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1
p. 256-262
« On ne peut exprimer la joye qui se répandit dans [...] »
Début :
On ne peut exprimer la joye qui se répandit dans [...]
Mots clefs :
Gouverneur, Duc de Roquelaure, Bordeaux, Province
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texteReconnaissance textuelle : « On ne peut exprimer la joye qui se répandit dans [...] »
On ne
peut exprimer la joye qui ſe répandit dans toute cette gra- de Province , ſi-tôt qu'on y
ſceut qu'il en avoit eſté nom- mé Gouverneur ; il y eſtoit dans une fort haute eſtime &
190 LE MERCURE
pour ſa naiſſance , & pour les qualitez particulieres de fa Perſonne. Il arriva à Blaye le 8.de May,où il reçeut les Co- plimensde Meſſieurs les Jurats de Bordeaux , portez par la bouchede Monfieur Chiquet Jurat & ancien Avocar,
accompagné de Monfieur de Jean Procureur Syndic dela Maiſon de Ville. Le lendemain il ſe rendit au Port dudit Blaye àcinq heures du matin , & apres y avoir reçeu tous les honneurs poſſibles par Monfieur de Monbleru Commandant dans la Place,
il monta dans la Maiſon Navale qui luyavoit été envoyée par les Jurats , & fur les dix heures il arriva à Bordeaux au
bruit de tout le CanoduCha-
GALANT. 191
ſteau Trompette, &des Vaif- ſeaux. Monfieur le Comte de
Montaigu Gouverneur du Chaſteau & LieutenantGeneral de la Province , le vint
recevoir ſur le Port, où il luy preſenta les Jurats , à la teſte deſquels ſe trouva Monfieur de la Lange , qui harangua d'une maniere àfaire connoître qu'unGentil- hommen'eſt
pasmoins propre à eſtre bon Orateur que bon Capitaine.
On ne luy avoit point prepa- ré dEntrée , parce qu'il n'en avoit point voulu , pour n'ê- tre pas à charge au Public;
mais quelque précaution qu'il eût priſe pour cacher ſon ar- rivée , elle fut ſocuë incontinent de tout le Peuple , qui accourut en foule ſur le Port,
192 LE MERCURE
&on peut dire que jamais Gouverneur n'a eſté reçeu avec plus d'acclamations. De là , voulant rendre les honneurs deûs au Prélat de cette
grande Ville , il fut conduit à
l'Archeveſché ; apres quoy il alla diſner au Chaſteau Trompepette,où MonfieurdeMon- taigu le régala avec unemag- nificence admirable.Vousſça- vez,Madame,que Monfieurle
Comte de Montaigu eſt un Homme d'un fort grandmé- rité , &que ſa naiſſance nele rendpas moins illuſtre, qu'un grand nombre de belles Al- liances qui font dans ſa Mai- fon. Il a eſté Cornette des
Chevaux- Legers de la Garde
du Roy , & Gouverneur de Rocroy ; & apres avoir meri-
GALANT. 193 té par de grands ſervices la confiance de Sa Majesté &de la feuë Reyne Mere dans des
occaſions tres- importantes, il a eſté choiſy par le Roy pour l'un de ſes Lieutenans dans le
Gouvernementde Guyenne ,
&pour Gouverneur du Chafteau Trompette. Cet Employ marque plus que toute autre choſe l'eſtime particuliere dõt il a toûjours eſté honoré par fon Maiſtre. Tout le monde
ſçait l'importancedece Poſte,
&l'on a veu dans les derniers
temps de quelle conséquence il eſt d'y avoir unHommedot la ſageſſe,la fidelité,&l'expé- rience,mettent en ſeûreté une
Province qui a toûjours eſté enbute aux plus puiſſans En- nemis du Royaume. C'eſt où
194 LE MERCURE
M. de Montaigu avoulu cher- cherdu repos pour ſe délaſſer des longues fatigues qu'il a
cuës àeſſuyerdas les Armées,
nejugeant pas que l'âge , ny méme les pensées qu'ondoit avoir dans un certain temps pourl'autre vie, le püſſentdif penſer derendrejuſqu'au der- nier ſoûpir les ſervices qu'il croît devoir à un Prince qui luy a toûjours donnédes mar- ques de ſa bonté.
Apres ces premiers devoirs rendus à Monfieur le Duc de
Roquelore , toute la ſemaine ſe paſſa à recevoir les Haran- gues de tous les Corps , entre leſquelles celles de Monfieur le Doyen de la Cathedrale, &
deM. de Meſtivier Preſident'
à la Cour des Aydes , ont été
GALANT.
19)
DE
S
été fort eſtimées , ainſi que celles de Monfieur le Lieutenant General du Preſidial de
Bordeaux , & du Juge-Mage d'Auche. Monfieur le Duc
s'embarqua le 14. du méme
mois pour aller à Marmande ſe faire recevoir au Parlement.
Adieu, Madame. Sansa grofleur extraordinaire de ma /
peut exprimer la joye qui ſe répandit dans toute cette gra- de Province , ſi-tôt qu'on y
ſceut qu'il en avoit eſté nom- mé Gouverneur ; il y eſtoit dans une fort haute eſtime &
190 LE MERCURE
pour ſa naiſſance , & pour les qualitez particulieres de fa Perſonne. Il arriva à Blaye le 8.de May,où il reçeut les Co- plimensde Meſſieurs les Jurats de Bordeaux , portez par la bouchede Monfieur Chiquet Jurat & ancien Avocar,
accompagné de Monfieur de Jean Procureur Syndic dela Maiſon de Ville. Le lendemain il ſe rendit au Port dudit Blaye àcinq heures du matin , & apres y avoir reçeu tous les honneurs poſſibles par Monfieur de Monbleru Commandant dans la Place,
il monta dans la Maiſon Navale qui luyavoit été envoyée par les Jurats , & fur les dix heures il arriva à Bordeaux au
bruit de tout le CanoduCha-
GALANT. 191
ſteau Trompette, &des Vaif- ſeaux. Monfieur le Comte de
Montaigu Gouverneur du Chaſteau & LieutenantGeneral de la Province , le vint
recevoir ſur le Port, où il luy preſenta les Jurats , à la teſte deſquels ſe trouva Monfieur de la Lange , qui harangua d'une maniere àfaire connoître qu'unGentil- hommen'eſt
pasmoins propre à eſtre bon Orateur que bon Capitaine.
On ne luy avoit point prepa- ré dEntrée , parce qu'il n'en avoit point voulu , pour n'ê- tre pas à charge au Public;
mais quelque précaution qu'il eût priſe pour cacher ſon ar- rivée , elle fut ſocuë incontinent de tout le Peuple , qui accourut en foule ſur le Port,
192 LE MERCURE
&on peut dire que jamais Gouverneur n'a eſté reçeu avec plus d'acclamations. De là , voulant rendre les honneurs deûs au Prélat de cette
grande Ville , il fut conduit à
l'Archeveſché ; apres quoy il alla diſner au Chaſteau Trompepette,où MonfieurdeMon- taigu le régala avec unemag- nificence admirable.Vousſça- vez,Madame,que Monfieurle
Comte de Montaigu eſt un Homme d'un fort grandmé- rité , &que ſa naiſſance nele rendpas moins illuſtre, qu'un grand nombre de belles Al- liances qui font dans ſa Mai- fon. Il a eſté Cornette des
Chevaux- Legers de la Garde
du Roy , & Gouverneur de Rocroy ; & apres avoir meri-
GALANT. 193 té par de grands ſervices la confiance de Sa Majesté &de la feuë Reyne Mere dans des
occaſions tres- importantes, il a eſté choiſy par le Roy pour l'un de ſes Lieutenans dans le
Gouvernementde Guyenne ,
&pour Gouverneur du Chafteau Trompette. Cet Employ marque plus que toute autre choſe l'eſtime particuliere dõt il a toûjours eſté honoré par fon Maiſtre. Tout le monde
ſçait l'importancedece Poſte,
&l'on a veu dans les derniers
temps de quelle conséquence il eſt d'y avoir unHommedot la ſageſſe,la fidelité,&l'expé- rience,mettent en ſeûreté une
Province qui a toûjours eſté enbute aux plus puiſſans En- nemis du Royaume. C'eſt où
194 LE MERCURE
M. de Montaigu avoulu cher- cherdu repos pour ſe délaſſer des longues fatigues qu'il a
cuës àeſſuyerdas les Armées,
nejugeant pas que l'âge , ny méme les pensées qu'ondoit avoir dans un certain temps pourl'autre vie, le püſſentdif penſer derendrejuſqu'au der- nier ſoûpir les ſervices qu'il croît devoir à un Prince qui luy a toûjours donnédes mar- ques de ſa bonté.
Apres ces premiers devoirs rendus à Monfieur le Duc de
Roquelore , toute la ſemaine ſe paſſa à recevoir les Haran- gues de tous les Corps , entre leſquelles celles de Monfieur le Doyen de la Cathedrale, &
deM. de Meſtivier Preſident'
à la Cour des Aydes , ont été
GALANT.
19)
DE
S
été fort eſtimées , ainſi que celles de Monfieur le Lieutenant General du Preſidial de
Bordeaux , & du Juge-Mage d'Auche. Monfieur le Duc
s'embarqua le 14. du méme
mois pour aller à Marmande ſe faire recevoir au Parlement.
Adieu, Madame. Sansa grofleur extraordinaire de ma /
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Résumé : « On ne peut exprimer la joye qui se répandit dans [...] »
Le texte relate l'arrivée triomphale d'un nouveau gouverneur dans une province française. Sa nomination fut accueillie avec joie par la population, qui le respectait pour sa naissance et ses qualités. Il arriva à Blaye le 8 mai et reçut les compliments des jurats de Bordeaux. Le lendemain, à Bordeaux, il fut accueilli par des honneurs militaires et populaires. Le comte de Montaigu, gouverneur du château Trompette et lieutenant général de la province, le reçut sur le port et lui présenta les jurats. Malgré ses efforts pour rester discret, il fut acclamé par le peuple. Il rencontra ensuite l'archevêque et dîna au château Trompette, où il fut magnifiquement reçu par le comte de Montaigu. Ce dernier, décrit comme un homme de grand mérite, avait servi le roi et la reine mère avec distinction. Il avait été choisi pour son poste en raison de sa sagesse, fidélité et expérience, essentielles pour la sécurité de la province. La semaine suivante, le nouveau gouverneur reçut les harangues de divers corps, dont celles du doyen de la cathédrale et du président à la Cour des Aydes. Il se rendit ensuite à Marmande pour être reçu au Parlement.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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2
p. 48-68
DES CHOSES DIFFICLES A CROIRE. DIALOGUE SECOND.
Début :
L'Autheur du Dialogue que vous avez veu sur les choses / BELOROND. LAMBRET. BELOROND. Vous me trouvez en lisant chez Aulu-Gelle [...]
Mots clefs :
Nature, Peuples, Larcins, Opinions, Larron, Peines, Royaume, Capitaine, Plantes, Curiosité, Voyage, Croyance, Province, Amérique, Bourreau
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texteReconnaissance textuelle : DES CHOSES DIFFICLES A CROIRE. DIALOGUE SECOND.
L'Autheur du Dialogue:
que vous avez veufur les choſes
difficiles à croire , m'en a
envoyé un ſecond , dont je
vous fais part. Quoy qu'il
GALANT. 49
ſoit une ſuite du premier , la
matiere eſt differente, & cette
diverſité doit eftre agreable
aux Curieux , qui ſont
bien-aiſes d'apprendre beaucoup
, & de s'épargner la
peine des longues lectures.
- 255-22222 2522-2222
DES CHOSES
DIFFICILES A CROIRE.
DIALOG VE SECOND.
BELOROND. LAMBRET.
V
BELOROND.
Ous me trouvez en li
ſant chez Aulu - Gelle
Avril 1685. E
۲۰ MERCURE
une verité qui paſſeroit pour
difficile à croire , fi elle n'étoit
miſeicy en pratique auf
ſi ſouvent qu'ailleurs ; c'eſt
quand il dit , que l'on punit
les petits Larrons , & qu'on
porte honneur aux grands :
Fures privatorum furtorum in
nervo atque compedibus ætatem
gerunt,fures publici in auro &
in purpura.
LAMBRET .
Un autre a dit encore que
les petits crimes ſont punis ,
& que les grands font portez
en triomphe : Sacrilegia minuta
puniuntur , magna in trium-
1
GALANT. 51
phis feruntur. Nous aurions
bbiieennddeesscchhoofſees à dire ſur cette
matiere , ſi nous voulions
nous ériger en Satyriques ;
mais croyez -moy, parlons du
larcin d'une autre maniereCe
n'eſt pas icy ſeulement qu'il
y a beaucoup de Larrons , &
que la plus- part ſont comblez
d'honneurs. Au Royaume
de Tangeo il y a un païs
appellé des Larrons , où l'on
tient à ſi grand honneur d'avoir
eu des Parens pendus
pour des vols commis, qu'on
s'y reproche comme une ef
pece d'infamie, ſi l'on n'en a
E ij
52 MERCURE
pointeu d'Executez en Juſti
ce pour une ſi belle cauſe.
Chez les Lacedemoniens le
larcin eſtoit permis , pourvû
qu'on ne fuſt point ſurpris
en le commettant. C'eſtoit
afin d'accoutumer ces Peuples
à chercher des artifices
& des ſtratagêmes , dont ils
ſe ſervoient ſouvent dans les
guerres qu'ils avoient avec
leurs ennemis. Un jeune Enfant
Lacedemonien fut fi fi
dele à executer cette Loy ,
qu'ayant dérobé un Renard ,
&l'ayant mis dans ſon ſein
pour le cacher aux yeux de
GALANT. 53
ceux qui le cherchoient , il
aima mieux ſe laiffer ronger
le ventre par cet animal, que
de découvrir ſon larcin .
BELOROND.
J'aurois de la peine à croire
ce que vous venez de me
dire , ſi je ne me ſouvenois
d'avoir lû chez Cefar l. 6. de
bello Gall. que les anciens
Allemans permettoient à la
Jeuneſſe de dérober, afin d'é.
viter l'oiſiveté ; dans Arrien
in Epict. 1. 3. c. 7. qu'Epicure
avoüoit bien que c'eſtoitune
grande faute de ſe laiffer furprendre
en dérobant ; mais
E iij
54 MERCURE
qu'il ne croyoit pas que hors
de cette furpriſe il y euft du
mal dans l'action ; & chez
Suetone in Ner. art. 16. que
les Romains avoient des Feſtes
& des Jeux : Quadrigariorum
lufus , qui leur permettoient
de prendre tout ce
qu'ils pouvoient. L'Empereur
Neron fut le premierqui condamna
cet injuſte uſage.Diodore
nous apprend que les
Egyptiens avoient un Prince
des Larrons , à qui l'on s'adreſſoit
, comme autrefois à
Paris au Capitaine des Coupeurs
de bourſe , pour recou
GALANT. 55
vrer ce qu'on avoit perdu ,
en donnant le quart du prix.
LAMBRET.
Vous avez apparemment
auſſi lû chez François Alvarez
, qu'il y a un Officier de la
Cour du Préte-Jan , qui n'a
que cette qualité de Capitaine
des Voleurs pour gages
de ſon Office , dont les fon-
Ctions confiftent à faire lever
&accommoder les tentes du
Roy.
BELORO ND .
Si l'eſtime que quelques
Peuples ont eue pour le larcin
paroiſt incroyable, la pei
E iij
56 MERCURE
ne que d'autres Peuples faifoient
fouffrir aux Larrons, ne
le-paroiſtra pas moins , comme
chez les Americains , au
rapport d'Oviedo 1. 5. hift.
c. 3. & l. 17. c. 4. qui les empaloient
vifs ; & chez ceux de
Carinthie, qui estoient fi animez
contre les Voleurs, que
ſur le ſeul ſoupçon ils les pendoient
, & puis faiſoient le
procés au Mort, ſe contentant
d'enſevelir honorable.
ment ceux contre leſquels
ils n'avoient point trouvé de
preuves ſuffiſantes pour les
condamner à la mort. C'eſt
GALANT. 57
Mercator qui nous l'apprend
dans ſon hiſtoire 1. 7. c. 13.
LAMBRET .
Ceux du Royaume de Lao
n'eſtoient pas ſi ſeveres dans
les châtimens des Larrons ,
puis qu'ils les puniffoient ſeulement
en leur faiſant couper
fur le corps , ſelon la qualité
du vol , une certaine portion
de chair , avec cette clauſe ,
que ſi le Bourreau en coupoit
trop , il eſtoit permis au
voleur de dérober aprés impunement
pour autant que
pouvoit valoir ce qu'on luy
avoit ôté de trop.
58 MERCURE
-
BELOROND.
à
Ce que vous venez de di
re me fait ſouvenir d'une coûtume
de Moſcovie , qui n'eſt
pas moins déraisonnable,puis
qu'elle veut qu'on donne la
Queſtion premierement
P'Accuſateur , pour voir s'il
perſiſtera dans ſon accufation
, & puis à l'Accuſe, ſi la
choſe en queſtion eſt demeurée
douteuſe. C'eſt Olearius
qui le tapporte 1. 3. Y a-t- il
rien de plus impertinent , ſelon
nous , que ces uſages ?
Et cependant ceux de Mofcovie
& de Lao s'imaginent
GALANT
queleurs Coûtumes font auſſi
raiſonnables qu'elles nous paroiſſent
ridicules & extravagantes
, tant il eſt vray que
chacun abonde en ſon ſens ,
& qu'on ne peut établir un
fondement certain ſur l'ef
prit ou plutoſt ſur les opinions
des hommes . Avoüons
de bonne foy que les Pyrrho .
niens n'eftoient pas les plus
mechans Philoſophes, quand
ils n'aſſuroient rien que par
leur, peut - eftre , cela ſe peut
Jaire
faire. Si l'enteſtement, la préſomption
, l'obſtination &
l'amour propre ne s'eſtoient
60 MERCURE
pas emparez de l'eſprit de la
plus -part des hommes , je ne
doute point qu'on ne leur
euſt rendu plus de justice ,
aprés avoir pourtant employé
laCirconciſion dont parle un
Pere de l'Egliſe , c'eſt à dire
aprés avoir retranché de leurs
opinions ce qui peut eſtre
contraire aux Veritez certai
nes & infaillibles de noſtre
Religion.
LAMBRET .
Devons-nous eſtre ſurpris
de voir les hommes ſi bizarres
dans leurs opinions &
dans leurs coûtumes , puis
GALANT. 61
que leur mere commune , je
veux dire la Nature, l'eſt encore
davantage dans ſes productions
. C'eſt dans la confideration
de la bizarrerie
qu'elle y fait paroître, que je
puis vous rapporter beaucoup
de choſes qui paroiſtront incroyables
à ceux qui ne mefurent
la puiſſance de la Nature
, que parce qu'ils ont vû
ou entendu . En effet un
,
homme qui n'a pas perdu ſon
clocher de veuë , peut - il ſe
réfoudre à croire qu'il y ait
en Ethiopie un Lac , comme
le rapporte Diodore deSicile,
62 MERCURE
Bibl.hift.l.2.c.5- dont les eaux
troublent tellement l'eſprit
de ceux qui en boivent, qu'ils
ne peuvent rien cacher de ce
qu'ils ſçavent ; en l'Amerique
une Plante qui repreſente diſtinctement
en ſa fleur tous
les inſtrumens de la Paſſion
du Fils de Dieu , au rapport
de Duval dans ſon Monde ;
en la vallée Baaras , qui eſt au
levant du Iourdain , une autre
Plante qui paroiſtcomme
un flambeau allumé pendant
la nuit ; en la Province des
Pudifetanaux , Indes Orientales
, un Arbre appellé l'ArGALANT.
63
bre de la Honte , dont les
feüülles s'étendent ou ſe re
tirent ſelon qu'on s'en éloi.
gne , ou que l'on s'en approche!
Enfin, pourra-t- il fſeeppeerr--
ſuader que le Boranetz quiſe
trouve au païs des Tartares
Zavolhans , qui eſt fait en
forme d'agneau dont il porte
le nom en leur Langue , eft
une Plante attachée à ſa racine
qui mange toute l'herbe
qui ſe trouve autour d'elle ,&
puis ſe ſeche quand il n'y en
a plus ; & ne démentira- t- il
pas Ariftote , ce genie de la
nature, quand il dit au l.s. des
64 MERCURE
Animaux,que le Fleuve Hypanis
prés du Boſphore Cimmerien,
porte en Eſté de petites
feüilles de la longueur
d'un gros grain de raiſin ,
d'où fortent des Oyſeaux à
quatre pieds appellez Ephemeres
, qui vivent , & volent
depuis le matin juſques à
midy , puis ſur le ſoir commencent
à défaillir , & enfin
meurent au Soleil couchant?
Je ſçay bien qu'il ſe peut faire
qu'il y ait des Auteurs tellement
paffionnez pour les
choſes extraordinaires , qu'ils
nous rapportent quelquefois
GALANT. 65
effrontémentdes fables qu'ils
prétendent faire paffer pour
des veritez ; mais quand je
fais réflexion qu'il ſe preſente
tous les jours à mes yeux
des prodiges qui ne demanderoient
pas moins d'admi
ration que le Boranetz , &
les Ephemeres , fi nous ne
bornions noſtre croyance par
la ſphere de noftre veuë , je
ne puis me réſoudre à donner
un démenty à tant de
grands hommes , qui aprés.
avoir étudié ſerieuſement la
Nature , ont bien voulu nous.
faire part de leurs connoiffan
Auril 168
66 MERCURE
ces & de leurs remarques, en
nous apprenant ſes prodi.
gieuſes merveilles.
BELOROND.
Ce n'eſt pas ſeulement à
cauſe que l'on ne voit pas les
choſes extraordinaires qui ſe
liſent dans les Voyages &
chez les Naturaliſtes que
l'on ne veut pas les croire ;
c'eſt encore parce que l'on.
ne comprend pas comment
elles ſe peuvent faire. Pour
moy , quand je ne puis penetrer
les cauſes des merveilles
de la Nature , je ne m'imagine
pas pour cela , qu'elles
GALANT. 67
2
ne foient pas en effet , mais
je conſole mon ignorance &
borne ma curiofité par un ,
Hac Deus mirari voluit , fcire
noluit. Je me dis à moy - même
, que Dieu veut que nous
les admirions , & non pas
que nous les connoiffions,
comme s'il avoit voulu humilier
noſtre eſprit dans l'é
tude de la Nature auſſi bien
que de la Religion, par une
experience continuelle de
fon ignorance & de ſa for
bleffe.
1 LAMBRET.
Separons- nous, je vous
Eij
68 MERCURE
prie , avec une ſi judicieuſe
réflexion. Elle ne ſervira pas.
peu à nous exciter à remarquer
encore des choſes plus
merveilleuſes que celles dont
nous venons de parler , pour
nous ſervir de matiere dans
noſtre premier Entretien,
que vous avez veufur les choſes
difficiles à croire , m'en a
envoyé un ſecond , dont je
vous fais part. Quoy qu'il
GALANT. 49
ſoit une ſuite du premier , la
matiere eſt differente, & cette
diverſité doit eftre agreable
aux Curieux , qui ſont
bien-aiſes d'apprendre beaucoup
, & de s'épargner la
peine des longues lectures.
- 255-22222 2522-2222
DES CHOSES
DIFFICILES A CROIRE.
DIALOG VE SECOND.
BELOROND. LAMBRET.
V
BELOROND.
Ous me trouvez en li
ſant chez Aulu - Gelle
Avril 1685. E
۲۰ MERCURE
une verité qui paſſeroit pour
difficile à croire , fi elle n'étoit
miſeicy en pratique auf
ſi ſouvent qu'ailleurs ; c'eſt
quand il dit , que l'on punit
les petits Larrons , & qu'on
porte honneur aux grands :
Fures privatorum furtorum in
nervo atque compedibus ætatem
gerunt,fures publici in auro &
in purpura.
LAMBRET .
Un autre a dit encore que
les petits crimes ſont punis ,
& que les grands font portez
en triomphe : Sacrilegia minuta
puniuntur , magna in trium-
1
GALANT. 51
phis feruntur. Nous aurions
bbiieennddeesscchhoofſees à dire ſur cette
matiere , ſi nous voulions
nous ériger en Satyriques ;
mais croyez -moy, parlons du
larcin d'une autre maniereCe
n'eſt pas icy ſeulement qu'il
y a beaucoup de Larrons , &
que la plus- part ſont comblez
d'honneurs. Au Royaume
de Tangeo il y a un païs
appellé des Larrons , où l'on
tient à ſi grand honneur d'avoir
eu des Parens pendus
pour des vols commis, qu'on
s'y reproche comme une ef
pece d'infamie, ſi l'on n'en a
E ij
52 MERCURE
pointeu d'Executez en Juſti
ce pour une ſi belle cauſe.
Chez les Lacedemoniens le
larcin eſtoit permis , pourvû
qu'on ne fuſt point ſurpris
en le commettant. C'eſtoit
afin d'accoutumer ces Peuples
à chercher des artifices
& des ſtratagêmes , dont ils
ſe ſervoient ſouvent dans les
guerres qu'ils avoient avec
leurs ennemis. Un jeune Enfant
Lacedemonien fut fi fi
dele à executer cette Loy ,
qu'ayant dérobé un Renard ,
&l'ayant mis dans ſon ſein
pour le cacher aux yeux de
GALANT. 53
ceux qui le cherchoient , il
aima mieux ſe laiffer ronger
le ventre par cet animal, que
de découvrir ſon larcin .
BELOROND.
J'aurois de la peine à croire
ce que vous venez de me
dire , ſi je ne me ſouvenois
d'avoir lû chez Cefar l. 6. de
bello Gall. que les anciens
Allemans permettoient à la
Jeuneſſe de dérober, afin d'é.
viter l'oiſiveté ; dans Arrien
in Epict. 1. 3. c. 7. qu'Epicure
avoüoit bien que c'eſtoitune
grande faute de ſe laiffer furprendre
en dérobant ; mais
E iij
54 MERCURE
qu'il ne croyoit pas que hors
de cette furpriſe il y euft du
mal dans l'action ; & chez
Suetone in Ner. art. 16. que
les Romains avoient des Feſtes
& des Jeux : Quadrigariorum
lufus , qui leur permettoient
de prendre tout ce
qu'ils pouvoient. L'Empereur
Neron fut le premierqui condamna
cet injuſte uſage.Diodore
nous apprend que les
Egyptiens avoient un Prince
des Larrons , à qui l'on s'adreſſoit
, comme autrefois à
Paris au Capitaine des Coupeurs
de bourſe , pour recou
GALANT. 55
vrer ce qu'on avoit perdu ,
en donnant le quart du prix.
LAMBRET.
Vous avez apparemment
auſſi lû chez François Alvarez
, qu'il y a un Officier de la
Cour du Préte-Jan , qui n'a
que cette qualité de Capitaine
des Voleurs pour gages
de ſon Office , dont les fon-
Ctions confiftent à faire lever
&accommoder les tentes du
Roy.
BELORO ND .
Si l'eſtime que quelques
Peuples ont eue pour le larcin
paroiſt incroyable, la pei
E iij
56 MERCURE
ne que d'autres Peuples faifoient
fouffrir aux Larrons, ne
le-paroiſtra pas moins , comme
chez les Americains , au
rapport d'Oviedo 1. 5. hift.
c. 3. & l. 17. c. 4. qui les empaloient
vifs ; & chez ceux de
Carinthie, qui estoient fi animez
contre les Voleurs, que
ſur le ſeul ſoupçon ils les pendoient
, & puis faiſoient le
procés au Mort, ſe contentant
d'enſevelir honorable.
ment ceux contre leſquels
ils n'avoient point trouvé de
preuves ſuffiſantes pour les
condamner à la mort. C'eſt
GALANT. 57
Mercator qui nous l'apprend
dans ſon hiſtoire 1. 7. c. 13.
LAMBRET .
Ceux du Royaume de Lao
n'eſtoient pas ſi ſeveres dans
les châtimens des Larrons ,
puis qu'ils les puniffoient ſeulement
en leur faiſant couper
fur le corps , ſelon la qualité
du vol , une certaine portion
de chair , avec cette clauſe ,
que ſi le Bourreau en coupoit
trop , il eſtoit permis au
voleur de dérober aprés impunement
pour autant que
pouvoit valoir ce qu'on luy
avoit ôté de trop.
58 MERCURE
-
BELOROND.
à
Ce que vous venez de di
re me fait ſouvenir d'une coûtume
de Moſcovie , qui n'eſt
pas moins déraisonnable,puis
qu'elle veut qu'on donne la
Queſtion premierement
P'Accuſateur , pour voir s'il
perſiſtera dans ſon accufation
, & puis à l'Accuſe, ſi la
choſe en queſtion eſt demeurée
douteuſe. C'eſt Olearius
qui le tapporte 1. 3. Y a-t- il
rien de plus impertinent , ſelon
nous , que ces uſages ?
Et cependant ceux de Mofcovie
& de Lao s'imaginent
GALANT
queleurs Coûtumes font auſſi
raiſonnables qu'elles nous paroiſſent
ridicules & extravagantes
, tant il eſt vray que
chacun abonde en ſon ſens ,
& qu'on ne peut établir un
fondement certain ſur l'ef
prit ou plutoſt ſur les opinions
des hommes . Avoüons
de bonne foy que les Pyrrho .
niens n'eftoient pas les plus
mechans Philoſophes, quand
ils n'aſſuroient rien que par
leur, peut - eftre , cela ſe peut
Jaire
faire. Si l'enteſtement, la préſomption
, l'obſtination &
l'amour propre ne s'eſtoient
60 MERCURE
pas emparez de l'eſprit de la
plus -part des hommes , je ne
doute point qu'on ne leur
euſt rendu plus de justice ,
aprés avoir pourtant employé
laCirconciſion dont parle un
Pere de l'Egliſe , c'eſt à dire
aprés avoir retranché de leurs
opinions ce qui peut eſtre
contraire aux Veritez certai
nes & infaillibles de noſtre
Religion.
LAMBRET .
Devons-nous eſtre ſurpris
de voir les hommes ſi bizarres
dans leurs opinions &
dans leurs coûtumes , puis
GALANT. 61
que leur mere commune , je
veux dire la Nature, l'eſt encore
davantage dans ſes productions
. C'eſt dans la confideration
de la bizarrerie
qu'elle y fait paroître, que je
puis vous rapporter beaucoup
de choſes qui paroiſtront incroyables
à ceux qui ne mefurent
la puiſſance de la Nature
, que parce qu'ils ont vû
ou entendu . En effet un
,
homme qui n'a pas perdu ſon
clocher de veuë , peut - il ſe
réfoudre à croire qu'il y ait
en Ethiopie un Lac , comme
le rapporte Diodore deSicile,
62 MERCURE
Bibl.hift.l.2.c.5- dont les eaux
troublent tellement l'eſprit
de ceux qui en boivent, qu'ils
ne peuvent rien cacher de ce
qu'ils ſçavent ; en l'Amerique
une Plante qui repreſente diſtinctement
en ſa fleur tous
les inſtrumens de la Paſſion
du Fils de Dieu , au rapport
de Duval dans ſon Monde ;
en la vallée Baaras , qui eſt au
levant du Iourdain , une autre
Plante qui paroiſtcomme
un flambeau allumé pendant
la nuit ; en la Province des
Pudifetanaux , Indes Orientales
, un Arbre appellé l'ArGALANT.
63
bre de la Honte , dont les
feüülles s'étendent ou ſe re
tirent ſelon qu'on s'en éloi.
gne , ou que l'on s'en approche!
Enfin, pourra-t- il fſeeppeerr--
ſuader que le Boranetz quiſe
trouve au païs des Tartares
Zavolhans , qui eſt fait en
forme d'agneau dont il porte
le nom en leur Langue , eft
une Plante attachée à ſa racine
qui mange toute l'herbe
qui ſe trouve autour d'elle ,&
puis ſe ſeche quand il n'y en
a plus ; & ne démentira- t- il
pas Ariftote , ce genie de la
nature, quand il dit au l.s. des
64 MERCURE
Animaux,que le Fleuve Hypanis
prés du Boſphore Cimmerien,
porte en Eſté de petites
feüilles de la longueur
d'un gros grain de raiſin ,
d'où fortent des Oyſeaux à
quatre pieds appellez Ephemeres
, qui vivent , & volent
depuis le matin juſques à
midy , puis ſur le ſoir commencent
à défaillir , & enfin
meurent au Soleil couchant?
Je ſçay bien qu'il ſe peut faire
qu'il y ait des Auteurs tellement
paffionnez pour les
choſes extraordinaires , qu'ils
nous rapportent quelquefois
GALANT. 65
effrontémentdes fables qu'ils
prétendent faire paffer pour
des veritez ; mais quand je
fais réflexion qu'il ſe preſente
tous les jours à mes yeux
des prodiges qui ne demanderoient
pas moins d'admi
ration que le Boranetz , &
les Ephemeres , fi nous ne
bornions noſtre croyance par
la ſphere de noftre veuë , je
ne puis me réſoudre à donner
un démenty à tant de
grands hommes , qui aprés.
avoir étudié ſerieuſement la
Nature , ont bien voulu nous.
faire part de leurs connoiffan
Auril 168
66 MERCURE
ces & de leurs remarques, en
nous apprenant ſes prodi.
gieuſes merveilles.
BELOROND.
Ce n'eſt pas ſeulement à
cauſe que l'on ne voit pas les
choſes extraordinaires qui ſe
liſent dans les Voyages &
chez les Naturaliſtes que
l'on ne veut pas les croire ;
c'eſt encore parce que l'on.
ne comprend pas comment
elles ſe peuvent faire. Pour
moy , quand je ne puis penetrer
les cauſes des merveilles
de la Nature , je ne m'imagine
pas pour cela , qu'elles
GALANT. 67
2
ne foient pas en effet , mais
je conſole mon ignorance &
borne ma curiofité par un ,
Hac Deus mirari voluit , fcire
noluit. Je me dis à moy - même
, que Dieu veut que nous
les admirions , & non pas
que nous les connoiffions,
comme s'il avoit voulu humilier
noſtre eſprit dans l'é
tude de la Nature auſſi bien
que de la Religion, par une
experience continuelle de
fon ignorance & de ſa for
bleffe.
1 LAMBRET.
Separons- nous, je vous
Eij
68 MERCURE
prie , avec une ſi judicieuſe
réflexion. Elle ne ſervira pas.
peu à nous exciter à remarquer
encore des choſes plus
merveilleuſes que celles dont
nous venons de parler , pour
nous ſervir de matiere dans
noſtre premier Entretien,
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Résumé : DES CHOSES DIFFICLES A CROIRE. DIALOGUE SECOND.
En avril 1685, Belorond et Lambret discutent de pratiques surprenantes concernant le vol et les punitions associées. Belorond observe que les petits voleurs sont souvent punis, tandis que les grands voleurs sont honorés. Lambret confirme cette pratique en mentionnant le royaume de Tangeo, où avoir des parents pendus pour vol est perçu comme un honneur. Il cite également les Lacedémoniens, qui encourageaient le vol pour développer la ruse en temps de guerre. Belorond rapporte des exemples historiques où le vol était toléré ou encouragé, comme chez les anciens Allemans, les Égyptiens, et lors de certaines fêtes romaines. Lambret évoque un officier dans la cour du Prête-Jan, chargé de lever et d'accommoder les tentes du roi. Les interlocuteurs abordent ensuite les différentes punitions infligées aux voleurs dans diverses cultures. Chez les Américains, les voleurs étaient empalés vivants. En Carinthie, ils étaient pendus sur simple soupçon. En Lao, les voleurs subissaient des amputations proportionnelles à la gravité du vol. En Moscovie, l'accusateur et l'accusé étaient soumis à la question pour vérifier la validité de l'accusation. Lambret conclut en soulignant la bizarrerie des opinions et des coutumes humaines, comparables à celles de la nature. Il cite des phénomènes naturels extraordinaires, comme un lac en Éthiopie dont les eaux troublent l'esprit, une plante en Amérique représentant les instruments de la Passion, et une plante en Tartarie qui se nourrit de l'herbe autour d'elle. Belorond et Lambret conviennent que, bien que certaines choses soient difficiles à croire, elles existent réellement et méritent admiration.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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3
p. 286-297
Cabinet des Curiositez ou des Bijoux, [titre d'après la table]
Début :
Ils virent le Cabinet appellé des Curiositez, ou des Bijoux, [...]
Mots clefs :
Cabinet des curiosités, Cabinet des bijoux, Marbre, Cabinet, Figures, Marbre blanc, Ouvrage, Table, Carte de la France, Province, Cheminée, Vue, Bronze, Pierreries, Pièces
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Cabinet des Curiositez ou des Bijoux, [titre d'après la table]
Ils virent le Cabinet ap
pellé des Curiofitez , ou des
Bijoux , parce qu'il en eſt tout
remply . On y entre par la
derniere piece du grand Appartement
du Roy. Il eſt de
figure octogone , avec des niches
dans les angles. La voûte
eſt en maniere de dôme ;
elle eſt éclairée par le milieu.
des Amb. de Siam.
175
à
Le deſſein qui eſt de Monſieur
Manſard en plaiſt beaucoup
, auffi- bien que celuy de
la Cheminée qui eſt tout particulier.
On ne la peut voir
ſans y tenir la veuë attachée
pendant quelque temps ,
cauſe du plaifir qu'on prend
à la regarder. Tout l'ouvrage
de ce Cabinet eſt de Sculpture
, parmy laquelle il y a
beaucoup de Bronze doré. Il
eſt entierement entouré de
Glaces , & il y a des gradins
dans les niches au devant des
Glaces. Le reſte du Cabinet
eſt remply de conſoles ,
qui toutes auffi-bien que les
Z iij
276 Suite du Voyage
د
gradins ſont couvertes de Bi
joux. On n'y voit que des
Agathes de toutes fortes &
qui forment mille chofes differentes
; des Criſtaux de
grand prix , pour la maniere
dont ils font taillez ; de petites
Figures de Bronze antiques
; des Figures d'or , cou
vertes de pierreries ; & quantité
d'ouvrages curieux & de
pieces précieuſes de diverſes
Figures. Tout ce qui eſt dans
ce Cabinet eſt d'un fi grand
prix , qu'on n'y a point trouvé
de place pour les plus
belles Porcelaines, dont il n'y
en a point du tout. On y voit
des Amb. de Siam . 277
une tres -belle Nefd'or fur la
cheminée , & un grand &
riche Bureau dans le milieu
, remply de quantité de
Medailles antiques & modernes.
Aprés que les Ambaffadeurs
eurent vû dans le mê
me lieu une Caffette remplie
de pluſieurs petites Figures
d'or , on la leva de deſſus une
Table beaucoup moins confiderable
par ſa matiere , que
pour l'art , & pour l'uſage auquel
elle eſt deſtinée. Elle a
trois pieds & demy de long
ſur deux & demy de large.
Le fond eſt d'un Marbre
Zv
278 Suite du Voyage
blanc , fur lequel on a fait de
pieces de Marbre de rapport ,
une Carte de la France, réduite
dans toutes les préciſions
des dernieres obſervations
Aftronomiques.
Chaque Province y eſt diſtinguée
par un morceau de
Marbre d'une couleur qui luy
eſt particuliere , & taillé de la a
figure irreguliere que chaque
Province forme par les enclaves
, avec les Provinces qui
la bornent. Le nom de chaque
Province eſt marqué en
Lettres d'or capitales , & le
nom de ſes principales Villes
en italiques. L'on a affecté
des Amb. de Siam. 279
de mettre proche l'un de l'autre
les couleurs de Marbre
qui coupent davantage : par
exemple, l'Ifle de France d'un
bleu clair; la Champagne ,
d'un rouge de porphire ;
l'Orleannois , opale ; la
Beauce, feüille- morte ; mais la
delicateſſe de l'ouvrage , &
l'art de l'ouvrier paroiffent
particulierement dans les découpures
que la Mer & la
Terre font enſemble , où tous
les Caps que la Terre fait
dans la Mer , & toutes les
Bayes que la Mer forme dans
la Terre , font obſervez avec
une juſteſſe inconcevable ; &
1
280 Suite du Voyage
:
dans les Lacs & Rivieres qui
font de Marbre blanc , & refervez
du fond même de la
Table , nonobſtant le peu de
largeur , qui n'eſt ſouvent
qu'un filet dans l'origine des
Rivieres , & les differens tours
qu'elles prennent dans les
Terres .
On ne ſçauroit croire com
bien ces lignes de lait qui
ferpentent au travers de ces
differens Marbres , où le brun
domine,& ces Lettres d'or qui
brillent fur le tout,font un objet
agreable à la veuë.
Dans l'eſpace du Marbre
blanc qui marque la Mer
des Amb. de Siam. 281
Mediterranée , eft une Bouffole
de different Marbre delicatement
travaillée ; & dans
l'autre eſpace qui eſt pour la
Mer Oceane , il y a deux
Cartouches , dans l'un defquels
eſt écrit , Carte de la
France , avec ces mots tirez de
Virgile,& qui font une eſpece
de deviſe dont la France eft
le Corps : HA TIBI ERUNT
ARTES , pour marquer que
de tous les Arts où le Roy
pouvoit exceller , il s'eft reſervé
le plus glorieux & le
plus difficile , qui eſt celuy de
regner. Dans l'autre Cartouche
eſt le nom de celuy qui
282 Suite duVoyage
a preſenté cette Carte au
Roy.
L'Ocean du côté du Nord
eſt borné par les côtes d'Angleterre
, qui approchent le
plus de la France ; ce que
l'on a de coûtume de mettre
dans les Cartes de France du
même ouvrage & du même
deſſein , avec la méme exactitude
que le reſte.
La bordure eſt compofée
de deux bandes de Marbre
bleu , dont l'une eſt chargée
de ſa moûlure ; & d'une de
Marbre noir, ſur laquelle ſont
marquez les degrez de Longitude
& de Latitude par de
des Amb. de Siam.
283
petits quarrez longs de Marbre
blanc , qui ont eſté auſſi
refervez du fond de la Table.
Mr Couplet Maître de
Mathematique , la preſenta
à Sa Majesté le premier jour
de l'An 1684. Le Roy la reçût
avec ſa bonté ordinaire ,
& la fit placer dans le Cabinet
dont je viens de vous parler.
Le ſecond Ambaſſadeur
ayant encore jetté les yeux
fur tout ce cabinet , qui ne
paroiſt tapiffé que de pierreries
, dit , Qu'il n'avoit juſques
icy reconnu que trois Grandeurs
Sçavoir les Grandeurs Humaines,
1
284 Suite du Voyage
les Grandeur de Dieu , & les
Grandeurs du Paradis, que prefentement
il en reconnoiffort une
quatrième , qui estoit celle de Verfailles
Comme ils parloient du
bon ordre tout ce qu'ils
virent ce jour-là , on leur dit
qu'un ſeul Homme en avoit
le ſoin , & on leur nomma
Monsieur Bontemps. Ils dirent
qu'ils admiroient ſon intelligence ,
fon exactitude &sa memoire, &
que tout ce que faisoit leRoy étoit
digne d'estre remarqué , puiſqu'il
avoit peut- eftre choisi leſeul Homme
qui fuſt capable de toutes ces
choses enſemble.
pellé des Curiofitez , ou des
Bijoux , parce qu'il en eſt tout
remply . On y entre par la
derniere piece du grand Appartement
du Roy. Il eſt de
figure octogone , avec des niches
dans les angles. La voûte
eſt en maniere de dôme ;
elle eſt éclairée par le milieu.
des Amb. de Siam.
175
à
Le deſſein qui eſt de Monſieur
Manſard en plaiſt beaucoup
, auffi- bien que celuy de
la Cheminée qui eſt tout particulier.
On ne la peut voir
ſans y tenir la veuë attachée
pendant quelque temps ,
cauſe du plaifir qu'on prend
à la regarder. Tout l'ouvrage
de ce Cabinet eſt de Sculpture
, parmy laquelle il y a
beaucoup de Bronze doré. Il
eſt entierement entouré de
Glaces , & il y a des gradins
dans les niches au devant des
Glaces. Le reſte du Cabinet
eſt remply de conſoles ,
qui toutes auffi-bien que les
Z iij
276 Suite du Voyage
د
gradins ſont couvertes de Bi
joux. On n'y voit que des
Agathes de toutes fortes &
qui forment mille chofes differentes
; des Criſtaux de
grand prix , pour la maniere
dont ils font taillez ; de petites
Figures de Bronze antiques
; des Figures d'or , cou
vertes de pierreries ; & quantité
d'ouvrages curieux & de
pieces précieuſes de diverſes
Figures. Tout ce qui eſt dans
ce Cabinet eſt d'un fi grand
prix , qu'on n'y a point trouvé
de place pour les plus
belles Porcelaines, dont il n'y
en a point du tout. On y voit
des Amb. de Siam . 277
une tres -belle Nefd'or fur la
cheminée , & un grand &
riche Bureau dans le milieu
, remply de quantité de
Medailles antiques & modernes.
Aprés que les Ambaffadeurs
eurent vû dans le mê
me lieu une Caffette remplie
de pluſieurs petites Figures
d'or , on la leva de deſſus une
Table beaucoup moins confiderable
par ſa matiere , que
pour l'art , & pour l'uſage auquel
elle eſt deſtinée. Elle a
trois pieds & demy de long
ſur deux & demy de large.
Le fond eſt d'un Marbre
Zv
278 Suite du Voyage
blanc , fur lequel on a fait de
pieces de Marbre de rapport ,
une Carte de la France, réduite
dans toutes les préciſions
des dernieres obſervations
Aftronomiques.
Chaque Province y eſt diſtinguée
par un morceau de
Marbre d'une couleur qui luy
eſt particuliere , & taillé de la a
figure irreguliere que chaque
Province forme par les enclaves
, avec les Provinces qui
la bornent. Le nom de chaque
Province eſt marqué en
Lettres d'or capitales , & le
nom de ſes principales Villes
en italiques. L'on a affecté
des Amb. de Siam. 279
de mettre proche l'un de l'autre
les couleurs de Marbre
qui coupent davantage : par
exemple, l'Ifle de France d'un
bleu clair; la Champagne ,
d'un rouge de porphire ;
l'Orleannois , opale ; la
Beauce, feüille- morte ; mais la
delicateſſe de l'ouvrage , &
l'art de l'ouvrier paroiffent
particulierement dans les découpures
que la Mer & la
Terre font enſemble , où tous
les Caps que la Terre fait
dans la Mer , & toutes les
Bayes que la Mer forme dans
la Terre , font obſervez avec
une juſteſſe inconcevable ; &
1
280 Suite du Voyage
:
dans les Lacs & Rivieres qui
font de Marbre blanc , & refervez
du fond même de la
Table , nonobſtant le peu de
largeur , qui n'eſt ſouvent
qu'un filet dans l'origine des
Rivieres , & les differens tours
qu'elles prennent dans les
Terres .
On ne ſçauroit croire com
bien ces lignes de lait qui
ferpentent au travers de ces
differens Marbres , où le brun
domine,& ces Lettres d'or qui
brillent fur le tout,font un objet
agreable à la veuë.
Dans l'eſpace du Marbre
blanc qui marque la Mer
des Amb. de Siam. 281
Mediterranée , eft une Bouffole
de different Marbre delicatement
travaillée ; & dans
l'autre eſpace qui eſt pour la
Mer Oceane , il y a deux
Cartouches , dans l'un defquels
eſt écrit , Carte de la
France , avec ces mots tirez de
Virgile,& qui font une eſpece
de deviſe dont la France eft
le Corps : HA TIBI ERUNT
ARTES , pour marquer que
de tous les Arts où le Roy
pouvoit exceller , il s'eft reſervé
le plus glorieux & le
plus difficile , qui eſt celuy de
regner. Dans l'autre Cartouche
eſt le nom de celuy qui
282 Suite duVoyage
a preſenté cette Carte au
Roy.
L'Ocean du côté du Nord
eſt borné par les côtes d'Angleterre
, qui approchent le
plus de la France ; ce que
l'on a de coûtume de mettre
dans les Cartes de France du
même ouvrage & du même
deſſein , avec la méme exactitude
que le reſte.
La bordure eſt compofée
de deux bandes de Marbre
bleu , dont l'une eſt chargée
de ſa moûlure ; & d'une de
Marbre noir, ſur laquelle ſont
marquez les degrez de Longitude
& de Latitude par de
des Amb. de Siam.
283
petits quarrez longs de Marbre
blanc , qui ont eſté auſſi
refervez du fond de la Table.
Mr Couplet Maître de
Mathematique , la preſenta
à Sa Majesté le premier jour
de l'An 1684. Le Roy la reçût
avec ſa bonté ordinaire ,
& la fit placer dans le Cabinet
dont je viens de vous parler.
Le ſecond Ambaſſadeur
ayant encore jetté les yeux
fur tout ce cabinet , qui ne
paroiſt tapiffé que de pierreries
, dit , Qu'il n'avoit juſques
icy reconnu que trois Grandeurs
Sçavoir les Grandeurs Humaines,
1
284 Suite du Voyage
les Grandeur de Dieu , & les
Grandeurs du Paradis, que prefentement
il en reconnoiffort une
quatrième , qui estoit celle de Verfailles
Comme ils parloient du
bon ordre tout ce qu'ils
virent ce jour-là , on leur dit
qu'un ſeul Homme en avoit
le ſoin , & on leur nomma
Monsieur Bontemps. Ils dirent
qu'ils admiroient ſon intelligence ,
fon exactitude &sa memoire, &
que tout ce que faisoit leRoy étoit
digne d'estre remarqué , puiſqu'il
avoit peut- eftre choisi leſeul Homme
qui fuſt capable de toutes ces
choses enſemble.
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Résumé : Cabinet des Curiositez ou des Bijoux, [titre d'après la table]
Le texte décrit un cabinet du château de Versailles, connu sous le nom de cabinet des Curiosités ou des Bijoux en raison de son contenu précieux. Ce cabinet, de forme octogonale avec des niches dans les angles, est éclairé par un dôme central. Il est entièrement décoré de sculptures, de bronze doré et de glaces, et contient divers bijoux tels que des agates, des cristaux, des figures de bronze antiques et des œuvres d'art précieuses. Parmi les objets notables, on trouve une nef d'or sur la cheminée et un riche bureau rempli de médailles. Les ambassadeurs de Siam découvrent également une cassette contenant des figures d'or et une carte de la France en marbre. Cette carte, détaillée avec précision, utilise différentes couleurs pour représenter chaque province. Elle est présentée par Monsieur Couplet en 1684 et placée dans ce cabinet. Les ambassadeurs expriment leur admiration pour l'ordre et la grandeur de Versailles, attribuant cette organisation à Monsieur Bontemps.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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4
p. 9-17
Carte nouvelle de la Chine avec le dénombrement de tous ces Peuples, Province par Province. [titre d'après la table]
Début :
Rien n'est si à la mode aujourd'huy que de parler de [...]
Mots clefs :
Chine, Province, Villes, Familles, Temples, Résidences, Résidence, Oratoires, Missions, Siam, Carte, Dénombrement, Jésuites, Philippe Couplet
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Carte nouvelle de la Chine avec le dénombrement de tous ces Peuples, Province par Province. [titre d'après la table]
Rien n'est si à la mode
aujourd'huy que de parler de
la Chine) sur tout depuis que
nousavons veuen Francedes
Ambassadeurs du Roy de
Siam. Le Pere CoupletJcfuite,
qui a demeuré long-temps
à la Cour de l'Empereur des
Chinois, a fait une
-
Carte
npuvelle de ce grand Estat,
avecquelques Observations,
&ennousdonnantledénombrement
des Peuples de ce
grand Empire? il aéclaircy
ce qui causoit tous les jours
de grandes contestationsentre
lesSçavans, avant que
nous en eu ssions une intelligence
aussi claire qu'on la
peut avoir par ce qui est marqué
dans cette Carte (tir chaque
Province, ainsi que vous
l'allez lire.
La ProvincedePEKIM
contient huit Villes principales;
cent trente-cinq autres
Villes; 418989 Familles, &
deux Temples qui ont elle
élevez par la permissîon de
1 Empereur. Il y a quatre
Temples,& des Millions hors
de la Cour.
La Province de XANSl
contient cinqVilles principales
; quatre-vingt- douze
autres Villes; fîjCyj Familles;
cinq Temples; trois Residences
;vingt-neuf Oratoires
&Missions.
La Province de XENSI
contient huit Villes principales
; cent sept autres Villes;
831051 Familles; six Temples;
deux Residences; vingt-sept
Oratoires & Millions.
La Province deXANTUM
contient six Villes principales
; quatre-vingt-douze autresVilles;
770555Familles;
deux Temples; une Residence;
onze Oratoires & Missions.
La Province de HONAN
contient huit Villes principales
; cent autres Villes ;
)'892.96 Familles;un Temple,
& une Residence.
La Province de SUCHVEM.
contient huit Villes principales;
cent vingt-quatre autres
Villes;464129 Familles;
trois Temples
, & autrefois
deux Résidences.
La Province de HUQUAM
contient quinze Villes principales;
cent huit autres Villes;
531686 Familles; quatre
Temples;une Residence, &
huit Missions.
La Province de NANKIM
contient trente quatre Villes
principales, cent dix autres
Villes; 15)69816 Familles; un
College, & cinq Residences.
Dans les Villes principales, &
dans les autres il y a dix-huit
Temples, & il y en a cent
troisdans les Bourgs avec soizanter-
cijaqMiffiolu.-
La Province de CHEKIAM
contient onze Villes principales;
soixante-trois autres
Villes; 1242135. Familles, &
un College. Il y avoit autre-
- * fois cinqTemples & une Residence.
La Province de KIAM si
contient treize Villes principales;
soixante
-
sept autres
Villes;1363629Familles; sept
Temples; trois Residences,
& quinze Millions.»
La Province de FOKIEN
contient huit Villes principales;
quarante-huit autres
Villes^opiooFamilléS;vingtquatre
Temples; cinq Residericcs&
M.ssions.
La Province de Quamtum
contient dix Villes principales
: soixante- treize autres
Villes; 483360 Familles;sept
Temples, & autrefois trois
Residences & Millions.
La Province de QUAMSI
contient onze Villes principales
; quatre-vingt-dix-neuf
autres Villes; 186719. Famillles;&
autrefois un Temple &,.
une Residence.
La Province dytlNN.AN
contient vingt- deux Villes
principales; quatre-vingtquatre
autres Villes, & 1329JI
Familles.
La Province QUEYCHEU
contient huit Villes princiles;
dix autres Villes, &45303
Familles..
Ces quinze Provinces contiennent
ensemble 155. Villes
princi pales;1312.autresVilles,
outre 2357. Bourgs militaires;
10128789 Familles, qui font
58915783 hommes; environ
deux cens Temples que les
Jesuites ont fait élever; trois
Residences autorisées par le
Sceau public, trois Colleges
commencez >
sans les Oratoires
& les Missions. On ne
comprend point les femmes
dans lanombre qui est marquépour
les hommes, non
plusque les Enfansau dessous
de vingt années,nyles Gens
de Lettres & de Guerre, qui
font encore plusieurs millions.
aujourd'huy que de parler de
la Chine) sur tout depuis que
nousavons veuen Francedes
Ambassadeurs du Roy de
Siam. Le Pere CoupletJcfuite,
qui a demeuré long-temps
à la Cour de l'Empereur des
Chinois, a fait une
-
Carte
npuvelle de ce grand Estat,
avecquelques Observations,
&ennousdonnantledénombrement
des Peuples de ce
grand Empire? il aéclaircy
ce qui causoit tous les jours
de grandes contestationsentre
lesSçavans, avant que
nous en eu ssions une intelligence
aussi claire qu'on la
peut avoir par ce qui est marqué
dans cette Carte (tir chaque
Province, ainsi que vous
l'allez lire.
La ProvincedePEKIM
contient huit Villes principales;
cent trente-cinq autres
Villes; 418989 Familles, &
deux Temples qui ont elle
élevez par la permissîon de
1 Empereur. Il y a quatre
Temples,& des Millions hors
de la Cour.
La Province de XANSl
contient cinqVilles principales
; quatre-vingt- douze
autres Villes; fîjCyj Familles;
cinq Temples; trois Residences
;vingt-neuf Oratoires
&Missions.
La Province de XENSI
contient huit Villes principales
; cent sept autres Villes;
831051 Familles; six Temples;
deux Residences; vingt-sept
Oratoires & Millions.
La Province deXANTUM
contient six Villes principales
; quatre-vingt-douze autresVilles;
770555Familles;
deux Temples; une Residence;
onze Oratoires & Missions.
La Province de HONAN
contient huit Villes principales
; cent autres Villes ;
)'892.96 Familles;un Temple,
& une Residence.
La Province de SUCHVEM.
contient huit Villes principales;
cent vingt-quatre autres
Villes;464129 Familles;
trois Temples
, & autrefois
deux Résidences.
La Province de HUQUAM
contient quinze Villes principales;
cent huit autres Villes;
531686 Familles; quatre
Temples;une Residence, &
huit Missions.
La Province de NANKIM
contient trente quatre Villes
principales, cent dix autres
Villes; 15)69816 Familles; un
College, & cinq Residences.
Dans les Villes principales, &
dans les autres il y a dix-huit
Temples, & il y en a cent
troisdans les Bourgs avec soizanter-
cijaqMiffiolu.-
La Province de CHEKIAM
contient onze Villes principales;
soixante-trois autres
Villes; 1242135. Familles, &
un College. Il y avoit autre-
- * fois cinqTemples & une Residence.
La Province de KIAM si
contient treize Villes principales;
soixante
-
sept autres
Villes;1363629Familles; sept
Temples; trois Residences,
& quinze Millions.»
La Province de FOKIEN
contient huit Villes principales;
quarante-huit autres
Villes^opiooFamilléS;vingtquatre
Temples; cinq Residericcs&
M.ssions.
La Province de Quamtum
contient dix Villes principales
: soixante- treize autres
Villes; 483360 Familles;sept
Temples, & autrefois trois
Residences & Millions.
La Province de QUAMSI
contient onze Villes principales
; quatre-vingt-dix-neuf
autres Villes; 186719. Famillles;&
autrefois un Temple &,.
une Residence.
La Province dytlNN.AN
contient vingt- deux Villes
principales; quatre-vingtquatre
autres Villes, & 1329JI
Familles.
La Province QUEYCHEU
contient huit Villes princiles;
dix autres Villes, &45303
Familles..
Ces quinze Provinces contiennent
ensemble 155. Villes
princi pales;1312.autresVilles,
outre 2357. Bourgs militaires;
10128789 Familles, qui font
58915783 hommes; environ
deux cens Temples que les
Jesuites ont fait élever; trois
Residences autorisées par le
Sceau public, trois Colleges
commencez >
sans les Oratoires
& les Missions. On ne
comprend point les femmes
dans lanombre qui est marquépour
les hommes, non
plusque les Enfansau dessous
de vingt années,nyles Gens
de Lettres & de Guerre, qui
font encore plusieurs millions.
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5
p. 245-248
Cahiers des Etats de Bourgogne, presentez au Roy, [titre d'après la table]
Début :
Je vous parlay l'année derniere de la tenuë des Etats de [...]
Mots clefs :
États de Bourgogne, Province
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texteReconnaissance textuelle : Cahiers des Etats de Bourgogne, presentez au Roy, [titre d'après la table]
Je vous parlay l'année derniere de la tenue des Etats de
Bourgogne. Vous sçavez, que
cette Province qui en des plus
zélées du Royaume pour le
bien de l'Etar
,
tant à cause
de sa fidélité pour le Roy qui
luy est naturelle, que par les
exemples que luy en ont donné les Princes du Sang qui en
ont esté Gouverneurs, s'est
toûjourssurpassée lors qu'il a
esté question des Dons gratuits qu'elle est obligée de faire tous les trois ans, ainsi que
font tousles autres Païs d'Etats.
Je vous envoyai alors un détail
des genereux efforts qu'elle fie
en cette occasion
,
& je vous
fis voir en mesme temps ce que
feuë S. A. S. Monsieur le Duc
fit en cette occasion pour le
bien de l'Etat, & pour soulager la Province, en forte que
malgré la difficulté du temps,
tout se passa au gré du Roy,
& à la satisfactionduPeriple.
Il est vray que ce Prince fit des
choses surprenantes, & qu'il
sacrifia beaucoup de droits qui
lui appartenoient.
Les Deputez de ces mesmes
Etats, qui sont Mr l'Abbé de
Druys pour le Clergé; Mr lc)
Comte d'Epinac pour la Noblesse) & Mr le Meullier, Maire
de la Ville de Semur, pour le
Tiers Etat, viennent de presenter à Sa Majesté les Cahiers
de la Province, & ils ont esté
conduits à la maniéré accoûtumée, ayant esté presentez par
Mr le Marquis de la Vrilliere
Secretaire d'Etat, & conduits
par Mr des Granges, Maître
des Ceremonies; & ils ont eu
Audiance de toute la Maison
Royale. S. A. S. Monsieur le
Duc, auroit tenu le premier
rang à cette fonction, sans son
départ pour l'Armée.Vous
scavez la grande impatience
de ce jeune Prince-pour courir
à la gloire, & qu'il seroit party beaucoup plûtôt qui n'a
fait, si des- ordres particuliers
di* Roy ne l'eussent arresté ;
qu'il est presentement à la telle
du Regiment de Condé Cavalerie où il espere faire connoître qu'il estdu même Sang,
& qu'il ressent la mesme ardeur donr tous ses Ayeuls ont
esté animez
Bourgogne. Vous sçavez, que
cette Province qui en des plus
zélées du Royaume pour le
bien de l'Etar
,
tant à cause
de sa fidélité pour le Roy qui
luy est naturelle, que par les
exemples que luy en ont donné les Princes du Sang qui en
ont esté Gouverneurs, s'est
toûjourssurpassée lors qu'il a
esté question des Dons gratuits qu'elle est obligée de faire tous les trois ans, ainsi que
font tousles autres Païs d'Etats.
Je vous envoyai alors un détail
des genereux efforts qu'elle fie
en cette occasion
,
& je vous
fis voir en mesme temps ce que
feuë S. A. S. Monsieur le Duc
fit en cette occasion pour le
bien de l'Etat, & pour soulager la Province, en forte que
malgré la difficulté du temps,
tout se passa au gré du Roy,
& à la satisfactionduPeriple.
Il est vray que ce Prince fit des
choses surprenantes, & qu'il
sacrifia beaucoup de droits qui
lui appartenoient.
Les Deputez de ces mesmes
Etats, qui sont Mr l'Abbé de
Druys pour le Clergé; Mr lc)
Comte d'Epinac pour la Noblesse) & Mr le Meullier, Maire
de la Ville de Semur, pour le
Tiers Etat, viennent de presenter à Sa Majesté les Cahiers
de la Province, & ils ont esté
conduits à la maniéré accoûtumée, ayant esté presentez par
Mr le Marquis de la Vrilliere
Secretaire d'Etat, & conduits
par Mr des Granges, Maître
des Ceremonies; & ils ont eu
Audiance de toute la Maison
Royale. S. A. S. Monsieur le
Duc, auroit tenu le premier
rang à cette fonction, sans son
départ pour l'Armée.Vous
scavez la grande impatience
de ce jeune Prince-pour courir
à la gloire, & qu'il seroit party beaucoup plûtôt qui n'a
fait, si des- ordres particuliers
di* Roy ne l'eussent arresté ;
qu'il est presentement à la telle
du Regiment de Condé Cavalerie où il espere faire connoître qu'il estdu même Sang,
& qu'il ressent la mesme ardeur donr tous ses Ayeuls ont
esté animez
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Résumé : Cahiers des Etats de Bourgogne, presentez au Roy, [titre d'après la table]
L'auteur souligne la fidélité de la province de Bourgogne envers le roi et son zèle pour le bien de l'État, notamment à travers les dons gratuits effectués tous les trois ans. L'année précédente, il avait déjà rapporté la tenue des États de Bourgogne et les actions du duc défunt pour soulager la province malgré les difficultés. Récemment, les députés des États de Bourgogne, représentant le clergé, la noblesse et le tiers état, ont présenté à Sa Majesté les cahiers de la province. Ils ont été introduits par le marquis de La Vrillière, secrétaire d'État, et conduits par des Granges, maître des cérémonies, et ont eu audience de toute la maison royale. Le duc, qui aurait dû tenir le premier rang lors de cette fonction, est parti pour l'armée, animé par une grande impatience de courir à la gloire. Il se trouve actuellement au sein du régiment de Condé cavalerie, espérant y prouver sa valeur et son ardeur héritée de ses ancêtres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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6
p. 23-48
MORTS.
Début :
Loüis François de Boufflers, Pair & Maréchal de France [...]
Mots clefs :
Roi, Maréchal, Régiment, Maison de Boufflers, Gouverneur, Comte, Armée, Province, Luxembourg, Allemagne, France, Seigneur, Paris, Ville
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texteReconnaissance textuelle : MORTS.
MORTS.
Loüis François de Bouf-
Hers) Pair & Maréchal de
France, Chevalier Ordres
du Roy & de la Toison
d'Or, Capitaine des Gardes
du Corps,cydevant Colonel
du Regiment des Gardes
Françoises, Grand Bailly ôô
Gouverneur hereduaire de
la Ville de Beauvais & du
Beauvoisis
,
Gouverneur &
LieutenantGeneral des Provinces
de Flandres & de
Haynault, Gouverneur particulier
& Souverain Bailly
des Villes,Citadelle&Châ.
tellenie de Lille de General
desArmées du Roy,mourut
à Fontainebleau le 22. )âgé de Ci. ans sepe
-
mois. Son Corps a este
apporté à Saint Paul où il a
estéinhumé Il estoit né le
dix Janvier 1644. &il commença
à porter les Armes en
qualité de Cadet, dans le
Regiment
Regiment des Gardes o en
1662.. En 1663. &1664.,
il le trouva aux expéditions
de Marsal &deGigery. En
1 666. il fut fait Sous Lieutenant
dans le mêmeRégiment,
& il se distingua l'année
suivante au Sièges de
Tournay
,
de Douay
,
de
Lille ,&de pluficurs autres
Places. En 1668. il servit
d Aide Major au Regiment
des Gardes en 1669 il fut
fait Colonel du Regiment
Royal de Dragons, & l'annéesuivante
il Cervi[:'là: la
teste de ce Regiment à la
Conqueste de la Lorraine
fous Mr le Maréchal de
Crequy. A la mort de Mr
le Comte de Boufflers son
frere aine
,
il eut la Charge
- de Lieutenant General de la
Province de l'Isle de France,
& celle de grand Bailly de
Beauvais donc ce Comte é- toit pourvû. Il servit dans la
guerre de Hollande fous Mr
de Turenne & fous Mr le
Maréchal de Luxembourg
, s'y distingua en plusieurs
occasions, & entrautres au
Combat deWoerden où il
fut bleuet passa en AHeWr
gne sur la fin de l'année
1673. ilfutblessé en1674.
à la Batailled'Ensheim. En
1675.il fut fait Brigadier
de Dragons,&soutint les
efforts des Ennemis à la teste
de l'arriere Garde de l'Armée
lors qu'elle se retira
aprés la mort de Mr de
Turenne. En 1676.ilservit
en Allemagne fous Mr le
Maréchal de Luxembourg.
En 1677. il fut fait Maréchal
de Camp&servit fous
Mr le Maréchal deCrequy.
En 1678. il se trouva aux
Combats de Rhinsfeld ,dç
Seckaigen,6id
bourg, & suc pourvû la
même année de la Charge
de Colonel general de Dragons.
Ilalla l'annéesuivante
en Dauphiné avec un corps
d'armée, & en 1681. il prit
possession de Casal, & la
mêmeannéeilfut faitLieutenant
general. En J68z.
il marcha avec un corps
d'armée vers les Pyrenées
pour obliger la Ville de Fontarabie
defaireauRoy satisfaébon
que Sa Majesté luy
- demandoit.En1683. ilrejpafla
enFlandre ou il servit
sousMr le Miréchal d'Humieres.
En 1684. aprés la
reduction de Luxembourg
il campa surl' Escautavecun
corps de troupes jusques à
laconclusion de la Trêve.
En1685.il passaàBayonne,
& de là dans la Guyenne
pour y commander en
Chef En 1686. il eut le
Gouvernement de la Ville
& Province de Luxembourg - &du Comté de Chini. En
1687.il fut pourvû de celuy
de Lorraine &de la Province
de la Sarre & du Commandement
en Chef des
trois Evêchez & de Sedan,
En 1688. il Commanda
l'Armée d' Allemagne en Chef, prit Keiserloutre
Krutznac J'
,
Worms
,
Oppeinl-
ieini reduisit tout le
Palatinat à l'obeissance du
Roy,& fitentrer des Troupes
dans Mayence. Cette
même année Sa Majesté
l'honora du Collier de ses
Ordres. Il fit plusieurs autres
expeditions les deux
années suivantes
,
& Commanda
l'Armée de la Motets
le. En 1690. il eut lecommandement
en Chef du
Paysd'entre Sambre & la
Mer. Enr6sn.il fut blessé
au Siege de Mons, bombarda
la Ville de Liége ,& fut
fait Colonel des Gardes
Françoises. En 1691. il
investit la Ville de Namur
s'opposa t au Prince d'Orangequi
voulut secourircette
place, se distingua à la
BailledeSteinkerke
,
bombarda
Charleroy & reprit
Furnes que les Ennemis
avoient fortifié. Au commencement
du mois deMars
1693. le Roy l'honora du
Baston deMaréchal de France
,
& de l'Ordre de Saint
Loüis au mois d'Avril suivant.
Il servit cette même
annéeen Allemagne fous
Monseigneur le Dauphin,
& en Flandres l'année suivante
où il fut fait Gouverneur
& Lieutenant general
decette Province & du
Pays conquis. En 1695. il
deffendit la Ville de Namur
pendant plus de deux mois
assi'gée par le Prince d'Orange,
autte sir conduire
à Mastrick, ouil resta15.
jours. A son retour le Roy
érigea sa tetre de Cagny en
Duché fous le nom de Boufflers
en 1695.Il Commanda
l'Armée: du Roy enrre
Sambre& Meuse en 1696.
& en 1697.Le 4. Septembre
1701. il fit élever dans son
Chasteau de Boufflers en
Beauvoisis, la Statuëéquestre
du Roy, la même année
il eut ordre de se re-ndre à Bruxelles pour commander
dans tous les Pays Bas
Espagnols conjointement
avec Mr le Marquis de
Bedmar. En1702.il servit
fous Monseisneur le Duc
de Bourgogne. En 1703. il
commandal'Arméedu Roy
en Flandreconjointement
avec Mr le Maréchal de
Villeroy,& dessit les Hollandois
avec Mrle Marquis
de Bedmar
, au combat
d'Eckeren
; ce sur pour le
recompenser de cette action
que le Roy d'Espagne luy
envoya l'Ordre de la Toison
d'or. Cette même année
le Roy le fit Capitaine
des Gardes du Corps, & il
se démit de celle deColonel
des Gardes Françoises. En
1708. ildeffendit la Ville,
& la Citadelle de Lille d'une
maniere qui luy fit beaucoup
d'honneur, & ce qui
luy fit meriter la dignité de
Pair de France que le Roy
luy donna par Lettres Patentes
registrées le 1 9.
Mars1709. S. M.luy accordaaussi
les grandes entrées
de premier Gentilhomme
de la Chambre,& la survivance
du Gouvernement
de Flandre pour Mr le
Comte de Boufflerssonfils
aîné. La derniere a£tionou
feu Mr le Maréchal de
Boufflers s'est diliinguéa
esté la Bataille de Mdlplaquet
,
où il commandoic
l'aile droire ; il y renver sa
tour ce qui s'opposa à luy ;
mais Mr le Maréchal de
Villars qui commandoic
Jt:e gauch e ayant elle
blesse dangereusement
,
&
ayant en plusieurs de les Of.,
ficiers generaux tuez ,
Mr
le Maréchal de BoufH:rs,
soutintencore long temps
les efforts des ennemis
nonosbtant leur grande fuperiorité,
jusqu'à ce qu'il
jugeait à propos de faire sa
retraitequ'il fit en si bon
ordre que les ennemis n'ose
rent le suivre.
-
La Maison de Boufflers
est des plus anciennes de la
Province de Picardie. Elle
a pris son nom de la Terre
de Boufflers qui est dans le
Ponthieu, & qui a été possedéefans
interruption depuis
1200 ans jusqu'àcejour par
ceux de cette Maison.
JeanBaptisteleFévre de
la Barre, Commandeur, PLC.
vost & Mairre des Ceremonies
de l'Ordre Royal, Militaire
ez Hôpitalier de N0
tre-Damedu Mont Carmel
& deS. Lazare de Jerusslem,
mourut le 17. Aoust âgé de
71. ans. Antoine le Févre
,
Seigneur de la Barre Conseillerau
Parlement; son pere
avoit esté Prevost des Marchands.
Marie de Ligny, qui avoit
épouséle 1 3 Janvier 1677.
Antoine Egon, Prince de
Furstemberg mourut à Paris
le
1 8.Aoust âgé de 55.ans.
EllelaissaN.de Furstemberg
qui épousa le
1 3. Mars
1704. N.. Comte de Lannoy,
& Marie Loüise Maunce,
quiépousa le 10. Janvier
1708. Jean Baptiste
Colbert, Marquis de Seignelay.
Jean Guillemin, Seigneur
de Courchamp,Maistre
des Requestes, mourut le
18. Aoust. Il avoit épouse
Marthe-Clemence de Bailleul
fille & soeeur de Picfi"
dents au Par lement,
Jean Phelypeaux, Conseiller
d'Erat Ordinaire, cidevant
Intendant de Paris,
mourut le 19. Aoust âgé de
6S ans. Il étoit frere de Mr
le Chancclhcjr.
Le P. Charlesde RocllC"
blanche
,
Cordelier
,
Doctenr
de Soi bonne, L(d. ur
en Theologie& ancien Gardien
des Cordelters de Paris
y mourut le 17. Août en sa
6 7 année & en sa 5 o. de
Religion en reputation
d'une grane verru.
Anne
-
Elisabeth
-
David
de Vaux, épouze de François
Joseph de Sevré,Conseiller
au Parlement, mourut le 11.
Aoust âgée de 3 Y. ans.
Marie- Anne- Charlote de
Bourbon,Demoiselle d'Estouteville,
fille de feu Louis
Henry legitimé deBourbon,
Prince de Neufchastel ert
Suisse, & d'Angelique Cunegonde
de Montmorency-
Luxembourg
,
qui étoitnée
le
2. 6. Septembre 1 70 1.
mourut le 23.Aoust. Elle
laisse pour heritiere sa soeur
unique, épouse de Mr le
Duc de Luines.
JeanAubery
,
Marquis de
Vatan
y
Baron de Serricres
&c. Lieutenant de Roy au
Gouvernement d'Orleanois
& Blaisois, mourut le 28.
Aoust âgéde55.ans. Illaisse
des enfans de N. de Bailleut,
soeur de MC de Courchamp
dont on vient de parler.
Elisabeth Sophie Cheron,
de l'Academie Royale de
Peinture & Seul pture, & de
celle des Ricovrati de Padouë,
épouse de Mr le Gay,
Ingénieur ordin aire duRoy,
mourut le 4. Septembre.
Marie - Madelaine du
Moncel de Martinrast, veuve
de Georges de Scudery
,
Gouverneur de N. Dame de
la Garde, mourut le 6. Septembre
,
âgé de 90. ans. J.:rofme de Sainte Beuve,
Prieur de S Jean de Moncoriolo
, mourut aussi le 6.
Septembre. Il étoit frere de
feu Mr de S. Beuve, Docteur
de Sorbonne
,
& fort
connu de tous lesSçavans.
Marie du Clos, mourut
à Falaise
,
sur la fin du
mois d'Aoust dans sa centneuviéme
année.
Henry Colbert de Maulevrier
,Chevalier de Malthe,
Lieutenant General des
Armées du Roy,mourut à
Cambray le 15.Aoust âgé
de 34 ans. Il y avoir17 ans
qu'il servoit avec cette francjiç,
yalc fitnalurejle au1
sang des Colberts. Il fut
blessé dangereusement i en 7 1695. au siege de Namur,
où Mr le Marquis de Maulevrier
son frere aîné fut
tué. Le Roy luy donna son
Regiment, qui suc envoyé
en Italie en 170 1. où il son:
signalétantque la guerre y
a duré. Il passa ensuite en
Espagne où il servit fous
Monsieur le Ducd'Or leans;
il se distingua particulierement
au siege de Lcrida. Il
a exercé la Charged'Inspecteur
general d'Infanterie
pendant sixannéesavectougc
l'exactitude & la probité
que demande cet employé
Aussi Mr le Chevalier de
Maulevrier possedoit il toutes
les qualitez du plus excellent
Officier general & celles
du plus parfait honnestehomme
Ilest generalement
regretté des gens de guetre
& de tous ceux qui le connoissoient.
Il estoit fils de
feu Mr le Comte de Maulevrier
,
Lieutenant general o des Armées du Roy ,Chelier
de se, Ordres, Gouverneur
de Tournay
)
frere de
feu MrColbert.
Guillaume de Bautru ,, Comte de Serrant, ci- devant
Chancelier de feuëSon
A. R. Monsieur, Frere unique
du Roy,estmort à Serrant
en Anjou, âgé de 9y.
ans. Il estoit filsdeGuillaume
Bautru, Introducteur
des Ambassadeurs, Envoyé
du Royen diverses Cours,
& de l'Academie Françoise.
Mylord Jean Caryll, Baron
de Dunford en Angleterre,
Ministre & Secretaire
d'Etat du Roy de la grande
Bretagne
,
&Secretaire des
Commandemens de la Reine,
est mort à S. Germain
en Laye âgé de 94. ans. Il
s'estoit. toujoursdistingué
par sa pieté, par sa capacité,
par son attachement à fOQ
legitime Souverain, & par
sa charité envers les Pauvres.
Anne GeneviéveMartineau
épouse de François-
Fcrrand
,
Seigneur de Villemilan
,Maistre des Requêtes
&. Intendant en Bretagne,
mourut le 15. Septembre
âgée de 4 5. ans,laissant
unefille unique.
Marie-Reinede Monc.
chal, veuve de Charles- Honoré
Barentin, Seigneur
d'Hardivillers,&c.Maistre
des Requestes
, mourut le
16. Septembre âgée de 27
ans, laissant posterité.
Loüis François de Bouf-
Hers) Pair & Maréchal de
France, Chevalier Ordres
du Roy & de la Toison
d'Or, Capitaine des Gardes
du Corps,cydevant Colonel
du Regiment des Gardes
Françoises, Grand Bailly ôô
Gouverneur hereduaire de
la Ville de Beauvais & du
Beauvoisis
,
Gouverneur &
LieutenantGeneral des Provinces
de Flandres & de
Haynault, Gouverneur particulier
& Souverain Bailly
des Villes,Citadelle&Châ.
tellenie de Lille de General
desArmées du Roy,mourut
à Fontainebleau le 22. )âgé de Ci. ans sepe
-
mois. Son Corps a este
apporté à Saint Paul où il a
estéinhumé Il estoit né le
dix Janvier 1644. &il commença
à porter les Armes en
qualité de Cadet, dans le
Regiment
Regiment des Gardes o en
1662.. En 1663. &1664.,
il le trouva aux expéditions
de Marsal &deGigery. En
1 666. il fut fait Sous Lieutenant
dans le mêmeRégiment,
& il se distingua l'année
suivante au Sièges de
Tournay
,
de Douay
,
de
Lille ,&de pluficurs autres
Places. En 1668. il servit
d Aide Major au Regiment
des Gardes en 1669 il fut
fait Colonel du Regiment
Royal de Dragons, & l'annéesuivante
il Cervi[:'là: la
teste de ce Regiment à la
Conqueste de la Lorraine
fous Mr le Maréchal de
Crequy. A la mort de Mr
le Comte de Boufflers son
frere aine
,
il eut la Charge
- de Lieutenant General de la
Province de l'Isle de France,
& celle de grand Bailly de
Beauvais donc ce Comte é- toit pourvû. Il servit dans la
guerre de Hollande fous Mr
de Turenne & fous Mr le
Maréchal de Luxembourg
, s'y distingua en plusieurs
occasions, & entrautres au
Combat deWoerden où il
fut bleuet passa en AHeWr
gne sur la fin de l'année
1673. ilfutblessé en1674.
à la Batailled'Ensheim. En
1675.il fut fait Brigadier
de Dragons,&soutint les
efforts des Ennemis à la teste
de l'arriere Garde de l'Armée
lors qu'elle se retira
aprés la mort de Mr de
Turenne. En 1676.ilservit
en Allemagne fous Mr le
Maréchal de Luxembourg.
En 1677. il fut fait Maréchal
de Camp&servit fous
Mr le Maréchal deCrequy.
En 1678. il se trouva aux
Combats de Rhinsfeld ,dç
Seckaigen,6id
bourg, & suc pourvû la
même année de la Charge
de Colonel general de Dragons.
Ilalla l'annéesuivante
en Dauphiné avec un corps
d'armée, & en 1681. il prit
possession de Casal, & la
mêmeannéeilfut faitLieutenant
general. En J68z.
il marcha avec un corps
d'armée vers les Pyrenées
pour obliger la Ville de Fontarabie
defaireauRoy satisfaébon
que Sa Majesté luy
- demandoit.En1683. ilrejpafla
enFlandre ou il servit
sousMr le Miréchal d'Humieres.
En 1684. aprés la
reduction de Luxembourg
il campa surl' Escautavecun
corps de troupes jusques à
laconclusion de la Trêve.
En1685.il passaàBayonne,
& de là dans la Guyenne
pour y commander en
Chef En 1686. il eut le
Gouvernement de la Ville
& Province de Luxembourg - &du Comté de Chini. En
1687.il fut pourvû de celuy
de Lorraine &de la Province
de la Sarre & du Commandement
en Chef des
trois Evêchez & de Sedan,
En 1688. il Commanda
l'Armée d' Allemagne en Chef, prit Keiserloutre
Krutznac J'
,
Worms
,
Oppeinl-
ieini reduisit tout le
Palatinat à l'obeissance du
Roy,& fitentrer des Troupes
dans Mayence. Cette
même année Sa Majesté
l'honora du Collier de ses
Ordres. Il fit plusieurs autres
expeditions les deux
années suivantes
,
& Commanda
l'Armée de la Motets
le. En 1690. il eut lecommandement
en Chef du
Paysd'entre Sambre & la
Mer. Enr6sn.il fut blessé
au Siege de Mons, bombarda
la Ville de Liége ,& fut
fait Colonel des Gardes
Françoises. En 1691. il
investit la Ville de Namur
s'opposa t au Prince d'Orangequi
voulut secourircette
place, se distingua à la
BailledeSteinkerke
,
bombarda
Charleroy & reprit
Furnes que les Ennemis
avoient fortifié. Au commencement
du mois deMars
1693. le Roy l'honora du
Baston deMaréchal de France
,
& de l'Ordre de Saint
Loüis au mois d'Avril suivant.
Il servit cette même
annéeen Allemagne fous
Monseigneur le Dauphin,
& en Flandres l'année suivante
où il fut fait Gouverneur
& Lieutenant general
decette Province & du
Pays conquis. En 1695. il
deffendit la Ville de Namur
pendant plus de deux mois
assi'gée par le Prince d'Orange,
autte sir conduire
à Mastrick, ouil resta15.
jours. A son retour le Roy
érigea sa tetre de Cagny en
Duché fous le nom de Boufflers
en 1695.Il Commanda
l'Armée: du Roy enrre
Sambre& Meuse en 1696.
& en 1697.Le 4. Septembre
1701. il fit élever dans son
Chasteau de Boufflers en
Beauvoisis, la Statuëéquestre
du Roy, la même année
il eut ordre de se re-ndre à Bruxelles pour commander
dans tous les Pays Bas
Espagnols conjointement
avec Mr le Marquis de
Bedmar. En1702.il servit
fous Monseisneur le Duc
de Bourgogne. En 1703. il
commandal'Arméedu Roy
en Flandreconjointement
avec Mr le Maréchal de
Villeroy,& dessit les Hollandois
avec Mrle Marquis
de Bedmar
, au combat
d'Eckeren
; ce sur pour le
recompenser de cette action
que le Roy d'Espagne luy
envoya l'Ordre de la Toison
d'or. Cette même année
le Roy le fit Capitaine
des Gardes du Corps, & il
se démit de celle deColonel
des Gardes Françoises. En
1708. ildeffendit la Ville,
& la Citadelle de Lille d'une
maniere qui luy fit beaucoup
d'honneur, & ce qui
luy fit meriter la dignité de
Pair de France que le Roy
luy donna par Lettres Patentes
registrées le 1 9.
Mars1709. S. M.luy accordaaussi
les grandes entrées
de premier Gentilhomme
de la Chambre,& la survivance
du Gouvernement
de Flandre pour Mr le
Comte de Boufflerssonfils
aîné. La derniere a£tionou
feu Mr le Maréchal de
Boufflers s'est diliinguéa
esté la Bataille de Mdlplaquet
,
où il commandoic
l'aile droire ; il y renver sa
tour ce qui s'opposa à luy ;
mais Mr le Maréchal de
Villars qui commandoic
Jt:e gauch e ayant elle
blesse dangereusement
,
&
ayant en plusieurs de les Of.,
ficiers generaux tuez ,
Mr
le Maréchal de BoufH:rs,
soutintencore long temps
les efforts des ennemis
nonosbtant leur grande fuperiorité,
jusqu'à ce qu'il
jugeait à propos de faire sa
retraitequ'il fit en si bon
ordre que les ennemis n'ose
rent le suivre.
-
La Maison de Boufflers
est des plus anciennes de la
Province de Picardie. Elle
a pris son nom de la Terre
de Boufflers qui est dans le
Ponthieu, & qui a été possedéefans
interruption depuis
1200 ans jusqu'àcejour par
ceux de cette Maison.
JeanBaptisteleFévre de
la Barre, Commandeur, PLC.
vost & Mairre des Ceremonies
de l'Ordre Royal, Militaire
ez Hôpitalier de N0
tre-Damedu Mont Carmel
& deS. Lazare de Jerusslem,
mourut le 17. Aoust âgé de
71. ans. Antoine le Févre
,
Seigneur de la Barre Conseillerau
Parlement; son pere
avoit esté Prevost des Marchands.
Marie de Ligny, qui avoit
épouséle 1 3 Janvier 1677.
Antoine Egon, Prince de
Furstemberg mourut à Paris
le
1 8.Aoust âgé de 55.ans.
EllelaissaN.de Furstemberg
qui épousa le
1 3. Mars
1704. N.. Comte de Lannoy,
& Marie Loüise Maunce,
quiépousa le 10. Janvier
1708. Jean Baptiste
Colbert, Marquis de Seignelay.
Jean Guillemin, Seigneur
de Courchamp,Maistre
des Requestes, mourut le
18. Aoust. Il avoit épouse
Marthe-Clemence de Bailleul
fille & soeeur de Picfi"
dents au Par lement,
Jean Phelypeaux, Conseiller
d'Erat Ordinaire, cidevant
Intendant de Paris,
mourut le 19. Aoust âgé de
6S ans. Il étoit frere de Mr
le Chancclhcjr.
Le P. Charlesde RocllC"
blanche
,
Cordelier
,
Doctenr
de Soi bonne, L(d. ur
en Theologie& ancien Gardien
des Cordelters de Paris
y mourut le 17. Août en sa
6 7 année & en sa 5 o. de
Religion en reputation
d'une grane verru.
Anne
-
Elisabeth
-
David
de Vaux, épouze de François
Joseph de Sevré,Conseiller
au Parlement, mourut le 11.
Aoust âgée de 3 Y. ans.
Marie- Anne- Charlote de
Bourbon,Demoiselle d'Estouteville,
fille de feu Louis
Henry legitimé deBourbon,
Prince de Neufchastel ert
Suisse, & d'Angelique Cunegonde
de Montmorency-
Luxembourg
,
qui étoitnée
le
2. 6. Septembre 1 70 1.
mourut le 23.Aoust. Elle
laisse pour heritiere sa soeur
unique, épouse de Mr le
Duc de Luines.
JeanAubery
,
Marquis de
Vatan
y
Baron de Serricres
&c. Lieutenant de Roy au
Gouvernement d'Orleanois
& Blaisois, mourut le 28.
Aoust âgéde55.ans. Illaisse
des enfans de N. de Bailleut,
soeur de MC de Courchamp
dont on vient de parler.
Elisabeth Sophie Cheron,
de l'Academie Royale de
Peinture & Seul pture, & de
celle des Ricovrati de Padouë,
épouse de Mr le Gay,
Ingénieur ordin aire duRoy,
mourut le 4. Septembre.
Marie - Madelaine du
Moncel de Martinrast, veuve
de Georges de Scudery
,
Gouverneur de N. Dame de
la Garde, mourut le 6. Septembre
,
âgé de 90. ans. J.:rofme de Sainte Beuve,
Prieur de S Jean de Moncoriolo
, mourut aussi le 6.
Septembre. Il étoit frere de
feu Mr de S. Beuve, Docteur
de Sorbonne
,
& fort
connu de tous lesSçavans.
Marie du Clos, mourut
à Falaise
,
sur la fin du
mois d'Aoust dans sa centneuviéme
année.
Henry Colbert de Maulevrier
,Chevalier de Malthe,
Lieutenant General des
Armées du Roy,mourut à
Cambray le 15.Aoust âgé
de 34 ans. Il y avoir17 ans
qu'il servoit avec cette francjiç,
yalc fitnalurejle au1
sang des Colberts. Il fut
blessé dangereusement i en 7 1695. au siege de Namur,
où Mr le Marquis de Maulevrier
son frere aîné fut
tué. Le Roy luy donna son
Regiment, qui suc envoyé
en Italie en 170 1. où il son:
signalétantque la guerre y
a duré. Il passa ensuite en
Espagne où il servit fous
Monsieur le Ducd'Or leans;
il se distingua particulierement
au siege de Lcrida. Il
a exercé la Charged'Inspecteur
general d'Infanterie
pendant sixannéesavectougc
l'exactitude & la probité
que demande cet employé
Aussi Mr le Chevalier de
Maulevrier possedoit il toutes
les qualitez du plus excellent
Officier general & celles
du plus parfait honnestehomme
Ilest generalement
regretté des gens de guetre
& de tous ceux qui le connoissoient.
Il estoit fils de
feu Mr le Comte de Maulevrier
,
Lieutenant general o des Armées du Roy ,Chelier
de se, Ordres, Gouverneur
de Tournay
)
frere de
feu MrColbert.
Guillaume de Bautru ,, Comte de Serrant, ci- devant
Chancelier de feuëSon
A. R. Monsieur, Frere unique
du Roy,estmort à Serrant
en Anjou, âgé de 9y.
ans. Il estoit filsdeGuillaume
Bautru, Introducteur
des Ambassadeurs, Envoyé
du Royen diverses Cours,
& de l'Academie Françoise.
Mylord Jean Caryll, Baron
de Dunford en Angleterre,
Ministre & Secretaire
d'Etat du Roy de la grande
Bretagne
,
&Secretaire des
Commandemens de la Reine,
est mort à S. Germain
en Laye âgé de 94. ans. Il
s'estoit. toujoursdistingué
par sa pieté, par sa capacité,
par son attachement à fOQ
legitime Souverain, & par
sa charité envers les Pauvres.
Anne GeneviéveMartineau
épouse de François-
Fcrrand
,
Seigneur de Villemilan
,Maistre des Requêtes
&. Intendant en Bretagne,
mourut le 15. Septembre
âgée de 4 5. ans,laissant
unefille unique.
Marie-Reinede Monc.
chal, veuve de Charles- Honoré
Barentin, Seigneur
d'Hardivillers,&c.Maistre
des Requestes
, mourut le
16. Septembre âgée de 27
ans, laissant posterité.
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Résumé : MORTS.
Louis François de Boufflers, Pair et Maréchal de France, naquit le 10 janvier 1644. Il débuta sa carrière militaire en 1662 au sein du Régiment des Gardes Françaises et se distingua lors des sièges de Tournay, Douay et Lille en 1667. En 1668, il fut nommé Aide-Major et, en 1669, Colonel du Régiment Royal de Dragons. Il servit sous divers maréchaux, tels que Turenne et Luxembourg, et fut blessé à plusieurs reprises, notamment à la bataille d'Ensheim en 1674. Sa carrière ascensionnelle se poursuivit avec les promotions de Brigadier de Dragons en 1675, Maréchal de Camp en 1677 et Lieutenant Général en 1681. Il participa à de nombreuses campagnes en Allemagne, Flandre et Dauphiné. En 1690, il reçut le commandement en chef du Pays d'entre Sambre et Meuse et fut promu Maréchal de France en 1693. Il continua de servir dans diverses provinces et fut récompensé par le roi d'Espagne avec l'Ordre de la Toison d'Or en 1703. En 1708, il défendit Lille avec honneur et reçut la dignité de Pair de France en 1709. Sa dernière action notable fut la bataille de Malplaquet en 1709, où il commanda l'aile droite. La Maison de Boufflers est l'une des plus anciennes de Picardie, possédant la Terre de Boufflers depuis 1200 ans. Le texte mentionne également le décès de plusieurs autres personnalités, dont Jean-Baptiste Le Fèvre de la Barre, Antoine Le Fèvre, Antoine Egon, Prince de Furstemberg, et plusieurs autres nobles et ecclésiastiques.
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7
p. 289-295
Nouvelles de Paris.
Début :
Les Deputez d'Artois eurent audience du Roy le 5. Février [...]
Mots clefs :
Roi, Province, Excellence, Secrétaire, Marquis de Dreux, Sieur des Granges, Sieur Voisin, Clergé, Noblesse, Duchesse de Berry
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de Paris.
Nouvelles de Paris.
Les Deputez d'Artois
eurent audiencedu Roy le
5. Février,& presenterent le
Cahier de la Province à Sa
Majesté,étant conduits par
le Marquis de Dreux,grand
Maître des Ceremonies, &
par le Sieur des Granges.
Ils furent presentez parle
Duc d'Elbeuf Gouverneur
de la Province, & par le
SieurVoisinMinistre & Secretaire
d'Etat.La parole
fut portée par l'Abbé de la
Croix,Prevôt de l'Eglise
d'Arras, pour le Clergé
par le Marquis de Crequy.
HentonDéputé pourla
Nobleflc-jrôc par le Sieur
AnsartdeGonnehem,De
putédu Tiers-Etat.
Le 7- laDuchesse de
Schrewsbury eut l'honneurdesaluer
Sa Majesté
dansson cabinet:elle yfut
conduiteparle Baron de
BreteuilIntroducteur de
•Arajbaââdears,êcpresentée
parlaDuchesse d'Aumont
Ellesalua aussi Monfçi
guebrJriDauphiny Mad$
me la Duchesse de Berry;
Madame, & Madame la
Duchesse d'Orléans, conduite
& presentée comme
chez le Roy. Elle prit le
Tabouret au souper de Sa
Majesté.
Le même jour le Sieur
Cornelio Bentivoglio, Archevêque
de Carthage c;
Nonce ordinaire du Pape,
eut audience particulière
du Roy»-i î-
Le 13 les Deputez des
Etats de Bretagne eurent
audience du Roy , & presenterent
le Cahier de la
Province. Ils furent presentez
par le Comte de Toulouse,
Gouverneur de la
Province, & par le Marquis
de Torcy, Ministre &
Secrétaire d'Etat.
M. le Comte de Pinto,
frere de Son Excellence
M, le Duc d'Ossune, arriva
de Madriden cette ville
la nuit du 11 au n.Février.
Le 16. M. le Duc donna
un bal magnifique.
Le 22 Son Excellence
traita magnifiquement
,
M. le Maréchal de Villars.
M. d'Albergotty, Lieu..
tenantg, eneral- des-.armé0es
du Roy;& Chevalier du
Saint Esprit.
& M.leMarquis de Torcy,
Ministre & Secretaire
d'Etat.
M.le Marquis d'Angeau.
M. le MarquisdeNesle.
M.leChevalier de Crôifc
sy
vu M. le Comte de Truzy,
& autres Seigneurs de distinction.
Mesdames la Gorritefle
-d'Evreux.
La Duchesse de Dura&)
La Marquise de Nesle.
rttlLa Marquise deTorcy,
.& autresDames. ') Lerepas fut precedé
d'un concert des plusma-
'gnifiques,:&fut suivi d'un
al3 qui dura jusquau lendemain
huit heures.
Le 26. 27. & 28. il y eut
encore des bals, où la plupart
des personnes de distinction
sont
venuës. Il y
avoit dans tous les bals que
Son Excellence a donnez
toutes fortes de rafraîchissemens
& de fruits.
Le j3. le Prince François
Ragotzi. Prince deTransylvanie
,
arrivé depuis
quelquesjours incogitto à
Paris, tous le nom du Comte
deSaaros, eut l'honneur
de saluer le Roy, quilere-
-£UC trésfavorablement.
Les Deputez d'Artois
eurent audiencedu Roy le
5. Février,& presenterent le
Cahier de la Province à Sa
Majesté,étant conduits par
le Marquis de Dreux,grand
Maître des Ceremonies, &
par le Sieur des Granges.
Ils furent presentez parle
Duc d'Elbeuf Gouverneur
de la Province, & par le
SieurVoisinMinistre & Secretaire
d'Etat.La parole
fut portée par l'Abbé de la
Croix,Prevôt de l'Eglise
d'Arras, pour le Clergé
par le Marquis de Crequy.
HentonDéputé pourla
Nobleflc-jrôc par le Sieur
AnsartdeGonnehem,De
putédu Tiers-Etat.
Le 7- laDuchesse de
Schrewsbury eut l'honneurdesaluer
Sa Majesté
dansson cabinet:elle yfut
conduiteparle Baron de
BreteuilIntroducteur de
•Arajbaââdears,êcpresentée
parlaDuchesse d'Aumont
Ellesalua aussi Monfçi
guebrJriDauphiny Mad$
me la Duchesse de Berry;
Madame, & Madame la
Duchesse d'Orléans, conduite
& presentée comme
chez le Roy. Elle prit le
Tabouret au souper de Sa
Majesté.
Le même jour le Sieur
Cornelio Bentivoglio, Archevêque
de Carthage c;
Nonce ordinaire du Pape,
eut audience particulière
du Roy»-i î-
Le 13 les Deputez des
Etats de Bretagne eurent
audience du Roy , & presenterent
le Cahier de la
Province. Ils furent presentez
par le Comte de Toulouse,
Gouverneur de la
Province, & par le Marquis
de Torcy, Ministre &
Secrétaire d'Etat.
M. le Comte de Pinto,
frere de Son Excellence
M, le Duc d'Ossune, arriva
de Madriden cette ville
la nuit du 11 au n.Février.
Le 16. M. le Duc donna
un bal magnifique.
Le 22 Son Excellence
traita magnifiquement
,
M. le Maréchal de Villars.
M. d'Albergotty, Lieu..
tenantg, eneral- des-.armé0es
du Roy;& Chevalier du
Saint Esprit.
& M.leMarquis de Torcy,
Ministre & Secretaire
d'Etat.
M.le Marquis d'Angeau.
M. le MarquisdeNesle.
M.leChevalier de Crôifc
sy
vu M. le Comte de Truzy,
& autres Seigneurs de distinction.
Mesdames la Gorritefle
-d'Evreux.
La Duchesse de Dura&)
La Marquise de Nesle.
rttlLa Marquise deTorcy,
.& autresDames. ') Lerepas fut precedé
d'un concert des plusma-
'gnifiques,:&fut suivi d'un
al3 qui dura jusquau lendemain
huit heures.
Le 26. 27. & 28. il y eut
encore des bals, où la plupart
des personnes de distinction
sont
venuës. Il y
avoit dans tous les bals que
Son Excellence a donnez
toutes fortes de rafraîchissemens
& de fruits.
Le j3. le Prince François
Ragotzi. Prince deTransylvanie
,
arrivé depuis
quelquesjours incogitto à
Paris, tous le nom du Comte
deSaaros, eut l'honneur
de saluer le Roy, quilere-
-£UC trésfavorablement.
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Résumé : Nouvelles de Paris.
Le 5 février, les députés de la province d'Artois, conduits par le Marquis de Dreux et le Sieur des Granges, présentèrent leur cahier au roi. L'Abbé de la Croix parla pour le clergé, le Marquis de Crequy pour la noblesse et le Sieur Ansart de Gonnehem pour le tiers-état. Le 7 février, la Duchesse de Schrewsbury salua le roi, accompagnée par le Baron de Breteuil. Le même jour, l'Archevêque de Carthage et Nonce ordinaire du Pape eut une audience particulière avec le roi. Le 13 février, les députés des États de Bretagne présentèrent leur cahier, introduits par le Comte de Toulouse et le Marquis de Torcy. Le 11 février, le Comte de Pinto arriva de Madrid. Le 16 février, le Duc d'Ossune organisa un bal. Le 22 février, il reçut plusieurs seigneurs et dames de distinction. Des bals eurent lieu les 26, 27 et 28 février. Le 13 mars, le Prince François Ragotzi, Prince de Transylvanie, arriva incognito à Paris et salua le roi.
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8
p. 12-128
HISTOIRE nouvelle.
Début :
La peste qui exerce souvent de furieux ravages dans les [...]
Mots clefs :
Amour, Monde, Veuve, Coeur, Dames, Dame, Cavalier, Chambre, Mort, Gentilhomme, Charmes, Affaires, Esprit, Comte, Rome, Pologne, Femmes, Roi, Ambassadeur, Tendresse, Hymen, Valet de chambre, Paris, Comte, Cavalier français, Aventures, Connaissances, Duc, Fête, Veuve, Yeux, Beauté, Maison, Récit, Amis, Compagnie, Voyage, Mariage, Province, Étrangers, Peste, Curiosité, Honneur, Bosquet, Hommes, Varsovie
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texteReconnaissance textuelle : HISTOIRE nouvelle.
HISTOIRE
nouvelle .
LA peſte qui exerce
ſouvent de furieux ravages
dans lesPaïsduNord,
avoit déja détruit prés
d'un tiers de la belle Ville
de Varſovie , ceux de ſes
habitans qui avoient
quelque azile dans les
campagnes , l'abandonnoient
tous les jours ;
pluſieurs alloient à cent
GALANT. 13
lieuës&plus loin encore,
chercher à ſe preſerver
des perils de la conta
gion , lorſque la Palatine
de ... arriva à Dantzic
avec pluſieurs Dames de
confideration qui n'avoient
pas voulu quitter
Varſovie ſans elle.
Le Marquis de Canop
qui eſt un des plus dignes
& des plus honneftes
homes qu'on puiſſe voir,
& qui jouoit un tresgrand
rôle en Pologne ,
14 MERCURE
eſtoit alors à Dantzic ,
où il receut la Palatine
avec tous les honneurs &
toutes les feftes qu'on
puiſſe faire àune des plus
charmantes & des plus
grandes Princeſſes du
monde.drov mes
Des intereſts d'amour,
autant que la crainte de
la maladie , avoient dé
terminé pluſieurs Sei
gneurs Polonois à ſuivre
la Palatine & les Dames
qui l'accompagnoient :
GALANT.
ces Illuſtres captifs qui
n'avoient point abandon-
-néle Char de leur Maitreffe
pendant leur route ,
regarderent leur retraite
à Dantzic , comme l'azile
dumõde le plus favorable
à leurs foupirs. Mais parmi
tant de jeunes beautez
qui briguoient peuteſtre
encore plus d'hommages
qu'elles n'en recevoient
, rien n'eftoit plus
admirable , que le droit ,
qu'uneDame autant ref-
وت
16 MERCURE
pectable par la majeſté
de ſes traits , que par le
nombre de ſes années ,
ſembloit avoir ſur les
cooeurs de tous ceux qui
l'approchoient.
Il n'eſt pas eſtonnant
qu'à un certain âge , on
plaiſe à quelqu'un , mais
quelque beau retour
qu'on puiſſe avoir , il eſt
rare que dans un âge
avancé, on plaiſe à tout
le monde.
La Dame dont je parle,
&
GALANT. 17
&qui avoit cet avantage,
ſe nommoit alors Madame
Belzeſca , elle avoit
eü déja trois maris , &
au moins mille Amants,
elle s'eſtoit tousjours conduite
avec tant de difcretion
& d'innocence , que
les plus hardis & les plus
emportés de ſes adorateurs
n'avoient jamais ofé
donner la moindre atteinte
à ſa réputation : enfin à
quinze ans elle avoit ſou
ſe faire reſpecter comme
May1714. B
18 MERCURE
à ſoixante , & à foixante
paffées ſe faire aimer &
fervir comme à quinze.
Une femme de fa Province,
de fon âge , & qui
depuis fon premier mariage
l'a ſervie juſqu'à
préſent , m'a conté dix
fois fon hiſtoire , comme
je vais la raconter.
Voicy à peu prés ce
que jay retenu de fes
avantures.
Madame Belzeſca eft
originaire d'un Villagede
:
GALANT 12
!
Tourainne , fon Pere qui
eſtoit frere du Lieutenant
Generald'une des premieres
Villes de cette Province
, y poffedoit des biens
affez confiderables . Elle
reſta ſeule de 9. enfants
qu'eut ſa Mere , qui ne
l'aima jamais. Satendreſſe
pour un fils qu'elle avoit,
lorſqu'elle vint au monde;
en fit à ſon égard une
maraſtre ſi cruelle , que
l'oin d'accorder la moindre
indulgence aux ſentih
Bij
20 MERCURE
>
ments de la nature , quelques
efforts que fit fon
mary pour la rendre plus
humaine , elle ne voulut
jamais confentir à la voir.
Cette averſion s'eſtoit
fortifiée dans ſon coeur
ſur la prédiction d'un Berger
qui luy dit un jour ,
deſeſperé des mauvais
traittements dont elle
l'accabloit , qu'elle portoit
en fon fein un enfant
qui le vangeroitdesmaux
qu'elle luy faifoit. Cette
GALANT. 21
malheureuſe Prophetie
s'imprima ſi avant dans
ſon ame , que l'exceffive
haine qu'elle conceut
pour le fruit de cette couche
, fut l'unique cauſe
de la maladie dont elle
mourut. L'enfant qui en
vint , fut nommé Georgette
Pelagie le ſecond
jour de ſa naiſſance , &le
troifiéme emmenée dans
le fond d'un Village , où
la fecrette pieté de fon
Pere , &la charité de ſa
22. MERCURE
tendre nourrice l'elevérent
juſqu'à la mort de fa
mere , qui , eutà peine les
yeux fermés, qu'on ramena
ſa fille dans les lieux
où elle avoit receu le jour.
Pelagie avoit alors prés
de douze ans , &déja elle
eſtoit l'objet de la tendrefſe
de tous les habitans ,
&de tous les voiſins du
Hameau dont les foins
avoient contribué à la
mettre à couvert des rigueurs
d'une mere inhu
4
GALANT. 23
|
€
maine. Ses charmes naiffans,
avec mille graces naturelles
, ſa taille & fes
traits qui commençoient
à ſe former , promettoient
tant de merveilles aux
yeux de ceux qui la vor
yoient, que tous les lieux
d'alentour s'entretenoient
déja du bruit de ſa beauté.
Un eſprit tranquille ,
un temperament toûjours
égal , une grande attention
ſur ſes diſcours , &&&
une douceur parfaite
1
24 MERCURE
avoient preſque réparé
en elle le déffaut de l'éducation
, lorſque ſon Pere
réſolut de la conduire à
Tours.Quoyque l'air d'une
Ville de Province , &
celuy de la campagne ſe
reffemblent affés , elle ne
laiſſa pas de trouver là
d'honneſtes gens qui regarderent
les ſoins de l'inſtruire
comme les plus
raiſonnables foins du
monde. Mais il eſtoit
temps que le Dieu qui
fait
GALANT. 25
fait aimer commençaſt a
ſe meſler de ſes affaires ,
& que fon jeune coeur
apprit à ſe ſauver des pieges
& des perils de l'amour.
La tendreſſe que
ſes charmes inſpiroient
échauffoit tous les coeurs,
à meſure que l'art poliffoit
ſon eſprit , & fon
eſprit regloit ſes ſentimens
à meſure que la
flatterie eſſayoit de corrompre
ſes moeurs. Mais
c'eſt en vain que nous
May 1714.
,
C
26 MERCURE
prétendons nous arranger
fur les deſſeins de noſtre
vie , toutes nos précautions
ſont inutiles contre
les arreſts du deſtin .
Le Ciel refervoit de
trop beaux jours à l'heureuſe
Pelagie ſous les
loix de l'amour , pour
lui faire apprehender davantage
les écuëils de fon
empire. Cependant ce fut
une des plus amoureuſes
& des plus funeftes avantures
du monde qui déGALANT.
27
termina ſon coeur à la
tendreſſe.
Un jour ſe promenant
avec une de ſes amies ſur le
bord de la Loire , au pied
de la celebre Abbaye de
Marmoutier,elle apperceut
au milieu de l'eau un petit
batteaudécouvert , dans lequel
étoient deux femmes ,
un Abbé ,& le marinier qui
les conduiſoità Tours : mais
ſoit que ce bateau ne valuſt
rien ou que quelque malheureuſe
pierre en euſt écarté
les planches , en un moment
tout ce miferable é-
Cij
28. MERCURE
quipage fut enseveli ſous
les eaux. De l'autre coſté
de la riviere deux cavaliers
bien montez ſe jetterent à
l'inſtant à la nage pour ſecourir
ces infortunez ; mais
leur diligence ne leur ſervit
au peril de leur vie , qu'au
falut d'une de ces deux femmes
, que le moins troublé
de ces cavaliers avoit heureuſement
attrapée par les
cheveux , & qu'il conduifit
aux pieds de la tendre Pelagie
, qui fut fi effrayée de
cet affreux ſpectacle , qu'elle
eutpreſque autant beſoin
GALANT. 29
!
de ſecours , que celle qui
venoit d'eſtre ſauvée de cet
évident naufrage , où l'autre
femme & l'Abbé s'eftoient
desja noyez .
:
Le cavalier qui avoit eſté
le moins utile au falut de la
perſonne que ſon ami venoit
d'arracher des bras
de la mort , eſtoir cependant
l'amant aimé de la Dame
délivrée ; mais ſon amour
, fon trouble & fon
deſeſpoir avoient telle.
ment boulversé ſon imagination
, que bien loin de ſe
courir les autres , il ne s'en
C iij
30 MERCURE
fallut preſque rien qu'il ne
perift luy meſme: enfin fon
cheval impetueux le remit
malgré luy au bord d'où il
s'eſtoit précipité ; auffi- toft
il courut à toute bride, iltraverſa
la ville , & pafla les
ponts pour ſe rendre fur le
rivage , où ſa maiſtreſſe recevoit
toute forte de nouveaux
foulagements de Pelagie
, de ſa compagne , &
de ſon ami.
L'intrepidité du liberateur,
ſa prudence , ſes ſoins
& fa bonne mine pafferent
fur le champ pour des mer
GALANT. 31
veilles aux yeux de Pelagie,
De l'admiration d'une certaine
eſpece , il n'y a ordinairement
, ſans qu'on s'en
apperçoive , qu'un pas à
faire à l'amour , & l'amour
nous mene ſi loin naturellement
qu'il arrache bientoſt
tous les conſentements
de noſtre volonté. En vain
l'on ſe flatte d'avoir le tems
de reflechir , en vain l'on
veut eſſayer de ſoumettre
le coeur à la raiſon , l'eſprit
dans ces occafions eft tousjours
ſeduit par le coeur , on
regarde d'abord l'objet avec
C iiij
32 MERCURE
complaiſance.les préjugez
viennent auſſi toſt nous é
tourdir , & nous n'eſperons
ſouvent nous mieux deffendre
, que lorſque noſtre inclination
nous determine à
luytout ceder.
La tendre Pelagie eſtonnée
de ce qu'elle vient de
voir , n'ouvre ſes yeux embaraffés
, que pour jetter
des regards languiſſans
vers la petite maiſon , où
quelques Payſans aidés de
nos deux Cavaliers emportent
la Dame qui vient d'eftre
delivrée de la fureur
GALANT. 33
des flots. Elle n'enviſage
plus l'horreur du peril
qu'elle lui a vû courir ,
comme un ſpectacle ſi digne
de compaſſion , peu
s'en faut meſme qu'elle
n'envie ſon infortune.
Quoique ſes inquietudes
épouvantent ſon coeur , fes
intereſts ſe multiplient , à
meſure que cette troupe
s'éloigne d'elle . Elle croit
desja avoir démeflé que
ſon Cavalier ne ſoupire
point pour la Dame , ni la
Dame pour lui ; neanmoins
ſon eſprit s'en fait
34 MERCURE
une Rivale , elle aprehende
qu'un ſi grand ſervice
n'ait quelqu'autre motif
que la pure generofité , ou
pluſtoſt elle tremble qu'un
amour extreſme ne ſoit la
récompenſe d'un fi grand
ſervice. Cependant elle retourne
à la Ville , elle ſe
met au lit , où elle ſe tour.
mente , s'examine & s'afflige
, à force de raiſonner
fur certe avanture , dont
chacun parle à ſa mode
elle la raconte auffi tous
و
ceux qui veulent l'entendre
, mais elle s'embaraſſe
GALANT.
35
,
د tellement dans ſon récit
qu'il n'y a que l'indulgence
qu'on a pour ſon innocence
& ſa jeuneſſe , qui déguiſe
les circonſtances
qu'elle veut qu'on ignore.
Le Chevalier de Verſan
de ſon coſté ( C'eſt le
nom du Cavalier en qui
elle s'intereſſe , ) le Chevalier
de Verſan dis-je ,
n'eſt pas plus tranquille. La
belle Pelagie eſt tousjours
preſente à ſes yeux , enchanté
de ſes attraits , il va,
court , & revient , par tout
ſa bouche ne s'ouvre , que
36 MERCURE
,
,
pour vanter les appas de
Pelagie. Le bruit que cet
Amant impetueux fait de
fon amour frappe auflitoſt
ſes oreilles , elle s'applaudit
de ſa conqueſte
elle reçoit ſes viſites , écoute
ſes ſoupirs , répond à ſes
propoſitions , enfin elle
conſent , avec ſon Pere ,
que le flambeau de l'hymen
éclaire le triomphe de
fon Amant. Cette nouvelle
allarme , & deſeſpere
en vain tous ſes Rivaux. Il
eſt heureux déja. La fortune
elle-mefme pour le com
bler de graces vient atta
cher de nouveaux préſens
aux faveurs de l'amour. La
mort de ſon frere le fait
heritier de vingt mille livres
de rente. Le Chevalier
devient Marquis : nouvel
& précieux ornement
aux douceurs d'un tendre
mariage. Mais tout s'uſe
dans la vie , l'homme ſe
demaſque , la tendreſſe reciproque
s'épuiſe imper
ceptiblement , on languit ,
on ſe quitte , peut - eſtre
meſme on ſe hait , heureux
encore ſi l'on ne fouf
38 MERCURE
fre pas infiniment des caprices
de la déſunion Mais
Prices d la mort & l'amour ſe rangent
du parti de Madame
la Marquiſe de ... que ,
pour raiſon difcrette , je
nommerai Pelagie , juſqu'à
ce qu'elle foit Madame
Belzeſca.
Ainfi l'heureuſe Pelagie
aprés avoir goufté pendant
cinq ans toutes les douceurs
de l'hymen , ne ceſſe d'aimer
fon mary ( inconſtant
huit jours avant elle )
que fix ſemaines avant ſa
mort.
GALANT. 39
Un fils unique , ſeul &
cher gage de leur union ,la
rend àvingt ansheritiere &
dépofitaire des biensdu défunt.
Elle arrange exacte
ment toutes ſes affaires, elle
abandonne tranquillement
la province , & fe rend à
Paris avec fon fils .
De quel pays , Madame ,
luy dit- on,dés qu'on la voit,
nous apportez-vous tant de
beauté? dans quelle obſcure
contrée avez - vous eu le
courage d'enſevelir ju qu'a
preſent tant de charmes ?
que vous eſtes injuſte d'a
40 MERCURE
voir ſi long - temps honoré
de voſtre preſence des lieux
preſque inconnus , vous qui
eſtes encore trop belle pour
Paris . Cependant c'eſt le
ſeul endroit du monde qui
puiſſe prétendre à la gloire
de vous regarder comme la
Reine de ſes citoyennes.
Les ſpectacles , les aſſemblées,
les promenades , tout
retentit enfin des merveillesdela
belle veuve.
Le Roy Caſimir eſtoit
alors en France , pluſieurs
grands ſeigneurs avoient
ſuivi ce Prince juſqu'à la
porte
GALANT. 41
porte de ſa retraite.
Il n'y avoit point d'eſtranger
à Paris qui ne fuſt curieux
d'apprendre noſtre
langue qui commençoit à
ſe répandre dans toutes les
cours de l'Europe , & il n'y
enavoit aucun qui ne ſceuſt
parfaitement que la connoiſſance
& le commerce
des Dames font l'art, le merite
, & le profit de cette
eftude.
Un charmant voiſinage
eſt ſouvent le premier prétexte
des liaiſons que l'on
forme.
May 1714. D
MERCURE
Pelagie avoit ſa maiſon
dans le fauxbourg S. Germain
: ce quartier eſt l'azile
le plus ordinaire de tous les
eſtrangers , que leurs affaires
ou leur curioſité attirent
à Paris .
,
La Veuve dont il eſt
queſtion eſtoit fi belle
que ſa Maiſon eſtoit tous
les jours remplie des plus
honneſtes gens de la Ville ,
& environnée de ceux qui
n'avoient chez elle ni
,
droit , ni prétexte de viſite.
Enfin on croyoit en la
voyant , que , Maiſtreſſe
GALANT. 43
!
abſoluë des mouvements
de ſon ame , elle regnoit
ſouverainement ſur l'amour
comme l'amour
qu'elle donnoit regnoit fur
tous les coeurs ; mais on ſe
trompoit , & peut- eſtre ſe
trompoit- elle elle - meſme.
Pelagie eſtoit une trop
belle conqueſte , pour n'eftre
pas bien toſt encore la
victime de l'amour.
La magnificence du plus
grand Roy du monde raviſſoit
alors les yeux des
mortels , par l'éclat & la
pompe des ſpectacles &
Dij
44 MERCURE
,
des feftes , dont rien n'avoit
jamais égalé la richefſe
& la majefté ; l'on accouroit
de toutes parts ,
pour eſtre témoins de l'excellence
de ſes plaifirs , &
chaque jour ſes peuples
eſtoient obligez d'admirer
dans le délafſſement de ſes
travaux , les merveilles de
fa grandeur.
Le dernier jour enfin
des trois deſtinés pour cette
fuperbe feſte de Verfailles,
dont la poſterité parlera
comme d'une feſte inimitable
, ce jour où l'Amour
GALANT. 45
vuida tant de fois fon Carquois
, ce jour où l'Amour
ſe plut à joüer tant de
tours malins à mille beautés
que la fplendeur de ce
Spectacle avoit attiré dans
ces lieux , fut enfin le jour
qui avança le dénoüement
du fecond du ſecond hymen de Pelagie.
Un des ſeigneurs que le
Roy Caſimir avoit amenéz
avec luy , avoit malheureuſement
veu cette belle veuve
, un mois avant de ſedéterminer
à imiter le zele &
la pieté de ſon maiſtre , elle
46 MERCURE
avoit paru à ſes yeux ornée
de tant d'agrements , ou
plutoſt ſi parfaite , que la
veuë de ſes charmes luy fit
d'abord faire le voeu de n'en
plusfaire que pour elle; mais
c'eſt un conte de prétendre
qu'il ſuffiſe d'aimer pour ef
tre aimé ; rien n'eſt plus
faux que cette maxime , &
je ſouſtiens qu'on eſt ſouvent
traité fort mal en amour
, à moins qu'une heureuſe
influence n'eſtabliſſe
des diſpoſitions reciproques.
C'eſt en vain que l'amouGALANT.
47
reux Polonois brufle pour
Pelagie , ſon eſtoille n'eft
point dans ſes interefts , elle
regarde cette flame auffi
indifféremment , qu'un feu
que d'autres auroient allumé
, & quoy qu'elle voye
tous les jours ce nouvel
eſclave l'étourdir du récit
de ſa tendreſſe , ſon coeur
ſe fait ſi peu d'honneur de
cette conquefte , qu'il femble
qu'elle ignore qu'il y
ait des Polonois au monde
.
Mais l'eſprit de l'homme
prend quelquefois des ſen48
MERCURE
timents ſi audacieux quand
il aime , que la violence
de ſa paſſion & le defefpoir
de n'eſtre point écouté
, le portent ſouvent juſqu'à
l'inſolence. D'autresfois
nos titres& noſtre rang
nous aveuglent , & nous
nous perfuadons qu'on eſt
obligé de faire , du moins
en faveur de noſtre nom
ce que nous ne meritons
,
pas qu'on faſſe pour l'amour
de nous.
Le Polonois jure , tempeſte
, & s'impatiente contre
les rigueurs de ſa Maîtreffe,
GALANT .
49
treſſe , à qui ce procedé
paroiſt ſi nouveau , qu'elle
le fait tranquillement remercier
de ſes viſites . La
rage auffi toſt s'empare de
ſon coeur , il n'eſt point de
réſolution violente qui ne
lui paroiſſe légitime , l'inſenſible
Pelagie eft injufte
de n'eſtre pas tendre pour
lui , ſa dureté la rend indigne
de ſon amour , mais
fon amour irrité doit au
moins la punir de ſa rigueur
, & quoy qu'il en
couſte à l'honneur , l'éxécution
des plus criminels
May 1714. E
10 MERCURE
projets n'est qu'une bagatelle
, lorſqu'il s'agit de ſe
vanger d'une ingratte qui
ne peut nous aimer.
Ce malheureux Amant
ſcut que ſon inhumaine
devoit se trouver à la feſte
de Verſailles, avec une Dame
de ſes amies , & un de
ſes Rivaux , dont le mérite
luy avoit d'abord fait apprehender
la concurrence ,
mais qu'il croyoit trop foible
alors pour pouvoir déconcerter
ſes deſſeins . Il
prit ainſi ſes meſures avec
des gens que ſes promeſſes
GALANT.
SI
&ſes préſents engagérent
dans ſes intereſts , & il ré.
ſolut , aſſeuré de leur courage
& de leur prudence ,
d'enlever Pelagie , pendant
que le déſordre & la confuſionde
la find'une ſi grande
feſte , lui en fourniroient
encore les moyens..
Le Carroffe & les relais
qui devoient ſervir à cet
enlevement , eſtoient déja
ſi bien diſpoſés , qu'il ne
manquoit plus que le moment
heureux de s'empa
rer de l'objet de toute cette
entrepriſe ; lorſque Pelagie
1
E ij
52
MERCURE
laſſe & accablée du ſommeilque
lui avoient dérobé
ces brillantes nuits , entra ,
avec ſon amie , dans un
fombre boſquet , où la fraîcheur
& le hazard avoient
inſenſiblement conduit ſes
pasi elle y furà peine aſſiſe,
qu'elle s'y endormit
Laiffons la pour un inftant,
dans le fein du repos
dont on va bien toſt l'arracher.
- L'occaſion est trop belle
pour n'en pas profiter ; mais
le Polonois a beſoin de tout
fon monde , pour en fortir
GALANT.
53
a ſon honneur , & il commence
à trouver tant de
difficultez , à exécuter un ſi
grand deſſein dans le Palais
d'un ſi grand Roy , qu'il
s'imagine , aveuglé de ſon
déſeſpoir & de ſon amour ,
qu'il n'y a qu'une diligence
infinie , qui puiffe réparer
le déffaut de ſes précautions.
Il court pour raffem
bler ſes confidents ; mais la
vûë de ſon Rival qui ſe préſente
à ſes yeux , fait à l'inſtant
avorter tous ſes pro
jets. Où courez- vous, Monſieur
, luy dit- il , que vous
E iij
54 MERCURE
,
importe , répond l'autre ?
rendez graces , répond le
Cavalier François au refpect
que je dois aux lieux
cù nous ſommes fans
cette conſidération je
vous aurois déja puni , &
de voſtre audace , & de
l'inſolence de vos deſſeins.
Il te fied bien de m'inſulter
icy luy dit le Polonois ; je
te le pardonne : mais ſuy
moy ? & je ne tarderay pas
à t'apprendre à me reſpecter
moi- meſme , autant que
les lieux dont tu parles . Je
conſens , luy répondit le
4
GALANT .
SS
François , à te ſuivre où tu
voudras ; mais j'ay mainte
nant quelques affaires qui
font encore plus preſſées
que les tiennes: tu peux cependant
diſpoſer du rendez
vous , où je ne le feray pas
long-temps attendre.
Le bruit de ces deux
hommes éveille pluſieurs
perſonnes qui dormoient
ſur le gazon ; on s'aſſemble
autour d'eux , ils ſe taiſent
&enfin ils ſe ſéparent,
Ainfi le Polonois ſe retire
avec ſa courte honte ,
pendant que le François
E iii
56 MERCURE
cherche de tous cotez , les
Dames qu'il a perduës :
mais cette querelle s'eſtoit
paſſée ſi prés d'elles , que le
mouvement qu'elle cauſa ,
les reveilla , comme ceux
qui en avoient entendu la
fin ; elles fortirent de leur
boſquet qu'elles trouverent
desja environné de
gens qui compoſoient &
débitoient à leur mode les
circonstances decette avanture
, ſur l'idée que pouvoit
leur en avoir donné le peu
de mots qu'ils venoient
d'entendre , lorſqu'enfin il
GALANT.
$7
les retrouva. Je prie les
Lecteurs de me diſpenſer
de le nommer , ſon nom ,
ſes armes & ſes enfans ſont
encore ſi connus en France,
que , quoy que je n'aye que
ſon éloge à faire , je ne ſçay
pas ſi les fiens approuveroient
qu'on le nommaſt.
Deux heures avant que
le Cavalier François rencontrât
le Polonois , Mon.
fieur le Duc de ... avoit
heureuſement trouvé une
lettre à fos pieds : le hazard
pluſtoſt que la curiofité
la luy avoit fait ramaf
58 MERCURE
fer , un moment avant qu'il
s'apperceut des foins extreſmes
que prenoient trois
hommes pour la chercher :
la curioſité luy fit alors un
motifd'intereſt de cet effet
du hazard ; il s'éloigna des
gens dont il avoit remarqué
l'inquiétude , il ſe tira de la
foule , & dans un lieu plus
fombre & plus écarté , il
lut enfin cette lettre , qui
eſtoit , autant que je peux
m'en ſouvenir , conceuë ,
à peu prés , en ces termes.
Quelquesjustes mesures que
nous ayons priſes , quoy que mon
GALANT. رو
Carroffe & vos Cavaliers ne
foient qu'àcent pas d'icy , il n'y
aura pas d'apparence de réuffir
fi vous attendez que le retour
du jour nous ofte les moyens de
profiter du défordre de la nuit :
quelque claire que ſoit celle-cy ,
elle n'a qu'une lumiére empruntée
dont le ſoleil que j'apprenhende
plus que la mort
bien toſt diſſipper la clarté; ainfi
hatez vous de meſuivre , &ne
me perdez pas de veuë : je vais
déſoler Pelagie par ma préfen--
ce: dés qu'elle me verra , je ne
doutepas qu'elle ne cherche à me
fuir; mais je m'y prendray de
, va
60 MERCURE
façon ,que tous les pas qu'ells
fera , la conduiront dans nostre
embuscade.
La lecture de ce billet
eſtonna fort Mr le Duc ...
quiheureuſement connoiffoit
aſſez la belle veuve pour
s'intereffer parfaitement
dans tout ce qui la regardoit
; d'ailleurs le cavalier
françois qui eſtoit l'amant
declaré de la Dame , eſtoit
ſon amy particulier : ainſi il
priatout ce qu'il putraſſembler
de gens de ſa connoifſance
de l'aider à chercher
Pelagie avant qu'elle peuſt
GALANT. 61
eftre expoſée à courir les
moindres riſques d'une pareille
avanture. Il n'y avoit
pas de tempsà perdre , auſſi
n'en perd - il pas ; il fut par
tout où il creut la pouvoir
trouver , enfin aprés bien
des pas inutiles , il rencontra
ſon ami , qui ne venoit
de quitter ces deux Dames
que pour aller leur chercher
quelques rafraichif
ſements . Il est bien maintenant
queſtion de rafraif
chiſſements pour vos Dames
, luy dit le Duc , en luy
donnant la lettre qu'il ve
62 MERCURE
noit de lire , tenez , liſez, &
dites - moy ſi vous connoifſez
cette écriture , & à quoy
l'on peut à preſent vous eftre
utile. Monfieur le Duc ,
reprit le cavalier,je connois
le caractere du Comte Piof
Ki, c'eſt aſſeurement luy qui
aécrit ce billet ; mais il n'eſt
pas encore maiſtre de Pelagie
, que j'ay laiſſée avec
Madame Dormont à vingt
pas d'icy , entre les mains
d'un officier du Roy, qui eſt
mon amy , & qui , à leur
confideration , autant qu'à
la mienne , les a obligeamGALANT
. 63
ment placées dans un endroit
où elles ſont fort à leur
aife ; ainſi je ne crains rien
de ce coſté- là ; mais je voudrois
bien voir le Comte , &
l'équipage qu'il deſtine à
cet enlevement. Ne faites
point de folie icy , mon
amy , luy dit le Duc , aſſeurez
- vous ſeulement de quelques
perſonnes de voſtre
connoiſſance ſur qui vous
puiffiez compter : je vous
offre ces Meſſieurs que vous
voyez avec moy , raſſem.
blez- les autour de vos Dames
, & mettez - les ſage
64 MERCURE
ment à couvert des inſultes
de cet extravagant : fi je
n'avois pas quelques affaires
confiderables ailleurs ,
je ne vous quitterois que
certain du fuccez de vos
précautions.
Vi
LeDuc ſe retira alors vers
un boſquet où d'autres intereſts
l'appelloient,& laifſa
ainſi le cavalier françois
avec ſes amis ,à qui il montra
l'endroit où il avoit remis
ſa maiſtreſſe entre les
mains de l'officier qui s'eftoit
chargé du ſoin de la
placer commodément ; cependant
GALANT. 65
pendant il fut de ſon coſté
à la découverte de ſon ri.
val , qu'aprés bien des détours
, il rencontra enfin à
quatre pas du boſquet dont
jay parlé , &dont il ſe ſepara
comme je l'ay dit . Neanmoins
quelque ſatisfaction
qu'il ſentit du plaifir de retrouver
ſes Dames , il leur
demanda , aprés leur avoir
conté l'hiſtoire de ce qu'il
venoit de luy arriver , par
quel haſard elles ſe trouvoient
ſi loin du lieu où il
les avoit laiſſées. Apeine ,
luy dit Pelagie , nous vous
May 1714. F
66 MERCURE
avons perdu de veuë , que le
Comte Pioski eſt venu s'affeoir
à coſté de moy , aux
dépens d'un jeune homme
timide , que ſon air brufque
& fon étalage magnifique
ont engagé à luy ceder
la place qu'il occupoit.
Ses diſcours m'ont d'abord
fi cruellement ennuyée,que
mortellement fatiguée de
les entendre ,j'ay priéMadame
de me donner le bras,
pour m'aider à me tirer des
mains de cet imprudent ; le
monde , la foulle , & les
détours m'ont derobé la
GALANT. 67
connoiſſance des pas & des
efforts que fans doute il a
faits pour nous ſuivre , &
accablée de ſommeil &
d'ennuy, je me ſuis heureuſement
ſauvée dans ce bofquet
, ſans m'aviſer ſeulement
de fonger qu'il euſt
pû nous y voir entrer ; mais
quelque peril que j'aye couru
, je ſuis bien aiſe que fon
inſolence n'ait pas plus éclaté
contre vous , que fes
deſſeins contre moy , & je
vous demande en grace de
prévenir ſagement , & par
les voyesde ladouceur,tou-
tes les ſuites facheuſes que
ſon deſeſpoir & voſtre demeſlé
pourroient avoir. Il
n'y a plus maintenant rien
à craindre , il fait grand
jour , le chemin de Verſailles
à Paris eſt plein de monde
, & vous avez icy un
grand nombre de vos amis ,
ainſi nous pouvons retourner
à la ville fans danger.
Le cavalier promit à la
belle Pelagie de luy tenir
tout ce qu'elle voulut exiger
de ſes promeſſes , & fes
conditions acceptées , illamena
juſqu'à fon carroffe,
GALANT
69
où il prit ſa place , pendant
que quatre de ſes amis ſe
diſpoſerent à le ſuivre dans
le leur.
1
Il n'eut pas plutoſt remis
les Dames chez elles , &
quitté ſes amis , qu'en entrant
chez luy , un gentila
homme luy fie preſent du
billet que voicy.
Les plus heureux Amants
ceſſeroient de l'estre autant qu'ils
ſe l'imaginent , s'ils ne rencon
troient jamais d'obstacle à leur
bonheur je m'intereſſe affez au
voſtre , pour vousyfaire trouver
des difficultez qui ne vous
70
MERCURE
establiront une felicitéparfaite,
qu'aux prix de tout lefangde
Pioski. Le Gentilhomme que
je vous envoye vous expliquera
le reſte de mes intentions.
naypas
Affoyez-vous donc, Monſieur
, luy dit froidement le
cavalier françois ,& prenez
la peine de m'apprendre les
intentions de Monfieur le
Comte Pioski . Je n'ay
beſoin de ſiege , Monfieur ,
luy répondit ſur le meſme
ton , le gentilhomme Polonois
, & je n'ay que deux
mots à vous dire. Vous eſtes
l'heureux rival de Monfieur
GALANT.
le Comte qui n'eſt pas encore
accouſtumé à de telles
préferences , il eſt ſi jaloux
qu'il veut vous tuer , & que
je le veux auſſi , il vous attend
maintenant derriere
l'Obſervatoire ; ainſi prenez
, s'il vous plaiſt , un ſecond
comme moy , qui ait
aſſez de vigueur pour m'amuſer
, pendant que vous
aurez l'honneur de vous és
ggoorrggeerreennſſeemmbbllee.
Je ne ſçay ſi le françois ſe
ſouvint, ou ne ſe ſouvint pas
alors de tout ce qu'il avoit
promis à ſa maiſtreſſe , mais
72 MERCURE
voicy à bon compte lecas
qu'il en fit.
Il appella ſon valet de
chambre , qui estoit un
grand garçon de bonne vo
lonté , il luy demanda s'il
vouloit eſtre de la partie ,
ce qu'il accepta en riant,
Aufſi - toft il dit au gentilhomme,
Monfieur leComte
eſt genereux , vous eſtes
brave, voicy voſtre homme,
& je ſuis le ſien Mais Monfieur
eft- il noble , reprit le
gentilhomme. Le valet de
chambre , Eſpagnol de nation,
piqué de cette demande
GALANT .
73
de, luy répondit fierement
ſur le champ , & en ſon langage
, avec une ſaillie romaneſque
, Quienes tu hombre
? voto a San Juan. Viejo
Chriftiano estoy , hombre blanco
,y noble como el Rey Ce que
ſon maiſtre naiſtre expliqua au Polonois
en ces termes . Il
vous demande qui vous eftes
vous mesme , & il vous
jure qu'il eſt vieux Chreftien
,homme blanc , & noble
comme le Roy. Soit ,
reprit le gentilhomme,marchons.
Ces trois braves furent
ainſi grand train au
May 1714. G
74 MERCURE
rendez vous , où ils trouverent
le Comte qui commençoit
à s'ennuyer. Aprés
le falut accouſtumé , ils mirent
tous quatre l'épée àla
main. Pioski fit en vain des
merveilles , il avoit desja
perdu beaucoup de fang ,
lang,
lorſqu'heureuſement ſon épée
ſe caſſa; le gentilhomme
fut le plus maltraité,l'Ef
pagnol ſe battit comme un
lion ,& le combat finit.
Cependant le Comte
Pioski, qui , à ces violences
prés , eftoit entout un
homme fort raiſonnable ,
GALANT. 75
eut tant de regret des extravagances
que cette derniere
paffion venoit de luy
faire faire , que la pieté étouffant
dans ſon coeur tous
les interêts du monde , il
fut s'enfermer pour le reſte
de ſa vie dans la retraitte
la plus fameuſe qui ſoit en
France , & la plus connuë
par l'auſterité de ſes maximes.
Le Cavalier françois
foupira encore quelques
temps , & enfin il devint
l'heureux & digne Epoux
d'une des plus charmantes
femmes du monde.
Gij
76 MERCURE
4
Les mariages font une fi
grande époque dans les
hiſtoires , que c'eſt ordinairement
l'endroit par où
tous les Romans finiſſent ;
mais il n'en eſt pas de meſme
icy , & il ſemble juftement
qu'ils ne ſervent à
Madame Belzeſca que de
degrés à la fortune , où ſon
bonheur & ſes vertus l'ont
amenée . Tout ce qui luy
arrive dans un engagement
qui établit communément
, ou qui doit du
moins establir pour les autres
femmes , une ſigrande
GALANT. 77
tranquilité , qu'on diroit
que l'hymen n'eſt propre ,
qu'à faire oublier juſqu'à
leur nom , eſt au contraire
pour celle cy , la baze de
ſes avantures. L'eſtalage de
ſes charmes , & le bruit de
ſabeauté ne ſont point enſevelis
dans les embraffemens
d'un eſpoux : heureuſe
maiſtreſſe d'un mary
tendre & complaiſant , &
moins eſpouſe qu'amante
infiniment aimée , comme
ſi tous les incidens du monde
ne ſe raſſembloient que
pour contribuer à luy faire
Gij
78 MERCURE
des jours heureux , innocement
& naturellement
attachée à ſes devoirs , l'amour
enchainé , à ſa fuite
ne prend pour ferrer tous
les noeuds qui l'uniſſent à
ſon eſpoux , que les formes
les plus aimables , & les
douceurs du mariage ne ſe
maſquent point pour elle
ſous les traits d'un mary.
Enfin elle joüit pendant
neuf ou dix ans , au milieu
du monde , & de ſes adorateurs
, du repos le plus
doux que l'amour ait jamais
accordé aux plus heureux
GALAN 79
Amants ; mais la mort jalouſe
de ſa fecilité luy ra
vit impitoyablement le plus
cher objet de ſa tendreſſe:
que de cris ! que de ge.
miſſements ! que de larmes
! cependant tant de
mains ſe préſentent pour
efluyer ſes pleurs , que , le
temps ,la raiſon , & la néceſſité,
aprés avoir multiplié
ſes reflexions
nent enfin au ſecours de ſa
,
viendouleur
; mais il ne luy reſte
d'un eſpoux fi regretté ,
qu'une aimable fille , que la
mort la menace encore de
(
G iiij
80 MERCURE
luy ravir , ſur le tombeaude
fon pere. Que de nouvel.
les allarmes ! que de mortelles
frayeurs ? elle tombe
dans un eſtat de langueur
qui fait preſque deſeſperer
de ſa vie. Il n'eſt point de
ſaints qu'on n'invoque ,
point de voeux qu'on ne faf
ſe, elle en fait elle-meſme
pour fon enfant , & promet
enfin de porter un tableau
magnifique à Noftre-
Dame de Lorette ſi ſa
fille en réchappe. A l'inftant,
ſoit qu'un ſuccés favo
rable recompenfat ſon zele
GALANT. 81
&fa piete , ou qu'il fur
temps que les remedes operaſſent
à la fin plus effica
cement qu'ils n'avoient fait
encore , ſa maladie diminua
preſque à veuë d'oeil ,
en tros jours l'enfant fut
hors de danger , & au bout
de neufentierement guery.
Elle reſtaencore , en attendant
le retour du printemps
, prés de fix mois à
Paris , pendant lesquels elle
s'arrangea pour l'execution
de ſon voeu. Ce temps expiré
, accompagnée de ſon
fils & de ſa fille , d'une Da82
1 MERCURE
me de ſes amis , de deux
femmes de chambre , de
deux Cavaliers , & de quatre
valets , elle prit la route de
Lyon , d'où aprés avoir
paffé Grenoble , le mont
du l'An, Briançon , le mont
Geneve & Suze , elle ſe rendit
à Turin , où elle ſéjourna
trois ſemaines avec ſa
compagnie qui ſe déffit
comme elle de tout ſon équipage,
dans cette Ville,
pour s'embarquer ſur le Po.
Elle vit en paſſant les Villes
de Cazal du Montferrat
,
d'Alexandrie , le Texin qui
GALANT. 83
1
,
paſſe à Pavie , Plaiſance ,
+ Cremone , Ferrare , & enfin
elle entra de nuit à Venife
avec la marée. Elle
deſcendit à une Auberge
moitié Allemande , &moitié
Françoiſe , & dont
l'enſeigne d'un coſté , ſur
le grand Canal , reprefente
les armes de France , &
de l'autre , fur la Place de
ES. Marc , les armes de l'Empire.
Elle reçut le lende
main à ſa toilette , comme
cela ſe pratique ordinairement
à Veniſe , avec tous
les Estrangers confidera
,
S
१
84 MERCURE
,
bles , des compliments en
proſe & en vers imprimez
à ſa loüange , fon amie
& les Cavaliers de ſa compagnie
en eurent auſſi leur
part. Ces galanteries couftent
communément , & au
moins quelques Ducats à
ceux à qui on les fait. Le
ſecond jour elle fut avec
tout fon monde ſaluer Mr
l'Ambaſſadeur qui fut
d'autant plus charmé du
plaifir de voir une ſi aimable
femme , que , quoy que
Venife ſoit une Ville , où
lesbeautez ne ſont pas car
,
GALANT. 85
Π
S
res , il n'y en avoit pas encore
vû une , faite comme
- celle dont il recevoit la viſite.
La bonne chere , les,
Spectacles , les promena-
✓ des ſur la mer& ſur la coſte,
avec le Jeu, furent les plaifirs
dont il la regala , pen-
↓ dant les quinzejours qu'elle
y reſta. Il luy fitvoir dans ſa
Gondole , la pompeuſeCeremonie
du Bucentaure qui
ſe celebre tous les ans dans
cette Ville le jour de l'Afcenfion
, avec toute la magnificence
imaginable.
Je nedoute pas que bien
3
86 MERCURE
des gens neſcachent à peu
prés ce que c'eſt que cette
feſte; mais j'auray occafion
dans une autre hiſtoire d'en
faire une deſcription meſlée
de circonstances ſi agreables
que la varieté des évenemensque
je raconteray,
pourra intereſſer mes lecteurs
au recit d'une ceremonie
dont il ignore peuteſtre
les détails.
Enfin noſtre belle veuve
prit congé de Mr l'Ambaffadeur
, & le lendemain elle
s'embarqua ſur un petit baſtiment
, qui en trois jours
GALANT. 87
لا
}}
la rendit à Lorette , où elle
accomplit avec beaucoup
de zele & de religion , le
voeu qu'elle avoit fait à Pa-
1ris. Après avoir pieuſement
fatisfait à ce devoir indifpenſable
, dégouſtée des perils
, & ennuyée des fatigues
de la mer , elle refolut
de traverſer toute l'Italie
par terre , avant de retourner
en France .
!
Il n'y avoit pas fi loin de
Lorette à Rome pour n'y
pas faire untour,& je croy
a que pour tous les voyageurs,
cinquante lieuës plus ou
88 MERCURE
moins , ne ſont qu'une bagatelle
, lorſqu'il s'agit de
voir cette capitale du mõde.
- Il faiſoit alors ſi chaud ,
qu'il eſtoit fort difficile de
faire beaucoup de chemin
par jour ; mais lorſqu'on eſt
en bonne compagnie , &
de belle humeur , rien n'ennuye
moins que les ſéjours
charmants qu'ontrouve en
Italie.
Je ne prétens pas en faire
icy un brillant tableau,pour
enchanter mes lecteurs de
la beauté de ce climat ; tant
de voyageurs en ont parlé ;
Miffon
GALANT. 89
1
Miſſon l'a ſi bien épluché,
&cette terre eſt ſi fertile
en avantures , que les hiftoires
galantes que j'en raconteray
dorenavant ſuffiront
pour inſtruire d'une
maniere peut- eftre plus agreable
que celle dont ſe
ſont ſervis les écrivains qui
en ont fait d'amples relations
, ceux qui ſe conten
teront du Mercure pour
connoiſtre aſſez particuliement
les moeurs & le plan
de ce pays . Ainſi je renonceray
pour aujourd'huy au
détail des lieux que noftre
May 1714.
H
90 MERCURE
belle veuve vit , avant d'entrer
à Rome , parce que non
ſeulement il ne luy arriva
rien fur cette route qui puifſe
rendre intereſſants les cir
conſtances de ce voyage ,
mais encore parce que je ne
veux pas faire le geographe
malà propos . Le Capitole ,
le Vatican , le Chaſteau S.
Ange , le Colizée , la Place
dEſpagne, la Place Navonne
, l'Eglife S. Pierre , le
Pantheon , les Vignes , &
enfin tous les monuments
des Anciens , & les magnifiques
ouvrages des Moder
GALANT. 91
nes,dont cette ville eſt enrichie,
n'étalérent à ſes yeux
que ce que les voyageurs
lesplus indifferents peuvent
avoirveu comme elle ; mais
lorſque jetraitteray, comme
je l'ay dit,des incidens amufants
& raifonnables que
j'ay , pour y promener mes
lecteurs , j'eſpere que leur
curioſité ſatisfaite alors , les
dédommagera fuffifamment
de la remiſe & des
frais de leur voyage...
La conduite que tint à
Rome cette charmante veuve
, fut tres eſloignée de cel- :
Hij
92 MERCURE
le que nos Dames françoi
ſes y tiennent , lorſqu'avec
des graces moindres que les
fiennes , elles ſe promettent
d'y faire valoir juſqu'à leur
plus indifferent coup d'oeil.
Celle cy parcourut les Egliſes
,les Palais , les Places
& les Vignes en femme qui
ne veut plus d'avantures ;
mais elle comptoit fans for
hoſte, & l'amourn'avoit pas
figné le traité de l'arrangement
qu'elle s'eſtoit fait.
Ungentilhomme Italien
dela ſuite de l'Ambaſſadeur
de l'Empereur , qui avoir
GALANT. 93
veu par hafard une fois à la
Vigne Farneze , le viſage
admirable de noftre belle
veuve , fur ſi ſurpris de l'é
elat de tant de charmes ,
qu'il reſtacomme immobi
le , uniquement occupé dư
foin de la regarder. Elle
s'apperceut auffi- toft de fon
eſtonnement ; mais dans
Finſtant ſon voile qu'elle
laiſſa tomber, luy déroba la
veuë de cet objet de fon admiration.
L'Italien , loin de
fe rebuter de cet inconvenient
, réſolut de l'exami
ner juſqu'à ce qu'il ſceuſt ſa
94 MERCURE
ruë , fa demeure , ſon pays ,
fes deſſeins , & fon nom.
Dés qu'il ſe fut ſuffiſamment
inſtruit de tout ce
qu'il voulut apprendre ;
aprés avoir paffé& repaffé
cent fois devant ſa maiſon ,
ſans qu'on payaſt ſes ſoins
de la moindre courtoiſie,&
pleinement convaincu qu'il
n'y avoit auprés de cette
belle veuve , nulle bonne
fortune à eſperer pour luy ,
il conclut qu'il pouvoit regaler
Monfieur l'Ambaſſadeur
du merite de ſa découverte.
A
GALANT.951
En effet un jour que l'Ambaſſadeur
de Pologne difnoit
chez ſon maiſtre , voyant
vers la fin du repas,que
la compagnie entroit en
belle humeur , & que la
- converſation rouloit de
bonne grace ſur le chapitre
- des femmes ; Meſſieurs , dit-
- il , quelques ſentimens
qu'elles vous ayent fait
prendre pour elles , je ſuis
ſeur , que ſans vous embar-
-raſſer de vouloir connoiſtre
leurs coeurs plutoſt que
leurs perſonnes,vous renonceriez
à toutes les précau
96 MERCURE
tions du monde , ſi vous
aviez vû , une ſeule fois ,
une Dame que je n'ay vûë
qu'un inſtant. Je me promenois
, ily a quinze jours
àla Vigne Farneze , elle s'y
promenoit auſſi ; mais je
vous avoue que je fus ſaiſi
d'étonnement,en la voyant,
& que je luy trouvay cant
de charmes , un ſi grand
air ,& un ſi beau viſage
que je jurerois volontiers ,
quoy que cette Ville fourmille
en beautés , qu'il n'y
a rienà Rome qui ſoit beau
comme elle. Ces Miniſtres
1
Eſtrangers
GALANT. 97
5
Eſtrangers s'échaufférent
ſur le recit du Gentilhomme
Italien , celuy de Pologne
ſur tout , ſentitun mou.
vement de curioſité fi
prompt , qu'il luy demanda
d'un air empreſſé , s'il n'a
voit pas eſté tenté de ſur
vre une ſibelle femme ,&
s'il ne sçavoit pas où elle
demeuroit. Ouy, Monfieur,
luy répondit- il , je ſçay ſon
nom , ſa demeure & les
motifs de ſon voyage à
Rome, mais je n'en ſuis
pas plus avancé pour cela ,
&je croy au contraire que
May 1714.
I
98 MERCURE
mes empreſſements l'ont
tellement inquiétée, qu'elle
ne paroiſt plus aux Eglifes ,
ny aux promenades , de
puis qu'elle s'eſt apperçuë
du ſoin que je prenois d'éxaminer
ſes démarches .
Voila une fiere beauté , dit
l'Ambafladeur de l'Empereur
, & addreſſant la parole
en riant à celuy de Pologne
, Monfieur , continuast-
il , n'ayons pas le démentide
cette découverte ,
& connoiffons à quelque
prix que ce ſoit , cette belle THEQUE DEL
BIBLI
< YON
EVILL
1893*
J'y confens reTHEQUE
DA
5,
20
LY
GALANTE
18
E
VILL
prit l'autre , férieuſent
& je ſuis fort trompé fi
dans peu de jours , je ne
vous en dis des nouvelles.
Ils auroient volontiers
bû desja à la ſanté de l'inconnue
, ſi , une Eminence
qu'on venoit d'annoncer ,
ne les avoit pas arrachez de
la table , où le vin & l'amour
commençoient
à les 0
mettre en train de dire de
de
belles choses .
e Le Gentilhomme qui
ue avoit ſi à propos mis la belle
Veuve ſur le tapis , fut au
devant du Cardinal , que
I ij
100 MERCURE
fon Maiſtre fut recevoir
juſqu'au pprreemmiieerr degré de
fon Eſcalier , & en meſme
tems il reconduifit l'Ambas
ſadeur de Pologne juſqu'à
fon Carrofle. Ce Miniſtrele
questionnaſi bien , chemin
faiſant , qu'il retourna chez
luy , parfaitement inftruit
de tout ce qu'il vouloit ſcavor.
Des qu'il fut à fon
Appartement , il appella un
Valet de chambre , à qui il
avoit ſouvent fait de pareilles
confidences & aprés
luy avoir avoüé qu'il eſtoit
desja , fur un ſimple recit ,
GALANT. 101
1
:
1
éperduëment amoureux
d'un objet qu'il n'avoit jamais
vû , il luy demanda
s'il croyoit pouvoir l'aider
de ſes conſeils de fon zele
& de ſa difcretion , dans
Tembarras où il ſe trouvoit.
Je feray , luy dit le Valet
de chambre tout ce
qu'il vous plaira ; mma.is puifque
vous me permettez de
vous donner des confeils ,
je vous avoüeray franche-
FL
د
ment , que je pennſiee que
le
portrait que vous me faites,
de la conduitte ſage & retirée
que tient la perſonne
Inj 1
102 MERCURE
dont vous me parlez , eft
fouvent le voile dont Te
fervent les plus grandes
avanturieres , pour attrapper
de meilleures dupes. Ta
pénétration eſt inutile icy ,
luy répondit l'Ambaffadeur
: tu ſçais desja ſon nom
& ſa maiſon , informe toy
ſeulement fi ce qu'on m'en
adit eft véritable ; nous
verrons aprés cela le parti
que nous aurons à prendre .
Le Confident ſe met en
campagne , il louë une
chambre dans le voiſinage
de la belle Veuveil fait
>
GALANT. 103
1
1
0
e
it
connoiſſance avec un de ſes
domeſtiques , qui le met
en liaiſon avec la femme
de chambre de la Dame
qu'il veut connoiſtre : enfin
il la voit , & il apprend
qu'elle va tous les jours à
la meſſe , entre ſept & huit
heures du matin , à l'Eglife
de ſainte Cecile. Il avertit
auffi toſt ſon Maiſtre de
tout ce qui ſe paſſe ; ce Miniſtre
ne manque point de
ſe rendre ſans ſuite à cette
Eglife , & de ſe placer auprés
de cette beauté qui n'a
garde de ſe meffier à pareil
I iiij
104 MERCURE
le heure , ni de fes char
mes , ni des ſoins , ni de la
dévotion du perſonnage
quiles adore. לכ
Cependant l'allarme fonne
,& le Valet de chambre
apprend avec bien de la
douleur , que la Damedont
ſon Maiſtre eſt épris , commence
à s'ennuyer à Rome,
&qu'enfin incertaine ſi elle
retournera en France par
Genes,où ſi elle repaſſerales
Alpes, elle veutabſolument
eſtre hors de l'Italie , avant
le retour de la mauvaiſe
faifon. A l'inſtant l'AmbafGALANT.
1ος
t
!
es
16
10
le
f
1
Tadeur informé , & defefperé
de cette nouvelles ſe
détermine à luy eſcrire en
tremblant , la lettre que
voicy.
N'eſtes vous venue àRome,
Madame , que pour y violer
le droit des gens ; fi les franchiſes
les Privileges des
Ambaffadeurs font icy de vostre
Domaine , pourquoy vous dé-
Domaine
goustez - vous du plaisir d'en
joüir plus long-temps ? Fapprends
que vous avez réfolu de
partir dans buit jours. Ab! fi
rienne peut rompre ou differer
ce funeste voyage, rende-z moy
106 MERCURE
donc ma liberté que vos yeux
m'ont ravie , & au milieu de
la Capitale du monde. Ne me
laiſſez pas , en me fuyant,la
malheureuſe victime de l'amour
que vous m'avez donné. Permettez
moy bien pluſtoſt de vous
offrir en ces lieux tout ce qui
dépend de moy , & en reeevant
ma premiere visite , recevez en
mesme temps , si vous avez
quclques sentiments d'humanité,
la fortune , le coeur , & la
main de
BELZESKI.
Le Valet de Chambre
fut chargé du ſoin de luy
rendre cette lettre à elle
meſme au nom de ſon Maître
, d'examiner tous les
mouvemens de fon viſage ,
&de lui demander un mot
de réponſe.
La Dame fut aſſez
émeuë à la vûë de ce billet ,
cependant elle ſe remit aifément
de ce petit embarras
, & aprés avoir regardé
d'un air qui n'avoit rien
de déſobligeant , le porteur
de la lettre , qu'elle
avoit vûë vingt fois ſans reflexion
, elle luy dit , ce
108 MERCURE
?
tour eſt ſans doute de voſtre
façon Monfieur mais
Monfieur l'Ambaſſadeur
qui vous envoye , ne vous
en ſera guere plus obligé,
quoyque vous ne l'ayez pas
mal ſervi. Attendez icy un
moment, je vais paſſer dans
mon Cabinet , & vous en
voyer la réponſe que vous
me demandez pour luy :
Auſſi-toſt elle le quitta pour
aller efcrire ces mors. S
Fe ne sçay dequoy je ſuis
coupable à vos yeux, Monfieur,
mais je sçay bien que je ne re
ponds que par bienfeance à l'hon-
>
BAGALAN 109
0
neur que vous me faites ,
aux avantages que vous me proposez
: & je prévoy que la
viſite que vous me rendrez , si
vous voulez , vous fera auffi
peu utile qu'à moy , puisque
rien ne peut changer la réfolution
que j'ay priſe de repaffer
inceſſamment en France.
Le Polonnois éperduëment
amoureux ( car il y
avoit de la fatalité pour elle,
à eſtre aimée des gens de ce
pays ) le Polonnois , dis- je ,
donna à tous les termes de
ce billet , qu'il expliqua en
ſa faveur, un tourde confo110
MERCURE
lation que la Dame n'avoit
peut- eſtre pas eu l'intention
d'y mettre; d'ailleurs il eſtoit
parfaitementbien fait , tres
grand ſeigneur , fort riche ,
&magnifique entout. Les
hommes ſe connoiſſent , il
n'y a pas tantde mal à cela.
Celui- cy ſçavoit aſſez ſe
rendrejustice , mais heureuſement
il ne s'en faifoit pas
trop à croire , quoy qu'il
ſentit tous ſes avantages.....
Vers les * vingt& une ou
vingt- deux heures , il ſe ren-
**C'eſt en eſté à peu prés vers les fix heures
du ſoir,ſelon noftre façon de compter.
GALANT. III
コ
el
dit au logis de la belle veuve
, qu'il trouva dans undeshabillé
charmant & modeſte
, mille fois plusaimable
qu'elle ne luy avoit jamais
paru .
Que vous eſtes , Madame ,
luy dit- il , transporté du
plafir de la voir , au deſſus
des hommages que je vous
rends ; mais en verité je vais
eſtre le plus malheureux des
hommes , fi vous ne vous
rendez pas vous meſme aux
offres que je vous fais Nous
nenous connonfons n'y l'un
ny l'autre , Monfieur , luy
70%
112 MERCURE
11
répondit - elle , & vous me
propoſez d'abord des chofes
dont nous ne pourrions
peut eſtre que nous repentir
tousdeux, mais entrons , s'il
vousplaît,dansun plus grád
détail,& commençons par
examiner , i la majeſté de
voſtre caractere s'accorde
bien avec les ſaillies de cette
paffion ; d'ailleurs n'eſt il
pas ordinaire , & vrayſemblable
qu'un feu ſi prompt
às'allumer, n'en eſt que plus
prompt à s'éteindre. Enfin
ſupposé que je voulutſe encorem'engager
ſous les loix
de :
GALANT. 113
1
1
del'hymen, ſur quel fondement,
àmoins queje nem'a.
veuglaſſe de l'eſpoir de vos
promeſſes, pourrois- je compter
que vous me tiendrez
dans un certain tems ce que
vous me propoſez aujourd'huy
. Ah ! Madame , reprit
ilavecchaleur, donnez
aujourd huy voſtre confentement
à mon amour , &
demain je vous donne la
main. Par quelles loix voulez
vous authoriſer des maximes
de connoiſſance &
d'habitude , ſur des ſujers où
le coeur doit décider tout
114 MERCURE
,
ſeul ; n'y a t'il point dans le
monde des mouvements de
ſympathie pour vous , comme
pour nous , & quelle
bonne raiſon peut vous dif
penſerde faire pour nous
enun jour,la moitié du chemin
que vos charmes nous
font faire en un inſtant. Je
ſuis perfuadé que vous avez
trop d'eſprit, pour regarder
mal à propos ces chimeriques
précautions , comme
des principes de vertu , &
vous eſtes trop belle pour
douter un moment de la
conſtante ardeur des feux
GALANT 115
mt
&
רש
la
גנ
que vous allumez. Cependant
ſi vos ſcrupules s'effrayent
de la vivacité de ma
propoſition,je vous demande
du moins quinze jours
de grace , avant de vous
prier de vous déterminer en
ma faveur ; & j'eſpere ( fi
vos yeux n'ont point de peine
à s'accouſtumer à me
voir pendant le temps que
j'exige de voſtre complaiſance
) que les ſentiments
de voſtre coeur ne tarderont
pas à répondre aux tendres
& fidelles intentions du
mien. Ne me preſſez pas da
Kij
116 MERCURE
vantage à preſent , Monfieur
, luy dit elle,& laiſſez
à mes reflexions la liberté
d'examiner les circonſtancesde
voſtre propofition.
Cette réponſe finit une
conteftation qui alloit inſenſiblement
devenir tres.
intereſſante pour l'un &
pour l'autre.
Monfieur l'Ambaſſadeur
ſe leva , & prit congé de la
belle veuve aprés avoir receu
d'elle la permiffion de
retourner la voir , lorſqu'il
le jugeroit à propos.
Ce miniſtre rentra chez
GALANT 117
-
luy , ravi d'avoir mis ſes affaires
en ſibon train , & le
lendemain au matin il écrivit
ce billet à cette Dame ,
dont il avoit abſolument refolu
la conqueſte.
Le temps que je vous ay don-
- né depuis hier , Madame , ne
fuffit-il pas pour vous tirer de
toutes vos incertitudes , s'il ne
ſuffit pas , je vais estre auffi indulgent
que vous estes aimable,
je veux bien pour vous efpargner
la peine de m'eſcrire vos
Sentiments , vous accorder, jufqu'à
ce soir , que j'iray appren
dre de vostre propre bouche , le
1
118 MERCURE
réſultat de vos reflexions.
Elles eſtoient desja faites
ces réflexions favorables à
T'heureux Polonois , & pendant
toute la nuit, cette belleveuve
n'avoit pû ſe refufer
la fatisfaction de convenir
en elle-meſme , qu'elle
meritoit bien le rang d'Ambaſſadrice.
Aufſfi luy fut-il
encore offert le meſme jour
avec des tranſports fi touchants&
fi vifs,qu'enfin elle
ne fit qu'une foible deffenſe
, avant de conſentir à la
propoſition de Mr l'Ambaffadeur.
En un mot toutes
GALANT. 119
!
les conventions faites & accordées
, entre elle & fon
amant,ſon voyage de France
fut rompu , & fon mariage
conclu , & celebré ſecretement
enquinze jours.
Legrandtheatredu monde
va maintenant eſtre le
champ où va paroiſtre dans
toute fon eſtenduë , l'excellence
du merite & du bon
efprit deMadame Belzeſca.
Elle reste encore preſque
inconnuë juſqu'à la declararion
de ſon hymen , qui
n'eſt pas plutoſt rendu public
, qu'elle ſe montre auſſi
120 MERCURE
4
éclairée dans les delicates
affaires de fon mary , que
fielle avoit toute la vie
eſte Ambaſſadrice,лэ тод
Les Miniſtres Eſtrangers,
les Prélats , les Eminences
tout rend hommage à fes
lumiéres. De concert aveo
fon Epoux , ſa pénerrap
tion abbrege , addoucit &
leve toutes les difficultez
de ſa commiffion : enfin
elle l'aide à ſortir de Rome
(ſous le bon plaifir de fon
Maſtre ) fatisfait & glorieux
du ſuccés de fonAm
baffade.altera teemal
هللا
GALANT. 121
Elle fut obligée pour le
bien de ſes affaires de repaſſer
en France avec ſon
mary : elle n'y ſéjourna que
trois ou quatre mois , de là
elle alla à Amſterdam , &
à la Haye , où elle s'embarqua
pour ſe rendre à Dant-
ZIK d'où elle fut à Varſovie
où elle jouit pendant
vingt-cinq ans , avec tous
les agréments imaginables,
de lagrande fortune , & de
la tendreſſe de ſon Epoux ,
qui fut enfin malheureufement
bleſſe à la Chaffe
d'un coup dont il mourut
May 1714.
L
127
MERCURE 122
quatreJours
Tavoir
apres la
Э
receu d'une façon toute
extraordinaire .
Rien n'eſt plus noble &
plus magnifique , que la
220
20
manière dont les Grands
Seigneurs vont à la Chaſſe
en Pologne. Ils menent ordinairement
avec eux , un
fi grand nombre deDomeftiques
, de Chevaux , & de
Chiens, que leur Equipage
reſſemble pluſtoſt à un gros
détachement de troupes reglées
, qu'à une compagnie
de gens aſſemblez , pour le
plaisir de faire la guerre à
GALANT. 123
+
20
وا
LEKCI }
des animaux. Cette précaution
me paroilt fort
raisonnable , & je trouve
qu'ils font parfaitement
bien de proportionner le
nombredes combatrants au
3
21091
nombre & à la fureur des
monſtres qu'ils attaquent.
Un jour enfin, Monfieur
Belzeſki , dans une de fes
redoutables Chaffes, fe laifſa
emporter par ſon cheval ,
à la pourſuite d'un des plus
fiers Sangliers qu'on cuſt
encore vû dans la Foreſt où
il chaſſoit alors. Le cheval
anime paſſa ſur le corps de
124 MERCURE
261
ce terrible animal , & s'abbatit
en meſme temps , à
quatre pas de luy. Monfieur
Belzeſki ſe dégagea, auflitoſt
adroitement des efriers
, avant que le Monf
tre l'attaquaft ; mais ils eftoient
trop prés l'un de Laura
tre & le Sanglier desia
bleffé trop furieux , pour ne
pas ſe meſurer
44
encore con-b
tre l'ennemi qui l'attendoit :
ainſi plein de rage , il voulut
ſe llaanncceerr fur luy , mais
dans le moment ſon ennemi
intrepide & prudent lui
abbattit la teſte d'un coup
GALANT.
1:5
ſi juſte , & fi vigoureux, que
fon fabre paffa entre le col
& le tronc de an
11
avec tant de viteſſe , que le
mouvement Violent avec
lequel il retira fon bras
entraîna fon 21911
corps , de ma
niere qu'un des pieds luy
manquant , il tomba à la
renverſe ; mais fi malheu
reuſement, qu'il alla ſe fen.
dre la tefte fur une pierfe
qui ſe trouva derriere luy.
Dans ce fatal inſtanttous
les autres Chaſſeurs arrivérent
, & emporterent en
pleurant , le Corps de leur
THAJAD
126 MERCURE
infortune maiſtre , qui vécu
encore quatre jours
qu'il employa à donner à
Madame Belzeſca les dernieres
& les plus fortes
preuves de ſon amour , if
la fiitt ſon heritiere univerſelle
, & enfin il mourut
adoré de ſa femme , & infiniment
regretté de tout
le monde.
il
Il y a plus de fix ans que
Madame Belzeſca pleure
ſa perte , malgré tous les
foins que les plus grands
Seigneurs , les Princes , &
mefme les Roys , ont pris
GALANT. 127
pour la conſoler. Enfin elle
eft depuis long-temps l'amie
inſéparable de Mada
infeparable
me la Palatine de ... elle a
maintenant foixante ans
paflez , & je puis affeurer
qu'elle est encore plus aimée
; & plus reſpectée ,
qu'elle ne le fut peut eftre
jamais , dans le plus grand
efclat de fa jeuneffe. On
parle meſme de la remarier
aun homme d'une fi grande
distinction
, que , ce
bruit , quelque fuite qu'il
ait eft toutccee qu'on en peut
dire de plus avantageux ,
Lin
128 MERCURE
pour faire un parfait éloge
de ſon mérite , & de fes
vertusaises
nouvelle .
LA peſte qui exerce
ſouvent de furieux ravages
dans lesPaïsduNord,
avoit déja détruit prés
d'un tiers de la belle Ville
de Varſovie , ceux de ſes
habitans qui avoient
quelque azile dans les
campagnes , l'abandonnoient
tous les jours ;
pluſieurs alloient à cent
GALANT. 13
lieuës&plus loin encore,
chercher à ſe preſerver
des perils de la conta
gion , lorſque la Palatine
de ... arriva à Dantzic
avec pluſieurs Dames de
confideration qui n'avoient
pas voulu quitter
Varſovie ſans elle.
Le Marquis de Canop
qui eſt un des plus dignes
& des plus honneftes
homes qu'on puiſſe voir,
& qui jouoit un tresgrand
rôle en Pologne ,
14 MERCURE
eſtoit alors à Dantzic ,
où il receut la Palatine
avec tous les honneurs &
toutes les feftes qu'on
puiſſe faire àune des plus
charmantes & des plus
grandes Princeſſes du
monde.drov mes
Des intereſts d'amour,
autant que la crainte de
la maladie , avoient dé
terminé pluſieurs Sei
gneurs Polonois à ſuivre
la Palatine & les Dames
qui l'accompagnoient :
GALANT.
ces Illuſtres captifs qui
n'avoient point abandon-
-néle Char de leur Maitreffe
pendant leur route ,
regarderent leur retraite
à Dantzic , comme l'azile
dumõde le plus favorable
à leurs foupirs. Mais parmi
tant de jeunes beautez
qui briguoient peuteſtre
encore plus d'hommages
qu'elles n'en recevoient
, rien n'eftoit plus
admirable , que le droit ,
qu'uneDame autant ref-
وت
16 MERCURE
pectable par la majeſté
de ſes traits , que par le
nombre de ſes années ,
ſembloit avoir ſur les
cooeurs de tous ceux qui
l'approchoient.
Il n'eſt pas eſtonnant
qu'à un certain âge , on
plaiſe à quelqu'un , mais
quelque beau retour
qu'on puiſſe avoir , il eſt
rare que dans un âge
avancé, on plaiſe à tout
le monde.
La Dame dont je parle,
&
GALANT. 17
&qui avoit cet avantage,
ſe nommoit alors Madame
Belzeſca , elle avoit
eü déja trois maris , &
au moins mille Amants,
elle s'eſtoit tousjours conduite
avec tant de difcretion
& d'innocence , que
les plus hardis & les plus
emportés de ſes adorateurs
n'avoient jamais ofé
donner la moindre atteinte
à ſa réputation : enfin à
quinze ans elle avoit ſou
ſe faire reſpecter comme
May1714. B
18 MERCURE
à ſoixante , & à foixante
paffées ſe faire aimer &
fervir comme à quinze.
Une femme de fa Province,
de fon âge , & qui
depuis fon premier mariage
l'a ſervie juſqu'à
préſent , m'a conté dix
fois fon hiſtoire , comme
je vais la raconter.
Voicy à peu prés ce
que jay retenu de fes
avantures.
Madame Belzeſca eft
originaire d'un Villagede
:
GALANT 12
!
Tourainne , fon Pere qui
eſtoit frere du Lieutenant
Generald'une des premieres
Villes de cette Province
, y poffedoit des biens
affez confiderables . Elle
reſta ſeule de 9. enfants
qu'eut ſa Mere , qui ne
l'aima jamais. Satendreſſe
pour un fils qu'elle avoit,
lorſqu'elle vint au monde;
en fit à ſon égard une
maraſtre ſi cruelle , que
l'oin d'accorder la moindre
indulgence aux ſentih
Bij
20 MERCURE
>
ments de la nature , quelques
efforts que fit fon
mary pour la rendre plus
humaine , elle ne voulut
jamais confentir à la voir.
Cette averſion s'eſtoit
fortifiée dans ſon coeur
ſur la prédiction d'un Berger
qui luy dit un jour ,
deſeſperé des mauvais
traittements dont elle
l'accabloit , qu'elle portoit
en fon fein un enfant
qui le vangeroitdesmaux
qu'elle luy faifoit. Cette
GALANT. 21
malheureuſe Prophetie
s'imprima ſi avant dans
ſon ame , que l'exceffive
haine qu'elle conceut
pour le fruit de cette couche
, fut l'unique cauſe
de la maladie dont elle
mourut. L'enfant qui en
vint , fut nommé Georgette
Pelagie le ſecond
jour de ſa naiſſance , &le
troifiéme emmenée dans
le fond d'un Village , où
la fecrette pieté de fon
Pere , &la charité de ſa
22. MERCURE
tendre nourrice l'elevérent
juſqu'à la mort de fa
mere , qui , eutà peine les
yeux fermés, qu'on ramena
ſa fille dans les lieux
où elle avoit receu le jour.
Pelagie avoit alors prés
de douze ans , &déja elle
eſtoit l'objet de la tendrefſe
de tous les habitans ,
&de tous les voiſins du
Hameau dont les foins
avoient contribué à la
mettre à couvert des rigueurs
d'une mere inhu
4
GALANT. 23
|
€
maine. Ses charmes naiffans,
avec mille graces naturelles
, ſa taille & fes
traits qui commençoient
à ſe former , promettoient
tant de merveilles aux
yeux de ceux qui la vor
yoient, que tous les lieux
d'alentour s'entretenoient
déja du bruit de ſa beauté.
Un eſprit tranquille ,
un temperament toûjours
égal , une grande attention
ſur ſes diſcours , &&&
une douceur parfaite
1
24 MERCURE
avoient preſque réparé
en elle le déffaut de l'éducation
, lorſque ſon Pere
réſolut de la conduire à
Tours.Quoyque l'air d'une
Ville de Province , &
celuy de la campagne ſe
reffemblent affés , elle ne
laiſſa pas de trouver là
d'honneſtes gens qui regarderent
les ſoins de l'inſtruire
comme les plus
raiſonnables foins du
monde. Mais il eſtoit
temps que le Dieu qui
fait
GALANT. 25
fait aimer commençaſt a
ſe meſler de ſes affaires ,
& que fon jeune coeur
apprit à ſe ſauver des pieges
& des perils de l'amour.
La tendreſſe que
ſes charmes inſpiroient
échauffoit tous les coeurs,
à meſure que l'art poliffoit
ſon eſprit , & fon
eſprit regloit ſes ſentimens
à meſure que la
flatterie eſſayoit de corrompre
ſes moeurs. Mais
c'eſt en vain que nous
May 1714.
,
C
26 MERCURE
prétendons nous arranger
fur les deſſeins de noſtre
vie , toutes nos précautions
ſont inutiles contre
les arreſts du deſtin .
Le Ciel refervoit de
trop beaux jours à l'heureuſe
Pelagie ſous les
loix de l'amour , pour
lui faire apprehender davantage
les écuëils de fon
empire. Cependant ce fut
une des plus amoureuſes
& des plus funeftes avantures
du monde qui déGALANT.
27
termina ſon coeur à la
tendreſſe.
Un jour ſe promenant
avec une de ſes amies ſur le
bord de la Loire , au pied
de la celebre Abbaye de
Marmoutier,elle apperceut
au milieu de l'eau un petit
batteaudécouvert , dans lequel
étoient deux femmes ,
un Abbé ,& le marinier qui
les conduiſoità Tours : mais
ſoit que ce bateau ne valuſt
rien ou que quelque malheureuſe
pierre en euſt écarté
les planches , en un moment
tout ce miferable é-
Cij
28. MERCURE
quipage fut enseveli ſous
les eaux. De l'autre coſté
de la riviere deux cavaliers
bien montez ſe jetterent à
l'inſtant à la nage pour ſecourir
ces infortunez ; mais
leur diligence ne leur ſervit
au peril de leur vie , qu'au
falut d'une de ces deux femmes
, que le moins troublé
de ces cavaliers avoit heureuſement
attrapée par les
cheveux , & qu'il conduifit
aux pieds de la tendre Pelagie
, qui fut fi effrayée de
cet affreux ſpectacle , qu'elle
eutpreſque autant beſoin
GALANT. 29
!
de ſecours , que celle qui
venoit d'eſtre ſauvée de cet
évident naufrage , où l'autre
femme & l'Abbé s'eftoient
desja noyez .
:
Le cavalier qui avoit eſté
le moins utile au falut de la
perſonne que ſon ami venoit
d'arracher des bras
de la mort , eſtoir cependant
l'amant aimé de la Dame
délivrée ; mais ſon amour
, fon trouble & fon
deſeſpoir avoient telle.
ment boulversé ſon imagination
, que bien loin de ſe
courir les autres , il ne s'en
C iij
30 MERCURE
fallut preſque rien qu'il ne
perift luy meſme: enfin fon
cheval impetueux le remit
malgré luy au bord d'où il
s'eſtoit précipité ; auffi- toft
il courut à toute bride, iltraverſa
la ville , & pafla les
ponts pour ſe rendre fur le
rivage , où ſa maiſtreſſe recevoit
toute forte de nouveaux
foulagements de Pelagie
, de ſa compagne , &
de ſon ami.
L'intrepidité du liberateur,
ſa prudence , ſes ſoins
& fa bonne mine pafferent
fur le champ pour des mer
GALANT. 31
veilles aux yeux de Pelagie,
De l'admiration d'une certaine
eſpece , il n'y a ordinairement
, ſans qu'on s'en
apperçoive , qu'un pas à
faire à l'amour , & l'amour
nous mene ſi loin naturellement
qu'il arrache bientoſt
tous les conſentements
de noſtre volonté. En vain
l'on ſe flatte d'avoir le tems
de reflechir , en vain l'on
veut eſſayer de ſoumettre
le coeur à la raiſon , l'eſprit
dans ces occafions eft tousjours
ſeduit par le coeur , on
regarde d'abord l'objet avec
C iiij
32 MERCURE
complaiſance.les préjugez
viennent auſſi toſt nous é
tourdir , & nous n'eſperons
ſouvent nous mieux deffendre
, que lorſque noſtre inclination
nous determine à
luytout ceder.
La tendre Pelagie eſtonnée
de ce qu'elle vient de
voir , n'ouvre ſes yeux embaraffés
, que pour jetter
des regards languiſſans
vers la petite maiſon , où
quelques Payſans aidés de
nos deux Cavaliers emportent
la Dame qui vient d'eftre
delivrée de la fureur
GALANT. 33
des flots. Elle n'enviſage
plus l'horreur du peril
qu'elle lui a vû courir ,
comme un ſpectacle ſi digne
de compaſſion , peu
s'en faut meſme qu'elle
n'envie ſon infortune.
Quoique ſes inquietudes
épouvantent ſon coeur , fes
intereſts ſe multiplient , à
meſure que cette troupe
s'éloigne d'elle . Elle croit
desja avoir démeflé que
ſon Cavalier ne ſoupire
point pour la Dame , ni la
Dame pour lui ; neanmoins
ſon eſprit s'en fait
34 MERCURE
une Rivale , elle aprehende
qu'un ſi grand ſervice
n'ait quelqu'autre motif
que la pure generofité , ou
pluſtoſt elle tremble qu'un
amour extreſme ne ſoit la
récompenſe d'un fi grand
ſervice. Cependant elle retourne
à la Ville , elle ſe
met au lit , où elle ſe tour.
mente , s'examine & s'afflige
, à force de raiſonner
fur certe avanture , dont
chacun parle à ſa mode
elle la raconte auffi tous
و
ceux qui veulent l'entendre
, mais elle s'embaraſſe
GALANT.
35
,
د tellement dans ſon récit
qu'il n'y a que l'indulgence
qu'on a pour ſon innocence
& ſa jeuneſſe , qui déguiſe
les circonſtances
qu'elle veut qu'on ignore.
Le Chevalier de Verſan
de ſon coſté ( C'eſt le
nom du Cavalier en qui
elle s'intereſſe , ) le Chevalier
de Verſan dis-je ,
n'eſt pas plus tranquille. La
belle Pelagie eſt tousjours
preſente à ſes yeux , enchanté
de ſes attraits , il va,
court , & revient , par tout
ſa bouche ne s'ouvre , que
36 MERCURE
,
,
pour vanter les appas de
Pelagie. Le bruit que cet
Amant impetueux fait de
fon amour frappe auflitoſt
ſes oreilles , elle s'applaudit
de ſa conqueſte
elle reçoit ſes viſites , écoute
ſes ſoupirs , répond à ſes
propoſitions , enfin elle
conſent , avec ſon Pere ,
que le flambeau de l'hymen
éclaire le triomphe de
fon Amant. Cette nouvelle
allarme , & deſeſpere
en vain tous ſes Rivaux. Il
eſt heureux déja. La fortune
elle-mefme pour le com
bler de graces vient atta
cher de nouveaux préſens
aux faveurs de l'amour. La
mort de ſon frere le fait
heritier de vingt mille livres
de rente. Le Chevalier
devient Marquis : nouvel
& précieux ornement
aux douceurs d'un tendre
mariage. Mais tout s'uſe
dans la vie , l'homme ſe
demaſque , la tendreſſe reciproque
s'épuiſe imper
ceptiblement , on languit ,
on ſe quitte , peut - eſtre
meſme on ſe hait , heureux
encore ſi l'on ne fouf
38 MERCURE
fre pas infiniment des caprices
de la déſunion Mais
Prices d la mort & l'amour ſe rangent
du parti de Madame
la Marquiſe de ... que ,
pour raiſon difcrette , je
nommerai Pelagie , juſqu'à
ce qu'elle foit Madame
Belzeſca.
Ainfi l'heureuſe Pelagie
aprés avoir goufté pendant
cinq ans toutes les douceurs
de l'hymen , ne ceſſe d'aimer
fon mary ( inconſtant
huit jours avant elle )
que fix ſemaines avant ſa
mort.
GALANT. 39
Un fils unique , ſeul &
cher gage de leur union ,la
rend àvingt ansheritiere &
dépofitaire des biensdu défunt.
Elle arrange exacte
ment toutes ſes affaires, elle
abandonne tranquillement
la province , & fe rend à
Paris avec fon fils .
De quel pays , Madame ,
luy dit- on,dés qu'on la voit,
nous apportez-vous tant de
beauté? dans quelle obſcure
contrée avez - vous eu le
courage d'enſevelir ju qu'a
preſent tant de charmes ?
que vous eſtes injuſte d'a
40 MERCURE
voir ſi long - temps honoré
de voſtre preſence des lieux
preſque inconnus , vous qui
eſtes encore trop belle pour
Paris . Cependant c'eſt le
ſeul endroit du monde qui
puiſſe prétendre à la gloire
de vous regarder comme la
Reine de ſes citoyennes.
Les ſpectacles , les aſſemblées,
les promenades , tout
retentit enfin des merveillesdela
belle veuve.
Le Roy Caſimir eſtoit
alors en France , pluſieurs
grands ſeigneurs avoient
ſuivi ce Prince juſqu'à la
porte
GALANT. 41
porte de ſa retraite.
Il n'y avoit point d'eſtranger
à Paris qui ne fuſt curieux
d'apprendre noſtre
langue qui commençoit à
ſe répandre dans toutes les
cours de l'Europe , & il n'y
enavoit aucun qui ne ſceuſt
parfaitement que la connoiſſance
& le commerce
des Dames font l'art, le merite
, & le profit de cette
eftude.
Un charmant voiſinage
eſt ſouvent le premier prétexte
des liaiſons que l'on
forme.
May 1714. D
MERCURE
Pelagie avoit ſa maiſon
dans le fauxbourg S. Germain
: ce quartier eſt l'azile
le plus ordinaire de tous les
eſtrangers , que leurs affaires
ou leur curioſité attirent
à Paris .
,
La Veuve dont il eſt
queſtion eſtoit fi belle
que ſa Maiſon eſtoit tous
les jours remplie des plus
honneſtes gens de la Ville ,
& environnée de ceux qui
n'avoient chez elle ni
,
droit , ni prétexte de viſite.
Enfin on croyoit en la
voyant , que , Maiſtreſſe
GALANT. 43
!
abſoluë des mouvements
de ſon ame , elle regnoit
ſouverainement ſur l'amour
comme l'amour
qu'elle donnoit regnoit fur
tous les coeurs ; mais on ſe
trompoit , & peut- eſtre ſe
trompoit- elle elle - meſme.
Pelagie eſtoit une trop
belle conqueſte , pour n'eftre
pas bien toſt encore la
victime de l'amour.
La magnificence du plus
grand Roy du monde raviſſoit
alors les yeux des
mortels , par l'éclat & la
pompe des ſpectacles &
Dij
44 MERCURE
,
des feftes , dont rien n'avoit
jamais égalé la richefſe
& la majefté ; l'on accouroit
de toutes parts ,
pour eſtre témoins de l'excellence
de ſes plaifirs , &
chaque jour ſes peuples
eſtoient obligez d'admirer
dans le délafſſement de ſes
travaux , les merveilles de
fa grandeur.
Le dernier jour enfin
des trois deſtinés pour cette
fuperbe feſte de Verfailles,
dont la poſterité parlera
comme d'une feſte inimitable
, ce jour où l'Amour
GALANT. 45
vuida tant de fois fon Carquois
, ce jour où l'Amour
ſe plut à joüer tant de
tours malins à mille beautés
que la fplendeur de ce
Spectacle avoit attiré dans
ces lieux , fut enfin le jour
qui avança le dénoüement
du fecond du ſecond hymen de Pelagie.
Un des ſeigneurs que le
Roy Caſimir avoit amenéz
avec luy , avoit malheureuſement
veu cette belle veuve
, un mois avant de ſedéterminer
à imiter le zele &
la pieté de ſon maiſtre , elle
46 MERCURE
avoit paru à ſes yeux ornée
de tant d'agrements , ou
plutoſt ſi parfaite , que la
veuë de ſes charmes luy fit
d'abord faire le voeu de n'en
plusfaire que pour elle; mais
c'eſt un conte de prétendre
qu'il ſuffiſe d'aimer pour ef
tre aimé ; rien n'eſt plus
faux que cette maxime , &
je ſouſtiens qu'on eſt ſouvent
traité fort mal en amour
, à moins qu'une heureuſe
influence n'eſtabliſſe
des diſpoſitions reciproques.
C'eſt en vain que l'amouGALANT.
47
reux Polonois brufle pour
Pelagie , ſon eſtoille n'eft
point dans ſes interefts , elle
regarde cette flame auffi
indifféremment , qu'un feu
que d'autres auroient allumé
, & quoy qu'elle voye
tous les jours ce nouvel
eſclave l'étourdir du récit
de ſa tendreſſe , ſon coeur
ſe fait ſi peu d'honneur de
cette conquefte , qu'il femble
qu'elle ignore qu'il y
ait des Polonois au monde
.
Mais l'eſprit de l'homme
prend quelquefois des ſen48
MERCURE
timents ſi audacieux quand
il aime , que la violence
de ſa paſſion & le defefpoir
de n'eſtre point écouté
, le portent ſouvent juſqu'à
l'inſolence. D'autresfois
nos titres& noſtre rang
nous aveuglent , & nous
nous perfuadons qu'on eſt
obligé de faire , du moins
en faveur de noſtre nom
ce que nous ne meritons
,
pas qu'on faſſe pour l'amour
de nous.
Le Polonois jure , tempeſte
, & s'impatiente contre
les rigueurs de ſa Maîtreffe,
GALANT .
49
treſſe , à qui ce procedé
paroiſt ſi nouveau , qu'elle
le fait tranquillement remercier
de ſes viſites . La
rage auffi toſt s'empare de
ſon coeur , il n'eſt point de
réſolution violente qui ne
lui paroiſſe légitime , l'inſenſible
Pelagie eft injufte
de n'eſtre pas tendre pour
lui , ſa dureté la rend indigne
de ſon amour , mais
fon amour irrité doit au
moins la punir de ſa rigueur
, & quoy qu'il en
couſte à l'honneur , l'éxécution
des plus criminels
May 1714. E
10 MERCURE
projets n'est qu'une bagatelle
, lorſqu'il s'agit de ſe
vanger d'une ingratte qui
ne peut nous aimer.
Ce malheureux Amant
ſcut que ſon inhumaine
devoit se trouver à la feſte
de Verſailles, avec une Dame
de ſes amies , & un de
ſes Rivaux , dont le mérite
luy avoit d'abord fait apprehender
la concurrence ,
mais qu'il croyoit trop foible
alors pour pouvoir déconcerter
ſes deſſeins . Il
prit ainſi ſes meſures avec
des gens que ſes promeſſes
GALANT.
SI
&ſes préſents engagérent
dans ſes intereſts , & il ré.
ſolut , aſſeuré de leur courage
& de leur prudence ,
d'enlever Pelagie , pendant
que le déſordre & la confuſionde
la find'une ſi grande
feſte , lui en fourniroient
encore les moyens..
Le Carroffe & les relais
qui devoient ſervir à cet
enlevement , eſtoient déja
ſi bien diſpoſés , qu'il ne
manquoit plus que le moment
heureux de s'empa
rer de l'objet de toute cette
entrepriſe ; lorſque Pelagie
1
E ij
52
MERCURE
laſſe & accablée du ſommeilque
lui avoient dérobé
ces brillantes nuits , entra ,
avec ſon amie , dans un
fombre boſquet , où la fraîcheur
& le hazard avoient
inſenſiblement conduit ſes
pasi elle y furà peine aſſiſe,
qu'elle s'y endormit
Laiffons la pour un inftant,
dans le fein du repos
dont on va bien toſt l'arracher.
- L'occaſion est trop belle
pour n'en pas profiter ; mais
le Polonois a beſoin de tout
fon monde , pour en fortir
GALANT.
53
a ſon honneur , & il commence
à trouver tant de
difficultez , à exécuter un ſi
grand deſſein dans le Palais
d'un ſi grand Roy , qu'il
s'imagine , aveuglé de ſon
déſeſpoir & de ſon amour ,
qu'il n'y a qu'une diligence
infinie , qui puiffe réparer
le déffaut de ſes précautions.
Il court pour raffem
bler ſes confidents ; mais la
vûë de ſon Rival qui ſe préſente
à ſes yeux , fait à l'inſtant
avorter tous ſes pro
jets. Où courez- vous, Monſieur
, luy dit- il , que vous
E iij
54 MERCURE
,
importe , répond l'autre ?
rendez graces , répond le
Cavalier François au refpect
que je dois aux lieux
cù nous ſommes fans
cette conſidération je
vous aurois déja puni , &
de voſtre audace , & de
l'inſolence de vos deſſeins.
Il te fied bien de m'inſulter
icy luy dit le Polonois ; je
te le pardonne : mais ſuy
moy ? & je ne tarderay pas
à t'apprendre à me reſpecter
moi- meſme , autant que
les lieux dont tu parles . Je
conſens , luy répondit le
4
GALANT .
SS
François , à te ſuivre où tu
voudras ; mais j'ay mainte
nant quelques affaires qui
font encore plus preſſées
que les tiennes: tu peux cependant
diſpoſer du rendez
vous , où je ne le feray pas
long-temps attendre.
Le bruit de ces deux
hommes éveille pluſieurs
perſonnes qui dormoient
ſur le gazon ; on s'aſſemble
autour d'eux , ils ſe taiſent
&enfin ils ſe ſéparent,
Ainfi le Polonois ſe retire
avec ſa courte honte ,
pendant que le François
E iii
56 MERCURE
cherche de tous cotez , les
Dames qu'il a perduës :
mais cette querelle s'eſtoit
paſſée ſi prés d'elles , que le
mouvement qu'elle cauſa ,
les reveilla , comme ceux
qui en avoient entendu la
fin ; elles fortirent de leur
boſquet qu'elles trouverent
desja environné de
gens qui compoſoient &
débitoient à leur mode les
circonstances decette avanture
, ſur l'idée que pouvoit
leur en avoir donné le peu
de mots qu'ils venoient
d'entendre , lorſqu'enfin il
GALANT.
$7
les retrouva. Je prie les
Lecteurs de me diſpenſer
de le nommer , ſon nom ,
ſes armes & ſes enfans ſont
encore ſi connus en France,
que , quoy que je n'aye que
ſon éloge à faire , je ne ſçay
pas ſi les fiens approuveroient
qu'on le nommaſt.
Deux heures avant que
le Cavalier François rencontrât
le Polonois , Mon.
fieur le Duc de ... avoit
heureuſement trouvé une
lettre à fos pieds : le hazard
pluſtoſt que la curiofité
la luy avoit fait ramaf
58 MERCURE
fer , un moment avant qu'il
s'apperceut des foins extreſmes
que prenoient trois
hommes pour la chercher :
la curioſité luy fit alors un
motifd'intereſt de cet effet
du hazard ; il s'éloigna des
gens dont il avoit remarqué
l'inquiétude , il ſe tira de la
foule , & dans un lieu plus
fombre & plus écarté , il
lut enfin cette lettre , qui
eſtoit , autant que je peux
m'en ſouvenir , conceuë ,
à peu prés , en ces termes.
Quelquesjustes mesures que
nous ayons priſes , quoy que mon
GALANT. رو
Carroffe & vos Cavaliers ne
foient qu'àcent pas d'icy , il n'y
aura pas d'apparence de réuffir
fi vous attendez que le retour
du jour nous ofte les moyens de
profiter du défordre de la nuit :
quelque claire que ſoit celle-cy ,
elle n'a qu'une lumiére empruntée
dont le ſoleil que j'apprenhende
plus que la mort
bien toſt diſſipper la clarté; ainfi
hatez vous de meſuivre , &ne
me perdez pas de veuë : je vais
déſoler Pelagie par ma préfen--
ce: dés qu'elle me verra , je ne
doutepas qu'elle ne cherche à me
fuir; mais je m'y prendray de
, va
60 MERCURE
façon ,que tous les pas qu'ells
fera , la conduiront dans nostre
embuscade.
La lecture de ce billet
eſtonna fort Mr le Duc ...
quiheureuſement connoiffoit
aſſez la belle veuve pour
s'intereffer parfaitement
dans tout ce qui la regardoit
; d'ailleurs le cavalier
françois qui eſtoit l'amant
declaré de la Dame , eſtoit
ſon amy particulier : ainſi il
priatout ce qu'il putraſſembler
de gens de ſa connoifſance
de l'aider à chercher
Pelagie avant qu'elle peuſt
GALANT. 61
eftre expoſée à courir les
moindres riſques d'une pareille
avanture. Il n'y avoit
pas de tempsà perdre , auſſi
n'en perd - il pas ; il fut par
tout où il creut la pouvoir
trouver , enfin aprés bien
des pas inutiles , il rencontra
ſon ami , qui ne venoit
de quitter ces deux Dames
que pour aller leur chercher
quelques rafraichif
ſements . Il est bien maintenant
queſtion de rafraif
chiſſements pour vos Dames
, luy dit le Duc , en luy
donnant la lettre qu'il ve
62 MERCURE
noit de lire , tenez , liſez, &
dites - moy ſi vous connoifſez
cette écriture , & à quoy
l'on peut à preſent vous eftre
utile. Monfieur le Duc ,
reprit le cavalier,je connois
le caractere du Comte Piof
Ki, c'eſt aſſeurement luy qui
aécrit ce billet ; mais il n'eſt
pas encore maiſtre de Pelagie
, que j'ay laiſſée avec
Madame Dormont à vingt
pas d'icy , entre les mains
d'un officier du Roy, qui eſt
mon amy , & qui , à leur
confideration , autant qu'à
la mienne , les a obligeamGALANT
. 63
ment placées dans un endroit
où elles ſont fort à leur
aife ; ainſi je ne crains rien
de ce coſté- là ; mais je voudrois
bien voir le Comte , &
l'équipage qu'il deſtine à
cet enlevement. Ne faites
point de folie icy , mon
amy , luy dit le Duc , aſſeurez
- vous ſeulement de quelques
perſonnes de voſtre
connoiſſance ſur qui vous
puiffiez compter : je vous
offre ces Meſſieurs que vous
voyez avec moy , raſſem.
blez- les autour de vos Dames
, & mettez - les ſage
64 MERCURE
ment à couvert des inſultes
de cet extravagant : fi je
n'avois pas quelques affaires
confiderables ailleurs ,
je ne vous quitterois que
certain du fuccez de vos
précautions.
Vi
LeDuc ſe retira alors vers
un boſquet où d'autres intereſts
l'appelloient,& laifſa
ainſi le cavalier françois
avec ſes amis ,à qui il montra
l'endroit où il avoit remis
ſa maiſtreſſe entre les
mains de l'officier qui s'eftoit
chargé du ſoin de la
placer commodément ; cependant
GALANT. 65
pendant il fut de ſon coſté
à la découverte de ſon ri.
val , qu'aprés bien des détours
, il rencontra enfin à
quatre pas du boſquet dont
jay parlé , &dont il ſe ſepara
comme je l'ay dit . Neanmoins
quelque ſatisfaction
qu'il ſentit du plaifir de retrouver
ſes Dames , il leur
demanda , aprés leur avoir
conté l'hiſtoire de ce qu'il
venoit de luy arriver , par
quel haſard elles ſe trouvoient
ſi loin du lieu où il
les avoit laiſſées. Apeine ,
luy dit Pelagie , nous vous
May 1714. F
66 MERCURE
avons perdu de veuë , que le
Comte Pioski eſt venu s'affeoir
à coſté de moy , aux
dépens d'un jeune homme
timide , que ſon air brufque
& fon étalage magnifique
ont engagé à luy ceder
la place qu'il occupoit.
Ses diſcours m'ont d'abord
fi cruellement ennuyée,que
mortellement fatiguée de
les entendre ,j'ay priéMadame
de me donner le bras,
pour m'aider à me tirer des
mains de cet imprudent ; le
monde , la foulle , & les
détours m'ont derobé la
GALANT. 67
connoiſſance des pas & des
efforts que fans doute il a
faits pour nous ſuivre , &
accablée de ſommeil &
d'ennuy, je me ſuis heureuſement
ſauvée dans ce bofquet
, ſans m'aviſer ſeulement
de fonger qu'il euſt
pû nous y voir entrer ; mais
quelque peril que j'aye couru
, je ſuis bien aiſe que fon
inſolence n'ait pas plus éclaté
contre vous , que fes
deſſeins contre moy , & je
vous demande en grace de
prévenir ſagement , & par
les voyesde ladouceur,tou-
tes les ſuites facheuſes que
ſon deſeſpoir & voſtre demeſlé
pourroient avoir. Il
n'y a plus maintenant rien
à craindre , il fait grand
jour , le chemin de Verſailles
à Paris eſt plein de monde
, & vous avez icy un
grand nombre de vos amis ,
ainſi nous pouvons retourner
à la ville fans danger.
Le cavalier promit à la
belle Pelagie de luy tenir
tout ce qu'elle voulut exiger
de ſes promeſſes , & fes
conditions acceptées , illamena
juſqu'à fon carroffe,
GALANT
69
où il prit ſa place , pendant
que quatre de ſes amis ſe
diſpoſerent à le ſuivre dans
le leur.
1
Il n'eut pas plutoſt remis
les Dames chez elles , &
quitté ſes amis , qu'en entrant
chez luy , un gentila
homme luy fie preſent du
billet que voicy.
Les plus heureux Amants
ceſſeroient de l'estre autant qu'ils
ſe l'imaginent , s'ils ne rencon
troient jamais d'obstacle à leur
bonheur je m'intereſſe affez au
voſtre , pour vousyfaire trouver
des difficultez qui ne vous
70
MERCURE
establiront une felicitéparfaite,
qu'aux prix de tout lefangde
Pioski. Le Gentilhomme que
je vous envoye vous expliquera
le reſte de mes intentions.
naypas
Affoyez-vous donc, Monſieur
, luy dit froidement le
cavalier françois ,& prenez
la peine de m'apprendre les
intentions de Monfieur le
Comte Pioski . Je n'ay
beſoin de ſiege , Monfieur ,
luy répondit ſur le meſme
ton , le gentilhomme Polonois
, & je n'ay que deux
mots à vous dire. Vous eſtes
l'heureux rival de Monfieur
GALANT.
le Comte qui n'eſt pas encore
accouſtumé à de telles
préferences , il eſt ſi jaloux
qu'il veut vous tuer , & que
je le veux auſſi , il vous attend
maintenant derriere
l'Obſervatoire ; ainſi prenez
, s'il vous plaiſt , un ſecond
comme moy , qui ait
aſſez de vigueur pour m'amuſer
, pendant que vous
aurez l'honneur de vous és
ggoorrggeerreennſſeemmbbllee.
Je ne ſçay ſi le françois ſe
ſouvint, ou ne ſe ſouvint pas
alors de tout ce qu'il avoit
promis à ſa maiſtreſſe , mais
72 MERCURE
voicy à bon compte lecas
qu'il en fit.
Il appella ſon valet de
chambre , qui estoit un
grand garçon de bonne vo
lonté , il luy demanda s'il
vouloit eſtre de la partie ,
ce qu'il accepta en riant,
Aufſi - toft il dit au gentilhomme,
Monfieur leComte
eſt genereux , vous eſtes
brave, voicy voſtre homme,
& je ſuis le ſien Mais Monfieur
eft- il noble , reprit le
gentilhomme. Le valet de
chambre , Eſpagnol de nation,
piqué de cette demande
GALANT .
73
de, luy répondit fierement
ſur le champ , & en ſon langage
, avec une ſaillie romaneſque
, Quienes tu hombre
? voto a San Juan. Viejo
Chriftiano estoy , hombre blanco
,y noble como el Rey Ce que
ſon maiſtre naiſtre expliqua au Polonois
en ces termes . Il
vous demande qui vous eftes
vous mesme , & il vous
jure qu'il eſt vieux Chreftien
,homme blanc , & noble
comme le Roy. Soit ,
reprit le gentilhomme,marchons.
Ces trois braves furent
ainſi grand train au
May 1714. G
74 MERCURE
rendez vous , où ils trouverent
le Comte qui commençoit
à s'ennuyer. Aprés
le falut accouſtumé , ils mirent
tous quatre l'épée àla
main. Pioski fit en vain des
merveilles , il avoit desja
perdu beaucoup de fang ,
lang,
lorſqu'heureuſement ſon épée
ſe caſſa; le gentilhomme
fut le plus maltraité,l'Ef
pagnol ſe battit comme un
lion ,& le combat finit.
Cependant le Comte
Pioski, qui , à ces violences
prés , eftoit entout un
homme fort raiſonnable ,
GALANT. 75
eut tant de regret des extravagances
que cette derniere
paffion venoit de luy
faire faire , que la pieté étouffant
dans ſon coeur tous
les interêts du monde , il
fut s'enfermer pour le reſte
de ſa vie dans la retraitte
la plus fameuſe qui ſoit en
France , & la plus connuë
par l'auſterité de ſes maximes.
Le Cavalier françois
foupira encore quelques
temps , & enfin il devint
l'heureux & digne Epoux
d'une des plus charmantes
femmes du monde.
Gij
76 MERCURE
4
Les mariages font une fi
grande époque dans les
hiſtoires , que c'eſt ordinairement
l'endroit par où
tous les Romans finiſſent ;
mais il n'en eſt pas de meſme
icy , & il ſemble juftement
qu'ils ne ſervent à
Madame Belzeſca que de
degrés à la fortune , où ſon
bonheur & ſes vertus l'ont
amenée . Tout ce qui luy
arrive dans un engagement
qui établit communément
, ou qui doit du
moins establir pour les autres
femmes , une ſigrande
GALANT. 77
tranquilité , qu'on diroit
que l'hymen n'eſt propre ,
qu'à faire oublier juſqu'à
leur nom , eſt au contraire
pour celle cy , la baze de
ſes avantures. L'eſtalage de
ſes charmes , & le bruit de
ſabeauté ne ſont point enſevelis
dans les embraffemens
d'un eſpoux : heureuſe
maiſtreſſe d'un mary
tendre & complaiſant , &
moins eſpouſe qu'amante
infiniment aimée , comme
ſi tous les incidens du monde
ne ſe raſſembloient que
pour contribuer à luy faire
Gij
78 MERCURE
des jours heureux , innocement
& naturellement
attachée à ſes devoirs , l'amour
enchainé , à ſa fuite
ne prend pour ferrer tous
les noeuds qui l'uniſſent à
ſon eſpoux , que les formes
les plus aimables , & les
douceurs du mariage ne ſe
maſquent point pour elle
ſous les traits d'un mary.
Enfin elle joüit pendant
neuf ou dix ans , au milieu
du monde , & de ſes adorateurs
, du repos le plus
doux que l'amour ait jamais
accordé aux plus heureux
GALAN 79
Amants ; mais la mort jalouſe
de ſa fecilité luy ra
vit impitoyablement le plus
cher objet de ſa tendreſſe:
que de cris ! que de ge.
miſſements ! que de larmes
! cependant tant de
mains ſe préſentent pour
efluyer ſes pleurs , que , le
temps ,la raiſon , & la néceſſité,
aprés avoir multiplié
ſes reflexions
nent enfin au ſecours de ſa
,
viendouleur
; mais il ne luy reſte
d'un eſpoux fi regretté ,
qu'une aimable fille , que la
mort la menace encore de
(
G iiij
80 MERCURE
luy ravir , ſur le tombeaude
fon pere. Que de nouvel.
les allarmes ! que de mortelles
frayeurs ? elle tombe
dans un eſtat de langueur
qui fait preſque deſeſperer
de ſa vie. Il n'eſt point de
ſaints qu'on n'invoque ,
point de voeux qu'on ne faf
ſe, elle en fait elle-meſme
pour fon enfant , & promet
enfin de porter un tableau
magnifique à Noftre-
Dame de Lorette ſi ſa
fille en réchappe. A l'inftant,
ſoit qu'un ſuccés favo
rable recompenfat ſon zele
GALANT. 81
&fa piete , ou qu'il fur
temps que les remedes operaſſent
à la fin plus effica
cement qu'ils n'avoient fait
encore , ſa maladie diminua
preſque à veuë d'oeil ,
en tros jours l'enfant fut
hors de danger , & au bout
de neufentierement guery.
Elle reſtaencore , en attendant
le retour du printemps
, prés de fix mois à
Paris , pendant lesquels elle
s'arrangea pour l'execution
de ſon voeu. Ce temps expiré
, accompagnée de ſon
fils & de ſa fille , d'une Da82
1 MERCURE
me de ſes amis , de deux
femmes de chambre , de
deux Cavaliers , & de quatre
valets , elle prit la route de
Lyon , d'où aprés avoir
paffé Grenoble , le mont
du l'An, Briançon , le mont
Geneve & Suze , elle ſe rendit
à Turin , où elle ſéjourna
trois ſemaines avec ſa
compagnie qui ſe déffit
comme elle de tout ſon équipage,
dans cette Ville,
pour s'embarquer ſur le Po.
Elle vit en paſſant les Villes
de Cazal du Montferrat
,
d'Alexandrie , le Texin qui
GALANT. 83
1
,
paſſe à Pavie , Plaiſance ,
+ Cremone , Ferrare , & enfin
elle entra de nuit à Venife
avec la marée. Elle
deſcendit à une Auberge
moitié Allemande , &moitié
Françoiſe , & dont
l'enſeigne d'un coſté , ſur
le grand Canal , reprefente
les armes de France , &
de l'autre , fur la Place de
ES. Marc , les armes de l'Empire.
Elle reçut le lende
main à ſa toilette , comme
cela ſe pratique ordinairement
à Veniſe , avec tous
les Estrangers confidera
,
S
१
84 MERCURE
,
bles , des compliments en
proſe & en vers imprimez
à ſa loüange , fon amie
& les Cavaliers de ſa compagnie
en eurent auſſi leur
part. Ces galanteries couftent
communément , & au
moins quelques Ducats à
ceux à qui on les fait. Le
ſecond jour elle fut avec
tout fon monde ſaluer Mr
l'Ambaſſadeur qui fut
d'autant plus charmé du
plaifir de voir une ſi aimable
femme , que , quoy que
Venife ſoit une Ville , où
lesbeautez ne ſont pas car
,
GALANT. 85
Π
S
res , il n'y en avoit pas encore
vû une , faite comme
- celle dont il recevoit la viſite.
La bonne chere , les,
Spectacles , les promena-
✓ des ſur la mer& ſur la coſte,
avec le Jeu, furent les plaifirs
dont il la regala , pen-
↓ dant les quinzejours qu'elle
y reſta. Il luy fitvoir dans ſa
Gondole , la pompeuſeCeremonie
du Bucentaure qui
ſe celebre tous les ans dans
cette Ville le jour de l'Afcenfion
, avec toute la magnificence
imaginable.
Je nedoute pas que bien
3
86 MERCURE
des gens neſcachent à peu
prés ce que c'eſt que cette
feſte; mais j'auray occafion
dans une autre hiſtoire d'en
faire une deſcription meſlée
de circonstances ſi agreables
que la varieté des évenemensque
je raconteray,
pourra intereſſer mes lecteurs
au recit d'une ceremonie
dont il ignore peuteſtre
les détails.
Enfin noſtre belle veuve
prit congé de Mr l'Ambaffadeur
, & le lendemain elle
s'embarqua ſur un petit baſtiment
, qui en trois jours
GALANT. 87
لا
}}
la rendit à Lorette , où elle
accomplit avec beaucoup
de zele & de religion , le
voeu qu'elle avoit fait à Pa-
1ris. Après avoir pieuſement
fatisfait à ce devoir indifpenſable
, dégouſtée des perils
, & ennuyée des fatigues
de la mer , elle refolut
de traverſer toute l'Italie
par terre , avant de retourner
en France .
!
Il n'y avoit pas fi loin de
Lorette à Rome pour n'y
pas faire untour,& je croy
a que pour tous les voyageurs,
cinquante lieuës plus ou
88 MERCURE
moins , ne ſont qu'une bagatelle
, lorſqu'il s'agit de
voir cette capitale du mõde.
- Il faiſoit alors ſi chaud ,
qu'il eſtoit fort difficile de
faire beaucoup de chemin
par jour ; mais lorſqu'on eſt
en bonne compagnie , &
de belle humeur , rien n'ennuye
moins que les ſéjours
charmants qu'ontrouve en
Italie.
Je ne prétens pas en faire
icy un brillant tableau,pour
enchanter mes lecteurs de
la beauté de ce climat ; tant
de voyageurs en ont parlé ;
Miffon
GALANT. 89
1
Miſſon l'a ſi bien épluché,
&cette terre eſt ſi fertile
en avantures , que les hiftoires
galantes que j'en raconteray
dorenavant ſuffiront
pour inſtruire d'une
maniere peut- eftre plus agreable
que celle dont ſe
ſont ſervis les écrivains qui
en ont fait d'amples relations
, ceux qui ſe conten
teront du Mercure pour
connoiſtre aſſez particuliement
les moeurs & le plan
de ce pays . Ainſi je renonceray
pour aujourd'huy au
détail des lieux que noftre
May 1714.
H
90 MERCURE
belle veuve vit , avant d'entrer
à Rome , parce que non
ſeulement il ne luy arriva
rien fur cette route qui puifſe
rendre intereſſants les cir
conſtances de ce voyage ,
mais encore parce que je ne
veux pas faire le geographe
malà propos . Le Capitole ,
le Vatican , le Chaſteau S.
Ange , le Colizée , la Place
dEſpagne, la Place Navonne
, l'Eglife S. Pierre , le
Pantheon , les Vignes , &
enfin tous les monuments
des Anciens , & les magnifiques
ouvrages des Moder
GALANT. 91
nes,dont cette ville eſt enrichie,
n'étalérent à ſes yeux
que ce que les voyageurs
lesplus indifferents peuvent
avoirveu comme elle ; mais
lorſque jetraitteray, comme
je l'ay dit,des incidens amufants
& raifonnables que
j'ay , pour y promener mes
lecteurs , j'eſpere que leur
curioſité ſatisfaite alors , les
dédommagera fuffifamment
de la remiſe & des
frais de leur voyage...
La conduite que tint à
Rome cette charmante veuve
, fut tres eſloignée de cel- :
Hij
92 MERCURE
le que nos Dames françoi
ſes y tiennent , lorſqu'avec
des graces moindres que les
fiennes , elles ſe promettent
d'y faire valoir juſqu'à leur
plus indifferent coup d'oeil.
Celle cy parcourut les Egliſes
,les Palais , les Places
& les Vignes en femme qui
ne veut plus d'avantures ;
mais elle comptoit fans for
hoſte, & l'amourn'avoit pas
figné le traité de l'arrangement
qu'elle s'eſtoit fait.
Ungentilhomme Italien
dela ſuite de l'Ambaſſadeur
de l'Empereur , qui avoir
GALANT. 93
veu par hafard une fois à la
Vigne Farneze , le viſage
admirable de noftre belle
veuve , fur ſi ſurpris de l'é
elat de tant de charmes ,
qu'il reſtacomme immobi
le , uniquement occupé dư
foin de la regarder. Elle
s'apperceut auffi- toft de fon
eſtonnement ; mais dans
Finſtant ſon voile qu'elle
laiſſa tomber, luy déroba la
veuë de cet objet de fon admiration.
L'Italien , loin de
fe rebuter de cet inconvenient
, réſolut de l'exami
ner juſqu'à ce qu'il ſceuſt ſa
94 MERCURE
ruë , fa demeure , ſon pays ,
fes deſſeins , & fon nom.
Dés qu'il ſe fut ſuffiſamment
inſtruit de tout ce
qu'il voulut apprendre ;
aprés avoir paffé& repaffé
cent fois devant ſa maiſon ,
ſans qu'on payaſt ſes ſoins
de la moindre courtoiſie,&
pleinement convaincu qu'il
n'y avoit auprés de cette
belle veuve , nulle bonne
fortune à eſperer pour luy ,
il conclut qu'il pouvoit regaler
Monfieur l'Ambaſſadeur
du merite de ſa découverte.
A
GALANT.951
En effet un jour que l'Ambaſſadeur
de Pologne difnoit
chez ſon maiſtre , voyant
vers la fin du repas,que
la compagnie entroit en
belle humeur , & que la
- converſation rouloit de
bonne grace ſur le chapitre
- des femmes ; Meſſieurs , dit-
- il , quelques ſentimens
qu'elles vous ayent fait
prendre pour elles , je ſuis
ſeur , que ſans vous embar-
-raſſer de vouloir connoiſtre
leurs coeurs plutoſt que
leurs perſonnes,vous renonceriez
à toutes les précau
96 MERCURE
tions du monde , ſi vous
aviez vû , une ſeule fois ,
une Dame que je n'ay vûë
qu'un inſtant. Je me promenois
, ily a quinze jours
àla Vigne Farneze , elle s'y
promenoit auſſi ; mais je
vous avoue que je fus ſaiſi
d'étonnement,en la voyant,
& que je luy trouvay cant
de charmes , un ſi grand
air ,& un ſi beau viſage
que je jurerois volontiers ,
quoy que cette Ville fourmille
en beautés , qu'il n'y
a rienà Rome qui ſoit beau
comme elle. Ces Miniſtres
1
Eſtrangers
GALANT. 97
5
Eſtrangers s'échaufférent
ſur le recit du Gentilhomme
Italien , celuy de Pologne
ſur tout , ſentitun mou.
vement de curioſité fi
prompt , qu'il luy demanda
d'un air empreſſé , s'il n'a
voit pas eſté tenté de ſur
vre une ſibelle femme ,&
s'il ne sçavoit pas où elle
demeuroit. Ouy, Monfieur,
luy répondit- il , je ſçay ſon
nom , ſa demeure & les
motifs de ſon voyage à
Rome, mais je n'en ſuis
pas plus avancé pour cela ,
&je croy au contraire que
May 1714.
I
98 MERCURE
mes empreſſements l'ont
tellement inquiétée, qu'elle
ne paroiſt plus aux Eglifes ,
ny aux promenades , de
puis qu'elle s'eſt apperçuë
du ſoin que je prenois d'éxaminer
ſes démarches .
Voila une fiere beauté , dit
l'Ambafladeur de l'Empereur
, & addreſſant la parole
en riant à celuy de Pologne
, Monfieur , continuast-
il , n'ayons pas le démentide
cette découverte ,
& connoiffons à quelque
prix que ce ſoit , cette belle THEQUE DEL
BIBLI
< YON
EVILL
1893*
J'y confens reTHEQUE
DA
5,
20
LY
GALANTE
18
E
VILL
prit l'autre , férieuſent
& je ſuis fort trompé fi
dans peu de jours , je ne
vous en dis des nouvelles.
Ils auroient volontiers
bû desja à la ſanté de l'inconnue
, ſi , une Eminence
qu'on venoit d'annoncer ,
ne les avoit pas arrachez de
la table , où le vin & l'amour
commençoient
à les 0
mettre en train de dire de
de
belles choses .
e Le Gentilhomme qui
ue avoit ſi à propos mis la belle
Veuve ſur le tapis , fut au
devant du Cardinal , que
I ij
100 MERCURE
fon Maiſtre fut recevoir
juſqu'au pprreemmiieerr degré de
fon Eſcalier , & en meſme
tems il reconduifit l'Ambas
ſadeur de Pologne juſqu'à
fon Carrofle. Ce Miniſtrele
questionnaſi bien , chemin
faiſant , qu'il retourna chez
luy , parfaitement inftruit
de tout ce qu'il vouloit ſcavor.
Des qu'il fut à fon
Appartement , il appella un
Valet de chambre , à qui il
avoit ſouvent fait de pareilles
confidences & aprés
luy avoir avoüé qu'il eſtoit
desja , fur un ſimple recit ,
GALANT. 101
1
:
1
éperduëment amoureux
d'un objet qu'il n'avoit jamais
vû , il luy demanda
s'il croyoit pouvoir l'aider
de ſes conſeils de fon zele
& de ſa difcretion , dans
Tembarras où il ſe trouvoit.
Je feray , luy dit le Valet
de chambre tout ce
qu'il vous plaira ; mma.is puifque
vous me permettez de
vous donner des confeils ,
je vous avoüeray franche-
FL
د
ment , que je pennſiee que
le
portrait que vous me faites,
de la conduitte ſage & retirée
que tient la perſonne
Inj 1
102 MERCURE
dont vous me parlez , eft
fouvent le voile dont Te
fervent les plus grandes
avanturieres , pour attrapper
de meilleures dupes. Ta
pénétration eſt inutile icy ,
luy répondit l'Ambaffadeur
: tu ſçais desja ſon nom
& ſa maiſon , informe toy
ſeulement fi ce qu'on m'en
adit eft véritable ; nous
verrons aprés cela le parti
que nous aurons à prendre .
Le Confident ſe met en
campagne , il louë une
chambre dans le voiſinage
de la belle Veuveil fait
>
GALANT. 103
1
1
0
e
it
connoiſſance avec un de ſes
domeſtiques , qui le met
en liaiſon avec la femme
de chambre de la Dame
qu'il veut connoiſtre : enfin
il la voit , & il apprend
qu'elle va tous les jours à
la meſſe , entre ſept & huit
heures du matin , à l'Eglife
de ſainte Cecile. Il avertit
auffi toſt ſon Maiſtre de
tout ce qui ſe paſſe ; ce Miniſtre
ne manque point de
ſe rendre ſans ſuite à cette
Eglife , & de ſe placer auprés
de cette beauté qui n'a
garde de ſe meffier à pareil
I iiij
104 MERCURE
le heure , ni de fes char
mes , ni des ſoins , ni de la
dévotion du perſonnage
quiles adore. לכ
Cependant l'allarme fonne
,& le Valet de chambre
apprend avec bien de la
douleur , que la Damedont
ſon Maiſtre eſt épris , commence
à s'ennuyer à Rome,
&qu'enfin incertaine ſi elle
retournera en France par
Genes,où ſi elle repaſſerales
Alpes, elle veutabſolument
eſtre hors de l'Italie , avant
le retour de la mauvaiſe
faifon. A l'inſtant l'AmbafGALANT.
1ος
t
!
es
16
10
le
f
1
Tadeur informé , & defefperé
de cette nouvelles ſe
détermine à luy eſcrire en
tremblant , la lettre que
voicy.
N'eſtes vous venue àRome,
Madame , que pour y violer
le droit des gens ; fi les franchiſes
les Privileges des
Ambaffadeurs font icy de vostre
Domaine , pourquoy vous dé-
Domaine
goustez - vous du plaisir d'en
joüir plus long-temps ? Fapprends
que vous avez réfolu de
partir dans buit jours. Ab! fi
rienne peut rompre ou differer
ce funeste voyage, rende-z moy
106 MERCURE
donc ma liberté que vos yeux
m'ont ravie , & au milieu de
la Capitale du monde. Ne me
laiſſez pas , en me fuyant,la
malheureuſe victime de l'amour
que vous m'avez donné. Permettez
moy bien pluſtoſt de vous
offrir en ces lieux tout ce qui
dépend de moy , & en reeevant
ma premiere visite , recevez en
mesme temps , si vous avez
quclques sentiments d'humanité,
la fortune , le coeur , & la
main de
BELZESKI.
Le Valet de Chambre
fut chargé du ſoin de luy
rendre cette lettre à elle
meſme au nom de ſon Maître
, d'examiner tous les
mouvemens de fon viſage ,
&de lui demander un mot
de réponſe.
La Dame fut aſſez
émeuë à la vûë de ce billet ,
cependant elle ſe remit aifément
de ce petit embarras
, & aprés avoir regardé
d'un air qui n'avoit rien
de déſobligeant , le porteur
de la lettre , qu'elle
avoit vûë vingt fois ſans reflexion
, elle luy dit , ce
108 MERCURE
?
tour eſt ſans doute de voſtre
façon Monfieur mais
Monfieur l'Ambaſſadeur
qui vous envoye , ne vous
en ſera guere plus obligé,
quoyque vous ne l'ayez pas
mal ſervi. Attendez icy un
moment, je vais paſſer dans
mon Cabinet , & vous en
voyer la réponſe que vous
me demandez pour luy :
Auſſi-toſt elle le quitta pour
aller efcrire ces mors. S
Fe ne sçay dequoy je ſuis
coupable à vos yeux, Monfieur,
mais je sçay bien que je ne re
ponds que par bienfeance à l'hon-
>
BAGALAN 109
0
neur que vous me faites ,
aux avantages que vous me proposez
: & je prévoy que la
viſite que vous me rendrez , si
vous voulez , vous fera auffi
peu utile qu'à moy , puisque
rien ne peut changer la réfolution
que j'ay priſe de repaffer
inceſſamment en France.
Le Polonnois éperduëment
amoureux ( car il y
avoit de la fatalité pour elle,
à eſtre aimée des gens de ce
pays ) le Polonnois , dis- je ,
donna à tous les termes de
ce billet , qu'il expliqua en
ſa faveur, un tourde confo110
MERCURE
lation que la Dame n'avoit
peut- eſtre pas eu l'intention
d'y mettre; d'ailleurs il eſtoit
parfaitementbien fait , tres
grand ſeigneur , fort riche ,
&magnifique entout. Les
hommes ſe connoiſſent , il
n'y a pas tantde mal à cela.
Celui- cy ſçavoit aſſez ſe
rendrejustice , mais heureuſement
il ne s'en faifoit pas
trop à croire , quoy qu'il
ſentit tous ſes avantages.....
Vers les * vingt& une ou
vingt- deux heures , il ſe ren-
**C'eſt en eſté à peu prés vers les fix heures
du ſoir,ſelon noftre façon de compter.
GALANT. III
コ
el
dit au logis de la belle veuve
, qu'il trouva dans undeshabillé
charmant & modeſte
, mille fois plusaimable
qu'elle ne luy avoit jamais
paru .
Que vous eſtes , Madame ,
luy dit- il , transporté du
plafir de la voir , au deſſus
des hommages que je vous
rends ; mais en verité je vais
eſtre le plus malheureux des
hommes , fi vous ne vous
rendez pas vous meſme aux
offres que je vous fais Nous
nenous connonfons n'y l'un
ny l'autre , Monfieur , luy
70%
112 MERCURE
11
répondit - elle , & vous me
propoſez d'abord des chofes
dont nous ne pourrions
peut eſtre que nous repentir
tousdeux, mais entrons , s'il
vousplaît,dansun plus grád
détail,& commençons par
examiner , i la majeſté de
voſtre caractere s'accorde
bien avec les ſaillies de cette
paffion ; d'ailleurs n'eſt il
pas ordinaire , & vrayſemblable
qu'un feu ſi prompt
às'allumer, n'en eſt que plus
prompt à s'éteindre. Enfin
ſupposé que je voulutſe encorem'engager
ſous les loix
de :
GALANT. 113
1
1
del'hymen, ſur quel fondement,
àmoins queje nem'a.
veuglaſſe de l'eſpoir de vos
promeſſes, pourrois- je compter
que vous me tiendrez
dans un certain tems ce que
vous me propoſez aujourd'huy
. Ah ! Madame , reprit
ilavecchaleur, donnez
aujourd huy voſtre confentement
à mon amour , &
demain je vous donne la
main. Par quelles loix voulez
vous authoriſer des maximes
de connoiſſance &
d'habitude , ſur des ſujers où
le coeur doit décider tout
114 MERCURE
,
ſeul ; n'y a t'il point dans le
monde des mouvements de
ſympathie pour vous , comme
pour nous , & quelle
bonne raiſon peut vous dif
penſerde faire pour nous
enun jour,la moitié du chemin
que vos charmes nous
font faire en un inſtant. Je
ſuis perfuadé que vous avez
trop d'eſprit, pour regarder
mal à propos ces chimeriques
précautions , comme
des principes de vertu , &
vous eſtes trop belle pour
douter un moment de la
conſtante ardeur des feux
GALANT 115
mt
&
רש
la
גנ
que vous allumez. Cependant
ſi vos ſcrupules s'effrayent
de la vivacité de ma
propoſition,je vous demande
du moins quinze jours
de grace , avant de vous
prier de vous déterminer en
ma faveur ; & j'eſpere ( fi
vos yeux n'ont point de peine
à s'accouſtumer à me
voir pendant le temps que
j'exige de voſtre complaiſance
) que les ſentiments
de voſtre coeur ne tarderont
pas à répondre aux tendres
& fidelles intentions du
mien. Ne me preſſez pas da
Kij
116 MERCURE
vantage à preſent , Monfieur
, luy dit elle,& laiſſez
à mes reflexions la liberté
d'examiner les circonſtancesde
voſtre propofition.
Cette réponſe finit une
conteftation qui alloit inſenſiblement
devenir tres.
intereſſante pour l'un &
pour l'autre.
Monfieur l'Ambaſſadeur
ſe leva , & prit congé de la
belle veuve aprés avoir receu
d'elle la permiffion de
retourner la voir , lorſqu'il
le jugeroit à propos.
Ce miniſtre rentra chez
GALANT 117
-
luy , ravi d'avoir mis ſes affaires
en ſibon train , & le
lendemain au matin il écrivit
ce billet à cette Dame ,
dont il avoit abſolument refolu
la conqueſte.
Le temps que je vous ay don-
- né depuis hier , Madame , ne
fuffit-il pas pour vous tirer de
toutes vos incertitudes , s'il ne
ſuffit pas , je vais estre auffi indulgent
que vous estes aimable,
je veux bien pour vous efpargner
la peine de m'eſcrire vos
Sentiments , vous accorder, jufqu'à
ce soir , que j'iray appren
dre de vostre propre bouche , le
1
118 MERCURE
réſultat de vos reflexions.
Elles eſtoient desja faites
ces réflexions favorables à
T'heureux Polonois , & pendant
toute la nuit, cette belleveuve
n'avoit pû ſe refufer
la fatisfaction de convenir
en elle-meſme , qu'elle
meritoit bien le rang d'Ambaſſadrice.
Aufſfi luy fut-il
encore offert le meſme jour
avec des tranſports fi touchants&
fi vifs,qu'enfin elle
ne fit qu'une foible deffenſe
, avant de conſentir à la
propoſition de Mr l'Ambaffadeur.
En un mot toutes
GALANT. 119
!
les conventions faites & accordées
, entre elle & fon
amant,ſon voyage de France
fut rompu , & fon mariage
conclu , & celebré ſecretement
enquinze jours.
Legrandtheatredu monde
va maintenant eſtre le
champ où va paroiſtre dans
toute fon eſtenduë , l'excellence
du merite & du bon
efprit deMadame Belzeſca.
Elle reste encore preſque
inconnuë juſqu'à la declararion
de ſon hymen , qui
n'eſt pas plutoſt rendu public
, qu'elle ſe montre auſſi
120 MERCURE
4
éclairée dans les delicates
affaires de fon mary , que
fielle avoit toute la vie
eſte Ambaſſadrice,лэ тод
Les Miniſtres Eſtrangers,
les Prélats , les Eminences
tout rend hommage à fes
lumiéres. De concert aveo
fon Epoux , ſa pénerrap
tion abbrege , addoucit &
leve toutes les difficultez
de ſa commiffion : enfin
elle l'aide à ſortir de Rome
(ſous le bon plaifir de fon
Maſtre ) fatisfait & glorieux
du ſuccés de fonAm
baffade.altera teemal
هللا
GALANT. 121
Elle fut obligée pour le
bien de ſes affaires de repaſſer
en France avec ſon
mary : elle n'y ſéjourna que
trois ou quatre mois , de là
elle alla à Amſterdam , &
à la Haye , où elle s'embarqua
pour ſe rendre à Dant-
ZIK d'où elle fut à Varſovie
où elle jouit pendant
vingt-cinq ans , avec tous
les agréments imaginables,
de lagrande fortune , & de
la tendreſſe de ſon Epoux ,
qui fut enfin malheureufement
bleſſe à la Chaffe
d'un coup dont il mourut
May 1714.
L
127
MERCURE 122
quatreJours
Tavoir
apres la
Э
receu d'une façon toute
extraordinaire .
Rien n'eſt plus noble &
plus magnifique , que la
220
20
manière dont les Grands
Seigneurs vont à la Chaſſe
en Pologne. Ils menent ordinairement
avec eux , un
fi grand nombre deDomeftiques
, de Chevaux , & de
Chiens, que leur Equipage
reſſemble pluſtoſt à un gros
détachement de troupes reglées
, qu'à une compagnie
de gens aſſemblez , pour le
plaisir de faire la guerre à
GALANT. 123
+
20
وا
LEKCI }
des animaux. Cette précaution
me paroilt fort
raisonnable , & je trouve
qu'ils font parfaitement
bien de proportionner le
nombredes combatrants au
3
21091
nombre & à la fureur des
monſtres qu'ils attaquent.
Un jour enfin, Monfieur
Belzeſki , dans une de fes
redoutables Chaffes, fe laifſa
emporter par ſon cheval ,
à la pourſuite d'un des plus
fiers Sangliers qu'on cuſt
encore vû dans la Foreſt où
il chaſſoit alors. Le cheval
anime paſſa ſur le corps de
124 MERCURE
261
ce terrible animal , & s'abbatit
en meſme temps , à
quatre pas de luy. Monfieur
Belzeſki ſe dégagea, auflitoſt
adroitement des efriers
, avant que le Monf
tre l'attaquaft ; mais ils eftoient
trop prés l'un de Laura
tre & le Sanglier desia
bleffé trop furieux , pour ne
pas ſe meſurer
44
encore con-b
tre l'ennemi qui l'attendoit :
ainſi plein de rage , il voulut
ſe llaanncceerr fur luy , mais
dans le moment ſon ennemi
intrepide & prudent lui
abbattit la teſte d'un coup
GALANT.
1:5
ſi juſte , & fi vigoureux, que
fon fabre paffa entre le col
& le tronc de an
11
avec tant de viteſſe , que le
mouvement Violent avec
lequel il retira fon bras
entraîna fon 21911
corps , de ma
niere qu'un des pieds luy
manquant , il tomba à la
renverſe ; mais fi malheu
reuſement, qu'il alla ſe fen.
dre la tefte fur une pierfe
qui ſe trouva derriere luy.
Dans ce fatal inſtanttous
les autres Chaſſeurs arrivérent
, & emporterent en
pleurant , le Corps de leur
THAJAD
126 MERCURE
infortune maiſtre , qui vécu
encore quatre jours
qu'il employa à donner à
Madame Belzeſca les dernieres
& les plus fortes
preuves de ſon amour , if
la fiitt ſon heritiere univerſelle
, & enfin il mourut
adoré de ſa femme , & infiniment
regretté de tout
le monde.
il
Il y a plus de fix ans que
Madame Belzeſca pleure
ſa perte , malgré tous les
foins que les plus grands
Seigneurs , les Princes , &
mefme les Roys , ont pris
GALANT. 127
pour la conſoler. Enfin elle
eft depuis long-temps l'amie
inſéparable de Mada
infeparable
me la Palatine de ... elle a
maintenant foixante ans
paflez , & je puis affeurer
qu'elle est encore plus aimée
; & plus reſpectée ,
qu'elle ne le fut peut eftre
jamais , dans le plus grand
efclat de fa jeuneffe. On
parle meſme de la remarier
aun homme d'une fi grande
distinction
, que , ce
bruit , quelque fuite qu'il
ait eft toutccee qu'on en peut
dire de plus avantageux ,
Lin
128 MERCURE
pour faire un parfait éloge
de ſon mérite , & de fes
vertusaises
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Résumé : HISTOIRE nouvelle.
La peste à Varsovie pousse de nombreux habitants à fuir vers les campagnes. La Palatine et plusieurs dames de la haute société, dont Madame Belzesca, se réfugient à Dantzic, accueillies par le Marquis de Canop. Madame Belzesca, connue pour son charme malgré son âge avancé, a déjà eu trois maris et de nombreux amants tout en conservant une réputation irréprochable. Originaire de Touraine, elle est élevée secrètement après une prédiction d'un berger. À douze ans, elle est ramenée chez elle et devient l'objet de l'admiration locale. Pelagie, de son vrai nom, reçoit une éducation soignée à Tours et rencontre le Chevalier de Versan lors d'un sauvetage dramatique sur la Loire. Ils se marient et vivent cinq ans de bonheur avant de se séparer. Pelagie devient veuve et hérite de la fortune de son mari. Elle s'installe à Paris avec son fils et devient célèbre pour sa beauté et son charme. À Paris, Pelagie attire l'attention de nombreux nobles et étrangers, notamment pendant le séjour du roi Casimir en France. Sa maison devient un lieu de rencontre pour les personnes distinguées. Un seigneur polonais, épris de Pelagie, planifie son enlèvement mais est déjoué par le duc de... et le cavalier français, amant de Pelagie. Le comte Pioski, jaloux, tente de tuer le cavalier français lors d'un duel mais se blesse gravement et se retire dans un monastère. Madame Belzesca, veuve, traverse une période de deuil intense mais se rétablit grâce à des prières et des promesses religieuses. Elle entreprend un voyage à Lorette et visite des villes italiennes. À Rome, elle rencontre un gentilhomme italien ébloui par sa beauté mais reste réservée. L'ambassadeur polonais à Rome, épris de la veuve, la retrouve et obtient son consentement. Ils se marient secrètement et retournent en Pologne, où ils vivent heureux pendant vingt-cinq ans. L'ambassadeur est mortellement blessé lors d'une chasse au sanglier. Madame Belzesca pleure sa perte depuis plus de six ans et est devenue l'amie inséparable de Madame la Palatine. À soixante ans, elle est encore respectée et aimée, et on envisage de la remarier à un homme de grande distinction.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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9
p. 217-241
Extrait curieux d'un Procès qui a esté depuis peu plaidé au grand Conseil, [titre d'après la table]
Début :
Je suis fort redevable à Mr L. V. du present qu'on [...]
Mots clefs :
Enfant, Mariage, Père, Époux, Épouse, Naissance, Province, Gendre, Procès, Chagrin, Mari
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Extrait curieux d'un Procès qui a esté depuis peu plaidé au grand Conseil, [titre d'après la table]
Je fuis fort redevable à
Mr L. V. du present qu'on
vient de me faire de sa part,
& je ne doute point que
tout le monde ne luy fçaJ
che autant de gré que moy
; de la peine qu'il a prise de
décacher tous les Articles
; principaux d'un procez extraordinaire
qui vient d'cc.
trejugéà un des premiers
tribunaux de Paris, pouren
composer(sans s'écarter de
la vérité) l'histoire qui suit
sur les pieces originales qui
en font la matiere.
Mademoiselle Nassulvaved
estnée dans une des
plus considerables provinces
du Royaume; ses parens
qui y tenoient les premiers
rangs dans la robe, & qui
possedoient de grands
biens, luy donnerent une
éducation conforme à sa
naissance, leurs foins ne furent
pas infructueux. Elle
eut a peine quinze ansquelle
fut l'admiration de toute
sa province, les plus honnestes
gens luy rendirent
des soins; sa beauté, sa ieunesse,
& son esprit au dessus
de son âgeluy attirerent
bien-tost une grosse cour. De tous ceux qui s'empresserent
à la servir, le
seul Emselad son parent fut
celuy qui trouva le secret de
la rendre sensible
,
le libre
accez qu'il avoit dans la
maison de son pere ,
luy
fit faire en peu de temps
un progrez considerable
sur son coeur. Les premierres
inclinations sont viol
lentes, on oublie facilement
le devoir pour ne suivre
que les mouvements
d'unepassion agreable.
La pauvre Demoiselle fen*
tit bien-tost avec douleur;
ce que Forcez de sa complaisance
alloit lyy couster;
lacrainte que sa hontene;
le:, decouvrist, l'accabla
d'horreur & de tristiesse,
elle pressa, mais inutilement
,Emcelad à la demander
en mariage, des raisons
de famille luy servirent de
prpérétetexxttee ppoouurr ll''eesnlooii~gnneerr de
cette proposition. Lnnnuii
autre parti se presenta, ce
fut Lezariu magistrat illustre,
riche &connu, particulierement
du pere de
Nassulvaved, quifutécoute
ir- favorablement.Le pere
sans consulter sa fille regle
avec luy, & les conditions
Ôc le temps du mariage.
Quel coup de foudre pour
cette tendre amante ! de
quels mouvements ne futelle
pointagitée quand elle
,~
apprit cette fatale resolution.
Il falloit renoncer
pour cousjours à la feule
r personne qui luy estoirchere,
s'engager avec une àurre
qu'elle ne pouvoit souffris,
& plus que cela, s'exporer
à l'accablante confusion de
voir découvrir parun
les fuites d'un commerce
qu'elle auroit fouhairé pouvoir
se cacker à elle-mesme.
Quellesituation 1 daps le
fort de sa douleur, elle chercha
de la consolation dans
les conseils de ses alTIies.,
elles luy proposerent ( entre
autres une Religieuse )
de se jetter aux pieds de son
pere, & deluy avoüer l'estac
où elle estoit
, pour ledé-
-
tourner du dessein qu'il
avoit formé, enÍÙite de ne
pas s'éloigner, au cas que Lezariu
fit quelques démarches
pour obtenir des
1. faveurs,& enfin de prendre
desremedes qu'elle s'offrit
de luy faire avoir pour
| empescher raccroiflement,
, ou plustost pour étouffer le
fruit de son premier amour;
; mais s'estanttrouvédes ob
tfaclesinfurmontablesàcecexpedient,
ktrifte Nassulvaved
se determinaà envo-
: yer chercher Emcelad,elle
,
l'informa de ce qui se pas-
> soit,Iuy peignitsontion
avec les traits les plus
vifs)le conjura de rompre l'engagement que l'on avoit
projetté, & quiestoit sur le
point de se conclure. Ses
prieres& ses larmes furent
sans effet,cet amant lasche,
infidele
, ou degousté, demeura
dans l'inaction, la
victime fut menée à l'aucel,
& le mariage célébré avec
Lezariu, sans qu'Emcelad
fit le moindre mouvement
pours'y opposer.
Les premiers jours de ce
mariage qui paroissoit si
convenable,& qui l'estoit
si peu, se passerent en apparence
asseztranquillement
; mais ce calme dura
peu, l'époux s'a pperceut du
malheur de son épouse
,
il
s'abandonna aux fureurs de
la plus noire jalousîe,& de
la plus violente colere, il la
força de luy avouër son crime,
luy fit nommer son seducteur,&
Tengageaàfaire
le mesme aveu devant son
pere, qu'il avoit fait venir
chez luy pour cela. Le pere
au desespoir porta son resfentimeot
jusqu'à vouloir
faire enfermer sa fille; mais
le mary qui prévit l'éclat
que cela feroit dans lemonde,
& que la honte en réjailliroit
sur luy, prit le par.
ty que tous les hommes sages
devroient prendre en
pareille occasion
;
il opposa
la puissance maritale à la
paternelle,pria son beaupere
d'écouffer son chagrin,
& exigea feulement de luy
que l'enfant qui naistroit
de son épouse ne sust point
confideré comme le sien;
on prit sur cela des temperaments,
oti convint quimmediatement
après la naissance
de l'enfant, il feroit
secretement exposé
, &
qu'on feroit ensorte qu'il
ignorast toujours son origine.
-
Le mary cependant qui
portoit tousjours dans le
coeur le trait de la jalousie
dont il avoit esté blessé
n'eut depuis , pour son epouse
qu'un extrêmeéloignement.
Il ne la voulut plus
voir pendant plus de six
mois, il fit plusieurs voyages
,
fut prendre les eaux,
trop heureux s'il eust peu
trouver celles de l'oubli.
Dans le septiéme mois du
mariage, sonépouse accoucha
d'une fille à une maison
de campagne de son
mary; l'enfant fut misaussitost
dans un panier, &por.
téàdix lieuësde là par un
laquais chez une nourrice
qui s'en chargea, &le fit
baptiser le lendemain fous
lenom de Catherine ccinime
un enfant trouvé; il ne
fut point parlé du nom hy
du pere ny de la mere , on
tut mesmejusqu'à celuy du
parain & de la maraine, ce
furent deux enfans de paysans
quien servirent.
Le pere de l'épouse, qui
par un principe de charité
n'avoit pu le déterminerà
faire exposer l'enfant,voulutCependant
rassurer Tépouxsur
la creance qu'il auroit
eue,s'ilavoit seeu qu'on
lefit secretement élever,il
luy écrivit le mesme jour des
couches qu'ilpouvoir se
tranquiliser
, que l'enfant
estoit mort en naissant.Cela
luy fut confirmé à son retour
par tous les domestiques,
& toutes les personnes
Iqui pouvoient avoir con-
»rçoifTance des couches; le
mary qui
,
le croyoit fince-
'; rement n'enparla plus depuis,
il fut trois ans sans s'en
»
informer.
Le beaupere cependant
qui vouloit empescher quon
ne sceut quel estoit l'ensant,
le fit pendant ces trois
annéespromenerde province
en province, de village
en village, & enfin il
le fit revenir dans le lieu de
sa naissance. Tout cela se
fit tousjours avec un exrréme
mystere ,& ce ne fut
qu'à des personnes de la lie
du peuple,&en dernier lieu
à des femmes de mauvâise
vie que son éducation fut
confiée.
L'épouse qui ne voyoit
point de retour sincere pour
elle dans son époux,avait
paffé tout ce temps dans
une langueur qui ne luy laisfoit
qu'une santé fort imparfaite,
le temps ne diminuoit
rien de la violence de
son chagrin, il sembloit au
contraire l'augmenter: elle
en fut si accablée qu'elle
tomba malade,& mourut
sans avoir lainea sonmary
aucun autre enfant de son
mariage
Elle estoit une des plus riches
heritieres de la province.
Lemary qui par cette
mort estoit obligé de restituer
une dote considerable
qu'il avoit touchée:, & qui
d'un autre cofté se voyoit
privé de l'esperance des successions
opulentes de son
beaupere ou de sa bellemere,
marqua un extrême chagrin
de n'avoir point d'enfants.
Quelques uns desesamis
à qui il en parla, s'eftonnerent
du motifqu'il donnoit
a son chagrin, luy dirent
qu'il avoit un enfant, luy
indiquèrent le lieu oùil estoit.
Transporté de joye, il
«
le
le fut prendre, &le remit
dans la maison paternelle,
oùilademeuré tranquillement
pendant plusieurs-années.
•-Le beaupere devoit à l'époux
une rente pour le restant
de la dote de son épouse
qu'il navoit pas payé, il
en estoit esheu quelques
années d'arrerages, l'époux
.-les luy demanda, & faute
de payement le-fît ensuite
ussigner pourestrecondarn
aie à les luy payer*^ :
Uninterest aussi leger Ici
broüilla ensemble;le beaupere
que loin de
riendevoir à son gendre,
c'estoit son gendre qui luy
devoir, que la mort de sa
femme sans enfants le met.
toit dans l'obligation de restituer
sa doc.
< - Cela fit une contestation
entre eux, qui fut portée
dans un tribunal de la province.
Le gendre surpris de
la prétention de son beaupere,
soustint qu'elle n'estoit
pas légitime, il dit fay
un enfant,il le representa
ce fut , celuy dont nous
avons parlé.) il futquestion
:en premier lieu de sçavoir
si cet enfant representé eC:
toit celuy dont l'épouse estoit
accouchée,& duquel on
avoit si fort enveloppé la
naissance dans les trois premieres
années de sa vie;
mais ce systeme ayant été
abandonné par le beaupere.
il se retrancha ensuite à dire
que l'enfant n'estoit pas legiume,
parce qu'il avoit
esle conceu d'un autre que
de l'époux deux mois avant
son mariage. Cela donna
lieu à des enquestesqui furentfaites
de part &d autre,
plusieurs tesmoins y déposerent,
les uns qu'avant le
mariage la femme leur avoit
confié les chagrins qus-t
elle avoit au sujet de sa grossesse,
quelle leur en avoit
nommél'auteur
,
qu'elle
leur avoit dit que c'estoit
Emcelad son parentqui restoit
; d'autres dirent luy
avoir ouy dire ce qui s'estoit
passéà ce sujet immédiatement
après son mariage entre
son pere, son époux &
elle, & d'autres enfin expliquèrent
ce qui est arrive
dans le temps & depuis les
couches. Dit ces differentes
depositions on prétendoit
tirer la consequence que
¡ l'enfant n'estoitpaslegitime.
L'époux n'avoit pour
asseurer l'estat de l'enfant
que sa naissance dans le septiéme
mois du mariage, &
la possession où elle estoit
de sonestat dans la maison
;apanternnelleédepeuisspl.usieurs
Les premiers Juges ne
trouvèrent pas que ce fust
assez pour l'époux de justi-
1.
fier que l'enfant estoit né
dans le septiéme mois du
mariage, ils luy ordonnerent
de faire preuve qu'il
estoit conceu dumariage &
pendant le mariage
,
c'esta
dire de luy & depuis son
mariage.
Une pareille preuve n'estoit
pas facile,elle ne pouvoit
estre ny demandée ny
ordonnée;l'époux a interjette
appel de ce jugement.
Le tribunal auguste où cet
appel a esté porté,est composé
de Magistrarstrès-éclairez,
& justes dispensateurs
de la justice. En vain
on y a renouvelle fous le
nom de tierces personnes le
systemedesupposicion qu'-
onavoiraban donné devanr
les premiers Juges, inutilement
on a voulu employer
le testament du beaupere
,
& un écrit qu'il avoit fait
avant sa mort pour prouver
riitegicimice de l'enfant,
pour faire voir qu'il la tousjours
regardé comme tel,
qu'il la privé de sa succes-
, sion; on ya employé avec
aussipeu de succez les paroles
foudroyantes addressées
par le beaupere au gendre
un moment avant sa mort à
l'occasion de la renonciation
qu'on vouloir quise fit
entre eux: Je vous fAfidonne
en dieu, luy dit-il, mais je
ne vous pardonne point leton
que vous faites a ma famille
,
je vous adjourne devant Dieu,
il nous jugera jal/és.jè riay
,plus rien a vous dire. L'éloquence
& l'art des orateurs
,na pu faire d'impression sur
cesesprits su blimes,unique-.
mentattachez à l'observance
des loix
,
ils ontjudicieusement
separé tout ce qui
contre le droit public& la
saintetédu mariage , pouvoit
voit aller à faire douter de
lalegitimité de l'enfant; &
par un Arrest celebre ils ont
aÍfeuré l'estat de l'enfant,en
le déclarant légitimé.
Tout Paris, toute la pro-.
vince, attentifs à cette decision,
luy ont donné toutes
les loüanges qu'elle merireJ
& cette jeune, &belle
fille qui a prés de quatorze
ans, va estre un des riches
Mr L. V. du present qu'on
vient de me faire de sa part,
& je ne doute point que
tout le monde ne luy fçaJ
che autant de gré que moy
; de la peine qu'il a prise de
décacher tous les Articles
; principaux d'un procez extraordinaire
qui vient d'cc.
trejugéà un des premiers
tribunaux de Paris, pouren
composer(sans s'écarter de
la vérité) l'histoire qui suit
sur les pieces originales qui
en font la matiere.
Mademoiselle Nassulvaved
estnée dans une des
plus considerables provinces
du Royaume; ses parens
qui y tenoient les premiers
rangs dans la robe, & qui
possedoient de grands
biens, luy donnerent une
éducation conforme à sa
naissance, leurs foins ne furent
pas infructueux. Elle
eut a peine quinze ansquelle
fut l'admiration de toute
sa province, les plus honnestes
gens luy rendirent
des soins; sa beauté, sa ieunesse,
& son esprit au dessus
de son âgeluy attirerent
bien-tost une grosse cour. De tous ceux qui s'empresserent
à la servir, le
seul Emselad son parent fut
celuy qui trouva le secret de
la rendre sensible
,
le libre
accez qu'il avoit dans la
maison de son pere ,
luy
fit faire en peu de temps
un progrez considerable
sur son coeur. Les premierres
inclinations sont viol
lentes, on oublie facilement
le devoir pour ne suivre
que les mouvements
d'unepassion agreable.
La pauvre Demoiselle fen*
tit bien-tost avec douleur;
ce que Forcez de sa complaisance
alloit lyy couster;
lacrainte que sa hontene;
le:, decouvrist, l'accabla
d'horreur & de tristiesse,
elle pressa, mais inutilement
,Emcelad à la demander
en mariage, des raisons
de famille luy servirent de
prpérétetexxttee ppoouurr ll''eesnlooii~gnneerr de
cette proposition. Lnnnuii
autre parti se presenta, ce
fut Lezariu magistrat illustre,
riche &connu, particulierement
du pere de
Nassulvaved, quifutécoute
ir- favorablement.Le pere
sans consulter sa fille regle
avec luy, & les conditions
Ôc le temps du mariage.
Quel coup de foudre pour
cette tendre amante ! de
quels mouvements ne futelle
pointagitée quand elle
,~
apprit cette fatale resolution.
Il falloit renoncer
pour cousjours à la feule
r personne qui luy estoirchere,
s'engager avec une àurre
qu'elle ne pouvoit souffris,
& plus que cela, s'exporer
à l'accablante confusion de
voir découvrir parun
les fuites d'un commerce
qu'elle auroit fouhairé pouvoir
se cacker à elle-mesme.
Quellesituation 1 daps le
fort de sa douleur, elle chercha
de la consolation dans
les conseils de ses alTIies.,
elles luy proposerent ( entre
autres une Religieuse )
de se jetter aux pieds de son
pere, & deluy avoüer l'estac
où elle estoit
, pour ledé-
-
tourner du dessein qu'il
avoit formé, enÍÙite de ne
pas s'éloigner, au cas que Lezariu
fit quelques démarches
pour obtenir des
1. faveurs,& enfin de prendre
desremedes qu'elle s'offrit
de luy faire avoir pour
| empescher raccroiflement,
, ou plustost pour étouffer le
fruit de son premier amour;
; mais s'estanttrouvédes ob
tfaclesinfurmontablesàcecexpedient,
ktrifte Nassulvaved
se determinaà envo-
: yer chercher Emcelad,elle
,
l'informa de ce qui se pas-
> soit,Iuy peignitsontion
avec les traits les plus
vifs)le conjura de rompre l'engagement que l'on avoit
projetté, & quiestoit sur le
point de se conclure. Ses
prieres& ses larmes furent
sans effet,cet amant lasche,
infidele
, ou degousté, demeura
dans l'inaction, la
victime fut menée à l'aucel,
& le mariage célébré avec
Lezariu, sans qu'Emcelad
fit le moindre mouvement
pours'y opposer.
Les premiers jours de ce
mariage qui paroissoit si
convenable,& qui l'estoit
si peu, se passerent en apparence
asseztranquillement
; mais ce calme dura
peu, l'époux s'a pperceut du
malheur de son épouse
,
il
s'abandonna aux fureurs de
la plus noire jalousîe,& de
la plus violente colere, il la
força de luy avouër son crime,
luy fit nommer son seducteur,&
Tengageaàfaire
le mesme aveu devant son
pere, qu'il avoit fait venir
chez luy pour cela. Le pere
au desespoir porta son resfentimeot
jusqu'à vouloir
faire enfermer sa fille; mais
le mary qui prévit l'éclat
que cela feroit dans lemonde,
& que la honte en réjailliroit
sur luy, prit le par.
ty que tous les hommes sages
devroient prendre en
pareille occasion
;
il opposa
la puissance maritale à la
paternelle,pria son beaupere
d'écouffer son chagrin,
& exigea feulement de luy
que l'enfant qui naistroit
de son épouse ne sust point
confideré comme le sien;
on prit sur cela des temperaments,
oti convint quimmediatement
après la naissance
de l'enfant, il feroit
secretement exposé
, &
qu'on feroit ensorte qu'il
ignorast toujours son origine.
-
Le mary cependant qui
portoit tousjours dans le
coeur le trait de la jalousie
dont il avoit esté blessé
n'eut depuis , pour son epouse
qu'un extrêmeéloignement.
Il ne la voulut plus
voir pendant plus de six
mois, il fit plusieurs voyages
,
fut prendre les eaux,
trop heureux s'il eust peu
trouver celles de l'oubli.
Dans le septiéme mois du
mariage, sonépouse accoucha
d'une fille à une maison
de campagne de son
mary; l'enfant fut misaussitost
dans un panier, &por.
téàdix lieuësde là par un
laquais chez une nourrice
qui s'en chargea, &le fit
baptiser le lendemain fous
lenom de Catherine ccinime
un enfant trouvé; il ne
fut point parlé du nom hy
du pere ny de la mere , on
tut mesmejusqu'à celuy du
parain & de la maraine, ce
furent deux enfans de paysans
quien servirent.
Le pere de l'épouse, qui
par un principe de charité
n'avoit pu le déterminerà
faire exposer l'enfant,voulutCependant
rassurer Tépouxsur
la creance qu'il auroit
eue,s'ilavoit seeu qu'on
lefit secretement élever,il
luy écrivit le mesme jour des
couches qu'ilpouvoir se
tranquiliser
, que l'enfant
estoit mort en naissant.Cela
luy fut confirmé à son retour
par tous les domestiques,
& toutes les personnes
Iqui pouvoient avoir con-
»rçoifTance des couches; le
mary qui
,
le croyoit fince-
'; rement n'enparla plus depuis,
il fut trois ans sans s'en
»
informer.
Le beaupere cependant
qui vouloit empescher quon
ne sceut quel estoit l'ensant,
le fit pendant ces trois
annéespromenerde province
en province, de village
en village, & enfin il
le fit revenir dans le lieu de
sa naissance. Tout cela se
fit tousjours avec un exrréme
mystere ,& ce ne fut
qu'à des personnes de la lie
du peuple,&en dernier lieu
à des femmes de mauvâise
vie que son éducation fut
confiée.
L'épouse qui ne voyoit
point de retour sincere pour
elle dans son époux,avait
paffé tout ce temps dans
une langueur qui ne luy laisfoit
qu'une santé fort imparfaite,
le temps ne diminuoit
rien de la violence de
son chagrin, il sembloit au
contraire l'augmenter: elle
en fut si accablée qu'elle
tomba malade,& mourut
sans avoir lainea sonmary
aucun autre enfant de son
mariage
Elle estoit une des plus riches
heritieres de la province.
Lemary qui par cette
mort estoit obligé de restituer
une dote considerable
qu'il avoit touchée:, & qui
d'un autre cofté se voyoit
privé de l'esperance des successions
opulentes de son
beaupere ou de sa bellemere,
marqua un extrême chagrin
de n'avoir point d'enfants.
Quelques uns desesamis
à qui il en parla, s'eftonnerent
du motifqu'il donnoit
a son chagrin, luy dirent
qu'il avoit un enfant, luy
indiquèrent le lieu oùil estoit.
Transporté de joye, il
«
le
le fut prendre, &le remit
dans la maison paternelle,
oùilademeuré tranquillement
pendant plusieurs-années.
•-Le beaupere devoit à l'époux
une rente pour le restant
de la dote de son épouse
qu'il navoit pas payé, il
en estoit esheu quelques
années d'arrerages, l'époux
.-les luy demanda, & faute
de payement le-fît ensuite
ussigner pourestrecondarn
aie à les luy payer*^ :
Uninterest aussi leger Ici
broüilla ensemble;le beaupere
que loin de
riendevoir à son gendre,
c'estoit son gendre qui luy
devoir, que la mort de sa
femme sans enfants le met.
toit dans l'obligation de restituer
sa doc.
< - Cela fit une contestation
entre eux, qui fut portée
dans un tribunal de la province.
Le gendre surpris de
la prétention de son beaupere,
soustint qu'elle n'estoit
pas légitime, il dit fay
un enfant,il le representa
ce fut , celuy dont nous
avons parlé.) il futquestion
:en premier lieu de sçavoir
si cet enfant representé eC:
toit celuy dont l'épouse estoit
accouchée,& duquel on
avoit si fort enveloppé la
naissance dans les trois premieres
années de sa vie;
mais ce systeme ayant été
abandonné par le beaupere.
il se retrancha ensuite à dire
que l'enfant n'estoit pas legiume,
parce qu'il avoit
esle conceu d'un autre que
de l'époux deux mois avant
son mariage. Cela donna
lieu à des enquestesqui furentfaites
de part &d autre,
plusieurs tesmoins y déposerent,
les uns qu'avant le
mariage la femme leur avoit
confié les chagrins qus-t
elle avoit au sujet de sa grossesse,
quelle leur en avoit
nommél'auteur
,
qu'elle
leur avoit dit que c'estoit
Emcelad son parentqui restoit
; d'autres dirent luy
avoir ouy dire ce qui s'estoit
passéà ce sujet immédiatement
après son mariage entre
son pere, son époux &
elle, & d'autres enfin expliquèrent
ce qui est arrive
dans le temps & depuis les
couches. Dit ces differentes
depositions on prétendoit
tirer la consequence que
¡ l'enfant n'estoitpaslegitime.
L'époux n'avoit pour
asseurer l'estat de l'enfant
que sa naissance dans le septiéme
mois du mariage, &
la possession où elle estoit
de sonestat dans la maison
;apanternnelleédepeuisspl.usieurs
Les premiers Juges ne
trouvèrent pas que ce fust
assez pour l'époux de justi-
1.
fier que l'enfant estoit né
dans le septiéme mois du
mariage, ils luy ordonnerent
de faire preuve qu'il
estoit conceu dumariage &
pendant le mariage
,
c'esta
dire de luy & depuis son
mariage.
Une pareille preuve n'estoit
pas facile,elle ne pouvoit
estre ny demandée ny
ordonnée;l'époux a interjette
appel de ce jugement.
Le tribunal auguste où cet
appel a esté porté,est composé
de Magistrarstrès-éclairez,
& justes dispensateurs
de la justice. En vain
on y a renouvelle fous le
nom de tierces personnes le
systemedesupposicion qu'-
onavoiraban donné devanr
les premiers Juges, inutilement
on a voulu employer
le testament du beaupere
,
& un écrit qu'il avoit fait
avant sa mort pour prouver
riitegicimice de l'enfant,
pour faire voir qu'il la tousjours
regardé comme tel,
qu'il la privé de sa succes-
, sion; on ya employé avec
aussipeu de succez les paroles
foudroyantes addressées
par le beaupere au gendre
un moment avant sa mort à
l'occasion de la renonciation
qu'on vouloir quise fit
entre eux: Je vous fAfidonne
en dieu, luy dit-il, mais je
ne vous pardonne point leton
que vous faites a ma famille
,
je vous adjourne devant Dieu,
il nous jugera jal/és.jè riay
,plus rien a vous dire. L'éloquence
& l'art des orateurs
,na pu faire d'impression sur
cesesprits su blimes,unique-.
mentattachez à l'observance
des loix
,
ils ontjudicieusement
separé tout ce qui
contre le droit public& la
saintetédu mariage , pouvoit
voit aller à faire douter de
lalegitimité de l'enfant; &
par un Arrest celebre ils ont
aÍfeuré l'estat de l'enfant,en
le déclarant légitimé.
Tout Paris, toute la pro-.
vince, attentifs à cette decision,
luy ont donné toutes
les loüanges qu'elle merireJ
& cette jeune, &belle
fille qui a prés de quatorze
ans, va estre un des riches
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Résumé : Extrait curieux d'un Procès qui a esté depuis peu plaidé au grand Conseil, [titre d'après la table]
Le texte relate une histoire judiciaire complexe impliquant trois personnages principaux : Mademoiselle Nassulvaved, Emcelad, et Lezariu. Nassulvaved, issue d'une famille influente et riche d'une province du Royaume, attire l'attention de nombreux prétendants à l'âge de quinze ans. Emcelad, son parent, parvient à gagner son affection, mais elle se retrouve forcée d'épouser Lezariu, un magistrat riche et connu, à la demande de son père. Nassulvaved, désespérée, tente en vain de convaincre Emcelad de l'épouser. Après le mariage, Lezariu découvre la grossesse de Nassulvaved et, dans un accès de jalousie, la force à avouer sa relation avec Emcelad. Lezariu exige que l'enfant soit exposé et élevé secrètement. L'enfant, une fille nommée Catherine, est confiée à une nourrice et élevée dans le secret. Nassulvaved meurt quelques années plus tard sans avoir eu d'autres enfants. Lezariu, ignorant la survie de l'enfant, la récupère après avoir été informé de son existence. Une dispute éclate entre Lezariu et le père de Nassulvaved concernant la légitimité de l'enfant et la restitution de la dot. Le tribunal, après avoir examiné les témoignages et les preuves, déclare l'enfant légitime, confirmant ainsi son statut dans la famille.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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10
p. 2022-2032
Le Bouquet du Roi, Piece en Vaudeville, [titre d'après la table]
Début :
Le 24. Août, veille de la Fête de Saint Louis, l'Opera Comique donna une petite [...]
Mots clefs :
Opéra comique, Amour, Paris, Dieu, Reine, Province, Roi, Apollon, Vaudeville
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Bouquet du Roi, Piece en Vaudeville, [titre d'après la table]
Le 24. Août , veille de la Fête de Saint
Louis , l'Opera Comique donna une petite
Piece nouvelle d'un Acte , en Vaudeville
, intitulée Le Bouquet du Roi , à la
quelle on a fait depuis quelques augmentations
à l'occafion de la Ñaiffance de
Monſeigneur le Duc d'Anjou , Cette Piéce
eft de M. Panard , & la Mufique de M.
Gillier: en voici en peu de mots le Sujet.
Premiere Entrée,
La Ville de Paris perſonifiée , accom→
pagnée de fa fuite , invite fes habitans à
celebrer la Fête du Roi , & chante fur
l'Air : F'entends déja le bruit des armes,
A chanter un fi digne Maître
Tout doit nous porter aujourd'hui ;
Les Dieux même nous font connoître
Qu'ils
SEPTEMBRE. 1730. 2023
Qu'ils fe font déclarés pour lui ,
Et le Prince qui vient de naître
Eft un gage de leur appui.
C'est là le Bouquet que le Ciel lui refer
voit , ajoûte la Ville de Paris ; après quoi
on chante':
Que des Dieux la bonté fouveraine
A fur nous répandu de bienfaits !
D'un Roi charmant , d'une charmante Reine
Nous fommes les enfans plutôt que les Sujets.
Les coeurs , dès qu'on le voit , font à lui fans reſerve
;
Chez elle les vertus ont fixé leur féjour ;
Elle eft l'image de Minerve ;
Il eft l'image de l'Amour.
Les Habitans de Paris forment enfuite
le Divertiſſement , & expriment leur joye
par des danfes & c.
Seconde Entrée.
Les Députés des principales Provinces
de France viennent fe joindre à la Ville
de Paris pour mêler leur joye à la fienne,
& forment chacune un nouveau Balet
dans leur different caractere ; après quoi
le Député de la Normandie chante le
Couplet fuivant , fur l'Air : Pierre Bagnolet
Fij Heu
2024 MERCURE DE FRANCE
Heureux qui fera l'apanage
Du nouveau fils de notre Roi.
La Gascogne,
N'efperez pas cet avantage ;
Vous ne l'aurez pas fur ma foi ;
Ce fera moi.
La Ville de Paris voyant arriver le Député
de la Province d'Anjou , acheve de
chanter l'Air,
Ne conteftez pas davantage ,
Cedez à celui que je voi .
Ce Député chante ces paroles avec ur
Accompagnement de Fanfares.
Triomphe , victoire ;
Honneur à l'Anjou ;
D'ici jufqu'au Perou ,
Que tout chante ma gloire,
Triomphe Victoire &c.
Votre difpute eft vaïne ,
Vous perdez votre peine ;
C'eſt à moi qu'eft deſtiné
Le Prince nouveau né.
Triomphe Victoire &c.
Les autres Provinces paroiffent fort
confternées de cette préference ; la Ville
de Paris leur dit de ne pas s'en allarmer
&
SEPTEMBRE . 1730. 2025
& chante fur l'Air , O reguinqué :
Le Ciel qui vous protege tous
Ne veut point faire de jaloux ;
Allez , allez , raffurez-vous ;
Vous verrez que chaque Province
L'une après l'autre aura fon Prince.
Le Député de la Gascogne répond , Oh!
pour moi je lui cede volontiers le pas , &
chante fur l'Air : Ma raifon s'en va beau
train :
Me
Un deſtin plus rare un jour
payera de mon amour.
*
Toi qui t'applaudis
Des fils de Louis ,
Tu n'as que le deuxième ,
Pour ma Province , Cadedis ,
On garde le douziéme ,
Lon la ,
On garde le douziéme.
Toutes les Provinces fe retirent après
le Divertiffement .
Troifiéme Entrée des Arts.
Cette Entrée eft précedée de trois Scenes.
Dans la premiere , l'Opera Comique
fe plaint à la Ville de ce qu'elle ne l'hos
nore plus de fes vifites dans le Fauxbourg,
* Regardant l'Anjou,
F iij la
2026 MERCURE DE FRANCE
la Ville lui répond qu'elle a de plus juftes
reproches à lui faire , & chante fur l'Air
de foconde :
Tandis que tous mes habitans
Pour un Roi qu'ils cheriffent
Font voir des tranſports éclatans
Dont les Cieux retentiffent ,
L'Opera Comique fe tait ;
It eft dans l'indolence ;
Lui que j'ai vu le premier prêt :
D'où vient donc ce filence
J
L'Opera Comique lui répond qu'il ne
mérite point ce reproche , & qu'il n'a
jamais eu tant de zele : Jugez en , dit-il
par ce que j'ai fait ; s'agiffant d'une matiere
auffi importante ,j'ai cru ... & chante fur
l'Air : M. le Prevêt des Marchands :
Qu'il falloit au facré Valon
Chercher le fecours d'Apollon ;
J'ai choifi pour cette Ambaffade
De mes Acteurs le plus cheri ,
Quoique mon Théatre malade
Ait peine à fe paffer de lui.
Pierot arrive , & fait un recit Comique
de fa reception au Parnaffe , & dit qu'Apollon
étoit fi fort occupé à chaffer la
Profe qui inondoit le facré Valon , qu'il
n'a
SEPTEMBRE. 1730. 2027
n'a pû tirer aucun fecours de lui : A qui
donc auraisje recours ? dit l'Opera Comi
que : A moi , répond l'Amour , qui en
tre dans ce moment fur la ſcene , & chante
fur l'Air : Les filles font fi fottes , lon la :
D'Apollon eft-ce là l'emploi ?
Non , ne vous addreffez qu'à moi ,
Seul je puis vous fuffire.
Tout ce qu'on fait pour votre Roi ,
C'est l'Amour qui l'inſpire ,
Lon la ,
C'est l'Amour & c.
Pourquoi chercher d'autre fecours que le
mien ?dit l'Amour à Pierot , avez - vous
oublié ce que j'ai fait pour vous l'année paf
fe , & chante fur l'Air des Triolets :
N'eft- ce pas moi qui l'an paffé
Pour un Maitre fi débonaire
Vous fit rifquer un coup d'effai
N'est-ce pas moi qui l'an paffé ,
Rechaufai votre coeur glacé ,
Par la crainte de lui déplaire.
N'eft-ce pas moi qui l'an paffé
Dictai l'Hopegué , ma Comere.
L'Amour promet enfuite à Pierot d'aller
prefenter au Roi leurs voeux & leurs
hommages après qu'il aura affifté à la
Fiiij Fête
2028 MERCURE DE FRANCE
Fête que les Arts vont donner , à laquelle
il doit préfider , & chante fnr un Air
nouveau :
L'Amour par ma voix vous appelle ,
Beaux Arts , fignalez votre zele ,
Formez un Monument qui de ce jour heureux
Confacre la mémoire ;
Difputez-vous la gloire
De feconder nos foins & d'embellir nos jeux."
L'Amour fe met à la tête des Arts qui
font une marche , après laquelle ils élevent
un Trophée à la gloire du Roi . C'eſt
une espece d'Obelifque de 12. piés de haut,
terminé par deux Lys , figurant le Roi
& la Reine , & cinq boutons de Lys , figurant
la Famille Royale. Au deffous eft
un Globe tranfparent, avec ces mots, Non
deerunt. Le pied de l'Obelifque forme un
Entablement fur lequel les Arts pofent
chacun leurs Attributs , & au milieu on
voit deux riches bordures , garnies de
toiles , fur lesquelles la Peinture fait peindre
les Portraits du Roi & de la Reine.
Après qu'ils font finis , la Ville de Paris
chante ces paroles fur l'Air d'un Menuet
nouveau :
De ceux qui regnent ſur nous
Voyez vous
L'auSEPTEMBRE.
1730. 2829.
·
L'augufte & brillante image.
Que chacun dans ce beau jour,
¡ Afon tour
Vienne lui rendre hommage..
De ces Aftres les doux regards
Vous font un heureux partage ;
Leur regne eft celui des beaux Arts.
La Décoration du Trophée a été trouvée
très bien imaginée , & parfaitement
bien executée.
Tous les Arts forment un Balet
general
; il eft fuivi d'un Vaudeville , dont
voici quelques Couplets.
La Mufique
Je fuis cet Art mélodietix
Qui forme l'harmonie ;
Souvent les Heros & les Dieux
Occupent mon génie ;
Mais jamais avec tant d'ardeur ,
Je n'exerce ma Lyre
Que quand je chante la douceur
Reine , de votre Empire.
La Peinture.
C'eft moi dont l'Art ingénieux
Imite la Nature ;
De tout ce qu'on voit fous les Cieux
Je trace la figure ;
F Souvent
2030 MERCURE DE FRANCE
Souvent pour peindre votre Roi ,
Je me mets à l'ouvrage ;
Mais l'Amour encor mieux que
En fçait graver l'image.
L'Aftrologie.
Dans les Aftres je lis fans fin,
C'eft moi qui les confulte ;
Ils m'ont appris que le Dauphin
Caufera du tumulte ;
moi
Rempli des charmes les plus dour
Je prévoi qu'il doit rendre
La moitié du monde jaloux
Et l'autre moitié tendre.
La Navigation.
Mon partage eft de naviguer ,
C'eſt à quoi je préfide ,
Jeunes Marins , venez voguer ,
Je ferai votre guide ,
Vous ne payerez point le tribut
Aux caprices d'Eole ,
Et pour vous mener droit au bur
Je porte la Boufole.
L'Art Militaire.
Servez un Prince aimé des Dieux ,
Venez , Jeuneffe aimable ,
Autant qu'il eft charmant , je veux
La
SEPTEMBRE. 1730. 2031
Le rendre redoutable ;
Si tôt que je vois l'Ennemi
Ma contenance eft fiere ,
Et mon oeil jamais endormi
Garde bien la Frontiere.
L'Art de plaire.
Du fecret de parler au coeur
Je fuis dépofitaire ;
Par un regard doux & flatteur
Je montre l'Art de plaire ;
Mais je croi que de mes Leçons
On n'aura point affaire ;
Car ce bel Art eft aux Bourbons
Un Art hereditaire.
Pierrot an Partere.
Si le Prince que nous chantons ,
Meffieurs , vous intereffe ,
Pour le prouver dans nos Cantons
Faites voir plus de preffe ;
Venez, & qu'un fi beau fujet
Pour nos jeux vous reveille ;
Nous vous faifons voir fon Portrait ,
Rendez-nous la pareille,
On trouvera l'Air noté avec la Chanfon
page 2020.
Le premier Septembre on donna ce
F vj
fpecta2032
MERCURE DE FRANCE
fpectacle gratis à l'occafion de la Naiffance
de Monfeigneur le Duc D'ANJOU
On joija la Comédie des Deux Suivantes
dont il a été parlé , & le Bouquet du Roi
Il y eut le même jour Bal dans l'enclos de
la Foire , & des Illuminations . Tout s'y
pafla fans defordre , & au grand contentement
d'une multitude de peuples
que ces Réjouiffances avoient attires , tant
de la Ville , que du Fauxbourg.
Le 5. le même Opera Comique donna
la premiere Repréſentation de deux Piéces
nouvelles en un Acte chacune ; la
premiere a pour titre L'Amour Marin ,
& l'autre L'Esperance , en Vaudevilles ,
& des Divertiffemens , de la compofition
de M. Gillier,
Louis , l'Opera Comique donna une petite
Piece nouvelle d'un Acte , en Vaudeville
, intitulée Le Bouquet du Roi , à la
quelle on a fait depuis quelques augmentations
à l'occafion de la Ñaiffance de
Monſeigneur le Duc d'Anjou , Cette Piéce
eft de M. Panard , & la Mufique de M.
Gillier: en voici en peu de mots le Sujet.
Premiere Entrée,
La Ville de Paris perſonifiée , accom→
pagnée de fa fuite , invite fes habitans à
celebrer la Fête du Roi , & chante fur
l'Air : F'entends déja le bruit des armes,
A chanter un fi digne Maître
Tout doit nous porter aujourd'hui ;
Les Dieux même nous font connoître
Qu'ils
SEPTEMBRE. 1730. 2023
Qu'ils fe font déclarés pour lui ,
Et le Prince qui vient de naître
Eft un gage de leur appui.
C'est là le Bouquet que le Ciel lui refer
voit , ajoûte la Ville de Paris ; après quoi
on chante':
Que des Dieux la bonté fouveraine
A fur nous répandu de bienfaits !
D'un Roi charmant , d'une charmante Reine
Nous fommes les enfans plutôt que les Sujets.
Les coeurs , dès qu'on le voit , font à lui fans reſerve
;
Chez elle les vertus ont fixé leur féjour ;
Elle eft l'image de Minerve ;
Il eft l'image de l'Amour.
Les Habitans de Paris forment enfuite
le Divertiſſement , & expriment leur joye
par des danfes & c.
Seconde Entrée.
Les Députés des principales Provinces
de France viennent fe joindre à la Ville
de Paris pour mêler leur joye à la fienne,
& forment chacune un nouveau Balet
dans leur different caractere ; après quoi
le Député de la Normandie chante le
Couplet fuivant , fur l'Air : Pierre Bagnolet
Fij Heu
2024 MERCURE DE FRANCE
Heureux qui fera l'apanage
Du nouveau fils de notre Roi.
La Gascogne,
N'efperez pas cet avantage ;
Vous ne l'aurez pas fur ma foi ;
Ce fera moi.
La Ville de Paris voyant arriver le Député
de la Province d'Anjou , acheve de
chanter l'Air,
Ne conteftez pas davantage ,
Cedez à celui que je voi .
Ce Député chante ces paroles avec ur
Accompagnement de Fanfares.
Triomphe , victoire ;
Honneur à l'Anjou ;
D'ici jufqu'au Perou ,
Que tout chante ma gloire,
Triomphe Victoire &c.
Votre difpute eft vaïne ,
Vous perdez votre peine ;
C'eſt à moi qu'eft deſtiné
Le Prince nouveau né.
Triomphe Victoire &c.
Les autres Provinces paroiffent fort
confternées de cette préference ; la Ville
de Paris leur dit de ne pas s'en allarmer
&
SEPTEMBRE . 1730. 2025
& chante fur l'Air , O reguinqué :
Le Ciel qui vous protege tous
Ne veut point faire de jaloux ;
Allez , allez , raffurez-vous ;
Vous verrez que chaque Province
L'une après l'autre aura fon Prince.
Le Député de la Gascogne répond , Oh!
pour moi je lui cede volontiers le pas , &
chante fur l'Air : Ma raifon s'en va beau
train :
Me
Un deſtin plus rare un jour
payera de mon amour.
*
Toi qui t'applaudis
Des fils de Louis ,
Tu n'as que le deuxième ,
Pour ma Province , Cadedis ,
On garde le douziéme ,
Lon la ,
On garde le douziéme.
Toutes les Provinces fe retirent après
le Divertiffement .
Troifiéme Entrée des Arts.
Cette Entrée eft précedée de trois Scenes.
Dans la premiere , l'Opera Comique
fe plaint à la Ville de ce qu'elle ne l'hos
nore plus de fes vifites dans le Fauxbourg,
* Regardant l'Anjou,
F iij la
2026 MERCURE DE FRANCE
la Ville lui répond qu'elle a de plus juftes
reproches à lui faire , & chante fur l'Air
de foconde :
Tandis que tous mes habitans
Pour un Roi qu'ils cheriffent
Font voir des tranſports éclatans
Dont les Cieux retentiffent ,
L'Opera Comique fe tait ;
It eft dans l'indolence ;
Lui que j'ai vu le premier prêt :
D'où vient donc ce filence
J
L'Opera Comique lui répond qu'il ne
mérite point ce reproche , & qu'il n'a
jamais eu tant de zele : Jugez en , dit-il
par ce que j'ai fait ; s'agiffant d'une matiere
auffi importante ,j'ai cru ... & chante fur
l'Air : M. le Prevêt des Marchands :
Qu'il falloit au facré Valon
Chercher le fecours d'Apollon ;
J'ai choifi pour cette Ambaffade
De mes Acteurs le plus cheri ,
Quoique mon Théatre malade
Ait peine à fe paffer de lui.
Pierot arrive , & fait un recit Comique
de fa reception au Parnaffe , & dit qu'Apollon
étoit fi fort occupé à chaffer la
Profe qui inondoit le facré Valon , qu'il
n'a
SEPTEMBRE. 1730. 2027
n'a pû tirer aucun fecours de lui : A qui
donc auraisje recours ? dit l'Opera Comi
que : A moi , répond l'Amour , qui en
tre dans ce moment fur la ſcene , & chante
fur l'Air : Les filles font fi fottes , lon la :
D'Apollon eft-ce là l'emploi ?
Non , ne vous addreffez qu'à moi ,
Seul je puis vous fuffire.
Tout ce qu'on fait pour votre Roi ,
C'est l'Amour qui l'inſpire ,
Lon la ,
C'est l'Amour & c.
Pourquoi chercher d'autre fecours que le
mien ?dit l'Amour à Pierot , avez - vous
oublié ce que j'ai fait pour vous l'année paf
fe , & chante fur l'Air des Triolets :
N'eft- ce pas moi qui l'an paffé
Pour un Maitre fi débonaire
Vous fit rifquer un coup d'effai
N'est-ce pas moi qui l'an paffé ,
Rechaufai votre coeur glacé ,
Par la crainte de lui déplaire.
N'eft-ce pas moi qui l'an paffé
Dictai l'Hopegué , ma Comere.
L'Amour promet enfuite à Pierot d'aller
prefenter au Roi leurs voeux & leurs
hommages après qu'il aura affifté à la
Fiiij Fête
2028 MERCURE DE FRANCE
Fête que les Arts vont donner , à laquelle
il doit préfider , & chante fnr un Air
nouveau :
L'Amour par ma voix vous appelle ,
Beaux Arts , fignalez votre zele ,
Formez un Monument qui de ce jour heureux
Confacre la mémoire ;
Difputez-vous la gloire
De feconder nos foins & d'embellir nos jeux."
L'Amour fe met à la tête des Arts qui
font une marche , après laquelle ils élevent
un Trophée à la gloire du Roi . C'eſt
une espece d'Obelifque de 12. piés de haut,
terminé par deux Lys , figurant le Roi
& la Reine , & cinq boutons de Lys , figurant
la Famille Royale. Au deffous eft
un Globe tranfparent, avec ces mots, Non
deerunt. Le pied de l'Obelifque forme un
Entablement fur lequel les Arts pofent
chacun leurs Attributs , & au milieu on
voit deux riches bordures , garnies de
toiles , fur lesquelles la Peinture fait peindre
les Portraits du Roi & de la Reine.
Après qu'ils font finis , la Ville de Paris
chante ces paroles fur l'Air d'un Menuet
nouveau :
De ceux qui regnent ſur nous
Voyez vous
L'auSEPTEMBRE.
1730. 2829.
·
L'augufte & brillante image.
Que chacun dans ce beau jour,
¡ Afon tour
Vienne lui rendre hommage..
De ces Aftres les doux regards
Vous font un heureux partage ;
Leur regne eft celui des beaux Arts.
La Décoration du Trophée a été trouvée
très bien imaginée , & parfaitement
bien executée.
Tous les Arts forment un Balet
general
; il eft fuivi d'un Vaudeville , dont
voici quelques Couplets.
La Mufique
Je fuis cet Art mélodietix
Qui forme l'harmonie ;
Souvent les Heros & les Dieux
Occupent mon génie ;
Mais jamais avec tant d'ardeur ,
Je n'exerce ma Lyre
Que quand je chante la douceur
Reine , de votre Empire.
La Peinture.
C'eft moi dont l'Art ingénieux
Imite la Nature ;
De tout ce qu'on voit fous les Cieux
Je trace la figure ;
F Souvent
2030 MERCURE DE FRANCE
Souvent pour peindre votre Roi ,
Je me mets à l'ouvrage ;
Mais l'Amour encor mieux que
En fçait graver l'image.
L'Aftrologie.
Dans les Aftres je lis fans fin,
C'eft moi qui les confulte ;
Ils m'ont appris que le Dauphin
Caufera du tumulte ;
moi
Rempli des charmes les plus dour
Je prévoi qu'il doit rendre
La moitié du monde jaloux
Et l'autre moitié tendre.
La Navigation.
Mon partage eft de naviguer ,
C'eſt à quoi je préfide ,
Jeunes Marins , venez voguer ,
Je ferai votre guide ,
Vous ne payerez point le tribut
Aux caprices d'Eole ,
Et pour vous mener droit au bur
Je porte la Boufole.
L'Art Militaire.
Servez un Prince aimé des Dieux ,
Venez , Jeuneffe aimable ,
Autant qu'il eft charmant , je veux
La
SEPTEMBRE. 1730. 2031
Le rendre redoutable ;
Si tôt que je vois l'Ennemi
Ma contenance eft fiere ,
Et mon oeil jamais endormi
Garde bien la Frontiere.
L'Art de plaire.
Du fecret de parler au coeur
Je fuis dépofitaire ;
Par un regard doux & flatteur
Je montre l'Art de plaire ;
Mais je croi que de mes Leçons
On n'aura point affaire ;
Car ce bel Art eft aux Bourbons
Un Art hereditaire.
Pierrot an Partere.
Si le Prince que nous chantons ,
Meffieurs , vous intereffe ,
Pour le prouver dans nos Cantons
Faites voir plus de preffe ;
Venez, & qu'un fi beau fujet
Pour nos jeux vous reveille ;
Nous vous faifons voir fon Portrait ,
Rendez-nous la pareille,
On trouvera l'Air noté avec la Chanfon
page 2020.
Le premier Septembre on donna ce
F vj
fpecta2032
MERCURE DE FRANCE
fpectacle gratis à l'occafion de la Naiffance
de Monfeigneur le Duc D'ANJOU
On joija la Comédie des Deux Suivantes
dont il a été parlé , & le Bouquet du Roi
Il y eut le même jour Bal dans l'enclos de
la Foire , & des Illuminations . Tout s'y
pafla fans defordre , & au grand contentement
d'une multitude de peuples
que ces Réjouiffances avoient attires , tant
de la Ville , que du Fauxbourg.
Le 5. le même Opera Comique donna
la premiere Repréſentation de deux Piéces
nouvelles en un Acte chacune ; la
premiere a pour titre L'Amour Marin ,
& l'autre L'Esperance , en Vaudevilles ,
& des Divertiffemens , de la compofition
de M. Gillier,
Fermer
11
p. 2022-2032
Le Bouquet du Roi, Piece en Vaudeville, Extrait [titre d'après la table]
Début :
Le 24. Août, veille de la Fête de Saint Louis, l'Opera Comique donna une petite [...]
Mots clefs :
Opéra comique, Amour, Paris, Dieu, Reine, Province, Roi, Apollon, Vaudeville
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Bouquet du Roi, Piece en Vaudeville, Extrait [titre d'après la table]
Le 24. Août , veille de la Fête de Saint
Louis , l'Opera Comique donna une petite
Piece nouvelle d'un Acte , en Vaudeville
, intitulée Le Bouquet du Roi , à la
quelle on a fait depuis quelques augmentations
à l'occafion de la Ñaiffance de
Monſeigneur le Duc d'Anjou , Cette Piéce
eft de M. Panard , & la Mufique de M.
Gillier: en voici en peu de mots le Sujet.
Premiere Entrée,
La Ville de Paris perſonifiée , accom→
pagnée de fa fuite , invite fes habitans à
celebrer la Fête du Roi , & chante fur
l'Air : F'entends déja le bruit des armes,
A chanter un fi digne Maître
Tout doit nous porter aujourd'hui ;
Les Dieux même nous font connoître
Qu'ils
SEPTEMBRE. 1730. 2023
Qu'ils fe font déclarés pour lui ,
Et le Prince qui vient de naître
Eft un gage de leur appui.
C'est là le Bouquet que le Ciel lui refer
voit , ajoûte la Ville de Paris ; après quoi
on chante':
Que des Dieux la bonté fouveraine
A fur nous répandu de bienfaits !
D'un Roi charmant , d'une charmante Reine
Nous fommes les enfans plutôt que les Sujets.
Les coeurs , dès qu'on le voit , font à lui fans reſerve
;
Chez elle les vertus ont fixé leur féjour ;
Elle eft l'image de Minerve ;
Il eft l'image de l'Amour.
Les Habitans de Paris forment enfuite
le Divertiſſement , & expriment leur joye
par des danfes & c.
Seconde Entrée.
Les Députés des principales Provinces
de France viennent fe joindre à la Ville
de Paris pour mêler leur joye à la fienne,
& forment chacune un nouveau Balet
dans leur different caractere ; après quoi
le Député de la Normandie chante le
Couplet fuivant , fur l'Air : Pierre Bagnolet
Fij Heu
2024 MERCURE DE FRANCE
Heureux qui fera l'apanage
Du nouveau fils de notre Roi.
La Gascogne,
N'efperez pas cet avantage ;
Vous ne l'aurez pas fur ma foi ;
Ce fera moi.
La Ville de Paris voyant arriver le Député
de la Province d'Anjou , acheve de
chanter l'Air,
Ne conteftez pas davantage ,
Cedez à celui que je voi .
Ce Député chante ces paroles avec ur
Accompagnement de Fanfares.
Triomphe , victoire ;
Honneur à l'Anjou ;
D'ici jufqu'au Perou ,
Que tout chante ma gloire,
Triomphe Victoire &c.
Votre difpute eft vaïne ,
Vous perdez votre peine ;
C'eſt à moi qu'eft deſtiné
Le Prince nouveau né.
Triomphe Victoire &c.
Les autres Provinces paroiffent fort
confternées de cette préference ; la Ville
de Paris leur dit de ne pas s'en allarmer
&
SEPTEMBRE . 1730. 2025
& chante fur l'Air , O reguinqué :
Le Ciel qui vous protege tous
Ne veut point faire de jaloux ;
Allez , allez , raffurez-vous ;
Vous verrez que chaque Province
L'une après l'autre aura fon Prince.
Le Député de la Gascogne répond , Oh!
pour moi je lui cede volontiers le pas , &
chante fur l'Air : Ma raifon s'en va beau
train :
Me
Un deſtin plus rare un jour
payera de mon amour.
*
Toi qui t'applaudis
Des fils de Louis ,
Tu n'as que le deuxième ,
Pour ma Province , Cadedis ,
On garde le douziéme ,
Lon la ,
On garde le douziéme.
Toutes les Provinces fe retirent après
le Divertiffement .
Troifiéme Entrée des Arts.
Cette Entrée eft précedée de trois Scenes.
Dans la premiere , l'Opera Comique
fe plaint à la Ville de ce qu'elle ne l'hos
nore plus de fes vifites dans le Fauxbourg,
* Regardant l'Anjou,
F iij la
2026 MERCURE DE FRANCE
la Ville lui répond qu'elle a de plus juftes
reproches à lui faire , & chante fur l'Air
de foconde :
Tandis que tous mes habitans
Pour un Roi qu'ils cheriffent
Font voir des tranſports éclatans
Dont les Cieux retentiffent ,
L'Opera Comique fe tait ;
It eft dans l'indolence ;
Lui que j'ai vu le premier prêt :
D'où vient donc ce filence
J
L'Opera Comique lui répond qu'il ne
mérite point ce reproche , & qu'il n'a
jamais eu tant de zele : Jugez en , dit-il
par ce que j'ai fait ; s'agiffant d'une matiere
auffi importante ,j'ai cru ... & chante fur
l'Air : M. le Prevêt des Marchands :
Qu'il falloit au facré Valon
Chercher le fecours d'Apollon ;
J'ai choifi pour cette Ambaffade
De mes Acteurs le plus cheri ,
Quoique mon Théatre malade
Ait peine à fe paffer de lui.
Pierot arrive , & fait un recit Comique
de fa reception au Parnaffe , & dit qu'Apollon
étoit fi fort occupé à chaffer la
Profe qui inondoit le facré Valon , qu'il
n'a
SEPTEMBRE. 1730. 2027
n'a pû tirer aucun fecours de lui : A qui
donc auraisje recours ? dit l'Opera Comi
que : A moi , répond l'Amour , qui en
tre dans ce moment fur la ſcene , & chante
fur l'Air : Les filles font fi fottes , lon la :
D'Apollon eft-ce là l'emploi ?
Non , ne vous addreffez qu'à moi ,
Seul je puis vous fuffire.
Tout ce qu'on fait pour votre Roi ,
C'est l'Amour qui l'inſpire ,
Lon la ,
C'est l'Amour & c.
Pourquoi chercher d'autre fecours que le
mien ?dit l'Amour à Pierot , avez - vous
oublié ce que j'ai fait pour vous l'année paf
fe , & chante fur l'Air des Triolets :
N'eft- ce pas moi qui l'an paffé
Pour un Maitre fi débonaire
Vous fit rifquer un coup d'effai
N'est-ce pas moi qui l'an paffé ,
Rechaufai votre coeur glacé ,
Par la crainte de lui déplaire.
N'eft-ce pas moi qui l'an paffé
Dictai l'Hopegué , ma Comere.
L'Amour promet enfuite à Pierot d'aller
prefenter au Roi leurs voeux & leurs
hommages après qu'il aura affifté à la
Fiiij Fête
2028 MERCURE DE FRANCE
Fête que les Arts vont donner , à laquelle
il doit préfider , & chante fnr un Air
nouveau :
L'Amour par ma voix vous appelle ,
Beaux Arts , fignalez votre zele ,
Formez un Monument qui de ce jour heureux
Confacre la mémoire ;
Difputez-vous la gloire
De feconder nos foins & d'embellir nos jeux."
L'Amour fe met à la tête des Arts qui
font une marche , après laquelle ils élevent
un Trophée à la gloire du Roi . C'eſt
une espece d'Obelifque de 12. piés de haut,
terminé par deux Lys , figurant le Roi
& la Reine , & cinq boutons de Lys , figurant
la Famille Royale. Au deffous eft
un Globe tranfparent, avec ces mots, Non
deerunt. Le pied de l'Obelifque forme un
Entablement fur lequel les Arts pofent
chacun leurs Attributs , & au milieu on
voit deux riches bordures , garnies de
toiles , fur lesquelles la Peinture fait peindre
les Portraits du Roi & de la Reine.
Après qu'ils font finis , la Ville de Paris
chante ces paroles fur l'Air d'un Menuet
nouveau :
De ceux qui regnent ſur nous
Voyez vous
L'auSEPTEMBRE.
1730. 2829.
·
L'augufte & brillante image.
Que chacun dans ce beau jour,
¡ Afon tour
Vienne lui rendre hommage..
De ces Aftres les doux regards
Vous font un heureux partage ;
Leur regne eft celui des beaux Arts.
La Décoration du Trophée a été trouvée
très bien imaginée , & parfaitement
bien executée.
Tous les Arts forment un Balet
general
; il eft fuivi d'un Vaudeville , dont
voici quelques Couplets.
La Mufique
Je fuis cet Art mélodietix
Qui forme l'harmonie ;
Souvent les Heros & les Dieux
Occupent mon génie ;
Mais jamais avec tant d'ardeur ,
Je n'exerce ma Lyre
Que quand je chante la douceur
Reine , de votre Empire.
La Peinture.
C'eft moi dont l'Art ingénieux
Imite la Nature ;
De tout ce qu'on voit fous les Cieux
Je trace la figure ;
F Souvent
2030 MERCURE DE FRANCE
Souvent pour peindre votre Roi ,
Je me mets à l'ouvrage ;
Mais l'Amour encor mieux que
En fçait graver l'image.
L'Aftrologie.
Dans les Aftres je lis fans fin,
C'eft moi qui les confulte ;
Ils m'ont appris que le Dauphin
Caufera du tumulte ;
moi
Rempli des charmes les plus dour
Je prévoi qu'il doit rendre
La moitié du monde jaloux
Et l'autre moitié tendre.
La Navigation.
Mon partage eft de naviguer ,
C'eſt à quoi je préfide ,
Jeunes Marins , venez voguer ,
Je ferai votre guide ,
Vous ne payerez point le tribut
Aux caprices d'Eole ,
Et pour vous mener droit au bur
Je porte la Boufole.
L'Art Militaire.
Servez un Prince aimé des Dieux ,
Venez , Jeuneffe aimable ,
Autant qu'il eft charmant , je veux
La
SEPTEMBRE. 1730. 2031
Le rendre redoutable ;
Si tôt que je vois l'Ennemi
Ma contenance eft fiere ,
Et mon oeil jamais endormi
Garde bien la Frontiere.
L'Art de plaire.
Du fecret de parler au coeur
Je fuis dépofitaire ;
Par un regard doux & flatteur
Je montre l'Art de plaire ;
Mais je croi que de mes Leçons
On n'aura point affaire ;
Car ce bel Art eft aux Bourbons
Un Art hereditaire.
Pierrot an Partere.
Si le Prince que nous chantons ,
Meffieurs , vous intereffe ,
Pour le prouver dans nos Cantons
Faites voir plus de preffe ;
Venez, & qu'un fi beau fujet
Pour nos jeux vous reveille ;
Nous vous faifons voir fon Portrait ,
Rendez-nous la pareille,
On trouvera l'Air noté avec la Chanfon
page 2020.
Le premier Septembre on donna ce
F vj
fpecta2032
MERCURE DE FRANCE
fpectacle gratis à l'occafion de la Naiffance
de Monfeigneur le Duc D'ANJOU
On joija la Comédie des Deux Suivantes
dont il a été parlé , & le Bouquet du Roi
Il y eut le même jour Bal dans l'enclos de
la Foire , & des Illuminations . Tout s'y
pafla fans defordre , & au grand contentement
d'une multitude de peuples
que ces Réjouiffances avoient attires , tant
de la Ville , que du Fauxbourg.
Le 5. le même Opera Comique donna
la premiere Repréſentation de deux Piéces
nouvelles en un Acte chacune ; la
premiere a pour titre L'Amour Marin ,
& l'autre L'Esperance , en Vaudevilles ,
& des Divertiffemens , de la compofition
de M. Gillier,
Louis , l'Opera Comique donna une petite
Piece nouvelle d'un Acte , en Vaudeville
, intitulée Le Bouquet du Roi , à la
quelle on a fait depuis quelques augmentations
à l'occafion de la Ñaiffance de
Monſeigneur le Duc d'Anjou , Cette Piéce
eft de M. Panard , & la Mufique de M.
Gillier: en voici en peu de mots le Sujet.
Premiere Entrée,
La Ville de Paris perſonifiée , accom→
pagnée de fa fuite , invite fes habitans à
celebrer la Fête du Roi , & chante fur
l'Air : F'entends déja le bruit des armes,
A chanter un fi digne Maître
Tout doit nous porter aujourd'hui ;
Les Dieux même nous font connoître
Qu'ils
SEPTEMBRE. 1730. 2023
Qu'ils fe font déclarés pour lui ,
Et le Prince qui vient de naître
Eft un gage de leur appui.
C'est là le Bouquet que le Ciel lui refer
voit , ajoûte la Ville de Paris ; après quoi
on chante':
Que des Dieux la bonté fouveraine
A fur nous répandu de bienfaits !
D'un Roi charmant , d'une charmante Reine
Nous fommes les enfans plutôt que les Sujets.
Les coeurs , dès qu'on le voit , font à lui fans reſerve
;
Chez elle les vertus ont fixé leur féjour ;
Elle eft l'image de Minerve ;
Il eft l'image de l'Amour.
Les Habitans de Paris forment enfuite
le Divertiſſement , & expriment leur joye
par des danfes & c.
Seconde Entrée.
Les Députés des principales Provinces
de France viennent fe joindre à la Ville
de Paris pour mêler leur joye à la fienne,
& forment chacune un nouveau Balet
dans leur different caractere ; après quoi
le Député de la Normandie chante le
Couplet fuivant , fur l'Air : Pierre Bagnolet
Fij Heu
2024 MERCURE DE FRANCE
Heureux qui fera l'apanage
Du nouveau fils de notre Roi.
La Gascogne,
N'efperez pas cet avantage ;
Vous ne l'aurez pas fur ma foi ;
Ce fera moi.
La Ville de Paris voyant arriver le Député
de la Province d'Anjou , acheve de
chanter l'Air,
Ne conteftez pas davantage ,
Cedez à celui que je voi .
Ce Député chante ces paroles avec ur
Accompagnement de Fanfares.
Triomphe , victoire ;
Honneur à l'Anjou ;
D'ici jufqu'au Perou ,
Que tout chante ma gloire,
Triomphe Victoire &c.
Votre difpute eft vaïne ,
Vous perdez votre peine ;
C'eſt à moi qu'eft deſtiné
Le Prince nouveau né.
Triomphe Victoire &c.
Les autres Provinces paroiffent fort
confternées de cette préference ; la Ville
de Paris leur dit de ne pas s'en allarmer
&
SEPTEMBRE . 1730. 2025
& chante fur l'Air , O reguinqué :
Le Ciel qui vous protege tous
Ne veut point faire de jaloux ;
Allez , allez , raffurez-vous ;
Vous verrez que chaque Province
L'une après l'autre aura fon Prince.
Le Député de la Gascogne répond , Oh!
pour moi je lui cede volontiers le pas , &
chante fur l'Air : Ma raifon s'en va beau
train :
Me
Un deſtin plus rare un jour
payera de mon amour.
*
Toi qui t'applaudis
Des fils de Louis ,
Tu n'as que le deuxième ,
Pour ma Province , Cadedis ,
On garde le douziéme ,
Lon la ,
On garde le douziéme.
Toutes les Provinces fe retirent après
le Divertiffement .
Troifiéme Entrée des Arts.
Cette Entrée eft précedée de trois Scenes.
Dans la premiere , l'Opera Comique
fe plaint à la Ville de ce qu'elle ne l'hos
nore plus de fes vifites dans le Fauxbourg,
* Regardant l'Anjou,
F iij la
2026 MERCURE DE FRANCE
la Ville lui répond qu'elle a de plus juftes
reproches à lui faire , & chante fur l'Air
de foconde :
Tandis que tous mes habitans
Pour un Roi qu'ils cheriffent
Font voir des tranſports éclatans
Dont les Cieux retentiffent ,
L'Opera Comique fe tait ;
It eft dans l'indolence ;
Lui que j'ai vu le premier prêt :
D'où vient donc ce filence
J
L'Opera Comique lui répond qu'il ne
mérite point ce reproche , & qu'il n'a
jamais eu tant de zele : Jugez en , dit-il
par ce que j'ai fait ; s'agiffant d'une matiere
auffi importante ,j'ai cru ... & chante fur
l'Air : M. le Prevêt des Marchands :
Qu'il falloit au facré Valon
Chercher le fecours d'Apollon ;
J'ai choifi pour cette Ambaffade
De mes Acteurs le plus cheri ,
Quoique mon Théatre malade
Ait peine à fe paffer de lui.
Pierot arrive , & fait un recit Comique
de fa reception au Parnaffe , & dit qu'Apollon
étoit fi fort occupé à chaffer la
Profe qui inondoit le facré Valon , qu'il
n'a
SEPTEMBRE. 1730. 2027
n'a pû tirer aucun fecours de lui : A qui
donc auraisje recours ? dit l'Opera Comi
que : A moi , répond l'Amour , qui en
tre dans ce moment fur la ſcene , & chante
fur l'Air : Les filles font fi fottes , lon la :
D'Apollon eft-ce là l'emploi ?
Non , ne vous addreffez qu'à moi ,
Seul je puis vous fuffire.
Tout ce qu'on fait pour votre Roi ,
C'est l'Amour qui l'inſpire ,
Lon la ,
C'est l'Amour & c.
Pourquoi chercher d'autre fecours que le
mien ?dit l'Amour à Pierot , avez - vous
oublié ce que j'ai fait pour vous l'année paf
fe , & chante fur l'Air des Triolets :
N'eft- ce pas moi qui l'an paffé
Pour un Maitre fi débonaire
Vous fit rifquer un coup d'effai
N'est-ce pas moi qui l'an paffé ,
Rechaufai votre coeur glacé ,
Par la crainte de lui déplaire.
N'eft-ce pas moi qui l'an paffé
Dictai l'Hopegué , ma Comere.
L'Amour promet enfuite à Pierot d'aller
prefenter au Roi leurs voeux & leurs
hommages après qu'il aura affifté à la
Fiiij Fête
2028 MERCURE DE FRANCE
Fête que les Arts vont donner , à laquelle
il doit préfider , & chante fnr un Air
nouveau :
L'Amour par ma voix vous appelle ,
Beaux Arts , fignalez votre zele ,
Formez un Monument qui de ce jour heureux
Confacre la mémoire ;
Difputez-vous la gloire
De feconder nos foins & d'embellir nos jeux."
L'Amour fe met à la tête des Arts qui
font une marche , après laquelle ils élevent
un Trophée à la gloire du Roi . C'eſt
une espece d'Obelifque de 12. piés de haut,
terminé par deux Lys , figurant le Roi
& la Reine , & cinq boutons de Lys , figurant
la Famille Royale. Au deffous eft
un Globe tranfparent, avec ces mots, Non
deerunt. Le pied de l'Obelifque forme un
Entablement fur lequel les Arts pofent
chacun leurs Attributs , & au milieu on
voit deux riches bordures , garnies de
toiles , fur lesquelles la Peinture fait peindre
les Portraits du Roi & de la Reine.
Après qu'ils font finis , la Ville de Paris
chante ces paroles fur l'Air d'un Menuet
nouveau :
De ceux qui regnent ſur nous
Voyez vous
L'auSEPTEMBRE.
1730. 2829.
·
L'augufte & brillante image.
Que chacun dans ce beau jour,
¡ Afon tour
Vienne lui rendre hommage..
De ces Aftres les doux regards
Vous font un heureux partage ;
Leur regne eft celui des beaux Arts.
La Décoration du Trophée a été trouvée
très bien imaginée , & parfaitement
bien executée.
Tous les Arts forment un Balet
general
; il eft fuivi d'un Vaudeville , dont
voici quelques Couplets.
La Mufique
Je fuis cet Art mélodietix
Qui forme l'harmonie ;
Souvent les Heros & les Dieux
Occupent mon génie ;
Mais jamais avec tant d'ardeur ,
Je n'exerce ma Lyre
Que quand je chante la douceur
Reine , de votre Empire.
La Peinture.
C'eft moi dont l'Art ingénieux
Imite la Nature ;
De tout ce qu'on voit fous les Cieux
Je trace la figure ;
F Souvent
2030 MERCURE DE FRANCE
Souvent pour peindre votre Roi ,
Je me mets à l'ouvrage ;
Mais l'Amour encor mieux que
En fçait graver l'image.
L'Aftrologie.
Dans les Aftres je lis fans fin,
C'eft moi qui les confulte ;
Ils m'ont appris que le Dauphin
Caufera du tumulte ;
moi
Rempli des charmes les plus dour
Je prévoi qu'il doit rendre
La moitié du monde jaloux
Et l'autre moitié tendre.
La Navigation.
Mon partage eft de naviguer ,
C'eſt à quoi je préfide ,
Jeunes Marins , venez voguer ,
Je ferai votre guide ,
Vous ne payerez point le tribut
Aux caprices d'Eole ,
Et pour vous mener droit au bur
Je porte la Boufole.
L'Art Militaire.
Servez un Prince aimé des Dieux ,
Venez , Jeuneffe aimable ,
Autant qu'il eft charmant , je veux
La
SEPTEMBRE. 1730. 2031
Le rendre redoutable ;
Si tôt que je vois l'Ennemi
Ma contenance eft fiere ,
Et mon oeil jamais endormi
Garde bien la Frontiere.
L'Art de plaire.
Du fecret de parler au coeur
Je fuis dépofitaire ;
Par un regard doux & flatteur
Je montre l'Art de plaire ;
Mais je croi que de mes Leçons
On n'aura point affaire ;
Car ce bel Art eft aux Bourbons
Un Art hereditaire.
Pierrot an Partere.
Si le Prince que nous chantons ,
Meffieurs , vous intereffe ,
Pour le prouver dans nos Cantons
Faites voir plus de preffe ;
Venez, & qu'un fi beau fujet
Pour nos jeux vous reveille ;
Nous vous faifons voir fon Portrait ,
Rendez-nous la pareille,
On trouvera l'Air noté avec la Chanfon
page 2020.
Le premier Septembre on donna ce
F vj
fpecta2032
MERCURE DE FRANCE
fpectacle gratis à l'occafion de la Naiffance
de Monfeigneur le Duc D'ANJOU
On joija la Comédie des Deux Suivantes
dont il a été parlé , & le Bouquet du Roi
Il y eut le même jour Bal dans l'enclos de
la Foire , & des Illuminations . Tout s'y
pafla fans defordre , & au grand contentement
d'une multitude de peuples
que ces Réjouiffances avoient attires , tant
de la Ville , que du Fauxbourg.
Le 5. le même Opera Comique donna
la premiere Repréſentation de deux Piéces
nouvelles en un Acte chacune ; la
premiere a pour titre L'Amour Marin ,
& l'autre L'Esperance , en Vaudevilles ,
& des Divertiffemens , de la compofition
de M. Gillier,
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Résumé : Le Bouquet du Roi, Piece en Vaudeville, Extrait [titre d'après la table]
Le 24 août 1730, veille de la Fête de Saint Louis, l'Opéra Comique a présenté une pièce en vaudeville intitulée 'Le Bouquet du Roi' en l'honneur de la naissance du Duc d'Anjou. Cette pièce, écrite par M. Panard et accompagnée de la musique de M. Gillier, se compose de trois entrées. Dans la première entrée, la Ville de Paris, personnifiée et accompagnée de sa suite, invite ses habitants à célébrer la fête du roi. Elle chante les bienfaits du ciel et la joie apportée par la naissance du prince. Les habitants expriment leur allégresse par des danses. Dans la seconde entrée, les députés des principales provinces de France rejoignent la Ville de Paris pour partager leur joie. Chaque province forme un ballet et exprime son désir de voir le nouveau prince comme héritier. La Normandie et la Gascogne rivalisent pour cet honneur, mais la Ville de Paris assure que chaque province aura son prince. La troisième entrée est précédée de trois scènes. L'Opéra Comique se plaint à la Ville de Paris de ne plus être visité dans le faubourg. La Ville répond en reprochant à l'Opéra Comique son silence. L'Opéra Comique rétorque qu'il a toujours été zélé et raconte une visite au Parnasse où Apollon était occupé. L'Amour intervient alors, affirmant qu'il est le seul à pouvoir aider. Il promet d'aller présenter les vœux au roi après une fête des Arts. Les Arts, dirigés par l'Amour, élèvent un trophée à la gloire du roi, représentant la famille royale. La Ville de Paris chante ensuite l'image auguste et brillante des souverains. La décoration du trophée est bien imaginée et exécutée. Les Arts forment un ballet général suivi d'un vaudeville où chaque art exprime son rôle et son admiration pour le roi. Le 1er septembre, ce spectacle a été donné gratuitement à l'occasion de la naissance du Duc d'Anjou. La journée a également inclus une comédie, un bal et des illuminations, se déroulant sans désordre et au grand contentement du public. Le 5 septembre, l'Opéra Comique a présenté deux nouvelles pièces en un acte : 'L'Amour Marin' et 'L'Espérance'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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12
p. 2425-2432
Histoire generale de Languedoc, &c. [titre d'après la table]
Début :
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC, avec des Notes & les Pieces justificatives, [...]
Mots clefs :
Languedoc, Histoire, Province, France, Narbonne, Ouvrage, Événements
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Histoire generale de Languedoc, &c. [titre d'après la table]
HISTOIRE GENERALE DE LANGUEDOC ,
avec des Notes & les Pieces juftificatives ,
compofée fur les Auteurs & les Titres
originaux & enrichie de divers Monu-
E mens
2
2426 MERCURE DE FRANCE .
mens , par deux Religieux Benedictins de
la Congrégation de S. Maur. Tome premier
, vol. in-folio de 758. pages , fans
des Preuves & la Table generale des noms
& des Matieres , qui en contiennent 214.
A Paris , chez Jacques Vincent , rue S.Severin
, à l'Ange , M. DCC. XXX.
Une Hiftoire entiere & exacte de la
Province de Languedoc mérite fans
doute une attention finguliere . Le Languedoc
eft une des plus belles & des plus
grandes Provinces du Royaume , des
mieux fituées, & peut- être la plus féconde
en Evenemens.En effet ce Pays comprend ,
outre prefque toute la Narbonnoife I. une
partie confiderable de l'Aquitaine I , avec
une portion de la Viennoife & de la No.
vempopulanie , Régions qui n'ayant été
unies pour former un même corps ,
que vers le commencement du XIII. fie
cle , il n'a pas été poffible , en rapportang
les Evenemens qui s'y font paffez , de ne
pas parler jufqu'à ce temps -là , à caufe
de la neceffité de leur liaiſon , de ceux
des anciennes Provinces, dont ils faifoient
autrefois partie.
Il faut d'ailleurs remarquer que pendant
plufieurs ficcles , Narbonne a été la
Métropole de toute la Narbonnoife &
Toulouſe , en trois differens temps , la Capitale
d'un Royaume fort étendu ; que le
DoNOVEMBRE.
1730. 2427
at
12
&
Ca
le
Domaine des Ducs de Septimanie ou Mar
quis de Gothie & des Comtes de Tou
loufe renfermoit une partie confiderable
des Provinces voifines ; enfin, que depuis
que le nom de Languedoc fut mis en
ufage au XIII . fiecle , on comprit fous
cette domination , jufqu'au regne de Char
les VII. prefque la moitié de la France, ce
qui fait que cette nouvelle Hiftoire eft
plutôt celle de la Partie Méridionale du
Royaume , que celle d'une Province particuliere
. C'eft auffi ce qui a engagé nos
Auteurs à remplir une vafte carriere, fans
qu'on puiffe leur reprocher d'avoir paffé
au-delà des bornes de leur fujet .
*
Il y a lieu , au reſte , de s'étonner que
ce même fujet fi vafte , fi noble , fi intereffant
, fi digne enfin de former un
beau corps d'Hiftoire , ait été négligé juſqu'au
point qu'on peut dire , que ceux qui
jufqu'ici ont travaillé à l'Hiſtoire de Languedoc
, n'en ont donné que des ébauches
très- imparfaites.
Un projet mieux concerté , fuivi d'une
execution parfaite , étoit réfervé à des
temps plus heureux & à des hommes plus
capables de s'en acquitter. Les RR . PP.
D. Gabriel Marcland , & D, Pierre Auzieres
, Benedictins de la Congrégation
de S. Maur , furent d'abord chargez de
ce grand Ouvrage en l'année 1709. Les
E ij RR ,
2428 MERCURE DE FRANCE
RR.PP.D. Claude de Vic , & D. Jofeph
Vaiffete , de la même Congrégation , leur
furent fubftituez en l'année 1715. & font
venus enfin heureufement à bout de l'executer.
Une Préface affez étendue , & qui n'ennuye
point , inftruit le Lecteur de plufieurs
chofes neceffaires à fçavoir , avant
que d'entreprendre la lecture de cette
Hiftoire ; elle en contient auffi le Plan
general , & on remarque en particulier
La reconnoiffance des fçavans Auteurs
envers toutes les perfonnes qui ont concouru
, foit par leur protection , ſoit par
des fecours litteraires , à l'avancement &
à la perfection de leur Ouvrage : entre
les premiers on diftingue MM. de la Berchere
& de Beauveau , fucceffivement Archevêques
de Narbonne, & Préfidens - nez
des Etats de la Province de Languedoc.
Ce premier volume eft divifé en dix
Livres , qui commencent ou finiffent tous
par quelque Epoque remarquable. Le prémier
comprend l'Hiftoire de la Tranfmigration
& des Expeditions des Tectofages
& de leur établiffement dans la Galarie.
Le fecond & le troifiéme contiennent
les Révolutions arrivées dans la Province,
tandis qu'elle fut entierement foumise à
la République Romaine,ou qu'elle fit partie
de l'Empire.
L'enNOVEMBRE.
1730. 2420
3
L'entrée & l'établiffement des Viligots
dans les Gaules , la fondation de leur
Royaume de Touloule , & la conquête
qu'ils firent enfin de toute la Narbonnoife
premiere , font la príncipale matiere
du quatriéme Livre.
१
Le cinquiéme reprefente ces Peuples
Maîtres de prefque tout le Languedoc
jufqu'au commencement du VI fiecle
que les François leur enleverent une partie
de cette Province , avec tout ce qu'ils
poffedoient en Aquitaine. On y voit aufft
la tranflation du Siege de leur Royaume
au- delà des Pyrenées .
Le Vie & le VIIe renferment les divers
évenemens arrivez dans le Languedoc
, pendant le temps que cette Provin
ce étoit partagée entre les François & les
Vifigots, jufqu'à la deftruction du Royaume
de ces derniers , par l'invafion des Sarrafins.
L'Hiftoire de la Province fous le regne
des Sarafins , fait la matiere du VIII Li
vre. On y voit leurs differentes incurfons
dans les Gaules , leur expulfion pat
Charles Martel & par Pepin le Bref ; l'u
nion que fit ce dernier de Septimanie à
La Couronne , & enfin la réunion du reſte
du Languedoc.
Le I Xe Livre commence par l'érection
que fit Charlemagne de l'Aquitaine ent
Eiij Royau
•
2430 MERCURE DE FRANCE
Royaume. Touloufe en fut la Capitale ,
& la Septimanie en fit long- temps partie
, ce qui a engagé nos Hiftoriens à s'étendre
fur les évenemens qui s'y font paffez
& qui font tout- à-fait de leur fujet .
Le X Livre finit par la réunion de ce
Royaume au refte de la Monarchie , &
l'extinction de ſes Rois particuliers, après
la mort de Charles le Chauve. C'eſt- là le
Plan de ce premier volume, qui eft écrit
d'un ftile noble & fimple tout enfemble ,
avec une diction pure,& qui attache agréablement
le Lecteur.
On n'a rien épargné , au refte , pour
orner cet Ouvrage , mais tous les ornemens
y font utiles & inftructifs.
Outre une bonne Carte de toute la Gaule
Narbonnoiſe , des Deffeins exacts & trèsbien
gravez , des Antiquitez dont on *
voit encore les reftes à Nifmes , & le Plan
& élevation du fameux Pont du Gard ,
on voit à la tête de chaque Livre & au
commencement des Notes , qui font un
corps d'ouvrage féparé à la fin de l'Hiftoire,
on voit , dis-je, une fort belle Eftampe
en Vignette , qui en reprefente le principal
fujer. D'habiles Peintres , comme
MT Cazes , Retout , &c. en ont donné les
Deffeins , & des Graveurs de réputation
* Le Temple de Diane , la Maiſon Quarrés,
Amphiteatre,
les
NOVEMBRE. 1730. 2431
les ont executez . Deux de ces Eftampes
nous ont particulierement frappés. La premiere
eft à la tête du III Livre, & reprefente
la dédicace du fameux Autel de
Narbonne , érigé en l'honneur d'Augufte,
furquoi nos Hiftoriens ont dit des chofes
très-curieufes ; le Deffein eft de M. Cazes,
& la feconde à la tête du corps des Notes
, peint admirablement bien le Port de
Cette. Elle eft de l'invention de M. Rigaud
de Marfeille , qui excelle particulierement
dans les Marines , & qui l'a
auffi fort bien gravée.
Nous ne dirons rien des Lettres grifes ,
autre ornement d'une bonne main , qui
fe trouve à la tête de chaque Livre , &
qui n'eft pas moins agréable qu'inftructif.
On en voit l'explication à la fin de la
Préface , page xx .
Il nous refte à dire que ce premier Volume
, qui fera fuivi de plufieurs autres ,
eft dédié aux Etats de la Province de Languedoc
, dont on voit la Sale & l'ordre
de leur Affemblée generale , repréfentée
dans une belle Eftampe qui eft à la tête
d'une Epitre Dédicatoire , digne du fujet
& des Hiftoriens qui l'ont traitée. Les De
putez des Etats , ayant à leur tête M. de
Beauveau , Archevêque de Narbonne
Préfident , curent l'honneur de le préſenter
au Roi le 30. Août dernier , jour de
E iiij la
2432 MERCURE DE FRANCE
la Naiffance de M. le Duc d'Anjou , &
S. M. le reçut avec des marques de fatisfaction
& de bonté.
avec des Notes & les Pieces juftificatives ,
compofée fur les Auteurs & les Titres
originaux & enrichie de divers Monu-
E mens
2
2426 MERCURE DE FRANCE .
mens , par deux Religieux Benedictins de
la Congrégation de S. Maur. Tome premier
, vol. in-folio de 758. pages , fans
des Preuves & la Table generale des noms
& des Matieres , qui en contiennent 214.
A Paris , chez Jacques Vincent , rue S.Severin
, à l'Ange , M. DCC. XXX.
Une Hiftoire entiere & exacte de la
Province de Languedoc mérite fans
doute une attention finguliere . Le Languedoc
eft une des plus belles & des plus
grandes Provinces du Royaume , des
mieux fituées, & peut- être la plus féconde
en Evenemens.En effet ce Pays comprend ,
outre prefque toute la Narbonnoife I. une
partie confiderable de l'Aquitaine I , avec
une portion de la Viennoife & de la No.
vempopulanie , Régions qui n'ayant été
unies pour former un même corps ,
que vers le commencement du XIII. fie
cle , il n'a pas été poffible , en rapportang
les Evenemens qui s'y font paffez , de ne
pas parler jufqu'à ce temps -là , à caufe
de la neceffité de leur liaiſon , de ceux
des anciennes Provinces, dont ils faifoient
autrefois partie.
Il faut d'ailleurs remarquer que pendant
plufieurs ficcles , Narbonne a été la
Métropole de toute la Narbonnoife &
Toulouſe , en trois differens temps , la Capitale
d'un Royaume fort étendu ; que le
DoNOVEMBRE.
1730. 2427
at
12
&
Ca
le
Domaine des Ducs de Septimanie ou Mar
quis de Gothie & des Comtes de Tou
loufe renfermoit une partie confiderable
des Provinces voifines ; enfin, que depuis
que le nom de Languedoc fut mis en
ufage au XIII . fiecle , on comprit fous
cette domination , jufqu'au regne de Char
les VII. prefque la moitié de la France, ce
qui fait que cette nouvelle Hiftoire eft
plutôt celle de la Partie Méridionale du
Royaume , que celle d'une Province particuliere
. C'eft auffi ce qui a engagé nos
Auteurs à remplir une vafte carriere, fans
qu'on puiffe leur reprocher d'avoir paffé
au-delà des bornes de leur fujet .
*
Il y a lieu , au reſte , de s'étonner que
ce même fujet fi vafte , fi noble , fi intereffant
, fi digne enfin de former un
beau corps d'Hiftoire , ait été négligé juſqu'au
point qu'on peut dire , que ceux qui
jufqu'ici ont travaillé à l'Hiſtoire de Languedoc
, n'en ont donné que des ébauches
très- imparfaites.
Un projet mieux concerté , fuivi d'une
execution parfaite , étoit réfervé à des
temps plus heureux & à des hommes plus
capables de s'en acquitter. Les RR . PP.
D. Gabriel Marcland , & D, Pierre Auzieres
, Benedictins de la Congrégation
de S. Maur , furent d'abord chargez de
ce grand Ouvrage en l'année 1709. Les
E ij RR ,
2428 MERCURE DE FRANCE
RR.PP.D. Claude de Vic , & D. Jofeph
Vaiffete , de la même Congrégation , leur
furent fubftituez en l'année 1715. & font
venus enfin heureufement à bout de l'executer.
Une Préface affez étendue , & qui n'ennuye
point , inftruit le Lecteur de plufieurs
chofes neceffaires à fçavoir , avant
que d'entreprendre la lecture de cette
Hiftoire ; elle en contient auffi le Plan
general , & on remarque en particulier
La reconnoiffance des fçavans Auteurs
envers toutes les perfonnes qui ont concouru
, foit par leur protection , ſoit par
des fecours litteraires , à l'avancement &
à la perfection de leur Ouvrage : entre
les premiers on diftingue MM. de la Berchere
& de Beauveau , fucceffivement Archevêques
de Narbonne, & Préfidens - nez
des Etats de la Province de Languedoc.
Ce premier volume eft divifé en dix
Livres , qui commencent ou finiffent tous
par quelque Epoque remarquable. Le prémier
comprend l'Hiftoire de la Tranfmigration
& des Expeditions des Tectofages
& de leur établiffement dans la Galarie.
Le fecond & le troifiéme contiennent
les Révolutions arrivées dans la Province,
tandis qu'elle fut entierement foumise à
la République Romaine,ou qu'elle fit partie
de l'Empire.
L'enNOVEMBRE.
1730. 2420
3
L'entrée & l'établiffement des Viligots
dans les Gaules , la fondation de leur
Royaume de Touloule , & la conquête
qu'ils firent enfin de toute la Narbonnoife
premiere , font la príncipale matiere
du quatriéme Livre.
१
Le cinquiéme reprefente ces Peuples
Maîtres de prefque tout le Languedoc
jufqu'au commencement du VI fiecle
que les François leur enleverent une partie
de cette Province , avec tout ce qu'ils
poffedoient en Aquitaine. On y voit aufft
la tranflation du Siege de leur Royaume
au- delà des Pyrenées .
Le Vie & le VIIe renferment les divers
évenemens arrivez dans le Languedoc
, pendant le temps que cette Provin
ce étoit partagée entre les François & les
Vifigots, jufqu'à la deftruction du Royaume
de ces derniers , par l'invafion des Sarrafins.
L'Hiftoire de la Province fous le regne
des Sarafins , fait la matiere du VIII Li
vre. On y voit leurs differentes incurfons
dans les Gaules , leur expulfion pat
Charles Martel & par Pepin le Bref ; l'u
nion que fit ce dernier de Septimanie à
La Couronne , & enfin la réunion du reſte
du Languedoc.
Le I Xe Livre commence par l'érection
que fit Charlemagne de l'Aquitaine ent
Eiij Royau
•
2430 MERCURE DE FRANCE
Royaume. Touloufe en fut la Capitale ,
& la Septimanie en fit long- temps partie
, ce qui a engagé nos Hiftoriens à s'étendre
fur les évenemens qui s'y font paffez
& qui font tout- à-fait de leur fujet .
Le X Livre finit par la réunion de ce
Royaume au refte de la Monarchie , &
l'extinction de ſes Rois particuliers, après
la mort de Charles le Chauve. C'eſt- là le
Plan de ce premier volume, qui eft écrit
d'un ftile noble & fimple tout enfemble ,
avec une diction pure,& qui attache agréablement
le Lecteur.
On n'a rien épargné , au refte , pour
orner cet Ouvrage , mais tous les ornemens
y font utiles & inftructifs.
Outre une bonne Carte de toute la Gaule
Narbonnoiſe , des Deffeins exacts & trèsbien
gravez , des Antiquitez dont on *
voit encore les reftes à Nifmes , & le Plan
& élevation du fameux Pont du Gard ,
on voit à la tête de chaque Livre & au
commencement des Notes , qui font un
corps d'ouvrage féparé à la fin de l'Hiftoire,
on voit , dis-je, une fort belle Eftampe
en Vignette , qui en reprefente le principal
fujer. D'habiles Peintres , comme
MT Cazes , Retout , &c. en ont donné les
Deffeins , & des Graveurs de réputation
* Le Temple de Diane , la Maiſon Quarrés,
Amphiteatre,
les
NOVEMBRE. 1730. 2431
les ont executez . Deux de ces Eftampes
nous ont particulierement frappés. La premiere
eft à la tête du III Livre, & reprefente
la dédicace du fameux Autel de
Narbonne , érigé en l'honneur d'Augufte,
furquoi nos Hiftoriens ont dit des chofes
très-curieufes ; le Deffein eft de M. Cazes,
& la feconde à la tête du corps des Notes
, peint admirablement bien le Port de
Cette. Elle eft de l'invention de M. Rigaud
de Marfeille , qui excelle particulierement
dans les Marines , & qui l'a
auffi fort bien gravée.
Nous ne dirons rien des Lettres grifes ,
autre ornement d'une bonne main , qui
fe trouve à la tête de chaque Livre , &
qui n'eft pas moins agréable qu'inftructif.
On en voit l'explication à la fin de la
Préface , page xx .
Il nous refte à dire que ce premier Volume
, qui fera fuivi de plufieurs autres ,
eft dédié aux Etats de la Province de Languedoc
, dont on voit la Sale & l'ordre
de leur Affemblée generale , repréfentée
dans une belle Eftampe qui eft à la tête
d'une Epitre Dédicatoire , digne du fujet
& des Hiftoriens qui l'ont traitée. Les De
putez des Etats , ayant à leur tête M. de
Beauveau , Archevêque de Narbonne
Préfident , curent l'honneur de le préſenter
au Roi le 30. Août dernier , jour de
E iiij la
2432 MERCURE DE FRANCE
la Naiffance de M. le Duc d'Anjou , &
S. M. le reçut avec des marques de fatisfaction
& de bonté.
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Résumé : Histoire generale de Languedoc, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'Histoire générale de Languedoc' a été rédigé par deux religieux bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur et publié à Paris en 1730. Il s'agit d'une histoire détaillée de la province de Languedoc, l'une des plus grandes et des plus fertiles du Royaume de France, située dans le sud du pays. Le Languedoc englobe des parties de la Narbonnaise, de l'Aquitaine, de la Viennoise et de la Novempopulanie, régions unies au début du XIIIe siècle. L'histoire du Languedoc est marquée par plusieurs périodes significatives. Narbonne fut autrefois la métropole de la Narbonnaise, tandis que Toulouse était la capitale d'un royaume étendu. Le domaine des Ducs de Septimanie et des Comtes de Toulouse incluait une partie importante des provinces voisines. À partir du XIIIe siècle, le nom de Languedoc désignait presque la moitié de la France, faisant de cette histoire celle de la partie méridionale du Royaume plutôt que d'une province spécifique. L'ouvrage est structuré en dix livres, couvrant des époques remarquables allant de la migration des Tectosages à la réunion du Languedoc au reste de la monarchie après la mort de Charles le Chauve. Chaque livre est enrichi de cartes, de dessins précis, d'antiquités et de vignettes illustrant les sujets principaux. L'ouvrage est dédié aux États de la province de Languedoc et a été présenté au roi le 30 août 1730.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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13
p. 1985-1986
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Besançon le 1. Aoust 1731. sur une personne âgée de cent six ans.
Début :
Comme je me suis apperçu, Monsieur, en lisant le Mercure de France, que vous y [...]
Mots clefs :
Paroisse, Province, Mort
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Besançon le 1. Aoust 1731. sur une personne âgée de cent six ans.
EXTRAIT d'une Lettre écrite de Besançon
le 1. Aoust 1731. sur une personne
âgée de cent six ans.
Com
>
Omme je me suis apperçu , Monsieur, en lisant
le Mercure de France , que vous y
faisiez mention de la mort de plusieurs personnes
qui avoient vêcu fort long-temps , je crois
que celle dont . je vais vous parler merite d'y
trouver place par rapport au long temps qu'elle
a vêcu; vous pouvés compter entierement, Monsieur
sur ce que je vous marque , parceque
jay vu may- même cette femme l'année derniere,
et que je luy parlay pendant plus d'une demie
heure , répondant avec autant de bon sens et de
précision à ce que je lui demandois , que si elle
n'eut eu que cinquante ans . Elle a marché jusqu'au
moment qu'elle a été attaquée de la maladie
dont elle est morte , qui n'a duré que peu de
tems , et n'a jamais cessé d'aller à sa Paroisse
qui étoit éloignée de la maison où elle demeuroit
d'environ un demi quart de lieue.
Jeannette Guignard , Originaire du Village
des Fourgs,dans les Montagnes de Franche - Com
té, sur les Frontieres de la Suisse , vint au monde
le 26. Mars 1625. elle fut baptisée en l'Eglise de
6. Benigne de Pontarlier , petite Ville de cette
Giij Province,
1986 MERCURE DE FRANCE
Province , elle épousa en 1642. Claude Garnier,
du Village de Monmahoux , Laboureur fort aisé
, avec qui elle demeura jusqu'en 1666 , tems
auquel les François étant venus en cette Provin
ce pour en faire la Conquête , ce particulier périt
dans un party. Elle est restée veuve depuis ce
temps là jusqu'à sa mort, arrivée au mois de Juin
1731. laissant près de cinquante , tant fils que
petits-fils. Elle a parconsequent vêcu cent six années
deux mois et quelques jours.
le 1. Aoust 1731. sur une personne
âgée de cent six ans.
Com
>
Omme je me suis apperçu , Monsieur, en lisant
le Mercure de France , que vous y
faisiez mention de la mort de plusieurs personnes
qui avoient vêcu fort long-temps , je crois
que celle dont . je vais vous parler merite d'y
trouver place par rapport au long temps qu'elle
a vêcu; vous pouvés compter entierement, Monsieur
sur ce que je vous marque , parceque
jay vu may- même cette femme l'année derniere,
et que je luy parlay pendant plus d'une demie
heure , répondant avec autant de bon sens et de
précision à ce que je lui demandois , que si elle
n'eut eu que cinquante ans . Elle a marché jusqu'au
moment qu'elle a été attaquée de la maladie
dont elle est morte , qui n'a duré que peu de
tems , et n'a jamais cessé d'aller à sa Paroisse
qui étoit éloignée de la maison où elle demeuroit
d'environ un demi quart de lieue.
Jeannette Guignard , Originaire du Village
des Fourgs,dans les Montagnes de Franche - Com
té, sur les Frontieres de la Suisse , vint au monde
le 26. Mars 1625. elle fut baptisée en l'Eglise de
6. Benigne de Pontarlier , petite Ville de cette
Giij Province,
1986 MERCURE DE FRANCE
Province , elle épousa en 1642. Claude Garnier,
du Village de Monmahoux , Laboureur fort aisé
, avec qui elle demeura jusqu'en 1666 , tems
auquel les François étant venus en cette Provin
ce pour en faire la Conquête , ce particulier périt
dans un party. Elle est restée veuve depuis ce
temps là jusqu'à sa mort, arrivée au mois de Juin
1731. laissant près de cinquante , tant fils que
petits-fils. Elle a parconsequent vêcu cent six années
deux mois et quelques jours.
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite de Besançon le 1. Aoust 1731. sur une personne âgée de cent six ans.
Une lettre datée du 1er août 1731 à Besançon relate l'histoire de Jeannette Guignard, une femme âgée de cent six ans. L'auteur de la lettre affirme avoir rencontré Jeannette Guignard en 1730 et avoir discuté avec elle pendant plus de trente minutes, soulignant sa vivacité d'esprit et la précision de ses réponses. Née le 26 mars 1625 au village des Fourgs en Franche-Comté, Jeannette Guignard a été baptisée dans l'église Saint-Bénigne de Pontarlier. Elle a épousé Claude Garnier en 1642 et est devenue veuve en 1666, lors de la conquête française de la région. Elle a eu près de cinquante descendants directs. Une maladie de courte durée l'a empêchée de se rendre à sa paroisse, située à environ un demi-quart de lieue de son domicile.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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14
p. 2893-2908
RELATION du Passage de l'Infant DON CARLOS , dans la Province du. Roussillon.
Début :
Le Marquis de Gailus , Grand- Croix de l'Ondre de 3. Loüis, Lieutenant General des armées [...]
Mots clefs :
Prince, Province, Officiers, Perpignan
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texteReconnaissance textuelle : RELATION du Passage de l'Infant DON CARLOS , dans la Province du. Roussillon.
RELATION du Passage de l'Infans
DON CARLOS , dans la Province.
du. Roussillon..
E Marquis de Gailus , Grand- Croix de l'On-
> Edre de 3. Louis ,Lieutenant General des at
mées du Roy et de la Province du Roussillon ,,
commandant en chef, reçut les ordres de la
1. Voli
F Cou
2894 MERCURE DE FRANCE
Cour le 8. Novembre , au sujet du Passage de
Don Carlos en France , lesquels portoient que
Pintention du Roy étoit qu'il fût reçû comme
Fils de France , et qu'on lui rendît tous les honneurs
dûs à cette qualité. A ces ordres on avoit
joint la route qu'il devoit tenir , et ajoûté que
M. Desgranges , Maître des Ceremonies , se rendroit
incessamment dans cette Province pour se
trouver à l'arrivée du Prince , et regler le Ceremonial.
Suivant cet itineraire , la Marche de Don
Carlos devoit être de Seville à Barcelonne de 47.
jours , les séjours non compris , et par là ce Prin
ce ne partant que le 20. d'Octobre , ne pouvoit,
en la suivant, arriver à Perpignan que vers le 15.
de Decembre , ce qui auroit donné un temps sufe
fisant pour les préparatifs nécessaires.
Le M. de Cailus donna d'abord ses ordres ,
tant pour la réparation des chemins , que pour
les logemens et l'abondance des vivres ; et comme
Je Col du Pertus , par où il faut passer , est un
chemin très - étroit entre deux Montagues , que
la chute des eaux avoit depuis un temps- infini
rendu impraticable et qui demandoit beaucoup
de soin et de travail pour le réparer ; il chargea
de Viguier du Roussillon , de se rendre sur les
lieux pour le mettre en l'état qu'il convenoit,
Une grande partie de ce chemin n'étant que de
Rocher , il cominanda un Sergent et 16. Mineurs.
pour y travailler ; soo. Paysans furent employez
à cet ouvrage , dont la moitié étoit de cette Province
et l'autre moitié d'Espagne ; ce qui se fit
de concert entre les Marquis de Cailus et de Risbourg,
Capitaine General de Catalogne. Les pré-
Cautions que le M. de Cailus avoit prises à l'égard
de ce passage , furent si utiles et ses ordres
si bien executez, que quoique l'Infant soit arrivé
-1 Volo
DECEMBRE. 1931. 1895
18. jours plutôt qu'il n'étoit marqué par sa route
, l'on a passé très -commodément dans ce che
min , et le succès a été au-delà de ce que l'on
pouvoit esperer.
Sur quelques bruits qui se répandirent que le
Prince acceleroit sa marche et doubloit ses journées
, le M. de Cailus voulut voir par lui- même
dans quel état étoit ce chemin ; il s'y rendit le
22. Novembre , et étant à portée du Pertus , il
rencontra un Courrier dépêché par le M. de Risbourg
, qui lui donnoit avis que l'Infant arrive
foit le 25. à Figuieres , et le 26. à coucher au
Boulou.
A cette nouvelle inopinée , le M. de Cailus re
int sur ses pas au Boulou. Ce lieu est un des plus
mauvais Villages du Roussillon , à peine y trou
veroit- on six Maisons où il y ait des
portes eg
des fenêtres ; l'état affreux de ce Village ne déconcerta
pas M. de Cailus , après l'avoir visité
il choisit la maison la plus propre pour loger le
Prince et trois autres maisons voisines pour les
gens nécessaires auprès de sa personne ; la plus
logeable après celle du Prince fut destinée pour
M. le Comte de Sant- Estevan , Gouverneur de
sa Personne , &c. et le M. de Cailus fut obligé ,
dans celle qu'il prit pour lui , d'y joindre une
Grange voisine , où il fallut pratiquer et faire
bâtir des cheminées et generalement tout ce qui
est necessaire pour des Cuisines et Offices ; il fal
lut aussi ouvrir des portes pour communiquer
dans la Maison où il tient ses Tables , et le tour :
fut executé en deux fois vingt - quatre heures par
la quantité d'Ouvriers que l'on y employa .
*
* Voyez toutes les qualitez de ce Seigneur
dans le Mercure de Novembre 173 1. page 2661.
I: Vol.
4.vi Ces
2896 MERCURE DE FRANCE
Ces ordres donnez , ce General se rendit à Peri
pignan , où ses premiers soins furent d'envoyer,
une partie de ses Officiers au Boulou , et tout ca
qui étoit necessaire pour recevoir avec dignité le
Prince et sa Suite.
Le 25. Le M. de Cailus accompagné de la No.
blesse du Roussillon et de la Compagnie des Gardes
de la Province , se rendit à Bellegarde , où il
coucha. M. de Jallais , Intendant , s'y rendit aussi.
Le 26. sur les 11. heures du matin , ce General
se rendit sur la petite Riviere d'Allobragat , qui
fait la séparation des deux Rouyaumes ; il trouva
au-de là de cette Riviere deux Escadrons de Dra
gons en bataille , du Régiment de Sagunte. A
une heure après midi arriverent le M. de Risbourg
et M. de Sartim , Intendant de Catalogne. M. de
Cailus présenta M. de Jallais à M. de Risbourg ,
et ces deux Generaux , après s'être donné plu
sieurs marques de cordialité et d'amitié , eurent
une conference ensemble jusques à l'arrivée du
Prince , qui fut vers les trois heures ; les deux Intendants
en eurent une autre séparément .
Son Altesse Royale arriva dans sa Berline ;
dans laquelle étoient le Comte de Sant- Estevan
et un Gentilhomme de sa Chambre , elle étoit
escortée par ses Gardes du Corps et par ses Hallebardiers
. M. de Risbourg présenta au Prince
M. de Cailus et ce dernier présenta à S. A. R.
M. de Jallais et la Noblesse de la Province ; il lui
offrit en même- temps sa Littiere pour passer
plus commodement la Montagne , le Prince lui .
dit qu'il étoit informé de l'attention qu'il avoit
eue à la faire venir , qu'il lui étoit obligé , qu'il
passeroit la Montagne en Berline , et que s'il y
avoit quelque mauvais pas , il mettroit pied à
terre , aimant fort à marcher ; à quoi il ne fug.
1. Yola
poing
DECEMBRE . 1731. 28977
oint obligé, les Equipages étant passez très - aisé
ment et sans nulle difficulté . Mi de Cailus offrit
aux Gentilshommes de la Maison du Prince sa
Berline , attelée de six chevaux , qu'il avoit fair
mener à vuide , mais ces Messieurs le remercie
rent et ne s'en servirent pas .
L'Infant continuant sa Marche , fut salué en
passant sous Bellegarde , d'un décharge generale
du Canon de cette Place. La Maréchausséeétoit
postée par Brigades de distance en distance .
sur la route ; la Compagnie des Gardes de la
Province marchoit un quart de lieuë devant ;
M. de Cailus suivit à cheval pendant quelque:
temps S. A. R. Il s'avança ensuite pour se trou
ver à la descente du Carrosse . Le Prince arriva à¸
P'entrée de la nuit au Boulou. M. de Cailus eut-
Phonneur de lui donner la main pour le conduire
dans sa chambre , où il fut vû de tout le mondejusqu'à
l'heure du souper et pendant son souper.
Suivant les instructions de la Cour , M. Des
granges devoit conferer avec le Comte de Sant-.
Estevan , regler avec lui le Ceremonial , en ren-.
dre compte à M. de Cailus , et s'arranger ensemble
là - dessus ; mais M. Desgranges n'étant pas
arrivé , M. de Cailus fut obligé de suppléer à
tout. Il eut une Conference avec M. de Sant-
Estevan , de plus d'une heure , à laquelle fut présent
M. de Jallais ; ce Seigneur , qui est particu
lierement chargé de la conduite du Prince , parue
très -satisfait des attentions et des politesses de
M. de Cailus.
Ce fut dans cette Conference que M. de Cailus .
fit changer l'ordre de la Marche du Prince , qui
devoit , partant de Perpignan le 28. aller coucher
à Salces et détermina M. de Sant - Estevan à séjourner
à Perpignan ce jour là, et d'aller le 29. à
L. Fel Sigeant
ક
2898 MERCURE DE FRANCE
Sigean ; ce General se détermina à cela , à cause
des maladies qui sont à Salce , ne voulant pas hazarder
que S. A. R. logeât dans un lieu , ou de-.
puis trois mois , il est peu de Maisons où il n'y
ait des malades.
Le M. de Cailus avoit fait venir de Couliouvre
au Boulou , les deux Compagnies des Grenadiers
du Régiment de Toulouse et deux Détachemens
de so. hommes chacun . La premiere Compagniede
Grenadiers monta la Garde chez l'Infant , et
les autres Troupes furent dispersées en differens :
postes , pour la sureté du Quartier et des Equipages
du Prince.
Les attentions de M. de Cailus furent jusques à
faire illuminer par des flambeaux de poing et par
des Réchauts de Rempart , tout le Village du
Boulou , ce qui évita tous désordres et toute la
confusion .
Le foin et la paille furent distribuez gratis des
Magazins de la Province , par les ordres de :
M.P'Intendant.
Après le souper de S. A. R..M de Cailus demanda
la permisson au Prince de prendre les devants
pour le recevoir à son Entrée à Perpignan ,
après quoi il se rendit dans sa Maison du Boulou
, où il y avoit 4. Tables de 20. couverts chacune,
et une cinquième pour les Gardes du Corps
du Prince. Ces Tables furent servies en mêmetemps
avec toute la magnificence , la délicatesse
et la somptuosité possible. Les Vins étrangers et
les Liqueurs y furent abondantes ; elles furent
remplies par les Officiers de la Maison du Prince,.
par la Noblesse de la Province et par les Officiers
du Détachement. Tous ces Messieurs parurent
surpris qu'en aussi peu de temps et dans un si
mauvais lieu , on cût pû donner à manger avec
Io, Veho autane
DECEMBRE . 1731 . 2899
autant d'arrangement , de gout et d'abondance,
M. l'Inrendant eût aussi des Tables dans sa
Maison.
A une heure après minuit M. de Cailus monta
dans sa Berline et se rend à Perpignan , où le
Prince arriva à onze heures du matin , il fut reçu
à la Barriere par le M.de Cailus, à la tête de l'Etat
Major , qu'il eut l'honneur de présenter à S. A. R.
qui lui demanda à quelle heure il étoit parti du
Boulou , ajoutant qu'il n'avoit pas eû le temps de
se reposer , M. de Cailus lui dit qu'il étoit venu
en diligence pour que rien ne manquât à sa réception.
Le Canon de la Ville et celui de la Citadelle ,
firent une dêcharge generale , et depuis la Porte
de S. Martin , par où l'Infant entra , jusqu'à sons
Palais , il -marcha entre les Troupes qui bordoient.
la haye des deux côtez , et il fut salué de l'Esponton
par les Officiers. Sa Garde étoit composée
de 150 hommes avec un Drapeau.
M. de Cailus , suivi de l'Etat- Major et de la
Noblesse , se trouva à la descente du Carrosse du
Prince, il eut l'honneur de lui donner la main , et
de le conduire dans son Appartement : M. l'Evêque
et M. l'Intendant s'y trouverent aussi,
Le M. de Cailus avoit cedé entierement son
Hôtel à S. A. R. Le Comte de Sant- Estevan ,
Madame son Epouse , le Duc et la Duchesse d'Arion
, les trois Enfans du Comte de Sant -Estevan
et les principaux Officiers necessaires auprés de
la Personne du Prince , logerent dans le même
Hôtel , aussi-bien que les Officiers de la Chame
bre , de la Garderobe et de la Bouche ; on n'avoit
rien épargné pour le meubler superbement. L'Appartement
étoit composé en enfilade de deux
grandes Sales , d'une troisième ou étoit placé le
1. Vola Daio
2900 MERCURE DE FRANCE
Dais de la Chambre du Prince , de deux Cabi
nets et Garderobes , et d'une Sale à manger ; la
tout meublé d'un goût et d'une magnificence peu
ordinaire dans les Provinces ; tous les autres Appartemens
de l'Hôtel ou logeoit la Maison de
S. A. R. l'étoient à proportion , et rien ne man→
quoit pour l'utile et pour l'agréable..
2
et
L'attention de M. de Cailus fut portée si loin ,
que ses Offices et Gardes- mangers furent toûjours
remplis de tout ce qu'il y a de plus recherché ,
e'est de-là que les Officiers du Prince tirerent pour
sa Bouche et pour sa Maison , tout ce qui leur
étoit necessaire, aussi -bien que ceux du Comte de
Sant-Estevan les Officiers 1 . de M. de Cailus
avoient soin de remplacer ce que l'on en tiroit
comme l'on avoit fait au Boulou.
Le Prince mange toûjours seul ; il est servi par
ses Officiers.
Comme l'Infant avoit prévenu M. de Cailus
qu'il seroit bien aise de recevoir les Complimens
qu'on avoit à lui faire avant le dîner , ce General
fit avertir les Corps qui devoient haranguer , de
se rendre au Palais de l'Infant d'abord après'son
arrivée Le Conseil Souverain s'y rendit et harangua
le premier ; le M. de Cailus marchoit à la
tête, et eut l'honneur de le presenter au Prince. Le
Premier Président porta la parole. Il reçut ensuite
les respects du Chapitre de la Cathedrale , l'Archidiacre
Salleles parla au nom du Clergé. Les
Consuls en Robes de Ceremonie , suivirent le
Clergé et offrirent les présens accoutumez . Tous
tes autres Corps complimenterent successivement
Le Chevalier de Cailus , fils du Marquis de
Cailus , âgé de 8. ans , fit aussi à S. A. R. un
Compliment avec beaucoup de grace. Le Prince
en fut si charmé , qu'il l'a toujours voulu avoir
La Vol.
auprès
DECEMBRE. 1731. 2908
auprès de sa Personne pendant son séjour , cejeune
Seigneur , auquel il a marqué plusieurs dé
monstrations de bienveillance et de bonté.
Les Harangues finies , Madame la M. de Cai
lus , suivie des principales Dames de cette Ville ,
fit demander au Comte de Sant Estevan , si elle
pourroit avoir l'honneur de faire la réverence à
P'Infant , le Comte de Sant- Estevan ayant reçu ,
les ordres du . Prince , vint chercher la Marquise .
de Cailus , et l'annonça à S , A, R. Cette Dame ,
ornée de toutes les graces possibles et d'un esprit
superieur , moins brillante encore par toutes ses
qualitez , que par sa vertu et par le talent de se
faire aimer generalement de tout le monde , charma
le Prince et tonte sa Cour , par la maniere
noble avec laquelle elle se présenta et parla à.
SA. R. Elle lui présenta toutes les Dames de sa
suite .
Le Prince dîna en public , et peu de temps.
après son dîner il alla à la Chasse dans la Réserves.
il fit paroître dans cet exercice beaucoup d'adresse
et d'inclination , et tua plusieurs pieces de Gibier.
Il arriva à la nuit et trouva son Hôtel illuminé
d'un goût singulier ; tous les Appartemens étoient
éclairez par quantité de Lustres , de Girandoles ,
et de Bras arrangez avec un ordre qui présentoit
à la vûë une illumination peu commune.
La Terrasse qui regne le long de l'Apparte
ment qu'occupoit l'Infant étoit ornée de Lauriers
er de Festons de fleurs , qui formoient des Colomnes
et des Bordures que l'on avoit garnies de
Lampions et de Guirlandes , avec une admirable
cimetrie; ce qui joint à plusieurs Vases remplis
d'Orangers et d'Arbrisseaux dont la Terrasse
étoit couverte , offroit un spectacle charmant et
qui frappoit très agréablement la vûë lorsque
tout était illuminé, La
2902 MERCURE DEFRANCE
::
و م
La façade de l'Hotel étoit décorée d'un goût
aussi singulier que charmant : c'étoit un Arc
de Triomphe élevé sur un Plan dressé par M.
Boutiller Dauroy , Officier d'Artillerie . Cet Edifice
avoit 44 pieds et demy de largeur sur 45.
pieds de hauteur ; il étoit orné de Trophées ,.
desquels pen loient deux Médaillons qui représentoient
, l'un le Soleil dans le signe du Lion
avec ces paroles Transeundo recreat . Et l'au
tre , le Soleil levant , avec la Legende : jubess
sperare. Les Pilastres qui portoient les Médaillóns
, étoient surmontés d'une Corniche termi➡
née par une Balustrade de 4 pieds et demy de
hauteur , sur laquelle s'élevoit un Attique de six :
pieds de hauteur , lequel soûtenoit les Armes
d'Espagne , au côté desquelles étoient deux Piramides
hautes de 11. pieds , terminées par une
Fleur de Lys .
Tout l'Edifice étoit peint en Marbre de diffe
rentes couleurs Pintervalle qui restoit entre
l'architrave et la principale porte , étoit rempli
par un Tableau de 9 pieds de largeur sur 4 pieds
de hauteur , qui représentoit Mars et Minerve
se donnant la main ; derriere ces Figures s'élevoit
un Olivier , aux branches duquel étoit atta-,
ché l'Ecu de France entre ceux de l'Empire
l'Espagne , de l'Angleterre et de la Hollande .
avec cette Legende : Spes pacis eterna fundata.
> de
L'espace depuis chaque Pilastre jusqu'au Mur
où se terminoit le côté de la façade étoit dé
coré par une Maçonnerie de 2 pieds de hauteur:
sur 11. de largeur , sur laquelle regnoit encore
une Balustrade faisant simetrie avec celle qui
étoit au- dessus de la Corniche : cet intervalle
étoit aussi orné de deux Médaillons , sur un
I. Vel.. desquels ,
DECEMBRE 1731. 2903
esquels étoit représentée l'Espagne assise sur
Un Globe avec ses armes , la Rénommée lui
présentoit la Couronne des Etats d'Italie , dont :
le . Prince Don Carlos va prendre possession ,
avec cette Inscription : Spes matura felicitatis .
Sur l'autre étoit représentée l'Europe assise et en
repos au milieu de ses attributs , avec ces mots ::
Tranquillitas Europa . La bordure du grand.
Tableau et celle des Médaillons , aussi-bien ;
que l'Arceau du milieu , étoient ornés de Guirlandes
, de Lauriers , et de Mirthes entrelassés
de fleurs.
Tout l'Edifice étoit garni de Lampions qui
suivoient par tout la forme et les Profils de l'Architecture.
Ces Lampions allumés joints à l'Ar-,
tifice qui sortoit de divers endroits de cet Arc de
Triomphe,formerent pendant une partiede la nuit
un spectacle brillant aux yeux du Peuple qui y étoit
accouru de toute la Ville , ou que la curiosité.
avoit attiré de divers endroits de la Province,
Les autres façades de cet Hôtel et toutes les
fenêtres étoient illuminées par un nombre infini
de flambeaux de poing. L'Hôtel de M. l'Intendant
étoit aussi éclairé avec beaucoup de
goût , tant en- dehors qu'en dedans.
2.
>
2
L'Hôtel de Ville , dont la façade est trèsétendue
étoit éclairé avec autant de goût et de
cimetrie , les Consuls , pour marquer leur zele
donnerent le 27 une danse sur la Place de l'Hôtel
, nommée la Loge , avec les Instruments qui
sont en usage dans le Pays , où tout le Peuple
dansa une partie de la nuit. Le 28 , ils donnerent
un Bal dans la grande Sale du même Hôtel
pour toutes les Personnes de consideration ; il
y eût une collation magnifique , et toute sorte
de rafraîchissemens,
1. Vol Pendang
2904 MERCURE DE FRANCE
Pendant les deux nuits que le Prince a passées
Perpignan , toutes les maisons ont été illuminées
, et il n'y a personne qui n'ait fait paroître.
du zéle et de l'émulation.
>
La Marquise de Cailus se trouva chez le
Prince au retour de la Chasse suivie de plusieurs
Dames qu'elle eût encore l'honneur de lui
présenter et l'invita, d'assister à un Concert
qu'elle avoit fait préparer dans la grande Salle
des Gardes : S. A. R. parut très contente du
Concert , et dit à la Marquise de Cailus que
c'étoit le premier Concert qu'il eût entendu en
François. Madame de Jallais eût l'honneur de
faire la réverence au Prince un moment avant:
qu'il entrât au Concert. S. A. R. soupa ensuite
en Public comme le matin..
Le 28 , le Prince entendit la Messe dans la
Chapelle de son Appartement , qui étoit magnifiquement
ornée. Il avoit dit le soir à M. de
Cailus qu'il souhaittoit voir la . Citadelle le
lendemain à 9 heures du matin . Ce Commandant
se rendit chez S. A. R. à l'heure marquée
puis la devança pour se trouver sur la Place
d'Armes de la Citadelle , à la descente du Carosse.
Les Troupes de la Garnison étoient en
Bataille sur cette Place , le Prince ayant mis pied.
à terre , fut salué en passant à la tête des Troupes
; il fit le tour des Remparts et vit la Sale :
d'Armes ; il fut encore salué en entrant à la Citadelle
par toute l'Artillerie ; la même Salve fut
repetée à sa sortie , qu'il fit à pied , appuyé sur
le Marquis de Cailus , et il ne monta en Carosse
qu'après avoir passé le dernier Pont Levis.
›
Le Prince dina et soupa en public , alla à la
Chasse et au Concert, comme le jour précédent.
Après le Concert , Mad . de Cailus prit congé de
La Kola $
DECEMBRE 1731. 2905
E. A. R. qui parut tres- satisfaite de toutes les attentions
de cette Dame.
Le Marquis de Cailus qui avoit abandonné son
Hôtel à S.A.R. étoit logé dans celui du Marquis
d'Aguilar , où il tint pendant tout le temps que
Prince a resta à Perpignan , cinq Tables , de so
Couverts chacune , qui furent toujours remplies
tant par les Officiers de la Maison du Prince , les
Dames de la Ville,la Noblesse , les Officiers,Mess.
du Conseil Souverain , que par d'autres personnes
de distinction .
Ces cinq Tables furent toujours servies soir et
matin en même- temps , avec toute la profusion
et toute la délicatesse imaginable. Les Vins
étrangers et les Liqueurs s'y trouverent en abondance
. Le Dessert sur tout y étoit magnifique et
fort ingénieux . Les Cristaux des côtez et des bouts
étoient dispersez en Cascade , et à chaque repas ,
d'un arrangement different. Les Découpures qui
les accompagnoient , presentoient de tous côtez
les Armes de France , d'Espagne , de Parme et de
Toscane. On distinguoit pareillement dans les
festons des Fleurs de Lys , des Lions , des Tours
et les autres Symboles convenables. Les Pirami
des des Cristaux du milieu étoient terminées par
des Banderolles en découpure , peintes en miniature
, et chargées d'emblêmes , faisant allusion
au voyage de l'Infant. Toutes ces Piramides
étoient garnies aux soupers de quantité de Bougies
à quatre méches , artistement placées , qui
faisoient un effet aussi charmant que singulier
Il ne fut pas possible à M. de Cailus de faire
les honneurs aux dîners , ayant toujours suivi
S. A. R. à la chasse ; mais la Marquise son
Epouse y suppléa. De l'aveu general de tous ceux
qui ont assisté à ces Repas , il est impossible de
1. Vol s'en2905
MERCURE DE FRANCE
s'en acquitter avec plus de grace , de politesse
d'attention et d'enjouement que cette illustre
Dame l'a fait. Les Etrangers ne cesserent de lui
donner des louanges et d'applaudir , le Prince
même , satisfait au dernier point , eut la bonté de
dire à M. de Cailus que s'il n'étoit aussi pressé
de partir qu'il l'étoit , il auroit séjourné deux
jours de plus avec plaisir dans cette Ville . S.A.R.
ordonna de plus au Comte de Candelle et à quelques,
autres Officiers de lui rendre un compte
exact de la façon dont ils avoient été traitez , er
de la maniere avec laquelle les Tables avoient été
servies chez le M. de Cailus : Elle parut si contente
de la Relation qu'on lui en fit , qu'il l'écrivit
de sa main pour l'envoyer à la Reine d'Espagne
, sa Mere .
M. de Jallais de son côté tint des Tables chez
lui qui furent servies avec délicatesse et magnificence.
M. le Comte de Sant Estevan ne pouvant pas
quitter la Personne du Prince , tint une Table
pour les Officiers qui étoient de service auprès de
' Infant , et pour ceux qui étoient de garde , et il
n'a mangé nulle part qu'à cette Table.
2M Desgranges , Maître des Cérémonies , arriva
à Perpignan le 28 , à 9 heures du matin ; il
fut présenté au Prince par M. de Cailus ; il n'eut
qu'à applaudir à tout ce qui s'étoit fait en son
absence sur le Cérémonial , et dit que quand il
auroit été présent , il n'auroit rien pû ajouter à
tout ce que M. de Cailus avoit fait, tant pour le
Cérémonial , que pour les honneurs qu'on avoit
rendus à l'Infant , &c.
Le 29 , sur les 8 heures du matin , le Prince
partit après avoir entendu la Messe , comme le
jour précédent, Les Troupes bordoient la Have
I. Vol.
desDECEMBRE
. 1731. 2907
des deux côtez , depuis son Hôtel , jusques à la
porte de Notre Dame par où il sortit. Îl fut salué
de l'Esponton par les Officiers , et l'Artillerie
de la Ville , et la Citadelle firent les mêmes salves
qu'à son arrivée .
La marche du Prince de Perpignan à Fitou , se
fit dans le même ordre qu'elle avoit été du Boulou
à Pérpignan
Le M. de Cailus , suivi de la Noblesse de la Province
, se rendit à Fitou ; il avoit eu la précaution
de faire porter à Salces une abondante & magnifique
alte , qui ne fut pas inutile , plusieurs of
ficiers du Prince en ayant profité .
Depuis l'entrée de l'Infant dans le Roussillon
jusques à sa sortie de cetté Province M. de Cailus
ne l'a point quitté , lui faisant sa cour tres- exactement
avec une noblesse et une dignité dont peu
de personnes sont capables. Toute la Maison du
Prince a été charmée de ses politesses et de ses attentions
, et M.de Sant -Estevan le lui a témoigné
plusieurs fois ; non- seulement les Etrangers ont
été tres- contens , mais il n'est personnes dans
cette Province qui n'ait eu lieu de se louer de ses
bonnes manieres , de son affabilité et de sa douceur.
On ne peut rien ajouter à la magnificence
avec laquelle il a agi dans cette occasion , et enfin
on est surpris de la dépense excessive qu'il a
faite.
S. A. R. passant à Salces fut salué de tout le
Canon de cette Place : Elle arriva à Fitou à onze
heures et demie du matin . Le M. de Lafare, Chevalier
des Ordres du Roy , Maréchal de Camp
de ses Armées , Commandant dans la Province de
Languedoc, étoit à Fitou pour y attendre le Prin
ce. M. de Cailus le presenta à S. A. R. et remit
ge Prince entre ses mains, comme M.de Risbourg
1. Vol. l'avoit
2908 MERCURE DE FRANCE
T'avoit remis entre les siennes. Les Intendans de
Roussillon et de Languedoc s'y trouverent aussi.
Le Comte de Sant- Estevan pria le M. de Cailus
a dîner , et le Prince s'amusa à tuer des Lapins
que M. de Cailus avoit fait porter à Fitou .
DON CARLOS , dans la Province.
du. Roussillon..
E Marquis de Gailus , Grand- Croix de l'On-
> Edre de 3. Louis ,Lieutenant General des at
mées du Roy et de la Province du Roussillon ,,
commandant en chef, reçut les ordres de la
1. Voli
F Cou
2894 MERCURE DE FRANCE
Cour le 8. Novembre , au sujet du Passage de
Don Carlos en France , lesquels portoient que
Pintention du Roy étoit qu'il fût reçû comme
Fils de France , et qu'on lui rendît tous les honneurs
dûs à cette qualité. A ces ordres on avoit
joint la route qu'il devoit tenir , et ajoûté que
M. Desgranges , Maître des Ceremonies , se rendroit
incessamment dans cette Province pour se
trouver à l'arrivée du Prince , et regler le Ceremonial.
Suivant cet itineraire , la Marche de Don
Carlos devoit être de Seville à Barcelonne de 47.
jours , les séjours non compris , et par là ce Prin
ce ne partant que le 20. d'Octobre , ne pouvoit,
en la suivant, arriver à Perpignan que vers le 15.
de Decembre , ce qui auroit donné un temps sufe
fisant pour les préparatifs nécessaires.
Le M. de Cailus donna d'abord ses ordres ,
tant pour la réparation des chemins , que pour
les logemens et l'abondance des vivres ; et comme
Je Col du Pertus , par où il faut passer , est un
chemin très - étroit entre deux Montagues , que
la chute des eaux avoit depuis un temps- infini
rendu impraticable et qui demandoit beaucoup
de soin et de travail pour le réparer ; il chargea
de Viguier du Roussillon , de se rendre sur les
lieux pour le mettre en l'état qu'il convenoit,
Une grande partie de ce chemin n'étant que de
Rocher , il cominanda un Sergent et 16. Mineurs.
pour y travailler ; soo. Paysans furent employez
à cet ouvrage , dont la moitié étoit de cette Province
et l'autre moitié d'Espagne ; ce qui se fit
de concert entre les Marquis de Cailus et de Risbourg,
Capitaine General de Catalogne. Les pré-
Cautions que le M. de Cailus avoit prises à l'égard
de ce passage , furent si utiles et ses ordres
si bien executez, que quoique l'Infant soit arrivé
-1 Volo
DECEMBRE. 1931. 1895
18. jours plutôt qu'il n'étoit marqué par sa route
, l'on a passé très -commodément dans ce che
min , et le succès a été au-delà de ce que l'on
pouvoit esperer.
Sur quelques bruits qui se répandirent que le
Prince acceleroit sa marche et doubloit ses journées
, le M. de Cailus voulut voir par lui- même
dans quel état étoit ce chemin ; il s'y rendit le
22. Novembre , et étant à portée du Pertus , il
rencontra un Courrier dépêché par le M. de Risbourg
, qui lui donnoit avis que l'Infant arrive
foit le 25. à Figuieres , et le 26. à coucher au
Boulou.
A cette nouvelle inopinée , le M. de Cailus re
int sur ses pas au Boulou. Ce lieu est un des plus
mauvais Villages du Roussillon , à peine y trou
veroit- on six Maisons où il y ait des
portes eg
des fenêtres ; l'état affreux de ce Village ne déconcerta
pas M. de Cailus , après l'avoir visité
il choisit la maison la plus propre pour loger le
Prince et trois autres maisons voisines pour les
gens nécessaires auprès de sa personne ; la plus
logeable après celle du Prince fut destinée pour
M. le Comte de Sant- Estevan , Gouverneur de
sa Personne , &c. et le M. de Cailus fut obligé ,
dans celle qu'il prit pour lui , d'y joindre une
Grange voisine , où il fallut pratiquer et faire
bâtir des cheminées et generalement tout ce qui
est necessaire pour des Cuisines et Offices ; il fal
lut aussi ouvrir des portes pour communiquer
dans la Maison où il tient ses Tables , et le tour :
fut executé en deux fois vingt - quatre heures par
la quantité d'Ouvriers que l'on y employa .
*
* Voyez toutes les qualitez de ce Seigneur
dans le Mercure de Novembre 173 1. page 2661.
I: Vol.
4.vi Ces
2896 MERCURE DE FRANCE
Ces ordres donnez , ce General se rendit à Peri
pignan , où ses premiers soins furent d'envoyer,
une partie de ses Officiers au Boulou , et tout ca
qui étoit necessaire pour recevoir avec dignité le
Prince et sa Suite.
Le 25. Le M. de Cailus accompagné de la No.
blesse du Roussillon et de la Compagnie des Gardes
de la Province , se rendit à Bellegarde , où il
coucha. M. de Jallais , Intendant , s'y rendit aussi.
Le 26. sur les 11. heures du matin , ce General
se rendit sur la petite Riviere d'Allobragat , qui
fait la séparation des deux Rouyaumes ; il trouva
au-de là de cette Riviere deux Escadrons de Dra
gons en bataille , du Régiment de Sagunte. A
une heure après midi arriverent le M. de Risbourg
et M. de Sartim , Intendant de Catalogne. M. de
Cailus présenta M. de Jallais à M. de Risbourg ,
et ces deux Generaux , après s'être donné plu
sieurs marques de cordialité et d'amitié , eurent
une conference ensemble jusques à l'arrivée du
Prince , qui fut vers les trois heures ; les deux Intendants
en eurent une autre séparément .
Son Altesse Royale arriva dans sa Berline ;
dans laquelle étoient le Comte de Sant- Estevan
et un Gentilhomme de sa Chambre , elle étoit
escortée par ses Gardes du Corps et par ses Hallebardiers
. M. de Risbourg présenta au Prince
M. de Cailus et ce dernier présenta à S. A. R.
M. de Jallais et la Noblesse de la Province ; il lui
offrit en même- temps sa Littiere pour passer
plus commodement la Montagne , le Prince lui .
dit qu'il étoit informé de l'attention qu'il avoit
eue à la faire venir , qu'il lui étoit obligé , qu'il
passeroit la Montagne en Berline , et que s'il y
avoit quelque mauvais pas , il mettroit pied à
terre , aimant fort à marcher ; à quoi il ne fug.
1. Yola
poing
DECEMBRE . 1731. 28977
oint obligé, les Equipages étant passez très - aisé
ment et sans nulle difficulté . Mi de Cailus offrit
aux Gentilshommes de la Maison du Prince sa
Berline , attelée de six chevaux , qu'il avoit fair
mener à vuide , mais ces Messieurs le remercie
rent et ne s'en servirent pas .
L'Infant continuant sa Marche , fut salué en
passant sous Bellegarde , d'un décharge generale
du Canon de cette Place. La Maréchausséeétoit
postée par Brigades de distance en distance .
sur la route ; la Compagnie des Gardes de la
Province marchoit un quart de lieuë devant ;
M. de Cailus suivit à cheval pendant quelque:
temps S. A. R. Il s'avança ensuite pour se trou
ver à la descente du Carrosse . Le Prince arriva à¸
P'entrée de la nuit au Boulou. M. de Cailus eut-
Phonneur de lui donner la main pour le conduire
dans sa chambre , où il fut vû de tout le mondejusqu'à
l'heure du souper et pendant son souper.
Suivant les instructions de la Cour , M. Des
granges devoit conferer avec le Comte de Sant-.
Estevan , regler avec lui le Ceremonial , en ren-.
dre compte à M. de Cailus , et s'arranger ensemble
là - dessus ; mais M. Desgranges n'étant pas
arrivé , M. de Cailus fut obligé de suppléer à
tout. Il eut une Conference avec M. de Sant-
Estevan , de plus d'une heure , à laquelle fut présent
M. de Jallais ; ce Seigneur , qui est particu
lierement chargé de la conduite du Prince , parue
très -satisfait des attentions et des politesses de
M. de Cailus.
Ce fut dans cette Conference que M. de Cailus .
fit changer l'ordre de la Marche du Prince , qui
devoit , partant de Perpignan le 28. aller coucher
à Salces et détermina M. de Sant - Estevan à séjourner
à Perpignan ce jour là, et d'aller le 29. à
L. Fel Sigeant
ક
2898 MERCURE DE FRANCE
Sigean ; ce General se détermina à cela , à cause
des maladies qui sont à Salce , ne voulant pas hazarder
que S. A. R. logeât dans un lieu , ou de-.
puis trois mois , il est peu de Maisons où il n'y
ait des malades.
Le M. de Cailus avoit fait venir de Couliouvre
au Boulou , les deux Compagnies des Grenadiers
du Régiment de Toulouse et deux Détachemens
de so. hommes chacun . La premiere Compagniede
Grenadiers monta la Garde chez l'Infant , et
les autres Troupes furent dispersées en differens :
postes , pour la sureté du Quartier et des Equipages
du Prince.
Les attentions de M. de Cailus furent jusques à
faire illuminer par des flambeaux de poing et par
des Réchauts de Rempart , tout le Village du
Boulou , ce qui évita tous désordres et toute la
confusion .
Le foin et la paille furent distribuez gratis des
Magazins de la Province , par les ordres de :
M.P'Intendant.
Après le souper de S. A. R..M de Cailus demanda
la permisson au Prince de prendre les devants
pour le recevoir à son Entrée à Perpignan ,
après quoi il se rendit dans sa Maison du Boulou
, où il y avoit 4. Tables de 20. couverts chacune,
et une cinquième pour les Gardes du Corps
du Prince. Ces Tables furent servies en mêmetemps
avec toute la magnificence , la délicatesse
et la somptuosité possible. Les Vins étrangers et
les Liqueurs y furent abondantes ; elles furent
remplies par les Officiers de la Maison du Prince,.
par la Noblesse de la Province et par les Officiers
du Détachement. Tous ces Messieurs parurent
surpris qu'en aussi peu de temps et dans un si
mauvais lieu , on cût pû donner à manger avec
Io, Veho autane
DECEMBRE . 1731 . 2899
autant d'arrangement , de gout et d'abondance,
M. l'Inrendant eût aussi des Tables dans sa
Maison.
A une heure après minuit M. de Cailus monta
dans sa Berline et se rend à Perpignan , où le
Prince arriva à onze heures du matin , il fut reçu
à la Barriere par le M.de Cailus, à la tête de l'Etat
Major , qu'il eut l'honneur de présenter à S. A. R.
qui lui demanda à quelle heure il étoit parti du
Boulou , ajoutant qu'il n'avoit pas eû le temps de
se reposer , M. de Cailus lui dit qu'il étoit venu
en diligence pour que rien ne manquât à sa réception.
Le Canon de la Ville et celui de la Citadelle ,
firent une dêcharge generale , et depuis la Porte
de S. Martin , par où l'Infant entra , jusqu'à sons
Palais , il -marcha entre les Troupes qui bordoient.
la haye des deux côtez , et il fut salué de l'Esponton
par les Officiers. Sa Garde étoit composée
de 150 hommes avec un Drapeau.
M. de Cailus , suivi de l'Etat- Major et de la
Noblesse , se trouva à la descente du Carrosse du
Prince, il eut l'honneur de lui donner la main , et
de le conduire dans son Appartement : M. l'Evêque
et M. l'Intendant s'y trouverent aussi,
Le M. de Cailus avoit cedé entierement son
Hôtel à S. A. R. Le Comte de Sant- Estevan ,
Madame son Epouse , le Duc et la Duchesse d'Arion
, les trois Enfans du Comte de Sant -Estevan
et les principaux Officiers necessaires auprés de
la Personne du Prince , logerent dans le même
Hôtel , aussi-bien que les Officiers de la Chame
bre , de la Garderobe et de la Bouche ; on n'avoit
rien épargné pour le meubler superbement. L'Appartement
étoit composé en enfilade de deux
grandes Sales , d'une troisième ou étoit placé le
1. Vola Daio
2900 MERCURE DE FRANCE
Dais de la Chambre du Prince , de deux Cabi
nets et Garderobes , et d'une Sale à manger ; la
tout meublé d'un goût et d'une magnificence peu
ordinaire dans les Provinces ; tous les autres Appartemens
de l'Hôtel ou logeoit la Maison de
S. A. R. l'étoient à proportion , et rien ne man→
quoit pour l'utile et pour l'agréable..
2
et
L'attention de M. de Cailus fut portée si loin ,
que ses Offices et Gardes- mangers furent toûjours
remplis de tout ce qu'il y a de plus recherché ,
e'est de-là que les Officiers du Prince tirerent pour
sa Bouche et pour sa Maison , tout ce qui leur
étoit necessaire, aussi -bien que ceux du Comte de
Sant-Estevan les Officiers 1 . de M. de Cailus
avoient soin de remplacer ce que l'on en tiroit
comme l'on avoit fait au Boulou.
Le Prince mange toûjours seul ; il est servi par
ses Officiers.
Comme l'Infant avoit prévenu M. de Cailus
qu'il seroit bien aise de recevoir les Complimens
qu'on avoit à lui faire avant le dîner , ce General
fit avertir les Corps qui devoient haranguer , de
se rendre au Palais de l'Infant d'abord après'son
arrivée Le Conseil Souverain s'y rendit et harangua
le premier ; le M. de Cailus marchoit à la
tête, et eut l'honneur de le presenter au Prince. Le
Premier Président porta la parole. Il reçut ensuite
les respects du Chapitre de la Cathedrale , l'Archidiacre
Salleles parla au nom du Clergé. Les
Consuls en Robes de Ceremonie , suivirent le
Clergé et offrirent les présens accoutumez . Tous
tes autres Corps complimenterent successivement
Le Chevalier de Cailus , fils du Marquis de
Cailus , âgé de 8. ans , fit aussi à S. A. R. un
Compliment avec beaucoup de grace. Le Prince
en fut si charmé , qu'il l'a toujours voulu avoir
La Vol.
auprès
DECEMBRE. 1731. 2908
auprès de sa Personne pendant son séjour , cejeune
Seigneur , auquel il a marqué plusieurs dé
monstrations de bienveillance et de bonté.
Les Harangues finies , Madame la M. de Cai
lus , suivie des principales Dames de cette Ville ,
fit demander au Comte de Sant Estevan , si elle
pourroit avoir l'honneur de faire la réverence à
P'Infant , le Comte de Sant- Estevan ayant reçu ,
les ordres du . Prince , vint chercher la Marquise .
de Cailus , et l'annonça à S , A, R. Cette Dame ,
ornée de toutes les graces possibles et d'un esprit
superieur , moins brillante encore par toutes ses
qualitez , que par sa vertu et par le talent de se
faire aimer generalement de tout le monde , charma
le Prince et tonte sa Cour , par la maniere
noble avec laquelle elle se présenta et parla à.
SA. R. Elle lui présenta toutes les Dames de sa
suite .
Le Prince dîna en public , et peu de temps.
après son dîner il alla à la Chasse dans la Réserves.
il fit paroître dans cet exercice beaucoup d'adresse
et d'inclination , et tua plusieurs pieces de Gibier.
Il arriva à la nuit et trouva son Hôtel illuminé
d'un goût singulier ; tous les Appartemens étoient
éclairez par quantité de Lustres , de Girandoles ,
et de Bras arrangez avec un ordre qui présentoit
à la vûë une illumination peu commune.
La Terrasse qui regne le long de l'Apparte
ment qu'occupoit l'Infant étoit ornée de Lauriers
er de Festons de fleurs , qui formoient des Colomnes
et des Bordures que l'on avoit garnies de
Lampions et de Guirlandes , avec une admirable
cimetrie; ce qui joint à plusieurs Vases remplis
d'Orangers et d'Arbrisseaux dont la Terrasse
étoit couverte , offroit un spectacle charmant et
qui frappoit très agréablement la vûë lorsque
tout était illuminé, La
2902 MERCURE DEFRANCE
::
و م
La façade de l'Hotel étoit décorée d'un goût
aussi singulier que charmant : c'étoit un Arc
de Triomphe élevé sur un Plan dressé par M.
Boutiller Dauroy , Officier d'Artillerie . Cet Edifice
avoit 44 pieds et demy de largeur sur 45.
pieds de hauteur ; il étoit orné de Trophées ,.
desquels pen loient deux Médaillons qui représentoient
, l'un le Soleil dans le signe du Lion
avec ces paroles Transeundo recreat . Et l'au
tre , le Soleil levant , avec la Legende : jubess
sperare. Les Pilastres qui portoient les Médaillóns
, étoient surmontés d'une Corniche termi➡
née par une Balustrade de 4 pieds et demy de
hauteur , sur laquelle s'élevoit un Attique de six :
pieds de hauteur , lequel soûtenoit les Armes
d'Espagne , au côté desquelles étoient deux Piramides
hautes de 11. pieds , terminées par une
Fleur de Lys .
Tout l'Edifice étoit peint en Marbre de diffe
rentes couleurs Pintervalle qui restoit entre
l'architrave et la principale porte , étoit rempli
par un Tableau de 9 pieds de largeur sur 4 pieds
de hauteur , qui représentoit Mars et Minerve
se donnant la main ; derriere ces Figures s'élevoit
un Olivier , aux branches duquel étoit atta-,
ché l'Ecu de France entre ceux de l'Empire
l'Espagne , de l'Angleterre et de la Hollande .
avec cette Legende : Spes pacis eterna fundata.
> de
L'espace depuis chaque Pilastre jusqu'au Mur
où se terminoit le côté de la façade étoit dé
coré par une Maçonnerie de 2 pieds de hauteur:
sur 11. de largeur , sur laquelle regnoit encore
une Balustrade faisant simetrie avec celle qui
étoit au- dessus de la Corniche : cet intervalle
étoit aussi orné de deux Médaillons , sur un
I. Vel.. desquels ,
DECEMBRE 1731. 2903
esquels étoit représentée l'Espagne assise sur
Un Globe avec ses armes , la Rénommée lui
présentoit la Couronne des Etats d'Italie , dont :
le . Prince Don Carlos va prendre possession ,
avec cette Inscription : Spes matura felicitatis .
Sur l'autre étoit représentée l'Europe assise et en
repos au milieu de ses attributs , avec ces mots ::
Tranquillitas Europa . La bordure du grand.
Tableau et celle des Médaillons , aussi-bien ;
que l'Arceau du milieu , étoient ornés de Guirlandes
, de Lauriers , et de Mirthes entrelassés
de fleurs.
Tout l'Edifice étoit garni de Lampions qui
suivoient par tout la forme et les Profils de l'Architecture.
Ces Lampions allumés joints à l'Ar-,
tifice qui sortoit de divers endroits de cet Arc de
Triomphe,formerent pendant une partiede la nuit
un spectacle brillant aux yeux du Peuple qui y étoit
accouru de toute la Ville , ou que la curiosité.
avoit attiré de divers endroits de la Province,
Les autres façades de cet Hôtel et toutes les
fenêtres étoient illuminées par un nombre infini
de flambeaux de poing. L'Hôtel de M. l'Intendant
étoit aussi éclairé avec beaucoup de
goût , tant en- dehors qu'en dedans.
2.
>
2
L'Hôtel de Ville , dont la façade est trèsétendue
étoit éclairé avec autant de goût et de
cimetrie , les Consuls , pour marquer leur zele
donnerent le 27 une danse sur la Place de l'Hôtel
, nommée la Loge , avec les Instruments qui
sont en usage dans le Pays , où tout le Peuple
dansa une partie de la nuit. Le 28 , ils donnerent
un Bal dans la grande Sale du même Hôtel
pour toutes les Personnes de consideration ; il
y eût une collation magnifique , et toute sorte
de rafraîchissemens,
1. Vol Pendang
2904 MERCURE DE FRANCE
Pendant les deux nuits que le Prince a passées
Perpignan , toutes les maisons ont été illuminées
, et il n'y a personne qui n'ait fait paroître.
du zéle et de l'émulation.
>
La Marquise de Cailus se trouva chez le
Prince au retour de la Chasse suivie de plusieurs
Dames qu'elle eût encore l'honneur de lui
présenter et l'invita, d'assister à un Concert
qu'elle avoit fait préparer dans la grande Salle
des Gardes : S. A. R. parut très contente du
Concert , et dit à la Marquise de Cailus que
c'étoit le premier Concert qu'il eût entendu en
François. Madame de Jallais eût l'honneur de
faire la réverence au Prince un moment avant:
qu'il entrât au Concert. S. A. R. soupa ensuite
en Public comme le matin..
Le 28 , le Prince entendit la Messe dans la
Chapelle de son Appartement , qui étoit magnifiquement
ornée. Il avoit dit le soir à M. de
Cailus qu'il souhaittoit voir la . Citadelle le
lendemain à 9 heures du matin . Ce Commandant
se rendit chez S. A. R. à l'heure marquée
puis la devança pour se trouver sur la Place
d'Armes de la Citadelle , à la descente du Carosse.
Les Troupes de la Garnison étoient en
Bataille sur cette Place , le Prince ayant mis pied.
à terre , fut salué en passant à la tête des Troupes
; il fit le tour des Remparts et vit la Sale :
d'Armes ; il fut encore salué en entrant à la Citadelle
par toute l'Artillerie ; la même Salve fut
repetée à sa sortie , qu'il fit à pied , appuyé sur
le Marquis de Cailus , et il ne monta en Carosse
qu'après avoir passé le dernier Pont Levis.
›
Le Prince dina et soupa en public , alla à la
Chasse et au Concert, comme le jour précédent.
Après le Concert , Mad . de Cailus prit congé de
La Kola $
DECEMBRE 1731. 2905
E. A. R. qui parut tres- satisfaite de toutes les attentions
de cette Dame.
Le Marquis de Cailus qui avoit abandonné son
Hôtel à S.A.R. étoit logé dans celui du Marquis
d'Aguilar , où il tint pendant tout le temps que
Prince a resta à Perpignan , cinq Tables , de so
Couverts chacune , qui furent toujours remplies
tant par les Officiers de la Maison du Prince , les
Dames de la Ville,la Noblesse , les Officiers,Mess.
du Conseil Souverain , que par d'autres personnes
de distinction .
Ces cinq Tables furent toujours servies soir et
matin en même- temps , avec toute la profusion
et toute la délicatesse imaginable. Les Vins
étrangers et les Liqueurs s'y trouverent en abondance
. Le Dessert sur tout y étoit magnifique et
fort ingénieux . Les Cristaux des côtez et des bouts
étoient dispersez en Cascade , et à chaque repas ,
d'un arrangement different. Les Découpures qui
les accompagnoient , presentoient de tous côtez
les Armes de France , d'Espagne , de Parme et de
Toscane. On distinguoit pareillement dans les
festons des Fleurs de Lys , des Lions , des Tours
et les autres Symboles convenables. Les Pirami
des des Cristaux du milieu étoient terminées par
des Banderolles en découpure , peintes en miniature
, et chargées d'emblêmes , faisant allusion
au voyage de l'Infant. Toutes ces Piramides
étoient garnies aux soupers de quantité de Bougies
à quatre méches , artistement placées , qui
faisoient un effet aussi charmant que singulier
Il ne fut pas possible à M. de Cailus de faire
les honneurs aux dîners , ayant toujours suivi
S. A. R. à la chasse ; mais la Marquise son
Epouse y suppléa. De l'aveu general de tous ceux
qui ont assisté à ces Repas , il est impossible de
1. Vol s'en2905
MERCURE DE FRANCE
s'en acquitter avec plus de grace , de politesse
d'attention et d'enjouement que cette illustre
Dame l'a fait. Les Etrangers ne cesserent de lui
donner des louanges et d'applaudir , le Prince
même , satisfait au dernier point , eut la bonté de
dire à M. de Cailus que s'il n'étoit aussi pressé
de partir qu'il l'étoit , il auroit séjourné deux
jours de plus avec plaisir dans cette Ville . S.A.R.
ordonna de plus au Comte de Candelle et à quelques,
autres Officiers de lui rendre un compte
exact de la façon dont ils avoient été traitez , er
de la maniere avec laquelle les Tables avoient été
servies chez le M. de Cailus : Elle parut si contente
de la Relation qu'on lui en fit , qu'il l'écrivit
de sa main pour l'envoyer à la Reine d'Espagne
, sa Mere .
M. de Jallais de son côté tint des Tables chez
lui qui furent servies avec délicatesse et magnificence.
M. le Comte de Sant Estevan ne pouvant pas
quitter la Personne du Prince , tint une Table
pour les Officiers qui étoient de service auprès de
' Infant , et pour ceux qui étoient de garde , et il
n'a mangé nulle part qu'à cette Table.
2M Desgranges , Maître des Cérémonies , arriva
à Perpignan le 28 , à 9 heures du matin ; il
fut présenté au Prince par M. de Cailus ; il n'eut
qu'à applaudir à tout ce qui s'étoit fait en son
absence sur le Cérémonial , et dit que quand il
auroit été présent , il n'auroit rien pû ajouter à
tout ce que M. de Cailus avoit fait, tant pour le
Cérémonial , que pour les honneurs qu'on avoit
rendus à l'Infant , &c.
Le 29 , sur les 8 heures du matin , le Prince
partit après avoir entendu la Messe , comme le
jour précédent, Les Troupes bordoient la Have
I. Vol.
desDECEMBRE
. 1731. 2907
des deux côtez , depuis son Hôtel , jusques à la
porte de Notre Dame par où il sortit. Îl fut salué
de l'Esponton par les Officiers , et l'Artillerie
de la Ville , et la Citadelle firent les mêmes salves
qu'à son arrivée .
La marche du Prince de Perpignan à Fitou , se
fit dans le même ordre qu'elle avoit été du Boulou
à Pérpignan
Le M. de Cailus , suivi de la Noblesse de la Province
, se rendit à Fitou ; il avoit eu la précaution
de faire porter à Salces une abondante & magnifique
alte , qui ne fut pas inutile , plusieurs of
ficiers du Prince en ayant profité .
Depuis l'entrée de l'Infant dans le Roussillon
jusques à sa sortie de cetté Province M. de Cailus
ne l'a point quitté , lui faisant sa cour tres- exactement
avec une noblesse et une dignité dont peu
de personnes sont capables. Toute la Maison du
Prince a été charmée de ses politesses et de ses attentions
, et M.de Sant -Estevan le lui a témoigné
plusieurs fois ; non- seulement les Etrangers ont
été tres- contens , mais il n'est personnes dans
cette Province qui n'ait eu lieu de se louer de ses
bonnes manieres , de son affabilité et de sa douceur.
On ne peut rien ajouter à la magnificence
avec laquelle il a agi dans cette occasion , et enfin
on est surpris de la dépense excessive qu'il a
faite.
S. A. R. passant à Salces fut salué de tout le
Canon de cette Place : Elle arriva à Fitou à onze
heures et demie du matin . Le M. de Lafare, Chevalier
des Ordres du Roy , Maréchal de Camp
de ses Armées , Commandant dans la Province de
Languedoc, étoit à Fitou pour y attendre le Prin
ce. M. de Cailus le presenta à S. A. R. et remit
ge Prince entre ses mains, comme M.de Risbourg
1. Vol. l'avoit
2908 MERCURE DE FRANCE
T'avoit remis entre les siennes. Les Intendans de
Roussillon et de Languedoc s'y trouverent aussi.
Le Comte de Sant- Estevan pria le M. de Cailus
a dîner , et le Prince s'amusa à tuer des Lapins
que M. de Cailus avoit fait porter à Fitou .
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Résumé : RELATION du Passage de l'Infant DON CARLOS , dans la Province du. Roussillon.
Le texte relate le passage de Don Carlos, fils de France, à travers la province du Roussillon. Le Marquis de Gailus, Grand-Croix de l'Ordre de Saint-Louis, Lieutenant Général des armées du roi et commandant en chef de la province, reçut des ordres de la Cour le 8 novembre 1731. Ces ordres stipulaient que Don Carlos devait être reçu avec les honneurs dus à sa qualité de fils de France. Le Marquis de Gailus prépara la route de Seville à Barcelone, prévoyant une arrivée à Perpignan vers le 15 décembre. Il supervisa la réparation des chemins, notamment le Col du Pertus, et organisa les logements et les vivres. Malgré l'arrivée anticipée de Don Carlos, les préparatifs furent suffisants. Le Marquis de Gailus inspecta personnellement les lieux et organisa les logements au Boulou, un village en mauvais état. Il choisit les maisons nécessaires et fit les aménagements requis en peu de temps. Le 26 décembre, Don Carlos arriva escorté par ses gardes et fut accueilli par le Marquis de Gailus et la noblesse locale. Le passage se déroula sans difficulté, et le Marquis de Gailus offrit ses services et ses équipements. À Perpignan, le Marquis de Gailus organisa une réception solennelle avec des salves de canon et des troupes alignées. Il céda son hôtel à Don Carlos et logea les membres de sa suite. Les préparatifs incluaient des repas somptueux et des illuminations pour éviter les désordres. Le Marquis de Gailus reçut les compliments des différents corps de la ville et présenta sa famille à Don Carlos. Le séjour du prince se déroula dans des conditions de confort et de sécurité optimales. Le Prince fut accueilli avec une grande pompe et des festivités somptueuses. Il dîna en public et participa à une chasse, démontrant son adresse et son inclination pour cet exercice. À son retour, son hôtel était illuminé de manière spectaculaire, avec des lustres, girandoles et bras disposés avec soin. La terrasse était ornée de lauriers et de fleurs, et la façade de l'hôtel était décorée d'un arc de triomphe conçu par M. Boutiller Dauroy, orné de trophées, médaillons et armoiries. Les festivités incluaient des danses et des bals organisés par les consuls de la ville, ainsi que des concerts et des soupers publics. Le Prince visita également la citadelle, où il fut salué par les troupes et l'artillerie. Les nobles locaux, notamment la Marquise de Cailus et le Marquis de Cailus, jouèrent un rôle clé dans l'organisation des réceptions et des repas, qui furent servis avec une grande magnificence et délicatesse. Le Prince exprima sa satisfaction et envoya un compte rendu à la Reine d'Espagne, sa mère. Le Prince quitta Perpignan le 29 décembre après avoir été salué par les troupes et l'artillerie. Le Marquis de Cailus, accompagné de la noblesse locale, le suivit jusqu'à Fitou, où il fut accueilli par le Marquis de Lafare. Tout au long de son séjour, le Prince fut entouré de marques de respect et de magnificence, notamment des illuminations, des salves d'artillerie et des réceptions somptueuses.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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15
p. 1416-1462
LETTRE écrite de Paris, à un Nouvelliste de Province.
Début :
Vous avez bien de l'ardeur pour les nouvelles, Monsieur [...]
Mots clefs :
Nouvellistes, Nouvelles, Paris, Province, Méprisable, Nuisible, Oisiveté, Choses vaines, Curieux, Guinguet
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Paris, à un Nouvelliste de Province.
LETTRE écrite de Paris , un Nouvelliste
de Province.
Ous avez bien de l'ardeur pour les
nouvelles ,Monsieur , vous qui faisiez , il n'y a pas deux ans , des réfléxions
si sensées contre cette dangereuse passion ; je comprens par vos reproches que
mes Lettres vous touchent peu , quand il
n'y a pas unChapitre complet de nouvelles. Je vous crois dès - à - present tout le
talent et tout le zele d'un Nouvelliste du
premier ordre , et je ne doute pas que
vous n'acqueriez encore des qualitez pour
mériter une place distinguée dans cet il
lustre Corps.Je suis bien sur que vous n'ê
res pas des derniers à vous rendre tous les
II. Vol jours
JUIN. 732. 1417
jours sous la Halle du Marché, à la gran de
Place , au Cloître des C. ou à l'avenue
pour être aux aguets et saisir des passans
quelque nouvelle de la premiere main.
Vous êtes donc bien changé , et sans
doute vous n'avez pas conservé le moindre souvenir de nos entretiens sournois
aux Tuilleries , ( car c'est toujours là le
grand Bureau et comme le Chef- lieu des
Nouvellistes ) en observant ces Troupes
nombreuses de gens oisifs , tantot ambulans , tantôt sédentaires ; tantôt formant
un grand Corps à l'arrivée d'un Notable
ou d'un des principaux Membres du Bu
reau, tantôt divisés par pelotons, et l'instant d'après rassemblez , au moindre mot
pris à la volée , et tous également empresScz, pour apprendre ou pour débiter
quelque nouvelle , souvent hazardée; l'avidité des uns, l'air composé et important
des autres , cela nous divertissoit beaucoup, sans compter les raissonemens gra
ves et politiques , les conjectures puériles ou frivoles les sentimens hétéroclites
soutenus avec chaleur et à grand bruit;car
tous les hommes, mêmes les moins vains.
et les plus raisonnables , sont amoureux
de leurs opinions et jusques dans les plus
petites choses , où ils n'ont pas le moindre interêt; aveuglez par celui de l'amour
3
}
1. Vol pro-
1448 MERCURE DE FRANCE
propre qui les anime , ils tombent dans
les plus grands excès.
Mais où vais-je m'engager , peut-être
par un mouvement de ce même amour
propre dont je viens de parler , et contre
lequel je crois être fort en garde ? Nul
Mortel ne peut se vanter de n'êstre pas
dupe à cet égard ; on l'a deja dit cent et
cent fois et en cent manieres differentes :
Baste. Il est question des Nouvellistes et
des nouvelles, de ces cheres nouvelles qui
vous tiennent si fort au cœur, et je n'en
ai point à vous dire.Comment faire?Trouver quelque chose d'équivalent, cela n'est
pas possible; ma foy , puisque vous n'êtes
Bas ennemi du babil et que je suis en train
de babiller , je vais réfléchir sur ce qui a
fait dabord le sujet de cette Lettre, et vous
exposer , selon les idées qui se présentefont à mon esprit , les sentimens qu'on
peut avoir et les réfléxions qu'on peut
faire sur cette matiere.
1
Il n'y a rien de si raisonnable , ni de si
naturel en general , que de s'informer et
mêmed'avoir quelque empressement pour
être instruit des Evenemens qui arrivent
sur le grand Théatre du Monde , et qui
doivent interesser la curiosité d'un honête homme. Il est même honteux de n'être
pas au courant, pour ainsi dire , de cerIL Vol.
Ataines
JUIN. 1732. 1449
taines nouvelles Historiques , Politiques
et Litteraires. Mais voir des gens, ne s'oc
cuper uniquement que de nouvelles , négliger leurs propres affaires , en perdre ,
pour ainsi dire , le boire et le manger ,
sans être capables d'autre chose ; c'est ce
que je blâme, car il n'y a que l'excès qui
rend cette passion méprisable. Tous les
jours on est fatigué et impatienté par
ces Cazaniers, d'un esprit borné et indiffe
rent , qui ne lisant rien , et ne cherchant
point à s'instruire veulent sçavoir ou
vous apprendre ce que personne n'ignore
depuis long temps.
و
Mais exposons , si vous me le permettez , Monsieur , ce ridicule dans un plus
grand jour, pour faire sentir le faux esprit
dans lequel on s'occupe à sçavoir des nouvelles , et combien le temps qu'on y employe est non seulement tres- mal employé , mais encore nuisible par le dégré
de vanité qu'on acquiert en voulant pénétrer , deviner juste , et prédire l'avenir
avec un ton de Prophete ; sans compter le
danger qu'il y a de s'engager insensiblement dans une espece de parti , dont le
moindre inconvenient est de se faire trop
connoître , se dégrader en quelque maniere , et se laisser confondre dans une
foule , si-non méprisé, au moins bien peu
II. Vol. Ipesti-
1450 MERCURE DE FRANCE
estimé, ou devenir fameux, et enfin l'ob
jet de la dérision publique ; on en a plus
d'un exemple , de ces gens dont la figure,
la tête et le visage sont remarquables;qu'on
voit par tout, qu'on ne sçauroit définir
et que personne ne connoît, sans compter
encore les choses les plus indifferentes et
les plus innocentes en elles- mêmes , qui redites sans la moindre altération , et sans
aucun dessein malin , mais sans y faire assez d'attention , et par la seule envie de
parler , sont très- propres à faire les plus
grandes tracasseries, ou à donner bien du
ridicule , selon le temps , les lieux , les
circonstances et les personnes devant qui
on parle. Je ne dis rien du danger que
l'on court avec les étourdis , les emportez , les opiniâtres , les impolis, les impudens , ou les timides complaisans à l'excès , également dangereux , et les fades
railleurs qui vous rient au nez , et qui par
des questions ou par des réponses aussi
inconsiderées que choquantes , vous mettent dans la dure nécessité de les traiter ,
(car la patience échape)avec le ton que mérite une grossiereté dire en face. Mais
sans avoir part au démêlé, il est tres-fâcheux d'en être témoin , et plus encore
d'être cité.
Il ne fautpas réver bien profondement
II. Vol. pour
JUIN. 1732. 1451
pour voir que le premier principe de
cette passion est l'oisiveté, pour laquelle
les gens qui ont passé leur jeunesse en dis
sipation et dans des amusemens frivoles
ont beaucoup de gout. Or un homme sans
Occupation , et certainement sans genie ,
cherche à perdre du temps avec le même
empressement qu'un joueur de profession
cherche à gagner ; delà ce penchant pour
les choses qui n'occupent que superficiellement , où l'esprit n'a presque aucune
opération à faire , opérations que les autres fontpour eux,qu'ils adoptent même,
et desquelles ils font encore leur profit ,
en les allant débiter comme les leurs, avec
la modestie d'un Docteur de mauvais
aloy.
Quand ce penchant est une fois déterminé vers l'oisiveté , le frivole , le superficiel et les choses vaines , pour lesquelles
il ne faut nulle application , quand il est
augmenté par l'esprit de curiosité qui fut
toujours , comme vous sçavez, la passion
dominante de l'homme dès son enfance
et qui s'est accruë à l'infini à mesure que
les faits se sont multipliez sur la terre,et
dans sa tête ; on ne doit point s'étonner
du progrès et des désordres qu'il fait , ni
de la corruption qu'il cause. Il ne tiendroit qu'à moi de vous en faire icy une
II. Vol. I ij -lon-
1452 MERCURE DE FRANCE
longue énumération, et vous prouver par
des exemples, combien la curiosité outrée ,
a été funeste à l'un et à l'autre sexe.
Une chose bien singuliere , et qu'il ne
tiendra qu'à vous , Monsieur , de remarquer; c'est que la plupart de ces curieux
insatiables , de ces quéteurs de nouvelles,
qui les cherchent avec tant d'ardeur et de
peine , ne s'y interressent point du tout
dans le fond , et ne sont pas plus sensibles à un fait , à un Evenement éclatant
et remarquable pour l'Histoire de notre
temps , qu'à une aventure de Guinguette.C'est l'esprit d'ostentation et de vanité
qui les fait agir , croyant ainsi se rendre
recommandables, en débitant avec autant
d'amphase que de fadeur , des choses triviales qui ne sont pas ignorées au Marchéneuf.
J'ai quelquefois ri de bon cœur , je vous
l'avoue , de ces hommes importans qui
toujours sortent , ou viennent d'une Maison , qui ont dîné dans une Maison , qui
frequentent une Maison , qui ont vû et entendu dans une Maison , &c. Ces Maisons
qu'on ne désigne mistérieusement qu'à
demi , pour faire valoir la nouvelle , ne
sont pas des Maisons du commun , non ,
mais elles sont souvent telles qu'un Gripesou ne les avouëroit pas , et il arrive
II. Vol. même
JUIN. 17320 1453
même que quand ces Maisons sont telles
qu'onveut le faire entendre, le vain Narrateur,avec son ton imposant , et ses airs de
confiance et de protection , n'y est pas
plus considéré que le Gripesou.
Quand ces Messieurs font tant que de
citer,Dieu sçait s'ils choisissent des Noms
respectables et de Gens en place.Combien
ils font sonner haut le commerce étroit
et familier qu'ils ont avec les Grands ,
qu'ils ne qualifient même jamais de Monsieur, c'est le grand air. Ils ne débitent
même la nouvelle , et ne la repetent cent
et cent fois que pour la citation et pour
les circonstances qu'ils y mettent, pour se
faire citer eux-mêmes; et si le lieu de la
Scene est à la Comédie , à l'Opéra ou à
quelques autres Spectacles , où ils ont été
en passant faire montre de leur parure ,
la narration n'en est pas plus modeste.
A la vérité il faudroit peut être moins
blâmer des gens qui sans talens et sans
avoir rien d'acquis , n'étant plus en état
de s'appliquer à quelque chose d'utile ,
veulent cependant sé faire une sorte de
réputation. Que dis-je , de réputation ?
On voit tous les jours des intrus , qui en
sont tellement avides, qu'ils s'aventurent,
de parler à leur tour et même avant ,
croyant prudemment que de se mon C
02.11. Vol.
Liij trer
1494 MERCURE DE FRANCE
trer en public , pêle - mêle , avec d'hon
nêtes gens , cela ne nuit point à la leur.
Celle de Nouvelliste , quoique personne
ne l'envie , ne laisse- pas de flater les gens
d'un certain caractere ; une application
heureuse , une conjecture hazardée qui
réussit, est seule capable de les mettre en
crédit dans leur canton ; mais il arrive
aussi qu'ils s'en applaudissent à l'excès et
qu'ils deviennent presque toujours intrai-
'tables , par la maniere altiere dont ils soutiennent leurs sentimens , ausquels ils
veulent durement assujettir les autres; et
le cœur enflé et toujours plus avide de
cette petite gloire , on n'attend plus les
nouvelles ; on va audevant ,on les devine , et grands raisonnemens ensuite pour
appuyer son opinion. Opinion souvent
contestée tumultuairement, où celui dont
le ton de la voix est le plus haut , a pres
que toujours l'avantage.
Mais quand j'y fais réfléxion , presque
tous les hommes sont extrémement flatez
de s'imaginer avoir en eux la faculté de
voir plus clair que les autres dans l'ave
nir. Cela leur annonce une étenduë de lumieres et une pénétration,avec le secours
de laquelle ils croyent percer les voiles
les plus épais , pénétrer dans les secrets
du cabinet et de la politique la plus pro2011. Vol. Ju fonde
JUIN 1732: 1455
3
fonde , et même de prophétiser. Faites- y
bien attention , Monsieur , c'est peut-être
l'Idole la plus universellement chérie de
l'homme; car rien ne nous pique tant
que ce raisonnement intérieur , dicté par
F'amour propres il est réservé à ma péné- tration de découvrir une chose cachée aux
yeux de tous les autres hommes. Vous en
connoissez , Monsieur , que pareille foiblesse a quelquefois couverts d'un ridicu
le humiliant : mais ce qui est sans doute
à la honte de la nature humaine , c'est
que ce ne sont pas des hommes du commun qui se donnent de ces travers ; ce
sont ordinairement ceux qui avec l'ostentation de briller , à quelque prix que
ce soit , ont le plus de ressources dans
l'esprit , le plus de lumieres , de sagacité
et de talens pour le raisonnement méthodique , aisé , agréable et séduisant ; il
est fâcheux qu'on ne puisse pas toujours
jouir de leur commerce sans danger ; car
sur d'autres sujets , on trouve beaucoup
de justesse, de précision, des descriptions,
des définitions, des réfléxions fines et délicates , &c, soyons donc en garde , mon
cher Monsieur , contre ce subtil poison ,
souvent pernicieux dans ses effets.
Les Nouvellistes qui ont quelque teinture de Geographie , de Politique , des
interêts des Princes &c. tiennent à juste
II. Vol. Liiij titre
1434 MERCURE DEFRANCE
titre le haut bout , et brillent à peù
de frais auprès de ceux qui parlent sans
regle , sans connoissances , et qui ne se
piquent que d'aller loin sans se piquer
d'aller droit, mais ce ne sont pas toujours
ceux qui plaisent le plus dans leurs réflexions sur les raisons d'Etat , les differentes inclinations et les vues des Grands et
du Peuple , la situation et les circonstances particulieres de l'état présent des affaires du Monde , et sur les conséquences
qu'on en peut tirer , surtout quand leurs
discours ne sont ni bornez ni sagement
ménagez. Car , qu'on ait vu passer un
Courrier, qu'on ait observé certains mouvemens à la Cour , ou remarqué dans le.
visage , ou dans les manieres , l'empresse
ment, la tristesse ou la gayeté d'un Prince,
d'un Ministre , d'un Grand ; en voilà assez pour former tel ou tel évenement ,
qu'on rend plus ou moins vraisemblable
selon que l'on a l'art de l'arranger et de le
narrer , sans oublier le ton misterieux et
reservé , pour faire entendre que l'on en
sçait bien plus que l'on n'en fait connoître. Si l'évenement ne répond.pas àla pro
phetie, le faux prophete enest quitte pour
être quelques jours sans se montrer at
même auditoire.
Quelqu'uns , et ceux-cy ne sont nullementennuyeux , se plaisent à débiter des
CC 11. Vole nou
JUIN.1732 1457
1
nouvelles , non seulement sans gravité ,
mais d'un air leger , naturel , agreable ,
et à les embellir par un tour fin et plaisant ; ils les ornent de circonstances qui
les relevent à la vérité , le fait raconté ,
qui n'est souvent que le prétexte de la :
narration , n'a nul fondement , mais il
devient dans leur bouche une nouvelle
toute nouvelle , ou un petit Roman qui
fait plaisir pour peu qu'on se prête à la
fiction et aux épisodes.
La varieté des caracteres est fort- grande parmi les Nouvellistes ; nous venons
d'en voir un fort gai , en voici un tout
opposé et qui n'est pas moins vrai , Ce
sont ces esprits taciturnes , pleins de malignité , avides de poison et qui ne répandent que de la noirceur , à qui on doit
sçavoir gré quand ils n'emportent pas la
piece , et qu'ils ne sont que médisans ou
désobligeans. De tels hommes ne respirent que les évenemens tragiques , les rumeurs , les soulevemens , les révolutions ;
des Campagnes désolées , des Villes saccagées , des Incendies , des Naufrages , de
grandes defaites , des meurtres et des carnages ; et faute d'un pareil ragout , ils
s'acharnent souvent sur un infortuné qui
périt , et qui n'est peut- être pas toûjours
aussi coupable aux yeux de Dieu qu'aux
yeux des hommes.
II. Vol. ܀ . On
1458 MERCURE DE FRANCE
On les voit , ces esprits amers et par
tiaux , mettre avec une égale satisfaction dans le plus grand jour , les avantages de la cause qu'ils favorisent , et les
revers de celle à laquelle ils sont contraires. Toûjours portez à tourner les nou- velles selon les mouvemens de leur cœur; :
les croire ou les rejetter , les publier ou les
suprimer , les enfler ou les extenuer : sur
quoi on peut faire cette réflexion , qui est
que lors qu'ils ont par hazard embrassé.
le bon party , ils ne lui font pas grand
bien , et ils se font grand tort à eux- mê
mes.
Or il est aisé de juger dans quelle
impatience doivent être ceux qui esperent les bons succès qu'ils attendent
et qui fatent leur sentiment , et dans
quelles perplexitez ils sont sur les évenemens qu'ils craignent et qui relevent le
party contraire. Dans l'un et l'autre cas
( et l'un ne va gueres sans l'autre ) l'incertitude est au même degré , et les agite
aussi vivement , car la moderation etla
patience sont des vertus peu connues de
ces hommes toûjours empressez et toûjours insatiables. Leur passion est trop
animée et trop ardente pour ce qu'ils
souhaittent ou pour ce qu'ils craignent.
Ils comptent tous les instans ; leur ins
quiétude est à charge à tout le monde et
11. Vol. à
JUIN. 1732 1459
à eux-mêmes , plus ou moins , selon le
degré de leur préoccupation.
Mais reprenons des idées plus gayes,
et disons que vous prenez , Monsieur ,
un très-mauvais party de rester en Province , où les nouvelles sont toûjours assez rares , surannées , mal sûres, car on ne
les sçait gueres que d'un seul endroit ,
encore faut-il souvent les aller chercher ;
ensorte qu'un nouvelliste des moins affamez ,de ce Pays-cy mourroit d'inanition
en peu de tems dans vos cantons. Vive
Paris,morbleu, où il y a toûjours plus de
cent atteliers ouverts, où se debitent et se
fabriquent des nouvelles de toute espece.
Autems et aux heures dePromenade, il n'y
a qu'à s'y transporter , on jouit des agrémens de la saison , de la magnificence du
lieu , des agrémens , de la propreté et de
la varieté infinie du beau monde ; le tems
est - il mauvais , fait - il trop froid ,
trop chaud , les Caffez sont ouverts dès
le grand matin jusqu'à minuit ; vous y
trouvez quantité d'honnêtes gens qui
vous attendent , ou qui ne se font pas
attendre long-tems. C'est-là qu'arrivent
tous les batteurs d'estrade, et les ambulans
qui ne manquent gueres à certaines heures , sans compter les passans non habituez,que le hazard amene, et qui semblent
venir exprès de differens quartiers pour
11. Vel. instruire
1460 MERCURE DE FRANCE
instruire le. Bureau à point nommé des
affaires de leur district et de ce qu'ils
ont appris en chemin.
all
Vous sçavez l'agrément des Caffez à
Paris ; ils sont au point , que si dans une
Relation bien écrite , ont en avoit fait
une description exacte il y a 60. ans , et
bien circonstanciée dans la plus exacte
verité, et sur le pied que nous les voyons
aujourd'hui , on auroit dit , c'est un Roman fait à plaisir , une fiction imaginée
pour donner une idée du pays de Coca.
gne, ou d'une ville bâtie et policée par les
Fées. En effet , quel Souverain , quelle
Republique auroit imaginé et auroit eu
le pouvoir d'établir pour la commodité
publique , dans toutes les rues d'une florissante ville , des lieux commodes pour
se mettre à couvert des injures du tems.
infiniment secourables pour les gens sans
voitures , qui ont affaire à differens quartiers pour se reposer , se rafraichir en Eté ,
se chaufer en Hyver , et en même tems
avoir l'agrément de la conversation à son
choix car à chaque table, matiere differente , sans compter les nouveautez qu'on
apprend sur toutes sortes de fujets , et
l'amusement ou plutôt l'occupation du
jeu des Echets , sur lequel il n'arrive gueres ni dispute ni bruit ; ce n'est pas qu'on
y peste moins qu'à un autre jeu , mais
11. Vol. Ac'est
JAU IN. 1732. 1461
c'est toûjours entre cuir et chair.
Ces lieux sont ornez de Glaces , de Ta
bleaux , de Tables de marbre , de siéges
et de meubles convenables , éclairez par
des Lustres de cristal , échaufez par de
bons poëles dans la rigueur de l'Hyver ,
où l'on entre et d'où l'on sort sans façon
quelconque,car toute contrainte et tout céremonial en sont bannis ; personne ne fait
les honneurs de l'assemblée , personne ne
les reçoit , chacun est le maître de convention tacite,tous les rangs sont ainsi reglez,
et le tout sans qu'il en coûte une obole
quand on n'a rien à dépenser. D'ailleurs
quels secours , quelles commoditez , de
combien de sortes de rafraichissemens
de liqueurs et de choses agreables aux
frians ! sans compter la bonne compagnie
des Gens d'esprit et de Lettres de differens
états , avec lesquels il y a à profiter , et
où l'on peut lire utilement dans le grand
livre du Monde. Pour la société et l'agré
ment de la vie civile , je défie qu'on puisse
citer , en parcourant tous les Historiens
connus , rien de comparable aux Caffez ,
où le plus petit Bourgeois pour quatre fols
se fait servir du caffé proprement , diligemment , en vaisselle d'argent et même
de vermeil , et peut commander et prendre le ton de Seigneur.
Voila encore une longue disgression sur
11. Vol.
les
1462 MERCURE DE FRANCE
les Caffez , je vous prie de me la pardonner : c'étoit pour vous dire que c'est-là
proprement que les nouvelles sont exa- minées à fond, commentées , rédigées et
mises au net, chacun y met sa note et fait
sa remarque , et par le concours , la variété des circonstances et des suffrages , une
nouvelle est constatée vraie , de bon aloi ,
et admise , ou rejettée comme marchandise de rebut. Je n'ajoute plus que ce mot
pour finir.
Les nouvelles , at reste , sont profitables à plusieurs personnes,quelques-uns en
font un commerce utile pour satisfaire la
curiosité des campagnards et de gens de
province , sans compter tant de sortes de
personnes qui excitent par-là la liberalité et la reconnoissance de leurs parens , de
leurs Superieurs , de leurs Protecteurs
dont ils attendent quelque secours pres
sans ou quelque bienfait. Il y en a même
et plus d'un dans Paris qui avec des nouvelles un peu bien arrangées , ornées et
mises en valeur , en appaisent leurs créanciers , et même en contentent leurs hôtes.
Je vous demande pardon de la longueur
de cette lettre , je souhaitte que vous la
trouviez un peu amusante ; j'espere que
vous ne la laisserez pas sans réponse. Je
l'attens et suis , Monsieur , votre &c.
de Province.
Ous avez bien de l'ardeur pour les
nouvelles ,Monsieur , vous qui faisiez , il n'y a pas deux ans , des réfléxions
si sensées contre cette dangereuse passion ; je comprens par vos reproches que
mes Lettres vous touchent peu , quand il
n'y a pas unChapitre complet de nouvelles. Je vous crois dès - à - present tout le
talent et tout le zele d'un Nouvelliste du
premier ordre , et je ne doute pas que
vous n'acqueriez encore des qualitez pour
mériter une place distinguée dans cet il
lustre Corps.Je suis bien sur que vous n'ê
res pas des derniers à vous rendre tous les
II. Vol jours
JUIN. 732. 1417
jours sous la Halle du Marché, à la gran de
Place , au Cloître des C. ou à l'avenue
pour être aux aguets et saisir des passans
quelque nouvelle de la premiere main.
Vous êtes donc bien changé , et sans
doute vous n'avez pas conservé le moindre souvenir de nos entretiens sournois
aux Tuilleries , ( car c'est toujours là le
grand Bureau et comme le Chef- lieu des
Nouvellistes ) en observant ces Troupes
nombreuses de gens oisifs , tantot ambulans , tantôt sédentaires ; tantôt formant
un grand Corps à l'arrivée d'un Notable
ou d'un des principaux Membres du Bu
reau, tantôt divisés par pelotons, et l'instant d'après rassemblez , au moindre mot
pris à la volée , et tous également empresScz, pour apprendre ou pour débiter
quelque nouvelle , souvent hazardée; l'avidité des uns, l'air composé et important
des autres , cela nous divertissoit beaucoup, sans compter les raissonemens gra
ves et politiques , les conjectures puériles ou frivoles les sentimens hétéroclites
soutenus avec chaleur et à grand bruit;car
tous les hommes, mêmes les moins vains.
et les plus raisonnables , sont amoureux
de leurs opinions et jusques dans les plus
petites choses , où ils n'ont pas le moindre interêt; aveuglez par celui de l'amour
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propre qui les anime , ils tombent dans
les plus grands excès.
Mais où vais-je m'engager , peut-être
par un mouvement de ce même amour
propre dont je viens de parler , et contre
lequel je crois être fort en garde ? Nul
Mortel ne peut se vanter de n'êstre pas
dupe à cet égard ; on l'a deja dit cent et
cent fois et en cent manieres differentes :
Baste. Il est question des Nouvellistes et
des nouvelles, de ces cheres nouvelles qui
vous tiennent si fort au cœur, et je n'en
ai point à vous dire.Comment faire?Trouver quelque chose d'équivalent, cela n'est
pas possible; ma foy , puisque vous n'êtes
Bas ennemi du babil et que je suis en train
de babiller , je vais réfléchir sur ce qui a
fait dabord le sujet de cette Lettre, et vous
exposer , selon les idées qui se présentefont à mon esprit , les sentimens qu'on
peut avoir et les réfléxions qu'on peut
faire sur cette matiere.
1
Il n'y a rien de si raisonnable , ni de si
naturel en general , que de s'informer et
mêmed'avoir quelque empressement pour
être instruit des Evenemens qui arrivent
sur le grand Théatre du Monde , et qui
doivent interesser la curiosité d'un honête homme. Il est même honteux de n'être
pas au courant, pour ainsi dire , de cerIL Vol.
Ataines
JUIN. 1732. 1449
taines nouvelles Historiques , Politiques
et Litteraires. Mais voir des gens, ne s'oc
cuper uniquement que de nouvelles , négliger leurs propres affaires , en perdre ,
pour ainsi dire , le boire et le manger ,
sans être capables d'autre chose ; c'est ce
que je blâme, car il n'y a que l'excès qui
rend cette passion méprisable. Tous les
jours on est fatigué et impatienté par
ces Cazaniers, d'un esprit borné et indiffe
rent , qui ne lisant rien , et ne cherchant
point à s'instruire veulent sçavoir ou
vous apprendre ce que personne n'ignore
depuis long temps.
و
Mais exposons , si vous me le permettez , Monsieur , ce ridicule dans un plus
grand jour, pour faire sentir le faux esprit
dans lequel on s'occupe à sçavoir des nouvelles , et combien le temps qu'on y employe est non seulement tres- mal employé , mais encore nuisible par le dégré
de vanité qu'on acquiert en voulant pénétrer , deviner juste , et prédire l'avenir
avec un ton de Prophete ; sans compter le
danger qu'il y a de s'engager insensiblement dans une espece de parti , dont le
moindre inconvenient est de se faire trop
connoître , se dégrader en quelque maniere , et se laisser confondre dans une
foule , si-non méprisé, au moins bien peu
II. Vol. Ipesti-
1450 MERCURE DE FRANCE
estimé, ou devenir fameux, et enfin l'ob
jet de la dérision publique ; on en a plus
d'un exemple , de ces gens dont la figure,
la tête et le visage sont remarquables;qu'on
voit par tout, qu'on ne sçauroit définir
et que personne ne connoît, sans compter
encore les choses les plus indifferentes et
les plus innocentes en elles- mêmes , qui redites sans la moindre altération , et sans
aucun dessein malin , mais sans y faire assez d'attention , et par la seule envie de
parler , sont très- propres à faire les plus
grandes tracasseries, ou à donner bien du
ridicule , selon le temps , les lieux , les
circonstances et les personnes devant qui
on parle. Je ne dis rien du danger que
l'on court avec les étourdis , les emportez , les opiniâtres , les impolis, les impudens , ou les timides complaisans à l'excès , également dangereux , et les fades
railleurs qui vous rient au nez , et qui par
des questions ou par des réponses aussi
inconsiderées que choquantes , vous mettent dans la dure nécessité de les traiter ,
(car la patience échape)avec le ton que mérite une grossiereté dire en face. Mais
sans avoir part au démêlé, il est tres-fâcheux d'en être témoin , et plus encore
d'être cité.
Il ne fautpas réver bien profondement
II. Vol. pour
JUIN. 1732. 1451
pour voir que le premier principe de
cette passion est l'oisiveté, pour laquelle
les gens qui ont passé leur jeunesse en dis
sipation et dans des amusemens frivoles
ont beaucoup de gout. Or un homme sans
Occupation , et certainement sans genie ,
cherche à perdre du temps avec le même
empressement qu'un joueur de profession
cherche à gagner ; delà ce penchant pour
les choses qui n'occupent que superficiellement , où l'esprit n'a presque aucune
opération à faire , opérations que les autres fontpour eux,qu'ils adoptent même,
et desquelles ils font encore leur profit ,
en les allant débiter comme les leurs, avec
la modestie d'un Docteur de mauvais
aloy.
Quand ce penchant est une fois déterminé vers l'oisiveté , le frivole , le superficiel et les choses vaines , pour lesquelles
il ne faut nulle application , quand il est
augmenté par l'esprit de curiosité qui fut
toujours , comme vous sçavez, la passion
dominante de l'homme dès son enfance
et qui s'est accruë à l'infini à mesure que
les faits se sont multipliez sur la terre,et
dans sa tête ; on ne doit point s'étonner
du progrès et des désordres qu'il fait , ni
de la corruption qu'il cause. Il ne tiendroit qu'à moi de vous en faire icy une
II. Vol. I ij -lon-
1452 MERCURE DE FRANCE
longue énumération, et vous prouver par
des exemples, combien la curiosité outrée ,
a été funeste à l'un et à l'autre sexe.
Une chose bien singuliere , et qu'il ne
tiendra qu'à vous , Monsieur , de remarquer; c'est que la plupart de ces curieux
insatiables , de ces quéteurs de nouvelles,
qui les cherchent avec tant d'ardeur et de
peine , ne s'y interressent point du tout
dans le fond , et ne sont pas plus sensibles à un fait , à un Evenement éclatant
et remarquable pour l'Histoire de notre
temps , qu'à une aventure de Guinguette.C'est l'esprit d'ostentation et de vanité
qui les fait agir , croyant ainsi se rendre
recommandables, en débitant avec autant
d'amphase que de fadeur , des choses triviales qui ne sont pas ignorées au Marchéneuf.
J'ai quelquefois ri de bon cœur , je vous
l'avoue , de ces hommes importans qui
toujours sortent , ou viennent d'une Maison , qui ont dîné dans une Maison , qui
frequentent une Maison , qui ont vû et entendu dans une Maison , &c. Ces Maisons
qu'on ne désigne mistérieusement qu'à
demi , pour faire valoir la nouvelle , ne
sont pas des Maisons du commun , non ,
mais elles sont souvent telles qu'un Gripesou ne les avouëroit pas , et il arrive
II. Vol. même
JUIN. 17320 1453
même que quand ces Maisons sont telles
qu'onveut le faire entendre, le vain Narrateur,avec son ton imposant , et ses airs de
confiance et de protection , n'y est pas
plus considéré que le Gripesou.
Quand ces Messieurs font tant que de
citer,Dieu sçait s'ils choisissent des Noms
respectables et de Gens en place.Combien
ils font sonner haut le commerce étroit
et familier qu'ils ont avec les Grands ,
qu'ils ne qualifient même jamais de Monsieur, c'est le grand air. Ils ne débitent
même la nouvelle , et ne la repetent cent
et cent fois que pour la citation et pour
les circonstances qu'ils y mettent, pour se
faire citer eux-mêmes; et si le lieu de la
Scene est à la Comédie , à l'Opéra ou à
quelques autres Spectacles , où ils ont été
en passant faire montre de leur parure ,
la narration n'en est pas plus modeste.
A la vérité il faudroit peut être moins
blâmer des gens qui sans talens et sans
avoir rien d'acquis , n'étant plus en état
de s'appliquer à quelque chose d'utile ,
veulent cependant sé faire une sorte de
réputation. Que dis-je , de réputation ?
On voit tous les jours des intrus , qui en
sont tellement avides, qu'ils s'aventurent,
de parler à leur tour et même avant ,
croyant prudemment que de se mon C
02.11. Vol.
Liij trer
1494 MERCURE DE FRANCE
trer en public , pêle - mêle , avec d'hon
nêtes gens , cela ne nuit point à la leur.
Celle de Nouvelliste , quoique personne
ne l'envie , ne laisse- pas de flater les gens
d'un certain caractere ; une application
heureuse , une conjecture hazardée qui
réussit, est seule capable de les mettre en
crédit dans leur canton ; mais il arrive
aussi qu'ils s'en applaudissent à l'excès et
qu'ils deviennent presque toujours intrai-
'tables , par la maniere altiere dont ils soutiennent leurs sentimens , ausquels ils
veulent durement assujettir les autres; et
le cœur enflé et toujours plus avide de
cette petite gloire , on n'attend plus les
nouvelles ; on va audevant ,on les devine , et grands raisonnemens ensuite pour
appuyer son opinion. Opinion souvent
contestée tumultuairement, où celui dont
le ton de la voix est le plus haut , a pres
que toujours l'avantage.
Mais quand j'y fais réfléxion , presque
tous les hommes sont extrémement flatez
de s'imaginer avoir en eux la faculté de
voir plus clair que les autres dans l'ave
nir. Cela leur annonce une étenduë de lumieres et une pénétration,avec le secours
de laquelle ils croyent percer les voiles
les plus épais , pénétrer dans les secrets
du cabinet et de la politique la plus pro2011. Vol. Ju fonde
JUIN 1732: 1455
3
fonde , et même de prophétiser. Faites- y
bien attention , Monsieur , c'est peut-être
l'Idole la plus universellement chérie de
l'homme; car rien ne nous pique tant
que ce raisonnement intérieur , dicté par
F'amour propres il est réservé à ma péné- tration de découvrir une chose cachée aux
yeux de tous les autres hommes. Vous en
connoissez , Monsieur , que pareille foiblesse a quelquefois couverts d'un ridicu
le humiliant : mais ce qui est sans doute
à la honte de la nature humaine , c'est
que ce ne sont pas des hommes du commun qui se donnent de ces travers ; ce
sont ordinairement ceux qui avec l'ostentation de briller , à quelque prix que
ce soit , ont le plus de ressources dans
l'esprit , le plus de lumieres , de sagacité
et de talens pour le raisonnement méthodique , aisé , agréable et séduisant ; il
est fâcheux qu'on ne puisse pas toujours
jouir de leur commerce sans danger ; car
sur d'autres sujets , on trouve beaucoup
de justesse, de précision, des descriptions,
des définitions, des réfléxions fines et délicates , &c, soyons donc en garde , mon
cher Monsieur , contre ce subtil poison ,
souvent pernicieux dans ses effets.
Les Nouvellistes qui ont quelque teinture de Geographie , de Politique , des
interêts des Princes &c. tiennent à juste
II. Vol. Liiij titre
1434 MERCURE DEFRANCE
titre le haut bout , et brillent à peù
de frais auprès de ceux qui parlent sans
regle , sans connoissances , et qui ne se
piquent que d'aller loin sans se piquer
d'aller droit, mais ce ne sont pas toujours
ceux qui plaisent le plus dans leurs réflexions sur les raisons d'Etat , les differentes inclinations et les vues des Grands et
du Peuple , la situation et les circonstances particulieres de l'état présent des affaires du Monde , et sur les conséquences
qu'on en peut tirer , surtout quand leurs
discours ne sont ni bornez ni sagement
ménagez. Car , qu'on ait vu passer un
Courrier, qu'on ait observé certains mouvemens à la Cour , ou remarqué dans le.
visage , ou dans les manieres , l'empresse
ment, la tristesse ou la gayeté d'un Prince,
d'un Ministre , d'un Grand ; en voilà assez pour former tel ou tel évenement ,
qu'on rend plus ou moins vraisemblable
selon que l'on a l'art de l'arranger et de le
narrer , sans oublier le ton misterieux et
reservé , pour faire entendre que l'on en
sçait bien plus que l'on n'en fait connoître. Si l'évenement ne répond.pas àla pro
phetie, le faux prophete enest quitte pour
être quelques jours sans se montrer at
même auditoire.
Quelqu'uns , et ceux-cy ne sont nullementennuyeux , se plaisent à débiter des
CC 11. Vole nou
JUIN.1732 1457
1
nouvelles , non seulement sans gravité ,
mais d'un air leger , naturel , agreable ,
et à les embellir par un tour fin et plaisant ; ils les ornent de circonstances qui
les relevent à la vérité , le fait raconté ,
qui n'est souvent que le prétexte de la :
narration , n'a nul fondement , mais il
devient dans leur bouche une nouvelle
toute nouvelle , ou un petit Roman qui
fait plaisir pour peu qu'on se prête à la
fiction et aux épisodes.
La varieté des caracteres est fort- grande parmi les Nouvellistes ; nous venons
d'en voir un fort gai , en voici un tout
opposé et qui n'est pas moins vrai , Ce
sont ces esprits taciturnes , pleins de malignité , avides de poison et qui ne répandent que de la noirceur , à qui on doit
sçavoir gré quand ils n'emportent pas la
piece , et qu'ils ne sont que médisans ou
désobligeans. De tels hommes ne respirent que les évenemens tragiques , les rumeurs , les soulevemens , les révolutions ;
des Campagnes désolées , des Villes saccagées , des Incendies , des Naufrages , de
grandes defaites , des meurtres et des carnages ; et faute d'un pareil ragout , ils
s'acharnent souvent sur un infortuné qui
périt , et qui n'est peut- être pas toûjours
aussi coupable aux yeux de Dieu qu'aux
yeux des hommes.
II. Vol. ܀ . On
1458 MERCURE DE FRANCE
On les voit , ces esprits amers et par
tiaux , mettre avec une égale satisfaction dans le plus grand jour , les avantages de la cause qu'ils favorisent , et les
revers de celle à laquelle ils sont contraires. Toûjours portez à tourner les nou- velles selon les mouvemens de leur cœur; :
les croire ou les rejetter , les publier ou les
suprimer , les enfler ou les extenuer : sur
quoi on peut faire cette réflexion , qui est
que lors qu'ils ont par hazard embrassé.
le bon party , ils ne lui font pas grand
bien , et ils se font grand tort à eux- mê
mes.
Or il est aisé de juger dans quelle
impatience doivent être ceux qui esperent les bons succès qu'ils attendent
et qui fatent leur sentiment , et dans
quelles perplexitez ils sont sur les évenemens qu'ils craignent et qui relevent le
party contraire. Dans l'un et l'autre cas
( et l'un ne va gueres sans l'autre ) l'incertitude est au même degré , et les agite
aussi vivement , car la moderation etla
patience sont des vertus peu connues de
ces hommes toûjours empressez et toûjours insatiables. Leur passion est trop
animée et trop ardente pour ce qu'ils
souhaittent ou pour ce qu'ils craignent.
Ils comptent tous les instans ; leur ins
quiétude est à charge à tout le monde et
11. Vol. à
JUIN. 1732 1459
à eux-mêmes , plus ou moins , selon le
degré de leur préoccupation.
Mais reprenons des idées plus gayes,
et disons que vous prenez , Monsieur ,
un très-mauvais party de rester en Province , où les nouvelles sont toûjours assez rares , surannées , mal sûres, car on ne
les sçait gueres que d'un seul endroit ,
encore faut-il souvent les aller chercher ;
ensorte qu'un nouvelliste des moins affamez ,de ce Pays-cy mourroit d'inanition
en peu de tems dans vos cantons. Vive
Paris,morbleu, où il y a toûjours plus de
cent atteliers ouverts, où se debitent et se
fabriquent des nouvelles de toute espece.
Autems et aux heures dePromenade, il n'y
a qu'à s'y transporter , on jouit des agrémens de la saison , de la magnificence du
lieu , des agrémens , de la propreté et de
la varieté infinie du beau monde ; le tems
est - il mauvais , fait - il trop froid ,
trop chaud , les Caffez sont ouverts dès
le grand matin jusqu'à minuit ; vous y
trouvez quantité d'honnêtes gens qui
vous attendent , ou qui ne se font pas
attendre long-tems. C'est-là qu'arrivent
tous les batteurs d'estrade, et les ambulans
qui ne manquent gueres à certaines heures , sans compter les passans non habituez,que le hazard amene, et qui semblent
venir exprès de differens quartiers pour
11. Vel. instruire
1460 MERCURE DE FRANCE
instruire le. Bureau à point nommé des
affaires de leur district et de ce qu'ils
ont appris en chemin.
all
Vous sçavez l'agrément des Caffez à
Paris ; ils sont au point , que si dans une
Relation bien écrite , ont en avoit fait
une description exacte il y a 60. ans , et
bien circonstanciée dans la plus exacte
verité, et sur le pied que nous les voyons
aujourd'hui , on auroit dit , c'est un Roman fait à plaisir , une fiction imaginée
pour donner une idée du pays de Coca.
gne, ou d'une ville bâtie et policée par les
Fées. En effet , quel Souverain , quelle
Republique auroit imaginé et auroit eu
le pouvoir d'établir pour la commodité
publique , dans toutes les rues d'une florissante ville , des lieux commodes pour
se mettre à couvert des injures du tems.
infiniment secourables pour les gens sans
voitures , qui ont affaire à differens quartiers pour se reposer , se rafraichir en Eté ,
se chaufer en Hyver , et en même tems
avoir l'agrément de la conversation à son
choix car à chaque table, matiere differente , sans compter les nouveautez qu'on
apprend sur toutes sortes de fujets , et
l'amusement ou plutôt l'occupation du
jeu des Echets , sur lequel il n'arrive gueres ni dispute ni bruit ; ce n'est pas qu'on
y peste moins qu'à un autre jeu , mais
11. Vol. Ac'est
JAU IN. 1732. 1461
c'est toûjours entre cuir et chair.
Ces lieux sont ornez de Glaces , de Ta
bleaux , de Tables de marbre , de siéges
et de meubles convenables , éclairez par
des Lustres de cristal , échaufez par de
bons poëles dans la rigueur de l'Hyver ,
où l'on entre et d'où l'on sort sans façon
quelconque,car toute contrainte et tout céremonial en sont bannis ; personne ne fait
les honneurs de l'assemblée , personne ne
les reçoit , chacun est le maître de convention tacite,tous les rangs sont ainsi reglez,
et le tout sans qu'il en coûte une obole
quand on n'a rien à dépenser. D'ailleurs
quels secours , quelles commoditez , de
combien de sortes de rafraichissemens
de liqueurs et de choses agreables aux
frians ! sans compter la bonne compagnie
des Gens d'esprit et de Lettres de differens
états , avec lesquels il y a à profiter , et
où l'on peut lire utilement dans le grand
livre du Monde. Pour la société et l'agré
ment de la vie civile , je défie qu'on puisse
citer , en parcourant tous les Historiens
connus , rien de comparable aux Caffez ,
où le plus petit Bourgeois pour quatre fols
se fait servir du caffé proprement , diligemment , en vaisselle d'argent et même
de vermeil , et peut commander et prendre le ton de Seigneur.
Voila encore une longue disgression sur
11. Vol.
les
1462 MERCURE DE FRANCE
les Caffez , je vous prie de me la pardonner : c'étoit pour vous dire que c'est-là
proprement que les nouvelles sont exa- minées à fond, commentées , rédigées et
mises au net, chacun y met sa note et fait
sa remarque , et par le concours , la variété des circonstances et des suffrages , une
nouvelle est constatée vraie , de bon aloi ,
et admise , ou rejettée comme marchandise de rebut. Je n'ajoute plus que ce mot
pour finir.
Les nouvelles , at reste , sont profitables à plusieurs personnes,quelques-uns en
font un commerce utile pour satisfaire la
curiosité des campagnards et de gens de
province , sans compter tant de sortes de
personnes qui excitent par-là la liberalité et la reconnoissance de leurs parens , de
leurs Superieurs , de leurs Protecteurs
dont ils attendent quelque secours pres
sans ou quelque bienfait. Il y en a même
et plus d'un dans Paris qui avec des nouvelles un peu bien arrangées , ornées et
mises en valeur , en appaisent leurs créanciers , et même en contentent leurs hôtes.
Je vous demande pardon de la longueur
de cette lettre , je souhaitte que vous la
trouviez un peu amusante ; j'espere que
vous ne la laisserez pas sans réponse. Je
l'attens et suis , Monsieur , votre &c.
Fermer
Résumé : LETTRE écrite de Paris, à un Nouvelliste de Province.
La lettre, rédigée par un nouvelliste de province à un correspondant parisien, traite de la passion pour les nouvelles. L'auteur reconnaît l'enthousiasme de son destinataire pour les nouvelles et admire ses qualités de nouvelliste. Il évoque des observations faites aux Tuileries, où des groupes de personnes se rassemblaient pour échanger des nouvelles, souvent sans fondement. L'auteur critique ceux qui négligent leurs affaires pour se consacrer uniquement à la collecte de nouvelles, soulignant que cette passion peut devenir méprisable par excès. Il décrit les dangers de cette curiosité excessive, tels que la vanité, l'engagement dans des partis, et les risques de se ridiculiser en public. La lettre met en garde contre l'oisiveté et la superficialité, qui poussent les gens à chercher des nouvelles sans véritable intérêt. L'auteur observe que beaucoup de nouvellistes agissent par vanité, cherchant à se rendre importants en débitant des informations triviales. Il conclut en soulignant les risques de cette passion, notamment pour ceux qui possèdent des ressources intellectuelles mais les utilisent de manière pernicieuse. Le texte discute également des différents types de nouvellistes et de la manière dont ils présentent les nouvelles. Certains nouvellistes, bien que non ennuyeux, racontent des nouvelles sans gravité, les embellissant avec des détails fictifs pour les rendre agréables. D'autres, plus taciturnes et malveillants, se délectent des événements tragiques et des rumeurs, souvent exagérant la culpabilité des individus. Ces esprits amers et partisans manipulent les nouvelles selon leurs préférences, ce qui peut nuire à la cause qu'ils soutiennent. Le texte souligne également l'impatience et l'inquiétude de ceux qui attendent des nouvelles favorables ou craignent des événements défavorables. Le texte contraste la province, où les nouvelles sont rares et peu fiables, avec Paris, où les cafés sont des lieux de rencontre privilégiés pour échanger des nouvelles. Les cafés parisiens sont décrits comme des endroits confortables et conviviaux, où les gens de tous rangs peuvent se réunir pour discuter et partager des informations. Les nouvelles y sont examinées, commentées et validées par la communauté. Enfin, le texte mentionne que les nouvelles peuvent être profitables à diverses personnes, notamment celles qui en font un commerce pour satisfaire la curiosité des provinciaux ou apaiser leurs créanciers.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
16
p. 2900-2901
POLOGNE.
Début :
Les Traitez entre l'Empereur et la République de Pologne ayant été renouvellés depuis le [...]
Mots clefs :
Pologne, Fièvre épidémique, Province
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : POLOGNE.
POLOGNE.
Es Traitez entre l'Empereur et la République LdePologne ayant de renouvel
départ du Roi , conformément aux Constitutions de la Diette generale de 1726. S. M. a envoyé des ordres au Major General de la Couronne qui est actuellement à Constantinople ,
d'en donner part au Grand-Seigneur , et de représenter à S. H. que le renouvellement de ces Traitez ne devoit lui causer aucune inquiétude
parce que ce n'étoit plus une alliance offensive
et qu'on en avoit retranché l'article du Traité
de 1677. qui concernoit la levée des Troupes.
Il régne à Léopold et dans toute la Pologne
une fiévre épidémique , accompagnée des mêmes
symptômes que la fiévre qui préceda la derniere
II. Vol.
ma-
DECEMBRE. 1732 1901
maladie contagieuse de cette Province , ce qui a
déterminé le Régimentaire de la Couronne à y
envoyer plusieurs Compagnies d'Infanterie et de
Cavalerie pour garder les passages , et empêcher
que personne ne sorte de la Province sans Certi ficats de santé
Es Traitez entre l'Empereur et la République LdePologne ayant de renouvel
départ du Roi , conformément aux Constitutions de la Diette generale de 1726. S. M. a envoyé des ordres au Major General de la Couronne qui est actuellement à Constantinople ,
d'en donner part au Grand-Seigneur , et de représenter à S. H. que le renouvellement de ces Traitez ne devoit lui causer aucune inquiétude
parce que ce n'étoit plus une alliance offensive
et qu'on en avoit retranché l'article du Traité
de 1677. qui concernoit la levée des Troupes.
Il régne à Léopold et dans toute la Pologne
une fiévre épidémique , accompagnée des mêmes
symptômes que la fiévre qui préceda la derniere
II. Vol.
ma-
DECEMBRE. 1732 1901
maladie contagieuse de cette Province , ce qui a
déterminé le Régimentaire de la Couronne à y
envoyer plusieurs Compagnies d'Infanterie et de
Cavalerie pour garder les passages , et empêcher
que personne ne sorte de la Province sans Certi ficats de santé
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Résumé : POLOGNE.
En décembre 1732, un traité entre l'Empereur et la Pologne a été renouvelé. L'Empereur a rassuré le Grand-Seigneur qu'il ne s'agissait plus d'une alliance offensive. Une fièvre épidémique sévissait en Pologne, conduisant à des mesures sanitaires strictes.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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17
p. 463-469
DISCOURS prononcé dans l'Hôtel de Ville de la Rochelle, le 18 Juillet 1732. par M. Regnaud, l'un des Membres de la nouvelle Académie Royale, à la tête de la Compagnie.
Début :
MESSIEURS, Nous venons partager avec vous la joïe que nous [...]
Mots clefs :
Académie de La Rochelle, Établissement, La Rochelle, Société littéraire, Sciences, Public, Amour, Gloire, Province, Postérité, Belles-lettres
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : DISCOURS prononcé dans l'Hôtel de Ville de la Rochelle, le 18 Juillet 1732. par M. Regnaud, l'un des Membres de la nouvelle Académie Royale, à la tête de la Compagnie.
DISCOURS prononcé dans l'Hôtel
de Ville de la Rochelle , le 18 Juillet
1732. par M.Regnaud , l'un des Membres
de la nouvelle Académie Royale , à
la tête de la Compagnie.
M
ESSIEURS ,
Nous venons partager avec vous la
joïe que nous cause un Etablissement
aussi glorieux pour cette Ville , qu'il lui
sera utile dans la suite. Cette Société Litteraire
qui s'est formée sous vos yeux, qui
des son commencement a eu l'approba
tion de M. Bignon , Intendant de la Province
, est aujourd'hui honorée de la Protection
de Monseigneur le Prince de
Conti , et érigée en Corps Académique ,
par les Lettres Patentes , qu'il a plû au
Roy de nous accorder .
L'amour de l'Etude avoit fait naître
l'idée de cet Etablissement , la Sagesse
l'a conduit , la Vertu l'a protegé , et l'authorité
Souveraine vient de le rendre stable
, par une de ces graces singulieres que
S. M. ne répand que sur les Villes qui lúi
sont les plus attachées , les plus soumises ,
Ciiij et
464 MERCURE DE FRANCE
et , si je l'ose dire , les plus cheres.
Prérogative bien glorieuse pour nous
mais encore plus interressante ! elle nous
découvre le caractere bienfaisant du Prince,
sous les Loix duquel nous avons le bonheur
de vivre , son zele à étendre l'Empire
des Lettres jusqu'aux extrémitez de la
France , et, ce qui doit nous toucher plus
vivement, son attention à procurer à cette
Ville , tout ce qui peut lui être avantageux.
En effet , MESSIEURS , nos besoins
sont satisfaits , dès qu'il les connoît ; il
sçait que le commerce de cette Ville a
perdu de son activité et de son étenduë
que notre Port est devenu inaccessible
aux Vaisseaux ; il en ordonne le rétablis
sement , l'ouvrage est commencé , et l'expérience
de celui à qui il est confié , nous
assure du succès .
ོ་
བ་
Vraiment Pere de ses Peuples , il veille
sans cesse à leur conservation ; des maladies
Périodiques affligent les habitans de
cette Ville ; il ordonne d'en chercher la
cause, on la découvre, et déja nous voïons
près de cette Digue fameuse , qui sembloit
devoir nous éloigner de la Mer en lui
prescrivant de nouvelles bornes , mille
bras occupez au salut public.
Mieux instruit que nous sommes de
"no"
MARS. 1733.
465
nos propres interêts , il prévient les suites
funestes de cette avidité qui avoit porté
les Contrées voisines à changer l'usage de
leurs Terres , sans faire attention , qu'en
multipliant à l'excès , les fruits d'une
même espece , elles causoient une abondance
capable de ruiner la principale ressource
de cette Province.
Il semble , MESSIEURS , que cet Astre
ne soit placé sur nos têtes que pour
nous faire sentir la douceur de ses influences
; toujours attentif à recompenser
le mérite et les services de ses Sujets , il
vient de répandre un nouveau lustre
sur une Compagnie encore plus - respectable
par les qualitez de l'esprit et
du coeur , que par le nouvel éclat dont
S. M. a bien voulu l'honorer.
Secondant les voeux d'un Corps qué la
piété et le sçavoir ont toujours distingués
il veut , à l'honneur de la Religion élever
des Autels , dignes de sa Magnificence
Royale , dans les mêmes lieux où l'on regrete
encore ceux que la Guerre et l'Hérésie
ont renverses avec tant de fureur.
›
Notre reconnoissance se ranime à la
vûë de tous ces bienfaits ; mais eussionsnous
pû , MESSIEURS la marquer
d'une manière assez éclatante , si la nouvelle
faveur que nous recevons de S. M.
C v
ne
466 MERCURE DE FRANCE
ne nous mettoit en état de la rendre publique
, et de la faire passer jusqu'à la
posterité la plus reculée.
L'amour des Letttes , et leurs progrès
dans un Etat sont des marques assurées
de grandeur et de prosperité , et leur Etablissement
dans une Ville , et pour tous
les Citoiens , une source de gloire , à laquelle
chacun a droit de prétendre,à proportion
de ses talens .
Vous le sçavez , MESSIEURS , et j'ose
le dire , vous le sçavez par expérience
quels sont les avantages que l'on retire de
la connoissance et de l'amour des belles
Lettres ; jamais l'ame n'est mieux préparée
à la vertu que lorsque les Sciences y
ont répandu la lumiere , plus on est instruit
, micux on est en état de remplir ses
devoirs.
Pour nous en convaincre , parcourons
les differens états d'une Ville où les Lettres
et les Sciences sont cultivées ; nous y
verrons tous les Postes également bien
remplis ; l'authorité y esr sans aigreur ;
Pobéissance sans contrainte ; un heureux
Equilibre y entretient l'harmonie et la
paix ; il regne entre ses habitans , " une
émulation sans envie ; des moeurs douces.
et policées y rendent la société agréable ;
les Arts sont portez à leur perfection , la
ReliMAR
S. 1733 .
467
Religion est honorée et respectée, les Loix
sont en vigueur, chacun est occupé au milieu
de l'abondance.
.. Ce sont-là , MESSIEURS , les fruits
des Sciences et des Belles - Lettres , dont
vous avez jetté les premieres semences
dans cette Province , par l'établissement
de ces Ecoles publiques , où l'on cultive
sans cesse les biens les plus précieux de la
vie , la sience et la vertu.
De là sont sortis ces grands sentimens ,
ces nobles idées , qui se sont dévelopées
peu à peu , et ausquelles il ne manquoit
que le temps et l'occasion pour éclater.
Telle est aussi , MESSIEURS , l'origine de
cette Société Litteraire , à la gloire de laquelle
vous vous trouvez interressez par
des motifs si pressans.
Jettez les yeux pour un moment , sur
un avenir , qui n'est peut - être pas si
éloigné ; et vous verrez les effets de la
noble émulation que cet établissement
va exciter dans tous les coeurs de nos Concitoiens
; vous verrez que ces Plantes si
cheres que vous cultivez avec tant de précaution
, que ces Enfans , dignes de tout
votre amour , comme de tous vos soins ;
seront les premiets à profiter de tous ces
avantages ; ces genies propres aux plus
grandes choses , cultivez par une heu-
C vi reuse
468 MERCURE DE FRANCE
reuse éducation et animez par des exem-
-ples domestiques , rempliront dignement
la place de leurs Peres , et deviendront.
un jour comme eux l'honneur et la gloire
de leur Patrie.
Si le coeur se porte sans cesse vers l'objet
qu'il aime , avec quelle impatience,
MESSIEURS , n'attendez vous point
ces heureux momens où vous pourrez
faire usage de ces sentimens de générosité
qui vous sont si naturels , et qui conviennent
si - bien au poste que voire mérite
semble vous avoir procuré avant le
temps ?
Vous n'aurez , MESSIEURS, qu'à laisser
agir . votre reconnoissance , envers les
Lettres , nos désirs seront remplis , et
l'Académie aura lieu de se féliciter d'une
si heureuse circonstance.
Tour se déclare en notre faveur ; vous.
connoissez ; MESSIEURS , le prix des
Lettres , et vous en faites la matiere de
vos plus douces occupations , les uns par
d'élégantes traductions que le public attend
avec impatience ; les autres par des
Discours aussi solides qu'éloquens , prononcez
avec grace en diverses occasions ;
d'autres , par des recherches et des Anecdotes
aussi utiles à tous les Etats , que
glorieuses à ceux qui se sont appliquez à
former
MARS. 1733.
469
former ces précieux dépôts. Enfin , MESSIEURS,
Votre gout pour les Sciences et
votre zele pour l'intérêt public , nous
donnent lieu d'esperer que vous contribuerez
de tout votre pouvoir à soutenir
un Etablissement qui ne sauroit être indifferent
à ceux qu'une heureuse éducation
distingne du yulgaire.
La gloire du Roy , celle du Prince
notre Auguste Protecteur, le Bien public,
nos interêts communs . Voilà , MESSIEURS ,
les motifs qui doivent nous réunir , pour
faire éclater notre juste reconnoissance ret
pour apprendre à la postérité que les plus
brillantes Victoires des Regnes précédens
cedenr aux douceurs dont nous
jouissons sous le meilleur de tous les
Rois.
de Ville de la Rochelle , le 18 Juillet
1732. par M.Regnaud , l'un des Membres
de la nouvelle Académie Royale , à
la tête de la Compagnie.
M
ESSIEURS ,
Nous venons partager avec vous la
joïe que nous cause un Etablissement
aussi glorieux pour cette Ville , qu'il lui
sera utile dans la suite. Cette Société Litteraire
qui s'est formée sous vos yeux, qui
des son commencement a eu l'approba
tion de M. Bignon , Intendant de la Province
, est aujourd'hui honorée de la Protection
de Monseigneur le Prince de
Conti , et érigée en Corps Académique ,
par les Lettres Patentes , qu'il a plû au
Roy de nous accorder .
L'amour de l'Etude avoit fait naître
l'idée de cet Etablissement , la Sagesse
l'a conduit , la Vertu l'a protegé , et l'authorité
Souveraine vient de le rendre stable
, par une de ces graces singulieres que
S. M. ne répand que sur les Villes qui lúi
sont les plus attachées , les plus soumises ,
Ciiij et
464 MERCURE DE FRANCE
et , si je l'ose dire , les plus cheres.
Prérogative bien glorieuse pour nous
mais encore plus interressante ! elle nous
découvre le caractere bienfaisant du Prince,
sous les Loix duquel nous avons le bonheur
de vivre , son zele à étendre l'Empire
des Lettres jusqu'aux extrémitez de la
France , et, ce qui doit nous toucher plus
vivement, son attention à procurer à cette
Ville , tout ce qui peut lui être avantageux.
En effet , MESSIEURS , nos besoins
sont satisfaits , dès qu'il les connoît ; il
sçait que le commerce de cette Ville a
perdu de son activité et de son étenduë
que notre Port est devenu inaccessible
aux Vaisseaux ; il en ordonne le rétablis
sement , l'ouvrage est commencé , et l'expérience
de celui à qui il est confié , nous
assure du succès .
ོ་
བ་
Vraiment Pere de ses Peuples , il veille
sans cesse à leur conservation ; des maladies
Périodiques affligent les habitans de
cette Ville ; il ordonne d'en chercher la
cause, on la découvre, et déja nous voïons
près de cette Digue fameuse , qui sembloit
devoir nous éloigner de la Mer en lui
prescrivant de nouvelles bornes , mille
bras occupez au salut public.
Mieux instruit que nous sommes de
"no"
MARS. 1733.
465
nos propres interêts , il prévient les suites
funestes de cette avidité qui avoit porté
les Contrées voisines à changer l'usage de
leurs Terres , sans faire attention , qu'en
multipliant à l'excès , les fruits d'une
même espece , elles causoient une abondance
capable de ruiner la principale ressource
de cette Province.
Il semble , MESSIEURS , que cet Astre
ne soit placé sur nos têtes que pour
nous faire sentir la douceur de ses influences
; toujours attentif à recompenser
le mérite et les services de ses Sujets , il
vient de répandre un nouveau lustre
sur une Compagnie encore plus - respectable
par les qualitez de l'esprit et
du coeur , que par le nouvel éclat dont
S. M. a bien voulu l'honorer.
Secondant les voeux d'un Corps qué la
piété et le sçavoir ont toujours distingués
il veut , à l'honneur de la Religion élever
des Autels , dignes de sa Magnificence
Royale , dans les mêmes lieux où l'on regrete
encore ceux que la Guerre et l'Hérésie
ont renverses avec tant de fureur.
›
Notre reconnoissance se ranime à la
vûë de tous ces bienfaits ; mais eussionsnous
pû , MESSIEURS la marquer
d'une manière assez éclatante , si la nouvelle
faveur que nous recevons de S. M.
C v
ne
466 MERCURE DE FRANCE
ne nous mettoit en état de la rendre publique
, et de la faire passer jusqu'à la
posterité la plus reculée.
L'amour des Letttes , et leurs progrès
dans un Etat sont des marques assurées
de grandeur et de prosperité , et leur Etablissement
dans une Ville , et pour tous
les Citoiens , une source de gloire , à laquelle
chacun a droit de prétendre,à proportion
de ses talens .
Vous le sçavez , MESSIEURS , et j'ose
le dire , vous le sçavez par expérience
quels sont les avantages que l'on retire de
la connoissance et de l'amour des belles
Lettres ; jamais l'ame n'est mieux préparée
à la vertu que lorsque les Sciences y
ont répandu la lumiere , plus on est instruit
, micux on est en état de remplir ses
devoirs.
Pour nous en convaincre , parcourons
les differens états d'une Ville où les Lettres
et les Sciences sont cultivées ; nous y
verrons tous les Postes également bien
remplis ; l'authorité y esr sans aigreur ;
Pobéissance sans contrainte ; un heureux
Equilibre y entretient l'harmonie et la
paix ; il regne entre ses habitans , " une
émulation sans envie ; des moeurs douces.
et policées y rendent la société agréable ;
les Arts sont portez à leur perfection , la
ReliMAR
S. 1733 .
467
Religion est honorée et respectée, les Loix
sont en vigueur, chacun est occupé au milieu
de l'abondance.
.. Ce sont-là , MESSIEURS , les fruits
des Sciences et des Belles - Lettres , dont
vous avez jetté les premieres semences
dans cette Province , par l'établissement
de ces Ecoles publiques , où l'on cultive
sans cesse les biens les plus précieux de la
vie , la sience et la vertu.
De là sont sortis ces grands sentimens ,
ces nobles idées , qui se sont dévelopées
peu à peu , et ausquelles il ne manquoit
que le temps et l'occasion pour éclater.
Telle est aussi , MESSIEURS , l'origine de
cette Société Litteraire , à la gloire de laquelle
vous vous trouvez interressez par
des motifs si pressans.
Jettez les yeux pour un moment , sur
un avenir , qui n'est peut - être pas si
éloigné ; et vous verrez les effets de la
noble émulation que cet établissement
va exciter dans tous les coeurs de nos Concitoiens
; vous verrez que ces Plantes si
cheres que vous cultivez avec tant de précaution
, que ces Enfans , dignes de tout
votre amour , comme de tous vos soins ;
seront les premiets à profiter de tous ces
avantages ; ces genies propres aux plus
grandes choses , cultivez par une heu-
C vi reuse
468 MERCURE DE FRANCE
reuse éducation et animez par des exem-
-ples domestiques , rempliront dignement
la place de leurs Peres , et deviendront.
un jour comme eux l'honneur et la gloire
de leur Patrie.
Si le coeur se porte sans cesse vers l'objet
qu'il aime , avec quelle impatience,
MESSIEURS , n'attendez vous point
ces heureux momens où vous pourrez
faire usage de ces sentimens de générosité
qui vous sont si naturels , et qui conviennent
si - bien au poste que voire mérite
semble vous avoir procuré avant le
temps ?
Vous n'aurez , MESSIEURS, qu'à laisser
agir . votre reconnoissance , envers les
Lettres , nos désirs seront remplis , et
l'Académie aura lieu de se féliciter d'une
si heureuse circonstance.
Tour se déclare en notre faveur ; vous.
connoissez ; MESSIEURS , le prix des
Lettres , et vous en faites la matiere de
vos plus douces occupations , les uns par
d'élégantes traductions que le public attend
avec impatience ; les autres par des
Discours aussi solides qu'éloquens , prononcez
avec grace en diverses occasions ;
d'autres , par des recherches et des Anecdotes
aussi utiles à tous les Etats , que
glorieuses à ceux qui se sont appliquez à
former
MARS. 1733.
469
former ces précieux dépôts. Enfin , MESSIEURS,
Votre gout pour les Sciences et
votre zele pour l'intérêt public , nous
donnent lieu d'esperer que vous contribuerez
de tout votre pouvoir à soutenir
un Etablissement qui ne sauroit être indifferent
à ceux qu'une heureuse éducation
distingne du yulgaire.
La gloire du Roy , celle du Prince
notre Auguste Protecteur, le Bien public,
nos interêts communs . Voilà , MESSIEURS ,
les motifs qui doivent nous réunir , pour
faire éclater notre juste reconnoissance ret
pour apprendre à la postérité que les plus
brillantes Victoires des Regnes précédens
cedenr aux douceurs dont nous
jouissons sous le meilleur de tous les
Rois.
Fermer
Résumé : DISCOURS prononcé dans l'Hôtel de Ville de la Rochelle, le 18 Juillet 1732. par M. Regnaud, l'un des Membres de la nouvelle Académie Royale, à la tête de la Compagnie.
Le 18 juillet 1732, M. Regnaud, membre de la nouvelle Académie Royale de La Rochelle, a prononcé un discours célébrant la création d'une société littéraire dans la ville. Cette initiative a été approuvée par M. Bignon, Intendant de la Province, et protégée par Monseigneur le Prince de Conti, avant d'être officialisée par des lettres patentes du roi. L'établissement de cette académie est perçu comme une source de gloire et d'utilité pour La Rochelle. Le discours souligne la bienveillance du roi envers les villes loyales et soumises, mettant en avant son zèle pour l'expansion des lettres et son attention aux besoins de La Rochelle. Le roi a ordonné la restauration du port et la lutte contre les maladies périodiques affectant la ville. Il a également pris des mesures pour prévenir les conséquences néfastes de l'avidité agricole dans les régions voisines. L'académie est vue comme un moyen de promouvoir la vertu et la connaissance, contribuant à une société harmonieuse et prospère. Le discours encourage les membres à cultiver les lettres et les sciences, soulignant leur rôle dans le développement des talents et des vertus civiques. La reconnaissance envers le roi et le prince est exprimée, ainsi que l'espoir de voir les jeunes générations bénéficier de cette éducation et devenir un jour l'honneur de leur patrie.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
18
p. 301-307
LETTRE de M. l'Abbé de ... au sujet de la nouvelle Histoire de Languedoc.
Début :
Vous me demandez, Monsieur, fort à propos des nouvelles de la suite [...]
Mots clefs :
Histoire, Languedoc, Comte de Toulouse, Province, Preuves, Pièces justificatives, Grands vassaux, Droits régaliens, Généalogie, Historiens
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. l'Abbé de ... au sujet de la nouvelle Histoire de Languedoc.
LETTRE de M. l'Abbé de ... au sujet
de la nouvelle Histoire de Languedoc.
V
Ous me demandez , Monsieur , fort
à propos des nouvelles de la suite
de l'Histoire de la Province de Languedoc
, dont les R. P. D. Claude de Vic ,
et D. Joseph Vaissette , Benedictins de
S. Maur , qui travaillent à cet Ouvrage
depuis l'année 1715. viennent de publier
le second volume. Le premier Tome parût,
comme vous sçavez , sur la fin de
l'année 1730. et vous me parûtes bien satisfait
de sa lecture ; ainsi je ne puisque
louer votre empressement pour con
noître la disposition de ce second volu
mes ce que votre éloignement de Paris
EV ห รื
302 MERCURE DE FRANCE
me vous permet pas de faire par vousmême.
C'est toujours le même titre : HISTOI
RE GENERALE de Languedoc, avec des Noses
et les Pieces justificatives , composée sur
les Auteurs et les Titres originaux , et enrichie
de divers Monumens.Tome second ,
in fol. de 648 pag. sans les Preuves , et la
Table generale des noms et des matieres,
qui en contiennent 700. A Paris , chez
Jacques Vincent , ruë S. Severin, à l'Ange.
1733.
Un court Avertissement précede ce
Volume , et dispose à le lire utilement.
Il comprend l'Histoire de près de trois
siécles , commençant au Regne de Loüis
le Begue , Epoque principale de l'hérédité
des Fiefs de Dignité dans les Maisons
des Grands Vassaux , qui usurperent
bien- tôt les Droits Régaliens . Il finit au
commencement des Troubles , que l'hé
résie des Albigeois causa dans la Province
, où à la condamnation de ces Hérétiques
dans le Concile , tenu en 1165 ,
à
Lombez , dans le Diocèse d'Albi .
Je n'entrerai point icy , Monsieur, dans
le détail des faits qui font la matiere des
huit Livres dont ce second volume est
composé ; un Sommaire même de ces
Livres excederoit les bornes d'une LettreFEVRIER.
1734. 393
tre. Je me contenterai de vous dire en
general , avec nos Sçavans Auteurs , que
dans un temps aussi obscur pour l'Histoire
de cette Province et pour celle de
France , que les X. XI et XIIe siècles , ils
ont cru ne devoir rien négliger. C'est ce
qui les a portez à employer certains faits
qui seront peut être regardez comme peu
Importans , et qui auroient été omis dans
d'autres circonstances.
Ils se sont attachez principalement ,
soit dans l'Histoire , soit dans les Notes,à
faire connoître autant qu'il leur a été
possible , l'origine , la succession , la genealogie
et les actions des Comtes , des
Vicomtes et des autres Grands Vassaux
de la Province ; sur tout de ceux qui ont
joui des Droits Régaliens' ; matiere dont
la plus grande partie étoit enveloppée
d'épaisses ténébres , qui sont icy dissipéesles
Monumens du temps.
par
La Méthode qui a été suivie dans cette
recherche , où l'on n'a admis que ce
qui s'est trouvé appuyé sur les Titres et
sur les anciens Ecrivains , a engagé nos
Historiens à rapporter la plupart des Piéces
justificatives , sur lesquelles ils se sont
fondez . Ils donnent aussi plusieurs actes .
qu'ils ont jugez interessans ; en particulier
, ceux qui peuvent servir à découvrir
E vj l'ori
304 MERCURE DE FRANCE
l'origine et la généalogie de l'ancienne
Noblesse du Païs, Les Gens de Lettres estiment
ces sortes de Recueils , qui ont .
plusieurs utilitez.
Dans ce volume , comme dans le précedent
, on s'est attaché à éclaircir les
faits douteux ou obscurs , soit dans le
corps de l'ouvrage , soit dans les Notes.
Nos Auteurs se sont fort étendus sur la
premiere Croisade , ce qui étoit indispensable
; parce que Raymond de S. Gilles,
Comte de Toulouse , fut un des principaux
Chefs de cette celebre expédition ,
et que la principale Noblesse. de la Province
y prit beaucoup de part. Il étoit
donc nécessaire de ne rien passer de ce
qui regarde leurs Personnes et leurs Exploits
, nos Historiens modernes en ayant
d'ailleurs parlé fort succinctement.
Les ornemens qui enrichissent le premier
volume continuent dans celui cy
et dans le même ordre.C'est- à-dire qu'on
voit à la tête de chaque Livre er au
commencement des Notes et des Preuves
qui font un corps d'Ouvrage separé, une
fort belle Estampe en Vignette , qui en
représente le principal' sujer. Elles sont
du dessein de M. de Cazes Peintre de
Académie Royale de Peinture , et gravées
par une habile main.
La
FEVRIER. 1734. 305
La premiere au Frontispice du Livre
XI. porte en bas cette Inscription , Louis
Le Begue dispose du Marquisa: de Gothie
en faveur de Bernard III.
Dans celle du XII . L. Les Hongrois
mis en fuite par Raymond Comte de Tou-
Lause..
Liv. XII. Victoire de Roger I. Comie
de Carcassone sur Oliba Cabretta.
Liv. XIV. Paix entre l'Archevêque et le
Vicomte de Narbonne.
Liv. XV. Départ de Raymond de S. Gil
les , Comte de Toulouse pour la Croisade.
Liv. XVI . Arrivée de Bertrand , Comte
de Toulouse , au Port d'Antioche.
Liv. XVII. Alfonse Comte de Toulouse
prend la Croix des mains de S. Bernard.
Liv. XVIII . Levée du Siége de Tou
louse par Henri II. Roy d'Angleterre.
Au commencement des Notes sur
l'Histoire , est representé par une Estam
pe particuliere , le partage de la Provence
entre le Comte de Toulouse et le Comte de
Barcelone. Et à la tête des Preuves une
derniere Estampe represente l'Invention
des Reliques de S. Bausile , Martyr à
Nîmes.
J'ai prévenu, Monsieur , vôtre demande
au sujet de ces belles Estampes que
vous souhaiterez sans doute de joindre à
celles306
MERCURE DE FRANCE .
celles du premier volume que je vous ai
envoyées dans le tems et qui méritent
assurément une place dans vos Recueils.
Elles m'ont été accordées avec la même
politesse et la même bonté que les précedentes.
Par surcroît d'agrément pour vous et
d'ornement pour ma Lettre , je vous envoye
un Dessein exact de la Médaille
que les Etats de la Province de Languedoc
viennent de faire frapper au sujet de
l'Histoire dont il s'agit ici . C'est un Monument
destiné à éterniser un autre Monument
digne par lui même de l'immortalité
, et qui célébrera aussi l'Amour de
la Patrie et la magnificence de Messieurs
des Etats dans la Composition de cette
Histoire.
On voit d'un côté sur cette Médaille
le Portrait du Roy avec la Legende ordinaire
et sur le revers la Muse de ,
POST
FATA
SU
ERIT
COM- OCCIT.
1734.
l'HisFEVRIER
. 1734 307
P'Histoire , assise , et dans une attitude
noble , tenant d'une main la Plume , et
de l'autre un Livre ouvert , un Volume
fermé est couché à ses pieds ; avec cette
Inscription . ERIT POST FATA SUPERSTES :
et dans l'Exergue COM. OCCIT . MDCCXXXIV.
Je suis Monsieur , & c.
A Paris le to Janvier 1734.
de la nouvelle Histoire de Languedoc.
V
Ous me demandez , Monsieur , fort
à propos des nouvelles de la suite
de l'Histoire de la Province de Languedoc
, dont les R. P. D. Claude de Vic ,
et D. Joseph Vaissette , Benedictins de
S. Maur , qui travaillent à cet Ouvrage
depuis l'année 1715. viennent de publier
le second volume. Le premier Tome parût,
comme vous sçavez , sur la fin de
l'année 1730. et vous me parûtes bien satisfait
de sa lecture ; ainsi je ne puisque
louer votre empressement pour con
noître la disposition de ce second volu
mes ce que votre éloignement de Paris
EV ห รื
302 MERCURE DE FRANCE
me vous permet pas de faire par vousmême.
C'est toujours le même titre : HISTOI
RE GENERALE de Languedoc, avec des Noses
et les Pieces justificatives , composée sur
les Auteurs et les Titres originaux , et enrichie
de divers Monumens.Tome second ,
in fol. de 648 pag. sans les Preuves , et la
Table generale des noms et des matieres,
qui en contiennent 700. A Paris , chez
Jacques Vincent , ruë S. Severin, à l'Ange.
1733.
Un court Avertissement précede ce
Volume , et dispose à le lire utilement.
Il comprend l'Histoire de près de trois
siécles , commençant au Regne de Loüis
le Begue , Epoque principale de l'hérédité
des Fiefs de Dignité dans les Maisons
des Grands Vassaux , qui usurperent
bien- tôt les Droits Régaliens . Il finit au
commencement des Troubles , que l'hé
résie des Albigeois causa dans la Province
, où à la condamnation de ces Hérétiques
dans le Concile , tenu en 1165 ,
à
Lombez , dans le Diocèse d'Albi .
Je n'entrerai point icy , Monsieur, dans
le détail des faits qui font la matiere des
huit Livres dont ce second volume est
composé ; un Sommaire même de ces
Livres excederoit les bornes d'une LettreFEVRIER.
1734. 393
tre. Je me contenterai de vous dire en
general , avec nos Sçavans Auteurs , que
dans un temps aussi obscur pour l'Histoire
de cette Province et pour celle de
France , que les X. XI et XIIe siècles , ils
ont cru ne devoir rien négliger. C'est ce
qui les a portez à employer certains faits
qui seront peut être regardez comme peu
Importans , et qui auroient été omis dans
d'autres circonstances.
Ils se sont attachez principalement ,
soit dans l'Histoire , soit dans les Notes,à
faire connoître autant qu'il leur a été
possible , l'origine , la succession , la genealogie
et les actions des Comtes , des
Vicomtes et des autres Grands Vassaux
de la Province ; sur tout de ceux qui ont
joui des Droits Régaliens' ; matiere dont
la plus grande partie étoit enveloppée
d'épaisses ténébres , qui sont icy dissipéesles
Monumens du temps.
par
La Méthode qui a été suivie dans cette
recherche , où l'on n'a admis que ce
qui s'est trouvé appuyé sur les Titres et
sur les anciens Ecrivains , a engagé nos
Historiens à rapporter la plupart des Piéces
justificatives , sur lesquelles ils se sont
fondez . Ils donnent aussi plusieurs actes .
qu'ils ont jugez interessans ; en particulier
, ceux qui peuvent servir à découvrir
E vj l'ori
304 MERCURE DE FRANCE
l'origine et la généalogie de l'ancienne
Noblesse du Païs, Les Gens de Lettres estiment
ces sortes de Recueils , qui ont .
plusieurs utilitez.
Dans ce volume , comme dans le précedent
, on s'est attaché à éclaircir les
faits douteux ou obscurs , soit dans le
corps de l'ouvrage , soit dans les Notes.
Nos Auteurs se sont fort étendus sur la
premiere Croisade , ce qui étoit indispensable
; parce que Raymond de S. Gilles,
Comte de Toulouse , fut un des principaux
Chefs de cette celebre expédition ,
et que la principale Noblesse. de la Province
y prit beaucoup de part. Il étoit
donc nécessaire de ne rien passer de ce
qui regarde leurs Personnes et leurs Exploits
, nos Historiens modernes en ayant
d'ailleurs parlé fort succinctement.
Les ornemens qui enrichissent le premier
volume continuent dans celui cy
et dans le même ordre.C'est- à-dire qu'on
voit à la tête de chaque Livre er au
commencement des Notes et des Preuves
qui font un corps d'Ouvrage separé, une
fort belle Estampe en Vignette , qui en
représente le principal' sujer. Elles sont
du dessein de M. de Cazes Peintre de
Académie Royale de Peinture , et gravées
par une habile main.
La
FEVRIER. 1734. 305
La premiere au Frontispice du Livre
XI. porte en bas cette Inscription , Louis
Le Begue dispose du Marquisa: de Gothie
en faveur de Bernard III.
Dans celle du XII . L. Les Hongrois
mis en fuite par Raymond Comte de Tou-
Lause..
Liv. XII. Victoire de Roger I. Comie
de Carcassone sur Oliba Cabretta.
Liv. XIV. Paix entre l'Archevêque et le
Vicomte de Narbonne.
Liv. XV. Départ de Raymond de S. Gil
les , Comte de Toulouse pour la Croisade.
Liv. XVI . Arrivée de Bertrand , Comte
de Toulouse , au Port d'Antioche.
Liv. XVII. Alfonse Comte de Toulouse
prend la Croix des mains de S. Bernard.
Liv. XVIII . Levée du Siége de Tou
louse par Henri II. Roy d'Angleterre.
Au commencement des Notes sur
l'Histoire , est representé par une Estam
pe particuliere , le partage de la Provence
entre le Comte de Toulouse et le Comte de
Barcelone. Et à la tête des Preuves une
derniere Estampe represente l'Invention
des Reliques de S. Bausile , Martyr à
Nîmes.
J'ai prévenu, Monsieur , vôtre demande
au sujet de ces belles Estampes que
vous souhaiterez sans doute de joindre à
celles306
MERCURE DE FRANCE .
celles du premier volume que je vous ai
envoyées dans le tems et qui méritent
assurément une place dans vos Recueils.
Elles m'ont été accordées avec la même
politesse et la même bonté que les précedentes.
Par surcroît d'agrément pour vous et
d'ornement pour ma Lettre , je vous envoye
un Dessein exact de la Médaille
que les Etats de la Province de Languedoc
viennent de faire frapper au sujet de
l'Histoire dont il s'agit ici . C'est un Monument
destiné à éterniser un autre Monument
digne par lui même de l'immortalité
, et qui célébrera aussi l'Amour de
la Patrie et la magnificence de Messieurs
des Etats dans la Composition de cette
Histoire.
On voit d'un côté sur cette Médaille
le Portrait du Roy avec la Legende ordinaire
et sur le revers la Muse de ,
POST
FATA
SU
ERIT
COM- OCCIT.
1734.
l'HisFEVRIER
. 1734 307
P'Histoire , assise , et dans une attitude
noble , tenant d'une main la Plume , et
de l'autre un Livre ouvert , un Volume
fermé est couché à ses pieds ; avec cette
Inscription . ERIT POST FATA SUPERSTES :
et dans l'Exergue COM. OCCIT . MDCCXXXIV.
Je suis Monsieur , & c.
A Paris le to Janvier 1734.
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Résumé : LETTRE de M. l'Abbé de ... au sujet de la nouvelle Histoire de Languedoc.
L'Abbé de... répond à une demande concernant la suite de l'Histoire de la Province de Languedoc. Les Révérends Pères Dom Claude de Vic et Dom Joseph Vaissette, bénédictins de Saint-Maur, travaillent sur cet ouvrage depuis 1715. Le premier tome est paru fin 1730 et a été bien accueilli. Le second volume, publié en 1733, couvre près de trois siècles d'histoire, de Louis le Bègue jusqu'aux troubles causés par l'hérésie des Albigeois et leur condamnation en 1165. Le second volume comprend huit livres et est enrichi de notes et de pièces justificatives basées sur des auteurs et titres originaux. Les auteurs ont inclus des faits jugés peu importants dans d'autres circonstances pour éclaircir des périodes obscures de l'histoire de la province et de la France. Ils se sont concentrés sur l'origine, la succession, la généalogie et les actions des comtes, vicomtes et autres grands vassaux, dissipant ainsi les ténèbres sur ces sujets. Les auteurs ont également rapporté des pièces justificatives et des actes intéressants, notamment ceux concernant l'origine et la généalogie de l'ancienne noblesse. Le volume éclaire les faits douteux ou obscurs et se penche en détail sur la première Croisade, en raison de la participation notable de la noblesse languedocienne. Le volume est illustré de belles estampes en vignette, gravées par un artiste habile, représentant des événements clés. L'Abbé envoie également un dessin d'une médaille frappée par les États de la Province de Languedoc, célébrant l'histoire et la patrie. La médaille porte l'inscription 'ERIT POST FATA SUPERSTES' et 'COM. OCCIT. MDCCXXXIV'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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19
p. 147-164
Observations du P. LAUGIER, Jesuite, sur la nouvelle Histoire de la conquête de la Chine.
Début :
En lisant la nouvelle Histoire de la conquête de la Chine, j'ai été supris [...]
Mots clefs :
Chine, Conquête de la Chine, Empereur, Histoire, Pékin, Troupes, Province, Empire chinois, Tartares orientaux, Mandchous
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texteReconnaissance textuelle : Observations du P. LAUGIER, Jesuite, sur la nouvelle Histoire de la conquête de la Chine.
HISTOIRE.
Obfervations du P. LAUGIER , Jefuite , fur
la nouvelle Hiftoire de la conquête de la
Chine.
N lifant la nouvelle Hiftoire de la
EN conquête de la Chine , j'ai été furpris
d'y trouver fi peu de conformité avec ce
que nous en lifons dans les faftes de la
monarchie chinoife , par le P. Duhalde.
Ce dernier auteur , fort exact dans fes recherches
, paroît n'avoir rien omis de ce
qui peut garantir la certitude de fes récits.
Quoiqu'il ne nous donne qu'une hiftoire
abrégée , les principaux événemens y
font très nettement expofés , & enchaînés
d'une maniere très naturelle. L'idée qu'il
nous donne de la derniere révolution qui
a foumis la Chine à un Prince Tartare ,
eft fenfiblement dénaturée dans le tableau
que nous en trace la nouvelle Hiftoire.
En confrontant les deux ouvrages , j'ai reconnu
des différences effentielles , qui me
Gij
148 MERCURE DE FRANCE.
font craindre que le manufcrit des Jéfuites
de Lyon ne foit pas auffi précieux
qu'on nous l'annonce ; différences dont il
importe que le public foit averti , & fur
lefquelles l'éditeur de la nouvelle Hiftoire
auroit dû nous donner des éclairciffemens
capables de prévenir l'impreffion que ce
contrafte doit faire fur les lecteurs attentifs.
Selon le P. de Mailla , auteur du manufcrit
de Lyon , les Tartares Mancheoux ,
au commencement du dernier fiécle , étoient
vaffaux de l'Empire Chinois. On les regardoit
comme une nation paifible , pen
difpofée à fe réunit fous un chef peu redoutable
à ceux qui voudroient l'opprimer.
Ils avoient obtenu depuis peu , par
grace fpéciale de la Cour de Pekin , d'étendre
leurs habitations dans le Leaotong,
province la plus feptentrionale de la Chine,
au- delà de la grande muraille. Quelques
Mandarins , ennemis des Mancheoux ,
voulurent reprendre le terrein qui leur
avoit été cédé ; & comme ils trouverent
de la réfiftance , ils réfolurent d'en venir
à la force ouverte. Les Tartares murmurerent
hautement de cette injuftice . Pour
prévenir les fuites de leur mécontentement
, les Mandarins prirent le parti extrême
de détruire violemment toutes les
JANVIER. 1755 149
habitations des Mancheoux dans le Leaotong,
& d'en tranfporter ailleurs toutes
les familles. Ceux - ci trop foibles pour foutenir
leur droit , cederent triftement à
l'orage , attendant qu'un tems plus calme
leur fournît les moyens de demander ou
de fe faire juftice. Dès qu'ils apperçurent
qu'on n'avoit plus la même vigilance pour
les écarter , ils effayerent de rentrer furtivement
dans le Leaotong ; ils y formerent
de nouvelles habitations. Mais lorsqu'ils
s'y croyoient à l'abri de toute infulte , les
Mandarins firent marcher contre eux des
troupes , & les chafferent avec encore plus
d'inhumanité que la premiere fois. Alors
les Mancheoux , defefpérés d'un traitement
fi dur , conçurent le hardi deffein de s'affranchir
de la tyrannie des Chinois. Ils
élurent un Roi ; ils prirent les armes , &
commencerent une guerre qui en moins
de trente ans les rendit maîtres de toute la
Chine.
Telle eft , felon le P. de Mailla , la foible
étincelle qui a allumé ce grand incendie.
Un effet fi extraordinaire , attribué
à une fi légere caufe , augmente le merveilleux
de la narration ; mais la vraifemblance
exige des couleurs plus naturelles.
Quel que foit l'empire du defefpoir , pour
porter des efclaves à brifer leurs chaînes ,
G iij
150 MERCURE DE FRANCE .
eft-il à préfumer que ce principe feul ait
donné aux Mancheoux , dans leur extrême
foibleffe , une activité affez prompte &
affez dominante pour abforber en fi peu
de tems toutes les forces d'un Etat tel que
celui de la Chine ? Les hiftoires anciennes
& modernes ne nous apprennent rien qui
puiffe accréditer la réalité d'un pareil foulevement
opéré par des agens fi communs
, dans un degré de fermentation fi
ordinaire .
Je conviens cependant que la choſe
n'eft pas phyñquement impoffible , & que
fi l'on s'en tenoit toujours féverement à
la vraisemblance , on feroit en danger de
rejetter plus d'une vérité.. Mais dès que
je vois la chofe racontée très différemment
par un autre auteur , je ne fçaurois
foufcrire aveuglément à un témoignage
qui , quoique poftérieur , n'a certainement
rien qui doive lui faire adjuger la préférence
.
-
Or voici ce qui réſulte des Faſtes du P.
Duhalde. Les Tartares , qui occupent un
vafte pays au nord de la Chine , ont été
divifés de toute ancienneté en Tartares
orientaux, qui habitent entre la Chine & la
Corée , & en Tartares occidentaux , qui
habitent entre la Chine & le Thiber. Ces
peuples , continuellement en guerre avec
JANVIER . 1755. 151
les Chinois , ont été de tous leurs voifins
les plus incommodes. Des moeurs fauvages
, une vie errante dans les forêts , un
penchant décidé vers la rapine , une force
de corps capable de réfifter aux fatigues
les plus infupportables , de l'ardeur pour
tenter la fortune des combats , firent toujours
le caractère de cette nation barbare.
il ne lui a jamais manqué que les avantages
de l'union & de la difcipline , pour
jouer en Afie le même rôle qu'ont joué
dans l'Europe les peuples du Nord. Dès
les premiers tems de la monarchie chinoife
, nous voyons ces Tartares infeſter
de leurs ravages les provinces de l'Empire.
Tout fe réduifoit alors de leur part à faire
des courfes rapides & paffageres , à piller
tout ce qui pouvoit intéreffer leur cupidité
, & à retourner dans leur pays char
gés de butin. Soumis à différens chefs ,
cette defunion les empêchoit de donner
aux Chinois d'autre inquiétude que celle
que donnent à une armée les partis ennemis
qui la harcelent fans pouvoir l'entamer.
- Leurs excurfions pourtant devinrent fi
incommodes , que dans le deffein d'oppofer
une digue à ces torrens tumultueux ,
l'Empereut Hin Chi , plus de deux cens ans
avant l'ere chrétienne , fit conftruite cette
Giv
152 MERCURE DE FRANCE.
fameufe muraille continuée de l'eſt à
l'oueft le long des trois grandes provinces
, fortifiée par un grand nombre de places
militaires , dont la difpendieufe conftruction
& la confervation prodigieuſe
caractérisent une puiffance qui n'eut jamais
d'égale dans l'univers , & prouvent
en même tems que contre la valeur il n'eft
point de barriere. Cette muraille rendit
moins fréquentes & plus difficiles les courfes
des Tartares ; elle n'y mit pas fin entierement.
Les Orientaux fur-tout , plus
alertes , ne manquerent jamais de profiter
des momens où l'éloignement des troupes
leur affuroit une forte d'impunité , pour
courir fur les terres des Chinois ; il fallut
donc fe réfoudre contre eux aux voyes
de terreur. On prit le parti de leur faire
payer cherement les incommodités que l'on
fouffroit de leur voifinage . Leurs pirateries
furent vengées plus d'une fois par le faccagement
de leur pays , où les armées chinoifes
vinrent à bout de pénétrer , & dont
elles fubjuguerent enfin une grande partie.
La haine de la fervitude , le malheur
d'être affujettis , firent comprendre aux
Tartares orientaux la néceffité de ſe réunir,
& d'oppofer des efforts unanimes à la force
fupérieure qui les opprimoit. Vers le milieu
du huitiéme fiécle ils entrerent préJANVIER.
1755. 153
cipitamment au nombre de deux cens mille
hommes fur les terres de l'Empire : tout
plia devant eux ; l'Empereur fut contraint
à prendre la fuite. Iis fe rendirent maîtres
de la capitale ; & contens d'emporter
avec eux un butin immenfe , ils fe retirerent
dans leur pays . Il eût fallu ne pas
mettre les Tartares dans le cas de faire ce
dangereux effai de leurs forces , ou da
moins il falloit deformais s'y prendre de
maniere à leur ôter l'envie d'y revenir .
Soit que la crainte rendit les Chinois circonfpects
vis- à- vis d'une nation qui devenoit
de jour en jour plus redoutable ; foit
que les troubles qui déchiroient l'intérieur
de l'Empire leur ôtaffent la liberté de don
ner certains foins aux affaires du dehors ,
ils n'oferent ou ils ne purent ufer des remedes
néceffaires à un fi grand mal .
Les Tartares profiterent de l'inaction
des Chinois pour reprendre fur eux toutes
les terres qu'ils leur avoient conquifes.
Le fuccès leur enfla le courage , & leur
infpira l'efprit de conquête qu'ils n'avoient
jamais connu Au commencement du dixiéme
fiécle , ils étoient déja fur le pied de
tenir la balance entre les divers concurrens
qui fe difputoient la couronne impériale,
Bientôt ils eurent la gloire de contraindre
un Empereur à leur céder plu-
G V
154 MERCURE DE FRANCE.
* fieurs villes , & à leur payer tribut . Ils
en prirent un autre prifonnier , & le retinrent
dans les fers. Ils poufferent leurs
courfes militaires jufques dans les provinces
du midi où ils n'avoient jamais pénétré.
Tous ces exploits ne leur avoient
procuré jufques-là que des avantages médiocres.
Cent ans après les Tartares , dans
une nouvelle expédition , après s'être rendus
maîtres de plufieurs provinces , furprirent
l'Empereur dans fa capitale , &
l'emmenerent prifonnier avec fes femmes.
Dès lors une partie de la Chine fut forcée
à fe foumettre à leur obéiffance : il fallut
leur demander la paix , & l'acheter par
le
partage de l'Empire , dont une moitié leur
fut cedée en toute propriété.
Ce triomphe ne fit que donner lieu de
leur part à de nouvelles prétentions : plus
on leur cédoit , plus ils devenoient entreprenans
; & la paix qu'on leur faifoit jurer,
n'étoit qu'un piége qu'ils deftinoient à endormir
la vigilance des Chinois, pour faire
à
coup
für de nouvelles irruptions fur leurs
terres .
Les Empereurs laffés des perfidies continuelles
des Tartares orientaux , eurent recours
à un expédient que le defefpoir confeille
quélquefois , & qui rarement a des
fuites avantageufes. Ils appellerent à leur
JANVIER . 1755. 155
fecours les Tartares occidentaux , efpérant
recouvrer par leur moyen la fupériorité
qu'ils avoient perdue. Ceux- ci ravis
de trouver une fi belle occafion de fe mettre
en mouvement , & d'avoir leur part
à une proye que jufques - là ils n'avoient
fait qu'envier , accepterent de grand coeur
les propofitions du Confeil impérial . Ils
armerent & poufferent la guerre fi vivement
, qu'en peu d'années la domination
des Tartares orientaux fut entierement
abolie à la Chine . Les affaires des Chinois
n'en devinrent pas
meilleures pour
cela : ces auxiliaires à qui ils étoient redevables
de la victoire , voulurent en recueillir
le fruit. Il fallut fe réfoudre à leur
ceder les mêmes provinces d'où ils avoient
chaffé les Tartares orientaux . Fiers d'un
fi grand avantage , ils ne purent s'en contenter
; ils entreprirent de conquérir la
Chine entiere , & ils en vinrent à bout.
Après l'avoir poffédée près d'un fiécle ,
ils la perdirent avec la même facilité qu'ils
l'avoient conquife . Forcés d'abandonner
toutes les terres de l'Empire , ils retournerent
dans leur pays , d'où ils faifoient de
tems en tems des efforts pour fe rétablir dans
leur conquête : mais ils furent toujours repouffés
avec des pertes fi confidérables
qu'ils en perdirent pour jamais l'efpérance
& le deffein . G vj
156 MERCURE DE FRANCE
A leur défaut , les Tartares orientau
qui n'étoient rien moins qu'affujettis , recommencerent
leurs courfes & leurs attaques.
Ils livrerent divers combats , & par
une fucceffion de victoires ils en font venus
jufqu'à fubjuguer toute la Chine , & à
y établir une dinaftie qui regne encore
aujourd'hui .
Ainfi , felon le P. Duhalde , la derniere
révolution qui a placé les Tartares fur le
thrône de la Chine , bien loin d'être l'effet
fortuit du foulevement précipité d'un
peuple obfcur & jufques - là inconnu , eſt
un événement préparé par l'ancienne inimitié
d'une nation voifine & turbulente
qui plus d'une fois avoit ébranlé la monarchie
chinoife , & qui pour l'envahir enfin
n'a eu befoin que du fort ordinaire des
armes. Ces Mancheoux que le P. de Mailla
veut nous rendre fi méprifables , font
en effet ces Tartares orientaux , qui depuis
tant de fiécles ennemis nés des Chinois
avoient été le fatal écueil de leur puiffance
, & qui après les avoir forcés de figner
avec eux divers traités humilians , menaçoient
inceffamment de devenir leurs maîtres
. Dans deux expofés fi contradictoires ,
la vraisemblance eft du moins pour le Pere
Duhalde. Nous difcuterons plus bas les
raifons qui rendent fon témoignage préférable
à tous égards.
JANVIER . 1755 157
:
par
les
Les principales circonftances de la révolution
ne font pas racontées moins différemment
par les deux auteurs. Le P. de Mailla
prétend que le premier chef élu
Mancheoux fe nommoit Taytfou , & voici
en peu de mots toute la fuite de fon hiftoire.
Tayfou ne voulut d'abord que procurer
la liberté à fon peuple , gémiffant
fous la tyrannie des Mandarins Chinois.Ses
fuccès inefperés lui firent concevoir des
projets plus vaftes . Il conquit plufieurs provinces
de la Chine. Sa mort interrompit
le cours de fes conquêtes . Son fils Taytfong
qui lui faccéda , fur plus heureux que
lui ; il vint à bout de fe faire proclamer
Empereur de la Chine. Il fe difpofoit à en
affiéger la capitale , lorfqu'il mourut_fans
laiffer de poftérité. Aucun de fes freres
n'ayant eu l'ambition de marcher fur fes
l'Empire des Mancheoux fe changea
en une espece de République , & ces
peuples ne fongerent qu'à jouir en paix de
leur indépendance .
traces ,
A peine avoient- ils ceffé d'inquiéter la
Cour de Pekin , qu'un rebelle nommé Lyſt-
Ching , trouve le moyen d'affembler un
million de foldats , force la ville impériale
, réduit l'Empereur à s'étrangler de defefpoir.
Le brave Oufan kouci qui commandoit
les troupes chinoifes fur la frontiere ,
158 MERCURE DE FRANCE.
J
apprenant le defordre arrivé à Pekin
appelle à fon fecours les Mancheoux
court à la pourfuite de l'ufurpateur , remporte
fur lui plufieurs victoires , l'oblige
à fuir lui quatrieme , dans un endroit inacceffible
, d'où la faim l'ayant fait fortir ,
il tomba entre les mains de quelques payfans
, qui le reconnurent , & lui trancherent
la tête.
Oufankouci voulut alors congédier les
Mancheoux , mais il n'en fut plus le maître.
Nechingonang , fils de Tayifou & frere
du feu Empereur Taytfong , entra victorieux
dans Pekin , & content de fe faire
déclarer Régent de l'Empire , il fit paffer la
couronne fur la tête d'un de fes neveux ,
âgé de fept ans , qui prit le nom de Tchangti.
Les Chinois lui oppoferent fucceffivement
une multitude de compétiteurs , dont
il eut le bonheur de triompher. Il mourut
à l'âge de vingt -quatre ans , laiffant la Chine
entiere foumife au fecond de fes fils , fi
connu depuis fous le nom de Chamg hi.
Voici l'ordre des chofes , felon le Pere
Duhalde. Dès la fin du feizieme fiècle , les
Tartares orientaux , partagés précédemment
en fept ordres où dinafties différentes
, étoient réunis fous l'obeiffance d'un
feul Prince , avec le titre de Roi . L'an
1616 , ils commencerent à s'établir fur les
JAN VIER. 1755, 119
terres de l'Empire , en s'emparant des villes
qui pouvoient être à leur bienséance.
Leur Roi nommé Tien ming , outre le motif
ordinaire d'ambition , avoit une injure
perfonnelle à venger. Les Mandarins Chinois
s'étoient faifis par trahifon du Roi fon
pere , & lui avoient fait trancher la tête. Il
commença par porter fes plaintes à l'Empereur
, demandant hautement fatisfaction
d'un attentat fi énorme . La Cour de Pekin
méprifa fon chagrin & fes menaces. Tien
ming furieux , jura qu'il immoleroit deux
cens mille Chinois aux manes de fon pere.
Il entra dans le Pet Cheli , à la tête de
cinquante mille hommes , & voulut affiéger
Pekin ; mais ayant été répouflé par
les troupes chinoifes , il fe retira dans le
Leaotong, & prit fans héfiter la qualité
d'Empereur de la Chine. Deux ans après
il gagna une grande bataille contre les
Chinois. L'année fuivante , les ayant en
core vaincus , il fe rapprocha de la capitale
, dont il ne put fe rendre maître. Une
diverfion l'ayant obligé de conduire fon
armée en Tartarie , on profita de fon éloignement
pour raffembler grand nombre
de troupes nationales & auxiliaires ; on fit
venir de Macao des Portugais propres à
fervir artillerie dont les Chinois avoient
peu d'ufage. On marcha en force dans le
•
160 MMEERRCCUURE DE FRANCE.
Leaotong, d'où l'on chaffa les Tartares. Tien
ming qui venoit de terminer heureufement
fon expédition en Tartarie , courut auffitôt
dans le Leaotong , & en chaffa les Chinois
à fon tour. Il ne pouffa pas plus loin
fes conquêtes. Il mourut l'an 1628 , &
laiffa pour fucceffeur fon fils Tient -fong.
Ce Prince continua la guerre contre les
Chinois . Il mena , comme fon pere , une
armée aux portes de Pekin , & fut obligé ,
comme lui , d'en lever le fiége . Son regne
ne fut pas long ; il mourut l'an 1636 ,
laiffant pour fucceffeur fon fils Tongte.
Cependant l'Empire de la Chine étoit
agité par la révolte de divers féditieux
qui après avoir formé jufqu'à huit corps
d'armée , fe réunirent fous deux chefs
principaux , dont l'un fe nommoit Li &
l'autre Tchang. Ces deux rebelles s'étant
partagés les provinces qu'ils avoient deffein
de conquérir , fe féparerent , & commirent
chacun les plus grands defordres.
Li devint fi puiffant qu'il prit le nom d'Empereur
; il s'avança vers Pekin , il y entra
victorieux à la tête de trois cens mille
hommes. L'Empereur abandonné dans fon
Palais , fe pendit de defefpoir. Tout plioit
fous la puiffance de l'ufurpateur , lorfque
Oufanguoi , commandant les troupes Chinoifes
dans le Leaotong , ménagea la paix
}
JANVIER. 1755. 161
avec les Tartares orientaux ou Mancheoux ,
& les engagea à s'unir à lui pour courir à
la pourfuite des rebelles. Tfongté lui amena
quatre-vingt mille hommes. L'ufurpateur
ne les attendit pas ; il prit la fuite , &
courut fe cacher dans la province de Chenfi.
Thongté mourut en entrant dans la Chine.
Avant d'expirer il déclara Empereur ſon
fils Chunt-chi , qui n'avoit que fix ans , &
confia à fon frere Amaran le foin du Prince
& de l'Empire. Le jeune Empereur fut
reçu à Pekin avec acclamations du peuple ,
qui le regardoit comme le libérateur de la
patrie . On ne fçait point ce que devint
l'ufurpateur que les Tartares pourfuivirent
inutilement. Chunt chi , maître des provinces
feptentrionales , eut à lutter contre
divers compétiteurs qui lui difputoient le
terrein dans les provinces méridionales ;
mais il en triompha fucceffivement , &
finit par être maître de toute la Chine. Il
en laiffa la paifible poffeffion à fon fils
Canghi qui lui fuccéda .
Voilà de grands rapports & des différences
très - remarquables . On voit bien que
c'eft le même fond auquel on a adapté diverfes
circonftances ; il eft fenfible aux
traits de reflemblance qui éclatent dans
leur oppofition , qu'un des deux écrivains
a mal entendu & confondu les choſes. Il
162 MERCURE DE FRANCE.
eft queſtion de décider auquel des deux il
eft plus naturel de faire ce reproche.
Le P. de Mailla a pour lui le long ſéjour
qu'il a fait à Pekin , le foin qu'il a
pris , dit- on , de recueillir d'un grand
nombre de livres Chinois & Tartares ce
qui lui a paru de moins fufpect touchant
les deux dernieres dinafties , dont les annales
n'ont point encore été publiées autentiquement
. Il eft conftant que généra
lement parlant , on doit avoir beaucoup
d'égard pour le témoignage d'un auteur
qui s'eft trouvé à portée de connoître la
vérité par lui- même , qui a pû interroger
fur les lieux plufieurs de ceux qui ont vêcu
prefque da tems de la révolution ; cependant
cet avantage , tout confidérable qu'il
eft , n'a rien de décifif de la part d'un au
teur qui manque de difcernement & dé
critique. Le P. de Mailla fut un fervent
& zélé Miffionnaire . Eut- il toutes les qualités
réquifes pour extraire purement la
vérité d'un tas d'anecdotes hazardées fur
des bruits populaires ou dictées par la partialité
? Le peu de méthode & de précifion
qui regne dans fon manufcrit ne nous
invite gueres à le croire ; le jugement qu'il
eft naturel d'en porter le met au rang
ces efprits indulgens , qui par un excès de
bonne foi ne fçauroient avoir ai certains
de
JANVIER. 1755. 163
fcrupules fur la certitude de leurs garants ,
ni de grandes attentions dans les recherches
, ni beaucoup de délicateffe fur les
preuves.
Le P. Duhalde n'a point été à la Chine ;
mais il a été durant longues années le
correfpondant univerfel des Miffionnaires
Chinois , qui travailloient à l'envi à lui
envoyer des mémoires relatifs au deffein
qu'il avoit de faire connoître la Chine à
l'Europe. Ces mémoires recueillis avectou
tes fortes de foins par les plus accrédités
& les plus capables d'entr'eux , trouvoient
en lui un reviſeur appliqué qui fe donnoit
le tems d'en approfondir la matiere , un
critique judicieux qui ne vouloit rien établir
fur les frêles appuis de l'opinion & de
la conjecture. Il nous rend compte dans
fa préface de toutes les peines qu'il s'eft
donné pour fe procurer des inftructions
& des éclairciffemens propres à diriger fon
travail. Il a été vingt ans à douter , à difcuter
, à queftionner , à combiner , à apprécier
les réponſes avec l'attention d'un
homme dans qui l'amour du vrai eſt ſecondé
par un
par un efprit capable de le connoître.
En un mot , il y a tant de difproportion
entre le mérite de ces deux écrivains ,
qu'en leur fuppofant le même zéle & les
mêmes fecours , il feroit impoffible de leur
164 MERCURE DE FRANCE.
accorder la même confiance , & que le
P. Duhalde , en concurrence avec le P. de
Mailla , doit néceffairement être préféré.
De toutes ces obfervations il réfulte
du moins un doute bien fondé contre l'exactitude
de l'hiftoire manufcrite qu'on
vient d'imprimer à Lyon . Je la foupçonne
de renfermer bien des anecdotes fauffes
& d'avoir été faite avec plus de droiture
que de capacité . Nous ne fçaurons bien
furement ce qu'il en faut croire que lorfqu'on
publiera les annales de l'Empire
dans lesquelles il eft impoffible que les
principaux événemens fe trouvent altérés .
Nous n'en avons au refte pas moins d'cbligation
à l'éditeur d'un ouvrage qui , tout
défectueux qu'il eft , peut avoir fon utilité
ne fut- ce qu'en nous jettant dans une incertitude
qui nous excitera à approfondir
un point d'hiftoire fi confidérable , qui n'avoit
été touché jufqu'ici que fuperficiellement.
Obfervations du P. LAUGIER , Jefuite , fur
la nouvelle Hiftoire de la conquête de la
Chine.
N lifant la nouvelle Hiftoire de la
EN conquête de la Chine , j'ai été furpris
d'y trouver fi peu de conformité avec ce
que nous en lifons dans les faftes de la
monarchie chinoife , par le P. Duhalde.
Ce dernier auteur , fort exact dans fes recherches
, paroît n'avoir rien omis de ce
qui peut garantir la certitude de fes récits.
Quoiqu'il ne nous donne qu'une hiftoire
abrégée , les principaux événemens y
font très nettement expofés , & enchaînés
d'une maniere très naturelle. L'idée qu'il
nous donne de la derniere révolution qui
a foumis la Chine à un Prince Tartare ,
eft fenfiblement dénaturée dans le tableau
que nous en trace la nouvelle Hiftoire.
En confrontant les deux ouvrages , j'ai reconnu
des différences effentielles , qui me
Gij
148 MERCURE DE FRANCE.
font craindre que le manufcrit des Jéfuites
de Lyon ne foit pas auffi précieux
qu'on nous l'annonce ; différences dont il
importe que le public foit averti , & fur
lefquelles l'éditeur de la nouvelle Hiftoire
auroit dû nous donner des éclairciffemens
capables de prévenir l'impreffion que ce
contrafte doit faire fur les lecteurs attentifs.
Selon le P. de Mailla , auteur du manufcrit
de Lyon , les Tartares Mancheoux ,
au commencement du dernier fiécle , étoient
vaffaux de l'Empire Chinois. On les regardoit
comme une nation paifible , pen
difpofée à fe réunit fous un chef peu redoutable
à ceux qui voudroient l'opprimer.
Ils avoient obtenu depuis peu , par
grace fpéciale de la Cour de Pekin , d'étendre
leurs habitations dans le Leaotong,
province la plus feptentrionale de la Chine,
au- delà de la grande muraille. Quelques
Mandarins , ennemis des Mancheoux ,
voulurent reprendre le terrein qui leur
avoit été cédé ; & comme ils trouverent
de la réfiftance , ils réfolurent d'en venir
à la force ouverte. Les Tartares murmurerent
hautement de cette injuftice . Pour
prévenir les fuites de leur mécontentement
, les Mandarins prirent le parti extrême
de détruire violemment toutes les
JANVIER. 1755 149
habitations des Mancheoux dans le Leaotong,
& d'en tranfporter ailleurs toutes
les familles. Ceux - ci trop foibles pour foutenir
leur droit , cederent triftement à
l'orage , attendant qu'un tems plus calme
leur fournît les moyens de demander ou
de fe faire juftice. Dès qu'ils apperçurent
qu'on n'avoit plus la même vigilance pour
les écarter , ils effayerent de rentrer furtivement
dans le Leaotong ; ils y formerent
de nouvelles habitations. Mais lorsqu'ils
s'y croyoient à l'abri de toute infulte , les
Mandarins firent marcher contre eux des
troupes , & les chafferent avec encore plus
d'inhumanité que la premiere fois. Alors
les Mancheoux , defefpérés d'un traitement
fi dur , conçurent le hardi deffein de s'affranchir
de la tyrannie des Chinois. Ils
élurent un Roi ; ils prirent les armes , &
commencerent une guerre qui en moins
de trente ans les rendit maîtres de toute la
Chine.
Telle eft , felon le P. de Mailla , la foible
étincelle qui a allumé ce grand incendie.
Un effet fi extraordinaire , attribué
à une fi légere caufe , augmente le merveilleux
de la narration ; mais la vraifemblance
exige des couleurs plus naturelles.
Quel que foit l'empire du defefpoir , pour
porter des efclaves à brifer leurs chaînes ,
G iij
150 MERCURE DE FRANCE .
eft-il à préfumer que ce principe feul ait
donné aux Mancheoux , dans leur extrême
foibleffe , une activité affez prompte &
affez dominante pour abforber en fi peu
de tems toutes les forces d'un Etat tel que
celui de la Chine ? Les hiftoires anciennes
& modernes ne nous apprennent rien qui
puiffe accréditer la réalité d'un pareil foulevement
opéré par des agens fi communs
, dans un degré de fermentation fi
ordinaire .
Je conviens cependant que la choſe
n'eft pas phyñquement impoffible , & que
fi l'on s'en tenoit toujours féverement à
la vraisemblance , on feroit en danger de
rejetter plus d'une vérité.. Mais dès que
je vois la chofe racontée très différemment
par un autre auteur , je ne fçaurois
foufcrire aveuglément à un témoignage
qui , quoique poftérieur , n'a certainement
rien qui doive lui faire adjuger la préférence
.
-
Or voici ce qui réſulte des Faſtes du P.
Duhalde. Les Tartares , qui occupent un
vafte pays au nord de la Chine , ont été
divifés de toute ancienneté en Tartares
orientaux, qui habitent entre la Chine & la
Corée , & en Tartares occidentaux , qui
habitent entre la Chine & le Thiber. Ces
peuples , continuellement en guerre avec
JANVIER . 1755. 151
les Chinois , ont été de tous leurs voifins
les plus incommodes. Des moeurs fauvages
, une vie errante dans les forêts , un
penchant décidé vers la rapine , une force
de corps capable de réfifter aux fatigues
les plus infupportables , de l'ardeur pour
tenter la fortune des combats , firent toujours
le caractère de cette nation barbare.
il ne lui a jamais manqué que les avantages
de l'union & de la difcipline , pour
jouer en Afie le même rôle qu'ont joué
dans l'Europe les peuples du Nord. Dès
les premiers tems de la monarchie chinoife
, nous voyons ces Tartares infeſter
de leurs ravages les provinces de l'Empire.
Tout fe réduifoit alors de leur part à faire
des courfes rapides & paffageres , à piller
tout ce qui pouvoit intéreffer leur cupidité
, & à retourner dans leur pays char
gés de butin. Soumis à différens chefs ,
cette defunion les empêchoit de donner
aux Chinois d'autre inquiétude que celle
que donnent à une armée les partis ennemis
qui la harcelent fans pouvoir l'entamer.
- Leurs excurfions pourtant devinrent fi
incommodes , que dans le deffein d'oppofer
une digue à ces torrens tumultueux ,
l'Empereut Hin Chi , plus de deux cens ans
avant l'ere chrétienne , fit conftruite cette
Giv
152 MERCURE DE FRANCE.
fameufe muraille continuée de l'eſt à
l'oueft le long des trois grandes provinces
, fortifiée par un grand nombre de places
militaires , dont la difpendieufe conftruction
& la confervation prodigieuſe
caractérisent une puiffance qui n'eut jamais
d'égale dans l'univers , & prouvent
en même tems que contre la valeur il n'eft
point de barriere. Cette muraille rendit
moins fréquentes & plus difficiles les courfes
des Tartares ; elle n'y mit pas fin entierement.
Les Orientaux fur-tout , plus
alertes , ne manquerent jamais de profiter
des momens où l'éloignement des troupes
leur affuroit une forte d'impunité , pour
courir fur les terres des Chinois ; il fallut
donc fe réfoudre contre eux aux voyes
de terreur. On prit le parti de leur faire
payer cherement les incommodités que l'on
fouffroit de leur voifinage . Leurs pirateries
furent vengées plus d'une fois par le faccagement
de leur pays , où les armées chinoifes
vinrent à bout de pénétrer , & dont
elles fubjuguerent enfin une grande partie.
La haine de la fervitude , le malheur
d'être affujettis , firent comprendre aux
Tartares orientaux la néceffité de ſe réunir,
& d'oppofer des efforts unanimes à la force
fupérieure qui les opprimoit. Vers le milieu
du huitiéme fiécle ils entrerent préJANVIER.
1755. 153
cipitamment au nombre de deux cens mille
hommes fur les terres de l'Empire : tout
plia devant eux ; l'Empereur fut contraint
à prendre la fuite. Iis fe rendirent maîtres
de la capitale ; & contens d'emporter
avec eux un butin immenfe , ils fe retirerent
dans leur pays . Il eût fallu ne pas
mettre les Tartares dans le cas de faire ce
dangereux effai de leurs forces , ou da
moins il falloit deformais s'y prendre de
maniere à leur ôter l'envie d'y revenir .
Soit que la crainte rendit les Chinois circonfpects
vis- à- vis d'une nation qui devenoit
de jour en jour plus redoutable ; foit
que les troubles qui déchiroient l'intérieur
de l'Empire leur ôtaffent la liberté de don
ner certains foins aux affaires du dehors ,
ils n'oferent ou ils ne purent ufer des remedes
néceffaires à un fi grand mal .
Les Tartares profiterent de l'inaction
des Chinois pour reprendre fur eux toutes
les terres qu'ils leur avoient conquifes.
Le fuccès leur enfla le courage , & leur
infpira l'efprit de conquête qu'ils n'avoient
jamais connu Au commencement du dixiéme
fiécle , ils étoient déja fur le pied de
tenir la balance entre les divers concurrens
qui fe difputoient la couronne impériale,
Bientôt ils eurent la gloire de contraindre
un Empereur à leur céder plu-
G V
154 MERCURE DE FRANCE.
* fieurs villes , & à leur payer tribut . Ils
en prirent un autre prifonnier , & le retinrent
dans les fers. Ils poufferent leurs
courfes militaires jufques dans les provinces
du midi où ils n'avoient jamais pénétré.
Tous ces exploits ne leur avoient
procuré jufques-là que des avantages médiocres.
Cent ans après les Tartares , dans
une nouvelle expédition , après s'être rendus
maîtres de plufieurs provinces , furprirent
l'Empereur dans fa capitale , &
l'emmenerent prifonnier avec fes femmes.
Dès lors une partie de la Chine fut forcée
à fe foumettre à leur obéiffance : il fallut
leur demander la paix , & l'acheter par
le
partage de l'Empire , dont une moitié leur
fut cedée en toute propriété.
Ce triomphe ne fit que donner lieu de
leur part à de nouvelles prétentions : plus
on leur cédoit , plus ils devenoient entreprenans
; & la paix qu'on leur faifoit jurer,
n'étoit qu'un piége qu'ils deftinoient à endormir
la vigilance des Chinois, pour faire
à
coup
für de nouvelles irruptions fur leurs
terres .
Les Empereurs laffés des perfidies continuelles
des Tartares orientaux , eurent recours
à un expédient que le defefpoir confeille
quélquefois , & qui rarement a des
fuites avantageufes. Ils appellerent à leur
JANVIER . 1755. 155
fecours les Tartares occidentaux , efpérant
recouvrer par leur moyen la fupériorité
qu'ils avoient perdue. Ceux- ci ravis
de trouver une fi belle occafion de fe mettre
en mouvement , & d'avoir leur part
à une proye que jufques - là ils n'avoient
fait qu'envier , accepterent de grand coeur
les propofitions du Confeil impérial . Ils
armerent & poufferent la guerre fi vivement
, qu'en peu d'années la domination
des Tartares orientaux fut entierement
abolie à la Chine . Les affaires des Chinois
n'en devinrent pas
meilleures pour
cela : ces auxiliaires à qui ils étoient redevables
de la victoire , voulurent en recueillir
le fruit. Il fallut fe réfoudre à leur
ceder les mêmes provinces d'où ils avoient
chaffé les Tartares orientaux . Fiers d'un
fi grand avantage , ils ne purent s'en contenter
; ils entreprirent de conquérir la
Chine entiere , & ils en vinrent à bout.
Après l'avoir poffédée près d'un fiécle ,
ils la perdirent avec la même facilité qu'ils
l'avoient conquife . Forcés d'abandonner
toutes les terres de l'Empire , ils retournerent
dans leur pays , d'où ils faifoient de
tems en tems des efforts pour fe rétablir dans
leur conquête : mais ils furent toujours repouffés
avec des pertes fi confidérables
qu'ils en perdirent pour jamais l'efpérance
& le deffein . G vj
156 MERCURE DE FRANCE
A leur défaut , les Tartares orientau
qui n'étoient rien moins qu'affujettis , recommencerent
leurs courfes & leurs attaques.
Ils livrerent divers combats , & par
une fucceffion de victoires ils en font venus
jufqu'à fubjuguer toute la Chine , & à
y établir une dinaftie qui regne encore
aujourd'hui .
Ainfi , felon le P. Duhalde , la derniere
révolution qui a placé les Tartares fur le
thrône de la Chine , bien loin d'être l'effet
fortuit du foulevement précipité d'un
peuple obfcur & jufques - là inconnu , eſt
un événement préparé par l'ancienne inimitié
d'une nation voifine & turbulente
qui plus d'une fois avoit ébranlé la monarchie
chinoife , & qui pour l'envahir enfin
n'a eu befoin que du fort ordinaire des
armes. Ces Mancheoux que le P. de Mailla
veut nous rendre fi méprifables , font
en effet ces Tartares orientaux , qui depuis
tant de fiécles ennemis nés des Chinois
avoient été le fatal écueil de leur puiffance
, & qui après les avoir forcés de figner
avec eux divers traités humilians , menaçoient
inceffamment de devenir leurs maîtres
. Dans deux expofés fi contradictoires ,
la vraisemblance eft du moins pour le Pere
Duhalde. Nous difcuterons plus bas les
raifons qui rendent fon témoignage préférable
à tous égards.
JANVIER . 1755 157
:
par
les
Les principales circonftances de la révolution
ne font pas racontées moins différemment
par les deux auteurs. Le P. de Mailla
prétend que le premier chef élu
Mancheoux fe nommoit Taytfou , & voici
en peu de mots toute la fuite de fon hiftoire.
Tayfou ne voulut d'abord que procurer
la liberté à fon peuple , gémiffant
fous la tyrannie des Mandarins Chinois.Ses
fuccès inefperés lui firent concevoir des
projets plus vaftes . Il conquit plufieurs provinces
de la Chine. Sa mort interrompit
le cours de fes conquêtes . Son fils Taytfong
qui lui faccéda , fur plus heureux que
lui ; il vint à bout de fe faire proclamer
Empereur de la Chine. Il fe difpofoit à en
affiéger la capitale , lorfqu'il mourut_fans
laiffer de poftérité. Aucun de fes freres
n'ayant eu l'ambition de marcher fur fes
l'Empire des Mancheoux fe changea
en une espece de République , & ces
peuples ne fongerent qu'à jouir en paix de
leur indépendance .
traces ,
A peine avoient- ils ceffé d'inquiéter la
Cour de Pekin , qu'un rebelle nommé Lyſt-
Ching , trouve le moyen d'affembler un
million de foldats , force la ville impériale
, réduit l'Empereur à s'étrangler de defefpoir.
Le brave Oufan kouci qui commandoit
les troupes chinoifes fur la frontiere ,
158 MERCURE DE FRANCE.
J
apprenant le defordre arrivé à Pekin
appelle à fon fecours les Mancheoux
court à la pourfuite de l'ufurpateur , remporte
fur lui plufieurs victoires , l'oblige
à fuir lui quatrieme , dans un endroit inacceffible
, d'où la faim l'ayant fait fortir ,
il tomba entre les mains de quelques payfans
, qui le reconnurent , & lui trancherent
la tête.
Oufankouci voulut alors congédier les
Mancheoux , mais il n'en fut plus le maître.
Nechingonang , fils de Tayifou & frere
du feu Empereur Taytfong , entra victorieux
dans Pekin , & content de fe faire
déclarer Régent de l'Empire , il fit paffer la
couronne fur la tête d'un de fes neveux ,
âgé de fept ans , qui prit le nom de Tchangti.
Les Chinois lui oppoferent fucceffivement
une multitude de compétiteurs , dont
il eut le bonheur de triompher. Il mourut
à l'âge de vingt -quatre ans , laiffant la Chine
entiere foumife au fecond de fes fils , fi
connu depuis fous le nom de Chamg hi.
Voici l'ordre des chofes , felon le Pere
Duhalde. Dès la fin du feizieme fiècle , les
Tartares orientaux , partagés précédemment
en fept ordres où dinafties différentes
, étoient réunis fous l'obeiffance d'un
feul Prince , avec le titre de Roi . L'an
1616 , ils commencerent à s'établir fur les
JAN VIER. 1755, 119
terres de l'Empire , en s'emparant des villes
qui pouvoient être à leur bienséance.
Leur Roi nommé Tien ming , outre le motif
ordinaire d'ambition , avoit une injure
perfonnelle à venger. Les Mandarins Chinois
s'étoient faifis par trahifon du Roi fon
pere , & lui avoient fait trancher la tête. Il
commença par porter fes plaintes à l'Empereur
, demandant hautement fatisfaction
d'un attentat fi énorme . La Cour de Pekin
méprifa fon chagrin & fes menaces. Tien
ming furieux , jura qu'il immoleroit deux
cens mille Chinois aux manes de fon pere.
Il entra dans le Pet Cheli , à la tête de
cinquante mille hommes , & voulut affiéger
Pekin ; mais ayant été répouflé par
les troupes chinoifes , il fe retira dans le
Leaotong, & prit fans héfiter la qualité
d'Empereur de la Chine. Deux ans après
il gagna une grande bataille contre les
Chinois. L'année fuivante , les ayant en
core vaincus , il fe rapprocha de la capitale
, dont il ne put fe rendre maître. Une
diverfion l'ayant obligé de conduire fon
armée en Tartarie , on profita de fon éloignement
pour raffembler grand nombre
de troupes nationales & auxiliaires ; on fit
venir de Macao des Portugais propres à
fervir artillerie dont les Chinois avoient
peu d'ufage. On marcha en force dans le
•
160 MMEERRCCUURE DE FRANCE.
Leaotong, d'où l'on chaffa les Tartares. Tien
ming qui venoit de terminer heureufement
fon expédition en Tartarie , courut auffitôt
dans le Leaotong , & en chaffa les Chinois
à fon tour. Il ne pouffa pas plus loin
fes conquêtes. Il mourut l'an 1628 , &
laiffa pour fucceffeur fon fils Tient -fong.
Ce Prince continua la guerre contre les
Chinois . Il mena , comme fon pere , une
armée aux portes de Pekin , & fut obligé ,
comme lui , d'en lever le fiége . Son regne
ne fut pas long ; il mourut l'an 1636 ,
laiffant pour fucceffeur fon fils Tongte.
Cependant l'Empire de la Chine étoit
agité par la révolte de divers féditieux
qui après avoir formé jufqu'à huit corps
d'armée , fe réunirent fous deux chefs
principaux , dont l'un fe nommoit Li &
l'autre Tchang. Ces deux rebelles s'étant
partagés les provinces qu'ils avoient deffein
de conquérir , fe féparerent , & commirent
chacun les plus grands defordres.
Li devint fi puiffant qu'il prit le nom d'Empereur
; il s'avança vers Pekin , il y entra
victorieux à la tête de trois cens mille
hommes. L'Empereur abandonné dans fon
Palais , fe pendit de defefpoir. Tout plioit
fous la puiffance de l'ufurpateur , lorfque
Oufanguoi , commandant les troupes Chinoifes
dans le Leaotong , ménagea la paix
}
JANVIER. 1755. 161
avec les Tartares orientaux ou Mancheoux ,
& les engagea à s'unir à lui pour courir à
la pourfuite des rebelles. Tfongté lui amena
quatre-vingt mille hommes. L'ufurpateur
ne les attendit pas ; il prit la fuite , &
courut fe cacher dans la province de Chenfi.
Thongté mourut en entrant dans la Chine.
Avant d'expirer il déclara Empereur ſon
fils Chunt-chi , qui n'avoit que fix ans , &
confia à fon frere Amaran le foin du Prince
& de l'Empire. Le jeune Empereur fut
reçu à Pekin avec acclamations du peuple ,
qui le regardoit comme le libérateur de la
patrie . On ne fçait point ce que devint
l'ufurpateur que les Tartares pourfuivirent
inutilement. Chunt chi , maître des provinces
feptentrionales , eut à lutter contre
divers compétiteurs qui lui difputoient le
terrein dans les provinces méridionales ;
mais il en triompha fucceffivement , &
finit par être maître de toute la Chine. Il
en laiffa la paifible poffeffion à fon fils
Canghi qui lui fuccéda .
Voilà de grands rapports & des différences
très - remarquables . On voit bien que
c'eft le même fond auquel on a adapté diverfes
circonftances ; il eft fenfible aux
traits de reflemblance qui éclatent dans
leur oppofition , qu'un des deux écrivains
a mal entendu & confondu les choſes. Il
162 MERCURE DE FRANCE.
eft queſtion de décider auquel des deux il
eft plus naturel de faire ce reproche.
Le P. de Mailla a pour lui le long ſéjour
qu'il a fait à Pekin , le foin qu'il a
pris , dit- on , de recueillir d'un grand
nombre de livres Chinois & Tartares ce
qui lui a paru de moins fufpect touchant
les deux dernieres dinafties , dont les annales
n'ont point encore été publiées autentiquement
. Il eft conftant que généra
lement parlant , on doit avoir beaucoup
d'égard pour le témoignage d'un auteur
qui s'eft trouvé à portée de connoître la
vérité par lui- même , qui a pû interroger
fur les lieux plufieurs de ceux qui ont vêcu
prefque da tems de la révolution ; cependant
cet avantage , tout confidérable qu'il
eft , n'a rien de décifif de la part d'un au
teur qui manque de difcernement & dé
critique. Le P. de Mailla fut un fervent
& zélé Miffionnaire . Eut- il toutes les qualités
réquifes pour extraire purement la
vérité d'un tas d'anecdotes hazardées fur
des bruits populaires ou dictées par la partialité
? Le peu de méthode & de précifion
qui regne dans fon manufcrit ne nous
invite gueres à le croire ; le jugement qu'il
eft naturel d'en porter le met au rang
ces efprits indulgens , qui par un excès de
bonne foi ne fçauroient avoir ai certains
de
JANVIER. 1755. 163
fcrupules fur la certitude de leurs garants ,
ni de grandes attentions dans les recherches
, ni beaucoup de délicateffe fur les
preuves.
Le P. Duhalde n'a point été à la Chine ;
mais il a été durant longues années le
correfpondant univerfel des Miffionnaires
Chinois , qui travailloient à l'envi à lui
envoyer des mémoires relatifs au deffein
qu'il avoit de faire connoître la Chine à
l'Europe. Ces mémoires recueillis avectou
tes fortes de foins par les plus accrédités
& les plus capables d'entr'eux , trouvoient
en lui un reviſeur appliqué qui fe donnoit
le tems d'en approfondir la matiere , un
critique judicieux qui ne vouloit rien établir
fur les frêles appuis de l'opinion & de
la conjecture. Il nous rend compte dans
fa préface de toutes les peines qu'il s'eft
donné pour fe procurer des inftructions
& des éclairciffemens propres à diriger fon
travail. Il a été vingt ans à douter , à difcuter
, à queftionner , à combiner , à apprécier
les réponſes avec l'attention d'un
homme dans qui l'amour du vrai eſt ſecondé
par un
par un efprit capable de le connoître.
En un mot , il y a tant de difproportion
entre le mérite de ces deux écrivains ,
qu'en leur fuppofant le même zéle & les
mêmes fecours , il feroit impoffible de leur
164 MERCURE DE FRANCE.
accorder la même confiance , & que le
P. Duhalde , en concurrence avec le P. de
Mailla , doit néceffairement être préféré.
De toutes ces obfervations il réfulte
du moins un doute bien fondé contre l'exactitude
de l'hiftoire manufcrite qu'on
vient d'imprimer à Lyon . Je la foupçonne
de renfermer bien des anecdotes fauffes
& d'avoir été faite avec plus de droiture
que de capacité . Nous ne fçaurons bien
furement ce qu'il en faut croire que lorfqu'on
publiera les annales de l'Empire
dans lesquelles il eft impoffible que les
principaux événemens fe trouvent altérés .
Nous n'en avons au refte pas moins d'cbligation
à l'éditeur d'un ouvrage qui , tout
défectueux qu'il eft , peut avoir fon utilité
ne fut- ce qu'en nous jettant dans une incertitude
qui nous excitera à approfondir
un point d'hiftoire fi confidérable , qui n'avoit
été touché jufqu'ici que fuperficiellement.
Fermer
Résumé : Observations du P. LAUGIER, Jesuite, sur la nouvelle Histoire de la conquête de la Chine.
Le texte compare deux récits historiques sur la conquête de la Chine par les Tartares, présentés par les Pères Laugier, Duhalde et de Mailla. Selon le Père de Mailla, les Tartares Mancheoux, initialement vassaux pacifiques de l'Empire chinois, se révoltèrent après des persécutions par les Mandarins, aboutissant à la conquête de la Chine en moins de trente ans. En revanche, le Père Duhalde décrit les Tartares comme des peuples barbares et belliqueux, divisés en orientaux et occidentaux, qui harcelaient constamment la Chine. La Grande Muraille fut construite par l'empereur Hin Chi pour contenir leurs incursions. Les Tartares orientaux, grâce à leur union et discipline militaire, réussirent à conquérir la Chine et établirent une dynastie encore en place. Le Père Laugier juge le récit de Duhalde plus vraisemblable, soulignant que les Tartares orientaux étaient des ennemis anciens et redoutables des Chinois. Les divergences principales entre les récits concernent l'origine et le déroulement de la révolution qui plaça les Tartares sur le trône de Chine. Parallèlement, le texte relate des événements politiques en Chine. L'Empire des Mancheoux se transforme en république, mais un rebelle nommé Lyst-Ching prend la ville impériale et force l'Empereur à se suicider. Oufan Kouci, commandant des troupes chinoises, appelle les Mancheoux à l'aide et capture Lyst-Ching. Nechingonang, fils de Tayifou, prend le contrôle de Pekin et devient régent, laissant la Chine à son fils Chamg hi. En 1616, les Tartares orientaux, réunis sous un seul prince, commencent à s'établir en Chine. Leur roi, Tien ming, attaque Pekin mais est repoussé. Ses successeurs, Tient-fong et Tongte, poursuivent la guerre contre les Chinois. La Chine est également perturbée par des rébellions, notamment celles de Li et Tchang, qui se partagent les provinces. Li prend le nom d'Empereur et entre victorieusement à Pekin, forçant l'Empereur à se suicider. Oufanguoi, commandant des troupes chinoises, s'allie avec les Tartares pour chasser Li. Tongte meurt et son fils Chunt-chi, âgé de six ans, est proclamé empereur. Chunt-chi triomphe de divers compétiteurs et laisse la Chine à son fils Canghi. Le texte souligne les différences et similitudes entre les récits du Père Duhalde et du Père de Mailla, considérant Duhalde comme plus fiable grâce à ses correspondances avec les missionnaires et son approche critique, contrairement à de Mailla, malgré son séjour à Pekin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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20
p. 147-152
LETTRE écrite de Belley, sur le Collége nouvellement établi dans cette ville.
Début :
Vous me demandez, Monsieur, en quoi consiste le nouvel établissement [...]
Mots clefs :
Collège, Province, Évêque
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite de Belley, sur le Collége nouvellement établi dans cette ville.
LETTRE écrite de Belley , fur le College.
nouvellement établi dans cette ville.
Ous me demandez , Monfieur , en
quoi confifte le nouvel établiffement
qui vient de fe former dans cette capitale
de notre province de Bugey. Il eft juſte de
fatisfaire votre curiofité fur un fujet qui ,
malgré votre éloignement , ne fçauroit
manquer de vous intéreffer , dès qu'il intéreffe
la patrie.
M. Pierre du Laurent , Evêque de Belley
, animé d'un zéle ardent pour la gloire.
de Dieu & le falut des ames confiées à fa
conduite , réfolut en l'année 1700 , d'ériger
à Belley un Séminaire , où les jeunes
Clercs qui fe préfenteroient pour être admis
aux Ordres facrés , puffent être inftruits
dans les fonctions eccléfiaftiques , &
élevés dans la faine doctrine. Dans cette
vûe il fit quelques arrangemens , qui furent
approuvés par Lettres patentes de Sa Majefté
, & il appliqua à cette oeuvre une
fomme provenant de la liquidation desi
biens que M. d'Arcollieres , Prêtre du
Diocéfe , avoit laiffés pour la même caufe ,
par teftament du 17 Novembre 1696.
Divers obftacles fufpendirent l'effet de
Gij
148 MERCURE DE FRANCE.
ces difpofitions jufqu'en l'année 1742 ,
que M. Jean du Doucer , fucceffeur de M.
du Laurent , s'efforça d'en procurer l'exécution
, en y faifant quelques changemens
qui lui parurent néceffaires. Sans abandonner
le projet de l'érection d'un Séminaire
le Prélat fe propofa pour objet principal
l'établiffement d'un College , où la jeuneſſe
de la province , qui étoit obligée d'en fortir
& d'aller étudier à grands frais dans
le pays étranger , pût déformais recevoir
l'éducation & l'enfeignement , depuis la
fixieme claffe jufques & compris la Théologie.
Pour y parvenir , il fit un teftament
le 23 Mai de la même année , par lequel.
il légue une fomme confidérable à la Communauté
qui fera chargée de la direction
de ce College , déclarant que la même
Communauté pourra être pareillement
chargée , fi fon fucceffeur le juge à pro-.
de la direction du Séminaire , & jouir
des revenus deftinés à cette fin. Ce premier
fonds a été augmenté dans la fuite par un
codicille de M. du Doucet , du 23 Décem
bre.1743 ; & par un legs de M. Jacques
Flavier , Curé de Flavieux.
pos ,
-
Après la mort de M. du Doucet , M.
Jean Antoine de Tinzeau , aujourd'hui
Evêque de Nevers , lui ayant fuccedé dans
e fiége de Belley , fe hâta de faire exécuAVRIL.
1755. 149
ter l'utile fondation de fon prédéceffeur ;
& pour en remplir l'objet il fit choix des
Chanoines Réguliers de l'ordre de S. Antoine
, dont l'Abbaye chef- lieu , fituée dans
le Dauphiné , n'eft éloignée que d'environ
quinze lieues de la ville de Belley. M. Etien
ne Galland , Abbé général de cet Ordre ,
s'eft généreufement prêté aux pieufes intentions
du Prélat , & de MM . les Maire ,
Syndics & Communauté de la même ville,
qui l'en follicitoient de concert. En conféquence
, & fous le bon plaifir du Roi ,
les parties pafferent un contrat pardevant
Notaires , le 27 Mars 1751 , dans lequel
tout ce qui concerne l'exécution de la fondation
de M. du Doucet fut provifoirement
arrêté. La ville de Belley s'engage
par cet acte , à fournir le terrein néceffaire
pour la conftruction des bâtimens du College.
Le contrat , & par conféquent l'érection
du College , ont été confirmés
Lettres patentes de Sa Majefté , du mois
de Février 1753 , régiftrées au Parlement
de Dijon le 28 Juin de la même
année , & à la Chambre des Comptes le
6 Février de l'année fuivante. Ce traité a
été confenti par M. Courtois de Quincy ,
qui a fuccédé à M. de Tinzeau , & qui
remplit aujourd'hui le fiége de Belley. Les
Profeffeurs ou Régens choifis , comme je
par
G iij
150 MERCURE DE FRANCE.
l'ai dit ci - devant , parmi les Chanoines
Réguliers de l'Ordre de S. Antoine , ont
ouvert leurs claffes dès 1751 , & remplif
fent leurs fonctions avec fuccès.
M. Joly de Fleury , Intendant de Bourgogne
, dont on connoît le zéle pour le
bien de la province , en a témoigné fa fatisfaction
lorfqu'il s'eft rendu à Belley
vers la fin du mois de Septembre de l'année
derniere ; & fur la réquifition de MM.
les Syndics Généraux , il a permis que l'on
défignât , pour la conſtruction du nouveau
College , un emplacement plus commode
& plus étendu que celui qui y avoit été
deftiné auparavant
.
Vous ne ferez pas fâché que je joigne
à ma lettre le compliment qui lui a été fait
dans cette circonftance , par M. Granier ,
Supérieur du College .
» Monfieur , l'hommage que nous vous
» rendons eft le fruit du refpect & de la
» reconnoiffance, Il est heureux pour nous
de trouver un protecteur dans l'objet
de la joie & de l'admiration publiques.
» Si vos rares qualités font le bonheur de
» cette province , vous le perpétuerez
» Monfieur , en affurant un établiſſement
39
2
qui a pour but l'éducation de la jeuneſſe.
>> Les vûes des grands hommes embraffent
» tous les tems. Flattés nous -mêmes de
AVRIL.. 1755. 151
1
» concourir à l'exécution d'un fi noble def-
» fein , nous n'oublierons rien pour for-
" mer des fujets utiles à l'Etat. Nous leur
infpirerons , en particulier , nos fenti-
» mens pour vous : la reconnoiffance pour
» le bienfaicteur durera autant que le fou-
>> venir du bienfait,
Ce difcours fut fuivi d'un fecond compliment
en vers , de la compofition de M.
Sutaine , l'un des Régens , qui fut prononcé
avec beaucoup de grace au nom des Ecoliers
, par le jeune M. de Précigny , penfionnaire
au College , & neveu de M. l'Evêque
: le voici .
Enfin à nos defirs fenfible ,
Pallas te conduit en ces lieux.
O l'heureux jour ! ô moment précieux !
"Pourrions-nous efperer un figne plus viſible
De la bonté des Dieux ?
Devant toi marche l'abondance ,
Mere des plaiſirs & des ris :
Les coeurs , de tes bontés épris ,
Suivent ton chat , guidés par la reconnoiffance:
Miniftre du plus grand des Rois ,
Tu fais adorer la fageffe
Qui lui dicte fes loix ;
Et de la plus vive tendreffe ,
Tout fon peuple animé ,
T'appelle ,comme lui , Fleuri le bien aimé.
Giv
192 MERCURE DE FRANCE.
Les chaftes Soeurs , dont nous t'offrons l'hommage
,
Reconnoiflent en toi l'image
De ce Proconful généreux ,
Qui fous Trajan , le plus fage des Princes ,
Parcouroit les provinces ,
En faifant des heureux.
Comme toi , plein de vigilance ,
Par fa féconde activité ,
Il pourvoyoit à tout , & fa mâle prudence
Suivoit toujours les loix de l'auftere équité :
Des Muſes , protecteur fincere ,
Il fut , ainfi que toi , leur foutien & leur pere ;
Les Muſes , comme à lui , t'élevent un autel ,
Où nous ferons brûler un encens immortel.
Je fuis perfuadé , Monfieur , que vous
applaudirez avec tout le public à des élages
bien mérités. J'ai l'honneur , &c.
nouvellement établi dans cette ville.
Ous me demandez , Monfieur , en
quoi confifte le nouvel établiffement
qui vient de fe former dans cette capitale
de notre province de Bugey. Il eft juſte de
fatisfaire votre curiofité fur un fujet qui ,
malgré votre éloignement , ne fçauroit
manquer de vous intéreffer , dès qu'il intéreffe
la patrie.
M. Pierre du Laurent , Evêque de Belley
, animé d'un zéle ardent pour la gloire.
de Dieu & le falut des ames confiées à fa
conduite , réfolut en l'année 1700 , d'ériger
à Belley un Séminaire , où les jeunes
Clercs qui fe préfenteroient pour être admis
aux Ordres facrés , puffent être inftruits
dans les fonctions eccléfiaftiques , &
élevés dans la faine doctrine. Dans cette
vûe il fit quelques arrangemens , qui furent
approuvés par Lettres patentes de Sa Majefté
, & il appliqua à cette oeuvre une
fomme provenant de la liquidation desi
biens que M. d'Arcollieres , Prêtre du
Diocéfe , avoit laiffés pour la même caufe ,
par teftament du 17 Novembre 1696.
Divers obftacles fufpendirent l'effet de
Gij
148 MERCURE DE FRANCE.
ces difpofitions jufqu'en l'année 1742 ,
que M. Jean du Doucer , fucceffeur de M.
du Laurent , s'efforça d'en procurer l'exécution
, en y faifant quelques changemens
qui lui parurent néceffaires. Sans abandonner
le projet de l'érection d'un Séminaire
le Prélat fe propofa pour objet principal
l'établiffement d'un College , où la jeuneſſe
de la province , qui étoit obligée d'en fortir
& d'aller étudier à grands frais dans
le pays étranger , pût déformais recevoir
l'éducation & l'enfeignement , depuis la
fixieme claffe jufques & compris la Théologie.
Pour y parvenir , il fit un teftament
le 23 Mai de la même année , par lequel.
il légue une fomme confidérable à la Communauté
qui fera chargée de la direction
de ce College , déclarant que la même
Communauté pourra être pareillement
chargée , fi fon fucceffeur le juge à pro-.
de la direction du Séminaire , & jouir
des revenus deftinés à cette fin. Ce premier
fonds a été augmenté dans la fuite par un
codicille de M. du Doucet , du 23 Décem
bre.1743 ; & par un legs de M. Jacques
Flavier , Curé de Flavieux.
pos ,
-
Après la mort de M. du Doucet , M.
Jean Antoine de Tinzeau , aujourd'hui
Evêque de Nevers , lui ayant fuccedé dans
e fiége de Belley , fe hâta de faire exécuAVRIL.
1755. 149
ter l'utile fondation de fon prédéceffeur ;
& pour en remplir l'objet il fit choix des
Chanoines Réguliers de l'ordre de S. Antoine
, dont l'Abbaye chef- lieu , fituée dans
le Dauphiné , n'eft éloignée que d'environ
quinze lieues de la ville de Belley. M. Etien
ne Galland , Abbé général de cet Ordre ,
s'eft généreufement prêté aux pieufes intentions
du Prélat , & de MM . les Maire ,
Syndics & Communauté de la même ville,
qui l'en follicitoient de concert. En conféquence
, & fous le bon plaifir du Roi ,
les parties pafferent un contrat pardevant
Notaires , le 27 Mars 1751 , dans lequel
tout ce qui concerne l'exécution de la fondation
de M. du Doucet fut provifoirement
arrêté. La ville de Belley s'engage
par cet acte , à fournir le terrein néceffaire
pour la conftruction des bâtimens du College.
Le contrat , & par conféquent l'érection
du College , ont été confirmés
Lettres patentes de Sa Majefté , du mois
de Février 1753 , régiftrées au Parlement
de Dijon le 28 Juin de la même
année , & à la Chambre des Comptes le
6 Février de l'année fuivante. Ce traité a
été confenti par M. Courtois de Quincy ,
qui a fuccédé à M. de Tinzeau , & qui
remplit aujourd'hui le fiége de Belley. Les
Profeffeurs ou Régens choifis , comme je
par
G iij
150 MERCURE DE FRANCE.
l'ai dit ci - devant , parmi les Chanoines
Réguliers de l'Ordre de S. Antoine , ont
ouvert leurs claffes dès 1751 , & remplif
fent leurs fonctions avec fuccès.
M. Joly de Fleury , Intendant de Bourgogne
, dont on connoît le zéle pour le
bien de la province , en a témoigné fa fatisfaction
lorfqu'il s'eft rendu à Belley
vers la fin du mois de Septembre de l'année
derniere ; & fur la réquifition de MM.
les Syndics Généraux , il a permis que l'on
défignât , pour la conſtruction du nouveau
College , un emplacement plus commode
& plus étendu que celui qui y avoit été
deftiné auparavant
.
Vous ne ferez pas fâché que je joigne
à ma lettre le compliment qui lui a été fait
dans cette circonftance , par M. Granier ,
Supérieur du College .
» Monfieur , l'hommage que nous vous
» rendons eft le fruit du refpect & de la
» reconnoiffance, Il est heureux pour nous
de trouver un protecteur dans l'objet
de la joie & de l'admiration publiques.
» Si vos rares qualités font le bonheur de
» cette province , vous le perpétuerez
» Monfieur , en affurant un établiſſement
39
2
qui a pour but l'éducation de la jeuneſſe.
>> Les vûes des grands hommes embraffent
» tous les tems. Flattés nous -mêmes de
AVRIL.. 1755. 151
1
» concourir à l'exécution d'un fi noble def-
» fein , nous n'oublierons rien pour for-
" mer des fujets utiles à l'Etat. Nous leur
infpirerons , en particulier , nos fenti-
» mens pour vous : la reconnoiffance pour
» le bienfaicteur durera autant que le fou-
>> venir du bienfait,
Ce difcours fut fuivi d'un fecond compliment
en vers , de la compofition de M.
Sutaine , l'un des Régens , qui fut prononcé
avec beaucoup de grace au nom des Ecoliers
, par le jeune M. de Précigny , penfionnaire
au College , & neveu de M. l'Evêque
: le voici .
Enfin à nos defirs fenfible ,
Pallas te conduit en ces lieux.
O l'heureux jour ! ô moment précieux !
"Pourrions-nous efperer un figne plus viſible
De la bonté des Dieux ?
Devant toi marche l'abondance ,
Mere des plaiſirs & des ris :
Les coeurs , de tes bontés épris ,
Suivent ton chat , guidés par la reconnoiffance:
Miniftre du plus grand des Rois ,
Tu fais adorer la fageffe
Qui lui dicte fes loix ;
Et de la plus vive tendreffe ,
Tout fon peuple animé ,
T'appelle ,comme lui , Fleuri le bien aimé.
Giv
192 MERCURE DE FRANCE.
Les chaftes Soeurs , dont nous t'offrons l'hommage
,
Reconnoiflent en toi l'image
De ce Proconful généreux ,
Qui fous Trajan , le plus fage des Princes ,
Parcouroit les provinces ,
En faifant des heureux.
Comme toi , plein de vigilance ,
Par fa féconde activité ,
Il pourvoyoit à tout , & fa mâle prudence
Suivoit toujours les loix de l'auftere équité :
Des Muſes , protecteur fincere ,
Il fut , ainfi que toi , leur foutien & leur pere ;
Les Muſes , comme à lui , t'élevent un autel ,
Où nous ferons brûler un encens immortel.
Je fuis perfuadé , Monfieur , que vous
applaudirez avec tout le public à des élages
bien mérités. J'ai l'honneur , &c.
Fermer
Résumé : LETTRE écrite de Belley, sur le Collége nouvellement établi dans cette ville.
En 1700, M. Pierre du Laurent, évêque de Belley, décida de créer un séminaire pour former les jeunes clercs aux fonctions ecclésiastiques. Ce projet, approuvé par le roi, fut retardé jusqu'en 1742 en raison de divers obstacles. M. Jean du Doucer, successeur de M. du Laurent, modifia le projet pour établir un collège offrant une éducation complète, allant de la sixième classe à la théologie. Il légua une somme importante pour financer ce collège, somme qui fut augmentée par des legs ultérieurs. Après la mort de M. du Doucer, M. Jean Antoine de Tinzeau, évêque de Nevers, prit la relève et accéléra la mise en œuvre du projet. Il choisit les Chanoines Réguliers de l'ordre de Saint-Antoine pour diriger le collège. Un contrat fut signé en 1751 et confirmé par des lettres patentes royales en 1753. Les cours commencèrent dès 1751 sous la direction des Chanoines Réguliers. En 1754, M. Joly de Fleury, intendant de Bourgogne, visita Belley et approuva le choix de l'emplacement pour la construction du collège. Il reçut des compliments pour son soutien à cette initiative éducative.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
21
p. 108-122
SEANCE PUBLIQUE De la Société Littéraire d'Arras.
Début :
La Société Littéraire d'Arras tint le 22 Juin une assemblée publique à l'occasion [...]
Mots clefs :
Société littéraire d'Arras, Naturaliste, Pierre, Monuments antiques, Terre, Sable, Province, Poésie, Versification
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SEANCE PUBLIQUE De la Société Littéraire d'Arras.
SEANCE PUBLIQUE
De la Société Littéraire d'Arras.
A Société Littéraire d'Arras tint le 22
Juin une affemblée publique à l'occafion
de la réception du R. P. Lucas , Jéfuite.
Le remerciment qu'il fit à ce fujet
fervit d'introduction à un difcours fur
l'excellence de l'hiftoire naturelle , dont
l'utilité & les agrémens firent les deux objets
de fa divifion.
Pour ne pas fortir des bornes d'un extrait
, on fe contentera de rapporter ici
quelques morceaux , dont le but étoit de
prouver que l'Artois renferme une égale
abondance de curiofités naturelles & de
'monumens antiques. Voici comment le P.
Lucas s'exprima fur ce point dans l'exorde
´de fon difcours. » L'Artois , votre patrie
» & la mienne , Meffieurs , offre aux dif-
» fertations des curieux tant d'objets inté
reffans , que la nature femble avoir fe
MAI. 1755: 100
» condé vos intentions & les miennes , en
» réuniffant dans les bornes étroites de cet-
» te province tout ce qui peut être utile
» au bien public , & fatisfaire la curiofité
des Naturaliſtes. La multitude des cho-
» fes fingulieres & même uniques qui fe
préfentent , comme d'elles-mêmes , fous
» nos yeux & fous nos pas , les pierres du
» res & molles , les pierres à grains & à
» feuilles , les pétrifications de toute ef-
» pece , les cryftallifations différentes , les
» bitumes , les foufres , les eaux , les végé-
"
»
taux , les minéraux , les médailles ro-
» maines du haut & du bas Empire , les
antiquités celtiques , tout s'y trouve ,
» tout s'y offre à nos recherches ; on ne
» peut faire un pas fans fouler aux pieds
» les tréfors de l'Hiftoire naturelle & de
l'Hiftoire ancienne.
ود
Le P. L. s'étendit dans fa premiere partie
fur les fecours que le Naturaliſte procure
à l'Hiftorien , en lui fourniffant de
précieuſes antiquités , & il détailla ainſi
les découvertes de ce genre qu'il a faites
dans l'Artois . » Toutes les parties de cette
province ne femblent- elles pas fe difpu-
» ter l'honneur de perfectionner l'hiſtoire ?
» Dainville & Gouy en Artois réfervoient à
» notre fiècle , depuis plus de deux mille
ans peut-être , la découverte de douze
a10 MERCURE DE FRANCE.
.ود
tombeaux finguliers , dont l'antiquité ,
» la matiere & la figure peuvent être le fu-
» jet d'une differtation également curieuſe
» & inftructive. Les marais d'Ecourt- Saint-
Quentin , après avoir fourni long - tems
» des tourbes plus noires & plus compac-
» tes que les tourbes ordinaires , n'en pa-
» roiffent refuſer aujourd'hui à vingt pieds
» de profondeur , que pour nous décou-
» vrir d'un côté une antiquité cachée , une
» chauffée romaine , large de vingt- quatre
» pieds , dont le commencement & le ter-
» me font encore inconnus .... & d'un
» autre côté , un amas de piques , de ha-
» ches , de maffes & de diverſes armes
gauloifes & romaines . La fabliere de
» Barale , à fix lieues d'Arras , nous a confervé
depuis mille trois cens ans , fous
vingt-deux pieds de fable , des vafes ro-
» mains de différentes figures , des pate-
» res , des fympules , des jattes rondes &
polies . Arras , Recourt , Foucquieres , & c .
préfentent aux differtations des Natura-
» liſtes de nos jours , tantôt à vingt- deux
» pieds , tantôt à plus de cent pieds de pro-
» fondeur , des arbres entiers dans une
» terre tourbeufe , dont ils font noircis &
pénétrés depuis plufieurs fiècles , fans
" avoir rien perdu de leur nature combuftible
, en perdant leur couleur naturelle...
23
ور
AMA I. 1755. Ir
爆
:
Quel fonds pour des differtations fçavan-
» tes ! quelles richeffes pour l'hiftoire ana
cienne ! quel tréfor celle de cette
≫ province
pour
Le nouvel affocié traita enfuite dės diverfes
reffources que nous devons au Naruralifte
, foit pour les befoins , foit pour
les commodités de la vie. Il parla des vulnéraires
, dont mille efpéces fe trouvent
réunies fur les montagnes d'Hefdin , comme
fur celles de la Suiffe & de l'Espagne .
Il indiqua deux ou trois fources d'eaux
minérales , jufqu'ici prefque inconnues
en Artois , & plufieurs mines de fer , de
plomb , de vitriol , dont les marques caractéristiques
, qui fe rencontrent par- tout
au centre & vers les extrêmités de l'Artois ,
femblent promettre un fuccès certain aux
travaux des Entrepreneurs. N'envions
·
" point , ( dit il en parlant du plâtre )
» n'envions point , Meffieurs , aux autres
contrées cette matiere fi utile ; nous en
S❞ trouvons dans celle-ci on peut faire
:
dans l'Artois ce qu'on fait dans l'Ile de
- France : Bourlon & Carency nous donne-
»ront un plâtre plus fin que celui de -Mont-
» martre ... ! du moins la découverte nous
» annonce un heureux fuccès : l'épreuve
de la calcination & de l'humectation
l'affûrera & l'expérience le perpétuera
112 MERCURE DE FRANCE.
»pour l'honneur du Naturaliſte , & pour
» le profit de l'Artois .
Sur la fin de fon difcours le P. L. entreprit
de faire voir que le Naturaliſte fatisfait
prefque toujours fa curiofité , en
trouvant ou ce qu'il cherche , ou ce qu'il
ne cherche pas , & l'Artois & fes environs
lui fourniffent encore des preuves de cette
vérité. Vous cherchiez , dit- il , dans les
carrieres , la pofition , l'étendue , la con-
» tinuité & l'épaiffeur des couches de ter-
"re , & vous avez apperçu dans des blocs
de pierre à la carriere royale de Ronville ,
»près d'Arras , des empreintes & des lits.
>> entiers de coquillages ; dans celle de
» Saint Vaaft , à la porte d'Amiens , dės
99
globes de matiere minérale , dont tous
» les rayons partent du point central , &
» aboutiffent à une circonférence inégale
»& champignoneufe ; & dans celles de
» Berles , à quatre lieues d'Arras , & de
» Saint Pol , à fept lieues de cette ville , des
» huîtres pétrifiées & des marcaffites de
plufieurs efpeces. Vous cherchiez dans
» des coquilles pétrifiées l'ouvrage des in-
» fectes marins confervé dans des carrie-
»res profondes depuis le déluge général ;
» & vous trouvez dans des monumens
antiques , ou l'ouvrage des premiers
» Gaulois , ou celui des anciens Romains...
""
"2
M A I.
1755. 11}
Vous cherchiez à Méricourt , à vingtquatre
pieds de profondeur , quelle eft
la couche de terre ou de gravier où finît
la matiere tourbeufe des marais , & la
» Drague *vous a rapporté différens fruits,
» des noix , des noifettes , dont la coque
» s'eft confervée entiere & folide pendant
» des milliers d'années .... Vous cherchiez
» dans les fontaines des fimples aquatiques,
& des roſeaux pétrifiés fe font offerts à
» vos yeux dans celle d'Albert fur les confins
de cette province .... Vous faifiez
» creufer les terres de Flers pour en exami
ner les différentes couches , & vous y
» avez déterré un amas confidérable de
> médailles romaines bien confervées , &
» réunies dans des vafes de terre dure &
folide .... Vous cherchiez près de Bou-
» chain des fources peu profondes , & vous
» avez tiré de la terre des monnoies farra-
» zines qui ont enrichi votre cabinet ……….
» Vous cherchiez dans les campagnes de
l'Abbaye de Dommartin des échinites
marins changés en cailloux , & avec quel
agréable étonnement vos yeux y ont
» trouvé des monnoies celtiques de fer ! ...
»Vous faifiez jetter les fondemens d'une
" Eglife paroiffiale à Gouy en Artois , &
* Inftrument pour tirer la terre à tourbe.
114 MERCURE DE FRANCE .
cette terre autrefois fanctifiée par de
pareilles fondations , vous a offert des
» médailles françoifes auffi curieuſes &
» inftructives qu'elles font antiques &
"
3 rares.
M. Leroux , Directeur , répondit au
Pere Lucas , & lui dit entr'autres chofes :
» Nous croyons comme vous , mon Révé-
» rend Pere , que la connoiffance de l'hiſtoi-
» re naturelle a toute l'utilité & les agré-
»mens qui peuvent attacher l'honnête
» homme : on ne peut rien ajoûter aux
❞preuves que vous avez fçu rendre fi inté-
» reffantes : on reconnoît avec plaifir que
» vous ne trouvez rien qui foit trop fé-
» rieux pour vos amuſemens , quand vous
» croyez pouvoir les faire fervir à éclairer
» vos compatriotes .... Hâtez - vous , mon
» R. Pere , de leur faire part des recherches
fçavantes que vous leur annoncez.;
» empreffez - vous à leur développer ces
» phénomenes qui ont bien pu arrêter pour
quelques momens leur attention , mais
dont il ne paroît pas qu'ils ayent fçu juſ-
» qu'aujourd'hui pénétrer la fource , ou
» démêler les avantages ; dirigez leur contemplation
: ouvrez - leur la terre qu'ils
habitent ; expliquez -leur comment , depuis
le déluge , elle n'eft qu'une maffe
formée d'un affemblage de mille chofes ,
C
99
ود
99
MATI 1755
९
و د
qui paroiffant déplacées dans fon fein ,
ne femblent offrir que des conjectures
fur les caufes de ce mêlange étonnant.
Placé avec eux comme dans un monde
»fouterrein , montrez-leur que c'eſt ſou-
» vent là que fe trouve l'origine de ces
changemens qui nous arrivent à nous-
» mêmes , ou aux autres, corps qui font fur
la furface de la terre ; dites-leur ce qu'ils
In doivent penfer des fontaines , des rivieres
, des vapeurs , de la formation & de
l'accroiffement des animaux & des végétaux
; en un mot , de toutes les merveil-
» les qui peuvent échapper à leurs lumieres
, ou réfifter à leur entendement. <
¡ M. Enlard de Grandval lur des remarques
fur les difficultés de la verfification
françoife . Il fit voir que ces difficultés réfultoient
principalement de la multitude
des articles , des pronoms , de certaines
prépofitions & conjonctions , des verbes
auxiliaires fouvent doublés. » Toutes cho-
>>> fes qui ne peignent rien , mais qui rempliffent
en partie la mefure , & y tien-
» nent la place d'autres mots qui exprime-
. . و ر
C
roient un fentiment , ou une image , uni-
» ques refforts du nerfpoëtique. » Il fit encore
obferver que le défaut d'élifion dans
les voyelles , excepté le muet , excluoit ła
rencontre d'une infinité de mots , qui ne
16 MERCURE DE FRANCE.
pouvoient plus fe trouver enfemble dan's
notre poëfie ; que notre profodie , quoique
peu marquée , exigeoit des attentions trèsdélicates
, parce que trop de breves ou de
longues dans un vers , le rendoient défectueux
; que non feulement la quantité des
fyllabes , mais encore leurs fons qui doivent
être variés , & le choix des rimes ,
qui , quoique différentes entr'elles , font
cependant monotones & choquantes quand
elles roulent de fuite fur une même voyelle
, en rendoient l'arrangement très- difficile.
Ce qu'il y a de pis , ajoûta M. de
» G. eft que nous n'avons fur cela aucune
régle qui puiffe nous gouverner ; la li-
» berté même fait le danger : rien de fi
borné que les préceptes de notre poëfie ,
rien de fi embarraſſant que l'exécution .
» Le choix des fyllabes breves ou longues ,
» celui des rimes & des fons eft purement
و د
ود
""
arbitraire ; il ne dépend que du goût dự
» Verfificateur ; mais combien ce goût
» doit- il être fûr & exercé pour ne s'y pas
méprendre , & qu'il eft rare de l'avoir
» tel !..... Les autres nations ont pour
»la poëfie un langage à part , une langue
» des Dieux : nous retenons la nôtre dans
» toutes fes entraves ; nul écart de la Gram-
» maire , nulle licence n'y eft permiſe . Les
figures , la métaphore font l'ame de la
MA 1. 1755. 117
poëfie , nous en exigeons fans doute , &
nous prétendons que le Poëte nous anime
, nous éleve , nous échauffe , mais
» à condition que l'art fe cache avec foin ,
& que l'enthoufiafme ne s'éloigne pas
trop du langage naturel . Peuple léger ,
vif & capricieux , nous voulons que la
fageffe regne jufques dans la fureur poë-
" tique ! &c.
M. le Chevalier de Vauclaire récita
deux pieces de poësie morale , imitées des
vers de Bocce , fur la confolation philofophique.
L'on termina cette féance par
un mémoire que M. Dupré d'Aulnay ,
membre de la Société littéraire de Châlons
en Champagne , avoit envoyé pour
tribut à celle d'Arras , à laquelle il eft
aggrégé depuis peu , comme affocié externe.
Ce mémoire confiftoit en des obfervations
phyfiques fur le fel marin , pour
réfuter les conjectures de M. R. P. V. J.
au fujet d'un ouvrage imprimé dans un
recueil de l'Académie de la Rochelle.
Nous apprenons que depuis la féance
publique dont on vient de rendre compte
, la Société littéraire d'Arras en a encore
tenu deux autres , le 26 Octobre
1754, & le 15 Mars dernier. Voici la
lifte des pièces qui ont rempli ces nouvelles
féances...
118 MERCURE DE FRANCE.
Effai fur la néceffité & l'utilité des rew
cherches de monumens antiques & de médailles
dans la province d'Artois , relative
ment à l'histoire du pays , par M. Camp. x
2 Obfervations fur l'origine & les étymolo
gies de plufieurs noms de lieux anciens fitues
en Artois ; par le même .
Remerciment de M. Foacier de Ruzé ,
nouvel Affocié , auquel M. Camp a tépondu
en qualité de Directeur.
A
Difcours de M. Brunel , Avocat , Chan
celier de la Société , dont l'objet étoit de
prouver combien le mépris de la littérature
nuit au bien public.
Suite du mémoire hiftorique , lû par M.
Harduin , à l'affemblée du 3o Mars 1754 ,
contenant la relation des cérémonies qui
fe pratiquoient dans la ville d'Arras , fous
les Ducs de Bourgogne de la feconde race ,
aux entrées folemnelles de ces Princes &
des Rois de France leurs Souverains .
Effai hiftorique fur l'origine de la langue
françoife , par M. Enlart de Grandval ,
qui avoit donné le difcours préliminaire
de cet ouvrage à la féance du 30 Mars
1754.
Obfervations phyfiques du R. P. Lucas ,
fur les découvertes qu'on a faites en creufant
le lit du nouveau canal qui doit for--
mer une communication entre la riviero
MAI. 119
1755.
d'Aa & la Lis , dont les travaux ont été
commencés en 1753 , à trois quarts de
lieue de Saint - Omer , par l'ouverture dè
la montagne des Fontinettes.
Pour procéder avec ordre , le P. L. a
divifé fa differtation en quatre articles.
Il expofe dans le premier , quelle eft la
matiere , la couleur , la fituation , l'épaiffeur
& le nombre des différentes couches
qu'on a coupées dans la montagne
des Fontinettes. En parlant de la derniere
couche de glaife , il rapporte les expériences
qu'il a multipliées , pour fe convaincre
par les yeux que l'origine des fontaines
& des rivieres doit être attribuée aux
brouillards , à la rofée , à l'eau de pluie ,
&c. & il réfute les autres fyftêmes qu'on a
imaginés à cet égard. Il ajoute quelques
réflexions fur les couches de fable qu'on
á découvertes dans la montagne , du côté
du village d'Arques ; il obferve que les
grains de ce fable , qui eft vitrifiable , font
plus gros que ceux du fable ordinaire des
fablieres d'Artois , & que la plupart de
ces grains font taillés à fix pans , qui aboutiffent
à une pointe commune ; ce qui
pourroit faire conjecturer que ce font de
petites primes de cryſtal , femblables à celles
des cryftaux colorés & non colorés
de Suiffe , de Portugal , &c.
120 MERCURE DE FRANCE.
2
Dans le fecond article , le P. L. diftingue
deux efpéces tout à fait différentes de
minéraux , trouvées dans les mêmes fouilles
, à vingt- cinq pieds de profondeur. La.
premiere efpéce eſt une matiere lourde
jaune & brillante , qui paroît métallique
au premier coup d'oeil , mais qui ne l'eft
Il pas. prouve que plufieurs de ces fragmens
minéraux ont été autrefois de vrai
bois , dont ils confervent encore les fibres
ligneufes , les noeuds convexes & concayes
, les racines & les branches naiſlantes .
Il explique comment une métamorphofe
auffi finguliere a pû fe faire , comment ce
bois a changé de nature , fans changer de
configuration extérieure , & fur-tout comment
il peut fe rencontrer dans le fein
d'une montagne , dont la formation n'a
point d'époque connue , & paroît être de
la plus haute antiquité. Il paffe enfuite à
la décompofition qu'il a faite de ce bois
minéralife ; & après avoir prouvé qu'on
n'y reconnoît pas les qualités d'un métal ,
il conclut que c'eft un foufre minéral २
mêlé de quelques parties de fel neutre ,
& d'une grande partie de terre.
Le fecond minéral eft une matiere
talqueufe & tranſparente , compofée de
feuilles prefque infiniment minces , appliquées
& collées les unes fur les autres ,
de
MAI. 1755. 121
1
de maniere que ce grand nombre de couches
ne diminue point la tranfparence de
la maffe continue , & n'interrompt point la
direction des rayons de lumiere qui y
paffent en ligne droite prefque aufli aifément
que dans le verre . Ces morceaux
talqueux forment dans la glaiſe des étoiles
en tout fens , dont les rayons divergens partent
d'un centre commun , qui n'eft qu'un
point , ou plutôt qui n'eft formé que par
les pointes inférieures des rayons mêmes ,
qui y aboutiffent & s'y réuniffent tous en
un feul point. Le P. L. décrit leur figure
extérieure & leurs différentes dimenfions ;
& après avoir montré pourquoi quelquesuns
de ces rayons paroiffent entés les uns
fur les autres , il s'attache à expliquer la
formation finguliere des épis de folle
avoine qu'on y remarque diftinctement, &
qui s'étendent dans le fein & felon la longueur
de chaque rayon . Il foutient que
cette matiere talqueufe , bien broyée &
bien pilée , eft préférable au tripoli & au
foufre pour les maftics fins , & qu'elle peut
fervir à blanchir l'argent quand elle a été
calcinée dans le creufet , & réduite en poudre
impalpable. Il explique enfin comment
cette matiere paroît vitrefcible dans
l'eau forte , où elle ne fe diffout point ,
& femble cependant fe calciner dans un
F
22 MERCURE DE FRANCE.
grand feu , où elle ne fe vitrifie pas.
Le P. L. a détaillé , dans le troifiéme
article , les indices qui paroiffent annoncer
aux environs du nouveau canal quelques
mines de plomb , à une plus grande
profondeur. Il a remis à une autre féance
le quatrième article , dans lequel il parlera
des divers fragmens de végétaux & de parties
animales qui ont été trouvées dans les
couches de fable , vers l'endroit où l'on a
commencé l'excavation du canal.
De la Société Littéraire d'Arras.
A Société Littéraire d'Arras tint le 22
Juin une affemblée publique à l'occafion
de la réception du R. P. Lucas , Jéfuite.
Le remerciment qu'il fit à ce fujet
fervit d'introduction à un difcours fur
l'excellence de l'hiftoire naturelle , dont
l'utilité & les agrémens firent les deux objets
de fa divifion.
Pour ne pas fortir des bornes d'un extrait
, on fe contentera de rapporter ici
quelques morceaux , dont le but étoit de
prouver que l'Artois renferme une égale
abondance de curiofités naturelles & de
'monumens antiques. Voici comment le P.
Lucas s'exprima fur ce point dans l'exorde
´de fon difcours. » L'Artois , votre patrie
» & la mienne , Meffieurs , offre aux dif-
» fertations des curieux tant d'objets inté
reffans , que la nature femble avoir fe
MAI. 1755: 100
» condé vos intentions & les miennes , en
» réuniffant dans les bornes étroites de cet-
» te province tout ce qui peut être utile
» au bien public , & fatisfaire la curiofité
des Naturaliſtes. La multitude des cho-
» fes fingulieres & même uniques qui fe
préfentent , comme d'elles-mêmes , fous
» nos yeux & fous nos pas , les pierres du
» res & molles , les pierres à grains & à
» feuilles , les pétrifications de toute ef-
» pece , les cryftallifations différentes , les
» bitumes , les foufres , les eaux , les végé-
"
»
taux , les minéraux , les médailles ro-
» maines du haut & du bas Empire , les
antiquités celtiques , tout s'y trouve ,
» tout s'y offre à nos recherches ; on ne
» peut faire un pas fans fouler aux pieds
» les tréfors de l'Hiftoire naturelle & de
l'Hiftoire ancienne.
ود
Le P. L. s'étendit dans fa premiere partie
fur les fecours que le Naturaliſte procure
à l'Hiftorien , en lui fourniffant de
précieuſes antiquités , & il détailla ainſi
les découvertes de ce genre qu'il a faites
dans l'Artois . » Toutes les parties de cette
province ne femblent- elles pas fe difpu-
» ter l'honneur de perfectionner l'hiſtoire ?
» Dainville & Gouy en Artois réfervoient à
» notre fiècle , depuis plus de deux mille
ans peut-être , la découverte de douze
a10 MERCURE DE FRANCE.
.ود
tombeaux finguliers , dont l'antiquité ,
» la matiere & la figure peuvent être le fu-
» jet d'une differtation également curieuſe
» & inftructive. Les marais d'Ecourt- Saint-
Quentin , après avoir fourni long - tems
» des tourbes plus noires & plus compac-
» tes que les tourbes ordinaires , n'en pa-
» roiffent refuſer aujourd'hui à vingt pieds
» de profondeur , que pour nous décou-
» vrir d'un côté une antiquité cachée , une
» chauffée romaine , large de vingt- quatre
» pieds , dont le commencement & le ter-
» me font encore inconnus .... & d'un
» autre côté , un amas de piques , de ha-
» ches , de maffes & de diverſes armes
gauloifes & romaines . La fabliere de
» Barale , à fix lieues d'Arras , nous a confervé
depuis mille trois cens ans , fous
vingt-deux pieds de fable , des vafes ro-
» mains de différentes figures , des pate-
» res , des fympules , des jattes rondes &
polies . Arras , Recourt , Foucquieres , & c .
préfentent aux differtations des Natura-
» liſtes de nos jours , tantôt à vingt- deux
» pieds , tantôt à plus de cent pieds de pro-
» fondeur , des arbres entiers dans une
» terre tourbeufe , dont ils font noircis &
pénétrés depuis plufieurs fiècles , fans
" avoir rien perdu de leur nature combuftible
, en perdant leur couleur naturelle...
23
ور
AMA I. 1755. Ir
爆
:
Quel fonds pour des differtations fçavan-
» tes ! quelles richeffes pour l'hiftoire ana
cienne ! quel tréfor celle de cette
≫ province
pour
Le nouvel affocié traita enfuite dės diverfes
reffources que nous devons au Naruralifte
, foit pour les befoins , foit pour
les commodités de la vie. Il parla des vulnéraires
, dont mille efpéces fe trouvent
réunies fur les montagnes d'Hefdin , comme
fur celles de la Suiffe & de l'Espagne .
Il indiqua deux ou trois fources d'eaux
minérales , jufqu'ici prefque inconnues
en Artois , & plufieurs mines de fer , de
plomb , de vitriol , dont les marques caractéristiques
, qui fe rencontrent par- tout
au centre & vers les extrêmités de l'Artois ,
femblent promettre un fuccès certain aux
travaux des Entrepreneurs. N'envions
·
" point , ( dit il en parlant du plâtre )
» n'envions point , Meffieurs , aux autres
contrées cette matiere fi utile ; nous en
S❞ trouvons dans celle-ci on peut faire
:
dans l'Artois ce qu'on fait dans l'Ile de
- France : Bourlon & Carency nous donne-
»ront un plâtre plus fin que celui de -Mont-
» martre ... ! du moins la découverte nous
» annonce un heureux fuccès : l'épreuve
de la calcination & de l'humectation
l'affûrera & l'expérience le perpétuera
112 MERCURE DE FRANCE.
»pour l'honneur du Naturaliſte , & pour
» le profit de l'Artois .
Sur la fin de fon difcours le P. L. entreprit
de faire voir que le Naturaliſte fatisfait
prefque toujours fa curiofité , en
trouvant ou ce qu'il cherche , ou ce qu'il
ne cherche pas , & l'Artois & fes environs
lui fourniffent encore des preuves de cette
vérité. Vous cherchiez , dit- il , dans les
carrieres , la pofition , l'étendue , la con-
» tinuité & l'épaiffeur des couches de ter-
"re , & vous avez apperçu dans des blocs
de pierre à la carriere royale de Ronville ,
»près d'Arras , des empreintes & des lits.
>> entiers de coquillages ; dans celle de
» Saint Vaaft , à la porte d'Amiens , dės
99
globes de matiere minérale , dont tous
» les rayons partent du point central , &
» aboutiffent à une circonférence inégale
»& champignoneufe ; & dans celles de
» Berles , à quatre lieues d'Arras , & de
» Saint Pol , à fept lieues de cette ville , des
» huîtres pétrifiées & des marcaffites de
plufieurs efpeces. Vous cherchiez dans
» des coquilles pétrifiées l'ouvrage des in-
» fectes marins confervé dans des carrie-
»res profondes depuis le déluge général ;
» & vous trouvez dans des monumens
antiques , ou l'ouvrage des premiers
» Gaulois , ou celui des anciens Romains...
""
"2
M A I.
1755. 11}
Vous cherchiez à Méricourt , à vingtquatre
pieds de profondeur , quelle eft
la couche de terre ou de gravier où finît
la matiere tourbeufe des marais , & la
» Drague *vous a rapporté différens fruits,
» des noix , des noifettes , dont la coque
» s'eft confervée entiere & folide pendant
» des milliers d'années .... Vous cherchiez
» dans les fontaines des fimples aquatiques,
& des roſeaux pétrifiés fe font offerts à
» vos yeux dans celle d'Albert fur les confins
de cette province .... Vous faifiez
» creufer les terres de Flers pour en exami
ner les différentes couches , & vous y
» avez déterré un amas confidérable de
> médailles romaines bien confervées , &
» réunies dans des vafes de terre dure &
folide .... Vous cherchiez près de Bou-
» chain des fources peu profondes , & vous
» avez tiré de la terre des monnoies farra-
» zines qui ont enrichi votre cabinet ……….
» Vous cherchiez dans les campagnes de
l'Abbaye de Dommartin des échinites
marins changés en cailloux , & avec quel
agréable étonnement vos yeux y ont
» trouvé des monnoies celtiques de fer ! ...
»Vous faifiez jetter les fondemens d'une
" Eglife paroiffiale à Gouy en Artois , &
* Inftrument pour tirer la terre à tourbe.
114 MERCURE DE FRANCE .
cette terre autrefois fanctifiée par de
pareilles fondations , vous a offert des
» médailles françoifes auffi curieuſes &
» inftructives qu'elles font antiques &
"
3 rares.
M. Leroux , Directeur , répondit au
Pere Lucas , & lui dit entr'autres chofes :
» Nous croyons comme vous , mon Révé-
» rend Pere , que la connoiffance de l'hiſtoi-
» re naturelle a toute l'utilité & les agré-
»mens qui peuvent attacher l'honnête
» homme : on ne peut rien ajoûter aux
❞preuves que vous avez fçu rendre fi inté-
» reffantes : on reconnoît avec plaifir que
» vous ne trouvez rien qui foit trop fé-
» rieux pour vos amuſemens , quand vous
» croyez pouvoir les faire fervir à éclairer
» vos compatriotes .... Hâtez - vous , mon
» R. Pere , de leur faire part des recherches
fçavantes que vous leur annoncez.;
» empreffez - vous à leur développer ces
» phénomenes qui ont bien pu arrêter pour
quelques momens leur attention , mais
dont il ne paroît pas qu'ils ayent fçu juſ-
» qu'aujourd'hui pénétrer la fource , ou
» démêler les avantages ; dirigez leur contemplation
: ouvrez - leur la terre qu'ils
habitent ; expliquez -leur comment , depuis
le déluge , elle n'eft qu'une maffe
formée d'un affemblage de mille chofes ,
C
99
ود
99
MATI 1755
९
و د
qui paroiffant déplacées dans fon fein ,
ne femblent offrir que des conjectures
fur les caufes de ce mêlange étonnant.
Placé avec eux comme dans un monde
»fouterrein , montrez-leur que c'eſt ſou-
» vent là que fe trouve l'origine de ces
changemens qui nous arrivent à nous-
» mêmes , ou aux autres, corps qui font fur
la furface de la terre ; dites-leur ce qu'ils
In doivent penfer des fontaines , des rivieres
, des vapeurs , de la formation & de
l'accroiffement des animaux & des végétaux
; en un mot , de toutes les merveil-
» les qui peuvent échapper à leurs lumieres
, ou réfifter à leur entendement. <
¡ M. Enlard de Grandval lur des remarques
fur les difficultés de la verfification
françoife . Il fit voir que ces difficultés réfultoient
principalement de la multitude
des articles , des pronoms , de certaines
prépofitions & conjonctions , des verbes
auxiliaires fouvent doublés. » Toutes cho-
>>> fes qui ne peignent rien , mais qui rempliffent
en partie la mefure , & y tien-
» nent la place d'autres mots qui exprime-
. . و ر
C
roient un fentiment , ou une image , uni-
» ques refforts du nerfpoëtique. » Il fit encore
obferver que le défaut d'élifion dans
les voyelles , excepté le muet , excluoit ła
rencontre d'une infinité de mots , qui ne
16 MERCURE DE FRANCE.
pouvoient plus fe trouver enfemble dan's
notre poëfie ; que notre profodie , quoique
peu marquée , exigeoit des attentions trèsdélicates
, parce que trop de breves ou de
longues dans un vers , le rendoient défectueux
; que non feulement la quantité des
fyllabes , mais encore leurs fons qui doivent
être variés , & le choix des rimes ,
qui , quoique différentes entr'elles , font
cependant monotones & choquantes quand
elles roulent de fuite fur une même voyelle
, en rendoient l'arrangement très- difficile.
Ce qu'il y a de pis , ajoûta M. de
» G. eft que nous n'avons fur cela aucune
régle qui puiffe nous gouverner ; la li-
» berté même fait le danger : rien de fi
borné que les préceptes de notre poëfie ,
rien de fi embarraſſant que l'exécution .
» Le choix des fyllabes breves ou longues ,
» celui des rimes & des fons eft purement
و د
ود
""
arbitraire ; il ne dépend que du goût dự
» Verfificateur ; mais combien ce goût
» doit- il être fûr & exercé pour ne s'y pas
méprendre , & qu'il eft rare de l'avoir
» tel !..... Les autres nations ont pour
»la poëfie un langage à part , une langue
» des Dieux : nous retenons la nôtre dans
» toutes fes entraves ; nul écart de la Gram-
» maire , nulle licence n'y eft permiſe . Les
figures , la métaphore font l'ame de la
MA 1. 1755. 117
poëfie , nous en exigeons fans doute , &
nous prétendons que le Poëte nous anime
, nous éleve , nous échauffe , mais
» à condition que l'art fe cache avec foin ,
& que l'enthoufiafme ne s'éloigne pas
trop du langage naturel . Peuple léger ,
vif & capricieux , nous voulons que la
fageffe regne jufques dans la fureur poë-
" tique ! &c.
M. le Chevalier de Vauclaire récita
deux pieces de poësie morale , imitées des
vers de Bocce , fur la confolation philofophique.
L'on termina cette féance par
un mémoire que M. Dupré d'Aulnay ,
membre de la Société littéraire de Châlons
en Champagne , avoit envoyé pour
tribut à celle d'Arras , à laquelle il eft
aggrégé depuis peu , comme affocié externe.
Ce mémoire confiftoit en des obfervations
phyfiques fur le fel marin , pour
réfuter les conjectures de M. R. P. V. J.
au fujet d'un ouvrage imprimé dans un
recueil de l'Académie de la Rochelle.
Nous apprenons que depuis la féance
publique dont on vient de rendre compte
, la Société littéraire d'Arras en a encore
tenu deux autres , le 26 Octobre
1754, & le 15 Mars dernier. Voici la
lifte des pièces qui ont rempli ces nouvelles
féances...
118 MERCURE DE FRANCE.
Effai fur la néceffité & l'utilité des rew
cherches de monumens antiques & de médailles
dans la province d'Artois , relative
ment à l'histoire du pays , par M. Camp. x
2 Obfervations fur l'origine & les étymolo
gies de plufieurs noms de lieux anciens fitues
en Artois ; par le même .
Remerciment de M. Foacier de Ruzé ,
nouvel Affocié , auquel M. Camp a tépondu
en qualité de Directeur.
A
Difcours de M. Brunel , Avocat , Chan
celier de la Société , dont l'objet étoit de
prouver combien le mépris de la littérature
nuit au bien public.
Suite du mémoire hiftorique , lû par M.
Harduin , à l'affemblée du 3o Mars 1754 ,
contenant la relation des cérémonies qui
fe pratiquoient dans la ville d'Arras , fous
les Ducs de Bourgogne de la feconde race ,
aux entrées folemnelles de ces Princes &
des Rois de France leurs Souverains .
Effai hiftorique fur l'origine de la langue
françoife , par M. Enlart de Grandval ,
qui avoit donné le difcours préliminaire
de cet ouvrage à la féance du 30 Mars
1754.
Obfervations phyfiques du R. P. Lucas ,
fur les découvertes qu'on a faites en creufant
le lit du nouveau canal qui doit for--
mer une communication entre la riviero
MAI. 119
1755.
d'Aa & la Lis , dont les travaux ont été
commencés en 1753 , à trois quarts de
lieue de Saint - Omer , par l'ouverture dè
la montagne des Fontinettes.
Pour procéder avec ordre , le P. L. a
divifé fa differtation en quatre articles.
Il expofe dans le premier , quelle eft la
matiere , la couleur , la fituation , l'épaiffeur
& le nombre des différentes couches
qu'on a coupées dans la montagne
des Fontinettes. En parlant de la derniere
couche de glaife , il rapporte les expériences
qu'il a multipliées , pour fe convaincre
par les yeux que l'origine des fontaines
& des rivieres doit être attribuée aux
brouillards , à la rofée , à l'eau de pluie ,
&c. & il réfute les autres fyftêmes qu'on a
imaginés à cet égard. Il ajoute quelques
réflexions fur les couches de fable qu'on
á découvertes dans la montagne , du côté
du village d'Arques ; il obferve que les
grains de ce fable , qui eft vitrifiable , font
plus gros que ceux du fable ordinaire des
fablieres d'Artois , & que la plupart de
ces grains font taillés à fix pans , qui aboutiffent
à une pointe commune ; ce qui
pourroit faire conjecturer que ce font de
petites primes de cryſtal , femblables à celles
des cryftaux colorés & non colorés
de Suiffe , de Portugal , &c.
120 MERCURE DE FRANCE.
2
Dans le fecond article , le P. L. diftingue
deux efpéces tout à fait différentes de
minéraux , trouvées dans les mêmes fouilles
, à vingt- cinq pieds de profondeur. La.
premiere efpéce eſt une matiere lourde
jaune & brillante , qui paroît métallique
au premier coup d'oeil , mais qui ne l'eft
Il pas. prouve que plufieurs de ces fragmens
minéraux ont été autrefois de vrai
bois , dont ils confervent encore les fibres
ligneufes , les noeuds convexes & concayes
, les racines & les branches naiſlantes .
Il explique comment une métamorphofe
auffi finguliere a pû fe faire , comment ce
bois a changé de nature , fans changer de
configuration extérieure , & fur-tout comment
il peut fe rencontrer dans le fein
d'une montagne , dont la formation n'a
point d'époque connue , & paroît être de
la plus haute antiquité. Il paffe enfuite à
la décompofition qu'il a faite de ce bois
minéralife ; & après avoir prouvé qu'on
n'y reconnoît pas les qualités d'un métal ,
il conclut que c'eft un foufre minéral २
mêlé de quelques parties de fel neutre ,
& d'une grande partie de terre.
Le fecond minéral eft une matiere
talqueufe & tranſparente , compofée de
feuilles prefque infiniment minces , appliquées
& collées les unes fur les autres ,
de
MAI. 1755. 121
1
de maniere que ce grand nombre de couches
ne diminue point la tranfparence de
la maffe continue , & n'interrompt point la
direction des rayons de lumiere qui y
paffent en ligne droite prefque aufli aifément
que dans le verre . Ces morceaux
talqueux forment dans la glaiſe des étoiles
en tout fens , dont les rayons divergens partent
d'un centre commun , qui n'eft qu'un
point , ou plutôt qui n'eft formé que par
les pointes inférieures des rayons mêmes ,
qui y aboutiffent & s'y réuniffent tous en
un feul point. Le P. L. décrit leur figure
extérieure & leurs différentes dimenfions ;
& après avoir montré pourquoi quelquesuns
de ces rayons paroiffent entés les uns
fur les autres , il s'attache à expliquer la
formation finguliere des épis de folle
avoine qu'on y remarque diftinctement, &
qui s'étendent dans le fein & felon la longueur
de chaque rayon . Il foutient que
cette matiere talqueufe , bien broyée &
bien pilée , eft préférable au tripoli & au
foufre pour les maftics fins , & qu'elle peut
fervir à blanchir l'argent quand elle a été
calcinée dans le creufet , & réduite en poudre
impalpable. Il explique enfin comment
cette matiere paroît vitrefcible dans
l'eau forte , où elle ne fe diffout point ,
& femble cependant fe calciner dans un
F
22 MERCURE DE FRANCE.
grand feu , où elle ne fe vitrifie pas.
Le P. L. a détaillé , dans le troifiéme
article , les indices qui paroiffent annoncer
aux environs du nouveau canal quelques
mines de plomb , à une plus grande
profondeur. Il a remis à une autre féance
le quatrième article , dans lequel il parlera
des divers fragmens de végétaux & de parties
animales qui ont été trouvées dans les
couches de fable , vers l'endroit où l'on a
commencé l'excavation du canal.
Fermer
Résumé : SEANCE PUBLIQUE De la Société Littéraire d'Arras.
Le 22 juin 1755, la Société Littéraire d'Arras organisa une séance publique pour accueillir le Père Lucas, jésuite, qui prononça un discours sur l'excellence de l'histoire naturelle. Il souligna l'utilité et les agréments de cette discipline, mettant en avant l'abondance des curiosités naturelles et des monuments antiques en Artois. Le Père Lucas détailla plusieurs découvertes, telles que des tombeaux anciens à Dainville et Gouy, des vestiges romains dans les marais d'Ecourt-Saint-Quentin, et des artefacts gaulois et romains dans la sablière de Baralle. Il mentionna également des arbres fossilisés à Arras, Recourt, et Fouquières, ainsi que diverses ressources naturelles comme des plantes médicinales, des sources d'eau minérale, et des mines de fer, plomb, et vitriol. Dans la deuxième partie de son discours, le Père Lucas expliqua comment les naturalistes contribuent à l'histoire en fournissant des antiquités précieuses. Il illustra cela par des exemples de découvertes faites en Artois, comme des empreintes de coquillages, des globes minéraux, et des médailles romaines. M. Leroux, Directeur de la Société, répondit en soulignant l'importance de la connaissance de l'histoire naturelle pour éclairer les compatriotes. M. Enlard de Grandval fit des remarques sur les difficultés de la versification française, tandis que le Chevalier de Vauclaire récita des poèmes moraux. La séance se conclut par la lecture d'un mémoire de M. Dupré d'Aulnay sur le sel marin, réfutant des conjectures de M. R. P. V. J. Le Père Lucas a également structuré ses observations sur les découvertes faites lors du creusement du lit d'un nouveau canal entre la rivière d'Aa et la Lis, près de Saint-Omer, en quatre articles. Dans le premier article, il décrit les différentes couches de matière trouvées dans la montagne des Fontinettes, discutant de l'origine des fontaines et des rivières, et observant des couches de sable vitrifiable près d'Arques. Le deuxième article distingue deux types de minéraux trouvés à vingt-cinq pieds de profondeur : un bois fossilisé transformé en soufre minéral et une matière talqueuse et transparente utilisée dans les mastics fins et pour blanchir l'argent. Le troisième article mentionne des indices de mines de plomb à une plus grande profondeur. Le quatrième article, non détaillé dans le texte, traitera des divers fragments de végétaux et de parties animales trouvés dans les couches de sable.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
22
p. 133-140
Lettre écrite de Belley, à l'occasion du passage de M. le Marquis de Paulmy par cette ville.
Début :
Vous avez pris, Monsieur, une trop grande part à l'établissement du College [...]
Mots clefs :
Collège, Collège du Belley, Belley, Marquis de Paulmy, Ministre, Honneur, Province, Coeur, Joie, Chanoine, Guerre, Voeux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Lettre écrite de Belley, à l'occasion du passage de M. le Marquis de Paulmy par cette ville.
Lettre écrite de Belley , à l'occafion du paſſage
de M. le Marquis de Paulmy par cette
ville.
Ous avez pris , Monfieur , une trop
grande part à l'établiffement
du Cotlege
du Belley , dont j'eus l'honneur de
vous entretenir , il y a quelques mois ( 1 ) ,
pour vous laiffer ignorer fes actions d'éclat
& fes fuccés , dans les occafions furtout
qui intéreffent particulierement
la ville
& la province. Vous conviendrez
aifément
que le paffage de M. le Marquis de
Paulmy par Belley , eft un de ces momens
précieux également propres à s'attirer
l'attention de nos Mufes , & à exciter la
joie dans le coeur de nos citoyens .
Ce Miniftre arriva ici le famedi s Juil- S
let dernier fur les dix heures du foir. La
porte de la ville par laquelle il fit fon entrée
, étoit illuminée avec gout , & chargée
d'un cartouche , où on lifoit cette infcription
, qui étoit de M. Vinfon , Chanoine
Régulier de S. Antoine , Syndic du
College.
( 1 ) Voyez le Mercure d'Avril de cette année,
Page 147.
134 MERCURE DE FRANCE.
Felici Adventui
Supremi Bellorum Moderatoris
Tanto exultans hofpite
Bellicenfis Civitas
Plaudit.
L'écuffon des armes de M. le Marquis
de Paulmy faifoit partie de la décoration
de la porte. Vous fçavez que ce font deux
lions d'or paffans fur un fond d'azur . M.
Vinfon y avoit fait ajouter ce mot , Defenfuri
incedunt ; allufion noble , qui caracrerife
heureufement les fonctions du Miniftre
occupé pour lors à la vifite de nos
places de guerre.
L'infcription qui étoit placée fur la façade
de l'Hôtel de ville , pareillement illuminée
, eft de la même main , & elle exprime
la même penfée avec plus de développement
:
Vigilantiffimo
Belli Adminiftro ,
Provincias Tutanti Prafentiá ,
Hoftes Providentia Continenti ,
Gratulatur Bellicium.
Le lendemain de fon arrivée , M. le
Marquis de Paulniy reçut les complimens
des Syndics de la province, & des Corps
DECEMBRE. 1755. 135.
de la ville. Voici celui qui fut prononcé
par M. Granier , Chanoine Régulier de S.
Antoine , Profeffeur de Rhétorique , &
qui fut également gouté du Miniftre &
du Public.
Monfeigneur , votre arrivée eft l'é-
" poque de la joie publique , & vous êtes ,
» Monfeigneur , le digne objet de notre
» admiration & de nos hommages . La na-
» ture , en vous comblant de fes dons les
plus rares , vous infpira l'ardeur de les
» cultiver. Aux talens fupérieurs vous
» joignîtes bientôt les connoiffances les
plus vaftes , les plus fublimes vertus ,
» & vous fçûtes toujours tempérer leur
» éclat par le voile attrayant des qualités
» fociables. Dans un âge encore tendre
» vous fixâtes les regards du Monarque &
" les fuffrages du public. La carriere eft
» d'abord ouverte aux grands hommes.
» Leur mérite en marque l'étendue . Une
nation prudente & notre ancienne alliée
» vous vit menager auprès d'elle les in-
" térêts de notre Monarchie . Elle eut tout
» lieu d'être furprife de trouver dans un
» Ambaſſadeur auffi jeune la pénétration
» la plus vive , la circonfpection la plus
» réfléchie , la prudence la plus confom-
» mée. Devenu depuis l'arbitre de la guer-
» re , on vous voit , Monfeigneur , avec
و ر
"
136 MERCURE DE FRANCE.
, ر
» une activité furprenante , parcourir le
» Royaume de l'une à l'autre extrêmité ,
examiner tout par vous-même , pour-
»voir à la fûreté de nos frontieres , &
faire paffer dans le coeur de nos enne-
»mis cette crainte pleine d'égards , que
la vigilance du gouvernement ne man-
" que jamais d'infpirer. Il convenoit à un
Roi conquerant & pacifique d'avoir un
Miniftre également jaloux de prévenir
» la guerre & de la faire avec fuccès . Plus
» la foudre , dont vous êtes dépofitaire ,
» caufe de terreur , moins vous aimez à
» la faire éclater. C'eft à vos foins & à vo-
» tre prudence que nos provinces doivent
» leur repos. Veuille le ciel conferver
» long - tems une vie fi précieuſe à la France
! Puiffent nos fentimens & nos voeux
» mériter au College de Belley l'honneur
»de votre protection !
Les Penfionnaires du College fignalerent
leur zele par un compliment en vers ,
de la compofition de M. Sutaine , auffi
Chanoine Régulier de S. Antoine , & Profeffeur
de Rhétorique. Ce fut M. Dugaz ,
de Lyon , l'un de ces penfionnaires , qui
devint l'interprete des fentimens communs
, qu'il exprima avec autant d'aflurance
que de bonne grace , en ces termes :
Quelle divinité puiſſante
DECEMBRE. 1755 137
Favorife ces lieux ?
Jamais fous le regne des Dieux ,
L'Univers gouta- t'il de grace plus touchante !
Nous te voyons , Paulmy , nos voeux font fatisfaits.
Le Ciel pouvoit -il mieux feconder nos fouhaits ,
Qu'en accordant à notre impatience
Le bonheur d'admirer le foutien de la France ?
Qui feroit infenfible à tes tendres égards ,
Miniftre du Dieu de la guerre ?
Pour venir dans ces lieux tu quittes ton tonnerre ;
Tu craindrois d'effrayer nos timides regards.
Autour de toi , les jeux , les ris , les
Viennent folâtrer tour à tour;
Et nous ne voyons fur tes traces ,
graces ,
Que des coeurs pénétrés de refpect & d'amour.
Sous l'ordre du plus grand des Princes ,
Ta prévoyante activité
Affure à nos riches Provinces
Une douce tranquillité.
Oui , c'eſt partes bienfaits , qu'aux bords de l'Hyppocrêne
,
Jaloux des faveurs d'Apollon ,
Nous allons cultiver dans le facré vallon
Les fruits heureux d'une innocente veine.
Tu t'en fouviens , Phoebus & les neuf Soeurs
Te répétoient encor leurs chanfons immortelles ,
Quand le plus grand des Rois , par de juftes faveurs
>
138 MERCURE DE FRANCE.
Remit entre tes mains fidelles
Le noble emploi d'aller chez des peuples prudens
( 1 )
Faire briller l'éclat qui t'environne ,
Et foutenir les droits de fa couronne.
Qui n'admira dès -lors les refforts tout puiffans
De ta fage induſtrie ›
A peine revenu dans ta chere Patrie ,
On vit de généreux rivaux , ( 2 )
On vit un corps illuftre , où regnent la ſageſſe ,
Le bon goût , les talens & le dieu du Permeffe ,
Admirer tes nobles travaux ;
Ceindre ton front du laurier de la gloire ,
Partager avec toi fes foins laborieux ;
Graver ton nom au Temple de Mémoire ,
Et t'élever au rang des Dieux.
Sans doute les neuf foeurs firent naître en ton ame
Ce feu divin dont la céleste flamme
Anime ton grand coeur.
Daigne voir leurs enfans avec un oeil flatteur ,
Reçois nos voeux & notre hommage ,
Ce fera de notre bonheur
Le garand le plus fûr , le plus précieux gage .
Ce n'eft point là l'unique témoignage
de la joie qu'a donné le College pendant
le féjour de M. le Marquis de Paulmy à
( 1 ) Ambaſſade de M. de Paulmi en Suiffe.
(2) Réception de M. de Paulmy à l'Académie
Françoile.
DECEMBRE . 1755. 139
Belley ; il a taché de l'amufer , & de le
retenir le plus longtemps qu'il étoit poffible
, par la repréfentation d'une Comédie ;
fpectacle d'autant plus agréable à nos Citoyens
, qu'il paroiffoit pour la premiere
fois dans cette ville. Pour peu que ce coup
d'effai pique votre curiofité , je me ferai
un plaifir de vous envoyer une autrefois
l'analyſe de la piece , à laquelle nous avons
unanimement accordé nos fuffrages.
J'ai l'honneur d'être , &c.
A Belley , le 15 Juillet , 1755 .
Duchefne , Libraire à Paris , rue S. Jacques
, au Temple du Gout , vient de mettre
en vente l'Année Musicale , ouvrage
périodique. Cet ouvrage d'agrément fe
diftribue toutes les femaines par une feuille
grand in 8 °. de quatre pages , contenant
des Ariettes & Vaudevilles nouveaux , &
des petits airs choifis par les plus habiles
Muficiens , tant Italiens que François.
Chaque feuille fe vend fix fols . Les amateurs
qui fouhaiteront s'abonner , payeront
pour Paris quinze livres
par année
& on les leur apportera chez eux au moment
qu'elles fortiront de deffous preffe ;
& pour la province on payera dix- huit livres
par an. Le Libraire fe charge de les
140 MERCURE DE FRANCE.
faire rendre à leur deftination , francs de
port. La premiere feuille a paru le premier
Août 1755.
de M. le Marquis de Paulmy par cette
ville.
Ous avez pris , Monfieur , une trop
grande part à l'établiffement
du Cotlege
du Belley , dont j'eus l'honneur de
vous entretenir , il y a quelques mois ( 1 ) ,
pour vous laiffer ignorer fes actions d'éclat
& fes fuccés , dans les occafions furtout
qui intéreffent particulierement
la ville
& la province. Vous conviendrez
aifément
que le paffage de M. le Marquis de
Paulmy par Belley , eft un de ces momens
précieux également propres à s'attirer
l'attention de nos Mufes , & à exciter la
joie dans le coeur de nos citoyens .
Ce Miniftre arriva ici le famedi s Juil- S
let dernier fur les dix heures du foir. La
porte de la ville par laquelle il fit fon entrée
, étoit illuminée avec gout , & chargée
d'un cartouche , où on lifoit cette infcription
, qui étoit de M. Vinfon , Chanoine
Régulier de S. Antoine , Syndic du
College.
( 1 ) Voyez le Mercure d'Avril de cette année,
Page 147.
134 MERCURE DE FRANCE.
Felici Adventui
Supremi Bellorum Moderatoris
Tanto exultans hofpite
Bellicenfis Civitas
Plaudit.
L'écuffon des armes de M. le Marquis
de Paulmy faifoit partie de la décoration
de la porte. Vous fçavez que ce font deux
lions d'or paffans fur un fond d'azur . M.
Vinfon y avoit fait ajouter ce mot , Defenfuri
incedunt ; allufion noble , qui caracrerife
heureufement les fonctions du Miniftre
occupé pour lors à la vifite de nos
places de guerre.
L'infcription qui étoit placée fur la façade
de l'Hôtel de ville , pareillement illuminée
, eft de la même main , & elle exprime
la même penfée avec plus de développement
:
Vigilantiffimo
Belli Adminiftro ,
Provincias Tutanti Prafentiá ,
Hoftes Providentia Continenti ,
Gratulatur Bellicium.
Le lendemain de fon arrivée , M. le
Marquis de Paulniy reçut les complimens
des Syndics de la province, & des Corps
DECEMBRE. 1755. 135.
de la ville. Voici celui qui fut prononcé
par M. Granier , Chanoine Régulier de S.
Antoine , Profeffeur de Rhétorique , &
qui fut également gouté du Miniftre &
du Public.
Monfeigneur , votre arrivée eft l'é-
" poque de la joie publique , & vous êtes ,
» Monfeigneur , le digne objet de notre
» admiration & de nos hommages . La na-
» ture , en vous comblant de fes dons les
plus rares , vous infpira l'ardeur de les
» cultiver. Aux talens fupérieurs vous
» joignîtes bientôt les connoiffances les
plus vaftes , les plus fublimes vertus ,
» & vous fçûtes toujours tempérer leur
» éclat par le voile attrayant des qualités
» fociables. Dans un âge encore tendre
» vous fixâtes les regards du Monarque &
" les fuffrages du public. La carriere eft
» d'abord ouverte aux grands hommes.
» Leur mérite en marque l'étendue . Une
nation prudente & notre ancienne alliée
» vous vit menager auprès d'elle les in-
" térêts de notre Monarchie . Elle eut tout
» lieu d'être furprife de trouver dans un
» Ambaſſadeur auffi jeune la pénétration
» la plus vive , la circonfpection la plus
» réfléchie , la prudence la plus confom-
» mée. Devenu depuis l'arbitre de la guer-
» re , on vous voit , Monfeigneur , avec
و ر
"
136 MERCURE DE FRANCE.
, ر
» une activité furprenante , parcourir le
» Royaume de l'une à l'autre extrêmité ,
examiner tout par vous-même , pour-
»voir à la fûreté de nos frontieres , &
faire paffer dans le coeur de nos enne-
»mis cette crainte pleine d'égards , que
la vigilance du gouvernement ne man-
" que jamais d'infpirer. Il convenoit à un
Roi conquerant & pacifique d'avoir un
Miniftre également jaloux de prévenir
» la guerre & de la faire avec fuccès . Plus
» la foudre , dont vous êtes dépofitaire ,
» caufe de terreur , moins vous aimez à
» la faire éclater. C'eft à vos foins & à vo-
» tre prudence que nos provinces doivent
» leur repos. Veuille le ciel conferver
» long - tems une vie fi précieuſe à la France
! Puiffent nos fentimens & nos voeux
» mériter au College de Belley l'honneur
»de votre protection !
Les Penfionnaires du College fignalerent
leur zele par un compliment en vers ,
de la compofition de M. Sutaine , auffi
Chanoine Régulier de S. Antoine , & Profeffeur
de Rhétorique. Ce fut M. Dugaz ,
de Lyon , l'un de ces penfionnaires , qui
devint l'interprete des fentimens communs
, qu'il exprima avec autant d'aflurance
que de bonne grace , en ces termes :
Quelle divinité puiſſante
DECEMBRE. 1755 137
Favorife ces lieux ?
Jamais fous le regne des Dieux ,
L'Univers gouta- t'il de grace plus touchante !
Nous te voyons , Paulmy , nos voeux font fatisfaits.
Le Ciel pouvoit -il mieux feconder nos fouhaits ,
Qu'en accordant à notre impatience
Le bonheur d'admirer le foutien de la France ?
Qui feroit infenfible à tes tendres égards ,
Miniftre du Dieu de la guerre ?
Pour venir dans ces lieux tu quittes ton tonnerre ;
Tu craindrois d'effrayer nos timides regards.
Autour de toi , les jeux , les ris , les
Viennent folâtrer tour à tour;
Et nous ne voyons fur tes traces ,
graces ,
Que des coeurs pénétrés de refpect & d'amour.
Sous l'ordre du plus grand des Princes ,
Ta prévoyante activité
Affure à nos riches Provinces
Une douce tranquillité.
Oui , c'eſt partes bienfaits , qu'aux bords de l'Hyppocrêne
,
Jaloux des faveurs d'Apollon ,
Nous allons cultiver dans le facré vallon
Les fruits heureux d'une innocente veine.
Tu t'en fouviens , Phoebus & les neuf Soeurs
Te répétoient encor leurs chanfons immortelles ,
Quand le plus grand des Rois , par de juftes faveurs
>
138 MERCURE DE FRANCE.
Remit entre tes mains fidelles
Le noble emploi d'aller chez des peuples prudens
( 1 )
Faire briller l'éclat qui t'environne ,
Et foutenir les droits de fa couronne.
Qui n'admira dès -lors les refforts tout puiffans
De ta fage induſtrie ›
A peine revenu dans ta chere Patrie ,
On vit de généreux rivaux , ( 2 )
On vit un corps illuftre , où regnent la ſageſſe ,
Le bon goût , les talens & le dieu du Permeffe ,
Admirer tes nobles travaux ;
Ceindre ton front du laurier de la gloire ,
Partager avec toi fes foins laborieux ;
Graver ton nom au Temple de Mémoire ,
Et t'élever au rang des Dieux.
Sans doute les neuf foeurs firent naître en ton ame
Ce feu divin dont la céleste flamme
Anime ton grand coeur.
Daigne voir leurs enfans avec un oeil flatteur ,
Reçois nos voeux & notre hommage ,
Ce fera de notre bonheur
Le garand le plus fûr , le plus précieux gage .
Ce n'eft point là l'unique témoignage
de la joie qu'a donné le College pendant
le féjour de M. le Marquis de Paulmy à
( 1 ) Ambaſſade de M. de Paulmi en Suiffe.
(2) Réception de M. de Paulmy à l'Académie
Françoile.
DECEMBRE . 1755. 139
Belley ; il a taché de l'amufer , & de le
retenir le plus longtemps qu'il étoit poffible
, par la repréfentation d'une Comédie ;
fpectacle d'autant plus agréable à nos Citoyens
, qu'il paroiffoit pour la premiere
fois dans cette ville. Pour peu que ce coup
d'effai pique votre curiofité , je me ferai
un plaifir de vous envoyer une autrefois
l'analyſe de la piece , à laquelle nous avons
unanimement accordé nos fuffrages.
J'ai l'honneur d'être , &c.
A Belley , le 15 Juillet , 1755 .
Duchefne , Libraire à Paris , rue S. Jacques
, au Temple du Gout , vient de mettre
en vente l'Année Musicale , ouvrage
périodique. Cet ouvrage d'agrément fe
diftribue toutes les femaines par une feuille
grand in 8 °. de quatre pages , contenant
des Ariettes & Vaudevilles nouveaux , &
des petits airs choifis par les plus habiles
Muficiens , tant Italiens que François.
Chaque feuille fe vend fix fols . Les amateurs
qui fouhaiteront s'abonner , payeront
pour Paris quinze livres
par année
& on les leur apportera chez eux au moment
qu'elles fortiront de deffous preffe ;
& pour la province on payera dix- huit livres
par an. Le Libraire fe charge de les
140 MERCURE DE FRANCE.
faire rendre à leur deftination , francs de
port. La premiere feuille a paru le premier
Août 1755.
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Résumé : Lettre écrite de Belley, à l'occasion du passage de M. le Marquis de Paulmy par cette ville.
La lettre, rédigée à Belley, célèbre la visite du Marquis de Paulmy dans cette ville. L'auteur exprime sa reconnaissance envers le Marquis pour son rôle dans la création du Collège de Belley et souligne l'importance de sa venue. Le Marquis est arrivé à Belley le samedi 3 juillet vers dix heures du matin. Il a été accueilli par une porte illuminée et décorée d'un cartouche portant l'inscription 'Felici Adventui Supremi Bellorum Moderatoris' et les armes du Marquis. Le lendemain, le Marquis a reçu les compliments des syndics de la province et de la ville. M. Granier, chanoine régulier de Saint-Antoine et professeur de rhétorique, a prononcé un discours en l'honneur du Marquis, mettant en avant ses talents, ses connaissances et ses vertus, ainsi que son rôle dans la diplomatie et la défense du royaume. Les pensionnaires du Collège ont également exprimé leur admiration par un compliment en vers composé par M. Sutaine. Pour marquer la joie de cette visite, le Collège a organisé une représentation théâtrale, un événement rare pour la ville. L'auteur propose d'envoyer une analyse de la pièce jouée. La lettre se conclut par une mention de la publication de l'Année Musicale par le libraire Duchefne.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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23
p. 187-188
COMPLIMENT fait à M. de Brou, Intendant de la Généralité de Rouen, en la Ville de Magny, par M... à la tête de la Bourgeoisie, le 28 Octobre 1757.
Début :
Monseigneur, nous apportons aux pieds de votre grandeur le tribut [...]
Mots clefs :
Compliments, Hommages, Respect, Mérite, Magistrats, Province
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : COMPLIMENT fait à M. de Brou, Intendant de la Généralité de Rouen, en la Ville de Magny, par M... à la tête de la Bourgeoisie, le 28 Octobre 1757.
COMPLIMENT fait à M. de Brou , Intendant
de la Généralité de Rouen , en la Ville de Magny
, par M... à la tête de la Bourgeoifie , le
28 Octobre 1757.
MONSEIGNEUR
ONSEIGNEUR , nous apportons aux pieds de
votre grandeur le tribut de nos hommages, & le
préfent de nos coeurs . Recevez l'un , il vous eft
dû ; agréez l'autre , il eft digne de vous.
Quoi de plus beau , Monfeigneur , que d'imprimer
le refpect par l'éclat d'un rang qu'on
doit au mérite ? Quoi de plus doux que de s'attirer
l'amour par les vertus précieufes de l'humanité
?
Vous jouiffez , Monfeigneur , de ce double
avantage. Nous refpectons en vous le Magiftrat
éclairé , fage , integre . Nous aimons l'homme
bienfaifant , tendre , compatiffant,
Puiffe le Ciel favorable à nos voeux , laiſſer en188
MERCURE DE FRANCE.
core long-temps en vos mains , Monfeigneur,
les rênes de cette province , que vous gouvernez
avec tant de douceur , & qui n'enviſage point
dans l'avenir de plus grand malheur que celui de
vous perdre !
de la Généralité de Rouen , en la Ville de Magny
, par M... à la tête de la Bourgeoifie , le
28 Octobre 1757.
MONSEIGNEUR
ONSEIGNEUR , nous apportons aux pieds de
votre grandeur le tribut de nos hommages, & le
préfent de nos coeurs . Recevez l'un , il vous eft
dû ; agréez l'autre , il eft digne de vous.
Quoi de plus beau , Monfeigneur , que d'imprimer
le refpect par l'éclat d'un rang qu'on
doit au mérite ? Quoi de plus doux que de s'attirer
l'amour par les vertus précieufes de l'humanité
?
Vous jouiffez , Monfeigneur , de ce double
avantage. Nous refpectons en vous le Magiftrat
éclairé , fage , integre . Nous aimons l'homme
bienfaifant , tendre , compatiffant,
Puiffe le Ciel favorable à nos voeux , laiſſer en188
MERCURE DE FRANCE.
core long-temps en vos mains , Monfeigneur,
les rênes de cette province , que vous gouvernez
avec tant de douceur , & qui n'enviſage point
dans l'avenir de plus grand malheur que celui de
vous perdre !
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Résumé : COMPLIMENT fait à M. de Brou, Intendant de la Généralité de Rouen, en la Ville de Magny, par M... à la tête de la Bourgeoisie, le 28 Octobre 1757.
Le 28 octobre 1757, la bourgeoisie de Magny adresse un compliment à M. de Brou, Intendant de Rouen. Ils louent ses qualités de magistrat éclairé, sage et intègre, ainsi que son humanité et sa bienveillance. Ils souhaitent qu'il continue à gouverner la province avec douceur et expriment leur crainte de le perdre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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24
p. 225-249
ÉTAT De la Vaisselle portée aux Monnoies des Villes de Province.
Début :
ROUEN. Du 11 au 17 Novembre 1759. Messieurs m. o. g. d. Feydeau de [...]
Mots clefs :
Vaisselle, Monnaies, Province, Rouen, Lyon, La Rochelle, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Dijon, Perpignan, Orléans, Reims, Nantes, Grenoble, Aix, Rennes, Bourges, Caen, Tours, Strasbourg, Lille, Pau, Troyes, Poitiers, Besançon, Limoges, Amiens, Riom
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ÉTAT De la Vaisselle portée aux Monnoies des Villes de Province.
ÉTAT
DE la Vaiffelle portée aux Monnoies
des Villes de Province.
ROUEN.
Du 11 au 17 Novembre 1759.
Meffieurs
Feydeau de Brou , Intendant de
Rouen .
De Miromenil , Prem . Président .
De Blanville , Major du Régiment
de Bretagne.
Dailly , Secrétaire de M. l'Intendant.
Le Duc de Bouillon.
Sevrey, Directeur du Vingtième.
De Marchis , Receveur des Tailles.
L'Abbé Dandigné , Aumônier de
la Reine.
Carré , pere , ancien Commiffaire
de la Monnoie.
De la Londe , Contrôleur de la
Monnoie.
De Valliquierville , Prem. Préfid .
de la Chambre des Comptes .
Fremont , Juge - Garde de la
Monnoie.
De Baude , Rentième de M. l'Archevêque.
m.
o . g. d.
J
244 I 12
337 2 6
50 16 12
33 7
436 6 15
4 3 6
98 7
49 6
24 5
8 3 12
255 712
6
39 6 6
1587 1 $ 12
K v
226 MERCURE DE FRANCE .
LYON.
Du 10 au 24 Novembre 1759 .
Meffieurs
L'Archevêque de Lyon.
De Lamichodiere , Intendant.
Pupil , Prem . Préſident de la Cour
des Monnoies.
De Quuifon.
De Fleurieu , Préfident.
De la Verpiliere , Major.
MM. Auriol , freres , Banquiers.
Croppet de Variflan.
De Rochebaron , Commandant.
Madaine la Comtelle de Grolée.
Aniffon .
Adine.
Dellervo , Confeiller.
Desfours , Confeiller.
Les Recteurs de la Charité.
Les Recteurs de l'Hôpital.
Le Comte de Lhopital.
Gayot d'Auffere .
m . o . g.
509 6 18
341 7 18
2.6 18
60
3
189 4 6
155 4 3
1285
107 4
642
125
181 I 12
61 2 12
74 3 15
67 2
*
258 5 12
138 3 9
191 3.18
622 16
Les R. P. Jéfuites du Grand College . 428 2 15
Flachat , Prevôt des Marchands.
De la Verpiliere , Major.
Les Comtes de Lyon.
Cannac.
Quinfon , Tréforier de France.
MM . Duc , freres.
Siran .
Mogniat , Tréforier de France,
Mogniat , Confeiller.
177 7
109 4 18
916 2 6
244 7
677
- 3
S
79 4 14
31 472
19.6 6
229 2 21
- Geneve.
355 18
FEVRIER. 1760. 227
Meffieurs
Suite de Lyon,
Les Cuftodes de Sainte Croix.
De Sugny , Confeiller .
De Morainval.
Les R. P. Jéfuites , du fecond
Collége,
MM . Hubert , freres.
Les R. P. Jéfuites de Saint Jofeph.
Les R. P. Minimes.
Gras , Tréforier de France .
Crupiffon , Prêtre .
Morin , Secrétaire du Roi.
Einguerlin , Suiffe.
Gayot d'Aufferre.
Fitler , Négociant Suiffe .
Scherb , Négociant Suiffe.
Madame Meuricoffre.
Meuricoffre.
La Chapelle des Marchands.
Giraud , Tréforier de l'Hôpital.
m. o. g.
54 0 18
532
49 I
39 4
16 2 12
38 1 9
90 $ 15
37 4
582 B
552 8
?
33 7 4
66 6 18
19 7 21
20 18
16 O 3
17 7 18
595
34 1 13
6605 I
LA ROCHELLE.
Du 10 Novembre au Décembre 1759.
Meffieurs
Baillon , Intendant .
Le Comte de Vence , Maréchalde-
Camp.
Bonnaventure , Lieutenant de Roi.
Bonnermort , Receveur des Fermes
du Roi.
Froger de la Rigaudiere , Capitaine
général des Gardes- Côtes.
m. o. g.
290 4 18.
52
50 2.12
48 6.18
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
Suite de la Rochelle .
De Ruis Embito , Intendant de la
Marine à Rochefort.
De Fetilly , Chevalier d'honneur
du Bureau des Finances .
L'Evêque de Luçon.
Rouffy de Lazeneuve , Doyen du
Chapitre .
Beraudin , ancien Lieutenant gén.
de l'Amirauté .
L'Evêque de la Rochelle.
Frefneau, ancien Ingénieur du Roi,
m. o. g.
37 I 6
47 I 12
95512
8 4
18 I
260 4 12
II 6 6
BORDEA U X.
Du 23 Novembre au 10 Décembre 1759-
Meffieurs
L'Evêque de Condom .
Le Marquis de Tourny, Intendant
de Guienne .
Le Comte de Langeron , Commandant
de Guienne.
De Tourny ( Second Article . )
Le Marquis de Montferrant.
Le Maréchal de Richelieu , Gouverneur.
Robert, Directeur des Aydes de
Barbefieux.
L'Evêque de Baras.
Le Berton , Premier Préfid . du
Parlement.
Le Préfident Lalanne.
m . o . g.
577 15
337 4 18
184 7
24 2 18
66
946 I 18
24 6 18
786
328 2 18
80 18
FEVRIER. 1760 . 229
Meffieurs
Suite de Bordeaux.
Le Président de Gafq.
Madame Charot Dupleffis.
L'Evêque d'Agen .
m . 0. g.
190 6 IZ
42 6 18
191 2 9
TOULOUSE.
Du 17 Novembre au 10 Décembre
Meffieurs
Lacoré , Intendant de Montauban.
Riquet , Procureur général .
Maniban , Premier Préfident.
L'Evêque de Montauban.
Loffieux , Officier des Vailleaux.
Le Maréchal de Lautrec.
L'Evêque de Lombés .
L'Abbé Coftos .
De Boiffy.
L'Archevêque d'Auch."
Laborde , Receveur des Domaines
d'Auch.
Comminiant , Tréforier de France.
Le Comte de Marfan.
Defclaux , Tréforier de France .
L'Evêque de Comminges.
De Bartal , Evêque de Caftres.
1759.
m. o. g.
987
335 7
220
253 4 12
22 4 12
833
69 I " -3
11 3 18
7 I
6526
SIS 12
212 I
2033
2951
982 18
1
230 MERCURE DE FRANCE.
MONTPELLIER.
Du 12 au 29 Novembre 1759 .
Meffieurs
De Saint-Prieft , Intendant.
m. o.g
347 4 12
Pitot , Ingénieur , Chevalier de
Saint Michel.
L'Evêque de Nimes.
Mazade , Tréforier général de la
Province .
Journet , Avocat .
Le Baron de Sauve.
Reynaud , Gouverneur de Frontignan.
Salzes , Confeiller à la Cour
des Ayles .
Madame de Salzes.
Le Comte du Cayla , Lieuten . gén .
Boucaud , Préfident à la Cour des
Aydes.
Valat , Tréforier de l'Hôpital gén.
"
de Paris.
Morel , Chanoine de la Cathédrale.
Huart , Directeur des Fermes .
Defpioch , Tréforier de France.
Le Syndic du Collège des Jéfuites.
L'Evêque de Montpellier.
236
123
I 12
424 6
173 712
54 6
56 6
76 6
64 4
Ι
115
753
41 4
72 6
169
80 12
39 2
114
2050 4
FEVRIER. 1760 . 231
DIJON .
Du 12 Novembre au 4 Décembre 1759
Meffieurs
Le Comte de Tavannes, Commandant
en Bourgogne.
De la Marche , Premier Préfident
du Parlement .
Joly de Fleury , Intendant.
De Clugny , Confeiller au Parlem .
m. o. g.
400 7
186 0 12
292 0 5
& Intend. de l'Ifle S. Domingue. 141 2
D'Ogny , Tréforier des Etats de -
Bourgogne.
De la Marche Second Article . )
Joly de Fleury . Second Article. )
Marlor , Maire de Dijon .
le Comte de Tavanne . ( Second Art : 】
De Buffon , Intendant du Jardin
du Roi.
= L'Evêque de Dijon.
Potier , Commiffaire de la Marine
à Auxonne.
De Champrenault , Commandant
de la Ville de Dijon .
220 6 12
274 6
18 2
17 6 12
4 4
96
100 4
25 4
24 2 18
3I
1737 § 7
PERPIGNAN.
Du 15 Novembre au 6 Décembre 1759 .
Meffieurs
De Saint- Affricque , Commiſſaire.
De Bon , Intendant .
m. o. g.
825 6
51 6 12
232 MERCURE DE FRANCE
Meffieurs
Suite de Perpignan.
Canclaux , Tréforier des troupes.
Gonfalye , Procureur au Confeil .
Befombes , Receveur des impofitions.
L'Evêque de Perpignan.
le Comte de Ros.
Duffaut.
le Marquis d'Aguilard.
le Baron de Sournia.
le Marquis de Saint Marfal.
Gonfalve , premier Conful.
Le Préfident de Madaillon.
56 3
m. o. g.
23.4 IL
54 6
57 I
21 3 21
135 2
141
20 4
135 I 12
6 3
4 I 18
Defprés , Confeiller.
749
De Sallele , Confeiller.
7 15
Arnaud , faifant la recette des impofitions.
16
3 14
Hugues.
le Commandant de Cahors .
Du même.
217
86 3 о
6 S 12
8377 1
6
ORLEANS.
19 Du 9 Novembre au 31 Décembre 1759.
Meffieurs
m. o. g.
Phelipet , Secrétaire du Roi.
Le Noir , Directeur des Aydes .
Laurent , Directeur du Vingtiéme.
L'Abbé Colbert, Doyen de Sainte-
Croix.
168 I o
53
31 4 18
53.7.12
De Laage de Meux , Receveur des
Tailles.
53218
FEVRIER. 1760´´ 233
Suite d'Orléans .
Meffieurs
Determont , Evêque de Blois . ( En
deux envois . )
De Montaran, Chanoine , Chancelier
de l'Univerfité .
De Barentin , Intendant.-
MM. du Chapitre de S. Pierre.
Leroi Secrétaire de l'Intendance .
Les R. P. Auguftins.
Les Bénédictins de Bonne-nouvelle .
m. o. g.
91 I
31 7 6
77 3
6 I
22 5
65
52 6
MM. du Chap. de l'Eglife d'Orléans. 268 6
976 2 6
RHEIMS.
Du 9 au 29 Novembre 1759 .
Meffieurs
Clicquot , Directeur de la Monnoye.
Meliand , Intendant de Soillons.
Le Gendre , Ingénieur des ponts &
chauffées.
D'Armancy , Receveur général de
la Champagne.
Colleau , Commiffaire du Confeil à
Rheims.
L'Abbé Cazotte , Chanoine.
m . 0.
g.
43
228
27 2
38 5
6
SI 6 9
145 15
De Choifeuil , Evêque de Châalons . 221 3 12
L'Abbé Parchape , de Vinay , Prevôt
de l'Eglife de Rheims.
Carralet de Rofay , Doyen de l'Egliſe
de Soiffons .
Madame Fillion , veuve de M.le Doux ,
Secrétaire du Roi.
21 3
585 12
289 1 21
134 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
Suite de Rheims.
m . o.
Le Maire,Seigneur d'Huifel, à Soiffons. 109 2
De Verneuil , Capitaine au Regiment
de Piemont. 49
Bellons , Direct . des Aides à Soiffons . 18 1 12 ,
Rogier , Préfident à Rheims .
Bauduin , Receveur des gabelles à
Châalons.
Hoccart , Grand Baillif d'épée à
Châalons.
113 7
179
40
Gargam , Diacre de l'Eglife de Châalons 81 6 12
Bourgogne , Juge Conful à Rheims. 117 4 18
NANTES.
1834 3 f
Du 13 Novembre au 6 Décembre 1759.
Meffieurs
L'Evêque de Nantes.
Premion , Maire.
De Bellabre , Préfident Sénéchal.
De Gallifon , Ellayeur.
De la Rive , Changeur.
Libault, Secrétaire du Roi.
Portier , Négociant.
Michel Portier , ancien Conful.
Le Cour de Painboeuf.
Le Comte de Menou .
Barre , Avocat général .
Le Comte de Rochefort.
De Lorre de Clifton,
Becdelievre , premier Préſident à
la Chambre des Comptes.
Madame la veuve Mangin.
29 6
m. o. go
249 6 II
59 3 6
65 18
12 0 18
68 6 9.
3
9
29 0
521
2 2
150 6
48 2 13 13
58 1 1 3
7 4 11 13
´375 6 22 14
$ 7 16 12
FEVRIER. 1760. 235
GRENOBLE.
le Chevalier de Marcieux , Brigadier
des armées .
Du 11 au 29 Décembre 1759:
11 .
Meffieurs
De la Porte , Intend . du Dauphiné , 321 0
L'Evêque de Grenoble.
le Comte de Marcieux , Command.
en Dauphiné.
De Funelet , Confeiller au Parlem ,
le Comte de S. André.
Bourfet , Maréchal - de- camp.
153 6
373 6
33 12
28 4
37 6
74 7
39 I IZ
60 7 O
$7 4 12
De Gantés , Maréchal de-camp.
la Marquife de Puifigneux.
le Comte des Adriets .
de Chaponay , Second Préſident.
de Moydien , Procureur général au
Parlement.
Rouveyre de l'Etang , Subdélegué
1 à Valence
Levet , Préſident de la Commiſſion
÷ du Confeil, à Valence.
Bachaffon , Procureur en la Maréchauffée
de Valence.
Du Perrau , Major de Valence.
de Marquis de Montignard , Lieutenant
général
L'Evêque de Dye.
Defquers , Commiſſaire ordonnateur
des guerres, en Dauphiné.
De Rofting.
100.4
32 6
354
5631
49.7 12
55 7
66 7
117 6 0
23 4 21
176 I 2
236 MERCURE DE FRANCE.
A IX.
Du 15 au 29 Novembre 1759.
Mereurs
De la Tour , premier Préſident ,
Intendant.
le Duc de Villars, Gouverneur.
De Montclar , Procureur gén.
Palteau , Tréforier de France.
De Brancas , Archevêque d'Aix,
Gautier du Poet , Confeiller au
Parlement.
George de Roux , Marquis de
Breue , de Marſeille.
Dourfin , Conf. au Parlement.
Jaubert , Recev. de la Viguerie.
le Chev. de Fireau de la Barte.
m.no, g.
437 7 IS
3686 15
97 4 12
92 5 6
448.7 19
110
746 I
28 7. 3
3
23 7 12
18 650
Le Marq. de Pille , Gouv . de Marſeille. 64 6
Trupheme , Commiffaire Provincial
des Guerres.
De la Tour. ( Deuxième envoi. )
De Broglie , Confeiller Doyen à la
Cour des Comptes.
Les Jéfuites.
Bourquet , Confeiller au Parlement.
Villeneuve , Comman. de la Citadelle
de Marſeille.
André de Barrique, Confeiller Notaire
au Parlement.
Maunier fils .
Fortis , Confeiller au Parlement.
Blacas, Marquis d'Aups , premier Confeiller
d'Aix.
Meyronnet Château- Neuf, Confeiller
au Parlement.
106 7
9
77 5.21
.
24 S 12
28
12
31 1 12
148 4 12
152 5 18
6715
22 f 12
3406
50 4 18
FEVRIER. 1760. 237
Meffieurs
Suite d'Aix.
m. o. g:
34 4 6
18
De Fenelon , Maréchal- de-Camp .
De Lille , Secrét . du Roi à Marſeille . 191 5
.e Marquis Delpinoufe , Préfident au
Parlement.
Romegas , Lieut. Gén . en la Sénéch. de
Provence .
87 7
14
De Perole , Avoc. Gen. au Parlement. 59 4
L'Abbé d'Aupede , ancien Aumônier
du Roi
Avon de Cadenet.
II S
8 2
RENNES.
Du 14
Novembre au
3
Décembre 1759.
Meffieurs
m. o. g.
4 12
Intendant. 4:9 6 12
L'Abbé de la Pomerais , Chanoine. 24
le Bret ,
L'Hôtel des Ventes de l'Orient. 526 7 3 Q
· Godheu , Directeur de la Compagnie
à l'Orient.
De Grand- Ville- Loquet , Seigneur
de Fougeray..
De la Chatre , Gouv. de S. Malo .
Dacofta , pour la Compagnie des
Indes.
De Bagallon.
1896-13 12
308 3 3 18
156
127
10 12
I
3 o
So 3 10 12
238 MERCURE DE FRANCE.
BOURGES.
Du 10 Novembre au 31 Décembre 1759.
Meffieurs
m. o. g.
Dodard , Intendant.
le Blanc de Marnavalle .
Le même.
l'Evêque de Bourges.
6473
236.3 11
5167
54 S
37 22
2336
de S. Leger , & Madame de Vouet.
de Vie , grand- Prévôt du Berty.
Deferennes & des Taupaux , d'Ilfoudun . 33 7 1
de Marpon , Chanoine de la Cathédrale
de Bourges.
Madaudier , Elu à Bourges.
Duret , Receveur Général des Gabelles
à Bourges.
Goyer , Rec. des Tailles de Bourges.
Le Marquis de Lancômes.
2325
25 7
20 7 4
27 22
58 67
CAEN.
657 75
Du
Meffieurs
19 Novembre , au 10 Décembre.
De Neuville , de Saint Henry , Directeur
Gén . des Fermes du Roi.
De Fontelle , Intendant. "
La Marquife de Fontenay ,
Le Duc d'Harcourt.
m. 0. g.
199 I 2
J
216 7 I
43 2 2
Houfel , Directeur des Poftes à Caen . ' 44 7 I
Le Marquis de Saint Germain.
Le Comte de Oilliamſon .
Turgot , de Saint Clair, Confeiller
197 6 4
105 27
3852
FEVRIER. 1760 . 239
Meffieurs
Suite de Caen.
au Parlement de Paris.
De Fontelle , Intendant de Caen.
m. o. g.
220 3
178 or
L'Evêque de Saint Pons. 236 6
Le Marquis de Malherbe. 118
71
Les Religieux de l'Abbaye de Saint
Etienne de Caen. 147 4
L'Evêque de Bayeux. 375 5
2123 3 I
TOURS.
Du 16 Novembre au 31 Décembre 17.59.
Meffieurs
L'Archevêque de Tours.
Le Comte de Vaudreuil , Lieutenant
des armées navales.
m. o. g.
215 0
25.0
Mad. la Duch . de Fleury , Douariere. 112 o
Le Marquis de Beaumont.
De Vermage , Médecin à Paris .
De Lefcalopier , Intendant de la Généralité
de Tours.
Le même. ( Second envoi. )
Plus, un lingot d'or , provenant de
bijoux fondus.
De Chamnigny , Recev. des Aydes
à Tours.
De Gizeux , ancien Maître des Cérémonies.
De Lanau , Tréforier de France à
Tours.
Palas , Chanoine.
2
I
32
50 4 2
20 7 6 2.
I
14
394 42
21.4 2
2.
29 7 4
105 1 S
Τ
15 3
II I
73
I
2
240 MERCURE DE FRANCE
Suite de Tours.
Meffieurs
Mignon.
Le Marquis de Mailly.
Le Comte de Mailly , fils .
Les Religieux du Louroux , Ordre de
Citeaux, un lingot d'or de 6 onces
7 gros,
m. o. g.
26 4
127 2
14 6
775
25 4 7
I 195 4 4
MET Z.
Du 9 au 20 Novembre 1759.
Meffieurs
m . 0. g.
L'Intendant. 154 7 4
De la Serre , Lieutenant de Roi, 114 3 2
De Villemont , Tréforier.
108 2 5
De la Croix , Lieutenant de Police . 10 4 7
26 2
De Magenville , Primier de la Cathéd. 48 6 6
Ferrand , Commiffaire Provincial . 43 3 7
De la Croix , Greffier en chef du Parl .
De la Salle , Directeur des vivres.
Suby , Notaire.
Patieau de Vaumerange , Commiffaire
des guerres .
Perrain de Bui .
Pichon, Commiffaire des guerres.
De Montholon , premier Préfident.
De Caftel.
Carriére , premier Préſident du Bureau
des Finances..
141 4 3
14 52
376
39 72
47 4 0
424 2
68 6 3
62.4736
971 7 2
STRASBOURG. TRA
FEVRIER. 1760.
241
STRASBOURG.
Du 8 Novembre , au 16 dudit.
Meffieurs
De Lucé , Intendant.
Bentabol , Directeur des fourrages .
De Lutzelbourg d'Altroff.
m. o. g.
368 2
$7
aos
107 0 10
Gayot , Intendant de l'armée.
Gayot de Bellombre.
Brunck , Receveur des Finances.
69 7 12
3623 3
109 6
Maréchal Grosjean , Secret. de l'Intend. 46 6 18
De Regemorte , Prêteur Royal.
81 3
Deneft , Directeur des vivres.
528 12
Roulin , Subdélegué général , Secretaire
de l'Intendance.
382 6
1
Pons , Secrétaire du Roi .
De Monconfeil , Lieutenant général
&
Commandant de la Province.
Hermanny & Dieterich.
D'Armeville , Lieutenant de Roi ,
Commandant à Schleftatt.
Terrain , Receveur des Finances .
Noblat ,
Commiffaire des guerres , &
7224 22
153 I 19
109 6
9
127 S
58 0
62
Subdélegué à Belfort.
47 2 10
Meffieurs
LILLE.
Du 10 au 21 Novembre.
L'Intendant du Hainaut.
Daubert , premier Préfident du Farlement
de Flandre.
m. o. ga
331 3
2023 6
L
242 MERCURE DE FRANCE.
Messieurs
Suite de Lille.
D'Arment , Major de ladite Ville.
De Ran fault , Directeur du Grenier
à fel.
De Bonneguife , Evêque d'Arras.
Dronquier , freres , Négocians .
l'Evêque d'Arras .
Vanderweken , Confeiller-Juge ,
Garde de la Monnoye.
Picaut Desjannaux , Préfid . à Mortier.
Defwatines , Bailli des Etats.
Daubert , premier Préfident .
Lécolier , Avocat à S. Amand ,
De Page , Lieutenant de Roi.
Le Camus , Lieut. de Roi de la Citad.
Le Procureur du Roi , Syndic.
m. 0. 5.
23
43 3 I
242 I 4
365 1 5
26 0 6
55 6
215
0 6
77 S I
61.7 3
If I 4
550 I
41 7 I
86 0 2
l'Efpagnol , Confeil. honor. des Etats . 43 0
l'Espagnol de Grimbry , Confeiller des
Etats .
de Liefdart , Confeiller du Roi.
S
2106
5760
de Boiſmorel , Lieut . Col. d'Infanterie . 17 3 0
de Vauderlinde, Ecuyer , Sr de la Falque . 88 4 4
PAU.
Du 20 Novembre au 4 Décembre 1759.
Messieurs
d'Etigny , Intendant .
m. o. g.
836490
fe Baron du Pau , Préfident à Mortier
du Parlement.
Bourdier de Beauregard , Directeur
du Domaine,
143 6
72
FEVRIER. 1760 . 243
Messieurs
Suite de Pau .
S. Martin , Tréforier de l'extraordinaire
des Guerres.
l'Evêque de Tarbe .
de S. Saudens , Confeiller au Parlement.
le Marquis de Cafaux , Procureur-
Général au Parlement.
le Marquis de Fraclieu.
l'Evêque d'Oléron .
le Marquis de Montlezun , en Bigore.
Damou , Lieut. de Roi à Bayonne.
le Baron de Caplane .
l'Evêque de Lax.
m. o. g.
4 200
875 17
59 3 30
148 13 0
98 2 1 I
131 II I
14 2 3 0
142 6 25
4 3 14
14 4 I
TROY E S.
Du 13 Novembre au 24 Décembre 1759.
Messieurs
l'Abbé Gouault.
de Corbigny.
Madame la veuve Flobert.
Flobert.
Jean Berthelin.
m. o. g.
103 6 22 12
57 322 O
39 4 10
40 2 IS
12
109 I 13 12
de Troyes.
Berthelin.
de Clairvaux.
Mefdames de N. D. des Preys.
de Larivoue.
24 I ISI
18 4 3
427 3 3
31°17
10 6 3 12
Lij
244 MERCURE DE FRANCE.
POITIERS.
Du 26 Novembre au 29 Décembre 1759.
Meffieurs
De Bloflac , Intendant.
Fumée , Abbé de Sainte Radegonde.
l'Abbaye de S. Cyprien , Ordre de
S.Benoît.
le Marq de Peruffe , Colonel du Rég.
de Normandie.
De la Roche , Directeur des Aides.
m. o. g.
237 6 21
179 $ 12
36 4 12
257
86 21
BESANÇON .
Du 14 Novembre au 19 Décembre 1759.
Meffieurs
de Boyennes.
de Marival .
de Richemont.
de la Fuente .
de Beaufremont .
Michotay.
de Choifeuil.
Michotay.
m. o. g.
458 7
3636
IS I .
6 7 12
66 0 12
259 3 17
244 Ο
8 2 18
le Duc de Randans. 225 7 о
de Vinet .
27 I 12
de Beaufremont.
Dumenil
de Monier.
du Chélat.
Rouffel.
d'Audelange .
Langloix.
37 7
107 3
535
126.3
6
10 6 12
31 0 13
2.9 I 21
FEVRIER. 1760. 245
LIMOGES.
Du 9 Novembre au 29 Décembre 1759.
ہ و
Meffieurs
m. o. g.
8955
Pajot de Marcheval , Intendant.
Martin de la Baſtide , ancien Préfident.
de Remond de Villevignon , Maréchal de
Camp , Commandant d'Angoulême.
de Bônie , Marquis de l'Avergne..
d'Autichamp , Evêque de Tulle.
Simon , Curé de S. Pierre.
33 4.4
18 4 2
48 0 3
8055
64 I
AMIENS.
277
Du 8 Novembre 1759 , au 25 Janvier 1760.
Meffieurs
d'Invau , Intendant de Picardie.
de Gand fils .
de Gand pere.
Buchere Receveur des Gabelles à
>
Amiens.
m. o g.
37 31 2
de la Maiſon Rouge , Receveur du Grenier
à Sel.
Dincourt de Frechemour , ancien
Capitaine au Régiment de Poitou .
Brion , Commillaire des guerres à
Abbeville.
Langlois de Courcette.
Champion , Secrétaire du Roi,
906
17 67
38361
2
2507
50 5 2
49 3 £
209 3 4
104 6 I
Liij
246 MERCURE DE FRANCE.
Messieurs
Suite d'Amiens .
Langlois , Ingénieur des Fortifications
de Picardie .
l'Abbé de Maiſon , Chantre de la
Cathédrale d'Abbeville.
le Marquis de Wargemon , Enfeigne
des Gendarmes de la Garde .
Morel de Bonneril
m . o. g.
3150
40 6 7
74 73
17 5 3
le Comte de Rume B: fieux . 64 67
Ancellet , Directeur des Cartes. 30 27
Madame la Veuve de Varenne.
15 30
60
8 00
74 75
Mily, Juge- Conful .
Madame de Villevielle .
de Sevelinges.
le Camus , Secrétaire de l'Intendant.
Samuel Vaurobois .
Abraham Vorobais , père .
Abraham Vaurobais , fils
de Mondard , Directeur Général des
Fermes.
Scellier , ancien Changeur , à Montdidier
.
Bourrée, Recev . des Tailles à Abbeville.
Gouffier , Maréchal de Camp.
Madame la veuve Poujal , & fon fils.
Madame la veuve Cornet.
L'Abbaye Royale de Saint Riquer.
27 66
997 z
100 6 2
180 0 0
297 f
15 13
103 2 2
66 3 4
60 32
I
5543
254 0 7
Dufrene , Conf. au Bailliage d'Amiens. 5 o 6
Renouard , Receveur des Tailles.
De Bonnaire , Brigadier des armées
du Roi.
De Trouville.
Lincoùr , Maire.
De Donqueur.
24 4 3.
Z
25232
227 I
32 I 41
57 101
6
FEVRIER. 1760 . 247
Messieurs
Suite d'Amiens .
Madame la veuve Cornet.
Madame la veuve de Querieux .
Joron , Adminiftrateur de l'Hôpital.
Cornet , Négociant à Amiens.
m . o . g.
II I I
น
[
2674 2
28
61 04
L'Abbaye de Valoir , Ordre de Citeaux. 87 7 4
Goubet , Receveur du Tabac à Amiens. 47 5 4
De Lievreville , Direct. du Vingtiéme. 22 0 3
De Verville , Receveur des Tailles.
D'Hedenville.
De Pleffelle.
Debonnaire.
42 7 7
34 2 2
27 45
12 2 3
I De Monfure , Capitaine de Cavalerie . 7 2 1
De Lamotte Tonard .
Madame la veuve de Court.
De Verant , Receveur des Tailles à
Montdidier.
Dauvunghin , de Boulogne.
L'Abbaye de Sumer.
Neret , Receveur des Fermes de Saint
Quentin.
286
61 4 9
68 0 7
43 6 I
22021
57 33
Σ
Cottin , Négociant à Saint Quentin 4+ 1
Fromager , Négociant .
Fizeux , de Saint Quentin .
Fizeux , Négociant à Saint Quentin.
De Villechelle , Subdélegué.
De Vic , de Saint Quentin.
Ofanne , & Mademoiſelle fa foeur.
De Modône , Doyen du Choeur de
Saint Quentin .
La veuve Samuel & fils.
9547
77 I ▸
14 1 4
t
1343 2
11 I 4
48 0 3 2
109 o fi
46 3 4
Brillac.
18
5
Liv
248 MERCURE DE FRANCE.
Suite d'Amiens.
Meffieurs
Madame l'Abbeffe de Paraclet ,
d'Amiens.
L'Abbaye du Gard , Ordre de Cîteaux.
L'Abbaye de Saint Vallery.
l'Abbaye de Beaupré , Ordre de
Cîteaux
De Mouchy de Sully.
le Comte de Mouchy.
De Beauwroy , Lieutenant de Roi.
De la Chauffée , Major de Montreuil.
Heuzé de Filbert , du même lieu.
Du Puis , du même lieu.
De Bloc , du même lieu .
Madame Dheuzé , du même lieu.
De Charnneux de la Valliére , idem.
De la Fontaine , du même lieu .
Theilier , Juge- Garde de la Monnoye.
l'Abbaye de Villancour.
Pirlot , Directeur de la Monnoye.
m .
0. gr
43 541
10 7 S!
16 7 4
17 4 7
61 5
637
2
3
62
14436
7 6
57
33 2
54 2.
14 2
S
17 2 I
70 .
90 24
so
RIOM.
Du 10 au 25 Novembre 1759.
Meffieurs
m. o.
g..
De Balenvilliers. 2.4 I I
2
Le Normant. III 6
l'Abbé de Vienne. 173 4
l'Evêque de Clermont. 153 7
Du Lac. 534
le Marquis de Monboiffier.
834
FEVRIER. 1760. 249
Meffieurs
De Chazerat .
Suite de Riom .
le Marquis Defpnichal.
la Cointelle de Pagna .
Guerin.
m. 0. g.
229 4
81 7
18 0
96 7 5.
1146 5 3
DE la Vaiffelle portée aux Monnoies
des Villes de Province.
ROUEN.
Du 11 au 17 Novembre 1759.
Meffieurs
Feydeau de Brou , Intendant de
Rouen .
De Miromenil , Prem . Président .
De Blanville , Major du Régiment
de Bretagne.
Dailly , Secrétaire de M. l'Intendant.
Le Duc de Bouillon.
Sevrey, Directeur du Vingtième.
De Marchis , Receveur des Tailles.
L'Abbé Dandigné , Aumônier de
la Reine.
Carré , pere , ancien Commiffaire
de la Monnoie.
De la Londe , Contrôleur de la
Monnoie.
De Valliquierville , Prem. Préfid .
de la Chambre des Comptes .
Fremont , Juge - Garde de la
Monnoie.
De Baude , Rentième de M. l'Archevêque.
m.
o . g. d.
J
244 I 12
337 2 6
50 16 12
33 7
436 6 15
4 3 6
98 7
49 6
24 5
8 3 12
255 712
6
39 6 6
1587 1 $ 12
K v
226 MERCURE DE FRANCE .
LYON.
Du 10 au 24 Novembre 1759 .
Meffieurs
L'Archevêque de Lyon.
De Lamichodiere , Intendant.
Pupil , Prem . Préſident de la Cour
des Monnoies.
De Quuifon.
De Fleurieu , Préfident.
De la Verpiliere , Major.
MM. Auriol , freres , Banquiers.
Croppet de Variflan.
De Rochebaron , Commandant.
Madaine la Comtelle de Grolée.
Aniffon .
Adine.
Dellervo , Confeiller.
Desfours , Confeiller.
Les Recteurs de la Charité.
Les Recteurs de l'Hôpital.
Le Comte de Lhopital.
Gayot d'Auffere .
m . o . g.
509 6 18
341 7 18
2.6 18
60
3
189 4 6
155 4 3
1285
107 4
642
125
181 I 12
61 2 12
74 3 15
67 2
*
258 5 12
138 3 9
191 3.18
622 16
Les R. P. Jéfuites du Grand College . 428 2 15
Flachat , Prevôt des Marchands.
De la Verpiliere , Major.
Les Comtes de Lyon.
Cannac.
Quinfon , Tréforier de France.
MM . Duc , freres.
Siran .
Mogniat , Tréforier de France,
Mogniat , Confeiller.
177 7
109 4 18
916 2 6
244 7
677
- 3
S
79 4 14
31 472
19.6 6
229 2 21
- Geneve.
355 18
FEVRIER. 1760. 227
Meffieurs
Suite de Lyon,
Les Cuftodes de Sainte Croix.
De Sugny , Confeiller .
De Morainval.
Les R. P. Jéfuites , du fecond
Collége,
MM . Hubert , freres.
Les R. P. Jéfuites de Saint Jofeph.
Les R. P. Minimes.
Gras , Tréforier de France .
Crupiffon , Prêtre .
Morin , Secrétaire du Roi.
Einguerlin , Suiffe.
Gayot d'Aufferre.
Fitler , Négociant Suiffe .
Scherb , Négociant Suiffe.
Madame Meuricoffre.
Meuricoffre.
La Chapelle des Marchands.
Giraud , Tréforier de l'Hôpital.
m. o. g.
54 0 18
532
49 I
39 4
16 2 12
38 1 9
90 $ 15
37 4
582 B
552 8
?
33 7 4
66 6 18
19 7 21
20 18
16 O 3
17 7 18
595
34 1 13
6605 I
LA ROCHELLE.
Du 10 Novembre au Décembre 1759.
Meffieurs
Baillon , Intendant .
Le Comte de Vence , Maréchalde-
Camp.
Bonnaventure , Lieutenant de Roi.
Bonnermort , Receveur des Fermes
du Roi.
Froger de la Rigaudiere , Capitaine
général des Gardes- Côtes.
m. o. g.
290 4 18.
52
50 2.12
48 6.18
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
Suite de la Rochelle .
De Ruis Embito , Intendant de la
Marine à Rochefort.
De Fetilly , Chevalier d'honneur
du Bureau des Finances .
L'Evêque de Luçon.
Rouffy de Lazeneuve , Doyen du
Chapitre .
Beraudin , ancien Lieutenant gén.
de l'Amirauté .
L'Evêque de la Rochelle.
Frefneau, ancien Ingénieur du Roi,
m. o. g.
37 I 6
47 I 12
95512
8 4
18 I
260 4 12
II 6 6
BORDEA U X.
Du 23 Novembre au 10 Décembre 1759-
Meffieurs
L'Evêque de Condom .
Le Marquis de Tourny, Intendant
de Guienne .
Le Comte de Langeron , Commandant
de Guienne.
De Tourny ( Second Article . )
Le Marquis de Montferrant.
Le Maréchal de Richelieu , Gouverneur.
Robert, Directeur des Aydes de
Barbefieux.
L'Evêque de Baras.
Le Berton , Premier Préfid . du
Parlement.
Le Préfident Lalanne.
m . o . g.
577 15
337 4 18
184 7
24 2 18
66
946 I 18
24 6 18
786
328 2 18
80 18
FEVRIER. 1760 . 229
Meffieurs
Suite de Bordeaux.
Le Président de Gafq.
Madame Charot Dupleffis.
L'Evêque d'Agen .
m . 0. g.
190 6 IZ
42 6 18
191 2 9
TOULOUSE.
Du 17 Novembre au 10 Décembre
Meffieurs
Lacoré , Intendant de Montauban.
Riquet , Procureur général .
Maniban , Premier Préfident.
L'Evêque de Montauban.
Loffieux , Officier des Vailleaux.
Le Maréchal de Lautrec.
L'Evêque de Lombés .
L'Abbé Coftos .
De Boiffy.
L'Archevêque d'Auch."
Laborde , Receveur des Domaines
d'Auch.
Comminiant , Tréforier de France.
Le Comte de Marfan.
Defclaux , Tréforier de France .
L'Evêque de Comminges.
De Bartal , Evêque de Caftres.
1759.
m. o. g.
987
335 7
220
253 4 12
22 4 12
833
69 I " -3
11 3 18
7 I
6526
SIS 12
212 I
2033
2951
982 18
1
230 MERCURE DE FRANCE.
MONTPELLIER.
Du 12 au 29 Novembre 1759 .
Meffieurs
De Saint-Prieft , Intendant.
m. o.g
347 4 12
Pitot , Ingénieur , Chevalier de
Saint Michel.
L'Evêque de Nimes.
Mazade , Tréforier général de la
Province .
Journet , Avocat .
Le Baron de Sauve.
Reynaud , Gouverneur de Frontignan.
Salzes , Confeiller à la Cour
des Ayles .
Madame de Salzes.
Le Comte du Cayla , Lieuten . gén .
Boucaud , Préfident à la Cour des
Aydes.
Valat , Tréforier de l'Hôpital gén.
"
de Paris.
Morel , Chanoine de la Cathédrale.
Huart , Directeur des Fermes .
Defpioch , Tréforier de France.
Le Syndic du Collège des Jéfuites.
L'Evêque de Montpellier.
236
123
I 12
424 6
173 712
54 6
56 6
76 6
64 4
Ι
115
753
41 4
72 6
169
80 12
39 2
114
2050 4
FEVRIER. 1760 . 231
DIJON .
Du 12 Novembre au 4 Décembre 1759
Meffieurs
Le Comte de Tavannes, Commandant
en Bourgogne.
De la Marche , Premier Préfident
du Parlement .
Joly de Fleury , Intendant.
De Clugny , Confeiller au Parlem .
m. o. g.
400 7
186 0 12
292 0 5
& Intend. de l'Ifle S. Domingue. 141 2
D'Ogny , Tréforier des Etats de -
Bourgogne.
De la Marche Second Article . )
Joly de Fleury . Second Article. )
Marlor , Maire de Dijon .
le Comte de Tavanne . ( Second Art : 】
De Buffon , Intendant du Jardin
du Roi.
= L'Evêque de Dijon.
Potier , Commiffaire de la Marine
à Auxonne.
De Champrenault , Commandant
de la Ville de Dijon .
220 6 12
274 6
18 2
17 6 12
4 4
96
100 4
25 4
24 2 18
3I
1737 § 7
PERPIGNAN.
Du 15 Novembre au 6 Décembre 1759 .
Meffieurs
De Saint- Affricque , Commiſſaire.
De Bon , Intendant .
m. o. g.
825 6
51 6 12
232 MERCURE DE FRANCE
Meffieurs
Suite de Perpignan.
Canclaux , Tréforier des troupes.
Gonfalye , Procureur au Confeil .
Befombes , Receveur des impofitions.
L'Evêque de Perpignan.
le Comte de Ros.
Duffaut.
le Marquis d'Aguilard.
le Baron de Sournia.
le Marquis de Saint Marfal.
Gonfalve , premier Conful.
Le Préfident de Madaillon.
56 3
m. o. g.
23.4 IL
54 6
57 I
21 3 21
135 2
141
20 4
135 I 12
6 3
4 I 18
Defprés , Confeiller.
749
De Sallele , Confeiller.
7 15
Arnaud , faifant la recette des impofitions.
16
3 14
Hugues.
le Commandant de Cahors .
Du même.
217
86 3 о
6 S 12
8377 1
6
ORLEANS.
19 Du 9 Novembre au 31 Décembre 1759.
Meffieurs
m. o. g.
Phelipet , Secrétaire du Roi.
Le Noir , Directeur des Aydes .
Laurent , Directeur du Vingtiéme.
L'Abbé Colbert, Doyen de Sainte-
Croix.
168 I o
53
31 4 18
53.7.12
De Laage de Meux , Receveur des
Tailles.
53218
FEVRIER. 1760´´ 233
Suite d'Orléans .
Meffieurs
Determont , Evêque de Blois . ( En
deux envois . )
De Montaran, Chanoine , Chancelier
de l'Univerfité .
De Barentin , Intendant.-
MM. du Chapitre de S. Pierre.
Leroi Secrétaire de l'Intendance .
Les R. P. Auguftins.
Les Bénédictins de Bonne-nouvelle .
m. o. g.
91 I
31 7 6
77 3
6 I
22 5
65
52 6
MM. du Chap. de l'Eglife d'Orléans. 268 6
976 2 6
RHEIMS.
Du 9 au 29 Novembre 1759 .
Meffieurs
Clicquot , Directeur de la Monnoye.
Meliand , Intendant de Soillons.
Le Gendre , Ingénieur des ponts &
chauffées.
D'Armancy , Receveur général de
la Champagne.
Colleau , Commiffaire du Confeil à
Rheims.
L'Abbé Cazotte , Chanoine.
m . 0.
g.
43
228
27 2
38 5
6
SI 6 9
145 15
De Choifeuil , Evêque de Châalons . 221 3 12
L'Abbé Parchape , de Vinay , Prevôt
de l'Eglife de Rheims.
Carralet de Rofay , Doyen de l'Egliſe
de Soiffons .
Madame Fillion , veuve de M.le Doux ,
Secrétaire du Roi.
21 3
585 12
289 1 21
134 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
Suite de Rheims.
m . o.
Le Maire,Seigneur d'Huifel, à Soiffons. 109 2
De Verneuil , Capitaine au Regiment
de Piemont. 49
Bellons , Direct . des Aides à Soiffons . 18 1 12 ,
Rogier , Préfident à Rheims .
Bauduin , Receveur des gabelles à
Châalons.
Hoccart , Grand Baillif d'épée à
Châalons.
113 7
179
40
Gargam , Diacre de l'Eglife de Châalons 81 6 12
Bourgogne , Juge Conful à Rheims. 117 4 18
NANTES.
1834 3 f
Du 13 Novembre au 6 Décembre 1759.
Meffieurs
L'Evêque de Nantes.
Premion , Maire.
De Bellabre , Préfident Sénéchal.
De Gallifon , Ellayeur.
De la Rive , Changeur.
Libault, Secrétaire du Roi.
Portier , Négociant.
Michel Portier , ancien Conful.
Le Cour de Painboeuf.
Le Comte de Menou .
Barre , Avocat général .
Le Comte de Rochefort.
De Lorre de Clifton,
Becdelievre , premier Préſident à
la Chambre des Comptes.
Madame la veuve Mangin.
29 6
m. o. go
249 6 II
59 3 6
65 18
12 0 18
68 6 9.
3
9
29 0
521
2 2
150 6
48 2 13 13
58 1 1 3
7 4 11 13
´375 6 22 14
$ 7 16 12
FEVRIER. 1760. 235
GRENOBLE.
le Chevalier de Marcieux , Brigadier
des armées .
Du 11 au 29 Décembre 1759:
11 .
Meffieurs
De la Porte , Intend . du Dauphiné , 321 0
L'Evêque de Grenoble.
le Comte de Marcieux , Command.
en Dauphiné.
De Funelet , Confeiller au Parlem ,
le Comte de S. André.
Bourfet , Maréchal - de- camp.
153 6
373 6
33 12
28 4
37 6
74 7
39 I IZ
60 7 O
$7 4 12
De Gantés , Maréchal de-camp.
la Marquife de Puifigneux.
le Comte des Adriets .
de Chaponay , Second Préſident.
de Moydien , Procureur général au
Parlement.
Rouveyre de l'Etang , Subdélegué
1 à Valence
Levet , Préſident de la Commiſſion
÷ du Confeil, à Valence.
Bachaffon , Procureur en la Maréchauffée
de Valence.
Du Perrau , Major de Valence.
de Marquis de Montignard , Lieutenant
général
L'Evêque de Dye.
Defquers , Commiſſaire ordonnateur
des guerres, en Dauphiné.
De Rofting.
100.4
32 6
354
5631
49.7 12
55 7
66 7
117 6 0
23 4 21
176 I 2
236 MERCURE DE FRANCE.
A IX.
Du 15 au 29 Novembre 1759.
Mereurs
De la Tour , premier Préſident ,
Intendant.
le Duc de Villars, Gouverneur.
De Montclar , Procureur gén.
Palteau , Tréforier de France.
De Brancas , Archevêque d'Aix,
Gautier du Poet , Confeiller au
Parlement.
George de Roux , Marquis de
Breue , de Marſeille.
Dourfin , Conf. au Parlement.
Jaubert , Recev. de la Viguerie.
le Chev. de Fireau de la Barte.
m.no, g.
437 7 IS
3686 15
97 4 12
92 5 6
448.7 19
110
746 I
28 7. 3
3
23 7 12
18 650
Le Marq. de Pille , Gouv . de Marſeille. 64 6
Trupheme , Commiffaire Provincial
des Guerres.
De la Tour. ( Deuxième envoi. )
De Broglie , Confeiller Doyen à la
Cour des Comptes.
Les Jéfuites.
Bourquet , Confeiller au Parlement.
Villeneuve , Comman. de la Citadelle
de Marſeille.
André de Barrique, Confeiller Notaire
au Parlement.
Maunier fils .
Fortis , Confeiller au Parlement.
Blacas, Marquis d'Aups , premier Confeiller
d'Aix.
Meyronnet Château- Neuf, Confeiller
au Parlement.
106 7
9
77 5.21
.
24 S 12
28
12
31 1 12
148 4 12
152 5 18
6715
22 f 12
3406
50 4 18
FEVRIER. 1760. 237
Meffieurs
Suite d'Aix.
m. o. g:
34 4 6
18
De Fenelon , Maréchal- de-Camp .
De Lille , Secrét . du Roi à Marſeille . 191 5
.e Marquis Delpinoufe , Préfident au
Parlement.
Romegas , Lieut. Gén . en la Sénéch. de
Provence .
87 7
14
De Perole , Avoc. Gen. au Parlement. 59 4
L'Abbé d'Aupede , ancien Aumônier
du Roi
Avon de Cadenet.
II S
8 2
RENNES.
Du 14
Novembre au
3
Décembre 1759.
Meffieurs
m. o. g.
4 12
Intendant. 4:9 6 12
L'Abbé de la Pomerais , Chanoine. 24
le Bret ,
L'Hôtel des Ventes de l'Orient. 526 7 3 Q
· Godheu , Directeur de la Compagnie
à l'Orient.
De Grand- Ville- Loquet , Seigneur
de Fougeray..
De la Chatre , Gouv. de S. Malo .
Dacofta , pour la Compagnie des
Indes.
De Bagallon.
1896-13 12
308 3 3 18
156
127
10 12
I
3 o
So 3 10 12
238 MERCURE DE FRANCE.
BOURGES.
Du 10 Novembre au 31 Décembre 1759.
Meffieurs
m. o. g.
Dodard , Intendant.
le Blanc de Marnavalle .
Le même.
l'Evêque de Bourges.
6473
236.3 11
5167
54 S
37 22
2336
de S. Leger , & Madame de Vouet.
de Vie , grand- Prévôt du Berty.
Deferennes & des Taupaux , d'Ilfoudun . 33 7 1
de Marpon , Chanoine de la Cathédrale
de Bourges.
Madaudier , Elu à Bourges.
Duret , Receveur Général des Gabelles
à Bourges.
Goyer , Rec. des Tailles de Bourges.
Le Marquis de Lancômes.
2325
25 7
20 7 4
27 22
58 67
CAEN.
657 75
Du
Meffieurs
19 Novembre , au 10 Décembre.
De Neuville , de Saint Henry , Directeur
Gén . des Fermes du Roi.
De Fontelle , Intendant. "
La Marquife de Fontenay ,
Le Duc d'Harcourt.
m. 0. g.
199 I 2
J
216 7 I
43 2 2
Houfel , Directeur des Poftes à Caen . ' 44 7 I
Le Marquis de Saint Germain.
Le Comte de Oilliamſon .
Turgot , de Saint Clair, Confeiller
197 6 4
105 27
3852
FEVRIER. 1760 . 239
Meffieurs
Suite de Caen.
au Parlement de Paris.
De Fontelle , Intendant de Caen.
m. o. g.
220 3
178 or
L'Evêque de Saint Pons. 236 6
Le Marquis de Malherbe. 118
71
Les Religieux de l'Abbaye de Saint
Etienne de Caen. 147 4
L'Evêque de Bayeux. 375 5
2123 3 I
TOURS.
Du 16 Novembre au 31 Décembre 17.59.
Meffieurs
L'Archevêque de Tours.
Le Comte de Vaudreuil , Lieutenant
des armées navales.
m. o. g.
215 0
25.0
Mad. la Duch . de Fleury , Douariere. 112 o
Le Marquis de Beaumont.
De Vermage , Médecin à Paris .
De Lefcalopier , Intendant de la Généralité
de Tours.
Le même. ( Second envoi. )
Plus, un lingot d'or , provenant de
bijoux fondus.
De Chamnigny , Recev. des Aydes
à Tours.
De Gizeux , ancien Maître des Cérémonies.
De Lanau , Tréforier de France à
Tours.
Palas , Chanoine.
2
I
32
50 4 2
20 7 6 2.
I
14
394 42
21.4 2
2.
29 7 4
105 1 S
Τ
15 3
II I
73
I
2
240 MERCURE DE FRANCE
Suite de Tours.
Meffieurs
Mignon.
Le Marquis de Mailly.
Le Comte de Mailly , fils .
Les Religieux du Louroux , Ordre de
Citeaux, un lingot d'or de 6 onces
7 gros,
m. o. g.
26 4
127 2
14 6
775
25 4 7
I 195 4 4
MET Z.
Du 9 au 20 Novembre 1759.
Meffieurs
m . 0. g.
L'Intendant. 154 7 4
De la Serre , Lieutenant de Roi, 114 3 2
De Villemont , Tréforier.
108 2 5
De la Croix , Lieutenant de Police . 10 4 7
26 2
De Magenville , Primier de la Cathéd. 48 6 6
Ferrand , Commiffaire Provincial . 43 3 7
De la Croix , Greffier en chef du Parl .
De la Salle , Directeur des vivres.
Suby , Notaire.
Patieau de Vaumerange , Commiffaire
des guerres .
Perrain de Bui .
Pichon, Commiffaire des guerres.
De Montholon , premier Préfident.
De Caftel.
Carriére , premier Préſident du Bureau
des Finances..
141 4 3
14 52
376
39 72
47 4 0
424 2
68 6 3
62.4736
971 7 2
STRASBOURG. TRA
FEVRIER. 1760.
241
STRASBOURG.
Du 8 Novembre , au 16 dudit.
Meffieurs
De Lucé , Intendant.
Bentabol , Directeur des fourrages .
De Lutzelbourg d'Altroff.
m. o. g.
368 2
$7
aos
107 0 10
Gayot , Intendant de l'armée.
Gayot de Bellombre.
Brunck , Receveur des Finances.
69 7 12
3623 3
109 6
Maréchal Grosjean , Secret. de l'Intend. 46 6 18
De Regemorte , Prêteur Royal.
81 3
Deneft , Directeur des vivres.
528 12
Roulin , Subdélegué général , Secretaire
de l'Intendance.
382 6
1
Pons , Secrétaire du Roi .
De Monconfeil , Lieutenant général
&
Commandant de la Province.
Hermanny & Dieterich.
D'Armeville , Lieutenant de Roi ,
Commandant à Schleftatt.
Terrain , Receveur des Finances .
Noblat ,
Commiffaire des guerres , &
7224 22
153 I 19
109 6
9
127 S
58 0
62
Subdélegué à Belfort.
47 2 10
Meffieurs
LILLE.
Du 10 au 21 Novembre.
L'Intendant du Hainaut.
Daubert , premier Préfident du Farlement
de Flandre.
m. o. ga
331 3
2023 6
L
242 MERCURE DE FRANCE.
Messieurs
Suite de Lille.
D'Arment , Major de ladite Ville.
De Ran fault , Directeur du Grenier
à fel.
De Bonneguife , Evêque d'Arras.
Dronquier , freres , Négocians .
l'Evêque d'Arras .
Vanderweken , Confeiller-Juge ,
Garde de la Monnoye.
Picaut Desjannaux , Préfid . à Mortier.
Defwatines , Bailli des Etats.
Daubert , premier Préfident .
Lécolier , Avocat à S. Amand ,
De Page , Lieutenant de Roi.
Le Camus , Lieut. de Roi de la Citad.
Le Procureur du Roi , Syndic.
m. 0. 5.
23
43 3 I
242 I 4
365 1 5
26 0 6
55 6
215
0 6
77 S I
61.7 3
If I 4
550 I
41 7 I
86 0 2
l'Efpagnol , Confeil. honor. des Etats . 43 0
l'Espagnol de Grimbry , Confeiller des
Etats .
de Liefdart , Confeiller du Roi.
S
2106
5760
de Boiſmorel , Lieut . Col. d'Infanterie . 17 3 0
de Vauderlinde, Ecuyer , Sr de la Falque . 88 4 4
PAU.
Du 20 Novembre au 4 Décembre 1759.
Messieurs
d'Etigny , Intendant .
m. o. g.
836490
fe Baron du Pau , Préfident à Mortier
du Parlement.
Bourdier de Beauregard , Directeur
du Domaine,
143 6
72
FEVRIER. 1760 . 243
Messieurs
Suite de Pau .
S. Martin , Tréforier de l'extraordinaire
des Guerres.
l'Evêque de Tarbe .
de S. Saudens , Confeiller au Parlement.
le Marquis de Cafaux , Procureur-
Général au Parlement.
le Marquis de Fraclieu.
l'Evêque d'Oléron .
le Marquis de Montlezun , en Bigore.
Damou , Lieut. de Roi à Bayonne.
le Baron de Caplane .
l'Evêque de Lax.
m. o. g.
4 200
875 17
59 3 30
148 13 0
98 2 1 I
131 II I
14 2 3 0
142 6 25
4 3 14
14 4 I
TROY E S.
Du 13 Novembre au 24 Décembre 1759.
Messieurs
l'Abbé Gouault.
de Corbigny.
Madame la veuve Flobert.
Flobert.
Jean Berthelin.
m. o. g.
103 6 22 12
57 322 O
39 4 10
40 2 IS
12
109 I 13 12
de Troyes.
Berthelin.
de Clairvaux.
Mefdames de N. D. des Preys.
de Larivoue.
24 I ISI
18 4 3
427 3 3
31°17
10 6 3 12
Lij
244 MERCURE DE FRANCE.
POITIERS.
Du 26 Novembre au 29 Décembre 1759.
Meffieurs
De Bloflac , Intendant.
Fumée , Abbé de Sainte Radegonde.
l'Abbaye de S. Cyprien , Ordre de
S.Benoît.
le Marq de Peruffe , Colonel du Rég.
de Normandie.
De la Roche , Directeur des Aides.
m. o. g.
237 6 21
179 $ 12
36 4 12
257
86 21
BESANÇON .
Du 14 Novembre au 19 Décembre 1759.
Meffieurs
de Boyennes.
de Marival .
de Richemont.
de la Fuente .
de Beaufremont .
Michotay.
de Choifeuil.
Michotay.
m. o. g.
458 7
3636
IS I .
6 7 12
66 0 12
259 3 17
244 Ο
8 2 18
le Duc de Randans. 225 7 о
de Vinet .
27 I 12
de Beaufremont.
Dumenil
de Monier.
du Chélat.
Rouffel.
d'Audelange .
Langloix.
37 7
107 3
535
126.3
6
10 6 12
31 0 13
2.9 I 21
FEVRIER. 1760. 245
LIMOGES.
Du 9 Novembre au 29 Décembre 1759.
ہ و
Meffieurs
m. o. g.
8955
Pajot de Marcheval , Intendant.
Martin de la Baſtide , ancien Préfident.
de Remond de Villevignon , Maréchal de
Camp , Commandant d'Angoulême.
de Bônie , Marquis de l'Avergne..
d'Autichamp , Evêque de Tulle.
Simon , Curé de S. Pierre.
33 4.4
18 4 2
48 0 3
8055
64 I
AMIENS.
277
Du 8 Novembre 1759 , au 25 Janvier 1760.
Meffieurs
d'Invau , Intendant de Picardie.
de Gand fils .
de Gand pere.
Buchere Receveur des Gabelles à
>
Amiens.
m. o g.
37 31 2
de la Maiſon Rouge , Receveur du Grenier
à Sel.
Dincourt de Frechemour , ancien
Capitaine au Régiment de Poitou .
Brion , Commillaire des guerres à
Abbeville.
Langlois de Courcette.
Champion , Secrétaire du Roi,
906
17 67
38361
2
2507
50 5 2
49 3 £
209 3 4
104 6 I
Liij
246 MERCURE DE FRANCE.
Messieurs
Suite d'Amiens .
Langlois , Ingénieur des Fortifications
de Picardie .
l'Abbé de Maiſon , Chantre de la
Cathédrale d'Abbeville.
le Marquis de Wargemon , Enfeigne
des Gendarmes de la Garde .
Morel de Bonneril
m . o. g.
3150
40 6 7
74 73
17 5 3
le Comte de Rume B: fieux . 64 67
Ancellet , Directeur des Cartes. 30 27
Madame la Veuve de Varenne.
15 30
60
8 00
74 75
Mily, Juge- Conful .
Madame de Villevielle .
de Sevelinges.
le Camus , Secrétaire de l'Intendant.
Samuel Vaurobois .
Abraham Vorobais , père .
Abraham Vaurobais , fils
de Mondard , Directeur Général des
Fermes.
Scellier , ancien Changeur , à Montdidier
.
Bourrée, Recev . des Tailles à Abbeville.
Gouffier , Maréchal de Camp.
Madame la veuve Poujal , & fon fils.
Madame la veuve Cornet.
L'Abbaye Royale de Saint Riquer.
27 66
997 z
100 6 2
180 0 0
297 f
15 13
103 2 2
66 3 4
60 32
I
5543
254 0 7
Dufrene , Conf. au Bailliage d'Amiens. 5 o 6
Renouard , Receveur des Tailles.
De Bonnaire , Brigadier des armées
du Roi.
De Trouville.
Lincoùr , Maire.
De Donqueur.
24 4 3.
Z
25232
227 I
32 I 41
57 101
6
FEVRIER. 1760 . 247
Messieurs
Suite d'Amiens .
Madame la veuve Cornet.
Madame la veuve de Querieux .
Joron , Adminiftrateur de l'Hôpital.
Cornet , Négociant à Amiens.
m . o . g.
II I I
น
[
2674 2
28
61 04
L'Abbaye de Valoir , Ordre de Citeaux. 87 7 4
Goubet , Receveur du Tabac à Amiens. 47 5 4
De Lievreville , Direct. du Vingtiéme. 22 0 3
De Verville , Receveur des Tailles.
D'Hedenville.
De Pleffelle.
Debonnaire.
42 7 7
34 2 2
27 45
12 2 3
I De Monfure , Capitaine de Cavalerie . 7 2 1
De Lamotte Tonard .
Madame la veuve de Court.
De Verant , Receveur des Tailles à
Montdidier.
Dauvunghin , de Boulogne.
L'Abbaye de Sumer.
Neret , Receveur des Fermes de Saint
Quentin.
286
61 4 9
68 0 7
43 6 I
22021
57 33
Σ
Cottin , Négociant à Saint Quentin 4+ 1
Fromager , Négociant .
Fizeux , de Saint Quentin .
Fizeux , Négociant à Saint Quentin.
De Villechelle , Subdélegué.
De Vic , de Saint Quentin.
Ofanne , & Mademoiſelle fa foeur.
De Modône , Doyen du Choeur de
Saint Quentin .
La veuve Samuel & fils.
9547
77 I ▸
14 1 4
t
1343 2
11 I 4
48 0 3 2
109 o fi
46 3 4
Brillac.
18
5
Liv
248 MERCURE DE FRANCE.
Suite d'Amiens.
Meffieurs
Madame l'Abbeffe de Paraclet ,
d'Amiens.
L'Abbaye du Gard , Ordre de Cîteaux.
L'Abbaye de Saint Vallery.
l'Abbaye de Beaupré , Ordre de
Cîteaux
De Mouchy de Sully.
le Comte de Mouchy.
De Beauwroy , Lieutenant de Roi.
De la Chauffée , Major de Montreuil.
Heuzé de Filbert , du même lieu.
Du Puis , du même lieu.
De Bloc , du même lieu .
Madame Dheuzé , du même lieu.
De Charnneux de la Valliére , idem.
De la Fontaine , du même lieu .
Theilier , Juge- Garde de la Monnoye.
l'Abbaye de Villancour.
Pirlot , Directeur de la Monnoye.
m .
0. gr
43 541
10 7 S!
16 7 4
17 4 7
61 5
637
2
3
62
14436
7 6
57
33 2
54 2.
14 2
S
17 2 I
70 .
90 24
so
RIOM.
Du 10 au 25 Novembre 1759.
Meffieurs
m. o.
g..
De Balenvilliers. 2.4 I I
2
Le Normant. III 6
l'Abbé de Vienne. 173 4
l'Evêque de Clermont. 153 7
Du Lac. 534
le Marquis de Monboiffier.
834
FEVRIER. 1760. 249
Meffieurs
De Chazerat .
Suite de Riom .
le Marquis Defpnichal.
la Cointelle de Pagna .
Guerin.
m. 0. g.
229 4
81 7
18 0
96 7 5.
1146 5 3
Fermer
Résumé : ÉTAT De la Vaisselle portée aux Monnoies des Villes de Province.
Le document présente un état des contributions en vaisselle apportées aux monnoies des villes de province entre novembre 1759 et février 1760. Il énumère les noms et les titres des personnes ayant effectué ces dons dans diverses villes françaises, ainsi que les montants correspondants en livres, sous et deniers. Les villes mentionnées incluent Rouen, Lyon, La Rochelle, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Dijon, Perpignan, Orléans, Reims, Nantes, Grenoble, Aix, Rennes, Bourges, Caen et Tours. Chaque section du document commence par la période concernée et les noms des individus, souvent des dignitaires, des intendants, des présidents, des évêques et autres notables, accompagnés des montants en monnaie apportés. Par exemple, à Rouen, des contributions ont été faites par des personnes telles que des intendants et des présidents. À Lyon, des dignitaires et des évêques ont apporté des montants variés. Les contributions proviennent également de villes comme La Rochelle, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Dijon, Perpignan, Orléans, Reims, Nantes, Grenoble, Aix, Rennes, Bourges, Caen et Tours. Le document se termine par la date de février 1760. Les montants des contributions varient considérablement, reflétant l'importance et la générosité des contributeurs. Les contributions sont souvent accompagnées de la mention 'm. o. g.' et des montants en livres, sous et deniers. Ce document offre un aperçu des dons financiers effectués par des personnalités influentes dans diverses régions de la France à la fin de l'année 1759 et au début de l'année 1760.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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25
p. 217-240
SUITE de l'Etat de la Vaisselle portée aux Monnoies des Villes de Province.
Début :
RHEIMS. Du 3 Décembre 1759, au 31 dudit. Messieurs m. o. g. Henri Duwalk, [...]
Mots clefs :
Vaisselle, Monnaies, Province, Villes, Reims, Nantes, Grenoble, Aix, Rennes, Metz, Strasbourg, Lille, Rouen, Lyon, La Rochelle, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Dijon, Perpignan, Orléans, Limoges, Bourges, Amiens, Tours, Caen, Riom, Pau, Poitiers, Besançon
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texteReconnaissance textuelle : SUITE de l'Etat de la Vaisselle portée aux Monnoies des Villes de Province.
SUITE de l'Etat de la Vaiffelle portée
aux Monnoies des Villes de Province.
RHEIM S.
Du 3 Décembre 1759 , au 31 dudit.
Meffieurs
Henri Duwalk , Comte de Dampierre.
L'Evêque de Sidon.
le Marquis de Longueval.
le Baron de Viffec de la Cude.
Duchêne de Ruville, Commiffaire
Provincial à Sedan.
Dubois de Livry , ancien Capitaine
au Régiment Dauphin , Caval.
Charonnier d'Hauterive , Lieuten.
pour le Roi à Rocroy.
Leleu , Receveur des Tailles à
Rheims.
Didelot , Direct. des Aides à Châlons.
l'Abbaye d'Igny , Ordre de Câteaux .
Croifat , Baron de Thiers.
l'Abbaye de S. Remi , de Rheinis .
l'Abbaye de S. Nicaife , de Rheims.
l'Abbaye de Valfecret , Ordre de
Prémontré.
l'Abbaye de Valchrétien , ' Ordre
dé Prémontré.
les R. P. Cordeliers de Rheims.
l'Abbaye de S. Pierre d'Hautvilliers.
Dorigny, Ecuyer , Seigneur d'Agny.
m. g.
33 7 12
IQ
3 6
133 6
53 2
18
60 S
$67 6
228
17
365 18
97 5
71
S
50 3
86
3-12
52
18
23 4
73 2 12
SI 4
218 MERCURE DE FRANCE
M.fieurs
Suite de Rheims .
m .
0. ğ
124 IS
82 3
21 2 6
De Cambray , Secrét. du Roi.
l'Abbaye des Trois- Fontaines.
d'Haudrecy , Brigadier des armées
du Roi.
La Compagnie de Meffieurs les
Chevaliers de l'Arquebule.
l'Abbaye de Saint Thierry.
l'Abbaye des Dames d'Argenfol .
Domilier , Directeur général des
Fermes à Soiffons .
l'Abbaye des Dames de l'Amour-
Dieu , Ordre de Cîteaux .
Maldan de Courchamps , Aide-
Major de la Ville de Sédan.
IS 618
17
20 2
40 6
36 33
II 7 12
NANTES.
Du 10 au 28 Décembre 1759.
Meffieurs
m. o. g.
Jofeph Poigneau du Pélevin . 4 14 14
Galbault Dufort , Maître des
Comptes.
245
18 Madame la Veuve Duguenot
Dubreil,
Demonti , ancien Garde du Roi.
Millain , Commiflaire général .
De Brice de Monpleflis- Defcartes,
Defpinofe , Seigneur de Frofay.
De la Rablais , Maître des Comtes.
Stabletonne , Comte de Trêves.
216 21
6 21
3
162 5
II 6
12
9
8559
197 4 12
114ƒ 9
MARS. 1760. 219
GRENOBLE.
Du 17 Décembre 1760. au 3 Janvier
Meffieurs
Du Perreau , Major de Valence.
Le Marq.de Montegnard , Lieutenant
général.
L'Evêque de Dye.
Defguers , Commiffaire or lonnateur
des Guerres en Dauphiné
De Roftaing , Seigneur de Fiancé.
L'Archevêque d'Ambrun .
D'Herculais.
De Fufferet , Confeiller au Parlement.
Le Chapitre de la Cathédrale de Gap .
m. o. g.
55.7
66 7
117 6
23 4 2E
176 2I
149 3
233 18
20.6 12
23 12
A IX.
Du 3 au 27 Décembre 1759.
Meffieurs
L'Archevêque d'Arles .
Le Duc de Villars. ( Second Article . )
Daynt.
Rollin , Marquis de Villeneuve .
m. o. g.
262 2
6
ts
43
164 7
"
153 2 12.
13 7
II 15
Mad. la Marquife de Valbelle.
Dezande-Maziere , Recev. à Siſteron .
Taurel , Gén . Provinc. des Monnoies.
Nicolas Borrelly , Ecuyer,de Marſeille. 186 6 1s
De Creiffel , ancien Lieutenant Colonel
de Cavalerie. 21 4
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
Suite "d'Aix .
m. o. g. de
122
le Chap . de l'Eglife Métropolitaine
d'Aix .
Caftillon , Avocat gén . au Parlem.
l'Evêque de Fréjus .
Saurin de Muras , Confeiller àla
Chambre des Comptes.
Dalbertas , Premier Préſident de
la Cour des Comptes.
Fourbin , Baron d'Aupede.
le Baron de Forbs, Commandant
du Fort S. Jean à Marſeille.
Demie , Major du même Fort.
Mazenor , Préfident à la Cour des
Comptes.
Joannis , Procureur général à la
Cour des Comptes.
Jullien , Avocat au Parlement .
Daugery, Confeiller , Procureur
du Roi à Draguignan.
Michaëlis Dufeuil , Confeiller à la
Cour des Comptes.
de la Roquette , Préfident à ta
Cour des Comptes .
Philippe , Tréforier du Pays .
d'Ecrofe , Ecuyer de la ville du
Pertuis.
d'Albert , Préfident à la Cour des
Comptes.
Boiffon Lafalle , Confeiller à la
Cour des Comptes.
Rouffet , Marquis de Sillons.
Aillaud , Chevalier , Seigneur du
Caftellet.
13 2 18
13694
134
281 4 3
32 79
7512
113 I 21
33 4 28
9 I 3
15 3 18
35 615
91 3
100 I
29
455 3
26 1 13 12
SI I
1062 18
MARS. 1760.
221
RENNES,
Du 11 au 31 Décembre 1759.
Meffieurs
Le Comte de S. Pern - Ligouyer,
Seot , Lieut. de Roi de S. Mało .
Pariette , Receveur général des
devoirs.
ledit fieur.
le Comte Dubois de Lamotte.
Geflin de Trémargat , Préfident
au Parlement.
l'Evêque de S. Malo.
le Comte de Mufillac.
l'Abbaye royale de St Mélaine.
Duplefix d'Argentré , ancien
Major du Rég. de Brancas.
L'Abbaye royale de Redon.
La Communauté des Religieufes
du Colombier , de Rennes.
m . 0. g: d.
109 I
2.3
100 2 13 12
19 6 22 12
43 5 3
27 7
41 S 14
ส
49 4 ΙΣ
697. IS
34621
3.8 3 12
4 7 10 12
MĘT Z.
Du 21 Novembre au 13 Décembre 1759-
Meffieurs
De Carriere , ancien Capitaine des
Grenadiers de France , & Pre
mier Préfident du Bureau des
Finances ,
De Charel , ancien Tréforier.
m. o. g. d.
1 2
171 4 I
K iij
222 MERCURE DE FRANCE.
Suite de Metz.
Meffieurs
D'Aligre, Chanoine de la Collégiale
de S. Sauveur.
l'Evêque de Verdun .
les Chanoines féculiers de S. Louis ,
à Metz.
l'Abbé de Mareille , grand Doyen
de la Cathédrale .
le Comte de Fouquet , Maréchal
de camp.
l'Evêque de Toul .
l'Abbé Donnery, grand Doyen de
la Cathédrale de Toul.
de Vallory, Lieutenant pour le Roi ,
& Ingénieur en chef à Toul.
Le Marquis de Choiseul , Commandant
en Lorraine.
Le Comte de Guftine des Aufftans.
L'Abbé de la Richardie , Abbé de
S. Clément .
Sa Majefté le Roi de Pologne.
Le Chancelier de Lorraine.
De la Galaifiere , fils , Intendant
de Lorraine .
m. 0. g. d.
95536
483 5
12 3 7 36
108 4
174 6 6
193 34
165 6
19 1 2
173 34
812 336
7974
1875 36 IF
t 542 I
Aliot , Grand- Maître de la Maiſon
du Roi de Pologne .
Thomas , grand Doyen de la
Cathédrale.
De Verdun , Fermier général de
Tournée .
Deriffon , Lieuten. de Roi à Verdun.
De Verdun .
Le Baron de Béry , Brigadier des
Armées du Roi.
12967
157 37
17 1 6
90 2
2561
18 67
2376
Mad. la Compeffe de Choiſeul- Meuze. 118 7
MARS. 1760. 2237
STRASBOURG.
Du 22 Novembre , au 30 Décembre 1959.
Meffieurs
Grau , Directeur des Fermes , & Mad.
fa mere.
Etienne , Curé de la Paroiffe Royale de
S. Louis.
Barbier , Receveur des Finances .
Praz, Directeur des Fourrages.
De Trelans , Lieutenant de Roi à Straf
bourg.
De S. André , Lieutenant général , &
Commandant de la Province .
D'Hauteval , Major de la Place.
Baron , Commiffaire ordonnateur.
L'Evêque de Strasbourg.
m. o. g.
584 14
17 4 *
64 3 6
32 2 6
339 6 13
430 3
326 6
99421
731 1 }
2
9 49 3
Aubert , Major de la Place à Strasbourg. 12 7
Denac , Lieut. de Roi au neuf Brilac .
De Klinglin , premier Préfident à
Colmar.
Immendorff, Chancelier de la Collégiale
de Neuviller.
De Mougé , Receveur général des
Finances.
D'Authel , Seigneur de Namsheim.
Rouffeau , Directeur général des Salines
à Dieuſe.
147 4 18
60 3
14 S 1
30 5
6
14 7
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
LILLE .
De Burghelle Cotereau.
Lancy de la Rayere , Secrétaire du Roi.
Farez d'Ogmont , Tréforier des Etatsde
Lille
Imbert de la Plaleque.
Rinquier , Confeiller:
Raffin de Bodigny , Confeiller au Parlement
de Flandre.
De Madre Confeiller.
Bernard , Major de Condé.
Le Mefre du Quénel.
Poulle Davan , Mayeur.
De Wallerave.
De Verghelle.
44 6 7
142 3 6
117 17
1662
2842
47 3
1766
45 7
19 4 S
13 24
Rouffeau , Greffier Criminel.
Madame la Préfi lente de Briffeuille.
Le Baron de Briffeuille.
Pajor , Commiflaire des Guerres.
De Gouve , Subdélégué à Arras .
d'Haffrenques , Subdélégué à Lille.
Begon , Intendant de la Marine
Dunkerque.
de Caumartin , Intendant.
les Religieux de Marchiennes.
le Mefre Crateghem , Bourgeois de
Lille .
le Marquis de Cernay S. Gal
Madame la Marquife les Danois ,
Valenciennes.
Madame la Comteffe de Cernay ,
Valenciennes.
12 1 4
III 2
1964
176 6
60 2
70 6 4
71 2 I
244 I
à
222 7
335 4 S
15922
20 43
22532
à
263 46
à
62 27
Laurent , Commiffaire des Guerres. 246 2 2
MARS. 1760 : 225
Meffieurs
Suite de Lille.
Vanzeler de Santes .
les Religieux de Loos , près Lille.
Madame la Princeffe de Rohan , Abbelle
de Marquére.
les Jéfuites de Douay.
l'Abbaye de l'Oos , près Lille, ( Second
Article. )
Mademoiſelle Beviere , de Douay.
Raziere de la Howardrie , à Douay.
de Logny , Directeur des Fermes,
Dante.
l'Abbaye de Saint, à Douay.
le Marquis de Barbançon.
Muiffard.
le Marquis de Croix.
de Caumartin , Intendant.
Taverne de Reneſeure .
Malus , Commiſſaire des Guerres.
m. 0. g.
129 7 4
134 3 2
110 5 S
161 S
55 3
24
le Marquis de Caftejas , Commandant à
Manhove , Magiftrat.
Mariambourg.
Turpin , Préfident à Mortier.
Baffet , Secrétaire d'Intendance.
de S. Pern , Lieutenant général .
les Jéfuites Ecoffois , de Douay.
Mauroy , Directeur des Domaines au
Hameau.
Somming , Lieutenant de Roi à Valenciennes.
l'Evêque de S. Omer.
Ingiliart du Plois.
Stappens de Fléchinel.
J
de Lefpaule , Négociant à Lille.
MM. les Trinitaires de Douay..
**
32 I 3
7513
38 64
40 I 7
27, 7
80 4 2
359 37
14 2 2
79 $ 5
86
2164
14 7 2
26
9067
t
119 7 $
336 D
39.3
37 7
375 3
70 3 3
186 1 6
5563
1867
K.V
226 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
Suite de Lille.
Les Dames Brigitines de Douay.
d'Henin.
André d'Henin.
Les jefuites d'Armentieres.
L'Abbaye de Phalempin.
de la Haye , de Lille.
Les Jéfuites du Collège de Lille .
l'Abbé Chomel , Chanoine d'Arras.
L'Abbaye de S Bertin , à S. Omer.
de la Tuillerie , Commiflaire Ordonnateur
à Dunkerque.
Belzunce , Lieutenant de Roi à Douay.
Madame la veuve Cramé..
de Surmont Flégart.
de Malezieux , Recev. des Domaines ,
Palifot de Beauvais , Receveur des
Domaines.
Rouffel , Tréforier.
de Fouilleufe , Commandant pour le
Roi à Philippeville.
L'Abbaye de Château ,. en Flandres.
Libert de Beaumont.
m. g.
12 2 2
1433
If I 2
7 3 L
17 4 I
3362
215 62
6023
277 22
6456
45 66
IS 74.
44 3
8922
58 6 1 .
23 6.
17 4 I
2667
63 7
ROUE N.
Du 19 Novembre , au 1 Décembre 1759-
Meffieurs
Chateau . Giron , Directeur des
Fermes.
De la Beuyere , Direct. des Dom
Charles Defchamps , Négociant.
m. o. g. d.
6 46. I
317 7 15
45 1 22 ΓΟ
MARS. 1760. 227
Meffieurs
Suite de Rouen.
Le Marquis Doudelor .
le Préfident du Moucel.
le Préfident Louraille.
Madame l'Abbeffe de S. Louis .
le Febvre , premier Echevin de
Ville.
le Préfident de Bailleul.
Morel , Infpect. des Manufact .
Godinot , Inſpecteur des Indes.
le Préfident de Rouville.
de Chaffaigne , Receveur des
Tailles.
le Président de la Londe.
la Confréirie de S. Clément.
“ Therine , Abbé de S. Victor.
le Président de Motteville.
l'Abbé de Saint Ouin.
m. o. g . d.
81 7 4 12
110 7 12
395 3 12
9 1
546
27 I
119 I
17 I
9 6
171 I
672
7 12
322 I 12
115 7 9
9
14 6 12
6
161 1 4 12
19 12
43
Pigeon , Confeiller au Parlement. 44 4 21
Guerin , de Tourville . 70 I 3
LYON.
Du 26 Novembre au 14 Décembre 1759.
Meffieurs
le Chevalier de Vatenges .
le Commandeur du Saillant .
Poffuel Defverneaux , Préfident.
Guillard , l'aîné Négociant , Suiffe.
de la Vernette de Mâcon .
Mogniat , Docteur de Sorbonne .
1992
m.
0. g.
3
I 2
175 6
152
18 7 21
58 6 18
29
K vj
128 MERCURE DE FRANCE.
Suite de Lyon.
Meffieurs
m. •. g.
Dervieux , Duvillars. 635
16 4 12
10 S
Defpa gnat , Commandant à Bourg.
Vianet.
Tronchin , de Genève , Négociant . 109 4 9
Du Villars , Comte de Lyon .
le Meau , de Ville - franche.
Picaud de la Motte,
Rollin , de Saint Etienne.
le Maître , Médecin à Saint Etienne.
Thioliere , Chang . à St. Etienne.
de Lurieux , de S. Etienne.
le Curé de la Platriere.
Dugas , de Bois S. Juft.
Bodin , Maire de Mâcon.
l'Abbaye de Béniffons- Dieu.
De la Tour- du Pin .
les Chanoines de S. Chef.
l'Archevêque de Vienne.
l'Abbaye de S. André- le-haut.
les Chanoines de Fourviere..
le Curé de Condrieu .
71 13
59 4 IS
544 12
18 2 18
37
8321
20 I 6
30 I
180 6 21
45 63
25 1 12
3 12
SI 4 18
225 3
24 7 12
62
3 I 3
les Chanoines de S. Pierre de Vienne. 75 2 20
de S. Torrent , Abbé de S. Sulpice ,
Ordre de Cîteaux .
les Chanoines de l'Eglife Cathédrale
de Vienne.
de a Roquette , Secrétaire du Roi.
Terraffon , Négociant.
Valfrai , Imprimeur du Roi.
Jaquette , Curé de Saint Bonet.
222 3 12
33 S IS
128 2 15
88 3 18
45 [ 21
1 2 6
MARS. 1760.
22.0
LA ROCHELLE.
Du au 24 Décembre 1.7.59.
Meffieurs
Valler , de Sallignac de Marennes.
Poujaud de Montjardin , Receveur
des Tailles.
le Maréchal de Senectere , Commandant.
Madame Desherbieres , veuve .
Andrien, Commiffaire de la Marine
à Rochefort .
du Barail , Vice- Amiral de France.
Rochard , A vocat.
Les Bénédictins de S. Michel en
Therm .
de Pont , Tréforier de France .
Bechillon de Vallans .
le Marquis de Brémond.
m. 0.
g.t
142 5
502 I 6
57 7
2316
I 2
67 6
6
109 7 12
33
143 S 12
Petit , Receveur général des Fermes
du Roi. 154 3 12
BORDEA U'X.
Du 13 au 29 Décembre 1759.
Meffieurs
Latour , Recev. des Tailles d'Agen.
Les Bénédictins de Bordeaux .
La Grauler , Commandant du
Château Trompette.
Les Bénédictins de la Réole.
46
196 7:18
32 1 18
36
230 MERCURE DE FRANCE
Suite de Bordeaux.
Messieurs
Le Duc de la Force.
m. o. g.
3636 6
24 I Les Bénédictins de la Sauve. 6
Meilhan , Syndic du Chapitre de
Saint Michel de la Réole.
Le même.
le Duc de Lorges , Commandant en
75
7 I
Guienne.
Canniere.
124 3 6
10 7 21
TOULOUSE.
Du 12 au 31 Décembre 1759 .
Meffieurs
du Guefclin , Evêque de Cahors.
de Langles , Evêque de S. Papoul .
Nárbonne , Evêque de Laftoure.
MM . les Chapelains de Gazeron.
le Marquis d'Alzan .
de Celés , Confeiller au Parlement .
Grimaldy , Evêque de Rhodés.
Baftard , Profeffeur.
les Dames Feuillentines , de Toulouſe.
l'Abbaye de la Baftide des Feuillans .
le Comte de Marlartie .
Catalan , Evêque de Rieux.
m. o. g.
253 I2
290 4 12
219 3
123 2 12
726
73
54
28
ΙΣ
16 6 18
47 6
168 6
88
124 2
II 4 ΙΣ
Boucaud , Evêque d'Alet.
Madame Doujat.
de Fontange , Evêque de Lavaur .
d'Aignant , Préfident au Préfidial à
Auch.
le Comte de Lupé du Garonné.
Madame de Bonnal de la Granliere .
L'Eglife de la Baſtide du Seron.
64 3 ri
27 3
652
81.
77
MARS. 1760. 13 སྨྲ
MONTPELLIER.
Du 30 Novembre au 31 Décembre 1759.
Mefsieurs
le Chevalier de Botteville , Commandant
à Alais .
l'Evêque d'Alais.
l'Archevêque de Narbonne.
le Maréchal de Thomond.
l'Archevêque de Toulouſe.
le Comte de Rhote , Lieut. général.
le Marquis de S. Felix .
d'Alfanty , d'Alais.
l'Evêque d'Uzès.
le Chevalier d'Alais .
l'Evêque de Carcaffonne.
l'Archidiacre de Narbonne.
m. o. go
45 7 18
22 7
415 6
66 3 12
ISS 5 12
203 4 12
118 6 12
356
125 I
33 3 6₁
228 I
74 6 12
60 3 12
ر
Delpech , Ecuyer.
l'Evêque de Beziers.
l'Evêque de Lodève.
l'Evêque de Mende.
204 12
985
le Marquis de Calviere , Lieut, gén . 78 4
de Montaulieu S , Hypolyte.
275 S
283
DIJON.
Du 4 Décembre 1759 , au 7 Janvier 1760%
Meffieurs
de Gramond , Préfident à la Chambre
des Comptes.
de Buffon.
de la Martine.
m. o. g
47.4 . 12
61 4
19 5 124
** MERCURE DE FRANCE.
Suite de Dijon
Messieurs
Poulletier , Receveur Général des Domaines.
de Vergennes , Préfident à la Chambre
des Comptes.
Madame la Comtelle des Barres .
Le Prieuré de Maiziere , Ordre de
Citeaux.
de Vellemont , Confeiller au Parlem.
de Varrene , Secrétaire des Etats de
m. o. g.
40 6 12
40 7
14 I
185 2
47 1 6
122 6
Bourgogne .
de la Valette , Capitaine de Vaiffeaux. 280
Madame Rigoley. 411 7 18
de Montigny , Directeur des Fermes, 200 4 6 de Bouhier de Chevigny
.
de Montdragon , Maître- d'hôtel du
Roi
Gaudelet , Ecuyer.
de Breffey , Seigneur du Baffin
Vaillant.
Cureau , Prêtre à Chaillon.
Les Dames Religieufes de la Vifitation
de Dijon.
le Marquis de Longecour , Capitaine
148
339 3 18
15 18
60
8 2 18
127
161 2 18
1296
3:23 4
55 12
Ruffey , Préfident . 170 I 6
4. 3
le Chevalier Bouhier , Brigadier des
Armées du Roi. 249 5
896 6
le Marqns d'Inceny , de Châlons, 158
Les jacobins de Dijon. 73-418
Lamy de Sameray , ancien Confeiller
de Cavalerie.
au Parlement .
Madame la Préfidente Richard.
Perrault , Maire de Châlons.
Madame l'Abbeffe de S Julien.
MARS. 1760, 233
Meffieurs
Suite de Dijon.
m.
Madame la Préfidente de Verfalieux . 79, 2
l'Abbé Ballin.
Les Dames Religienfes du Réfuge de
Dijon.
Madame la Préfidente de Périgny.
Madame de Migieux.
de Buffon . Second Article. )
Madame de la Foreſt,
63824
61 1 12
127 5 12
235 1 6
39 S 12
2303
PERPIGNAN.
Du 6 au 11 Décembre 1759.
Meffieurs
le Grand - Prieur de Cahors.
de Redon , Lieutenant de Roi.
le Commandant de Cahors,
Le même.
Hugues.
m. o. g.
93 12
102 I
86 3
65
12
21 7
Meffieurs
ORLEANS.
Du 2 au 11 Janvier 1760.
L'Eglife de S. Vincent d'Orléans.
L'Eglife Royale de S. Aignant.
Les anciens Carmes.
Les Carmes déchauffés.
Le Seminaire d'Orléans.
m. o.
15 S
132 5
34 6 12
35
z 2 X2
234 MERCURE DE FRANCE.
Messieurs
Suite d'Orléans:
Les Chartreux d'Orléans .
Les Minimes d'Orléans .
Les Jéfuites du Collège d'Orléans.
Les Jéfuites de la Congrégation.
Les Religieux d'Ambert.
de S. Michel , premier Préſident de
la Chambre des Comptes de Blois.
Les Religieux de l'Abbaye de l'Aumône
, dite le petit Cîteaux , dans
le Comté de Dunois .
"
Les Freres Prêcheurs d'Orléans .
Poulin , Prieur de Vouron.
MM. du Chapitre de l'Eglife de Notre-
Dame de Clery , Diocèſe d'Orléans.
m . o. g.
45 4
19 2
130
SI S
26 2 18
79 2 12
22 3
34 2
3 I
24 2 露
LIMOGES.
Du 17 Janvier au 3 Février 1760 .
" Meffieurs
Les Bénédictins de Limoges.
Limoges.
Madame l'Abbeffe des Allois , de
Alexandre Galard de Béarn.
L'Abbaye de Solignac.
L'Evêque de Perpignan .
m. o. g.
38
16
14 7
33 2
226 4 I
MARS. 1760. 235
BOURGES.
Du 22 Janvier au 11 Février 1760 .
Meffieurs
L'Eglife de Bourges.
Les Bénédictins de Bourges .
L'Abbaye de Saint Laurent .
MM. les Chanoines Réguliers de
Bourges.
Les Auguftins de Bourges.
m. o. g.
୨୨ 7
27.6
24 4
46
12 I
235
Les Bernardines de Bourges. 35 I
+44
La Paroiffe de Saint Pierre ,
le
Les Peres Jéfuites.
marché de Bourges.
La Congrégation deſdits Jéfuites .
d'Orfanne de Tizay , d'Iffoudun .
38 2 2
40 I
18 3 2
19 5 6
Meffieurs
AMIENS.
Du Février , au 13 dudit.
L'Abbaye de Cercamps .
le Vaffeur .
le Marquis de Clermont-Tonnerre.
m . o.
g.
34 7 S
10 I I
13857
23.6. MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
TOURS.
Du 2 au 28 Janvier 1760.
Les Religieux de l'Abbaye de Bourgueil.
MM. du Chapitre de S, Martin.
Les Dames Religieuf.de la Virginité,
Ordre de Citeaux.
L'Eglife de S. Gation, de Tours.
Les Jéfaites du Collège, de Tours.
Les Religieux Feuillans .
Les Peres Minimes du grand
Couvent lès- Tours.
m. 0. g.
31 7 16 12
991 19 12
14 3 22 12
6
9
34 2
so
11 3 19 12
18 6 9
CAEN.
Du 11 ay 31 Décembre 1.7 5.9º
Meffieurs m.
Les Jéfuites. 28 S
Les Dames de la Charité . 9 64%
Dufrêne. 43 3 S
Madame de la Narvanderie. 17 47
Boquet. 10 5 4
de la Virganerie.
Madame & Mlle de Sévaut.
Madame de Baron.
17 4 1
103 I f
7942
Madame de Claffy. 24 រ
d'Hermanville.
de Freſnel. 8967
MARS. 1760. 237
Suite de Caën.
Meffieurs
de Louvigny.
L'Abbaye de Beaumont.
L'Abbaye de S. Vigor.
Le Curé de Talvaude.
Madame de Carbonel.
L'Abbaye de Cérify.
Madame de Saint Louver.
Madame de Lagny.
M. 0. g.
55 24
17 6 1
19 6 4
20 2 I
2253
1422
IIS
46.4 5
31 53
13 47
de Caligny.
de Molandé.
d'Aurcher.
29 25
Madame de Branay. 154 6.4
l'Evêque de Lifieux. 201 I S
de Belleville.
de Miéville.
Marie , Avocat.
123 26
12 2 5
9.3.5
Les Confreres de Condé. ΤΟ 2
L'Abbaye de Barbery.
66 15
Madame le Vaillant.
de Baudis .
32 27
35 3 4
Madame de Buron.
d'Hourville.
le Marquis d'Harcourt.
de Therre.
de Caligny.
Piedoux.
Routier.
de Biodoffe.
Madame de Caftilly .
21 2
129 6 7
170 I 4
79 47
3525
134 7.3
45
16
27 66
203 7 I
238 MERCURE DE FRANCE.
RIOM.
Du 10 Décembre 1759 , au 5 Janvier 1760 .
Meffieurs
m. o. g.
Dufraiffe Duché , Procureur du Roi. 87 7 4
le Comte de Jampigny.
de la Vilatel.
Du tour Carré .
le Marquis de Chabanne .
1307
57 4
255
54 7
Disbray , Receveur des Tailles.
le Comte de la Richardie .
de Laval de la Crême , Subdélégué
. à Riom.
Les Bénédictins de la Chaife- Dieu.
Les Bénédictins de Saint Allir de
Clermont.
L'Evêque de S. Flour,
SS I
7936
746
193 16
30 52
191
PASU.
Du 12 au 28 Décembre 1759.
Meffieurs
m. o. g.
le Comte de Grammont. 328 1 15
de Lille , Commiff. des Guerres. 95 5 15
de Courreges Agnos , Confeiller
au Parlement .
le Baron d'Arboucave .
de Belegarde , Lieuten. de Roi.
108 7 15
34 6 18
87 3
MARS. 1760. 239
Meffieurs
Suite de Pau .
Lavant , Receveur des Décimes
à Tarbes.
Les Bénédictins de S. Severcap .
de Logras , Confeiller au Parlement
de Navarre.
m. o. g. d.
13 I
822
4 12
49.3 6
POITIERS.
Du 31 Décembre 1759 , au 17 Janvier 1760 .
Meffieurs
de Choupper , Major du Régiment
de Beauvilliers .
Fouen , Receveur des Tailles.
L'Abbaye de Ste , Croix de Poitiers .
L'Abbaye de l'Etoille , Ordre de
Cîteaux .
m . o. g.
156 5 12
26 I 12
36 6 12
42 If
52 3 12
26 4 18
>
L'Abbaye du Pin , Ordre de Cîteaux .
Palteau , Tréforier de France.
L'Abbaye Royale de Bonnevaux
Ordre de Cîteaux .
L'Abbaye de Saint Jouin , Ordre
de Saint Benoît.
II I
38 7 12
་ ,
I
240 MERCURE DE FRANCE.
BESANÇON.
Du 22 Décembre 1759 , au 8 Janvier 1760 .
Meffieurs
Sarrette.
L'Abbaye de Luzelle.
Colombe.
de Génevreuille.
Mirondot.
de la Rouffelliere.
de Villier.
de Franchevelle.
L'Abbaye de Chalieux.
le Comte de Molans.
´m. o. f.
576
25 5
3612
15378
14 7 If
12 I
d2f-12
18 3 12
-86
12 1
aux Monnoies des Villes de Province.
RHEIM S.
Du 3 Décembre 1759 , au 31 dudit.
Meffieurs
Henri Duwalk , Comte de Dampierre.
L'Evêque de Sidon.
le Marquis de Longueval.
le Baron de Viffec de la Cude.
Duchêne de Ruville, Commiffaire
Provincial à Sedan.
Dubois de Livry , ancien Capitaine
au Régiment Dauphin , Caval.
Charonnier d'Hauterive , Lieuten.
pour le Roi à Rocroy.
Leleu , Receveur des Tailles à
Rheims.
Didelot , Direct. des Aides à Châlons.
l'Abbaye d'Igny , Ordre de Câteaux .
Croifat , Baron de Thiers.
l'Abbaye de S. Remi , de Rheinis .
l'Abbaye de S. Nicaife , de Rheims.
l'Abbaye de Valfecret , Ordre de
Prémontré.
l'Abbaye de Valchrétien , ' Ordre
dé Prémontré.
les R. P. Cordeliers de Rheims.
l'Abbaye de S. Pierre d'Hautvilliers.
Dorigny, Ecuyer , Seigneur d'Agny.
m. g.
33 7 12
IQ
3 6
133 6
53 2
18
60 S
$67 6
228
17
365 18
97 5
71
S
50 3
86
3-12
52
18
23 4
73 2 12
SI 4
218 MERCURE DE FRANCE
M.fieurs
Suite de Rheims .
m .
0. ğ
124 IS
82 3
21 2 6
De Cambray , Secrét. du Roi.
l'Abbaye des Trois- Fontaines.
d'Haudrecy , Brigadier des armées
du Roi.
La Compagnie de Meffieurs les
Chevaliers de l'Arquebule.
l'Abbaye de Saint Thierry.
l'Abbaye des Dames d'Argenfol .
Domilier , Directeur général des
Fermes à Soiffons .
l'Abbaye des Dames de l'Amour-
Dieu , Ordre de Cîteaux .
Maldan de Courchamps , Aide-
Major de la Ville de Sédan.
IS 618
17
20 2
40 6
36 33
II 7 12
NANTES.
Du 10 au 28 Décembre 1759.
Meffieurs
m. o. g.
Jofeph Poigneau du Pélevin . 4 14 14
Galbault Dufort , Maître des
Comptes.
245
18 Madame la Veuve Duguenot
Dubreil,
Demonti , ancien Garde du Roi.
Millain , Commiflaire général .
De Brice de Monpleflis- Defcartes,
Defpinofe , Seigneur de Frofay.
De la Rablais , Maître des Comtes.
Stabletonne , Comte de Trêves.
216 21
6 21
3
162 5
II 6
12
9
8559
197 4 12
114ƒ 9
MARS. 1760. 219
GRENOBLE.
Du 17 Décembre 1760. au 3 Janvier
Meffieurs
Du Perreau , Major de Valence.
Le Marq.de Montegnard , Lieutenant
général.
L'Evêque de Dye.
Defguers , Commiffaire or lonnateur
des Guerres en Dauphiné
De Roftaing , Seigneur de Fiancé.
L'Archevêque d'Ambrun .
D'Herculais.
De Fufferet , Confeiller au Parlement.
Le Chapitre de la Cathédrale de Gap .
m. o. g.
55.7
66 7
117 6
23 4 2E
176 2I
149 3
233 18
20.6 12
23 12
A IX.
Du 3 au 27 Décembre 1759.
Meffieurs
L'Archevêque d'Arles .
Le Duc de Villars. ( Second Article . )
Daynt.
Rollin , Marquis de Villeneuve .
m. o. g.
262 2
6
ts
43
164 7
"
153 2 12.
13 7
II 15
Mad. la Marquife de Valbelle.
Dezande-Maziere , Recev. à Siſteron .
Taurel , Gén . Provinc. des Monnoies.
Nicolas Borrelly , Ecuyer,de Marſeille. 186 6 1s
De Creiffel , ancien Lieutenant Colonel
de Cavalerie. 21 4
Kij
220 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
Suite "d'Aix .
m. o. g. de
122
le Chap . de l'Eglife Métropolitaine
d'Aix .
Caftillon , Avocat gén . au Parlem.
l'Evêque de Fréjus .
Saurin de Muras , Confeiller àla
Chambre des Comptes.
Dalbertas , Premier Préſident de
la Cour des Comptes.
Fourbin , Baron d'Aupede.
le Baron de Forbs, Commandant
du Fort S. Jean à Marſeille.
Demie , Major du même Fort.
Mazenor , Préfident à la Cour des
Comptes.
Joannis , Procureur général à la
Cour des Comptes.
Jullien , Avocat au Parlement .
Daugery, Confeiller , Procureur
du Roi à Draguignan.
Michaëlis Dufeuil , Confeiller à la
Cour des Comptes.
de la Roquette , Préfident à ta
Cour des Comptes .
Philippe , Tréforier du Pays .
d'Ecrofe , Ecuyer de la ville du
Pertuis.
d'Albert , Préfident à la Cour des
Comptes.
Boiffon Lafalle , Confeiller à la
Cour des Comptes.
Rouffet , Marquis de Sillons.
Aillaud , Chevalier , Seigneur du
Caftellet.
13 2 18
13694
134
281 4 3
32 79
7512
113 I 21
33 4 28
9 I 3
15 3 18
35 615
91 3
100 I
29
455 3
26 1 13 12
SI I
1062 18
MARS. 1760.
221
RENNES,
Du 11 au 31 Décembre 1759.
Meffieurs
Le Comte de S. Pern - Ligouyer,
Seot , Lieut. de Roi de S. Mało .
Pariette , Receveur général des
devoirs.
ledit fieur.
le Comte Dubois de Lamotte.
Geflin de Trémargat , Préfident
au Parlement.
l'Evêque de S. Malo.
le Comte de Mufillac.
l'Abbaye royale de St Mélaine.
Duplefix d'Argentré , ancien
Major du Rég. de Brancas.
L'Abbaye royale de Redon.
La Communauté des Religieufes
du Colombier , de Rennes.
m . 0. g: d.
109 I
2.3
100 2 13 12
19 6 22 12
43 5 3
27 7
41 S 14
ส
49 4 ΙΣ
697. IS
34621
3.8 3 12
4 7 10 12
MĘT Z.
Du 21 Novembre au 13 Décembre 1759-
Meffieurs
De Carriere , ancien Capitaine des
Grenadiers de France , & Pre
mier Préfident du Bureau des
Finances ,
De Charel , ancien Tréforier.
m. o. g. d.
1 2
171 4 I
K iij
222 MERCURE DE FRANCE.
Suite de Metz.
Meffieurs
D'Aligre, Chanoine de la Collégiale
de S. Sauveur.
l'Evêque de Verdun .
les Chanoines féculiers de S. Louis ,
à Metz.
l'Abbé de Mareille , grand Doyen
de la Cathédrale .
le Comte de Fouquet , Maréchal
de camp.
l'Evêque de Toul .
l'Abbé Donnery, grand Doyen de
la Cathédrale de Toul.
de Vallory, Lieutenant pour le Roi ,
& Ingénieur en chef à Toul.
Le Marquis de Choiseul , Commandant
en Lorraine.
Le Comte de Guftine des Aufftans.
L'Abbé de la Richardie , Abbé de
S. Clément .
Sa Majefté le Roi de Pologne.
Le Chancelier de Lorraine.
De la Galaifiere , fils , Intendant
de Lorraine .
m. 0. g. d.
95536
483 5
12 3 7 36
108 4
174 6 6
193 34
165 6
19 1 2
173 34
812 336
7974
1875 36 IF
t 542 I
Aliot , Grand- Maître de la Maiſon
du Roi de Pologne .
Thomas , grand Doyen de la
Cathédrale.
De Verdun , Fermier général de
Tournée .
Deriffon , Lieuten. de Roi à Verdun.
De Verdun .
Le Baron de Béry , Brigadier des
Armées du Roi.
12967
157 37
17 1 6
90 2
2561
18 67
2376
Mad. la Compeffe de Choiſeul- Meuze. 118 7
MARS. 1760. 2237
STRASBOURG.
Du 22 Novembre , au 30 Décembre 1959.
Meffieurs
Grau , Directeur des Fermes , & Mad.
fa mere.
Etienne , Curé de la Paroiffe Royale de
S. Louis.
Barbier , Receveur des Finances .
Praz, Directeur des Fourrages.
De Trelans , Lieutenant de Roi à Straf
bourg.
De S. André , Lieutenant général , &
Commandant de la Province .
D'Hauteval , Major de la Place.
Baron , Commiffaire ordonnateur.
L'Evêque de Strasbourg.
m. o. g.
584 14
17 4 *
64 3 6
32 2 6
339 6 13
430 3
326 6
99421
731 1 }
2
9 49 3
Aubert , Major de la Place à Strasbourg. 12 7
Denac , Lieut. de Roi au neuf Brilac .
De Klinglin , premier Préfident à
Colmar.
Immendorff, Chancelier de la Collégiale
de Neuviller.
De Mougé , Receveur général des
Finances.
D'Authel , Seigneur de Namsheim.
Rouffeau , Directeur général des Salines
à Dieuſe.
147 4 18
60 3
14 S 1
30 5
6
14 7
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
LILLE .
De Burghelle Cotereau.
Lancy de la Rayere , Secrétaire du Roi.
Farez d'Ogmont , Tréforier des Etatsde
Lille
Imbert de la Plaleque.
Rinquier , Confeiller:
Raffin de Bodigny , Confeiller au Parlement
de Flandre.
De Madre Confeiller.
Bernard , Major de Condé.
Le Mefre du Quénel.
Poulle Davan , Mayeur.
De Wallerave.
De Verghelle.
44 6 7
142 3 6
117 17
1662
2842
47 3
1766
45 7
19 4 S
13 24
Rouffeau , Greffier Criminel.
Madame la Préfi lente de Briffeuille.
Le Baron de Briffeuille.
Pajor , Commiflaire des Guerres.
De Gouve , Subdélégué à Arras .
d'Haffrenques , Subdélégué à Lille.
Begon , Intendant de la Marine
Dunkerque.
de Caumartin , Intendant.
les Religieux de Marchiennes.
le Mefre Crateghem , Bourgeois de
Lille .
le Marquis de Cernay S. Gal
Madame la Marquife les Danois ,
Valenciennes.
Madame la Comteffe de Cernay ,
Valenciennes.
12 1 4
III 2
1964
176 6
60 2
70 6 4
71 2 I
244 I
à
222 7
335 4 S
15922
20 43
22532
à
263 46
à
62 27
Laurent , Commiffaire des Guerres. 246 2 2
MARS. 1760 : 225
Meffieurs
Suite de Lille.
Vanzeler de Santes .
les Religieux de Loos , près Lille.
Madame la Princeffe de Rohan , Abbelle
de Marquére.
les Jéfuites de Douay.
l'Abbaye de l'Oos , près Lille, ( Second
Article. )
Mademoiſelle Beviere , de Douay.
Raziere de la Howardrie , à Douay.
de Logny , Directeur des Fermes,
Dante.
l'Abbaye de Saint, à Douay.
le Marquis de Barbançon.
Muiffard.
le Marquis de Croix.
de Caumartin , Intendant.
Taverne de Reneſeure .
Malus , Commiſſaire des Guerres.
m. 0. g.
129 7 4
134 3 2
110 5 S
161 S
55 3
24
le Marquis de Caftejas , Commandant à
Manhove , Magiftrat.
Mariambourg.
Turpin , Préfident à Mortier.
Baffet , Secrétaire d'Intendance.
de S. Pern , Lieutenant général .
les Jéfuites Ecoffois , de Douay.
Mauroy , Directeur des Domaines au
Hameau.
Somming , Lieutenant de Roi à Valenciennes.
l'Evêque de S. Omer.
Ingiliart du Plois.
Stappens de Fléchinel.
J
de Lefpaule , Négociant à Lille.
MM. les Trinitaires de Douay..
**
32 I 3
7513
38 64
40 I 7
27, 7
80 4 2
359 37
14 2 2
79 $ 5
86
2164
14 7 2
26
9067
t
119 7 $
336 D
39.3
37 7
375 3
70 3 3
186 1 6
5563
1867
K.V
226 MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
Suite de Lille.
Les Dames Brigitines de Douay.
d'Henin.
André d'Henin.
Les jefuites d'Armentieres.
L'Abbaye de Phalempin.
de la Haye , de Lille.
Les Jéfuites du Collège de Lille .
l'Abbé Chomel , Chanoine d'Arras.
L'Abbaye de S Bertin , à S. Omer.
de la Tuillerie , Commiflaire Ordonnateur
à Dunkerque.
Belzunce , Lieutenant de Roi à Douay.
Madame la veuve Cramé..
de Surmont Flégart.
de Malezieux , Recev. des Domaines ,
Palifot de Beauvais , Receveur des
Domaines.
Rouffel , Tréforier.
de Fouilleufe , Commandant pour le
Roi à Philippeville.
L'Abbaye de Château ,. en Flandres.
Libert de Beaumont.
m. g.
12 2 2
1433
If I 2
7 3 L
17 4 I
3362
215 62
6023
277 22
6456
45 66
IS 74.
44 3
8922
58 6 1 .
23 6.
17 4 I
2667
63 7
ROUE N.
Du 19 Novembre , au 1 Décembre 1759-
Meffieurs
Chateau . Giron , Directeur des
Fermes.
De la Beuyere , Direct. des Dom
Charles Defchamps , Négociant.
m. o. g. d.
6 46. I
317 7 15
45 1 22 ΓΟ
MARS. 1760. 227
Meffieurs
Suite de Rouen.
Le Marquis Doudelor .
le Préfident du Moucel.
le Préfident Louraille.
Madame l'Abbeffe de S. Louis .
le Febvre , premier Echevin de
Ville.
le Préfident de Bailleul.
Morel , Infpect. des Manufact .
Godinot , Inſpecteur des Indes.
le Préfident de Rouville.
de Chaffaigne , Receveur des
Tailles.
le Président de la Londe.
la Confréirie de S. Clément.
“ Therine , Abbé de S. Victor.
le Président de Motteville.
l'Abbé de Saint Ouin.
m. o. g . d.
81 7 4 12
110 7 12
395 3 12
9 1
546
27 I
119 I
17 I
9 6
171 I
672
7 12
322 I 12
115 7 9
9
14 6 12
6
161 1 4 12
19 12
43
Pigeon , Confeiller au Parlement. 44 4 21
Guerin , de Tourville . 70 I 3
LYON.
Du 26 Novembre au 14 Décembre 1759.
Meffieurs
le Chevalier de Vatenges .
le Commandeur du Saillant .
Poffuel Defverneaux , Préfident.
Guillard , l'aîné Négociant , Suiffe.
de la Vernette de Mâcon .
Mogniat , Docteur de Sorbonne .
1992
m.
0. g.
3
I 2
175 6
152
18 7 21
58 6 18
29
K vj
128 MERCURE DE FRANCE.
Suite de Lyon.
Meffieurs
m. •. g.
Dervieux , Duvillars. 635
16 4 12
10 S
Defpa gnat , Commandant à Bourg.
Vianet.
Tronchin , de Genève , Négociant . 109 4 9
Du Villars , Comte de Lyon .
le Meau , de Ville - franche.
Picaud de la Motte,
Rollin , de Saint Etienne.
le Maître , Médecin à Saint Etienne.
Thioliere , Chang . à St. Etienne.
de Lurieux , de S. Etienne.
le Curé de la Platriere.
Dugas , de Bois S. Juft.
Bodin , Maire de Mâcon.
l'Abbaye de Béniffons- Dieu.
De la Tour- du Pin .
les Chanoines de S. Chef.
l'Archevêque de Vienne.
l'Abbaye de S. André- le-haut.
les Chanoines de Fourviere..
le Curé de Condrieu .
71 13
59 4 IS
544 12
18 2 18
37
8321
20 I 6
30 I
180 6 21
45 63
25 1 12
3 12
SI 4 18
225 3
24 7 12
62
3 I 3
les Chanoines de S. Pierre de Vienne. 75 2 20
de S. Torrent , Abbé de S. Sulpice ,
Ordre de Cîteaux .
les Chanoines de l'Eglife Cathédrale
de Vienne.
de a Roquette , Secrétaire du Roi.
Terraffon , Négociant.
Valfrai , Imprimeur du Roi.
Jaquette , Curé de Saint Bonet.
222 3 12
33 S IS
128 2 15
88 3 18
45 [ 21
1 2 6
MARS. 1760.
22.0
LA ROCHELLE.
Du au 24 Décembre 1.7.59.
Meffieurs
Valler , de Sallignac de Marennes.
Poujaud de Montjardin , Receveur
des Tailles.
le Maréchal de Senectere , Commandant.
Madame Desherbieres , veuve .
Andrien, Commiffaire de la Marine
à Rochefort .
du Barail , Vice- Amiral de France.
Rochard , A vocat.
Les Bénédictins de S. Michel en
Therm .
de Pont , Tréforier de France .
Bechillon de Vallans .
le Marquis de Brémond.
m. 0.
g.t
142 5
502 I 6
57 7
2316
I 2
67 6
6
109 7 12
33
143 S 12
Petit , Receveur général des Fermes
du Roi. 154 3 12
BORDEA U'X.
Du 13 au 29 Décembre 1759.
Meffieurs
Latour , Recev. des Tailles d'Agen.
Les Bénédictins de Bordeaux .
La Grauler , Commandant du
Château Trompette.
Les Bénédictins de la Réole.
46
196 7:18
32 1 18
36
230 MERCURE DE FRANCE
Suite de Bordeaux.
Messieurs
Le Duc de la Force.
m. o. g.
3636 6
24 I Les Bénédictins de la Sauve. 6
Meilhan , Syndic du Chapitre de
Saint Michel de la Réole.
Le même.
le Duc de Lorges , Commandant en
75
7 I
Guienne.
Canniere.
124 3 6
10 7 21
TOULOUSE.
Du 12 au 31 Décembre 1759 .
Meffieurs
du Guefclin , Evêque de Cahors.
de Langles , Evêque de S. Papoul .
Nárbonne , Evêque de Laftoure.
MM . les Chapelains de Gazeron.
le Marquis d'Alzan .
de Celés , Confeiller au Parlement .
Grimaldy , Evêque de Rhodés.
Baftard , Profeffeur.
les Dames Feuillentines , de Toulouſe.
l'Abbaye de la Baftide des Feuillans .
le Comte de Marlartie .
Catalan , Evêque de Rieux.
m. o. g.
253 I2
290 4 12
219 3
123 2 12
726
73
54
28
ΙΣ
16 6 18
47 6
168 6
88
124 2
II 4 ΙΣ
Boucaud , Evêque d'Alet.
Madame Doujat.
de Fontange , Evêque de Lavaur .
d'Aignant , Préfident au Préfidial à
Auch.
le Comte de Lupé du Garonné.
Madame de Bonnal de la Granliere .
L'Eglife de la Baſtide du Seron.
64 3 ri
27 3
652
81.
77
MARS. 1760. 13 སྨྲ
MONTPELLIER.
Du 30 Novembre au 31 Décembre 1759.
Mefsieurs
le Chevalier de Botteville , Commandant
à Alais .
l'Evêque d'Alais.
l'Archevêque de Narbonne.
le Maréchal de Thomond.
l'Archevêque de Toulouſe.
le Comte de Rhote , Lieut. général.
le Marquis de S. Felix .
d'Alfanty , d'Alais.
l'Evêque d'Uzès.
le Chevalier d'Alais .
l'Evêque de Carcaffonne.
l'Archidiacre de Narbonne.
m. o. go
45 7 18
22 7
415 6
66 3 12
ISS 5 12
203 4 12
118 6 12
356
125 I
33 3 6₁
228 I
74 6 12
60 3 12
ر
Delpech , Ecuyer.
l'Evêque de Beziers.
l'Evêque de Lodève.
l'Evêque de Mende.
204 12
985
le Marquis de Calviere , Lieut, gén . 78 4
de Montaulieu S , Hypolyte.
275 S
283
DIJON.
Du 4 Décembre 1759 , au 7 Janvier 1760%
Meffieurs
de Gramond , Préfident à la Chambre
des Comptes.
de Buffon.
de la Martine.
m. o. g
47.4 . 12
61 4
19 5 124
** MERCURE DE FRANCE.
Suite de Dijon
Messieurs
Poulletier , Receveur Général des Domaines.
de Vergennes , Préfident à la Chambre
des Comptes.
Madame la Comtelle des Barres .
Le Prieuré de Maiziere , Ordre de
Citeaux.
de Vellemont , Confeiller au Parlem.
de Varrene , Secrétaire des Etats de
m. o. g.
40 6 12
40 7
14 I
185 2
47 1 6
122 6
Bourgogne .
de la Valette , Capitaine de Vaiffeaux. 280
Madame Rigoley. 411 7 18
de Montigny , Directeur des Fermes, 200 4 6 de Bouhier de Chevigny
.
de Montdragon , Maître- d'hôtel du
Roi
Gaudelet , Ecuyer.
de Breffey , Seigneur du Baffin
Vaillant.
Cureau , Prêtre à Chaillon.
Les Dames Religieufes de la Vifitation
de Dijon.
le Marquis de Longecour , Capitaine
148
339 3 18
15 18
60
8 2 18
127
161 2 18
1296
3:23 4
55 12
Ruffey , Préfident . 170 I 6
4. 3
le Chevalier Bouhier , Brigadier des
Armées du Roi. 249 5
896 6
le Marqns d'Inceny , de Châlons, 158
Les jacobins de Dijon. 73-418
Lamy de Sameray , ancien Confeiller
de Cavalerie.
au Parlement .
Madame la Préfidente Richard.
Perrault , Maire de Châlons.
Madame l'Abbeffe de S Julien.
MARS. 1760, 233
Meffieurs
Suite de Dijon.
m.
Madame la Préfidente de Verfalieux . 79, 2
l'Abbé Ballin.
Les Dames Religienfes du Réfuge de
Dijon.
Madame la Préfidente de Périgny.
Madame de Migieux.
de Buffon . Second Article. )
Madame de la Foreſt,
63824
61 1 12
127 5 12
235 1 6
39 S 12
2303
PERPIGNAN.
Du 6 au 11 Décembre 1759.
Meffieurs
le Grand - Prieur de Cahors.
de Redon , Lieutenant de Roi.
le Commandant de Cahors,
Le même.
Hugues.
m. o. g.
93 12
102 I
86 3
65
12
21 7
Meffieurs
ORLEANS.
Du 2 au 11 Janvier 1760.
L'Eglife de S. Vincent d'Orléans.
L'Eglife Royale de S. Aignant.
Les anciens Carmes.
Les Carmes déchauffés.
Le Seminaire d'Orléans.
m. o.
15 S
132 5
34 6 12
35
z 2 X2
234 MERCURE DE FRANCE.
Messieurs
Suite d'Orléans:
Les Chartreux d'Orléans .
Les Minimes d'Orléans .
Les Jéfuites du Collège d'Orléans.
Les Jéfuites de la Congrégation.
Les Religieux d'Ambert.
de S. Michel , premier Préſident de
la Chambre des Comptes de Blois.
Les Religieux de l'Abbaye de l'Aumône
, dite le petit Cîteaux , dans
le Comté de Dunois .
"
Les Freres Prêcheurs d'Orléans .
Poulin , Prieur de Vouron.
MM. du Chapitre de l'Eglife de Notre-
Dame de Clery , Diocèſe d'Orléans.
m . o. g.
45 4
19 2
130
SI S
26 2 18
79 2 12
22 3
34 2
3 I
24 2 露
LIMOGES.
Du 17 Janvier au 3 Février 1760 .
" Meffieurs
Les Bénédictins de Limoges.
Limoges.
Madame l'Abbeffe des Allois , de
Alexandre Galard de Béarn.
L'Abbaye de Solignac.
L'Evêque de Perpignan .
m. o. g.
38
16
14 7
33 2
226 4 I
MARS. 1760. 235
BOURGES.
Du 22 Janvier au 11 Février 1760 .
Meffieurs
L'Eglife de Bourges.
Les Bénédictins de Bourges .
L'Abbaye de Saint Laurent .
MM. les Chanoines Réguliers de
Bourges.
Les Auguftins de Bourges.
m. o. g.
୨୨ 7
27.6
24 4
46
12 I
235
Les Bernardines de Bourges. 35 I
+44
La Paroiffe de Saint Pierre ,
le
Les Peres Jéfuites.
marché de Bourges.
La Congrégation deſdits Jéfuites .
d'Orfanne de Tizay , d'Iffoudun .
38 2 2
40 I
18 3 2
19 5 6
Meffieurs
AMIENS.
Du Février , au 13 dudit.
L'Abbaye de Cercamps .
le Vaffeur .
le Marquis de Clermont-Tonnerre.
m . o.
g.
34 7 S
10 I I
13857
23.6. MERCURE DE FRANCE.
Meffieurs
TOURS.
Du 2 au 28 Janvier 1760.
Les Religieux de l'Abbaye de Bourgueil.
MM. du Chapitre de S, Martin.
Les Dames Religieuf.de la Virginité,
Ordre de Citeaux.
L'Eglife de S. Gation, de Tours.
Les Jéfaites du Collège, de Tours.
Les Religieux Feuillans .
Les Peres Minimes du grand
Couvent lès- Tours.
m. 0. g.
31 7 16 12
991 19 12
14 3 22 12
6
9
34 2
so
11 3 19 12
18 6 9
CAEN.
Du 11 ay 31 Décembre 1.7 5.9º
Meffieurs m.
Les Jéfuites. 28 S
Les Dames de la Charité . 9 64%
Dufrêne. 43 3 S
Madame de la Narvanderie. 17 47
Boquet. 10 5 4
de la Virganerie.
Madame & Mlle de Sévaut.
Madame de Baron.
17 4 1
103 I f
7942
Madame de Claffy. 24 រ
d'Hermanville.
de Freſnel. 8967
MARS. 1760. 237
Suite de Caën.
Meffieurs
de Louvigny.
L'Abbaye de Beaumont.
L'Abbaye de S. Vigor.
Le Curé de Talvaude.
Madame de Carbonel.
L'Abbaye de Cérify.
Madame de Saint Louver.
Madame de Lagny.
M. 0. g.
55 24
17 6 1
19 6 4
20 2 I
2253
1422
IIS
46.4 5
31 53
13 47
de Caligny.
de Molandé.
d'Aurcher.
29 25
Madame de Branay. 154 6.4
l'Evêque de Lifieux. 201 I S
de Belleville.
de Miéville.
Marie , Avocat.
123 26
12 2 5
9.3.5
Les Confreres de Condé. ΤΟ 2
L'Abbaye de Barbery.
66 15
Madame le Vaillant.
de Baudis .
32 27
35 3 4
Madame de Buron.
d'Hourville.
le Marquis d'Harcourt.
de Therre.
de Caligny.
Piedoux.
Routier.
de Biodoffe.
Madame de Caftilly .
21 2
129 6 7
170 I 4
79 47
3525
134 7.3
45
16
27 66
203 7 I
238 MERCURE DE FRANCE.
RIOM.
Du 10 Décembre 1759 , au 5 Janvier 1760 .
Meffieurs
m. o. g.
Dufraiffe Duché , Procureur du Roi. 87 7 4
le Comte de Jampigny.
de la Vilatel.
Du tour Carré .
le Marquis de Chabanne .
1307
57 4
255
54 7
Disbray , Receveur des Tailles.
le Comte de la Richardie .
de Laval de la Crême , Subdélégué
. à Riom.
Les Bénédictins de la Chaife- Dieu.
Les Bénédictins de Saint Allir de
Clermont.
L'Evêque de S. Flour,
SS I
7936
746
193 16
30 52
191
PASU.
Du 12 au 28 Décembre 1759.
Meffieurs
m. o. g.
le Comte de Grammont. 328 1 15
de Lille , Commiff. des Guerres. 95 5 15
de Courreges Agnos , Confeiller
au Parlement .
le Baron d'Arboucave .
de Belegarde , Lieuten. de Roi.
108 7 15
34 6 18
87 3
MARS. 1760. 239
Meffieurs
Suite de Pau .
Lavant , Receveur des Décimes
à Tarbes.
Les Bénédictins de S. Severcap .
de Logras , Confeiller au Parlement
de Navarre.
m. o. g. d.
13 I
822
4 12
49.3 6
POITIERS.
Du 31 Décembre 1759 , au 17 Janvier 1760 .
Meffieurs
de Choupper , Major du Régiment
de Beauvilliers .
Fouen , Receveur des Tailles.
L'Abbaye de Ste , Croix de Poitiers .
L'Abbaye de l'Etoille , Ordre de
Cîteaux .
m . o. g.
156 5 12
26 I 12
36 6 12
42 If
52 3 12
26 4 18
>
L'Abbaye du Pin , Ordre de Cîteaux .
Palteau , Tréforier de France.
L'Abbaye Royale de Bonnevaux
Ordre de Cîteaux .
L'Abbaye de Saint Jouin , Ordre
de Saint Benoît.
II I
38 7 12
་ ,
I
240 MERCURE DE FRANCE.
BESANÇON.
Du 22 Décembre 1759 , au 8 Janvier 1760 .
Meffieurs
Sarrette.
L'Abbaye de Luzelle.
Colombe.
de Génevreuille.
Mirondot.
de la Rouffelliere.
de Villier.
de Franchevelle.
L'Abbaye de Chalieux.
le Comte de Molans.
´m. o. f.
576
25 5
3612
15378
14 7 If
12 I
d2f-12
18 3 12
-86
12 1
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Résumé : SUITE de l'Etat de la Vaisselle portée aux Monnoies des Villes de Province.
Le document présente une liste des états de la vaisselle portée aux monnoies des villes de province entre décembre 1759 et janvier 1760. Il énumère les noms et titres des personnes ayant apporté leur vaisselle dans diverses villes françaises, accompagnés des montants correspondants. Les villes mentionnées incluent Reims, Nantes, Grenoble, Aix, Rennes, Metz, Strasbourg, Lille, Rouen, Lyon, La Rochelle et Bordeaux. Chaque section commence par la date et la ville concernée, suivie des noms des individus et des montants en livres, sous et deniers. Les personnes listées incluent des nobles, des ecclésiastiques, des officiers militaires et des fonctionnaires. Les montants varient considérablement, reflétant la diversité des contributions. Le document présente également une liste de personnes et d'institutions ayant reçu des dons ou des aides financières entre le 12 décembre 1759 et le 17 janvier 1760 dans diverses régions de France. Les bénéficiaires incluent des évêques, des marquis, des abbés, des religieux, des officiers, des dames de la noblesse, et des institutions religieuses telles que des abbayes, des prieurés, et des chapitres. Les montants des dons sont également mentionnés à côté des noms des bénéficiaires. Les régions concernées incluent Cahors, Toulouse, Montpellier, Dijon, Perpignan, Orléans, Limoges, Bourges, Amiens, Tours, Caen, Riom, Pau, Poitiers, et Besançon. Le document est structuré par périodes et par lieux, détaillant les bénéficiaires et les montants des dons pour chaque période et chaque région.
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26
p. 206
D'AIX, le 15 Juillet 1763.
Début :
Le 12 de ce mois nous avons ressenti une secousse de tremblement de terre, [...]
Mots clefs :
Secousses, Tremblement de terre, Bruit, Province
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : D'AIX, le 15 Juillet 1763.
D'Aix , le 15 Juillet 1763 .
Le 11 de ce mois nous avons reffenti une fe
couffe de tremblement de terre , accompagnée
d'un bruit extraordinaire : elle s'eft fait fentir le
même jour & à la même heure en différens endroits
de la Province , entr'autres , à Tarafcon ,
où l'on affure qu'une horloge & plufieurs pendules
ont fonné d'elles-mêmes.
Le 11 de ce mois nous avons reffenti une fe
couffe de tremblement de terre , accompagnée
d'un bruit extraordinaire : elle s'eft fait fentir le
même jour & à la même heure en différens endroits
de la Province , entr'autres , à Tarafcon ,
où l'on affure qu'une horloge & plufieurs pendules
ont fonné d'elles-mêmes.
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27
p. 173-174
MORT.
Début :
Louis Verjus, Marquis de Crecy, Maréchal de Camp, Gouverneur & [...]
Mots clefs :
Marquis, Maréchal de camp, Gouverneur, Province, Décès
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : MORT.
MORT.
Louis Verjus , Marquis de Crecy , Maréchal de
Hiij
174 MERCURE DE FRANCE.
Camp , Gouverneur & Lieutenant- Général pour
le Roi de la Province & du Pays Toulois , eft
mort à Paris , le 27 Septembre , âgé de quatrevingt
un ans.
Louis Verjus , Marquis de Crecy , Maréchal de
Hiij
174 MERCURE DE FRANCE.
Camp , Gouverneur & Lieutenant- Général pour
le Roi de la Province & du Pays Toulois , eft
mort à Paris , le 27 Septembre , âgé de quatrevingt
un ans.
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28
p. 211-213
SECOND SUPPLÉMENT à la Liste des Abonnés au Mercure, qui se trouve dans le Volume de Décembre dernier, & dont le premier Supplément est dans le Mercure du premier Janvier.
Début :
Abonnés de Paris. Messieurs, Antoine, à l'Ecu Dauphin, rue Bourg-l'Abbé. [...]
Mots clefs :
Abonnés, Liste, Noms, Paris, Province
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : SECOND SUPPLÉMENT à la Liste des Abonnés au Mercure, qui se trouve dans le Volume de Décembre dernier, & dont le premier Supplément est dans le Mercure du premier Janvier.
SECOND SUPPLÉMENT à la Lifte des
Abonnés au Mercure , qui fe trouve
dans le Volume de Décembre dernier ,
& dont lepremier Supplément eft dans
le Mercure du premier Janvier. *
ABONNÉS DE PARIS.
MESSIEURS ,
-ANTOINE , à l'Ecu Dauphin , rue Bourg- l'Abbé..
Bardou de Farceville , rue d'Argenteuil.
Chardon , Fermier du Roi , rue Montmartre , vis--
à-vis la rue du Jours
Chopin , Confeiller au Grand-Confeil , à l'Hôtel
d'Aumont , rue de Jouy.
Cochu , Médecin , cloître Notre-Dame.
D'Aihene , Maître des Requêtes , rue des Deux
Portes:
D'Hémery ( Madame ) , rue des Poftes..
La Bonne ( de ) , Lieutenant de MM . les Maré--
chaux de France rue du Bacq , à l'Hôtel de
Nevers.
Le Fevre , Avocat au Parlement , rue la Tixeran--
derie .
* Onfoufcrit en tout temps pour le Mercure , chez
M. LUTTON , Greffier au Parlement , rue Sainte
Anne , Butte S. Roch , au Bureau du Mercure de
France. En fe faifant infcrire chez lui , on reçoit le
Mercure plus promptement , & plus exactement
212 MERCURE DE FRANCE .
Noël , Marchand de Bois , place de la Baftille.
Paulain , Commiffaire des Guerres , rue des Francs-
Bourgeois.
Puffan , Fermier Général , rue S Marc.
Puiffan , Premier Commis de la Police, rue Saint-
Marc.
Wimpffen ( le Baron de ) , Brigadier des Armées
du Roi , Colonel - Commandant da Régiment
de la Marck , à l'Hôtel de Luxembourg , rue S.
Marc
ABONNÉS DE PROVINCE.
MESSIEURS
Alcock & Compagnie , Entrepreneur de la Manufacture
Royale , à la Charitéfür Loire,
Barrey ( le Chevalier de , Capitaine d'Infanterie,
à Bernay en Normandie .
Batlematon l'aîné , à Quimper.
Beaufort le Comte de ) , en
lé en Artois.
fon Château de Moul-
Blachere , Directeur de la Pofte , à l'Argentiere ,
par Aubenas en Vivarais.
Boillelet ( de ) , ancien Moufquetaire du Roi , au
Château de la Noue , près Vierzon.
Cannac , à Lyon.
Champdoré de , ancien Notaire , à Fontenayle-
Comte en Bas- Poitou .
Comcy de ) , Maréchal de Camp , Commandant
à Toulon.
Courrejolles ( de ) , Négociant , à Baïonne .
Crefcia ( la Marquife de ) , enfa Terre de Crefcia ,
près d'Orgelet , en Franche-Comté .
Dupin , à Saint Jean-pied-de-port.
Geoffroy de Vaudiere, Secrétaire du 'Roi , à Epernay
en Champagne.
Gros , Libraire , à Lons -le-Saunier en Franche-
Comté,
JANVIER . 1764.
213
Hébert , Tréforier de France honoraire au Bureau
des Finances , à Soiffons.
La Baupaumerie ( de , Lieutenant Général , à
Montere u-faut- Yonne.
Laporte ( de ) , Directeur des Poftes , à Betfort.
Le Baron l'aîné , Libraire , à Caën .
Le Roux , Libraire , à Strasbourg , deux exemplaires.
L'Efcouer le Marquis de ) , au Château de L'Efquiffiou
, près Morlaix.
Lobreau ( Madame ) , Directrice des Spectacles , à
Lyon .
May ( de ) , Officier au Régiment de la Ferre , à
Perpignan.
Portalis ( de ) , Chevalier de S. Louis , Commiffaire
Ordonnateur des Guerres , à Toulon.
Portally , Négociant , à Toulon.
Rannon , Lieutenant de l'Amirauté , à Quimper.
Saint-Vaft ( de ) , ancien Capitaine de Cavalerie ,
Chevalier de l'Ordre Røyal & Militaire de Saint
Louis , à Tinchebray.
Turin ( le Comte de ) , au Mans .
Abonnés au Mercure , qui fe trouve
dans le Volume de Décembre dernier ,
& dont lepremier Supplément eft dans
le Mercure du premier Janvier. *
ABONNÉS DE PARIS.
MESSIEURS ,
-ANTOINE , à l'Ecu Dauphin , rue Bourg- l'Abbé..
Bardou de Farceville , rue d'Argenteuil.
Chardon , Fermier du Roi , rue Montmartre , vis--
à-vis la rue du Jours
Chopin , Confeiller au Grand-Confeil , à l'Hôtel
d'Aumont , rue de Jouy.
Cochu , Médecin , cloître Notre-Dame.
D'Aihene , Maître des Requêtes , rue des Deux
Portes:
D'Hémery ( Madame ) , rue des Poftes..
La Bonne ( de ) , Lieutenant de MM . les Maré--
chaux de France rue du Bacq , à l'Hôtel de
Nevers.
Le Fevre , Avocat au Parlement , rue la Tixeran--
derie .
* Onfoufcrit en tout temps pour le Mercure , chez
M. LUTTON , Greffier au Parlement , rue Sainte
Anne , Butte S. Roch , au Bureau du Mercure de
France. En fe faifant infcrire chez lui , on reçoit le
Mercure plus promptement , & plus exactement
212 MERCURE DE FRANCE .
Noël , Marchand de Bois , place de la Baftille.
Paulain , Commiffaire des Guerres , rue des Francs-
Bourgeois.
Puffan , Fermier Général , rue S Marc.
Puiffan , Premier Commis de la Police, rue Saint-
Marc.
Wimpffen ( le Baron de ) , Brigadier des Armées
du Roi , Colonel - Commandant da Régiment
de la Marck , à l'Hôtel de Luxembourg , rue S.
Marc
ABONNÉS DE PROVINCE.
MESSIEURS
Alcock & Compagnie , Entrepreneur de la Manufacture
Royale , à la Charitéfür Loire,
Barrey ( le Chevalier de , Capitaine d'Infanterie,
à Bernay en Normandie .
Batlematon l'aîné , à Quimper.
Beaufort le Comte de ) , en
lé en Artois.
fon Château de Moul-
Blachere , Directeur de la Pofte , à l'Argentiere ,
par Aubenas en Vivarais.
Boillelet ( de ) , ancien Moufquetaire du Roi , au
Château de la Noue , près Vierzon.
Cannac , à Lyon.
Champdoré de , ancien Notaire , à Fontenayle-
Comte en Bas- Poitou .
Comcy de ) , Maréchal de Camp , Commandant
à Toulon.
Courrejolles ( de ) , Négociant , à Baïonne .
Crefcia ( la Marquife de ) , enfa Terre de Crefcia ,
près d'Orgelet , en Franche-Comté .
Dupin , à Saint Jean-pied-de-port.
Geoffroy de Vaudiere, Secrétaire du 'Roi , à Epernay
en Champagne.
Gros , Libraire , à Lons -le-Saunier en Franche-
Comté,
JANVIER . 1764.
213
Hébert , Tréforier de France honoraire au Bureau
des Finances , à Soiffons.
La Baupaumerie ( de , Lieutenant Général , à
Montere u-faut- Yonne.
Laporte ( de ) , Directeur des Poftes , à Betfort.
Le Baron l'aîné , Libraire , à Caën .
Le Roux , Libraire , à Strasbourg , deux exemplaires.
L'Efcouer le Marquis de ) , au Château de L'Efquiffiou
, près Morlaix.
Lobreau ( Madame ) , Directrice des Spectacles , à
Lyon .
May ( de ) , Officier au Régiment de la Ferre , à
Perpignan.
Portalis ( de ) , Chevalier de S. Louis , Commiffaire
Ordonnateur des Guerres , à Toulon.
Portally , Négociant , à Toulon.
Rannon , Lieutenant de l'Amirauté , à Quimper.
Saint-Vaft ( de ) , ancien Capitaine de Cavalerie ,
Chevalier de l'Ordre Røyal & Militaire de Saint
Louis , à Tinchebray.
Turin ( le Comte de ) , au Mans .
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Résumé : SECOND SUPPLÉMENT à la Liste des Abonnés au Mercure, qui se trouve dans le Volume de Décembre dernier, & dont le premier Supplément est dans le Mercure du premier Janvier.
Le document est un supplément à la liste des abonnés au Mercure de France, publié en janvier 1764. Il répertorie les abonnés de Paris et de province. Parmi les abonnés parisiens figurent des personnalités telles que Antoine, Bardou de Farceville, Chardon, Chopin, Cochu, D'Aihene, D'Hémery, La Bonne, Le Fevre, Noël, Paulain, Puffan, Puiffan, et le Baron de Wimpffen. Les abonnés de province incluent Alcock & Compagnie, le Chevalier de Barrey, Batlematon l'aîné, le Comte de Beaufort, Blachere, de Boillelet, Cannac, Champdoré, Comcy de, Courrejolles, la Marquise de Crescia, Dupin, Geoffroy de Vaudiere, Gros, Hébert, de La Baupaumerie, Laporte, Le Baron l'aîné, Le Roux, le Marquis de L'Escouër, Madame Lobreau, de May, Portalis, Portally, Rannon, de Saint-Vast, et le Comte de Turin. Les abonnements peuvent être souscrits auprès de M. LUTTON, greffier au Parlement, rue Sainte Anne, Butte S. Roch, au Bureau du Mercure de France.
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29
p. 181-186
De VERSAILLES, le 9 Juin 1764.
Début :
Le Roi vient de donner au Prince de Tingri la place de Capitaine [...]
Mots clefs :
Comte, Général, Majesté, Famille royale, Gouvernement, Marquis, Audience, Famille royale, Province, Serment, Honneur, Aumônier, Cérémonies
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : De VERSAILLES, le 9 Juin 1764.
De VERSAILLES , le 9 Juin 1764 .
Le Roi vient de donner au Prince de Tingri la
place de Capitaine de les Gardes , vacante par la
mort du Maréchal Duc de Luxembourg. Sa Majefté
a diſpoſé en même temps du Gouvernement
de Normandie en faveur du Duc d'Harcourt ,
qui en étoit Lieutenant-Général. Le Gouvernement
de Sedan , vacant par la nomination du
Duc d'Harcourt au Gouvernement de la Province
de Normandie , a été donné au Duc de Laval ,
Lieutenant-Général des Armées du Roi , qui a
remis à Sa Majefté le Gouvernement de Mont-
Dauphin, dont elle a diſpoſé en faveur du Comte
de la Suze , Grand Maréchal des Logis de fa
Cour.
Sa Majeſté a donné le Gouvernement de Port-
Louis , vacant par la mort du Comte de Rothelin' ,
au Chevalier du Châtelet , Lieutenant-Général de
fes Armées , & celui de Saint- Malo , vacant par
la mort du Maréchal de Maubourg , au Comte
de Montazet , Lieutenant-Général de les Armées,
qui a remis à Sa Majesté le Gouvernement du
Fort de Scarpe dont il étoit pourvu , & que
Majeſté donné au Chevalier de Saint- Point ,
Maréchal de fes Camps & Armées , & Lieutenant
de fes Gardes-du - Corps dans la Compagnie de
Beauvau .
Sa
L'Inſpection de Cavalerie dont étoit pourvu le
182 MERCURE DE FRANCE.
"
Comte de Montazet a été fupprimée par le Roi,
qui a donné l'Inspection qu'éxerçoit le Marquis
du Mefnil au Comte de Choifeul-la-Baume , &
celle d'Infanterie , qu'avoit le Marquis de Bréhant
, au Comte de Montbarey.
Sa Majefté a difpofé de l'Archevêché d'Alby en
faveur du Cardinal de Bernis ; & de l'Evêché de
Siſteron en faveur de l'Abbé de Saint-Tropès.
Elle a donné l'Abbaye de Corneville , Ordre de
S. Auguftin , Diocèfe de Rouen , à l'Abbé d'Allemans-
Dulau , ancien Curé de la Paroifle de S.
Sulpice à Paris.
Le Roi vient de difpofer de la place de Dame
d'Atours de Madame , qu'avoit la Comteffe de
Civerac , en faveur de la Comteffe de Narbonne ,
Dame pour accompagner Madame.
Le fieur Tiepolo , Ambaffadeur de la République
de Venife , fut conduit ici le 22 du mois dernier
, dans les caroffes de Leurs Majeftés , & eur
une Audience publique de Congé du Roi , qui le
fit enfuite Chevalier. Il fut conduit à cette Audience
, ainfi qu'à celles de la Reine & de la Famille
Royale , par le fieur Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs.
Le 27 , le Prince de Tingry prêta ferment entre
les mains du Roi , en qualité de Capitaine des
Gardes de Sa Majesté.
Le fieur Langlois , Confeiller au Parlement de
Paris , ayant été pourvu d'une Charge d'Intendant
des Finances , fut préfenté au Roi en cette
qualité le même jour par le fieur de l'Averdy.
La Dame de l'Averdy , époufe du Contrôleur
Général des Finances , & la Comteffe de Langeron
, furent préfentées le même jour à Leurs Majeftés
& à la Famille Royale , la premiere par la
Comteffe de Noailles , & la feconde par la Marquile
de Langeron.
JUILLET. 1764. 183
Le même jour la Marquife de Tourzel & la
Marquife de Gantès furent préſentées à Leurs
Majeftés & à la Famille Royale , la première ,
par la Marquife de Sourches , la feconde , par la
Vicomteffe de Caftellane .
Les Députés des Etats d'Artois eurent auffi ce
même jour une Audience du Roi : ils furent préfentés
à Sa Majesté par le Duc de Chaulnes ,
Gouverneur de la Province , & par le Duc de
Choifeul , Miniftre & Secrétaire d'Etat ayant le
département de la Guerre & de la Marine , 82
conduit à cette Audience par le Marquis de
Dreux , Grand-Maître des Cérémonies , & par le
Heur Desgranges , Maître des Cérémonies. La
députation étoit compofée , pour le Clergé , de
l'Evêque de Saint-Omer , qui porta la parole ;
du Comte de Marle , pour la Nobleffe , & du
fieur de Canchy , pour le Tiers- Etat..
la
Leurs Majeftés & la Famille Royale fignerent
3 de ce mois le Contrat de mariage du fieur
de Boullongne , Maître des Requêtes , & de Demoiſelle
Langlois , fille du fieur Langlois , Intendant
des Finances. Le même jour la Comteffe
de Mory & la Comteffe de Sabran furent
préſentées à Leurs Majeftés & à la Famille Royale
par la Comteffe de la Marche , l'une en qualité
de Dame d'Honneur de cette Princeffe , l'autre en
qualité de fa Dame de compagnie. La Marquife
de la Roche- du - Maine fut auffi préſentée à Leurs
Majeftés & à la Famille Royale par la Ducheffe
de Sully.
Le Roi s'étant fait rendre compte de tout ce
qui s'eft paffé dans l'affaire du Canada , & en
particulier par rapport aux Officiers & Employés
qui ont été déchargés des accufations intentées
contre eux , & voulant leur donner des marques
184 MERCURE DE FRANCE.
2
de fa fatisfaction , a accordé au Marquis de Vau-.
dreuil , ancien Gouverneur- Lieutenant -Général
de la Nouvelle-France , 6 , 000 livrés de penfion
annuelle , indépendamment de celle dont il jouiffoit
précédemment. Sa Majesté a pareillement
accordé d'autres penfions , fuivant le grade & la
qualité des perfonnes , au Chevalier le Mercier ,
ci-devant Commandant de l'Artillerie ; au fieur
de Boishebert , Capitaine , ci -devant Commandant
à l'Acadie ; au fieur de Meloïfe , Capitaine ,
Aide-Major de Quebec ; aux fieurs de Villers ,
Contrôleur ; Barbel , Ecrivain ; & Fayolle , Ecrivain
& Garde-Magafin .
Le 19 du mois dernier , les PP. Récollets de
la Province de France ont tenu ici un Chapitre
auquel a préfidé , en qualité de Commiſſaire- Général
, le Pere Pie Allard , Ex- Provincial de la
Province de Lyon . Ce même Père a préſenté le
21 au Roi les nouveaux Supérieurs qui ont été
nommés dans ce Chapitre.
Le 20 ,
:
le fieur de l'Etang a eu l'honneur de
préfenter à Sa Majefté un Ouvrage de fa compofition
, intitulé Manuel d'Agriculture pour le
Laboureur, pour le Propriétaire & pour le Gou
vernement , contenant les vrais & feuls moyens de
faire profpérer l'Agriculture tant en France que
dans tous les autres Etats où l'on cultive.
Le fieur Duhamel , de l'Académie Royale des
Sciences , & Infpecteur de la Marine , a eu l'honneur
de préfenter , le ; de ce mois , au Roi deux
livres de fa compofition , intitulés : Exploitation
du bois , ou Moyen de tirer un parti avantageux
des taillis , demi-futayes & hautes-futayes , &
d'en faire une jufte eſtimation , avec une defcription
des Arts qui fe pratiquent dans les forêts ,
faifant les deux dernières parties du Traité com
pler des Bois & Forêts.
JUILLET. 1764. 184
Les PP. Capucins ont eu l'honneur de préfenter
le à Monfeigneur le Dauphin les XIII , XIV.
& XV Volumes des Principes difcutés , qui font
les derniers de cet Ouvrage , ainfi que la Juſtification
de leur Verfion Françoiſe des Pleaumes.
Du 13.
Les Chevaliers Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint Efprit s'étant affemblés le 10
de ce mois , vers les onze heures du matin ,
dans le Cabinet du Roi , Sa Majesté fortit de fon
appartement pour aller à la Chapelle. Elle étoit
accompagnée de Monfeigneur le Dauphin , du
Duc d'Orléans , du Duc de Chartres , du Prince
de Condé , du Comte de Clermont , du Prince de
Conty , du Comte de la Marche , du Comte d'Eu ,
du Duc de Penthievre & du Prince de Lamballe ,
& des Chevaliers , Commandeurs & Officiers dé
l'Ordre. Sa Majefté , devant qui les deux Huiffiers
de la Chambre portoient leurs maffes , étoit en
manteau , ayant le Collier de l'Ordre pardeffus ,
ainfi que celui de la Toifon d'Or. L'Evêque de
Langres , Commandeur de l'Ordre , Officia , &
après la Meffe qui fut chantée par la Muſique
du Roi , Sa Majefté monta fur fon Trône pour
recevoir Chevalier de l'Ordre le Comte du Châtalet
- Lomont , ci- devant Ambafladeur du Roi
à la Cour de Vienne & l'un des Menins de Monfeigneur
le Dauphin ; après quoi Sa Majesté
fut reconduite à fon appartement en la manière
accoutumée .
Le Roi vient de difpofer en faveur du Maréchal
de Clermont-Tonnerre de la Lieutenance- Générale
& du Commandement du Dauphiné vacans
par la mort du Marquis du Mefnil .
Sa Majefté a nommé à l'Evêché d'Avranches
186 MERCURE DE FRANCE,
l'Abbé de Durfort ſon Aumônier. Elle a donné en
même temps l'Abbaye de Lieu Dieu , Ordre de
Citeaux , Diocèle d'Amiens , à l'Abbé de Béon ,
Aumônier de Madame cele de Selincourt , Ordre
de Piémontré , même Diocèle à l'Abbé Tafcher
, Vicaire Général du Diocèle de Mâcon , &
Chanoine de l'Eglife Noble & Cathédrale de
Coire , & l'Abbaye Réguliere de Prieres , Ordre
de Cireaux , Diocèle de Vannes , à Dom de Baule
, Religieux du même Ordre , & Prieur de l'Abbaye
de Royaumont. L'Abbe de Soulanges ayant
donné la démiffion de la place d'Aumônier de
Madame , Sa Majefté a nommé à cette place
l'Abbé de Saint- Marceau , Vicaire Général de
Meaux.
Le Vicomte de Choifeul , Menin de Monfeigneur
le Dauphin , eft revenu de la Cour de Vienne
& a fait le 10 la révérence au Roi à qui il a
été présenté par le Duc de Praflin fon père , qui
a aufli préfenté , ces jours derniers , à Sa Majefté
le fieur de la Houze , ci - devant chargé des
affaires du Roi à la Cour de Naples & auprès du
Saint Siége.
La Comteffe de Narbonne prêta ferment le
11 entre les mains du Roi en qualité de Dame
d'Atours de Madame. Le même jour , la Princeffe
de Mafferan prit congé de Leurs Majeftés ,
ainsi que la de Famille Royale , à qui elle fur préfentée
par la Princeffe de Rohan . Elle va joindre
à Londres le Prince de Mafferan fon époux , Ambaffadeur
de Sa Majefté Catholique à la Cour
d'Angleterre.
Le Roi vient de donner au Prince de Tingri la
place de Capitaine de les Gardes , vacante par la
mort du Maréchal Duc de Luxembourg. Sa Majefté
a diſpoſé en même temps du Gouvernement
de Normandie en faveur du Duc d'Harcourt ,
qui en étoit Lieutenant-Général. Le Gouvernement
de Sedan , vacant par la nomination du
Duc d'Harcourt au Gouvernement de la Province
de Normandie , a été donné au Duc de Laval ,
Lieutenant-Général des Armées du Roi , qui a
remis à Sa Majefté le Gouvernement de Mont-
Dauphin, dont elle a diſpoſé en faveur du Comte
de la Suze , Grand Maréchal des Logis de fa
Cour.
Sa Majeſté a donné le Gouvernement de Port-
Louis , vacant par la mort du Comte de Rothelin' ,
au Chevalier du Châtelet , Lieutenant-Général de
fes Armées , & celui de Saint- Malo , vacant par
la mort du Maréchal de Maubourg , au Comte
de Montazet , Lieutenant-Général de les Armées,
qui a remis à Sa Majesté le Gouvernement du
Fort de Scarpe dont il étoit pourvu , & que
Majeſté donné au Chevalier de Saint- Point ,
Maréchal de fes Camps & Armées , & Lieutenant
de fes Gardes-du - Corps dans la Compagnie de
Beauvau .
Sa
L'Inſpection de Cavalerie dont étoit pourvu le
182 MERCURE DE FRANCE.
"
Comte de Montazet a été fupprimée par le Roi,
qui a donné l'Inspection qu'éxerçoit le Marquis
du Mefnil au Comte de Choifeul-la-Baume , &
celle d'Infanterie , qu'avoit le Marquis de Bréhant
, au Comte de Montbarey.
Sa Majefté a difpofé de l'Archevêché d'Alby en
faveur du Cardinal de Bernis ; & de l'Evêché de
Siſteron en faveur de l'Abbé de Saint-Tropès.
Elle a donné l'Abbaye de Corneville , Ordre de
S. Auguftin , Diocèfe de Rouen , à l'Abbé d'Allemans-
Dulau , ancien Curé de la Paroifle de S.
Sulpice à Paris.
Le Roi vient de difpofer de la place de Dame
d'Atours de Madame , qu'avoit la Comteffe de
Civerac , en faveur de la Comteffe de Narbonne ,
Dame pour accompagner Madame.
Le fieur Tiepolo , Ambaffadeur de la République
de Venife , fut conduit ici le 22 du mois dernier
, dans les caroffes de Leurs Majeftés , & eur
une Audience publique de Congé du Roi , qui le
fit enfuite Chevalier. Il fut conduit à cette Audience
, ainfi qu'à celles de la Reine & de la Famille
Royale , par le fieur Dufort , Introducteur
des Ambaffadeurs.
Le 27 , le Prince de Tingry prêta ferment entre
les mains du Roi , en qualité de Capitaine des
Gardes de Sa Majesté.
Le fieur Langlois , Confeiller au Parlement de
Paris , ayant été pourvu d'une Charge d'Intendant
des Finances , fut préfenté au Roi en cette
qualité le même jour par le fieur de l'Averdy.
La Dame de l'Averdy , époufe du Contrôleur
Général des Finances , & la Comteffe de Langeron
, furent préfentées le même jour à Leurs Majeftés
& à la Famille Royale , la premiere par la
Comteffe de Noailles , & la feconde par la Marquile
de Langeron.
JUILLET. 1764. 183
Le même jour la Marquife de Tourzel & la
Marquife de Gantès furent préſentées à Leurs
Majeftés & à la Famille Royale , la première ,
par la Marquife de Sourches , la feconde , par la
Vicomteffe de Caftellane .
Les Députés des Etats d'Artois eurent auffi ce
même jour une Audience du Roi : ils furent préfentés
à Sa Majesté par le Duc de Chaulnes ,
Gouverneur de la Province , & par le Duc de
Choifeul , Miniftre & Secrétaire d'Etat ayant le
département de la Guerre & de la Marine , 82
conduit à cette Audience par le Marquis de
Dreux , Grand-Maître des Cérémonies , & par le
Heur Desgranges , Maître des Cérémonies. La
députation étoit compofée , pour le Clergé , de
l'Evêque de Saint-Omer , qui porta la parole ;
du Comte de Marle , pour la Nobleffe , & du
fieur de Canchy , pour le Tiers- Etat..
la
Leurs Majeftés & la Famille Royale fignerent
3 de ce mois le Contrat de mariage du fieur
de Boullongne , Maître des Requêtes , & de Demoiſelle
Langlois , fille du fieur Langlois , Intendant
des Finances. Le même jour la Comteffe
de Mory & la Comteffe de Sabran furent
préſentées à Leurs Majeftés & à la Famille Royale
par la Comteffe de la Marche , l'une en qualité
de Dame d'Honneur de cette Princeffe , l'autre en
qualité de fa Dame de compagnie. La Marquife
de la Roche- du - Maine fut auffi préſentée à Leurs
Majeftés & à la Famille Royale par la Ducheffe
de Sully.
Le Roi s'étant fait rendre compte de tout ce
qui s'eft paffé dans l'affaire du Canada , & en
particulier par rapport aux Officiers & Employés
qui ont été déchargés des accufations intentées
contre eux , & voulant leur donner des marques
184 MERCURE DE FRANCE.
2
de fa fatisfaction , a accordé au Marquis de Vau-.
dreuil , ancien Gouverneur- Lieutenant -Général
de la Nouvelle-France , 6 , 000 livrés de penfion
annuelle , indépendamment de celle dont il jouiffoit
précédemment. Sa Majesté a pareillement
accordé d'autres penfions , fuivant le grade & la
qualité des perfonnes , au Chevalier le Mercier ,
ci-devant Commandant de l'Artillerie ; au fieur
de Boishebert , Capitaine , ci -devant Commandant
à l'Acadie ; au fieur de Meloïfe , Capitaine ,
Aide-Major de Quebec ; aux fieurs de Villers ,
Contrôleur ; Barbel , Ecrivain ; & Fayolle , Ecrivain
& Garde-Magafin .
Le 19 du mois dernier , les PP. Récollets de
la Province de France ont tenu ici un Chapitre
auquel a préfidé , en qualité de Commiſſaire- Général
, le Pere Pie Allard , Ex- Provincial de la
Province de Lyon . Ce même Père a préſenté le
21 au Roi les nouveaux Supérieurs qui ont été
nommés dans ce Chapitre.
Le 20 ,
:
le fieur de l'Etang a eu l'honneur de
préfenter à Sa Majefté un Ouvrage de fa compofition
, intitulé Manuel d'Agriculture pour le
Laboureur, pour le Propriétaire & pour le Gou
vernement , contenant les vrais & feuls moyens de
faire profpérer l'Agriculture tant en France que
dans tous les autres Etats où l'on cultive.
Le fieur Duhamel , de l'Académie Royale des
Sciences , & Infpecteur de la Marine , a eu l'honneur
de préfenter , le ; de ce mois , au Roi deux
livres de fa compofition , intitulés : Exploitation
du bois , ou Moyen de tirer un parti avantageux
des taillis , demi-futayes & hautes-futayes , &
d'en faire une jufte eſtimation , avec une defcription
des Arts qui fe pratiquent dans les forêts ,
faifant les deux dernières parties du Traité com
pler des Bois & Forêts.
JUILLET. 1764. 184
Les PP. Capucins ont eu l'honneur de préfenter
le à Monfeigneur le Dauphin les XIII , XIV.
& XV Volumes des Principes difcutés , qui font
les derniers de cet Ouvrage , ainfi que la Juſtification
de leur Verfion Françoiſe des Pleaumes.
Du 13.
Les Chevaliers Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint Efprit s'étant affemblés le 10
de ce mois , vers les onze heures du matin ,
dans le Cabinet du Roi , Sa Majesté fortit de fon
appartement pour aller à la Chapelle. Elle étoit
accompagnée de Monfeigneur le Dauphin , du
Duc d'Orléans , du Duc de Chartres , du Prince
de Condé , du Comte de Clermont , du Prince de
Conty , du Comte de la Marche , du Comte d'Eu ,
du Duc de Penthievre & du Prince de Lamballe ,
& des Chevaliers , Commandeurs & Officiers dé
l'Ordre. Sa Majefté , devant qui les deux Huiffiers
de la Chambre portoient leurs maffes , étoit en
manteau , ayant le Collier de l'Ordre pardeffus ,
ainfi que celui de la Toifon d'Or. L'Evêque de
Langres , Commandeur de l'Ordre , Officia , &
après la Meffe qui fut chantée par la Muſique
du Roi , Sa Majefté monta fur fon Trône pour
recevoir Chevalier de l'Ordre le Comte du Châtalet
- Lomont , ci- devant Ambafladeur du Roi
à la Cour de Vienne & l'un des Menins de Monfeigneur
le Dauphin ; après quoi Sa Majesté
fut reconduite à fon appartement en la manière
accoutumée .
Le Roi vient de difpofer en faveur du Maréchal
de Clermont-Tonnerre de la Lieutenance- Générale
& du Commandement du Dauphiné vacans
par la mort du Marquis du Mefnil .
Sa Majefté a nommé à l'Evêché d'Avranches
186 MERCURE DE FRANCE,
l'Abbé de Durfort ſon Aumônier. Elle a donné en
même temps l'Abbaye de Lieu Dieu , Ordre de
Citeaux , Diocèle d'Amiens , à l'Abbé de Béon ,
Aumônier de Madame cele de Selincourt , Ordre
de Piémontré , même Diocèle à l'Abbé Tafcher
, Vicaire Général du Diocèle de Mâcon , &
Chanoine de l'Eglife Noble & Cathédrale de
Coire , & l'Abbaye Réguliere de Prieres , Ordre
de Cireaux , Diocèle de Vannes , à Dom de Baule
, Religieux du même Ordre , & Prieur de l'Abbaye
de Royaumont. L'Abbe de Soulanges ayant
donné la démiffion de la place d'Aumônier de
Madame , Sa Majefté a nommé à cette place
l'Abbé de Saint- Marceau , Vicaire Général de
Meaux.
Le Vicomte de Choifeul , Menin de Monfeigneur
le Dauphin , eft revenu de la Cour de Vienne
& a fait le 10 la révérence au Roi à qui il a
été présenté par le Duc de Praflin fon père , qui
a aufli préfenté , ces jours derniers , à Sa Majefté
le fieur de la Houze , ci - devant chargé des
affaires du Roi à la Cour de Naples & auprès du
Saint Siége.
La Comteffe de Narbonne prêta ferment le
11 entre les mains du Roi en qualité de Dame
d'Atours de Madame. Le même jour , la Princeffe
de Mafferan prit congé de Leurs Majeftés ,
ainsi que la de Famille Royale , à qui elle fur préfentée
par la Princeffe de Rohan . Elle va joindre
à Londres le Prince de Mafferan fon époux , Ambaffadeur
de Sa Majefté Catholique à la Cour
d'Angleterre.
Fermer
Résumé : De VERSAILLES, le 9 Juin 1764.
Le 9 juin 1764, plusieurs nominations et attributions de postes ont été effectuées par le Roi. Le Prince de Tingri a été nommé Capitaine des Gardes, succédant au Maréchal Duc de Luxembourg. Le Duc d'Harcourt a reçu le Gouvernement de Normandie, le Duc de Laval celui de Sedan, le Comte de la Suze celui de Mont-Dauphin, le Chevalier du Châtelet celui de Port-Louis, et le Comte de Montazet celui de Saint-Malo. L'Inspection de Cavalerie, précédemment tenue par le Marquis du Mésnil, a été supprimée et remplacée par le Comte de Choiseul-la-Baume, tandis que l'Inspection d'Infanterie, tenue par le Marquis de Bréhant, a été confiée au Comte de Montbarrey. Le Roi a également nommé le Cardinal de Bernis à l'Archevêché d'Alby et l'Abbé de Saint-Tropès à l'Évêché de Sisteron. L'Abbaye de Corneville a été attribuée à l'Abbé d'Allemans-Dulau. La Comtesse de Narbonne a été nommée Dame d'Atours de Madame, succédant à la Comtesse de Civerac. L'Ambassadeur de la République de Venise, le sieur Tiepolo, a reçu une audience publique de congé du Roi, qui l'a fait Chevalier. Le Prince de Tingri a prêté serment en tant que Capitaine des Gardes du Roi, et le sieur Langlois, Conseiller au Parlement de Paris, a été présenté au Roi en tant qu'Intendant des Finances. Plusieurs présentations à Leurs Majestés et à la Famille Royale ont eu lieu, notamment celles de la Dame de l'Averdy, de la Comtesse de Langeron, de la Marquise de Tourzel, de la Marquise de Gantès, de la Comtesse de Mory, de la Comtesse de Sabran et de la Marquise de la Roche-du-Maine. Le Roi a accordé des pensions à plusieurs officiers et employés ayant servi au Canada, dont le Marquis de Vaudreuil, le Chevalier Le Mercier, et le sieur de Boishebert. Les Pères Récollets ont tenu un Chapitre à Versailles, présidé par le Père Pie Allard. Le sieur de l'Etang a présenté au Roi un ouvrage sur l'agriculture, et le sieur Duhamel a présenté deux livres sur l'exploitation des bois. Les Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit se sont assemblés en présence du Roi, qui a reçu le Comte du Châtelet-Lomont comme nouveau Chevalier. Le Maréchal de Clermont-Tonnerre a été nommé Lieutenant-Général et Commandant du Dauphiné. Plusieurs nominations ont été faites pour des postes ecclésiastiques, notamment l'Abbé de Durfort à l'Évêché d'Avranches et l'Abbé de Soulanges comme Aumônier de Madame. Le Vicomte de Choiseul est revenu de la Cour de Vienne et a été présenté au Roi. La Comtesse de Narbonne a prêté serment en tant que Dame d'Atours de Madame, et la Princesse de Masseran a pris congé pour rejoindre son époux à Londres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
30
p. 179-185
TRAITÉ conclu à Petersbourg entre l'Impératrice de Russie & le Roi de Prusse, le 11 Avril 1764.
Début :
Au Nom De La Sainte Trinité. Sa Majesté le Roi de Prusse [...]
Mots clefs :
Roi de Prusse, Impératrice, Avantages, Amitié, Intelligence, Prince, Gouverneur, Traité, Articles, Alliance, Respect, Garantie, Puissance, Possession, Satisfaction, Attaque ennemie, Artillerie, Opération militaire, Économie, Secours, Sujets, Province, Ratification, Article secret
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : TRAITÉ conclu à Petersbourg entre l'Impératrice de Russie & le Roi de Prusse, le 11 Avril 1764.
ARTICLE VI.
SUITE des Nouvelles Politiques :
du mois de Juillet.
i
TRAITÉ conclu'à Petersbourg entre l'Intpératrice
de Ruffie & le Roi de Pruffe , le 11 Avril 1764
AU NOM DE LA SAINTE TRINITÉ .
Sa Majesté le Roi de Pruffe & Sa Majefte
l'Impératrice de Toutes les Ruſſie , ayant mû
rement conſidéré que rien n'eft plus conforme
à leurs intérêts & à leurs avantages communs ,
ni plus propre à aſſurer la durée de la paix fi
heureuſement rétablie en Europe , que de reſſerret
les noeuds de l'amitié & de la bonne intelli
gence qui a toujours régné ci- devant & qui fub-
Aſte à préſent entre les deux Cours , & de confir
mer cette union par un Traité d'alliance défenſive
qui n'ait pour but que la ſûreté de leurs Etats &c
Poſſeſſions reſpectifves , ſe ſont propoſés de porter
afa perfection un ouvrage ſi ſalutaire , & ont
choifi & nommé pour cet effet leurs Plénipotentiaires
, ſçavoir , Sa Majesté le Roi de Prufſe , le
fieur Victor- Frédéric Comte de Solms
Chambellan Actuel , Conſeiller Privé de Légas
tion , & Envoyé Extraordinaire & Miniſtre Plénis
potentiaire à la Cour de Sa Majeſté l'Impératrices
&Sa Majesté Impériale de Toutes les Ruſſies , le
,
fou
Hvj
180 MERCURE DE FRANCE.
fieur Niſcita de Panin ,Gouverneur de Son Alteffe
Impériale Monſeigneur le Grand Duc , fon Con
ſeilter Privé Actuel , Sénateur & Chevalier de ſes
Ordres , & le Prince Alexandre de Gallitzin , lon
Vice-Chancelier , Conſeiller Privé , Chambellan
Actuel & Chevalier des Ordres de Saint Alexandre-
Newski & de l'Aigle Blanc de Pologne : leſquels
Minittres Plénipotentiaires, après s'être communiqué
& avoir échangé leurs pleins- pouvoirs
trouvés en bonne & due forme , ſont convenus
desArticles ſuivans .
ART. I. Sa Majesté le Roi de Pruffe & Sa Mar
jefté l'Impératrice de toutes les Ruflies s'engagent
pour eux& pour leurs héritiers &fucceffeurs , par
de préſent Traité d'amitié & d'alliance défenſive ,
à ſe conduire l'un envers l'autre comme il convient
à de véritables alliés & ſincères amis , en regardant
, chacun de ſon côté , les intérêts de
l'autre comme les ſiens propres , & en écartant ,
autant qu'il fera poſſible , tout ce qui pourra y
préjudicier.
ART. II . Les Hautes Parries contractantes ,
poſant pour première règle & pour baſe du ſyſ
tême politique de cette alliance d'affermir ſolidement,
pour le bien du genre humain , latranquil.
lisé générale , ſe réſervent en conféquence , d'un
côté, la liberté de conclure même à l'avenir ,
d'autres Traités avec des Puiſſances , qui loin de
porter par leur union quelque préjudice & empêchement
à l'objet principal de celui-ci ,y pourront
encore donner plus de force & d'efficacité :
Elles s'obligent d'an autre côté à ne point prendre
d'engagement contraire au préſent Traité ,
auquel elles ſont convenues d'un commun accord
d'inviter & d'admettre d'autres Cours qui ſeront
animées des mêmes ſentimens ; voulant nonAOUST.
1764 . 181
Teulement ne rien faire , mais même empêcher.
de tout leur pouvoir qu'il ſoit rien fait ni direc
tement ni indirectement , de quelque manière
que ce ſoit , qui puiſſe leur nuire & être contraire
àcet engagement mutuel ; & pour donner plus
de force à cette alliance , elles s'engagent à ſe
garantir réciproquement , & ſe garantiffent en
effet l'un à l'autre de la manière la plus forte &
fans exception , tous les Etats Principautés ,,
Comtés , Seigneuries , Provinces , Territoires &
Villes qu'elles poſſédent actuellement en Europe ,,
lors de la concluſion de ce Traité , &à ſe maintenir
& ſe défendre avec toutes leurs forces
contre qui que ce ſoit , dans la paifible & entière
poffeſſionde leurs ſuſdits Etats.
,
ART. III . En conféquence de la garantie ſtipu
lée dans le deuxiéme Article , & au cas qu'il arrivật
, ce qu'a Dieu ne plaiſe, que l'un ou l'autre
des Hauts Contractans fût attaqué ou troublé par
quelqu'autre Puiſſance, en quelque manière que
ce fût , dans la poſſeſtion de ſes Etats & Provin
ces, ils promettent & s'engagent mutuellem nt
d'employer , avant toutes choſes , leurs bons offi
ces , auſſi-tôt qu'ils en ſeront requis , pour détourner
toute hoftilité & pour procurer à la partie
léſée toute la ſatisfaction qui lui ſera due; & ,
s'il arrivoit que ces bons offices ne fuffent pas.
ſuffiſans pour effectuer une prompte réparation ,
ils promettentde fe donner mutuellement, trois
mois après llaa premiére réquisition , dix mille
hommes d'Infanterie & deux mille hommes de
Cavalerie.
ART. IV. Leurs Majeſtés promettent en même
temps de continuer & de maintenir les ſuſdits .
ſecours juſqu'a la ceſſation entière des hoſtilités..
S'il arrivoit cependant que les ſecours ſtipulés ne
182 MERCURE DE FRANCE.
fuſſent pas fuffiſans pour repouſſer & faire ceffer
les attaques de l'ennemi &pour éteindre entiérement
le feu de la guerre , Elles ſe réſervent dans
cette extrémité , conformément à leur première
intention , de ſe ſervir des voies les plus propres
au rétabliſſement & à l'affermiſſement dela tranquillité
, de ſe concerter ſur les moyens d'auga
menter les ſuſdits ſecours & d'employer , ſi cela
eſt inévitable , toutes leurs forces pour leur défenſe
mutuelle , afin de finir plus promptement
les malheurs de la guerre &d'en empêcher les
progrès.
ART. V. Les troupes auxiliaires doivent être
pourvues de l'artillerie de campagne , des munitions
& de tout ce dont elles auront befoin , à
proportion de leur nombre , & être payées & recrutées
annuellement par la Courqui fera requiſe.
Quant aux rations& portions ordinaires en vivres
&en fourages , elles leur feront données , ainſi
que les quartiers , par la Cour requérante , fur le
piedqu'elle entretient & entretiendra ſes propres
troupes en campagne & dans les quartiers.
ART. VI . Ces mêmes troupes auxiliaires ſeront
ſous le commandement immédiat du Chef de
l'armée de la Cour requérante , mais elles ne
dépendront que des ordres de leur propre Géné
ral , & feront employées dans toutes les opérations
militaires , felon les uſages de la guerre
fans contradiction : cependant ces opérations ſeront
auparavant réglées & déterminées dans le
Confeilde Guerre en préſence du Général qui
les commandera .
ART. VII . L'ordre & l'economie militaire
dans l'intérieur de ces troupes dépendront uniquement
de leur propre Chef; elles ne feront fatiguées
& expoſées qu'autant que le feront celles de
AOUST. 1764. 183
la Cour même qui les aura demandées , & l'on
fera obligé d'obferver dans toutes les occafions
une égalité parfaite & exactement proportionnée
à leur nombre & à leurs forces dans l'armée où
elles ſerviront..En conféquence , elles demeureront
enſemble autant qu'il fera poſſible , & l'on
fera en ſorte de ne point les ſéparer dans les marches
, commandemens , actions , quartiers & autres
occaſions ,
ART. VIII. De plus , ces troupes auxiliaires au
ront leurs propres Aumôniers & l'exercice entiérement
libre de leur Religion , & ne feront jugées
que ſelon les loix & les articlesde guerre de
leurs propres Souverains & par le Général & les
Officiers qui les commanderont .
ART. IX . Les trophées & tont le butin qu'on
aura fait ſur les ennemis , appartiendront aux
troupes qui s'en feront emparées.
ART. X. Sa Majesté le Roi de Prufe & Sa Majeſté
l'Impératrice s'obligent non-ſeulement de
ne point conclure de paix ni de tréve avec l'ennemi
, à l'inſçu l'un de l'autre & fans un conſentement
mutuel , mais encore de n'entrer dans aucun
pourparler à ce ſujet ſans la connoiffance &
l'aveu des deux parties contractantes. Elles promettent
au contraire de ſe communiquer ſans
délai & fidélement toutes les ouvertures qu'on
pourroit leur faire à ce fujet à l'une ou à l'autre ,
directement ou indirectement , de bouche ou par:
écrit.
ART. XI. Si la partie requiſe , après avoir dond
né le ſecours ftipulé dans le troiſiéme Article de
ceTraité, étoit attaquée de forte qu'elle fût forcée
de rappeller ſes troupes pour ſa propre sûreté ,
elle ſera libre de le faire , après en avoir averti
deux mois auparavant la partie requérante. Paz
184 MERCURE DE FRANCE.
reillement , fi la partie requiſe étoit elle-même
en guerredans le temps de la réquifition de manière
u'elle fût obligée de garder auprès d'elle
pour la propre sûreté & pour la défenſe les troupes
qu'elle eût dû donner a fon alliée en vertu de
ceTraité elle aura la liberté de ne point donner
ceſecours pendant tout le temps que cette néceſſité
durefa.
:
ART. XII. Le commerce , tant par terre que
par mer , continuera de ſe faire librement & fans
aucun empêchement entre les Etars , Provinces &
Süjets des deux Cours alliées & dans les Ports ,
Villes & Provinces de commerce , tant deSa
Majesté le Roi de Prutle , que de Sa Majefté
l'Impératrice : on ne mettra pas de plus grands
droits, charges & impôts ſur les Vailleaux & les
Sujets des deux Cours que fur ceux des autres
Nations amies & alliées , & on ne les traitera pas
avec plus de rigueur.
ART. XIII La durée de ce Traité d'alliance
fera de huit ans & avant l'expiration de ce terme
il fera renouvellé ſelon les circonstances.
ART . XIV . Le préſent Traité ſera ratifié &les
ratifications échangées ici dans l'efpace de fix fe
maines ou plutôt fi taire ſe peur.
En foi de quoi les Minittres ſouſſignés ont fait
faire deux exeinplaires ſemblables fignés de leur
propre main , & y ont appofé le cachet de leurs
armes. Fait à S. Petersbourg , le 11 Avril ( 3
Mars V. S. 1164. ( L.S. ) V. F. DE SOLMS ,
( L.S. ) N. PANIN ,
( L. S. ) PR. A. GALLITZIN.
ARTICLE SECRET Comme il eſt de l'intérêt de
Sa Majesté le Roi de Prutfe & de Sa Majesté
l'impératrice de Toutes les Ruffies d'employer :
AOUST . 1764. 185
tous leurs foins & tous leurs efforts pour que la
République de Pologne ſoit maintenue dans ſon
droit de libre élection , & qu'il ne ſoit permis à
perſonne de rendre ledit Royaume héréditaire
dans ſa famille ou de s'y rendre abſolu ; Sa Ma
jeſté le Roi de Pruſſe & Sa MajestéImpériale ont
promis & ſe ſont engagés mutuellement & de la
manière la plus forte par cet Article ſecret
non-ſeulement à ne point permettre que qui que
ce ſoit entreprenne de dépouiller la République de
Pologne de ſon droit de libre élection , de rendre
le Royaume héréditaire , ou de s'y rendre abſolu
dans tous les cas où cela pourroit arriver , mais
encore à prévenir & à anéantir par tous les
moyens potſibles , & d'un commun accord , les
vues & les deſſeins qui pourroient tendre à ce but
auſſi-tôt qu'on les aura découverts , & à avoir
même , en cas de beſoin , recours à la force des
armes pour garantir la République du renverſement
de la conſtitution & de ſes loix fondamentales.
Ce préſent Article ſecret aura la même force
& vigueur que s'il étoit inféré mot pour mot
dans le Traité principal d'alliance défenſive ſigné
aujourd'hui , & ſera ratifié en même temps.
En foi de quoi il en a été fait deux exemplaires
ſemblables que Nous les Miniſtres Plénipotentiaires
de Sa Majesté le Roi de Pruſſe & de Sa
Majesté l'Impératrice de Toutes les Ruffies , autoriſés
pour cet effet , avons ſignés & ſcellés du
cachet de nos armes . Fait à S Petersbourg , le
11 Avril . ( 31 Mars V. S. ) 1764. ( L. S. C. DE
SOLMS , ( L.S .; PANIN , ( L. S. GALLITZIN
SUITE des Nouvelles Politiques :
du mois de Juillet.
i
TRAITÉ conclu'à Petersbourg entre l'Intpératrice
de Ruffie & le Roi de Pruffe , le 11 Avril 1764
AU NOM DE LA SAINTE TRINITÉ .
Sa Majesté le Roi de Pruffe & Sa Majefte
l'Impératrice de Toutes les Ruſſie , ayant mû
rement conſidéré que rien n'eft plus conforme
à leurs intérêts & à leurs avantages communs ,
ni plus propre à aſſurer la durée de la paix fi
heureuſement rétablie en Europe , que de reſſerret
les noeuds de l'amitié & de la bonne intelli
gence qui a toujours régné ci- devant & qui fub-
Aſte à préſent entre les deux Cours , & de confir
mer cette union par un Traité d'alliance défenſive
qui n'ait pour but que la ſûreté de leurs Etats &c
Poſſeſſions reſpectifves , ſe ſont propoſés de porter
afa perfection un ouvrage ſi ſalutaire , & ont
choifi & nommé pour cet effet leurs Plénipotentiaires
, ſçavoir , Sa Majesté le Roi de Prufſe , le
fieur Victor- Frédéric Comte de Solms
Chambellan Actuel , Conſeiller Privé de Légas
tion , & Envoyé Extraordinaire & Miniſtre Plénis
potentiaire à la Cour de Sa Majeſté l'Impératrices
&Sa Majesté Impériale de Toutes les Ruſſies , le
,
fou
Hvj
180 MERCURE DE FRANCE.
fieur Niſcita de Panin ,Gouverneur de Son Alteffe
Impériale Monſeigneur le Grand Duc , fon Con
ſeilter Privé Actuel , Sénateur & Chevalier de ſes
Ordres , & le Prince Alexandre de Gallitzin , lon
Vice-Chancelier , Conſeiller Privé , Chambellan
Actuel & Chevalier des Ordres de Saint Alexandre-
Newski & de l'Aigle Blanc de Pologne : leſquels
Minittres Plénipotentiaires, après s'être communiqué
& avoir échangé leurs pleins- pouvoirs
trouvés en bonne & due forme , ſont convenus
desArticles ſuivans .
ART. I. Sa Majesté le Roi de Pruffe & Sa Mar
jefté l'Impératrice de toutes les Ruflies s'engagent
pour eux& pour leurs héritiers &fucceffeurs , par
de préſent Traité d'amitié & d'alliance défenſive ,
à ſe conduire l'un envers l'autre comme il convient
à de véritables alliés & ſincères amis , en regardant
, chacun de ſon côté , les intérêts de
l'autre comme les ſiens propres , & en écartant ,
autant qu'il fera poſſible , tout ce qui pourra y
préjudicier.
ART. II . Les Hautes Parries contractantes ,
poſant pour première règle & pour baſe du ſyſ
tême politique de cette alliance d'affermir ſolidement,
pour le bien du genre humain , latranquil.
lisé générale , ſe réſervent en conféquence , d'un
côté, la liberté de conclure même à l'avenir ,
d'autres Traités avec des Puiſſances , qui loin de
porter par leur union quelque préjudice & empêchement
à l'objet principal de celui-ci ,y pourront
encore donner plus de force & d'efficacité :
Elles s'obligent d'an autre côté à ne point prendre
d'engagement contraire au préſent Traité ,
auquel elles ſont convenues d'un commun accord
d'inviter & d'admettre d'autres Cours qui ſeront
animées des mêmes ſentimens ; voulant nonAOUST.
1764 . 181
Teulement ne rien faire , mais même empêcher.
de tout leur pouvoir qu'il ſoit rien fait ni direc
tement ni indirectement , de quelque manière
que ce ſoit , qui puiſſe leur nuire & être contraire
àcet engagement mutuel ; & pour donner plus
de force à cette alliance , elles s'engagent à ſe
garantir réciproquement , & ſe garantiffent en
effet l'un à l'autre de la manière la plus forte &
fans exception , tous les Etats Principautés ,,
Comtés , Seigneuries , Provinces , Territoires &
Villes qu'elles poſſédent actuellement en Europe ,,
lors de la concluſion de ce Traité , &à ſe maintenir
& ſe défendre avec toutes leurs forces
contre qui que ce ſoit , dans la paifible & entière
poffeſſionde leurs ſuſdits Etats.
,
ART. III . En conféquence de la garantie ſtipu
lée dans le deuxiéme Article , & au cas qu'il arrivật
, ce qu'a Dieu ne plaiſe, que l'un ou l'autre
des Hauts Contractans fût attaqué ou troublé par
quelqu'autre Puiſſance, en quelque manière que
ce fût , dans la poſſeſtion de ſes Etats & Provin
ces, ils promettent & s'engagent mutuellem nt
d'employer , avant toutes choſes , leurs bons offi
ces , auſſi-tôt qu'ils en ſeront requis , pour détourner
toute hoftilité & pour procurer à la partie
léſée toute la ſatisfaction qui lui ſera due; & ,
s'il arrivoit que ces bons offices ne fuffent pas.
ſuffiſans pour effectuer une prompte réparation ,
ils promettentde fe donner mutuellement, trois
mois après llaa premiére réquisition , dix mille
hommes d'Infanterie & deux mille hommes de
Cavalerie.
ART. IV. Leurs Majeſtés promettent en même
temps de continuer & de maintenir les ſuſdits .
ſecours juſqu'a la ceſſation entière des hoſtilités..
S'il arrivoit cependant que les ſecours ſtipulés ne
182 MERCURE DE FRANCE.
fuſſent pas fuffiſans pour repouſſer & faire ceffer
les attaques de l'ennemi &pour éteindre entiérement
le feu de la guerre , Elles ſe réſervent dans
cette extrémité , conformément à leur première
intention , de ſe ſervir des voies les plus propres
au rétabliſſement & à l'affermiſſement dela tranquillité
, de ſe concerter ſur les moyens d'auga
menter les ſuſdits ſecours & d'employer , ſi cela
eſt inévitable , toutes leurs forces pour leur défenſe
mutuelle , afin de finir plus promptement
les malheurs de la guerre &d'en empêcher les
progrès.
ART. V. Les troupes auxiliaires doivent être
pourvues de l'artillerie de campagne , des munitions
& de tout ce dont elles auront befoin , à
proportion de leur nombre , & être payées & recrutées
annuellement par la Courqui fera requiſe.
Quant aux rations& portions ordinaires en vivres
&en fourages , elles leur feront données , ainſi
que les quartiers , par la Cour requérante , fur le
piedqu'elle entretient & entretiendra ſes propres
troupes en campagne & dans les quartiers.
ART. VI . Ces mêmes troupes auxiliaires ſeront
ſous le commandement immédiat du Chef de
l'armée de la Cour requérante , mais elles ne
dépendront que des ordres de leur propre Géné
ral , & feront employées dans toutes les opérations
militaires , felon les uſages de la guerre
fans contradiction : cependant ces opérations ſeront
auparavant réglées & déterminées dans le
Confeilde Guerre en préſence du Général qui
les commandera .
ART. VII . L'ordre & l'economie militaire
dans l'intérieur de ces troupes dépendront uniquement
de leur propre Chef; elles ne feront fatiguées
& expoſées qu'autant que le feront celles de
AOUST. 1764. 183
la Cour même qui les aura demandées , & l'on
fera obligé d'obferver dans toutes les occafions
une égalité parfaite & exactement proportionnée
à leur nombre & à leurs forces dans l'armée où
elles ſerviront..En conféquence , elles demeureront
enſemble autant qu'il fera poſſible , & l'on
fera en ſorte de ne point les ſéparer dans les marches
, commandemens , actions , quartiers & autres
occaſions ,
ART. VIII. De plus , ces troupes auxiliaires au
ront leurs propres Aumôniers & l'exercice entiérement
libre de leur Religion , & ne feront jugées
que ſelon les loix & les articlesde guerre de
leurs propres Souverains & par le Général & les
Officiers qui les commanderont .
ART. IX . Les trophées & tont le butin qu'on
aura fait ſur les ennemis , appartiendront aux
troupes qui s'en feront emparées.
ART. X. Sa Majesté le Roi de Prufe & Sa Majeſté
l'Impératrice s'obligent non-ſeulement de
ne point conclure de paix ni de tréve avec l'ennemi
, à l'inſçu l'un de l'autre & fans un conſentement
mutuel , mais encore de n'entrer dans aucun
pourparler à ce ſujet ſans la connoiffance &
l'aveu des deux parties contractantes. Elles promettent
au contraire de ſe communiquer ſans
délai & fidélement toutes les ouvertures qu'on
pourroit leur faire à ce fujet à l'une ou à l'autre ,
directement ou indirectement , de bouche ou par:
écrit.
ART. XI. Si la partie requiſe , après avoir dond
né le ſecours ftipulé dans le troiſiéme Article de
ceTraité, étoit attaquée de forte qu'elle fût forcée
de rappeller ſes troupes pour ſa propre sûreté ,
elle ſera libre de le faire , après en avoir averti
deux mois auparavant la partie requérante. Paz
184 MERCURE DE FRANCE.
reillement , fi la partie requiſe étoit elle-même
en guerredans le temps de la réquifition de manière
u'elle fût obligée de garder auprès d'elle
pour la propre sûreté & pour la défenſe les troupes
qu'elle eût dû donner a fon alliée en vertu de
ceTraité elle aura la liberté de ne point donner
ceſecours pendant tout le temps que cette néceſſité
durefa.
:
ART. XII. Le commerce , tant par terre que
par mer , continuera de ſe faire librement & fans
aucun empêchement entre les Etars , Provinces &
Süjets des deux Cours alliées & dans les Ports ,
Villes & Provinces de commerce , tant deSa
Majesté le Roi de Prutle , que de Sa Majefté
l'Impératrice : on ne mettra pas de plus grands
droits, charges & impôts ſur les Vailleaux & les
Sujets des deux Cours que fur ceux des autres
Nations amies & alliées , & on ne les traitera pas
avec plus de rigueur.
ART. XIII La durée de ce Traité d'alliance
fera de huit ans & avant l'expiration de ce terme
il fera renouvellé ſelon les circonstances.
ART . XIV . Le préſent Traité ſera ratifié &les
ratifications échangées ici dans l'efpace de fix fe
maines ou plutôt fi taire ſe peur.
En foi de quoi les Minittres ſouſſignés ont fait
faire deux exeinplaires ſemblables fignés de leur
propre main , & y ont appofé le cachet de leurs
armes. Fait à S. Petersbourg , le 11 Avril ( 3
Mars V. S. 1164. ( L.S. ) V. F. DE SOLMS ,
( L.S. ) N. PANIN ,
( L. S. ) PR. A. GALLITZIN.
ARTICLE SECRET Comme il eſt de l'intérêt de
Sa Majesté le Roi de Prutfe & de Sa Majesté
l'impératrice de Toutes les Ruffies d'employer :
AOUST . 1764. 185
tous leurs foins & tous leurs efforts pour que la
République de Pologne ſoit maintenue dans ſon
droit de libre élection , & qu'il ne ſoit permis à
perſonne de rendre ledit Royaume héréditaire
dans ſa famille ou de s'y rendre abſolu ; Sa Ma
jeſté le Roi de Pruſſe & Sa MajestéImpériale ont
promis & ſe ſont engagés mutuellement & de la
manière la plus forte par cet Article ſecret
non-ſeulement à ne point permettre que qui que
ce ſoit entreprenne de dépouiller la République de
Pologne de ſon droit de libre élection , de rendre
le Royaume héréditaire , ou de s'y rendre abſolu
dans tous les cas où cela pourroit arriver , mais
encore à prévenir & à anéantir par tous les
moyens potſibles , & d'un commun accord , les
vues & les deſſeins qui pourroient tendre à ce but
auſſi-tôt qu'on les aura découverts , & à avoir
même , en cas de beſoin , recours à la force des
armes pour garantir la République du renverſement
de la conſtitution & de ſes loix fondamentales.
Ce préſent Article ſecret aura la même force
& vigueur que s'il étoit inféré mot pour mot
dans le Traité principal d'alliance défenſive ſigné
aujourd'hui , & ſera ratifié en même temps.
En foi de quoi il en a été fait deux exemplaires
ſemblables que Nous les Miniſtres Plénipotentiaires
de Sa Majesté le Roi de Pruſſe & de Sa
Majesté l'Impératrice de Toutes les Ruffies , autoriſés
pour cet effet , avons ſignés & ſcellés du
cachet de nos armes . Fait à S Petersbourg , le
11 Avril . ( 31 Mars V. S. ) 1764. ( L. S. C. DE
SOLMS , ( L.S .; PANIN , ( L. S. GALLITZIN
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Résumé : TRAITÉ conclu à Petersbourg entre l'Impératrice de Russie & le Roi de Prusse, le 11 Avril 1764.
Le 11 avril 1764, un traité d'alliance défensive a été conclu à Petersbourg entre l'impératrice de Russie et le roi de Prusse. Ce traité vise à renforcer l'amitié et la bonne intelligence entre les deux cours, en garantissant la sécurité de leurs États et possessions respectifs. Les points essentiels du traité incluent un engagement mutuel où les deux monarques doivent considérer les intérêts de l'autre comme les leurs propres et écarter tout ce qui pourrait y nuire. Les parties peuvent conclure d'autres traités qui ne nuisent pas à l'alliance principale. Les États et possessions actuels des deux monarques sont garantis mutuellement contre toute attaque. En cas d'attaque, les parties s'engagent à fournir des troupes auxiliaires (10 000 hommes d'infanterie et 2 000 hommes de cavalerie) et à augmenter ces secours si nécessaire. Les troupes auxiliaires seront sous le commandement du chef de l'armée de la cour requérante mais dépendront des ordres de leur propre général. Elles auront leurs propres aumôniers et l'exercice libre de leur religion. Les trophées et le butin appartiendront aux troupes qui s'en seront emparées. Aucune des parties ne peut conclure de paix ou de trêve sans le consentement mutuel. Le commerce entre les deux cours continuera librement sans empêchements. Le traité est valable pour huit ans et peut être renouvelé selon les circonstances. Un article secret stipule que les deux monarques s'engagent à maintenir la République de Pologne dans son droit de libre élection et à empêcher toute tentative de rendre le royaume héréditaire ou absolu. Le traité a été signé par les plénipotentiaires des deux cours et doit être ratifié dans un délai de six semaines.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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31
p. 199-202
AVIS DIVERS.
Début :
On a établi depuis peu dans cette Capitale, par privilége exclusif [...]
Mots clefs :
Bureau, Paris, Vente, Adresse, Lettres, Étrangers, Établissement, Renseignements, Province, Objets, Négociants, Marchands, Privilège
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : AVIS DIVERS.
A VIS DIVER S.
On a établi depuis peu dans cette Capitale ,
par privilége exclufif , un Bureau Général d'Indication
, d'Avis , d'Adreffe & de Rencontre.
Cet Etabliſſement , confacré à l'utilité publique,
a pour but d'indiquer par voies d'adreffe , tous
les objets à vendre ou à louer tant à Paris qu'en
Provinces , comme Terres , Maiſons , Domaines ,
Rentes , Charges , Fonds de Commerce , Meubles
, Bijoux , &c. Meubles ou Appartemens
meublés ou non-meublés ; en forte que les perfonnes
tant de Paris que des Provinces qui ont
quelques objets à vendre , à louer ou à acheter ,
peuvent en adreffer à ce Bureau une note circonftancice
, franche de port , en payant feulement
pour tous frais ; fçavoir , pour les objets à
vendre , une livre ; quatre fols, pour ceux du prix
jufqu'à 1000 liv . 3 liv. pour ceux juſqu'à 10000
liv. & 6 liv. pour ceux de 10 , 15 , 20000 liv . &
au-deffus. A l'égard de ceux à louer , les enregiftremens
font de fix fols pour le loyer jufqu'à
300 liv . de douze fols jufqu'à 1000 liv . & de
vingt-quatre fols jufqu'à 3000 liv. & de trois liv.
pour ceux de 3000 liv . & au- deffus. L'on paye le
double de ce prix pour le renfeignement , & lorfque
les perfonnes ne s'accommodent pas de l'ob-
Liv
200 MERCURE DE FRANCE.
et dont on a délivré lé renfeignement , on leur
en donne d'autres gratis , jnfqu'a ce qu'elles foient
fatisfaites.
Ce Bureau préfente enfin au Public un avantage
fupérieur à toutes les voies dont on s'eft fervi
jufqu'à préfent , foit pour vendre , foit pour rencontrer
l'objet que l'on a envie de fe procurer :
1 ° , par la réunion générale de toutes les chofes
qui fe trouvoient auparavant difperfées , & qui
échappoient à ceux qui en faifoient la recherche :
2 ° , parce que les objets que l'on y fait enregif
trer ne font fupprimés du Tableau qui leur eft
propre , qu'après que l'on en a difpofé.
Les Etrangers qui defireront auſſi trouver à
leur arrivée à Paris un appartement prêt à occuper
, pourront écrire directement à ce Bureau ,
qui fe chargera de leur en procurer , enjoignant.
feulement a leur Lettre un Mandat payable à
Paris , au moins pour le montant du premier
mois .
On peut aufli s'y adreffer pour les Extraits de
Baptême , Mariages , Sépultures , & c. & pour
toutes autres recherches & expéditions .
Ce Bureau , pour ne négliger aucun des objets
utiles à la Société , enregistre auffi les diverſes
Penfions Collégiales , Conventuelles & Bourgeoifes
, tant de Paris que des Provinces , moyennant
un abonnement de 3 liv . par année ſealement , &
à la faveur du Tableau détaillé que l'on y aura
fait inférer des prix , nourritures , foins & éducations
qu'on y reçoit , le Particulier ou le Père
de Famille feront moins embarraffés dans le
choix que leur fortune ou les circonstances exigeront.
On a encore réuni un nouvel objet à ce Bureau
qui intérefle particulièrement les Etrangers qui
NOVEMBRE. 1764. 20-
venant à Paris , n'ayant pas de domicile abfoluz
ment fixe & permanent , font fouvent expofes
perdre les Letrres ou effets qui leur font adref
fés , foit par les fréquens changemens de demeu
re , ou par la négligence de ceux chez qui l'on
pourroit le les faire adreffer , foit enfin pour év
ter les incommodités qui peuvent réfulter de la
curiofité , fouvent même de l'indifcrétion de ceux
entre les mains de qui pourroient tomber ces
Lettres. Or ce Bureau préfente un moyen facile
de prévenir ces fortes de défagrémens , par la
railon qu'on peut s'y faire adreffer directement
ces Lettres comme à un domicile qui devient
commun à tous Etrangers & Citoyens ; & que par
l'ordre qu'on y tient, elles font exactement remifes
à la volonté des Commettans , ce qui s'entend
pareillement de toutes les Villes où l'on fe
propofe d'établir de femblables Bureaux .
Il eft effentiel d'obferver qu'on ne fe charge de
la réception defdites Lettres , qu'autant que le
port en eft acquitté , ou que l'on auroit pris avec
le Bureau des arrangemens particuliers & relatifs
à cet objet , en payant deux fols pour la remife de
chacune defdites Lettres.
N. B. Ceux qui defireront former un pareil Etabliffement
dans les principales Villes du Royaume
s'adrefferont , pour en traiter , au Bureau Général ,
rue S. Honoré , à l'Hôtel d'Aligre.
Quoique ce que nous venons d'annoncer ne
foit qu'un extrait fort abrégé de l'utilité de cet
établiſſement , nous pensons qu'il eft fuffisamment
étendu pour que chacun juge en particulier de
l'avantage qu'il peut y trouver.
Les Négocians , les Marchands ou Artiftes ,
&c , qui étant difpofés à augmenter leur Commerce
ou a quitter leur Etat , & qui n'attendent fouvent
Iy
>
202 MERCURE DE FRANCE:
que l'occafion favorable de céder leur fond , ou
enfin les Charges ou Priviléges auxquels ils font
attachés, & ceux qui n'attendent également qu'une
femblable rencontre pour former leur Etabliffement
, envifageront aifément la facilité que leur
préfente à cet égard ce nouveau Bureau. En effet
tous ceux qui font dans l'un & dans l'autre cas
pouvant ufer de la voie qui leur eft ouverte , il est
évident qu'ils feront plus à portée qu'auparavant
de remplir réciproquement leurs vues.
On conçoit qu'il en peut être la même choſe à
l'égard des perfonnes qui defirent fe procurer un
Secrétaire , un Intendant , un Régiffeur , &c , &
de celles qui defirent fe placer en cette qualité.
Nous remarquons auffi qu'il ne feroit pas
moins intéreſſant aux Négocians, aux Marchands,
foit en gros , foit en détail , & à bien d'autres
Particuliers , de faire mettre leurs adreffes audit
Bureau chaque fois qu'ils changent de demeure
, parce que quelques circonftances les obligent
à quitter un quartier où ils auront acquis une
réputation avantageufe , les perfonnes qui leur
feront attachées auront par-là un moyen fûr de
les retrouver.
On a établi depuis peu dans cette Capitale ,
par privilége exclufif , un Bureau Général d'Indication
, d'Avis , d'Adreffe & de Rencontre.
Cet Etabliſſement , confacré à l'utilité publique,
a pour but d'indiquer par voies d'adreffe , tous
les objets à vendre ou à louer tant à Paris qu'en
Provinces , comme Terres , Maiſons , Domaines ,
Rentes , Charges , Fonds de Commerce , Meubles
, Bijoux , &c. Meubles ou Appartemens
meublés ou non-meublés ; en forte que les perfonnes
tant de Paris que des Provinces qui ont
quelques objets à vendre , à louer ou à acheter ,
peuvent en adreffer à ce Bureau une note circonftancice
, franche de port , en payant feulement
pour tous frais ; fçavoir , pour les objets à
vendre , une livre ; quatre fols, pour ceux du prix
jufqu'à 1000 liv . 3 liv. pour ceux juſqu'à 10000
liv. & 6 liv. pour ceux de 10 , 15 , 20000 liv . &
au-deffus. A l'égard de ceux à louer , les enregiftremens
font de fix fols pour le loyer jufqu'à
300 liv . de douze fols jufqu'à 1000 liv . & de
vingt-quatre fols jufqu'à 3000 liv. & de trois liv.
pour ceux de 3000 liv . & au- deffus. L'on paye le
double de ce prix pour le renfeignement , & lorfque
les perfonnes ne s'accommodent pas de l'ob-
Liv
200 MERCURE DE FRANCE.
et dont on a délivré lé renfeignement , on leur
en donne d'autres gratis , jnfqu'a ce qu'elles foient
fatisfaites.
Ce Bureau préfente enfin au Public un avantage
fupérieur à toutes les voies dont on s'eft fervi
jufqu'à préfent , foit pour vendre , foit pour rencontrer
l'objet que l'on a envie de fe procurer :
1 ° , par la réunion générale de toutes les chofes
qui fe trouvoient auparavant difperfées , & qui
échappoient à ceux qui en faifoient la recherche :
2 ° , parce que les objets que l'on y fait enregif
trer ne font fupprimés du Tableau qui leur eft
propre , qu'après que l'on en a difpofé.
Les Etrangers qui defireront auſſi trouver à
leur arrivée à Paris un appartement prêt à occuper
, pourront écrire directement à ce Bureau ,
qui fe chargera de leur en procurer , enjoignant.
feulement a leur Lettre un Mandat payable à
Paris , au moins pour le montant du premier
mois .
On peut aufli s'y adreffer pour les Extraits de
Baptême , Mariages , Sépultures , & c. & pour
toutes autres recherches & expéditions .
Ce Bureau , pour ne négliger aucun des objets
utiles à la Société , enregistre auffi les diverſes
Penfions Collégiales , Conventuelles & Bourgeoifes
, tant de Paris que des Provinces , moyennant
un abonnement de 3 liv . par année ſealement , &
à la faveur du Tableau détaillé que l'on y aura
fait inférer des prix , nourritures , foins & éducations
qu'on y reçoit , le Particulier ou le Père
de Famille feront moins embarraffés dans le
choix que leur fortune ou les circonstances exigeront.
On a encore réuni un nouvel objet à ce Bureau
qui intérefle particulièrement les Etrangers qui
NOVEMBRE. 1764. 20-
venant à Paris , n'ayant pas de domicile abfoluz
ment fixe & permanent , font fouvent expofes
perdre les Letrres ou effets qui leur font adref
fés , foit par les fréquens changemens de demeu
re , ou par la négligence de ceux chez qui l'on
pourroit le les faire adreffer , foit enfin pour év
ter les incommodités qui peuvent réfulter de la
curiofité , fouvent même de l'indifcrétion de ceux
entre les mains de qui pourroient tomber ces
Lettres. Or ce Bureau préfente un moyen facile
de prévenir ces fortes de défagrémens , par la
railon qu'on peut s'y faire adreffer directement
ces Lettres comme à un domicile qui devient
commun à tous Etrangers & Citoyens ; & que par
l'ordre qu'on y tient, elles font exactement remifes
à la volonté des Commettans , ce qui s'entend
pareillement de toutes les Villes où l'on fe
propofe d'établir de femblables Bureaux .
Il eft effentiel d'obferver qu'on ne fe charge de
la réception defdites Lettres , qu'autant que le
port en eft acquitté , ou que l'on auroit pris avec
le Bureau des arrangemens particuliers & relatifs
à cet objet , en payant deux fols pour la remife de
chacune defdites Lettres.
N. B. Ceux qui defireront former un pareil Etabliffement
dans les principales Villes du Royaume
s'adrefferont , pour en traiter , au Bureau Général ,
rue S. Honoré , à l'Hôtel d'Aligre.
Quoique ce que nous venons d'annoncer ne
foit qu'un extrait fort abrégé de l'utilité de cet
établiſſement , nous pensons qu'il eft fuffisamment
étendu pour que chacun juge en particulier de
l'avantage qu'il peut y trouver.
Les Négocians , les Marchands ou Artiftes ,
&c , qui étant difpofés à augmenter leur Commerce
ou a quitter leur Etat , & qui n'attendent fouvent
Iy
>
202 MERCURE DE FRANCE:
que l'occafion favorable de céder leur fond , ou
enfin les Charges ou Priviléges auxquels ils font
attachés, & ceux qui n'attendent également qu'une
femblable rencontre pour former leur Etabliffement
, envifageront aifément la facilité que leur
préfente à cet égard ce nouveau Bureau. En effet
tous ceux qui font dans l'un & dans l'autre cas
pouvant ufer de la voie qui leur eft ouverte , il est
évident qu'ils feront plus à portée qu'auparavant
de remplir réciproquement leurs vues.
On conçoit qu'il en peut être la même choſe à
l'égard des perfonnes qui defirent fe procurer un
Secrétaire , un Intendant , un Régiffeur , &c , &
de celles qui defirent fe placer en cette qualité.
Nous remarquons auffi qu'il ne feroit pas
moins intéreſſant aux Négocians, aux Marchands,
foit en gros , foit en détail , & à bien d'autres
Particuliers , de faire mettre leurs adreffes audit
Bureau chaque fois qu'ils changent de demeure
, parce que quelques circonftances les obligent
à quitter un quartier où ils auront acquis une
réputation avantageufe , les perfonnes qui leur
feront attachées auront par-là un moyen fûr de
les retrouver.
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Résumé : AVIS DIVERS.
Un Bureau Général d'Indication, d'Avis, d'Adresse et de Rencontre a été créé à Paris. Cet établissement facilite la vente, la location ou l'achat de divers objets, tels que terres, maisons, domaines, rentes, charges, fonds de commerce, meubles, bijoux, et appartements meublés ou non. Les intéressés peuvent soumettre une note détaillée en payant des frais spécifiques selon la valeur des objets. Le Bureau propose également des services de renseignements gratuits jusqu'à satisfaction et enregistre les pensions collégiales, conventuelles et bourgeoises pour aider les particuliers dans leurs choix. Les étrangers peuvent utiliser ce Bureau pour trouver des appartements ou recevoir leur courrier, évitant ainsi les pertes dues aux changements fréquents de domicile. Le Bureau garantit la réception et la remise exacte des lettres contre paiement des frais de port. Pour établir des bureaux similaires dans d'autres villes, il est possible de contacter le Bureau Général à l'Hôtel d'Aligre, rue Saint-Honoré. Ce service est particulièrement utile pour les négociants, marchands, artisans et autres particuliers cherchant à augmenter leur commerce ou à trouver des opportunités d'emploi. Il facilite également la recherche de secrétaires, intendants, régisseurs, et autres postes similaires. Les particuliers sont encouragés à mettre à jour leurs adresses auprès du Bureau pour maintenir le contact avec leurs relations professionnelles.
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