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Liste
351
p. 3018-3024
Lettre Pastorale de l'Evêque de Marseille. [titre d'après la table]
Début :
LETTRE PASTORALE de M. l'Evêque de Marseille, au Clergé séculier et régulier [...]
Mots clefs :
Pallium, Marseille, Lettre, Gloire
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texteReconnaissance textuelle : Lettre Pastorale de l'Evêque de Marseille. [titre d'après la table]
LETTRE PASTORALE de M. l'Evêque
de Marseille , au Clergé séculier et régulier
de son Diocèse , au sujet du PALLIUMque
N. S. Pere le Pape vient de lui ac-
11. Vol
corde
DECEMBRE 1731. 30191
corder par une grace particuliere. A Mar
seille , de l'Imprimerie de J.P.Brebion . Brochure
in 4. de 5 pages. M. DCC. XXXI.
L'Exposé de cette Lettre est également
pieux , instructif et digne du sujet. Nous
nous contenterons d'en rapporter un seul
trait , qui fera juger du reste.
Marseille Payenne , se glorifioit au-
>>trefois dans le pompeux, mais vain titre
de Soeur de Rome. Que Marseille chré-
>> tienne et toujours catholique se glorifie
>> bien plus dans son union intime et per-
» petuelle avec l'Eglise Romaine , et dans
»son humble er parfaite soumission à
» toutes ses décisions . C'est en cela que
consiste la veritable gloire d'un Chré
»tien , et c'est delà que dépend son éter
nelle félicité.
pour
La Lettre finit , en ordonnant des
Prieres N. S. Pere le Pape , et par
une Exhortation pathetique de ne point
oublier dans les mêmes Prieres , « le Pré-
» lat auquel S. S. vient d'accorder l'or-
» nement sacré, &c. afin que quand Dieu.
» trouvera à propos de l'appeller à lui , il
» l'unisse dans le ciel à cette multitude
» de saints Evêques , qui avant lui ont~ .
gouverné l'Eglise de Marseille.
Peu de temps après la publication de
cette Lettre , dattée du 18 Octobre 17,1 .
II. Vol .
Ej
M ..
3200 MERCURE DE FRANCE
M. l'Evêque de Marseille alla recevois
à Arles le Pallium , des mains de M. l'Archevêque
, son Métropolitain , avec les
ceremonies accoûtumées.
Nous aurions pû à l'occasion de cette
Ceremonie , ajoûter ici quelques Remarques
Historiques sur le Pallium , pour
instruire ceux de nos Lecteurs qui peuvent
en avoir besoin ; mais ce sujet , simple
en apparence , est d'une longue discussion
et nous auroit porté infailliblement
au - delà des bornes que nous sommes
obligez de nous prescrire. La seule
chose qui pouvoit nous convenir , étoit
de donner un précis de la Dissertation *
Latine de Dom Thierri Ruinart , le det
nier de tous les Auteurs qui ont écrit
sur le Pallium , et qu'on peut dire avoir
épuisé cette matiere , si nous n'avions
été prévenus par les Auteurs du Journal
de Trévoux , qui ont donné un fort
bel Extrait de cette Dissertation dans
leur Journal du mois de Novembre 1724.
page 1942. Nous renvoyons avec plaisir
les Lecteurs à cet Extrait qui les instruira.
agréablement , et nous nous contentons
d'employer ici les dernieres paroles de D.
Oeuvres posthumes de D. Jean Mabillon
et de D. T. Ruinart , T. II, P. 401. publiées
par D. Vincent Thuillier en 1724.
II. Vola Rui
DECEMBRE 1731. 302F
Ruinart en finissant sa Dissertation ; elles
sont remarquables et propres à donner la
grande idée que l'on doit avoir du Pallium.
» Pour moi , dit ce sçavant Benedictin ,
» je crois qu'il ne me reste plus qu'à congratuler
le Pallium, de s'être elevé d'ung
» origine assez obscure , à ce haut degré
» d'honneur et de gloire où nous venous
» de le voir dans notre Ecrit ; ensorte
» qu'entre tous les habits Ecclesiastiques
» il n'y a rien de plus grand et de plus .
illustre. On peut donc , à fort juste
»titre , appliquer à notre Pallium , ce que
» Tertullien a dit autrefois du Manteau
des Chrétiens , sur la fin de son Traité
» de Pallio. GAUDE PALLIUM , ET EXUL-
» TA : MELIOR JAM TE PHILOSOPHIA DI-
» GNATA EST , EX QUO CHRISTIANUM immo-
» Archiepiscopum et Episcopum VESTIRE ;
COEPISTI .
Nous avons parlé plus d'une fois du grand
Ouvrage intitulé : ORIENS Christianus et Affrica,
entrepris et assidûment continué par le R.P. le
Quien , Dominicain , Auteur d'une belle Editiondes
OEuvres de S. Jean de Damas , & c. Les Sçavans
nõus sçaurons gré , sans doute ,
de leur apprendre
que cet Ouvrage s'imprime actuellement
au Louvre avec beaucoup de soin et de diligence ,
La Direction de la Librairie , dont M. Chauyelin
de Beauséjour , Intendant d'Amiens , étoit
II. Vol,
chargé,
3022 MERCURE DE FRANCE
chargé , a été donnée à M. Roullier , Maître dess
Requêtes , Intendant du Commerce.
A l'occasion d'un Memoire anonyme qui nous
a été adressé , intitulé , Refléxions sur les moyens
d'avoir des Remedes Specifiques , &c. et que
nous n'imprimerons pas , par la raison qu'on va
voir ; nous avertissons les Personnes bien inten
tionnées pour le bien public , tel que nous paroît
être l'Auteur du Mémoire , et toutes celles qui
prétendent avoir des Remedes particuliers et specifiques
pour quelque maladie que ce soit , nous
les avertissons , dis -je , qu'il y a une Commission
déja toute établie , sous l'autorité du Roy ,
pour connoître des Remedes Specifiques , à laquelle
M. le Premier Medecin préside . Elle est
composée de six Medecins , de, deux Apotiquai--
res et de quatre Chirurgiens , et s'assemble au
Louvre en des temps marquez. Il paroît que le
Projet contenu dans le Memoire en question ,
tombe de lui-même , en quelque façon , par l'utile
établissement dont on vient d'instruire le-
Public.
L'Académie Royale de Peinture et de Sculp--
ture , connoissant le gout de M. le Comte de
Caylus , pour le Dessein et la Peinture , et l'estime
qu'il fait des habiles gens qui composent cette ce--
lebre Compagnie , elle lui a donné une Place d'Amateur
Honoraire ; et il prit séance dans l'Assem→→
blée le premier de ce mois.
On écrit de Russie , qu'on a tiré des Mines de
Siberie , pendant l'Eté dernier , une grande quantité
de fer et de cuivre , et environ 2000. onces
d'argent qui est très- fin..
11. Vel On
DECEMBR E. * 1731. 3023-
On apprend de Petersbourg , que les Décou
vertes que l'Académie des Sciences qui y est éta
blie a faites depuis trois ans sur la veritable situation
du passage par le Nord , qui donne entrée
dans la Mer de Tartarie , et les Relations de
quelques Voyageurs , qui depuis le même-temps .
ant franchi ce passage , ont déterminé la Czarine
à envoyer par terre sur la Côte de Tartarie , quel
ques Officiers de Marine experimentez ,
deux Académiciens de Petersbourg , pour faire
des Observations et prendre des hauteurs exactes
; on doit leur donner une escorte considera
ble et des vivres pour un an..
avec
On écrit de Rome , que des Ouvriers travail
lans depuis peu dans une Vigne de Grottarosa ,,
qui appartient au Chapitre de l'Eglise de S. Pierre
, y ont trouvé une grande . Urne de Marbre ,
auprès d'une petits Statue de femme pleurante ,
tenant une main appuyée sur un Piedestal d'ambre
très bien travaillé , et de l'autre un Vase,
rempli d'une liqueur Balsamique et couvert d'un
filagramme d'or. Le Cardinal Camerlingue a
demandé qu'on fit estimer cette Figure antique
qu'il veut acheter pour l'envoyer au Roy de Po
logne.
-
Le 9. de ce mois , vers les 5. heures du soir ,
on ressentit à Florence une legere secousse de
Tremblement de Terre , et deux autres pendant
la nuit suivante ; on apperçut le même jour un .
nuage lumineux poussé avec assez de violence du
Levant au Couchant , où il disparut près de l'horison.
Ce Phénomene étoit different en tout d'u……
ne Aurore Boreale,
11. Vol
On
3024 MERCURE
DE FRANCE
On écrit de Vienne , que l'Empereur a donné
ordre de faire acheter les meilleurs Livres et les
plus rares pour enrichir la Bibliotheque Imperiale
, et la rendre une des plus considerables de
l'Europe. S. M. I. a aussi ordonné de faire venir ,
à Vienne de France , d'Angleterre et d'Hollande,
des personnes sçavantes dans toutes sortes d'Arts
et de Sciences , qu'elle veut faire fleurir dans ses:
Etats , ayant résolu de ne rien épargner pour cela .
de Marseille , au Clergé séculier et régulier
de son Diocèse , au sujet du PALLIUMque
N. S. Pere le Pape vient de lui ac-
11. Vol
corde
DECEMBRE 1731. 30191
corder par une grace particuliere. A Mar
seille , de l'Imprimerie de J.P.Brebion . Brochure
in 4. de 5 pages. M. DCC. XXXI.
L'Exposé de cette Lettre est également
pieux , instructif et digne du sujet. Nous
nous contenterons d'en rapporter un seul
trait , qui fera juger du reste.
Marseille Payenne , se glorifioit au-
>>trefois dans le pompeux, mais vain titre
de Soeur de Rome. Que Marseille chré-
>> tienne et toujours catholique se glorifie
>> bien plus dans son union intime et per-
» petuelle avec l'Eglise Romaine , et dans
»son humble er parfaite soumission à
» toutes ses décisions . C'est en cela que
consiste la veritable gloire d'un Chré
»tien , et c'est delà que dépend son éter
nelle félicité.
pour
La Lettre finit , en ordonnant des
Prieres N. S. Pere le Pape , et par
une Exhortation pathetique de ne point
oublier dans les mêmes Prieres , « le Pré-
» lat auquel S. S. vient d'accorder l'or-
» nement sacré, &c. afin que quand Dieu.
» trouvera à propos de l'appeller à lui , il
» l'unisse dans le ciel à cette multitude
» de saints Evêques , qui avant lui ont~ .
gouverné l'Eglise de Marseille.
Peu de temps après la publication de
cette Lettre , dattée du 18 Octobre 17,1 .
II. Vol .
Ej
M ..
3200 MERCURE DE FRANCE
M. l'Evêque de Marseille alla recevois
à Arles le Pallium , des mains de M. l'Archevêque
, son Métropolitain , avec les
ceremonies accoûtumées.
Nous aurions pû à l'occasion de cette
Ceremonie , ajoûter ici quelques Remarques
Historiques sur le Pallium , pour
instruire ceux de nos Lecteurs qui peuvent
en avoir besoin ; mais ce sujet , simple
en apparence , est d'une longue discussion
et nous auroit porté infailliblement
au - delà des bornes que nous sommes
obligez de nous prescrire. La seule
chose qui pouvoit nous convenir , étoit
de donner un précis de la Dissertation *
Latine de Dom Thierri Ruinart , le det
nier de tous les Auteurs qui ont écrit
sur le Pallium , et qu'on peut dire avoir
épuisé cette matiere , si nous n'avions
été prévenus par les Auteurs du Journal
de Trévoux , qui ont donné un fort
bel Extrait de cette Dissertation dans
leur Journal du mois de Novembre 1724.
page 1942. Nous renvoyons avec plaisir
les Lecteurs à cet Extrait qui les instruira.
agréablement , et nous nous contentons
d'employer ici les dernieres paroles de D.
Oeuvres posthumes de D. Jean Mabillon
et de D. T. Ruinart , T. II, P. 401. publiées
par D. Vincent Thuillier en 1724.
II. Vola Rui
DECEMBRE 1731. 302F
Ruinart en finissant sa Dissertation ; elles
sont remarquables et propres à donner la
grande idée que l'on doit avoir du Pallium.
» Pour moi , dit ce sçavant Benedictin ,
» je crois qu'il ne me reste plus qu'à congratuler
le Pallium, de s'être elevé d'ung
» origine assez obscure , à ce haut degré
» d'honneur et de gloire où nous venous
» de le voir dans notre Ecrit ; ensorte
» qu'entre tous les habits Ecclesiastiques
» il n'y a rien de plus grand et de plus .
illustre. On peut donc , à fort juste
»titre , appliquer à notre Pallium , ce que
» Tertullien a dit autrefois du Manteau
des Chrétiens , sur la fin de son Traité
» de Pallio. GAUDE PALLIUM , ET EXUL-
» TA : MELIOR JAM TE PHILOSOPHIA DI-
» GNATA EST , EX QUO CHRISTIANUM immo-
» Archiepiscopum et Episcopum VESTIRE ;
COEPISTI .
Nous avons parlé plus d'une fois du grand
Ouvrage intitulé : ORIENS Christianus et Affrica,
entrepris et assidûment continué par le R.P. le
Quien , Dominicain , Auteur d'une belle Editiondes
OEuvres de S. Jean de Damas , & c. Les Sçavans
nõus sçaurons gré , sans doute ,
de leur apprendre
que cet Ouvrage s'imprime actuellement
au Louvre avec beaucoup de soin et de diligence ,
La Direction de la Librairie , dont M. Chauyelin
de Beauséjour , Intendant d'Amiens , étoit
II. Vol,
chargé,
3022 MERCURE DE FRANCE
chargé , a été donnée à M. Roullier , Maître dess
Requêtes , Intendant du Commerce.
A l'occasion d'un Memoire anonyme qui nous
a été adressé , intitulé , Refléxions sur les moyens
d'avoir des Remedes Specifiques , &c. et que
nous n'imprimerons pas , par la raison qu'on va
voir ; nous avertissons les Personnes bien inten
tionnées pour le bien public , tel que nous paroît
être l'Auteur du Mémoire , et toutes celles qui
prétendent avoir des Remedes particuliers et specifiques
pour quelque maladie que ce soit , nous
les avertissons , dis -je , qu'il y a une Commission
déja toute établie , sous l'autorité du Roy ,
pour connoître des Remedes Specifiques , à laquelle
M. le Premier Medecin préside . Elle est
composée de six Medecins , de, deux Apotiquai--
res et de quatre Chirurgiens , et s'assemble au
Louvre en des temps marquez. Il paroît que le
Projet contenu dans le Memoire en question ,
tombe de lui-même , en quelque façon , par l'utile
établissement dont on vient d'instruire le-
Public.
L'Académie Royale de Peinture et de Sculp--
ture , connoissant le gout de M. le Comte de
Caylus , pour le Dessein et la Peinture , et l'estime
qu'il fait des habiles gens qui composent cette ce--
lebre Compagnie , elle lui a donné une Place d'Amateur
Honoraire ; et il prit séance dans l'Assem→→
blée le premier de ce mois.
On écrit de Russie , qu'on a tiré des Mines de
Siberie , pendant l'Eté dernier , une grande quantité
de fer et de cuivre , et environ 2000. onces
d'argent qui est très- fin..
11. Vel On
DECEMBR E. * 1731. 3023-
On apprend de Petersbourg , que les Décou
vertes que l'Académie des Sciences qui y est éta
blie a faites depuis trois ans sur la veritable situation
du passage par le Nord , qui donne entrée
dans la Mer de Tartarie , et les Relations de
quelques Voyageurs , qui depuis le même-temps .
ant franchi ce passage , ont déterminé la Czarine
à envoyer par terre sur la Côte de Tartarie , quel
ques Officiers de Marine experimentez ,
deux Académiciens de Petersbourg , pour faire
des Observations et prendre des hauteurs exactes
; on doit leur donner une escorte considera
ble et des vivres pour un an..
avec
On écrit de Rome , que des Ouvriers travail
lans depuis peu dans une Vigne de Grottarosa ,,
qui appartient au Chapitre de l'Eglise de S. Pierre
, y ont trouvé une grande . Urne de Marbre ,
auprès d'une petits Statue de femme pleurante ,
tenant une main appuyée sur un Piedestal d'ambre
très bien travaillé , et de l'autre un Vase,
rempli d'une liqueur Balsamique et couvert d'un
filagramme d'or. Le Cardinal Camerlingue a
demandé qu'on fit estimer cette Figure antique
qu'il veut acheter pour l'envoyer au Roy de Po
logne.
-
Le 9. de ce mois , vers les 5. heures du soir ,
on ressentit à Florence une legere secousse de
Tremblement de Terre , et deux autres pendant
la nuit suivante ; on apperçut le même jour un .
nuage lumineux poussé avec assez de violence du
Levant au Couchant , où il disparut près de l'horison.
Ce Phénomene étoit different en tout d'u……
ne Aurore Boreale,
11. Vol
On
3024 MERCURE
DE FRANCE
On écrit de Vienne , que l'Empereur a donné
ordre de faire acheter les meilleurs Livres et les
plus rares pour enrichir la Bibliotheque Imperiale
, et la rendre une des plus considerables de
l'Europe. S. M. I. a aussi ordonné de faire venir ,
à Vienne de France , d'Angleterre et d'Hollande,
des personnes sçavantes dans toutes sortes d'Arts
et de Sciences , qu'elle veut faire fleurir dans ses:
Etats , ayant résolu de ne rien épargner pour cela .
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Résumé : Lettre Pastorale de l'Evêque de Marseille. [titre d'après la table]
En décembre 1731, l'évêque de Marseille publia une lettre pastorale destinée au clergé séculier et régulier de son diocèse. Cette lettre abordait le pallium, une distinction papale, et soulignait l'importance de l'union et de la soumission de Marseille à l'Église romaine, vue comme la véritable gloire chrétienne. La lettre se concluait par une exhortation à prier pour le pape et pour l'évêque, afin qu'il rejoigne les saints évêques de Marseille après sa mort. Par la suite, l'évêque se rendit à Arles pour recevoir le pallium des mains de l'archevêque, son métropolitain, selon les cérémonies habituelles. Le texte mentionne également une dissertation latine de Dom Thierry Ruinart sur le pallium, renvoyant les lecteurs à un extrait déjà publié dans le Journal de Trévoux. Ruinart y décrivait l'honneur et la gloire associés au pallium, le comparant au manteau des chrétiens décrit par Tertullien. Le texte évoque aussi divers sujets, tels que la publication de l'ouvrage 'Oriens Christianus et Africa' par le Père Quin, imprimé au Louvre, et la direction de la librairie confiée à M. Roullier. Il mentionne une commission royale pour examiner les remèdes spécifiques, ainsi que l'attribution d'une place d'amateur honoraire à M. le Comte de Caylus à l'Académie Royale de Peinture et de Sculpture. Des nouvelles de Russie, de Rome, de Florence et de Vienne complètent le texte, relatant des découvertes minières, des fouilles archéologiques, des phénomènes naturels et des initiatives impériales en matière de culture et de science.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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352
p. 3046
ITALIE.
Début :
Le Pape a envoyé au Cardinal Bichi, une Cedule de 3000. écus, pour le mettre en état [...]
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
Ledule de 1000, écus , pour le mettre en état
E Pape a envoyé au Cardinal Bichi , une
de faire son Entrée publique à Rome , où l'on
croit qu'il ne viendra que vers les Fêtes de Pâques .
On a appris de la Bastia , que les Rebelles de
PIsle de Corse faisoient des préparatifs extraordinaires
pour attaquer le Poste de San - Pelegrino ,
aussi-tôt que le terme de la Suspension d'Armes
seroit expiré ; que le General qui commande les
Troupes de la République , avoit fait fortifierce
Poste , qui est dans une situation avantageuse ;.
que les Troupes Genoises étoient entrées en
quartier d'hyver , ainsi que les Troupes Auxiliaires
de l'Empereur , dont il est mort plus de 800.
hommes de differentes maladies..
On écrit de Florence , qu'on a envoyé les
ordres du Grand Duc à Livourne , pour y faireéquiper
en diligence les Galeres de ce Prince, qui
doivent aller au - devant de l'Infant Don Carlos ,
et que le Grand-Dac a nommé vingt Chevaliers de
P'Ordre de S. Etienne , pour monter ces Galeres ,
qui iront jusqu'à Antibes .
On attend de Rome le Prince Barthelemi Corsini
, Grand - Ecuyer de Don Carlos , qui doit se
rendre à Livourne , pour y remplir les fonctions
de sa Charge.
E Pape a envoyé au Cardinal Bichi , une
de faire son Entrée publique à Rome , où l'on
croit qu'il ne viendra que vers les Fêtes de Pâques .
On a appris de la Bastia , que les Rebelles de
PIsle de Corse faisoient des préparatifs extraordinaires
pour attaquer le Poste de San - Pelegrino ,
aussi-tôt que le terme de la Suspension d'Armes
seroit expiré ; que le General qui commande les
Troupes de la République , avoit fait fortifierce
Poste , qui est dans une situation avantageuse ;.
que les Troupes Genoises étoient entrées en
quartier d'hyver , ainsi que les Troupes Auxiliaires
de l'Empereur , dont il est mort plus de 800.
hommes de differentes maladies..
On écrit de Florence , qu'on a envoyé les
ordres du Grand Duc à Livourne , pour y faireéquiper
en diligence les Galeres de ce Prince, qui
doivent aller au - devant de l'Infant Don Carlos ,
et que le Grand-Dac a nommé vingt Chevaliers de
P'Ordre de S. Etienne , pour monter ces Galeres ,
qui iront jusqu'à Antibes .
On attend de Rome le Prince Barthelemi Corsini
, Grand - Ecuyer de Don Carlos , qui doit se
rendre à Livourne , pour y remplir les fonctions
de sa Charge.
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Résumé : ITALIE.
Au début du XVIIIe siècle en Italie, plusieurs événements politiques et militaires sont rapportés. À Rome, le pape a adressé une lettre au Cardinal Bichi pour organiser son entrée publique prévue vers les fêtes de Pâques. En Corse, les rebelles se préparent à attaquer le poste de San-Pelegrino après la fin de la suspension d'armes, tandis que le général commandant les troupes de la République a renforcé ce poste. Les troupes génoises et les forces auxiliaires de l'empereur sont en quartiers d'hiver, mais plus de 800 hommes sont décédés de diverses maladies. À Florence, le Grand-Duc a ordonné l'équipement des galères à Livourne pour accueillir l'Infant Don Carlos. Vingt chevaliers de l'Ordre de Saint-Étienne ont été désignés pour servir sur ces galères, qui se dirigeront vers Antibes. Le Prince Barthélemi Corsini, Grand-Écuyer de Don Carlos, est attendu à Rome avant de se rendre à Livourne pour y exercer ses fonctions.
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353
p. 3047-3050
REGLEMENT fait et publié à Livourne , au sujet des Troupes débarquées , &c.
Début :
Les Troupes Espagnoles qu'on introduira dans les Places de la Toscane, seront payées et entretenues [...]
Mots clefs :
Toscane, Bataillons, Dragons, Garnisons, Lisbonne, Londres
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texteReconnaissance textuelle : REGLEMENT fait et publié à Livourne , au sujet des Troupes débarquées , &c.
REGLEMENT fait et publié à
Livourne , au sujet des Troupes
débarquées , &c.
Es Troupes Espagnoles qu'on introduira dans
les Places de la Toscane , seront payées et entretenues
aux dépens de S. M. Cat. sans que le
Trésor du Grand- Duc , ni le Pays , soient tenus ,
d'y subvenir en aucune maniere.
Deux Bataillons de ces Troupes entreront
dans Pise avec 300. Dragons ; deux autres Bataillons
seront introduits dans Porto - Ferrayo ,..
et on mettra dans Livourne 60. à 70. Dragons ,
avec autant d'Infanterie , que les Magazins de la
Porte Murée, des Cantines et de l'Huile pourront
en contenir, jusqu'à ce que le Comte de Charni et :
le Gouverneur,soient convenus des quartiers pour
les autres Troupes , qui , en attendant ,
peront aux environs de cette Ville , sans que le
Comte de Charni puisse prétendre , sous quelque
prétexte que ce soit , de les distribuer dans d'autres
endroits des Etats du Grand - Duc.
cam-
Le Comte de Charni aura dans Livourne le
Commandement suprême du Militaire ; et les
Troupes Espagnoles , conjointement avec celles
de S. A. R. y feront le Service , selon l'alternative
des Officiers des Corps des unes et des autres
, selon leur rang , les deux tiers des Troupes
de la Garnison seront Espagnoles , et le reste
Toscanes. Le Comte de Charni sera chargé de
distribuer lesdites Troupes dans les Postes qu'il
jugera convenabies , mais il ne pourra se mêler
des affaires du Gouvernement Civil , @ conomique
, Politique et Marchand , non - plus que du:
Département de la Santé , ce qui dépendra uni- .
1.1. Vol.
quement:
3048 MERCURE DE FRANCE
ment du Gouverneur de Livourne , auquel le
Comte de Charni sera tenu de donner des Trot
pes au cas qu'il en ait besoin , avec des Officiers .
qui seront obligez d'aller prendre les ordres du.
Gouverneur.
Les Galeres du Grand - Duc demeureront en
tout et partout sous le commandement immédiat
de S.A.R.de même que le Corps de Troupes Toscanes
, faisant partie de la Garnison de Livourne
, que S. A. R. pourra réduire à sa volonté
sans pouvoir néanmoins l'augmenter au- delà
du tiers.
Le Salut sera rendu selon le stile ordinaire de
la Place , et si on veut y faire quelque changement
, le Comte de Charni et le Gouverneur devront
être d'accord ; ce dernier continuera d'avoir
sa . Garde composée de Soldats et Officiers Toscans.
On conviendra sur le mêine pied par rapport
à l'autorité des Officiers Espagnols à Porto - Ferrayo
, et à celle du Gouverneur de cette Place ,
sur les Troupes respectives de la Garnison . On
tiendra un Inventaire juste de toute l'Artillerie et
autres Agrets , appartenans au Grand- Duc. , et les .
Commandans Espagnols en auront un double.
S. A. R. pourra toujours tirer des Provisions et
des Munitions de guerre de Livourne et de Porto-
Ferrayo , mais seulement de ce qui sera reconnu
lui appartenir , et qui sera mis sous les clefs à la
disposition des Ministres de S. A. R. Si les Espagnols
venoient à manquer de Provisions et d'aųtres
choses semblables , ils pourront en tirer des
Magazins du Grand - Duc , à un prix raisonnable
, & c. Signé , Frere Sauveur Ascanio , Emmanuel
Comte de Charni ; le Marquis de Mari ,.
Charles Renuccini , Charles Wager , François
Colman.
DECEMBRE . 1731. 3049
On mande de Lisbonne , que les Vaisseaux de
la Flote de Rio de Janeiro , avoient apporté
pour le compte du Roy de Portugal 148. Arobes
, 37. Marcs , 38. onces , 17. grains d'or ca
lingots ; un Million 118697. Cruzades d'or monnoyé
; 102000. Crusades d'or , confisquées sur
quelques Particuliers qui vouloient les faire entrer
en contrebande , et une boëte de Diamans
de la nouvelle Mine.
Il y avoit sur les mêmes Vaisseaux pour le
compte des Particuliers , 24. millions , 117697 .
Cruzades , et 220. Arobes d'or ; 40000. Cuirs
de Buenos- Aires , et 4000. Caisses de Sucre . Ces
Lettres ajoûtent qu'aucune Flote du Brezil n'avoit
jamais apporté une si grande quantité d'or .
On écrit de Londres , que le 18 Decembre le
Duc de Lorraine se rendit au Palais de S James
où il prit congé du Roy , de la Reine et des Prin .
ces et Princesses de la Famille Royale. Vers les
deux heures après midi il partit pour Greenwich,
dans le Carosse du Comte de Kinski , Envoyé
Extraordinaire de l'Empereur , accompagné de
ce Ministre , du Duc de Rishmond et du Lord
Baltimore. Après avoir dîné chez le Duc de
Rishmond , il s'embarqua pour la Hollande à
bord du Yacht le Fubbs .
Ce Prince yit sur le Théatre du Marché au
Foin le 14. de ce mois , le combat des Srs Figg et
Sporks , deux fameux Gladiateurs , le Duc de
Lorraine fit donner une gratification considerable
aux Acteurs de ce terrible Spectacle.
On écrit d'Hollande , que le Duc de Lorraine
Y. étoit arrivé, et qu'il étoit parti pour Nimegue ,
d'où il doit se rendre dans diverses Cours de
P'Empire.
11. Vol. I
• 3050 MERCURE DE FRANCE
Il a été résolu dans le commun Conseil de la i
Ville de Bristol , d'ériger dans cette Ville une
Statue Equestre au feu Roy Guillaume III . Cette
Statue qui sera de Bronze , sera posée sur un C
Piedestal de Marbre au milieu de la Place , dite.
de la Reine.
Depuis le 28. Décembre 1730. jusqu'au 2 5. Décembre
1731. on a baptisé dans Londres et dans
Westminster 9177 garçons et 8658. filles , ce
qui fait en tout. 1783 5. enfans.
Il est mort pendant le même temps 12608 .
hommes ou garçons , et 12654. femmes ou filles,
ce qui comparé avec l'Etat des Morts de l'année
derniere , qui furent en plus grand nombre , fait
une difference de 14079.
Livourne , au sujet des Troupes
débarquées , &c.
Es Troupes Espagnoles qu'on introduira dans
les Places de la Toscane , seront payées et entretenues
aux dépens de S. M. Cat. sans que le
Trésor du Grand- Duc , ni le Pays , soient tenus ,
d'y subvenir en aucune maniere.
Deux Bataillons de ces Troupes entreront
dans Pise avec 300. Dragons ; deux autres Bataillons
seront introduits dans Porto - Ferrayo ,..
et on mettra dans Livourne 60. à 70. Dragons ,
avec autant d'Infanterie , que les Magazins de la
Porte Murée, des Cantines et de l'Huile pourront
en contenir, jusqu'à ce que le Comte de Charni et :
le Gouverneur,soient convenus des quartiers pour
les autres Troupes , qui , en attendant ,
peront aux environs de cette Ville , sans que le
Comte de Charni puisse prétendre , sous quelque
prétexte que ce soit , de les distribuer dans d'autres
endroits des Etats du Grand - Duc.
cam-
Le Comte de Charni aura dans Livourne le
Commandement suprême du Militaire ; et les
Troupes Espagnoles , conjointement avec celles
de S. A. R. y feront le Service , selon l'alternative
des Officiers des Corps des unes et des autres
, selon leur rang , les deux tiers des Troupes
de la Garnison seront Espagnoles , et le reste
Toscanes. Le Comte de Charni sera chargé de
distribuer lesdites Troupes dans les Postes qu'il
jugera convenabies , mais il ne pourra se mêler
des affaires du Gouvernement Civil , @ conomique
, Politique et Marchand , non - plus que du:
Département de la Santé , ce qui dépendra uni- .
1.1. Vol.
quement:
3048 MERCURE DE FRANCE
ment du Gouverneur de Livourne , auquel le
Comte de Charni sera tenu de donner des Trot
pes au cas qu'il en ait besoin , avec des Officiers .
qui seront obligez d'aller prendre les ordres du.
Gouverneur.
Les Galeres du Grand - Duc demeureront en
tout et partout sous le commandement immédiat
de S.A.R.de même que le Corps de Troupes Toscanes
, faisant partie de la Garnison de Livourne
, que S. A. R. pourra réduire à sa volonté
sans pouvoir néanmoins l'augmenter au- delà
du tiers.
Le Salut sera rendu selon le stile ordinaire de
la Place , et si on veut y faire quelque changement
, le Comte de Charni et le Gouverneur devront
être d'accord ; ce dernier continuera d'avoir
sa . Garde composée de Soldats et Officiers Toscans.
On conviendra sur le mêine pied par rapport
à l'autorité des Officiers Espagnols à Porto - Ferrayo
, et à celle du Gouverneur de cette Place ,
sur les Troupes respectives de la Garnison . On
tiendra un Inventaire juste de toute l'Artillerie et
autres Agrets , appartenans au Grand- Duc. , et les .
Commandans Espagnols en auront un double.
S. A. R. pourra toujours tirer des Provisions et
des Munitions de guerre de Livourne et de Porto-
Ferrayo , mais seulement de ce qui sera reconnu
lui appartenir , et qui sera mis sous les clefs à la
disposition des Ministres de S. A. R. Si les Espagnols
venoient à manquer de Provisions et d'aųtres
choses semblables , ils pourront en tirer des
Magazins du Grand - Duc , à un prix raisonnable
, & c. Signé , Frere Sauveur Ascanio , Emmanuel
Comte de Charni ; le Marquis de Mari ,.
Charles Renuccini , Charles Wager , François
Colman.
DECEMBRE . 1731. 3049
On mande de Lisbonne , que les Vaisseaux de
la Flote de Rio de Janeiro , avoient apporté
pour le compte du Roy de Portugal 148. Arobes
, 37. Marcs , 38. onces , 17. grains d'or ca
lingots ; un Million 118697. Cruzades d'or monnoyé
; 102000. Crusades d'or , confisquées sur
quelques Particuliers qui vouloient les faire entrer
en contrebande , et une boëte de Diamans
de la nouvelle Mine.
Il y avoit sur les mêmes Vaisseaux pour le
compte des Particuliers , 24. millions , 117697 .
Cruzades , et 220. Arobes d'or ; 40000. Cuirs
de Buenos- Aires , et 4000. Caisses de Sucre . Ces
Lettres ajoûtent qu'aucune Flote du Brezil n'avoit
jamais apporté une si grande quantité d'or .
On écrit de Londres , que le 18 Decembre le
Duc de Lorraine se rendit au Palais de S James
où il prit congé du Roy , de la Reine et des Prin .
ces et Princesses de la Famille Royale. Vers les
deux heures après midi il partit pour Greenwich,
dans le Carosse du Comte de Kinski , Envoyé
Extraordinaire de l'Empereur , accompagné de
ce Ministre , du Duc de Rishmond et du Lord
Baltimore. Après avoir dîné chez le Duc de
Rishmond , il s'embarqua pour la Hollande à
bord du Yacht le Fubbs .
Ce Prince yit sur le Théatre du Marché au
Foin le 14. de ce mois , le combat des Srs Figg et
Sporks , deux fameux Gladiateurs , le Duc de
Lorraine fit donner une gratification considerable
aux Acteurs de ce terrible Spectacle.
On écrit d'Hollande , que le Duc de Lorraine
Y. étoit arrivé, et qu'il étoit parti pour Nimegue ,
d'où il doit se rendre dans diverses Cours de
P'Empire.
11. Vol. I
• 3050 MERCURE DE FRANCE
Il a été résolu dans le commun Conseil de la i
Ville de Bristol , d'ériger dans cette Ville une
Statue Equestre au feu Roy Guillaume III . Cette
Statue qui sera de Bronze , sera posée sur un C
Piedestal de Marbre au milieu de la Place , dite.
de la Reine.
Depuis le 28. Décembre 1730. jusqu'au 2 5. Décembre
1731. on a baptisé dans Londres et dans
Westminster 9177 garçons et 8658. filles , ce
qui fait en tout. 1783 5. enfans.
Il est mort pendant le même temps 12608 .
hommes ou garçons , et 12654. femmes ou filles,
ce qui comparé avec l'Etat des Morts de l'année
derniere , qui furent en plus grand nombre , fait
une difference de 14079.
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Résumé : REGLEMENT fait et publié à Livourne , au sujet des Troupes débarquées , &c.
Le document est un règlement publié à Livourne en décembre 1731, concernant l'introduction de troupes espagnoles dans les places de la Toscane. Les troupes espagnoles seront payées et entretenues aux frais du roi d'Espagne, sans que le trésor du Grand-Duc ou le pays soient tenus de subvenir à leurs besoins. Deux bataillons de troupes espagnoles, accompagnés de 300 dragons, entreront à Pise. Deux autres bataillons seront stationnés à Porto-Ferrajo, et 60 à 70 dragons avec autant d'infanterie seront à Livourne, jusqu'à ce que des quartiers soient convenus pour les autres troupes. Le Comte de Charni aura le commandement suprême du militaire à Livourne, où les troupes espagnoles et toscanes feront le service alternativement. Le Comte de Charni ne pourra se mêler des affaires civiles, économiques, politiques ou marchandes, ni du département de la santé, qui relèvent du gouverneur de Livourne. Les galères du Grand-Duc resteront sous le commandement du prince de la maison royale, qui pourra réduire mais non augmenter les troupes toscanes au-delà du tiers. Le salut sera rendu selon le style ordinaire de la place, et les officiers espagnols et le gouverneur de Porto-Ferrajo conviendront de leur autorité respective. En cas de besoin, les provisions et munitions de guerre pourront être tirées des magasins du Grand-Duc à un prix raisonnable. Le document est signé par Frère Sauveur Ascanio, Emmanuel Comte de Charni, le Marquis de Mari, Charles Renuccini, Charles Wager et François Colman.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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354
p. 3052-3056
Nouvelles de la Cour, de Paris, &C. [titre d'après la table]
Début :
Le Roy a donné son agrément pour le Mariage du Prince de Conti avec [...]
Mots clefs :
Duc, Roi, Orateur, Course de traîneaux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Nouvelles de la Cour, de Paris, &C. [titre d'après la table]
FRANCE ,
Nouvelles de la Cour , de Paris , & Gà -
E Roy a donné son agrément pour
le Mariage du Prince de Conti avec
Mademoiselle de Chartres , soeur cadette
du Duc d'Orleans , et de Mademoiselle
de Beaujolois . On a dépêché un Courier
à Rome , pour demander au Pape les
dispenses pour ce Mariage , dont la Cé→
lébration est fixée au 22. Janvier. -
I. Vol. Le
DECEMBRE 1731. 3053
Le Comte d'Ayen , auquel le Roy
'avoit accordé , il y a quelques années , la
Charge de Capitaine de la premiere Compagnie
des Gardes du Corps , en survivance
du Duc de Noailles , son Pere Pere ,
prêta serment le 23 Decembre entre les
mains de S. M , et il est entré en exercice
pour servir conjointement avec son Pere .
Le Roy a accordé au Marquis de Ximenés
, Brigadier de ses Armées , l'agrément
de la Charge de Maréchal General
des Logis , des Camps et Armées de S.M.
Le 10 de ce mois , il y eût une magnifique
Course de Traineaux dans le Parc
de Versailles . Elle étoit composée de dix
Traineaux à un Cheval , dans l'un desquels
étoit le Roy ; d'un autre à quatre
Chevaux , conduit par le Marquis de
Beringhen , premier Ecuyer de S. M ;
d'un à cinq places , tiré par six Chevaux ,
et de celui qui représentoit le Cerf, poursuivi
par
des Chiens , qui étoit à deux
Chevaux. Tous ces Traineaux étoient pa
rez d'Etendarts , de Banderoles , et autres
ornemens . Les Chevaux étoient caparaçonnés
et garnis de Sonnettes et de
Grelots d'Argent . Le Roy , après avoir
fait le tour de la Piece d'Eau , qu'on ap-
II. Vol.
pelle
3054 MERCURE DE FRANCE
pelle des Suisses , monta dans le Parterre
du Château , et passa devant les fenêtres
de l'Appartement de la Reine , devant
celles de l'Appartement du Duc d'Orleans
, où étoit le Duc de Chartres , et devant
celles de l'Appartement des Enfans
de France , où S. M. s'arrêta pour pren
dre Mesdemoiselles de Charolois , de Clermont
, et de la Roche -sur-Yon , qui entrerent
chacune dans un Traineau , conduites
par des Seigneurs de la Cour ; d'autres
Dames entrerent dans le Traineau à
cinq places ; on continua la course autour
du Parc des Jardins , et on se rendit à la
Menagerie .
3
Le 18 Decembre les Chambres du
Parlement assemblées , on reçut M.Talon
Président à Mortier , M. Joly de Fleury ,
Fils de M. le Procureur General , Avocat
General , et Mr. de St. Contest , Avocat
du Roy au Châtelet , Conseiller au Parlement.
Le jour de Noël le feu prit à Estrée
St. Denis , près de Compiegne , et consuma
une Maison considerable , appartenante
au Sr. de Ste Croix , Capitaine
au Regiment d'Auxerrois , qui abbandonna
sa Maison , et la sacrifia pour sauver
tout le Village , dont plusieurs Mai-
II. Vol. sons
DECEMBRE. 1731. 3055
sons étoient déja en feu , et auroient été
consumées infailliblement , à cause du
grand vent qu'il faisoit ce jour - là.
La veille de Noël , le Roy , revêtu du
grand Collier de l'ordre du S. Esprit , se
rendit à la Chapelle du Château de Versailles
, où S. M. communia par les mains
de l'Abbé du Guesclin , Aumônier du
Roy en quartier : S. M. toucha ensuite
un grand nombre de Malades .
Le 25 Decembre , Fête de la Nativité
de Notre Seigneur , le Roy et la Reine
qui avoient entendu trois Messes à minuit
, assisterent le matin à la grande-
Messe , célebrée pontificalement par l'Evêque
de Grasse , et chantée par la Musique.
و
L'aprés- midy , L. M , accompagnées
du Duc d'Orleans , de Mesdemoiselles de
Clermont , et de la Roche- sur-Yon , du
Duc du Maine , &c. entendirent la Prédication
du Pere Boursault , Supérieur
des Théatins lequel termina sa course
de l'Avent avec autant de force et d'applaudissemens
qu'il l'avoit commencée ,
et qu'il l'a toûjours soûtenuë. Tous ses
Sermons lui ont attiré une admiration si
unanime de toute la Cour , et même une
affection si generale de tous ( Grands et
11. Vol. Petits
3058 MERCURE DE FRANCE
Petits , ) que les Personnes les plus âgées
ne se souviennent pas d'avoir jamais vû
un plus grand succés .
L'Orateur eût l'art de répandre dans
son compliment au Roy, des Instructions
si nobles et si chrétiennes, que Sa Majesté
en parut penetrée et ce fut avec tant de
dignité , et d'un stile si pathétique , qu'il
toucha la Royale Education qui est due
aux Enfans de France , que tous les Auditeurs
, à commencer pat tout ce qu'il
ya de plus grand et de plus auguste , ne
pûrent retenir des larmes d'approbation.
et de tendresse , qui font également honneur
et à la bonté du coeur de ceux qui
les ont versées , et à la supériorité de l'esprit
de celui qui les a fait répandre. Ensuite
leurs Majestez assisterent aux Vêpres
chantées par la Musique , &c.
Nouvelles de la Cour , de Paris , & Gà -
E Roy a donné son agrément pour
le Mariage du Prince de Conti avec
Mademoiselle de Chartres , soeur cadette
du Duc d'Orleans , et de Mademoiselle
de Beaujolois . On a dépêché un Courier
à Rome , pour demander au Pape les
dispenses pour ce Mariage , dont la Cé→
lébration est fixée au 22. Janvier. -
I. Vol. Le
DECEMBRE 1731. 3053
Le Comte d'Ayen , auquel le Roy
'avoit accordé , il y a quelques années , la
Charge de Capitaine de la premiere Compagnie
des Gardes du Corps , en survivance
du Duc de Noailles , son Pere Pere ,
prêta serment le 23 Decembre entre les
mains de S. M , et il est entré en exercice
pour servir conjointement avec son Pere .
Le Roy a accordé au Marquis de Ximenés
, Brigadier de ses Armées , l'agrément
de la Charge de Maréchal General
des Logis , des Camps et Armées de S.M.
Le 10 de ce mois , il y eût une magnifique
Course de Traineaux dans le Parc
de Versailles . Elle étoit composée de dix
Traineaux à un Cheval , dans l'un desquels
étoit le Roy ; d'un autre à quatre
Chevaux , conduit par le Marquis de
Beringhen , premier Ecuyer de S. M ;
d'un à cinq places , tiré par six Chevaux ,
et de celui qui représentoit le Cerf, poursuivi
par
des Chiens , qui étoit à deux
Chevaux. Tous ces Traineaux étoient pa
rez d'Etendarts , de Banderoles , et autres
ornemens . Les Chevaux étoient caparaçonnés
et garnis de Sonnettes et de
Grelots d'Argent . Le Roy , après avoir
fait le tour de la Piece d'Eau , qu'on ap-
II. Vol.
pelle
3054 MERCURE DE FRANCE
pelle des Suisses , monta dans le Parterre
du Château , et passa devant les fenêtres
de l'Appartement de la Reine , devant
celles de l'Appartement du Duc d'Orleans
, où étoit le Duc de Chartres , et devant
celles de l'Appartement des Enfans
de France , où S. M. s'arrêta pour pren
dre Mesdemoiselles de Charolois , de Clermont
, et de la Roche -sur-Yon , qui entrerent
chacune dans un Traineau , conduites
par des Seigneurs de la Cour ; d'autres
Dames entrerent dans le Traineau à
cinq places ; on continua la course autour
du Parc des Jardins , et on se rendit à la
Menagerie .
3
Le 18 Decembre les Chambres du
Parlement assemblées , on reçut M.Talon
Président à Mortier , M. Joly de Fleury ,
Fils de M. le Procureur General , Avocat
General , et Mr. de St. Contest , Avocat
du Roy au Châtelet , Conseiller au Parlement.
Le jour de Noël le feu prit à Estrée
St. Denis , près de Compiegne , et consuma
une Maison considerable , appartenante
au Sr. de Ste Croix , Capitaine
au Regiment d'Auxerrois , qui abbandonna
sa Maison , et la sacrifia pour sauver
tout le Village , dont plusieurs Mai-
II. Vol. sons
DECEMBRE. 1731. 3055
sons étoient déja en feu , et auroient été
consumées infailliblement , à cause du
grand vent qu'il faisoit ce jour - là.
La veille de Noël , le Roy , revêtu du
grand Collier de l'ordre du S. Esprit , se
rendit à la Chapelle du Château de Versailles
, où S. M. communia par les mains
de l'Abbé du Guesclin , Aumônier du
Roy en quartier : S. M. toucha ensuite
un grand nombre de Malades .
Le 25 Decembre , Fête de la Nativité
de Notre Seigneur , le Roy et la Reine
qui avoient entendu trois Messes à minuit
, assisterent le matin à la grande-
Messe , célebrée pontificalement par l'Evêque
de Grasse , et chantée par la Musique.
و
L'aprés- midy , L. M , accompagnées
du Duc d'Orleans , de Mesdemoiselles de
Clermont , et de la Roche- sur-Yon , du
Duc du Maine , &c. entendirent la Prédication
du Pere Boursault , Supérieur
des Théatins lequel termina sa course
de l'Avent avec autant de force et d'applaudissemens
qu'il l'avoit commencée ,
et qu'il l'a toûjours soûtenuë. Tous ses
Sermons lui ont attiré une admiration si
unanime de toute la Cour , et même une
affection si generale de tous ( Grands et
11. Vol. Petits
3058 MERCURE DE FRANCE
Petits , ) que les Personnes les plus âgées
ne se souviennent pas d'avoir jamais vû
un plus grand succés .
L'Orateur eût l'art de répandre dans
son compliment au Roy, des Instructions
si nobles et si chrétiennes, que Sa Majesté
en parut penetrée et ce fut avec tant de
dignité , et d'un stile si pathétique , qu'il
toucha la Royale Education qui est due
aux Enfans de France , que tous les Auditeurs
, à commencer pat tout ce qu'il
ya de plus grand et de plus auguste , ne
pûrent retenir des larmes d'approbation.
et de tendresse , qui font également honneur
et à la bonté du coeur de ceux qui
les ont versées , et à la supériorité de l'esprit
de celui qui les a fait répandre. Ensuite
leurs Majestez assisterent aux Vêpres
chantées par la Musique , &c.
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Résumé : Nouvelles de la Cour, de Paris, &C. [titre d'après la table]
En décembre 1731, le roi de France approuva le mariage du Prince de Conti avec Mademoiselle de Chartres, sœur cadette du Duc d'Orléans, et de Mademoiselle de Beaujolais. Une demande de dispenses fut envoyée à Rome pour permettre la célébration prévue le 22 janvier. Le Comte d'Ayen prêta serment pour la charge de Capitaine de la première Compagnie des Gardes du Corps, en survivance de son père, le Duc de Noailles, et commença à exercer conjointement avec lui. Le roi accorda également au Marquis de Ximenés, Brigadier des Armées, l'agrément pour la charge de Maréchal Général des Logis des Camps et Armées. Le 10 décembre, une course de traîneaux se tint dans le parc de Versailles, avec la participation du roi et de plusieurs nobles. Le 18 décembre, de nouveaux membres furent intégrés aux Chambres du Parlement, dont M. Talon, Président à Mortier, et M. Joly de Fleury, Avocat Général. Le jour de Noël, un incendie détruisit une maison à Estrées-Saint-Denis, près de Compiègne, appartenant au Sr. de Ste Croix. La veille de Noël, le roi communia et toucha un grand nombre de malades. Le 25 décembre, le roi et la reine assistèrent à la grande-messe et à la prédication du Père Boursault, Supérieur des Théatins, qui reçut une admiration unanime pour ses sermons.
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355
p. 3078-3080
BENEFICES DONNEZ.
Début :
L'abbaye de Lahonce, Ordre de Prémontré, Diocèce de Bayonne, qui [...]
Mots clefs :
Abbaye, Archevêché, Évêché
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : BENEFICES DONNEZ.
BENEFICES DONNEZ.
'Abbaye de Lahonce , Ordre de Pré-
L'montré ,Diocèce de Bayonne , qui
étoit vacante par le decès de M. de Tilladet
, Evêque de Mâcon , en faveur de
M. de Lavieuville , Evêque de Bayonne,
L'Abbaye de S. Jean des Prez , Ordre
de S. Augustin , Diocèse de S. Malo , va
cante par le décès de M. de Lærestein ,
Evêque de Tournai , en faveur de l'Abbé
de Brilhac , Clerc tonsuré du Diocèce
de Rennes.
L'Abbaye de Sellieres , Ordre de Citeaux
, Diocèse de Troye , vacante par le
décès de M. de Chavigny , ancien Evêque
de Troyes , à M. l'Abbé de la Motte,
Prêtre et Vicaire General de Sénez.
L'Evêché de Périgueux , vacant
II. Vol
par
le
décès
DECEMBRE. 1737. 3079
décès de M. d'Argourges , en faveur de
M. de Macheco de Prémeaux , Prêtre et
Vicaire General de l'Archevêché de Sens.
L'Evêché de Tréguier , vacant par le
décès de M. de Quervillo , à M. de Fruquelay
Kerver , Prêtre du Diocèse de
Quimper.
L'Abbaye de Neaufle- le- Vieux , Ordre
de S. Benoît , Diocèse de Chartres , vacante
par le décès de M. Colbert de Villace
f, à M. Savalette , Prêtre , Conseiller
au Grand Conseil , et Visiteur General
des Carmelites .
L'Abbaye de la Frenade, Ordre de Citeaux
, Diocèse de Xaintes , vacante par
la démission pure et simple de M. Sava
lette , à M. Sevin , de l'Académie Royale
des Belles Lettres .
L'Abbaye de Rieunette , Ordre de Citeaux
, dans la Ville de Carcanonne , va
cante par le décès de la Dame Augé , en
faveur de la Dame Françoise de Montealm
, Religieuse dudit Ordre .
L'Abbaye de Lancharre, Ordre de saint
Benoît ,dans la Ville de Châlon - sur- Saône,
vacante par le décès de la Dame de Chastenay
de saint Vincent , à la Dame Marie
Constance de Lantin de Montagny , Retigieuse
et Prieure de cette Abbaye.
L'Archevêque de Besançon ayant don-
11. Vol né
8080 MERCURE DE FRANCE
né au Roy la démission de son Archevê
ché , S. M. y a nommé l'Evêque d'Autun
'Abbaye de Lahonce , Ordre de Pré-
L'montré ,Diocèce de Bayonne , qui
étoit vacante par le decès de M. de Tilladet
, Evêque de Mâcon , en faveur de
M. de Lavieuville , Evêque de Bayonne,
L'Abbaye de S. Jean des Prez , Ordre
de S. Augustin , Diocèse de S. Malo , va
cante par le décès de M. de Lærestein ,
Evêque de Tournai , en faveur de l'Abbé
de Brilhac , Clerc tonsuré du Diocèce
de Rennes.
L'Abbaye de Sellieres , Ordre de Citeaux
, Diocèse de Troye , vacante par le
décès de M. de Chavigny , ancien Evêque
de Troyes , à M. l'Abbé de la Motte,
Prêtre et Vicaire General de Sénez.
L'Evêché de Périgueux , vacant
II. Vol
par
le
décès
DECEMBRE. 1737. 3079
décès de M. d'Argourges , en faveur de
M. de Macheco de Prémeaux , Prêtre et
Vicaire General de l'Archevêché de Sens.
L'Evêché de Tréguier , vacant par le
décès de M. de Quervillo , à M. de Fruquelay
Kerver , Prêtre du Diocèse de
Quimper.
L'Abbaye de Neaufle- le- Vieux , Ordre
de S. Benoît , Diocèse de Chartres , vacante
par le décès de M. Colbert de Villace
f, à M. Savalette , Prêtre , Conseiller
au Grand Conseil , et Visiteur General
des Carmelites .
L'Abbaye de la Frenade, Ordre de Citeaux
, Diocèse de Xaintes , vacante par
la démission pure et simple de M. Sava
lette , à M. Sevin , de l'Académie Royale
des Belles Lettres .
L'Abbaye de Rieunette , Ordre de Citeaux
, dans la Ville de Carcanonne , va
cante par le décès de la Dame Augé , en
faveur de la Dame Françoise de Montealm
, Religieuse dudit Ordre .
L'Abbaye de Lancharre, Ordre de saint
Benoît ,dans la Ville de Châlon - sur- Saône,
vacante par le décès de la Dame de Chastenay
de saint Vincent , à la Dame Marie
Constance de Lantin de Montagny , Retigieuse
et Prieure de cette Abbaye.
L'Archevêque de Besançon ayant don-
11. Vol né
8080 MERCURE DE FRANCE
né au Roy la démission de son Archevê
ché , S. M. y a nommé l'Evêque d'Autun
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Résumé : BENEFICES DONNEZ.
En décembre 1737, plusieurs nominations et successions ont eu lieu dans des abbayes et évêchés en France. L'abbaye de Lahonce, dans le diocèse de Bayonne, a été attribuée à M. de Lavieuville, évêque de Bayonne, après le décès de M. de Tilladet. L'abbaye de Saint-Jean-des-Prés, dans le diocèse de Saint-Malo, a été donnée à l'abbé de Brilhac, clerc tonsuré du diocèse de Rennes, suite au décès de M. de Lærestein. L'abbaye de Sellières, dans le diocèse de Troyes, a été attribuée à l'abbé de la Motte, prêtre et vicaire général de Sénez, après le décès de M. de Chavigny. L'évêché de Périgueux a été confié à M. de Macheco de Prémeaux, prêtre et vicaire général de l'archevêché de Sens, suite au décès de M. d'Argourges. L'évêché de Tréguier a été attribué à M. de Fruquelay Kerver, prêtre du diocèse de Quimper, après le décès de M. de Quervillo. L'abbaye de Neaufle-le-Vieux, dans le diocèse de Chartres, a été donnée à M. Savalette, prêtre, conseiller au Grand Conseil et visiteur général des Carmélites, suite au décès de M. Colbert de Villacef. L'abbaye de la Frenade, dans le diocèse de Saintes, a été attribuée à M. Sevin, de l'Académie Royale des Belles Lettres, après la démission de M. Savalette. L'abbaye de Rieunette, dans la ville de Carcassonne, a été donnée à la dame Françoise de Montealm, religieuse de l'ordre de Citeaux, après le décès de la dame Augé. L'abbaye de Lancharre, dans la ville de Chalon-sur-Saône, a été attribuée à la dame Marie Constance de Lantin de Montagny, religieuse et prieure de cette abbaye, après le décès de la dame de Chastenay de Saint-Vincent. Enfin, l'archevêque de Besançon a démissionné et le roi a nommé l'évêque d'Autun à sa succession.
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356
p. 8080-3089
Panegyrique de S. Louis, de l'Abbé Lezeau. [titre d'après la table]
Début :
M. l'Abbé LEZEAU, Clerc de la Chapelle et Oratoire du Roy, présenté par [...]
Mots clefs :
Panégyrique, Caractère du chrétien, Éloge, Triomphe, Devoirs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Panegyrique de S. Louis, de l'Abbé Lezeau. [titre d'après la table]
M. l'Abbé LEZEAU , Clerc de la Cha
pelle et Oratoire du Roy , présenté pat
LI. Vol. S.E.
DECEMBRE . 1731. 3081
9. E. M. le Cardinal de Fleury,a eu l'honneur
de présenter à S. M. le Panégyrique de
S. Louis , qu'il prononça au mois d'Aoust
dernier , en présence de Messieurs de l'Académie
Françoise.
L'impression de cet Ouvrage en a fait
connoître le mérite : Il a pour Texte ces
paroles d'Isaye , chap . 32. Ecce in justitia
regnabit Rex. Voici que je vous annonce
un Roy qui regnera dans la justice. Ces mêmes
paroles qui annoncerent le regne de
Jesus- Christ , servent heureusement à caractériser
le regne de Saint Louis , qui
chercha toujours à suivre les exemples du
Souverain de tous les Rois . La division du
Discours est tres-naturelle. Ce S. Roy puisa
dans la Souveraine Justice les excellens
principes dont il fit un si noble usage ; elle
lui representa , et ce qu'il devoit à son Dieu,
et ce qu'il devoit à ses Peuples. Comme homme,
il accomplit tous les devoirs du Chrétien ;
› comme Roy , il remplit toutes les fonctions du
Monarque ; montrant par l'assemblage de ce
double ordre de verius , comment un Roy
peut - être Chrétien, comment l'Evangile peut
s'allier avec le Trône, combien même on peut
être plus Héros , en devenant plus saint¸ et
combien la Croix peut relever le Sceptre.
M. Lézéau prouve parfaitement la premiere
Partie de ce Discours , par les plus
H émi- II. Vol.
3082 MERCURE DE FRANCE
éminentes vertus qui sont le caractere du
chrétien : Une pureté exacte et sans tache ,
une humilité sans feinte , une modération la
plus étendue à tous égards , une attention
continuelle à tout ce qui est dû à Dieu , et
un zele ardent pour tout ce qui interresse la
Religion.
Tous ces Points sont traitez d'une maniere
noble et interessante. Il nous suffira
d'en rapporter quelques traits , pour
faire connoître le style de l'Auteur .
Pour faire un juste Eloge du triomphe
de S. Louis , sur les plaisirs et la volupté
; c'est ainsi qu'il commence par en
montrer les périls :
Presque tous les hommes entraînez par
cette passion funeste , qui est le vice dominant
de la nature , regardent l'innocence des
weurs , et la pureté , comme le partage des
Anges; mais contens d'admirer l'excellence
de ces sublimes Esprits , ils ne font aucun
effort pour s'en approcher ; bien plus : Pour
se livrer sans remords à leurs égaremens , ils
cherchent à s'appuyer sur l'exemple de tant
de fameux Héros , qui ne se sont pas affranchis
de pareilles foiblesses. En effet , les plus
belles Vies n'ont que trop souffert de ce mal
heureux penchant : Le monde le pardonne
Pusage l'autorise, les flatteries des Historiens
Fexcusent , les fictions des Poëtes le consa-
II. Vol. erent
DECEMBRE . 1731. 3083
Grent ; et s'ils sont forcez de le regarder comme
un mal, ils le représentent comme un mal
nécessaire. Eh ! comment s'en deffendre dans
un séjour , où se rassemble tout ce qui peut en
rendre la contagion plus inévitable ? Pour
s'en garantir, que n'en a- t-il pas coûté à
tant de Saints ? Apeine se sont-ils crûs en
seureté dans l'horreur des Solitudes. L'Austerité
des jeûnes , l'abdication des richesses ,
La fuite des objets , la ferveur des Prieres
leur sembloit encore de trop foibles secours.
Loin de ces salutaires préservatifs , que prosente
la Cour , n'est-elle pas comme le centre
fatal, où se réjoignent à l'envi les plus redoutables
tentations ? Passer ses jours dans la
molesse et l'oisiveté , rencherir sur les commo
ditez de la vie , et sur la délicatesse des fes-
Tins,rechercher les divers secours des parures ,
raffiner sur tout ce qui peut exciter de coupables
flammes. N'est-ce pas l'occupation ordinaire
, et ne va -t- on pas jusqu'à s'en faire
une étude , et presqu'un mérite ? De toutes
parts on voit accourir ce que chaque Pais a
vu naître de plus charmant ; ce que la politesse
ajoûte de plus séducteur , ce que l'esprit
fournit de plus dangereux . Chacun apporte
sa passion particuliere , et cherche à exciter
celle des autres. Comment échaper à un feu
naturellement si prêt à s'enflammer , et si propre
à se répandre ? C'est , Messieurs , le pre-
II. Vol. Hij mier
3084 MERCURE
DE FRANCE
mier triomphe de Louis . Dans l'âge où avec
plus de qualitez pour plaire , les moindres
appas ne plaisent que plus aisements avec des
traits où la Majesté ne sert qu'à relever les
agrémens , il paroît insensible à ce qui enchanteroit
le reste des mortels . Des beautez
en foule se presentent à ses yeux , en vain
s'apperçoit-il qu'il n'a qu'à desirer, en vain
s'efforce - t-on de prévenirjusqu'aux desirs,en
vain cherche- t-on le chemin de son coeur, il
le consacre à Dieu seul dont il a reçu , et
n'y reserve de part que pour celle à qui ce
même Dieu l'a uni par un sacré lien , et pour
les précieux fruits d'une si sainte union.
La seconde Partie montre quels sont les
devoirs indispensables des Rois de la
Terre. Comme ils sont les images de Dieu,
leur perfection est de suivre les desseins de
Dieu lui-même sur les hommes . Orleur durée
étantpartagée entre le temps et l'éternicé , et
le dessein de Dieu ne pouvant
être que de les
preparer par l'innocence et la tranquillité de
la vie presente au comble du bonheur et de la
sainteté de l'autre vie . C'est à ces deux objets
que se réunissent les obligations d'un
Roy envers ses peuples.
Le premier desir de S. Louis étoit de rendre
ses peuples aussi heureux qu'on le peut
tre en cette vie. Il avoit été de bonne heare
rempli des grands principes de l'équité ,
11. Vol 'pourri
DECEMBRE. 308 ?
1731
nourri dans les tendres sentimens de l'hu
manité , et accoutumé aux veritables Maimes
du Christianisme .C'est ce que M.Lezeau
a pris soin d'orner de faits connus
dans la vie du Saint Roy , dont il a fait
des images vives et touchantes .
En parlant des Loix que S. Louis prit
soin d'établir , pour bannir de ses Etats
le vice , et y faire regner la vertu , M. Lezeau
a fait une peinture du Duel , qui
mérite d'être ici rapportée.
,
و
و
Un quatrieme abus n'éprouva pas moins
son attention : c'est cette manie , ou plutôt
cette fureur aussi particuliere à la Nation
Françoise , que la valeur lui est naturelle
le Duel : coutume plus que barbare , qui ,
sous l'imposteur titre de point d'honneur ,
fait gloire de violer toutes les regles de la raison
et du Christianisme. Eût-onjamais imaginé
que l'honneur ce puissant mobile des
plus belles actions auroit jamais , pour
venger ses droits , porié sa fiere tyrannie ,
jusqu'à commander le crime ? Que cet honneur
, en effet , soit plus cher
la vie
es que pour sauver l'un , on expose l'autre ,
se peut être un noble sentiment : mais que
dans l'incertitude du sort d'un Combat , on
s'y précipite avec la certitude d'y perdre son
ame et celle de l'Ennemi , que devient le
Christianisme et de si folles maximes ne`
II. Vol.
>
que
Hiij com3086
MERCURE DE FRANCE
commencent- elles pas par immoler la Religion
à un Phantom e? Mais en commençant ainsi
par abjurerjusqu'au nom de Chrétien , que
devient l'honneur lui - même ? Car enfin ;
qu'une injure mérite punition , c'est l'équité
mais se rendre soi- même le Ministre de cette
punition , s'approprier la fonction du Bourreau
, quelle infame idée ! Qu'un scelera .
soit condamné , qui voudroit l'exécuter? Eh!
que faites- vous cependant , aveugles Esclaves
d'une inconcevable phrénesie ? La Loi
prononce , il est vray : mais vous commencez¸
par vous établirFuges en votre propre cause.
Vous traitez d'intolerable insulte , ce qui
peut n'être au fond qu'une legere inadver
tance. Ce n'est pas assez ; le châtiment que
mériteroit le coupable , c'est de vos mains que
vous voulez qu'il le reçoive. S'il s'agissoit
d'une offense faile à autruy , souffririez- vous,
qu'on vous chargeât de la punir ? Quoy ,
parce que vous êtes l'offensé , il vous siera
d'étre l'Exécuteur ? Quelle fanatique gloire !·
Encore une fois , eût on pensé que chez des
hommes raisonnables on put jamais voir une
extravagance si outrée eût- on pensé que ce
seroit en France , ce Pays si justement rénommé
par l'esprit , la politesse , la douceur de ses
Habitans ? C'étoit cependant la féroce prévention
du siecle de S. Louis , et Dieu veuille
que ce ne soit plus la honte du nôtre. Le pre-
II. Vel. mier
DECEMBRE. 1731. 3087
mier serment du Sacre de notre Ray, nous en
flatte , l'heureuse esperance du plus long Regne
pourra nous en assurer ; ce peut être un des
triomphes qui lui étoit reservé. Quoiqu'il en
puisse arriver , c'étoit le voeu le plus ardent
du plus saint de ses yeux ; et si le succès
ne remplit pas entierement ses désirs , ce ne
fut pas faute d'y consacrer toute son autorité
et toute sa vigilance.
Les entreprises de S. Louis dans la
Terre Sainte , ses Combats , ses Victoires,
sa défaite et sa mort , tout y est traité
d'une maniere qui frappe et qui attendrit.
Mr. Lezeau termine son Discours , en
s'adressant à Messieurs de l'Académie
Françoise , et nous croyons que le Lecteur
nous sçaura gré de rapporter en entier
cette Peroraison..
Au souvenir d'une si héroïque et si sainte
, mort, le moyen , Messieurs de ne se pas
rappeller celle de votre dernier Protecteur ??
Vous sçavez quelles furent alors ses Leçons
à nôtre jeune Monarque : Eb ! me pardon--
neriez- vous de les oublier , pendant que nous
en recueillons de si heureux fruits ? Refuserois-
je un tribut que vous attendez de ceux
qu'en pareil jour vous admettez à votre sa-
Temnité ? Quoi de plus favorable , que de
retrouver de nos jours les exemples dont vous
mave chargé de retracer le souvenir ? La:
H. Vol . Hiiij don
3088 MERCURE DE FRANCE
>
douceur , la sagesse , la Religion , l'amour
des Sujets , tant et tant d'autres vertus , dont
chaque année ne peut qu'augmenter la perfection
et la gloire , puisque chaque jour les
voit croître avec un Ministre aussi religieux
que prudent , plus affectionné à son Maître
que le plus tendre Pere ne le seroit à son plus
ber fils , et dans le même temps plus qu'insensible
à ses interêts personnels ; livré aux
immenses fatigues du Gouvernement , sans
en vouloir ni l'éclat , ni les richesses ; aussi
simple en tout ce qui l'environne , que supé-
·rieur en ce qu'il projette ; tel , en un mot, que
les siécles passez n'ont encore montré rien de
pareil.
,
,
,
Mais en étendant ces Eloges , ne devroisje
pas craindre d'ennuyeuses redites , après
que vous avez , sans doute , en tant de traits
de notre Saint reconnu ceux du
regne present
? Et d'ailleurs me sieroit- il de tenter
ce qui n'appartient qu'à vous seuls Messieurs
? N'ai-je pas déja trop présumé de
moi , en me hazardant devant vous ? Que
ne vois-je pas se rassembler icy? les dignitez,
la naissance , les exploits , l'importanoe des
services , l'excellence des Ouvrages , les prodiges
de l'esprit. Ce que la Religion , la
Guerre la Magistrature , les Sciences one
de plus rare
se réunit sous les liens communs
du genie et des talens. Ces titres
و
II. Vol.
,
rap
prochant
DECEMBRE 1731. 3089
prochant tout , du brillant de chacun en son
genre , se forme un amas de lumieres , qui
éclairera jusqu'à la posterité la plus réculée .
dont vous recevrez , Messieurs , de plus jus
tes louanges que l'Antiquité n'en a reçu de
ses idolâtres Partisans. Puissent des noms
si sûrs de l'immortalité devant les hommes
n'en mériter pas moins devant Dieu. C'est
tout ce qui me reste à vous souhaitter &c.
>
Ce Panegyrique a été imprimé à Paris ,
chez la Veuve Knapen , rue de la Hu
chette.
pelle et Oratoire du Roy , présenté pat
LI. Vol. S.E.
DECEMBRE . 1731. 3081
9. E. M. le Cardinal de Fleury,a eu l'honneur
de présenter à S. M. le Panégyrique de
S. Louis , qu'il prononça au mois d'Aoust
dernier , en présence de Messieurs de l'Académie
Françoise.
L'impression de cet Ouvrage en a fait
connoître le mérite : Il a pour Texte ces
paroles d'Isaye , chap . 32. Ecce in justitia
regnabit Rex. Voici que je vous annonce
un Roy qui regnera dans la justice. Ces mêmes
paroles qui annoncerent le regne de
Jesus- Christ , servent heureusement à caractériser
le regne de Saint Louis , qui
chercha toujours à suivre les exemples du
Souverain de tous les Rois . La division du
Discours est tres-naturelle. Ce S. Roy puisa
dans la Souveraine Justice les excellens
principes dont il fit un si noble usage ; elle
lui representa , et ce qu'il devoit à son Dieu,
et ce qu'il devoit à ses Peuples. Comme homme,
il accomplit tous les devoirs du Chrétien ;
› comme Roy , il remplit toutes les fonctions du
Monarque ; montrant par l'assemblage de ce
double ordre de verius , comment un Roy
peut - être Chrétien, comment l'Evangile peut
s'allier avec le Trône, combien même on peut
être plus Héros , en devenant plus saint¸ et
combien la Croix peut relever le Sceptre.
M. Lézéau prouve parfaitement la premiere
Partie de ce Discours , par les plus
H émi- II. Vol.
3082 MERCURE DE FRANCE
éminentes vertus qui sont le caractere du
chrétien : Une pureté exacte et sans tache ,
une humilité sans feinte , une modération la
plus étendue à tous égards , une attention
continuelle à tout ce qui est dû à Dieu , et
un zele ardent pour tout ce qui interresse la
Religion.
Tous ces Points sont traitez d'une maniere
noble et interessante. Il nous suffira
d'en rapporter quelques traits , pour
faire connoître le style de l'Auteur .
Pour faire un juste Eloge du triomphe
de S. Louis , sur les plaisirs et la volupté
; c'est ainsi qu'il commence par en
montrer les périls :
Presque tous les hommes entraînez par
cette passion funeste , qui est le vice dominant
de la nature , regardent l'innocence des
weurs , et la pureté , comme le partage des
Anges; mais contens d'admirer l'excellence
de ces sublimes Esprits , ils ne font aucun
effort pour s'en approcher ; bien plus : Pour
se livrer sans remords à leurs égaremens , ils
cherchent à s'appuyer sur l'exemple de tant
de fameux Héros , qui ne se sont pas affranchis
de pareilles foiblesses. En effet , les plus
belles Vies n'ont que trop souffert de ce mal
heureux penchant : Le monde le pardonne
Pusage l'autorise, les flatteries des Historiens
Fexcusent , les fictions des Poëtes le consa-
II. Vol. erent
DECEMBRE . 1731. 3083
Grent ; et s'ils sont forcez de le regarder comme
un mal, ils le représentent comme un mal
nécessaire. Eh ! comment s'en deffendre dans
un séjour , où se rassemble tout ce qui peut en
rendre la contagion plus inévitable ? Pour
s'en garantir, que n'en a- t-il pas coûté à
tant de Saints ? Apeine se sont-ils crûs en
seureté dans l'horreur des Solitudes. L'Austerité
des jeûnes , l'abdication des richesses ,
La fuite des objets , la ferveur des Prieres
leur sembloit encore de trop foibles secours.
Loin de ces salutaires préservatifs , que prosente
la Cour , n'est-elle pas comme le centre
fatal, où se réjoignent à l'envi les plus redoutables
tentations ? Passer ses jours dans la
molesse et l'oisiveté , rencherir sur les commo
ditez de la vie , et sur la délicatesse des fes-
Tins,rechercher les divers secours des parures ,
raffiner sur tout ce qui peut exciter de coupables
flammes. N'est-ce pas l'occupation ordinaire
, et ne va -t- on pas jusqu'à s'en faire
une étude , et presqu'un mérite ? De toutes
parts on voit accourir ce que chaque Pais a
vu naître de plus charmant ; ce que la politesse
ajoûte de plus séducteur , ce que l'esprit
fournit de plus dangereux . Chacun apporte
sa passion particuliere , et cherche à exciter
celle des autres. Comment échaper à un feu
naturellement si prêt à s'enflammer , et si propre
à se répandre ? C'est , Messieurs , le pre-
II. Vol. Hij mier
3084 MERCURE
DE FRANCE
mier triomphe de Louis . Dans l'âge où avec
plus de qualitez pour plaire , les moindres
appas ne plaisent que plus aisements avec des
traits où la Majesté ne sert qu'à relever les
agrémens , il paroît insensible à ce qui enchanteroit
le reste des mortels . Des beautez
en foule se presentent à ses yeux , en vain
s'apperçoit-il qu'il n'a qu'à desirer, en vain
s'efforce - t-on de prévenirjusqu'aux desirs,en
vain cherche- t-on le chemin de son coeur, il
le consacre à Dieu seul dont il a reçu , et
n'y reserve de part que pour celle à qui ce
même Dieu l'a uni par un sacré lien , et pour
les précieux fruits d'une si sainte union.
La seconde Partie montre quels sont les
devoirs indispensables des Rois de la
Terre. Comme ils sont les images de Dieu,
leur perfection est de suivre les desseins de
Dieu lui-même sur les hommes . Orleur durée
étantpartagée entre le temps et l'éternicé , et
le dessein de Dieu ne pouvant
être que de les
preparer par l'innocence et la tranquillité de
la vie presente au comble du bonheur et de la
sainteté de l'autre vie . C'est à ces deux objets
que se réunissent les obligations d'un
Roy envers ses peuples.
Le premier desir de S. Louis étoit de rendre
ses peuples aussi heureux qu'on le peut
tre en cette vie. Il avoit été de bonne heare
rempli des grands principes de l'équité ,
11. Vol 'pourri
DECEMBRE. 308 ?
1731
nourri dans les tendres sentimens de l'hu
manité , et accoutumé aux veritables Maimes
du Christianisme .C'est ce que M.Lezeau
a pris soin d'orner de faits connus
dans la vie du Saint Roy , dont il a fait
des images vives et touchantes .
En parlant des Loix que S. Louis prit
soin d'établir , pour bannir de ses Etats
le vice , et y faire regner la vertu , M. Lezeau
a fait une peinture du Duel , qui
mérite d'être ici rapportée.
,
و
و
Un quatrieme abus n'éprouva pas moins
son attention : c'est cette manie , ou plutôt
cette fureur aussi particuliere à la Nation
Françoise , que la valeur lui est naturelle
le Duel : coutume plus que barbare , qui ,
sous l'imposteur titre de point d'honneur ,
fait gloire de violer toutes les regles de la raison
et du Christianisme. Eût-onjamais imaginé
que l'honneur ce puissant mobile des
plus belles actions auroit jamais , pour
venger ses droits , porié sa fiere tyrannie ,
jusqu'à commander le crime ? Que cet honneur
, en effet , soit plus cher
la vie
es que pour sauver l'un , on expose l'autre ,
se peut être un noble sentiment : mais que
dans l'incertitude du sort d'un Combat , on
s'y précipite avec la certitude d'y perdre son
ame et celle de l'Ennemi , que devient le
Christianisme et de si folles maximes ne`
II. Vol.
>
que
Hiij com3086
MERCURE DE FRANCE
commencent- elles pas par immoler la Religion
à un Phantom e? Mais en commençant ainsi
par abjurerjusqu'au nom de Chrétien , que
devient l'honneur lui - même ? Car enfin ;
qu'une injure mérite punition , c'est l'équité
mais se rendre soi- même le Ministre de cette
punition , s'approprier la fonction du Bourreau
, quelle infame idée ! Qu'un scelera .
soit condamné , qui voudroit l'exécuter? Eh!
que faites- vous cependant , aveugles Esclaves
d'une inconcevable phrénesie ? La Loi
prononce , il est vray : mais vous commencez¸
par vous établirFuges en votre propre cause.
Vous traitez d'intolerable insulte , ce qui
peut n'être au fond qu'une legere inadver
tance. Ce n'est pas assez ; le châtiment que
mériteroit le coupable , c'est de vos mains que
vous voulez qu'il le reçoive. S'il s'agissoit
d'une offense faile à autruy , souffririez- vous,
qu'on vous chargeât de la punir ? Quoy ,
parce que vous êtes l'offensé , il vous siera
d'étre l'Exécuteur ? Quelle fanatique gloire !·
Encore une fois , eût on pensé que chez des
hommes raisonnables on put jamais voir une
extravagance si outrée eût- on pensé que ce
seroit en France , ce Pays si justement rénommé
par l'esprit , la politesse , la douceur de ses
Habitans ? C'étoit cependant la féroce prévention
du siecle de S. Louis , et Dieu veuille
que ce ne soit plus la honte du nôtre. Le pre-
II. Vel. mier
DECEMBRE. 1731. 3087
mier serment du Sacre de notre Ray, nous en
flatte , l'heureuse esperance du plus long Regne
pourra nous en assurer ; ce peut être un des
triomphes qui lui étoit reservé. Quoiqu'il en
puisse arriver , c'étoit le voeu le plus ardent
du plus saint de ses yeux ; et si le succès
ne remplit pas entierement ses désirs , ce ne
fut pas faute d'y consacrer toute son autorité
et toute sa vigilance.
Les entreprises de S. Louis dans la
Terre Sainte , ses Combats , ses Victoires,
sa défaite et sa mort , tout y est traité
d'une maniere qui frappe et qui attendrit.
Mr. Lezeau termine son Discours , en
s'adressant à Messieurs de l'Académie
Françoise , et nous croyons que le Lecteur
nous sçaura gré de rapporter en entier
cette Peroraison..
Au souvenir d'une si héroïque et si sainte
, mort, le moyen , Messieurs de ne se pas
rappeller celle de votre dernier Protecteur ??
Vous sçavez quelles furent alors ses Leçons
à nôtre jeune Monarque : Eb ! me pardon--
neriez- vous de les oublier , pendant que nous
en recueillons de si heureux fruits ? Refuserois-
je un tribut que vous attendez de ceux
qu'en pareil jour vous admettez à votre sa-
Temnité ? Quoi de plus favorable , que de
retrouver de nos jours les exemples dont vous
mave chargé de retracer le souvenir ? La:
H. Vol . Hiiij don
3088 MERCURE DE FRANCE
>
douceur , la sagesse , la Religion , l'amour
des Sujets , tant et tant d'autres vertus , dont
chaque année ne peut qu'augmenter la perfection
et la gloire , puisque chaque jour les
voit croître avec un Ministre aussi religieux
que prudent , plus affectionné à son Maître
que le plus tendre Pere ne le seroit à son plus
ber fils , et dans le même temps plus qu'insensible
à ses interêts personnels ; livré aux
immenses fatigues du Gouvernement , sans
en vouloir ni l'éclat , ni les richesses ; aussi
simple en tout ce qui l'environne , que supé-
·rieur en ce qu'il projette ; tel , en un mot, que
les siécles passez n'ont encore montré rien de
pareil.
,
,
,
Mais en étendant ces Eloges , ne devroisje
pas craindre d'ennuyeuses redites , après
que vous avez , sans doute , en tant de traits
de notre Saint reconnu ceux du
regne present
? Et d'ailleurs me sieroit- il de tenter
ce qui n'appartient qu'à vous seuls Messieurs
? N'ai-je pas déja trop présumé de
moi , en me hazardant devant vous ? Que
ne vois-je pas se rassembler icy? les dignitez,
la naissance , les exploits , l'importanoe des
services , l'excellence des Ouvrages , les prodiges
de l'esprit. Ce que la Religion , la
Guerre la Magistrature , les Sciences one
de plus rare
se réunit sous les liens communs
du genie et des talens. Ces titres
و
II. Vol.
,
rap
prochant
DECEMBRE 1731. 3089
prochant tout , du brillant de chacun en son
genre , se forme un amas de lumieres , qui
éclairera jusqu'à la posterité la plus réculée .
dont vous recevrez , Messieurs , de plus jus
tes louanges que l'Antiquité n'en a reçu de
ses idolâtres Partisans. Puissent des noms
si sûrs de l'immortalité devant les hommes
n'en mériter pas moins devant Dieu. C'est
tout ce qui me reste à vous souhaitter &c.
>
Ce Panegyrique a été imprimé à Paris ,
chez la Veuve Knapen , rue de la Hu
chette.
Fermer
Résumé : Panegyrique de S. Louis, de l'Abbé Lezeau. [titre d'après la table]
En décembre 1731, l'abbé Lézéau, clerc de la Chapelle et Oratoire du Roi, a présenté un panégyrique de Saint Louis à l'Académie Française. Ce discours avait été prononcé en août précédent par le Cardinal de Fleury et s'appuyait sur le texte d'Isaïe 'Ecce in justitia regnabit Rex' pour souligner la justice du règne de Saint Louis, comparé à celui de Jésus-Christ. Le discours se divise en deux parties. La première partie met en avant les vertus chrétiennes de Saint Louis, telles que la pureté, l'humilité, la modération et le zèle religieux. La seconde partie traite des devoirs royaux, en insistant sur la manière dont Saint Louis a cherché à rendre ses sujets heureux et vertueux, en établissant des lois pour bannir le vice et promouvoir la vertu. L'abbé Lézéau critique sévèrement le duel, le qualifiant de coutume barbare contraire à la raison et au christianisme. Il conclut son discours en rappelant aux membres de l'Académie les leçons de leur dernier protecteur et en louant les vertus du règne actuel, comparées à celles de Saint Louis. Le panégyrique a été imprimé à Paris chez la Veuve Knapen.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
357
p. 21-46
LETTRE de M*** à M. H. Chanoine de l'Eglise Cathedrale de *** sur le choix que les Musiciens ont fait de Ste Cecile pour leur Patronne.
Début :
C'Est une chose très-loüable, Monsieur, que dans chaque [...]
Mots clefs :
Sainte Cécile, Musique, Musiciens, Église, Fête, Instruments de musique, Orgue, Mélodie, Chantres, Patrone des musiciens, Royaume, Choeur, Profession, Chant
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M*** à M. H. Chanoine de l'Eglise Cathedrale de *** sur le choix que les Musiciens ont fait de Ste Cecile pour leur Patronne.
LETTRE de M*** à M. H. Chanoine
de l'Eglise Cathedrale de *** sur le choix
que les Musiciens ont fait de Ste Cecile
pour leur Patronne.
'Est chose très -loüable , MonCsieur , que dans chaque Profession
il y ait un saint Patron dont on se propose d'imiter les vertus en même temps
qu'on se porte à célébrer sa Fête. Mais
yous m'avouerez que souvent il est arrivé
que
22 MERCURE DE FRANCE
que les Particuliers desquels ce choix a
dépendu , n'ont pas été heureux dans
celui qu'ils ont fait. Je m'amusai , il y a
plus de vingt ans , à parcourir un Calendrier qui s'imprimoit à Paris , chez Louis
Josse , sous le nom d'Almanach spirituel :
Je trouvai qu'il y avoit bien des refléxions à faire sur les raisons qui ont pû
fixer certains choix qui paroissent avoir
été faits d'une maniere assès burlesque
et je ne craindrois point d'être désaprouvé par ceux qui composent les Confreries:
dont le saint Patron est mal choisi , si
j'osois entrer dans le détail de quelquesuns.
Il est vrai que toutes les Professions ,
Arts , et Etats n'ont pas le bonheur d'avoir des Saints qui ayent exercé ces Professions ; ou si des gens de bien les ont
exercées , ils n'ont pas ей , pour cela , la
gloire d'être canonizez. Il n'est pas de:
tous les Etats comme de celui des Medecins , qui , outre un S. Luc , ont encore
S. Côme et S. Damien. Il est des Artisans
de bien des especes : et tous n'ont pas l'avantage d'avoir comme les Orfévres
un Personnage qui se soit sanctifié dès le
temps auquel il exerçoit ce métier , comme a fait un S. Eloy. Mais il faut aussi
avouer qu'il y a des Etats et des Profes-
>
sions
1
JANVIER 1732: 2:3
و
sions qui ont fourni des Saints , ausquels .
cependant on ne pense pas davantage que
s'ils n'étoient jamais venus au monde ,.
des Saints dont il y auroit d'excellentes:
choses à dire en Chaire pour l'instruction:
des gens du même état si le choix du
Patron étoit fait avec un peu plus d'attention et de discernement. Qui empêcheroit , par exemple , les Marchands de
prendre pour Patron un S. Homebon
Marchand de la Ville de Cremone , les:
Laboureurs , un S. Isidore , qui a été Laboureur en Espagne , et les Vignerons ,
un S. Antonin de Sorrente en Italie
qui planta de ses propres mains une Vigne dont le Vin étoit si délicieux , qu'on
n'en présentoit point d'autre à tous les
Princes et grands Seigneurs qui passoient:
dans ce Pays-là.
"
و
Tout ce que j'ay dit jusqu'icy , Mon--
sieur , n'est que pour en venir à une Profession qui est très- remarquable dans nos
Eglises c'est, celle des Musiciens. Tant
de Saints ont chanté , comme eux , en Public les louanges du Seigneur , que le
nombre en est inexprimable. Il y a eû
aussi des Saints qui ont écrit sur le Chant
Ecclésiastique , d'autres qui ont sçû jouer
des Instrumens. Les uns ont perfectionné
le Chant ou la Musique dans la Specula- tion:
24 MERCURE DE FRANCE
tion : les autres y ont donné de nouveaux
accroissemens dans la Pratique. Tel Saint
fabriquoit lui-même des Instrumens de
Musique ; tel'autre donnoit des Regles
pour s'en servir. N'est-ce pas là ce que
font les Musiciens de nos jours ?
La chose étant ainsi , ils devoient donc
choisir pour leur Patron un Saint de quelqu'unes des especes que je viens d'indiquer. Mais au lieu de prendre ce party ,
et de se fonder sur une Histoire bien averée , ils se sont arrêtés à une Legende telle
qu'elle , et ils ont été déterminez à l'occasion d'un mot unique , dont ils n'ont
pas pris la peine de se donner l'intelligence. S'il est vrai que ce choix est proportionné aux lumieres qu'on avoit il y a
cent ou six-vingt ans , il ne s'ensuit pas
de là qu'il doive toujours subsister.
7
ya:
On ne peutgueres douter que les Musi--
ciens et les Chantres inferieurs des Eglises
Canoniales n'ayent été portez à se choisir
un jour de Fête , lorsqu'ils ont vû que
les autres Professions en avoient. Il y eut
untemps , comme tout le monde le sçait,
que les Prêtres (a) avoient pour Fête Patronale le jour de S. Jean l'Evangeliste
les Diacres le jour de S. Etienne , les Soû-
(a) Quelques Personnes assurent que dans les plus bas siécles les Prêtres ont choisi la Transfiguration
pour leur Fête Patronale.
diacres
JANVIER 173.2. 2*
diacres un autre jour voisin de la Fête de
Noël. Le reste du chœur se joignit appa
remment à ces derniers. Mais depuis qu'on
eût déclaré dans le XV. siécle une Guerre
ouverte à cette Fête du bas-Chœur , il y
eut du partage dans le choix du jour qui
passeroit pour la solemnité patronale. En
certains Pays on s'arrêta à S. Gregoire ,
Pape , en l'honneur duquel on trouvoit un Office propre tout noté dans les anciens Antiphoniers. En d'autres où l'on
ne pût goûter le choix de la S. Gregoire ,
parce qu'elle tombe en Carême , on choisit les 7. Freres Martyrs , Enfans de Ste
Felicité , par une raison assez frivole. (a)-
Quoiqu'il en soit , il n'y a gueres plus
de cent ans que les Musiciens , ou Chantres gagèz étoient partagez selon les Pays,
sur le choix de leur Fête Patronale , et
qu'ils reconnoissoient differensSaints pour
leurs Patrons. Dans la Flandre , où la Mu
sique a fleuri plus qu'en certaines autres
Provinces du Royaume , l'on ne connoissoit point encore Sainte Cecile pour Protectrice des Musiciens , il y a cent- cinquante ans. Si elle avoit été représentée
comme telle , et avec un Jeu d'Orgues ,
vers l'an 1580 , Molanus , célebre Doc
teur de Louvain , qui marqua dans le Li-
(4) Auxerre.
VIQ
26 MERCURE DE FRANCE
vre qu'il fit imprimer alors sur les Images , toutes les figures symboliques qu'on
ajoutoit aux Statuës des Saints , n'auroit
pas oublié Sainte Cecile ; cependant il ne dit pas un seul mot de cette Sainte : ce
qui est une marque qu'il ne l'avoit encore vûe représentée en aucun endroit.
Je mecrois donc assès fondé pour avan
cer que ce n'est que depuis un Siecle , ou ,
un peu plus , que les Musiciens se sont
réunis à choisir cette Sainse pour leur Patrone. L'Office propre qu'on chantoit
presque par tout en son honneur depuis
plusieurs siecles , aura gagné alors leurs
suffrages , et les aura déterminé à ce choix.
Ceux d'aujourd'huy croyent qu'il a été
fait avec tant de maturité et de déliberation par leurs Prédecesseurs , qu'il est
difficile de les en faire revenir. L'habi
tude dans laquelle ils sont , de voir Sain
te Cecile représentée avec un Jeu d'Or
gues , fait qu'iis continuent de croire
qu'elle étoit de la Profession , ou au moins
qu'elle aimoit les Instrumens musicaux
cependant , à considerer les choses dans
leur origine , on reconnoîtra que ce Jeu
d'Orgues n'a été ajoûté aux figures de
cette Sainte , que depuis que les Musiciens se sont mis sous sa protection. C'est
ainsi qu'ils prennent l'effet pour la cause
et la cause l'effet.. pour Je
JANVIER 1732. 27
Je ne vous diray pas en quelles Provinces ce choix a d'abord été fait. Il y a
apparence que c'est en Italie. Les honneurs qu'on prétend rendre à Sainte Cecile par la Musique , y sont même poussez jusqu'à un point qui pourra vous réjouir. Dans une Ville de cette vaste partie de l'Europe , l'une des Eglises Paroissiales porte le nom de Sainte Cecile. Le
Clergé n'en est pas fort nombreux , par
ce qu'il y a dans la même Ville cinquante-cinq autres Paroisses, Une Personne
grave qui m'a honoré de son amitié dans
sa vieillesse , m'a dit qu'elle entra dans
cette Eglise l'an 1669. à son retour de
Rome : c'étoit un Dimanche au soir !
Elle y trouva le Curé qui disoit Vêpres.
tout seul : mais le son de sa voix étoit
admirablement secondé par un grand
nombre de petits Oiseaux qui faisoient
dans la Tribune des Orgues un gazoüillement très agréable. S'étant informé de
Forigine de cette Musique , on lui dit
que ces Oiseaux étoient nourris là comme
dans une Voliere , où ils faisoient un con--
cert jour et nuit pour honorer Sainte Cecile , et que la Paroisse n'ayant pas assès.
de revenu pour y faire chanter l'Office
excepté le jour de la Fête Patronale , on
se contentoit durant le reste de l'année
·
des
28 MERCURE DE FRANCE
des services de ces petits Musiciens. Vous
pouvez croire qu'en dédommagement , il
n'y a rien d'épargné le 22 Novembre
et que tous les Enfans de Sainte Cecile.
tiennent à honneur de se réunir ce jour- là.
dans ce lieu.
On est persuadé en Italie plus qu'ailleurs , de la verité de tout ce que les
Legendes du Beviaire renferment ; et Tes
Musiciens qui ne se picquent pas d'être
grands Critiques en fait d'Histoire , s'en
rapportent volontiers à la croïance de ceux
qui les ont éleveż . Soit que ce soit en Italie, ou dans les ProvincesMeridionnales de
la France que le choix ait été fait d'abord
de Sainte Cecile pour Patrone des Musiciens , il est constant qu'il est très - mak
fait. Je ne songeois à rien moins qu'à vous
prier de rendre publique cette Lettre lorsque l'on m'a fait voir une Lettre circulaire , imprimée en forme d'Affiche de la.
part du Maître de Musique de l'Eglise
Cathédrale du Mans , par laquelle tous
les Musiciens du Royaume sont invitez.
àmettre en Musique les paroles jointes à
cette Lettre, destinées à servir de Motet
à la Messe solemnelle de la Fête de Sainte
Cecile. Et comme si le sujet étoit le plus
heureux du monde , on y ajoûte les mêmes clauses et conditions qui sont ordi- nairement
JANVIER 1732. 29
,
nairement proposées pour les Pieces d'Eloquence ou de Poësie qui subissent l'éxamen de differentes Académies , établies
dans le Royaume et qui sont honorées
d'un prix de conséquence. La Piece Mu- sicale sera examinée : ( on ne dit pas par
qui:) et celle qui sera trouvée la meilleure dans le genre de Musique qu'on demande , sera chantée préferablement aux
autres dans l'Eglise du Mans , et l'Auteur
sera récompensé d'une Croix d'or. J'ay
appris aussi que dans l'Eglise d'Evreux ,
et dans les autres de Normandie on a fait
dans le siécle dernier quelque chose de
semblable ; au moins on en produit des
Programmes ou Avis imprimez en 1667.
et 1668. Et encore de nos jours a Evreux,
lorsqu'il arrive qu'un Maître de Musique
qui a du renom , s'y rend au 22 Novembre , pour faire chanter une Musique de
sa façon à la Fête de Sainte Cecile , on lui
fait present d'une Médaille d'argent , qui
représente d'un côté l'image de cette Ste.
et de l'autre les Armes du Chapitre.
que
Sainte Cecile étant ainsi devenue le sujet des Chef- d'œuvres de Musique , on ne peut pas attendre l'effet du maumais choix se manifeste plus évidemment,
et il paroît que le temps est venu de combattre le fondement de ce choix.
Comme
30 MERCURE DE FRANCE
,
Comme toutes choses sont sujettes à
vicissitude sur la terre et que tous les
jours on avance dans la connoissance de
l'Histoire on a découvert que le choix
de Sainte Cecile pour Patrone des Musiciens n'est appuyé que sur un fondement
ruineux , c'est-à- dire,sur des Auteurs qui
attribuent à cette Sainte des faits qu'il
leur a plû d'imaginer pieusement , ou sur
un texte historique mal entendu , et pris
àcontre-sens , en cas qu'il soit veritable ;
et c'est ce qu'il est besoin de développer.
Que disent sur la Legende de cette Sainge
les Historiens réconnus pour les plus éclairez de nos jours ? M. de Tillemont (1) déque les contradictions qui se trou- cla
dans
ses
Actes
, en
donnant
une
idée
vent
assès désavantageuse , qu'ils ne sont composez que de Miracles extraordinaires ,
et d'autres choses qui ont peu d'apparence
de verité que , quoiqu'ils soient assès
anciens pour avoir été vûs par le vénérable Bede , il ne croit pas , cependant ,
qu'il y ait moyen de les soutenir. Le Pere
Garnier , Jesuite , dont on a quelques ouvrages sur l'antiquité Ecclésiastique , qui
sont fort estimez , combat ces Actes pat
l'endroit du Prefet Almaque , dont ils
font mention , outre plusieurs autres fau
(1)Tom. III. Hist. Eccl. p. 689.
tes
JANVIER 1732. 31
4
›
tes dont il reconnoit qu'ils sont pleins
M. Baillet (1 ) assure qu'ils n'ont presque
aucune autorité , qu'ils sont difficiles à
soûtenir dans presque toutes leurs cirConstances soit pour les temps et les
dieux , soit pour les grands Discours et les
grands Miracles qu'ils contiennent. Il est
Vrai que dans un autre endroit ( 2 ) il dit
que ces Actes n'ont rien de choquant ou
de scandaleux dans ce qu'ils ont d'incroyable mais il ajoûte aussi- tôt qu'ils
n'ont rien d'authentique dans ce qu'ils
paroissent avoir de plus noble. Le Public
peut croire par avance , que le jugement
des sçavans Bollandistes ne se trouvera pas
beaucoup different lorsque le temps sera
venu qu'ils seront obligez de s'expliquer on peut même , sans trop hazarder , conclurre de ce que leurs Prédéces
seurs ont dit au 14 Avril , sur S. Valerien
et S. Tiburce , et au 25 Mai , sur S. Urbain , que ceux de leurs Confreres à qui
il appartiendra , de traiter les Saints du
22 Novembre , ne s'éloigneront pas extrêmement de ce qu'a dit le Pere Garnier ,
et même il peut se faire qu'avec le temps
il leur vienne de nouvelles lumieres pour
impugner encore plus fortement les Actes
(1)Table critique du 22 Nov.
>
(3) Au 22 Novembre
9
de
2 MERCURE DE FRANCE
de Sainte Cecile , et les faire abandonner generalement.
و
C'est donc le peu de fond qu'il y a à
faire sur cette piece , qui a porté les Evêques , qui ontfait réformer leurs Breviaires à en rétrancher cette Legende. Il y en
a qui n'ont assigné à Ste Cecile aucune
Leçon propre , et qui ont tout renvoyé
au commun ou l'ont réduit en simple
commemoration, comme on vient de faire
à Langres. D'autres ont permis qu'on inserât à Matines un Fragment du Sacramentaire de S. Gregoire , où il est dit simplement que Cecile a été fortifiée par la
grace de Dieu , de maniere que rien n'a
pû ébranler sa foy et sa vertu , ni le penchant de l'âge , ni les caresses du siecle ,
ni la foiblesse du sexe , ni la cruauté des
tourmens , cet Eloge n'ayant pû fournir
qu'une seule Leçon fort courte , c'est ce
qui a été cause que l'Office du 22 Novembre a été réduit à trois Leçons , dont deux
sont de la Sainte Ecriture. Par là toutes
les Antiennes et Répons propres qui
étoient dans les Antiphoniers precedens ,
ont été rejettez , et par conséquent l'AntienneCantantibusOrganis ôtée de l'Office.
Or comme il n'y avoit que cet endroit de
la prétendue Histoire de la Sainte , qui ,
après bien des siecles , avoit déterminé.
les
JANVIER 1732. 33
les Musiciens et Joueurs d'Instrumens à
la choisir pourPatrone ; il est bon de faire
quelques refléxions dessus , afin d'en montrer la foiblesse , et de faire voir que ,
quand même il seroit bien averé , il prou
veroit seulement qu'il y avoit autrefois
des Instrumens de Musique dans les nôces
chez les Romains , ce que personne ne
revoque en doute , et qui n'a nulle liaison
avec l'usage qu'on a fait de ce Texte.
:
Ce Texte dit donc simplement que Cecile fut promise à un jeune homme appellé Valerien que le jour des nôces étant
venu , elle parut vêtuë d'habits éclatans -
en or , par dessous lesquels elle portoit le
cilice que les Instrumens de Musique
faisoient retentir dans la Salle où étoit le
lit nuptial toutes sortes d'airs convenables
à une telle conjoncture ; mais que Cecile ,
sans y faire attention , ne s'appliquoit interieurement qu'à Dieu seul , à qui elle disoit du fond de son ame : » Seigneur, que
» mon cœur et mon corps soient conser-
» vez sans tâche , afin que je ne sois pas
» confondue. Cujus Dei ) vocem audiens
Cecilia Virgo clarissima absconditum semper
Evangelium Christi gerebat in pectore ..
Dominumfletibus exorans , ut virginitas ejus
ipso conservante inviolata permaneret. Hac
Valerianum quemdamjuvenem habebat spon
C SU
34 MERCURE DE FRANCE
sum : qui juvenis in amore virginis perur
gens animum diem constituit nuptiarum.
Cecilia verò subtus ad carnem cilicio induta , desuper auratis vestibus regebatur. Parentum verò tanta vis et sponsi circa illam
erat exæstuans , ut non posset amorem cordis
sui ostendere , et quod solum Christum diligeret indiciis evidentibus aperire. Quid multa ? Venit dies in quo thalamus collocatus est.
Et cantantibus organis , illa in corde suo soli
Domino decantabatidicens : Fiat cor meum et
corpus meum immaculatum , ut non confundar ; et biduanis ac triduanis jejuniis orans
commendabat Domino quod timebat. Invita
bat Angelos precibus , lachrymis interpellabat Apostolos , et sancta omnia Christo famulantia exorabat , ut suis eam déprecationibus adjuvarent suam Domino pudicitians
commendantem. (a)
Après avoir ainsi exposé l'endroit des
'Actes de Ste. Cecile , qui a déterminé le
choix des Joueurs d'Instrumens et des
Musiciens , je puis conclure hardiment
que cette Sainte n'a été choisie par eux
pour Patrone que parce qu'on lit que
forsqu'il fut question de la marier , il y
avoit des Instrumens àla Fête. De sorte
que , sans faire attention que l'Histoire
de cette Sainte , telle qu'elle est , la repré
(a) Je tire ce Texte d'un Manuscrit de 600 ans.
sente
JANVIER 1732. 5
2
sente comme mariée malgré elle , et comme ayant une répugnance marquée à entendre toute cette mélodie , et songeant
plutôt aux choses spirituelles , on la prend
pour la Protectrice des Symphonies et des
Concerts qui se font au moins avec autant
d'appareil que celui qui , selon les mêmes
Actes paroissoit lui être à charge. En
effet , le langage de l'Historien laisse
penser qu'il en étoit de la Musique à son
égard , comme des beaux habits dont elle
étoit parées et c'est avec raison qu'il prétend faire son Panegyrique , lorsqu'il dit
qu'elle n'avoit pas plus d'attache à l'un'
qu'à l'autre. Une legere attention sur ce contraste suffit , ce me semble › pour dé
tromper bien des gens , touchant la justesse prétendue du choix fait par les Mu
siciens. Ce n'étoit pas un Privilege particulier à Ste. Cecile , d'avoir des Joueurs
d'Instrumens à ses nôces : c'étoit la coûtume de son temps , comme ce l'est encore aujourd'huy. Il n'y a gueres de Saints
parmi ceux qui ont été mariez , qui ne
se soient peut-être trouvez dans de sem
blablescirconstances. Pourquoi donc choisir plutôt Sainte Cecile qu'une autre ?
Est-ce à cause que la Musique des Instrumens a paru lui déplaire , ou au moins nè
faire aucune impression sur ses sens ?
Cij
36 MERCURE DE FRANCE
:
Je prévois bien , Monsieur , que mes
reflexions ne feront pas plaisir à un grand
nombre de Musiciens. Etant accoutumez
à juger de la verité et de l'antiquité des
choses , parce qu'ils en voyent de leurs
jours , ils diront que le choix de Ste. Ce-.
cile pour Patrone de leur Profession , ne
peut être que bon et ancien , puisqu'il est
si étendu, J'avoue qu'il n'est que trop
étendu mais aussi il faut convenir qu'il
a été fait dans un temps où l'on tenoit
pour véritables les Actes qui portent son
nom , et où l'on croyoit qu'un seul mot dans l'Office , pourvu qu'il eût rapport
à la Musiquede loin ou de près , directement ou indirectement , suffisoit pour se
fixer et s'arrêter. Dispensez - moy d'entrer
en explication de certaines autres Professions qui n'ont pas été plus heureuses , cr
de vous citer l'origine du choix d'un
grand nombre deConfreries. Après tout ,
quoique les Actes de Sainte Cecile soient
faux , la Sainte n'en est pas moins réelle
et veritable. Quoiqu'on ne sçache point
même en quel Pays elle a été martyrisée ,
et qu'il soit incertain si c'est à Rome ou
dans la Sicile , il n'en est pas moins constant que cette Sainte est une veritable
Martyre. Et puisque son nom est dans le
Canon de la Messe il en faut conclure
qu'elle
JANVIER 1732. 3
qu'elle est une des plus anciennes Martyres de l'Eglise Romaine. C'est tout ce
qui peut faire son Eloge , sans que pour
cela la Musique doive s'y interesser plus
qu'à une autre Sainte , par les raisons peremptoires que j'ai apportées.
En abandonnant le choix qui a été fait
si mal- à-propos dans ces derniers temps ,
il est nécessaire de le remplacer par quelque autre Saint qui puisse être proposé
avec fondemens au Corps des Musiciens ,
et à leurs aggrégez. On se fatigueroit en
vain à chercher pour cela un Saint de la
premiere antiquité ; puisque la Musique
dans le sens qu'ils veulent qu'on l'entende,
est assez nouvelle dans l'Eglise. Il seroit
question de découvrir l'introduction des
Instrumens dans l'usage des Offices Divins , et de trouver quelque saint personnage qui se soit plû à en jouer, Le siécle
de Charlemagne fournit un S. Arnold
du Duché de Juliers : mais la Profession
de simple Joueur de Violon qu'il exerça ,
n'est pas proportionnée à tout ce que la
Musique renferme. En descendant quelques siécles plus bas , on trouve un Saint
Dunstan , Archevêque de Cantorbery
en Angleterre. Les Auteurs de sa vie le
représentent comme un Personnage qui
se plaisoit dans sa jeunesse à jouer de toute
Ciij sorte
38 MERCURE DE FRANCE
sortes d'Instrumens , du Psalterion , de la
Guitare , des Orgues , et toujours pour
les louanges de Dieu. Quamvis omnibus :
artibus Philosophorum magnificè polleret ,
ejus tamen multitudinis qua. Musicam instruit , eam videlicet que Instrumentis agitatur speciali quadam affectione scientiam vindicabat , sicut David Psalterium sumens ,
Citharam percutiens , modificans Organa 2,
Cymbala tangens. (a ) Et plus bas ils rapportent , que lorsque Athelme , Archevêque de Cantorbery , l'eût produit auprès du Roy Ethelstan , ce fut sa parfaite´
habileté à jouer de tous les Instrumens
qui lui concilia l'amitié du Roy et de
toute la Cour. Cum videret Dominum Regem secularibus curis fatigatum , psallebat in.
Tympano , sive in Cithara , sive alio quolibet musici generis Instrumento : quo facto
tam Regis quam omnium corda Principum
exhilarabat. Et afin que par le mot Psallebat, on ne puisse entendre des Airs profanes , il est dit un peu plus haut du même
Saint : Sicut David ergo noster symphonista Vasa cantici habuit , quia usum illorum nonnisi in divinis laudibus expendit.
Mais si l'on ne veut point recourir à
P'Angleterre pour y choisir un Saint Protecteur de la Musique , et si l'on est
(a) Osbernus seculo V. Benedictino.
bien
JANVIER. 1732. 39
bien aise de ne pas déplacer la Fête des Chantres de la saison où elle se trouve
aujourd'hui , on peut prendre un Saint
de notre France qui est assez celebre
dont la Fête arrive le 18. Novembre , qui
est le jour auquel il déceda à Tours l'an
942. C'est S. Odon. Il avoit eu à Paris
pour Maître de Musique le fameux Remi
d'Auxerre cet homme generalement
versé en toute sorte de sciences. Il avoit
appris sous lui à connoître les differentes
combinaisons des harmonies , consonantes , affinales , &c. par le moyen du monocorde qui servoit alors à instruire les
Commençans ; et il devint par la suite si
habile dans la Musique Ecclesiastique
qu'il fut jagé digne d'être Grand- Chantre de l'Église de Tours ,où il composa
plusieurs Pieces de Chant. Il est vrai qu'il
ne resta point dans cet état ; s'étant fait
Religieux il devint Abbé de Clugny ;
mais il aima toûjours les mélodies Ecclesiastiques , et il en composa jusqu'à la fin
de sa vie. Ce Saint appartient plus parriculierement à l'Eglise de France , puisqu'il a été Membre d'une des plus illustres Eglises du Royaume, ( a) où l'on s'est
toûjours appliqué à faire l'Office avec
majesté.
(a)Tours.
Ciiij Quelque
40 MERCURE DE FRANCE
Quelque Musicien versé dans l'Histoire , pourra dire , que puisqu'il est à
propos de se départir du mauvais choix
fait de Sainte Cecile , il vaut autant que
dans chaque Pays les Musiciens ou Chantres de profession se choisissent un saint
Patron particulier , et que peut être se
trouvera t'il peu de Provinces où il n'y
ait des Saints qui ont été amateurs du
Chant , ou qui ont eû quelque rapport
avec l'exercice de cette Science. Je ne
parle point de l'Eglise de Lyon , où l'on
connoît un S. Nicier , Evêque , qui s'est
distingué dans le Chant Ecclesiastique et
qui même l'a enseigné à de jeunes enfans ; cette Eglie peut bien celebrer une
Fête de Chantres de Plain- Chant , mais
non pas de Musiciens , parce qu'elle n'en
a jamais admis dans le sens qu'on entend
aujourd'hui le nom de Musiciens. L'Eglise de Clermont a eu un S. Gal et un
S.Priet, Evêques, qui ont cultivé particu
lierementla science du Chant, excités par
l'avantage qu'ils avoient d'être doüez d'une belle voix. L'Eglise de Paris a eû aussi
pourPrélat unSaint qui pourroit très - bien
être choisi pour Patron de la Musique de
cette Capitale du Royaume ; c'est S. Germain. Le Poëte Fortunat , qui a écrit son
Eloge en Vers, fait une description si pompeuse
JANVIER 1732. 4.I
peuse de de la maniere dont on celebroit
Office dans son Eglise Cathedrale, qu'on
diroit que ce Saint y auroit établi le contrepoint et le Faubourdon , quoique cela ne
soit pas. Il est seulement vrai de dire qu'il
anima le Chant , et qu'il le regla. Mais
puisque ce sont les mouvemens que se
donnent des Particuliers de l'Eglise du
Mans qui m'excitent à vous écrire , ne
peut- on pas leur dire qu'ils cherchent
bien loin ce qu'ils ont chez eux- mêmes.
Ils ont, en effet, S. Aldric, qui de Préchantre
de l'Eglise de Metz , fut fait leur Evêque
au neuviéme siecle. Il n'étoit point de
ees Préchantres simplement porteurs de
Bâton et de Chappe ; l'Histoire de sa Vie
publiée au troisiéme Tome des Mélande M. Baluze , dit de lui ges dès sa que
jeunesse : Cantum Romanum atqu: Grammaticam sive divine scripture seriem bumiliter discere meruit , quibus pleniter atque
doctissimè instructus est ; il semble qu'un
Evêque du Mans qui est Saint , et qui a
sçû parfaitement le Plain- Chant , ayant sqü été Moderateur du Chœur d'une celebre
Eglise , mériteroit mieux que Sainte Cecile d'être le Patron des Chantres et des
Enfans- de-Chœur de l'Eglise du Mans ,
puisque c'est un Personnage à qui l'on
peutappliquer à la lettre ce Passage de l'E CY criture
42 MERCURE DE FRANCE
criture, où il est dit de David : Stare fecitCantores contra altare et in sono eorum dulces
fecit modos. (a) Ce Texte est clair et sans .
obscurité. Il n'en est pas de même du
Passage des Actes de sainte Cecile. Quand
même ces Actes seroient veritables , les
Musiciens auroient tort de croire sur le -
simple fondement de ce qui y est contenu , qu'il y auroit eû des Orgues dans
le sens que nous l'entendons à la Fête
de son Mariage ; parcequ'il est indubitable qu'Organa dans l'antiquité signifie un
assemblage de plusieurs sortes d'Instrumens. Mais n'est-ce pas agir d'une maniere insupportable , et abuser visible--
ment des Orgues d'aujourd'hui , que de mettre cet Instrument entre les mains
de sainte Cecile ? C'est vouloir tromper
les Peuples de gayeté de cœur , et abuser
dela crédulité des simples , que de la répresenter en faction devant un Clavier
Il me paroît que c'est prétendre leur
persuader cette Sainte est bienchoisie
queen supposant comme
pour Patrone
vrai , ce qui cependant est faux ; sçavoir ,,
qu'elle faisoit métier de toucher de cet
Instrument , tandis que c'est tout le contraire, et que le Jeu d'Orgues n'a été
joint à la figure que pour marquer que
(*) Ecclesiastici , Cap. 47. ¥. 11.
les
JANVIER. 1737. 43
1
lés Musiciens l'ont choisie pour leur Protectrice. Ce n'est pas le choix qui supose
les Orgues; ce sont les Orgues qui présupposent le choix, et qui en sont le signe
et la marque. Dans les Chroniques Latines , imprimées in folio , à Nuremberg,
l'an 1493. avec des figures ; sainte Cecile
est representée avec un peigne de fer à
la main. Il peut se faire que cette Sainte
ayant été représentée de la même maniere
sur quelques murailles ou sur quelque vitrage , l'on ait pris par la suite cet Instrument de martyre pour un Jeu d'Orgue.
On se méprend quelquefois plus grossierement à des Peintures , losrqu'elles sont
à demi effacées. Tout-au- plus ce qui éoit
permis depuis le choix fait par les Mu--
siciens , étoit de représenter un Jeu d'Orgue aux pieds de sainte Cecile , de la
maniere qu'on mer quelquefois des Ar--
moiries ou des Hieroglyphes sous certai
nes statuës. Mais ce qui auroit été convenable , pour couper court , eût été
de laisser sainte Cecile au Monastere de
Filles avec les Agnès , les Luces et les
Agathes , et que les Musiciens eussent
porté leur dévotion particuliere vers un
Saint , sans craindre que la Sainte leur
fût moins propice. Il ne tiendra qu'à eux
de le faire après tout ce que j'ai dit sur
Cvj 121
44 MERCURE DE FRANCE
la fausseté des Actes qui portent son
nom, et sur l'incongruité du choix , quand
même ces Actes seroient veritables. Il
né dépendra que d'eux de s'attacher à
un Saint qu'ils puissent veritablement regarder comme le prototype ou le modele
de leur Profession. Je me suis contenté
d'en indiquer quelques-uns , sans prétendre avoir épuisé tous ceux que l'Histoire
Ecclesiastique pourroit fournir. Je passe
sous silence le peu de solidité qu'il y auroit de choisir S. Vincent Martyr , précisement à cause que dans le Verset d'un
des Répons de son Office on lit : Dantur
ergo laudes Deo Altissimo , et resonante Organo vocis Angelica modulata suavitas
procul diffunditur , ou de s'arrêter à sainte
Ysoïe ou Eusebie , Abbesse d'Haimage en
Flandres , dont il est écrit qu'elle regne
dans le Ciel : Ubi organizans canticum
immaculatum sponsum Agnum sequendo tripudiat. Le peu de fondement de ce choix
sauteroit aux yeux , et je ne crois pas que
jamais on y pense.
Au reste , je ne me déclare point ennemi de la Musique ni des Instrumens.
Tant s'en faut ; je puis dire comme le
Cardinal Bona : Et Musicam amo , et pu
det me plerosque Ecclesiasticos viros totius
vita cursu in cantu versari ; ipsum verò
cantum
JANVIER 1731. 45
cantum ( quod turpe est ) ignorare. (a) J'ai
me la Musique , j'aime le Plain-Chant
j'aime ceux qui s'y connoissent veritablement ; mais je demanderois volontiers à
toute l'Ecole de sainte Cecile un secret
pour empêcher de jamais parler de ces
matieres-là et de s'ériger en Maîtres de
Psalmodie , ceux qui ne peuvent et ne
pourront jamais distinguer un semi-ton
d'avec un ton , ainsi qu'ils le font voir
en plein Choeur par une triste experience
de tous les jours ; et je m'en rapporte à
vous , Monsieur , pour décider s'ils na
sont pas dans le même cas que ces Doc.
teurs en Lecture , qui ne sçauroient distinguer une lettre voyelle d'avec une
lettre consonne. Ce ne sont pas là , Monsieur , les Chantres de l'Eglise Chrétienne, dont je serois prêt de faire l'Apologie ; mes Argumens en faveur de la
Musique , sont toûjours pour appuyer
des sujets qui lui font plus d'honneut.
Si on entreprenoit de bannir ceux cy de
nos Eglises et d'en exclure toute sortę
de Musique , je serois le premier à m'y
opposer, en représentant que dans toutes les choses établies au vû et au sçû des
Superieurs, il nefaut retrancher que ce qui cst devenu abusif. Mes raisonnemens donc
(a)De div. Psalmedia , Cap. 17. §. 3. Num. 1.
contre
45 MERCURE DE FRANCE
contre la Confrairie de sainte Cecile , ne
doivent pas être suspects : ce n'est que
pour le mieux , que j'exhorte ceux qui
s'y sont enrôlez , à considerer le deffaut
qui est dans leur choix ; afin que si dans
quelque Ville du Royaume ils sont heureusement d'assez bon goût pour y
choisir
un autre Patron , en même temps qu'on y
réforme le Breviaire , la justesse de leur
nouveau choix puisse ensuite s'étendre ailleurs de la même maniere que l'incongruité de l'ancien s'étoit fait place à la
faveur de la fable et de la fiction. Je
suis , & c.
Ce Samedy 20. Octobre, Fête de Saint
Aderald , Chanoine de votre Eglise.
de l'Eglise Cathedrale de *** sur le choix
que les Musiciens ont fait de Ste Cecile
pour leur Patronne.
'Est chose très -loüable , MonCsieur , que dans chaque Profession
il y ait un saint Patron dont on se propose d'imiter les vertus en même temps
qu'on se porte à célébrer sa Fête. Mais
yous m'avouerez que souvent il est arrivé
que
22 MERCURE DE FRANCE
que les Particuliers desquels ce choix a
dépendu , n'ont pas été heureux dans
celui qu'ils ont fait. Je m'amusai , il y a
plus de vingt ans , à parcourir un Calendrier qui s'imprimoit à Paris , chez Louis
Josse , sous le nom d'Almanach spirituel :
Je trouvai qu'il y avoit bien des refléxions à faire sur les raisons qui ont pû
fixer certains choix qui paroissent avoir
été faits d'une maniere assès burlesque
et je ne craindrois point d'être désaprouvé par ceux qui composent les Confreries:
dont le saint Patron est mal choisi , si
j'osois entrer dans le détail de quelquesuns.
Il est vrai que toutes les Professions ,
Arts , et Etats n'ont pas le bonheur d'avoir des Saints qui ayent exercé ces Professions ; ou si des gens de bien les ont
exercées , ils n'ont pas ей , pour cela , la
gloire d'être canonizez. Il n'est pas de:
tous les Etats comme de celui des Medecins , qui , outre un S. Luc , ont encore
S. Côme et S. Damien. Il est des Artisans
de bien des especes : et tous n'ont pas l'avantage d'avoir comme les Orfévres
un Personnage qui se soit sanctifié dès le
temps auquel il exerçoit ce métier , comme a fait un S. Eloy. Mais il faut aussi
avouer qu'il y a des Etats et des Profes-
>
sions
1
JANVIER 1732: 2:3
و
sions qui ont fourni des Saints , ausquels .
cependant on ne pense pas davantage que
s'ils n'étoient jamais venus au monde ,.
des Saints dont il y auroit d'excellentes:
choses à dire en Chaire pour l'instruction:
des gens du même état si le choix du
Patron étoit fait avec un peu plus d'attention et de discernement. Qui empêcheroit , par exemple , les Marchands de
prendre pour Patron un S. Homebon
Marchand de la Ville de Cremone , les:
Laboureurs , un S. Isidore , qui a été Laboureur en Espagne , et les Vignerons ,
un S. Antonin de Sorrente en Italie
qui planta de ses propres mains une Vigne dont le Vin étoit si délicieux , qu'on
n'en présentoit point d'autre à tous les
Princes et grands Seigneurs qui passoient:
dans ce Pays-là.
"
و
Tout ce que j'ay dit jusqu'icy , Mon--
sieur , n'est que pour en venir à une Profession qui est très- remarquable dans nos
Eglises c'est, celle des Musiciens. Tant
de Saints ont chanté , comme eux , en Public les louanges du Seigneur , que le
nombre en est inexprimable. Il y a eû
aussi des Saints qui ont écrit sur le Chant
Ecclésiastique , d'autres qui ont sçû jouer
des Instrumens. Les uns ont perfectionné
le Chant ou la Musique dans la Specula- tion:
24 MERCURE DE FRANCE
tion : les autres y ont donné de nouveaux
accroissemens dans la Pratique. Tel Saint
fabriquoit lui-même des Instrumens de
Musique ; tel'autre donnoit des Regles
pour s'en servir. N'est-ce pas là ce que
font les Musiciens de nos jours ?
La chose étant ainsi , ils devoient donc
choisir pour leur Patron un Saint de quelqu'unes des especes que je viens d'indiquer. Mais au lieu de prendre ce party ,
et de se fonder sur une Histoire bien averée , ils se sont arrêtés à une Legende telle
qu'elle , et ils ont été déterminez à l'occasion d'un mot unique , dont ils n'ont
pas pris la peine de se donner l'intelligence. S'il est vrai que ce choix est proportionné aux lumieres qu'on avoit il y a
cent ou six-vingt ans , il ne s'ensuit pas
de là qu'il doive toujours subsister.
7
ya:
On ne peutgueres douter que les Musi--
ciens et les Chantres inferieurs des Eglises
Canoniales n'ayent été portez à se choisir
un jour de Fête , lorsqu'ils ont vû que
les autres Professions en avoient. Il y eut
untemps , comme tout le monde le sçait,
que les Prêtres (a) avoient pour Fête Patronale le jour de S. Jean l'Evangeliste
les Diacres le jour de S. Etienne , les Soû-
(a) Quelques Personnes assurent que dans les plus bas siécles les Prêtres ont choisi la Transfiguration
pour leur Fête Patronale.
diacres
JANVIER 173.2. 2*
diacres un autre jour voisin de la Fête de
Noël. Le reste du chœur se joignit appa
remment à ces derniers. Mais depuis qu'on
eût déclaré dans le XV. siécle une Guerre
ouverte à cette Fête du bas-Chœur , il y
eut du partage dans le choix du jour qui
passeroit pour la solemnité patronale. En
certains Pays on s'arrêta à S. Gregoire ,
Pape , en l'honneur duquel on trouvoit un Office propre tout noté dans les anciens Antiphoniers. En d'autres où l'on
ne pût goûter le choix de la S. Gregoire ,
parce qu'elle tombe en Carême , on choisit les 7. Freres Martyrs , Enfans de Ste
Felicité , par une raison assez frivole. (a)-
Quoiqu'il en soit , il n'y a gueres plus
de cent ans que les Musiciens , ou Chantres gagèz étoient partagez selon les Pays,
sur le choix de leur Fête Patronale , et
qu'ils reconnoissoient differensSaints pour
leurs Patrons. Dans la Flandre , où la Mu
sique a fleuri plus qu'en certaines autres
Provinces du Royaume , l'on ne connoissoit point encore Sainte Cecile pour Protectrice des Musiciens , il y a cent- cinquante ans. Si elle avoit été représentée
comme telle , et avec un Jeu d'Orgues ,
vers l'an 1580 , Molanus , célebre Doc
teur de Louvain , qui marqua dans le Li-
(4) Auxerre.
VIQ
26 MERCURE DE FRANCE
vre qu'il fit imprimer alors sur les Images , toutes les figures symboliques qu'on
ajoutoit aux Statuës des Saints , n'auroit
pas oublié Sainte Cecile ; cependant il ne dit pas un seul mot de cette Sainte : ce
qui est une marque qu'il ne l'avoit encore vûe représentée en aucun endroit.
Je mecrois donc assès fondé pour avan
cer que ce n'est que depuis un Siecle , ou ,
un peu plus , que les Musiciens se sont
réunis à choisir cette Sainse pour leur Patrone. L'Office propre qu'on chantoit
presque par tout en son honneur depuis
plusieurs siecles , aura gagné alors leurs
suffrages , et les aura déterminé à ce choix.
Ceux d'aujourd'huy croyent qu'il a été
fait avec tant de maturité et de déliberation par leurs Prédecesseurs , qu'il est
difficile de les en faire revenir. L'habi
tude dans laquelle ils sont , de voir Sain
te Cecile représentée avec un Jeu d'Or
gues , fait qu'iis continuent de croire
qu'elle étoit de la Profession , ou au moins
qu'elle aimoit les Instrumens musicaux
cependant , à considerer les choses dans
leur origine , on reconnoîtra que ce Jeu
d'Orgues n'a été ajoûté aux figures de
cette Sainte , que depuis que les Musiciens se sont mis sous sa protection. C'est
ainsi qu'ils prennent l'effet pour la cause
et la cause l'effet.. pour Je
JANVIER 1732. 27
Je ne vous diray pas en quelles Provinces ce choix a d'abord été fait. Il y a
apparence que c'est en Italie. Les honneurs qu'on prétend rendre à Sainte Cecile par la Musique , y sont même poussez jusqu'à un point qui pourra vous réjouir. Dans une Ville de cette vaste partie de l'Europe , l'une des Eglises Paroissiales porte le nom de Sainte Cecile. Le
Clergé n'en est pas fort nombreux , par
ce qu'il y a dans la même Ville cinquante-cinq autres Paroisses, Une Personne
grave qui m'a honoré de son amitié dans
sa vieillesse , m'a dit qu'elle entra dans
cette Eglise l'an 1669. à son retour de
Rome : c'étoit un Dimanche au soir !
Elle y trouva le Curé qui disoit Vêpres.
tout seul : mais le son de sa voix étoit
admirablement secondé par un grand
nombre de petits Oiseaux qui faisoient
dans la Tribune des Orgues un gazoüillement très agréable. S'étant informé de
Forigine de cette Musique , on lui dit
que ces Oiseaux étoient nourris là comme
dans une Voliere , où ils faisoient un con--
cert jour et nuit pour honorer Sainte Cecile , et que la Paroisse n'ayant pas assès.
de revenu pour y faire chanter l'Office
excepté le jour de la Fête Patronale , on
se contentoit durant le reste de l'année
·
des
28 MERCURE DE FRANCE
des services de ces petits Musiciens. Vous
pouvez croire qu'en dédommagement , il
n'y a rien d'épargné le 22 Novembre
et que tous les Enfans de Sainte Cecile.
tiennent à honneur de se réunir ce jour- là.
dans ce lieu.
On est persuadé en Italie plus qu'ailleurs , de la verité de tout ce que les
Legendes du Beviaire renferment ; et Tes
Musiciens qui ne se picquent pas d'être
grands Critiques en fait d'Histoire , s'en
rapportent volontiers à la croïance de ceux
qui les ont éleveż . Soit que ce soit en Italie, ou dans les ProvincesMeridionnales de
la France que le choix ait été fait d'abord
de Sainte Cecile pour Patrone des Musiciens , il est constant qu'il est très - mak
fait. Je ne songeois à rien moins qu'à vous
prier de rendre publique cette Lettre lorsque l'on m'a fait voir une Lettre circulaire , imprimée en forme d'Affiche de la.
part du Maître de Musique de l'Eglise
Cathédrale du Mans , par laquelle tous
les Musiciens du Royaume sont invitez.
àmettre en Musique les paroles jointes à
cette Lettre, destinées à servir de Motet
à la Messe solemnelle de la Fête de Sainte
Cecile. Et comme si le sujet étoit le plus
heureux du monde , on y ajoûte les mêmes clauses et conditions qui sont ordi- nairement
JANVIER 1732. 29
,
nairement proposées pour les Pieces d'Eloquence ou de Poësie qui subissent l'éxamen de differentes Académies , établies
dans le Royaume et qui sont honorées
d'un prix de conséquence. La Piece Mu- sicale sera examinée : ( on ne dit pas par
qui:) et celle qui sera trouvée la meilleure dans le genre de Musique qu'on demande , sera chantée préferablement aux
autres dans l'Eglise du Mans , et l'Auteur
sera récompensé d'une Croix d'or. J'ay
appris aussi que dans l'Eglise d'Evreux ,
et dans les autres de Normandie on a fait
dans le siécle dernier quelque chose de
semblable ; au moins on en produit des
Programmes ou Avis imprimez en 1667.
et 1668. Et encore de nos jours a Evreux,
lorsqu'il arrive qu'un Maître de Musique
qui a du renom , s'y rend au 22 Novembre , pour faire chanter une Musique de
sa façon à la Fête de Sainte Cecile , on lui
fait present d'une Médaille d'argent , qui
représente d'un côté l'image de cette Ste.
et de l'autre les Armes du Chapitre.
que
Sainte Cecile étant ainsi devenue le sujet des Chef- d'œuvres de Musique , on ne peut pas attendre l'effet du maumais choix se manifeste plus évidemment,
et il paroît que le temps est venu de combattre le fondement de ce choix.
Comme
30 MERCURE DE FRANCE
,
Comme toutes choses sont sujettes à
vicissitude sur la terre et que tous les
jours on avance dans la connoissance de
l'Histoire on a découvert que le choix
de Sainte Cecile pour Patrone des Musiciens n'est appuyé que sur un fondement
ruineux , c'est-à- dire,sur des Auteurs qui
attribuent à cette Sainte des faits qu'il
leur a plû d'imaginer pieusement , ou sur
un texte historique mal entendu , et pris
àcontre-sens , en cas qu'il soit veritable ;
et c'est ce qu'il est besoin de développer.
Que disent sur la Legende de cette Sainge
les Historiens réconnus pour les plus éclairez de nos jours ? M. de Tillemont (1) déque les contradictions qui se trou- cla
dans
ses
Actes
, en
donnant
une
idée
vent
assès désavantageuse , qu'ils ne sont composez que de Miracles extraordinaires ,
et d'autres choses qui ont peu d'apparence
de verité que , quoiqu'ils soient assès
anciens pour avoir été vûs par le vénérable Bede , il ne croit pas , cependant ,
qu'il y ait moyen de les soutenir. Le Pere
Garnier , Jesuite , dont on a quelques ouvrages sur l'antiquité Ecclésiastique , qui
sont fort estimez , combat ces Actes pat
l'endroit du Prefet Almaque , dont ils
font mention , outre plusieurs autres fau
(1)Tom. III. Hist. Eccl. p. 689.
tes
JANVIER 1732. 31
4
›
tes dont il reconnoit qu'ils sont pleins
M. Baillet (1 ) assure qu'ils n'ont presque
aucune autorité , qu'ils sont difficiles à
soûtenir dans presque toutes leurs cirConstances soit pour les temps et les
dieux , soit pour les grands Discours et les
grands Miracles qu'ils contiennent. Il est
Vrai que dans un autre endroit ( 2 ) il dit
que ces Actes n'ont rien de choquant ou
de scandaleux dans ce qu'ils ont d'incroyable mais il ajoûte aussi- tôt qu'ils
n'ont rien d'authentique dans ce qu'ils
paroissent avoir de plus noble. Le Public
peut croire par avance , que le jugement
des sçavans Bollandistes ne se trouvera pas
beaucoup different lorsque le temps sera
venu qu'ils seront obligez de s'expliquer on peut même , sans trop hazarder , conclurre de ce que leurs Prédéces
seurs ont dit au 14 Avril , sur S. Valerien
et S. Tiburce , et au 25 Mai , sur S. Urbain , que ceux de leurs Confreres à qui
il appartiendra , de traiter les Saints du
22 Novembre , ne s'éloigneront pas extrêmement de ce qu'a dit le Pere Garnier ,
et même il peut se faire qu'avec le temps
il leur vienne de nouvelles lumieres pour
impugner encore plus fortement les Actes
(1)Table critique du 22 Nov.
>
(3) Au 22 Novembre
9
de
2 MERCURE DE FRANCE
de Sainte Cecile , et les faire abandonner generalement.
و
C'est donc le peu de fond qu'il y a à
faire sur cette piece , qui a porté les Evêques , qui ontfait réformer leurs Breviaires à en rétrancher cette Legende. Il y en
a qui n'ont assigné à Ste Cecile aucune
Leçon propre , et qui ont tout renvoyé
au commun ou l'ont réduit en simple
commemoration, comme on vient de faire
à Langres. D'autres ont permis qu'on inserât à Matines un Fragment du Sacramentaire de S. Gregoire , où il est dit simplement que Cecile a été fortifiée par la
grace de Dieu , de maniere que rien n'a
pû ébranler sa foy et sa vertu , ni le penchant de l'âge , ni les caresses du siecle ,
ni la foiblesse du sexe , ni la cruauté des
tourmens , cet Eloge n'ayant pû fournir
qu'une seule Leçon fort courte , c'est ce
qui a été cause que l'Office du 22 Novembre a été réduit à trois Leçons , dont deux
sont de la Sainte Ecriture. Par là toutes
les Antiennes et Répons propres qui
étoient dans les Antiphoniers precedens ,
ont été rejettez , et par conséquent l'AntienneCantantibusOrganis ôtée de l'Office.
Or comme il n'y avoit que cet endroit de
la prétendue Histoire de la Sainte , qui ,
après bien des siecles , avoit déterminé.
les
JANVIER 1732. 33
les Musiciens et Joueurs d'Instrumens à
la choisir pourPatrone ; il est bon de faire
quelques refléxions dessus , afin d'en montrer la foiblesse , et de faire voir que ,
quand même il seroit bien averé , il prou
veroit seulement qu'il y avoit autrefois
des Instrumens de Musique dans les nôces
chez les Romains , ce que personne ne
revoque en doute , et qui n'a nulle liaison
avec l'usage qu'on a fait de ce Texte.
:
Ce Texte dit donc simplement que Cecile fut promise à un jeune homme appellé Valerien que le jour des nôces étant
venu , elle parut vêtuë d'habits éclatans -
en or , par dessous lesquels elle portoit le
cilice que les Instrumens de Musique
faisoient retentir dans la Salle où étoit le
lit nuptial toutes sortes d'airs convenables
à une telle conjoncture ; mais que Cecile ,
sans y faire attention , ne s'appliquoit interieurement qu'à Dieu seul , à qui elle disoit du fond de son ame : » Seigneur, que
» mon cœur et mon corps soient conser-
» vez sans tâche , afin que je ne sois pas
» confondue. Cujus Dei ) vocem audiens
Cecilia Virgo clarissima absconditum semper
Evangelium Christi gerebat in pectore ..
Dominumfletibus exorans , ut virginitas ejus
ipso conservante inviolata permaneret. Hac
Valerianum quemdamjuvenem habebat spon
C SU
34 MERCURE DE FRANCE
sum : qui juvenis in amore virginis perur
gens animum diem constituit nuptiarum.
Cecilia verò subtus ad carnem cilicio induta , desuper auratis vestibus regebatur. Parentum verò tanta vis et sponsi circa illam
erat exæstuans , ut non posset amorem cordis
sui ostendere , et quod solum Christum diligeret indiciis evidentibus aperire. Quid multa ? Venit dies in quo thalamus collocatus est.
Et cantantibus organis , illa in corde suo soli
Domino decantabatidicens : Fiat cor meum et
corpus meum immaculatum , ut non confundar ; et biduanis ac triduanis jejuniis orans
commendabat Domino quod timebat. Invita
bat Angelos precibus , lachrymis interpellabat Apostolos , et sancta omnia Christo famulantia exorabat , ut suis eam déprecationibus adjuvarent suam Domino pudicitians
commendantem. (a)
Après avoir ainsi exposé l'endroit des
'Actes de Ste. Cecile , qui a déterminé le
choix des Joueurs d'Instrumens et des
Musiciens , je puis conclure hardiment
que cette Sainte n'a été choisie par eux
pour Patrone que parce qu'on lit que
forsqu'il fut question de la marier , il y
avoit des Instrumens àla Fête. De sorte
que , sans faire attention que l'Histoire
de cette Sainte , telle qu'elle est , la repré
(a) Je tire ce Texte d'un Manuscrit de 600 ans.
sente
JANVIER 1732. 5
2
sente comme mariée malgré elle , et comme ayant une répugnance marquée à entendre toute cette mélodie , et songeant
plutôt aux choses spirituelles , on la prend
pour la Protectrice des Symphonies et des
Concerts qui se font au moins avec autant
d'appareil que celui qui , selon les mêmes
Actes paroissoit lui être à charge. En
effet , le langage de l'Historien laisse
penser qu'il en étoit de la Musique à son
égard , comme des beaux habits dont elle
étoit parées et c'est avec raison qu'il prétend faire son Panegyrique , lorsqu'il dit
qu'elle n'avoit pas plus d'attache à l'un'
qu'à l'autre. Une legere attention sur ce contraste suffit , ce me semble › pour dé
tromper bien des gens , touchant la justesse prétendue du choix fait par les Mu
siciens. Ce n'étoit pas un Privilege particulier à Ste. Cecile , d'avoir des Joueurs
d'Instrumens à ses nôces : c'étoit la coûtume de son temps , comme ce l'est encore aujourd'huy. Il n'y a gueres de Saints
parmi ceux qui ont été mariez , qui ne
se soient peut-être trouvez dans de sem
blablescirconstances. Pourquoi donc choisir plutôt Sainte Cecile qu'une autre ?
Est-ce à cause que la Musique des Instrumens a paru lui déplaire , ou au moins nè
faire aucune impression sur ses sens ?
Cij
36 MERCURE DE FRANCE
:
Je prévois bien , Monsieur , que mes
reflexions ne feront pas plaisir à un grand
nombre de Musiciens. Etant accoutumez
à juger de la verité et de l'antiquité des
choses , parce qu'ils en voyent de leurs
jours , ils diront que le choix de Ste. Ce-.
cile pour Patrone de leur Profession , ne
peut être que bon et ancien , puisqu'il est
si étendu, J'avoue qu'il n'est que trop
étendu mais aussi il faut convenir qu'il
a été fait dans un temps où l'on tenoit
pour véritables les Actes qui portent son
nom , et où l'on croyoit qu'un seul mot dans l'Office , pourvu qu'il eût rapport
à la Musiquede loin ou de près , directement ou indirectement , suffisoit pour se
fixer et s'arrêter. Dispensez - moy d'entrer
en explication de certaines autres Professions qui n'ont pas été plus heureuses , cr
de vous citer l'origine du choix d'un
grand nombre deConfreries. Après tout ,
quoique les Actes de Sainte Cecile soient
faux , la Sainte n'en est pas moins réelle
et veritable. Quoiqu'on ne sçache point
même en quel Pays elle a été martyrisée ,
et qu'il soit incertain si c'est à Rome ou
dans la Sicile , il n'en est pas moins constant que cette Sainte est une veritable
Martyre. Et puisque son nom est dans le
Canon de la Messe il en faut conclure
qu'elle
JANVIER 1732. 3
qu'elle est une des plus anciennes Martyres de l'Eglise Romaine. C'est tout ce
qui peut faire son Eloge , sans que pour
cela la Musique doive s'y interesser plus
qu'à une autre Sainte , par les raisons peremptoires que j'ai apportées.
En abandonnant le choix qui a été fait
si mal- à-propos dans ces derniers temps ,
il est nécessaire de le remplacer par quelque autre Saint qui puisse être proposé
avec fondemens au Corps des Musiciens ,
et à leurs aggrégez. On se fatigueroit en
vain à chercher pour cela un Saint de la
premiere antiquité ; puisque la Musique
dans le sens qu'ils veulent qu'on l'entende,
est assez nouvelle dans l'Eglise. Il seroit
question de découvrir l'introduction des
Instrumens dans l'usage des Offices Divins , et de trouver quelque saint personnage qui se soit plû à en jouer, Le siécle
de Charlemagne fournit un S. Arnold
du Duché de Juliers : mais la Profession
de simple Joueur de Violon qu'il exerça ,
n'est pas proportionnée à tout ce que la
Musique renferme. En descendant quelques siécles plus bas , on trouve un Saint
Dunstan , Archevêque de Cantorbery
en Angleterre. Les Auteurs de sa vie le
représentent comme un Personnage qui
se plaisoit dans sa jeunesse à jouer de toute
Ciij sorte
38 MERCURE DE FRANCE
sortes d'Instrumens , du Psalterion , de la
Guitare , des Orgues , et toujours pour
les louanges de Dieu. Quamvis omnibus :
artibus Philosophorum magnificè polleret ,
ejus tamen multitudinis qua. Musicam instruit , eam videlicet que Instrumentis agitatur speciali quadam affectione scientiam vindicabat , sicut David Psalterium sumens ,
Citharam percutiens , modificans Organa 2,
Cymbala tangens. (a ) Et plus bas ils rapportent , que lorsque Athelme , Archevêque de Cantorbery , l'eût produit auprès du Roy Ethelstan , ce fut sa parfaite´
habileté à jouer de tous les Instrumens
qui lui concilia l'amitié du Roy et de
toute la Cour. Cum videret Dominum Regem secularibus curis fatigatum , psallebat in.
Tympano , sive in Cithara , sive alio quolibet musici generis Instrumento : quo facto
tam Regis quam omnium corda Principum
exhilarabat. Et afin que par le mot Psallebat, on ne puisse entendre des Airs profanes , il est dit un peu plus haut du même
Saint : Sicut David ergo noster symphonista Vasa cantici habuit , quia usum illorum nonnisi in divinis laudibus expendit.
Mais si l'on ne veut point recourir à
P'Angleterre pour y choisir un Saint Protecteur de la Musique , et si l'on est
(a) Osbernus seculo V. Benedictino.
bien
JANVIER. 1732. 39
bien aise de ne pas déplacer la Fête des Chantres de la saison où elle se trouve
aujourd'hui , on peut prendre un Saint
de notre France qui est assez celebre
dont la Fête arrive le 18. Novembre , qui
est le jour auquel il déceda à Tours l'an
942. C'est S. Odon. Il avoit eu à Paris
pour Maître de Musique le fameux Remi
d'Auxerre cet homme generalement
versé en toute sorte de sciences. Il avoit
appris sous lui à connoître les differentes
combinaisons des harmonies , consonantes , affinales , &c. par le moyen du monocorde qui servoit alors à instruire les
Commençans ; et il devint par la suite si
habile dans la Musique Ecclesiastique
qu'il fut jagé digne d'être Grand- Chantre de l'Église de Tours ,où il composa
plusieurs Pieces de Chant. Il est vrai qu'il
ne resta point dans cet état ; s'étant fait
Religieux il devint Abbé de Clugny ;
mais il aima toûjours les mélodies Ecclesiastiques , et il en composa jusqu'à la fin
de sa vie. Ce Saint appartient plus parriculierement à l'Eglise de France , puisqu'il a été Membre d'une des plus illustres Eglises du Royaume, ( a) où l'on s'est
toûjours appliqué à faire l'Office avec
majesté.
(a)Tours.
Ciiij Quelque
40 MERCURE DE FRANCE
Quelque Musicien versé dans l'Histoire , pourra dire , que puisqu'il est à
propos de se départir du mauvais choix
fait de Sainte Cecile , il vaut autant que
dans chaque Pays les Musiciens ou Chantres de profession se choisissent un saint
Patron particulier , et que peut être se
trouvera t'il peu de Provinces où il n'y
ait des Saints qui ont été amateurs du
Chant , ou qui ont eû quelque rapport
avec l'exercice de cette Science. Je ne
parle point de l'Eglise de Lyon , où l'on
connoît un S. Nicier , Evêque , qui s'est
distingué dans le Chant Ecclesiastique et
qui même l'a enseigné à de jeunes enfans ; cette Eglie peut bien celebrer une
Fête de Chantres de Plain- Chant , mais
non pas de Musiciens , parce qu'elle n'en
a jamais admis dans le sens qu'on entend
aujourd'hui le nom de Musiciens. L'Eglise de Clermont a eu un S. Gal et un
S.Priet, Evêques, qui ont cultivé particu
lierementla science du Chant, excités par
l'avantage qu'ils avoient d'être doüez d'une belle voix. L'Eglise de Paris a eû aussi
pourPrélat unSaint qui pourroit très - bien
être choisi pour Patron de la Musique de
cette Capitale du Royaume ; c'est S. Germain. Le Poëte Fortunat , qui a écrit son
Eloge en Vers, fait une description si pompeuse
JANVIER 1732. 4.I
peuse de de la maniere dont on celebroit
Office dans son Eglise Cathedrale, qu'on
diroit que ce Saint y auroit établi le contrepoint et le Faubourdon , quoique cela ne
soit pas. Il est seulement vrai de dire qu'il
anima le Chant , et qu'il le regla. Mais
puisque ce sont les mouvemens que se
donnent des Particuliers de l'Eglise du
Mans qui m'excitent à vous écrire , ne
peut- on pas leur dire qu'ils cherchent
bien loin ce qu'ils ont chez eux- mêmes.
Ils ont, en effet, S. Aldric, qui de Préchantre
de l'Eglise de Metz , fut fait leur Evêque
au neuviéme siecle. Il n'étoit point de
ees Préchantres simplement porteurs de
Bâton et de Chappe ; l'Histoire de sa Vie
publiée au troisiéme Tome des Mélande M. Baluze , dit de lui ges dès sa que
jeunesse : Cantum Romanum atqu: Grammaticam sive divine scripture seriem bumiliter discere meruit , quibus pleniter atque
doctissimè instructus est ; il semble qu'un
Evêque du Mans qui est Saint , et qui a
sçû parfaitement le Plain- Chant , ayant sqü été Moderateur du Chœur d'une celebre
Eglise , mériteroit mieux que Sainte Cecile d'être le Patron des Chantres et des
Enfans- de-Chœur de l'Eglise du Mans ,
puisque c'est un Personnage à qui l'on
peutappliquer à la lettre ce Passage de l'E CY criture
42 MERCURE DE FRANCE
criture, où il est dit de David : Stare fecitCantores contra altare et in sono eorum dulces
fecit modos. (a) Ce Texte est clair et sans .
obscurité. Il n'en est pas de même du
Passage des Actes de sainte Cecile. Quand
même ces Actes seroient veritables , les
Musiciens auroient tort de croire sur le -
simple fondement de ce qui y est contenu , qu'il y auroit eû des Orgues dans
le sens que nous l'entendons à la Fête
de son Mariage ; parcequ'il est indubitable qu'Organa dans l'antiquité signifie un
assemblage de plusieurs sortes d'Instrumens. Mais n'est-ce pas agir d'une maniere insupportable , et abuser visible--
ment des Orgues d'aujourd'hui , que de mettre cet Instrument entre les mains
de sainte Cecile ? C'est vouloir tromper
les Peuples de gayeté de cœur , et abuser
dela crédulité des simples , que de la répresenter en faction devant un Clavier
Il me paroît que c'est prétendre leur
persuader cette Sainte est bienchoisie
queen supposant comme
pour Patrone
vrai , ce qui cependant est faux ; sçavoir ,,
qu'elle faisoit métier de toucher de cet
Instrument , tandis que c'est tout le contraire, et que le Jeu d'Orgues n'a été
joint à la figure que pour marquer que
(*) Ecclesiastici , Cap. 47. ¥. 11.
les
JANVIER. 1737. 43
1
lés Musiciens l'ont choisie pour leur Protectrice. Ce n'est pas le choix qui supose
les Orgues; ce sont les Orgues qui présupposent le choix, et qui en sont le signe
et la marque. Dans les Chroniques Latines , imprimées in folio , à Nuremberg,
l'an 1493. avec des figures ; sainte Cecile
est representée avec un peigne de fer à
la main. Il peut se faire que cette Sainte
ayant été représentée de la même maniere
sur quelques murailles ou sur quelque vitrage , l'on ait pris par la suite cet Instrument de martyre pour un Jeu d'Orgue.
On se méprend quelquefois plus grossierement à des Peintures , losrqu'elles sont
à demi effacées. Tout-au- plus ce qui éoit
permis depuis le choix fait par les Mu--
siciens , étoit de représenter un Jeu d'Orgue aux pieds de sainte Cecile , de la
maniere qu'on mer quelquefois des Ar--
moiries ou des Hieroglyphes sous certai
nes statuës. Mais ce qui auroit été convenable , pour couper court , eût été
de laisser sainte Cecile au Monastere de
Filles avec les Agnès , les Luces et les
Agathes , et que les Musiciens eussent
porté leur dévotion particuliere vers un
Saint , sans craindre que la Sainte leur
fût moins propice. Il ne tiendra qu'à eux
de le faire après tout ce que j'ai dit sur
Cvj 121
44 MERCURE DE FRANCE
la fausseté des Actes qui portent son
nom, et sur l'incongruité du choix , quand
même ces Actes seroient veritables. Il
né dépendra que d'eux de s'attacher à
un Saint qu'ils puissent veritablement regarder comme le prototype ou le modele
de leur Profession. Je me suis contenté
d'en indiquer quelques-uns , sans prétendre avoir épuisé tous ceux que l'Histoire
Ecclesiastique pourroit fournir. Je passe
sous silence le peu de solidité qu'il y auroit de choisir S. Vincent Martyr , précisement à cause que dans le Verset d'un
des Répons de son Office on lit : Dantur
ergo laudes Deo Altissimo , et resonante Organo vocis Angelica modulata suavitas
procul diffunditur , ou de s'arrêter à sainte
Ysoïe ou Eusebie , Abbesse d'Haimage en
Flandres , dont il est écrit qu'elle regne
dans le Ciel : Ubi organizans canticum
immaculatum sponsum Agnum sequendo tripudiat. Le peu de fondement de ce choix
sauteroit aux yeux , et je ne crois pas que
jamais on y pense.
Au reste , je ne me déclare point ennemi de la Musique ni des Instrumens.
Tant s'en faut ; je puis dire comme le
Cardinal Bona : Et Musicam amo , et pu
det me plerosque Ecclesiasticos viros totius
vita cursu in cantu versari ; ipsum verò
cantum
JANVIER 1731. 45
cantum ( quod turpe est ) ignorare. (a) J'ai
me la Musique , j'aime le Plain-Chant
j'aime ceux qui s'y connoissent veritablement ; mais je demanderois volontiers à
toute l'Ecole de sainte Cecile un secret
pour empêcher de jamais parler de ces
matieres-là et de s'ériger en Maîtres de
Psalmodie , ceux qui ne peuvent et ne
pourront jamais distinguer un semi-ton
d'avec un ton , ainsi qu'ils le font voir
en plein Choeur par une triste experience
de tous les jours ; et je m'en rapporte à
vous , Monsieur , pour décider s'ils na
sont pas dans le même cas que ces Doc.
teurs en Lecture , qui ne sçauroient distinguer une lettre voyelle d'avec une
lettre consonne. Ce ne sont pas là , Monsieur , les Chantres de l'Eglise Chrétienne, dont je serois prêt de faire l'Apologie ; mes Argumens en faveur de la
Musique , sont toûjours pour appuyer
des sujets qui lui font plus d'honneut.
Si on entreprenoit de bannir ceux cy de
nos Eglises et d'en exclure toute sortę
de Musique , je serois le premier à m'y
opposer, en représentant que dans toutes les choses établies au vû et au sçû des
Superieurs, il nefaut retrancher que ce qui cst devenu abusif. Mes raisonnemens donc
(a)De div. Psalmedia , Cap. 17. §. 3. Num. 1.
contre
45 MERCURE DE FRANCE
contre la Confrairie de sainte Cecile , ne
doivent pas être suspects : ce n'est que
pour le mieux , que j'exhorte ceux qui
s'y sont enrôlez , à considerer le deffaut
qui est dans leur choix ; afin que si dans
quelque Ville du Royaume ils sont heureusement d'assez bon goût pour y
choisir
un autre Patron , en même temps qu'on y
réforme le Breviaire , la justesse de leur
nouveau choix puisse ensuite s'étendre ailleurs de la même maniere que l'incongruité de l'ancien s'étoit fait place à la
faveur de la fable et de la fiction. Je
suis , & c.
Ce Samedy 20. Octobre, Fête de Saint
Aderald , Chanoine de votre Eglise.
Fermer
Résumé : LETTRE de M*** à M. H. Chanoine de l'Eglise Cathedrale de *** sur le choix que les Musiciens ont fait de Ste Cecile pour leur Patronne.
La lettre de M*** à M. H. Chanoine de l'Église Cathédrale de *** examine le choix de Sainte Cécile comme patronne des musiciens. L'auteur souligne que chaque profession devrait choisir un saint patron dont les vertus sont exemplaires et dont la fête est célébrée avec respect. Cependant, il critique certains choix de saints patrons faits de manière burlesque ou sans discernement. L'auteur mentionne que certaines professions, comme les médecins, ont des saints patrons bien définis, tandis que d'autres, comme les marchands, les laboureurs et les vignerons, pourraient bénéficier de saints patrons plus appropriés. Il note que les musiciens ont choisi Sainte Cécile en se basant sur une légende plutôt que sur des faits historiques avérés. Cette adoption remonte à environ un siècle et a été influencée par un office propre en son honneur et par des représentations iconographiques. La lettre critique ce choix, affirmant que les légendes sur Sainte Cécile sont remplies de miracles extraordinaires et de faits peu crédibles. L'auteur cite des historiens comme M. de Tillemont, le Père Garnier et M. Baillet, qui remettent en question l'authenticité des actes de Sainte Cécile. Il suggère que le choix de Sainte Cécile comme patronne des musiciens devrait être réévalué à la lumière des nouvelles connaissances historiques. Le texte discute également des réformes des bréviaires, où la légende de Sainte Cécile a été retirée, certains lui attribuant une simple commémoration ou une leçon courte. L'Office du 22 novembre a été réduit à trois leçons, dont deux tirées de la Sainte Écriture, entraînant la suppression des antiennes et répons propres, y compris l'antienne 'Cantantibus Organis'. L'auteur critique la représentation de Sainte Cécile avec un orgue, instrument qu'elle n'a jamais joué, et suggère de remplacer Sainte Cécile par d'autres saints plus appropriés, comme Saint Dunstan en Angleterre ou Saint Odon en France, qui avaient une réelle connexion avec la musique. Il mentionne également d'autres saints potentiels, comme Saint Nicier à Lyon, Saint Gal et Saint Priet à Clermont, et Saint Germain à Paris. L'auteur conclut en suggérant que les musiciens du Mans pourraient choisir Saint Aldric, un évêque connu pour son expertise en plain-chant, comme patron.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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358
p. 81-88
ODE SACRÉE, Tirée du Cantique chanté par Moyse. Exode, Chapitre XV.
Début :
Préparons nos chants de victoire, [...]
Mots clefs :
Cantique, Moïse, Éternel, Seigneur, Terre, Hébreux, Pharaon, Peuple
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texteReconnaissance textuelle : ODE SACRÉE, Tirée du Cantique chanté par Moyse. Exode, Chapitre XV.
ODE SA CRE' E ,
Tirée du Cantique chanté par Moyse.
Exode , Chapitre XV.
PRéparons nos chants de victoire
Hébreux , accourez à ma voix ,
Celebrons à l'envi la gloire ,
Et la bonté du Roi des Roist
Quel triomphe plus magnifique ;
C'est contre un Peuple pacifique ,
Que l'Egypte arme ses Guerriers ;
Mais Dieu , que l'injustice irrite ,
Dans le fond des Mers précipite ,
Et les Soldats et leurs Coursiers,
Daigne agréer le pur hommage;
Seigneur, que j'aime à te vouer ,
Comme má force est ton ouvrage,
Mon bonheur est de te loüer:
Entourez d'un péril funeste ,
Nous avons vu ton bras celeste ,
Sur notre ennemi s'abaisser ;
Et par ce secours invincible ,
Il a subi le sort terrible ,
Dont il osoit nous menacer,
E Au
2 MERCURE DE FRANCE
Au milieu de ce grand Spectacle,
Qui m'annonce un Liberateur ,
Plus je suis frappé du Miracle ,
Et moins je doute de l'Auteur :
C'est l'Estre Eternel , l'Estre Immense,
Qui de sa suprême vengeance ,
Signale aujourd'hui les effets ,
C'est l'Estre qu'adore mon Pere,
Et dont ma gratitude espere ,
Sans cesse exalter les bienfaits.
Tel qu'est un Guerrier intrépide ,
Dont tout craint le fer menaçant ,
Tel est le Seigneur qui nous guide,
Et son nom est le Tout- Puissant
Dès qu'il voit le destin barbare ,
Qu'un Tyran endurci prépare ,
Au Peuple instruit de ce saint nom ,
La Mer par son ordre animée ,
Engloutit les Chars et l'Armée ,
De l'implacable Pharaon.
Où sont les Princes dont la foule ,
De ce Monarque enfloit l'orgueil ?
N'est-ce point sous l'Onde qui coule ,
Qu'ils ont rencontré leur Cercueil ?
Qui , Seigneur, nous t'en rendons graces,
L'ar
JANVIER.
'
17320 L'ardeur de marcher sur nos traces ,
Les livre à la merci des flots ,
Ils sont tombez comme la pierre ,
Qui semble implorer de la Terre ,
L'heureux instant de son repos.
En vain nous cherchons leurs vestiges ;
Vangeur d'un projet inhumain ,
Dieu triomphant , dans tes prodiges ,
Permets-nous d'adorer ta main ;
Main auguste , main redoutable ,
Dont le pouvoir insurmontable ,
A nos yeux s'est manifesté,
Tu veux , ô Seigneur , qu'elle expic
Dans l'effort de ton ennemie ,
Le crime d'en avoir douté.
Comme en un instant le feu monte,
Au faîte du chaume embrasé ,
6
Ta colere est encor plus prompte ,
Et ton triomphe p'us aisé ;
Ainsi quand les Hébreux timides,
Entre deux Montagnes liquides ,
Suivoient ton celeste flambeau ,
Dans cette route salutaire ,
A notre perfide Adversaire ,
Ta fureur creusoit un Tombeau.
"
E ij L'ea
*
MERCURE DE FRANCE
;
L'eau coulante s'est arrêtée ,
Dieu commandoit , et c'est assez
Au milieu de la Mer domptée ,
Les abîmes se sont pressez.
Fier de ses Troupes florissantes,
Déja pour nos mains innocentes ,
Pharaon apprêtoit des fers ;
Je dois , disoit ce Roy parjure ,
La perte des Juifs à l'injure ,
Qu'ils ont faite aux Dieux que je sers,
Quel plaisir de voir ces Victimes ,
Tomber sous mes premiers efforts !
Et leurs dépouilles légitimes ,
Grossir l'amas de mes trésors !
Mon glaive est prêt , dès que l'Aurore ,
Des vils Esclaves que j'abhorre ,
Eclairera les Pavillons ,
De ce sang qu'ils n'osent deffendre ,
Et que je brule de répandre ,
Je cours inonder nos Sillons,
Mais , ô mon Dieu , tout sert d'azile ,
A ceux que tu veux proteger ;
Plus ton couroux paroît tranquile Moins il differe à se vanger.
Ton souffle du plus haut des Nues,
Aux
JANVIER 1732.
Aux Ondes long- temps retenues ,
A rendu leur activité ;
D'abord leur course impétueuse
De l'Egypte présomptueuse ,
A puni la témerité.
Qui d'entre les Forts est semblable
A ce Dieu que sert Israël !
Est-il quelque bras comparable ,
Seigneur , à ton bras immortel &
L'éclat de ta Majesté sainte ,
Imprime l'amour et la crainte ,
Heureux les cœurs où tu descends ,
Tes desseins sont toûjours augustes ,
Tes louanges sont toûjours justes ,
Et tes Miracles toûjours grands.
Tout conspiroit à notre perte,
Quand la Providence a permis ,
Qu'à nos yeux la Terre entr'ouverte
Ensevelit nos ennemis ;
Nous jouissons de ta présence ,
Et par un excès de clémence ,
Tu devins notre Conducteur ;
Non- content de briser nos chaînes ,
Tu nous transportes dans les Plaines ,
Où doit triompher ta grandeur.
E iij Ce
86 MERCURE DE FRANCE
Cependant les faveurs divines ,
Que le Ciel prodigue pour nous ,,
Parmi les Nations voisines ,
Sement des sentimens jaloux.
On craint le succès de nos armes ,
La Palestine est en allarmes ,
Les Princes d'Edon sont tremblans ,
Une terreur vive et subite ;
Enleve au cruel Moabite ,
Ses Deffenseurs les plus vaillants.,
Chanaan frémit par avance "
Et ses Habitans consternez ,
Semblent présenter l'abondance ,
Des biens qui nous sont destinez ;
Poursuis , Dieu , toujours redoutable ,
Acheve , et que ton bras accable
Les ennemis de tes Decrets ;
Qu'ils soient dans leur fureur sterile ,
Ainsi qu'un Rocher immobile ,
Témoins de nos heureux progrès.
Répands sur leurs yeux un nuage,
Qui leur dérobe nos Exploits ,
Que rien ne s'oppose au passage
Du Peuple soumis à tes Loix ;
Déja nous découvrons l'entrée
De
JANVIER. 1732. $7
De cette fertile Contrée ,
Promise aux Enfans d'Abraham
Bien-tôt sous tes sages auspices ,
Nos cœurs jouiront des délices ,
Dont tu veux priver Chanaam,
A
Là nous celebrerons des Fêtes
Que dis-je le Seigneur m'instruit ,
Que s'il préside à nos conquêtes ,
C'est pour en partager le fruit.
Sur une Montagne élevée ,
Qu'à son culte il a réservée ,
Aux Hébreux il viendra s'unir ,.-
Quel bonheur de faire alliance
Avec un Dieu dont la puissance ,
Ne peut ni changer ni finir !.
3.3
Puissent les Annales du Monde ,
Transmettre à nos derniers neveux , ›
Que Pharaon entrà dans l'Onde ,
Montant un Coursier belliqueux ,
Qu'autour de ce Prince coupable ,,
On vit un amas effroyable ,
D'hommes , de Cavaliers , de Chars
Et que Dieu châtiant leurs crimes ,
Les plongea tous dans les abîmes ,
Que la Mer cache à nos regards,
E iiij Mais
MERCURE DE FRANCE
Mais aussi que ces coups terribles ,
Partis de la main du Seigneur ,
Rendent nos esprits plus sensibles ,
Al'excès de notre bonheur.
Pleins d'une foi victorieuse,
De cette Mer imperieuseNous bravons l'instabilité ;
Et tandis que ses flots reposent 2,
Sous nos pas le lit qu'ils arrosent...
Perd jusqu'à son humidité..
Tirée du Cantique chanté par Moyse.
Exode , Chapitre XV.
PRéparons nos chants de victoire
Hébreux , accourez à ma voix ,
Celebrons à l'envi la gloire ,
Et la bonté du Roi des Roist
Quel triomphe plus magnifique ;
C'est contre un Peuple pacifique ,
Que l'Egypte arme ses Guerriers ;
Mais Dieu , que l'injustice irrite ,
Dans le fond des Mers précipite ,
Et les Soldats et leurs Coursiers,
Daigne agréer le pur hommage;
Seigneur, que j'aime à te vouer ,
Comme má force est ton ouvrage,
Mon bonheur est de te loüer:
Entourez d'un péril funeste ,
Nous avons vu ton bras celeste ,
Sur notre ennemi s'abaisser ;
Et par ce secours invincible ,
Il a subi le sort terrible ,
Dont il osoit nous menacer,
E Au
2 MERCURE DE FRANCE
Au milieu de ce grand Spectacle,
Qui m'annonce un Liberateur ,
Plus je suis frappé du Miracle ,
Et moins je doute de l'Auteur :
C'est l'Estre Eternel , l'Estre Immense,
Qui de sa suprême vengeance ,
Signale aujourd'hui les effets ,
C'est l'Estre qu'adore mon Pere,
Et dont ma gratitude espere ,
Sans cesse exalter les bienfaits.
Tel qu'est un Guerrier intrépide ,
Dont tout craint le fer menaçant ,
Tel est le Seigneur qui nous guide,
Et son nom est le Tout- Puissant
Dès qu'il voit le destin barbare ,
Qu'un Tyran endurci prépare ,
Au Peuple instruit de ce saint nom ,
La Mer par son ordre animée ,
Engloutit les Chars et l'Armée ,
De l'implacable Pharaon.
Où sont les Princes dont la foule ,
De ce Monarque enfloit l'orgueil ?
N'est-ce point sous l'Onde qui coule ,
Qu'ils ont rencontré leur Cercueil ?
Qui , Seigneur, nous t'en rendons graces,
L'ar
JANVIER.
'
17320 L'ardeur de marcher sur nos traces ,
Les livre à la merci des flots ,
Ils sont tombez comme la pierre ,
Qui semble implorer de la Terre ,
L'heureux instant de son repos.
En vain nous cherchons leurs vestiges ;
Vangeur d'un projet inhumain ,
Dieu triomphant , dans tes prodiges ,
Permets-nous d'adorer ta main ;
Main auguste , main redoutable ,
Dont le pouvoir insurmontable ,
A nos yeux s'est manifesté,
Tu veux , ô Seigneur , qu'elle expic
Dans l'effort de ton ennemie ,
Le crime d'en avoir douté.
Comme en un instant le feu monte,
Au faîte du chaume embrasé ,
6
Ta colere est encor plus prompte ,
Et ton triomphe p'us aisé ;
Ainsi quand les Hébreux timides,
Entre deux Montagnes liquides ,
Suivoient ton celeste flambeau ,
Dans cette route salutaire ,
A notre perfide Adversaire ,
Ta fureur creusoit un Tombeau.
"
E ij L'ea
*
MERCURE DE FRANCE
;
L'eau coulante s'est arrêtée ,
Dieu commandoit , et c'est assez
Au milieu de la Mer domptée ,
Les abîmes se sont pressez.
Fier de ses Troupes florissantes,
Déja pour nos mains innocentes ,
Pharaon apprêtoit des fers ;
Je dois , disoit ce Roy parjure ,
La perte des Juifs à l'injure ,
Qu'ils ont faite aux Dieux que je sers,
Quel plaisir de voir ces Victimes ,
Tomber sous mes premiers efforts !
Et leurs dépouilles légitimes ,
Grossir l'amas de mes trésors !
Mon glaive est prêt , dès que l'Aurore ,
Des vils Esclaves que j'abhorre ,
Eclairera les Pavillons ,
De ce sang qu'ils n'osent deffendre ,
Et que je brule de répandre ,
Je cours inonder nos Sillons,
Mais , ô mon Dieu , tout sert d'azile ,
A ceux que tu veux proteger ;
Plus ton couroux paroît tranquile Moins il differe à se vanger.
Ton souffle du plus haut des Nues,
Aux
JANVIER 1732.
Aux Ondes long- temps retenues ,
A rendu leur activité ;
D'abord leur course impétueuse
De l'Egypte présomptueuse ,
A puni la témerité.
Qui d'entre les Forts est semblable
A ce Dieu que sert Israël !
Est-il quelque bras comparable ,
Seigneur , à ton bras immortel &
L'éclat de ta Majesté sainte ,
Imprime l'amour et la crainte ,
Heureux les cœurs où tu descends ,
Tes desseins sont toûjours augustes ,
Tes louanges sont toûjours justes ,
Et tes Miracles toûjours grands.
Tout conspiroit à notre perte,
Quand la Providence a permis ,
Qu'à nos yeux la Terre entr'ouverte
Ensevelit nos ennemis ;
Nous jouissons de ta présence ,
Et par un excès de clémence ,
Tu devins notre Conducteur ;
Non- content de briser nos chaînes ,
Tu nous transportes dans les Plaines ,
Où doit triompher ta grandeur.
E iij Ce
86 MERCURE DE FRANCE
Cependant les faveurs divines ,
Que le Ciel prodigue pour nous ,,
Parmi les Nations voisines ,
Sement des sentimens jaloux.
On craint le succès de nos armes ,
La Palestine est en allarmes ,
Les Princes d'Edon sont tremblans ,
Une terreur vive et subite ;
Enleve au cruel Moabite ,
Ses Deffenseurs les plus vaillants.,
Chanaan frémit par avance "
Et ses Habitans consternez ,
Semblent présenter l'abondance ,
Des biens qui nous sont destinez ;
Poursuis , Dieu , toujours redoutable ,
Acheve , et que ton bras accable
Les ennemis de tes Decrets ;
Qu'ils soient dans leur fureur sterile ,
Ainsi qu'un Rocher immobile ,
Témoins de nos heureux progrès.
Répands sur leurs yeux un nuage,
Qui leur dérobe nos Exploits ,
Que rien ne s'oppose au passage
Du Peuple soumis à tes Loix ;
Déja nous découvrons l'entrée
De
JANVIER. 1732. $7
De cette fertile Contrée ,
Promise aux Enfans d'Abraham
Bien-tôt sous tes sages auspices ,
Nos cœurs jouiront des délices ,
Dont tu veux priver Chanaam,
A
Là nous celebrerons des Fêtes
Que dis-je le Seigneur m'instruit ,
Que s'il préside à nos conquêtes ,
C'est pour en partager le fruit.
Sur une Montagne élevée ,
Qu'à son culte il a réservée ,
Aux Hébreux il viendra s'unir ,.-
Quel bonheur de faire alliance
Avec un Dieu dont la puissance ,
Ne peut ni changer ni finir !.
3.3
Puissent les Annales du Monde ,
Transmettre à nos derniers neveux , ›
Que Pharaon entrà dans l'Onde ,
Montant un Coursier belliqueux ,
Qu'autour de ce Prince coupable ,,
On vit un amas effroyable ,
D'hommes , de Cavaliers , de Chars
Et que Dieu châtiant leurs crimes ,
Les plongea tous dans les abîmes ,
Que la Mer cache à nos regards,
E iiij Mais
MERCURE DE FRANCE
Mais aussi que ces coups terribles ,
Partis de la main du Seigneur ,
Rendent nos esprits plus sensibles ,
Al'excès de notre bonheur.
Pleins d'une foi victorieuse,
De cette Mer imperieuseNous bravons l'instabilité ;
Et tandis que ses flots reposent 2,
Sous nos pas le lit qu'ils arrosent...
Perd jusqu'à son humidité..
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Résumé : ODE SACRÉE, Tirée du Cantique chanté par Moyse. Exode, Chapitre XV.
Le poème s'inspire du Cantique de Moïse dans l'Exode, Chapitre XV, et célèbre la victoire des Hébreux sur l'Égypte. Il met en avant la bonté et la puissance de Dieu, le 'Roi des Rois', qui a sauvé son peuple en noyant les soldats égyptiens dans la mer. Le texte décrit le miracle de la mer Rouge qui s'est ouverte pour laisser passer les Hébreux et s'est refermée sur les Égyptiens. Dieu est loué pour sa puissance et sa vengeance contre les injustices commises par les Égyptiens. Le poème mentionne également la terreur des nations voisines face aux succès des Hébreux et leur crainte des faveurs divines accordées à Israël. Les Hébreux expriment leur gratitude et leur foi en Dieu, qui les guide et les protège. Ils anticipent leur entrée en Terre Promise et les fêtes qu'ils célébreront en l'honneur de Dieu. Le texte se termine par une réflexion sur la puissance de Dieu et les leçons tirées de la défaite de Pharaon.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
359
p. 251-259
LETTRE à M.D. Chanoine de N. D. d'A...... sur l'antiquité & la durée de l'usage d'employer le terme d'Adorer envers d'autres que Dieu.
Début :
La description qui paroît depuis peu, Monsieur, des beautez de [...]
Mots clefs :
Adorer, Histoire, Livre, Journal des savants, Auteur, Langage
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : LETTRE à M.D. Chanoine de N. D. d'A...... sur l'antiquité & la durée de l'usage d'employer le terme d'Adorer envers d'autres que Dieu.
LETTRE à M. D. Chanoine de N. D.
d'A...... surl'antiquité & la durée de
L'usage d'employer le terme d'Adorer envers d'autres que Diew
L
A description qui paroît depuis peu,
Monsieur , des beautez de Fontainebleau , où vous avez pris naissance , doit Ciiij exciter
252 MERCURE DE FRANCE
exciter la curiosité non- seulement detous
les Etrangers , mais encore celle des personnes qui s'attachent aux Histoires accompagnées de digressions sçavantes et
instructives. J'en ai remarqué plusieurs
de cette forte dans ce nouveau Livre , ét
quelques- unes sont decelles-là même ausquelles le Journal des Sçavans nous fait
faire attention. La remarque de M. l'Abbé Guilbert touchant l'Inscription qui se
lit à l'entrée de la Chapelle Royale de
Fontainebleau , étoit necessaire dans son
ouvrage. Je connois des personnes pieuses qui ont paru surprises de cette Inscription ; mais commece peuvent être des
gens de bien d'une pieté plus abondante
en chaleur qu'en lumieres , il ne faut pas
s'étonner que ceux qui sont de ce caractere
trouvent quelquefois des reformes à faire
dans le langage des livres les plus anciens
et les plus respectables. M. Guilbert a
donc très-sagement fait d'observer l'antiquité de l'usage du terme d'Adorer
signifier seulement en general respecter,
honorer , et sa remarqueétoit d'autant plus
necessaire que cette Chapelle étant fre- quentée à present plus que jamais par les
Etrangers , il est bon de leur faire comprendre que par l'expression Adorate Re- gem du premier Livre des Paralipomenes;
pour
chap.
FEVRIER 17327 253
quece
chap. 29. v. 20. l'on n'entend autre chose
ece qui est signifié par ces autres termes
de la premiere Epitre de S. Pierre Regem
bonorificate. Ce langage se trouve non- seu
lement dans l'Ecriture Sainte et dans les
Conciles , mais aussi dans les Saints Peres
et chez les Historiens. Lisez Saint Paulin,
Natalit 9. vous y verrez ces deux vers :
:
Ecce Sacerdotis reditum satiatus adoro
Suspiciens humili metantem in corpore Christum
Lisez dans S.Jerôme laLettre de Ste. Paule
et d'Eustochium à Marcelle touchant les
Monumens qui sont à voir et à revérer dans
la Palestine il y est dit qu'il ne faut pas
oublier d'aller à Samarie et d'y adorer les
cendres de S. Jean- Baptiste , ni celles des
Prophétes Elisée et Abdias. Samariamper
gere , et Joannis Baptista , Elisai quoque et
Abdiapariter cineres adorare. Au moment
que j'écris ceci je me souviens que ce terme Adorare est souvent employé dans
P'histoire des Evêques du Mans au troisiéme Tome des Analectes de Dom MabilIon : Vous pourez y recouvrir en sûreté.
Je trouve aussi dans les Antiquités de la
Ville de Castre de Borel à la page 11. un
fragment d'un Manuscrit d'Odon Aribet,
où je lis touchant Bernard Comte de Toulouse , Tolosam venit et Regem Carolum in
Cv Canobio
254 MERCURE DE FRANCE
Cenobio S. Saturninijuxta Tolosam adoravit. Consultez outre cela ce qui a été écrit
par le Cardinal Baronius ausujet de la découverte du Corps de Sainte Cecile , faite
sous le Pontificat de Clement VIII. en
l'an 1599. et vous y trouverez le terme
Adorare pareillement usité en fait.de Reliques. Le Poëte qui a composé les vers
qui se lisent au bas de la Statue Equestre
de Louis XIII. au Frontispice du grand
Mezeray de l'an 1643. étoit apparemment
instruit de ce langage , et il se regardoit
comme autorisé par l'expression gravéeaus
Portail de Fontainebleau, puisqu'il a com
mencé ainsi son Quatrain :
Ce grand Roy dont voici l'adorable visage ·
Vainqueur de ce bas monde au Ciel est remonté.
Un Auteurqui meriteroit de devenir fa--
milier à toutes les personnes qui aiment
les belles Lettres , comme ayant été l'un
des plus habiles humanistes de son siecle,
et Precepteur de quelques Enfans de nos
Rois , ( a ) est Heric, Moine d'Auxerre.
On â de lui une vie de S. Germain Evêque d'Auxerre écrite en vers qui ne sont
point à mépriser , et qui fut rendue puConcil. P'Abb. ad an. 1592:
( a ) De Lothaire Fils de Charles le Chauve."-
blique
FEVRIER. 1732. 255
blique sous François I. dans le tems du
rétablissement des belles Lettres. On a
encore de lui une histoire des Miracles.
de ce grand Evêque. C'est dans ce dernier ouvrage , quoiqu'écrit en Prose, qu'il
donneentrois endroits au corps ou au tombeau de S. Germain l'épithete d'Adorable.
Premierement , lib. 1. cap. 27. il dit que le
Roy Clothaire I. fidele heritier et Imitateur de la devotion que Sainte Clotilde
sa Mere avoit eue envers ce Saint , fit enTourer so n Sepulcre d'un grillage d'argent
et il s'exprime ainsi : Materna devotionis
fidissimus executor et hæres , post genitricis
excessumsuperadorandam beatissimi Germani memoriam regalibus expensis fredam ( a )
composuit. Le second endroit est au chapitre 54. du même Livre , où il dit , Adorandi corporis. Et le troisiéme se lit au second Livre chapitre 9. qui contient comment le Roy Charles le Chauve voulut
assister en personne à la Tranflation qu'il
fit faire du corps de ce Saint pour le jour de
Epiphanie del'an 59. où l'Historien témoinoculaire remarque que ce grandPrincecouvrit lui-même les Ossemens avec des
étoffes précieuses , et qu'ayant été portez
jusques dans le lieu destiné , il y plaça
(a) Heric a été obligé de se servir de ce terme quoique de basse latinité,
Cvj aussi
256 MERCURE DE FRANCE
aussi lui-même le Saint Corps. Rex Carolus operosis denuò palliis corpus venerabile decenter ambivit , et deux lignes après , thesaurum incomparabilem adorandi corporis
ejus ..... principali reverentiâ transpositum collocavit.
port
Je metens , Monsieur , un peu plus sur
cet Auteur que sur les autres , par rapà l'omission que M. l'Abbé Guilbert
à faite de parler de la devotion du Roy
Robert envers S. Germain l'Auxerrois
dont yoici l'article qu'il faisoit à son sujet.
C'est que ce Saint Roi bâtit dans la Forêt
de Bievre une Eglise en l'honneur de ce
Saint au rapport d'Helgaud Ecrivain de sa
vie. Il semble que comme la Forèt de
Fontainebleaun'est autre que celle qui por
toit enciennement le nom de Biévre c'étoit une chose à remarquer , en faisant
observer incidemment que le titre de l'Eglise Paroissiale du Louvre à Paris est sous
la même Invocation , et que plusieurs prétendent que le nom de S. Germain- enLaye vient aussi primitivement d'une
Eglise de Saint Germain d'Auxerre située
dans le Bois de Laye à l'endroit où ce Saint
Prélat fit un Miracle , ou au moins une
Station au sortir de Nanterre. Il n'est pas
étonnant que des Ecrivains assurez de tous
ces faits ayent avancé que nos Rois ont regardé
FEVRIER. 1732. 257
gardé le Prélat Auxerrois comme l'un des
plus grands Titulaires de leur Royaume,
et que la Nation l'envisagera toujours
pour tel. C'est ce qui est fondé sur les
prodiges merveilleux qu'il opera pendant
sa vie et sur l'utilité dont il fut à tous les
habitans des Gaules : Verité reconnuë par
les Historiens de France les plus modernes , et qui fait dire au Pere de Longue
val Jesuite dans sa nouvelle Histoire Ecclesiastique de ce Royaume , ( a ) que
Saint Germain fut l'un des plus parfaits
modeles de Sainteté , et un des plus ardents
défenseurs de la Foy , l'honneur et la consolation de l'Eglise Gallicanne , le fleau de l'heresie, le Pere des Peuples , le refuge de tous les
malheureux. Un peu d'attention à ces dernieres épithetes fera voir que l'on n'avoit
pas tant de tort de l'honorer d'une maniere
plus speciale dans certains Pays de la France dont le territoire est peufecond et où la
misere est plus commune. Si l'épithete
Adorandus ne se prodiguoit point envers
tous les Saints , on ne peut nier qu'il ne
pût être appliqué à ceux qui meritoient
une veneration plus éclatante , et qu'Heric a été bien fondé de s'en servir à l'égard
de Saint Germain d'Auxerre. Ceux qui en
douteroient peuvent recourir à l'Histoire
(a ) Tomepremier,page 457.
de
258 MERCURE DE FRANCE
de sa Vie écrite par Constance Prêtre de
l'Eglise de Lyon qui vivoit dans le même
siecle que ce Saint Evêque , Auteur celebre qui ne peutêtre inconnu dansles Eglises de la Province Ecclesiatique dont Lyon
est la Capitale , et auquel le Pere de Colonia Jesuite a donné à juste titre les éloges qu'il merite , dans son Histoire Litteraire de Lyon. En un mot , si les Rois de
la Terre meritent les adorations , c'est- àdire , les respects des Peuples , à plus forte
raison les Saints qu'on lit avoir été adorez
par les Rois dans le même sens d'adoration que j'ai déja dit , et qui de plus ont
été invoquez tant de fois et si formellement par ces mêmes Rois , tel qu'est le
Prélat à l'occasion duquel j'ai fait cette di
gression.
Pour revenir donc à Adorate Regem , ce
langage est si ancien et si peu choquant
en lui même , qu'il est reçu dans l'usages
vulgaire , et comme on a dit adorer l'Empereur,on dit de même aujourd'hui adorer
le Pape , aller à l'adoration du Pape ; adoration qui n'est dans lele fond qu'une simple marque de respect , et qui consistoit
quelquefois dans un baiser comme l'étymologie du nom le signifie. De là vint l'usage des anciens Payens lorsqu'ils vouloient honorer un objet éloigné , tel que
le
FEVRIER. 1732 259
le Soleil et la Lune , de s'incliner devant lui , en appliquant le bout de la
main sur la bouche , de la même maniere
que nous obligeons les enfans de nous faire lorsque nous leur disons de baiser la
main avant que de les gratifier d'un petit
present. Il y a une Eglise en France ( a ):
où l'on voit dans des bas-reliefs une figure dans cette attitude; et qui baise sa main
par respect , pour les fausses Divinitez.
C'est ce que le Livre de Job appelle un
grand péché et un renoncement de Dieu.
(b)Je n'en dis pas davantage sur cette
matiere , et je finis , en vous assurant que
je suis , &c..
(a) A Cahors.
Au mois d'Aoust 1731.-
( b ) Job. cap. 31. ¥. 26. 27. 28.
d'A...... surl'antiquité & la durée de
L'usage d'employer le terme d'Adorer envers d'autres que Diew
L
A description qui paroît depuis peu,
Monsieur , des beautez de Fontainebleau , où vous avez pris naissance , doit Ciiij exciter
252 MERCURE DE FRANCE
exciter la curiosité non- seulement detous
les Etrangers , mais encore celle des personnes qui s'attachent aux Histoires accompagnées de digressions sçavantes et
instructives. J'en ai remarqué plusieurs
de cette forte dans ce nouveau Livre , ét
quelques- unes sont decelles-là même ausquelles le Journal des Sçavans nous fait
faire attention. La remarque de M. l'Abbé Guilbert touchant l'Inscription qui se
lit à l'entrée de la Chapelle Royale de
Fontainebleau , étoit necessaire dans son
ouvrage. Je connois des personnes pieuses qui ont paru surprises de cette Inscription ; mais commece peuvent être des
gens de bien d'une pieté plus abondante
en chaleur qu'en lumieres , il ne faut pas
s'étonner que ceux qui sont de ce caractere
trouvent quelquefois des reformes à faire
dans le langage des livres les plus anciens
et les plus respectables. M. Guilbert a
donc très-sagement fait d'observer l'antiquité de l'usage du terme d'Adorer
signifier seulement en general respecter,
honorer , et sa remarqueétoit d'autant plus
necessaire que cette Chapelle étant fre- quentée à present plus que jamais par les
Etrangers , il est bon de leur faire comprendre que par l'expression Adorate Re- gem du premier Livre des Paralipomenes;
pour
chap.
FEVRIER 17327 253
quece
chap. 29. v. 20. l'on n'entend autre chose
ece qui est signifié par ces autres termes
de la premiere Epitre de S. Pierre Regem
bonorificate. Ce langage se trouve non- seu
lement dans l'Ecriture Sainte et dans les
Conciles , mais aussi dans les Saints Peres
et chez les Historiens. Lisez Saint Paulin,
Natalit 9. vous y verrez ces deux vers :
:
Ecce Sacerdotis reditum satiatus adoro
Suspiciens humili metantem in corpore Christum
Lisez dans S.Jerôme laLettre de Ste. Paule
et d'Eustochium à Marcelle touchant les
Monumens qui sont à voir et à revérer dans
la Palestine il y est dit qu'il ne faut pas
oublier d'aller à Samarie et d'y adorer les
cendres de S. Jean- Baptiste , ni celles des
Prophétes Elisée et Abdias. Samariamper
gere , et Joannis Baptista , Elisai quoque et
Abdiapariter cineres adorare. Au moment
que j'écris ceci je me souviens que ce terme Adorare est souvent employé dans
P'histoire des Evêques du Mans au troisiéme Tome des Analectes de Dom MabilIon : Vous pourez y recouvrir en sûreté.
Je trouve aussi dans les Antiquités de la
Ville de Castre de Borel à la page 11. un
fragment d'un Manuscrit d'Odon Aribet,
où je lis touchant Bernard Comte de Toulouse , Tolosam venit et Regem Carolum in
Cv Canobio
254 MERCURE DE FRANCE
Cenobio S. Saturninijuxta Tolosam adoravit. Consultez outre cela ce qui a été écrit
par le Cardinal Baronius ausujet de la découverte du Corps de Sainte Cecile , faite
sous le Pontificat de Clement VIII. en
l'an 1599. et vous y trouverez le terme
Adorare pareillement usité en fait.de Reliques. Le Poëte qui a composé les vers
qui se lisent au bas de la Statue Equestre
de Louis XIII. au Frontispice du grand
Mezeray de l'an 1643. étoit apparemment
instruit de ce langage , et il se regardoit
comme autorisé par l'expression gravéeaus
Portail de Fontainebleau, puisqu'il a com
mencé ainsi son Quatrain :
Ce grand Roy dont voici l'adorable visage ·
Vainqueur de ce bas monde au Ciel est remonté.
Un Auteurqui meriteroit de devenir fa--
milier à toutes les personnes qui aiment
les belles Lettres , comme ayant été l'un
des plus habiles humanistes de son siecle,
et Precepteur de quelques Enfans de nos
Rois , ( a ) est Heric, Moine d'Auxerre.
On â de lui une vie de S. Germain Evêque d'Auxerre écrite en vers qui ne sont
point à mépriser , et qui fut rendue puConcil. P'Abb. ad an. 1592:
( a ) De Lothaire Fils de Charles le Chauve."-
blique
FEVRIER. 1732. 255
blique sous François I. dans le tems du
rétablissement des belles Lettres. On a
encore de lui une histoire des Miracles.
de ce grand Evêque. C'est dans ce dernier ouvrage , quoiqu'écrit en Prose, qu'il
donneentrois endroits au corps ou au tombeau de S. Germain l'épithete d'Adorable.
Premierement , lib. 1. cap. 27. il dit que le
Roy Clothaire I. fidele heritier et Imitateur de la devotion que Sainte Clotilde
sa Mere avoit eue envers ce Saint , fit enTourer so n Sepulcre d'un grillage d'argent
et il s'exprime ainsi : Materna devotionis
fidissimus executor et hæres , post genitricis
excessumsuperadorandam beatissimi Germani memoriam regalibus expensis fredam ( a )
composuit. Le second endroit est au chapitre 54. du même Livre , où il dit , Adorandi corporis. Et le troisiéme se lit au second Livre chapitre 9. qui contient comment le Roy Charles le Chauve voulut
assister en personne à la Tranflation qu'il
fit faire du corps de ce Saint pour le jour de
Epiphanie del'an 59. où l'Historien témoinoculaire remarque que ce grandPrincecouvrit lui-même les Ossemens avec des
étoffes précieuses , et qu'ayant été portez
jusques dans le lieu destiné , il y plaça
(a) Heric a été obligé de se servir de ce terme quoique de basse latinité,
Cvj aussi
256 MERCURE DE FRANCE
aussi lui-même le Saint Corps. Rex Carolus operosis denuò palliis corpus venerabile decenter ambivit , et deux lignes après , thesaurum incomparabilem adorandi corporis
ejus ..... principali reverentiâ transpositum collocavit.
port
Je metens , Monsieur , un peu plus sur
cet Auteur que sur les autres , par rapà l'omission que M. l'Abbé Guilbert
à faite de parler de la devotion du Roy
Robert envers S. Germain l'Auxerrois
dont yoici l'article qu'il faisoit à son sujet.
C'est que ce Saint Roi bâtit dans la Forêt
de Bievre une Eglise en l'honneur de ce
Saint au rapport d'Helgaud Ecrivain de sa
vie. Il semble que comme la Forèt de
Fontainebleaun'est autre que celle qui por
toit enciennement le nom de Biévre c'étoit une chose à remarquer , en faisant
observer incidemment que le titre de l'Eglise Paroissiale du Louvre à Paris est sous
la même Invocation , et que plusieurs prétendent que le nom de S. Germain- enLaye vient aussi primitivement d'une
Eglise de Saint Germain d'Auxerre située
dans le Bois de Laye à l'endroit où ce Saint
Prélat fit un Miracle , ou au moins une
Station au sortir de Nanterre. Il n'est pas
étonnant que des Ecrivains assurez de tous
ces faits ayent avancé que nos Rois ont regardé
FEVRIER. 1732. 257
gardé le Prélat Auxerrois comme l'un des
plus grands Titulaires de leur Royaume,
et que la Nation l'envisagera toujours
pour tel. C'est ce qui est fondé sur les
prodiges merveilleux qu'il opera pendant
sa vie et sur l'utilité dont il fut à tous les
habitans des Gaules : Verité reconnuë par
les Historiens de France les plus modernes , et qui fait dire au Pere de Longue
val Jesuite dans sa nouvelle Histoire Ecclesiastique de ce Royaume , ( a ) que
Saint Germain fut l'un des plus parfaits
modeles de Sainteté , et un des plus ardents
défenseurs de la Foy , l'honneur et la consolation de l'Eglise Gallicanne , le fleau de l'heresie, le Pere des Peuples , le refuge de tous les
malheureux. Un peu d'attention à ces dernieres épithetes fera voir que l'on n'avoit
pas tant de tort de l'honorer d'une maniere
plus speciale dans certains Pays de la France dont le territoire est peufecond et où la
misere est plus commune. Si l'épithete
Adorandus ne se prodiguoit point envers
tous les Saints , on ne peut nier qu'il ne
pût être appliqué à ceux qui meritoient
une veneration plus éclatante , et qu'Heric a été bien fondé de s'en servir à l'égard
de Saint Germain d'Auxerre. Ceux qui en
douteroient peuvent recourir à l'Histoire
(a ) Tomepremier,page 457.
de
258 MERCURE DE FRANCE
de sa Vie écrite par Constance Prêtre de
l'Eglise de Lyon qui vivoit dans le même
siecle que ce Saint Evêque , Auteur celebre qui ne peutêtre inconnu dansles Eglises de la Province Ecclesiatique dont Lyon
est la Capitale , et auquel le Pere de Colonia Jesuite a donné à juste titre les éloges qu'il merite , dans son Histoire Litteraire de Lyon. En un mot , si les Rois de
la Terre meritent les adorations , c'est- àdire , les respects des Peuples , à plus forte
raison les Saints qu'on lit avoir été adorez
par les Rois dans le même sens d'adoration que j'ai déja dit , et qui de plus ont
été invoquez tant de fois et si formellement par ces mêmes Rois , tel qu'est le
Prélat à l'occasion duquel j'ai fait cette di
gression.
Pour revenir donc à Adorate Regem , ce
langage est si ancien et si peu choquant
en lui même , qu'il est reçu dans l'usages
vulgaire , et comme on a dit adorer l'Empereur,on dit de même aujourd'hui adorer
le Pape , aller à l'adoration du Pape ; adoration qui n'est dans lele fond qu'une simple marque de respect , et qui consistoit
quelquefois dans un baiser comme l'étymologie du nom le signifie. De là vint l'usage des anciens Payens lorsqu'ils vouloient honorer un objet éloigné , tel que
le
FEVRIER. 1732 259
le Soleil et la Lune , de s'incliner devant lui , en appliquant le bout de la
main sur la bouche , de la même maniere
que nous obligeons les enfans de nous faire lorsque nous leur disons de baiser la
main avant que de les gratifier d'un petit
present. Il y a une Eglise en France ( a ):
où l'on voit dans des bas-reliefs une figure dans cette attitude; et qui baise sa main
par respect , pour les fausses Divinitez.
C'est ce que le Livre de Job appelle un
grand péché et un renoncement de Dieu.
(b)Je n'en dis pas davantage sur cette
matiere , et je finis , en vous assurant que
je suis , &c..
(a) A Cahors.
Au mois d'Aoust 1731.-
( b ) Job. cap. 31. ¥. 26. 27. 28.
Fermer
Résumé : LETTRE à M.D. Chanoine de N. D. d'A...... sur l'antiquité & la durée de l'usage d'employer le terme d'Adorer envers d'autres que Dieu.
La lettre aborde l'antiquité et la durée de l'usage du terme 'adorer' appliqué à des personnes autres que Dieu. L'auteur commence par mentionner une description récente des beautés de Fontainebleau, qui attire l'intérêt des étrangers et des historiens. Il souligne une remarque de l'abbé Guilbert concernant une inscription dans la Chapelle Royale de Fontainebleau, où 'adorer' signifie respecter ou honorer. Cette explication est nécessaire pour clarifier aux visiteurs étrangers la signification de l'expression 'Adorate Regem' dans les Paralipomènes. L'auteur cite plusieurs exemples de l'usage du terme 'adorer' dans les Écritures saintes, les conciles, les saints pères et les historiens. Il mentionne des passages de Saint Paulin et Saint Jérôme, ainsi que des œuvres historiques comme les 'Antiquités de la Ville de Castre' de Borel. Il rappelle également l'usage de ce terme dans des poèmes et des œuvres littéraires, comme ceux de Mézeray et d'Héric, moine d'Auxerre. La lettre se conclut en expliquant que l'usage du terme 'adorer' pour des personnes autres que Dieu est ancien et courant, et qu'il s'agit simplement d'une marque de respect. L'auteur cite des exemples de cette pratique dans l'histoire et la religion, et mentionne une église à Cahors où cette attitude est représentée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
360
p. 466-484
REPONSE à la Lettre écrite de Soissons, sur Saint Front, inserée dans le Mercure d'Avril 1731.
Début :
MESSIEURS, Le zele de la Personne qui demande des Mémoires [...]
Mots clefs :
Périgueux, Neuilly, Martyrologue, Évêque, Lettre, Apôtres, Corps, Ossements, Diocèse, Patron, Saint Front, Reliques, Clergé de Paris
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REPONSE à la Lettre écrite de Soissons, sur Saint Front, inserée dans le Mercure d'Avril 1731.
REPONSE à la Lettre écrite de Soissons,
sur SaintFront, inserée dans le Mercure
d'Avril 1731.
MESSIESSIEURS ,
Le zele de la Personne qui demande
'des Mémoires sur S. Front , est très louable ;il est juste de le seconder. Il paroît
qu'elle seroit fâchée qu'on lui en envoyât
de faux , ou qu'on s'expliquât d'une maniere qui ne décidât rien. Cependant
il sera difficile de découvrir la verité
dans une chose si incertaine et si enveloppée d'obscuritez. Je ne me flatte pas
de l'enrichir beaucoup ; mais au moins
L'exposition que je ferai de ma disette ,
pourra contribuer à éclaircir un jour ce
qui paroît couvert de tant de nuages ,
si dès-à- present on n'a pas de quoi les
dissiper. Les hommes , comme dit M.Baillet, à l'occasion de S. Front de Perigueux,
peuvent bien tirer la verité des tenebres,
mais il n'est pas en leur pouvoir de la
créer. Ainsi il ne faut pas que le Curieux
de Soissons s'attende à la production d'une Légende bien circonstanciée. C'est
beaucoup
MARS. 1732. 467
beaucoup qu'on puisse lui indiquer l'état de son Saint, et le Siecle auquel il a vécu.
Je ne puis deviner la raison qu'a eû
cette Personne , dont vous avez imprimé
la Lettre dans le Mercure d'Avril , de
prendre Neuilly - Saint - Front pour un
Village. C'est veritablement une petite
Ville ; et celle de Soissons n'en étant éloignée que de six lieuës , je ne trouve pas
que son ignorance soit pardonnable , ni
qu'elle rende suffisamment justice à ce lieu,
en le qualifiant de Village assez conside
rable. Ne seroit- ce point à l'imitation de
ce Bourguignon , qui n'ayant jamais été à
Avallon , prenoit cette Ville pour une
Bicoque , tandis qu'il y a bien des Villes
Episcopales en France qui n'en approchent pas Je ne fais cette remarque en
passant , que parce que c'est dans un Livre imprimé dans le siecle présent , que la Ville d'Avallon a été ainsi maltraitée.
Le mot de Bicoque , étoit appliqué fort
injurieusement.
Comme c'est ce Neuilly Soissonnois
qui a donné occasion à la Lettre qu'on
vous a écrite , je croi qu'il n'y a pas de mal de commencer par le venger et d'en
tracer d'abord une legere idée. Ce Neuilly
est situé dans un fond qui est cependant
C v
ly
assez
468 MERCURE DE FRANCE
1
3.
+
assez découvert , sur tout du côté du
Couchant , et dont la vûë se termine vers
le Midy,à un petit Côteau , au haut duquel est l'ancienne Eglise de l'Hôpital. II
est composé de deux Paroisses ; sçavoir ,
Saint Front , qui est une Eglise dont la
partie Orientale est d'une structure du
treiziéme siecle ou un peu plus , le reste
étant plus nouveau et d'Architecture
seulement erriciastique. Elle est renfermée dans le Château et elle s'y trou
ve seule avec un ou deux bâtimens.
Ce Château est dans le goût de ces Forteresses qu'on bâtissoit il y a six ou sept
cens ans. Il est de forme ronde , environné de Fossez pleins d'eau et flanqué
de plusieurs grosses Tours à cinquante
l'une de l'autre. La seconde Paroisse pas
est S. Kemy, Eglise bâtie dans le Fauxbourg du côté du Septentrion , mais d'une antiquité au moins égale à ce qu'il y
a de plus ancien dans celle de S. Front.
Cette derniere Paroisse comprend dans
son territoire la partie Septentrionale de
la Ville. Les rues de ce lieu sont larges ,
propres , bien pavées , les maisons assezbien rangées et peuplées de toute sorte
de Marchands et d'Artisans. le Château
qui est dans le plus bas de la Ville , est Fenfermé entierement dans les murs qui
la
MARS. 469 1732. .
1
la ferment وet. ces murs sont encore passablement bons et élevez , à cause de la
commodité du grais qui n'est pas rare en
ces quartiers- là . Voilà d'abord ce que j'avois à dire touchant ce Neuilly, pour prouver que ce n'est pas un Village. Aussi
est-il qualifié de Ville dans le Dictionnaire Universel de la France , qui y compte
1792. Habitans.
Les Ecclesiastiques de S. Front m'apprirent lorsque j'y passai, que c'est le premier Evêque de Perigueux , qu'ils regardent comme leur Patron. On y débite
que ce Saint est l'Apôtre de Neuilly , éga
lement comme de Perigueux. Je ne sçai
même si l'on ne met pas Neüilly en premier lieu , comme si ce Saint fût venu
y annoncer la Foy avant que d'aller à
Perigueux. On avoit dit la même chose
à M. l'Abbé Chastelain , Chanoine de l'Eglise de Paris , lorsqu'il y passa l'an 1682.-
et ce Sçavant, sans approfondir alors cette
matiere , déclara assez ce qu'il en pensoit,
en marquant que ce Saint pouvoit n'être
venu à Neuilly que par quelqu'une de ses
Reliques. Le 25. Octobre jour du culte
de l'Apôtre du Périgord , étant la Fête
de Neuilly , cela confirme encore les
Habitans dans leur opinion ; mais il y a
plus , c'est que du côté Méridional de
C vj l'E-
470 MERCURE DE FRANCE
l'Eglise on montre un vitrage où l'on
apperçoit en peinture quelques traits de
la L gende de l'Evêque de Perigueux , le
reste ayant été détruit par l'injure des
tenips. J'y vis en effet la représentation
du Miracle de la Phiole , qu'on dit être
descendue du Ciel pendant que ce Saint
celebroit la Messe ; mais par malheur ce
Vitrage n'a tout au plus que deux cens
ans. On m'assura que cette Phiole étoit
autrefois conservée à Neuilly , et qu'elle
a été perduë ou cassée ; desorte que tout
ce qu'on y conserve aujourd'hui de ce
Saint consiste dans un article des doigts
à quoi on ajoûta qu'outre la Fête du 25.
Octobre,il y en a encore une autre qu'on
appelle la Tranflation , laquelle se celebre le second Dimanche d'après Pâques.
Le nom de S. Front ayant été fameux
dans ce Pays- là , il n'est pas étonnant :
qu'on l'ait donné au Baptême à plusieurs
Enfans. On le trouve aussi dans les Registres Baptistaires de la Paroisse du Fauxbourg de Cône sur Loire , par la raison
que je vais rapporter.
Avant que de passer par Nülly , je
sçavois que dans le Diocèse d'Auxerre il
y a une très-ancienne Eglise sous l'invocation d'un S. Front. Son Edifice est presqu'entierement du onziéme siecle ; le Peuple
MARS. 1732. 471
ple de la Ville de Cône app lie communément cette Eglise du nom de S. Aignan,
et c'est l'erection d'un Prieuré dans la
même Eglise, qui a fait ce changement de'
dénomination. J'avois vû le Manuscrit
de cette Eglise , qui contient l'Office du
S. Patron. Il a deux cens ans ou environ
d'antiquité et il est ainsi désigné : En ce
Cayer est comprins la Legende et l'Office de
Chant de Monsieur S Front , dont les Reliques de tout son digne Corps sont cyens ,
hors la haute partie de son Chef qui est en
Perigord , dont il fut premier Evêque envoyé de Rome par Monsieur S. Pierre l'Apore , premier Pape de Rome , et avec ledit
S. Front , ung Prêtre son Disciple nommé
Georges , lesquels cheminant l'espace de trois
jours , Georges déceda et fut ensepulturé par
ledit S. Front, lequel dolent s'en retourna ,
&c. Il est inutile de dire le reste , ni de
marquer que l'Office qui suit contient la
Legende rapportée dans le Mercure de ³
Juillet dernier , pages 1670. 71. et 72. et
qu'elle est rédigée dans un style qui ressent tout à- fait la barbarie des anciens
Perigourdins. Ceci suffit pour faire voir
que les Villes de Cône et de Neuilly ont
fait venir du Perigord l'Office de saint
Front, croyant que leur Saint étoit ce
prétendu Disciple de J. C. Mais on ne
-
peut
472 MERCURE DE FRANCE
peut prouver que cette créance soit plus
ancienne que de deux ou trois siecles dans
ces deux Villes , et quand même elle seroit plus ancienne , elle n'en seroit pas
pour cela plus veritable ; c'est pourquoi
j'espere qu'en démontrant qu'à Cône on
a été dans l'erreur lorsqu'on a crû que
le S. Front , ancien Patron de l'Eglise du
Fauxbourg , est l'Evêque de Perigueux, je
pourrai inspirer quelque doute sur le
même article aux Habitans de Neuilly ,
qui sont bien plus éloignez de la Ville
de Perigueux , que ne le sont les Habi
tans de Cône.
Il est constant que l'on conserve à Cô
ne , dans l'Eglise en question , presque
tous les Ossemens qui composent un
corps humain , et qu'ils y sont regardez
comme formant le Corps d'un S. Front,
suivant l'Inscription du Livre dont je
viens de parler. Je parle sur ce ton pour
avoir vû ces saintes Reliques et pour être
assuré qu'en l'an 1622. François de Donadieu Evêque d'Auxerre , les visita
dans leur ancienne Châsse , et les appronva; je suis même certain qu'il y a quel
ques portions de la tête. Or c'est une
chose très- clairement prouvée dans l'Histoire des Evêques de Perigueux , publiée
par Jean du Puy en 1629. que le Corps
.
entier
MARS. 1732. 473
*
entier et le Chef de S. Front , premier
Evêque de Perigueux , furent conservez
à Perigueux même jusqu'à-ce que les
Calvinistes ayant porté la Châsse à un
Château voisin de la Dordogne , les jetterent dans la Riviere l'an 1575. Done
le Corps presque entier , conservé à Cô
ne , n'est nullement celui de S. Front de
Perigueux. Je suis persuadé par l'ardeur
que les Perigourdins témoignent et qu'ils
ont toujours témoignée depuis les siecles
d'ignorance à perpetuer dans la pureté
de son Original la prétendue Vie de
S. Front , qu'à plus forte raison ils ont
toûjours dû montrer un zele bien plus
ardent pour ne pas souffrir qu'on fit des
distractions si notables du Corps de
leur S.Apôtre, et qu'on emportât ailleurs
la partie inferieure de la tête avec les
dents , le femur , le tibia , les os ischion
illion , les vertebres , les côtes , les phalanges, rotules de genou , calcaneum , &c.
و
Puis donc qu'on est encore en état de
montrer tous ces Ossemens à Cône , et
que M. l'Evêque d'Auxerre déclara en
1622. que l'étoffe qui les renferme contenoit cette Inscription , De sancto FronVoyez le second Tome de son Livre, intitulé
l'Etat de l'Eglise du Perigord , aux pages 91. 139%
151. et 203. suivant l'Edition de l'an 1716.
tone
474 MERCURE DE FRANCE
tone , c'est une marque certaine que les
deux Corps sont differens ; à moins qu'on
ne dise que quelqu'un auroit pris en 1575
dans la Riviere de Dordogne les Ossemens de S. Front , et les auroit portez à
Cône. Mais c'est ce qui ne peut être ;
premierement, parce qu'il est impossible.
de réunir en un seul endroit d'une eau
courante tant d'Ossemens, même très- pe
tits , et que d'ailleurs il seroit bien difficile de les prendre secretement ; secondement , parce que l'étoffe qui enveloppe
les Ossemens de S Front de Cône est
plus ancienne que les guerres des Calvinistes ; il y en a même qui est d'un travail de cinq ou six cens ans. Outre cela,
la Tradition touchant la presence du,
Corps de S. Front à Cône, est bien anterieure aux guerres des Calvinistes , ce
qui se prouve par le titre qui se lit à la
tête de son ancien Office , dont j'ai rap "
porté cy-dessus le commencement.
Etant donc suffisamment prouvé qu'à
Cône sur Loire , on a été dans l'illusion
depuis quelques siecles , en prenant les
Reliques qu'on y possede pour celles de
S. Front de Perigueux , et en chantant en
son honneur un Office entierement tiré
de la Legende fabuleuse du Périgord et
le chantant le 25. Octobre, jour auquel
on
MAR S. 1732. 475
on honore à Perigueux l'Apôtre de la
Ville ; c'est un exemple qui doit faire
beaucoup appréhender qu'il n'en soit demême de la Tradition de Neuilly , où
l'on prend pareillement l'Evêque de Perigueux pour Patron , comme s'il n'avoit
jamais existé qu'un S. Front , et que tout
dût retourner à l'augmentation du culte
de celui de Perigord.
Je suis en état d'en indiquer un autre
aux Habitans de Neuilly ; mais je prévois
qu'étant accoutumez à entendre raconter
par des Prédicateurs trop crédulés , toutes les fictions de la Legende si judicieu
sement rejettée de nos jours , ils au
ront de la peine à revenir de leurs
préjugez. Souvent le desir d'avoir un
Panégyrique propre pour un S. Patron ,
et d'en chanter un Office plenier , fait
qu'on donne , tête baissée , dans quantité
de fables qui fournissent une ample matiere aux Orateurs et aux Poëtes. J'avoie
qu'il n'est pas impossible qu'on ait eu à
Neully quelques Reliques d'un S. Front ,
mais il est plus vrai- semblable qu'on l'au
ra obtenue de l'Eglise de son nom à Cô
ne , que de celle de Perigueux. Quelques.
Connoisseurs en anciennes Forteresses
croyent que le Château de Cône et celui
de Neuilly, sont du même temps , com- me
476 MERCURE DE FRANCE
me étant également construits en forme
ronde dans un lieu aquatique , et flanquez de plusieurs Tours rondes ; de sorte
qu'ils nous fournissent par là matiere à
conjecturer qu'un certain Hugues , Seigneur dans le Pays du Maine , qui se rendit maître du Château de Cône au XII.
siecle , pourroit bien avoir aussi possedé
celui de Neuilly et avoir tiré de l'Eglise
de Cône de quoi faire un présent à celle
de cet autre Château. On sçait que les
anciens Seigneurs aimoient à enrichir
leurs Terres de ces précieux restes , qu'ils
regardoient , avec raison , comme des
trésors inestimables. Jean , Moine de Marmoutier , Auteur contemporain , parle
de ce Hugues le Manceau , et l'appelle
HugoCenomannicus. Comme donc il avoit
des Terres dans le Maine, et qu'il y a eu un
S. Front Solitaire en ces Pays-là , il semble qu'on pourroit avoir des vûës sur ce
Saint ; ou bien , s'il est faux que ce soit
dans le Diocèse du Mans que soit mort
un S. Hermite du nom de Front , et qu'il
soit decedé plutôt proche Cône sur Loire,
comme Nithard le laisse à penser en appellant ce lieu Sanctus- Fludnaldus , dès le
neuvième siècle , il résultera de- là que
c'est le transport d'une partie de ses ReLiques fait au Diocèse du Mans , qui y
aura
MARS. 17328 477 Y
aura établi son culte , et qui aura fait
croire qu'il y avoit vécu en Solitaire comme tant d'autres.
Quoiqu'il en soit , la Tradition étoit
autrefois à Orleans , que ses Reliques y
avoient passé, et on en celebroit encore
la memoire il n'y a pas plus de cent ans
dans l'Eglise de S. Benoît du Retour , où
il étoit représenté en habit de Religieux.
Ce que Symphorien Guyon , dans son
Histoire d'Orleans, (a) et Corvaisier, dans
celle des Evêques du Mans , (b) écrivent
sur un S. Gaud et un S. Frond , son Compagnon , qui au sortir du Monastere de
S. Memin proche Orleans , embrasserent
la vie Eremitique , est très - probable ,
mais leurs noms ne sont ni Gallus ni
Fronto. L'un avoit nom Godoaldus , -èt
l'autre Fludualdus. Le culte du premier
appellé Gaud , a éclaté à Yevre , sur les
confins des Diocèses d'Orleans et de Sens,
et il est marqué dans tous les anciens Calendriers et Martyrologes de Sens au 6.
Juin sous le nom de Godoaldus Confessor.
Celui du second a été celebre à Cône
plus qu'il n'est aujourd'hui ; on y voit
par d'anciens Manuscrits en Langue vulgaire , que son nom étoit écrit , non pas
Front , mais Frond, ce qui dénote un ori-
(a) Page 466. (b) Page 140
gine
478 MERCURE DE FRANCE
gine venant de Fludualdus , dont la premiere syllabe souffroit dans notre Langue le même changement qu'on a fait
ailleurs de Flocellus en Froncean.
Les deux Ecrivains que je viens de
nommer , quoique vivans avant que la
Critique fut au point qu'elle est de nos
jours , n'ont pas laissé de blâmer ceux
qui prenoient ce S. Frond Solitaire pour
l'Evêque de Perigueux , et ils ont soutenu qu'ils étoient fort differens. Guyon
assure que le Solitaire vivoit au sixième
siecle. Corvaisier ne craint pas de dire que
le Voyage et les Avantures de S. Front de
Perigueux sont plus fabuleuses que vraisemblables , et il se plaint après M. du
Bosquet , de l'ignorance ou de la negligence
des anciens Ecrivains , qui sans faire distinction des temps , confondent en une seule
Vie toutes les diverses actions de ceux qui
portoient un semblable nom. Il auroit pú
ajoûter que de-là est venue la méprise
par laquelle ceux qui avoient intention
d'honorer S. Front le Solitaire ou simple
Confesseur , lui ont choisi le 25. Octobre jour de la Mort de S. Front , Evêque de Perigueux. C'est ce qui est arrivé,
non seulement à Cône sur Loire , mais
encore au Diocèse du Mans , où ce saint
Hermite est l'un des Patrons de la Ville
et
MARS. 1732. 479
et du voisinage de Dom- Front en basse
Normandie , qui en a pris le nom , au
lieu de celui que cette Ville portoit auparavant , lequel paroîtroit aujourd'hui
ridicule , au moins en Latin. Je sçai encore qu'au Diocèse d'Amiens , dans le
voisinage de Roye , il y a un Village appellé Dom-Front , où l'on voit un Chef
de bois doré , qui contient des Reliques ,
auxquelles il y avoit concours le 25. Octobre , et cependant le Saint n'est représenté que comme Prêtre , et non comme
Evêque. Que sçais - je si on n'est pas dans
la même erreur à Suzemont au Diocèse
de Toul , où un S. Front est pareillement
Patron , suivant le Pouillé du Pere Benoit ?
+ La question seroit à present de démê
ler dans la Vie de l'Evêque de Perigueux,
ce qui a été emprunté des Actions du
S. Solitaire , dont le nom vulgaire se
trouve aujourd'hui limé de maniere à n'être pas pas different pour la prononciation ;
car il se peut faire enrore qu'on ait appliqué à notre Fludualdus , des actions de
S. Fronton de Nitrie ou d'Egypte. Je ne
me flatte donc pas d'apprendre à notre
Curieux du Pays Soissonnois , de quoi
faire une longue Legende de son Saint.
Ce n'est pas là ce qu'il demande , mais
seu
480 MERCURE DE FRANCE
seulement qu'on lui donne quelque chose
de moins décrié que ce qu'on a debité de
S. Front de Perigueux. Je suis fâché de
lui laisser ignorer les actions de notre
S. Confesseur ; mais si le Saint a été véritablement Solitaire , il n'est pas surprenant que sa vie ait été inconnue , et que
ce ne soient que les Miracles d'après sa
mort qui l'ayent rendu celebre , sans que
les Fideles ayent fait grande attention au
jour de son décès. Je croirois que la Fête
de S. Frond de Cône auroit été autrefois celebrée au mois d'Avril , le jour que
les Martyrologes marquent S. Fronton de
Nitrie , et que c'est encore en memoire
de ce culte que l'usage a resté d'honorer
S. Frond à Neuilly , l'un des Dimanches
d'après Pâques. Mais je n'ose encore rien
prononcer d'assuré là-dessus.
Ce que je puis ajoûter à cette Lettre
pour vous marquer que j'ai fait usage des
Livres du Perigord que vous m'avez envoyez , est que plus je lis ces nouveaux
Auteurs Perigourdins , tel qu'est le Livre du Pere du Ray , Récolet , et la Dissertation de M. de la Serre , cy-devant
Superieur du Seminaire de Perigueux, imprimée en 1728. plus je suis surpris de
leur attachement scrupuleux à des Histoires qui furent rejettées comme fausses
des
MARS. 1732. 481
ès l'onziéme siecle , et dont ils ne trou
veront des deffenseurs que parmi ceux à
qui on apprend dès la jeunesse à faire des
especes d'Actes de Foi sur la Tradition
de la Mission de S. Front par S. Pierre.
N'est-ce pas en effet vouloir renfermer
cette créance dans les limites du Diocèse
de Perigueux , que d'exiger qu'on regarde l'Eglise Chrétienne de Perigueux comme la plus ancienne des Gaules , et qu'on
croye que les Perigourdins ont été les
premiers appellez à la Foy avant les Habitans de Marseille , deLyon, de Vienne
&c? C'est ce que signifie clairement cette
exclamation qui termine un abregé de la
Vie de S. Front , imprimé à Perigueux
L'an 1728. en forme de Meditation : Quel
sujet n'avons-nous point de louer Dien !
Quelle reconnoissance ne devons-nous point
à son adorable Providence , de nous avoir
appellé les premiers à la Foy , et de nous
avoir donné un des Disciples de son Fils
N. S. J. C. pour établir dans ce lieu une
des premieres Eglises Chrétiennes ! La critique peut bien former contre nous toutes les
objections qu'elle voudra ; mais elle ne sera
pas capable de nous faire, abandonner notre
Tradition. La gloire que nous avons d'avoir été les premiers appellez à la Religion
Chrétienne est trop grande pour ne la pas conserver
482 MERCURE DE FRANCE
conserver très- cherement , et il faut esperer
que notre Saint conservera par sa protec- "
tion auprès de Dieu , l'Eglise qu'il a formée avec tant de travaux. Quelle seroit notre
ingratitude , ô mon Dieu , si nous étions capables d'oublier la preference que vous nous
avez donnée surtant d'autres Provinces qui
paroissent plus considerables ! Mais quelle
seroit notre lâcheté , si nous abandonnions
une Tradition si honorable et reconnuë par
tous les Martyrologes anciens et nouveaux !
Il est fâcheux qu'on n'ait pas inspiré
il y a trente-cinq ans au Clergé de Paris
de pareilles résolutions pour empêcher
qu'on n'abandonnât l'opinion de l'Aréopagisme du premier Evêque de cette Ville.
Je doute fort que le sçavant Pere Sirmond , Jesuite , eût pû tenir son sérieux,
s'il avoit vû une matiere de cette nature
mise en style de Méditation sur l'article
de S. Denis de Paris , et en apostrophant
la divine Majesté et la souveraine Verité ,
lui citer les Martyrologes avec les Aréopagitiques d'Hilduin. Čar enfin ( n'en déplaise à l'Auteur Perigourdin ) il falloit
donc en parlant à celui qui connoît
tout, faire exception du plus ancien des
Martyrologes , qui est celui qu'on appelle de S. Jerôme , et n'y pas compren
dre les deux plus nouveaux, qui sont
و
celui
MARS. 1732 483
celui de l'illustre M. Chastelain , imprimé
en 1709. et celui de l'Eglise de Paris ,
publié en 1727. Outre que les deux
crochets marquez par M. Chastelain , pour
exclure du Texte du Martyrologe de Baronius , la Mission de S. Front par Saint
Pierre , signifient qu'il n'y ajoûtoit aucune créance , je vous ferai encore part
de cet Anecdote en finissant. Cet excellent Connoisseur avoit vû bien des milliers de Legendes de Saints , il en avoit
trouvé de fausses , de douteuses , de falsifiées ; mais il a écrit de sa propre main
à la marge d'un exemplaire du Martyrologe Romain au 25. Octobre, que les
Actes de S. Front , Evêque de Perigueux,
sont de tous ceux qu'il a jamais vûs
les plus mal-adroitement inventez , puisqu'on y met un Duc de Lorraine du
temps de Neron. S'il avoue dans son
premier Bimestre imprimé , que Bollandus croyoit S. Front du premier siecle; (a)
il ajoûte aussi- tôt que ce Jesuite n'avoit
pas encore démêlé les anciennes Traditions d'avec celle des moyens siecles.
comme ont excellemment fait depuis luí
Henschenius , Papebroc , Janning , et
Cardon , ses Associez ou ses Successeurs.
Ce sçavant Chanoine a' encore laissé par
(2) Au 2. Janvier , page 43.
D écrit
484 MERCURE DE FRANCE
écrit un trait tout singulier qui revient
à S. Front de Perigueux. C'est en parlant
de S. Fronton de Nitrie , qui mourut
sous l'Empereur Gratien, Il marque qu'un
Auteur appellé Lezana , en fait un Carme
ce que font aussi Coria et d'autres de cet
Ordre ; que l'un de ces Ecrivains assure
sérieusement que ce S. Fronton a été Disciple de S. Jean-Baptiste, et troisiéme General des Carmes ; et qu'après avoir bâti
la premierede toutes les Eglises de laVierge, il a été fait Evêque de Perigueux, puis
est allé demeurer au Desert de Nitrie , et
est mort âgé de cent trente et un an , l'an
de Notre-Seigneur 153. S'il y avoit des
Carmes à Perigueux , ils prendroient sans
doute part à ce petit trait d'Histoire, qui
paroît les affilier en quelque sorte au
•Clergé de ce Diocèse. Mais en voilà assez
sur cette matiere , et peut- être plus que le
Curieux de Soissons n'en demande. Je
suis , &c.
Ce 12. Decembre 1731 .
sur SaintFront, inserée dans le Mercure
d'Avril 1731.
MESSIESSIEURS ,
Le zele de la Personne qui demande
'des Mémoires sur S. Front , est très louable ;il est juste de le seconder. Il paroît
qu'elle seroit fâchée qu'on lui en envoyât
de faux , ou qu'on s'expliquât d'une maniere qui ne décidât rien. Cependant
il sera difficile de découvrir la verité
dans une chose si incertaine et si enveloppée d'obscuritez. Je ne me flatte pas
de l'enrichir beaucoup ; mais au moins
L'exposition que je ferai de ma disette ,
pourra contribuer à éclaircir un jour ce
qui paroît couvert de tant de nuages ,
si dès-à- present on n'a pas de quoi les
dissiper. Les hommes , comme dit M.Baillet, à l'occasion de S. Front de Perigueux,
peuvent bien tirer la verité des tenebres,
mais il n'est pas en leur pouvoir de la
créer. Ainsi il ne faut pas que le Curieux
de Soissons s'attende à la production d'une Légende bien circonstanciée. C'est
beaucoup
MARS. 1732. 467
beaucoup qu'on puisse lui indiquer l'état de son Saint, et le Siecle auquel il a vécu.
Je ne puis deviner la raison qu'a eû
cette Personne , dont vous avez imprimé
la Lettre dans le Mercure d'Avril , de
prendre Neuilly - Saint - Front pour un
Village. C'est veritablement une petite
Ville ; et celle de Soissons n'en étant éloignée que de six lieuës , je ne trouve pas
que son ignorance soit pardonnable , ni
qu'elle rende suffisamment justice à ce lieu,
en le qualifiant de Village assez conside
rable. Ne seroit- ce point à l'imitation de
ce Bourguignon , qui n'ayant jamais été à
Avallon , prenoit cette Ville pour une
Bicoque , tandis qu'il y a bien des Villes
Episcopales en France qui n'en approchent pas Je ne fais cette remarque en
passant , que parce que c'est dans un Livre imprimé dans le siecle présent , que la Ville d'Avallon a été ainsi maltraitée.
Le mot de Bicoque , étoit appliqué fort
injurieusement.
Comme c'est ce Neuilly Soissonnois
qui a donné occasion à la Lettre qu'on
vous a écrite , je croi qu'il n'y a pas de mal de commencer par le venger et d'en
tracer d'abord une legere idée. Ce Neuilly
est situé dans un fond qui est cependant
C v
ly
assez
468 MERCURE DE FRANCE
1
3.
+
assez découvert , sur tout du côté du
Couchant , et dont la vûë se termine vers
le Midy,à un petit Côteau , au haut duquel est l'ancienne Eglise de l'Hôpital. II
est composé de deux Paroisses ; sçavoir ,
Saint Front , qui est une Eglise dont la
partie Orientale est d'une structure du
treiziéme siecle ou un peu plus , le reste
étant plus nouveau et d'Architecture
seulement erriciastique. Elle est renfermée dans le Château et elle s'y trou
ve seule avec un ou deux bâtimens.
Ce Château est dans le goût de ces Forteresses qu'on bâtissoit il y a six ou sept
cens ans. Il est de forme ronde , environné de Fossez pleins d'eau et flanqué
de plusieurs grosses Tours à cinquante
l'une de l'autre. La seconde Paroisse pas
est S. Kemy, Eglise bâtie dans le Fauxbourg du côté du Septentrion , mais d'une antiquité au moins égale à ce qu'il y
a de plus ancien dans celle de S. Front.
Cette derniere Paroisse comprend dans
son territoire la partie Septentrionale de
la Ville. Les rues de ce lieu sont larges ,
propres , bien pavées , les maisons assezbien rangées et peuplées de toute sorte
de Marchands et d'Artisans. le Château
qui est dans le plus bas de la Ville , est Fenfermé entierement dans les murs qui
la
MARS. 469 1732. .
1
la ferment وet. ces murs sont encore passablement bons et élevez , à cause de la
commodité du grais qui n'est pas rare en
ces quartiers- là . Voilà d'abord ce que j'avois à dire touchant ce Neuilly, pour prouver que ce n'est pas un Village. Aussi
est-il qualifié de Ville dans le Dictionnaire Universel de la France , qui y compte
1792. Habitans.
Les Ecclesiastiques de S. Front m'apprirent lorsque j'y passai, que c'est le premier Evêque de Perigueux , qu'ils regardent comme leur Patron. On y débite
que ce Saint est l'Apôtre de Neuilly , éga
lement comme de Perigueux. Je ne sçai
même si l'on ne met pas Neüilly en premier lieu , comme si ce Saint fût venu
y annoncer la Foy avant que d'aller à
Perigueux. On avoit dit la même chose
à M. l'Abbé Chastelain , Chanoine de l'Eglise de Paris , lorsqu'il y passa l'an 1682.-
et ce Sçavant, sans approfondir alors cette
matiere , déclara assez ce qu'il en pensoit,
en marquant que ce Saint pouvoit n'être
venu à Neuilly que par quelqu'une de ses
Reliques. Le 25. Octobre jour du culte
de l'Apôtre du Périgord , étant la Fête
de Neuilly , cela confirme encore les
Habitans dans leur opinion ; mais il y a
plus , c'est que du côté Méridional de
C vj l'E-
470 MERCURE DE FRANCE
l'Eglise on montre un vitrage où l'on
apperçoit en peinture quelques traits de
la L gende de l'Evêque de Perigueux , le
reste ayant été détruit par l'injure des
tenips. J'y vis en effet la représentation
du Miracle de la Phiole , qu'on dit être
descendue du Ciel pendant que ce Saint
celebroit la Messe ; mais par malheur ce
Vitrage n'a tout au plus que deux cens
ans. On m'assura que cette Phiole étoit
autrefois conservée à Neuilly , et qu'elle
a été perduë ou cassée ; desorte que tout
ce qu'on y conserve aujourd'hui de ce
Saint consiste dans un article des doigts
à quoi on ajoûta qu'outre la Fête du 25.
Octobre,il y en a encore une autre qu'on
appelle la Tranflation , laquelle se celebre le second Dimanche d'après Pâques.
Le nom de S. Front ayant été fameux
dans ce Pays- là , il n'est pas étonnant :
qu'on l'ait donné au Baptême à plusieurs
Enfans. On le trouve aussi dans les Registres Baptistaires de la Paroisse du Fauxbourg de Cône sur Loire , par la raison
que je vais rapporter.
Avant que de passer par Nülly , je
sçavois que dans le Diocèse d'Auxerre il
y a une très-ancienne Eglise sous l'invocation d'un S. Front. Son Edifice est presqu'entierement du onziéme siecle ; le Peuple
MARS. 1732. 471
ple de la Ville de Cône app lie communément cette Eglise du nom de S. Aignan,
et c'est l'erection d'un Prieuré dans la
même Eglise, qui a fait ce changement de'
dénomination. J'avois vû le Manuscrit
de cette Eglise , qui contient l'Office du
S. Patron. Il a deux cens ans ou environ
d'antiquité et il est ainsi désigné : En ce
Cayer est comprins la Legende et l'Office de
Chant de Monsieur S Front , dont les Reliques de tout son digne Corps sont cyens ,
hors la haute partie de son Chef qui est en
Perigord , dont il fut premier Evêque envoyé de Rome par Monsieur S. Pierre l'Apore , premier Pape de Rome , et avec ledit
S. Front , ung Prêtre son Disciple nommé
Georges , lesquels cheminant l'espace de trois
jours , Georges déceda et fut ensepulturé par
ledit S. Front, lequel dolent s'en retourna ,
&c. Il est inutile de dire le reste , ni de
marquer que l'Office qui suit contient la
Legende rapportée dans le Mercure de ³
Juillet dernier , pages 1670. 71. et 72. et
qu'elle est rédigée dans un style qui ressent tout à- fait la barbarie des anciens
Perigourdins. Ceci suffit pour faire voir
que les Villes de Cône et de Neuilly ont
fait venir du Perigord l'Office de saint
Front, croyant que leur Saint étoit ce
prétendu Disciple de J. C. Mais on ne
-
peut
472 MERCURE DE FRANCE
peut prouver que cette créance soit plus
ancienne que de deux ou trois siecles dans
ces deux Villes , et quand même elle seroit plus ancienne , elle n'en seroit pas
pour cela plus veritable ; c'est pourquoi
j'espere qu'en démontrant qu'à Cône on
a été dans l'erreur lorsqu'on a crû que
le S. Front , ancien Patron de l'Eglise du
Fauxbourg , est l'Evêque de Perigueux, je
pourrai inspirer quelque doute sur le
même article aux Habitans de Neuilly ,
qui sont bien plus éloignez de la Ville
de Perigueux , que ne le sont les Habi
tans de Cône.
Il est constant que l'on conserve à Cô
ne , dans l'Eglise en question , presque
tous les Ossemens qui composent un
corps humain , et qu'ils y sont regardez
comme formant le Corps d'un S. Front,
suivant l'Inscription du Livre dont je
viens de parler. Je parle sur ce ton pour
avoir vû ces saintes Reliques et pour être
assuré qu'en l'an 1622. François de Donadieu Evêque d'Auxerre , les visita
dans leur ancienne Châsse , et les appronva; je suis même certain qu'il y a quel
ques portions de la tête. Or c'est une
chose très- clairement prouvée dans l'Histoire des Evêques de Perigueux , publiée
par Jean du Puy en 1629. que le Corps
.
entier
MARS. 1732. 473
*
entier et le Chef de S. Front , premier
Evêque de Perigueux , furent conservez
à Perigueux même jusqu'à-ce que les
Calvinistes ayant porté la Châsse à un
Château voisin de la Dordogne , les jetterent dans la Riviere l'an 1575. Done
le Corps presque entier , conservé à Cô
ne , n'est nullement celui de S. Front de
Perigueux. Je suis persuadé par l'ardeur
que les Perigourdins témoignent et qu'ils
ont toujours témoignée depuis les siecles
d'ignorance à perpetuer dans la pureté
de son Original la prétendue Vie de
S. Front , qu'à plus forte raison ils ont
toûjours dû montrer un zele bien plus
ardent pour ne pas souffrir qu'on fit des
distractions si notables du Corps de
leur S.Apôtre, et qu'on emportât ailleurs
la partie inferieure de la tête avec les
dents , le femur , le tibia , les os ischion
illion , les vertebres , les côtes , les phalanges, rotules de genou , calcaneum , &c.
و
Puis donc qu'on est encore en état de
montrer tous ces Ossemens à Cône , et
que M. l'Evêque d'Auxerre déclara en
1622. que l'étoffe qui les renferme contenoit cette Inscription , De sancto FronVoyez le second Tome de son Livre, intitulé
l'Etat de l'Eglise du Perigord , aux pages 91. 139%
151. et 203. suivant l'Edition de l'an 1716.
tone
474 MERCURE DE FRANCE
tone , c'est une marque certaine que les
deux Corps sont differens ; à moins qu'on
ne dise que quelqu'un auroit pris en 1575
dans la Riviere de Dordogne les Ossemens de S. Front , et les auroit portez à
Cône. Mais c'est ce qui ne peut être ;
premierement, parce qu'il est impossible.
de réunir en un seul endroit d'une eau
courante tant d'Ossemens, même très- pe
tits , et que d'ailleurs il seroit bien difficile de les prendre secretement ; secondement , parce que l'étoffe qui enveloppe
les Ossemens de S Front de Cône est
plus ancienne que les guerres des Calvinistes ; il y en a même qui est d'un travail de cinq ou six cens ans. Outre cela,
la Tradition touchant la presence du,
Corps de S. Front à Cône, est bien anterieure aux guerres des Calvinistes , ce
qui se prouve par le titre qui se lit à la
tête de son ancien Office , dont j'ai rap "
porté cy-dessus le commencement.
Etant donc suffisamment prouvé qu'à
Cône sur Loire , on a été dans l'illusion
depuis quelques siecles , en prenant les
Reliques qu'on y possede pour celles de
S. Front de Perigueux , et en chantant en
son honneur un Office entierement tiré
de la Legende fabuleuse du Périgord et
le chantant le 25. Octobre, jour auquel
on
MAR S. 1732. 475
on honore à Perigueux l'Apôtre de la
Ville ; c'est un exemple qui doit faire
beaucoup appréhender qu'il n'en soit demême de la Tradition de Neuilly , où
l'on prend pareillement l'Evêque de Perigueux pour Patron , comme s'il n'avoit
jamais existé qu'un S. Front , et que tout
dût retourner à l'augmentation du culte
de celui de Perigord.
Je suis en état d'en indiquer un autre
aux Habitans de Neuilly ; mais je prévois
qu'étant accoutumez à entendre raconter
par des Prédicateurs trop crédulés , toutes les fictions de la Legende si judicieu
sement rejettée de nos jours , ils au
ront de la peine à revenir de leurs
préjugez. Souvent le desir d'avoir un
Panégyrique propre pour un S. Patron ,
et d'en chanter un Office plenier , fait
qu'on donne , tête baissée , dans quantité
de fables qui fournissent une ample matiere aux Orateurs et aux Poëtes. J'avoie
qu'il n'est pas impossible qu'on ait eu à
Neully quelques Reliques d'un S. Front ,
mais il est plus vrai- semblable qu'on l'au
ra obtenue de l'Eglise de son nom à Cô
ne , que de celle de Perigueux. Quelques.
Connoisseurs en anciennes Forteresses
croyent que le Château de Cône et celui
de Neuilly, sont du même temps , com- me
476 MERCURE DE FRANCE
me étant également construits en forme
ronde dans un lieu aquatique , et flanquez de plusieurs Tours rondes ; de sorte
qu'ils nous fournissent par là matiere à
conjecturer qu'un certain Hugues , Seigneur dans le Pays du Maine , qui se rendit maître du Château de Cône au XII.
siecle , pourroit bien avoir aussi possedé
celui de Neuilly et avoir tiré de l'Eglise
de Cône de quoi faire un présent à celle
de cet autre Château. On sçait que les
anciens Seigneurs aimoient à enrichir
leurs Terres de ces précieux restes , qu'ils
regardoient , avec raison , comme des
trésors inestimables. Jean , Moine de Marmoutier , Auteur contemporain , parle
de ce Hugues le Manceau , et l'appelle
HugoCenomannicus. Comme donc il avoit
des Terres dans le Maine, et qu'il y a eu un
S. Front Solitaire en ces Pays-là , il semble qu'on pourroit avoir des vûës sur ce
Saint ; ou bien , s'il est faux que ce soit
dans le Diocèse du Mans que soit mort
un S. Hermite du nom de Front , et qu'il
soit decedé plutôt proche Cône sur Loire,
comme Nithard le laisse à penser en appellant ce lieu Sanctus- Fludnaldus , dès le
neuvième siècle , il résultera de- là que
c'est le transport d'une partie de ses ReLiques fait au Diocèse du Mans , qui y
aura
MARS. 17328 477 Y
aura établi son culte , et qui aura fait
croire qu'il y avoit vécu en Solitaire comme tant d'autres.
Quoiqu'il en soit , la Tradition étoit
autrefois à Orleans , que ses Reliques y
avoient passé, et on en celebroit encore
la memoire il n'y a pas plus de cent ans
dans l'Eglise de S. Benoît du Retour , où
il étoit représenté en habit de Religieux.
Ce que Symphorien Guyon , dans son
Histoire d'Orleans, (a) et Corvaisier, dans
celle des Evêques du Mans , (b) écrivent
sur un S. Gaud et un S. Frond , son Compagnon , qui au sortir du Monastere de
S. Memin proche Orleans , embrasserent
la vie Eremitique , est très - probable ,
mais leurs noms ne sont ni Gallus ni
Fronto. L'un avoit nom Godoaldus , -èt
l'autre Fludualdus. Le culte du premier
appellé Gaud , a éclaté à Yevre , sur les
confins des Diocèses d'Orleans et de Sens,
et il est marqué dans tous les anciens Calendriers et Martyrologes de Sens au 6.
Juin sous le nom de Godoaldus Confessor.
Celui du second a été celebre à Cône
plus qu'il n'est aujourd'hui ; on y voit
par d'anciens Manuscrits en Langue vulgaire , que son nom étoit écrit , non pas
Front , mais Frond, ce qui dénote un ori-
(a) Page 466. (b) Page 140
gine
478 MERCURE DE FRANCE
gine venant de Fludualdus , dont la premiere syllabe souffroit dans notre Langue le même changement qu'on a fait
ailleurs de Flocellus en Froncean.
Les deux Ecrivains que je viens de
nommer , quoique vivans avant que la
Critique fut au point qu'elle est de nos
jours , n'ont pas laissé de blâmer ceux
qui prenoient ce S. Frond Solitaire pour
l'Evêque de Perigueux , et ils ont soutenu qu'ils étoient fort differens. Guyon
assure que le Solitaire vivoit au sixième
siecle. Corvaisier ne craint pas de dire que
le Voyage et les Avantures de S. Front de
Perigueux sont plus fabuleuses que vraisemblables , et il se plaint après M. du
Bosquet , de l'ignorance ou de la negligence
des anciens Ecrivains , qui sans faire distinction des temps , confondent en une seule
Vie toutes les diverses actions de ceux qui
portoient un semblable nom. Il auroit pú
ajoûter que de-là est venue la méprise
par laquelle ceux qui avoient intention
d'honorer S. Front le Solitaire ou simple
Confesseur , lui ont choisi le 25. Octobre jour de la Mort de S. Front , Evêque de Perigueux. C'est ce qui est arrivé,
non seulement à Cône sur Loire , mais
encore au Diocèse du Mans , où ce saint
Hermite est l'un des Patrons de la Ville
et
MARS. 1732. 479
et du voisinage de Dom- Front en basse
Normandie , qui en a pris le nom , au
lieu de celui que cette Ville portoit auparavant , lequel paroîtroit aujourd'hui
ridicule , au moins en Latin. Je sçai encore qu'au Diocèse d'Amiens , dans le
voisinage de Roye , il y a un Village appellé Dom-Front , où l'on voit un Chef
de bois doré , qui contient des Reliques ,
auxquelles il y avoit concours le 25. Octobre , et cependant le Saint n'est représenté que comme Prêtre , et non comme
Evêque. Que sçais - je si on n'est pas dans
la même erreur à Suzemont au Diocèse
de Toul , où un S. Front est pareillement
Patron , suivant le Pouillé du Pere Benoit ?
+ La question seroit à present de démê
ler dans la Vie de l'Evêque de Perigueux,
ce qui a été emprunté des Actions du
S. Solitaire , dont le nom vulgaire se
trouve aujourd'hui limé de maniere à n'être pas pas different pour la prononciation ;
car il se peut faire enrore qu'on ait appliqué à notre Fludualdus , des actions de
S. Fronton de Nitrie ou d'Egypte. Je ne
me flatte donc pas d'apprendre à notre
Curieux du Pays Soissonnois , de quoi
faire une longue Legende de son Saint.
Ce n'est pas là ce qu'il demande , mais
seu
480 MERCURE DE FRANCE
seulement qu'on lui donne quelque chose
de moins décrié que ce qu'on a debité de
S. Front de Perigueux. Je suis fâché de
lui laisser ignorer les actions de notre
S. Confesseur ; mais si le Saint a été véritablement Solitaire , il n'est pas surprenant que sa vie ait été inconnue , et que
ce ne soient que les Miracles d'après sa
mort qui l'ayent rendu celebre , sans que
les Fideles ayent fait grande attention au
jour de son décès. Je croirois que la Fête
de S. Frond de Cône auroit été autrefois celebrée au mois d'Avril , le jour que
les Martyrologes marquent S. Fronton de
Nitrie , et que c'est encore en memoire
de ce culte que l'usage a resté d'honorer
S. Frond à Neuilly , l'un des Dimanches
d'après Pâques. Mais je n'ose encore rien
prononcer d'assuré là-dessus.
Ce que je puis ajoûter à cette Lettre
pour vous marquer que j'ai fait usage des
Livres du Perigord que vous m'avez envoyez , est que plus je lis ces nouveaux
Auteurs Perigourdins , tel qu'est le Livre du Pere du Ray , Récolet , et la Dissertation de M. de la Serre , cy-devant
Superieur du Seminaire de Perigueux, imprimée en 1728. plus je suis surpris de
leur attachement scrupuleux à des Histoires qui furent rejettées comme fausses
des
MARS. 1732. 481
ès l'onziéme siecle , et dont ils ne trou
veront des deffenseurs que parmi ceux à
qui on apprend dès la jeunesse à faire des
especes d'Actes de Foi sur la Tradition
de la Mission de S. Front par S. Pierre.
N'est-ce pas en effet vouloir renfermer
cette créance dans les limites du Diocèse
de Perigueux , que d'exiger qu'on regarde l'Eglise Chrétienne de Perigueux comme la plus ancienne des Gaules , et qu'on
croye que les Perigourdins ont été les
premiers appellez à la Foy avant les Habitans de Marseille , deLyon, de Vienne
&c? C'est ce que signifie clairement cette
exclamation qui termine un abregé de la
Vie de S. Front , imprimé à Perigueux
L'an 1728. en forme de Meditation : Quel
sujet n'avons-nous point de louer Dien !
Quelle reconnoissance ne devons-nous point
à son adorable Providence , de nous avoir
appellé les premiers à la Foy , et de nous
avoir donné un des Disciples de son Fils
N. S. J. C. pour établir dans ce lieu une
des premieres Eglises Chrétiennes ! La critique peut bien former contre nous toutes les
objections qu'elle voudra ; mais elle ne sera
pas capable de nous faire, abandonner notre
Tradition. La gloire que nous avons d'avoir été les premiers appellez à la Religion
Chrétienne est trop grande pour ne la pas conserver
482 MERCURE DE FRANCE
conserver très- cherement , et il faut esperer
que notre Saint conservera par sa protec- "
tion auprès de Dieu , l'Eglise qu'il a formée avec tant de travaux. Quelle seroit notre
ingratitude , ô mon Dieu , si nous étions capables d'oublier la preference que vous nous
avez donnée surtant d'autres Provinces qui
paroissent plus considerables ! Mais quelle
seroit notre lâcheté , si nous abandonnions
une Tradition si honorable et reconnuë par
tous les Martyrologes anciens et nouveaux !
Il est fâcheux qu'on n'ait pas inspiré
il y a trente-cinq ans au Clergé de Paris
de pareilles résolutions pour empêcher
qu'on n'abandonnât l'opinion de l'Aréopagisme du premier Evêque de cette Ville.
Je doute fort que le sçavant Pere Sirmond , Jesuite , eût pû tenir son sérieux,
s'il avoit vû une matiere de cette nature
mise en style de Méditation sur l'article
de S. Denis de Paris , et en apostrophant
la divine Majesté et la souveraine Verité ,
lui citer les Martyrologes avec les Aréopagitiques d'Hilduin. Čar enfin ( n'en déplaise à l'Auteur Perigourdin ) il falloit
donc en parlant à celui qui connoît
tout, faire exception du plus ancien des
Martyrologes , qui est celui qu'on appelle de S. Jerôme , et n'y pas compren
dre les deux plus nouveaux, qui sont
و
celui
MARS. 1732 483
celui de l'illustre M. Chastelain , imprimé
en 1709. et celui de l'Eglise de Paris ,
publié en 1727. Outre que les deux
crochets marquez par M. Chastelain , pour
exclure du Texte du Martyrologe de Baronius , la Mission de S. Front par Saint
Pierre , signifient qu'il n'y ajoûtoit aucune créance , je vous ferai encore part
de cet Anecdote en finissant. Cet excellent Connoisseur avoit vû bien des milliers de Legendes de Saints , il en avoit
trouvé de fausses , de douteuses , de falsifiées ; mais il a écrit de sa propre main
à la marge d'un exemplaire du Martyrologe Romain au 25. Octobre, que les
Actes de S. Front , Evêque de Perigueux,
sont de tous ceux qu'il a jamais vûs
les plus mal-adroitement inventez , puisqu'on y met un Duc de Lorraine du
temps de Neron. S'il avoue dans son
premier Bimestre imprimé , que Bollandus croyoit S. Front du premier siecle; (a)
il ajoûte aussi- tôt que ce Jesuite n'avoit
pas encore démêlé les anciennes Traditions d'avec celle des moyens siecles.
comme ont excellemment fait depuis luí
Henschenius , Papebroc , Janning , et
Cardon , ses Associez ou ses Successeurs.
Ce sçavant Chanoine a' encore laissé par
(2) Au 2. Janvier , page 43.
D écrit
484 MERCURE DE FRANCE
écrit un trait tout singulier qui revient
à S. Front de Perigueux. C'est en parlant
de S. Fronton de Nitrie , qui mourut
sous l'Empereur Gratien, Il marque qu'un
Auteur appellé Lezana , en fait un Carme
ce que font aussi Coria et d'autres de cet
Ordre ; que l'un de ces Ecrivains assure
sérieusement que ce S. Fronton a été Disciple de S. Jean-Baptiste, et troisiéme General des Carmes ; et qu'après avoir bâti
la premierede toutes les Eglises de laVierge, il a été fait Evêque de Perigueux, puis
est allé demeurer au Desert de Nitrie , et
est mort âgé de cent trente et un an , l'an
de Notre-Seigneur 153. S'il y avoit des
Carmes à Perigueux , ils prendroient sans
doute part à ce petit trait d'Histoire, qui
paroît les affilier en quelque sorte au
•Clergé de ce Diocèse. Mais en voilà assez
sur cette matiere , et peut- être plus que le
Curieux de Soissons n'en demande. Je
suis , &c.
Ce 12. Decembre 1731 .
Fermer
Résumé : REPONSE à la Lettre écrite de Soissons, sur Saint Front, inserée dans le Mercure d'Avril 1731.
Le texte est une réponse à une lettre publiée dans le Mercure d'Avril 1731, visant à clarifier les informations concernant Saint Front et la ville de Neuilly-Saint-Front. L'auteur reconnaît les difficultés à distinguer la vérité parmi les légendes et les obscurités. Il corrige d'abord une erreur en affirmant que Neuilly-Saint-Front est une petite ville située à six lieues de Soissons, et non un village. Neuilly-Saint-Front est décrite comme une ville bien structurée avec deux paroisses : Saint Front et Saint Kemy. L'église Saint Front, dont la partie orientale date du treizième siècle, est située dans un château fortifié. La ville est habitée par des marchands et des artisans, et les habitants considèrent Saint Front comme leur patron et l'Apôtre de la ville, célébrant sa fête le 25 octobre. Le texte mentionne également une église dédiée à Saint Front à Cône-sur-Loire, où les reliques sont conservées depuis plusieurs siècles. L'auteur conteste l'idée que ces reliques appartiennent à Saint Front de Périgueux, en se basant sur des preuves historiques et des visites épiscopales. Il suggère que les reliques de Neuilly pourraient provenir de l'église de Cône, et non de Périgueux. L'auteur souligne les erreurs et les légendes entourant la figure de Saint Front, et invite les habitants de Neuilly à reconsiderer leurs croyances à la lumière des faits historiques. Le texte traite également de la confusion entre Saint Front, évêque de Périgueux, et Saint Frond, un ermite. Les deux saints ont des cultes distincts mais sont souvent confondus. Saint Front est célébré le 25 octobre, mais ses actions et miracles sont parfois attribués à Saint Frond. Les écrits de Symphorien Guyon et Corvaisier distinguent les deux saints, précisant que Saint Frond, également appelé Fludualdus, vivait au sixième siècle et n'était pas l'évêque de Périgueux. Le culte de Saint Frond est célébré à Cône-sur-Loire et dans d'autres régions comme le Diocèse du Mans et celui d'Amiens. Les auteurs anciens reconnaissent la distinction entre les deux saints, soulignant l'importance de la critique historique pour démêler les faits. Les auteurs perigourdins, malgré les critiques, restent attachés à la tradition locale selon laquelle Saint Front aurait été le premier évêque de Périgueux et un disciple de Saint Pierre. Cette tradition est défendue avec ferveur, même face aux objections historiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
361
p. 508-525
Recueil de Pieces d'Histoire et de Litterature, &c. [titre d'après la table]
Début :
RECUEIL de Pieces. d'Histoire et de Litterature, Tome 1. [...]
Mots clefs :
Recueil, Histoire, Littérature, Mahomet, Temps, France, Mecque, Trésor
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Recueil de Pieces d'Histoire et de Litterature, &c. [titre d'après la table]
RECUEIL de Pieces. d'Histoire et de
Litterature , Tome 1. vol. in 12. de 224.
pages , sans les Préfaces. A Paris , chez
Chaubert , à l'entrée du Quay des Augustins , du côté du Pont S. Michel , 1731. ~
L'Auteur de ce Recueil s'est proposé
comme il le dit dans sa Préface , de plaire
à l'esprit et de l'orner des connoissances
solides ; on peut dire qu'il a réussi dans
ce premier volume , et qu'il tient plus
qu'il ne nous a promis. Il paroît trèsmodeste surson article et même sur celui
de
MARS. 1732. 509.
de la Nation Françoise , à laquelle il préfere les Anglois pour le goût et les in-1
clinations , selon la coûtume d'un certain cercle de personnes qui prennent aujourd'hui à tâche de proner les grandes ,
perfections de la Nation Angloise , aux:
dépens même de la leur , et qui rabaise
sent souvent leur Patrie pour donner à
la Nation Britannique plus de lustre et
de réputation qu'il ne lui enest legitime,
ment dû.
Ce Volume contient les Pieces suivan- ,
tes , toutes ayant leur mérite. Lettre de
M. D...à un de ses amis , sur la nouvelle Edition des Oeuvres de M. l'Abbé.
de S. Real , servant de Préface à la premiere Piece de ce Recueil.
Panegyrique de la Régence de Madame
Royale Marie J. B. de Savoye.
Refléxions nouvelles de M. de la R.
Histoire du Mahometisme.
Remarques sur l'administration des Fi
nances des Romains , traduites de l'Anglois.
Dissertation touchant la part qu'eut
le Pape. Zacharie à la déposition de Chil- deric.
Dissertation , si la grandeur temporelle de l'Eglise n'est point contraire à la
Loy de Dieu , et aux maximes des temps
Apostoliques. Eij Da
o MERCURE DE FRANCE
De la maniere de compter par siecles.
Du commencement et de la fin de chaque
siecle.
Nous ne donnerons aucun Extrait des.
deux premieres Pieces de ce Recueil
nous dirons seulement que le Panegyrique est une fort belle Piece , dont le sujet est traité avec beaucoup d'éloquence.
Les Refléxions diverses qui suivent
cette Piece , sont neuves et délicates.
Elles regardent la confiance , la difference
des esprits , les goûts , la societé , la conversation , le faux , l'air et les manieres.
Nous renvoyons encore au Recueil même
ceux qui en voudront connoître la solidiré et la justesse.
Nous passerons à l'Histoire du Mahometisme , qui est une des Pieces de ce
Recueil ; il paroît d'abord que cette Histoire doive être considerable. Elle l'est en
effet , mais moins par son étenduë que
par la maniere dont elle est traitée. Elle
est divisée en trois Parties. La premiere
est employée à l'Histoire de Mahomet er
de sa Secte. La seconde rapporte les Fables principales que des Auteurs mal informez ont debitées sur Mahomet. L'Auteur réfute en peu de mots dans la troisiéme les principes de cette fausse Religion,Donnons quelque idée de cette Histoire.
MAR-S; 1732 Sar
L'Auteur a puisé les circonstances qu'il
rapporte dans son Discours , dans les
meilleurs Auteurs Mahométan's dans
Abulfeda , Elmacin , Abuljacer , et autres.
Il s'est servi aussi des sçavans Chrétiens
qui ont écrit sur l'Histoire Orientale ,
tels qu'Abulfarage , qu'on peut mettre
de ce nombre, puisqu'il embrassa le Christianisme avant que de mourir , les sçavans Maronites , Gabriël Sionita , Jean
Hesronita , et Abraham Ecchellensis , le
F. Maracci , Hottinger , d'Herbelot , que
Imprimeur nomme Berthelot , et autres.
Mahomet pâquit à la Mecque, Ville
d'Arabie , dans le temps que l'Eglise
Orientale,aussi-bien que l'Empire,étoient
agitez par un très grand nombre de Sectes
et de divisions. Ses parens étoient d'une
naissance illustre parmi les Arabes , mais
pauvres. Il fut orphelin de pere et de
mere à 7. ans. Son oncle l'éleva au commerce des Syriens ; et à l'âge de 28. aps
il épousa une veuve jaune et riche , dont'
il avoit conduit en Syrie pendant trois
ans les Marchandises qu'elle y envoyoit.
Il se vit par un Mariage si avantageux
en état de faire valoir les grandes qualitez de son esprit, sa bravoure dans les
dangers , sa fermeté , sa pénetration et
ses manieres affables et complaisantes. Il
étoit
i
E iij
312 MERCURE DE FRANCE
pour
étoit naturellement éloquent , et il se serIvit bien dans la suite de ce talent. Il
contrefit dès l'année 606. de J. C. l'homme rêveur et contemplatif , et fit passer
des révelations et des communications avec l'Ange Gabriël , les attaques
du mal caduc , dont il étoit agité assez
souvent. Il s'appliqua de bonne heure à
réunir les trois Religions qui regnoient
en Arabie , la Chrétienne , la Juive et
l'ancienne des Arabes.
La Religion Chrétienne étoit plutôt alors une confusion de Sectes et de superstitions , qu'une Religion. Les Juifs et
les Ismaëlites paroissoient pouvoir être
aisément réunis , puisque les uns et les
autres reconnoissoient Abraham pour leur
"Pere commun. Enfin les Arabes étoient
presque tous Idolâtres et adoroient les
Astres dans leur fameux Temple de la
Mecque , qu'ils croyoient ( comme ils le
croyent encore fort abusivement ) plus.
ancien que celui de Salomon.
Mahomet pour profiter de ces divisions.
et pour réunir toutes ces Sectes en une
seule , pose pour principal fondement
qu'il n'y a qu'un Dieu digne de nos adorations ; ce principe établi avec les Chrétiens et avec les Juifs , il tâche d'y amener aussi les Ismaëlites ou les Arabes , en
les:
MARS. 17320 Sis
.
les faisant souvenir qu'ils sont Enfans d'Abraham , et qu'Abraham n'a jamais adoré
qu'un seul Dieu. Il soutient en faveur
des Juifs , qu'il n'y a point de Trinité
queDieu n'a point de fils et qu'il ne s'est
point incarné , ce qui réunissoit encore
plusieurs Sectes, Nestoriens, Ariens et autres. Il dit avec les Chrétiens , que la
Loi de Dieu , qui avoit été confiée aux
Juifs , ayant été corrompue par eux , if
falloit que Dieu suscitât un autre Prophete plus excellent que les autres. Il
avoue que c'est J. C. qu'il est né d'une
Vierge , qu'il est le Verbe de Dieu , que les
Juifs l'ont voulu crucifier , mais qu'il fut
: enlevé dans le Ciel, et que les Juifs ne
-crucifierent que sa Figure , ce qui étoit
Pheresie des Ebionites. Enfin après avoir
déclaré ces trois Religions insuffisantes ,
il ajoûte en sa faveur que le temps dư
Consolateur promis par J. C. est arrivé ,
: et que la promesse s'accomplit en sa pro
-pre personne. Il accompagna tout cela
de fables qui avoient quelques fondemens dans l'Histoire Sainte , ou qu'il tiroit des Histoires apocriphes , et des
Traditions populaires , mais dont les Arabes ne pouvoient reconnoître la fausseté,
tant leur ignorance étoit grossiere. De
temps-en-temps Mahomet faisoit descenÈ iiij dre
514 MERCURE DE FRANCE
dre du Ciel quelques Cahiers qu'il composoit selon les conjectures où il se trouvoit. On les recueillit après sa mort , et
c'est ce qu'on appelle Alcoran. * Et comme il faut quelqu'exterieur dans une Religion , il ordonna le Jeûne de Ramadan,
il laissa la Circoncision qui étoit en usage en Arabie , et établit des Fêtes , des
Pelerinages , des purifications et d'autres
ceremonies tirées du Christianisme , du
Judaisme et de la pratique ordinaire de
la Nation Arabe.
Il fut cependant 12. ou 13. ans suivi
d'un très-petit nombre de Disciples. La
14. année près de 80. Disciples se joignirent aux premiers , ce qui fit du bruit
dans la Mecque. Les Magistrats en craignirent quelqu'émotion et le chasserent
de la Ville. C'est à cette année de la fuite
de Mahomet , qu'il se réfugia à Medine ,
que commence la celebre Epoque des Mahométans , qu'ils nomment Hegire , c'està-dire Fuite, ce fut Omar oncle de Mahomet, qui 17 ans après cette fuite l'érigea
solemnellement en Epoque et la fitinserer
dans tous les Actes publics. Elle tombe
aur 22. Juillet de l'année 622. de J. C.
Peu de temps après cette fuite , Ma-
* Aloran , composé de deux mots Arabes , signifie l'Ecriture par excellence.
homet
MARS. 1732. SI5
homet eut recours à l'épée , qui lui réüssit encore mieux que la parole. Un Ca
hier descendit du Ciel , qui lui ordonna
d'exterminer tous ceux qui ne suivroient
pas sa doctrine. Les Historiens comptent
12. Batailles qu'il a gagnées pendant sa
vie. Enfin il assiegea la Mecque , à la
tête de 10000. hommes , s'en rendit le
maître et fit passer par le fil de l'épée
tous ceux qui ne se soumirent pas à la
doctrine de l'Alcoran. Voilà en peu de
mots l'Histoire de ce celebre Imposteur.
Il eut , selon quelques- uns , 17. femmes ,
selon d'autres , 21. mais il n'en eut point
d'enfans mâles. Il mourut âgé de 63. ans
dans la 11 année de l'Hegire , et fut enterré à Médine , lieu de sa retraite.
Les fables que l'auteur du Discours historique réfute sont les Miracles que l'on
supose avoir été faits par Mahomet, soit en
naissant , soit dans le cours de sa prétendue Mission . C'est une suite de ces fables
de dire que le Temple de la Mecque ait été bâti en l'honneur de Mahomet. De
son temps même on croyoit que ce Temple subsistoit depuis Abraham, outre que les Mahométans n'y vont que pour adorer Dieu. La suspension en l'air du Tom-- beau de Mahomet est encore une fable ,
mais il ne faut pas la mettre sur le compte
Ev dess
2
16 MERCURE DE FRANCE
des Mahometans , qui la rejettent absoJument. Autre fable, que ce que quelquesuns ont écrit que Mahomet fut choisi
pour le Chef de ceux qui se révolterent
contre Heraclius , et qu'il alla au-devant
de cet Empereur lorsqu'il revenoit de:
Perse. Jamais Mahomet n'a yû Heraclius.
ni n'a combattu contre lui.
Les Villes d'Arabie , ajoûte l'Auteur,
étoient alors régies comme des Républiques ;.
le Cherif, c'est- à- dire , Senior , commandoit:
et l'on n'y avoit nul rapport avec l'Empe-·
reur. Ici notre Auteur nous permettra de
ne pas adopter son Explication du nom de:
Cherif. Ce terme Arabe ne signifie nulle-
-mentSenior Pancien,mais il signifieNoble,
nom qui ne se donne qu'aux Descendans
de Mahomet par Ali , son gendre et par
sa fille Fathime , parce que ceux- là sont
censez de la plus haute naissance qui appartiennent à cette Branche de la Race de
leur Prophete. C'est le seul titre dont le Prince de la Mecque se pare , ainsi que
celui de Medine ; les Rois de Maroc se
font aussi une gloire de porter ce nom ,
regardant comme un des plus beaux ti- tres de noblesse de descendre de MahoLes Arabes expriment ce terme par Scheik ,
qui signifie aussi un Gouverneur , un Chef, uns
Docteur, &c..
met
MARS. 17321 517
4
met par Fathime. Il y a en cet endroit
une autre méprise ; car quoiqu'il soit vrai
que Cherif signifie Noble , et qu'il semble que les Nobles du Pays ayent dû le
gouverner , nous ne voyons cependant
pas que les Villes d'Arabie , à l'exception des deux qu'on vient de nommer
ayent été gouvernées par des Cherifs.
C'est encore une fable de dire que Mahomet ait pris Damas. Fable que son corps
ait été mangé par les chiens. Une autre
fable adoptée par Constantin Porphyrogenete , par Euthymius , Cedrene et autres , c'est d'attribuer aux Mahometans
le culte de Lucifer , de Venus ou de la
-Lune , en leur faisant dire , Alla , oita
Kubar , Deus et Luna seu magna ; au lieu
de Alla ou Akubar, ô Deus maximus
qui sont les premieres paroles qu'on crie
du haut des Mosquées , &c.
oйa
Nous ne suivrons point l'Auteur dans
l'examen , concis à la verité , mais bien
touché, qu'il fait de la Doctrine de Mahomet; il ruine en peu de mots beaucoup
de ses principes. Ce court examen pour--
roit servir de plan à une réfutation com
plette du Mahométisme. Passons à la V.
Piece de ce Recueil , qui contient des Remarques traduites de l'Anglois sur l'administration des Finances des Romains.
En Voici le précis Evi fuc
18 MERCURE DE FRANCE
L'Histoire fournit aux Rois des lumie
res pour soutenir leurs Etats dans la splendeur , en profitant des maximes qui ont
contribué à la grandeur des Empires , et
en évitant ce qui a causé leur décadence.
Rome fut redevable de sa puissance à
une sage dispensation de ses revenus ;
leur dissipation entraîna sa ruine.
y
Valerius-Publicola fut le premier qui
ordonna que le revenu appartenant à la
République seroit déposé dans le Temple
de Saturne , afin que la sainteté du licu
rendît ce dépôt encore plus sacré ; il
avoit deux Trésors ; l'un destiné aux besoins journaliers de la République , l'autre aux pressantes nécessitez. On portoit
dans le premier les Tributs et les Impôts
ordinaires , et dans l'autre l'or de l'Impôt
du vingtiéme sur les Esclaves ; on l'appelloit pour ce sujet Aurum vicesimarium.
Pendant quelques siecles la République
n'eut pas besoin d'argent ; ce ne fut qu'au
Siege de Veïes 350. ans après la fondation de Rome , que les Troupes commeacerent à recevoir une solde. Les Romains
persuadez que rien n'étoit plus important que de ne point surcharger le Peuple d'Impôts et d'avoir un fonds capable de maintenir l'Etat en temps, de guerte
et de paix , firent porter dans le Trésor
public
MARS. 1732 $39
public toutes les richesses qu'ils emportoient par leurs victoires. Ainsi les richesses de Carthage , de Sicile , des Villes de
Macédoine , d'Asie et des autres Provinces conquises , furent déposées par les
Generaux dans le Temple de Saturne
avec un désinteressement admirable , qui
duroit encore quelque temps après la
derniere guerte punique.
›
Dans le siecle suivant cette integrité
fut alterée , mais ce ne fut jamais que
par des ambitieux qui tramoient la servitude et la ruine de la République. Ce
pendant le Trésor public ne laissoit pas
d'être enrichi continuellement par les richesses immenses que la République tiroit de ceux de qui elle triomphoit. Scipion l'Africain fit payer aux Carthaginois
30. millions de livres dans l'espace de 50.
ans , et il obligea le Roi Antiochus en lui
accordant la paix , de payer à la Répablique 24.. millions. Titus Q. Flaminius
Coptraignit Philippe , Roi de Macedoine,
de donner à la Rep. 3. millions ; il n'accorda la Paix à Nabis , Tyran de Sparte .
qu'en exigeant de lui près d'un million.
Il ajoûta encore aux sommes immenses
dont il avoit déja enrichi le Trésor , six
cent quarante millions de livres en lingots d'argent ; 79. millions quatre cens
-
cin-
* 20 MERCURE DE FRANCE
· "
cinquante- deux mille livrés en monnoye
d'argent , et deux millions quatre cent
vingt mille livres en Pieces d'or. On peut
encore voir d'autres exemples de ce désinteressement des Generaux Romains
dans ces Remarques.
C'est donc par cette conduite des Ro-
'mains à l'égard de ceux dont ils triomphoient et par l'integrité et le desinteressement de ces grands Hommes que Rome s'est élevée si haut et qu'elle s'est soutenuë si long- temps. Car il n'est pas pos.
sible qu'un Etat puisse soutenir de lonque ques guerres sans autre fonds celui
de son propre revenu. En effet tant que
les Romains ne perdirent point de vûë
ce systême, ils furent heureux dans leurs
Expeditions. Auguste laissa des sommes
si considerables dans le Trésor public ,
qu'on les fait monter jusqu'à 202 , millions de notre monnoye. Aussi , remarque l'Auteur Anglois , avoit- il une qualité qui ne manque jamais d'enrichir un
Prince , c'étoit d'examiner avec soin les
comptes publics. Mais Caligula dépensa
ses immenses richesses en moins d'un an
au rapport de Suetone. L'Auteur prouve
ensuite que le salut de l'Etat dépend de
- Padministration des Finances , et que la
prodigalité des Princes, et leur inatter- tion
MARS. 1732. JA
tion à veiller sur l'usage et l'emploi de
feurs richesses , en entraînent la dissipa-`
tion et peu à peu la ruine de leurs Etats.
Il fait ensuite remarquer que la cruauté
de plusieurs Empereurs de Rome n'est
venuë que des necessitez ausquelles leur
prodigalité les avoit réduits , qu'ils n'étoient pas cruels d'abord, et que ce n'a été
qu'une suite de leur inattention à veiller
sur leurs Finances ; négligence qui les
contraignoit d'exiger des Peuples avec
dureté des Impôts multipliez et à les
vexer en mille manieres ; funestes fruits
des conseils pernicieux de leurs Courti
sans qui ne manquoient pas de leur inspirer du dégoût et de l'éloignement pour
les affaires et sur tout pour celles qui regardent les Finances.
L'Empereur Caracalla fut le premier
qui altera les Monnoyes et qui donna des pieces d'étain et de cuivre pour des
pieces d'or et d'argent , sur quoi on peut
remarquer en general que durant la décadence de l'Empire les Monnoyes furent
fortalterées , la necessité poussant le Prin
ce à donner aux Especes une plus grande valeur à proportion de leur rareté 35
d'où l'on peut conclure avec l'Auteur
des Remarques , que les Especes sont comme le pouls d'un Etat ; , s'il bat irréguliere-- ment
522 MERCURE DE FRANCE
rement , onjuge par ce symptome que le corps
politique est attaqué de quelque maladie
dangereuse ; que si le Prince se trouve obligé
d'affaiblir les Especes , c'est un indice qu'on
commence à les faire sortir du Royaume ; s'il
est dans la nécessité de substituer quelqu'autre
matiereà l'or et àl'argent, comme fit Caracalla , on peut inferer de- là qu'unegrande par
tie de l'argent en est déja sortie que s'il ar
rive que les Especes soient entierement enlevées on universellement alterées comme
cela se fit dans la décadence de l'Empire Remain , on en peut augurer la raine prochaine
de l'Etat. On trouve dans cette Piece un
grand nombre de traits curieux que les bornes d'un Extrait ne nous permettent
pas de rapporter. Nou ne dirons rien des
deux Dissertations qui suivent sur la déposition de Childeric e sur la compatibilité de la grandeur temporelle avec la
puissance spirituelle ; ces deux Pieces sont
P'une et l'autre remplies de choses Cu
rieuses et qui se font lire avec plaisir.
La derniere Piece de ce Recueil regarde une dispute qui s'éleva vers la fin du
dernier siecle ; les uns prétendoient que
Pannée 1700. devoit commencer le sie--
cle suivant , desorte que du même moment que l'on pouvoit compter 1700. la :
centiéme année devoit être accomplie ,.
et
MARS. 1732. 5232
麵
et la premiere année du siecle suivant devoit commencer. Les autres sontenoient au contraire que l'année 1700.
devoit terminer le 17. siecle , mais de façon que ce ne pouvoit être qu'après da
révolution entiere de cette année que le
siecle suivant devoit commencer. L'Auteur de cette Dissertation embrassa alors.
cé dernier parti. Il fait voir dans cette
Piece que puisqu'on entend par un siecle
l'espace de cent ans , on ne compte le
siecle achevé ou révolu que lorsque la
centiéme année est révolue , comme un
homme à qui on devroit cent pistoles , ne
seroit pas content de 99. et de la ceatiéme commencée. Que l'on compte , ditil , les années , les mois , les semaines et
les jours de la même maniere qu'on dit
qu'il est Lundi , qu'il est le mois de Janvier , la premiere semaine de l'Avent du
Carême quoique Lundy ou le mois deJanvier ou la premiere semaine de l'Avent ne fassent que commencer.
,
Les anciens Actes disent communément le mois courant ou l'année courante.
Ainsi on comptoit déja une telle année
avant qu'elle fût achevée. Les Marchands
mettent en titre dans leurs Registres
Janvier ou Mars ou Avril , avant que
le premier jour de ces mois soit achevé.
Un
$24 MERCURE DE FRANCE
•
Un Sçavant met le 2. ou 3. ou 6. Livre
en composant son Ouvrage , dès qu'il
commence le 2. 3. ou6. Livre.Le Voyageur
dans ses Fournauxde Voyages,écrit la premiere , seconde , troisiéme journée , dès le
matin de chaque journée et si son voyage
a duré 15. jours et qu'il arrive le 16 à midi
dans une Ville , il dira qu'il est arrivé lat
16 journée , quoiqu'elle ne soit pas finie.
Les Historiens Ecclesiastiques mettent
dans la premiere année de l'Ere Chré
rienne plusieurs faits arrivez long-temps
avant la fin de cette premiere année , tels
que la Circoncision , l'Adoration des Ma-
-ges , la Fuite en Egypte , le Meurtre des
Innocens , &c. Les Rois dattent de la
premiere année de leur regne les Edits
qu'ils ont donnez pendant les 12. premiers mois. Dès que Jerusalem fut délivrée de la persecution d'Antiochuset
qu'il fut permis de battre de la monnoye,
on marqua cette Epoque ainsi : L'anpremier sous Simon , anno primo sub Simone.
F. Machab. 13. comme on le voit encore
dans plusieurs Médailles.
Dans le temps de la correction du
: Calendrier par Jules-Cesar l'an 709. de
Rome , dès le commencement de cette
Epoque en Janvier , on a compté l'an
premier. Cette année commença avec.
cle
4.
MARS. 1732. 525
Consulat de Jules-Cesar et de Lepide,
le Consulat duroit depuis Janvier jusqu'en Décembre. Ainsi puisqu'on comptoit les années courantes comme on comp
toit les Consulats , l'année se comptoit
aussi dès qu'elle commençoit , coinme
l'on comptoit le Consulat dès qu'il commençoit. Enfin dès le commencement de
l'Ere de Diocletien ou des Martyrs , que
les Chrétiens ont suivie , même pour dresser les Cicles Paschaux , jusqu'à- ce que
Denis le Petit ait fait succeder l'Ere de
l'Incarnation , on compta l'an 1. car elle
commença exactement avec le premier
jour du Regne de Diocletien. Aussi quand
S. Ambroise datte quelques faits par les
années de cette Ere , il dit toûjours l'am
depuis le premier jour du Regne de Diocletien. De tout celà il est aisé de conclure
que l'on a dû compter l'année 1700. dès
qu'elle a commencé, et par consequent que
le premier Janvier 1700. fut le premier
jour de la derniere année du XVII. secle
Litterature , Tome 1. vol. in 12. de 224.
pages , sans les Préfaces. A Paris , chez
Chaubert , à l'entrée du Quay des Augustins , du côté du Pont S. Michel , 1731. ~
L'Auteur de ce Recueil s'est proposé
comme il le dit dans sa Préface , de plaire
à l'esprit et de l'orner des connoissances
solides ; on peut dire qu'il a réussi dans
ce premier volume , et qu'il tient plus
qu'il ne nous a promis. Il paroît trèsmodeste surson article et même sur celui
de
MARS. 1732. 509.
de la Nation Françoise , à laquelle il préfere les Anglois pour le goût et les in-1
clinations , selon la coûtume d'un certain cercle de personnes qui prennent aujourd'hui à tâche de proner les grandes ,
perfections de la Nation Angloise , aux:
dépens même de la leur , et qui rabaise
sent souvent leur Patrie pour donner à
la Nation Britannique plus de lustre et
de réputation qu'il ne lui enest legitime,
ment dû.
Ce Volume contient les Pieces suivan- ,
tes , toutes ayant leur mérite. Lettre de
M. D...à un de ses amis , sur la nouvelle Edition des Oeuvres de M. l'Abbé.
de S. Real , servant de Préface à la premiere Piece de ce Recueil.
Panegyrique de la Régence de Madame
Royale Marie J. B. de Savoye.
Refléxions nouvelles de M. de la R.
Histoire du Mahometisme.
Remarques sur l'administration des Fi
nances des Romains , traduites de l'Anglois.
Dissertation touchant la part qu'eut
le Pape. Zacharie à la déposition de Chil- deric.
Dissertation , si la grandeur temporelle de l'Eglise n'est point contraire à la
Loy de Dieu , et aux maximes des temps
Apostoliques. Eij Da
o MERCURE DE FRANCE
De la maniere de compter par siecles.
Du commencement et de la fin de chaque
siecle.
Nous ne donnerons aucun Extrait des.
deux premieres Pieces de ce Recueil
nous dirons seulement que le Panegyrique est une fort belle Piece , dont le sujet est traité avec beaucoup d'éloquence.
Les Refléxions diverses qui suivent
cette Piece , sont neuves et délicates.
Elles regardent la confiance , la difference
des esprits , les goûts , la societé , la conversation , le faux , l'air et les manieres.
Nous renvoyons encore au Recueil même
ceux qui en voudront connoître la solidiré et la justesse.
Nous passerons à l'Histoire du Mahometisme , qui est une des Pieces de ce
Recueil ; il paroît d'abord que cette Histoire doive être considerable. Elle l'est en
effet , mais moins par son étenduë que
par la maniere dont elle est traitée. Elle
est divisée en trois Parties. La premiere
est employée à l'Histoire de Mahomet er
de sa Secte. La seconde rapporte les Fables principales que des Auteurs mal informez ont debitées sur Mahomet. L'Auteur réfute en peu de mots dans la troisiéme les principes de cette fausse Religion,Donnons quelque idée de cette Histoire.
MAR-S; 1732 Sar
L'Auteur a puisé les circonstances qu'il
rapporte dans son Discours , dans les
meilleurs Auteurs Mahométan's dans
Abulfeda , Elmacin , Abuljacer , et autres.
Il s'est servi aussi des sçavans Chrétiens
qui ont écrit sur l'Histoire Orientale ,
tels qu'Abulfarage , qu'on peut mettre
de ce nombre, puisqu'il embrassa le Christianisme avant que de mourir , les sçavans Maronites , Gabriël Sionita , Jean
Hesronita , et Abraham Ecchellensis , le
F. Maracci , Hottinger , d'Herbelot , que
Imprimeur nomme Berthelot , et autres.
Mahomet pâquit à la Mecque, Ville
d'Arabie , dans le temps que l'Eglise
Orientale,aussi-bien que l'Empire,étoient
agitez par un très grand nombre de Sectes
et de divisions. Ses parens étoient d'une
naissance illustre parmi les Arabes , mais
pauvres. Il fut orphelin de pere et de
mere à 7. ans. Son oncle l'éleva au commerce des Syriens ; et à l'âge de 28. aps
il épousa une veuve jaune et riche , dont'
il avoit conduit en Syrie pendant trois
ans les Marchandises qu'elle y envoyoit.
Il se vit par un Mariage si avantageux
en état de faire valoir les grandes qualitez de son esprit, sa bravoure dans les
dangers , sa fermeté , sa pénetration et
ses manieres affables et complaisantes. Il
étoit
i
E iij
312 MERCURE DE FRANCE
pour
étoit naturellement éloquent , et il se serIvit bien dans la suite de ce talent. Il
contrefit dès l'année 606. de J. C. l'homme rêveur et contemplatif , et fit passer
des révelations et des communications avec l'Ange Gabriël , les attaques
du mal caduc , dont il étoit agité assez
souvent. Il s'appliqua de bonne heure à
réunir les trois Religions qui regnoient
en Arabie , la Chrétienne , la Juive et
l'ancienne des Arabes.
La Religion Chrétienne étoit plutôt alors une confusion de Sectes et de superstitions , qu'une Religion. Les Juifs et
les Ismaëlites paroissoient pouvoir être
aisément réunis , puisque les uns et les
autres reconnoissoient Abraham pour leur
"Pere commun. Enfin les Arabes étoient
presque tous Idolâtres et adoroient les
Astres dans leur fameux Temple de la
Mecque , qu'ils croyoient ( comme ils le
croyent encore fort abusivement ) plus.
ancien que celui de Salomon.
Mahomet pour profiter de ces divisions.
et pour réunir toutes ces Sectes en une
seule , pose pour principal fondement
qu'il n'y a qu'un Dieu digne de nos adorations ; ce principe établi avec les Chrétiens et avec les Juifs , il tâche d'y amener aussi les Ismaëlites ou les Arabes , en
les:
MARS. 17320 Sis
.
les faisant souvenir qu'ils sont Enfans d'Abraham , et qu'Abraham n'a jamais adoré
qu'un seul Dieu. Il soutient en faveur
des Juifs , qu'il n'y a point de Trinité
queDieu n'a point de fils et qu'il ne s'est
point incarné , ce qui réunissoit encore
plusieurs Sectes, Nestoriens, Ariens et autres. Il dit avec les Chrétiens , que la
Loi de Dieu , qui avoit été confiée aux
Juifs , ayant été corrompue par eux , if
falloit que Dieu suscitât un autre Prophete plus excellent que les autres. Il
avoue que c'est J. C. qu'il est né d'une
Vierge , qu'il est le Verbe de Dieu , que les
Juifs l'ont voulu crucifier , mais qu'il fut
: enlevé dans le Ciel, et que les Juifs ne
-crucifierent que sa Figure , ce qui étoit
Pheresie des Ebionites. Enfin après avoir
déclaré ces trois Religions insuffisantes ,
il ajoûte en sa faveur que le temps dư
Consolateur promis par J. C. est arrivé ,
: et que la promesse s'accomplit en sa pro
-pre personne. Il accompagna tout cela
de fables qui avoient quelques fondemens dans l'Histoire Sainte , ou qu'il tiroit des Histoires apocriphes , et des
Traditions populaires , mais dont les Arabes ne pouvoient reconnoître la fausseté,
tant leur ignorance étoit grossiere. De
temps-en-temps Mahomet faisoit descenÈ iiij dre
514 MERCURE DE FRANCE
dre du Ciel quelques Cahiers qu'il composoit selon les conjectures où il se trouvoit. On les recueillit après sa mort , et
c'est ce qu'on appelle Alcoran. * Et comme il faut quelqu'exterieur dans une Religion , il ordonna le Jeûne de Ramadan,
il laissa la Circoncision qui étoit en usage en Arabie , et établit des Fêtes , des
Pelerinages , des purifications et d'autres
ceremonies tirées du Christianisme , du
Judaisme et de la pratique ordinaire de
la Nation Arabe.
Il fut cependant 12. ou 13. ans suivi
d'un très-petit nombre de Disciples. La
14. année près de 80. Disciples se joignirent aux premiers , ce qui fit du bruit
dans la Mecque. Les Magistrats en craignirent quelqu'émotion et le chasserent
de la Ville. C'est à cette année de la fuite
de Mahomet , qu'il se réfugia à Medine ,
que commence la celebre Epoque des Mahométans , qu'ils nomment Hegire , c'està-dire Fuite, ce fut Omar oncle de Mahomet, qui 17 ans après cette fuite l'érigea
solemnellement en Epoque et la fitinserer
dans tous les Actes publics. Elle tombe
aur 22. Juillet de l'année 622. de J. C.
Peu de temps après cette fuite , Ma-
* Aloran , composé de deux mots Arabes , signifie l'Ecriture par excellence.
homet
MARS. 1732. SI5
homet eut recours à l'épée , qui lui réüssit encore mieux que la parole. Un Ca
hier descendit du Ciel , qui lui ordonna
d'exterminer tous ceux qui ne suivroient
pas sa doctrine. Les Historiens comptent
12. Batailles qu'il a gagnées pendant sa
vie. Enfin il assiegea la Mecque , à la
tête de 10000. hommes , s'en rendit le
maître et fit passer par le fil de l'épée
tous ceux qui ne se soumirent pas à la
doctrine de l'Alcoran. Voilà en peu de
mots l'Histoire de ce celebre Imposteur.
Il eut , selon quelques- uns , 17. femmes ,
selon d'autres , 21. mais il n'en eut point
d'enfans mâles. Il mourut âgé de 63. ans
dans la 11 année de l'Hegire , et fut enterré à Médine , lieu de sa retraite.
Les fables que l'auteur du Discours historique réfute sont les Miracles que l'on
supose avoir été faits par Mahomet, soit en
naissant , soit dans le cours de sa prétendue Mission . C'est une suite de ces fables
de dire que le Temple de la Mecque ait été bâti en l'honneur de Mahomet. De
son temps même on croyoit que ce Temple subsistoit depuis Abraham, outre que les Mahométans n'y vont que pour adorer Dieu. La suspension en l'air du Tom-- beau de Mahomet est encore une fable ,
mais il ne faut pas la mettre sur le compte
Ev dess
2
16 MERCURE DE FRANCE
des Mahometans , qui la rejettent absoJument. Autre fable, que ce que quelquesuns ont écrit que Mahomet fut choisi
pour le Chef de ceux qui se révolterent
contre Heraclius , et qu'il alla au-devant
de cet Empereur lorsqu'il revenoit de:
Perse. Jamais Mahomet n'a yû Heraclius.
ni n'a combattu contre lui.
Les Villes d'Arabie , ajoûte l'Auteur,
étoient alors régies comme des Républiques ;.
le Cherif, c'est- à- dire , Senior , commandoit:
et l'on n'y avoit nul rapport avec l'Empe-·
reur. Ici notre Auteur nous permettra de
ne pas adopter son Explication du nom de:
Cherif. Ce terme Arabe ne signifie nulle-
-mentSenior Pancien,mais il signifieNoble,
nom qui ne se donne qu'aux Descendans
de Mahomet par Ali , son gendre et par
sa fille Fathime , parce que ceux- là sont
censez de la plus haute naissance qui appartiennent à cette Branche de la Race de
leur Prophete. C'est le seul titre dont le Prince de la Mecque se pare , ainsi que
celui de Medine ; les Rois de Maroc se
font aussi une gloire de porter ce nom ,
regardant comme un des plus beaux ti- tres de noblesse de descendre de MahoLes Arabes expriment ce terme par Scheik ,
qui signifie aussi un Gouverneur , un Chef, uns
Docteur, &c..
met
MARS. 17321 517
4
met par Fathime. Il y a en cet endroit
une autre méprise ; car quoiqu'il soit vrai
que Cherif signifie Noble , et qu'il semble que les Nobles du Pays ayent dû le
gouverner , nous ne voyons cependant
pas que les Villes d'Arabie , à l'exception des deux qu'on vient de nommer
ayent été gouvernées par des Cherifs.
C'est encore une fable de dire que Mahomet ait pris Damas. Fable que son corps
ait été mangé par les chiens. Une autre
fable adoptée par Constantin Porphyrogenete , par Euthymius , Cedrene et autres , c'est d'attribuer aux Mahometans
le culte de Lucifer , de Venus ou de la
-Lune , en leur faisant dire , Alla , oita
Kubar , Deus et Luna seu magna ; au lieu
de Alla ou Akubar, ô Deus maximus
qui sont les premieres paroles qu'on crie
du haut des Mosquées , &c.
oйa
Nous ne suivrons point l'Auteur dans
l'examen , concis à la verité , mais bien
touché, qu'il fait de la Doctrine de Mahomet; il ruine en peu de mots beaucoup
de ses principes. Ce court examen pour--
roit servir de plan à une réfutation com
plette du Mahométisme. Passons à la V.
Piece de ce Recueil , qui contient des Remarques traduites de l'Anglois sur l'administration des Finances des Romains.
En Voici le précis Evi fuc
18 MERCURE DE FRANCE
L'Histoire fournit aux Rois des lumie
res pour soutenir leurs Etats dans la splendeur , en profitant des maximes qui ont
contribué à la grandeur des Empires , et
en évitant ce qui a causé leur décadence.
Rome fut redevable de sa puissance à
une sage dispensation de ses revenus ;
leur dissipation entraîna sa ruine.
y
Valerius-Publicola fut le premier qui
ordonna que le revenu appartenant à la
République seroit déposé dans le Temple
de Saturne , afin que la sainteté du licu
rendît ce dépôt encore plus sacré ; il
avoit deux Trésors ; l'un destiné aux besoins journaliers de la République , l'autre aux pressantes nécessitez. On portoit
dans le premier les Tributs et les Impôts
ordinaires , et dans l'autre l'or de l'Impôt
du vingtiéme sur les Esclaves ; on l'appelloit pour ce sujet Aurum vicesimarium.
Pendant quelques siecles la République
n'eut pas besoin d'argent ; ce ne fut qu'au
Siege de Veïes 350. ans après la fondation de Rome , que les Troupes commeacerent à recevoir une solde. Les Romains
persuadez que rien n'étoit plus important que de ne point surcharger le Peuple d'Impôts et d'avoir un fonds capable de maintenir l'Etat en temps, de guerte
et de paix , firent porter dans le Trésor
public
MARS. 1732 $39
public toutes les richesses qu'ils emportoient par leurs victoires. Ainsi les richesses de Carthage , de Sicile , des Villes de
Macédoine , d'Asie et des autres Provinces conquises , furent déposées par les
Generaux dans le Temple de Saturne
avec un désinteressement admirable , qui
duroit encore quelque temps après la
derniere guerte punique.
›
Dans le siecle suivant cette integrité
fut alterée , mais ce ne fut jamais que
par des ambitieux qui tramoient la servitude et la ruine de la République. Ce
pendant le Trésor public ne laissoit pas
d'être enrichi continuellement par les richesses immenses que la République tiroit de ceux de qui elle triomphoit. Scipion l'Africain fit payer aux Carthaginois
30. millions de livres dans l'espace de 50.
ans , et il obligea le Roi Antiochus en lui
accordant la paix , de payer à la Répablique 24.. millions. Titus Q. Flaminius
Coptraignit Philippe , Roi de Macedoine,
de donner à la Rep. 3. millions ; il n'accorda la Paix à Nabis , Tyran de Sparte .
qu'en exigeant de lui près d'un million.
Il ajoûta encore aux sommes immenses
dont il avoit déja enrichi le Trésor , six
cent quarante millions de livres en lingots d'argent ; 79. millions quatre cens
-
cin-
* 20 MERCURE DE FRANCE
· "
cinquante- deux mille livrés en monnoye
d'argent , et deux millions quatre cent
vingt mille livres en Pieces d'or. On peut
encore voir d'autres exemples de ce désinteressement des Generaux Romains
dans ces Remarques.
C'est donc par cette conduite des Ro-
'mains à l'égard de ceux dont ils triomphoient et par l'integrité et le desinteressement de ces grands Hommes que Rome s'est élevée si haut et qu'elle s'est soutenuë si long- temps. Car il n'est pas pos.
sible qu'un Etat puisse soutenir de lonque ques guerres sans autre fonds celui
de son propre revenu. En effet tant que
les Romains ne perdirent point de vûë
ce systême, ils furent heureux dans leurs
Expeditions. Auguste laissa des sommes
si considerables dans le Trésor public ,
qu'on les fait monter jusqu'à 202 , millions de notre monnoye. Aussi , remarque l'Auteur Anglois , avoit- il une qualité qui ne manque jamais d'enrichir un
Prince , c'étoit d'examiner avec soin les
comptes publics. Mais Caligula dépensa
ses immenses richesses en moins d'un an
au rapport de Suetone. L'Auteur prouve
ensuite que le salut de l'Etat dépend de
- Padministration des Finances , et que la
prodigalité des Princes, et leur inatter- tion
MARS. 1732. JA
tion à veiller sur l'usage et l'emploi de
feurs richesses , en entraînent la dissipa-`
tion et peu à peu la ruine de leurs Etats.
Il fait ensuite remarquer que la cruauté
de plusieurs Empereurs de Rome n'est
venuë que des necessitez ausquelles leur
prodigalité les avoit réduits , qu'ils n'étoient pas cruels d'abord, et que ce n'a été
qu'une suite de leur inattention à veiller
sur leurs Finances ; négligence qui les
contraignoit d'exiger des Peuples avec
dureté des Impôts multipliez et à les
vexer en mille manieres ; funestes fruits
des conseils pernicieux de leurs Courti
sans qui ne manquoient pas de leur inspirer du dégoût et de l'éloignement pour
les affaires et sur tout pour celles qui regardent les Finances.
L'Empereur Caracalla fut le premier
qui altera les Monnoyes et qui donna des pieces d'étain et de cuivre pour des
pieces d'or et d'argent , sur quoi on peut
remarquer en general que durant la décadence de l'Empire les Monnoyes furent
fortalterées , la necessité poussant le Prin
ce à donner aux Especes une plus grande valeur à proportion de leur rareté 35
d'où l'on peut conclure avec l'Auteur
des Remarques , que les Especes sont comme le pouls d'un Etat ; , s'il bat irréguliere-- ment
522 MERCURE DE FRANCE
rement , onjuge par ce symptome que le corps
politique est attaqué de quelque maladie
dangereuse ; que si le Prince se trouve obligé
d'affaiblir les Especes , c'est un indice qu'on
commence à les faire sortir du Royaume ; s'il
est dans la nécessité de substituer quelqu'autre
matiereà l'or et àl'argent, comme fit Caracalla , on peut inferer de- là qu'unegrande par
tie de l'argent en est déja sortie que s'il ar
rive que les Especes soient entierement enlevées on universellement alterées comme
cela se fit dans la décadence de l'Empire Remain , on en peut augurer la raine prochaine
de l'Etat. On trouve dans cette Piece un
grand nombre de traits curieux que les bornes d'un Extrait ne nous permettent
pas de rapporter. Nou ne dirons rien des
deux Dissertations qui suivent sur la déposition de Childeric e sur la compatibilité de la grandeur temporelle avec la
puissance spirituelle ; ces deux Pieces sont
P'une et l'autre remplies de choses Cu
rieuses et qui se font lire avec plaisir.
La derniere Piece de ce Recueil regarde une dispute qui s'éleva vers la fin du
dernier siecle ; les uns prétendoient que
Pannée 1700. devoit commencer le sie--
cle suivant , desorte que du même moment que l'on pouvoit compter 1700. la :
centiéme année devoit être accomplie ,.
et
MARS. 1732. 5232
麵
et la premiere année du siecle suivant devoit commencer. Les autres sontenoient au contraire que l'année 1700.
devoit terminer le 17. siecle , mais de façon que ce ne pouvoit être qu'après da
révolution entiere de cette année que le
siecle suivant devoit commencer. L'Auteur de cette Dissertation embrassa alors.
cé dernier parti. Il fait voir dans cette
Piece que puisqu'on entend par un siecle
l'espace de cent ans , on ne compte le
siecle achevé ou révolu que lorsque la
centiéme année est révolue , comme un
homme à qui on devroit cent pistoles , ne
seroit pas content de 99. et de la ceatiéme commencée. Que l'on compte , ditil , les années , les mois , les semaines et
les jours de la même maniere qu'on dit
qu'il est Lundi , qu'il est le mois de Janvier , la premiere semaine de l'Avent du
Carême quoique Lundy ou le mois deJanvier ou la premiere semaine de l'Avent ne fassent que commencer.
,
Les anciens Actes disent communément le mois courant ou l'année courante.
Ainsi on comptoit déja une telle année
avant qu'elle fût achevée. Les Marchands
mettent en titre dans leurs Registres
Janvier ou Mars ou Avril , avant que
le premier jour de ces mois soit achevé.
Un
$24 MERCURE DE FRANCE
•
Un Sçavant met le 2. ou 3. ou 6. Livre
en composant son Ouvrage , dès qu'il
commence le 2. 3. ou6. Livre.Le Voyageur
dans ses Fournauxde Voyages,écrit la premiere , seconde , troisiéme journée , dès le
matin de chaque journée et si son voyage
a duré 15. jours et qu'il arrive le 16 à midi
dans une Ville , il dira qu'il est arrivé lat
16 journée , quoiqu'elle ne soit pas finie.
Les Historiens Ecclesiastiques mettent
dans la premiere année de l'Ere Chré
rienne plusieurs faits arrivez long-temps
avant la fin de cette premiere année , tels
que la Circoncision , l'Adoration des Ma-
-ges , la Fuite en Egypte , le Meurtre des
Innocens , &c. Les Rois dattent de la
premiere année de leur regne les Edits
qu'ils ont donnez pendant les 12. premiers mois. Dès que Jerusalem fut délivrée de la persecution d'Antiochuset
qu'il fut permis de battre de la monnoye,
on marqua cette Epoque ainsi : L'anpremier sous Simon , anno primo sub Simone.
F. Machab. 13. comme on le voit encore
dans plusieurs Médailles.
Dans le temps de la correction du
: Calendrier par Jules-Cesar l'an 709. de
Rome , dès le commencement de cette
Epoque en Janvier , on a compté l'an
premier. Cette année commença avec.
cle
4.
MARS. 1732. 525
Consulat de Jules-Cesar et de Lepide,
le Consulat duroit depuis Janvier jusqu'en Décembre. Ainsi puisqu'on comptoit les années courantes comme on comp
toit les Consulats , l'année se comptoit
aussi dès qu'elle commençoit , coinme
l'on comptoit le Consulat dès qu'il commençoit. Enfin dès le commencement de
l'Ere de Diocletien ou des Martyrs , que
les Chrétiens ont suivie , même pour dresser les Cicles Paschaux , jusqu'à- ce que
Denis le Petit ait fait succeder l'Ere de
l'Incarnation , on compta l'an 1. car elle
commença exactement avec le premier
jour du Regne de Diocletien. Aussi quand
S. Ambroise datte quelques faits par les
années de cette Ere , il dit toûjours l'am
depuis le premier jour du Regne de Diocletien. De tout celà il est aisé de conclure
que l'on a dû compter l'année 1700. dès
qu'elle a commencé, et par consequent que
le premier Janvier 1700. fut le premier
jour de la derniere année du XVII. secle
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Résumé : Recueil de Pieces d'Histoire et de Litterature, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un recueil d'histoires et de littérature intitulé 'Recueil de Pièces d'Histoire et de Littérature', publié en 1731 à Paris. L'auteur vise à plaire et à enrichir l'esprit avec des connaissances solides. Le premier volume contient plusieurs pièces, dont une lettre sur la nouvelle édition des œuvres de l'abbé de Saint-Réal, un panégyrique de la régence de Marie Jeanne Baptiste de Savoie, des réflexions diverses, une histoire du mahométisme, des remarques sur l'administration des finances des Romains, et des dissertations sur des sujets religieux et historiques. L'histoire du mahométisme est divisée en trois parties : la vie de Mahomet, les fables le concernant, et les principes de l'islam. Mahomet, né à La Mecque, a uni les religions chrétienne, juive et arabe en prônant un dieu unique. Il a compilé ses révélations dans l'Alcoran et a instauré des pratiques religieuses comme le jeûne du Ramadan et la circoncision. Après des années de prédication, il a conquis La Mecque par la force, établissant ainsi l'hégire en 622. Le texte réfute plusieurs fables sur Mahomet, telles que celles concernant des miracles à sa naissance ou des batailles contre des empereurs. Il mentionne également des erreurs sur la gouvernance des villes arabes et le culte des mahométans. Le texte aborde ensuite l'intégrité et la gestion financière de la République romaine après la dernière guerre punique. Pendant un siècle, cette intégrité fut maintenue, bien que des ambitieux cherchassent à servir leurs intérêts. Le Trésor public s'enrichit grâce aux tributs imposés aux vaincus. Par exemple, Scipion l'Africain fit payer 30 millions de livres aux Carthaginois sur 50 ans, et Antiochus fut contraint de payer 24 millions. Titus Q. Flaminius obtint également des sommes importantes de Philippe de Macédoine et de Nabis de Sparte. Ces généraux romains enrichirent le Trésor sans s'enrichir personnellement, contribuant ainsi à la puissance et à la durabilité de Rome. Le texte souligne que Rome put soutenir de longues guerres grâce à ce système financier. Auguste laissa un Trésor public considérable, estimé à 202 millions. Cependant, des empereurs comme Caligula dilapidèrent ces richesses. La prodigalité et la négligence des finances publiques menèrent à la cruauté de certains empereurs, contraints d'imposer des taxes lourdes et vexatoires pour combler leurs besoins. L'Empereur Caracalla fut le premier à altérer la monnaie, remplaçant l'or et l'argent par de l'étain et du cuivre. Cette pratique se poursuivit durant la décadence de l'Empire, indiquant une crise financière. Le texte compare les espèces monétaires au pouls d'un État, soulignant que leur altération ou leur disparition annonce la ruine de l'État. Enfin, le texte aborde une dispute sur le début du XVIIIe siècle. Certains estimaient que l'année 1700 marquait le début du nouveau siècle, tandis que d'autres soutenaient qu'il fallait attendre la fin complète de l'année pour commencer le nouveau siècle. L'auteur adopte la seconde position, illustrant son argument par divers exemples historiques et pratiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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362
s. p.
A L'AUTEUR DE L'EPITRE A URANIE.
Début :
Quelle audace effrenée ! Ô ciel ! qu'ai-je entendu ? [...]
Mots clefs :
Uranie, Dieu, Religion, Culte antique, Révélation
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : A L'AUTEUR DE L'EPITRE A URANIE.
A L'AUTEUR
DE L'EPITRE A URANIE.
Uelle audace effrenée ! ô Ciel!
qu'ai-je entendu ?
Qui que tu sois , dont le systême impie ,
Insulte à la foi d'Uranie,
Par un și vain effort as-tu donc prétendu ,
Arracher de nos cœurs les profondes racines ,
Qu'y jetterent jadis les Semences divines ,
D'un culte antique et du Ciel descendu ?
A ij Pour
626 MERCURE DE FRANCE
Pour la Religion que mon ame respecte ,
Ta haine me paroît suspecte.
La destruction des Autels ,
Flatte nos penchants criminels ;
Que ces penchants sont doux ! que le vice est aimable ,
Dès qu'on ne connoît plus d'avenir redoutable !
Quelques soient tes raisonnemens
Certes , pour moi je me deffie ,
De l'étrange Philosophie ,
Qui dans les Passions puise ses Argumens.
La Vertu tyrannise. Un Dieu vengeur nous gêne
Et le cœur vicieux qui redoute sa haine ,
Pour mieux s'en garentir ,
Voudroit pouvoir l'anéantir.
Nul frein , pour lors , à la licence,
Gardez l'équilibre un moment,
De quel côté penchera la balance ,
Si le vice est sans châtiment ,
Et la Vertu sans récompense ?
Loin d'ici tes projets dans le crime enfantez ;
E mille fois en naissant avortez.
Les saints dogmes de l'Evangile ,
Surchargent ta raison débile ;
Elle ne peut , dis- tu , les accorder ;
Avec ce qu'on doit demander ,
D'un Dieu juste et débonnaire;
J'en tire un Argument contraire,
Et
AVRIL. 17328 6207
Ét s'il est un Dieu juste et bon ,
Tout est certain dans ma Religion.
Quelle foule de témoignages,
Dans tous les tems , dans tous les âges ,
De Jesus Christ prouvent la Mission !
La foi d'un Dieu Sauveur en Miracles féconde
A commencé les Annales du Monde.
Ouvre les Volumes sacrez ,
De ces Ecrivains inspirez ,
Qui , dans ce qu'ils ont sçû prédire ,
Dudivin Auteur des Chrétiens ,
Semblent être à qui veut les lire ,
Moins Prophetes qu'Historiens.
Quel autre que Dieu même a pû les faire écrire
Juge enfin sans prévention.
Que te produit la Revelation ?
Des Prodiges incontestables
Et des témoins irreprochables ;
Du Monde converti le Miracle éclattant ,
Du Peuple vagabond , détruit et subsistant ,
Qui porte dans cent Républiques ,
Dusalut des Humains les gages authentiques.
D'humbles Pecheurs que l'on charge de fers ,
Troupe aux yeux des Mortels et vile et mépri sable ,
Apeine ont répandu leur doctrine adorable ,
Que les Vertus inondent l'Univers.
Als déposent au fond , qu'après que le Messie ,
A iij Suv
628 MERCURE DE FRANCE
Sur l'Autel de la Croix eut immolé sa vie ,
De la Grace nouvelle allumant le flambeau ,
Il sortit triomphant de la nuit du Tombeau,
Et que montant au Ciel , une brillante nuë ,
Vint comme un Trône d'or l'enlever à leur vûë.
Je croirai , quoiqu'ici l'Impie ose en juger ,
Je croirai des Témoins qui se font égorger.
Je n'ai pas entrepris de retracer l'Histoire ,
De l'Evangile et de sa gloire ;
De sublimes Ecrits pleins de force et de sens
En conservent les Monumens ;
Mais tous ces faits sont de nature ,
An'être point soupçonnez d'imposture
Dieu qui les a permis ne peut être trompeur
Il le seroit pourtant , au gré de ton erreur
Si du vrai dont il est le pere ,
Le mensonge odieux portoit le caractére.
Sa bonté, je l'ai dit , doit m'être un sûr garand;
Des merveilles qu'enfin l'Evangile m'apprend
Sur cent vertus sa doctrine se fonde ,
Et ton systême fait horreur,
Qui par la porte de l'erreur ,
Veut les faire entrer dans le monde.
L'Eclat dont luit la Révelation ,
Et les tenebres du Mystere ,
C'est la Nuée obscure et claire ,
Qui des Hébreux guidoit la Nation.
Tu ne peux concevoir la chute déplorable,
Qui
AVRIL. 1732. 629
Qui de l'Homme innocent fit un homme cou
pable.
Tu ne peux concevoir qu'un Dieu soit mort
pour nous ,
Sans toutesfois nous sauver tous';
Et cet adorable Mystere ,
Pour ta raison est un joug trop austere ;
Mais quand tu veux t'en affranchir ,
La Révelation , source de l'évidence ,
Malgré toi , l'oblige à fléchir ,
Sous une immortelle Puissance.
De Lucrece aujourd'hui dangereux Nourrisson ,
Sauve- toi des écarts de l'humaine raison ,
Son devoir n'est pas de comprendre ,
· Ce que Dieu nous a revelé ,
Mais de se taire et de se rendre
S'il est vrai qu'il nous ait parlé.
Cette raison reçoit des bornes legitimes ;
C'est agir contre ses maximes ,
ปี
Que de restraindre ainsi Dieu même et son pou voir ,
Ace qu'elle en peut concevoir.
Dépouille donc ici l'orgueil de ton Deïsme ,
Et crois - moi , rends ton vieux sophisme,
ACelse , à Porphire , à Julien ,
Quoique leurs plumes criminelles ,
En eussent armé leurs Libelles ,
Le monde entier n'en fut pas moins chrétien.
A iiij Où
63030 MERCURE DE FRANCE
Où suis- je ? ô Ciel ! quelle terreur subite ,
Se répand au fond de mon cœur ?
Tout s'ébranle. La Mer s'agite ,
Et les flots irritez font un bruit plein d'horreur;
Les antres au loin en mugissent.´
Le Soleil perd ses feux, les Astres s'obcurcissent
Da Firmament tous ces corps détachez ,
S'envont-ils fondre sur ma tête ?
Qù fuir l'effroyable tempête
Terre ouvre- moi tes abymes cachez.
De tout secours mon ame est- elle dénuée ;
Mais tout à coup les Cieux sont éclaircis ,
Le Tonnerre et les feux partent de la Nuée,
Où le fils de l'Homme est assis.
Crains l'Eternel; crains ses vengeances &
Par un prompt repentir appaise son courroux ;
Sçache qu'il doit , ce Dieu jaloux ,.
Tejuger sur ta foi comme sur tes offenses.
M. Tanevot.
DE L'EPITRE A URANIE.
Uelle audace effrenée ! ô Ciel!
qu'ai-je entendu ?
Qui que tu sois , dont le systême impie ,
Insulte à la foi d'Uranie,
Par un și vain effort as-tu donc prétendu ,
Arracher de nos cœurs les profondes racines ,
Qu'y jetterent jadis les Semences divines ,
D'un culte antique et du Ciel descendu ?
A ij Pour
626 MERCURE DE FRANCE
Pour la Religion que mon ame respecte ,
Ta haine me paroît suspecte.
La destruction des Autels ,
Flatte nos penchants criminels ;
Que ces penchants sont doux ! que le vice est aimable ,
Dès qu'on ne connoît plus d'avenir redoutable !
Quelques soient tes raisonnemens
Certes , pour moi je me deffie ,
De l'étrange Philosophie ,
Qui dans les Passions puise ses Argumens.
La Vertu tyrannise. Un Dieu vengeur nous gêne
Et le cœur vicieux qui redoute sa haine ,
Pour mieux s'en garentir ,
Voudroit pouvoir l'anéantir.
Nul frein , pour lors , à la licence,
Gardez l'équilibre un moment,
De quel côté penchera la balance ,
Si le vice est sans châtiment ,
Et la Vertu sans récompense ?
Loin d'ici tes projets dans le crime enfantez ;
E mille fois en naissant avortez.
Les saints dogmes de l'Evangile ,
Surchargent ta raison débile ;
Elle ne peut , dis- tu , les accorder ;
Avec ce qu'on doit demander ,
D'un Dieu juste et débonnaire;
J'en tire un Argument contraire,
Et
AVRIL. 17328 6207
Ét s'il est un Dieu juste et bon ,
Tout est certain dans ma Religion.
Quelle foule de témoignages,
Dans tous les tems , dans tous les âges ,
De Jesus Christ prouvent la Mission !
La foi d'un Dieu Sauveur en Miracles féconde
A commencé les Annales du Monde.
Ouvre les Volumes sacrez ,
De ces Ecrivains inspirez ,
Qui , dans ce qu'ils ont sçû prédire ,
Dudivin Auteur des Chrétiens ,
Semblent être à qui veut les lire ,
Moins Prophetes qu'Historiens.
Quel autre que Dieu même a pû les faire écrire
Juge enfin sans prévention.
Que te produit la Revelation ?
Des Prodiges incontestables
Et des témoins irreprochables ;
Du Monde converti le Miracle éclattant ,
Du Peuple vagabond , détruit et subsistant ,
Qui porte dans cent Républiques ,
Dusalut des Humains les gages authentiques.
D'humbles Pecheurs que l'on charge de fers ,
Troupe aux yeux des Mortels et vile et mépri sable ,
Apeine ont répandu leur doctrine adorable ,
Que les Vertus inondent l'Univers.
Als déposent au fond , qu'après que le Messie ,
A iij Suv
628 MERCURE DE FRANCE
Sur l'Autel de la Croix eut immolé sa vie ,
De la Grace nouvelle allumant le flambeau ,
Il sortit triomphant de la nuit du Tombeau,
Et que montant au Ciel , une brillante nuë ,
Vint comme un Trône d'or l'enlever à leur vûë.
Je croirai , quoiqu'ici l'Impie ose en juger ,
Je croirai des Témoins qui se font égorger.
Je n'ai pas entrepris de retracer l'Histoire ,
De l'Evangile et de sa gloire ;
De sublimes Ecrits pleins de force et de sens
En conservent les Monumens ;
Mais tous ces faits sont de nature ,
An'être point soupçonnez d'imposture
Dieu qui les a permis ne peut être trompeur
Il le seroit pourtant , au gré de ton erreur
Si du vrai dont il est le pere ,
Le mensonge odieux portoit le caractére.
Sa bonté, je l'ai dit , doit m'être un sûr garand;
Des merveilles qu'enfin l'Evangile m'apprend
Sur cent vertus sa doctrine se fonde ,
Et ton systême fait horreur,
Qui par la porte de l'erreur ,
Veut les faire entrer dans le monde.
L'Eclat dont luit la Révelation ,
Et les tenebres du Mystere ,
C'est la Nuée obscure et claire ,
Qui des Hébreux guidoit la Nation.
Tu ne peux concevoir la chute déplorable,
Qui
AVRIL. 1732. 629
Qui de l'Homme innocent fit un homme cou
pable.
Tu ne peux concevoir qu'un Dieu soit mort
pour nous ,
Sans toutesfois nous sauver tous';
Et cet adorable Mystere ,
Pour ta raison est un joug trop austere ;
Mais quand tu veux t'en affranchir ,
La Révelation , source de l'évidence ,
Malgré toi , l'oblige à fléchir ,
Sous une immortelle Puissance.
De Lucrece aujourd'hui dangereux Nourrisson ,
Sauve- toi des écarts de l'humaine raison ,
Son devoir n'est pas de comprendre ,
· Ce que Dieu nous a revelé ,
Mais de se taire et de se rendre
S'il est vrai qu'il nous ait parlé.
Cette raison reçoit des bornes legitimes ;
C'est agir contre ses maximes ,
ปี
Que de restraindre ainsi Dieu même et son pou voir ,
Ace qu'elle en peut concevoir.
Dépouille donc ici l'orgueil de ton Deïsme ,
Et crois - moi , rends ton vieux sophisme,
ACelse , à Porphire , à Julien ,
Quoique leurs plumes criminelles ,
En eussent armé leurs Libelles ,
Le monde entier n'en fut pas moins chrétien.
A iiij Où
63030 MERCURE DE FRANCE
Où suis- je ? ô Ciel ! quelle terreur subite ,
Se répand au fond de mon cœur ?
Tout s'ébranle. La Mer s'agite ,
Et les flots irritez font un bruit plein d'horreur;
Les antres au loin en mugissent.´
Le Soleil perd ses feux, les Astres s'obcurcissent
Da Firmament tous ces corps détachez ,
S'envont-ils fondre sur ma tête ?
Qù fuir l'effroyable tempête
Terre ouvre- moi tes abymes cachez.
De tout secours mon ame est- elle dénuée ;
Mais tout à coup les Cieux sont éclaircis ,
Le Tonnerre et les feux partent de la Nuée,
Où le fils de l'Homme est assis.
Crains l'Eternel; crains ses vengeances &
Par un prompt repentir appaise son courroux ;
Sçache qu'il doit , ce Dieu jaloux ,.
Tejuger sur ta foi comme sur tes offenses.
M. Tanevot.
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Résumé : A L'AUTEUR DE L'EPITRE A URANIE.
La lettre est adressée à un individu anonyme qui remet en question la foi d'Uranie. L'auteur exprime son indignation face à l'audace et à l'impiété de cet individu, qui cherche à détruire les fondements de la foi chrétienne et à encourager les penchants criminels. Il souligne que la destruction des autels et la liberté sans frein mènent à la licence et au vice, mettant en avant la nécessité de la vertu et de la crainte de Dieu pour maintenir l'équilibre moral. L'auteur défend la religion chrétienne en soulignant les témoignages et les miracles qui prouvent la mission de Jésus-Christ. Il cite les prophéties et les écrits sacrés qui attestent de la vérité de la révélation divine. Il argue que les faits relatés dans l'Évangile sont authentiques et ne peuvent être soupçonnés d'imposture, car Dieu ne peut être trompeur. La lettre critique la raison humaine qui cherche à comprendre les mystères divins au-delà de ses limites légitimes. Elle invite à se soumettre à la révélation divine et à éviter les écarts de la raison humaine. L'auteur conclut en appelant à la crainte de Dieu et au repentir pour échapper à sa vengeance.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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363
p. 1337-13[4]4
ODE SACRÉE, Tirée du Pseaume 113, In Exitu Israël, &c.
Début :
Irrité par la barbarie, [...]
Mots clefs :
Dieu, Seigneur, Psaume, Israël, Voeux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE SACRÉE, Tirée du Pseaume 113, In Exitu Israël, &c.
DE SA CREE,
Tirée du Pseaume 113 , In Exitu Israël, &c.
IRrité Rrité par la barbarie ,
D'un Peuple idolâtre et cruel ,
Le Seigneur , aux Fils d'Israël ,
Promit leur ancienne Patrie.
Alors , sous un Chef redouté ,
De Jacob la féconde Race ,
Brisa par une sainte audace ,
Les fers de sa Captivité.
Heureuses Plaines de Judée ,
Le Ciel daigna vous confier ,
La gloire de sanctifier ,
La Troupe qu'il avoit guidée ;
Votre bonheur fut résolu ,
Quand l'Etre par qui tout respire ,
Soumit vos guerets à l'Empire ,
Du Peuple qu'il avoit élû.
Mais en la présence terrible ,
Du Dieu qui créa l'Univers ,
Combien de prodiges divers !
La Mer même y parut sensible ;;
IL Vol. D V Son
1338 MERCURE DE FRANCESon vaste sein s'épouventa ;
Ses flots fuyoient d'un cours rapide,
Tandis que le Jourdain timide ,
Jusqu'à sa source remonta.
On vous vit , superbes Montagnes
On vous vit , steriles Côteaux ,
Aussi legers que les Troupeaux ,
Qui bondissent dans les Campagnes.
O! Mer, qui te fit reculer 2
O! Jourdain , pourquoi sur tes Rives ,
Vit- on les ondes fugitives ,
Vers leur origine couler ?.
Monts sacrez , Collines tranquiles ,,
Apprenez -nous quel changement s
Vous imprime le mouvement ,.
Des animaux les plus agiles ;,
L'Etre Eternel se découvroit ;
La Terre cessa d'être stable ,
A l'aspect du Dieu redoutable ,
Du Dieu que Jacob adoroit.
C'est lui dont la bonté presente ,
Aux cœurs qui sçavent le chercher ,
Change le sterile Rocher ,
En une Source bienfaisante ;
La pierre obéit à sa voix;'
II Vol. M
༣ JUIN 1732 1339 .
Il parle et soudain l'Onde coule ,
'Au gré de cette ingrate foule ,
Qui murmure contre ses Loix.
Seigneur, aux yeux des foibles hommes ;
Quand tu fais briller ta splendeur ,
L'immensité de ta grandeur ,
Nous instruit du peu que nous sommes :
Sage Auteur de notre raison "
Inspire-nous toûjours de croire
Qu'il ne nous est point dû de gloire ;
Qu'il n'en appartient qu'à ton Nom.
Fais que malgré leur arrogance
Les Humains puissent concevoir ,
La verité de ton pouvoir "
Et les trésors de ta clémence ;
Que les. Infideles privez ,
Des avantages de ton culte
N'osent plus dire avec insulte 9
Quel est le Dieu que vous servez ?
Le Dieu qui reçoit notre hommage ,
'Assis sur la Voute des cieux ,
'Attache ŝans cesse ses yeux ,
1
Sur l'homme , son plus cher ouvrage ;
Aux tendres soins de sa bonté ,
Le Monde entier doit sa naissance ,
IL. Vol Et D vj
1340 MERCURE DE FRANCE
Et, pour limite , sa puissance ,
Ne connoît que sa volonté.
Flatez d'esperances frivoles ,
Chaque jour on voit des Mortels,
Dresser, à l'envi , des Autels ,
A de chimeriques Idoles ;
Quelle honte pour les Humains
D'adorer un Métail sordide !
De fléchir un genoüil timide ,
Devant l'ouvrage de leurs mains.
Vainement l'Ouvrier habile,
Prête une bouche à ces faux Dieux
En vain le ciseau sur leurs yeux ,
Taille une paupiere immobile ;
On ne verra point à des sons
Ceder leurs levres inflexibles ,
Ni leurs yeux devenir sensibles ,
Au Soleil dont nous jouissons.
Tel qui veut chanter les merveilles ,
Des Dieux qu'il se fait à son choix,
Ose-t'il penser que sa voix ,
Percera leurs sourdes oreilles ?
Ces vains fantômes de l'erreur ,
Honorez d'un Peuple crédule ,
Dans le moment que l'encens brule ,
Ignorent quelle en est l'odeur.
II. Vol. Sans
JUIN. 1732. 1347
Sans cesse ma raison demande ,
Si jamais leurs pieds agiront ,
Ou si leurs mains discerneront ,
Le prix d'une riche Guirlande ;
Ont-ils quelques droits sur nos jours.
Quand leur silence opiniâtre ,
Résiste aux cris de l'Idolâtre,
Qui les appelle à son secours.
•
Malheur à l'aveugle qui compte,
Sur un Métail inanimé ;
Puisse celui qui l'a forme,
De son Dieu partager la honte!
Puissent tous ceux de qui l'encens,
Indignement se prostituë ,
Devant une froide Statuë,
Perdre l'usage de leurs sens !
Aux pieds du vrai Dieu prosternée,
La sage Maison d'Israël ,
Fonda sur son bras immortel ,
Tout l'espoir de sa destinée.
Par quel secours , par quel appui ,
Le Seigneur , prodigue pour elle ,
A-t'il récompensé le zele ,
Des cœurs qui n'invoquoient que lui ?
Avec la même confiance ,
II.Vol.
Les
1342 MERCURE DE FRANCE
Les Fils illustres d'Aaron ,
En la grandeur de son saint nom ,
Mettant leur plus ferme esperance ;
Par mille bienfaits répandus ,
A chaque instant Dieu se déclare
Le Protecteur de la Thiare ,
Dontil couronne leurs vertus,
Qu'ils sont forts , malgré leur foiblesse
Ceux qui porte au fond du cœur ,
Cette humble crainte du Seigneur
D'où naît la plus haute sagesse ;
Tous ces illustres Combattans ,
Pour prix d'une fidelle attente
Reçoivent la grace constante ,
Qui les soutient dans tous les temps.
".
Mais dans notre triste carriere ,
Nous-mêmes n'éprouvons nous pas
Que le Seigneur à tous nos pas
Prête sa divine lumiere ?
Loin que nos vœux soient oubliez
Tout nous apprend que sa Justice ,
Abeni l'ardent SacrificeDe nos desirs humilicz.
Ainsi d'un secours efficace ,
Israël mérita le don…
II. Vale Ainsi
JUIN. 173.20 7343 Ainsi le Pontife Aaron ,
L'obtint pour son Auguste Race;
Ainsi le Dieu de Verité ,
Soutient par les graces qu'il donne ,
Et la Houlette et la Couronne
De qui craint sa Divinité.
Puisse-t'il, ce Dieu favorable
A qui vous adressez vos vœux
Et sur vous et sur vos neveux
Répandre sa grace ineffable !
Soyez tous benis, du Seigneur,
Dont la voix commande au Tannerre,
Er #
que le Ciel avec la Terre,
Reconnoît pour son Créateur.
Lorsqu'il se proposa lui- même ,
De regler le Monde à son gré,
Au-dessus du Ciel azuré ,
Il plaça son. Trône suprême.
Le Firmament fut son séjour ,
Et la Terre obscure où nous sommes
Devint le partage des hommes,
Qu'avoit enfantez son amour.
Dieu puissant , Souverain des Anges,.
Les Humains plongez par le sort ,
Dans les tenebres de la mort ,
Ne publieront point tes louanges ;
IL. Vob Tom
1334 MERCURE DE FRANCE 4
Ton nom ne sera point chanté ,
Par ces ames infortunées ,
Que tajustice a condamnées ,
Agémir loin de ta clarté,
Mais nous , qui jouissons encore
Du Soleil , que tu fais mouvoir ,
Seigneur , pour benir ton pouvoir ,
Nous sçavons devancer l'Aurore :
Tous nos vœux seront satisfaits,
Des jours que ta bonté nous laisse
Si nous les consacrons sans cesse ,
Au souvenir de tes bienfaits
Tirée du Pseaume 113 , In Exitu Israël, &c.
IRrité Rrité par la barbarie ,
D'un Peuple idolâtre et cruel ,
Le Seigneur , aux Fils d'Israël ,
Promit leur ancienne Patrie.
Alors , sous un Chef redouté ,
De Jacob la féconde Race ,
Brisa par une sainte audace ,
Les fers de sa Captivité.
Heureuses Plaines de Judée ,
Le Ciel daigna vous confier ,
La gloire de sanctifier ,
La Troupe qu'il avoit guidée ;
Votre bonheur fut résolu ,
Quand l'Etre par qui tout respire ,
Soumit vos guerets à l'Empire ,
Du Peuple qu'il avoit élû.
Mais en la présence terrible ,
Du Dieu qui créa l'Univers ,
Combien de prodiges divers !
La Mer même y parut sensible ;;
IL Vol. D V Son
1338 MERCURE DE FRANCESon vaste sein s'épouventa ;
Ses flots fuyoient d'un cours rapide,
Tandis que le Jourdain timide ,
Jusqu'à sa source remonta.
On vous vit , superbes Montagnes
On vous vit , steriles Côteaux ,
Aussi legers que les Troupeaux ,
Qui bondissent dans les Campagnes.
O! Mer, qui te fit reculer 2
O! Jourdain , pourquoi sur tes Rives ,
Vit- on les ondes fugitives ,
Vers leur origine couler ?.
Monts sacrez , Collines tranquiles ,,
Apprenez -nous quel changement s
Vous imprime le mouvement ,.
Des animaux les plus agiles ;,
L'Etre Eternel se découvroit ;
La Terre cessa d'être stable ,
A l'aspect du Dieu redoutable ,
Du Dieu que Jacob adoroit.
C'est lui dont la bonté presente ,
Aux cœurs qui sçavent le chercher ,
Change le sterile Rocher ,
En une Source bienfaisante ;
La pierre obéit à sa voix;'
II Vol. M
༣ JUIN 1732 1339 .
Il parle et soudain l'Onde coule ,
'Au gré de cette ingrate foule ,
Qui murmure contre ses Loix.
Seigneur, aux yeux des foibles hommes ;
Quand tu fais briller ta splendeur ,
L'immensité de ta grandeur ,
Nous instruit du peu que nous sommes :
Sage Auteur de notre raison "
Inspire-nous toûjours de croire
Qu'il ne nous est point dû de gloire ;
Qu'il n'en appartient qu'à ton Nom.
Fais que malgré leur arrogance
Les Humains puissent concevoir ,
La verité de ton pouvoir "
Et les trésors de ta clémence ;
Que les. Infideles privez ,
Des avantages de ton culte
N'osent plus dire avec insulte 9
Quel est le Dieu que vous servez ?
Le Dieu qui reçoit notre hommage ,
'Assis sur la Voute des cieux ,
'Attache ŝans cesse ses yeux ,
1
Sur l'homme , son plus cher ouvrage ;
Aux tendres soins de sa bonté ,
Le Monde entier doit sa naissance ,
IL. Vol Et D vj
1340 MERCURE DE FRANCE
Et, pour limite , sa puissance ,
Ne connoît que sa volonté.
Flatez d'esperances frivoles ,
Chaque jour on voit des Mortels,
Dresser, à l'envi , des Autels ,
A de chimeriques Idoles ;
Quelle honte pour les Humains
D'adorer un Métail sordide !
De fléchir un genoüil timide ,
Devant l'ouvrage de leurs mains.
Vainement l'Ouvrier habile,
Prête une bouche à ces faux Dieux
En vain le ciseau sur leurs yeux ,
Taille une paupiere immobile ;
On ne verra point à des sons
Ceder leurs levres inflexibles ,
Ni leurs yeux devenir sensibles ,
Au Soleil dont nous jouissons.
Tel qui veut chanter les merveilles ,
Des Dieux qu'il se fait à son choix,
Ose-t'il penser que sa voix ,
Percera leurs sourdes oreilles ?
Ces vains fantômes de l'erreur ,
Honorez d'un Peuple crédule ,
Dans le moment que l'encens brule ,
Ignorent quelle en est l'odeur.
II. Vol. Sans
JUIN. 1732. 1347
Sans cesse ma raison demande ,
Si jamais leurs pieds agiront ,
Ou si leurs mains discerneront ,
Le prix d'une riche Guirlande ;
Ont-ils quelques droits sur nos jours.
Quand leur silence opiniâtre ,
Résiste aux cris de l'Idolâtre,
Qui les appelle à son secours.
•
Malheur à l'aveugle qui compte,
Sur un Métail inanimé ;
Puisse celui qui l'a forme,
De son Dieu partager la honte!
Puissent tous ceux de qui l'encens,
Indignement se prostituë ,
Devant une froide Statuë,
Perdre l'usage de leurs sens !
Aux pieds du vrai Dieu prosternée,
La sage Maison d'Israël ,
Fonda sur son bras immortel ,
Tout l'espoir de sa destinée.
Par quel secours , par quel appui ,
Le Seigneur , prodigue pour elle ,
A-t'il récompensé le zele ,
Des cœurs qui n'invoquoient que lui ?
Avec la même confiance ,
II.Vol.
Les
1342 MERCURE DE FRANCE
Les Fils illustres d'Aaron ,
En la grandeur de son saint nom ,
Mettant leur plus ferme esperance ;
Par mille bienfaits répandus ,
A chaque instant Dieu se déclare
Le Protecteur de la Thiare ,
Dontil couronne leurs vertus,
Qu'ils sont forts , malgré leur foiblesse
Ceux qui porte au fond du cœur ,
Cette humble crainte du Seigneur
D'où naît la plus haute sagesse ;
Tous ces illustres Combattans ,
Pour prix d'une fidelle attente
Reçoivent la grace constante ,
Qui les soutient dans tous les temps.
".
Mais dans notre triste carriere ,
Nous-mêmes n'éprouvons nous pas
Que le Seigneur à tous nos pas
Prête sa divine lumiere ?
Loin que nos vœux soient oubliez
Tout nous apprend que sa Justice ,
Abeni l'ardent SacrificeDe nos desirs humilicz.
Ainsi d'un secours efficace ,
Israël mérita le don…
II. Vale Ainsi
JUIN. 173.20 7343 Ainsi le Pontife Aaron ,
L'obtint pour son Auguste Race;
Ainsi le Dieu de Verité ,
Soutient par les graces qu'il donne ,
Et la Houlette et la Couronne
De qui craint sa Divinité.
Puisse-t'il, ce Dieu favorable
A qui vous adressez vos vœux
Et sur vous et sur vos neveux
Répandre sa grace ineffable !
Soyez tous benis, du Seigneur,
Dont la voix commande au Tannerre,
Er #
que le Ciel avec la Terre,
Reconnoît pour son Créateur.
Lorsqu'il se proposa lui- même ,
De regler le Monde à son gré,
Au-dessus du Ciel azuré ,
Il plaça son. Trône suprême.
Le Firmament fut son séjour ,
Et la Terre obscure où nous sommes
Devint le partage des hommes,
Qu'avoit enfantez son amour.
Dieu puissant , Souverain des Anges,.
Les Humains plongez par le sort ,
Dans les tenebres de la mort ,
Ne publieront point tes louanges ;
IL. Vob Tom
1334 MERCURE DE FRANCE 4
Ton nom ne sera point chanté ,
Par ces ames infortunées ,
Que tajustice a condamnées ,
Agémir loin de ta clarté,
Mais nous , qui jouissons encore
Du Soleil , que tu fais mouvoir ,
Seigneur , pour benir ton pouvoir ,
Nous sçavons devancer l'Aurore :
Tous nos vœux seront satisfaits,
Des jours que ta bonté nous laisse
Si nous les consacrons sans cesse ,
Au souvenir de tes bienfaits
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Résumé : ODE SACRÉE, Tirée du Pseaume 113, In Exitu Israël, &c.
Le poème relate l'exode des Israélites hors d'Égypte et leur traversée miraculeuse de la mer Rouge. Dieu, irrité par la barbarie d'un peuple idolâtre et cruel, promet aux Israélites leur ancienne patrie. Sous la conduite d'un chef redouté, les Israélites brisent les fers de leur captivité par une sainte audace. Les plaines de Judée sont confiées à la gloire de sanctifier le peuple guidé par Dieu. La mer Rouge et le Jourdain accomplissent des prodiges, comme reculer et remonter à leur source, tandis que les montagnes et les collines se comportent comme des troupeaux légers. Ces événements miraculeux montrent la puissance de Dieu, qui change les rochers en sources bienfaisantes et fait couler l'eau au gré d'une foule ingrate. Le poème exalte la grandeur de Dieu, qui surveille constamment l'homme, son ouvrage le plus cher. Il critique l'adoration des idoles et des faux dieux, incapables de réagir ou d'agir. La Maison d'Israël, prosternée devant le vrai Dieu, fonde son espoir sur son bras immortel. Les fils d'Aaron mettent leur confiance en Dieu, qui les récompense par mille bienfaits. Le texte se conclut par une prière pour que Dieu répande sa grâce sur les fidèles et leurs descendants, reconnaissant son pouvoir sur le ciel et la terre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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364
p. 1471-1481
LETTRE de M. le B. Sous Chantre de la Cathédrale d'Auxerre, au R. P. Du Sollier, Jesuite d'Anvers, Continuateur des Recueils de Bollandus, touchant un nouveau Saint, Chanoine du Diocèse de Nevers.
Début :
Comme je me suis apperçû depuis que j'ai l'honneur [...]
Mots clefs :
Nouveau Saint, Église, Auxerre, Père, Autel, Culte, Évêque, Recueils de Bollandus
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M. le B. Sous Chantre de la Cathédrale d'Auxerre, au R. P. Du Sollier, Jesuite d'Anvers, Continuateur des Recueils de Bollandus, touchant un nouveau Saint, Chanoine du Diocèse de Nevers.
LETTRE de M. le B. Sous Chantre
de la Cathédrale d'Auxerre , au R. P.
Du Sollier , Jesuite d'Anvers , Continuateur des Recueils de Bollandus , touchant
un nouveau Saint , Chanoine du Diocèse
de Nevers.
Omme je me suis apperçû depuis
Cque j'ai l'honneur d'être connu de
vous , Mon Reverend Pere , que vous
n'excluez de votre immense Recueil
d'Acta Sanctorum , aucun des Personnages
qui sont honorez comme Saints ou com
me Bienheureux , dans quelque Eglise
que ce soit , pourvû que les marques de
culte soient exterieures ; jay crû que je
devois vous faire part de la connoissance
qui m'est venuë depuis peu d'un saint
Personnage ,.qui a fini ses jours dans une
Eglise voisine de la nôtre. Ce Saint est
du Diocèse de Nevers , qui , comme vous
sçavcz, confine à celui d'Auxerre , et qui
A vj borne
1472 MERCURE DE FRANCE
borne du côté de Midy la Province Ecclesiastique de Sens.
C'est une opinion assez communément
reçûë , que les Cloîtres et les Deserts ont
formé plus de Saints que les Villes. Depuis que les persécutions cesserent de faire des Martyrs , on ne vit plus que des
saints Anachorettes, quelques saintes Vierges ; on vit encore des Evêques, se sanctifier de temps en temps par leurs travaux Apostoliques ; mais le nombre dominant ne parut point être dans le Clergé
Séculier du second Ordre , quoique les
Martyrologes & les Calendriers ne laissent.pas de fournir un certain nombre
de S. Prêtres , plusieurs Diacres , Soudiacres et même des Clercs , à qui leur sainteté attestée par les Miracles , a fait décerner un culte public.
Mon but n'est point d'examiner ici
pourquoi depuis l'introduction des formes solemnelles de la Canonization , il
y a un si grand nombre de Religieux
canonisez , et si peu de ceux qui se sont
consacrez au Seigneur dans le Clergé Séculier. J'ai dessein seulement , Mon R.P.
de vous faire connoître aujourd'hui un
S. Chanoine d'une Eglise Collegiale , située presque au cœur du Royaume , et
cependant dans un Pays fort solitaire ,
je.
JUILLET. 1732. 1473
je veux dire dans le milieu du Nivernois.
Ce sont deux raisons pressantes qui
m'engagent à vous en écrire dès-à- présent,
la premiere est que vous avancez actuel
lément dans le mois d'Août , mois auquel
il est décedé ; la seconde est parce que
l'on vient de réïterer tout nouvellement
à son égard des marques de culte qui nesont dûës qu'aux Saints.
Ce Bienheureux personnage s'appelle
Nicolas Appleine. Je n'ai pû encore ap--
prendre quelles furent ses actions ; mais
les Miracles qu'il a operez depuis sa mort
prouvent suffisamment sa sainteté. Com
me il ne mourut que sous Louis XI. ces
Miracles ont presque été connus des
Ayeuls de nos Peres. Premery est la petite Ville où il fut Chanoine- Prêtre dans
l'Eglise de S. Marcel. (a) C'est un endroit
fort écarté du tumulte du siecle , et dans
lequel un Chanoine qui ne se propose
que le culte de Dieu , dégagé de toute
affection terrestre , et le soulagement du
Prochain , principalement des Pauvres ,
peut , en menant une vie simple et mortifiée , mériter la Couronne due aux fideles Serviteurs.
On présume que c'est la pratique de ces
( a ) C'est S. Marcel , Martyr de Châllon , du
4. Septembre.
vertus
1474 MERCURE DE FRANCE
vertus qui a fait regarder Nicolas Appleine comme un Saint. Je ne puis vous
en dire rien davantage , jusqu'à- ce que
j'aye reçû des Memoires de sa vie , qu'on
craint fort de ne pas retrouver , parce
qu'ils peuvent avoir été perdus dans le
temps des guerres.
”
gauMais au défaut de ces preuves efficientes de sainteté , je vous marquerai ici
celles qui les supposent comme arrivées et reconnuës. Ce bienheureux Chanoine
mourut l'onzième jour d'Août de l'année
1466. qui étoit le sixième de l'Episcopat
de Pierre de Fontenay , Evêque de Nevers, et du regne de Louis XI.il fut inhumé dans l'Eglise de Premery , à côté
che du grand Autel. Le Prélat et le Prince étant informez de sa sainteté et des
Miracles qui s'opéroient à son Tombeau concoururent à l'établissement de son
culte. Un titre du 14. May 1483. porte- entre autres articles : 1 ° L'érection d'un
Autel à la tête du Tombeau du Bienheureux, par Messire Pierre de Fontenay ,.
Evêque de Nevers , à la priere du Roy
Louis XI. 2°. L'établissement d'une Confrerie en son honneur. 3 ° .L'établissement
d'une Fête aussi en son honneur,fixée au 12.
Août , lendemain de sa mort , le tout à la
requête des Doyen et Chanoines de cette
Eglise,
JUILLET. 17325 147
Eglise , en conséquence des miracles fré
quens qui continuoient au même tom
beau, et desquels l'Evêque même assura
avoir été témoin. L'Autel , dont ce titre
fait mention , étoit orné d'un Tableau ,
qui contenoit les armes de ce Prélat¸et où
le Bienheureux Chanoine étoit representé
guérissant un homme affligé de la vuë ; et
ce Tableau est encore existant dans la même Eglise , avec les mêmes Armoiries..
Jean Boyer , qui succeda à Pierre de
Fontenai , confirma par acte du 25 Septembre 1508. tout ce que son prédecesseur avoit fait en faveur du culte du B.
Nicolas. On voit par d'autres titres , des
années 1484 et 1486. que la Confrerie, érigée en l'honneur du Saint , fut publiée
par les Députez du Chapitre de Prémery
dans les Diocèses voisins , et que les Evêques y donnoient les mains. Mais le titre
le plus remarquable après ceux - là , est une
Lettre de Louis XI.à Pierre de Fontenay,
par laquelle il le remercie de ce qu'il lui
a fait apporter la Robbe du B. Nicolas ,
par la sœur de ce saint homme , et l'assure qu'il envoyeau Chapitre de Prémery ,
un Coffre pour la conserver , ajoutant
qu'on lui fera un singulier plaisir d'en avoir
toujours mémoire , et de publier la dévotion
qu'il a euë envers ce Bienheureux Prêtre.
Сесу
1476 MERCURE DE FRANCE
Cecy ressent assez le style des Lettres
de ce Prince , et vous n'en pouvez douter,
parce que je tiens toutes les choses que je
vous ai rapportées jusqu'icy , d'une personne grave qui a vû les originaux. Le
Corps de ce Saint Personnage , continuë
cette personne , resta au tombeau dans ça
situation naturelle , jusqu'au temps d'Eustache de Chery , Evêque de Nevers. Ce
Prélat crut devoir y apporter quelque
changement. Il fit démolir ce qui étoit
élevé à l'exterieur de la sépulture , et en
place,il lui fit rédiger une Epitaphe qu'on
grava sur la Tombe qu'il fit apposer. En
voicy les termes : Facet hic bone memoria
vir et sancta vita Nicolaus Appleine, Presbyter Canonicus Premeriaci , qui ob crebra
ejus miracula creditur Beatus. Obiit XI. Augusti anno 1466. In memoria æterna erit
justus. Monumentum hoc positum fuit curâ
Eustachii de Chery, Episcopi Nivernensis
anno 1646. On juge par la situation où
l'on a trouvé dernierement les ossemens
du B. Nicolas , de ce que l'Evêque Eustache avoit fait à leur égard. La Tombe
ayant été levée , il a paru une Maçonnerie , au dedans de laquelle étoit une Caisse de plomb , longue de deux pieds et
demi , qui contient tous les ossemens ; et
l'ancien Autel élevé sous l'invocation du
Saint
JUILLET. 1732. 1477
Saint , ayant été détruit en cette presen
te année 1731. comme nuisant aux céré
monies , la Caisse des saints ossemens a
été portée solemnellement dans l'inté
rieur d'un autre Autel , érigé expressément sous le même titre , au fond de l'Eglise , derriere le grand Autel. Cette cé
rémonie a été faite par les ordres de Messire Charles Fontaine des Montées , Evêque de Nevers , le Mardy 3 jour de Juillet dernier , depuis lequel temps. il y a
une affluence bien plus grande qu'aupa
ravantà ces saintes Reliques , et un grand
nombre de Malades se trouvent guéris ou
soulagez par son intercession.
✓
Si la vie de ce S. Prêtre ne se trouve
pas avant que vous soyez parvenu au onziéme jour d'Aoust, ceci servira toujours,
mon R. P. pour fournir à vos Lecteurs
une notice de son culte ; lequel suppose
certainement une sainteté de vie , confirmée par des miracles arrivez peu après sa
mort. C'est , ce me semble, ce qui suffic
pour meriter d'être inséré dans votre Recueil ; au moins je suis certain que si M.
l'Abbé Chastelain , notre ami commun ,
avoit eu connoissance de ce Saint Chanoi
ne ,il l'eut mis dans son Martyrologe uni
versel , au nombre des Bienheureux .Vous
avez , sans doute , remarqué combien il
y
1478 MERCURE DE FRANCE
y a mis de Saints Prêtres du dernier siécle , en qualité de Venerables , lesquels
nesont canonisez que dans l'esprit des
peuples , et qui attendent la voix des
Prélats , pour avoir un culte plus solemnel , quoiqu'on dise ordinairement , vox
populi , vox Dei.
Permettez, mon Reverend Pere , qu'à
cette occasion je vous fasse mes remercimens particuliers , au sujet de la maniere
dont vous et le R. P. Pierre Vandenbosch , venez de traitter au 31. de Juillet
Particle de S. Germain , Evêque d'Auxerre. Vous rendez à ce saint Prélat toute
La gloire qui lui est due ; et votre exemple ne peut que causer de vifs remords
dans l'esprit de certains Reviseurs de Breviaire , qui depuis quelques années ont
fait semblant de méconnoître ce grand
Thaumaturge des Gaules , et en particulier de leur propre Païs , et qui n'ont pas
craint de le biffer entierement du Calendrier. Qui ne doit être content dans notre Diocèse, de la maniere dont vous vous
réunissez à faire son éloge ? En mêmetemps que le Pere de Longueval , votre
confrere , écrit à Paris , que S. Germain
Evêque d'Auxerre , a été l'un des parfaits
modeles de Sainteté , un des plus ardens deffenseurs de la Foy, l'honneur et la consola-
•
tion
JUILLET. 1732. 1479
tion de l'Eglise Gallicane , le Fléau de l'hé
résie , le Pere des peuples , be refuge de tous
les malheureux ( a). Vous confirmez par
votre suffrage , que ce Saint est le seul
que l'ancienne Eglise Gallicane ait comparé au grand S.Martin de Tours, et vous
ajoutez qu'on trouve indifferemment par
tout le Royaume , des Eglises sous l'invocation de l'un comme de l'autre ; en
sorte même qu'on en voit trois , sans sortir de Paris. Et cette multitude étonnante
d'Eglises qui se trouve sous son nom
dans la France , est sans exclure celles.
qui sont ou qui ont existé dans les Royaumes étrangers , et sur tout dans la Grande Bretagne.
Cette étendue et solemnité de culte est
conforme , selon vous , au témoignage de
S. Sidoine Apollinaire , Evêque de Clermont, excellent connoisseur, lequel voulant faire un parallele de S. Agnan , Evêque d'Orleans , avec les plus grands Prélats de son siecle , ne trouvoit point sur
qui il put mieux établir sa comparaison ,
que sur les excellentes vertus de S. Germain d'Auxerre, et de S.Loup de Troyes.
Germano Autissiodorensi, dites - vous , si
quid in Galliis majus atate suâ novisset S.
Apollinaris Sidonius , non satis opinor cx
(a ) Hist. de l'Eglise Gallicane , tom. 1. p-457- arte
1480 MERCURE DE FRANCE
arte laudasset , lib. 8. Epist. 15. S. Ania
num Maximum consummatissimumque
Pontificem , cùm illum diceret, Lupo parem,
Germanoque non imparem. Sedprivata",
ajoutez-vous , que justò longius ablucerent,
mittamus elogia ; quando idem de illo sensus
fuit universa pridem Ecclesia Gallicana ,
qua Sanctis cum indigenis omnibus prætulisse
cultu videatur ac soli Martino Turonensi
ut
exaquasse; cum hujus haudfortè plures quàm
illius nomine dicatas toto passim regno exci
tavit Ecclesias , et in una quidem urbe Pa- risiensi Germano Autissiodorensi , , teste
Bailleto , tres. Prætereà gentes alias atque
imprimis Britannicam , qua ut liquet et Alfordi nostri Annalibus ad annum Christi
441. num. 2. vix ipsis Gallis concedere in
bacparte voluit, structis ejus nominis templis,oppidis , Monasteriis et altaribus (a) ,
Je mets icy ce Texte en entier, non pour
vous rappeller ce que vous sçavez mieux
que moi , mais parce qu'en envoyant ma
lettre à Paris , à l'un de mes amis, qui doit
vous la faire tenir, je suis bien- aise de lui
épargner la peine de recourir à votre dernier Tome de Juillet , qui est peut être
encore assez rare dans cette grande Ville ,
puisqu'il ne fait que commencer à
roître.
pa-
( a ) Acta Sanctorum, Julii. T^m. 7. pag.184.
J'ai
JUILLET. 1732 1481
J'ai lû avec attention tout ce que vous
y dites , contre l'opinion de ceux qui
croïent que les os de S. Germain ne furent pas brulez par les Calvinistes en
1566 ; mais je ne suis point encore per22
suadé
que ce soit
la voie
du feu , que
par
ces saints ossemens se trouvent aujourd'hui soustraits à la veneration des Fideles , et j'espere m'étendre un jour là-dessus,dans mon Histoire des Evêques d'Auxerre. Je suis fâché que vous n'ayez pas
connu deux Manuscrits du Prêtre Constance , qui sont à la Bibliotheque du Roy;
l'un copié au neuviéme siécle sur celui
que les Moines de Saint Germain avoient
présenté à Dagobert I. et l'autre écrit au
commencement du même siecle , par les
soins ou de la plume même d'un nommé
Gundoin , connu par ce qu'en dit le Pere
Martenne dans son premier voyage litteraire , à l'article d'Autun. Ces Manuscrits
m'ont paru être aussi dignes de votre attention que celui de la Cathédrale d'Autan , qui roule presque tout entier sur
notre Saint , et dont vous avez donné
quelques lambeaux qu'en avoit extrait le
P. Chifflet , votre Confrere. Je suis, &c.
AAuxerre, ce 24 Octobre 1731 ,
de la Cathédrale d'Auxerre , au R. P.
Du Sollier , Jesuite d'Anvers , Continuateur des Recueils de Bollandus , touchant
un nouveau Saint , Chanoine du Diocèse
de Nevers.
Omme je me suis apperçû depuis
Cque j'ai l'honneur d'être connu de
vous , Mon Reverend Pere , que vous
n'excluez de votre immense Recueil
d'Acta Sanctorum , aucun des Personnages
qui sont honorez comme Saints ou com
me Bienheureux , dans quelque Eglise
que ce soit , pourvû que les marques de
culte soient exterieures ; jay crû que je
devois vous faire part de la connoissance
qui m'est venuë depuis peu d'un saint
Personnage ,.qui a fini ses jours dans une
Eglise voisine de la nôtre. Ce Saint est
du Diocèse de Nevers , qui , comme vous
sçavcz, confine à celui d'Auxerre , et qui
A vj borne
1472 MERCURE DE FRANCE
borne du côté de Midy la Province Ecclesiastique de Sens.
C'est une opinion assez communément
reçûë , que les Cloîtres et les Deserts ont
formé plus de Saints que les Villes. Depuis que les persécutions cesserent de faire des Martyrs , on ne vit plus que des
saints Anachorettes, quelques saintes Vierges ; on vit encore des Evêques, se sanctifier de temps en temps par leurs travaux Apostoliques ; mais le nombre dominant ne parut point être dans le Clergé
Séculier du second Ordre , quoique les
Martyrologes & les Calendriers ne laissent.pas de fournir un certain nombre
de S. Prêtres , plusieurs Diacres , Soudiacres et même des Clercs , à qui leur sainteté attestée par les Miracles , a fait décerner un culte public.
Mon but n'est point d'examiner ici
pourquoi depuis l'introduction des formes solemnelles de la Canonization , il
y a un si grand nombre de Religieux
canonisez , et si peu de ceux qui se sont
consacrez au Seigneur dans le Clergé Séculier. J'ai dessein seulement , Mon R.P.
de vous faire connoître aujourd'hui un
S. Chanoine d'une Eglise Collegiale , située presque au cœur du Royaume , et
cependant dans un Pays fort solitaire ,
je.
JUILLET. 1732. 1473
je veux dire dans le milieu du Nivernois.
Ce sont deux raisons pressantes qui
m'engagent à vous en écrire dès-à- présent,
la premiere est que vous avancez actuel
lément dans le mois d'Août , mois auquel
il est décedé ; la seconde est parce que
l'on vient de réïterer tout nouvellement
à son égard des marques de culte qui nesont dûës qu'aux Saints.
Ce Bienheureux personnage s'appelle
Nicolas Appleine. Je n'ai pû encore ap--
prendre quelles furent ses actions ; mais
les Miracles qu'il a operez depuis sa mort
prouvent suffisamment sa sainteté. Com
me il ne mourut que sous Louis XI. ces
Miracles ont presque été connus des
Ayeuls de nos Peres. Premery est la petite Ville où il fut Chanoine- Prêtre dans
l'Eglise de S. Marcel. (a) C'est un endroit
fort écarté du tumulte du siecle , et dans
lequel un Chanoine qui ne se propose
que le culte de Dieu , dégagé de toute
affection terrestre , et le soulagement du
Prochain , principalement des Pauvres ,
peut , en menant une vie simple et mortifiée , mériter la Couronne due aux fideles Serviteurs.
On présume que c'est la pratique de ces
( a ) C'est S. Marcel , Martyr de Châllon , du
4. Septembre.
vertus
1474 MERCURE DE FRANCE
vertus qui a fait regarder Nicolas Appleine comme un Saint. Je ne puis vous
en dire rien davantage , jusqu'à- ce que
j'aye reçû des Memoires de sa vie , qu'on
craint fort de ne pas retrouver , parce
qu'ils peuvent avoir été perdus dans le
temps des guerres.
”
gauMais au défaut de ces preuves efficientes de sainteté , je vous marquerai ici
celles qui les supposent comme arrivées et reconnuës. Ce bienheureux Chanoine
mourut l'onzième jour d'Août de l'année
1466. qui étoit le sixième de l'Episcopat
de Pierre de Fontenay , Evêque de Nevers, et du regne de Louis XI.il fut inhumé dans l'Eglise de Premery , à côté
che du grand Autel. Le Prélat et le Prince étant informez de sa sainteté et des
Miracles qui s'opéroient à son Tombeau concoururent à l'établissement de son
culte. Un titre du 14. May 1483. porte- entre autres articles : 1 ° L'érection d'un
Autel à la tête du Tombeau du Bienheureux, par Messire Pierre de Fontenay ,.
Evêque de Nevers , à la priere du Roy
Louis XI. 2°. L'établissement d'une Confrerie en son honneur. 3 ° .L'établissement
d'une Fête aussi en son honneur,fixée au 12.
Août , lendemain de sa mort , le tout à la
requête des Doyen et Chanoines de cette
Eglise,
JUILLET. 17325 147
Eglise , en conséquence des miracles fré
quens qui continuoient au même tom
beau, et desquels l'Evêque même assura
avoir été témoin. L'Autel , dont ce titre
fait mention , étoit orné d'un Tableau ,
qui contenoit les armes de ce Prélat¸et où
le Bienheureux Chanoine étoit representé
guérissant un homme affligé de la vuë ; et
ce Tableau est encore existant dans la même Eglise , avec les mêmes Armoiries..
Jean Boyer , qui succeda à Pierre de
Fontenai , confirma par acte du 25 Septembre 1508. tout ce que son prédecesseur avoit fait en faveur du culte du B.
Nicolas. On voit par d'autres titres , des
années 1484 et 1486. que la Confrerie, érigée en l'honneur du Saint , fut publiée
par les Députez du Chapitre de Prémery
dans les Diocèses voisins , et que les Evêques y donnoient les mains. Mais le titre
le plus remarquable après ceux - là , est une
Lettre de Louis XI.à Pierre de Fontenay,
par laquelle il le remercie de ce qu'il lui
a fait apporter la Robbe du B. Nicolas ,
par la sœur de ce saint homme , et l'assure qu'il envoyeau Chapitre de Prémery ,
un Coffre pour la conserver , ajoutant
qu'on lui fera un singulier plaisir d'en avoir
toujours mémoire , et de publier la dévotion
qu'il a euë envers ce Bienheureux Prêtre.
Сесу
1476 MERCURE DE FRANCE
Cecy ressent assez le style des Lettres
de ce Prince , et vous n'en pouvez douter,
parce que je tiens toutes les choses que je
vous ai rapportées jusqu'icy , d'une personne grave qui a vû les originaux. Le
Corps de ce Saint Personnage , continuë
cette personne , resta au tombeau dans ça
situation naturelle , jusqu'au temps d'Eustache de Chery , Evêque de Nevers. Ce
Prélat crut devoir y apporter quelque
changement. Il fit démolir ce qui étoit
élevé à l'exterieur de la sépulture , et en
place,il lui fit rédiger une Epitaphe qu'on
grava sur la Tombe qu'il fit apposer. En
voicy les termes : Facet hic bone memoria
vir et sancta vita Nicolaus Appleine, Presbyter Canonicus Premeriaci , qui ob crebra
ejus miracula creditur Beatus. Obiit XI. Augusti anno 1466. In memoria æterna erit
justus. Monumentum hoc positum fuit curâ
Eustachii de Chery, Episcopi Nivernensis
anno 1646. On juge par la situation où
l'on a trouvé dernierement les ossemens
du B. Nicolas , de ce que l'Evêque Eustache avoit fait à leur égard. La Tombe
ayant été levée , il a paru une Maçonnerie , au dedans de laquelle étoit une Caisse de plomb , longue de deux pieds et
demi , qui contient tous les ossemens ; et
l'ancien Autel élevé sous l'invocation du
Saint
JUILLET. 1732. 1477
Saint , ayant été détruit en cette presen
te année 1731. comme nuisant aux céré
monies , la Caisse des saints ossemens a
été portée solemnellement dans l'inté
rieur d'un autre Autel , érigé expressément sous le même titre , au fond de l'Eglise , derriere le grand Autel. Cette cé
rémonie a été faite par les ordres de Messire Charles Fontaine des Montées , Evêque de Nevers , le Mardy 3 jour de Juillet dernier , depuis lequel temps. il y a
une affluence bien plus grande qu'aupa
ravantà ces saintes Reliques , et un grand
nombre de Malades se trouvent guéris ou
soulagez par son intercession.
✓
Si la vie de ce S. Prêtre ne se trouve
pas avant que vous soyez parvenu au onziéme jour d'Aoust, ceci servira toujours,
mon R. P. pour fournir à vos Lecteurs
une notice de son culte ; lequel suppose
certainement une sainteté de vie , confirmée par des miracles arrivez peu après sa
mort. C'est , ce me semble, ce qui suffic
pour meriter d'être inséré dans votre Recueil ; au moins je suis certain que si M.
l'Abbé Chastelain , notre ami commun ,
avoit eu connoissance de ce Saint Chanoi
ne ,il l'eut mis dans son Martyrologe uni
versel , au nombre des Bienheureux .Vous
avez , sans doute , remarqué combien il
y
1478 MERCURE DE FRANCE
y a mis de Saints Prêtres du dernier siécle , en qualité de Venerables , lesquels
nesont canonisez que dans l'esprit des
peuples , et qui attendent la voix des
Prélats , pour avoir un culte plus solemnel , quoiqu'on dise ordinairement , vox
populi , vox Dei.
Permettez, mon Reverend Pere , qu'à
cette occasion je vous fasse mes remercimens particuliers , au sujet de la maniere
dont vous et le R. P. Pierre Vandenbosch , venez de traitter au 31. de Juillet
Particle de S. Germain , Evêque d'Auxerre. Vous rendez à ce saint Prélat toute
La gloire qui lui est due ; et votre exemple ne peut que causer de vifs remords
dans l'esprit de certains Reviseurs de Breviaire , qui depuis quelques années ont
fait semblant de méconnoître ce grand
Thaumaturge des Gaules , et en particulier de leur propre Païs , et qui n'ont pas
craint de le biffer entierement du Calendrier. Qui ne doit être content dans notre Diocèse, de la maniere dont vous vous
réunissez à faire son éloge ? En mêmetemps que le Pere de Longueval , votre
confrere , écrit à Paris , que S. Germain
Evêque d'Auxerre , a été l'un des parfaits
modeles de Sainteté , un des plus ardens deffenseurs de la Foy, l'honneur et la consola-
•
tion
JUILLET. 1732. 1479
tion de l'Eglise Gallicane , le Fléau de l'hé
résie , le Pere des peuples , be refuge de tous
les malheureux ( a). Vous confirmez par
votre suffrage , que ce Saint est le seul
que l'ancienne Eglise Gallicane ait comparé au grand S.Martin de Tours, et vous
ajoutez qu'on trouve indifferemment par
tout le Royaume , des Eglises sous l'invocation de l'un comme de l'autre ; en
sorte même qu'on en voit trois , sans sortir de Paris. Et cette multitude étonnante
d'Eglises qui se trouve sous son nom
dans la France , est sans exclure celles.
qui sont ou qui ont existé dans les Royaumes étrangers , et sur tout dans la Grande Bretagne.
Cette étendue et solemnité de culte est
conforme , selon vous , au témoignage de
S. Sidoine Apollinaire , Evêque de Clermont, excellent connoisseur, lequel voulant faire un parallele de S. Agnan , Evêque d'Orleans , avec les plus grands Prélats de son siecle , ne trouvoit point sur
qui il put mieux établir sa comparaison ,
que sur les excellentes vertus de S. Germain d'Auxerre, et de S.Loup de Troyes.
Germano Autissiodorensi, dites - vous , si
quid in Galliis majus atate suâ novisset S.
Apollinaris Sidonius , non satis opinor cx
(a ) Hist. de l'Eglise Gallicane , tom. 1. p-457- arte
1480 MERCURE DE FRANCE
arte laudasset , lib. 8. Epist. 15. S. Ania
num Maximum consummatissimumque
Pontificem , cùm illum diceret, Lupo parem,
Germanoque non imparem. Sedprivata",
ajoutez-vous , que justò longius ablucerent,
mittamus elogia ; quando idem de illo sensus
fuit universa pridem Ecclesia Gallicana ,
qua Sanctis cum indigenis omnibus prætulisse
cultu videatur ac soli Martino Turonensi
ut
exaquasse; cum hujus haudfortè plures quàm
illius nomine dicatas toto passim regno exci
tavit Ecclesias , et in una quidem urbe Pa- risiensi Germano Autissiodorensi , , teste
Bailleto , tres. Prætereà gentes alias atque
imprimis Britannicam , qua ut liquet et Alfordi nostri Annalibus ad annum Christi
441. num. 2. vix ipsis Gallis concedere in
bacparte voluit, structis ejus nominis templis,oppidis , Monasteriis et altaribus (a) ,
Je mets icy ce Texte en entier, non pour
vous rappeller ce que vous sçavez mieux
que moi , mais parce qu'en envoyant ma
lettre à Paris , à l'un de mes amis, qui doit
vous la faire tenir, je suis bien- aise de lui
épargner la peine de recourir à votre dernier Tome de Juillet , qui est peut être
encore assez rare dans cette grande Ville ,
puisqu'il ne fait que commencer à
roître.
pa-
( a ) Acta Sanctorum, Julii. T^m. 7. pag.184.
J'ai
JUILLET. 1732 1481
J'ai lû avec attention tout ce que vous
y dites , contre l'opinion de ceux qui
croïent que les os de S. Germain ne furent pas brulez par les Calvinistes en
1566 ; mais je ne suis point encore per22
suadé
que ce soit
la voie
du feu , que
par
ces saints ossemens se trouvent aujourd'hui soustraits à la veneration des Fideles , et j'espere m'étendre un jour là-dessus,dans mon Histoire des Evêques d'Auxerre. Je suis fâché que vous n'ayez pas
connu deux Manuscrits du Prêtre Constance , qui sont à la Bibliotheque du Roy;
l'un copié au neuviéme siécle sur celui
que les Moines de Saint Germain avoient
présenté à Dagobert I. et l'autre écrit au
commencement du même siecle , par les
soins ou de la plume même d'un nommé
Gundoin , connu par ce qu'en dit le Pere
Martenne dans son premier voyage litteraire , à l'article d'Autun. Ces Manuscrits
m'ont paru être aussi dignes de votre attention que celui de la Cathédrale d'Autan , qui roule presque tout entier sur
notre Saint , et dont vous avez donné
quelques lambeaux qu'en avoit extrait le
P. Chifflet , votre Confrere. Je suis, &c.
AAuxerre, ce 24 Octobre 1731 ,
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Résumé : LETTRE de M. le B. Sous Chantre de la Cathédrale d'Auxerre, au R. P. Du Sollier, Jesuite d'Anvers, Continuateur des Recueils de Bollandus, touchant un nouveau Saint, Chanoine du Diocèse de Nevers.
La lettre de M. le B. Sous Chantre de la Cathédrale d'Auxerre, adressée au R. P. Du Sollier, Jésuite d'Anvers, traite de Nicolas Appleine, un chanoine du diocèse de Nevers. L'auteur note que le R. P. Du Sollier inclut dans ses 'Acta Sanctorum' tous les personnages honorés comme saints ou bienheureux, à condition que les marques de culte soient extérieures. Il observe que les cloîtres et les déserts ont produit plus de saints que les villes et que, depuis la fin des persécutions, les saints sont principalement des anachorètes, des vierges et quelques évêques. Nicolas Appleine, chanoine de l'église de Saint-Marcel à Premery, est décédé le 11 août 1466 sous le règne de Louis XI. Plusieurs miracles lui ont été attribués, et des marques de culte lui ont été rendues. Pierre de Fontenay, évêque de Nevers, et Louis XI ont contribué à l'établissement de son culte, notamment par l'érection d'un autel et la création d'une confrérie en son honneur. Des documents et des témoignages, tels qu'une lettre de Louis XI et des actes épiscopaux, attestent de la sainteté de Nicolas Appleine. L'auteur espère que cette notice permettra d'inclure Nicolas Appleine dans le recueil des saints, même en l'absence de détails sur sa vie, en raison des miracles posthumes qui confirment sa sainteté. Il conclut en exprimant son admiration pour la manière dont le R. P. Du Sollier et le R. P. Pierre Vandenbosch ont honoré saint Germain, évêque d'Auxerre, dans leur dernier tome de juillet.
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365
p. 1552-1554
ODE SACRÉE, Tirée du Premier Pseaume, Beatus vir qui non abiit, &c.
Début :
Heureux celui, qui dans sa vie, [...]
Mots clefs :
Psaume, Impie, Sagesse éternelle, Jugement de l'Univers
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texteReconnaissance textuelle : ODE SACRÉE, Tirée du Premier Pseaume, Beatus vir qui non abiit, &c.
O DE SACRE' E,
Tirée du Premier Pseaume , Beatus vir
qui non abiit , &c.
Heureux celui , qui dans sa vie ;
Ne risqua jamais d'écouter
Les traitres conseils dont l'Impie ,
'A voulu cent fois le flater !
Qui toûjours ennemi du vice ,
Sçut découvrir le précipice ,
Caché sous ses trompeurs appas !
Et qui refusa sa présence ,
A la Chaire de Pestilence ,
Od le Pecheur guidoit ses pase
C'est
JUILLET. 17320 1553
Cest ta Loy , Sagesse éternelle ,
Qui regla ses chastes plaisirs ;
Il ne connut et ne vit qu'elle
Digne de remplir ses désirs :
En renouvellant sa carriere ,
Le jour lui préta sa lumiere ,
Pour la méditer avec fruit ;
Il se fit même une habitude ,
De continuer cette étude ,
Jusques dans l'ombre de la nuit.
〃
Tel est dans un Verger champêtre,
L'arbre planté près d'un Ruisseau ,
Il est les délices du Maître ,
Dont il embellit le Hameau ;
Malgré l'ordre de la Nature >,
L'éclat naissant de sa verdure ,
Ne l'abandonnera jamais ;
Et les beaux fruits qu'il fait éclore,
Un jour surpasseront encore ,
Son esperance et ses souhaits.
Ce n'est point ainsi que l'Impie ,
Réüssira dans ses projets ;
Non, non, qu'il n'ait point la folic ,
De se flatter de tels succès ;
Battu , frappé de la tempête,
Il ne peut soustraire sa tête ,
1554 MERCURE DE FRANCE
Au coup qui doit le renverser
Mais que dis-je ? foible matiere,
Un souffle le met en poussiere,
Et suffit pour le disperser.
Confus il n'osera paroître ,
Au jugement de l'Univers ;
Nous ne le verrons point renaître
Pour entrer dans nos saints Concerts.
Dieu qui connoît la difference ,
Et du crime de l'innocence ,
De tous temps a fixé leur sort ;
Pendant que l'un fera nauffrage ,
L'autre n'aura senti l'orage >
Que pour mieux arriver au Por
Tirée du Premier Pseaume , Beatus vir
qui non abiit , &c.
Heureux celui , qui dans sa vie ;
Ne risqua jamais d'écouter
Les traitres conseils dont l'Impie ,
'A voulu cent fois le flater !
Qui toûjours ennemi du vice ,
Sçut découvrir le précipice ,
Caché sous ses trompeurs appas !
Et qui refusa sa présence ,
A la Chaire de Pestilence ,
Od le Pecheur guidoit ses pase
C'est
JUILLET. 17320 1553
Cest ta Loy , Sagesse éternelle ,
Qui regla ses chastes plaisirs ;
Il ne connut et ne vit qu'elle
Digne de remplir ses désirs :
En renouvellant sa carriere ,
Le jour lui préta sa lumiere ,
Pour la méditer avec fruit ;
Il se fit même une habitude ,
De continuer cette étude ,
Jusques dans l'ombre de la nuit.
〃
Tel est dans un Verger champêtre,
L'arbre planté près d'un Ruisseau ,
Il est les délices du Maître ,
Dont il embellit le Hameau ;
Malgré l'ordre de la Nature >,
L'éclat naissant de sa verdure ,
Ne l'abandonnera jamais ;
Et les beaux fruits qu'il fait éclore,
Un jour surpasseront encore ,
Son esperance et ses souhaits.
Ce n'est point ainsi que l'Impie ,
Réüssira dans ses projets ;
Non, non, qu'il n'ait point la folic ,
De se flatter de tels succès ;
Battu , frappé de la tempête,
Il ne peut soustraire sa tête ,
1554 MERCURE DE FRANCE
Au coup qui doit le renverser
Mais que dis-je ? foible matiere,
Un souffle le met en poussiere,
Et suffit pour le disperser.
Confus il n'osera paroître ,
Au jugement de l'Univers ;
Nous ne le verrons point renaître
Pour entrer dans nos saints Concerts.
Dieu qui connoît la difference ,
Et du crime de l'innocence ,
De tous temps a fixé leur sort ;
Pendant que l'un fera nauffrage ,
L'autre n'aura senti l'orage >
Que pour mieux arriver au Por
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Résumé : ODE SACRÉE, Tirée du Premier Pseaume, Beatus vir qui non abiit, &c.
Le poème 'O DE SACRE' E,' extrait du Premier Psaume 'Beatus vir,' oppose le juste et l'impie. Le juste est heureux car il évite les conseils trompeurs de l'impie et reste fidèle à la sagesse éternelle. Il médite la loi divine jour et nuit, comparé à un arbre planté près d'un ruisseau, qui embellit le hameau de son maître et produit des fruits abondants. L'impie, en revanche, échoue dans ses projets et est comparé à une matière faible, dispersée par un souffle. Il ne peut échapper à la tempête qui le renversera et ne pourra pas renaître pour entrer dans les saints concerts. Dieu connaît la différence entre le crime et l'innocence et a fixé leur sort depuis toujours. Ainsi, tandis que l'impie fait naufrage, le juste surmonte l'orage pour atteindre le port.
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366
p. 1645-1648
STANCES.
Début :
Prélat dont le mérite égale la naissance, [...]
Mots clefs :
Prélat, Alarmes, Seigneur généreux, Athée, Siècle, Honneur
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texteReconnaissance textuelle : STANCES.
STANCES..
Prélat dont le mérite égale la naissance ;
Que ton retour tardif à notre impatience !
Que n'avons-nous pû le hâter !
Le Ciel a dissipé nos mortelles allarmes ,
Tu reviens ; ta présence a pour nous tant de
charmes ,
Qu'on ne pouvoit trop l'acheter.
Dès long tems protegé frere ,
* par ton illustre
Dont tout adore ici l'aimable caractere ,
* M. leVicomte de Polignac.
Et
1646 MERCURE DE FRANCE
Et par un Seigneur généreux *
Qu'unissent avec toi le sang & le mérite ,
Je puis te voir enfin dans les murs que j'ha◄ *bite !
Rien ne manque plus à mes vœux.
Dans tes regards perçans quelle divine flamme,
Que de rares trésors je découvre en ton ame
Que d'avantages excellens ,
>
Esprit fin , goût du vrai , connoissance prati
que ,
Des plus fameux Auteurs de Rome et de l'Atti
que ,
Dont tu possedes les talens.
Mais que n'embrasse point ton sublime génie a
Il aime nos Concerts ; il en sent l'harmonie ;
Nos Lyres parlent fous tes doigts ,
On croit oùir encor le célébre Virgile , *
Quand tes Vers confondans l'impieté subtile ,
Réduisent Lucrece aux abois.
Tel que l'heureux vainqueur du redoutable
Antée ,
Tu fais mordre la poudre à ce superbe Athée ,
* M. le Comte du Roure , le fils.
* l'Anti-Lucrece , Poëme Latin que s.E. L. C.
de Polignac afait dans sajeunesse.
Tu
JUILLET. 1732. 1647
Malgré ses dangereux détours ,
Pourquoi nous refuser ce précieux Ouvrage ,
Digne de son sujet et de la main d'un
Surtout nécessaire en nos jours?
sage,
Quel siécle... tu m'entens... ce n'est que dans
la Chaire
Oùje dois faire au vice une implacable guerre.
Qu'à loisir ma voix peut tonner ;
Qu'elle éclate pour lors , que l'erreur en fré misse ,
Profitons des momens que ta bonté propice ,
Ama muse veut bien donner.
J'en fais un libre aveu , je brigue ton suf- frage ,
Ce sentiment m'éleve au- dessus du naufrage
Où le sort m'a précipité :
Je sens naître en mon cœur un désir magna- nime ,
Les Dicux m'ont tous ravi , mais si j'ai ton es
rime ,
Prélat , ils ne m'ont rien ôté.
Que ne produira point cette ardeur géné
reuse ,
Tum'inspires; déja d'une aîle courageuse,
Je prens l'essor , je fends les airs ;
Mais
1648 MERCURE DE FRANCE
Mais que puis je tenter ; les chants de Phœbusmême ,
Apeine répondroient à ta vertu suprême ;
Quel destin auroient donc mes Vers-?
fair J'ose mettre à tes pieds des fleurs que
éclorre ,
Dans ses doctes Jardins la magnifique Isaure ,
Sept fois mon front en fut orné :
Permets-moi de t'offrir un hommage sincere ;
Je borne mes désirs à l'honneur de te plaire ,
C'est plus que d'être couronné.
LAbbé de Meuville.
Prélat dont le mérite égale la naissance ;
Que ton retour tardif à notre impatience !
Que n'avons-nous pû le hâter !
Le Ciel a dissipé nos mortelles allarmes ,
Tu reviens ; ta présence a pour nous tant de
charmes ,
Qu'on ne pouvoit trop l'acheter.
Dès long tems protegé frere ,
* par ton illustre
Dont tout adore ici l'aimable caractere ,
* M. leVicomte de Polignac.
Et
1646 MERCURE DE FRANCE
Et par un Seigneur généreux *
Qu'unissent avec toi le sang & le mérite ,
Je puis te voir enfin dans les murs que j'ha◄ *bite !
Rien ne manque plus à mes vœux.
Dans tes regards perçans quelle divine flamme,
Que de rares trésors je découvre en ton ame
Que d'avantages excellens ,
>
Esprit fin , goût du vrai , connoissance prati
que ,
Des plus fameux Auteurs de Rome et de l'Atti
que ,
Dont tu possedes les talens.
Mais que n'embrasse point ton sublime génie a
Il aime nos Concerts ; il en sent l'harmonie ;
Nos Lyres parlent fous tes doigts ,
On croit oùir encor le célébre Virgile , *
Quand tes Vers confondans l'impieté subtile ,
Réduisent Lucrece aux abois.
Tel que l'heureux vainqueur du redoutable
Antée ,
Tu fais mordre la poudre à ce superbe Athée ,
* M. le Comte du Roure , le fils.
* l'Anti-Lucrece , Poëme Latin que s.E. L. C.
de Polignac afait dans sajeunesse.
Tu
JUILLET. 1732. 1647
Malgré ses dangereux détours ,
Pourquoi nous refuser ce précieux Ouvrage ,
Digne de son sujet et de la main d'un
Surtout nécessaire en nos jours?
sage,
Quel siécle... tu m'entens... ce n'est que dans
la Chaire
Oùje dois faire au vice une implacable guerre.
Qu'à loisir ma voix peut tonner ;
Qu'elle éclate pour lors , que l'erreur en fré misse ,
Profitons des momens que ta bonté propice ,
Ama muse veut bien donner.
J'en fais un libre aveu , je brigue ton suf- frage ,
Ce sentiment m'éleve au- dessus du naufrage
Où le sort m'a précipité :
Je sens naître en mon cœur un désir magna- nime ,
Les Dicux m'ont tous ravi , mais si j'ai ton es
rime ,
Prélat , ils ne m'ont rien ôté.
Que ne produira point cette ardeur géné
reuse ,
Tum'inspires; déja d'une aîle courageuse,
Je prens l'essor , je fends les airs ;
Mais
1648 MERCURE DE FRANCE
Mais que puis je tenter ; les chants de Phœbusmême ,
Apeine répondroient à ta vertu suprême ;
Quel destin auroient donc mes Vers-?
fair J'ose mettre à tes pieds des fleurs que
éclorre ,
Dans ses doctes Jardins la magnifique Isaure ,
Sept fois mon front en fut orné :
Permets-moi de t'offrir un hommage sincere ;
Je borne mes désirs à l'honneur de te plaire ,
C'est plus que d'être couronné.
LAbbé de Meuville.
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Résumé : STANCES.
Le texte est une série de stances dédiées à un prélat, probablement le Vicomte de Polignac, et à M. le Comte du Roure. L'auteur exprime son impatience et sa joie face au retour du prélat, soulignant l'importance de sa présence. Il mentionne la protection du prélat par des figures illustres, dont un seigneur généreux, et exalte ses qualités intellectuelles et morales, telles que son esprit fin, son goût pour le vrai, et sa connaissance des auteurs classiques. Le texte fait également référence à une œuvre du prélat, intitulée 'Anti-Lucrece', un poème latin écrit dans sa jeunesse, qui critique les idées athées de Lucrèce. L'auteur souhaite voir cette œuvre publiée, la jugeant nécessaire pour combattre l'erreur et le vice. Il avoue son admiration pour le prélat et son désir de recevoir son suffrage, affirmant que cela le relèverait de son sort malheureux. Il conclut en offrant un hommage sincère, bornant ses désirs à l'honneur de plaire au prélat.
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367
p. 1653-1654
BENEFICES DONNEZ le 25 Juillet.
Début :
L'Abbaye de S. Martin des Aires, Ordre de S. [...]
Mots clefs :
Bénéfices donnés, Ordres, Abbaye, Diocèse
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : BENEFICES DONNEZ le 25 Juillet.
BENEFICES DONNEZ
le 25 Juillet.
L'Abbaye de S. Martin des Aires , Or dre de S. Augustin , Diocèse de
Troyes , à M. Jacques.Charles Lallemant
de Bez , Evêque de Séés.
Celle de Chaume , Ordre de S. Benoît,
Diocèse de Sens , à M. Jean Couturier ,
Prêtre et Superieur Generalde la Congrés
gation de S. Sulpice.
Celle de Loroux , Ordre de Citeaux
Diocèse d'Angers , à M. Davernet , Prêtre
et Grand- Vicaire de Lizieux.
Celle de l'Eau , Ordre de Citeaux, Dio
cèse de Chartres ,à la Dame Denise- Fran
I çoise
1654 MERCURE DE FRANCE
çoise de Montiers de Merinville.
L'Abbaye de Sainte Geneviève de Chaillot , Ordre de S. Augustin , Diocèse de
Paris , à la Dame Louise- Françoise du Vivier de Tournefort.
Celle de Nante , Diocèse de Vabres , à
M. Claude Berger de Moidieu , Prêtre et
Doyen de l'Eglise Cathedrale de Dye.
L'Abbaye Réguliere de S. Aubert de
Cambray , Ordre de S. Augustin , à Dom
Tahon.
Celle de Phalempin , près de Lille ,
même Ordre , à Dom Bourgeois.
Celle de S. Augustin , Ordre de Prémontré , Diocèse de Saint Omer , à
M. Sterin.
le 25 Juillet.
L'Abbaye de S. Martin des Aires , Or dre de S. Augustin , Diocèse de
Troyes , à M. Jacques.Charles Lallemant
de Bez , Evêque de Séés.
Celle de Chaume , Ordre de S. Benoît,
Diocèse de Sens , à M. Jean Couturier ,
Prêtre et Superieur Generalde la Congrés
gation de S. Sulpice.
Celle de Loroux , Ordre de Citeaux
Diocèse d'Angers , à M. Davernet , Prêtre
et Grand- Vicaire de Lizieux.
Celle de l'Eau , Ordre de Citeaux, Dio
cèse de Chartres ,à la Dame Denise- Fran
I çoise
1654 MERCURE DE FRANCE
çoise de Montiers de Merinville.
L'Abbaye de Sainte Geneviève de Chaillot , Ordre de S. Augustin , Diocèse de
Paris , à la Dame Louise- Françoise du Vivier de Tournefort.
Celle de Nante , Diocèse de Vabres , à
M. Claude Berger de Moidieu , Prêtre et
Doyen de l'Eglise Cathedrale de Dye.
L'Abbaye Réguliere de S. Aubert de
Cambray , Ordre de S. Augustin , à Dom
Tahon.
Celle de Phalempin , près de Lille ,
même Ordre , à Dom Bourgeois.
Celle de S. Augustin , Ordre de Prémontré , Diocèse de Saint Omer , à
M. Sterin.
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Résumé : BENEFICES DONNEZ le 25 Juillet.
Le 25 juillet 1654, plusieurs bénéfices ecclésiastiques ont été attribués à divers dignitaires religieux. L'Abbaye de Saint-Martin des Aires, de l'Ordre de Saint-Augustin, diocèse de Troyes, a été donnée à M. Jacques-Charles Lallemant de Bez, évêque de Sées. L'Abbaye de Chaume, de l'Ordre de Saint-Benoît, diocèse de Sens, a été attribuée à M. Jean Couturier, prêtre et supérieur général de la Congrégation de Saint-Sulpice. L'Abbaye de Loroux, de l'Ordre de Cîteaux, diocèse d'Angers, a été donnée à M. Davernet, prêtre et grand-vicaire de Lisieux. L'Abbaye de l'Eau, également de l'Ordre de Cîteaux, diocèse de Chartres, a été attribuée à la Dame Denise-Françoise de Montiers de Merinville. L'Abbaye de Sainte-Geneviève de Chailot, de l'Ordre de Saint-Augustin, diocèse de Paris, a été donnée à la Dame Louise-Françoise du Vivier de Tournefort. L'Abbaye de Nante, diocèse de Vabres, a été attribuée à M. Claude Berger de Moidieu, prêtre et doyen de l'église cathédrale de Dye. L'Abbaye régulière de Saint-Aubert de Cambray, de l'Ordre de Saint-Augustin, a été donnée à Dom Tahon. L'Abbaye de Phalempin, près de Lille, également de l'Ordre de Saint-Augustin, a été attribuée à Dom Bourgeois. Enfin, l'Abbaye de Saint-Augustin, de l'Ordre de Prémontré, diocèse de Saint-Omer, a été donnée à M. Sterin.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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368
p. 1654-1658
CEREMONIE Anniversaire, faite le jour de la Fête-Dieu à Vernon en Normandie. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 20. Juin 1732.
Début :
Voici, Monsieur, un narré fidele de la Cérémonie qui se fait [...]
Mots clefs :
Cérémonie, Fête-Dieu, Vernon, Notre-Dame de Grâce, Procession, Messe
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texteReconnaissance textuelle : CEREMONIE Anniversaire, faite le jour de la Fête-Dieu à Vernon en Normandie. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 20. Juin 1732.
CEREMONIE Anniversaire , faite le
jour de la Fête-Dieu à Vernon en Normandie. Extrait d'une Lettre écrite de
cette Ville le 20. Juin 1732.
V
oici , Monsieur , un narré fidele de
la Cérémonie qui se fait tous les ans
dans cette Ville , et dont vous n'avez entendu parler que confusément. Nous
avons ici , comme dans presque toutes les
Villes de cette Province , une Confrerie ,
dite de la Charité , dont les membres , au
nombre de treize , s'engagent à porter et
JUILLE 1. 1732. 1655
servent que
à enterrer les Morts gratuitement. Le Chef
de cette Societé est tiré au sort et nommé
le Roi ; il y a aussi deux Officiers nommez Senechaux , lesquels , avec le Roi , ne
durant une année , les autres
servent deux ans entiers ; ensorte qu'il
faut toutes les années proceder à une nouvelle Election , tant pour les trois personnes dont on vient de parler , que pour
remplir le nombre des Confreres qui peu
vent déceder pendant leur éxercice ; c'est
ce qui se fait dans l'Octave du S. Sacrement , ordinairement le Vendredy ; on
enregistre d'abord les noms de ceux qui
se présentent pour entrer dans la Confrerie , et le Lundi suivant ils vont tous en
Pélerinage à Notre- Dame de Grace , dévotion célebre à deux lieuës de 11 Ville :
c'est-là qu'après la Messe entenduë , le
Roi est tiré au sort : pour les Senechaux
c'est un Office qui s'achette au profit de
la Confrerie. Le jour suivant ils s'assemblent tous et le Curé de Notre - Dame, ou
son Vicaire , leur fait une Exhortation au
*sujet de leurs obligations , de leurs fonc- tions , & c.
Les Officiers en Charge vont tous les
ans en céremonie, la veille de la Fête- Dieu,
prendre un des anciens Confreres , selon
son tour et son rang , qu'on appelle l: Roj
I ij des
1656 MERCURE DE FRANCE
des Rois , ou le Roi des anciens Rois , et
ils le conduisent de son logis à l'Eglise de
Notre- Dame , où il assiste avec eux aux
premieres Vêpres , et à Matines , et le
tendemain à la Grand Messe , et tout de
suite à la Procession solemnelle du S. Sacrement , suivant immédiatement le Dais
et portant une couronne à la main. Ceux
qui l'accompagnent et les anciens Rois
c'est-à-dire , tous ceux qui ont porté le
Chapperon , marque de cette dignité ,
portent des flambeaux ornez de fleurs
et sont en habit ordinaire , il n'y a que
ceux qui servent actuellement qui portent
la Robe longue de la Confrerie.
La Procession finie et la Messe , qui se
célebre au retour , étant dite , on reconduit le Roi des Rois chez lui , où toute
la Confrerie dîne .
Mais avant que de se mettre à table , ils
sont obligez d'aller servir douze Pauvres ,
dont le couvert est mis sur une Table
dressée dans la rue , à la porte de la maison du Roi. Ce Repas consiste en un porage , en bouilli , en rôti , avec une bouteille de vin pour chaque Pauvre , qui
leur est versé par les Confreres. Ceux- ci
sont debout autour de la Table , et la serviette sur le bras , et le Roi est au bout
de la même Table , aussi debout , la Cou
tonne sur la tête.
JUILLET. 1732 1657
Le Jeudi , jour de l'Octave , on distribue encore un gros pain à douze autres
Pauvres , chacun le sien ; ce sont les Freres en exercice qui font cette derniere distribution , le tout aux dépens d'une fondation , dont je ne sçai ni l'époque , ni le
nom de l'Auteur.
Ne vous attendez pas non plus , Monsieur , que je vous dise ici quelque chose
sur la premiere institution de cette pieuse
Confrerie ; nous ne sommes pas si sçavans dans ce Canton. Je crois qu'on peut
la faire remonter aussi haut que l'on voudra , et lui donner même pour Instituteur,
du moins pour premier modele et pour
Patron le saint homme Tobie. Le Peintre
du grand Tableau , dont vous me parlez ,
qui se voit dans l'Eglise Paroissiale de Louviers , à quatre lieuës d'ici , étoit bien
persuadé de son antiquité , puisqu'il fait
assister des Confreres de la Charité , à ge
noux , en habit de céremonie , autour du
Lit de la Sainte Vierge , dont il a prétendu representer le Trépas et les Obseques ,
avec un Benitier aux pieds , &c.
,
J'ajoûterai à cela , puisque vous êtes curieux de nos Cérémonies , que les Cha→
noines de notre Collegiale ont choisi pour
leur Patron S. Barnabé. On chante le jour
de la Fête une Messe des plus solemnelI iij les ,
1658 MERCURE DE FRANCE
les , à laquelle assistent tous les Officiers ,
tant Ecclésiastiques , que Laïques. A l'Offertoire , les hauts Vicaires présentent à
chacun de ces Officiers une Couronne et
un Bouquet de fleurs. Le Diacre même et
le Soudiacre quittent l'Autel pour satisfaire à cette obligation. Je dis obligation ,
car ces Messieurs ayant voulu se dispenser
il y a quelquetems de la cérémonie
formé pour cela, une Instance au Parlement , les Officiers ont été maintenus dans
la possession de ce droit par un Arrêt contradictoire.
jour de la Fête-Dieu à Vernon en Normandie. Extrait d'une Lettre écrite de
cette Ville le 20. Juin 1732.
V
oici , Monsieur , un narré fidele de
la Cérémonie qui se fait tous les ans
dans cette Ville , et dont vous n'avez entendu parler que confusément. Nous
avons ici , comme dans presque toutes les
Villes de cette Province , une Confrerie ,
dite de la Charité , dont les membres , au
nombre de treize , s'engagent à porter et
JUILLE 1. 1732. 1655
servent que
à enterrer les Morts gratuitement. Le Chef
de cette Societé est tiré au sort et nommé
le Roi ; il y a aussi deux Officiers nommez Senechaux , lesquels , avec le Roi , ne
durant une année , les autres
servent deux ans entiers ; ensorte qu'il
faut toutes les années proceder à une nouvelle Election , tant pour les trois personnes dont on vient de parler , que pour
remplir le nombre des Confreres qui peu
vent déceder pendant leur éxercice ; c'est
ce qui se fait dans l'Octave du S. Sacrement , ordinairement le Vendredy ; on
enregistre d'abord les noms de ceux qui
se présentent pour entrer dans la Confrerie , et le Lundi suivant ils vont tous en
Pélerinage à Notre- Dame de Grace , dévotion célebre à deux lieuës de 11 Ville :
c'est-là qu'après la Messe entenduë , le
Roi est tiré au sort : pour les Senechaux
c'est un Office qui s'achette au profit de
la Confrerie. Le jour suivant ils s'assemblent tous et le Curé de Notre - Dame, ou
son Vicaire , leur fait une Exhortation au
*sujet de leurs obligations , de leurs fonc- tions , & c.
Les Officiers en Charge vont tous les
ans en céremonie, la veille de la Fête- Dieu,
prendre un des anciens Confreres , selon
son tour et son rang , qu'on appelle l: Roj
I ij des
1656 MERCURE DE FRANCE
des Rois , ou le Roi des anciens Rois , et
ils le conduisent de son logis à l'Eglise de
Notre- Dame , où il assiste avec eux aux
premieres Vêpres , et à Matines , et le
tendemain à la Grand Messe , et tout de
suite à la Procession solemnelle du S. Sacrement , suivant immédiatement le Dais
et portant une couronne à la main. Ceux
qui l'accompagnent et les anciens Rois
c'est-à-dire , tous ceux qui ont porté le
Chapperon , marque de cette dignité ,
portent des flambeaux ornez de fleurs
et sont en habit ordinaire , il n'y a que
ceux qui servent actuellement qui portent
la Robe longue de la Confrerie.
La Procession finie et la Messe , qui se
célebre au retour , étant dite , on reconduit le Roi des Rois chez lui , où toute
la Confrerie dîne .
Mais avant que de se mettre à table , ils
sont obligez d'aller servir douze Pauvres ,
dont le couvert est mis sur une Table
dressée dans la rue , à la porte de la maison du Roi. Ce Repas consiste en un porage , en bouilli , en rôti , avec une bouteille de vin pour chaque Pauvre , qui
leur est versé par les Confreres. Ceux- ci
sont debout autour de la Table , et la serviette sur le bras , et le Roi est au bout
de la même Table , aussi debout , la Cou
tonne sur la tête.
JUILLET. 1732 1657
Le Jeudi , jour de l'Octave , on distribue encore un gros pain à douze autres
Pauvres , chacun le sien ; ce sont les Freres en exercice qui font cette derniere distribution , le tout aux dépens d'une fondation , dont je ne sçai ni l'époque , ni le
nom de l'Auteur.
Ne vous attendez pas non plus , Monsieur , que je vous dise ici quelque chose
sur la premiere institution de cette pieuse
Confrerie ; nous ne sommes pas si sçavans dans ce Canton. Je crois qu'on peut
la faire remonter aussi haut que l'on voudra , et lui donner même pour Instituteur,
du moins pour premier modele et pour
Patron le saint homme Tobie. Le Peintre
du grand Tableau , dont vous me parlez ,
qui se voit dans l'Eglise Paroissiale de Louviers , à quatre lieuës d'ici , étoit bien
persuadé de son antiquité , puisqu'il fait
assister des Confreres de la Charité , à ge
noux , en habit de céremonie , autour du
Lit de la Sainte Vierge , dont il a prétendu representer le Trépas et les Obseques ,
avec un Benitier aux pieds , &c.
,
J'ajoûterai à cela , puisque vous êtes curieux de nos Cérémonies , que les Cha→
noines de notre Collegiale ont choisi pour
leur Patron S. Barnabé. On chante le jour
de la Fête une Messe des plus solemnelI iij les ,
1658 MERCURE DE FRANCE
les , à laquelle assistent tous les Officiers ,
tant Ecclésiastiques , que Laïques. A l'Offertoire , les hauts Vicaires présentent à
chacun de ces Officiers une Couronne et
un Bouquet de fleurs. Le Diacre même et
le Soudiacre quittent l'Autel pour satisfaire à cette obligation. Je dis obligation ,
car ces Messieurs ayant voulu se dispenser
il y a quelquetems de la cérémonie
formé pour cela, une Instance au Parlement , les Officiers ont été maintenus dans
la possession de ce droit par un Arrêt contradictoire.
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Résumé : CEREMONIE Anniversaire, faite le jour de la Fête-Dieu à Vernon en Normandie. Extrait d'une Lettre écrite de cette Ville le 20. Juin 1732.
Le texte relate une cérémonie annuelle célébrée à Vernon en Normandie à l'occasion de la Fête-Dieu, décrite dans une lettre datée du 20 juin 1732. Cette cérémonie est organisée par une confrérie de la Charité, composée de treize membres qui s'engagent à enterrer gratuitement les morts. Chaque année, un chef, appelé le Roi, et deux officiers, les Sénéchaux, sont élus par tirage au sort ou achat de charge. La cérémonie commence par un pèlerinage à Notre-Dame de Grace, suivi d'une exhortation par le curé ou son vicaire. La veille de la Fête-Dieu, les officiers accompagnent un ancien confrère, appelé le Roi des Rois, à l'église pour les vêpres, matines et la grand-messe, puis à la procession solennelle du Saint-Sacrement. Après la procession, ils reconduisent le Roi des Rois chez lui, où ils dînent ensemble après avoir servi douze pauvres dans la rue. Le jeudi suivant, douze autres pauvres reçoivent un pain, distribué par les frères en exercice. Le texte mentionne également que les chanoines de la collégiale de Vernon ont choisi saint Barnabé comme patron et célèbrent une messe solennelle à laquelle assistent divers officiers, qui reçoivent des couronnes et des bouquets de fleurs.
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369
s. p.
STANCES IRREGULIERES Sur l'avantage qu'il y a d'aimer Dieu, préférablement aux Créatures.
Début :
Je déteste vos impostures, [...]
Mots clefs :
Coeurs, Amours, Créatures, Dieu, Plaisirs
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texteReconnaissance textuelle : STANCES IRREGULIERES Sur l'avantage qu'il y a d'aimer Dieu, préférablement aux Créatures.
STANCES IRREGULIERES
Sur l'avantage qu'il y a d'aimer Dien ,
préférablement aux Créatures.
33 J
13
E déteste vos impostures ,
Funeste amour des Créatures ;
Cédez pour jamais dans mon
、 cœur
A l'amour de mon Créateur.
Combien de fois séduit d'une fausse apparence,
La légéreté, l'inconstance ,
A ij De
1676 MERCURE DE FRANCE
De la plus piquante beauté ,
Ont-elles trompé l'esperance ,
Dont on s'étoit trop- tôt flatté ?
Combien l'aveugle phrénésie ,
D'une barbare jalousie ,
A-t-elle tourmenté de cœurs !
Et la cruelle maladie ,
Effacé de charmes vainqueurs ,
Et changé d'amours en horreurs!
Si , pour prix de notre constance,
Une flateuse préférence ,
Couronne notre passion ,
Une longue possession ,
Une facile jouissance ,
Fait cesser les tendres soupirs ;
L'amour tombe dans l'indolence ;
Le dégoût succéde aux désirs ,
Et le repentir aux plaisirs,
Mais je veux qu'il se trouve au monde
Deux cœurs si tendrement unis
Qu'au milieu d'une paix profonde ,
Ils goûtent des biens infinis ,
Et que leur ardeur mutuelle ,
A chaque instant se renouvelle ;
Ces cœurs sont-ils long- temps heureux à
Les rigueurs d'une longue absence ,
Les
A
OUST. 1732 1677
Traverseront de si beaux feux ,
Où la mort avec violence ,
Viendra briser de si doux nœuds.
Grand Dieu , l'on trouve en vous une beauté
parfaite ;
On n'y craint point de changement ;
Plus nous vous aimons constamment .
"
Et plus notre ame est satisfaite.
A celui qui veut vous chercher ;
Jamais rien ne vous peut cacher ;
Ni tumulte , ni solitude ;
Vous sçavez remplir nos désirs ,
Et par l'avant- goût des plaisirs ,
D'une sainte beatitude ,
Adoucir notre inquiétude.
La mort si terrible aux Amans ,
N'a rien à nos yeux que d'aimable ;
Nous en attendons les momens,
Comme le terme désirable ,
Qui doit à l'objet adorable
us unir éternellemen
Sur l'avantage qu'il y a d'aimer Dien ,
préférablement aux Créatures.
33 J
13
E déteste vos impostures ,
Funeste amour des Créatures ;
Cédez pour jamais dans mon
、 cœur
A l'amour de mon Créateur.
Combien de fois séduit d'une fausse apparence,
La légéreté, l'inconstance ,
A ij De
1676 MERCURE DE FRANCE
De la plus piquante beauté ,
Ont-elles trompé l'esperance ,
Dont on s'étoit trop- tôt flatté ?
Combien l'aveugle phrénésie ,
D'une barbare jalousie ,
A-t-elle tourmenté de cœurs !
Et la cruelle maladie ,
Effacé de charmes vainqueurs ,
Et changé d'amours en horreurs!
Si , pour prix de notre constance,
Une flateuse préférence ,
Couronne notre passion ,
Une longue possession ,
Une facile jouissance ,
Fait cesser les tendres soupirs ;
L'amour tombe dans l'indolence ;
Le dégoût succéde aux désirs ,
Et le repentir aux plaisirs,
Mais je veux qu'il se trouve au monde
Deux cœurs si tendrement unis
Qu'au milieu d'une paix profonde ,
Ils goûtent des biens infinis ,
Et que leur ardeur mutuelle ,
A chaque instant se renouvelle ;
Ces cœurs sont-ils long- temps heureux à
Les rigueurs d'une longue absence ,
Les
A
OUST. 1732 1677
Traverseront de si beaux feux ,
Où la mort avec violence ,
Viendra briser de si doux nœuds.
Grand Dieu , l'on trouve en vous une beauté
parfaite ;
On n'y craint point de changement ;
Plus nous vous aimons constamment .
"
Et plus notre ame est satisfaite.
A celui qui veut vous chercher ;
Jamais rien ne vous peut cacher ;
Ni tumulte , ni solitude ;
Vous sçavez remplir nos désirs ,
Et par l'avant- goût des plaisirs ,
D'une sainte beatitude ,
Adoucir notre inquiétude.
La mort si terrible aux Amans ,
N'a rien à nos yeux que d'aimable ;
Nous en attendons les momens,
Comme le terme désirable ,
Qui doit à l'objet adorable
us unir éternellemen
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Résumé : STANCES IRREGULIERES Sur l'avantage qu'il y a d'aimer Dieu, préférablement aux Créatures.
Le texte 'Stances irrégulières' met en avant les avantages d'aimer Dieu plutôt que les créatures terrestres. L'auteur critique l'amour terrestre, qui trompe souvent par des apparences fallacieuses et cause des souffrances par la jalousie et l'inconstance. Même lorsqu'il semble récompensé, il mène souvent à l'indolence, au dégoût et au repentir. Les cœurs les plus unis finissent par souffrir des rigueurs de l'absence ou de la mort. En contraste, aimer Dieu offre une beauté parfaite et constante. Dieu sait remplir les désirs et adoucir l'inquiétude par la promesse d'une béatitude sainte. La mort, redoutable pour les amants terrestres, devient désirable car elle unit éternellement à Dieu.
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370
p. 1877-1881
CEREMONIE faite dans l'Eglise Paroissiale de S. Sulpice , à l'occasion de la Premiere Pierre du grand Autel posée par M. le Nonce au nom du Pate Clement XII. le 21. de ce mois.
Début :
Cette Ceremonie a été des plus magnifiques, tant par le grand nombre de Seigneurs et de [...]
Mots clefs :
Cérémonie, Église paroissiale de Saint-Sulpice, Autel, Pierre, Nonce du Pape, Ambassadeur, Procession, Clergé, Messe, Inscription
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texteReconnaissance textuelle : CEREMONIE faite dans l'Eglise Paroissiale de S. Sulpice , à l'occasion de la Premiere Pierre du grand Autel posée par M. le Nonce au nom du Pate Clement XII. le 21. de ce mois.
CEREMONIE faite dans l'Eglise
Paroissiale de S. Sulpice , à l'occasion
de la Premiere Pierre du grand Autel
posée par M. le Nonce au nom du Pate
Clement XII. le 21. de ce mois.
Ette Ceremonie a été des plus magnifiques ,
stant par le grand nombre de Seigneurs et de
Dames qui y ont assisté , que par l'ordre qui a
été observé. Trois cent hommes du Guet à pied
étoient en armes au- dehors de l'Eglise , pour em pêcher les embarras des Carrosses , et il y avoit
dans l'interieur cent Cavaliers du Guet, comman
dez leurs Officiers , et cent. Suisses par tenir le bon ordre.
pour mainLe Nonce du Pape étoit attendu au Presbytere,
dans une Sale ornée et préparée pour le recevoin
Son Excellence arriva vers les dix heures , préce
dée de ses Valets de pied , accompagnée des Sci- greurs étrangers , et suivie de tous les Officiers
de sa Maison qui avoient servi à son Entrée pu
blique. Elle fut saluée d'une grande décharge de
Boetes, att son des Tambours, Timbales et Trompettes , et reçue à la descente de son Carosse par
M.le Curé et par les Marguilliers de la Paroisse,
à la tête desquels étoit le Comte de S. Florentia
Secretaire d'Etat , en l'absence de M. le Comte
de Maurepas , premier Marguillier d'honneur ,
qui s'étoit trouvé indisposé. M. le Nonce fut con
duit dans la Sale destinée à le recevoir ; il y étoit
attendu par l'Ambassadeur du Roy de Sardaigue,
par
1878 MERCURE DE FRANCE
par l'Ambassadeur de la République de Venise ,
par le Comte de Gergy's Ambassadeur de France
Venise , par plusieurs autres Ministres des Cours
Etrangeres et par un grand nombre de Selgneurs du Royaume , invitez à la Ceremonie.
Au moment de son arrivée , la Procession commença à sortir de l'Eglise par la porte collaterale,
située au Midy, pour rentrer par la grande porte.
Voici l'ordre qui s'y observa.
A la tête étoient les Timbales , Trompettes ,
Hautbois et Bassons ; on voyoit ensuite la grande
Baniere de la Paroisse , suivie de tous les Ouvriers 'servant à la construction du Bâtiment , en trèsgrand nombre , portant tous à la immain,la marque distinctive de leur Profession ; ils étoient conduits par les Maîtres , les Contre- Maitres er
les Appareilleurs. Le sieur Servandoni , des Académies Royales de Peinture, Sculpture et Architecture , premier Architecte de S. Sulpice , mar- choit à leur tête. e
Au milieu d'eux les Marbriers , avec des bricolles couvertes de rubans portoient sur un bran
card , orné d'un Tapis de velours , la Premiere
Pierre , parée de Guirlandes de fleurs , et de rubans; après eux marchoient les Congregations
et les Confrairies,avec leurs étendarts et Guidons.
Tout le Clergé en surplis venoit ensuite au nombre de plus de 300. chantant des Pseaumes à deux
Chœurs. ,,,
La Procession ayant passé dans cet ordre devant le Presbytere, M. le Curé en Etole et en Chape , en fit la clôture. Alors M. le Nonce, précedé de toute sa Livrée , suivi de tous ses Oraciers et
accompagné de M le Comte de S Florentin , des
Marguilliers , des Ambassadeurs de Sardaigne et
de Venise, du Comte de Gergy et des autres Mi mistres
A O UST. 1732 1879
nistres Etrangers et Seigneurs, sortit du Presby- tere pour suivre la Procession. On arriva ainsi à
l'Eglise qui avoit été disposée avec toute la noblesse et toute la magnificence possible , ce qui
offroit aux Spectateurs une décoration des plus
superbes , laquelle subsista sans aucun trouble ni
dérangement , malgré l'affluence et le concours
infini du Peuple empressé de voir cette auguste solemnité.
Les Confrairies allerent prendre les places qui
leur avoient été marquées , et les Congregations
placerent à l'entrée du Chœur leurs Bannieres, qui
furent admirées de toute l'Assemblée , plus encore par le goût que par la richesse de l'ouvrage.
Le Clergé se rangea sur deux lignes paralleles
dans la grand- Nef; M. le Curé se tenant au mi- fieu , présenta l'Eau-benite à M. le Nonce et en- suite lui offrit à baiser une Croix de Cristal de
Roche , d'un ouvrage parfait , dans laquelle on conserve une précieuse portion de la vraye Croix.
S. E. s'étant mise à genoux sur un riche Caradora le Crucifix ; puis s'étant relevée ,
M. le Curé lui fit un compliment dont elle pa- rut très-satisfaite.
reau ,
De-là elle fut conduite à un Prie-Dieu , couvert d'un superbe Tapis , placé devant un Autel
que l'on avoit dressé entre la Nef et le Chœur ,
il étoit orné d'un grand nombre de Chandeliers et de Girandoles de Cristal. Aux côtez du Nonçe
se placerent les Ambassadeurs , les Ministres
Etrangers , et les autres Seigneurs dans des Fauteuils préparez , avec des Carreaux de velours à
Galons d'or. M. le Comte de S. Florentin et les
Marguilliers prirent leurs places dans l'Euvre ,
qui étoit parée de Tapis de velours et de Carreaux chamarez d'or;toute la suite de S. E. et
des
1880 MERCURE DE FRANCE
des autres Ministres et Seigneurs,, se rangea dans lá Nef.
Des deux côtez de l'Autel on avoit disposé
une grande quantité de Chaises de Tapisserie , et
ce fut- là que l'on plaça les Personnes de distinction , de l'un et de l'autre sexe , qui s'y trouverent en grand nombre. Plus loin, dans le Sanctuaire , les Ecclesiastiques en Manteau, et les Religieux de différens Ordres.
Il y avoit en dehors de chaque Arcade de la
Nef une Barriere de Suisses , et en dedans un
rang de Cavaliers du Guet , pour empêcher le
peuple , qui remplissoit les bas côtez et la croisée
de ce grand et superbe Edifice , de causer de la
confusion , et cette double Barriere étoit continuće depuis la grande Porte jusques au Chœur.
Pendant que chacun prenoit la place qui lui
étoit destinée , on entendoit un Concert d'Ins
trumens, choisis de toute espece.
Le Clergé ayant défilé sur deux lignes , poar
se rendre dans le Choeur , dès qu'il y fut rangé ,
on commença la Messe ; pendant laquelle il fut
chanté un Motet de M. Campra , avec une Symphonie de M. Clerambault , Organiste et Maître
de Musique de S. Sulpice.
La Messe finie , M. le Nonce , précédé des -
Prêtres de la Paroisse , qui portoient dans des
Vases précieux les differens Instrumens qui de- voient servir à la Cérémonie , alla poser ia premiere Pierre. S. E. mit dans un Coffre de Marbre,
creusé exprès , des Médaillons d'or , d'argent et
de bronze, que le Pape avoit envoyez ; ils étoient
portez dans une Jatte d'Agathe , montée en for
d'un ouvrage exquis ; le Marbre fut ensuite sceité
er mis sous la premiere Pierre , sur laquelle est
gravée en Lettres d'or , l'Inscription qui suit :
CLE
A OUST 1732.
CLEMENS PAPA XII . PER RAINERIUM
COMITIBUS DE ILCIO ARCHIEPISCOPUM RнODIENSEM NUNCIUM APOSTOLICUM , LAPIDEM
HUNC ALTARIS SANCTI PRIMARIUM POSULT
XXI AUGUSTI. ANNO M. DCC. XXXII.
Pendant tout le temps de cette Cérémonie , les
Instrumens continuerent de donner une Symphonie qui fut generalement goutée. Lorsque la
Pierre fut posée , M. le Curé accompagna M. le
Nonce , M. le Comte de S. Florentin , et plusieurs autres Seigneurs dans la nouvelle Sacristie; ils y admirerent tous les Tableaux dont elle est ornée , qui sont des plus grands Maîtres , la.
Menuiserie qui est d'un gout achevé , et le Lavoir tout incrusté de Marbre , dont la Cuvette.
est un ancien Tombeau de Marbre d'Egypte ,
d'un grand prix.- -
Ensuite le Clergé s'étant rangé sur deux lignes dans la Nef, S. E. sortit de l'Eglise et fut conduite jusques à son Carosse , par M. le Curé ,
M. le Comte de S. Florentin , et Mrs les Marguilliers , au bruit des Tambours , Timballes et
Trompettes , et la Cérémonie fut terminée par
- des aumônes que M. le Curé fit distribuer abondament à tous les Pauvres , qui s'y trouvèrent en
tres- grand nombre.
Paroissiale de S. Sulpice , à l'occasion
de la Premiere Pierre du grand Autel
posée par M. le Nonce au nom du Pate
Clement XII. le 21. de ce mois.
Ette Ceremonie a été des plus magnifiques ,
stant par le grand nombre de Seigneurs et de
Dames qui y ont assisté , que par l'ordre qui a
été observé. Trois cent hommes du Guet à pied
étoient en armes au- dehors de l'Eglise , pour em pêcher les embarras des Carrosses , et il y avoit
dans l'interieur cent Cavaliers du Guet, comman
dez leurs Officiers , et cent. Suisses par tenir le bon ordre.
pour mainLe Nonce du Pape étoit attendu au Presbytere,
dans une Sale ornée et préparée pour le recevoin
Son Excellence arriva vers les dix heures , préce
dée de ses Valets de pied , accompagnée des Sci- greurs étrangers , et suivie de tous les Officiers
de sa Maison qui avoient servi à son Entrée pu
blique. Elle fut saluée d'une grande décharge de
Boetes, att son des Tambours, Timbales et Trompettes , et reçue à la descente de son Carosse par
M.le Curé et par les Marguilliers de la Paroisse,
à la tête desquels étoit le Comte de S. Florentia
Secretaire d'Etat , en l'absence de M. le Comte
de Maurepas , premier Marguillier d'honneur ,
qui s'étoit trouvé indisposé. M. le Nonce fut con
duit dans la Sale destinée à le recevoir ; il y étoit
attendu par l'Ambassadeur du Roy de Sardaigue,
par
1878 MERCURE DE FRANCE
par l'Ambassadeur de la République de Venise ,
par le Comte de Gergy's Ambassadeur de France
Venise , par plusieurs autres Ministres des Cours
Etrangeres et par un grand nombre de Selgneurs du Royaume , invitez à la Ceremonie.
Au moment de son arrivée , la Procession commença à sortir de l'Eglise par la porte collaterale,
située au Midy, pour rentrer par la grande porte.
Voici l'ordre qui s'y observa.
A la tête étoient les Timbales , Trompettes ,
Hautbois et Bassons ; on voyoit ensuite la grande
Baniere de la Paroisse , suivie de tous les Ouvriers 'servant à la construction du Bâtiment , en trèsgrand nombre , portant tous à la immain,la marque distinctive de leur Profession ; ils étoient conduits par les Maîtres , les Contre- Maitres er
les Appareilleurs. Le sieur Servandoni , des Académies Royales de Peinture, Sculpture et Architecture , premier Architecte de S. Sulpice , mar- choit à leur tête. e
Au milieu d'eux les Marbriers , avec des bricolles couvertes de rubans portoient sur un bran
card , orné d'un Tapis de velours , la Premiere
Pierre , parée de Guirlandes de fleurs , et de rubans; après eux marchoient les Congregations
et les Confrairies,avec leurs étendarts et Guidons.
Tout le Clergé en surplis venoit ensuite au nombre de plus de 300. chantant des Pseaumes à deux
Chœurs. ,,,
La Procession ayant passé dans cet ordre devant le Presbytere, M. le Curé en Etole et en Chape , en fit la clôture. Alors M. le Nonce, précedé de toute sa Livrée , suivi de tous ses Oraciers et
accompagné de M le Comte de S Florentin , des
Marguilliers , des Ambassadeurs de Sardaigne et
de Venise, du Comte de Gergy et des autres Mi mistres
A O UST. 1732 1879
nistres Etrangers et Seigneurs, sortit du Presby- tere pour suivre la Procession. On arriva ainsi à
l'Eglise qui avoit été disposée avec toute la noblesse et toute la magnificence possible , ce qui
offroit aux Spectateurs une décoration des plus
superbes , laquelle subsista sans aucun trouble ni
dérangement , malgré l'affluence et le concours
infini du Peuple empressé de voir cette auguste solemnité.
Les Confrairies allerent prendre les places qui
leur avoient été marquées , et les Congregations
placerent à l'entrée du Chœur leurs Bannieres, qui
furent admirées de toute l'Assemblée , plus encore par le goût que par la richesse de l'ouvrage.
Le Clergé se rangea sur deux lignes paralleles
dans la grand- Nef; M. le Curé se tenant au mi- fieu , présenta l'Eau-benite à M. le Nonce et en- suite lui offrit à baiser une Croix de Cristal de
Roche , d'un ouvrage parfait , dans laquelle on conserve une précieuse portion de la vraye Croix.
S. E. s'étant mise à genoux sur un riche Caradora le Crucifix ; puis s'étant relevée ,
M. le Curé lui fit un compliment dont elle pa- rut très-satisfaite.
reau ,
De-là elle fut conduite à un Prie-Dieu , couvert d'un superbe Tapis , placé devant un Autel
que l'on avoit dressé entre la Nef et le Chœur ,
il étoit orné d'un grand nombre de Chandeliers et de Girandoles de Cristal. Aux côtez du Nonçe
se placerent les Ambassadeurs , les Ministres
Etrangers , et les autres Seigneurs dans des Fauteuils préparez , avec des Carreaux de velours à
Galons d'or. M. le Comte de S. Florentin et les
Marguilliers prirent leurs places dans l'Euvre ,
qui étoit parée de Tapis de velours et de Carreaux chamarez d'or;toute la suite de S. E. et
des
1880 MERCURE DE FRANCE
des autres Ministres et Seigneurs,, se rangea dans lá Nef.
Des deux côtez de l'Autel on avoit disposé
une grande quantité de Chaises de Tapisserie , et
ce fut- là que l'on plaça les Personnes de distinction , de l'un et de l'autre sexe , qui s'y trouverent en grand nombre. Plus loin, dans le Sanctuaire , les Ecclesiastiques en Manteau, et les Religieux de différens Ordres.
Il y avoit en dehors de chaque Arcade de la
Nef une Barriere de Suisses , et en dedans un
rang de Cavaliers du Guet , pour empêcher le
peuple , qui remplissoit les bas côtez et la croisée
de ce grand et superbe Edifice , de causer de la
confusion , et cette double Barriere étoit continuće depuis la grande Porte jusques au Chœur.
Pendant que chacun prenoit la place qui lui
étoit destinée , on entendoit un Concert d'Ins
trumens, choisis de toute espece.
Le Clergé ayant défilé sur deux lignes , poar
se rendre dans le Choeur , dès qu'il y fut rangé ,
on commença la Messe ; pendant laquelle il fut
chanté un Motet de M. Campra , avec une Symphonie de M. Clerambault , Organiste et Maître
de Musique de S. Sulpice.
La Messe finie , M. le Nonce , précédé des -
Prêtres de la Paroisse , qui portoient dans des
Vases précieux les differens Instrumens qui de- voient servir à la Cérémonie , alla poser ia premiere Pierre. S. E. mit dans un Coffre de Marbre,
creusé exprès , des Médaillons d'or , d'argent et
de bronze, que le Pape avoit envoyez ; ils étoient
portez dans une Jatte d'Agathe , montée en for
d'un ouvrage exquis ; le Marbre fut ensuite sceité
er mis sous la premiere Pierre , sur laquelle est
gravée en Lettres d'or , l'Inscription qui suit :
CLE
A OUST 1732.
CLEMENS PAPA XII . PER RAINERIUM
COMITIBUS DE ILCIO ARCHIEPISCOPUM RнODIENSEM NUNCIUM APOSTOLICUM , LAPIDEM
HUNC ALTARIS SANCTI PRIMARIUM POSULT
XXI AUGUSTI. ANNO M. DCC. XXXII.
Pendant tout le temps de cette Cérémonie , les
Instrumens continuerent de donner une Symphonie qui fut generalement goutée. Lorsque la
Pierre fut posée , M. le Curé accompagna M. le
Nonce , M. le Comte de S. Florentin , et plusieurs autres Seigneurs dans la nouvelle Sacristie; ils y admirerent tous les Tableaux dont elle est ornée , qui sont des plus grands Maîtres , la.
Menuiserie qui est d'un gout achevé , et le Lavoir tout incrusté de Marbre , dont la Cuvette.
est un ancien Tombeau de Marbre d'Egypte ,
d'un grand prix.- -
Ensuite le Clergé s'étant rangé sur deux lignes dans la Nef, S. E. sortit de l'Eglise et fut conduite jusques à son Carosse , par M. le Curé ,
M. le Comte de S. Florentin , et Mrs les Marguilliers , au bruit des Tambours , Timballes et
Trompettes , et la Cérémonie fut terminée par
- des aumônes que M. le Curé fit distribuer abondament à tous les Pauvres , qui s'y trouvèrent en
tres- grand nombre.
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Résumé : CEREMONIE faite dans l'Eglise Paroissiale de S. Sulpice , à l'occasion de la Premiere Pierre du grand Autel posée par M. le Nonce au nom du Pate Clement XII. le 21. de ce mois.
Le 21 août 1732, une cérémonie solennelle a marqué la pose de la première pierre du grand autel de l'église paroissiale de Saint-Sulpice. Cette cérémonie, présidée par le Nonce du Pape au nom du Pape Clément XII, s'est déroulée avec une grande magnificence et un ordre rigoureux. Trois cents hommes du Guet à pied, cent cavaliers du Guet et cent Suisses étaient présents pour assurer la sécurité. Le Nonce, accompagné de dignitaires étrangers et de nombreux seigneurs, a été accueilli par le curé et les marguilliers de la paroisse, dont le Comte de Saint-Florentin. Une procession, incluant des ouvriers, des marbriers portant la première pierre et le clergé, a traversé l'église. La première pierre, ornée de guirlandes et de rubans, était placée dans un coffre de marbre contenant des médaillons envoyés par le Pape. La messe, accompagnée de musique par M. Campra et M. Clerambault, a précédé la pose de la pierre. Après la cérémonie, le Nonce et plusieurs seigneurs ont admiré les décorations de la nouvelle sacristie. La cérémonie s'est conclue par la distribution d'aumônes aux pauvres présents.
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371
p. 1929-1932
ODE. SUR LE JUGEMENT DERNIER.
Début :
Quelle puissance souveraine, [...]
Mots clefs :
Jugement dernier, Christ, Trompette, Trône, Sang
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texteReconnaissance textuelle : ODE. SUR LE JUGEMENT DERNIER.
OD E.
SUR LE JUGEMENT DERNIER.
QuUelle puissance souveraine ,
Trouble l'ordre de l'Univers !
Quels crls de fureur et de haine !
De quels feux s'allument les Airs !
Les Cieux , de leurs voûtes brisées ,
Ouvrent les portes embrasées ,
Aux Eclairs , aux Foudres brulans,
J'entens une voix menaçante ,
Qui dit à la Terre tremblante ,
Ce jour est le dernier des temps.
>
Mais que vois-je ! quels tas terrible ,
D'ossemens et de membres morts !
Le son d'une Trompette horrible
En ranime tous les ressorts.
Quel divin rayon de lumiere ,
poussiere ,
Donne à cet amas de
De la chaleur , du mouvement !
Quel esprit , quel souffle de vie ,
Agite,
1930 MERCURE DE FRANCE
Agite , échauffe , vivifie,
Les cendres de ce Monument !
Quels cris de joye et de victoire !
Voici le Juge des Humains ,
Le CHRIST sur un Trône de gloire ,
Ouvre le Livre des Destins ,
Au pied du Trône inaccessible ,
Sont la Justice incorruptible ,
Et l'immuable verité.
Tremblez , Mortels , je vois la Foudre ,
Qui va bien-tôt réduire en poudre ,
Le mensonge et l'iniquité.
Satan , du funeste volume ,
Transcrit les fastes criminels.
Ah ! quelle source d'amertume ,
Pour vous , ô malheureux Mortels !
Sur le fer , l'airain et le cuivre ,
Sont gravez dans l'immense Livre ,
Les trahisons , les noirs projets.
Egalement on y découvre ,
Et de la Cabane et du Louvre ,
Les attentats les plus secrets.
Sur le marbre , l'or et l'yvoire ,
Un Chérubin majestueux ,
A le soin de tracer l'Histoire,
Des
SEPTEMBRE. 1732. 1931
Des faits des hommes vertueux.
Du haut de son Trône suprême ,
Le Fils d'un Dieu pese lui- même ,
Et les vices et les vertus.
Au mouvement de la balance ,
Sa main punit ou récompense,
Les Réprouvez ou les Elus.
Du Seigneur , la voix redoutable ,
Trouble les Airs épouvantez.
Je frémis. Sa bouche équitable ,
Va m'anoncer ses volontez.
Qu'entens-je ! quelle horreur soudaine ...
Ciel ! un Fleuve de sang m'entraîne ,
Dans l'éternelle obscurité.
Ah ! Seigneur , je suis ton Ouvrage ,
Voudrois-tu détruire l'Image ;
De ta divine Majesté.
Suspens les coups de ton Tonnerre ,
Qu'ont allumé tant de forfaits ;
Ne me déclare plus la guerre ;
Je fus l'objet de tes bienfaits.
Jadis dans le sein de Marie ,
L'Esprit-Saint te donna la vie ,
Qui me garantit du trépas ,
Et victime de ta Justice,
Tu
1932 MERCURE DE FRANCE
Tu t'offris toi-même au supplice ,
Que méritoient mes attentats.
Contre moi ta juste colere ,
Devroit armer ton bras vengeur ;
Du Châtiment le plus sévere ,
Mon crime égale la rigueur.
Mais souviens-toi qu'en Pere tendre ,
Tu voulus autrefois répandre ,
Tout ton Sang pour briser mes fers ,
Ce Sang dont une seule goute ,
Auroit pû racheter , sans doute ,
Les crimes de tout l'Univers.
Dieu de bonté , mes cris funebres
Sont parvenus jusques à toi ;
Ton éclat perce les tenebres ,
Dont l'horreur me glaçoit d'effroi ;
Oui, déja ta main secourable ,
Comble l'abîme épouventable ,
Où m'entraînoit l'iniquité.
Tu m'appelles. O joye extrême !
Je touche à mon bonheur suprême ,
Et je le dois à ta bonté.
Cavaliez , Avocat à Montpellier.
SUR LE JUGEMENT DERNIER.
QuUelle puissance souveraine ,
Trouble l'ordre de l'Univers !
Quels crls de fureur et de haine !
De quels feux s'allument les Airs !
Les Cieux , de leurs voûtes brisées ,
Ouvrent les portes embrasées ,
Aux Eclairs , aux Foudres brulans,
J'entens une voix menaçante ,
Qui dit à la Terre tremblante ,
Ce jour est le dernier des temps.
>
Mais que vois-je ! quels tas terrible ,
D'ossemens et de membres morts !
Le son d'une Trompette horrible
En ranime tous les ressorts.
Quel divin rayon de lumiere ,
poussiere ,
Donne à cet amas de
De la chaleur , du mouvement !
Quel esprit , quel souffle de vie ,
Agite,
1930 MERCURE DE FRANCE
Agite , échauffe , vivifie,
Les cendres de ce Monument !
Quels cris de joye et de victoire !
Voici le Juge des Humains ,
Le CHRIST sur un Trône de gloire ,
Ouvre le Livre des Destins ,
Au pied du Trône inaccessible ,
Sont la Justice incorruptible ,
Et l'immuable verité.
Tremblez , Mortels , je vois la Foudre ,
Qui va bien-tôt réduire en poudre ,
Le mensonge et l'iniquité.
Satan , du funeste volume ,
Transcrit les fastes criminels.
Ah ! quelle source d'amertume ,
Pour vous , ô malheureux Mortels !
Sur le fer , l'airain et le cuivre ,
Sont gravez dans l'immense Livre ,
Les trahisons , les noirs projets.
Egalement on y découvre ,
Et de la Cabane et du Louvre ,
Les attentats les plus secrets.
Sur le marbre , l'or et l'yvoire ,
Un Chérubin majestueux ,
A le soin de tracer l'Histoire,
Des
SEPTEMBRE. 1732. 1931
Des faits des hommes vertueux.
Du haut de son Trône suprême ,
Le Fils d'un Dieu pese lui- même ,
Et les vices et les vertus.
Au mouvement de la balance ,
Sa main punit ou récompense,
Les Réprouvez ou les Elus.
Du Seigneur , la voix redoutable ,
Trouble les Airs épouvantez.
Je frémis. Sa bouche équitable ,
Va m'anoncer ses volontez.
Qu'entens-je ! quelle horreur soudaine ...
Ciel ! un Fleuve de sang m'entraîne ,
Dans l'éternelle obscurité.
Ah ! Seigneur , je suis ton Ouvrage ,
Voudrois-tu détruire l'Image ;
De ta divine Majesté.
Suspens les coups de ton Tonnerre ,
Qu'ont allumé tant de forfaits ;
Ne me déclare plus la guerre ;
Je fus l'objet de tes bienfaits.
Jadis dans le sein de Marie ,
L'Esprit-Saint te donna la vie ,
Qui me garantit du trépas ,
Et victime de ta Justice,
Tu
1932 MERCURE DE FRANCE
Tu t'offris toi-même au supplice ,
Que méritoient mes attentats.
Contre moi ta juste colere ,
Devroit armer ton bras vengeur ;
Du Châtiment le plus sévere ,
Mon crime égale la rigueur.
Mais souviens-toi qu'en Pere tendre ,
Tu voulus autrefois répandre ,
Tout ton Sang pour briser mes fers ,
Ce Sang dont une seule goute ,
Auroit pû racheter , sans doute ,
Les crimes de tout l'Univers.
Dieu de bonté , mes cris funebres
Sont parvenus jusques à toi ;
Ton éclat perce les tenebres ,
Dont l'horreur me glaçoit d'effroi ;
Oui, déja ta main secourable ,
Comble l'abîme épouventable ,
Où m'entraînoit l'iniquité.
Tu m'appelles. O joye extrême !
Je touche à mon bonheur suprême ,
Et je le dois à ta bonté.
Cavaliez , Avocat à Montpellier.
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Résumé : ODE. SUR LE JUGEMENT DERNIER.
Le Jugement Dernier est un événement apocalyptique où l'ordre de l'univers est perturbé par des cris de fureur et de haine. Les cieux s'ouvrent, laissant passer éclairs et foudres, tandis qu'une voix menaçante annonce la fin des temps. Les morts ressuscitent grâce à une trompette divine et un rayon de lumière, formant un amas de membres et d'ossements animés. Le Christ, assis sur un trône de gloire, ouvre le Livre des Destins, accompagné de la Justice et de la Vérité. Satan transcrit les crimes des hommes, révélant trahisons et projets secrets, tandis qu'un chérubin trace l'histoire des vertueux. Le Christ pèse les vices et les vertus, punissant ou récompensant les hommes. Terrifié, le narrateur implore la miséricorde divine, rappelant le sacrifice du Christ pour racheter les péchés. Dieu, dans sa bonté, secourt le narrateur, le sauvant de l'iniquité et lui offrant le bonheur suprême.
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372
p. 1993-1996
Gallia Christiana, &c. Tome V. [titre d'après la table]
Début :
GALLIA CHRISTIANA, in Provincias Ecclesiasticas distributa, &c. Tomus V. [...]
Mots clefs :
Gaule chrétienne, Diocèse, Malines, Constance
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Gallia Christiana, &c. Tome V. [titre d'après la table]
GALLIA , CHRISTIANA in Provincias
Ecclesiasticas distributa , &c. Tomus V.
c'est- à- dire , LA GAULE CHRETIENNE ,
divisée en Provinces Ecclésiastiques , dans
laquelle on voit la suite et l'Histoire des
Archevêques , des Evêques , et des Abbez de tous les Pays compris dans l'ancienne Gaule , depuis l'origine des Eglises jusqu'à notre tems , avec des Preuves
tirées des Monumens autentiques ; par
des Religieux Bénédictins de la Congré
gation
1994 MERCURE DE FRANCE
gation de S. Maur. Tome V. A Paris , de
l'Imprimerie Royale 1731. Fol. de 1114.
pages , sans les Preuves et les Tables.
Les grands Diocèses de Malines et de
Mayence , et ceux de leurs Suffragants ,
font la matiere de ce cinquiéme Volume
de la Gaule Chrétienne. Cette matiere est
des plus abondantes , puisqu'elle embrasse presque toute la Flandre généralement
prise , et une partie considerable de l'Allemagne. Malines , qui d'abord fut du
Diocèse de Liege , attachée pour le spirituel à l'Evêché de Cambray , fut érigée
en Archevêché en 1559. et a pour Suffragants les Evêques d'Anvers , de Bois - leDuc , de Gand , de Bruges , d'Ipres , et
de Ruremond , qui est dans la Gueldre.
Le premier Archevêq e de Malines fut
le Cardinal Perrenot de Granvelle , fort
connu dans l'Histoire. On trouve quelques Sçavans parmi les Suffragants de
cette Métropole , entr'autres Sonnius
Evêque d'Anvers , qui publia en 1556.
des Dimonstrations tirées de la parole de
Dieu sur les VI. Sacremens , et des Staturs Synodaux ; et Corneille Jansen
Evêque de Gand Auteur de quantité
d'Ouvrages , dont le plus estimé est la
Concorde Evangelique , &c.
>
Mayence peut se vanter d'avoir été éclaiτές
SEPTEMBRE. 1732 1995
rée dès les premiers tems des lumieres de
la Foi , s'il est vrai, commeon le prétend ,
que S. Crescent , Disciple de S. Paul , air
été son premier Evêque. Du moins la
Mission de Crescent dans les Gaules , ou
dans la Germanie , vers l'an 8o. de J. C.
ne sçauroit être contestée après le témoignage d'Eusebe , qui assure que ce Disciple souffrit le martyre à Mayence , où il comme le marque aussi
S. Jerôme dans son Catalogue des Hommes Illustres.
fût inhumé
3
?
Carloman et Pepin firent ériger Mayence en Métropole Le Pape Zacharie soumit à ce te Eglise Tongres , Cologne
Wormes , Spire , Utrech , et toutes les
autres parties de la Germanie dont
S. Boniface avoit été l'Apôtre. Le premier
des Archevêques de Mayence qui porta
le titre d'Electeur fut , selon nos Auteurs,
Sillegi e , d'une condition basse , mais extrêmement relevé par sa science et par
ses vertus. Sa modestie alla jusqu'à prendre pour armoiries une Rouc , en mémoire de la profession de son pere qui étoit
Charron , ou Charpentier. Les Archevêques de Mayence ont depuis conservé les
mêmes Armoiries.
La Ville de Constance , qui tire son
nom de Constant , pere de Constantin
est
و
1996 MERCURE DE FRANCE
est aussi un Evêché suffragant de Mayence. Elle est située dans la Souabe. Ce Diocèse étoit autrefois le plus étendu de toute l'Allemagne , et malgré la P. Réformation il contient encore aujourd'hui un
très-grand nombre deParroisses.L'Evêque
possesseur de plusieurs grandes Seigneuries dans l'Empire , est Directeur du cercle de Souabe , avec le Duc de Wittemberg ; et les Barons de Zeweyer , sont ses
Echansons héréditaires.
Il y a lieu de croire que ce dernier Volume era aussi favorablement reçû que les
précédens. L'ordre alphaberique , suivi
par les sçavans Auteurs de cet Ouvrage ,
promet dans le Tome suivant les Métropoles de Narbonne et de Paris
Ecclesiasticas distributa , &c. Tomus V.
c'est- à- dire , LA GAULE CHRETIENNE ,
divisée en Provinces Ecclésiastiques , dans
laquelle on voit la suite et l'Histoire des
Archevêques , des Evêques , et des Abbez de tous les Pays compris dans l'ancienne Gaule , depuis l'origine des Eglises jusqu'à notre tems , avec des Preuves
tirées des Monumens autentiques ; par
des Religieux Bénédictins de la Congré
gation
1994 MERCURE DE FRANCE
gation de S. Maur. Tome V. A Paris , de
l'Imprimerie Royale 1731. Fol. de 1114.
pages , sans les Preuves et les Tables.
Les grands Diocèses de Malines et de
Mayence , et ceux de leurs Suffragants ,
font la matiere de ce cinquiéme Volume
de la Gaule Chrétienne. Cette matiere est
des plus abondantes , puisqu'elle embrasse presque toute la Flandre généralement
prise , et une partie considerable de l'Allemagne. Malines , qui d'abord fut du
Diocèse de Liege , attachée pour le spirituel à l'Evêché de Cambray , fut érigée
en Archevêché en 1559. et a pour Suffragants les Evêques d'Anvers , de Bois - leDuc , de Gand , de Bruges , d'Ipres , et
de Ruremond , qui est dans la Gueldre.
Le premier Archevêq e de Malines fut
le Cardinal Perrenot de Granvelle , fort
connu dans l'Histoire. On trouve quelques Sçavans parmi les Suffragants de
cette Métropole , entr'autres Sonnius
Evêque d'Anvers , qui publia en 1556.
des Dimonstrations tirées de la parole de
Dieu sur les VI. Sacremens , et des Staturs Synodaux ; et Corneille Jansen
Evêque de Gand Auteur de quantité
d'Ouvrages , dont le plus estimé est la
Concorde Evangelique , &c.
>
Mayence peut se vanter d'avoir été éclaiτές
SEPTEMBRE. 1732 1995
rée dès les premiers tems des lumieres de
la Foi , s'il est vrai, commeon le prétend ,
que S. Crescent , Disciple de S. Paul , air
été son premier Evêque. Du moins la
Mission de Crescent dans les Gaules , ou
dans la Germanie , vers l'an 8o. de J. C.
ne sçauroit être contestée après le témoignage d'Eusebe , qui assure que ce Disciple souffrit le martyre à Mayence , où il comme le marque aussi
S. Jerôme dans son Catalogue des Hommes Illustres.
fût inhumé
3
?
Carloman et Pepin firent ériger Mayence en Métropole Le Pape Zacharie soumit à ce te Eglise Tongres , Cologne
Wormes , Spire , Utrech , et toutes les
autres parties de la Germanie dont
S. Boniface avoit été l'Apôtre. Le premier
des Archevêques de Mayence qui porta
le titre d'Electeur fut , selon nos Auteurs,
Sillegi e , d'une condition basse , mais extrêmement relevé par sa science et par
ses vertus. Sa modestie alla jusqu'à prendre pour armoiries une Rouc , en mémoire de la profession de son pere qui étoit
Charron , ou Charpentier. Les Archevêques de Mayence ont depuis conservé les
mêmes Armoiries.
La Ville de Constance , qui tire son
nom de Constant , pere de Constantin
est
و
1996 MERCURE DE FRANCE
est aussi un Evêché suffragant de Mayence. Elle est située dans la Souabe. Ce Diocèse étoit autrefois le plus étendu de toute l'Allemagne , et malgré la P. Réformation il contient encore aujourd'hui un
très-grand nombre deParroisses.L'Evêque
possesseur de plusieurs grandes Seigneuries dans l'Empire , est Directeur du cercle de Souabe , avec le Duc de Wittemberg ; et les Barons de Zeweyer , sont ses
Echansons héréditaires.
Il y a lieu de croire que ce dernier Volume era aussi favorablement reçû que les
précédens. L'ordre alphaberique , suivi
par les sçavans Auteurs de cet Ouvrage ,
promet dans le Tome suivant les Métropoles de Narbonne et de Paris
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Résumé : Gallia Christiana, &c. Tome V. [titre d'après la table]
Le cinquième tome de 'Gallia Christiana' ou 'La Gaule Chrétienne', publié en 1731, relate l'histoire des archevêques, évêques et abbés des régions de l'ancienne Gaule. Ce volume de 1114 pages se concentre sur les diocèses de Malines et de Mayence, ainsi que sur leurs diocèses suffragants. Malines, érigée en archevêché en 1559, compte parmi ses suffragants les évêques d'Anvers, de Bois-le-Duc, de Gand, de Bruges, d'Ipres et de Ruremond. Le premier archevêque de Malines fut le Cardinal Perrenot de Granvelle. Mayence, éclairée dès les premiers temps par la foi, aurait eu pour premier évêque Saint Crescent. Carloman et Pepin érigèrent Mayence en métropole, et le pape Zacharie soumit plusieurs régions de la Germanie à cette église. Sillegi fut le premier archevêque de Mayence à porter le titre d'électeur. Le diocèse de Constance, suffragant de Mayence, est situé en Souabe et contient encore de nombreuses paroisses malgré la Réforme. L'évêque de Constance possède plusieurs seigneuries et est directeur du cercle de Souabe. Le tome suivant traitera des métropoles de Narbonne et de Paris.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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373
p. 2317-2326
LETTRE de M.... sur le siécle où a vêcu Pierre de Natalibus, sur la situation de son Evêché, et sur la singularité de son Ouvrage.
Début :
Je suis bien aise, Monsieur, de ne pas vous renvoyer le treizième Volume [...]
Mots clefs :
Pierre de Natalibus, Journal des savants d'Italie, Évêché, Canonisation, Saint
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE de M.... sur le siécle où a vêcu Pierre de Natalibus, sur la situation de son Evêché, et sur la singularité de son Ouvrage.
LETTRE de M.... sur le siècle où a
vêcu Pierre de Natalibus , sur la situation de son Evêché , et sur la singularité
de son Ouvrage.
E suis bien aise , Monsieur , de ne
JEvous pas renvoyer le treiziéme Volume du Journal des Sçavans d'Italie¸imprimé à Venise , sans vous faire part dequelques-unes de mes remarques. Ce vo- lume contient veritablement bien des
choses qui sont de mon goût. Tels sont
les Extraits de la Dissertation de M. l'Abbé Vignoli , sur l'Epoque de la premiere
année de l'Empereur Severe , qui se voit
sur la Chaire de Marbre de S. Hyppolyte,conservée dans la Bibliotheque Vaticane ; je mets encore de ce nombre ce qui
est rapporté d'après les Ouvrages de
A v M.
2318 MERCURE DE FRANCE
M. l'Evêque d'Adria , touchant différens.
Sujets de l'Antiquité Litteraire , et la
Dissertation sur l'Urne sépulcrale d'une
Prafica , avec les Observations sur les Fu
nerailles des Anciens. La découverte des
Fragmens de S. Irenée , inconnus jusqu'ici à tous les Editeurs , et même au Pere
Massuet, m'a paru très digne d'attention,
et on lit avec plaisir les sçavantes Notes.
qui accompagnent ceux d'entre ces Frag--
mens qu'on a jugé à propos d'inserer dans
ce Journal. L'article X. de ce Volume
qui critique quelques endroits de Vos--
sius sur les Historiens Latins , m'a arrêté
davantage. Si dans chaque Nation on entreprenoit de relever les fautes de ce Bi-.
bliothequaire , et de ceux qui sont venus
après lui , on pourroit avoir dans la sui- -
te une connoissance des Ecrivains plus .
éxacte qu'on ne l'a euë jusqu'à présent ,
et encherir de beaucoup sur la Bibliotheque de M. Dupin. J'ai oui dire qu'un
sçavant Benedictin de la Congrégation de
S. Vanne a conçû le dessein de refondre..
cette Bibliotheque je souhaite que cette nouvelle se trouve veritable.
Entre les trois Auteurs dont on parle
dans les Remarques sur Vossius , j'en ai
choisi un qui est assez obscur dans un
sens , et qui cependant est assez célébre
si
FONOVEMBRE. 1732 2319
si on l'envisage d'un certain côté. C'est
celui que les Ecrivains appellent Petrus de
-Natalibus,et que quelques François se sont
ravisés depuis peu d'appeller Pierre des
Noëls. L'Auteur des Remarques sur Vossius qui ne se nomme pas , m'a paru très
-au fait touchant la Ville d'Equilium, dont
ace Pierre étoit Evêque. Il en décrit la situation d'une maniere très éxacte , et il
-marque soigneusement comment ce nom
Equilium a été corrompu en plusieurs manieres différentes. Il prouve ensuite que
cet Evêché n'a pas été si inconnu que l'a
dit Sandius : que dès le tems du Pape
Jean VIII. il y eut un Pierre d'Equilium,
et un Felix Evêque de la même Ville. Il
en nomme encore d'autres avant et depuis l'Episcopat de Pierre de Natalibus ,
et il assûre quecet Evêché est sous le Patriarchat de Grade. Il nous auroit fait
plaisir de citer quelques anciennes Descriptions des Provinces Ecclesiastiques de
ces pays là. Ces monumens peuvent n'être pas rares en Italie. A son défaut je
vous rapporterai ce que j'en trouve dans
un Manuscrit du treizième siècle, où sont
détaillez tous les Evêchez d'Italie. In
•·Histria supra mare , Patriarchatus Gradensis bos habet suffraganeos ; Castellanum
Torcellanum Aquilensem , Esulanum , Ca2 Avj pru
2320 MERCURE DE FRANCE
prulensem , Closenum , Civitatis nova. Il
est hors de doute que par Esulanum il faut
entendre Equilum. Le Journaliste en convient. On voit dans cette énumération
des sept Evêchez de quoi autoriser de
plus en plus l'Auteur à refuter Ferrari ,
qui a dit dans son Lexicon Geographique qu'Equilum avoit été du Patriarchat
d'Aquilée , et de quoi combattre ceux qui
ont confondu cet Equilum avec Cittanova , qui est située dans le même Pays.
Vossius est ensuite repris avec trèsgrande justice , pour avoir dit que Pierre
Evêque de cette Ville publia vers l'an
1470. quelques Histoires sur les Saints.
C'est à l'époque du tems auquel il le fait
vivre , que l'Anonime Italien en veut
d'abord. Il blâme avec raison Aubert le
Mire , Warton et autres , d'avoir fait vivre cet Evêque jusques vers la fin du XV.
siécle. M. Dupin fait voir , dit- il , beaud'inconstance dans ce qu'il a écrit
sur cet Auteur , et après avoir bien rencontré dans le X. Tome de sa Bibliotheque , il s'explique dans le douzième d'u
ne maniere opposée à ce qu'il avoit avan
cé. C'est ordinairement dans les derniers
volumes que l'on corrige les fautes dans
lesquelles on est tombé : M. Dupin a fait
sout le contraire. Les Bollandistes n'ont
coup
pas
NOVEMBRE. 1732. 2321
pas fait de même car après avoir dit
dans la Préface de leur premier Tome de
Janvier que ce Pierre de Natalibus étoit
contemporain de S. Antonin deFlorence ,
ils assurent dans le premier Tome de Février que cet Evêque est beaucoup plus
ancien que S. Antonin ; ce qui les mit au
fait de l'âge de notre Auteur, fût une Note tirée d'un Exemplaire considérable de
son Catalogus Sanctorum , écrit en 1403.
par un Curé de Saint Raphaël , à la fin
duquel on lisoit ces mots : Petrus Episcopus Venetus scribere inchoat anno M.CCC.
LXIX. die festo S. Bernarbe, adhuc plebanus existens, Sanctorum Apostolorum Venetiarum Diocesis Castellanensis. Opus vero
ad exitum per duxit anno M. CCC. LXXII.
die xxvI. Maiijam creatusEpiscopus Equilinus Provincia Gradensis. Ce peu de lignes démontre clairement que Pierre de Natalibus a vêcu cent, ans plutôt qu'on
n'avoit crû. Le Journaliste ajoûte à cela
que dans la Venise de Sansovino il y a
une Inscription qui marque la bénédiction d'une Chapelle de Saint Michel , faite en 1376. où après l'Evêque de Venise
est nommé Messer Pietro Nadal Vescovo
di Jesolo. Mais je suis surpris que ce Venitien qui paroît avoir tant à cœur de
redresser l'époque du tems auquel vivoit
Pierre
2322 MERCURE DE FRANCE
Pierre Evêque d'Equilum , ou d'Esulum,
ait oublié une preuve qui se tire naturel--
lement de l'Ouvrage même de cet Evêque. Je ne lis guéres cet Ouvrage que:
pour y apprendre jusqu'à quel point on
a défiguré l'Histoire des Saints dans les
siécles où la critique étoit peu éclairée
Mais je ne puis m'empêcher d'avertir que
le Critique de Vossius auroit pû jetter la
vue sur le commencement de la vie de
Saint Yves , et il y auroit vû que Pierre
marque assez clairement le tems auquel il
vivoit. Il débute ainsi sur les actions de
ce saint Curé du Diocèse de Treguier.
Lib. 5. Cap. 21. Ivo Presbyter et novus Confessor apud Trechorensem civitatem claruit ,
indiebus nostris canonizatus per Clementem
Papam sextum. Par là , l'Ecrivain déclare
sans aucune ambiguité qu'il a vêcu sous
le Pontificat de Clement VI. Or ce Pape
Limosin de naissance tint le Siége de
Saint Pierre depuis l'an 1342. jusqu'en
l'an 1352. Donc , Pierre Nadal vivoit au
milieu du XIV. siécle , et non pas du XV.-
et par conséquent il n'a pas été contem---
porain de S. Antonin. Quoique les Ecri
vains varient sur l'année dans laquelle
Clement VI. fit cette cérémonie , il est
toujours vrai de dire qu'elle se trouve
dans l'espace de ces dix années. Quel-
,
4
ques
NOVEMBRE. 1732. 2323
1
ques-uns pourroient faire remonter encore plus haut Pierre Nadal , etassûrer
qu'il a vêcu en même tems que Saint
Yves , c'est - à - dire , à la fin du treiziéme siécle prétendant que c'est ce qu'il a
voulu marquer , en plaçant la virgule none
avant in diebus nostris , mais après. Ce
raisonnement auroit quelque air de vrai
semblance s'il étoit bien certain que Pierre
Nadal eut regardé la Fête- Dieu comme
instituée tout récemment de son tems :
mais en éxaminant de près ce qu'il en dit ,
Lib. V. Cap. 45. on reconnoît que le nuper
ne doit pas être pris à la lettre , et qu'il
pouvoit s'entendre d'une chose déja éloignée , puisqu'il ajoûte tout de suite tune
temporis , ce que l'on ne dit que quand il
y a déja bien du tems que les choses sont
passées. D'un autre côté , l'on ne peut pas
reculer la mort de S. Yves bien avant dans
le XIV. siécle. Ce seroit être ridicule que
de réformer l'époque à laquelle on fixe sa..
mort , par celle du tems auquel les Ins--
criptions ci-dessus rapportées disent que
vivoit Pierre Nadal.Sans recourir à laBulle
de sa Canonisation , qui est le fondement
de son Histoire , on peut prouver par un
Synode de Treguier , qu'il étoit décedé
avant le commencement du Pontificat de
Jean XXII. et par conséquent avant l'an
1316a
2324 MERCURE DE FRANCE
1316. Ce Synode tenu dans l'une des premieres années de ce Pape , comme il pa
roît par son LXIX. Statut , ordonne dans
le soixante et dixième de la part de l'Evêque Diocesain à tous les Curez du Diocèse de Treguier , qu'ils engagent les peuples à obtenir de Dieu par un jeûne extraordinaire , et par une Messe Solemnelle du Saint Esprit , qu'il lui plaise d'operer de nouveaux miracles aux prieres
de Monsieur Yves Hælori. * Ce langage
déclare assez nettement que S. Yves étoit
mort alors , mais qu'il n'étoit pas canonisé , et que les miracles étoient rallentis à
son Tombeau , ou qu'il ne s'y en faisoit .
plus , et que cependant on souhaittoit
qu'ils recommençassent , pour prouver
de plus en plus sa sainteté , à laquelle le
Diocèse de Treguier étoit interessé. Vous
avez dû remarquer cette expression , novus Confessor. Elle désigne un Saint de
nouvelle date , c'est-à- dire , que lorsque
cela a été écrit , Messire Yves Hælori étoit
reconnu depuis peu pour Saint ; de la même maniere que le titre de nova Solemnitas , en parlant de la Fête- Dieu , marque
que les Livres où se trouve cet Epithete
sont écrits peu de tems après l'établisseVoyez ce Synode de Treguier au IV. Tome du
Trésor des Anecdotes du P. Martene , p. 1097.
ment
NOVEMBRE. 1732. 2320
ment de cette Fête.Mais je ne sçai si vous
( avez jamais fait attention que ce saint
Curé est le dernier Personnage d'entre
les Ecclésiastiques de France , et François
de naissance , qui ait été canonisé selon les
formes modernes peu de tems après sa
mort , et que depuis lui il n'y en a eu aucun de même que depuis le siecle de
cette canonisation il n'y a point eu de
Pape François.
•
>
gens ,
Je me suis peut-être étendu plus que
je n'aurois dû , à faire sentir que la vie
de S. Yves peut servir à fixer le tems auquel vivoit Pierre Nadal. Je ne sçai
après tout , si un Auteur qui a été si simple que de canoniser toutes sortes de
en valoit la peine : je ne vous le donne
pour célébre Ecrivain que de ce côté- là.
L'envie d'enfanter un gros volume l'a
porté à y faire entrer sous le nom de Saint
tous ceux qui sont dans la Génealogie de
N. S. selon S. Luc , tous les Juges de
l'Ancien Testament , et à ne point refuser ce titre au Roi Salomon. Il canonise
dans la nouvelle Loi tous les hommes illustres du Catalogue de S. Jerôme , tous
les Ecrivains Ecclésiastiques de Gennade ,
et tous les Empereurs Romains qui passent pour avoir été amis du Christianisme.Iln'y a pas jusqu'àRolland etOlivier,
pré
2326 MERCURE DE FRANCE
·
9
prétendus guerriers du tems de Charle
magne qui ont aussi le titre de Saint. Après -
cet avertissement vous ne serez pas surpris si en ouvrant jamais cet Ouvrage
Vous y appercevez à la fin du mois de
Janvier ces titres De Sancto Sale de
S. Heber , de S Phaleg , de S. Reй : au
premier jour d'Août de S. Salomone Rege
et Prophetâ : et dans l'onziéme Livre , de
Sancta Mamma Regina et Martyre , de
Sanctis Philippo et Philippo Imperatoribus
Martyribus , de Sancto Theodosio Magno ,
و
c. Ceci me meneroit naturellement à
vous parler de l'Ouvrage d'un certain
Carme appellé Zeger- Paul , ou plutôt du
Martyrologe de Tamayo de Salazar , Espagnol , lequel a prétendu trouver dans
Martial un grand nombre de Saints d'Es- ·
pagne. Mais permettez- moi de remettre
cette remarque à une autre occasion , eɛ ^
de finir en vous assurant que je suis , &
Ce 31 Mai 1732.
vêcu Pierre de Natalibus , sur la situation de son Evêché , et sur la singularité
de son Ouvrage.
E suis bien aise , Monsieur , de ne
JEvous pas renvoyer le treiziéme Volume du Journal des Sçavans d'Italie¸imprimé à Venise , sans vous faire part dequelques-unes de mes remarques. Ce vo- lume contient veritablement bien des
choses qui sont de mon goût. Tels sont
les Extraits de la Dissertation de M. l'Abbé Vignoli , sur l'Epoque de la premiere
année de l'Empereur Severe , qui se voit
sur la Chaire de Marbre de S. Hyppolyte,conservée dans la Bibliotheque Vaticane ; je mets encore de ce nombre ce qui
est rapporté d'après les Ouvrages de
A v M.
2318 MERCURE DE FRANCE
M. l'Evêque d'Adria , touchant différens.
Sujets de l'Antiquité Litteraire , et la
Dissertation sur l'Urne sépulcrale d'une
Prafica , avec les Observations sur les Fu
nerailles des Anciens. La découverte des
Fragmens de S. Irenée , inconnus jusqu'ici à tous les Editeurs , et même au Pere
Massuet, m'a paru très digne d'attention,
et on lit avec plaisir les sçavantes Notes.
qui accompagnent ceux d'entre ces Frag--
mens qu'on a jugé à propos d'inserer dans
ce Journal. L'article X. de ce Volume
qui critique quelques endroits de Vos--
sius sur les Historiens Latins , m'a arrêté
davantage. Si dans chaque Nation on entreprenoit de relever les fautes de ce Bi-.
bliothequaire , et de ceux qui sont venus
après lui , on pourroit avoir dans la sui- -
te une connoissance des Ecrivains plus .
éxacte qu'on ne l'a euë jusqu'à présent ,
et encherir de beaucoup sur la Bibliotheque de M. Dupin. J'ai oui dire qu'un
sçavant Benedictin de la Congrégation de
S. Vanne a conçû le dessein de refondre..
cette Bibliotheque je souhaite que cette nouvelle se trouve veritable.
Entre les trois Auteurs dont on parle
dans les Remarques sur Vossius , j'en ai
choisi un qui est assez obscur dans un
sens , et qui cependant est assez célébre
si
FONOVEMBRE. 1732 2319
si on l'envisage d'un certain côté. C'est
celui que les Ecrivains appellent Petrus de
-Natalibus,et que quelques François se sont
ravisés depuis peu d'appeller Pierre des
Noëls. L'Auteur des Remarques sur Vossius qui ne se nomme pas , m'a paru très
-au fait touchant la Ville d'Equilium, dont
ace Pierre étoit Evêque. Il en décrit la situation d'une maniere très éxacte , et il
-marque soigneusement comment ce nom
Equilium a été corrompu en plusieurs manieres différentes. Il prouve ensuite que
cet Evêché n'a pas été si inconnu que l'a
dit Sandius : que dès le tems du Pape
Jean VIII. il y eut un Pierre d'Equilium,
et un Felix Evêque de la même Ville. Il
en nomme encore d'autres avant et depuis l'Episcopat de Pierre de Natalibus ,
et il assûre quecet Evêché est sous le Patriarchat de Grade. Il nous auroit fait
plaisir de citer quelques anciennes Descriptions des Provinces Ecclesiastiques de
ces pays là. Ces monumens peuvent n'être pas rares en Italie. A son défaut je
vous rapporterai ce que j'en trouve dans
un Manuscrit du treizième siècle, où sont
détaillez tous les Evêchez d'Italie. In
•·Histria supra mare , Patriarchatus Gradensis bos habet suffraganeos ; Castellanum
Torcellanum Aquilensem , Esulanum , Ca2 Avj pru
2320 MERCURE DE FRANCE
prulensem , Closenum , Civitatis nova. Il
est hors de doute que par Esulanum il faut
entendre Equilum. Le Journaliste en convient. On voit dans cette énumération
des sept Evêchez de quoi autoriser de
plus en plus l'Auteur à refuter Ferrari ,
qui a dit dans son Lexicon Geographique qu'Equilum avoit été du Patriarchat
d'Aquilée , et de quoi combattre ceux qui
ont confondu cet Equilum avec Cittanova , qui est située dans le même Pays.
Vossius est ensuite repris avec trèsgrande justice , pour avoir dit que Pierre
Evêque de cette Ville publia vers l'an
1470. quelques Histoires sur les Saints.
C'est à l'époque du tems auquel il le fait
vivre , que l'Anonime Italien en veut
d'abord. Il blâme avec raison Aubert le
Mire , Warton et autres , d'avoir fait vivre cet Evêque jusques vers la fin du XV.
siécle. M. Dupin fait voir , dit- il , beaud'inconstance dans ce qu'il a écrit
sur cet Auteur , et après avoir bien rencontré dans le X. Tome de sa Bibliotheque , il s'explique dans le douzième d'u
ne maniere opposée à ce qu'il avoit avan
cé. C'est ordinairement dans les derniers
volumes que l'on corrige les fautes dans
lesquelles on est tombé : M. Dupin a fait
sout le contraire. Les Bollandistes n'ont
coup
pas
NOVEMBRE. 1732. 2321
pas fait de même car après avoir dit
dans la Préface de leur premier Tome de
Janvier que ce Pierre de Natalibus étoit
contemporain de S. Antonin deFlorence ,
ils assurent dans le premier Tome de Février que cet Evêque est beaucoup plus
ancien que S. Antonin ; ce qui les mit au
fait de l'âge de notre Auteur, fût une Note tirée d'un Exemplaire considérable de
son Catalogus Sanctorum , écrit en 1403.
par un Curé de Saint Raphaël , à la fin
duquel on lisoit ces mots : Petrus Episcopus Venetus scribere inchoat anno M.CCC.
LXIX. die festo S. Bernarbe, adhuc plebanus existens, Sanctorum Apostolorum Venetiarum Diocesis Castellanensis. Opus vero
ad exitum per duxit anno M. CCC. LXXII.
die xxvI. Maiijam creatusEpiscopus Equilinus Provincia Gradensis. Ce peu de lignes démontre clairement que Pierre de Natalibus a vêcu cent, ans plutôt qu'on
n'avoit crû. Le Journaliste ajoûte à cela
que dans la Venise de Sansovino il y a
une Inscription qui marque la bénédiction d'une Chapelle de Saint Michel , faite en 1376. où après l'Evêque de Venise
est nommé Messer Pietro Nadal Vescovo
di Jesolo. Mais je suis surpris que ce Venitien qui paroît avoir tant à cœur de
redresser l'époque du tems auquel vivoit
Pierre
2322 MERCURE DE FRANCE
Pierre Evêque d'Equilum , ou d'Esulum,
ait oublié une preuve qui se tire naturel--
lement de l'Ouvrage même de cet Evêque. Je ne lis guéres cet Ouvrage que:
pour y apprendre jusqu'à quel point on
a défiguré l'Histoire des Saints dans les
siécles où la critique étoit peu éclairée
Mais je ne puis m'empêcher d'avertir que
le Critique de Vossius auroit pû jetter la
vue sur le commencement de la vie de
Saint Yves , et il y auroit vû que Pierre
marque assez clairement le tems auquel il
vivoit. Il débute ainsi sur les actions de
ce saint Curé du Diocèse de Treguier.
Lib. 5. Cap. 21. Ivo Presbyter et novus Confessor apud Trechorensem civitatem claruit ,
indiebus nostris canonizatus per Clementem
Papam sextum. Par là , l'Ecrivain déclare
sans aucune ambiguité qu'il a vêcu sous
le Pontificat de Clement VI. Or ce Pape
Limosin de naissance tint le Siége de
Saint Pierre depuis l'an 1342. jusqu'en
l'an 1352. Donc , Pierre Nadal vivoit au
milieu du XIV. siécle , et non pas du XV.-
et par conséquent il n'a pas été contem---
porain de S. Antonin. Quoique les Ecri
vains varient sur l'année dans laquelle
Clement VI. fit cette cérémonie , il est
toujours vrai de dire qu'elle se trouve
dans l'espace de ces dix années. Quel-
,
4
ques
NOVEMBRE. 1732. 2323
1
ques-uns pourroient faire remonter encore plus haut Pierre Nadal , etassûrer
qu'il a vêcu en même tems que Saint
Yves , c'est - à - dire , à la fin du treiziéme siécle prétendant que c'est ce qu'il a
voulu marquer , en plaçant la virgule none
avant in diebus nostris , mais après. Ce
raisonnement auroit quelque air de vrai
semblance s'il étoit bien certain que Pierre
Nadal eut regardé la Fête- Dieu comme
instituée tout récemment de son tems :
mais en éxaminant de près ce qu'il en dit ,
Lib. V. Cap. 45. on reconnoît que le nuper
ne doit pas être pris à la lettre , et qu'il
pouvoit s'entendre d'une chose déja éloignée , puisqu'il ajoûte tout de suite tune
temporis , ce que l'on ne dit que quand il
y a déja bien du tems que les choses sont
passées. D'un autre côté , l'on ne peut pas
reculer la mort de S. Yves bien avant dans
le XIV. siécle. Ce seroit être ridicule que
de réformer l'époque à laquelle on fixe sa..
mort , par celle du tems auquel les Ins--
criptions ci-dessus rapportées disent que
vivoit Pierre Nadal.Sans recourir à laBulle
de sa Canonisation , qui est le fondement
de son Histoire , on peut prouver par un
Synode de Treguier , qu'il étoit décedé
avant le commencement du Pontificat de
Jean XXII. et par conséquent avant l'an
1316a
2324 MERCURE DE FRANCE
1316. Ce Synode tenu dans l'une des premieres années de ce Pape , comme il pa
roît par son LXIX. Statut , ordonne dans
le soixante et dixième de la part de l'Evêque Diocesain à tous les Curez du Diocèse de Treguier , qu'ils engagent les peuples à obtenir de Dieu par un jeûne extraordinaire , et par une Messe Solemnelle du Saint Esprit , qu'il lui plaise d'operer de nouveaux miracles aux prieres
de Monsieur Yves Hælori. * Ce langage
déclare assez nettement que S. Yves étoit
mort alors , mais qu'il n'étoit pas canonisé , et que les miracles étoient rallentis à
son Tombeau , ou qu'il ne s'y en faisoit .
plus , et que cependant on souhaittoit
qu'ils recommençassent , pour prouver
de plus en plus sa sainteté , à laquelle le
Diocèse de Treguier étoit interessé. Vous
avez dû remarquer cette expression , novus Confessor. Elle désigne un Saint de
nouvelle date , c'est-à- dire , que lorsque
cela a été écrit , Messire Yves Hælori étoit
reconnu depuis peu pour Saint ; de la même maniere que le titre de nova Solemnitas , en parlant de la Fête- Dieu , marque
que les Livres où se trouve cet Epithete
sont écrits peu de tems après l'établisseVoyez ce Synode de Treguier au IV. Tome du
Trésor des Anecdotes du P. Martene , p. 1097.
ment
NOVEMBRE. 1732. 2320
ment de cette Fête.Mais je ne sçai si vous
( avez jamais fait attention que ce saint
Curé est le dernier Personnage d'entre
les Ecclésiastiques de France , et François
de naissance , qui ait été canonisé selon les
formes modernes peu de tems après sa
mort , et que depuis lui il n'y en a eu aucun de même que depuis le siecle de
cette canonisation il n'y a point eu de
Pape François.
•
>
gens ,
Je me suis peut-être étendu plus que
je n'aurois dû , à faire sentir que la vie
de S. Yves peut servir à fixer le tems auquel vivoit Pierre Nadal. Je ne sçai
après tout , si un Auteur qui a été si simple que de canoniser toutes sortes de
en valoit la peine : je ne vous le donne
pour célébre Ecrivain que de ce côté- là.
L'envie d'enfanter un gros volume l'a
porté à y faire entrer sous le nom de Saint
tous ceux qui sont dans la Génealogie de
N. S. selon S. Luc , tous les Juges de
l'Ancien Testament , et à ne point refuser ce titre au Roi Salomon. Il canonise
dans la nouvelle Loi tous les hommes illustres du Catalogue de S. Jerôme , tous
les Ecrivains Ecclésiastiques de Gennade ,
et tous les Empereurs Romains qui passent pour avoir été amis du Christianisme.Iln'y a pas jusqu'àRolland etOlivier,
pré
2326 MERCURE DE FRANCE
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9
prétendus guerriers du tems de Charle
magne qui ont aussi le titre de Saint. Après -
cet avertissement vous ne serez pas surpris si en ouvrant jamais cet Ouvrage
Vous y appercevez à la fin du mois de
Janvier ces titres De Sancto Sale de
S. Heber , de S Phaleg , de S. Reй : au
premier jour d'Août de S. Salomone Rege
et Prophetâ : et dans l'onziéme Livre , de
Sancta Mamma Regina et Martyre , de
Sanctis Philippo et Philippo Imperatoribus
Martyribus , de Sancto Theodosio Magno ,
و
c. Ceci me meneroit naturellement à
vous parler de l'Ouvrage d'un certain
Carme appellé Zeger- Paul , ou plutôt du
Martyrologe de Tamayo de Salazar , Espagnol , lequel a prétendu trouver dans
Martial un grand nombre de Saints d'Es- ·
pagne. Mais permettez- moi de remettre
cette remarque à une autre occasion , eɛ ^
de finir en vous assurant que je suis , &
Ce 31 Mai 1732.
Fermer
Résumé : LETTRE de M.... sur le siécle où a vêcu Pierre de Natalibus, sur la situation de son Evêché, et sur la singularité de son Ouvrage.
La lettre de M.... traite du treizième volume du Journal des Sçavans d'Italie, imprimé à Venise, qui présente plusieurs articles intéressants. Parmi ceux-ci, les extraits de la dissertation de l'abbé Vignoli sur l'époque de la première année de l'empereur Sévère, les ouvrages de l'évêque d'Adria sur divers sujets de l'antiquité littéraire, et la dissertation sur l'urne sépulcrale d'une Praefica sont particulièrement notables. La découverte de fragments de Saint Irénée, inconnus jusqu'alors, est également soulignée. L'auteur critique certains passages de Vossius sur les historiens latins et suggère que relever les fautes de ce bibliothécaire et de ses successeurs pourrait améliorer la connaissance des écrivains. Il mentionne un bénédictin de la Congrégation de Saint Vanne qui envisage de refondre la bibliothèque de M. Dupin. La lettre se concentre ensuite sur Pierre de Natalibus, un auteur obscur mais célèbre dans certains cercles. L'auteur des remarques sur Vossius décrit avec précision la ville d'Equilium, dont Pierre était évêque, et corrige les erreurs sur l'époque de sa vie. Pierre de Natalibus a vécu au milieu du XIVe siècle, sous le pontificat de Clément VI, et non au XVe siècle comme l'ont affirmé certains écrivains. Cette correction est appuyée par des preuves tirées de l'ouvrage même de Pierre et de diverses inscriptions. L'auteur conclut en mentionnant la singularité de l'ouvrage de Pierre de Natalibus, qui canonise un grand nombre de personnages, y compris des figures de l'Ancien Testament et des empereurs romains. Il promet de discuter d'autres ouvrages, comme celui de Zeger-Paul ou du Martyrologe de Tamayo de Salazar, dans une autre lettre.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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374
p. 2497
BENEFICES DONNEZ
Début :
L'Abbaye de S. Vincent de Metz, Ordre de S. Benoît, vacante par le décès de M. de Bourlemont [...]
Mots clefs :
Décès, Diocèse, Abbaye
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texteReconnaissance textuelle : BENEFICES DONNEZ
BENEFICES DONNEZ
LA'Abbaye de S. Vincent de Metz , Ordre de
S. Benoît , vacante par le décès de M. de Bourlemont , en faveur de M. d'Eltz , Chanoine de
Spire.
L'Abbaye de S. Serge d'Angers , Ordre de
S. Benoît , vacante par le décès de M. de Court,
en faveur de M. de Rochechouart.
Abbaye de Bouil ou Beuf, Ordre de Citeaux,
Diocèse de Limoges , vacante par le décès du dernier Titulaire , en faveur de M. Jacques- François Hocquart, Prêtre et Chanoine du Mans.
La Prévôté Conventuelle et Elective du Chapitre de Beaumont, et le Prieuré de Verriere, son
Annexe, Ordre de S. Augustin , Diocèse de Va
bres , vacante par le décès de M. de Gua , en fa- yeur de M. Narbonne Pelet.
Le Prieuré Régulier , Conventuel et Electif
de S. Antoine , Ordre de S. Augustin , Diocèse
de Rodez , vacant par le décès de M, du Puy ,
en faveur du Pere Arnaud , Prieur Claustral de
ce Prieuré
LA'Abbaye de S. Vincent de Metz , Ordre de
S. Benoît , vacante par le décès de M. de Bourlemont , en faveur de M. d'Eltz , Chanoine de
Spire.
L'Abbaye de S. Serge d'Angers , Ordre de
S. Benoît , vacante par le décès de M. de Court,
en faveur de M. de Rochechouart.
Abbaye de Bouil ou Beuf, Ordre de Citeaux,
Diocèse de Limoges , vacante par le décès du dernier Titulaire , en faveur de M. Jacques- François Hocquart, Prêtre et Chanoine du Mans.
La Prévôté Conventuelle et Elective du Chapitre de Beaumont, et le Prieuré de Verriere, son
Annexe, Ordre de S. Augustin , Diocèse de Va
bres , vacante par le décès de M. de Gua , en fa- yeur de M. Narbonne Pelet.
Le Prieuré Régulier , Conventuel et Electif
de S. Antoine , Ordre de S. Augustin , Diocèse
de Rodez , vacant par le décès de M, du Puy ,
en faveur du Pere Arnaud , Prieur Claustral de
ce Prieuré
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Résumé : BENEFICES DONNEZ
Le document liste des bénéfices ecclésiastiques attribués après des décès. L'Abbaye de Saint-Vincent de Metz est attribuée à M. d'Eltz. L'Abbaye de Saint-Serge d'Angers est attribuée à M. de Rochechouart. L'Abbaye de Bouil est attribuée à M. Jacques-François Hocquart. La Prévôté de Beaumont et le Prieuré de Verrière sont attribués à M. Narbonne Pelet. Le Prieuré de Saint-Antoine est attribué au Père Arnaud.
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Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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375
p. 2504-2506
RECEPTION de M. l'Archevêque de Sens, en la Ville de Joigny. Lettre écrite à M. D. L. R.
Début :
Le même zele, Monsieur, pour la gloire de ma Patrie, dont on a vû des marques, [...]
Mots clefs :
Archevêque de Sens, Joigny, Diocèse, Hardouin, Prélat
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texteReconnaissance textuelle : RECEPTION de M. l'Archevêque de Sens, en la Ville de Joigny. Lettre écrite à M. D. L. R.
RECEPTION de M. l'Archevêque
de Sens , en la Ville de Joigny. Lettre
écrite à M. D. L. R.
L
E même zele , Monsieur , pour la gloire de
ma Patrie , dont on a vu des marques , ag- m'en- gréées du Public dans differens Mercures ,
gage aujourd'hui à vous faire part d'un Evenement qui nous interesse plus que tous ceux qui
ont precedé. Personne n'a pris plus de part que nous à l'Elevation de M. Languet de Gergy sur
le Siege Archiepiscopal de Sens , et nous soupirions après son arrivée dans notre Ville ,
qu'enfin ce digne Prélat a bien voulu nous accorder une faveur si consolante et si glorieuse pour
HOUS.
lorsLe Mardi 21 Octobre , M. l'Archevêque de
Sens , fit sa premiere entrée à Joigny , Ville qu'il
a la bonté de regarder comme une portion con- sidérable de son Diocèse , et d'honorer d'une
bienveillance particuliere. Voici en peu de mots
P'ordre de cette Ceremonie. Nos Compagnies Bourgeoises , qui sont nombreuses et fort lestes ,
se mirent sous les Armes , et allerent former une
double Haye sur le grand Chemin , en dehors de
la Porte S. Jacques , par où le Prélat devoit arriver. Les Drapeaux , d'un gout magnifique ,
étoient portez par des Enfans de Famille , l'Elite
de notre Jeunesse , tenant l'Epée nuë à la main.
Presque toute la Ville accourut dans les dehors,
pour aller au devant , comme on court audevant
d'un Pere , également cheri et respecté. Il arriva
à la Porte que j'ai dite , vers les 6 heures du soir.
accompagné de M. l'Abbé Hardouin , de M. le
Théologal, et d'autres Ecclesiastiques distinguez,
NOVEMBRE. 1732. 2505
guez. Aussi-tôt on entendit le son de toutes les
Cloches de la Ville , et on fit une grande déchare
ge de Boëtes.
Les Compagnies Bourgeoises l'accompagnerent jusqu'à l'Hôtel de M.le Président Hardouin,
qui eut l'honneur de lui donner la main à la descente du Carosse , et à l'instant elles firent une
décharge de toute leur Mousqueterie.
A peine M. l'Archevêque fut-il entré dans cet
Hôtel , où il a logé , qu'il y reçut les présens de
la Ville , et ensuite le compliment du Corps de
Ville , M. le Maire à la tête. Il fut aussi compli menté par les Officiers du Bailliage , par ceux de
l'Election , de la Prevôté , des Eaux et Forêts , et
par les autres Corps de la Ville. On avoit commandé douze hommes de chaque Compagnie
pour monter la Garde à sa porte ; mais il ne vou
Îut jamais le permettre.
Le lendemain , notre Illustre Prélat ayant pris
ses Habits Episcopaux, fut conduit sous un Dais,
que porterent quatre Conseillers jusqu'à l'Eglise de S. Thibault , les Compagnies Bourgeoises ,
avec tous leurs Officiers, &c. precedant la marche
M. l'Archevêque celebra la Messe en ceremonie , puis monta en Chaire , et fit en presense
d'un Peuple infini , un Discours des plus patetiques et des plus édifians. Il prêcha encore le lendemain , et ce fut sur l'Amour de Dieu. Ce Sermon enleva et attendrit tout l'Auditoire. On ne
peut pas traiter un si grand sujet plus dignement,
plus chrétiennement, et plus à la portée de tout le monde.
Durant son séjour et le cours de sa visite il a
donné à manger aux Chefs des differents Corps
de la Ville , et a fait l'honneur à quelques principaux Officiers et Bourgeois de les en prier.On ne peut
2506 MERCURE DE FRANCE
peut rien ajouter aux politesses , à l'affabilité et
aux manieres toutes gracieuses de ce Prélat.
Je vous dirai , Monsieur , que dans l'un de ces
repas , je fus obligé de soutenir la réputation de
nos vins, ces vins fameux dont il est parlé dans
plusiers Mercures , contre les prétentions frivoles
de nos Emules ; surquoi M. l'Archevêque voulut bien entendre une partie de mes raisons . Pour comble de grace, il voulut aussi me faire l'honneur de venir chez moi , ce que je n'oublierai jamais. Je ne crois pas non plus que les Domestiques de plusieurs Maisons , ainsi que les Pauvres,
puissent jamais oublier son heureuse arrivée , par
ses liberalitez et par ses aumônes.
Je ne sçaurois , sans injustice , omettre icy les attentions de M. le Maire et des Echevins durant
ce séjour ; entre autres soins , le Gibier et les.
meilleurs Vins se sont toujours trouvez en abondance. Enfin , Monsieur , si nous avons vû avec
regret , M. l'Archevêque de Sens partir de Joigny, nous avons eu l'agréable consolation de
l'entendre marquer beaucoup de satisfaction de
la reception qui lui a été faite dans cette Ville ,
et des honneurs que nous avons tâché de lui rendre. Je suis , Monsieur , &c.
Signé , LE BEU F , Capitaine de la Milics
Bourgeoise deJoigny.
A Joigny , le 28 Octobre 1732
de Sens , en la Ville de Joigny. Lettre
écrite à M. D. L. R.
L
E même zele , Monsieur , pour la gloire de
ma Patrie , dont on a vu des marques , ag- m'en- gréées du Public dans differens Mercures ,
gage aujourd'hui à vous faire part d'un Evenement qui nous interesse plus que tous ceux qui
ont precedé. Personne n'a pris plus de part que nous à l'Elevation de M. Languet de Gergy sur
le Siege Archiepiscopal de Sens , et nous soupirions après son arrivée dans notre Ville ,
qu'enfin ce digne Prélat a bien voulu nous accorder une faveur si consolante et si glorieuse pour
HOUS.
lorsLe Mardi 21 Octobre , M. l'Archevêque de
Sens , fit sa premiere entrée à Joigny , Ville qu'il
a la bonté de regarder comme une portion con- sidérable de son Diocèse , et d'honorer d'une
bienveillance particuliere. Voici en peu de mots
P'ordre de cette Ceremonie. Nos Compagnies Bourgeoises , qui sont nombreuses et fort lestes ,
se mirent sous les Armes , et allerent former une
double Haye sur le grand Chemin , en dehors de
la Porte S. Jacques , par où le Prélat devoit arriver. Les Drapeaux , d'un gout magnifique ,
étoient portez par des Enfans de Famille , l'Elite
de notre Jeunesse , tenant l'Epée nuë à la main.
Presque toute la Ville accourut dans les dehors,
pour aller au devant , comme on court audevant
d'un Pere , également cheri et respecté. Il arriva
à la Porte que j'ai dite , vers les 6 heures du soir.
accompagné de M. l'Abbé Hardouin , de M. le
Théologal, et d'autres Ecclesiastiques distinguez,
NOVEMBRE. 1732. 2505
guez. Aussi-tôt on entendit le son de toutes les
Cloches de la Ville , et on fit une grande déchare
ge de Boëtes.
Les Compagnies Bourgeoises l'accompagnerent jusqu'à l'Hôtel de M.le Président Hardouin,
qui eut l'honneur de lui donner la main à la descente du Carosse , et à l'instant elles firent une
décharge de toute leur Mousqueterie.
A peine M. l'Archevêque fut-il entré dans cet
Hôtel , où il a logé , qu'il y reçut les présens de
la Ville , et ensuite le compliment du Corps de
Ville , M. le Maire à la tête. Il fut aussi compli menté par les Officiers du Bailliage , par ceux de
l'Election , de la Prevôté , des Eaux et Forêts , et
par les autres Corps de la Ville. On avoit commandé douze hommes de chaque Compagnie
pour monter la Garde à sa porte ; mais il ne vou
Îut jamais le permettre.
Le lendemain , notre Illustre Prélat ayant pris
ses Habits Episcopaux, fut conduit sous un Dais,
que porterent quatre Conseillers jusqu'à l'Eglise de S. Thibault , les Compagnies Bourgeoises ,
avec tous leurs Officiers, &c. precedant la marche
M. l'Archevêque celebra la Messe en ceremonie , puis monta en Chaire , et fit en presense
d'un Peuple infini , un Discours des plus patetiques et des plus édifians. Il prêcha encore le lendemain , et ce fut sur l'Amour de Dieu. Ce Sermon enleva et attendrit tout l'Auditoire. On ne
peut pas traiter un si grand sujet plus dignement,
plus chrétiennement, et plus à la portée de tout le monde.
Durant son séjour et le cours de sa visite il a
donné à manger aux Chefs des differents Corps
de la Ville , et a fait l'honneur à quelques principaux Officiers et Bourgeois de les en prier.On ne peut
2506 MERCURE DE FRANCE
peut rien ajouter aux politesses , à l'affabilité et
aux manieres toutes gracieuses de ce Prélat.
Je vous dirai , Monsieur , que dans l'un de ces
repas , je fus obligé de soutenir la réputation de
nos vins, ces vins fameux dont il est parlé dans
plusiers Mercures , contre les prétentions frivoles
de nos Emules ; surquoi M. l'Archevêque voulut bien entendre une partie de mes raisons . Pour comble de grace, il voulut aussi me faire l'honneur de venir chez moi , ce que je n'oublierai jamais. Je ne crois pas non plus que les Domestiques de plusieurs Maisons , ainsi que les Pauvres,
puissent jamais oublier son heureuse arrivée , par
ses liberalitez et par ses aumônes.
Je ne sçaurois , sans injustice , omettre icy les attentions de M. le Maire et des Echevins durant
ce séjour ; entre autres soins , le Gibier et les.
meilleurs Vins se sont toujours trouvez en abondance. Enfin , Monsieur , si nous avons vû avec
regret , M. l'Archevêque de Sens partir de Joigny, nous avons eu l'agréable consolation de
l'entendre marquer beaucoup de satisfaction de
la reception qui lui a été faite dans cette Ville ,
et des honneurs que nous avons tâché de lui rendre. Je suis , Monsieur , &c.
Signé , LE BEU F , Capitaine de la Milics
Bourgeoise deJoigny.
A Joigny , le 28 Octobre 1732
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Résumé : RECEPTION de M. l'Archevêque de Sens, en la Ville de Joigny. Lettre écrite à M. D. L. R.
Le texte décrit la réception de M. Languet de Gergy, nouvel archevêque de Sens, à Joigny. Le 21 octobre 1732, l'archevêque fit une entrée solennelle dans la ville, accueilli par les compagnies bourgeoises et une foule enthousiaste. Des jeunes de familles distinguées portaient des drapeaux magnifiques et étaient armés d'épées. À son arrivée, les cloches sonnèrent et des salves de mousqueterie furent tirées. L'archevêque reçut les présents de la ville et les compliments des différents corps municipaux. Le lendemain, il célébra la messe et prononça un discours édifiant. Durant son séjour, il invita les chefs des corps de la ville à des repas et fit des aumônes aux domestiques et aux pauvres. L'archevêque exprima sa satisfaction quant à l'accueil reçu à Joigny avant de quitter la ville. Le texte se conclut par la signature de Le Beu F, capitaine de la milice bourgeoise de Joigny, datée du 28 octobre 1732.
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376
p. 2573-2577
CANTATE. SUR LA NAISSANCE DE JESUS-CHRIST.
Début :
La Fille du grand Roi que Bethléem vit naître, [...]
Mots clefs :
Naissance de Jésus-Christ, Puissance, Enfant, Univers, Adorer
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texteReconnaissance textuelle : CANTATE. SUR LA NAISSANCE DE JESUS-CHRIST.
CANTAT E.
SUR LA NAISSANCE
DE JESUS- CHRIST.
LA Fille du grand Roi que Betlhéem vit naître
La fille de David , Pere de tant de Rois ,
Dans sa propre Patrie en vain se fait connoître ,
P
I. Vol. Citij L'in
2574 MERCURE DE FRANCE
L'ingrate Betlhéem se rend sourde à sa voix.
Tandis que l'Etranger chez l'Etranger tranquile ,
Ygoûte les douceurs d'un paisible repos ,
La Mere de celui qui vient finir nos maux ,
Erre loin de ses murs , pour chercher un azile ;
Un voile tenebreux lui cache l'Univers.
Lejour depuis long-tems se reposoit dans l'Onde,
A ses pas égarez une Grote profonde ,
Où regnent les sombres Hyvers ,
Parmi de vils Troupeaux offre un triste réfuge :
C'est-là qu'un Dieu Sauveur oubliant qu'il est
Juge ,
Oubliant nos forfaits , et son juste courroux ,
Vient de naître et commence à
s'immoler pour
•
nous.
Air.
Volez, Zéphirs , que votre haleine ,
Dans cet Antre profond ramene ,
La douce chaleur du Printemps.
Pere du jour , avant le temps ,
Recommencez votre carriere ,
Chassez les ombres de la nuit ;
L'Univers étonné languit ,
Dans l'attente de la lumiere :
Chassez les ombres de la nuit.
Quels prodiges divers ! la terre est agitée ,
Elle tremble et frémit d'allegresse et d'effroi :
1. Vol.
La
DECEMBRE. 1732. 2575
La Mer, comme autrefois, craintive, épouvantée,
Suspend ses flots bruyans , pour adorer son Roi ,
Dans un Enfant plein de foiblesse.
Le jour , le plus beau jour à paroître s'empresse :
Dévoilez , cher Enfant , l'éternelle beauté ;
Trop long- temps votre Mere a souffert de vos larmes :
Montrez-vous , soulagez ses mortelles allarmes.
Vous , qui de cet Enfant craignez la Majesté ,
Et qui vous nourissez dans le Ciel de ses charmes,
Heureux Esprits , chantez , découvrez- nous l'amour
Qui l'anime pour nous en cet affreux séjour.
Ecoutons ; le Ciel s'ouvre , un Chœur d'Anges
s'apprête
Acelebrer dans les airs une Fête.
Air.
Le Verbe s'est fait chair pour sauver les Mortels;
Dans ses abaissemens éternisons sa gloire :
Il triomphe des cœurs, pour prix de sa victoire,
Il se verra sans cesse élever des Autels ;
Toujours de sa bonté durera la memoire.
Heureux Mortels , recevez les bienfaits ,
Qu'il vient répandre sur la Terre ;
Déja sa main écarte le Tonnerre ;
Il pleure vos forfaits ,
Il vous offre la paix ,
Et replonge aux Enfers l'impitoyable guerre.
I. Vol CY .Heu-
2576 MERCURE DE FRANCE
Heureux Mortels, recevez les bienfaits
Qu'il vient répandre sur la Terre.
On mêle à ces Concerts de rust ques accens ;
De vigilans Bergers accourus vers l'Etable ,
Y portent des cœurs innocens ,
Et forment au Sauveur la Cour la plus aimable ;'
Tandis que pleins d'amour ils pleurent ses dou- leurs ,
L'un d'eux forme ces sons , qu'interrompent
ses pleurs.
Air.
Foible Enfant, Puissance suprême ,
Je vous adore et je vous aime.
Vous soulagez tous nos besoins ,
Tout m'annonce vos tendres soins ,
Et vous vous oubliez vous- même
Vous êtes plus pauvre que nous ,
Et tout l'Univers est à vous
Foible Enfant, Puissance suprême
Je vous adore et je vous aime.
Votre main soutient l'Univers.
Elle transporte les Montagnes ;
Elle fait naître en nos Campagnes ,
Et nourrit mille fruits divers.
Votre voix ramene l'Aurore ,
Qui nous éclaire chaque jour ,
1. Vol. Et
DECEMBRE. 1732. 2577
Et les fleurs qu'elle fait éclore ,
Sont les présens de votre amour.
Foible Enfant , Puissance suprême ,
Je vous adore et je vous aime
SUR LA NAISSANCE
DE JESUS- CHRIST.
LA Fille du grand Roi que Betlhéem vit naître
La fille de David , Pere de tant de Rois ,
Dans sa propre Patrie en vain se fait connoître ,
P
I. Vol. Citij L'in
2574 MERCURE DE FRANCE
L'ingrate Betlhéem se rend sourde à sa voix.
Tandis que l'Etranger chez l'Etranger tranquile ,
Ygoûte les douceurs d'un paisible repos ,
La Mere de celui qui vient finir nos maux ,
Erre loin de ses murs , pour chercher un azile ;
Un voile tenebreux lui cache l'Univers.
Lejour depuis long-tems se reposoit dans l'Onde,
A ses pas égarez une Grote profonde ,
Où regnent les sombres Hyvers ,
Parmi de vils Troupeaux offre un triste réfuge :
C'est-là qu'un Dieu Sauveur oubliant qu'il est
Juge ,
Oubliant nos forfaits , et son juste courroux ,
Vient de naître et commence à
s'immoler pour
•
nous.
Air.
Volez, Zéphirs , que votre haleine ,
Dans cet Antre profond ramene ,
La douce chaleur du Printemps.
Pere du jour , avant le temps ,
Recommencez votre carriere ,
Chassez les ombres de la nuit ;
L'Univers étonné languit ,
Dans l'attente de la lumiere :
Chassez les ombres de la nuit.
Quels prodiges divers ! la terre est agitée ,
Elle tremble et frémit d'allegresse et d'effroi :
1. Vol.
La
DECEMBRE. 1732. 2575
La Mer, comme autrefois, craintive, épouvantée,
Suspend ses flots bruyans , pour adorer son Roi ,
Dans un Enfant plein de foiblesse.
Le jour , le plus beau jour à paroître s'empresse :
Dévoilez , cher Enfant , l'éternelle beauté ;
Trop long- temps votre Mere a souffert de vos larmes :
Montrez-vous , soulagez ses mortelles allarmes.
Vous , qui de cet Enfant craignez la Majesté ,
Et qui vous nourissez dans le Ciel de ses charmes,
Heureux Esprits , chantez , découvrez- nous l'amour
Qui l'anime pour nous en cet affreux séjour.
Ecoutons ; le Ciel s'ouvre , un Chœur d'Anges
s'apprête
Acelebrer dans les airs une Fête.
Air.
Le Verbe s'est fait chair pour sauver les Mortels;
Dans ses abaissemens éternisons sa gloire :
Il triomphe des cœurs, pour prix de sa victoire,
Il se verra sans cesse élever des Autels ;
Toujours de sa bonté durera la memoire.
Heureux Mortels , recevez les bienfaits ,
Qu'il vient répandre sur la Terre ;
Déja sa main écarte le Tonnerre ;
Il pleure vos forfaits ,
Il vous offre la paix ,
Et replonge aux Enfers l'impitoyable guerre.
I. Vol CY .Heu-
2576 MERCURE DE FRANCE
Heureux Mortels, recevez les bienfaits
Qu'il vient répandre sur la Terre.
On mêle à ces Concerts de rust ques accens ;
De vigilans Bergers accourus vers l'Etable ,
Y portent des cœurs innocens ,
Et forment au Sauveur la Cour la plus aimable ;'
Tandis que pleins d'amour ils pleurent ses dou- leurs ,
L'un d'eux forme ces sons , qu'interrompent
ses pleurs.
Air.
Foible Enfant, Puissance suprême ,
Je vous adore et je vous aime.
Vous soulagez tous nos besoins ,
Tout m'annonce vos tendres soins ,
Et vous vous oubliez vous- même
Vous êtes plus pauvre que nous ,
Et tout l'Univers est à vous
Foible Enfant, Puissance suprême
Je vous adore et je vous aime.
Votre main soutient l'Univers.
Elle transporte les Montagnes ;
Elle fait naître en nos Campagnes ,
Et nourrit mille fruits divers.
Votre voix ramene l'Aurore ,
Qui nous éclaire chaque jour ,
1. Vol. Et
DECEMBRE. 1732. 2577
Et les fleurs qu'elle fait éclore ,
Sont les présens de votre amour.
Foible Enfant , Puissance suprême ,
Je vous adore et je vous aime
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Résumé : CANTATE. SUR LA NAISSANCE DE JESUS-CHRIST.
Le poème relate la naissance de Jésus-Christ à Bethléem, la ville natale du roi David. Marie, sa mère, cherche un refuge et trouve abri dans une grotte sombre. Jésus, un Dieu Sauveur, naît en oubliant ses pouvoirs pour se sacrifier pour l'humanité. La terre tremble de joie et la mer suspend ses flots pour adorer le nouveau roi. Le jour le plus beau se hâte d'apparaître, et les anges célèbrent cet événement dans les airs. Le Verbe s'est fait chair pour sauver les mortels, et sa bonté durera éternellement. Les bergers, pleins d'amour, accourent vers l'étable pour adorer le Sauveur. Un berger exprime son admiration et son amour pour cet enfant puissant et humble, reconnaissant que sa main soutient l'univers et qu'il est l'auteur de toutes les bénédictions.
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377
p. 2591-2594
LETTRE du R. P. Dom Toussaints du Plessis, écrite de Roüen le 14. Novembre 1732. sur quelques endroits de son Histoire de l'Eglise de Meaux.
Début :
On m'a fait remarquer une ou deux fautes qui me sont échappées dans [...]
Mots clefs :
Histoire de l'Église de Meaux, Fautes
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE du R. P. Dom Toussaints du Plessis, écrite de Roüen le 14. Novembre 1732. sur quelques endroits de son Histoire de l'Eglise de Meaux.
LETTRE du R. P. Dom Toussaints
du Plessis , écrite de Rouen le 14. Novembre 1732. sur quelques endroits de
son Histoire de l'Eglise de Meaux.
O
fautes
qui
N m'a fait remarquer une ou deux
qui me sont échappées dans l'Histoire de l'Eglise de Meaux , et j'en
avois déja moi-même apperçu une autre.
Il est juste de me corriger ; cette Lettre
pourra servir d'Errata à mon Livre ; je
vous prie , Monsieur , de vouloir bien la
rendre publique.
1°. A la page 427. je dis que le second
Chapitre Generalde la Congrégation de Saint
Maur, se tint dans l'Abbaye de S. Faros
de Meaux en 1623. Il y eut , à la verité ,
un Chapitre General à S. Faron , le 14.
Septembre 1623. mais ce fut le cinquié
me, et non le second. Le premier fus
tenu à Paris aux Blancs-Manteaux , le 29.
Septembre 1618. Le second , au même
licu , le 7. Février 1720. Le troisième ,
dans l'Abbaye de Jumiege en Normandie , le 8. Juillet 1621. Le quatrième ,
dans celle de Corbie en Picardie , en 1622.
et enfin le cinquième à S. Faron, en 1623 .
1. Vol D 2 .
2592 MERCURE DE FRANCE
,
2. A la page 594. dans le Catalogue
des Abbesses de Jouarre , j'ai dit que
Jeanne de Lorraine étoit Professe du
Monastere de Promille Ordre de FontEvraud. On ne connoît point , dit-on ,
de Maison de ce nom dans tout l'Ordre.
Ainsi, ou elle n'étoit pas Professe de l'Or
dre de Fond- Evraud , ou elle l'étoit d'un
autre Monastere.
que
3º. Ala page 599. dans le Catalogue
des Abbesses de N. D. de Meaux , j'ai dit
Me de Mornay de Montchevreuil
étoit Niece d'une autre Dame de Montchevreuil , Abbesse de S. Antoine des
Champs à Paris. Elle étoit sa sœur , me
marque- t'on , et non sa niece.
A la page 161. où je parle du Monastere de Raroy , je dis que MM. de
Gesvres se sont approprié la Justice de
ce lieu ; et cette expression a fait de la
peine. C'est donner à entendre , me diton, qu'ils l'ont usurpée. Cependant je
ne farde point trop mes expressions quand
je veux parler d'usurpation , je ne vais
point chercher d'autre mot que celui d'usurpation même. Ici s'approprier ne peut
signifier autre chose qu'acquerir ou acheter; je renvoye même mon Lecteur à un
Traité de l'an 1618. que j'ai inseré dans
le second Tome , et qui fait foi de cette
.
I. Vol. acquisition
DECEMBRE. 1732. 2593
acquisition. C'en est assez , je crois , pour
me laver d'un pareil reproche.
A la page 638. de ce second Tome,
dans le Pouillié , on trouve l'article de
Croйy. Là , dit- on , j'avance que le Curé
de cette Paroisse , en abandonnant Raroy
à celle de Trêmes ou de Gesvres- le- Duc ,
n'a pû transiger sur cela au nom de ses
Successeurs. Or c'est ce que je ne dis en
aucune maniere ; j'observe seulement que
le Curé de Croüy le dit ainsi . Il est vrai
qu'en cela je parois donner quelque poids
à la prétention du Curé de Crouy ; et on
m'objecte une Sentence de M. le Cardinal de Bissy , qu'on ne date point , mais
qui attache , dit- on , pour toujours à la
Paroisse de Gesvres , les Domestiques du
dehors et les Fermiers de Raroy. Je ne
doute point que cette Sentence ne soit
dans toutes les formes , mais très- certai
nement elle ne m'a point été communiquée. Il en sera de même apparemment
de plusieurs autres omissions que l'on
pourra me reprocher ; mais que l'on auroit tort , par cette même raison , de re
jetter sur mon compte.
J'ai tâché de prouver dans une de mes
Notes ( Tome I. page 698. ) que sainte
Aubierge n'étoit point bâtarde , et que
le Filia naturalis du venerable Bede ne
I. Vol. Dij peur
2594 MERCURE DE FRANCE
peut signifier autre chose que Fille légi
time d'Anne , Roy d'Estanglie , et d'Hereswite , son Epouse. Comme mes preuves n'ont pas satisfait également tous mes
Lecteurs , je renvoye ceux qui ont de la
peine à se rendre au troisiéme Tome du
Spicilege de Dom Luc d'Achery , page
258. ils y trouveront que Hardecanut ,
fils légitime de Canut , est appellé filius
naturalis , par opposition même à Harold,
qui étoit son bâtard. Je suis , &c.
du Plessis , écrite de Rouen le 14. Novembre 1732. sur quelques endroits de
son Histoire de l'Eglise de Meaux.
O
fautes
qui
N m'a fait remarquer une ou deux
qui me sont échappées dans l'Histoire de l'Eglise de Meaux , et j'en
avois déja moi-même apperçu une autre.
Il est juste de me corriger ; cette Lettre
pourra servir d'Errata à mon Livre ; je
vous prie , Monsieur , de vouloir bien la
rendre publique.
1°. A la page 427. je dis que le second
Chapitre Generalde la Congrégation de Saint
Maur, se tint dans l'Abbaye de S. Faros
de Meaux en 1623. Il y eut , à la verité ,
un Chapitre General à S. Faron , le 14.
Septembre 1623. mais ce fut le cinquié
me, et non le second. Le premier fus
tenu à Paris aux Blancs-Manteaux , le 29.
Septembre 1618. Le second , au même
licu , le 7. Février 1720. Le troisième ,
dans l'Abbaye de Jumiege en Normandie , le 8. Juillet 1621. Le quatrième ,
dans celle de Corbie en Picardie , en 1622.
et enfin le cinquième à S. Faron, en 1623 .
1. Vol D 2 .
2592 MERCURE DE FRANCE
,
2. A la page 594. dans le Catalogue
des Abbesses de Jouarre , j'ai dit que
Jeanne de Lorraine étoit Professe du
Monastere de Promille Ordre de FontEvraud. On ne connoît point , dit-on ,
de Maison de ce nom dans tout l'Ordre.
Ainsi, ou elle n'étoit pas Professe de l'Or
dre de Fond- Evraud , ou elle l'étoit d'un
autre Monastere.
que
3º. Ala page 599. dans le Catalogue
des Abbesses de N. D. de Meaux , j'ai dit
Me de Mornay de Montchevreuil
étoit Niece d'une autre Dame de Montchevreuil , Abbesse de S. Antoine des
Champs à Paris. Elle étoit sa sœur , me
marque- t'on , et non sa niece.
A la page 161. où je parle du Monastere de Raroy , je dis que MM. de
Gesvres se sont approprié la Justice de
ce lieu ; et cette expression a fait de la
peine. C'est donner à entendre , me diton, qu'ils l'ont usurpée. Cependant je
ne farde point trop mes expressions quand
je veux parler d'usurpation , je ne vais
point chercher d'autre mot que celui d'usurpation même. Ici s'approprier ne peut
signifier autre chose qu'acquerir ou acheter; je renvoye même mon Lecteur à un
Traité de l'an 1618. que j'ai inseré dans
le second Tome , et qui fait foi de cette
.
I. Vol. acquisition
DECEMBRE. 1732. 2593
acquisition. C'en est assez , je crois , pour
me laver d'un pareil reproche.
A la page 638. de ce second Tome,
dans le Pouillié , on trouve l'article de
Croйy. Là , dit- on , j'avance que le Curé
de cette Paroisse , en abandonnant Raroy
à celle de Trêmes ou de Gesvres- le- Duc ,
n'a pû transiger sur cela au nom de ses
Successeurs. Or c'est ce que je ne dis en
aucune maniere ; j'observe seulement que
le Curé de Croüy le dit ainsi . Il est vrai
qu'en cela je parois donner quelque poids
à la prétention du Curé de Crouy ; et on
m'objecte une Sentence de M. le Cardinal de Bissy , qu'on ne date point , mais
qui attache , dit- on , pour toujours à la
Paroisse de Gesvres , les Domestiques du
dehors et les Fermiers de Raroy. Je ne
doute point que cette Sentence ne soit
dans toutes les formes , mais très- certai
nement elle ne m'a point été communiquée. Il en sera de même apparemment
de plusieurs autres omissions que l'on
pourra me reprocher ; mais que l'on auroit tort , par cette même raison , de re
jetter sur mon compte.
J'ai tâché de prouver dans une de mes
Notes ( Tome I. page 698. ) que sainte
Aubierge n'étoit point bâtarde , et que
le Filia naturalis du venerable Bede ne
I. Vol. Dij peur
2594 MERCURE DE FRANCE
peut signifier autre chose que Fille légi
time d'Anne , Roy d'Estanglie , et d'Hereswite , son Epouse. Comme mes preuves n'ont pas satisfait également tous mes
Lecteurs , je renvoye ceux qui ont de la
peine à se rendre au troisiéme Tome du
Spicilege de Dom Luc d'Achery , page
258. ils y trouveront que Hardecanut ,
fils légitime de Canut , est appellé filius
naturalis , par opposition même à Harold,
qui étoit son bâtard. Je suis , &c.
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Résumé : LETTRE du R. P. Dom Toussaints du Plessis, écrite de Roüen le 14. Novembre 1732. sur quelques endroits de son Histoire de l'Eglise de Meaux.
Dans une lettre datée du 14 novembre 1732, le R. P. Dom Toussaints du Plessis corrige plusieurs erreurs présentes dans son 'Histoire de l'Eglise de Meaux'. Il rectifie d'abord l'année du second Chapitre Général de la Congrégation de Saint Maur, précisant qu'il s'est tenu en 1623 à l'Abbaye de Saint-Faron de Meaux et qu'il s'agissait en réalité du cinquième Chapitre. Il détaille ensuite les dates et lieux des premiers Chapitres. Il corrige également une erreur concernant Jeanne de Lorraine, qui n'était pas Professe du Monastère de l'Ordre de Fontevraud. De plus, il précise que Me de Mornay de Montchevreuil était la sœur, et non la nièce, d'une autre Dame de Montchevreuil. La lettre aborde également des clarifications sur des expressions et des faits historiques, notamment concernant la justice du Monastère de Raroy et les prétentions du Curé de Croüy. Enfin, il défend la légitimité de sainte Aubierge, renvoyant les lecteurs à des sources pour des preuves supplémentaires.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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378
p. 2727-2728
Vicairies Apostoliques d'Antibes, [titre d'après la table]
Début :
Le Memoire qui suit et que nous donnons dans les mêmes termes que nous [...]
Mots clefs :
Mémoire, Public, Procès, Vicaire Apostolique, Arrêt, Antibes
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texteReconnaissance textuelle : Vicairies Apostoliques d'Antibes, [titre d'après la table]
Le Memoire qui suit et que nous don
nons dans les mêmes termes que nous
l'avons reçû , instruira le Public de la
décision d'une grande Affaire Ecclesias
tique.ue.
Le grand Procès touchant la Vicairie
Apostolique et l'Officialité érigée en la
I. Vol.
Ville
2728 MERCURE DE FRANCE
Ville d'Antibes dans des temps de trouble et de schisme , par les Bulles desPapes Jean XXIII. Marin V. et Eugene
IV. a enfin été jugé définitivement par
Arrêt du Conseil d'Etat du. 11. Octobre
1732. rendu en faveur de M. d'Antelmi,
Evêque de Grasse ayant repris la suite
de cette affaire , qui dure depuis 150. ans.
L'Arrêt déclare qu'il y a abus dans lesdites Bulles , et sans s'arrêter à tout ce
qui s'en est ensuivi concernant ladite
érection et le démembrement des fonctions Episcopales des Evêques de Grasse ,
de leur Jurisdiction en ladite Ville, maintient l'Evêque de Grasse et ses Successeurs , dans le droit d'exercer toute Jurisdiction Episcopale dans ladite Ville et Territoire d'Antibes , comme auparavant.
lesdites Bulles. Il y a eu sur cette Affaire des Memoires très-curieux,imprimées,
chez Pierre Prault et la Veuve Saugrain ,
sous le Quay de Gesures , à Paris.
nons dans les mêmes termes que nous
l'avons reçû , instruira le Public de la
décision d'une grande Affaire Ecclesias
tique.ue.
Le grand Procès touchant la Vicairie
Apostolique et l'Officialité érigée en la
I. Vol.
Ville
2728 MERCURE DE FRANCE
Ville d'Antibes dans des temps de trouble et de schisme , par les Bulles desPapes Jean XXIII. Marin V. et Eugene
IV. a enfin été jugé définitivement par
Arrêt du Conseil d'Etat du. 11. Octobre
1732. rendu en faveur de M. d'Antelmi,
Evêque de Grasse ayant repris la suite
de cette affaire , qui dure depuis 150. ans.
L'Arrêt déclare qu'il y a abus dans lesdites Bulles , et sans s'arrêter à tout ce
qui s'en est ensuivi concernant ladite
érection et le démembrement des fonctions Episcopales des Evêques de Grasse ,
de leur Jurisdiction en ladite Ville, maintient l'Evêque de Grasse et ses Successeurs , dans le droit d'exercer toute Jurisdiction Episcopale dans ladite Ville et Territoire d'Antibes , comme auparavant.
lesdites Bulles. Il y a eu sur cette Affaire des Memoires très-curieux,imprimées,
chez Pierre Prault et la Veuve Saugrain ,
sous le Quay de Gesures , à Paris.
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Résumé : Vicairies Apostoliques d'Antibes, [titre d'après la table]
Le document traite d'un important procès ecclésiastique concernant la Vicairie Apostolique et l'Officialité d'Antibes. Ce litige, marqué par des troubles et des schismes, a été résolu par des bulles papales émises par Jean XXIII, Marin V et Eugène IV. L'affaire a été définitivement tranchée par un arrêt du Conseil d'État du 11 octobre 1732, en faveur de M. d'Antelmi, évêque de Grasse. Cet arrêt reconnaît que les bulles papales contenaient des abus et confirme les droits de l'évêque de Grasse et de ses successeurs à exercer la juridiction épiscopale à Antibes, comme avant les bulles. Plusieurs mémoires sur cette affaire ont été imprimés à Paris, chez Pierre Prault et la Veuve Saugrain, sous le Quai de Gesvres.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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379
p. 2764-2767
LES Changemens divers dans la Nature, sur la Naissance du Messie. CANTIQUE pour la Fête des Rois, sur l'Air: Au bord d'une Onde fugitive.
Début :
Helas ! quelle clarté nouvelle ? [...]
Mots clefs :
Naissance du Messie, Fête des rois, Univers, Fils, Puissance
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texteReconnaissance textuelle : LES Changemens divers dans la Nature, sur la Naissance du Messie. CANTIQUE pour la Fête des Rois, sur l'Air: Au bord d'une Onde fugitive.
LES Changemens divers dans la Nature,
sur la Naissance du Messie.
CANTIQUE pour la Fête des Rois ,
sur l'Air Au bord d'une Ondefugitive.
HElas ! quelle clarté nouvelle ?
Quel Astre brille dans les Cieux ?
Jamais la nuit ne fut si belle ;
Les Zéphirs regnent en ces lieux.
Flore revient ! Ah quels présages !
Tout rit , tout plaît dans nos Forêts ;
Les Oiseaux ; par leurs doux ramages ,
Font gouter des plaisirs parfaits.
Déja l'impatiente Aurore ,
Dore nos Champs et nos Côteaux ;
II. Vol. No
DECEMBRE. 1732. 276.5
Nos Prez reverdissent encore ,
Et les fleurs naissent près des eaux.
Un Dieu fait sentir sa présence
Tout enchante dans ces Deserts ;
Les vents redoutent sa puissance ,
Tout a changé dans l'Univers.
;
Quel bruit de Clairons , de Trompettes
Se mêle aux doux sons des Hautbois?
Qui regne ici dans ces retraites ,
Les Bergers sont parmi les Rois.
O ciel que vois- je ? quelle Etoile
Conduit les Mages dans ce lieu ?
La nuît se cache avec son voile ,
Pour laisser voir un Homme-Dieu.'
Mes yeux découvrent Pinvisible ,
L'Etre premier s'aneantit ;
Je comprends l'incompréhensible ;
Le Verbe Dieu s'assujettit.
Egal à son Pere en puissance ,
Il est de toute Eternité ,
Son Verbe , son Fils , sa substance ,
Sans alterer son unité.
II. Vol.
Une B vj
2766 MERCURE DE FRANCE
Une fille, vierge féconde ,
Augmente sa virginité ,
En enfantant l'Auteur du Monde ,
Sans blesser son integrité.
Du Ciel , de la Terre et de l'Onde ,
Je vois ici le Souverain ;
Grand Dieu ! que fais -je qui réponde ,
Au feu de votre amour divin ?
Sauveur , pour nous fermer l'abîme
Vous avez pris un Corps mortel ;
Si votre cœur sert de victime ,
C'est pour rendre l'homme immortel.
Contre l'orgueil ce Sauveur prêche;'
Mondain, range- toi sous ses Loix ,
Viens pour l'adorer dans sa Crêche
Comme font ces trois puissants Rois.
Ils offrent l'Or à sa Puissance ;
La Myrhe à son humanité ;
Et pour son origine immense ,
L'Encens à sa Divinité.
Venez, Monarques de la Terre,
Princes contrits , ne craignez pas ;
II. Vol.
DECEMBRE. 1732 2767
Il est desarmé du Tonnerre,
Hâtez- vous , il vous tend les bras.
Laisse , Mondaine , ta Toilette ,
Dieu connoît les passevolants ;
Porte- lui ton ame bien nette
C'est-là son Or et son Encens.
sur la Naissance du Messie.
CANTIQUE pour la Fête des Rois ,
sur l'Air Au bord d'une Ondefugitive.
HElas ! quelle clarté nouvelle ?
Quel Astre brille dans les Cieux ?
Jamais la nuit ne fut si belle ;
Les Zéphirs regnent en ces lieux.
Flore revient ! Ah quels présages !
Tout rit , tout plaît dans nos Forêts ;
Les Oiseaux ; par leurs doux ramages ,
Font gouter des plaisirs parfaits.
Déja l'impatiente Aurore ,
Dore nos Champs et nos Côteaux ;
II. Vol. No
DECEMBRE. 1732. 276.5
Nos Prez reverdissent encore ,
Et les fleurs naissent près des eaux.
Un Dieu fait sentir sa présence
Tout enchante dans ces Deserts ;
Les vents redoutent sa puissance ,
Tout a changé dans l'Univers.
;
Quel bruit de Clairons , de Trompettes
Se mêle aux doux sons des Hautbois?
Qui regne ici dans ces retraites ,
Les Bergers sont parmi les Rois.
O ciel que vois- je ? quelle Etoile
Conduit les Mages dans ce lieu ?
La nuît se cache avec son voile ,
Pour laisser voir un Homme-Dieu.'
Mes yeux découvrent Pinvisible ,
L'Etre premier s'aneantit ;
Je comprends l'incompréhensible ;
Le Verbe Dieu s'assujettit.
Egal à son Pere en puissance ,
Il est de toute Eternité ,
Son Verbe , son Fils , sa substance ,
Sans alterer son unité.
II. Vol.
Une B vj
2766 MERCURE DE FRANCE
Une fille, vierge féconde ,
Augmente sa virginité ,
En enfantant l'Auteur du Monde ,
Sans blesser son integrité.
Du Ciel , de la Terre et de l'Onde ,
Je vois ici le Souverain ;
Grand Dieu ! que fais -je qui réponde ,
Au feu de votre amour divin ?
Sauveur , pour nous fermer l'abîme
Vous avez pris un Corps mortel ;
Si votre cœur sert de victime ,
C'est pour rendre l'homme immortel.
Contre l'orgueil ce Sauveur prêche;'
Mondain, range- toi sous ses Loix ,
Viens pour l'adorer dans sa Crêche
Comme font ces trois puissants Rois.
Ils offrent l'Or à sa Puissance ;
La Myrhe à son humanité ;
Et pour son origine immense ,
L'Encens à sa Divinité.
Venez, Monarques de la Terre,
Princes contrits , ne craignez pas ;
II. Vol.
DECEMBRE. 1732 2767
Il est desarmé du Tonnerre,
Hâtez- vous , il vous tend les bras.
Laisse , Mondaine , ta Toilette ,
Dieu connoît les passevolants ;
Porte- lui ton ame bien nette
C'est-là son Or et son Encens.
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Résumé : LES Changemens divers dans la Nature, sur la Naissance du Messie. CANTIQUE pour la Fête des Rois, sur l'Air: Au bord d'une Onde fugitive.
Le texte est un cantique célébrant la naissance du Messie lors de la fête des Rois. Il décrit une nouvelle clarté et un astre brillant dans les cieux, annonçant des présages favorables. La nature se transforme avec le retour de Flore et le chant des oiseaux. L'Aurore illumine les champs, et un Dieu manifeste sa présence, changeant l'univers. Les bergers se trouvent parmi les rois, et une étoile guide les Mages vers un Homme-Dieu. Le texte exalte le mystère de l'Incarnation, où le Verbe de Dieu s'incarne sans altérer son unité. Une vierge féconde donne naissance à l'Auteur du Monde sans perdre sa virginité. Le Sauveur prend un corps mortel pour rendre l'homme immortel et prêche contre l'orgueil. Les Mages offrent de l'or à sa puissance, de la myrrhe à son humanité, et de l'encens à sa divinité. Le texte invite les monarques et les princes à adorer le Sauveur, désarmé du tonnerre, et à lui offrir leur âme pure.
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380
p. 2894-2896
EGLOGUE SUR LA NAISSANCE DE JESUS-CHRIST.
Début :
Palemon. Quel spectale nouveau se présente à mes yeux? [...]
Mots clefs :
Naissance de Jésus-Christ, Messager des cieux, Sauveur, Bergers
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : EGLOGUE SUR LA NAISSANCE DE JESUS-CHRIST.
EGLOGUE
SUR LA NAISSANCE
Q
DE JESUS-CHRIST.
Palemon.
Uel spectacle nouveau se présente à mes
yeux ?
Dans cette obscure nuit qui répand la lu- miere ,
Quel éclat frappe ma paupiere ?
Ah! Bergers , qui veillés dans ces paisibles lieux ,
Voyez-vous , comme moi > ce Messager dos Cieux ?
Il nous parle ; écoutons.
Un Ange.
Mortels , soyez sans crainte ,
Je viens vous annoncer une éternelle paix ,
De vos justes frayeurs n'ayez plus l'ame atteinte :
Le Ciel sensible à vos souhaits
Répand sur vous le plus grand des bienfaits.
Choeur des Bergers.
Par des Chants de réjouissance
Témoignons à l'envi notre reconnoissance.
II. Vol.
Daph
DECEMBRE. 1732 2895.
Daphnis.
Joüissez d'un destin paisible ;
Ah ! Bergers , revenez de vos mortels cha
grins ;
Le Ciel à nos soupirs sensible ,
En faveur des ingrats humains
Désarme son courroux terrible ,
Et nous donne des jours tranquiles et sereinss
Le Chœur.
Un Dieu naissant te bannit de ces lieux,
Et dissipe à jamais tes complots odieux
Affreux Auteur de nos alarmes ;
Que de notre bonheur tu vas être envieux !
Aussi-bon que puissant , cet Enfant glorieux ,
Tarit enfin nos larmes ,
Et nous ouvre les Cieux.
Licidas.
Admirons la bonté de ce divin Sauveur ,
Parmi nous il vient prendre une humaine
gure ,
Et du faîte de la grandeur
Non content de descendre , il veut souffrir l'ing
jure ,
D'un affreux hyver la rigueur.
II. Vol. Rou
2896 MERCURE DE FRANCE
Rougis , perfide créature ,
De voir en cet état réduit ton Créateur.
Alcandre , Daphnis , et le Chœur,
Aimons le Sauveur ,
Suivons sa tendresse :
Aimons le Sauveur
De tout notre cœur.
Alcandre et Daphnis.
Méprisons sans cesse
La vaine grandeur ,
Et tout ce qui blesse
Une sainte ardeur.
Alcandre, Daphnis , et le Choeur.
Aimons le Sauveur ,
Suivons sa tendresse :
Aimons le Sauveur
De tout notre cœur.
SUR LA NAISSANCE
Q
DE JESUS-CHRIST.
Palemon.
Uel spectacle nouveau se présente à mes
yeux ?
Dans cette obscure nuit qui répand la lu- miere ,
Quel éclat frappe ma paupiere ?
Ah! Bergers , qui veillés dans ces paisibles lieux ,
Voyez-vous , comme moi > ce Messager dos Cieux ?
Il nous parle ; écoutons.
Un Ange.
Mortels , soyez sans crainte ,
Je viens vous annoncer une éternelle paix ,
De vos justes frayeurs n'ayez plus l'ame atteinte :
Le Ciel sensible à vos souhaits
Répand sur vous le plus grand des bienfaits.
Choeur des Bergers.
Par des Chants de réjouissance
Témoignons à l'envi notre reconnoissance.
II. Vol.
Daph
DECEMBRE. 1732 2895.
Daphnis.
Joüissez d'un destin paisible ;
Ah ! Bergers , revenez de vos mortels cha
grins ;
Le Ciel à nos soupirs sensible ,
En faveur des ingrats humains
Désarme son courroux terrible ,
Et nous donne des jours tranquiles et sereinss
Le Chœur.
Un Dieu naissant te bannit de ces lieux,
Et dissipe à jamais tes complots odieux
Affreux Auteur de nos alarmes ;
Que de notre bonheur tu vas être envieux !
Aussi-bon que puissant , cet Enfant glorieux ,
Tarit enfin nos larmes ,
Et nous ouvre les Cieux.
Licidas.
Admirons la bonté de ce divin Sauveur ,
Parmi nous il vient prendre une humaine
gure ,
Et du faîte de la grandeur
Non content de descendre , il veut souffrir l'ing
jure ,
D'un affreux hyver la rigueur.
II. Vol. Rou
2896 MERCURE DE FRANCE
Rougis , perfide créature ,
De voir en cet état réduit ton Créateur.
Alcandre , Daphnis , et le Chœur,
Aimons le Sauveur ,
Suivons sa tendresse :
Aimons le Sauveur
De tout notre cœur.
Alcandre et Daphnis.
Méprisons sans cesse
La vaine grandeur ,
Et tout ce qui blesse
Une sainte ardeur.
Alcandre, Daphnis , et le Choeur.
Aimons le Sauveur ,
Suivons sa tendresse :
Aimons le Sauveur
De tout notre cœur.
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Résumé : EGLOGUE SUR LA NAISSANCE DE JESUS-CHRIST.
L'églogue 'Sur la naissance de Jésus-Christ' décrit la naissance de Jésus et les réactions des bergers présents. Palemon, un berger, observe un spectacle céleste et entend un ange annoncer la naissance de Jésus, apportant paix éternelle et bienfaits divins. Les bergers expriment leur reconnaissance et leur joie par des chants de réjouissance. Daphnis invite les bergers à se réjouir de la paix et de la tranquillité apportées par le ciel. Le chœur des bergers célèbre la naissance de Jésus, qui bannit les alarmes et ouvre les portes du ciel. Licidas admire la bonté du divin Sauveur, qui choisit de naître parmi les hommes et de souffrir les rigueurs de l'hiver. Alcandre, Daphnis et le chœur exhortent à aimer le Sauveur, à suivre sa tendresse, à mépriser la vaine grandeur et à cultiver une sainte ardeur.
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381
p. 36-49
REMARQUES curieuses sur le Beauvoisis, addressées à M. de la Roque, Auteur du Mercure.
Début :
Si les Voyages ont leur utilité du côté du Corps, on doit aussi avoüer que [...]
Mots clefs :
Ansac, Beauvais, Beauvaisis, Forêt, Village, Saint Robert, La Neuville, Savant, Prieuré, Lettre pastorale
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMARQUES curieuses sur le Beauvoisis, addressées à M. de la Roque, Auteur du Mercure.
_R'E MA R Q?) E S curieuse: sur la
_ ‘Bazar/aisés , addrméer à M. de la Reg
que , Auteur/ï.» Mercure.
Æ les Voyages ont leur utilité du côté
S du Corps‘, on doit aussi avoiier que
ceux qui les entreprennent par espritde
Ïuriosité , trouvent presque toujours de
quoi profiter en les aisant, pourvu qu’ils
ne sasservissent point si fort aux Voitu.
xes publiqueglcsquelles "ne donnent pres
que pas le temps de rien voir ni de rien
exariiiner, parce qu'elles ne ÿécartent ja
mais des grands chemins. Vous sçavez de
uelle maniere je fais une bonne partie
e mes Voyages ,'et que je quitte’, quand
r
bon me semble , ces sortes de Voitures,
ounuser de la même commodité avec
äaquelle M.l’Abbé Baudrand fit autrefois
e voyage de Rome, et dont se servit le
sçavânt Pere hiabillonganr qu’il se porta
bien._ C’est ainsi que j’ai parcouru déja.
une bonne partie du Royaume, et jmr ce
moïen je me suis trouvé à portée de faire
plusieurs Observations,qui peuvent avoir:
leur place dans differens Ouvrages de mes
amis, ou dans ceux que j’ai entrepris de
' A donne!
. JANVIER. 173;. 57
r‘
donner au public. Je n’oublie point sur
tout le Sanctoral de France en faveur des
Continuateurs de Bollandus ,à l'exemple
de M. l’A_bbé Chastelain, mon ancien‘
Maître, ni ce qui peut servir à illustrer.‘
l’Histoire de France, en quelque genre
que ce soit.
Rien ne me tentoit davantage dans ma:
derniere course faire en Beauvoi;is,que de
voir la Patrie du cclebre M. Barillet , et:
ce Village d'Ansac , duquel on a parlé
tant de fois dans vos Journaux, depuis
deux ans. Je ne vous rapporte-rai rien du
Prieuré de la Tour du Lay; que ïai vû
en passant, à une petite lieuë de l'an
cien Palais Royal de Chambli , situé sur
la grande Route. Ce Prieuré est devenu
fameux depuis qu'il a donné occasion‘ â
une Lettre Pastorale , singulier-e de M. de.
Saint-Agnan , Évêque de Beauvais, du u.‘
Novembre r7 2.7. imprimée -â Paris , chez
Josse et Briasson , et mentionnée dans le
Journal de Verduu , aussi- bien que le
Village de Nogent-les-Vierges, connupar
une autre Lettre Pastorale‘ du même Pré-Î
lat , du 6 Novembre 1723. M. d’Auver
gne , Avocat à Beauvais; digne imitateur
du goût et du zele des Sieurs Loyscl et:
Louvet, m'a communiqué par la voïe de,
votre Journal de Févrierjtout ce quïl,
' iij peu;
38 MERCURE DE FRANCE.‘
‘v.
pensoit sur S. Nerlin, Patron de ce Prieuo‘
té. Mais constamment le nom de Nerlin
ne peut être formé de celui de Nevelon,‘
et [Ordonnance qui a proposé ce Saint,
en place de S. Robert, semble substituer
à une chose obscure, une autre qui l’est
encore davantage , dès qu’elle ne dé—‘
signe à ce S. Nerlin aucun jour de culte,
et qu’elle n’enseigne pas même comment
on le nommera en Latin. j’ai vû ce que
la Lettre Pastorale ap elle le Tombeau de
S, Robert. Ce qui est elevé sur six petites
Colonnes dans la Nef du Prieuré , n’est
point un Tombeau commeelle Passure;
ce n’est qu’une sim le Tombe du xm sié-_
cle , qui est ainsi p acée,et sur cette Tom
be est’ couchée la figure en relief d’un
Prêtre vêtu des habits Sacerdotaux ,
comme on les portoit il ya environ cinq»
cens ans, ayant la tête‘ nuë , les mains
jointes et une espece de Dragon sous ses:
pieds. Il est probable que ce Cenotaphe
est pour faire ressouvenir ‘du Tombeau
qui doit être quelque part dans cette
Eglise; mais certainement il en est tres
distingué. Ce S. Robert , du 2x Avril,‘
n’est point aussi absolument inconnu ,
même hors le Pais de Beauvoisis. Je me
suis ressouvenu que parcourant en I730.
51ans le Berry , le Martyrologe de laCcË-r
' . 1 ,‘ ._. l f!
JANVIER. X733’. 3g
lËgiale de Leré, qui est du treizième sié
cle‘, Ïy lûs cette addition du’ sieclc sui
vant ,W au jour en question: Item , lîoberti
c/Iôbati: ; et les Chanoines de cette Égli
se , qui estiment, avec raison , leur ma
nusctit ,et qui s’en servent tous les jours,
ne manqnent point de prononcct cette
‘annonce a son tour.
Mais je vais vous (lite quelquûchose
'de plus interrcssant , au sujet de la Ncu
villc , Patrie de M. Baiilet. Comme ilhy a
plusieurs Villages de ce nom dansle Dio
cèse de Beauvais; celui-cy säppelle la.
Neuville en Hez , pour le distigguer des
‘autres. Il n’est point situé au Nord de la
Ville de Beauvàis, comme on l'a assuré
dans ŸEiogc de ce Sçairant ,.imprimé en
i707; et comme le Pcre-Nicerbn l’a dit
ÿclepuis dans ses Mcmoires , ôte. ‘mais. s:
àituation est âPOticnt de cette Villes‘
C’est une difficulté purement Géogra.
phique de sgavoir s’il faut écrire en_ Heu
bu en Hayes. Ce lieu est à Fenttée d’une
Forêt de Hantc-Futaye , qui le ‘sépare ‘de
la terre d'Ansac.' Si l’on avoir des Îi
tres bien anciens , qui les clésignassent par
le surnom in Hagn, ou bien in Haya ,
il FaudroitPêctire de la seconde manied
se; mais" les Titres du douzième siècle,‘
tapgçrtez‘ parLouyft ,‘cmployent toul
i“ l C iiij jours
l 4
Etc M ERCURE DE FRANCE.‘ A
jours le nom de Hez , pour désigner l2!
Forêt : Magnum 21mm: quod 710cm1"; Hez, ,
ensorte qu’il paroît que f-Iez est un nom
propre c Forêt, de même queLaye ,
Argonne , Ardennes. Le Dictionnaire
Universel de la France,imprimé en i726.
met ce la Ntuville ‘en Picardie ; et cepen
dant il le déclare situé au Diocèse de
Clernÿnuce qui est absurde et risible.
Ce Village peu connu mérite däautan‘;
lus d’être tiré de Pobscurité , que c’est
sans le Château qu’en y voyoir avant les
Guerres de la Religion , qu’un‘ des lus
illustres de nos Rois vint au mondallest
vrai que'M. Baillet qui éroit natif de ce
la Neuvillea ignoré ce fait ; mais comme
ce Sçavant quitta sa Patrie de bonne beu
re, et qu’il sïnformoit peu de ce qui
éroit contenu dans les Archives séculie
tes, il n’est pas étonnant qu’il n’en ait
pas eu connoissancelepremier Ecrivain
qui ait remarque ce point historique est
M. Simon, Conseiller au Présidial d:
Bfrauvais , lequel dms ses Additions 5.
PI-Iistoire du Beauvoisis, imprimées Pan
I704. s’explique positivement en ces ret
mes , à la pag. 45. touchant la Neuville
en l-Iez : J'ai vû , dit-il , la: Originaux; de
irai: Titres , dam il y en a deux du Ra]
Iwüi: X1. l'un du mai: «#401453 i468. et
. ‘ ' ‘ Pâture
4
s L
. ‘JANVIER. 173.3. 41
l'autre du r3 Octobre 1475m2 le troisiême qui
sont Lettres olu Roy Henry Il’. de 1601. ois
l’on accorde aux Haéitans de la Neuville
fourmi temps, l'exemption (le la Taille, en
honneur et souvenir de la naissance de saint
Louis; et il est énoncé dans le dernier de ses
titres , qu’il avait lui-même accordé la même
exemption par Lettres. Il est vrai que" celle
_ de 1468. marque seulement ( ainsi qu’il a été
aflïrmé ausdits babitans. ) Les "copiesldes
mêmes titres,que i’ai vûës entre les mains
de M. Maillard , Avocat à Paris, me POP‘
\ \ n \ ,
tent a suivre, aptes le R. P. de Mont
faucon , le sentiment qu’a eu ce Sçavant
touchant ce fait Historique; et s’il est vrai
quÎaucun Historien contemporain a la
naissance de S. Loüis , [fait assuré qu’elle
soit arrivée à Poissy, mais seulement qu'il
y fut baptizé 5 il reste à croire plus vrai
semblable que ce Prince étoit néà la Neu
ville. La premiers Charte de Loüis XI.‘
fut expediée à Compiégxie; et la seconde,
â la Vietoire , proche Senlis. Il seroit à
souhaitter qu'on pût recouvrer le Titre
par lequel S. Loüis lui-même avoir re
connu ce La-Nertville pour le lieu de sa
naissance. On pourroit encore recourir
à la confirmation que ce Roy a faire de la
donation d’une Comtesse de Clermonr au
Prêtre de 1a Neuvifleg en 1 2. 5 I. que Lou;
C v Net
4:2‘ MERCURE DE FRANCE.‘
vet dit être au Trésor Royal des Char?
j les Layere , de PAppanage des Enfans
de France.
Au sortit de la Forêt de I-Iez, on apaj
perçoit vers le midy , dans un fond , le
Village d’Ansac , qui s'est fait un certain.
renom, à_l’occasion de l’Akousmate,dont
vos Journaux ont parlé. J’en ai examiné
la situation en venant de la Ferme du.
Plessis- Bilbaud , dest-à-dire , devers le
Septentrion. Il y a en ce territoire et de
ce côté-là — même , plusieurs Gorges ou
Vallons bornez , mais très-secs et arides;
et sans Caverne,au moins qui paroisse.‘
La superficie du terrain est pierreuse,
puisqubn en tire du Pavé. Le Parc est à
opposite de ces Gorges ( le Village en—'
tre deux), c’est - à - dire, en tirant de
PEglise du lieu vers le Soleil Fes-g
ace de deux heures; et il est étendu en‘
fongueur de ce côté-là , moitié en plai-f
ne, moitié en côteau à main gauche.
S’il n’y a point de Cavernes ou de Sou-a
terrains à Ansac , ce n’est point non
plus un Païs où l’on puisse dire que les
Marais et les Eaux dormanres , fournis
sent à l’air une vapeur capable de Former
des bruits extraordinaires. Il n’y a qu’un
tres-perit Ruisseau,qui traverse la ion-g
gueur du Parc , "capable à peinede Ÿfaire
l’ v - tourner
JANVIER. I733: 43
tourner un Moulin; de sorte que je me
trouverois embarassé à décider lesquels
des deuxiont plus de raison , ou de ceux
qui croyenr que ces bruits étoient dans
Pair, ou des autres que vous me mander,
être d’avis qu’ils sortoient de dessous la
terre. Jenavoispas remarqué qu’on peut:
avoir cette derniete pensée , cr que dans
Penquête de M. le Curé , quelques-uns
(les principaux de ses Paroissiens dépo
sent qtfune partie de ces bruits leurs pa
rutent comme s’ils fussent sortis des en
trailles de la terre. Si quelque Sçavane
Physicien prenoit la peine de. mettre
cette pensée dans tout son jour ,peut
être» ne setoit elle pas trouvée hors d’ap-‘
arence. Ce que jen dis , au reste , est
toujours en supposant que le bruit enten
du à Ansac , a été naturel ,v et non pas ars
tificiel ,. et que personne ne s’est diverrj.
dans lebas du Châreamautour de que lquo
Machine, soigneusement disposée pour
representer un murmure populaire; can
gens habiles dans la Mécanique préten.
dent qu’un homme qui tiendtoit de la,
main gauche un Tonneau vuide , dêfon’.
‘cé par les deuxbours, et dont les Don.
yes autoicnt été ctênelées de la longrtepg
çl-‘un pied, plus ou moins,.vers' le milieu.’
çtqrti promeneroitde la droite à Pinte.
« Ç vj tien;
1,4. MERCURE DE" FRANCE.‘
rieur cle ce Tonneau autour" de ces créneæ‘
lures , un fercourbê et garni de différens
crans , Former-cit des sons qui represenre
roienr la Musette, la Vielle‘, le Hautbois,
ëäc. confusément entendus.
-' Que sçaLje s’il n’y ‘a pas d’autres sc-‘
crets pourreprésenrer à Foüiexun amas
confus de voix humaines , et- le somâcre
de gens qui riroient tous ensemble.
Autant Ie bruit d’Ansac est extraordinai
re en lui-mêmqaurantildoit paroîrre sin
gulier de voir dans le Pais de Beauvoisis
un nom de lieu finissant enaall semble que
ces sortes de terminaisons devroLnt être
renfermées dans FAuVergneJe Limousin,
la Guyenne ou autres parties Méridiona
les du Royaume. Je dourerois de la gé
nuité de ce nom , si je ne l’avois trouvé
dansl un tirée, rîipporré par Louvenll fana
ui ‘y- air ien es siecles u’on sa ‘ erdu
3e vûë le nom larinde ceqViIiaggPpui-sq
que dès l’an 1186, le Pape Urbain‘ lII.‘
que l’on fait parler dans une Bulle , ne-le
peut désigner que par le nom François
Anmc( a ). Je merrrois Cressonsac du.
Diocèse de Beauvais dans le même cas , si
ce n’éroit que M. Simon m’apprcnd qu’i_l
t‘ ( '21) Hein,‘ quicquid Imàetis in Villa qui; dicitur
‘Ansac, mm in hospitibu: guùm in amen. Louvet, e
Tome l. pag‘. 19+. _,<,
faut
JANVIER. 173;. 4,5
faut dire Cressonsart conformément aux
anciennes Chartes , et que ce mot vient:
de Cresxaninm Euartaruvz.
M. Dauvergne a bien rai<on de croire
qu’on a des Otivrages d’H;linand dans
l’Abbaye de Froimont. il me fut facile '
(le m’y transporterâ la faveur du voisina
ge de Brêle où je sèjotirnois; ct ayant eu
entrée dans la Bibliotheqtie, je les y trou-r»
vai aisément. Si on y croÿoit l1 Chtoni4
que perdue‘ , c’est qu_’en efiet elle est deg
venuë très-mèconnoissable , cn ce que les"
cahiers ont è*é autrefois si mal reliczl que
celui qui est au commencement du Voï
lume contient des articles du Règne de
Dagobert, tandis que le premier cahier ,
à la tête duquel sont les Fasrss Consulai
res , est au milieu du Livre. Ce volume ,
fout petit 527-49. qu’il est , peut contenir
toute la Chronique dT-Ielinand rèdigèe
e_'n latim Outre q‘u’il est sans aucune
marge , l’Ecriture en est très - minutèe.
Elle est du treizième siècle; mais elle n’est
pas pqur cela si difficile à‘ lire qu’elle l’a.
péfruë a M. Hermant , et a son Coufrere.
Çc lqui est plus voisin clu tems de l’Au
peut me parût plein d'apparitions , et:
n’est po’nt du goût de notre siècle. Cet
Écrivain passe pour Bienheureux dans‘
läâbbaye. On voit par certains endroits
l‘. quïl ’
4€ MERCURE DE FR ANGE
qu’il imitoit S. Jerôme , quant à la pen
sée de la mort , et son Tableau le repré-j
sente à peu près comme ce saint Doc
teur. Je cherchai ( mais inutilement .)
l'endroit où Helinand parle de cet
homme du Beauvoisis qu’on croyoit être
transformé en Loup 3 ct qui de son tems
passa pour Antropophnge ou mangeur
d’Enfans , parce qu'on lui en vit vomit
des jointures cle doigt toutes entieres. Ce
qui mïzngageoit à ce point de curiosité ,
est la parité du cas où nous nous trou
‘vons dans nos Cantons , puisqubn ne
peut presque ôter de Pesprit de la plû
partldes Paysans du Comté düuxeäte ,
ue eLou énorme ui man etant ‘en
gins depuiî plus deqsix moigs’ , et que la
Louvetetie du Roi n’a û en cote tuer ,
est d’une espece route siemblable. Il fane
qu'Helin1nd fut un Auteur de grande
réputation au treizième siecle. Outre
Vincent de Beauvais qui en a fait delongs
Extraits . îe le trouve encore souvent ci
té par un Jean de S. Chefs (a) Corde-â
lier , qui se dit de la Province de Bout-‘_
gogne , lequel a composé une Chronique,
qui finit à l'an 1 2.50. Ce Franciscain écrit;
\
ce qui suit a l’.æn 12.09: Hz": temporibm
(a)‘ besJîveadwio; - i. . ' .flomü
JÂNVIER. 1733. 4.7
flortiit Helinandus Manne/Jus , wir Religio
sus et facundtts , Belvaoensis. La qualité
de disert peut être fondée sur le style de
ses Sermons , dont plusieurs sont dans
le même volume à Froimont: mais je me
dispensai d’en prendre lecture. Depuis
que ïal eu communication cle la vieille
Traduction du fragment d’Helinand , ti
rée du Miroir Historia], par le canal du»
Mercure de Fevrier, j’ai retrouvé les mê-A
mes choses dans S. Antonin, Pari. III.
Lit. r8‘. Cap. ç. et c'est là justement que
j'avais lû autrefois le bruit qui fut enten
du dans une Forêt entre Rcims et Aré
ras s chose terrible , si elle étoit veritable.
Je finirai, Monsieur , ce que fai à vous
dite cl’Helinancl par la Pièce de Vers que
ce même Auteur a écrite en françois sur
la Mort. Cet Ouvrage renommé est une
nouvelle preuve de ce que ÿai avancé
contre la proposition trop generaie de
M. l’Abbé Fleury, que l’on ne tram/e point
ale Poësies en langagef/angois du dauziéme
ou treiziéme siécle sur des S ujets moraux et
depieteflcr que j’ai réfutêe par des exeme
pics rapportez dans le Mercure de Dés
cembre 173x. 1. vol. p. 2972. CQSVCYS
doivent n’être pas extrêmement rares _,
puisque c'est Loysél qui les fit imprimer
l’an 152+. avec une Dédicace au Présiälrnt
au:
48 MERCURE DEFRANCE
L
vFauchet , ainsi qu’il le dit lui-même dans
ses Mémoires. '
Comme vous faites quelquefois part de
mes Lettres â deÿpcrsonnes qui aiment
la science des Rits Ecclésiastiques, je fi
nirai celle-ci par une Observation que Ïai
faîte à Beauvais à la Fête de S. Pierre ,
Patron de la Cathedrale. Un Etranger ne
gent mänqtier d’être surpris de voir quïän
resse ans lc Sanctuaire es Parterres e
Fleurs et de verdure sur les Tombes des
Ehveques cote que qdu’iuny asuotnrte:inilhunm’eeszt , ptaasntoblige
d’avoir la clefde cet usage. Comme c’est
a celui m’a le plus frappé par sa singu
larité , ÿen ai cherché lbtigine dans les
Ecrivains de cette Ville. Louvet , le plus
difÎus de ses Conftctes , en parlantfïama
1. p. 391. de Penlevement des Tombes
du Choeur de l’Abbaye de Saint Lucien ,
fait au XVI. ‘siècle pour paver les Cuisi
nes du Cardinal de Chastillon , alors
Évêque de Beauvais, dit que lor<qu’elles
étoient encore en leur place , il y en avoit
une d’Airain garnie de plusieurs trous
dans lesquels en certains jours on mettoit
des bouquets de fleurs , et qu'à Pégard de
deux ou trois autres des Evêques de Beau
yais réputez de sainte vie , on pratiquoit
autour;
M - >JANVIER. 173;. 4g
‘äutour de leurs Tombes la même cerémoè
nie gubn fait-dans la Cathédrale autour.‘
fics Sêpùlcrès des Evêques aux jours s04
IemnçLguqui-cst de les environner Vde
fldùfssVoiiä Ÿesprit de cette cèrêmohîcî
Mais ce n’e t pas encore assez de rendre
honneur erfcela à la mémoire des Evê
quegquoique non-çanonïsez , les Oflîcianl
encenscnt encore ces Tombes pendant
POflîce d'une mariiere édifiahtc , de mê-T
me que l'on fait dans d’autres Églises de
là Ikovince de Reiins , de Sens, 86C. Ce
qui est une marque de rechonnoissancc pû
blique très-bien placée , et qui invite lei
Evêqucs vivans ä meritcr parleurs bien
faits et par leur sainte vie , lès mêmes
honneuzs qgÿils voyent rendre à lcùrs Pré;
x
décesseuts. -. .
.4 Aùàcerre , ce 22. fnilluet 1732.‘
_ ‘Bazar/aisés , addrméer à M. de la Reg
que , Auteur/ï.» Mercure.
Æ les Voyages ont leur utilité du côté
S du Corps‘, on doit aussi avoiier que
ceux qui les entreprennent par espritde
Ïuriosité , trouvent presque toujours de
quoi profiter en les aisant, pourvu qu’ils
ne sasservissent point si fort aux Voitu.
xes publiqueglcsquelles "ne donnent pres
que pas le temps de rien voir ni de rien
exariiiner, parce qu'elles ne ÿécartent ja
mais des grands chemins. Vous sçavez de
uelle maniere je fais une bonne partie
e mes Voyages ,'et que je quitte’, quand
r
bon me semble , ces sortes de Voitures,
ounuser de la même commodité avec
äaquelle M.l’Abbé Baudrand fit autrefois
e voyage de Rome, et dont se servit le
sçavânt Pere hiabillonganr qu’il se porta
bien._ C’est ainsi que j’ai parcouru déja.
une bonne partie du Royaume, et jmr ce
moïen je me suis trouvé à portée de faire
plusieurs Observations,qui peuvent avoir:
leur place dans differens Ouvrages de mes
amis, ou dans ceux que j’ai entrepris de
' A donne!
. JANVIER. 173;. 57
r‘
donner au public. Je n’oublie point sur
tout le Sanctoral de France en faveur des
Continuateurs de Bollandus ,à l'exemple
de M. l’A_bbé Chastelain, mon ancien‘
Maître, ni ce qui peut servir à illustrer.‘
l’Histoire de France, en quelque genre
que ce soit.
Rien ne me tentoit davantage dans ma:
derniere course faire en Beauvoi;is,que de
voir la Patrie du cclebre M. Barillet , et:
ce Village d'Ansac , duquel on a parlé
tant de fois dans vos Journaux, depuis
deux ans. Je ne vous rapporte-rai rien du
Prieuré de la Tour du Lay; que ïai vû
en passant, à une petite lieuë de l'an
cien Palais Royal de Chambli , situé sur
la grande Route. Ce Prieuré est devenu
fameux depuis qu'il a donné occasion‘ â
une Lettre Pastorale , singulier-e de M. de.
Saint-Agnan , Évêque de Beauvais, du u.‘
Novembre r7 2.7. imprimée -â Paris , chez
Josse et Briasson , et mentionnée dans le
Journal de Verduu , aussi- bien que le
Village de Nogent-les-Vierges, connupar
une autre Lettre Pastorale‘ du même Pré-Î
lat , du 6 Novembre 1723. M. d’Auver
gne , Avocat à Beauvais; digne imitateur
du goût et du zele des Sieurs Loyscl et:
Louvet, m'a communiqué par la voïe de,
votre Journal de Févrierjtout ce quïl,
' iij peu;
38 MERCURE DE FRANCE.‘
‘v.
pensoit sur S. Nerlin, Patron de ce Prieuo‘
té. Mais constamment le nom de Nerlin
ne peut être formé de celui de Nevelon,‘
et [Ordonnance qui a proposé ce Saint,
en place de S. Robert, semble substituer
à une chose obscure, une autre qui l’est
encore davantage , dès qu’elle ne dé—‘
signe à ce S. Nerlin aucun jour de culte,
et qu’elle n’enseigne pas même comment
on le nommera en Latin. j’ai vû ce que
la Lettre Pastorale ap elle le Tombeau de
S, Robert. Ce qui est elevé sur six petites
Colonnes dans la Nef du Prieuré , n’est
point un Tombeau commeelle Passure;
ce n’est qu’une sim le Tombe du xm sié-_
cle , qui est ainsi p acée,et sur cette Tom
be est’ couchée la figure en relief d’un
Prêtre vêtu des habits Sacerdotaux ,
comme on les portoit il ya environ cinq»
cens ans, ayant la tête‘ nuë , les mains
jointes et une espece de Dragon sous ses:
pieds. Il est probable que ce Cenotaphe
est pour faire ressouvenir ‘du Tombeau
qui doit être quelque part dans cette
Eglise; mais certainement il en est tres
distingué. Ce S. Robert , du 2x Avril,‘
n’est point aussi absolument inconnu ,
même hors le Pais de Beauvoisis. Je me
suis ressouvenu que parcourant en I730.
51ans le Berry , le Martyrologe de laCcË-r
' . 1 ,‘ ._. l f!
JANVIER. X733’. 3g
lËgiale de Leré, qui est du treizième sié
cle‘, Ïy lûs cette addition du’ sieclc sui
vant ,W au jour en question: Item , lîoberti
c/Iôbati: ; et les Chanoines de cette Égli
se , qui estiment, avec raison , leur ma
nusctit ,et qui s’en servent tous les jours,
ne manqnent point de prononcct cette
‘annonce a son tour.
Mais je vais vous (lite quelquûchose
'de plus interrcssant , au sujet de la Ncu
villc , Patrie de M. Baiilet. Comme ilhy a
plusieurs Villages de ce nom dansle Dio
cèse de Beauvais; celui-cy säppelle la.
Neuville en Hez , pour le distigguer des
‘autres. Il n’est point situé au Nord de la
Ville de Beauvàis, comme on l'a assuré
dans ŸEiogc de ce Sçairant ,.imprimé en
i707; et comme le Pcre-Nicerbn l’a dit
ÿclepuis dans ses Mcmoires , ôte. ‘mais. s:
àituation est âPOticnt de cette Villes‘
C’est une difficulté purement Géogra.
phique de sgavoir s’il faut écrire en_ Heu
bu en Hayes. Ce lieu est à Fenttée d’une
Forêt de Hantc-Futaye , qui le ‘sépare ‘de
la terre d'Ansac.' Si l’on avoir des Îi
tres bien anciens , qui les clésignassent par
le surnom in Hagn, ou bien in Haya ,
il FaudroitPêctire de la seconde manied
se; mais" les Titres du douzième siècle,‘
tapgçrtez‘ parLouyft ,‘cmployent toul
i“ l C iiij jours
l 4
Etc M ERCURE DE FRANCE.‘ A
jours le nom de Hez , pour désigner l2!
Forêt : Magnum 21mm: quod 710cm1"; Hez, ,
ensorte qu’il paroît que f-Iez est un nom
propre c Forêt, de même queLaye ,
Argonne , Ardennes. Le Dictionnaire
Universel de la France,imprimé en i726.
met ce la Ntuville ‘en Picardie ; et cepen
dant il le déclare situé au Diocèse de
Clernÿnuce qui est absurde et risible.
Ce Village peu connu mérite däautan‘;
lus d’être tiré de Pobscurité , que c’est
sans le Château qu’en y voyoir avant les
Guerres de la Religion , qu’un‘ des lus
illustres de nos Rois vint au mondallest
vrai que'M. Baillet qui éroit natif de ce
la Neuvillea ignoré ce fait ; mais comme
ce Sçavant quitta sa Patrie de bonne beu
re, et qu’il sïnformoit peu de ce qui
éroit contenu dans les Archives séculie
tes, il n’est pas étonnant qu’il n’en ait
pas eu connoissancelepremier Ecrivain
qui ait remarque ce point historique est
M. Simon, Conseiller au Présidial d:
Bfrauvais , lequel dms ses Additions 5.
PI-Iistoire du Beauvoisis, imprimées Pan
I704. s’explique positivement en ces ret
mes , à la pag. 45. touchant la Neuville
en l-Iez : J'ai vû , dit-il , la: Originaux; de
irai: Titres , dam il y en a deux du Ra]
Iwüi: X1. l'un du mai: «#401453 i468. et
. ‘ ' ‘ Pâture
4
s L
. ‘JANVIER. 173.3. 41
l'autre du r3 Octobre 1475m2 le troisiême qui
sont Lettres olu Roy Henry Il’. de 1601. ois
l’on accorde aux Haéitans de la Neuville
fourmi temps, l'exemption (le la Taille, en
honneur et souvenir de la naissance de saint
Louis; et il est énoncé dans le dernier de ses
titres , qu’il avait lui-même accordé la même
exemption par Lettres. Il est vrai que" celle
_ de 1468. marque seulement ( ainsi qu’il a été
aflïrmé ausdits babitans. ) Les "copiesldes
mêmes titres,que i’ai vûës entre les mains
de M. Maillard , Avocat à Paris, me POP‘
\ \ n \ ,
tent a suivre, aptes le R. P. de Mont
faucon , le sentiment qu’a eu ce Sçavant
touchant ce fait Historique; et s’il est vrai
quÎaucun Historien contemporain a la
naissance de S. Loüis , [fait assuré qu’elle
soit arrivée à Poissy, mais seulement qu'il
y fut baptizé 5 il reste à croire plus vrai
semblable que ce Prince étoit néà la Neu
ville. La premiers Charte de Loüis XI.‘
fut expediée à Compiégxie; et la seconde,
â la Vietoire , proche Senlis. Il seroit à
souhaitter qu'on pût recouvrer le Titre
par lequel S. Loüis lui-même avoir re
connu ce La-Nertville pour le lieu de sa
naissance. On pourroit encore recourir
à la confirmation que ce Roy a faire de la
donation d’une Comtesse de Clermonr au
Prêtre de 1a Neuvifleg en 1 2. 5 I. que Lou;
C v Net
4:2‘ MERCURE DE FRANCE.‘
vet dit être au Trésor Royal des Char?
j les Layere , de PAppanage des Enfans
de France.
Au sortit de la Forêt de I-Iez, on apaj
perçoit vers le midy , dans un fond , le
Village d’Ansac , qui s'est fait un certain.
renom, à_l’occasion de l’Akousmate,dont
vos Journaux ont parlé. J’en ai examiné
la situation en venant de la Ferme du.
Plessis- Bilbaud , dest-à-dire , devers le
Septentrion. Il y a en ce territoire et de
ce côté-là — même , plusieurs Gorges ou
Vallons bornez , mais très-secs et arides;
et sans Caverne,au moins qui paroisse.‘
La superficie du terrain est pierreuse,
puisqubn en tire du Pavé. Le Parc est à
opposite de ces Gorges ( le Village en—'
tre deux), c’est - à - dire, en tirant de
PEglise du lieu vers le Soleil Fes-g
ace de deux heures; et il est étendu en‘
fongueur de ce côté-là , moitié en plai-f
ne, moitié en côteau à main gauche.
S’il n’y a point de Cavernes ou de Sou-a
terrains à Ansac , ce n’est point non
plus un Païs où l’on puisse dire que les
Marais et les Eaux dormanres , fournis
sent à l’air une vapeur capable de Former
des bruits extraordinaires. Il n’y a qu’un
tres-perit Ruisseau,qui traverse la ion-g
gueur du Parc , "capable à peinede Ÿfaire
l’ v - tourner
JANVIER. I733: 43
tourner un Moulin; de sorte que je me
trouverois embarassé à décider lesquels
des deuxiont plus de raison , ou de ceux
qui croyenr que ces bruits étoient dans
Pair, ou des autres que vous me mander,
être d’avis qu’ils sortoient de dessous la
terre. Jenavoispas remarqué qu’on peut:
avoir cette derniete pensée , cr que dans
Penquête de M. le Curé , quelques-uns
(les principaux de ses Paroissiens dépo
sent qtfune partie de ces bruits leurs pa
rutent comme s’ils fussent sortis des en
trailles de la terre. Si quelque Sçavane
Physicien prenoit la peine de. mettre
cette pensée dans tout son jour ,peut
être» ne setoit elle pas trouvée hors d’ap-‘
arence. Ce que jen dis , au reste , est
toujours en supposant que le bruit enten
du à Ansac , a été naturel ,v et non pas ars
tificiel ,. et que personne ne s’est diverrj.
dans lebas du Châreamautour de que lquo
Machine, soigneusement disposée pour
representer un murmure populaire; can
gens habiles dans la Mécanique préten.
dent qu’un homme qui tiendtoit de la,
main gauche un Tonneau vuide , dêfon’.
‘cé par les deuxbours, et dont les Don.
yes autoicnt été ctênelées de la longrtepg
çl-‘un pied, plus ou moins,.vers' le milieu.’
çtqrti promeneroitde la droite à Pinte.
« Ç vj tien;
1,4. MERCURE DE" FRANCE.‘
rieur cle ce Tonneau autour" de ces créneæ‘
lures , un fercourbê et garni de différens
crans , Former-cit des sons qui represenre
roienr la Musette, la Vielle‘, le Hautbois,
ëäc. confusément entendus.
-' Que sçaLje s’il n’y ‘a pas d’autres sc-‘
crets pourreprésenrer à Foüiexun amas
confus de voix humaines , et- le somâcre
de gens qui riroient tous ensemble.
Autant Ie bruit d’Ansac est extraordinai
re en lui-mêmqaurantildoit paroîrre sin
gulier de voir dans le Pais de Beauvoisis
un nom de lieu finissant enaall semble que
ces sortes de terminaisons devroLnt être
renfermées dans FAuVergneJe Limousin,
la Guyenne ou autres parties Méridiona
les du Royaume. Je dourerois de la gé
nuité de ce nom , si je ne l’avois trouvé
dansl un tirée, rîipporré par Louvenll fana
ui ‘y- air ien es siecles u’on sa ‘ erdu
3e vûë le nom larinde ceqViIiaggPpui-sq
que dès l’an 1186, le Pape Urbain‘ lII.‘
que l’on fait parler dans une Bulle , ne-le
peut désigner que par le nom François
Anmc( a ). Je merrrois Cressonsac du.
Diocèse de Beauvais dans le même cas , si
ce n’éroit que M. Simon m’apprcnd qu’i_l
t‘ ( '21) Hein,‘ quicquid Imàetis in Villa qui; dicitur
‘Ansac, mm in hospitibu: guùm in amen. Louvet, e
Tome l. pag‘. 19+. _,<,
faut
JANVIER. 173;. 4,5
faut dire Cressonsart conformément aux
anciennes Chartes , et que ce mot vient:
de Cresxaninm Euartaruvz.
M. Dauvergne a bien rai<on de croire
qu’on a des Otivrages d’H;linand dans
l’Abbaye de Froimont. il me fut facile '
(le m’y transporterâ la faveur du voisina
ge de Brêle où je sèjotirnois; ct ayant eu
entrée dans la Bibliotheqtie, je les y trou-r»
vai aisément. Si on y croÿoit l1 Chtoni4
que perdue‘ , c’est qu_’en efiet elle est deg
venuë très-mèconnoissable , cn ce que les"
cahiers ont è*é autrefois si mal reliczl que
celui qui est au commencement du Voï
lume contient des articles du Règne de
Dagobert, tandis que le premier cahier ,
à la tête duquel sont les Fasrss Consulai
res , est au milieu du Livre. Ce volume ,
fout petit 527-49. qu’il est , peut contenir
toute la Chronique dT-Ielinand rèdigèe
e_'n latim Outre q‘u’il est sans aucune
marge , l’Ecriture en est très - minutèe.
Elle est du treizième siècle; mais elle n’est
pas pqur cela si difficile à‘ lire qu’elle l’a.
péfruë a M. Hermant , et a son Coufrere.
Çc lqui est plus voisin clu tems de l’Au
peut me parût plein d'apparitions , et:
n’est po’nt du goût de notre siècle. Cet
Écrivain passe pour Bienheureux dans‘
läâbbaye. On voit par certains endroits
l‘. quïl ’
4€ MERCURE DE FR ANGE
qu’il imitoit S. Jerôme , quant à la pen
sée de la mort , et son Tableau le repré-j
sente à peu près comme ce saint Doc
teur. Je cherchai ( mais inutilement .)
l'endroit où Helinand parle de cet
homme du Beauvoisis qu’on croyoit être
transformé en Loup 3 ct qui de son tems
passa pour Antropophnge ou mangeur
d’Enfans , parce qu'on lui en vit vomit
des jointures cle doigt toutes entieres. Ce
qui mïzngageoit à ce point de curiosité ,
est la parité du cas où nous nous trou
‘vons dans nos Cantons , puisqubn ne
peut presque ôter de Pesprit de la plû
partldes Paysans du Comté düuxeäte ,
ue eLou énorme ui man etant ‘en
gins depuiî plus deqsix moigs’ , et que la
Louvetetie du Roi n’a û en cote tuer ,
est d’une espece route siemblable. Il fane
qu'Helin1nd fut un Auteur de grande
réputation au treizième siecle. Outre
Vincent de Beauvais qui en a fait delongs
Extraits . îe le trouve encore souvent ci
té par un Jean de S. Chefs (a) Corde-â
lier , qui se dit de la Province de Bout-‘_
gogne , lequel a composé une Chronique,
qui finit à l'an 1 2.50. Ce Franciscain écrit;
\
ce qui suit a l’.æn 12.09: Hz": temporibm
(a)‘ besJîveadwio; - i. . ' .flomü
JÂNVIER. 1733. 4.7
flortiit Helinandus Manne/Jus , wir Religio
sus et facundtts , Belvaoensis. La qualité
de disert peut être fondée sur le style de
ses Sermons , dont plusieurs sont dans
le même volume à Froimont: mais je me
dispensai d’en prendre lecture. Depuis
que ïal eu communication cle la vieille
Traduction du fragment d’Helinand , ti
rée du Miroir Historia], par le canal du»
Mercure de Fevrier, j’ai retrouvé les mê-A
mes choses dans S. Antonin, Pari. III.
Lit. r8‘. Cap. ç. et c'est là justement que
j'avais lû autrefois le bruit qui fut enten
du dans une Forêt entre Rcims et Aré
ras s chose terrible , si elle étoit veritable.
Je finirai, Monsieur , ce que fai à vous
dite cl’Helinancl par la Pièce de Vers que
ce même Auteur a écrite en françois sur
la Mort. Cet Ouvrage renommé est une
nouvelle preuve de ce que ÿai avancé
contre la proposition trop generaie de
M. l’Abbé Fleury, que l’on ne tram/e point
ale Poësies en langagef/angois du dauziéme
ou treiziéme siécle sur des S ujets moraux et
depieteflcr que j’ai réfutêe par des exeme
pics rapportez dans le Mercure de Dés
cembre 173x. 1. vol. p. 2972. CQSVCYS
doivent n’être pas extrêmement rares _,
puisque c'est Loysél qui les fit imprimer
l’an 152+. avec une Dédicace au Présiälrnt
au:
48 MERCURE DEFRANCE
L
vFauchet , ainsi qu’il le dit lui-même dans
ses Mémoires. '
Comme vous faites quelquefois part de
mes Lettres â deÿpcrsonnes qui aiment
la science des Rits Ecclésiastiques, je fi
nirai celle-ci par une Observation que Ïai
faîte à Beauvais à la Fête de S. Pierre ,
Patron de la Cathedrale. Un Etranger ne
gent mänqtier d’être surpris de voir quïän
resse ans lc Sanctuaire es Parterres e
Fleurs et de verdure sur les Tombes des
Ehveques cote que qdu’iuny asuotnrte:inilhunm’eeszt , ptaasntoblige
d’avoir la clefde cet usage. Comme c’est
a celui m’a le plus frappé par sa singu
larité , ÿen ai cherché lbtigine dans les
Ecrivains de cette Ville. Louvet , le plus
difÎus de ses Conftctes , en parlantfïama
1. p. 391. de Penlevement des Tombes
du Choeur de l’Abbaye de Saint Lucien ,
fait au XVI. ‘siècle pour paver les Cuisi
nes du Cardinal de Chastillon , alors
Évêque de Beauvais, dit que lor<qu’elles
étoient encore en leur place , il y en avoit
une d’Airain garnie de plusieurs trous
dans lesquels en certains jours on mettoit
des bouquets de fleurs , et qu'à Pégard de
deux ou trois autres des Evêques de Beau
yais réputez de sainte vie , on pratiquoit
autour;
M - >JANVIER. 173;. 4g
‘äutour de leurs Tombes la même cerémoè
nie gubn fait-dans la Cathédrale autour.‘
fics Sêpùlcrès des Evêques aux jours s04
IemnçLguqui-cst de les environner Vde
fldùfssVoiiä Ÿesprit de cette cèrêmohîcî
Mais ce n’e t pas encore assez de rendre
honneur erfcela à la mémoire des Evê
quegquoique non-çanonïsez , les Oflîcianl
encenscnt encore ces Tombes pendant
POflîce d'une mariiere édifiahtc , de mê-T
me que l'on fait dans d’autres Églises de
là Ikovince de Reiins , de Sens, 86C. Ce
qui est une marque de rechonnoissancc pû
blique très-bien placée , et qui invite lei
Evêqucs vivans ä meritcr parleurs bien
faits et par leur sainte vie , lès mêmes
honneuzs qgÿils voyent rendre à lcùrs Pré;
x
décesseuts. -. .
.4 Aùàcerre , ce 22. fnilluet 1732.‘
Fermer
Résumé : REMARQUES curieuses sur le Beauvoisis, addressées à M. de la Roque, Auteur du Mercure.
L'auteur d'une lettre adressée à M. de la Regnie discute des voyages et de leurs utilités. Il souligne que les voyages entrepris par curiosité permettent souvent des observations profitables, à condition de ne pas se limiter aux voies publiques. L'auteur mentionne sa méthode de voyage, inspirée par l'Abbé Baudrand et le Père Habillon, qui consiste à quitter les voitures publiques pour explorer plus librement. L'auteur a parcouru une grande partie du Royaume de France, ce qui lui a permis de faire plusieurs observations utiles pour divers ouvrages, y compris le Sanctoral de France et l'histoire de France. Il évoque notamment sa visite en Beauvoisis, où il a exploré la patrie de M. Barillet et le village d'Ansac, rendu célèbre par des lettres pastorales de M. de Saint-Agnan. Il décrit le Prieuré de la Tour du Lay près de l'ancien Palais Royal de Chambli, et les controverses entourant le saint patron de ce prieuré, S. Nerlin ou S. Robert. L'auteur rapporte également des observations sur la Neuville-en-Hez, distinguée des autres villages du même nom, et discute de son histoire, notamment la naissance supposée de Saint Louis dans ce village. Enfin, il mentionne les bruits mystérieux entendus à Ansac et les théories sur leur origine, naturelle ou artificielle. Il conclut en parlant de la cérémonie autour des tombes des évêques et de l'honneur rendu à leur mémoire.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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382
p. 85-91
Recueil de Pieces d'Histoire et de Litterature, &c. [titre d'après la table]
Début :
Recueil des Piéces d'Histoire et de Litterature, Tome 2 de 234 pages, [...]
Mots clefs :
Religion, Papes, Collection, Dieu, Dieux, Empire, Église, Messie, Roi, Nations
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Recueil de Pieces d'Histoire et de Litterature, &c. [titre d'après la table]
E cu si L de Piéces d’Histoire et de
[Littérature , Tome a de 2.34 pages,
sans la Table des Piéces contenuës dans
ce Volume , et celle des Matieres des deux
premieres Parties de ce Recüeil.
l Ce Volume contient des Pièces curieuse
ses en elles-mêmes, et dont la matiere
. est digne d’être traitée , mais qui piquent
moins la curiosité des Gens de Lettres ,'
parce qu'on les rencontre en plusieurs En
droits : cependant on ytrouve aussi du
neuf, et ce qui fait le plus de plaisir,c’est
que cette collection évite au Lecteur la.
peine de lire des Dissertations longues et: . ’
ennuyeuses , en lui présentant_les mêmes
matieres traitées en peu de mots , succ_inc- q
tement, solidement et avec clarté. ' _
_La premicre Piéce est une Vie de Plu-q‘
rauque , traduite en François: de l’Angloîs
de M. Dryden. C'est un morceau cu
rîeux qui méritoit bien d'être traduit en
notre Langue. On trouve ensuite un Dis
cours sur l’Etat des Nations à la naissance;
‘ E xij de
e; MERCURE DE FRANCE '
de l’Eglise. L’Auteur s’applique à mon
trer que tout concouroit à la Naissancè
de Jesus-Christ pour Pétablissement d:
son Eglise , PEtatlet la Religion. C’est>
comme l’on voit le même Plan qu’a tenu.
M. Bossuet dans son Discours sur l’His
toire Universelle. L’Empire Romain est
étendu dans les trois parties du monde
connu , et est regardé comme le seul Efm
pire de la Terre , lorsque le grand Roi ,
le Roi de l’Univers va paroître. Le Mon
de goûte une aix generale lorsque le Roi
de Paix vient ‘apporter avec lui. La puis-j
sànce des Romains sert à Paccomp isse—
rnent des Propheties par Pordre qui en.
vient dans les diflèrcntes Provinces de
PEmpire , pour une Description generala
d‘: tous les Sujets de cette puissante Mo-Ç
narchie 5 le Messie naît dans Bethléem de
Jirda; par cette puissance la Tribu qui
porte ce nom pet son autorité , les Gen-ï
tlls qui devoienr entrer dans les promes-e
ses et dans l'alliance de misericorde , se
rêünissent avec les J uifs pour immolet
PÏ-Ïiostie de ptopitiation , qui par le méï
rite de son Sang va desdeux Peuples n’en.
faire qu’un; enfin par cette même puis
sance Jerusalem est détruite , le Temple
.rasé et la Synagogue des Juifs anéantie
avec ses Autels. '
._ v _ ce
JANVIER. 17'3;.' 87
Ce n’est pas non plus sans misterc que
Rome devient le centre de l’Empire de’
lÏUnivers , pour Pêcrc ensuite de la veri
table Religion; que les Nations y aboraj
dent de toutes parts , afin quklles y teçoi-f
vent le cuit; du vrai Dieu au lieu des vaiä,
ries richessespti des honneurs périssables,’
qui étoientle but de leurs voyages telle
envoya: par tout des Colonies pour y pot‘)
ter ensuite la Foi de PEvangile; le Messie
pvient dans le Temple lorsque Rome est
dans le plus haut point de sa grandeur, e:
t que la politesse , l’E5prit , les belles Let
tres et les Sciences y brillent avec plus
d’éclat , afin u’en étendant tous ces
avantages dans (ies Pays où elle étend sa»
uissance , elle y établisse la politesse,»
iiurbanité; en un mot, un esprit de socien‘
tÉ-qtii donnât quelque ouverture à la pré
dicarion de [Évangile , et qui disposât
les Esprits à lÎécouter. Par là PEV-angile
(Ïevoit heriter de toutela richesseet de la‘
Sçience de Rome : par là la Foi fait voit‘
qu’elle sçaifsoumettre â sa misterieuse obsi
curité les plus sublimes génies, et qu’ellc
n’a pas besoin de leurs secours et de leur
éloquence pour établit son Empire pat
toute la terre. . . *
« , Si l’Etat Civil disposait tout à Parrivéa
du..Messie , jlîfime de 1a Religion mon-x.
;__ ,, E iiij trois
à? 77"
à? MERCURE DE FRANCE
troit encore davantage le besoin que les
hommes avoient de la nouvelle Alliance‘.
Ils avoient de belles Loix‘, mais elles n'é
toient point observées; le Corps de leurs
Loix étoir corrompu par un grand nom
brc d'autres. qui permettoicnt plusieurs
désordres ; la Religion étoit plus horri-r
ble encore , c’étoit elle qui apprenoit aux
hommes à devenir méchans , les Fêtes des
Dieux étoient des jours de brigandagcs cc
de désordres ; les Temples étoient des
Ecoles dîmpureté , dïrreligion ;_ tout
Dieu y étoit bien reçû : Rome adoroit
ceux qu’elle avoir vaincus , et de vaines
Statuës sans sentiment et sans connois
sancc étoient victorieuses des vainqueurs
des Nations et des maîtres du. monde. Le
seul vrai Dieu y étoit inconnu , lui seul
n'avoir point dfAutels nide sacrificateutâ;
point de culte ni (Ÿadorateurs. UEgyptc
et la Gréce avoient aussi leurs Dieux 5
mais quels Dieux! ose-t-on les nom
mer , tant ils sont capables d’humilier
Ïhomme.
: La‘ Religion des Juifs étoit elle-même
mêlée de superstitions et de Traditions‘
purement humaines; en un mot, toute la
Rcligion des diflerens Peuples _, leurs"
Loix mal observées , leurs Sacrifices abo- '
minables aux yeux » de Dieu 3‘ leurs cr—"
. {CHIE
J A N VIE R. 1733.‘ '89‘;
\
rçurs montées à. leur comble, tous les
raisonnements et les Systemes des Philo
sophes épuisés , montroient à Phomme le‘
besoin qu’il avoir d'une Religion qui lui
apportat enfin des connaissances , qui
pûssent fixer leurs esprits au milieu de
tant de monstrueux égaremens , et qui‘ '
. leur donnât des forces" dont ils sentaient
la necessitê ’g pour accomplir leur devoir ,‘
et pour suivre la voye de la verité et ‘de
la vertu.
_La Piêce suivante traite des donations
de Pcpin et de Charlemagne faites à l’E-'
glise de Rome; on y montre qu’ellesï
sont le commencement de la souveraineté
temporelle des Papes; L’Auteur de cette
Dissertation ÿapplique à y montrer q.u’a'-'
vaut la donation de Pepin les. Papes n'ont,
eu aucune souveraineté 5 ni à‘ Rome ni
en Italie , ni en aucun Endroit : et que;
les Rois Pepin et Charlemagne étoienc»
Maîtres et légitimes possesseurs des Pays
qu’ils ont donnés "aux Evêques der
Rome. v ».
La 3.Piéce est une petiteDissertation sur t
les faux Prophetes , et sur les moyens de
a legdiscernet d’avec les Prophetes vérita-j:
bles; L’Auteur yléxamine trois Points.
Le premier , quels étoient ceux que l’E-;'
crieur; repûsentç comme de faux P104
E v pheg
LÀ
9e MER"CURE' DE FRÏANCE
phètes , et de combien de sortes elle en"
distingue. Le second , si ces faux Pro-'
phetes pouvaient reconnaître eux-mêmes
quïls étaient dans l’illusion. Le troisiéa
me , à quelles marques extetieures le peu-i
ple pouvoir discerner les vrais Ptophetcs
' dävec les faux.
- On trouve ensuite une autre‘ Disset.‘
ration sur la Collection (Plsidore , ct sur
les Décretales attribuées aux premiers Pas;
es. On y examine 1°. Qxelles étaient
lesCollecrions de Décrets‘ avant le neu
v-iéme siècle , et s’il y en avoir quelqtfu.‘
ne qui pût être regardée comme le Code
de PEgIise Universelle , ou comme le
Code d’une Eglise particuliere. 2". Ce
qäfavoit de particulier cette nouvelle
Collection , et qui s’en est déclaré PAu-f"
tèur. 3°. Si cette Collection-des Décreta-ä
les est suposée par un imposteur comme
on le dit communément. 4°. Si ces Let
tres des Papes , "inconnuës avant ChatleJ
magna: , inttoduisoient un nouveau droit
touchant lcs appellations à Rome. 5°. Sis
on peut croire que ces Lettres sont des
Papes dentelles portent le nom. 6°. Qxel
usage il faut faire de ces Lettres pour le
Dogme ou pour la Discipline. Ce dernier '
article n’est pas rempli.
» A la suive de cette Pièce l"Auteur’ de
‘ -. - ' se
4
J A NV I ER. 1733. 9;‘
‘ce Reciieil en‘ a joint une autre intitu
lée : Senfimens dfim homme d'esprit Jur l4
nouvelle intitulée Don Carla: .- destpune
Critique délicate et polie des défauts de
cette Nouvelle. " '
f. La Pièce qui termine‘ ce Volume est une
Réponse de M. B. . . Conseiller au Parle-j
mentde B. . . à une Lettre que M. Du-e
rand lui a écrireau sujet des Discours de
M.- de la. Motte sur la Poësie Dramati
que. L’on y trouve plusieurs expressions
basses et triviales‘, et des traits dans les
quels cet. illustre Auteur n’est pas beau
coup menage. .
On ‘voit ,«au reste , que PAuteur de ce
nouveau Recueil shpplique à diveisifiet‘
ses matieres ,et a promener agréablement
son Lecteur , tantôt dans les détours de
lïi-Lisroirc ,.ranrôt dans ceux de la-Criti
que , tantôt dans le sérieux 5 et. tantôt
dans le stile cnjoüé et badin.‘ Il.y a lieu
dïes ercr u’il continuera de rendre le‘
q .
même soin pour le choix de ses Pièces.
Son Recueil en- ce cas sera curieux et reg‘
cherché.
[Littérature , Tome a de 2.34 pages,
sans la Table des Piéces contenuës dans
ce Volume , et celle des Matieres des deux
premieres Parties de ce Recüeil.
l Ce Volume contient des Pièces curieuse
ses en elles-mêmes, et dont la matiere
. est digne d’être traitée , mais qui piquent
moins la curiosité des Gens de Lettres ,'
parce qu'on les rencontre en plusieurs En
droits : cependant on ytrouve aussi du
neuf, et ce qui fait le plus de plaisir,c’est
que cette collection évite au Lecteur la.
peine de lire des Dissertations longues et: . ’
ennuyeuses , en lui présentant_les mêmes
matieres traitées en peu de mots , succ_inc- q
tement, solidement et avec clarté. ' _
_La premicre Piéce est une Vie de Plu-q‘
rauque , traduite en François: de l’Angloîs
de M. Dryden. C'est un morceau cu
rîeux qui méritoit bien d'être traduit en
notre Langue. On trouve ensuite un Dis
cours sur l’Etat des Nations à la naissance;
‘ E xij de
e; MERCURE DE FRANCE '
de l’Eglise. L’Auteur s’applique à mon
trer que tout concouroit à la Naissancè
de Jesus-Christ pour Pétablissement d:
son Eglise , PEtatlet la Religion. C’est>
comme l’on voit le même Plan qu’a tenu.
M. Bossuet dans son Discours sur l’His
toire Universelle. L’Empire Romain est
étendu dans les trois parties du monde
connu , et est regardé comme le seul Efm
pire de la Terre , lorsque le grand Roi ,
le Roi de l’Univers va paroître. Le Mon
de goûte une aix generale lorsque le Roi
de Paix vient ‘apporter avec lui. La puis-j
sànce des Romains sert à Paccomp isse—
rnent des Propheties par Pordre qui en.
vient dans les diflèrcntes Provinces de
PEmpire , pour une Description generala
d‘: tous les Sujets de cette puissante Mo-Ç
narchie 5 le Messie naît dans Bethléem de
Jirda; par cette puissance la Tribu qui
porte ce nom pet son autorité , les Gen-ï
tlls qui devoienr entrer dans les promes-e
ses et dans l'alliance de misericorde , se
rêünissent avec les J uifs pour immolet
PÏ-Ïiostie de ptopitiation , qui par le méï
rite de son Sang va desdeux Peuples n’en.
faire qu’un; enfin par cette même puis
sance Jerusalem est détruite , le Temple
.rasé et la Synagogue des Juifs anéantie
avec ses Autels. '
._ v _ ce
JANVIER. 17'3;.' 87
Ce n’est pas non plus sans misterc que
Rome devient le centre de l’Empire de’
lÏUnivers , pour Pêcrc ensuite de la veri
table Religion; que les Nations y aboraj
dent de toutes parts , afin quklles y teçoi-f
vent le cuit; du vrai Dieu au lieu des vaiä,
ries richessespti des honneurs périssables,’
qui étoientle but de leurs voyages telle
envoya: par tout des Colonies pour y pot‘)
ter ensuite la Foi de PEvangile; le Messie
pvient dans le Temple lorsque Rome est
dans le plus haut point de sa grandeur, e:
t que la politesse , l’E5prit , les belles Let
tres et les Sciences y brillent avec plus
d’éclat , afin u’en étendant tous ces
avantages dans (ies Pays où elle étend sa»
uissance , elle y établisse la politesse,»
iiurbanité; en un mot, un esprit de socien‘
tÉ-qtii donnât quelque ouverture à la pré
dicarion de [Évangile , et qui disposât
les Esprits à lÎécouter. Par là PEV-angile
(Ïevoit heriter de toutela richesseet de la‘
Sçience de Rome : par là la Foi fait voit‘
qu’elle sçaifsoumettre â sa misterieuse obsi
curité les plus sublimes génies, et qu’ellc
n’a pas besoin de leurs secours et de leur
éloquence pour établit son Empire pat
toute la terre. . . *
« , Si l’Etat Civil disposait tout à Parrivéa
du..Messie , jlîfime de 1a Religion mon-x.
;__ ,, E iiij trois
à? 77"
à? MERCURE DE FRANCE
troit encore davantage le besoin que les
hommes avoient de la nouvelle Alliance‘.
Ils avoient de belles Loix‘, mais elles n'é
toient point observées; le Corps de leurs
Loix étoir corrompu par un grand nom
brc d'autres. qui permettoicnt plusieurs
désordres ; la Religion étoit plus horri-r
ble encore , c’étoit elle qui apprenoit aux
hommes à devenir méchans , les Fêtes des
Dieux étoient des jours de brigandagcs cc
de désordres ; les Temples étoient des
Ecoles dîmpureté , dïrreligion ;_ tout
Dieu y étoit bien reçû : Rome adoroit
ceux qu’elle avoir vaincus , et de vaines
Statuës sans sentiment et sans connois
sancc étoient victorieuses des vainqueurs
des Nations et des maîtres du. monde. Le
seul vrai Dieu y étoit inconnu , lui seul
n'avoir point dfAutels nide sacrificateutâ;
point de culte ni (Ÿadorateurs. UEgyptc
et la Gréce avoient aussi leurs Dieux 5
mais quels Dieux! ose-t-on les nom
mer , tant ils sont capables d’humilier
Ïhomme.
: La‘ Religion des Juifs étoit elle-même
mêlée de superstitions et de Traditions‘
purement humaines; en un mot, toute la
Rcligion des diflerens Peuples _, leurs"
Loix mal observées , leurs Sacrifices abo- '
minables aux yeux » de Dieu 3‘ leurs cr—"
. {CHIE
J A N VIE R. 1733.‘ '89‘;
\
rçurs montées à. leur comble, tous les
raisonnements et les Systemes des Philo
sophes épuisés , montroient à Phomme le‘
besoin qu’il avoir d'une Religion qui lui
apportat enfin des connaissances , qui
pûssent fixer leurs esprits au milieu de
tant de monstrueux égaremens , et qui‘ '
. leur donnât des forces" dont ils sentaient
la necessitê ’g pour accomplir leur devoir ,‘
et pour suivre la voye de la verité et ‘de
la vertu.
_La Piêce suivante traite des donations
de Pcpin et de Charlemagne faites à l’E-'
glise de Rome; on y montre qu’ellesï
sont le commencement de la souveraineté
temporelle des Papes; L’Auteur de cette
Dissertation ÿapplique à y montrer q.u’a'-'
vaut la donation de Pepin les. Papes n'ont,
eu aucune souveraineté 5 ni à‘ Rome ni
en Italie , ni en aucun Endroit : et que;
les Rois Pepin et Charlemagne étoienc»
Maîtres et légitimes possesseurs des Pays
qu’ils ont donnés "aux Evêques der
Rome. v ».
La 3.Piéce est une petiteDissertation sur t
les faux Prophetes , et sur les moyens de
a legdiscernet d’avec les Prophetes vérita-j:
bles; L’Auteur yléxamine trois Points.
Le premier , quels étoient ceux que l’E-;'
crieur; repûsentç comme de faux P104
E v pheg
LÀ
9e MER"CURE' DE FRÏANCE
phètes , et de combien de sortes elle en"
distingue. Le second , si ces faux Pro-'
phetes pouvaient reconnaître eux-mêmes
quïls étaient dans l’illusion. Le troisiéa
me , à quelles marques extetieures le peu-i
ple pouvoir discerner les vrais Ptophetcs
' dävec les faux.
- On trouve ensuite une autre‘ Disset.‘
ration sur la Collection (Plsidore , ct sur
les Décretales attribuées aux premiers Pas;
es. On y examine 1°. Qxelles étaient
lesCollecrions de Décrets‘ avant le neu
v-iéme siècle , et s’il y en avoir quelqtfu.‘
ne qui pût être regardée comme le Code
de PEgIise Universelle , ou comme le
Code d’une Eglise particuliere. 2". Ce
qäfavoit de particulier cette nouvelle
Collection , et qui s’en est déclaré PAu-f"
tèur. 3°. Si cette Collection-des Décreta-ä
les est suposée par un imposteur comme
on le dit communément. 4°. Si ces Let
tres des Papes , "inconnuës avant ChatleJ
magna: , inttoduisoient un nouveau droit
touchant lcs appellations à Rome. 5°. Sis
on peut croire que ces Lettres sont des
Papes dentelles portent le nom. 6°. Qxel
usage il faut faire de ces Lettres pour le
Dogme ou pour la Discipline. Ce dernier '
article n’est pas rempli.
» A la suive de cette Pièce l"Auteur’ de
‘ -. - ' se
4
J A NV I ER. 1733. 9;‘
‘ce Reciieil en‘ a joint une autre intitu
lée : Senfimens dfim homme d'esprit Jur l4
nouvelle intitulée Don Carla: .- destpune
Critique délicate et polie des défauts de
cette Nouvelle. " '
f. La Pièce qui termine‘ ce Volume est une
Réponse de M. B. . . Conseiller au Parle-j
mentde B. . . à une Lettre que M. Du-e
rand lui a écrireau sujet des Discours de
M.- de la. Motte sur la Poësie Dramati
que. L’on y trouve plusieurs expressions
basses et triviales‘, et des traits dans les
quels cet. illustre Auteur n’est pas beau
coup menage. .
On ‘voit ,«au reste , que PAuteur de ce
nouveau Recueil shpplique à diveisifiet‘
ses matieres ,et a promener agréablement
son Lecteur , tantôt dans les détours de
lïi-Lisroirc ,.ranrôt dans ceux de la-Criti
que , tantôt dans le sérieux 5 et. tantôt
dans le stile cnjoüé et badin.‘ Il.y a lieu
dïes ercr u’il continuera de rendre le‘
q .
même soin pour le choix de ses Pièces.
Son Recueil en- ce cas sera curieux et reg‘
cherché.
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Résumé : Recueil de Pieces d'Histoire et de Litterature, &c. [titre d'après la table]
Le texte présente un recueil intitulé 'Pièces d’Histoire et de Littérature', composé de 234 pages et dépourvu de table des matières. Ce volume rassemble des documents curieux et intéressants, bien que certains soient déjà connus. Il se distingue par son approche concise, solide et claire, évitant les dissertations longues et ennuyeuses. La première pièce est une traduction en français de la vie de Plutarque par M. Dryden. Le recueil inclut également un discours sur l’état des nations à la naissance de l’Église, où l’auteur explique comment divers éléments ont contribué à l’établissement de l’Église et de la religion chrétienne. Ce discours est comparé à celui de Bossuet sur l’histoire universelle. Le texte décrit ensuite l’Empire Romain à son apogée et l’arrivée du Messie, soulignant comment la puissance romaine a facilité la propagation des prophéties et la réunion des tribus pour le sacrifice expiatoire. Le recueil aborde également les donations de Pépin et de Charlemagne à l’Église de Rome, discutant de la souveraineté temporelle des Papes. Une autre dissertation traite des faux prophètes et des moyens de les discerner. Une autre encore examine les collections de décrets avant le neuvième siècle et les Décretales attribuées aux premiers Papes. Le volume se termine par une critique de la nouvelle 'Don Carlos' et une réponse de M. B... à une lettre de M. Dugrand concernant les discours de M. de la Motte sur la poésie dramatique. L’auteur diversifie les matières, alternant entre histoire, critique et styles sérieux ou badins, promettant ainsi un recueil curieux et recherché.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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383
p. 95-100
Abregé de l'Histoire des 24. Peres de l'Eglise, &c. [titre d'après la table]
Début :
ABREGÉ de l'Histoire des 24. Peres de l'Eglise. HISTOIRE abregée des Empereurs [...]
Mots clefs :
Style, Empereurs romains, Beau, Poètes, Règne, Auteurs
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Abregé de l'Histoire des 24. Peres de l'Eglise, &c. [titre d'après la table]
Anneau’ dePHistoire de 24. Peres de
PEglise} Hrsrome abregée des Empereurs
Romains , depuis JulesÎCesar jusqu?
Constantin le Grand. CARACTERES de 58 A
des meilleurs Historiens , Orareurs , et
Poëtes Grecs , Latins et François. Brochu
re in-u, Le prix est 1g sols. A Pari; f
' - chez‘,
9?,‘ ME RCU RE DE FRANC Ë
1
cheg. ‘Tintin , rua? Judas , Montagne sainte
Genwiéw , 173 z. -
Cet Ouvrage est propre à orner l’es-‘
prit des jeunes gens des deux sexes, qui
pourront acquérir en très-peu de tems une_
connaissance generale des matieres qui y
sont traitées. Il est coznposé de trois par
ties. Dans la premier-e , l’Auteur rapporte
en peu de mots la vie de chacun des 2.4.
Petes de l’E lise. Dans la seconde , il dé-L
crit d’un stiFe vif et animé la vie des an
ciens Empereurs Romains , avec les traits
les plus frapans et les mieux marquez qui
ont signalé leur Empire. On n’a qu’à_lire,
entr’auttes,l’article de Neton et de Dio-À
cletien. Dans la troisième , il marque d’u
ne manière nette et concise, quel a été.
le caractere des Auteurs dont il traite _,’
les bonnes et les mauvaises qualirez de
leur stile. Il n’a dit que deux mots de nos
Poëtes François , Corneille , Racine, Boi
leau, Moliete , 8C0. parce qu'ils sont assez -
con nus.
Cet Ouvrage en general est bien écrit.‘
Le stile des Caracteres est fleuri et bril-j
lant. O'n en pourra juger si on lit l’arti—‘
cle de Tire-Live , page 12,4. Les Çarac-Ï
reres de Fenelon , page 145. et les suivans
jusqu’à la page r55. La beauté du papier:
ctdes caradtcres répondent à la maniete
- ’ ' ‘ dont
u
a
JANVIE R. 1733. 97
dont il est écrit , mais pour mettre sous
les yeux du Lecteur quelque chose qui
_ lui donne une idée de ces Portraits, choi
sissons celui-ci parmi les Empereurs Ro
mains. '
. v
Au meilleur de tous les Peres succeda a
le plus méchant derous les fils. Commo
de ayant pris les Rênes de l’Empire dans
un âge encore tendre , se iaissa entiere
ment corrompre par les flateurs ; de sorte
que sans avoir aucune des qualitez de
Marc-Aurele , il eut presque tous les via
ces de Neron ', quoique son extrême
cruauté cr ses infames débauches eussent
fait revivre le tems malheureux de Domi
tien et de Caligula , il voulut cependant
que son Règne fut appellé le siècle d’or.
"Les Palmes fréquentes qu’il remporta
dans les Combats des Gladiateurs , étoient
quelque chose pour lui de plus grand que
les Triomphes les plus honorables et les
plus glorieux. Il étoit si adroit à lancer le
Javelot et à tirer de l’A rc,qu’il tuoit quel-a
‘quefois en un seul jour cent bêtes sauva
ges. Il lançoit ensuite les Javelots et les
Flèches sur le peuple pour couronner un‘
si beau spectacle. Fier de semblables Ex
ploits , il ajoûta au grand nombre des tia
tres magnifiques qu'il s’étoit déja donnés ,
çeluî dflnvincible et d’Hercule Romaicn.
e
98-M'ERCURE DE FRANCE.‘
Ce monstre plus féroce que toutes les
bêtes qu’il avoir fait périr , fut empoison
né par sa Maîtresse Marcia , e: ensuite
étranglé par un Athlète nommé Narcis
'se ,.la r56 année de son Règne , et la 32.5
“de son âge.
MALHERBE est un des Auteurs à qui la
. Poésie Françoise a le plus dbbligarion.
C’est lui quile premier fit sentir une jus
te cadence dans nos Vers , et qui nous
apprit le choix et Parrangement des mots.
La Nature ne l’avoit pas faitgrand Poëte t,
mais il cortigea cedéfaut par son esprit
et par son travail. (Qelques-unes de ses,
Odes ne vieilliront jamais , parce que le
bon goût est de tous les siécles. Il y mon;
tre d’un stile plein et uniforme tout ce
que la Nature a de plus sublime et de
plus beau , de plus naïf et de plus sim
ple. Ses pensées sont justes , ses expresà
rions sont nobles , son vers aisé , sesifign
tes variées , mais il ne s’en permet jamais
de trop hardies , et sage jusques dans ses
cmportemens , il a presque toujours fait
voit qu’en peut être raisonnable sans être
froid.
-“ Rousseau s’est rendu très-celébre par‘
ses Poésies. C’est un des Auteurs de notre
siecle qu’on lit et qu’en estime le plus.
Le Poëte , mais leaPoëtc admirable {par
J. a roi:
Ï JANVIER)‘ 1733.
‘toit dans plusieurs de ses Odes. On
toit , en lisant sa Traduction des Pseaue
mes de David , qu’il étoit animé du mê- u
‘ me feu dont ce Prophete étoit embrasé.‘
Son Ode contre la Fortune , vaut seule
un long Poëme , et surpasse tout ce que
les Anciens ont jamais fait de meilleur en
ce genre , 86C. * ,.
. LA M o -r r s. La Politesse de lîexpresa
sion , et la justesse du raisonnement," forà
ment le caractere propre de cet Illustre
Académicien , 8m. .
LA FONTAINE , qu’on peut appeller le
Phedre François , est dans toutes ses fa.
‘blcs ingénieux , naïf et charmant a on ne
peut le lire sans être agréablement ÏDSÂ
truie , et on n’en peut quitter la lecture,
tans souhaiter de la reprendre. .
t CLsMaNr MARDI‘ vivoit sous le Regne
de François I. c’est le plus ancien de nos
bons Poëtes; mais il semble renaître tous
les ans; sa vivacité naturelle er son agré
ment lui donnentun air de jeunesse qui’
brille jusques dans son vieux langage. Il
afait en qznelque- sorte la fortune de beau
coup d’anciens motsnqubn emprunte
volontiers de lui , et qu on employe mê
me à titre d'ornement. Jamais il ne fiat
plus à la mode qu'à ptesent ',.il est du hel
esprit de le copier t, et on est presque sûr
d’être
t
äooMEiRCURiîeDEFRANCËg
d’êtte applaudi de certaines gcns,avcc
une piece Marotique. .
Du CsaceAu a mieux imité que per.‘
sonne, l'élégant badinage de Marot. La
charmante naïveté qui se trouve dans ses
pensées, ses tours ingénieux, sa diction
pure et enjoüée ne sont pas ses seuls ta
ens , il sçait aussi répandre une noblesse
et une dignité merveilleuse sur les cho
ses qui en patoissent le moins suscepti
bles. Cc qu’il dit,est ordinairement assez
commun pour le Fond , mais il le presen
te sous des jours qui lui donnent un
air de nouveauté et quelque chose de pi-q
quant. Le naturel et le vrai sont , pour
ainsi dire, le fond et la matiere de ses
Ouvrages. Rien de plus simple pour l’ot
dinairc que ses sujets ; mais il a soin de
les relever par une ‘versification aisée et
coulante; par une fécondité, une délicaé
tesse 5 une netteté d'expression , et , si
j'ose le dire , par une qui plaisent infinimentl.égSèareMtéusdee Pesitncgeaayu;‘ l
ct badine , mais elle ne s’écarte jamais des
regles de la bienséance et du devoir.
PEglise} Hrsrome abregée des Empereurs
Romains , depuis JulesÎCesar jusqu?
Constantin le Grand. CARACTERES de 58 A
des meilleurs Historiens , Orareurs , et
Poëtes Grecs , Latins et François. Brochu
re in-u, Le prix est 1g sols. A Pari; f
' - chez‘,
9?,‘ ME RCU RE DE FRANC Ë
1
cheg. ‘Tintin , rua? Judas , Montagne sainte
Genwiéw , 173 z. -
Cet Ouvrage est propre à orner l’es-‘
prit des jeunes gens des deux sexes, qui
pourront acquérir en très-peu de tems une_
connaissance generale des matieres qui y
sont traitées. Il est coznposé de trois par
ties. Dans la premier-e , l’Auteur rapporte
en peu de mots la vie de chacun des 2.4.
Petes de l’E lise. Dans la seconde , il dé-L
crit d’un stiFe vif et animé la vie des an
ciens Empereurs Romains , avec les traits
les plus frapans et les mieux marquez qui
ont signalé leur Empire. On n’a qu’à_lire,
entr’auttes,l’article de Neton et de Dio-À
cletien. Dans la troisième , il marque d’u
ne manière nette et concise, quel a été.
le caractere des Auteurs dont il traite _,’
les bonnes et les mauvaises qualirez de
leur stile. Il n’a dit que deux mots de nos
Poëtes François , Corneille , Racine, Boi
leau, Moliete , 8C0. parce qu'ils sont assez -
con nus.
Cet Ouvrage en general est bien écrit.‘
Le stile des Caracteres est fleuri et bril-j
lant. O'n en pourra juger si on lit l’arti—‘
cle de Tire-Live , page 12,4. Les Çarac-Ï
reres de Fenelon , page 145. et les suivans
jusqu’à la page r55. La beauté du papier:
ctdes caradtcres répondent à la maniete
- ’ ' ‘ dont
u
a
JANVIE R. 1733. 97
dont il est écrit , mais pour mettre sous
les yeux du Lecteur quelque chose qui
_ lui donne une idée de ces Portraits, choi
sissons celui-ci parmi les Empereurs Ro
mains. '
. v
Au meilleur de tous les Peres succeda a
le plus méchant derous les fils. Commo
de ayant pris les Rênes de l’Empire dans
un âge encore tendre , se iaissa entiere
ment corrompre par les flateurs ; de sorte
que sans avoir aucune des qualitez de
Marc-Aurele , il eut presque tous les via
ces de Neron ', quoique son extrême
cruauté cr ses infames débauches eussent
fait revivre le tems malheureux de Domi
tien et de Caligula , il voulut cependant
que son Règne fut appellé le siècle d’or.
"Les Palmes fréquentes qu’il remporta
dans les Combats des Gladiateurs , étoient
quelque chose pour lui de plus grand que
les Triomphes les plus honorables et les
plus glorieux. Il étoit si adroit à lancer le
Javelot et à tirer de l’A rc,qu’il tuoit quel-a
‘quefois en un seul jour cent bêtes sauva
ges. Il lançoit ensuite les Javelots et les
Flèches sur le peuple pour couronner un‘
si beau spectacle. Fier de semblables Ex
ploits , il ajoûta au grand nombre des tia
tres magnifiques qu'il s’étoit déja donnés ,
çeluî dflnvincible et d’Hercule Romaicn.
e
98-M'ERCURE DE FRANCE.‘
Ce monstre plus féroce que toutes les
bêtes qu’il avoir fait périr , fut empoison
né par sa Maîtresse Marcia , e: ensuite
étranglé par un Athlète nommé Narcis
'se ,.la r56 année de son Règne , et la 32.5
“de son âge.
MALHERBE est un des Auteurs à qui la
. Poésie Françoise a le plus dbbligarion.
C’est lui quile premier fit sentir une jus
te cadence dans nos Vers , et qui nous
apprit le choix et Parrangement des mots.
La Nature ne l’avoit pas faitgrand Poëte t,
mais il cortigea cedéfaut par son esprit
et par son travail. (Qelques-unes de ses,
Odes ne vieilliront jamais , parce que le
bon goût est de tous les siécles. Il y mon;
tre d’un stile plein et uniforme tout ce
que la Nature a de plus sublime et de
plus beau , de plus naïf et de plus sim
ple. Ses pensées sont justes , ses expresà
rions sont nobles , son vers aisé , sesifign
tes variées , mais il ne s’en permet jamais
de trop hardies , et sage jusques dans ses
cmportemens , il a presque toujours fait
voit qu’en peut être raisonnable sans être
froid.
-“ Rousseau s’est rendu très-celébre par‘
ses Poésies. C’est un des Auteurs de notre
siecle qu’on lit et qu’en estime le plus.
Le Poëte , mais leaPoëtc admirable {par
J. a roi:
Ï JANVIER)‘ 1733.
‘toit dans plusieurs de ses Odes. On
toit , en lisant sa Traduction des Pseaue
mes de David , qu’il étoit animé du mê- u
‘ me feu dont ce Prophete étoit embrasé.‘
Son Ode contre la Fortune , vaut seule
un long Poëme , et surpasse tout ce que
les Anciens ont jamais fait de meilleur en
ce genre , 86C. * ,.
. LA M o -r r s. La Politesse de lîexpresa
sion , et la justesse du raisonnement," forà
ment le caractere propre de cet Illustre
Académicien , 8m. .
LA FONTAINE , qu’on peut appeller le
Phedre François , est dans toutes ses fa.
‘blcs ingénieux , naïf et charmant a on ne
peut le lire sans être agréablement ÏDSÂ
truie , et on n’en peut quitter la lecture,
tans souhaiter de la reprendre. .
t CLsMaNr MARDI‘ vivoit sous le Regne
de François I. c’est le plus ancien de nos
bons Poëtes; mais il semble renaître tous
les ans; sa vivacité naturelle er son agré
ment lui donnentun air de jeunesse qui’
brille jusques dans son vieux langage. Il
afait en qznelque- sorte la fortune de beau
coup d’anciens motsnqubn emprunte
volontiers de lui , et qu on employe mê
me à titre d'ornement. Jamais il ne fiat
plus à la mode qu'à ptesent ',.il est du hel
esprit de le copier t, et on est presque sûr
d’être
t
äooMEiRCURiîeDEFRANCËg
d’êtte applaudi de certaines gcns,avcc
une piece Marotique. .
Du CsaceAu a mieux imité que per.‘
sonne, l'élégant badinage de Marot. La
charmante naïveté qui se trouve dans ses
pensées, ses tours ingénieux, sa diction
pure et enjoüée ne sont pas ses seuls ta
ens , il sçait aussi répandre une noblesse
et une dignité merveilleuse sur les cho
ses qui en patoissent le moins suscepti
bles. Cc qu’il dit,est ordinairement assez
commun pour le Fond , mais il le presen
te sous des jours qui lui donnent un
air de nouveauté et quelque chose de pi-q
quant. Le naturel et le vrai sont , pour
ainsi dire, le fond et la matiere de ses
Ouvrages. Rien de plus simple pour l’ot
dinairc que ses sujets ; mais il a soin de
les relever par une ‘versification aisée et
coulante; par une fécondité, une délicaé
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j'ose le dire , par une qui plaisent infinimentl.égSèareMtéusdee Pesitncgeaayu;‘ l
ct badine , mais elle ne s’écarte jamais des
regles de la bienséance et du devoir.
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Résumé : Abregé de l'Histoire des 24. Peres de l'Eglise, &c. [titre d'après la table]
Le document présente un ouvrage intitulé 'Anneau de l'Histoire de 24 Pères de l'Église et des Empereurs Romains, depuis Jules César jusqu'à Constantin le Grand'. Cet ouvrage est structuré en trois parties. La première partie expose brièvement la vie de 24 Pères de l'Église. La seconde partie décrit de manière vivante la vie des anciens empereurs romains, en mettant en avant leurs traits les plus marquants. La troisième partie évalue de façon concise les caractéristiques des auteurs grecs, latins et français, en mentionnant brièvement des poètes français tels que Corneille, Racine, Boileau et Molière. L'ouvrage est bien écrit, avec un style fleuri et brillant, et est destiné à enrichir l'esprit des jeunes gens des deux sexes en leur offrant une connaissance générale des matières traitées. Parmi les empereurs romains, le texte mentionne Commode, fils de Marc-Aurèle, qui se laissa corrompre par les flatteurs. Son règne fut marqué par la cruauté et les débauches. Commode fut empoisonné par sa maîtresse Marcia et ensuite étranglé par un athlète nommé Narcisse. Le document mentionne également des poètes français tels que Malherbe, connu pour avoir introduit une juste cadence dans la poésie française, et Rousseau, célèbre pour ses poésies et sa traduction des Psaumes de David. La Fontaine est décrit comme le Phèdre français, ingénieux et charmant. Marot, vivant sous le règne de François I, est loué pour sa vivacité et son agrément, tandis que Du Bellay est apprécié pour son élégant badinage et sa diction pure.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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384
p. 108
Le Triomphe de la Pauvreté et des humiliations, &c. [titre d'après la table]
Début :
LE TRIOMPHE DE LA PAUVRETÉ et des humiliations, ou la Vie de Mlle de Bellere [...]
Mots clefs :
Pauvreté, Humiliations, Sorbonne
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Le Triomphe de la Pauvreté et des humiliations, &c. [titre d'après la table]
La TRIOMPHE DE LA PAuvnxtr’ et des
humiliations , ou la Vie de Mile de Belg
1ere de Woncbay , appellée communément,
‘Soeur Loüise, avec ses Lettres. A Paris”
chez. Gabriel Martin , rué S. Iacgnegtnz
in r2. , de4oo pages. , _
.- On-artribue cet Ouvrage au R.P. Mail-'
pflard, Jésuite. Nous n’en ‘pouvons donner
_une idée plus juste et plus avantageuse
._qu’en rapportant les propres termes du
Censeur ‘Royal. n On y voit, dit-il, un
a: amour et une pratique de" la pauvreté et
n des humiliations bien extraordinaires;
_ n mais elles ne renferment néanmoins rien
a >> que dédifiant, et qui nestende à la plus
n grande perfection du Christianisme.
lEn Sorbonne, ce 7 Octobre 173i. Signé,
,42”. leMoine, Docteur de la Maison et
Société de Sorbonne , Chanoine de Saint
-Benoîr. '
humiliations , ou la Vie de Mile de Belg
1ere de Woncbay , appellée communément,
‘Soeur Loüise, avec ses Lettres. A Paris”
chez. Gabriel Martin , rué S. Iacgnegtnz
in r2. , de4oo pages. , _
.- On-artribue cet Ouvrage au R.P. Mail-'
pflard, Jésuite. Nous n’en ‘pouvons donner
_une idée plus juste et plus avantageuse
._qu’en rapportant les propres termes du
Censeur ‘Royal. n On y voit, dit-il, un
a: amour et une pratique de" la pauvreté et
n des humiliations bien extraordinaires;
_ n mais elles ne renferment néanmoins rien
a >> que dédifiant, et qui nestende à la plus
n grande perfection du Christianisme.
lEn Sorbonne, ce 7 Octobre 173i. Signé,
,42”. leMoine, Docteur de la Maison et
Société de Sorbonne , Chanoine de Saint
-Benoîr. '
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Résumé : Le Triomphe de la Pauvreté et des humiliations, &c. [titre d'après la table]
L'ouvrage 'La TRIOMPHE DE LA PAuvnxtr’ et des humiliations, ou la Vie de Mile de Belg 1ere de Woncbay, appellée communément ‘Soeur Loüise, avec ses Lettres' est publié à Paris en 1731. Attribué au Père Mailpflard, jésuite, il compte 400 pages. Il illustre un amour extraordinaire de la pauvreté et des humiliations, approuvé par la Sorbonne le 7 octobre 1731.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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385
p. 110-113
Panegyrique de S. François d'Assise, &c. [titre d'après la table]
Début :
PANEGYRIQUE de S. François d'Assise, prononcé dans l'Eglise du grand Convent [...]
Mots clefs :
Saint François d'Assise, R. P. Poisson, Autorités, Discours
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Panegyrique de S. François d'Assise, &c. [titre d'après la table]
P ANEGYRIQUE de S. François
d’Assisc, prononcé dans l’Eglise du grand
Convenr des R R. P P. Cordeliers de
Paris, le 4. Octobre 1732. Par le Par:
Poisson , Cardelier , Prédicateur ordinaire
_du Roy, Ex-DéfinitaurGeneral de tout l ‘Or
dre de -S. François , ancien Provincial, et
Premier Pare de la grande Province de Fmn
ce , eÿw‘. Brocñure in 4.. de 102. pages,
sans une Préface , qui en contient 12.. A
Paris, chez F- Joue , ruiSaint Iacqucs,
M. DCC. XXXIII, _
Si la grande réputation du R. P. Pois
1
son lui attira un nombreux Auditoire dans‘
l’Eglise où il prononça ce Panégyriquc,
il ne faut pas dourerque Pimpression de
cet Ouvrage , depuis refléchi et orné par‘
l'Auteur, nexcire les mêmes empresse
mcns pour sa lecture. Nous voudrions
bien pouvoir en donner un-Extrait; mais
c’est un Ouvrage si rempli et si étendu ,
ue cette entreprise nous portcroxtv 1n
gnilliblement ait-delà des bornes dans lcs
- e _ ' 1 quelles
J A NV I ER. i733. j n!
quelles nous sommes nécessairement res
serrez. ll est d'ailleurs de certaines pro
ductions qu’il est à propos de voir dans
leur entier , et qui ne peuvent que perg
dre par des Extraits. .
Comme le R. P. Poisson a parlé dans
son Discours le langage de l’Ectitu_re,'
' des Peres et des Ecrivains Ecclesiastiques,
et qu'il n’y a pas omis les autoriiez des
_ Auteurs Profanes _, des Poètes mêmes
‘Grecs et Latins , appuyé de cette expres
=sion de Tertullien : i‘ O testimauiu vari
tutis que upud Cbristiamarum ! iilpam eduomsaoniinaldetesfteanitre im
primer exactement toutes ces autoritez ,
qui en insttuisant, ne donnent pas un
‘petit ornement au corps de l’Ouv'ragv,
et marquent une prodigieuse lecture de
la part de l’Autcur. , .
î ' Cette Méthode, au reste, est justifiée
au long dans la Préface, et se trouve ici
bien differente de celle qui éroit en vos
gue il y a 150. ans. Elle consistoir, dit
u le P.Poisson, à faire un prétendu Sermon
n François d’un amas de Citations Grec
» ques ‘et’ Latines , cousuës presque sans
ndessein , avec quelques mots de notre
n Langue , qui croient la seule qiose que
n le Peuple pût en tendlre. Louons- 16s Ora
g Lia. de TestitrnvfnimwCwz. __ “
w ‘ F iuj acteurs
Q
‘tu. MERCURE DE FRANCE
nteurs qui ont banni ce mauvais goût.
n mais ce ne doit pas non-plus être à la.
nmode de ne mettre dans des Discours
n qu’en a ppelleEvangeliquegque des ph ra.
» sestoures languissanres, toutes vuides l,
n toutes moribondes , que de vaines iina
.3) ges , des raisonnemens énerver, des
a preuves froides, des comparaisons in
ca sipides. , ' .
Le sçavant Panegyriste est , comme
nous Pavons dit, bien éloigné de cette
maniere de prêcher ; on peut: dire en
gilet qu’en citant un si grand nombre
d’autoritez, il s’est parfaitement accom
modé au goût de ce Public éclairé , dont
il parle en ces termes. q _
_ n Il veut, ce Public,-que nous sçachions
o) si bien fondre nos études , qu'avec la
n substance et l’esprit des grands Ecri
r» vains, nous lui donnions des Périodes
» vivantes , des descriptions animées , des
"raisons solides , des preuves victorieu-_
s: ses , des autoritez respectables et‘ assor
Ÿties; il aime à trouver dans la force de
7’ nos Discours la garantie de notre capa:
9’ cire’ ,2‘: ne pouvoir nous soupçonner d'i
”_ gnorance, et nous regarderxjusques dans
ê’ la Chaire Evangelique , comme un Airain
D sonnant e: comme- une Cymbale retentir-q
v sante, 1. Corinrh. 15.2..
r _ , Enfin.
JANVIER. 173;.‘ tf3’
" Enfin il faut comîenir que tohuf ce Dis
cours, d’une pour ainsi-diraes,seiznonodnëld1ee étcee Fleëuv,eedste:
Litteratute , qui est si nécessaire à l’es:
prit pour produire quelque chose cle grand
et d’accompli, suivant la pensée et l'ex
Pression. d’un Ecrivain de l’Antiquité la
plus polie: Neque cunciperç , nm caler: par
tnm {ment patît, trin‘ iflgffili flumine Lit-_
ter-arum 1mm 4m.
d’Assisc, prononcé dans l’Eglise du grand
Convenr des R R. P P. Cordeliers de
Paris, le 4. Octobre 1732. Par le Par:
Poisson , Cardelier , Prédicateur ordinaire
_du Roy, Ex-DéfinitaurGeneral de tout l ‘Or
dre de -S. François , ancien Provincial, et
Premier Pare de la grande Province de Fmn
ce , eÿw‘. Brocñure in 4.. de 102. pages,
sans une Préface , qui en contient 12.. A
Paris, chez F- Joue , ruiSaint Iacqucs,
M. DCC. XXXIII, _
Si la grande réputation du R. P. Pois
1
son lui attira un nombreux Auditoire dans‘
l’Eglise où il prononça ce Panégyriquc,
il ne faut pas dourerque Pimpression de
cet Ouvrage , depuis refléchi et orné par‘
l'Auteur, nexcire les mêmes empresse
mcns pour sa lecture. Nous voudrions
bien pouvoir en donner un-Extrait; mais
c’est un Ouvrage si rempli et si étendu ,
ue cette entreprise nous portcroxtv 1n
gnilliblement ait-delà des bornes dans lcs
- e _ ' 1 quelles
J A NV I ER. i733. j n!
quelles nous sommes nécessairement res
serrez. ll est d'ailleurs de certaines pro
ductions qu’il est à propos de voir dans
leur entier , et qui ne peuvent que perg
dre par des Extraits. .
Comme le R. P. Poisson a parlé dans
son Discours le langage de l’Ectitu_re,'
' des Peres et des Ecrivains Ecclesiastiques,
et qu'il n’y a pas omis les autoriiez des
_ Auteurs Profanes _, des Poètes mêmes
‘Grecs et Latins , appuyé de cette expres
=sion de Tertullien : i‘ O testimauiu vari
tutis que upud Cbristiamarum ! iilpam eduomsaoniinaldetesfteanitre im
primer exactement toutes ces autoritez ,
qui en insttuisant, ne donnent pas un
‘petit ornement au corps de l’Ouv'ragv,
et marquent une prodigieuse lecture de
la part de l’Autcur. , .
î ' Cette Méthode, au reste, est justifiée
au long dans la Préface, et se trouve ici
bien differente de celle qui éroit en vos
gue il y a 150. ans. Elle consistoir, dit
u le P.Poisson, à faire un prétendu Sermon
n François d’un amas de Citations Grec
» ques ‘et’ Latines , cousuës presque sans
ndessein , avec quelques mots de notre
n Langue , qui croient la seule qiose que
n le Peuple pût en tendlre. Louons- 16s Ora
g Lia. de TestitrnvfnimwCwz. __ “
w ‘ F iuj acteurs
Q
‘tu. MERCURE DE FRANCE
nteurs qui ont banni ce mauvais goût.
n mais ce ne doit pas non-plus être à la.
nmode de ne mettre dans des Discours
n qu’en a ppelleEvangeliquegque des ph ra.
» sestoures languissanres, toutes vuides l,
n toutes moribondes , que de vaines iina
.3) ges , des raisonnemens énerver, des
a preuves froides, des comparaisons in
ca sipides. , ' .
Le sçavant Panegyriste est , comme
nous Pavons dit, bien éloigné de cette
maniere de prêcher ; on peut: dire en
gilet qu’en citant un si grand nombre
d’autoritez, il s’est parfaitement accom
modé au goût de ce Public éclairé , dont
il parle en ces termes. q _
_ n Il veut, ce Public,-que nous sçachions
o) si bien fondre nos études , qu'avec la
n substance et l’esprit des grands Ecri
r» vains, nous lui donnions des Périodes
» vivantes , des descriptions animées , des
"raisons solides , des preuves victorieu-_
s: ses , des autoritez respectables et‘ assor
Ÿties; il aime à trouver dans la force de
7’ nos Discours la garantie de notre capa:
9’ cire’ ,2‘: ne pouvoir nous soupçonner d'i
”_ gnorance, et nous regarderxjusques dans
ê’ la Chaire Evangelique , comme un Airain
D sonnant e: comme- une Cymbale retentir-q
v sante, 1. Corinrh. 15.2..
r _ , Enfin.
JANVIER. 173;.‘ tf3’
" Enfin il faut comîenir que tohuf ce Dis
cours, d’une pour ainsi-diraes,seiznonodnëld1ee étcee Fleëuv,eedste:
Litteratute , qui est si nécessaire à l’es:
prit pour produire quelque chose cle grand
et d’accompli, suivant la pensée et l'ex
Pression. d’un Ecrivain de l’Antiquité la
plus polie: Neque cunciperç , nm caler: par
tnm {ment patît, trin‘ iflgffili flumine Lit-_
ter-arum 1mm 4m.
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Résumé : Panegyrique de S. François d'Assise, &c. [titre d'après la table]
Le texte relate un panégyrique de Saint François d'Assise prononcé par le Père Poisson dans l'église des Cordeliers de Paris le 4 octobre 1732. Le Père Poisson, prédicateur ordinaire du roi et ancien Provincial de la grande Province de France, a attiré un large public grâce à sa réputation. L'ouvrage, publié en 1733, est une brochure de 102 pages sans préface, contenant 12 pages. Le Père Poisson utilise un langage ecclésiastique et cite des auteurs profanes, grecs et latins, justifiant cette méthode dans la préface. Il critique les sermons anciens, composés d'amas de citations sans cohérence, et les discours modernes trop languissants et vides. Le panégyrique est adapté au goût du public éclairé, qui apprécie des discours fondés sur des études solides, des descriptions animées, des raisons solides et des autorités respectables. Le discours est décrit comme un fleuve de littérature, essentielle pour produire des œuvres grandes et accomplies.
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386
p. 116
Nouvelle Edition des Oeuvres de S. Jerôme, &c. [titre d'après la table]
Début :
S. EUSEBII HIERONYMI Stridonensis Presbyteri Opera, in X. Tomos distributa. [...]
Mots clefs :
Saint Jérôme
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texteReconnaissance textuelle : Nouvelle Edition des Oeuvres de S. Jerôme, &c. [titre d'après la table]
S. Eusnnrr HLERONYMI Stridonensis
Prcsbyreri Opera,în X. Tomos disrrï-j
bura. Post Monachorum 0rd. S. Benecf.’
è Congreg. S. Mauri recensionem , de-j
nuô ad Manuscr. Codices Romanes,
Ambrosianos , Veronenses , 23cc. 'castigata,l*
8Ce. Opera et Studio DoMmrcr VAL;
LARSII, Veronensis Preslàyrerï : ô em fe
tenribus aliis in eadem Civirate ireraris
_ et præcipué MARCH Scivmns MAFÏ-‘EJO.
Vemtm, M. DC c. xx x1 r: Fer Petrum
Antonium Ber/mm et ïaoabumVallarsiùme
Le Titre qu’on vient de lire est à la.
tête d’une' petite Brochure de 1€. page:
in S qui nous esr envoyée d*’Italie, et
qui contient en Langue Italienne le Plan.
d'une nouvelle Édition qu’on prépareä.
vVerone des Oeuvres de S. J crôme. PIANO
dfima nuer/d Ediziqne che si e’ akxzim di
mtte le Opçre di S. Gimlnma. On ne peut
qu’avoir très-bonne ojinion dîme pa
reille entreprise , quan on a vû dans le
Praxpectus‘ tout le détail sur lequel roule ‘
son execution.
Prcsbyreri Opera,în X. Tomos disrrï-j
bura. Post Monachorum 0rd. S. Benecf.’
è Congreg. S. Mauri recensionem , de-j
nuô ad Manuscr. Codices Romanes,
Ambrosianos , Veronenses , 23cc. 'castigata,l*
8Ce. Opera et Studio DoMmrcr VAL;
LARSII, Veronensis Preslàyrerï : ô em fe
tenribus aliis in eadem Civirate ireraris
_ et præcipué MARCH Scivmns MAFÏ-‘EJO.
Vemtm, M. DC c. xx x1 r: Fer Petrum
Antonium Ber/mm et ïaoabumVallarsiùme
Le Titre qu’on vient de lire est à la.
tête d’une' petite Brochure de 1€. page:
in S qui nous esr envoyée d*’Italie, et
qui contient en Langue Italienne le Plan.
d'une nouvelle Édition qu’on prépareä.
vVerone des Oeuvres de S. J crôme. PIANO
dfima nuer/d Ediziqne che si e’ akxzim di
mtte le Opçre di S. Gimlnma. On ne peut
qu’avoir très-bonne ojinion dîme pa
reille entreprise , quan on a vû dans le
Praxpectus‘ tout le détail sur lequel roule ‘
son execution.
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Résumé : Nouvelle Edition des Oeuvres de S. Jerôme, &c. [titre d'après la table]
Une brochure italienne annonce une nouvelle édition des œuvres de saint Jérôme, supervisée par Domenico Vallarsi et March Scipion Mafuccjo à Vérone. Cette édition, basée sur divers manuscrits, inclut les Codices Romanes, Ambrosianos et Veronenses. Le projet est salué pour sa rigueur et son soin.
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387
p. 151-153
ITALIE.
Début :
Le 6. de ce mois, les Expeditionnaires Apostoliques présenterent au Pape, suivant l'usage [...]
Mots clefs :
Peuple, Messe, Sainte Marie, Tremblement de terre, Église, Rome
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
I ‘r A i. t 1:.
b
E s. de ce mois , les ExpeditionuairesApoe-a‘
‘ toliques présenterent au Pape , suivant l'au...‘
g: , cent Ecus d’or dans un Calice , et ‘ils com
plimenterenr S‘. S. par un Discours Latin que
M, Franç. César Moraldi prononça. ;
Les Entrepreneurs des Théarres , sur lesquels
on ne représente à Rorne que des Comédies , ont
obtenu la permisson de les rouvrir, â condition
de faire détruire les Loges, pour éviter tout su
jet de contestation surles distinctions entre les
Ambassadeurs et Ministres Etran ers._
On écrit de Naples que le n. Ëu mois dernier
' . ' 98
(:5: MERCURE DE FRANCÈ
on celcbra , selon la coutume , le Fête annuelle
instituée pour remercier Dieu de ce que cane
.1’ ille fut délivrée en 1s 3 x. de Pembrasemenr
‘tient elle étoit ménacée par les matieres enflam
méts que le Mont Vcsuve vomissoit alors. On
exposa dans l'Église Métropolitaine le Chef et le
Sang de S. Janvier, Protecteur de ce Royaume,
mais le Peuple qui y étoit accouru en fouie ,
n’ayant pas vu le Miracle ordinaire de la lique.
faction du Sang,fut extrêmement consterné. Le
CardinalArçhevêque et le Viccroi , touchez de
‘son desespoir‘, ordonnerent à quelques Prédica
teurs zclez de monter en chaire dans plusieurs
Eglises et de consoler le Peuple. Le P. Nobili ,
‘Capticin, qui étoit de ce nombre , ayant obtenu
desDéputcz du Trésor "la permission de prêcher
‘dans la Cha elle sa ion conserve les Reliques de
VS. Janvier, r mettre le Peuple à genoux et lui
pyant demande’ un signe de sa contrition , on en
tendit un cri generalqui dans Pinstant fut suivi
du Miracle dont tout le Peuple fut témoin. ‘
ces Lettres ajoûtent qu’on prend des mesures
et qu’on commencez‘: fiavaiiler pour réparer les
dommages caustz par le Tremblement de Terre
du 2. 9. Novembreces dommages sont beaucoup
plus considerables qu’on ne le cro oit, puisqtfil
y a des réparations pressantes â aire dans tous
les Edifices publics , comme au Palais de Viceroy,
,9‘. celui du Tribunal Royal, a‘ Fñglise Métropo
litaine , dont Paîie gauche de la Croisée est feu;
duë en trois endroits , à FEgiise de sainte Marie
lie la Paix , à celle de George , de sainte Marie .
Majeure _.-il. celles des Dames Franciscaines , des
Religieux des Pieuses Ecoles , du S. lcsprit , des
S S. Apôtres , et à dix on douze autres dont les
Ïondcmens ont été ébranlcz, Plusieurs autres
Jillss
J A NVIE R. I723? ‘r5;
filles de ce Royaume ont aussi ressenti les elferi
terribles de ce Tremblement de Terre , et les plus
maltraitées sont celle d’Ariano, qui est presque;
totalement détruite 5 Montefusco, Flumari , To-j
rclla , S. Mange , Mercogliano , Arpaja, san
Barbaro , Monttlla, ‘Guardia-Lombarda , Saut.
Angelo- Lombardo , Tuflb , S. Nazareth , Dcn-,
tecanne, la Grotte Miranda , Gefualdo , Leoue .
Calabrito et plusieurs autres.
Les dernieres Lettres reçûës au sujet de ce fu-j
nestc évenement, confirment que la Ville du.
riano est entierement détruite , n’y ayant plus
(Pfiglise sur pied‘, ensorte qu’on celebre la Messe
dans des Grottes. Près de zoo. Habitans de cette
Ville ont été ensevelis sou_s les ruines , le reste
s’étant sauve’ dans les campagnes où ils pcnserent
périr de froid le lendemain, a cause de la nege qui
tomba en abondance. Le Bourg de Pierra de Fusi
a eu le même sort, et plus de cent Habitans ont
perdu la vie. L’Eglise de celui d’Apico s’en onça,
pendant que PArchi-Prêtre celebroi’: la Messe. et:
tout le Peuple qui s’y étoit réfugie , eut le mal:
beur d’être écrasé.
b
E s. de ce mois , les ExpeditionuairesApoe-a‘
‘ toliques présenterent au Pape , suivant l'au...‘
g: , cent Ecus d’or dans un Calice , et ‘ils com
plimenterenr S‘. S. par un Discours Latin que
M, Franç. César Moraldi prononça. ;
Les Entrepreneurs des Théarres , sur lesquels
on ne représente à Rorne que des Comédies , ont
obtenu la permisson de les rouvrir, â condition
de faire détruire les Loges, pour éviter tout su
jet de contestation surles distinctions entre les
Ambassadeurs et Ministres Etran ers._
On écrit de Naples que le n. Ëu mois dernier
' . ' 98
(:5: MERCURE DE FRANCÈ
on celcbra , selon la coutume , le Fête annuelle
instituée pour remercier Dieu de ce que cane
.1’ ille fut délivrée en 1s 3 x. de Pembrasemenr
‘tient elle étoit ménacée par les matieres enflam
méts que le Mont Vcsuve vomissoit alors. On
exposa dans l'Église Métropolitaine le Chef et le
Sang de S. Janvier, Protecteur de ce Royaume,
mais le Peuple qui y étoit accouru en fouie ,
n’ayant pas vu le Miracle ordinaire de la lique.
faction du Sang,fut extrêmement consterné. Le
CardinalArçhevêque et le Viccroi , touchez de
‘son desespoir‘, ordonnerent à quelques Prédica
teurs zclez de monter en chaire dans plusieurs
Eglises et de consoler le Peuple. Le P. Nobili ,
‘Capticin, qui étoit de ce nombre , ayant obtenu
desDéputcz du Trésor "la permission de prêcher
‘dans la Cha elle sa ion conserve les Reliques de
VS. Janvier, r mettre le Peuple à genoux et lui
pyant demande’ un signe de sa contrition , on en
tendit un cri generalqui dans Pinstant fut suivi
du Miracle dont tout le Peuple fut témoin. ‘
ces Lettres ajoûtent qu’on prend des mesures
et qu’on commencez‘: fiavaiiler pour réparer les
dommages caustz par le Tremblement de Terre
du 2. 9. Novembreces dommages sont beaucoup
plus considerables qu’on ne le cro oit, puisqtfil
y a des réparations pressantes â aire dans tous
les Edifices publics , comme au Palais de Viceroy,
,9‘. celui du Tribunal Royal, a‘ Fñglise Métropo
litaine , dont Paîie gauche de la Croisée est feu;
duë en trois endroits , à FEgiise de sainte Marie
lie la Paix , à celle de George , de sainte Marie .
Majeure _.-il. celles des Dames Franciscaines , des
Religieux des Pieuses Ecoles , du S. lcsprit , des
S S. Apôtres , et à dix on douze autres dont les
Ïondcmens ont été ébranlcz, Plusieurs autres
Jillss
J A NVIE R. I723? ‘r5;
filles de ce Royaume ont aussi ressenti les elferi
terribles de ce Tremblement de Terre , et les plus
maltraitées sont celle d’Ariano, qui est presque;
totalement détruite 5 Montefusco, Flumari , To-j
rclla , S. Mange , Mercogliano , Arpaja, san
Barbaro , Monttlla, ‘Guardia-Lombarda , Saut.
Angelo- Lombardo , Tuflb , S. Nazareth , Dcn-,
tecanne, la Grotte Miranda , Gefualdo , Leoue .
Calabrito et plusieurs autres.
Les dernieres Lettres reçûës au sujet de ce fu-j
nestc évenement, confirment que la Ville du.
riano est entierement détruite , n’y ayant plus
(Pfiglise sur pied‘, ensorte qu’on celebre la Messe
dans des Grottes. Près de zoo. Habitans de cette
Ville ont été ensevelis sou_s les ruines , le reste
s’étant sauve’ dans les campagnes où ils pcnserent
périr de froid le lendemain, a cause de la nege qui
tomba en abondance. Le Bourg de Pierra de Fusi
a eu le même sort, et plus de cent Habitans ont
perdu la vie. L’Eglise de celui d’Apico s’en onça,
pendant que PArchi-Prêtre celebroi’: la Messe. et:
tout le Peuple qui s’y étoit réfugie , eut le mal:
beur d’être écrasé.
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Résumé : ITALIE.
En ce mois, les expéditionnaires apostoliques ont offert 100 écus d’or au Pape et ont prononcé un discours en latin. À Rome, les théâtres ont rouvert après avoir détruit les loges pour éviter les contestations sur les distinctions entre ambassadeurs et ministres étrangers. À Naples, la fête annuelle pour la délivrance de la ville en 1631 a eu lieu, mais le miracle de la liquéfaction du sang de Saint Janvier n’a pas eu lieu, consternant le peuple. Le cardinal archevêque et le vice-roi ont ordonné des prédications pour consoler la population. Le Père Nobili a obtenu la permission de prêcher et le miracle s’est produit après ses prières. Des mesures sont prises pour réparer les dommages causés par le tremblement de terre du 29 novembre, affectant divers édifices publics et plusieurs villes et villages, dont Ariano, Montefusco, Flumeri, et Pierra de Fusi. La ville d’Ariano est entièrement détruite avec près de 200 victimes, et l’église d’Apico s’est effondrée pendant la messe, tuant de nombreux fidèles.
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388
p. 190-191
SONNET Sur un Pécheur Pénitent.
Début :
Dans l'excés des maux que j'endure, [...]
Mots clefs :
Seigneur, Pénitent, Pécheur
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texteReconnaissance textuelle : SONNET Sur un Pécheur Pénitent.
SONNET
Sur un Pécheur Pénitent.
Dans l'excés des maux que j'endure
Jay souvent prié le Seigneur 9"
D'agir avec moins de rigueur ,
A l'égard de sa Créature.
Kay
JANVIER . 1732. 191
Fay dit : Auteur de la Nature ,
Grand Dieu , voi ma triste langueur ;.
Infirme , je perds ma vigueur ,
Comme une fleur perd sa parure .
Mais , Seigneur , rejette ces voeux ;
Le soulagement que je veux
Est d'un ordre bien plus sublime.
Releve mon coeur abattu ;
Et d'un vil Esclave du crime ,
Fais un Enfant de la Vertu.
Liberati autem à peccato servi facti estis jussitin..
Rom. 6. 18. 22.
Sur un Pécheur Pénitent.
Dans l'excés des maux que j'endure
Jay souvent prié le Seigneur 9"
D'agir avec moins de rigueur ,
A l'égard de sa Créature.
Kay
JANVIER . 1732. 191
Fay dit : Auteur de la Nature ,
Grand Dieu , voi ma triste langueur ;.
Infirme , je perds ma vigueur ,
Comme une fleur perd sa parure .
Mais , Seigneur , rejette ces voeux ;
Le soulagement que je veux
Est d'un ordre bien plus sublime.
Releve mon coeur abattu ;
Et d'un vil Esclave du crime ,
Fais un Enfant de la Vertu.
Liberati autem à peccato servi facti estis jussitin..
Rom. 6. 18. 22.
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Résumé : SONNET Sur un Pécheur Pénitent.
Le sonnet 'Sur un Pécheur Pénitent' décrit la souffrance et la repentance d'un individu. En janvier 1732, l'auteur prie Dieu de lui accorder une délivrance spirituelle. Il souhaite passer d'esclave du crime à enfant de la vertu, évoquant la libération du péché et la servitude de la justice.
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389
p. 258-261
ODE. L'Ame persecutée par les ennemis de son innocence, invoque le Seigneur.
Début :
De mes tristes sanglots reçoy le sacrifice, [...]
Mots clefs :
Seigneur, Ennemis, Innocence, Gloire, Heureux, Cruels, Âme, Victoire
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ODE. L'Ame persecutée par les ennemis de son innocence, invoque le Seigneur.
O D E.
L'Ame persecutée par les ennemis de son
innocence , invoque le Seigneur.
DE mes tristes sanglots reçoy le sacrifice ,
Mes cruels ennemis , Seigneur ,
arment contre mon sein la barbare injustice
D'une
FEVRIER. 1733. 259
D'une sacrilege fureur,
Mets dans tes mains , Seigneur , les traits de ta
vengeance ,
Déclare toi pour l'innocence ;
Qu'ils tombent à tes pieds sous tes coups abate
tus.
Que vois -je! ma plainte t'anime.
Tu parois dans ta gloire et déja dans l'abîme
,
Ces cruels ennemis gémissent confondus.
M
Tremblés Peuples , armé de sa foudre bra .
·
lante ,
Le Seigneur devient mon appui ,
Les Cieux sont étonnés de sa gloire écla
tante ,
L'Univers fléchit devant lui.
Sous son bras foudroyant , les plus superbes
têtes
Tombent au rang de ses conquêtes.
D'un témeraire orgueil l'éclat audacieux
Se dissipe devant sa gloire ,
Le Seigneur a vaincu ; graces à sa victoire ,
Mes jours à ses Autels couleront sous ses
yeux.
De mes fiers ennemis les fureurs criminel
les
Ne
160 MERCURE DE FRANCE
Ne troubleront plus mon bonheur ,
Et je puis aux beautez de ses loix éternelles
Consacrer à jamais mon coeur.
A l'abri de son Throne et charmé de sa
gloire ,
Le jour heureux de sa victoire
Retracé dans mes chants augmentera ma paix,
Rempli de sa bonté suprême ,
Puisse plutôt mon coeur s'oublier de lui- même
Que du prix glorieux qu'il tient de ses bien
faits !
Des frivoles grandeurs d'un pompeux escla
vage ,
Mes yeux ne sont plus éblouis ;
Je vois , dans le repos où le Seigneur m'en
gage ,
Ces fantômes évanouis.
Heureux , Seigneur , heureux , le coeur qui to
révere !
Embrasé d'un amour sincere ,
Il goûte des vrais biens Les solides appas :
De son innocence éternelle
Rien ne peut alterer la pureté fidelle ;
Il craint le seul malheur de ne te loüer pas.
譏
Non , non , le monde en vain m'étale ses `délices
,
Le
FEVRIER. 261 1733.
Le seul bonheur est sous ta loy ,
Et je ne compte plus que parmi les suplices
.
Les biens qui me privent de toi.
Le Seigneur est ma force , à l'ombre sal
taire
De son auguste Sanctuaire ,
Des traits les plus cruels je brave la rigueur.
Vous , dont une indigne licence
Poursuit sur cette mer la timide innocence ,
Voulez-vous triompher ? invoqués le Seigneur
,
Dominus pars hareditatis mea et Calicis mei
Tu es qui restitues hareditatem meam mihi.
Par M. l'Abbé P. V. de Marseilles
L'Ame persecutée par les ennemis de son
innocence , invoque le Seigneur.
DE mes tristes sanglots reçoy le sacrifice ,
Mes cruels ennemis , Seigneur ,
arment contre mon sein la barbare injustice
D'une
FEVRIER. 1733. 259
D'une sacrilege fureur,
Mets dans tes mains , Seigneur , les traits de ta
vengeance ,
Déclare toi pour l'innocence ;
Qu'ils tombent à tes pieds sous tes coups abate
tus.
Que vois -je! ma plainte t'anime.
Tu parois dans ta gloire et déja dans l'abîme
,
Ces cruels ennemis gémissent confondus.
M
Tremblés Peuples , armé de sa foudre bra .
·
lante ,
Le Seigneur devient mon appui ,
Les Cieux sont étonnés de sa gloire écla
tante ,
L'Univers fléchit devant lui.
Sous son bras foudroyant , les plus superbes
têtes
Tombent au rang de ses conquêtes.
D'un témeraire orgueil l'éclat audacieux
Se dissipe devant sa gloire ,
Le Seigneur a vaincu ; graces à sa victoire ,
Mes jours à ses Autels couleront sous ses
yeux.
De mes fiers ennemis les fureurs criminel
les
Ne
160 MERCURE DE FRANCE
Ne troubleront plus mon bonheur ,
Et je puis aux beautez de ses loix éternelles
Consacrer à jamais mon coeur.
A l'abri de son Throne et charmé de sa
gloire ,
Le jour heureux de sa victoire
Retracé dans mes chants augmentera ma paix,
Rempli de sa bonté suprême ,
Puisse plutôt mon coeur s'oublier de lui- même
Que du prix glorieux qu'il tient de ses bien
faits !
Des frivoles grandeurs d'un pompeux escla
vage ,
Mes yeux ne sont plus éblouis ;
Je vois , dans le repos où le Seigneur m'en
gage ,
Ces fantômes évanouis.
Heureux , Seigneur , heureux , le coeur qui to
révere !
Embrasé d'un amour sincere ,
Il goûte des vrais biens Les solides appas :
De son innocence éternelle
Rien ne peut alterer la pureté fidelle ;
Il craint le seul malheur de ne te loüer pas.
譏
Non , non , le monde en vain m'étale ses `délices
,
Le
FEVRIER. 261 1733.
Le seul bonheur est sous ta loy ,
Et je ne compte plus que parmi les suplices
.
Les biens qui me privent de toi.
Le Seigneur est ma force , à l'ombre sal
taire
De son auguste Sanctuaire ,
Des traits les plus cruels je brave la rigueur.
Vous , dont une indigne licence
Poursuit sur cette mer la timide innocence ,
Voulez-vous triompher ? invoqués le Seigneur
,
Dominus pars hareditatis mea et Calicis mei
Tu es qui restitues hareditatem meam mihi.
Par M. l'Abbé P. V. de Marseilles
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Résumé : ODE. L'Ame persecutée par les ennemis de son innocence, invoque le Seigneur.
Le poème 'L'Ame persecutée par les ennemis de son innocence, invoque le Seigneur' de l'Abbé P. V. de Marseilles décrit la souffrance d'une âme persécutée par des ennemis cruels et injustes. L'âme implore le Seigneur de prendre vengeance et de défendre son innocence. Le Seigneur répond à cette prière en apparaissant dans sa gloire et en terrassant les ennemis. L'auteur exalte la victoire du Seigneur, qui devient son appui et sa force. Grâce à cette victoire, l'âme peut désormais consacrer son cœur aux lois éternelles du Seigneur, à l'abri de sa gloire. L'auteur exprime son bonheur et sa révérence envers le Seigneur, rejetant les plaisirs mondains. Il affirme que le seul véritable bonheur réside dans la loyauté au Seigneur. Le poème se conclut par une invocation au Seigneur pour protéger l'innocence et restaurer son héritage.
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390
p. 317-326
Traité sur la Magie, le Sortilege, [titre d'après la table]
Début :
TRAITÉ sur la Magie, le Sortilége, les Possessions, Obsessions et Maléfices, où [...]
Mots clefs :
Église, Traite, Possessions, Magie, Maléfices, Preuves, Réalité, Devins, Magiciens, Astrologie
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Traité sur la Magie, le Sortilege, [titre d'après la table]
TRAITE' sur la Magie , le Sortilége, les
F Pos318
MERCURE DE FRANCE
Possessions , Obsessions et Maléfices , où
l'on en démontre la vérité et la réalité ;
avec une Méthode sure et facile pour les
' discerner ; et les Réglemens contre les
Devins , Sorciers , Magiciens , & c. Ouvrage
très utile aux Ecclésiastiques , aux
Médecins , et aux Juges . Par M. D. de
304 pag. sans l'Avertissement , les Préfa
ces et les Edits qui sont à la fin.
L'Auteur de cet Ouvrage entre en matiere
dès la Préface ; il y combat les principaux
Argumens de ses Adversaires , et
tâche de leur inspirer des dispositions
plus favorables et plus judicieuses sur ces
importantes matieres. On y trouve par
tout un grand fond de Religion , et l'on
voit que c'est moins pour amener les autres
à son sentiment , que pour la gloire
de Dieu et l'utilité de l'Eglise qu'il a entrepris
cet Ouvrage . Depuis la page 17 de
sa Préface jusqu'à la fin . L'Auteur prend
un moïen bien efficace pour toucher les
Ecclesiastiques ou même les Juges , et
pour les porter à ne pas rester dans une
tranquillité dangereuse , fondez sur la
persuation où ils sont, qu'il n'y a ni Sorfilége
, ni Pacte , ni Maléfice. Il emploïe
le reste de la Préface à combattre et à détruire
une confiance si préjudiciable au
prochain , et si dangereuse à celui-là même
FEVRIER. 1733. 319
me qui demeure par là dans une inaction.
volontaire , et qui de peur de se croire
exclus du Catalogue des beaux Esprits ,
aime mieux exposer ceux qui seroient
réellement attaquez de ces Fléaux, à être les
-tristes et malheureuses victimes de la rage
du Démon , que de se donner la peine
d'examiner avec attention et sans préjugez,
dans un esprit de charité et dans une
disposition telle qu'il voudroit qu'on eût
pour lui en pareil cas , la nature de ces
maladies dont il entend parler , et qu'on
-ne lui présente que trop souvent . Mais
- seront- ils excusables aujour des vangeances
, s'écrie notre Auteur , lorsque le Souverain
Juge leur demandera compte de
leur administration , et que ceux qui
avoient été presentés à leurs soins , et
qu'ils avoient négligez , leur representeront
les maux incroïables , les tentations
et les fureurs ausquelles ils ont été abandonnés
pendant des années réïtérées par
la faute des Ministres ? Suffira-t-il de dire,
je ne croïois pas qu'il y en eut , je regardois
cela comme des Fables , et je regardois
ceux qu'on m'amenoit comme des
Comédiens interessez ; et quand bienmême
il n'y en auroit pas , ne seroit ce
pas , continue- t-il , une prévarication
dans le Ministere , et un péché contre la
Fij cha320
MERCURE DE FRANCE
"
charité chrétienné de ne pas examiner et
de s'endormir là - dessus , au hazard de
laisser son frere en proye à la fureur du
Démon .
Le premier Livre traite de la réalité de
la Magie. L'Aureur pour la prouver ap
porte des Passages tres - formels de l'ancien
Testament ; Passages dont on ne peut
se tirer, en disant , comme ont fait quelques
-uns , qu'en cela l'Ecriture s'accommode
à nos préjugez , puisque le Seigneur
deffend à son Peuple de souffrir
dans son sein aucun Magicien , aucun Devin
et aucun Enchanteur , puisqu'il déclare
qu'il exterminera du milieu de son
Peuple dans son indignation , celui qui
aura recours aux Magiciens , et qui lièra
-commerce avec eux . Le terme Latin est
remarquable , et fornicata fuerit ( anima )
cum eis. Enfin,puisqu'il y réprouve , qu'il
y anathématise les Enchanteurs et les
Devins. Or il faudroit dire que toutes
ces Déclarations de la volonté de Dieu et
de sa haine , sont des déclarations illusoires
et fondées sur nos préjugez , ce qui
seroit horrible à penser.
L'Auteur passe
à une autre preuve, qu'il tire des Rituels.
Il fait voir que l'Eglise a toujours crû
qu'il y avoit des Malefices, et qu'elle s'est
toujours regardée comme jouissant du
pou
FEVRIER 1733 . 321
pouvoir qu'elle a reçu de Jesus Christ
de chasser les Démons et de délivrer les
Corps de ces funestes maladies.
›
La persuasion dans laquelle ont été
toutes les Nations , et en particulier les
Egyptiens , du temps de Moïse , qu'ils
prenoient pour un Enchanteur , fournit
à notre Auteur un autre genre de
preuve
tres-puissant et tres efficace . Comment ,
dit -il , se seroit-il faire
pu
que tant de
Peuples , si bien policcz , si entendus .
dans les connoissances des Sciences humaines
, et gouvernez par de si grands
génies , se soient abusez unanimement sur
ce point , sans jamais avoir eu l'occasion
de se détromper , sans qu'aucun l'ait ja
mais révoqué en doute? Les Loix Romaines
en sont une preuve ; la rigueur des ,
Cours Souveraines qui ont de tout temps
sévi , soutenues en cela par les Princes ,
contre ceux qui ont été convaincus de ces
crimes ; la maniere dont on a procédé
contr'eux , l'aveu que presque tous en ont
fait , sans se retracter ; plusieurs Faits
dont quelques uns sont constatez , d'au-,
tres tres - vrai - semblables ; tout cela peut
passer pour un corps complet de preuves ,
plus fortes les unes que les autres .
L'Auteur insiste davantage sur la conduite
de l'Eglise à l'égard des Maléficiers
F iij das
312 MERCURE DE FRANCE
des Devins , des Enchanteurs , &c . elle
les excommunie , elle exorcise ceux qui
ont été atteints les Maléfices;elle propar
des examens dans lesquels elle spécifie
les différentes sortes de crimes que
les Maléfices renferment . Peut - on rien
trouver de mieux appuyé ?
pose
On trouve ensuite un Extrait du Traité
de la Police, de M.de Lamarre,T. 1. l'Auteur
en expose tout le Titre 7. qui traite
des Magiciens , des Sorciers , des Devineurs
et des Prognostiqueurs. Le premier
Chapitre de ce Titre regarde l'origine de
la Magie et de l'Astrologie judiciaire , et
la division de ces Arts en leur différentes
especes. M. de Lamarre prouve dans
le second Chapitre que ces Arts ont été
condamnez par la Loy de Dieu , et que
les Payens mêmes en ont eu horreut , et
les ont punis du dernier supplice. Le 3 °
chap . traite des Loix de l'Eglise et des
Princes temporels contre la Magie et
l'Astrologie judiciaire , depuis la naissance
du Christianisme . Le 4 est´un Recüeil
d'Ordonnances de nos Rois , contre
la Magie , l'Astrologie judicaire , &c.
depuis l'établissement de la Monarchie.
Notre Auteur termine ce Livre par
plusieurs Exemples fameux , par des traits
d'Histoire , rapportez dans S. Grégoire
le
FEVRIER . 1732 323
le Grand , et dans S. Chrysostome , par
le témoignage d'un tres - grand nombre
d'Auteurs dignes de foy ; enfin par des Décrets
de la Faculté de Théologie de Paris
et de l'Inquisition.
Le second Livre traite des Possessions ,
Obsessions et Maléficès. Il y est cependant
fort peu parlé de cette derniere sorte
de maladie , qui regarde davantage le
Livre précédents on en prouve la réalité
par des Textes formels du Nouveau Testament
, dont on ne peut décliner le poids
ni éluder l'autorité il y joint quelques
Commentateurs de l'Evangile , qui supposent
toujours fondez sur ces Passages
de l'Ecriture , la réalité de ces Maladies.
Mais ,comme ce n'est point assez de prouver
qu'il y en ait eu pendant la vie de
Jesus-Christ , si l'on ne montre que les
Possessions ont encore duré , après sa
Mort ; il prouve par les Actes des Apôtres
, qu'ils en ont guéri plusieurs de
differentes especés, en differens Païs. Il le
montre par le pouvoir que Jesus - Christ
leur a donné , et à l'Eglise en leur personne
, de chasser les Démons en son
nom ; promesse illusoire , pouvoir faux
et trompeur , si les Possessions devoient
cesser à la mort du Sauveur. Il le fait voir
par la persuasion où l'Eglise a toujours
F iiij été
324 MERCURE DE FRANCE
été qu'elle joüissoit du Privilege de chas
ser les Démons , par sa pratique , dans la
Bénédiction de l'eau , des Cloches , des
Maisons , des Ornemens qui lui appartiennent
, par ses Rituels , ses Canons
même et ses Anathêmes. Il le fait voir par
l'établissement de l'Ordre d'exorciser,,
par
les Regles que l'Eglise y impose , par
les conseils et les moyens qu'elle veut
qu'on observe pour découvrir les ruses et
les artifices du Démon dans le Corps des
Possedez.
Il le fait voir encore par l'autorité des
Peres et des Théologiens , de Tertullien ,
de S. Cyprien , de S. Chrysostome , de
S. Jerôme , de S.Gregoire Pape, de S.Thomas
, d'Yves de Chartres , de Guillaume
de Paris . L'Auteur le montre aussi parun
Extrait des Canons Pénitenciaux , tiré
des Instructions de S. Charles aux Confesseurs
, imprimées par ordre du Clergé
de France. Il y joint l'Extrait d'un Ou-
Nrage tres - curieux , de Paul du Bé , Docteur
en Médecine , qui fut approuvé en
1671, par M Puylon , Doyen de la Faculté
de Paris , Guy Patin , Professeur
Royal , Fontaine et de Mersenne ; cet
Extrait est considérable par les recherches
et les raisonnemens solides de cet ancien
et scavant Médecin ; il faut le voir
dans
FEVRIE R. 1733 325
dans le Livre même. Les preuves tirées
de la Tradition sont souvent interrompues
par d'autres preuves de fair ; telles
que les Possessions celebres de Loudun ,
de Laon , & c . Il se sert aussi de plusieurs
Histoires, rapportées par des Hommes Illustres
par leur science et par leur piété ,
ou par des Voïageurs dignes de foy. Mais
quelque vraies que puissent être ces Relations
, on ne se fonde pas de même sur
elles , pour en faire des preuves sans replique
.
L'Auteur passe enfin aux difficultez
qu'on objecte d'ordinaire , et il s'applià
les résoudre depuis la page 265.
que
jusqu'à la fin de son Livre.
On trouve dans cet Ouvrage beaucoup
de recherches et d'érudition , de zéle et
de charité ; il y faudroit peu -être un peu
plus de méthode , d'ordre et de choix
dans les preuves , plus d'instance sur celles
qui sont graves et puissantes , et un
stile plus châtié. Au reste , c'est un Ouvrage
que tout Ecclesiastique principalement
doit avoir , et dont il doit méditer
avec une attention sérieuse ,les argumens ,
peser toutes les raisons et les conséquen
ces .
On trouve à la fin un Edit de Louis
XIV . du 31 Août 1682. pour la puni-
Fv tion
326 MERCURE DE FRANCE
tion des Devins , Magiciens , Sorciers
&c . et une Déclaration du même Prince,
du 1 Juillet 1682. rendue contre les Bohémes
, et contre ceux qui leur donnent
retraite.
F Pos318
MERCURE DE FRANCE
Possessions , Obsessions et Maléfices , où
l'on en démontre la vérité et la réalité ;
avec une Méthode sure et facile pour les
' discerner ; et les Réglemens contre les
Devins , Sorciers , Magiciens , & c. Ouvrage
très utile aux Ecclésiastiques , aux
Médecins , et aux Juges . Par M. D. de
304 pag. sans l'Avertissement , les Préfa
ces et les Edits qui sont à la fin.
L'Auteur de cet Ouvrage entre en matiere
dès la Préface ; il y combat les principaux
Argumens de ses Adversaires , et
tâche de leur inspirer des dispositions
plus favorables et plus judicieuses sur ces
importantes matieres. On y trouve par
tout un grand fond de Religion , et l'on
voit que c'est moins pour amener les autres
à son sentiment , que pour la gloire
de Dieu et l'utilité de l'Eglise qu'il a entrepris
cet Ouvrage . Depuis la page 17 de
sa Préface jusqu'à la fin . L'Auteur prend
un moïen bien efficace pour toucher les
Ecclesiastiques ou même les Juges , et
pour les porter à ne pas rester dans une
tranquillité dangereuse , fondez sur la
persuation où ils sont, qu'il n'y a ni Sorfilége
, ni Pacte , ni Maléfice. Il emploïe
le reste de la Préface à combattre et à détruire
une confiance si préjudiciable au
prochain , et si dangereuse à celui-là même
FEVRIER. 1733. 319
me qui demeure par là dans une inaction.
volontaire , et qui de peur de se croire
exclus du Catalogue des beaux Esprits ,
aime mieux exposer ceux qui seroient
réellement attaquez de ces Fléaux, à être les
-tristes et malheureuses victimes de la rage
du Démon , que de se donner la peine
d'examiner avec attention et sans préjugez,
dans un esprit de charité et dans une
disposition telle qu'il voudroit qu'on eût
pour lui en pareil cas , la nature de ces
maladies dont il entend parler , et qu'on
-ne lui présente que trop souvent . Mais
- seront- ils excusables aujour des vangeances
, s'écrie notre Auteur , lorsque le Souverain
Juge leur demandera compte de
leur administration , et que ceux qui
avoient été presentés à leurs soins , et
qu'ils avoient négligez , leur representeront
les maux incroïables , les tentations
et les fureurs ausquelles ils ont été abandonnés
pendant des années réïtérées par
la faute des Ministres ? Suffira-t-il de dire,
je ne croïois pas qu'il y en eut , je regardois
cela comme des Fables , et je regardois
ceux qu'on m'amenoit comme des
Comédiens interessez ; et quand bienmême
il n'y en auroit pas , ne seroit ce
pas , continue- t-il , une prévarication
dans le Ministere , et un péché contre la
Fij cha320
MERCURE DE FRANCE
"
charité chrétienné de ne pas examiner et
de s'endormir là - dessus , au hazard de
laisser son frere en proye à la fureur du
Démon .
Le premier Livre traite de la réalité de
la Magie. L'Aureur pour la prouver ap
porte des Passages tres - formels de l'ancien
Testament ; Passages dont on ne peut
se tirer, en disant , comme ont fait quelques
-uns , qu'en cela l'Ecriture s'accommode
à nos préjugez , puisque le Seigneur
deffend à son Peuple de souffrir
dans son sein aucun Magicien , aucun Devin
et aucun Enchanteur , puisqu'il déclare
qu'il exterminera du milieu de son
Peuple dans son indignation , celui qui
aura recours aux Magiciens , et qui lièra
-commerce avec eux . Le terme Latin est
remarquable , et fornicata fuerit ( anima )
cum eis. Enfin,puisqu'il y réprouve , qu'il
y anathématise les Enchanteurs et les
Devins. Or il faudroit dire que toutes
ces Déclarations de la volonté de Dieu et
de sa haine , sont des déclarations illusoires
et fondées sur nos préjugez , ce qui
seroit horrible à penser.
L'Auteur passe
à une autre preuve, qu'il tire des Rituels.
Il fait voir que l'Eglise a toujours crû
qu'il y avoit des Malefices, et qu'elle s'est
toujours regardée comme jouissant du
pou
FEVRIER 1733 . 321
pouvoir qu'elle a reçu de Jesus Christ
de chasser les Démons et de délivrer les
Corps de ces funestes maladies.
›
La persuasion dans laquelle ont été
toutes les Nations , et en particulier les
Egyptiens , du temps de Moïse , qu'ils
prenoient pour un Enchanteur , fournit
à notre Auteur un autre genre de
preuve
tres-puissant et tres efficace . Comment ,
dit -il , se seroit-il faire
pu
que tant de
Peuples , si bien policcz , si entendus .
dans les connoissances des Sciences humaines
, et gouvernez par de si grands
génies , se soient abusez unanimement sur
ce point , sans jamais avoir eu l'occasion
de se détromper , sans qu'aucun l'ait ja
mais révoqué en doute? Les Loix Romaines
en sont une preuve ; la rigueur des ,
Cours Souveraines qui ont de tout temps
sévi , soutenues en cela par les Princes ,
contre ceux qui ont été convaincus de ces
crimes ; la maniere dont on a procédé
contr'eux , l'aveu que presque tous en ont
fait , sans se retracter ; plusieurs Faits
dont quelques uns sont constatez , d'au-,
tres tres - vrai - semblables ; tout cela peut
passer pour un corps complet de preuves ,
plus fortes les unes que les autres .
L'Auteur insiste davantage sur la conduite
de l'Eglise à l'égard des Maléficiers
F iij das
312 MERCURE DE FRANCE
des Devins , des Enchanteurs , &c . elle
les excommunie , elle exorcise ceux qui
ont été atteints les Maléfices;elle propar
des examens dans lesquels elle spécifie
les différentes sortes de crimes que
les Maléfices renferment . Peut - on rien
trouver de mieux appuyé ?
pose
On trouve ensuite un Extrait du Traité
de la Police, de M.de Lamarre,T. 1. l'Auteur
en expose tout le Titre 7. qui traite
des Magiciens , des Sorciers , des Devineurs
et des Prognostiqueurs. Le premier
Chapitre de ce Titre regarde l'origine de
la Magie et de l'Astrologie judiciaire , et
la division de ces Arts en leur différentes
especes. M. de Lamarre prouve dans
le second Chapitre que ces Arts ont été
condamnez par la Loy de Dieu , et que
les Payens mêmes en ont eu horreut , et
les ont punis du dernier supplice. Le 3 °
chap . traite des Loix de l'Eglise et des
Princes temporels contre la Magie et
l'Astrologie judiciaire , depuis la naissance
du Christianisme . Le 4 est´un Recüeil
d'Ordonnances de nos Rois , contre
la Magie , l'Astrologie judicaire , &c.
depuis l'établissement de la Monarchie.
Notre Auteur termine ce Livre par
plusieurs Exemples fameux , par des traits
d'Histoire , rapportez dans S. Grégoire
le
FEVRIER . 1732 323
le Grand , et dans S. Chrysostome , par
le témoignage d'un tres - grand nombre
d'Auteurs dignes de foy ; enfin par des Décrets
de la Faculté de Théologie de Paris
et de l'Inquisition.
Le second Livre traite des Possessions ,
Obsessions et Maléficès. Il y est cependant
fort peu parlé de cette derniere sorte
de maladie , qui regarde davantage le
Livre précédents on en prouve la réalité
par des Textes formels du Nouveau Testament
, dont on ne peut décliner le poids
ni éluder l'autorité il y joint quelques
Commentateurs de l'Evangile , qui supposent
toujours fondez sur ces Passages
de l'Ecriture , la réalité de ces Maladies.
Mais ,comme ce n'est point assez de prouver
qu'il y en ait eu pendant la vie de
Jesus-Christ , si l'on ne montre que les
Possessions ont encore duré , après sa
Mort ; il prouve par les Actes des Apôtres
, qu'ils en ont guéri plusieurs de
differentes especés, en differens Païs. Il le
montre par le pouvoir que Jesus - Christ
leur a donné , et à l'Eglise en leur personne
, de chasser les Démons en son
nom ; promesse illusoire , pouvoir faux
et trompeur , si les Possessions devoient
cesser à la mort du Sauveur. Il le fait voir
par la persuasion où l'Eglise a toujours
F iiij été
324 MERCURE DE FRANCE
été qu'elle joüissoit du Privilege de chas
ser les Démons , par sa pratique , dans la
Bénédiction de l'eau , des Cloches , des
Maisons , des Ornemens qui lui appartiennent
, par ses Rituels , ses Canons
même et ses Anathêmes. Il le fait voir par
l'établissement de l'Ordre d'exorciser,,
par
les Regles que l'Eglise y impose , par
les conseils et les moyens qu'elle veut
qu'on observe pour découvrir les ruses et
les artifices du Démon dans le Corps des
Possedez.
Il le fait voir encore par l'autorité des
Peres et des Théologiens , de Tertullien ,
de S. Cyprien , de S. Chrysostome , de
S. Jerôme , de S.Gregoire Pape, de S.Thomas
, d'Yves de Chartres , de Guillaume
de Paris . L'Auteur le montre aussi parun
Extrait des Canons Pénitenciaux , tiré
des Instructions de S. Charles aux Confesseurs
, imprimées par ordre du Clergé
de France. Il y joint l'Extrait d'un Ou-
Nrage tres - curieux , de Paul du Bé , Docteur
en Médecine , qui fut approuvé en
1671, par M Puylon , Doyen de la Faculté
de Paris , Guy Patin , Professeur
Royal , Fontaine et de Mersenne ; cet
Extrait est considérable par les recherches
et les raisonnemens solides de cet ancien
et scavant Médecin ; il faut le voir
dans
FEVRIE R. 1733 325
dans le Livre même. Les preuves tirées
de la Tradition sont souvent interrompues
par d'autres preuves de fair ; telles
que les Possessions celebres de Loudun ,
de Laon , & c . Il se sert aussi de plusieurs
Histoires, rapportées par des Hommes Illustres
par leur science et par leur piété ,
ou par des Voïageurs dignes de foy. Mais
quelque vraies que puissent être ces Relations
, on ne se fonde pas de même sur
elles , pour en faire des preuves sans replique
.
L'Auteur passe enfin aux difficultez
qu'on objecte d'ordinaire , et il s'applià
les résoudre depuis la page 265.
que
jusqu'à la fin de son Livre.
On trouve dans cet Ouvrage beaucoup
de recherches et d'érudition , de zéle et
de charité ; il y faudroit peu -être un peu
plus de méthode , d'ordre et de choix
dans les preuves , plus d'instance sur celles
qui sont graves et puissantes , et un
stile plus châtié. Au reste , c'est un Ouvrage
que tout Ecclesiastique principalement
doit avoir , et dont il doit méditer
avec une attention sérieuse ,les argumens ,
peser toutes les raisons et les conséquen
ces .
On trouve à la fin un Edit de Louis
XIV . du 31 Août 1682. pour la puni-
Fv tion
326 MERCURE DE FRANCE
tion des Devins , Magiciens , Sorciers
&c . et une Déclaration du même Prince,
du 1 Juillet 1682. rendue contre les Bohémes
, et contre ceux qui leur donnent
retraite.
Fermer
Résumé : Traité sur la Magie, le Sortilege, [titre d'après la table]
Le texte présente un ouvrage intitulé 'Traité sur la Magie, le Sortilège, les Possessions, Obsessions et Maléfices', rédigé par M. D. Cet ouvrage vise à démontrer la réalité et la vérité de la magie et des maléfices, et propose une méthode pour les discerner. Il s'adresse principalement aux ecclésiastiques, médecins et juges. Dans la préface, l'auteur réfute les arguments de ses adversaires en insistant sur l'importance de reconnaître l'existence de la magie et des maléfices pour la gloire de Dieu et l'utilité de l'Église. Il critique ceux qui restent indifférents, les mettant en garde contre les dangers de cette inaction. Le premier livre traite de la réalité de la magie. L'auteur utilise des passages de l'Ancien Testament et des rituels de l'Église pour prouver son existence. Il souligne également la croyance universelle des nations anciennes, comme les Égyptiens, et les lois romaines sévères contre la magie. Le second livre aborde les possessions, obsessions et maléfices. L'auteur prouve leur réalité par des textes du Nouveau Testament et les pratiques de l'Église. Il cite divers auteurs et décrets pour appuyer ses arguments. L'ouvrage inclut des extraits de traités sur la police, des exemples historiques et des décrets de la Faculté de Théologie de Paris et de l'Inquisition. Il se termine par des édits de Louis XIV concernant la punition des devins, magiciens et sorciers. Globalement, l'ouvrage est riche en recherches et en érudition, bien que l'auteur suggère qu'il pourrait bénéficier d'une meilleure méthode et d'un style plus châtié. Il est recommandé aux ecclésiastiques pour méditer sérieusement ses arguments.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
391
p. 334-338
PROJET d'un Supplement pour la derniere Edition de S. Jérôme, en un Volume in folio, de la même forme que les précedens.
Début :
Un Religieux de la Congrégation de S. Maur, qui fait imprimer actuellement [...]
Mots clefs :
Saint Jérôme, Du Cange, Jean Martianay, Manuscrits, Congrégation de Saint-Maur
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : PROJET d'un Supplement pour la derniere Edition de S. Jérôme, en un Volume in folio, de la même forme que les précedens.
PROJET d'un Supplement pour la
derniere Edition de S. Jérôme , en un
Volume in folio , de la même forme que
les précedens.
U
'N Religieux de la Congrégation de
S. Maur , quifait imprimer actuelle.
ment chez Osmont les Ouvrages de Saint
Justin , de Tatien , &c. donnera au Public
,
FEVRIER.
1733-339
blic , après avoir fini ce travail , un Sup
plément pour la derniere Edition de
S. Jerôme , qui contiendra :
1º . Ce qui reste à donner des Ouvrages
de S. Jerôme , comme sa Chronique
, que D. Jean Martianay n'a point
mise dans les Volumes précédens , le réservant
pour un Supplément dont on
lui a souvent entendu parler.
2º. Des Eclaircissemens sur le Texte
de S. Jerôme , par le moyen d'un trèsgrand
nombre de Manuscrits , la plupart
fort anciens , que l'on collationne actuel
lement avec toute l'exactitude possible ;
et afin que les secours qu'on en tirera
puissent servir à un plus grand nombre
de personnes , on aura soin dans tous
les Endroits que l'on corrigera , de marquer
non- seulement les pages de l'Edition
du P. Martianay , mais encore celles
des précédentes.
3. Des Observations sur plusieurs
points importans de la Doctrine de saint
Jerôme .
.
4°. La Vie du S. Docteur , avec la Critique
de ses Ouvrages.
5. Des Tables generales , que
l'on tâchera
de rendre commodes et utiles , autant
par l'ordre et l'arrangement , que
par la multitude des choses qui y entreront.
La
336 MERCURE DE FRANCE
La seule idée de ce Supplement suffic
pour en faire voir la necessité et pour
convaincre en même temps qu'on a en
vûë de procurer au Public les avantages
d'une nouvelle Edition , en lui en épargnant
la dépense. Car il n'y auroit gueres
plus de travail à recommencer tout de
nouveau. Mais une telle Entreprise feroit
tort à ceux qui ont le S. Jerôme du
P. Dom Jean Martianay , ce seroit dommage
que tant d'Exemplaires répandus
dans les Bibliotheques de l'Europe , devinssent
en quelque façon inutiles , et
qu'une Edition en cinq Volumes in folio
où l'on a corrigé un grand nombre d'endroits
par les Manuscrits , et qui d'ailleurs
est très bien conditionnée , perdît
si-tôt son prix . On a donc cru qu'il valoiť
mieux la perfectionner par un Suplément,
qui pourra même servir pour les autres
Editions. Après avoir pris les mesures convenables
pour contenter ceux qui ont les
Ouvrages de S. Jerôme , si la rareté des
Exemplaires rendoit une nouvelle Edition
necessaire ( ce qui paroît presque
hors de doute ) on executera ce dessein
d'autant plus volontiers , qu'il ne pourra
faire tort à personne , et qu'il ne coutera
à l'Editeur , que le soin de veiller sur le
travail des Imprimeurs.
Les
FEVRIER. 1733. 337
Les quatre premiers volumes de la
nouvelle Edition du Glossaire de M. du
Cange , se distribuent , comme nous l'avions
annoncé dans le précedent Mercure.
Ils comprennent depuis la Lettre A,
jusqu'à la Lettre O. inclusivement ; ce
qui prouve que cette Edition sera augmentée
de la moitié . Elle dédommagera
par là le Public du long- temps qu'elle
s'est fait attendre. Les Additions ne sont
cependant pas faites au hazard ; les R R.
PP. Benedictins de la Congrégation
de
S. Maur , nouveaux Editeurs , avertissent
dans leur Préface qu'ils ont eu soin de
n'y rien inscrer qui ne leur ait parû utile,
et qu'ils se sont fait un devoir de ne pas
s'écarter de l'excellent modele que leur
avoit tracé le grand Homme d'après lequel
ils ont travaillé. Il n'est guères)
possible de donner des exemples de ces
Additions ; comment se déterminer à un
choix dans un si grand nombre ? Il nous
suffira d'avertir qu'on trouve dans cette
Edition de nouveaux points d'Histoire ,
soit Ecclesiastique , soit Civile , discutez
et éclaircis , des Usages inconnus jusqu'à
présent , découverts et expliquez , un
nombre prodigieux de Mots recueillis
de Chartes , Manuscrits et d'Auteurs imprimez
, dont on développe l'intelligence
a
338 MERCURE DE FRANCE
ce ; en un mot,le Dessein de M. du Cange
exactement suivi et considerablement enrichi.
Les Editeurs n'ont rien oublié de
ce qui peut servir à illustrer la mémoire
de leur celebre Auteur ; ils ont mis son
Portrait très- bien gravé à la tête du Livre
, et ils ont fait suivre leur Préface de
la Lettre de M. Baluze à M. l'Abbé Renaudot
, sur la Vie et la Mort de M. du
Cange ; et pour ne rien omettre , ils y
ont ajoûté son Epitaphe et le Catalogue
de ses Ouvrages . L'Imprimeur de son
côté , n'a rien négligé pour la beauté de
l'Edition ; le Caractere en est net , le Papier
beau , les Planches qui nous représentent
les Monnoyes de nos Rois de
puis Philippe le Bel jusqu'à celle de nos
jours , et celle des Barons , sont proprement
gravées ; tout persuade , enfin jusqu'au
Frontispice , qu'on n'y a pas épargné
la dépense. Mais rien ne doit tant
Hatter les Gens de Lettre , que l'assurance
que donnent les Editeurs dans leur
Préface , qu'on ne discontinuera pas l'impression
des Volumes suivans.
derniere Edition de S. Jérôme , en un
Volume in folio , de la même forme que
les précedens.
U
'N Religieux de la Congrégation de
S. Maur , quifait imprimer actuelle.
ment chez Osmont les Ouvrages de Saint
Justin , de Tatien , &c. donnera au Public
,
FEVRIER.
1733-339
blic , après avoir fini ce travail , un Sup
plément pour la derniere Edition de
S. Jerôme , qui contiendra :
1º . Ce qui reste à donner des Ouvrages
de S. Jerôme , comme sa Chronique
, que D. Jean Martianay n'a point
mise dans les Volumes précédens , le réservant
pour un Supplément dont on
lui a souvent entendu parler.
2º. Des Eclaircissemens sur le Texte
de S. Jerôme , par le moyen d'un trèsgrand
nombre de Manuscrits , la plupart
fort anciens , que l'on collationne actuel
lement avec toute l'exactitude possible ;
et afin que les secours qu'on en tirera
puissent servir à un plus grand nombre
de personnes , on aura soin dans tous
les Endroits que l'on corrigera , de marquer
non- seulement les pages de l'Edition
du P. Martianay , mais encore celles
des précédentes.
3. Des Observations sur plusieurs
points importans de la Doctrine de saint
Jerôme .
.
4°. La Vie du S. Docteur , avec la Critique
de ses Ouvrages.
5. Des Tables generales , que
l'on tâchera
de rendre commodes et utiles , autant
par l'ordre et l'arrangement , que
par la multitude des choses qui y entreront.
La
336 MERCURE DE FRANCE
La seule idée de ce Supplement suffic
pour en faire voir la necessité et pour
convaincre en même temps qu'on a en
vûë de procurer au Public les avantages
d'une nouvelle Edition , en lui en épargnant
la dépense. Car il n'y auroit gueres
plus de travail à recommencer tout de
nouveau. Mais une telle Entreprise feroit
tort à ceux qui ont le S. Jerôme du
P. Dom Jean Martianay , ce seroit dommage
que tant d'Exemplaires répandus
dans les Bibliotheques de l'Europe , devinssent
en quelque façon inutiles , et
qu'une Edition en cinq Volumes in folio
où l'on a corrigé un grand nombre d'endroits
par les Manuscrits , et qui d'ailleurs
est très bien conditionnée , perdît
si-tôt son prix . On a donc cru qu'il valoiť
mieux la perfectionner par un Suplément,
qui pourra même servir pour les autres
Editions. Après avoir pris les mesures convenables
pour contenter ceux qui ont les
Ouvrages de S. Jerôme , si la rareté des
Exemplaires rendoit une nouvelle Edition
necessaire ( ce qui paroît presque
hors de doute ) on executera ce dessein
d'autant plus volontiers , qu'il ne pourra
faire tort à personne , et qu'il ne coutera
à l'Editeur , que le soin de veiller sur le
travail des Imprimeurs.
Les
FEVRIER. 1733. 337
Les quatre premiers volumes de la
nouvelle Edition du Glossaire de M. du
Cange , se distribuent , comme nous l'avions
annoncé dans le précedent Mercure.
Ils comprennent depuis la Lettre A,
jusqu'à la Lettre O. inclusivement ; ce
qui prouve que cette Edition sera augmentée
de la moitié . Elle dédommagera
par là le Public du long- temps qu'elle
s'est fait attendre. Les Additions ne sont
cependant pas faites au hazard ; les R R.
PP. Benedictins de la Congrégation
de
S. Maur , nouveaux Editeurs , avertissent
dans leur Préface qu'ils ont eu soin de
n'y rien inscrer qui ne leur ait parû utile,
et qu'ils se sont fait un devoir de ne pas
s'écarter de l'excellent modele que leur
avoit tracé le grand Homme d'après lequel
ils ont travaillé. Il n'est guères)
possible de donner des exemples de ces
Additions ; comment se déterminer à un
choix dans un si grand nombre ? Il nous
suffira d'avertir qu'on trouve dans cette
Edition de nouveaux points d'Histoire ,
soit Ecclesiastique , soit Civile , discutez
et éclaircis , des Usages inconnus jusqu'à
présent , découverts et expliquez , un
nombre prodigieux de Mots recueillis
de Chartes , Manuscrits et d'Auteurs imprimez
, dont on développe l'intelligence
a
338 MERCURE DE FRANCE
ce ; en un mot,le Dessein de M. du Cange
exactement suivi et considerablement enrichi.
Les Editeurs n'ont rien oublié de
ce qui peut servir à illustrer la mémoire
de leur celebre Auteur ; ils ont mis son
Portrait très- bien gravé à la tête du Livre
, et ils ont fait suivre leur Préface de
la Lettre de M. Baluze à M. l'Abbé Renaudot
, sur la Vie et la Mort de M. du
Cange ; et pour ne rien omettre , ils y
ont ajoûté son Epitaphe et le Catalogue
de ses Ouvrages . L'Imprimeur de son
côté , n'a rien négligé pour la beauté de
l'Edition ; le Caractere en est net , le Papier
beau , les Planches qui nous représentent
les Monnoyes de nos Rois de
puis Philippe le Bel jusqu'à celle de nos
jours , et celle des Barons , sont proprement
gravées ; tout persuade , enfin jusqu'au
Frontispice , qu'on n'y a pas épargné
la dépense. Mais rien ne doit tant
Hatter les Gens de Lettre , que l'assurance
que donnent les Editeurs dans leur
Préface , qu'on ne discontinuera pas l'impression
des Volumes suivans.
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Résumé : PROJET d'un Supplement pour la derniere Edition de S. Jérôme, en un Volume in folio, de la même forme que les précedens.
En février 1733, un religieux de la Congrégation de Saint-Maur, impliqué dans l'impression des œuvres de Saint Justin et Tatien chez Osmont, annonce la publication d'un supplément pour la dernière édition des œuvres de Saint Jérôme. Ce supplément inclura plusieurs éléments : les œuvres restantes de Saint Jérôme, telles que sa Chronique, non incluses dans les volumes précédents ; des éclaircissements sur le texte de Saint Jérôme basés sur une collation minutieuse de nombreux manuscrits anciens ; des observations sur des points doctrinaux importants de Saint Jérôme ; une biographie critique de Saint Jérôme ; et des tables générales pour faciliter la consultation. La nécessité de ce supplément est justifiée par le désir de procurer au public les avantages d'une nouvelle édition sans en supporter la dépense. Il permettra de perfectionner l'édition existante de Dom Jean Martianay, évitant ainsi de rendre inutiles les exemplaires déjà répandus en Europe. Si une nouvelle édition devient nécessaire en raison de la rareté des exemplaires, ce supplément pourra être utilisé pour la compléter. Par ailleurs, les quatre premiers volumes de la nouvelle édition du glossaire de M. du Cange sont distribués, couvrant les lettres de A à O. Cette édition est augmentée de moitié par rapport à la précédente et inclut de nombreuses additions utiles, telles que des points d'histoire, des usages inconnus, et des mots recueillis de diverses sources. Les éditeurs, les Pères bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, ont suivi fidèlement le modèle de M. du Cange et ont enrichi l'édition avec des éléments comme le portrait de l'auteur, une lettre sur sa vie et sa mort, son épitaphe, et un catalogue de ses œuvres. L'impression des volumes suivants est assurée.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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392
p. 383-385
« Le 2 de ce mois, Fête de la Purification de la Sainte Vierge, les Chevaliers, [...] »
Début :
Le 2 de ce mois, Fête de la Purification de la Sainte Vierge, les Chevaliers, [...]
Mots clefs :
Roi, Comte, Archevêque, Chevaliers, Commandeurs, Fête de la Purification de la Sainte Vierge
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texteReconnaissance textuelle : « Le 2 de ce mois, Fête de la Purification de la Sainte Vierge, les Chevaliers, [...] »
FRANCE ,
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
E 2 de ce mois , Fête de la Purifica-
Li tion de la Sainte Vierge , les Chevaliers
, Commandeurs , et Officiers des Ordres
du Roy , s'étant rendus vers les onze
heures dans le Cabinet du Roy, qui étoit
revenu exprès de Marly pour cette Cérémonie
, S. M. tint un Chapitre , dans lequel
l'Archevêque d'Aiby , et l'Archevêque
384 MERCURE DE FRANCÉ
vêque de Vienne , Premier Aumônier du
Roy , furent nommez Prélats , Commandeurs
de l'Ordre du S. Esprit , pour remplir
les deux Places vacantes par la more
de l'Archevêque de Lyon et de l'Eve
que de Metz.
Le Roy sortit ensuite de son Apparte
ment , pour aller à la Chapelle , S. M.
étoit précédée du Duc d'Orleans , du Duc
de Bourbon , du Comte de Charolois, du
Pr. de Conty , du Duc du Maine , du Pr.
de Dombes , du Comte d'Eu , du Comte
de Toulouse , et des Chevaliers , Come
mandeurs et Officiers de l'Ordre . Le Roy,
devant lequel les deux Huissiers de la
Chambre portoient leurs Masses , étoit
en Manteau , le Collier de l'Ordre pardessus
, ainsi que les Chevaliers ; le Cardinal
de Bissy, et le Cardinal de Polignac ,
Prelats Commandeurs , marchoient derriere
S. M.
Le Roy assista à la Bénédiction des
Clerges , à la Procession et à la Grande
Messe , célébrée par l'Abbé Brosseau ,
Chapelain ordinaire de la Chapelle de
Musique ; et lorsqu'elle fut finie , S. M.
fut reconduite à son appartement avec les
cérémonies accoutumées .
L'après midi , le Roy entendit le Sermon
du P. le Févre , de la Compagnie
de Jesus , et S. M. assista aux Vespres ,
chanFEVRIER.
1733 385
chantés
par la Musique. Vers le soir , le
Roy retourna au Château de Marly.
Nouvelles de la Cour , de Paris , &c.
E 2 de ce mois , Fête de la Purifica-
Li tion de la Sainte Vierge , les Chevaliers
, Commandeurs , et Officiers des Ordres
du Roy , s'étant rendus vers les onze
heures dans le Cabinet du Roy, qui étoit
revenu exprès de Marly pour cette Cérémonie
, S. M. tint un Chapitre , dans lequel
l'Archevêque d'Aiby , et l'Archevêque
384 MERCURE DE FRANCÉ
vêque de Vienne , Premier Aumônier du
Roy , furent nommez Prélats , Commandeurs
de l'Ordre du S. Esprit , pour remplir
les deux Places vacantes par la more
de l'Archevêque de Lyon et de l'Eve
que de Metz.
Le Roy sortit ensuite de son Apparte
ment , pour aller à la Chapelle , S. M.
étoit précédée du Duc d'Orleans , du Duc
de Bourbon , du Comte de Charolois, du
Pr. de Conty , du Duc du Maine , du Pr.
de Dombes , du Comte d'Eu , du Comte
de Toulouse , et des Chevaliers , Come
mandeurs et Officiers de l'Ordre . Le Roy,
devant lequel les deux Huissiers de la
Chambre portoient leurs Masses , étoit
en Manteau , le Collier de l'Ordre pardessus
, ainsi que les Chevaliers ; le Cardinal
de Bissy, et le Cardinal de Polignac ,
Prelats Commandeurs , marchoient derriere
S. M.
Le Roy assista à la Bénédiction des
Clerges , à la Procession et à la Grande
Messe , célébrée par l'Abbé Brosseau ,
Chapelain ordinaire de la Chapelle de
Musique ; et lorsqu'elle fut finie , S. M.
fut reconduite à son appartement avec les
cérémonies accoutumées .
L'après midi , le Roy entendit le Sermon
du P. le Févre , de la Compagnie
de Jesus , et S. M. assista aux Vespres ,
chanFEVRIER.
1733 385
chantés
par la Musique. Vers le soir , le
Roy retourna au Château de Marly.
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Résumé : « Le 2 de ce mois, Fête de la Purification de la Sainte Vierge, les Chevaliers, [...] »
Le 2 février 1733, à Paris, les Chevaliers, Commandeurs et Officiers des Ordres du Roi se réunirent pour la fête de la Purification de la Sainte Vierge. Le Roi, de retour de Marly, présida un chapitre au cours duquel l'Archevêque d'Aiby et l'Archevêque de Vienne furent nommés Prélats et Commandeurs de l'Ordre du Saint-Esprit, succédant à l'Archevêque de Lyon et à l'Évêque de Metz, décédés. Le Roi, accompagné de ducs et princes, se rendit à la chapelle pour la bénédiction des clergés, une procession et une grande messe célébrée par l'Abbé Brosseau. Après la messe, il fut reconduit à son appartement avec les cérémonies habituelles. Dans l'après-midi, il écouta le sermon du Père Le Févre, jésuite, et assista aux vêpres chantées par la musique. En soirée, le Roi retourna au Château de Marly.
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393
p. 386-392
Description du Catafalque.
Début :
La Décoration de ce pompeux Appareil qui a attiré un si grand concours et tant d'admirateurs, [...]
Mots clefs :
Argent, Armes, Lumières, Noir, Marbre, Pilastres, Velours, Corniche, Hermine, Larmes, Estrade, Catafalque
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texteReconnaissance textuelle : Description du Catafalque.
Description du Catafalque.
A Décoration de ce pompeux Appareil qui a
attiré un si grand concours et tant d'admirateurs
, mérite bien que nous entrions là dessus en
quelque détail. On voyoit d'abord à la façade de
L'Eglise , au - dessus de la principale Porte , une
grande Tenture de drap noir , ornée de trois lez
de velours garnis d'Armes, Sur le milieu étoit
placé un grand morceau peint d'Architecture de
18. pieds de haut , sur 12. pieds de large , ceintré
par le haut , où étoient les Armes du Roy de Sardaigne
, avec les deux Ordres désignez , de saint
Maurice et de l'Annonciade , sous une Couronne
Royale , soutenue d'un côté par le Temps et de
l'autre par une Renommée sortant d'un Groupe
de Nuées , & c.
Sur les deux autres Portes laterales , on voyoit
les Chiffres du Roy Victor Amedée , dans de
grands Cartouches couronnez et soutenus par des
Renommées , et posés sur le même lez de ve◄
lours.
Toute la Nef étoit tendue de drap noir sur les
côtez , avec grandes Armes et Chiffres , alternativement
, rehaussez d'or et d'argent. Sur la
Tenture de la façade du Jubé, étoient trois lez de
velours chargez d'Armes , &c. Sur la Porte du
Choeur , on voyoit un grand morceau avec les
Armes en grand Manteau Royal d'étoffe d'or
doublé d'hermine , dans un Chambranle de Marbre
blanc , avec deux Guaisnes aux extrémitez et
deux Lions au-dessus servant de suport aux Armes
de Savoye.
Le Catafalque étoit placé à deux toises et demie
de l'entrée du Chour, construit dans la Nef,
Sur
FEVRIER. 17336
387
sur un Plan de 14, pieds et demi de long , sur 10.
pieds 3. pouces de large et s . pieds de hauteur ; cr
le dessus de l'Estrade , 10. pieds 10. pouces
pour
sur 7. pieds de large , les quatre Angles avancez
à Pans coupez , formant des Fiedestaux , entre
lesquels se trouvoient six degrez à chaque face,
Sur le devant des Piedestaux des Consoles saillantes
, de 18. à 20. pouces , étoient placées des
Têtes de Mort , avec des attributs , portant chacune
une Girandole de cinq lumieres ; le tout sur
un fond de Marbre d'Egypte vert et blanc.
Sur les Piedestaux s'élevoir un ordre Ionique ,
dont les quatre Colomnes en or , composées de
Faisseaux , de Picques liées ensemble avec Bandeaux
et Festons de Lauriers en argent , tournans
en torse au pourtour, et d'où sortoient des branches
en argent , qui portoient sur chaque Colomne
soixante lumieres ; leurs Architraves , Frises
et Corniches en Marbre blanc. Sur la Frise des
Muffles de Lions , en or ; de-même que les Ornemens
et Moulures des Entablemens.
>
Sur le Zocle des Entablemens des Colomnes s'élevoient
des Courbes, formant une espece de Balda,
quin en or , ayant à leurs extrémitez des Consoles
en or qui soutenoient une Frise , d'où tomboit
une Campanne en or , sur un fond noir avec
des Larmes et Glands d'argent ; au- dessus de la
Frise , une grosse Moulure de Baguette en or
garnie d'agraffes d'argent , d'où sortoient des
Branches d'argent, portant de-même des lumieres;
au- dessus une Gorge de six à sept pouces , avec
son Astragale et une Couronne fermée en or,
surmontant le tout. Le haut du Baldaquin , depuis
l'Entablement jusqu'à son extrémité , étoit
garni de plus de 200. lumieres , et le tout ensem
ble faisoit un effet admirable,
Sur
388 MERCURE DE FRANCE:
-
Sur les degrez de l'Estrade , en face de l'entrée
du Choeur , paroissoient la Prudence et la Valeur
avec leurs attributs.
Sur cette Estrade s'élevoit un Zocle à Pans coupez
, se terminant par un adoucissement de deux
pieds de haut , sur lequel étoit posé le Tombeau.
de Marbre Portore , soutenu par quatre Consoles
en or , ayant des têtes de Lions et terminant
par bas en ornemens , d'où sortoient des Pattes
du même animal , et aux quatre flancs du Tombeau
, dans des Couronnes de Lauriers , le Chiffre
, et des flambaux renversez par derriere en
Sautoirs . La Représentation du Tombeau étoir
couverte d'un grand Poële d'Etoffe d'or bordé
d'Hermine , croisé de Moire d'argent et cantonné
d'Armoiries en Broderie d'or. On avoit placé
sur le Tombeau , la Couronne sur un Carreau de
velours noir , couverte d'un Crêpe , et le Manteau
Royal , d'Etoffe d'or à fond rouge , bordé et
doublé d'Hermine , qui tomboit jusques sur l'Estrade
, autour de la Représentation, Sur l'Estrade
, plusieurs Trophées d'Armes en or , qui sem
bloient être jettés négligeamment sur les marches
de l'Estrade .
Toute la Machine ayant 37. pieds de haut jusqu'à
l'extremité de la Couronne , étoit surmontée
par un Pavillon très - riche , dont les Pans et
les chutes avoient 19. aulnes de long , ornées de
bandes d'Hermines , et semées de Croix et de
Larmes d'argent. Les quatre faces des six degrez
étoient garnies de 98. Chandeliers d'argent avec
des Cierges de deux livres chacun , à l'exception
des quatre ouvertures des encoignures du Catafalque
, dont les chutes du Pavillon étoient retroussées
par quatre Anges en or , sonnant de la
Trompette , qui sembloient sortir du dessous par
differens côtez. Le
FEVRIER . 1733. 389
Le Pourtour du Choeur , distribué en 18. Arcades
, dont dix ouvertes , foncées de noir , ou
l'on avoit pratiqué des Places ; les autres fermées
de noir avec des Paneaux en Hermine , étoient
ornées d'un ordre d'Architecture Ionique , les
Pilastres ayant 27. pieds de haut jusqu'à l'Entablement
, les Chapiteaux en or , ornez de Têtes
de Mort enveloppées d'Aîles dessechées , et couvertes
d'une Draperie d'argent , formant des chutes
à l'aplomb des Volutes. Sur chaque Pilastre
on voyoit une maniere de Cartouche ou Epitaphe
en Marbre blanc , de differentes formes ; les
uns enveloppez et surmontez d'une Tête de Lion
avec des Lampes sur les côtez; les autres, de Bordure
, d'Ornemens , et toujours au milieu de chacun
le Chiffre de Victor Amedée , avec une Girandole
de cinq lumieres. Par le bas , les fonds
des Pilastres en vert d'Egypte , les Corps et arrieres-
Corps de Marbre blanc ; les Bases étant cachées
par un Socle de deux pieds et demi de haut,
sur lequel étoit posé un Trophée d'Armes de 4 à
5. pieds de haut, en of ; tout le surplus de l'Architecture
, Corps , arriere - Corps , Corniche , Aftragale
, Archivoltes , peints en Marbre blanc.
Sur la Corniche s'élevoit un Attique de 14.
pieds , les Pilastres de même Marbre , tombant
à plomb sur ceux dont on vient de parler . Des
Chapiteaux tomboient en Trophées , une Tête de
Mort avec des Aîles et des Os en Sautoirs , des
branches de Cyprès finissant par un Gland , le
tout en or. Entre chaque Pilastre , un Panneau
formé sur le drap noir , par une bande d'Hermine
, au milieu duquel étoit un Cartouche avec
chacun un quartier des Armes , et il fortoit des
deux côtez desDrapeaux et Etendarts &.c .
3 Sur la Corniche au- dessus de chaque ouverture,
I des
* MERCURE DE FRANCE
des Chantournez , en Marbre blanc , fond noir,
semé de larmes d'argent , ayant chacun une Tête
de Mort au milien , avec des Aîles , portant cha
cun 21 lumieres. Sur la même Corniche , à l'aplomb
des Pilastres , des Vases en argent , fond
noir , portant chacun 9. lumieres .
Le premier lez de velours étoit placé au- dessus
de la Corniche de l'Attique , à so . pieds de haut,
chargé d'Armes et Chiffres , et semé de Croix et
de Larmes d'argent , et sur l'aplomb des Pilas
tres, un Blason avec differens Trophées d'Armes.
Le second lez de velours servait de Frise à la
Corniche , semé de- même que le premier , et de
Triglifes composées au- dessus des Pilastres , et
sur le milieu des Archivoltes étoient de grands
Cartouches , dont la Couronne passoit sur l'Astragale
et la Frise de la Corniche. Ces Cartouches
étoient ornez des Armes des Ordres , Couronnes ,
Festons deCyprès et autres attributs, en or et en
argent , et d'autres , alternativement , avec des
Chiffres et Manteaux d'Etoffe d'or et d'Hermine,
et au bas de chacun une Girandole de 5. lumieres.
-Du haut de l'Archivolte , des deux côtez de
chacun des Cartouches , tomboient des Rideaux
peints en noir , retroussez au- dessous des Impostés
, tombant en chutes le long de l'arriere-
Corps des Pilastres ; le tout orné de Franges et de
Cordons en argent et semez de Larmes , &c. Les
appuis des ouvertures des côtez de 3. pieds de
haut , le milieu plus élevé et orné au- dessus
de l'élevation , d'un Vase en argent et fond
noir , portant une Piramide de 21. lumieres ;
du pied des Vases tomboient des Festons de
Cyprès en or , accompagnez les uns de deux
Figures rehaussées d'argent , tenant des flam
beaux éteints , et d'autres alternativement ,
avec
FEVRIER. 1733. 391
avec des Lions , comme supports des Armes .
Le Plafond des Stales avoit une Moulure dorée
au Pourtour , sur laquelle regnoit une Bordure
de Trefles en forme de bandeau de Couronnes;
chaque Treffe portant une bougie derriere.
un filet de lumieres ; devant chaque Pilastre et
en retour du Jubé , une Girandole de sept lumieres
, qui interrompoit par Groupes la Bordure de
lumieres.
Du dessous de la Moulure des Stales tomboit
le troisiéme lez de velours , de même arrangement
d'Armes et de Chiffres que le premier , semé
de même , ayant de surplus des Festons herminez
de distance en distance , et qui enveloppoient
les Cartouches qui étoient sur le lez de
velours.
L'Autel étoit surmonté d'un Dais de 12. pieds
sur 7. pieds , avec des Campannes dedans et dehors
, en argent , sur fond noir ; les deux chutes
de Rideaux de Satin noir , semé de larmes et entouré
de Frange d'argent , avec 4. Bouquets de
plume en Aigrette , sur les 4. Angles , le Plafond
et la queue croisée de Moire d'argent , et cantonnée
d'Armes ; aux deux Pilastres à côté tomboient
des Trophées des Instrumens qui servent aux
Cerémonies Mortuaires ; ces deux Pilastres accompagnez
et soutenus par deux grandes Consoles
de Marbre blanc , avec une Girandole de
sept branches , posée sur le milieu de la Volutte.
Beux Anges prosternez , rehaussez d'argent ,
sur un Groupe de Nuées , qui répandoient en
partie sur les Consoles le surplus de la Décoration,
faisant simétrie avec le Pourtour du Choeur,
le reste de l'Autel orné avec une magnificence
convenable et éclairé d'un grand nombre de
Cierges , &C.
I ij Toute
392 MERCURE DE FRANCE
Toute cette Décoration avoit été ordonnée
par le Duc de la Trémouille , premier Gentilhomme
de la Chambre du Roy , et exécutée sous
la direction de M. de Selle , Intendant des menus
Plaisirs du Roy , par M. Perrault , Peintre
des Menus Plaisirs de S. M.
A Décoration de ce pompeux Appareil qui a
attiré un si grand concours et tant d'admirateurs
, mérite bien que nous entrions là dessus en
quelque détail. On voyoit d'abord à la façade de
L'Eglise , au - dessus de la principale Porte , une
grande Tenture de drap noir , ornée de trois lez
de velours garnis d'Armes, Sur le milieu étoit
placé un grand morceau peint d'Architecture de
18. pieds de haut , sur 12. pieds de large , ceintré
par le haut , où étoient les Armes du Roy de Sardaigne
, avec les deux Ordres désignez , de saint
Maurice et de l'Annonciade , sous une Couronne
Royale , soutenue d'un côté par le Temps et de
l'autre par une Renommée sortant d'un Groupe
de Nuées , & c.
Sur les deux autres Portes laterales , on voyoit
les Chiffres du Roy Victor Amedée , dans de
grands Cartouches couronnez et soutenus par des
Renommées , et posés sur le même lez de ve◄
lours.
Toute la Nef étoit tendue de drap noir sur les
côtez , avec grandes Armes et Chiffres , alternativement
, rehaussez d'or et d'argent. Sur la
Tenture de la façade du Jubé, étoient trois lez de
velours chargez d'Armes , &c. Sur la Porte du
Choeur , on voyoit un grand morceau avec les
Armes en grand Manteau Royal d'étoffe d'or
doublé d'hermine , dans un Chambranle de Marbre
blanc , avec deux Guaisnes aux extrémitez et
deux Lions au-dessus servant de suport aux Armes
de Savoye.
Le Catafalque étoit placé à deux toises et demie
de l'entrée du Chour, construit dans la Nef,
Sur
FEVRIER. 17336
387
sur un Plan de 14, pieds et demi de long , sur 10.
pieds 3. pouces de large et s . pieds de hauteur ; cr
le dessus de l'Estrade , 10. pieds 10. pouces
pour
sur 7. pieds de large , les quatre Angles avancez
à Pans coupez , formant des Fiedestaux , entre
lesquels se trouvoient six degrez à chaque face,
Sur le devant des Piedestaux des Consoles saillantes
, de 18. à 20. pouces , étoient placées des
Têtes de Mort , avec des attributs , portant chacune
une Girandole de cinq lumieres ; le tout sur
un fond de Marbre d'Egypte vert et blanc.
Sur les Piedestaux s'élevoir un ordre Ionique ,
dont les quatre Colomnes en or , composées de
Faisseaux , de Picques liées ensemble avec Bandeaux
et Festons de Lauriers en argent , tournans
en torse au pourtour, et d'où sortoient des branches
en argent , qui portoient sur chaque Colomne
soixante lumieres ; leurs Architraves , Frises
et Corniches en Marbre blanc. Sur la Frise des
Muffles de Lions , en or ; de-même que les Ornemens
et Moulures des Entablemens.
>
Sur le Zocle des Entablemens des Colomnes s'élevoient
des Courbes, formant une espece de Balda,
quin en or , ayant à leurs extrémitez des Consoles
en or qui soutenoient une Frise , d'où tomboit
une Campanne en or , sur un fond noir avec
des Larmes et Glands d'argent ; au- dessus de la
Frise , une grosse Moulure de Baguette en or
garnie d'agraffes d'argent , d'où sortoient des
Branches d'argent, portant de-même des lumieres;
au- dessus une Gorge de six à sept pouces , avec
son Astragale et une Couronne fermée en or,
surmontant le tout. Le haut du Baldaquin , depuis
l'Entablement jusqu'à son extrémité , étoit
garni de plus de 200. lumieres , et le tout ensem
ble faisoit un effet admirable,
Sur
388 MERCURE DE FRANCE:
-
Sur les degrez de l'Estrade , en face de l'entrée
du Choeur , paroissoient la Prudence et la Valeur
avec leurs attributs.
Sur cette Estrade s'élevoit un Zocle à Pans coupez
, se terminant par un adoucissement de deux
pieds de haut , sur lequel étoit posé le Tombeau.
de Marbre Portore , soutenu par quatre Consoles
en or , ayant des têtes de Lions et terminant
par bas en ornemens , d'où sortoient des Pattes
du même animal , et aux quatre flancs du Tombeau
, dans des Couronnes de Lauriers , le Chiffre
, et des flambaux renversez par derriere en
Sautoirs . La Représentation du Tombeau étoir
couverte d'un grand Poële d'Etoffe d'or bordé
d'Hermine , croisé de Moire d'argent et cantonné
d'Armoiries en Broderie d'or. On avoit placé
sur le Tombeau , la Couronne sur un Carreau de
velours noir , couverte d'un Crêpe , et le Manteau
Royal , d'Etoffe d'or à fond rouge , bordé et
doublé d'Hermine , qui tomboit jusques sur l'Estrade
, autour de la Représentation, Sur l'Estrade
, plusieurs Trophées d'Armes en or , qui sem
bloient être jettés négligeamment sur les marches
de l'Estrade .
Toute la Machine ayant 37. pieds de haut jusqu'à
l'extremité de la Couronne , étoit surmontée
par un Pavillon très - riche , dont les Pans et
les chutes avoient 19. aulnes de long , ornées de
bandes d'Hermines , et semées de Croix et de
Larmes d'argent. Les quatre faces des six degrez
étoient garnies de 98. Chandeliers d'argent avec
des Cierges de deux livres chacun , à l'exception
des quatre ouvertures des encoignures du Catafalque
, dont les chutes du Pavillon étoient retroussées
par quatre Anges en or , sonnant de la
Trompette , qui sembloient sortir du dessous par
differens côtez. Le
FEVRIER . 1733. 389
Le Pourtour du Choeur , distribué en 18. Arcades
, dont dix ouvertes , foncées de noir , ou
l'on avoit pratiqué des Places ; les autres fermées
de noir avec des Paneaux en Hermine , étoient
ornées d'un ordre d'Architecture Ionique , les
Pilastres ayant 27. pieds de haut jusqu'à l'Entablement
, les Chapiteaux en or , ornez de Têtes
de Mort enveloppées d'Aîles dessechées , et couvertes
d'une Draperie d'argent , formant des chutes
à l'aplomb des Volutes. Sur chaque Pilastre
on voyoit une maniere de Cartouche ou Epitaphe
en Marbre blanc , de differentes formes ; les
uns enveloppez et surmontez d'une Tête de Lion
avec des Lampes sur les côtez; les autres, de Bordure
, d'Ornemens , et toujours au milieu de chacun
le Chiffre de Victor Amedée , avec une Girandole
de cinq lumieres. Par le bas , les fonds
des Pilastres en vert d'Egypte , les Corps et arrieres-
Corps de Marbre blanc ; les Bases étant cachées
par un Socle de deux pieds et demi de haut,
sur lequel étoit posé un Trophée d'Armes de 4 à
5. pieds de haut, en of ; tout le surplus de l'Architecture
, Corps , arriere - Corps , Corniche , Aftragale
, Archivoltes , peints en Marbre blanc.
Sur la Corniche s'élevoit un Attique de 14.
pieds , les Pilastres de même Marbre , tombant
à plomb sur ceux dont on vient de parler . Des
Chapiteaux tomboient en Trophées , une Tête de
Mort avec des Aîles et des Os en Sautoirs , des
branches de Cyprès finissant par un Gland , le
tout en or. Entre chaque Pilastre , un Panneau
formé sur le drap noir , par une bande d'Hermine
, au milieu duquel étoit un Cartouche avec
chacun un quartier des Armes , et il fortoit des
deux côtez desDrapeaux et Etendarts &.c .
3 Sur la Corniche au- dessus de chaque ouverture,
I des
* MERCURE DE FRANCE
des Chantournez , en Marbre blanc , fond noir,
semé de larmes d'argent , ayant chacun une Tête
de Mort au milien , avec des Aîles , portant cha
cun 21 lumieres. Sur la même Corniche , à l'aplomb
des Pilastres , des Vases en argent , fond
noir , portant chacun 9. lumieres .
Le premier lez de velours étoit placé au- dessus
de la Corniche de l'Attique , à so . pieds de haut,
chargé d'Armes et Chiffres , et semé de Croix et
de Larmes d'argent , et sur l'aplomb des Pilas
tres, un Blason avec differens Trophées d'Armes.
Le second lez de velours servait de Frise à la
Corniche , semé de- même que le premier , et de
Triglifes composées au- dessus des Pilastres , et
sur le milieu des Archivoltes étoient de grands
Cartouches , dont la Couronne passoit sur l'Astragale
et la Frise de la Corniche. Ces Cartouches
étoient ornez des Armes des Ordres , Couronnes ,
Festons deCyprès et autres attributs, en or et en
argent , et d'autres , alternativement , avec des
Chiffres et Manteaux d'Etoffe d'or et d'Hermine,
et au bas de chacun une Girandole de 5. lumieres.
-Du haut de l'Archivolte , des deux côtez de
chacun des Cartouches , tomboient des Rideaux
peints en noir , retroussez au- dessous des Impostés
, tombant en chutes le long de l'arriere-
Corps des Pilastres ; le tout orné de Franges et de
Cordons en argent et semez de Larmes , &c. Les
appuis des ouvertures des côtez de 3. pieds de
haut , le milieu plus élevé et orné au- dessus
de l'élevation , d'un Vase en argent et fond
noir , portant une Piramide de 21. lumieres ;
du pied des Vases tomboient des Festons de
Cyprès en or , accompagnez les uns de deux
Figures rehaussées d'argent , tenant des flam
beaux éteints , et d'autres alternativement ,
avec
FEVRIER. 1733. 391
avec des Lions , comme supports des Armes .
Le Plafond des Stales avoit une Moulure dorée
au Pourtour , sur laquelle regnoit une Bordure
de Trefles en forme de bandeau de Couronnes;
chaque Treffe portant une bougie derriere.
un filet de lumieres ; devant chaque Pilastre et
en retour du Jubé , une Girandole de sept lumieres
, qui interrompoit par Groupes la Bordure de
lumieres.
Du dessous de la Moulure des Stales tomboit
le troisiéme lez de velours , de même arrangement
d'Armes et de Chiffres que le premier , semé
de même , ayant de surplus des Festons herminez
de distance en distance , et qui enveloppoient
les Cartouches qui étoient sur le lez de
velours.
L'Autel étoit surmonté d'un Dais de 12. pieds
sur 7. pieds , avec des Campannes dedans et dehors
, en argent , sur fond noir ; les deux chutes
de Rideaux de Satin noir , semé de larmes et entouré
de Frange d'argent , avec 4. Bouquets de
plume en Aigrette , sur les 4. Angles , le Plafond
et la queue croisée de Moire d'argent , et cantonnée
d'Armes ; aux deux Pilastres à côté tomboient
des Trophées des Instrumens qui servent aux
Cerémonies Mortuaires ; ces deux Pilastres accompagnez
et soutenus par deux grandes Consoles
de Marbre blanc , avec une Girandole de
sept branches , posée sur le milieu de la Volutte.
Beux Anges prosternez , rehaussez d'argent ,
sur un Groupe de Nuées , qui répandoient en
partie sur les Consoles le surplus de la Décoration,
faisant simétrie avec le Pourtour du Choeur,
le reste de l'Autel orné avec une magnificence
convenable et éclairé d'un grand nombre de
Cierges , &C.
I ij Toute
392 MERCURE DE FRANCE
Toute cette Décoration avoit été ordonnée
par le Duc de la Trémouille , premier Gentilhomme
de la Chambre du Roy , et exécutée sous
la direction de M. de Selle , Intendant des menus
Plaisirs du Roy , par M. Perrault , Peintre
des Menus Plaisirs de S. M.
Fermer
Résumé : Description du Catafalque.
Le texte décrit la décoration d'un catafalque dans une église, organisée par le Duc de la Trémouille et supervisée par M. de Selle et M. Perrault. La façade de l'église était ornée d'une grande tenture noire portant les armoiries et les symboles royaux, notamment ceux du roi de Sardaigne et de l'ordre de Saint-Maurice. Les portes latérales affichaient les chiffres du roi Victor-Amédée dans des cartouches soutenus par des renommées. À l'intérieur, la nef était tendue de drap noir avec des armoiries et des chiffres alternés, rehaussés d'or et d'argent. Le catafalque, situé à deux toises et demie de l'entrée du chœur, était construit sur une estrade de dimensions précises et décoré de têtes de mort, de girandoles et de colonnes ioniques en or et argent. Le tombeau, en marbre de Portore, était soutenu par des consoles dorées et couvert d'un poêle d'étoffe d'or bordé d'hermine. Le pourtour du chœur était structuré en 18 arcades, ornées d'un ordre architectural ionique avec des pilastres et des trophées d'armes. Les chapiteaux étaient décorés de têtes de mort et de drapeaux. Le plafond des stalles était orné de moulures dorées et de girandoles. L'autel était surmonté d'un dais avec des campanes en argent et des trophées d'instruments utilisés lors des cérémonies mortuaires. La décoration était éclairée par un grand nombre de cierges et de lumières.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
394
p. 442-452
REMARQUES sur quelques endroits de la neuviéme Lettre du Voyage de Normandie, adressées à M. D. L. R.
Début :
J'ai lû, Monsieur, avec bien du plaisir, la Relation que vous avez donnée jusqu'icy [...]
Mots clefs :
Auxerre, Bayeux, Normandie, Renobert, Saints, Église, Églises, Confraternité, Mémoires, Diocèse, Reliques, Chasuble, Exupère, Dom Mabillon
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : REMARQUES sur quelques endroits de la neuviéme Lettre du Voyage de Normandie, adressées à M. D. L. R.
REMARQUES sur quelques endroits
de la neuviéme Lettre du l'oyage de Nor
mandie , adressées à M. D. L. R.
J
'ai lû , Monsieur , avec bien du plaisir,
la Relation que vous avez donnée jusqu'icy
en neuf Lettres , du Voïage que
Vous
MARS. 1733.
443
Vous avez fait en Normandie. La derniere
qui a paru dans le Mercure d'Oc
tobre dernier , m'a plus frappé que les
autres , parce qu'elle roule entierement
sur une Ville où j'ai été avant que j'eusse
atteint l'âge de vingt ans , uniquement
dans le dessein de trouver la verité autant
qu'elle peut se manifester à un jeune homme.
Vous n'y parlez presque que de Ba
yeux ; vous y nommez S. Renobert, Evê
que de cette Ville ; vous y dites un mot
de sa Chasuble et du Coffre d'Ivoire qui
la renferme ; toutes choses que j'avois
vûës dès le mois d'Octobre de l'année
1707. Je ne ferai pas comme les deux
Ecrivains qui ont profité des Remarques
que vous avez publiées dans les Mémoires
de Trévoux,d'Octobre 1714,sans vous
citer aucunement , & c. Pour moi je vous
avoüerai qu'ayant recherché tout ce qu'on
pouvoit dire de S. Renobert , sept ans
avant que vous en parlassiez , j'ai profité
depuis , avec grand plaisir , de ce que
j'en trouvai dans ces Mémoires , aussiqu'il
parût.
Il s'étoit élevé icy en 1709. we dispute
au sujet du siecle où ce Saint avoit vécu.
On écrivit vivement sur cette matiere ;
et chacun cherchoit des authoritez pour
appuier son sentiment. Comme la parcie
B vj Vic444
MERCURE DE FRANCE
victorieuse a été celle qui ne plaçoit ce
Saint qu'au 7 siécle , et non au 3 *, ni au
4 ; il a été naturel de faire une honorable
mention de l'observation qui parut
depuis dans les Mémoires de Trévoux
puisqu'elle étoit conforme au sentiment
que j'avois soutenu . Je ne sçavois pas ;
M ', que ce fut vous qui y eussiez donné
occasion ni que vous eussiez suivi d'abord
la Chronologie ordinaire de Bayeux.'
Je vous félicite donc aujourd'hui de ce
que vous vous trouvez réuni au sentiment
des Sçavans Bollandistes , qui a été
suivi par Dom Mabillon , par M. Baillet,
au 16 May ,par M. l'Abbé Chastellain , dans
son Martyrologe Universel, par le nouveau
Breviaire d'Auxerre de l'an 1726. par les
Auteurs du Martyrologe de Paris , de
l'an 1727. et qui vrai -semblablement le
sera aussi par les Continuateurs de Gallia
Christiana ; au moins étoit - ce le sentiment
vers lequel inclinoit dès l'an 171 26
Dom Denys de Sainte Marthe , votre illustre
ami , suivant ce qu'il m'en écrivit
alors. La Note que vous avez mise au bas
de la page 2122. de votre dernier Journal
, démontre que vous méprisez la Chro
nologie de l'Histoire moderne de l'Eglise
de Bayeux , puisque vous dites qu'el
le est rejettée par les meilleurs Critiques ,
MARS. 1733. 445
et que S. Renobert assista en 630. à un
Concile de Reims.
La Morlieze se plaignoit autrefois dans
ses Antiquitez d'Amiens , de ce que les
Ecrivains du Catalogue des Evêques
d'Amiens , ont arrangé ces Evêques , plus
secundùm gradum sanctitatis , quam antiquitatis.
C'est ce qui est arrivé à Bayeux,
et qui a induit en erreur , jusqu'à faire
fabriquer une Légende où l'on avance que
S.Renobert fut sacré à Brive la Gaillarde,
par S. Saturnin,Evêque de Toulouse. Hors
dans les Diocèses dans de Bayeux , d'Auxerre,
et de Besançon, cette Légende ne se retrouve
gueres de nos jours ; je doute que
vous puissiez la rencontrer dans Paris.
L'endroit le plus voisin de cette Ville où
je me ressouviens de l'avoir vûë dans un
Manuscrit de 500 ans , est l'Abbaye de
S. Yved de Braine , en Soissonnois ; elle Y
est contenue dans tout son fabuleux.
J'ai composé autrefois une longue Dissertation
, pour servir à épurer les Traditions
du Païs Bessin , touchant ce Saint.
Prelat. C'est le premier de mes Ouvrages
, et le fruit du voyage que je fis à
Bayeux il y a 25 ans. J'en ai donné communication
à des Sçavans du Clergé de la
même Ville , qui m'ont déclaré n'avoir
jamais ajouté plus de foy à la tradition
Bes
446 MERCURE DE FRANCE
*
>
Bessine des derniers siècles , qu'à celle
qui s'étoit glissée à Paris , sur S. Denys ,
et ils m'ont prié de la rendre publique.
Je n'ai pas oublié d'y parler de la Chasuble
de ce Saint , que j'eus l'honneur de
voir , et qu'on m'assura avoir été regardée
par Dom Mabillon , comme infiniment
plus authentique que l'Etole et le
Manipule qu'on y joignoit. Elle est d'étoffe
de soye , à fond bleu , semée d'espece
de Tréfles , de couleur blanche. Je remarquai
sur l'Etole , qui est d'une étoffe
différente, une semence de Perles . M.Hermant
, que je vis alors dans sa Cure de
Maltor , proche Caën , n'en sçavoit pas
plus que moi , sur toutes ces choses ; et
il me déclara qu'il ne travailloit que sur
les Mémoires d'un Chanoine moderne
de Bayeux. On pourroit croire que l'Etoffe
de cette Chasuble auroit simplement
servi à couvrir les Ossemens de S. Renobert
depuis son décès , et qu'elle seroit
celle- là même que la Reine Ermentrude,
Epouse de Charles le Chauve, envoya,
sans être obligé de faire remonter son antiquité
jusqu'au septiéme siecle. On a
quelques exemples d'autres Etoffes , qui
ont servi de Poile aux Sépulcres des
* M. Hermant , Curé de Maltot , qui a écris
ene Histoire imparfaite du Diocèse de Bayeux.
Saints
MAR S. 1733. 447
Saints , et qui ont pris la dénomination
de ces mêmes Saints , en qualité de Manteau
ou de Voile , ou sous tel autre nom
qu'on a voulu leur donner après les avoir
mises en oeuvre. Au reste , ces sortes de
Reliques n'en sont pas moins vénérables
quand même eiles n'auroient pas servi
aux Saints dès leur vivant , mais seulement
après leur mort , témoins l'honneur
que les Catahois rendent au Voile du
Cercueil de Sainte Agathe ; les Auxerrois
,au Suaire de 5.Germain et la confiance
que ces peuples ont dans ces Reliques.
Quant à l'Inscription Arabe du petit of
fre qui renferme la Chasuble de S. Renobert
, vous êtes certainement le premier
qui avez appris au Public , l'explication
qui en a été faite par une personne tresentenduë.
Vous ne marquez point , Monsieur , si
c'est le Cartulaire de l'Evêché de Bayeux,
qui dit que l'ancienne confraternité de
P'Eglise Cathedrale de la même Ville
avec celle d'Auxerre , est fondée sur ce
que S. Exupere venant d'Italie passa par
la Ville d'Auxerre , et y prêcha le Christianisme
. Rien de plus vrai que l'existence
de cette ancienne confraternité; j'en ai
des preuves de plusieurs siecles ; mais il
n'y a pas d'apparence qu'elle soit établie
Suf
448 MERCURE DE FRANCE
-
sur le motif que vous citez , qui n'est
peut-être , qu'une simple conjecture des
Chanoines de Bayeux. Si le passage de
S. Exupere par notre Ville , étoit un fondement
suffisant pour une confraternité ,
pourquoi n'en eussions nous point eu
avec Messieurs du Chapitre de Rouen ,
puisque S. Mellon , leur premier Evêque ,
passa aussi par Auxerre en venant de
Rome , et qu'il y fit même une guérison
miraculeuse, rapportée dans sa vie ? Pourquoi
ne serions-nous pas en pareille liaison
avec les Chapitres de Lyon et de
Marseille, puisque notre premier Evêque ,
S. Pérégrin , y passa en venant icy , et eut
la gloire d'y prêcher de la même maniere
, le Christianisme , selon ses Actes ?
Ce n'est donc point sur le passage de
S. Exupere qu'est fondée la confraternité
des Eglises d Bayeux et d'Auxerre , quand
même on le croiroit ainsi à Bayeux ; mais
sur une raison plus recevable, et qui a fait
naître de semblables confraternitez entre
plusieurs autres Eglises. C'est que nous
possedons les Reliques de quelques - uns
de leurs Saints fameux , ou qu'ils posscdent
celles de quelques - uns des nôtres .
C'est sur ce principe que les Eglises de
Beauvais et d'Auxerre sont en confraternité
Le Corps de S. Just , Enfant
natif
MARS. 17337 445
·
,
natif d'Auxerre , repose dans la Cathe
drale de Beauvais , excepté sa tête , qui
fut transportée à Auxerre du Lieu du
Beauvoisis , où il avoit souffert le Martyre
. Ce motif est spécifié dans l'acte de
rénovation , dont on trouvera des vestitiges
dans les Registres du Chapitre de
Beauvais , au 18 Juin 1646. C'est ainsi
qu'en Espagne , les Chanoines de Saragoce
, et ceux de S. Vincent de la Rode, sont
en association dès l'an 1171. en considération
du Chef de S. Valere , Evêque de
Saragoce a. Si le passage d'un Saint pouvoit
influer dans l'origine des Confraternitez
d'Eglises éloignées , telles que sont
celles de Bayeux et d'Auxerre ; il y auroit
plus d'apparence que ce seroit celui de
S. Germain , dans le Diocèse de Bayeux ,
qui avoit contribué à cette liaison , parce
que ce grand nombre d'Eglises qui sont
sous ce nom dans la Basse - Normandie,est
une preuve que dans l'un de ses deux
Voyages de la Grande- Bretagne, il a passé
dans le Païs Bessin , en allant ou en reve
nant. On ne craint point même de montrer
à une petite lieuë de Bayeux , dans
l'Eglise du Village de Guéron, une Nappe
d'Autel , sur laquelle on dit qu'il a
célébré en passant .
2 Castellan . Bimestr. Januar. 29. pag. 444.
Mais
450 MERCURE DE FRANCE
•
que
Mais sans remonter si - haut , il y a infi
niment plus d'apparence que l'union des
Eglises d'Auxerre et de Bayeux vient du
transport fait autrefois des Reliques de
S. Renobert , celebre Evêque de cette
derniere Ville , et de S. Zénon , son Diacre
, dans fa Ville et dans le Diocèse
d'Auxerre . Leur culte y devint si fameux ,
dès le commencement du treiziéme
siécle , la seconde Paroisse de la Cité
d'Auxerre , dans laquelle est contenuë
une bonne partie du Cloître des Chanoines
, étoit sous l'invocation de ce Saint
Prélat , comme elle l'est encore aujourd'hui
. De là vient que dans la Cathédra
le et dans le Diocèse d'Auxerre on a fair
de immémorial , et au moins de- temps
puis 500 ans , l'Office de S. Renobert , et
qu'il y a plusieurs Autels de son nom ;
au lieu que jamais il n'y a été fait men
tion de S. Exupere , et qu'il n'y a aucun
Autel connu sous son invocation .
Outre l'Inscription Mahometane que
Vous avez publiée , tirée de dessus le Coffre
d'Ivoire du Trésor de Bayeux , j'au
rois souhaité que vous eussiez remarqué
dans la même Eglise une autre Inscription
bien plus récente, qui consiste en ces
deux Vers :
Cre
MARS. 1733. 45t
Credite mira Dei ; Serpens fuit hic lapis extans s
Sic transformatum Bartholus attulit buc.
L'explication des merveilles de Dieu
dont il y est parlé , est , ce me semble
de la competence des Naturalistes , et de
ceux qui font attention aux pétrifications
singulieres.
Ce n'est pas assez que le R. P. Tournemine
nous ait appris comment ce Coffre
a pû servir dès le neuvième siècle à
renfermer l'Etofe que le Roy Charles le
Chauve et la Reine Ermentrude envoyerent
pour orner les Cercueils ou la Sépulture
des Saints Renobert et Zénon 1
dont les Corps étoient alors réfugiez sur
les confins des Diocèses d'Evreux et de
Lisieux. Il ne seroit pas moins curieux et
important de découvrir le lieu d'où se fit
cet envoi. Charles étoit alors dans un Palais
Royal , appellé Vetera- Domus , que je
croi pouvoir traduire Vieux- Maison , ou
Vieille-Maison . C'est ce que nous tenons
d'un Historien du temps , imprimé au
XII Tome du Spicilege , par un autre
Historien du même siècle , imprimé an
premier Tome de la Bibliotheque des Ma
nuscrits du P. Labbe , pag. 548. et réim
primé beaucoup plus exactement l'année
derniere dans les Actes des Saints ,
du 31
Juil
452 MERCURE DE FRANCE
,
Juillet. On apprend que ce Vieux - Mal
son étoit dans le Païs Roumois : In pago
Rothomagensi. Il seroit donc à désirer que
l'Historien de Rouen , dont vous parlez
à la page 2138. de votre même Lettre ,
fit connoître au Public la situation précise
de cet ancien Palais des Rois de France;
d'autant qu'il n'en est fait aucune merition
dans la Diplomatique de Dom Mabillon
, ni dans la Notice des Gaules de
M. de Valois , non plus que dans le Glossaire
de M. du Cange . L'Eglise du Titre
de S. Germain d'Auxerre , voisine de ce
Palais , selon Héric , peut servir à faciliter
cette découverte ; et si l'on trouve un
Vieux Maison au Païs Roumois , avec
une Eglise ou Chapelle de ce Titre , qui
en soit peu éloignée , on sera suffisamment
assuré de la position de cette Mai-
´son Royale, qui est restée inconnuë jusqu'icy.
CommeCharles y tenoit ses Plaids ,
dans le temps de sa dévotion envers S.Renobert
, il me paroît que la chose est assez
importante pour mériter d'être débroüillées
et puisque dès le neuviéme siecle , ce
Palais étoit très - ancien , selon que son
nom le marque, il pouvoit avoir été bâti
sous la premiere Race de nos Rois , et
peut- être dès le temps des Romains . Je
suis , Monsieur , & c.
A Auxerre , ce 20 Novombre 1732 .
de la neuviéme Lettre du l'oyage de Nor
mandie , adressées à M. D. L. R.
J
'ai lû , Monsieur , avec bien du plaisir,
la Relation que vous avez donnée jusqu'icy
en neuf Lettres , du Voïage que
Vous
MARS. 1733.
443
Vous avez fait en Normandie. La derniere
qui a paru dans le Mercure d'Oc
tobre dernier , m'a plus frappé que les
autres , parce qu'elle roule entierement
sur une Ville où j'ai été avant que j'eusse
atteint l'âge de vingt ans , uniquement
dans le dessein de trouver la verité autant
qu'elle peut se manifester à un jeune homme.
Vous n'y parlez presque que de Ba
yeux ; vous y nommez S. Renobert, Evê
que de cette Ville ; vous y dites un mot
de sa Chasuble et du Coffre d'Ivoire qui
la renferme ; toutes choses que j'avois
vûës dès le mois d'Octobre de l'année
1707. Je ne ferai pas comme les deux
Ecrivains qui ont profité des Remarques
que vous avez publiées dans les Mémoires
de Trévoux,d'Octobre 1714,sans vous
citer aucunement , & c. Pour moi je vous
avoüerai qu'ayant recherché tout ce qu'on
pouvoit dire de S. Renobert , sept ans
avant que vous en parlassiez , j'ai profité
depuis , avec grand plaisir , de ce que
j'en trouvai dans ces Mémoires , aussiqu'il
parût.
Il s'étoit élevé icy en 1709. we dispute
au sujet du siecle où ce Saint avoit vécu.
On écrivit vivement sur cette matiere ;
et chacun cherchoit des authoritez pour
appuier son sentiment. Comme la parcie
B vj Vic444
MERCURE DE FRANCE
victorieuse a été celle qui ne plaçoit ce
Saint qu'au 7 siécle , et non au 3 *, ni au
4 ; il a été naturel de faire une honorable
mention de l'observation qui parut
depuis dans les Mémoires de Trévoux
puisqu'elle étoit conforme au sentiment
que j'avois soutenu . Je ne sçavois pas ;
M ', que ce fut vous qui y eussiez donné
occasion ni que vous eussiez suivi d'abord
la Chronologie ordinaire de Bayeux.'
Je vous félicite donc aujourd'hui de ce
que vous vous trouvez réuni au sentiment
des Sçavans Bollandistes , qui a été
suivi par Dom Mabillon , par M. Baillet,
au 16 May ,par M. l'Abbé Chastellain , dans
son Martyrologe Universel, par le nouveau
Breviaire d'Auxerre de l'an 1726. par les
Auteurs du Martyrologe de Paris , de
l'an 1727. et qui vrai -semblablement le
sera aussi par les Continuateurs de Gallia
Christiana ; au moins étoit - ce le sentiment
vers lequel inclinoit dès l'an 171 26
Dom Denys de Sainte Marthe , votre illustre
ami , suivant ce qu'il m'en écrivit
alors. La Note que vous avez mise au bas
de la page 2122. de votre dernier Journal
, démontre que vous méprisez la Chro
nologie de l'Histoire moderne de l'Eglise
de Bayeux , puisque vous dites qu'el
le est rejettée par les meilleurs Critiques ,
MARS. 1733. 445
et que S. Renobert assista en 630. à un
Concile de Reims.
La Morlieze se plaignoit autrefois dans
ses Antiquitez d'Amiens , de ce que les
Ecrivains du Catalogue des Evêques
d'Amiens , ont arrangé ces Evêques , plus
secundùm gradum sanctitatis , quam antiquitatis.
C'est ce qui est arrivé à Bayeux,
et qui a induit en erreur , jusqu'à faire
fabriquer une Légende où l'on avance que
S.Renobert fut sacré à Brive la Gaillarde,
par S. Saturnin,Evêque de Toulouse. Hors
dans les Diocèses dans de Bayeux , d'Auxerre,
et de Besançon, cette Légende ne se retrouve
gueres de nos jours ; je doute que
vous puissiez la rencontrer dans Paris.
L'endroit le plus voisin de cette Ville où
je me ressouviens de l'avoir vûë dans un
Manuscrit de 500 ans , est l'Abbaye de
S. Yved de Braine , en Soissonnois ; elle Y
est contenue dans tout son fabuleux.
J'ai composé autrefois une longue Dissertation
, pour servir à épurer les Traditions
du Païs Bessin , touchant ce Saint.
Prelat. C'est le premier de mes Ouvrages
, et le fruit du voyage que je fis à
Bayeux il y a 25 ans. J'en ai donné communication
à des Sçavans du Clergé de la
même Ville , qui m'ont déclaré n'avoir
jamais ajouté plus de foy à la tradition
Bes
446 MERCURE DE FRANCE
*
>
Bessine des derniers siècles , qu'à celle
qui s'étoit glissée à Paris , sur S. Denys ,
et ils m'ont prié de la rendre publique.
Je n'ai pas oublié d'y parler de la Chasuble
de ce Saint , que j'eus l'honneur de
voir , et qu'on m'assura avoir été regardée
par Dom Mabillon , comme infiniment
plus authentique que l'Etole et le
Manipule qu'on y joignoit. Elle est d'étoffe
de soye , à fond bleu , semée d'espece
de Tréfles , de couleur blanche. Je remarquai
sur l'Etole , qui est d'une étoffe
différente, une semence de Perles . M.Hermant
, que je vis alors dans sa Cure de
Maltor , proche Caën , n'en sçavoit pas
plus que moi , sur toutes ces choses ; et
il me déclara qu'il ne travailloit que sur
les Mémoires d'un Chanoine moderne
de Bayeux. On pourroit croire que l'Etoffe
de cette Chasuble auroit simplement
servi à couvrir les Ossemens de S. Renobert
depuis son décès , et qu'elle seroit
celle- là même que la Reine Ermentrude,
Epouse de Charles le Chauve, envoya,
sans être obligé de faire remonter son antiquité
jusqu'au septiéme siecle. On a
quelques exemples d'autres Etoffes , qui
ont servi de Poile aux Sépulcres des
* M. Hermant , Curé de Maltot , qui a écris
ene Histoire imparfaite du Diocèse de Bayeux.
Saints
MAR S. 1733. 447
Saints , et qui ont pris la dénomination
de ces mêmes Saints , en qualité de Manteau
ou de Voile , ou sous tel autre nom
qu'on a voulu leur donner après les avoir
mises en oeuvre. Au reste , ces sortes de
Reliques n'en sont pas moins vénérables
quand même eiles n'auroient pas servi
aux Saints dès leur vivant , mais seulement
après leur mort , témoins l'honneur
que les Catahois rendent au Voile du
Cercueil de Sainte Agathe ; les Auxerrois
,au Suaire de 5.Germain et la confiance
que ces peuples ont dans ces Reliques.
Quant à l'Inscription Arabe du petit of
fre qui renferme la Chasuble de S. Renobert
, vous êtes certainement le premier
qui avez appris au Public , l'explication
qui en a été faite par une personne tresentenduë.
Vous ne marquez point , Monsieur , si
c'est le Cartulaire de l'Evêché de Bayeux,
qui dit que l'ancienne confraternité de
P'Eglise Cathedrale de la même Ville
avec celle d'Auxerre , est fondée sur ce
que S. Exupere venant d'Italie passa par
la Ville d'Auxerre , et y prêcha le Christianisme
. Rien de plus vrai que l'existence
de cette ancienne confraternité; j'en ai
des preuves de plusieurs siecles ; mais il
n'y a pas d'apparence qu'elle soit établie
Suf
448 MERCURE DE FRANCE
-
sur le motif que vous citez , qui n'est
peut-être , qu'une simple conjecture des
Chanoines de Bayeux. Si le passage de
S. Exupere par notre Ville , étoit un fondement
suffisant pour une confraternité ,
pourquoi n'en eussions nous point eu
avec Messieurs du Chapitre de Rouen ,
puisque S. Mellon , leur premier Evêque ,
passa aussi par Auxerre en venant de
Rome , et qu'il y fit même une guérison
miraculeuse, rapportée dans sa vie ? Pourquoi
ne serions-nous pas en pareille liaison
avec les Chapitres de Lyon et de
Marseille, puisque notre premier Evêque ,
S. Pérégrin , y passa en venant icy , et eut
la gloire d'y prêcher de la même maniere
, le Christianisme , selon ses Actes ?
Ce n'est donc point sur le passage de
S. Exupere qu'est fondée la confraternité
des Eglises d Bayeux et d'Auxerre , quand
même on le croiroit ainsi à Bayeux ; mais
sur une raison plus recevable, et qui a fait
naître de semblables confraternitez entre
plusieurs autres Eglises. C'est que nous
possedons les Reliques de quelques - uns
de leurs Saints fameux , ou qu'ils posscdent
celles de quelques - uns des nôtres .
C'est sur ce principe que les Eglises de
Beauvais et d'Auxerre sont en confraternité
Le Corps de S. Just , Enfant
natif
MARS. 17337 445
·
,
natif d'Auxerre , repose dans la Cathe
drale de Beauvais , excepté sa tête , qui
fut transportée à Auxerre du Lieu du
Beauvoisis , où il avoit souffert le Martyre
. Ce motif est spécifié dans l'acte de
rénovation , dont on trouvera des vestitiges
dans les Registres du Chapitre de
Beauvais , au 18 Juin 1646. C'est ainsi
qu'en Espagne , les Chanoines de Saragoce
, et ceux de S. Vincent de la Rode, sont
en association dès l'an 1171. en considération
du Chef de S. Valere , Evêque de
Saragoce a. Si le passage d'un Saint pouvoit
influer dans l'origine des Confraternitez
d'Eglises éloignées , telles que sont
celles de Bayeux et d'Auxerre ; il y auroit
plus d'apparence que ce seroit celui de
S. Germain , dans le Diocèse de Bayeux ,
qui avoit contribué à cette liaison , parce
que ce grand nombre d'Eglises qui sont
sous ce nom dans la Basse - Normandie,est
une preuve que dans l'un de ses deux
Voyages de la Grande- Bretagne, il a passé
dans le Païs Bessin , en allant ou en reve
nant. On ne craint point même de montrer
à une petite lieuë de Bayeux , dans
l'Eglise du Village de Guéron, une Nappe
d'Autel , sur laquelle on dit qu'il a
célébré en passant .
2 Castellan . Bimestr. Januar. 29. pag. 444.
Mais
450 MERCURE DE FRANCE
•
que
Mais sans remonter si - haut , il y a infi
niment plus d'apparence que l'union des
Eglises d'Auxerre et de Bayeux vient du
transport fait autrefois des Reliques de
S. Renobert , celebre Evêque de cette
derniere Ville , et de S. Zénon , son Diacre
, dans fa Ville et dans le Diocèse
d'Auxerre . Leur culte y devint si fameux ,
dès le commencement du treiziéme
siécle , la seconde Paroisse de la Cité
d'Auxerre , dans laquelle est contenuë
une bonne partie du Cloître des Chanoines
, étoit sous l'invocation de ce Saint
Prélat , comme elle l'est encore aujourd'hui
. De là vient que dans la Cathédra
le et dans le Diocèse d'Auxerre on a fair
de immémorial , et au moins de- temps
puis 500 ans , l'Office de S. Renobert , et
qu'il y a plusieurs Autels de son nom ;
au lieu que jamais il n'y a été fait men
tion de S. Exupere , et qu'il n'y a aucun
Autel connu sous son invocation .
Outre l'Inscription Mahometane que
Vous avez publiée , tirée de dessus le Coffre
d'Ivoire du Trésor de Bayeux , j'au
rois souhaité que vous eussiez remarqué
dans la même Eglise une autre Inscription
bien plus récente, qui consiste en ces
deux Vers :
Cre
MARS. 1733. 45t
Credite mira Dei ; Serpens fuit hic lapis extans s
Sic transformatum Bartholus attulit buc.
L'explication des merveilles de Dieu
dont il y est parlé , est , ce me semble
de la competence des Naturalistes , et de
ceux qui font attention aux pétrifications
singulieres.
Ce n'est pas assez que le R. P. Tournemine
nous ait appris comment ce Coffre
a pû servir dès le neuvième siècle à
renfermer l'Etofe que le Roy Charles le
Chauve et la Reine Ermentrude envoyerent
pour orner les Cercueils ou la Sépulture
des Saints Renobert et Zénon 1
dont les Corps étoient alors réfugiez sur
les confins des Diocèses d'Evreux et de
Lisieux. Il ne seroit pas moins curieux et
important de découvrir le lieu d'où se fit
cet envoi. Charles étoit alors dans un Palais
Royal , appellé Vetera- Domus , que je
croi pouvoir traduire Vieux- Maison , ou
Vieille-Maison . C'est ce que nous tenons
d'un Historien du temps , imprimé au
XII Tome du Spicilege , par un autre
Historien du même siècle , imprimé an
premier Tome de la Bibliotheque des Ma
nuscrits du P. Labbe , pag. 548. et réim
primé beaucoup plus exactement l'année
derniere dans les Actes des Saints ,
du 31
Juil
452 MERCURE DE FRANCE
,
Juillet. On apprend que ce Vieux - Mal
son étoit dans le Païs Roumois : In pago
Rothomagensi. Il seroit donc à désirer que
l'Historien de Rouen , dont vous parlez
à la page 2138. de votre même Lettre ,
fit connoître au Public la situation précise
de cet ancien Palais des Rois de France;
d'autant qu'il n'en est fait aucune merition
dans la Diplomatique de Dom Mabillon
, ni dans la Notice des Gaules de
M. de Valois , non plus que dans le Glossaire
de M. du Cange . L'Eglise du Titre
de S. Germain d'Auxerre , voisine de ce
Palais , selon Héric , peut servir à faciliter
cette découverte ; et si l'on trouve un
Vieux Maison au Païs Roumois , avec
une Eglise ou Chapelle de ce Titre , qui
en soit peu éloignée , on sera suffisamment
assuré de la position de cette Mai-
´son Royale, qui est restée inconnuë jusqu'icy.
CommeCharles y tenoit ses Plaids ,
dans le temps de sa dévotion envers S.Renobert
, il me paroît que la chose est assez
importante pour mériter d'être débroüillées
et puisque dès le neuviéme siecle , ce
Palais étoit très - ancien , selon que son
nom le marque, il pouvoit avoir été bâti
sous la premiere Race de nos Rois , et
peut- être dès le temps des Romains . Je
suis , Monsieur , & c.
A Auxerre , ce 20 Novombre 1732 .
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Résumé : REMARQUES sur quelques endroits de la neuviéme Lettre du Voyage de Normandie, adressées à M. D. L. R.
En mars 1733, l'auteur écrit à M. D. L. R. pour exprimer son plaisir d'avoir lu neuf lettres relatant un voyage en Normandie, notamment la dernière parue dans le Mercure d'octobre précédent, qui traite de Bayeux. L'auteur, ayant visité Bayeux avant l'âge de vingt ans, mentionne que cette lettre évoque l'évêque Saint Renobert, sa chasuble et le coffre d'ivoire qui la contient, des éléments qu'il a observés en octobre 1707. L'auteur a mené des recherches sur Saint Renobert sept ans avant la publication de M. D. L. R. et a apprécié les informations des Mémoires de Trévoux d'octobre 1714. Il note une controverse sur le siècle auquel appartenait Saint Renobert, avec des débats en 1709. La version victorieuse le place au VIIe siècle, conformément aux Bollandistes, Dom Mabillon et d'autres érudits. L'auteur félicite M. D. L. R. pour son alignement avec cette chronologie, rejetant celle de l'Histoire moderne de l'Église de Bayeux. La lettre aborde également des légendes locales, comme celle de la consécration de Saint Renobert à Brive-la-Gaillarde par Saint Saturnin, une légende peu répandue. L'auteur mentionne une dissertation qu'il a écrite pour épurer les traditions du pays Bessin concernant Saint Renobert et discute de la chasuble du saint, vue par Dom Mabillon et décrite comme plus authentique que d'autres reliques. Enfin, la lettre traite des confraternités entre les églises de Bayeux et d'Auxerre, remettant en question la raison officielle de cette liaison et suggérant qu'elle pourrait être due au transfert des reliques de Saint Renobert et de Saint Zénon. L'auteur exprime également son souhait de voir des recherches supplémentaires sur un ancien palais royal mentionné dans les sources historiques.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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395
p. 454-458
EXTRAIT d'une Lettre écrite aux Auteurs du Mercure, au mois de Décembre 1732. sur l'état de la Religion en Moscovie.
Début :
On a imprimé dans la Gazette d'Amsterdam, du 25. Novembre dernier, [...]
Mots clefs :
Russie, Religion, Ribera, Clergé, Église, Luthériens, Libelle, Moscovie
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texteReconnaissance textuelle : EXTRAIT d'une Lettre écrite aux Auteurs du Mercure, au mois de Décembre 1732. sur l'état de la Religion en Moscovie.
EXTRAIT d'une Lettre écrite aux
Auteurs du Mercure , au mois de Décembre
1732. sur l'état de la Religion
en Moscovie.
O
Na imprimé dans la Gazette
d'Amsterdam , du 25. Novembre
dernier , une nouvelle qui fait le principal
sujet de cette Lettre. Cette Nouvelle
est ainsi énoncée. On écrit de Pesersbourg,
qu'on y avoit arrêté plusieurs personnes
à l'occasion d'un Libelle rempli d'in-
Vectives
MARS. 1733. 455
vectives contre les Protestans , et adressé an
Clergé de Russie.
La Moscovie fait aujourd'hui une figure
trop considerable dans l'Europe , et
la Religion Catholique est trop interessée
dans ce qui se passe au sujet du prétendu
Libelle , pour qu'on ne soit pas bien aise
de trouver dans votre Journal un petit
Commentaire , sur les paroles qui viennent
d'être rapportées .
Tout ce qu'il y a de veritables et de
zelez Moscovites , est aussi éloigné des
erreurs des Luthériens , qu'attaché au
Schisme qui les divise de l'Eglise Romaine
; mais la multitude des Luthériens
et des Calvinistes , qui depuis le Regne
de Pierre I. a commencé d'inonder la
Russie , a fait craindre au Clergé de cet
Empire , que leurs erreurs ne s'y introduisent
avec eux ; et 1Evenement n'a
que trop justifié cette crainte . Pour prévenir
ce malheur , le dernier Archevêque
de Resan , qui sous le titre d'Exarque
, étoit l'Administrateur du Patriar
chat , que le Czar a enfin aboli , et qui
étoit un Prélat également cher et rèspectable
à tous les Russes , composa un
Ouvrage en sa Langue , qu'il intitula :
Petra Fidei , et qui devoit être un préservatif
contre l'entrée et le progrès du
Lu
456 MERCURE DE FRANCE
Lutheranisme dans l'Eglise Grecque .
Cet Ouvrage allarma les Luthériens ,
qui y firent faire une Réponse par François
Buddée , l'un de leurs plus habiles
Professeurs ; c'est du moins sous son nom.
que l'Ouvrage a parû. Cette prétenduë
Apologie étant tombée entre les mains
du R. P. Ribera , Dominiquain , Docteur
en Théologie , qui avoit accompàgné
M. le Duc de Liria , Ambassadeur
de S. M. C. à la Cour de Russie , en
qualité d'Aumônier , avec le titre de
Missionnaire Apostolique ; le zele de ce
Pere s'enflamma à la vûe d'un Ouvrage
où la Religion Catholique , n'est , à la
verité , que foiblement attaquée , mais
où la passion prodiguoit les plus grossieres
calomnies , et n'épargnoit aucune
de ces expressions odieuses , dont les honnêtes
gens dans le Parti Luthérien ont
toûjours rougi.
L. P. Ribera répondit donc à cette
'Apologie ; il communiqua sa Réponse ,
avant que de la publier à des Personnes
du premier Rang dans le Clergé de
Russie , et l'Approbation unanime qu'ils
y donnerent le détermina à la dédier à
l'Imperatrice de Russie même.
La Cour de Moscovie n'auroit jamais
fait des affaires aux Partisans de cet Ouvrage
MARS. 17336
457
vrage , et n'en auroit pas même porté
ses plaintes dans des Cours Etrangeres
,
si le Ministere n'étoit composé que de
Membres
de l'Eglise Grecque ; voilà ce
que c'est que le prétendu Libelle dont
il est parlé dans la Gazette citée cy -dessus ."
Si vous voulez , avant que d'imprimer
ma Lettre , avoir une plus ample connoissance
de l'Ouvrage du P. Ribera ,.
vous en trouverez un Exemplaire chez
le R. P. le Quien , sçavant et celebre Do
miniquain du Convent de la Ruë S. Ho-'
noré , il se fera , sans doute , un plaisir
de vous le communiquer
. Je crois que
Pinterêt de la Religion doit engager les
Auteurs de differens Journaux Litteraires
d'en donner un Extrait.
Quoique ce ne soit pas le P. Ribera
qui vous écrit cette Lettre , si vous avez
besoin de quelques éclaircissemens sur
son contenu , vous pouvez vous adresser
à lui en droiture dans son Convent
à Vienne en Autriche , d'où je vous écris
ce 20 , Décembre 1732.
Je vous envoye en même-temps une
Traduction ou Imitation des fameux Vers
de Seneque. Stet quicumque volet , &c.
Elle a été faite pour le fameux Maréchal
Guy' de Staremberg , qui répetoit continuellement
et s'étoit appliqué ces Vers ;
Ç c'est
458 MERCURE DE FRANCE
que
c'est lui
le Traducteur
fait parler.
Avant que de publier la Lettre dont
on vient de lire l'Extrait , nous avons
cr devoir la communiquer
au R. P le
Quien, qui a bien voulu nous envoyer les
Observations
suivantes ,
Auteurs du Mercure , au mois de Décembre
1732. sur l'état de la Religion
en Moscovie.
O
Na imprimé dans la Gazette
d'Amsterdam , du 25. Novembre
dernier , une nouvelle qui fait le principal
sujet de cette Lettre. Cette Nouvelle
est ainsi énoncée. On écrit de Pesersbourg,
qu'on y avoit arrêté plusieurs personnes
à l'occasion d'un Libelle rempli d'in-
Vectives
MARS. 1733. 455
vectives contre les Protestans , et adressé an
Clergé de Russie.
La Moscovie fait aujourd'hui une figure
trop considerable dans l'Europe , et
la Religion Catholique est trop interessée
dans ce qui se passe au sujet du prétendu
Libelle , pour qu'on ne soit pas bien aise
de trouver dans votre Journal un petit
Commentaire , sur les paroles qui viennent
d'être rapportées .
Tout ce qu'il y a de veritables et de
zelez Moscovites , est aussi éloigné des
erreurs des Luthériens , qu'attaché au
Schisme qui les divise de l'Eglise Romaine
; mais la multitude des Luthériens
et des Calvinistes , qui depuis le Regne
de Pierre I. a commencé d'inonder la
Russie , a fait craindre au Clergé de cet
Empire , que leurs erreurs ne s'y introduisent
avec eux ; et 1Evenement n'a
que trop justifié cette crainte . Pour prévenir
ce malheur , le dernier Archevêque
de Resan , qui sous le titre d'Exarque
, étoit l'Administrateur du Patriar
chat , que le Czar a enfin aboli , et qui
étoit un Prélat également cher et rèspectable
à tous les Russes , composa un
Ouvrage en sa Langue , qu'il intitula :
Petra Fidei , et qui devoit être un préservatif
contre l'entrée et le progrès du
Lu
456 MERCURE DE FRANCE
Lutheranisme dans l'Eglise Grecque .
Cet Ouvrage allarma les Luthériens ,
qui y firent faire une Réponse par François
Buddée , l'un de leurs plus habiles
Professeurs ; c'est du moins sous son nom.
que l'Ouvrage a parû. Cette prétenduë
Apologie étant tombée entre les mains
du R. P. Ribera , Dominiquain , Docteur
en Théologie , qui avoit accompàgné
M. le Duc de Liria , Ambassadeur
de S. M. C. à la Cour de Russie , en
qualité d'Aumônier , avec le titre de
Missionnaire Apostolique ; le zele de ce
Pere s'enflamma à la vûe d'un Ouvrage
où la Religion Catholique , n'est , à la
verité , que foiblement attaquée , mais
où la passion prodiguoit les plus grossieres
calomnies , et n'épargnoit aucune
de ces expressions odieuses , dont les honnêtes
gens dans le Parti Luthérien ont
toûjours rougi.
L. P. Ribera répondit donc à cette
'Apologie ; il communiqua sa Réponse ,
avant que de la publier à des Personnes
du premier Rang dans le Clergé de
Russie , et l'Approbation unanime qu'ils
y donnerent le détermina à la dédier à
l'Imperatrice de Russie même.
La Cour de Moscovie n'auroit jamais
fait des affaires aux Partisans de cet Ouvrage
MARS. 17336
457
vrage , et n'en auroit pas même porté
ses plaintes dans des Cours Etrangeres
,
si le Ministere n'étoit composé que de
Membres
de l'Eglise Grecque ; voilà ce
que c'est que le prétendu Libelle dont
il est parlé dans la Gazette citée cy -dessus ."
Si vous voulez , avant que d'imprimer
ma Lettre , avoir une plus ample connoissance
de l'Ouvrage du P. Ribera ,.
vous en trouverez un Exemplaire chez
le R. P. le Quien , sçavant et celebre Do
miniquain du Convent de la Ruë S. Ho-'
noré , il se fera , sans doute , un plaisir
de vous le communiquer
. Je crois que
Pinterêt de la Religion doit engager les
Auteurs de differens Journaux Litteraires
d'en donner un Extrait.
Quoique ce ne soit pas le P. Ribera
qui vous écrit cette Lettre , si vous avez
besoin de quelques éclaircissemens sur
son contenu , vous pouvez vous adresser
à lui en droiture dans son Convent
à Vienne en Autriche , d'où je vous écris
ce 20 , Décembre 1732.
Je vous envoye en même-temps une
Traduction ou Imitation des fameux Vers
de Seneque. Stet quicumque volet , &c.
Elle a été faite pour le fameux Maréchal
Guy' de Staremberg , qui répetoit continuellement
et s'étoit appliqué ces Vers ;
Ç c'est
458 MERCURE DE FRANCE
que
c'est lui
le Traducteur
fait parler.
Avant que de publier la Lettre dont
on vient de lire l'Extrait , nous avons
cr devoir la communiquer
au R. P le
Quien, qui a bien voulu nous envoyer les
Observations
suivantes ,
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Résumé : EXTRAIT d'une Lettre écrite aux Auteurs du Mercure, au mois de Décembre 1732. sur l'état de la Religion en Moscovie.
En décembre 1732, une lettre adressée aux auteurs du Mercure traite de la situation religieuse en Moscovie. Elle fait référence à une nouvelle de la Gazette d'Amsterdam, rapportant l'arrestation de plusieurs personnes à Pesersbourg pour un libelle contenant des attaques contre les protestants, destiné au clergé russe. La Moscovie, en raison de son importance en Europe et des intérêts de la religion catholique, attire une attention particulière concernant ce libelle. Les Moscovites sont décrits comme éloignés des erreurs luthériennes et attachés au schisme qui les sépare de l'Église romaine. Cependant, l'afflux de luthériens et de calvinistes en Russie depuis le règne de Pierre I a inquiété le clergé local, craignant l'introduction de leurs doctrines. Pour contrer cette menace, le dernier archevêque de Resan a composé un ouvrage intitulé 'Petra Fidei' pour protéger l'Église grecque contre le luthéranisme. Cet ouvrage a suscité une réponse de François Budde, un professeur luthérien. La réponse est tombée entre les mains du père Ribera, un dominicain et docteur en théologie, qui a rédigé une réfutation. Cette réfutation a été approuvée par des membres éminents du clergé russe et dédiée à l'impératrice de Russie. La lettre suggère que la cour de Moscovie n'aurait pas réagi si le ministère était composé uniquement de membres de l'Église grecque. L'auteur de la lettre propose aux auteurs du Mercure de consulter le père le Quien pour obtenir un exemplaire de l'ouvrage du père Ribera et en donner un extrait. La lettre se conclut par une traduction des vers de Sénèque, faite pour le maréchal Guy de Starhemberg.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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396
p. 458-461
OBSERVATIONS du R. P. le Quien.
Début :
Il paroît par la Réponse que le P. Ribera a publiée contre le Livre du Ministre [...]
Mots clefs :
Église, Exarque, Archevêque, Grecs schismatiques, Doctrine, Ribera, Protestants
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texteReconnaissance textuelle : OBSERVATIONS du R. P. le Quien.
OBSERVATIONS du R. P. le Quien.
Il paroît par la Réponse que le P. Ri
bera a publice contre le Livre du Ministre
Luthérien François Buddeus , que
celui de l'Exarque Moscovite est un Ouvrage
de conséquence , et que c'est à bon.
droit que plusieurs Personnes judicieuses
ont écrit ici de ce Pays - là , qu'il est important
pour l'interêt de l'Eglise Catholique
qu'on le traduise en Latin , comme
on a fait en Grec un semblable Ecrit,
mais plus succint , de Pierre Mogilas ,
Archevêque et Métropolitain de la petite
Russie.
L'Ouvrage de l'Archevêque de Rezan ,
est solide et sérieux , très- digne du rang
que son Anteur a tenu dans son Eglise ;
et il n'a mérité d'être traité de Libelle
le Gazetier Hollandois, que parce que
par
ayant été composé pour prémunir ceux
de la Nation Kussienne contre les Nouveautez
pernicieuses qu'on vouloit y semer,
il a été à propos d'entrer dans quelque
M.ARS. 1733
459
que détail de la vie et des moeurs des
premiers Apôtres du nouvel Evangile.
Ce Prélat a crû , avec raison , que les
Moscovites faisant la comparaison de ces
Nouveautez avec les SS. Peres de l'Eglise
, dont ils ont , graces à Dieu , conservé
les Dogies , concevroient pour eux
plus d'éloignement et d'aversion . Rien ;
à la verité , n'est plus mortifiant pour
les Sectes Protestantes , qu'après les tentatives
réïterées et fréquentes qu'ils ont
faites pour introduire leur Doctrine chez
les Grecs Schismatiques , ils n'ayent obtenu
d'eux que des anathêmes , qu'ils
leur ont lancez dans plusieurs Conciles ;
et que dans un vaste Pays comme la Moscovie
, qui a si long - temps été fermé ,
pour ainssi - dire , aux Etrangers , la même
Doctrine que les Catholiques professent
et deffendent contre les Protestans , s'y
soit conservée pute et sans tache jusqu'à
présent.
Avant notre Exarque , Adam Olearius
tout Luthérien obstiné qu'il étoit , ne l'a
pas dissimulé en décrivant ses Voyages.
Il l'a même confirmé dans une Lettre
qu'il écrivit à M. du Cambout de Pont-
Château en 1667. témoignage qu'on ne
sçauroit dire avoir été obtenu par quelque
fraude que ce puisse être ; mais
C ij - donné
460 MERCURE DE FRANCE
donné par une personne non suspecte ,
pour détruire ce qu'un Ministre Calviniste
avoit crû devoir dire , qu'il avoit
écrit cela sans reflexion .
Les Protestans ont traité de Grecs latinisez
, ceux qui ont aussi donné des
témoignages de la conformité de la Doctrine
de leur Eglise avec celle de l'Eglise
Romaine , sur les Articles qui nous divisent
; on les a si solidement réfutez
qu'ils devroient rougir d'alleguer encore
une telle deffaite . C'est un lieu commun
des plus usez ; mais c'est en quoi Buddeus
, qui s'en sert pour s'y retrancher
a fait voir combien la Cause qu'il deffend
est insoutenable. C'est pourtant son
unique ressource , il veut qu'on croye
que l'Exarque Javorski , s'est voulu vens
dre et prostituer aux Romains , en pu
bliant son Ouvrage contre Luther.
Le Livre du P. Ribera merite d'être lû,
en attendant que nous ayions une Traduc
tion exacte de celui de l'Archevêque de
Rezan. Il est intitulé : RESPONSUM ANTAFOLOGETICUM
Ecclesia Catholica contra'
calumniosas Blasphemias Joan, Francisci
Buddei nomine vulgatas in Orthodoxos La
tinos et Gracos , quo PETRÆ FIDEI , à
Stephano Favorskio Resanensi Metropolita
&c. ad evertendum Lutheri Pantheon
jacte
MARS. 1733. 461
6
jacle , repetitus ictus . Datum ad omnes Fideles
et Sereniss . Altiss. et Potentiss. Domina
ANNE JOANNOWE , totius Russia Imperatrici
, & c. dicatum . A. R. P. F. Bernar
do Ribera , Barchinonensi ex Ord. Prad.
Sacra Theol. Doctore et Regio Prof. Publ.
apud Excell. D. Ducem DE LIRIA , &C.
Catholici Hispaniarum Regis Legatum in
Russiam , Missionario Apostolico . VIENNE
Typis Maria Theresia Volgein viduæ ,
Univ. Typogr. M. DCC . XXX I.
Cet ouvrage est d'une érudition exacte
et solide , et beaucoup plus ample que
ne l'est ordinairement celle des Théologiens
Espagnols , qui ne s'appliquent
guere à traiter de la Théologie Dogmatique.
L'Auteur témoigne qu'il ne l'a
publié qu'après l'avoir fait lire et examiner
par les Evêques de Russie , qui l'ont
exhorté à le faire au plutôt imprimer. Les
fréquentes Conférences qu'il a eûës avec
ces Prélats , lui font rendre d'eux ce témoignage
, que , quoiqu'ils se trouvent
aujourd'hui séparez de l'Eglise par la dépendance
où ils ont été de l'Eglise de
Constantinople , qui a fait schisme avec
celle de Rome , il n'a rien trouvé en eux.
de cette aversion et de cette haine que
les Grecs Schismatiques ont marqué dans
leurs Ecrits contre les Latins.
Il paroît par la Réponse que le P. Ri
bera a publice contre le Livre du Ministre
Luthérien François Buddeus , que
celui de l'Exarque Moscovite est un Ouvrage
de conséquence , et que c'est à bon.
droit que plusieurs Personnes judicieuses
ont écrit ici de ce Pays - là , qu'il est important
pour l'interêt de l'Eglise Catholique
qu'on le traduise en Latin , comme
on a fait en Grec un semblable Ecrit,
mais plus succint , de Pierre Mogilas ,
Archevêque et Métropolitain de la petite
Russie.
L'Ouvrage de l'Archevêque de Rezan ,
est solide et sérieux , très- digne du rang
que son Anteur a tenu dans son Eglise ;
et il n'a mérité d'être traité de Libelle
le Gazetier Hollandois, que parce que
par
ayant été composé pour prémunir ceux
de la Nation Kussienne contre les Nouveautez
pernicieuses qu'on vouloit y semer,
il a été à propos d'entrer dans quelque
M.ARS. 1733
459
que détail de la vie et des moeurs des
premiers Apôtres du nouvel Evangile.
Ce Prélat a crû , avec raison , que les
Moscovites faisant la comparaison de ces
Nouveautez avec les SS. Peres de l'Eglise
, dont ils ont , graces à Dieu , conservé
les Dogies , concevroient pour eux
plus d'éloignement et d'aversion . Rien ;
à la verité , n'est plus mortifiant pour
les Sectes Protestantes , qu'après les tentatives
réïterées et fréquentes qu'ils ont
faites pour introduire leur Doctrine chez
les Grecs Schismatiques , ils n'ayent obtenu
d'eux que des anathêmes , qu'ils
leur ont lancez dans plusieurs Conciles ;
et que dans un vaste Pays comme la Moscovie
, qui a si long - temps été fermé ,
pour ainssi - dire , aux Etrangers , la même
Doctrine que les Catholiques professent
et deffendent contre les Protestans , s'y
soit conservée pute et sans tache jusqu'à
présent.
Avant notre Exarque , Adam Olearius
tout Luthérien obstiné qu'il étoit , ne l'a
pas dissimulé en décrivant ses Voyages.
Il l'a même confirmé dans une Lettre
qu'il écrivit à M. du Cambout de Pont-
Château en 1667. témoignage qu'on ne
sçauroit dire avoir été obtenu par quelque
fraude que ce puisse être ; mais
C ij - donné
460 MERCURE DE FRANCE
donné par une personne non suspecte ,
pour détruire ce qu'un Ministre Calviniste
avoit crû devoir dire , qu'il avoit
écrit cela sans reflexion .
Les Protestans ont traité de Grecs latinisez
, ceux qui ont aussi donné des
témoignages de la conformité de la Doctrine
de leur Eglise avec celle de l'Eglise
Romaine , sur les Articles qui nous divisent
; on les a si solidement réfutez
qu'ils devroient rougir d'alleguer encore
une telle deffaite . C'est un lieu commun
des plus usez ; mais c'est en quoi Buddeus
, qui s'en sert pour s'y retrancher
a fait voir combien la Cause qu'il deffend
est insoutenable. C'est pourtant son
unique ressource , il veut qu'on croye
que l'Exarque Javorski , s'est voulu vens
dre et prostituer aux Romains , en pu
bliant son Ouvrage contre Luther.
Le Livre du P. Ribera merite d'être lû,
en attendant que nous ayions une Traduc
tion exacte de celui de l'Archevêque de
Rezan. Il est intitulé : RESPONSUM ANTAFOLOGETICUM
Ecclesia Catholica contra'
calumniosas Blasphemias Joan, Francisci
Buddei nomine vulgatas in Orthodoxos La
tinos et Gracos , quo PETRÆ FIDEI , à
Stephano Favorskio Resanensi Metropolita
&c. ad evertendum Lutheri Pantheon
jacte
MARS. 1733. 461
6
jacle , repetitus ictus . Datum ad omnes Fideles
et Sereniss . Altiss. et Potentiss. Domina
ANNE JOANNOWE , totius Russia Imperatrici
, & c. dicatum . A. R. P. F. Bernar
do Ribera , Barchinonensi ex Ord. Prad.
Sacra Theol. Doctore et Regio Prof. Publ.
apud Excell. D. Ducem DE LIRIA , &C.
Catholici Hispaniarum Regis Legatum in
Russiam , Missionario Apostolico . VIENNE
Typis Maria Theresia Volgein viduæ ,
Univ. Typogr. M. DCC . XXX I.
Cet ouvrage est d'une érudition exacte
et solide , et beaucoup plus ample que
ne l'est ordinairement celle des Théologiens
Espagnols , qui ne s'appliquent
guere à traiter de la Théologie Dogmatique.
L'Auteur témoigne qu'il ne l'a
publié qu'après l'avoir fait lire et examiner
par les Evêques de Russie , qui l'ont
exhorté à le faire au plutôt imprimer. Les
fréquentes Conférences qu'il a eûës avec
ces Prélats , lui font rendre d'eux ce témoignage
, que , quoiqu'ils se trouvent
aujourd'hui séparez de l'Eglise par la dépendance
où ils ont été de l'Eglise de
Constantinople , qui a fait schisme avec
celle de Rome , il n'a rien trouvé en eux.
de cette aversion et de cette haine que
les Grecs Schismatiques ont marqué dans
leurs Ecrits contre les Latins.
Fermer
Résumé : OBSERVATIONS du R. P. le Quien.
Le texte relate les observations du R. P. le Quien sur un ouvrage de l'Exarque Moscovite, considéré comme crucial pour l'Église Catholique et digne d'une traduction en latin. Cet ouvrage, rédigé par l'Archevêque de Rezan, est caractérisé par sa solidité et sa sérieux, ayant pour but de défendre les Moscovites contre les nouvelles doctrines protestantes. Les efforts des protestants pour diffuser leur doctrine en Russie ont été infructueux, comme l'a souligné Adam Olearius. Les protestants ont été contredits par des témoignages attestant de la conformité entre la doctrine de l'Église russe et celle de l'Église romaine. Le livre du P. Ribera, intitulé 'RESPONSUM ANTAFOLOGETICUM', est recommandé en attendant une traduction précise de l'ouvrage de l'Archevêque de Rezan. Cet ouvrage est apprécié pour son érudition et son ampleur. Il a été examiné par les évêques de Russie, qui n'ont manifesté aucune hostilité envers les Latins malgré le schisme avec l'Église de Rome.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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397
p. 472-480
LETTRE écrite à M. D. L. R. par M. L. B. Chanoine et Sous-Chantre d'Auxerre, sur l'usage des Habits Canoniaux et Militaires, à l'occasion de ce qui est rapporté dans le Mercure du mois de Juin dernier, de la Réception de M. le Comte de Chastellux.
Début :
J'aurois bien souhaité, Monsieur, que le Mémoire qu'on vous a envoyé touchant [...]
Mots clefs :
Église, Auxerre, Chanoine, Chapitre, Ecclesia, Cathédrale, Comte de Chastellux, Chanoines, Tournon, Utrecht, Habits canoniaux
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite à M. D. L. R. par M. L. B. Chanoine et Sous-Chantre d'Auxerre, sur l'usage des Habits Canoniaux et Militaires, à l'occasion de ce qui est rapporté dans le Mercure du mois de Juin dernier, de la Réception de M. le Comte de Chastellux.
LETTRE écrite à M. D. L. R. par
M. L. B. Chanoine et Sous -Chantre
d'Auxerre , sur l'usage des Habits Canoniaux
et Militaires , à l'occasion de
ce qui est rapporté dans le Mercure du
mois deJuin dernier , de la Réception de
M. le Comte de Chastellux.
J
' Aurois bien souhaité , Monsieur ,
que
le Mémoire qu'on vous a envoyé touchant
la Réception de M. le Comte de
Chastellux , en qualité de premier Chanoine
Hereditaire de notre Eglise , eût
été plus érendu , pour la satisfaction du
Public , qui goûte assez ces sortes de détails
de Ceremonies rares ; mais cela n'a
pas dépendu de moi , et il a fallu déferer
au sentiment de quelques personnes que
je respecte , qui avoient recommandé la
brieveté .
Je suis bien aise qu'au moins on y ait
inseré l'origine du droit de la Maison de
Chastellux , et qu'on y ait parié de la
Ville de Cravan ou Crevan , conformé
ment aux Titres du XV . Siecle. Le peu
qu'on en dit me confirme dans l'idée que
j'ai eue depuis que j'ai pris connoissance
de
MARS. 1733 .
473
de nos Antiquitez , qu'on a voulu l'honorer
dans l'Eglise d'Aux erre à perpetuité
, par ce droit de Restituteur de la
principale Terre du Chapitre , de même
qu'on y honote le Donateur par des marques
d'une veneration particuliere presque
tous les jours de l'année , depuis le
temps de sa mort , arrivée au X. Siecle.
Ce seroit en effet s'exposer à être taxé
d'ingratitude , que d'en agir autrement :
Alias de ingratitudinis vitio , quod abominabile
meritò judicatur , et à quibusvis
fidelibus , præsertim viris Ecclesiasticis debet
effectualiter abhorreri , possemus non immeritò
reprehendi , disoient nos
Predecesseurs.
Les mêmes personnes qui s'exprimoient
ainsi il y a trois cent ans , te
noient par tradition de ceux qui les
avoient précedez , les marques de gratitude
qu'ils nous ont transmises envers
l'Evêque Guy le Sénonois , le premier de
tous ceux qui ont eu l'Eglise Cathédrale
pour sépulture ; et sa mémoire ne pourra
jamais tomber dans l'oubli , quoique
quelques personnes ayent contribué de
nos jours par inadvertance et peutêtre
sans le vouloir , à faire perdre de
vûë les vestiges qui restent de la reconnoissance
de ce bienfait. Je ne dis rien
sur l'origine de cette donation , qui ne
soit
474 MERCURE DE FRANCE
soit déja tout publié , et dont l'on n'ait
la preuve dans l'Histoire imprimée des
Evêques d'Auxerre aux pages 445. et
446. du premier Volume de la Bibliotheque
des Manuscrits du P. Labbe ,
Jesuite ; et les Etrangers qui examinent
soigneusement les Peintures de l'Eglise
Cathédrale d'Auxerre , ne manquent pas
d'y lire sous la figure de ce Guy, Beatus
Guydo , et d'en conclure quelque chose.
Mais ceci M. n'est pas le sujet de l'apostille
que vous avez faite au Memoire
qui vous fut envoyé au mois de Juin.
Il paroit que vous souhaiteriez sçavoir
si l'usage de voir des habits Militaires ou
Seculiers réunis avec les habits Canoniaux
sur une même personne est ancien , et s'il
est à present singulier à l'Eglise d' Auxerre.
Je ne sçaurois vous parler de l'Antiquité
de cet usage qu'en vous apprenant
en même temps qu'autrefois il n'étoit
pas si rarequil l'est de nos jours . Il étoit
assez commun de voir de gros Seigneurs
Bienfacteurs d'une Eglise avoir rang parmi
les Chanoines et se placer au Choeur
en habit Militaire , même avec des Eperons
et des Armes. Les Statuts du Chapitre
de Toul , compilez l'an 1491. s'expliquent
ainsi au Chapitre IV . Nobiles
Scutiferi et Milites specialiter hujus Ecclesia
M.A R 6. 1733. 479
sia Vassalli , cùm intrant Chorum , admitts
debent portare calcaria et arma ; et collo
cantur inter Archidiaconos et Canonicos ,
quia Defensores sunt Ecclesia pro debito
sue Nobilitatis. Ce petit Monument rédigé
en Latin , n'est point encore si curieux
à lire que celui que M. Baluse a
publié dans ses Preuves de l'Histoire de
la Maison d'Auvergne , à la page 471 .
Pour vous épargner la peine de le consulter
dans le Livre même , je transcrirai
ici en entier la Notice qu'en a donnée
ce celebre Antiquaire .
Extrait des Memoires d'André Duchesne
» Acte en datte du xxvij. Noyembre
1405. en présence de Jean Guineau ,
» Clerc Notaire , par lequel il appert
» comme Noble et Puissant Messire Gui-
» chard Dauphin , Chevalier Baron de
» la Ferté- Chauderon , Seigneur de Jali-
" gny , se transportą à la Porte de l'E-
>> glise Cathédrale de Nevers , les Epe
>> rons dorez chaussez , l'Epée ceinte et
>> le Faucon sur le poing : où étant vin-
>> rent au-devant de lui le College de la
dite Eglise , Chanoines et Chapelains ,
revétus de Chappes , avec la Croix
» l'Eau - Benite et les Cierges allumez . Et
» Messire Pierre le Clerc , Archidiacre de
» Desise
476 MERCURE DE FRANCE
"
» Desise en ladite Eglise , le prenant par
» la main , le mena en l'état cy - dessus
en l'Eglise jusques devant le Grand-
» Autel. Puis la Grand'Messe étant dite ,
>>
le menerent dans le Chapitre , où ils
>> le reçurent pour leur Confrere et Cha-
» noine , ainsi qu'il avoit été fait à ses
» Prédecesseurs , après qu'il eut donné
» son Serment sur les saints Evangiles , et
protesté qu'il ne réveleroit jamais les se-
>> crets du Chapitre en choses qui lui
» pourroient préjudicier. Puis baisa à la
» bouche ledit Archidiacre , Messire Jacques
de Besson , Jean de Maurigny et
» autres Chanoines d'icelle Eglise. Puis
>> remenerent ledit Baron en l'Eglise , et
» le firent asseoir au quatriéme Siege du
» côté de l'Archidiacte de Nevers , présens
Nobles hommes Messire Pierre de
» Veaulce , Jean de Montagu le Belin
Joseph de Citin , et Claudin Bastard
» de Jaligny , Chevaliers , Philippes de
» Villaines , Guichard de Villiers , Etien-
>> ne de Poisson, Guillaume de Chevenon,
Jean Chauderon , Jean d'Aligny le jeu
» ne , et Antoine d'Armes , Ecuyers.
Etant tombé sur un Livre intitulé ,
Le Chanoine , composé par Vital Bernard,
Chanoine du Puy en Vellay , et imprimé
en 1645. j'y ai lû aux pages 8o. et 81 .
ce
MARS. 1733
477
ce qui suit. » Le Duc de Brabant est Cha-
» noine né de l'Eglise Archiepiscopale
» d'Utrecht. Charles V. Empereur et Roy
» d'Espagne ; en cette qualité de Duc ,
» ( comme il alloit recevoir la Couronne
Imperiale en la Ville d'Aix -la - Chapelle)
» passant à Utrecht , y prit le Surplis et
>> assista au Service , comme les autres
» Chanoines, le 13. Octobre 15 20. Même
» Privilege est acquis au Seigneur de Tour-
» non , en l'Eglise de S. Just de Lyon .
"
Ici l'Auteur déclare son sentiment sur
l'origine de ce droit du Seigneur de Tournon
qu'il fait venir d'une Fondation du
quatriéme Siecle ; mais je ne veux pas
en être garant. Puis il ajoûte ce trait , qui
test plus curieux . » Paradin , en son His-
» toire de Lyon , dit qu'il assista en 1542 .
à la Prise de Possession de ce Droit
» honorifique d'un Seigneur de Tournon ,
et que Jacques de Tournon , Evêque
de Valence , son frere , le voyant re
» vétu d'une courte Robbe de Damas
» avec un Surplis dessus , l'Aumusse au
» bras et l'Epée au côté. Voilà , mon frere ,
❤ ( dit- il en le raillant ) qui représente bien
les trois Etats.
Je ne m'étends point sur un droit assez
semblable, dont jouissent 4 ou 5 Seigneurs
dans l'Eglise Cathedrale d'Auch , si on en
croit
478 MERCURE DE FRANCE
croît le même Chanoine , parce que je
n'en connois point assez les circonstances
, non plus que sur les droits de certains
Seigneurs dans l'Eglise de S. Martin
de Tours , où l'on dit que le Comte d'Anjou
est Chanoine ; de consuetudine et habet
Prebendam in blado et vino et nummis ; en
mémoire du Comte d'Anjou Ingelger ,
qui fit rapporter d'Auxerre à Tours , le
Corps de S. Martin , au neuvième siècle.
Voyez encore Héméré , en son Histoire
de S. Quentin , à la page 201.
Au reste , plus ces Auteurs sont succincts
sur ces sortes de matieres , plus ils
laissent d'obscurité
après eux ; et c'est
pour cela que je croi que le Cérémonial
observé en ces occasions , ne sçauroit être
trop expliqué. Pouvez - vous , en off.t ,
comprendre
ce que veut dire Platina ,
quand il écrit que le jour que Charles-
Quint assista au Service , dans la Cathedrale
d'Utrecht , il étoit talari indutus
linteo et sacra amictus vesie ? Vital Bernard
a tort de traduire , talare linteum , par le
mot de Surplis ; ce doit être une Aube
traînanté jusqu'aux
talons . Il laisse aussi
à deviner ce qu'étoit ce Sacra vestis qui le
couvroit ; c'étoit apparemment
une Chape
ou une Dalmatique
.
Je vous ai fait remarquer , Monsieur ,
en
MAR S. 1733- 479
en.1726. que les Empereurs lisoient encore
à Rome au xiy siécle , une Leçon à
P'Office des Grandes Fêtes , la Chape sur
le Corps , et l'Epée nuë à la main a . J'y
ajoutai une remarque touchant les Trésoriers
de quelques Cathédrales , qui anciennement
pouvoient assister à l'Office
avec des marques de distinction , sembla
bles à celles de M. de Chastellux . C'est
tout ce qui est de ma connoissance dans
la matiere dont il s'agit ; cat il ne me
reste aucune preuve qu'un semblable usag
existe dans l'Eglise de Chartres , ainsį
qu'on l'avoit divulgué , et il ne faut pas
confondre avec notre usage , celui de
Chartres, de faire présenter à l'Offrande ,
le 15 jour d'Août , par un Officier de la
Terre de Maintenon , un Epervier , pre
nant Proye ; lequel Oyseau doit être porté
par le Diacre au Régent de la Prébende
, duquel les Officiers de Maintenon
le rachetent, Ce que vous avez lû ci-dessus
, tiré des Statuts du Chapitre de Toul ,
avec ce que nous voyons dans le Nécrologe
de l'Eglise d'Auxerre , écrit au xr et
XIe siècles , et publié en partie par Dom
Martene b , où quantité de Seigneur sont
ainsi désignez ; Obiit N... Miles Sancti
a Mercure , Janvier 1726. pag. 31 et 32,
b Ampliss, Colleic, Tom. 6
Stephani
48 MERCURE DE FRANCE
Stephani , ou bien , Miles hujus Ecclesia.
Tout cela , dis- je , peut appuyer la pensée
qui vient naturellement , que le Chanoine
revêtu du Canonicat héréditaire
d'Auxerre , est à peu près dans l'état
où se trouvoient- ces anciens Deffenseurs
et Protecteurs des biens de l'Eglise .
M. Ducange , qui avoit vû cet Ouvrage
en manuscrit , n'a pas oublié dans
son Glossaire , celui qui est qualifié au
4 jour d'Avril dans ce Nécrologe : Hujus
Ecclesia Vexillarius ; et il paroît que
ce Titre de Vexillarius n'étoit pas fort
commun , puisqu'il ne rapporte que cet
exemple de Léoteric , Vicomte d'Auxer
re , qu'il joint à celui de Jacques , Roy
d'Arragon , qualifié en 1309. S. Romana
Ecclesia Vexillarius.
A Auxerre , le 10 Decembre 1732.
M. L. B. Chanoine et Sous -Chantre
d'Auxerre , sur l'usage des Habits Canoniaux
et Militaires , à l'occasion de
ce qui est rapporté dans le Mercure du
mois deJuin dernier , de la Réception de
M. le Comte de Chastellux.
J
' Aurois bien souhaité , Monsieur ,
que
le Mémoire qu'on vous a envoyé touchant
la Réception de M. le Comte de
Chastellux , en qualité de premier Chanoine
Hereditaire de notre Eglise , eût
été plus érendu , pour la satisfaction du
Public , qui goûte assez ces sortes de détails
de Ceremonies rares ; mais cela n'a
pas dépendu de moi , et il a fallu déferer
au sentiment de quelques personnes que
je respecte , qui avoient recommandé la
brieveté .
Je suis bien aise qu'au moins on y ait
inseré l'origine du droit de la Maison de
Chastellux , et qu'on y ait parié de la
Ville de Cravan ou Crevan , conformé
ment aux Titres du XV . Siecle. Le peu
qu'on en dit me confirme dans l'idée que
j'ai eue depuis que j'ai pris connoissance
de
MARS. 1733 .
473
de nos Antiquitez , qu'on a voulu l'honorer
dans l'Eglise d'Aux erre à perpetuité
, par ce droit de Restituteur de la
principale Terre du Chapitre , de même
qu'on y honote le Donateur par des marques
d'une veneration particuliere presque
tous les jours de l'année , depuis le
temps de sa mort , arrivée au X. Siecle.
Ce seroit en effet s'exposer à être taxé
d'ingratitude , que d'en agir autrement :
Alias de ingratitudinis vitio , quod abominabile
meritò judicatur , et à quibusvis
fidelibus , præsertim viris Ecclesiasticis debet
effectualiter abhorreri , possemus non immeritò
reprehendi , disoient nos
Predecesseurs.
Les mêmes personnes qui s'exprimoient
ainsi il y a trois cent ans , te
noient par tradition de ceux qui les
avoient précedez , les marques de gratitude
qu'ils nous ont transmises envers
l'Evêque Guy le Sénonois , le premier de
tous ceux qui ont eu l'Eglise Cathédrale
pour sépulture ; et sa mémoire ne pourra
jamais tomber dans l'oubli , quoique
quelques personnes ayent contribué de
nos jours par inadvertance et peutêtre
sans le vouloir , à faire perdre de
vûë les vestiges qui restent de la reconnoissance
de ce bienfait. Je ne dis rien
sur l'origine de cette donation , qui ne
soit
474 MERCURE DE FRANCE
soit déja tout publié , et dont l'on n'ait
la preuve dans l'Histoire imprimée des
Evêques d'Auxerre aux pages 445. et
446. du premier Volume de la Bibliotheque
des Manuscrits du P. Labbe ,
Jesuite ; et les Etrangers qui examinent
soigneusement les Peintures de l'Eglise
Cathédrale d'Auxerre , ne manquent pas
d'y lire sous la figure de ce Guy, Beatus
Guydo , et d'en conclure quelque chose.
Mais ceci M. n'est pas le sujet de l'apostille
que vous avez faite au Memoire
qui vous fut envoyé au mois de Juin.
Il paroit que vous souhaiteriez sçavoir
si l'usage de voir des habits Militaires ou
Seculiers réunis avec les habits Canoniaux
sur une même personne est ancien , et s'il
est à present singulier à l'Eglise d' Auxerre.
Je ne sçaurois vous parler de l'Antiquité
de cet usage qu'en vous apprenant
en même temps qu'autrefois il n'étoit
pas si rarequil l'est de nos jours . Il étoit
assez commun de voir de gros Seigneurs
Bienfacteurs d'une Eglise avoir rang parmi
les Chanoines et se placer au Choeur
en habit Militaire , même avec des Eperons
et des Armes. Les Statuts du Chapitre
de Toul , compilez l'an 1491. s'expliquent
ainsi au Chapitre IV . Nobiles
Scutiferi et Milites specialiter hujus Ecclesia
M.A R 6. 1733. 479
sia Vassalli , cùm intrant Chorum , admitts
debent portare calcaria et arma ; et collo
cantur inter Archidiaconos et Canonicos ,
quia Defensores sunt Ecclesia pro debito
sue Nobilitatis. Ce petit Monument rédigé
en Latin , n'est point encore si curieux
à lire que celui que M. Baluse a
publié dans ses Preuves de l'Histoire de
la Maison d'Auvergne , à la page 471 .
Pour vous épargner la peine de le consulter
dans le Livre même , je transcrirai
ici en entier la Notice qu'en a donnée
ce celebre Antiquaire .
Extrait des Memoires d'André Duchesne
» Acte en datte du xxvij. Noyembre
1405. en présence de Jean Guineau ,
» Clerc Notaire , par lequel il appert
» comme Noble et Puissant Messire Gui-
» chard Dauphin , Chevalier Baron de
» la Ferté- Chauderon , Seigneur de Jali-
" gny , se transportą à la Porte de l'E-
>> glise Cathédrale de Nevers , les Epe
>> rons dorez chaussez , l'Epée ceinte et
>> le Faucon sur le poing : où étant vin-
>> rent au-devant de lui le College de la
dite Eglise , Chanoines et Chapelains ,
revétus de Chappes , avec la Croix
» l'Eau - Benite et les Cierges allumez . Et
» Messire Pierre le Clerc , Archidiacre de
» Desise
476 MERCURE DE FRANCE
"
» Desise en ladite Eglise , le prenant par
» la main , le mena en l'état cy - dessus
en l'Eglise jusques devant le Grand-
» Autel. Puis la Grand'Messe étant dite ,
>>
le menerent dans le Chapitre , où ils
>> le reçurent pour leur Confrere et Cha-
» noine , ainsi qu'il avoit été fait à ses
» Prédecesseurs , après qu'il eut donné
» son Serment sur les saints Evangiles , et
protesté qu'il ne réveleroit jamais les se-
>> crets du Chapitre en choses qui lui
» pourroient préjudicier. Puis baisa à la
» bouche ledit Archidiacre , Messire Jacques
de Besson , Jean de Maurigny et
» autres Chanoines d'icelle Eglise. Puis
>> remenerent ledit Baron en l'Eglise , et
» le firent asseoir au quatriéme Siege du
» côté de l'Archidiacte de Nevers , présens
Nobles hommes Messire Pierre de
» Veaulce , Jean de Montagu le Belin
Joseph de Citin , et Claudin Bastard
» de Jaligny , Chevaliers , Philippes de
» Villaines , Guichard de Villiers , Etien-
>> ne de Poisson, Guillaume de Chevenon,
Jean Chauderon , Jean d'Aligny le jeu
» ne , et Antoine d'Armes , Ecuyers.
Etant tombé sur un Livre intitulé ,
Le Chanoine , composé par Vital Bernard,
Chanoine du Puy en Vellay , et imprimé
en 1645. j'y ai lû aux pages 8o. et 81 .
ce
MARS. 1733
477
ce qui suit. » Le Duc de Brabant est Cha-
» noine né de l'Eglise Archiepiscopale
» d'Utrecht. Charles V. Empereur et Roy
» d'Espagne ; en cette qualité de Duc ,
» ( comme il alloit recevoir la Couronne
Imperiale en la Ville d'Aix -la - Chapelle)
» passant à Utrecht , y prit le Surplis et
>> assista au Service , comme les autres
» Chanoines, le 13. Octobre 15 20. Même
» Privilege est acquis au Seigneur de Tour-
» non , en l'Eglise de S. Just de Lyon .
"
Ici l'Auteur déclare son sentiment sur
l'origine de ce droit du Seigneur de Tournon
qu'il fait venir d'une Fondation du
quatriéme Siecle ; mais je ne veux pas
en être garant. Puis il ajoûte ce trait , qui
test plus curieux . » Paradin , en son His-
» toire de Lyon , dit qu'il assista en 1542 .
à la Prise de Possession de ce Droit
» honorifique d'un Seigneur de Tournon ,
et que Jacques de Tournon , Evêque
de Valence , son frere , le voyant re
» vétu d'une courte Robbe de Damas
» avec un Surplis dessus , l'Aumusse au
» bras et l'Epée au côté. Voilà , mon frere ,
❤ ( dit- il en le raillant ) qui représente bien
les trois Etats.
Je ne m'étends point sur un droit assez
semblable, dont jouissent 4 ou 5 Seigneurs
dans l'Eglise Cathedrale d'Auch , si on en
croit
478 MERCURE DE FRANCE
croît le même Chanoine , parce que je
n'en connois point assez les circonstances
, non plus que sur les droits de certains
Seigneurs dans l'Eglise de S. Martin
de Tours , où l'on dit que le Comte d'Anjou
est Chanoine ; de consuetudine et habet
Prebendam in blado et vino et nummis ; en
mémoire du Comte d'Anjou Ingelger ,
qui fit rapporter d'Auxerre à Tours , le
Corps de S. Martin , au neuvième siècle.
Voyez encore Héméré , en son Histoire
de S. Quentin , à la page 201.
Au reste , plus ces Auteurs sont succincts
sur ces sortes de matieres , plus ils
laissent d'obscurité
après eux ; et c'est
pour cela que je croi que le Cérémonial
observé en ces occasions , ne sçauroit être
trop expliqué. Pouvez - vous , en off.t ,
comprendre
ce que veut dire Platina ,
quand il écrit que le jour que Charles-
Quint assista au Service , dans la Cathedrale
d'Utrecht , il étoit talari indutus
linteo et sacra amictus vesie ? Vital Bernard
a tort de traduire , talare linteum , par le
mot de Surplis ; ce doit être une Aube
traînanté jusqu'aux
talons . Il laisse aussi
à deviner ce qu'étoit ce Sacra vestis qui le
couvroit ; c'étoit apparemment
une Chape
ou une Dalmatique
.
Je vous ai fait remarquer , Monsieur ,
en
MAR S. 1733- 479
en.1726. que les Empereurs lisoient encore
à Rome au xiy siécle , une Leçon à
P'Office des Grandes Fêtes , la Chape sur
le Corps , et l'Epée nuë à la main a . J'y
ajoutai une remarque touchant les Trésoriers
de quelques Cathédrales , qui anciennement
pouvoient assister à l'Office
avec des marques de distinction , sembla
bles à celles de M. de Chastellux . C'est
tout ce qui est de ma connoissance dans
la matiere dont il s'agit ; cat il ne me
reste aucune preuve qu'un semblable usag
existe dans l'Eglise de Chartres , ainsį
qu'on l'avoit divulgué , et il ne faut pas
confondre avec notre usage , celui de
Chartres, de faire présenter à l'Offrande ,
le 15 jour d'Août , par un Officier de la
Terre de Maintenon , un Epervier , pre
nant Proye ; lequel Oyseau doit être porté
par le Diacre au Régent de la Prébende
, duquel les Officiers de Maintenon
le rachetent, Ce que vous avez lû ci-dessus
, tiré des Statuts du Chapitre de Toul ,
avec ce que nous voyons dans le Nécrologe
de l'Eglise d'Auxerre , écrit au xr et
XIe siècles , et publié en partie par Dom
Martene b , où quantité de Seigneur sont
ainsi désignez ; Obiit N... Miles Sancti
a Mercure , Janvier 1726. pag. 31 et 32,
b Ampliss, Colleic, Tom. 6
Stephani
48 MERCURE DE FRANCE
Stephani , ou bien , Miles hujus Ecclesia.
Tout cela , dis- je , peut appuyer la pensée
qui vient naturellement , que le Chanoine
revêtu du Canonicat héréditaire
d'Auxerre , est à peu près dans l'état
où se trouvoient- ces anciens Deffenseurs
et Protecteurs des biens de l'Eglise .
M. Ducange , qui avoit vû cet Ouvrage
en manuscrit , n'a pas oublié dans
son Glossaire , celui qui est qualifié au
4 jour d'Avril dans ce Nécrologe : Hujus
Ecclesia Vexillarius ; et il paroît que
ce Titre de Vexillarius n'étoit pas fort
commun , puisqu'il ne rapporte que cet
exemple de Léoteric , Vicomte d'Auxer
re , qu'il joint à celui de Jacques , Roy
d'Arragon , qualifié en 1309. S. Romana
Ecclesia Vexillarius.
A Auxerre , le 10 Decembre 1732.
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Résumé : LETTRE écrite à M. D. L. R. par M. L. B. Chanoine et Sous-Chantre d'Auxerre, sur l'usage des Habits Canoniaux et Militaires, à l'occasion de ce qui est rapporté dans le Mercure du mois de Juin dernier, de la Réception de M. le Comte de Chastellux.
La lettre de M. L. B., chanoine et sous-chantre d'Auxerre, aborde l'usage des habits canoniaux et militaires lors de la réception de M. le Comte de Chastellux en tant que premier chanoine héréditaire de l'Église d'Auxerre. L'auteur exprime des regrets quant à la brièveté du mémoire sur cette réception mais s'y conforme. Il rappelle l'origine du droit de la Maison de Chastellux, lié à la ville de Cravan ou Crevan, conformément aux titres du XVe siècle. L'auteur exprime sa gratitude envers l'évêque Guy le Sénonois, premier à être inhumé dans la cathédrale d'Auxerre au Xe siècle, et insiste sur l'importance de ne pas oublier cette reconnaissance malgré les tentatives de certaines personnes d'effacer ces souvenirs. Concernant l'usage des habits militaires ou séculiers avec les habits canoniaux, l'auteur note que cette pratique n'était pas rare autrefois. Il cite des exemples historiques, comme les statuts du Chapitre de Toul en 1491 et des actes du XVe siècle où des seigneurs bienfaiteurs portaient des habits militaires au chœur. Des cas similaires sont également mentionnés dans d'autres églises, telles que celles de Nevers, Utrecht et Lyon. L'auteur conclut en affirmant que le chanoine héréditaire d'Auxerre se trouve dans une situation comparable à celle des anciens défenseurs et protecteurs des biens de l'Église. Il appuie cette idée en citant des exemples tirés du nécrologe de l'Église d'Auxerre et des travaux de M. Ducange.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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398
p. 523-528
La Religion deffenduë, Poëme, [titre d'après la table]
Début :
LA RELIGION DEFENDUE, Poëme. Brochure in 8. de 46. pages, 1733. [...]
Mots clefs :
Dieu, Religion, Esprit, Épître à Uranie, Poème, Poète chrétien
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texteReconnaissance textuelle : La Religion deffenduë, Poëme, [titre d'après la table]
LA RELIGION DEFFENDUE , Poëme.
Brochure in 8. de 46. pages , 1733.
Rien n'est plus loüable et plus digne
d'un Poëte Chrétien , que le sujet de ce
Poëme , auquel une autre Piece de Poësie
d'une trempe toute differente , qui
n'a trouvé aucun Approbateur parmi les
honnêtes Gens , a donné lieu . Il paroît
au contraire que celle- cy a été goutée
de tous les Gens de bien et de plusieurs
Connoisseurs , à la tête desquels nous
n'hésiterons point de mettre M.leCardinal
de Polignac , dont le suffrage est important.
S. E. ne s'est pas contentée de loüer
le Poëme , mais nous apprenons qu'elle
s'est fait un plaisir d'en distribuer plusieurs
Exemplaires. La Piece mérite
en effet cette distinction. L'Auteur ,
que nous sçavons être un homme du
monde , connu par d'autres Ouvrages
y répond exactement à l'Epitre à Uranie,
em
524 MERCURE DE FRANCE
en ornant des agrémens de la Poësie les
preuves sensibles et invincibles de la Religion
Chrétienne . Donnons ici quelques
de ce que nous venons de dire preuves
par deux ou trois Endroits de ce Poëme,
dont le commencement est tel.
Un Lucrece nouveau prétend que ton Génie ,
De la Religion sonde la verité :
J'y consens , sçavante Uranie
La Foi de la Raison ne craint point la clarté.
Mais ne présumons pas de notre intelligence ,
Que tout à ses efforts soit pleinement ouvert.
Nous jugeons des faits seuls et de leur évidence
Et le reste est pour nous de tenebres couvert.
Ces Globes enflamez qui roulent sur nos têtes ,
Et ceux qui des premiers empruntent leur splen
deur ,
Mon esprit veut avec ardeur ,
>
Les mettre au rang de ses conquêtes ;
Il n'apperçoit de ces grands Corps ,
Que les mouvemens , l'ordre etles divers rapports
Mais leur harmonie admirable ,
Le ressort qui les meut , et leur germe
Sont un abyme impenetrable ,
Qui me surpasse et me confond.
fécond ,
Le Poëte passe ensuite à la connoissance
de l'Homme , et s'exprime ainsi :
Si
MARS. 1733.
525
Je n'ose m'observer , eh ! que suis- je moi-même ?
Prodige merveilleux , autant qu'il est commun !
Deux Etres distinguez qui n'en composent qu'un,
Vivant et sublime Problême ;
Deux Etres ennemis qui font societé ,
Deux Etres assortis qui souvent sont en guerre ;
Un Atome enchaîné dans un coin de la Terre ,
Comme un point de l'Immensité ;
Un Esprit qui , brisant le joug de la matiere ,
Par sa grande velocité ,
unit dans un moment à la Nature entiere
Se plonge dans l'infinité ,
Et par les plus sûrs témognages ,
Trouve enfin la Divinité ,
Peinte et cachée en ses Ouvrages .
De l'Ame avec le Corps je connois l'union ,
Je sens l'alternative étrange et réguliere
De leur mutuelle action ;
Mais j'en ignore la maniere,
Puis refléchissant sur ce qu'il vient
d'exposer si noblement , il conclud .
C'est ainsi que nos connoissances ,
Se bornent toutes à des faits ,
Dont nous tirons des conséquences ,
pour nous la Source est sous un voile
Mais dont
épais.
Aces Principes il en ajoûte d'autres
aussi
$ 26 MERCURE DE FRANCE
aussi solidement établis , et il les oppose
en ces termes à la Doctrine erronée de
l'Auteur de l'Epitre à Uranie.
Voilà des Principes sacrés ,
Et d'une éternelle origine ;
Que l'Esprit fort qui t'endoctrine , `
Ou te cache, Uranie , ou n'a point penetrés ,
C'est eux que ta raison doit recevoir pour guides
. Dans l'examen qu'elle entreprend ;
Devant eux passeront de même qu'un Torrent ,
Ces Vers bien cadencés , mais de sens toujours
vuides ,
Qui du Dieu des Chrétiens font un Monstre
odieux .
De ton Lucrece alors les routes détournées ,
Par toi seront abandonnées ,
Et le sentier du Christ plaira seul à tes yeux.
Nous sommes forcez par la necessité
de nos bornes , de nous arrêter là et de
ne pas suivre le Poëte Chrétien dans le
reste de son Ouvrage , qui contient proprement
l'Histoire abregée et une Apologie
solide de notre sainte Religion ;
on y trouve des traits charmans et lumineux
, avec une réfutation , toujours
invincible , des Argumens proposez par
l'Esprit d'erreur et de mensonge.
Nous ne sçaurions omettre en finissane
MARS. 1733 527
sant , que rien n'est plus heureusement
développé que le salutaire Mystere de
la Grace , exposé , suivant la Doctri
ne de l'Eglise : la bonté et la justice de
Dieu y sont conciliées selon le même esprit
; et le Poëte termine enfin cette importante
matiere , et tout son Ouvrage ,
par ces Vers cy , que le temps où nous
sommes , particulierement consacré à la
Religion et à la pieté, rendra encore plus
dignes dattention.
Aces fideles traits reconnois , Uranie ,
Le Dieu qu'adorent les Chrétiens,
Non , ce n'est point ce Dieu qui dans sa tyrannic
Des vertus qu'il prescrit nous ôtant les moyens ,
Nous punit de sa barbarie ;
Ce Dieu plein de fureur en son aveuglement ,
Ce Dieu ridicule et volage ,
Qui n'agit qu'au hazard et toujours se dément ;
Tel enfin que l'Impie en a tracé l'image.
Notre Dieu , juste , égal et rempli de bonté,
N'ordonne rien qu'il n'aide à faire ,
Ne punit que l'iniquité ,
Se donne à la vertu lui-même pour salaire ,
Et sa sagesse éclate en tout ce qu'il opere.
Pour un Dieu qui n'a pas limité ses bienfaits ;
Oserions-nous borner notre reconnoissance ?
Soyons de son amour embrasez à jamais ;
Qu'il
28 MERCURE DE FRANCE
Qu'il soit toute notre esperance .
Si nous devons l'aimer , nous devons le servir
Dans la Religion qu'il établit lui- même ,
Afin que nous puissions ravir
La Palme du bonheur suprême.
Sans doute que de l'homme un si juste retour
N'acroîtra point de Dieu la gloire ou la puissance.
Mais il a mis sa complaisance ,
Dans ce tribut de notre amour.
Tout autre culte est un outrage
Qui le rend contre nous un Juge rigoureux ;
Et la forme de notre hommage
Lui fait seule adopter nos vertus et nos voeux .
Brochure in 8. de 46. pages , 1733.
Rien n'est plus loüable et plus digne
d'un Poëte Chrétien , que le sujet de ce
Poëme , auquel une autre Piece de Poësie
d'une trempe toute differente , qui
n'a trouvé aucun Approbateur parmi les
honnêtes Gens , a donné lieu . Il paroît
au contraire que celle- cy a été goutée
de tous les Gens de bien et de plusieurs
Connoisseurs , à la tête desquels nous
n'hésiterons point de mettre M.leCardinal
de Polignac , dont le suffrage est important.
S. E. ne s'est pas contentée de loüer
le Poëme , mais nous apprenons qu'elle
s'est fait un plaisir d'en distribuer plusieurs
Exemplaires. La Piece mérite
en effet cette distinction. L'Auteur ,
que nous sçavons être un homme du
monde , connu par d'autres Ouvrages
y répond exactement à l'Epitre à Uranie,
em
524 MERCURE DE FRANCE
en ornant des agrémens de la Poësie les
preuves sensibles et invincibles de la Religion
Chrétienne . Donnons ici quelques
de ce que nous venons de dire preuves
par deux ou trois Endroits de ce Poëme,
dont le commencement est tel.
Un Lucrece nouveau prétend que ton Génie ,
De la Religion sonde la verité :
J'y consens , sçavante Uranie
La Foi de la Raison ne craint point la clarté.
Mais ne présumons pas de notre intelligence ,
Que tout à ses efforts soit pleinement ouvert.
Nous jugeons des faits seuls et de leur évidence
Et le reste est pour nous de tenebres couvert.
Ces Globes enflamez qui roulent sur nos têtes ,
Et ceux qui des premiers empruntent leur splen
deur ,
Mon esprit veut avec ardeur ,
>
Les mettre au rang de ses conquêtes ;
Il n'apperçoit de ces grands Corps ,
Que les mouvemens , l'ordre etles divers rapports
Mais leur harmonie admirable ,
Le ressort qui les meut , et leur germe
Sont un abyme impenetrable ,
Qui me surpasse et me confond.
fécond ,
Le Poëte passe ensuite à la connoissance
de l'Homme , et s'exprime ainsi :
Si
MARS. 1733.
525
Je n'ose m'observer , eh ! que suis- je moi-même ?
Prodige merveilleux , autant qu'il est commun !
Deux Etres distinguez qui n'en composent qu'un,
Vivant et sublime Problême ;
Deux Etres ennemis qui font societé ,
Deux Etres assortis qui souvent sont en guerre ;
Un Atome enchaîné dans un coin de la Terre ,
Comme un point de l'Immensité ;
Un Esprit qui , brisant le joug de la matiere ,
Par sa grande velocité ,
unit dans un moment à la Nature entiere
Se plonge dans l'infinité ,
Et par les plus sûrs témognages ,
Trouve enfin la Divinité ,
Peinte et cachée en ses Ouvrages .
De l'Ame avec le Corps je connois l'union ,
Je sens l'alternative étrange et réguliere
De leur mutuelle action ;
Mais j'en ignore la maniere,
Puis refléchissant sur ce qu'il vient
d'exposer si noblement , il conclud .
C'est ainsi que nos connoissances ,
Se bornent toutes à des faits ,
Dont nous tirons des conséquences ,
pour nous la Source est sous un voile
Mais dont
épais.
Aces Principes il en ajoûte d'autres
aussi
$ 26 MERCURE DE FRANCE
aussi solidement établis , et il les oppose
en ces termes à la Doctrine erronée de
l'Auteur de l'Epitre à Uranie.
Voilà des Principes sacrés ,
Et d'une éternelle origine ;
Que l'Esprit fort qui t'endoctrine , `
Ou te cache, Uranie , ou n'a point penetrés ,
C'est eux que ta raison doit recevoir pour guides
. Dans l'examen qu'elle entreprend ;
Devant eux passeront de même qu'un Torrent ,
Ces Vers bien cadencés , mais de sens toujours
vuides ,
Qui du Dieu des Chrétiens font un Monstre
odieux .
De ton Lucrece alors les routes détournées ,
Par toi seront abandonnées ,
Et le sentier du Christ plaira seul à tes yeux.
Nous sommes forcez par la necessité
de nos bornes , de nous arrêter là et de
ne pas suivre le Poëte Chrétien dans le
reste de son Ouvrage , qui contient proprement
l'Histoire abregée et une Apologie
solide de notre sainte Religion ;
on y trouve des traits charmans et lumineux
, avec une réfutation , toujours
invincible , des Argumens proposez par
l'Esprit d'erreur et de mensonge.
Nous ne sçaurions omettre en finissane
MARS. 1733 527
sant , que rien n'est plus heureusement
développé que le salutaire Mystere de
la Grace , exposé , suivant la Doctri
ne de l'Eglise : la bonté et la justice de
Dieu y sont conciliées selon le même esprit
; et le Poëte termine enfin cette importante
matiere , et tout son Ouvrage ,
par ces Vers cy , que le temps où nous
sommes , particulierement consacré à la
Religion et à la pieté, rendra encore plus
dignes dattention.
Aces fideles traits reconnois , Uranie ,
Le Dieu qu'adorent les Chrétiens,
Non , ce n'est point ce Dieu qui dans sa tyrannic
Des vertus qu'il prescrit nous ôtant les moyens ,
Nous punit de sa barbarie ;
Ce Dieu plein de fureur en son aveuglement ,
Ce Dieu ridicule et volage ,
Qui n'agit qu'au hazard et toujours se dément ;
Tel enfin que l'Impie en a tracé l'image.
Notre Dieu , juste , égal et rempli de bonté,
N'ordonne rien qu'il n'aide à faire ,
Ne punit que l'iniquité ,
Se donne à la vertu lui-même pour salaire ,
Et sa sagesse éclate en tout ce qu'il opere.
Pour un Dieu qui n'a pas limité ses bienfaits ;
Oserions-nous borner notre reconnoissance ?
Soyons de son amour embrasez à jamais ;
Qu'il
28 MERCURE DE FRANCE
Qu'il soit toute notre esperance .
Si nous devons l'aimer , nous devons le servir
Dans la Religion qu'il établit lui- même ,
Afin que nous puissions ravir
La Palme du bonheur suprême.
Sans doute que de l'homme un si juste retour
N'acroîtra point de Dieu la gloire ou la puissance.
Mais il a mis sa complaisance ,
Dans ce tribut de notre amour.
Tout autre culte est un outrage
Qui le rend contre nous un Juge rigoureux ;
Et la forme de notre hommage
Lui fait seule adopter nos vertus et nos voeux .
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Résumé : La Religion deffenduë, Poëme, [titre d'après la table]
La brochure 'LA RELIGION DEFFENDUE, Poëme', publiée en 1733, est une œuvre poétique de 46 pages. Elle est acclamée pour son sujet digne d'un poète chrétien et a été appréciée par des personnes respectables, dont le Cardinal de Polignac. Le poème répond à une autre œuvre poétique jugée inappropriée par les honnêtes gens. L'auteur, un homme du monde connu pour ses autres ouvrages, utilise la poésie pour présenter les preuves de la religion chrétienne. Le poème commence par une réflexion sur les limites de la compréhension humaine face à la complexité de l'univers et de l'âme humaine. Il explore ensuite la nature duale de l'homme, à la fois matériel et spirituel, et conclut que les connaissances humaines sont limitées à des faits observables. Le poème oppose ensuite les principes sacrés de la religion chrétienne aux doctrines erronées, réfutant les arguments des esprits forts. Il développe également le mystère de la grâce, conciliant la bonté et la justice de Dieu. Le poème se termine par une description du Dieu chrétien comme juste, égal et rempli de bonté. Il invite à adorer et servir ce Dieu dans la religion qu'il établit, soulignant que tout autre culte est un outrage.
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399
p. 564-566
L'Opera de Jephté, &c. [titre d'après la table]
Début :
Le 26. Février, second Jeudi de Carême, l'Académie Royale de Musique [...]
Mots clefs :
Jephté, Duo, Maure, Vastes cieux
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : L'Opera de Jephté, &c. [titre d'après la table]
Le 26. Février , second Jeudi de Carême
, l'A adémie Royale de Musique
remit au Théatre Jephté , Tragédie , dont
le sujet est tiré de l'Ecriture Sainte ; cette
Piece a fait autant de plaisir qu'elle en
avoit fait dans sa nouveauté , et fair présumer
qu'on la reverra avec satisfaction
tous les Carêmes. On y a fait quelques
changemens que les Connoisseurs ont
approuvez ; les voici.
Dans la quatriéme Scene du second
Acte , Iphise avouoit à Almasie , sa Mere,
l'amour qu'elle avoit pour Ammon ; comme
elle faisoit un pareil aveu à Jephté
son Pere , au dernier Acte , on a jugé
à propos de supprimer celui du second
Acte ; on se contente de lui faire avoüer
qu'elle est coupable , sans lui faire specifier
MARS. 17331
56 F
cifier son crime ; c'est ce qu'elle fait par
ce Vers.
Quand le Ciel est armé , peut - on être sans
crime ?
On finit cette Scene par ce Duo :
Maître des vastes Cieux , Dieu vivant , Dieu jaloux
,
Sur de foibles roseaux , pourquoi déployezvous
,
Tout l'éclat de votre puissance ?
Cet amas de sable mouvant ,
Que dissipe un souffle de vent ,
Est digne de pitié plutôt que de
Maître des vastes Cieux , &c.
vengeance..
Ce Duo , chanté par les Diles Antier
et le Maure , a été generalement applaudi.
On a supprimé la Fête par où la Piece
finissoit , et qu'on n'avoit ajoûtée que
par condescendance au désir des Amateurs
outrez de la danse ; on a subtitué à
cette Fête des Actions de gracès comprises
dans ces quatre Vers :
Du plus beau de nos jours , consacrons la me
moire ;
Tendres voeux , doux transpors
, sans cesse renaissants
,
De
366 MERCURE DE FRANCE
De nos coeurs enflammez , volez comme Pen
cens ,
Jusqu'au Trône du Roy de gloire.
On a mis ces Vers en Trio , et ce Trio
est chanté par les trois plus belles voix
de l'Opera ; le Trio repeté par le Choeur
finit la Piece. Il n'y a point de changement
dans les principaux Acteurs de
la Tragédie ; il n'en est pas de même
dans le Prologue , et l'absence de la
Dlle Eremans en auroit diminué le prix ,
si toute autre que la Dlle Antier eût
été substituée à sa place. Le sieur Chassé ,
après une indisposition de quelques jours,
n'a parû qu'avec plus d'éclat , et tout
le monde convient que la Dlle le Maure
n'a jamais si bien chanté , ni si bien joüé
que dans cette reprise de Jephté .
, l'A adémie Royale de Musique
remit au Théatre Jephté , Tragédie , dont
le sujet est tiré de l'Ecriture Sainte ; cette
Piece a fait autant de plaisir qu'elle en
avoit fait dans sa nouveauté , et fair présumer
qu'on la reverra avec satisfaction
tous les Carêmes. On y a fait quelques
changemens que les Connoisseurs ont
approuvez ; les voici.
Dans la quatriéme Scene du second
Acte , Iphise avouoit à Almasie , sa Mere,
l'amour qu'elle avoit pour Ammon ; comme
elle faisoit un pareil aveu à Jephté
son Pere , au dernier Acte , on a jugé
à propos de supprimer celui du second
Acte ; on se contente de lui faire avoüer
qu'elle est coupable , sans lui faire specifier
MARS. 17331
56 F
cifier son crime ; c'est ce qu'elle fait par
ce Vers.
Quand le Ciel est armé , peut - on être sans
crime ?
On finit cette Scene par ce Duo :
Maître des vastes Cieux , Dieu vivant , Dieu jaloux
,
Sur de foibles roseaux , pourquoi déployezvous
,
Tout l'éclat de votre puissance ?
Cet amas de sable mouvant ,
Que dissipe un souffle de vent ,
Est digne de pitié plutôt que de
Maître des vastes Cieux , &c.
vengeance..
Ce Duo , chanté par les Diles Antier
et le Maure , a été generalement applaudi.
On a supprimé la Fête par où la Piece
finissoit , et qu'on n'avoit ajoûtée que
par condescendance au désir des Amateurs
outrez de la danse ; on a subtitué à
cette Fête des Actions de gracès comprises
dans ces quatre Vers :
Du plus beau de nos jours , consacrons la me
moire ;
Tendres voeux , doux transpors
, sans cesse renaissants
,
De
366 MERCURE DE FRANCE
De nos coeurs enflammez , volez comme Pen
cens ,
Jusqu'au Trône du Roy de gloire.
On a mis ces Vers en Trio , et ce Trio
est chanté par les trois plus belles voix
de l'Opera ; le Trio repeté par le Choeur
finit la Piece. Il n'y a point de changement
dans les principaux Acteurs de
la Tragédie ; il n'en est pas de même
dans le Prologue , et l'absence de la
Dlle Eremans en auroit diminué le prix ,
si toute autre que la Dlle Antier eût
été substituée à sa place. Le sieur Chassé ,
après une indisposition de quelques jours,
n'a parû qu'avec plus d'éclat , et tout
le monde convient que la Dlle le Maure
n'a jamais si bien chanté , ni si bien joüé
que dans cette reprise de Jephté .
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Résumé : L'Opera de Jephté, &c. [titre d'après la table]
Le 26 février 1733, l'Académie Royale de Musique a présenté la tragédie 'Jephté' au Théâtre, inspirée de l'Écriture Sainte. La pièce a connu un grand succès, comparable à celui de sa première représentation, et est prévue pour revenir chaque Carême. Plusieurs modifications ont été apportées et validées par les experts. Dans la quatrième scène du second acte, Iphise ne révèle plus son amour pour Ammon à sa mère Almasie, mais avoue seulement sa culpabilité sans préciser son crime. Cette scène se conclut par un duo chanté par les Demoiselles Antier et Maure, très applaudi. La fête finale a été supprimée et remplacée par un trio chanté par les trois meilleures voix de l'opéra, suivi par le chœur. Les principaux acteurs sont restés les mêmes, mais le prologue a été modifié, notamment par le remplacement de la Demoiselle Eremans par la Demoiselle Antier. Le sieur Chassé, après une indisposition, a repris brillamment, et la Demoiselle Maure a particulièrement bien chanté et joué lors de cette reprise.
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400
p. 587-590
ITALIE.
Début :
Le Pape a fait publier un nouveau Decret pour reprimer le luxe dans l'Etat Ecclesiastique, [...]
Mots clefs :
Luxe, Église, Rome, Pape, Cardinaux, Vatican, Naples, Religieux, Corps, Sainte-Marie sur la Minerve, Obsèques, Benoît XIII
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : ITALIE.
ITALIE.
E Pape a fait publier un nouveau Decret
pour reprimer le luxe dans l'Etat Ecclesiastique
, et pour deffendre à toutes personnes.
de porter dans les Païs de sont obéissance de
For ou de l'argent sur leurs habits.
Sa Sainteté a envoyé ordre à M. Cavalieri ,
son Nonce à la Cour de Portugal , de confirmer
par une nouvelle signature , les Immunitez accordées
à la Couronne et à la Nation Portugais
se , par Benoît XIII .
;
Le 21 Fevrier , veille du jour qu'on avoit choi
si pour transporter le Corps du feu Pape Benoît
XIII. de l'Eglise de S. Pierre du Vatican ,
dans celle de Sainte Marie sur la Minerves les
Cardinaux , au nombre de 18. tinrent Chapelle
Pontificale dans la Chapelle Pauline du Palaisdu
Quirinal , et ils assisterent à un Service solemnel
, pour le repos.de l'ame du Pape deffunt
le Cardinal Altieri de S. Mathieu celebra la Messe.
Le soir, on fit dans l'Eglise de S. Pierre du
Vatican l'ouverture du Cercueil de ce Pape , et
la reconnoissance de son Corps , en presence des.
Cardinaux Otthoboni , Petra , Lercari , Altieri
de S. Marhieu , Fini , Caraffe, Olivieri , Borghese
, Albani et del Giudice , et le Card. Albani
de S, Clement , Archiprêtre de cette Eglise , remit
le Corps au P. Jean - Benoît Zuanelli , Dominicain
, Maître du sacré Palais , et chargé par
le General de son Ordre , et par les Religieux de
Sainte Marie sur la Minerve , de le recevoir en
leur nom . Ensuite on porta processionnellement
le Cercueil dans la Nef de l'Eglise , au milieu
de laquelle on avoit élevé un magnifique Cata
Hvj falque
588 MERCURE DE FRANCE
falque , où on l'exposa. Il y fut gardé jusqu'au
moment du transport par les Religieux Dominicains
, qui réïtererent des Prieres pendant toute
la nuit.
Le 22 , les Chanoines de l'Eglise de S. Pierre
du Vatican firent un Service solemnel , qui fut
chanté à plusieurs Choeurs de Musique , auquel
M. Cervini , Archevêque titulaire de Nicomedie
officia Pontificalement. Après la Messe , M.Assemani
, Camerier d'honneur du Pape , prononça
en Latin l'Oraison Funebre , après quoi le
Prelat officiant , assistê des Evêques titulaires de
Gerapolis , de Cirene , de Costanza et de Marciana
, fit les Encensemens et les Absoutes. Le
même jour , après midi , tout le Clergé Secuhier
et Regulier s'étant rendu à l'Eglise de Saint
Pierre , on transporta le Corps dans celle de
Sainte Marie sur la Minerve , et la marche se fit
dans l'ordre suivant :
Les Domestiques de presque tous les Cardimaux
qui sont à Rome ; les Enfans du College
de S. Michel , et de celui de Salviati ; les Orphelins
, les Religieux de differens Ordres , les
Clercs reguliers ; le Clergé de chaque Paroisse ,
et les Chanoines de tous les Chapitres de la Ville.
400 Religieux Franciscains , marchant quatre à
quatre , et les Dominicains marchant 6 à 6,précedoient
le Brancard sur lequel étoit le Corps. Ils .
portoient tous des Flambeaux , ainsi que te reste
du Clergé et les autres personnes qui composoient
le Cortege. Les Hallebardiers de la Garde marchoient
autour du Brancard ; les deux Maîtres des
Ceremonies , les Evêques , les Clercs de Chambre
, et la Chambre secrete , venoient ensuite .
la marche étoit fermée par 40 Valets de pied du
Pape , et par les Equipages du Majordome de
S. S.
Le
MARS. 1733 589
Le Corps arriva vers les 7 -heures du soir à l'Eglise
de Sainte Marie sur la Minerve , qui étoit
toute tenduë de noir , et magnifiquement décorée.
Il y fut reçu par les Cardinaux Otthoboni
, Borghese et J. Bapt. Altieri , et on le plaça
au milieu de la Nef, sur une Estrade , au dessus
de laquelle étoit un riche Baldaquin , où il demeura
exposé pendant toute la nuit et le jour
suivant.
Le lendemain , il y eut Chapelle Pontificale
dans cette Eglise. 26 Cardinaux assisterent a
Service , qui fut chanté solemnellement ; après
la -Messe , qui fut celebrée par le Cardinal Altieri
de S. Mathieu , M. Philippe Piersanti , Chanoine
de S. Pierre du Vatican , et Maître des
Ceremonies du Pape , prononça l'Oraison Funebre
avec beaucoup d'éloquence , et les Absoutes
furent faites par les Cardinaux Petra
Fini , Caraffe et Lercari . Pendant le reste de la
journée l'Eglise fut ouverte , et il y eut un grand
concours de peuple ; le soir , les Religieux en
ayant fermé les Portes , se rendirent processionlement
dans la Nef, et après avoir récité les
Prieres accoutumées, ils porterent le Corps dans
une Chapelle , où il demeurera jusqu'à ce que le
Mausolée qu'on lui destine , soit achevé.
"
On vient d'apprendre que dans le Consistoire ;
tenu le 2 de ce mois , le Pape avoit nominé Cardinal
, M. Dominique Riviera , Protonotaire
Apostolique , et Secretaire de la Congrégation
de la Consulte. S. S. a donné la Charge de Secretaire
de la Congrégation de la Consulte ,
M. Bardi.
Par une Liste , publiée à Naples , des Dommages
, causez dans la Calabre , par le tremblement
de Terre , du 29 Novembre dernier , il pa-
πολύ .
F90
MERCURE DE FRANCE
Foît qu'il a péri en divers endroits 1940 petsonnes
, sans compter 1455 blessez , que les Villes
et Bourgs d'Ariano , Fiumari , Vallata , Lioni
, et S. Angelo , avoient été entierement renversez.
Les Bourgs de Mirabella et Carisi , réduits
en un Monceau de Pierres; y ayant eu dans
ces deux endroits 970 morts , parmi lesquels on
compte le Seigneur de Carisi , avec son épouse ,
et toute sa famille ; que la Ville Archiepiscopale
de Conza étoit dans un état pitoyable, la Cathedrale
ayant été entierement détruite, et que parmi
les autres Villes et Bourgs qui ont le plus
souffert , on compte Monte- Fiscoli , Capitale de
la Province , Bonito , Pietra de Fuci , Manical
ciati Frevico , S. Martin di Servinara , Monte
Rocheto , & c.
Le 15. Janvier on promena , selon la coûtume,
dans les rues de Naples , le Char de Triomphe
des Boulangers , sur lequel étoit représentée l'Aurore
conduite par les Crépuscules : ce Char qur
avoit été executé sur les desseins de M. Domique
Vaccard , celebre Architecte , fut conduit
par
la rue de Tolede à la Place du Palais , où il
tut abandonné au Peuple en presence du Viceroy.
Les Rhumes et Fluxions avec fiévre , ont regné
dans toute l'Italie et ont emporté bien du monde
, sur tout les personnes âgées ; on écrit de
Florence , qu'il y a encore en cette Ville bien
des gens attaquez de cette maladie ; de Rome et
de Naples , que les Rhumes y sont aussi communs
que dans le reste de l'Europe , et de Venise
que les plaisirs du Carnaval y ont été moins vis
Cette année , à cause des mêmes maladies.
E Pape a fait publier un nouveau Decret
pour reprimer le luxe dans l'Etat Ecclesiastique
, et pour deffendre à toutes personnes.
de porter dans les Païs de sont obéissance de
For ou de l'argent sur leurs habits.
Sa Sainteté a envoyé ordre à M. Cavalieri ,
son Nonce à la Cour de Portugal , de confirmer
par une nouvelle signature , les Immunitez accordées
à la Couronne et à la Nation Portugais
se , par Benoît XIII .
;
Le 21 Fevrier , veille du jour qu'on avoit choi
si pour transporter le Corps du feu Pape Benoît
XIII. de l'Eglise de S. Pierre du Vatican ,
dans celle de Sainte Marie sur la Minerves les
Cardinaux , au nombre de 18. tinrent Chapelle
Pontificale dans la Chapelle Pauline du Palaisdu
Quirinal , et ils assisterent à un Service solemnel
, pour le repos.de l'ame du Pape deffunt
le Cardinal Altieri de S. Mathieu celebra la Messe.
Le soir, on fit dans l'Eglise de S. Pierre du
Vatican l'ouverture du Cercueil de ce Pape , et
la reconnoissance de son Corps , en presence des.
Cardinaux Otthoboni , Petra , Lercari , Altieri
de S. Marhieu , Fini , Caraffe, Olivieri , Borghese
, Albani et del Giudice , et le Card. Albani
de S, Clement , Archiprêtre de cette Eglise , remit
le Corps au P. Jean - Benoît Zuanelli , Dominicain
, Maître du sacré Palais , et chargé par
le General de son Ordre , et par les Religieux de
Sainte Marie sur la Minerve , de le recevoir en
leur nom . Ensuite on porta processionnellement
le Cercueil dans la Nef de l'Eglise , au milieu
de laquelle on avoit élevé un magnifique Cata
Hvj falque
588 MERCURE DE FRANCE
falque , où on l'exposa. Il y fut gardé jusqu'au
moment du transport par les Religieux Dominicains
, qui réïtererent des Prieres pendant toute
la nuit.
Le 22 , les Chanoines de l'Eglise de S. Pierre
du Vatican firent un Service solemnel , qui fut
chanté à plusieurs Choeurs de Musique , auquel
M. Cervini , Archevêque titulaire de Nicomedie
officia Pontificalement. Après la Messe , M.Assemani
, Camerier d'honneur du Pape , prononça
en Latin l'Oraison Funebre , après quoi le
Prelat officiant , assistê des Evêques titulaires de
Gerapolis , de Cirene , de Costanza et de Marciana
, fit les Encensemens et les Absoutes. Le
même jour , après midi , tout le Clergé Secuhier
et Regulier s'étant rendu à l'Eglise de Saint
Pierre , on transporta le Corps dans celle de
Sainte Marie sur la Minerve , et la marche se fit
dans l'ordre suivant :
Les Domestiques de presque tous les Cardimaux
qui sont à Rome ; les Enfans du College
de S. Michel , et de celui de Salviati ; les Orphelins
, les Religieux de differens Ordres , les
Clercs reguliers ; le Clergé de chaque Paroisse ,
et les Chanoines de tous les Chapitres de la Ville.
400 Religieux Franciscains , marchant quatre à
quatre , et les Dominicains marchant 6 à 6,précedoient
le Brancard sur lequel étoit le Corps. Ils .
portoient tous des Flambeaux , ainsi que te reste
du Clergé et les autres personnes qui composoient
le Cortege. Les Hallebardiers de la Garde marchoient
autour du Brancard ; les deux Maîtres des
Ceremonies , les Evêques , les Clercs de Chambre
, et la Chambre secrete , venoient ensuite .
la marche étoit fermée par 40 Valets de pied du
Pape , et par les Equipages du Majordome de
S. S.
Le
MARS. 1733 589
Le Corps arriva vers les 7 -heures du soir à l'Eglise
de Sainte Marie sur la Minerve , qui étoit
toute tenduë de noir , et magnifiquement décorée.
Il y fut reçu par les Cardinaux Otthoboni
, Borghese et J. Bapt. Altieri , et on le plaça
au milieu de la Nef, sur une Estrade , au dessus
de laquelle étoit un riche Baldaquin , où il demeura
exposé pendant toute la nuit et le jour
suivant.
Le lendemain , il y eut Chapelle Pontificale
dans cette Eglise. 26 Cardinaux assisterent a
Service , qui fut chanté solemnellement ; après
la -Messe , qui fut celebrée par le Cardinal Altieri
de S. Mathieu , M. Philippe Piersanti , Chanoine
de S. Pierre du Vatican , et Maître des
Ceremonies du Pape , prononça l'Oraison Funebre
avec beaucoup d'éloquence , et les Absoutes
furent faites par les Cardinaux Petra
Fini , Caraffe et Lercari . Pendant le reste de la
journée l'Eglise fut ouverte , et il y eut un grand
concours de peuple ; le soir , les Religieux en
ayant fermé les Portes , se rendirent processionlement
dans la Nef, et après avoir récité les
Prieres accoutumées, ils porterent le Corps dans
une Chapelle , où il demeurera jusqu'à ce que le
Mausolée qu'on lui destine , soit achevé.
"
On vient d'apprendre que dans le Consistoire ;
tenu le 2 de ce mois , le Pape avoit nominé Cardinal
, M. Dominique Riviera , Protonotaire
Apostolique , et Secretaire de la Congrégation
de la Consulte. S. S. a donné la Charge de Secretaire
de la Congrégation de la Consulte ,
M. Bardi.
Par une Liste , publiée à Naples , des Dommages
, causez dans la Calabre , par le tremblement
de Terre , du 29 Novembre dernier , il pa-
πολύ .
F90
MERCURE DE FRANCE
Foît qu'il a péri en divers endroits 1940 petsonnes
, sans compter 1455 blessez , que les Villes
et Bourgs d'Ariano , Fiumari , Vallata , Lioni
, et S. Angelo , avoient été entierement renversez.
Les Bourgs de Mirabella et Carisi , réduits
en un Monceau de Pierres; y ayant eu dans
ces deux endroits 970 morts , parmi lesquels on
compte le Seigneur de Carisi , avec son épouse ,
et toute sa famille ; que la Ville Archiepiscopale
de Conza étoit dans un état pitoyable, la Cathedrale
ayant été entierement détruite, et que parmi
les autres Villes et Bourgs qui ont le plus
souffert , on compte Monte- Fiscoli , Capitale de
la Province , Bonito , Pietra de Fuci , Manical
ciati Frevico , S. Martin di Servinara , Monte
Rocheto , & c.
Le 15. Janvier on promena , selon la coûtume,
dans les rues de Naples , le Char de Triomphe
des Boulangers , sur lequel étoit représentée l'Aurore
conduite par les Crépuscules : ce Char qur
avoit été executé sur les desseins de M. Domique
Vaccard , celebre Architecte , fut conduit
par
la rue de Tolede à la Place du Palais , où il
tut abandonné au Peuple en presence du Viceroy.
Les Rhumes et Fluxions avec fiévre , ont regné
dans toute l'Italie et ont emporté bien du monde
, sur tout les personnes âgées ; on écrit de
Florence , qu'il y a encore en cette Ville bien
des gens attaquez de cette maladie ; de Rome et
de Naples , que les Rhumes y sont aussi communs
que dans le reste de l'Europe , et de Venise
que les plaisirs du Carnaval y ont été moins vis
Cette année , à cause des mêmes maladies.
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Résumé : ITALIE.
En février 1733, le Pape publia un décret visant à réprimer le luxe dans l'État ecclésiastique et à interdire le port de fourrure ou d'argent sur les habits dans les pays sous son obéissance. Il confirma également les immunités accordées à la Couronne et à la Nation portugaise par Benoît XIII. Le 21 février, les cardinaux célébrèrent une chapelle pontificale et un service solennel pour le repos de l'âme du Pape Benoît XIII. Le soir, le cercueil du Pape fut ouvert et son corps reconnu en présence de plusieurs cardinaux. Le corps fut ensuite transporté processionnellement à l'église Sainte-Marie-sur-la-Minerve, où il fut exposé jusqu'au lendemain. Le 22 février, un service solennel fut chanté à plusieurs chœurs de musique, suivi de l'oraison funèbre prononcée par M. Assemani. Le corps fut ensuite transporté à l'église Sainte-Marie-sur-la-Minerve dans une procession ordonnée, incluant divers clercs, religieux et domestiques des cardinaux. Le corps resta exposé jusqu'au lendemain, date à laquelle une chapelle pontificale fut tenue avec la participation de 26 cardinaux. Le soir, les religieux portèrent le corps dans une chapelle où il demeura jusqu'à l'achèvement de son mausolée. Le Pape nomma M. Dominique Riviera cardinal et secrétaire de la Congrégation de la Consulte, et M. Bardi à la charge de secrétaire de cette même congrégation. En Calabre, un tremblement de terre le 29 novembre précédent causa la mort de 1940 personnes et en blessa 1455, détruisant plusieurs villes et bourgs. À Naples, le char de triomphe des boulangers fut promené dans les rues le 15 janvier. Des épidémies de rhumes et de fluxions avec fièvre sévirent en Italie, affectant particulièrement les personnes âgées.
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