceux que ce Gouverneur
en avoit déja reçus , il changea la deftination de
M. le Chevalier de Levis , qui avoit été détaché
du côté de Corlac ; il lui donna ordre de ſe joindre
à M. le Marquis de Montcalm , & fit les
diſpoſitions néceſſaires pour lui procurer d'autres
renforts.
M. le Marquis de Montcalm prit d'abord le
parti d'occuper le poſte de la Chute , fur le bord
du Lac Saint-Sacrement , pour retarder l'ennemi,
OCTOBRE. 1758.
ة ر و
Il y reſta juſqu'au 6 Juillet que les Anglois parurent
en force fur le Lac. M. le Marquis de Montcalm
repaſſa la riviere de la Chute avec toutes
fes troupes , pour venir camper ſous le Fort Carillon
, où il avoit déja fait tracer des retranchemens
. Il envoya en même temps différens détachemens
, pour harceler l'ennemi dans ſa deſcente.
Un de ces détachemens , commandé par MM. de
Trépezée & de Langis , s'étant égaré par la faure
des guides , tomba dans une colonne de l'armée
ennemie déja toute formée.
De ce détachement , qui étoit d'environ trois
cens hommes , il y eut deux Officiers tués , qua
tre Sauvages , & cent quatre-vingt- quatre foldats
desTroupes & Milices tués , ou priſonniers ; le
reſte joignit le corps de nos Troupes.
:
M. le Marquis de Montcalm n'avoit dans ſon
camp devant Carillon en y arrivant , qu'environ
deux mille huit cens hommes de troupes de France
, & quatre cens cinquante de la Colonie , encore
faut-il diſtraire de ce nombre un des batail
lons de Berry , lequel , à l'exception de ſa compagnie
deGrenadiers , fut occupé à la garde & au
ſervice du Fort .
2 Le 7 Juillet au masin , l'armée fut toute employé
au travail des abbatis , ſous la protection
des compagnies de Grenadiers & des Volontaires
qui la couvroient. Les Officiers , la hache à la
main, donnoient l'exemple , & les drapeaux étoient
plantés ſur l'ouvrage. La gauche occupée par les
bataillons de la Sarre & de Languedoc , étoit appuyée
à un eſcarpement diſtant de quatre- vingt
toiſes de la riviere de la Chute. Le fommet de
l'eſcarpement étoit couronné par un abbatis. Cet
abbatis flanquoit une trouée que gardoient de
front les deux compagnies de Volontaires de
1
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
me ,
Bernard&deDuprat. Derriere cette trouée , on
devoit placer fix pieces de canon. La droite gardée
par la Reine , Bearn &Guyenne, étoit également
appuyée à une hauteur dont la pente n'étoit pas
fi roide que celle de lagauche. Dans la plaine
entre cette hauteur & la riviere de Saint- Frederic
furent portés les Troupes de la Colonie & les
Canadiens , qui s'y retrancherent auſſi avec des
abbatis. Le canon du Fort étoit dirigé ſur cette
partie , ainſi que ſur le lieu où le débarquement
pouvoit ſe faire àla gauche de nos retranchemens.
Le centre ſuivoit les ſinuoſités du terrein , confervant
le ſommet des hauteurs , &toutes les parties
ſe flanquoient réciproquement. Ce centre étoit
formé par les bataillons de Royal Rouffillon &
par le premier bataillon de Berry. Dans tout le
front de la ligne , chaque bataillon avoit derriere
lui une compagnie de Grenadiers & un Piquet en
réſerve.
Ceseſpeces de retranchemens étoient faits de
zroncs d'arbres couchés les uns ſur les autres
ayant en avant des arbres renversés , dont les
branches coupées & pointues faifoient l'effet de
chevaux de frife .
Le 7 au foir , il arriva quatre cens hommes
d'élite des Troupes qui avoient d'abord eu une
deftination particuliere ſous les ordres de M. le
Chevalier de Levis. Leur arrivée répandit une
grande joie dans notte armée , & M. le Chevalier
de Levis arriva bientôt après avec M. de Sennezergues,
Lieutenant Colonel du Régiment de la Sarre.
M. le Marquis de Montcalm chargea le Chevalier
de Levis de la défenſe de la droite, le ſieur de
Bourlamaque de celle de la gauche , & il ſe réſerva
le commandement du centre , pour être plus à
portéede donner ſes ordres partout.
OCTOBRE. 1758. 201
L'armée coucha au bivouac. Le 8. à la pointe
du jour , on battit la générale , pour que toutes les
troupes puſſent connoître leurs poſtes. Après ce
mouvement , une partie fut employée à achever
l'abbatis , & l'autre à conſtruire les batteries .
Vers les dix heures du matin, les troupes legeres
des ennemis parurent de l'autre côté de la riviere
, & firent un grand feu , mais de fi loin , que
l'on continua le travail ſans leur répondre..
A midi & demi leur armée déboucha fur nous.
Nos gardes avancées , ainſi que les volontaires &
les compagnies de grenadiers , ſe replierent en bon
ordre,& rentrerent dans la ligne , ſans perdre un
ſeulhomme. Au moment même du ſignal convenu,
les travailleurs & toutes les troupes furent à leurs
armes& à leurs poſtes. La gauche fut la premiere
attaquée par deux colonnes , dont l'une cherchoit
à tourner le retranchement , & ſe trouva ſous le
feu du Régiment de la Sarre ; l'autre dirigea ſes
efforts ſur un angle ſaillant , entre Languedoc &
Berry. Le centre où étoit Royal Rouffillon , fut
attaqué preſqu'en même temps par une troiſieme
colonne,& une quatrieme porta ſon attaque vers
la droite , entre les Bataillons de Bearn & de la
Reine.
Comme les troupes de la Colonie & les Canadiens
, qui occupoient la plaine du côté de la riviere
de Saint - Frédéric ne furent point attaqués , ils
fortirent de leur retranchement , prirent en flanc
la colonne qui attaquoit notre droite ,& tomberent
deſſus avec la plus grande valeur ; çes troupes
étoient commandées par le ſieur de Remond , Capitaine.
Environ à cinq heures , la colonne qui avoit attaqué
les Bataillons de Royal Rouſillon , s'étoit
rejettée ſur l'angle ſaillant du retranchement , dé
Lv
202 MERCURE DE FRANCE.
fendu par le Bataillon de Guyenne & par la gauche
de celui de Bearn : la colonne qui avoit attaqué
les Bataillons de la Reine & de Bearn , s'y rejetta
auſſi , de forte que le danger devint très-grand
à cette attaque. M. le Chevalier de Levis s'y porta
avec quelques troupes de la droite : M. le Marquis
de Montcalm y accourut auſſi avec quelques
troupes de réſerve. Ils firent éprouver aux ennemis
une réſiſtance qui rallentit d'abord leur ardeur.
Le ſieur de Bourlamaque fut bleſſé à cette
attaque , & les ſieurs de Sennezergues & de Privat
, Lieutenans-Colonels , le ſuppléerent.
Vers les fix heures , les deux colonnes de la droite
abandonnerent leur attaque , vinrent faire encore
une tentative contre les Bataillons de Royal
Rouffillon & de Berry , &enfin tenterent un dernier
effort à la gauche.
Depuis fix heures juſqu'à ſept , l'armée ennemie
s'occupa de fa retraite , favoriſée par le feu de ſes
troupes légeres , qui dura juſqu'à la nuit.
Pendant l'action , le feu prit en pluſieurs endroits
; mais il fut éteint ſur le champ. On reçur
du Fort en munitions & en rafraîchiſſemens , tousles
ſecours néceſſaires .
L'obſcurité de la nuit , l'épuiſement & le petir
nombre de nos troupes , les forces de l'ennemi
qui , malgré ſa défaite , étoient encore bien ſupérieures
aux nôtres , la nature du pays dans lequel
on ne peut s'engager ſans guides , ne permirent
pas à nos troupes de pourſuivre lesAnglois. On
comptoit même qu'ils reviendroient le lendemain à
lacharge , mais ils avoient abandonné les poſtes
de la Chute & du Portage ; & M. le Chevalier de
Levis qui fut envoyé le lendemain pour les reconnoître
, ne trouva que des traces d'une fuite precipitée.
OCTOBRE. 1758 . 203
Ön eſtime la perte des ennemis d'après le rapport
de leurs priſonniers , à quatre mille hommes
tués ou bleſſés , parmi leſquels il y a pluſieurs
Officiers de marque. Le Lord How & le ſieur
Spitall , Major général des Troupes réglées , ont
été tués.
Cinq cens Sauvages qui étoient dans l'armée
Angloiſe , ſont toujours reſtés derriere , &n'ont
pas voulu prendre part à l'action .
Le ſuccès de cette journée eſt dû aux bonnes
diſpoſitions de M. le Marquis de Montcalm , &
à la valeur de nos troupes. MM. le Chevalier de
Levis & de Bourlamaque , ſe ſont diftingués dans
le commandement de la droite & de la gauche ;
le premier a eu pluſieurs coups de fufil dans fon
habit , & le ſecond a été bleſſé dangereuſement.
M. de Bougainville , Aide de Camp de M. le Marquis
de Montcalm & M. de Langis , ont été
bleſſés à ſes côtés. Tous les Officiers en général
méritent les plus grands éloges .
Nous avons perdu douze Officiers & quatrevingt-
douze foldats tués ſur le champ de bataille.
Il y a eu vingt- cinq Officiers , & deux cens quarante-
huit foldats bleſſés .
Le Corſaire le Moiſſonneur , eſt rentré dans le
port de Dunkerque avec une priſe Angloiſe eſtimée
vingt-deux mille livres , & une rançon de
deux cens cinquante guinées. Il va armer de nouveau
pour ſa troiſieme courſe , qui aura lieu à la
finde ce mois .
les Troupes du Roi , commandées par M. le Marquis
de Montcalm , & celles d'Angleterre , aux
ordres du Général Abercromby.
M. le Marquis de Montcalm ayant été envoyé
par M. le Marquis de Vaudreuil , Gouverneur
Général du Canada, pour protéger la frontiere de
la Cólonie du côté du Lac Saint- Sacrement , fe
rendit à Carillon le 30 Juin. Il y trouva huit Bataillons
de troupes de terre , une compagnie de
Canonniers , deux à trois cens Ouvriers , & quelques
Sauvages. Il reçut quelques jours après un
renfort de quatre cens hommes des troupes de la
Colonie & des Canadiens , commandés par M. de
Remond , Capitaine. Il apprit à Carillon , que les
Anglois avoient aſſemblé au fonds du Lac Saint-
Sacrement , près des ruines du Fort Georges , une
armée compoſée de vingt mille hommes deMilice
, & de fix mille de troupes réglées , aux ordres
du Major Général Abercromby , & qu'elle devoit
ſe mettre en mouvement pour s'emparer du Fort
Carillon& envahir le Canada. Sur l'avis que M.
leMarquis de Montcalm en donna à M. le Marquisde
Vaudreuil ,& fur ceux que ce Gouverneur
en avoit déja reçus , il changea la deftination de
M. le Chevalier de Levis , qui avoit été détaché
du côté de Corlac ; il lui donna ordre de ſe joindre
à M. le Marquis de Montcalm , & fit les
diſpoſitions néceſſaires pour lui procurer d'autres
renforts.
M. le Marquis de Montcalm prit d'abord le
parti d'occuper le poſte de la Chute , fur le bord
du Lac Saint-Sacrement , pour retarder l'ennemi,
OCTOBRE. 1758.
ة ر و
Il y reſta juſqu'au 6 Juillet que les Anglois parurent
en force fur le Lac. M. le Marquis de Montcalm
repaſſa la riviere de la Chute avec toutes
fes troupes , pour venir camper ſous le Fort Carillon
, où il avoit déja fait tracer des retranchemens
. Il envoya en même temps différens détachemens
, pour harceler l'ennemi dans ſa deſcente.
Un de ces détachemens , commandé par MM. de
Trépezée & de Langis , s'étant égaré par la faure
des guides , tomba dans une colonne de l'armée
ennemie déja toute formée.
De ce détachement , qui étoit d'environ trois
cens hommes , il y eut deux Officiers tués , qua
tre Sauvages , & cent quatre-vingt- quatre foldats
desTroupes & Milices tués , ou priſonniers ; le
reſte joignit le corps de nos Troupes.
:
M. le Marquis de Montcalm n'avoit dans ſon
camp devant Carillon en y arrivant , qu'environ
deux mille huit cens hommes de troupes de France
, & quatre cens cinquante de la Colonie , encore
faut-il diſtraire de ce nombre un des batail
lons de Berry , lequel , à l'exception de ſa compagnie
deGrenadiers , fut occupé à la garde & au
ſervice du Fort .
2 Le 7 Juillet au masin , l'armée fut toute employé
au travail des abbatis , ſous la protection
des compagnies de Grenadiers & des Volontaires
qui la couvroient. Les Officiers , la hache à la
main, donnoient l'exemple , & les drapeaux étoient
plantés ſur l'ouvrage. La gauche occupée par les
bataillons de la Sarre & de Languedoc , étoit appuyée
à un eſcarpement diſtant de quatre- vingt
toiſes de la riviere de la Chute. Le fommet de
l'eſcarpement étoit couronné par un abbatis. Cet
abbatis flanquoit une trouée que gardoient de
front les deux compagnies de Volontaires de
1
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
me ,
Bernard&deDuprat. Derriere cette trouée , on
devoit placer fix pieces de canon. La droite gardée
par la Reine , Bearn &Guyenne, étoit également
appuyée à une hauteur dont la pente n'étoit pas
fi roide que celle de lagauche. Dans la plaine
entre cette hauteur & la riviere de Saint- Frederic
furent portés les Troupes de la Colonie & les
Canadiens , qui s'y retrancherent auſſi avec des
abbatis. Le canon du Fort étoit dirigé ſur cette
partie , ainſi que ſur le lieu où le débarquement
pouvoit ſe faire àla gauche de nos retranchemens.
Le centre ſuivoit les ſinuoſités du terrein , confervant
le ſommet des hauteurs , &toutes les parties
ſe flanquoient réciproquement. Ce centre étoit
formé par les bataillons de Royal Rouffillon &
par le premier bataillon de Berry. Dans tout le
front de la ligne , chaque bataillon avoit derriere
lui une compagnie de Grenadiers & un Piquet en
réſerve.
Ceseſpeces de retranchemens étoient faits de
zroncs d'arbres couchés les uns ſur les autres
ayant en avant des arbres renversés , dont les
branches coupées & pointues faifoient l'effet de
chevaux de frife .
Le 7 au foir , il arriva quatre cens hommes
d'élite des Troupes qui avoient d'abord eu une
deftination particuliere ſous les ordres de M. le
Chevalier de Levis. Leur arrivée répandit une
grande joie dans notte armée , & M. le Chevalier
de Levis arriva bientôt après avec M. de Sennezergues,
Lieutenant Colonel du Régiment de la Sarre.
M. le Marquis de Montcalm chargea le Chevalier
de Levis de la défenſe de la droite, le ſieur de
Bourlamaque de celle de la gauche , & il ſe réſerva
le commandement du centre , pour être plus à
portéede donner ſes ordres partout.
OCTOBRE. 1758. 201
L'armée coucha au bivouac. Le 8. à la pointe
du jour , on battit la générale , pour que toutes les
troupes puſſent connoître leurs poſtes. Après ce
mouvement , une partie fut employée à achever
l'abbatis , & l'autre à conſtruire les batteries .
Vers les dix heures du matin, les troupes legeres
des ennemis parurent de l'autre côté de la riviere
, & firent un grand feu , mais de fi loin , que
l'on continua le travail ſans leur répondre..
A midi & demi leur armée déboucha fur nous.
Nos gardes avancées , ainſi que les volontaires &
les compagnies de grenadiers , ſe replierent en bon
ordre,& rentrerent dans la ligne , ſans perdre un
ſeulhomme. Au moment même du ſignal convenu,
les travailleurs & toutes les troupes furent à leurs
armes& à leurs poſtes. La gauche fut la premiere
attaquée par deux colonnes , dont l'une cherchoit
à tourner le retranchement , & ſe trouva ſous le
feu du Régiment de la Sarre ; l'autre dirigea ſes
efforts ſur un angle ſaillant , entre Languedoc &
Berry. Le centre où étoit Royal Rouffillon , fut
attaqué preſqu'en même temps par une troiſieme
colonne,& une quatrieme porta ſon attaque vers
la droite , entre les Bataillons de Bearn & de la
Reine.
Comme les troupes de la Colonie & les Canadiens
, qui occupoient la plaine du côté de la riviere
de Saint - Frédéric ne furent point attaqués , ils
fortirent de leur retranchement , prirent en flanc
la colonne qui attaquoit notre droite ,& tomberent
deſſus avec la plus grande valeur ; çes troupes
étoient commandées par le ſieur de Remond , Capitaine.
Environ à cinq heures , la colonne qui avoit attaqué
les Bataillons de Royal Rouſillon , s'étoit
rejettée ſur l'angle ſaillant du retranchement , dé
Lv
202 MERCURE DE FRANCE.
fendu par le Bataillon de Guyenne & par la gauche
de celui de Bearn : la colonne qui avoit attaqué
les Bataillons de la Reine & de Bearn , s'y rejetta
auſſi , de forte que le danger devint très-grand
à cette attaque. M. le Chevalier de Levis s'y porta
avec quelques troupes de la droite : M. le Marquis
de Montcalm y accourut auſſi avec quelques
troupes de réſerve. Ils firent éprouver aux ennemis
une réſiſtance qui rallentit d'abord leur ardeur.
Le ſieur de Bourlamaque fut bleſſé à cette
attaque , & les ſieurs de Sennezergues & de Privat
, Lieutenans-Colonels , le ſuppléerent.
Vers les fix heures , les deux colonnes de la droite
abandonnerent leur attaque , vinrent faire encore
une tentative contre les Bataillons de Royal
Rouffillon & de Berry , &enfin tenterent un dernier
effort à la gauche.
Depuis fix heures juſqu'à ſept , l'armée ennemie
s'occupa de fa retraite , favoriſée par le feu de ſes
troupes légeres , qui dura juſqu'à la nuit.
Pendant l'action , le feu prit en pluſieurs endroits
; mais il fut éteint ſur le champ. On reçur
du Fort en munitions & en rafraîchiſſemens , tousles
ſecours néceſſaires .
L'obſcurité de la nuit , l'épuiſement & le petir
nombre de nos troupes , les forces de l'ennemi
qui , malgré ſa défaite , étoient encore bien ſupérieures
aux nôtres , la nature du pays dans lequel
on ne peut s'engager ſans guides , ne permirent
pas à nos troupes de pourſuivre lesAnglois. On
comptoit même qu'ils reviendroient le lendemain à
lacharge , mais ils avoient abandonné les poſtes
de la Chute & du Portage ; & M. le Chevalier de
Levis qui fut envoyé le lendemain pour les reconnoître
, ne trouva que des traces d'une fuite precipitée.
OCTOBRE. 1758 . 203
Ön eſtime la perte des ennemis d'après le rapport
de leurs priſonniers , à quatre mille hommes
tués ou bleſſés , parmi leſquels il y a pluſieurs
Officiers de marque. Le Lord How & le ſieur
Spitall , Major général des Troupes réglées , ont
été tués.
Cinq cens Sauvages qui étoient dans l'armée
Angloiſe , ſont toujours reſtés derriere , &n'ont
pas voulu prendre part à l'action .
Le ſuccès de cette journée eſt dû aux bonnes
diſpoſitions de M. le Marquis de Montcalm , &
à la valeur de nos troupes. MM. le Chevalier de
Levis & de Bourlamaque , ſe ſont diftingués dans
le commandement de la droite & de la gauche ;
le premier a eu pluſieurs coups de fufil dans fon
habit , & le ſecond a été bleſſé dangereuſement.
M. de Bougainville , Aide de Camp de M. le Marquis
de Montcalm & M. de Langis , ont été
bleſſés à ſes côtés. Tous les Officiers en général
méritent les plus grands éloges .
Nous avons perdu douze Officiers & quatrevingt-
douze foldats tués ſur le champ de bataille.
Il y a eu vingt- cinq Officiers , & deux cens quarante-
huit foldats bleſſés .
Le Corſaire le Moiſſonneur , eſt rentré dans le
port de Dunkerque avec une priſe Angloiſe eſtimée
vingt-deux mille livres , & une rançon de
deux cens cinquante guinées. Il va armer de nouveau
pour ſa troiſieme courſe , qui aura lieu à la
finde ce mois .
Fermer
Résumé : Détail de l'affaire qui s'est passée le 8 Juillet entre les Troupes du Roi, commandées par M. le Marquis de Montcalm, & celles d'Angleterre, aux ordre du Général Abercromby.
Le 8 juillet, les troupes françaises dirigées par le Marquis de Montcalm affrontèrent les forces anglaises commandées par le Général Abercromby près du Fort Carillon. Montcalm, envoyé par le Gouverneur Général du Canada, le Marquis de Vaudreuil, avait pour mission de défendre la frontière du Lac Saint-Sacrement. Informé de l'approche d'une armée anglaise de vingt-cinq mille hommes, il prit position à la Chute et fit construire des retranchements autour du Fort Carillon. Le 7 juillet, les troupes françaises renforcèrent leurs défenses. Le 8 juillet, à l'aube, les Anglais lancèrent leur attaque. Les Français, bien positionnés, repoussèrent les assauts ennemis grâce à une défense organisée et à l'utilisation stratégique des abattis et des canons. Les Canadiens et les milices jouèrent un rôle crucial en prenant à revers une colonne ennemie. La bataille dura jusqu'au soir, avec des pertes importantes pour les Anglais, estimées à quatre mille hommes tués ou blessés, incluant plusieurs officiers de haut rang. Les Français perdirent douze officiers et quatre-vingt-douze soldats tués, et vingt-cinq officiers et deux cent quarante-huit soldats blessés. Après la bataille, les Anglais se retirèrent, laissant derrière eux des traces de fuite précipitée. Le succès français fut attribué aux stratégies de Montcalm et au courage des troupes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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40
p. 209-214
Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Début :
Le 18 Octobre, M. le Marquis de Conflans, Mestre de Camp [...]
Mots clefs :
Prince de Soubise, Divisions, Compagnies, Marquis, Troupes, Bataille, Ennemis, Force, Colonnes milliaires, Cavalerie, Résistance, Perte, Blessés et morts, Duc de Bourgogne, Problèmes de géométrie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
FRANC E.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE 18 Octobre , M. le Marquis de Conflans ,
Meftre de Camp du Régiment d'Orleans , a ap
porté au Roi le détail de la bataille de Lutzelberg ,
gagnée par l'armée de Sa Majefté , commandée
par M. le Prince de Soubiſe.
La divifion de M. de Chevert , compofée de
vingt- cinq bataillons & dix- huit efcadrons , des.
Huffards de Berchiny , de la Légion Royale , & des
Volontaires de Flandre , arriva le 8 au camp fous
Caffel. 3
#1
Le 9 , celle aux ordres de M. le Duc de Filtz-
James , compofée de dix bataillons & de douze
efcadrons ; paffa la Fulde à la fuite de toute l'armée
. ¡ ་ "
M. le Prince de Soubife deftina la divifion dë
M. de Chevert à attaquer la gauche des ennemis ,
& M. le Marquis de Voyer fut détaché avec vingt
compagnies de Grenadiers , vingt Piquets , quatre
cents cinquante Carabiniers de la cavalerie , la Légion
Royale , les Volontaires de Flandre , & lé
corps de M. Fifcher , pour faire l'avant- garde de
cette divifion .
M. le Prince de Soubife fe propofant de faire
paffer à toute l'armée le ruiffeau de Benthenlagen ,,
& de la faire camper au- delà , chargea M. le Mar
210 MERCURE DE FRANCE.
quis de Voyer de faire fes difpofitions pour atta
quer le village d'Heligenrode ; mais les mouvemens
de l'ennemi déciderent M. le Prince de Soubife
à le faire tourner par fa gauche , & M. le Marquis
de Voyer fe porta en conféquence jufques fur
les hauteurs qui dominent le village d'Halem. Il
fut renforcé pendant la nuit de dix compagnies de
Grenadiers , de la Brigade des Palatins , & de celle
de Dauphin , cavalerie.
Le 10 , à la pointe du jour , on s'apperçut que
l'armée ennemie abandonnoit fon camp , pour occuper
une pofition plus reculée , fur des hauteurs
& dans des bois , qui couvroient également fon
front & fon flanc gauche , M. le Marquis de Voyer,
à la tête de fon avant- garde , palla dans ce même
inſtant le ravin de Dalem , & gagna les hauteurs
de Fifchenſtein ; il fit attaquer , par les Troupes
legeres , le hameau de Breck , & un bois de hautefutaye
qui eft en avant , dans le deffein d'avoir une
connoiffance exacte de la nouvelle pofition des
ennemis : il y eut un feu de moufqueterie fort vif,
& M. le Comte de Chabot repouffa Pennemi.
M. le Prince de Soubife , après avoir fait fes dif
pofitions , fit déboucher toutes les troupes. M. le
Duc de Broglie , à qui il avoit donné l'avant - garde
à commander , canonna l'armée ennemie & la
força de fe mettre en bataille.
x
5
Les troupes , qui avant l'arrivée de M. de Che
vert & de M. le Duc de Filtz James , compofoient
l'armée de M. le Prince de Soubife , fu ent defti¬
nées à attaquer le front de l'ennemi , tandis que
M. le Duc de Filtz- James en attaqueroit la gaus
che , & que M. de Chevert en tourneroit
flanc.
Toutes les troupes étant arrivées à leur point
de déboucher , les avant- gardes de M. le Duc de
NOVEMBRE. 1758. 217
Broglie , & de M. le Marquis de Voyer , rentrerent
dans les colonnes.
A deux heures trois quarts après midi , M. de
Chevert donna , par quatre coups de canon , le
fignal de l'attaque générale , ainfi qu'il en avoit
reçu l'ordre de M. le Prince de Soubife , & il dé❤
boucha en même temps pour marcher à l'ennemi.
Toutes les colonnes s'ébranlerent enfemble ; mais
ayant eu plus de chemin , ou plus d'obſtacles à furmonter
, le plus grand effort du combat fe fit à la
divifion de M. de Chevert.
Les ennemis le voyant entré dans le bois qui
couvroit leur flanc , & craignant , avec raiſon ,
pour leurs derrieres , dégarnirent leur droite , &
porterent la plus grande partie de leurs troupes
en équerre de ce côté là.
Ils fe préfenterent en force à la fortie du bois ,
que les troupes de M. de Chevert avoient traverfé
fur trois colonnes , dont deux d'infanterie , & la
cavalerie dans le centre.
Les ennemis fe voyant preffés par cette difpofition
, pritent le parti de faire avancer une colonne
nombreuſe , pour nous attaquer , & nous
empêcher de déboucher dans la plaine.
M. de Chevert , après l'a oir fait canonner par
fon artillerie , qui a été fervie pendant tout le courant
de la journée avec la plus grande vivacité &
le plus à propos , donna ordre à M. le Marquis de
Voyer , & à M,le Comte de Bellefont , qui étoient
à la tête de la Cavalerie , de charger cette colonne
; dans le moment elle fut attaquée & culbutée .
C'eſt à cette charge que M. le Marquis de Voyer
a été bleffé.
Il y avoit à la tête de chacune de ces colonnes
d'infanterie , une avant- garde de dix compagnies
de Grenadiers , commandée , fgavoir , celle de la
212 MERCURE DE FRANCE.
gauche , par M. le Comte de Salm , & celle de la
droite , par M. le Vicomte de Belfunce. Ce dernier
ayant été dangereufement bleffé , fut remplacé
par M. le Chevalier de Groflier.
La cavalerie , après ce premier combat , déboucha
dans la plaine, & s'y mit en bataille, pour
faire face à celle des ennemis , qui s'avançoit en
bon ordre , afin de favorifer la retraite de la colonne
d'infanterie , & de rétablir le combat ;
cette cavalerie fut bientôt pliée , & tant que la
bataille a duré , elle a toujours eu le même fort
à plufieurs repriſes différentes. Pendant ce temps,
M. le Comte de Luface , à la tête des Saxons ,
qui formoient la colonne de la gauche , attaqua
un gros corps d'ennemis poftés fur une hauteur ,
où ils avoient placé pluffeurs batteries , d'où ils
dominoient la plaine par laquelle nos colonnes
débouchoient. M. le Comte de Luface chargea
M : le Baron d'Hirne de prendre la hauteur à re
vers , tandis qu'il attaqueroit les ennemis de
front. La réfiftance de ceux-ci fut très - opiniâtre ;
mais M. le Comte de Luſace manoeuvra aveċ
tant d'habileté , & preffa l'attaque fi vivement ,
qu'il fe rendit maître de la hauteur , & du canon
que les ennemis y avoient établi . Alors la victoire
ne fut plus balancée , quoique les ennemis
fiffent encore plufieurs tentatives pour nous arrêter
, & favorifer leur retraite. Ils ont pris la
fuite par le village de Lutzelberg , & n'ont fauvé
les débris de leur armée , qu'à la faveur de la nuit.
Au premier moment de l'attaque de M. de Che
vert , M. le Prince de Soubife marcha de front à
l'ennemi , à la tête de fon armée , & la mit , par
la célérité de fes mouvemens , à portée de faire
un feu d'artillerie très-vif & très - fuivi fur l'àr
mée ennemie , qui fut contrainte de ſe jetter ,en
NOVEMBRE . 1758. 215
•
défordre , dans les bois qui bordent la Véra. Ce
Général fit marcher plufieurs détachemens de la
gauche de l'armée , qui ont pourfuivi les ennemis
jufqu'à trois heures du matin .
On ne peut encore rien dire de certain fur
leur perte, qui ne peut être moindre que de trois
à quatre mille hommes. Les troupes de notre
droite ont pris onze pieces de canon , & les Huf
fard de Berchiny , qui étoient fur le flanc gauche
de l'armée , en ont pris treize , avec plufieurs
drapeaux & étendards , & beaucoup de
bagages.
On ne fçait pas encore au jufte le nombre des
prifonniers ,, parce qu'on en amene à tous mo
momens , parmi lefquels il y a des Officiers de
tout grade. Notre perte ne paroît pas confidérable
on ne compte jufqu'à préfent qu'environ
cinq à fix cents hommes tués ou bleſſés . Les ennemis
fe font enfui dans le plus grand défordre ;
lorfqu'ils ont traverfé Munden , leur cavalerie
étoit confondue avec leur infanterie , & ils n'avoient
pas une feule piece de canon > ce qui fait
croire , qu'ils ont abandonné dans les bois ce qui
leur en reftoit.
Ce détail a été fait trop promptement , pour
pouvoir nommer tous ceux qui fe font diftingués
dans cette journée . On peut dire en général , que
toutes les troupes ont montré , à l'envi , une ardeur
& une fermeté digne des Saxons , des Palatins
, & des François ; tous les Commandans
généraux & particuliers leur ont montré l'exemple.
M. le Marquis de Crillon a été détaché avec
trois Brigades d'infanterie , & les troupes légeres
, pour fuivre les ennemis dans leur retraite,
Il s'eft porté jufqu'à Munden , où il a déja fait
quatre cents prifonniers. On ne fçauroit trop
. 114 MERCURE DE FRANCE.
louer les difpofitions générales de M. le Prince
de Soubife .
Monfeigneur le Duc de Bourgogne , âgé de fix
ans onze mois , a préſenté au Roi un Livre des
Problêmes de Géométrie , qu'il a conftruit luimême
, & mis au trait. Il y a ajouté le premier
trait d'un exagone fortifié avec le tracé dù foffé ,
du chemin couvert & du glacis . Ce Livre forme un
un petit in-4°.
Il feroit difficile de fe perfuader, vu l'exactitude
& la netteté avec laquelle ces Problêmes font exécutés,
qu'ils font abfolument l'ouvrage d'un Prince
à peine âgé de fept ans , fi l'on n'avoit des témoins
qu'on ne peut récufer . Monfeigneur le Duc de
Bourgogne , qui avoit travaillé à former ce petit
Ouvrage , dans le deffein de le préfenter au Roi ,
le lui a dédié. L'Epitre Dédicatoire eft de fa compofition
, & elle eft écrite de ſa main .
Ilya long- temps qu'on fçait que ce jeune Prince
s'amule beaucoup de la Géométrie. On a fçu lui
faire une espece de jeu des premieres opérations de
cette ſcience . Les marques fingulieres de jugement
& de pénétration qu'il donne dans un âge anffi
tendre , en font concevoir les plus flatteufes efpérances.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
LE 18 Octobre , M. le Marquis de Conflans ,
Meftre de Camp du Régiment d'Orleans , a ap
porté au Roi le détail de la bataille de Lutzelberg ,
gagnée par l'armée de Sa Majefté , commandée
par M. le Prince de Soubiſe.
La divifion de M. de Chevert , compofée de
vingt- cinq bataillons & dix- huit efcadrons , des.
Huffards de Berchiny , de la Légion Royale , & des
Volontaires de Flandre , arriva le 8 au camp fous
Caffel. 3
#1
Le 9 , celle aux ordres de M. le Duc de Filtz-
James , compofée de dix bataillons & de douze
efcadrons ; paffa la Fulde à la fuite de toute l'armée
. ¡ ་ "
M. le Prince de Soubife deftina la divifion dë
M. de Chevert à attaquer la gauche des ennemis ,
& M. le Marquis de Voyer fut détaché avec vingt
compagnies de Grenadiers , vingt Piquets , quatre
cents cinquante Carabiniers de la cavalerie , la Légion
Royale , les Volontaires de Flandre , & lé
corps de M. Fifcher , pour faire l'avant- garde de
cette divifion .
M. le Prince de Soubife fe propofant de faire
paffer à toute l'armée le ruiffeau de Benthenlagen ,,
& de la faire camper au- delà , chargea M. le Mar
210 MERCURE DE FRANCE.
quis de Voyer de faire fes difpofitions pour atta
quer le village d'Heligenrode ; mais les mouvemens
de l'ennemi déciderent M. le Prince de Soubife
à le faire tourner par fa gauche , & M. le Marquis
de Voyer fe porta en conféquence jufques fur
les hauteurs qui dominent le village d'Halem. Il
fut renforcé pendant la nuit de dix compagnies de
Grenadiers , de la Brigade des Palatins , & de celle
de Dauphin , cavalerie.
Le 10 , à la pointe du jour , on s'apperçut que
l'armée ennemie abandonnoit fon camp , pour occuper
une pofition plus reculée , fur des hauteurs
& dans des bois , qui couvroient également fon
front & fon flanc gauche , M. le Marquis de Voyer,
à la tête de fon avant- garde , palla dans ce même
inſtant le ravin de Dalem , & gagna les hauteurs
de Fifchenſtein ; il fit attaquer , par les Troupes
legeres , le hameau de Breck , & un bois de hautefutaye
qui eft en avant , dans le deffein d'avoir une
connoiffance exacte de la nouvelle pofition des
ennemis : il y eut un feu de moufqueterie fort vif,
& M. le Comte de Chabot repouffa Pennemi.
M. le Prince de Soubife , après avoir fait fes dif
pofitions , fit déboucher toutes les troupes. M. le
Duc de Broglie , à qui il avoit donné l'avant - garde
à commander , canonna l'armée ennemie & la
força de fe mettre en bataille.
x
5
Les troupes , qui avant l'arrivée de M. de Che
vert & de M. le Duc de Filtz James , compofoient
l'armée de M. le Prince de Soubife , fu ent defti¬
nées à attaquer le front de l'ennemi , tandis que
M. le Duc de Filtz- James en attaqueroit la gaus
che , & que M. de Chevert en tourneroit
flanc.
Toutes les troupes étant arrivées à leur point
de déboucher , les avant- gardes de M. le Duc de
NOVEMBRE. 1758. 217
Broglie , & de M. le Marquis de Voyer , rentrerent
dans les colonnes.
A deux heures trois quarts après midi , M. de
Chevert donna , par quatre coups de canon , le
fignal de l'attaque générale , ainfi qu'il en avoit
reçu l'ordre de M. le Prince de Soubife , & il dé❤
boucha en même temps pour marcher à l'ennemi.
Toutes les colonnes s'ébranlerent enfemble ; mais
ayant eu plus de chemin , ou plus d'obſtacles à furmonter
, le plus grand effort du combat fe fit à la
divifion de M. de Chevert.
Les ennemis le voyant entré dans le bois qui
couvroit leur flanc , & craignant , avec raiſon ,
pour leurs derrieres , dégarnirent leur droite , &
porterent la plus grande partie de leurs troupes
en équerre de ce côté là.
Ils fe préfenterent en force à la fortie du bois ,
que les troupes de M. de Chevert avoient traverfé
fur trois colonnes , dont deux d'infanterie , & la
cavalerie dans le centre.
Les ennemis fe voyant preffés par cette difpofition
, pritent le parti de faire avancer une colonne
nombreuſe , pour nous attaquer , & nous
empêcher de déboucher dans la plaine.
M. de Chevert , après l'a oir fait canonner par
fon artillerie , qui a été fervie pendant tout le courant
de la journée avec la plus grande vivacité &
le plus à propos , donna ordre à M. le Marquis de
Voyer , & à M,le Comte de Bellefont , qui étoient
à la tête de la Cavalerie , de charger cette colonne
; dans le moment elle fut attaquée & culbutée .
C'eſt à cette charge que M. le Marquis de Voyer
a été bleffé.
Il y avoit à la tête de chacune de ces colonnes
d'infanterie , une avant- garde de dix compagnies
de Grenadiers , commandée , fgavoir , celle de la
212 MERCURE DE FRANCE.
gauche , par M. le Comte de Salm , & celle de la
droite , par M. le Vicomte de Belfunce. Ce dernier
ayant été dangereufement bleffé , fut remplacé
par M. le Chevalier de Groflier.
La cavalerie , après ce premier combat , déboucha
dans la plaine, & s'y mit en bataille, pour
faire face à celle des ennemis , qui s'avançoit en
bon ordre , afin de favorifer la retraite de la colonne
d'infanterie , & de rétablir le combat ;
cette cavalerie fut bientôt pliée , & tant que la
bataille a duré , elle a toujours eu le même fort
à plufieurs repriſes différentes. Pendant ce temps,
M. le Comte de Luface , à la tête des Saxons ,
qui formoient la colonne de la gauche , attaqua
un gros corps d'ennemis poftés fur une hauteur ,
où ils avoient placé pluffeurs batteries , d'où ils
dominoient la plaine par laquelle nos colonnes
débouchoient. M. le Comte de Luface chargea
M : le Baron d'Hirne de prendre la hauteur à re
vers , tandis qu'il attaqueroit les ennemis de
front. La réfiftance de ceux-ci fut très - opiniâtre ;
mais M. le Comte de Luſace manoeuvra aveċ
tant d'habileté , & preffa l'attaque fi vivement ,
qu'il fe rendit maître de la hauteur , & du canon
que les ennemis y avoient établi . Alors la victoire
ne fut plus balancée , quoique les ennemis
fiffent encore plufieurs tentatives pour nous arrêter
, & favorifer leur retraite. Ils ont pris la
fuite par le village de Lutzelberg , & n'ont fauvé
les débris de leur armée , qu'à la faveur de la nuit.
Au premier moment de l'attaque de M. de Che
vert , M. le Prince de Soubife marcha de front à
l'ennemi , à la tête de fon armée , & la mit , par
la célérité de fes mouvemens , à portée de faire
un feu d'artillerie très-vif & très - fuivi fur l'àr
mée ennemie , qui fut contrainte de ſe jetter ,en
NOVEMBRE . 1758. 215
•
défordre , dans les bois qui bordent la Véra. Ce
Général fit marcher plufieurs détachemens de la
gauche de l'armée , qui ont pourfuivi les ennemis
jufqu'à trois heures du matin .
On ne peut encore rien dire de certain fur
leur perte, qui ne peut être moindre que de trois
à quatre mille hommes. Les troupes de notre
droite ont pris onze pieces de canon , & les Huf
fard de Berchiny , qui étoient fur le flanc gauche
de l'armée , en ont pris treize , avec plufieurs
drapeaux & étendards , & beaucoup de
bagages.
On ne fçait pas encore au jufte le nombre des
prifonniers ,, parce qu'on en amene à tous mo
momens , parmi lefquels il y a des Officiers de
tout grade. Notre perte ne paroît pas confidérable
on ne compte jufqu'à préfent qu'environ
cinq à fix cents hommes tués ou bleſſés . Les ennemis
fe font enfui dans le plus grand défordre ;
lorfqu'ils ont traverfé Munden , leur cavalerie
étoit confondue avec leur infanterie , & ils n'avoient
pas une feule piece de canon > ce qui fait
croire , qu'ils ont abandonné dans les bois ce qui
leur en reftoit.
Ce détail a été fait trop promptement , pour
pouvoir nommer tous ceux qui fe font diftingués
dans cette journée . On peut dire en général , que
toutes les troupes ont montré , à l'envi , une ardeur
& une fermeté digne des Saxons , des Palatins
, & des François ; tous les Commandans
généraux & particuliers leur ont montré l'exemple.
M. le Marquis de Crillon a été détaché avec
trois Brigades d'infanterie , & les troupes légeres
, pour fuivre les ennemis dans leur retraite,
Il s'eft porté jufqu'à Munden , où il a déja fait
quatre cents prifonniers. On ne fçauroit trop
. 114 MERCURE DE FRANCE.
louer les difpofitions générales de M. le Prince
de Soubife .
Monfeigneur le Duc de Bourgogne , âgé de fix
ans onze mois , a préſenté au Roi un Livre des
Problêmes de Géométrie , qu'il a conftruit luimême
, & mis au trait. Il y a ajouté le premier
trait d'un exagone fortifié avec le tracé dù foffé ,
du chemin couvert & du glacis . Ce Livre forme un
un petit in-4°.
Il feroit difficile de fe perfuader, vu l'exactitude
& la netteté avec laquelle ces Problêmes font exécutés,
qu'ils font abfolument l'ouvrage d'un Prince
à peine âgé de fept ans , fi l'on n'avoit des témoins
qu'on ne peut récufer . Monfeigneur le Duc de
Bourgogne , qui avoit travaillé à former ce petit
Ouvrage , dans le deffein de le préfenter au Roi ,
le lui a dédié. L'Epitre Dédicatoire eft de fa compofition
, & elle eft écrite de ſa main .
Ilya long- temps qu'on fçait que ce jeune Prince
s'amule beaucoup de la Géométrie. On a fçu lui
faire une espece de jeu des premieres opérations de
cette ſcience . Les marques fingulieres de jugement
& de pénétration qu'il donne dans un âge anffi
tendre , en font concevoir les plus flatteufes efpérances.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &c.
Le 18 octobre, le Marquis de Conflans informa le roi de la victoire française à la bataille de Lutzelberg, dirigée par le Prince de Soubise. Le 8 octobre, la division de Chevert, composée de 25 bataillons et 18 escadrons, arriva au camp sous Cassel. Le 9 octobre, la division du Duc de Fitz-James, formée de 10 bataillons et 12 escadrons, traversa la Fulde. Le Prince de Soubise ordonna à Chevert d'attaquer la gauche ennemie et à Voyer de former l'avant-garde avec des grenadiers, des carabiniers, la Légion Royale et les Volontaires de Flandre. Le 10 octobre, l'armée ennemie se retira vers une position plus reculée. Voyer traversa le ravin de Dalem et atteignit les hauteurs de Fifchenstein, attaquant le hameau de Breck. À 14h30, le Prince de Soubise ordonna une attaque générale. Les ennemis, voyant Chevert dans le bois, renforcèrent leur gauche en dégarnissant leur droite. Chevert lança une charge de cavalerie, blessant le Marquis de Voyer. La cavalerie ennemie fut repoussée à plusieurs reprises. Le Comte de Lusace captura une hauteur stratégique, assurant la victoire. Les ennemis fuirent par Lutzelberg, abandonnant canons, drapeaux et bagages. Les pertes ennemies furent estimées entre 3 000 et 4 000 hommes, contre 500 à 600 pour les Français. Le Marquis de Crillon poursuivit les ennemis et captura 400 prisonniers à Munden. Par ailleurs, le Duc de Bourgogne, âgé de 6 ans, présenta au roi un livre de géométrie qu'il avait rédigé.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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41
p. 193-201
ALLEMAGNE.
Début :
Le Maréchal Daun, après avoir occupé quelque temps le camp de Stolpen, [...]
Mots clefs :
Bataille, Maréchal Daun, Victoire, Prusse, Camps militaires, Armée impériale, Mouvements des troupes, Général, Montagne, Ennemis, Colonnes milliaires, Attaques, Maréchal Keith, Comte, Duc, Canons, Officiers, Perte, Blessés et morts, États d'Autriche
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ALLEMAGNE.
ALLEMAGNE. ·
RELATION de la Bataille donnée le 14 Octoi
bre 1758 à Hoch- Kirchen en Luface , par l'armée
Impériale Royale , fous les ordres du Fold-
Maréchal Comte de Daun , de la victoire
complette qu'elle a remportée fur celle du Roi de
Pruffe , commandée par ce Prince en personne.
Cette Relation a été rédigée par le Comte de
Marainville , témoin oculaire de tout ce qui s'eft
paffé dans cette importante affaire , & qui a été
dépêché à l'Impératrice Reine de Hongrie par le
Maréchal Daun , & par Sa Majesté Impériale ,
au Roi.
Le Maréchal Daun , après avoir occupé quelque
temps le camp de Stolpen , voyant que les forces
réunies du Roi de Pruffe & du Prince Henri , fon
frere , lui ôtoient l'efpérance de prendre Drefde
avant la fin de la campagne , réfo ut de quitter
ce camp. La Cour de Vienne avoit formé le projet
d'affiéger Neiff Le Maréchal Daun voulut
affurer le fuccès de cette entrepriſe , en prenant
une pofition qui empêchât le Roi de Puffe de ſe
porter en Siléfie , ou d'envoyer au Général Fouquet
un renfort qui le mît en état de s'opposer à
cette opération . En conféquence , il fe mit
marche les , & arriva le 7 au camp de Kitl
près de Loëbau en Haute Luface.
Ι
194 MERCURE DE FRANCE.
Le même jour 7 , on eut avis que le Roi de
Pruffe avoit auffi marché pour Le porter à Bautzen.
Son armée campa le 8 en avant de cette Ville ; &
elle y féjourna le 9. Le Maréchal Daun avoit
formé le projet d'attaquer le 1o un corps Pruffien
qui occupoit Weiflemberg ; mais ayant appris
que l'armée du Roi de Pruffe étoit en mouvement
pour s'approcher de lui , il changea fes difpofi-
⚫tions.
L'armée Pruffienne étant arrivée à la vue des
Impériaux , les poftes avancés de ceux- ci aban
donnerent la hauteur de Hoch- Kirchen dont elle
s'empara ; elle y appuya fa droite , & fa gauche.
fut portée vers Radewitz . Elle avoit devant fon
front un petit ruiffeau qui coule dans un vallon
fort ferré. Dans cette pofition , les deux armées
ennemies fe trouverent à une portée & demie de
canon l'une de l'autre , ce qui obligea le Maréchal
Daun à faire quelques changemens dans la
fienne . Ce Général avança fa droite , pour l'appuyer
à la montagne de Stromberg qui commande
toute cette partie. Il y plaça des batteries
de gros canon , avec quatre bataillons de Grenadiers
, qui étoient foutenus par douze bataillons
d'Infanterie de la réferve & par la Cavalerie de
cette aîle. Il porta en avant quelques bataillons
de la deuxieme ligne de fon aîle gauche , pour
foutenir des batteries placées fur le flanc d'une
des montagnes où étoit appuyée cette gauche , &
dont la chaîne s'étend jufqu'à Bautzen . Ces batteries
étoient deftinées à foudroyer la plaine , &
à prendre en flanc les troupes qui feroient venues
pour attaquer fon aile gauche. Il fit faire des abbatis
dans les bois qui couvrent ces montagnes
& les garnit de Croates pour affurer fa communication
avec le Général Laudon , qui étoit à
DECEMBRE . 1758. 195
Mefchwitz fur les derrieres de Hoch-Kirchen
du côté de Bautzen. Il eut foin auffi de faire bien
fortifier le village de Gloffen , pofte important
qui affuroit encore plus fa droite , & qui lui formoit
une tête au delà du ruiffeau nommé Lobauwaffer
, en cas que le Roi de Prufle , à la faveur
du corps qu'il avoit à Weiffemberg , eût tenté de
lui dérober une marche , pour tomber fur celui
que commandoit le Prince de Dourlach à Reichenbach
, & de s'emparer par ce moyen de Gorlitz.
Le Roi de Pruffe avoit fait placer plufieurs batteries
avec des redoutes fur le flanc de la montagne
d'Hoch- Kirchen , & il y avoit mis huit bataillons
pour les foutenir. Il avoit avancé un
corps de l'autre côté du ruiffeau qui couvroit fon
front vers Lauffig , où il avoit fait des retranchemens
garnis de quantité de groffe artillerie .
Le Maréchal Daun étoit tous les jours à cheval
dès la pointe du jour , foit pour reconnoître la
pofition des ennemis , foit pour examiner foigneufement
la fienne. Il remarqua que la droite
du Roi de Pruffe donnoit quelque prife fur elle ,
& réfolut de l'attaquer. Pour donner le change à
l'ennemi , & l'accoutumer à des mouvemens dont
il pût prendre ombrage , tous les jours il faifoit
changer de pofition à quelques corps ; il ordonna
plufieurs jours de fuite que tous les équipages
le tinffent prêts à marcher au premier ordre
, il feignit de vouloir attaquer le corps qui
étoit à Weiflemberg ; il fit pour cela des difpofitions
, & diftribua pendant deux jours des ordres
qu'il révoquoit dans la nuit. Enfin la veille de la
véritable attaque , il fit tracer des redoutes au
devant du front de fon armée , à la vue des ennemis
, & fi près de leur camp , qu'ils tirerent du
canon fur les travailleurs.
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
>
Le 13 , dans l'après -dînée , le Maréchal Daun
fit marcher la plus grande partie de la feconde
ligne & de fa réſerve , tant Infanterie que Cavalerie.
Elle fe porta en deux colonnes par la vallée
de Cunewalda , fur le fommet des montagnes qui
font du côté de Bautzen . Ces montagnes , beaucoup
plus hautes que celles de Hoch- Kirchen , &
couvertes de bois de fapin , étoient fort propres à
cacher toutes les manoeuvres qu'on devoit faire ,
& l'on y avoit préparé des paffages pour l'artillerie.
Le Général Laudon , qui étoit encore plus
loin avec un corps de cinq à fix mille hommes ,
fut renforcé de trois à quatre mille pour attaquer
par les derrieres la droite des Pruffiens. Les troupes
de la premiere ligne qui devoient attaquer le
village de Hoch Kirchen , étoient reftées dans le
camp ; elles prirent les armes pendant la nuit , &
fe porterent vers le village de Plotzen , où elles
fe formerent en colonne pour attaquer de concert
avec les autres. Le Duc d'Aremberg étoit chargé
de tomber fur la gauche des ennemis , & de l'attaquer
par deux colonnes , & il étoit foutenu par
le Prince de Dourlach. Ce Prince avoit pour cet
effet marché toute la nuit avec une partie du
corps qu'il avoit fous fes ordres à Reichenbach ,
& il avoit détaché le Prince de Lowenftein avec
cinq ou fix mille hommes , pour aller attaquer le
corps ennemi qui occupoit Weiffemberg. On
avoit diftribué de petites troupes d'Infanterie &
de Cavalerie fur tout le front de l'armée Pruffienne
, pour lui donner de l'inquiétude partout.
?
Toutes ces difpofitions faites , le Maréchal
Daun fe porta le foir à la gauche de fon armée ,
& paffa la nuit dans une maifon du village de
Favernick , pour être plus à portée de fe rendre à
La tête des colonnes qui devoient attaquer le flanc
DECEMBRE . 1758. 197
de la montagne de Hoch - Kirchen . Il y arriva deux
heures avant qu'elles s'ébranlaffent. Tout ce qui
l'accompagnoit , ainfi les que troupes , obfervoit
le plus grand filence , à caufe de la proximité des
ennemis qu'on pouvoit entendre parler. A cinq
heures du matin , il envoya ordre aux trois colonnes
qui étoient à portée de lui , de marcher.
Après un quart-d'heure de marche , on entendit.
un coup de fufil qui fut bientôt fuivi de deux autres
, & de tout le feu d'un petit pofte , qui , ayant
apperçu diftinctement la tête des colonnes , donna
l'alarme par des cris qu'on entendit fe répéter
fur tout le front de l'armée Pruffienne .
Les Grenadiers Impériaux , qui étoient à la tête
des colonnes , gagnerent précipitamment le flanc
de la montagne de Hoch-Kirchen , pour en forcer
les retranchemens ; mais ils y trouverent toute
P'Infanterie Pruffienne en bataille , & ils effuyerent
un feu de moufqueterie très - vif. Celui de l'artillerie
qui ne l'étoit pas moins , avoit commencé
peu de minutes après la premiere alerte ; de forte
que , par l'activité des Pruffiens , tout l'avantage
qu'on pût tirer de cette furpriſe fut de le trouver
en force fur le flanc d'une armée diftribuée , dans
une grande étendue de terrein.
Les redoutes & les batteries de Hoch - Kirchen
furent difputées avec beaucoup de valeur , mais
enlevées en fort peu de temps par l'intrépidité des
Impériaux. Ils trouverent plus de réſiſtance au
village de Hoch- Kirchen , où le combat dura
plus de deux heures & demie , parce que l'Infanterie
de la premiere ligne des Pruffiens qui étoit
appuyée à ce village s'y étoit portée fur le champ,
& s'opiniâtroit à défendre ce point important ,
pour donner le temps au refte de l'armée de rétablir
l'affaire , au de faire des difpofitions pour en
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
rendre les fuites moins fâcheufes. On affure que Te
Maréchal Keith avoit ordre du Roi de Pruffe de
foutenir ce village jufqu'à l'extrêmité ; aufli a - t'il
payé de fa vie la belle défenfe qu'il y a faite. Ce
pofte étoit couvert d'ouvrages & garni de nombreufes
batteries ; un cimetiere fermé de murs ,
l'Eglife qui eft grande , & jufqu'au clocher, étoient
remplis d'Infanterie ; il fortoit ainfi de toutes parts
un feu de moufqueterie prodigieux , & il y avoit
fur toutes les avenues , du canon qui tiroit à cartouche.
Pendant l'attaque de ce village , le Maréchal
Daun fe repofant du fuccès fur l'intelligence &
fur la bravoure du Baron de Sincere , Général
d'Infanterie , qui commandoit cette attaque , faifoit
toujours avancer la gauche de fes troupes
pour pouffer de fon côté l'ennemi . Les Pruffiens
qui fe rallioient à mefure & qui fe renforçoient
dans cette partie , vinrent en force à trois repriſes
pour tenter de reprendre le terrein qu'ils avoient
furent perdu fucceffivement. Ces trois attaques
très-vives , mais elles furent reçues avec la plus
grande fermeté par les troupes Impériales , & les
Pruffiens refouffés perdirent encore chaque fois
du terrein.
D'un autre côté , le Comte Odonel , Général de
Cavalerie , qui commandoit celle de la gauche ,
manoeuvroit avec beaucoup de bravoure , foit en
chargeant avec la plus grande vigueur tout ce qui
fe préfentoit de Cavalerie Pruffienne , foit en refferrant
de plus en plus l'ennemi.
Quand le village de Hoch- Kirchen eut été forcé
, on emporta le cimetiere l'épée à la main , &
tout ce qui s'y trouva fut fait prifonnier. L'Infanterie
qui foutenoit ce village s'étant jointe aux
débris de celle que le Maréchal Daun avoit touDECEMBRE.
1758. 199
jours combattue en perfonne , vint faire avec elle
la troifieme attaque , où les Pruffiens firent les
plus grands efforts . La victoire fut décidée en faveur
des Autrichiens par une vigoureuſe charge
que le Comte de Lafcy fit fur le flanc de l'Infan
terie Pruffienne , avec quelques troupes de Cara
biniers & de Grenadiers à cheval qui étoient en
réferve , & qu'il alla prendre par ordre du Maréchal
Daun . Il étoit alors environ dix heures &
demie ; enforte que l'affaire à duré plus de cinq
heures , fans que le feu de l'artillerie & celui de
la moufqueterie ayent difcontinué un inftant . On
laiffe imaginer quelle a été la chaleur d'une bataille
, oùil y avoit , tant de part que d'autre , au
moins cinq cens pieces de canon .
Le Duc d'Aremberg avant que de commencer
fon attaque , devoit attendre que celle de Hoch-
Kirchen fût bien engagée , parce que le Maréchal
Daun avoit deffein de couper le corps de huit
mille hommes qui étoit à Weiffemberg ; mais
l'attaque de Hoch-Kirchen ayant donné l'alarme
à ce corps , il avoit forgé de bonne heure à fa
retraite , & il avoit joint le gros de l'armée Pruffienne.
Ainfi le Duc d'Aremberg chargé d'atta
quer la gauche , la trouva très - bien garnie ; elle
étoit de plus fortifiée par des retranchemens &
par des batteries de gros canon qu'il emporta
l'épée à la main fans tirer . Cependant toute l'Infanterie
Pruffienne de cette partie s'étant raffemblée
, le combat y fut très- vif. Le Baron de Buccow
, Général de Cavalerie , qui commandoit celle
de la droite , avoit formé avec ce corps , ainfi que
le Comte Odonel avoit fait de fon côté , une efpece
de croiffant pour envelopper l'ennemi , &
rendre fa retraite difficile. Mais les Pruffiens ayant
yu dès le commencement de cette journée qu'elle
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
à
ne pouvoit être heureufe pour eux , avoient fûres
ment pourvu de bonne heure à leur retraite , &
elle fe fit à propos par l'efpace libre qui leur reftoit.
L'attaque du Maréchal Daun s'étant réunie à
celle du Duc d'Aremberg , toute l'armée campa
une lieue & demie environ plus loin que le champ
de bataille de Hoch- Kirchen , & le Général Laudon
fut chargé de fuivre l'ennemi dans fa retraite,
qu'il dirigeoit vers Klein- Bautzen.
Au départ du Comte de Marainville , la perte
des Pruffiens en morts & bleſſés étoit évaluée à
fept ou huit mille hommes , & on leur avoit fait
deux mille prifonniers , parmi lefquels on comptoit
foixante fix Officiers de tout grade. On leur a
pris cent quatorze pieces de canon , vingt-neuf
drapeaux & feulement trois étendards , parce que
le terrein où l'on a combattu , fort inégal & plein
de broffailles , étoit peu propre pour faire maneuvrer
la Cavalerie .
Les Officiers de marque tués du côté des Pruffiens
, font le Maréchal Keith , tué d'un coup de
feu au travers de la poitrine , le Prince Frederic
de Brunswick , dont la mort d'abord incertaine ,
s'eft confirmée depuis la bataille , & le Général de
Kleift. Le Prince Maurice d'Anhalt-Deffau a été
bleffé dangereufement , fait prifonnier fur fa pa
role , & conduit pendant la bataille à Bautzen.
La perte des Impériaux eft de trois à quatre
mille hommes. Les Officiers de marque qu'ils
ont parmi leurs bleffés font , le Marquis d'Einfe
Lieutenant- Feld -Maréchal qui a reçu un coup de
feu dans le côté , mais non dangereux ; le fieur de
Siskowitz , Major Général , auffi bleffé d'un coup
de feu ; le Comte de Brown , Major Général , &
le Comte de Brown , fon frere , Colonel du Régiment
de fon nom , tous deux fils du feu Maréchal
DECEMBRE . 17 ; S.
201
de Brown , le premier bleffé d'un coup de feu
derriere la tête ; l'autre ayant la jambe caffée
d'un coup de feu , près de la cheville du pied . Les
principaux Officiers tués font , un Major Général ,
qu'on croit être le fieur Hardeneck , le Baron de
Buttler , Colonel attaché aux Grenadiers , & le
Comte d'Eftienne , Colonel du Régiment de Dragons
de Lowenftein . Le Comte de Montazet
Maréchal de Camp au fervice de France , employé
à l'armée Impériale , a reçu plufieurs coups de
fabre fur la tête dans une mêlée de Cavalerie , où
il s'eft extrêmement diftingué .
Le Maréchal Daun qui veut tout voir par luimême
, s'eft expofé comme il a coutume de faire
dans toutes les occafions , & il a eu un cheval
bleffé fous lui d'un coup de feu . Cette mémorable
journée à la fin d'une fi belle campagne , couvre
de gloire ce Maréchal , & le met au rang des plus
grands Capitaines.
"
Les Etats d'Autriche pour reconnoître les
grands fervices rendus à la patrie par le Feld-
Maréchal Comte de Daun , ont arrêté de lui faire
préfent de trois cens mille florins d'Allemagne
pour racheter la Seigneurie de Ladendorff , que le
pere de ce grand Capitaine avoit vendue au Comte
de Kevenhuller. Le 18 Octobre au foir , toute la
mufique de la Cour donna une belle fymphonie
devant l'hôtel de la Comteffe de Daun , en témoi
gnage de la fatisfaction que Leurs Majeftés Impériales
reffentent des exploits fignalés du Comte,
fon époux.
Le 19 , Hatfchi-Demetrius- Macarchi , Envoyé
d'Alger , eut fa premiere audience du Comte de
Colloredo , Vice - Chancelier de l'Empire. Le len
demain , il fut admis à celle du Comte de Kaunitz
Chancelier Intime de l'Etat.
RELATION de la Bataille donnée le 14 Octoi
bre 1758 à Hoch- Kirchen en Luface , par l'armée
Impériale Royale , fous les ordres du Fold-
Maréchal Comte de Daun , de la victoire
complette qu'elle a remportée fur celle du Roi de
Pruffe , commandée par ce Prince en personne.
Cette Relation a été rédigée par le Comte de
Marainville , témoin oculaire de tout ce qui s'eft
paffé dans cette importante affaire , & qui a été
dépêché à l'Impératrice Reine de Hongrie par le
Maréchal Daun , & par Sa Majesté Impériale ,
au Roi.
Le Maréchal Daun , après avoir occupé quelque
temps le camp de Stolpen , voyant que les forces
réunies du Roi de Pruffe & du Prince Henri , fon
frere , lui ôtoient l'efpérance de prendre Drefde
avant la fin de la campagne , réfo ut de quitter
ce camp. La Cour de Vienne avoit formé le projet
d'affiéger Neiff Le Maréchal Daun voulut
affurer le fuccès de cette entrepriſe , en prenant
une pofition qui empêchât le Roi de Puffe de ſe
porter en Siléfie , ou d'envoyer au Général Fouquet
un renfort qui le mît en état de s'opposer à
cette opération . En conféquence , il fe mit
marche les , & arriva le 7 au camp de Kitl
près de Loëbau en Haute Luface.
Ι
194 MERCURE DE FRANCE.
Le même jour 7 , on eut avis que le Roi de
Pruffe avoit auffi marché pour Le porter à Bautzen.
Son armée campa le 8 en avant de cette Ville ; &
elle y féjourna le 9. Le Maréchal Daun avoit
formé le projet d'attaquer le 1o un corps Pruffien
qui occupoit Weiflemberg ; mais ayant appris
que l'armée du Roi de Pruffe étoit en mouvement
pour s'approcher de lui , il changea fes difpofi-
⚫tions.
L'armée Pruffienne étant arrivée à la vue des
Impériaux , les poftes avancés de ceux- ci aban
donnerent la hauteur de Hoch- Kirchen dont elle
s'empara ; elle y appuya fa droite , & fa gauche.
fut portée vers Radewitz . Elle avoit devant fon
front un petit ruiffeau qui coule dans un vallon
fort ferré. Dans cette pofition , les deux armées
ennemies fe trouverent à une portée & demie de
canon l'une de l'autre , ce qui obligea le Maréchal
Daun à faire quelques changemens dans la
fienne . Ce Général avança fa droite , pour l'appuyer
à la montagne de Stromberg qui commande
toute cette partie. Il y plaça des batteries
de gros canon , avec quatre bataillons de Grenadiers
, qui étoient foutenus par douze bataillons
d'Infanterie de la réferve & par la Cavalerie de
cette aîle. Il porta en avant quelques bataillons
de la deuxieme ligne de fon aîle gauche , pour
foutenir des batteries placées fur le flanc d'une
des montagnes où étoit appuyée cette gauche , &
dont la chaîne s'étend jufqu'à Bautzen . Ces batteries
étoient deftinées à foudroyer la plaine , &
à prendre en flanc les troupes qui feroient venues
pour attaquer fon aile gauche. Il fit faire des abbatis
dans les bois qui couvrent ces montagnes
& les garnit de Croates pour affurer fa communication
avec le Général Laudon , qui étoit à
DECEMBRE . 1758. 195
Mefchwitz fur les derrieres de Hoch-Kirchen
du côté de Bautzen. Il eut foin auffi de faire bien
fortifier le village de Gloffen , pofte important
qui affuroit encore plus fa droite , & qui lui formoit
une tête au delà du ruiffeau nommé Lobauwaffer
, en cas que le Roi de Prufle , à la faveur
du corps qu'il avoit à Weiffemberg , eût tenté de
lui dérober une marche , pour tomber fur celui
que commandoit le Prince de Dourlach à Reichenbach
, & de s'emparer par ce moyen de Gorlitz.
Le Roi de Pruffe avoit fait placer plufieurs batteries
avec des redoutes fur le flanc de la montagne
d'Hoch- Kirchen , & il y avoit mis huit bataillons
pour les foutenir. Il avoit avancé un
corps de l'autre côté du ruiffeau qui couvroit fon
front vers Lauffig , où il avoit fait des retranchemens
garnis de quantité de groffe artillerie .
Le Maréchal Daun étoit tous les jours à cheval
dès la pointe du jour , foit pour reconnoître la
pofition des ennemis , foit pour examiner foigneufement
la fienne. Il remarqua que la droite
du Roi de Pruffe donnoit quelque prife fur elle ,
& réfolut de l'attaquer. Pour donner le change à
l'ennemi , & l'accoutumer à des mouvemens dont
il pût prendre ombrage , tous les jours il faifoit
changer de pofition à quelques corps ; il ordonna
plufieurs jours de fuite que tous les équipages
le tinffent prêts à marcher au premier ordre
, il feignit de vouloir attaquer le corps qui
étoit à Weiflemberg ; il fit pour cela des difpofitions
, & diftribua pendant deux jours des ordres
qu'il révoquoit dans la nuit. Enfin la veille de la
véritable attaque , il fit tracer des redoutes au
devant du front de fon armée , à la vue des ennemis
, & fi près de leur camp , qu'ils tirerent du
canon fur les travailleurs.
I ij
196 MERCURE DE FRANCE.
>
Le 13 , dans l'après -dînée , le Maréchal Daun
fit marcher la plus grande partie de la feconde
ligne & de fa réſerve , tant Infanterie que Cavalerie.
Elle fe porta en deux colonnes par la vallée
de Cunewalda , fur le fommet des montagnes qui
font du côté de Bautzen . Ces montagnes , beaucoup
plus hautes que celles de Hoch- Kirchen , &
couvertes de bois de fapin , étoient fort propres à
cacher toutes les manoeuvres qu'on devoit faire ,
& l'on y avoit préparé des paffages pour l'artillerie.
Le Général Laudon , qui étoit encore plus
loin avec un corps de cinq à fix mille hommes ,
fut renforcé de trois à quatre mille pour attaquer
par les derrieres la droite des Pruffiens. Les troupes
de la premiere ligne qui devoient attaquer le
village de Hoch Kirchen , étoient reftées dans le
camp ; elles prirent les armes pendant la nuit , &
fe porterent vers le village de Plotzen , où elles
fe formerent en colonne pour attaquer de concert
avec les autres. Le Duc d'Aremberg étoit chargé
de tomber fur la gauche des ennemis , & de l'attaquer
par deux colonnes , & il étoit foutenu par
le Prince de Dourlach. Ce Prince avoit pour cet
effet marché toute la nuit avec une partie du
corps qu'il avoit fous fes ordres à Reichenbach ,
& il avoit détaché le Prince de Lowenftein avec
cinq ou fix mille hommes , pour aller attaquer le
corps ennemi qui occupoit Weiffemberg. On
avoit diftribué de petites troupes d'Infanterie &
de Cavalerie fur tout le front de l'armée Pruffienne
, pour lui donner de l'inquiétude partout.
?
Toutes ces difpofitions faites , le Maréchal
Daun fe porta le foir à la gauche de fon armée ,
& paffa la nuit dans une maifon du village de
Favernick , pour être plus à portée de fe rendre à
La tête des colonnes qui devoient attaquer le flanc
DECEMBRE . 1758. 197
de la montagne de Hoch - Kirchen . Il y arriva deux
heures avant qu'elles s'ébranlaffent. Tout ce qui
l'accompagnoit , ainfi les que troupes , obfervoit
le plus grand filence , à caufe de la proximité des
ennemis qu'on pouvoit entendre parler. A cinq
heures du matin , il envoya ordre aux trois colonnes
qui étoient à portée de lui , de marcher.
Après un quart-d'heure de marche , on entendit.
un coup de fufil qui fut bientôt fuivi de deux autres
, & de tout le feu d'un petit pofte , qui , ayant
apperçu diftinctement la tête des colonnes , donna
l'alarme par des cris qu'on entendit fe répéter
fur tout le front de l'armée Pruffienne .
Les Grenadiers Impériaux , qui étoient à la tête
des colonnes , gagnerent précipitamment le flanc
de la montagne de Hoch-Kirchen , pour en forcer
les retranchemens ; mais ils y trouverent toute
P'Infanterie Pruffienne en bataille , & ils effuyerent
un feu de moufqueterie très - vif. Celui de l'artillerie
qui ne l'étoit pas moins , avoit commencé
peu de minutes après la premiere alerte ; de forte
que , par l'activité des Pruffiens , tout l'avantage
qu'on pût tirer de cette furpriſe fut de le trouver
en force fur le flanc d'une armée diftribuée , dans
une grande étendue de terrein.
Les redoutes & les batteries de Hoch - Kirchen
furent difputées avec beaucoup de valeur , mais
enlevées en fort peu de temps par l'intrépidité des
Impériaux. Ils trouverent plus de réſiſtance au
village de Hoch- Kirchen , où le combat dura
plus de deux heures & demie , parce que l'Infanterie
de la premiere ligne des Pruffiens qui étoit
appuyée à ce village s'y étoit portée fur le champ,
& s'opiniâtroit à défendre ce point important ,
pour donner le temps au refte de l'armée de rétablir
l'affaire , au de faire des difpofitions pour en
I iij
198 MERCURE DE FRANCE.
rendre les fuites moins fâcheufes. On affure que Te
Maréchal Keith avoit ordre du Roi de Pruffe de
foutenir ce village jufqu'à l'extrêmité ; aufli a - t'il
payé de fa vie la belle défenfe qu'il y a faite. Ce
pofte étoit couvert d'ouvrages & garni de nombreufes
batteries ; un cimetiere fermé de murs ,
l'Eglife qui eft grande , & jufqu'au clocher, étoient
remplis d'Infanterie ; il fortoit ainfi de toutes parts
un feu de moufqueterie prodigieux , & il y avoit
fur toutes les avenues , du canon qui tiroit à cartouche.
Pendant l'attaque de ce village , le Maréchal
Daun fe repofant du fuccès fur l'intelligence &
fur la bravoure du Baron de Sincere , Général
d'Infanterie , qui commandoit cette attaque , faifoit
toujours avancer la gauche de fes troupes
pour pouffer de fon côté l'ennemi . Les Pruffiens
qui fe rallioient à mefure & qui fe renforçoient
dans cette partie , vinrent en force à trois repriſes
pour tenter de reprendre le terrein qu'ils avoient
furent perdu fucceffivement. Ces trois attaques
très-vives , mais elles furent reçues avec la plus
grande fermeté par les troupes Impériales , & les
Pruffiens refouffés perdirent encore chaque fois
du terrein.
D'un autre côté , le Comte Odonel , Général de
Cavalerie , qui commandoit celle de la gauche ,
manoeuvroit avec beaucoup de bravoure , foit en
chargeant avec la plus grande vigueur tout ce qui
fe préfentoit de Cavalerie Pruffienne , foit en refferrant
de plus en plus l'ennemi.
Quand le village de Hoch- Kirchen eut été forcé
, on emporta le cimetiere l'épée à la main , &
tout ce qui s'y trouva fut fait prifonnier. L'Infanterie
qui foutenoit ce village s'étant jointe aux
débris de celle que le Maréchal Daun avoit touDECEMBRE.
1758. 199
jours combattue en perfonne , vint faire avec elle
la troifieme attaque , où les Pruffiens firent les
plus grands efforts . La victoire fut décidée en faveur
des Autrichiens par une vigoureuſe charge
que le Comte de Lafcy fit fur le flanc de l'Infan
terie Pruffienne , avec quelques troupes de Cara
biniers & de Grenadiers à cheval qui étoient en
réferve , & qu'il alla prendre par ordre du Maréchal
Daun . Il étoit alors environ dix heures &
demie ; enforte que l'affaire à duré plus de cinq
heures , fans que le feu de l'artillerie & celui de
la moufqueterie ayent difcontinué un inftant . On
laiffe imaginer quelle a été la chaleur d'une bataille
, oùil y avoit , tant de part que d'autre , au
moins cinq cens pieces de canon .
Le Duc d'Aremberg avant que de commencer
fon attaque , devoit attendre que celle de Hoch-
Kirchen fût bien engagée , parce que le Maréchal
Daun avoit deffein de couper le corps de huit
mille hommes qui étoit à Weiffemberg ; mais
l'attaque de Hoch-Kirchen ayant donné l'alarme
à ce corps , il avoit forgé de bonne heure à fa
retraite , & il avoit joint le gros de l'armée Pruffienne.
Ainfi le Duc d'Aremberg chargé d'atta
quer la gauche , la trouva très - bien garnie ; elle
étoit de plus fortifiée par des retranchemens &
par des batteries de gros canon qu'il emporta
l'épée à la main fans tirer . Cependant toute l'Infanterie
Pruffienne de cette partie s'étant raffemblée
, le combat y fut très- vif. Le Baron de Buccow
, Général de Cavalerie , qui commandoit celle
de la droite , avoit formé avec ce corps , ainfi que
le Comte Odonel avoit fait de fon côté , une efpece
de croiffant pour envelopper l'ennemi , &
rendre fa retraite difficile. Mais les Pruffiens ayant
yu dès le commencement de cette journée qu'elle
I iv
200 MERCURE DE FRANCE.
à
ne pouvoit être heureufe pour eux , avoient fûres
ment pourvu de bonne heure à leur retraite , &
elle fe fit à propos par l'efpace libre qui leur reftoit.
L'attaque du Maréchal Daun s'étant réunie à
celle du Duc d'Aremberg , toute l'armée campa
une lieue & demie environ plus loin que le champ
de bataille de Hoch- Kirchen , & le Général Laudon
fut chargé de fuivre l'ennemi dans fa retraite,
qu'il dirigeoit vers Klein- Bautzen.
Au départ du Comte de Marainville , la perte
des Pruffiens en morts & bleſſés étoit évaluée à
fept ou huit mille hommes , & on leur avoit fait
deux mille prifonniers , parmi lefquels on comptoit
foixante fix Officiers de tout grade. On leur a
pris cent quatorze pieces de canon , vingt-neuf
drapeaux & feulement trois étendards , parce que
le terrein où l'on a combattu , fort inégal & plein
de broffailles , étoit peu propre pour faire maneuvrer
la Cavalerie .
Les Officiers de marque tués du côté des Pruffiens
, font le Maréchal Keith , tué d'un coup de
feu au travers de la poitrine , le Prince Frederic
de Brunswick , dont la mort d'abord incertaine ,
s'eft confirmée depuis la bataille , & le Général de
Kleift. Le Prince Maurice d'Anhalt-Deffau a été
bleffé dangereufement , fait prifonnier fur fa pa
role , & conduit pendant la bataille à Bautzen.
La perte des Impériaux eft de trois à quatre
mille hommes. Les Officiers de marque qu'ils
ont parmi leurs bleffés font , le Marquis d'Einfe
Lieutenant- Feld -Maréchal qui a reçu un coup de
feu dans le côté , mais non dangereux ; le fieur de
Siskowitz , Major Général , auffi bleffé d'un coup
de feu ; le Comte de Brown , Major Général , &
le Comte de Brown , fon frere , Colonel du Régiment
de fon nom , tous deux fils du feu Maréchal
DECEMBRE . 17 ; S.
201
de Brown , le premier bleffé d'un coup de feu
derriere la tête ; l'autre ayant la jambe caffée
d'un coup de feu , près de la cheville du pied . Les
principaux Officiers tués font , un Major Général ,
qu'on croit être le fieur Hardeneck , le Baron de
Buttler , Colonel attaché aux Grenadiers , & le
Comte d'Eftienne , Colonel du Régiment de Dragons
de Lowenftein . Le Comte de Montazet
Maréchal de Camp au fervice de France , employé
à l'armée Impériale , a reçu plufieurs coups de
fabre fur la tête dans une mêlée de Cavalerie , où
il s'eft extrêmement diftingué .
Le Maréchal Daun qui veut tout voir par luimême
, s'eft expofé comme il a coutume de faire
dans toutes les occafions , & il a eu un cheval
bleffé fous lui d'un coup de feu . Cette mémorable
journée à la fin d'une fi belle campagne , couvre
de gloire ce Maréchal , & le met au rang des plus
grands Capitaines.
"
Les Etats d'Autriche pour reconnoître les
grands fervices rendus à la patrie par le Feld-
Maréchal Comte de Daun , ont arrêté de lui faire
préfent de trois cens mille florins d'Allemagne
pour racheter la Seigneurie de Ladendorff , que le
pere de ce grand Capitaine avoit vendue au Comte
de Kevenhuller. Le 18 Octobre au foir , toute la
mufique de la Cour donna une belle fymphonie
devant l'hôtel de la Comteffe de Daun , en témoi
gnage de la fatisfaction que Leurs Majeftés Impériales
reffentent des exploits fignalés du Comte,
fon époux.
Le 19 , Hatfchi-Demetrius- Macarchi , Envoyé
d'Alger , eut fa premiere audience du Comte de
Colloredo , Vice - Chancelier de l'Empire. Le len
demain , il fut admis à celle du Comte de Kaunitz
Chancelier Intime de l'Etat.
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Résumé : ALLEMAGNE.
La bataille de Hoch-Kirchen, qui eut lieu le 14 octobre 1758, opposa l'armée impériale royale, dirigée par le maréchal Comte de Daun, aux forces prussiennes commandées par le roi de Prusse. Le comte de Marainville, témoin oculaire, rédigea un rapport détaillé de cette victoire impériale. Avant la bataille, le maréchal Daun se déplaça de Stolpen vers Kitl près de Loëbau en Haute Lusace pour empêcher le roi de Prusse de se porter en Silésie ou d'envoyer des renforts au général Fouquet. Les deux armées se trouvèrent à portée de canon, obligeant Daun à ajuster ses dispositions. Il renforça sa droite sur la montagne de Stromberg avec des batteries de gros canon et soutint sa gauche avec des batteries sur les flancs des montagnes. Le roi de Prusse, de son côté, avait placé des batteries et des redoutes sur le flanc de la montagne d'Hoch-Kirchen. Le 13 octobre, Daun déplaça une grande partie de sa seconde ligne et de sa réserve vers les montagnes de Bautzen. Le général Laudon attaqua la droite des Prussiens, tandis que les troupes de la première ligne se préparèrent à attaquer le village de Hoch-Kirchen. Le duc d'Aremberg et le prince de Dourlach furent chargés d'attaquer la gauche ennemie. Le 14 octobre, à l'aube, les colonnes impériales avancèrent. Les Grenadiers impériaux forcèrent les retranchemens sur le flanc de la montagne d'Hoch-Kirchen malgré une résistance acharnée. Le village de Hoch-Kirchen fut pris après un combat intense, et la victoire fut consolidée par une charge du comte de Lacy. Les Prussiens subirent de lourdes pertes, évaluées à sept ou huit mille hommes tués ou blessés, et deux mille prisonniers, dont soixante-six officiers. Cent quatorze pièces de canon et vingt-neuf drapeaux furent capturés. Parmi les officiers prussiens tués figuraient le maréchal Keith et le prince Frédéric de Brunswick. Le prince Maurice d'Anhalt-Dessau fut blessé et fait prisonnier. Les Impériaux subirent également des pertes, estimées entre trois et quatre mille hommes. Parmi les officiers blessés, on compte le Marquis d'Einfe, Lieutenant-Feld-Maréchal, le sieur de Siskowitz, Major Général, et les frères Comte de Brown, l'un Major Général blessé à la tête, l'autre Colonel avec une jambe cassée. Les officiers tués incluent un Major Général, probablement le sieur Hardeneck, le Baron de Buttler, et le Comte d'Etienne. Le Comte de Montazet, Maréchal de Camp au service de France, fut blessé à la tête mais se distingua dans une mêlée de cavalerie. Le Maréchal Daun eut son cheval blessé. Cette journée marque la fin d'une belle campagne et renforce la réputation du Maréchal Daun, le plaçant parmi les plus grands capitaines. En reconnaissance de ses services, les Etats d'Autriche offrirent au Comte de Daun trois cent mille florins pour racheter la Seigneurie de Ladendorff. Le 18 octobre, une symphonie fut jouée en hommage à ses exploits.
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42
p. 200-201
De Vienne le 25. Novembre.
Début :
La saison étant trop avancée pour reprendre le siège de Neifs, [...]
Mots clefs :
Siège, Saison, Roi de Prusse, Quartier d'hiver, Maréchal Daun, Dresde, Armée impériale, Bataille, Misère
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De Vienne le 25. Novembre.
De Vienne le 25. Novembre .
La faifon étant trop avancée pour reprendre
le fiége de Neifs , les troupes qui étoient aux
JANVIER. 1759. 201
environs de cette Place , ont eu ordre de ſe ſéparer.
Aur approches du fecours am ené par le
Roi de Pruffe en perfonne , elles s'étoient d'abord
repliées fous Ziegenball , & enfuite fur
Zachmantel . Depuis , on a pris le parti de les
mettre en quartier d'hyver. Le Général de Ville
doit refter en Siléfie avec le Corps qu'il commande
, & le Comte de Harſch rentre en Bohême
avec les troupes qui font à fes ordres .
Nous avons appris que le Maréchal Daun avoit
levé , le Blocus de Drefde. L'incendie des Fauxbourgs
de cette Ville , & la crainte d'expofer
la Famille Royale aux plus grands dangers , l'ont
déterminé à renoncer à l'entrepriſe qu'il avoit
formée contre cette Place . On affure qu'il y avoit
dans le Palais Royal , une grande quantité de
barils de poudre , qui en auroit caufé l'embrafement
général , fi l'on eût canonné ou bombardé
la Ville. L'Armée Impériale s'eft repliée
far Pyrna & Gishubel , pour fe rapprocher des
frontieres de la Bohême où elle doit hiverner. Les
Généraux Laudon , Okelli & de Whela ſont en
Luface avec leurs troupes irrégulieres , pour ob
ferver les mouvemens du Prince Henri , qui eft
rentré dans cette Province.
On écrit de Bautzen , que les Pruffiens qui
ont occupé cette Ville , après la Bataille d'Hoch-
Kirchen , ont enlevé tout ce qu'ils ont trouvé
dans les maiſons ; qu'ils ont ravagé & détruit tous
les Jardins ; que toute la Campagne des environs
a été dévaſtée par eux , avec encore moins de
ménagement , que les meubles & les habille
ments ont été pillés , les maiſons renverſées , les
granges & les étables brulées , & que tout le Pays
eft réduit à la plus affreuſe milére .
La faifon étant trop avancée pour reprendre
le fiége de Neifs , les troupes qui étoient aux
JANVIER. 1759. 201
environs de cette Place , ont eu ordre de ſe ſéparer.
Aur approches du fecours am ené par le
Roi de Pruffe en perfonne , elles s'étoient d'abord
repliées fous Ziegenball , & enfuite fur
Zachmantel . Depuis , on a pris le parti de les
mettre en quartier d'hyver. Le Général de Ville
doit refter en Siléfie avec le Corps qu'il commande
, & le Comte de Harſch rentre en Bohême
avec les troupes qui font à fes ordres .
Nous avons appris que le Maréchal Daun avoit
levé , le Blocus de Drefde. L'incendie des Fauxbourgs
de cette Ville , & la crainte d'expofer
la Famille Royale aux plus grands dangers , l'ont
déterminé à renoncer à l'entrepriſe qu'il avoit
formée contre cette Place . On affure qu'il y avoit
dans le Palais Royal , une grande quantité de
barils de poudre , qui en auroit caufé l'embrafement
général , fi l'on eût canonné ou bombardé
la Ville. L'Armée Impériale s'eft repliée
far Pyrna & Gishubel , pour fe rapprocher des
frontieres de la Bohême où elle doit hiverner. Les
Généraux Laudon , Okelli & de Whela ſont en
Luface avec leurs troupes irrégulieres , pour ob
ferver les mouvemens du Prince Henri , qui eft
rentré dans cette Province.
On écrit de Bautzen , que les Pruffiens qui
ont occupé cette Ville , après la Bataille d'Hoch-
Kirchen , ont enlevé tout ce qu'ils ont trouvé
dans les maiſons ; qu'ils ont ravagé & détruit tous
les Jardins ; que toute la Campagne des environs
a été dévaſtée par eux , avec encore moins de
ménagement , que les meubles & les habille
ments ont été pillés , les maiſons renverſées , les
granges & les étables brulées , & que tout le Pays
eft réduit à la plus affreuſe milére .
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Résumé : De Vienne le 25. Novembre.
En novembre 1758, les troupes autour de Neifs se sont séparées en raison de l'avancée de la saison. Elles se sont repliées à Ziegenball, puis à Zachmantel, avant d'être mises en quartiers d'hiver. Le Général de Ville est resté en Silésie avec son corps, tandis que le Comte de Harsch est retourné en Bohême avec ses troupes. Le Maréchal Daun a levé le blocus de Dresde à cause de l'incendie des faubourgs et des risques pour la Famille Royale. L'Armée Impériale s'est repliée vers Pyrna et Gishubel pour hiverner en Bohême. Les Généraux Laudon, Okelli et de Whela surveillaient les mouvements du Prince Henri en Lusace. À Bautzen, les Prussiens ont pillé et détruit la ville et ses environs après la bataille d'Hochkirchen, laissant la région dans une misère extrême.
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43
p. 212-214
« Louis, Marquis de Lostanges, Chevalier, Seigneur de Jarniost en Lyonnois, [...] »
Début :
Louis, Marquis de Lostanges, Chevalier, Seigneur de Jarniost en Lyonnois, [...]
Mots clefs :
Marquis, Bataille, Mort, Maison de Lostanges, Comte, Maréchal, Généalogie, Mariages
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : « Louis, Marquis de Lostanges, Chevalier, Seigneur de Jarniost en Lyonnois, [...] »
Louis , Marquis de Loftanges , Chevalier , Seigneur
de Jarniolt en Lyonnois , Cornette au Régiment
des Cuirafliers , a été tué le 10 Octobre
1758 , à la Bataille de Lutzelberg , où il avoit donné
des preuves du plus grand courage. Il étoit fils
de feu Laurent , Marquis de Loftanges , BrigaJANVIER.
1759. 213
dier des Armées du Roi , mort des bleffures qu'il
avoit reçues à Raucoux, & frere cader de feu Jean→
Baptifte , Marquis de Loftanges , Seigneur de Jarnioſt
, après ſon pere , mort Capitaine de Cava •
lerie pendant la derniere Guerre.
Louis étoit devenu le Chef de la Branche des
Marquis de Béduer en Quercy , par la mort , fans
enfans , de fes deux Coufins-germains.
1. Louis , Marquis de Béduer , mort le 11 Septembre
1746. Il avoit épousé en 1729 , Marie-
Antoinette- Charlotte du Maine du Bourg , petitefille
& Cohéritiere du Maréchal du Bourg' , Che
valier des Ordres du Roi.
2. Jean- Louis , Comte de Corn , Marquis de
Béduer , après fon frere , mort le 27 Décembre
1755. Il avoit épouſé en 1743 , Marie- Pulcherie-
Anaftafie de Foucaud d'Alzon , Baronne de Sonat
en Quercy , qu'il a inftituée fon Héritiere , à la
charge de rendre fon hérédité à des mâles du
nom de Loftanges à fon choix.
Louis , qui donne lieu à cet Article , eut quatre
foeeurs.
i . Anne , née en Novembre 1725 , mariée en
Septembre 1746 à Jean-Jofeph de Cornelly , Seigneur
de Cambolit en Quercy.
2. Marie , née en Octobre 1733 › a été élevée
à S. Cyr.
3. Marie , née en Janvier 1735 , Religieufe à
Lyllac.
4. Marie-Charlotte , née en Août 1737.
Hugues de Loftanges , né le 30 Janvier 1713 ,
Baron de Felzeins & de Cuzac en Rouergue , eſt
aujourd'hui le Chef , & le feul des Marquis de Bé
duer ; il a pour enfans.
1. Jean-François-Louis de Felzeins , né le 6
Février 1741 , Clerc Tonfuré , élevé au Collége
du Pleffis.
214 MERCURE DE FRANCE.
2. Jean- François-Jofeph de Béduer , né le 22
Octobre 1742 , Cornette au Régiment des Cuiraffiers.
3. Jean-Louis , né le s Février 1752.
4. François Hugues , né le 21 Juin 1753 .
s . Urtule , née le 22 Septembre 1748 , nom
mée
pour être élevée à S. Cyr.
Le Marquis de S. Alvere , Grand Sénéchal &
Gouverneur de Quercy , eft'le Chef de la Maiſon
de Loftanges . Il a pour enfans ,
Le Marquis de Lotanges , Brigadier des Armées
du Roi , Colonel du Régiment des Cuiraffiers , Premier
Ecuyer de Madame , en Marquis de Lhopital
fon beau-pere .
Le Comte de Loftanges , Capitaine de Dragons ,
qui n'eftpoint marié.
L'Abbé de Loftanges , Chanoine de l'Eglife de
Paris.
N... de Loftanges, mariée au Comte de Conac
en Limofin.
N... de S. Alvere , mariée au Marquis de
Cugnac.
å Marie-Julie , mariée le
Février 1756 , 23
François -Saturnin de Galard , Marquis de Terraube.
N... de Cadrieu.
La Maifon de Loftanges n'eft plus divifée à
préfent qu'en trois Branches , celle des Marquis de
S. Alvere en Perigord , celle de Béduer en Quercy,
& celle de Pailhés en Saintonge, dont aujourd'hui
eſt N... de Loftanges , Capitaine au Régiment
des Cuiraffiers. Voyez pour la Nobleffe & l'Ancienneté
de cette Famille , Morery & les Tablettes
hiſtoriques , &c .
de Jarniolt en Lyonnois , Cornette au Régiment
des Cuirafliers , a été tué le 10 Octobre
1758 , à la Bataille de Lutzelberg , où il avoit donné
des preuves du plus grand courage. Il étoit fils
de feu Laurent , Marquis de Loftanges , BrigaJANVIER.
1759. 213
dier des Armées du Roi , mort des bleffures qu'il
avoit reçues à Raucoux, & frere cader de feu Jean→
Baptifte , Marquis de Loftanges , Seigneur de Jarnioſt
, après ſon pere , mort Capitaine de Cava •
lerie pendant la derniere Guerre.
Louis étoit devenu le Chef de la Branche des
Marquis de Béduer en Quercy , par la mort , fans
enfans , de fes deux Coufins-germains.
1. Louis , Marquis de Béduer , mort le 11 Septembre
1746. Il avoit épousé en 1729 , Marie-
Antoinette- Charlotte du Maine du Bourg , petitefille
& Cohéritiere du Maréchal du Bourg' , Che
valier des Ordres du Roi.
2. Jean- Louis , Comte de Corn , Marquis de
Béduer , après fon frere , mort le 27 Décembre
1755. Il avoit épouſé en 1743 , Marie- Pulcherie-
Anaftafie de Foucaud d'Alzon , Baronne de Sonat
en Quercy , qu'il a inftituée fon Héritiere , à la
charge de rendre fon hérédité à des mâles du
nom de Loftanges à fon choix.
Louis , qui donne lieu à cet Article , eut quatre
foeeurs.
i . Anne , née en Novembre 1725 , mariée en
Septembre 1746 à Jean-Jofeph de Cornelly , Seigneur
de Cambolit en Quercy.
2. Marie , née en Octobre 1733 › a été élevée
à S. Cyr.
3. Marie , née en Janvier 1735 , Religieufe à
Lyllac.
4. Marie-Charlotte , née en Août 1737.
Hugues de Loftanges , né le 30 Janvier 1713 ,
Baron de Felzeins & de Cuzac en Rouergue , eſt
aujourd'hui le Chef , & le feul des Marquis de Bé
duer ; il a pour enfans.
1. Jean-François-Louis de Felzeins , né le 6
Février 1741 , Clerc Tonfuré , élevé au Collége
du Pleffis.
214 MERCURE DE FRANCE.
2. Jean- François-Jofeph de Béduer , né le 22
Octobre 1742 , Cornette au Régiment des Cuiraffiers.
3. Jean-Louis , né le s Février 1752.
4. François Hugues , né le 21 Juin 1753 .
s . Urtule , née le 22 Septembre 1748 , nom
mée
pour être élevée à S. Cyr.
Le Marquis de S. Alvere , Grand Sénéchal &
Gouverneur de Quercy , eft'le Chef de la Maiſon
de Loftanges . Il a pour enfans ,
Le Marquis de Lotanges , Brigadier des Armées
du Roi , Colonel du Régiment des Cuiraffiers , Premier
Ecuyer de Madame , en Marquis de Lhopital
fon beau-pere .
Le Comte de Loftanges , Capitaine de Dragons ,
qui n'eftpoint marié.
L'Abbé de Loftanges , Chanoine de l'Eglife de
Paris.
N... de Loftanges, mariée au Comte de Conac
en Limofin.
N... de S. Alvere , mariée au Marquis de
Cugnac.
å Marie-Julie , mariée le
Février 1756 , 23
François -Saturnin de Galard , Marquis de Terraube.
N... de Cadrieu.
La Maifon de Loftanges n'eft plus divifée à
préfent qu'en trois Branches , celle des Marquis de
S. Alvere en Perigord , celle de Béduer en Quercy,
& celle de Pailhés en Saintonge, dont aujourd'hui
eſt N... de Loftanges , Capitaine au Régiment
des Cuiraffiers. Voyez pour la Nobleffe & l'Ancienneté
de cette Famille , Morery & les Tablettes
hiſtoriques , &c .
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Résumé : « Louis, Marquis de Lostanges, Chevalier, Seigneur de Jarniost en Lyonnois, [...] »
Louis, Marquis de Loftanges, Chevalier et Seigneur de Jarniolt en Lyonnois, fut tué le 10 octobre 1758 lors de la Bataille de Lutzelberg. Fils de Laurent, Marquis de Loftanges, Brigadier des Armées du Roi, mort à Raucoux, et frère cadet de Jean-Baptiste, Capitaine de Cavalerie. Louis devint Chef de la Branche des Marquis de Béduer en Quercy après la mort de ses cousins germains Louis et Jean-Louis. Il eut quatre filles : Anne, Marie (élevée à Saint-Cyr), Marie (religieuse à Lyllac), et Marie-Charlotte. Hugues de Loftanges, né en 1713, Baron de Felzeins et de Cuzac en Rouergue, est le Chef actuel des Marquis de Béduer. Il a cinq enfants : Jean-François-Louis, Jean-François-Joseph, Jean-Louis, François Hugues, et Urtule (destinée à Saint-Cyr). Le Marquis de Saint-Alvère, Grand Sénéchal et Gouverneur de Quercy, est le Chef de la Maison de Loftanges. Il a plusieurs enfants, dont le Marquis de Loftanges, Brigadier des Armées du Roi et Colonel du Régiment des Cuiraffiers, le Comte de Loftanges, Capitaine de Dragons, et l'Abbé de Loftanges, Chanoine de l'Église de Paris. La Maison de Loftanges est divisée en trois branches : celle des Marquis de Saint-Alvère en Périgord, celle de Béduer en Quercy, et celle de Pailhés en Saintonge.
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44
p. 206-207
DE FRANCFORT, le 20 Avril.
Début :
Les Alliés, après avoir perdu la bataille de Berghen, se retirèrent d'abord [...]
Mots clefs :
Alliés, Bataille, Retraite, Armée, Prisonniers, Prince Ferdinand , Troupes impériales, Duc de Broglie, Quartier, Maréchal, Saxe, Baron, Magasins
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE FRANCFORT, le 20 Avril.
De
FRANCFORT
,
le
20
Avril
.
Les
Alliés
,
après
avoir
perdu
la
bataille
de
Berg-
hen
,
le
retirèrent
d'abord à
Weindeckein
,
où
ils
coupèrent
le
14
:
le
lendemain
ils
continuèrent
leur
retraite
&
le
portèrent
à
Staden
;
le
16
,
leur
Armée
arriva
à
Hunger
,
où
elle
campa
le
17
.
Le
corps
de
Fifcher
,
&
celui
que
commande
le
Baron
du
Blaifel
,
ont côtoyé
cette
Armée
fur la
gauche
,
&
n'ont
pas
celle
de
la
harceler
.
Ils lui
ont
fait
beaucoup de
prifonniers
au
paffage
de la
riviere d'Arloff
près
de
Hungen
.
Le lendemain
le
Prince
Ferdinand
s'étant
retiré
au
-
delà
de
Grum-
berg
,
ces
deux
corps attaquèrent
fon
arriere-
garde
près
de
cette Ville
;
ils
taillèrent
en
piéce
un
Bataillon
de
Grenadiers
&
deux
Efcadrons
duRégiment de
Finkenſtein
,
Dragons
.
Ils
lui
enle-
vèrent
deux
Etendarts
,
avec
la
Caille militaire
de
ce
Régiment
,
&
forcèrent
les trois
autres
Elca-
drons de mettre
bas
les
armes
&
de
fe
rendre
pri-
fonniers
de
Guerre
.
Les
troupes
de
l'Empire
attaquèrent
un
déta-
chement de
l'Armée
des
Alliés
,
près
de Fulde
,,
qui fut
défait
&
difperfé
.
Les
Alliés
n'ont
pas con-fervé
un
feul
pofte
dans
la
Franconie
.
Ils
ont
laiffé
dans
leur
retraite
un
très
grand
nombre de
blef-fés
.
On
en a trouvé huit cens à Veindeckein
,
avec
un
Trompette que
le
Prince
Ferdinand
avoit
char-
gé
de
les
recommander
aux bontés
du Duc de
Broglie
.
Jufqu'à préfent
il
ne
s'eſt
pallé
aucunjour fans
que
les
détachemens
François qui font
à
JUIN
.
1759
.
207
t
1
la pourfuite des Alliés , aient amené des prifon-
niers en grand nombre.
L'Armée du Duc de Broglie eft rentrée le 19
dans les quartiers de cantonnement. Le Prince de
Deux-Ponts qui a fon quartier général à Bamberg,
a raſſemblé fon armée en plufieurs corps, qui font
· cantonnés aux environs de cette place .
Du
30
.
Le
Maréchal
de
Contades
arriva
ici
le
25.
Le
jour
de fon
arrivée
,
le
Baron d'Hyrn
,
Général des
troupes
Saxones
,
mourut
des
bleffures
qu'il
avoit
reçues
à
la
journée
du
13
.
Du
7
Mai
.
L'armée Pruffienne qui eft en Saxe aux ordres
du Prince Henri , après avoir fait une courte irrup-
tion en Bohême , s'eft remife en mouvement.
L'objet du Prince Henri, dans cette nouvelle expé-
dition , eft d'attaquer l'armée de l'Empire , &
qu'il eft réfolu de forcer fa marche pour la fur-
prendre , avant que les François aient pu raffem-
bler leurs quartiers pour la foutenir. On ajoute
qu'il a dégarni fans crainte la partie de la Saxe qui
confine à la Bohême , parce qu'il eft perfuadé que
les Autrichiens , dont il a ruiné les magaſins , fe-
ront hors de rien entreprendre de ce côté-là. Le
corps de troupes Pruffiennes , qui s'étoit mis en
marchepourjoindre l'armée du Prince Ferdinand,
a retrogradé , & fe porte du côté de Magte-
bourg.
FRANCFORT
,
le
20
Avril
.
Les
Alliés
,
après
avoir
perdu
la
bataille
de
Berg-
hen
,
le
retirèrent
d'abord à
Weindeckein
,
où
ils
coupèrent
le
14
:
le
lendemain
ils
continuèrent
leur
retraite
&
le
portèrent
à
Staden
;
le
16
,
leur
Armée
arriva
à
Hunger
,
où
elle
campa
le
17
.
Le
corps
de
Fifcher
,
&
celui
que
commande
le
Baron
du
Blaifel
,
ont côtoyé
cette
Armée
fur la
gauche
,
&
n'ont
pas
celle
de
la
harceler
.
Ils lui
ont
fait
beaucoup de
prifonniers
au
paffage
de la
riviere d'Arloff
près
de
Hungen
.
Le lendemain
le
Prince
Ferdinand
s'étant
retiré
au
-
delà
de
Grum-
berg
,
ces
deux
corps attaquèrent
fon
arriere-
garde
près
de
cette Ville
;
ils
taillèrent
en
piéce
un
Bataillon
de
Grenadiers
&
deux
Efcadrons
duRégiment de
Finkenſtein
,
Dragons
.
Ils
lui
enle-
vèrent
deux
Etendarts
,
avec
la
Caille militaire
de
ce
Régiment
,
&
forcèrent
les trois
autres
Elca-
drons de mettre
bas
les
armes
&
de
fe
rendre
pri-
fonniers
de
Guerre
.
Les
troupes
de
l'Empire
attaquèrent
un
déta-
chement de
l'Armée
des
Alliés
,
près
de Fulde
,,
qui fut
défait
&
difperfé
.
Les
Alliés
n'ont
pas con-fervé
un
feul
pofte
dans
la
Franconie
.
Ils
ont
laiffé
dans
leur
retraite
un
très
grand
nombre de
blef-fés
.
On
en a trouvé huit cens à Veindeckein
,
avec
un
Trompette que
le
Prince
Ferdinand
avoit
char-
gé
de
les
recommander
aux bontés
du Duc de
Broglie
.
Jufqu'à préfent
il
ne
s'eſt
pallé
aucunjour fans
que
les
détachemens
François qui font
à
JUIN
.
1759
.
207
t
1
la pourfuite des Alliés , aient amené des prifon-
niers en grand nombre.
L'Armée du Duc de Broglie eft rentrée le 19
dans les quartiers de cantonnement. Le Prince de
Deux-Ponts qui a fon quartier général à Bamberg,
a raſſemblé fon armée en plufieurs corps, qui font
· cantonnés aux environs de cette place .
Du
30
.
Le
Maréchal
de
Contades
arriva
ici
le
25.
Le
jour
de fon
arrivée
,
le
Baron d'Hyrn
,
Général des
troupes
Saxones
,
mourut
des
bleffures
qu'il
avoit
reçues
à
la
journée
du
13
.
Du
7
Mai
.
L'armée Pruffienne qui eft en Saxe aux ordres
du Prince Henri , après avoir fait une courte irrup-
tion en Bohême , s'eft remife en mouvement.
L'objet du Prince Henri, dans cette nouvelle expé-
dition , eft d'attaquer l'armée de l'Empire , &
qu'il eft réfolu de forcer fa marche pour la fur-
prendre , avant que les François aient pu raffem-
bler leurs quartiers pour la foutenir. On ajoute
qu'il a dégarni fans crainte la partie de la Saxe qui
confine à la Bohême , parce qu'il eft perfuadé que
les Autrichiens , dont il a ruiné les magaſins , fe-
ront hors de rien entreprendre de ce côté-là. Le
corps de troupes Pruffiennes , qui s'étoit mis en
marchepourjoindre l'armée du Prince Ferdinand,
a retrogradé , & fe porte du côté de Magte-
bourg.
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Résumé : DE FRANCFORT, le 20 Avril.
Après la défaite à la bataille de Berg-hen le 20 avril 1759, les Alliés se retirèrent successivement à Weindeckein, Staden, et Hunger. Les corps de Fifcher et du Baron du Blaifel escortèrent l'armée alliée, capturant de nombreux prisonniers près de la rivière d'Arloff. Le Prince Ferdinand se retira au-delà de Grum-berg, permettant à ces corps d'attaquer son arrière-garde, détruisant un bataillon de grenadiers et deux escadrons du régiment de Finkenstein, Dragons, et capturant deux étendards et la caisse militaire. Les troupes de l'Empire vainquirent un détachement des Alliés près de Fulde. Les Alliés laissèrent derrière eux un grand nombre de bêtes à somme, notamment huit cents à Weindeckein. Le 19 avril, l'armée du Duc de Broglie rentra dans ses quartiers de cantonnement. Le Prince de Deux-Ponts rassembla son armée autour de Bamberg. Le 30 avril, le Maréchal de Contades arriva à Francfort, où le Baron d'Hyrn, Général des troupes Saxones, mourut des blessures reçues le 13 avril. Le 7 mai, l'armée prussienne du Prince Henri se mit en mouvement pour attaquer l'armée de l'Empire, visant à la surprendre avant que les Français puissent rassembler leurs quartiers. Le Prince Henri dégarni la partie de la Saxe frontalière avec la Bohême, convaincu que les Autrichiens ne tenteraient rien de ce côté. Le corps de troupes prussiennes destiné à rejoindre l'armée du Prince Ferdinand se dirigea vers Magdebourg.
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45
p. 205
DE HAMBOURG, le 14 Septembre.
Début :
Le Général d'Itzemplitz est mort à Stettin des blessures qu'il avoit reçues [...]
Mots clefs :
Général, Décès, Blessures , Bataille, Escadre suédoise, Navires, Canons, Attaque, Prisonniers de guerre
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE HAMBOURG, le 14 Septembre.
DE HAMBOURG , le 14 Septembre.
Le Général d'ltzemplitz eft mort à Stettin des
bleflures qu'il avoit reçues à la bataille de Cunnerfdorff.
Il étoit âgé de 72 ans.
On mande de Stralfund que l'Efcadre Suédoife
composée de huit galeres & de plufieurs barques ,
attaqua le ro de ce mois près de l'ifle d'Ufedom
douze navires Pruffiens armés en guerre. Après
une vive canonade qui dura trois heures , les
galeres allerent à l'abordage , & prirent huit navires
ennemis. La garnifon de l'ifle , compofée
de fix cens hommes , a été faite prifonniere de
guerre.
Le Général d'ltzemplitz eft mort à Stettin des
bleflures qu'il avoit reçues à la bataille de Cunnerfdorff.
Il étoit âgé de 72 ans.
On mande de Stralfund que l'Efcadre Suédoife
composée de huit galeres & de plufieurs barques ,
attaqua le ro de ce mois près de l'ifle d'Ufedom
douze navires Pruffiens armés en guerre. Après
une vive canonade qui dura trois heures , les
galeres allerent à l'abordage , & prirent huit navires
ennemis. La garnifon de l'ifle , compofée
de fix cens hommes , a été faite prifonniere de
guerre.
Fermer
Résumé : DE HAMBOURG, le 14 Septembre.
Le 14 septembre, le général d'Itzemplitz est mort à Stettin à 72 ans, blessé lors de la bataille de Kunersdorf. À Stralsund, huit galères suédoises ont capturé douze navires prussiens près de l'île d'Usedom, après trois heures de combat. La garnison de l'île, composée de six cents hommes, a été capturée.
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46
p. 209-213
De FRANCFORT, le 22 Septembre.
Début :
On a été ici quelques jours sans recevoir des nouvelles de l'Armée. [...]
Mots clefs :
Armée, Corps, Détachement, Prince Ferdinand , Communication, Prisonniers, Maréchal de Broglie, Ennemis, Infanterie, Régiment, Comte, Bataille, Obstacle, Opérations militaires
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De FRANCFORT, le 22 Septembre.
De FRANCFORT , le 22 Septembre.
On a été ici quelques jours fans recevoir des
nouvelles de l'Armée. Un Corps détaché de celle .
"
210 MERCURE DE FRANCE.
da Prince Ferdinand s'érgit poſté fur Marburg &
ayoit interrompu la communication ; les polles
qui avoient été établis pour fa fureté s'étant repliés
à l'approche des ennemis , deux, Compagnies
da Régiment de Cavalerie de Rougrave , qui occupoient
celui de Butzbach , y furent attaquées
le au matin , & furent faites Prifonnieres de
guerre. Le Maréchal de Broglie , ayant eu avis
de la marche des ennemis , fit partir de Merdenhagen
, le 12 à la pointe du jour , le Corps
aux ordres du Comte de Stainville , Lieutenant
Général , & du Marquis d'Aubigni , Maréchal de
Camp , pour le pofter fur Marburg afin de leur
couper leur retraite . Ce Corps étoit compofé de
la Brigade d'Infanterie d'Auvergne ; de celle de
Bouillon formée de ce Régiment & de ceux de
Vierzet & d'Horion , & des Régimens, de Dragons
du Roi & de la Ferronaye ; & de la Brigade
de Cavalerie de Royal- Pologne , compoſée
de ce Régiment & de ceux de Poly & de Touftain,
Ilarriva le même jour à Marienhagen . On trouva
en arrivant un détachement des ennemis qui fe
reriroit de Marburg à Franckenberg . On leur fit
trente Prifonniers,
Le Comte de Stainville fut informé que le Corps
des ennemis , commandé par les Généraux de
Bulowet & de Ferien , n'ayant pu fe rendre maître
du Chateau de Marburg par la réſiſtance du fieur
Kenedy , Commandant , & après avoir fait quelque
dégât dans la Ville, fe retiroit auffi fur Franckenberg.
Il ne voulur pas manquer l'occaſion de
le joindre , & il fe remit en marche le 13 à la
pointe du jour. Il fe porta avec la plus grande
diligence vers Radern. Les ennemis étoient en
Bataille à une demi- lieue de ce Village. Le Comte
de Stainville fit auffi - tôt les difpofitions pour les
attaquer ; toutes les troupes pallerent le ruiffeau
OCTOBRE. 1760. 211
du ravin qui les féparoient des ennemis. Les deux
Régimens de Dragons , commandés par le Comte
de Cey , Brigadier , & la Caval rie de la Légion
Royale commandée par le Comte de Melfort
fe portérent pendant ce tems , avec la plus grande
vivacité fur la hauteur occupée par les ennemis.
Ils chargérent la Cavalerie qui s'y trouva & ils la
culbuterent. Le Comte de Ferfen furrué dans cette
charge.
Les ennemis furent fuivis de près , malgré les
obftacles du terrein , par les Grenadiers & les
Challeurs , par la Brigade d'Auvergne, commandée
par le Marquis de Rochambeau , Brigadier ,
& par l'Infanterie de la Légion Royale. Ils furent
ainfi obligés d'abandonner la hauteur qu'ils occupoient
; ils le retirérent par le Village de Munden
où leur droite avoit été appuyée , & ils gagnérent
une autre hauteur près de Neukirchen , On les y
canona vivement jufqu'à ceque les troupes devancées
par les Dragons , après avoir paffé un fecond
ruiffeau affez profond & un ravin difficile , les chaf
ferent de hauteurs , en hauteurs , & les obligerent
de s'appuyer à une haute montagne derniere leVillage
de Hallenberg .
Commela nuit approchoit , le Comte de Stainville
, afin d'empêcher les ennemis d'en profiter
pour affurer leur pofition, ou pour fe retirer en bon
ordre , ne perdit pas un moment à les faire attaquer.
La Brigade d'Auvergne gravit avec la plus
grande vivacité une montagne d'un accès très-difficile.
La Légion Royale & les Dragons s'y porterent
de même , malgré les obftacles du terrein & la roideur
de la montagne. Ils mirent les ennemis en déroute
les Dragons leur firent abandonner trois piéces
de Canon ; le fieur Duchemin, Major de la Légion
Royale, avec quelques Dragons de ce Corps ,
en prit auffi trois pieces , & l'on en trouva deur
212 MERCURE DE FRANCE.
autres abandonnées dans le bois. La nuit mit fin
au combat , qui avoit commencé à dix heures du
matin.
Le Corps des ennemis , étoit d'environ fix mille
hommes. Ils ont perdu beaucoup , & on leur a
fait près de 400 Priſonniers, parmi lesquels il y a
plufieurs Officiers. On leur a pris auffi tous les
bagages ; du côté des François , on n'a perdu qu'environ
cinquante hommes tués ou bleffès.
A
Depuis , le Maréchal de Broglie , ayant réfolu
de faire attaquer le Camp du Général Vangenheim
, par les troupes aux ordres du Comte de
Luface campées entre Fridlandet Vitzenhauſen ,
fe rendit pour cet effet au quartier du Comte de,
Luface , & il renforça fa réferve d'un Corps de
troupes tiré de l'Armée. Le Corps ennemi étoit
d'environ quinze mille hommes. On marcha fur
quatre colonnes dirigées fur Dransfeld ; auffi- tôt
qu'elles parurent fur la hauteur voiſine de cette
Ville , les ennemis leverent leur Camp & entrerent
dans le bois qu'ils avoient derriere eux. La Colonne
d'Infanterie de notre droite , aux ordres du
Comte de Luface , compofée du Corps Saxon &
des Brigades de Caftelas & de la Marck , s'avança
avec toute la diligence poffible . Elle étoit précédée
par le Comte de Vaux , Lieutenant Général , ayant
avec lui les Grenadiers & les Chaffeurs des ces Brigades
, & par le fieur de Klingenberg , Maréchal
de Camp , ayant avec lui trois Bataillons de Grenadiers
Saxons , foutenus de la Brigade Suiffe.de
Diesbach. L'attaque ne put commencer que vers
les fept heures du foir.Le feu de Moufquetterie fut ,
vif & dura plus d'une heure ; mais il futpeu meurtrier,
à caufe de l'obfcurité & de l'épaiffeur du bois .
Les ennemis furent pouffés jufqu'à l'efcarpement
du Vefer. Les Grenadiers Saxons leur prirent deux
piéces de Canon , & le fieur de Grandmaiſon ,
OCTOBRE. 1760. 213
Commandant les Volontaires de Hainault , en
prit deux autres & fit quelques Priſonniers,
Pendant ce tems- là , le Prince de Croy fit déboucher
de Munden un Détachement aux ordres
du fieur de la Borde , Lieutenant Colonel du Régiment
de Condé , pour le porter fur le pont des
-ennemis à Humel ; il l'attaqua & s'en rendit maître.
Mais les ennemis étant revenus par la gauche
du Véfer avec des forces fupérieures & beaucoup
d'Artillerie , il ne put le conferver . Le lendemain
matin , le fieur de Grandmaifon s'étant porté vers
ce pont , il le trouva abandonné ; il le fit
& en fit brifer les pontons.
trompre
Auffi- tôt après cette opération , le Prince de Robecq
, Maréchal de Camp , fut détaché avec fa divifion
pour aller à Gottinguen , d'où il a dû envoyer
des Détachemens fur Northeim & Eimbeck.
Le fieur de Cambefort , Commandant d'un
Corps de troupes légères , fe trouvant à Bocholtz
avec la troupe , fut averti qu'un Détachement fort
fupérieur au fien marchoit à lui : il ſe retira ; & ce
Détachement l'ayant fuivi , le fieur de Cambefort
fit volte-face , & l'attaqua avec tant de vivacité
qu'il le mit en déroute , & le pourſuivit jufqu'à
la porte de Coesfeldt. Il a tué ou bleffé dans ce
choc, plus de cinquante hommes aux ennemis ,
& il a fait trente quatre Prifonniers , avec lesquels
il a repris la route de Wefel. Il n'a eu que trois
hommes bleffés & trois autres faits Prifonniers.
On a été ici quelques jours fans recevoir des
nouvelles de l'Armée. Un Corps détaché de celle .
"
210 MERCURE DE FRANCE.
da Prince Ferdinand s'érgit poſté fur Marburg &
ayoit interrompu la communication ; les polles
qui avoient été établis pour fa fureté s'étant repliés
à l'approche des ennemis , deux, Compagnies
da Régiment de Cavalerie de Rougrave , qui occupoient
celui de Butzbach , y furent attaquées
le au matin , & furent faites Prifonnieres de
guerre. Le Maréchal de Broglie , ayant eu avis
de la marche des ennemis , fit partir de Merdenhagen
, le 12 à la pointe du jour , le Corps
aux ordres du Comte de Stainville , Lieutenant
Général , & du Marquis d'Aubigni , Maréchal de
Camp , pour le pofter fur Marburg afin de leur
couper leur retraite . Ce Corps étoit compofé de
la Brigade d'Infanterie d'Auvergne ; de celle de
Bouillon formée de ce Régiment & de ceux de
Vierzet & d'Horion , & des Régimens, de Dragons
du Roi & de la Ferronaye ; & de la Brigade
de Cavalerie de Royal- Pologne , compoſée
de ce Régiment & de ceux de Poly & de Touftain,
Ilarriva le même jour à Marienhagen . On trouva
en arrivant un détachement des ennemis qui fe
reriroit de Marburg à Franckenberg . On leur fit
trente Prifonniers,
Le Comte de Stainville fut informé que le Corps
des ennemis , commandé par les Généraux de
Bulowet & de Ferien , n'ayant pu fe rendre maître
du Chateau de Marburg par la réſiſtance du fieur
Kenedy , Commandant , & après avoir fait quelque
dégât dans la Ville, fe retiroit auffi fur Franckenberg.
Il ne voulur pas manquer l'occaſion de
le joindre , & il fe remit en marche le 13 à la
pointe du jour. Il fe porta avec la plus grande
diligence vers Radern. Les ennemis étoient en
Bataille à une demi- lieue de ce Village. Le Comte
de Stainville fit auffi - tôt les difpofitions pour les
attaquer ; toutes les troupes pallerent le ruiffeau
OCTOBRE. 1760. 211
du ravin qui les féparoient des ennemis. Les deux
Régimens de Dragons , commandés par le Comte
de Cey , Brigadier , & la Caval rie de la Légion
Royale commandée par le Comte de Melfort
fe portérent pendant ce tems , avec la plus grande
vivacité fur la hauteur occupée par les ennemis.
Ils chargérent la Cavalerie qui s'y trouva & ils la
culbuterent. Le Comte de Ferfen furrué dans cette
charge.
Les ennemis furent fuivis de près , malgré les
obftacles du terrein , par les Grenadiers & les
Challeurs , par la Brigade d'Auvergne, commandée
par le Marquis de Rochambeau , Brigadier ,
& par l'Infanterie de la Légion Royale. Ils furent
ainfi obligés d'abandonner la hauteur qu'ils occupoient
; ils le retirérent par le Village de Munden
où leur droite avoit été appuyée , & ils gagnérent
une autre hauteur près de Neukirchen , On les y
canona vivement jufqu'à ceque les troupes devancées
par les Dragons , après avoir paffé un fecond
ruiffeau affez profond & un ravin difficile , les chaf
ferent de hauteurs , en hauteurs , & les obligerent
de s'appuyer à une haute montagne derniere leVillage
de Hallenberg .
Commela nuit approchoit , le Comte de Stainville
, afin d'empêcher les ennemis d'en profiter
pour affurer leur pofition, ou pour fe retirer en bon
ordre , ne perdit pas un moment à les faire attaquer.
La Brigade d'Auvergne gravit avec la plus
grande vivacité une montagne d'un accès très-difficile.
La Légion Royale & les Dragons s'y porterent
de même , malgré les obftacles du terrein & la roideur
de la montagne. Ils mirent les ennemis en déroute
les Dragons leur firent abandonner trois piéces
de Canon ; le fieur Duchemin, Major de la Légion
Royale, avec quelques Dragons de ce Corps ,
en prit auffi trois pieces , & l'on en trouva deur
212 MERCURE DE FRANCE.
autres abandonnées dans le bois. La nuit mit fin
au combat , qui avoit commencé à dix heures du
matin.
Le Corps des ennemis , étoit d'environ fix mille
hommes. Ils ont perdu beaucoup , & on leur a
fait près de 400 Priſonniers, parmi lesquels il y a
plufieurs Officiers. On leur a pris auffi tous les
bagages ; du côté des François , on n'a perdu qu'environ
cinquante hommes tués ou bleffès.
A
Depuis , le Maréchal de Broglie , ayant réfolu
de faire attaquer le Camp du Général Vangenheim
, par les troupes aux ordres du Comte de
Luface campées entre Fridlandet Vitzenhauſen ,
fe rendit pour cet effet au quartier du Comte de,
Luface , & il renforça fa réferve d'un Corps de
troupes tiré de l'Armée. Le Corps ennemi étoit
d'environ quinze mille hommes. On marcha fur
quatre colonnes dirigées fur Dransfeld ; auffi- tôt
qu'elles parurent fur la hauteur voiſine de cette
Ville , les ennemis leverent leur Camp & entrerent
dans le bois qu'ils avoient derriere eux. La Colonne
d'Infanterie de notre droite , aux ordres du
Comte de Luface , compofée du Corps Saxon &
des Brigades de Caftelas & de la Marck , s'avança
avec toute la diligence poffible . Elle étoit précédée
par le Comte de Vaux , Lieutenant Général , ayant
avec lui les Grenadiers & les Chaffeurs des ces Brigades
, & par le fieur de Klingenberg , Maréchal
de Camp , ayant avec lui trois Bataillons de Grenadiers
Saxons , foutenus de la Brigade Suiffe.de
Diesbach. L'attaque ne put commencer que vers
les fept heures du foir.Le feu de Moufquetterie fut ,
vif & dura plus d'une heure ; mais il futpeu meurtrier,
à caufe de l'obfcurité & de l'épaiffeur du bois .
Les ennemis furent pouffés jufqu'à l'efcarpement
du Vefer. Les Grenadiers Saxons leur prirent deux
piéces de Canon , & le fieur de Grandmaiſon ,
OCTOBRE. 1760. 213
Commandant les Volontaires de Hainault , en
prit deux autres & fit quelques Priſonniers,
Pendant ce tems- là , le Prince de Croy fit déboucher
de Munden un Détachement aux ordres
du fieur de la Borde , Lieutenant Colonel du Régiment
de Condé , pour le porter fur le pont des
-ennemis à Humel ; il l'attaqua & s'en rendit maître.
Mais les ennemis étant revenus par la gauche
du Véfer avec des forces fupérieures & beaucoup
d'Artillerie , il ne put le conferver . Le lendemain
matin , le fieur de Grandmaifon s'étant porté vers
ce pont , il le trouva abandonné ; il le fit
& en fit brifer les pontons.
trompre
Auffi- tôt après cette opération , le Prince de Robecq
, Maréchal de Camp , fut détaché avec fa divifion
pour aller à Gottinguen , d'où il a dû envoyer
des Détachemens fur Northeim & Eimbeck.
Le fieur de Cambefort , Commandant d'un
Corps de troupes légères , fe trouvant à Bocholtz
avec la troupe , fut averti qu'un Détachement fort
fupérieur au fien marchoit à lui : il ſe retira ; & ce
Détachement l'ayant fuivi , le fieur de Cambefort
fit volte-face , & l'attaqua avec tant de vivacité
qu'il le mit en déroute , & le pourſuivit jufqu'à
la porte de Coesfeldt. Il a tué ou bleffé dans ce
choc, plus de cinquante hommes aux ennemis ,
& il a fait trente quatre Prifonniers , avec lesquels
il a repris la route de Wefel. Il n'a eu que trois
hommes bleffés & trois autres faits Prifonniers.
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Résumé : De FRANCFORT, le 22 Septembre.
Le 22 septembre, les communications à Francfort étaient perturbées par un corps détaché du Prince Ferdinand à Marburg. Deux compagnies du Régiment de Cavalerie de Rougrave furent attaquées et capturées à Butzbach. Le Maréchal de Broglie, informé de la progression des ennemis, envoya un corps commandé par le Comte de Stainville et le Marquis d'Aubigni pour couper leur retraite. Ce corps, composé de diverses brigades d'infanterie et de cavalerie, arriva à Marienhagen et captura trente prisonniers ennemis. Le Comte de Stainville apprit que les ennemis, dirigés par les Généraux de Bulow et de Ferien, se retiraient vers Franckenberg après avoir échoué à prendre le Château de Marburg. Il les attaqua près de Radern, où les dragons et la cavalerie de la Légion Royale repoussèrent la cavalerie ennemie. Les ennemis furent repoussés jusqu'à Hallenberg. Le combat intense se termina à la nuit tombée, avec près de 400 prisonniers et plusieurs pièces de canon capturées par les Français. Par la suite, le Maréchal de Broglie décida d'attaquer le camp du Général Vangenheim. Les troupes françaises, dirigées par le Comte de Luface, marchèrent en quatre colonnes vers Dransfeld. Les ennemis levèrent leur camp et se retirèrent dans un bois. Les grenadiers saxons prirent deux pièces de canon, et le pont des ennemis à Humel fut brièvement conquis avant d'être abandonné. Le Prince de Robecq fut envoyé à Gottinguen avec sa division, tandis que le Sieur de Cambefort, commandant des troupes légères, mit en déroute un détachement ennemi près de Coesfeldt, capturant trente-quatre prisonniers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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47
p. 136-137
De WARSOVIE, le 14 Juillet 1764.
Début :
On voit ici une relation du combat qui s'est donné le 26 [...]
Mots clefs :
Combat, Troupes, Prince, Attaques, Déplacement des troupes, Colonel, Bataille, Cavalerie, Espions, Pertes
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texteReconnaissance textuelle : De WARSOVIE, le 14 Juillet 1764.
De WARSOVIE , le 14 Juillet 1764.
OnN voit ici une relation du combat qui s'eft
donné le 26 du mois dernier , entre les Trou-
Pes de la République & celles du Prince Radziwill:
fuivant cette Relation publiée de la part de
ce Prince , il partit le 26 de Kepla pour ſe rendre
dans les Terres , & arriva à Hadzviltowize , à
deux lieues de Slonim . Après avoir foutenu en
chemin fon Avant-Garde continuellement harcelée
par de fauffes attaques dès fon arrivée en
cet endroit , il apprit que l'Avant-Garde des Ruf-
Les étoit renforcée , & que le Colonel Block
étoit rangé en bataille fur les hauteurs avec un
Corps de cinq mille hommes . Le Prince Radziwill
fe détermina à l'attaquer à trois heures après
midi , le délogea & le poursuivit jufqu'à Slonim
où ce Colonel , qui avoit déja fait préparer les
Batteries fe forma de nouveau. Alors la Cavalerie
du Prince Radziwill fut attaquée de toutes parts &
effaya feule le feu des Batteries depuis cinq heures
jufqu'à dix ayant été jointe par l'Infanterie , le
combat devint général & dura juſqu'à minuit. Les
Ruffes furent rompus deux fois & pouffés derrière
NOVEMBRE. 1764. 137
leurs Batteries : un Boulet rouge ayant fait fauter le
Magazin des poudres du Prince Radziwill , le feu
de les Troupes ceffa ainfi que celui des Ruffes.
Les deux Partis pafferent la nuit fous les armes.
Le Prince fe retira à trois heures du matin , en
très-bon ordre , du côté de fes Terres entre la
Polefie & la Volhynie. Il n'a eu dans cette occafion
que quatorze hommes tués , & vingt-deux
bleffés . Suivant le rapport des Eſpions , les Ruffes
ont enterré deux cent foixante - trois hommes , &
ont eu plus de cinq cens bleffés ; mais ces détails
font pas encore bien conftatés .
OnN voit ici une relation du combat qui s'eft
donné le 26 du mois dernier , entre les Trou-
Pes de la République & celles du Prince Radziwill:
fuivant cette Relation publiée de la part de
ce Prince , il partit le 26 de Kepla pour ſe rendre
dans les Terres , & arriva à Hadzviltowize , à
deux lieues de Slonim . Après avoir foutenu en
chemin fon Avant-Garde continuellement harcelée
par de fauffes attaques dès fon arrivée en
cet endroit , il apprit que l'Avant-Garde des Ruf-
Les étoit renforcée , & que le Colonel Block
étoit rangé en bataille fur les hauteurs avec un
Corps de cinq mille hommes . Le Prince Radziwill
fe détermina à l'attaquer à trois heures après
midi , le délogea & le poursuivit jufqu'à Slonim
où ce Colonel , qui avoit déja fait préparer les
Batteries fe forma de nouveau. Alors la Cavalerie
du Prince Radziwill fut attaquée de toutes parts &
effaya feule le feu des Batteries depuis cinq heures
jufqu'à dix ayant été jointe par l'Infanterie , le
combat devint général & dura juſqu'à minuit. Les
Ruffes furent rompus deux fois & pouffés derrière
NOVEMBRE. 1764. 137
leurs Batteries : un Boulet rouge ayant fait fauter le
Magazin des poudres du Prince Radziwill , le feu
de les Troupes ceffa ainfi que celui des Ruffes.
Les deux Partis pafferent la nuit fous les armes.
Le Prince fe retira à trois heures du matin , en
très-bon ordre , du côté de fes Terres entre la
Polefie & la Volhynie. Il n'a eu dans cette occafion
que quatorze hommes tués , & vingt-deux
bleffés . Suivant le rapport des Eſpions , les Ruffes
ont enterré deux cent foixante - trois hommes , &
ont eu plus de cinq cens bleffés ; mais ces détails
font pas encore bien conftatés .
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Résumé : De WARSOVIE, le 14 Juillet 1764.
Le 14 juillet 1764, une relation du combat entre les troupes de la République et celles du Prince Radziwill est publiée. Le 26 juin, le Prince Radziwill partit de Kepla pour se rendre dans les Terres et arriva à Hadzviltowize, près de Slonim. Son avant-garde fut harcelée dès son arrivée. Il apprit que l'avant-garde des Russes, renforcée par le Colonel Block, comptait cinq mille hommes. Le Prince Radziwill attaqua à trois heures de l'après-midi, délogea les Russes et les poursuivit jusqu'à Slonim. La cavalerie du Prince Radziwill fut attaquée de toutes parts et combattit pendant cinq heures. À dix heures, l'infanterie rejoignit la bataille, rendant le combat général jusqu'à minuit. Les Russes furent repoussés deux fois derrière leurs batteries. Un boulet rouge fit sauter le magasin de poudre du Prince Radziwill, stoppant le feu des troupes. Les deux parties passèrent la nuit sous les armes. Le Prince Radziwill se retira à trois heures du matin vers ses terres entre la Pologne et la Volhynie. Il déplora quatorze hommes tués et vingt-deux blessés. Selon des espions, les Russes auraient enterré deux cent soixante-trois hommes et compté plus de cinq cents blessés, mais ces détails ne sont pas confirmés.
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Tu ne connois que moi ; décompose mon nom ; [...]
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Les plus fameux guerriers qu'on ait vus sur la terre [...]
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Je suis un jeu cruel, affreux & sanguinaire, [...]
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