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1
p. 198
Monseigneur le Dauphin & la Reyne en témoignent leur joye à Madame. [titre d'après la table]
Début :
Monseigneur le Dauphin fit là-dessus dés le mesme jour [...]
Mots clefs :
Visite, Dauphin, Madame
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texteReconnaissance textuelle : Monseigneur le Dauphin & la Reyne en témoignent leur joye à Madame. [titre d'après la table]
Mon- ſeigneur le Dauphin fit là-deſ- fusdés le meſme iour une viſite toute obligeante à Mada- me. E
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2
p. 153-159
Madame va voir prendre un Fort attaqué & defendu par Messieurs les Academistes de l'Academie de Bernardy. [titre d'après la table]
Début :
Il n'y avoit autrefois que le temps qui pust faire [...]
Mots clefs :
Académies, Armée, M. de Bernardi, Madame, Académistes, Attaque du fort, Place, Défendre
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texteReconnaissance textuelle : Madame va voir prendre un Fort attaqué & defendu par Messieurs les Academistes de l'Academie de Bernardy. [titre d'après la table]
Il n'y avoit autrefois que le temps qui puſt faire de
GALANT. 99 veritables Guerriers, les premie- res occaſions ne ſervoient en
quelque façon que d'eſſay à l'a- dreſſe &àla valeur , & il eſtoit
rare qu'on montraſt tout d'un coup ce qu'on eſtoit. On pré- vient aujourd'huy les années; &
la manieredontles Gentilshommes ſont élevez dans les Académies , a quelque choſe de ſi martial , qu'on peut dire qu'ils y
font leurs premieres Campa- gnes. Du moins ils en ſortent tellement aguerris , que dés qu'ils paroiffent à l'Armée, tous jeunes qu'ils font, on diroit qu'ils n'ont fait toute leur vie autre
choſe que de combatre. Il eſt vray que l'exactitude avec la- quelle M.de Bernardy leurdon- ne ſes ſoins , contribuë beaucoup aux avantages qu'ils en re- çoivent. Onne luy en peutdon Eij
100 LE MERCVRE
ner trop de loüanges. Il ne ſe contente pas de leur enſeigner leurs Exercices; il leurfait pren- dre dans tout ce qu'ils font un air noble,qui perfuade aiſément de leur naiſſance, & c'eſt ce qui luy attire non ſeulement tout ce qu'il y a de grand &d'illuſtre en France , mais auſſi quantité de jeunes Seigneurs qui luy font envoyez des Royaumes étran- gers. La maniere d'attaquer &
de défendre les Places, eſt une
Leçonqu'il n'oublie point à leur donner. C'eſt pour cela qu'il fit bâtiril y a quelques années un Fort au boutdu Palais de Luxembourg. LesAcademiſtes s'y vontexercer tous les Samedis; &
le bruit de leur adreſſe qui a
ſouvent pour témoin ungrand nombre de Perſonnes de quali- té, s'eſt tellement répandu, que
GALANT. ΙΟΙ
Madame n'a pas dédaigné de les honorer de ſa preſence. Elle avoit choiſy un jour extraordi- naire pour leur venir voir faire l'attaquedu Fort. Ils s'y prépa- rerent avec joye. Monfieur le Duc de Valentinois , Fils de Monfieur le Prince de Monaco,
l'attaqua avec beaucoup de vi gueur; & la maniere dont il fut ſecondé,eut un je-ne-ſçay quel air de bravoure qui plut fi fort à Son Alteſſe Royale, qu'elle en congratula Monfieur de Bernardy, &luy ditobligeamment,
qu'elle viendroit admirerplus d'u ne fois les jeunes Guerriers qu'il avoitfaits. Elle estoit ſuivie d'une partie de ſa Cour ; & leur bonne mine jointe àl'air relevé qui accompagna tout ce qu'ils firent , leur ayant acquis des Maiſtreſſes , donna lieu à quel
E iij
102 LE MERCVRE
ques Avantures galantes dont je vous entretiendray le Mois prochain. Je tâcheray de me trouver moy - meſme à l'at- taque de leur Fort , afin de vous en mander quelque cho- ſe de plus particulier , & je vous feray ſçavoir en meſme temps les Noms de ces Braves Fortunez, qui ſçaventde ſibon- ne heure conquérir des Places
& gagner des Cœurs.
GALANT. 99 veritables Guerriers, les premie- res occaſions ne ſervoient en
quelque façon que d'eſſay à l'a- dreſſe &àla valeur , & il eſtoit
rare qu'on montraſt tout d'un coup ce qu'on eſtoit. On pré- vient aujourd'huy les années; &
la manieredontles Gentilshommes ſont élevez dans les Académies , a quelque choſe de ſi martial , qu'on peut dire qu'ils y
font leurs premieres Campa- gnes. Du moins ils en ſortent tellement aguerris , que dés qu'ils paroiffent à l'Armée, tous jeunes qu'ils font, on diroit qu'ils n'ont fait toute leur vie autre
choſe que de combatre. Il eſt vray que l'exactitude avec la- quelle M.de Bernardy leurdon- ne ſes ſoins , contribuë beaucoup aux avantages qu'ils en re- çoivent. Onne luy en peutdon Eij
100 LE MERCVRE
ner trop de loüanges. Il ne ſe contente pas de leur enſeigner leurs Exercices; il leurfait pren- dre dans tout ce qu'ils font un air noble,qui perfuade aiſément de leur naiſſance, & c'eſt ce qui luy attire non ſeulement tout ce qu'il y a de grand &d'illuſtre en France , mais auſſi quantité de jeunes Seigneurs qui luy font envoyez des Royaumes étran- gers. La maniere d'attaquer &
de défendre les Places, eſt une
Leçonqu'il n'oublie point à leur donner. C'eſt pour cela qu'il fit bâtiril y a quelques années un Fort au boutdu Palais de Luxembourg. LesAcademiſtes s'y vontexercer tous les Samedis; &
le bruit de leur adreſſe qui a
ſouvent pour témoin ungrand nombre de Perſonnes de quali- té, s'eſt tellement répandu, que
GALANT. ΙΟΙ
Madame n'a pas dédaigné de les honorer de ſa preſence. Elle avoit choiſy un jour extraordi- naire pour leur venir voir faire l'attaquedu Fort. Ils s'y prépa- rerent avec joye. Monfieur le Duc de Valentinois , Fils de Monfieur le Prince de Monaco,
l'attaqua avec beaucoup de vi gueur; & la maniere dont il fut ſecondé,eut un je-ne-ſçay quel air de bravoure qui plut fi fort à Son Alteſſe Royale, qu'elle en congratula Monfieur de Bernardy, &luy ditobligeamment,
qu'elle viendroit admirerplus d'u ne fois les jeunes Guerriers qu'il avoitfaits. Elle estoit ſuivie d'une partie de ſa Cour ; & leur bonne mine jointe àl'air relevé qui accompagna tout ce qu'ils firent , leur ayant acquis des Maiſtreſſes , donna lieu à quel
E iij
102 LE MERCVRE
ques Avantures galantes dont je vous entretiendray le Mois prochain. Je tâcheray de me trouver moy - meſme à l'at- taque de leur Fort , afin de vous en mander quelque cho- ſe de plus particulier , & je vous feray ſçavoir en meſme temps les Noms de ces Braves Fortunez, qui ſçaventde ſibon- ne heure conquérir des Places
& gagner des Cœurs.
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Résumé : Madame va voir prendre un Fort attaqué & defendu par Messieurs les Academistes de l'Academie de Bernardy. [titre d'après la table]
Le texte relate l'évolution de la formation des guerriers en France. Autrefois, les premiers combats servaient de tests pour évaluer l'adresse et la valeur des combattants. Aujourd'hui, les jeunes gentilshommes sont formés dans des académies, où ils acquièrent une expérience martiale telle qu'ils semblent vétérans dès leur arrivée à l'armée. Cette formation est supervisée par M. de Bernardy, dont les soins et l'exactitude contribuent aux succès des élèves. Il leur enseigne les exercices militaires ainsi qu'une noblesse d'attitude révélant leur naissance. Cette réputation attire des jeunes seigneurs de France et de royaumes étrangers. L'académie inclut des leçons sur l'attaque et la défense des places fortes. Un fort a été construit au bout du Palais du Luxembourg pour les exercices des académistes, qui se déroulent chaque samedi. Leur adresse a été remarquée par Madame, qui a assisté à une attaque du fort. Le Duc de Valentinois, fils du Prince de Monaco, a mené l'attaque avec vigueur, impressionnant Madame. Elle a félicité M. de Bernardy et exprimé son désir de revenir admirer les jeunes guerriers. La bonne mine et l'air relevé des académistes leur ont valu des maîtresses et des aventures galantes. L'auteur prévoit de se rendre à l'attaque du fort pour en rapporter des détails et les noms des braves fortunés.
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3
p. 111-116
A MADAME DE F**
Début :
Je pars pour Marseille, & je vous jure, Madame, que [...]
Mots clefs :
Portrait, Esprit, Charmer, Madame
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texteReconnaissance textuelle : A MADAME DE F**
A MADAME DE F**
Epars pour Marseille ,
jure ,
je vous
Madame , quej'y vais malgré moy. Vous mefiſtes hier un Portrait que j'emporte dans lecœur , &i'ay peun que cefoit untrait empoisonnéquej'emporte.
Mais , dites-moy, ce beau Portrait ,
L'avez- vous fait d'apres nature ?
N'avez- vous point feint quelque trait,
Pour embellir voſtre peinture ?
Ce teint blanc , & ces blonds cheveux,
Cette main , ce bras, cette taille ,
CetEſprit tel que je le veux ,
Qui ſurprend , qui brille, qui raille,
Enfin cet amas ſans égal Debelles qualitez , dont moname eſt
ravie ,
}
GALANT. 71 Seroit- il dans l'Original ,
Tel qu'il eſt dans voſtreCopie ?
Si cela est , Madame,pour mon re- posiene dois iamais revenir à Aix ; ou plutost j'y dois bien-toſt revenir, car ie m'imagine qu'il eſt doux de perdre Son repos pour la Belle dont vous m'avez donné uneſi riche ideé.
Par tout ce que vous m'avez dit Vous avez charmé mon Eſprit ;
Voſtre Comteſſe eſt adorable :
Mais malgré les appas dont vous m'a- vezcharmé ,
Sibientoſt je n'en ſuis aimé,
Je declare d'abord qu'elle n'eſt point aimable.
Je suisd'un Mestier , où l'on n'aime pas à perdreson temps. Vous sçavez,
Madame, que nous autres Gens d'Af- faires nous sommes fort intereſſez ,&
que iamaisnousnefaiſons d'avances fi nous ne voyons un profit prompt afſſure.
72 LE MERCVRE
Jamais à la groſſe avanture Nous ne mettons ſoins ny ſoûpirs;
Nous voulons ſeureté meſme dans noſtre ufure ,
Et pretendons gagner cent pour cent enplaiſirs.
Sansnul ſcrupule en Gens fort ſages,
Nous nous faiſons payer l'intereſt d'un ſeul jour ,
Etcomme un Juifnoſtre amour
Ne preſte que ſur bons gages.
Il est bon , Madame , de donner cet avis àvôtre aimable Comteſſe,afin qu'el le examine ſi mon commerce la peut ac- commoder. Ie reviendray en cette Ville dans quelques jours , &fi elle me veut recevoir malgré mes uſures amoureuſes ,
i'iray chez elle étaler ma marchandise.
AAix,
Epars pour Marseille ,
jure ,
je vous
Madame , quej'y vais malgré moy. Vous mefiſtes hier un Portrait que j'emporte dans lecœur , &i'ay peun que cefoit untrait empoisonnéquej'emporte.
Mais , dites-moy, ce beau Portrait ,
L'avez- vous fait d'apres nature ?
N'avez- vous point feint quelque trait,
Pour embellir voſtre peinture ?
Ce teint blanc , & ces blonds cheveux,
Cette main , ce bras, cette taille ,
CetEſprit tel que je le veux ,
Qui ſurprend , qui brille, qui raille,
Enfin cet amas ſans égal Debelles qualitez , dont moname eſt
ravie ,
}
GALANT. 71 Seroit- il dans l'Original ,
Tel qu'il eſt dans voſtreCopie ?
Si cela est , Madame,pour mon re- posiene dois iamais revenir à Aix ; ou plutost j'y dois bien-toſt revenir, car ie m'imagine qu'il eſt doux de perdre Son repos pour la Belle dont vous m'avez donné uneſi riche ideé.
Par tout ce que vous m'avez dit Vous avez charmé mon Eſprit ;
Voſtre Comteſſe eſt adorable :
Mais malgré les appas dont vous m'a- vezcharmé ,
Sibientoſt je n'en ſuis aimé,
Je declare d'abord qu'elle n'eſt point aimable.
Je suisd'un Mestier , où l'on n'aime pas à perdreson temps. Vous sçavez,
Madame, que nous autres Gens d'Af- faires nous sommes fort intereſſez ,&
que iamaisnousnefaiſons d'avances fi nous ne voyons un profit prompt afſſure.
72 LE MERCVRE
Jamais à la groſſe avanture Nous ne mettons ſoins ny ſoûpirs;
Nous voulons ſeureté meſme dans noſtre ufure ,
Et pretendons gagner cent pour cent enplaiſirs.
Sansnul ſcrupule en Gens fort ſages,
Nous nous faiſons payer l'intereſt d'un ſeul jour ,
Etcomme un Juifnoſtre amour
Ne preſte que ſur bons gages.
Il est bon , Madame , de donner cet avis àvôtre aimable Comteſſe,afin qu'el le examine ſi mon commerce la peut ac- commoder. Ie reviendray en cette Ville dans quelques jours , &fi elle me veut recevoir malgré mes uſures amoureuſes ,
i'iray chez elle étaler ma marchandise.
AAix,
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Résumé : A MADAME DE F**
Dans une lettre adressée à Madame de F**, un homme d'affaires en route pour Marseille exprime son départ malgré lui, emportant un portrait de Madame qui l'a charmé. Il se questionne sur la fidélité de ce portrait et admire les qualités décrites. Prêt à sacrifier son repos pour elle, il mentionne également la comtesse de Madame, qu'il trouve adorable, mais souligne que son affection dépend du retour de ses sentiments. En tant qu'homme d'affaires, il ne fait pas d'avances sans garantie de profit, comparant son amour à un commerce nécessitant des assurances. Il invite la comtesse à évaluer si ce 'commerce' peut lui convenir et annonce son retour à Aix pour lui proposer ses services.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 89-116
Dispute d'Apollon & de l'Amour sur des Vers d'Iris. [titre d'après la table]
Début :
Je sçay, Madame, que ces témoignages de joye & de [...]
Mots clefs :
Amour, Iris, Apollon, Indifférent, Conversion, Aimer, Livres, Lecture, Vers, Ecolière, Coeur, Madame, Aimable, Apprendre, Esprit, Lettre, Pétrarque, Laure, Amant, Belle
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texteReconnaissance textuelle : Dispute d'Apollon & de l'Amour sur des Vers d'Iris. [titre d'après la table]
Je ſçay , Madame , que ces témoignages de joye & de ref- pect rendus à ce grand Mini- ſtre , n'auront rien de ſurpre
Cv
58 LE MERCVRE nant pour vous à qui tout fon merite eſt connu ; mais il vous
de ſera ſans doute d'apprendre la Converfion de l'Indifferent à
qui vous avez tant de fois re- proché l'air tranquille qui pa- roiſt dans toutes ſes actions , &
cette Philofophie ſoit natu- relle , ſoit artificielle dont il
ſe pique , quoy que la plupart des Gens la regardent en luy comme un défaut. Le croirezvous , Madame ? Il aime, & ap- paremment il ne ceſſera pas fi- toſt d'aimer, car quand l'Amour s'eſt une fois rendu maiſtre de
ces cœurs Philoſophes qui luy ont long-temps refifté , comme il ne ſeroit pas aſſuré d'y rentrer quand il voudroit , il n'aban- donne pas aisément la place.
Voicy ce que j'en ay pû décou- vrir. Il voyoit ſouvent une jeu-
GALANT. 59 ne & fort aimable Perfonne , &
n'avoit commencé à la voir que parce qu'elle aime les Livres &
ququ'elle a l'eſprit tres-éclairé.
Aprés luy avoir donné ſes avis ſur les lectures qu'elle
faire pour
devoz ne rien apprendre YON
Juy80%
confuſement , il s'offrit à
ſervir de Maiſtre pour l'Italien
& à force de luy faire dire ,
j'aime , dans une autre langue que la fienne , il ſouhaita d'en eſtre veritablement aimé. Ses
regards parlerent , & comme c'eſtoit un langage que la Belle n'entendoit pas , ou qu'elle fei- gnoit de ne point entendre , il ne put s'empeſcher un jour de buy reprocher ſon peu de fen- fibilité. Elle ſe défendit de ce
reproche ſur l'eſtime particu- liere qu'elle avoit pour luy.
Vous ſçavez , Madame , que Cvj
60 LE MERCVRE
l'eſtime ne ſatisfait point un Amant. Il luy declara qu'il en vouloit à ſon cœur , & qu'il ſe tiendroit malheureux tant qu'- elle luy en refuſeroit la tendref- fe. La Belle détourna ce difcours , & fit fi bien pendant quelque temps , qu'il ne pût trouver aucune occafion favorable de le pourſuivre. Il de- vint chagrin , & rêvoit aux
moyens de faire expliquer celle qu'il aimoit , quand on le vint confulter fur des Vers écrits
d'une main qui luy eſtoit in- connuë. Il eſt du meſtier , &
ceux que vous avez veus de ſa façon , vous donnent afſez lieu de croire qu'on s'en pouvoit rapporter à luy. Il prit le pa- pier qu'on luy donna, &leut ce qui fuit fans s'attacher qu'à la netteté de la Poësie.
{
GALANT. 61
Dourquoym'avoirfait confidence vous en vouliez à mon cœur?
Ilfaut que contre vous il se mette en défense,
Ie dois vous empeſcher d'en estre le vainqueur.
Ienem'estois point apperçeuë Que tous vospetits soins deuſſent m'e- tre suspects ,
Etquand j'enfaifois la revenë ,
Ieles prenoispour des reſpects.
Ah , que nem'avez vouslaiſſée ,
CruelTircis, dans cette douce erreur !
Vous me voyezembarrassée.
On l'est toûjours quand il s'agit du
cœur.
Il faut prendre party , je nedois plus attendre ,
Mais si vous m'attaquez , comment vousrepouffer ?
Quand on fent le besoin qu'on adese défendre,
Il estdéja bien tardde commencer.
62 LE MERCVRE
Ces Vers luy parurent d'un caractere doux & aife. Il le
dit d'abord à celuy qui luy en demandoit ſa penſée , & vous pouvez juger de ſa ſurpriſe quand on l'aſſura que c'eſtoit le début d'une Fille qu'il ap- prouvoit. Ce mot le frapa. II ſe ſouvint de la converſation
qu'il avoit euë avec ſa belle Ecoliere. Tout ce qu'il venoit
de lire s'y appliquoit , & cette penſée le fit entrer dans des tranſports de joye incroyables ;
mais il ceſſoit de ſe les permet- tre , fi- toſt qu'il faiſoit reflexion que ces Vers eſtoient trop bien tournez pour eftre le coupd'ef- ſay d'une Perſonne qui n'en avoit jamais fait , & qui ne ſe piquoit point du tout de s'y connoiſtre. L'incertitude luy faiſant peine, il reſolut d'en for-
GALANT. 63
tir. Il rendit viſite à la Belle, luy parla d'une nouveauté qui fai- foit bruit , leut ces Vers dont il avoit pris une copie , l'obferva en les lifant , & l'en ayant veu fourire, il l'embarafla fi fort,qu'il luy fit enfin avoüer que c'eſtoit elle qui les avoit faits. Elle ne luy fit cet aveu qu'en rougif- ſant , & en luy ordonnant de les regarder comme un fimple divertiſſement que fa Muſe naiſſante s'eſtoit permis , &
dont elle avoit voulu le rendre
Juge def- intereſſé , en luy ca- chant qu'elle s'eſtoit meflée de rimer. La referve ne l'étonna
point , il comprit ſans peine ce qu'on vouloit bien qu'il cruft,
& abandonna ſon cœur à ſa
paffion. Celle qui la cauſe en eft fort digne. Vous eſtes déja convaincuë de ſon eſprit par
64 LE MERCVRE fes Vers , &je ne la flate point en adjoûtant qu'elle eſt aſſez belle pour ſe pouvoir paffer d'eſprit , quoy qu'il ſemble que ce foit eſtre belle & fpirituelle contre les regles , que d'eſtre l'un & l'autre en meſime temps.
Si vous la voulez connoiſtre
plus particulierement , imagi- nez- vous une Brune qui a la taille tres-bien priſe , quoy que mediocre ; le plus bel œil qu'on ait jamais veu , la bouche éga- lement belle, le teint &la gorge admirables , & outre tout cela
un air doux & modefte qui ne vous la rendra nullement fufpecte de faire des Vers. Voila
fon veritable Portrait. Tout ce
qu'onluy reproche pourdéfaut,
c'eſt unpeu tropde mélancolie,
unedéfiance perpetuelle d'elle- meſme , & une_timidité qu'elle
GALAN T. 65
a peine à vaincre , meſme avec ceux dont elle ne doit rien ap- prehender. Les Vers d'une fi aimable Perſonne n'eſtoient pas de nature à demeurer ſans réponſe, &quand noſtre Amant Philoſophe n'auroit pas eſté Poëte il y avoit déja long- tems,
c'eſtoit là une occafion à le devenir. A peine deux ou trois jours s'eſtoient-ils pafſſez , que la Belle reçeut un Pacquet dans lequel elle ne trouva que cette Lettre. Elle estoit dattée du
Parnaffe & avoit pourTitre
APPOLLON,
A LA JEUNE
V
IRIS.
Os Vers aimable Iris, ont fait du
bruit icy
66 LE MERCVRE
Onvous nomme au Parnaffe une petite Muse.
Puisque voſtre début afi bien réüſſy,
Vous irez loin, ou jem'abuse.
NosPoëtes galans l'ont beaucoup ad-.
miré ,
Les Femmes Beaux Esprits ,telle que fut la Suze ,
Pourdire tout,l'ont unpeucenfuré.
Ieſuis ravyque vous soyez des noſtres.
Estre le Dieu des Vers feroit un fort biendoux ,
Si parmy les Autheurs il n'en estoit point d'autres Quedes Autheursfait comme vous.
I'ayfurles beaux Esprits unepuiſſance
9 Tentiere ,
Ils reconnoiſſent tous ma Iurisdiction.
Avous dire le vray c'est une Nation Dontje suis dégoûté d'une étrange ma- niere.
Et meſme quelquefois dans mes bruſques transports ,
GALAN T. 67
Peu s'en faut qu'à jamais je ne les
abandonne;
Mais si les beaux Esprits estoient de
jolis Corps,
Ieme plairois àl'employ qu'on me donne.
Dés que vous me ferez l'honneur de
m'invoquer ,
Fiez-vous-en à moy , je ne tarderay
guerre,
Et lorsque mon secours vousfera neceffaire ,
Affurez- vous qu'il ne vous pent
manquer.
Ie vous diray pourtant un point qui m'embarasse ;
Un certainpetit Dieu fripon ,
(Ienesçayſeulementfi vous sçavezfon
nom,
Ils'appelle l'Amour ) a pouffé son au dace
Iusqu'à meſoûtenir en face ,
Que vos Versſont deſa façon ,
Et pour vous , m'a-t-ildit , conſolez yous de grace',
-
68 LE MERCVRE
Cen'est pas vous dont elle a pris leçon.
Quoy qu'ilse pare envain de cefaux
avantage,
Il aquelqueſujet de dire ce qu'il dit ;
Vous parlez dans vos Vers un affez doux langage,
Etpeut-estre apres tout l'Amant dont ils'agit Iugeroit que ducœur ces Vers seroient l'ouvrage ,
Si parmalheur pour luy vous n'aviez
tropd'esprit.
N'allezpas de l'Amourdevenir l'Eco- liere ,
Ce Maistre dangereux conduit tout de
travers,
Vous ne feriez jamais de Piece regu
liere
Si cepetit Broisillon vous inspiroit vos
Vers.
Adieu, charmante Iris ,j'auray ſoin que la Rime د
GALAN T. 69
Quandvous compoſerez, ne vousrefu- Se rien.
Maisque cesoit moy ſeul au moins qui vous anime,
Autrement tout n'iroit pas bien.
La Belle n'eut pas de peine àdeviner qui eſtoit l'Appollon
de la Lettre , mais elle reſva quelque temps ſur unpetit ſcru- pule délicat qui luy vint. Elle n'euſt pas eſté bien- aiſe qu'on luy euſt fait l'injustice de don- ner à l'Amour tout l'honneur
des Vers qu'elle avoit faits,mais elle nepouvoit d'ailleurs pene- trer par quel intereſt ſon Amant avoit tant de peur qu'on ne les attribuât à l'Amour ; & fi elle
luy avoit defendu de croire qu'ils fufſent autre choſe qu'un jeu d'eſprit où ſon cœur n'a- voit point de part, elle trouvoit qu'il euſt pu ſe diſpenſer de
70 LE MERCVRE luy conſeiller auſſi fortement qu'il faiſoit de ne ſe ſervir ja- mais que des Leçons d'Apol- lon. C'eſtoit luy faire connoiſtre qu'il n'avoit fouhaité que foi- blement d'eſtre aimé ; &le dépit d'avoir répondu trop favo- rablement à ſa premiere decla- ration , luy faifoit relire ſa Let- tre, pour voir ſi elle n'y décou- vriroit point quelque ſens ca- ché qui pût affoiblir le repro- che qu'elle s'en faifoit , quand on luy en apporta une fecon- ded'une autre main. Elle l'ou- vrit avec précipitation, &y lût
cesVers.
GALANT. 71
.
L'AMOUR,
A LA BELLE IRIS.
A
Vez-vous lûmon nom fans chan- gerdecouleur ? :
VostreSurprise , Iris , n'est-elle pas ex- trème?
Raffurez-vous; mon nom fait toûjours plusdepeur Queien'en auroisfait moy-méme.
*
Voftre Ouvrage galant , début affez heureux,
loufie.
Entre Apollon &moy met de la'jaIl s'agit de sçavoir lequel est de nous
deux
Vostre Maistre de Poësie.
Franchement , Apollon n'est pas d'un grandSecours ,
72 LE MERCVRE
En matiere de Vers ie ne le craindrois
guere ,
Et ie le défierois defaire D'auſſi bons Ecoliers que i'enfais tous les jours.
Quels travaux affidus pour former un Poëte ,
Etquel temps ne luyfaut-ilpas ?
On est quitte avec moyde tout cet embarras ;
Qu'on aime unpeu, l'affaire est faite.
Cherchez- vous à vous épargner
Cent preceptes de l'Art , qu'il seroit longd'apprendre ?
Vne rêverie unpeu tendre ,
Enunmoment vousvatout enſeigner.
F'inſtruis d'une maniere affez courte &
facile;
Commencer par l'Esprit c'est un ſoin inutile ,
Fort longdumoins , quand mesme il
réuffit.
Ie
GALANT. 73 Ievais tout droit au Cœur , &fais plus deprofit ,
Carquandle Cœur est unefois docile,
Onfait ce qu'on veut de l'Esprit.
Quand vous fistes vos Vers, dites-le moyſans feinte,
Lesfentiez-vous couler de ſource &
Janscontraintes
Ievousles infpirois , Iris , n'endoutez.
pas..
Si fortant lentement & d'une froide
veine ,
Sillabe aprés fillabe ils marchoient avec
3. peine,
C'estoit Apollon en cecas.
Lequelavoñez- vous , Iris , pour vostre Maistre ?
Ie m'inquiete peu pour qui vous pro- nonciez;
Car enfin ie le pourrois estre - Sans que vous- meſme leſceuſſiez
Ie ne penſerois pas avoir perdu ma cause,
Tome X.
74 LE MERCVRE Quandvous décideriez, enfaveur d'un
Rival ;
Etmesme incognito, fi i'avoisfait la chofe,
Mes affaires chez-vous n'en iroientpas plus mat
Maisquand ie n'aurois point d'autre part à l'Ouvrage,
Sans contestation i'ay donnéleſuiet.
C'eſt toûjours un grand avantage,
Belle Iris, i'ensuisfatisfair.
Cette ſeconde Lettre éclaircit entierement le doute de la
Belle. Elle ne fut pas fâchéede voir que celuy qui avoit fi bien parlé pourApollon , n'euſt pas laiſſé le pauvre Amour indé- fendu , &elle vit bien qu'il ne luy avoit propoſé les raiſons de part &d'autre , que pour l'en- gager à décider lequel des deux avoit plus de part à ſes Vers,
ou de l'Eſprit , ou duCœur, La
GALANT. 75.
Queſtion eſtoit délicate. On la
preſſa long-temps de donner un Jugement. Elle ſe récuſoit toû- jours elle-meſme,&s'eſtant en- fin refoluë à prononcer , voicy un Billetqu'elle fit rendre àfon Amant pourApollon.
SireApollon, ce n'estpas une affaire Que deux ou trois Quatrainsque i'ay faitspar hazard,
Et ie croy qu'apres tout vousn'y per- driezquere Quand l'Amour Sſeut y devroit avoir
part.
Nevousalarmezpoint; s'il faut nom- mer mon Maistre ,
Ieiureray tout haut que mes Versfont devous.
Ilscouloientpourtant, entre nous,
Comme Amour dit qu'il les fait naiſtre.
Je croy , Madame , que fans enexcepterPetrarque, &Laure
:
Dij
76 LE MERCVRE d'amoureuſe memoire , voila
l'intrigue la plus poëtique dont on ait jamais entendu parler ,
car elle l'eſt des deux coſtez .
Nous ne trouvons point les Vers que la belle Laure a faits pour répõdre à ceux de Petrar- que ; mais cette Laure- cy paye ſon Petrarque en même mon- noye, & l'attachement qu'ils ont l'un pour l'autre s'eſt tellement augmétépar cet agreable com- merce dePoëfie, qu'ils ſemblent n'avoir plus de joye qu'en ſe voyant. Je les attens au Sacre- ment, s'ils vont jamais juſques- là; car il n'y a guere de paſſions qu'il n'affoibliſſe , & l'Amour dans l'ordinaire, demeure tellement déconcerté par le Maria- ge , qu'on a quelque raiſon d'af- furerqu'iln'a pointde plus irré- conciliable Ennemy.
Cv
58 LE MERCVRE nant pour vous à qui tout fon merite eſt connu ; mais il vous
de ſera ſans doute d'apprendre la Converfion de l'Indifferent à
qui vous avez tant de fois re- proché l'air tranquille qui pa- roiſt dans toutes ſes actions , &
cette Philofophie ſoit natu- relle , ſoit artificielle dont il
ſe pique , quoy que la plupart des Gens la regardent en luy comme un défaut. Le croirezvous , Madame ? Il aime, & ap- paremment il ne ceſſera pas fi- toſt d'aimer, car quand l'Amour s'eſt une fois rendu maiſtre de
ces cœurs Philoſophes qui luy ont long-temps refifté , comme il ne ſeroit pas aſſuré d'y rentrer quand il voudroit , il n'aban- donne pas aisément la place.
Voicy ce que j'en ay pû décou- vrir. Il voyoit ſouvent une jeu-
GALANT. 59 ne & fort aimable Perfonne , &
n'avoit commencé à la voir que parce qu'elle aime les Livres &
ququ'elle a l'eſprit tres-éclairé.
Aprés luy avoir donné ſes avis ſur les lectures qu'elle
faire pour
devoz ne rien apprendre YON
Juy80%
confuſement , il s'offrit à
ſervir de Maiſtre pour l'Italien
& à force de luy faire dire ,
j'aime , dans une autre langue que la fienne , il ſouhaita d'en eſtre veritablement aimé. Ses
regards parlerent , & comme c'eſtoit un langage que la Belle n'entendoit pas , ou qu'elle fei- gnoit de ne point entendre , il ne put s'empeſcher un jour de buy reprocher ſon peu de fen- fibilité. Elle ſe défendit de ce
reproche ſur l'eſtime particu- liere qu'elle avoit pour luy.
Vous ſçavez , Madame , que Cvj
60 LE MERCVRE
l'eſtime ne ſatisfait point un Amant. Il luy declara qu'il en vouloit à ſon cœur , & qu'il ſe tiendroit malheureux tant qu'- elle luy en refuſeroit la tendref- fe. La Belle détourna ce difcours , & fit fi bien pendant quelque temps , qu'il ne pût trouver aucune occafion favorable de le pourſuivre. Il de- vint chagrin , & rêvoit aux
moyens de faire expliquer celle qu'il aimoit , quand on le vint confulter fur des Vers écrits
d'une main qui luy eſtoit in- connuë. Il eſt du meſtier , &
ceux que vous avez veus de ſa façon , vous donnent afſez lieu de croire qu'on s'en pouvoit rapporter à luy. Il prit le pa- pier qu'on luy donna, &leut ce qui fuit fans s'attacher qu'à la netteté de la Poësie.
{
GALANT. 61
Dourquoym'avoirfait confidence vous en vouliez à mon cœur?
Ilfaut que contre vous il se mette en défense,
Ie dois vous empeſcher d'en estre le vainqueur.
Ienem'estois point apperçeuë Que tous vospetits soins deuſſent m'e- tre suspects ,
Etquand j'enfaifois la revenë ,
Ieles prenoispour des reſpects.
Ah , que nem'avez vouslaiſſée ,
CruelTircis, dans cette douce erreur !
Vous me voyezembarrassée.
On l'est toûjours quand il s'agit du
cœur.
Il faut prendre party , je nedois plus attendre ,
Mais si vous m'attaquez , comment vousrepouffer ?
Quand on fent le besoin qu'on adese défendre,
Il estdéja bien tardde commencer.
62 LE MERCVRE
Ces Vers luy parurent d'un caractere doux & aife. Il le
dit d'abord à celuy qui luy en demandoit ſa penſée , & vous pouvez juger de ſa ſurpriſe quand on l'aſſura que c'eſtoit le début d'une Fille qu'il ap- prouvoit. Ce mot le frapa. II ſe ſouvint de la converſation
qu'il avoit euë avec ſa belle Ecoliere. Tout ce qu'il venoit
de lire s'y appliquoit , & cette penſée le fit entrer dans des tranſports de joye incroyables ;
mais il ceſſoit de ſe les permet- tre , fi- toſt qu'il faiſoit reflexion que ces Vers eſtoient trop bien tournez pour eftre le coupd'ef- ſay d'une Perſonne qui n'en avoit jamais fait , & qui ne ſe piquoit point du tout de s'y connoiſtre. L'incertitude luy faiſant peine, il reſolut d'en for-
GALANT. 63
tir. Il rendit viſite à la Belle, luy parla d'une nouveauté qui fai- foit bruit , leut ces Vers dont il avoit pris une copie , l'obferva en les lifant , & l'en ayant veu fourire, il l'embarafla fi fort,qu'il luy fit enfin avoüer que c'eſtoit elle qui les avoit faits. Elle ne luy fit cet aveu qu'en rougif- ſant , & en luy ordonnant de les regarder comme un fimple divertiſſement que fa Muſe naiſſante s'eſtoit permis , &
dont elle avoit voulu le rendre
Juge def- intereſſé , en luy ca- chant qu'elle s'eſtoit meflée de rimer. La referve ne l'étonna
point , il comprit ſans peine ce qu'on vouloit bien qu'il cruft,
& abandonna ſon cœur à ſa
paffion. Celle qui la cauſe en eft fort digne. Vous eſtes déja convaincuë de ſon eſprit par
64 LE MERCVRE fes Vers , &je ne la flate point en adjoûtant qu'elle eſt aſſez belle pour ſe pouvoir paffer d'eſprit , quoy qu'il ſemble que ce foit eſtre belle & fpirituelle contre les regles , que d'eſtre l'un & l'autre en meſime temps.
Si vous la voulez connoiſtre
plus particulierement , imagi- nez- vous une Brune qui a la taille tres-bien priſe , quoy que mediocre ; le plus bel œil qu'on ait jamais veu , la bouche éga- lement belle, le teint &la gorge admirables , & outre tout cela
un air doux & modefte qui ne vous la rendra nullement fufpecte de faire des Vers. Voila
fon veritable Portrait. Tout ce
qu'onluy reproche pourdéfaut,
c'eſt unpeu tropde mélancolie,
unedéfiance perpetuelle d'elle- meſme , & une_timidité qu'elle
GALAN T. 65
a peine à vaincre , meſme avec ceux dont elle ne doit rien ap- prehender. Les Vers d'une fi aimable Perſonne n'eſtoient pas de nature à demeurer ſans réponſe, &quand noſtre Amant Philoſophe n'auroit pas eſté Poëte il y avoit déja long- tems,
c'eſtoit là une occafion à le devenir. A peine deux ou trois jours s'eſtoient-ils pafſſez , que la Belle reçeut un Pacquet dans lequel elle ne trouva que cette Lettre. Elle estoit dattée du
Parnaffe & avoit pourTitre
APPOLLON,
A LA JEUNE
V
IRIS.
Os Vers aimable Iris, ont fait du
bruit icy
66 LE MERCVRE
Onvous nomme au Parnaffe une petite Muse.
Puisque voſtre début afi bien réüſſy,
Vous irez loin, ou jem'abuse.
NosPoëtes galans l'ont beaucoup ad-.
miré ,
Les Femmes Beaux Esprits ,telle que fut la Suze ,
Pourdire tout,l'ont unpeucenfuré.
Ieſuis ravyque vous soyez des noſtres.
Estre le Dieu des Vers feroit un fort biendoux ,
Si parmy les Autheurs il n'en estoit point d'autres Quedes Autheursfait comme vous.
I'ayfurles beaux Esprits unepuiſſance
9 Tentiere ,
Ils reconnoiſſent tous ma Iurisdiction.
Avous dire le vray c'est une Nation Dontje suis dégoûté d'une étrange ma- niere.
Et meſme quelquefois dans mes bruſques transports ,
GALAN T. 67
Peu s'en faut qu'à jamais je ne les
abandonne;
Mais si les beaux Esprits estoient de
jolis Corps,
Ieme plairois àl'employ qu'on me donne.
Dés que vous me ferez l'honneur de
m'invoquer ,
Fiez-vous-en à moy , je ne tarderay
guerre,
Et lorsque mon secours vousfera neceffaire ,
Affurez- vous qu'il ne vous pent
manquer.
Ie vous diray pourtant un point qui m'embarasse ;
Un certainpetit Dieu fripon ,
(Ienesçayſeulementfi vous sçavezfon
nom,
Ils'appelle l'Amour ) a pouffé son au dace
Iusqu'à meſoûtenir en face ,
Que vos Versſont deſa façon ,
Et pour vous , m'a-t-ildit , conſolez yous de grace',
-
68 LE MERCVRE
Cen'est pas vous dont elle a pris leçon.
Quoy qu'ilse pare envain de cefaux
avantage,
Il aquelqueſujet de dire ce qu'il dit ;
Vous parlez dans vos Vers un affez doux langage,
Etpeut-estre apres tout l'Amant dont ils'agit Iugeroit que ducœur ces Vers seroient l'ouvrage ,
Si parmalheur pour luy vous n'aviez
tropd'esprit.
N'allezpas de l'Amourdevenir l'Eco- liere ,
Ce Maistre dangereux conduit tout de
travers,
Vous ne feriez jamais de Piece regu
liere
Si cepetit Broisillon vous inspiroit vos
Vers.
Adieu, charmante Iris ,j'auray ſoin que la Rime د
GALAN T. 69
Quandvous compoſerez, ne vousrefu- Se rien.
Maisque cesoit moy ſeul au moins qui vous anime,
Autrement tout n'iroit pas bien.
La Belle n'eut pas de peine àdeviner qui eſtoit l'Appollon
de la Lettre , mais elle reſva quelque temps ſur unpetit ſcru- pule délicat qui luy vint. Elle n'euſt pas eſté bien- aiſe qu'on luy euſt fait l'injustice de don- ner à l'Amour tout l'honneur
des Vers qu'elle avoit faits,mais elle nepouvoit d'ailleurs pene- trer par quel intereſt ſon Amant avoit tant de peur qu'on ne les attribuât à l'Amour ; & fi elle
luy avoit defendu de croire qu'ils fufſent autre choſe qu'un jeu d'eſprit où ſon cœur n'a- voit point de part, elle trouvoit qu'il euſt pu ſe diſpenſer de
70 LE MERCVRE luy conſeiller auſſi fortement qu'il faiſoit de ne ſe ſervir ja- mais que des Leçons d'Apol- lon. C'eſtoit luy faire connoiſtre qu'il n'avoit fouhaité que foi- blement d'eſtre aimé ; &le dépit d'avoir répondu trop favo- rablement à ſa premiere decla- ration , luy faifoit relire ſa Let- tre, pour voir ſi elle n'y décou- vriroit point quelque ſens ca- ché qui pût affoiblir le repro- che qu'elle s'en faifoit , quand on luy en apporta une fecon- ded'une autre main. Elle l'ou- vrit avec précipitation, &y lût
cesVers.
GALANT. 71
.
L'AMOUR,
A LA BELLE IRIS.
A
Vez-vous lûmon nom fans chan- gerdecouleur ? :
VostreSurprise , Iris , n'est-elle pas ex- trème?
Raffurez-vous; mon nom fait toûjours plusdepeur Queien'en auroisfait moy-méme.
*
Voftre Ouvrage galant , début affez heureux,
loufie.
Entre Apollon &moy met de la'jaIl s'agit de sçavoir lequel est de nous
deux
Vostre Maistre de Poësie.
Franchement , Apollon n'est pas d'un grandSecours ,
72 LE MERCVRE
En matiere de Vers ie ne le craindrois
guere ,
Et ie le défierois defaire D'auſſi bons Ecoliers que i'enfais tous les jours.
Quels travaux affidus pour former un Poëte ,
Etquel temps ne luyfaut-ilpas ?
On est quitte avec moyde tout cet embarras ;
Qu'on aime unpeu, l'affaire est faite.
Cherchez- vous à vous épargner
Cent preceptes de l'Art , qu'il seroit longd'apprendre ?
Vne rêverie unpeu tendre ,
Enunmoment vousvatout enſeigner.
F'inſtruis d'une maniere affez courte &
facile;
Commencer par l'Esprit c'est un ſoin inutile ,
Fort longdumoins , quand mesme il
réuffit.
Ie
GALANT. 73 Ievais tout droit au Cœur , &fais plus deprofit ,
Carquandle Cœur est unefois docile,
Onfait ce qu'on veut de l'Esprit.
Quand vous fistes vos Vers, dites-le moyſans feinte,
Lesfentiez-vous couler de ſource &
Janscontraintes
Ievousles infpirois , Iris , n'endoutez.
pas..
Si fortant lentement & d'une froide
veine ,
Sillabe aprés fillabe ils marchoient avec
3. peine,
C'estoit Apollon en cecas.
Lequelavoñez- vous , Iris , pour vostre Maistre ?
Ie m'inquiete peu pour qui vous pro- nonciez;
Car enfin ie le pourrois estre - Sans que vous- meſme leſceuſſiez
Ie ne penſerois pas avoir perdu ma cause,
Tome X.
74 LE MERCVRE Quandvous décideriez, enfaveur d'un
Rival ;
Etmesme incognito, fi i'avoisfait la chofe,
Mes affaires chez-vous n'en iroientpas plus mat
Maisquand ie n'aurois point d'autre part à l'Ouvrage,
Sans contestation i'ay donnéleſuiet.
C'eſt toûjours un grand avantage,
Belle Iris, i'ensuisfatisfair.
Cette ſeconde Lettre éclaircit entierement le doute de la
Belle. Elle ne fut pas fâchéede voir que celuy qui avoit fi bien parlé pourApollon , n'euſt pas laiſſé le pauvre Amour indé- fendu , &elle vit bien qu'il ne luy avoit propoſé les raiſons de part &d'autre , que pour l'en- gager à décider lequel des deux avoit plus de part à ſes Vers,
ou de l'Eſprit , ou duCœur, La
GALANT. 75.
Queſtion eſtoit délicate. On la
preſſa long-temps de donner un Jugement. Elle ſe récuſoit toû- jours elle-meſme,&s'eſtant en- fin refoluë à prononcer , voicy un Billetqu'elle fit rendre àfon Amant pourApollon.
SireApollon, ce n'estpas une affaire Que deux ou trois Quatrainsque i'ay faitspar hazard,
Et ie croy qu'apres tout vousn'y per- driezquere Quand l'Amour Sſeut y devroit avoir
part.
Nevousalarmezpoint; s'il faut nom- mer mon Maistre ,
Ieiureray tout haut que mes Versfont devous.
Ilscouloientpourtant, entre nous,
Comme Amour dit qu'il les fait naiſtre.
Je croy , Madame , que fans enexcepterPetrarque, &Laure
:
Dij
76 LE MERCVRE d'amoureuſe memoire , voila
l'intrigue la plus poëtique dont on ait jamais entendu parler ,
car elle l'eſt des deux coſtez .
Nous ne trouvons point les Vers que la belle Laure a faits pour répõdre à ceux de Petrar- que ; mais cette Laure- cy paye ſon Petrarque en même mon- noye, & l'attachement qu'ils ont l'un pour l'autre s'eſt tellement augmétépar cet agreable com- merce dePoëfie, qu'ils ſemblent n'avoir plus de joye qu'en ſe voyant. Je les attens au Sacre- ment, s'ils vont jamais juſques- là; car il n'y a guere de paſſions qu'il n'affoibliſſe , & l'Amour dans l'ordinaire, demeure tellement déconcerté par le Maria- ge , qu'on a quelque raiſon d'af- furerqu'iln'a pointde plus irré- conciliable Ennemy.
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Résumé : Dispute d'Apollon & de l'Amour sur des Vers d'Iris. [titre d'après la table]
Le texte décrit la transformation amoureuse d'un homme initialement connu pour son indifférence et son détachement philosophique. Cet homme rencontre une jeune femme cultivée et aimable, ce qui marque le début de leur relation. Leur lien se renforce à travers des échanges littéraires et des poèmes. La jeune femme, après avoir écrit des vers, reçoit des lettres d'Apollon et d'Amour, chacun affirmant être l'inspirateur de ses poèmes. Après réflexion, elle reconnaît l'influence d'Apollon sur ses vers tout en admettant l'impact d'Amour. Le texte se conclut par une comparaison avec l'histoire de Pétrarque et Laure, soulignant la beauté poétique de cette intrigue amoureuse.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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5
p. 60-66
Morts, [titre d'après la table]
Début :
Il y a eu depuis peu de temps plusieurs Morts considérables, [...]
Mots clefs :
Seigneur, Parlement, Madame, Duchesse, Capitaine, Maisons, Décès, Conseiller, Monsieur de Manicamp
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Morts, [titre d'après la table]
Il y a eu depuis peu de temps
plufieurs Morts confidérables ,
dont voicy les noms .
Meffire lean Louis l'Etang de
Fromentieres , Evefque d'Aire.
Il eftoit d'une illuftre Maifon du
Maine , & digne de l'Epifcopat ,
par fa naiffance , par fa vertu , &
par fon érudition. Vous fçavez ,
Madame , qu'il avoit prefché
>
dans les meilleures Chaires de
Paris,& à la Cour, avec de grands
applaudiffement , & que le fuccés
qu'il Y avoit eu luy avoit
acquis le nom d'un des plus
grands Prédicateurs qu'on euft
entendus. Il eft mort dans fom
Diocéfe.
GALANT. 61
Monfieur de Manicamp . II
eftoit Frere de Madame la Maréchale
Ducheffe d'Eftrées , Fils
de Charles de Longueval , Seigneur
de Manicamp , Meftre de
Camp du Regiment de Normandie
, & Maréchal des Camps &
Armées du Roy , & Petit- fils de
Phillippe de Longueval , Seigneur
de Manicamp, & d'Ifabeau
de Tou . La Maifon de Longueval
, qui eft divifée en plufieurs
Branches , qui font celles de Buquoy
, Tenelles , Anaucourt ,
Creffy , & Manicamp , eft une
des plus anciennes & des plus
illuftres de Picardie. Elle a commencé
à paroiftre il y a quatre ou
cinq fiécles. Plufieurs Seigneurs
de ce nom ont efté à la Terre
Sainte, où ils ont fait des actions
mémorables . Quelques - uns fe
font diftinguez à des Batailles ,
62 MERCURE
comme à celles de Courtra , & ·
d'Azincourt . L'un d'eux qui étoit
Gouverneur de Luxembourg,en
foûtint le Siege en 1643. & fut
fait enfuite Gouverneur , Lieutenant
Genéral en Champagne.
Dela Branche de Buquoy , étoit
ce grand Capitaine le Comte de
Buquoy , qui fit tant de belles
chofes fous Charles- Quint dans
les Païs- Bas . Cette Branche de
Buquoy eft celebre en France ,
& fort attachée aux Princes du
Païs Bas Espagnol . La Maifon
de Longueval porte pour Armes ,
Bande de verd & de gueule de
fix pièces , & a pris Alliance dans
celles de Montmorency , Beaumart
, Auxis , Melun , Divion ,
Mailly, Lamdas , Flandres , Comte
, Eftourmel , Aumale , Mifcocq
, Vignancourt , Etrées ,
Bourbon , Maridor & autres
GALANT. 63
Monfieur de Manicamp eft mortavec
beaucoup de réfignation , &
apres avoir reçeu tous les Sacremens.
Meffire Jacques Defpériers ,
Preftre , Docteur en Theologie ,
de la Maiſon & Societé de Sor
bonne , mort le 28. du dernier
mois. Il eftoit Profeffeur du Roy
aux Ecoles de la méme Maiſon
de Sorbonne , & Principal du
Collège de Lifieux . Il a enfeigné
long temps la Philofophie , & l'on
s'empreffoit à faire fon Cours
fous luy.
>
Meffire Jacques Charton ;
Preftre Docteur en Theolo
gie , de la maifon & Societé de
Sorbonne , mort le premier jour
de cette année . Il eftoit Chanoine
& Grand Pénitentier de l'Eglife
de Paris. Monfieur l'Archevefque
a donné fa Chanoinie à
Monfieur l'Abbé Robert , Fils
64 MERCURE
d'un fameux Avocat , & Frere
de Monfieur Robert , Procureur
du Roy au Châtelet . Ie ne vous
dis point , Madame , que Mon-
Geur Robert , demeuré feul
Procureur du Roy , eft fage , intelligent
, & fort eftimé de Sa
Majefté , & dans fa Compagnie,
Ce font des chofes que tout le
monde connoift .
Meffire Louis de Faure , Baron
de Dampmard , Seigneur de
Puifieux , de Brumiers , & de Clamare
en partie , mort le 8. de ce
mois , âgé de foixante & douze
ans. Il eftoit de la Grand'Chambre
, & avoit efté receu Confeiller
au Parlement de Paris le 11.
May 1640. apres l'avoir efté au
Parlement de Grenoble. Meffire
lean de Faure , fon Pere , Seigneur
de Brumiers & d'Orme ,
eftoit Fils d'un autre lean de FauGALANT.
65
re , Secretaire du Roy , & proche
Parent de Meffieurs de Bezons
, Perrot , Malo , Doujat ,
Philippes de Gilly , Tronçon ,
Cognard , tous Confeillers au
parlement , & allié de Meffieurs
de Seve , Boulanger , Gobelin ,
Clapiffon , & de plufieurs autres
des premieres Familles de la Robe
. Monfieur de Faure, qui vient
de mourir , a laiffé cinq Enfans ,
trois Fils , & deux Filles & beaucoup
de Bien. Ses Armes font
fix Couronnes d'argent en champ de
gueules , qui traverſent l'Ecu
trois Cornets d'or en champ d'azur
, trois Grenades rouges auffi
en champ d'azur , un Chevron
d'or rompu , & une Couronne de
Baron au deffus, Monfieur de
Flos eft monté à la Grand'Chambre
en la place de Monfieur
Faure .
66 MERCURE
Jacques Pouffet, Ecuyer , Sieur
de Montaubau , mort le 16. de ce
mois . Il eftoit ancien Avocat au
Parlement , où il avoit paru avec
éclat , & ancien Echevin de Paris.
Son heureux génie ne l'avoit pas
feulement fait diftinguer dans les
chofes du Barreau , mais encore
dans ce qui regarde le Theatre.
Nous avons de luy plufieursTragédies
, qui ont efté reçues tresfavorablement
du Public .
On fait des Hyvers comme des
Printemps . En voicy un d'un
habile Maiftre . Les paroles font
de Monfieur Diéreville .
plufieurs Morts confidérables ,
dont voicy les noms .
Meffire lean Louis l'Etang de
Fromentieres , Evefque d'Aire.
Il eftoit d'une illuftre Maifon du
Maine , & digne de l'Epifcopat ,
par fa naiffance , par fa vertu , &
par fon érudition. Vous fçavez ,
Madame , qu'il avoit prefché
>
dans les meilleures Chaires de
Paris,& à la Cour, avec de grands
applaudiffement , & que le fuccés
qu'il Y avoit eu luy avoit
acquis le nom d'un des plus
grands Prédicateurs qu'on euft
entendus. Il eft mort dans fom
Diocéfe.
GALANT. 61
Monfieur de Manicamp . II
eftoit Frere de Madame la Maréchale
Ducheffe d'Eftrées , Fils
de Charles de Longueval , Seigneur
de Manicamp , Meftre de
Camp du Regiment de Normandie
, & Maréchal des Camps &
Armées du Roy , & Petit- fils de
Phillippe de Longueval , Seigneur
de Manicamp, & d'Ifabeau
de Tou . La Maifon de Longueval
, qui eft divifée en plufieurs
Branches , qui font celles de Buquoy
, Tenelles , Anaucourt ,
Creffy , & Manicamp , eft une
des plus anciennes & des plus
illuftres de Picardie. Elle a commencé
à paroiftre il y a quatre ou
cinq fiécles. Plufieurs Seigneurs
de ce nom ont efté à la Terre
Sainte, où ils ont fait des actions
mémorables . Quelques - uns fe
font diftinguez à des Batailles ,
62 MERCURE
comme à celles de Courtra , & ·
d'Azincourt . L'un d'eux qui étoit
Gouverneur de Luxembourg,en
foûtint le Siege en 1643. & fut
fait enfuite Gouverneur , Lieutenant
Genéral en Champagne.
Dela Branche de Buquoy , étoit
ce grand Capitaine le Comte de
Buquoy , qui fit tant de belles
chofes fous Charles- Quint dans
les Païs- Bas . Cette Branche de
Buquoy eft celebre en France ,
& fort attachée aux Princes du
Païs Bas Espagnol . La Maifon
de Longueval porte pour Armes ,
Bande de verd & de gueule de
fix pièces , & a pris Alliance dans
celles de Montmorency , Beaumart
, Auxis , Melun , Divion ,
Mailly, Lamdas , Flandres , Comte
, Eftourmel , Aumale , Mifcocq
, Vignancourt , Etrées ,
Bourbon , Maridor & autres
GALANT. 63
Monfieur de Manicamp eft mortavec
beaucoup de réfignation , &
apres avoir reçeu tous les Sacremens.
Meffire Jacques Defpériers ,
Preftre , Docteur en Theologie ,
de la Maiſon & Societé de Sor
bonne , mort le 28. du dernier
mois. Il eftoit Profeffeur du Roy
aux Ecoles de la méme Maiſon
de Sorbonne , & Principal du
Collège de Lifieux . Il a enfeigné
long temps la Philofophie , & l'on
s'empreffoit à faire fon Cours
fous luy.
>
Meffire Jacques Charton ;
Preftre Docteur en Theolo
gie , de la maifon & Societé de
Sorbonne , mort le premier jour
de cette année . Il eftoit Chanoine
& Grand Pénitentier de l'Eglife
de Paris. Monfieur l'Archevefque
a donné fa Chanoinie à
Monfieur l'Abbé Robert , Fils
64 MERCURE
d'un fameux Avocat , & Frere
de Monfieur Robert , Procureur
du Roy au Châtelet . Ie ne vous
dis point , Madame , que Mon-
Geur Robert , demeuré feul
Procureur du Roy , eft fage , intelligent
, & fort eftimé de Sa
Majefté , & dans fa Compagnie,
Ce font des chofes que tout le
monde connoift .
Meffire Louis de Faure , Baron
de Dampmard , Seigneur de
Puifieux , de Brumiers , & de Clamare
en partie , mort le 8. de ce
mois , âgé de foixante & douze
ans. Il eftoit de la Grand'Chambre
, & avoit efté receu Confeiller
au Parlement de Paris le 11.
May 1640. apres l'avoir efté au
Parlement de Grenoble. Meffire
lean de Faure , fon Pere , Seigneur
de Brumiers & d'Orme ,
eftoit Fils d'un autre lean de FauGALANT.
65
re , Secretaire du Roy , & proche
Parent de Meffieurs de Bezons
, Perrot , Malo , Doujat ,
Philippes de Gilly , Tronçon ,
Cognard , tous Confeillers au
parlement , & allié de Meffieurs
de Seve , Boulanger , Gobelin ,
Clapiffon , & de plufieurs autres
des premieres Familles de la Robe
. Monfieur de Faure, qui vient
de mourir , a laiffé cinq Enfans ,
trois Fils , & deux Filles & beaucoup
de Bien. Ses Armes font
fix Couronnes d'argent en champ de
gueules , qui traverſent l'Ecu
trois Cornets d'or en champ d'azur
, trois Grenades rouges auffi
en champ d'azur , un Chevron
d'or rompu , & une Couronne de
Baron au deffus, Monfieur de
Flos eft monté à la Grand'Chambre
en la place de Monfieur
Faure .
66 MERCURE
Jacques Pouffet, Ecuyer , Sieur
de Montaubau , mort le 16. de ce
mois . Il eftoit ancien Avocat au
Parlement , où il avoit paru avec
éclat , & ancien Echevin de Paris.
Son heureux génie ne l'avoit pas
feulement fait diftinguer dans les
chofes du Barreau , mais encore
dans ce qui regarde le Theatre.
Nous avons de luy plufieursTragédies
, qui ont efté reçues tresfavorablement
du Public .
On fait des Hyvers comme des
Printemps . En voicy un d'un
habile Maiftre . Les paroles font
de Monfieur Diéreville .
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Résumé : Morts, [titre d'après la table]
Le texte évoque plusieurs décès récents de personnalités notables. Jean Louis l'Etang de Fromentières, évêque d'Aire, provenait d'une famille illustre du Maine et était célèbre pour ses talents de prédicateur, ayant été acclamé à Paris et à la cour. Il est décédé dans son diocèse. Monsieur de Manicamp, frère de la maréchale d'Estrées, appartenait à la maison de Longueval, une des plus anciennes et prestigieuses de Picardie. Il est mort avec résignation après avoir reçu les sacrements. Jacques Despériers, professeur au Collège de Lisieux et docteur en théologie à la Sorbonne, est décédé le 28 du mois précédent. Jacques Charton, chanoine et grand pénitentier de l'église de Paris, est mort le premier jour de l'année. Louis de Faure, baron de Dampmard, conseiller au Parlement de Paris, est décédé à l'âge de soixante-douze ans, laissant cinq enfants et une importante fortune. Jacques Pouffet, ancien avocat au Parlement et échevin de Paris, est connu pour ses tragédies bien accueillies par le public. Le texte mentionne également des événements météorologiques et littéraires, comme une pièce de théâtre dont les paroles sont de Monsieur Diéreville.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 304
Autres conversions, [titre d'après la table]
Début :
Le 22. de ce mois, Madame de Boisguillaume, d'une [...]
Mots clefs :
Conversions, Hérésie, Madame, Évêque, Abjuration, Calvin
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Autres conversions, [titre d'après la table]
Le
22. de
ce
mois
, Madame
de
Boifguillaume
, d'une
des
meilleures
Maifons
du
Païs
du
Maine
Madame la
Marquife de Soucelles fa Fille
, qui demeure en Anjou , &
M' Tadourneau , firent Abjuration
de l'Herefie de Calvin
, entre les mains de M
T'Evefque d'Angers , au Château
de Soucelles , ou ce Prefat
fit un Difcours trés éloquent
fur ce fujet.
22. de
ce
mois
, Madame
de
Boifguillaume
, d'une
des
meilleures
Maifons
du
Païs
du
Maine
Madame la
Marquife de Soucelles fa Fille
, qui demeure en Anjou , &
M' Tadourneau , firent Abjuration
de l'Herefie de Calvin
, entre les mains de M
T'Evefque d'Angers , au Château
de Soucelles , ou ce Prefat
fit un Difcours trés éloquent
fur ce fujet.
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7
p. 282-285
Noms de ceux qui ont deviné les Enigmes, [titre d'après la table]
Début :
La premiere Enigme du dernier mois, dont le mot estoit [...]
Mots clefs :
Énigme, Orange, Mot, Réponses, Liste de noms, Monsieur, Madame, Perruque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Noms de ceux qui ont deviné les Enigmes, [titre d'après la table]
La premiere Enigme da
dernier mois?, dont le mot
eſtoit l'Orange , a efté expli
quée dans ſon vray ſens par
Ms Terrier de Chapouval;
Picard de Noblan , du Collé
ge de Preſle ; l'Olivier de Peronne
, & L. Boucher, ancien
ASA
GALANT 283
Curé de Nogent le Roy , ce
dernieren Versioύς
SD
Ceux qui ont expliqué la
ſeconde fur la Perruque , qui
en eſtoit le vray ſens , font
M'Leger de la Verbiffonne;
Comiers; Cherpy , Prieur de
la Rigaudiere de Nantes,
Etienne , Préſident à Senlis
; La Giraudiere, de la Ruë
Maubue ce dernier en
Vers; Tamiriſte de la Ruë de
la Ceriſave ; Liſis de la Ruë
Saint Martin ; J. R. le Com
plaiſant de la Cour du Palais ,
Mademoiſelle Nanon Chef
feret de la vieille Ruë di
•
Aa ij
284 MERCURE
:
1
Temple , en Vers ; la Petite
Tonton Jamar de Sens ; la
Blonde Loüifon ; la Migna-
Ture du Cloitre Sainte Geneviefve;
la Petite Marote du
Tertre de la Rue du Four ; la
Jeune Marchande des Sciences
du Quay des Auguſtins;
la Charmante Picarde du
mefme Quay , & l'Eveillée
Parifienne du meſme lieu.
Voicy les noms de ceux
qui ont trouvé le vray Sens
de l'une & de l'autre . Mademoiſelle
de la Bertoche de
Doullans ; & Mrs de l'Hôpi
tal, Lieutenant au Grenier à
GALANT 285
Sel,& de Fleffel de Vermol
letde Doullans En Vers. Mademoiselle
de Launay ; Buret
de Vitré , M'l'Epiney-Buret;
C. Hutuge d'Orleans , & le
Rival du Charbonnier de
Rheims
dernier mois?, dont le mot
eſtoit l'Orange , a efté expli
quée dans ſon vray ſens par
Ms Terrier de Chapouval;
Picard de Noblan , du Collé
ge de Preſle ; l'Olivier de Peronne
, & L. Boucher, ancien
ASA
GALANT 283
Curé de Nogent le Roy , ce
dernieren Versioύς
SD
Ceux qui ont expliqué la
ſeconde fur la Perruque , qui
en eſtoit le vray ſens , font
M'Leger de la Verbiffonne;
Comiers; Cherpy , Prieur de
la Rigaudiere de Nantes,
Etienne , Préſident à Senlis
; La Giraudiere, de la Ruë
Maubue ce dernier en
Vers; Tamiriſte de la Ruë de
la Ceriſave ; Liſis de la Ruë
Saint Martin ; J. R. le Com
plaiſant de la Cour du Palais ,
Mademoiſelle Nanon Chef
feret de la vieille Ruë di
•
Aa ij
284 MERCURE
:
1
Temple , en Vers ; la Petite
Tonton Jamar de Sens ; la
Blonde Loüifon ; la Migna-
Ture du Cloitre Sainte Geneviefve;
la Petite Marote du
Tertre de la Rue du Four ; la
Jeune Marchande des Sciences
du Quay des Auguſtins;
la Charmante Picarde du
mefme Quay , & l'Eveillée
Parifienne du meſme lieu.
Voicy les noms de ceux
qui ont trouvé le vray Sens
de l'une & de l'autre . Mademoiſelle
de la Bertoche de
Doullans ; & Mrs de l'Hôpi
tal, Lieutenant au Grenier à
GALANT 285
Sel,& de Fleffel de Vermol
letde Doullans En Vers. Mademoiselle
de Launay ; Buret
de Vitré , M'l'Epiney-Buret;
C. Hutuge d'Orleans , & le
Rival du Charbonnier de
Rheims
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8
p. 162-180
Les Ambassadeurs sont invités aprés leur Voyage de Flandres à une Feste donnée par Monsieur à Saint Cloud. Description de cette grande Feste. [titre d'après la table]
Début :
Deux jours aprés que les Ambassadeurs furent de retour de [...]
Mots clefs :
Monsieur, Madame, Dauphin, Dauphine, Saint-Cloud, Fête, Salon, Chambre, Ambassadeurs, Temps, Heures, Personnes, Collation, Girandoles, Tables, Appartements, Qualité, Lustres, Duchesses, Cour
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texteReconnaissance textuelle : Les Ambassadeurs sont invités aprés leur Voyage de Flandres à une Feste donnée par Monsieur à Saint Cloud. Description de cette grande Feste. [titre d'après la table]
Deux jours aprés que les
Ambaſſadeurs furent de retour
de leur Voyage de Flandre
, ils furent invitez à une
Feſte que Monfieur donnoit
dans ſa Maiſon de S. Cloud.
Comme cette Feſte ſe faifoit
au dedans du Château , le
Premier Gentilhomme de la
Chambre y commandoit, de
meſme que le Capitaine des
Gardes à tout ce qui ſe fait
hors desAppartemens, &mêdesAmb.
de Siam. 163
:
me aux Comedies & aux Ва-
lets qui ſe font dans les Sales
deſtinées pour ces fortes de
Spectacles ; car lors qu'on en
donne dans les Appartemens,
c'eſt toûjours du Premier
Gentilhomme de la Chambre
qu'on reçoit les ordres.
Ainfi M le Comte de Tonnerre,
l'un des PremiersGentilshommes
de la Chambre
deMonfieur, & fervant alors
auprés de ce Prince, les donnoit
dans cette Feſte , pour
empeſcher la confufion qui
eft inſeparable des divertiſſemens
de cette nature. Ils
O ij
164 IV. P. du Voyage
commencerent à trois heures
aprés midy , & Monſeigneur
leDauphin,Madame laDauphine,
Monfieur & Madame
qui en faifoient les honneurs,
& les perſonnes de la premiere
qualité qui en avoient
eſté conviées, ayant traversé
toutes les Sales des Gardes,
Anti -Chambres & Cabinets
qui estoient magnifiquement
meublez de trés- belles Tapifferies
& autres meubles
nouvellement arrivez d'Alemagne
, & dont Madame a
herité de feuë Madame l'Electrice
Palatine ſa Mere , ils
des Amb. de Siam 165
paſſerent par le Salon, & par
la Galerie , l'un & l'autre
peints par M Mignard , &
allerent dans le petit Salon
de Diane , qui eſt à l'autre
bout de la Galerie , où il y
avoit un fort beau Concert
composé de Claveſſins, Violes
, Tuorbes , & Deffus de
Violon. On y demeura plus
d'une heure , & pendant ce
temps on fervit une Collation
magnifique des plus
beaux fruits de la Saifon ,
parmy leſquels il y en avoit
de fort rares , parceque leur
faiſon eftoit paffée. Le jour
166 IV. P. du Voyage
commençant à finir, on éclai
ra les Appartemens par lefquels
on venoit de paſſer. Ils
eſtoient tous garnis de Luftres,
Girandoles, Chandeliers
&Flambeaux d'argent , dont
le nombre eſtoit fort grand.
Au fortir du Concert , toute
l'Aſſemblée ſe rendit dans le
Salon où tout avoit eſté dif
posé pour le Bal. Monfeigneur
le Dauphin & Madame
la Dauphine , Monfieur
& Madame le commencerent.
Toutes les Princeſſes &
Ducheſſes formoient un cercle,
dans lequel on dança. Il
des Amb. de Siam. 167
y avoit auſſi beaucoup de
perſonnes de la premiere qualité.
Mrs les Ambaſſadeurs
de Siam eſtoient auprés des
Ducheſſes , à main droite de
Monſeigneur leDauphin. Ce
Prince leur parla ; & comme
pour luy marquer une plus
profonde veneration , ils avoient
les mains jointes ,.
Monſeigneur eut la bonté
de leur dire qu'ils pouvoient
nese point géner en les tenant
en cet état , & que dans un
temps de divertiſſement, ils pouvoient
prendre un air plus libre.
Ils répondirent par de pro168
IV. P. du Voyage
fondes inclinations , puis ils
dirent que quoyqu'ils n'euffent
pas apporté leurs Bonnets de ceremonie
, qu'ils n'oftent jamais,
& qui font mesme attachez,
ceux qu ils avoient apportezpouvoient
leur en tenir lieu , &
meſme qu'ils leur estoient toutà-
fait précieux , puisque c'estoit
un Preſent du Roy.
Ily eut beaucoup de perfonnes
de diftinction qui
vinrent de Paris pour voir ce
divertiſſement. M l'Envoyé
de Baviere , qui estoit venu
en cette Cour pour faire des
Complimens fur l'heureux
AccoudesAmb
de Siam. 169
Accouchement de Madame
laDauphine, eſtoit auſſi placé
derriere les Ducheſſes . On
dança au ſon des Violons
& des Hauts - bois . Il y
avoit environ deux heures
que le Bal eſtoit commencé,
lorſqu'on fervit une Collation
féche dans cinquante
Corbeilles remplies de toutes
fortes de Fruits , de Limes
douces, d'Oranges de la Chine,
de Confitures ſéches, de
Maſſepains, & de toute forte
de petite Patiſſerie. Quand
toute cette Collation eut
paffé devant Monſeigneur le
P
770 IV. P.du Voyage
Dauphin,&Madame laDau
phine , elle fut preſentée aux
Ducheffes , & fit le tour du
Cercle ; aprés quoy chacun
de ceux qui compofoient
l'Aſſemblée eut liberté d'en
prendre. On apporta enſuite
plus de trente petites Tables
de la Chine, que l'on appelle
Cabarets, chargées de huit ou
dix Porcelaines chacune , les
unes remplies de Chocolat,
& les autres de Thé & de
Caffé , dont chacun choiſit
felon fon goût. Toute cette
Collation fut portée par les
Officiers de la Chambre , &
1
des Amb. de Siam. 171
par ceux de la Garderobe
de Monfieur. Aprés que cha
cun eut pris ce qu'il fouhaitoit
, on recommença à dancer.
Tant que leBal dura les
Officiers du Gobelet & d'Echançonnerie
de Monfieur,
ſe tinrent dans un Veſtibule
qui eſt proche du Salon , &
donnerent àboire à tous ceux
qui en voulurent. Dans la
Sale qui eſt au deſſus de ce
Veſtibule, du côté de l'Orangerie
, il y avoit des Tables
pour toutes fortes deJeux, &
les perſonnes de la premiere
qualité, qui ne vouloient pas
Pij
172 IV. P. du Voyage
dancer, s'y divertirent à jouer.
Monſeigneury prit ce divertiffement
quelque temps avant
la fin du Bal, & y joia
au Reverſi . A coſté du lieu
où l'on joüoit , eſtoit une
Chambre où l'on alloit
boire toutes fortes de Liqueurs,
ainſi que du Chocolat,
du Thé & du Caffé, que
l'on offroit mefme à tout le
monde ; de forte que ceux
qui n'eſtoientvenus que pour
voir la Fefte , aufli bien que
ceux qui en estoient , pûrent
autant qu'ils le voulurent fatisfaire
leur forf&leur goût.
desAmb. de Siam. 173
Le Bal finit à ſept heures
&demie, & l'on pafla du Salon
où l'on avoit dancé , &
de la Chambre où l'on avoit
joüé, dans l'Orangerie , qui
eftoit éclairée par une infinité
de Luftres & de Girandoles
garnies de bougies ; &
ces Luftres & ces Girandoles
eſtant ſuſpendus entre lesOrangers,
formoient une grande
Allée toute brillante de
Criſtaux & de lumieres , qui
donnant un vif éclat à la
vetdure,produiſoient un trés
agreable effet. Cependant ce
lieu , quoyque ſi bien orné
Piij
174 IV. P. du Voyage
& fi magnifique , ne ſervoit
que de paſſage pour aller à
la Sale de la Comedie , qui
eftoit encore toute éclatante
de lumieres. On y reprefenta
Bajazet , de Mr Racine,
Treforier de France . Les Ambaſſadeurs
eurent le meſme
rang qu'ils avoient eu au Bal,
& toûjours à la droite de
Monſeigneur le Dauphin . Ils
comprirent fi bien le noeud
de la Piece , par les chofes
qu'on leur expliqua , qu'ils
entrerent dans la beauté du
ſujet, dont ils parlerent juſte,
auffi bien que du jeu des
des Amb de Siam. 175
la
Acteurs ; ce qui fut pluſieurs
fois rapporté à Monſeigneur
le Dauphin , à Madame
Dauphine , à Monfieur & à
Madame , pendant la Comedie
. Cela leur fit donner
beaucoup de loüanges & admirer
la juſteſſe de leur goût,
& la penetration de leur efprit
. La Comedie eſtant finie
à dix heures & demie, on
traverſa l'Orangerie, le grand
Salon & les Appartemens par
où l'on eſtoit venu , & enſuite
l'on entra dans le petit
Appartement de Madame, &
dans l'ancien Salon peint par
Piiij
176 IV. P. du Voyage
feu M Noiret . Le Buffet qui
eſtoit dreſſé en face , frapa
d'abord les yeux. Il avoit 25
pieds de haut fur 30 de large
, & eſtoit tout remply de
trés- beaux Ouvrages d'Argenterie
& de vermeil doré,
& il y en avoit meſme quelques-
uns d'or. Parmy cette
Argenterie on remarquoit
beaucoup de grandes Cuvettes
, de Vaſes , d'Urnes , de
Girandoles & de Flambeaux
d'argent , le tout d'un trésbeau
travail & trés -bien cizelé.
Il y avoit quatre Tables
de pareille grandeur, dans les
desAmb. de Siam. 177
quatre coins du Salon. Elles
eſtoient de 25 Couverts chacune,&
furent toutes quatre
ſervies à quatre Services, également
beaux , & en meſime
temps. Monſeigneur le Dauphin
mangea à la premiere,
Madame la Dauphine à la
ſeconde , Monfieur à la troifiéme
, & Madame à la qua
triéme ; de maniere que tous
ceux qui furent placez à ces
quatre Tables , curent l'honneur
de manger avec l'un de
ces Princes , ou l'une de ces
Princeſſes . LesDames eſtoient
magnifiquement parées , &
178 IV. P. du Voyage
elles avoient toutes enſemble
pour pluſieurs millions de
Pierreries . Les Violons jouërent
pendant le Repas. Les
Ambaſſadeurs de Siam, aprés
avoir vû la difpofition du
lieu,& le foupé, furent conduits
par le Premier Maiſtre
d'Hoſtel de Madame , dans
un lieu où ils trouverent une
Table ſervie auſſi avec beau
coup de magnificence. On
en ſervit en meſme temps
dix ou douze autres , pour
tous les Seigneurs de la Cour,
pour les perſonnes les plus
qualifiées , & pour les Offi-
১
des Amb. de Siam. 179
ciers de la Maiſon Royale.
Ainſi tous ceux qui estoient
de la Feſte, & ceux qui n'en
eſtoient que ſpectateurs , furent
tous ſplendidement regalez
, quoyque l'Affemblée
fuſt trés-nombreuſe. Monfeigneur
le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfieur &
Madame , avec toute leur
Cour, retournerent à Verfailles
un peu avant minuit , &
trouverent en ſortant tous
les dehors du Château éclairez
par un nombre infiny de
lumieres, qui avoient eſté posées
en divers endroits , &
180 IV . P. du Voyage
particulierement ſur les Ba
luſtrades, fur les grilles, & fur
tous les lieux élevez . Les Ambaſſadeurs,
aprés avoir confideré
cette illumination , prirent
le chemin de Paris,
pleins de la magnificence,
bontez & de la grandeur de
Monfieur , qui foûtient avec
tout l'éclat poffible le rang
glorieux où la naiſſance l'a
mis.
Ambaſſadeurs furent de retour
de leur Voyage de Flandre
, ils furent invitez à une
Feſte que Monfieur donnoit
dans ſa Maiſon de S. Cloud.
Comme cette Feſte ſe faifoit
au dedans du Château , le
Premier Gentilhomme de la
Chambre y commandoit, de
meſme que le Capitaine des
Gardes à tout ce qui ſe fait
hors desAppartemens, &mêdesAmb.
de Siam. 163
:
me aux Comedies & aux Ва-
lets qui ſe font dans les Sales
deſtinées pour ces fortes de
Spectacles ; car lors qu'on en
donne dans les Appartemens,
c'eſt toûjours du Premier
Gentilhomme de la Chambre
qu'on reçoit les ordres.
Ainfi M le Comte de Tonnerre,
l'un des PremiersGentilshommes
de la Chambre
deMonfieur, & fervant alors
auprés de ce Prince, les donnoit
dans cette Feſte , pour
empeſcher la confufion qui
eft inſeparable des divertiſſemens
de cette nature. Ils
O ij
164 IV. P. du Voyage
commencerent à trois heures
aprés midy , & Monſeigneur
leDauphin,Madame laDauphine,
Monfieur & Madame
qui en faifoient les honneurs,
& les perſonnes de la premiere
qualité qui en avoient
eſté conviées, ayant traversé
toutes les Sales des Gardes,
Anti -Chambres & Cabinets
qui estoient magnifiquement
meublez de trés- belles Tapifferies
& autres meubles
nouvellement arrivez d'Alemagne
, & dont Madame a
herité de feuë Madame l'Electrice
Palatine ſa Mere , ils
des Amb. de Siam 165
paſſerent par le Salon, & par
la Galerie , l'un & l'autre
peints par M Mignard , &
allerent dans le petit Salon
de Diane , qui eſt à l'autre
bout de la Galerie , où il y
avoit un fort beau Concert
composé de Claveſſins, Violes
, Tuorbes , & Deffus de
Violon. On y demeura plus
d'une heure , & pendant ce
temps on fervit une Collation
magnifique des plus
beaux fruits de la Saifon ,
parmy leſquels il y en avoit
de fort rares , parceque leur
faiſon eftoit paffée. Le jour
166 IV. P. du Voyage
commençant à finir, on éclai
ra les Appartemens par lefquels
on venoit de paſſer. Ils
eſtoient tous garnis de Luftres,
Girandoles, Chandeliers
&Flambeaux d'argent , dont
le nombre eſtoit fort grand.
Au fortir du Concert , toute
l'Aſſemblée ſe rendit dans le
Salon où tout avoit eſté dif
posé pour le Bal. Monfeigneur
le Dauphin & Madame
la Dauphine , Monfieur
& Madame le commencerent.
Toutes les Princeſſes &
Ducheſſes formoient un cercle,
dans lequel on dança. Il
des Amb. de Siam. 167
y avoit auſſi beaucoup de
perſonnes de la premiere qualité.
Mrs les Ambaſſadeurs
de Siam eſtoient auprés des
Ducheſſes , à main droite de
Monſeigneur leDauphin. Ce
Prince leur parla ; & comme
pour luy marquer une plus
profonde veneration , ils avoient
les mains jointes ,.
Monſeigneur eut la bonté
de leur dire qu'ils pouvoient
nese point géner en les tenant
en cet état , & que dans un
temps de divertiſſement, ils pouvoient
prendre un air plus libre.
Ils répondirent par de pro168
IV. P. du Voyage
fondes inclinations , puis ils
dirent que quoyqu'ils n'euffent
pas apporté leurs Bonnets de ceremonie
, qu'ils n'oftent jamais,
& qui font mesme attachez,
ceux qu ils avoient apportezpouvoient
leur en tenir lieu , &
meſme qu'ils leur estoient toutà-
fait précieux , puisque c'estoit
un Preſent du Roy.
Ily eut beaucoup de perfonnes
de diftinction qui
vinrent de Paris pour voir ce
divertiſſement. M l'Envoyé
de Baviere , qui estoit venu
en cette Cour pour faire des
Complimens fur l'heureux
AccoudesAmb
de Siam. 169
Accouchement de Madame
laDauphine, eſtoit auſſi placé
derriere les Ducheſſes . On
dança au ſon des Violons
& des Hauts - bois . Il y
avoit environ deux heures
que le Bal eſtoit commencé,
lorſqu'on fervit une Collation
féche dans cinquante
Corbeilles remplies de toutes
fortes de Fruits , de Limes
douces, d'Oranges de la Chine,
de Confitures ſéches, de
Maſſepains, & de toute forte
de petite Patiſſerie. Quand
toute cette Collation eut
paffé devant Monſeigneur le
P
770 IV. P.du Voyage
Dauphin,&Madame laDau
phine , elle fut preſentée aux
Ducheffes , & fit le tour du
Cercle ; aprés quoy chacun
de ceux qui compofoient
l'Aſſemblée eut liberté d'en
prendre. On apporta enſuite
plus de trente petites Tables
de la Chine, que l'on appelle
Cabarets, chargées de huit ou
dix Porcelaines chacune , les
unes remplies de Chocolat,
& les autres de Thé & de
Caffé , dont chacun choiſit
felon fon goût. Toute cette
Collation fut portée par les
Officiers de la Chambre , &
1
des Amb. de Siam. 171
par ceux de la Garderobe
de Monfieur. Aprés que cha
cun eut pris ce qu'il fouhaitoit
, on recommença à dancer.
Tant que leBal dura les
Officiers du Gobelet & d'Echançonnerie
de Monfieur,
ſe tinrent dans un Veſtibule
qui eſt proche du Salon , &
donnerent àboire à tous ceux
qui en voulurent. Dans la
Sale qui eſt au deſſus de ce
Veſtibule, du côté de l'Orangerie
, il y avoit des Tables
pour toutes fortes deJeux, &
les perſonnes de la premiere
qualité, qui ne vouloient pas
Pij
172 IV. P. du Voyage
dancer, s'y divertirent à jouer.
Monſeigneury prit ce divertiffement
quelque temps avant
la fin du Bal, & y joia
au Reverſi . A coſté du lieu
où l'on joüoit , eſtoit une
Chambre où l'on alloit
boire toutes fortes de Liqueurs,
ainſi que du Chocolat,
du Thé & du Caffé, que
l'on offroit mefme à tout le
monde ; de forte que ceux
qui n'eſtoientvenus que pour
voir la Fefte , aufli bien que
ceux qui en estoient , pûrent
autant qu'ils le voulurent fatisfaire
leur forf&leur goût.
desAmb. de Siam. 173
Le Bal finit à ſept heures
&demie, & l'on pafla du Salon
où l'on avoit dancé , &
de la Chambre où l'on avoit
joüé, dans l'Orangerie , qui
eftoit éclairée par une infinité
de Luftres & de Girandoles
garnies de bougies ; &
ces Luftres & ces Girandoles
eſtant ſuſpendus entre lesOrangers,
formoient une grande
Allée toute brillante de
Criſtaux & de lumieres , qui
donnant un vif éclat à la
vetdure,produiſoient un trés
agreable effet. Cependant ce
lieu , quoyque ſi bien orné
Piij
174 IV. P. du Voyage
& fi magnifique , ne ſervoit
que de paſſage pour aller à
la Sale de la Comedie , qui
eftoit encore toute éclatante
de lumieres. On y reprefenta
Bajazet , de Mr Racine,
Treforier de France . Les Ambaſſadeurs
eurent le meſme
rang qu'ils avoient eu au Bal,
& toûjours à la droite de
Monſeigneur le Dauphin . Ils
comprirent fi bien le noeud
de la Piece , par les chofes
qu'on leur expliqua , qu'ils
entrerent dans la beauté du
ſujet, dont ils parlerent juſte,
auffi bien que du jeu des
des Amb de Siam. 175
la
Acteurs ; ce qui fut pluſieurs
fois rapporté à Monſeigneur
le Dauphin , à Madame
Dauphine , à Monfieur & à
Madame , pendant la Comedie
. Cela leur fit donner
beaucoup de loüanges & admirer
la juſteſſe de leur goût,
& la penetration de leur efprit
. La Comedie eſtant finie
à dix heures & demie, on
traverſa l'Orangerie, le grand
Salon & les Appartemens par
où l'on eſtoit venu , & enſuite
l'on entra dans le petit
Appartement de Madame, &
dans l'ancien Salon peint par
Piiij
176 IV. P. du Voyage
feu M Noiret . Le Buffet qui
eſtoit dreſſé en face , frapa
d'abord les yeux. Il avoit 25
pieds de haut fur 30 de large
, & eſtoit tout remply de
trés- beaux Ouvrages d'Argenterie
& de vermeil doré,
& il y en avoit meſme quelques-
uns d'or. Parmy cette
Argenterie on remarquoit
beaucoup de grandes Cuvettes
, de Vaſes , d'Urnes , de
Girandoles & de Flambeaux
d'argent , le tout d'un trésbeau
travail & trés -bien cizelé.
Il y avoit quatre Tables
de pareille grandeur, dans les
desAmb. de Siam. 177
quatre coins du Salon. Elles
eſtoient de 25 Couverts chacune,&
furent toutes quatre
ſervies à quatre Services, également
beaux , & en meſime
temps. Monſeigneur le Dauphin
mangea à la premiere,
Madame la Dauphine à la
ſeconde , Monfieur à la troifiéme
, & Madame à la qua
triéme ; de maniere que tous
ceux qui furent placez à ces
quatre Tables , curent l'honneur
de manger avec l'un de
ces Princes , ou l'une de ces
Princeſſes . LesDames eſtoient
magnifiquement parées , &
178 IV. P. du Voyage
elles avoient toutes enſemble
pour pluſieurs millions de
Pierreries . Les Violons jouërent
pendant le Repas. Les
Ambaſſadeurs de Siam, aprés
avoir vû la difpofition du
lieu,& le foupé, furent conduits
par le Premier Maiſtre
d'Hoſtel de Madame , dans
un lieu où ils trouverent une
Table ſervie auſſi avec beau
coup de magnificence. On
en ſervit en meſme temps
dix ou douze autres , pour
tous les Seigneurs de la Cour,
pour les perſonnes les plus
qualifiées , & pour les Offi-
১
des Amb. de Siam. 179
ciers de la Maiſon Royale.
Ainſi tous ceux qui estoient
de la Feſte, & ceux qui n'en
eſtoient que ſpectateurs , furent
tous ſplendidement regalez
, quoyque l'Affemblée
fuſt trés-nombreuſe. Monfeigneur
le Dauphin , Madame
la Dauphine , Monfieur &
Madame , avec toute leur
Cour, retournerent à Verfailles
un peu avant minuit , &
trouverent en ſortant tous
les dehors du Château éclairez
par un nombre infiny de
lumieres, qui avoient eſté posées
en divers endroits , &
180 IV . P. du Voyage
particulierement ſur les Ba
luſtrades, fur les grilles, & fur
tous les lieux élevez . Les Ambaſſadeurs,
aprés avoir confideré
cette illumination , prirent
le chemin de Paris,
pleins de la magnificence,
bontez & de la grandeur de
Monfieur , qui foûtient avec
tout l'éclat poffible le rang
glorieux où la naiſſance l'a
mis.
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Résumé : Les Ambassadeurs sont invités aprés leur Voyage de Flandres à une Feste donnée par Monsieur à Saint Cloud. Description de cette grande Feste. [titre d'après la table]
Deux jours après le retour des ambassadeurs de Flandre, ceux-ci furent invités à une fête organisée par Monseigneur dans sa maison de Saint-Cloud. La fête se déroula à l'intérieur du château, sous la supervision du Premier Gentilhomme de la Chambre et du Capitaine des Gardes. Le Comte de Tonnerre, Premier Gentilhomme de la Chambre, donna les ordres nécessaires pour éviter toute confusion. Les festivités commencèrent à trois heures de l'après-midi. Le Dauphin, la Dauphine, Monseigneur et Madame accueillirent les invités, qui traversèrent des salles magnifiquement décorées de tapisseries et de meubles récemment arrivés d'Allemagne. Ils se dirigèrent vers le petit Salon de Diane pour un concert, suivi d'une collation de fruits rares. Les appartements furent ensuite éclairés avec des lustres, girandoles, chandeliers et flambeaux en argent. Après le concert, l'assemblée se rendit dans le Salon pour le bal, inauguré par le Dauphin, la Dauphine, Monseigneur et Madame. Les ambassadeurs de Siam, placés près des duchesses, furent invités à se détendre par Monseigneur. Le bal fut suivi d'une collation de fruits, limons, oranges, confitures et pâtisseries. Des tables chargées de porcelaines remplies de chocolat, thé et café furent ensuite apportées. Pendant le bal, des officiers servirent des boissons, et une salle de jeux fut mise à disposition pour ceux qui ne souhaitaient pas danser. Monseigneur joua au reversi. À la fin du bal, l'assemblée se dirigea vers l'orangerie éclairée, puis vers la salle de comédie où fut représentée 'Bajazet' de Racine. Les ambassadeurs apprécièrent la pièce et en discutèrent avec les princes. Après la comédie, les invités traversèrent l'orangerie et le grand Salon pour entrer dans le petit appartement de Madame, où un buffet somptueux fut servi. Les ambassadeurs furent conduits à une table magnifiquement dressée. Tous les invités, y compris les spectateurs, furent splendidement régalés. La fête se termina peu avant minuit, avec une illumination spectaculaire des extérieurs du château. Les ambassadeurs retournèrent à Paris, impressionnés par la magnificence et la grandeur de Monseigneur.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 158-164
Lettre à Madame Deshoullieres. [titre d'après la table]
Début :
Rien n'est si commun que les Vers, rien n'est si rare / Permettez-moy Madame, de vous dire, que je suis [...]
Mots clefs :
Héros, Idées brillantes, Madame, Admiration
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texteReconnaissance textuelle : Lettre à Madame Deshoullieres. [titre d'après la table]
Rien n'eft fi.commun que
les Vers , & rien n'eft fi rare
que d'en trouver de bons.
Parmy unc infinité de per-
GALANT. 159
į
fonnes qui font leur plaifir
de cette occupation , à peine
en voit - on cinq ou fix qui fe
diftinguent. Si j'ofe mefler
mon fentiment avec celuy
de plufieurs perfonnes , du
jugement defquelles on ne
fçauroit appeller, M' de Senecé , premier Valet de Chambre de la feuë Reine , doit
eſtre mis de ce nombre. Vous
en jugerez par l'Idille de fa
façon que je vous envoye.
Le fujet qu'il a pris eft fort
fterile , de forte qu'il a eu be
foin de beaucoup d'invention , qui eft une des prin-
160 MERCURE 1
cipales parties de la Poëfie.
Ses pensées font belles`, bien
foutenues , & noblement exprimées , & fes Vers ont un
tour aifé qui fait plaifir. Il
feroit à fouhaiter qu'il en
vouluftfaire fouvent, Il eſt à
Mafcon, d'où il a envoyé fon
Idille à Madame Deshoulieres , en luy écrivant ce
que vous allez lire. Je croy
que vous ne ferez pas fachée
de voir comment parle en
Profe un homme qui fait
paroiftre tant d'efprit enVers.
GALANT. 161
I
A Mafcon. 16. Nov. 1690
Ermettez-moy , Madame,
de vous dire , que je fuis
de l'hameur de ces Héros de Comedie , qui dans les plus grandes
adverfitez, confervent toujours la
fierté de leur rang, &la fermeté
de leur courage. Cela veut dire,
que tout exilé que je fuis du
Royaume de l'efprit, & du bon
fens , je me fouviens toujours
que j'ay eu l'honneur d'estre
connu de vous, & d'avoir quelque part en voftre estime. C'est
un avantage que je ne puis jamais oublier ; mais , Madame,
Novembre 1690. O
162 MERCURE
comme vous n'avezpas les mef
mes raisons de penser à moy, je
ne puis refifter à la tentation de
vous en rappeller le fouvenir. Il
eft trop doux , il est trop glorieux,
pour pouvoir le negliger , de tenir
quelque place dans vostre esprit,
dans vostre memoire , parmy
ces idées brillantes,&fpirituelles,
quir font les delices & l'admiration de tout ce qui parle
François , je veux dire , de la
plus polie , de la plus nombreufe partie de la terre . Les .
agréables épanchemens de vostre
beureux genie , viennent fouwent jufqu'à nous de plufieurs
·
GALANT. 163
façons. Je vous avouë neantmoins que tout charméque j'en
fuis , je le ferois encore davantage, s'il en venoit quelque
chofe en droiture de vous à moy.
Je vous fuplie , Madame , d'ouvrir en ma faveur les Trefors
de voftre Cabinet, & de croire
que je conferve encore affez de
goust, pour faire d'un pareil
prefent , fi vous avez la bonté
de m'en enrichir , tout le cas
qu'il meritera. Pour exciter votre liberalité par la mienne , je
vous envoye un Idille de ma
façon, femblable en cela au Roy.
de Perfe , quifelon le recit des
O ij
164 MERCURË
Voyageurs envoye ordinairement aux Gouverneurs de fes
Provinces , quand ilsfe font
enrichis , quelque méchante vefte
des Indes, pour tirer de leur reConnoiſſance un prefent de deux.
ou trois mille Tomans. Au fond,
dans un pareil échange, qui
pourroit jamais vous fournir une
juste compenfation ? En tout cas,
quelque party que vous prenieZ,
j'auray toujours obtenu une partie de ce quejefouhaite,puifque je
vous auray fait reffouvenir que
je fuis , Madame, avec beaucoup
d'admiration de reſpects
Voftre tres, &c.
les Vers , & rien n'eft fi rare
que d'en trouver de bons.
Parmy unc infinité de per-
GALANT. 159
į
fonnes qui font leur plaifir
de cette occupation , à peine
en voit - on cinq ou fix qui fe
diftinguent. Si j'ofe mefler
mon fentiment avec celuy
de plufieurs perfonnes , du
jugement defquelles on ne
fçauroit appeller, M' de Senecé , premier Valet de Chambre de la feuë Reine , doit
eſtre mis de ce nombre. Vous
en jugerez par l'Idille de fa
façon que je vous envoye.
Le fujet qu'il a pris eft fort
fterile , de forte qu'il a eu be
foin de beaucoup d'invention , qui eft une des prin-
160 MERCURE 1
cipales parties de la Poëfie.
Ses pensées font belles`, bien
foutenues , & noblement exprimées , & fes Vers ont un
tour aifé qui fait plaifir. Il
feroit à fouhaiter qu'il en
vouluftfaire fouvent, Il eſt à
Mafcon, d'où il a envoyé fon
Idille à Madame Deshoulieres , en luy écrivant ce
que vous allez lire. Je croy
que vous ne ferez pas fachée
de voir comment parle en
Profe un homme qui fait
paroiftre tant d'efprit enVers.
GALANT. 161
I
A Mafcon. 16. Nov. 1690
Ermettez-moy , Madame,
de vous dire , que je fuis
de l'hameur de ces Héros de Comedie , qui dans les plus grandes
adverfitez, confervent toujours la
fierté de leur rang, &la fermeté
de leur courage. Cela veut dire,
que tout exilé que je fuis du
Royaume de l'efprit, & du bon
fens , je me fouviens toujours
que j'ay eu l'honneur d'estre
connu de vous, & d'avoir quelque part en voftre estime. C'est
un avantage que je ne puis jamais oublier ; mais , Madame,
Novembre 1690. O
162 MERCURE
comme vous n'avezpas les mef
mes raisons de penser à moy, je
ne puis refifter à la tentation de
vous en rappeller le fouvenir. Il
eft trop doux , il est trop glorieux,
pour pouvoir le negliger , de tenir
quelque place dans vostre esprit,
dans vostre memoire , parmy
ces idées brillantes,&fpirituelles,
quir font les delices & l'admiration de tout ce qui parle
François , je veux dire , de la
plus polie , de la plus nombreufe partie de la terre . Les .
agréables épanchemens de vostre
beureux genie , viennent fouwent jufqu'à nous de plufieurs
·
GALANT. 163
façons. Je vous avouë neantmoins que tout charméque j'en
fuis , je le ferois encore davantage, s'il en venoit quelque
chofe en droiture de vous à moy.
Je vous fuplie , Madame , d'ouvrir en ma faveur les Trefors
de voftre Cabinet, & de croire
que je conferve encore affez de
goust, pour faire d'un pareil
prefent , fi vous avez la bonté
de m'en enrichir , tout le cas
qu'il meritera. Pour exciter votre liberalité par la mienne , je
vous envoye un Idille de ma
façon, femblable en cela au Roy.
de Perfe , quifelon le recit des
O ij
164 MERCURË
Voyageurs envoye ordinairement aux Gouverneurs de fes
Provinces , quand ilsfe font
enrichis , quelque méchante vefte
des Indes, pour tirer de leur reConnoiſſance un prefent de deux.
ou trois mille Tomans. Au fond,
dans un pareil échange, qui
pourroit jamais vous fournir une
juste compenfation ? En tout cas,
quelque party que vous prenieZ,
j'auray toujours obtenu une partie de ce quejefouhaite,puifque je
vous auray fait reffouvenir que
je fuis , Madame, avec beaucoup
d'admiration de reſpects
Voftre tres, &c.
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Résumé : Lettre à Madame Deshoullieres. [titre d'après la table]
Le texte souligne la rareté des bons poètes parmi les nombreux auteurs. Il met en lumière M. de Sencé, premier valet de chambre de la reine défunte, comme un exemple de poète talentueux. Son idylle est appréciée pour son inventivité, ses pensées bien formulées et ses vers agréables. L'auteur espère que M. de Sencé écrira plus fréquemment. Une lettre de M. de Sencé à Madame Deshoulières, datée du 16 novembre 1690, est également mentionnée. Dans cette lettre, M. de Sencé compare sa situation à celle des héros de comédie conservant leur dignité malgré les adversités. Il exprime son honneur d'être connu et estimé par Madame Deshoulières et son désir de recevoir des nouvelles directes d'elle. Il lui envoie une idylle de sa composition, espérant en retour un présent littéraire de sa part. La lettre se conclut par des marques de respect et d'admiration.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 186-187
REMERCIMENT de Madame la Comtesse du R..... Gouvernante de la Ville du S. Esprit.
Début :
Sensible à votre politesse, [...]
Mots clefs :
Phébus, Madame, Esprit, Dieu, Lyre, Célébrer, Ciel, Bonnefons
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texteReconnaissance textuelle : REMERCIMENT de Madame la Comtesse du R..... Gouvernante de la Ville du S. Esprit.
REMERCIMENTde Madame la
Comtesse du R..... Gouvernante de la
Ville du S. Esprit.
S Ensible à votre politesse ,
Que ne puis-je grimpant au séjour de Phebus ;
Emprunter son secours ; mais aux bords de
Permesse
Les pas que nous faisons sont souvent pas
perdus.
Ah ! si ce Dieu daignoit me confier sa Lyre :
Pour célébrer vos rares qualitez ,
Mes Vers enfans heureux du plus noble délire
Sur les aîles des vents nous seroient apportez ,
Castellane d'abord se présente à ma vûë ,
Et cette Mere aux charmes les plus doux
Ne peut être mieux reconnuë 群
Qu'au digne fruit des feux de son Epour ,
Cazeneuve avec Prat partageront ensemble
Ces Eloges qui leur sont dûs ;
Le Ciel en toutes deux avec éclat rassemble
Ce qu'il a de plus rare , esprit , attraits , vertus ¿
Parmi la troupe respectable
Par le mérite et par le sang ,
La Perdris peut ainsi qu'à table
Occuper noblement son rang.
• Madame de Villeperdrix ,fille de M. le Mar.
quis de Lachaux de Montauban .
Je
JANVIER. 1734. 187
Je chanterois sur même note ,
Mille objets enchanteurs , sources de l'agrément,
Cavaillon et Piolene , Vanel , Bernard , Lamotte ,
Lirac et Lysleroy , Pourcet également ;
Mais Ciel ! je vois Phebus sur un Trône de nues
Les doctes Soeurs parfument sts Autels;
Autour de lui les jeux , les graces ingenuës
Forment des Concerts immortels ;
J'approuve, me dit - il,le zele qui t'inspire ,
Mais donne le Bouquet au galant Bonnefons
Ii est connu dans mon Empire ;
Il te servira ; j'en répons.
C'est ainsi qu'a parlé le Maître du Parnasse :
Bonnefons voudroit-il faire mentir ce Dieu ?
Non , sans doute , il sçait trop que de pareille
audace
On se souvient en temps et lieu ;
Déja sa veine est animée ,
Il nous chante , j'entens les sons harmonieux
De cette Lyre accoutumée
A célébrer les Belles et les Dieux ;
Quoiqu'il fasse pour vous , oui, j'ose ici le dire ,
Ce que vous méritez est encore au- dessus :
Et pour le bien d'écrire
Ce ne seroit pas trop que d'implorer Phébus.
Comtesse du R..... Gouvernante de la
Ville du S. Esprit.
S Ensible à votre politesse ,
Que ne puis-je grimpant au séjour de Phebus ;
Emprunter son secours ; mais aux bords de
Permesse
Les pas que nous faisons sont souvent pas
perdus.
Ah ! si ce Dieu daignoit me confier sa Lyre :
Pour célébrer vos rares qualitez ,
Mes Vers enfans heureux du plus noble délire
Sur les aîles des vents nous seroient apportez ,
Castellane d'abord se présente à ma vûë ,
Et cette Mere aux charmes les plus doux
Ne peut être mieux reconnuë 群
Qu'au digne fruit des feux de son Epour ,
Cazeneuve avec Prat partageront ensemble
Ces Eloges qui leur sont dûs ;
Le Ciel en toutes deux avec éclat rassemble
Ce qu'il a de plus rare , esprit , attraits , vertus ¿
Parmi la troupe respectable
Par le mérite et par le sang ,
La Perdris peut ainsi qu'à table
Occuper noblement son rang.
• Madame de Villeperdrix ,fille de M. le Mar.
quis de Lachaux de Montauban .
Je
JANVIER. 1734. 187
Je chanterois sur même note ,
Mille objets enchanteurs , sources de l'agrément,
Cavaillon et Piolene , Vanel , Bernard , Lamotte ,
Lirac et Lysleroy , Pourcet également ;
Mais Ciel ! je vois Phebus sur un Trône de nues
Les doctes Soeurs parfument sts Autels;
Autour de lui les jeux , les graces ingenuës
Forment des Concerts immortels ;
J'approuve, me dit - il,le zele qui t'inspire ,
Mais donne le Bouquet au galant Bonnefons
Ii est connu dans mon Empire ;
Il te servira ; j'en répons.
C'est ainsi qu'a parlé le Maître du Parnasse :
Bonnefons voudroit-il faire mentir ce Dieu ?
Non , sans doute , il sçait trop que de pareille
audace
On se souvient en temps et lieu ;
Déja sa veine est animée ,
Il nous chante , j'entens les sons harmonieux
De cette Lyre accoutumée
A célébrer les Belles et les Dieux ;
Quoiqu'il fasse pour vous , oui, j'ose ici le dire ,
Ce que vous méritez est encore au- dessus :
Et pour le bien d'écrire
Ce ne seroit pas trop que d'implorer Phébus.
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Résumé : REMERCIMENT de Madame la Comtesse du R..... Gouvernante de la Ville du S. Esprit.
En janvier 1734, la Comtesse du R..... Gouvernante de la Ville du Saint-Esprit, adresse un remerciement. Elle exprime son admiration pour plusieurs personnes, notamment Castellane, Cazeneuve et Prat, qu'elle loue pour leur esprit, leurs attraits et leurs vertus. Elle mentionne également Madame de Villeperdrix, fille du Marquis de Lachaux de Montauban, ainsi que Cavaillon, Piolene, Vanel, Bernard, Lamotte, Lirac, Lysleroy et Pourcet. L'auteur évoque le dieu Phébus, qui lui conseille de remettre un bouquet à Bonnefons, reconnu dans son domaine. Inspiré par Phébus, Bonnefons se prépare à célébrer les belles et les dieux. L'auteur conclut en affirmant que les mérites des personnes citées surpassent ce que Bonnefons pourrait écrire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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11
p. 213-216
DE PARIS, le 19 Janvier 1760, & jours suivans.
Début :
Le 15 de ce mois, on fit dans l'Eglise Métropolitaine de cette Ville, [...]
Mots clefs :
Service religieux, Repos de l'âme, Roi d'Espagne, Madame, Cérémonies, Église, Décorations, Autel, Oraison funèbre, Marbre, Voûte, Colonne, Lumières, Registres publics, Décès, Mariages, Baptêmes, Tremblement de terre, Secousses, Vaisseaux, Combat, Loterie de l'école royale militaire, Tirage
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texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 19 Janvier 1760, & jours suivans.
De PARIS , le 19 Janvier 1760 , &jours fuivans .
Le 1s de ce mois , on fit dans l'Eglife Métropolitaine
de cette Ville , un Service folemnel , par
ordre du Roi , pour le repos de l'ame de Ferdinand
, VI du nom , Roi d'Espagne , & de Marie-
Madelaine de Portugal , Reine d'Espagne , fon
époufe . Sa Majefté avoit nommé pour le grand
deuil du Roi d'Eſpagne, Monfeigneur le Dauphin ,
le Duc d'Orléans , le Prince de Condé ; & pour
celui de la Reine d'Espagne , Madame la Dauphine
, Madame , & Madame Victoire . Ces Princes
& Princeffes s'étant rendus à l'Archevêché , où
le Marquis de Dreux, Grand Maître des Cérémonies
, & le fieur de Nantouillet , Maître des Cérémonies
en furvivance , allerent les prendre ,
lorfque tout fut prêt. Ils les conduifirent à l'Eglife ;
ils entrèrent par la grande porte , & furent pla
cés dans les hautes Italles , à droite & à gauche.
Plusieurs Archevêques & Evêques affiftèrent à
cette cérémonie , ainfi que le Parlement , la
Chambre des Comptes , la Cour des Aides , l'Univerfité
, & le Corps de Ville. L'Archevêque de
Paris y officia pontificalement. L'Evêque de Vence
prononça l'Oraifon funèbre.
Le portail de l'Eglife étoit tendu en noir , avec
trois lès de velours, chargés d'écuffons , entre lelquels
étoient placés trois cartels chargés des
armes & des chiffres du Roi & de la Reine d'ELpagne
Le pourtour du choeur , étoit décoré d'un ordre
Ionique , en pilaftres & arcades , furmonté d'un
entablement , dont la frife étoit femée de fleursde-
lys d'or. Cette architecture étoit figurée en
marbre antique, & tous les ornemens étoient
dorés. Ses arcades étoient garnies de rideaux
noirs , rayés d'hermine , retroulés avec des cordons
treffés en or. Au-deffus de l'entablement ,
214 MERCURE DE FRANCE.
étoit un attique , orné à l'aplomb des arcades ,
de grands écullons aux armes d'Espagne , foutenus
par des lions , entourés de palmes & de guirlandes
en or , accompagnés de chiffres du Roi &
de la Rei e d'Espagne , fur un fond d'azur , groupés
de branches de cyprès.
L'Autel , élevé de plufieurs marches , étoit au
pied d'une niche , en marbre blanc. Le fond de
la niche étoit rempli par le fymbole de la Divinité
, entouré de nuages & de grands rayons dorés.
Au haut de l'attique , terminé en fronton, un
grand dais étoit placé en baldaquin , avec des
rideaux pendans & retrouffés , rayés d'hermine.
Le Catafalque , placé à l'entrée du choeur , étoit
fur un plan quarré long. Aux quatre angles, s'élevoient
quatre focles ,; d'où partoient , quatre
corps folides . Deux colonnes , d'ordre Ionique ,
étoient engagées dans chacun de ces corps , &
portoient un entablement pareil à celui de l'architecture
du choeur. Les deux petites faces de ce monument
, étoient difpofées en arcades . Les deux
grands côtés étoient terminés , quarrément , par
la plate-bande de l'entablement . Les colonnes de
verd antique , avoient leurs bafes & leurs chapiteaux
en or. Les corps folides étoient en marbre
jaune antique , avec des encadremens renfoncés ,
chargés de trophées militaires , & de médaillons
en or , liés par des guirlandes de lauriers.
Une pyramide de brêche violette, portée par un
piédeſtal de même marbre , terminoit le monument.
Sur les quatre faces de ce piédeſtal, étoient
les Ecuffons d'Eſpagne en relief, fupportés par
deux lions ; & fur les faces de la pyramide , des
Ecuffons d'Anjou , en or.
Sous la voute du Catafalque , fur une eſtrade
élevée de fix marches , pofoit un focle de verd
campan , chargé fur fes faces de bas-reliefs & de
agures de marbre en ronde boffe. Au-deffus du foFEVRIER
. 1760. 215
cle & fur les griffes de lion , étoit un farcophage
de porphire , couvert d'un drap mortuaire en or,
chargé des écuffons d'Eſpagne en broderie d'or ,
avec deux couronnes voilées d'un crêpe .
Le Catafalque étoit couvert d'un grand poêle à
quatre rideaux pendans & retrouflés , noirs , &
rayés d'hermine.
Toute cette décoration étoit dans le goût antique.
Ses ornemens , étoient du meilleur choix.
Leur éclat étoit relevé par le grand nombre &
par l'heureufe difpofition des lumieres. Il y avoit
beaucoup de richeffe dans les détails , beaucoup
de nobleſſe & de magnificence dans l'enfemble.
Cette pompe funèbre , ordonnée de la part de
Sa Majesté , par le Duc de Duras , Pair de France ,
premier Gentilhomme de la Chambre du Roi ,
a été dirigée par le fieur de la Ferté , Intendant
des Menus- plaifirs du Roi , fur les deffeins du fieur
Michel Ange Slodtz , Deffinateur ordinaire de la
Chambre & du Cabinet de Sa Majeſté .
Suivant les regiftres publics des Eglifes Paroiffiales
de cette Ville , il eft mort , pendant le cours
de l'année derniére , 18446 perfonnes ; il s'y eſt
fait 4059 mariages ; il y a eu 19058 baptêmes ; &
le nombre des enfans trouvés monte à 5 264.
Le 20 Janvier, on a reſſenti ici , à dix heures & un
quart du foir , une légère ſecoufle de tremblement
de terre ; mais elle a été fi peu fenfible , que trèspeu
de perfonnes s'en font apperçues . On l'a reffentie
plus diftinctement , à Verlailles. On a appris
depuis, que ce tremblement de terre a été fenti
à Amfterdam , à Leyde & à Utrecht. Les lettres
de Bruxelles & de Cologne , parlent de quelques
fecoufles qui le précédèrent le 19. Il a été affez
violent dans ces deux Villes . Suivant les lettres de
Cologne , on a reffenti une nouvelle fecouffe le
21 , vers les quatre heures du matin. A Peronne,
les fecouffes du 20 au foir, durerent deux ou trois
216 MERCURE DE FRANCE.
minutes , & effrayerent plufieurs perfonnes , qui
fortirent précipitamment de leurs maifons , de
crainte d'être écralées fur leurs ruines. On a ap .
pris auffi , que le 22 de Décembre , la fecouffe di
tremblement de terre s'étoit faite fentir dans la
Norwege & dans le Duché de Holſtein . Cette fecoulle
a été précédée , en divers , endroits par un
violent coup de tonnerre.L'ébranlement a été confidérable,
à Hadersleben. Dans quelques villes, routes
les tuilles ont été jettées par terre. Cet accident
n'a pas eu d'autres fuites.
Le 1 Février , le fieur Gigot , Recteur de l'Uni-¸
verfité , accompagné des Doyens des quatre Facultés
& des Procureurs des Nations , ſe rendit à Verfailles
; & fuivant l'ancien ufage, il préſenta un
cierge au Roi , à la Reine , à Monfeigneur le Dauphin
, à Madame la Dauphine , & à Monfeigneur
le Duc de Bourgogne.
Le mêmejour, le Pere Aubert, Docteur de Sorbonne
, & Commandeur de l'Ordre de Notre
Dame de la Mercy , Rédemption des Captifs, accompagné
de trois Religieux de cet Ordre , eut
l'honneur de préfenter à la Reine un cierge , en
hommage & en reconnoillance de leur établiſſement
à Paris , par la feue Reine Marie de Médicis.
On a reçu avis de Toulon , que les vaiffeaux &
les frégates , qui étoient à Cadix depuis le combat
du fieur de la Clue , font rentrés dans le premier
de ces deux ports , au nombre de cinq vaiſſeaux &
trois frégates. Ils étoient fortis de Cadix immédiatement
après la tempête qui avoit difperfé l'Efcadre
Angloife.
Le tirage de la Loterie de l'Ecole Royale Militaire
, s'eft fait le s de Février , en la manière
accoutumée. Les Numéros fortis de la roue de
fortune font 39 , 30 , 64 , 28 , 56. Le prochain
tirage fe fera le 6 du mois de Mars.
Le 1s de ce mois , on fit dans l'Eglife Métropolitaine
de cette Ville , un Service folemnel , par
ordre du Roi , pour le repos de l'ame de Ferdinand
, VI du nom , Roi d'Espagne , & de Marie-
Madelaine de Portugal , Reine d'Espagne , fon
époufe . Sa Majefté avoit nommé pour le grand
deuil du Roi d'Eſpagne, Monfeigneur le Dauphin ,
le Duc d'Orléans , le Prince de Condé ; & pour
celui de la Reine d'Espagne , Madame la Dauphine
, Madame , & Madame Victoire . Ces Princes
& Princeffes s'étant rendus à l'Archevêché , où
le Marquis de Dreux, Grand Maître des Cérémonies
, & le fieur de Nantouillet , Maître des Cérémonies
en furvivance , allerent les prendre ,
lorfque tout fut prêt. Ils les conduifirent à l'Eglife ;
ils entrèrent par la grande porte , & furent pla
cés dans les hautes Italles , à droite & à gauche.
Plusieurs Archevêques & Evêques affiftèrent à
cette cérémonie , ainfi que le Parlement , la
Chambre des Comptes , la Cour des Aides , l'Univerfité
, & le Corps de Ville. L'Archevêque de
Paris y officia pontificalement. L'Evêque de Vence
prononça l'Oraifon funèbre.
Le portail de l'Eglife étoit tendu en noir , avec
trois lès de velours, chargés d'écuffons , entre lelquels
étoient placés trois cartels chargés des
armes & des chiffres du Roi & de la Reine d'ELpagne
Le pourtour du choeur , étoit décoré d'un ordre
Ionique , en pilaftres & arcades , furmonté d'un
entablement , dont la frife étoit femée de fleursde-
lys d'or. Cette architecture étoit figurée en
marbre antique, & tous les ornemens étoient
dorés. Ses arcades étoient garnies de rideaux
noirs , rayés d'hermine , retroulés avec des cordons
treffés en or. Au-deffus de l'entablement ,
214 MERCURE DE FRANCE.
étoit un attique , orné à l'aplomb des arcades ,
de grands écullons aux armes d'Espagne , foutenus
par des lions , entourés de palmes & de guirlandes
en or , accompagnés de chiffres du Roi &
de la Rei e d'Espagne , fur un fond d'azur , groupés
de branches de cyprès.
L'Autel , élevé de plufieurs marches , étoit au
pied d'une niche , en marbre blanc. Le fond de
la niche étoit rempli par le fymbole de la Divinité
, entouré de nuages & de grands rayons dorés.
Au haut de l'attique , terminé en fronton, un
grand dais étoit placé en baldaquin , avec des
rideaux pendans & retrouffés , rayés d'hermine.
Le Catafalque , placé à l'entrée du choeur , étoit
fur un plan quarré long. Aux quatre angles, s'élevoient
quatre focles ,; d'où partoient , quatre
corps folides . Deux colonnes , d'ordre Ionique ,
étoient engagées dans chacun de ces corps , &
portoient un entablement pareil à celui de l'architecture
du choeur. Les deux petites faces de ce monument
, étoient difpofées en arcades . Les deux
grands côtés étoient terminés , quarrément , par
la plate-bande de l'entablement . Les colonnes de
verd antique , avoient leurs bafes & leurs chapiteaux
en or. Les corps folides étoient en marbre
jaune antique , avec des encadremens renfoncés ,
chargés de trophées militaires , & de médaillons
en or , liés par des guirlandes de lauriers.
Une pyramide de brêche violette, portée par un
piédeſtal de même marbre , terminoit le monument.
Sur les quatre faces de ce piédeſtal, étoient
les Ecuffons d'Eſpagne en relief, fupportés par
deux lions ; & fur les faces de la pyramide , des
Ecuffons d'Anjou , en or.
Sous la voute du Catafalque , fur une eſtrade
élevée de fix marches , pofoit un focle de verd
campan , chargé fur fes faces de bas-reliefs & de
agures de marbre en ronde boffe. Au-deffus du foFEVRIER
. 1760. 215
cle & fur les griffes de lion , étoit un farcophage
de porphire , couvert d'un drap mortuaire en or,
chargé des écuffons d'Eſpagne en broderie d'or ,
avec deux couronnes voilées d'un crêpe .
Le Catafalque étoit couvert d'un grand poêle à
quatre rideaux pendans & retrouflés , noirs , &
rayés d'hermine.
Toute cette décoration étoit dans le goût antique.
Ses ornemens , étoient du meilleur choix.
Leur éclat étoit relevé par le grand nombre &
par l'heureufe difpofition des lumieres. Il y avoit
beaucoup de richeffe dans les détails , beaucoup
de nobleſſe & de magnificence dans l'enfemble.
Cette pompe funèbre , ordonnée de la part de
Sa Majesté , par le Duc de Duras , Pair de France ,
premier Gentilhomme de la Chambre du Roi ,
a été dirigée par le fieur de la Ferté , Intendant
des Menus- plaifirs du Roi , fur les deffeins du fieur
Michel Ange Slodtz , Deffinateur ordinaire de la
Chambre & du Cabinet de Sa Majeſté .
Suivant les regiftres publics des Eglifes Paroiffiales
de cette Ville , il eft mort , pendant le cours
de l'année derniére , 18446 perfonnes ; il s'y eſt
fait 4059 mariages ; il y a eu 19058 baptêmes ; &
le nombre des enfans trouvés monte à 5 264.
Le 20 Janvier, on a reſſenti ici , à dix heures & un
quart du foir , une légère ſecoufle de tremblement
de terre ; mais elle a été fi peu fenfible , que trèspeu
de perfonnes s'en font apperçues . On l'a reffentie
plus diftinctement , à Verlailles. On a appris
depuis, que ce tremblement de terre a été fenti
à Amfterdam , à Leyde & à Utrecht. Les lettres
de Bruxelles & de Cologne , parlent de quelques
fecoufles qui le précédèrent le 19. Il a été affez
violent dans ces deux Villes . Suivant les lettres de
Cologne , on a reffenti une nouvelle fecouffe le
21 , vers les quatre heures du matin. A Peronne,
les fecouffes du 20 au foir, durerent deux ou trois
216 MERCURE DE FRANCE.
minutes , & effrayerent plufieurs perfonnes , qui
fortirent précipitamment de leurs maifons , de
crainte d'être écralées fur leurs ruines. On a ap .
pris auffi , que le 22 de Décembre , la fecouffe di
tremblement de terre s'étoit faite fentir dans la
Norwege & dans le Duché de Holſtein . Cette fecoulle
a été précédée , en divers , endroits par un
violent coup de tonnerre.L'ébranlement a été confidérable,
à Hadersleben. Dans quelques villes, routes
les tuilles ont été jettées par terre. Cet accident
n'a pas eu d'autres fuites.
Le 1 Février , le fieur Gigot , Recteur de l'Uni-¸
verfité , accompagné des Doyens des quatre Facultés
& des Procureurs des Nations , ſe rendit à Verfailles
; & fuivant l'ancien ufage, il préſenta un
cierge au Roi , à la Reine , à Monfeigneur le Dauphin
, à Madame la Dauphine , & à Monfeigneur
le Duc de Bourgogne.
Le mêmejour, le Pere Aubert, Docteur de Sorbonne
, & Commandeur de l'Ordre de Notre
Dame de la Mercy , Rédemption des Captifs, accompagné
de trois Religieux de cet Ordre , eut
l'honneur de préfenter à la Reine un cierge , en
hommage & en reconnoillance de leur établiſſement
à Paris , par la feue Reine Marie de Médicis.
On a reçu avis de Toulon , que les vaiffeaux &
les frégates , qui étoient à Cadix depuis le combat
du fieur de la Clue , font rentrés dans le premier
de ces deux ports , au nombre de cinq vaiſſeaux &
trois frégates. Ils étoient fortis de Cadix immédiatement
après la tempête qui avoit difperfé l'Efcadre
Angloife.
Le tirage de la Loterie de l'Ecole Royale Militaire
, s'eft fait le s de Février , en la manière
accoutumée. Les Numéros fortis de la roue de
fortune font 39 , 30 , 64 , 28 , 56. Le prochain
tirage fe fera le 6 du mois de Mars.
Fermer
Résumé : DE PARIS, le 19 Janvier 1760, & jours suivans.
Le 1er janvier 1760, un service solennel fut organisé dans l'église métropolitaine de Paris pour honorer la mémoire de Ferdinand VI, roi d'Espagne, et de Marie-Madeleine de Portugal, reine d'Espagne. Ce service fut ordonné par le roi de France, qui désigna le Dauphin, le Duc d'Orléans et le Prince de Condé pour le grand deuil du roi d'Espagne, et Madame la Dauphine, Madame et Madame Victoire pour celui de la reine d'Espagne. Les princes et princesses furent conduits à l'église par le Marquis de Dreux et le sieur de Nantouillet. La cérémonie fut assistée par plusieurs archevêques, évêques, ainsi que par le Parlement, la Chambre des Comptes, la Cour des Aides, l'Université et le Corps de Ville. L'archevêque de Paris officia pontificalement, et l'évêque de Vence prononça l'oraison funèbre. L'église était somptueusement décorée : le portail était tendu de noir avec des écussons, le chœur orné d'un ordre ionique en pilastres et arcades, et un catafalque richement décoré. La décoration, dirigée par le sieur de la Ferté et conçue par Michel Ange Slodtz, était dans le goût antique et d'une grande magnificence. Les registres publics des églises paroissiales de Paris indiquèrent 18 446 décès, 4 059 mariages, 19 058 baptêmes et 5 264 enfants trouvés pour l'année précédente. Le 20 janvier, une légère secousse de tremblement de terre fut ressentie à Paris, plus distinctement à Versailles, et signalée à Amsterdam, Leyde, Utrecht, Bruxelles et Cologne. Des secousses furent également ressenties en Norvège et dans le Duché de Holstein. Le 1er février, le sieur Gigot, recteur de l'Université, présenta un cierge au roi, à la reine et à d'autres membres de la famille royale à Versailles. Le même jour, le Père Aubert présenta un cierge à la reine en reconnaissance de l'établissement de l'Ordre de Notre Dame de la Mercy à Paris. Des nouvelles de Toulon indiquèrent le retour de vaisseaux et de frégates à Cadix après une tempête. Enfin, le tirage de la loterie de l'École Royale Militaire eut lieu le 6 février, avec les numéros 39, 30, 64, 28 et 56.
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12
p. 217-224
SUITE de la Liste de la Vaisselle portée à la Monnoie de Paris.
Début :
Du 2 Janvier 1760. Messieurs m.o.g. Les Dames de la Croix, rue S. Honoré 6 2 6 [...]
Mots clefs :
Vaisselle, Monnaie, Liste, Comtesse, Comte, Abbaye, Madame, Lieutenant, Marquis
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texteReconnaissance textuelle : SUITE de la Liste de la Vaisselle portée à la Monnoie de Paris.
SUITE de la Lifte de la Vaiffelle portée
à la Monnoie de Paris.
Meffieurs
Du 2 Janvier 1760 .
Les Dames de la Croix , rue S. Honoré.
De Vaujoye , Receveur du Domaine
de Verſailles .
Le Marquis de Laigues .
Thiroux , Maître des Requêtes.
Chenu , Marchand Epicier.
Ribert , Bourgeois de Paris.
Daudafne , Avocat.
De Saint Jullien , Receveur général
du Clergé. ( Second Envoi. )
De Perfan , Maître des Requêtes,
Du 4 Janvier.
De Saint Jullien , Receveur général
du Clergé. ( Troisième Article . )
MM .Joly de Fleury , frères ; Avocat
gén. & Procureur général.
Les Prêtres de la Doctrine Chrét. de
la Maiſon de Saint Jullien .
Loir , Marchand Orfévre.
Les Peres Jéfuites de la Maiſon
Trofeffe.
Lés Dames du Bon Pasteur , du
Fauxbourg S. Germain .
Mlle Aubron , en or , 3 on. I g. 24 g.
m.o.g.
6 2
20 5 3
35 2 }
8174
30 4 3
26112
S I
57 6
21476
414 6 2
2
208
17 I 6
2 4
291 3
I
S
7525-5-6
K
218 MERCURE DE FRANCE
Suite du 4 Janvier.
Madame Cottin , épouse du Direct .
de la Compagnie des Indes ,
en or , 4 onc . 4 gr. 6 g.
La Veuve Datte.
1.0.g.
6 6
53236
Du s Janvier.
Roberdeau , Bourgeois.
Madame la Préſidence Chauvelin .
Meffieurs
Le Marquis de Voyer d'Argenſon .
De Bonnaire , Confeiller au Grand
Confeil .
Madame la Marquiſe de Roye.
Des 6 & 7 Janvier.
Rouillé de Roiffy , Conſeiller honor .
au Parlement .
La Fabrique de Garges , Comté
d'Arnouville .
Du 8 Janvier.
Les Bénédictins de Provins.
Lefévre , Agent de Change.
La Maison de Sorbonne .
m. o. g..
49 3
42 7 S
303 3
39563
172 4 6
2016 3
331 62
97 I
716 I 4
35 7.0-
***
Is 5 2
114 7 I
IO I O
176 4 3
Dů 9 Janvier.
Meld, de l'Abbaye S , Antoine. IOS 3 4
Les Bénédictins de Saint Pere , de
Chartres.
2952
FEVRIER. 1760. 219
Meffieurs
Suite du 9 Janvier.
Thierry , Directeur du Tabac.
Les Bénédictins Anglois
La Paroille de Moret , près Fonrainebleau.
Blondel de Gagny , Tréforier gén .
de la Caiffe des Amortiifemens.
L'Abbé de la Porte.
Les Prémontrés de l'Abbaye de
m . o. g.
I I • G
49 S 2
37 3 4
1ƒ6 1 6
3660
Bellozane , en Bray. 4256
4687 2
Du 10 Janvier.
Vielle , Bourgeois de Paris. 16 6 3
Gervaife , Noraire . 36 3 I
Les Dames Religieufes de S. Dominique
, de Montargis.
Bofcheron , Marchand de Dentelles,
16 54
374 2
107 2 7
Du Janvier.
Liége , Apothicaire du Roi. 64 I 4 %
Fremin , Maître des Comptes.
126 I S
190 3 L
Du 12 Janvier.
Bergeret , Receveur général.
160 6 0
Coudot , Bourgeois de S. Germain.
Vaudive , Greffier au Grand Confeil.
Du 13 Janvier.
Gaudin , Secrétaire du Roi.
822
19 0 1
138
206 0 3
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
Du 14 Janvier.
De Lorme , Bourgeois de Paris.
Mlle Dubois .
Allut, Secrétaire du Roi.
Les Religieufes Annonciades.
Madame Boulle , Veuve du Payeur
des rentes.
.m. o.
40 5 6
80 4 7
129 6 5
154 4 2
ISI S
420 7 I
Du 15 Janvier.
De la Bardouliere , Lieutenant
aux Gardes.
Le Séminaire de S. Sulpice.
Morlac de Montour , ci -dev . Doyen
de Mrs les Maîtres des Requêtes.
Foulon , Intendant de la guerre.
De Fontette , Intendant de Caen ,
( Second Article. )
Du 16 Janvier.
Le Marquis de Chabonnois.
853
41 4 3
144 3 I
8554
Nicolas Bazin , Marchand.
Du 17 Janvier,
Rouleau , Bourgeois de Paris.
Duvivier , Recev. des Confignations
de l'Arfenal.
Madame Mailluet , Marchande,
Le Marquis de Cany.
Elmaugard d'Arioche.
Les Dames de la Vilitation ,
rue
du
Bacq.
19 2 4
2994 S i
2532
206 2
274
18 6
O
42 7 S
46 I G
441 3 7
603 S
33 6 3
1
FEVRIER. 1760 . 221
Suite du 17 Janvier.
Meffieurs
Poujand , Directeur des Fermes .
Les Dames du Prieuré de Haute
Brières , Diocèle de Chartres.
Les Religieufes de Sainte Marie de
Chartres.
(
m. og
47 4 3
68.22
225 2
782 3w.
Du 18 Janvier.
Ribes , Banquier. 77 I
Saulnier , Bourgeois de Paris.
9672
Pagnon , Ecuyer. 742 4
Mufnier de Pleine , Auditeur des
Comptes.
27 3 4
188 $ 7
Du 19 Janvier.
Chomel , ancien Evêque d'Orange . 49 07
Morin , Secrétaire du Roi.
88 54
137 6 3
Des 20 & 21 Janvier.
Le Comte , Conſeiller de l'Election de
Paris , & Subdélégué de M. l'Intendant.
Dibon , Chirurgien Major des Cent-
Suiffes.
Madame la Comteffe de Kerdrain .
Bourgeois , Chirurgien Accoucheur.
L'Abbaye de Saint Denis .
11 3 51
22 7 4
-100 6 7
8625
15226
Checieu , Avocat au Parlement.
Salior , ancien Tapiffier du Roi,
Jobert , chargé de la diftribution du
Mercure de France.
96351
104 I 2
2 4
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
Du 22 Janvier.
Les Religieux de l'Abbaye de Preuilly ,
Ordre de Citeaux .
Le Marquis de Moutier.
Le Comte de Chateauneuf de Randan .
Madame la Préfidente d'Aligre, Douairiere
; & Madame de S. Fargeau ,
auffi Douairiere.
Des mêmes. ( Second Article . )
Blanchart de Guénégaud , Secrétaire
Interprête du Roi.
La Paroiffe de Seaux du Maine .
Madame Fourcoual , Bourgeoife de
Paris.
Erembert , Marchand de Paris .
Le Commandeur Bocheron.
m.
37 3 S
40 6 0
49 4 S
341 I 2
44
43 I I
15 57
9056
15 35
2547
,664 I I
Du 23 Janvier.
Tonnellier , Marchand . ΙΟ
Les Chanoines Réguliers de S. Jeanles-
Sens.
Les Céleftins de Sens.
119 6 4
36 6
Les Pénitens de Sens.
Le Chevalier de Racoins , Capitaine
de Dragons , Régim . Dauphin.
S 41
26222
433 7
Du 24 Janvier.
Rezard , Bourgeois. 27 2 6
Bonin.' S1 7 4
Madame la Marquife de Neufchelles ,
& M. le Marquis de Quigné , fon
petit- fils.
Le Cointe d'Ofmont.
100 6 7
60 6 31
FEVRIER. 1760 . 223
1
Meffieurs
Suite du 24 Janvier.
Teiraffe de Loffedat , Fermier du Roi.
Les Bénédictins , de l'Abbaye de
Thiron.
Lorillier , Intéreffé dans les affaires
m. o.g
24 65
79 74
du Roi.
3105.
376 62
De Saint-Mars , Avocat.
Le Comte de Fennelon.
Du 25 Janvier.
Macquer , Chef de Fruiterie du Roi.
De Corberon , ancien Préfident du
Confeil fouverain d'Alface.
114 1 7
8350
32-751
33 161
264 3
Du 26 Janvier.
Le Comte de Billy.
19271
d'Etampes.
$7 4 *
La Congrégation de Notre-Dame
L'Abbaye de Morigny, près Etampes.
La Paroiffe Notre- Dame d'Etampes.
Du 28 Janvier.
Les Filles Hofpitalières du Fauxb.
S. Marcel , rue de l'Arbalêtre.
Madame l'Abbeffe de Gomer- Fontaine
, en Vexin- François .
Madame de Laborde , Bourgeoife
de Paris.
Jourdain , Bourgeois.
Jourdain , Bourgeois , & Conforts.
Les Dames de l'Abbaye aux Bois.
19. 4 4
30 40
126 7 S
1367
୨
583 2
6862
70 7 4
27 3 I
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
Suite du 28 Janvier.
Meffieurs
m.o.g.
Les Bernardins de l'Abbaye de Chailly. 39 1 6
Les Bernardins de l'Abbaye de Barbour .
Du 29 Janvier.
Les Bénédictins de Provins.
L'Abbaye de S. Jacques , de Provins.
Le Chapitre de Notre- Dame de Prov.
Foreft , Bourgeois.
83 2 7
370 7 7
32 02
101 2 4
35 24
30 4 2
67
199 I 4
Du 30 Janvier.
Madame la Comtelle d'Egmont ,
Douairiere... 219 3 I
Dumoufleaux , Payeur des rentes. 114 2 3
D'Agueffeau, l'aîné , Confeiller d'Etat
ordin . & au Confeil du Commerce . 238 10 !
Mégref de la Boullay , Officier des
Chaffes.
Lalouette , Marchand de Gallons.
Franget , Orfévre.
Le Comte d'Egmont
.
"
972
753
5404
179 6 I
823 17
à la Monnoie de Paris.
Meffieurs
Du 2 Janvier 1760 .
Les Dames de la Croix , rue S. Honoré.
De Vaujoye , Receveur du Domaine
de Verſailles .
Le Marquis de Laigues .
Thiroux , Maître des Requêtes.
Chenu , Marchand Epicier.
Ribert , Bourgeois de Paris.
Daudafne , Avocat.
De Saint Jullien , Receveur général
du Clergé. ( Second Envoi. )
De Perfan , Maître des Requêtes,
Du 4 Janvier.
De Saint Jullien , Receveur général
du Clergé. ( Troisième Article . )
MM .Joly de Fleury , frères ; Avocat
gén. & Procureur général.
Les Prêtres de la Doctrine Chrét. de
la Maiſon de Saint Jullien .
Loir , Marchand Orfévre.
Les Peres Jéfuites de la Maiſon
Trofeffe.
Lés Dames du Bon Pasteur , du
Fauxbourg S. Germain .
Mlle Aubron , en or , 3 on. I g. 24 g.
m.o.g.
6 2
20 5 3
35 2 }
8174
30 4 3
26112
S I
57 6
21476
414 6 2
2
208
17 I 6
2 4
291 3
I
S
7525-5-6
K
218 MERCURE DE FRANCE
Suite du 4 Janvier.
Madame Cottin , épouse du Direct .
de la Compagnie des Indes ,
en or , 4 onc . 4 gr. 6 g.
La Veuve Datte.
1.0.g.
6 6
53236
Du s Janvier.
Roberdeau , Bourgeois.
Madame la Préſidence Chauvelin .
Meffieurs
Le Marquis de Voyer d'Argenſon .
De Bonnaire , Confeiller au Grand
Confeil .
Madame la Marquiſe de Roye.
Des 6 & 7 Janvier.
Rouillé de Roiffy , Conſeiller honor .
au Parlement .
La Fabrique de Garges , Comté
d'Arnouville .
Du 8 Janvier.
Les Bénédictins de Provins.
Lefévre , Agent de Change.
La Maison de Sorbonne .
m. o. g..
49 3
42 7 S
303 3
39563
172 4 6
2016 3
331 62
97 I
716 I 4
35 7.0-
***
Is 5 2
114 7 I
IO I O
176 4 3
Dů 9 Janvier.
Meld, de l'Abbaye S , Antoine. IOS 3 4
Les Bénédictins de Saint Pere , de
Chartres.
2952
FEVRIER. 1760. 219
Meffieurs
Suite du 9 Janvier.
Thierry , Directeur du Tabac.
Les Bénédictins Anglois
La Paroille de Moret , près Fonrainebleau.
Blondel de Gagny , Tréforier gén .
de la Caiffe des Amortiifemens.
L'Abbé de la Porte.
Les Prémontrés de l'Abbaye de
m . o. g.
I I • G
49 S 2
37 3 4
1ƒ6 1 6
3660
Bellozane , en Bray. 4256
4687 2
Du 10 Janvier.
Vielle , Bourgeois de Paris. 16 6 3
Gervaife , Noraire . 36 3 I
Les Dames Religieufes de S. Dominique
, de Montargis.
Bofcheron , Marchand de Dentelles,
16 54
374 2
107 2 7
Du Janvier.
Liége , Apothicaire du Roi. 64 I 4 %
Fremin , Maître des Comptes.
126 I S
190 3 L
Du 12 Janvier.
Bergeret , Receveur général.
160 6 0
Coudot , Bourgeois de S. Germain.
Vaudive , Greffier au Grand Confeil.
Du 13 Janvier.
Gaudin , Secrétaire du Roi.
822
19 0 1
138
206 0 3
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
Du 14 Janvier.
De Lorme , Bourgeois de Paris.
Mlle Dubois .
Allut, Secrétaire du Roi.
Les Religieufes Annonciades.
Madame Boulle , Veuve du Payeur
des rentes.
.m. o.
40 5 6
80 4 7
129 6 5
154 4 2
ISI S
420 7 I
Du 15 Janvier.
De la Bardouliere , Lieutenant
aux Gardes.
Le Séminaire de S. Sulpice.
Morlac de Montour , ci -dev . Doyen
de Mrs les Maîtres des Requêtes.
Foulon , Intendant de la guerre.
De Fontette , Intendant de Caen ,
( Second Article. )
Du 16 Janvier.
Le Marquis de Chabonnois.
853
41 4 3
144 3 I
8554
Nicolas Bazin , Marchand.
Du 17 Janvier,
Rouleau , Bourgeois de Paris.
Duvivier , Recev. des Confignations
de l'Arfenal.
Madame Mailluet , Marchande,
Le Marquis de Cany.
Elmaugard d'Arioche.
Les Dames de la Vilitation ,
rue
du
Bacq.
19 2 4
2994 S i
2532
206 2
274
18 6
O
42 7 S
46 I G
441 3 7
603 S
33 6 3
1
FEVRIER. 1760 . 221
Suite du 17 Janvier.
Meffieurs
Poujand , Directeur des Fermes .
Les Dames du Prieuré de Haute
Brières , Diocèle de Chartres.
Les Religieufes de Sainte Marie de
Chartres.
(
m. og
47 4 3
68.22
225 2
782 3w.
Du 18 Janvier.
Ribes , Banquier. 77 I
Saulnier , Bourgeois de Paris.
9672
Pagnon , Ecuyer. 742 4
Mufnier de Pleine , Auditeur des
Comptes.
27 3 4
188 $ 7
Du 19 Janvier.
Chomel , ancien Evêque d'Orange . 49 07
Morin , Secrétaire du Roi.
88 54
137 6 3
Des 20 & 21 Janvier.
Le Comte , Conſeiller de l'Election de
Paris , & Subdélégué de M. l'Intendant.
Dibon , Chirurgien Major des Cent-
Suiffes.
Madame la Comteffe de Kerdrain .
Bourgeois , Chirurgien Accoucheur.
L'Abbaye de Saint Denis .
11 3 51
22 7 4
-100 6 7
8625
15226
Checieu , Avocat au Parlement.
Salior , ancien Tapiffier du Roi,
Jobert , chargé de la diftribution du
Mercure de France.
96351
104 I 2
2 4
Kiij
222 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
Du 22 Janvier.
Les Religieux de l'Abbaye de Preuilly ,
Ordre de Citeaux .
Le Marquis de Moutier.
Le Comte de Chateauneuf de Randan .
Madame la Préfidente d'Aligre, Douairiere
; & Madame de S. Fargeau ,
auffi Douairiere.
Des mêmes. ( Second Article . )
Blanchart de Guénégaud , Secrétaire
Interprête du Roi.
La Paroiffe de Seaux du Maine .
Madame Fourcoual , Bourgeoife de
Paris.
Erembert , Marchand de Paris .
Le Commandeur Bocheron.
m.
37 3 S
40 6 0
49 4 S
341 I 2
44
43 I I
15 57
9056
15 35
2547
,664 I I
Du 23 Janvier.
Tonnellier , Marchand . ΙΟ
Les Chanoines Réguliers de S. Jeanles-
Sens.
Les Céleftins de Sens.
119 6 4
36 6
Les Pénitens de Sens.
Le Chevalier de Racoins , Capitaine
de Dragons , Régim . Dauphin.
S 41
26222
433 7
Du 24 Janvier.
Rezard , Bourgeois. 27 2 6
Bonin.' S1 7 4
Madame la Marquife de Neufchelles ,
& M. le Marquis de Quigné , fon
petit- fils.
Le Cointe d'Ofmont.
100 6 7
60 6 31
FEVRIER. 1760 . 223
1
Meffieurs
Suite du 24 Janvier.
Teiraffe de Loffedat , Fermier du Roi.
Les Bénédictins , de l'Abbaye de
Thiron.
Lorillier , Intéreffé dans les affaires
m. o.g
24 65
79 74
du Roi.
3105.
376 62
De Saint-Mars , Avocat.
Le Comte de Fennelon.
Du 25 Janvier.
Macquer , Chef de Fruiterie du Roi.
De Corberon , ancien Préfident du
Confeil fouverain d'Alface.
114 1 7
8350
32-751
33 161
264 3
Du 26 Janvier.
Le Comte de Billy.
19271
d'Etampes.
$7 4 *
La Congrégation de Notre-Dame
L'Abbaye de Morigny, près Etampes.
La Paroiffe Notre- Dame d'Etampes.
Du 28 Janvier.
Les Filles Hofpitalières du Fauxb.
S. Marcel , rue de l'Arbalêtre.
Madame l'Abbeffe de Gomer- Fontaine
, en Vexin- François .
Madame de Laborde , Bourgeoife
de Paris.
Jourdain , Bourgeois.
Jourdain , Bourgeois , & Conforts.
Les Dames de l'Abbaye aux Bois.
19. 4 4
30 40
126 7 S
1367
୨
583 2
6862
70 7 4
27 3 I
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
Suite du 28 Janvier.
Meffieurs
m.o.g.
Les Bernardins de l'Abbaye de Chailly. 39 1 6
Les Bernardins de l'Abbaye de Barbour .
Du 29 Janvier.
Les Bénédictins de Provins.
L'Abbaye de S. Jacques , de Provins.
Le Chapitre de Notre- Dame de Prov.
Foreft , Bourgeois.
83 2 7
370 7 7
32 02
101 2 4
35 24
30 4 2
67
199 I 4
Du 30 Janvier.
Madame la Comtelle d'Egmont ,
Douairiere... 219 3 I
Dumoufleaux , Payeur des rentes. 114 2 3
D'Agueffeau, l'aîné , Confeiller d'Etat
ordin . & au Confeil du Commerce . 238 10 !
Mégref de la Boullay , Officier des
Chaffes.
Lalouette , Marchand de Gallons.
Franget , Orfévre.
Le Comte d'Egmont
.
"
972
753
5404
179 6 I
823 17
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Résumé : SUITE de la Liste de la Vaisselle portée à la Monnoie de Paris.
Le document présente une liste de personnes et d'institutions ayant effectué des dépôts à la Monnoie de Paris entre le 2 janvier et le 30 janvier 1760. Les contributeurs incluent des nobles, des ecclésiastiques, des marchands, des fonctionnaires et des institutions religieuses. Parmi les notables mentionnés figurent des dames de la Croix, le marquis de Laigues, Thiroux, maître des requêtes, et plusieurs receveurs généraux. Les dépôts sont détaillés avec des mentions de montants en onces, grains et livres tournois. Les institutions religieuses telles que les bénédictins, les jésuites, et les prémontrés apparaissent fréquemment. Le texte mentionne également des directeurs, des avocats, des bourgeois, et des marchands, illustrant une diversité de contributeurs. Les dépôts sont enregistrés quotidiennement, avec des mises à jour régulières des montants et des noms des contributeurs.
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13
p. 199-202
DE PARIS, le 16 Février.
Début :
Le Samedi 9, le Sieur Vattelet, Receveur général des Finances, présenta à [...]
Mots clefs :
Académie de peinture, Art, Poème, Duc, Gouverneur de Paris, Prince, Service religieux, Princesse, Madame, Oraison funèbre, Chambre des comptes, Décorations, Choeur, Sarcophage, Lumières, Pompe funèbre, Vaisseaux, Tremblement de terre, Compagnie des Indes, Marchandises
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DE PARIS, le 16 Février.
De PARIS , le 16 Février.
2
Le Samedi 9 , le Sieur Vattelet , Receveur général
des Finances préfenta à l'Académie de
Peinture , fon Poëme Didactique , fur l'art de
peindre. On attendoit avec empreffement l'impreffion
d'un ouvrage fi utile , & fi bien annoncé
au Public , par le bon goût & par le talent de
l'Auteur.
Le , le Duc de Luynes , Gouverneur de Paris ,
fut reçu & prit féance au Parlement , en qualité
' de Pair de France. Le Prince de Condé , le Comte
de Clermont , le Prince de Conti , le Comte de
la Marche , Princes du Sang , l'Evêque Duc de
Langres, & les Ducs d'Uzès , de Briffac , de Richelieu
, de Rohan - Chabot , de Luxembourg , de
Saint- Aignan , de Trefmes , d'Harcourt , de Filtz
James , de Villars - Brancas , de Chaulnes , de
Rohan - Rohan , Prince de Soubiſe , de la Valliere
de Fleury , de Duras & de Choiſeul , aſſiſtèrent
à fa réception.
On célébra le 12 , dans l'Eglife Métropolitaine
de cette Ville , un fervice folemnel , que le Roi
avoit ordonné,pour le repos del'âme de feueMadame
Louiſe-Elifabeth de France , Infante d'Espagne,
I iv
200 MERCURE DE FRANCE .
Duchelle de Parme , de Plaifance & de Guaſtalla ,
Fille ainée de Sa Majesté . Le Roi avoit nommé ,
pour faire le grand deuil à cette cérémonie , Madame
la Dauphine , Madame , & Madame Victoire ;
& pour conduire les Princes & les Princeffes ,
Monfeigneur le Dauphin , le Duc d'Orléans , &
le Prince de Condé . Ces Princes & Princeffes ,
qui s'étoient d'abord rendus à l'Archevêché , le
mirent en marche pour aller à l'Eglife , lorfque
tout fut en état . Ils y furent conduits par le
Marquis de Dieux , Grand- Maître , & par le fieur
de Nantouillet , Maître des Cérémonies . Madame
la Dauphine , Madame , & Madame Victoire ,
menées par les Princes , pafferent par le dehors
de l'Eglife , & entrerent par la grande porte ; ils
furent placés dans les hautes ftalles , à droite & à
gauche. Un grand nombre d'Archevêques & Evêques
, affiftèrent à cette cérémonie , ainfi que le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes, l'Univerfité , & le Corps de Ville. L'Archevêque
de Paris officia pontificalement ; &
l'ancien Evêque de Troyes , prononça l'Oraiſon
funèbre. Toutes les perfonnes qui compofoient
la maifon de Madame Intante , affiftèrent , en
grand deuil , à cette cérémonie , ainfi qu'aux Vêpres
des Morts , qui s'étoient dites la veille .
Le Portail de l'Eglife, étoit tendu de noir ; deux
lez de velours , femés de larmes & d'écuffons ,
& trois grands cartels , chargés des armes & des
chiffres de Madame Infante , ornoient cette tenzure
funèbre.
La décoration de l'intérieur du Choeur , étoit
une ordonnance ionique de pilaftres & d'arcades,
furmontée d'un attique. La frife de l'entablement
étoit femée de fleurs -de - lys , de lions , de tours
d'aigles , & de larmes , de même que la plattebande
qui couronnoit les ſtalles.
MARS. 1760. 201
1
Le Catafalque , placé à l'entrée du Choeur ,
repréfentoit un tombeau , élevé fur un piédeftal.
Quatre marches conduifoient à ce piédeſtal , qui
étoit de marbre verd d'Egypte . Il étoit décoré de
huit colonnes doriques , de porphyre , dont les
bafes & les chapiteaux étoient en or . L'entablement
étoit pareillement de porphyre ; & la frife
étoit ornée de fleurs- de- lys , dans les métopes.
Le farcophage , placé fur le piédeſtal , étoit de
marbre verd antique , & couvert du manteau
ducal. Il étoit accompagné de quatre figures
affiles , emblêmes des vertus de la Princeffe . Tout
le monument étoit couronné d'un vaſte pavillon ,
à rideaux doublés d'hermine , femés de larmes ,
& retrouffés.
La quantité de lumières , diftribuées avec art
dans toutes les parties de cette décoration ; l'éclat
des dorures & des bronzes ; la variété des
couleurs des marbres, alliées avec harmonie , formoient
un enfemble également magnifique , &
bien entendu .
Cette pompe funèbre , ordonnée de la part de
Sa Majefté , par le Duc de Fleury , Pair de France ,
& premier Gentilhomme de la Chambre , a été
conduite par le fieur de Fontpertuis , Intendant des
Menus - plaifirs du Roi , fur les deffeins du fieur
Michel - Ange Slodtz , Deffinateur ordinaire du
Cabinet de Sa Majesté.
Un Vailleau , arrivé du Levant à Marseille , a
apporté la nouvelle , que la ville de Saphet , en
Paleftine , a été renversée & abîmée par un tremblement
de terre ; de même que quantité de villages
des environs. Cette Ville , que l'on croit être
l'ancienne Béthulie , étoit fituée fur une haute
de diftance montagne , à peu de la mer , entre
Sey de , ou l'ancienne Sidon , & Saint Jean d'Acre.
Elle étoit fort révérée des Juifs , dont plufieurs s'y
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
rendoient de toutes les parties du monde , pour
finir leurs jours dans la terre de leurs peres.
La Compagnie des Indes , a reçu avis que les
quatre Vailleaux qu'elle attendoit des Indes , font
arrivés heureuſement , le Maffiac à l'Orient , deux
autres a Rochefort , & le quatriéme à la Corogne.
Tous ces Vaiffeaux font richement chargés .
2
Le Samedi 9 , le Sieur Vattelet , Receveur général
des Finances préfenta à l'Académie de
Peinture , fon Poëme Didactique , fur l'art de
peindre. On attendoit avec empreffement l'impreffion
d'un ouvrage fi utile , & fi bien annoncé
au Public , par le bon goût & par le talent de
l'Auteur.
Le , le Duc de Luynes , Gouverneur de Paris ,
fut reçu & prit féance au Parlement , en qualité
' de Pair de France. Le Prince de Condé , le Comte
de Clermont , le Prince de Conti , le Comte de
la Marche , Princes du Sang , l'Evêque Duc de
Langres, & les Ducs d'Uzès , de Briffac , de Richelieu
, de Rohan - Chabot , de Luxembourg , de
Saint- Aignan , de Trefmes , d'Harcourt , de Filtz
James , de Villars - Brancas , de Chaulnes , de
Rohan - Rohan , Prince de Soubiſe , de la Valliere
de Fleury , de Duras & de Choiſeul , aſſiſtèrent
à fa réception.
On célébra le 12 , dans l'Eglife Métropolitaine
de cette Ville , un fervice folemnel , que le Roi
avoit ordonné,pour le repos del'âme de feueMadame
Louiſe-Elifabeth de France , Infante d'Espagne,
I iv
200 MERCURE DE FRANCE .
Duchelle de Parme , de Plaifance & de Guaſtalla ,
Fille ainée de Sa Majesté . Le Roi avoit nommé ,
pour faire le grand deuil à cette cérémonie , Madame
la Dauphine , Madame , & Madame Victoire ;
& pour conduire les Princes & les Princeffes ,
Monfeigneur le Dauphin , le Duc d'Orléans , &
le Prince de Condé . Ces Princes & Princeffes ,
qui s'étoient d'abord rendus à l'Archevêché , le
mirent en marche pour aller à l'Eglife , lorfque
tout fut en état . Ils y furent conduits par le
Marquis de Dieux , Grand- Maître , & par le fieur
de Nantouillet , Maître des Cérémonies . Madame
la Dauphine , Madame , & Madame Victoire ,
menées par les Princes , pafferent par le dehors
de l'Eglife , & entrerent par la grande porte ; ils
furent placés dans les hautes ftalles , à droite & à
gauche. Un grand nombre d'Archevêques & Evêques
, affiftèrent à cette cérémonie , ainfi que le
Parlement , la Chambre des Comptes , la Cour
des Aydes, l'Univerfité , & le Corps de Ville. L'Archevêque
de Paris officia pontificalement ; &
l'ancien Evêque de Troyes , prononça l'Oraiſon
funèbre. Toutes les perfonnes qui compofoient
la maifon de Madame Intante , affiftèrent , en
grand deuil , à cette cérémonie , ainfi qu'aux Vêpres
des Morts , qui s'étoient dites la veille .
Le Portail de l'Eglife, étoit tendu de noir ; deux
lez de velours , femés de larmes & d'écuffons ,
& trois grands cartels , chargés des armes & des
chiffres de Madame Infante , ornoient cette tenzure
funèbre.
La décoration de l'intérieur du Choeur , étoit
une ordonnance ionique de pilaftres & d'arcades,
furmontée d'un attique. La frife de l'entablement
étoit femée de fleurs -de - lys , de lions , de tours
d'aigles , & de larmes , de même que la plattebande
qui couronnoit les ſtalles.
MARS. 1760. 201
1
Le Catafalque , placé à l'entrée du Choeur ,
repréfentoit un tombeau , élevé fur un piédeftal.
Quatre marches conduifoient à ce piédeſtal , qui
étoit de marbre verd d'Egypte . Il étoit décoré de
huit colonnes doriques , de porphyre , dont les
bafes & les chapiteaux étoient en or . L'entablement
étoit pareillement de porphyre ; & la frife
étoit ornée de fleurs- de- lys , dans les métopes.
Le farcophage , placé fur le piédeſtal , étoit de
marbre verd antique , & couvert du manteau
ducal. Il étoit accompagné de quatre figures
affiles , emblêmes des vertus de la Princeffe . Tout
le monument étoit couronné d'un vaſte pavillon ,
à rideaux doublés d'hermine , femés de larmes ,
& retrouffés.
La quantité de lumières , diftribuées avec art
dans toutes les parties de cette décoration ; l'éclat
des dorures & des bronzes ; la variété des
couleurs des marbres, alliées avec harmonie , formoient
un enfemble également magnifique , &
bien entendu .
Cette pompe funèbre , ordonnée de la part de
Sa Majefté , par le Duc de Fleury , Pair de France ,
& premier Gentilhomme de la Chambre , a été
conduite par le fieur de Fontpertuis , Intendant des
Menus - plaifirs du Roi , fur les deffeins du fieur
Michel - Ange Slodtz , Deffinateur ordinaire du
Cabinet de Sa Majesté.
Un Vailleau , arrivé du Levant à Marseille , a
apporté la nouvelle , que la ville de Saphet , en
Paleftine , a été renversée & abîmée par un tremblement
de terre ; de même que quantité de villages
des environs. Cette Ville , que l'on croit être
l'ancienne Béthulie , étoit fituée fur une haute
de diftance montagne , à peu de la mer , entre
Sey de , ou l'ancienne Sidon , & Saint Jean d'Acre.
Elle étoit fort révérée des Juifs , dont plufieurs s'y
I v
202 MERCURE DE FRANCE.
rendoient de toutes les parties du monde , pour
finir leurs jours dans la terre de leurs peres.
La Compagnie des Indes , a reçu avis que les
quatre Vailleaux qu'elle attendoit des Indes , font
arrivés heureuſement , le Maffiac à l'Orient , deux
autres a Rochefort , & le quatriéme à la Corogne.
Tous ces Vaiffeaux font richement chargés .
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Résumé : DE PARIS, le 16 Février.
Le 9 février, le Sieur Vattelet, Receveur général des Finances, présenta à l'Académie de Peinture un poème didactique sur l'art de peindre, suscitant une grande attente du public. Le même jour, le Duc de Luynes, Gouverneur de Paris, fut reçu au Parlement en qualité de Pair de France, en présence de plusieurs princes du sang et ducs, dont le Prince de Condé, le Comte de Clermont et le Prince de Conti. Le 12 février, un service solennel fut célébré dans l'église métropolitaine de Paris pour le repos de l'âme de la défunte Madame Louise-Élisabeth de France, Infante d'Espagne et Duchesse de Parme, de Plaisance et de Guastalla, fille aînée du roi. Le roi avait désigné Madame la Dauphine, Madame, et Madame Victoire pour faire le grand deuil, et Monseigneur le Dauphin, le Duc d'Orléans, et le Prince de Condé pour conduire les princes et princesses. La cérémonie fut marquée par la présence de nombreux archevêques, évêques, et représentants des institutions parisiennes. L'Archevêque de Paris officia, et l'ancien Évêque de Troyes prononça l'oraison funèbre. La décoration de l'église était somptueuse, avec un portail tendu de noir, des rideaux de velours ornés de larmes et d'écussons, et des cartels chargés des armes et des chiffres de Madame Infante. L'intérieur du chœur était décoré d'une ordonnance ionique de pilastres et d'arcades, surmontée d'un attique. Le catafalque, placé à l'entrée du chœur, représentait un tombeau élevé sur un piédestal de marbre verd d'Égypte, décoré de colonnes doriques en porphyre et d'or. Le sarcophage était couvert du manteau ducal et accompagné de figures symbolisant les vertus de la princesse. La quantité de lumières, les dorures, et la variété des couleurs des marbres contribuaient à la magnificence de la décoration. Par ailleurs, un vaisseau arrivé à Marseille rapporta qu'un tremblement de terre avait détruit la ville de Saphet en Palestine, ainsi que plusieurs villages environnants. La Compagnie des Indes reçut la nouvelle de l'arrivée de quatre vaisseaux chargés de riches marchandises à l'Orient, Rochefort, et La Corogne.
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14
p. 253-258
MORTS.
Début :
Messire Victor-Pierre-François de Riquet, Comte de Caraman, Lieutenant-Général [...]
Mots clefs :
Messire, Comte, Marquis, Comtesse, Famille de Montauban, Monseigneur, Dame, Lieutenant colonel, Maison de Borstel, Seigneurs, Capitaine, Décès, Mariage, Madame, Veuf, Mousquetaire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Meffire Victor-Pierre-François de Riquet,Comte
de Caraman , Lieutenant - Général des Armées
du Roi , mourut en cette Ville , le 21 Avril , âgé
de 62 ans.
Le Marquis de Fimarcon , Lieutenant Général
des Armées du Roi , eft mort au Pont- Saint- Elprit.
Le Marquis de Surgeres , Lieutenant- Général,
des Armées du Roi , mourut à Surgeres près la
Rochelle , le 29 Avril.
La Comteffe de la Tour , eft morte en cette
Ville le 7 de Mai , âgée de trente -quatre ans .
Le .S Avril dernier , M. Louis de la Tour- du-
Pin , Comte de Montauban , Brigadier des Armées
du Roi, & premier Ecuyer de Monfeigneur
le Duc d'Orléans , premier Prince du Sang, mou
254 MERCURE DE FRANCE.
rut d'apoplexie en fon chateau de Roquebeau ,
âgé de 1 ans 6 mois 9 jours , étant né le 26
Septembre 1709, & fut inhumé le 7 en la Paroille
dudit Roquebeau , au Diocèle de Die. Il avoit été
marié les Mars 1738 , avec Dame Marie Olimpe
de Vauferre- des- Adrèts , veuve depuis le 12 Juin
1734 , de M. Louis- Alexandre de Saliéres de
Montlor , Brigadier des Armées du Roi ; avec lequel
elle avoit été mariée l'an 1730 , & fille de
M. Céfar de Vauferre , Baron des Adrèts , &
de Dame Marguerite Landais. Il laiſſe de la Dame
fon époufe , M. Louis de la Tour-du- Pin , Marquis
de Montauban né le premier Décembre
1739 , fait Chambellan de Monfeigneur le Duc
d'Orléans en 1752 , Guidon des Gendarmes d'Aquitaine
en 1758 , & premier Cornette des Chevaux
Légers d'Aquitaine en 1759 , après avoir
fervi fans difcontinuation depuis l'an 1747 , tant
dans la feconde Compagnie des Moufquetaires &
dans celle des Chevaux-Légers de la Garde , que
dans le Régiment du Roi. M. Louis- Apollinan
de la Tour- du - Pin de Montauban , né le 13 Janvier
1744 , & tonfuré dans la Chapelle du Palais-
Royal à Paris le 4 Mars 1758 , par M. Lucretius-
Henri-François de la Tour - de- Gouvernet de la
Chau- de-Montauban , Evêque de Riez
titulaire de l'Abbaye Royale de la noble Eglife
Séculiere & Collégiale de S. Pierre hors les portes
de Vienne en Dauphiné , fon oncle paternel à la
mode de Bretagne; & Dame Claudine - Céfarine de
la Tour- du- Pin de Montauban , née le 12 Juin
1741 , veuve , fans enfans , de M. Jean - Jacques-
Philippe Jofeph Lefmerie , Marquis d'Efchoify ,
Capitaine de Cavalerie dans le Régiment Royal-
Piémont , puis Guidon de la Compagnie des Gendarmes
Anglois , tué à la bataille de Minden le
premier Août 1759 , & avec lequel elle avoit été
Abbé
JUIN. 1760. 255
mariée dans la Chapelle du Palais - Royal le 24
Février 1756 .
La Charge de premier Ecuyer de Monſeigneur
le Duc d'Orléans , vacante par le décés de M. le ,
Comte de Montauban , a été donnée par ce
Prince à M. Marie -Jofeph de Brancas , Marquis
d'Oife , Chambellan de S. A. S. & Maréchal de
Camp des Armées du Roi , fecond fils de M.
Louis de Brancas , Duc de Villars , Pair de
France , &c. Voyez l'Hiftoire des Grands Officiers
de la Couronne , tom . V , pag. 277 & fuivantes.
Dame Marie de Borstel , épouse de Meffire
François de Grenelle , Seigneur de Pimont , Capitaine
de Cavalerie , Lieutenant Colonel au ſervi→
ce du Roi de Pologne , & un de fes Gentilshommes
, Chevalier de S. Louis , eft morte à Paris
le 18 Mai 1760 .
Elle étoit de l'illuftre Maiſon de Borſtel , une
des plus anciennes & des plus diftinguées parmi
les Princes d'Allemagne . Elle eft originaire de Zelande
, & un Seigneur de Borftel , à qui les Villes
de Fleffingue & Defwert appartenoient , épouſa
la derniere Comtefle de Hollande , & par fon
mariage il devint Souverain de cette Province ,
que le Duc de Brabant ufurpa fur lui .
Après cette ufurpation , plufieurs Seigneurs de
cette Maifon s'établirent dans la haute Saxe , où
ils bâtirent le Château de Borftel , affez remarquable
fur la Carte ; & l'on voit dans l'hiftoire
que dès le temps de l'Empereur Othon , ils y
étoient déja en très-grande diftinction , & qu'ils
avoient les premiers emplois dans le Miniſtère ,
dans la guèrre , & dans les ambaffades. Meffire
Conrad de Borftel , pere d'Adolphe V , Chevalier
Seigneur de Guften , Proftka & autres lieux ,
étoit premier Miniftre d'Etat des Princes d'An
256 MERCURE DE FRANCE.
halt , Gouverneur de cette Province . Cet Adolphe
V a eu deux neveux , dont l'un Frédéric de
Brofel , a été Capitaine des Gardes du Corps du
Roi de Suéde , Gonverneur de Gottembourg , &
Général Major des Armées de Sa Majesté Suédo
; & le fecond . Erneft-Amédée de Borftel ,
Crand Echanfon de feue fon Alteffe Electorale de
Brandebourg , Colonel du Régiment de fes Gardes
,Gouverneur du Duché de Magdebourg , lequel
gouvernement eft encore pollédé aujourd'hui
par Henri de Borſtel .
Le grand-pere de ladite Dame de Borftel de
Pimout , qui vient de mourir , fut envoyé en
France à l'âge de 18 ans en qualité d'Ambaſſadeur
, par le Roi de Bohême & les Princes de
l'Empire , auprès du Roi Louis XIII ; & lorfque
fes négociations furent heureufement terminées ,
voulant s'établir en France , le Roi lui accorda ,
des Lettres de Naturalité , & l'honora d'une charge
de Gentilhomme de fa Chambre. Il fe maria
a Dame Charlotte de Faron , d'une des bonnes
Maifons du Poitou . dont il n'eut qu'un fils , que
la fituation de fes affaires , après avoir fervi quelque
temps le Roi , a obligé de ne pas fuivre l'intention
qu'il avoit de confacrer fes jours au ſervice
de Sa Majefté ; mais s'étant marié avec une Demoitelle
Tafchereau , alliée de M. le Chancelier
de Pontchartrain , du côté des Préfidens Cortereau
, & cousine de M. le Marquis de Rafilly ,
Lieutenant Général de la Province de Touraine
& Tous-Gouverneur des Enfans de France ; il en
a eu une nombreuſe famille , dont deux fils font
morts au fervice , le premier dans la Marine fuc
tué au fameux corbat de la Hogue , à l'âge de
vingt ans , dans le grade de Lieutenant de Vailfeau
du Roi; le fecond & dernier , eft le Conte
de Burfiel , qui après avoir fervi avec grande dif
JUIN. 1760. 257
tinction dans l'Artillerie , dont il étoit premier
Lieutenant Général , fut tué à la tête de ce Corps
qu'il comandoit , à la bataille de Plaifance en
1745. Il n'a laiffé qu'une fille , qui , après avoir
été longtemps fille d'Honneur de la Reine d'Ef
pagne , s'eft faite Carmelite auprès de Madame
de Borfiel fa tante , Supérieure de ce Couvent à
Paris. Ladite Dame de Borftel de Pimont , qui
vient de mourir , jouiffoit de plus de 45000 livres
de rente. Sa fuccellion palle à Dame Magdelaine
de Borftel , fa foeur , épouse de M. de
Beau ront , l'un des anciens Fermiers Généraux
du Roi , qui n'ont point d'enfans .
Meffire François de Grenelle de Pimont , qui.
refte veuf de ladite Dau e après vingt- huit ans de
mariage, eft originaire de Paris , d'une des plus
anciennes familles de robe , qui a poffédé longtemps
le fief de Grenelle , où eft à préfent bâtie
l'Ecole Militaire. Un de fes ayeux fe retira dans
le Duché de Bourgogne du temps des troubles
d'Henry III , & y acheta plufieurs Terres & Fiefs ,
entre autres celui de Pimont , qui a reûté jufqu'à
préfent à fes defcendans qui le font alliés aux
premieres familles du Parlement de Dijon , entre
autres à François de Gergy & à Marguerite
Quarré , toutes les deux d'ancienne extraclion
dont Jean de Grenelle , mari de la derniere , devint
Confeiller d'Etat.
Le fieur de Pinout , ayant pris le parti des armès
, a conn encé par être douze ans dans les
Moufquetaires , enfuite Capitaine de Cavalerie ,
Lieutenant Colonel au fervice du Roi de Pologne
& Gentilhomme de ce Prince. Il a fair prendre le
même parti des ar nes a quatre de fes neveux
dont l'un a été tué Capitaine dans le Régiment de
Forelt , trois autres font actuellement dans celui
>
258 MERCURE DE FRANCE.
de Vatan , dont les deux premiers ſont à la tête
dudit Régiment & Chevaliers de S. Louis.
Meffire Victor-Pierre-François de Riquet,Comte
de Caraman , Lieutenant - Général des Armées
du Roi , mourut en cette Ville , le 21 Avril , âgé
de 62 ans.
Le Marquis de Fimarcon , Lieutenant Général
des Armées du Roi , eft mort au Pont- Saint- Elprit.
Le Marquis de Surgeres , Lieutenant- Général,
des Armées du Roi , mourut à Surgeres près la
Rochelle , le 29 Avril.
La Comteffe de la Tour , eft morte en cette
Ville le 7 de Mai , âgée de trente -quatre ans .
Le .S Avril dernier , M. Louis de la Tour- du-
Pin , Comte de Montauban , Brigadier des Armées
du Roi, & premier Ecuyer de Monfeigneur
le Duc d'Orléans , premier Prince du Sang, mou
254 MERCURE DE FRANCE.
rut d'apoplexie en fon chateau de Roquebeau ,
âgé de 1 ans 6 mois 9 jours , étant né le 26
Septembre 1709, & fut inhumé le 7 en la Paroille
dudit Roquebeau , au Diocèle de Die. Il avoit été
marié les Mars 1738 , avec Dame Marie Olimpe
de Vauferre- des- Adrèts , veuve depuis le 12 Juin
1734 , de M. Louis- Alexandre de Saliéres de
Montlor , Brigadier des Armées du Roi ; avec lequel
elle avoit été mariée l'an 1730 , & fille de
M. Céfar de Vauferre , Baron des Adrèts , &
de Dame Marguerite Landais. Il laiſſe de la Dame
fon époufe , M. Louis de la Tour-du- Pin , Marquis
de Montauban né le premier Décembre
1739 , fait Chambellan de Monfeigneur le Duc
d'Orléans en 1752 , Guidon des Gendarmes d'Aquitaine
en 1758 , & premier Cornette des Chevaux
Légers d'Aquitaine en 1759 , après avoir
fervi fans difcontinuation depuis l'an 1747 , tant
dans la feconde Compagnie des Moufquetaires &
dans celle des Chevaux-Légers de la Garde , que
dans le Régiment du Roi. M. Louis- Apollinan
de la Tour- du - Pin de Montauban , né le 13 Janvier
1744 , & tonfuré dans la Chapelle du Palais-
Royal à Paris le 4 Mars 1758 , par M. Lucretius-
Henri-François de la Tour - de- Gouvernet de la
Chau- de-Montauban , Evêque de Riez
titulaire de l'Abbaye Royale de la noble Eglife
Séculiere & Collégiale de S. Pierre hors les portes
de Vienne en Dauphiné , fon oncle paternel à la
mode de Bretagne; & Dame Claudine - Céfarine de
la Tour- du- Pin de Montauban , née le 12 Juin
1741 , veuve , fans enfans , de M. Jean - Jacques-
Philippe Jofeph Lefmerie , Marquis d'Efchoify ,
Capitaine de Cavalerie dans le Régiment Royal-
Piémont , puis Guidon de la Compagnie des Gendarmes
Anglois , tué à la bataille de Minden le
premier Août 1759 , & avec lequel elle avoit été
Abbé
JUIN. 1760. 255
mariée dans la Chapelle du Palais - Royal le 24
Février 1756 .
La Charge de premier Ecuyer de Monſeigneur
le Duc d'Orléans , vacante par le décés de M. le ,
Comte de Montauban , a été donnée par ce
Prince à M. Marie -Jofeph de Brancas , Marquis
d'Oife , Chambellan de S. A. S. & Maréchal de
Camp des Armées du Roi , fecond fils de M.
Louis de Brancas , Duc de Villars , Pair de
France , &c. Voyez l'Hiftoire des Grands Officiers
de la Couronne , tom . V , pag. 277 & fuivantes.
Dame Marie de Borstel , épouse de Meffire
François de Grenelle , Seigneur de Pimont , Capitaine
de Cavalerie , Lieutenant Colonel au ſervi→
ce du Roi de Pologne , & un de fes Gentilshommes
, Chevalier de S. Louis , eft morte à Paris
le 18 Mai 1760 .
Elle étoit de l'illuftre Maiſon de Borſtel , une
des plus anciennes & des plus diftinguées parmi
les Princes d'Allemagne . Elle eft originaire de Zelande
, & un Seigneur de Borftel , à qui les Villes
de Fleffingue & Defwert appartenoient , épouſa
la derniere Comtefle de Hollande , & par fon
mariage il devint Souverain de cette Province ,
que le Duc de Brabant ufurpa fur lui .
Après cette ufurpation , plufieurs Seigneurs de
cette Maifon s'établirent dans la haute Saxe , où
ils bâtirent le Château de Borftel , affez remarquable
fur la Carte ; & l'on voit dans l'hiftoire
que dès le temps de l'Empereur Othon , ils y
étoient déja en très-grande diftinction , & qu'ils
avoient les premiers emplois dans le Miniſtère ,
dans la guèrre , & dans les ambaffades. Meffire
Conrad de Borftel , pere d'Adolphe V , Chevalier
Seigneur de Guften , Proftka & autres lieux ,
étoit premier Miniftre d'Etat des Princes d'An
256 MERCURE DE FRANCE.
halt , Gouverneur de cette Province . Cet Adolphe
V a eu deux neveux , dont l'un Frédéric de
Brofel , a été Capitaine des Gardes du Corps du
Roi de Suéde , Gonverneur de Gottembourg , &
Général Major des Armées de Sa Majesté Suédo
; & le fecond . Erneft-Amédée de Borftel ,
Crand Echanfon de feue fon Alteffe Electorale de
Brandebourg , Colonel du Régiment de fes Gardes
,Gouverneur du Duché de Magdebourg , lequel
gouvernement eft encore pollédé aujourd'hui
par Henri de Borſtel .
Le grand-pere de ladite Dame de Borftel de
Pimout , qui vient de mourir , fut envoyé en
France à l'âge de 18 ans en qualité d'Ambaſſadeur
, par le Roi de Bohême & les Princes de
l'Empire , auprès du Roi Louis XIII ; & lorfque
fes négociations furent heureufement terminées ,
voulant s'établir en France , le Roi lui accorda ,
des Lettres de Naturalité , & l'honora d'une charge
de Gentilhomme de fa Chambre. Il fe maria
a Dame Charlotte de Faron , d'une des bonnes
Maifons du Poitou . dont il n'eut qu'un fils , que
la fituation de fes affaires , après avoir fervi quelque
temps le Roi , a obligé de ne pas fuivre l'intention
qu'il avoit de confacrer fes jours au ſervice
de Sa Majefté ; mais s'étant marié avec une Demoitelle
Tafchereau , alliée de M. le Chancelier
de Pontchartrain , du côté des Préfidens Cortereau
, & cousine de M. le Marquis de Rafilly ,
Lieutenant Général de la Province de Touraine
& Tous-Gouverneur des Enfans de France ; il en
a eu une nombreuſe famille , dont deux fils font
morts au fervice , le premier dans la Marine fuc
tué au fameux corbat de la Hogue , à l'âge de
vingt ans , dans le grade de Lieutenant de Vailfeau
du Roi; le fecond & dernier , eft le Conte
de Burfiel , qui après avoir fervi avec grande dif
JUIN. 1760. 257
tinction dans l'Artillerie , dont il étoit premier
Lieutenant Général , fut tué à la tête de ce Corps
qu'il comandoit , à la bataille de Plaifance en
1745. Il n'a laiffé qu'une fille , qui , après avoir
été longtemps fille d'Honneur de la Reine d'Ef
pagne , s'eft faite Carmelite auprès de Madame
de Borfiel fa tante , Supérieure de ce Couvent à
Paris. Ladite Dame de Borftel de Pimont , qui
vient de mourir , jouiffoit de plus de 45000 livres
de rente. Sa fuccellion palle à Dame Magdelaine
de Borftel , fa foeur , épouse de M. de
Beau ront , l'un des anciens Fermiers Généraux
du Roi , qui n'ont point d'enfans .
Meffire François de Grenelle de Pimont , qui.
refte veuf de ladite Dau e après vingt- huit ans de
mariage, eft originaire de Paris , d'une des plus
anciennes familles de robe , qui a poffédé longtemps
le fief de Grenelle , où eft à préfent bâtie
l'Ecole Militaire. Un de fes ayeux fe retira dans
le Duché de Bourgogne du temps des troubles
d'Henry III , & y acheta plufieurs Terres & Fiefs ,
entre autres celui de Pimont , qui a reûté jufqu'à
préfent à fes defcendans qui le font alliés aux
premieres familles du Parlement de Dijon , entre
autres à François de Gergy & à Marguerite
Quarré , toutes les deux d'ancienne extraclion
dont Jean de Grenelle , mari de la derniere , devint
Confeiller d'Etat.
Le fieur de Pinout , ayant pris le parti des armès
, a conn encé par être douze ans dans les
Moufquetaires , enfuite Capitaine de Cavalerie ,
Lieutenant Colonel au fervice du Roi de Pologne
& Gentilhomme de ce Prince. Il a fair prendre le
même parti des ar nes a quatre de fes neveux
dont l'un a été tué Capitaine dans le Régiment de
Forelt , trois autres font actuellement dans celui
>
258 MERCURE DE FRANCE.
de Vatan , dont les deux premiers ſont à la tête
dudit Régiment & Chevaliers de S. Louis.
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Résumé : MORTS.
Le texte mentionne plusieurs décès de personnalités notables. Le Comte de Caraman, Lieutenant-Général des Armées du Roi, est décédé à l'âge de 62 ans le 21 avril. Le Marquis de Fimarcon et le Marquis de Surgeres, également Lieutenants-Généraux, sont morts respectivement au Pont-Saint-Esprit et à Surgeres près de La Rochelle le 29 avril. La Comtesse de la Tour est décédée à l'âge de 34 ans le 7 mai. Le Comte de Montauban, Brigadier des Armées du Roi et premier Écuyer du Duc d'Orléans, est mort d'apoplexie à l'âge de 1 an et 6 mois le 25 avril et a été inhumé le 7 mai. Il laisse un fils, le Marquis de Montauban, et deux autres enfants, Louis-Apollinaire et Claudine-Césarine. La charge de premier Écuyer du Duc d'Orléans a été attribuée à Marie-Joseph de Brancas, Marquis d'Oise. Dame Marie de Borstel, épouse de François de Grenelle, Seigneur de Pimont, est décédée à Paris le 18 mai. Elle appartenait à une illustre maison allemande et possédait une rente de plus de 45 000 livres. Son époux, François de Grenelle, est originaire d'une ancienne famille parisienne et a servi dans les Mousquetaires et comme Capitaine de Cavalerie.
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15
p. 192-193
De VERSAILLES, le 9 Octobre.
Début :
Le 7 de ce mois, Dom Jaime Massones de Lima, Ambassadeur [...]
Mots clefs :
Ambassadeur extraordinaire, Roi d'Espagne, Audience, Décès, Reine d'Espagne, Comte, Monseigneur, Madame, Princesse, Deuil
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De VERSAILLES, le 9 Octobre.
De VERSAILLES , le 9 Octobre.
E 7 de ce mois , Dom Jaime Maffones de
Lima , Ambaffadeur extraordinaire du Roi d'Efpagne
eur , en long manteau de deuil , une Audience
particuliere du Roi , dans laquelle il fit
part a Sa Majeté de la mort de la Reine d'Efpagne.
Il fut conduit à cette Audience , ainfi qu'à
celles de la Reine , de Monfeigneur le Dauphin ,
de Madame la Dauphine , de Monſeigneur le Duc
de Bourgogne , de Monfeigneur le Duc de Berry ,
de Monteigneur le Comte de Provence , de Monfeigneur
le Comte d'Artois , de Madame , de Madame
A lélaïde , & de Meldames Victoire , Sophie
& Louife , par le fieur de la Live , Introducteur
des Amballadeurs. Cette Princelle , qui eft
morte le 27 du mois dernier , fe nommoit Marie-
Amélie ;
NOVEMBRE. 1960 . 193
Amélie ; elle étoit fille aînée du Roi de Pologne ,
Electeur de Saxe , & de Marie-Jolephe d'Autriche ,
fille de l'Empereur Jofeph. Elle étoit âgée de
trente-cinq ans , dix mois & trois jours . Elle avoit
époufé , le 19 Juin 1738 , Dom Carlos , alors Roi
de Naples & des Deux- Siciles. La Cour a pris ,
le 9 , le deuil pour cette Princelle , pour un mois.
E 7 de ce mois , Dom Jaime Maffones de
Lima , Ambaffadeur extraordinaire du Roi d'Efpagne
eur , en long manteau de deuil , une Audience
particuliere du Roi , dans laquelle il fit
part a Sa Majeté de la mort de la Reine d'Efpagne.
Il fut conduit à cette Audience , ainfi qu'à
celles de la Reine , de Monfeigneur le Dauphin ,
de Madame la Dauphine , de Monſeigneur le Duc
de Bourgogne , de Monfeigneur le Duc de Berry ,
de Monteigneur le Comte de Provence , de Monfeigneur
le Comte d'Artois , de Madame , de Madame
A lélaïde , & de Meldames Victoire , Sophie
& Louife , par le fieur de la Live , Introducteur
des Amballadeurs. Cette Princelle , qui eft
morte le 27 du mois dernier , fe nommoit Marie-
Amélie ;
NOVEMBRE. 1960 . 193
Amélie ; elle étoit fille aînée du Roi de Pologne ,
Electeur de Saxe , & de Marie-Jolephe d'Autriche ,
fille de l'Empereur Jofeph. Elle étoit âgée de
trente-cinq ans , dix mois & trois jours . Elle avoit
époufé , le 19 Juin 1738 , Dom Carlos , alors Roi
de Naples & des Deux- Siciles. La Cour a pris ,
le 9 , le deuil pour cette Princelle , pour un mois.
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Résumé : De VERSAILLES, le 9 Octobre.
Le 9 octobre, Dom Jaime Maffones de Lima, ambassadeur extraordinaire du roi d'Espagne, a annoncé au roi de France la mort de la reine d'Espagne lors d'une audience particulière. Il a également été reçu par la reine, le dauphin, la dauphine, les ducs de Bourgogne et de Berry, les comtes de Provence et d'Artois, ainsi que par plusieurs princesses, dont Madame Élisabeth et Mesdames Victoire, Sophie et Louise. La reine décédée, Marie-Amélie, était la fille aînée du roi de Pologne et électeur de Saxe, et de Marie-Josèphe d'Autriche, fille de l'empereur Joseph. Elle avait 35 ans, 10 mois et 3 jours. Marie-Amélie avait épousé Dom Carlos, roi de Naples et des Deux-Siciles, le 19 juin 1738. La cour française a observé un deuil d'un mois en sa mémoire à partir du 9 octobre.
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16
p. 170
NAISSANCES.
Début :
Le 3 Mai, Madame la Dauphine est accouchée heureusement d'une [...]
Mots clefs :
Madame la Dauphine, Accouchement, Princesse, Monseigneur, Comte, Duc, Madame, Duchesse, Fille, Fils
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : NAISSANCES.
NAISSANCES.
>
Le 3 Mai Madame la Dauphine eſt accouchée
heureufement d'une Princeffe vers les
deux heures du matin. Le même jour , Monſei--
gneur le Duc de Berry , ainfi que Monfeigneur
le Comte de Provence , Monfeigneur le Comte
d'Artois & Madame , fe rendirent à la Chapelle
du Château , immédiatement après la Mefle du
Roi , pour la cérémonie du Baptême de la Princelle
nouvellement née . Leurs Majeftés , ainfi
que Monfeigneur le Dauphin , Madame Adélaïde
, Meflames Victoire , Sophie & Louie , le
Duc d'Orléans , le Duc de Chartres , le Prince
de Condé , le Comte de Clermont , la Princeſſe
de Conti , le Prince de Conti , la Comteſſe de la
Marche , le Comte d'Eu , le Duc de Penthievre &
le Prince de Lamballe ont affifté cette Cérémonie.
Monfeigneur le Duc de Berry , au nom de l'Infant
Don Philippe , & Madame Adélaide au
nom de la Reine d'Eſpagne Douairiere , ont tenu
fur les Fonts de Baptême cette Princelle qui a été
nommée Elifabeth Philippe- Marie- Helene. Le
Baptême a été adminiftré par l'Archevêque de
Rheims , Grand Aumônier de Sa Majesté , en
préfence du Sieur Allarh , Curé de Paroille du
Château . Plufieurs Princes & Princelles , Seigneurs
& Damés de la Cour ont affifté à cette Cérémonie
, ainfi
que
les Ambaffadeurs
d'Elpagne
& de
Naples
.
Le 4 Avril , la Ducheffe de Charoſt eſt accouchée
d'un fils qui portera le nom de Marquis de
Charoft.
>
Le 3 Mai Madame la Dauphine eſt accouchée
heureufement d'une Princeffe vers les
deux heures du matin. Le même jour , Monſei--
gneur le Duc de Berry , ainfi que Monfeigneur
le Comte de Provence , Monfeigneur le Comte
d'Artois & Madame , fe rendirent à la Chapelle
du Château , immédiatement après la Mefle du
Roi , pour la cérémonie du Baptême de la Princelle
nouvellement née . Leurs Majeftés , ainfi
que Monfeigneur le Dauphin , Madame Adélaïde
, Meflames Victoire , Sophie & Louie , le
Duc d'Orléans , le Duc de Chartres , le Prince
de Condé , le Comte de Clermont , la Princeſſe
de Conti , le Prince de Conti , la Comteſſe de la
Marche , le Comte d'Eu , le Duc de Penthievre &
le Prince de Lamballe ont affifté cette Cérémonie.
Monfeigneur le Duc de Berry , au nom de l'Infant
Don Philippe , & Madame Adélaide au
nom de la Reine d'Eſpagne Douairiere , ont tenu
fur les Fonts de Baptême cette Princelle qui a été
nommée Elifabeth Philippe- Marie- Helene. Le
Baptême a été adminiftré par l'Archevêque de
Rheims , Grand Aumônier de Sa Majesté , en
préfence du Sieur Allarh , Curé de Paroille du
Château . Plufieurs Princes & Princelles , Seigneurs
& Damés de la Cour ont affifté à cette Cérémonie
, ainfi
que
les Ambaffadeurs
d'Elpagne
& de
Naples
.
Le 4 Avril , la Ducheffe de Charoſt eſt accouchée
d'un fils qui portera le nom de Marquis de
Charoft.
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Résumé : NAISSANCES.
Le 3 mai, Madame la Dauphine a accouché d'une princesse vers deux heures du matin. Le même jour, plusieurs membres de la famille royale, dont le Duc de Berry, le Comte de Provence, le Comte d'Artois et Madame, ont assisté au baptême de la princesse à la chapelle du château. Parmi les présents figuraient Leurs Majestés, le Dauphin, Madame Adélaïde, Mesdames Victoire, Sophie et Louise, ainsi que divers princes, princesses, seigneurs et dames de la cour. Le Duc de Berry et Madame Adélaïde ont tenu la princesse sur les fonts baptismaux au nom de l'Infant Don Philippe et de la Reine d'Espagne douairière, respectivement. La princesse a été nommée Élisabeth Philippe-Marie-Hélène. Le baptême a été administré par l'Archevêque de Reims, Grand Aumônier de Sa Majesté, en présence du Curé de la paroisse du château. Plusieurs princes, princesses, seigneurs et dames de la cour, ainsi que les ambassadeurs d'Espagne et de Naples, ont assisté à la cérémonie. Le 4 avril, la Duchesse de Charost a donné naissance à un fils, qui portera le nom de Marquis de Charost.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 151-156
De VERSAILLES, le 12 Septembre 1764.
Début :
Le 19 du mois dernier, le Maréchal de Clermont-Tonnerre, prêta [...]
Mots clefs :
Maréchal, Serment, Symphonie, Auteurs, Duc, Ministre, Secrétaire, Famille royale, Nominations, Démissions, Évêque, Comtesse, Madame, Députés, Audience, Contrat de mariage, Cérémonies, Académie royale des inscriptions et belles-lettres, Mémoire, Histoire de France, Dictionnaire, Volumes
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texteReconnaissance textuelle : De VERSAILLES, le 12 Septembre 1764.
De VERSAILLES , le 12 Septembre 1764.
Le 19 du mois dernier , le Maréchal de Cler
mont - Tonnerre , prêta ferment entre les mains
du Roi pour la Lieutenance Générale & le Commandement
du Dauphiné.
Le 24 , Dom Nicolas Chanlatte , nommé le
à l'Abbaye de Pontigni , eut l'honneur d'être
préfenté à Sa Majesté.
4
Giv
152 MERCURE DE FRANCE.
Le 25 , Fête de S. Louis , les Haut- bois de :
fa Chambre ont joué , au lever du Roi , plufieurs
morceaux de fymphonie de la compofilion
du Sieur Dard , Ordinaire de la Mufique.
Ce foir , Leurs Majeftés ont foupé à leur grand
Couvert. Les Muficiens du Roi ont éxécuté
pendant le fouper plufieurs morceaux de fymphonie
de différens Auteurs , fous la direction
du Sieur de Bury , Surintendant de la Mufique
de Sa Majefté , en furvivance du Sieur Rebel .
La veille , le Corps de Ville fe rendit ici où .
ayant à fa tête le Duc de Chevreufe , Gouver
neur de Paris , il eut audience du Roi avec les
cérémonies accoutumées. Il fut préfenté à Sa
Majefté par le Comte de S. Florentin , Miniſtre
& Secrétaire d'Etat , & conduit par le Sieur de
Nantouillet , Maître des Cérémonies. Le Sieur
Bignon , Confeiller d'Etat , Commandeur des
Ordres du Roi & Bibliothécaire de Sa Majefté ,
nouveau Frévôt des Marchands ; & les Sieurs
Martel , Confeiller du Roi , Notaire honoraire
Confeiller Quartinier de l'Hôtel de Villė ,
& Gauthier de Rougemont , Négociant , nouveaux
Echevins prêterent entre les mains
du Roi le ferment de fidélité dont le Comte de
S. Florentin fit la lecture , ainfi que du Scrutin
qui fut préfenté par le Sieur de la Porte , Premier
Avocat du Roi au Châtelet . Après cette Audience
le Corps de Ville eut l'honneur de rendre les
refpects à la Reine & à la Famille Royale.
>
-
Le même jour , Leurs Majeftés ainfi que la Famille
Royale, ont figné le Contrat de mariage du
Comte de la Rochefoucault avec Demoiſelle
de Lannion.
Le 2 , le Comte de Woronzow , Grand - Chancelier
de Ruffie , prit congé de Leurs Majeftés
& de la Famille Royale,
NOVEMBRE. 1764. 153
Le lendemain , les Députés du Parlement de
Bretagne eurent audience du Roi. Ils furent
préfentés à Sa Majefté parle Comte de S. Florentin
, Miniftre & Secrétaire d'Etat ayant le Département
de cette Province , & conduits par
le Sieur de Nantouillet , Maître des Cérémonies.
Sa Majefté les reçut dans fon fauteuil en préfence
de fes Miniftres & de fes Grands Officiers , &
leur permit de lui préfenter les remontrance
dont ils avoient été chargés par leur Compagnies
Le Roi a nommé l'Evêque de Tulle à l'Evêch ;
de Soiffons , & l'Abbé de S. Sauveur , Vicairé
Général du Diocèfe d'Amiens à l'Evêché de Tullee
Sa Majesté a donné l'Abbaye de S. Evroul ..
Ordre de S. Benoît , Diocèle de Lizieux , à l'E-,
vêque de Rennes , & l'Abbaye d'Annay , Ordrede
Cîteaux , Diocèle d'Arras à la Dame de
Brifoeuil , Religieufe de la même Abbaye .
›
Le 31 , les Députés du Parlement de Bretagne
furent prefentés au Roi au nombre de fept par
le Comte de S. Florentin , & conduits par le Sieur
Bourlier de S. Hilaire ,Maître-d'Hôtel Ördinaire de
Sa Majesté. Le Roi les reçut dans fon fauteuil en
préſence de fes Miniftres & des Grands Officiers ,
& leur fit part de fes intentions au fujet des
repréfentations qu'ils avoient préfentées le 16
à Sa Majefté de la part de leurCompagnie.
La Comteffe de Sommyevre, ayant été nomméo
pour accompagner Madame Adélaïde , à la place
de la Comtelle de Narbonne , s été préſentée
au Roi , le 2 de ce mois , en cette qualité par™
Madame Adélaïde .
Le 3 , les Députés de Languedoc eurent audience
de Sa Majesté. Ils furent préfentés par
le Comte d'Eu , Gouverneur de la Province , &
par le Comte de S. Florentin , & conduits par
G v
154 MERCURE DE FRANCE .
le Sieur de Nantouillet , Maitre des Cérémonies .
La Députation étoit compofée , pour le Clergé ,
de l'Archevêque de Toulouſe qui porta la parole ;
pour la Nobleffe , du Vicomte de Polignac ;
& pour le Tiers - Etat , du Sieur Alifon , Lieutenant-
Maire de Nifmes , du Sieur Gaulard ,
Maire d'Anet , & du Sieur de la Fage , Syndic
Général de la Province . Ils furent enfuite conduits
à l'Audience de la Reine & de la Famille
Royale.
Le 8 , Leurs Majeftés ainsi que la Famille Royale,
fignerent le Contrat de mariage du Sieur Bignon ,
Fils du Prévôt des Marchands de la , Ville de
Paris , avec Demoiſelle de Hennot du Rozel .
Le même jour , le Sieur de Clugni , Conſeiller
au Parlement de Dijon , ci- devant Intendant de
S. Domingue , fut préfenté à Sa Majesté par le
Duc de Choiseul.
Le Roi ayant nommé Chevaliers des Ordres
Royaux , Militaires & Hofpitaliers de Notre-
Dame du Mont- Carmel & de S. Lazare de Jérufalem
le Comte de Redmond , Lieutenant -Général
de fes Armées , & le Comte d'Amblimond ,
Lieutenant de Vaiffeau , ces Chevaliers furent
reçus , le 9 , dans l'appartement & en préſence
de Mgr le Duc de Berry , Grand - Maître defdits
Ordres , après avoir fait leur profeffion &
l'émiffion de leurs voeux entre les mains du
Comte de S. Florentin , Gérent & Adminiſtrateur
de ces Ordres , pendant la minorité de Mgr
le Grand- Maître dont les nouveaux Chevaliers
eurent l'honneur de baifer la main en figne
d'obédience. Plufieurs Chevaliers & Commandeurs
, ainfi que les Grands Officiers desdits
Crdres , ont affifté à cette Cérémonie. La Meffe
a été célébrée par l'Abbé Frottier , Chapelain
du Roi.
NOVEMBRE. 1764. 155
Le même jour , l'Evêque d'Avranches fut facré
dans la Chapelle du Chateau , par l'Archevêque
de Reims , aflifté de l'Evêque de Senlis & de
celui de Soiffons , ci - devant Evêque de Tulle.
L'Abbé , le Bibliothécaire & le Procureur de
Sainte Genevieve eurent l'honneur d'être préfentés
au Roi , le même jour , par le Comte de
S. Florentin , Miniftre & Secrétaire d'Etat , &
de faire leurs remercîmens à Sa Majesté à l'oce
cafion de la Cérémonie du 6. Ils furent prcfentés
le même jour , à Mgr le Dauphin.
Le 10 , l'Evêque d'Avranches & celui de Vabres
prêterent ferment entre les mains du Roi pendant
la Meffe , dans la Chapelle du Château .
L'Académie Royale des Infcriptions & Belles-
Lettres eut l'honneur de préfenter , le 3 de ce
mois , à Leurs Majeſtés & à la Famille Royale les
XXIX & XXXe Volumes de fes Mémoires . Le
fieur de Fontanieu , Confeiller d'Etat , Intendant-
Général des Meubles de la Couronne , a préſenté
au Roi deux Sucriers d'Or très - artiftement travaillés
& faits par le fieur Roettiers , Orfévre
ordinaire de la Maifon de Sa Majeſté.
Le Sieur Gallonde , Chanoine Régulier de Ste
Génevieve , a eu l'honneur de préfenter au Roi
le premier Volume d'un Abrégé Chronologique
de l'Hiftoire de France écrit de fa main en lettres
Romaines.
Le fieur Duchefne , fils du Prévôt des Bâtimens
du Roi , & âgé de feize ans , a eu l'honneur de
préfenter au Roi un Livre intitulé . Manuel Botanique
contenant les propriétés des Plantes utiles
pour la nourriture , d'ufage en Médecine , employées
dans les Arts , ou d'ornement pour les jardins
& que l'on trouve à la Campagne aux environs de
Paris .
G vj
156 MERCURE DE FRANCE.
Le fieur Blondeau de Charnage , Penfionnaire
du Roi , a eu autfi l'honneur de préfenter à Sa
Majefté le quatriéme Volume de fon Dictionnaire
des Titres Originaux concernant les Droits de la
Couronne ; les Fiefs , l'Hiftoire , la Généalogie ,
& c.
Le Geur Valeyre fils , Imprimeur Libraire , eut
l'honneur de préſenter à Monſeigneur le Duc de
Berry , à Monfeigneur le Comte de Provence
& à Monfeigneur le Comte d'Artois , le Spectacle
Hiftorique ou Mémorial des principaux événemens
irés de l'Hiftoire Univerfelle.
Le 19 du mois dernier , le Maréchal de Cler
mont - Tonnerre , prêta ferment entre les mains
du Roi pour la Lieutenance Générale & le Commandement
du Dauphiné.
Le 24 , Dom Nicolas Chanlatte , nommé le
à l'Abbaye de Pontigni , eut l'honneur d'être
préfenté à Sa Majesté.
4
Giv
152 MERCURE DE FRANCE.
Le 25 , Fête de S. Louis , les Haut- bois de :
fa Chambre ont joué , au lever du Roi , plufieurs
morceaux de fymphonie de la compofilion
du Sieur Dard , Ordinaire de la Mufique.
Ce foir , Leurs Majeftés ont foupé à leur grand
Couvert. Les Muficiens du Roi ont éxécuté
pendant le fouper plufieurs morceaux de fymphonie
de différens Auteurs , fous la direction
du Sieur de Bury , Surintendant de la Mufique
de Sa Majefté , en furvivance du Sieur Rebel .
La veille , le Corps de Ville fe rendit ici où .
ayant à fa tête le Duc de Chevreufe , Gouver
neur de Paris , il eut audience du Roi avec les
cérémonies accoutumées. Il fut préfenté à Sa
Majefté par le Comte de S. Florentin , Miniſtre
& Secrétaire d'Etat , & conduit par le Sieur de
Nantouillet , Maître des Cérémonies. Le Sieur
Bignon , Confeiller d'Etat , Commandeur des
Ordres du Roi & Bibliothécaire de Sa Majefté ,
nouveau Frévôt des Marchands ; & les Sieurs
Martel , Confeiller du Roi , Notaire honoraire
Confeiller Quartinier de l'Hôtel de Villė ,
& Gauthier de Rougemont , Négociant , nouveaux
Echevins prêterent entre les mains
du Roi le ferment de fidélité dont le Comte de
S. Florentin fit la lecture , ainfi que du Scrutin
qui fut préfenté par le Sieur de la Porte , Premier
Avocat du Roi au Châtelet . Après cette Audience
le Corps de Ville eut l'honneur de rendre les
refpects à la Reine & à la Famille Royale.
>
-
Le même jour , Leurs Majeftés ainfi que la Famille
Royale, ont figné le Contrat de mariage du
Comte de la Rochefoucault avec Demoiſelle
de Lannion.
Le 2 , le Comte de Woronzow , Grand - Chancelier
de Ruffie , prit congé de Leurs Majeftés
& de la Famille Royale,
NOVEMBRE. 1764. 153
Le lendemain , les Députés du Parlement de
Bretagne eurent audience du Roi. Ils furent
préfentés à Sa Majefté parle Comte de S. Florentin
, Miniftre & Secrétaire d'Etat ayant le Département
de cette Province , & conduits par
le Sieur de Nantouillet , Maître des Cérémonies.
Sa Majefté les reçut dans fon fauteuil en préfence
de fes Miniftres & de fes Grands Officiers , &
leur permit de lui préfenter les remontrance
dont ils avoient été chargés par leur Compagnies
Le Roi a nommé l'Evêque de Tulle à l'Evêch ;
de Soiffons , & l'Abbé de S. Sauveur , Vicairé
Général du Diocèfe d'Amiens à l'Evêché de Tullee
Sa Majesté a donné l'Abbaye de S. Evroul ..
Ordre de S. Benoît , Diocèle de Lizieux , à l'E-,
vêque de Rennes , & l'Abbaye d'Annay , Ordrede
Cîteaux , Diocèle d'Arras à la Dame de
Brifoeuil , Religieufe de la même Abbaye .
›
Le 31 , les Députés du Parlement de Bretagne
furent prefentés au Roi au nombre de fept par
le Comte de S. Florentin , & conduits par le Sieur
Bourlier de S. Hilaire ,Maître-d'Hôtel Ördinaire de
Sa Majesté. Le Roi les reçut dans fon fauteuil en
préſence de fes Miniftres & des Grands Officiers ,
& leur fit part de fes intentions au fujet des
repréfentations qu'ils avoient préfentées le 16
à Sa Majefté de la part de leurCompagnie.
La Comteffe de Sommyevre, ayant été nomméo
pour accompagner Madame Adélaïde , à la place
de la Comtelle de Narbonne , s été préſentée
au Roi , le 2 de ce mois , en cette qualité par™
Madame Adélaïde .
Le 3 , les Députés de Languedoc eurent audience
de Sa Majesté. Ils furent préfentés par
le Comte d'Eu , Gouverneur de la Province , &
par le Comte de S. Florentin , & conduits par
G v
154 MERCURE DE FRANCE .
le Sieur de Nantouillet , Maitre des Cérémonies .
La Députation étoit compofée , pour le Clergé ,
de l'Archevêque de Toulouſe qui porta la parole ;
pour la Nobleffe , du Vicomte de Polignac ;
& pour le Tiers - Etat , du Sieur Alifon , Lieutenant-
Maire de Nifmes , du Sieur Gaulard ,
Maire d'Anet , & du Sieur de la Fage , Syndic
Général de la Province . Ils furent enfuite conduits
à l'Audience de la Reine & de la Famille
Royale.
Le 8 , Leurs Majeftés ainsi que la Famille Royale,
fignerent le Contrat de mariage du Sieur Bignon ,
Fils du Prévôt des Marchands de la , Ville de
Paris , avec Demoiſelle de Hennot du Rozel .
Le même jour , le Sieur de Clugni , Conſeiller
au Parlement de Dijon , ci- devant Intendant de
S. Domingue , fut préfenté à Sa Majesté par le
Duc de Choiseul.
Le Roi ayant nommé Chevaliers des Ordres
Royaux , Militaires & Hofpitaliers de Notre-
Dame du Mont- Carmel & de S. Lazare de Jérufalem
le Comte de Redmond , Lieutenant -Général
de fes Armées , & le Comte d'Amblimond ,
Lieutenant de Vaiffeau , ces Chevaliers furent
reçus , le 9 , dans l'appartement & en préſence
de Mgr le Duc de Berry , Grand - Maître defdits
Ordres , après avoir fait leur profeffion &
l'émiffion de leurs voeux entre les mains du
Comte de S. Florentin , Gérent & Adminiſtrateur
de ces Ordres , pendant la minorité de Mgr
le Grand- Maître dont les nouveaux Chevaliers
eurent l'honneur de baifer la main en figne
d'obédience. Plufieurs Chevaliers & Commandeurs
, ainfi que les Grands Officiers desdits
Crdres , ont affifté à cette Cérémonie. La Meffe
a été célébrée par l'Abbé Frottier , Chapelain
du Roi.
NOVEMBRE. 1764. 155
Le même jour , l'Evêque d'Avranches fut facré
dans la Chapelle du Chateau , par l'Archevêque
de Reims , aflifté de l'Evêque de Senlis & de
celui de Soiffons , ci - devant Evêque de Tulle.
L'Abbé , le Bibliothécaire & le Procureur de
Sainte Genevieve eurent l'honneur d'être préfentés
au Roi , le même jour , par le Comte de
S. Florentin , Miniftre & Secrétaire d'Etat , &
de faire leurs remercîmens à Sa Majesté à l'oce
cafion de la Cérémonie du 6. Ils furent prcfentés
le même jour , à Mgr le Dauphin.
Le 10 , l'Evêque d'Avranches & celui de Vabres
prêterent ferment entre les mains du Roi pendant
la Meffe , dans la Chapelle du Château .
L'Académie Royale des Infcriptions & Belles-
Lettres eut l'honneur de préfenter , le 3 de ce
mois , à Leurs Majeſtés & à la Famille Royale les
XXIX & XXXe Volumes de fes Mémoires . Le
fieur de Fontanieu , Confeiller d'Etat , Intendant-
Général des Meubles de la Couronne , a préſenté
au Roi deux Sucriers d'Or très - artiftement travaillés
& faits par le fieur Roettiers , Orfévre
ordinaire de la Maifon de Sa Majeſté.
Le Sieur Gallonde , Chanoine Régulier de Ste
Génevieve , a eu l'honneur de préfenter au Roi
le premier Volume d'un Abrégé Chronologique
de l'Hiftoire de France écrit de fa main en lettres
Romaines.
Le fieur Duchefne , fils du Prévôt des Bâtimens
du Roi , & âgé de feize ans , a eu l'honneur de
préfenter au Roi un Livre intitulé . Manuel Botanique
contenant les propriétés des Plantes utiles
pour la nourriture , d'ufage en Médecine , employées
dans les Arts , ou d'ornement pour les jardins
& que l'on trouve à la Campagne aux environs de
Paris .
G vj
156 MERCURE DE FRANCE.
Le fieur Blondeau de Charnage , Penfionnaire
du Roi , a eu autfi l'honneur de préfenter à Sa
Majefté le quatriéme Volume de fon Dictionnaire
des Titres Originaux concernant les Droits de la
Couronne ; les Fiefs , l'Hiftoire , la Généalogie ,
& c.
Le Geur Valeyre fils , Imprimeur Libraire , eut
l'honneur de préſenter à Monſeigneur le Duc de
Berry , à Monfeigneur le Comte de Provence
& à Monfeigneur le Comte d'Artois , le Spectacle
Hiftorique ou Mémorial des principaux événemens
irés de l'Hiftoire Univerfelle.
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Résumé : De VERSAILLES, le 12 Septembre 1764.
En septembre et novembre 1764, plusieurs événements marquants ont eu lieu à la cour de France. Le 19 août, le Maréchal de Clermont-Tonnerre a prêté serment pour la Lieutenance Générale et le Commandement du Dauphiné. Le 24 août, Dom Nicolas Chanlatte a été présenté au roi pour l'Abbaye de Pontigny. Le 25 août, à la fête de Saint Louis, les musiciens de la chambre du roi ont interprété des symphonies. Ce même jour, le corps de ville de Paris, dirigé par le Duc de Chevreuse, a eu audience avec le roi et a prêté serment de fidélité. Le 1er septembre, le roi a signé le contrat de mariage du Comte de La Rochefoucault. Le 2 septembre, le Comte de Woronzow, Grand-Chancelier de Russie, a pris congé des souverains. Le 3 novembre, les députés du Parlement de Bretagne ont présenté leurs remontrances au roi. Le roi a également nommé plusieurs évêques et abbés, dont l'Évêque de Tulle à l'évêché de Soissons et l'Abbé de Saint-Sauveur à l'évêché de Tulle. Le 31 octobre, les députés du Parlement de Bretagne ont été reçus par le roi pour discuter de leurs représentations. La Comtesse de Sommerville a été nommée pour accompagner Madame Adélaïde. Le 3 novembre, les députés de Languedoc ont eu audience avec le roi. Le 8 novembre, le roi a signé le contrat de mariage du Sieur Bignon et le Sieur de Clugny a été présenté au roi. Le 9 novembre, les Comtes de Redmond et d'Amblimond ont été reçus comme Chevaliers des Ordres Royaux et l'Évêque d'Avranches a été sacré. Diverses présentations de livres et d'objets d'art ont également eu lieu, notamment par le Sieur de Fontanieu, le Sieur Gallonde, le Sieur Duchefne, le Sieur Blondeau de Charnage, et le Sieur Valeyre fils.
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18
p. 170-171
De FONTAINEBLEAU, le 10 Octobre 1764.
Début :
Le Roi & Monseigneur le Dauphine sont partis le premier de [...]
Mots clefs :
Monseigneur le Dauphin, Roi, Madame, Comte, Princesses
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texteReconnaissance textuelle : De FONTAINEBLEAU, le 10 Octobre 1764.
De FONTAINEBLEAU , le 10 Octobre 1764 .
Le Roi & Monfeigneur le Dauphin font partis
le premier de ce mois de Verfailles pour Choify ,
d'où ils fe font rendus ici le 2. La Reine , Madame
la Dauphine , Madame Adelaide & Meſdames
Victoire , Sophie & Louife font arrivées le 3 .
Monſeigneur le Duc de Berry , Monſeigneur le
Comte de Provence & Monfeigneur le Comte
d'Artois , le 4. Les jeunes Princefles Filles de Mon
NOVEMBRE. 1764. 171
7
feigneur le Dauphin font reftées à Versailles , où
elles demeureront pendant le féjour du Roi ici .
Le 8 , l'Evêque de Sisteron prêta ferment entre
les mains du Roi pendant la Melle qui s'eft dire
dans la Chapelle du Château .
Le Roi & Monfeigneur le Dauphin font partis
le premier de ce mois de Verfailles pour Choify ,
d'où ils fe font rendus ici le 2. La Reine , Madame
la Dauphine , Madame Adelaide & Meſdames
Victoire , Sophie & Louife font arrivées le 3 .
Monſeigneur le Duc de Berry , Monſeigneur le
Comte de Provence & Monfeigneur le Comte
d'Artois , le 4. Les jeunes Princefles Filles de Mon
NOVEMBRE. 1764. 171
7
feigneur le Dauphin font reftées à Versailles , où
elles demeureront pendant le féjour du Roi ici .
Le 8 , l'Evêque de Sisteron prêta ferment entre
les mains du Roi pendant la Melle qui s'eft dire
dans la Chapelle du Château .
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Résumé : De FONTAINEBLEAU, le 10 Octobre 1764.
Le 1er octobre 1764, le Roi et le Dauphin quittent Versailles pour Choisy, puis reviennent à Fontainebleau le 2 octobre. La Reine, la Dauphine et les princesses arrivent le 3 octobre. Les princes, Duc de Berry, Comte de Provence et Comte d'Artois, arrivent le 4 octobre. Les filles du Dauphin restent à Versailles. Le 8 octobre, l'Évêque de Sisteron prête serment au Roi.
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